UNIVERSITE DE DROIT,
D'ECONOMIE
ET DE SCIENCES SOCIALES DE PARIS
PARIS II
l'AGRICULTURE
DAN S L' ECO NOM 1E
DE LA COTE D'IVOIRE
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- - - - - - ] i CONSEIL Ar-~H-~~~=E'=r""'Ni-~~~ACu -,
POUR L'I;:NS~"
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• A. M. E.~, -
OUAGADO
i Arrivée. 2
J. J.UIN ,;.~~~ UGOU
I~gj_stré sous n° #(l. O, a'1'6' .i
THES E
~:;;;-.:;::;=;::::
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" . 1
=-~---- =:::-:-:---
POUR LE DOCTORAT D'ETAT
ES - SCIE Il CES EC0 l'10 M1 QLI ES
P,'té.6e.ntée. e.t Mu...te.nue. publiqueme.nt te. 10 Janv-te.1t 1979
PAR
KOUASSI
Amon Marcellin
DIPLÔME
DES
INSTITUTS:
-D'ADMINISTRATION DES ENTREP~ISES
-D'ÉTUDES INTERNATIONALES ET DES PAYS EN VOIE DE
DÉVELOPPEMENT
MEMBRES DU JURY:
MONSIEU~ LE PROFESSEUR JACnUIS ~U~T~UY
Président
~·;ONS IEGR LE P~.OFESSEUR L.
D0U~C l E~ DE C.t.P.?/)N
Suffragants
>10NSIEUR LE PROFE~SEUrZ C.
LAB:\\.OUSSE
CE U
AGE T·U NEF

L'A G R l C li L T li R E
DAN S
L ~ ECO NOM l E D E
LA
COTE
D'IVOIRE

L'UNIVERSITE DE
DROIT,
D'ECONOMIE
ET DE SCIENCES SOCIALES DE PARIS
N'EtHEI'JO DOI1NER
AUCUNE
APPROBATION,
tn H1PROBATIOIl
AUX 0 PI 1'1 ION S EHIS ES 0 A1,1 S LES
T1j ESES ;
CES 0 Pl Il l 0 t·J S 0 EVROll TET RE
CO tJSIDE REESC 0 W·1 E PRO PRE S ALE URS AU TEURS •
===============

· A TOU S LES
P A Y S AN S
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L A C 0 TE
D' l
V 0 IR 1
A MA 1'1ERE,
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FIL l A L
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QUI
SUT
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HOMMAGE LIMINAIRE
AU
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DE
CETTE RECHERCHE,
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MES PROFESSEURS:
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JACQUES AUSTRUY
QUI M'A FAIT
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AMIS
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LEUR
SOUTIEN MORAL
ET MATERIEL
QUI
M'A PERMIS DE ME-
IJER
A BIEtl LA REALISATION DE CETTE
THESE.

1
LES PRINCIPALES ABREVIATIONS
===================~=========
A.C.D.I
Agence Canadienne pour le Développement International
A. 1. C
Accord International du Café
A.R.S.O
Autorité Régionale du Sud-Ouest
A.V.B
Autorité de la Vallée du Bandama
B.A.D
Banque Africaine de Développement
B.D.I
Bureau de Développement Industriel
B.E.I
Banque Européenne d'Investissement
B.1.R.D
Banque Internationale pour la Reconstruction et le
Développement
B. tJ. D. A
Ban que tl a t ion ale de Dé v e l 0 p p e men t
Ag r i col e
B.S.I.E
Budget Spécial d'Investissement et d'Equipement
C.C.C.E
Caisse Centrale de Coopération Economique
C.E.E
Communautés Economiques Européennes
C.S.S.P.P.A
Caisse de Stabilisation et de Soutien des Prix
des
Productions Agricoles
F.A.C
Fonds d'Aide et de Coopération
F.E.D
Fonds Européen
de Développement

F.E.R
Fonds d'Extension et de Renouvellement
F.O.A
Fonds de Développement Agricole
F.R.A.R
Fonds Régionaux d'Aménagement Rural
loF.C.C
Institut Français du Café et du Cacao
loR.H.O
Institut
de Recherche des Huiles et Oléagineux
l • M• l
Instituto Mobiliare Italiano
loT.I.P.A.T
Institut pour la Technologie et l'Industrialisation
des Produits Agricoles Tropicaux
o . t'l. P. R
Office t'Iational de Promotion Rurale
O.P.E.I
Off i ce de Pro mot ion deI a Pet i t e e t
1·10 yen n e
Entreprise Ivoirienne
O.C.O.E
Organisation de Coopération et de Développement
Economique
P. t'l. U. 0
Programme des
Nations Unies pour le Développement
S.A.R
Service d'Action Régionale
S.A.T.M.A.C.I:
Société d'Assistance Technique pour
la Modernisation
Agricole de la Côte d'Ivoire
S . E. R. l . C
Société d'Etudes et de Réalisation pour l'Industrie
Caféière et Cacaoyère
S.O.D.E.F.E.L:
Société pour le Développement des Fruits et Légumes
S.O.O.E.P.A.L.M
: Société pour le Développement et l'Exploitation
du
Palmier à Huile

s .
Soci~t~ pour le D~veloppement des Productions Animales
D : E ~ P • R.~ 'A
.-: ':....
S.O.D.E.RIZ"
Soci~t~ pour le Développement de la Riziculture
S.O.D.E.SUCRE:
Société pour le Dével~ppement de 'la Canne a
.~ -., .'
·:.U • S • A • l ~ 0
. ';~:gè,nc'e··dë,s:.E·ta t sU.n i s p'ou~( 1'e,': Dév:~l 0 p pemen t
. . . . . . "-''''-''''.,
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"
'~.-:~';- '.
.n a t i o n a l .
",' " "
".
: .
=========~========~==

SOM MAI R E
===============
P A G È ~:- ;":--
PREMIERE PARTIE
LES CONSTANTES DE L'AGRICULTURE
IVOIRIEt-JNE
.
4 7' ,
CHAPITRE l
LE CADRE PHY SI QUE . . . . . . . . . . . . . . . . . •
4 9
CHAPITRE II
LES STRUCTURES ECONOMIQUES
ET SOCIALES DE L'AGRICULTURE
IVOIRIEt~I,IE
.
6 7
~ ~i CAI,\\i{~
p..{
G>! 1,,-
CHAPITRE III
LES CO~lDI Tl''<(~~~S~A\\t~:O(UVE LL E
- - - - - -
~.ç..
'(."
ST RAT EGl E ,B,[ CR(O I·c; SM~ c: ~I.••••••••••••
'-;' --_..':'-.:/!
8 2
E. '')
i
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.~
~
'~<
0......
-'.' ,
-v~
! nemen\\"
.;k._-
DEUXIEHE PARTIE
LES ACTIONS D'ORGANISATION
DE MODERNISATION, DE DIVERSIFICATION
ET LEURS RESULTATS
.
9 B
TITRE PREMIER
MODERNISATION ET DIVERSIFICATION
,'-
.
·DES PRODUCTIONS AGRICOLES
.
1 0 0
'.~.~ \\'; '. .
. '.
CHAPITRE IV
LES ACTIONS DE MODERt-JISATIDN
DE L'AGRICULTURE IVOIRI[N~[
... ~ ....
1 0 1
l
,

CHAPITRE .v
LA DIVERSIFICATION DES RESSOURCES
AGRICOLES: L'EXEMPLE DU PLAN PAL~
MI ER A HUILE
. 1 2 6
'...:
,;.
'
CHAPITRE VI
LES CREDITS DE DEVfLOPPEMENT AGRI-
COLE ET L'ESSOR DES 'PRODUCTIONS
VIVRIERES
ET D'EXPORTATION
. 1 5 2
CHAPITRE VII
L'AGRICULTURE, BASE DE L'INDUSTRIE
IVOIRIENNE
1 8 4
TROISIEME PARTIE
PERSPECTIVES D'AVENIR ET ACTIONS DE
DEVELOPPEf.1EtH REGIOt'~AL
2 2 1
CHAPITRE VIII
L'AVENIR DE L'AGRICULTURE EN COTE
D'IVOIRE: LA RECHERCHE DE L'AUTO-
SUFFISANCE ALIMENTAIRE
22 2
CHAPITRE IX
LA REGIONALfSATION DES PROGRAMMES
DEDE VI;: LQPPÉt~ EtH RUR ALE T LES RE-
FORMESys6uHÀITABLES A LONG TERME
2 4 {~
-_._-----------------.
-_. - -
---.-
.'
2;'6 6
~4ŒNEXES - - - - - - . - - - -
- - - - - - - - - - - - - - 2 7 6
~IBLIOGRAPHIE ~-------.--.---
'-._._- 2,8 9
-;e
.
V.
t
-oTABLE DES MATIERES -----.;;~.------­
, - - - - 3 0 9
~ .~
~ i
. l
\\

1 1
.,.,. -.,.~.
_.._,.~.~---_.
"'LA COTIE D'IVOIRE 'EN AFRIQUE
Alger
Dakar
\\
1
\\
(
\\\\
)
Le Cap

~'. ""
.•... .
., .
.....
''''.:
" .. Les gouvernements des pays sous-développés cher-
chent à accélérer tille évolution dont ils voudraient qu'elle
soit un véritable développement
; cet objectif général s'ex-
prime dans le vécu .des sociétés paysannes par des modifica-
tions plus ou moins profondes de l'environnement, matériel
ou non matériel, et par des contraintes nouvelles".
J.C. ROUVEYRAN.
(La logique des agricultures de transition,
ED. G.P. Maison neuve et LAROSE, 1972,
p.
21).

__
,- ..
._--_.~~
-13-
.....
INTRODUCTION
~.,> ..
============
'.-'-
....'
" Aux y. eux des 0 b se r vat e urs qui che r che n t à son der l' a ven i r ,â:i'
'l;<" ,
ne fait aucun doute qu'un des problèmes majeurs de notre temps r:~;
side dans la division de l'humanité en deux grandes catégories de
peuples
d'un côté la minorité des nations pilotes de l'ère indus-
trielle ... , de l'autre,
les pays "en retard de développement" qu'
il est convenu de désigner sous le nom de "Tiers Monde" (1).
Le premier groupe englobe aujourd'hui un peu plus d'un milliard
d'hommes,
le second,
près de trois milliards.
Mais cet écart déjà,
énorme est appelé 'à se creuser d'une manière extrêmement rapide:
:i';.1
'i
au rythme actuel des progressions démographiques, ces deux chiffres ~
passeraient,
d'ici à la fin du siècle,
à
environ 1,3 et 5 milliardsf
respectivement.
il
:~
'~
.~~
:'''f'l,J
:~,
Le drame est que, contrairement à ce qui se passe pour la démoli
if,"
graphie,
la production augmente beaucoup plus vite dans les pays i~t.:;...
dustrialisés que dans les autres où son accroissement suffit souvent
à
peine à équilibrer celui de la population.
Cette double évolution, si elle devait se prolonger dans la li-
g ne actuelle, creuserait entre les riches et les pau vl' es;', u n fossé
si profond que l'on aboutirait inévitablement à une situation explo-
./ .
Source
: "L'Europe et le Ti-ers Monde",
revue de la Commission
des Communautés européennes,
p.
3, Bruxelles. 44 p.

- 1 4 -
sive~
Co mme l e s 0 u l i g ne 1er a p po r t
PEARS 0 N (l),
" S i l e s na t ion s d é ye ""."._,
'~>-'~ i~-;,'<~ti~' .
..
loppées désirent conserver leur posi tion dans le monde,
il faut"' ~;ûiL'i':" .
;el)~::s .. "partlc.lpent.plei.nement à la création d'un ordre
:: .>,.-'.
;' .
;:{~~~'ei'~ t~u t~5 '1 e s .',h~ ti 0 ns e ~ tous.l e s .homme s pour r.on t
;.~
f



-
• •
;mentet "dign'ement; et dtsposeront d'un -niveau de vie
. : :
, _ . h
On comprend ainsi que les pays industrialisés,
notamment ceux ap-
partenant au Comité d'Aide au Développement de l'O.C.D.E,
au delà
q
même de la solidarité humaine, acceptent de mener une aotion commu-
ne par dessus les fronti~res en s'assignant de consacrer au moins un
pour cent (l%) de leur Produit National Brut
(P.N.B) à l'aide au
Tiers Monde.
Dans la pratique, on doit malheureusement constater que l'aide
publique au développement fournie par les pays industrialisés,
apr~s
s'être accrue rapidement de 1956 à 1962, a ensuite stagné, diminuant
ainsi en pourcentage du Produit National Brut.
La bat a i Il e pou r I e dé v el 0 pp e men t
duT i ers Mon der i s que don cd'· '
~tr~ perdue malgré les progr~s de la science et de la technique des
'vingt derni~res années.
Déjà la confiance n'y est plus
les peuples nantis commencent
./ .
(l)
_
.: ,Le:rapport PEARSON est établi à la demande de la BanqL.e
Mondiale par de hautes personnalités de divers pays sous la direction
de M.
Lester B.
PEARSON, ancine ministre du Canada.
(2)
: cf.
Revue de la Commission des Communautés Européennes
op. cit. p.
5

-
1 5 -
à se demander si les processus historiques, qu'ils ont eux-mêmes sui-
vis,
peuvent être "court...;circuité·j ?
Les populations d~munies d~sespèrent de triompher de leur pauvre-
,:it~ dont la cause r~side, selon un~ enqu~te de la F.A.O (Food and A~,
';-g r 1~ ul tu r e Or g',â ni 5a t i
,d u '~~à~;â~1.'; ,
0' ri) '~lj r 'J-'A f riel u e, ,d,a n s
1\\ l'a r r i é rat ion
..........,. "
;rural'" (1) .-
"i~'
/1\\I.{Ric~1,y~.
Pourtant des solutions eXistent,,~dfr''es'''-r~é-s,ur't:a\\t.s ont ~té obtenus,
/l,~'
il G
,....
\\Y-,_.,
des exp é rie nces 0 n t
ré u s s i n 0 use :i;Jt ~To/f,l;;.I,' e-l u s :m:o des te men t l' ex e m-
\\~;'
pIe deI a Ré pub l i que de Côte d' l v0
D"
~
J
:x!i
i~f~ •
.: Q
S;
v
0
.s'IS>'
'0...."
/f)f]e ment ~~9
Certes, il s'agit de réalisations encore limit~es.
En effet, des
actions comme celles qui ont, en quinze ans,
permis à la Côte d'Ivoi-
re de connaître une croissance économique certaine, ne sont hélas,
les solutions au sous-d~veloppement.
Elles constituent cependant un
pas en avant,
dans un passage oblig~ ~pour arriver aux buts ultimes
du véritable "développement".
Par développement,
nous entendons,
avec Jacques AUSTRUY,
"le d~-
passement des anciennes structures dans l'actualisation des nouvelles
cohérences et le transfert des logiques que ce processus entraîne"
(2) •
Elles offrent aussi une occasion de r~fléchir sur certains aspects
du développement rural et sur le rôle que peut jouer le secteur agri-
./.
(1)
"Rapport sur les possibili tés du développement ru'r'al de
l'Afrique en fonction du pro§rès ~conomique et social" F.A.O, Rome,
1962.
~ 2 )
.
:AUSTRUY J.
"Le scandale du développement",
Paris Ed. Rivi-
ere,1965,
p.
162.

-
1 6 -
cole dans les
"éc.onomies en quête de développement"
(1) en général
et particulièrement dans celle de la Côte d'Ivoire.
Si l'on songe que dans ce pays la croissance économique a ,été
fondée essentiellement sur l'agriculture,
plus précisément sur une
, :~.~ ...-:-~; "':
:, .,>':C>:ù .deux cultures 'de :r:apport ,on r.éalise aisément .pourquoi ilnou~{·:i;l?i4~
...'.. ,'. :~~)"},:: :': ~.' ~ ':- '::.,;~:;:j,;":,,',:,,,;',; .:.'
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,
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; :~..,. ','" " " " " ' '.. ",'
'
,', '
,
'--;;,',~~;ltl;~
,...·pr'éèise ie 'IlRole,"de l",'Agricul ture' d.an s I ' Economie Ivoirienne", "ë'ie'~t::<:_'
à dire sa situation passée et présente,
son aptitude plus ou moins
grande à jouer
le rôle de locomotive du progrès économique,
son évo-
lution à moyen et long terme.
(1)
:
Le terme
"d'économie en quête de développement" est utilisé
par J. AUSTRUY dans l'avant propos de l'ouvrage de J.C ROUVEYRAN
"La logique des agricultures de transition" G.P. MAISONNEUVE et LAROSE,
1972.

- 1 7 -
Notre étude a pour but moins de proposer des voies au dévelop-
'pement que de rechercher des explications objectives à une situa-
tion,
celle de l'agriculture observée dans l'économie ivoirienne
à un moment donné.
,
,
,
:;11
cony.ient ,io,utefois, à, titre préliminaire, de montrer ,colflme~t,
\\~.,
. . . . :.~.::'
",
.... ".. .
·i
,'. ~,: .~ ~ <)f>
'~'ê'~t~ histori,CJ.uemerit '~produit~ ;'dèpui s le mi"lieu du XVII ème Si'èclë,::;:~~
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~,,'"
, ' "
' , ' , : :,,' ",,::,:',;"
' , ' ',":,',
"
"
,
__ .";:'
la "révolution'a:gric.ole"
(1 ) ~dans· les ,pays développés. Pour ce faire,
nous décrirons les actions d'intervention de l'Etat au cours de cet-
te longue période de mutation. Nous établierons ensuite un parallèle
avec les transformations telles qu'elles s'opèrent de nos jours dans
les sociétés de subsistance, notamment en Côte d'Ivoire Où les pou-
voirs publics ont entrepris, gr~ce à une politi que de diversifica-
tion des cultures, de transformation des matières premières locales,
d'organisation des circuits commerciaux de collecte et de distribu-
tion des produits, de moderniser l'agriculture et d'adapter ses pro-
ductions aux besoins tant des marchés extérieurs qu'intérieurs.
Après l'analyse théorique des problèmes posés par l'agriculture
à travers le temps et l'espace, nous examinerons ceux, beaucoup plus
concrets, que l'on trouve dans l'agriculture ivoirienne, en trois
parties.
Dans la première, nous décrirons le cadre physique et le compor-
---------------------~----------------------
:
(1)
: M. BLOCH,
"L'habitude est prise de désigner sous le nom de
révolution agricole les grands bouleversements de la technique et des
usages agraires qui, dans toute l'Europe,
à des dates variables selon
les pays, marquèrent l'avènement des pratiques de l'exploitation conteD
poraine. Le terme est commode...
on di t
semble- t-il , lui donner définit j
vement droit de cité dans le vocabulaire historique".

- 1 8 -
tement des populations qui animent cette agriculture; nous étudie-
~rons également les structures et le- mode de fonctionnement qui la
caractérisent.
Nous analyserons dans la deuxième partie la politique de res-
)tructurationet .deniodernisation dont.l',.agric.ulture a fait l 'objE!t ..,,:.'
;e~<~6
. . ..::.:,.'
~'~of~'~
. , - . .
.
" ; , -:~~~. 4.
~~s!~~il~:I;~'
t é: d l
'.~~puiS'~:';~i~kteü~~'~ '-'ann~~:~iinbUs analyser
si :;res résultats qu'a eu cette '·politiquede restructuration, 'notam-,·
ment sur les activités industrielles qui doivent constituer à l'ave-
nir la force d'entraînement de l'économie de la Côte d'Ivoire.
La troisième partie nous permettra de jeter un regard sur l'ave-
nir de l'agriculture dans l'économie ivoirienne en nous réfèrant aux
plans, en particulier à l'actuel plan quinquennal 1976-1980 qui met
un accent nouveau sur le développement des secteurs de productions
animales et légumières en vue de répondre aux besoins alimentaires
des populations rurales dont la transformation et l'amélioration du
cadre de vie constituent les obje ctifs primordiaux, de la décennie
1975-1985.
A travers le temps et l'espace, les problèmes se sont posés
différemment. L'analyse de l'évolution historique des structures
agricoles dans un chapitre préliminaire permettra de le témoigner.

- 1 9 -
Préliminaire
, ;,.
'.:i~gl:7;tL,.aètiOl1. '.des:;p~uvo±rs, publics et :'lesmutations des
.' ~~r1f~~0l.
.~
','
tEl
<,'
,,:struc:tures agricoi~"~ depuis le ·.XVllème siècle
. "~ .. ..
;
:~'"~';,'
;.-.'".
A -
L'action des pouvoirs publics en faveur du secteur paysan
En attachant les populations au sol qu'elles cultivent, en fixant
une forme individuelle ou collective d'occupation des terres,
l'agri-
culture impose des liens de solidarité et une vie communautaire qui
impliquent une organisation sociale suffisante avec un pouvoir capa-
ble d'assurer la sécurité.
Nécessité de produire et besoin de sécurité sont à la base de
l'étroite corrélation qui existe entre le pouvoir,
sous quelque for-
me qu'il apparaîsse, et l'activité agricole.
Cette corrélation entre l'Etat et l'agriculture est f o r t ancien-
ne.
1° -
Ancienneté de l'intervention.
Dans le monde antique, on constate que la corrélation entre le
pouvoir et l'agriculture est illustrée par la correspondance entre

2 0 -
,la qualité de propriétaire foncier et l'exercice de l'autorité po-
litique.
1
Marcel LALIGANT (1) nous fournit l'exemple de l'Egypte antique
.,
~qui connut un gouvernement très centralisé et autocratique auquel
.: 1,~orrespondi t
un régime domanial caractérisé par la propriétéuni9.ue
J ' ,
""-'"
;"':~f~t~:
:'" 4~a~,:"ph:~ra()nsu~;;toutes "le:s',terres de' -son'T0y'aume.
_:--:. ····r,'
':~: " , .~ -. '~'~!' ~:.~ .
,- '. f;7)~t
.~.; .... ;. " .~~ , ~.
Ce principe se retrouve dans le monde' romain, dans le Moyen
Age et l'Ancien Régime français.
Le M0~lerr/~Age tout particulièrement,
~f" LI-! 'I/E'"
apparaît comme un
les struc-
V
GAil
',...:
tures nécessaires au maintien de t~~'p'r0dt~oniagriCole.
/ .
~
<.;"
i,,'
L'interdiction faite au serf &e~quittB~' 1a glèbe à laquelle
~ernGnpv
i l était attaché témoigne du même souci de maintenir cette produc-
tion agricole à un niveau suffisant.
Le lien féodal n'est-il pas à
l'origine un lien de protection et d'aide alimentaire?
Cette nécessité pour le pouvoir d'intervenir dans la vie éco-
nomique en général, et tout particulièrement dans le secteur agri-
cole, va se transformer en véritable doctrine avec Colbert.
2° -
Colbert et l'action de l'Etat en faveur de l'agriculture
Ainsi,
sous sa direction,
l'Etat essaiera-t-il d'orienter la
production, et des mesures seront prises pour restreindre la culture
de la vigne au profit des céréales beaucoup plus essentielles à la
(1) Marcel LALIGANT "L'intervention de l'Etat dans le secteur agricole"
Librairie générale de droit et de jurisprudence, Paris, 1970. p. 5.

- 2 1 -
nourriture des populations (1). Le commerce des grains sera stric-
tement réglementé:
interdiction des exportations, répression des
tentatives de spéculation. Un règlement de 1696 affirme que "la
rareté,
la cherté des blés proviennent moins de la disette que de
l'artifice des marchands, qui achètent des blés sur terre ou en ,::::.~~'~~~~.:.-
vert .et se .rendent maîtres de .t~~; les graïns qu' Us renferment :.;}t~l:
':dans des ,greni,ers etmagas'ins"d'~t'ou~nés".'(2)
,_,,_/~
- ;",-~"~:f"~·~ ,'.
"'-,
D'autres mesures encore avaient pour but de reconstituer le
cheptel ovin et bovin (3).
Il existait peut-on dire, un véritable
service public -
de la distribution qui était assurée par les corpo-
rations. Les bouchers,
par exemple,
étaient tenus de prêter le ser-
ment solennel -
"de bien servir la cité et de tenir toujours assor-
timent de viandes saines au taux légal".
(4)
Que cette r~glementation n'eut pas tous les résultats escomptés,
i l faut cependant voir en elle un effort de l'Etat pour remplir les
fonctions essentielles qui lui revenaient
la première de ces tâ-
ches étant de permettre à ses sujets de s'approvisionner norrr;alement.
Ainsi, quel que soit le régime politique et l'époque consi-
dérée,
le pouvoir intervenait à tous les stades de l'activité agri-
cole pour assurer la subsistance des populations.
(1.)
: G. LEPOINTE, "Histoire des institutions et des faits sociaux"
PARIS, Montchretien,
1956, p. 563.
(2)
E. LAVISSE,
"Hi stoire de France", T. VII l .,
p. 228
(3)
E. LAVISSE, op.
cité, T. VII, P. 213.
(4 )
Vicomte G. d'AVENEL,
"paysans et ouvriers depuis sept-cents
ans" , A. Colin, 1899, p. 228.

- 2 2 -
Mais l'agriculture nécessitait l'intervention de l'autorité
publique à d'autres titres.
Facteur essentiel, parfois unique, de toute richesse économique,
la terre fournissait à l'Etat la meilleure part de ses ressources
fiscales. Une agriculture pr~spère était donc le gage d'un Etat
",:f.ort, et, '1"'~,t,~t in.:t;eI;';:yen,éiit ,pour ,la ,faire ,prospérer.
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' I l faut',,; en 'oûtr,e,'pr'éciser que si Colbert a crée un service/:<',:~
'd'enquête et de statistiques pour connaître l'état des ressources
agricoles,
et tout particulièrement des bestiaux,
ce n'était pas
dans un but purement économique, mais aussi militaire. De m~me la
transformation des terres à vigne en terres à bié était-elle entre-
prise dans l'éventualité d'une guerre.
(1)
Sous l'Ancien Régime,
l'agriculture apparaissait ainsi comme
un élément indispensable de la puissance de l'Etat et comme le ter-
rain même de l'intervention étatique.
Mais les doctrines libérales qui sont apparues à la fin de l'An-
cien Régime ont bouleversé la conception du rôle de l'Etat,
ce qui
aura des conséquences profondes sur les rapports de l'Etat et de l'a-
griculture dans la période suivante.
B -
Le mouvement physiocratique et la ctise de l'intervention de
l'Etat dans le secteur agricole.
1° -
Le libéralisme économique des physiocrates.
Même si certains auteurs comme Adam SMITH accusent Colbert
(1)
E. LAVISSE,
op.
cit.,
tome VII, p.
223.

- 2 3 -
d'avoir voulu décourager l'agriculture du pays pour soutenir l'in-
dustrie des villes, de préférence à celle des campagnes (1), il
faut toutefois souligner que l'agriculture avait sa place dans la
politique mercantiliste.
L'Etat à .cette époque contr~.\\lait, dirigeait, suscitait, organi:-
.,.
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:,'sàÎ.t. ,:Que "ce:' ~Qit :~J. "~leV:p.ge ",l'a protectio~des forêts, ou ia'Ro~:?:?:f't~:,·
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,.cedes-grains,
rien.n i échappait 'àJsa surveillance".
(2)
'-;':Ji;~f~~;
Le mouvement physiocratique
(avec à sa tête, Turgot et Quesnay),
va -prendre le contre-pied de cette économie dirigée,
en condamnant
en bloc les excès de la réglementation mercantiliste.
N'ayant pas été des libéraux au sens propre,
puisqu'ils pen-
chaient pour le despotisme éclairé, les physiocrates ont une doctri-
ne dont on a conservé le libéralisme économique suivant
:
"laisser-
faire,
laisser passer".
Leur théorie limite le domaine d'action de l'Etat qui doit être
tout puissant, sans doute,
sauf dans le secteur éconOmique Où il n'a
pas à intervenir.
Par la suite,
cette théorie sera contre-battue par les doc-
trines socialistes, mais elle conservera assez de vigueur notamment
dans le secteur agricole.
(1)
: Adam SMITH, Recherches sur la nature et la cause de la ri-
chesse des Nations, livre IV,
chapitre IX.
(2)
: MARCEL LALIGANT,
op. cit. p. 19.

- 2 4 -
20 -
Le caractère désordonné de l'intervention.
En effet, le phénomène d'industrialisation de la France a fait
perdre à l'agriculture son importance dans l'économie du pays.
Il semble logique dès lors que l'Etat ne prenne pas le même in-
>tér~h qu' autrefoi s à ce secteur qui n' e st plus l' élément essentie'l.:~'i~&~(
";(fesapUis~~é'é:."';~e,
industrialiS~~i~qJ:K~i~f
,SE)cond ,êffet du phénomène;d'
est '~d' ord:e démogr'a~hi'qUe. ba baisse de l'importance relative de:'::i,~~~i}:'
• : 1·
,l'agriculture liée au processus de croissance économique entraîne
l'exode d'une partie de la population agricole vers d'autres sec-
teurs d'activité.
Ainsi, de 1846 à 1946, la population rurale de la Fr~nce est-
elle passée de 75 % du total à 33 %'
(1).
A l'heure actuelle,
la
population agricole ne représente plus en France qu'environ 12 % de
la population active. Si cet exode est inévitable, i l n'en comporte
pas moins des conséquences notamment en matière des interventions de
l'Etat.
Si l'on se reporte à l'ouvrage de M. AUGE LARIBE sur "la poli-
~ique agricole de la France de 1880 à 1940" (2), on découvre les fluc-
tuations et les contradictions qui
se
sont manifestées dans l ' a t t i -
tude des pouvoirs publics à l'égard de l'agriculture au cours de cet-
te période.
(1)
: Jules MILHAU et R. MONTAGNE,
"L'agriculture aujourd'hui et
demain
P.U.F.,
1961,
p.
226.
(2)
: AUGE LARIBE,
"La politique agricole de la France de 1880 à
1940", P.U.F.,
PARIS,
1950, p.
360.

- 2 5 -
C -
La période d'après guerre et l'intervention "correctrice" de
l'Etat.
La seconde guerre mondiale va nécessiter,
comme tout époque
~de troubles et ,de pénurie, la ,mise sur pied d'un ensemble de règJ,.e~.
. ..
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.' -' ;:'::~~~~?~;~~:\\.'~,
~;d'~r.ganhiàti,OJ;l:dù"seeteur' ,agri,cole. C'est ainsi que la loi du.A:1->lJû,i'1-
~
~ ;~~t:t}~:·
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,Tet,.1.938 por:t;ant'prganisation' de ·la nation pour le temps de gùer.r'~;:~~;:·'
:a chargé le ministère de l'agriculture de tout ce qui concerne "la
production,
la transformation et la répartition des denrées alimen-
taires destinées à satisfaire aux besoins tant des forces armées
que de la production civile".
(1). Depuis la fin de la guerre le mon-
de agricole a COnnu une profonde mutation. Dans les pays développés,
la mécanisation intense des campagnes, l'emploi généralisé des en-
grais,
le recours à des méthodes prophylactiques de plus en plus ri-
goureuses ont assuré une production~ujours plus abondante.
1° -
L'agriculteur s'ouvre au monde extérieur.
L'intégration de l'agriculture dans la société industrielle de-
vient un stimulant et permet de créer un surplus de production im-
portant qu'il faut désormais écouler sur le marché international.
L'agriculteur, du fait de son entrée sur un marché plus compétitif,
va rechercher plus de sécurité, notamment la garantie des débouchés
à des prix stables.
Compte tenu de la nouvelle conception que l'on a du rôle de
(1)
cité par Marcel LALIGANT', op. cit. p. 9.

- 2 6 -
l'-Etat dans la vie économique
(on lui reconnaît la nécessité d'tme
intervention correctrice),
les pouvoirs publics ont pris une slrie
de mesures allant "de la fixation des prix à l'organisation de l'en-
semble des marchés agricoles,
e n passant par tous les régimes pos-
,::sibles de prix d'intervention ou de soutien, voire d'indexation":{)..} .
.·,;/{;~:~i,.
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?:Mais un ceitainnombre de '.ces :inesures sont· devenues
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avec les disposi t.ions du .Trai té ·-·de Rome et les règlements commtmau~.:
'taires. Dans ces conditions,
l'E'tat a dû trouver de nouvelles for-
mules de nature à organiser la production. Deux organismes profes-
sionnels,
les groupements de producteurs et les comités économiques
agricoles sont institués.
Le rôle des groupements de producteurs, prévu par la loi du
8 Août 1962, est d'édicter des règles de discipline de production
et de mise en marché communes à leurs membres. Alors que les groupe-
ments de producteurs peuvent ~tre des sociétés coopératives, des so-
ciétés d'intér~t collectif, des syndicats de producteurs,
les Comi-
tés économiques agricoles sont des réunions de groupements de pro-
ducteurs.
Bien que l'Etat ne peut plus intervenir à sa convenance dans le
secteur agricole
(ce, en application des règles communautaires),
i l
a suscité une organisation des producteurs à laquelle i l apporte son
con60urs et contr61e étroitement.
Cette intervention directe ou indirecte de l'Etat dans la vie
économique et en particulier dans le secteur agricole comporte d'uti-
(1)
: R. POLLET et M. SEITE,
"principes de la règlementation des
prix" cité par M. LALIGANT,
op.
cit.
p.
27.

- 2 7 -
les enseignements pour les pays en voie de développement dont les
dirigeants sont confrontés avec les redoutables problèmes de struc-
turation de l'économie en général et de l'agriculture en particulier.
20 -L'action des pouvoirs publics sur les économiesagr'i..,.
.. ..,~-:'.:;
;::::-
:coles des sociétés traditionnelles.
.
.(
;::..:..-'t
-
~~ ."<.~~
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale on sent le besoin
de prendre des mesures d'urgence pour résoudre le problème de la
misère dans les pays sous-développés.
Pour guérir le mal de ces pays "attardés",
on cherche à en com-
prendre les causes
la théorie de
"décollage".nous en fournit une
parmi d'autres.
Selon cette théorie que l'on associe au nom du professeur
W.W. ROSTOW (1),
i l faut chercher la différence essentielle entre
les pays développés et sous-développés non tant du côté du taux de
croissance économique (élevé ou faible) que dans le fait que les
pays développés ont l'assurance que leur croissance est devenue un
processus automatique qui se maintient de lui-même et continuera ré-
gulièrement dans l'avenir,
tandis que les pays sous-développés n'ont
pas cette assurance. La différence est dûe,
toujours selon ROSTOW,
au fait que les pays développés ont déjà traversé une phase de déve-
loppement économique intense,
la période du "décollage" au nom de la-
quelle le mécanisme qui soutient la croissance s'est solidement in-
(1)
: W.W. ROSTOW,
"The Take off into self-sustained growth",
écono-
mic journal, 66, mars 1956.

- 2 8 -
corporé à leur structure économique. En revanche,
la croissance é-
conomique des pays sous-développés, même quand elle est très rapide,
est généralement temporaire et sporadique, et elle s'arrête quand
le stimulus initial a fini de jouer. Par exemple, la croissance
.
,\\,d 'une
économie~sous-développé~dueà l'accroissement des exporta- ~ri~l4:
':;~'
.. ' ..l;::·":;~~~~_:d'un b~'~~"'::;';-l'~aire, s 'arrêt~'ra tôt ou ·tard S~it· par l"éPUi~~'~~{ii_
.. ::~k;- ~
..
se~etit de toutes~lés ressources naturelles propres a la production '(';-~,*,:
. ,
~,
."
'~
de ce bien,
soit par l'arrêt de l'expansion de sa demande sur le
marché mondial.
En d'autres termes,
la croissance sera arrêtée soit par des
rendements décroissants,
soit par l'incapacité du pa.ys à se recon-
vertir à d'autres types d'activités économiques. En outre, les pays
développés ont eu, d'après lui, une
"longue période" pour réunir
les conditions préalables au "décollage".
En effet, c'est dès le À\\TIlème siècle que l'on a observé les
amorces d'un renouveau dans les procédés de culture en Angleterre
et en Hollande. Les éléments du nouveau systèm8 cultural sont essen-
tiellement les prairies artificielles (trèfles notamment), les raci-
nes fourragères
(les turneps et les raves), l'assolement continu qui
élimine la jachère, le labourage et l 'hel}sage profonds, l ',intensifi-
cation de l'élevage, l'amélioration des races bovine,
ovine et por-
cine mieux nourries etc .•• (1).
La France est touchée à son to~r par le progrès agricole vers
la fin du XVIIlème siècle. Pendant la première moitié du XIXème des
progrès lents mais continus donnèrent un grand essor à la production.
(~)
: cf Pierre VIAU "L'agriculture dans l'économie" ED.
ouvrières
PARIS, 1967.

- 2 9 -
la période se caractérise par une généralisation de nouvelles cul-
tures comme les betteraves et les pommes de terre et surtout par
l'amélioration des instruments traditionnels de travail, notamment
la charrue.
. ,,:,-".?"
; ,"
.. Avec la révolution industri~~le, la modernisation de
, ""{-
i! ... ;L
',biilt'{;.'ré"s', a'Qcé1ère:'
/,,,
_.
r
"
- Le machinisme allège le·travail humain grâce à l'emploi de
:lafaucheuse, la moissonneuse-lieuse,
la batteuse et plus tard le
~racteur.
- L'emploi des engrais minéraux devient effectif vers 1880 et
augmente les rendements.
- Enfin, les transports ferroviaires exercent sur l'agriculture
une action de désenclavement. Les marchés agricoles cessent d'être
locaux ou régionaux. Le transport des denrées sur de longues distan-
ces, notamment vers les centres urbains favorisera les spécialisa-
tions r~gionales : "vins de consormnation courante du Midi, élevage
nonnand ou charolai s,
céré ale s du Bassin pari sien et c ... i,
Ce long processus d'évolution que nous venons de décrire montre
de quelle manière l'agriculture s'est structurée, modernisée et sur-
tout intégrée dans les sociétés industrielles. Elle a réuni un en-
semble de facteurs que le professeur ROSTOW
a décrit COmme un
cadre politique, économique, technique,
social, et institutionnel
qui exploite les impulsions à l'expansion.
Dans les pays sous-développés,
ce processus historique est
c'ourt- ci rcui té. :L' absence de toute révol uti on agri col e et industriel-
le condamne les agriculteurs à survivre dans un système autarcique

- 3 0 -
,dont le principal objectif est d'assurer la pérénnité du groupe.
<Les techniques culturales utilisées pour la quête des subsistances
n'ont guère changé depuis le début des temps historiques. En Côte
d'Ivoire par exemple, la traditionnelle "DABA" à manche court s'i-
,
;dentifie aux habi tudes gestuelles du paysan Se' NOUFO qui se courbe,
, ,
;
':i, •
. \\.très:'lié:\\.s,pou,I"',Arava.tllerla terre.
. .3~",:~?~': .
- '
" '. ; ..'.. {.
f.~~····),:, '
Dans son ,ouvrage "Age de Pierre, âge d'abondances", MARSI-ÎÀLL>~r
SAHLINS( 1) mont re certaines des caracté ristiq ue s des Soci étés "pri-.
rnitives" qui sont:
l'aspiration à l'autarcie, la prédominance de la
division sexuelle du travail,
l'accès autonome aux moyens de produc-
tion
j
i l précise que l'idéal d'autarcie n'est en fait qu'un idéal
d'indépendance au nom duquel on cherche toujours à produire le mini-
mum qui suffit à satisfaire à ces besoins.
Selon lui, le "Mode de production domestique"
(M.P.D.) est "un
système foncièrement hostile à la formation de surplus"; il fonction-
ne "comme production d'échange
(qui permet d'acquérir du profit en
commercialisant les surplus)".
(2)
A la lumière de cette analyse,
i l nous semble que les problèmes
typiques des pays sous-développés, à l'heure actuelle, ne provien-
nent pas de leur idéal autarcique ou de leur isolement traditionnel
ils résulteraient au contraire du fait que les économies de ces pays
sont désormais ouvertes aux forces extérieures par des facteurs tels
que le commerce international, les investissements étrangers, ou en-
(1)
: MARSHALL SAHLINS/ "Age de pierre, âge d'abondance. L'économie
des sociétés primitives", ED. Gallimard, 1976, pour la traduction fran-
çaise.
(2)
cf préface de Pierre CLASTRES.

- 3 1 -
;core la mise en place d'une administration moderne.
Nous allons maintenant tenter d'analyser ces facteurs d' ébran-
lement de l'agriculture de subsistance et leurs conséquences sur
le développement économique en général, et les "mutations" de l'a-
'.gricultureen parti6ulier.

- 3 2 -
I I -
Les facteurs d'ébranlement et les mutations
de l'agricu~ture de subsistance
r' .
'.
Les systèmes agricoles que l'on abserve encOre en Afrique,
en
Asie ou en Amérique du Sud sont dominés par W1e
"agriculture de sub-
si stance Il •
Par agriculture de subsistance nous entendons avec Robert Badouin
"un système économique dans lequel chaque ensemble élémentaire, qu'il
soit fondé
sur le lien de parenté ou la proximité territoriale, con-
somme la quasi-totalité de ce qu'il produit et calque le volume de
sa production sur celui des besoins pouvant être satisfaits par voie
d'auto-approvisionnement"
(1).
En agriculture de subsistance,
précise Badouin,
"chaque cellule
produit la plupart des biens dont elle a besoin et consomme la pres-
que totalité de ce qu'elle produit ll •
L'agriculture de subsistance S8 caractérise donc par le ni-
veau auquel se réalise un certain équilibre entre production et con-
sommation. La rupture de cet équilibre constituera ~'une des causes
de l'ébranlement de l'agriculture de subsistance.
(1)
: Robert Badouin,
"Les agricultures de· subsistance et le déve-
loppement économique", ED. A. pedone, PARIS, 1975,
p.7.

- 3 3 -
Analysons d'abord dans une section A les facteurs,
puis
dans une se cti on B, le 5
types de réacti ons de s
soc ié té s ainsi é-
branlées.
A -
Les causes d'ébranlement de
l'agriculture.
la -
Les causes dans le cas des pays développés.
Nous avons vu que les transformations dont l'agriculture des
pays développés a été l'objet sont la conséquence de son intégra-
tian progressive dans la société industrielle.
Mais ces progrès agricoles furent précédés péŒ une mutation
des structures mentales ou mutation interne. En effet,
les
pays qui
les premiers connurent le développment n'avaient aucun mod~le dont
ils pouvaient s'inspirer.
Selon la thèse de J.
hlEBEH (1)
"dans une
société profondémen~ religieuse coo@e l'était la société européenne
au XVlème
siècle,
seule une éthique de nature religieuse pouvait
supplanter l'éthique existante. Encore fallait-il qu'elle enCOUra{?;8
et justifie des
changements de
comportement dans l'accomplissement
des activités économiques. La doctrine calviniste remplit
ces deux
conditions, et la modification des structures mentales fut acquise".
Par la suite au XVlllème
siècle,
la bourgeoisie à'affaires a
succédé à
l'aristocratie foncière,
on assiste alors à une transfor-
mation des structures politico-sociales.
Les progrès agricoles et industriels ont à leurtour déclenché
(1)
J.
hTEBER "Structures agnüres et évolution des milieux ruraux,
YAOUNDE,
document O.R.S.T.O.M.,
1974.

- 3 4 -
un processus de développement que les hommes et les structures
étaient près à accueillir.
Les facteurs d'ébranlement dans le cas des pays
"attardés" .
Dans les pays qui accèdent tardivement au développement,
la vie
sociale comporte une multitude de freins socio-culturels au dévelop-
pement
; i l s'agit notamment des coutumes, des structures sociales
archaïques, des tradi tions etc . . .
qui
tous consti tuent des forces
de blocages à une mutation interne.
Dans ces conditions,
seule des
"stimulants externes de dévelop-
pements
(1)
sont
susceptibles de
créer,
pour l'agriculture de ces
pays, des impulsions favorables à sa transformation. La force de
ces facteurs externes d'ébranlement sera f'onction des motivations
des menilires du groupe
exemple l'attrait de gains mon~taires, la
recherche de prestige cu le désir de
sécurité.
Parmi les facteurs
externes susceptibles d'entrainer le développement on peut citer
notamment,
l'apport de nouveautés techniques
(comportant produits
et procédés de culture),
l'ouverture de débouchés extérieurs,
ou
encore l'implantation d'une administration moderne.
Analysons maintenant les effets de chacuns des stimulants.
B -
Les types de mutations des sociétés de subsistance.
1° -
Les muta~ions dues aux nouveautés techniques.
(1)
: L'expression "Stimulanis externes de développement" est de
Robert Badouin,
op.
cit.
p.
126.

-3 5 -
Par nouveaut~s tectmiques nous entendons aussi bien les
nouveaux procédés de production que les plantes ou variétés qui
ont pu ~tre transférés d'un continent à l'autre. On peut citer
l'exemple du café qui,
introduit en Côte d'Ivoire aux environs de
1880,
s'est adapté dans les zones forestières o~ le climat propice
(chaud et humide)
a permis une partie de la population de s'adonner
à la nouvelle culture. Par la suite,
le café a connu un grand essor
grâce à l'apport de variétés précoces mises au point par les servi-
ces français de
recherches agronomiques.
Cette nouvelle culture
allait profondément modifier l'économie agricole ivoirienne qui était
jusque là basée essentielleQent sur une agriculture vivri~re se con-
tentant,
surtout en zone de forêt
et de
savane arbustive, de la cul-
ture de quelques tubercules après élimination,
par
le brûlis, de la
mauvaise végétation,
et lL'18 préparation insuffi sante du sol.
Sans
abandonner ce syst~me ancien,
la plupart des populations des zones
,concernees par le café et aussi
le
cacao,
allaient pratiquer ces
dernières cultures en se livrant aux deux systèmes qui se trouvè-
rent 2.insi
juxLiposés.
Pour l'exemple particulier de la Côte d' Ivoire,
l'intégration de ces nouvelles cultures dans son système agricole
existant a fortement
secoué ce dernier.
Progressivement i l s'est
constitué,
dans les ethnies "AGNIS" et "Baoulé" qui ont une organi-
sation sociale très hiérarchisée,
une classe de planteurs différente
des agriculteurs traditionnels. Elle abandonne peu à peu l'agricul-
tUÎ"\\3
de subsistance pour adopter les mécanismes d'une agriculture
marchllilde qui encourage la production d'un surplus que le premier
système considérait avec beaucoup de circonspection. Cette classe
de planteurs engendrera ce que nous appelons avec M.
Nobert Beyrard
"une classe d'entrepreneurs agricoles évolués à la fois sur le plan

- 3 6 -
économique et sociologique".
(1)
Il
semble que ce soit cette adaptation rapide d'une partie de
la popula ti on aux exigence s d'une agri cul ,-~ure marchande qui
soi t
à
l'origine de la croissance ~conomique de la C6te d'Ivoire pendant
ces vingt dernières années.
Mais l'expérience montre que les transformations ne réus-
sissent pas toujours et qu'il est difficile de bouleverser les struc-
tures existantes dans une
société agricole cie subsistance. Les cau-
ses de
ce rejet d'apports extérieurs tiennent les lliles à l'hostilité
du milieu naturel
(rÉgions désertiques ou soumises à de fréquentes
inondations),
les autres à la méfiillice de5 éléments influants de
la société traditionnelle,
et aux freins
socio-culturels proprement
dits telles la coutume,
la tradition etc ...
Dans le cas des sociétés qui intègrent les apports exté-
rieurs,
l'apparition de débouchés encourage à produire davantage
dès lors que le
surplus de production trouvera preneurs sur les
marchés extérieurs.
2° -
Les mutations dues à l'existence des débouchés.
L'analyse du mode de production domestique faite
par Sahlins
montre que le
système comporte
" . . . un principe anti-surplus
; adap-
té à la production de biens de
subsistétllce,
i l a tendance à s' irrJ1Tlo-
biliser lorsqu'il atteint
ce point".
(2). Ce système fonctionne donc
(1) NCJRBERT BEYRARD,
spécialiste des problèmes économiques ivoiriens,
cité par la revue Europe-Outre-Mer, numéro de février 1976.
(2) Marshall Sahlins,
"Age de Pierre,
âge d'abondance.
L'économie des
Sociétés primitives",
ED. Gallimard,
PARIS,
1976.

- 3 7 -
çomme production de consommation et non comme production d'échange.
Cette économie de subsistance qui
caractérise la presque totalité des
sociétés rurales des pays du tiers monde
sera fortement
secouée par
les contacts coloniaux qui vont encourager les productions exotiques
en vue de l'exportation vers les métropoles.
Succédant à l'économie de comptoir trop marginale et trop li-
mitée
territorialement, l'économie
coloniale,
avec son administra-
tion et ses contraintes
(impôts et livraisons),
va exercer une prss-
sion sur les systèmes sociaux trouv~s sur place
L'ébranlement des sociétés traditionnelles devenait dès lors,
inéluctable.
Dans
ces systèmes de production de subsiEtance
(1)
où la terre
relativement
et la main d'œuvre
sont tous les deù.X des facteurs, èibondants
(eX8lJ-
t8 le cas des pays surpeuplés),
l'apport d'un système différent qui
n'est pas défavorable au processus de croissance ~conomique, et
surtout l'existence de débouchés que constituent les métropoles
ont favorisé un supplément de
production destiné à
l'exportation.
Le processus a
corrunencé pendant la dernière moi tié du XIXème
siècle
i l doit beaucoup a la révolution des tr2..nsports,
notamment
maritimes avec leurs codts peu élevés.
(2)
(1)
"La production ce subsistance" est définie
COlllme la partie
de la production essentiellement agricole utili~ée pèir le groupe pro-
ducteur-consommateur.
(2)
: M.
Pierre VIAN pr~cise, dans son ouvrage
"l'agriculture dans
l'économie",
qu'il
revenait moins cher de tr~illsporter un quintal de bl~
de Buenos-Aires au HAVRE en bateau que de Perpignan à Paris en chemin
de fer.

3 8 -
L'extension de la navigation ~ vapeur va permettre de drainer
vers les métropoles les produits tropicaux des colonies,
ainsi que
les c~réales de l'Amérique du Nord,
la viande de l'Argentine,
la
laine de l'Australie etc ...
Il faut d'ailleurs noter que ces exportations ont inauguré,
dan3 les métropoles de destination,
les grandes crises agricoles
qui provoquèrent les premiers départs massifs des paysans vers les
villes.
Pour ce qui concerne les pays exportateurs,
P.
LARMAHTINE YATES
(1) a calculé que la valeur totale des exportations des p~ys d'Afri-
que et d'Amérique latine a décuplé pendant la période 1913-19S3. Le
phénomène a pri s Wle telle ampleur que dès lE milieu des annéés 1950
la valeur du café et du cacao exportés par la Cats d'Ivoire a repré-
senté, nous le verrons dans notre développement ultérieur,
jusqu'~
90,3 % de la valeur totale des exportations, soit 23,1 milliards
sur 25,6 milliards de Francs C.F.A.
Le GHANA,
pour sa part,
a vu la valeur de ses exportations de
cacaO multipliée par treize entre 1913 et 1935
(2)
Dans ces deux exemples Où le café et le cacao ont trouvé des
conditions de
climat et de sol favorables ~ leur transplantation,
l'accroissement de la production est dû moins ~ une innovation,des
,techniques culturales qu'à un développement extensif des surperficies
(1)
: P. LARMARTHΠYATES,
"Fort y Yeélrs of Foreign trade"
tableaU
102, p.
160
(2)
H. MYNT " Les politiques de développement",
ED.
ouvrière
1966,
p.
33.

- 3 9 -
cultiv~es. En effet, le surplus export~ sera obtenu soit en d~pla-
çant une partie de la population paysanne vers les nouvelles cul-
Lures,
soit plus souvent en faisant de ces dernières une activit~
secondaire qui est peu à peu devenue l'activité principale, d~s lors
que le nouveau mode de culture accroit proportionnellement plus le
cLa.
tauxYrevenu que le temps de travail.
Mais les débouchés ext'rieurs ne sont pas les seuls stimulants
qu'a apport~ le contact colonial avec l'agriculture de subsistance.
A ces débouch~s que constituent les métropoles viennent s'ajouter
des débouchés internes.
tion de l'administration coloniale.
Après avoir analysé le~i types de transformations qu'aPl'ortent
les débouch~s extérieurs à l'agriculture de subsistance, examinons
les changements dont celle-ci peut "faire l'objet gr~ce à un contact
permanent d'une administration organisée.
FaisoEs une distinction entre les effets de ce que nous avons
appel~ "~conomie de comptoir" et ceux de l'administratiün organis~e.
-L'~conomie de comptoir est celle dans laquelle les premiers
marchands se sont contentés d'établir des ~changes qui relèvent plu-
tôt du troc avec les chefs de tribus. Ce type de
contact ne fournit
pas toujours de bons exemples de pression au changement,
car elle
permet aux seuls éléments influents des sociétés tr2..ditionnellcs
fortement hi~rarchis~es de s'enrichir et de consolider leur position
sociale -
dès lors qu'ils ont seuls accès à ces biens- d'où iJs ti-
rent d'ailleurs autorité et dont la possession est la marque de leur

40-
situation éminente dans la société.
Les effets d'une administration organisée.
L'économie de comptoir nous montre qu'il ne suffit donc pas
qu'il y ait débouché extérieur pour que la croissance de la produc-
tion agricole
se produise.
L'implantation d'une administration "moderne" dans une so-
ciété traditionnelle va procéder à la mise en place d'un certain
nombre de facteurs tels une population nombreuse,
des centres ur-
bains, des unités industrielles qui favoriseront l'extension de l'a-
griculture de subsistance voire la valorisation de ses produits.
L'accroissement de la population.
En premier lieu une administration moderne essaiera de mainte-
nir l'ordre, de supprimer les luttes tribales, de déterminer les li-
mites territoriales. Une fois la superficie du territoire déterminée,
elle s'emploie à introduire des mesures d'Hygiène par la lutte contre
les maladi8s épidémiques et endémiques comme la peste,
la variole,
le choléra,
la fi~vre jaune, la malaria etc ...
Une troisième mesure destinée à réduire le taux de mortalité
résulte du développement des soins médicaux. Ces différentes actions
de l'administration entraînent une baisse du taux de mortalité et
un accroissement de la pression démographique puisque l'observation
établit que le taux de natalité demeure au niveau atteint avant
les
mesures de réduction du taux de mortalité.
Cet accroissement démographique devient générateur d'un surplus
de production dans un système d'agriculture de subsistance où la ter-

-4 1 -
re est abondante et o~ domine la m~thode de culture traditionnelle.
Les structures de la population elle-même se modifient,
l'importan-
ce num~rique des ~léments jewles s'accroîssent en même temps que
de nouvelles terres sont mises en culture,
ce qui exprime le d~sir
des jeunes de s'enrichir et leur aspiration à un nouveau mode de
vie dans un cadre o~ l'autorit~ administrative assure à la fois
la s~curité du groupe et la garantie de ses besoins alimentaires
en périodes de mauvaises récoltes.
La sociét~ traditionnelle se trouve fortement perturb~e dans
ses deux tâches essentielles qui sont
celle de la s~curit~ du grou-
pe et
celle du maintien de l'~quilibre entre subsistance et produc-
tion.
)
Le développement des centres urbains et les nouveaux modes de
~roduction et de consommation.
La pr~sence Ci. 'une administration dans les centres ruraux est
génératrice de d~bouch~ pour l'agriculture de subsistance. En effet,
nous avons vu que la pression démographique détermine
à moyen terme
la mise en culture de nouvelles terres qui permettent de dégager un
surplus destin~ à nourrir une population devenue plus nombreuse du
fait de la baisse du taux de la mortalité.
Si à cette population
viennent
s'ajouter les agents de l'administration
(qui disposent
d'un plus grand pouvoir d'achat et ne pratiquent pas l'auto-consom-
mation), des d~bouch~s plus élargis existent pour vendre les produits
vivriers locaux et acheter des biens import~s, mais aussi pour deve-
nir soit
conuTlerçants,
soit artisans ou encore pour pratiquer un petit
m~tier. Les paysans b~néficient d'un plus grand nombre de services
de l'administration tels l'ouverture et l'amélioration des transports

- 4 2 -
et. communications qui désenclavent les régions éloignées,
la cons-
truction d'écoles, de centres de soins etc . . .
Pour les populations des agglomérations proches des centres
urbains et semi-urbains,
l'activité agricole cesse progressivement
d'être la principale activité.
Désormais un certain nombre d'individus peuvent posséder un re-
venu et acquérir des biens sans
"passer par la dépendance des an-
ciens et des notables.
La hiérarchie de la société traditionnelle
se trouve contournée".
(1)
La nécessité d'un surplus de production en vue de répondre
aux besoins alimentaires d'un plus grand nombre de personnes,
l'ac-
cession de tous,
sinon d'une wajorité à des formes variées d'activi-
tés économiques,
constituent des facteurs d'ébranlement de la socié-
té traditionnelle liés à l'existence d'abord,
à l'extension ensuite,
des zones d'influence des centres urbains et
semi-urbains qui
sont
l'apanage d'une administration moderne.
2
) Les unités industrielles de
transformation des produits agricoles
Une situation analogue existe lorsque des débouchés internes
-apparaîssent grâce à la création d'unités industrielles de transfor-
mation de produits agricoles destinés,
jusque là,
soit à l'auto-con-
sommation,
soit à l'exportation. En effet,
les formes que revêt la
production dans les sociétés traditionnelles n'offrent
pas,
à partir
d'un certain seuil de besoins,
la possibilité de création de débou-
(1)
Robert Badouin
op.
cit.
p.
1]].

