UNIVERSITE.PARtS.VIII ST. DENIS
THESE
DE DOCTORAT D'ETAT EN
SCIENCES ECONOMIQUES
Ta ME. 1
SUJET tL'lNTEGRATION ECONOMIQUE REG rONALE,COMME
MOYEN DE LIMITER
LA DEPENDANCE EN
A F R 1QUE DE L'O U EST
,
(L E CAS DE LA
C.E.A.O.)"
PAR
GEORGES
ANTOINE
ACHIEPO
JURY:
PRESIDENT
MEMBRES:
DECEMBRE
1985

, 1
,
\\,.'
1
1:
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1
!
1
i
1
1
Je tiens à re~e~cier les re~ponsables du Bureau 111
1
de développement de la prod49.tion agricole
1
1
1
(B.D.P.A.), pl~~ particulièr~ment Monsieur Yves :DU~ULT
,
'.
,
:
responsable de !a sectipn économique au B.D.P.~, ; de
,
l'institut Natignal d'Etude~ Démographiques, de~
Archives Nationgles d'Outre-Mer
(rue Oudinot) ," 1
Mr.
TRABLI,
responsable du
àépartement de la CEAO
à Abidjan; des autorités POfitiques des différents
Etats membres d~ la CEAO, 'qqi,
en mettant à ma
disposition,
le9 documents ~~cessaires, m'ont permis
.
.'
de mener à term~ mes recherches, et Mlles Miche.line
. ..~' "
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;
ABOISSIERE ,-; Mé!fie-Louise LEMUS,
polir 'la par'tie !
dactylographie et Mmes ~CHIEPO et Denise.BARBEY~R

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pour leur contripution à la rel~cture d~ cette these.
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~es remercie~~nts vont, particulièrement, au
1
professeur Michel BEAUD,
pQur sa pati~nce et son
i
dévouement,
sans l'aide de qui cette thèse nla~rait
1
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pu être achev~e.
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2
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T R E
L'INTEGRATION ECONOMIQUE REGIONALE,
COMME MOYEN DE LIMJTER
LA DEPENDANCE EN AFRIQUE DE L'OUEST
(LE CAS DE LA CEAO)
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1 N ~ R 0 DUC ~ ION
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1
rNTRODUCTION
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Sur ~e plan po~itiqy~, la situation de ~'Afrique
i
. .
est caractéris~~p'ar ce ~ue L!S. SENGHOR avait dé~igné
,.'
1
1
par le terme
IIb~~~anisalionll ; par analogie avec: la
situation su~y~n~e dans:la r~gion des Balkans e~ Europe
celle qui a Vu ~'ancienIEmptre
Ottoman se scind~r pour,
!
!
donner lieu ~ ~~ê Etats'de faible dimension ter~itoriale,
comme l'Albanie,
la Bulgarie,
la Yougoslavie,
la Grèce et
la Turquie.
Dep4ts lors,
ce terme a fait fortun~ (1).
Da plu~1
la'dénonctation de la balkanisation par
SENGHOR ne renvoyait nullement comme on pourrai~ le penser,
à une protestation entre le tracé arbitraire et anachronique
desfrontières africaines par les puissances coloniales
; son
attitude de Ge point de vue p été dicté~a~ des considéra-
tions purement ~ubjectives avec la promulgation par le
gouvernement frqnçais en 1956, de. la loi.,...cadre
;: celle-ci
responsabilïsait
tout simplement les autres territoires
r"
"

i
i
d' ou tre-mer au qétrimen t
du Sénégal,' qui jusque ;1 à ' av~i t
1
" !
:
centralisé l ' ~sentiel des fo~ctions pqlitique~ et
"
"
administratives en AOF
(en AE.~ aussi,
le Congq était
touché par cette mesureI.
,
'
.
l,
li,
II"
l '
!
(l)le terme "balkanisation" nous paraî.~ plus a~~quat' que
le terme "suq-américanisëltion" proposé par Cheikh Anta.
Diop (" les tron tières économiques e~ cul ture:pes d'un
,
"
Etat fédéral d'Afrique Nqire").
En ~ffet, dans l'Amérique
latine,
les micro-Etia ts
(Gua tem.al a, iHonduras ;f':licaraÇJlla,
Costa Rica)
se trou;ent ên Amérique!~entralelet no~'en :,
; .
'
1

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" ,
Amérique du Slld"
où ).' on trouvEi pes pays com~e 'le- J?:'=:~$~l :i,'
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et l' A,rgentine.
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La véri t.êble bap~anisation de ·1' Afrique ie13t celle
i
1
qu~ a r~sulté dq partage'!~oloQial (traité de Beriin en 1~85)
,
. "
l
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l
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.
l
~
avec ses conséq~~rces po~it~q~es et éc~rpmiques ~éfastes
"
i
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1
m~is aussi ".aveç ~on lot 1\\e drF,Jmes humains.
!
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;
,
i
Avant' sé\\ réunif tca t iqn en 1946,' la Hau te.-VQl ta
l
'
i
(actuelle Burki~g~Faso) 4vait été partitionnée par le
~
.
i
pouvoir colonia~ françaii en 1932 entre le Mali act~el
(ancien Soudan fr:~nQais) !et +i:l Côte d ~ ::rvoire, dans le
.
l '
'::
!
1
but de fournir da la mai~-d'Q~pvre à l'office du Niger et
aux plantations tvoiriennes.
Il est vra~ aus~i, qU'il est arrivé que des
expériences d'intégration soient tentées par les
puissances coloniales dans le sens de leurs intérêts
c'est ainsi que les Belges avaient créé une seule entité
politique et économique,
le Rqandi-Urundi qui a éclaté
après les indépeQdances pour àonner lieu à deux Etats
distincts
le Rqanda et,le Burundi.
De même
,
les Britanniques avaient créé en 1952
la fédération RhQdésie,-Nyas~Blan. .~ laquelle
les
,
!
dirigeants ~fricijins loc~ux ~(co~me Hast~ns Band~) étaient
!
i

hostiles.
Cette fédératipn a été dissou~e et il ~xiste
actuellement trois Etats: : .le Zimba:pwe
(anciel1ne Rhodésie
du Sud),
la Zambie
(anci~nne Rhodésie du Nord) ~ le Malawi
(ancien Nyassaland).
:.;, Sans parler d~s fédéra tions de il' Afrique qç:ciden-
"1
.
tale française et de l'Afriqqe équatoriale française .
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1
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i
1
C'est a1nsi qU'~n certain nombre de p~up~es de
!
,
,
1
l'AfriquF se sont trouV~~"dispers~s entre les paYF
diff~rents : les E:we entre le Togo et le Dahomey I( ~ctuel
,
.
B~qin) ,les! Abrous. et le;s \\Agnis entre l~; ,fête d' Ivoire et
,
,
i
leiGhana,
lesAHo4ssas en~r~ le Niger et' ~e Nig~ria, les
'-
.
. .
Bakongo entre le Congo b~lge ~t le Congo' français:,
les
Somalis entre le Kenya,
~'Eth1opie et~a Somalie.
i
.
[1 e~iste, tout~foi~1 quelques ~.xemples heureux
;
d'unification pqlitique et ~cQnomique. ~ertains qnt ~t~
entrepris par les Africains eux-mêmes, sous forme de
i
f~dérations : au Nigéria, en ranzanie, etc ...
D'autres,
par contre,
tournent leur regard vers
l'Afrique pré-co~oniale, pour rappeler que l'Afrique de
l'Ouest a connueqe grands emp~res comme ceux de Ghana,
et du Mali, qui s'étendaient aux emplacements actuels de
pays comme la. Mauritanie,
le Mali,
la Cri~ée; le Sénégal.
C'est ainsi que l'Afrique est invitée à la
réuriification ~cQnomiqueiet c~lturelle,(~~el~h Anta Diop)
(1);
à l'unification politique (lSW9~é. N'Kru'mah) (2).
Sur le plan économique, ce:morcellement ~e
.-
l'Afrique contemporaine 7.n miqro-Etats es~ un fac,teur de
i
faiblesse,
de VUtnérabilité et de dépenp~nce.
Au plan nationa~, le~ capitaux
sont rares,
et
les march~s trop restreints ppur soutenir des projets
d'investissements de gra~de envergure, même lorsqp'il
l
,'"
y a possi.ibil i té
d'apport ext~rieur.
,
(1) Cheikh Anta Diop,
les fonqements ~conomiques et culturels
d'un'Etat fédéral d'~friq~e Noire, pfé~enceafricaine,
Paris,
~~74
1
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1
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citer ,le9 Wolofs
Plus prèp de nOfs,
on pourrait
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,
i
,
cohaqitation
entre, le Sénéga\\et la raur'i,.tanie,
où leur
,
1
avec les ~aure~ 80s e d'arlleLjf~ bea~cou~ de prQb~èmes.
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Auçun de ces cas n'a pu :trouv~r de sQlu~ioh sati,fa~~an~~
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l" investiSSjment est le mote~r d~,
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développement édQromique~
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1
i
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Actuell~ment, l~ sityation économique e~ sociale
"
'
est loin d'être p.fillantf sur le continent.
Au p~in.t qU'il
i
n'est guère exagé.ré de pÇirler de "drame de l'Afrique",
1
1
exactement comme l'économiste suédois Gunnar MYRDAL parlait
il Y
a quelque~ él(lnées de "drame de l'Asie".
Sur les ~O pays les plus pauvres dans le monde,
QO sont situés en Afrique.
La dimen9ion géographique y est très réduite
:
la moitié des pa~s du continent ont une population tournant
en moyenne autour de 5 millions d'habitants.
"
Le ta~x de croissance démographiqu~~ 'est :1' un des
plus élevés du morde,
mais le taux de mortalité aussi;
ce
!
qui fait que c'eat en Afrique qu'on'enregistre, l'espérance
t
1
de vie la plus fq~ble. S~ns Gompter que le taux de croiss~nèe
de la production' est très inférieur ~u ~~uxd'accroissement
de la population : ce qui contribue à accentu~r ~e déséqui-
1
,
libre ressources-pesoins et s~ traduit par des valeurs
1
négati ves d' évolll tion du/revenu par tête d' hë;lbi ta\\nt.
. ,
1:
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l
! .
Cette·faiblesse'de l~ productiop est se~sible dans
"1

1

• 1
le domaine de l'aQriculture vivrière
(d'où une forte
:
dépendance alimentaire>,
mais aussi dans l'industrie,
confinée dans les activités l~gères.

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La faible dimepsioq des économies afri~aines ne
i
i
. cÇ>nsti tue assur~ment pap. un~ base propifce dudé~eloppement
!
1

! 1
1
économiq~e.
i
~
,
C'est C~ qui e~pliq4e l!intérêt port~~ctuellement
i
sur l'int~grati~néc~~o,~q8e!régionale, commem~yen de
limiter la. dépendance er Afr~que de l'Ouest.
Dan~ llintrodu~tion, nous essaierons d~ définir
et d'analyser ~q dépendpnce ~t l'intégration éCQnomique.
i
!
- Plan de l'introd~ction
l
- Définition st analyse de la dépend~nce
II - Définitioq et'analyseQ~ l'intégration
III - Plan d'exposition du travail.
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i
l
-Anal~~e de l~ d~pendance et 6~finiti6n
Les sociét~s ~ational~s africaines, appa~tiennent
l
"
,
:
danr leur epsembla,
au sy~tème ~e relati~rs form~,
par les
1
J
:
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,
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pays imp~rialiste~,
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'
r
4.":';':·."~
• ~
• 1
Sur ce plan,
la ~épengance apparaît comme un
!
\\
1
ensemble de facteurs externes, ou d'obstacle~ externes (1).
"
.
i
La dépendance peut aussi ~tre ~éfinie comme la relation
.
: .
;
,
:
s'établissant entr.e les S9ci~~~s aux pouvoirs éConomiques
in~gaux, mais dan§ le fond autonomes, donc un ensemble
d'obstacles que qes
soci~t~s q~termin~es opposent de
l'ext~rieur à d'a4tr~s sociétéê plus faibles (2).
Anibal QUIJANO ~voque les r~percussions d'une
telle situation S4r le comportement de ces sociétés en
disant
: "une telle conceptio!1 de la d~pendance suppose
qu'il s'agit d'ac~ions unilatérales que des sociétés, ayant
une grande puissançe ~conomiq4e exercent contre l~s plus
.
. "', -"
faibles.
Ce qui met face ~ face les i~t~rêt~,~e t~us les
groupes sociaux q'une soci~té dominante et. ceux d~ tous les
groupes sociaux q 1 une société dép~ndante i (3) ".
J
(1)
(2) Aniba1 QUIJANO, dépendance,chanQement social et
1
urbanisation en Amérique latine l 'ed,
Anth1opos,
1972,
pP.
45-50
(3) Aniba1 QUIJANO,
op. ci t. , p. 60
1
~.
-~
..........
"
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'c

.
:1
- 10.-
..
Cepend~rt, ~ nT conêidérer la dépendan9~' comme un
,
1
e?semble de facteurs eXferne~qUi entFa~ent le ~éveloppe~ent
d ~ une sOèiété, Q.lJ un ensemb+~ d' a,ctio{ls! unilatér;ales des
l
' i " !
,1
.
'
-
1
~ociétés ~Llissantl:!s contre J,es sociét~s'.faibles 'i on
,
l '
n'appréhende ,qu'une partie ~e la réalit~, d'apr~s QUIJANO;
.
. ;
1
Il prend le ca~ des relationsactuelle~ entre
!
,
;.
Cuba et les ~tatp'~Unis, ,pour expliquer le blocu~ économique
1
imposé unilat~rq+e~ent à CLlb g qui est, sans dou t'e, un
,
obstacle d'impprtance P9ur son développement,
m~ii ne rend
.
. i
pas pourtant ce pays dépendant des Etats-Unis.
1
Cette sltuation est possible,
explique QUIJANO,
parce que l~ s'affrontent réellement les intérêts des
groupes dominants d'un pays,
avec les intérêts nationaux
défendus par le
:pouvoir dominant de l'autre.
Par contre,
chaque fois que s'affrontent les
intérêts dominants de sociétés inégales,
la situation
~
.....'
qui
en résulte ~st souJ;"ce di;l conflit ,et pe~t
éventuellement ~mener ~ la dépendance.
Les reLations de dépendance n'apparaissent que,
!
;
lorsque les' sociétés concernées font partie d'u~e même
i
.
uni té s tructur ~le. d'in terdépendance, ~:' l' intéri'eur de
laquelle un,
seqteur est dominant sur les autrei, ce qui
,
,
,
constitue un des facteurs de définition du syst~me de
production et de marchéi~u capitalism~ actuel.
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l",
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1
.Ii
j
ï
. , ' , .
J ••
• ,
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- 11,-
Pour co~prendre ce que nous appelons au~ourd'hui
le sous-développement, ~~rit Çelso FURTADO : "il est
!
'
1
nécessaire d'identifier les ~ypes part~culiers d~
\\..
structures socio-économiques ~pparues dans les régions o~
le nouveau sy~tème de divisiqn internationale du travail,
a permis un accroissement du produit net par le moyen
d'un
simple réajustement d~ l'utilisation de la force
de travail disponiole"
(l).
De ce point de vue,
ta dépendance est un système
1
particulier de llinterdépendgnce dans l'univers capitaliste
à l'intérieur duquel un secteur est dominant sur les autres.
Pour que cela soit possible,
la correspondance de
base entre les intérêts dominants dans les deux secteurs est
indispensable.
Il ne slagit pas d'Br
ensemble d'actions unilaté-
raIes de certains pays puiss~pts contre des pays faibles et
par là, de factewrs externes~
Un des facteurs dét~rminants qu'il faut ajouter
à notre démarche est la spécialisation Qépendante des pays
sous-développés, initiée dep~is la péri9de coloniale et
qui transforme les sociétés 8ous-développées en fournisseur
de
matières premières agricples et minières, po~r le

!
;
fonctionnement des industrie§ des pays développés.
l'
(1) Çelso FURTAOO,
le mythe ctu développement économigue,
éd,
Anthropo§, 1976.
Il,
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_.. ..;.0... _

A l'intérieur" de ce cadre,
les relation~ de
dépendance dans le capi téjll ismê ,contemporain prennent des
1
formes diveises.
~es soc~étés nationales africaines sont
i '
.
.
.~.
dépendantes commij ~e sont de pos jours la majorité des
sociétés latirip-~méricaines, ~siatiques, etc ...
Cependant, i l ne {3" agi t
pas pour ces différentes sociétés
de relations de qépendance
iqentique.
Ainsi,
la dépendance, des sociétés africaines
ne réside pas untquement dans la subordination é~onomique
aux intérêts do~tnants des sociétés impérialistes (même
si ceci en est l'élément le plus visible et le plus ~écisif)
il s'agit bien plys d'une dépendance historique qui affecte
tous les autres domaines institutionnels et le processus
historique tout entier des sociétés africaines.
La d~pendance historique est établie par le fait
que, ces sociétés font partie intégrante du système de
colonisation.
La dépendance peut se définir comme étant la
soumission des Etats sous-développés au pystème capitaliste
,
dans lequel ils qnt été intégrés depuis la période coloniale.
Les tendances fondamentales de leurs structures
internes de pouvoir,
ain~i que les intérêts sociaux réels
qui dominent cette structure,
sont subordonné~, à chaque
instant,
aux tendances q~i or~entent leurs relations avec
l
les intérêts dominants des sociétés capitalistes.

- 13-
""
1
Après 1& tentat~ve de définition de la dépendance
1
,
1
et son analyse,
nous allons etudier le concept de la
i
.
dépendance: (A)
et la théorie de la dépendance
(B).
.
. !
l
,
A~- Le concept ?e l~ dependance
Le cQncept de la dép~nd~nce explique DO~ SANTOS :
"ne peut être formulé en· dehoI:'s du contexte plus 'vaste de
l'impérialisme, c~r, la définition même de la dépendance
est directement rel~ée à une étape précise dans l'évolution
du capitalisme, celle de l'impérialisme (1)".
Depuis 1& fin du XIXe siècle,
le capita~isme a
revêtu un caractère monopoliste,
dans le sens où les
monopoles occupent une positiondominante dans les relations
économiques de type capitaliste.
Au sein de ce capitalisme monopoliste,
le capital
industriel et le capital financier ont fusionné et se sont
internationalisés.
Au cours ~e cette étape de l'histo~r~ du capitalisme,
la concurrence. dont l'objectif est le cOntrÔle des marches
1
internationaux,
prend ainsi la forme d'une ~utte ~ntre les
i
monopoles, dpnt le siège est pitué dans les pays :capitalistes
les plus avancés et qui ont le pou,-:oir d:' imposer à l'échelle
internationale, d~s formes spécifiques de développement.
(1) Theotonio DOS SANTOS;
problème agraire en Amérique latine,
1
i
'
!
atelier de recherch~, janvier 1973.
"
.,'

. i
1
1
i
'
Le conq~pt de d~pend~nce se r~v~le être un
i
1
corPl~ment au c~ncept d'lmpérialisme, la d~pendan~e étant en
1
1
.
,
!
fait,
la face interne de' l' i!llpérialism~",
1
.
'1
,.)
i
1
:E.(l effet,
l ' imp'éria:tisme pr~sen1e ,un .double aspect :,
l
'
1
1
celui de son G~ntre économiqQe en expansion vers:l'extérieur,
et celui dei pay~ qui s~nt l'objet .de c~tte ~Xp~?~ion.
1
1
La théQtie de ~'imp~rialisme cherche ai~si à saisir
de façon artiGul~e, les ~act~urs qui amenent te çapitalisme
.
,
d~s pays développ~s, à un prqçessus de développement
:~
~ ' !
. . .
(
.
ihternational,
las facteurs ~~storiques.qui cond~isent
i
ces pays à en dominer d'autres,
à créer:des condftions
.'
favorables aux investissements,
à dominer le marbhé inter-
national,
à lutter pour contrôler également les sources de
matières premiè~es à l'~chel!e mondiale,
La théo~ie de la dépendance, écrit DOS SANTOS
CT),
a
pour but. de comprendre l'impact de tels processus
sur' les pays qu~ en sont l' opjet.
..,-"
Or,
il ~st essentie* de remarquer' .qu'il' ne s'agit
pas là d'effets ~urement écoQomiques, mais plutôt d'une
intégrationidialectique entre le ph~nom~ne de développement
1
du capitalisme à l'échetle mondiale, et\\ les structures
1
!:
; -.
l
internes des pa~s qui s9nt l'objet de c~'processus
d'expansion.
,1
{
i,
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11\\
: ..
~
;
.\\
..
.1/
-.: ..
"
,
i
~;~:\\~~~i~~~. 'L.::-t~~~.ç~ ~:,&~~~~s.,f·~:~:;~ ~t~ :.:. ~':~'.' ~~~~:~~_ it~~:fB~I.~::.:.&-;~~_··

i
!
'" - 15-
Il existe ainsi: à ce niveau ,toute une dialecti-
i
que,
et' les problèmes th1éoriquys
spéci~iques qurelle pose
1
font
l'objet de la théorie de la dépendance qui,
ainsi qu'on
le constat"é,
ne p~ut êtr;e pensée ~solém~nt ou inQépendamment
de la théorie de l'impérialisme, conclu~ le professeur
DOS SANTOS,.
A travers le concept de dépendance analrsé par
DOS SANTOS,
qui paraît correspondre à notre préoycupatioh
nous pouvons nous poser la qijestlon suivante :
Quelle est maintenant la relation de ce? théories
,
avec le concept de sous-développement ? Le conce~t de
[
dévèloppement est un concept essentiellement relatif qui
es~iede décrire la situation interne des pays soumis à
l'expansion impérialiste, dans l'optique d'un retard par
rapport aux pays impérialist~s avancés.
La théorie de la dépendance vient au contraire
démontrer que ces situations qualifié~s de ~ous-~éveloppées,
ne correspondent pas en réalité à des structures arriérées,
mais s'int~grent, au contraire, au vaste processus de
développement du capita~isme à l'échelle internationale.
i
De ce fait,
les phénomènes de sous-développement;
les structures sous-développées,
ne peuvent être: saisis en
i
i
dehors du large contexte du développeme~t interna~
.
,
tional du
,
.
'~'.
l
cap~_tal~sme, gu~' crée, ~ap~:i-!
(
;.
. . . . '.
:
i'
son expansion',
Un~ situation de dépeqda~çe, comme vient de
·d
l'expliquer le professe~r Théotonio DOS ·SANTOS.
1
l'
1
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..
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' _ . -
1

!
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1
-116' -
,'1
" ' ;
!.
-?r·
f'
1
Apr~s avoir exp~or~ les origines d~ dévE1lop-
1
.,'
1
pement, dépendant 1
Les formes de dépendance,
les 9ontradic-
1
ti~ns, mises en relief p~r DqS SANTOS, nous pouvqns dire
i
,
, "i
que le concept de dépend~nce ocom~rend 4~nc troi~ éléments
essentiels
- en pr~mier li~u, les structu~es du ca~italisme
;
.
:
,
'
à l'échelle internationale et la forme particulière qu'elles
. .
;
.
'.
1
ont acquise dans la phase impérialiste,
à traver~ les
,
!
phénom~nes de monopolisation et d'internat~onali9ationdu
1
capital, de lutt\\? pour contrôler l e s , mati~res I?remi~res
!
l'hégémonie du c~pital financier, etc
- deuxièmement,
les relations qui s'éta~lissent
entre les pays,
objets de l'expansion du capitalisme et
cette économie international~ qui est médiatisée par les
relations économiques intern~tionales, c'est-à-dire, le
commerce extérieur,
les mouv~ments internationaux de
capitaux,
le tran.sfert de teçhnologie,
~~s prêts, l'aide,
etc ...
- troisièmement,
les structuresinterne~ des pays
,,
objets de l'expansion capitaliste, qui ~xpriment! la rencontre
:. ;
i
dialectique entre les éléments spécifiqyes interres des
l,
économies sous-développées,
les relations économ~ques
internationales.
i
'1
:1
i1
j
.
,
;
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1
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1
1
il
,
. i
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. ,
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.. :-' " •....·(d·1· ;~.·"I"···Y ('.:'J";"~";:.':"~;;~"j. "\\ ;,:.... .~"~',,,:,~~'-',_:,,:~
. ~~.. : -
~" , ...'. '.~

Voici, -les troi p élémen ts essent iels du phénomène
1
de la d~pendance.
i
,
l '
Le probl?me des' éc~apges in~gau~ n'est ~n
j
'r
conséquenc& qu'uq élément du pr?b~ème ~e~ la dépe1dance,
dans te cadre de~ relatiqns commerciales; internationales
de ces pays,
et relié a~ carqctèreinégal du développement
!
capitaliste à l'~çhelle ~ondiale.
i
Ainsi,
11 échange ihéÇJal ne peut être con'fondu avec
le phénomène de la dépen9ance.
!
Il en es~ simpl~ment l'un des éléments, ~t même,
non l'un des plus essentiels.
!
En effet, comme b~aucoup d'études l'ont démontré,
le problème de l'échange inégal ne peut être saisi en dehors
i
des phénomènes de monopole international, de mouvements
internationaux de capitaux, et une bonne partie des échanges
internatlonaux est réalisée à travers l'expansion des
investissemen ts Q4 capl t91, et des rel~tion's' 'capl talis tes
monopolistes à l'échelle internationale.
,
Dans l'optique de lq pépendaQce ~tructur~lle, Tomas
1
VASCONI a essayé q'analyser le,s processus et les fiystèmes
! ,
idéologiques dans les société$ dépendantes
(1).
,
,
,
,
(1) VASCONI
(~),
~ultura:, ld~91ogia, dépendencia i y alienacion,
"
in la cri sis deI desarrollismo
la nueva de endencia,
.",'
'.',"
Lima~ MonchOn edito~~s, l~~~ et dep'enpencla YI superstI;'uctqra,
!,I
" '
I! ,
, .
. "
rc:~e!TTv:..;l;;;.'s;;;.·....::t....::a....,.m_e.;:..x~c~,n a d e~s?ci 0+,.,9.9 i ~ , Z6,4; oct-dec~ l~6~
-
!il
,
1
.
"
'"
i'
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,Ii',
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;:~' "
"
....;:.
1
;
~

.! :
- 18-
T
VASCONl çommenc~ sa réflexion par l'analyse des
I
I
i
t~~vaux su0 les idéologies en Amérique +~tine, qu~ presque
. !;!
1
tous, signalent
.
:le. 1 incomP1 tibq. i té entre lla :réa-l i tr sociale
;
.:\\.'.
.
;

.
1
du continent et les sociqlogi~s piésent~s dans le~ pays
,
!
latino-américain~.
Cette cQntradiction ~st expliqu~e d~ns ses travaux
i
1
par le phénomène g'''européani§ation'' et par l'I/aliénation''
)
.
.
!
des classes do~inqntes et des intellectuels.
Du point de vue des pays dominants, dit YASCONI,
1
i
la diffusion de l'~déologie opère comme un instrument pour
i
,
l'amplification de la domination que ces pays exercent sur
!
d'autres pays.
Mais,
d~ point de vue de la classe dominante des
pays dominés~ elle légitime lq domination de
cette classe
dans l'ensemble de la société.
Il faut
tenir compt~ à ce momen't ,9ue la position -
.. "
..
1
1
même de la claSSe dominante d~ns la régio~ dqminér résulte
d~ l'établisse~ent de rapports avec les ~roupes e~ secteurs
extérieurs.
i1
i
L'adoptipn de qtielqu~~ idéol~gi~~ "externesl' par les
1
classes dominanteQ des pays sous-developpés à donc;: deux
fonctions prinpip~les.
, i
i
,1
1
. !
1
1
!'
: .',
: ~
1:
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1
."" .,
1

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1
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1
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;.~~~:~~2~C~~\\
.
};;:' :...,.),,"J ;~~;;~""" r"
~.
..... ~... ~

Tout d'apord, .e+le crée une superstructu~e qui
1
légitime ~on rapport de qlass~ do~inante:lqcale a~ec le
,
,
l
, i ;
cel) tre hégémonique in terlla tional
; ensui te, dans Ile cadre
,
l
"
intérieur, \\.~lle lé9i time isa pqsi tion domtnante, ap moment
où elle, se présente comme un instrument de domination par
,
"
i '
1
rapport aux classes et groupeq subordonn~s.
La principale contripution de Theotonio pOS SANTOS
i
à la théorie de la dépendance,
se situe au niveau; de
l'analyse des nouveaux mécania~es économiques quiiprésident
aux rapports entre le Centre .et la périphérie : :p s' agi t
de la pouvelle situation de dépendance
(1),
un th~me que
1
CARDOSO a aussi
traité sous le titre de "l'internationali~
sation du marché intérieur" et dont les éléments essentiels
(2) coïncident aVeC ceux que DOS SANTOS a développés.
Selod cet auteur,
il faut situer la dyriamique de la
croissance des pays sous-déve~ppés dans le cadre plus général
des contradictions internes d4 processus d'industrialisation
. '
l
1
capitaliste.
Dans les pays dépendants,
l'industrialisation est liée
i
au processus ~'intégratior capitaliste mondiale s~usle
i
1
contrôle du capital monoppliste.
(1) DOS SANTOS (r),
El nu~vo caracter de la dependencia,
i
in la crisis del desarrollismo y la,nueva depE1ndencia,
J
.~~ ..
1
: Lima .:;/ Moudqn sa i tores ~'" 19 Q9
1
j
(2) CARDOSO (F~),
faletto
(E), dependencia y desarrollo en
i ' .
,América latina, 'p.
14 et s,
; ,
i
1
1
:- i
,
, "
,II';'
,
1...
.;.~ : ,'. :: -"."
';. ~.

;'
- 20
-
".
• 1
! .
!i
Cette êloalyse nous 9ry1ène à étudier la théorie de
i,
1
i
la dépendance.
l
,
1
:
1
B -
La
théorie de'
1
L~ dépendanc~
. - 1
l~emplQi généra~isé ~u concept de dépendance dans
1
la théorie sociale et politiq~e, au cours dés dixldernières
,.,",
(
j'
1, .
i
années,
a eu cQmm~ conséquenc~ une multiplication:d'études
;
)
.
:
et d'analyses qui( même si el~es ont joué un cert~in rôle
.-
:
! .
(d' import.ance inégal~) daps lq connaissance de "la: réali té
,
globale de certaines régions
(tatino-américaine, par
i
exemple>,
laisseQt encore largement la pla~e à la :recherche
i
en1ce qui concerne le traitem~ot théorique de la question.
En effet,
la problé~~tique recouverte par le
mot "dépendance"
demeure, sous pfusieurs angles,
relativement
obscure, ce qui oblige souvent les spéci~listes des questions
latino-américaines à faire un travail qu'on pourrê\\it nommer
de "reconnaissance'!, C' est-à-cHre, de dégager parmi les
travaux empiriquet? et les; étuQ~s de cas,les élém.ent~ théoriques
.,
;
'
et c6nceptuels qui font le
Chêlmp d'analyse'd~ l'école de la
dépendance.
i
De queLl.e théorie Si .:1gi t-il,
ou de quel ithéoricien
relève-t-elle ? De qui ou de q~oi dépend~e processus empirique
et pourquoi ?
;. '
"
/lj
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,'-, .
,Ii' ,',
.'
'.,
., "
'-,
.. \\:'.',
'f.
' \\ "

. '.'
21
i
1
i
!
Dans l~ plupar~ des cas, on ne trouve pas la réponse
i
!
a ces questions.
i
1
A ce moment,
la qép~ndaqce n'Hpt
pa~ .'1'n concept
:
1
,
;
,
.!!
c'
1 .
.
ou une théorie ay~nt une!sign~ficatiol1'plu~ ou mo~ns précise
"

1 , " ·
-
i
ni une situation Qoncrèt~ qui doit être analysée et décrite ;
J.
elle est devenue ijne cat~gori~ magique, ~orte d~ ~lé de v06te
dont la simple reproductton légitime l~ recherche et l'eff6rt
analytiques,
explique An~oniQ Carlos PEIXOTO (1).:
Notre
qbjectif n'~s.t pas ici de résoU3re
tous
!
.." " - ' .
:
~
,
les problèmes théoriques!posél par l'emploi du cdncept ou
1
:
par l'utilisatio~ de la théo~~e de dépendance,
mais
simplement de dire que l~ thépriede la dépendance est une
tentative d'interprétation globale du processus du dévelop-
pement des sociétés sous-développées,
latino-américaines ou
africaines, ·tenant compte des éléments intérieurs et extérieurs
de ce processus,
de façon a Bf.0duire de que CARDOSO (2)
appèlle "analisis intégr~do gel desarrollo".
1
La diversité des squ,rces théoriques et le fait que
plusieurs auteurs aient traité le s~jet de la
d~pendance soit
:
>. """-
: -
à partir d' a!ngles différents 1 soi t
en employant ~e concept
de dépendance de façon diver~ifiée et av~c un coq tenu
1
différent ont empêché la· form9tion dlun corps th~orique
1
i
rigoureux.
,
l
i
1

1
..
.
(l)Anto~io Carlos PEIXGTp, l~~ théories 4e la dépendancê; Revue
:
l
"
.
.'
.
.
i t
française de::i,cience pOli 7.,!que (RFSp,), a06t-qerc 1977, p. 602
! .

1
(2) CARDOSO (fH)
et FALETTO,dépendencia y desarrollo en
America latin~, Me~i~o, ~~9ho v~intiuno edit~res; 1969.
'
p.
Il et s.
l
!
1
l,"
i!
·,..L.:
~
.," .
. .'. - -- -~ .
. ,
: )fi _.:-".- ~f1... :;._., •
'\\. :...;_·f.: "

- 22.-
1
1
i
Il s'ag!t donc ~'un~ th~o~ie ~oit inachTv~e, soit
un ~rocessus de. fQrmationl', et Q\\1 le mot
i "d~pendance"
sert en
même temps 'à d~signer un concept, une t.h~orie ou ':lne si tuation
l
' , " -
i
copcrète qul recoyvre le proc~ssus de d~veloppeme9t.
i
Il est tQujours; dif{Jcile de retracer l~ chemin de
. '
.
' r ......
1
1
1
l'articulation logique d'~ne th~ori~ qui se trouv, encore en
..
1
processus d' ~laboration. i
Il est pos-sible de qégager de l' en'sembl~ des
réflexions développ~es sur le ~ujet de la dépendance,
!
quelques points communs;
i l est même possible d'issayer de
bâtir quelques articulations gutour de ces points communs.
Mais,
on ne peut pas affirmer que l'ensemble final
est une th~orie ; d'une façon rigoureuse, on ne peut pas
admettre
,qu'une th~orie soit,le rassemblement, plus ou moins
ordonné,
de plusi~urs contrib~tions individuelles surtout si
celles-ci ne vont pas toujours dans le même sens
(1).
,
CARDOSO lui-mêm,e,
est très ré,ticen''t.,.surl'emploi de
l'expression "théorie de la dépendance"
(2).
La façon la plus commode de d~finir la dépendance
nous ramène tout ~e suit~ au problème qui fut toujours
au
!
1
centre du d~bat théorique : lq "dépendance" est-elle une
i

1
théorie,
un concept ou une si~4ation conqrète ?
(II
Antonio Carlo~ PEIXO~O, o~~ cit., p. 614
(
!,i
(
, '
(2)
F.H.CARDOSO, Qp. ciL,
p.
41
1
.,\\
i:
\\
,
.'
!
\\,<,;l"".:.>.~, ,",.:D.~,,,~t,,,{."-;;:::~..I'E'::_.,.~:;;:X:,;}~"~~tA',~~:~_:" .",:.:",'~;",;:~ i~~ :,.
- :,..~.'··I'_::·
,
-.:::,.

i
En
fait,
l~ dép~ndaqçe est utilisée à l, fois
comme th8orie,
comme concept et comme caractéristi9~e d'une
1
:, si turtion c~,ncrète.
1 .
; 1
Ma~s, la çonfusi~n sémantique n'est qU'arparente
,
'-.
!
-
1
l,
,
'
i
la notion de dépenqance reFouvr~, en même temps, l~s trois
,
aspects du problèmQ au moirs s~lon les auteurs de ~a théorie.
.
j
La théori~ de laidép~ndance consiste don~ en
·un
"
1
1
ensemble de propositions e~p1icatives, groupées derrière le
concept, et qui s'organisept à partir d'une situat~on donnée.
Il ressort donc gue +a théorie de la .dép~ndance,
tout en faisant partie de la théorie centrale du capitalisme
telle qu'elle a étd formu1~e parle marxisme, possède une
certaine autonomie en ce qui concerne le champ théorique.
Il semble que l'expression champ théorique n'est
pas très adéq~ate : l'autonomie revendiquée par la théorie
de la dépendance p~r ~apport au marxisme se situe plut8t
au niveau de son s~jet d'analys~.
,
!
,
La theorie de la dependance prétend être un outil
ana~ytique valable
pour la compréhen~iondes sitqations
de dépendance.
La ~ituation de qépendance apparaît !donc comme
i
1
le point central dans l~arricul~tion interre de la :théorie,
1
i
!
puisqu'elle est, eq même tTmps,
le sujet de l'anal~se ,et le
réel à partir duquel la th~ories'est articulée.
;
,1
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le ~épaft" comme' ij~,e si ~Ur.tiQq 9 lop a,tT, i~Ui r,~~9\\y~re: t;o~~/.
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1;,
' .
'
; 1
chercheto~jour~' ~. idenlifie17'
l a tqtalité qu.~ ;lr.ac:;.tér~~,~ .
cette situatiqn I:~t cet:tF t9~ijlit~ p'e)Çl?rim~ P~f jlJn çer1;.~jJl
.1
1 1
. . ! .
. i"";<'
'ensemble de rapp~p:s qui! fie ~qnt.dév~loppés, ~.u +909 ele '.::;'
,
.!
j
\\ i
l'histoire, entr~ les stF"uctYr~s. internes et lë;l q9min~t;i,qR
i i l " · ,
extérieure.
!
\\
f
1
1
II
L'idée ~~une t?talit13 qui préside ~ux ~?ppor~~,'fi,~
!
'
dépendance nlexct~~ pas +es d~pendances particul~~res, ,maf~
i
~
" l
"
elle les inscri t gqn's un' cadr~ plus général, qui' ip~rm.et ... "
d'expliquer cès ~ttuations pa(ticulières.
Par cont.re, la noti(;w de totali té qui préside aqlÇ
rapports de ~épellqarice ni excllH pas
les clépendan~es parti.......
culières, mais elle les inscr~~ dans un cadre plu'9énjra~,~~'
"
! '
[
.. '.'<....
l
,
' .
\\
'
,
qui permet d' exp+ tfJuer ce"s si tHations '. partic).1~~ièrrs.'
..
1
: 1
1
>
~
'. ,.':
.
Par coqtf~, la notiqp de total~~~ :rSnd ~a
dépendance (d 1 un pays) imposs~'Ple à '~i t1J~.r':·~ans t~l ou ~~l "
aspect particulier de sa ,struQt ure globalie:.
1
l
"
,
li
D'un qe~xième P?int ge vU~.' '~~ ::~9ujoU(~;\\ç9q1lt1e~o~".\\'
!
_-
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1 1
. '
"
',:

"
conséquence de l~ ÇJuête d 1u~~ t:0tali t~ d~n~ l' ~naWr~i(j!qe.s,:.....,).
,s tructureset d!} processlfS sQçial, Ç>t'l tle.:peut f~'~i~XPli.9LJETli'
<
1
-
'
.
1 . ' .

,
l'é]'QMj:,", hi s ton g~e d~~,lsoci ~t ~s dépei~9 fn~e5 s arr 'tenir;' •
c9mpte d~9 (appqrt~ de df.îpend~nçe·nl".·
'.:k'J,'
'Il
li
l,;
: i
:-:\\
!
l j
1
.!
• ~ 1 --"': -'.

: :
-' 25 -
1
1
,
;Ladép~Qdance rrartiçulière, c,' est-à-d.i.r1e, localisé~
!
.
1
n'lexi.:3:te donc qu'~n foncfion qe lagépendance glolb;:l1e.
l ;
i Les diYte.rs· SOUj' -:-sy~:tè.me1
sont; pé pendant:9 parce
: 1 : 1
.
./
!,
i
1
qu'ils fo~t. part~~'d'un jêll)e ~n~embte. '!!
i
\\..
. '.
i . !
.Ce poiq.t. ,est p~ut,:",êt:re plus important ,icar il
.
'
,r .,
1
.... .
.'
.. /.
.
.. '
marque' une' diff~f.F!J;1ce fo~damental~ entre;, les "in~~p'~ndan~.iq~e.s"·
'
..
,
1
.
.
~ ..
i '" .
, . .
et les autres c04~ants d, peOêée et d'interpréta~ion
. '
.
!
:
sociologique :qui. pnt emflOyé le concept ~e dépe1dance.
Il y q àe la p.;irt d~s "inoépendantistes" (peu
i "
.
.
.
1
:
1
importe dans ce ~@S leur~ divergences internes). ~n refus
d'accepter la dép~ndance'soit comme une situatio~' particulière
•• _....:,_L


et sous-systémiq~~, 'soit comm~ un phénomène exté~ieur au
système.
La dép§odance, en t~nt que totalité, est en même
temps extérieure ~t intérieure : elle est donc s~ructurelle.
La dépendanc~ ex16rieure ne ppurrait pas exister isans des
mécanismes qui r~produisent q~tte dépendance à ll,intérie~r
du système.
'"
1
j
L'expaosion de l'écQnomie capit?liste Il)ondiale,
.
.
:
! .
intensifiée au X~e siècl r , a produi t' l' ipt~gratic?n des z9nes.
1
.
,
: :
/ . ; . ..
,
considéréescomm~ "périp/lériq\\les" dans un même m~rcoé deY~n.U·
,
.. "
"
! ! "
.
,
,
. ".
mondial.
i
1
Dans .l~ cadre théorique du ma~~isme, l, toéorie
1
de l'impérialism~ explique ce moüvement ,.ct 1 eX[fans+on;.
1
T
1
i,
!
: .
'Ii
i
, i
.
1
,.-",l, _, "

\\r 26 -
: !
1
<;>
i
;
1
!
,La théor~e de llimpéfialisme est donc de~enue
!
i
l
,
le 'cadre explicat~.t. ~ormat poux.: tous ceux qui,
tOjU~ en
i
,1 i
' i '
,
i
1
se~rétendq?t manqstes, ~nt v9uluetud~~f ~es rap:ports
entre les pays imp~Fialis~es et, les pays/qui ont sp~~fert
i
'~
'.,
.
l '

..
1
l"
1
et qui so~ffrent ~Q9ore d~ la domination impériali~te.
'.,
' i
La
dépendanct: considère qui'il
théor.1.~ de li
1
faut élaborer cett~fthéor~e en tenant compte ~es ~~uvelles.
".

1;
;
1
1
i
conditions de do~~nqtion impérialiste.
"..
Î
;
La théor~e de l~impérialisme, en effet, a mis
l'
.
l '
1
l'accent sur le ~Q~vement :de l'extérieur vers 11 in1térieur.·f"
1
l
' ,
l'extérieur étant pon poiqt de départ et son sujet: d'analyse~
Le mouvement des fprmations sOQiales qui ont sali l'impact
de llexpansionimpérialis~ea été de cette façon laissé en
dehors du cadre an~lytique de ~a théorie de l'impérialisme.
C'e5t ju~tement ce mouvement,
conçu comme une
totali t é , c 1 est-à~9ire, comme ~ne combinais.'on
de facteurq
extér,ieurs et intérieurs, que la théorie de.\\,~. dépf3ndance
i
veut étudier.
De façon plus précise,
la dépendance es t~ une forme, 00
.
'la
1
d'articulation ent~e les pays périphériques et lesl pays
1
i
cen traux .; cet te éJrticula ~:j.on ne se dével?ppe pas pe :façon
linéaire,
la périphérie r~agis~ant à des stimulantpvenant
. - -
i
'
:
'
1
du Centre; elle a gonc un 'mouvement propre et ce mpuv~ment
1
exprime la totalit~ ,des rapports qui existent entr~ centre et<
f [
i
i
"; i
pèriphérie.
;
\\,'
,
.
,
0
\\',. !i
, !
1
.
~ .
.,' '''''·_'!.·"·~1 5·~.·:~

. f·i
l ,
- 27-
i
!
S i l ' on veut,
~a th~orie de la dépendan?e cherche
1
à privilégier l'a,nalyse de la
dynamique de la péf~phérte!
Ij
,
-
. , 1 ' · '
- -
dyn,amique 9u 1 elle consldeTe, ,c.9J!lme le ré[~ltat de t'action
conijuguée d(s facteurs inltéril,'(lJrs - et extérieurs.
!
' . ;
1 : ·
,
~lle ~a,rt du po;stulQ~ que la Gomination! extér~eJ:p:;e, >
"
)
....
,
s'explicite,
à 111ntérietir de ~a struct~re social~, par-,
. . !

.
i
-
!
.
~
certains méca nism~s de domina 'j:;:i.on ; ces n:técanismer et
I-
l
i
i
leur mouvement
(RFovoqué à
la tois,
p a r l e s Chan?ements
dans le centre
par la ~ynamigue de la périphéri~) sont,
en dernière analY~e, le ~éritable objet de la t6é?rie de la
i
dépendance.
Il Y a gone un cliv9ge assez net entre çeux
qui considèrent lij dépendance comme une totalité,:
qui
a provoqué une mOQalité particulière de développement,
et
ceux qui comprepne.nt la dépen9ance de façon presque
sémantique,
c'est~à-dire, comme la négation de l'auto-
suff-isance.
Ces de4~ optiques ne peuvent p~s être m~langées••
Dans
le premier ç~s, nous avons un concept iui exprime un
!
-
processus sp~cifique
de déve~oppement régi par des lois
!
spécifiq.ues.
"I
i _
, ....'
:~. '.
1
1
.'. '.1
• JI
,
.
,
!~~:~".i~.· ~:~t{·~~._e::t'''",,:'JJ{jll.{'i·~'~'.=.b!,.~;,:l':Ji1/L~:Li 1-:'··il'·;~idi'i'''·~·'~~:::-.:i~~~"-:"i' ~~2'=~~=="---
;
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'''~.:.' • ~J':, ~:

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8 '
"
',- 2
-
'
i
: !
. : ·1
,. ~;
Daris le 9~uxièmr' lq dép~ndéws:e s~ ,', tra1sforme
dans une si tuati09 partic\\llièr/i? qui n 'ai'r~<~i'de rap:pqrts
av~t la ~trrcture plobaleiè~ ~Ni e.prim~i~'tncap~~,du
\\
."
" .
\\ !
_,
i
sou:;;-sy,stèf11e qu' ol) analys y à r,(§pondre à ;ses \\ propres besoins •
. ""
' ( '
,
. ' , :
1
, ,
' ~ême si: l.: on' pr?jett~ ce' problème: auni~eau macro-
;'
1
soc:ial, , l~ clivagE! se maiftient: :un'i: pays; [t:l [est P's dépendant
parce qu'il'a R~SQ~n ct·aufres pays pour se;~évelolPer.
Il est q~pendan~ parçeque son éV9luti09 historique
.
.
"
:
' ) ; ,
!
a
,proQui t
une certaine c<;>nfig.uratiol) sociëq.e,
un icertain
,
.
1
type de société qy1 s'artfcula de façon spéÇifiqU~, et qui
obéit à des lois ~e comportement et de tr~nSforma~ion
engendrées p~r cette configuration.
C'est l~ première optique qui nous intéresse et
que nous allons essayer d'exposer à traveFs la dépendance
économique.
La déglfndance éconQmigue et exploi tati,on
impériÇlliste
,
,
1
Les mot1?
"dépendance Il et "explp~ta,t;'.ion" isont
i
ac~uellement util~fiés par1tant d'aut~u~s et dans d~s contextes
,
' "
'
'
.
1
l
'
.
1
théoriques si var~gs , qu~il e§t dangereu~~t erroré de les
l
'
1
utiliser sans avoir au pr~alable détermin~ çe cont~xte et san$
,;
,
l
'
'
: : '
i
,!
!
les avoir définis,
i
Le c6~ te,?, te,
ic~ , sera celui d' \\llf modèle! puremen,t
i
~conomique,
non danS le sens cte
,
" ,,"'
,'i'
prétend é~arter leconcep~~de
{,
1"
, . ,
!
1
1
:
i
la mesure'où l'on n'y approfonqit
"
,
1
1
éntre ces class~s,

- ' - j
-
29,-
\\i
Nous pen~ons qu~ cet approfondissement ept
i
1
,indi~pen~~ble, mai~ nous croy09~,qu'il n'~st pas b~soin de
d: disç'uter
des avant'lges qu '!i'lly Çj.l dans cert,. aines ocbasions
,
'
,
1
àlimi tex; et< réduire le n~l]lbre 'pe v.ariables analystes.
,
1
1
L'objet'~e cett~. déf1pitioq ou de ce mod~le,
;
i
i,
,
!
est de montrer comment a ~ravers le commerce il eSf possible
qu'un pays du centre exploite yn pays dépendant, m~me si
.
!
:.. ~
.
\\
l'on ne tient pas compte de l'u~istence de monopol,s qui
1
1
,
1
,
i
imposent des prix qesavan~ageu~ pour les pays depe~dants
de l'existence d'investissements imbériali~tes qui!absorbent
,
. ,,,',
'.,
'"
!
les bénéfices,
les intérêts eto •.. , des pays dépen9ants et
si, de façon génér~le, on pe tient pas compte des formes
plus grossières et évidentes de l'exploitation impérialiste.
Il est évident que ce modèle n'a pas pour 'objectif de nier
l'existence et .1 'importance de çes formes d'exploitation.
Une étude a été ~aite par F. PERROUX, dans laquelle
i l analyse la dépeQpance à, tra~ers les, e,~Rortation~, les
\\
i
1
investissements directs,
les flux monétaires et la:balance
~xtérieure (1).
'..
La dépen~ance se mantfesteaussi à trave~s les
:
r '
1
:
éléments avancés P9f
les ~ute~rs latinp-~méricain9' c'est-
!
"
;
.
,
à-dire,
la force de pénétr~tioq du capital étrange~ dans
1

I l
'
,
!
'
1
~'é~onomie des pay, sous-d~velQppé~, l'empl~i de t~chriques
étrangères,
la màdt;ficai top de§! habi tude.~ !a~imenta1re~,
l,'inégali t!~ croiss~nte dé'sl" rev~nus, voire !un décliry aBsolu
'II
'
J . j
du niveau de vie d~s plus pauv~es, le passage d'une agri~
"
i
culture de subsis~~pce à ure a.(lficulture ci~\\lImerciale.
,
1 .
1
1
(l)
f. PERiROU~, indérendanfe d~;"l,;a n~:~~,o..~ : fpll:,c. !B,E;S., ;~}:lpi!~:f.~:}('
°l,~·
"",
rontaigqe.
1969.' p.
3
, : 1 ..:r)~!~;~l
i . .
"-~',
1-
~:'~n':;' "
,:.o;;,.J ,.,:..,,-,,~:~.~l1i;::,i,~~J::i~~.;.., ;"~i ';l:,~JI·~;;;'i:f:·~~.,-:-;J~.~:b;'·2"':~~·';::=i"~;-'~";2::I-"~\\;,~;':·,§~,~!L~'i'~~~ .'!'~~~",:J:'~~~·'é~,:,J~-!,:"t;.,,-->:!";""::.;l.'.~,:,,~.~:'~-k~·l_;~;.J,,-,;.;~<:-::,":'L~'-';:<:l~.:~,~~:~,-"~;i."",:.::.:::~~,-",<r",,}~,:,::~~\\,,,":;.;.=_L=~~=~~=2::c=,"-
'"
_:.: '-. -. '

- 30 -
\\:
'\\
i
i
; i
Ainsi,
le capitàlismeindusiriel a ent~ainé
i
- !
" : ,
l '
la spécialisatioll de certain~ pays dan,s :qes actï v,i tés ou
l '
l ' ;
.
l "
!.
' .. !
dTs méthoqes de ~rOducti?n': pl.lJs;·' effica:~,eis pour ll~ industr:i,.es
l , ' ! .
,
1
du centre (l).
!1
!
1
La dép!?odance fst
l.~ ,conséqu;e:nce. des iïvestis-.
l
'
;
!
sements impérialistes qU r vé~!culent avec eux lei techniques
~
I
l
'..
de production,
mises au ~oint dans l~s centres i~p~rialiste~
1
l
'
i
dans de nombreux cas.
1
.
S'agistj~nt du ferm~
"exploitation",
i~ a un sens
1
très précis.
1
,
;
Lorsque, dans llan~lyse du mode de
pr9duction
1
capitaliste,
noutj parlon~ dl~~ploitation de la ~9rce de
travail
(2),
i l prend des sellp différents et variés dans
la littérature, sur l'impéri~lisme.
Pour l~ compréhensiQn, ory définira l'e~ploitation
à travers le commerce, ~ue nQijs appelons
"échange inégal"(3) •
. ~-
i .
i
i
Nous a\\.lrions, l' abord,
l ' eX~l~itat.ion ipar
.
i
11 extraction directe de la plys-value,
comme' dans le cas
i
de transfert de bénéfices,
illtér~t ~tredev,nces idans.
,
:
i
i
les pays imp~rialtstes.
1
(1) Celso FURTADO,
le mythe du développement éconbmigue,
.
i
.
i
ed.
Anthropos,
1976, ;p.
9~
!:;
! '
i
il
i
(2)
Karl MARX,
le capital;
toroe l
l
'
",'
1
.
!
·i
{3)
Amin~SAMIR, lléchang~ inégal, ed ~~thropos, 1!982 , 2728 >'i
!
'1'
i
-:
-'.,
j
1
i'
.'\\
I !
1
f
'II

1
,.

1
1
,
- 311 -
1
Il nous ~emble 9U'il est inutile d'essayer
, d'~~ablir des lois g~n~rates r~~atives au~ facteurs
1
;

d~t~rminant la d~p~ndanceiDan~, certains 'cas, le facteur
principal
.de la gépendanç~, serai t la structure é;conomique
léguée par une histoire c9ncr~te, qui a entrain~ la
d~pendance commerQ}ale, f~nanci~re et technologique des
,
pays sous-développ~s, que;nous allons ~tudier en montrant
les effets de la dépendance sur l'~coriomie, le so~ial
et
la politique.
- Dépendance financi~re et technologie
En étud~ant. la dépen~ance financi~re et technolo-
gique,
SamirAMIN a mis l'accent sur les échanges commerciaux
pour expliquer la domination d4 centre sur la périphérie.
Il explique que,
les exportations de la périphérie
sont constituées uniquement de produits de base qui ne sont
pas int~grés dans une structure industrielle autocentr~e(l).
globalement·,
la, p~riph~rie
, .
~
;
fait 'l'essentiel de son commerce avec le centre,
tandis que
au' contraire,
les économies centrales font l'essentiel de
leurs échanges entre elle~, d'QG dépendance des pays sous-
développés vis-à-Vis du centre.
(1)
Samir AMIN,
le développement in~galt essais sur les
:
.
1
forma~ions sociales ~~ cag!talisme périphérigue,
1
pp~i 220-222 ~
", '.il •
..'
: ~ :"
!