- 4 3 -
chés internes par la transformation des produits locaux. Ainsi,
la
.'
balffilce commerciale de ces pays se caractérise-t-elle à l'exporta-
tion par des produits primaires et à l'importation par des produits
mffilufacturés d'équipement ou de consommation.
Les contacts coloniaux ont tout d'abord favorisé les débou-
chés extérieurs constitués par les besoins de la métropole;
ensuite,
par la création des centres urbains et la diffusion de pouvoir d'a-
chat dans une couche plus large de la population,
l'administration
coloniale en premier,
les gouvernements locaux en second ont peu à
peu encouragé l'implantation d'unités industrielles utilisatrices
des produits d'une agriculture désireuse d'employer pleinement ses
deux plus importants facteurs de production que constituent la ter-
re et le travail.
Au terme de cette analyse des effets des débouchés internes
et externes sur l'agriculture des pays sous-développés, nous pouvons
dire que si l'existence de ces débouchés nouveaux ne peut pas boule-
verser les techniques de production, i l n'en demeure pas moins que
leur apparition constitue une condition indispensable à la mise en
oeuvre de quantités additionnelles des deux facteurs de production
en surabondance dans les sociétés traditionnelles.

- 4 4
CON C LUS ION
DUC H API T R E PRE L 1 MIN AIR E
=
-
Cette étude des facteurs d'ébranlement et des mutations de
l'agriculture nous a révélé que dans les pays aujourd'hui développés
les transformations intervenues dans l'agriculture sont dues d'abord
à une mutation des structures mentales, ensuite à la révolution in-
\\'~~> .
-,~.
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",.:;~}d~stri·ell,e quia; mîs::a sa dïspO'si tion "le machinisme, la chimie 'eJ. ':_;:{~',
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~:l.es 'h9lJveaux modes de 'trànsports, 'notanunent fèrroviaires et mar1,t1 ~",.",;'
l
" .
.
,,~:~:
'mes.
Dans le cas des pays sous-développés, les facteurs sont
d'abord externes. De ce fait,
les facteurs internes tels que les
débouchés constitués par les centres urbains et les industries de
transformation des produits de l'agriculture n'ont pas suffit à se-
couer profondément les structures sociales qui comportent encore un
grand nombre de freins socio-culturels, lesquels ralentissent tout
changement pouvant aboutir sur une croissance économique. C'est pré-
cisément de cette lente transformation des sociétés traditionnelles
que parle le professeur J. AUSTRUY lorsqu'il écrit:
"En effet,
On
peut bien dire que la stalactite et la fusée sont animées toutes
deux de mouvements qui, dans l'absolu de l'infini se rejoignent,
mais au niveau de l'expérience humaine, brêve, mais importante pour
beaucoup, la différence de rapidité est tout à fait
significative.
Ainsi en va- t- i l pour le s socié té s".
(1)
La caractéristique essentielle de ces sociétés c'est la
• l
'
persistance de l'économie de subsistance et surtout de la pauvretél,~~
-'
~ l' arc h a ra m e
d e s
a t r u r e s
d e
p r o duc t i o n '
( 1 ):;' ::'J.• 'ATISTRUY .'~~'-i
L E P R l NeE
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L E P A T R 0 N
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4 5
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Avant d'analyser dans la deuxième partie les actions en-
treprises par les pouvoirs publics pour moderniser et structurer
l ' agricul ture ivoirienne, examinons dans une première partie les
...
conditions naturelles de cette agriculture,
ses structures et sa
1
'··stra·tég;ie de cToi ssance.

4 6
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Limites
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C 0 T E
D' l V 0 1. R E
-~E T
ETATS
VOl SIN S -

- 4 7 -
PREMIERE PARTIE
=::==========:==
LES CONSTANTES DE L'AGRICULTURE IVOIRIENNE
"
,,,.. '
.Au lendemsi n de ~'indépendanc~ ,')aÇô'te :9.'; l voi~e a .fait .u.n·bil~~'Î
çomplet,de ce 'qui exista:ltaiors ,tar:-t sur le plan des ressources-:,;~,,;;;,
.
_.~",~~ ·~~~1·.:
humain'e's, agr-icoles oulndustrielles, que de's i,nfrq.structures éconë;':':';::
miques et sociales.
L'examen minutieux des différents secte~r.s susceptibles de parti-
ciper à la nouvelle croissance, a conduit les dirigeants ivoiriens
à s'engager vers l'agriculture, car pour eux, le développement, dans
sa première phase,
ne peut s'appuyer que sur les potentialités réel-
les du pays et en particulier sur les ressources agricoles.
L'aména-
gement du secteur de l'agriculture permet,
à leurs yeux, non seule-
ment de valoriser les ressources naturelles locales destinées à l'ex-
portation ainsi que celles susceptibles de déterminer la formation
d'~n véritable marché national, mais surtout d'éviter des sorties ex-
cessives de devises pour les importations de produits alimentaires.
Puisque l'agriculture est le moyen choisi par la Côte d'Ivoire
pour amorcer son développement,
il serait intéressant d'examiner
dans cette première partie, à la fois les po~sibilités naturelles et
humaines dont dispose cette agriculture pour réaliser ses objectifs,
les transformations internes au début des années soixante qui ont,
sans nul doute, déterminé la voie de modernisation de ses structures
dans laquelle elle est engagée depuis l'indépendance politique (1960)
./ .

48
~
.
:_-~~~:;-";:" -~ -----_..:._-_....:.:.......;.-.~..:..:...-.-~--_.
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C 0 T E
D' l V 0 IR E
1
GUINEE
GUANA
LIBERIA
G R-O U P E SET H fl l Q-U E S
COU R S
D' EAU

4 9-
CHAPITRE l
==========
LE CADRE PHYSIQUE
".
'
L'j i nt ér ê t
de ce cha pit r e est de recenser tou tes les données "",f?~.::,·:
....
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dâm:entales natur'elle~ .dont 'dépendent lés activités agricoles.):'EJ;I'·:;~"~;>
. :~j.,-i' ;:-:
. ,
,
,
-' ç,.t1~·: ~.:.::."'
~ffet, les types de végétatioriJet de sol~ l'echelle des temperatuf~,
la quantité, la distribution et la rét'ention des précipitations plu-
viales sont des facteurs qui tantôt favorisent,
tantôt constituent
des limites ou des contraintes pour l'agriculture.
SECTION
l
==========
GEOGRAPHIE ET CLIMAT
§.I. GEOGRAPHIE
Instituée en colonie en 1893, faisant partie de la Fédération
d'Afrique Occidentale Française depuis 1904, promu au rang de terri-
toire d'Outre Mer en 1946, et République Indépendante depuis 1960,
le territoire de Côte d'Ivoire ressemble à un quadrilatère de 650 Km
environ du nord au sud, et 600 Km de l'est à l'ouest.
Le pays s'étend,entte les cinquième et onzième degrés de latitu-
de nord, et les troisième et huitième degrés de longitude ouest, sur
une superficie de 322.500 Km carrés,
soit environ 3/5 de la superfi-
cie française.
./ .

5 0
A)
Ses voisins immédiats sont
:
Au nord,
les républiques du Mali et de Haute Volta,
cette derni-
ere ayant fait
partie de l'ensemble administratif Côte d'Ivoire -
Haute Volta entre les annees 1932 et 1947;
au~nord-ouest, la répu-
blique de Guinée,
à l'ouest, celle du Libéria;
à l'est une conven-
tion franco-britannique de 1893 entre l'Ancien Territoire de Côte
d'~voirB de l'Bx-colonie de Gold Coast, sépare avjouEd'hui la Répu-
blique Eburéenn2 de la Rpoubliaue du Gha~a.
Au sud,
l'Océan Atlantique,
par son Golfe de Guinée,
donne à la
Côte d'Ivoire une liaison maritime avec l'extérieur,
notamment avec
les pays industrialisés d'Europe qui
sont ses principaux partenair~
commerciaux.
B)
Le relief
:
Le territoire ivoirien est pratiquement dénué de relief e~eep­
tion faite de la région de Man,
(nord-Ouest du
pays)
où existent
quelques sommets comme le Mont Tonkoui
(1.190 m~tres); le Mont Mo-
mi
(1.300 m~tres) et le Mont Nimba (1.752 mètres).
Précisons qu'un
relief accidenté constitue des contraintes qui défavorisent
certai-
nes zones par rapport à d'autres.
Dans les pays sous-développés,
les pistes d'acc~s seront difficiles,
les parcelles éparpillées
...
C)
Les cours d'eau
Le schéma hydrographique reflète l'image générale du plateau du
pays légèrement incliné vers l'Océan;
la Côte d'Ivoire possède qua-
tre principaux fleuves qui coulent dans le sens nord-sud.
Ce sont de l'est à l'ouest:
. Le COMOE,
long de 900 km,
arrose la partie orientale du pays et
./ .

5 1
débouche dans la lagune Ebrié.
Le BANDAMA,
950 km de long,
traverse le pays en son milieu et se
jette dans l'Atlantique à Grand Lahou.
Le SASSANDRA,
650 km,
se jette dans l'océan Atlantique au niveau
de la ville de Sassandra.
Le CAVALLY,
600
km, constitue sur une partie de son cours la fron-
tière entre la Côte d'Ivoire et le Libéria.
Ces ressources hydrauliques
relativement importantes ont permis la
construction d'un certain nombre de barrages dont AYAME
l
et II
sur
la BIA,
KOSSOU et TAABO sur le BANDAMA,
utilisés pour la production
d'électricité et la mise en valeur générale du monde rural.
Pour le seul barrage hydroLélectrique de KOSSOU,
la productibilité
est supérieure à 500 millions de KW/H
par an.
D) Démographie
:
1- Accroissement rapide et forte
proportion d'éléments jeunes
" La caractéristique essentielle de notre temps n'est ni
l'é-
nergie atomique,
ni la télévision,
ni le communisme,
ni
le radar,
mais la diminution de la mortalité" écrivait A.SAUVY dans le journal
"le Monde" du 7 août 1956 (1).
La Côte d'Ivoire connaît elle aussi cet essor démographique qui
caractérise les pays sous-développés et dont nous parlions au début
de cette étude.
(1)
:
Citation reprise par J.
AUSTRUY dans "Structures economi-
que et civilisation.
L'Egypte et le destin économique de l'Islam",
1958,
Pa~is, thèse Sciences Economiques,
P.
262

5 2
Les statistiques officielles de 1975 évaluent en effet la popula-
tion ivoirienne à environ 6.700.000 habitants,
alors qu'elle était
estimée seulement à 1.800.000 en 1920.
Le dernier recensement
sus-indiqué
a fait
ressortir,
par diffé-
rence entre taux de natalité et taux de mortalité,
un taux de crois-
sance démographique de plus de 3% en moyenne par an.
Le taux de pro-
gression annuel était de 1,4% entre 1920 et 1945;
il est passé à
1,9% entre 1945 et 1955,
puis è 2,8% de 1955 à 1965
(1).
Au
taux
de
croissance
de plus de 3% par an,
la population comptera entre
14 et 15.000.000 d'habitants en l'an 2.000.
C'est donc une popula~
tion qui s'accroît rapidement.
Malgré cet essor démographique,
la Côte d'Ivoire n'a pour l'ins-
tant
pas de problème de surpopul~tion.
Cependant,
ce phénomène a
profondément transformé
la structure de
la population
d'après les
données brutes,
base 1913, Ministère du Plan,
Direction des Etudes
et du Développement,
les personnes âgées de 50 ans et plus ne repré-
sentent que 7,2% de
la population totale contre 62,3% pour
les moins
de 25 ans.
Cette structure toute particulière de la population ivoi-
rienne a des répercussions sur
la vie économique du
pays car la très
forte proportion d'éléments
jeunes impose de lourdes charges de sco-
larisation,
de
formation et de création d'emplois.
En plus des problèmes de
l'accroissement rapide et de
la
forme
particulière de
la pyramide des âges qu'elle pose,
la population est
à
dominante rurale,
et organisée en groupes ethniques dont
les modes
de vie tr8ditionels sont déterminés non mécaniquement par les condi-
tions natundles,
mais par]' intéraction du milieu physique,
des
(1)
Source
:- "La Côte d' Ivoire en chiffres" ouvrage du Ministère du
Plan,
Abidjan,
1976,
p.
11.

5 3
structures sociales et des traditions.
2 - Distribution géo~~~phique de-le-population
Le peuplement de la Côte d'Ivoire est relativement récent et com-
prend les groupes ethniques suivants :
. Venus de l'est,
les BAOULE,
les AGNI,
les ABRON,
les ACHANTIS
et les APPOLONIENS
(Groupe AKAN) occupent la
moitié nord
et est de la
zone forestière orientale ainsi que l'intérieur de "V
BAOULE".
"Installés dans leur habitat actuel depuis le XVII siècle, époque
à
laquelle ces populations se sont détachées de la branche mère des
ACHANTIS du GHANA,
les ethnies AGNI et BAOULE ont conservé de leur
immigration une organisation de monarchie militaire fortement hiérar
chisée"
(1)
Ici domine l'agriculture d'exportation basée sur l'exploitation
du café et du cacao .
. Le groupe KOUA ou LAGUNAIRE composé d'ABBEYS,ABOURE,
ADIOUKROU,
ALLADIAN,
ATTIE~
MBATO,
etc
. . . .
occupe la zone lagunaire à l'est du
BANDAMA et la zone forestière située immédiatement au nord de ces la-
gunes entre les fleuves BANDAMA et COMOE.
Ethniquement très voisins du groupe AKAN,
les lagunaires ont
"une organisation sociale plus "primitive" et moins hiérarchisée".
(l)
Source:
SAMIR AMIN,
"Le développement du capitalisme en Côte
d'Ivoire" Paris,
Ed.
de Minuit,
1967,
p.
10.

5 4
·
Venus de l'ouest,
les principaux groupes ethniques qui peuplent
la zone forestière à l'ouest du BANDAMA sont:
les KROUS (BETE, DIDA~
GUERE,
NEYO).
·
Vient ensuite le groupe DAN-GOURD (YACOUBA,
DAN,
GOURD,
GAGOU)
qui occupe la frange nord de la forêt
dans les régions de MAN,
~ A NAN E, -~ 0 U A F L E ~
e TOU M E.
· Au nord du Sème parallèle dominent les peuples de la savane
MALINKE, DIOULA,
LOBI,
KOULANGO.
Les MALINKE occupent le nord-ou~st du pays (d'ODIENNE è TOUBA et
SEGUELA);
on l~s trouve également au SENEGAL,
au MALI,
et en GUINEE.
C0 mme l e g r 0 u p e AKAN,
les f-1 ALI NKE son t
for t e men t
h i é r arc h i s é s,or g a ri i -
sés en caste et en monarchies militaires.
Les SENOUFO,
dont le domaine s'étend au-delà de la Côte d'Ivoire,
au Mali et en Haute Volta,
occupent la partie centrale du nord du pay
les régions de BOUNDIALI, KORHOGO,
FERKESSDOUGOU,
KATIOLA et DABAKA-
LA.
Les populations SENOUFO "sont de solides cultivateurs de céréa-
les,
organisés en sociétés villageoises peu hiérarchisées"
(l).
Demeurés jusqu'à présent à l'écart des grandes actions de moder-
nisation et de diversification agricoles,
extrêmement traditionalis-
tes,
lES groupES LOBI
et KOULANGO occupent le nord-est de la Côte d' I-
voire
autour de BOUNA.
On trouve enfin,
dans toutes les savanes du nord,
des groupes
DAM IRA tJJ IN,
0 p.
c i t.
p.
Il

5 5
DlnULA vivant en eptites communautés mi-rurales,
mi-comm2rçantes en
pays SENOUFO,
MALINKE et KOULANGO.
Ainsi donc,
les frontières de la Côte d'Ivoire,
comm8 celles de
tous les pays de l'ouest africain,
ne correspondent ni à une quelcon-
que tradition historique solide,
ni à des réalités ethniques.
La ré-
partition géographique de la population ivoirienne demeure de ce fait
très hétérogène.
§.2.
LES ZONES CLIMATIQUES
Le climat marque une nette dif~érence entre le nord st le sud du
pays:
les températures,
l'humidité
atmosphérique et les précipita -
tions,
constituent les printipaux éléments de différencialion entre
les régions septentrionales et le sud.
Ainsi,
au fur et ~ mesure que Ion se rapproche des frontières du
nord,
les écarts de
température se creusent,
le degré
hygrométrique
diminue et l'alternance des saisons sèches et pluvieuses est _~e plus
en plus marouée.
A)
Les températures
La majorité
des localités maritimes telles qu'Abidjan,
Grand Bas-
sam,
Grand Lahou,
Sassandra et Tabou ont une température moyenne de
l'ordre de 26,5 degrés centigrades;
les écarts diurno-nocturnes ne
dépassent pas trois à quatre degrés.

- 5 6 -
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_
Source
"La
Côte
d'Ivoire
en
chiffres",
Abidjan,
197G

5 7 -
Dans le nord,
les températures connaissent de plus grands écarts
(21 à 35°C) dans la journée,
de même que d'importantes variations en-
tre le jour et la nuit.
A FERKESSEDOUGOU,
par exemple,
le thermomè-
tre peut baisser la nuit
jusqu'à 14 degrés après avoir atteint 39°C
au milieu du
jour (cf.
carte N°l).
B) lies précipitations pluviales:
A trois zones naturelles correspondent trois niveaux de précipi-
tations (cf.
carte N°2)
1.
~~~_~~~~_~§~~~~~, avec pluies abondantes atteignant par endroit
2.500 mm;
quatre saisons caractérisent cette région côtière:
deux
saisons sèches,
a)
la première -
entre décembre et fin
avril
b)
la seconde
-
dite "petite" entre mi-juillet et fin
septembre.
alternent
avec deux saisons de pluie dont la plus longue s'étend de
mai à mi-juillet et la plus courte d'octobre à novembre.
C'est le
climat de type équatorial,
avec un fort degré d'hygrométrie de l'or-
dre de 80%.
2. ~~~_~~~~_~~_~9~~~_~~~~~ , où règne un climat tropical chaud
et humide (taux d'humidité environ 70~o) et où les précipitations-
s'échelonnent de 1.000 à
2.00~ millimètres.
Ici, comme dans la zone côtière,
il y a quatre saisons,
mais la
différence est marquée par une saison sèche plus courte que celle de
la côte,
allant de novembre à
mi-mars et commençant avec un mois d'a-
vance;
la "courte saison" sèche va de mai à mi-juillet.
Les deux
saisons de pluie s'étalent depuis mi-juillet jusqu'à fin octobre et
de mi-mars à mi-mai.

5 8
3.
Une zone de savane
Caractéristique du climat soudanien plus sec
(65~~ d'humidité)
elle offre deux saisons bien marquées
: la saison des pluies va de
juillet à novembre et la saison sèche de décembre à
juin.
C'est ici
que les précipitations sont les plus faibles du territoire national
avec une pluviom€trie
moyenne de 600 à 1250 millimètres par an.(l).
Le détail de ces données prend toute sa signification quand on
sait que ces dernières déterminent à la fois l'opportunité et le suc-
cès de tous les travaux agricoles (voir carte nO
2)
Voyons à présent les régions naturelles dont dispose l'agricultu-
re ivoirienne.
(1)
: les chiffres relatifs à la température et aux précipi-
tations sont relevés daAs l'ouvrage
"La Côte d'Ivoire en chiffres"
Ed.
1976 p.
5 et 6.
. / .

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5 9
CARTE
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II
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1300
ISOHYETES
MOYENNES
ANNUELLES
PERIODE
1961/19 7CJ
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N
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L."
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1
J
2200
1
---'-----~---- 1
____J
Source
"La Côte d'ivoire ~chiffres", Abidjan,
1976

- 6 0
SECTION II
----------
----------
LES REGIONS NATURELLES
,
Il est évident que les variations climatiques affectent la ve-
gétation,
ce qui
permet de faire correspondre aux trois grandes
zones climatiques trois zones agricoles.
Un cordon littoral alluvionnaire isolant les 18gunes
- Une zone intermédiaire occupee par la forêt de type équatorial
s'étendant sur environ 300 km de profondeur et couvrant près de
2
120.000 Km
.
- Au
nord,
la zone de savane,
d'abord coupee de forêts galeries,
puis dominée par la steppe dans la partie la plus septentrionale,
(cf.
carte N°
3).
§l/ LA ZONE COTIERE
Large d'environ 30 km,
cette région connaIt les plus fortes pre-
cipitations du pays;
le pourcentage d'humidité varie ici entre 80
et 90%.
Sur le plan de ce qui
touche à l'activité agricole, elle
est la terre d'élection du palmier à huile, du cocotier,
de l'hévéa
etc
Elle constitue les 3% de la superficie du pays.
§2/ LA ZONE DE FORET DENSE
Si l'on fait abstraction de la zone côtière qui
représente en-
viron 3% de la superficie totale,
on peut considérer que la zone
de forêt occupe 45% du
territoire ivoirien dans sa partie méridio-
nale,
alors que les savanes arbustives et herbeuses couvrent dans
le centre et le nord,
les 55% restant.
./ .

6 1
On peut,
sans exag~ration aucune, qualifier cette zone a la fois
de "grenier" et de
"verger" ivoirien.
En effet,
les possibilités
agricoles de la zone forestière
sont vari~es;
outre ses ressources
en bois, cette r~gion est le domaine du caféier,
du cacaoyer,
des ba-
nanes "poyo" et plantain,
de l'ananas, etc
•...
Elle convient ~galement à un grand nombre de cultures vivrières
comme l'igname,
le manioc,
le tèro,
la patate douce,
à des cultures
l~gumières (gombos, piments, aubergines notamment) et fruitières
(avocats,
papayes
... ).
En raison m~me de ses grandes richesses, cette règion a b~n~fici~,
depuis l'indépendance,
d'une série d'actions de développement qui
c 0 mp l è t e n t u t i lem e n tau j 0 Il rd' hLI i
les cul t u ré:. p é r e n n': s
(c a f é, cac a 0 )
qui sont à la base de ce que l'on appelle commun~ment le "miracle
ivoirien".
§3.
LA REGION DE SAVANE ET DE STEPPE
Elle est limit~e au nord par les frontières sud de la Haute Volta
et du Mali;
au sud-ouest et sud-est,
par ~ne ligne qyi l? sépare de
la for~t-au niveau du Sème parallèlp;
au centte,
elle repousse
au niveau du
7ème parallèle la foret
qui
forme ainsi le "V BAOULE".
Si les conditions climatiques sont ici plus défavorables que dans
la for~t, cette région est par tradition celle de l'~levage et des
cultures c~réalières comme le maIs, le mil, le sorgho, le fonio,
le
riz
- ce dernier donnant également de 'bons rendements dans les zones
. / .

6 2
de forêt dense.
En outre,
com~e les régions du sud, le nord bénéficie'ëctuelle_
ment d'importantes actions de diversification agricole dont les
plus spectaculaires sont le plan canne à sucre,
l'opération coton-
et plus récemment,
la culture du
soja.
On voit,
après ce rapide examen,
que climats et grùndes zones na-
turelles s'unissent pour offrir à la Côte d'Ivoire des possibilités
agricoles variées et complémentaires - le fait
s'exprime tout d'a-
bord dans les grandes opérations des plans palmier à h~ile et coco~
tier entreprises dans les régions côtières,
ensuite dans les tradi-
tionnelles plantations de café et de cacao des régions forestières,
et
enfin,
dans les opérations de développement intégré conduites dan~
le centre et le nord,
qui
imposent d'intervenir à la fois sur l'en-
semble du système de production et sur
"infrastructure socio-éccino-
mique.
Pour terminer ce chapitre sur le cadre physique,
il peut être
utile de nous interroger sur la nature des sols dont dispose l'agri-
culture ivoirienne.
./ .

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6 3
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Source
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...
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6 4
SECTION III
===========
===========
LES SOLS DE L'AGRICULTURE IVOIRIENNE
Si les facteurs climatiques et hydrologique.3 constituent certains
éléments natuels qui exercent, dans les pays en retard de développe-
ment en particulier, une influence prépondérante sur l'organisation
et les résultats de l'agriculture, c'est de la nature des sols que
dépendent les types de cultures
: de la fertilité des sols dépendra
le rendement; en revanche,
leurmédiocrité
ou leur fragilité posera des
problèmes de combinaison savante d'association de cultures protectri~
ces et de cultures productives qui d€sarment
pr~sque toujours les
cultivateurs des pays en voie de d~veloppement~
Qu'en est-il du sol
ivoirien?
§l. LES SOLS DE ZONE FORESTIERE
Un préjugé généralement répandu veut que les régions équatoriales
aient des sols particulièrement propices ~ l'agriculture.
En réali-
té,
les sols sont pauvres et fragiles,
et ceux des régions de la fo-
rêt dense de Côte d'Ivoire ne font pas exception à la règle.
Ici,
les pluies sont si abondantes qu'elles provoquent le lessivage et la
détérioration des sols,
leur faisant perdre alors leurs éléments nu-
tritifs nécessaires aux plantes.
Dans leur ensemble cependant, les sols des zones forestières ivoi-
riennes bénéficient d'une couverture d'arbres qui permet de conserver
une couche d'humug,
insuffisante certes
mais qui assure aux sols
J
leur h~midité, une certaine résistance ~ l'érosion, et surtout leur
./ .

6 5
reconstitution en sels minéraux.
§2. LES SOLS DES ZONES COTIERES
Sur. le littoral,o~ les sables de lr~re tertiaire forment de vastes
plages parsemées de cocotiers et de palmeraies naturelles,
l'aspect
géologique est dominé essentiellement par des formations aréneuses.
§3. LES SOLS DES SAVANES
L2
formation des sols,
nous le savons,
dépend surtout des pluies,
de la température et de l'évaporation.
D~ns le nord, où les tempé-
ratures sont les plus élevées du pays
(35°C dans la journée à FERKES
SEDOUGOU), on rencontre des sols peu fertiles.
Le relief lui-mime
s~ présente comme une pénéplaine essentiellement granitique, à peine
égay~e par quelques collines schisteuses au sommet desquelles appa-
raissent des sols cuirassés peu favorables à l'agriculture,
seules
les zones de schistes birimicns présentent une certaine fertilité.
Mais, au fur et à mesure que la savane arbustive
(savane de rô-
niers) fait place à la savane de certains épineux ou accacias, ca-
ractéristiques de la flore sahélienne, les sols deviennent de plus
en plus nus et sont soumis aux effets directs du sol~il.
Dans ces
conditions,
le fer et l'aluminium forment des concrétions plus ou
moins dures,
des argiles perdent leur capacit~ d'absorption,
favori-
sant ainsi
la formation
de sols latéritiques de médiocre valeur.

6 6
Ce sent ces sols arides qu'exploitent
les cultivateurs du nord
pour une agriculture qui ne peut produire que ce que le climat et Je
sol ~eulent bien perme~tre de ororluire.
CONCLUSION DU CHAPITRE l
========================
========================
L'examen rapide des conditions naturelles montre que l'agric'Il-
turp trouvp,
en Côte rl'I\\loire.
pour ce qui
touche à la qualité des
sols et à la nature du climat. de~ condi~ions dp développement ana-
lo~ues à celles existant dans de nombreux pays d'Afrique tropicale.
un climat chaud et humide,
dit équatorial
des sols fragiles,
de faible
teneur en matières organi
ques,
difficiles à travniller avec les seuls instruments
rudimentaires dont dispose l'aqriculture traditionnelle.
Un effart de modprnida~ion et rl'intensificntion de l'agriculture
doit donc être recherché si l'on veut
tirer un meilleur parti de ce
sol qui demeure encore sous-exploité,
donc un atout majeur pour l'
avenir du développement agricole ivoirien.

6 7
CHAPITRE II
- - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - -
LES STRUCTURES ECONOMIQUES ET SOCIALES DE L'AGRICULTURE
IVOIRIENNE
L'objet de notre étude,
avons-nous dit,
est de montrer comment
l'agriculture participe à la croissance de' l'économie ivoirienne.
Après avoir décrit les constantes de cette agriculture,
il con-
vient maintenant d'étudier
ses structures et le rôle social joué par
elle dans l'économie nationale.
. / .

6 8
SECTION
1
==========
LES STRUCTURES DE L'AGRICULTURE TRADITIONNELLE
Il est apparu que l'un des principaux obstacles au développement
des économies traditonnelles réside dans le fait
que ces économies
sont "prisonnières des structures"
archaïques peu adaptées aux con-
ditions de la croissance moderne (1).
Ce fait nous conduit à définir tout d'abord la notion de struc-
tures agricoles;
ensuite,
les formes observées en Côte d'Ivoire se-
ront examinées.
§.l.
LA NOTION DE STRUCTURE AGRICOLE
Le contenu du concept de "structure" varie d'une discipline à
l'autre;
ainsi le professeur Jacques AUSTRUY nous dit que "la plus
grande incertitude règne sur sa signification"
(2).
La notion de "structure agricole" est,
quant à elle,
un concept
assez nouveau et il se présente "apparemment comme l'aboutissement
d'une longue évolution qui s'est manifestée dans divers domaines
en histoire,
en géographie,
en sociologie,
etc
. . . " (3).
Sur le plan de l'analyse économique,
cette notion peut être in-
./ .
(l)
:
W.W ROSTOW "Les étapes de la croissance économique"
Tra-
duction française,
Paris,
Ed du Seuil,
1962,
p.
32
(2)
; : cf J.
AUSTRUY "Structures économiques et civilisation.
L'Egypte et les destin de l'Islam"
Thèse sc.
éco.
1958,
p.3
(3)
:
V.C DIARASSOUBA "L'évolution des structures agricoles du
Sénégal.
Structuration et restructuration de l'économie rurale".
Paris, Cujas,
1965,
p.
10

6 9
terprétte dans un sens plus ou moins étroit.
Pour l'Organisation
des Nations Unies (O.N.U)
par exemple,
la "structure agricole" n'é-
voque que le "cadre institutionel de la production agricole"
(1).
Sans tomber dans la "banalité du terme",
cette conception "stric-
to sensu" de la "structure agricole" manifeste une insufficance évi-
dente.
Aussi,
nous lui préférons la définition de la "structure a-
gricole" donnée par G.
RUILLERE comme "un ensemble de relations qui,
dans un milieu
donné
(institutionnel,
sociologique,
historique,
tech-
nique et géographique)
et une période donnée,
caractérisent divers
types d'utilisation des ressources naturelles"
(2).
Ainsi définie,
la stucture agricole apparalt,
en tant que stuc-
ture économique particulière,
comme la "résultante_de l'inter-action
de deux types principaux de relations complexes:
d'une part,
les re-
lations d'ordre technique qui s'établissent entre les groupes humains
et la nature
(techniques de production et systèmes agraires);
d'au-
tre part,
les rapports sociaux qui naissent au sein des hommes du
fait de l'organisation de cette lutte contre la rareté
(structures
8Ejraires)"(3).
Cette définition admise,
essayons d'appréhender les aspects par-
ticuliers des "structures agricoles" propres à la Côte d'Ivoire .
. / .
(1)
:O.N.U "Problems of agrarian structure in underdeveloped
countries" reproduit par B.OKUN and R.W RICHARDSON in "Studies in E-
conomic Development"
New York,
1961, p.
364
(2)
:G.RUILLERE,
"Localisation et rythme de l'activité agricole
: essai d'analyse économique de la notion de structure agricole" Paris
A.
Collin,
1956,
p.
28
(3)
:V.C DIARASSOUBA,
op.
cit.
p.ll

7 0
§ .2.
LES CARACTERISTIQUES DES SOCIETES PAYSANNES
IVOI~IENNES
Les sociétés paysannes ivoiriennes sont caractérisées par
A)
Une organisation en groupes ethniques.
B)
Une pratique. culturale archaIque et une limitation du capital
d'exploitation.
-
A)
Les sociétés paysannes ivoiriennes sont organisées en groupe~
ethniques
:
La principale organisation dans les sociétés paysannes ivoirien-
nes est sans doute celle des groupes ethniques.
Il faut
entendre par
"concept d'ethnie"
un concept combinant le
"biologique et
le culturel,
l'identité
somatique et l'uniformité de
civilisation"(1) .
Au nombre d'une cinquantaine
(2)1es communautés ethniques se répar
tissent en fonction des grandes zones climatiques,
mais également en
fonction du mode de vie et des façons culturales.
Ces groupes ethniques sont de très grande dimension,
incluant
aussi bien les vivants que les morts.
Les liens de parenté sont
c
soit patrilinéaires (chez
les BETES et ABBEYS notamment)
soit matri-
linéaire (chez
les BAOULES,
AGNIS et ADJOUKROUS en particulier);
les morts ne sont pas détachés de
la vie du groupe dans la mesure
où le "prête": de terre"* a coutume de sacrifier aux mânes des ancê-
./.
(1)
J.C ROUVEYRAN
"La logique des agricultures de tansition"
Paris,
G.P Maisonneuve et Larose,
1972,
p.
20
( 2 )
"La Côte d'Ivoire en chiffres" op.
cit.
p.
Il
* Expression que nous préférons au
terme
"Chef de Terre".

7 1
tres pour que la moisson soit bonne ou pour les remercier quand la
récolte a été abondante;
telles est la signification du cérémonial
des "Fêtes d'Igname"
chez
lesABBEYS,
les ABIDJIS,
etc
. . .
L'obser-
vateur attentif comprendra alors que "La vie cérémonielle,
l'entrai-
de,
les risques courus ensemble soient de puissants facteurs de co-
hésion du groupe et de solidarité entre ces membres"
Cl).
-
En matière de solidarité du groupe,
la "loi des ethnies"
joue
à plein:
dans les sociétés paysannes ivoiriennes,
c'est
le groupe
qui prend l'individu en charge et lui assure une certaine sécurité
en échange de son respect,
pour ne pas dire sa soumission au systè-
me établi.
Sociologiquement,
le groupe est centripède et recherche
l'autarcie.
-
Sur le plan de la production,
la société
traditionnelle est
donc cBractérisée par
l'autarcie alimentaire;
les échanges externes
se réduisent à ce qui
est indispensable à
l'existence du groupe con-
cerné;
les marchés locaux des denrées alimentaires
(s'il en existe
sont étroits et précaires;
il en résulte que les prix
varient dans
de larges proportions d'une saison à l'autre.
L'autarcie fermière
pose le
problème de la qualité de l'alimenta-
tion des paysans qui
ne consomment que ce qu'ils
prodùisentj
c'est
ce phénomène que l'on observe sur le
plan national ivoirien,
puis-
que les cultivateurs des zones forestières
se nourrissent exclusive-
men t
de
tub e r cu les,
c' est à di r e d' i g n am es,
de man i 0 c,
de
ta r 0,
de
bananes plantains alors que les céréales
(mil,
sorgho,
mais)
cons-
tituent la base de l'alimentation des
populations du
nord .
./.
(l)
J.C ROUVEYRAN, op. cit. p. 45

7 2
Un autre
problème résulte de l'autarcie alimentaire
le problè-
me de la répartition des tâches agricoles entre les femmes et les
homme s,
LA DIVISION DES TACHES AGRICOLES ENTRE LES F9~ES ET LES HOMMES
Dans la société rurale traditionnelle,
l'exploitation agricole
connaît la loi de la division du travail
j
celle-ci attribue des res-
ponsabilites précises aux femmes et aux hOITIDes
: ceux-ci ont la charge
des cultures de rapport,
tandis que les cultures vivrières sont de la
compétence des femmes à qui incombe la charge de nourrir la famille.
A\\'ant le plantage proprement dit,
les hommes assurent les tra-
vaux préparatoires de défrichement et de labour,
B) Les procédés culturaux:
En mati~re de pratique culturale
le cultivateur qui ne dispose
que d'instruments très rudimentaires de travail, bénéficie par contre
d'une
somme inestimable d'expériences et d'observations faites par
plusieurs générations d'ancêtres.
C'est ainsi que le système de cul-
ture itinérante qu'il pratique lui
permet,
après avoir laissé une
terre plus ou moins longtemps en jachère, de reconstituer le sol; i l
en est de même de la culture associée,
c'est à dire de la culture
simultanée de plusieurs végétaux sur la même parcelle qui
présente
~'avlli1tage de réaliser, par certaines des plantes, une couverture
qui prcJtège le sol
contre le soleil ou les pluies trop abondantes j
elle permet également de répartir les risques dûs aux maladies et
aux animaux nuisibles,
et de s'assurer un ravitaillement plus régu-
lier si les plantes sont différentes par l'époque de leur ensemence-

7 3
ment et de leur maturité.
Cependant,
aussi adaptées soient-elles aux contraintes du milieu,
ces pratiques millénaires tendent moins à augmenter la fertilité du
sol qu'à freiner sa dégradation.
Pour éviter tout inconvénient inhérent à de telles méthodes, i l
faudrait persuader le paysan de n'associer que des variétés qui lui
sont recommandées par les agents de vulgarisation agricole. On peut
de la sorte éviter d'associer certaines cultures trop exigeantes en
matières minérales ou organiques qui épuisent rapidement la parcelle
commune et réduisent le rendement des autres espèces.
Mais le succès d'une telle entreprise suppose ill1e certaine muta-
bilité de la population concernée,
son désir de s'ouvrir ~ur le monde
extérieur et sa prise de conscience collective ou individuelle d'un
mieux être.
Si le secteur traditionnel a déjà opéré un certain nombre de
transformations touchant à -
l'usage d'engr~is, d'insecticides, d'ap-
pareils de pulvérisation, de semences à haut rendement et à l'accep-
tation du personnel d'encadrement -
i l semble que l'insuffisance
d'alphabétisation des populations et surtout l'absence totale d'équi-
pement des exploitations traditionnelles constituent,
et sans doute
constiueront longtemps encore, un goulot d'étranglement pour la pro-
duction.
On comprend alors pourquoi le Gouvernement Ivoirien s'est engagé
résolument à créer un secteur moderne,
capable de faire de l'agricul-
ture l'élément moteur de la croissance économique.

-7 4
SECTION II
==========
- - - - - - - - - -
----------
LE SECTEUR MODERNE
Il ne fait
pas de doute qu'au moment où la Côte d'Ivoire acce-
dait à l'indépendance politique en 1960, le secteur le plus impor-
tant de son économie était celui de l'agriculture.
A première vue,
faire
dans ces conditions-là du secteur agricole
l'élément moteur de la nouvelle croissance énonomique,semblait plus
aisé que de mener une politique prioritaire d'insdustrialisation pour
laquelle le pays ne disposait d'ailleurs pas de ressources naturel-
les nécessaires.
Or, malgré ses conditions naturelles relativement favorables
(cli-
mat propice à la fois aux grandes productions tropicales - café,
cacao
dans le sud et aux céréales dans le nord, diversité de grandes zones
naturelles agricoles,
facteurs de diversification des productions),
l'agriculture ivoirienne était
avant tout le support de subsistance
d'une population rurale nombreuse peu ouverte au progrès et n'accom-
plissant que des tâches manuelles peu productives.
§l. LE PREMIER SECTEUR MODERNE
LE SECTEUR PRIVE
Il existait certes
un secteur moderne superpose en quelque sorte
au secteur traditionnel;
il
était exploité rationnellement par les
étrangers à l'aide de capitaux privés;
ceux-ci étaient investis
par exemple dans des plantations de bananes "poyo" dont les produc-
tions étaient essentiellement destinées à l'exportation sans subir
/

7 5
de transformation.
En outre,
il était pratiqué le système de sala-
riat sur ces grandes plantations et le personnel était recruté par-
mi la main d'oeuvre étrangère venue des pays voisins de la Côte d'I-
voire.
La population autochtone n'était pas directement associée~à
ce secteur.
§2.
VERS LA CREATION D'UN SECTEUR MODERNE PLUS LARGE
C'~t apres l'indépendance que la décision a été prise de doter
1'aQriculture d·lune infrastructure susceptible d'ouvrir la voie d'une
expansion véritable de l'ensemble de l'économie nationale.
Cette décision implique
- d'importants efforts d'investissement et de transformation tou--
chant à l'aménagement de vastes zones agricoles,
à la création de
grandes exploitations pilotes d'Etat et à une série de
programmes
agricoles qui doivent avoir pour résultats d'atténuer la prédominance
ce du café et du cacao dans la production,
de substituer des produit5
locaux à certaines importations,
de corriger les déséquilibres ré-
gionaux dûs aux conditions naturelles.
-
parmi ces programmes,
le plan palmier tient une place prépondé-
rante
(que nous analyserons plus loin).
Précisons dès à présent que
la Côte d'Ivoire lui avait consacré l'intégralité du montant d'aide
de la C.E.E à la production et à la diversification agricole,
soit
environ Il,528 milliards de Francs C.F.A au cours de la période
(1965-73)
d'exécution d'un plan de 32.000 Ha.
- l'accent a été mis sur la création des Sociétés d'Etat à voca-
. / .

7 6
tion agricole dont l'une d'elles a joué un rôle de pionnier en mati-
~re d'éducation et de perfectionnement des planteurs: il s'agit de
la Socciété d!Assistance Technique
pour la Modernisation Agricole
de la Côte d'Ivoire
(S.A.T.M.A.C.I);
son action a débuté en 1959
par une opération phytosanitaire
(lutte anti-capside)
dans les zones
cacaoy~res, puis elle s'est étendue progressivement:
. en 1960, laS. A. T . M. A . C . l fut
cha r g é e de
II l ' 0 p é rat ion
en g rai s '1 •
. en 1963, de l'action de r~génération des caféiers et cacaoyers
Ensuite, elle devait ~tre l'organisme privilégié du Couvernement
Ivoirien pour la mise en application de sa politique de diversificd-
tion agl·icol~
ainsi elle s'est vue confiée les plans palmiers et
cocotiers de 1960 à 1966,
l'opération riz de
1965 à 1971, le progra~
me de développement des fruits
-
bananes et ananas de 1966 à 1969.
Mais l'ampleur prise ultérieurement par les actions de développe-
ment a nécessité la création de Sociétés spécialisées comme la So-
ciété pour le Développement et l'Exploitation du palmier à huile
(S.O.D.E.P.A.L.M),
la Société pour le Développement de la Rizicultu-
re
(S.O.D.E.R.I.Z),
etc
. . . .
-
Pour améliorer les variétés végétales,
on a sollicité le con-
cours de nombreux Instituts de Recherche d'Agronomie Tropicale,
no-
tamment l'Institut Français du
Café et du Cacao (I.F.C.C),
l'Ins-
titut de Recherche
pour les Huiles et Oléagineux
(I.R.H.O),
l'Insti-
tüt de Recherche
pour le Coton et les Textiles (I.R.C.T), etc
...
En mati~re
d'enseignement et de formation
professionnelle,
1 'ac~

7 7
cent a été mis sur la diffusion de l'enseignement agricole dans les
classes primaires;
le slogan était
"Retour à la terre".
En outre,
le pays dispose d'un lycée agricole a BINGERVILLE qui forme annuelle-
ment environ deux cent techniciens supérieurs.
Enfin, il faut
préciser que chaque Société d'Etat responsable
d '--un programlTre -(ré-'déve~oppemert-t est également -resp"onsBbled 'un -pro-
gramme d'enseignement professionnel.
Efforts d'investissements, et efforts de formation des paysans de
demain visent,
pour l'essentiel, à doter l'agriculture d'un secteur
moderne dynamique,
capable de réaliser à la fois
le rôle économique
(contribuer notamment à
l'essor des activités agro~industrielles) et
le rôle social,
c'est à dire,
satisfaire les besoins alimentaires de
l'ensemble de la population ivoirienne et ensuite exporter le sur-
plus.
./ .

7 8
SECTION III
- - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - -
LE ROLE SOCIAL DE L'AGRICULTURE
En 1960,
environ
"quatre vingt pour cent (80%) de la population,
(soit 2.990.000 personnes sur un total de 3.735.000 habitants} ivoi-
rienne étaient des ruraux
(1).
L'im~ortan~e de ce çhiffr p éclaire d'un jour nOuveau l'option pri"
se par les dirigeants ivoiriens a l'aube de l'indépendance, à savoir
faire de l'agriculture un secteur suffisament productif, capable de
~atisfrlire le~ besoins alimentaires de toute la population, d'accrof·
tre le niveau de vie des ruraux afin de favoriser un véritable marchi
national
néces~aire à l'impl.'1ntati n n d'inrlustries locales.
§l. COMPLEMENTARITE DU ROLE SOCIAL ET DU ROLE ECONOMIQUE DU SEC-
TEUR AGRICOLE
Le rBle social du secteur agricole permet aux ruraux de subsister
dans leur milieu naturel sans déracinnement.
alors aue le rBlp éco-
nomque est
celui de fournir les matières premières dont l'industrie
a besoin.
Il Y a complémentari tp car,
ail
premipr stadp de la construction
de la nouvelle société ivoirienne, on demande à ce secteur de faire
vivre l 'immense po~ulation rurale dont la création en ville de nou-
veaux emplois n'est pas encore assez
rapide pour absorber le surplus.
- - - - - - - - : : - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - " - -
(l)
: La"CBte d'Ivoire en chiffres" Ed.
1976;
p.
37

7 9
En effet,
l'un des problèmes majeurs auxquels doit faire face un
pays qui aspire au développement n'est-il
pas l'accroissement du
sous-emploi?
Ce phénomène se
présente sous deux aspects:
. le sous-emploi dans le milieu rural
. et
~elui du milieu urbain
Si ce dernier paraît plus impressionnant parceque plus visible,
le premier n'en est pas moins préocupant puisque c'est de sa. solu-
tion que dépend en grande partie le remède au chômaqe urbain,
n cer-
tnins problèmes sociaux,
notamment celui de la scolarisation.
Si l'agriculture fait preuve d'assez de dynamisme pour atteindre
les niveaux de productivité souhaitable, elle permet alors de fixer
les populations sur
place,
atténuant l'exode massif des Jeunes vers
les villes et en particulier vers Abidjan où tout est sensé réussir.
§2. CONSEQUENCES POUR L'AGRICULTURE DE L'EXODE RURAL
L'exode rural a des conséquences non seulement sur l'économie na-
tionaJe en général, mais sur l'agriculture en particulier;
ce dé-
placement de la
population vers les villes est à la base du phénomè-
ne de l'urbanisation galopante à laquelle nous assitons depuis 1960.
A cette époque,
le taux d'urbanisation atteignait à peinp. 20%,
en
1965, il était d'environ 25% pour une population de 4.300.000 hab:
en
1970, de plus de 30% (sur 5 millions d'habitants);
aujourd'hui,
c'est plus du 1/3 de la population qui vit dans les centres urbains
(l) .
Cette évolution provoque des dé~équilibres préjudiciables au dé-

8 0
veloppement du milieu rural:
d 1 abord on constate que ce sont les
individus jeunes de sexe masrulin qui quittent
les terres dans l'es-
poir de trouver dans les centres urbains un travail
plus r~num~ra~
teur et moins p~nible que ce que leur procurent les travaux agrico-
les.
Ensuite,
il
s'agit de jeunes ayant acquis une certaine formatio~
.Ajoutons que cette migration vers les villes impose de concentrer
dans les centres uFbains des investissements dans des domaines tou-
chant à la fois à l'urbanisme,
l'habitat,
la voierie,
la santé,
lien
seignement,
l'emploi et l'approvisionnement des citadins en produits
vivriers.
Une telle infrastructure
Bccroit
l'in~galité entre les popula-
tions urbaines et les populations
rurales, amplifie le départ vers
les
villes et en particulier vers ABIDJAN des nouveaux arrivants
ivoiriens comme des immigrants d'autres pays africains.
Pour maintenir dans les campaqnes une pODulation nécessaire à une
intensification de l"agriculture,
des opérations de développement
sont entreprises dans la zone de savane du nord avec
le plan canne à
sucre; dans le centre,
avec le barrage de KOSSOU sur le BANDAMA,
et
surtout dans le sud-ouest avec la cr~ation d'un port en eau profon-
de à SAN PEDRO.
Cependant,
cet am~nagement de zonesrurales ne va pas de pair
avec le développement et la transformation des exploitations tradi-
tionnelles qui constituent encore l'élément de base de l'agriculture
ivoirienne de plantation et surtout de produits vivriers.
(l )
La" Côte d' l v 0 ire e n chi, f f r es" 0 p.
c i t.
p. Il e t
3 7

8 1
CONCLUSION DU CHAPITRE II
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
=========================
Soucieuse de valoriser ses ressources naturelles,
la Côte d'Ivoi-
~
re ~ concentré l'essentiel âes investissements matériels et humains
sur l'agriculture qui était de loin le secteur le plus important de
son économie en 1960.
En contre-partie des efforts d'amélioration dont elle a fait
l'objet,
l'agrlculture a eu pour t~che :
- de couvrir les besoins alimentaires de toute la
population du
pays,
- de fournir des produits exportables assurant l'entrée de devi-
ses nécessaires aux achats des biens d'équipement,
- de favoriser
l'essor de l'industrie agro-alimentaire locale en
lui apportant les matières premières.
Pour réaliser les objectifs socio-économiques qui lui sont assi-
,
gnes,
l'agriculture devrait disposer non seulement d'un secteur mo-
derne dyna~ique, mais également d'un secteur traditionnel plus pro-
ductif ayant à sa charge une population moins nombreuse mais de plus
en plus alphabétisée.
Certains
évènements internationaux de la période immédiate
après l'indépendance allaient-ils contribuer à cette restructura-
tion de l'agriculture ivoirienne?

8 2
CHAPITRE III
==~=========
============
LES CONDITIONS DE LA NOUVELLE STRATEGIE
DE CROISSANCE
L'intérêt de ce chapitre sera de mettre l'accent sur les évène-
ments qui ont marque le point de départ de la politique économique
d'indépendance de la Côte d'Ivoire.
Pour ce faire,
nous présenterons brièvement une situation de
l'économie coloniale ivoirienne,
puis nous analyserons les evene
ments nouveaux qui ont orienté l'économie d'indépendance.
SECTION l
LA CROISSANCE ANTERIEURE
Jusqu'au milieu des annees 1950,
la croissance de l'économie
ivoirienne a repose presque exclusivement sur le développement ex-
tensif de la production du café et du cacao qui a bénéficié de la
politique française de l'époque dont l'objectif principal était de
favoriser une forte
spécialisation régionale dans ces deux grandes
productions tropicales qui ont trouvé,
en Cote d'Ivoire,
des condi-
tions naturelles relativement propices.
Cette politique était soutenue par une série de mesures d'inci-
tations sous la forme de subventions,
de services techniques agri-
coles gratuits,
d'approvisionnement en plants de haut rendements,

8 3
et surtout de prix garantis supérieurs a ceux du marché mondial. En
outre,
un régime de tarifs préferentiels était accordé aux princi-
paux produits comme le café,
le cacao et la banane.
Si
Pon sait que le café et le cacao ne tiennent qu'une place
insignifiante dans la consommation ivoirienne,
on réalise l'avanta-
ge que constitue le marché français pour les exportations ivoirien-
nes de café et de cacao qui ont atteint, dans les années 1950, le
chiffre record de 90% du total des quantités vendues à la France
(cf.
tableau 1).
LA CROISSANCE AtITERIEURE
L'IMPORTANCE DU CAFE ET DU CACAO DANS LES EXPORTATIONS IVOIRIENNES
TABLEAU
l
-----------
-----------
,1
Années
h9>5
1957
1958
196 0
19f; l
196 2
1
1
Exportations
(en milliards de __ - _ .' .• . 25,6
24,4
31,5
37 ,3
47,1 47,7
Francs C.F.A)
dont
:
café
12,0
14,0
18,8
18,8
20,3
18,9
cacao
11, l
6,3
6 ,4
6 , 7
9,8
10,6
- -
- -
- -
- -
- - - -
Total café+cacao
23, l
20,3
25,2
27,3
30, l
29,5
Ventes a la France! Export 46 , l
57 ,3
59,7
52
47,8
44,3
%
Achats a la France! l mpo rt 6 5,7
6 J,II 63,6
70,5
6 3,8
6 ~, 6
%:
Café + cacao
! Export!90,3
,80,0
73, 7
63,9
6 1,9
83, J 1
9',1
(1) Sources: B.C.A.O,
notes d'information et statistiques,
Paris
Ministêre des Finances, des Affaires Economiques et du Plan, Bul-
letin mensuel desStatistiques à Abidjan.
: I.M.F,
International Financial Statistics, Washing-
ton D.C,
U.S.A

8 4
N.B.
: On remarquera la prédominance du café et du cacao dans les
exportations au milieur des années 1950, et leur baisse relative au
fur et à mesure que se mettent en place les nouvelles structures de
l'économie ivoirienne.
CONCENTRATION SUR LES MARCHES D'EXPORTATION DE QUELQUES PAYS
AFRICAINS A L'EPOQUE DE L'INDEPENDANCE ET A LA FIN DES ANNEES
1960.
TABLEAU N° II
=============
1er MARCHE
12èrne MARCHE
TOTAL DES DEUX
'PAYS
ANNEE
(en
0' )
'0
(en
~~ )
MARCHES ( e n ~o)
1
FRANCE
AUTRES PAYS
C.E.E.
1 ALGERIE
1962
85
05
90
MAROC
1
1956
53
18
71
1
COTE D'
1960
53
25
78
IVOIRE
R.C AFRI
1960
65
Il
76
CAINE
!
TOGO
1960
62
18
80
1
GABON
1960
51
26
77
Sources tableau N° 2 : Nations Unies, Département des affaires
Economiques et Sociales, Yearbook of International Trade
Statistics, 1956 et 63;
: G.N.U,
Commission Economique pour l'Afri-
que
·Foreign Trade Statistics of Africa,
series A, Direc
tion of Trade,

15 et 17
: Ouvrage ilL' Afrique de
.Indépendance
Politique à l'Indépendance Economique, Ed.
Maspéro, Presse
Universitaire de Grenoble, p.
265.
./ .

8 5
L'importance de ce chiffre nous
permet de conclure qu'avant
l'indépendance
. l'économie ivoirienne était une économie de "traite",
. le se~teur d'exportation constituait l'élément principal de
sa croissance
la France était son client et fournisseur
privilégié
(cf. ta-
bleau N°II)
Qu'en est-il de l'économie des années
1960?
SECTION II
==========
L'ECONOMIE DE L'INDEPENDANCE
~ous venons rl'évoqup-r les caractéristiques de l'agriculture
i v0 i rie n n e des a n n~' eS ·1,95 0 ;. .. cet t e a n a lys e ré v è l e que lac roi s san c e
antérieure de l'économie de la Côte d'Ivoire
est fondée exclusive-
ment sur son avantage comparatif dans ses 2 grands domaines de pro~
duction que constituent le café et le cacao.
La question qui
vient immédiatement à l'esprit après cette ob-
servation est la suivante: ces deux
produits traditionnels sau-
raient-ils,
à eux seuls, soutenir longtemps encore et sans risque
de déséquilibre grave,
la nouvelle croissance surtout si l'on sait
que leurs cours mondiaux avaient atteint entre 1960 et 1962 un ni-
veau
plancher qui
ne couvrait même
pas le coût de production des
paysans ivoiriens?
Ainsi,
le prix aux
producteurs ivoiriens aurait été de dix sept
. / .

8 6
(17 Francs C.F.A)
le kilo pour le café, et de 12 Francs C.F.A pour
le cacao au cours de cette même période sans l'intervention de la
Caisse de Stabilisation et de Soutien des Prix des Productions A-
gricoles
(C.S.S.P.P.A').
Précisons que grâce à cette intervention,
les prix ont été pour le café de
: 90 F/Kg et de 75 F/Kg en 1960-61
et 1961-62, ceux du cacao étant respectivement de 89 F/Kg et de
64 F/Kg dans le même temps
(1).
§.l. DECLIN RELATIF DU SECTEUR PRIMAIRE
Immédiatement apres l'indépendance,
les dirigeants ivoiriens
furent confrontés aux
problèmes nouveaux de diriger et de contrô-
1er une croissance différente de celle qui avait existé jusque-là:
. l'importance relative du secteur primaire
(agriculture,
pe-
che,
forêts)
déclinait de façon
notable,
alors que les secteurs se-
condaires et tertiaires occupaient une place croissante;
ainsi,
la part du secteur primaire dans la Production Intérieure Brute
(P.I.B) est passée de 46,8% en 1960 à 39,4% en 1965;
dans le même
temps, celles du secondaire et du
tertiaire sont passées respecti-
vement de 15,2% à 19% et de 38,Où à 41,6% (2).
Si le recul
relatif du secteur primaire est tout à fait normal
dans une économie en plein essor comme celle de la Côte d'Ivoire,
ses causes qui
n'étaient pas tout à fait évidentes à cette époque,
étaient de deux ordres
:
- la première tenait au
fait que l'on avait commence, à cette
./ .
(1)
Ouvrage
"La Côte d'Ivoire en chi ffres",
Ed.
1976
p.
106 et 110
(2)
Bulletin mensuel de statistiques, supplément trimestri-
el 1965, Ministère des Finances,
des Affaires Economiques et du
Plan, Abidjan,
1966, et la
"C.I en chiffres" op.
cit.
p.
38

8 7
epoque,
à transformer sur place les productions des nouvelles plan-
tations d'ananas.
-
la seconde pouvait stexpliquer par la détérioration du
climat
des investissements au Sénégal, centre traditionnel de l'industrie
manufacturière, alors que la Côte d'Ivoire était de plus en plus
considérée comme un pays d'accueil sûr.
- mais tout cela, ne modifie que superficiellement la vie écono-
mique ivoirienne au cours des trois années qui suivirent l'indépen-
dance politique.
C'est à partir de 1963 seulement, après la convention de YAOUN-
DE l
(1)
et l'Accord International sur le café (A.I.C)
de 1962,
que les choses ont réellement changé~
§.2.
LA CONVENTION DE YAOUNDE l
A)
La Côte d'Ivoire développe ses échanges avec des pays tiers
. Cette convention a modifié profondément les relations écono-
miques privilégiées de la France avec les dix huit
(18)
états afri-
cains et Malgaches Associés
(E.A.M.A), dont la Côte d'Ivoire. Dans
ce nouveau
cadre,
les préférences tarifaires françaises à l'égard
des produi ts ivoiriens étai~nt· rem pla c é es
p a r
l e t a r.i f
e x t é r i e u r e 0 m m u n d e
l a
C.E.E •
. Les prix garantis (supérieurs aux prix du marché mondial)
ac-
cordés au café ivoirien vendu en France devaient être supprimés
après une période transitoire de cinq ans.
./ .
(1)
La Convention de Yaoundé l
est le résultat de négoci-
ations entre la C.E.E et les 18 états africains et malgaches asso-
ciés (E.A.M.A);
elle est signée le 2 juillet 1963, entrée en vi~
gueur le 1er septembre 1964 pour une
période de 5 ans.

8 8
En échange,
la Côte d'Ivoire acceptait de mettre fin
au traite-
ment préf~rentiel des importations des produits français,
et de le
remplacer par des avantages moins importants mais valables pour tous
les six pays membres de la Communauté Economique Européenne.
Enfin,
elle ne fut
plus soumise aux quotas d'importations en
provenance de pays tiers,
notamment
du Japon.
Il
faut rappeler ici qu'avant l'indépendance,
le libre échange
signifiait pour l'économie ivoirienne la liberté des échanges avec
la France seule;
il lui était interdit d'importer de certains pays
situés hors de la zone franc;
même immédiatement après l'indépen-
dance,
certaines de ces pratiques commerciales avaient été
reprises
par le protocole d'accord franco-ivoirien de 1961,
en particulier
l'obligation pour la Côte d'Ivoire d'acheter sur le marché français
toutes les importations de blé et de sucre.
Dans l'ensemble,
les avantages que tire la Côte d'Ivoire de la
Convention de Yaoundé sont évidents
- si d'un côté elle perd les préférences tarifaires françaises
a l'égard de ses produits,
de l'autre, elle bénéficie pour ses ex-
portations d'un marché plus large constitué par les six pays membr~
de la C.E.E.
- le libre acces des produits ivoiriens aux marchés très compe-
titifs d'Allemagne Fédérale,
d'Italie,
du Bénélux d'une part,
le
commerce avec des pays tiers,
dont le Japon et les Etats Unis d'A-
mérique d'autre part,
constituent pour l'économie ivoirienne,
la
grande nouveauté des trois annees q8isuivirent l'indépendance de
1960
(cf.
Tableau N°
III).
. / .

8 9
TABLEAU N°
3
============
MARCHE D'EXPORTATION A LA FIN DES ANNEES 1960
~VOLUTION
PAYS
ANNEES
1er MARCHE
entre
2ème MARCHE
EVOLUTION
C.E.E
(en 0' \\
1960 - 68
(en %)
0'
10 ".
10
Autres pays
ALGERIE
1968
France
55
- 30
C.E.E
'23
+ 18
78
- 12
Autres pays
MAROC
] 968
France
39
- 14
C.E.E
21
+
3
60
- 11
Autres pays
COTE DI
1968
France
35
- 18
C.f .E
29
+
4
64
- 14
IVOIRE
R.C.A
1969
France
51
- 14
Israël 15
64
- 12
Autres pays
TOGO
1%9
C.E .. E
52
- 10
France 34
+ 16
86
+
6
Autres pays
GABON
1968
France
35
- 16
C.E.E
16
- 10
51
- 26
Sources : Les mêmes que pour le tableau N° 2
Ouvrage cit.
p.
267
Remarque:
Excepté le cas du TOGO, les exportations vers la C.E.E des
pays cités dans ce tableau enregistrent une baisse générale.
Les exportations ivoiriennes vers la France baissent de 18%
entre 1960 et 1968, alors qu'elles progressent de 4% vers la C.E.E
sauf la France.
La baisse de 14% sur le marché des six pays de la
C.E.E se fait au profit des pays tiers.

9 0
Ajoutons à cela un autre avantage non moins ~mportant : le pro-
tocole numéro 5 annexe à la convention d'association de Yaoundé a
fixé le montant d'aide de la C.E.E à la production et à la diversi-
fication des exportations agricoles de la Côte d'Ivoire à 46,7 mil-
lions d'unités de compte (U.C), soit environ Il,528 milliards de
Francs C.F.A.
Enfin,
la C.E.E a accepté de maintenir,
pendant cinq années au
moins, un soutien transitoire des prix du café ivoirien en compen-
sation des pertes des prix garantis intervenues sur le marché fran-
çais.
Précisons que pour l'ensemble des dix huit (18)
E.A.M.A, c'est
une somme de 800 millions de
**
dollars que la C.E.E a accepté de con-
sacrer,
par l'intermédiaire du F.E.D, au financement de la
réorgani-
sation, de la production,
et de la diversification de leurs expor-
tations agricoles.
B)
LA DIVERSIFICATION AGRICOLE
Alors
~
meme qu'allaient commencer les négociations de Yaoundé
qui ont permis,
nous l'avons vu,
à la Côte d'Ivoire de libéraliser
ses échanges,
l'Accord International sur le café de 1962 fut
rati-
fié.
Selon cet accord,
la Côte d'Ivoire acceptait de limiter ses eX-
portations de café
vers ses clients traditionnels.
Pour l'annéee
1963, le quota alloué à la Cête d'Ivoire s'élevait à 170.000 tonnes
et était suceptible d'être révisé en hausse selon les négociations
/
** Eu~ope, Fra~cR, Optre Mer
numéro spécial 424,
mai 1965

9 1
annuelles ultérieures.
Les pays consommateurs,
pour leur part,
acceptaient de n'importer que des quotas agréés(l).
La nouvelle situation créée à la fois par la réduction des avan·
tages du marché
français et par l'accord sur le café a conduit les
dirigeants ivoiriens à mettre l'accent ultérieurement sur la diver-
sification des produits d'exportation,
en vue de réduire l'insta-
bilité des recettes par une simple dispersion des risques sur un
plus grand nombre de produits.
(1)
"L'Afrique de l'indépendance politique à l'indépendance
économique"
Publié sous la direction de John D. ESSEKS,
Ed MASPERO
(P.U.G)
1975,
p.
219.

9 2
CONCLUSION DU CHAPITRE III
==========================
==========================
Si l'année 1961 n'a pas été pour l'économie de la Côte d'Ivoi-
re une année de grands bouleversements,
en revanche celles de 1962
et 1963 ont été profondément marquées par deux év~nements interna-
tionaux qui ont eu d'importantes conséquences en particulier sur
l'anriculture de c~ pays:
il s'agit ensuite de l'accord interna-
tional sur le café
(A.I.C)
qui couvrait~ 18 période 1962 - 68
1)
LA CONVENTION DE YAOUNDE,
signée le 20 juillet 1963 entre
la C.E.E et les 18
E.A.H.A,
est entrée en vigueur le premier juin
1964;
Cette Convention porte modification des relations économi-
ques entre la France et la Côte d'Ivoire
désormais,
cette derni~-
re bénéficie du
libre accès de ses produits au marché commun, mais
surtout ellé développe ses échanges commerciaux avec de "nouveaux
pays" tels le Japon et les Etats Unis d'Amérique.
2)
L'ACCORD INTERNATIONAL SUR LE CAFE DE 1962,
intervenu
entre
pays consommateurs et producteurs en vue de tenter d'organiser un
marché international ou regne un prix de "braderie"
(baisse de 40%
sur les ma r ch é s dit s
"1 i b r es")
-
cet a c cor d a réd u i t
l e con ti n g en t
d'exportation alloué à la Côte d'Ivoire.
En r ev a n ch e, il a eu d'au-
tres effets nettement positifs pour l'économie nationale en général,
et en particulier pour l'agriculture.
En effet,
il n'est pas exagéré de dire que cet accord a donn.é
le signal de "mise en route"
d'une série de projets et de programmes
de développement de cultures vivrières (riz) et commerciales comme
le coton,
le palmier à huile,
la canne à sucre
f../.ê. ••

9 3
Il a de
la sorte orienté de façon décisive la politique de di-
versification des productions dont les objectifs généraux sont con-
firmés dans le premier plan ivoirien de développement à
long terme
intitulé
: "Perspectives Décennales de Développement Economique
et Social 1960-70 11 établi en décembre 1962, et publié seulement
en 1967 (1).
(1)
: Les "Perspectives de développement économique et social
1960-1970",
Ministère des Finances,
des Affaires économiques et du
Plan, établi en 1962,
2 volumes,
tirage Offset.

9 4
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
================================
Nous nous sommes efforcés,
au cours de cette première partie,
d'analyser les structures de l'agriculture ivoirienne telles
qu'elles se présentaient au début des années 1960,
de mettre en lu-
mière les problèmes qui se posaient ~lors à ce secteur en nous ré-
férant successivement au milieu physique (zones de végétation et
grandes régions naturelles),
aux données démographiques et aux ca-
ractéristiques économico-sociales.
A travers l'ensemble de ces facteurs,
nous avons tenté de dé-
gager les traits saillants suivants:
- La Côte d'Ivoire est un pays divers par son sol,
son climat
et ses populations.
- Sol et climat se combinent pour créer de grandes régions
agricoles qui
fournissent
au pays des productions vivrières et com-
merciales permettant,
les premières,
de répondre aux besoins ali-
mentaires de la population;
les secondes,
d'assurer des rentrées
de devises nécessaires à l'achat des biens d'équipement.
-
La population a un taux de reproduction moyen très élevé
(plus de 3% par an),
une forte proportion
d'éléments jeunes en
1
quête d'un travail interessant,
plus rémunérateur et moins pénible
dans les agglomérations urbaines.
Cependant,
cet accroissement exceptionnel de la population ne
pose pas encore le problème de
surpopulation;
en effet,
la Côte

95-
2
d'Ivoire est
faiblement
peuplée (20 habitants par Km ) et se situe
d'ailleurs,
"en Afrique de l'ouest,
dans cette zone centrale qui
couvre aussi
l'est du SENEGAL et l'ouest du MALI,
où l'on ne trouve
pre s que 'n u 11 e par t· de for tes den s i tés
. . . . . " (1).
Nous avons également montré
que depuis 1960,
la mise en vàleur
progressive des grandes régions naturelles du pays demeure un ob-·
jectif prioritaire qui doit permettre de donner aux populations
restées à la campagne des possibilités alternées d'activités sala-
riées,
d'améliorer leur niveau de
vie,
en d'autres termes,
de les
aider à
"avoir plus pour être plus"
(2).
Pour atteindre ces objectifs,
des sociétés d'Etat spécialisées
ayant en charge de développer de nouvelles cultures commerciales
ont été créées.
Nous avons enfin analysé
la manière dont certains évènements
internationaux tels la convention de YAOUNDE
l
et l'accord
interna-
tional sur le café
de 1962,
ont marqué
la politique ivoirienne
d'aménagement du territoire dont les deux volets essentiels sont
constitués d'une part,
par
les constructions du port
en eau pro-
fonde de SAN PEDRO,
dans le sud-ouest,
celle du barrage de le BAN-
DAMA,
dans le centre,
d'autre part par la diversification et la
modernisation agricole dont nous analyserons les résultats après
en avoir décrit les caractéristiques.
(1)
: 5AMIR AMIN,
"Le développement du capitalisme en Côte
d'Ivoire" Paris,
Ed.
de Minuit 1967,
p.
10.
(2)
Paul VI,
lettre ncyclique "Popularum progression",26.3.67
1ère partie,
les données du problème et
et Luc BOURCIER DE CARBON,
"Démographie géo-économique
"La variable population dans l'économie",
Paris,
Ed Monchrétien
1071'
0
n

9 6
Pour mieux faire comprendre le sens de l'expression "avoir plus
pour être plus",
référons nous à
la description des aspirations des
hommes faite par
le Pape Paul
VI dans sa lettre encyclique "Popula-
rum progressio" du 26 mars 1967.
Ainsi le Pape décrit les "aspirations des hommes"
"être affran-
chis de la misère,
trouver plus sûrement leur subsistance,
la santé,
un emploi stable;
participer davantage aux responsabilités hors de
toute oppression,
à
l'abri de situations qui offensent leur dignité
d'hommes;
être plus instruits,
en un mot
faire connaître et avoir
plus pour être plus
telle est
l'aspiration des hommes d'aujourd'huj
alors qu'un grand nombre d'entre eux sont condamnés à vivre dans des
conditions qui
rendent illusoire ce désir légitime . . . . "
"Avoir plus pour être plus" signifie donc,
pour les dirigeants
ivoiriens,
disposer de capitaux,
d'infrastructures et d'équipements
permettant aux populations
:
-
de bénéficier d'une meilleure alimentation,
d'une organisation
médicale plus perfectionnée,
-
d'un système d'enseignement meilleur et accessible à
tous ,
- de logements plus salubres,
-
d'un niveau de vie plus acceptable,
de satisfactions culturel-
les,
de loisirs,
en d'autres termes,
au premierstade de développemeni
il s'agit d'une àmélioration quantitative du bien être par une aug-
mentation de la productivité
et une meilleure circulation de la ri-
./ .

9 7
chesse,
ensuite c'est une amélioration qualitative de l'existence qUI
la Côte d'Ivoire voudrait atteindre grâce à une croissance économi-
que basée sur la modernisation des structures agricoles et une muta-
tion sociologique voulue et assimilée par la population toute entiè-
re.

9 8
DEUXIEME
PARTIE
================
LA POLITIQUE D'ORGANISATION,
DE MODERNISATION,
DE DIVERSIFICATION AGRICOLES ET SES RESULTATS
"La Côte d'Ivoire atteindra
l'indépendance
économique en utilisant trois voies
: la diversifica-
tion des productions locales,
leur valorisation et la
création d'un appareil agricole de production aussi
développé que possible
"
Félix HOUPHOUET -
BOIGNY
(Exposé des motifs de la loi-plan
d e
développement économique,
social et
culturel 1967-1970)
./ .

9 9
L'analyse précédente nous révèle que l'agriculture ivoirienne
doit répondre à trois objectifs
-
Satisfaire les besoins alimentaires de la population et four-
nir des produits d'exportation diversifiée,
-
Procurer des emplois moins pénibles et plus lucratifs aux
1
ruraux,
-
Favoriser l'essor de l'économie,
en d'autres termes,
favoriser
la croissance de cette économie
"en conditions de mutation de struc-
tures"
(1).
Dès lors,
se pose p~ur l'agriculture le problème de sa restruc-
turation,
c'est à dire de son passage du stade de l'agriculture "ex-
tensive,
itinér~nte et complétée par l'économie de cueillette, à
l ' agricul ture technicienne moderne"
(2).
Les nouvelles données de
l'économie ivoirienne
(libéralisation
des échanges commerciaux et surtout aide de la Communauté Economique
Européenne à la modernisation et à la diversification des productions
agricoles)
permettront-elles de réaliser la rénovation nécessaire
?
L'étude descriptive des actions de modernisation et de diversi-
fication agricoles et l'analyse des résultats constitueront les dif-
férenles parties qu'il nous faut maint~mant développer.
(1)
: M. BYE "Le rôle du Capital dans le développement
économique"
Economie appliquée,
juillet-septembre 1958,
pp 429-447,
cité par
v.C. DIARASSOUBA dans "L'évolution des
structures agricoles du Sénégal"
op.
cit.
p.
183
(2)
: J.C ROUVEYRAN
"La logique des agricultures de transition"
op.
cit.
p.
24.

-1
0 0
TITRE PREMIER
=============
=============

VERS LA MODERNISATION ET LA DIVERSIFICATION
DES PRODUCTIONS AGRICOLES
Pour réaliser les objectifs qu'elle entend atteindre en matière
de croissance économique
(1),
la Côte d'Ivoire s'est résolument
tournée vers le secteur le plus important de son économie au moment
èù elle a acquis son
indépendance,
c'est à dire l'agriculture.
Mais telle que nous
l'avons vue dans la première partie de no-
tre étude,
l'aqriculture ivoirienne était orientée vers l'auto-sub-
sistance et l'exportation de quelques grands produits (café,
cacao)
qui sont devenus,
du moins pour le café,
d'un écoulement difficile
sur le marchés mondiaux.
Dans ces persp~ctives, pour que l'agriculture continue de jouer
son rôle d'élément moteur de la nouvelle croissance,
elle devrait
se moderniser et adapter
~~~ productions aux besoins des marchés
tant nationaux qu'internationaux,
grâce à l'introduction des nouvel-
les cultures vivrières et commerciales jusqu'ici peu ou pas dévelop-
pées en Côte d'Ivoire.
Dans ce titre premier,
nous mettrons l'accent sur les facteurs
de Modernisation et de Diversification qui ont marqué
l'agriculture
ivoirienne,
notamment depuis 1960.
. / .
(1)
Les objectifs de croissance sont déterminés dans "les
perspectives décennales de développement économique et social,
1960
-70.
Ministère des Finances,
des Aff.
Econ.
et du Plan,
Abidjan