32 -
Cette dépendancé s'explique aussi dans la
,
'
1
structure de financement et des investi~sements[directs (1).
1
' .
'"
1 .
" ,
, i
1
Si les invest,is$e(T1ents 'frOdl..lctifs sont 'financés !par le
capital é~~a~gerl ils d~ivent nécessairementcoqduire tôt
1
:
:
1
ou tard à un re~lux des:prof~ts ~n senS, inverse~
i
.
i
Dès iqr~, l'aide extérieure (publique,l gratui te
. ,- ."."
l '
.(
ou semi-gratuit~)devie~t un~
condition nécess~ire du
i
fonctionnement g~ systè~e de la spécialisation internationale.
1
Cette
,spécia,psation a pour effet
de: remettre
!
la responsabilité de l'9rientation du développement aux
fournisseurs de fonds.
Elle ~ccentue les mécani~mes de la
dépendance, donq de
la domination économique,
comme ceux
de la
dominatiqn, politique tout court.
La dépendance commerciale de la périphérie est
aggravée par' sa qépendance financière.
Dans l~s conditions de l'investissement étranger
'\\..
i
en pays sous-développés; l'équilibre' de la~~lanFe des
paiements exige
une crQissance rapide d~s expor~ations, non
1
1
seulement plus rapide que ce.1.1e du 'prody.i t
intérieur brut,
mais plus e~core que celle des importations.
ii
(1)
F.
PERROUX,
Pp.
cit.,
p.
38
c:;:,
,j
i
i
1 ;
,
..
'hj,,~ ,

Qua'ng,
entre
QU pl1,.lsieurs pays,
~xplique
i
F,.
PERRO,UX, le$ structujr.es Ol:;! sont pas Icomparab+es, quand
1
j
.j
les régimes deçonCUrrel1c~ ~"élOignent:imassivem~ntde
.
···1 :
; ,
,
la concur~ence ,ÇO~plè~E:!\\; les çhances de ,rééqui.l i~re qimiI'!u~,Jl.t
1
et l ' égali té de$ flux globa4~ pe1,.l t moins que jamais
:être
,
!
' . ' :
i i
confondue, avec ~Ioptima~ion (1) .
. 1
.,
1
Or, q~ nombre~ses ~orces tendent a aCGélerer
,
la croissance de,s .:i.mpor~atioDs des pays sous-dé'feloppés,
1
\\
i
les principes ,spnt
: l'1,.lrban~sation, accompagné, de
l'insuffisance de lacr~~sançe de la productiqn !agricole
vivrière,
la crQis~ance:des dépenses administra~ives; dis-
proportionnées par rapport qUX possibilités de l'économie
locale,
l'insuffisance du développement industriel et le
déséquilibre des structures industrielles,
etc . . .
L'anq~yse des expoTtations "actives" sous toutes
leurs formes éC~aire les phénomènes de dépendance. La nation
qui ne dispose pas d'entreprlses- exportatrices capables
,
d'offensive,
perd des
positions sur le marché internationil
1

ou dans tel
pays qu'elle risque de ne pas reconquérir.
,
1
Li:! n~~ton eXP9sée à l'action de firmes! exporta-
I
"
trices offensiYe~ servi~s paT une position de mopopole,
,
une position dominante et des réserves financières étendues,
1
1
\\ ;
,
, risque de voir q~s parties d~ son,
économie nationale
soustraites au~ çoncurr~nces économiques et fonctionnelles
;.:
\\
{
l'
l:"
et soum1ses à dep. politiques fondées sur des ra~ports de
'II
force.
!
(1) F. PERRQUX, op~~it.~
P.
79
1
. 1
J
~. _ _
-
.--'
\\\\ .
, ' i
,..::""J~' ~~ :·.,.~~,I~~\\,J~.:"~,,; ;,,:.;,;j~~~;;::i.~f1~.~~C:~.~~~~.::
....[.:.•.
.,' ..c'-;. :.. :,: :r.~,i:::"",:L:,,:.J;;:,,~~_:;:':"é'l~'~::'~~~~.~_:~~:Jt':;';:;~·.-~~i:~ci/';·~·:;·~~:~::.;,::J:::d·ili':-~.~"~~~'::'-è'~==-::'::-:-~--

i
-,~4 -
!
1
1
.Ces ri~9ues sei renc,pntrent clairement ~~ns les
ca~ de s~tellisation ;.i~s sy~~istent s~us
des ~ormes plus.
,
,
,
1

subtiles 4es que plusieurs'p~ys de str~ctures ecqnomlques
[
:-
inégales: sÎ9nt er;l r~latior d' éçhanges.
:
1
i
- cons~guences' écongmigues
i,
i
-.". :,;.
i
,"
';(..'..
1
i
Celle gui est plus ~ouvent mise en ~vi~ence, aussi
.
l
bien par les aut~urs boufgeoip
que
marJcistes est la
!
déformation ou
l~ dé"séqu}libre de l'économie. '
1
L'i~pértalisme,dlhier et celui d'aujou~d'Kui ne
i
portent leur intérêt
da~s les pays qu'ils dominent, que
!
sur les ressourc~s et les pot~ntialités qui sont suscep~ibles
de répondre à un pesoin des économies du centre.
Il en résulte' le voisinage,
à des degrés divers, dans tous
les pays du tierq-monde, d'im~enses portions de territoire
o~ les forces prq4uctives -généralement agricoles-, demeurent
mises en oeuvre pqr les moyens
les plus archaïques, et avec
un niveau de prqqyctivit~ extrêmement ~as.
~
Les auteurs bourgeois, s'en tenant à une
perception descriptive et par conséquent, $uperf~cielle
,
!
i
des choses, avancent que les secteurs archaïques ~e cette
.
i
1
~,
écono~ie .ne ~on~ pas la survtvance dlun~ société de type
,
l
'
1
féodal et d'une éçonomie de subsistance millénaiie, :constt~
! '
.
r
l
'
tuant un monde ctos et sans cQmmunicatioh~ sociaies,et
i
économiques avec le mond~ capitaliste wodernequ~ le cotqie
·il
~ouvent ~ême s'i~stall~ au milieu du premier sou~ f9~me
d'enclaves .
. !
1
,
1
1
.,: . '. ij.~-~:{~··j,~b;;~;~ ~~:,~.~~~~.? -.',. :~.~:~~.>.~·:~I~~c~.\\,2/"''-'.''-'-' ~:,._.'."'_._-:
~.~-ii-·i-,,--:~",::';i-:j·Cll::1 .J- ,~.;".~~~,
1
....,.
. .,,'•...,....,..•"7.••.•••
... ...';;._·E'; ....,:.t.;,", .~.".~.,~.-,-io:> :.:::.: •,
.. it ,'.
l .. ', ....:,'_,.....I._.".:,...:..;,:.·...
~_g~':!!.:~~~=:0..~~-"--'---

1
-1 35
!
La tot~le s~pa,atiog des
~eUx mondes,
eur
ig~oranc,t? mutuelle serajent 4P! fai t d' ~y'idence eit
l';fmpérL=;üisme n.! êr1 serai t ipa,c;; responsable (1) •
.i l . ".
r
'
IJ.acritique malxist~ rej,ette c~tte prétFndue
évidence~pour elle, le ~onde traditionnel ou prébapitaliste
i
1
qui n'aurait pas touché re
,
colonialisme, est d'abord

f
un
1
mythe au niveau qBS fait~.
"
. '
4

\\
i
Ce monqê traditionnel ne produit pasce;qui est
1
n~cessaire à soq ~uto-subsist~pce.
i
1
1
C'est ~ l'intérieur de ce monde que s~ ~ont
1
développées les ~çti~ités' de "collecte" de produits destin~s
au march~ mondi~l capitaliste, C'est pour l'essentiel de
ce monde,
moins refermé sur lui-même qu'on ne le pr~tend,
qui envoie aux po~rtours des centres industrialis~s ou
modernis~s, ùn surplus de population qu'il ne peu~ nourrir.
et qui constitue p,0ur le secteur capitaliste une trop
providentielle arm~e de r~serve de trav~il.·
Même lo~sque
le monoe capitaliste s'imp~ante
!
i
en' miliet:
traditionnel
(ent~f'ises minières, par iexempleJ,
!
i
c'est dans l'espace ambiant qu'il prélève sa main~d'geuvre
,
1
1
i '
ce qui tend à désqgréger çe mopde tradi ti'onnel .
'
\\
(1) Pierre JALLEE,
le pillage du tiers monde,
col~ection
Maspero,
197~, p.
38.
1
"
"1
1
l,
.... "
".1
;j .
1
i .
",.;- '1\\.- .
,),e.,·,·"
:.
l.·
,,)0.1:'.:.

- 36 -
i
i
Au niveau de l'an~lyse, enfin, le dév~loppement
,
(
l
,inégal, géographique,
~t seçtoriel, est une con$tante du
,
' .
1
:
i
régime capi tal.t~te, et 'la société di t~, i "dualist~" n' est que
!

' .
1
'
• •
1
1
.
"
.
j
la forme ~rincipale que rev~t cette constante dans le cas
-
",
! ' : '
J
des pays du ti~rs monde dép~ndants, dominés et ~xploité$.
l
.
!
André-Gunder !FRANK, quia le
!
'...
mieux anrlysé la
i
prétendue s6ciété dualiste, fflontre que
"loin ~Pattribuer
i
le développement,
le sous-développement, et les'différences
1
de "niveaux de vie"
à l'existence hypothétique ~'une
1
société dualiste comprenant "deux systèmes dl or9anisation
J
.~
1
économique et spciale", soit au niveau du monde capitaliste
dans son ensemple, soit dan~ chacun des Etats nationaux qui
le composent,
~ous devons imputer ces différenc?s à
l'unité dialectique d'un système capitaliste unique, dont
la nature contrgdictoire et opprimante engendre ces
différences (1)".
Il en résulte que le secteur ,agr~~oletradition­
!
nel très majoritaire au niveau de la population,
ne peut
,concourir que de façon marginale à, une accumulation déjà
i
réduite paIj les prélèvements externes. 'Il constttue un
1
facteur de blocage du surpl~s écono~iq4e et de l'i~ves-
tissement.
(1)
André-Gunder FRANK,~- Le développement du sous-
1
1
dé~eloppeme~t, Ma9pera, 1969, chap~tre 13.
"
!II

j
1
1
1
1
1
J
'-
.::. '
II·
1
"
L
..; _~:.;)h.
:~ ';' .k~J..-'".... ,,:- .

,
, ,
7 -
Comme ~e note Samir AMIN, en économie ~ous­
!
dé,veloppée,
les pecteurs, éco.n9riQ,ues ju~taposés Tt non
Oui faiblement intégrés,
n' effectu~nt .~ntre eux que des
i
l
'
i
,
1
échanges
,
m~rginaux,
"
'
;
l'e~~enttel de
!
" ,"
leur~ eChangei se
!
faisant avec l'eKtérieu~
( l ) ,
!
il
l
Les centres m~teur~ des entreprises in~ustrielles
!
presque toujours étrangères OU contrtlées de l'é ranger,
i
se situent dans les métropoles impériqlistes.
'\\
':.
Ces entr-eprise,s n'ont paspu ,fqrt
peu
d'effet
d'entraînement S~r le reste qe l'économie, et let secteur
industriel ou mocternedans son ensemble, est dépourvu de
cohérence interne par suite de la déficience des industries
de base.
Les entreprises Qu~ le composent,
au surplus,
ne sont
la'plupart du temps que des "unités" au sens le
plus strict du mot, créées au "coup par coup" par le
capi tal monopoliste, en i fonction de ~es seu.ls iJ;1térêts et
,.
1
fortement dépendaptes de l'extérieur qui leur fournit
é9uipements et produits finis.
Elles soqt, alors dépourvues
i
d'effets intégrateurs.
i
.
.
Au total,
et sau~
rares exqeptlons, :la désar~
'~
!
ticulation, entre les secteurs et à l'i~térieur ~ême de
chacun d'eux, empêche'
le développement :d'un secteur ou d'un
sous -secteur guelconQu~ d'avoir des effets d'enfraînement
,
i
j,
sur les :iimtres.
1
1
dl
!
(1)
Samir bMIN,
l'échanse inégal et la loi de la
valeur,
ed anthropos,
idep, 1973.
!
1
.
,-
1
1
1
1
:
'.
\\
1
il
. ~ >.1.

!
'
l ,
',"/.
38 ..
l '
"Ces ~ffets s,ont transférés i:l l' extérteur,
"-
dans les pays fournisseurs
les. secte~rs de l' fconomie
sous-développé~ apparaissen~ comme des 'prolonge~ents
l '
,
de l'économie développée dOIl]~nante (1)".
Dans çes conditioQ$, un authentique d~veloppement
1
devient impossi~le. A. G. FRhNK en est arr~~é à,formuler
la thèse du "développement QU sous-développement". La
\\
croissance, dan~ le cadre d4 système impérialiste et dans
le respect des ptructures de
jomination, d'exp~oitation et
de déformation de l'économie, non seulement ne débouche
pas sur le développement,
mais a pour effet de renforcer
la dépendance, donc lesditea structures et de consolider
la désarticulation.
'.. '. 4.i
L'analyse en prof9ndeur de cett:~hès~, qu'il
serait difficile de résumer
~sans la déformer,
'nous
1
~ntrainerait trop loin. Elle fait l'objet d'un ?uvrage (2),
i
riche, qui 'demeure peut-être l'un des piliers de la
1
1
connaissance dans leur essence des sociétés dites ~ous-
développées.
(1) Samir AMIN,
l'impér,ialisme et le développement inégal,
éd~;i de minqit, 1976:', pp,' 97 à 150 i'
,Il
.
)
(2) André-Gundel:' FRANK,i le développement du sous-dévelop-
pement
, Maspero,
1969.
j
1

1
)
1
!
1
_\\ 39
:
,.
1
l
'
1
Le fai t'que l '(analyse de FRAN!) plonge ~tlsqu 1 à
i
1
l
l~ racine des chQ~es, p~rme~, ~u prix d~un simple effort
l ' !
1
1
d~ transposition, d'extiapolar se~ conç~usions d~ l'ensem-
.
j
.
.
. :
~"j- i
i
ble latino~amérioain au !tieq~ monde tout entier. [
l'
.
i
La raison
..
pe la faiJ:;>let3se des i expor-
,
.
, .
' .
profonde
,
' ;
i
1
tations de capital productif
,
~ans le ti~rs mondeiest
,
politique,
elle résulte de llinstabilité de celu~-ci.
'
;
,
1
Cette raï'son explique l'exception que la
règle comporte
ctans les cas o~ un pays du tiers:monde,
.
i
-
i
à tort ou à raison, est ,regafQé par l'impérialU3re
comme
donnant des garanties de statr,tlité poli tique
'conforme à
ses voeux,
l'jmpérialisme,
lqrsque ce pays s'y prête au
surplus, peut y investir bea4Coup de capitaux et dans des
secteurs assez divers,
en vu~ de le constituer cc;>mme'un
point d' appùi,
o~ un relais, pu mieux,
un, "sous-
impérialisme".
L'exemple de l~ Cô~e d'Ivoir~ et d~ Br~sil
,
1
illustre bien ce cas. On
'inqustrialiserelative~ent
un
: !
tel pays,
non paij dans l'opttque d'~ne industria~isation
1
1
intégrée,
cQncourant au dével~ppemnt del'économ~e, mais
!
!
pour en f aire un centre de pI::.Qduction, et:, de dist~ibution
.
,
!
;
des produi ts danl;j les pays d~ la région'i autant ~ue possible
,
1
!
1
au bénéfice de qlJelques marcqés çommuns :régionau~.
Il
.~,.
,
t'''

{
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, 1 .
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1
.
~J .~~\\~""~;
"
'
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• t·~~~ L,.;' ....~.~:,._- .... ~
r;';
,

1",:
1
1
- ,40
:
!
!
A supposer qUF ce~te entreprise s'éteqde
i
qU"elque peu et ~oit couronnée de suc~ès, elle n\\aura
1
i
1
i
nullement' pour {'ésul ta t,,' une ~ouvelle~iv ision in ter-
, !
\\ ' . .
i
nationale~du trijvail cohcern~nt l'ensemble du tiers monde
"
,
l ,
..
:
!
elle aura se41e~ent pour eff~t de promouvoir un petit
,
nombre de pays GU tiers: mond@ au rang de sous-o~ficiers de
l'impérialisme,
êans que ceij économies' subalternes échappent
1
i
pour autant aux structures d~ sous-développement;.
- Con~équences sociales et politiques:
\\
.....
.
i
Ici, c'est Samir AMIN qui nous apport~ les vues
,
résumées les plus claires.
IIILe capital'isme, écrit-il',
v
i
est deven.
un système mondial, et non la juxtaposition
de "capitalismes nationaux".
Les contradictions sociales
qui le caractérisent se situ~nt donc à l'échelle
mondiale,c~est-à-dire, que la contradiction es~ non entre
la bourgeoisie et le prolétqriat mondial".
La bourgeoisie mondiale, c'est p~incipalement
t '
; l ' ' ' !
la'bourgeoisie du centre,dont le noyau ~ir{geant se situe
au
"centre des centres", c'est-à-c;1.j.re, dans les monopoles
'.
Nord américpins, et c'est seçondairement la bourgeoisie.
,
1
périphérique qui s'est constituée da~s le silla~e oe la
première. Cette pourgeoisie périphérique s'est formée oans
..
'
'
1
.
"
le cadre du marché
'mondial, créé,
impulsé , d i r i g é et
:1
dominé par le ceQtre, et c'est pourquoi: elle est toujours
;,
'
1
,
'jl
dependante du centre. {
li!
.. :.. '.
, . ,: . !.;' ~ .
j
--,t_.
..~ ~
.:. ... ~
.,r: ~.M:'::'::~;:' .'
. "'... :.. ',- ~~

41 -
1
~!=!rtÇlins auyeurs, comme F~ CARDOSO,
oit la
1
1
idépendance 'soys deux ispects; : un aspj:ct structurel et
,
J
1
\\ .un aspect extêrne.
'!
.
1
- n...g dépend~nce ~xterne écri t CARDOS,O, ~e
manifeste pqr ~es dim~nsions économiques, comme la relation
entre le co~ff~cient d'importation et le PNB ou l'endet-
tement croi~sqnt des pays ~ous-développés.
,
E"iQemment,
i l existe une
"dépendance externe"
a des degré~ va.riables.
-Q4qOt à la dépendance structurelle, elle fait
ressortir les phé.nomènes dE;! la dépendance dans un contexte
social et politique, dans lequel,
les 'solidarités,
les
alliances e~tre les groupes et les systèmes normatifs
qu'ils partagent, commencent à se définir en fonctio n
de
la nouveile coupure struct~relle significative.
C'est pourquoi,
explique CARDOSSO,
si le point
de départ dl une analy~e de dépendanç,e es't ,.nécessairement
le marché, en tant que champ de bataille ~es dpminations
1
économiques,
le point culminant de
l'analyse ~'est atteint
que,
lors~ue ce qui f~t le point de d~part générql et
i
abstrait,
devient la conn~issance du!
réseau des relations
entre groupes @yant des intérêts distincts et ~ui ont des
chances d'actions structurellement définies, distinctes
elles-aussi,
Iii
\\
."
i
(:
!
-
.'!

1
1
42
,
i
Entre les inté~êts
jivergenfs et les ~ositions
structurelles pa[ticuli~~~s qHi l~mitent chaque 9foupe sur
i
1
le marché,
on trouve aussi' bten des repsources
'matérielles
1


1
accumulée~,' exprop riées
et créées par
tes diffé;r'en ts g,roupes
1
qUe des orientattpns de valeur ,de;s idéo~ogies,'et des yi~ons
du futur.
Les quelques
indications sur la dépendance~
conclut CORDOSO,
~alssent ent~evoir la signification que
! ~,
revêtent les différences strupturelles de la situation
de la dépendance sur le plan,
~conomique, social ~t
politique"
(1).
La dépendance économique apparaît comme
le résultat de l'tntégration tnégale à l'~conomie mondiale
des pays de la périphérie, par le jeu de la division inter-
nationale du traYijil, qui reproduit'inexorablement la
dichptomie
entre tes
pays pauvres et les pays riches.
,.
La forte pénétration du capital étiànger dans
de nombreux secteurs de l'économie des pays de la, périphérie
apparaît à la fois,
comme la résultante
ide la domination
i
et de la dépendance de c~s pays vis-à-vi f du centre.
La dépendance n'est çependant, i pas le PFopre
d'une économie sous-développée.
L'Europe et le Japon ont
Isubi des effets dG dépendance vis-à-vis des,Etats-Unis,
mais ont su profiter de qes effets d'entrainementL
li
l'1
,,1
(1)
Fernando Henrique CARDOSO,
politigue ,et développement
dans les sociétés dépendan.t:es,
1969, 'pp.
237-~39.
': ..••.'-
.q,
i
. il
t
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..,. _' ...
_
", ..
,~
-.
:''''!;f'--.~
,

- 43 -
Les investissements des grandes firmes :améri-
caines ont faciltté l'es~or industriel d~ l'Ouest
!
Europeen et du Jqpqn.
III
n'en va pas de même pour
"-
la plupart des p~y~ sous+.dév~loPPés.
Ces pa~~ ont sybi ~epuis la révolution
industrielle voire même le XV1 e siècle, de véritables
agressions économtques et soclales, qui ont détruit
leur société et
qésarti?ulé +eur économie.
,
L' agri,cyl ture vi vrière res te à la fois ;repliée
sur elle-même en dehors des circuits commerciaux et
monétaires.
Lorsqu~ l'industrie est apparue,
le plus souvent
elle ne s'est pa~ embrayée sur l'agriculture, elle a
cherché à r~pondre
aux besoins du cen tre ,en.se tournant
vers l'exportation.
Les él~ments dynamiques
de l'économie ont été
des enclaves
do~inées par le$ grandes firmes multi-
~ationales, essentiellement tournées vers l'apprqvision-
nement des industries des pay~ du centre.
1
La domination
et la dépendance ont prqvoqué
l'affaiblissement des économies et entrainé une ~ccéléra-
tion de la dépend~nce des p~ys sous-développés.
i'1
'Ii
-
" ..
',.
..
".-
~
..-

i
1
-144
Non seulement ,les pays sous-développés: ne
peuvent bénéficier des ~ffets ~'entrainement ~n provenance
1
de's pays industrialisés, mais ils' doiv€fnt
leur rrtrocéder
une parti~~des r~sultat; de leur développement et de
leur
surplus de productivité.
Sur cette base, certains pays comme les pays
de l'Afrique de l'Ouest,
veulent tenter d'entrep~endre
une intégration ~conomique ré9ionale dans le but de
traiter leur dép~ndance vis-à-vis des pays du centre.
1
L'analyse de la dépendance et la tenta~ive de
définition à travers les différents auteurs, nou~ allons
étudier la théorie de l'intégration.
II -
L1intégration ~conomique
Le concept d'intégration économique désigne
une démarche économique et politique , dont le but
avoué est: aider les pays impliqués
à réaliser ensemble
des projets de développement.
Depuis quelque temp$, on assiste en Afrique à
un grand
=ourant d'opinion
et de faits en faveur de
l'intégrati~n économique.
Toutes ~ortes de formules son~ utilisé~s depuis
le système simpl~ de consultél,tion instit,u~e par la
.
1
conférence des Ministres des Affaires économique~ du
Maghreb,
jusqu'à l'alliance politico-économique ~e
Iii
i .
1
,.
.il
.~ -. .
,'"
!'
i
. , ~;~ ,~,
'.' .,.j-l' ,~ ....,. •
.. 1 •
: '~.:
",/
".

. "'.
- 45 -
+'0 rganisation Ç"ommune Africqine et Malgache (OÇAM), ou du
Conseil de l~ntente, er pa~~ant par une certaine amorce de
i
'
i
.
marché commun organisé ~ une. échelle restreinte de l'Union
"
i
Douanière des Et~ts de l'Af~ique,Centrale (UDEAÇ).
Ces formules sont caractér~sées par leur souplesse.
.
' .
:
Elles progressent avec une grande prudence et sont dominées
par un souci très poussé de la souveraineté
nationale.
Cet état de choses fait qU'il n'y a p~s une
véritable doctrine d'intégrqtion économique en Afrique.
Certes,
l"Organisqtion de l rrnitéAfricaine (OUA)
et la Communauté E~onomique des Nations Unies pour l'Afrique
(CEA) déploient actuellement des efforts très importants
pour amener les responsables politiques à voir un peu plus
clair dans ce domaine.
C'est ainsi qu'el~es ont défini un cadre d'inter-
vention dit IIS0US régional" qui traduit le souci général de
,
prudence,
et a l'avantage mqmentané de ménager les suscepti-
bilités nationales,
en essayant d'amorcer le dialogue entre
pays voisins, dans un espac~ géographique peu étendu, ayant
1
des intérêts semblables.
j.
i
'1
'.-
-
; "._,.
..".
_.
...... -........·.1 ~. '",'
'...... L·. ~~...__ ..:!::.._
". ~~.

, 46 -
Sut c~tte base,
nqys pouvons dite que
i
!
- ~lintégration écpnomique entre pays en voie de
l
,i""~"
1
1
.
.
i
:
.
développement,
a pour objet essentiel, :d'accélérer le
.
'~'.': '
1
'1';'~1""
.
1
.
.
- } _..
,
:
rythme de<croissance de! chaçun de ces eays, d'améliorer
.
..
1

.
les conditions d~ vie d~ ses habitants, à un de9ré gui ne
.
,
.. ,
l
' ,
1
saurait être atteint dans un cadre purement national et de
limiter la dépen~ance des économies vis-à-vis des pays
développés.
On y parvien~ par la formulation et
l'~xécution
de politiques régionales et
nationales coordonpées. Celles-
ci doivent prengre la forme; de mesures d'ordre juridique
et institutionn~l, ainsi qu~ de dispositions d'ordre
administratif,
tant au plan régional qu'au plan national
d'investissements engendran~ la production de biens e~
13 prestation
de services,
C'est pourquoi,
en premier lieu,
nous allons
définir ce qu'est l'intégration économique,. sa nature et
ses modalités et pourquoi une intégration régionale en
Afrique de l'Ouest.
A - Q4'est-cegue l'intégration écon~migue ?
L'intégration économique étaït sur le plan
analytique, un appendice oq un prolongement de 'la théorie
de l'économie ~nternationa+e.
,
:~
. ,II:
- d
,
, ~;..:i\\~~;.--. i.~...
··~.:"'i~;.,">.':"-i.::~~..', /1

• <
.
, ..J:.-"
••\\ ' .
:.:'~; _ " ~ • -,,~~~'1""-,i\\ ?' •...,:

47 ~
Avec ~es travaux de Jacob VINER, (1), nous
c~mmençoqs à l~-bonsid~rer çQmme une m~tière à part entière
1
\\
au point 4e de~~nir un~ pol~tique complexe de d~veloppe~ent
"
i:
1
selon Celso fUR'I'ADO (2),.
!
CQroment la m~t-on en oeuvre ? Que rec~erche-t-elle
1
Que représente-t..,-elle ? Tel:},es sont les qUestio~s qui
viennent à l'esprit,
l~rsgue l'on désire cerner: le concept.
;
Li ttéJ;:alement,
l'intégration signifie; la réunion
de différent~s parties en un tout.
AiQsi, chaque fois que des é~éments économiques
seront reliés par des relations stables et cohérentes, on
parlera de g~oqpe économiq~e
intégré.(3).
Cette définition ne nous satisfait pas beaucoup
lorsqué nqus nous posons la question de savoir comment la
met-on en oeuvre, ce qu'elle vise et ce qu'elle représente?
Nous essayerons alors de trouver une définition qui couvre
ces questions.
.'
(1) Jacob V!NER,
The custo~s unions issues, 1991, Kramer
(2) Celso FURTADO, Théorie du développement économigue,
:
PUF,
1976
(3)
Gunnar MYRDAL,
une économie internationale,
Paris,
PUF
1958.
"
1~

· '.'
- 48 .,:,"
Tout ci' abord l ' i l fÇludtai t savoir que toute poli tiqUE.
1
éçonomique es t llne voloi'1t~ q~i vise
unie fin 1 une norme.
!
.
.
Poqr i'lntégr~tioq économique, il est clair que
''.
'
1
la fin est l' allHHioration d~ bien-être des populations
concernées. Cel~ suppoSf qU'elle ne se cantonne pas dans
de simples motivations çommerciales et qu'elle concerne
tous les secteurs de la,vie ~conomique des nations membres.
Elie ~evient une ~lliance entre les différentes
parties, destinée à élargir ~es espaces de solidarité.
Des instruments à fa mesure des fins sont nécessaires
et sont essentiellement les mêmes que les stratégies écono-
miques traditionnelles de développement utilisées. On y
retrouve des strqctures fisc9les,
juridiques et douanières,
la monnaie,
les pressions contingentaires, etc . . .
Ce n'est qu'ainsi que
l'intégration économique
supranationale apparait comma une dynamiqua.~'actions que
l'on pourrait définir comme s u i t :
L'intégra tion éconpmique ~es t un processus
économique 9ui vise à aider les Etatscontractan~s à réaliser
en commun les objectifs de développement économique, par la
suppression des discriminations entre elles et l'harmonisation
des politiques économiques ngtionales.
l '
"
"!

- 49 -:
Cette 4~finition soulèverait trois points
- comment réaliser les connections entre les
1 .
r
,
diftérents ~lé~ents qui dynamiReront l'o~uvre ?
.
' i
r
-~co~megt rendr~ compatibles
les différents
projets natioqaux 7
- quelle structMre pour atteindre quel Etat ?
Ces trois points,
Ropert ERBES
(1)
les avaient
i
déjà étudiés et systématisés ~ peu près comme suit :
"l'intégration économique,
c'est avant tout la connection
d'un ensemble,
la comptabilité des procédures planifica-
trices et la convergence vers \\.ln optimum".
Pour cet auteur,
la question devient "comment
diriger,
par une politique plqnifiée,
le développement
économique et tous les autres changements sociaux dans des
conditions telles que,
les
instit~tions, les principes et
les moeurs soient suffisamment adaptés pour éviter un
appauvrissement cylturel et des hiatus sociau~ ?
L'in~égration devient donc une norme justifiant
l"intervention nationale et internationale dans le processus
;
du changemen~ (2).
Si cette définition révèle l'i~portance des
différentes suite~ à donner à {'application de to~te politique
de regroupement éçonomique,
il nous reste à préci~er, que
toute politique éçonomique devrait
être analysée,en des
fermes alternatif~, afin de démontrer qu~ seuls c~rtains cas
'Ii
(1)
Robert ERBES, intégration économique internationale,
préface,
Maur}ce BYE/: Paris PUF,
1960
i
(2) Robert ERBES,
op. cit.,
P.
8
J
1
1
.'
.iI
- i
'II
..........
~....,·.,L:.-:<.:.::. :,"~.".:c.~,::,' ~: 'H~".;:,',.,.;
l.. ••
L.- .. -.'
.:.:1.;

i
!
i
1
1 50 -
i
particuliers justifient Le regroupement à la plac~ des
politiques ~conQm~ques n,tion~l~s prisesisol~ren~.
i
1
i
i
'
Nous retiendrons,
eofin, que les diff~r~ntes
, "
l "
,
d~finitions\\.que ,ll()n renc'ontrE;! dan,s la litt~rature
accord~eà l' intéc;Iration ,'. r~v~lent très fr~quemmeI;lt que
la proc~dure devnli t perm,et tre une bonne comptabili t~
des diff~rentes proc~dures d'~llocation des resssources
et soulignent l~ampiguit~ de ~'optimum vers lequel on
d~sire tendre.
Nous verrons alors que,
pour qu'un syst~me
d'int~gration tend~vers un optimum, il faudrait qu'un
1
système de prix e~plicite ou implicite unique se d~gage
et s'impose au seip de tout le système, comme le principal
critère d'arbitrage.
Cela pousserait intuitivement à croire que, ne
pourraient s'int~grer que des économies ayant des systèmes
d'allocation de r~~sources as~ez semblables.' ..
Une foi
l'int~gration ~conomigue d~fini~, il est
n~cessaire de voir comment on pourrait la concevoir.
, !
,
1
l'
"1
0'
b
,:: :, ...:~;, ~';,"';,ji:~1à;;" ...;r:~.;-:i:.L"~,l{;?{",L-;"",, _.~, ~, ':"J.,,'
ll.~
-

- 51 -
Les diff~ren es conceptions de l'intégration
1
~conomigue s~pranaJionale
i
1
1
i
\\: L;::,
,
1
"
~ l~t~eratu~~ cOQcernant l'integrat~on economique
recense deu~ manières pour différents pays de ~e regrouper
J
l'intégration pa~ cercles cQncentrique~ et l'i~tégration
globale.
a) L'intégration par cercles concentriques
.
;
.
.
,
1
EII~ pr~conige un~ intégration progr~ssive qui

1
.
1
commencerait par des accords sectoriels bilatéiaux qui
[
s'~largissent, accueillant qe plus en plus de partenaires
et englobant d~ plus en plus de secteurs, pour finir par des
accords régionaux,
sous-continentaux et continentaux.
Cett~ optique s'apparenterait alors à une ·tache
d'huile qtii grandit. Elle offre l'avantage de la prudence et 1
de la diffusion progressive de l'esprit de coopération et de
b)
~'intégration&lobale
j
'Elle saisit le problème de llintég ra 1ion d'e~blée
i
1
à un stade macrQ-territoriq~ très ~le~é. Moins 'hierarchisée
que la métho~e précédent~, ~lle vise à atteind~e très tôt
la convergence de la proc~d~re.
\\~
:1
j '
'. L...J,; :~:,:), "'~ ':.,,(.~.~..:,.~ .-.;' '.':". .':";,..~ .__c.'
, ':"'

52 -
Elle est (isqu~e; mais pourrait offrir l'~vantage
,
pe la rapidité dans l'efficacité.
1
Tout dépepd dans la q9nceptioh dB l'intégFatio~
du degré d' hC\\mogénéi té des iparties prenantes.
Plus ~lles
. ; .
!
sont proches, pl}ls vi te la 'con~ergence est atteinte!; par
convergence, nous entendons la marche vers un but c~mmun
représentant l'état à atteindre,
C'est ~ partir de ces idées que les auteurs comme
ERBES,
PERROUX, etc •..
introduisent les concepts dt~space
,
homogène et d'espace polarisé.
Selon ces auteurs,
pl~s homogènes
.se trouvent les
pays concernés,
plus facile est la méthode globale et plus
polarisée est la zone,
plus rapidement s'effectue la procédure
par cercles concent(iques.
Nous'venons de voir l'étendue du mouvement
d'intégration écono~ique. la déftnition des concepts et les
manières dont le mOll'vement s' effectue.
"
Il serait ~on, maintenant, d'étudier les deux
principaux types d'intégration qui existent et qui sont
relatifs aux différents modes d1allocation des ressqurces,
c'est-à-dire,
l'~ntégration parle marché ~t l'intégration
par la production.
.,.
.
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l
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L'intégration par le marçhé
.
)
Fondamentalement liée à la conception de, la
i
division internationale du,tra~ail et d~F gains qui peuvent
en découle~~I'intégratiQn'économique par le marché est un
!
processus de regroupement qui accorde la primauté aux
mécanismes par lesquels la concurrence est stimulée et la
complémentarit.é positive.
Dans ce type d'intégration,
l'effet re~herché est
d'aboutir à la création d'un marché unique résultant de la
fusion des marchés des pays membres
mais, chaqde pays
conserve son autonomie totale dans le domaine de la production
,
:
ce qui conduit naturellement à une concurrence plus âpre
pour la conquête de ce marché étendu.
L'idéal pour les économistes libéraux, serait les
automatismes du marché sans interventions étatiques ; le
commerce international sans entraves douanières et fiscales.
Or,
le monde concret est une mosa~que d'Etats
~
jaloux de leurs souverainetés. Tous ces p~ys' ont:
besoin à
"
,
ur moment ou à un autre, d'user de politiques économiques
nationales q~i nuisent au reste du monde.
Le cas contraire,
e~t également souVent présent :
pour atteindre leur stabilité interne,
les objectifs de bien-
être désirés par ~eurs citoyens, des pays ont dG ~e plier aux
règles de compétition internationale.
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54 -
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Ainsi,
la réalité q~ jeu économique international
l '
1
est extr~mement co~pliqu~ et P~s 'très pur en termes normatifs
... ,
!
f
,
l "
Il n~empêcheque lè th~orie.d~ commerce
internatioô-ql erige en th~orèll1~ le fai t que plus 9n tend
vers un
libre écnpngisme,
plu~ on a de chance d'améliorer
. .
.
'
'. ,',.
le bien-être ,mondiijl.
c'eft dans cette optique qu~ des
organismes char9é~ de veiller au bon fonctionneme~t du
,
commerce mondial
(l~~GATT, par exemple) apprécient les
tentatives de regrQupement économique.
1
Il n'y a pas contradiction dans le fai~ de dé-
sirer la'libre concurrence et en même temps d'apprécier
la discrimination d'un groupe de pays à l'encontre du reste
du monde.
C'est pour des raisons réalistes que cette
attitude app~remment contradictoire est adaptée.
En effet,
le GATT,
par exemple estime que toute
'tent~tive d'intégration v+se à libérer le commerce dans une
zone'bien précise et en tant gue tel,
c'est un progrès vers
le' libre éèh~ng:isme. dans la mesure où le libre échangisme
i
i
mondial serait une utopie à l'état actue+ des choses.
La toile de fond
~e cette analyse est bien-s6r
la correspondance l'libre concur~ence"-"libre échangiste" et
,"laissez-faire".
Nous n'allons 'pas ici démontrer cette
correspondance,
m~~i nous, allons faire ~e rapproc~ement
1
avec l'in~égratio~ écono~tque ~upranationale.
"1
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- 55 ....
a)
Int~gration?conqurrence et optimati6n
Si nous approfondi~~ons ce qui vient d'~tre dit,
1
i
1
nou!s découy.ron'/squç:! les un'i'ons~conomique~ devraient
fav6riser la production d~ masse dans les divers secteurs
~
.
industrie.ls à +a sui te de la qoncurrence :accrue.
Cette production d~ masse serait le pr~lude à
un nouveau sch~ma'de r~partiti9n des ressources, sous
1
l'action des press~ons
inflationnistes et d~flationnistes.
Des sp~cialisation1:l pevraient en r'l~c.oI11pr
pour
aboutir à un accroissement de la productivit~. Cet enchaî-
nement est rejet~ par la r~alit~ ~conomique
contemporaine,
qui loin d'Être
l'expression
de la concurrence pure et
parfaite,
se rapprocherait
plus de la concurrence
monopolistique.
En effet aujourd'hu~, il est plus courant de voir
s'affronter des blocs ~conomiques, que des unit~s
singulières.
La n~cessi t~ de la I:"echercheçrq: développem~nt
la. recherche des éconnmies d' ~chelle ont accentu~ le caractère
oligopolistique,
y'Qire monopolistique 8t donc imparfait de
1
la concurrence.
Ceci est tant ~t si bien compris que l'un des
objectifs avou~s des regrqupements ~conomiques serait la
maximisation des ~conomie$ d'~chelle. Alors la que~tion
,
.
i
1
devient
:I,par quelle s~q~ence maximiserait-on le bien-Être
communautaire sur la base .d'une telle r~alit~ ~conomique ?
i
i
".11
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"
',".- :.-:(

- 56 -
Le r~~sort.d'une telle s~quence est iij~vi-
ta~lement la croips~nce ron ~quilibrée selon SCITOVSKY dans
le~ analysesde Rqpert ER~ES (l). La séquence d~f~~due par
--
i -
T.
SCITOVSkY e s t ;
"mouvement libre des produits,
accrois-
sement de la ~onç~rrence, installation d'~quipem~nt
optimaux(maximisationdes coûts unitaires),
croissance non
,--' .
~quilibr~e ,(maxim;l..!3ation '. l' qçcumulation des ~col1omies
externes,d'échell,e dans le cadre de politiques publiques
visaqt" 3 rendre plus mobiles
tes facteurs.
(2))u.
Autre~ent dit, un dilemme efficacité-solidarit~
suppose a la fois l'efficacité dans la lutte pour le
,-
dJveloppement et la solidarité entre les pays membres,
afin
de r~duire les déséquilibres r~gionaux par la mise en commun
des potentialit~s de l'ensemble r~gional et l'harmonisation
des politiqùes économiques nationales et r~duire la
d~pendance vis-à-vis de l'extérieur.
Cela ~uppose 'que le stade suprê~e de l'intégra-
tion ~conomique soit l'instauration d'une v~ritable autorit~
supranationale en matière ~conomique.
(1) Robert ERBES, 0E._cit., pp. 16-19
(2) Robert ERBES, op. cit., p,
25.
-,'

- 57 -
Ce q~i est ~ort peu probable, du fai
des
!
.
'divergences d'!nt~rêtsldans le domaine politiqu~.
,
!
TOQtefois,
~i l'on ne peut ~rriver j~squè l~,
1 i
on peut s'en approcher lave q tout autant de b~n~tices à
~
,
tirer du. regroQpement. :'
-
1
Quelles son~ lei étapes quiiconduisert aux
i
processus d2 l'!nt~gra~ion éçonomique ?
b)
Les diff~rent~s ~tapes du processus
Qlint~gration
B.
BALASSA (1)
en distingue cinq
auxquelles nou~ ajoutons une
autre de plus en plus
appr~ci~e au stade· pr~limin~ire : la zone d'~changes
orgaois~e.
la zone d'~changes
Qrganis~e
Ce stade s'impose de plus en plus dans les
processus d'int~gration , cQ~me l'~tap~ indispensable
pour une certaine mise 'en train o~ l~s'diff~ren~
parti
membres commencent à s~ trouver des int~rêts en commun.
Cette ~tape se c9ract~rise par le ma~ntien des
1
barrières à l'entr~e, pour up certain nombre de: produits
1
:
au sein de la zone ~conomique en voie d'int~gra~ion.
"
(1)
B.
BALASSA,
types of Ecqnomic integration,
~ournal of
common Market studtes, 1975.
1
1
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'il
,
!
!
1.
i
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l'
i

- 58 -
C'est une étape d'acclimatation aux
principes
communautaires.
Dans
la réalité,
on aménage
le désarmement
d'une certaine catégorie de produits dont on désire
l'augmentation des échanges
"intra-zonaux".
D'un autre côté,
afin d'éviter d'importantes
moins-values budgétaires pour les pays,
on
maintient des
taxes d'entrée pour d'autres produits.
A la base de cette innovation
dans
la conception
du
processus d'intégration,
se
trouve
l'expérience histori-
que des
tentatives marquées
par des déséquilibres dans
les gains issus des échanges commerciaux.
Le commerce international détermine des spécia-
lisations
sur la base des aptitudes et des diverses dota-
tions en facteurs.
Ces spécialisations n'offrent pas
toujours les mêmes avanta:;J es en terme de l'échange.
Ce qui se traduit par une industrialisation de
plus en plus accentuée chez ceux qui disposaient au départ
d'un embryon d'industrie
et les autres demeurent
les
principa~fournisseurs des mati~res premi~res.
L'exemple le plus
manifeste de ce stade de pré-
intégration est la Communauté Economique de l'Afrique de
l'Ouest
(CEAO),
dont
l'objectif est l ' i ntégration pour la
moindre dépendance,
que nous proposons d'étudier au cours
de ce
travail.

- 59 -
Ce cas nous permettra de montrer que le stade de
pré-intégration ne se limite pas uniquement a
l"c!J.ménagement des échanges commerciaux.
En effet,
au cours de ce stade,
les organisations
présentent la
nécessité d'aménager les dispositifs qui
permettront
à l'organisation d'être le moteur de l'indus-
trialisation.
Au premier chef de ces dispositifs,
se trouverait
l'institution qui sera nécessaire
a
l 'harmonisation des
politiques économiques nationales,
et l'établissement des
projets connunautaires.

La zone de libre échange
Autrefois,
les organisations économiques
d'intégration citaient ce stade comme le point de départ.
D'emblée,
i l
s'agit d'abattre
les barrières douanières
entre les Etats partenaires.
Cette étape peut être recherchée comme une fin
en soi.
C'est le cas des pays membres de l'Association
Européenne de
Libre Echange
(l'AELE).
L'étape
se
caractérise par une indépend3n ce de
matière de tarifs
applicables au reste du monde,
pour chacun des membres de
la communauté .

- 60 -

L'Union Douanière
Les pays qui
la constituent décident d'abolir
les di:'oits de douane etles-restrictions quantitatives à la
circulation des produits originaires de
leur zone et de
substituer
aux
politiques indiv~duelles à l~égard des
tiers,
une politique commune de taxation extérieure.
Cet te pol i tique se mani f es te par u,n -T- ar i f E x té-
rieurCûmmun
(le
TEC).
Ce stade a suscité beaucoup d'études car,
symbolique des
problèmes liés aux gains et pertes en
commerce international.
L'Union Douanière est un domaine
00 l'application de la théorie de
l'optimum second marche
f o r t :
elle illustrera toute théorie de l'intégration
économique en termes statiques.

Le March2 Commun
C' est une u'nionDOl1anière dans
laquelle les
pays membres décident d'assurer la libre circulation et
le
libre établissement des personnes et des capitaux~
Le modèle le plus connu de marché commun est
a l' heure actuelle 1
la Communauté Econor'lique Eùropéenne
(CEE),
formée de pays capitalisteB europeens et qui est
associée à un certain
nombre de pays sous-développés
d'Afrique,
des Caralbes et du Pacifique
(AC~). Le but est
de
tendre vers un nouveau schéma de répartition des
facteurs de production.

- 61 -

L'
Union Économique
Elle ajoute aux caractéristiques du marché
commun,
l'harmonisation des politiques économiques
nationales.
On refuse a ce stade
les
affrontements des
intérêts égoïstes.
La solidarité devient
nécessaire pour une
efficacité communautaire,
ce qui
est
loin d'être évident
mais apparaît
comme important à
la réalisation d'objectifs
en commun.
BALASSA ajoute que
"l'expérience de la CEE
vise a accomplir une union monét2ire sans
la
coordinatiGQ
des politi~ues économiques nationales et qui
s'est révélée comme un échec,
est
la preuve que cette étape
n'est pas surperflue
(1)".

L'intégration économique totale
Elle impliquerait l'unification des politiques
monétaires,
fiscales,
sociales et a~ticycliques, ce gui
suppose la présence d'une véritable supranationalité.
On est loin des réalités contemporaines
caractérisées par les prérogatives nationales exac8cbées.
Par contre,
on est plus près des économistes
qui ne voient l'optimum qu 1 au travers d'un certain "mondia-
lisme
(TINBERGEN,
SCITOVSKY,
ERBES,
etc . . . ).
(1)
B.
BALASSA,
op.
cit.,
p.
29

- 62 -
D'une manière générale,
voilà en quelques
mots,
le processus d'intégration économique par.le m~rché.
Le st~de pré-intégration devient inévitable
pour les pays en voie ;de développement,
alors
que les
étapes de libre-échange
jusqu'à l'union économique sont
plus fréquentes en pays développés.
Ce qui nous amène
à voir l'intégration par la production.
2 -
L'intégration par la production
C'est la forme
la plus conforme au mode de
production socialiste.
Elle ne vise pas des objectifs en
terme de tarifs douaniers.
Elle se complairait au seul
stade de zone de libre échange.
L'objectif est de pratiquer une division
internationale des productions ou de la production sur
la base des volontés gouvernementales.
Dans cette forme d'intégration,
il est refusé
au marché le soin de déterminer pour chaque pays
,
ce
qu'~l lui convient de produire.
Il faut
voir p~r 1~ le
fait que la concurrence individuelle sur un
marché,
même élargi
ne suffirait pas à définir la taille optimale
pouvant permettre une concurrence effective sur le marché
international.

- 63 -
La raison est que les concurrents~tant des
firmes de plus en plus oligopolistiques,
i l faudrait
leur
opposer des firmes
à tailles ~quivalentes. Si un pays pris
individuellement ne peut parvenir a
installer de pareilles
firmes,
i l faudrait
recourir à des actions de co-production.
Cette analyse faite
par les
th~oriciens de
l'int~gration par la production, donne a penser que deux
axes principaux constituent les faits
essentiels de ce
type de regroupement
-
la supranationalit~ des institutions de
d~cisions
-
et la technique de la co-production.
a)
La supranationalit~ des institutions de
d~cisions
Elle d~coule de la n~cessit~ que ressentirait
chacun des pays membres de
l'int~gration, de centraliser
son ~conomie, afin de substituer au march~ une volont~
concert~e, apte à assumer plus efficacement l'allocation
des ressources.
Aussi,
puisque l'int~gration ~conomique est
imagin~e comme une harmonisation des plans nationaux,
i l
devrait existerune institution supranationale qui effec-
tuerait la r~partition g~ographique des investissements
afin que chacun puisse b~n~ficier des gains issus de
cette coop~ration.

- 64 -
A partir de
là,
on peut se poser un nombre de
problèmes,
a savoir
-
les avantages de
la centralisation en te~mes
informationnels
-
les difficultés de
l'initiative
individuelle
et nationale dans
le cadre de
la centralisation.

Les avantages de
la centralisation en termes
informationnels
A l'actif de la centralisation,
on notera tout
le caractère positif dans
le fait
de détenir les informa-
tions nécessaires à la volonté d'agir pour des fins bien
précises.
Intégrer par la production implique de
"l'interventionnisme"
voire de
la planification des projets
de production.
Or,
pour bien planifier,
i l
faut une connaissance
parfaite du
"quoi planifier" qui détermine le complexe
d'actions finalisées.
Aussi,
la centralisation des
informations sur
le
"quoi planifier" est une nécessité pour la cohérence et
l'efficience.
Nous avions souligné plus haut,
la nécessité
d'une bonne connection des différents éléments constitutifs
d'un système d'intégration.

- 65 -
Le fait de centraliser les informations
permettant donc d'aboutir à une meilleure connectivité
au moins sur le plan informationnel.
Cette connection'
est indispensable a la coordination devant déboucher sur
la convergence des intérêts réciproques.

Les difficultés de l'initiative individuelle
et nationale dans
le cadre de la centralisation
Seules des informations parfaites peuvent per-
mettre aux différentes unités et
agents d'un système de
faire
converger leurs activités
vers un état
jugé optimal.
Toute mauvaise information tendrait à dérégler
le sens des activités et des
initiatives.
Or,
il n'est pas sûr qu'un bureau centralisa-
teur et planificateur puisse être certain de détenir
les
bonnes informations.
L'expérience pratique de la planification
dans
les
"Etats providence"
pousserait plutôt à croire que
souvent,
le planificateur détenait de mauvaises informations.
Ainsi,
de la mauvaise information,
on arrive
vite à de mauvaises orientations des actions et des décisions
économiques allant à l'encontre de l'intérêt individuel.
Ce qui forcément nuirait
à toute procédure d'allocation
de ressources.

- 66 -
Il apparaît donc que toute tentative
d'intégration économique par la production a pour base
l'Etat-providence et comme procédure d'allocation de
ressources,
la planification.
Aussi,
devrait-elle se
buter contre tous les
maux dont souffre la planification
d'une manière générale.
B.
BALASSA
(1)
estime que si,
depuis sa
création,
le CAEM ne profite pas pleinement de toutes les
potentialités dont il dispose dans
le secteur du commerce.
" e s t bien parce que l'intégration par la production qui
est en fait une intégration par le pIao,
tend à développer
le
"bilatérisme".
Or,
le bilatérisme
occulte les critères
d'échanges et ne permet pas la bonne réflexion des raretés
et des dispositions.
L'accent
est
mis sur les ressources multi-
nationales destinées à produire dans un des pays partenaires
un produit spécifiquement choisi par l'ensemble de la
communauté pour ce pays.
C'est toute la trame du système de co-production
que l'on retrouve de façon moins systématique dans les
ensembles de regroupement à économies de marché.
(1)
B.
BALASSA,
types of economic intégration,
journal of
common Market studies,
1975.

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L.a co-production
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La SO - produftio~es t ,d éf i niF l'a r M. jBYE, comme
;','1' assodatione~
r
une
me .venture \\lei centres Ide décisions
privés e~ p~bl1cs, relTyant ~~ plUSi~u~sinatio1~"'(1).
Elle peut~tra bilaté~ale, ITll.,l1 tilatér~le ou régionalisée
j
!!.
j
au sens de l'intégratitn.
i
Dan~ le sent où elle serai t: régional!isée, la
i
production commune tir~ra p~rti des~~bouchés ~t donc de
!
1 ,
la demande en provenan~e d~~ partenaires de la ~ommunaute.
.
: .
.
,
1
i '
,
i
pans le même temps, ce~tePfpduction bénéficie~a sur le
,
i '
plan des import~ matér~els §t humains, 'non ,:"r,'" :seulement
,
1
des disponibil:l. tés d' un pay~, mais'aus~:j,. celleS, q,~., la r~gion
toute entière.
1
L'avantage ~ondawental
de la co-production
,
est donc l'assqciation d'apporteurs de moyens ~omplémen-
taires.
,
Mai~; brièv,ment, dlsons que l~:fai~ de créer
!
d~s marchés ré~ionaux de v~ate dimension, risque 4e modifier
i !
.
,l'attitude des investi~seur3 étrangers 'q~i s'i~téressent
!
'
l '
\\
aux débouchés potentiels importants:qu'i~s rep~é~~ntent.
,
: . ..
. '
i !
'i
j
l '

Cett~ modif~catiqn peutêtr~ 4e la ~ar~ des
étrangers de'
'~, instal:~erqqns l~ :?;one: ~ntégréel ~fin
i
de
I! : .
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contourner le
I l
~prif imposé ~ l'endroit!d~s PaYs tiers.
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nécessités de lq I,"eussl1e.
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riées à:1Lentrepri~e de Ico-prp~u~t;6pi~~1~rquve~a
'!;'
1
l '
q~est~on de savat,;' "que It:>rod~~~e'?"; :PUi~i,: ,q~elleF sont
les règtes nécesa~lres ~ la réussi~e.' ! 1
i
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1
1° Que produire?
i
K,.
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- - - - .
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i,
La première ~déequi vient-à: l'esprit!
!
,
lorsque l'on se pose ce~te question est de savoi~
,
,
- - ,
quels sont les apjectif~ visés par ceux qui entreprennent
de çoproduire.
S'agit-il de;remp!acer des importations?
s'agit-il de' cré~r les ~ases d'une induptrialisatipn
-
.
,
'
"
:
1
lourde? Ou s'agtt-il plutOfide créer d~s entreprises
' 1
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of.
1
1
destinées à êtr~ effi'1a~es slJr le~arq~F ~ iC"te~na,ti~nal ?
SeloQ la quejtio n préal~b~e,: ta répon,se; vient
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~ la question d~ s~voirlce qpe ~~qn :~~~f:~rodHire,
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I~risfs!dont
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~areté qe's cap-i t~ux naf,ion~Hx;~ rrér ~ te'~(:, ~e f~·:i..r~:..}l'.objet
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prise soit concurrenti~lle s.ur le march~ international.
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La techriiq~e de la .:foprQgucti9P pourrait ~e ;révéler,un
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instrument efficace,; dans la construction de~ grands
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,
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commerce interq~tionalr sont un fléau énorme pour les,
pays en voie d~ développement.
1
Mais,
au motns,
l'intégration par le marché
- fait travail~er les ag~nts ~urJ. base d'indicat~urs
non occultes. Ct: qui e~t déjà, un pas,' ;,si lion v~ut se
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i ,
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préparer ef~ieqgement ~, cOI1Ç!ourri.f isur'! le""1'(I,arch;é x1nter-,;,1
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- 72 -
A travers
l'analyse qui
vient a/être faite,
et
el'
tenant compte de
tous
les
facteurs qui interviennent
au niveau de l'intégration,
nous
pouvons
dire que,
l'intégration
n'est plus seule~ent un processus, mais est proposée
comme une norme.
Mais,
si
l'on
tient compte du fait que notre
étude porte sur
l'intégration économique,
comme moyen
de
limiter la dépendance dans
les pays de l'Afrique de
l'Ouest
(cas de la CEAO)
que
la
liberté des échanges
entre régions ou entre nations
inégalement développées,
suscite,
par le déclenchement d'un double processus
cumulatif d'appauvrissement
chez
les uns,
d'enrichissement
chez
les
autres,
on est conduit
à proposer
les
définitions suivantes
L'intégration,
c'est
la
libéralisation des
échanges,
en vue d'un développement harmonieux et équili-
bré et
à la coordination des transports.
Il y a ensemble intégré,
lorsque les liens de
solidarité qui existent entre ses divers éléments,
sont
tels que la liberté totale des
échanges ne nuit
à personne
et profite à
tous.
L'intégration économique,
c'est un processus
d'unification
interne de plusieurs économies nationales
d'une part
et comme une différenciation de ces économies
vis-à-vis de l'extérieur,
d'autre part.

-73,
Elle se pré~ente sous une ,double ori~9tation
i
l '
!
l~ voie de la ~one de lib~e éChangf'
1 .
:
1
+~ voie de: L' uQ~on douani,ère.
1;
i
-i
~' l~ ~ppede l~b~e échange:la première.! voie,
, i ,
!
celle de la~orr~ ~e libie éc~ange consiste en l~ supp~e~-
. . ;
. 1-
"
sion des barrièr.es douarièr~~ et' autres obstacl~s aux
,
.. "
i '
,"
1
échanges entre les' Etat! mempre~ .Ce qui, comm~ 10u~
le constatons! êemble ê~re initialement la V01e pr1se
,
,
par la CEAO.
!
J
1
'/:,1·
2 -
Lt' ',union; dou~nière:la seconde,. Y_Or~, çellede
,
,
l'union douaniè~~ plus élabo(ée par conséquent plus
i
!
complexe,
com~Qrte en plus qe l'élimination des
,
,
,
'
i
obstacles aux éG~a~ges internes entre les Etats membres,
l'établissement à'un tarif douanier commun à ceux-ci
!
dans leurs relations avec les pays tiers. C'est semble-t-
il,
la voie adoptée par la C~DEAO (1).
Cette florai~on de vocabulaire &~~~pl~que,
i
,
1
sans doute,
par le fait que ~e terme "intégration"
.(
1
~st lui-même ambigu, parce que tout aussi défini~sable
, 1
comme un "proces~;us'" ou comme un "Etat de chose','!. Et
i
1
,
j
comme l'écrit Fri'lnçois PERROUX "dans la!hiéraJ;"ch~e des mots
1
1 ·
,.1.
,
1
obscurs et sans peauté dont les discuss:ons éconr~iqUeS
il
encombre nt notre langue,: le terme in tégr:ation octqpe un
;
bon rang"
(2).
'
l '
il'
~ 1"'
1· ..·
i
i
i
"
!
1
1
1
(1) CEDEAO, Commynauté E~onom~que de Dé~eloppeméritdes
..
'
1
,
\\
1
j
Etats d'Af.rique de l:'Oueqt
1
1
(2)
François PER~OUX, l'Furo p,€!
sans riva,Ç1es,
Par~s, PUF
1954,
p.
419
1
1:
l'.:1 ..
j .
! '
. :L.

l
'
,
'1
- 7,4 ~,
1
l
,
l
'
i
'
Cett.e remarque tr,i?-dui t bien. l' existen ce d'une'
1
l
1
i,nf ini té de qét ~ni tion, possiple,s, toutes aussi!~artielles
: i
J
1
qu'arbitraires,

\\ ..
On
n~ peut,) ~ pouf réa,liser une telle: intégration!
• t
compter sur les seules Iforc~~ du, marçhé qui tenren:t, au:'
contraire, à qGPentuer Ila srécialisation des écpnomie~
~
!
i
en présence ( PqY:s
'.~ousi..,. -dév:eloppés), à réalisef la
;'.
division internàH_onal~ du travail,Sur ·'1..1n' vaste [·e$p~.çe..et
!
.
!
à perpétuer, y~üre à appr6fQ,odir les inégalités! économiques
entre pays dév~loppés ~t pay~ sous-développés.
Si nous. nous refe~ons aux explications de
.
.
:
. "
,
1
Charles Albert MICHALET, sur la notion, de domi,nation, il
dénonce avec fo~ce une situgtion de dépendance et . g~
domination des pays so~s-développés à la suite de leur
intégrationdang le marché ~ondial capitaliste.
Du ppint de vue qe leur insertion dans l'économie
,
i
mondiale, la situation ides ~conomiesmoind~déve~oppées
:
n'a pas été frqdicalement transformée par la déçolonisation.
Comme
di t MICHA~ET," llindé~endance ,poli tiqu~
!
ne coïncide pa9 toujours aVeÇ l'indépe~dance éco,oomique"
i
(1). La dépendance écoqomiqye apparaî t! 'comme. le réspl ta t
de l'intégratiofl à l' éçono~1.e mondiale~' par ,le :jeu de
( : ' .
;i l '
!
'
'1
l'échange inéga! et la!division intern~tionale du ;travail
i:
\\
i;
,
.1..
,
1
qui reproduit !nexorab+ement la dichgt6mie entr~ ~eapay~
' : ,
1
"
, .
;
. ,
i,
i<
.
Il:
l
'
1 !
pav~res et les~ays riqhes.
i
(1) Albert t1:J:CHf\\LET, l~ déf~, du dével0t;>pemen~.', iiCldépend_~~~:
pp.
13-~O, R~ris, t983 ,
II j
.,i·'
1
j !:.
;
. ....
l
~'.'...' "
i , i
.
I!":"-!",e~.i~:,,:
~ ,
, ,
,",::;;,;;" ,;",,,;s~;~,~},;:d:à",:j~,,~:~;;;~"':l;"}iJ'l ;lî~:"1",,.~kJ,,,,;L;i~itAc{,.i:;;~'-

1."
l'
! "
i
ii
D'une façon g~n~rqle, l'int~g,ration d~s pays
l
,
'1
' ' '
l '~
!
sous-d~velopp~sdans le ~arcb~ mondial capitaliste, est
1
1 .
.
1
i '
,
!
li~it~e aux form~~trad~tionn~llesdes 1chang~s ~ommerciaux
,
' i '
1
i
c' est-à-di:re, eX8ortatio;nde watières premières rgricoles
~
\\ \\
,
,
et mini~res d~ns les pays d~velopp~s,
pour le fonction-,
l
'
1
l
'
nement des in~ustries, ~ais n~n ~tendue 'à la dimension
,
i
i'
. .. '
i
de la production et à ce:lle qes circuits financiers.
,
i
Pourtijnt,
la seul~ prise en compte, m~me
i
i
~largie des .:for'çes d' inlt~gqition à l'~conomie i?ter-
,i
natinonale,
si elle est héceqpaire
pour les paYi du
l
'
tiers monde,
n'est passuffi~ante.
i
Elle est néce~saire, dans la mesureo~ elle
permet de comprendre la formgtion historique du ~iers
monde et son mode de domination depuis la p~riodEi! coloni,ale.
Pour échapper ou pour limiter l'int~g~at~on
dans le marché mondial, Fqcteur de domination et de: dépendance,
les pays d'Afrique de l'puest ont d~cid~ deJ~ettle sur
pied une intégr~tion
r~gionq~e pour accélérer le rythme
de croissance ~conomique et 9wéliorer leurs cond~tions
1
de vie.
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.- - 76 -
L'intégration économique entre pays sous-
développés 2 pour obj?t
essentiel d'accélerer le rythme
de croissance de chacun des pays de la région et d'améliorer
les conditions de vie des habitants,
a un degré qui ne
saurait être atteint dans un cadre purement national.
L'objectif recherché par l'intégration
régionale est la transformation des structures socio-
économiques des pays concernés dans
le cadre de la
Communauté ~conomique de l'Afriaue de l'Ouest (CEAO).
La communauté conStituée en 1973 sous.
l'influence de la communauté économique européenne
(CEE)
et qui fonctionne depuis le 1er jan0ier 1975.
La CEAO est une union économique virtuelle qui
tegrou?2six Etats francophones
(Côte d'Ivoire, 3urkin~
Faso,
Mali,
Mauritanie,
Niger et le Sénégal).
Elle met en place une zone d'échanges organisés
et dispose 0.e trois institutions
: un système de taxe
unique,
appelée "taxe de coopération régionale"
(TCR),
un
fonds communautaire de développement,
et un
Fonds de
solidarité et d'Investissement pour ls Développement
E:onomique de la Communauté
(POSIDEC qui date d'octobre
1978) .
La CEAO prévoit la libre circulation à l'intérieur
de la communauté de certains produits qui ne supporteront.
que les taxes intérieures.