101
CHAPITRE
IV
- - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - -

- - - - - - - - - - - -
LA MODERNISATION DE L'AGRICULTURE
A la suite des décisions adoptées par le premier accord inter-
national sur le café
qui ont porté
limitation du contingent d'ex-
portation alloué à la Côte d'Ivoire,
le Gouvernement de ce pays a
décidé de porter ses efforts,
dans un permier temps,
sur le rajeu-
nissement des plantations existantes,
et dans une deuxième étape,
sur la mise en culture de nouvelles terres en utilisant des varié-
tés sélectionnées à
rendement élevé,
et sur l'amélioration de
la
qualité des produits.
Nous décrirons successivement
les caractéristiques de la caféiculture ivoirienne,
.
les proqrammes de-régénération du matériel végétal
.
les actions en faveur
de la qualité
des produits
./ .

1 0 2
SECTION l
LES CARACTERISTIQUES DE
LA CAFEICULTURE
IVOIRIENNE
L'analyse sera conduite essentiellement au point de vue du mode
d'exploitation et des résultats,
étant donné que nous avons déjà
examiné
la situation sous l'angle de
la nature des exploitations
(cf.
Chapitre II,
section II
) .
L'analyse demeure valable
aussi pour le cacao car un grand nombre de planteurs pratiquent à
la fois les deux cultures.
§.l. HISTORIQUE:
D'origine africaine
(Ethiopie)(l),
le café est introduit en Cô-
te d'Ivoire en 1880 par un négociant
français de la Rochelle,
Mon-
sieur VERDIER,
qui a créé
la première plantation en 1891,
à ELIMA,
sur les bords de la lagune ABY.
Deux autres noms restent liés à
l'essor de la culture du café
en Côte d'Ivoire:
ceux des f,ouverneurs ANGOLVAN et REST
qui ont
s~
lui donner une impulsion nécessaire
(au cours de la période
1923-1930).
En 1939,
la production a atteint 18.000 tonnes.
Il a fallu
cependant
attendre la fin
de la deuxième guerre mon-
diale pour que la culture du café connaisse son véritable développe-
ment
sous l'ébauche d'un certain nombre de mesures d'incitation,
tels l'encadrement technique,
la distribution gratuite de plants,
des primes à la plantation,
prises par
les autorités françaises de
./ .
(l)
:
Précisions fournies par Marchés Tropicaux et Méditerra-
néens,
nO 1526,
7 février
1975,
p.
364

103
l'époque.
Les variétés introduites pour répondre aux conditions climati-
ques et aux possibilités des sols ivoiriens sont surtout le ROBUS-
TA,
le KOUILOU,
le gros
INDENIE.
Aujourd'hui,
en raison de sa plus
grande résistance aux maladies et de son rendement
relativement é-
levé,
la variété
ROBUSTA représente environ 98% de la production
ivoirienne.
§.2.
LES CARACTERISTIQUES DE
LA PRODUCTION
Exception faite de quelques grandes plantations appartenant à
des Européens,
la caféiculture est aux mains de très nombreux petits
propriétaires ivoiriens.
En 1975,
on estimait à 280.000 le nombre des rlantations ivoi-
riennes couvrant environ 865.000 hectares,
et à
2.400.000
(1)
les
personnes concernées de près ou de loin par la production du café
et ses activités annexes:
transports,
transformation,
commerciali-
sation etc
. . . .
Ainsi,
plus de 90% de la production proviennent des petites ex-
ploitations familiales dont
la superficie moyenne s'inscrit entre
2 et 3 hectares.
Le trop grand nombre des exploitations et leur exiguïté,
sont
préjudiciables en de nombreux domaines,
notamment en matière ou
méthode culturale,
en matière d'aide apportée par les services tech-
niques de 11 agriculture,
etc
. /.
(l)
ces chiffres sont relevés dans l'ouvrage "Côte d'Ivoire
en chiffres" ed.
1976,
p.
105.

1 0 4
A)
Préjudice en matière d'éguipement
Les superficies des exploitations sont souvent en rapport avec
les possibilités de
travail que représentent les membres d'une fa-
mille de six personnes en moyenne
(l'homme et sa -
ou ses deux -
femme
(s),
et leurs trois enfants).
Les seuls instruments de tra-
vail sont la
~machette" et la houe à buttes.
Dans ces conditions,
les défrichements et le labourage sont pénibles,
longs et incomplets.
B)
En matière de méthode culturale
L'usage d'engrais chimique est chose rare;
la
fumure organique
est inexistante car,
dans les zones forestières où
l'on cultive le
café,
les paysans ivoiriens ne pratiquent pas l'élevage
Ain-
si,
seule la
jachère permet-elle une certaine reconstitution des
sols,
tandis que
la culture sur brûlis favorise
l'apport de certains
sels minéraux grâce aux cendres des
végétaux brûlés.
Les rendements
restent faibles,
faute
d'un enrichissement suffisant du sol.
c)
Les préjudices en matière de service d'encadrement
Par l'intermédiaire de
la Société d'Assistance Technique pour la
modernisation agricole de
la Côte d'Ivoire
(la S.A.T.M.A.C.I),
les
pouvoirs publics pourraient assurer,
dans le cadre d'associations
coopératives,
un bon encadrement des planteurs qui consiste à leur
fournir des semences de qualité
supérieure,
d'engrais,
de pestici-
des,
et à susciter chez
eux,
un esprit receptif aux changements.
Cependant,
dans
l'état actuel des choses,
plus précisément,
compte tenu de
la trop grande parcellisation des exploitations,

'05
.:1.-'8ncadrement est
très difficile
( l ) .
Il oécessite un personnel
no~breux, donc
il est coûteux
et non rentable.
En attendant que les caféiculteurs veuillent s'unir pour exploi-
ter en commun leurs parcelles,
l'aide des services d'agriculture se
limite aux seuls cultivateurs qui
la sollicitent,
et elle se mani-
feste sous forme d'engrais,
de produits et appareils de pulvérisa~
tion et de quelques conseils techniques.
Des possibilités de paie-
ment différé
sont accordées aux bénéficiaires de ces aides.
§.3.
EVOLUTION DE
LA PRODUCTION
Malgré
le manque d'investissement tant en instruments de tra-
vail
qu'en bâtiments,
malgré
l'éparpillement et
le
faible
rendement
des exploitations (entre 300 et
350 Kg à
l'hectare),
la production
du café a connu,
sur la période 1945 -
1975,
une progression carac-
térisée par
·
une
forte
ascension de 1945 à
1964,
·
une stagnation entre 1965 et 1970
·
un tassement à partir de 1970, puis une reprise très marquée
en 1974-75.
(cf Tableau N° 4)
. / .
(1)
• :
Nous définissons le terme de
"vulgarisation" comme une
diffusion des connaissances relatives à
des apports nouveaux et à
des techniaues nouvelles à
l'aqriculture.

105
.1' e n c a d r em e n t
est très d i f fic i le (1).
Il Qécessite un personne;
,
no~breux,
donc il est coûteux et non rentable.
En attendant que les caféiculteurs veuillent s'unir pour exploi-
ter en commun leurs parcelles,
l'aide des services d'agriculture se
limite aux seuls cultivateurs qui la sollicitent,
et elle se mani-
feste sous forme d'engrais,
de produits et appareils de pulvérisa~
tion et de quelques conseils techniques.
Des possibilités de paie-
ment différé
sont accordées aux bénéficiaires de ces aides.
§.3. EVOLUTION DE LA PRODUCTION
Malgré le manque d'investissement tant en instruments de tra-
vail qu'en bâtiments,
malgré
l'éparpillement et
le faible rendement
des exploitations (entre 300 et 350 Kg à
l'hectare),
la production
du café
a connu,
sur
la période 1945 -
1975,
une progression carac-
térisée par
:
·
une forte
ascension de 1945 à 1964,
·
une stagnation entre 1965 et 1970
·
un tassement à partir de 1970,
puis une reprise très marquée
en 1974-75.
(cf Tableau N° 4)
./.
(1)
" : Nous définissons le terme de
"vulgarisation" comme une
diffusion des connaissances relatives à des apports nouveaux et à
des techniques nouvelles à
l'agriculture.

-
1 0 6
-
TABLEAU N° 4
- - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - -
EVOLUTION EN TONNAGE DE LA PRODUCTION
CAFEIERE DE 1945 A 1975
POURCENTAGE
ANNUEL
MOYEN
DE
L' ACCROISSEMENT
ANNEES
TONNAGES
PERIODES
POURCENTAGE
un
1945
35.000
1950
54.200
1945 - 1950
+
9,15 0',0
1955
84.800
1950 o' 1955
+ . 2 ,26
0'
,0
1960
136.700
1955 -
1960
+ 10,25 01
'0
1965
213.000
1960 - 1965
+
9,35 0''0
1970
240.000
1965 - 1970
+
2 , 5
0'
,0
1975
270.000
1970 .. 1975
+
2,5
0'
la
Sources: Marchés Tropicaux et Méditérranéens, 30.10.7J
p.
3126
années 1945-70;
: La "Côte d'Ivoire en chiffres" Ministère du Plan,
Abidjan,
p.
10 6 , an née s 197 0 o. 7 5

1 0 7
A)
COMMENT
INTERPRETER LA PROGRESSION CONSTANTE DE LA PRODUCTION
CAFEIERE DEPUIS LA FIN DE
LA DEUXIEME GUERRE -MONDIALE
Il faut
relever en premier lieu les résultats favorables de~
mesures d'incitation prises Dar les autorités françaises im-
médiatement après la 2ème guerre mondiale,
pour encourager la pro-
duction.
En deuxième lieu,
si l'on tient compte que les rendements des pe
petites exploitationS sont
naibles (pour des raisons qui tiennent à
la fois au manque de moyens matériels et à l'adoption de techniques
culturales rudimentaires),
il semble alors évident que la progres-
sion de la p~oduction soit rlûe essentiellement à l'extension des
superficies cultivées.
En effet,
l'extension des plantations de caféiers a été rapide
surtout depuis 1960;
à
cette date,
400.000 Ha de caféiers étaient
plantés;
en 1965,
la superficie cultivée atteint 530.000 Ha;
en
1970,
elle est de 780.000 ~a dont 650.000 Ha sont en production;
elle passe à 865.000 Ha en 1975.
Pour la période 1975-77,
un pro
gramme de plantation de 61.000 Ha a été entrepris en vue de porter
la production finale à un niveau légèrement supérieur d
300.000
tonnes considérées par l'Organisation
Internationale du Café
(O.I.C)
comme le quota potentiel d'exportation ivoirienne en 1980.
A cette
date,
la superfi~ie totale plantée sera portée à environ 900.000
hectares (1.).
(1)
"La Côte d'Ivoire en chiffres"
or.
cit.
p.
111

-1 0 8
On estime à près de 2 millions d'Ha les terres convenables à
la culture du café.
On peut trouver une troisième explication à
l'accroissement
de la production
elle serait liée aux avantages du marché pro-
tégé
français et aux prix
garantis du càfé.
Ainsi,
le prix de
soutien du café rendu BU Havre correspondait aux prix des marchés
dâ.ts "libres"
(Londres,
New York) majorés en moyenne de 25%.
B) INTERPRETATION DE LA STAGNATION CONSTATEE FNTRE 1965-70
Deux explications essentielles peuvent
iustifier cette situ-
ation
Les conséquences de l'A.I.C de 1962,
Le vieillissement du matériel
végétal
1.
LES CONSEQUENCES DE
L'ACCORD INTERNATIONAL SUR LE CAFE
DE 1962.
Rappelons que les décisions prises par cet accord ont limité
le quota ivoirien à 170.000 tonnes de café pour 1963.
Pour faire
face à cette réduction des exportations les autorités ivoiriennes
ont été amenées,
dans un premier temps,
à
ordonner la destruction
en 1969,
de 140;000 tonnes de café stocké.
A la fin de cette même
année,
le stock restant était estimé à 85.000 tonnes (1)
./ .
(1) Ces données sont relevées dans l'ouvrage:
Etudes générales
sur les économies africaines T-3 p.
233 F .M.I, Washington D.C 70

1 0 9
Pour les dirigeants ivoiriens,
il n'est donc pas question dans
ces conditions,
d'augmenter la production,
ni même d'étendre les
surfaces cultivées;
au contraire,
ils ont décidé de réduire celles
ci et de s'employer à rajeunir les anciennes plantations.
12. LE VIEILLISSEMENT DU MATERIEL VEGETAL.
Les services de l'agriculture estiment que les caféiers n'ont
pqS une durée de vie supérieure a vingt cinq ans, et que leur fruc-
tification ne dépasse guère vingt ans.
Ces données nous permettent de conclure que les arbustes mis
en place depuis la fin
de
la deuxième guerre mondiale sont prati-
quement hors de fructification à partir de 1965, ce qui e~pliquè
la stagnation de la production constatée entre 1965 et 1970.
Les programmes de rajeunissement du verger existant et de cre-
ation de nouvelles plantations à partir de plants sélectionnés de-
vraient être de nature à relancer la production grâce à un accrois-
sement de la productivité à l'hectare.

1 1 0
SECTION II
- - - - - - - - - -
- - - - - - - - - -
LES PROGRAMMES DE REGENERATION DU MATERIEL
VEGETAL (CAFEIERS ET CACAOYERS)
SOUS-SECTION
l
LE PROGRAMME CAtAOY(R DE 1963
La culture du cacao,
qui
semble posséder une certaine antériori-

par rapport à celle du café,
a connu son essor dès la
fin de la
première guerre mondiale.
Ainsi,
dès 1922,
la production atteignait
déjà 2.300 tonnes.
Comme le café,
le cacao est cultivé
dans les zones forestières
situées au-dessousdu Sème parallèle;
dans leur grande majorité,
les
planteurs de cacao cultivent en même temps
le café,
ce qui veut di-
re que les méthodes et techniques culturales sont sensiblement
identiqùes etque les caractéristiques que nous avons décrites dans
le chapitre de
la production caféière se retrouvent réunies ici,
en
particulier celles relatives au
vieillissement du matériel végétal.
Le programme cacaoyer a été
lancé
dans
le cadre de la modernisa-
tian de
l'agriculture ivoirienne;
il a pour objectif essentiel
la replantation des anciennes cacaoyères.
Après avoir
accepté
de réduire ses exportations de café,
la Côte
d'Ivoire a été
à
l'origine de
l'échec,
en 1963, du projet d'accord

111
international sur le cacao,
puisqu'elle a refusé de se résigne
quota de 15% du marché mondial qui lui a été alloué.
Dans ces conditions,
elle a décidé d'étendre la superficil
tivée et d'accroître la productivité à l'hectare qui doit pas
de 250 Kg/Ha à 700 Kg/Ha.
Dans un premier temps,
les actions
S.A.T.M.A.C.I
(qui a la charge du programme) se sont limitées
protection des cacaoyères existantes contre la pourriture deE
bosses,
et surtout les capsides ou punaises noires du cacaOYE
o
Ce n'est qu'à partir de 1963 que la régénération des pla l
a occupé une place importante.
§.l.
L'I.F.C.C et la S.A.T.M.A.C.I
Deux organismes ont joué un r61e essentiel pour la réus:
orogramme cacaoyer :
-
L'Institut Frçnçais du Café et du Cacao
- La S.A.T.M.A.C.I
A)
L'I.F.C.C met à
la disposition des planteurs des pl;
haut
rendement,
mieux adaptés aux sols (qui sont préalable
terminés),
aux conditions climatiques et moins sensibles a
dies.
B)
La S.A.T.I"1.A.C.I
est charqée, quant
à
elle,
de l'E
du programme;
ses actions portent sur la distribution au;
des plants mis au point par l'I.F.C.C.

-112
la fourniture
de produits et appareils de traitement
.
l'encadrement des planteurs par des moniteurs de
vulgarisation
agricole
la formation d'animateurs-vulgarisateurs locaux et de techni-
ciens atomiseurs pour réparer
les appareils de traitement.
§.2.
LES ACTIONS DE REGENERATION
Deux séries d'actions étaient conjointement menées pour la régé-
nération des plantations.
A)
dans les cacaoyères où les arbustes sont vétustes et prati-
quement hors de fructification,
on procède par recépage,
méthode
,qui consiste à tailler
très près de terre les cacaoyers vétustes
pour permettre la
repousse de
jeunes.
B)
un programme de création de nouvelles plantations à partir
de plants sélectionnés
(variété
"Haut-Amazonien")
possédant une
productivité,
une
vigueur et une précocité beaucoup plus grandes
que les variétés "Amelonados" qui composaient les plantations exis-
tantes.
Ce programme d'extension comporte 2 tranches
la première,
de 52.230 Ha,
s'est déroulée sur la période al-
lant de 1971 à
1974.
la seconde,
de 75.190 Ha,
couvre la période 1975-78

-1
1 3
RESULTATS DE CES DEUX SERIES D'ACTIONS
.
L'action,
dite de "régénération" des plantations existantes a-
atteint ses buts
en 1973
: en effet,
de 1963à 1973,
231~656 Ha
d'anciennes plantations ont fait l'objet de régénération;
ces ca-
caoyères régérénées représentent 55% des surfaces en production es-
timées à 440.500 Ha et environ 38% des surfaces totales plantées
en cacaoyers évaluées à 611.000 Ha en 1973.
Le programme d'extension a bénéficié,
quant à lui,
non seulement
du concours de l'I.F.C.C
et de la S.A.T.M.A.C.I,
mais aussi d'une
grande campagne de propagande placée sous le patronage du Ministère
de l'Information:
ainsi,
dans le cadre de la "Coupe Nationale du
Progrès",
tout planteur qui entretient correctement au moins 2 Ha
plantés en cacaoyers -
variétés améliorées -
se voit récompensé
par une prime de 30.000 Francs C.F.A par hectare au bout de deux
ar.ls d'entretien.
Tandis que les superficies nouvellement créées augmentaient,
la
production s'accroîssait,
la productivité s'améliorait:
.
au cours de la période 1971-74,
environ 33.500 Ha ont été cul-
tivés,
alors que pour la seule année 1975,
16.000 Ha ont été plantés
et qu~en 1976,
22.000 Ha ont été
créés;
la productivité à
l'hectare
est passée, ouant à alle, de 250 Kg/ha à 500 Kg/ha,
l'objectif étant
d'arriver à 700 kg/ha pour les plantations rénovées,
et à une
tonne l'hectare pour les nouvelles plantations.
./ .
(1)
:
Les chiffres sont relevés dans l'ouvrage "La Côte d'I-
voire en chiffres",
Ed.
76,
p.
Il",
Ministère du Plan,
Abidjan.

1 1 4
L'amélioration de la productivité due à la régénération du ma-
tériel végétal et aux résultats positifs des luttes phytosanitaires,
a permis une forte
progression de la production qui est passée de
103.000 tonnes en 1962-63 à
234.500 tonnes en 1974-75.
L'objectif
de production pour 1980 est d'atteindre environ 350.000 tonnes de
cacao (1).
S'il est évident que ces objectifs ne seront atteints qu'au prix
d'importants efforts d'amélioration de
la productivité,
on peut dé-
jà dire que les résultats actuels sont encourageants puisqu'ils pla-
cent
la Côte d'Ivoire au
troisième rang des producteurs mondiaux
depuis 1974,
derrière le GHANA,
et le NIGERIA,
et devant le BRESIL
e t
l e CMl E ROU N•
La production ivoirienne de cacao (222.676 tonnes)
représentait
en 1974,
13,6% de
la production mondiale,
et 21,4% de la production
africaine*
Ces résultats ne constituent qu'une étape,
car l'agriculture
ivoirienne doit évoluer vers une
intégration progressive de type
agro"-industriel.
Examinons à présent le programme caféier.
./ .
(1)
Source La "Côte d'Ivoire en chiffre op.
cit.
p.
109 et 110
* La production mondiale a atteint 1.471.000 tonnes dont 1.027.000
f.tlnnDI'""
nr,llT'
l'f'1r,....;n"o
o n
lq7h
(C:ntlT'roo
C'11C'_roit6o)

1 15
sous - SECTION II
=================
LES PROGRAMMES CAFEIERS DE
1968
Ils constituents le second volet des actions de modernisation
des principales productions ivoiriennes.
Nous avons vu que le manque de contrôle des replantations a en-
traîné
le vieillissement des caféiers mis en place depuis plus de
vingt cinq ans
(25),
et que ce vieillissement des arbustes a eu pour
conséquences,
du moins en partie,
le ralentissement de la production
à
partir de 1965.
Malgré
les limitations imposées par l'accord sur le café,
les
autorités ivoiriennes ont décidé de relancer la production pour ê-
tre en mesure de répondre à un accroissement éventuel de la deman-
de,
mais surtout pour conquérir de nouveaux marchés dits "hors quo-
tas",
comme le Japon,
la Honqrie,
la Pologne,
etc
.
C'est dans ces conditions qu'un vaste programme de régénération
des cultures a été entrepris dès 1968.
§.l
VERS LA MISE EN CULTURE DE 21.000 HA DE NOUVELLES TERRES
CHAQUE ANNEE
Comme dans le programme cacaoyer,
les contributions respectives
de l'I.F.C.C et de la S.A.T.M~A.C.I ont été déterminantes dans le
programme caféier qui vise à
la reconversion du matériel végétal
par des clones de haut rendement de
lII.F.C.C.

1 1 6
Pour permettre une plus grande diffusion des variétés sélection-
nées,
la S.A.T.M.A.C.I a créé
des centres de bouturage et multiplié
les plants sur toute l'étendue de la zone cafeière.
Dans ses modalités pratiques,
le programme caféier a été scin-
dé en programme A et B.
A)
LE PROGRAMME
"A",
est limité,
dans ses objectifs,
à
la zone
forestière du sud-ouest où les agents de la S.A.T.M.A.C.I assurent
l'encadrement des populations "ennues de la région du barrage de
KOSSOU
(construit sur le fleuve BANDAMA).
Ce programme utilise les méthodes techniques de culture intensi-
ve
(mécanisation,
irrigation,
emploi d'engrais,
entretien régulier
des
ieunes plants,
etc
.. . ),
s'approvisionne uniquement en plants
sélectionnés dont
la productivité à
l'hectare est de 700 Kg en pre-
mière année
de production
(c'est à dire trois ans après la plantation)
~,
1.000 Kg en 2ème année,
1.300 Kg en troisième année,
et 1.500 Kg en
quatrième année de production,
alors que les variétés traditionnelles
n'atteignent 300 Kg/Ha qu'au bout de cinq ans après la plantation.
Le rythme de plantation a été
relativement lent au cours de la
période 1970 -
71 à 1974 -
75
: 500 Ha étaient plantés en 1970-71,
Il
1.000 Ha pour la seule année 1971-72,
puis progressivement 1.500 Ha,
2.000 Ha,
et 2.500 Ha pour les périodes 1972-73,
1973-74,
1974-75;
au,total,
7.500 Ha étaient plantés entre 1970-71 et 1974-75.(1).
(1)
Source
Bulletin ~8 l'Afrique Noire,

656,
1er spp~embre 1971
page 13268

1 1 8
Pendant de nombreuses années
(au moins dix ans),
l'I.F.C.C a
poursuivit des essais d'hybridation dp café "ROBUSTA"
(quis'adapte
aux conditions de températures de l'ordre de 26 à 28°C des régions
for est i ère s i v 0 i rie n n es) a v e c l ' " ARAB ICA " :'. d e Brés i l e t d e Colom b i e
qui réussit moins bien en Côte d'Ivoire
(puisqu'il exige des tempéra-
tures de l'ordre de 20 à 21 0 C qu'on ne trouve pas dans les zones ca-
féières de la Côte d'Ivoire),
mais qui a moins de caféine et un arô-
me plus apprécié.
Un chantier expérimental de 500 Ha a été créé,
les résultats
sont très encourageants,
aussi,
prévoit-on
d'étendre les superficies
de la variété ARABUSTA à partir de 1978.

1 1 9
SECTION III
LES ACTIONS EN FAVEUR DE LA QUALITE
Si la création de la variété hybride ARABUSTA répond à un souci
d'améliorer la qualité du café ivoirien,
un certain nombre d'actions,
notamment celles de la Caisse de Stabilisation et de Soutien des prix
des productions agricoles,
ou encore celles de la Société d'Etudes et
de Réalisations pour l'Industrie Caféière
CS.E.R.I.C)
visent
égale-
ment à améliorer la qualité des produits pour mieux répondre aux exi-
gences des consommateurs.
§.l.
LE PROGRAMME DE LA S.E.R.I.C
Jusqu'ici,
compte tenu du
fait
que
les petites exploitations
familiales sont dispersées dans toute la zone forestière,
et qu'il n'e-
xiste
aucune organisation au niveau de
la production,
les cerises de
café étaient séchées et décortiquées dans les villages.
Le programme de la S.E.R.I.C vise à
répartir dans toutes les
régions productives,
les moyens modernes d'usinage et de décorticage
afin d'éviter à la fois un dépulpage irrégulier,
pénible,
long,
fait
à
l'aide d'appareils rudimentaires de faible
rendement,
un triage ma-
nuel imparfait,
un stockage prolongé dans l'ambiance saline de la zone
portuaire d'Abidjan.
Avant le programme de la S.E.R.I.C,
les activités des usines de
café ne concernaient pas les cerises séchées,
mais des grains sommai-
./ ·

120
rement décortiqués par les producteurs.
-
Avec le programme de la S.E.R.I.C,
les paysans peuvent désor-
mais livrp.r leurs produits en cerises séchées et en toucher immédia-
tement le prix qui est celui fixé
avant le début de chaque campagne
par décret du Ministère de l'Agriculture.
En outre,
la qualité du produit se trouve améliorée grâce à un
usinagp moderne et
un stockage sur les lieux de production dans des
conditions nettement meilleures que celles des entrepôts de la capi-
tale.
Ainsi,
en 1975,
32.000 tonnes ont été traitées dans l'usine de la
S.E.R.I.C à TOUMBOKRO,
près de YAMOU3S0u~O
village natal du Président
HOUPHOUET-BOIGNY.
Enfin,
le Gouvernement envisaqe la création de quelques vingt
cinq décortiqueries d'une capacité de traitement pouvant
varier de 10
à
20.000 tonnes de café usiné
(sans stockage),
le tout représentant
une capacité globale d'environ 315.000 tonnes.
Une douzaine de décortiqueries ét~it opérationnelle au début de
la campagne 1977-78,
lps autres se réaliseront pour la campagne sui-
vante afin d'en doter les principaux centres de production caféière.
L'action en faveur de la qualité serait incomplète si l'on n'é-
voque pas les interventions de
la Caisse de Stabilisation et de Sou-
tien des Prix des Prodcutions Agricoles (C.S.S.P.A),
en particulier
en matièrp. de conditionnement des produits.
./ ·

1 2 1
~. 2. LES INTERVENTIONS DE LA CAISSE DE STABILISATION EN
FAVEUR DE LA QUALITE DES PRODUITS
La notion de qualité est par elle-mme délicate à définir.
Elle
est essentiellement subjective et fait
appel à de nombreux facteurs
élémentaires qui tiennent à la fois
:
· aux variétés des arbustes
aux conditions du terroir et aux techniques culturales appli-
quées
·
aux traitements technologiques des récoltes
·
aux pratiques commerciales
Tous ces différents facteurs doivent tendre à mettre à la dispo-
sition des consommateurs un produit standardisé,
à
la fois dans ses
qualités commerciales (présentation,
homogénéité
dans la forme et la
couleur des produits),
et dans ses qualités gustatives.
Mais c'est surtout aux mesures règlementaires prises dès la cré-
ation des Caisses de Stabilisation des prix du èafé et du cacao (en
septembre 1955)qu'est dûe l'amélioration sensible de la qualité des
produits exportés.
Pour ce qui concerne le café,
environ 99% de la récolte était
composée en 1954,
du "courant",
du "limite",
des "brisures" et seule-
ment l~~ de "supérieur".
Le cacao se trouvait dans une situation pratiquement identique
a v e c cep end a n t
2, 8 ~~ de" s u pé rie ur" .
. /.

1 2 2
Le chemin parcouru est
énorme depuis cette date
· en août 1956,
on abroge l'aurorisation d'exporter la qualité
"limite".
· en juillet 1958,
obligation est faite
aux exportateers agréés
d.' exp 0 rte r
7 5 ~~ d e qua lit é "s u Pé rie ur" pou r
2 5 ~~ d e qua lit é " cou r a n te" .
• le 2 août 1958, on créé un label de qualité
pour le cacao
Les résultats ne se sont pas faits attendre
: pour la cam~agne
1957-58,
on exporte pour le cacao:
34,2% de "supérieur",
63,1~~ de"
"courant" et seulement 2,7% de "brisures".
Pour le café,
les proporti0ns étaient les suivantes
" su Pé rie ur"
14 , 7 ~~
" cou r a nt"
7 8 , 5?~
"limite"
6,8%
Depuis 1966,
les exportations sont exclusivement de qualité su-
périeure;
en 1966,
sur 181.460 tonnes exportées,
on notait 181.455
tonnes de café supérieur et 5 tonnes seulement de courant (1)
A ces mesures règlementaires,
il
faut
ajouter les actions de
contrôle de la C.S.S.P.P.A
Le contrôle exercé par la Caisse
Si à aucune moment la Caisse n'est propriétaire des produits
./ .
(1)
Ces chiffres sont fournis par la "C.I en chiffres" op.
c ti,
Pi
107 et par Marchés TropicauR et Méditérranéens
N
Ou 30.10.71, page 3129
\\ ,
..

.1 2 3
qui sont placés sous sa compétence,
et 80nt elle intervient dans la
régularisation des prix,
notamment le dafé,
le cacao,
le coton,
la ba-
nane,
les produi ts du palmier,
le coprah,
et le tabac,
etc . . . . , en
revanche,
tous ces produits,
qu~ils soient destinés à l'exportation,
à
l a t r·a n s for mat ion 0 u à
lac 0 n som mat ion i nté rie ure,
son t
con t r ô lés
et suivis par les bureaux à l'étranger de la Caisse et par ses ser-
vices de conditionnement de produits à Abidjan~
Les principaux bureaux à l'étranger sont
-
celui de Londres
- celui de Paris,
(Centre Européen de Promotion,
26,
rue Feydau
15002 PARIS)
- celui de New York
(Ivory Coast Stabilization Fund)
Les apports relatjfs à
la recherche agronomique (mise au point
de la variété hybride ARABUSTA),
au traitement des produits (program-
me de la S.E.R.I.C) et à la commercialisation (mesures règlementaires
et contôle de la C.S.S.P.P.A),
ont contribué à améliorer la qualité
du cacao et du café,
si bien que depuis 1967, on ne touve plus dans
les statistiques de la C.S.S.P.P.A qu'une seule rubrique:
le "Supé-
rieur".
./.

1 2 4
CONCLUSION DU CHAPITRE
IV
===============-==~======
Le café et le cacao qui ont été à l'origine de la croissance de
l'économie de la Côte d'Ivoire méritent,
auX yeux des diriqeants ivoi-
riens,
une exceptionnelle attention car,
ils constituent non seulement
pour la majorité
des paysans les seules cultures de rapport,
mais pour
les pouvoirs publics une source importante de devises.
C~est dans ces conditions qu'un effort particulier est entrepris
depuis 1963 pour reconstituer le matériel végétal
vieilli et mettre en
culture de nouvelles terres à partir des variétés améliorées.
D'im-
portants résultats ont été obtenus,
puisque de 27,5 milliards de Franc~
C.F.A en 1960 (18,8 milliards pour le café et 8,7 milliards pour le
cacao),
les recettes d'exportation des deux produits sont passées à
125,5 milliards
en 1974,
avec respectivement 63,218 milliards pour le
café et 62,281 milliards pour le cacao.
Dans le même temps,
le rapport café + cacao/exportation a bais-
sé,
passant de 73,3% en 1960 à 42% en 1974;
rappelons que ce pour-
centage était de 90% en 1955 pour une valeur de 23,1 milliards de
Francs C.F.A sur un total de 25,6 milliards de
recette d'exportation
(l) .
Cette baisse de pourcentage est logique et signifie que l'écon-
nomie ivoirienne s'achemine progressivement vers une diversification
de ses ressources d'exportation.
(1)
Source
B.C.E.A.O,~~otes d'information et statistiques,
Paris,
pour l'année 1955, et la "C.I; en chiffres" op.
cit.
pages 107 et Ill.

1 2 5
Dans les "perspectives décennales de développement économique
et social 1960-70",
la diversification des ressources agricoles est
considérée comme une condition essentielle pour relever le niveau de
vie des populations et rRndre la Côte dl Ivoire moins exposée aux dan-
gera qu'une crise grave de production ou de chute brutale de prix sur
les marchés internationaux fait courir aux pays traditionnellement
voués à la monoculture ou un pombre restreint de cultures.
C'est donc à cette
action de diversification que nous allons
à
présent consacrer le développement qui suit.

- 1 2 6
CHAPITRE V
----------
----------
LA DIVERSIFICATION DES RESSOURCES AGRICOLES J
LIE XHi PL E DU" PLA N PAun ERS A HUI LE"
Me née iconjo in teme n t
a vec le s acti on s de mode r n i sa tion,
l a pol i-
tique de développement des cultures commerciales nouvelles consti-
tue le second volet de la politique de mise en valeur du monde ru-
raI entreprise, au lendemain de l'indépendance,
par les dirigeants
ivoiriens.
L'effort de diversification s'est concentré sur quelques pro-
duits principaux:
le palmier à huile pour accroître à l'avenir
le nombre des produits d'exportation;
le coton et le caoutchouc
pour approvisionner les industries nationales et pour l'exportation
le sucre pour répondre aux besoins intérieurs dans une première é-
tape,
et pour l'exportation ensuite;
enfin le riz,
pour améliorer
li al irne~tation et é li min e rIe sim po r t a t ion seo ût eus es.
Plusieurs organismes publics (ou Sociétés d'Etat) ont été créées
pour la mise en oeuvre des différents programmes de diversification;
chaque Société d'Etat à la charge du développement d'un produit;
dans les limites de sa compétence,
ses attributions sont très variée~
elle défriche,
laboure les terres, construit des barrages, forme
les agriculteurs et les cadres de ce secteur,
fournit aux paysans
des semences ou plants sélectionnés, des engrais, des insecticides
et appateils de traitement;
ainsi la Société pour le Développement
-ot~l'Exploitation du palmier à ~~ile (SOOEPALM), s'occupe des pro-
.1.

127
grammes palmiers et cocotiers,
la Société pour le Développement de
la canne à sucre (SODESUCRE) s'occupe du plan sucrier, etc
....
Alors que le plan sucrier est relativement récent (l'entrée en
production du premier complexe sucrier de FERKESSEDOUGOU,
dans le
nord,
date de 1974-75), le projet intéressant le palmier à huile
est lancé depuis 1962, et représente de loin le plan le plus impor-
tant du programme de diversification agricole.
En nous appuyant sur l'exemple du programme palmier, nous es-
saierons de décrire le système d'organisation adopté par la SODE-
PALM et d'en mesurer l'impulsion donnée au secteur concerné, aux
activités de la région et à l'ensemble de l'économie nationale.

-1 2 8
SECTION l
=========
UN ATOUT MAJEUR POUR L'ECONOMIE:
LE PALMIER A HUILE
Le "plan palmier" s'est donné pour objectif principal d'atté-
nuer la prédominance du café et du cacao dans la production;
pour
cela,
il doit présenter à la fois des performances élevées, des
perspectives d'insertion socio-économique satisfaisantes,
u~e situa-
tion favorable au niveau des débouchés locaux et mondiaux, c'est à
dire que le produit du palmJer doit se pr~ter à la transformation
industrielle sur place permettant ainsi de substituer des denrées
locales à certaines importations comme les savons et, entre autres,
les huiles végétales.
§l. LES CONDITIONS NATURELLES DU PALMIER
En données écologiques, l'élaéis est une espèce aimant les sols
meubles,
profonds,
argilo~sableux ou m~me sableux, à éléments fins.
Les conditions climatiques optimales doivent garantir
des températures moyennes de 25 à 28°C excluant des minima
au dessous de 18°C.
un ensoleillement d'au moins mille huit cents
(1.800)
heures
par an bien réparties

129
et surtout mille huit cents (1.800) millimètres au moins de
pr~cipitations annuelles avec une moyenne mensuelle sup~rieu­
re à 120 millimètres (1)
Dans la partie sud-est, et en particulier dans la zone foresti-
ère du sud-ouest du pays, ces conditions naturelles sont réunies.
En effet, ces r~gions connaissent une grande r~gularité thermique
de 26°C, une pluviosité annuelle partout sup~rieure à 1.800 mm.
§2. L'ACTIVITE PIONNIERE DE L'I.R.H.O EN MATIERE D'ELAEICULTURE
Si le palmier à huile industriel est r~cent en Côte d'Ivoire,
en revanche,
il a exist~ depuis toujours des peuplements naturels
au bord des lagunes ou dans les zones de forêt.
Les services officiels de l'agriculture faisaient déjà ~tat
d'une production de régimes estimée à quelques 280.000 tonnes et
d'une superficie d'environ 700.000 Ha de palmeraies naturelles à
faible rendement.
C'est pour cette raison que depuis la fin de la première guerre
mODdiale,
des tentatives sont faites
pour mettre au point des va-
riét~s à rendement ~lev~.
Cependant,
il fallut attendre la fin de la seconde guerre mon-
diale pour voir le d~but des activit~s de l'Institut de Recherches
./ .
(l)
Source
Bocument SODEPALMj
la "C.I en chiffres", op. ciL
p.17

1 3 a
sur les huiles et les oléagineux
(I.R.H.a) en Côte d'Ivoire:: en
1946, cet organisme français qui rend,
dans tous les pays d'Outre
Mer, des services dans le domaine de la Recherche,
de la mise au
point des variétés végétales, du choix des zones propices aux plan-
tations et de l'assistance technique en général,
reçut de la direc-
tion du Plan du Ministère de la France d'Outre Mer, mission de met-
tre au point, dans les stations expérimentales de LAME et de DABOU,
une variété hybride plus riche que les arbustes naturels en huile
de palme.
E8sùite,
pour lui
permettre d'expérimenter et de contrôler à
grande échelle les résultats des stations de recherches,
on lui cé-
da
gracieusement les plantations de GRAND-DREWIN,
précédemment ex-
ploitées par l'Union Tropicale des Plantations.
L'I.R.H.O a procédé par croisement des variétés sélectionnées
"DURA-DEll" d'Extrême-Orient et des variétés locales bien adaptées
aux conditions climatiques et pédologiques.
La variété hybride obtenue a permis d'améliorer considérablement
le rendement qui est passé de 300 Kg d'huile par hectare,
à 3'tonnes
d'huile dès l'âge de cinq ans.
Ce' sont des variétés à haut rende-
ment qui
constituent le matériel végétal des plantations industriel-
les d'aujourd'hui;
l'exploitation de ces nouvelles variétés exige
l'emploi de méthodes culturales appDopriées,
notamment l'installa-
tion d'une plante de couverture protégeant le sol,
l'entretien cor-
rect des arbres,
l'application de fumure pour la fertilisation du
sol, etc . . . . .


1 3 1
Le palmier que l'on récoltait traditionnellement à partir de
la dixième année de plantation, entre désormais en production a
4 ans en culture rationnelle.
Dans ces conditions, on peut dire qu'à la fin des années 1950,
les stations expérimentales de l'l.R.H.O à DABOU
et LAME, étaient
suffisament équipées pour approvisionner,
en plants semenciers, les
Sociétés d'Etat chargées du dévelppement des plantations industriel-
les du palmier à huile.

SECTION II
==========
L'AIDE A LA PRODUCTION ET A LA DIVERSIFICATION
ET LES SOCIETES D'ETAT
§l.
L'AIDE DE LA C.E.E A LA PRODUCTION ET A LA DIVERSIFICATION
Dès 1958,
les pays membres de la C.E.E ont mis l'accent sur les
possibilités d'écoulement qu'un marché élargi des Six offre aux 0-
léagineux tropicaux des Etats d'Outre Mer associés.
En effet, au
début des annees 1960, la production de matières grasses de la Com-
munauté couvrait à peine la moitié de ses besoins.
Ainsi, en 1960,
pour une consommation estimée à 4.894.000 tonne?
la production était de 2.210.000 tonnes,
soit 44,1% des besoins (1).
C'est pour ces raisons que la C.E.E a accepté d'accorder une aide
à la production et à la diversification aux pays associés, afin de
leur permettre de mieux adapter
leurs productions aux besoins des
marchés intérieurs et extérieurs.
Conformément aux recommandations de la C.E.E,
selon lesquelles
des Sociétés d'Etat spécialisées, créées pour la circonstance,
doi-
vent avoir la charge du développement d'un produit concerné et de
l'encadrement des paysans dans ce secteur,
la C8te-d'Ivoire cree
la SODEPALM.
(1) Source
Marché des oléagineux tropicaux dans la C.E.E - Série.
"Développement de l'Outre-Mer" numéro 4,
Bruxelles
19fifi,
!J.
2n3.

133
§2.
LA SODEPALM
Par décret N° 53-463 du 7 novembre 1963, le Gouvernement ivoi-
rien a créé la "Société pour le Développement et l'Exploitation du
Palmi€r
à l'Huile" - SODEPALM.
Elle est dotée de la personnalité civile et de l'autonomie fi-
nancière,
et di~pose d'un capital de 50 millions de Francs C.F.A,
souscrit par l'ETat Ivoirien;
ce capital sera porté successivement
à 200 millions en 1965, puis
à 400 millions en 1968.
Dès 1964,
elle se substitue à la SATMACI pour la prise en charge du plan pal-
mier.
Précisons que celle-ci fut chargée, dès 1961, d'aménager,
sur crédit F.E.D, environ 4.700 Ha destinés aux premières plantati-
ons de type industriel à intégrer dans le plan plamier.
- Elle reprend également les marchés de la S.A.T.M.A.C.I en
matière de palmier et signe un accord avec l 'I.R.H.O pour obtenir
à la fois assistance technique et plants sélectionnés.
- En matière de financement,
elle obtient de la C.E.E une aide
non remboursable de 8,1 Milliards de Francs C.F.A
(1),
soit 90% du
coût d'un projet portant
création de 32.000 Ha de palmeraies
industrielles et villageoises.
Elle obtient aussi crédits
de la Banque Mondiale
(3,1 Mds),
de la Caisse Centrale de Coopération Economique
(France)
(2,07 Mds),
et de la République de la Côte d'Ivoire
(dotation du Budget Spécial
d'Investissement et d'Equipement - B.S.I.E -
(4,83 Mds)
(2).
./ .
( l )
Source
Revue Europe - France Outre Mer N° 424, mai 65,
P.
39
( 2 ) :
" ,
Marchés Tropicaux et Méditérranéens, N° 1955 - 30.10.71
p.
3149.

1 3 4
On remarquera qu'à cette epoque,
les activités de la nouvelle
société étaient très variées: en effet, elles concernaient non
seulement les contrats signés avec des groupes privés (Exemple de
l'accord passé avec l'I.R.H.O), mais toutes les opérations inté-
ressant le palmier depuis la création des plantations jusqu'à la
commercialisation des produits.
Mais très vite s'impose la nécessité d'une action de grande en-
vergure en faveur de la production d'huile de palme.
En effet, ou-
tre les perspectives favorables qu'offre le marché élargi des six
pays membres de la C.E.E,
le marché ivoirien connait un grave défi-
cit en matière grasse: La firme BLOHN,
(Huileries et Savonneries
des Lagunes),
nia assuré son expansion,
au cours de la période 1950-
1960, que par des importations en provenance du DAHOMEY, de l'ex-
CONGO BELGE et du SENEGAL.
L'ampleur prise par le "Plan Palmier" entraine modification des
structures de la Société SODEPALM.
Ainsi,
dès 1967, le principe
de la répartition des t~chelentre trois sociétés spécialisées est
acquis;
leur statuts sont définis en 1968 et approuvés par l'Assem-
blée Nationale Ivoirienne en mars 1969 .
Les trois sociétés sont :
. la SODEPALM
la PALMlndustrie
la PALMlvoire
§3.
LES ATTRIBUTIONS RESPECTIVES DES TROIS SOCIETES
Les attributions de la SODEPALM :
A)
- - - - -
-
-
-
- -
- - - - - -
La SODEPALM est une Société d'Etat; elle a la charge

1 ;
5
du plan palmier: c'est elle quiassure la direction du groupe SODE-
PALM,
PALMIvoire,
PLAMIndustrie;
elle est propriétaire des planta-
tions industrielles créées dans le cadre du "Plan Palmier" sous re
serve du versement à un Fonds Spécial,
le "Fonds d'Extension et de
Renouvellement"
(F.E.R) créé en juin 1969, d'une redevance de 80
centimes par kilogramme de régime produit jusqu'à concurrence des
dotations reçues du F.E.D et du Budget Spécial d'Investissement et
d'Equipement
(B.S.I.E) de la République de Côte d'Ivoire.
Ce fonds doit permettre le développement rapide du palmier à
huile et favoriser
la création d'industries connexes.
Dans le cadre de ses attributions,
la SODEPALM reçoit,
dès sa
création, la responsabilit~ des palmeraies villageoises, et plus
tard, en 1967, celle du "plan cocotier".
C'est elle qui assure la
fourniture des plants sélectionnés,
d'engrais,
de cadres techniques;
elle achète les productions
(régimes et noix de coco) et les fait
usiner.
B)
La PALMlndustrie
est une société d'économie mixte dotée d'un
capital de 2,5 milliards de Francs C.F.A dont plus de la moitié est
souscrite par l'Etat Ivoirien;
elle est propriétaire des huileries
et des stations de stockage du "plan palmier".
c)
La PALMIvoire est également une société d'économie mixte; elle
est dotée d'un capital social de 50 millions de Francs C.F.A, dont
20 sont apportés par la Côte d'Ivoire.
Elle est chargée par la SO-
DEPALM d'assurer l'exploitation des plantations industrielles de
palmiers; et par PALMIndustri<;... de la gestion des Huileries.
En outre,
./ .

1 3 6
PALMIvoire est chargée de la commercialisation de toute la produc-
tiûn et intervient au niveau des investissements.
Ajoutons qu'en plus du
"Fonds d'Extension et de Renouvellement"
(F.E.R), deux autres fonds ont été créés en 1969, en même temps que
les deux sociétés d 1 économie mixte
(PLAMIndustrie et PALMIvoire)
le "Fonds de Développement Agricole" et le "Fonds Social".
- Le"Fonds Social l'est alimenté par l'Etat Ivoirien à partir des
dividendes qu'il pp.rçoit en sa qUâlité d'actionnaire du groupe SO-
DEPALM,
PALMIndustrie et PLAMIvoirej
il est destiné à financer l'in
frastructure économique et sociale au bénéfice des salariés des
blocs industrieh et des populations rurales résidant dans les ré-
gions concernées p8r le "plan palmier".
- Le "Fonds de Développement Agricole" reçoi t, ,quant à lui,
75% des dividendes perçus par l'Etat en sa qualité d'actionnaire
des trois sociétés responsables de l'ensemble du
programme palmier;
ce fonds sert à financer des actions générales de développement ag-
ricole dans les régions non concernées par la culture du
palmier.
Si le programme se déroule selon les prévisions, comme il faut
le souhaiter, il devra permettre, grâce à cette remarquable structu-
re que nous venons de décrire,
de porter les efforts dE ffioderni~a­
tions et de diversification des structures agricoles dans les région~
jusqu'ici délaissées,
en particulier dans les régions septentriona-
les du pays afin que la population ivoirienne toute entière puisse
bénéficier des fruits de la croissance économique,
./ .

1 3 7
SECTION III
===========
LE MODE D'EXP~OITATION
DES PALMERAIES
Le système adopté dans le cadre du "plan palmier" par le Gou-
vernement ivoirien est la création de deux types de plantations
:
- les plantations industrielles
- les plantations villageoises
§l. LES PALMERAIES INDUSTRIELLES
A)
L'organisation du
t~avail
:
Rappèlons pour mémoire que les plantations industrielles sont
la propriété de la SODEPALM.
Pour ce qui est de l'organisation du travail,
la nécessité d'un
traitement très rapide des régimes récoltés (2u heures après la coupe
pour éviter le processus
d 1 accidification du fruit,
a conduit à créej
des huileries et à concentrer autour de chacune d'elles des planta-
t ion s dit e sin dus tri e Ile s des u p e r .fi cie s m0 yen n e s d e 3. 00 0 Ha ~nv i r 0 n
capables de produi~e quelques 42.000 tonnes de régimes (soit 14.000
tonnes par Ha~ et employant près de 500 personnes, dont les manoeuvre<
payables à la journée, constituent le plus grand nombre.
Ce personnel est spécialisé dans divers travaux de récolte,
d'en-
tretien (des plants et des pistes),
de luttre phyto-sanitaire, et
même d'élevage;
car depuis 1973, les palmeraies
de la 50·-

1 3 8
DEPALM fonctionnement comme un ranch de sélection et de multiplica-
tion de bovins de races "BAOULE" et "N'DAMA".
L'ensemble de ce personnel est placé sous la responsabilité
d ' un" che f
d e pla n t a t ion" a s sis t é par des "a s sis t a :Î .t s ". d e pla n t a t ion
qui ont la
charge directe de la bonne marche des travaux;
ceux-ci
sont secondés à leur tour par des "surveillants" qui ont la respon-
sabilité des équipes de manoeuvres.
Cette organisation s'ins~ire des expériences acquises par 1'1.
R.H.O dans ses stations expérimentales et pratique un salariat fai-
sant appel à une main d'oeuvre en majorité immigrée dont la SODE-
PALM assure l'hébergement à proximité des lieux de travail,
dans
des centres dotés d'infrastructures socio-culturelles tels le dis-
pensaire,
le marché,
l'école,
l'édifice du culte, des terrains de
sport, etc ...
Grâce à une stricte organisation du travail,
la progression des
plantations a été très forte à partir de 1964, date à laquelle la
SODEPALM a repris à son compte les 2.504 Ha
(1.278 Ha de plantations
de type industriel et 1.226 Ha de plantations villageoises)
am~nagés
par la S.A.T.M.A.C.I avant 1963 à ELOKA et à LA TOUMANGUIE
De 1.278 Ha,
les plantations industrielles sont passees à

1 3 9
6;599 Ha en 1965,
25.607 Ha en 1968, 34.707 Ha en 1970 et 54.707 Ha
en 1975.
(l)
B)
En
ce gui concerne la production,
les premières plantations
industrielles du
"plan palmier" entrées en production sont celles
d'ELOKA qui ont fourni
en 1968, avec les plantations villageoises,
environ 19.439 tonnes de
régimes pour 3.563 tonnes d'huile.
Pour assurer la transformation de ces régimes,
trois huileries
ont été successivement mises en service a ELOKA,
en janvier 1968
( 20
tonnes de régimes/heure),
à LA TOUMANGUIE en janvier 1969 et a
ANGUEDEDOU,
en mars 1969;
ces deux dernières huileries
ont égale-
ment une capacité de traitement de 20 tonnes/heure,
tandis que la
qua tr i ème, mis e en s e r vic eau d é but dei 970,
n' a a p po r té qu' une ca-
pacité supplémentaire de 10 tonnes/heure:
A la fin de 1970, c'est une capacité supplémentaire totale de
70 tonnes de régimes par heure qui est
venue renforcer la c2pacité
de trai tement des six petites usines existantes, à savoir l'usine
du
groupe BLOHORN à COSROU - près de DA BOU - d'une capacité de 12
tonnes/heure
(entrée en service en 1967), celles de l'loR.H.O (au
nombre de trois),
l'usine des plantations et huileries de CBte d'I-
voire (P.H.C.I)
et l'usine de la Compagnie Fermière des Huileries
de Palme
(C.F.H.P).
Il
est évident qu'au fur et à mesure que les
nouvelles huileries du
grou~e SODEPALM,
PALMlndustrie et PLAMlvoire,
entreront en service,
la pari de la production d'huile des six an-
ciennes huileries décroîtra.
En 1969,
alors que deux usines seulement de PALMlndustrie étaient
( 1)
Source
DOCument SODEPALM,
repris par l'ouvrage la "C.I en chif·
fres"
page 123.

140
en service,
les parts respectives des usines dans la production
ivoirienne d'huile de palme et de palmiste étaient les suivantes
TABLEAU V
-
- -
- -
- -
- -
- -
- -
- -
- -
-
Tableau 5 ( 1).
PRODUCTION
EN
tONN~S
1 USINES
HUILE
PALMISTE
1
l . R . H. 0 a ve c 3 usines
2.307
661
('0
Fermière des huileries
7.059
2.671
de palme
2 usines de g rou pe BLOHORN
3.380
906
(P.H.C.I et S.P.H.B)
PALMIndustrie
(2
usines)
8.695
2.019
1
TOTAL
21.441
6.257
L -
~
En 1969, les huileries du "plan palmier" fournissaient déjà pluS
de 40% de la production ivoirienne.
Au
cours de la période 1969-1974,
le groupe SODEPALM-PALMlndus-
trie a mis en service ~ept autres usines tandis que certaines des
huileries existantes cessaient le service.
Au
total,
onze huileries
étaient en fonctionnement en 1974
neuf appartenaient au groupe PALMlndustrie,
une
au groupe BLOHORN
et une à
l'l.R.H.O
(1)
Tableau 5
Source Marché Tropicaux et Méditerranéens,
30.10.71
page 3150.

1 4 1
La mise en service progressive èes usines du
groupe SODEPALM-
PALMIndustrie a été
liée à l'entrée en production des nouvelles
plantations du "plan palmier" ~t à la forte progression qu la connu
l'ensem~le de la production au cours de la période 1968-1974.
Ci-dessous l'évolution de la production des plantations indus-
tri e Il es et v i Il a 9 eo i ses du
" pl a n pal mi e r "
TABLEAU VI
----------
----------
PRODUCTION
EN
TONNES
MJNEE S
REGUlES
HUILES
PALMISTES
1968
19.439
3.563
720
1969
45.348
8.695
2.019
1970
132.275
24.460
5.018
1971
186.981
38.153
8.310
1972
331.574
67.701
13.429
1973
400.155
85.190
17.439
1974
620.000
129.000
25.759
Source: Document SODEPAU1,
repris par l'ouvrage "La Côte d'I-
-----
voire en chiffres ", Ed.
1976,
Page 123, Ministère du Plan-Abidjan.
- En 1974,
la production d'huile des onze huileries de la Côte
d'Ivoire a atteint 140.000 tonnes dont:
129 tonnes pour le
groupe
PAL 11 l ndus tri e
co mm e l ' i n d i que 1 e t a b 1 eau 6 , 4 . 000 ton n e s pou r 1 1 l .
• 1 .

1 4 2
R.H.O; 6.200 tonnes pour le groupe BlOHORN (1).
De 40% de la production nationale en 1969, la part des huileries
du "plan plamier" est passée à 92,14% e8 1974.
C) Commercialisation
A cette date.
(1974), la Côte d'Ivoire a exporté 88.000 tonnes
d 'huile de palme et quelques 26.000 tonnes d'amandes de palmistes,
c e qui a fai t
d'elle
:
- le troisième exportateur mondial d'huile de palme derriè-
re la MALAISIE
(avec 816.000 tonnes) et l'INDONESIE
(261.000 ton..-,
nes),
le premier en Afrique devant le ZAIRE
(66.000 tonnes);
en
1969, la C6te d'Ivoire nl~ccupait que le 9ème rang dans le monde et
le 6ème en Afrique.
Pour ce qui
concerne l'amande du palmiste,
elle a progressé du
sème rang mondial au 4~me rang, et du 6ème rang en Afrique au 3ème
de 1969 à 1974.
(2)
le tableau ci-après nous résume la progression des exportations
d'huile et de palmistes.
. 1 .
(1)
Mensuel d'informations agricoles "Afrique Agriculture"
N° 16, décembre 1976,
P. 51.
( 2 )
"
Statistique "OIl WORlD", décembre 1974;
"c . l en chi f f r es" 0 p. ci t. p. 120 et 121, et d a cu men t
SODEPAlM.

143
EVOLUTION DES EXPORTATIONS IVOIRIENNES D'HUILE ET DE PALMISTES
CLASSEMENT DANS LE MONDE ET EN AFRIQUE.
f\\.tHlE ES
HUILE
DE
PALME
PALMISTES
Exportations
Rang
Rang en
Exportations
Rang
Rang en
(en tonnes)
mondial Afrique
(en tonnes)
mondial Afriqut
1969
2.000
9ème
6ème
13.000
Sème
6ème
1970
12.000
6ème
3ème
18.000
6ème
4ème
1971
28.000
5ème
2ème
19.000
4ème
3ème
1972
47.000
5ème
2ème
21.000
4ème
3ème
1973
56.000
5ème
2ème
24.000
4ème
3ème
1974
88.000
3ème
1er
26.000
4ème
3ème
1
Source
- Document SODEPALM
- La "Côte d'Ivoire en chiffres" Ed.
1976,
p. 120 et 121.
REMARQUE: avec 66.000 tonnes d'huile,
le ZAIRE est le 2ème exporta-
teur en AfrJque, alors que le NIGERIA est le premier exportateur d'a
mandes de palmistes avec 120.000 tonnes eevant la SIERRA LEONE qui
en Rxporte 31.000 tonnes.
On
voit, apres ce rapide examen de l'évolution des superficies
plantées, de la production, de la transformation et de la commerciali-

144
sation des produits,
quel est le chemin parcouru
par la Côte d'Ivoi-
re en matière de l'élaéiculture depuis la création en novembre 1963
de la Société d'Etat SODEPALM qui est également responsable,
rappe-
lons-le, des palmeraies villageoises.
§2. LES PALMERAIES VILLAGEOISES
A) Organisation des plantations et Prestations à la charge
des planteuDs
Quand la SODEPALM a pris en
charge le
"plan palmier" en 1964,
elle a hérit~ de la S.A.T.M.A.C.I environ 1.226 Ha de palmcrai?s
vil-
lageoises.
Celles-ci sont localis~es dans la r~gion d'ABOISSO (TOU -
MAN GUI E ),
d' ALE PE (L,A. ME),
d e BHl GER VIL LE (E L01< A).
A1 0 r s que 1 e s
plantations industrielles sont la proriété de
la SODEPALM,
ces types
de palltlérides
(villageoises) sont la propriété des planteurs de la
région concernée par le "plan palmier" qui désirent praUquer la cul-
ture du palmier.
D'une superficie moyenne d'environ 4 H~ chacune,
ces plantations sont groupées par
secteurS autour des huileries,
dani un
rayon maximum de vingt kilomètres pour répondre aux besoins
du
transport et à la nécessité d'un
traitement rapide des régimes.
Chaque secteur est placé sous la
responsabilité d'un
"chef de sec-
teur" qui est compétent pour toutes les questions
relatives à la mise
en culture de nouvelles terres, aux travaux de récoltes,
aux relations
avec l'usine,
e t c . . . .
Il est assisté par un chef adjoint de sec-
teur,
par des commis et des
chefs de groupe qui sont ses représentants
sur le terrrain ou auprès des villageois à ~ui ils dispensent des

145
conseils et fournissent des plants, des engrais,
des graines de cou-
verture et du matériel de luttes phyto-sanitaires.
Les planteurs qui bénéficient des prestations et prêts de la SO-
DEPALM sont rtenus de respecter les méthodes et techniques qu'ensei-
gn en t les an i mat e u :r s deI a s 0 ci été.
En outre,
ils ont à leur charge les frais d'aide et d'assistance
technique, mais le Gouvernement a dêcidé de n'imposer que le temb6ur-
sement de la moitié de cette somme selon des modalités très avanta-
geuses,
notamment par versements annuels pendant 12 annêes.
Enfin,
les planteurs ont aussi,
à leur charge, la protection de
leurs cultures contre les maladies,
notamment la "pourriture de la
Flèche", l'entretien des plantations et des pistes,
la récolte des
régimes,
la fertilisation du sol,
etc
...
Cette organisation montre que le succes des plantations
villa-
geoises dépend à la fois de l'aide effective de la SODEPALM, de la
compétence et de la' loyauté de son personnel d'encadrement,
et sur-
.. ";
tout des planteurs à' qui on demande un travail assez considérable,
si l'on en juge par les prestations à leur charge sus-énumérées.
B) Extension des surfaces plantées et production
Si l'opération "plantations villageoises" remonte,
en 1961 avec
les premières réalisations effectuées par la S~A.T.M.A.C.I, c'est à
par tir deI 964 ~~e men t que cet y pe d e pla n t a t ion a con nus 0 n vé r i -
1
table essor.
En e~fet,
en 1964, quand la SODEPALM est devenue res

-
1 4 6
ponsable du "plan palmier", il n'existait que 1.226 Ha
(1)
de palme-
ra i es
vi lIa 9 e 0 i ses r é par t i e s en 6 7 l
pa r c e Il e s ~ ( con t rel • 2 78 Ha pou r
les plantations industrielles appartena~t à la SODEPALM).
Au cours de cette
~
meme annee, 455 parcelles couvrant une superfi-
cie de 7 62 Ha ont été am~nagées, portant le nombre de parcelles. à
1.126 et la surface plantée à 1.988 Ha.
Le rythme des plantations
s'est accéléré jusqu'en 1969, aate à laquelle la SODEPALM s'est vue
confiée le plan cocotier.
En 1970,
environ 17.350 Ha
de plantations
villageaises existaient
ce qui était considéré
par les pouvoirs publics comme les objectifs
des "perspectives décennales de
développement
1960-1970" en matière
de
palmier à
huile.
TABLEAU VIII
------------
------------
EXTENSIONS DES SURFACES PLANTEES ET NOMBRE DE PARCELLES OUVERTES
(1964-1969)
avant
1964
. 1965
1966
l 1967
1968
1969
1964
Superficie
t
762
1.167
2.359
3. o~n
3.491
3.009
annuelle
To tal
cumu l é 1.226
1.988
3.155
5.514
8.605
12.096
1'.105
Nombre de
pa r cell es
671
455
607
1.126
1.523
1.73'7
1.535
(annuel)
Total cumulé
671
1.126 1
1.733
2.859
4.482 1
6.221
7.756
1
~
Sources
SODEPALM-PALMIvoire;
"Les oléagineux dans les pays d'Afri-
(1)
Document SODEPALM-PALMIvoire;
La
"C~I en chiffres" op;
cit.
p. 123

14 7
• , ··.f
que ocëidentale associés à la C.E.E;
la production, le
commerce,
la
t ra n s for mat ion des r r 0 d u i t s" Y. PEN AU T ,B'à rd eau x l 974, p.
Il 38 -
(Thèse de géographie),
- Au niveau de la production,
les premiers palmiers des secteurs
d'ELOKA et de LA TOUMANGUIE fournissent leurs récoltes dès 1966, soit
1.367 tonnes de régimes.
Cette production a progressé constamment
pour atteindre 13.734 tonnes en 1968 sur une production totale de
19.439 tonnes pour l'ensemble des plantations industrielles et
vi1-
lageoises.
Selon un
rapport SODEPALM 1970, les rendements des palmeraies
villageoises sont satisfaisants puisqu'en 1968,
2.682 Ha en produc-
tion ont procuré 13.374 tonnes de régimes,
soit 5,12 tonnes par Ha
en moyenne,
et qu'en 1970, 5.501 Ha en exploitation ent fourni
32.892 tonnes,
soit environ 6 tonnes à l'Ha en moyenne.
Au
total,
132.275 tonhes de régimes
(1) ont étÉ
récoltés en1970 (32.892 tonnes
pour les plantations villageoises et 99.383 pour les palmeraies in-
dustrielles),
alors que les prévisions portaient sur 135.000 tonnes
de régimes.
La production représentait donc 92% des prévisions en
t~70.
Lancées par.les pouvoIrs publics pour répondre à tin-désir d'a-
n1mation
rurale,
les palmeraies villageol'ses,
d esservies par les
huileries des blocs industriels, s'associent désormais à un
ensem-
ble d'unités de production modernesqui privilégie les planteurs des
régions du "plan palmier".
Alors qu'ils n'étaient que 4.000 en 1970,
les planteurs villageois sont passés à pre's de 7.730 en 1';)75, culti-
vant 34.000 Ha de plantation, ce quI représente pour chaque super-
ficie d ~xploitation environ 4 4 Ha. (1)
l
'
A
(1)
cf Tableau VI, mem e s sou r ce s

148
CONCLUSION DU CHAPITRE V
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Les efforts conjugués et de la recherche agronomique en
vue d'a-
méliorer la
variété végétale, et de la· rationalisation des cultures
ont permis de faire du plan palmier "le fer de lance'! de la politi-
que ivoirienne de diversification des productions et exportations
agricoles définie par les "perspectives décennales de développement
économique et social 1960-1970".
Relevant autrefois de la cueillette et réservée à l'autoconsom-
mation,
l'huile ~e palme est produite aujourd'hui par un ensemble
industriel de onze huileries qui ont pour objectifs non seulement
de satisfaire les besoins intérieurs
(approvisionnement en huile
brute du groupe BLOHORN
(H.S.L),
Huileries et Savonneries des Lagu~
nes), mais aussi d'exporter afin de procurer au pays des devises né-
cessaires à l'acquisition de biens et denrées qui ne sont pas
pro-
duits sur place.
Ainsi,
la production d'huile qui a atteint 140.000 tonnes
(l)en
1974-75 (avec 129.000 tonnes pour le groupe SODEPALM, 4.000 tonnes
pour l'I.R.H.U et 6.2UO tonnes pour le groupe BLOHORN) a permis de
commercialiser 52.000 tonnes d'huile sur le marché intérieur et d'en
exporter
88.000 tonnes pour un montant de
près de quinze ~illiards
de Francs C.F.A
(1); cette quantité produite a aussi permis à la Cô-
te d'Ivoire de se classer au 3eme rang des exportateurs mondiaux et
au premier rang en Afrique devantle ZAIRE
(voir tableau VII).
( 1) Sou r ce
La
"C.I en
chiffres" ouvr. ciL
p. 120

14 9
En outre,
depuis 1973, les palmeraies du groupe SODEPALM fonction-
nent comme un centre de sélection et de multiplication de bovins de
races
(BAOULE et N'DAMA)
dont l'objectif est de fournir 50.000 bovins
sur 100.000 Ha et 1.000 tonnes de viande p~r an.
De cette analyse des actions de diversification de la production
agricole,
il
ressort deux lignes directrices:
- d'une part la volonté des dirigeants ivoiriens de déve-
lopper des cultures nouvelles d'exportation ayant des débouchés cer-
tains sur les marchés internationaux et par là même atténuer les a-
léas des
rentrées de devises qui sont de nature à contrarier la pla-
nification des projets de développement.
- d'autre part favoriser l'implantation d'une agro-indus
trie de pointe capable de satisfaire les besoins du marché intérieur
et d'exporter des denrées valorisées par l~ur transformation sur pla-
ce.
Dans ces perspectives,
le plan palmier ne constitue qu'un élément
d'une politique visant à dévelpper une série de cultures à la fois
vivrières et d'exportation que le programme du riz et le plan canne
à sucre viendront tour à tour compléter et consolider.
Dans la suite de notre étude,
nous mettrons l'accent sur l'inci-
dence de cette politique agricole sur l'économie nationale.

1 5 g
*
TITRE SECOND
============
LE ROLE DE L'AGRICULTURE
DANS LA CROISSANCE DE L'ECONOMIE
IVOIRIENNE
Observations de caractère général
sur le processus de croissance économique
A) Définition
Selon l'O.C.D.E,
la croissance économique se définit comme "Une
progression soutenue et importante du produit d'une économie,
telle
qu'elle se reflète dans les comptes nationaux"
(1).
Par pro g r e s s ion "s.a u t en u e ",on e n t end u n a c c roi s sem e n t
qui p e r -
siste pendant une longue période mêmesi des mouvements cycliques in~
terviennent au cours de 'cette période.
B) ~omment l'agriculture peut-elle contribuer à la croissance
économique ?
L'agriculture peut contribuer à la croissance en améliorant son
efficience et en libérant des ressources au profit d'autres secteurs,
ainsi qu'en adaptant le niveau et la composition de sa production à
(1) O.C.D.E,
"agriculture et croissance économique"
Rapport d'un
groupe d'experts,
diffusé au sein de l'O.C.D.E sous la côte AGR
(65)
12 et CPE
(65)',
1965,
p. 18.

1 5 1
la demande.
Adaptations continues des techniques,
de la structure,
de la com-
position et du coût de la production agricole,
tels sont,
en défini-
tive,
les éléments qui constituent la base de la contribution de
l'agriculture à
une croissance équilibrée de l'économie.
Pour la réalisation de tous ces éléments,
les Pouvoirs Publics
ivoiriens ont concentré d'importants efforts sur le secteur agricole
qui
se caractérisait,
à
l'époque de
l'indépendance,
par une organi-
sation traditionnelle,
une technique culturale archaique,
une insuf-
fisance d'équipement et une multitude de petites exploitations de trè
faible productivité,
faisant appel
surtout dans le quart sud-ouest du
pays,
c'est à dire chez
les peuples lagunaires et ceux de l'ouest fo-
restier,
à
presque tous les membres de la famille
pour les travaux
champêtres quotidiens.
Cette étude de la contribution de l'agriculture à la croissance
économique comprendra deux chapitres:
Ch.
1) Les crédits consacrés au secteur agricole et l'essor des
productions vivrières et d'exportation
ch.
II) L'agriculture, base de l'industrie ivoirienne
Ce chapitre nous permettra de montrer que l'industrialisation de
la Côte d'Ivoire est l'aboutissement de la politique d'appel aux ca-
pitaux étrangers et surtout de la confiance qu'inspire l'économie
ivoirienne aux fournisseurs de fonds.

1 5 2
CHAj:ITRE VI
- - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - -
LES CREDITS DE DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET
- - - - - - - - - - - - -
ET L'ESSOR DES PRODUCTIONS VIVRIER ES
ET D' EXP 0 RTAT1 0 !'I
n~ns nos pays Fn voie de d{veloppement, l'investissement consti-
tue un moyen essentiel
pour briser une organisation économique
tra-
ditionnelle et réaliser des changements de structures qui
sont le
signe du d~veloppement.
Le probl~rne particulier qui consiste à transformer l 'ogricultu-
re en vue d'assurer une production plus abondante
prend alors unc
ampleur accrue du
fait
de l'importance relative du
secteur agricole
dans ces économies et surtout des conditions qui
existent à l'inté-
rieur même de ce secteur.
Deux sections composeront ce chapitre
-
l'importance des crédits de développement agricole
(section 1)
l'agriculture,
secteur des
productions
vivri~res et d'expor-
tation
(section II).

-
1 5 3
SECnOtl l
LES CREDITS DE DEVELOPPEMENT AGRICOLE
Selon Sam i r
AtH N,
"1 e f ait que l ' a 9 r i cul t r e t rad i ti 0 n n e Ile
n' ait
pas encore démarré est,
en définitive,
la
vraie cause des diffi-
cuItés du rvlALI"
(1).
Il semble en effet que,
dans
la majorité des
pays en retard de
développement,
une série d'obstacle d'ordre géographique,
technique,
socio-économique se conjuguent pour freiner
les
transformations des
structures agricoles,
ce qui
constitue un v~ritable goulot d'étran-
glement
pour le décollage économique de ces pays.
C'est pourquoi,
pour leur part,
apr~s avoir tiré de l'enseignement des autres des
leçons selon lesquelles un secteur agricole suffisamment
productif
est nécessaire au cours de la
phase initiale du
développement,
les
dirigeantSi~oiriens ont concentré l'essentiel des investissements
sur l'amélioration des structures de l'agriculture considérée comme
le secteur clef de l'économie du
pays.
- - - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - - -
(1) Samir AMltJ "Trois éxpériences de développement en Afrique"
P.U.F,
Paris
1965,
p.
129

1 5 4
§.l.
ENTRE 1960 et 1975, ENVIRON 25% DES RESSOURCES PUBLIQUES
ONT ETE AFFECTEES A L'AGRICULTURE
De 1960 à 1975 inclus,
plus des deux tiers des crédits B.S.I.E *
(Budget Special d'Investissement et d'Equipement),
soit 262,900 mil-
liards de francs C.F.A (1) courants ont été consacrés au
"dévelop-
pement économique".
Précisons que le secteur "Développement Econo-
mique" comprend aussi bien les opérations int€ressant
directement
l'agriculture,
l'élevage,
la pêche,
la forêt que les opérations rou-
tières,
ferrov'iaires,
fluviales,
portuaires,
hydrauliques,
d'urba-
nisme et d'édilité.
Si le secteur "Développement Economique" a connu une évolution
soutneue au cours de la période 1960-75,
les investissements de B.S.
I.E,
affectés au "développement agricole",
qui intéressent directe-
ment notre étude,
se sont fortement accrus entre la première et la
deuxième décennie,
puis se sont stabilisés.
1961
1965 inclus 16,86 %
1966
1970 inclus 26,41 %
1971 -
1975 inclus 26,39 %
* B.S.I.E : Budget Special d'Investissement et d\\Equi~ement d~crit
l'ensemble des opérations directement financées par l
Etat;
11 por-
te sur des crédits provenant des recettes intérieure~ 9érées par le
Trésor Public et ceux qui découlent des recettes exterleures gérées
par la Caisse Autonome d'Amortissement
(C.A.A)

1 5 5
Cette évolution est confirmée par les données suivantes
l~ê~~~~_~~_2
- - - - - - - - - - - -
Ar née
Crédits consacres au
dont secteur
développement économique
primaire
1960
3.514 millions C . F . A
940 m~llions C.F.A
1961
2.828
"
"
510
"
"
1962
8.164
"
"
1.025
"
"
3.025
"
"
501
"
' "
1963
1964
7.920
"
"
2.518
"
"
8.953
"
"
655
"
"
1965
1966
8.648
"
"
1.839
"
"
Il. 809
"
"
3.344
"
"
1967
1968
15.988
"
"
6.421
"
"
1969
19.791
"
"
4.362
"
"
1970
26.214
"
"
5.806
"
"
1971
28.382
"
"
6.193
"
"
25.373
"
"
4.479
"
"
1972
1973
26.137
"
"
6.884
"
"
1974
28.576
"
"
7.996
"
"
1975
37.578
"
"
12.996 "
"
"
TOTAL
262.900 millions C.F.A
. 66.469 millions C.F.A
Selon notre tableau N° 9,
les crédits cumulés consacrés au sec-
teur primaire dans le cadre du Budget Special d'Investissement et
d'Equipement entre 1960 et 1975 ont atteint un montant de 66,469 mil-
liards de francs C.F.A courants.
La répartition de ces dotations par opérations agricoles est re-
présentée dans le tableau
(N° 10).
./ .
Sources du tableau N° 9 : Compte de la Nation -
Marchés tropicaux et
Méditérranéens "Investissements en C.I"
N°1563 -
15.10.75,
p.
2981

5 6
VENTILATION DES INVESTISSEMENTS PUBLICS
(B.S.I.E)
PAR OPERATIONS
============
(En millions de Francs C.F.A)
%
j
M.F.C.F.A
1 - - - - - - - - - - - - - - - - - - \\ - - - - - + - - - - - - : -
D~veloppement g~n~ral
f
des cu 1 tu r es
. . . . . • . . . . • . . • . . . . • . . . . . . . .
43.241
65,05
o
Op~rations intégr~es et
op~rations diverses
.. 12 .685._
19,08
Elevage
lf1!1.• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
.
2.995
4,51
~
Pêche
(non compris
pisciculture)
.
585
0,88
°pér at i on s fores tiè re s
.
6~963
10,48
TOTAL
. . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . • .
66.469
100,00
L
c - - - - - : - -
+ - -
___
Précisons que le domaine "Développement Général des Cultures"
o
couvre 01 'ensemble des produits locaux,
mais plus spécialement le
coton,
1 es oléagineux,
l'hévéa,
la canne à sucre,
l'ananas,
la ba-
nane et le riz.
Po~ les opérations café et cacao, le financement est souvent
./ .
* Ces chiffres sont fournis par: Le Ministère du Plan, Abidjan
et Marchés tropicaux et méditerannéens,
op.
cit.
p.
2983

1 5 7
assuré
directement par
la Caisse de Stabilisation et de Soutien des
Prix des Productions Agricoles (C.S.S.P.P.A).
Dans ce secteur "Développement Général des Cultures",
la dota-
tion de 43.241 millions de francs C.F.A peut se répartir,
par pro-
duits,
de façon suivante:
PRODUITS
MILLIONS C . F . A
Opérations concernant:
riz
13.550
1
"
"
oléagineux
8.410
"
ft
dont:
palmier a huile
6.690
"
"
"
cocotier
1.720
"
"
coton
·J:.850
"
"
fruits
tropicaux
(bananes,ananas)
"
"
et canne a suc r e
3.450
- 0
-
-
-
-
"
"
kénaf
2.970
"
"
hévéa
2.780
" café,cacao, arboriculture fruitière
cultures maraîchères,
productions
mixtes,
etc
. . .
'8.231
1
TOTAL
43.241
On remarquera la forte dotation en ce qui concerne le riz
~
les
programmes oléagineux,
notammement celui
relatif au palmier à huile;
énorme effort également en ce qui concerne l'ensemble des produits
(café,
cacao,
cultures fruitières et mara1chaires
dotation
8.231
millions de francs C.F.A);
la canne à
sucre occupe une place
. / .
* Source
Marchés tropicaux et méditerranéens,
N° 1563 du 24.10.75
p.
2983

158
importante avec près de 3,5 milliards de
francs de dotation;
préci-
sons que la canne à sucre est une production toute nouvelle en Cô-
te d'Ivoire puisque la première usine (celle de FERKESSEDoUGoU 1)
n'est entrée en production qu'en décembre 1974 -
elle a fourni,
pour cette première année de service, 4.900 tonnes de sucre (1),
l'objectif étant de produire,
à
l'horizon 1990,
environ 600.000 ton-
nes -
dont 500.000 tonnes de sucre roux pour l'exportation et 100.
000 tonnes de sucre blanc pour la consommation
locale.
Pour soutenir activement tous les investissements intérieurs,
la
Côte d'Ivoire,
comme la plupart des pays en voie de développement,
fai t
appel à
l'aide extérieure.
§.2.
L'AIDE
EXTERIEURE
RECUE PAR LA COTE D'IVOIRE
Depuis 1960,
les concours extérieurs n'ont pas manqué à la CÔ-
d'Ivoire.
Ils se sont présentés sous forme de dons ou de prêts,
et se sont répartis en aides alimentaires,
financières,
commerciales
et techniques.
Pour ce qui concerne l'aide financière,
ses princi-
paux fournisseurs sont des Etats dans le cadre de l'aide bi-latéra-
le,
et des groupes d"ftats participant à des
fonds communs dans le
cadre de l'aide multilatérale.
Parmi ces ftats ou organismes internationaux prêteurs de
fonds
on trouve notamment
:
la F~ANCE - avec la Caisse Centrale de Coopé-
ration Economique
(C.C.C.E),
le Fonds d'Aide et de Coopération
(F.A.C) ;
l'ALLEMAGNE FEDERALE -
la
Kreditanstalt Für Wiederaufbau
./ .
(1)
Source
la,nCôte èJ'Ivoire en chiffres" op.
cit.
p.
115.

159
(K.F.W)
9
l'ITALIE -
Istituto Mobiliare Italiano (I.M.I)
-
l'Istitu-
to di Credito per le Imprese di Publica Utilita (I,C,P,U)j
ensuite le Fonds Européen de Développement (F .E.D)/
la Banque Eu-
ropéenne d'Investissement (B.E.I~
la Banque Internationale pour la
Reconstruction et le Développement
(B.I.R.D~
la Banque Africaine
de Développement (B.A.D 1
l'Agence Canadienne pour le Développement
International (A.C.D.I~
l'Agence des Etats Unis pour le Développe-
ment International
(U.S.A.I.D~
les Consortiums bancaires pour les
prêts en eurodollars,
etc
...
A) 237.122 millions de Francs C.F.A d'aide à la Côte d'Ivoire
entre 1960 et 1974 .
De 1960 à 1974,
sur la base des conventions signées,
l'aide to-
tale aux investissements reçue par la Côte d'Ivoire atteint un mon-
tant de 237.122 millions de francs C.F.A courants (1).
B)
Plus de prêts gue de subventions
Sur les 237.122 millions d'aide totale aux investissements, on
relève dans le tableau N° 12, 50.114 millions de francs C.F.A d'aide
non-remboursable et 187.008 millions de francs C.F.A de prêts
remboursables.
L'aide non remboursable ne représente que 21,13%
de l'ensemble de l'aide aux investissements publics,
les autres con-
cours (soit 78,87%) sont des prêts remboursables dont certains,
comm
les prêts spéciaux F.E.D et F.A.C,
sont consentis à des conditions
extrêmement favorables,
c'est à dire à faible taux d'intérêt et sont
amortissables sur une période pouvant aller
jusqu'à 30 ans et même
au delà.
./ .
(1) Source:
Ministère du Plan,
Abidjan" "La C.I en chiffres"
op. cit.
p.
72.
J

1 6 0
On note sur ce tableau que l'aide non-remboursable provient es-
sentiellement du F.E.D avec 15.815 millions de francs C.F,A et du
F.A.C - 4.185 millions;
les crédits remboursables sont,
quant à
eux,
fouDnis par plusieurs états,
dont la France (Caisse Centrale de
Coopération Economique - C.C.C.E),
l'Italie (I.M.I et Crédits Four-
nisseurs),
Allemagne Fédérale (K.F.W),
les Etats Unis (U.S.A.I.D),
et de nombreux organismes internationaux comme la B.I.R.D,
le F.E.D
le F.A.C,
la B.A.D etc
. . . . . .
On remarquera d'autre part que le Fonds Européen de Développe-
ment et le Fonds d'Aide et de Coopération (dont les interventions
sont en majorité
des dons),
ont aussi fourni à la Côte d'Ivoire des
prêts remboursables qui ont essentiellement porté sur les transports
(pour l'amélioration de la voie ferrée
ABIDJAN -
NIGER -
R.A.N)
et
l'agriculturé.
Puisque l'agriculture est le secteur qui intéresse directement
notre étude,
nous allons maintenant examiner dans le détail la ré-
partition,
entre ce secteur et les autres,
de l'ensemble de l'aide
reçue par la Côte d'Ivoire.
§.3.ENVIRON 30% DE L'AIDE EXTERIEURE ONT CONCERNE L'AGRICULTURE
A)
Répartition de l'aide extérieure par sources et par secteurs
L'aide extérieure affectée à
l'agriculture a atteint,
au cours
de la période 1960 -
1974,
un montant de 70,856 milliards de francs
C.F.A courants;
sa répartition par sources et par secteurs,
donne
le tableau
suivant
(en million de francs
C.F.A courants)
./.

_
1 6 1
TABLEAU N° 12
=============
Autres
Sources
Agriculture
Total
secteurs
~-------1
Total aides [l9n
remboursable~
20.000
30.114
50.114
F.E.D
15.815
(dont
13.173
28.988
'11;400
affectés au
~' p 1 an· pal mie r " ) :
F.A.C
.
4.185(au coton
Il.215
15.400
et à l' hévéa)
Dive r s
.
5.726
5.726
;
'.
-
-
Ta tal aides
rem b 0 urs a b 1 e s- - -
50.856
136.152
187.008
C.C.C.E (France)
IL 452
(dont
30.274
43.726
8.400
à J 1 \\ hévé~
B.I.R.D
10.780
30.274
33.045
U.S.A.I.D
7.540
Il.353
18.893
F.E.D
3.948
5.544
9.492
Allemagne
3.910
6.502
10.412
Emprunts
3.375
8.000
11.375
obligation
(France)
Ital i e
2.450
31.311
33.761
F.A.C
119
3.429
3.548
~
Divers
5.282
17.474
22.756
TOTAL GENERAL
70.856
166.266
237.122
En % du total
29,88%
70,12%
J~100,00%
- -
-J--
~

1 6 2
Si l'on se rapporte à notre tableau,
on note la dotation très
forte à l'agriculture (près de 30% de l'aide totale aux investisse-
ments)
reçue par la Côte d'Ivoire entre 1960 et 1974.
B) Place plus importante des dons F.E.D et des prêts français
à l'agric~lture.
Pour ce qui concerne la répartition des aides remboursables
(ou
prêts) et non remboursables,
ce sont ces dernières qui ont le plus
contribué
aux investissements agricoles;
vingt milliards de francs
C . F . A 0 n t
été
a f f e c tés à
l' a g r i cul t ure,
soi t
env i r 0 n 4 0 ~~
(1 e 5
aides non remboursables représentant un montant de 50,114 milliards
de francs C.F.A.
A l'intérieur des aides non remboursables,
ce sont
les subventions F .E.D qui sont les plus élevées avec 15,815 milliard:
dont
Il,4 milliards de
francs C.F.A
au seul"plan palmier".
Pour les prêts remboursables affectés à l'agriculture,
c'est l'a.
de
fournie
par la France (par l'intermédiaire de la Caisse Cen-
trale de Coopération Economique)
qui occupe la première place avec
13,452 milliards de francs C.F.A dont 8,4 milliards au programme de
l'hévéa;
viennent ensuite les crédits de la B.I.R.D avec 10,780 mil
liards et
l'aide bi-latérale
américaine avec 7,54 milliards de
francs C.F .A.
Les divers prêts remboursables portent en majorité
sur
les autre
secteurs de l'économie nationale;
c'est le cas en particulier des
crédits italiens qui atteignent un montant considérable analogue à
ceux de la B.I.R.D
(33,045 milliards pour cette dernière contre
33,761 milliards pour les crédits italiens),
mais dont la part de
l'agriculture ne s'élève qu'à 2,450 milliards qui ont servit essen-
./ .