- 77 -
Si la CEAü
a été constituée sous l'influence
de la CEE,
cela ne démontre-t-il pas une autre forme
d'intégrat~on des économies ouest africaines, donc
une nouvelle dépendance
?
Pourquôi une
intégration régionale en Afrigue?
En fait,
toute intégration se
justifie par
la possibilité pour un groupement de pays d'obtenir,
en
supprimant les obstacles de
tous ordres,
un bien-être
supérieur à celui
que
les membres du groupement
atteindraient isolément.
Dans la pratique,
l'intégration économique
néces~ite pour obtenir des résultats tangibles, plus de
souplesse,
plus de pra~matisme.
Toutefois,
la conc epti on pragmatique ne
fai t
pas l'unanimité des
théoriciens,
en particulier pour
ceux qui rejettent la théorie
"classique" de l'intégration
elle-même.
Pour un groupe de pays,
l'intégration étant un
des moy~s les plus efficaces pour promouvoir une réparti-
tion plus rationnelle des ressources gue pourrait le
faire chalue pays pris isolément,
i l se pose deux séries
de questions auxquelles nous allons. -t:enter de répondre
au cours de notre travail.

- 78 -
La première est comment déterminer les
avantages
de l'intégration économique en général?
Et plus particulièrement,
comment déterminer une
intégration solide, durable et efficace?
La seconde question posee est
de savoir
qu'elles .pourraient ~tre les conditions d'une intégration
économique éventuelle ?
L'intégration économique en Afrique,
~st-elle
synonyme d'accentuation
de la dépendance a travers les
transferts de technologie ? Quelle est la stratégie
d'intégration pour obtenir
un dévelop~el~ent auto-centré
adopté par les pays d'Afrique de i'0uest ?
Les stratégies d'intégration et de développement
auto-centré des pays d'Afrique
Les stratégies de développement,
ont d'abord
été conçues en réaction contre la dépendance économique
(1).
Il faut aussi voir dans quelle mesure,
cette position
pouvait conduire a une conception positive du développement
auto-centré.
Les stratégies visant à un déve~ppement autonome
n'impliquent pas,
de façon directe,
le choix de l'auta~ie
(1)
MICHALET,
op.
cit.,
p.
15

- 80 -
Cette amélioration peut s'apprécier en
considération de l'amélioration possible du niveau de vie
moyen du pays ou de la structure économique souhaitée,et
les décisions à prendre doivent tenir compte des problèmes
soulevés par la transaction d'une situation à une autre.
D'une façon
théorique,
l'analyse des avan-
tages susceptibles d'être obtenus par des accords com-
merciaux
, bilatéraux ou multinationaux ou par l'inté-
gration économique sous diverses formes,
est une question
des plus difficiles de l'économie politique.
Dans son livre intitulé "International
intégration",
Jan
TINBERGEN suggère que l'intégration
économique est le libre échange
; mais la suppression
des droits de douane ne suffit pas a
assurer que tous les
biens ne meuvent librement.
Pour
la commodité,
explique M.
ALLAIS
(1),
on
"peut distinguer l'analyse des effets directs de la
libéralisation des échanges et des spécialisations
résultant du jeu des coûts comparés,
celles des effets
indirects induits par la libéralisation des échanges et
celle des questions de politique économique,
relatives à
la libéralisation des échanges."
(1)
M.
ALLAIS,
la libéralisation des relations économiques
internationales,
pp.
87 à 114.

- 81 -
Dans les perspectives qui s'offrent à
l'Afrique et plus précisément la question qui
se pose
ici est de savoir
selon quels
axes,
la division
internationale du travail peut-elle évoluœr en relation
avec les différentes stratégies des
puissances impéria-
listes
?
Quels
.moyens,
l'Afrique se donne-t-elle en
réponse a ces diverses évolutions possibles ?
Unité africaine et intégration économique
L'unité africaine comme instrument de trans-
formation et de promotion des peuples africains est un
vieux probl~me .
Il prend source et racine dans une vision pana-
.fricaniste dont quelques écrivains
négro-africains
se sont faits
les porte-parole en Afrique mêm~ tr~s tôt
avec KILMAN,d'abord et K.
N'KRUMAH plus
tard.
L'un et l'autre sont ghanéens.
Les Noirs
américains comme
Marcus GARVEY et surtout DUBOIS ont
contribué à élargir ce mouvement.
Toute une littérature
existe sur la question panafricaine et l'unité.
Le panafricanisme a donné naissance a une
floraison considérable au plan
~de l'i~éoloijie
de
l~gjtjmatjon d'un regrol1oement continental

- 82 -
Si N'KRUMAH a surtout
ax~ sa r~flexion sur
l'aspect primordial du politique,
l'historien Ch.
A.
Drap,
par exemple,
mettra davantage l'accent sur les fondements
culturels de l'unit~ du continent.
L.
SENGHOR,
dans des p~rspectives diff~rentes
et qui r~cupère
pour l~essentiel des thèses
d~velopp~es par d'autres chercheurs africains, qu'il
n~glige souvent du reste de citer comme source,
a
construit sur cette base toute uneid~ologie de
l'africanit~.
L'africanit~ de L.S.
SENGHOR aboutit cependant
en d~finitive, à int~grer les peuples africains aux
regroupements h~g~monistes et assimilationnistes de
l'Europe.
En fait,
ce qui
a ~t~ d~cisif par-delà ces
vues th~oriques, c'est la pratique même de l'unité,
les
motivations concrètes q~
l'inspirent et
la fondent
aujourd'hui sur le terrain politique,
~conomique ou
culturel du continent.
La mise en place de l'OUA
(1)
a évidemment
été l'~vénement
marquant. L'OUA a
~t~ une des formes
de l'int~gration africaine,
mais
tournée
vers la
m~tropole.
(1)
OUA,
Organisation de l'Unit~ Africaine.

- 83 -
La vie,
le fonctionnement et les contradictions
de cette organisation,
constituent des révélateurs pour
l'essentiel des données de la problématique de l'intégra-
tion des peuples africains.
L'unité régionale ouest africaine telle qu'elle
est préconisée ici,
comme celle du continent,
soulève
des problèmes
: ~e sera une unité pour
qui et par qui?
Est-ce qu'il s'agit de regrouper des peuples africains
auteurs de leurs propres intérêts à court et long termes
ou simplement des Etats,
voire plus concrètement des
pouvoirs personnesl des chefs d'Etats exerçant des
autorités de monocraties au service des monopoles étrangers?
S'agit-il d'autre chose que de mettre en place un groupe
de guides de micro-nations soucieux
de leur stabilité
i
.
économique,
politique,
et sociale? Il Y a là une serle
de questions auxquelles i l convient de répondre.
L'unité vise quoi?
La libération des peuples
africains de la dépendance vis-à-vis de l'impérialisme
mondial? La définition de stratégie .de développement du
continent afric ain le plus favorablement doté?
Ou.bien
de ·les constructions qui rassurent et servent les hégémonies
des intérêts externes
?

- 84 -
L'unité se ferait comment? Sur le plan
continental ou sur une base régionale ou sous-régionale ?
A partir d'espaces politiques et économiques qui
tiennent
compte de la géographie,
de l'histoire et des réalités
culturelles africaines,
ou sur des ententes circonstan-
tielles de chefs politiques?
A cette problématique de l'unité,
l'OUA ne
donnait pas de réponse explicite.
Les faits
seuls
devaient révéler par la suite les diverses options et les
tendances.
On peut dire,
de manière générale, que les
processus de regroupement et les courants qui expriment
des volontés d'unité s'opèrent
à partir de deux axes.
Il y a une tendance aujourd'hui presque
triomphante et conservatrice qu'on pourrait dire
gradualiste,
politiste,
économiste et diplomatique.
Elle ne s'embarrasse pas dans l'ensemble d'une
remise
en question fondamentale des hégémonies externes.
Elle s'accommode plus ou moins
avec les régimes sud-
africains
ou
Rhodésiens
(1).
Elle se regroupe sous l'égide des anciennes
métropoles:
groupe de l'OCAM
(2).
(1)
Pathé DIAGNE,
pour l'unité africaine,
1972,
P.
250-270
(2)
OCAM,
organisation commune africaine et malgache

~ 85 -
Cette tendance se renforce au fur et à mesure
que les mouvements de libération,
les gouvernements et les
chefs politiques plus fermement anti-impérialistes sont
évincés de la scène politique.
Les processus de regroupement économique
qu'ils promeuvent,
s'accordent du reste parfaitement
avec la volonté des capitalismes étrangers à trouver en
Afrique,
des marchés cohérents et etoffés.
L'intérêt économique des vieilles puissances
coloniales n'était point d'encourager l'indépendance
économique,
l'intégration économique et la diversi-
fication industrielle dans les pays africains,
mais
de continuer à utiliser celle-ci comme des prolongements
de leurs propres marchés intérieurs,
d'y établir
et d'y
pratiquer leurs intérêts,
en particulier dans les
industries d'extraction
(1).
L'OCAM,
l'Entente,
l'UDEAC
(1)
en sont les meilleurs illustrations.
La seconde tendance à l'unité se démarque par
rapport à la première par ses options idéologiques et
politiques et aussi par le sens du processus d'intégration
économique,
qu'elle vise.
(1)
Gunnar MYRDAL,
une économie internationale,
pp.
242-243

- 86 -
Les politiques nationales qui
l'expriment
sont aujourd' hui
trop ,stables.
Sur le plan des fai ts,
cette tendance comprend l'importance capitale de la
lutte des mouvements de lib~ration. Elle perçoit
~galement que l'int~gration est
'une n~cessit6 pour
construire des outils ~conomiquesùfin de:permettre à
l'Afrique d'~tre moins d~pendante du capi~alisme ~tranger
et d'être libéree
d.e la domination
imp~rialiste.
Elle leur permet de franchir
rapidement le
stade d'économie industrielle classique,
qui caract~rise
le d~veloppement des pays du centre.
Quelles sont les raisons de cette strat~gie
d'int~gration ~conomique en Afrique de l'Ouest? Ou bien
pourquoi les pays africains adoptent-ils une strat~gie
d'int~gration ~conomique ?
L'analyse du trait~ de Yaound~ permet de
soulever l'essentiel des prCblèmes pos~s par les
tentatives de r~cup~ration, de domination,
de d~pendance
et les
processus d' in t~gr a tion par ex tr a version et
sujetion.

- 87 -
Les difficultés,
apparues
à Kinshasa,
au
moment du renouvellement de la convention de Yaoundé,
constituent des indications.
L'association
au Marché commun européen
ne peut pas être le fondement d'une politique de
développement cohérent pour les Etats d'Afrique.
Il s'agit d~une association entre pays
industrialisés et simples producteurs de matières
premières.
Elle vise explicitement
(le traité de Rome
le précise dans sa 4e partie),
"la promotion du
développement économique et social des pays et
territoires,
et l'établissemnt de relations économiques
étroites entre eux et la communauté dans son ensemble".
A cet effet,
un certain nombre de moyens
sont mis en place.
Le plus important semble
etre la
coopération
sur le plan
Commercial.
Le tarif commun
extérieur,
que les pays de la CEE imposent au tiers,
l'aide financière et assistance
technique.
Les pays africains,
en retour,
accordent,aux
membres de la CEE,
le statut de nation privilégiée.
Ils
s'engagent à lever,
en
leur faveur,
toute mesure contin-
gentaire et douanière.
L'alignement sur les prix mondiaux,
imposés
aux importations originaires des pays africains associés
à la CEE,
est général.

- 88 -
La mise en place par les colonisateurs,
d'un
système d'organisation économique a fait de l'Afrique,
depuis toujours le grenier naturel de matières
premières
agricoles et minières,
nécessaires au développemnt des
pays du centre
(1).
Le développement de l'Afrique,
compris dans
le sens d'une économie coloniale
n'est pas favorable
a l'accumulation interne de capital,
nécessaire à la réali
sation de programmes de développement.
L'aide
finanèi~r~ les transferts de technolo-
logie liés a l'aide au développement,
ne constituent-ils
pas un moyen de domination
et de dépendance,
malgré
l'intégration africaine?
-Intégration régionale,
accentuation de la
domination et de la dépendance
La dépendance et la domination extérieure est
a la fois,
l'origine et la résult~te de l'intégrat~n
des pays africains dans le marché mondial.
Elle se manifeste au niveau du commerce
extérieur,
de l'aide liée aux
transferts de technologie.
Le commerce des pays sous-développés pris
individuellement,
comme l'explique Samir AMIN,
présente
cette particularité.
(1)
N'GOM N'GOUDI,
la réussite de
~'intégration en
Afrique,
p.
19.

- 89 -
D'abord,
les exportations sont constituées
uniquement de produits de base agricole ou de minéraux
et leurs importations de produits manufacturés.
En plus,
l'essentiel de ce commerce se fait
avec les pays développés,
alors que l'essentiel du
commerce des pays développés se fait
entre eux
( 1) .
La thèse de Samir AMIN résume bien le degré
d'intégration et le degré de dépendance,
malgré une
intégration régionale des pays d'Afrique.
La dépendance commerciale est aggravée par
la dépendance financière et les transferts de
technologie.
a)
La dépendance financière
La raison fondamentale en est que,
les
investissements de capitaux étrangers dans la périphérie
engendrent automatiquement un flux
inverse de transfert
de profits.
La stratégie
ie développement préconisée par
le modèle de Désiré GAIGNEUX est la suivante
: si
"l'agriculture est
le premier impératif du développement
l'industrie n'est pas la condition préalable du dévelop-
pement
(2)".
(1)
Samir AMIN,
l'accumulation à l'échelle mondiale,
pp.
25-34
(2)
Désiré GAIGNEUX,
Agriculture,
premier impératif du
développement,
étude pour le tiers monde,
Paris,
pp.
10- 40.

- 90 -
Ainsi,
la théorie de l'intégration constitue
une étape supérieure de la théorie du développement,
et
la politique d'intégration,
une forme avancée de la
politique de développement
(1).
Ce qui
a priori,
ne paraît nullement
contestable,
aussi bien historiquement que dans les
conditions actuelles de l'Afrique.
Le rôle de
l'agriculture;
la base d'accumulation de capital,
qu'elle peut constituer pour l'ensemble de l'économie,
ses fournitures de matières premières agricoles aux
secteurs industries
pour
lesquels elle constitue
un
débouché.
Si l'industrie n'est pas une condition
préalable du développement des pays africains,
elle
demeure cependant,
une condition indispensable au
développement,
en ce sens qu'elle est,
non seulement
nécessaire à
la modernisation de l'agriculture,
mais
engendre aussi à long terme une croissance,
permettant
à une économie d'accéder à un développement autonome,
sans dépendance vis-à-vis des capitaux
étrangers.
(1) Celso FURTADO,
Théorie du développement économique,
PUF,
1970,
p.
251.

- 91 -
L'intégration des pays sous-développés au
mécanisme financier du capital transnational est
beaucoup plus large que ne le révèlent ces transferts
financiers.
L'essentiel des investissements à long terme
sera toujours d'origine externe,
même si les banques
sur place ou leur maison-mère y participent.
La mobilisaiton de l'épargne sur place
pour des investissements à moyen ou long terme
'est
faible.
Les investissements importants viendront soit
de
grandes unités
internationales mises sur pied avec
des capitaux extérieurs,
ce qui accentue
la dépendance,
soit d'initiatives publiques
(très faibles).
b)
Dépendance par la technologie
Sous cette expression de transfert de techno-
logie, ainsi
que le montre Maurice BYE
(1),
le langage
courant désigne et confond
:
le déplacement géographique de la mise en
oeuvre d'une technique
(1)
Maurice BYE,
relations économiques internationales,
tome l,
échanges internationaux,
Dalloz,
1977.

- 92 -
-
l a t r an sm i s s i on à de no u v e aux
a ge il t s' de
l a
capacité de faire fonctionner ou de reproduire une
technologie
- beaucoup plus rarement,
la transmission
de la capacité de produire une
technologie nouvelle.
Le
transfert de
technologie entre pays
industrialisés et pays sous-développés,
désigne l'expor-
tation des
moyens de mise en .. oeuvre des technigues
élaborées dans les pays industrialisés.
Mais,
ce terme peut être également compris
dans son acceptation
juridique
: il désigne
alors le
transfert de droit
d'utilisation des technigues
(1).
Quelles sont les formes de la dépendance par la
technologie ?
La dépendance par la technologie n'apparaît
pas seulement dans le contrôle des brevets par le capital
transnational.
Les grandes firmes se sont organisées pour
renforcer leur domination en se donnant un véritable
monopole de la conception et de la réalisation des
usines
complexes.
(1)
Jacgues PERRIN,
les
transferts de
technologie,
Maspero
1983, p. 15.

- 93 -
L'intégration des pays sous-développés au
mouvement général du capital ne peut être mesuree
exclusivement par l'extention des filiales
des firmes
transnationales.
Mais,
nous
'n'avons pas
les moyens
statistiques de mesurer,
car la plupart de ces accords
ne sont pas publiés,
surtout dans les pays sous - dévelop-
pes.
La dépendance par la technologie n'apparait
pas seulement dans le contrôle des brevets par le
capital transnational,
mais à travers le monopole de la
conception des
usines complexes.
Le capital transnational garde un pouvoir
déterminant sur la construction du capital productif
dans les pays sous-développés.
Les
causes de la dér:e ndance par la techno-
logie se repèrent facilement.
L'inégal développement des
forces
productives entre pays industralisés et pays sous-
développés et le mouvement général de capital.
Les firmes
transnationales tentent d'élargir
en permanence l'espace économique et social de leurs
interventions pour trouver de
nouveaux lieux de profits.
Ce qui accentue la dépendance des
'pays en voie de
développement.
Cet objectif induit des stratégies qui
peuvent être très diverses,
selon leur type d'activité

- 94 -
assurer l'accès aux
matières
premières
pénétrer de nouveaux marchés
- exploiter la main-d'oeuvre à bon marché.
Dans les stratégies,
les
"filiales-ateliers"(l)
sont spécialisées dans une séquence particulière .du cycle
de production et leurs produits sont réexportés vers
d'autres filiales du même groupe,
situées dans
les pays
d'origine ou dans des pays
tiers.
Pour continuer à assurer leur domination sur
les payssous-développés,
les pays du centre ne
peuvent
laisser se développer un autre modèle,
ou laisser les
pays sous-développés entreprendre une intégration
régionale,
à moins qu'elle soit une intégration régionale
dépendante.
Du fait des
limites des
ressources physiques
(énergie,
matières premières)
et des contraintes sociales 1
ce modèle ne peut se généraliser,
affirme Jacques PERRIN,
à l'ensemble des pays
sous-développés
(2).
(1)
MICHALET,
le mythe de la
firme
transnationale,
ln
monde en développement,

12,
1975
(2)
Jacques PERRIN,
les transferts de technologie,
1983
p.
109.

- 95 -
Pour reprendre le titre du quotidien,
les
Echos,(l),
mais,
en partant cette fois du point de vue
des paYs sous-développés,
nous
verrons que la dépendance
à travers le transfert de technologie constitue aujourd'
hui à la fois
"un avantage dont
i l faut
tirer profit et
un péril dont i l faut se défendre".
Comment les pays
d'Afrique comptent-ils se défendre contre la dépendance,
malgré l'intégration régionale?
Notre étude se fixe comme objectif, d'analyser
les différentes forces sur lesquelles repose
l'édification de l'Afrique et de_poser la question de
savoir le pourquoi et le comment de l'intégration
économique des
pays d'Afrique sur la ?cène internationale
Comment promouvoir l'intégration régionale? Autant de
questions qui ?e posent ou qui peuvent être posées ?
Dans notre démarche,
i l s'agit de faire place
a une étude économ~que, aux mouvements économiques,
bref,
aux faits de civilisation qui régissent l'Afrique.
Cette méthode a été suivie par beaucoup
d'économistes,
de sociologues,
de théoriciens de
l'économie,
comme Samir AMIN,
Guy CAIRE,
MICHALET,
etc . . .
(1)
"un avantage dont i l faut tirer profit et un péril
dont i l faut
se défendre",
titre du quotidien
les Echos,
du 15 mars 1977.

- 96 -
L'intégration régionale comme moyen de limiter
la dépendance en Afrique de l'Ouest,
le cas de la CEAO,
peut paraître
imprécise d'autant qu'elle s'applique
a des pays colonisés.
Elle a l'avantage d'offrir un champ d'étude
très vaste,
qui permet de mieux rendre compte de la
réalité économique des pays africains et de promouvoir
leur intégration
régionale.
Or il y.a un passé colonial qui est commun aux
pays d'Afrique,
à l'exception de l'ETHIOPIE et
du
LIBERIA.
Pratiquement,
tous les autres pays ont été
a un moment de leur histoire,
sous la domination
et la
dépendance étrangère
(colonies,
territoires,
sous mandat
ou sous tutelle,
protectorat,
etc . . . )?
De plus,
à part le Nigéria,
aucun de nos pays
n'a une véritable dimension économique.
Dans un monde ou les grandes puisssances ont
été habituées à exercer leur influence sur les autres,
à décider à leur place,
l'Afrique qui n'est sortie de
l'ère coloniale qu 1 il y a quelques années est venue plus
tard sur la scène internationale pour jouer un rôle
dans les affaireS mondiales.

- 97 -
Il Y a également le fait que la plupart des
institutions internationales
banque mondiale,
insti-
tutions
spécialisées des
Nations Unies et même'du
marché commun,
ont
été mises en place bien avant
l'émergence de l'Afrique sur la scène mondiale.
Ce qui signifie que les méthodes et procèdures
de ces institutions n'ont pas toujours
tenu compte des
véritables besoins de l'Afrique,
en vue de son dévelop-
pement économique et social.
L'intégration économique
régionale,
pourra-t
elle permettre à l'Afrique d'affirmer sa volonté de
croissance et d'user de son poids pour résister à la
pression des grands,
au moment des négociations multi-
latérales
(café-cacao,
etc . . . ) ?
Notre étude tente de dresser un bilan,
de révéler la nature de la dépendance des pays d'Afr~ue
de l'Ouest,
les
Jmécanismes
je systèmes et de pratiques
qui impliquent en eux-mêmes l'impasse où ils conduisent.
De ce point de
vue,
i l n'est pas proposé,
ici,de recette
pour le développement,
mais une analyse
qui tente d'éclairer les raisons de l'échec des micro-
économies nationales dominées d'Afrique occidentale,
et
leur inaptitude au développement et à la croissance.
Ces
options expliquent l'idéologie sous-jacente à ce travail,
et aussi ses
thèmes et sa force de présentation.

- 98 -
Les gouvernements africains reconnaissent
la nécessité de la coopération économique et divers
arrangements
(1)
de coopération sont en vigueur.
La
plupart de ces arrangements sont fondés sur des biens
et des institutions qui existaient avant l'accession à
l'indépendance et,
en général,
seuls les pays qui étaient
auparavant administrés par la même puissance métropolitaine
y participent.
Ces arrangements perpétuent donc souvent
des divisions qui résultent d'un accident historique.
Cependant,
force est de constater qu'à
l'échelle de la région ouest africaine,
le bilan de
l'intégration économique est à peine positif,
puisqu'il
n'existe pas actuellement une véritable coopération entre
les Etats d'Afrique,
aguerrie et susceptible de contribuer
davantage a une libéralisation et a un accroissement des
échanges afin de promouvoir un progrès économique rapide
au niveau de la reglon.
Devant
.ce constat,
deux questions peuvent
être posées
1°)
pourquoi une intégration économique en
Afrique de l'Ouest?
(1)
nous évitons d'utiliser le thème
"accords de
coopération" étant donné que l'échange est
et basé sur la domination et la dépendance

- 99 -
2°)
l'amélioration du niveau de vie et le
progrès
économique dans une région donnée,
passent-ils
forcément par un groupement de ses Etats? Autrement dit,
l'intégration économique est-elle vraiment nécessaire
(l)?
Par conséquent,
s ' i l est exact que l'intégration
est nécessaire pour tous les pays dits développés,
comme
pour les pays dit$ en voie de développement,
il n'est pas
certain,
qu'elle pose dans ces pays les mêmes problèmes.
En Afrique de l'Ouest,
par exemple,
les
principaux obstacles à l'intégration
économique ont été
à la fois historiques
(la colonisation
(2)
économiques
(mauvaise répartition des fruits de l'intégration et
insuffisance des facteurs de production)
; politique
(absence d'une volonté politique)
etc . . .
(1)
Le professeur PENOUIL estime pour sa part,
que "l'une
des conditions nécessaires,
mais pas certainement
suffisante,
du développement de l'Afrique,
est un
certain aménagement régional de son espace écono-
mique" cf.
Le Monde diplomatique,
août 1968,
p.
7
(2)
"Pendant longtemps,
le commerce de ces pays a été
orienté vers les pays industrialisés.
Par voie de
conséquence,
i l manque au commerce régional,
l'infrastructure indispensable,
en particulier les
moyens de transports et de communications et des
institutions financières spécialisées cf.
Document
CNUCED,
TD/B/439 op.
p.
19.

- 100 -
C'est alors qU'apparaît une troisième
préoccupation que nous essaierons d'analyser en détail
en quoi la CEAO serai-elle une synthèse des expériences
passées? Autrement dit,
dans quelle mesure les promoteurs
de la CEAO ont-ils tenu compte des difficultés et obstacles
rencontrés par ailleurs ? Quelles peuvent être les chances
de la CEAO d'aboutir à une intégration régionale,
pour
permettre à l'Afrique de limiter la dépendance?
111- Plan d'exposition du travail
Le thème central de
notre étude est de
rechercher dans quelles mesure l'intégration économique
régionale des pays d'Afrique de l'Oues~ ?st un moyen de
mis:e.
en oeuvre pour limiter la dépendance vis-à-vis
des pays du centre.
Il s'agit de voir dans notre recherche,
les
rapports des forces en présence et les moyens que les
Etats africains se donnent pour préserver une certaine
autonomie,
par rapport au marché mondial
dont ils
dépendent.
Nous analyserons
la dépendance à partir de
l'appareil économique colonial,
en relevant la nature
et les mécanismes qui impliquent en eux-mêmes l'impasse
Où ils conduisent,
et voir
les possibili tés de reconversion
de l'économie coloniale à travers l'intégration régionale.

- 101 -
Partant de cette
,constatation,
nous pouvons
nous poser la question de savoir si,
l'intégration
économique des pays de la CEAO,
limite la dépendance?
Si oui,
quelles sont les chances de la viabilité d'une
telle organisation ?
Du point de vue pratique,
une étude portant sur
l'intégration économique en Afrique de l'Ouest,
présente de
nombreux avantages
:
-
Il s'agit des problèmes concrets auxquels
s'intéressent les gouvernements de ces pays;
-
Il est possible,
par ce fait,
de se faire une
idée réaliste sur la nature des questions à résoudre, de
réunir les données assez précises sur la situation
écono-
mique des pays interessés et de parvenir à certaines
conclusions sur la
manière dont le problème pourrait
recevoir une solution.
Le premier type d'analyse sera basé sur la
description des mécanismes concrets
qui
sont à la base
des situations de fait et des résultats obtenus effe~tive­
ment par chacun des Etats.
Cette démarche interdit de se donner à priori,
des caractéristiques de nature politique ou institutionnelle
théorique ou doctrinale.

- 102 -
Le deuxième type d'analyse,
est la recherche
d'une stratégie optimale.
Elle est certes fondée sur les
mêmes mécanismes que la première,
mais elle repose sur
un champ d'hypothèse beaucoup plus large. Ce qui fait
a la fois,
l'intérêt et la difficulté de cette démarche,
ainsi que l'a si bien montré P.
COULBOIS
(1).
Notre préoccupation n'est certes pas de procéder
à l'élaboration d'une théorie générale de l'intégration,
mais de
poser les jalons,
en mettant toutefois,
l'accent
sur les problèmes d'aménagement et d'affectation des
ressources dans le cadre des Etats membres,
de rechercher
s ' i l existe des principes économiques permettant d'éclairer
notre champ d'analyse.
Pour la
fiabilité de notre étude,
nous
essayerons d'analyser la formation de l'appareil économique
colonial, qui a modelé depuis plus d'un siècle le visage
de l'économie, et voir dans quelle mesure il y a possibilités
de reconversion.
L'impact de l'économie coloniale est
considérable.
Elle continue à dominer les réalités locales
à travers le processus d'intégration des économies
africaines dans le marché mondial.
(1)
P. COULBOIS,
la politigue conjoncturelle,
ed. en jas ,
Paris 1976,
p.
31 et s.

- 103 -
Nous étudierons la génèse de la CEAO et la
possibilité de
limiter la dépendance,
ensuite,
nous
analyserons les relations commerciales et les perspectives
économiques qui s'offrent à eux,
dans le cadre de la CEAO.
Finalement,
en conclusion générale,
nous
estimons que,pour s'engager dans
la voie du développement
indépendant,
les pays africa~ns doivent construire leurs
économies
, en mettant en place des structures économiques
nouvelles,
capables de lutter contre le sous-développement
la misère,
la dépendance,
la domination,
etc . . .
Mais,
une question se pose
Comment rendre compatibles les politiques
d'aide,
avec les objectifs de l'intégration économique
pour la moindre dépendance? L'aide est-elle efficace?
N'est-elle pas un facteur de soumission et de dépendance?
Autant de
questions qu'on ne peut s'empêcher de se poser
et qui sont d'une portée significative dans le processus
d'intégration économique ouest-africain.
Notre étude se divise en trois parties
Première partie
De
la dépendance coloniale
a l'indépendance formelle des Etats d'Afrique de l'Ouest
Deuxième partie
La Communauté Economique de
de l'Afrique de l'Ouest
(CEAO)
et la possibilité de limiter
la dépendance
;
Troi~ièm~?rtie
atténuation ou accentuation
de la dépendance à travers les relations commerciales et les
perspectives de développement économique de la CEAO.

PREMIERE
PARTIE
-~- - - - - - - - - - - - - - - j
DE LA DEPENDANCE COLONIALE
A L'INDEPENDANCE FORMELLE
DES ETATS DE L'AFRIQUE DE L'OUEST
- - - - - - - - -

- 104 -
PREMIERE
PARTIE
DE LA DEPENDANCE COLONIALE A L'INDEPENDANCE FORMELLE DES ETATS
DE L'AFRIQUE DE L'OUEST
INTRODUCTION
Avant la colonisation,
c'est-à-dire avant la mainmise
de l'Europe sur l'Afrique,
les sociétés africaines,
constituées
en tribus,
en chefferies ou en Etats,
avaient mis sur pied une
organisation administrative et politique.
Malgré les différences de structures organisationnelles
qu'accusaient ces sociétés,
selon leurs modes claniques,
étati-
ques ou de chefferies,
elles avaient un ensemble de caractères
qui
leur était
commun
rôle et signification de la famille,
signification des faits sociaux
(mariage,
naissance,
décès,
notions métaphysiques,
etc . . . ).
Une même notion philosophique,
axée sur l'organisation de la société et régissant tous ses
membres,
autorise à considérer ces sociétés comme des entités
réelles,
tirant valeur et dynamisme de leur évolution,
de leur
stabilité propre.

105 -
Les sociétés africaines avaient donc,
comme toute
société,
des statuts propres. Leurs signification et leurs
différentes interprétations provenaient de l'originalité,
des
particularismes même
du genre collectif de leurs membres,
de
feur
faculté d'adaptation à leur contexte géographique,
de leur
volonté de création et d'existence,
de leur faculté d'intégration
aux
éléments extérieurs.
Le mode de production de cette communauté est caractéri-
sé par
l'organisation du travail,
partie sur une base indiduel-
le
(celle de la petite famille),
partie sur des bases collectives
(celle de la grande famille,
du clan,
du village,
de la tribu),
le moyen de travail essentiel,
la terre,
étant la propriété
collective du clan,
son usage libre à tous ses membres,
mais
selon des règles précises
(utilisation de parcelles distribuées
aux familles,
etc . . . )
l'absence d'échanges marchands et,
corrélativement,
la distribution du produit à l'intérieur de la
collectivité selon des règles,
en relation étroite avec l'orga-
nisation de la parenté.
L'accès à la terre dans les communautés n'est pas
nécessairement égalitaire.
Il l'est dans les plus primitives
de ces communautés,
mais,
dans
les autres, celui-c~
est
hiérarchisé,
certaines familles ou clans ayant droit à de
meilleurs parcelles,
mieux situées par exemple,
ou plus vastes.
C'est à partir de ce moment, qu'on saisi t
un embryon
de distinction de classes. Cette hiérarchie est généralement en
relation étroite avec
celle du pouvoir politique et religieux(l
(1)
SAMIR AMIN,
le développement inégal,
éd. de minuit,
1973,
p.9-17.

- 106
~'Afrique noire pr~sente une gamme vari~e de mode"de
production,
les uns relativement fort peu hi~rarchis~s,
notamment dans
le
domaine Bantou;
les autres fortement
in~galitaires, comme chez les Toucouleures
de la vall~e du
S~n~gal, le peuble Akan du Ghana,
au sud de la Côte d'Ivoire,
etc . . .
Mais,
dans
tous
les cas,le paysan a accès a la terre
du fait même de son appartenance a un clan,
i l a droit a une
parcelle du terroir de celle-ci.
Dès lors,
le processus de prol~taTisation, c'est-à-dire
de s~paration du producteur de ses moyens de production est
impossible.
Mais comment reconstituer cette Afrique pr~coloniale ?
L'histoire nous oblige à nuancer la notion même de
"pr~coloniale", car, avant l'annexion et le partage de l'Afrique
par lessouverainet~s politiques et ~conomiques des M~tropoles
Europ~ennes, il y eut un type de relations commerciales très
importantes vers le monde arabe et musulman,
d'un type de
rapport original,
celui de commerce entre soci~t~s capitalistes
europ~ennes et clans ou chefferies africaines.
Mais,
à
"l'~chelle" où notre propos nous demande de
consid~rer les r~alit~s, nous devons et pouvons consid~rer
l'~volution africaine comme un continuum, une dynamique
unissant la situation socio-~conomique africaine avant tout
contact avec l'Europe et la situation coloniale.

- 107
En effet,
l'économie africaine,
avant d'être détruite
par le mode
de production capitaliste,
par la monétarisation,
la commercialisation des produits de traite et sa transforma-
tion graduelle en économie capitaliste,
désarticulée,
dominée
et dépendante à travers la colonisation,
avait connu des modes
très stucturés.
Mais,
avec le partage du continent accompli, à: la fin du
XIXe siècle,
le colonisateur multiplie ses moyens pour atteindre
son objectif qui est
la mise en valeur des pays colonisés au
profit de la Métropole Européenne.
La mise en application de cet objectif a entrai né la
destruction de l'organisation sociale traditionnelle,
le pillage
du continent et la soumission de la population.
Cela
traduit la course effreinée des pays industriali-
ses pour se partager le monde, engendrée par la grande 'crise
de 1875-1893.
Comme les autres pays industrialisés à la recherche de
matières pre~ières, la France participe au mouvement général du
passage a l'ère impérialiste.
A la base de la puissance des pays expansionnistes,
se
trouvent les mutations que la seconde révolution industrielle
a entraînées.

- 108 -
Le capitalisme accède a l'ère impérialiste,
car
caractérisée depuis l'analyse de Lénine par
(1)
-
la concentration de la production et du capital
créant des monopoles
-
la fusion du capital bancaire et du capital industriel
sous la forme de capital financier et la domination de ce dernier
sur la vie économique
;
-
la prédominance de l'exportation des capitaux sur
celle des marchandises,
ce flux se dirige de préférence vers
les pays où le taux de profit est plus élevé comme dans
les
pays coloniaux,
semi-coloniaux,
ou en voie de construction
comme la Russie
-
la recherche. acharnée et âpre de débouchés et de
matières premières pour les industries nationales,
aboutit au
partage économique du monde entre les métropoles
-
l'expansion et la domination coloniale pour couron-
ner le partage économique,;
tels sont les facteurs généraux qui ont,
a des degrés divers,
transformé
les rapports mercantiles que les pays européens
entretenaient avec les pays de l'Afrique de l'Ouest.
La société africaine ainsi déformée,
modelée au
service du centre,
n'est donc pas en' transition
(vers la
modernité),
elle est achevée comme société dépendante,
périphérique,
en ce sens bloquée
(2).
(1)
LENINE V.,
l'impérialisme,
stade suprême du capitalisme,
4e éd.
en langue étrangère,
Pékin,
1977,
p.
160.
(2)
SAMIR AMIN,
impérialisme et sous-développement en Afrique,
éd.
AnthRopoS
1971,
p.
63

- 189 -
L'économie de traite définit l'ensemble des rapports
de subordination et de domination des sociétés
traditionnelles
intégrées au système mondial.
D'une manière générale,
les sociétés nationales
africaines appartiennent individuellement et dans leur ensemble,
au système de relations formé par les pays capitalistes et,
a
l'intérieur de ce système,
elles occupent une situation de
dépendance.
Ce système de relations de dépendance,
en intéraction
avec les particularités de la matrice historico-sociale de
chacune des sociétés nationales,
constitue un des noyaux de
facteurs déterminant des tendances de base de leur existence
et de leur changement.
De la dépendance coloniale initiée depuis la période
coloniale à travers les cultures obligatoires imposées par
le
colonisateur,
nous débouchons sur une indépendance formelle,
qUl
se traduira par une tentative de reconversion de l'appareil
économique africain.
Cette reconversion est
liée à .l'accession aux
indépendances des pays africains
(entre 1958 et 1960)
sur la
base d'accords négociés, territoire par territoire.
La reconversion de l'économie n'est ~u'une forme
de recolonisation des pays,
mais sous une modalité plus
souple,
où le colonisateur devient l'arbitre et le colonisé,
le joueur.

- 110
Pourquoi? Tout simplement,
parce que les Etats
africains
indépendants ont hérité et maintenu la même vision
d'organisation,
devenue un dogme qui veut que,
le paysan
africain se consacre essentiellement aux activités économiques
agricoles pour les marchés du centre
(1).
Sur le plan économique,
les grandes sociétés européenne,
sont restées
sur place
après
les indépendances et ont conservé
en large partie,
la maîtrise
du commerce intérieur et extérieur
Le fait que tous
ces liens et toutes ceS habitudes
.al.~nt:·été maintenus, donnant
aux anciennes puissances coloniales,
les moyens d'influencer et même d'infléchir efficacement la vie
des pays,
devenus ~ourtant souverains,
traduit une forme de
";:12-.J-co:;'onialisme".
A partir de cette constatation,
les pays
africains
ont décidé d'entreprendre une tentative de reconversion de
l'appareil économique,
pour moderniser et développer la société
africaine,
jusque là,
dominée et
techniquement attardée.
Ce qui
implique de vastes réformes,qui devaient répondr
à des options claires et a des objectifs précis,
pour limiter 12
dépendance et intégrer les économies,
pour un développement plUE
harmonieux.
(1)
Cette forme d'organisation est issue de la division inter-
nationale du travail,
mise en place par le colonisateur,
qui
veut que l'Afrique se consacre uniquement à la production de
certains produits pour le marché mondial.

- 111 -
Dans ce travail,
notre but n'est pas de refai~e
i'histoire de l'Afrique,' mais d'essayer de comprendre,
comment la société traditionnelle précoloniale, dont les
rapports sociaux étaient basés sur la
production et l'auto-
consommation, dans laquelle les échànges n'avaient pas un
caractère marchand
(au sens économique du terme),
a ét8
destructurée,
puis dominée pendant la colonisation, comment
elle a intégré
l'économie coloniale, quels sont les résultats
de cette int~ration et quels sont les moyens que les pays
africains se donnent pour obtenir leur autonomie.
Autant de questions auxquelles nous essayerons de
répondre à travers notre étude.
Dans un premier chapitre,
nous étudierons la mise en
place de la dép,endance coloniale,
ses effets sur la formation
précoloniale jusqu'à la destruction de celle-ci et la mise en
place d'un nouveau système d'organisation qui s'est tr~duit par
l'extraversion dépendante des économies considérées.
Le deuxième chapitre se consacre à la période de la
décolonisation ou la période des indépendances formelles et ~
l'amorce de la reconversion de l'économie ouest africaine dans
le but d'une intégration future.
Chapitre
l
La mise en place de la dépendance
coloniale.
Chapitre II
L'indépendance formelle et l'amorce
de la reconversion des économies ouest africaines.

112
CHAPITRE
l
LA MISE EN PLACE DE LA DEPENDANCE COLONIALE
La mise en place de l'économie coloniale avait pour
objectif premier,
la mise en ,valeur des territoires assujettis
pour servir d'appoint aux économies des pays du centre.
Cet état, de Lait,s'inscrivait dans la logique
même de l'expansion européenne.
D'une manière plus générale,
l'emprise coloniale a
introduit l'espace économique ouest-africain
dans le système
moderne,
avec toutes les conséquences que cela
implique.
Ce qui signifie des techniques de production sollicitant
un outillage plus perfectionné,
une accumulation de capital plus
poussée, un système commercial plus complexe et un appareil
politico-administratif d'un tout autre genre que celui des
monarchies traditionnelles locales.
Il implique également
l'acquisition d'un savoir neuf et plus efficient.
Avant d'étudier la mise en place de la dépendance
coloniale,
il y a lieu de voir l'organisation économique
traditionnelle avant la colonisation, comment elle a été
destructurée,
dominée et intégrée à une nouvelle forme
d'organisation économique.
Ce qui nous conduit à analyser dans une première section:
L'autonomie économique et sociale pendant la période coloniàle
la
deuxième section
: La destruction de cette économie autonome
pendant la colonisation et son intégration dépendante dans
l'économie coloniale et les résultats.

- 113 -
Section l
-
L'autonomie économigue pendant la période
précoloniale -
L'Afrique précoloniale était autonome sur le plan de la
production, de la consommation,de la distribution et de l'échange.
L'activité agricole était et
reste un don naturel,
entreprise cérémoniale, un système ouvert,
en ce sens qu'elle
profite à tous ceux qui ont participé à son édification.
L'autonomie de cette agriculture précoloniale est
marquée par des techniques traditionnelles de mise en valeur de
la terre. Cette technique traditionnnelle s'allie à une organi-
sation sociale traditionnelle bien structurée,
autour d'un chef
de communauté ou de lignage,
responsable de la terre.
C'est à ce niveau d'organisation du système agraire
traditionnel, qu'il faut saisir les mécanismes qui caractérisent
la formation agraire précoloniale et l'autonomie du système
d'organisation.
Parmi les branches de la production sociale,
l'artisanat, la construction des cases,
n'occupaient qu'une
faible place dans le travail,
par rapport aux branches de la
production vivrière dans la communauté précolonial~ ainsi
organisée.
Mais, dans ce creuset social, de vastes relations
économiques se produisent entre les personnes,
les groupes et
les tribus;
parfois, sous forme de dons.
Il y avait aussi un
échange commercial important dans l'empire du Ghana
(VIIIe-
XIe s)
et un important commerce transaharien lié,
en partie,
à l'expansion de l'Islam.

- 114 -
Nous verrons dans cette section
A
les structures de production et les rapports sociaux
de production ;
B - l'économie d'échange précoloniale.
A -
Les structures de production et rapports sociaux
de production précoloniale
"Produire pour se suffire . . . , échanger pour être juste
et utile",
telles sont les devises des structures de production
et d'échange dans les sociétés africaines précoloniales.
a)
Les structures de production
Dans les sociétés précoloniales,
le travail était une
entreprise sociale, ~u sein de laquelle s'établissaient les
rapports de production,
hommes et fe mrres consti tuant une main-
d'oeuvre quasi gratuite.
Les tâches étaient réparties selon l'âge,
le sexe.
Les.secteurs d'activités,
les conditions géographiques,
la
qualification étaient autant de critères' de la division du travail,
laissés à la discrétion de la famille,
c'est-à-dire au groupe de
parenté chargé
de la formation professionnelle de l'individu.
Cette éduca tion producti ve,
nou s di t
P.
BESSAIGNET "
"commence dès le jeune âge du travailleur, les enfants des sociétés
traditionnelles imitant dans leurs jeux,
l'activité économique des
adultes . . . , se préparant aux rôles qui seront les leurs lorsqu'ils
auront
grandi (1).
(Cette pratique existe encore).
(1)
P.
BESSAIGNET, Principes de
l'ethnologie économique
Librairie de droit et d e '
.
]urlsprudence,
Paris 1966,
p.
47.

- 115 -
Cet apprentissage initie le sujet économique africain
a ses responsabilités presqu'à l'âge auquel son œmarade
européen passe son certificat d'études,
notamment à l'endurance.
des épreuves physiques de l'agriculture, de la chasse, de la
cueillette, compte tenu du caractère primitif de son outillage.
Mais,
l'originalité du système réside dans les rapports
de production.
b)
Les rapports sociaux de production
Dans son livre Critigue de l'économie politique,
MARX nou
dit
:
"Dans la production sociale de leur existence,
les hommes
entrent dans des rapports déterminés,
nécessaires,
indépendants
de leur volonté
; ces rapports de production correspondent à un
degré de développement donné de leurs forces productives matériel
les"
(1).
L'organisation sociale de base,de la société africaine
précoloniale est la communauté classique formée de ceux qui,
réunis par le sang, entreprennent ensemble .le travail.
Le système de propriété dans la société précoloniale est
collectif. En tant que support physique des forces productives
naturelles,
la terre constitue l'instrument fondamental et l'axe
du rapport de production
(2).
La base économique de la société précoloniale donna
naissance à une superstructure qui lui correspondait.
(1)
K.
MARX, Critigue de l'économie politigue, Marcel Giar(,
Paris 1928,
p.p.
4-5
(2) Michel GUTELMAN,
Structures et réforme agraire,
éd.
Maspero,
Paris 1974
1
.j

- 116 -
C'est ainsi qu'apparurent deux étapes suscessives
Le matriarcat et le patriarcat
(1).
La formation du matriarcat trouve son origine la plus
profonde dans le fait que les femmes occupaient une place très
importante dans la production,
alors que les hommes se consa~
craient à la chasse.
Mais, peu a peu,
avec l'élargissement du groupe,la
décomposition de
la famille,
l'augmentation des besoins,
la
raréfaction de certains produits par rapport à
d'autres,
les
rapports économiques,
les relations sociales changent de forme.
Il apparaît alors de nouveaux facies,
basée
sur la répartition
du travail, et non sur la division du travail
(2).
Cette nouvelle forme d'organisation repose sur trois
critères
1° un critère de répartition spontanée du travail
la distribution des fonctions,
des taches,
selon le sexe,
l'âge
et les dispositions personnelles
;
2° le critère de relations économiques entre les individ~
exclusion de toute subordination, d'exploitation,
c'est-à~dire
de confiscation du travail d'un homme au bénéfice d'un autre;
3° le critère de
la parenté
:
la vie en symbiose née de
.,-
rapports de production,
constitue
à son tour le système universeJ
de parenté qui entretient et renforce le cadre de la production.
(1) Hubert DESCHAMPS,
l'Afrique noire précoloniale, Que sais-je

241,
P.U.F.,
166 p.
(2) nous utilisons la notion de répartition du travail,
pour
éviter d'utiliser la notion de division du travail qui
implique la spécialisation,
la domination et la dépendance
d'un groupe par rapport à un autre.
Dans la société
précoloniale africaine,
la division était basée sur une
répartition égalitaire des fruits du travail.

- 117 -
A ce stade de la production,
les travailleurs africains
ne connaissent pas la spécialisation des métiers sous forme de
division sociale du travail.
La notion de répartition du travail en Afrique précolo-
niale est d'un type naturel, dictée par des considérations
psychologiques des membres de la communauté ou du clan.
Un
exemple, emprunté à RADCLIFFE BROWN, ce tableau
illustre l'organisatio~ systématique de la production dans les
sociétés primitives
(1)
Hommes
Femmes
Chasse
ramassage des fruits
Pêche
Cuisine domestique
Fabrication. des armes
Soins aux enfants
Fabrication des canots
Confectidin des paniers
etc ...
etc ...
(cas des Andemans de la Côte birmane)
Par similitude, on peut démontrer que dans les
sociétés africaines précoloniales,
l'organisation sociale du
travail repose sur un système de distribution des taches selon
les critères d'âge, de sexe,
la répartition géographique des
ressources,
la nature de l'habitat.
(l)SOURCE
: RADCLIFFE BROWN,
the Andanan Islanders, Free Press,
USA,
1948, p.
43

- 118 -
Mais,
si dans la division sOèiale,du travail capitaliste,
1
la distribution des opérations productives .a pour complément
nécessaire l'échange,
i l n'en est pas de même dans la division
sexuelle du travail qui régit les rapports de production dans les
sociétés africaines précoloniales.
A ce propos,
P.
BESSAIGNET é c r i t :
"Le complément
inévitable de la division naturelle du travail,
est non pas
l'échange,
mais le don . . . "
(1).
Toutefois,
le maintien de ce' don dans le
temps et sa
généralisation dans l'espace,
ont rendu la production et le
système qui l'a soutenue
indissociable d'une certaine forme de
distribution et de consommation.
L'autosuffisance était la,
règle dans la société pré coloniale.
c)
Le système agraire
précolonial et les po~sibilités
d'autosuffisance alimentaire
Dans le système agraire précolonial,
basé sur
l'autosubsistance,
l'autosuffisance alimentaire était fonction
des possibilités de la force de travail,donc de la main-d'oeuvre
disponible,
des terres et de l'organisation politico-soçiale de
la cOmTlllnauté.
Cette formation agraire précoloniale
apprécie tous les
produits de l'agriculture vivrière.
Mais,
entre les cultures
vivrières,
s'établit une hiérarchie,
qui place au premier plan
tel produit, en fonction des régions et des lignages.
(1)
Pierre BESSAIGNET
op. cit.
P.
52

- 119 -
La société
précoloniale ainsi constituée produisait et
travaillait sans contrainte extérieure. Elle vivait,
presque
uniquement,
sur sa propre production et savait s'approprier des
éléments nécessaires pour les besoins de la communauté.
Les modes de vie ne sont pas
uniquement déterminés par
les conditions naturelles,
mais aussi par les rapports sociaux de
production qui caractérisent la société.
La société ainsi caractérisée vivait d'une façon autar_
ciq~e~
heureuse, mangeait convenablement grâce aux produits des
champs très variés, comme
le témoignent les dires d'un chef
cou.tumier dela
région Akan
:
1/ avant
l' arri véè des blancs,
la
pénurie alimentaire n'existait pas,
toutes ~s terres ét~ent
occupées par les produits vivriers,
et l'abondance reflétait
notre- société ainsi organisée~ (1).
Les sociétés précoloniales ne connaissaient pas les
contraintes d'une agriculture d'importation,
tournée vers
l'extérieur.
Tous les
effforts étaient concentrés dans la production
des cultures vivrières,
seule
source de la reproduction, de la
force de travail, de l'organisation sociale des rapports sociaux.
(1)
M.
AMON, chef coutumier de la région Akan,
témoignage
recueilli dans un village Attié.

- 120 -
L'autosuffisance alimentaire était ainsi conditionnéé
par la polygamie.
La polygamie élargit les bases de la cellule
familiale et fait d'elle un microscome social,
noyau éventuel
d'un futur lignage.
Le taux de polyga·mie reflète ainsi la hiérarchie sociale
d'un groupe et consti tue une force de tr'avail disponible po ur
CI
le chef de lignage, qui aboutit à une production ah9hdante,
d'où autosuffisance alimentaire
(1).
B -
L'économie d'échange précoloniale
Le mécanisme de circulation des produits et des biens
alimentaires les plus appréciés,
transparait à travers les
rapports de production.
Dans le cas traditionnel
lignager,la circulation des
biens alimentaires reflète l'enchevêtrement qu'implique
la
répartition des tâches agricoles.
Dans les sociétés primitives,
écrit LEVI-STRAUSS,
"les institutions sont différenciées.
Parenté et rapport de
production se trouvent entremêlés de telle que la premiêre
détermine la forme concrète de la seconde.
Les rapports de
production s'étendent à des rapports de parenté et déterminent
les rapports de distribution et d'échanges"
(2).
(1)
voir G.
ACHIEPO,
la commercialisation des grands produits
d'exportation,
thèse 3e cycle 1981,
pp.
177-179
(2)
Claude LEVI-STRAUSS,
les structures de la .parenté,
Paris PUF,
1949, thèse,
1948.

-121 -
L'auteur de ce passage montre l'interdépendance de la
structure sociale des systèmes de production, de distribution
et d'échange dans les économies primaires.
Le but de toute
production étant la consommation,
il ressort que la structure,
les rapports entre parents déterminent le
niveau de consommation.
Nous avons étudié jusqu'à présent l'économie précolo-
niale des~ pays de l'Afrique de l'Ouest, sous l'aspect communau-
taire,
basé sur les structures de production,de rapports sociaux,
de production et d'auto-subsistance.
Entre les communautés lignagères,
aucun échange de type
marchand n'a lieu. Chacune se suffit matériellement à elle-même
et lorsque, d'un lignage à un autre, on fait appel à la technique
d'un spécialiste, les relations économiques suivent le tracé des
rapports de parenté ou d'alliance.
Les mécanismes de redistribution au sein des communautés
lignagères,
les transferts matrimoniaux entre elles et les
prestations sont des canaux institutionnalisés et suffisants par
lesquels circulent les produits.
L'homogénéité relative du milieu écologique n'incite pas
non plus à des relations d'échanges,
fondées sur une quelconque
complémentarité entre villages ou même entre tribus.
D'une façon générale,
aucune tribu ne détient le monopole
d'un produit essentiel à l'économie de subsistance .
. . 1'
~_~
~
..

- 122 -
En cas de mauvàise r~colte, des trans ferts
de vivres
ont lieu vers les zones de
disette,
sans contrepartie, dans un
esprit de solidarit~ et de façon tout à fait occasionnelle.
L'~change n'~tait pourtant pas ~tranger à l'~conomie
pr~coloniale africaine.
Les populations locales utilisaient traditionnellement
de nombreux produits d'importatLon
: fer,
fusils,
poudre,
b~tail, etc ... (1). L'incitation au commerce dans une soci~t~
comme celle de l'Afrique noire
pr~oloniale, qui n'y est pr~~
dispos~e, ni par les structures sociales, ni par les conditions
du milieu naturel, ne pouvait proc~der que d'une sollicitation
ext~rieureet de
caract~re historique (2).
Jusqu'à l'ouverture de la traite Europ~enne, tous les
~changes africains ~taient ax~s sur la bordure sud du Sahara
et vers le Sahel. Cette r~gion, qui fut l'avant-poste commercial
de l'~conomie m~dit~rranéenne en Afrique,
puisait dans la zone
tropicale et foresti~re, l'or, l'ivoire et les esclaves qui
alimentaient les courants d'~changes du Sud vers le Nord (3).
(1)
Claude MEILLASSOUX , Antropolngie ~conomiguedesGourQsde C.r.
~d; Mouton, 1964, p. 263
(2) Claude MEILLASSOUX,
op cit,
p.
264
(3)
E.W.
BOUILL,
The GoldentTrade of the Moors,
Oxford Universit~
Press,
1958,
R.
Manny,
tableau g~ographique de l'Ouest
africain au moyen âge,
M~moire de l'IFAN, n° 61, Dakar, 1961
M.
LOMBARD,
l'or musulman du VII au XIe si~cle, Annales,
2e ann~e, n° 2,
avril,
juin 1947, pp.
143-160

- 123 ~
Le commerce principal, qui faisait parcourir aux produits
ci-dessus,
toute une chaîne d'échanges,
depuis les Tropiques
jusqu'à la Méditerranée,
s'accompagnalé d'échanges induits
portant sur
des produits qui n'intéressaient
que des zones
mitoyennes.
A l'occasion de la prospection de l'Afrique tropicale
au profit du commerce musulman,
les populations soudanaises
entreprirent avec les régions forestières,
et pour alimenter
leur marché intérieur, un commerce second, dérivé du premier,
dont l'un des principaux articles d'importation fut la cola.
Avec le temps,
les échanges prennent une autre forme
due à la notion de rareté.
Mais,
la notion de rareté, d'équi-
valence,
de réciprocité,
eB~ liée
à l'idée de valeur, celle
d'échange,
du concept de commerce,
entendu comme "la relation
dans laquelle un sujet économique obtient d'un autre, des biens
ou des services, en contrepartie d'autres biens et services qu'il
lui avait fournis"
(1). Cette contrepartie fournie sans
intermédiaire prend le nom de troc.
D'une société vivant en autarcie,
dont les échanges
se faisaient àl'intériéur de la tribu,
nous assistons petit a
petit,
à un élargissement des échanges avec d'autres communautés,
du fait de la rareté et des besoins nouveaux qui apparaissaient.
Mais, une chose est certaine,
nous pouvons parler de troc
et même de commerce à partir du VIII-XIe siècle
pour la partie
ouest de l'Afrique.
(1) Jacques MAQUET,
Pouvoir et société en Afrique,
Hachette,
1970, p.
234

- 124 -
Par contre,
pour l'Afrique Centrale,
ces échanges se
sont intensifiés surtout sur les côtes,
à partir de la 2ème
moitié du XVIe sièdé_,
selon les sources tirées de Jean
VANS INA
(1).
Mais,
là aussi,
la pénétration coloniale bouleversa
l'évolution lente,
mais sûre et naturelle du système des
échanges. Ce qui se traduisait par une ouverture de la commu-
nauté Vers
extériéur
~'abord, entre les communautés voisines
et puis en dehors des frontières.
Avec l'introduction
de la monnaie dans les échanges,
nous assistons à un début de transformation de la société
traditionnelle précoloniale.
Amir SAMIN,
dans son l i vre::
Le développement inégal,
étudie l'interaction entre le commerCe lointain et la désagr$-
gation des rapports précapitalistes,
en comparant l'évolution
européenne à celle des autres formations
précopitalistes.
Il
ci te le monde arabe,
qui consti tu€,'
l'exemple d'une formation
caractérisée par l'importance exceptionnelle qu'y occupe le
commerce à longue distance et qui n'a pas engendré un capita~_
lisme autochtone.
Ensuite,
il met l'accent sur leurs formations sociales
précoloniales,
pour conclure à une non homogénéité des pays
arabes
(2).
(1) Jean VANSINA,
,Les anciens Royaumes de la savane,
IRES,
Kinshasa,
1965
(2)
SAMIR AMIN,
Le développement inégal,
éd. de minuit,
1973,
pp.
29,
30.