6 3
tiellement au
financement des rizeries et du programme agro-indus-
triel pour la culture et
le traitement du kénaf.
Globalement,
les 70,856 milliards d'aide extérieure consacrée
è
l'agriculture a permis de faire d'elle un secteur essentiel è
la
croissance économique ivoirienne,
surtout si
l'on sait que les sec-
teurs secondaires et ~ertiaires sont approvisionnés par des produc~
tions agricoles.
S'il est vrai Que l'appel aux capitaux étrangers pose le problè-
me délicat do contrôle de certains secteurs de l'économie par les
fournisseurs d'aides,
la politique ivoirienne de recours è
l'épar-
gne importée montre qu'un tel danger peut être s~non écarté, du
moins réduit si les priorités sont préalablement définies et
si les
capitaux sont orientés vers des secteurs considérés comme essentiels
au démarrage de l'économie.
Ainsi,
grâce à cette épargne importée,
la Côte d'Ivoire a pu,
dans un premier temps,
organiser et rénover ses cultures tradition-
nelles;
développer et augmenter des productions commerciales nouvel-
les,
puis dans un deuxième
temps,
infléchir sa politique agricole
vers un accroissement des productions vivrières et animales afin de
supprimer,
du moins réduire,
les importations alimentaires et le dé-
ficit du pays en protéines.
. / .

1 6 4
SECTION II
- - - - - - - - - -
- - - - - - - - - -
- - - - - - - - - -

- - - - - - - - - -
L' AGRICUL TURE,
SECT~_U~ES P.RüDUCTlü~lS
VIVRIERES ETD'EXPüRTATlüti
L'importance du secteur agricole aux
premiers stades du dévelop-
pement a parfois fait
preuve d'assez de dynamisme pour dégager des
surplus exportables qui procurent des devises nécessaires à l'achat
de biens d'équipement;
l'économie japonaise de la fin du XIXème
siècle fournit
l'exemple d'une agriculture suffisamment productive
ayant permis le lancement de la croissance grâce à deux produits:
le riz et la soie.
Alors que cette dernière,
c'est à dire la soie,
était destinée
exclusivement à l'exportation,
notamment sur le marché américain,
le riz était consommé
sur place.
La
valeur des exportations avait
atteint 42% de l'ensemble des recettes d'exportation
(1)
au cours de
la période 1870 -
1900.
Qu'en est-il de la culture ivoirienne?
§.l.
L'AGRICULTURE,
SECTEUR DES PRODUCTIONS D'EXPORIATION
L'agriculture fournit deux types de productions à la Côte d'I-
voire.
D'une part,
les productions vivrières (tels le manioc,
l ' i -
gname,
le taro,
la patate douce,
la ~'banane plantain",
le mil,
le
fo nio,
le sorgho,
le maïs et même le riz)
qui entrent sans trans-
- -
- --- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
(1)
R.
BADOUIN,
"l'll,nricûlture et accession au développe-
ment ll Ed.
A.
Pedone,
Paris,
1967,
p.16

1 6 5
formation
préalable
dans l'alimentation locale et dont une grande
partie est auto-consommée par le producteur lui-même;
d'autre part,
les productions destinées à l'exportabion,
en particulier le café,
le cacao,
la banane "poyo"
qui sont à
l'origine du développement é-
conomique ivoirien et
qui continuent
aujourd'hui encore,
à
lui as-
surer d'importantes
recettes en devises.
Examinons à présent l'importance de ces productions d'exporta-
tions pour l'économie ivoirienne.
A) Entre 1945-46 et 1974-75,
la production du café et du cacao
ont
augmenté dans des proportions considérables
De 38.000 tonnes de café
et 26.000 tonnes de cacao en 1945-46,
la production,
en moins de trente ans,
a été multipliée par sept
pour le café
avec 268.000 tonnes,
et par neuf pour le cacao avec
234.500 tonnes
en 1974-75
(1).
Partie de 20.000 tonnes en 1950,
la production des bananes "po-
yo" a été multipliée par 10,40 en quatorze
ans,
atteignant ain-
si environ 208.000 tonnes en 1974 (2).
D'autres produits,
comme l'ananas,
l'huile de palme,
les palmis-
tes,
les noix de coco,
le caoutchouc,
le coton masse,
etc
. . . .
par-
ticipent aujourd'hui d'une manjère active à l'augmentation réguliè-
re des quantités disponibles exportables,
donc à l'accroissement
des recettes tirées de ces exportations.
. / .
(1)
et
(2)
les données relatives au café sur la période
1945-46 ont été
fournies
par Marchés tropicaux et méditerranéens

1181 du 29.06.1968 p.
1562.
Pour la période 1969-75,
voir la "Côte d'Ivoire en chiffres" op.cit.
p.
106;
pour le cacao et
la banane,
voir
la C.I
en chiffres op.
cit
p.
110.