- 125 -
L'Afrique noire, dit AMIN "démontre aussi que le
commerce lointain n'engendre pas de lui-même le capitalisme.
Ici,
la période prémercantiliste,
écrit AMIN SAMIR,
s'étend
des origines du
XVII siècle.
Au cours de cette longue
histoire, des rapports se nouent entre l'Afrique noire et le
reste de l'ancien monde,
particulièrement de part
et d'autre
du Sahara, entre la savane et la Méditérranée.
Des~'formations
sociales apparaissent'qu'on ne peut pas comprendre, sans les
situer dans la
constellation
de toutes les formations sociales
en rapport les uns avec les autres.
A cette époque,
écrit AMIN
l'Afrique dans son ensemble n'apparaît pas comme inférieure,
plus
faible que le reste de l'ancien monde.
Les inégalités de dévelop-
pement à l'intérieur de l'Afrique répondent aux inégalités
de développement du Nord du Sahara, de part et d'autre de la
Méditèrranné"
(1).
La formation
sociale
africaine
de l'Époque pré mer-
,
cantiliste, explique SAM IR AMIN,
sont autonomes, bien que leur
développement soit en relation parallèle avec celui des
formations du monde méditerranéen,
oriental et européen (2).
On peut estimer,
cependant, que le grand commerce
africain
prémercantiliste,
brillant pour certaines régions,
mais s'articulant sur les formations communautaires
ou
tr ibu ta ires rel ati vemen t
pauvres,
n'aurait pu
générer de
lui-même le mode de production capitaliste.
(1)
SAMIR AMIN,
op. cit, p.
39
(2)
SAMIR AMIN,
op. cit,
p.
41

.;. 126 -
Pendant des siècles,
comme le dit AMIN,
" les formations
sociales de la Méditerranée et ccl les de l'Afrique tropicale
seront ainsi solidaires~d~: déplacement progressif des routes de
l'Ouest vers l'Est trouvera-un rèflet dans le déplacement paral-
lèle de la civilisation _:et des Etats puissants tant en Afrique
du Nord, que dans la savane ouest africaine" (1).
Le commerce étai t
entreprh( dans la perspective
d'acquérir la vraie richesse
(l'or,
l'ivoire, etc ... ).
Mais,
avec le temps,
toute cette forme d'organisation
sociale traditionnelle
précoloniale, déjà atteinte par le
commerce,
sera détruite avec l'entrée en scène des Européens,
en quête
de débouchés pour leurs produits et de matières
premières pour leurs industries.
La pénétration sera brutale,
avec obligation de cultiver
certains produits
(comme le café,
le cacao,
l'arachide,
le
coton,
etc ... ), dans le seul but d'alimenter le système produc-
tif de la métropole.
L'obligation de cultiver le café,
le cacao,
l'arachide etc . . . va s'opérer sous la contrainte
(impôts
obligatoires,
libéralisation des terres au profit dèS cultures
de traite,
travaux forcés,
etc ... ).
Toutes ces formes de- soumissions contribuent a la trans-
formation,
à la destruction,
à l'affaiblissement des structures
sociales traditionnnelles et l'intégration de la société pré-
coloniale à l'économie coloniale.
(1)
SAMIR AMIN op. cit,
p.
42

- 127 -
Section II -
Intégration économique coloniale et
destruction des structures précoloniales _
Lorsque la conquête coloniale avait donné à la France ,
l'Afrique occidentale et l'Afrique équatoriale,
il s'agissait
d'une prise de gage dans la compétition impérialiste pour le
partage du territoire mondial,
plus que d'une entreprise dictée
par un souci de mise en valeur rationnelle immédiate.
Les économies ~es métropoles industrielles développaient
déjà,
au XIXe siècle,
des mécanismes
et des activités dont la
complexité et l'ampleur restent sans commune mesure avec ce que
l'on connaissait sur les côtes africaines de l'époque.
Le commerce saharien etle négoce atlantique n'avaient su_
que très peu dégeler l'économie autarcique et villageoise locale.
Les activités agro-pastorales,
celles de productions artisanales
ou d'échanges, demeuraient en marge du progrès technique. Elles
restaient sans défense.
la facilité du détournement d'activités
que l'économie
impérialiste impose à l'Afrique de l'Ouest par l~ biais de la
colonisation, s'explique en grande partie, par ce contexte.
L'intégration de l'Afrique à l'économie coloniale,
contribue au bouleversement des structures traditionnelles, dont
l'objectif premier é t a i t :
"produire pour se suffire . . . échanger
pour être juste et utile".
La période de colonisation laisse dans cette perspective,
surgir, dans certaines zones, des embryons d!économie moderne
d'échange.

- 128 -
La crise économique des années 1929-1931, avait donné
la première
impulsion au repli impérial,
aux tentatives faites
pour dégager dans les
terri toires poli tiquement . dépe,ndants de
l'impérialisme français,
des compensations à la perte des
anciennes zones
d'influence
( 1) •
La seconde guerre mondiale et puis,
la perte des positionE
coloniales
fran.çaises en Asie,
allaient tout naturellement
donner à cette tendance,
une
impulsion nouvelle en direction
du domaine colonial afrLcain.
La mise en place du système colonial va avoir des ,
conséquences sur les
structures précoloniales
: décomposition
des structures sociales traditionnelles,
travail obligatoire et
mise en place de cultures obligatoires,
etc ...
Dans cette section,
nous étudierons suscessivement
A -
La culture coloniale et destruction des structures
précoloniales
B -
L"'intégration et la mise en valeur extravertie de
l'économie coloniale
a)
La mise en valeur extravertie
b)
L'extraversion et l'intégration dépendante
(1) Jean-SURET-CANALE,
Afrique noire,
III,
pp.
359-369

- 129 -
A - Culture coloniale et destruction des structures
précoloniales
Tout système de colonisation implique une dépendance,
a la fois politique,
économique et culturelle.
Quelle que soit la liberté que le colonisateur a par
la suite reconnue aux dirigeants des sociétés dominées
(chefs
de tribus,
etc . . . ), quel que soit le respect qu'il a semblé
accorder aux cultures locales,
la situation- coloniale a été
rapidement, ressentie comme
une domination
(1).
Nous nous attacherons à analyser ce premier ensemble de
facteurs,
dont les
effets
se sont fai ts sentir depuis le début
de la période coloniale et qui continuent àA;x~rcer
leur influence
à
l'heure actuelle.
La cul ture coloniale participe à la démoli lio n des
structures traditionnelles,
de selection sgciale,
en redistrj
buant les râles sociaux
(les compétences,
les fonctions,
et les
hiérarchies),
en déclassant et en reclassant.
La famille,
le rang social,
l'héridité,
ne décident
plus. exclusivement de-s destins sociaux des individus. Ceux-ci
il est vrai,
s'établissent à partir des positions anciennement
acquises, de l'héritage traditionnel.
L'accès à la culture coloniale sert de régulateur aux
dynamiques internes
des classes.
PailZ- le biais de la cul ture
coloniale,
les p~s de l'Afrique de l'Ouest vont intégrer une
nouvelle forme de
vie,
ce qui
va se traduire par la transfor-
mation de la société traditionnelle et la mise en place d'une
nouvelle classe dirigeante, prise parmi les chefs de tribu,
dont
l'attitude
fondamentale vise à défendre l'ordre colonial.
(1) }acques LO~~ARD, Autorités traditionnelles et pouvoirs
Européens en Afrique noire,
A. Colin, 1967

- 130 -
Dans la formation sociale périphérique dominée,
la
culture coloniale se pose en matrice où se forgent les élites
nationales,
particulièrement le personnel politique et techno-
bureaucratique. Celui-ci reste confiné dans les fonctions de
reproduction du modèle de société dite moderne,
mais d'essence
extravertie, et dans la gestion du maintien des intérêts de la
métropole.
La culture coloniale étant par nature,
une culture de
répétition, elle
fournit et impose les modèles dominants
des pays dominants
(modèles de consommation, culturels,
idéo-
logiques,
économiques,
etc . . . ,
Sans étendre dans le concept de
modernité).
Elle participe à la destruction généralisée du
pays dominé
et à la
reproduction de la société coloniale et
au développenent du sous-développement culturel.
Le rôle économique néfaste de la culture coloniale
n'est pas souvent dégagé (1) .
Par la culture coloniale,
les besoins et les habitudes
de consommation des sociétés traditionnelles
~nt suscités,
modelés et entretenus.
En d'autres termes,
elle est au service
de la rentabilité commerciale qui régit le système d'intégration
du marché capitaliste mondial et qui se traduit par un certain
nombre de faits
: elle détruit la structure organisationnelle
des sociétés traditionnelles, détruit les habitudes alimentaires
et le mode de répartition des biens,
remodèle leur sensibilité
(1) Ce sont surtout ses aspects psycho-culturels qui sont dévelop-
pés, notamment par FANON, dans ses différents ouvrages: Peaux
noires,
masques blancs,
Les damnés de la terre.
FANON sonde
surtout l'inconscient pathologique du colonisé.

- 131 -
économique,
crée des besoins artificiels,
impose un mode de
production pour répondre aux exigences du marché capitaliste.
a)
L'oppression culturelle
L'oeuvre coloniale en matière de culture proprement dite
fut essentiellement négative.
Comme le dit Jean SURET-CANALE:
~'la négation, et si possible la destruction des valeurs et des
institutions culturelles héritées de la période précoloniale,
consti tuen t
l'essentie-l de cet te oeuvre"
(1).
A propos ,de l'oppression cul turelle,
Jean SURET-CANALE
écr i t
:
"On
_ne s'intéresse donc à la cul ture
(folklore,
archéo-
logie,
art nègre), que pac'curiosi té pour l'étrange et le
bizarre,
quelques administrateurs se firent ainsi folkloristes
ou archéologues amateurs,
ou encore pour l'utilisation qu'on
peut en faire en matière de politique étrangère"
(2).
C'est dans cet esprit que le gouverneur général CLOZEL
crée en 1915, un comité d'étude historique et scientifique de
l'A.O.F.,
dont le_bulletin accueille les études des militaires
ou administrateurs s'intéressant aux problèmes ethnographiques,
historiques,
ou de sciences naturelles.
Il faudrait
attendre 1938 pour que soit créé à Dakar,
l'institut français d'Afrique noire,
conçu d'ailleurs comme une
base de
travail pour les chercheurs français africanistes,
non
comme un centre de formation
de chercheurs africains.
(1)
Jean SURET-CANALE,
Afrique noire,
l'ère coloniale,
1900-1945,
éd.
sociales,
1962,p.
459
(2)
cf. CANALE, op. cit,
page 460

- 132 -
Quant aux institutions,
ou bien on les ignore,
ou bien
on cherche à l~s utiliser comme instrument politique, ou bien
dans la mesure où elles se révèlent rebelles ou inaptes,
on les
détruit.
En termes clairs,
tout ce qui était contraire aux
objectifs des colonisateurs, était. détruit.
Il en fut ainsi de ce que l'Afrique avait assimilé de
culture arabe. Cette culture n ,était pas moderne,
à la limite,
elle;se
bornait à l'apprentissage des caractères arabes et à la
récitation
mécanique du Coran,
écrit SURET-CANALE (li.
Cet apport de la culture arabe fut i~noré ou jugé
dangereux.
L'ensemble du personnel administratif n'avait pas
la moindre connaissance en la
matière.
Au cours de la conquête,
certains manuscrits furent détruits, d'autres se perdirent dans
les collections privées de curiosités exotiques des officiers ou
administrateurs
le reste fut expédié en France où il repose
dans la poussière des réserves,
écrit SURET-CANALE (2).
Après la création par ROUME,
en 1906, d'un service des
affaires musulmanes,
i l y eut quelques essais pour encadrer et
contrôler l'enseignement arabe traditionnel.
(1) cf.
SURET-CANALE, op. cit,
page 461
(2)
Jean SURET-CANALE, op. cit page 461

- 133 -
Le premier inspecteur de l'enseignement de l'AOF,
Georges HARDY,
reconnaît que ces établissements ne donnent
rien qui ressemble à un enseignement supérieur. Il déclare
"ce sont des. institutions de caractère politique, fort utiles,
mais sans prétentions scientifiques"
(1),
"leur rôle est de:
former des interprètes,
juges secrétaires des tribunaux
musulmans,
voici le rôle des écoles Franco-Arabes"
(2).
La colonisat~on appelait ces écoles, des écoles de
sorciers. Le travail forcé avait rendu impossibles la fréquen-
tation
et les stages dans les écoles.
La destruction du système d'enseignement dans la
structure sociale africaine,
et la mise en place d'un nouveau
système, basé sur la mise en valeur des colonies, furent
effectuées dans un but purement commercial.
A cela s'ajoute une prépondérance étrangère dans
l ' acti vi té économique, qui détourne
·les paysans de leurs
activités premières.
b)
Prépondérance étrangère et détournement d'activités
La
fin de l'esclav~e et le développement industriel
qui s'opère en Europe au XIXe siècle,
coïncident avec un nouvel
élargissement des marchés métropolitains.
(1)
Georges HARDY,
Une conquête morale,
l'enseignement en AOF,
Paris,
A. Colin, 1917, p.
40
(2) J. CARDE,
La réorganisation de l'enseignement en AOF,
R.I.
n° 185-186,
mai-juin 1924,
pp.
111-129.

- 134 -
L'urbanisation accentue en Éurope,
le degré de
complexité des économies,
en même temps que les niveaux de
vie s'élèvent.
Une consommation de masse s'amorce en
direction des produits d'outre-mer qui fournissent des
matières premiè<es.,à l'industrie textile et chimique en
particulier.
L'Afrique occidentale commence à
-alimenter une
demande croissante de produits exotiques tels que le
café,
le
cacao,
le coton,la banane,
l'arachide, qui cessent d'être des
produits de luxe de consommation limitée.
La prise en charge par l'administration et les
compagnies européennes de la direction de l'économie ouest
africaine facilite la mutation.
Un cadre législatif adéquat
est mis sur pied qui
installe une infractructure.
Il mue
en partie,
les
entreprises familiales
, jusq~~là préoccupées à produire
pour se satisfaire
au maximun,
en entreprises familiales,
de .
production
et d'échange.
Des régions tout entières sont sommairement spécialisées
dans des sect9urs donnés de production. Cette spécialisation
s'opère par rapport aux disponibilités,
en facteurs de
ressources, de l'ensemble de l'espace des pays colonisés.
Les producteurs polyvalents de la savane soudanaise ,
ivoirienne ou sénégalaise qui pratiquaieftt des cultures
céréalières de mil,
de riz, de haricots, de manioc,
pour la
consommati~n familiale, vont être
introduits dans des circuits
d'échange situés sur une échelle plus large.

- 135 -
Ils réduisent largement leur éventail d'activités et
portent leurs efforts sur un ou deux produits dont ils placent
la t~talité ou le surplus non consommé sur le marché extérieur.
Le monoculteur d'arachide,
le planteur de bananes, de
manioc, quittent ainsi le cercle économique traditionnel oG
ils évoluaient.
L'échange interrégional,
intertribaL, qui portai t~.
traditionnellement svr de faibles
transactions de sel, de
poissons séchés, de viandes boucanées,
de produits de
l'industrie artisanale locale -(textiles ustensiles,
etc ... ),
de cola,
sur le troc encore plus restreint de produits vivriers
autochtones, recule.
Par contre,
l'échange entre les entreprises familiales
de production et les producteurs européens se développe.
Le producteur africain
tend à se spécialiser et sa
dépendance à l'égard de l'extérieur,
s'accentue.
Le secteur autochtone de l'économie
ouest africain se
caractérise à ce stade,
par la coexistence d'une entreprise
familiale traditionnelle de production qui continue de
satisfaire, plusou moin~
bien,
l'essentiel -4es
besoins
d'une entreprise familiale moderniste plus tournée vers
l'extérieur; cette dernière,
généralement plus marquée par
l'acculturation technique,
révèle également une dépendance
plus accentuée par rapport à l'espace colonial et le reste du
,
• 1
monde; d'une entreprise moderne de type europeen, qUl repose
sur l'utilisation d'un capital important.
J,

· - 136 -
Elle opére normalement dans une économie d'échange
monétaire~t articule' ses activi tés sur l'utilisation de
techniques
de production, d'échanges et de services
relativement avancées.
-
Les réactions africaines
Le conflit entre les structures mentales,
les données
sociales et l'économie occidentale provoqua, un peu part~ut~
l'éclosion de ce que RANGER appelle les " pr imary resistance
movements"
(1),
c'est-à-dire, des révoltes
:qui traduisaient
une réaction brutale,de désespoir, de refus,
au nom d'0n
impossible retour à l'authenticité africaine traditionnelle.
Les réactions furent
très vite stopées par le colonisateur.
-
Les bouleversements du mode de vie
:
Ces mouvements exprimaient aussi la réponse des peuples
africains à une domination de plus en plus coercitive.
Les exigences coloniales s'exprimèrent d'abord dans
les pays à fort colonat blanc,
par l'expropriation des terres.
Elles s'incarnèrent surtout dans les impôts considérés par les
puissances coloniales comme le moteur du développement écono
mique,
puisqu'il devait permettre à la fois de remplir les
caisses de la colonie et, surtout, d'obliger la
population a
se mettre au travail pour gagner de l'argent et s'acquitter de
leur impôt
(2).
(1) T.O. RANGER,
Connexions between primary resistance movements
and modern mass nationalism,
in East and Central Africa,
Journal of African History,
IX, n°
3, pp.
437-453
IX
(4),
pp.
631-641
(2) C. COQUERY VIDROVITCH,
Le Congo au temps des grandes
compagnies concessionnaires,
1898-1930,
Paris La Haye,
596 p.
,
1972.

- 137 -
Tous les effets de l'impôt ne furent pas strictement
négatifs, d'après le colonisateur: il suscita la création de
nouveaux marchés et le progrès de l'économie monétaire
il
contribua fortement à généraliser le salariat.
Comme le voulaient ses promoteurs,
il accélerera
effectivement la pénétration de l'économie occidentale.
Mais,
jusqu'en 1930, au moins,
il le fit sous une
forme particulièrement brutale.
Par ce biais, ou sous la forme
des.~cultures obligatqires et des prestations consacrées à titre
gratuit aux travaux d'intérêt public,
le travail forcé,
même
dans les cas où il était officiellement condamné,
reste
pratiqué jusqu'à la seconde guerre mondiale.
L'expropriation,
l'impôt,
le travail forcé et les
cultures obligatoires,
furent les chevilles ouvrières de
l'économie d'exportation qui s'épanouit au XXe siècle.
Dans une société déséquilibrée,
aux structures
traditionnelles négligées par le pouvoir colonial, ces exigences
contribuèrent à faire délaisser les cultures vivrières qui,
entièreme.nt abandonnées,
n'avaient reçu aucune amélioration
technique.
La période 1920-1930, fut,
en effet, une phase coloniale
dure,
parce qu'elle correspondait à l'accession accélérée des
pays africains au système impérialiste mondial,
tandis que rien
ou presque
n'était encore prévu sur le plan social
(santé,
éducation, etc ... ),
pou~ protéger les population du contre-
coup de l'intensification de l'exploitation.

- 138 -
Le r~sultat ~tait.i nt~gration des pays de l'Afrique
de l'Ouest dans l'~conomie europ~enne, par le biais de la
colonisation et la mise en valeur coloniale de l'~conomie o~st
africaine.
B -
Int~gration et mise en valeur extravertie de
l'~conomie coloniale -
Le partage dé l'Afrique,
accompli
a la fin du XIXe
siècle, donne aux colonisateurs des moyens d~cupl~s pour
atteindre l'objectif du capital central.
Cet objectif,
~crit AMIN:
"obtenir des produits
d'exportation bon march~. Pour cela,
le capital central,
d~sormais parvenu au stade de monopoles, peut directement
organiser la production sur place et y exploiter à la fois,
les ressources naturelles,
et le travail à bon march~. D'autre
part,
la domination politique directe et brutale lui permet de
limiter
les faux frais de l'entretien de classes
sociales,
courroies de transmission et de disposer de moyens politiques
de coercition direct"
(1).
En Afrique de .l'Ouest,
il n'y avait pas de richesses
minières importantes connues pour attirer le capital ~tranger
jusqu'à une date très r~cente, explique SAMIR AMIN,
pas
9èvdntage
de colonisation de peupl~.ent (2).
(1)
Samir AMIN,
Sous-d~veloppement
en Afrique noire, dans revue
du tiers monde,
T XIII,
n° 2,
oct-d~c. 1972, pp. 735-768
(2)
Samir AMIN,
op. cit,
p.
771.

- 139 -
Mais,
en revanche,
la tr~ite négrière,
très active
sur cette c6te,
avait engendré' et développé
des structures
sociales très complexes que nous aW:~_ étudiées plus haut.
Il était donc possible pour le colonisaœ.ur, de façonner
une structure,
permettant d'intégrer les pays colonisés dans un
modèle bien précis,
pov r faciliter l'approvisionnement
des
industries de la métropole en matières premières.
-
La mise en valeur de l'ébonomie africaine coloniale
~. centre
nerveux de la politique coloniale est
l'intensification de la production et enrichissement colonial.
Le premier objectif répond parfaitement à la définition de la
mise en valeur dans son sens le plus étroit.
L'intensification de la production souhaitée se' veut
rationnelle.
Elle suppose premièrement un aménagement de la
production agricole,
forestière et minière qui,
pour s'effectuer
dans les meilleurs conditions d'efficacité, doit s'allier aux
découvertes les plus modernes de la recherche scientifique, et
deuxième
, un équipement accru, des voies d'évacuation vers
les
côtes pour abaisser les prix de revient des produits à
l'exportation.
Cet outillage économique devient même dans les
préoccupations,
le secteur prioritaire.
Intensification et rationalisation supposent un certain
nombre d'interdits.
Plus question de laisser se développer de
manière anarchique la production.

- 140 -
Cette idée maîtresse de
rationalisation et de mise en
valeur,
aboutit à la spécialisation des régions africaines.
Déjà en 1920,
Albert SARRAUT s'était élevé contre la
"colonisation en jardinets" et la dispersion des efforts
en une
infinité d'expériences et d'essais.""Nos colonies, disait-il,
doivent être des centres de production,
non plus des musées
d'échantillons"
(1).
Le gouvernement de Vichy, en 1941, dans une note inti-
tulée "Fondements d'une économie impériale", déclare:
"Là,
comme à la métropole,
les intérêts particuliers ~ ieront devant
l 1 in térê t de tQl s"
( 2).
Et la France libre dénonce le
désordre d'avant guerre,
les initiatives privées,
les concessions accordées,
la main-
d'oeuvre recrutée,
les capitaux investis,
tout cela sans
méthode
"Nm s ne concevons p·lus la mise en valeur des colonies,
en fonction de certains intérêts particuliers, général~.ent
extra-afriC3ins.
Nous envisageons,
au contraire une économie
d'intérêt général, une exploitation des richesses naturelles
qui laisse aux africains la part à laquelle ils peuvent
prétendre"
(3).
(1)
A.
SARRAUT,
La. mise en valeur des colonies françaises,
Paris,
1923, p.
339
(2)
S.o.M AFF.
Econo.C.
64 bis, d.
6
(3)
Les grandes_ lignes__de la poJi tiaue économique,
Étude pour
la Conférence de Brazzaville,
SOM econ. C. 101 d.
25

- 142 -
Plus précisément,
le goovernement de Vichy énonce
:
"la mise en'valeur des colonies doit être conçue en fonction de
la meilleure utilisation de leurs ressources naturelles,
et non
pas du désir de produire à toute force. et à tout prix,
pour
satisfaire directement à des besoins indigènes ou métropolitains"
(1).
La France libre ajoute:
"la vieille idée de la divison~
internationale du travail ne doit pas être oubliée dans la mise
en valeur de notre domaine,
nous devons nous inspirer pour
répartir les tâches suivant les aptitudes de chaque terri~
toire"
(2).
"Le but de la mise en valeur,
l'objectif final par tous
les gouvernements, c'est bien l'enrichissement
des
colonies et des populations
et le développement d'une économiE
interne.
Le choix de l'économie interne, c'est la condamnation
\\
d'une exploitation de type exclusivement commercial
quand la
réputation d'un chef de colonie se fondait
sur la courbe des
tonnages d'exportation"
(3)
(1)
Note de la DGEN, mars 1944,
SOM AFF.
écon. C.
51 d.
l
, 2) .Les_ grand~s ·lignes_ de J a poli tique économie, étude po ur
la Oonfé~ence de Brazzaville, SOM AFF. écon. C. 101, d. 5
(3)
SOM AFF.
Econ. C.
65 d.
7

- 143 -
Le directeur économique du ministère des colonies,
en
1936 affirme :
"Chacune de nos possessions possède son ordre
écono-
mique naturel, dont il peut
être périlleux de l'arracher pour
l'intégrer dans un système artificiel"
(1),
et Gaston JOSEPH,
directeur
politique,
"l'activité interne d'un pays vaut
davantage
pour sa prospérité réelle que le développement de
son commerce extérieur"
(2).
Tous les régimes sont conscients
que le commerce
extérieur n'est qu'un élément de la vie coloniale, qu'à côté
i l y a aussi l'artisanat
la petite industrie,le petit
r
commerce local alimentant des courants internes qui ont vivifié
l'Afrique durant des siècles.
La politique économique coloniale répond à une double
motivation
intensifier la production et les échanges a
l'intérieur de l'empire,
tout en suscitant le développement
économique et social des colonies,
c'est-à-dire leur enrichis-
sement et l'augmentation du
pouvoir d'achat indigène;
ensuite,
développer l'agriculture pour une mise en valeur rationnelle,
en tenant compte des intérêts indigènes, d'après le raison-
nement des différents gouvernements.
Toutefois,
la mise en valeur ainsi que l'organisation
de la production ont
détruit l'organisation précoloniale et
ont mis en place une production extravertie.
(1)
Avant-projet pour la conférence des gouverneurs SOM AFF.
pol. C.
2529
(2)
Rapport~ préparatoire pour la conf. 20 octobre 1936, p. 65
SOM AFF.
pol. C. 842 d.
5

- 144 -
a)
La mise en valeur extravertie
Malgré les discours des différents gouvernements,
la
vision qui transparaît est celle d'une économie locale dépour-
vue de cohérence interne,
par suite de la déficience de certains
secteurs.
En posant le postulat de la concurrence dans le domaine
industriel,
la métropole perpétue le schéma classique "ferme
ou mine coloniales, ustne métropolita~e", schéma rénové certes,
modernisé en fonction
des nouveaux besoins suscités par une
économie métropolitaine elle-même en mutation.
La modernisation du potentiel de production que tous
les administrateurs réclament et qu'ils essaient de mettre
en oeuvre,
tend à
favoriser une mise en valeur extravertie,
basée sur les exploitations agricoles
c'est la perpétuation
du même système de traite,
consistant a rassembler et à
drainer vers les ports,
les produits des pays périphériques,
exportés bruts et à repartir en échange,
les produits fabri-
qués dans des lieux de marché déterminés.
Cette économie de traite,
reposant sur le producteur
africain,
se contente d'investissements médiocres,
le seul
effort étant porté sur l'infrastructure d'évacuation des
produits.
L'analyse des rapports d'agriculture révèle, .cependant,
qu'au niveau des
inventaires,
les parts respectives ~es
cultures vivrières et d'exportations sont disproportionnnées.

--145
L'intensification de ces dernières
étaht toujours expréssement
justifiée par les seuls besoins de la métropole.
Même les administrateurs les plus soucieux de doter
leur colonie d'une économie interne (c'est notamment le cas
du gouverneur général RESTE),
n'échappe pas à ce schéma.
Dans son rapport sur la situation économique de
l'A.E.F. en 1936 (1),
il étudie les mes,ures propres à faire
passer sa fédération du stade d'exploitation de cueillette à
celui d'exploitation agricole: on doit faire du café puisq~e
la métropole qui en connaît un grave déficit,
l'importe du
Brésil; on doit pousser les oléagineux dont l'A.E.F. est
riche,
puisque ceux- ci représen ten t
un "intérêt national" et
une grande valeur industrielle; on doit intensifier le coton
dont les entreprises françaises ont grand besoin.
Par contre,
la cul ture, ,des cacaoyers qui aurai t
pu'_
avoir un bel avenir en A.E.F.
ne sera pas développée:
les
productions de la Côte d'Ivoire et du Cameroun dépassent déjà
la consommation
métropolitaine.
Ce même souci des exportations agricoles Se retrouve
d'ailleurs au niveau des tâches attribuées pour diffuser des
semences, des plants sélectionnés et de nouvelles méthodes
culturales.
(1)
Notes
jocumentaires et études,
janvier 1945, p. 10.

- 146 -
Les cinq stations que
·EBOUE a cr~~es durant la guerre
en A.E.F. ,sont toutes destin~es a favoriser les cultures
d'exportation :
h~v~a, palmier a huile, coton, etc ...
(1)
La politique est identique pour le gouvernement de
Vichy qui d~bloque des foms p:ublics pour cr~er en 1942, en
m~tropole, quatre .instituts de recherche agronomique : ol~agineux
caouthcouc,
fruits
tropicaux,
coton.
Nulle part n'est envisag~e la cr~ation d'un institut
de recherches sp~cialement destiné à l'étude des plantes
vivrières:
mil,
manioc,
maïs,
riz,
etc ...
Si la structure extravertie de l'économie coloniale
demeure identique à
'elle-même, le souci de rationalisation
de la mise en valeur apparâît dans la volonté très nettement
affirm~e, de standardiser les produi~ d'exportation et d'en
soigner la qualité et le conditionnement.
La constante de la politique agr~cole de toutes ces
années, est d'orienter les productions avec plus d'efficacit~
possible,
a partir de la connaissance d'ensemble des possibi-
lités des colonies,
mais surtout du marché français et des
débouchés étrangers.
(1)
Notes documentaires et études,
janvier 1945, p.
16

- 147 -
Toutes les directives
ministérielles conseillent
d'arriver au stade de la spécialisation~ ~'est-ce pas
contradictoire avec le choix d'une économie interne?
Penser
coton au Niger ou au Tchad,
comme dans d'autres
régions,
on se borne à penser hévéa ou café,
n~st-ce pas
exclure l'idée tellement prônée, que les territoires d'outre-
mer doivent atteindre
leur plein épanouissement ?
La crise de 1930 imposa aux territoires d'outre-mer
la fourniture de produits que la France ne voulait plus acheter
à l'étranger.
On vit alors apparaître ou se développer,
des cultures
nouvelles: café, cacao, coton,
banane, dont la production
augmenta petit à petit jusqu'à la deuxième guerre mondiale,
avec la construction de nouvelles voies de pénétration,
l'aide
accordée au producteur,
la protection sur le marché métropoli-
tain,
l'intrêt acccru des autochtones.
Cependant, cette production imposée par les exigences
du pacte colonial, ne répondait pas toujours à des soucis de
conservation des sols ou de recherche des débouchés.
L'effort de mise en valeur vise d'autre- part,
moins à
susci ter sur chaque terri toire,
un,
ensemble d' acti.vi tés.,
permettant de satisfaire au plusgrand.nombre de besoins
qu'à développer les activités,
pour lesquelles le territoire
est mieux
doué
(1~.
(1)
Plan~emodernisation des TOM, 1946, p. 25

- 148 -
Effectivement,
l'analyse de la structure·rdesexportations
révèle que,
non seulement celles-ci sont quasi-exclusivement
agricoles,
mais encore qu'elles reposent pour plus des 2/3, sur
un nombre infiMe
.de
produi ts.
En % de la valeur. des exporta tions,
arachides,
palmistes,
café et cacao représentent pour l'AO~ :
1938
.
71,9 % 1941
78,2 % 1944
66,5 %
1939
.
73,1 % 1942
49,8 % 1945
61,6 %
1940
.
75,7 % 1953
68,7 % 1946
66,4 %
source
Les annuaires statistiques de l'A.O.P.,
1936,p.
271
Si nous p":'8'10nS matières
par matières;,
nous constatons
qu'en 1949,
par exemple,
les oléagineux
(arachide,
palmier à
huile)
représentent,
au niveau des exportations 27 % du total
mondial.
Ainsi,
en 1951, les sorties d'arachides d'Afrique
noire française,
représentaient 27 % des exportations mondiales,
celles d'huile d'arachide 22 %, celles des palmistes 15 % et
celles d'huile de palme 4 % (1).
L'Afrique Noire arrivait au premier rang pour les
arachides,
au deuxième pour les palmistes, aprèsi'Afrique de
l'Ouest britanique et
L~uile d'arachide après' l'Jnde.
(1)
Etudes spéciales sur les conditions économiques et le
développement économiquedans les territoires non autonomes)
Nations Unies,
1952, chap.
II.

- 149 -
l
-
Structures des exportations et des importations
1° Les exportations
Les échan~es extérieurs des pays colonisés sont
caractérisés par l'importance exceptLonnelle d'un ou deux
produits dans les exportations.
Dans un supplément au: rapport sur l'économie mondiale,
édité par les Nations Unies
(2),
on trouve un tableau donnant
l'importance relativerdes
trois principaux produits exportés
de certains pays africains par rapport à_la valeur des expor-
tations totales.
Pour 1949, on se rend compte que, sur 27
territoires africains,
16 font plus de 70 % de leurs recettes
commerciales avec l'extérieur grâce à ces trois produits.
On a souvent parlé de l'ouverture de l'éventail des
produits exportés et de l'amélioration apportée depuis la
guerre dans leur' variété.
Cela pourrait faire croire quele nombre de produits
exportables et exportés a augmenté et une lecture des
statistiques douanière entretiendrait facilement cette illusion.
Mais,
si l'on s'attache ~on plus aux seules valeurs
absolues,
même établies en Francs constants,
mais aux valeurs
relative de chaque grand produit par rapport à la valeur
totale des exportations,
on constate que
~les structures du
commerce marque un profJnd changement (voir tableau suivant).
(1)
Les conditions économiques
en Afrique,
Nations Unies,
1951,p. 94.

- 150 -
Tableau '. l,
Pourcentages de la valeur totale des
exportations de 1925 à 1955 (AOF)
1925
1929
1938
1949
1951
1953
1954
1955
Arachides
59,5
48
43,4
24,5
18,5
18,5
19,2
13,0
Palmistes
13,3
8,9
7,4
7,0
6,7
5,0
3,5
3,6
Huile de
palme
7,5
4,9
1,6
-
2,4
1,2
1
1,4
Huile
d'arachide
-
-
-
17,9
13,8
17,3
13,7
14,3
Cacao
-
8,3
12,1
15,0
15,9
16,8
15,1
21,1
Café
-
-
5,5
15,5
25,0
21,4
30,4
25,8
Banane
-
-
5
3,0
2,9
3,0
2,7
3,6
Source
Etude et conjoncture,
octobre 1955.

- 151 -
Sur ce tableau,
la proportion des arachides passent de
59 % en 1925 à 13 % en 1955. Quant aux produits du palmier à
huile,
ils suivent la même courbe,
de 7 % en 1925 à l % en
1955
(1).
Remarquable est au contraire,
l'importance prise depuis
la guerre,
par certains produits,
relativement récents, et dont
la progession est notable.
Il s'agit du café, ca cacao et de
l'huile d'arachide.
2° Les importations
Si les exportations sont le reflet de l'activité
économique des colonies,
la structure des importations pourra
fournir des renseignements surIes
Imoyens mis en oeuvre
pour
assurer ce développement de l'économie coloniale.
En effet,
il est difficile de chiffrer avec précision
les incidences de chaque catégorie d'importations dans les
secteurs. africain;
Ce~tains produits importés sont destinés
presque
exclusivement aux autochtones
; i l en est ainsi pour les
produits alimentaires comme le poisson sec,
le riz,
le sel,
ou pour les produits de consommation durables tels les tissus
de coton et couvertures,
les articles de ménage.
(1) On trouvera en annexe un tableau plus complet sur la
structure des exporations et les pourcentages de la valeur
totale des exportations.

- 152 -
D'autres,
au contraire,
sont vendu
au seul secteur
européen, que ce soit celui des individus Ou celui des
entreprises.
Il en est, enfin, quisont
ré~rtis entre les différents
secteurs, sans qu'il soit possible d'en bien connaître la
répartition.
Le consommateur final est,
en général, beaucoup
plus difficilement .idecttifiableque le producteur.
Les produits composant la catégorie des biens de
consommation destinés à l'a~imentation et
retenus dans nos
calculs, peuvent être considérés comme vendus au seul secteur
africain.
Nous mentionnerons,
cependant,
les trois autres grandes
catégories: énergie,
matières
premières et demi-produits,
moyen d'équipement;
ceci
afin de voir comment l'ensemble des
importations a évolué.
Comment les pourcentages de chaque groupe ont-ils varié
Quelles comparaisons peuvent être établies entre eux ? Ce sont
les questions auxquelles il faudra répondre à
travers le
tableau suivant.
/

- 153 -
Tableau: 2
Pourcentages de la valeur totale des
importations de 1925 à 1955
(1)
1925
1929
1937
1948
1951
1954
1955
Energie
7,8
14,8
8
5,4
7
6,4
7,1
Matières premières
et demi-produits
-
-
6,5
8
9,2
6,6
6,6
Moyens d'éguip.
16
22,6
17,6
30,3
29,7
27,2
31,1
Biens de
consommation :
- alimentation
29,7
24,1
24
23,1
19,8
22,8
22
-
autres
46,5
38
42,6
32,9
34,2
37,5
33
..
Source
Etude et conjoncture,
octobre 1955.
(1)
voir Annexe~tableau plus complet sur la conjoncture
des importations.
\\
.

- 154 -
Les pourcentages de 1925 et 1929 ne sont donnés qu'à
titre indicatif.
C'est pourquoi,
i l faut certainement considérer comme
moins importante la diminution du pourcentage des moyens
d'équipement entre 1929 et 1937 ; cette diminution correspond
d'ailleurs,
à: l'augmentation de la part prise par les biens de
consommation non alimentaires.
A travers le ~ableau, nous constatons entre 1937 et les
années d'après guerr~, une stabilité des catégories suivantes:
énergie,
matières premières,et demi-produits,
biens de consom-
mation pour .l'alimentation.
Qu'est-ce à dire?
Que. le pourcentage des importations des moyens
d'équipement soit passé de
17,6 en 1937 à 29,7 en 1951, alors
que celui des biens de consommation non alimentaires diminuait
de 42,6 a 34,2,
pendant le même intervalle de temps,
indique
que les importations des produits de la première catégorie ont
augmenté dans une proportion supérieur eaux importations des
produits de la seconde.
En fait,
la valeur en Francs constants des moyens
d'équipement est,
en 1951,
65 fois plus grande qu'elle ne
l'était en 1937, alors que ~our les biens de consommation,
le multiplicateur n'est que de 31.
Il ne faut cependant pas trop s'attarder à ces chiffres,
qui peuvent avoir une part de fiction d'après POQUIN (1).
(1) Jean-Jacques POQUIN,
Les relations économiques extérieures
des pays d'Afrique noire de l'Union Française, 1925-1955,
A. COLIN,
1957, p.88.

- 155 -
Il suffirait, en effet, que les prix des biens
d'équipement eussent augmenté plus fortement que les
prix des biens de consommation,
pour que le résultat soit
atteint,
sans que,
pour autant, cela corresponde à une
augmentation réelle desdites importa~ions.
Aussi,
avons-nous dressé un deuxième tableau à prix
constants,
en prenant pour base les prix en 1949
(1).
QU'en est-il de l'économie minière? Les principes
sont les mêmes que l'économie de traite.
Les préoccupations minières qui font
jour dès 1934,
ne s'éloignent pas non plus d'une économie de traite.
Le développement et l'exploitation des mines ne sont
pas destinés à alimenter une
industrie locale autonome.
Explicitement,
ils répondent aux besoins énormes de la
métropole qui connaît un défici t
à peuprès.
généralisé en
matières premières et, sont destinés aussi à alimenter des
courants d'exportation vers la France,
renforçant encore
l'extraversion de .. l'économie africaine coloniale.
Le gouverneur EBOUE se réjouit qu'en 1942, les produits
miniers aient représenté 35 % de la valeur des exportations
"exprimant mieux que .les longues considérations,
l'intérêt
qui s'attache au développement de l'industrie minière de
l'AEF"
(2).
(1) cf. J.J.
POQUIN, op. cit,
pp. 89-100
(2) Discours au Conseil d'AEF,
1er décembre 1943, p.
21

- 156 -
Le plan MONNET souligne l'intérêt de l'extension des
activités minières "de nature à apporter à la métropole, des
sources nouvelles ou accrues de devises et de matières premières
et à donner aux territoires, des économies plus équilibrées et
donc, moins vulnérables,
à côté des productions agricoles et
forestières"
(1).
Pour mettre à profit l'exploitation des colonies, un
effort d'équipement eH infrastructure des transports a été
entrepris dans les différents plans d'équipement de dévelop~
pement. Cet effort d'équipement est donc expréssément destiné
aux seuls besoins du commerce extérieur.
Aucun schéma d'éménagement des voies de communucation
a l'intérieur des limites coloniales et répondant à des besoins
internes,
n'a été prévu durant toute la période coloniale.
La construction du chemin de fer Douala-TCHAD n'est
prévue, que pour évacuer: le coton de l'OUBANGUI;
celle du
Méditerranée-NIGER,
visionnaire,
traversant le: Sahara du Sud
au Nord,
pour évacuer le coton du SOUDAN; ou celle d'Abidjan
Niger,
pour le transport de mainsd'oeuvre Nord-Sud (2).
(1)
Plan de modernisation des TOM, 1946, p.
149
(2)
La construction de ce dernier a été décidée par une loi de
gouvernement de Vichy en date du 22 mars 1941.

- 15] -
Le plan d'industrialisation de l'AOF,
mis en place
en 1942, définissant trois régions économiques
(1), expose
nettement ce principe :
"la tâche essentielle du réseau de
communications consiste donc,
à permettre les échanges de ces
îlots prospères, d'abord avec le reste de l'empire
·et le
monde extérieur, puis entre eux, du moins dans la mesure où,
ces échanges internes se révèlent pratiquement nécessaires"
(2).
La restriction est éclairante,
pour une administration
qui se disait vo~oi~ placer les colonies, considérées comme des
entités autonomes, dans les meilleures conditions de vie et de
développement.
En fait,
le réseau des transports coloniaux
~ui
transparàît à l'étude des innombrables projets de l'époque,
peut .se comparer à un bassin hydrographique.
Les réseaux routier
et ferroviaire ne sont pas destinés à être soudés entre eux.
Un principe identique .est réitéré
; ne construire que
des routes alimentant une voie ferrée ou fluviale,
celles-ci
aboutissant à un port d'évacuation.
Des axes secondaires branchés
sur quelques axes majeurs,
sont destinés à la collecte et à
l'évacuation
des produits exportés,
à la redistribution des
articles d'importation.
(1)
Région Nord (Sénégal, Soudan,
Mauritanie,
Guinée)
; Région
Centrale (Côte d'Ivoire)
; Région Est
(Togo"
Dahomey -actuel
Bénin-,
Niger).
(2)
Plan d'industrialisation,
1942, p.
87,
SOM AFF. écono C 58

- 158 -
L'analyse des
différents projeŒ
qui se sont succédés
depuis les années
(du plan SARRAUT à la conférence impériale,
du plan travaux publics de 1939,
au plan MONNET) révèle des
permanences symptomatiques au niveau des choix
port de Dakar,
a améliorer, port d'Abidjan à construire, port de Pointe Noire ...
Le schéma d'infrastructure des transports n'a pas connu
et ne peut pas connaître d'évolution,
puisque la nature de
l'économie qu'il est ~ppelé à desservir,n'a pas changé.
Représentés sur
une carte,
les zones d'exploitation
économique et le réseau ferroviaire,
révèlent mieux
(que de
longs discours),
l'extraversion de l'économie africaine, qui
aboutit à une indéniable inégalité régionale de développement
(voir carte des régions économiques,
page suivante).
L'économie africaine impulsée par la demande de matières
premières et de produits tropicaux de la métropole et des pays
industrialisés, n'assure le développement que des régions
possédant des ressources exploitables
intéressantes.
La richesse se polarise sur
les côtes
(voir carte).
Les pays de l'intérieur constituent des zones de
réserves
(Soudan, Niger,
Tchad,
Mauritanie,
Haute-Volta (Burkina
Faso), destinés
pour le mieux,
à fournir de la main-d'oeuvre aux
régions productives de matières premières agricoles exportables.

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LES
REGIONS
ECONOM lOUES
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EN
AFRIOUE
NOIRE
FRANCAiSE.
L~bw;f(~
- - - - - - - - - - - - - - - ) - - -
• SOURCESd' A?RES LE MONDE - ATLAS
UNIVERSEL
- - - - DU READER'S DIGEST 1982, ET LA CARTE
ECONOMIQUE
COLON1ALE -
ARCHIVES
D'OUTRE- MER
1950.
Poi"re-

- 159 -
U,ne migration
spontanée et saisonnière envoie chaque
année pour la récolte arachidière,
plusieurs dizaines de
milliers de navetanes soudanais au Sénégal.
La Haute
Côte d'Ivoire
(1)
densément peuplée est le
réservoir attitré de main
d'oeuvre pour les riches plantations
et les chantiers forestiers du Sud de la Côte d'Ivoire.
Les travailleurs Mossi y alimentent un courant de
migration forcée.
Là encore,
le discours est contradictoire
"La colonie ne doit pas être uniquement guidée par
l'augmentation de tonnages des produits exportables" avait dit
MOUTET (2) et son directeur économique avait pris soin de
souligner:
"l'importance d'une économie interne reposant
éventuellement sur les cultures vivrières,
complétée parfois
d'un certain artisanat local,
à laquelle il fallait donner la
priorité,
avant de penser à accroître les exportations des
produits agricoles"
(3).
On reconnaît volontiers,
écrit MOUTET :
"que la posses-
sion africaine possède son ordre économique naturel dont il
peut 'être périlleux œ l'arracher, mais le devenir de l'économie
coloniale, dans les faits,
est un devenir d'exportation"
(4).
(1)
ac~uellement Haute-Volta, alors rattachée à la colonie de
Côte d'Ivoire, devenue Burkina-Fasso depuis 1984
(2)
lettre au gouverneur général d'AEF,
20 juin 1937, citée
in rapport de RESTE SOM Fonds Guernut B 41
(3)
MERAT,
rapport préparation 1936,
SOM AFF.
pol. C 2629

- 160 -
Sans se soucier de la contradiction, MOUTET, exposant
aux gouverneurs généraux,les grandes lignes de la politique
à suivre,
leur conseille de "réviser la carte des productions,
pour appliquer les efforts aux zones de rendements élevés,
d'exploitation et de transports faciles.
Quant aux zones
reculées, elles doivent se consacrer aux cultures vivrières
pour les cause de guerre"
(1).
Une hiérarchie s'amorce entre les régions économi~ues.
Le plan MONNET qui place en exergue de ses travaux,
le dévelop-
pement optimum et harmonieux
,des territoires d'outre-mer,
n'expose-t-il pas,
après avoir prôné la spécialisation que
celle-ci implique, dans un cadre territorial, élargi, mais
toujours délimité, des rapports de dépendance économique entre
les pays et vis-à-vis des pays du Centre ?
Peut-on encore, dans ce cas, souhaiter
sans hypocrisie
le développement d'une économie interne?
L'Afrique noire coloniale n'est qu'une série de micro-
régions juxtaposées et inégalement mise en valeur, d'une
manière générale extravertie et
intégrée aux économies du
Centre.
(1)
Plan de modernisation des TOM, 1946, p.
126

- 161 -
- Des structures d'échanges régis par la métropole
Malgré les déclarations contraires,
personne n'a
réellement songé au cours de ces années,
à remettre en cause
le schéma d'une économie exclusivement fondée sur les
échanges extérieurs.
Même les gouverneurs généraux les, plu5 sensibilisés
au développement de leur colonie,
inconscients du danger d'une
extraversion aussi poussée,
ne l'ont pas condamnée.
Plus que le souci d'alimenter la m~re-patrie, ~ls ont
vu dans le développement des cultures d'exportations,
en
l'absence d'investissements métropolitains conséquents,
le
moyen de financer par le biai3 des recettes douani~res, un
équipement qui leur tenait à coeur. Ces derni~res ,élément
essentiel des ressources budgétaires,
ont représenté en 1936,
70 % du bud~et de l'AOF et, chiffre record, 85 % en 1937 (1).
Préoccupations métropolitaines et coloniales,se rejoi-
gnent, donc ici pour protéger,
orienter, développer les
échanges.
ilLe maintien de la protection douani~re -a accord'é
actuellement aux produits coloniaux sur les marchés métropo-
litains est une nécessité vitale,
les exportations des colonies
étant la source unique de numéraire circulant dans les pays
indig~nesIl
(2).
(1) cf. Etudes et conjonctures,
octobre 1953
(2) Circulaire MOUT~
préparatoire à la conférence de 1936,
SOM P . 28,
C 4,
d.
113.

- 162 -
La politique commerciale, dans cette optique, est un des
des pivots de la mise en 'valeur .extravert ie. Sa cohérence
s'impose pour assurer un débouché à une production coloniale
en expansion.
Malheureusement,
si le développement des forces produc-
tives dépend essentiellement de facteurs internes,
le
régime des échanges extérieurs ne peut se concevoir en dehors
du contexte
internaxional, économique et politique. De 1936
a 1946, celui-ci est particulièrement lourd et pertubarteur.
L'étude suivie de la politique douanière en est rendue
aléatoire,
voire impossible. Les trois phases que l'on décèle
sont les suivantes
protectionnisme à outrance, dirigisme de guerre,
liberté des échanges ne sont pas l'expression d'une doctrine
cohérente, mise au service d'un objectif économique,
mais
le
fruit des circonstances politiques de conjonctures.
La contradiction
est d'importance et explique pourquoi,
au niveau des discours et rapports,
alors
que l'économie
africaine est typiquement une
économie extravertie, on décèle
si peu de préoccupations relatives aux échanges commerciaux~
Cependant dès 1936, une réflexion s'élabore "en coulisse"
dans les milieux les plus modernistes
l'autarcie,
les
échanges protégés sont condamnés comme anti-économiques au
profit de l'intégration au marché mondial.

- 163 -
Cette ~volution, ~enforc~e par la guerre,
trouve son
expression d~finitive après 1946. Mais,
là, comme dans le
domaine de l'industrialisation,
les limites sont nombreuses
et les d~cisions ~cha~ent
aux territoires coloniaux: c'est
en m~tropole que s'~labore la politique douanière, c'est de la
m~tropole, que parviennent les directives.
La pr~f~rence imp~riale, nom qui fut donn~e à la poli-
tique do~anière mise progressivement en place à partir de 1932-
1933, est le plus bel exemple d'une politique commerciale
~labor~e, non en fonction du choix de la politique
~conomique mais de la conjoncture internationale.
Le r~gime douanier n'est plus consid~r~ comme un outil
au service d'une politique,
mais comme une bou~e de sauvetage
pour une ~conomie
m~tropolitaine en voie d'asphyxie.
Albert SARRAUT avait d~fini en 1934, le but de la
conf~rence imp~riale
"que l'~conomie coloniale fournisse
au march~ français ce qu'il achète au-dehors et que la
m~tropole en contrep~itie d~verse sur son march~ colonial
toutes les exportations qu'elle ne peut plus placer à
l'~tranger"
(1)
(1)
Rapports de la conf~rence imp~riale, 1935, tomeA. p.
28

- 164 -
Quatre ans plus tard,
le gouvernement tenait toujours le
même langage
"il est pleinement normal que la métropole
assure un débouché privilégié aux matières premières origi
na ires des terrritoires d'outre-mer;
mais la contrepartie
nécessaire de cette solidarité impériale doit être trouvée
dans une absorption toujours plus
large des produits
manufacturés métropolitain~ par le marché de nos colonies " (2) .
. '~-
L'outil le plvs efficace pour arriver à cette complémen
tarité protégée est la
·loi douanière du 13 avril 1928, qui
divisait les
colonies en deux groupes
: assimilées et non
assimilées.
Toute l'Afrique noire relevait du second groupe où les
tarifs et la réglementation, discutés en assemblées locales,
étaient promulgués par décrets du chef d'Etat.
Les exportations des colonies africàines entraient en.
franchise en France,
à condition d'accorder la réciproque
aux produits métropolitains.
Les produits français importés
dans les colonies africaines entraient en franchise,
les
produits similaires importés à l'étranger étaient frappés de
droits de douane fixés par décret et ratifiés par le parlement.
(1)
Journal officiel,
25 mai 1938, 'p.
5888

- 165 -
La crise ayant révélé la f'ragigité du commerce extérieur
fran ç.ais et la
,faible part
qu' y prenai t
le commerce colonial,
la loi douanière fut complétée de 1931 à 1939, par une série de
mesures prises au
jour le jour, sans réelle vue d'ensemble,
qui aboutit à l'isolement progressif des colonies par rapport
au marché mondial et à l'intégration de plus en plus nette
dans la sphère économique de l a
,métropole par des échanges
réciproques protégés
(1)
: accroissement des droits de douane
sur les oléagineux,
le bois
(loi du 56 août 1933, décret du
30 janvier 1937)
instauration d'un syspème de priorité
d'admission pour l'arachide,
le coprab , les palmistes,
subordonnant l'entrée de produits étrangers à l'intrequction
préalable d'un pourcentage déterminé de produits coloniaux
similaires; contingentements purs et simples d'importation
étrangère pour le bois,
les bananes, divers oléagineux ...
taxes spéciales sans discrimitation d'origine sur certains
produits( caoutchouc, etc ... ) versées à des caisses chargées
de répartir des primes aux producteurs coloniaux
(café
: loi
du 31 mars 1931, modifiée par la
loi du 13 août 1936).
En contrepartie de cette. politique de soutien de la
production coloniale,
l'AOF s'engagea à protéger la production
métropolitaine (2)
particulièrement pour les secteurs que la
(1)
cf.
MERAT,
lQ loi douanière de 1928 et l'évolution écono-
mique des coloni€s,
in revue politique et parlementaire,
septembre 1937, pp.
449-466
(2)
jusqu'en 1929, le tarif des douanes était établi libre-
ment par l'AOF uniquement en considération des nécessités
budgétaires.

· - 166 -
crise met en situation difficile
le textile et l'automobile
Par décret du 25 mai 1938,le pouvoir central se réserve
l'initiative J'établir "directement les tarifs douaniers qui
seront appliqués en AOF.
Les décrets seront établis sur
proposition du ministre des colonies,
après approbation des
ministVes du commerce, de l'agriculture et des finances.
L'AOF n'a pas de moyens de défendre sesintér~ts dans des
décisions qui la concernent directement.
Les conséquences néfastes de cet~e politique d'échanges
protégés ont été maintes fois dénoncées.
La plus importante es
la constitution d'un
système de surprix, complètement arti-
ficiels,
tant sur le marché français que colonial.
René HOFFHER cite le cas du café Ibérica vendu environ
0,20 F le kg sur le marché mondial et plus de 4,50 F sur le
marché français
(2).
De leur côté,
les marchandises métropolitaines sont
obligatoirement importées plus chères que leurs similaires
étrangères. Dans ce cas,
i l est impossible pour les colonies
de se ,procurer des biens d' équipemen tau de consommation à des
prix moins élevés.
(1)
voir Bulletin économique de l'AOF,
mai 1938, p. 145
(2)
R.
HOFFHER,
la politique commerciale de la France,
1939,
p.
73.

- 167 -
C'est une solution anti-économique et nuisible pour
les pays neufs qui ont besoin de s'équiper.
Les droits de
douane~référentiels abaissent le. niveau de vie des populations
et réduisent
la capacité de développement des colonies.
Le gouverneur général RESTE a été particulièrement
hostile à l'instauration des contingents:
"l'institution a
la colonie de contingents pour l'importation étrangère paraît
tout à fait indésirable. Le contingent,
c'est la vie chère pour
tout le monde,
le dénuement pour l'indigène"
(3).
En soutenant,
d'autre part,
la production coloniale,
simplement destinée à satisfaire les besoins de la métropole,
les barrières douanières lui enlèvent tout
caractère compétitif.
Assuré d'un débouché certain et rémunérateur en métropole,
la
production coloniale ne connaî t
aucune
améJ.Jora.tion
qualitative.
"Le décrochage par rapport aux cours mondiaux apparaît
d'ailleurs nettement en faveur de la métropole,
car si celle-
ci doit acheter l'arachide par exemple 182 F lelivre alors que
le cours mondial est 140 F,
elle vend en revanche à ses terri-
toires d'outre-mer son ciment 20 %, ses machines 30 %,
sa
quincaillerie 38 %,
ses véhicules automobiles 40%'
plus chers.
que le cours pratiqueés dans le monde"
(2).
(1)
Rapport économique 1936,
page 284,
SOM Fonds Guernut B 41
(2) Huguette DURAND,
Essai sur la conjoncture de l'Afrique
noire,
Paris 1957,
p.
95

- 168 -
Les critiques face à cette politique de préférence
impériale n'ont pas uniquement été le fait d'économistes ou
d'observateurs étrangers à la pratique coloniale.
A l'intérieur de l'administration se sont faits
jour
des condamnations à deux niveaux: d'abord dans, les secteurs
"modernistes", représentés par le directeur des affaires
politiques,
Gaston JOSEPH, dénonçant les méfaits de l'autorcie
et prônant bien avant ;a guerre, une ouverture sur le marché
mondi21,
les économies coloniales ne pouvant trouver que des
avantages à la lutte des prix.
Le constat
est franc.
La France impose en effet un
régime douanier qui favorise surtout ses exportations.
"Pour protéger plL's eff icacemen t un produi t
métropoli tain
a l'entrée dans une colonie, on majore de façon prohibitive
le droit de douane frappant le
produit étranger similaire.
La
mesure est doublement contraire à l'intérêt de la colonie:
-
à son intérêt fiscal,
car l'élévation du tarif fait
fléchir ou même tarr
la perception
;
-
à son intérêt économique, car le prix du produit
s'élève a l'intérieur de la colonie au profit de l'industrie
métropolitaine"
(1).
(1)
Rapport préparatoire à la conférence des gouverneurs,
1936, page 41,
20 octobre 1936, SOM AFF.
pol. C 842 d.
5

- 169 -
En conpensation,
les produits coloniaux sont avantagés
en métropole, mais même cette mesure est contraire aux intérêts
réels de l'association France-colonies, considérée comme un
tout.
"Assurés d'un marché rémunérateur certain,
parce que
réservé,
les producteurs coloniaux ne se désintéressent-ils
,
,
A
pas de leurs débouchés étrangers
nu la lutte est tres apre et
ne
risquent-ils pas de s'y laisser rapidement supplanter?
Au demeurant,
les colonies ne peuvent tabler sur les facultés
d'absorption du marché métropolitain que dans la mesure où
leurs produits ne viennent pas concurrencer ceux de la
métropole"
(1).
La conclusion est nette:
"L'idéal n'est pas que la
métropole s'enrichisse aux dépens de ses possessions d'outre-
mer, pas davantage que celle-ci
s'assurent une croissance
parasitaire aux dépens de la métropole.
Il faut que France et
colonies s'aident entre elles pour accroître leur prospérité
commune et notamment,
poursuivent de concert leurs efforts
pour s'assurer une plus large place sur les marchés extérieurs"
( 2 ) •
(1)
Rapport de G. JOSEPH,
déj~ cité, p. 66
(2)
idem,
pages 68-69

- 170 -
C'est la première fois,
que l ' on
voit exposée, .a vec
autant de force et de clarté, uneièée
.qui trouvera son
épanouissement dans l'après-guerre:
l'idée d'une communauté
économique franco-coloniale aux liens étroits et privilégiés
certes, mais ouverte sur l'exœrieur et non pas repliée
frileusement sur elle-même.
Quant au ministre Marius MOUTET,
i l se propose de
favoriser le bien-être social des indigènes,
avec quelques
amé:nagements internes,
mais aucune concession majeure
: le
régime des échanges ne sera pas modifié, on conservera le
"système actuel d'autarcie relative,
considéré
non comme un
but,
mais comme un fait de l'intégration des économies africaines
dans l'économie coloniale"
(1).
Même s ' i l
consid~re comme souhaitable
"l'abaissement
des prix de revient,
seule assise solide d'une production
coloniale qui doit rechercher aussi des débouchés à l'étranger,
même s ' i l considère que l'assimilation douanière aboutit souvent
en effet,
à rendre l'existence plus onéreuse dans nos colonies,
tenues ,d'absorber des produits métropolitains coûteux,
alors que
l'étranger offre
les siens à bien meilleur prix"
(2),
Marius
MOUTET préfère "éviter de remettre en cause le principe de
(1)
-
(2) Circulaire MOUTET .aux gouverneurs. 12 décembre 1936,
SOM p
28 C 5 d.
130.

· - 171 -
l'assimilation,
question trop délicate d'ailleurs pour être
abordée sans travaux préparatoires importants.
Aussi
la
loi du 13 avril 1928 est-~le assez souple pour permettre
l'étude particulière de chaque
cas,
t out en évi tant de
bouleverser un système laborieusement édifié"
(1).
Ces directives de MOUTET scellent donc une politique.
La préférence impériale sera maintenue et renforcée sans
remise en cause d'après MOUTET.
L'intégration
des colonies
dans le mqrché français répond à la fois
à un contexte inter-
national de fermeture des marchés étrangers,
de concurrence
accrue et aussi manifestement,
à la pression continue des
Secteurs industriels métropolitain?
les plus traditionnels
sur le pouvoir central"
(2).
b)
Extraversion et intégration mondiale
L'Afrique de l'Ouest,
intégrée au
marché mondial par
le biais de la colonisation,
a subi les effets de la domination
c'est-à-dire une forme de sujetion économique, généralement
connuE sous le nom d'impérialisme économique du XXe siècle.
Les effets de domination naissent donC des différençes
de dimensions et de structures entre les économies en
présence.
(1) Circulaire MOUTET aux gouverneurs/12 décembre 1936,
SOM p.
28 CS d.
130.
(2)
Revue politique et parlementaire,
n° de septembre 1937,
p.
457,
arch. outre-mer

- 172 -
L'Afrique est obl~:ée d'intégrer le marché impérialiste
du fait de sa soumission et de sa domination depuis la période
coloniale.
Dans cette optique,
l'Afrique joue un rôle subalterne
car les impulsions.
qui n'ont pas pour origine l'expansion
des pays
industriels
(la France en particuJ.ier,
principale
partenaire privilégiée
Je l'Afrique francophone de l'Ouest)
sont incapables de moctifier le volume du commerce international
en faveur des plus pauvres,
c'est -à-dire,
les six pays dont
i l est question dans notre étude.
Le résultat de cette intégration dépendante coloniale
est l'extr·aversion de l'économie.
L'idée de base réside en ce que la rencontre des deux
ensembles
(Europe-Afrique),
s'est traduite dès l'origine par
la mise en dépendance de l'un par l'autre,
avec toutes les
conséquences que nous avons analyse· précedemment.
Le heurt de formations économiques et sociales irréduc-
tibles l'une à l'autre a entraîné une crise,
celle du plus
vulnérable des deux partenaires.
Le malaise n'a pas _ été ressenti comme tel par les
pays africains pendant la plus grande partie du XIXe siècle
mais,
l'époque coloniale n'a fait que porter à son paroxysme
une situation de crise préparée de longue date,
et dont
l'Afrique n'est pas encore sortie.

- 173 -
La prise en main coloniale se
traduit évidemment par
une accélération de la mise en dépendance et de l'extraversion
des économies
·Ouest-africaines.
L'autorité militaire et les contraintes politiques
(1)
contribuent à instaurer une économie dirigée,
explicitement
extravertie, puisque la fonction des colonies était précisément
de produir~ ~our la métropole.
Le résultat est une exploitation prédatrice particuliè:
rement brutale, qui se tr.aduit par une modification radicale des
modes de vie et la détérioration du sort des africains
réduction, ou au mieux,
stagnation
démographique,
passivité ou
révoltes incessantes des populations, diminutton du niveau de
vie au moment du décollage apparent de l'économie, favorisée par
la mise en place définitive des structures sociales.
En fait,
l'économie de traite,
fondée sur une production
agricole d'exportation,
obtenue sans modernisation des techniques
correspond à la médiocrité du capitalisme métropolitain.
L'essor de l'économie a~ricaine dépend de la métropole.
Ce n'est
que dans la mesure où les matières premières présentent
un intérêt pour l'industrie,
l'agriculture ou la consommation
métropolitaines qu'on s'efforce de les déveeapper~ La France,
en tant que puissance coloniale,
a délibérément choisi la
spécialisation des tâches
(parfois,
la monoproduction agricole
(1)
G.
ACHIEPO,
la commercialisation des grands produits
d'exportation
(l'exemple du café-cacao en Côte d'Ivoire,
thèse 3e cycle, 1981, pp.
433-34

- 174 -
avec tous ses dangers) en fonction des capacités naturelles ou
acquises des différents territoires coloniaux. Elle s'est
prononcée pour la division internationale du travail,
se réser-
vant les activités
les plus sophistiquées et les plus productives
interdisant à ses colonies un développement industriel
conséquent (1).
Cette politique sélective de mise
en valeur coloniale
qui a détruit les str~ctures précoloniales, se fait d'autre
part, grâce à l'aide financière métropolitaine.
Le but final
de la mise en place de la dépendance
coloniale, et de l'intégration des économies africaines dans
le marché mondial, e s t :
l'exploitation de matières premières
agricoles et minières,
pour le bon fonctionnement des
industries métropolitaines.
(1)
en refusant
à l'industrie coloniale, les mesures
protectionnistes indispensables durant le temps
nécessaire pour l'acquisition de la structure de
production souhaitée,PLEVEN, s ' i l s'inscrit dans le
cadre internalional de libéralisation des échanges, défend
bien plus explicitement les intérêts de la métropole.
Lettre de PLEVEN du 26 juin 1944,
SOM Fonds corr. ec.
C 142

- 175 -
J ~
/i ."!
Quelle conclusion peut-on tirer de ce chapitre?
Il ressort que la mise en place de l'appareil économi-
que colonial a bouleversé les structures traditionnelles pré-
coloniales,
a modifié les systèmes de production et
d'échanges,
les structures sociales et les rapports sociaux
de production, qui _constituent la base même de la communauté.
Les structures sociales sur lesquelles repose fondamen-
talement l'agricultur~ traditionnelle, ont été disloquées, non
pas comme une conséquence à long terme et volontaire de la
colonisation et de la diffusion d'une écpndmie moderne,
mais
bien ~·u contraire, très volontairement et dès le début de la
colonisation.
Car, c'est la dislocation des structures traditionnelles
précoloniales, qui a rendu possible
la domination coloniale
et l'augmentation considérable de l'exploitation des paysans
par les colons,
mais surtout par le biais des notables autochtones.
Après destruction du système ancien,
le colonisateur
a mis les colonies en valeur dans le sens des besoins de la
métropole: c'est la mise en valeur extravertie des colonies.
Cela s'est traduit par une dépendance des économies africaines
vis-à-vis de la métropole.

Le système social d'organisation traditionnel pré-
colonial, caractérisé par l'importance des structures collec~
tives et l'aut9consommation n'existe quasiment plus.
Il a fait
place, en dépit des apparences,
à une nouvelle forme d'économie
intégrée et commandée par les besoins extérieurs.
Quels en sont les résultats?
L'extraversion
,à travers l'intégration dépendante, dont
les structures sont façonnées autour des intérêts du Centre.
A travers notre chapitre,
nous avons constaté qu'au fur
et à mesure
que la mise en place de l'exploitation capitaliste
se faisait,
la destruction s'accél;rait.
Au tournant des années 1930,
le coup d'arrêt brutal
provoqué par l'effondrement de l'économie commerciale allait
entraîner la révision d'ensemble d'une politique restée très
largement archaïque,
en dépit des signes précurseurs de
l'évolution des conceptions coloniales.
L'idée dominante est
celle de l'introduction des inves-
tissements d'infractructure dans l'ensemble du continent noir,
pour une meilleure évacuation des produits agricoles.
La naissance de l'économie moderne qui bouleverse
définitivement les structures sociales antérieugs:favorise du
même coup,
l'éclosion de forces africaines dynamiques de type
contemporain.

- 177 -
C'est en 1950-1952 que les cours des produits tropicaux
et, par suite, les profits des grandes firmes atteignirent,
en
valeur constante et relative,
le pOint culminant de leur histoire.
Par-delà les périodisations analysées en fonction de la
conjoncture économique ou politique,
l'année 1952 situe le
1
renversement de la tenance
de fond de l'exploitation coloniale.
\\
De la dépendance coloniale,
nous aboutissons à une indépen-
dance formelle.
A trave~s cette indépendance formelle,
les pays
africains vont entrepre~dre une
reconversion de leurs économies
de type post-colonial ou néo-colonial.
La reconversion des économies impériales est une
conséquence étroitement liée à l'accession à l'indépendance
des anciennes colonies.
Elle s'opère dans un contexte
marqué
par l'ébranlement et l'éclatement des espaces politiques et
économiques,
antérieurement tracés par la métropole.
En 1958,
l'accession à l'indépencance, sur la base
d'accords négociés territoire par territoire,
jusqu'en 1960,
achèvera de disloquer ces fédérations.
L'évolution inscrite dans ces changements,
s'est faite
sous la contrainte de l'événement.
Elle résulte d'une
contestation parfois très rigoureuse des
structures nées de la
domination coloniale.
L'oeuvre de la reconversion,
née de l'indépendance formelle
visera à innover pour conférer substance et cohérence,
à des
espaces économiques nouveaux.
Elle fera l'objet
d'étude
de notre deuxième chapitre.

- 178 -
CHAPITRE
II
L'INDEPENDANCE FORMELLE ET LA TENTATIVE DE RECONVERSION
DE L'APPAREIL ECONOMIQUE OUEST-AFRICAIN
Avec la décolonisation,
l'Afrique Noire,
acquit droit de cité sur le marché mondial.
Elle
prit place,
du même coup,
dans le système périphérique.
Si le XIXe siècle
correspond à l'épanouis-
sement et même au débordement de l'Europe sur le globe
qui couronne trois siècles de domination,
le milieu
du
XXe siècle demeure dans l'histoire comme la grande époque
de la dislocation des empires coloniaux.
A la colonisation,
succède l'indépendance.
Dans l'atmosphère de réformes de l'immédiat
après guerre,
en Angleterre comme en France,des idées
généreuses sont lancées en matière
d'évolution des
territoires coloniaux.

- 179 -
La période 1945-1955 fut une phase de tâton-
nements difficiles.
Les déclarations d'intention ne furent
guère,
ou pas suivies de réalisations concrètés.
L'évolution
prudente vers le self-gouvernement impatienta les élites
auxquelles elle donna seulement l'occasion d'accélérer
le mouvement.
Le peu d'empressement des autorités coloniales
à inscrire leurs intentions dans les faits, developpa
surtout un sentiment de méfiance et de désillusions
:
les
Africains doutèrent de la. bonne foi d'une politique orientée
concrètement vers la domination européenne et radicalisèrent
leurs
revendications au sein de formations politiques qui,
pour la première fois,
prirent des allures d'organisation
de masse.
En revanche, dès que les métropoles,
sous la
pr2ssiond'événements extérieurs
(Inde,
Bandoeng, guerres
d'Indochine et d'Algérie), du renversement des vues
économiques internes et des mouvements nationalistes
africains,
eurent compris le caractère irréversible de
l'évolution des revendications,
la décolonisation
proprement dite
(1957-1962)
fut
en Afrique subsaharienne
rapide.

- 180 -
Les élites,
préoccupées avant tout de leur
indépendance politique firent confiance aux conceptions
institutionnelles des métropoles et adoptèrent aisément
suivant le cas,
un régime inspiré de la constitution
française en 1958 ou de Westminster
model ou calqué sur
le modèle belge.
Une fois acquise,
l'indépendance politique
i l s'agissait de rendre viable un régime,
non seulément
grevé par un héritage économique redoutable,
mais resté
prisonnier des contraintes de l ' 'impérialisme néo-colonial.
Quelle que soit l'option choisie (après les
indépendances),
tant sur le plan des amitiés politiques,
que sur celui du régime intérieur
(socialiste ou libéral,
fédéraliste ou unitaire,
neutraliste,
pro-occidental,
etc)
aucun Etat africain ne semble,
à ce jour,
avoir atteint
son équilibre.
La recherche de l'autonomie après les
indépen-
dances s'est faite dans deux voies
la première,
c'est la tentative de reconversion
de l'appareil économique, qui constitue la voie nationale;
- et la deuxième,
la voie de l'unité africaine.
Section l
-
La voie nationale
la tentative
de reconversion de l'appareil économique
Section II -
La voie difficile de l'unité
africaine et l'intégration.

- 181 -
Section l
-
La voie nationale
: la tentative
de reconversion de l'appareil
économique
Lorsque les pays africains accèdèrent à
lmindépendance,
les Etats situés au Sud du Sahara suscitaient
de nombreux espoirs.
Après une libération obtenue sans que
la guerre contre la présence coloniale ait été nécessaire,
ils semblaient pouvoir mener la lutte contre le sous-
développement économique, grâce à la stabilité politique
acquise.
Après avoir lutté pour une indépendance politique,
les pays africains se sont ,r:éndus
compte qu'il fallait,
pour
une
autonomie intégrale,
passer par une reconversion de
l'appareil économique colonial.
Cette politique de reconversion, qui pouvait
principalement être unie au plan national,
visait les
transformations de la propriété et des modalités
d'attraction du capital, des systèmes moné~_ire
financier:
et commercial .
Mais,
très, rapidement,
la mise en oeuvre de
cette reconversion aboutissait à:un aménagement consti tu-
tionnel inspiré,
sinon calqué sur les
mécanismes
d'organisation des pouvoirs établis en France,
ou en Grande
Bretagne et de l'appare~l des investissements étrangers
pour faire face à leurs besoins.

- 182 -
Nous étudierons successivement
A -
La reconversion de l'entreprise et la
législation économique ;
B - La reconversion du système monétaire
et financier
;
C -
La reconversion du système commercial.
A -
La reconversion du.-stat~t des
entreprises et de la législation
économigue
Après les indépendances,
tous les pays
d'Afrique occidentale se sont dotés d'une constitution,
d'un plaç, d'un code dit d'investissement et aussi d'un
plan de développement.
Dans la stratégie du dévelo9pements les codes
ont pour fonction de préparer une infrastructure
d'accueil.
Ils contiennent également des dispositions
qui visent à faciliter la mobilisation d'une épargne
interne.
Il serait erroné de croire que la société
traditionnelle ne réalise aucune épargne en dehors du
stock de produits vivriers,
constituant un volant de
sécurité, destiné à faire face aux effets des calamités
naturelles.
Il existe une épargne authentique dans la
plupart de ces sociétés, mais elle reste très faible.