1 6 6
B) L'agriculture,
source de devises
De nombreux pays aujourd'hui
fortement
industrialisés,
doivent,
surtout aux recettes
tirées de leurs exportations agricoles,
d'avoir
pu importer les biens d'équipement nécessaires à
leur industrialisa-
tion.
Un des exemples frappants est celui du
Japon,
qui a réussi
pen-
dant les trente dernières années du
XIXème siècle,
à
accroître
très rapidement ses recettes d'exportation de soie et de produits
à
base de soie,
si bien qu'il
a refusé de
faire appel
à
l'aide ex-
térieure pour assurer le financement de son développement.
A l'heure actuelle,
la plupart des pays qui aspirent au dévelop-
pement déploient d'importants efforts pour diversifier et accroître
les productions destinées à l'exportation.
La Côte d'Ivoire,
qui
n'échappe pas à cette règle,
participe à cette course au tonnage
que témoignent,
non seulement les donnérs précédentes relatives au
café,
au cacao,
à
la banane,
mais aussi celles qui concernent la cul·
ture du palmier à huile,
de
l'hévéa,
du coton,
de la canne à
sucre,
etc ••.
Malheureusement,
les recettes que tirent aujourd'hui
la majorité
des pays en retard de développement de leurs exportations agricoles
progressent moins vite que
le volume des exportations.
a
-
~~-~~~~~~~~~~~~~_~~~_~~~~~~_~~_~~~~~~~g~_e~~~_~~~_e~t~_~~~~­
~~~~~~ee~~
On note en effet,
depuis de
longues années,
une tendance à
la
baisse des prix aqricoles sur les marchés mondiaux
(malgré les flam-
. /.

1 6 7
bées des prix du café en 1976-77).
Nous montrons,
dans le tableau
ci-dessous,
tiré du rapport du secrétariatde la C.N.U.C.E.O,
la dé-
gradation sensible des termes de l'échange pour les pays en voie de
développement (1).
TABLEAU N° 13 *
- - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - - -
Indices des prix à l'exportation et termes de l'échange des pays en
voie de développement -
secrétariat de la C.N.U.C.E.O
Base
: 1963=100
Année
p .
,
. r.1.x a l' export.
Prix à l'import.
Termes der
t1) . à l'exclusion
(2)"pétrole
échange
pays socialistes
exclu"
(1)
/ (2)
1954
117
95
123
1
1955
117
95
123
1956
115
98
117
1
1957
I I I
101
110
1
1958
104
100
104
1
1959
102
98
104
1
1
1960
103
100
103
1961
97
100
97
1962
96
100
96
1963
100
100
100
1964
107
101
106
1965
106
103
103
1966
111
104
107
1
1967
110
105
105
1
1968
111
104
107
i.,
1969
117
107
109
1
1970
121
1
113
107
1
c
"'

/-
~I
1
* Source
Secrétariat de la CNUCEO,
Tiers Monde N°70,
avril/juin 77
(1)
Le rapport du Secrétariat de la C.N.U.C.E.O,
TO 138 et
TO 138-1 montre,
dans les séries "pétrole exclu" sur la période
1954-70,
une détérioration des termes de l'échange -
123 en 1954 et
107 en 1970.

1 6 8
De 1970 jusqu'en 1977,
les cours des produits tropicaux ont su-
bi de
fortes
fluctuations;
on note en particulier,
la chute bruta-
le de
juin 1974 à 1975,
et la hausse continue de 1976 à
janvier 1977
Dans l'ensemble,
la tendance générale est à
la baisse des pou-
vairs d'achat des principales matières premières exportées par les
pays en voie de développement car
la hausse des prix des produits
manufacturés est encore plus forte.
Ainsi,
au cours de
la période 1971-77,
on a évalué à environ 80%
la hausse des prix des produits importés par les E.A.M en provenance
de la France (1). Pour ce qui concerne la Côte d'Ivoire,
dont les
exportations comportent le café,
le cacao et le bois,
les hausses du
troisième trimestre 1975 à
janvier 1977 lui ont été
favorables.
Dans le passé,
ce sont les avantages du marché
français protégé
qui ont
permis à
la valeur des exportations ivoiriennes de s'élever
régulièrement passant de 25,6 à 291,8 milliards de francs C.F.A cou-
rants entre 1955 et 1974 (2).
Au cours de la période sus-indiquée,
la valeur des principaux
produits traditionnels (café,
cacao)
a progressé
de 23, l
à
125, 5
milliards de francs C.F.A.
Ces rentrées de devises assurées essen-
tiellement par les exportations agricoles sont à la base de l'extra-
ordinaire croissance de
l'économie ivoirienne entre 1960 et 1970
:
la production intérieure brute s'est accrue
de l'ordre de 11% par
(1)
: Europe/France Outre-Mer N°563,
décembre 1976
(2)
-
a.
:"Afrique de l'indépendance politique à l'indépendance
économique" Ed.
Maspéro,
P.U de Grenoble,
1975;
p.
232
- b.
La
"C.I
en chiffres"
op.
cit.
p.
37 et 50

-
'1
6 9
an en moyenne en francs courants sur la période,
soit environ B% par
an en termes réels,
compte tenu d'une hausse des prix annuelle de
près de 3% en moyenne.
Toutefois,
la croissance s'est ralentie à partir de 1970,
et
l'on" a enregistré,
en 1971,
un taux de croissance de B,5~~ en francs
courants -
en 1972,
6,B% -
en 1973,
5,8% -
et en 1974,
6,0% (1).
a diminué
Comme le montre le tableau nO
14,
la progression par secteurs
s'est sensiblement modifiée entre 1960 et 1974.
En 1960,
la valeur globale de
la production intérieure brute,
qui était d'environ 130,5 milliards de
francs courants,
se répar-
tissait comme suit:
secteur primaire
61 Milliards,
soit en valeur relative 46,8% du total
secteur secondaire
19,9 Milliards;
soit 15,2~ de la P.l.S
secteur tertiaire
49,6 Milliards,
soit 38% du total
En 1974,
la valeur totale des trois secteurs a atteint 677,6 mil-
liards de
francs C.F.A,
dont
-
195,6 Milliards pour
le secteur primaire
( 2 8 , 9 ~~ dut 0 t al)
. /.
(1)
et
(2) Source:
Les données relatives aux
taux de croissance,
à
la répartition et à
l'évolution par secteurs sont pris dans la "Côte
d'Ivoire en chiffres"
OD.
ciL
D.
37 et 38

1 7 0
-
155,1
milliards pour le secteur secondaire
(22,9% du total)
-
326,9 milliards pour le secteur tertiaire
(48,2% du total)
Le prlmalre a progressé d'environ 7,6% par an en moyenne,
le
secondaire de 14,4%,
et le tertiaire de 12,4%.
TAELEAU N° 14
==============
EVOLUTION EN % ET REPARTITiON PAR SECTEURS DE LA P.I.E
(En milliards de francs C.F.A courants)
:
ANNEE
PRH-1AIRE*
0'
'0
SECONDAIRE
0'
'0
TERTIAIRE
0'
'0
TOTAL
1960
61,0
46,8
19,9
15,2
49,6
38,0
130,5
1961
62,3
42,3
24,8
18,8
60,1
40,9
147,2
1962
60,2
39,8
27,5
] 8 ,2
63,4
42,0
151,1
1963
74,4
41,5
30,2
16,9
7f.!,4
41,6
179,0
1964
87,2
40,2
36,0
16,6
93,6
43,2
716,8
1965
84,4
39,4
40,6
19,0
29,0
41,6
214,0
1966
88,1
37,8
50,4
21,7
94,2
40,5
232,7
1967
86,1
34,8
55,2
22,3
106,0
42,9
747,3
1968
100,7
34,0
62,4
21,0
133,0
L'. 5 ,0
296,1
1969
106,5
32,3
73,6
22,3
149,2
45,4
329,3
1970
112,6
30?2
89,0
23,8
]71,9
46,0
373,5
1971
116,6
29,6
101,3
25,8
175,7
44,6
394,8
1972
125,1
29,4
111,5
26,2
]88,6
44,4
425,2
,
1973
159,1
31,2
171,5
23,8
229,2
45,0
509,9
1
1974
195,6
28,9
155,1
22,9
326,9
48,2
677,6
* Les valeurs de la production primaire sont des valeurs à
la produc-
tion.
On notera la
participation massive du secteur primaire.
Source
La "[ôte d'Ivoire en chiffres" op.
cit.
p.
38

1 7 1
Certaines remarques s'imposent à l'analyse du tableau.
En pre-
mier lieu, on notera
la participation massive du secteur primaire
à
la production intérieure brute en 1960.
Cette situation est logi-
que dès lors qu'au moment de l'indépendance,
la Côte d'Ivoire était
mal équipée en usine de transformation des productions agricoles et
que les industries étaient peu nombreuses.
En second lieu,
les taux d'accroîssement moyen
annuel
affec-
tés aux différents secteurs montrent que c'est le secondaire qui a
connu le développement le plus rapide
(avec un taux de 14,4%) entre
1960 et 1974;
vient ensuite le tertiaire avec 12,4% et en troisème
position,
le primaire avec 7,6%.
La r~gression de la part relative de ce dernier au sein de la
production intérieure brute et la progression de celle des deux au-
tres secteurs (secondaire et tertiaire),
traduit une évolution de
l'économie ivoirienne vers une meilleure répartition de la produc-
tion
intérieure brute entre les trois secteurs et un développement
plus équilibré.
Il faut
souhaiter que la tendance à l'harmonisation soit accen-
tuée afin d'éviter qu'un déséquilibre au niveau des productions pri-
maires (qui sont en partie à la base du développement des deux au-
tres secteurs),
n'entraîne un blocage général de l'expansion écono-
mique.
Il
faut en effet préciser que,
pour la Côte d'Ivoire,
la produc-
tion secondaire provient en grande partie des matières premières
d'origine agricole,
notamment
le coton,
l'ananas,
le café,
le cacao
d'une part,
et que la presque totalité
des ventes intérieures ou
. / .

1 7 2
extérieures de ces produits bruts ou transformés est R la base
du dynamisme du secteur tertiaire d'autre part.
Si nous avons accordé
une attention toute particulière aux pro-
ductions d'exportation qui procurent au pays des recettes en devises
i l convient à
présent de nous attacher aux produits vivriers qui,
non seulement doivent
répondre aux besoins alimentaires des popula-
tions,aussi bien des campagnes que des villes,
mais aussi peuvent
devenir,
s'ils connaissent une expansion suffisante,
facteurs d'é-
change entre la Côte d'Ivoire et ses voisins,
surtout quand on sait
l'instabilité des cours mondiaux des produits traditionnels d'expor-
tation (voir tableau sur
la détérioration des termes de l'échange
des pays en voie de développement -
N°13)
et surtout,
les besoins
de"ses voisins dont l'aqriculture ne b~n~ficie pas de conditions
flaturcllè5
aussi
favorables que celles de la CBte d'Ivoire.
§.2.
L'AGRICULTURE, SECTEUR DE PRODUCTIONS VIVRIERES
Une très forte évolution s'est opérée dans le processus de mise
en valeur du monde rural
ivoirien:
en 1960,
(date de l'indépendan-
ce de la Côte d'Ivoire)
le probl~me le plus important était de pro-
curer au pays des ressources n~cessaires pour assurer son décollage
économique;
en effet,
à
cette époque,
la population ivoirienne qui
vivait dans les campagnes et produisait tout ce qui est nécessaire
à
sa subsistance, était estimée à environ 85% de la population tn
tale.
./ ·

.,
173
La satisfaction des besoins en
produits alimentaires des
15%
de la population restante
n'obligeait
pas le
pays à r6aliser de
coûteuses importations de denrées alimentaires.
De nombreux
pro-
duits vivriers comme l'igname,
le manioc,
le
taro,
la
patate douce,
la
banane plantain,
le mais,
le mil,
le sorgho,
le fonio,
e t c .
étaient auto-consommés et aussi
vendus sur les marchés locaux.
Un
produits donnait cependant quelques
inquiétudes:
le riz.
En 1962,
la CBte d'Ivoire en
a importé 43.200
tonnes
pour un mon-
tant
total
de 1.41ï millions de Francs C.F.A
(1);
on
peut donc
dire qu'exception faite
du
riz,
le
pays n'~tait pas confronté a
de graves problèmes alimentaires à l'aube de son indépendance
poli-
tique.
L'effort des Pouvoirs Publics a donc été
porté,
a cette epo-
que,
sur le dé\\eloppement et l'accroissement des
productions d'ex-
portation.
A)
Li'j
nouvelle orientûtion de la
politique ëlC]ricole ivoirienne
ses causes.
C'est seulement à partir de 1967 que les productions vivri~res
ont fait
l'objet d'un
développement plus important.
Un certain
nombre d'élémehts plaidaient alors en
faveur
de cette mutation
les actions de rénovation des cultures
traditionnelles drexpo~ta-
tion et de diversification
des
productions industrielles commen-
(1)
Marchés
tropicaux et m~diterranéens
1,1 a
Il 6 l
d u 2 9 . 0 6 l 9 6 8
page 15ïl.

1 7 4 --
çaient à porter leurs premiers résultats:
la
production du café
était passée de 185.000 tonnes en 1960-61 à 287.760 tonnes en
1967-68;
en janvier 1968,
la
première usine du groupe SODEPALM-
PALMlndustrie,
entrait en service.
D'une capacité de traitement
de 20 tonnes/heure,
cette usine,
qui
était la première d'une série
de neuf huileries de PALMlndustrie,
a marqué
l'entrée en produc-
tion des palmiers sélectionnés du
"Plan Palmier".
Dans le
~
meme
temps,
la production intérieure brute est passee
de 130,5 à 247,3 milliards de Francs C.F.A courants (voir tableau

14),
les recettes
tirées des exportations ont progressé,
quant
à elles, de 37,3 à 80,263 milliards de Francs C.F.A entre 1960 et
1967
(1).
Si
nous considérons
le produit intérieur brut,
sa répartition
par habitant et l'évolution de la population ivoirienne,
nous cons-
tatons sur le tableau N°
15
- que le premier élément
(le P.I.S)
est passé de 142.615 mil-
lions en
1960 à 275.681 millions de Francs C.F.A courants en
1967,
soit un accroissement de 93,3%.
- que le second élément,
c'est à dire le P.I.S per capita,
a
progresse de 38.183 Francs C.F.A en 1960 a 60.456 en 1967
(en
supposant que les conditons de
répartition soient rigoureu-
sement parfaites).
(1)
La Côte d'Ivoire en chiffres,
op.
cit.
p.
50

-
1 7 5
-
_ que
la population
a
aussi
augment~ passant de 3.735.000 a
4.560.000 d'habitants.
Parallèlement,
le
taux d'urbanisation a
évolué:
de
15% en 1960,
il
était
passé à 24,5% en
lSû5
(1),
soit
près
d'un
C1uart de la
population
globale.
Evolution d~~l~~~-l~émo~~~~eet du P.l.B
per capita
1
1
1
Année
1
Produit
lntér.
II
Population
P • l • B
per capita
1
Il
Brut
(millions
( ' 1 1 '
d'ha-
1
d
r
C F
1
ml
lers
1
l
e
rancs
. . A 1 bitants
----+courants)
,
i
t: 11--l~2'61-5--T
1
3.735
38.183
! 1961
161.422
1
3.840
j
42.037
1962
3.945
42.674
1
1\\
168.350
1
j
1
1963
197.810
1
4.050
Ll8.842
! 1964''239.675
1
4.165
1
57.545
11965
239.586
4.300
55.718
4.430
5R.Z34
11966
1
257.975
4.560
60.456
1
~1967
1
275.681
~._-----------
1
=±- -li--------·--I
1968
326.468
4.765
68.514
1969
365.568
4.940
74.00?
1970
415.326
5 • 1 1 5
8,1138
1
!
1971
440.075
5.264
83.600
1972
472.480
5.423
87.125
1973
565.267
5.809
97.309
,. .. -
1
1974
742.237
6.064
122.400
L._l---_ 1l
Source:
La
"Côte d'Ivoire en chiffre",
Op.
cit.
p.
37
(1)
Marchés
tropicaux et m~diterranéens N° 1355 du 30.10.1971,
p.
3208

176
En resume,
nous pouvons dire que les résultats
positifs obte-
nus en matière des
productions de rente,
l'accroissement de la
population urbaine et l'amélioration de son niveau de vie ont fait
en sorte que les Pouvoirs Publics ont infléchi
leur politique agri-
cole vers un accroissement des
productions alimentaires en général,
et celles en substitution d'importations en particulier.
Parmi
ces dernières,
le riz fait
l'objet d'une attention toute particu-
lière.
B)
Le développement de l.a production
rizicole en C6te d'Ivoire
Grâce aux possibilités variées de ses régions agricoles,
la
C6te d'Ivoire produit de nombreuses denrées alimentaires dont les
unes,
tubercules
(ignames,
taros,
maniocs,
etc
... ) sont consom-
mées en grande majorité dans le sud;
les autres,
les céréales
(mil,
mals,
sorgho,
etc
... ) dans
le nord.
Le riz est consommé dans
tout le pays et surtout dans
les centres urbains o~ la population
s'intéresse de
plus en
plus aux aliments faciles
à cuire.
Pour faire
face
à la progression rapide de la consommation,
le Gouvernement a confié à la 5ATMACI,
le
plan du développement
de
la riziculture.
a- Le rôle de l'Institut de Recherches d'Agronomie Tropi-
cale
(I.R.A.T)
dans le programme rizicole
La Cate d'Ivoire n'a
pas une grande vocation
rizicole.
Les
quelques
terres
propices existantes sont celles du
nord,
du
nord-
ouest,
de
l'ouest,du centre-ouest et du centre.
L'I.R.A.T a eu
pour
tâche de mettre au
point des variétés adaptées à la fois aux cli-

1 7 7
mats de ces régions et surtout aux conditions de culture.
Préci-
sons qu'un
travail
analogue a ~t6 accompli
par des assistants
tech-
niques de la Chine de Formose en Côte d'Ivoire.
b- La SATMACI et la
tâche d'encadrement
Après un
stage au pres de
la mission chinoise,
basée dans
la
région de DABOU,
les moniteurs de la SATMACI
sont envoyes dans
les zones de
production
pour conseiller
les
producteurs et les appro
visionner en semences sélectionnées,
en engrais/
en
produits et en
appareils de lutte anti-parasites.
Cultivé de façon
traditionnelle dans le pays depuis
fort
long-
temps,
le riz a fait
l'objet d'un
plan dont
la
première opération
a débuté dans le
nord,
région de KORHOGO,
en
1965.
Bénéficiant de
nouvelles
techniques culturales,
de l'effet de la
fumure,
cette
opération lancée sur 92 Ha a permis d'atteindre des résultats
jus-
que-là inconnus dans les
rizières
traditionnelles
en-effet,
ce
sont près de 6,5 tonnes
par
hectare qui
ont été obtenus avec deox
récoltes annuelles,
contre 700 à 800 Kg/Ha
pour la
riziculture
plu-
viale traditionnelle,l.OOO a 1.500 Kg/Ha
pour la culture inondée
que l'on
pratiquait dans les bas-fonds humides.
Malgré les sucees de cette opération,
la
production n'a
pas
suffit à couvrir
les besoins du
pays q~i ont constamment progresse
entre 1960 et 1966.
Ainsi
de 42.000 tonnes en 1960,
les importa-
tions ont atteint 83.000 tonnes en
19660
J)ans le
A
mcme
ten: p s,
li C 5
1" cs 1.1 r e s
li e sou t i e n
Je
pr J;"
sont
pri~cs
pOli r
p n (: 0 U r <1 Cl e r I a
pro ri LI C t ion
t r <1 ri i tj -6 n ne] le.

1 7 8
En effet,
d~s 1966, un prix minimum gatanti fut instituf pour
le
riz
cnr.l~e il en existe (JPj? pour le café et le cacao par exem-
pIe.
Ainsi
le riziculteur qui
a désormais la
possibilité d'~couler
sa production à un prix
stable
ne s'est
plus contenté de
satisfaire à ses seuls besoins familiaux et a livré progressivement
des quantités croissantes de sa récolte au circuit de commerciali-
sation;
le pourcentage d'auto-consommation sur la
production a,
de ce fait,
baissé
en 1968
il
n'est
plus que de 68% con-
tre 69% en 1967 et 75% en 1966.
Cependant ces bons
résultats ne sont qu'éphém~res.
1·1 a 1 gré
1 es
efforts
pprtés à la fois sur le développement de la culture et la
commercialisation,
la production intérieure n'a
pu suivre l'évolu-
tion de la consommation.
En 1970,
en
vue de répondre aux besoins
croissants des
populations des villes,
une nouvelle société d'Etat
spécialisée,
la
SODERIZ,
succ~de à la SATMACI.
Elle a pour objec-
tif
"d'éliminer compl~tement les importations de riz,
de satisfai-
re totalement la demande intérieure,
et même d'arriver à exporter
du
riz vers les pays voisins"
(1).
Pour atteindre ces objectifs,
les
terres
propices ont été
recensees,
des opérations d'irrigation ou d'aménagement des bas-
fonds
humides ont été entreprises dans
toutes les zones de rizi-
culture,
avec la participation des
populations autochtones
(1)
Les objectifs de la SODERIZ
"La Côte d'Ivoire en chiffres"
op.
cit.
p.
88.

179
i l
s'agit notamment du
"Projet YABRA",
engagé en
1972 dans la
région
de YAHOUSSOUKRO;
il a bénéficié du
financement de l'organisation
internationale du café
(O.I.C)
-
(prêt sans intérêt d'environ
1.625 millions de francs
C.F.A)
(1).
L'objectif est de mettre en valeur pres de 2.500 Ha
de terre
dans
le bassin du YABRA.
A la
fin
de 1975,
environ 866 Ha étaient
aménagés,
dont 667 Ha rizicultivés.
Dans le sud,
(en
zone foresti~re), la C.C.C.E a financ6,
Je
juin 1972 à la
fin
de 1974,
des travaux d'aménagement de L~.105!-1a
Je bas-fonds pour 860 millions de francs C.F.A.
Un
nouveau
programme a commencé en 1975 en vue de l'aménagement
en quatre années,
de 5.000 ~Ia de bas-fonds.
Dan s l a r é 9 ion s duc e n t r e
(T 0 UBA,
S EGUE LA,
KATI 0 L:\\,
BOt i G0 UMi 0 U,
BOUAKE,
etc
... ),
plusieurs opérations sont en cours:
il
s'agit
notamment du
programme "spécial Séguéla" comportant l'aménagement
de 800 Ha de bas-fonds,
et surtout du
programme de Bouaké-nord qui,
débuté en mai 1972,
sur financement F.E.D,
a porté sur 700 Ha d'amé-
nagement de bas-fonds.
Ces
programmes furent accompagnés d'un
relè-
vement du
prix minimum garanti
port~ à 65 francs/Kg de paddy en
1975;
à cette date,
la Côte d'Ivoire a atteint pour la première
fois
l'auto-suffisance en
riz.
(1)
Les données relatives aux
superficies aménagées
et aux montants
des prêts sont puusées dans
Je manuel
d'informations agricoles
" Af r i que Ag ri cu l tu r e" 11 0
16,
déc e mb r e l 9 7 G,
p.
41 et 42.

1 8 0
.'
Faisant le bilan de
la campagne rizicole de 1975,
N.J OULAI,
D.C.
de la SODERIZ déclare
"
les
paysans ivoiriens ont mis
en culture
373.500 Ha de riz pluvial
19.200 Ha de riz irrigué
7.300 Ha de riz inondé
produisant 420.000
tonnes
de paddy,
dont 100.000 tonnes ont été commericalisées par la
SODERIZ"
(1).
Apr~s avoir atteint un de ses objectifs,
cinq
annees aprcs sa
création,
celui
de satisfaire les besoins des
ivoiriens en riz de
consommation de
masse,
la SODERIZ se fixe
désormais dans un
pre-
mier temps,
de produire le
riz de luxe,
et dans une deuxième étape,
d'exporter du
riz de luxe et de consommation de masse.
Souhaitons qu'elle
réussise dans son entreprise.
(1)
Interview de Mr Jean OULAI,
D.C de la SODERIZ à Afrique Agri-
culture op.
ciL
p.
43.

1 8
1
TABLE AU l'J 0 1 8
============
PRODUCTION DE PADDY SUR LA PERIODE 1970 - 1975
i
i-_._~
. .
En 1.000 tonnes
'----r---r
.Il,nné e
1970
1971
.
1972
1973
,
1974
1
1Produc
316
385
320
335
1
406
420
-tion
\\
1
\\
[
1_ _-----'1
_ ____I__-J__
Source
Afrique Agriculture N°
16,
décembre 1976,
p.
42

1 8 2
CONCLUSION DU CHAPITRE
VI
==========================
Entre 1960 et 1975,
environ 25% des ressources
publiques (soit
près de 66 milliards 470 millions de francs C.F.A courants),
ont été
consacrés au secteur agricole en vue de créer des grandes exploita-
tions modernes confiées à des Sociétés d'Etat spécialisées telles
la SODERiz,
la SODESucre,
la SODEPalm,
etc
Celles-ci sont char-
gées entre autresd'encadrer les cultivateurs et surtout de diffuser
des techniques de vulgarisation agricole,
c'est à dire de promouvoir
les meilleures méthodes culturales,
notamment
la culture attelée,
l'emploi d'engrais,
l'assolement,
l'association de l'élevage et de
la
cul ture.
Selon les techniciens de l'agriculture
la vulgarisation c'est
1
"l'ensemble des procédés permettant de persuader ou d'inviter
les
agriculteurs à améliorer leurs méthodes d'exploitation afin d'accroi-
tre le rendement de leur travail et la quantité de produits,
et d'amé
liorer la qualité
de ces derniers;
le résultat doit être une produc-
tion accrue tout en économisant la terre et
l'homme"
( 1) .
L'aide massive affectée à l'agriculture et
les actions rationel-
les des dites Sociétés d'Etat ont permis d'accroître les tonnages
et d'améliorer la qualité des produits d'exportation.
De fait,
les
Pouvoirs Publics ont orientés leur politique agricole vers un déve-
Cl)
: V. C DIARASSOUBA "L'évolution des structures agricoles
du Sénégal" op.
cit.
p.
94.

183
loppement accéléré
des productionsvivrières et vers l'implantation
d'une agro-industrie dynamique utilisatrice des matières premières
agricoles et capable de
fournir à
l'agriculture des produits de
fer-
tilisation du
sol
(engrais minéraux)
et de protection des végétaux
(insecticides).

184
CHAPITRE
VII
- - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - -
L'AGRICULTURE,
BASE DE
L'INDUSTRIE
IVOIRIENNE
SEC T101: .l
- - - - - - - - -
- - - - - - - - -
L'INTERDEPENDANCE DE L'AGRICULTURE
ET DE
L'INDUSTRIE
Du fait
que l' i~portance
relative de l'agriculture tend à dé-
croître à mesure que le développement
s'accélère,
on est parfois ten-
té d'identifier développement économique et industrialisation,
et
d'allouer au secteur agricole des ressources insuffisantes.
Mais l'interdépendance de l'agriculture et de l'industrie devient
de plus en plus manifeste
la fonction essentielle de l'agriculture
qui est de
fournir à la main-d'oeuvre industrielle les produits ali-
mentaires nécessaires,
et à
l'industrie un grand nombre de matières
premières,
ainsi que de la main-d'oeuvre,
n'en est qu'un aspect,
pro-
bablement primordial d'ailleurs;
dans la plupart des "économies en
voie de se faire"
(1),
ce sont forcément les exportationsagricoles
qui
procurent la presque totalité des devises permettant d'importer
les biens d'équipements nécessaires à
l'industrialisation.
(1) Expression de F.
PERROUX qui semble vouloir concilier les exigen-
ces du savoir faire et du langage scientifique

185
La population agricole constitue quant à
elle,
un marché
pour les
produits
industriels,
non seulement pour les biens de
consommation,
mais aussi pour divers types d'équipement et de matériel agricoles.
L'expérience récente de certains pays a démontré
qu'une agricul-
ture déficiente peut compromettre l'industrialisation et la crois-
sance de l'économie dans son ensemble.
§.l.
L'EXEMPLE DE L'AGRICULTURE SOVIETIQUE
Le développement agricole soviétique illustre ce qui se produit
lorsqu'on prête trop peu d'attention à
l'agriculture.
S'il est vrai
que les conditions naturelles exercent dans ce pays
parmi
tous les éléments qui interviennent,
une influence prédominante
sur l'organisation et les résultats de l'agriculture,
il n'est pas
moins vrai que l'axe primordial du développement
soviétique a été
la
construction,
au~ d~pcnds de l'agriculture, d'une industrie lour-
de,
~uissante, pour laquelle le pays possède d'ailleurs des matières
premières nécessaires.
Cependant,
en 1917,
on a estimé que plus de
80% de la population du pays vivaient à
la campagne,
soit environ
l 3 0 . 0 0 0 • 0 0 0
d e p_e r s ci n ri ecs' •
Produisant peu,
vivant en quasi autarcie,
ces populations étaient
longtemps restées à
l'écart du
reste de
l'économie.
Au cours de la
période 1917 à
1929,
l'agriculture dans son ensemble,
ne mettait en
(1) Revue Tiers Monde,
Tome VIII,

30,
avril -juin 1967 (trimestrie

1 8 6
'oeuvre que la traction animale et le ~ravail manuel;
au total,
elle
ne b~n~ficiait que de 10% de~ investissements du pays (1).
A) Une production toujours inférieure aux prévisions
En effet,
la préparation des terres à
la traction attelée cons-
tituait un goulot d'étranglement pour la production agricole let immob
lisait un bétail important pour un usage non
alimentaire; de ce fait,
la production du travail était trop
faible dans ces conditions peu
productives.
B)
A partir de 1953,
l'agriculture bénéficie d'une priorité
beaucoup plus élevée.
En 1953,
les surfaces exploitées de manière extensive augmentent;
.les premières années 60 sont celles de la mécanisation partielle;
c'est seulement en 1963-65 que
la "décision a été
prise de s'engager
dans la voie de l'intensification qénérale de l'agriculture soviéti-
que"
(2).
~1 a l gré cel a, l a pro duc t ion d e den rée saI i men t air e s d e b a -
se a progressé trop
lentement et la production industrielle a été
freinée,
du
fait
que les livraisons de matières premières agricoles
sont insufficantes.
§.2.
LE CAS DE LA CHINE CONTINENTALE
Plus récemment la CHINE CONTINENTALE
a voulu,
elle aussi,
s'indus·
trialiser rapidement.
Dans ces conditions l'agriculture n'a pas été en mesure
de livrer les matiéres premiéres nécessaires
(
)' ( 2)r i ers r'1o n de,
Tom e VII l,
N0 30,
a v r i 1- j u i n 1967 (t r i mes tri el)

1 8 7
alors
le pays a connu une série de campagnes très médio-
cres,
de sorte que,
meme en important beaucoup
plus de produits ali-
mentaires,
il
n'a
pu éviter de sérieuses
pénuries.
Ainsi,
comr.le en L'.R.S-.S,
l'aC]riculture
chinoise n'a
pu
livrer a
l'industrie les quantités escomptées de coton et d'autres matières
premières.
Depuis cette succession de mauvaises récoltes,
les auto-
rités chninoises redonnent peu à peu de
l'importance à l'agriculture.
Ce sont
là deux exemples frappants,
mais dans maints
pays en voie
de développement,
la situation n'apparait guère différente aujourd'hui:
parfois,
les prix agricoles sont maintenus à un niveau trop bas pour
stimuler l'essor indispensable de la
production;
cette dernière aug-
mente alors
moins vite que
l~
population et moins encore que
la
de-
mande,
entrainant de fortes
fluctuations de
prix de détail.
Il convient également de noter que,
dans
les pays sous développés,
le r81e du secteur agricole en tant que
fournisseur de produits ali-
mentaires à la main-d'oeuvre industrielle n'est pas sans influencer
le développement industriel,car la
productivité baisse lorsque le
ré-
gime alimentaire
n'est
pas satisfaisant.
Si
les
travailleurs
ne re-
çoivent
pas assez de calories,
ils
ne peuvent maintenir un
niveau
de productivité élevé.
En resumc,
la
contribution
de l'agriculture
qui
fournit
les
produits alimentaires aux populations urbaines et les matières
pre-
mi~res a l'industrie, qui procure des recettes en devises et des ca-
pitaux destinés au
financement
de
l'industrie,
est
indispensables
au développement de l'ensemble de l'économie.

1 8 8
De ce fait,
le secteur agricole doit
fournir
un très gros effort
en p~riode d'industrialisation rapide,
et son
taux de croissance
conditionne habituellement,
en dernier
ressort,
le rythme de
l'indus-
trialisation
(1).
Par ailleurs,
l'agriculture est,
elle aussi,
tributaire de l'in-
dustrie a la
fois
pour les biens de consommation qui
incitent les
,
paysans a produire davantage
pour la vente et
pour les facteurs
de
production qu'exige tout effort de modernisation.
Peut être l'aspect
essentiel de ces rapports réside-t-il
dans le fait que chaque secteur
d~pend, dans une très large mesure, de la demande de l'autre secteur.
Aussi~ faut-il établir entre eux l'équilibre qui, à
tel ou tel
stade de développement d'un ~conomie donnée,
est le
plus
apte à garantir leur expansion respective et celle de l'~conomie dans
son ensemble.
Cette recherche d'équilibre entre l'agriculture et l'industtie
est a la
base de
l'orientation de
la
politique économique ivoirienne
de la fin
de la décennie 1960-1970;
celle-ci a systématiquement visé
un développement acc~léré de nouveaux secteurs de croissance dont
l'aqro-industrie constitue le support essentiel.
(1)
On s'est efforcé récemment de calculer
les
taux de croissance de
la
productivité agricole
nécessaire pour garantir différents taux
d'expansion de
l'industrie en Inde;
cf:
ASHOK,
Rudra.
"Relative
rates of growth"
"Agriculture and
Indus
try",
EconomiCWeekly,
IG
(Lf5),
novembre 1964,
p.
1781-83.
cf aussi:
Etude de base
nO
17,
F.A.O,
Rome 19G7,p.
Il.

1 8 9
SECTION II
LA POLITIQUE IVOIRIENNE D'INDUSTRIALISATION
La Convention de YAOUNDE
(ratifi~e en 1964) constitue un point de
d~part de la politique ~conomique ivoirienne dont le gouvernement a
défini,
dans
les
"perspectivies décennales de développement ~conomi-
que et social 1960-1970",
les objectifs suivants:
- Libéralisation et diversification g~ographique des ~changes,
-
Diversification agricole,
-
Industrialisation.
Les deux
premiers volets de
la
politique économique ivoirienne
ont fait l'objet de
nos chapitres antérieurs
(cf ch.
III,
section II,
§2 et ch.
V);
il convient maintenant d'examiner
le troisième volet,
c'est à dire la politique industrielle en g~n~ral et en particulier
la politique d'agro-industrie de
la Côte d'Ivoire.
§2.
LES DONNEES AU DEPART
" . . . . chacun veut avoir quelque chose à É:changer avec les autres
et tout le monde doit y
trouver son compte;
c'est que les résultats
des échanges commerciaux s'inscrivent
jusqu'ici en
termes d'inégali-
t~ flagrante
perte sérieuse pour
les uns,
profit excessif pour les
autres.
Comme moyen
d'équilibre,
la plupart des gouvernements du

190
Tiers-Monde et de l'Afrique en
particulier ont d~cid6 l'industrialisa-
tio~ dans leur pay~ de leurs mati~res premi~res pour le march~ int6-
rieur
ou
l'exportation
C'est dans cette optique que se situe
l'industrialisation récente des céréales africaines
" (U.Ainsi
d~clarait Madame BASSE, Directrice de l'Institut de Technologie Ali-
mentaire de DAKAR,
au Congr~s International pour la promotion des
Industries Alimentaires tenu
à Paris du 15 au 21 novembre 1976.
Donc au d6part tout
le monde voulait
produire,
c'est à dire cha-
que
producteur voulait consacrer ses ressources
à la production des
seuls biens pour lesquels elles sont
le mieux adaptées et commercer
avec des
pays dotés d'autres ressources,
car
selon
les 6conomistes
classiques,
le libre ~change, dans le schéma id~al, entre producteurs
spécialisés dans
la
production de certains biens,
contribue à ~lever
la
production mondiale totale et le bien-être de tous ceux qui
parti-
cipent à l'échange.
En
réalité,
les 6changes entre
pays industriels et
pays sous-dé-
velopp6s se soldent par une dégradation des
termes de l'échange
pour
les derniers pays.(cf.
tableau
13;
Indices des
prix à l'exportation
et à l'importation et termes de l'échange des pays en voie de d~ve-
loppement;
Secrétariat de
l~ C.N.U.C.E.D
) .
A)
L'OPTION LIBERALE
Les dirigeants ivoiriens n'ont
jamais mis
s~rièusement en cause
les préceptes de
la
pensée économique
lib~rale,
ils considèrent
(1)
Cette d~claration est rapport~e par Afrique Agriculture,

17,
Janvier 1977,
p.
36.

1 9 1
meme que
leur
"économie ouverte" est avantageuse.
Dans les pages
précédentes,
nous avons montré que
la croissance antérieure de
la
Côte d'Ivoire était fondée
sur son avantage comparatif des côuts
dans les
productions tropicales.
Avec l'indépendance,
une croissance nouvelle
s'annonçait,
fondée
sur l'importation de main-d'oeuvre et de capitaux privés,
et sur
l'accroissement de la
productivité ues
ressources
locales.
En effet,
~ la fin des années 1950 et à l'époque de l'indépendance, les res-
sources
publiques étaient limitées et ne
pouvaient ~tre allouies
qu'à un
petit nombre de secteurs;
il était donc
nécessaire de défi-
nir
les
priorités
l'action directrice était principalement
tour-
nee vers l'agriculture;
en matière d'industrialisation,
dans
la
me-
sure où
le gouvernement intervenait dans
le
processus d'implantation
et de développement,
il
se
bornait ~ fournir aux capitaux privés
étrangers des
infrastructures améliorées et à stimuler les investis-
sements par des mesures fiscales appropriées et des concessions de
monopoles.
B)
PRIO RIT EDO t,Ill EEAU
HW US TRI ES D' Hl P0 RT -
S U[3 S Tl TLI TION
ET DE TRAtJSFORt1ATIOH DE
PRODUITS LOCAUX
1)
Les
périodes des balbutiements
La
production du
bois débité est
l~ plus ancienne activité
industrielle de la Côte d'Ivoire.
En effet,
dès
1918 la scierie
VEZIOZ s'implante à GRAtlD BASSAH.
Pour mémoire,
on peut citer deux
a u t r es" pré cu r s e urs"
: l'E t a b lis sem e n t
G0 t'l F REVIL LE (f i lat ure - t i s s a -
g e,
c réé e n l 9 2 2 à BOU A1< E)
e t
laS a von n e rie
des
La g une s
(B L0 H0 RtJet
fils)
implantée en 1930 à Abidjan.

1 9 2 --
Ces quelques unités,
et d'autres
implantées un
peu plus tard
comme les conserveries d'ananas
(1947)
ou encore la beurrerie de
cacao
(en 1950)
transformaient des
produits
locaux avant
leur ex-
portation,
encore que certaines d'entre elles,
(l'établissement BLO-
HORIl par exemple),
assuraient
leur existence par des importations
de mati~res premi~res.
Il était donc nécessaire de s'intéresser de
tr~s pres a la pro-
duction agricole si l'on
voulait réussir
la
politique industrielle.
2)L'incidence de la modernisation et de
la diversification de
l ' agricul ture sur
les
nouvelles
"générations"
d'industries
ivoiriennes
La
liaison intime qui
doit exister entre
l'industrie de trans-
formation des produits de
l'agriculture et
son amont agricole est
capitale.
Or,
l'agriculture ivoirienne d'avant
l'indépendance
était,
nous
l'avons vue,
une agriculture de subsistance,
mal
équi-
pée et
peu
productive.
La
production traditionnelle.
utilisant des
techniques culturales tr~s archaiques,
était aléatoire et donc in-
capable de répondre aux besoins de l'industrie.
Il
fallait
donc
moderniser
cette agriculture,
c'est-à-dire introduire des techni-
ques modernes dans la
pratique culturale pour arriver à stabiliser
la
production;
en effet,
la
stabilisation de la
production en quan-
tité est absolument indispensable pour
pouvoir faire
fonctionner
dans de bonnes conditions une
indust~ie.
Aussi
importante pour l'industrie est la
notion de st<JndarC:isël-
tion de la
production;
or,
il
faut
remarquer que la production tra-

193
ditionnelle agricole est faite d'une multitude de variétés locales
cela suffit quand on les
transforme dans
les ateliers artisanaux,
mais
quand elles
sont destinées à des usines modernes et importan-
tes,
l'hétérogénéité variétale devient un obstacle majeur au
fonc~
tionnement
industriel dans de bonnes conditions.
Les actions de modernisation et de diversification de l'agri-
culture ont visé,
sinon à supprimer,
du moins
à réduire les goulots
d'étranglement que constituaient l'insuffisance de
la
productivité
et la
non-standardisation de
la
production.
C'est pourquoi,
vers
la
fin
des annees 1960,
la
nouvelle
poli-
tique économique définie a largement favorisé
l'activité industriel-
le basée sur la
transformation des produits locaux et
la
substitu-
tion des
importations.
Les r~sultats encouranqeants de la politique de modernisation ~
de diversification de
l'agriculture,
le développement des cultures
commerciales nouvelles
tels
le palmier à huile et le coton essentiel-
lement,
et
l'accroissement des cultures vivrières,
ont donné
l'im-
pulsion nécessaire à ces types d'industries.
Leurs objectifs
couvrir en priorité la demande alimentaire de
la
population et ensuite exporter suivant les disponibilités,
l'am-
pleur et l'origine de
la
demande.
Hais
la CBte d'Ivoire qui
n'avait
ni
capitaux,
ni
cadres,
devait faire
appel
à la fois à un personnel
qualifié et à des investisseurs étrangers pour
la
réalisation de
son
programme.

-1
9 4
§ . 2.
LE R0 LED ESC API TAU X ETRAHCERS DAI ~ S L' HW US TRI ALI SATl 0 IJ
DE
LA COTE D'IVOIRE.
,
A la
fin
de la d~cennie 1960-1970,
il
devint ~vident, grace ct
la
productivité accrue de
l'agriculture,
que
le moteur de la crois-
sance devait être l'industrialisation.
Ainsi
le plan de d~veloppement 1960-1970 pr~voit que 12% en
moyenne de
la
formation
de capital
seront allou~s à l'agriculture
et
plus de 3')% à l'industrie
(1).
Une telle disparité
n'était pas
pr~vue au d~part.
A)
LA COTE D'IVOIRE A SU ATTIRER LES CAPITAUX EXTERIEURS
Le secteur priv~ et plus particuli~rement les firmes étrang~res
devaient assurer
l'essentiel
de la
formation
du
capital
industriel
Comment donc inciter les capitaux extérieurs à s'investir dans le
pays ?
C'est probablement dans ce
"domaine que se trouve la clé de la
réussite ivoirienne.
Lem é rit e d' HOU PH 0 UET - BOl CIl y et deI 1 ~ qui p e ,
qui
à cette délicate période le secondait au Ministère des Finances
et du Plan,
a consisté,
d'abord,
à définir une politique gén~rale
propre à donner confiance aux investisseurs ~trangers et à concréti-
ser dans des textes précis,
les avantages qui
leur étaient offerts.
Il
a consisté ensuite,
et surtout,
a poursuivre cette politique
(1)
cf.
"L'Afrique de l'indépendance politique à l'indépendance eco-
nomique".
P.U.C,
197,),
p.
221.

- 1 95-
et a appliquer,
pendant
plus de quinze ans,
la
réglementation éta-
blie sans apporter de modifications
tendant a en dénaturer l'esprit
ou a en agqraver
les clauses.
En affaires,
a la
base de
tout con-
trat,
il
faut
placer la confiance et le profit"
(1).
La croissance économique de la Côte d'Ivoire doit donc beaucoup
a l'étranger,
mais ce sont les dirigeants qui
délibérément ont
vou-
lu et su attirer les capitaux publics et privés extérieurs et les
hommes capables de les travailler en leur donnant confiance,
sécu-
rité et avantages.
C'est ainsi
que la Côte d'Ivoire
"s'est
toujours refusée a ef-
fectuer des
nationalisations,
et les prises de participation de
l'Etat se sont
toujours
négociées de gré à gré"
(2).
En ce qui
concerne le capital
"confiance",
il est difficile de
le créer d'emblée.
Cependant,
plus les années
passaient à l'abri
des déceptions,
plus les investissements
réalisés,
soit par des par-
ticuliers,
soit par des sociétés,
devenaient nombreux.
Ainsi,
nous avons
pu montrer dans les chapitres antérieurs,
que
l'aide extérieure n'a
pas manque à la Côte d'Ivoire: de 1960 à 1974,
l'aide extérieure
(publique et privée)
reçue par ce pays s'est éle-
vée globalement à 237.122 millions C.F.A courants
(cf.
tableau 12
SOLI l'ce
: ,..Ji n i s t ère du Pla n,
Ab i d jan e t
l ' 0 LI V r a q e
"L a C. l
e n chi f f l'es" .
( 1)
Pie r r e PLA Tal';,
,. Les
i n v est j s sem e n t s
pub l i c s e t p r i v é sen Côte
d'Ivoire",
Harchés
tropicaux et médi térranéens
nO
1563,
24 octobre
1975,
p.
3095
(2)
Revue Europe-Outre Hel',
"L'essor économique de la Côte d'Ivoire",
nO
553,
février
1976.

196
B)
LES IIJVESTISSH1HJTS HIDUSTRIELS
Le montant des investissements industriels
est connu d'une ma-
ni~re extr~mement pr~cise grâce aux travaux effectu~s par la Chambre
d'Industrie et,
en
particulier,
son secr&taire g~n~ral, Mr Andr~
ESCARD
: ~valu~s ~ la fin de 1966, ~ 47 milliards de francs C.F.A,
ces investissements repr~sentaient en valeur cumul~e 186,119 mil-
liards de francs C.F.A à 1 fin de 1974,
et 217 milliards au
1er
janvier 1976.
(1)
Ce total
comporte une dotation
très importante de l'Etat Ivoi-
rien à certaines branches industrielles,
notamment à l'industrie
du sucre.
En effet,
~. la fin de 19]~, l'Etat ivoirien. participàit directe-
men t
0 u
i n d ire ete men t
par l' i n ter mé ri i air e dei a Soc i été Il a t i 0 Il ale
de Financement
(S.O.tl.A.F .1),
de la Banque Ivoirienne de Oéveloppe-
ment Industriel
(B.I.D.I),
de la Caisse de Stabilisation et de Sou-
tien des
Prix des Productions Agricoles
(C.S.S.P.P.A),
de la Ban-
que Ivoirienne pour le Comalerce et l'Industrie de la Côte cl 1 Ivoire
(B.I.C.I.C.I),
du Crédit de Côte d'Ivoire
(C.C.I)
et de nombreux
organismes étatiques ou para-~tatiques, au capital de plus de cent
cinquante soci~tés industrielles et commerciales
(sur un total
de
442 entreprises)
pour 30 milliards de francs
C.F.A
(2).
Par ail
leurs,certains organismes d'aide au développement industriel,
tels
que la B.I.D.I et de promotion de la
petite entrprise ivoirienne,
tels que l'O.P.E.I
( 1) t~ arc h ~ s Tr 0 pic a u x e t t1 é d j ter r a née n s,
1'1 ° 1 5 6 3 d u 2 4 0 c t 0 b r e l 9 75
et Revue Europe-Outremer,

553,
f~vrier 1976. Cit~ par la documen-
tation Fse
: problèmes ~conomiques, tJo 1479,
30.06.76,
p.
5;
Le chiffre de 1976 nous est fourni
par le num~ro sp~cial de "Quoti-
dien Ivoirien-Fraternit~Matin, aoGt 76,
p.
16
( 2)
" Fra ter nit é 1·1 a tin a 0 Û t
7 6,
p.
7

1 9 7
(Office National de Promotion de
l'Entreprise Ivoirienne),
disposent
de fonds
dont une partie
peut figurer
au Budget Spécial d'Investis-
sement et d'Equipement
(B.S.I.E),
notamment sous forme
de dotations.
L'originalité du libéralisme ivoirien est de conjuguer l'initia-
tive privée nationale et étrangère avec une
intervention de
l'Etat
dont l'importance,
nous venons de le montrer,
croIt d'année en an-
nee.
Malgré cela,
l'interventionnisme des Pouvoirs Publics est es-
sentiellement sélectif et s'exprime par
la création d'infrastruc-
tures,
des
prises de
participation dans certaines sociétés
jugées
prioritaires.
C'est donc aux capitaux privés étrangers que revient
le rôle primoruial dans
le processus d'industrialisation de la Côte
d'Ivoire.
La
répartition du capital
social des entreprises par pays
d'origine donne une indication,
pour le seul
secteur
industriel,
de l'importance relative des capitaux privés étrangers.
Ainsi,
au 1er janvier 1975,
le capital
social global
des
soci~-
tés industrielles
(à l'exception des industries du bois), était dé-
tenu pour 65,8% par des étrangers,
dont
la France
46,7%,
Etats
Unis
4,3%,
Suisse:
2,8%,
Pays-Bas:
2,4%,
autres
(Italie-Canada,
R.F.A)
9,6%.
Au premier janvier 1976,
les
proportions étaient les
suivantes
capital
social étranger:
63% dont
français:
41%,
au-
tres
pays
22%;
capital social ivoirien
37%
(1).
(l)
Pro b l ème s é con 0 mi que s,
1'1 0
d u 3 0 j u i n l 9 7 6,
p. 5 e t " Fra ter nit é
Hatin - L'industrie Ivoirienne"
nO
spécial Août 1976,
P.6

1 9 8
C)
UNE PROGRESSION MOYENNE DE 17,8% PAR AN ENTRE
1966 ET 1975
Si
nous
prenons les annees 1966 et 1975,
nous observons qu'il
y a une différence de 361,7% entre les chiffres d'investissement en
francs C.F.A courants qui
leur
sont affectés.
En d'autres
termes, les immobilisations corporelles dans les
entreprises industrielles en 1975 ont été plus de 4 fois supérieu-
res
(4,60)
à celles de 1966.
Si cette promotion avait été régulièrement
répartie,
elle aurait
représenté,
au cours de la
période 1966-1975,
un
taux de
progression
annuel moyen de l'ordre de 17,8%,
mais
la
répartition de cet accrois-
sement par année n'a
pas été régulière;
le tableau ci-dessous il-
lustre cette irré~ularité
TABLEAU 19
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
11%
E I~
1967
10%
UJ
19G8
25%
Ul
1969
17%
Ul
1970
10%
UJ
1971
15%
EU
1972
37%
Dl
1973
28%
DJ
1974
16%
AU
31.12.1975
Source
N° Spécial Fraternité Hatin,
aoGt 1?76,
p.
IG

199
La
répartition par branches de ces investissements est aussi
inégale.
Au
niveau de 1973,
la
valeur cumulée
(145,4 milliards de
francs
C.F.A)
est allouée en
priorité à la
production d'énergie et
d'eau
pour 38,9% et aux
industries alimentaires
pour 23,4%.
Les autres secteurs
les mieux représentés sont ensuite les in-
dustries chimiques
(13,1%),
les industries textiles
(9,6%),
les in-
dustries du
bois
(5,3%),
les industries mécaniques et électriques
(2,9%);
les autres industries reçoivent 6,8%
(1).
Si,
à la base de ces résultats,
il
faut
placer
le capital
con-
fiance et le
profit,
il a fallu,
en outre,
les concrétiser dans des
textes
précis,
car,
aucun détenteur étranger de capitaux ne prête
sans garantie et
sans espoir de bénéfice.
Ce document,
c'est le
code ivoirien des
investissements privés de 1959.
§ . 3.
L' l Il ST RLI HE Il T DEL A POL l Tl QUE
D' l 1,1 DUS TRI ALI S ATI 0 1'1 DEL A
COTE D'IVOIRE
:
LE CODE
IVOIRIEt~
DES II~VESTISSEl-1EllTS
A)
LA DIRECTION DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL
En
juillet 1960,
au moment o~ la C8te d'Ivoire prenait en
main ses destinées,
il
était difficile d'avoir une connaissance
approfondie des
ressources et surtout des besoins du
pays.
Il
fallait
donc se liyrer sans tarder à une analyse minutieuse et
complète des différents secteurs de l'économie susceptibles de
(1)
Marchés Tropicaux et Héditerranéens,
hebdomadaire,
nO '1563,
du
24 octobre 1975,
p.
3038.

200
participer au développement national
(ou
naturellement appelés a
en tirer
profit).
Cette collecte des données de base a permis
d'élaborer
le premier
plan ivoirien connu sous le nom des
"perspec-
tives décennales de développement économique et social
1960-1970".
Ce document a déterminé les lignes directrices de la
politique
économique de la Côte d'Ivoire.
Ainsi
le secteur industriel est généralement le domaine de l'ini-
tiative
privée.
Il est cependant nécessaire que sans
porter attein-
te aux options
libérales ainsi
retenues,
les interventions ne se
produisent pas dans ce secteur de
façon anarchique,
mais
soient
coordonnées,
autant dans
l'intérêt de la Côte d'Ivoire que dans ce-
lui des
investissements éventuels.
C'est pourquoi
la Direction du
Développement Industriel
(D.D.I)
a défini,
en fonction des
besoins
et des possibilités,
les orientations vers
lesquelles les investis-
sements
privés ont le
plus d'avantages à se tourner.
Cette action
indicative se trouve renforcée par des mesures spécialement étudiées
soit
pour
les encourager et soutenir les
investissements souhaita-
bles,
soit pour dissuader
les initiatives
inopportunes.
Le code
ivoirien des
Investissements est le document qui
prévoit ces mesu-
res particulières d'encouragement et de soutien.
Un autre organisme,
la
sous-direction des entreprises prioritai-
res et conventionnées est chargée de veiller à la fois
à ce que le
bénéfice du code des
Investissements
profite réellement aux indus-
tries bénéficiaires,
et à ce ~ue les engagements qui en sont la
contrepartie soient scrupuleusement respectés.

201
Pr~cisons par ailleurs, les conditions dans lesquelles les avan-
tages du Code Ivoirien des
Investissements peuvent
profiter aux en-
treprises avant d'en exposer les dispositions essentielles.
Les in-
dustries bénéficiaires sont celles dont la
rentabilité semble cer-
taine,
l'utilité évidente dans le cadre national,
c'est-à-dire celle
dont la cr~ation entraînera par exemple une valorisation des ressour-
ces agricoles,
des créations d'emplois,
etc
En dix ans,
de 1959 à 1970,
la commission spéciale d'attribution
du bénéfice du
"Code" a déclaré
prioritaires soixante quinze entre-
prises qui
ont ainsi
bén~ficié des mesures d'encouragement du Code
de 1959 dont voici
le texte.
A)
LE
TEXTE
TI TRE
1
LES ENTREPRISES PRIORITAIRES
Article_l
-
Le régime des investissemnts prevus en Côte d'Ivoi-
rere
est déterminés par les dispositions ci-après qui
confirment e
complètent
les mesures arr~tées, ou recommandées par la délib~ration
et le voeux du
Il avril 1958 de
l'assemblée territoriale et les déli-
b~rations et le voeux du 23 janvier 1959 de l'assemblée constituan-
te.
Article 2 -
Sont réputées prioritaires sur le territoire de
la R~publique de Côte d'Ivoire,
les cat~gories d'entreprises ci-après:
1)
Les entreprises immobilières
~) Les entreprises de cultures industrielles et les entrepri-
ses connexes de
pr~paration (oléagineux, hévéa, canne à sucre, etc .. )

2 0 2
3)
Les entreprises industrielles de
préparation et de trans-
formation mécanique ou chimique des
productions végétales et anima-
les locales,
(café,
cacao,
oléagineux,
hévéa,
boi~, coton, canne ~
sucre,
etc
... )
4)
Les industries de fabrication et de montage des articles
et objets de grande consommation
(textiles,
matériaux de construc-
tion,
fabrications métalliques,
véhicules,
outillage et
quincaille-
rie,
engrais,
produits chimiques et phnrmaceutiques,
pate ~ papier,
papier,
cartons et applications,
produits
plastiques,
etc
... )
5)
Les industries minières d'extraction,
d'enrichissement ou
de transformation de substances minérales et les entreprises conne-
xes de manutention et de
transport,
ainsi
que
les entreprises de
recherches
pétrolières.
6)
Les entreprises de production d'énergie
LES COrWITIOllS DE L'AGRU1EllT
Article 3 -
Les entreprises appartenant ~ l'une des catégo-
ries ci-dessous
pourront,
par décret pris en conseil
des Ministres
être agreees comme prioritaires lorsqu'elles remplissent les con-
ditions d'agrément suivantes
a)
Concourir ~ l'exécution des plans de d6veloppement econ-
nomique et social
dans les conditions déterminées
par le décret
d'agrément;
b)
Effectuer des investissements revêtant une importance
par-

2 0 3
ticulière pour la mise en
valeur du
pays;
c)
Avoir été creees apres
le
Il avril
1955 ou avoir entrepris
apres cette date des extensions importantes,
mais seulement en ce
qui
concerne ces extensions.
Article 4 -
En cas de manquement grave d'une entreprise agréée
aux obligations imposées par le décret d'agrément,
le
retrait d'agré-
ment est prononcé,
après mise en demeure non
suivie d'effet par dé-
cret pris en Conseil
des Ministres.
Dans ce cas,
l'entreprise est
soumise pour compter de la date dudit décret au régime de Droit Com-
mun.
Article 5 -
Toutes les entreprises agreees comme prioritai-
res sans exception,
bénéficieront de mesures d'exonération ou d'al-
lègement fiscal.
Celles d'entre elles qui
présentent une importan-
ce particulière pourront,
sur autorisation spéciale donnée
par une
loi,
~tre admises au bénéfice du régime fiscal de longue durée défi-
ni
ci-dessous et passer avec
le Gouvernement des conventions dites
d'établissement dans
les conditions déterminées ci-après.
La loi
prevue a l'alinéa précédent fixera
la
période d'appli-
cation du régime fiscal
de longue durée ainsi
que la durée et
les con-
ditions générales de la convention d'établissement,
les autres dis-
positions étant déterminées par décret
pris en Conseil
des Ministres.

2 a 4
TITRES II
LE REGlr~E
FISCAL DE LOljGUE DUREE
Article 6 -
Le régime fiscal
de longue durée est destiné a
garantir à des entreprises agréées comme prioritaires,
la stabilité
de tout ou
partie des charges fiscales
qui
leur
incombent,
pendant
une
période maximum de 25 ans, majoré,
le cas échéant,
dans la
limi-
te de 5 années,
des délais normaux d'installation.
Article 7 - Pendant
la p~riode de d'application d'un r~gime
fiscal
de longue durée,
aucune modification ne peut ~tre apportée
aux r~gl.es d'assiette et de perception, ainsi qu'aux tarifs prevus
par ce régime en faveur de l'entreprise bénéficiaire.
Pendant
la meme
période,
l'entreprise bénéficiaire
ne
peut
~tre soumise aux imp8ts, taxes ct contributions de toute nature dont
la création résulterait d'une loi
postérieure a
la date d'applica-
tion du régime fiscal
de longue dur~e.
Article 8 -
En cas de modification du
régime fiscal
de droit
commun,
toute entrepise bénéficant d'un régime fiscal
de
longue du-
rée peut
demander
le bénéfice des dites modification.
Il
peut
lui
~tre donné satisfaction par décret en Consèil des Ministres.
Toute entreprise bénéficiaire peut demander à ~tre repla-
cee sous le régime du droit commun à partir d'une date qui sera
fi~
xee par décret
pris en Conseil des Ministres.

2 0 5
TITRE
III
LA C0 IJ VEIlT l OIJ D' ETAB LIS SU1 UlT
Article 9 -
La convention d'établissement fixe et garantit
les conditions de création et de fonctionnement de l'entreprise
prioritaire admise à en bénéficier.
Elle ne peut être passee qu'avec une entreprise bénéficiant
d'un régime fiscal
de longue durée,
et sa durée ne peut excéder
celle de ce régime fiscal.
Elle ne peut comporter,
de la
part de l'Etat,
d'engagement
ayant pour effet de décharger l'entreprise bénéficiaire des
pertes
ou charges ou des manques à gagner dus à l'~volution de la conjonc-
ture économique ou à ~es facteurs propres à l'entreprise.
Article 10
-
Le
règlement des différends
résultants de l'ap-
plication des dispositions d'une convention d'établissement et la
détermination éventuelle ~e l'indemnité due pour la méconnaissance
des engagements pris,
pourront faire
l'objet d'une
procédure d'ar-
bitrage dont les modalités seront
fi~ées par chaque convention.
TI TRE
IV
LES MESURES D'EXONERATION ET D'ALLEGEMENT FISCAL
Article Il
-
Les mesures d'exonération et d'allègement
fiscal
dont bénéficient,
sans exception,
toutes les entreprises
agréées comme
prioritaires concernent
1)
Certains droits et
taxes perçus a l'entrée du
territoire

2 0 6
de la République
sur les marchandises et produits
importés:
droits
de douane,
droit fiscal
d'entrée,
taxe forfaitaire représentative
de la taxe de transaction.
2) Certains impôts,
contributions et. taxes frappant
les
activités intérieures de
production ou
les transactions,
impôts sur
les bénéfices industriels et commerciaux,
contribution foncière
des
propriétés bâties,
taxes sur les biens de mainmorte,
contri-
bution des
patentes,
droits d'enregistrement.et de
timbres,
taxe
d'extraction des matériaux;
3)
Certains droits et
taxes perçus à la sortie~~~ltoi­
r e d e l~ é pu2.1: ~ ~: d roi t
fis cal d e s 0 r t i e,
t a xe for f ait air e a
l'exportation repr~sentative de la taxe de transaction.
Tel est le texte
"in extenso" de la loi
59134 du 3 septem-
bre 1959 portant détermination du
régime des Investissements pri-
ves dans la République de Côtr d'Ivoire que l'on
peut considérer
comme le fondement du
"capital"
dont jouit ce nays depuis son ifldé;.
pendance en 196G.
Pour ~tre complet,
nous publions en annexe le tableau des
mesures d'exonération et d'allègement fiscal
annexe à la
présente
loi.

207
SEC TI 0 IJ l II
BI LAli E T P11 0 BLE 1·1 E5
OE
LA DEPEIWAtlCE ECOllOHIQUE
- - - - - - - - - - - - -
DE
LA COTE D'IVOII1E
§ .1.
BILA li
Le Code
Ivoirien des investissements que certains
trouvent
trop favorable
aux détenteurs étrangers de capitaux a fait
de la
Côte d'Ivoire
"Le pays d'Afrique Francophone vers
lequel
se sont
tournés,
depuis
l'Indépendance
(en 1960),
le plus grand
nombre
d'investisseurs et qui a,
par ailleurs,
réalisé dans
une
foule
de
domaines
les investissements les plus considérables.
C'est un
fait
que
nul
ne peut songer à contester"
(1)
Les chiffres du
Tableau 12
(237,122 milliards d'aide extérieure
reçue par la Côte d'Ivoire entre 1960 et 1974)
témoignent,
à eux
s e u 1 s,
deI a r é u s s i t e i v 0 i rie n ne e n mat i ère d' a p pel
à des fin a n c e 171
ments extérieurs.
5'il en est encore besoin,
donnons
pour mémoire
quelques chiffres bruts fournis
par le
numéro
"Spécial
Industrie"
de Fraternité Matin d'aoGt 1976
:
au nombre de 456,
les entrepri-
ses ivoiriennes représentaient,
au
premier
janvier 1976,
217 mil-
liards d'investissements cumulés;
pour
l'année 1975,
elles ont
verse 33,3 milliards de Francs C.F.A de salires à 53.000 travail-
leurs
(contre 27 milliards à 46.270 travailleurs en 1974).
(1)
l-1archés Tropicaux et Héditerranéens
"Les investissements en
Côte d'Ivoire",
t,Jo
1563,24 octobre 1975,
p.
3094.

2 0 8
Le chiffre d'affaires est passé de 254 milliards en Francs C.F.A
en 1974 à 303 milliards en 1975,
soit une augmentation de 19% d'une
annee a l'autre.
Enfin,
la part des
produits industriels dans l'ensemble ees
exportations ivoiriennes a représenté,
avec un montant de 99 mil-
liards de Francs C.F.A en 1975,
39% du total des exportations qui
ont atteint 255 milliards
(1).
On comprend ainsi
que les responsables ivoiriens de l'économie
refutent la th~se selon laquelle la C8te d'Ivoire ne tire vraiment
pas
profit des investissements réalisés sur son sol,
et parlent
volontier d'un contrat conclu en toute liberté entre leur pays et
les investisseurs étrangers lequel comporte des droits et des obli-
gations dont le respect scrupuleux confère le libre transfert des
bénéfices
Ils considèrent qu'en accordant d'importants avantages aux four-
nisseurs étrangers de capitaux,
ils ont su attirer des industries
qui ont eu une influence favorable à la fois
sur l'emploi
et sur
l'économie globale du
pays.
Parceque ces entreprises existent sur
le sol
ivoirien,
l'Etat,
par le biais de certains organismes publics
comme la S.O.N.A.F.i
(Société ~Iationale de Financement), a pu accroi-
tre ses participations dans les sociétés existantes.
Ainsi,
à la
fin de 1975,
il contrôlait déjà 37% du capital social de~ entreprises
installées sur son
territoire.
En outre,
il existe un
prél~vement
de 10% sur les bénéfices de toutes les sociétés,
qu'elles soient
( 1)
Fra ter nit é Hat in,
nu mé ro" s p é c i al
in dus tri e ",op.
ci t.
p.
6 et 7

209
reconnues
prioritaires ou non prioritaires,
c'est à dire qu'elles
relèvent du code ou pas;
ce pr~lèvement alimente le Fonds National
d'investissement
(F.N.I)
qui est versé,
avec d'autres recettes,
au
Budget Spécial d'Investissement et d'Equipement créé deux années
seulement après l'Ind~pendance, et qui a permis à l'Etat Ivoirien
de bénéficier de ressources accrues et d'augmenter sa capacité
d'emprunt,
fait que nous avons déjà souligné en faisant remarquer
que 79% de l'aide extérieure aux investissements publics sont rem-
boursables contre 21% non remboursables
(cf.
Chapitre VI,
section l,
par a g r a p he 2 - B : " plu s d e p r ê t s Cl u e des u b ven t ion s',' ) .
Enfin,
ils font
remarquer que l'Etat perçoit,
sur les sorties
des produits des industries locales,
des droits sans lesquels les
taxes d'entrée viendraient en dernier ressort grever lourdement le
budget des consommateurs.
A notre avis,
ce bilan est
positif et nous disons que la Côte
d'Ivoire,
qui
a pris délibérément le
"risque" de
se priver de cer-
taines ressources au
profit des investisseurs,s'est menage un mini-
mum de profits afin de contrebalancer les réels sacrifices qu'elle
accepte de consentir à ceux qui
lui
font confiance et qui désirent
participer au financement de ses investissements.
§ . 2.
LES PRO BLUl ES DELA DEPEt ID Ml CEE CO ~w rH Q~LD ELA C0 TE
D'IVOIRE
Aucune économie moderne n'a
jamais été complètement indépendante
des biens et facteurs
de
production fournis
par d'autres économies.
Si l'on admet généralement un
certai n degré d'interdépendance écono-

2 1 0
mique,
la dépendance que subissait les pays nouvellement décoloni-
sés était excessive
les nouveaux Etats dépendaient largement des
biens capitaux,
de la main-d'oeuvre et d'autres ressources essentiel-
les provenant de l'étranger,
c'est à dire de l'ancienne métropole
et d'un ou de deux autres
pays industrialisés.
En outre,
la pro-
priété et le contrôle de la majorité des entreprises étaient entre
les maios de l'étranger.
Deux questions
viennent immédiatement à
l'esprit:
quelle était la situation qui
prévalait en Cate d'Ivoire
à la date de l'indépendance? Comment les responsables politiques
ont fait
face aux
problèmes qui
se posaient alors?
A) LAS 1 TUA TlOt J DE L r ECO N0 t1 1 E 1 VOl RIE tll'J E A LAD ATEDE L 1 1 Il DE -
PEI'IDANCE
Si l'on admet que la
notion de dépendance économique d'un pays
implique,
du moins en partie,
un certain degré de contrainte ou de
motivation politique, 'alors l'économie coloniale ivoirienne était
manifestement dépendante
de la France.
Diverses mesures telles la
création de zone franc,
lfinterdiction pour la Cate d'Ivoire d'im-
porter
ne certains pays
situés hors de cette zone franc,
les
pre-
férences
tarifaires
pour les produits français,
etc
ont contri-
bué à la dépendance économique ivoirienne.
Sur un plan purement
institutionnel,
la Côte d'Ivoire appartenait à l'Afrique Occidentale
Française et n'avait guère de personnalité autonome.
M~me immédiatement aprcs
l'indépendance,
certaines contraintes
commerciales étaient maintenues,
en particulier celles qui
ont fait
l'objet de
protocole d'accord franco-ivoirien de 19G1;
en effet,
en échange des
tarifs
préférentiels accordés
par la France aux expor-

2 1 1
tations
ivoiriennes de café,
cacao,
bois,
bananes et ananas,
la Côte
d'Ivoire a accepté de limiter à 100.000 tonnes ces exportations de
café vers la rrance;
en outre,
elle a accepté certaines restric-
tions à la liberté de ses importations;
il s'agit notamment:
du main-
tien des achats
de produits français
au
niveau atteint en 1960,
c'est
à dire 22,3 milliards de Francs C.F.A;
achat sur le marché français
de toutes
les importations de blé,
et de sucre,
de 70% de vins,
bois-
sons et cotons imprimés,
de 60% du
lait,
50% des
tracteurs et appa-
reils d'air conditionné,
30% des appareils de radio et d'équiper.;ent
ménager;
enfin,
elle a accepté d'imposer des
taxes douanières dis-
criminatoires allant jusqu'à 35% à l'importation de certains
produi ts
non français,
ainsi
que des quotas et taux de
pénalisation encore
plus élevés sur les importations en
provenance de
"concurrents délo-
yaux"
(principalement le Japon)
(1).
Soulignons enfin
la
presence sur le territoire ivoirien de qua-
tre grands comptoirs
C.F.A.O,
C.F.C.I,
S.C.O.A et
Jean ABIlE-CAl qui
détenaient le
commerce de gros et dominaient
presque tous
les secteurs non agri-
coles du
pays.
En fin,
ai n s i
que no us
l ' a von s mo n t r é
(d ans l e t a b l eau
1,
cha p i -
tre
III,
section 1,
p.
l'économie coloniale était caractérisée
par la
part prépondérante du café et du cacao qui
ont représenté
jusqu'à 90% des exportations au milieu des années 1950 et 64% en
1961,
et surtout par la
concentration des
importations,
la France
-----------------------------------~-
(1)
Ces éléments de l'accord Franco-Ivoirien de 1961 on été relevés
dans l'ouvrage "l'Afrique de l'indépendance politique à l'indépendan-