- 183 ~
D'un code à l'autre
les problèmes évoqués
restent les ~êmea Les voies divergent parfois selon les
options d'ensemble.
Mais,
les nuances concernent
généralement des dispositions à court terme.
Les Etats indépendants,
prêtent une attention
particulière a la nature,
aux types et aux statuts des
entreprises.
~~~s
et statuts de l'entreprise
La naturejuridique de l'entreprise fait dans
les codes,
l'objet de nombreuses remarques qui sont de
trois types
;:
-
la situation de l'entreprise par rapport a
l ' E t a t ·
sa .nationalité
-
la part que les autochtones prennent dans
son financement et sa gestion.
Tous les pays africains acceptent la co-
existence d'entreprises mixtes,
privées ou d'Etat.
Ils
ne leur accordent pas partout,
cependant,
les mêmes
sphères d'activités ou la
même imoortance·dans
l'évolution dde l'appareil productif.
L'entreprise privée s'est vu partout reconnaître
un droit de cité,
même si l'orientation d'ensemble devait
être,
en principe,plus favorable à d'autres types d'unités
économiques.
Elle n'a pas fait
l'objet de tentatives
profondes de transformation.

- 184 -
Dans quelques
.rares pays,
comme la Guinée,
l'amorce d'une réforme a été constatée.
La législation
guinéenne de 1958 est allée assez loin sur ce plan,
en
réduisant les types d'entreprises capitalistes à deux
la société à responsabilité limitée
(SARL)
et la société
anonyme.
Pendant cette même période,
c'est-à-dire,
a
partir de 1958, on assiste à la mutation de nombre de
succursales et de
sociétés à capitaux internationaux
en entreprises nationales.
Nous pouvons citer le cas des pétroliers
Shell Sénégal,
Mobil Côte d'Ivoire,
etc . . .
La particularisation des entités politiques
ouest africaines et l'amorce d'une certaine désharmonie
dans leur législation économique interne ont contribué à
rompre
l'unité de gestion
et à bouleverser l'identité
juridique d'entreprises qui,
jusque là,
opéraient sur un
même espace.
Le développement des sociétés d'Etat,
entre
1958 et 1966, est également marquant par son ampleur.
Il
s'explique ici pour deux raisons.

- 185 -
Dans les systèmes d'économie libérale d'Afrique
occidentale,
la société d'Etat pouvait pallier la carence
de l'initiative privée.
Pour les régimes planifiés et socialisant, elle
traduit la nécessité de mettre sur pied des instruments
qui tiennent lieu de supports contrôlables et sûrs,
pour
les objectifs économiques des plans.
A l'époque coloniale,
fort peu de sociétés
nationalisées existaient outre-mer.
Le secteur nationalisé
dans les métropoles,
était ici généralement donné en
concession.
Avec l'indépendance,
apparaissent ou se
développent un peu partout, des secteurs qui font
davantage place à l'entreprise publique
(eau et électricité
entreprise de productions industrielles).
En Guinée,
au Ghana,
au Mali,
ce type d'entre-
prises a connu de 1958 à 1965, en particulier,
une
prolifération prodigieuse.
La nature des plans économiques de ces pays
et l'importance de l'aide des pays socialistes expliquent
ce phénomène.
Les accords de prêts que ces Etats on signé
avec les pays socialistes,
ou même avec ceux du marché
commun,
engageaient souvent les pays donateurs ou
créditeurs à financer,
pour les bénéficiaires, des projets
de réalisation d'entreprises biens spécifiés
(barrages,
entreprises industrielles,
etc ... )

- 186 -
Le gouvernement malien étatise partiellement,
en 1960,
le commerce d' import-export,
.créant la société
malienne d' import-export
(SOMIEX),
en même temps qu'il
restructure,
sur des bases similaires,
son secteur
bancaire,
pour assurer le bon fonctionnement de ses
sociétés nationales.
La floraison des entreprises d'Etat dans le
secteur tertiaire,
affectera des pays que régissait un
système relativement
plus libéral.
Au Sénégal,
la création de l'OCA,
devenu
depuis OCAS
(1),
allait dans le sens d'une mainmise
de l'Etat sur les circuits de collecte et de
distribution des produits d'import-export
(arachide,
coton d'une part,
riz et mil d'autre part).
Le Niger tentera d'amorcer un processus
similaire pour commercialiser
ses produi ts d' expor-
tation,
de même que Burkina-Faso.
Ces pays articulent généralement leurs
réforme de circuits de distribution sur la base d'unités
ré0ionales
de collecte comme les organismes de stockage
de l'OCA,
les coopératives,
etc . . .
Cependant,
la tentative de reconversion de
l'entreprise et la législation économique,
va être
prise dans une logique néo-coloniale.
(1) OCAS
office de commercialisation d'arachide du
Sénégal.

- 187 -
En effet,
les responsables des économies locales
considèrent l'entreprise mixte comme
propre
à attirer le
capital et à promouvoir, dès le départ,
une gestion
efficace et saine que l'entreprise d'Etat n'arrive pas
à assurer sans les investissements étrangers
et le
contrôle étranger.
La
Côte" d'Ivoire,
qui passe
pour un modèle,
de libéralisme économique,
a pratiquement axé toute sa
politique d'industrialisation et de développement sur
cette formule,
avec la liberté aux capitaux étrangers
de s'investir.
L'iniative originale de la société nationale
de financement qu'elle a mise sur pied va également dans
ce sens.
La société collecte des fonds prélevés sur les
bénéfices des entreprises ou sur les finances publiques.
Ces fonds remboursables permettent,
avec des ressources
acquises par l'émission d'obligations et d'emprunts,
de
disposer de moyens de participation dans les industries
locales qui se créent.
Il reste,
comme on le verra plus loin,
que la
participation privée a tendance à être largement
prédominante et à créer une forme
de dépendance économ'ique,
qui prolonge la colonisation.
La mise en valeur des
ressources minières et énergétiques,
en particulier,
a été
entreprise par ce moyen.

- 188 -
Dans l'ancienne AOF,
l'Etat français,
directe-
ment ou par le truchement du Bureau minier et de
la CCEE(l),
participe a toutes les grandes sociétés qui exploitent les
richesses locales:
Miferna et Micuma en Mauritanie,;
phosphates de Talba au Sénégal,
etc . . .
Les pays de l'UMOA
(2), dirigés par une
oligarchie de fonctionnaires plutôt attentifs à l'évolution
du budget de l'Etat,
s'en étaient longtemps tenus à
favoriser surtout le capital étranger.
Ils n'ont prati-
quement pas dégagé une bourgeoisie locale d'affaires.
Il
a fallu attendre 1968 pour qu'une opinion,
longtemps tenue
en veilleuse par le vieux capital installé a Dakar,
ou par
les nouveaux investisseurs de Côte d'Ivoire,
exprime son
intention de voir africaniser l'entreprise locale.
En Côte d'Ivoire et au Sénégal,
les groupements
économiques
(Uniges, Cofeges,
Ges)
réclament leur insertion
dans la vie économique
nationale.
Ce problème d'africanisation du capital et des
cadres de l'économie,
traduit de plus en plus une vive
critique qui~fait jour contre la part, trop belle, faite
par les codes d'investissement aux investisseurs étrangers.
(1)
CCEE
: compagnie cherifienne d'entreprises électiques
(2)
Union monétaire ouest africain
(UMOA).
__
":"::':'~-"- '-_,.~~"'
-
._~-- -- ---

- 189 -
On pourra lui consacrer quelques remarques
une fois évoquées les dispositions par lesquelles les
codes nationaux ont cherché à drainer,
chacun dans son
espace,
les investissements extérieurs.
-
Les techniques d'attraction du capital
Outre,
le renouvellement de la législation sur
l'entreprise;
les principales dispositions sur les codes
portent,plus directement,
sur les voies et moyens
d'a t trac tion du
capi tal
Les mesures qui sont prises peUvent
être
classées en deux principales catégories de considérations:
-
les unes concernent ce qu'on peut anpeler
les garanties des risques du .capital. Ce souci
de
protection sera à la fois celui de l'Etat qui accepte
l'investissement et celui
du gouvernement d'où provient
le capital
les secondes répondent au souci de rentabilité.
Les codes ont prévu, quelle que fût l'orientation
politique, quelques r~gles en particulier,
au
.respect du
droit de propriété.
Ils s'engagent formellement,
sinon à renoncer a
toute mesure de nationalisation et d'étatisation du moins
à assurer le remboursement intégral des risques acceptés
par l'investisseur.

- 190 -
Le NIgéria,
la Côte d'Ivoire,
le Sénégal, mais
aussi le Ghana du président N'Krumah et de. ses successeurs
comme la Guinée,
adhèrent,
dans leur~iégislation
respective à ce principe.
Le gouvernement de Guinée donnait des
assurances sur ce
plan,
au secteur privé,
en affirmant
son opposition à toute spoliation sans indemnisation du
capital privé, et ce, dès
la mise en place de son
premier plan triennal.
Dans le code malien des investissements,
une
procédure détaillée est décrite pour préciser comment une
entreprise
conventionnée peut passer sous la propriété
de l'Etat.
L'investisseur, dans ce cas, devait pouvoir
récupérer l'essentiel de son
capital investi,
le transférer
ou liutiliser à sa convenance,
l'ensemble de ses gains.
Pour
répondre aux mêmes soucis de sécurité,
exprimés
par les détenteurs de capitaux étrangers,
les
législations ouest africaines ont dû reconnaître,
même
dans les systèmes monétaires
DU la
libre transférabilité
n'est pas de principe,
la possitilité de récupérer
l'intégralité des investissements.

- 191 -
On n'a pas manqué,
toutefois, de fixer,
dans
certains cas, des limites à ces
.retraits.
Pour éviter
que le transfert ne soit pas la conséquence d'une
renonciation ou de pratiques spéculatives,
nombre de
codes précisent le délai minimum de présence de capital
désireux de bénéficier des avantages qui lui sont
consentis.
Par ailleurs,
le capital et les gains
d'investissement susceptibles d'être transférés sont,
dans
.de nombreux cas,
.astreints à une procédure qui
permet
aux organismes publics d'en contrôler le
mouvement.
Jusqu'en 1968, avant la seconde dévaluation
de sa monnaie,
le régime malien prescrivait que tout
transfert de capitaux et de bénéfices devait faire
l'objet d'un préavis de trente
jours.
Les nouveaux accords,
signés en 1968 avec la
France,
rendent cette disposition caduque. Dans l'Union
douanière ouest-africaine (UDOA)
(1),
le mouvement à
l'intérieur de la zone Franc est à peu
près totalement
libre.
(1)
UDOA
union douanière
de l'Ouest Africain.

192 -
En dehors de la zone,il obéit à la législation
relativement libéraliste du contrôle français des changes.
Ce contrôle,
levé en 1963, a étéréinstauré après les
événements de mai 1968,
puis supprimé en septembre 1968.
La seconde catégorie de considération apparaît
dans les
législations afférentes aux techniques de
garantie de rentabilité.
Sur ce pIao,
il existe plusieurs procédures de
règles pour préciser les avantages de toute nature que les
pays accordent aux investisseurs.
Les avantages fiscaux
sont, dans ce contexte,
un élément très substantiel.
Ils
portent sur des suppressions de charges en faveur des
bénéfices réinvestis
et sur les amortissements accélér~s.
Pour leur assurer des relations concurrentielles
ou pour respecteR.
leur intégration dans
les circuits
financiers et commerciaux,complexes,
la plupart des
législations ont explicitement reconnu aux investisseurs
le droit de s'approvisionner où ils veulent pour leurs
prestations courantes
(en matières premières,
en matériel,
etc ... )
Les avantages douaniers et co~merciaux ne sont
pas négligeables.
Les capitaux investis dans les différents
espaces économiques nationaux se retrouvent,
partout,
sur
le coup de protections rigoureuses.

- 193 -
Pour freiner la concurrence étrangère, des
régimes tarifaires et contingentaires sont mis sur pied
pour assurer aux entreprises locales le minimum de
débouchés que représente le marché de la
frontière
politique qui
l'abrite.
Dans les pays où l'industrialisation s'était
dessinée, comme au Sénégal,
la restructuration politique
a même rendu ces mesures urgentes.On se rend bien compte
de ces faits en considérant l'attitude du Sénégal,
après
la dislocation de la fédération du Mali
(1).
Mais,
alors que ces mesures visaient ici a se
protéger, en général contre
des produits non africains,
les remous qui ont secoué l'union douanière ouest africaine
en 1963, attestaient
des attitudes d'autodéfense prises
par les nouvelles entités politiques,
les unes contre les
autres
(2).
La Côte
d'Ivoire,
pour se mettre sur un plan
plus concurrentiel,
ou pour briser une tendance née
de
relations commerciales traditionnelles,
remanie sa
législation pour freiner les importations, en provenance
des pays non africains et aussi du Sénégal.
(1)
M.
DIA,
l'économie africaine,
présence africaine,
1952;
M. DIA,
réflexion sur llé~o~omie de l'Afrique Noire,
Paris,
1957.
(2)
D. THIAM,
les fondements
idéologiques de la politique
intérieure dans les Etats indépendants d'Afrique Noire,
dans
RF~PA, 1969.

-194 -
L'exiguïté des micro-marchés nationaux des
Etats de l'ancienne fédération d'AOF,
explique que, dès
le départ,
leurs tentatives d'industrialisation les
opposent.
Les unités de production qu'ils installent
nécessitent des débouchés que le développement 'de leur
marché intérieur n'offre pas toujours.
Sur cette base,
l'Afriq~e peut-elle partir?
Ou est-elle mal par~ie ? comme l'explique R. DUMONT (1)
et A.
MEISTER
(2).
Nous ne pourrons répondre à ces' deux
questions que dans là-suite
de notre travail.
La manipulation des législations douanières
et fiscales et les conflits plus ou moins sourds qu'elle
a suscités dans la zone de l'union monétaire ouest
africain
(UMOA),
formée par les sept Etats-(sénégal,
Côte d'Ivoire,'Mauritaine.
Niger.
Burkina-Faso.
Dahomey,
Togo),
furent nombreuses et sont loin d'être résolus.
Ces réformes engagent une guerre des entre-
prises.
Les micro-marchés nationaux respectifs,
pour
résoudre leurs difficultés économiques et se protéger
dans l'avenir,
estiment qu'il faut dépister tous les
marchés,etles évaluer et créér en conséquence les·
entreprises nationales su~ceptibles d'approvisionn~r
leur espace économique. C'est une conséquence tout à
fait logique.
Elle résulte des politiques d'isolement
même si l'orientation ainsi prise tourne le dos à
l'efficacité.
(1) R. DUMONT,
l'Afrique Noire et mal partie,
le :Seuil,1962
(2)
A.
MEISTER,
l'Afrique peut-elle partir,
Paris 1966.

- 195 -
L'union douanière ouest-africain
(UDOA)
a fait
admettre,
pour tenter d'atténuer ces conflits dans son
secteur,
le principe d'harmonisatïon des investissements
et de l'industrialisation.Elle a,
en particulier,
formulé
sur ce plan,
le principe d'unicité d'imposition.
Elle
essaie d'éliminer les luttes tarifaires que
des
économies nationales non complémentaires et soucieuses
d'indépendance,
se livrent.
Mais,
l'analyse des projets d'industrialisation
et la comparaison des
.différents plans de développement
n'indiquent
pas que des solutions appropriées aient été
prises.
L'absence d'unité imprime ici ses contraintes.
Les Etats riverains de l'Atlantique,
plus
favorisés,
ont tendance à drainer les investissements
d'industrialisation pour le genre de produits demandés
dans la zone
(textiles,
produits alimentaires,
produits
chimiques), cela du fait d'une meilleure infrastructure
(infrastructure portuaire,
commerciale,
administrative,
liaisons plus faciles avec l'étranger,
etc . . . ).
C'est le cas de la Côte d'Ivoire,
et du
Sénégal
ce serait de plus en plus le
~as de la
Mauritanie,
de la Guinée ou du Dahomey (actuel Bénin),
par rapport aux Etats non
maritimes.

- 196 -
La disparité de l'espace politique ouest-
africain et l'absence
de solidarité entre les Etats
voisins après
~les indépendances, l'individualité, de plus
en plus accusée de leurs intérêts et de leurs nationaux,
astreignent à une autarcie. Celle-ci pousse les pays
défavorisés,
comme le Burkina-faso,le Niger,
par exemple
à se protéger et à accorder,
sur le
plan législatif,
les
codes le plus libéraux et souvent les plus ruineux
s u r I e plan des mines, du commerce ou de l'industrie.
On aboutit,
ainsi,
à des conséquences
extrêmes,
à partir des situations
nées du démantèlement
de l'ouest-africain.
Les différents pays,
contraints de
renoncer à des solidarités qui auraient facilité leur
construction,
se tournent ainsi, dans la mesure du
possible,
vers les sphères d'échanges les plus
profitables.
L'exigüité du marché,
les exigences coûteuses
des infrastructures en cadres qualifiés rendent
totalement non compétitive la production de nombre
d'entreprises. On est surpris de constater que les
textiles et les autres produits manufacturés du Japon
de l'URSS,
de la Chine, des Etats-Unis viennent accaparer
les marchés nigérien,
malien,
burkinabé,
etc . . . sur
lesquels les industries, sénégalaises ou ivoiriennes
misaient.

- 197 -
Les initiatives prises dans les codes ont eu
des conséquences diverses à l'endroit des bailleurs de
fonds étrangers et autochtones.
- Code et capitalisme autochtone
Ainsi, dans certains pays, on trouve un
certain nombre de dispositions qui visent à susciter
un capitalisme aut06htone.
Il ne s\\agit pas d'un effort général.
Certains hommes politiques,
pour ne pas heurter les vieux
intérêts coloniaux qui les
soutiennent pour leur
sagesse,
n'ont pas hésité a tenir en bride l'impatience
de leur petite
bourgeoisie. C'est une attitude générale
dans les Etats francophones.
Elle revêt une acuité singulière au Sénégal.
Pour se protéger de trop forts concurrents autochtones,
un peu comme on le fait en préférant s'abriter derrière
les techniciens étrangers de peur d'affronter,
par le
travail,
les cadres du pays, certains gouvernements
brisent les initiatives capitalistes locales.
L'opposition
entre SENGHOR et M.
DIA procède, en partie de là ;
le
premier s'étant toujours senti plus à l'abri derrière la
vieille garde coloniale et
le technicien français.

- 198 -
Par contre,
au Ghana et en Côte d'Ivoire,
dans une
certaine mesur~, mais surtout au Nigéria,
le capital non métropolitain neuf et le capital local
plus particulièrement se sontvus reconnaître, en
pratique, certaines priorités.
Au
Nigéria,
le capital autochtone a
·presque
toujours pris le ~as sur le capital étranger en cas
de conflit. Ce choix s'exprime dans le principe de la
nigéranisatfun du capital.
La démarche ici consiste,
à
établir une économie autocentrée capitaliste libérale et
moderne dont l'indépendance sera garantie par la détention
des moyens
de production par les Nigér0ns
eux-mêmes.
Au Ghana,
toutes les entreprises moyennes
sont,sous le président N'Krumah,
réservées explicitement
aux autochtones.
Dans le reste du pays ouest-africain,
l'exclusivité de la détention de certains secteurs par des
entreprises autochtones est exprimée/mais elle revêt la
portée d'un voeu pieux.
Il est vrai que des raisons objectives freinent
ce mouvement en Guinée,
au Mali,
au Sénégal ou en Côte
d'Ivoire.
Elles tiennent à la faiblesse relative des
disponibilités des capitaux autochtones,
et surtout,
au
manque d'esprrt
d'entreprise.
',"
.

- 199 -
Dans les zones de savanes ou de forêts de
l'ex-AOF,
s'est traditionnellement implantée une épargne
commerciale avec les Dioula.
Elle reste inopérante par
l'archaïsme des techniques mise en oeuvre.
La petite bourgeoisie fonctionnariste des
centres urbains des capitales francophones,
se présente
surtout comme un agrégat de consommateur.
Les planteurs,
mieux nantis, sont ici de nouveaux riches méprisant
généralement les intérêts de la nation
(en Côte d'Ivoire
et au Sénégal surtout)
Ils thésaurisent ou font
des investissements de prestige.
Les
épargnants ghanéens
et
Nigérians,
sont par conta,
en grande partie, des
agents économiques, mieux liés par leurs activités
commerciales ou bancaires à des milieux d'affaires
productifs.
La naissance d'un capitalisme ouest-africain
autochtone rest~ en tous cas, un des problèmes de la
reconversion.
Il se pose à tous les régimes tenus
par de petites bourgeaoisies politico-éocnomiques pour
peu qu'on s'en soucie,
au même titre que dans les
autres nations du monde
de créer un appareil économique
qui fonctionne par les
,ressortissants locaux et pour leur
prospérité.

- 200 -
QU'en est-il des codes et bailleurs de fonds?
- Codes
et bailleurs de fonds
Les investisseurs étrangers, dès 1959,
se concertent pour déterminer une attitude
commune devant
l'évolution
des politiques économiques à travers la
reconversion préconisée par les ex-colonies.
Au congrès de Gand,
tenu en 1959, a Bruxelles,
les capitalistes européens se font l'écho des appréciations
favorables et des réserves suscitées par les
dispositions que
les nouvelles entités politiques
édictent.
Aux journées internationales africaines
de Gand,
le rapport général constate que l'évolution
n'est nullement défavorable au capitalisme privé
étranger, du moins en ce qui concerne les aspects
essentiels.
La réunion du conseil de la chambre
internationale du commerce,
en 1961, donne encore une
idée plus précise de l'état d'esprit des investisseurs
étrangers.
Les réflexions qu'elle émet interviennent
à un momment où l'évolution politique se précipite. La
note émise, mieux avertie peut-être des nouvelles
orientations,
apparaît, de ce fait,
nettement plus
critique.

- 201 -
Dans la sollicitude dont ils font l'objet,
les investisseurs étrangers rappellent leur attachement
au principe de la libre entreprise.
Ils prennent acbe
du fait que .les pays nouvellement indépendants montrent
une attitude compréhensive.
La note insiste cependant
surle fait,que,
pour un capitaliste étranger,
i l importe
moins d'être dispo~é à recevoir des capitaux que de faire
preuve d'une attitude véritablement favorable
a l'entre-
prise prlvee.
Evoquant le problème des codes et le
renouvellement
de la législation économique en cours,
les participants au 2011oque rappellent que de nombreux
pays insistent trop surles mesures
·spéciales
d'encouragement souvent temporaires offertes,
mais que
l'essentiel est dans le climat
général et que
l'appréciaiton de l'opportunité d'investissement tient
surtout à l'expérience pratique,
aux conditions~ long
terme qui,
sur le plan politiique,
social,
économique
sont susceptibles d'assurer la réussite de l'entreprise.
Ils condamnent implicitement toute plani-
fication rigoureuse et suggèrent que les préférences et
les privilèges
des gouvernements des pays bénéficiaires
de flux de capitaux soient souples
(1).
(1)
congrès de Gand,
tenu en 1959 à Bruxelles,
journées
internationales africaines,
et la réunion du conseil
de la chambre internationale du commerce en 1961 à
Paris.

- 202 -
Ils s'attardent longuement sur la nécessité
de mesures favorables
au libre commerce et aux échanges
qui doivent pêtre accompagnés de garanties suffisantes
touchant le transfert des bénéfices,
le remboursement
intégral du capital risqué ainsi que les paiements
découlant de l'amortissement, de l'entretien et du
renouvellement du capital.
Le capital étranger tient pour non valables
les promesses verbales gouvernementales,
et,
pour s'assurer
des garanties sOres,
envisage le recours,
à ~ropos de tout
litige,
à une cour d'arbitrage qui, de préférence, devra
être intérriationale.
Il n' y a p"'1 sim pl e men t des di f f é r e n ces de da te
entre le colloque de Gand et celui de Marseille.
L' opposi tion du capital ancie"'l _,
menacé dans son
monopole
par la concurrence de
Icapi talistes tenus à l ' e~art des
anciennes colonies,
se 2omprend.
Le capital colonial français ou anglais
recouvre
des intérêts
nationaux.
Il tient à défendre
ses positions
Cantre certains pays du marché commun et
les USA plus ou moins soucieux de s'ouvriRun marché
neuf
:et d' installer
sur le terrain,
une
.certaine
influence.

- 203 -
L'opposition sera vive dès le départ entre le
capital étranger et ces préoccupations d'intérêt national.
La reconversion de l'entreprise préconisée par les
Etats nouvellement indépendants,
pour la reconquête d'une
autonomie,
nous conduit à étudier
en B,
la
reconversion du système
monétaire et financier'
et les avantages que les Etats ouest-africains
peuvent
en tirer po~une autonomie,
pouvant tendre à
une
intégration,
a condition que les idées convergent vers
unmême idéal
l'unite:
pourle développement économique.
B -
La reconversion dusystème monétaire
et financier
L'objectif visé par la reconversion est de
liquide
le monopole des marchés
qui découlait de
l'appartenance
aux zones
établies par les métropoles,
seules
juges de la politique de change et de devises
conférer à la monnaie locale,
une fonction de stimulant
à l'expansion, alors qu'elle
jouait jusqu'ici,
un rôle de
soupape anti-inflationnniste
; contribuer à
fixer
une épargne locale que.la' nature du système monétaire
amenait _à alimenter l'accumulation de capital à
l'extérieur
(1).
La reconversion du système monétaire et
financier entreprise par les pays africains,
a entrainé
des changements dans la Lone Franc.
(1)
Diagne PATHE,
Pourl'unité ouest africain~ ed Anthropos,
Paris 19721,
p.
168.

- 204 -
La principale cause des changements intervenus
dans la zone Franc
est l'accession,
des anciennes colonies
à l'indépendance. Les liens de subordination politique et
économique et
juridique se sont relâchés,
pour faire place
ad~nouveauxrapports conclus entre les Etats souverains.
Il en résulte que l'appartenance à la zone
Franc n'est plus obligatoire,
comme c'était le cas
autrefois.
Aussi,
certains pays n'ont-ils pas manqué de
prendre leur dis t an:e af in de mener une pol i tique
économique et monétaire plus indépendante.
Le mouvement a d'ailleurs commencé très
tôt
avec le retrait de la syrie en 1949,
suivie peu
après par celui du Liban.
Puis,
ce sera le tour des
Etats de l'ancienne Indochine,
en 1954,
et de la Guinée
en 1960.
Mais,
la grande majorité des nouveaux Etats
a choisi de rester
au
sein de la zone Franc.
POur autant
les choses nepeuvent plus être
comme avant.
En
devenant
contractuelle _,
la zone
franc perd nécessairement son caractère
uniforme
Elle
prend dès lors l'aspect d' une zone de
coopération,
fondée sur les liens privilégiés,
mais
qui revêt des formes multiples et variées,
suivant la
nature des relations que chacun des Etats membres désire
nouer avec la France.

- 205 -
Ce qui a surtout
contribué à briser
l'homogénéité de la zone Franc,
c'est le retour à la
liberté des changes décrété par le gouvernement
français en 1967 -(1).
En effet,
les pays
~ui n'ont pas suivi la
France dans cette voie se sont mis quelque peu en
marge de la zone Franc.
Car ils ont été oblig~s de supprimer la
liberté des transferts avec le reste de la zone.
Et en
retour,
ils sont frappés
au même
titre que les pays
étrangers,
par les mesures de contrôle établies par le
décret d'application du
.27
janvier 1967
sur les
opérations d'investissements directs ou d'emprunts,
alors
que le texte exclut de ces
mesures,
les pays qui ont
continué
a
appliquer la même rég~ementation des changes
que la France,
c'est-à-dire,
les Etats dont l'institut
d'cimission est lié au .Trésor français par une convention
de compte d'opérations.
(1)
rapport du conseil économique et
social sur "les
problèmes monétaires de la zone Franc",
10-11
mars 1970,
J.O.
15 avril 1970,
p.
193.

- 286 -
On distingue à ce propos,
deux régimes
différents à l'intérieur de la zone Franc,
en faisant
abstraction de la France et de ses dépendances directes,
à savoir la principauté de Monaco,
et les départements
et territoires d'outre-mer.
-
le premier régime concerne essentiellement
l'Algérie,
le Maroc et
la Tunisie.
Depuis leur accession
à l'indépendance,
ces
trois pays ont décidé de mener
une politique monétaire et financière
autonome.;
A cet effet,
chacun d'eux a créé sa propre
monnaie nationale,
et s'est doté d'un.
institut
d'émission propre en dehors de toute participation de
la France
(1).
C'est ainsi,
~ue la banque centrale de
Tunisie a vu le
jour le 5 décembre 1958,
pour prendre en
charge l'émission d'une nouvelle unité monétaire,
créée
le 18 octobre 1958,
sous le nom de
"dinar tunisien".
Au
Maroc,
le "franc marocain"
a cédé la place le 17 octobre
1959 au "dirham marocain" dont l'émission est confiée à la
banque du Maroc,
créée en remplacement de la Banque d'Etat
du Maroc.
(1)
la France ne participe plus ni
au capital ni a la
gestion des banques centrales d'Afrique du Nord.

- :07 -
De la même manière,
la banque d'Algérie
s'est transformée en décembre 1962,
en banque centrale
d'Algérie et le "dinar algérien"
a,
le 10 avril 1964,
pris la place du "franc
algérien".
Désormais,
les
trois pays d'AFrique du Nord
gèrent en toute indépendance leurs monn~ies qui ne sont
plus des monnaies satellites du Franc français comme par
le passé.
Ils sont certes attentifs à l'évolution de la
situation économique et financière en France,
mais ils
restent seuls
juges de l'orientation à donner à leur
politique monétaire. C'est ainsi qu'ils ont notamment
refusé d'imiter la France,
à l'occasion des dévaluatLons
successives du Franc français
intervenues depuis 1969.
N'est-ce pas
là la
preuve que ces pays ont
définitivement quitté la zone Franc
pour une véritalbe
autonomie?
On serait tenté de répondre par l'affirmative
si tes pays ne maintenaient
,encore des liens particuliers
avec la France,
et si la zone Franc elle-même n'avait poo
changé de contenu et de signification.
Ils ont conservé
des rapports
très étroits avec la Banque de France.

- 208 -
-
le second régime s'applique aux Etats dont
l'institut d'émission est lié au Trésor français par une
convention de compte d'opérali ons.
Il s'agit là exclusi-
vement de pays d'Afrique Noire
a
savoir,
les Etats
d'union monétaire oues~africain (l'UMOA),
Bénin,
Côte
d'Ivoire,
Burkina-Faso,
Niger,
Sénégal et Togo, les
~
Etats regroup~s au sein de la Banque des Etas de l'Afrique
centrale
(BEAC),
Cameroun,
Congo,
république centrafricaine,
Gabon et Tchad,
et le Mali
(1).
Ces pays continuent a entretenir une
cO.:J;)8ration
monétaire très étroite avec la France.
Mais,
ils vont,
comme
les pays d'Afrique du Nord,
tenter
de reconvertir leur
système monétaire et financier pour
une autonomie.
Cette reconversion devait se faire,
sans
fermer les possibilités d'attraction du capital,
sans
freiner le commerce extérieur susceptible de vendre ~~
marché le
plus rémunérateur et s'approvisionner au
moindre coût.
Les différents pays ont été ainsi amenés
a mettre sur pied,
soit une monnaie de zone,
soit une
monnaie nationale de zone.
(1)
on peut pour mémoire noter que la Mauritanie et
Madagascar ont également bénéficié d'un compte
d'opérations
jusqu'en 1973,date à laquelle ils se
sont retirés de la zone Franc,
chacun d'eux a créé
sa ·propre monnaie,
"le franc malgache" et
"l' ougiya" ,
et mis en place un institut d'émission autonome

- 209 -
-
La monnaie de zone
Elle traduit une politique caractérisée par
l'absence de réformes profondes qui innoveraient,
par
rapport à la politique traditionnelle de l'économiqe
impériale.
Dans le cadre de la monnaie de zone,
écri t
DiagnePATHE "il y a liberté totale
de transfert et
convertibilité des fonds,
parité fixe de l'unité
monétaire locale par rapport à celle de la monnaie
métropoli taine
considérée comme monnaie de réserve"
(1).
C'est le cas de l'UMOA qui regroupe,
a
l'exception du Mali et de la Guinée les six Etats déjà
cités plus haut,
repose sur la,constitution d'une
monnaie de zone,
a l'intérieur de la sphère d'influence
du Franc français.
L'UMOA est née en 1962 avec la
création d'une banque centrale:
la.BCEAO.
Ellen' a pas remis encause la pari té du CFA
établie à 1 FCFA pour 0,2 FF.
Le siège est à Paris.
Les
avoirs endevises de l'UMAO sont
comme auparavant,
conservés
en France.
La libre circulation des capitaux est maintenue.
La responsabilité de la politique monétaire
re~ent de fait à l'ancienne métropole. La progression
de la masse monétaire dessine le même contour qu'à
l'époque coloniale.
Elle suit l'évmution
du produit
interieur et le rythme
& croissance des investissements
en capital.
(1)
Diagne PATHE,
op.
cit.,
pp.
168-169

- 210 -
En janvier 1966,
par exemple,
l'ensemble des
avoirs extérieurs de la Côte d'Ivoire,
assure une couver-
ture de la monnaie locale à proportion de 89
% (1).
Cette forte couverture rappelle que la
contribution de crédit dans la zone demeure encore
étroitement contrôlée.
La BCEAO continue de pratiquer une
politique monétai~e déflationniste.
La monnaie créée dans
la zone vise exclusivement à faciliter les
transactions.
Une politique de développement aurait pu être
suscitée qui aurait eu comme répercussions,
la création
d'entreprises et d'emplois dans des secteurs qui recèlent
des potientalités
: cultures maraîchères,
exportations
de produits de la pêche,
financement d! fndustries diverses
etc . ..
.
.
.
.
5 · ,
Mals,
cette orlentatlon,auralt suclte une
concurrence à la métropole.
Elle aurait également
traduit une activité génératrIce
d'importations plus
ou moins considérables de biens.
Or,
comme à l'époque coloniale,
les autorités
de tutelle
savent
,qu'une évolution de cette nature
entraîne,
nécessairement l'utilisation dés avoirs extérieurs
et l'affaiblissement peut-être de la position monétaire
française.
(1)
notes d'informations et statistiques de la BCEAO,
1970

- 211 -
Ainsi,
pour défendre le Franc et l'expansion,
de l'économie française,
les pays
africa~ns,
juridique-
ment indépendants ~ont contraints de
renoncer à une
politique de développement global.
"Il est certain qu'un pays qui s'industria-
lise,
s ' i l est sous-développé,
recherche nécessairement
des équipements et des matières premières à l'étranger.
Ceci l'amène à utiliser tout son
potentiel de devises.
Il peut au mieux satisfaire à l'équilibre de sa balance
des paiements,
_en limitant ses dettes extérieures.
Si,
dans ce contexte,
les afflux de fonds
et
les
recettes assurent la couverture des transferts
de capi taux et
celle:
-.d 1 une balance commerciale même
déficitoi~e
,on
peut estimer la justesse de la politique
monétaire menee.
Par contre,
si l'on accumule,
comme les
Etats membres de la BCEAO des avoirs extérieurs des
balances
commerciales et de paiement,
tous plus ou moins
excédentaires,
on mène une politique insuffisante de
développement",
explique Diagne
PATHE
(1).
(1)
Diagne PATH~, op.
cit.,
pp.
170-171

- 212 -
Cette explication nous paraît correspondre
a la réalité,
dans la mesure où depuis toujours,
les émissions des instituts coloniaux étaient garanties
par le Trésor français,
mais elles étaient soumises à une
réglementation restrictive imposée par la métropole.
Les Etats africains devenus indépendants
en 1960, ont été intégrés aux différents accords de
coo~~ration
monétaires passés avec la France.
Jusqu'en 1967,
l'UMOA au sein de la zone
Franc était à l'abri d'un contrôle des changes
aussi,
par accords bilatéraux,
on reconnaissait aux paY5
participants,
un droit de tira~e sur les réserves
françaises dont le montant était lié à l'évolution du
solde de chacune des
balances de paiements.
La transférabilité interne à l'UMOA,
résulte
donc
directement du choix fait quant aux rapports du
CFA par rapport au Franc français.
On adm~t en effet,
assez généralement, que
le système monétaire de la zone Franc
(dont fait partie
l'UMOA)
par la liberté des changes qu'il maintient entre
les membres de la zone Franc,
est un facteur attractif
pour les investissements privés étrangers et non pas
comme
.facteur de développement endogène des économies
en présence.

- 213 -
Ainsi,
la politique de zone n'introduit aucun
aménagement notable,
aucune différence sur
la pratique
coloniale.
Elle aboutit a une
accélération de la
dépendance économique des pays africains
vis-à-vis de
la
métropole.
-
La monnaie nationale de zone
La monnaie nationale de zone contraste avec
la monnaie de
zone.
La premi~re, c'es~à-dire
la monnaie de zone
est
dépendante du Franc français.
Par contr~ la monnaie nationale de zone est
autonome.
Elle établit des liens privilégiés
avec la
monnaie de réserve.
Elle est liée par des r~gles de
parité fixe,
de
libre convertibilité et de transfert
plus ou moins limitées.
La monnaie nationale de zone dépend d'une
autorité nationale.
Celle-ci fixe les r~gles de la
politique monétaire du pays.
Elle peut en cas
de
nécessité édicter des mesures
de sauvegarde sur
sa
propre initiative.,
ouapr~s concertation avec les
partenaires.

- 214 -
C'est le cas des pays d'Afrique du Nord qui,
pour préserver leur autonomie
(l'Algérie,
le Maroc et
la Tunisie)
ont chacun institué un contrôle des changes.
A cet effet,
chacun d'eux a créé sa
propre monnaie nationale,
et s'est doté d'un
institut d'émission propre en dehors de toute partici-
pation de la France,
dont il était question plus haut.
On note en outre,
que les trois monnaies
d'Afrique du Nord ne sont pas traitées
sur le marché de
changes de Paris,
comme c'est le cas pour les autres
monnaies étrangères.
Elles sont définies par rapport
au Franc français par
de partiés fixes
(1),
mais
non immuables,chacun
des Etats intéressés étant libre de
modifier à tout moment le taux officiel de sa monnaie
sans accord ni consultation préalable avec les autorités
étrangères
ce qui n'est pas le cas de la monnaie de
zone.
(l)"dinar algérien"
=
1,15 FF
l
"dirham marocain" = 1,ü7FF
l
"dinar tunisien"
= Il FF, cf. marchés tropicaux et
méditerranéens numéro spécial,
14 mars 1975,
monnaie,
crédit,
banque en Afrique.
Cela n'est plus valable depuis
les nouveaux accords monétaires signés en janvier 1976
à la Jamaique,
à la suite desquels les trois pays
d'Afrique du Nord
,ont décidé de définir le taux de
change de leurs monnaies
.par rapport à un "panier
de monnaie".

- 215 -
L'Algérie,
le Maroc et la Tunisie ayant une
politique monétaire et financière autonome,
on s'attend
à ce gu'
ils disposen t
libremen t
de leurs avoirs
extérieurs.
Mais,
ils ont pris l'habitude
sans y être
obligés, d'utiliser le marché des changes de Paris pour
une grande partie de leurs opérations extérieures
et de
conserver une fraction de leurs avoirs de changes en
Francs français.
Toutefois,
i l semble que le Maroc et l'Algérie
aient deDuis
.quelques années adopté une poli tique de
di versif ication de leurs avoirs en dev ises.
Il faut
signaler que la Prance a continué à apporter une aide
pC2nomique substnntielle aux
trois pays d'Afrique du Nord
et à entreteni~ avec eux d'importants courants d'échanges
c0mmerciaux .
~ls ont conservé, par conséquent, des Liens
étroits avec les anciennes métropoles et établissent
avec elles,
un système d'assistance réciproque.
Les métropoles,
en particulier leur consentent
des facilités de tirage pour faire éventuellement face
à des échéances de paiement,
et pour faciliter leurs
rapports avec l'extérieur.

- 216 -
Elles facilitent les opéra~ions de leurs
propres entreprises.
Elles leur permettent de continuer
une activité" rémunératrice en con servant d'anciens
marchés,
de participer au
développement de ces pays, de
profiter également d'une situation d'intermédiaire
commercial de ces pays vis-à-vis du reste du monde.
A la différence des pays à monnaie de zone,
les Etats ayant une monnaie nationale reliée ici au-
Franc ou au sterling,
tireront généralement toutes les
conséquences des éléments nouveaux que la reconversion
monétaire met tai t
à
leur' di spos i tiort : révaluati on de
la monnaie par rapport à son vrai pouvoir d'achat,
réajustement du taux de couverture
,
utilisati~n
intensive des avoirs extérieurs, politique dynamique
de crédit en_
faveur d'activités productrices,
recours à la création monétaire pour financer des
entreprises,nouvelles,
etc . . .
Le centre de notre étude se limite
aux pays
d'Afrique Noire.
Mais,
si nous avons fait allusion aux
pays d'Afrique du
Nord,
c'est pour comparer la
reconversion entreprise par ces pays et leur aboutis-
sement à une autonomie monétaire,
sans toutefois
rompre les relations avec la France,
par
rapport a un
groupe de pays d'Afrique Noire,
dont la reconversion
monétaire et financière,
a contribué simplement à un
aménagement monétaire sous le contrôle de cette
dernière.

- 217 -
Le principe de la reconversion du
syst~me
monétaire et financier a été accompagné de mesures
variées dans le domaine bancaire et financier
(1).
Dans l'ensemble,
les différences de syst~mes
monétaires n'ont pas empêché de profondes
similitudes dans les réformes.
Sur le plan bancaire et financier,
les
nécessités d'attirer et de fixer le capital, ont amen2
à arrêter quelques dispositions.
-
Les réformes bancaires etfinanci~res
L'accession des Etats africains 2
l'indépendance a entraîné de profondes mutations
dans le syst~me bancaire.
Les réformes i~t2rvenues ont affecté aussi
bien les banques commerc~ales que les caisses de
crédi t
agricol e et les sociétés de cr~ it
social;
qui ont été pour lapl.upart remplacées par de nouveaux
organismes publics ou parapililics de crédit
portant
le nom de banque de développemnt.
Il ne saurait être question de donner ici
une
ph~ographie compl~te du reseau
bancaire africain.
La situation est si comp'lexe et encore si changeante
que l'on se contentera simplement d'indiquer les
grandes tendances des mutations intervenues ou en
(1)
M.
LECLERC,
les instituts monétaires africains
Paris 1965.

- 218 -
cours
(1).
a)
les banques commerciales
Lorsqu 'on observe l ' évoluti on des banques
commerciales depuis l'accession des Etats africains
à l'indépendan~e, on y décèle
essentiellement deux
grandes tendances
:"l'africanisation" des banques et
la diversification ou plutôt l'internationalisation de
leur capital,
la limitation
de la libre transférabi-
lité du capital.
-
Africanisation des bangues
Durant la période colonial; la politique
)
des banques commerciales est entièrement déterminée en
métropole.
Cela est dû essentiellement à l'organisation
très centralisée de ces établissements.
(1)
pour reconstituer le tableau de l'infrastructure ban-
caire africaine,
nous nous sommes inspirés de diverses
sources d'informations,
notamment
-BCEAO : petite revue des banques commerciales.
Notes
d'information et statistiques,
nov.
1963,
et annuaire
des banques de l'UMOA,
1976
-BEAC
: organisation monétaire et bancaire des Etats
de l'Afrique centrale,
1974
-Europe-outre-mer
: développement et africanisation
du secteur bancaire en
Afrique Noire,
oct.
1974
-L'annuaire des banques de l'UMOA publié chaque année
par la BCEAO
-Le bulletin de l'Afrique Noire.

- - 219
Après les indépendances,
les Etats africains
ont décidé que cette situation peut difficilement
être maintenue,
non seulement en raison des inconvé-
nients qu'elle présente pour la petite clientèle
africaine,
mais parce qu'elle est incompatible avec
le désir des Etats africains de reconvertir et de
prendre en main
la direction monétaire et la
distribution du crédit.
Ce mouvement de réforme revêt plusieurs
aspects.
Il se traduit tout d'abord par la transformation
juridique des banques en
de nouvelles
sociétés de droit
africain,
et par le transfert de leur siège social dans
les nouveaux Etats.
En conséquence,
les anciennes succursales
des banques françaises cèdent la place à
des sociétés
filiales,
et changent de raison sociale.
On
assiste également à des prises de
participation des intérêts locaux,
aussi bien publics
que privés,
au capital des nouvelles sociétés,
et à
la substitution à la tête de certains établissements
de dirigeants nationaux
aux
cadres expatriés.

- 220 -
L'ampleur de ces réformes n'est cependant
pas la même partout.
Elle est très variable selon
les Etats,
et aussi suivant les banques.
Il semble que le crédit Lyonnais a été
l'un des établissements le
plus sensibles aux
nécessités nouvelles.
Il a en tout cas,
été l'un des
premiers,
sinon .le premier,
à opter pour la politique
de filiales,
et
a transférer ses anciennes agences a
de nouvelles sociétés de droit africain.
-
la banque malienne de crédit et de dépêt
est la première de ces
nouvelles sociétés.
Elle est
créée en octobre 1961. Son capital, qui était à
l'origine de 50 millions de Francs,
est passé en 1974
à 250 millions de Francs.
L'Etat malien et le crédit
Lyonnais en sont les deux actionnaires,
à raison
respectivement de 50 02% (Etat malien)
et 49,98 %
,
(le crédit Lyonnais).
-
l'union sénégalaise de banque
(USE)
est
en trée en fonc tion
en décembre 1962,
son capi tal
s'élève actuellement à 2 milliards de FCFA,
62,24 %
(Etat sénégalais),
18,7 %' (Crédit Lyonnais).

- 221 -
-
la société camerounaise de banque
(SCB)
est entrée en activité en
janvier 1962,
son capital
en 1974
: l
milliard de FCFA,
et porté à 2,7 milliards
de FCFA en 1977
: participation
pouvoirs publics
(60 %)
(35 % pour
l'Etat et
25 % pour la banque
camerounaise de développement)
et celle
du crédit
Lyonnais 25 %'
-
la société ivoirienne de banque
(SIB)
a été constituée en 1962.
Son capital initial de
250 millions de
FCFA est passe,
après plusieurs
augmentations à 3 milliards de FCFA.
Par la même
occasion,
la participation des pouvoirs publics
s'en
est trouvée revalorisée,
passant de la % à 32,5%
et
celle du crédit Lyonnais a été ramenée de 42
% à
31,S %.
La société générale a sUlvi en grand~
p2rtie le principe du crédit Lyonnais en acceptant dès
le départ detr2nsférer ses guichets africains a quatre
nouvelles
sociétés
:
-
la société générale de banque du Sénégal
(SGBS)
a été constituée le 26 novembre 1962 et est
entrée en activité en décembre 1962.
Son capital,
a la
suite de plusieurs augmentations est passé de 500
millions à 2 156 millions.
La participation de la maison
mère
(société générale)
y
est de 37,93 % et celle des
intérêts sénégalais,
tous des actionnaires privés de
38,22 %,
le reste entre des intérêts étrangers.

- 222 -
-
la société générale de banque en Côte
d'Ivoire
(SGBCI)
est entrée en fonctionnnemnet en
décembre 1962. Capital 5 milliards.
La participation
des intérêts
locaux ét~t
fixée au départ à 10 % pour
atteindre
progressivement 39,5 % à l'heure actuellE
dont 10,5 % pour les pouvoirs publics et 29 % pour les
particuliers.
La part de
la société générale est de
37,2 %.
Si la société générale a opté dès
le départ
pour lacréation de filiales
africaines,
sa politique
d'africanisation a été plus lente que celle suivie
par le crédit Lyonnais,
nottamment au niveau du
capital.
En effet,
la partici0ation des intérêts
locaux dans ses filiales est restée pendant longtemps
très faible.
Ce n'est qu'à partir des
années 1970-1971
qu'elle a réellement commencé à prendre de l'importance.
~Jais, elle va rarement jusqu'à la majorité absolue
contrairement a ce qui se passe dans ,la plupart des
filiales du crédit Lyonnais.
Le processus d'africa nisation a été plus
lent a la BNP,
ou plutôt à la BNCI et la BAO.

- 223 -
La politique de filiales
n'est pas une
nouveauté pour la Banque Nationale pour le commerce
et l'industrie
(BNCI).
Elle a commencé à la pratiquer
depuis
très longtemps en Afrique du NOrd et dans
l'océan Indien
(1).
Et c'est seulement au lendemain
de l'indépendance qu'elle accepte de transférer une
partie de ses agences à de nouvelles sociétés de droit
africain.
- COnstituée en février 1962,
la banque
internationale pour le commerce et
l'industrie au
Sénégal
(BICIS)
a repris,
à compter du 1er mars
1962,
l'exploitation des guichets que la BNCI
possédait dans ce pays.
Son capital initialement fixé
à 500 millions,
se monte en 1980 à 2 milliards de FCFA.
Cet accroissement à permis de réhausser
très substan-
tiellement la participation des
intérêts sénégalais,
qui passe de 7,9 % à 50 %
dont
42 % pour l'Etat et
8 % pour les actionnaires privés.
La part de la BNP
qui a pris la succession de la BNCI est de 23,3 %.
(1)
dès le lendemain de l'armistice,
la BNCI crée sa
première filiale africaine sous
le
nom de la BNCI-
Afrique ayant son siège à Alger,
et dont le réseau
s'étendit en quelques années sur toute l'Afrique du
Nord et
jusqu'au Moyen Orient.
En 1954,
est consti-
tuée la BNCI-Océan Indien,
qui étend son champ d'action
de Madagascar
jusqu'à Djibouti,
en passant par la
Réunion et l'Ethiopie -
voir BCEAO,
note d'infor-
mations et statistiques,
nov.
1963, n° 100.

- 224 -
-
la banque internationale pour le commerce
et l'industrie en Côte d'Ivoire
(BICICI)
est entrée
en fonctionnement en 1962.
La part des intérêts ivoiriens
a été portée de 10 % à 51 % dont l'Etat 24 % et les
actionnaires prlves
27 %. Son capital de 200 millions
de FCFA est passé à 4 milliards de CFA.
Quant a la Banque de l'Afrique de l'Ouest
(BAO)
qui en tant que
successeur de la banque du
Sénégal,
est le plus vieil établissement bancaire
de
l'Afrique
noire francophone.
Plutôt que de se lancer dans
le filialisme,
la BAO a
au lendemain de
l'indépendance a.préféré
garder son homogénéité
juridique et fonctionnelle.
Pour pouvoir mieux développer ses activités,
elle s'est internationalisée en s'ouvrant aux capitaux
étrangers et a pris le nom de banque internationale pour
l'Afrique occidentale
(BIAO)
à compter du 1er avril 1965.
Avec
oes moyens financiers
accrus,la
nouvelle banque n'a aucune peine à développer son réseau
d'agences,
qui s'étend sur presque
tous les pays africains
de la zone Franc.
Cette politique ne
tarde pas cependant
a apparaître quelque peu anachronique eu égard à la
tendance générale de la
~éforme préconisée et de
l'évolution de l'infrastructure bancaire africaine.

- 225 -
Aussi,
soit pour répondre aux voeux
exprimés par les gouvernements des pays intéressés,
soit tout simplement pour satisfaire aux obligations
contenues dans
les réglementations
bancaires,
la
BIAO est-elle contrainte de
transformer à son tour ses
sucrnrsales en des banques de droit
local.
Depuïs 1980,
la BIAO a
accéléré le
mouvement
africanisation
en
transformant en filiales
ses succursales de
Côte d'Ivoire,
de République
Centrafricaine,
du Niger,
du Sénégal,
du Tchad,
et
du Togo
(1).
Il faut citer le cas
très particulier
du gouvernement centrafricain,
qui
au lieu de nationaliser
les banques opérant
dans
le pays,
a préféré créer sa
propre banque commerciale,
qui correspond,
selon les
responsables politiques,
a la
reconversion du système
bancaire dans
l'optique africaine.
Cette banque a été consituée en octobre 1971
sous le nom de Banque Nationale Centrafricaine de dépôts.
Son capital est de 520 millions
i l est entièrement aux
mains de l'Etat et d'organismes publics.
(1)
cependant,
dans la majorité des cas,
la BIAO détient
seule la
totalité du capital.

- 226 -
Mais,
elle coexiste avec deux autres éta-
blissements bancaires
non étatiques,
l'un
l'union
bancaire en Afrique centrale
(UBAC)
étant la filiale
commune constituée par le crédit
Lyonnais et la société
générale,
l'autre étant la filiale de la BIAO.
Donc,
d'une façon indirecte et
par banque interposée,
la
BNCD est contrôlée par des actionnaires
étrangers.
On peut également mentionner la création
en Côte d'Ivoire en 1975 de la banque nationale pour
l'épargne et le crédit
(BNEC),
ayant pour mission de
financer des logements sociaux,
et de faciliter l'accès
à la propriété immobilière.
Cet établissement
gui a un c2pitol de
l
100 millions de FCFA,
était
à l'origine entièrement
contrôlé par l'Etat,
mais i l a été privatisé en 1980,
le principal actionnaire en étant
la banque ivoirienne
et de travaux publics
(BICT).
La reconversion
a été orientée vers une
précision plus grande dans
la nature des activités des
banques et des institutions monétaires.

- 227 -
Le secteur bancaire est
transformé par
l'apparition des banques de développe~~t .Il s'élargit
par l'internationalisation du capital bancaire.
Des
liens sont établis avec les
institutions financières
étrangères et internationales.
-
Diversification et internationalisation
du capital
La seconde caractèristique de l'évolution
du système bancaire africain est la diversification
du capital des banques.
Cette diversification se traduit tout
d'abord,
comme on vient de le voir,
par une association
entre les banques françaises
et les intérêts locaux.
Elle se manifeste aussi et
surtout par
l'internationalisati0n du capital des banques.
Il s'agit
en l'occurrence de l'entrée dans
les banques opérant
dans les pays africains de la zone Franc de capitaux
en provenance des
pays européens
(autres
que la France),
d'Amérique et du monde arabe.
L'accession des Etats africains a l'indé-
pendance devait nécessairement y
attirer de nombreux
groupes financiers
étranqers.
Plutôt
que de chercher
la confrontation avec ces orouoes.
les banaues francaises
déià en
elace.
ont dès le départ choisi la voie de la
coopération en s'associant avec eux.

- 228 -
On peut
a ce prooos
rappeler la
transformation en avril
1965
de la banque de
l'Afrique occidentale
(BAO)
en banque internationale
pour
l'Afrique occidentale
(BIAO).
Cette nouvelle banque a
toujours son
siège a Paris et
son capital qui s'élève actuellement
à 66,2 millions de Francs français, est réparti comme
suit
49 % pour la First national city bank de New
York
(1),
d'origine américaine comme son
nom l'indique,
et 51 % pour la compagnie financière France-Afrique
(COFIFA)
qui représente les intérêts de l'ex-BAO.
De la même manière,
les trois banques
françaises
nationalisées ont ouvert le capital de leurs
filiales
africai~es à des groupes étrangers.
Le crédit Lyonnais s'est associé a trois
banques étrangères
la Banca commerciale Italiana
(Italie),
la Deutsche Bunk
(Allemagne)
et le Morgan
Guaranty international Banking cooporation
(Etats-
Unis) .
(1)
il semtl e que
la part de la First national city
Bank ait été récemment cédée à de nouveaux partenaires
notamment la BNP,
le crédit commercial de France,
et
l'union des banques suisses.

- 229 -
La société générale
compte pour sa part
quatre partenaires étrangers
: Banca nazionale del
Lavoro
(Italie),
Bayrrishe Vereinsbank
(Allemagne),
Crédit Suisse,
et Bankers international cooporation
(Etats-Unis) .
Elle a également offert jes participations
a
trois banques françaises:
la banque de l'Indochine,
le crédit industriel et commercial
(CIC)
et la banque
de l'Union parisienne
(BUP)
ainsi qu'à une banque
belge,
la société générale de banque
(Bruxelles).
Mais,
c'est la Banque nationale du commerce
et de l'industrie
(BNCI)
qui a choisi la formule la
mieux élaborée.
Cette banque,
qui a une longue pratique,
de la politique de filiales,
a commencé très
tôt à
S'associer à des banques étrangères.
Pour
se conformer aux exigences légales,
elle fait
apport en 1957 de son agence de Léopolville à
la société congolaise de banque
(Socobanque),
filiale
de la banque Lambert à Bruxelles.
Cette association est
le point de
jépart d'une coopération qui ne cesse
de s'élargir au fil des ans.

- - 230 -
En effet,
d~s 1960, la Bank of America prend
à son tour,
une participation dans
la Socobanque.
En
mars 1961,
les
trois groupes,
banque Lambert,
BNCI et
Bank of America,
décident d'aller de l'avant et de
cons ti tuer ensemble l a société f inanci~r~ pour les
pays d'outre-mer
(SFOM)
dont le but est de
"faciliter
l'établissement de relations réguli~res entre les banques
travaillant dans des pays africains appartenant a de
zones
politiques ou économiques
différentes"(l).
La SFOM a par exemple,
concourb
a la création
en novembre 1961 de la commercial bank of Africa a Dar es-
Salam,
et en 1963 de la banque
~ommerciale du Ruanda
(2)
Elle
est en outre,
associée à la BNP dans
les
filiales que celle-ci a constituées dans
les pays africains
de la zone Franc,
avec une participation de 24,50 % au
Camerouo,
28 % en Côte d'Ivoire,
30,5 % au Gabon,
23 % en
Haute-Volta
(actuelle Burkina-Faso),
27,7 % au Sénégal et
28,05 % au Togo (3).
Les
tableaux suivants permettront de
mesurer le degré de diversification du capital des filiales
africaines des
trois grand~s banques françaises
nationalisées.
(1)
cité par BCEAO,
op.
cit.,
notes d'information et
stqtistiques,
nov.
1963
(2)
BCEAO,~. cit.,
notes d'information et
statistiques,
nov.
1963
(3)
cf.
BCEAO,
2P.
cit.,
notes d'information et
statistiques,
nov.
1963/

- 231 -
Tableau:3
:Diversification du capital des
filiales de la Banque Nationale de Paris
(BNP)
Raisons
r
sociales
BlCl
BlCl
BlCl
Union
1
du
Côte
[Cameroun
[COngOlaise
Sénégal
rd
.
'lVOlre
[
de banque
f
[
1
[
Capital en
2 350
1
FCFA
2 milliard'1 4 milliard~ millions
600 million
[
,
:
Répartition
1
1
du capital
1
1
en pourcentage
1
[
intérêts
1
Etat
:
42
Etat
;
24
Etat
51
Etat
51
locaux
privés
• 8
privés
27
1
1
1
BND
22,3
1
21
11,5
1
1
24,50
( 2 )
,
1
1
SFOM
(1)
27,7
1
28
24,5
24,50
( 2 )
1
[
1
1
\\
Autres
[
[
Barklays
-
1
partenaires
-
Balll<:A5
24,50
(.$ )
[
[
(
1

- 232 -
-
suite -
BTCT
BTCTA
BI.'=.T
Gabon
Burkina
Togo
1
Capital en
FCFA
l
750 millions
l
milliard
l
250 millions
1
Réparti t io n
du capital
en
%
intérêts
Etat
:
25
Etat
51
Etat
:
43 7 7
locaux
privés
15;1
privés
:
4
privés
1,3
1
BND
,
29,35
22
26,95
SFOM
(1)
30,55
23
28,05
1
Autres
partenaires
-
-
-
1
1
(1)
société financière pour les pays d'outre-mer
(2)
société de participations et de gestion au GOngo,
nouvelle appellation de l'ex-BTCT Gongo
(3)
société internationale de participations et de gestion,
nouvelle appellation de l'ex-société générale de banque
au Congo
Source
BCEAO,
petite revue
des banques commerciales,
bulletin mensuel,
notes d'information et
statistiques,

100
,
nov.
1963.

- 233 -
'rableau: 4
Diversificaiton du capital des
filiales du Crédit Lyonnais
Union
sté
sté
sénégalaise
camerounaise
ivoirienne
de banque
de banque
de banque
Capital en
FCFA
200 millions
2500 millions
3 milliards
Répartition
du capital
en pourcentage
,
intérêts
pouvoirs publics pouvoirs publics
Etat
:
32,S
76,6
(1)
60
(1)
'-_.._--~
Crédit Lyonnais
18,7
25
31,S
1
Banca com.
Italia
1,9
5
12
Deutsch
1
Bank
1,9
5
12
Morgan
G.
Trust
1,9
5
12
Autres
partenaires
-
-
-
1

- 234 -
-
suite -
Union
Banque
Union
Gabonnaise
commerciale
togolaise
de ban~ue
congolaise
de banque
Capital en
FCFA
1000 millions
2 milliards
1500 millions
Répartition
du capital
en pourcentage
intérêts
pouvoirsppublics
pouvoirs publics
Etat
35
locaux
43,75
(1)
63,22
(1)
Crédit
Lyonnais
30
24,97
35
Banca corn.
Italia
7,5
3,OS
Deutsch
Bank
7,5
3,OS
Morgan
G.
Trust
11,25
3,OS
-
Autres
BIAO
partenaires
-
2,57
-
(1)
y compris la part de la banque nationale de dévelop-
pement
(BND)
Source:
BCEAO,
op.
c i t . ,
N° 100
,
nov.
1963.

- 235 -
Tableau 5
Diversification du capital des
filiales de la société générale
raisons soci sté générale
union
ale
de banque
SGBCI
SGBS
congolaise
au Cameroun
de banque
Capital
2 156
en CFA
3 milliards
5 milliards millions
l
milliard
Répartition
du cat,)ital
en pourcen t.
intérêts
pouvoirs
Etat
10,5
Etat
51
locaux
publics:
45
privés
.
. 29 p . 38,27-
sté géne' raIe
37,8
37,2
37,93
Bankers
Trust
Banca deI
Lavodo
7,20
7,3
7,1
24,5
(3)
Bayrrish
bank
5
5
5,6
Crédit
suisse
5
5
5,6
i
Autres
-
5
(1)
5,6
( 2 )
24,5(4)
:
(1)
crédit industriel commercial
(CIC)
et banque d'Indochine
(2)
société
générale de banques Bruxelles
(3)
c'est la part de la société internationale de participa-
tions et de
gestion,
nou~elle appellation de l'ancienne
filiale de la société agénérale
(4) c'est la part
le la société de participations et de
gestion au Congo,
nouvelle appellation de l'ancienne
filiale de la BND
SOurces:
BCEAO,
op.
cit.,

300,
nov.
1963.

- 236 -
L'internationalisation du capital des banques
africaines commence depuis quelques
années
à prendre une
tournure tou te nouveLle car des groupes
financiers
étrangers de plus en plus
nombreux
viennent s'établir
directement
sur le marché africain.,
sans
passer par
l'intermédiaire
des filiales
constituées par
les
trois grandes banques françaises.
C'est le cas de
la city bank de New York,
installée en Côte d'Ivoire en
lQ75,
au Sénégal
et
au Gabon en 1976 et au Niger en 1979,
etc . . .
L'internationalisation du commerce des banques
en Afrique est un phénomène inéluctable,
lié a
l'ouverture
de plus en plus grande
jes Etats
africains
au grand
commerce international,
et aussi
à l'association au marché
commun de la majorité des
Etats d'Afrique occidentale.
b)
Les ban~ues de développement
- - - - - J - - - - - - - - - - - - " - - " - - - -
En
dépit des
nombreuses
transformations qu'elles
ont subies,
les banques commerciales ont
une finalité qui
reste
toujours dominée par l'idée de profit.
Et,
comme le
souligne,
M.
BADOUIN, "Ellf'co sont
davantage en raison de leur origine et oe
leurs préoc-
cupations,
axées sur les relations entre
les économies
nationales et
les économies étrangères"
(1).
(1)
R.
BADOUIN,"les banques de développement,
les banques
en Afrique",
revue française d'études
poli tiques
africaines,
août 1973.

- 238 -
Mais,
l'essentiel des
interventions des banques
de développemntt
consiste
à octroyer des crédits, et,
d'une manière générale,
à procurer des moyens de
financement.
Continuant l'action des organismes de crédit
social,
les banques de développement s'intéressent à tous
les secteurs de l'économie.
Elles
tiennent une place
importante dans le financement des campagnes de commercia-
lisation des produits agricoles.
Elles accordent des prêts
pour l'acquisition de
rllê'.tériels,
au profit des
artisans,
industriels et
agriculteurs,
Ou
pour faciliter la construction ou
l'amélioration de maisons d'habitation.
Bien qu'une grande partie de leurs concours
financiers soit faite
sous forme de crédits à court terme,
les baQques de développement ne peuvent ignorer les
opérations à long terme,
dont dépend;
dans une large
mesure,
le développement économique du pays.
Elles doivent notamment aider à la promotion
des petites et moyenne~ entreprises artisanales et
industrielles dirigées
par des nationaux, qui
sont
souvent nealiables par les banques
trad ~ tionnelles. Elles
doivent également s'efforcer,
par les prises de partici-
pation,
de favoriser
la pénétration du capital national
d ans
les en t repr i ses é tP. a ngères .

- 239 -
Aussi,
les
Etats
africains ont-ils décidé,
dès
le
lendemain de l'indépendance de mettre en place de
nouveaux établissements bancaires,
qui seraient les
instruments majeurs de
leur politique de dévelopement
économique.
D'où
le nom de
"banques de dévelopement"
donné à ces établissements.
Les banques de dévelopement
ne sont pas sans
rappeler les organismes de crédit social,
créés durant
la période coloniale,
dont
elles prennent
la suite.
Mais,
elles sont
investies d'une
mission beaucoup plus
vaste,
comme en
témoigne la grande variété de leurs
attributions.
Les banques de développement ont une compétence
pol~valente qui se
manifeste de deux manières
(1)
Les banques de développement sont
tout d'abord
des entreprises de service.
A co
titre,
elles sont souvent
amenées à gérer certains fonds
pour le compte de l'Etat
ou d'organismes publics ou semi-publics.
Elles peuvent
également être chargées de
l'émission d'emprunts publics,
de service
de la dette publique et de la gestion du
portefeuille de participation de l'Etat.
Les collectivités
publiques peuvent faire
appel
a
leurs concours pour
l'étude de certains
projets,
en vue notamment d'en
déterminer les
incidences économiques et financières.
(1)
R.
BADOUIN.,
op.
cit.
"les banques en
Afrique",
revue française d'études
politiques africaines,
août 1973,
Aubrie,
B.
VIANY,
économie monétaire,
, pp.
186 et S.

- 240 -
Presque
tous
les pays de l'Afrique de l'Ouest
se sont dotés d'une banque de développemeQt,
pour faire
face aux besoins des nationaux et attirer les capitaux
étrangers.
Après
la tentative de reconversion,du système
monétaire et financier,
les Etats africains se sont
attachés
à reconvertir le système commercial.
c~
Lp
reconversion du système commercial
A partir des
années 1958-1959,
plusieurs
tentatives ont
~té faites dans le domaine commercial,
dont
la finalité
était de reconvertir le système commercial
pour répondre aux impératifs que se sont fixé les pays
ouest-africains.
La reconversion du système visait,
entre autres
objectifs,
le démantèlement de l'économie
de traite,
l'élargissement et l'intégration du marché interne,
l'accès
à de nouveaux débouchés
le contrôle des
épargnes
locales.
La part des
transactions commerciales étant
considérable dans
l'ensemble du revenu concerné par
J'(conomie monétaire,
la rétention de l'épargne locale
oouv~it se faire grâce à un certain
contrôle du commerce.
Dans cette réforme,
d'après les
responsables
de gouvernement,
les nationaux devaient être protégés
contre la spoliation opérée par
les sociétés de
traite.

- 241 -
L'Etat lui-même
trouvait,
dans
le contrôle
du secteur,
une manière efficace de
prélever les fonds
nécessaires
à la formation du capital.
L'utilisation au
Ghana et au Nigéria,
en particulier,
des
fonds des Boards
du cacao-café,
arachides,
etc . . .
révélait quelques
possibilités. (1).
Sur le plan interne,
l'organisation d'une infra-
structure commerciale pouvait stimuler
la
production,
assurer la commercialisation dés
produits industriels,
attendus de projets neufs,
contribuer par des circuits
de distribution à faciliter
les échanges entre
}es divers
producteurs et consommateurs locaux.
Sur
le plan externe,
i l fallait
pousser la
prospection de débouchés
neufs et celle des sources
d'approvisionnement les
plus
avantageuses,
pour améliorer
concrètement les
termes de l'échange.
La politique monétaire,
étroitement imbriquée
à celle de développement et de la transformation à long
terme des structures économiques,
ne pouvait
tirer que
des
avantages dans un système cohérent de
transactions
internes et externes.
(1)
Osendé OFANA,
l'hégémonie de l'Ouest
africain,
cité
par Emile Lejeune,
dans__~em~R1LZ(.
africaines,

269,
29
juin 1966.

- 242 -
Les formules
mise~ en oeuvre ont porté sur
l'organisation des circuits.
Elles ont également concerné
la qualité des
agents habilités
à exercer une activité
commerciale et les
libertés d'action dont ils pouvaient
jouir.
La réforme des circuits internes a porté sur le
les activités de collecte et de distribution.
Les coopératives ont été,
pendant l'époque
coloniale,
les seules initiatives
prises pour concurrencer
un secteur commercial
totalement entrA
les mains
des
sociétés de traite
(1).
L'expérience sur laquelle on possède une littéra-
ture abondante de bonne qualité se trouve
dans les
travaux
de [Vl.
DIA
(2).
Des institutions du
type des sociétés de
prévoyance, auront
surtout assuré une fonction de distri-
bution de semences,
d'engrais,
d'équipements
techniques,
et de denrées de
soudure.
Les
tentatives de commercialisation des produc-
tions locales
par des coopératives menées a partir de
1949,
aboutirent,
en AOF,
en particulier,
a des échecs,
a
cause,
surtout,
de l'usage politique qu'on fit des
organismes coopératifs.
(1)
Evariste BROU,
le rôle des coopératives de la période
à nos jours,
thèse
d'Etat,
en cours de rédaction
Université d'Abjdjan
(2)
M.DIA,
l'économie africaine,
présence africaine,
Paris
1952,
pp.
30 - 5 0 .

- 243 -
Au
Nigéria,
et en Sierra-Leone,
les
Boards
enëoutagaient,
dans
certaine mesure,
le
6éveloppemelIDt du secteur_
L'expérience menée
au
Ghana,
en
Guinée,
au
Sénégal,
au
Mali et
ailleurs,
donna
apr 2S
1958,
un
réel essor au système.
En 1965,
le
premier ministre de
la Sierra-
~one de l'époque, disait que "le but ultime du
00 11vernement
serait de
voir
toutes
les
boutiques de
l ' ' . t"
d
l n - e r l e u r u oays entre les
mains de
sociétés
coopératives"
(1).
Au Ghana,
le système
coopéra t i f éta i t,
a
la
mêrre
epoque,
le fondement
de
la
poli tique commerciale
du gouvernement du
président N'KRUMAH.
C'est,
dans des
perspectives
a
peu près
identiques,
que s'inscrivait
l'action
rot reprise
au
Sénégal sous
le gouvernement de
M.
DIA
Celui-ci
avait
confié
a
la coopérative,
une fonction
de
collecte des
oroduits
locaux d'exportation,
une
fonction de
distribution des biens
d'importation
et
même un rôle
de
cellule de base pour l'équipement
et
la
production.
(1)
cité par PATHE Diagne,
pour
l'unité ouest-africaine;
ed.
Anthropos,
1972,
p.
191.

- 244 -
L2
mise en place
de
l'OCA
(1),
chargé au
Sénégal de commercialiser l'arachide et
le mil,
et
d'assurer
l'importation de
produits de première
nécessité dont
le riz
importé en quantité considérable,
devait permeetre ici,
certains
objectifs fixés.
La presque
totalité"
de
l'arachide et du mil
sénégalais en 1968,
est effectivement
entre
les mains
des coopératives
et organismes stockeurs.
Mais,
la distribution des
produits
importés
échappera par la suite au secteur.
L'OCA,
réalise,
cepen&nt
à
l'extérieur,
l'achat de denrées,
telles
que
le
riz
ou le mil.
L2
reconversion commerciale par
le biais du
système coopératif devait rapidement
marquer le pas dans
la plupart des pays,
après
1963-1966.
Nulle part,
elle
n'avait conduit à
la prise en
main définitive de
l'écoulement sur les
marchés
nationaux,
des prdduits
locaux ou étrangers.
(1)
OCA
office de commercialisation d'érachide.

- 245 -
La Guinée
a fait,
à partir de 1958,
l'expérience
d'un secteur commercial d'Etat,
avec
la création d'un
comptoir guinéen de commerce
intérieur et extérieur.
Le gouvernement de Conakry,
pour
compléter la réforme,
devait mettre sur pied,
selon
les domaines et la nature
des
produits de collecte ou de distribution,
un certain
nombre d'entreprises commerciales
SOMATEX pourle
textile,
BATIPORT pour
le matériel,
de construction,
DIVERNA pour les marchandises diverses,
ABRIMA
pourle
matériel
agricole,
ERATEC pour
les
pièces de
rechange,
ENIL pour la
librairie,
etc . . .
Dans d'autres
pays comme
le
Ghana,
le secteur
commercial d'Etat était,
en 1965,
à l'état de projet.
La
politique
projetée alors
tendant,
selon les
propos mêmes
de ses promoteurs à absorber progressivement le commerce
dans
les secteurs coopératifs et d'Etat.
Cette évolution,
ajoutait-on,
devait s'opérer
de manière à ne pas créer de chômage dans
les grandes
compagnies
telles
la SCOA,
la CFA0 et
l'UAF
(1),
orincipalement
visées.
(l) sékou TOURE,
ci té par Mamadou DIA,
dans
réflexions sur
l ' é con 0 mie de
l ' Arr i que
No ire,
Par i s
l 9 5
,
p. 30 - 5 0 ,
S.
BADIAN,
dans
le3 dirigeants
africains face
à leurs
peuples,
F.
Maspero,
Paris 1964,
pp.
20-30

- 246 -
Le processus d'étatisation
traduit ici,
en
partie comme
le soulignait
le
président s.
TaURE,
la
conséquence des
échanges
avec
les
pays socialistes.
Il fallait
trouver des circuits de distribution et de
collecte pour les produits
échangés entre
les pays
d'Afrique occidentale et
les pays de
l'Est.

f
Le commerce
tradltionnel
concurrence,
ou
parfois rendu
réticent
par
la qualité de certaines
marchandises,
hésitait
à assurer la distribution
de certaines
importations.
A partir de 1963,
on
proc~de
en Guinée,
à des
réformes qui
resti tuent
une
part. du commerce interne
cU secteur privé.
s. TaURE s'en explique. EVOqlFlnt la raison
de
l'étatisation du commerce guinée~il souligne
que
la
Guinée avait signé des" 'accords de
commerce avec
les
pays qui s'offraient.
Ces
accords donnaient des
perspectives
de survie,
malS
pas de
tr~sgrandes possiblilités de
manoeuvre"
(1).
(1)
Sékou TaURE,
cité par
Mamadou DIA,
dans
réflexions
sur l'économee de
l'Afrique
Noire,
Paris 1957,
pp.
30
60,
S.
BADI~N, dans les dirigeants africains
face
a leurs
peuples,
F.
Maspero,
Paris 1964,
pp.
20 -30.

· - 247 -
Il ajoute
peu
après,
que
"l'import-export
sera exerc~ par un secteur organis~ a ~galit~,
avec les
soci~t~s nationales qui c:Jisp?raîtront
au fur et à
mes ure que les soci ~ t~s pr i v~ es
se sp~cialiseront.
La commercialisation des
produits qui
~taient jusque
là, du ressort des
sociét~s d'Etat, des comptoirs
régionaux et des offices,
seront désormais,
un monopole
du commerce priv~ qui1e mettra à le disposition de
Guinexoor:-t"
(1).
En 1965,
sousle gouvernement du
président
N'KRUMAH,
un processus similaire s'est dessiné au
Ghana.
LE pouvoir militaire accèlerera
le transfer~ du
commerce int~rieur ghanéen
entre les
mains de
sociét~s
privées.
Au Sénégal,
l'évolution est
a1l~è dans ce
sens.
L'GeA,
sous
l'initiative de
M.
DIA,
devait-
organiser un circuit
int~rieur de collecte et de
distribution.
Seule
la co1llecte des
principaux produits
agricoles sera finalement
enlevée aux grandes soci~té&
Les coopératives et les
traitants reconvertis
en orga.nismes de stockeurs,
se substi tuent
aux sociétés
de
trai te.
(1)
cf.
op.
ciL,
Mamadou DIA,
pp.
50-60,
S.
BADIAN,
op.
ciL,
pp.
40-50

- 248 -
Mais,
la SONADIS,
société mixte constituée par
l'Etat sénégalais,
les grandes
sociétés commerciales et
quelques commerçants locaux,
retrouvèrent le privilège
de crée r
des' poip ts
de
ven te de produi ts
importés à
l'intérieur.
Le secteur commercial
privé de distribution
et de collecte,
sera un
peu
affecté ça et
là,
mais en
fai t,
i l
retrouvera,
en
1968,
l'essentiel du
terrain concédé à
la faveur de
réformes
éphémè~es.
les sociétés commerciales
traditionnelles se
verront même 3ccorderle bénéfice d'une
législation qui
cherche à favoriser
l'extension de
leurs activités
jans les formes
le5
plus
fidèles
à l'~sprit du commerce
de traite.
En
Côte d'Ivoire,j:X)ur
riultiplier les
points
de vente et la
_collecte et introduire
les
zones
les
plus éloignées dans
l'économie monétaire d'échan~e, le
gouvernement
local consentit
auxsociétés o',appréciables
avantages.
C'est par conséquent,
ici
une
tendance inverse
qui se dessine et qui,
apres
l'indépendance,
vise même
à libérer l'initiative commerciale la plus
traditionnelle
de
toute sorte d'entraves,
une sorte
de rétablissement
de.la
traite.

- 249 -
Quant aux circuits du commerce ext~rieur~ ils
ont fait
l"exp~rience de l'intervention publique.
"Mais
cette exp~rience plus ancienne est ant~rieurE
à
l'ind~pendance", explique Diagne PATHE (1).
"Elle ~tait
inscrite dans la politique des Boards,
des caisses de
stabilisation,
etc . . . . Elle concerne des r~formes qui
seront g~n~ralement plus dur
les et,
dans une certaine
mesure,
moins soumises
aux tensions,
d'une
opposition
des secteurs d'int~rêts
priv~s et publics" -(2).
La reconversion du commerce ext~rieur ~tait
perçue comme un moyen de r~soudre
des problèmes,
tels
que la stabilisation du revenu et la
neutra-l.isation
des
effet~ pertubateurs du commerce ext~rieur sur l'ensemble
de l'économie africaine.
Il fallait s'adapter,
également,
à des échanges
opérés avec les entreprises publiques
des Etats
socialistesl
La puissance publique devait,
aussi prospecter
de nouveaux débouchés r.our sortir du système de privilèges
accordés aux métropGles,
améliorer les termes de
l'échange,
accroître les exportations,' et assurer la
stabilité monétaire: et la croissance.
(1)
PATHE Di0gne,
pour l'unité ouest-africaine,
thèse
sciente5 ~conomiEtueJ, 1971, P.
214
(2)
cf.
PATHE Diagne,
op. Ccit.,
p.
214.

~ 250 -
L'étatisation du secteur d'exportation des
productions locales et d'importations de biens est
réalisée en 1958,
en Guinée.
Elle connut un certain développement au Ghana
par la transformation et
l'élargissement des fonctions
des Boards
(1).
Le gouvernement ghanéen en 1962,
met en place
un système dit
"du commerce collectif" et une chambre
de commerce du Ghana,
regroupant,
sur l'initiative de
l'Etat, des commerçants locaux et des
agents de l'Etat
intéressés dans les activités d'import-export.
Le
processus d'étatisation restera,
en fait,
peu poussé.
La
chambre de commerce d'Accra,
qui reqroupe les grandes
sociétés étrangères du secteurs,
continuera de contrôler
en pratique 90 % des activités
(2).
Au Mali,
la SOMIEX a tenté a partir de 1962,
d'assurer le même rôle que la comptoir intérieur du
commeœ~guinéen. L'étatisation et le contrôle du
commer"ce
extérieur ont progressivement fait place, eux
aussi,
a des politiques plus souples.
(1) Osendé AFANA,
l'économie ouest africaine,
Maspere,
1960,
pp.
100-120
(2)
S.L.
ANYANE,
Ghana,
Agriculture,
Oxford,
1963,
pp.
40-50;

- 251 -
On est revenu,
presque partout,
aux pratiques
simplement interventionnistes des
Boards
traditionnels.
C'est ainsi,
que se généralise dans
l'UMOA,
l'établissement de simple
bureau de vente ou d'achat
de gros.
La formule de
l'OCA exportateur d'arachide,
importateur de mil,
résume ici
l'essentiel du contenu des
réformes qui s'inscrivent dans divers
pays
d'organismes:
office de commercialisation de
Burkina-Faso,
office de commercialisation d'arachide
dahoméen
(OCAD)
du Dahomey,
Bureau arachid~r
Niger-
Sénégal-Nigéria,
SONARA au Niger,
etc . . .
Dans l'ensemble,
le secteur privé contrôle
les activités d'export-import.
Les
organismes
para-publics servent d'appoint
ou de médiateur comme
les Boards nigérians ou ghanéens de
l'époque coloniale.
Ils
évaluent la collecte du secteur coopératif.
Ils
négocient des achats
à
l'extérieur pour certains
produits vitaux qu'ils revendent aux
sociétéscommerciales
qui,
elles les distribuent.
Il arrive exceptionnellement
qu'ils prospectent des marchés neufs ou
épisodiques
vente
au pays de l'Est
(arachide vendue à Cuba par le
Sénégal en 1966,
etc . . . ).

- 252 -
Après la réintégration du Mali dans la zone
Franc en 1968,
la levée progressive des réserves de
contingentements et de préférences
tarifaires au sein
des Etats membres de la convention de Yaoundé et des
réformes opérées
3U
Ghana,
on revient sur le plan
des
rapports commerciaux à une nouvelle situation.
Elle contraste fort peu avec celle des années 1956-58.
Ainsi,
la politique commerciale a suiviele même
principe des différentes autres expériences de reconversion.
Les réformes ainsi préconisées par les
Etats africains
présentent des conséquences.
\\ Conséquences des réformes
D'une manière générale,
les différentes
réformes préconisées par les Etats africains reflètent
une certaine continuité par rapport à la période coloniale.
La domination extérieure,
l'extraversion semblent se
perpétuer à peu près partout.
L'aperçu qu'on peut donner du bilan des diverses
expériences amène à conlure en ce sens.
Le rythme
de croissance économique est,
au
mieux identitque à celui de la période coloniale.
Toutes
les
transformations se ramènent à des modèles qui
rappellent l'économie impériale.

- 253 -
La reconversion de l'appareil commercial,
du système monétaire et financier,
la formation de
capital,
l'industrialisation et le développement des
économies nationales n'ont apporté des éléments
originaux que dans des expériences audacieuses,
mais
avortées.
On peut en juger plus en détail,
en évoquant
qUelGues effets des réformes au niveau du commerce
extérieur.
-
La reconversion et le commerce extérieur
Les résultats de l'évolution s'inscrivent sur
des
plans différents.
L'activité de prospection de
mar~hés nouveaux a pu porter des fruits.
Elle aura
permis alors d'écouler le surplus né de politiques de
diversification et d'a~croissement des exportations.
Elle aura facilité l'approvisionnement en biens
d'~quioe~~ntet de consommation.
On notera une aug~ntation en valeur des expor-
tations et une diversification des
clients.
Reste à
savoir, dans quelle mesure elles procèdent de politiques
nouvelles,
capables de faire naître une autonomie;
a
travers les différentes reconversions.
D'une manière générale,
les exportations de
matières premières portent sur des biens souvent
pléthoriques.
La demande est avant tout du ressort des
métropoles industrielles.

- 254 -
Un plan palmier, une plantation de caoutchouc
requièrent un certain nombre d'années avant qu'on puisse
récolter les fruits des efforts consentis.
Même la mise
en exploitation d'un gisement s'opère
après une longue
période de préparation.
Ainsi est-il difficile d'apprécier,
dès
maintenant,
l'effet des politiques de production et de
commercialisation interne ou des détournements de
circuits qui vont résulter des réformes entreprises
depuis les indépendances.
L'augmentation des exportat~ons relève encore,
comme a l'époque coloniale, de l'effet de mise en
exploitatio~, par les grandes sociétés, de richessees
minières nouvelles ou de la réalisation de projets plus
ou moins antérieurs aux réformes nées de l'indépendance.
Les mesures prises pour élargir les débouchés
a l'export~tion n'ont pas entraîné des dé~urnements
considérables de
circuit.
De nouveaux clients apparaissent
de divers horizons:
pays capitalistes du marché commun,
Etats-Unis,
Japon,
pays socialistes.
Les métropoles
continuent,
cependant à établir,
avec leurs anciennes
colonies,
des liens privilégiés.
Dans les pays de l'UMOA et
du Mali,
la France
est restée le principal client.

- 255 -
Ainsi,
pour la Côte d'Ivoire
2t le Sénégal,
le commerce extérieur se présente ainsi
:
Le commerce extérieur de la Côte d'Ivoire et
du Sénégal de 1963 à 1964
(en millions de FCFA)
Côte d'Ivoire
Sénégal
Exportations
Exportations
1963 . . . . .
41,908
1963 . . . . .
38,526
64,71 %
63,12 %
dont France .. 27,122
dont France .. 24,320
1
1964 . . . . .
60,508
1964 . . . .
42,394
62,43 %
58,7 %
dont France .. 37,778
dont France .. 24,881
Source
statistique du commerce extérieur des pays de
la zone Franc,
1963-1964,
étude économique,
Paris 1966.
Au niveau du tableau
on constatera une baisse
de la part de la France,
par la
·suite.

- 256 -
Ce phénomène est probablement dû à l'entrée des
anciennes colonies
dans le marché commun.
Le rétablis-
sement de la convertibilité totale,
la suppression du
contingentement,
ont également joué, surtout en ce qui
concerne le marché automobile touristique à forte
demande privée
.et aussi les équipements oG la demande
a pu se porter,
une fois
libérée des entraves monétaires,
sur les industries concurrentes du Marché commun.
Les accords de Yaoundé ouvraient,
en principe,
le
marché commun aux produits ouest-africains,
membres de la
dite convention.
Donc,
le commerce de l'UMOA avec la CEE est
resté pratiquement inchangé.
Les pays de l'Ouest africain
ont constaté
combien il est
difficile et impossible de
reconvertir une seule pièce de l'édifice économique social
colonial,
sans s'attaquer à tout le système colonial mis
en place depuis des années par la métropole.
Nombre de pays africains non liés à la CEE,
comme le Soudan,
indiguen t u n e
évol ution des écha-nges
beaucoup plus considérable comme le souligne Diagne
PATHE (1).
(1)
PATHE Diagne,
pour l'unité ouest africaine,
ed.
Anthropos,
Paris,
pp.
200-201 et s,

- 257 -
L'appartenance à la zone Franc a.peut-être joué.
Ce n'est pas le seul facteur,
dans la mesure où la libre
convertibilité a commencé à être effective jusqu'en mai
1968.
Les liens entre les sociétés locales et les
industries
métropolitaines ont eu une influence
certainement déterminante.
Sur le plan des exportations,
les pays européens
soucieux,
de conserver leurs marchés dans des zones
concurrentes,
ont,
i l est vrai
imposé des
restrictions tarifaires et contingentaires,
freiné les
exportations des partenaires ouest-africains.
Ainsi,
pour sauvegarder leur propre économie,
agricole,
.et défendre les revendications de leur monde
rural,
afin de conserver leurs débouchés dans les
.pays
du tiers monde,
les pays de la CEE n'ont pas voulu
établir des accords offrant des débouchés aux
exportattons ouest-africaines,
même si celles-ci se
trouvent être concurrentielles.
Toutes les
tentatives de reconversion de
l'appareil économique mises en place par les pays
afric~ins n'ont pas abouti du fait de la trop grande
dépendance vis-à-vis de l'extérieur.

- 258 -
Les reconversions préconisées par les pays africains
ont entraîné,
au contraire,
une accélération du processus
de dépend~nce, à travers les différentes tentatives de
développement de l'appareil économique.
POur remédier à cela,
les pays africains ont
1
tente
de s'unir pour atteindre l'objectif souhaité,
c'est-à-dire.:
l'autonomie.
Cette union africaine
constitue en effet,
la deuxième voie possible qui s'offre
aux pays africains pour
une autonomie.
Section II -
La. voie difficile de l'unité
africaine et l'intégration
la tentative de reconquête d'une marge'd'autonomie;
a travers le reconversion entreprise par les pays africains
par le biais de
la voie n2tionale n'a pas abouti.
La
deuxième voie possible est l'unité africaine.
En effet,face au .colonisateur,
une solidarité
africaine a pris naissance,
et d'une certaine manière
les éléments susceptibles de fonder l'unité en Afrique,
sont liés
a la période coloniale.
Car,
l'idée d'Afrique
Noire,
en communauté avec les autres africains,
est en
grande partie une idée d'antithèse,uneposition
prise
en face le la situation coloniale
(1).
(1)
A.
CHARTON,
le pluralisme ethnique et culturel en
Afrique occidentale française,
rapport pour la 30e
session de l'institut international des civilisations
différentes,
Lisbonne,
1957.

- 259 -
La redécouverte de l'unité africaine s'est
faite par l'affrontement du problème colonial
(1).
L'unité africaine, comme instrument de trans-
formation et de promotion des peuples afric2ins est un
vieux problème.
Il prend source et
racine dans une
vision panafricaniste, dont quelques écrivains négro- afri-
c?ins se sont f2its
les porte-parole
en Afrique,
avec
Kilman d'abord et N'Krumah plus tard.
-
l'origine du panafricanisme et l'unité africaine
Ce sont les Noirs de la "Diaspora" de langue
anglo-saxone,
sud des Etats-Unis,
Antilles britanniques,
qui sont à l'origine du panafricanisme
(1).
Celui-ci a
d'abord été "une simple manifestation de solidarité
fraternelle parmi les Noirs d'ascendance africaine des
Antilles britanniques et des Etats-Unis d'Amérique"
(3).
C'est pourquoi,
au départ,
personne ne parle d'unité
ou de l'unification du continent noir,
mais du sort des
populations noires d'Amérique, de leurs droits,
de leur
personnalité.
(1)
L.S.
SENGHOR,
où va l'Afrique Noire,
série de causeries
diffusées par le service français de la BBC en nov.
1959
(2)
Philippe DECRAENE,
le panafricanisme, que
sais-je 7,

847,
p.
6 et S.
(3)
Philippe DECRAENE,
op. cit.,
p.
6.

- 260 -
C'est après une certaine évolution que serait
apparu,
de façon limitée d'~illeurs, le lien entre
"la solution du probième noir au* USA et dans les deux
Amérlques et celui de la domination coloniale sur les
peuples noirs d'Afrique"
(1).
E. ~DONG-ONDO,
décrit très bien les problèmes
et les étapes d~ l'évolution du panafricanismes(2).
L'idée d'une Afrique unie a germé dans les
esprits bien avant l'a/cession des pays africains à
l'indépendance.
Les raisons et les fondements de cette
unité avaient
.en effet,
été largement développés et
défendus par les panafricanistes,
au début du siècle,
ce
sont:
BOOKER T.,
WASHINGTON,
W.EB.
DUBOIS,
M.A.
GARVEY,
PRICE-MARS,
K.
N'KRUMAH,
KILMAN,
etc . . .
Après ~ accession à l'indépendance Jes pays
africains,
les dirigeants africains ont cherché à concrétiser
dans
les faits,
l'idée de l'unité africaine semée par le
mouvement panafricaniste.
(1)
Yves BENOT , idéologies des indépendances africaines,
Paris,
ed.
F.
Maspero,
coll. cahiers libres,

234-235,
1972, p.
131
(2)
pour plus de précisions, cf.E.
N'DONG-ONDO,
l'unité
africaine,
mythe et réalités,
thèse de 3e cycle,
étude politique,
1983,
Paris II

Devant les dures réalités de l'Afrique indé-
pendante,
l'idée panafricaniste sera revue et corrigée.
Dans cette nouvelle optique,
l'idée de l'unité du continent
sera essentiellement fondée sur deux
considérations et une
série de questions auxquelles il convient de répondre.
1°)
L'unité de l'AFrique est indiquée et inscrite
dans les grandes lignes del'histoire des peuples de ce
continent.
L'organisation de l'unité africaine est-
justifiée par
un certain nombre de facteurs d'ordre
géographique,
économique,
psycholo9ique et
juridique
2°)
L'unité de l'Afrique compte tenu de la
conjoncture politique et économique internationale
dominée par la guerre froide et 12s tentatives de
regroupement et de coopération dans les autres
régions du monde,
est une chose souhaitable.
L'idée de l'unité, qui constitue la seconde voie
pour une autonomie,
semble être acceptée par l'ensemble
des dirigeants africa;~s , les raisons d'un accord sont
diverses 2t parfois contradictoires.

- 262 -
C'est toute une série de contradictions que la
réponse à ces questions:
comment faire l'unité? quelle
forme doit-elle revêtir sur le continent? l'unité peut-
elle être réalisée tout de suite ou faut-il procèder par
étapes? l'unité se fera-t-elle sur la base càntinentale
ou régionale? à partir d'espaces politiques et
économiques qui t~ennent compte de la géographie, de
l'histoire et des réalités linguistiques et culturelles
africaines,
ou sur les ententes circonstancielles de
chefs politiques? Autant de questions qui se posent
aux chefs d'Etats des pays africains.
Les premières tentatives d'organisation de l'unité
africaine,
reflètent les difficultés éprouvées par les
gouvernements
africains devant des obstacles d'ordre
structurel,
hérités de la période coloniale.
En fait,
l'adhésion des nouveaux
Etats à tel ou
tel bloc tenait moins à des considérations idéologiques,
qu'à des préoccupations politiques internes,
prDpres à
chacun des gouvernements.
Chaque gouvernement a cherché en vain a renforcer
sa cohésion interne et à s'affirmer par
rapport aux
autres.

~ 263 -
Le résultat tangible de ces affrontements aura
été l'acceptation de l'établissement de certaines normes
Jevantdésormais régir la coopération interafricaine.
Les principes retenus sont les suivants
-
égalité des Etats,
quelle que soit leur dimension
territoriale et l'importance de leur population;
-
non ingérence dans les affaires intérieures des
autres Etats
-
respect de la souveraineté et de l'intégrité
territoriale de chaque Etat et de son droit inaliénable
à une existence indépendante
;
-
condamnation de l'établissemnnt de foyers de
subversion dirigés contre d'autres Et2ts africains.
Les Africains,
fortsdes grands principes régissant
la coopération inter?fricàine vont donc
créer à
Addis-Abeba,
une organisation continentale qui aura pour
nom:
l'organisation de l'unité africaine
(l'OUA).
De ce fait,
nous étudierons
A -
La création d'une organisation continentale
(l'organisation de l'unité africiine)
B -
l'action de l'organisation de l'unité
africaine.

- 264 -
A -
La création d'une organisation continentale:
l ' organisat i 9n
de l'uni té africaine
(OUA)
L'impossibilité de réaliser immédiatement après
l'indépendance,
l'unité de l'Afrique,
la prise de "
conscience des facteurs de division incitaient ceux qui
voulaient la création d'une organisation continentale,
a
poursuivre des objectifs plus
modestes
(1).
Le résultat fut l'adoption et la signature de la
charte de l'OUA,
le 25 mai 1963 à Addis-Abeba.
Il fallait
essayer d'établir un organe de concentration et éventuelle
ment d'action au niveau continental
(2).
Une telle organisation présenterait plusieurs
avantages.
Elle aurait,
d'abord,
une
incontestable valeur
symbolique dans un continent,
où le thème de l'unité
africaine séduit tous les esprits.
Ensuite,
elle
permettrait de résoudre
le plus
grand nombre de conflits
internes et diminuerait,
par
conséquent,
les risques d'intervention des puissances
étrangères,
notamment les anciens colonisateurs.
Elle
devrait,
accroître les capacités d'action internationale
desE"tats africains,
trop faibles pour agir isolément,
mais qui seraient écoutés,
s ' i l s menaient une action
commune.
(1)
les pères fondateurs de l'OUA:
N'KRYUAH,
NASSER,
HOUPHOUIT-BOIGNY,
SENGHOR,
LéonMBA,
Sékou TOURE, etc ...
(2) création d'un véritable exécutif africain,
avec un
parlement composé de deux chambres,
celle des Etats
et celle des peuples.

- 265 -
Les objectifs et les principes fondamentaux de
de l'OUA
En effet,
c'est dans le
préambuleqll"on trouve les
principes fondamentaux de l'OUA.
Tout d'abord,
réaffirmation du droit inaliénable
pour tous les peuples à l'a uto-détermination,
à la liberté
a l'égalité,
à la j~stice, à la dignité: les Etats membres~J
furent parfaitement conscients de la nécessité
d'exploiter leurs ressources et
d,établir un élément de
compréhension entre leurs peuples et de coopération entre
leurs Etats respectifs dans une unité plus large,
sachant
transcender les divergences ethniques et
"convaincus
qU'afin de mettre cette ferme détermination ?u service du
~éogrès humain
i l
,
importe de créer et de
maintenirc des
condi tions de
pai x et de sécurité"
comme préliminaire a
tout ceci,
ils firent
part de
leur désir de protéger
et de consolider une indépendance et une souveraineté
chèrement conquises ainsi que l'intégrité territoriale de
leurs divers Etats et aussi de lutter contre le néa-
colonialisme sous toutes ses formes.
L'étahlissement formel et le nom de l'orQ2nisation
sont établis par ces mots du paragraphe l
de l'article l
(~
les Etats membres:
Algérie,
Burandi,
Cameroun,
Congo-
Léo. (actuellemen t
Zalre),
Congo-Braz"Z a,
Côte d' Ivoire,
Dahomey
(actuel Bénin),
Elhiopie,
Gabon,
Guinée,
Ghana,
Hte-Volta
(actuellement Burkina-Faso),
Soudan,
Tanganyika
(actuel Tanzanie),
Thad _,
Togo,
Tunisie,
Libéria,
Libye,
Madagascar,
Mauritanie,
Mali,
Maroc,
.Niger,
Nigéria~
Ouganda,
RAM,
RCA,
Ruanda,
Sénégal,
Sierra Léone,
Somalie ( t o t a l :
32 Etats membres)
Cependant 31 ont signé la charte,
sauf le Maroc,
à
cause d'un différent avec la Mauritanie.

- 266 -
"Les hautes parties contractantes constituent,
par
-
la- présente charte,
une organisation dénommée:
Organisation de l'unité africaine
(OUA)
et pour
ménager toutes les susceptibilités,
la clause prévoit
que Vorganisation incluera les Etats africains
continentaux,
Madagascar et toutes les îles entourant
le continent".
1 0
renforcer l'unité et la solidarité des
)
Etats africains
2 0 )
coordonner et intensifier leur coopération
et leurs efforts pour offrir de meilleurs
conditions
d'existence aux peuples d'Afrique;
30) défendre leur souveraienté,
leur intégrité
territoriale et leur indépendance;
4 0 )
éliminer sous toutes ses formes,
le
colonialisme de l'Afrique
50) favoriser
la coopération internationale,
en tenant compte de la charte des Nations Unies et de
la déclaration universelle des droits de l'homme.
Par rapport aux objectifs de l'OUA,
trois
thèses se sont affrontées en
:ce qui concerne les
structures institutionnelles
: dans la première
thèse,
i l convient de ranger ceux qui réclament la
mise en place,
dans un bref délai,
d'un gouvernement
~ ... I...._~. ~
-
iiliiiiiïiïiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii_.··
~=
iiiiiiiij;'::::;.
-

- 267 -
continental,
procédant de l'établissement de l'unité
complète de l'Afrique et du remplacement des Etats
actuels par un Etat unique,
dont le chef de file
était le président KWAME N'KRUMAH du Ghana.
Aux antipodes de cette thèse,
se situe celle
de ceux qui,
trouvant
que l'Afrique n'est pas encore
en mesure de parvenir à l'unité,
pensent qu'il est
indispensable que certaines conditions soient d'abord
remplies.
Entre ces deux groupes,
Se profile une troisième
thèse,
dont les partisans tout en pensant qu'il est
hasardeux,
imprudent de décréter in mediares l'unité,
compte tenu de l'existence d'obstacles divers,
n'en
prônent pas moins la
mise sur pied,
au cours de la
conférence d'Addis Abeba,
d'institutions qui
permettront plus tard,
en aplanissant les
difficultés,
de parvenir à l'unité de l'Afrique.
La charte de l'OUA est issue,
pour l'essentiel,
du projet
Ethiopien.
Elle représente un compromis entre
une simple conférence diplomatique et un
organisme
supra-national.

- 268 -
D'une manière générale,
l'action de l'OUA,
dans l'ensemble,
n'est pas négative.
Son action norma-
tive en particulier, constitue une contribution posit±~e
à l'élaboration de certains principes de coopération
inter-Etats dans la région.
APrès des années d'existence,
l'OUA se présente
auj ourd 'hui,
com"me une ins ti tu tion faible
et inadaptf-:...l
face aux exigences de l'Afrique actuelle et à celles du
monde.
Parmi les raisons qui expliquenet cet état de
fait,
nous pouvons rappeler:
l'évolutin considé~fi~LE
des problèmes africains à l'intérieur des Etats,
au
niveau régional et international,
alors que la charte et
la pratique de l'OUA sont restées inchangées
les
préoccupations internes des gouvernements africains
et l'abandon de la ligne neutraliste par un certain
nombre d'Etats africains.
Certaines lacunes de sa charte concourrent a
son état de faiblesse actuelle.
Le
~oids des
problèmes internes des Etars africains à trop pesé sur
le comportement de l'organisation régionale et orienté
ses décisions au gré des préoccupatonns nationales des
Etats membres.

- 269 -
C'est ainsi que la fragilité et l'instabilité
deplusieurs régions ont amene l'OUA,
à travers ses
délibérations,
à renforcer le principe de souveraienté
des Etats et celui de la non-intervention dans
les
affaires, extérieures des uns et des autres.
L'abandon de la politique de non alignement
fermement observée par la plupart des pères fondateurs
de l'OUA en 1963, est un autre facteur qui explique
l'état de faiblesse actuelle de l'organisation régionale
africaine.
Le président SENGHOR croit à l'unité continentale
même si cela doit prendre des années;
l'unité africaine,
d'après SENGHOR "doit se bâtir de façon géométrique.
Nous avons toujours travaillé à établir des solidarités
horizontales et verticales,organisées. en cercles
concentriques de plus en plus larges,
jusqu'à englober
toute l'humanité.
Le plan architectural de l'Afrique futur est le
suivant:
Il s'agit d'établir,
entre Etats
africains
des relationi horizontales,
sans pour
autant rompre
les relations verticales ou obliques qui nous lient
à l'Europe,
à l'Asie,
ou à l'Amérique"
(:1)
(1)
K.S.
SENGHOR, déclaration faite après la conférence
de Lagos,
février 1962.

- 270 -
L'unit~ du continent sur la base d'africanit~
ne constitue cependant qu'une ap~~h~os~. Auparavant, il
faut,
estime SENGHOR, consolider les entit~s nationales
en luttant contre les forces de dissolution.
Le pr~sident SEHGHOR d~finissait
en
consid~ration de cet imp~ratif, l'unit~ : "l'unit~
africaine, sous sa forme r~gionale ou continentale,
f~d~rale ouconf~d~rale, ne peut être qu'une association
d'Etats ind~pendants au d~part, qui acceptent de renoncer
à une part de leur souverainet~ en faveur d'une
communaut~ plus vaste. En d'autres termes pour qu'il y
ait unit~ africaine, il faut qu'il y ait auparavant
des Nations africaines"
(1).
Le sch~ma qui mène à l'unit~ se compose ainsi
d'abord,
la formation d'entit~s nationales, ensuite la
cr~ation d'unions r~gionales, ensuite, par ~tapes
successives,
la r~alisation de l'unit~ africaine conti-
nentale.
Pour le pr~sident SENGHOR,
"l'unit~ de
l'Afrique est un moyen d'être producteur de civilisation.
L'avenir de l'Afrique,
pense-t-il, est irr~versible et
irr~sistible, car il rentre dans le mouvement de
totalisation vers lequel le monde se dirige.
Une civili-
(1)
L.S. SENGHOR, discours prononc~ à la remise des let
lettres de créance du repr~sentant permanent de la
Mauritanie,
Dakar-Matin,
du 5 juin 1962

-271 -
sation nouvelle est en train de s'élaborer,
la
civilisation de l'Universel . . .
Il nous faut,
enracinés
dans les profondeurs de l'africanité, et accueillant
les Polens qui soufflent des quatre horizons,
produire
les fruits d'unenouvelle civilisation africaine.
Mais,
il est indispensable que l'Afrique sorte de ses divisions
pour être en mesure,
de contribuer à l'édification de
cette civilisation"
( l ) .
La conception Senghorienne est donc d'essence
philosophique-politique.
originale dans son expression,
elle se fonde sur les vertus africaines
(Afrique terre
de paix, du dialogue de la communauté).
Par contre, dans son livre "Une nouvelle
Afrique,
AOF 1957,",
SIRIEX estime que Houphouët-Boigny
est plus près des réalités africaines par rapport à
Senghor.
On constate,
en effet,
en tentant de dévoiler
sa pensée qu'elle est toujours empreinte de
réalisme.
(1)
cf.
L.S.
SENGHOR,
Afrique Terre de Paix, dans
l'union africaine,

7,
6 juin 1962.

- 272 -
L'homme de Yamoussokro,
issu de la bourgeoisie
ter r ienne,
ne rêve pas
: pour HOUPHOUET-BOIGNY,
." le
rêve,
c'est l'unité africaine,
l'unité d'un continent
l'unité politique avec un groupement central ou
unitaire"
(1).
Son réalisme se traduit dans un langage direct
"llunité souhaitable et souhaitée n'est pas pour
aujourd' hui,
ou
même l' unité 'lëlfrica·~hEt ne se
réalisera
jamais"
(1).
On pourrait penser que de telles déclarations
situent le président HOUPHOUET-BOIGNY,
hors du
mouvement
de
l'unité africaine,
que l'isolatiDnDis~
ivoirien éprouve à nouveau le besoin de s'affirmer et
.12 Côte d'ivoire commet un péché permanent contre
l'Afrique.
COntrairement au président SENGHOR,
le président
HOUPHOUET-BOIGNY rejettait la fédération AOF,
i l
désirait une
fédération directe avec la France,
pour
une bonne intégration dans le marché français.
Mais,
ses
espoirs furent déçus.
(1)
HOUPHOUET-BOIGNY,
déclaration faite lors de
sa
visite à Paris,
en
juin 1961, dans BAN,
n° 193;
1961.

- 273 -
Le titre XII de la constitutioo française
de 1958 permettait encore au président HOUPHOUET-
BOIGNY d'espérer en la réalisation des objectifs
qu'ils défendait depuis 1957
(1) J
mais ses déceptions
devaient amener le retournement de sa position.
Le présid2nt ivoirien croyait en
la communauté
(dont i l était l'inspirateur),
i l
~vait en septembre
1959,
défini sa posi~ion devant les membres du
rassemblement démocratique africain
(RDA)
'''ce a
quoi
nous
voulons parvenir a
terme.
C'est la
constructiorL
d'un grand Etat fédéral
ou confédéral,
composé d'Etats autonomes,
y compris
la République
française.
Il
ne concevait pas
à l'époque,
un retrait
de
la communauté.
Tout
Etat qui sortirait dela acommunauté
disait HOUPHOUET-BOIGNY,
ne pourrait qu'être entrainé
dans
le courant du panafricanisme"
(2).
(1)
titre
XII de la constitution française,
1958,
1ère partie
(2)
déclaration faite a
Paris en
juin 1961,
dans
BAN,

193.

- 274 -
Or,
le 13 décembre 1959,
à Dakar,
le
Général de Gaulle reconnaissait à l'Etat du M.ali,
le droit d'accéàer à la souveraineté internationale,
et ajoutait gue la France continuerait à aider le
Nouvel
Etat indépendant
(1).
La France acceptait donc les
thèses du Mali
en
faveur d'une communauté d'Etats indépendants.
L'esprit de la communauté,
telle que le voulait
HOUPHOUET-BOIGNY était dénaturé.
Le
refus du président ivoirien d'assister
aux cérémonies de Dakar témoignait alors de sa
déception.
Pour adapter
les institutions aux promesses
du Général de Gaulle,
l ' a r t .
86 dût être modifié
la loi constitutionnelle du 4 juin 1960 stipule
qu'un Etat pouvait devenir
indépendant sans cesser
de ce fait d'appartenir à la communauté
(2) .
(1)
"'Il Y a des gens qui parlent de la séparation
dans
l'amitié,avait dit
le président HOUPHOUET-
BOIGNY,
en pensant
"aux apprentis sorciers de la
dictature" du Mali
(2)
sur ce~è révision,
voir P.
GEORGES,
la communauté
conventionnelle,
évolution et structure,
annales
africaines,
1961

,/
- 275 -
Cette réforme
anéantit les espoirs du
présIdent ivoirien qui n'avait
plus de scrupules
3
contredire ses déclarations
passées.
Pourquoi?
Parce que
la
France avait démontré
qu'on
pouvait être indépendant et continuer à être
au
lipu de construire un
grand
Etat fcid6ral ou confédéral,
composé d'Etats
autonomes,
dans
lesquels
l'Etat
français
serait membre.
Après la révision de 1960,
non seulement
la
Côte d'Ivoire est
indépendante mais
HOUPHOUET-BOIGNY
refuse purement et simplement de faire
partie d'une
"communauté qui
ne serait plus qu'un commonwealth"(l).
Toute son amertume est
alors contenue dans cette
phrase:
"j'ci attendu avec mes
fleurs
fanées
sur
le parvis de la fédération"
(1).
L'homme qui
avait vu dans la communauté un
gage d'unité africaine,
continuera à
la rechercher
hors de la communauté,
mais
l'unité qu'il désire,
hostile au panafricanisme n'est qu'une unité
d'aspiration.
(1)
voir le Monde,
du 12 août
1960.

- 276 -
La meilleure formule d' apr'ès
HOUPHOUET-BOIGNY
"devrait être une formule souple faite d'une coopération
étroite entre les Etats africains.
Autrement dit,
i l faut
réaliser l'union dans la diversité a partir de la
personnalité affirmée de chaque Etat
( l ) .
Le président HOUPHOUET-BOIGNY se méfie des
annexions déguisées,
c'est pourquoi
il
préfère qu'une grande
souplesse préside à
toute
organisation interafricaine.
Il est
trop conscient des désirs de
leadership pour ne
pas se montrer hostile à une
~nion étroite. Je sois,
déclare le président HOUPHOUET-BOIGNY
"que certains
qui âffirment,
le trémolo dans
la voix,
pour faire effet,
qu'ils préfèrent être le dernier d'une Afrique unie que
le premier d'une Afrique divisée,
ne
pensent pas
véritablement occuper cette place de dernier dans une
Afrique unie"
(2).
(1)
Conférence de presse,
Abidjan,
14 mars 1961
(2)
cf.
BAN,

193,
1961
le président HOUPHOUET-BOIGNY
pense à Sekou TOURE qui a déclaré
:
"Nous préférons
une Guinée moins puissante dans une
Afrique forte
à une
Guinée forte dans une
Afrique faible".

- 277 -
Face à ses prétentions,le président ivoirien
reste lucide:
"Il vaut mieux être le millionième d'un
ensemble riche que le premier d'un village misérable"
(1).
Or,
une Afrique unie dans les conditions
actuelles ne serait que la réunion de la misère et de la
médiocrité.
L'argument économique est décisif chez
HOUPHOUET.
En coniidération de ces réaiités africainss
(faiblesses économiques,
absence,
d'un pays fédérateur,
le président ivoirien définit
l'unité africain~ tLlle
qu'il
l~:conçoit, en une unité d'aspiration pour une
coopération constructive dans
le respect et l'affirmation
de la personnalité de chaque Etat.
L'unité passe d'abord
par la coopération,
la solidarité et la fraternité.
Il est assez courant de vitupérer l'indivi-
dualisme ivoirien qui,
après avoir motivé la balkanisa-
1
tion deil'Afrique
occidentale servirait aujourd'hui de
paravent a la création d'un pôle de développement.
C'est un argument qui n'affaiblit cependant
pas l'influence du président HOUPHOUET BOIGNY.
Il a fait
admettre sa conception souple par les dirigeants sénégalais
(1)
cf.
BAN,

193,
1961,
le président HOUPHOUET-BOIGNY
pense à Sékou TOURE qui a déclaré
:
"Nous préférons
être les derniers dans une Afrique unie que les
premiers d'une Afrique divisée.
Nous pr~férons une·
Guniée moins puissante dans une Afrique forte à une
Guinée forte dans une Afrique faible".

- 278 -
et i l a pu la conf'ronterà celle des égarés du RDA
(Sékou
TOURE,
Modibo KEITA).
A Conakry,
le président guniéen à proclamé
"nos malentendus sont définitivement enterrés,
sur
leurs cendres ont germé des fleurs
immortelles de
la fraternité et de la solidarité
de nos peuples
dan s I e ma ~ nif i que jardi n d e I ' uni té a f r i c a i n e,"
(1).
L'unitarisme du président HOUPHOUET-BOIGNY se
différancie donc de
celui du président SENGHOR par
sa grande souplesse.
L'unité
recherchée par les. pays afri~~ins doit
tendre vers la recherche d'une autonomie nouvelle
~ntégrée, dans un syst~me africain, capable de limiter
leur dépendance vis-à-vis des colonisateurs.
Sur le plan de l'idéologie,
nous avons vu qu'il
5~st
développe en Afrique,
depuis
la deuxi~me moitié
du XIXe si~cle et surtout .depuis la premi~re guerre
mondiale,
un courant de pensée favorable à l'unité et
qui s'est prolongé apr~s les indépendances.
(1)
Afrique nouvelle,

796 du 9-15 novembre 1962.

- 279 -
Il n'empêche qu'à l'intérieur des
pays qui
veulent s'unir,
existe des rivalités
tribales
linguistiques, d'inégalités culturelles, sociales,
politiques et économiques,
auxquelles s'ajoutent avec
des degrés et des
nuances selon les pays,
la vulnéra-
bilité de son économie,
généralement agricole,
la
faiblesse de ses régimes politiques,
la précarité de
ses unités nationales,
l'ambiv.alence de ses élite~, le
caractère souvent routinier et mimétique de ses choix
dans la plupart des domaines,
elle se présente aux
yeux des idéologies conquéra,nte5~ qui se disputent
l'hégémonie mondiale comme un enjeu
;un
enjeu d'autant
plus important que ses richesses paraissent considérables,
son marché extérieur_pro~etteur.
Jugée
sur ces
mutilations et menacée de
redoutables convoitises,
chacune de ses réalités
politiques nationales ou régionales,
prend l'allure
d'une ligne de faiblesss par laquelle sa souveraienté
acquise est loin de conférer aux Etats,
une cohésion puis-
sante, gage
de l'indépendance politique et
économique comme le souhaitaient ses grands patriotes
tels que
: Patrice LUMUMBA,
Gamal Abdel NASSER,
Kwamé NKRUMAH,
L.S.
SENGHOR,
HOUPHOUET-BOIGNY,
pour ne
citer que ceux-là.

- 280 -
Or,
les obstacles que menacent aujourd'hui
cette cohésion dans l'unité des pays sont nombreux.
Cette hypothèse nous amène à l'action menée par
l'organisation de l'unité africaine,
depuis sa création
jusqu'aujourc'hui.
B -
L'action de l'organisation de l'unité
afriçaine
Il est difficile de porter un
jugement global
sur l'action menée par l'OUA depuis sa création.
Dès
sa création,
l'OUA a été affrontée aux
problèmes posés par l'instabilité politique des Etats
membres.
En effet,
depuis 1963,date du
premier coup
d'Etat militaire au Togo,
la plupart des Etats africaiQs
ont
connu desputschs et certains d'entre eux ont subi à
leur tour,
plusieurs coups d'Etat.
La création et le maintien d'une organisation
comme l'OUA,
supposent,que les Etats memb~s aient un
certain nombre de principes politiques en commun.
Il n'est pas nécessaire qu'ils aient exactement
l
f""
-de gouvernement
mais i l semble
A
a m~me
orme
'
indispensable qu'ils acceptent les mêmes principes
fonda~enta0K d'organisation
de la société
_politique.

- 281 _
Ainsi,
au moment de sa constitution,
l'OUA
rassemblait des Etats qui avaient,
pour la plupart, des
gouvernements procédant de l'élection et
proclamant
leur adhésion aux valeurs démocratiques.
On comprend que l'OUA ait ét~ gênée par
l'arrivée au pouvoir de gouvernements militaires issus
de putsch,
qui n'appliquaient pas les principes
élémentaires du gouvernement démocratique.
Il éta.i t impos.sible
de les rejeter pour
trois raisons au moins
:
parce que la cha:rte
, interdi t
à l'OUA d'intervenir dans les affaires intérieures des
Etats membres;
parce que l'organisation est
composée d'Etats et non de gouvernements et que les
changements qui affectent ces derniers sont,
en principe,
sans effet sur la qualité d'Etats membres
parce que
les
juges de la bonne conduite des Etats
sont rares,
dans la mesure où presque tous les Etats ont connu des
coups d'Etats et des gouvernements miliatires.

- 282 -
L'OUA était en outre,
gravement affectée par la
présence dans ses rangs de gouvernements non démocratiques
ou même vraiment tyranniques
(comme les gouvernements
d'Amin DADA en Ouganda, de macias NGUEMA
Guinée équatoriale, de Jean BEDEL BOKASSA en Centrafrique,
ou celu~ des serg~nt~ révoltés au Libéria) étaient
effectiveme~ encombrants et pouvaient discréditer
l'organisation au niveau international
A~surer
le règlement pacifique des différents
est un
_des objectifs essentiels de la charte de l'OUA.
Or,
l'action menée par cette organisation depuis sa
création,
pour le reconquête d'une autonomie interne,
est loin d'être satisfaisante.
Dès les premiers mois de son existence,
.elle
a eu à connaître des conflits frontaliers entre le
Maroc et l'Algérie.
Après avoir réussi a faire admettre par les
belligérants que cette affaire
~devait être résolue dans
un cadre strictement africain,
elle nomma une commission
de conciliation qui permit
un règlement accepté par les
deux parties.

- 283 -
Mais,
i l fut presque toujours impossible à
l'OUA d'empêcher ou d'arrêter des interventions étrangères
sur le continent.
On le vit en 1964,
lors
de la seconde crise du
COngo.
Devant la plamt~' déposée a l'ONU par certains Etats
africains pour faire sanctionner l'intervention belge,
les
gouvernements africains se divisèrent et le conseil des
Ministres de l'OUA se montra :incac.able de faire adopter
une solution.
[n en eut également des preuves tangibles au
moment de i_intervention française au Gabon,
en 1964,
pour établir le président Léon M' BA dans
ses fonctions.
Force est de constater que l'OUA est incapable
de
réaliser
une quelconque majorité sur des questions
où la matérialité des faits d'intervention n'est pas
discutable.
Dans de "nombreux conf l·its qui on t
opposé des
Etats africains entre eux,
l'impuissance de l'OUA apparut
aussi manifeste.
De
nombreux points d'interrogation
jalonnent
encore le chemin conduisant à l'objectif final
l'unité
africaine.

- 284 -
Actuellement,
l'unité africaine telle qu'elle a
été mise en place,
ne recouvre pas une véritable unité
de conception
Pour les uns,
l'Afrique doit être conçue,
comme une grande Nation
(l).
Pour les autres,
elle doit
!être imposée par
des mesures hardies;telles que la création d'institutions
politiques supra-nationales
(2).
D'au tres encore pensen t que ce t te un i té
doi t
être préparée par des mesures appropriées dans une
éV.ol u tion ou
une maturation lente
(3).
Les pays africains ne sont pas encore arrivés,
bien entendu,
à cette unification, qui est
la voie de
l'autonomie.
La compénétration économique des Etats n'est
pas suffisante,
et beaucoup hésitent encore devant l'idée
d'unité.
C'est pourquoi, certains préconisentune. unité
,
par étapes,
en s'effrorçant d'agir parallèlement, dans le
domaine économique et dans le domaine juridico-politique.
(l)
en particulier,
les africanistes,
voir:
Colin LEGUM,
pan africanism,
a short political guide,
NEw York,
Frédéric~ A.
PRAEGER,
1952,; G.
SHEPPERSON et T.
PRICE,
independent African,
Edimburg,
The university Press,
l
1958
(2)
Kwamé N'KRUMAH,
Africa must unite,
N~w York,
internatioA
nal publishers,
1963
(3)
A l'appui des
thèses des présidents Habid BURGUIBA,
ould DADDAH,
Jomo KENYATTA,
HOUPHOUET-BOIGNY,
Leopold
Sedar SENGHOR et Julius NYEREEE,
API~~HY devait déclarer:
-la communauté économique africaine passera par des
relais régionaux".

- 285 -
Pour renforcer la solidarité africaine,
tous,
les moyens sont bons et doivent
être utilisés,
notam-
ment,
l'abaissement progressif des droits __ de douane,
la constitution del'union douanière,
les ententes
internationalesde producteurs,
etc . . .
Au cours de notre étude,
nous nous sommes posés
une série de questions,
a savoir
l'unité vise quoi?
l'unité se fera comment? et nous avons dit qu'à cette
problématique de l'unité,
l'OUA ne donnait pas de
réponse explicite.
Les faits seuls devaient révéler
par la suite,
les diverses options et les
tendanees;
On peut dire de manière générale, que le processus
de regroupement et les courants qui expriment des
volontés d'unité,
s'opèrent à partir de deux axes
-
i l Y a une tendance aujourd'hui presque
triomphante et conservatrice,
qu'on pourrait dire
gradualiste,
politiste,
etc . . . .
Elle ne s'emba rrasse pas dans l'ensemble d'une
remise en question fondamentale des hégémonies externes.
Elle s'accommode plus ou moins avec les régimes sud-
?fricains
ou rhodésiens.
Elle se regroupe sous
l'égide des
anciennes métro 901es
le groupe de l'OCAM(n
(1)
OCAM = organisation communautaire africaine et
malgache.

- 286 -
Cette tendance se renforce au fur et à mesure que
les
·mouvements de libération,
les gouvernements et les
chefs politiques plus fermement
anti-impérialistes sont
évincés de la scène politique.
Les processus de regroupement économique qu'ils
promeuvent,
s'accordent du reste parfaitement avec la
volonté des capitalismes étrangers à trouver en Afrique,
des marchés cohérents et éto ffés.
L'
OCAM,
l'Entente,
l'UDEAC en sont les
meilleure s
illustrations.
La seconde tendance à l'uni té se démarque
par
rapport à la première par ses options idéologiques et
politiques,
et aussi,
par le sens du processus d'intégra-
tion économique qu'elle vise.
Les poli tiques nationales qui
l'expriment sont
aujourd'hui trop stables.
Sur le plan des faits,
cette
tendance comprend l'importance capitale de la lutte des
mouvements de libération.
Elle perçoit également que l'unification est une
nécessité pour construire des outils économiques viables,
qui libèrent les peuples africains des cont~intes
économiques nées
de la période coloniale.
Elle
leur permet de franchir rapidement le
stade d'économie industrielle classique du charbon et de
l'acier qui caractérise
le développement des Etats de
petite dimension,
comme la France ou l'Allemagne,
pour
accéder à cette économie d'opulence de l'électronique et
de l'uranium
que profilent les gran.às espaces
,américain,
chinois.ou soviétique.

- 287 -
La raison et la stratégie de l'intégration telle
qu'elle est conçue dans notre étude,
font référence a
cette seconde tendance.
C'est là,
ce qui explique et éclaire le jugement
qui est formulé ici sur les constructions économiques
néo-impériales
tentées en Afrique occidentale avec
l'OCAM,
l'Entente,
le traité de Yaoundé,
etc . . .
Elle
explique la nécessité de dire la vraie nature de
l'association des pays africains au marché commun.
L'analyse du traité de Yaoundé permet de
soulever l'essentiel des problèmes posés par les
tentatives de récupération néo-impériales et les
processus d'intégration par extraversion et sujétion.
L'association au marché commun européen,
ne peut
pas être le fondement d'une politique de développemnt
cohérent pour.
les petits Etats de l'AFRique
occidentale.
Cette association
mérite cependant une attention
particulière.
Elle concerne tous les Etas d'Afrique
occidentale francophone,
à l'exception de la Guinée.
Le Nigéria eQ fut membre et non .le Ghana,
la Sierra Leone
et la Gambie.
Il s'agit d'une associétion entre pays
industrialisés et les pays producteurs de matières
premières.

- 288 -
A cet effet,
un certain nombre de moyens sont
mis en oeuvre.
Le plus important semble être la coopération
sur le plan commercial.
Le tarif commun extérieur que les
pays de la CEE imposent au Tiers,
sera appliqué avec des
aménagements raisonnables aux produits
tels que le café,
le cacao,
les huiles végétales,
les bananes,
les bois
durs.
L'association assure aux pays africains,
pendant
une certaine période,
aide financière
et
assistance
technique.
Les pays africains,
en retour,
accordent aux membres
de la CEE,
le statut de Nation privilégiée.
Ils s'engagent
à. lever
en leur faveur,
toute mesure contingentaire et
douanière
(l) .
A long temme,
l~association à la CEE, signifiera
pour les Etats africains,
l'établissement par une procé'
dure
juridique différente,
d'un lien
impérial, en ce
sens que,
la domination des pays africains,
par la CEE
deviendra
un
f ai t à travers l'a?pare i l
commercial,
bancaire et
:monétaire.
(1)
.J.
MARCHAL
Union douanière et organisation
européenne; in Revue économique,
1960

- 289 -
Nous pensons que l'action menee par l'OUA,pour
intégrer les pays africains a été un échec, du fait
de l'instabilité politique de certains Etats membres,
de l'individualisme chronique des
Etats
(ou de certains
Etats)
etc . . .
Cet échec est partiel,
si l'on ne
veut pas être
trop pessimiste.
Ensuite l'intervention des formces
extérieures dans l'économie des pays de l'OUA.
Le contrôle des économies africaines par les
puissances étrangères demeurent un fait.
Il faut choisir
entre le contrôle continu et la mise sur pied d'institu-
tions communes africaines,
susceptibles de fournir a la
région,
des capitaux et Jes produits
(1).
La question est la suivante
qui peut coopérer
avec qui
? et dans quels domaines faut-il
montrer- a
l'Afrique la nécessité de maîtriser les techniques
de mobilisationde ses ressources
(2).7
L'idéal panafricain est un mythe qui
a orienté
l'action de quelques hommes politiques, mais
i l n'a
jamais été véritable;ment accepté par le plus grand
nombre des chefs d'Etats africains.
(1)
J.
NYERERE,
economic nationalism,
Uharu Na Umojo,
Dares,Salam,
1968,
p.
264
(2)
Bingu WA MUTARIKA,
multinational corporations in
regional intégration,
The African experience
in economic integration,
concepts,
theories and
problems,
Budapest,
1976.

- 290 -
Si les chefs d'Etats africains ont accepté la
constitution d'une
organisation interrégionale telle que
l'OUA,
comme deuxième voie
possible pour la reconquête
d'une autonomie,
c'est pour satisfaire le besoin d'une
unité symbolique,
tout en mettant sur· pied un système
dans lequel les Etats
membres n~ soient soumis à aucune
contrainte qu'ils n'aient acceptée.
La contradiction entre le principe du respect de
la
souveraineté
des Etats et les nécessités d'une action
collective est une des causes des échecs de l'OUA.
Au s~in de l'OUA,
l'impossibilité d'imposer aux
Etats membres une conduite conforme à la charte de
l'organisation
aboutit à l'inefficacité.
La création d'organisations. interrégionales
est
exactement souhaitable en .Afrique,
car elle devrait avoir
pour résultat de mettre le continent
a l'abri des
inter-
ventions .. étrangères,
de permettre de pratiquer
un
développemnt autocentré et être autonome.
Cependant,
sur le plan international,
cette
politique se soldera par un échec,
mettant en danger
l'indépendance fraîchement
acquise.

- 291 -
Ainsi,
la prise
de conscience du danger que
représente cette division pour l'Afrique si chaque groupe-
ment devait continuer à se renforcer
aux dépens des autres
va peu à peu apparaitre.
Conclusion du chapitre
La reconversion des économies ouest africaines
impliquait des tâches précises: dégeler le
potentiel,
considérable de Zones dont
la mise en valeur des ressources
humaines et naturelles est à peine entamée
bâtir en
utilis~t
les techniques et les sciences,
une
économie
industrielle,
rentable par ses unités de production:
mettre sur pied des Nations qui engendrent leurs propres
forces de développement dans l'intérêt de leurs
nationaux,
à partir de leurs propres centres de décision.
Les pays africains se sont imaginés qu'après les
indépendances,
le développement de leurs économies pouvaient
se faire sans intervention extérieure.
Entre 1958 et 1968,
les responsables politiques
ont été amenés à revenir sur le,ureuphorie initiale:
la
reconversion de l'économie à
travers l'indépendance.

- 292 -
On s'était
imaginé très facilement,en
publiant
les codes que le
capital extérieur allait
se déverser
sur des pays particulièrement riches pour les mettre
rapidement en valeur.
On s'attendait à conquérir des
débouchés en établissant des
rapports politiques et
commerciaux à l'Est
et à l'Ouest.
Il fallut déchanter.
On oubliait la nature des
rapports entre les pays sous-développés et les métropoles
industrialisées,
les principes et les mécanismes qui
régissent ces
rapports.
Les pays africains ont
tenté de reconvertir
l'entreprise et la législation économique
; le système
monétaire et financier et le système commercial à travers
l'appareil économique qui constitue la voie nationale pour
une autonomie.
Les pays ainsi constitués ne peuvent accéder a une
autonomie immédiate pour deux raisons
- d'abord,
leur économie est extravertie,
c'est-
à-dire,
dépendante de l'extérieur sur tous les plans
économique, commercial et monétaire

- 293 -
-
en second lieu,
la faiblesse des
appareils
productifs et le caractère embryonnaire des économies
africaines,
font que la reconversion est impossible dans
l'immédiat.
Les rapportsde ~rce étaient d'autant plus dé-
favorables qu'on n'accédait pas à un marché mondial,
libre
d'allégeance de
toutes sortes.
Malgré la reconversion de l'entreprise du système
monétaire et financier et du système commercial
l'appareil économique reste au mieux identique
a celui de
la période coloniale,
avec quelques
aménagements
internes,
mais
toujours dominée par l'économie du centre.
La première voie,
qui est la voie nationale,
ayant
abouti à un échec,
parce que,
reflétant les mêmes principes
que la période coloniale,
les Etats africains ont
jugé bon
de mettre sur pied,
une
ceuxième voie, celle de la voie de
l'unité nationale pour l'intégration.
Mais,
si
l'idée de l'unité semble être acceptée
par l'ensemble des nouveaux dirigeants
de l'Afrique,
les
raisons d'un accord sont diverses et parfois contradictoires.
Et,
c'est toute une série de contradictions qui ont entraîné
l'échec de la deuxième
voie.

- 294 -
Conclusion de la première partie
Au terme de cette première partie, quelles sont
les idées qui se dégagent
?
la première idée est que la formation de
l'appareil économique colonial,
dans sa recherche de
débouchés pour ses produits,
et de matières premières
pour ses industries,
a mené une politique de destruction
des structures traditionnelles précoloniales,
en modelant
l'économie africaine à l'image et aux besoins de la
métropole impériale.
La destruction a conduit les sociétés ainsi
dominées,
à intégrer une nouvelle forme d'organisation
et
de production,
orientée vers
les pays du centre.
La mise en cond i t ion
des économies précoloniales
de l'Afri~ue de l'Ouest, conséquence
,
de cet expansion-
nisme,
a été facilitée par la sujetion politique.
Les transformations imposées aux struc~ures
locales,
celles dues notamment à l'intervention du
capitalisme occidental,
ont
incontestablement donné
naissance à un processus de désagrégation faisant
éclater de nouveaux
type
de cultures,
malgré la
résistance bi9.n connue des anciennes.

- 295 -
Il ne saurait en être autrement,
car la culture,
faut-il
le rappeler,
n'est pas statique.
La culture
est
vie ~
mouvement et
l'on
comprend que l'économie qui
est aussi
effort de l'homme pour adapter la nature à
ses besoins,
interfère souvent avec la culture,
ou en
constitue en
tout cas,
une diœnsion.
La période de colonisation laisse dans cette
perspective surgir; dans certaines zones propicps
, des
embryons d'économie moderne d'échange.
Des secteurs de production sollicités par la
demande extérieure,
sont nés alors que les habitudes
de vie de consommation,
orientées vers
l'offre d'origine,
s'y acclimatent.
La deuxième idée est que,
a l'accession
a
l'indépendance,
les pays africains,
dans un souci de
reconquérir une certaine marge
d'autonomie,
ont entrepris
la reconversion de l'économie coloniale.
Cette tentative a été un
échec,
du fait de
la dépendance
trop lourde des pays considérés.
La
balkanisation s'est instaurée au profit des
capitalismes nationaux étrangers.
La mise en exploitation
du potentiel ouest africain,
qui donne l'illusion de boom
économique,
est faite
au profit de l'extérieur.

- 296 -
Cette situation est née de
la période coloniale,
après la destruction du système ancien
qui s'est traduit
par un détournement des activités et une extraversion des
économies ouest africames,.
Tout l'appareil productig est
contrôlé par l'extérieur.
Ils ne bénéficient pas des richesses
produites par leur effort
et sur leur sol.
L'inst~ilité instaureé~ dans le pays, détourne les
énergies vers de faux
problèmes et laisse
les mains libres
aux nations industrielles mieux structurées de décider de leur
avenir.
Après quelques années d'indépendance,
une vague de
désillusion et de désappointement est venuee renforcer
l'optimisme du début des indépendanc~ '.
Le système politique africain,
loin d'évoluer de façon
harmonieuse et dynamique,
a,
au contraire,
connu de multiples
conflits et a été dans
l'ensemble, incapable,de faire face
aux exigences du développement économique des Nations.
Les luttes tribales,
la multiplication des coups
d'Etats,
le parasll isme bureaucratique ne sont-ils pas les
signes évidents d'une dégradation politique et économique?

- 297 -
Il est significatif qu'au concept de
"développement
politique" certains auteurs anglo-saxons substituent celui
de
"déclin
'politique"
(political decay)
(1).
D~ne
manière générale,
la domination semble se
perpétuer à peu près dans
tous
les
pays d'Afrique.
Toutes
les
transformations entreprises par les pays
africains,
se
résument
à des modèles
qui
rappellent
l'économie impériale.
Dans
leur souci de reconquête d'une autonomie,
ils
ont
tenté de s'unir.
Les premières
tentatives d'organisation
de l'unité africaine ont été faites
sur la base d'abord
géographique,
puis politique.
Ces
tentatives se soldèrent par un échec,
et les
considérations sur les dangers d'un morcellement de
l'Afrique,
ont conduit,
en 1963,
à
la
disposition des
divers groupements au profit d'un~ institution continentale:
l'organisation de l'unité africaine.
Très rapidement, des contradictions virent le
jour,
aussi bi 0
dans
l'OUA économique que dans
l'OUA
politique.
Les gouvernements africains,
dans
leur politique
de développemnt
,
ont renforcé leur dépendance vis-à-vis
de l'extérieur,
surtout vis-à-vis de la France,
au
détriment des échanges économiques entre Etats de la région'
(1)
voir
sur ce point particulier l'article de
HUNTINGTON
(S.P.),
"Political development and political
decay",
World politics,
avril
1965,
pp.
386,-433.

• 298 -
Pour changer cette situation,
i l faut une nouvelle
politique autocentrée qui permette d'envisager un
développemnnt de complémentarité.
L'unité africaine pour une intégration économique,
ne saurait être fragmentée en
"politique" et "économique".
Le concept d'unité englobe des données
à la fois
sociologiques,
économiques et politique9 et culturelles.
Poser l'équation de l'unité africaine en
terme
de
"politique d'abord
? "
ou
"économique d'abord
?"
est un
faux
problème.
Il ne saurait y avoir d'unité économique sans
volonté politique.
C'est précisément cette volonté politique
qui commandera l'unité d'action orientée vers des objectifs
socio-économiques et culturel_,
préalablement choisis.
AInsi,
au niveau régional comme au niveau
nation~l
se pose le problème du
cho~
d'un
type de SQci~t~.
L'action dans
les deux cas,
passe par la création
d'espaces de solidarité économique et sociale qui
sauvegardent les intérêts des peuples africains et des
communautés qui
les composent.
Cette approche du développement régional africain,
nous l'envisaap.ons: comme un apprentissage et une étape
préalable du développement général et de la coopération
interrégionale.

- 299 -
L'économie dominée signifie surtout,
du fait du
système social et des mécanismes
sur lesquels elle repose,
une stérilisation du potentitel productif et des richesses
de la région.
Elle révèle mieux que tout texte,
l'irration-
nalité et le caractère oppressif du
système.
L'Ouest africain, pour constcuireune économie
moderne
qui se développe, devrait se définir en un ou deux
espaces opérationnels et engager un processus d'intégration
sans rompre:,
~vec l'extérieur. Ce ne sont ni
.les dons,
ni l'assistance qui résoudront les problèmes posés,
mais
l'échange avec l'Est et l'Ouest et surtout l'échange
interne entre des secteurs production qu'un·
espace vaste
pourrait seul suciter.
Le président MOKTAR Ould DADDAH,
président de la
république islamique de Mauritanie devait déclarer:
"Je conçois une nouvelle organisation ou plutOt une
communauté,
capable de construire une coopération régionale
autonome,
dans un cadre géographique restreint,
se situant
dans le cadre de l'OUA,
et en conformité avec la charte
de cette organisation qui est la nôtre."
(1).
(1)
déclaration de Maître MOKTAR Ould DADDAH,
président
de la république islamique de Mauritanie, dans
l'essor,
à Bamako le 20 mai 1969.

- 300 -
Quant à Mamadou KABA,
i l déclare que
"depuis la
fameuse conférence de Berlin -
1884-85 -
qui a doublement
consacré et la défaite
"de la résistance afric~ine à la
pénétration coloniale et le partage du continent entre les
différentes puissance de l'époque,
l'Afrique,
péniblement,
mais sûrement,
cherche à retrouver son unité perdue.
Tout
a été fait dans le sens de l'unité,
mais d'une façon
trop
Iglobale.
Il faut
à mon sens,
entreprendre une unité,
d ' ab:;)rd
géo~_graphique
(c'est-à-dire par zone),
à travers
une intégration par petite unitet
pour limiter la
dépendance . . . "
(1).
Sur cette base,
six
;Etats de l'Afrique de
l'Ouest,
ont déciœ
d'harmoniser leurs efforts et mettre sur
pied une communauté économique,
solide et efficace,
capable de limiter leur dépendance vis-à-vis de l ' -extérieur.
C'est ainsi,
qu'en
juin 1972,
un
t r a i t i f u t signé
entre la Côte d'Ivoire,
le Mali,
le Sénégal,
la Mauritanie,
le Niger et le Burkina,
portant création de la communauté
économique de l'Afrique de l'Ouest
(CEAO),
dont l'objectif
e s t :
l'harmonisation des efforts de construction des
écoi:omies
des pays de la zone,
intégrés et moins dépendants,
qui fera l'objet d'étude de la deuxième partie de notre
travail.
(1)
Mamadou KABA,
déclaration,
dans l'essor,
Bamako
le 20 mai 1969.

3W3IX03G
3I~HVd
V1
OV3J
~3
V1
3~I118ISSOd
3G
H3~IWI1
V1
3JNVGN3d3G

- 301 -
DEUXIEME PARTIE
LA CEAO ET LA POSSIBILITE DE LIMITER LA DEPENDANCE
INTRODUCTION
"La science commence par
l'étonnement".(ARISTOTE)
L'Afrique a déjà vu s'élaborer un grand nombre de
projets d'intégration,
visant à fusionner les économies de divers
groupes d'Etats.
La plupart d'entre eux ne reçurent qu'un com-
mencement d'exécution et officiellement annulé après quelques
années
(l'exemple de l'intégration de l'Afrique de l'est).
En Afrique de l'ouest,
particulièrement dans la région
francophone,
plusieurs institutions ont vu se confirmer leur
premier pas
: le cas de la CEAO et de la CEDEAO,
principalement
après que la communauté de l'Afrique de l'est
(CAE)
ait été
dissoute.
Les projets destinés à stimuler l'intégration économi-
que en Afrique de l'ouest
(d'après les responsables politiques
africains),
a pour fonction pfincipale de_ favofiser laFo9~é~atio
entre les pays en voie de développement et limiter la dépendance
de leurs économies vis à vis du marché mondial.
Autrement dit,
la
priorité a été donnée à la réalisation de l'intégration économi-
que en Afrique,
moyen possible de limiter la dépendance.
Les deux communautés économiques
: la communauté éco-
nomique de l'Afrique de l'ouest
(CEAO)
(1)
et la communauté des
(1)
En font partis,
le Niger,
Burkina-Faso,
Sénégal,
Mali,
Côte-
d'Ivoire,
Mauritanie

.;. 30} -
Etats de l'Afrique de l'ouest
(CEDEAO)
(2),
méritent d'être
spécialement mentionnés.
La coopération régionale entre pays en voie de déve-
loppement est une notion faussement familière.
Tout le monde croi
savoir ce qu'est la coopération régionale,
et la fréquence de
l'emploi de ce terme,
comme la floraison des rencontres qui lui
sont,
au moins en partie consacrées,
~ur le plan mondial et sur
le plan régional,
contribuent à créer cette sensation de connais-
sance qui évite de se poser quelques questions fondamentales.
Dans les Problèmes économiques de l'Union économique
James Edward Mead indique diverses formes de coopérations écono-
miques institutionnalisées,
auxquelles i l assigne des objectifs
économiques précis.
Ainsi,
la FAO et le BIT des Nations Unies,
ont-ils pour qbjectif principal,
l'amélioration de la producti-
vité et le bien-être,
par la diffusion des connaissances tech-
niques et des qualifications de pays à pays.
On pourrait citer également l'UNESCO.
La mission de
l'OTAN paraît spécifique:
le réarmement en vue d'une défense
contre une agression extérieure.
Mead retient aussi les institu-
tions qui ont entrepris de libérer les paiements courants et
l'échange international des biens et services:
GATT,
FMI,
OECE
(1),
CECA,
UEP
(2).
(2)
Pays membres:
les six de la CEAO,
plus le Nigéria,
le Ghana,
la Guinée Bissau,
la Guinée,
le Bénin,
le Libéria,
la Sierra-
Léone,
le Togo,
le Cap-Vert et la Gambie
(1)
OECE,
devenue OCDE en 1961
(2)
UEP,
Union européenne des paiements 1950 - 1958

- J03 -
Enfin i l mentionne les unions économiques comme le
Bénélux,
dont l'objectif sst la création d'une zone plus vaste
dans laquelle,
les facteurs de production peuvent passer des
emplois les moins productifs aux emplois les plus productifs.
,Le GATT,
le FMI,
l'UEP et la CECA visent de~_objectifs
plus spécifiques
:
libéralisation,
problèmes monétaires et pro-
blèmes des paiements,
intégration sectorielle.
Quant à la CEAO,
elle vise l'intégr~tion économique,
dans le but de limite~ la dépendance vis à vis des pays dévelop-
pés.
Qu'est-ce-que la CEAO ?
Nous tenterons de répondre à cette question en examinant dans un
chapitre l
:
la Genèse de la CEAO à travers sa création et sa
conception; dans le deuxième chapitre:
les organes institution-
nels et les organismes de développement et de promotion économi-
que,
pour aboutir dans un troisième chapltre~ux objectifs -de
l'intégration économique,
les dispositions concernant les échan-
ges
(l'organisation) 'et le développement économique.

- 304 -
CHAPITRE
l
LA GENESE DE LA CEAO
.Les événements ou les faits qui ont concourru à la
formation de la CEAO"
sont de deux ordres au moins
: i l y a
des faits qui ont donné naissance à l'idée même d'une communauté
économique de l'Afrique de l'ouest·
ensuite des éléments ou
faits qui ont contribué à la mise en place effective de l'orga-
nisation.
Le but d'une telle organisation,
est de créer des
courants d'échanges, et de l imi ter l a dépendance des Etats signataires
du traité.
En premier lieu cela relève des concepts, des idéo-
logies,
voire,
des méthodologies et des tempéraments des autres,
sans omettre le caractère indomptable ou implacable de ces faits
eux-mêmes.
Le Président Lamizana,
ex-chef d'Etat du Burkina-
Faso,
Président en exercice de la CEAO en 1976, disait
"Il ne s'agit pas en Afrique de l'ouest d'arriver à une conso-
lidation et à une coordination d'échanges existant comme ce
fut
le cas de la CEE,
mais de créer de toutes pièces de vrais
courants d'échange.
En plus,
i l arrivera un moment où des intérêts
vitaux seront en jeu;
i l faudra alors faire des concessions,

- 305
pour éviter des conflits d'intérêts et de personne
(1)".
La seconde série des faits en découle.
Dans le premier cas,
nous parlerons de la conception,
et dans le second cas de la
création,
ou de la constitution même de la CEAO.
(1)
Diouf El Adj,
Les marchés communs africains, des modèles
viables ou des faux-fuyants
?,
dans,
Moniteur Africain,

747,
août -
septembre 1976,
p.
9

- 306 -
Section l
La conception de la CEAO
A l'heure actuelle il est apparemment difficile de
dire d'où vient l'expression CEAO et qui le premier l'a effec-
tivement conçue ou proposée.
A cet égard deux étapes semblent
avoir revêtu un intérêt particulièrement marquant.
D'après Jean Thibault,
les deux vieux routiers que
sont le poète sénégalais et le paysan ivoirien, devaient accor-
der leurs stratégies de développement et inaugurer une nouvelle
voie,
celle d'une coopération bilatérale solide et fructueuse,
destinée à être l'épine dorsale d'une communauté,
à l'intérieur
de laquelle les intérêts des autres partenaires ne seraient pas
sacrifiés.
Cette construction, qui fait entrer l'Afrique de
l'ouest dans l'ère des grandes espérances,
a pu s'édifier, ont
le doit avant tout à Léopold Sédar Senghor,
aidé par Houphouet
Boigny
(1).
Ce qui paraît certain c'est que l'idée d'une commu-
nauté économique était déjà incluse implicitement i l est vrai,
dans les dispositions de la convention de l'union douanière des
Etats de l'Afrique de l'ouest
(UDEAO)
en son article 13.
Que dit cet article:
"Les Etats membres de l'UDEAO
peuvent se constituer en union économique et~s'accorder des
avantages plus favorables que ceux prévus dans la présente
(1)
Jean THIBAULT,
la CEAO, dans,
Remarques Africaines,

421,
2 -
25 mai 1973,
pp.
14 -
16

- 307 -
convention,
sous réserve de l'autorisation du conseil des minis-
l'
tres
(A)'
Mais en réalité,la CEAO comme l'UDEAO,
trouve son
origine dans les efforts entrepris par les Etats anciennement
colonisés,
pour maintenir sous diverses formes,
les régimes
préférentiels qui régissaient les relations commerciales entre
la métroplole et ses pays ou territoires dépendants;
notamment
le régime de libre échange institué par le décret du 14 octobre
1954.
De sorte que,
juste après l'indépendance politique
les responsables africains avaient trois options au moins
ou bien agir en ordre dispersé et individuellement,
ou alors
faire quelque chose pour sauver ce qu'on pourrait appeler l'ac-
quis colonial,
ou enfin sauver cet acquis en élargissant le
cercle
(,t).
Dans la plupart des cas,
la première option fut offi-
ciellement écartée bien qu'il y eût des accords bilatéraux ou
des réglementations commerciales
anti-.unionistes
(Haute-Volta,
Ghana).
Si bien qU'en définitive,
le problème de l'intégration,
mieux,
les recherches et études qui conduiront à la création de
la CEAO dépendront surtout de ce que nous pouvons appeler un
conflit de méthodes,
c'est à dire,
le choix entre la seconde et