ce économique" P.U.C 1975,
p.
207.

212
fournissant 70,6% du total
des importations ivoiriennes en 1960;
Les exportations vers la France des deux principales productions du
pays
(caf~ et cacao) ont repr~sent~, qu~nt ~ elles, 59,7% en 1958
52,1% en 1959,
et 52,6% en 1960
(toujours selon
le tableau l
sus-
mentionné) .
Largement ouverte sur la métropole,
basée sur l'exportation de
deux produits relativement vulnérables,
domin~e dans son secteur non
agricole par un
petit nombre de grandes firmes
"métropolitaines",
et dirigée par des personnels non
nationaux
presque ~ tous les ni-
veaux,
l'économie ivoirienne d'avant 1960 dépendait de
la métropole
française.
B)
COHr-tEtlT
LE COUVERHEHE!H
A FAIT
FACE
A LA
SlTUATIOIJ DEPUIS
L ' l HDE PE Il DAtiC E
Les diff~rents él~ments de reponse a cette question semblent
nous être fournis
par notre développement ant~rieur.
En effet,
nous avons montré que
les dirigeants ivoiriens ont délib~r~ment
choisi de coexister avec l'ancienne métropole;
cette coexistance
a assure,
avons-nous dit,
un
flux
constant et substanciel de capi-
taux et d'aides techniques n~cessaires à l'~quipement du pays.
tla i s
loin
d'accepter le statu-quo colonial,
la Côte Ô'Ivoire a essaye
~ la fois d'attirer des capitaux en provenance de plusieurs pays
étrangers et organismes internationaux,
ainsi que le montre
(le ta-
tableau 12
~répartition
J
de l 'aide ext~rieure par pays four-
n i s s e u r s'l1 ) e t
d' a u 9 men ter 1er ô l e des sou r ces i n ter n es.
Parallèlement,
elle a diversifié
les produits d'exportation,

2 1 3
les marchés sur lesquels elle les vend,
et surtout les fournisseurs
des
produits importés~ c'est a dire le marché commun des Six (avec
la Convention de YAOUNDE 1)
puis celui
de
la Convention de LOME
(1),
sans oublier le JAPON,
les ETATS UNIS,
le CANADA,
etc
La Côte d'Ivoire a ensuite orienté sa
politique vers l'auto-
suffisance alimentaire et vers la
promotion de l'entreprise nationale
(publique;
mixte et
privée)
pour la transformation et la valorisation
des
produits IDcaux ..
En matière de recrutement de
personnel quali-
fié
de sources étrangères,
la Côte d'Ivoire continue de
s'adresser
en
priorité à la France,
mais quand celle-ci est dans l'impossibi-
lité de satisfaire sa demande,
elle s'adresse en toute liberté à
d'autres pays,
notamment les
pays d'expression française dont
le
CANADA
(Québec),
la BELGIQUE,
etc
Dans le même temps,
elle déve-
loppe les centres de formation
nationaux,
dont l'Université d'Abid-
jan,
l ' Eco l e t~ a t ion ale Su pé rie ure d' Ag r 0 nom i e,
l ' Eco l e 1'10 r mal e Su pé -
rieure,
etc
... , constituent les
plus représentatives.
Cette politique économique ivoirienne a-t-elle valeur d'exem-
pIe ?
Il semble être reconnu
depuis
longtemps qu'il
n'existe pas
de formulë miracle en matière de développement,
mais que chaque
pays
pose un problème propre,
en fonction
de ses données
particu-
lières.
En 1960,
les données ivoiriennes étaient les suivantes
une économie avec un
important secteur agricole exploité,
presque
exclusivement par la
population autochtone;
celle-ci
pratique,
à
côté de la culture vivrière,
des cultures commerciales qui
fournis-
(1)
La Convention de LOME régit
pour
5 ans les relations économiques
entre 9 pays de la Communauté Européenne et 46 pays d'Afrique,
des
Caraibes et du
Pacifique.
Le document C.E.E
- A.C.P a été signé dans
la capitale du
TOGO
(Lomé)
le 28 février
1975.

2 1 4
sent pour l'exportation deux produits essentiels
(café et cacao)
et
ont rapporté au
pays,
nous
l'avons dit,
27,5 milliards de recette,
soit 73,7% de la
valeur
totale des erportations
(cf.
tableau
l,
p.
"l'importance du café et du cacao dans les exportations ivoi-
riennes") ;
les ressources minières étaient inexistantes;
aussi,
les
" g r and s co mpt 0 i r s" i mpla n tés dan s I e p a y s
li v rai e n t - ils p r i n ci ,- .
) :~;,
paIement des produits
au marché intérieur et transformaient ou com-
mercialisaient
les récoltes
locales destinées à l'exportation.
Elles
comptaient donc très largement sur la santé du secteur agricole
dominé par la petite exploitation
paysanne.
De ce fait,
les techniques de
production employées dans le pays
étaient relativement appropriées aux
facteurs dont dispose la Côte
d'Ivoire,
elles (taient moins capitalistiques que celles employées
dans les pays
riches en ressources
naturelles
(pétrole,
cuivre,
mine-
rai
de fer,
etc
... ) et utilisaient une main-d'oeuvre moins quali-
fiée
pouvant
~tre recrutée parmi la population ivoirienne qui pou-
vait ainsi
bénéficier directement de
l'accroissement du
revenu
résul-
tant du développement du
pays.
La
situation en Côte d'ivoire était donc différente de celle des
pays riches en
ressources minérales épuisables et qui
risquent,
après plusieurs années d'exploitation,
de
~'~tre plus que des «villes
fantômes
avec le souvenir des splendeurs du
passé» (1).
Pour toutes ces données
particulières,
les dirigeants ivoiriens ont
choisi,
après 1960,
de coexister avec les firmes
étrangères
(anima-
trices des secteurs secondaires et
tertiaires)
et de moderniser
(1)
cf.
"L'Afrique de l'indépendance politique a l'indépendance
économique" op.
cit.
p;
204.

215
l'agriculture
(source de produits alimentaires et de matières pre-
mi ères industrielles).
Ce choix
semble ~tre a la base d~ la crois-
sance qu'a enregistrée l'économie ivoirienne depuis l'indépendance.
Ainsi
l'agriculture,
qui
a un
rôle à la fois
social et économique
à jouer,
n'a pas été sacrifiée à l'industrialisation,
les progrès
des deux secteurs sont allés de pair.
Le rôle du
gouvernement ivoirien dans l'évolution de la
politi-
que économique de
la Côte d'Ivoire depuis l'indépendance est consi-
dérable,
mais les dix sept années déjà écoulées sont probablement
une période trop courte pour que l'économie de ce pays devienne
indépendante selon un ensemble de critères tel que celui
propose
par Reg i n a l d H.
GRE EN,
c'e s t
à di r e ({l' 0 rie n t a t ion deI a pro duc t ion
vers la satisfaction de la demande intérieure,
la capacité à satis-
faire cette demande qualitativement et quantativement,
l'emploi de
personnels nationaux à tous
les niveaux,
la capacité de diriger les
relations économiques internationales sur un pied d'égalité relati-
ve»)
(1).
- - - - - - - - - - - -
(1)
Reginald H.
GREEN,
"Political
independance and the national
econo-
my
: an essay in
the political economy of decolonisation" in Christo-
p he r AL LEIl and R. W JO HtJ SON,
Eus.
Af r i c a n Pers p e c t ive s,
Cam b r i d 9 e
University Press,
1970,
p.
277.

2 1 6
CONCLUSION DU CHAPITRE VII
==========================
L'économie ivoirienne n'est certes pas encore indépendante si
l'on en
juge par les crit~res définis par Réginald H. GREEN.
Cependant,
il est évident que les efforts entrepris pour déve-
lopper les industries de transformation de produits
locaux consti-
tuent,
parmi
d'autres,
une action de nature à affaiblir les liens
de dépendance externe.
En
outre,
l'appel
à des capitaux en provenance ,de plusieurs
pays étrangers a permis d'une part,
de diversifier ces liens de
dépendance,
donc de
les affaiblir dans une certaine mesure,
d'autre
part,
de transformer l'agriculture,
d'augmenter sa productivité
afin qu'elle puisse être en mesure de répondre aux besoins de l'in-
dustrie moderne.
Ces entreprises de valorisation des matières
premi~res locales
s'intéressent à toutes les branches de l'agriculture et du bois;
certaines d'entre elles
jugées
prioritaires,
bénéficient de privi-
l~ges et avantages que leur accorde le code des investissements
privés de 1959.
De ce fait,
une grande partie des profits réali-
sés sur le territoire ivoirien n'est pas réinvestie sur
place et
ne profite pas toujours au
pays.
C'est pourquoi,
l'ambition du gouvernement est de promouvoir,
dans le sillage des grandes entreprises étrangères,
des Sociétés
d'Etat ou Mixtes,
et surtout des unités plus petites,
c'est à dire

2 1 7
des P.M.E anim~es par des chefs d'e~treprises nationaux.
C'est
le rôle de l'Office de
la
Promotion de l'Entreprise Ivoirienne
(l'O.P.E.I)
de susciter la vocation d'entrepreneurs
parmi les ~li­
tes autochtones.
Il
joue à leur égard le rôle de conseiller et
de tuteur dans leur début.
On s'aperçoit en fait qu'il
s'agit non seulement d'améliorer
la productivité de l'agriculture pour qu'elle contribue à l'expan-
sion de l'industrie,
mais surtout de modifier
toute une mentalitê
ce qui explique les difficultés qui existent dans les relations
industrie-agriculture dans l'état actuel du développement économi-
que de la Côte d'Ivoire.

218
CONCLUSION DU TITRE SECOND
========~=================
ET DE LA Zème PARTIE
====================
Face au choix ~cohomiques
ou investir? que produire?
qu'exporter?
qu'importer?
les responsables
invoiriens de l'éco-
nomie ont choisi,
lors de l'indépendance,
d'investir
en priorité
dans l'agriculture,
c'est à dire de la moderniser,
de diversifier
ses productions,
d'améliorer sa
productivité,
en d'autres
termes,
la
rendre plus apte ~ satisfaire les besoins alimentaires de l'en-
semble de la population
(rLlrale et urbaine),
et à exporter pour
assurer des recettes
en
devises nécessaires à l'acquisition des
biens d'équipement qu'exige
l'industrialisation du
pays.
Hais la CBte d'Ivoire avait les moyens limités.
Alors
les diri-
geants ont d~cidé d'importer des capitaux et une main d'oeuvre qua-
lifiée afin
de mieux assurer
la
première phase du processus du
déve-
loppement économique garantissant aux investisseurs de substanciels
avantages et privilèges;
le code des investissements privés de
,1959 a
permis d'attirer,
de
plusieurs pays étrangers,
d'importants
capitaux et de réaliser un nombre considérable d'investissements
dans des domaines aussi
divers que
l'agriculture,
les transports;
et télé-communications,
l'urbanisme,
la santé,
les études et recher-
ches,
etc
...
En outre,
pour promouvoir
l'entreprise nationale
(publique,
mix-
te et privée),
mais surtout
pour éviter qu'une part trop grande
des profits des sociétés ne soit transféré à l'étranger,
des mesu-

219
res ont ~t~ prises visant soit à effectuer par ltinterm~diaire F.N.I
des pré· l è v e men ts (d e l 0 %)
sur les
b é n é fic e s des e n t r e p ris es,
soi t
a
assurer,
grâce à la S.O.N.A.F.I,
des prises de participation par
l'Etat,
voire par des nationaux ivoiriens dans le secteur industriel.
Que de chemin d~jà parcouru
toutefois,
l'~conomie ivoirienne
demeure largement d~pendante de l'ext~rieur
elle a besoin de
capitaux et de main d'oeuvre qualifi~e provenant de ltext~rieur;
ses principales productions,
café et cacao notamment,
dépendent rres-
~ue exclusivement du march~ mondial des mati~res premi~res sur le-
quel les prix varient surtout en
fonction
des récoltes QlIe <le },1
demande.
Cette situation qui
n'est pas
propre à la Côte d'Ivoire,
mais
qui caractérise toutes
les économies en voie de d~veloppement, ne
doit pas faire
rechercher
l'autarcie qui
n'est plus d'ailleurs,
nul-
le
part,
un objectif
national.
Elle implique cependant,
a notre avis,
que la Côte d'Ivoire doit
poursuivre la restructuration et la modernisation de son agricultu-
re;
elle doit diversifier ses cultures
pour rendre sa production
moins vulnérable sur
les marchés mondiaux et l'adapter au marché
int~rieur; elle doit relever les revenus agricoles pour créer un
véritable marché
national dont a besoin l'agro-industrie
pour assurer
une expansion continue.
Enfin,
elle doit former
une main-d'oeuvre qualifi6e capable
d'une saine gestion des sociétés nationales et surtout capable

220
d'influencer de
"manière importante et autonome les décisions econo-
miques"
(1).
Mais que représentent dix sept ans dans
la vie d'une nation?
Si l'option
prise dans les conditions particulièrement délicates de
1960 s'est avéré
positive dans un grand
nombre de domaines, des iné-
galités demeurent:
une inégalité entre
la capitale et les autres
villes,
ou encore entre Abidjan et le reste du pays;
inégalité
aussi
entre les
populations des villes et celles des campagnes.
N'a-t-on pas souvant reproché à la C3te d'Ivoire de n'~tre, au point
de vue économique,
qu'une brillante façade constituée par Abidjan,
le reste du pay~ connaissant une situation médiocre ?
Nous allons essayer,
dans la troisième partie de notre dévelop-
pement,
de donner quelques éléments de réponse à la question suivan-
te
:
dans quelle mesure les actions en
faveur de l'agriculture de
demain pourront-elles avoir une incidence sur le développement
"harmonieux" de
tous le pays.
(1)
Afrique de l'Indépendance
pol i t i que a l ' i nd é pen dan ce é con 0 mi -
que,
op.
cit.
p.
204.
,

2 2 1 -
TROISIEME PARTIE
================
PERSPECTIVE D'AVENIR
ET ACTIONS DE DEVELOPPEMENT REGIONAL
Dans cette
troisième partie,
nous nous interrogerons sur l'ave-
nir de
l'agriculture ivoirienne;
pour ce faire,
nous ferons appel
au plan = ses pr~visions en mati~re des cultures vivri~res et maraf-
chères,
mais surtout en mati~re des produits carn~s.
Nous analyserons l'incidence de l'utilisation maximum des
poten-
tialités agricoles sur la visée du
pays à une économie équilibrée.

222
CHAPITRE
VIII
- - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - - -
L'AVUJIR
DE
L' AGRICUL TURE
EII COTE
D'IVOIRE
- - - - - - - - - - - - - - - - - - -
LA RE CH ERCI1E
DE
L'AUTO SUF F IS,t"'ICE AL H1E lIT AI RE
Pays essentiellement agricole,
la Côte d'ivoire a orienté
tous ses efforts,
notamment à travers ses différents
plans de dé
développement,
vers la
tranformation et l'innovation de l'agricul-
ture.
C'est une option qui
procède d'un choix délibéré,
car,
i l
s'agit,
pour les responsables du développement,
d'une
part,
d'amé-
liorer
progressivement le
niveau de vie des
populations et plus
particulièrement des paysans
parmi
lesquels les
jeunes ruraux
souf
frent
cruellement des trop ~randes disparités des conditions de vie
et de rémunération entre
la campagne et la
ville,
surtout lorsqu'
il
s'agit de
la savane,
d'autre
part,
de
faire
en sorte que l'agri-
culture qui
a été à la base de la croissance économique du
pays
ne
soit pas la
cause de la stagnation,
voire de
la
récession.
Dans ce cadre à double
perspective,
(progrès social
de la
po-
pulation majoritaire paysanne et amélioration de
la
productivité
aqricole nécessaire à un développement dynamique auto-entretenu et
irréversible),
nous mctttons
l'accent sur ce qu'on peut appeler
la politique "produits" à propos de laquelle le
plan quinquennal
1976-1980 affirme
la
"nécessité d'assurer pour
l'avenir l'auto-

223
suffisance alimentaire la
plus grande possible
"
Nous limiterons volontairement cette étude aux actions de déve-
loppement en faveur des fruits
et légumes et plus particuli~rement
en faveur des productions animales,
car il s'agit de deux secteurs
dans lesquels les paysans ivoiriens
ont encore une grande carence
à combler.
SEcfIOf,j l
ACCROISSEMENT DES CULTURES VIVRIERES TRADITIO~INELLES ET DEVELOP-
PEMENT DES CULTURES LEGUMIERES.
Au moment ou l'actuelle administration des Etats Unis a une cer-
titude et une
volonté communes d'accroître les formidables capacités
pro duc t ive s die
l' a g rie u l t ure
am é r i CCl j Il e pou r s' a s sur e r I e con t r ô l e
du marché mondial
de l'alimentation,
les dirigeants ivoiriens consi-
dèrent qu'il faut que leur pays arrive à réduire,
voire supprimer
à long terme les importations alimentaires en développant les cultu-
res vivrières.
C'est à ce souci que répond notamment le programme riz dont a
eu la charge la SODERIZ
(La société pour le développement du riz)
et qui
a permis à la Côte d'Ivoire d'atteindre,
en 1975, l'autosuf-
fisance en riz,
avec 420.000 tonnes de paddy
(1).
(1)
cf interview du Directeur Général de la SODERIZ receuillie par
le mensuel d'informations agricoles dans son N° 16 du 1er décembre
1976.

2 2 4-
La
"bataille" du riz a été gagnee,
mais
la pression de la deman-
de
oe consommation des
populations citadines ne cesse de s'exer-
cel' sur d'autres produits,
notamment sur certains légumes comme les
pommes d e t erre,
l es
.
s
OIgnon,
l es échalotes,
etc
sans oublier
certaines productions traditionnelles tels
"l'igname" et la banane
plantain ou banane "foutou" qui
est en réalité un fruit,
mais que
la population
ivoirienne consomme
presque toujours cuite.
§ .1.
ACCROISSEl1EtlT REGULIER DES
TUBERCULES ET BMIAtlES PLM1TAItJ
C'est seulement à partir de 1967 que
la Côte d'Ivoire a inflé-
chi sa politique vers
l'accroissement des
productions alimentaires
sous l'effet de nombreux impératifs parmi
lesquels deux sont parti-
.,
culièrement contraignants
la densit~ démographique et la poussee
urbaine;
les cultures vivrières
traditionnelles
tubercules
(c'est
à dire l'igname,
le manioc,
le taro,
la patate douce)
et bananes
plantain n'ont
pas attendu cette décision gouvernementale;
selon
les comptes de la
nation,
elles ont connu une progression assez voi-
sine de celle de la
démographie qui
était d'environ J% entre 1960
et 1970 ..
Aussi,
dans un secteur où l'autoconsommation intervient dans
de très
forte
proportion,
on a estimé,
au niveau de 1970, une produc-
tion globale d'enviràn J.OOO.OOO de
tonnes
pour les
tubercules et
bananes plantain,
et entre
600 et 650.000 tonnes
pour les céréales.
Entre 1970 et 1975,
les féculents
(tubercules et bananes plantain)
ont poursuivit leur course en tonnages avec un
taux de progression
de
près de 4%;
ils ont repr~senté ~ eux seuls environ 60% de la
production globale des
produits vivriers en 1975.
Ainsi,
on a
évalué,
~ cette date, la production d'igname ~ plus de 1.700.000

2 2 5
tonnes,
soit 6,3
fois
la récolte du café qui
a atteint 270.000 tonnes
à la même date.
Les prévisions de production
pour 1980 portent sur 5.587.000
tonnes de féculents
pour une consommation que l'on évalue approxi-
mativement à 3.650.000 tonnes
(1).
Ces données montrent qu'en matière de féculents,
les besoins des
populations sont et seront largement couverts par la production 10-
cale.
Il
n'en va pas de même pour les céréales et les productions
lé9umières.
En ce qui concerne les céréales,
nous avons déjà étudié les opc-
rations de développement
(mais aussi
leurs résultats)
dont a fait
l'objet le riz en raison de la
place toute particulère qu'il
occupe
dans
l'alimentation des
populations urbaines.
Il nous faut examiner maintenant la situation des cultures
'>
maral-
chères.
§.2.
LES ACIIOIIS Etl FAVEUR DES CULTURES LEGUHIERES
LE PLAII
- - ' - - " - - - -
QUII'lg~NtlA1 DE 1976-1980.
A)
UIIE PRODUCTIOII PEU ORGA~nSEE
L'urbanisation galopante des
ré9ions du sud et du centre a
entrai né une consommation croissante des légumes frais
par les cita-
dins qui connaissent une certaine élévation du
standing de vie et de
- - - - - - - - - - - - - - -
lI)
cf.
Comptes de la tlation
I~ t etH éd.
: n 0
d u 3 0 0 c t 0 b r e l 9 7 l,
p.
3 l 3 6
. Afrique Agriculture,
nO
16 du 1er décembre 1976,
p.
42

-2 2 6
surcroit s'intéressent aux aliments faciles a cuire comme les hari-
cots verts,
les pommes de terre,
etc
Selon les chiffres approximatifs qui
sont en
notre
possession,
pour un total
de 65.000 tonnes de
légumes commercialisés en 19G9,
14.245 tonnes,
soit 22% sont import~s~
ce taux
relativement faible
est cependant en nette progression.
En effet,
pour une consommation
commercialisée estimée à 30.000 tonnes en 1960,
l'importation ne
fournissait que 4.500 tonnes,
soit 15%.
Si
la production locale
couvre
pre s de
78% des
be soi n s deI a
population en légumes
toutes cat(gories réunies,
certaines,
comme
les gombos,
les piments,
etc
sont exclusivement fournies
par la
production
du
pays,
d'autres,
et en
~articulier la p6mme de terre
son t
pre s Cl u e en ti ère!TI e n t i r'l po r t r e .s (l)
La caractéristique essentielle de
la
production
légumière est
qu'elle est peu organisée et dispercée
à travers le pays.
B)
LE PROGRAHt·1E DU PLAN QUINQUENtlAL
DE DEVELOPPU1ENT l'lARAICHER
1976-1980
Assez
peu organisée,
la
production légumière
n'a
pas
pu suivre
l'augmentation de
la demande;pour
pallier cette carence,
des centres
horticoles se sont créés à proximité des grands centres urbains o~
les débouchés sont les plus importants.
L'objectif du
plan quinquennal est de
creer un
secteur de
pro-
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
(1)
Ces chiffres nous sont fournis
par
l'hebd6madaire Mt et Héd.
nO
1355 du 30 octobre 1971,
p.
3135 et l'ouvrage
"La Côte d'Ivoire
e n chi f f l' es"
0 p.
c i t.
p. ,8 6 .

2 2 7 -
duction moderne et organisé capable de satisfaire les besoil:s des
populations citadines.
Le programme comporte J volets
- Pour 1980,
le
plan
prévoit en
premier lieu
1.GOO Ha en cul-
ture irriguée fournissant
20.000 tonnes de
légumes frais au marché
intérieur.
- En second lieu,
il
est prevu la création d'une ùsine a SI~lE­
NATIAL
(IG Km de FERKESSEDOUGOU)
pour
la
fabrication
de concentré
de tomate à 28%;
3.000 tonnes de produits transform[s sont atten-
dus en 1980.
Cette partie agro-industrielle du
programme concerne également
la fabrication de purée d'aubergines,
de conserves cJe mangues pour
le march~ intérieur sous diverses formes
(confitures,
marmelades,
fruits
au sirop,
etc
... )
L'ensemble du
projet agro-industriel
comporte la création de
trois usines d'ici 1982.
Avant cette date,
on
attend
pour 1980,
5.000 tonnes de
produits transformés
(dont le concentré de tomate
à 28% représente 60%) correspondant à 25.000 tonnes de fruits et
légumes frais.
La superficie irriguée du
secteur moderne des cultu-
res maraichaires serait alors
portée à 3.400 Ha compte tenu du
pre-
mier projet de 1.GOO Ha orienté exclusivement vers
la satisfaction
de la demande intérieure en légumes frais.
Le troisi~me volet du plan concerne quant a lui,
l'exportation
des légumes frais
(hors saison)
vers
les
pays d'Europe.
Le
projet

2 2 8 -
prévoit l'exportation de 3.500 tonnes de
légumes frais
pour 300 Ha
de superficies irriguées en 1980.
En définitive,
les trois
objectifs du
plan quinquennal
de d6ve-
loppement maraicher 197G-1980 portent sur une
production de 48.500
tonnes de
légumes frais
(dont le
premier
projet de 20.000 tonnes,
le second de
25.000 tonnes et le troisième de
3.500 tonnes)
pour
une superficie de
3.700 Ha
irrigués dont 1.GOO Ha
pour le premier
projet,
1.800 Ha
pour le second et 300
Ha
pour
le
troisième.
Les
investissements représenteraient un montant de 7.820 millions de
francs C.F.A pour
un
chiffre d'affaires annuel
de 2 milliards de
francs C.F.A.
Ces chiffres nous
permettent de dire que les
productions légu-
mi~res vont connaître dans les années à venir d'importants dévelop-
pements compte tenu de la demande
potentielle en
tous légumes frais
du marché ivoirien estimé a 50.000 tonnes
par an à partie de 1980
et à 100.000 tonnes en 1985
(1).
Pour être en mesure de couvrir ces enormes
besoins des annees
1980,
la S.O.D.E.F.E.L
(Société pour le Développement de la Produc-
tions des Fruits et Légumes)
considère qu'il
sera nécessaire d'inves-
tir,
au cours de
la période
1980-1985,
près de
IG milliards de francs
C.F.A pour l'aménagement d'une superficie irriguée de 10.000 Ha
supplémentaires;
ceci
portera,pour la décennie 1975-1985,
la surface
(1)
Données fournies
par les Ministères du Plan et de l'Agriculture
et reprises
par le mensuel
d'informations agricoles dans son luméro
do 1er décembre 1976,
p.
54,55 et 57.

229
des cultures m3raichères à environ 14.000 Ha et
les investissements
globaux à un montant de 23.820 millions de francs C.F.A.
Prfcisons que la S.O.D.E.F.E.L,
qui
a la charge du
programme ma-
raicher,
est une société d'Etat
à capital social de 120 millions de
francs C.F.A créfe par le décret du 13 mars 1968.
Dans le cadre de sa mission
(~e développement de la production
des fruits
et légumes en Côte d'Ivoire),
la S.O.D.E.F.E.L poursuit
les principaux objectifs suivants
-
l'approvisionnement en fruits
et
légumes
frais
des populations
urbaines,
-
l'assistance technique
à l'ensemble des planteurs de fruits
et légumes de Côte d'Ivoire en vue de l'accroissement et de
l'amé-
lioration de la
production,
-
la suhstitution de
l~gumes locaux aux produits maraichers
d'importations,
etc
...
Les activités de la S.O.D.E.F.E.L sont multiples;
elles intéres-
sent aussi
bien
la promotion des
fruits
et
légumes que celle des
agrumes à essence qui constitue l'une des
principales activités agri-
coles du
Sud-Ouest
(région
de SASSANDRA)
avec 43.800 tonnes de
fruits
pour 250 tonnes d'huiles essentielles
sur
une superficie d'en-
viron 4.000 Ha en 1975.

2 3 0
I l e s t i n tél' e s san t
de
fa ire l' e ma l' que l' que,
9 ra c e a l a c e Il u l e
"expérimentations"
(terme signifiant branche de
"recherche")
de la
S.O.D.E.F.E.L,
d'encourageants résultats sont d'ores et déjà obte-
nus.
Pour
ne citer que
les
plus remarquables,
relevons
:
-
les rendements moyens des
tomates fraîches
qui
sont passes de
10 tonnes
à l'Ha en 1970 à 30 tonnes/Ha en 1976,
avec des maxIma de
50
tonnes/Ha,
et ce dans des conditions soit-disant peu favorables
à cette culture.
-la mise au point des oignons a cycles courts d'origine américai-
ne,
des variétés hybrides d'origine
japonaise de choux,
etc
...
Malgré les
progres accomplis,
des
probl~mes demeurent.
les
principaux concernent
-
l'organisation des circuits de distribution de ces nouveaux
produits extrêmement
périssables,
-
l'encadrement des producteurs et
l.~amélioration des techniques
culturales,
-
l'acclimatation de la
pomme de terre qui
reste encore presque
intégralement importée,
- le financement des investissements dont
le montant atteindra
près de 24 milliards de francs
C.F.A au
cours de
la décennie
1975-1,985.

- 2 3 1
Ce dernier
point relatif au
financement des
investissements me-
rite une attention
toute particulière car,
le développement harmO r
nieux de
la Côte d'Ivoire impose des choix d'investissements,
des
priorités dans les
programmes comme celui de l'élevage déclaré prio-
ritaire au
cours du séminaire sur le
"Développement" tenu à YMIOUS-
SOUKRü
(Village natal du Président)
en février
1975.

232
SEC Tl 0 l'J
II
- - - - - - - - - -
- - - - - - - - - -
L'ELEVAGE
DEVIENT
UN OBJECTIF PRIORITAIRE
Ne relevant d'un minist~re que depuis 1966,
la
production anima-
le en Côte d'Ivoire ne constituait qu'un service de l'élevage et
des industries animales rattaché à l'agriculture.
C'est donc en
1966 que fGt créé l'actuel Minist~re de la Production Animale qui
regroupe les directions des services vétérinaires,
des productions
de l'élevage et des pêches maritimes et lagunaires.
Consciente de la situation de carence en
produits carnes dans
laquelle elle se trouve,
la Côte d'Ivoire s'est dotée,
six ans aprcs
l'indépendance,
d'un
département ministériel autonome,
capable de
mener une
politique dynamique de
productions animales si
elle devait
acquérir,dans de moins bonnes conditions,l 'essentiel de ses
besoins
en
viande.
Nous
présenterons tout d'abord une situation succinte de la
pro-
duction animale à la date de l'indépendance,
ensuite nous analyse-
rons les changements intervenus,
et surtout,
les objectifs du
plan
quinquennal 1976-1980.
§ . 1.
LAS 1 TUA Tl 0 Il DEL A PRO DUC TlOt 1 At,J l HAL E A LAD ,f>, TEDE
L' l NDE -
PEt'J DAIl CE
Selon les données
fournies
par la direction des services vété-
rinaires,
le
cheptel rie la Côte d'Ivoire était ~valué, en 1961,

233
a 292 .. 000 bovins,
1.052.000 ovins et caprins,
et 79.000
porcins.
Cette prodliction nationale ne couvrait qu'environ
32% de
la consom-
mation
totale de viande,
les G8%
(1)
étant couverts
par des impor-
tations en
provenance du Mali et de
la
Haute-Volta
(animaux sur pied)
ou de France,
du
lUger ou d'ailleurs
(pour' animaux abattus).
Cette situation s'explique par des
raisons
d'ordre économique,
sanitaire et traditionnel.
A)
LES CAUSES TRADITIONNELLES
Les populations
paysannes,
et en
~articulier celles des régions
situées au Sud du
8~me parall~le, ne s'intéressent pas à l'élevage
comme moyen de production commerciale au m~me titre que le café ou
le cacao.
Seules les
populations rurales
des régions septentriona-
les du
pays ont une tradition
pastorale.
Ainsi,
selon
la
réparti-
tion géographique du
cheptel,c'e5t dans
la
région située au
nord
du
S~me parall~le que se regroupe la majorité des bovins avec pres
de 90% du cheptel en 1959
(2).
Les boeufs des régions septentri-
onales appartiennent à l'espèce
"taurine" dépourvue de bosse.
B)
LES CAUSES SANITAIRES
Si
l'on rencontre
la
plus forte
concentration de bovins dans
la
région nord du
pays,
cela
tient au fait
que
la mouche ts~-tsé y
_ . _ . _ - - - - - - - - - -
-------------------------~-
(1)
Direction des services vétérinaires
(Abidjan) et
"La Côte d'Ivoi-
re en chiffres" op.
cit.
p.
148
(2)
cf.
les rapports annuels de
l'élevage et des eaux et forêts,
et
LACROUTS et TYC,
les
richesses animales de
la Côte d'Ivoire,
1959-
1959;
1 n ven t air e é con 0 mi que,
P.
92;
e t
SAM 1 R AtH tl,
" Led é v e 1 0 p p e men t
duc api t a 1 i s me e n Côte d' 1 v 0 ire",
1 e s Edit ion s deI" i nui t,
Par i s ,
19G7,
p.
70.

234
cause moins de
ravages que dans
la zone
foresti~re ou le climat tro-
pical
humide est extr~mement faborable à la propagation d'un certain
nombre de maladies animales:
peste bovine,
infection
par les trypano-
sames,
etc
Dans ces conditions,
tout programme de
développement de
l'éleva-
ge passe en premier
lieu par des actions
zoosanitaires notamment par
la création de centres d'immunisation,
d'équipes mobiles de vaccina-
tion.
C)
LES CAUSES ECONOMIQUES
Nous venons de voir que
pour des
raisons
qui
tiennent à la fois
aux maladies animales,
au climat et au manque de tradition pasto-
raIe des
~opulations rurales, la C6te d'ivoire importait, à la date
de l'indépendance,
GS% de ses
besoins en viande.
Les achats d'ani-
maux sur
pied en provenance notamment de
la Haute Volta et du Mali
était une solution avantageuse pour
la
C6te d'Ivoire qui se
pr~te
beaucoup moins que ses voisins à l'activité d'élevage.
Cette situation demeura
inchangée
jusqu'en 1972,
annee a partir
de
laquelle la sécheresse du SAHEL a sinon décimé,
du moins
réduit
considérablement le cheptel
des
pays de cette région;
ainsi,
la
Cate d'Ivoire s'est trouvie brusqueme~t dans la nécessit~ de s'ap-
pr 0 vis ion n e r env i and e sur d' au t r e s ma r c h é s
(A RGEin I IjE,
FRA Il CE,
etc)
dans des conditions moins avantageuses que
les
précédentes.
La
nouvelle
conjoncture du marché devait alors favoriser
une
politique de développement de l'élevage ivoirien définie et adoptée

235
en 1973.
Deux ans
plus tard,
en février
1975,
l'élevage est deve-
nu un
"objectif prioritaire" dans
le cadre d'un développement har-
monieux de tous
les secteurs de
l'économie nationale.
§ .2.
~OUVELL E PO LI T19~~_L~Q1B..!~!:!tl~__ ~!:~~!3QQUC TIO~HI 1'1A!:I
ET LA S.O.D.E.P.R.A
Comme
pour les
"productions du
sol",
le
programme des
productions
animales a été confié à une Société d'Etat,
la
S.O.D.E.P.R.A
(Socié-
té pour le Développement des Productions Animales),
dotée d'un capi-
tal
social
de 405 millions de francs
C.F.A enti~rement souscrit par
l'Etat ivoirien,
et créée
par décret N°
70-623 du
14 octobre 1970.
Comme ses
prédécesseurs,
(les autres
sociétés d'Etat)
la S.O.
D.E.P.R.A a non seulement la charge du
développement de l '(:levage,
mais également celle de
l'encadrement des éleveurs,
des actions
zoosanitaires
(exemple du
laboratoire de
pathologie animale de
BINGERVILLE,
à 18 Km d'Abidjan, construit avec l'aide du programme
des
Nations Unies
pour le Développement,
~ui permet désormais d'ef-
fectuer des diagnostics et les dépistages des maladies du bétail,
mais surtout de fabriquer les
vaccins aviaires)
et des
actions dans
,les domaines
zootechni~ues et fourragers menées en collaboration
avec le Minist~re de la Recherche Scientifique.
Ainsi
des
ranches
de sélection ont été créés
pour fournir
des géniteurs aux
centres
d'encadrement dirigés
par ladite société.
Des actions en matière de
ressources
en
herbage sont en cours
pour améliorer l'alimentation des animaux.
On envisage ainsi
l'uti-

- 2 3 6
lisation des
produits et sous-produits agricoles
tels
la mélasse,
de canne a sucre,
des sous-produits du coton,
du
riz,
de l'arachi-
de,
etc
Cependant la S.O.D.E.P.R.A ne veut pas devenir
"une gigantesque
entreprise de
production",
elle veut susciter l'initiative privée:
- aux populations paysannes
(dont on connait le peu d'attrait
pour
l'élevage),
elle veut accorder son concours par l'encadrement,
~a fourniture d'animaux s61ectionnés issus des ranches pilotes,
- elle veut encourager les entreprises d'élevage moyennes en
facilitant
l'accès des ivoiriens à des crédits bancaires et en or-
ganisant le circuit de commercialisation,
en modernisant les centres
d'abattage secondaires et les conditions d'approvisonnement en vian-
de des grands centres urbains.
A cet effet,
un
immportant complexe
abattoir-charcuterie de
type industriel
a été créé à Abidjan en
1975,
de même qu'il
a été retenu,
toujours à Abidjan,
la création
d'un
abattoir industriel
a vollailles,
dans
le
plan quinquennal
1976-1980.
En ce qui
ccncerne les opérations de
production bovine propre-
ment dites,
si
toutes
les régions sont concernées,
c'est essentiel~
lem e n t
d êt n s I e n 0 r cl du
p a y 5
que se d é r 0 u l e n t
l' 0 pé rat ion
" é l e va 9 e
tau ri n no r d Il qui
po rte sur les var i été s
tau ri n es co mme
(Il r Dam a ,
Baoulé,
"1éré)
et l'opération
"Zébu".
Cependant,
on trouve dans
le
centre du
pays des
ranches de sélection et de multiplication des
espèces destinées à l'embouche paysanne et surtout à l'amélioration

2 3 7
des troupeaux des éleveurs
privés.
Dans le domaine du
petit élevage,
l'effort est orienté vers
l'organisation et l'intensification de la
production des especes a
cycles courts
(mouton,.
porc,
volaille) .
Des campagnes publici-
taires seront organisées pour inciter à la consommation des viandes
ainsi
produites.
Compte tenu
de
l'immense effort à fournir et surtout des diffi-
cuItés des t~ches à accomplir,
la
production
nationale de viande et
abats
n'a été que de 30.000 tonnes en 1975,
réparties
de la mani~re
suivante
:
· Viande bovine
7.000 tonnes
pour un
cheptel
estimé a en
viron 450.000 t~tes
Viande d'ovins
et caprins
5.500 tonnes
(1.800.000
têtes)
·
Viande
porcine
5.000 tonnes
(200.000
têtes)
· viande de volaille:
12.500 tonnes
,
Comparée aux chiffres de 1970,
ou la
situation du cheptel
était
la suivante
:
·
Bovins
395.000
·
Ovins et caprins
1.600.000

238
Porcins
160.000
. Volailles
6.000.000
(1)
on
peut dire que la
production n'a pas enregistr6 d'accroissement
sensible.
De ce fait,
la
réussite de la politique de production animale
exigera d'importants programmes d'investissement et surtout une pro-
fonde modification de la
psychologie paysanne si l'on
sait que le
"mixed farming"
est une méthode de production
presque ignorée en
Côte (j'Ivoire.
Conscient de l'urgence des solutions à apporter aux besoins de
la
population ivoirienne en
produits
carn~s, les pouvoirs publics
pr6voient de faire
passer la production nationale de viande et abats
de
30.000 tonnes
en 1975 à 200.000 tonnes en 1990,
soit un
taux
d'accroissement annuel moyen de 13,5% sur la
p6riode.
A ce niveau,
la production assurera
à la population estimée à
12 millions d'habitants,
une ration
individuelle moyenne de 17 Kg
par an,
soit 46 grammes de viBnde et abats
par
jour per capita
(2).
- - - - - - - - - - - -
( 1)
" LaC ôte d' l v 0 ire e n c il i f f r e" 0 p.
c i t.
p.
l 4 8 e t
IH
e t
~1 éd. ,
l' 0
du
3 0 0 c t 0 b r e l 971,
p.
J l 63
(2)
"Afrique agriculture''''
IJ o
16,
décembre 1976,
p.
65.

239
CONCLUSION DU CHAPITRE VIII
Grâce à la diversité de ses climats,
la
Côte d'Ivoire
possède
une grande
Yari~t~ de zones ~cologiques qui favorisent une gamme
d'activités agricoles.
Cependant le secteur des cultures l~gumières est rest~ long-
temps en marge des actions de d~veloppement dont a bénéficié
l'agriculture en
tant que secteur prioritaire.
Mais sous l'effet conjugué de
la
poussee démographique,
du dé-
veloppement urbain,
de l'élévation du
niveau de
vie des
citadins
et de
l'évolution de leur goGt,
les
pouvoirs
publics donn~rent une
orientation nouvelle ~ la politique agricole.
L'accent est alors
mis
non seulement sur l'accroissement des cultures vivrières tra-
ditionnelles,
mais surtout sur le développement des productions
légumières et animales
En matière de culture maralchère,
les objectifs du
plan quin-
.quennal 1976-1980 portent sur
- une production de 48.500 tonnes de
produits frais
pour une
iconsommation nationale estimée à 50.000 tonnes
par an
en 1980,
soit une couverture de 97% des besoins
par les
l~gumes locaux,
-
l'am~nagement de 3.700 Ha irrigués,
-
la création d'une usine de tomate concentrée a SINEMATIALI

240
(dans
le nord
du
pays,
a 16 km de FERKESSEDOUGOU).
Notons qu'en mati~re de produits transform6s,
deux
autres
,
conserveries de fruits et légumes sont prévues dans
le cadre
des perspectives décennales de développement 1975-1985
Pour ce qui concerne la production animale,
aussi
longtemps
que l'approvisionnement en viande de
la Côte d'Ivoire a pu être
assuré réguli~rement et dans des conditions avantageuses par les
Etats voisins,
l'élevage est rest6 une activité secondaire de
l'économie du pays.
Mais les effets de la grande s6cheresse du SAHEL,
tout en rédui-
sant les approvisionnements des march6s trarlitionnels,
notamment
voltalque et malien,
ont rendu
nécessaire une
politique nationale
de production animale dont l'objectif,
pour 1990,
est d'atteindre
46 grammes de mati~res protéIques par jour per capita,
soit 17 Kg
de
viande
et abats
par ~n et par habitant.
En attendant cette date,
la Côte d'Ivoire doit continuer a
,s'approvisionner sur les marchés extérieurs pour couvrir les besoins
en viande de ses populations sans toutefois négliger d'améliorer
et d'accroitre sa
propre production qui lui
permettra d'atteindre
le développement harmonieux de tous les secteurs de son économie.

241
CHAPITRE IX
LARE Gl 0 Il ALI SA Tl 0 Il DES PRO GRAml ES
DE DEVELOPPEMENT RURAL
ET LES REFORMES SOUHAITABLES A LONG TERME
La Côte d'Ivoire n'a pas opté
pour l'industrialisation priori-
taire comme moteur du développement économique ou
pour l'exploita-
tion des richesses du sous-sol, mais pour une agriculture dont les
sols sont relativement fertiles et qui
bén~ficie, de surcroft,
d'excellentes conditions climatiques caracréris6es par un
fort
degré hyqrométrique dans les zones
foresti~res propices aux cultures
tropicales riches,
et une saison des
pluies unique en été dans les
zones de savane o~ domine l'agricûlture vivri~re.
En outre,
il
importe de ne pas oublier que la
priorité accordée
au secteur agricole tient au
fait
qu'~ la date de l'indépendance,
environ 90% de la population
ivoirienne tiraient leurs revenus
essentiellement de l'agriculture et que les
ressources
publiques
étaient elles-mêmes,
pour la
plus grande partie,
dépendantes des
productions primaires.
C'est donc pour toutes ces raisons qu'ont été privilégiées dès
1960,
les investissements publics dans le secteur agricole:
ainsi
·66.469 millions de francs
C.F.A,
soit près de 25% des
investissc-
ments publics relevant du
Budget Spécial d'Investissement et d'Equi-
pement
(B.S.I.E), ont été consacrés aux actions de modernisation

242
et de diversification de l'agriculture au cours de la
période 1960
1975
(voir tableau N°
10,
p.
).
Cet effort,consenti à l'agriculture a DermiB ~ ce secteur de
connaitre un
taux de croissance de l'ordre de 6% par an,
dont 3%
pour l'agriculture vivrière,
pour l'ensemble de cette période.
De ce fait,
la stratégie du développement fond~e sur la priorité
aux productions primaires d'exportation a contribué à une réparti-
tion
sectorielle de la croissance relativement harmonieuse
: le
secondaire a progressé de 14,4% par an en moyenne,
le
tertiaire
de 12,4% et le primaire
(agriculture plus exploitation
forestière)
de 7,6% (1)
Après ce rappel
de l'effort consenti à l'agriculture et de quel-
ques résultats obtenus sur la période 1960-1975,
analysons dans
l'essentiel l'incidence des actions de développement a~ricole sur
la politique de grands ensembles régionaux avant d'examiner les
perspectives qui
s'ouvrent à l'évolution agricole dans le long
terme.
(1)
cf "La Côte d'Ivoire en chiffres" op.
ciL
p.
38.

243
SECTIOIJ l
- - - - - - - - -
- - - - - - - - -
LA REGIONALISATION DES PROGRAMMES
DE DEVELOPPEMENT RURAL
§.l LA SITUATION ANTERIEURE
LA POLARISATION DE LA CAPITALE
ET SA REGIOtl
La diversité de la Côte d'Ivoire s'apprécie à la fois à travers
ses populations,
ses climats,
ses régions et ses ressources.
De ce fait,
la détermination des objectifs de
production,
d'in-
vestissement et d'emplois à l'échelon national ne garantit pas
toujours que les
résultats excomptés se répartissent de
façon
satis-
faisante entre les ivoiriens de toutes
les
régions du
pays.
On
comprend alors que l'un des objectifs essentiels du développement
économique en Côte d'Ivoire est de
réduire
le plus possible,
faute
de pouvoir la
supprimer,
l'inégalité dans
le partage des ricl\\esses
et des chances entre les différentes régions.
Mais la
réduction,
voire la suppression des disparités régio-
nales ne se
réalisent pas spontanément.
Bien
au contraire
Le
phénom~ne le plus courant, surtout dans les pays neufs, c'est la
polarisation de la capitale ou d'un
port.
La
nouvelle cité acca-
pare les investissements
(la majorité des
industries s'y installent,
les maisons de commerce y ont leur siège et leurs installations)
et attire les forces
vives du
pays qu'elle vide progressivement de
sa substance.

2 4 4
orIa Côte d' l v0 ire s: '. est plu s s pé c i ale men t pr ê t é e al' é vol u -
tion
de ce phénomène.
L'absence de ports naturels a fait
creer
- à Abidjan, avec l'ouverture du canal de VRIDI en 1951, le seul
port en eau
profonde,
bien équipé,
exportant et important ce qui
manque a sa région.
En outre,
Abidjan est le point de convergence des
principales
voies de communication
(routières,
ferroviaires
et lagunaires).
Enfin,
la région avoisinante
(sud-est)
est celle des grands
pro-
duits d'exportation
(café,
cacao,
banane,
bois)
qui
sont à la base
de la croissance de l'économie ivoirienne.
Ainsi,
la seule région
sud-est OL!
se trouve Abidjan consti tue un
"véri table
terri toire"
privilégié,
uniquement tourné sur l'extérieur.
Réagir contre une telle tendance,
décentraliser le développe~
ment d'une façon
progressive dans l'intérêt de
toutes les régions
et
tout
particulièrement des
plus déshéritées,
est une action ~
la fois difficile,
longue et coûteuse.
1·1 ais
il
é t ait i mp é rat i f deI' en t r e pre n d r e s i l ' 0 n ne vou 1 ait
pas faire de la Côte d'Ivoire
"une brillante façade constituée
par Abidjan",
le reste du
pays étant un
vaste désert
(1).
Cependant,
il
a fallu
attendre la loi-plan de 19G7-1970 qui
a
confirmé les options de reconstruction
régionale prises par les
perspectives décennales 1960 - 1970.
(1)
C'est le reproche que l'on a longtemps
fait
à la Côte d'Ivoire
et qui,
jusqu'à ces dernières années,
était parfaitement fondé,
mais à l'heure actuelle,
l'est nettement moins.

245
§.2
LES OPTIONS DE RECONSTRUCTION REGIONALE ET LA LOI-PLAN
1967 - 1970
Si
les "perspectives décennales de développement économique et
social 1960 - 1970" de 1962 ont traité les problèmes de p~oduction
sur ùne base nationale,
c'était faute de temps et d'informations
assez détaillées sur la situation propre de chacune des diverses
régions agro-économiques du pays.
Mais à partir de 1963, des études effectuées dans les régions
de BOUAKE
(centre),
KORHOGO-ODIENNE
(nord),
ABENGOUROU-ABOISSO
(sud-est),
MAN
(ouest),
DALOA et GAGNOA
(centre-ouest)
ont permis
de collecter des données précises sur la démogràphie,
la productioll
agric~le, les revenus des m~naaes et leur consommation.
Des mesu-
res ont été faites du
rendement des différentes cultures,
mais aus-
si
de l'occupation du sol
et de la population active présente dans
ces
régions.
On a étudié également les méthodes culturales appliquées,
les
systèmes d'attribution des terres et les modalités de rapartition
; des revenus des exploitations agricoles sans oublier les analyses
: sociologiques sur les résistances des
structures traditionnelles
à la modernisation du monde rural.
Mais c'est seulement en 1967 que l'on a pu disposer d'une somme
de renseignements grace à laquelle la Côte d'Ivoire a été en mesu-
re d'élaborer une série de programmes de développement régional,
notamment ceux de diversification agricole qui concernent à la fois

246
les zones forestières
et les zones de savane.
Dès lors,
on
pourrait logiquement
penser que chaque région se
verrait dotée d'une large autonomie d'action en matière d'élabora-
tion des programmes de développement.
En fait,
tout se passe au
niveau des services centraux du
Minist~re du Plan.
En effet,
la complexité des conditions techni-
ques,
économiques,
sociales et politiques de la mise en valeur du
monde rural
exige qu'on concentre les moyens matériels et humains
dont disposent
les différentes régions sur de grandes opérations
de développement agricole
(par exemple
plan
palmier
et cocotier,
programmes coton,
canne à sucre,
riz,
etc
... ) qui
s'accommodent
mal
des limites territoriales des régions.
A)
La loi-Qlan 1967-1970
Précisons tout d'abord la position de
la loi-plan ou
loi-pro-
gramme par
rapport aux
perspectives décennales 1960-1970.
Ces der-
nières ont défini
une série d'objectifs à atteindre sur la
période,
esquiss~ les moyens à mettre en oeuvre et donné une estimation des
investissements à réaliser,
tout ceci
dans le cadre d'une straté-
gie globale de mise en valeur du
pays.
La
loi-plan 1967-1970 ou la
Jci-programme a décrit,
quant à
elle,
de manière concrète,
les actions à mener sur trois ans en
tenant compte de l'évolution de la conjoncture et en s'efforçant
de ne
pas s'écarter sensiblement des orientations définies par les
perspectives décennales.

247
."
C'est donc dans le cadre des objectifs generaux fixés
par les pers-
pectives décennales 1960 - 1970 que la loi-plan 1967-1970 a défini,
dans une annexe V,
"les problèmes d'équilibre et de programmation"
et les mesures à prendre pour le développement de la région.
En
outre,
elle a comporté une réorganisation du Ministère du
Plan,
avec la mise à la disposition du Ministre de nouveaux organismes
comme l'Autorité de la Vallée du Bandama
(A.V.B),
l'Autorité Ré
Régionale du Sud-Ouest
(A.R.S.O)
et la création en
particulier
d'un service autonome de l'action régionale.
Cette dernière modification est l'objet d'un décret du
13 août
1968 qui a considérablement renforcé l'action de la direction du
Cabinet du Hinistre en matière des programmes régionaux.
B)
La réqionalisation des objectifs nationaux et le service
de l 'action régional~12~~B)
L'élaboration des
programmes régionaux relève,
comme nous avons
vu,
des services centraux du Ministère du Plan et plus spécialement
de la Direction des Etudes de Développement
(D.E.D)
dont la
"charte
fonctionnelle du Hinistère du Plan" définit la tâche de façon sui-
vante:
"cette direction a pour mission de décrire la situation
économique dans
le passe et le présent et de concevoir les objec-
tifs et les moyens de développement économique,
social et culturel
pour le futur.
"Sur la base des options retenues
par l'autorité politique,
la Direction élabore les documents constitutifs du plan national

248 -
dont les données sont ensuite régionalisées" etc
(l) .
C'est à ce niveau qu'intervient le Service de l'Action Régio-
nale
(S.A.R).
Rattaché à la direction du Cabinet du Ministre du
Plan,
le S.A.R veille à décentraliser le développement;
pour ce
faire,
il exerce une impulsion directe sur trois organismes cen-
traux de planification,
à savoir
la Direction des Etudes de
Développement,
la Direction des Programmes Pluriannuels de Déve-
loppement
(D.P.P..D),
la Direction du Développement Industriel
(D.D.I)
et
les commissimns régionales de développement qui ont
pour charge de ventiler,
entre les différentes r~gions, les objec-
tifs de production et les programmes de développement rural
éla~
borés par les Services Centraux du Plan.
C)
Caractéristi~s
des
pro~~mmes-!égiona~
La
répartition des opérations agricoles est en général
facile,
puisque celles-ci
sont préparées sur le terrain en tenant
compte de l'avis des services techniques des régions concernees
et surtout des
possibilités des sols à cultiver.
Ainsi
des produits comme la banane sont suffisamment loca-
lisés,
de par la nature même de leurs débouchés et de leurs condi-
tions d'évacuation,
pour qu'il soit aisé de les situer dans des
programmes régionaux définis.
(1)
cf ~larchés tropicaux et méditerranéens,
IJO
1361,
Il décembre
1971 .

2 4 9
De meme,
le café et le cacao sont bien répartis sur la seule
zone
foresti~re propice à ces produits.
L'élevage fait
l'objet de programmes de développement dont
la réalisation concerne en
premier lieu le nord du
pays,
pour des
raisons,
qui,
n08S l!avons vu,
tiennent à une certaine tradition
pastorale des
paysans de cette région de savane et au climat,
et
secondairement la zone foresti~re où la mouche tsé-tsé cause d'im-
portants ravages et oLI les actions zoosanitaires nécessitent de
gros efforts financiers.
La structuration et la polarisation de l'ensemble du
ter-
ritoire
en vue de promouvoir le développement de chaque région
et atténuer les déséquilibres régionaux constituent un aspect
fondamental
du développement ivoirien.
Les grandes lignes de l'aménagement du
territoire national
concernent,
selon les objectifs du
plan quinquennal
1976-1980,
non
seulement l'organisation de l'armature urbaine et les transforma-
tions des conditions de vie dans les villages,
mais également la
réalisation des
"réseaux de transport et de télécommunications
correspondant aLX grands ê.xes de communication"
(1).
----~-----------
- - - - - - - - - - - - - - ~--'
(1)
Plan quinquennal de développement économique et social
1976-80,
Minist~re du Plàn, Abidjan.

250
a- ~nisation et ~i~ment des villages-centre~
Au niveau des zones rurales,
le prin6ipe retenu est le
regroupement des ï60 zones existantes en villages-satellites
justi-
fiant la réalisation d'un équipement collectif de base:
forage
de puits confié à la FOREXI
(Société d'Etat pour la Réalisation de
Forages d'Exploitation en Côte d'Ivoire)
dont le programme "Hydrau-
lique villageoise" prévoit,
pour 1980,
le forage
de 9.ïOO puits.
Il
faut
signaler que la dite société a réalisé,
au cours
de l'exercice 19ïG-ïï,
680 puits sur un total
de 850 initialement
prévus,
soit 80% du
programme de forage
(1).
A l'hydraulique villageoise,
il
faut
ajouter d'autres
équipements de base tels l'école,
des terrains de sport,
des han-
gars de stockage,
etc
...
Ces villages satellites sont reliés à
des villages-centres disposant de services plus développés:
dis-
pensaires,
collèges,
commerces,
foyers de
jeunes,
etc
...
Des fonds
régionaux d'aménagement
rural
(F.R.A.R)
ont été
crees en vue de mettre au
point et de réaliser avec le concours
des populations locales,
ces projets
d'aménagement des villages.
La participation de l'Etat à leur financement est liée à celle des
populations concernees,
sous forme de contribution en espèces,
en
journées de travail ou en apport de matériaux.
L'intérêt de ces équipements de base réside dans le fait
tl)
Rapport de l'exercice 19ï6-19ïï,
FOREXI,
Abidjan,
Fraternité
t'1atin,
1)°
4092,
22.06.19ï8

2 5 1
qu'ils concernent directement les populations rurales des diffé-
rentes régions,
c'est-a-dire qu'ils contribuent non seulement à
améliorer leurs conditions de vie,
mais surtout à les sensibiliser
aux avantages du
progrès et à faire
d'eux des agents actifs du
développement.
En effet~
un
des facteurs de l'exode rural
n'est-il
pas consti-
tué par l'insuffisance,
au niveau des villages,
des équipements
économiques,
sociaux et culturels et par une
trop grande dispari-
té de rémunération
entre la ville et la campagne,
surtout lors-
qu'il
s'agit de zone rurale de savane ou les plantations de coton
ou de riz n'assurent à l'exploitant que des revenus variant entte
30 et 35.000 francs C.F.A par personne actfve et par an,
contre
18.373 francs
C.F.A par mois
pour l'O.S.l A des usines
(1).
Dans ces conditions,
les
jeunes scolaris~s quittent la cam-
pagne pour une
double raison:
d'une part,
parce que les perspec-
tives de gains semblent supérieures en
ville,
et d'autre part,
par
parce qu'ils
sont sGrs d'y
trouver des co~ditions de vie sociale
et culturelle plus attrayantes,
parce que les villes,
et plus
précisement Abidjan,
sont devenues un mythe
elles fascinent,
elles attirent,
mais ne peuvent,
d'ores et déjà,
donner du
travail
à tout le monde.
Dans un
soucis de limiter ce fléau
qu'est l'exode rural,
on
(1)
Salaires hi~rarchis~s applicables en CBte d'Ivoire à compter
du 1er aout 1974 pour les
travailleurs
régis par les conventions
collectives des Bâtiments et
T.P,
mécanique génerale et industries,
cf "la Côte d'Ivoire en chiffres" op.
cit.
p.
306

252
a cherch~ à mieux répartir, entre les régions, les capitaux publics
investis dans les
rentreprises industrielles de transformation de
produits agricoles:
il s'agit notamment des huileries,
rizeries,
sucreries-raffineries,
usines de la SERIe,
etc
...
b- Le développement des pôles secondaires d'équilibre
L'armature urbaine doit comprendre,
non seulement un pôle
national constitué par Abidjan.et sa région immédiate,
mais égale-
ment par huit pôles secondaires car,
il est anti-économique de
ralentir l'expansion de la Capitale qui est la
"tête du corps du
territoire ivoirien"
pour permettre aux
"membres" de se développer.
Prenant peu à peu leur vigueur,
les huit pôles secondaires
constitués~par BUUAKE, MAN, SAN PEDRO, le bi-pôle KüRHOGO-FERKES-
SE G0 UDO U,
0 [) l DI t1E,
GAG tlO A et DA L0 A,
se r 0 nt a p pel é s à j 0 uer,
dan s
leur aire d'influence,
un rôle " . . . .
de commandement,
de coordi-
nation et d'entraInement a l'image de celui
joué par Abidjan pour
l'ensemble national"
tU
Mais une infrastructure routière doit accompagner cette
impulsion aux pôles secondaires d'équilibre.
c- L'infrastructure routière
~n matière d'infrastructure routi~re, le reseau des grandes
voies de communication doit s'ordonner en trois axes nationaux prin-
cipaux et en sept axes secondaires
le reseau des grands axes
(1) Mr Mohamed DIAWARA, Ministre du Plan,
interview à afrique Agri-
cul tu r e,
rIO
l G,
de c e mbr e 1976,
p.
33

253
comprendra
l'axe ABlDJAN,
BUUAKE,
KORHOGU,
FERKESSECUUDOU et
ses prolongements vers la HAUTE VOLTA et le MALl;
l'axe SAN PEDRO, MAN,
ODIlNNE et son
prolongement
vers le MALl;
. l'axe central est-ouest: MAN-SlGUELA,
BOUAKl,
BON-
DOUGOU et ses
prolongements vers
la Guinée et le
Libéria à l'()uest,
et vers le Ghana à l'est.
La réalisation des voies nationales et secondaires s'intègre
dans un ensemble de
programmes prioritaires d'infrastructure rou-
tière devant
permettre le
désenclavement des grandes zones agro-
économiques du pays,
notamment la région du sud-ouest longtemps
demeurée à l'écart de ce qu' i l
est convenu d'appeler
"le boom
ivoirien".
§.3
LE DEVELOPPU1ENT ItJTEGRE
Cette politique de développement régional
repose sur des
actions à la fois
combinées et complémentaires,
d'où
sa qualifi~
cation de développement intégré
: elle consiste aussi bien en la
mise en oeuvre de grands travaux d'équipement ou opérations agri-
coles
(plan
palmier,
canne à sucre,
riz,
etc
... ),
qu'en des in-
ter ven t ion s con d u i san t a u n-e déc e n t raI i s a t ion i n dus tri e Il e,
v 0 ire
une déconcentration du
personnel de la fonction
publique.
Les mesures ne
prendront leur pleine signification qu'à
travers

2 5 4
les applications qui
en seront faites,
mais déjà
peut-on souli-
gner ce que les principes portent en eux-mêmes de promesses:
les
objectifs recherchés ne sont pas seulement d'ordre économique,
mais social.
Ils visent,
autant qu'une augmentation de la crois~
sance,
une meilleure répartition des fruits
de celle-ci entre tous
les ivoiriens.
A)
La
prise de conscience se fait en 1965
Déjà a cette epoque,
en
termes de revenus par t~te d'habitants,
les disparit6s
régionales étaient énormes,
ce que
traduisent les
chiffres suivants
18.600 Fs C.F.A uans
le nord
.
35.600 Fs C.F.A dans le centre
. 49.000 Fs C.F.A dans
le sud
.205.000 Fs C.F.A a Abidjan
Pour les responsables ivoiriens du développement,
la réduction
des disparités
regionales
passe par"
...
l'accroissement maximum
du
revenu et de l'emploi
dans l'agriculture globalement et par
région",
en favorisant
notamment les zones où
les revenus sont
les plus faibles.
Ainsi,
les op~rations agricoles menees en région de savane
sont-elles privilégiées,
dans le plan quinquennal
1976-1980,
par
rapport a celles des zones forestières puisqu'elles bénéficient

255
d'environ
65,6% des investissements globaux consacrès â l'agricul-
ture,
soit pres de 142 milliards de ~rancs C.F.A
(en
valeur 1975)
sur un
total
de 216 milliards)
la
part de l'agriculture de forêt
ne s'ilevant qu'à
34,4% des investissements agricoles
(1).
De meme. la création d'un second
port en eau profonde â SAN
PEDRO
(â 300 km â l'ouest d'Abidjan) a b~néfici~ d'une faveur tou-
te
particuli~re des diff~rents organismes charg~s de l'am~nagement
du
territoire que sont:
les commissions r~gionales du d~veloppe-
ment qui
r~alisent les travaux et ~tudes de base, la commission
nationale de r~gionalisation chargée du contrôle et de la coordi-
nation des
travaux,
la
sous-direction de l'Am~nagement du Territoi-
re qui
int~gre les op6rations retenues dans le plan national. __~
En effet,
jusqu'en 1968,
la Cbte d'Ivoire
ne disposait que
d'un seul
port de haute mer à Abidjan.
Avec le
port de San Pedro,
un
nouveau
"poumon" est offert à l'économie ivoirienne.
B)
Le
port de ~an Pedro,
exutoire du sud-ouest
Si BOUAK~, deuxi~me ville du pays, et sa r~gion doivent devenir
un
pôle secondaire de d~veloppement industriel centr~ sur les indus-
tries
textiles dont
l'implantation de
la
prefT.i(~re unité,
l'usine de
filature-tissage des Etablissements Gonfreville,
date de 1922,
le
port de San Pedro
constitue
la
pièce maîtresse du d~veloppement
de la
région du sud-ouest appelee le
"Far West
Ivoirien".
(1)
Plan quinquennal
de développement ~conomique et social
19/6-1980,
Minist~re du Plan, Abidjan.

256
Le port est le d~bouch~ naturel d'un vaste territoire d'envi-
ron
37.000 Km2
(soit 11,5% de la superficie totale du
pays).
Le
projet de sa
cr~ation a été placé sous le controle d'un organisme
d'Etat,
l'Autorit~ pour l'Aménagement de la R~gion du Suu-Ouest
(A.H.S.O)
R~alisé de mars 1968 a novembre 1971, le port a été
inauguré le 4 decembre 1972.
Il
permit à San Pedro,
encore petit
village de p~cheurs en 196~, de devenir,
~ la date de l'inaugura~'
tion,
une ville de plus de 25.000 habitants.
Les investissements ont atteint,
pour l'ensemble des
travaux
(voies
'd'acc~s et urbanisation compris) pr~s de 11 milliards de
francs C.F.A,
valeur 1970(1).
Si
les autorités ivoiriennes n'ont pas lésiné sur les conoi-
tions de mise en
vaieur de cette région du sud-ouest,
c'est parce
qu'elle constitue un gage économique pour l'avenir du pays.
Couvtant Il,~% de la superficie du
territoire
national,
la
région du sad-ouest était très peu
peuplée
(environ 3% ue la
population totale en 1970,
soit 153.000 habitants).
Cependant
elle est riche de promesses.
Elle possède quelques 20.uOO Km2
de
forêt exploitable,
assurant un
potentiel qui
dépasse 260 mil-
lions de m3 de bois et dont l'exploitation visera a substituer a
l'exportation de grumes celle de bois transformé.
(1)
"Industrie Ivoirienne"
numero spécial de Fraternité Hatin,
août 1976,
p.
43.

257
Ainsi
le
plan quinquennal
pr~voit la mise en exploitation
. . '
.
d'un grand complexe industriel
de pâte a papIer a partl~ ue 1981
capable d'absorber,
en période de croisière,
environ 250.000 tonnes
de pâte par an.
Ce grand
projet favorisera
l'implantation d'indus-
tries diverses en amont et en aval
de la fabrique
de
pate à papier
: scierie,
fabrication
de panneaux ~t cartons,
industrie papetière
proprement
dite,
etc
Parmi
les projets s'inscrivent également
la
production de
pneumatiques
500.000 unités sont prevues
en 1980 et 1 million et demi en 1985
· la mise en exploitation des
gisements de fer
du Mont KLAHOYO
,.
(à 2~5 Km au nord du port de San Pedro), dont les reSèrves sont
estim~es à l milliard de tonnes et dont la production escompt~e
pour 1981 atteindra environ
8 millions de
pellets.
· la construction d'une deuxième voie ferrée MAN-SAIl PEDRU
· l'usine de broyage de C~ihk~r pour la fabrication
du
ciment
A son capital forestier,
a ses
richesses du sous-sol,
la
région
rlu sud-ouest ajoute la fertilité
de ses sols grâce à laquelle les
plantations industrielles de
palmier à huile,
de cocotiers,
d'hé-
véa,
de café,
de cacao et les cultures vivri~res de manioc,
d'igna-
me,
de banane plantain et de riz se complètent pour former
une
agriculture diversifiée,
faisant
l'objet depuis
le plan 19ï1-I9ï5
d'un encadrement technique renforcé.
llais San Pedro,
son port et sarf<Jion
ne sont
pas seulement un

258
pole secondaire d'équipement économique,
ils constituent aussi
un
facteur d'équilibre humain.
L'aménagement de la région du
sud-ouest
(A.R.S.U)
et celui
de la Vallée du Bandama
tA.V.S)
constituent deux
pivots complémen-
taires de la politique de développement régional.
En effet,
en
plein coeur du pays Baoulé,
le village de
KOS~OU a été choisi pour l'érection d'un barrage hydro-électrique
d'une capacité de 535 millions de KW/H par an et d'une
retenue
d'eau de 1.100 Km2 de superficie.
Former un
tel
lac dans une des
régions les plus peuplées de la vallée du fleuve Bandama nécessite
la réinstallation des
habitants des
terres immergées.
Pour ce,
a été créé dès 1969,
l'Autorité
pour l'Aménage-
ment de la Vallée du Bandama
tA.V.B);
les travaux
proprement dits
du
barrage ayant débuté le 14 novembre 19G5.
Organisme d'Etat,
l'A.V.B est chargée
. d'étudier et de réaliser une série de
programmes de mise
en valeur de la vallée du
Bandama qui
touchent à la fois
l'agriculture,
l'élevage,
la
pisciculture,
la commerciali-
sation des produits et la construction de villages;
.de mener a bien
les opérations de déplacement et de réins-
tallation des
~O.OOO personnes des terres inondées dont
\\
environ
65.00U sont attendues dans le sud-ouest ou la popu-
lation
rurale fait cruellement défaut.

259
En effet,
un apport insuffisant de population à cette région
compromettrait la réalisation d'importants projets telles l'exploi-
tation des gisements de minerai
de fer,
la création de l'usine de
pâte a papie~
la fabrique de pneumatiques,
etc
... qui
doi-
vent faire d'elle la deuxième zone économique du
pays.
Si
tout se déroule comme prevu,
toute la région:
centre du
Ban-
dama,
et surtout celle du sud-ouest,
bénéficieront des programmes
et des structures qui
visent à une mise en valeur rationnelle des
possibilités locales dans les domaines de l'agriculture,
de l'éle-
vage et des richesses du sous-sol.
Mais il n'y a pas que les régions-centre du
Bandama et du sud-
ouest;
les programmes de modernisation du monde rural doivent con-
cerner aussi
le nord,
l'est,
c'est à dire toutes les régions jus-
qu'ici
restées ~ l'écart des grands courants de développement éco-
nomique du
pays.
Certes,
cette transformation est longue,
cou~
teuse,
pleine de
difficultés,
mais elle est seule susceptible de
conduire,
à long terme
vers
plus de
justice sociale.

2 6 0
~ECTIOI'I II
==========
LES TRANSFORMATIONS SUUHAITABLES A LONG TERME
Dans le cadre des
perspectives décennales ou à long terme,
les réformes doivent
prendre pour but non
seulement les
techniques
de production,
mais aussi
la
transformation des conditions de vie
dans les villages,
l'alphabétisation des adultes,
l'amélioration
du
niveau d'instruction des
jeunes ruraux,
l'implantation d'un
plus grand nombre d'usines de
transformation
de
produits agricoles
~ proximité des lieux de production, l'organisation du circuit de
càmmercialisation et le maintien
des
revenus
par le moyen
de la
stabilisation des
prix.
c'est la politique de ce qui est économi-
quement sain et socialement souhaitable.
~ . l.
L' Ml ELlO 1{ ATION UES FACT ELJ RS Dl
PRO DLJ C Tl 0 Il
Les facteurs
de production agricole qui
associent l'homme,
le
sol,
le végétal,
l'animal
et le mat~riel dépendent du comportement
de l 'homme,
de la fertilité du
sol,
de la qualité du
vegétal
et du
matériel.
La combinaison d'un
si
grand nombre de facteurs
pose le
probl~­
me de l'éducation des hommes afin
de les rendre plus ouverts au
progrès et de les mieux
préparer à l'expérience des méthodes cultu-
rales moins archaïques,
tels
la culture attelée,
l'emploi de
la
fumure,
la pratique de l'assolement des cultures vivrières et des
productions industrielles afin
que les
premières puissent profiter

2 6 1
de l'arrière eftet de la
fumure utilisée pour les cultures indus~
tri e Il es. .
Da n s I ' é t a t a c tu el des ch 0 ses,
les di ft ér e nt s pro g r am '-;
mes de modernisation agricole s'adressent à des populations encore
en
grande majorité analphabètes,
aux structures traditionnelles
souvent très solides.
Le pays possède une population de jeunes et aussi
de moins
jeunes,
qui
ne demandent qU'à
rester à la
terre a condition de les
aider à s'y installer.
Il
est donc essentiel
que les ~ouvoirs
Publics les initient aux méthodes de vulgarisation agricole et
qu'ils
leur offrent des conditions de vie acceptables afin qu'ils
ne viennent
pas aggraver
le chômage en
ville et plus spécialement
à Abidjan.
Am~liorer les facteurs
de production,
c'est augmenter la pro-
ductivit~, c'est à dire, parallèlement à l'é~ucation de l'homme,
au
perfectionnement des méthodes culturales,
au
développement de
l'usage d'engrais,
c'est aussi
améliorer
les
semences et la
pro-
tection des végétaux.
Mais les recherches agronomiques que l'on
peut tenter sont
insuffisantes
faute
de moyens en
personnels qualifiés et en
capi-
taux.
Les organismes de
recherches agronomiques existants sont
le fait
des ingénieurs étrangers et plus spécialement des
français.
lei,
il
n 'y a pas de solution miracle et malgré les efforts du
Ministère de la Recherche Scientifique,
la Côte d'Ivoire sera long-
temps assistée par des
grands organismes comme l'I.R.H.O,
l 'I.F.C.C,
etc,

2 6 2
§ . 2.
L' 0 RGAtH SA Tl 0 tl l) ES - CI 8 COI TS DE':: erm ERCl ALI SA TI 0 t'l ET
LE SOUTIEN OES PRIx DES PRODUCTIONS AGRICOLES
L'organisation des marchés intérieurs constitue,
avec une
politique de soutien de prix,
un
facteur
determinant de l'accrois-
sement de l'offre des
produits agricoles en général,
et des denrées
alimentaires en
particulier.
Malheureusement les échanges entre
les communnautés rurales sont réduits
au
strict minimum faute
de
marchés organisés,
de routes praticables en
toutes saisons.
Il est urgent que les
programmes de Fonds Ré~ionaux d'Aména-
gement rural
(F.R.A.R)
permettent de doter chaque village-centre
d'un
véritable march~ relié aux villages satellites par des routes
et pistes de bonne fiabilité afin que les paysans puissent y ven-
dre
leurs produits,
mais surtout s'y procurer,
à des prix plus
stables,
une gamme
plus étendue de
denrées alimentaires qu'ils ne
sont pas eux-m~mes toujours en mesure de produire.
En effet,
~
nous avons montre,
au cours de notre développement,
que le manque de marché dans les zones rurales avait pour consé-
quences,
non
seulement l'autarcie fermière
qui
pose le problème
délicat de la malnutrition des ·populations paysannnes ivoiriennes,
mais aussi
les fortes
variations de prix d'une saison à l'autre
li<fes à l'insuffisance de l'oftre.
Multiplier les marchés au niveau
des villages,
améliorer la
d~sserte des ZODes rûrales constituent des mesures de nature a
encourager les paysans,
assur~s de pouvoir vendre leurs récoltes,

2 6 3
a augmenter leurs offres sur les marchés.
On peut mame
imaginer qu'une
politique en faveur
de
l'accrois-
sement des cultures vivrières
puisse donner,
à la Côte d'Ivoire,
une position dominante au sein de la Communauté Economique d'Afrique
de l'Ouest
(C.E.A.O)
- un marché de 25 millions de consommateurs)
créée en juin 1972 à BAMAKO
(Capitale du Mali),
par six pays franco-
phones:
la COTE D'IVOIRE,
la HAUTE VOLTA,
le HALl,
la MAURITANIE,
le 1,1 IGE R,
leS E~I EGAL,
sur t 0 u t
s i l ' 0 n sai t
que dan s I e s ci n q cl e r nie r s
pays le climat,
le sol,
et la végétation consituent d'insurmontables
obstacles au développement de l'agriculture vivrière.
- En matière des
grands
produits destinés à l'exportation comme
le café et le cacao,
la Caisse de Stabilisation et de Soutien des
Prix des Productions Agricoles qui
est conçue
comme un organisme de
stabilisation,
doit assurer aux producteurs,
un réel
pouvoir d'achat
en leur garantissant des
prix qui
tiennent d'avantage compte moins
des cours des marchés mondiaux et percevoir relativement moins de
recettes à l'Etat dont les dépenses ne
bénéficient pas
toujours aux
plus défavorisés
parmi
lesquels les paysans sont les
plus
nombreux.
Ceux sont-là
les grandes lignes de certaines des
transformations
que doivent subir les structures de l'agriculture afin qu'elle con-
tinue de représenter
une
force positive dans
le processus de crois-
sance et de promotion de l'homme ivoirien en général et du paysan
en
particulier.

2 6 4
ET DE LA TRüI5IEME PARTIE
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
--~-~~-------------------
La Côte d'Ivoire à qui
l'on a longtemps
reproché,
a juste titre,
de n'être,
sur le plan économique,
qu'une
"brillante façade cons-
tituée par la capitale,
Abidjan",
a entrepris,
après une étude
minutieuse des potentialités des
zones agro-économiques du pays,
une politique de mise en
valeur du monde rural
basée
tout d'abord
sur la recherche de l'autosuffisance alimentaire,
c'est à dire,
sur l'accroissement des cultures vivrières et le développement de
l'élevage pour améliorer l'alimentation des populations et surtout
pour limiter des sorties de devises en
importation de biens alimen-
taires
(produits carnés,productions vivrières et végétales);
ensuite sur la
réalisation de certaines infrastructures au
niveau
'des villages,
notamment des écoles,
des dispensaires,
des marchés,
des points d'eau
(ou
puits),
des pistes rurales permettant un
trans-
port relativement rapide des
récoltes,
même périssables,
vers les
grandes agglomérations,
assurant ainsi
des débouches sürs et des
revenus réguliers aux populations rurales.
Enfin,
nous avons terminé l'analyse par
le souhait de voir se
réaliser certains changements à savoir
l'amélioration de
la pro-
ductivité,
elle-même liée à celle des semences,
au perfectionnement
des méthodes culturales,
au d6veloppement des actions de
protection
des v~g~taux et des animaux, car,
l'€levage
et la culture doivent
~
. "
,
etre Integres en un systeme mixte
(comme ils le sont d'ailleurs
,
, )
dans les pays developpes
;
am~liorer la productivité, c'est enfin
et surtout préparer l 'homme à prendre des initiatives notamment par

2 6 5
l'alphabétisation ou la scolarisation et l'encadrement.
L'homme étant le facteur essentiel du développement
(en meme
temps que son
principal
frein),
c'est en l'éduquant que l'on pour-
/
ra faire
évoluer durablement l'ensemble de la sociéte paysanne
ivoirienne.

266
CON C LUS ION
GENERALE
Beaucoup d'ouvrages ont fait l'apologie de l'agriculture. Ils
célèbrent l'étroite relation entre l'homme et la terre.
Les économistes pour leur part décrivent l'agriculture com-
me une peau de chagrin dont l'importance va décroissant au sein de
l'économie nationale.
Ce phénomène que l'on observe dans tous les pays évolués et
que l'on peut considérer COmme inhérent aux processus de croissance
économique a nécessité une action continue des pouvoirs publics en
vue d'aider ceux qui
sont demeurés à la terre,
de favoriser les re-
groupements des terres et des 9xploitations, de trouver des débouchés
à des prix stables. Ce faisant,
les pouvoirs publics ont contribué
à Wle lente mais profonde mutation de l'agriculture traditionnelle
qui a abouti à ce que Marcel Bloch (1) a appelé la "révolution agri-
cole"
laquelle donna un grand essor à la production.
Dans les pays sous-développés où l'agriculture n'a pas connu
ce long processus de transformation,
le système ancien de production
persiste et les populations rurales souffrent d'une malnutrition
chronique.
Pour ceux des pays comme la Côte d'Ivoire dans lesquels les
conditions naturelles ont permis d'adapter des cultures de rente,
notamment le café ou le
cacao,
l'existence de débouchés extérieurs
(1)
: M. Bloch
IILe.3 caractè re s
originaux de l ' hi stoi re françai se"
ED.
les belles lettres,
1941,
p. 201.

2 6 7
-constitués par le marché français va devenir pour l'agriculture
un stimulant considérable qui
favorisera la production sans vrai-
ment ébranler les systèmes de valeurs et les structures sociales
qui sont autant de résistance que le développement doit vaincre .
_-----
.........
~~.~
__ _.~.- ,,' '-.
En analysant ;~1 ' ex e m p l'e-ê~-o-n-:c r e t de-l'agriculture
de
la
Côte d'Ivoire nous nous sommes
référé
successivement aux constan-
tes de
la dite agriculture,
aux actions de modernisation et de
diversification dont elle a fait
l'objet depuis
l'indépendance,
puis à son avenir.
- L'analyse des constantes qui
a porti notamment sur le climat,
le sol,
les ressources
hydrauliques,
les
populations et les carac-
téristiques des exploitations a permis de dégager les
traits sail-
lants suivants
le pays bénéficie d'un climat chaud
humide
propice aux cultures tropicales
tels le café,
le cacao,
la banane,
etc
. . .
au sud du Sème parallèle,
chaud,
sec
convenant aux
culture~ céréalières au nord de ce huitième parallèle .
. a population reste,
dans sa grande majorité,
encore analpha-
bète;
elle manque de moyens
pour
travailler un sol qui,
sans être
quali
ié de pauvre, gagnerait davantage en fertilité si l'on deve-
loppa.t l'emploi
d'engrais;
ce n'est pas encore
le cas,
car les
exploitants utilisent essentiellement la pratique de la
jachère
et la ,ul ture sur brûlis.
Cepe0dant,
cette agriculture
joue un raIe social
primordial
puisque c'est elle qui assure les besoins alimentaires de ces popu-
lations,
leur permet ainsi
de subsister sans déracinement et
sans
coûts sociaux importants.

268
+ Pour mieux jouer ce rôle,l'agriculture
dans son en-
semble, aussi bien celle de
savane
que celle de forêt doit
pouvoir bénéficier des programmes de modernisation entrepris
par des sociétés d'Etat spécialisées telles la SODEPALM,
la
SODERIZ, pour ne citer que les plus importantes.
+ Le tournant de 1962-196_.
Deux événements majeurs internationaux ont marqué les années
1962-1964.
Ce sont
- L'accord international sur le café ratifié en 1962
et
- La convention de YAOUNDE ratifiée en 1964,
Ces deux événements devinrent très rapidement la base de la
nouvelle politique économique ivoirienne et orientèrent de
façon décisive une série de choix
importants comme la moder-
nisation des structures agricoles et la transformation des pro-
duits locaux.
LI
accord sur le café règleœente le marché mondial du
café et limite les exportations ivoiriennes vers ses clients
traditionnels.
La convention de YAOUNDE supprime le système de surprix
mais élargit le marché de la C.E.E.
aux produits ivoiriens.
Le café étant devenu d'un écoulement plus difficile, une poli-
tique de diversification s'imposait.

2 6 9
Après l'indépendance,
le problème était de permettre à cette
agriculture,
par une bonne réalisation des objectifs à la fois
sociaux et économiques,
de participer
plus efficacement à la cons-
truction du
nouveau
type de société.
~ La diversification et la modernisation offrent le moyen de
parvenir à ce but.
En effet,
rénover les
plantations existantes
et en créer de nouvelles à partir des semences améliorées,
c'est
accroître le volume de
la
production et donc
les recettes
tirées
des exportations qui
permettront d'acquérir des biens d'équipement.
En outre,
diversifier les cultures,
c'est non
seulement atté-
nuer
les effets
perturbateurs dGs aux
fluctuations des cours mon-
diaux de caté et du cacao sur les recettes d'exportation,
mais aussi
développer une
série de
productions comme la canne à sucre,
le
coton,
le palmier à huile,
l'hévéa,
etc
...
'lui ont l'avantage
d'entralner la création d'usines de
transformation dont la
plupart
peuvent ~tre implantées a proximité des lieux de production,
c'est
à dire en zone rurale.
A titre d'exemple,
on peut citer les raffi-
neries de sucre de FlRKESSEDOUGOU,
l'usine de jus et conserve de
tranches d'ananas
~ ONO, les huileries à EtOKA, "TOUMANGUIE, SUUBRE,
etc
. . .
- Outre son
intér~t primordial d'augmenter la production et
les exportations,
la diversi fication
a donné naissance à un appa-
reil de production industrielle ivoirien dont
le chiffre d'affaires
a atteint,
en
1975,
un montant de
3U3 milliards de francs
C.F.A,
et le nombre d'emplois de 52.800
(1).
(1)

spécial
de Fraternite Matin,
aoput 1976,
p.
6

270

En matière de produits destinés â la
transformation sur
place, les résultats de la politique de diversification sont
considérables:
l'exemple du plan palmiers â huile permet)
lui seul de justifier l'importance de ces résultats:
autre-
fois produit de cueillette et d'auto-consommation, l'huile de
palme est devenue un produit industriel et d'exportation.
• Elle a donné naissance â neuf huileries qui ont trans-
formé, en 1974, environ 916 000 tonnes de régimes
(pour 140 000
tonnes d'huile dont 88 000 tonnes ont été exportées et 52 000
commercialisées sur le marché ivoirien).
• Les recettes d'exoortation ont atteint, quant â elles,
un montant de quinze milliards de francs C.F.A.
• La production ivoirienne représente 6,8% de la production
mondiale d'huile et le pays se classe au troisième rang des ex-
portateurs mondiaux derrière la Malaisie et l'Indonésie, au pre-
mier rang africain devant le Zaïre et le Cameroun.

271
... ~1ais
la diversification ne
,concerne pas
que les pro-
duits d'exportation ou industriels.
Elle vise également à
développer les cultures vivrières et les produits d'élevage.
$
En matière de prodl1Jts vivriers, la production ivoi-
rienne comporte deux catégories de produits répartis en deux
grandes zones agricoles.
- En zone forestière on trouve:
l'igname,
cultivé
surtout dans le pays "Baoulé"
;
le manioc,
produit de base de
l'alimentation des populations du Sud-Est, est cultivé dans les
mêmes régions que l'igname.
Le taro,
la patate douce et la banane plantain complètent la
production des tubercules
dont le taux de progression demeure
assez voisin de celui de la dé~ographie, c'est à dire environ
3 ~o •
Les prévisions de production pour 1980 portent sur
5 587 000 tonnes pour une consommation estimée à environ
3 650 000 tonnes et une superficie totale de 755 000 hectares
dont 285 000 pour la banane plantain,
245 000 pour l'igname,
125 000
pour le manioc, 88 000
pour le taro et 12 000 hecta-
res pour la banane douce.

272
~ En zone de savane, c'est la production céréalière qui
domine.
Le riz et le maïs font cependant l'objet d'une pré-
occupation toute partic~liÈre.

Le riz est très apprécié des consommateurs ivoiriens
i l est cultivé non seulement en région de savane, mais aussi en
zone forestière, dans les bas-fonds humides.
La production est
restée longtemps inférieure à la demande
nationale, ce qui
a entraîné des importations qui sont passées de 42 000 tonnes
en 1960 à 83 000 tonnes en 1966 .
• Les mesures de soutien de prix et surtout l'institution
d'une société d'Etat spécialisée, la SODERlZ qui a eu pour char-
ge d'encadrer lesproducteurs et de diffuser de nouvelles IT.étho-
des de culture ont permis d'atteindre avec une Droduction de
420 000 tonnes,
l'auto-suffisance en 1975.
• En raison de l'accroissement rapide des villes dont les
populations sont les plus grandes consommatrices de riz,
d'impor-
tantes opérations de développement rizicole sont en cours de
réalisation en vue de faire face à une demande en constante pro-
gression.

Pour ce qui concerne le maïs,
le développement de la pro-
duction dépend encore des résultats des recherches entreprises
par l'I.R.A.T.
et des possibilités de transformation industrielle.

273

Si le riz fait l'objet d'une demmande
galopante dans
les centres urbains,
la consommation des légumes frais par les
citadins n'est pas moins rapide.

En matière de légumes, on estime que la production locale
est en mesure de couvrir environ 78% des besoins, pourvu que la
production soit quelque peu organisée.

Le plan marafcher 1976-1980, vise donc ~ organiser, mo-
dernir-er
et accroftre la production, non seulement pour répon-
dre
aux besoins des centres urbains, mais pour dévelooper,
exporter des légumes frais
"hors saison" et surtout fabriquer
des concentrés de tomate ~ 28%.
La demande potentielle en tous légumes frais du
marché ivoirien est estimé ~ 50 000 tonnes en
1980 alors que
la production n'atteindra ~ cette date que 48 500 tonnes.
~ Pour éviter que le déséquilibre ne s'accentue,
la pro-
duction a été confiée à
la SODEFEL
(Société pour le développement
de la production des Fruits et légumes)
qui a pour charge de
tout mettre en oeuvre pour atteindre les objectifs du plan,
c'est à dire accroftre la production, rentabiliser la transfor-
mation industrielle et exporter.

274
~ En matière de production animale/la Côte
d'Ivoire connait
de graves déficits.
Jusqu'en 1972/
la Côte d'Ivoire importait
ses produits carnés de la Haute Volta et du ~ali en particulier.
-
.
$
Puis vint la sécheresse du SAHEL qui décima le cheptel
bovin et ovin de ces fournisseurs.
Dès lors,
i l devint urgent
d'avoir une politique nationale de production animale.
~ Comme pour les autres produits, une société d'Etat fut
créée
:
la SODEPRA
(Société pour le développement des productions
animales) .
~ Ses interventions portent sur les actions zoo-sanitaires
et zoo-techniques .

Elle a aussi pour mission d'intéresser les paysans à
l'élevage en facilitant leur accès à des crédits bancaires, en
leur fournissant de
jeunes animaux sélectionnés et en multipliant
des
ranches
de sélections où ils pourront suivre des stages d'ini-
tiation aux nouvelles méthodes d'élevage .

En cette matière, les solutions à apporter sont urgentes
mais les programmes ne sont qu'à leur début.
Les objectifs visent une production de 200 000 tonnes de viande
et abats à
l'horizon 1990, ce qui portera la ration individuelle
moyenne à 17 Kg par an.
~ ~1algré la difficulté de l'entreprise, seule une politique
nationale, visant à
la satisfaction des besoins de la population
en viande à partir d'une production locale, permettra de réduire,
sinon supprimer des sorties importantes de devises en achats de
produits carnés.
Le succès d'une telle politque comporte aussi des incidences heu-
reuses sur la qualité de la vie des populations rurales qui pour-
ront aussi associer culture et élevage et améliorer
leur alimen_
tatio~.

275
• A propos du cadre de vie des paysans, nous préconisons
une politique d'aménagement du territoire visant à
- mettre en valeur les potentialités de chaque région,
-
à
créer des p61es secondaires d'équilibre qui
viendraient
atténuer la trop grande influence d' Abidjan y
-
à réduire la disparité entre la ville et la campagne Dar la
création et l'amélioration des voies de communication,
le dé-
senclavement des régions les plus éloignées et la dotation des
villages-centres en équipements collectifs de bas~ notamment les
puits, les hangars de stockage,
les marchés,
les dispensaires,
les écoles ~ des lieux de cultes, etc ....
~ Il faut éduquer les adultes pour les rendre plus ouverts
au progrès et plus aptes à assimiler les nouvelles méthodes de
culture que leur enseignent les agents de développement.
Pour donner une alternative d'emplois salariés aux jeunes ruraux
scolarisés, i l faut implanter davantage d'usines de transforma-
tion de produits agricoles
locaux,
à proximité des lieux de
production.
~ Nous pensons qu'une telle mesure est de nature à limiter
l'exode vers les villes qui
intègrent difficilement ceux qui ne
sont pas préparés pour y vivre.

276
Malheureusement,
cet appareil
de
production industrielle qui
a
~t~, à l'origine, le fait des capitaux ~trangers, s'est trop con~
centr~ dans la zone d'Abidjan.
Le
numéro spécial de Fraternité
Matin
ML'industrie ivoirienne"
(Ao ut 1976)
donnait les précisions
suivantes relatives à la localisation des industries en Côte d'Ivoi-
re
-
Zone d'Abidjan
65%
- Zone de Bouaké
8%
- Reste du
pays
27%
Ces chiffres posent le problème qrave des inégalités auxquelles
donne
lieu
la croissance ivoirienne
inégalité non seulement entre
Abidjan et le
reste du
pays,
mais également entre les populations
urbaines et les populations rurales.
Les Pouvoirs Publics s'efforcent de
remédier ~ cela en d~velop­
pant des pôles
secondairesd'~quilibre comme San Pedro, Bouaké, Fer-
k~ss~dougou, etc ... et en cr~ant des ~quipements et des infrastruc-
tures au niveau des
villages pour apporter une certaine améliora-
tion
au cadre de vie des
populations rurales dont les jeunes ~lé­
ments scolarisés n'ont plus envie de rester à la
terre.
C'est une oeuvre de longue haleine et
coGteuse,
mais elle est
seule susceptible de conduire,
~ long terme,
vers plus de
justice
sociale.
Jouissant
d'une stabilit~ politique exceptionnelle ldans une

2 7 7
Afrique Noire que l'on di t
"mal partie"
(1),
et inspirant
confiance
aux investisseurs ou organismes financiers internationaux,
la Côte
d'Ivoire doit mettre en oeuvre des réformes hardies en matière éco-
nomique,
sociale, voire politique pour consolider les bases de la
nouvelle société ivoirienne.
On
peut
regretter
qu'une
telle
occasion
ne
soit
pas
encore
saisie
pour
repenser
les
structures
du
pays
afin
de
les
adapter
à
l'évolution
des
mentalités
et
les
rendre
plus
efficaces
et
surtout
plus
humaines.
(1) René DUMONT "L'Afrique Noire est mal partie", paris, Ed. du Seuil,
1962.

278
-
A t1
tl
E X E S
- - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - - - - - - -
S TRU C T URE
DEL A POP U LAT ION
l VOl RIE N NE.
LES MES URE S [) 1 EX0 NERATI 0 tJET D'A LLEGEIl EtH
FISCAL
TABLEAUX STATISTIQUES SUR LE COMMERCE EXTERIEUR
DE LA COTE D'IVOIRE

28 0
mesures d'exonération
d'allégement
,~
"
,
1. Droits et taxes perçus à J'entrée en Côte d'Ivoire
sur les marchandises et produits importés
A. -
DROITS DE DOUANE
Exemption temporaire. Toutes entreprises prioritaires.
Toutes les entreprises agréées comme prioritaires bénéficient
d'une
exemption,
pendant
10
années,
des
droits
de
douane
applicables:
a) aux matériels étrangers indispensables pour la création de
ces entreprises;
b) aux matières premières d'origines étrangères entrant dans
la composition des produits finis desdites entreprises,
B. -
DROIT FISCAL D'ENTREE
1. -
Exemption
temporaire.
Toutes entreprises prioritaires.
Toutes les entreprises agréées comme prioritaires bénéficient
d'une exemption, pendant 10 années, du droit fiscal d'entrée appli-
cable:
al aux matériels de toutes origines, indispensable pour la crèa-
tion de ,ces entreprises;
b) aux matières premières de toutes origines, entrant dans la
composition
des produits finis desdites entreprises.
2. -
Ristournes de la majoration du droit fiscal d'entrée perçu
sur le gas-oil et des taxes locales frappant cette majoration. Entre-
prises prioritaires de cultures industrielles.
Les entreprises de cultures industrielles agréées comme prio-
ritaires
bénéficient
du
remboursement
des
sommes
correspon-
dant à la majoration du droit fiscal d'entrée perçue sur le gas-oil
et des taxes locales frappant cette majoration, pour les quantités
de gas-oil consommées effectivement pour la préparation et l'amé-
nagement des sois et des plantatior:s.
C. -
TAXE FORFAITAIRE REPRESENTATIVE
DE LA TAXE DE TRANSACTION
1. -
Exemption temporaire. Toutes entreprises prioritaires.
Toutes les entreprises agrèées comme prioritaires bénéficient
d'une exemption pendant 10 annèes, de ie: taxe forfaitaire repré-
sentative de la taxe de transaction applicable ;
a) aux matériels de toutes origines, indispensables à la création
de ces entreprises;
b) aux matières premières de toutes origines, entrant dans la
composition
des produits finis
desdites entreprises.
IExemplion temporaire.
En application de l'article 5 de la l'arrêté nO 20 FAEP. PL. du
14 janvier
1960,
l'exemption
temporaire
de
la
taxe
forfaitaire
prévue au § C ci-dessus est applicable au droit spécial à l'entrée
substitué
à
ladite
taxe
forfaitaire
par
l'article
13
de
la
loi
nO 59-250 du 31 décembre 1959, aiOlsi qu'à la taxe sur la valeur
ajoutée créée pal' l'article 15 de ladite loi, lorsqu'elle est perçue
à l'importation.]
2. -
Ristourne de la majoration de la taxe forfaitaire représen-
tative de la taxe de transaction perçue sur le gas-oil et des taxes
locales frappant cette majoration. Entreprises prioritaires de cul-
tures industrielles.
Les entreprises de cultures industrielles agréées comme prio-
ritaires bénéficient du remboursement des sommes correspondant
à la majoration de la taxe forfaitaire représentative de la taxe
de transaction perçue sur le gas-oil et des taxes locales frap-
pant cette majoration, pour les quantités de gas-oil consommées
effectivement pour la préparation et l'aménagement des sols des
plantations.

2 8 1
A 1,1 Il E X E
l l l
================
;,
2, Impôts et taxes directs et indirects frappant les
~~
activités intérieures de production ou les trans-
actions
A. -
IMPOTS SUR LES BENEFICES INDUSTRIELS
ET COMMERCIAUX
1. -
Exemptions permanentes.
Les sociétés de construction d'immeubles en vue de leur divi-
sion sont exemptées d'une manière permanente de l'impôt pour
les plus-values résultant de l'attribution exclusive aux associés,
par voie de partage en nature à titre pur et simple, de la frac-
tion des immeubles construits par la société et pour laquelle
ils ont vocation.
2. -
Exemptions temporaires.
a) Entreprises immobilières prioritaires. -
Les entreprises immo-
biliéres agréées comme prioritaire bénéficient, pendant vingt-cinq
années, d'une exemption de l'impôt pour les immeubles à usage
d'habitation qu'elles ont construits et qu'elles donnent en location,
b) Autres
entreprises
prioritaires, -
Les
autres entreprises
agréées comme prioritaires bénéficient, pendant cinq années, de
l'exemption de J'impôt.
Un arrêté fixera, pour chaque entreprise, le point de départ de
cette exemption,
c) Toutes entreprises :
i. -
usines nouvelles et extensions d·usines. Les usines nou-
velles et les usines anciennes pour leurs extensions bénéficient
de l'exemption de l'impôt pendant les cinq années qui suivent
celle de la mise en marche effective;
2. -
exploitations de gisement de substances minérales. Ces
exploitations
bénéficient d'une exemption de l'impôt jusqu'à la
fin de l'exercice clos de la cinquième année suivant celle de la
mise en marche effective; est considérée comme constituant la
mise en marche effective de ces exploitations, la première réali-
sation ou exportation de produits march'lnds, objets de l'exploi-
tation.
3. -
Déduction dans le calcul de l'impôt.
a) Déductions du bénéfice SUr lequel est calculé l'impôt, desti-
nées à éviter la double imposition cédulaire. -
Sont déduits :
-
le revenu net foncier des immeubles faisant partie de l'actif
immobilier de t'entreprise;
-
Je revenu net des valeurs et capitaux mobiliers figurant à
l'ac;if de l'entreprise et déjà atteint par l'impôt sur le revenu des
valeurs
mobilières
avec
imputation
d'une
quote-part
des
frais
et charges forfaitairement fixés à 30 % ou 10 % selon que les
investissements opérés en titre, participations ou créances figu-
rent au bilan pour plus ou moins de la moitié du capital social.
b) Autres déductions du bénéfice sur lequel est calculé l'impôt:
1) provisions pour fonds de renouvellement du matériel et de
l'outillage; ces provisions sont déduites du bénéfice imposable;
le montant du fonds de renouvellement du matériel et de "outil-
lage est calculé suivant les principes fixés par le régime fiscal
de la Rèpublique de Côte d'Ivoire;
2) provisions pour reconstitution de gisements, Ces provisions
sont déduites du bénéfice imposable de l'entreprise.
4. -
Réduction d'impôts.
Réduction de l'impôt pour les investissements.
1) Les investissements opérés par les redevables de l'impôt
sous forme :
-
de constructions, améliorations ou extensions d'immeubles
bâtis;

282
A t-I
tl
E X E
1\\'
== = == = == = =====:
-
de création ou de développement d'établissements ou d'ins-
tallations industriels;
-
d'acquisition de terrains à bâtir destinés aux constructions
prévues
ci-dessus,
donnent droit à une réduction
de
la base
d'imposition dont le montant est égal au maximum à la moitié
des sommes payées dans la limite de 50 % des bénéfices de
chacun des exercice au cours duquel a été déposé le programme
d'investissements admis.
2) Les investissements opérés par les mémes redevables sous
forme de souscription d'action ou d'obligations émises par les
s'ociétés
immobilières
d'économie mixte
et
les
offices
publics
d'habitations économiques installés en Côte d'Ivoire, donnent droit
à . une réduction de la base d'imposition dont le montant peut
être égal à 100 % des bénéfices taxables.
3) Les investissements opérés par les entreprises sous forme
de constructions d'immeubles à usage d'habitation "~stinées exclu-
sivement au logement de leur personnel, à condition que le prix
':::.
de revient de chaque logement n'excède pas 1 500000 francs,
donnent droit à une réduction de la base d'imposition dont le
montant est égal à la totalité des sommes ?ayées.
5. -
Amortissement accéléré.
Est
autorisé l'amortissement accéléré
de
40%
du
prix
de
revient des immeubles affectés au logement du personnel, entre-
pris entre le 1H
janvier 1958 et le 1ec janvier 1960. construits
conformément
aux
règlements
d'hygiène,
d'un
prix
inférieur
il
3000000 francs, base des prix de série Dakar au
1'" Janvier
1950. L'amortissement accéléré est pratiqué à la clôture du pre-
mier exercice suivant la date d'achèvement
des
immeubles
et
l'amortissement de la valeur résiduelle est effectué dans les condi-
tions normales.
B.
CONTRIBUTION
FONCIERE
DES PROPRIETES BATIES
Exemptions temporaires
1. -
Entreprises immobilières
prioritaires.
Les entreprises immobilières agréées comme prioritaires béné-
ficient, pendant vingt-cinq années, de l'exemption de la contri-
bution pour les immeubles à usage d'habitation qu'elles ont cons-
truits et qu'elles donnent en location.
2. -
Toutes entreprises prioritaires.
Pour les immeubles affectés à leur fonctionnement, toutes les
entreprises agréées comme prioritaires bénéficient, pendant cinq
années, d'une exemption de la contribution.
La date d'achèvement desdlts immeubles constitue le point de
départ de celte exemption.
3. -
Installations et bâtiments de la zone des entrepôts privés
du port d'Abidjan.
Les installations et bâtiments situés dans la zone des entrepôts
privés du port d'Abidjan bénéficient, pendant vingt et une an-
nées,
d'une exemption
de
la contribution,
à
partir de
l'année
de leur achèvement.
C. -
TAXE SUR LES BIENS DE MAINMORTE
1. -
Exemption -permanente. Sociétés en nom collectif et sociétés
en commandite simple.
Les sociétés en nom collectif et les sociétés en commandite
simple bénéficient d'une exemption permanente de la taxe.
2. -
Exemptions
temporaires.
Entreprises
immobilières
prio-
~itaires.
Les entreprises immobilières agréées comme prioritaires béné-
ficient, pendant vingt-cinq années, de l'exemption de la taxe pour
les
immeubles
à usage d'habitatio!1
qu'elles
ont
construits
et
qu'elles donnent en location.
Toutes entreprises prioritaires
Pour les immeubles affectés à leur fonctionnement, toutes !es
entreprises agréées comme prioritaires bénéficient pendant cinq
années, de l'exemption de la taxe. La date d'achèvement desdits
immeubles constitue le point de départ de cette exemption.

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v
? f3 3
===============
i\\
D. -
CONTRIBUTION
DES
PATENTES
:,
]
1. -
Exemption permanente,
~
.:a) Concessionnaires de mines et carrières. -
Les concession-
f.
naires de mines et carrières
bénéficient
d'une exemption per-
~ .
." man ente de la contribution pour le seul fait de l'extraction et
!J
.;
de la vente des matières par eux extraites.
~ .
Î;:'(b) Associés des sociétés en nom collectif, en commandite ou
\\.-' anonymes. -
Les associés des sociétés
en nom collectif.
en
commandite ou anonymes sont exemptés d'une manière perma-
nente de la contribution.
2. ~ Exemptions temporaires.
a) Entreprises
prioritaires
autres
que
les
entreprises
immo-
bilières. -
Les entreprises agréées comme
prioritaires,
autres
que les entreprises immobilières. bénéficient d'une exemption, pen-
dant cinq années, de la contribution.
Un arrêté déterminera pour chaque entreprise Je point de départ
de cette exemption .
. b) Autres entreprises, -
Les entreprises ci-après sont exemptées
de la contribui"lon des patentes pendant l'année où elles com-
mencent à exercer et pendant les quatre années suivantes : usine
pour
la
fabrication
de
l'acétylène
ou
oxygène;
blanchisserie;
fabrique de corde ou de ficelle; imprimerie; exploitant de bras-
serie; exploitant de machines à décortiquer; exploitant forestier
de bois de chauffage; exploitant de scieries mécaniques pour le
sciage des bois de construction. dt: menuiserie et d'ébènisterie;
ex;:>loitant de moulin maïs, de décortiqueuse à café et à riz; hui-
lerie; filature de coton; fabricant de métiers pour le tissage de
coton; exploitant forestier vendant ses bois sur place;
savon-
nerie; installations ou bâtiments situés dans la zone des entre-
pôts privés du pon d'Abidjan.
E. -
DROITS D'ENREGISTREMENT ET DE
TIMBRE (SOCIETES)
1. -
Droits d'apport.
Lorsqu'ils excèdent 5 millions de francs les droits proportion-
nels
prévus
par
la
réglementation
en
vigueur
peuvent
être
acquittés en trois versements égaux. Le premier versement est
acquitté lors :le l'enregistrement, les autres annuellement.
2. -
Actes de formation et de prorogation.
Ces actes, s'ils ne contiennent ni obligations. ni libération, ni
transmission
de
biens,
meubles
ou
immeubles,
bénéficient
du
tarif
dégressif
ci-après
:
valeur imposable de 9 à 2500000000
%
de 2 500 000 000 à 5 000 000 000
0.5 %
au-dessus de 5000000000
0,1 %
F. -
TAXE D'EXTRACTION DES MATERIAUX
Exemption temporaire
Entreprises
prioritaires
autres
que
les
entreprises
immobi·
lières. -
Les entreprises agréées comme prioritaires, autres que
les entreprises
immobilières,
bénéficient,
pendant
cinq
années,
'de l'exemption de la taxe.
Un
arrêté
déterminera
pour
chaque
entreprise
le
point
de
départ de cette exempi"lon.
3. Droits et taxes perçus à la sortie du territoire de
la Côte d'Ivoire
Droit fiscal de sortie et taxe forfaitaire à l'exportation repré-
sentative de la taxe de transaction.
Réduction. Entreprises prioritaires
Les entreprises agréées comme prioritaires dont les produits
sont destinés à l'exportation bénéficient d'une réduction, pendant
dix années,
de
50 '% au maximum du droit fiscal
de sortie
et de la taxe forfaitaire à l'exportation représentative de la taxe
de
transaction,
à
l'exception
des
produits
dont
la
liste
sera
fixée par une loi ultérieure.
N.B. -
Certaines communes accordent des exonérations
1) de la taxe sur le revenu net de la propriété bâtie;
2) de la taxe sur la valeur locative des locaux professionnels

284
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en
chiffres
(1970-1975)
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287
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Importations par pays
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Autres Afrique
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(.) Do!]! Iran: :'':'09.
(2) Dom Phc-tl : 121.5 c:n 1973, B08 c:n 1974, Rép. Domillicaine : 731 en 19ï+ el Trillidad-Tob:lgo : C86 en 19ï·j.,
1-
Sources
D.C.F.A.n et St~tistiques du Commerce Ext6rieur
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Balance c 0 mm e r C;L ,~_-----------------
de Francs C .F.A
_.
Pays.
.•..
.1971
1972
.1973
., .
o. ,1974"
..
.1975
--"-"
-...
"
'
--
.
'.
~....
, "
.. . '
. ..
.
~-"
'
. c .C.,
"
Millions de francs c. f.a.
Pays industriels ..
.........
~
+ 13 883
+ 18604
+ 23 307
+ 53 263
+ 2874
dont: ' C.E.E. .............
+ 4219
+ 9809
+ 19399
+57575
+ 4 164
.. Aurres Europe (a) '" .
2071
..
1785
- 2287
- 3980
- 4645
- Canada ...........•.
,
97
954
716
+
253
+
310
.. Fr.~"S-I-'nis ...........
+ 13779
+12415
+ 7022
+ 4092
+ 8741
. Japon .............
1947
..
881
-
111
.. 5277
- 5696
Autres pays Europe occidentale
+
3411
+ 5724
+ 11 086
+ 15495
+ 11 667
Europe de l'Est ............
+ 3020
+ 1342
+
1 746
+ 3166
+ 1 312
Afrique ................. .
..
528
+ 5599
+ 11 598
+ 15 888
+ 15 255
dont:- u.M.O.A. ...........
+ 2681
+ 5298
+
6099
+ 10 888
+ 12803
.. U.D.E.A.C. (b) . . . . . . .
966
194
83
-
10
..
1 197
.. Maghreb ......••....
..
896
+
950
+
4524
+
5887
+
1313
Amérique (c) ..............
..
1 415
598
2390
.. 3390
3462
Asia (d) ................. .
..
2978
6 195
.. 12526
·25640
.. 17625
Australie el Océanie
....... .
+
55
+
85
..
113
+
147
+
15
Indé-terminés el provo bord .....
+
272
+
663
+
627
-
445
+ 3142
Total . . . . . . . . . • • . • • •
+ 15720
+ 25 224
+ 33 335
+ 59 484
+ 13 179
1
(a) Autriche. Norvège. Suède. Suisse... (b) Camerou n. Centre Afrique. Congo (R.P.l. Gabon ... (c) Non compris Canada et Etats-Unis...
(d) Non compris Japon.

A
'bl
de
la
balance co~merciale due à la bë
0n
note la dégradation senSI
.e
,
6
'11'
d
d
5 7,575 est revenue a 4,1
ml
Iar c
des échanges avec la C.E.E qUI,
e
Source
"La Côte d'Ivoire en chiffres"
p.
50

289
BIBLIOGRAPHIE
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l
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sec t ion 0 u t r e - 1·' e r :
Côte d'Ivoire XIII,
agriculture,
commerce
industrie
:
1889 - 1895
Dossier
2 (c)
huile de
palme
Dossier
5
agriculture,
commerce,
industrie
Il
1)
Carte des
précipitations avec les isophètes
moyennes annuelles sur la
période 1961-1970
2)
Carte des
températures avec les isothermes
moyennes annuelles au cours de la
période
1961-1970.
3)
Cartes des régions naturelles et végétation

290
III
DOCUMENTS ET RAPPORTS OFFICIELS
1)
Collections
- Collection
"Données statistiques sur les activités
économiques,
culturelles et sociales de la Côte
d'Ivoire",
Hinistère de la Coopération,
sous la
direction des études et de la planification~
- Collection
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numéro 2 : l'expérience de la Côte d'Ivoire
par J.L FYOT,
1974,
3ème édition,
Minist~re de
la Coopération,
sous la Direction des études de
la planification.
- Codes des Investissements ivoiriens,3.09.1959
Minist~re des Finances, des Affaires Economiques
et du
Plan,
1959.
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Malgache et Mauricien associés,
Commission
de la Communauté Economique
(C.C.E),
Bruxelles
1974.
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"Le Courrier",
numéro spécial,
mars 1975,
Com-
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Bruxelles.
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première édition,
1975,
numéro spécial du
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Ediafric,
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document d'infor-
mation
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Centre de l'information économique et
sociale de l'O.tl.U,
tjew York,
1972.

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d'Ivoire"
(Rapport l'IOUILLOU),
1961.
"Les perspectives de développement économique
e t
soc i al,
l 9 60 - l 9 7 0" rH n i s t ère des Fin a n ces
des Affaires Economiques et du Plan,
décembre
1962,
2 volumes,
tirage offset.
-
"Plan quinquennal
du développement économique
et social,
1965-1970" IHnistère des Finances,
des Affaires économiques et du Plan,
janvier
1964,
5 volumes
- contient une première pro-
jection 1970-1975
- Le Plan intérimaire 1962-1963 de la Côte
d'Ivoire,
Abidjan,
1962.
;" Pre mi ère e s qui s s e d u Pla n qui n que n n a 1 d e
dé v e l 0 PPe ment
1971 -1975" Il in i s t ère du Pla n ,
mai
1965,
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volumc7-contiènt"la premi~re
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"Deuxième esquisse du Plan quinquennal de
développement 1971-1975",
même source.
-
"Plan quinquennal
de développement économique
soc i a l e t
cul t ure l,
l 9 7 1 - l 9 7 5" 1·1 i ni s t ère d u
Plan,
décembre 1971
- contient les
perspectives
pour 1975-1980.
"Plan quinquennal de développement économique
et social
1976-1960" Hinistère du
Plan,Abidjan.
-
"La loi
programme triennale 1976-1978",
Ministère du Plan,
Abidjan.

292
3)
RAPPORTS
- Rapport élaboré pour le F.E.D,
par Vladimir
DRACHOUSSOFF et J.
PRADE en 1963 -
"Une expe-
rience de développement rural en région tro-
picale".
- Rapports annuels de la Banque Nationale
pour le développement agricole,
Abidjan.
- Rapports annuels de la Banque Centrale
des Etats d'Afrique de l'Ouest
(B.C.E.A.O)
Abidjan.
- Rapport sur l'évolution économique et sociale
de la Côte d'Ivoire,
1960-1964, Conseil
Economique et Social,
Abidjan 1960.
- Rapport sur les Industries Agricoles et
Alimentaires en Côte d'Ivoire,
1962,
Minist~re de l'Agriculture, Abidjan.
- Réflexion il long terme
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tH ni s t ère
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14, octobre 1976
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N° 16,
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"l' agro-industrie,
moteur du développement?"

17,
janvier 1977
4)
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28,
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Afrique Industrie
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"Soixante ans
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N° 402,
1966
Modalit~ du Plan de D~veloppement du palmier
~ huile en Côte d'Ivoire, N° 401, 1966
Projection 1975 des perspectives décennales
1 9 60 - ï 0 deI a Côte d' I v0 ire,
Il ° 4 1 4,
1 9 6 6
Perspectives décennales et bilan 1960-65
des investissements en Côte d'Ivoire,
riO
417,1966
Perspectives d~cennales de d~veloppement
économique et social
1962,
Abidjan.
Plan quinquennal
1971-75 de la Côte d'Ivoire,
HO
656,
1.09.71
Rapport de pr~sentation du projet de loi
de finances
1970,

595,
15.04.70
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11 0
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1 i ers
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tri mes tri el,
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* Croissance des Jeunes Nations, Paris
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* Coopération et D~veloppement, bimensuel, Paris
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* Documentation et Civilisation,
Publié par l'I.R.F.E.D
* Documentation Française
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Paris.
· N°
1403,
janvier 1975
· N°
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30 juin 1976
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des
prix des
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"La Côte d'Ivoire 1960-70,
dix
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de dévelop-
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1355,
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1965
Tome VII
tl °
26 1966
Tome VII

28 octobre -dé'cemb re 1966
Tome VIII:
t'J °
29/30 janvier-Juin 1967
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Tome VIII:

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"Les blocages socio-culturels du
développement en Afrique t~ 0 ire fi
Tome XII
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45 janvier-mars 1971
------._,.
Tome XVI
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-
309
-
TABLE
DES
~ATIERES
================
Pages
INTRODUCTION
13
PRELIMINAIRE
--------------------------
19
CHAPITRE l
L'ACTION DES POUVOIRS PUBLICS
ET LES
MUTATIONS DES STRUCTURES AGRICOLES DE-
PUIS LE XVII SIECLE
----------------
19
SECTION A • L'ACTION DES POUVOIRS PUBLICS
EN
---------
FAVEUR DU SECTEUR
PAYSAN
---------
19
§ 1
ANC IENNETE DE L' INTERVENTION ---
§ 2
COLBERT ET L'ACTION DE L'ETAT
EN FAVEUR DE L'AGRICULTURE -----
20
SECTION B •
LE MOUVEMENT PHYSIOCRATIQUE ET LA
CRISE DE L'INTERVENTION DE L'ETAT
DANS LE SECTEUR AGRICOLE ----------
22
§ 1 . LE LIBERALISME ECONOMIQUE DES
PHYSIOCRATES
------------------
22
§ 2 . LE CARACTERE DESORDONNE DE
L'INTERVENTION
----------------
24

- 310 -
Pages
SECTION C·
LA PERIODE DIAPRES GUERRE ET L' IN-
----------
TERVENTION CORRECTRICE DE L'ETAT --
25
§ 1 . L'AGRICULTEUR S'OUVRE AU MONDE
\\~~~~;\\
!"'~il EXTER l EUR - - - - - - - - - - - -
25
§ 2 . L'ACTION DES POUVOIRS PUBLICS
SUR LES ECONOMIES AGRICOLES DES
SOCIETES TRADITIONNELLES
------
27
CHADITRE II
LES FACTEURS DI EBRM'LE"ENT ET LE5 tAUTA-
TIONS DE L'AGRICULTURE DE SUBSISTANCE--
32
SECTION A·
LES CAUSES D'EBRANLEMENT DE L'AGRI-
---------
CULTURE
---------------------------
33
§ 1 . LES CAU:ES DANS LE CAS DES PAYS
DEVELOPPES
---------------------
33
§ 2 . LES FACTEURS D'EBRANLEMENT DANS
LES PAYS ATTARDES
--------------
34
SECTION B·
LES TYPES DE MUTATIONS DES SOCIETES
----------
DE SUBSISTANCE ---------------------
34
§ 1 . LES MUTATIONS DUES AUX NOUVEAUTES
TECHNlnUES
---------------------
34
§ 2 . LES t1 UTAT ION S DUE S AL' EXl STE NCE
DES DE80UCHES
------------------
36

- 311 -
Pages
aO- LES MUTATIONS DUES AUX
EXPORTATIONS VERS LES ~E­
TROPOLES
---------------
37
bO- LES MUTATIONS DUES AUX
DEBOUCHES INTERNES ------
39
1) Effets des centres ur-
bains ----------------
41
2) Effets des industries
de transformation ----
42
CONCLUSION
-----------------------------------------
.
44
PRE~IERE PARTIE
LES CONSTANTES DE L'AGRICULTURE
IVOIRIENNE
----------------------
47
===========
CHAPITRE 1
LE CADRE PHYSIQUE
--------------------
49
SECTION 1 •
GEOGRAPHIE ET CLIMAT
--------------
49
---------
§ 1
GEOGRAPHIE
49
A
Pays limitrophes
---------------
50
B
Relief
----------. --------------
50
C
Cours d'eau ---------------------
50
D
Population
---------------------
51
§ 2
LES ZONES CLIMATIQUES -----------
55
A
Les températures ----------------
55
B
Les précipitations --------------
57
1) En zone Côtière --------------
57
2) En zone de forêt dense
------
57
3) En zone de savane
-----------
58

- 3 1 2 -
-
PAGES
-
SECTION II
LES REGIONS
NATURELLES
. . • • . • • . . • • . . • • . . 6 0
§.1
LA
lOtIE
COTIERE
· · • • · • · · •••• ·· • . . • . . . . . . 6 0
§.2
LA
lOtJE
DE
FORET DEtJSE
60
§.3
LES
lOI:ES
DE
SAVANE ET
DE
STEPPE
••••.•• 6 1
SECTION III:
LES SOLS
DE
L'AGRICULTURE
IVOIRIEHHE
.•• 64
§.1
LES SOLS
DES
REGIONS FORESTIERES
••••••• 6 4
§ . 2
LES SOL S DES
REG l 0 IJ S C0 Tl ERES
• . . . . . . . • . 6 5
§. J
LES SOLS
DE
SAVAtJE
. • . . . • • . . . • . . . . . . • . • • 6 5
COIJCLUSIOtl DU CHAPITRE
l
·.······.·.·······.·········6 6
CHA PIT REl I:
LES ST RUCT URE SEC 0 Il OIH QUE SET SOC l ALE S
DE
L' AGRICUL TURE
IVOIRIEfJtlE
67
SECTIOtl l
LES STRUCTURES DE
L'AGRICULTURE
TRADJ-
Tl 0 l'~ l'J E LLE. . • . . • . • . . . . • • • . . . • • • • . . . . . . . . 6 8
§.1
LA MOTIOH DE STRUCTURE
AGRICOLE
·.······6 8
§.2
LES CARACTERISTIQUES DES SOCIETES PAYSM1-
tl ES l VOl RIE N1,1 ES. • . • . . . • . . . . . • . . . . • . . . . . ':1 0
A)
Organisation en groupes ethniques
? 0
B )
Les procédés cul turaux
=? 2
SEC TI 0 l'J
l l
LES SECTElIRSHODERIIES . . . . . . . . • . . . • . . . . . . . ':/ 4
§.1
LE
PREIH ER
SECTEUR t'10DERIJE
:
LE
SECTEUR
PRIVE
· . . . . . . . • . • . • . • . . . . • . • • • . . . . . . . . . ;"f4

-
.3 1 .3
-
§ . 2
VER S LAC REA Tl 0 tj D' Ut1 SEC TEUR 1'10 DErHl E
PLUS LARGE: LE SECTEUR D'ETAT
7 5
~S=-EC=-T:.....:I:.....:O_N_1 II
LE
ROLE SOCIAL DE L'AGRICULTURE
.
7 8
§.l
COMPLEMENTARITE DU ROLE SOCIAL ET DU RO-
LE ECONOMIQUE DU SECTEUR AGRICOLE
7 8
§.2
CONSEQUENCES POUR L'AGRICULTURE DE
L' EXODE RURAL
7 9
C01-iC LUS l 0H DUC HA PIT RE II
8 1

- 3 1 4
-
CHAPITRE III
LES COtWITIONS
DE
LA NOUVELLE
STRATE-
GIE
UF:
C80ISSA::CE
8 2
SEC TI Oll l
LAC ROI S SAI JCE AtH ER lEU RE. • • • . . . • • . . ..
8 2
SECTION
II
L'ECONOMIE
DE
L'INDEPENDANCE
8 5
§.l
LE
DECLIN RELATIF
DU SECTEUR PRIMAIRE ••
8 6
§ . 2
LAC 0 NVE 1nI OI·J
0 E YA0 UIl 0 E l ,
f3 AS EDE LA
l'JO UVELLEP 0 LIT l QUE ECO t10 IH QUE
l VOl RIE 1J -
IJE
. . . • . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . • •
8 7
A)
Lac ôte d 1 l v 0 ire
d l: v e 1 0 P !)(' 5 e .'3
é c Il <'l Il 9 e :.3
avec
les
pays
tiers
8 7
B)
La
diversification
agricole
90
COI!C LUS IOt'l DU CHA!:I TRf_ID
• . . . . . . . . . • . . . . . • . • . . . . . . . .
9 2

- 3 1 5
DEUXIE~1E PARTIE
LA POLITIQUE D'ORGANISATION,
DE NO-
DER IH SATl 0 rI,
û E 0 IVE RS l FIC ATION 0E
L'AGRICULTURE ET SES RESULTATS.....
9 8
TITRE PREtHER
MODERNISATION ET DIVERSIFICATION
DES PRO 0 UCTl 0 l'j S AG Rl COL ES. . . . . . . . . .
10 0
CHAPITRE IV
LA MODERNISATION DE L'AGRICULTURE IVOI-
RIENNE
.
1 0 1
5ECTIOt'i l
LES CARACTERISTIQUES DE LA CAFEICULTURE
l V0 l RIE tHl E ••• 10 10 • 10 • 10 • 10 • 10 10 •••••• 10 10 10 • 10 ••••
0 2
§ . l
HISTORIQUE

10
• • • • •
10
10
• • • • •
10
• • • • • • • • • • • • • •
0 2
§ .2
LES CARACTERISTIQUES DE LA PRODUCTIOtl ..
1 0 3
A)
Les préjudices en matière d' équi pemen t ..
1 0 4
B)
Les préjudices en matière de méthodes
culturaJes
~
.
104
C)
Les préjudices en matière de services
d~encadrement
.
1 0 4
§ . 3
EV 0 LUT l 0 H DEL A PRO 0UCT10 tl
.
o 5
A)
Interprétation de la proqression de la
production
'
.
107
B)
Interprétation de la stagnation
.
o 8
1)
Les ccnséquences de l'A.I.C de 1962..
0 8
2)
Le vieillissement du matériel
végétal
10

10
10
10
• • •
10
• •
10

10
• • •
10
10

10
10
• • • • •
10

109

- 3 1 6
-
SECT l Ot'l I I
LES
PROGRAMMES
DE
REGENERATION DU
t'l ATER l EL VEGE TA L
. . . • . . . . . • • . . • • • . • . . • . .
1 1 0
SOUS-SECTIOtl
l
LES PROGRAf>1t·1ES CACAOYERS DE
1963
.
1 1 0
§ .1
L'I.F.C.C et
la
S.A.T.M.A.C.I
. . . . . . . . . .
1
A)
L'I.F.C.C
1 1 1
B)
La
S.A.T.M.A.C.I
••••••••••••••••••••...
1 1
§ . 2
LES ACT l 0 I~ S DER EGEt~ ERAT l 0 t'l
. • • • . • . . . . • .
1 1 2
SOU S - SEC Tl 0 1'1
l l
LES PROGRAMMES CAFEIERS DE 1968
.
1 1 5
§.1
VERS LA MISE
EN CULTURE DE
21.000 HA
DE
IJQUVELLES
TERRES CHAQLE
AI-HIEE
••.....
1 1 5
A)
Le
programme A
1 1 6
B)
Le programme B
1 1 7
§ .2
RE5L1L T/\\TS
. . • . . . . • . . . . . • . . • . • . . . . . . . . . . .
r 1 7
SECT IO~1 I I I
LES ACT l 0 l'l S Etl
F AVELI R DEL A QUA LIT E
1 1 9
§ .1
LE
PROGRAHHE
DE
LA S.E.R.I.e
. . • . . . . . . . .
1 1 9
§ . 2
LES l t·1 TER VEtl T l 0 t'l S DEL A CAl SSEDE S TAB l -
LI SA TION EIl F AV ELI R DEL A QUA LIT EDE S
PRODUITS
1 2 1
CO tIC LUS l 0 1·1 DUC HAPI TREl V
1 2 4

- 3 1 7 -
CHAFITRE
V
LAD IVE RS IF ICA Tl 0 Il DES RES SOU RCES
AGRICOLES
:
L ' EX EMP LED ES
PAL rH ERS A HUI LE. . • . . . . ..
1 2 6
SECTION l
UN ATOUT MAJEUR
POUR
L'ECONOMIE,
LE
PALMIER
A HUILE
. . . . . . . . . . . . • . . . . . . . .
1 2 8
§ . l
LES C0 r~ DIT l 0 I·J S 1'1 ATURE LL ESC IJ PAun ER
2 8
§ . 2
L ' fi.. CTl VIT EPI 0 ri HIE RED EL' l . R . H . 0 E 1'1
HATIERE
D ' E 1 A E l e u L T U R ·E. . . . . . ..
1 2 9
SEC TI 011 II
L ' i\\ IDE A LIl
PRO DUC Tl (1 l'l,
A LAD IVE RS l F l -
CATIOrl ET LES SOCIETES D'ETAT
132
§ . l
L'AIDE DE
LA C.t:.E A LA PRODUCTIOt-l ET A
LA DIV ERS l FIC ATl 0 Il
.. . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . . .. .. ..
3 2
§ .2
LA SOïlEPALH
........................................................
3 3
§ . 3
LES ATTR:1 [3 UTl 0 t'l S DE S SOCIETES
D'ETAT
...
3 4
A)
Les attributions
de
la
SO DE PAUl
.. .. .. .. .. .. .. ..
3 4
[3 )
Les attributions de
PAun n dus tri e
.. .. .. .. .. ..
1 3 5
C )
Les attributions de
PALHIvoire
.. .. .. .. .. .. .. .. ..
3 5
SEC Tl 0 ~I III
LEM 0 DE D'E XPLO l TATI 0 t~ DES PAL MER AIE S ..
1 3 7
§ . l
PALMERAIES It-lDUSTRIELLES
. . • . . . . . . . . . . . .
37
A)
L'organisation du
t r a v a i l . . . . . . . . . . . . . .
37
B)
La
p r o d u c t i o n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1 3 9
C)
La commercialisation
. . . . . . . . . . • . . . . . . . .
1 4 2

318
§.2
LES PALMERAIES VILLAGEOISES
144
A)
Organisation des
plantations et
les pres-
tations
à la charge des planteurs
1 4 4
B)
Extension des superficies
plantées et
production
1 4 5
COrJCLU~ION~~HAPII~I-~
1 4 8

- 3 1 9
-
TI TRES ECO
"""
t.JD
1..LJl21L 12 f_ .h~ ~ CRI ,Ç ULTURI~~ t~ 5_ LA_ CRe l ~ -
SANCE DE L'ECONONIE IVOIRIENNE
1 5 0
OBSERVA TI OtIS DE CARAC TE RE CUlE RAL SUR LE ~~ OCE SSII 5 DE
CROISSANCE ECO~WIHQUE
---------
1 5 0
A)
Définition
B)
Comment l'agriculture peut-elle contri-
buer à la crois~ance économique
1 5 0
CHAPITRE VI
LES CRE DIT S DE DE VEL0 PP E1·1 EtH AC Rl COL E
ET L'ESSOR DES PRODUCTIONS VIVRIERES
ET D' IHPORTATIOIJ
1 5 2
SEC TI Oll l
LES CREDITS DE DEVELOPPEHENT ACRICCLE
..
1 5 3
§ . 1
ENTRE 1960 ET 1975, ENVIRON 25% DES RES-
SOURCES PUBLIQUES SONT AFFECTEES A
L' ACRICUL TURE
1 5 4
§.2
L'AIDE EXTERIEURE REÇUE PAR LA COTE
D'IVOIRE
1 5 8
A)
237.122 Millions de francs
C.F.A d'aide
à la Côte d'Ivoire entre 1960 et 1971~ ••
1 5 9
B)
P l u s
d e
p r e t s
.~ u e des u b ven t ion s
§. 3
ENV IR 0 N 3 0 % DEL ' A IDE
E XT E RIE U-
R EON T
CON C E R N E L ' A G RIe U L T URE
A)
11 é p a r t i t i o n
d e I ' a i d e
e x t é r i e u r e
p a r
s o u r c e s
e t
p a r
s e c t e u r s
160
B)
P l a c e p l u s
i
m p 0 r t a n t e
d e s
don s
F.E.D.
e t
d e s
p r ê t s
f
r a n ç a i s
à
l
' a-
g r i e u l
t u r e
-------------------------
1 6 2

320
SECTJOtJ II
L'AGRICULTURE~ SECTEUR [ES PRODUCTICNS
VIVRIERES
r-T D'EXPORTATION
164
§ . I L ' AG Rl ClJ LTLI RE,
SEC TEUR DES PRO DUC Tl 0 tJ S
D ' EXP 0 RTA Tl 0 t'J
1 6 4
A)
Entre 1945-46 et 1974-75,les productions
traditionnelles
(caf~, cacao) 2cgme~tent
dans des
proportions considérables
6 5
B)
L'agriculture,
source de devises
.
6 6
a-
La détérioration des termes de l'échan-
ge pCL'r les
pays sOus-développés
. . . . ;..
1 6 6
b-
La valeur relative du secteur primaire
régresse entre ]9GO et 19ï Ll-
• • • • • • • • • • • •
1 69
§.2
L'ACRICULTURE,
SECTEUR DES PRODUCTIONS
VIVRIERES
1 7 2
A)
La
nouvelle orientation de la
politique
agricole ivoirienne
: ses causes
1 7 3
B)
Le dÉveloppement de la
production rizi-
cole en Cate d'Ivoire
176
a-
Le rBle de l'Institut de Recherche
d'Agronomie Tropicale
(I.R.A.T)
dans le
programme rizicole
7 6
b -
La SATMACI et la
t~che d'encadrement ...
7 7
CONCLUSION
DU
CHAPITRE
VL ....•............
182

-
321
CHAPITRE VII
L'AGRIClLTURE, BASE DE L'INDUSTRIE
1Iv 01RIE Ntl E
.
1 8 4
SEC1IOH 1
L'IHTERD~PENDANCE DE L'AGRICULTURE
ET DE L'INDUSTRIE
184
§ . l
L'EXEMPLE DE L'AGRICULTURE SCVIETIQUE
1 8 5
A)
Une production
toujours inférieure
aux
prévisions
1 8 6
B)
A partir de 1953,
l'agriculture béné-
ficie d'une
plus grande
priorité
. . . . .
186
§ .2
Le cas de
la Chine Continentale
1 8 6
SECTION II
LA POL 1 T1QUE 1VOl RIE t-HJE D' Hl DUS TRI A-
LISA TI Otl
1 8 9
§ . l
tES DO t·nl EES AU DE PA RT
8 9
A)
L'option libérale
190
B)
Pricrité aux industries d'import
-
substitution et de transformation de
produits primaires l o c a u x . . . . . . . . . . . .
9
1-
Les périodes des
balbutiements
.
9
2-
Les nouvelles industries ivoiriennes.;
9 2

322
§~2
LE
ROLE
DES
CAPITAUX
ETRANGERS
DANS
L' HIDUSTRIALISATIOt"
DE
Li\\ CÔTE
D'HOIRE
1 9 4
A)
La
Côte
d'Ivoire
a
su attirer
les
les
capitaux
ext~rieurs ............••
9 4
B)
Les
investissements
industriels
. • . . . .
9 6
C)
Une
~rogression moyenne
de
17,8% par
an
entre
1966 et
1975
1 9 8
§ . 3
L ' III S TRU HE I~ T 0 E L,4, POL l TI QUE
D 1 l HDUS -
TRI ALI S ATI 0 Il
DEL AC. l
:
LE
COD E IV 0 l -
RIE Il DES 1" VEST l S S E HE IH S
199
A)
Le
rôle
de
la
Direction
du
D~veloppe-
ment
Industriel
9 9
B)
Le
texte
200
8 IL Ml
ET
P ROB L[1.1 ES 0 ELA
DE P E110 AIl CE
Ecorwr·1IQUE
DE
LA COTE
D' IVOIRE
2 0 7
§.l
BILAtl
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . • • . . . . • . . .
207
§ . 2
LES
PRO BL[1.1 ES DEL ADE P E rID AIJ CEE C0 IJO -
MIQUE
DE
LA COTE
D'I\\OIRE
. . . . . • • . . . . .
209
A)
La
situation
de
l'~conomie ivoirienne
à la da te de l'indépendance
2 1 0
B)
Comment
le
Gouvernement
a - t - i l
fait
face
à la situation depuis l'ind~~En-
dance
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . • . . . . .
2
2
CON C 1 U S ION
DUC H API T R E
VII
............... 2
6
-----------------~------------------------------


- 3 2 3
-
CONCLUSION
DU
TITRE
SECOND
ET
DE
LA
----------------------------------------------------------------
IIè
PARTIE •.•••......•...••...•....•....•.•..•.••••••.•..
2 1 8
TROISIEHE PARTIE
PERSPECTIVES D'AVENIR
ET
ACTIONS
DEDE VEL 0 PPE t~ ENT REG l 0 Il AL. . . . • • . • .
2 2
'CHAPITRE
VIII
L'AVENIR DE
L'AGRICULTURE EN COTE
D'IVOIRE
LA RECHERCHE
DE L!AUTO-
SUFFI SMI CE ALI I~ EIl TAI RE. • . . . • • • . . • . .•
2 2 2
SECnOIJ l
ACCROISSEMENT DES CULTURES VIVRIERES
TRADITIONNELLES ET
DEVELOFPEHENT
CES
CL L TU RES
LE GUf'i 1 ERES
2 2 3
§ . l
AC CROI ~ SEI~ Er 11
REG ULIE R DES
TUB ERCUL ES
ET BMl ANES
"P LAN TAI ~ l "
2 2 4
§ .2
LES i\\ CT l (1 Il S Dl F AVEUR
DES
CUL TLI RES
LE GLI l'lI ERES
:
PLA N QLI Hl QLI EIIIJ ALI 9 '7 6 - cO
2 2 5
A)
L;ne
production
peu
oi'9anisée.........
2 2 5
G)
Le
programme
du
plan
quinquennal
de
développement maraicher
1976-80
. . . . .
2 2 6
SEcnOH I I
L'E LEV AGE
DE VIE tn Ut lOB J ECTIF PRIO -
RITAIRE
. . . . • . . . . . • . . . . • • . • . . . . . . . . • .
2 3 2
§ . l
LAS l T LI A T l 0 Il DEL A PRO DUC TI 0 1~ Aln Il ALE
A LAD A TEDE
L 1 l J-I DEr- EIl DA tie E . . . . . . • . .
2 3 2
A)
Les
causes
traditionnelles
. . . . . . . . . .
233
B)
Les
causes
sanitaires
233

-3 2 4
C)
Les
causes
économiques
. . . . • • . • • • . . • . . .
2 3 4
§.2
LA
NOUVELLE
POLITIQUE
IVOIRIENNE
DE LA
PRO DUC Tl 0 IJ AIH [·1 ALE
E T LAS 0 DE PRA
. . . . . •
2 3 5
COll CLUS l 0 Il DUC HAPI TRE VII l
2 3 9

325
-
CHAPITRE
IX
LA
REG l 0 Il ALI SA Tl 0 tJ
DES
PRO GRMH·1 ES DE
DE VEL0 P P EHE lIT
RUR ALE TL' E VOL UT l 0 l'J
A
LONG TERHE
DES ACTIONS
DE
MODERNISA-
Tl 0 t'J
DEL' AGRl CUL TLI RE. . . . . . . . . . . . . . ..
2 4 1
SE CTl 0 ~l l
LA
REG l 0 lM LIS ATI 0 ~l DES PRO GR AtH·1 ES DE
DEVELOPPEHEI'IT
RURAL
2 4 3
§ . l
LAS l TUA TI 01,1 Atn ERIE URE
:
LA
POL ARIS A-
TI 0 N DEL A CAP l TA LEE T ~. 1", REG l 0 t~
••.••
2 4 3
§.2
LES OPTIONS
DE
RECONSTRUCTION
REGIONA-
LEE T LA
LOI - PLA Il
l 9 6 7 - l 970
2 4 5
A)
La
loi-plan
19G7-1970
2 4 6
[))
La
régionalisation
des
objectifs
nationaux
et
le
service
de
l'action
régionale
(S.A.R)
. . . . . . . . . . • • . . . . . . . .
247
C)
Caract~ristique5 des programmes
régionaux
. • . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2 4 8
10
Les opérations
agricoles
.............
2 4 8
2 0
Les
opérations
de
production
animale ..
2 4 9
30
Les
programmes
d'infrastructures
.....
2 4 9
a-
Or(jë.ni5ation
et
équipement
des
vil-
l a g e s - c e n t r e s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2 5 0

-3 2 6
b- Le développement des pôles secondai-
res d'équilibre
252
c- L'infrastructure routière
252
§ . 3
LE DEVELOPPEMENT INTEGRE
. . . . . . . . . . . . . . . 253
A)
La prise de conscience se fait en 1965 .. 254
8)
Le port de San Pedro, exutoire
du Sud-Ouest
2 5 5

Une région riche de promesses
2 5 6

Le Suc1-0ue:ct et les populations du pays
"Baoulé"
2 5 8
SEC T101'1 II
LES Tf\\ i\\ 1; SFOR Il ATI 0Il S SOU HAl TA BLE S A L0 Il C
TERHE
2 6 0
§.l
L'AHELIORATIOH DES FACTEURS DE PRODUC-
TI Ol'J ••••••••••••••••••••••••••••••••••••
2 6 0
§.2
L'ORGANISATION DES CIf\\CUITS DE COMHER-
CI ALI SA Tl 0 Il ET LES 0 UTI END ES PRIX
DES PRODUCTIONS AGRICOLES
. . . . . . . . . . . . . . . 2 6 2

-
3 2 7
CONCLUS1~~Il!IRALI . . . . . . . . . • . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . .
2 6 6
AN~J EXES. . . . . • . • . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . • • . . . . . . • . . . . . ..
2 7 8
BIBLIOGRAPHIE
.
289
TABLE DES HATIERES
309

-
328
-
A I~ I~ E X E S
=============
ANtJEXE
l
S TRU C T URE
DEL A POP U LAT ION
l VOl R INN E ••••••••••••••••••••••••••••••• 2 7 "9
ANt'lEXES I l
.A V:
MESURES
D'EXONERATIOt~
ET
D'ALLEGEI'~E-nf-
FIS CAL A:NlIIEXlŒ.$
A U COD E l VaIR l EIl
DES
ItlVESTISSU1EtHS PRIVES................
280
AHtlEXE
VI
EVOLUTIOtl DE LA
PRODUCTIOI'I DU
CAFE
ElnnE 1945 ET
1975
(EIl 1000
TOIHIES)
284
Atlll EXE VII
EVOL UT IOI·j OU PRI X GARAtn l
DU
CAF E
( EIl FRA 1J CSC. F • A COU RArH S EIII RE
1957 ET
1975)
.
2 8 5
AtHI EXE VII l
EXP aRT ATI a Il S l Val nIE 1Hl ESPA RPR HI Cl -
PAU X CLIE tlT S (1 9 ra - 1 9 7 4 )
. . . . . . • . . . . . . .
280
At~HEXE IX
Hl paR TA T ION SPA RPR l !:CI PAU X FOU R1n S -
SEURS
(1970 - 1 974)
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . • .
2 8 7
MIt·JEXE
X
BALANCE COMMERCIALE
(EN MILLIONS DE
FRA tl CSC. F . A :
1971 - 1975)
.
288

·3 2 9 ..;.
l'
vu
LE
PRESIDENT DU JURY
-----_._-------
IL
l'
",
vu
LES SUFFRAGANTS
HI·1.
VU
ET PERI·lIS D' H1PRH1ER
l i PRESI DEH~QL!:~1I1VERsIILQ.L DROI.!.,
o ' ECO 1JO HIE
ET DES CIE Il CES SOC l AL ES DE
PArns.
(PARIS II)
'J. '
,
,
1
,O.
l ,