la troisième hypothèse jusqu'à ce que les faits eux-mêmes et
l'expérience vécus incitent à plus de prudence et conduisent
à la création de la CEAO.
(A)
De l'UDEAO à la CEAO,
l'Economie de l'ouest Africaine, dans,
Banque Centrale des Etats de .l'Afrique de l'ouest,
N° 175,
juillet 1970,
p.
16
(i)
Ngom Ngoudi,
La réussite de l'intégration économique en
Afrique,
Présence Africaine,
1971,
pp.
20 -
30

- 308 -
Il s'agit en effet, d'abord de se retrouver ensemble
plus que de s'unir pour surmonter nos divisions parfois arti-
ficielles,
et nos oppositions d'intérêts souvent secondaires,
et de constituer un vaste espace géo-économique, devenu aujour-
d'hui nécessaire et indispensable au plein épanouissement 'de
nos économies nationales,
et au renforcement de nos souverainetés,
de notre indépendance
(1).
A -
Le conflit de méthodes au niveau de
l'Afrique de l'ouest
(CEAO)
Le conflit procède d'une opposition entre deux opti-
ques différentes.
Ce que nous appelerons l'optique étérative
circulaire, qui est la thèse de l'Afrique dite modérée,
et
l'optique globale qui s'applique ou qui reflète le point de vue
de l'Afrique progressiste.
Pour expliquer le fondement de cette optique,
nous
emprunterons à A.
Marchal,
les éléments de l'analyse qu'il a
faite dans l'intégration territoriale.
Examinant le rythme de progression à observer,
il
écrit:
"Le processus de l'intégration territoriale s'analyse
en une série de mouvements alternés de destruction et de recons-
truction
: certaines activités disparaissent, d'autres se déve-
loppent, d'autres enfin s'implantent dans le~milieu nouveau
réalisé par l'union des économies en prèsence.
Etant donné les bouleversements suscités par les
aménagements néëessaires de structures,
il convient d'agir avec
une extrême prudence, d'avancer pas à pas,
par étapes aussi
(1)
Moussa Traoré,
Déclaration faite à Bamako le 20 mai 1970,
dans,
Moniteur Africain,

740,
juin -
juillet 1970,
p.
8

- 309 -
lentes qu'il est nécessaire,
pour permettre aux peuples et aux
nations de procéder s~ns heurts aux adaptations souhaitables.
Trop de hâte peut produire des effets désastreux, désorganiser
les industries,
ou les agricultures nationales et provoquer de
nombreuses réactions politiques(l)".
L'intégration territoriale, écrit A.
Marchal
"doit se réaliser dans des cercles de plus en plus larges,
régional,
national,
continental, mondial,
à l'intérieur desquels
les conditions se trouvent réunies(2)".
Il analyse les conditions spéciales et temporelles
de l'intégration,
notamment de la contiguité territoriale.
Il observe, qu'on ne peut expliquer le fait que les pays les
moins développés ont tendance à concentrer leur commerce avec
les pays plus proches.
De la même façon,
A.
Marchal note que
"le jet d'une pierre dans un bassin fait naître des ondes, dont
l'intensité va en décroissant du centre vers les bords,
les
effets d'entraînement suscités par les foyers de développement
complexes,
se font sentir d'autant plus fortement que la distance
est moindre
(3)".
Les explications de A.
Marchal caractérisent les po-
sitions des tenants africains, de ce qu'on pourrait appeler la
thèse ou le théorie des cercles.
(1)
(2)
(3)
A.
MARCHAL,
L'intégration territoriale,
Paris
PUF,
1965,
pp.
72-100

- JI0 -
Les responsables
africains estiment alors que,
les
regroupements économiques doivent s'opérer progressivement ou
par étape,
de proche en proche,
en passant d'une étape inférieure
à une étape supérieure,
c'est à dire,
en partant des pays qui
ont le même passé historique,
l'intégration sous-régionale
(cas
de la CEAO)
et régionale dans une phase supérieure
(cas de la
CEDEAO).
Ce que les pays africains membres de la CEAO ont intitu-

:
"les possibilités d'élargissement de la communauté(l)".
A ce propos' M.
N' Gom déclare
:
"je doute que la volon-
té de solidarité qui existe entre les chefs d'Etat de la CEAO,
liés déjà par l'histoire et l'économie de leur pays et par l'his-
toire précédente de l'union douanière et économique de l'Afrique
de l'ouest
(UDEAO),
puisse également prévaloir" au __ ni veau _des
15 chefs d'Etat de la CEDEAO,
dont les uns sont francophones et
les autres
anglophones et les derniers
lusophones.
S'ils sont capables,
comme la CEAO,
de dépasser les
problèmes de micro-nationalisme,
de faire
le saut tout de suite,
avec la volonté délibérée d'intégration,
à ce moment,
je crois
, que la première phase sera dépassée
(2)".
(1)
La CEDEAO,
in Moniteur Africain,

747,
août -
septembre
1976,
p.
7
(2)
CEDEAO,
in Moniteur Africain,

747,
août -septembre 1976,
pp.
10 -
11

- 311 -
~elon cette optique,l'intégration devra-t'elle se
faire par une approche itirative
(1) .
./
Les hommes politiques et les économistes,
estiment
qu'il serait peu réaliste d~ rechercher dans l'immédiat une in-
tégration complète,
par contre, de s'attaquer secteur par secteur
ou par affinité.
De sorte que,
depuis l'indépendance sont nées des
associations multilatérales à des niveaux très restreints.
L'optique globale est moins itirative,
elle saisit
le problème de l'intégration à un niveau régional plus élevé.
En effet,
au lieu de préconiser une structure d'intégration
très hiérarchisée,
elle proposera qu'il y ait par exemple une
seule organisation de coopération économique pour tout l'ouest
africain.
(1)
Les mathématiciens appellent méthode par itèrations, une
méthode qui,
à partir d'une solution (GO) donnée à priori,
définit une transformation
(T)
permettant de passer de GO à
Gl = T (GO) et qui,
répétée sur Gl donne G2 ... Gn,
de telle fa-
çon que Gn,
à mesure que n croît,
tend vers la vràie solution
recherchée G.
Chaque opération Gi = T (Gi -
1) s'appelle une
it~ration. Le fait que Gn tende vers G à mesure que n (nombre
d'itirations)
c~oît se nomme convergence.
Cf.
: Jean ACHER et Jean GARDELLE,
algèbre linéaire et program-
mation linéaire, statistiques et programmes économiques,
Dunod,
Paris 1970,p. 152 et suivantes.

- 312 -
C'est dans cette optique que furent conçues la
CEAO l
1),
la CEAO II
(2),
la GRAO (3)
et aujourd'hui la
CEDEAO
('1).
Il existe deux points qui aident à comprendre pourquoi,
tant de sortes différentes de tentatives orientées vers l'inté-
gration se sont déroulées précisément:dans cette partie du con-
tinent africain.
Lors d'une réunion sous-régionale de la communauté
économique africaine
(CEA)
qui s'est tenue du 10 au 20 octobre
1976 à Niamey
(5),
un plan a été établi_pour la création d'une
communauté économique de l'Afrique de l'ouest
(CEAO).
Celle-ci fut
la première des rencontres consacrées au
renforcement de la coopération économique en Etat de l'Afrique
de l'ouest
(6).
Elle faisait suite à la résolution adoptée au
cours de la septième session de la CEA
; résolution qui recomman-
dait la création "sur le plan sous-régional,
d'un mécanisme
inter-gouvernemental chargé de l'harmonisation du développement
\\
économique et social".
En exécution d'une recommandation de la conférence
de Niamey,
un protocole
(7)
d'association pour l'établissement
de la CEAO fut signé à la conférence sur la coopération économi-
que en Afrique de l'ouest tenue à Accra le 4 mai 1967.
(1)
CEAO l,
Communauté économique de l'Afrique de l'ouest l
(2)
CEAO II,
Communauté économique de l'Afrique de l'ouest II
(3)
GRAO,
Groupe régional de l'Afrique de l'ouest
(4)
CEDEAO,
Communauté économique des Etats de l'Afrique de
~
l'ouest
(~) Cf.
:
Afrique nouvelle,

1082,
mai 1968
(6)
Côte d'Ivoire,
Sénégal,
Burkina-Faso,
Niger,
Bénin,
Mali,
Mauritanie,
Togo,
Ghana,
Libéria,
Nigéria,
Sierra-Léone.
(7)
Cf.
: document SPC/A 10 715/150/5/66 -
7 CEA Commission éco-
nomique pour l'Afrique

- 313 -
Ce protocole sera déposé au secrétariat général de
l'organisation des Nations Unies
(article 7 al.
2).
Il ne porte
pas création de la communauté.
C'est le conseil des Ministres
intérimaire qui est chargé de rédiger le traitè
régissant la
CEAO
(art.
5 al.
3).
Une premi~re réunion des-miriistres~se~tient
à Dakar en novembre 1967.
Il fut décidé
que la communauté à créer devait avoir
pour objectif,
de développer la coopération entre les Etats
membres dans tous les domaines,
et permettre d'avoir une idée
précise sur l'intégration économique en Afrique de l'ouest.
En novembre 1967,
les chefs d'Etat des pays riverains
du Sénégal
(Guinée,
Mali,
Sénégal,
Mauritanie) ,conf~rent au
Président de la Mauritanie la mission de prendre contact avec
les autres chefs d'Etat
d'Afrique de l'ouest,
au sujet d'une
conférence au sommet à Monrovia.
Cette conférence des chefs d'Etat
eut lieu en Mai
1968,
et décida la création d'un groupe régional de l'Afrique
de l'ouest
(GRAO)
qui agira dans le cadre de la constitution de
l'organisation de l'Unité Africaine
(OUA).
Deux
Etats étaient responsables de la préparation du
projet,
portant
création_du groupe régional de l'Afrique de lOues
En 1969,
en avril plus précisement,
un sommet devait unir les
chefs d'Etat,
à Ouagadougou pour la signature du traité
. Il
fut signé par neuf pays
(la Gambie ,-le Ghana,
la Guinée,
le
Libéria,
le Mali,
la Mauritanie,
le Nigéria,
le Sénégal,
la
Haute-Volta,
l'entente fut absente en dehors du Burkina-Faso.
Malheureusement,
la conférençe de Ouagadougou n'eut
jamais lieu et le projet de CEAO transformé,
d'apr~s le rappor~
teur de la conclusion finale du sommet
(1),
en groupement reglo~
nal de l'Afrique de l'ouest
(GRAO),
fut mis en réserve jusqu'à
(l)
Ct.
Probl~mes d'outre-mer,

175,
15 juillet 1969

- 314 -
la décision finale.
La première CEAO conçue par la communauté
économique africaine
(CEA)
sous sa forme CEAO ou GRAO ne vit
jamais le jour. Cette idée sera reprise sous la forme CEAO
instituée par le tr~ité de Bamako.
En effet,
après plusieurs discussions relatives aux
sigles,
CEOA, CEEAO,
COA,
CDEAO,
les chefs d'Etat
africains
finirent par revenir au premier sigle proposé par le CEA en
1966
: CEAO.
Mais en 1973 à la conférence de Lomé,
les représen-
tants de la CEAO du t~aité de Bamako s'y opposèrent,
parce que,
disent-ils, une telle reprise peut entrainer des confu~i6ns;.
i l fallait trouver un compromis.
La CEAO créée à~Lagos porterait
un "D" pour marquer
la différence: CEDEAO.
A notre avis, dit Kamadini OUALI,
"cette
querelle mineure de sigles pourrait être résolue en adoptant
le sigle anglais de la CDEAO : ECOWAS
(Economist community of
west african states) (1)".
De 1966 à nos
jours,
on peut affirmer qu'il y a eu
au total quatre projets de CEAO ~ous des formes différentè~.
La CEAO de 1966 sous sa forme pure n'a pas été réalisée,
ainsi
que celle de 1968 sous sa forme GRAO.
L'idée fut reprise et
améliorée d'où le traité de Bamako qui donnera naissance à l'ac-
tuelle CEAO.
En Afrique de l'ouest,
à la différence des pays euro-
péens,
le problème des pouvoirs et des fonctions économiques
dont chaque gouvernement
(2) doit se déssaisir au profit d'un
organisme supranational,
n'est pas encore posé clairement.
Les
conflits qui se manifestent ne proviennent pas de cela,
puis-
qu'aucune organisation conçue et réalisée ou non,
n'a encore
(1)
Kamadini Ouali,
Intégration africaine,
Economica,
1982, p.
43
(2)
Meade,
Problèmes de l'union économique,
p.
15

- 315 -
été doté d'organe vraiment supranational, même pas l'OUA.
Le problème qui se pose actuellement à l'Afrique,
est un problème économique,
c'est à dire,
le~partage du marché
et la division internationale du travail.
Le marché de l'ECOWAS
par exemple explique Ouali
:
"regroupera plus de 100 millions
de consommateurs,
soit près du double du marché français.
Un tel marché est nécessaire voire indispensable à
certqines économies,
telles celles du Nigéria ou du Ghana, qui
fabriquent une gamme variée de produits et dont les industries
sont déjà amorties.
Celles-ci ne peuvent préconiser qu'un régime
de libre concurrence,
c'est à dire un régime de liberté,
mais
la liberté à son point extrême,
les géants des pays africains
exerçant une domination sur les plus faibles
(1)".
Or les plus faibles dans ces conditions comprennent
le Niger,
la Côte d'Ivoire,
le Sénégal etc ... , face aux géants
de l'Afrique qui sont le Nigéria et le Ghana.
D'où la nécessité
pour la Côte d'Ivoire et le Sénégal "fondateur de la communauté",
de rechercher une cohésion et une intégration à un stade infé-
rieur,
c'est à dire une CEAO composée de micro-Etats, dans
laquelle les deux pays
(Côte d'Ivoire et Sénégal)
maintien~
draient leur~domination, quitte à préconiser un régime non libé-
ral plus équitable.
Ce sont ces faits en plus des conflits de méthodes,
qui ont déterminé les Etats de la région à reconsidérer le cas
de l'union douanière des Etats de l'Afrique de l'ouest
(UDEAO),
pour en constater l'échec et proposer de nouvelles formules.
(1)
. Kamadini
Ouali,
Op.
cit,
p.
43
J.
Marchal, Cours d'économie politique,
Tome Premier,
Librairie
de Médicis,
ed.
M.
TH.
Génin,
1961,
p.
820

- 316 -
B -
Le constat d'échec au niveau de la CEAO
Lors d'une conférence des chefs d'Etat
tenue en
mai 1970 à Bamako
(Mali),
un constat d'échec a été fait sur
l'UDEAO.
Une étude politique et économique l'a confirmé dans un
rapport rédigé par M.
Jacques E.
David
(1).
Les membres de la communauté étaient unanimes pour
dire que l'UDEAO traversait une crise et que cette union -dans'sa
forme actuelle,
n'est plus en mesure de répondre aux réalités
profondes des économies de l'Afrique
(2).
Au sujet de l'appréciation de l'efficacité de cette
union et des formules de substitution possibles,
les Etats,
mem-
bres de l'UDEAO,
eurent au départ des positions nuancées.
Mais
en fin;de compte,
ils durent s'entendre pour la création de la
CEAO.
a)
Le point de vue des positions des responsables
de l'UDEAO
L'union douanière des Etats de l'Afrique de l'ouest
(UDEAO)
a été instituée par une convention inter-Etats, signée
à Abidjan le 3 juin 1966. Cette nouvelle convention venait rem-
placer la convention du 9 juin 1959.
'L'UDEAO regroupait tous les Etats qui composaient
l'ex AOF,
à l'exception de la république de Guinée,
c'est à
dire:
la Côte d'Ivoire,
le Dahomey,
la Haute-Volta,
le Mali,
la Mauritanie,
le Niger et le Sénégal.
(1)
Administrateur principal à la direction générale du dévelop-
pement et de la coopération de la commission des communautés
économiques européennes à Bruxelles
( 2)
Cf.
L'économie ouest africaine,
dans,
Banque Centrale des
Etats de l'Afrique de l'ouest,
N° 175,
juillet 1970, p.
3

- 317 -
En avril 1967 et septembre de la mêmè ann~e,
les
comit~s des experts se sont retrouv~s sans parvenir à des r~sul-
tats positifs parce que:
ou bien ils n'arrivaient pas à s'en-
tendre sur des questions de fond
; ou alors les d~cisions adop-
t~es n'~taient jamais appliqu~es.
L'organe de l'union se r~unit à Paris en 1967, en
avril plus exactement,
et constatat aussi que les institutions
de l'union manquaient de force.
Aucune d~cision n'a ~t~ prise
au cours de cette r~union à Paris.
De retour à Paris,
le Ministre voltaique des finan-
ces et du commerce,
rendit compte au Pr~sident de la r~publique
de Haute-Volta par lettre N° III du 1er janvier 1967.
Se r~f~­
rant à l'union douanière des Etats de l'Afrique Centrale (UDEAC)
et afin de sauver cette union qui permettra d'aboutir peut-être
dans un proche avenir,
à la r~alisation d'un grand ensemble sur
le plan économique,
il suggérera de renforcer les institutions
de l'organisation,
par la cr~ation d'un conseil de chefs d'Etat,
qui disposera du pouvoir d'orientation, de d~cision et d'arbi-
trage.
Le 3 juin 1967,
le Pr~sident de la r~publique de
Haute-Volta adressera dans ce sens,
une lettre N°
006/PRES à
ses collègues de l'UDEAO (1).
En réponse à celle-ci,
le Mali et la Mauritanie
donnent leur accord tout en soutenant cette idée.
Les autres
Etats,
membres de l'UDEAO,
par leur silence ~pousèrent peut-être
la proposition de la Haute-Volta,
bien que la position du Niger
soit un peu nuanc~e.
(1)
Lettre du 3 juin 1967 du Président de la république de
Burkina-Faso,
au Président de la république du S~n~gal-Dakar,
cité par Kamadini Ouali,
Op.
cit,
p.
303 annexes

-318 -
Le Sénégal,
dans une lettre N°
006/PRES, répondit
que dans l'immédiat i l "ne paraissait pas opportun de confier
aux chefs d'Etat une tâche que les ministres semblent parfaite-
ment bien mener
(1)".
Le Sénégal émit des réserves sur l'efficacité de la
nouvelle formule.
Il en serait de même pour le Niger qui plus
tard,
en 1972, fera des réserves de fond sur le projet en cours
d'élaboration. Celles-ci porteront sur le cadre géographique
que ce pays jugeait étroit,
les échanges commerciaux.car la
CEAO ne doit pas être une "communauté de commerçants"
: la ban-
que centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest
(BCEAO) qui,
selon le Niger, doit être un instrument de crédit en vue du
financement des opérations de développement
; les entreprises
commerciales;
les situations géographiques spécifiques du Bénin
et du Niger
; les ports francs de Lomé et Morovia ; les aides
et concours de la CEAO.
Le Bénin et le Togo
opteront par la sui te pour le
statut d'observateurs.
Pourquoi la Haute-Volta a eu cette idée(2)
on peut remarquer qu'au départ,
il ne s'agissait donc pas de
créer une nouvelle communauté,
mais d'amender les. articles 9 et
10 de la convention de l'UDEAO,
afin de renforcer les institu-
tions de celle-ci, en créant une conférence des chefs d'Etat
comme dans l'UDEAC.
( i )
Lettre du 19 juillet 1967 du président Senghor au Président
Général Sango~lé Lamizana de Burkina-Faso, cité en annexe par
Kamadini Ouali, Op. cit,
p.
304
(2)
On pensait qu'il s'agissait pour elle de se racheter puis-
qu'elle avait été accusée par ses partenaires d'avoir boycotté
la convention de 1959
(UDAO).

- 319 -
~ais les maîtres à penser de l'union, n'excluent
pas la possibilité que l'organisation puisse ~tre agrandie plus
tard.
La dernière remarque est que la CEAü a été conçue comme
une organisation de développement économique et non une "commu-
nauté de commerçants dioulas".
La plus importante
des décisions prises au niveau
de l'union,
le rapport DAVID la mettra en évidence en plus des
constats qu'il fera.
Avant d'analyser le rapport DAVID,
voyons le point
de vue de François Perroux sur la question d'union douanière,
leur force et leurs faiblesses~
Dans "L'économie des Jeunes Nations",
François
Perroux déclare
"Emprunter la théorie de l'union douanière
aux expériences occidentales et la transposer aux républiques
africaines d'expression française,
c'est méconnaître la réalité".
Et i l ajoute
:
"Deux unions douanières appellent discussion à
cet égard:
l'une est très vivante,
l'autre a reçu des coups tels
qu'elle n'existe presque plus.
L'union douanière équatoriale
(Congo-Brazaville,
Centrafrique,
Gabon et le Tchad)
possède un statut et s'est
affirmée comme une réalité.
L'union douanière de l'Afrique de
l'ouest
(Sénégal,
Mauritanie,
Côte-d'Ivoire,
Mali,
Niger,
Haute-
Volta,
Dahomey)
est exténuée(l)".
Le fait qu'une union douanière puisse ~tre considé-
rée comme une réussite par un auteur qui en condamne le principe
fournit matière à réflexion.
(1)
François Perroux,
l'Economie des Jeunes-Nations, -EUF,
1962,
pp.
20 -
21

- 320 -
En fait,
M.
François Perroux estime que la coopéra-
tion régionale en Af~ique ne peut être efficace, et n'a de rai-
son d'être,
que si elle a,
au départ,
pour objectif,
une répar-
tition des investissements et la compatibilité des plans de
développement
(~).
Cet objectif ne peut se justifier, que par un accrois
sement de la production,
un élargissement des marchés qui sup-
pose déjà,
à priori,
une certaine forme de libéralisation des
échanges à l'intérieur du groupe et une protection vis à vis de
la concurrence extérieure.
D'~utre part,
si les jeunes nations africaines
étaient parties de zéro,
si l'on avait bâti dans un désert,
rien
ne se serait opposé à ce que l'on débute par une répartition
des projets,
en fonction des potentialités de chacune en toute
équité.
Mais tel n'était pas le cas.
Les jeunes nations afri-
caines ont trouvé dans leur berceau une certaine infrastructure,
politique,
économique et sociale, qui avait pour seule finalité,
répondre aux besoins des pays développés dont ils étaient dé-
pendant.
Conscients d~ ce facteur déterminant ils décident
d'harmoniser leurs relations extérieures.
Il s'agissait de pren-
dre vis à vis du monde extérieur,
spécialement dans le domaine
des échanges,
des positions communes.
C'est ainsi que l'UDEAO a été mise en place en 1966
et qu'après quelques années d'existence devient imparfaite, dont
le rapport DAVID nous fait état.
(~) François Perroux, Economie des Jeunes Nations, pages 23 à 53

- 321 -
b)
Présentation du rapport DAVID
Le rapport DAVID, dont le titre e s t :
"Rapport au
sujet de la création d'une organisation de coopération indus-
trielle,
économique et douanière des Etats d'Afrique de l'ouest".
Document publié en janvier 1970 sous le timbre du
secrétariat général de l'UDEAO.
Le rapport a été rédigé à la
demande des Etats membres de l'UDEAO.
Il a fait à la fois de
l'action passée et des suggestions pour l'avenir.
Le rapport expose les f a i t s :
la naissance de l'UDEAO
et de l'UDEAO~ les dtspositions principales et les difficultés
d'application,
résultats
1°)
existence de régimes douaniers que d'Etats
2°)
prolifération d'accords bilatéraux ménageant
toute une série de régimes d'exception qui couvrent en réalité
l'essentiel des échanges commerciaux de la zone;
3°)
non satisfaction du fonctionnement de l'UDEAO,
non applicabilité par la convention des vrais problèmes de la
coopération inter-Etat ;
4°)
le seul effet tengible de l'union aura été pour
les Etats membres une perte annuelle des recettes fiscales et
douanières de l'ordre de un milliard de francs CfA;
5°)
la convention n'a pas eu d'effets économiques
remarquables,
la formule de l'union économique est inopérante,
aussi convient-il de transformer celle-ci en une organisation
de coopération industrielle,
économique et douanière,
telle a
été la suggestion des Etats membres de l'UDEAO.
Quels en seraient les avantages ? Nous pouvons en
citer cinq
1°)
agrandisse~ent de la dimension du mar~hé et
plus grande possibilité d'investir·
abandon de l'industriali-
sation de "petite taille"

- 322-
2°)
accroissement des échanges inter-Etats et atté-
nuation de la dépendance vis à vis de l'extérieur;
3°)
possibilité d'accords de spécialité et de com-
plémentarité
;
4°)
compensation entre les pertes de recettes bud-
gétaires
5°) supression progressive des obstacles aux avan-
tages.
Les moyens d'actions que recommande le rapport
DAVID,
reposent sur la coopération industrielle,
par un système
souple d'agrément entre les Etats membres de l'UDEAO,
la fixa-
tion d'une taxe spéciale applicable aux produits agréés par la
communauté,
la création d'un fond d'encouragement à l'industria-
lisation et aux échanges inter-Etats,
suivie d'une coopération
économique dans le domaine des transports,
de la distribution,
et une coopération douanière harmonisée etc . . .
Le rapport propose une certaine rigueur entre les
Etats membres,
pour lutter'efficacement contre la dépendance
extérieure,
et facilite l'intégration régionale dans les Etats
d'Afrique de l'ouest
(1).
c)
Le rapport DAVID
L'objet de ce rapport était d'énumérer une série
de propositions ou de conseils,
susceptibles d'aider les Etats
membres de l'UDEAO,
de rechercher une meilleure formule de re-
groupement économique.
(1)
Jacques E. "DAVID,' 'è'téa t'-ion :d ',uneSbr-gan'isa t,ion de-)coôpération
industrielle,
économique et douanière des Etats de l'Afrique de
l'ouest,
dans,
les documents du secrétariatde l'UDEAO,
publié
en janvier 1970

- 323 -
Vu sous cet angle,
le rapport DAVID visait à faire
/
un bilan du fonctionnement et de la situation de l'UDEAO.
Mais,
est-il possible de faire le bilan d'une organisation qui venait
de naître ?
En effet,
la convention qui donna'it naissance a
l'UDEAO a été signée le 3 juin 1966 à Abidjan,
l'année
d'après
les experts et les ministres constataient son mauvais fonction-
nement.
Ce qui
justifie le manque de statistiques pour étoffer
notre raisonnement.
L'auteur a posé même le problème de l'utilité,
de la
nécessité ou des chances de succès de la formule de l'union doua-
nière en tant qu'instrument de développement des échanges et des
relations économiques interrégionales.
Le document met en cause l'intérêt de la formule
douanière alors que les conditions de celles-ci n'ont jamais
été réunies notamment ses effets créateurs: économie d'échelle
meilleure allocation des ressources
. spécialisation et compé-
titivité accrues:
création de commerce;
détournement de trafic
au profit des partenaires etc.
En outre,
la théorie économique,
analyse,
estime-t'on,
le droit de douane sous trois aspects au moins;
transport de
revenus
en faveur de l'économie nationale et à la charge de
l'étranger;
transfert des ~evenus privés à l'~tat
instrument
de
r2distribut~Qn de revenus.
Il est indispensable et indiscutable,
disait ~
Tamboura
(secrétaire général de l'UDEAO),
"sur le plan de la
raison,
que l'UDEAO est une technique prioritaire et fondamen-
tale,
d'une solution progressive et réaliste des problèmes de
développement.
Notre union douanière pourrait atteindre ses

- 324 -
objectifs, grâce à un effort politique permanent de dialogue,
de concertation en vue de l'élargissement et de l'intégration
des espaces économiques des Etats membres.
Mais pourquoi l'agonie
de notre union?
(1)".
Le Président Senghor avait tiré sur le signal d'alar-
me quelques temps après la création de l'UDEAO :
"Si nous conti-
nuons à maintenir nos unions seulement pour mémoire et à glisser
sur la pente d'un micro-nationalisme africain,
écrit Senghor,
les importations de produits européens finiront par être para-
doxalement plus favorisées en Afrique, que celles d'origine afri-
caine
(:2,,)".
Le rapport a donc eu le mérite d'avoir provoqué une
décision politique au niveau des Etats membres de l'UDEAO.
Son
analyse permet de constater qu'on est passé progressivement de
l'idée d'un renforcement des institutions de l'UDEAO préconisé
par certains membres,
puis à celle d'une
transformation de celle-
ci,
à la conception d'une organisation de coopération industriel-
le,
économique et douanière, que le rapport ne désigne pas encore
sous le sigle de CEAO.
Nous tendons vers la mise en place d'une nouvelle
institution autre que l'UDEAO.
Après la conception de la CEAO,
voyons dans quel contexte est née la CEAO et comment elle a été
constituée.
(1)
M.
A.
Tamboura,
Objectifs,
institutions et perspectives
d'avenir de l'UDEAO,
L'essor de Bamako,
26
juin 1967
(~) L.S. Senghor, de l'UDEAO à la CEAO, Marchés Tropicaux, N° 175,
juillet 1970,
p.
18

325-
Section II
La création de la CEAO
La convention du 9 juin 1959 et la convention du
3 juin 1966,
furent signées respectivement à Paris et Abidjan.
C'est le 20 mai 1970 qu'à eu lieu
à Bamako
(. ) la réunion des
chefs d'Etat et gouvernement des membres de l'UDEAO.
L'événement
est important,
car c'est la première fois qu'on assiste à la
création d'une institution suprême,
convoquée pour se prononcer
sur les études à effectuer par le secrétariat général de l'UDEAO,
sous l'impulsion du conseil de ministres,
en vue de transformer
cette union,
en une organisation de coopération économique,
industrielle et douanière.
On nota alors avec soulagement et espoir,
un regain
de la volonté politique qui avait jusqu'ici cruellement fait
défaut à la dynamique de l'intégration économique dans la sous-
région.
Ce sommet des chefs d'Etat eut un bilan positif,
puisqu'il a débouché sur la signature d'un protocole d'accord,
consacrant la volonté politique des Etats de créer une CEAO.
Après de nombreuses études,
menées dans les Etats
membres,
tant par les experts nationaux qu'internationaux
(fran-
çais -
canadiens notamment),
une nouvelle rencontre des chefs
d'Etat aboutit à la signature le 3 juin 1972,
à Bamako, du traitÉ
instituant la CEAO,
par les chefs d'Etat suivants:
Mali,
Mau-
ritanie,
Côte-d'Ivoire,
Sénégal,
Niger,
Haute-Volta et Dahomey.
En outre,
des études complémentaires furent ménées
dans la perspective d'élargir la nouvelle organisation à d'autreE
Etats africains indépendants.
(4)
Voir documents examinés à Bamako en"annexe

- 326 -
Malgré de nombreuses difficultés inhérentes à la
situation particulière de chaque Etat membre,
le traité fut
amendé le 17 avril 1973 à Abidjan,
par les Etats sus nommés,
à l'exception du Dahomey qui,
pour des raisons diverses,
demanda
et obtint le statut d'observateur.
Les premières décisions communautaires seront prises
a Abidjan à la date de l'amendement du protocole d'accord.
Le
siège a été fixé à Ouagadougou
(Haute-Volta).
Quel a éte le contexte de la naissance de la CEAO ?
10) le panafricanisme,
2 0 ) l'unité,
30)
la coopération dans la
compréhension mutuelle écrit le Président Senghor.
Il faut aussi
de la patience, de la tenacité,
et des efforts continus
(1).
Le premier exemple à méditer dans ce contexte, c'est
le marché commun européen,
déclare le Président Senghor. Ce mar-
ché n'est pas à l'abri des crises,
alors i l faut se dire que la
CEAO,
ne sera pas non plus à l'abri des crises
(~).
Les six pays d'Afrique francophone sont désormais
engagés dans une expérience du même ordre,
avec la communauté
économique de l'Afrique de l'ouest
(CEAO).
Les responsables de
ces six pays,
se sont réunis à Abidjan pour conclure les proto-
coles d'application du traité instituant la CEAO,
traité qui
avait été signé à Bamako le 3 juin 1972.
Quelles sont les procédures de négociations qui
ont mené au traité et à la création de la CEAO ?
(1)
Discours de L.
S.
Senghor,
à Abidjan,
lors de la signature
du traité,
en juin 1973
(~) L. S. Senghor, la constitution de la CEAO, l'Echo de l'Afri-
que,
N° 5,
Dakar 1972

- 327 -
A -
Les négociations de Bamako
Après le conseil des ministres de l'UDEAO de
juin
1969 et la rédaction du rapport DAVID en janvier 1970,
une grande
activité de relations et de contacts va s'instaurer entre les
experts,
ministres et chefs d'Etat de l'UDEAO,
dont la capitale
malienne
(Bamako)
sera ~e centre des grandes décisions.
Les différentes réunions et discussions vont aboutir
à des protocoles d'accords et traités.
Le protocole étant géné-
ralement une série de résolutions qui consacrent un accord,
il
peut être défini,
en matière commerciale,
comme un contrat com-
portant des engagements réciproques,
par lesquels des Etats con-
tractants,
réglent pour une période déterminée,
le régime de
leurs échanges commerciaux et les questions accessoires qui s'y
rattachent
(.11-).
Dans ce dernier cas,
le protocole est un acte tradi-
tionnel ou complémentaire.
Le document que nous examinons,
répond plus à la
définition donnée par Kamadini Ouali,
c'est à dire,
un acte par
lequel les différentes parties ont décidé d'un commun accord
de créer la CEAO (i).
Le préambule du protocole reprend les constats du
rapport DAVID,
notamment l'inéfficacité révélée de l'UDEAO,
de
la necessité de lui substituer un nouvel ensemble économique
--
~
-
(~) Kamadini Ouali, l'Intégration africaine, p. 8 ; Cf.
M.
Schmidin et J.
Ducrocq,
l'organisation et la réglementation
du commerce extérieur à l ' heure du marc.h~é_.,:commun, soS.::::i.été :.t:"lOU'-
velle du moniteur officiel du commerce extérieur et de l'indus-
trie,
Paris 1963,
page 142
(t)
Cf.
Kamadini Ouali,
Op.
cit,
pp.
48 et 49

- 328 -
régional,
ouvert à tous les Etats de l'Afrique de l'ouest, qui
voudraient y adhérer.
Après la décision de créer une nouvelle coopération
économique,
industrielle et douanière,
entre eux,
les Etats con-
viennent de s'organiser en une communauté économique de l'Afrique
de l'ouest,
dont les objectifs seront notamment
(article 1)
1°)
l'amélioration de l'infrastructure;
2°)
la promotion et l'accélération de l'industriali-
sation
3°)
le développement des échanges commerciaux.
Les chefs d'Etat membres de la nouvelle communauté
qui va naître,
proclament leur volonté résolue d'aller de l'avant
dans la construction qu'ils ont entreprise et leur confiance
dans l'avenir de la CEAO,
qu'ils viennent d'instituer.
Le traité instituant la CEAO comporte une cinquan-
taine de clauses.
Son préambule, déjà explicité plus haut,
con-
firme la volonté des signataires, exprimée par le protocole adop-
té par eux à Bamako le 21 mai 1970, d'instituer entre leurs Etats,
une nouvelle forme de coopération économique industrielle et
douanière,
qui se substitura à l'union douanière des Etats de
l'Afrique de l'ouest
(l'UDEAO),
et qui sera un moyen de limiter
leur intégration dans le marché mondial,
facteur de domination
et de dépendance.
Les Etats africains s'engagent à fonder la nouvelle
organisation selon un certain nombre de principes
(article 2 du
protocole)
: organisation des marchés et libre circulation des
biens et personnes
: spécialisation progressive et sélective
;
création d'un fonds d'aide à l'industrie et au commerce;
encou-
ragement des transporteurs nationaux
institution d'une taxe

- 329
sp~ciale pr~f~rentielleet
d'un syst~me de compensation, lutte
contre la fraude.
Le protocole d'accord a ~t~ sign~ le 21 mai 1970
a Bamako. D~s le Il juin 1970,
le Président du conseil des minis-
tres de l'UDEAO,
conform~ment au mandat reçu de la conférence des
chefs d'Etat,
a
, par lettre 0021/MDC/CAB/SP
(1)
fait parvenir aux
différents Etats un programme de travaux établis par le secrétariat
en vue de la préparation du projet du traité qui instituera le nou-
vel organisme de coopération régionale.
Ce programme retient 3 p~riodes.
La premi~re période
est consacrée à la collecte des documents et à la désignation par
chaque Etat membre, des hauts fonctionnaires qui seraient des
correspondants du secrétariat.
Durée cinq mois.
La seconde p~riode (huit mois),
les experts devraient
pouvoir procéder aux études nécessaires à la mise en forme finale
du traité,
et prise de contact entre les experts,
avant la réunion
des chefs d'Etat.
Troisi~me période, établissement de projets et pro-
positions qui ont été faites par le secrétariat en vue de rencon-
tres préparatoires d'experts et de ministres.
A l'issue de ces
travaux,
un projet de traité et sept protocoles ont été élaborés
(un protocole par chaque pays membre).
Dans un souci de clart~, seuls les principes sur
lesquels est fondée la communauté,
et les dispositions les plus
importantes qui découlent de ces principes,
ont été inclus dans
le projet de traité.
( 1)
Cf.
Kamadini Ouali,
Op.
cit,
p.
49

- 330 -
Des dispositions de caractère technique concernant,
d'une part,
les principaux domaines d'intervention de la communauté,
d'autre part,
les. modalités de son fonctionnement ont été incluses
dans les protocoles annexés au traité et qui en font partie inté-
grante.
Il est apparu que cette manière de procèder,
qui est
d'usage courant en matière de traités internationaux,
présentait
le double avantage de faire mieux apparaître la cohérence d'ensem-
ble du traité et de conèentrer dans des documents nettement indi-
vidualisés,
les dispositions détaillées concernant chacun des
grands objectifs,
ou des grandes tâches de la communauté.
Une série de notes techniques et de documents sta-
tistiques accompagnait le projet de traité et les projets de proto-
coles.
L'ensemble de ces projets et de ces documents a été regrou-
pé dans un dossier,
qui a été transmis aux gouvernements des Etats
membres de la CEAO dans les premiers jours de mai 1972.
Au terme du programme,
la conférence des chefs d'Etat
devait se tenir le 1er novembre 1970,
finalement celle-ci eut lieu
en fin de compte en juin 1972.
Le programme fixé ne se réalisera
pas entièrement comme i l avait été convenu pour diverses raisons.
Au nombre de celles-ci,
on peut avancer la difficulté
de concilier les calendriers de rencontres et de missions de diffé-
rents responsables:
chefs d'Etat,
ministres,
etc ...
A côté de ces raisons et d'autres d'ordre strictement
politique,
i l faut mentionner l'étude sérieuse et minutieuse que
les Etats membres de la CEAO ont faite des propositions du secré-
tariat général de:l'UDEAO.
Ce programme de proposition ou d'amendement fut d'au-
tant plus lent que le programme et les projets du secrétariat

331 -
embrassaient tous les domaines de l'activité économique des Etats
membres:
industries existantes ou à créer,
à vocation nationale
ou multi-nationale
; prix de revient sortie usine;
code des inves-
tissements,
tarif des transports;
rôles des organisations profes-
sionnelles et des chambres consulaires en matière de distribution
accords commerciaux déjà conclus
;
tarifs officiels ou homologués
d'acconage,
accords de marchandises,
etc.
Compte tenu de la minutie de ces préparations préli-
minaires,
on peut dire que l'examen du traité de Bamako a fait
l'objet de négociations plus importantes que lors de l'adoption du
protocole.
Il faut en convenir qu'il n'y a pas eu de négocia~
tions au sens strict du GATT,
sur la base de listes d'offre et
de demande,
mais il est certain que
des efforts de concessions
mutuelles sans listes formelles,
ont été faites.
A ce stade,
il ne s'agissait pas de négociations
tarifaires
(art.XXVIII bis du GATT)
produit par produit,
ni d'a-
baissement chiffré ou de consolidation de droits.
Dans notre analyse,
nous allons nous limiter aux
problèmes des échanges commerciaux contenues dans le rapport géné-
ral du conseil des ministres de
juin 1972. Celui-ci s'était reunl
afin d'examiner le projet
(1) de traité instituant la CEAO,
ainsi
que les documents et protocoles annexes
(t).
Après amendement du projet,
les articles 14,
33 et
le Sème alinéa de l'article 41 ont été supprimés. Ces modifica-
tions ont été importantes,
en effet,
l'objet
(3)
de l'article 14
(~) Document N° 3 de 72 pages
(t)
Document N°
24/UD/SG/72 du 25 février 1972 du secrétariat
général
( 3)
Cf.
Document CEAO,

5,
page 9

- 332 -
était d'exclure du régime de la taxe de coopération régionale
(TCR)
et des compensations y afférentes prévues par l'article 15,
les échanges ivoiro-sénégalais de produits industriels,
pour les-
quels l'accord bilatéral sénégalo-ivoirien s'est révélé satisfai-
sant.
Le secrétariat a estimé qu'une inclusion éventuelle
aurait pour effet de majorer artificiellement les compensations
financières que le fonds communautaire du développement
(FCD)
devrait verser à chacun-de ces Etats de façon corrélative,
majorer
,
les contributions du Sénégal et de la Côte-d'Ivoire.
Enfin,
affirme l'analyse du secrétariat,
le niveau
de développement industriel du sénégal et de la Côte-d'Ivoire est
tel que,
les échanges de produits industriels entre eux se font à
la satisfaction des deux parties,
sans qu'il soit nécessaire,
sauf
cas d'espèce,
d'avoir
recours a un système comme celui de la TCR,
cette argumentation ne s'est pas révélée dirimante,
c'est à dire,
entraînent la nullité de l'union.
Par contre,
les délégations des autres pays ont trou-
vé les dispositions de l'article 14 inacceptables pour deux rai-
sons
1)
la référence aux deux Etats
(la Côte-d'Ivoire et
le Sénégal)
concernés va à l'encontre de l'esprit général du traité.
On ne voit pas pourquoi singulariser les cas ivoiriens et sénéga-
lais dans le cadre de l'union économique
2)
le maintien d'une clause,
dit le rapport,
entraî-
nerait des moins values pour les ressources du fonds communautaire
au développement
(FCD).

- 333 -
Effectivement,
l'alimentation du fonds est fonction
entre autre de la taxe de coopération régionale
(TCR)
; moins i l
y aura de produits agréés,
et plus le niveau du fonds sera faible
et vice versa;
or,
les échanges ivoiro-sénégalais sont relativemen
importants,
d'où le préjudice qui en résulterait.
La négociation a consisté en un compromis entre ces
deux Etats et ceux de l'intérieur.
L'exclusion au lieu d'être
totale a été proposée pour cinq ans à compter de la date d'entrée
en vigueur du traité,
c'est à dire
jusqu'en 1980 environ,
moyennant
un abandon pour ces deux Etats du bénéfice du FCD,
qui serait uti-
lisé en priorité pendant cette période pour les investissements
nationaux et pluri-nationaux dans les Etats les moins industriali-
sés
(1).
D'une manière générale,
les négociations relatives
aux protocoles,
furent remises à une date ultérieure
leur signa-
ture devrait intervenir seulement en décembre 1972 à Bamako.
A l'occasion de cette nouvelle conférence des chefs d'Etat, dit le
communiqué final du 3 juin 1972,
les dispositions du traité pour-
ront faire,
le cas échéant,
l'objet de modifications en vue de
leur harmonisation avec celles qui seront arrêtées dans le corps
de différents protocoles.
Malheureusement cette conférence du 3 juin 1972
n'eut
jamais lieu.
De report en report,
pour des raisons de calen-
drier et autres
(2),
la conférence devrait se tenir à Abidjan en
avril 1973.
Les protocoles seront signés et les premières décisions
communautaires prises.
(1)
Il faut en convenir que la Côte-d'Ivoire et le Sénégal étaient
d'accord pour le pricipe.
(2)
Notamment les problèmes tenant aux choix du lieu du siège de
la CEAO

- 334 -
B -
Les décisions d'Abidjan
Les experts nationaux des Etats membres,
le secré-
tariat et des experts étrangers
(France),
mirent à profit cette
période de flottement de la mise en place de la communauté,
pour
réfléchir et nourrir à fond les dossiers.
Un travail
très important
(1)
de récapitulation,
d'analyse et de synthèse sous forme de tableaux synoptiques
(2),
reprenant l'ensemble des observations formulées par les Etats
membres de la CEAO,
sur le texte du traité de Bamako et les proto-
coles,
a été fait par le secrétariat de l'UDEAO.
Ce qui a facilité les prises de position lors de la
rencontre d'Abidjan.
Les experts des douanes et des statistiques
avaient eu également le temps de se réunir.
Les résultats de ces
travaux furent pris en considération par les membres de la CEAO,
en particulier les chefs d'Etat membres.
Comme à Bamako,
le comité d'expe~ts se scinda en
trois commissions,
dont celle des échanges commerciaux.
Pour nous
éviter de sortir de notre champs d'analyse
et rester le plus près
possible de notre propos,
nous examinerons à titre principal les
travaux de cette commission,
en analysant les amendements apportés
au traité signé à Bamako et les premières décisions qui seront
prises à Abidjan.
Amendements du Traité
Jusqu'à présent,
les organisations de coopération
économique régionale,
se sont généralement donné pour objectif,
(1)
Le secrétariat a reçu l'aide d'experts de la CEE dont MM.
David
et Florenzano
(2)
Plus de 800 pages environ

- 335 -
de favoriser
le développement des échanges commerciaux entre les
pays qui y participent,
en instituant entre eux un régime douanier
préfenrentiel.
En matière d'échanges et de ralations commerciales
entre les Etats membres,
le traité proprement dit a fait l'objet
d'une seule modification importante;
celle portant sur l'arti-
cle 34,
relatif à la création et à l'alimentation du fonds commu-
nautaire de développement.
Le fonds communautaire de développement
(FCD)
a été
créé par l'article 34 du traité auquel sont dévolues deux fonctions
essentielles
: la compensation des moins-values de recettes enre-
gistrées par les Etats membres,
à l'occasion de leurs importations
de produits industriels,
en provenance des autres Etats membres et
le financement des études et actions communautaires, destinées à
favoriser un développement harmonieux des activités de ces mêmes
Etats.
La principale considération qui a guidé les repré-
sentants des Etats,
tout au long de la préparation du traité,
est
que,
si l'on voulait faire oeuvre durable et efficace,
i l conve-
nait de tenir compte de la situation concrète de chacun des futurs
participants.
Or cette situation est caractérisée,
sur le plan
économique,
par le fait que,
quoique également en voie de dévelop-
pememt,
les Etats considérés sont inégalement développés,
en parti-
culier en ce qui concerne leur industrialisation,
et que,
par voie
de conséquence,
leurs échanges de p~oduits industriels ne sont pas
équilibrés et ont peu de chances de le dev~nir de façon spontanée

- 336 -
et à brève échéance
(1).
A ce titre,
estiment les promoteurs du traité
(2),
le fonds communautaire de développement
(FCD),
constitue une des
pièces maitresses de l'ensemble des dispositifs prévus par le
traité.
L'amendement a porté essentiellement sur le troisième
alinéa de l'article dont le libellé retenu à Bamako est le suivant
"En raison du régime favorable accordé aux produits
industriels,
le fonds est alimenté par une contribu-
tion de chaque Etat membre,
calculée en- fonction de
sa participation aux exportations de produits indus-
triels agréés au régime de la TCR,
à destination des
autres Etats membres,
ou alimentée par des sources
de financement extérieures
(l: ".
C'est le principe retenu par les Etats membres pour
l'alimentation du fonds communautaire de développement, qui mani-
feste le plus clairement leur volonté de lier organiquement l'ex-
pansion de leurs échanges commerciaux et les autres aspects de
leur développement.
Autrement dit,
ce sont les Etats membres,
qui du
fait de leur développement relatif sont les plus exportateurs de
produits industriels à destination des autres Etats membres qui
contribuent le plus à l'alimentation du fonds.
Certains Etats qui,
au contraire, sont plus impor-
tateurs qu'exportateurs de produits industriels,
sont_appelés à
(1)
Jacques E.
David,
la CEAO,
Marchés Tropicaux,
13:juillet 1973,

l
444,
page 2 188
(2)
Cf.
: CEAO,
document N°
5,
page 21
(3)
Cf.
: Traité CEAO,
document N°
5,
page 21 -
22

- 337 -
recevoir de la part du fonds,
au titre de la compensation des
moins-values de recettes,
des contributions importantes.
Ainsi le fonds apparaît-il comme l'outil d'une véri-
table péréquation financière entre les Etats membres,
suivant
qu'ils sont plus ou moins avancés dans la voie du développement
agricole et industriel.
A la réflexion,
ce libellé paraît restrictif aux
yeux de certains Etats membres,
parce que ainsi transcrit,
l'ar-
ticle liait le montant du fonds,
au volume des produits seulement
agréés, qui feraient l'objet d'échanges d'inter-Etats.
De sorte
que,
si le nombre des produits agréés se trouvait limité
(~)
pour quelque raison que ce soit,
le niveau du fonds se trouverait
automatiquement minoré.
Le montant non réparti serait également
réduit, ce qui affaiblirait les possibilités d'intervention du
fonds,
donc de la CEAO.
La communaut~ se trouverait privée de moyen, et, à
la limite elle cesserait d'exister. Cette hypothèse restrictive
serait évidemment favorable aux exportateurs dont les contributions
pourraient être réduites aux seuls produits pour lesquels ils
auraient décidé de demander le bénéfice du régime de la TCR.
A celle-ci s'oppose une thèse moins restrictive
tendant à conférer à l'agrément des produits un caractère plus
général.
Le FCD selon cette hypothèse serait alimenté par une~con­
tribution de chaque Etat membre.
Ce point de vue fut défendu par les pays importateurs
c'est à dire les pays de l'extérieur.
Le niveau du fonds serait
ainsi élevé,
les interventions et les moyens de la communauté plus
importants.
(/1,)
Cf J.
Secrétariat UDEAO,
note concernant l'article 35
(nouveau)

- 338 -
Après des discussions,
les Etats membres restent
sur une position de désacord,
et la question fut soumise aux chefs
d'Etat.
Les négociations furent délicates et le clivage entre pays
~r
de l'intérieur importateurs et pays exportateurs
(côtiers) -assez
net.
Finalement,
l'intérêt général prit le pas sur l'in-
térêt personnel,
la seconde formule
(aliénation du fonds par une
contribution de chaque Etat membre que ces produits soient agréés
ou non)
amendée sera adoptée à l'unanimité.
Les protocoles d'accords
Le projet de traité comportait sept protocoles de
A à G.
Il fut porté à dix,
donc de A à 1. Nous éviterons de ren-
trer dans les considérations techniques,
pour éviter d'alourdir
notre travail.
Néanmoins nous dirons que le protocole CseFa modi-
fié par un ajout de la définition de la notion de service et que
le Niger proposera que l'on remplace,
dans le protocole G,
la
notion d'uniformisation des statistiques,
par le mot harmonisation,
compte tenu des difficultés d'ordre pratique,
qu'entrainerait une
politique d'uniformisation des statistiques au niveau des adminis-
trations douanières.
Mais pour notre propos,
seules les modifïcations
àpportées aux dispositions de l'article 6 du protocole H seront
étudiées.
Le protocole H traite des procédures douanières appli-
cables à la circulation des produits à l'intérieur de la commu-
nauté.
Quelle est l'origine de cet article et que d i t - i l ?
En matière de coopération économique entre pays,
surtout entre
pays en voie de développement,
deux problèmes semblent toujours

- 339 -
se révéler en fin de compte plus difficilèsà résoudre
: le pro-
bl~me de la redistribution des gains, résultant de la coopération
et celui de l'origine à concéder aux produits ou marchandises
communautaires.
Les deux probl~mes n'ont pu être éludés par les
auteurs du traité,
ils ont fini
par être abordé de front:
le pro-
bl~me de l'article 35 que nous venons d'examiner et le second par
l'article 6 du protocole H.
Au niveau de la CEAO,
on peut le résumer de la façon
suivante.
L'UDEAO,
aux yeux des auteurs de la convention,
n'a pas
permis aux Etats membres d'accroître plus leurs échanges mutuels
parce que entre autres la notion d'origine était vague et sans
portée pratique.
"Sont considérés comme originaires de l'UDEAO,
les produits récoltés,
extraits du sol ou fabriqués dans un Etat
membre. Ne sont pas considérées comme fabrications,
les opérations
de simple conditionnement ou destinées à assurer la conservation
en l'état d~s marchandises imp6rtées des pà~stiers "(1).
D~s la premi~re réunion des ex~erti à Bamako, suivie
par la conférence des chefs d'Etat,
la notion de produits origi-
naires de la CEAO devait être définie plus clairement. Cette notion
devrait faire l'objet d'une décision du conseil des ministres
(2).
De sorte que,
dans le cadre de l'examen du traité en
vue de la conférence d'Abidjan,
le Bénin,
la Haute-Volta,
la Mau-
ritanie,
et le Sénégal sugg~reront que le terme de "produits ori-
ginaires"
contenu dans l'article 5 du traité
de la CEAO soit défini
(1)
y
compris non seulement les Etats africains non membres de la
communauté,
mais aussi,
les importations venant des pays de la CEE,
devrait préciser la communauté
(2)
Cf.
: Observations sénégalaises N°
13 973 M.F.A.E/CAB/81, du
16 novembre 1972

.- 340 -
C'est pour répondre à ces requêtes que le secréta-
riat proposera l'énoncé suivant de l'article 6 du protocole H.
"Sont considérés comme produits originaires des
Etats membres:
les produits du cru ... ; les produits
industriels agréés au régime TCR;
les produits indus-
triels non agréés à la TCR,
fabriqués dans les Etats
membres à partir des matières premières d'origine
communautaire,
ou importés de pays tiers non soumis
à l'aqui~tement du droit de douane proprement dit
les produits industriels non agréés au régime TCR,
fabriqués
à partir des matières premières importées
de pays tiers, soumis à l'acquittement du droit de
douane,
lorsque l'ouvraison de ces produits aura eu
pour effet de les faire classer dans une position
tarifaire à six chiffres différente de celle de la
(ou des)
matières premières mises en oeuvre etc .. . ".
L'examen de l'article 6 du protocole H permit de
classer les Etats en deux groupes:
les partisans d'une applica-
tion stricte de la notion d'origine,
telle qu'elle a été héritée
de la colinisation
; et les Etats partisans d'un assouplissement,
voire d'une adaptation des règles douanières aux réalités actuelles
des pays membres.
Les notions d'origine et de positions tarifaires
à six chiffres furent donc analysées par les experts européens et
africains
(membres de ·la CEAü) , de ces deux points de vue.
Selon la thèse restrictive,
du tissu importé de
Chine par exemple et trempé dans de l'indigo au Sénégal,
ne peut
acquérir l'origine communautaire. De même le riz ivoirien ou le
café ivoirien,
mis en sachet ou en boîte ne peut acquérir en Haute-
Volta,
l'origine communautaire. Le sachet plastique ou la boîte en

- 341 -
acier blanc,
pourraient ne pas ~tre d'origine ivoirienne.
Bien que,
en général,
ce soit l'origine du contenu
qui détermine celle du continent.
Il faudrait définir aussi un
régime des emballages. Cette thèse est qualifiée de restrictive,
parce que les critères qu'elle retient peuvent ~tre difficilement
satisfaisants.
Certains membres de la communauté économique,
ont
préconisé une approche moins stricte,
plus libérale,
plus simple.
Le taux d'ouvraison exigé ne devrait pas ~tre excessif.Cé~qu~ipeFme
trait au tissu sénégalais seulement trempé d'acquérir l'origine
communautaire, d'après les responsables de la CEAO.
Cette question de niveau d'ouvraison du produit final
est intimement liée à la position tarifaire qu'il occupera après
l'ouvraison.
Qu'est-ce-que le tarif des douanes:
le tarif des
douanes est un ouvrage dans lequel sont portés les droits et taxes
applicables aux produits,
au moment de leur mise à la consommation
ou de leur exportation.
Pour des raisons de normalisation,
les produits y
sont classés en chapitre,
section,
position et sous-position;
en produits du règne animal',
végétal ou minéral.
Mais après la
saisie du produit pour les besoins de la douane,
il s'est révélé
qu'il fallait l'identifier aussi pour les besoins de statistique
d'où la création d'une nomenclature douanière,
dite statistique
unifiée,
qui s'est opérée selon le cas,
en fixant la position ou
la sous-position statistique des produits à l'aide de lettres ou
d'une codification de six chiffres.
Ce qui implique une harmonisa-
tion des législations douanières.

342 -
L 'har:m5~nisa ti()n_ d~s_ l_égis l_ati_ons douanières
L'application uniforme de la loi tarifaire commune
est une étape importante dans le processus de la formation d'une
union douanière.
Cependant,
elle implique l'existence d'un tarif
unique,
dont la structure doit être la même dans tous les Etats
membres de la communauté.
Or,
pour qu'il en soit ainsi,
i l faut une nomencla-
ture douanière et statistique uniformisée,
comme nous venons de le
dire plus haut.
En effet,
celle-ci étant par définition,
le la~ga­
ge utilisé par les douaniers et les statisticiens,
pour contrôler
les échanges commerciaux et appliquer la loi tarifaire,
i l importe
que le langage soit commun à ces deux catégories d'administration.
Cette nécessité devient impérieuse,
d'autant plus que
les dispositions du traité de la CEAO,
visent une libéralisation
des échanges communautaires et une égalisation des conditions de
-
,
la concurrence.
Nom~nclature douanière et statistique unifiée
Dans le court terme,
les Etats membres appliquent,
a compter du 1er janvier 1975, une nomenclature douanière et sta-
tistique unifiée suivant la décision N°
Ij74-CMI du Conseil des
ministres de la communauté.
En effet,
l'article 16 du traité dispose que les
Etats membres décident d'appliquer,
à compter du premier jour de
l'année civile,
suivant celle de la date d'entrée en vigueur du
traité,
une nomenclature douanière et statistique unifiée qui
fera,
en temps utile,
l'objet d'une décision du Conseil des minis-
tres.

- 343 -
Il importe que les Etats membres aient une connais-
sance exacte des échanges commerciaux qui s'effectuent entre eux,
ce qui est loin d'être le cas actuellement.
A cet effet,
le traité prévoit l'adoption par les
Etats membres d'une nommenclature douanière unifiée,
devant permet-
tre de comparer avec précision,
les statistiques du commerce exté-
rieur des Etats,
membres de la CEAO.
Certes,
tous les Etats membres de la CEAO appliquent
déjà,
des nomenclatures statistiques à six chiffres directement
inspirées de la nomenclature de Bruxelles
(NDB).
Les nomenclatures
douanières ont été élaborées sur la base de celle de la convention
de Bruxelles. Ce qui explique qu'elle soit mise au point deux mois
seulement,
après la date d'entrée en vigueur du traité.
Du reste,
ce délai est conforme à celui prévu dans
l'article 41 du traité,
qui a prévu une réunion du Conseil des
ministres,
deux mois après la date d'entrée en vigueur du traité,
pour notamment arrêter toutes
les dispositions permettant aux
administrations douanières et du trésor des Etats membres,
de met-
tre en place.
les procédures nécessaires à l'application du reglme
de la taxe de coopération régionale
(TCR)
et aux versements des
fonds communautaires de développement
(FCD).
La communauté a donc franchi une étape importante
dans le processus d'harmonisation des réglementations nationales,
dans
la mesure o~ les douanes nationales, dans la mesure o~ les
douanes nationales parlent désormais le même, langage dans l'ap-
plication de la loi tarifaire, -et dans les services statistiques
des mêmes_ Eta ts,~disposerait d'un code commun, pour saisiT et -=an<'l-
lyser les échanges commerciaux.

- 344 -
Ainsi pour parvenir à une exploitation
judicieuse des
informations statistiques,
convient-il que les Etats membres dis-
posent de statistiques du commerce
(intérieur et extérieur),
éla-
borées sur des bases rationnelles et homogènes.
Depuis la signature de la convention sur la nomencla-
ture par la classification des marchandises dans les tarifs doua-
niers,
le 15 décembre 1950 à Bruxelles,
la tendance à l'unification
et à la comparabilité des nomenclatures,
n'a cessé de se renforcer.
Mais,
si ces nomenclatures sont fort heureusement,
du reste harmonisées au niveau des quatre premiers chiffres de la
NDB~ en revanche le contenu des positions tarifaires varie consi-
dérablement d'un tarif à l'autre,
rendant ainsi
toute correspondan-
ce,
sinon impossible,
du moins difficile entre les statistiques
des Etats membres.
C'est pourquoi une année après
l'entrée en vigueur du
traité,
une nomenclature douanière et statistique unifiée.
de façon telle que le même numéro à six chiffres de nomenclature
soit utilisé et pour l'application des tarifs douaniers et pour
l'exploitation statistique.
Nous pouvons nous poser deux questions
1°)
Quelle est la procèdure d'importation et d'expor-
tation par et dans les Etats membres,
de produits communautaires?
En application du principe général adopté en matière d'impôts indi-
rects,
i l
incombe au redevable,
de fournir lui-même au service
des douanes,
sous la forme de document écrit,
dénommé "déclaration
de douane",
les éléments permettant de déterminer l'assiette,
et
d'effectuer la liquidation et le recouvrement des droits de taxes.
C'est ainsi que toute importation de produit faisant
l'objet d'échanges intra-communautaires,
effectuée par un Etat
*, N 8./3: NO/1JENCLPr Tvll.f.. YOVI-1 Ni/;."Pef.. cI~ 13t<.(Jxdle-J.

- 345
membre,
doit faire l'objet d'un dépôt d'une déclaration.
Lorsqu'il
s'agit d'une mise en consommation,
ce document doit être établi en
un nombre d'exemplaires nécessaires,
pour permettre le contrôle
de la circulation des produits visés et la perception des droits
exigibles par les services des douanes nationaux des Etats membres.
Un exemplaire de chaque déclaration d'importation est
alors adressé au secrétariat général de la CEAO, dans le cadre de
l'application des règles concernant la taxe de coopération régionalE
et les remboursements éffectués par le fonds communautaire de dé-
veloppement.
2°)
Quelle est la procédure concernant les réexpédi-
tions à destination d'un Etat membre de la communauté?
Une particularité mérite cependant d'être soulignée.
C'est la pro-
cédure utilisée pour éviter les doubles impositions de marchandises
au sein de la CEAO.
En effet,
l'article 18 stipule que la mise à la con-
sommation de produits importés de pays tiers est,
en règle généralE
éffectuée dans l'Etat membre de destination.
Les droits et taxes
d'entrée,
éventuellement acquittés dans un Etat membre,
sur des
produits importés de pays tiers,
qui seraient uLtérieurement trans-
férés
pour être mis à la consommation dans un autre Etat membre,
sont remboursés par l'Etat membre de prime abord,
selon une procé-
dure prévue au protocole "H".
Or l'article 4 de ce protocole qui traite de la ques-
tion,
associe cette procédure à une décision du conseil des minis-
tres.
Celle-ci n'étant toujours pas intervenu, on peut se demander
comment, un Etat membre ayant perçu des droits sur des produits
tiers,
va les rembourser à l'autre Etat membre où ces produits
ont été en définitive consommés?

- 346 -
C'est lorsqu'il s'agit de la réexpédition d'un pro-
duit industriel,
bénéficiaire du régime de la "TCR, que le traité
est précis.
Dans ce cas,
l'Etat membre de prime abord,
est tenu de
rembourser au FCD,
la compensation qui
lui aurait été faite,
Con-
formément aux dispositions de l'article 14 du traité.
A l'inverse,
l'Etat membre de consommation nationale
reçoit du FCD,
la compensation à laquelle il peut prétendre.
Dans l'ensemble,
ces dispositions procédurales visent un objectif
doter la communauté d'outils d'harmonisation des législations doua-
nières,
en vue de la promotion des échanges intra-communautaires
et limiter les importations de l'extérieur de produits de cohsom-
mation de base,
dans une prem.ière étape et en second lieu les pro-
duits industriels
(1).
Par la suite,
les législateurs nationaux devraient
se plier aux exigences de la communauté,
pour que l'utilisation
des techniques des procédures harmonisées,
ne souffrent d'aucune
objection de la part des Etats membres.
D'ailleurs l'action à mener
revêt deux orientations.
D'abord,
assurer que les progrès réalisés
dans la voie d'une politique douanière commune,
ne soient pas com-
promis,
puis éliminer les positions nationales existantes actuel-
lement et prévenir celles qui pourraient surgir ultérieurement.
Actuellement,
l'on constaté que certains Etats, comme
la Côte d'Ivoire et le Sénégal,
ont des procédures douanières rela-
tivement très souples que celles du Mali et de la Haute-Volta.
Bien que ces réglementations soient inspirées de celles de la
France,
les régimes douaniers diffèrent,
notamment dans la conduite
des marchandises au niveau de douane et des formalités administra-
tives requises pour la perception de l'impôt douanier.
(1) Journal
de l'école de douane d'Abidjan(Côte-d'Ivoire),
N° spé-
cial 1975

3-17 -
En r~alit~ les divergences constat~es, indu~sant
tantôt les orientations doctrinales du d~veloppement ~conomique,
tantôt les particularités géo-~conomiques de chaque Etat dans l'im~
passe.
C'est ainsi qu'au Mali,
certains articles considér~s
comme importance stratégique,
ne peuvent être importés que par
l'Etat lui-même.
C'est le cas du savon, des tabacs,
du sucre, des
allumettes etc ...
Par contre en Côte-d'Ivoire où le "lib~ralisme"
revêt une forme particuri~re, de tels monopoles sont quasiment
inexistants.
Après ges discussions,
et réflexion,
l'article 6 du
trait~ Sera amend~ et les listes d'exception supprim~es. Mais avant
ces d~cisions importantes à Niamey, d'autres d~cisions avaient ~t~
prises d~s avril 1973 à Abidjan qu'il convient d'examiner maintenant
Les décisions communautaires
Une s~rie de décisions importantes furent prises à
Abidjan,
relatives à tous les domaines d'actions de la communauté
économique de l'Afrique de l'ouest
(CEAO).
La plupart avait essen-
tiellement trait aux sections d'activités qui appelaient des déci-
sions urgentes:
nomination de secrétaire g~néral, fixation du lieu
du siège
; alimentation du budget et du fonds communautaire du
d~veloppement (FCD) pour l'année d'entrée en vigueur du trait~
(1974)
; recherche de source de financements ext~rieurs pour la
construction de locaux destjnés à abriter le secrétariat général
recherche d'une assistance technique permanente; etc ...
Quelques temps apr~s la signature du protocole d'ac-
cord et du traité cr~dnt la CEAO, la Côte-d'Ivoire et le S~négal
signaient un accord commercial au terme duquel les
deux parties,

-- 348 -
"responsables en partie de la création de la communauté économi-
que de l'Afrique de l'ouest,
apr~s des rencontres de discussion~
et de concertation
(1)",
contractantes décidaient
1°) d'inclure dans le calcul du montant de la fis-
calité globale la plus favorable applicable aux produits "origi-
naires" au sens de l'article 6 de la convention de l'UDEAO (IL),
l'ensemble des droits et taxes applicables aux produits importés
de la CEE,
avec un minimum de perception égale aux taxes intérieures
(TVA et taxes spéciales)·;
2°) d'appliquer aux produits du cru de chacun des
deux pays et aux produits obtenus à partir de ces derniers ainsi
qu'à leurs emballages,
le traitement réservé aux produits originai-
res et en provenance du Sénégal et de la Côte-d'Ivoire;
3°) d'exonérer des droits et taxes de sortie,
tous
produits destinés à la consommation intérieure dans chacun des
deux pays
(1)
Le Président Senghor et Houphouet Boigny,
en prenant cette
décision de signer un accord,
mettent les autres Etats dans une
situation de dépendance.
En Afrique de l'ouest fr~ncophone, la
Côte-d'Ivoire et le Sénégal sont considérés comme les plus déve-
loppés.
(2)
Article 6 de l'UDEAO,
les produits originaires de l'UDEAO
introduits dans un Etat membre,
sont soumis à une taxation fiscale,
qu'elle qu'en soit la forme,
dont le total sera égal à 50 '% du taux
global de la fiscalité la plus favorable au produit similaire im-
porté.
Les articles complets obtenus dans un Etat membre à partir
d'un simple assemblage de pi~ces détachées importées de pays tiers
ne pourront bénéficier de la taxation fiscale prévue au premier
alinéa du présent article, que dans la limite d'un contingent fixé
d'un commun accord entre deux Etats membres intéressés etc ...

- 349
4°) d'accorder aux produits faisant l'objet des lis-~
1
tes A et B, (~) le bénéfice de la taxation applicable aux produits
du cru et aux produits obtenus à partir de ces derniers ainsi qu'à
leurs emballages etc.
Cet accord touchera,
dans les deux sens Côte-
d'Ivoire-Sénégal et vice-versa,
plus d'une centaine de produits.
Il interviendra quelques mois
(huit plus exactement)
avant la signa-
ture du traité de Bamako.
Enfin,
les termes de référence seraient institués
par les dispositions de la convention de l'UDEAO.
En d'autres ter-
mes,
les dispositions de l'accord signifient que les deux pays,
candidats à la CEAO "et même promoteurs de la mise en place de la
communauté" continueront à s'accorder un régime préférentiel qui
ne sera autre chose qu'un régime de franchise,
pour les produits
repris sur les listes A et B de l'article 6 de la convention.
Ainsi,
les Chefs d'Etat de la CEAO ont-ils décidé,
compte tenu de cet accord que:
les dispositions de l'accord bila-
téral conclu entre la Côte-d'Ivoire et le sénégal,
régissant leurs
échanges commerciaux continueront à s'appliquer pendant une péri
de cinq ans,
à compter de la date d'entrée en vigueur du traité,
et pendant cette période,
le régime de TCR ne pourra s'appliquer
aux échanges de produits industriels éffectués dans le cadre du
dit accord bilatéral, que dans l'hypothèse où i l est susceptible
d'être favorable que celui résultant de cet accord.
Bien que conforme aux stipulations de l'article 48
du traité,
cette décision n'en demeure pas moins choquante. On~pBut
même dire que c'est parce qu'elle est choquante qu'elle est con-
(Â)
Voir accord commercial Ivoiro-Sénégalais,
acte N°
7/73 CEAO-7

- 350 -
forme à l'article 48
(1).
En effet comme nous l'avons vu précédemment,
cette
décision a été prise à la suite du rejet à Bamako des dispositions
de l'article 14.
Elle sera adoptée à l'unanimité après plusieurs
compromis.
En contrepartie donc du privilège accordé à la Côte-
d'Ivoire et au Sénégal,
les Chefs d'Etat signèrent l'acte N°
7/73
CEAO.7.
Ce dernier réserve la partie du fond communautaire du déve-
loppement ne faisant pas l'objet de versement compensatoire prévu
par l'article 14 du traité,
au financement d'études et d'opérations
intéressant en priorité les Etats les moins industrialisés.
Au titre de ce qui nous préoccupe,
il faut ajouter
que les Chefs d'Etat ont omis une décision invitant le secrét~~iat
général à entreprendre l'étude des relations économiques et moné-
taires, qui pourraient être envisagées dans l'intérêt de la commu-
nauté entre celle-ci,
et d'autres Etats de l'Afrique de l'ouest.
Il s'agissait initialement d'Etats comme le Togo ou
le Bénin (ex-Dahomey)
qui ont préféré finalement épouser le statut
d'observateur plutôt que de ratifier le traité.
Le refus de ces
deux Etats d'adhérer gêne et gênera le fonctionnement de certains
organismes ou institutions inter-Etats, dans lesquels ces Etats
coopèrent avec d'autes de la CEAO
conseil de l'entente
CEBEV
OERS
GRAO
etc . . .
(l)
Certains membres de la CEAO ont condamné l'a t ti tude de la 'Cô'lÉe-
d'Ivoire et du Sénégal.
D' après eu~, les. deux Etats se me·t::tent en
situation qe dominateurs et de privilégiés.dans la communauté nais-
sante.
CEBEV
Comm~nauté économique.du bétail et de la vianâ~'
OERS
. Organisation des Etats riverains du fleuve Sénégal
GRAO
Groupe Régional de l'Afrique dè l'ouest.

~ 351 -
Il est indispensable que le Liptako-Gourma,
qui
regroupe le Mali,
la Haute-Volta,
le Niger,
s ' i l ne trouve pas de
substitut dans le cadre de la CEAO,
connaîtra certainement un meil-
leur fonctionnement par le fait que ces trois Etats appartiennent
à la même organisation.
Cette décision prise conformément à l'article 2 du
traité a perdu de son intérêt à partir du jour où le Togo et le
Nigéria ont mis à exécution leur projet de communauté économique
des Etats de l'Afrique de l'ouest
(CEDEAO).
Conclusion du premier chapitre
Dans ce chapitre,
nous avons étudié successivement
et briévement sans prendre en considération chaque Etat membre de
la CEAO,
pourquoi,
comment et quand la CEAO a été créée,
ainsi que
le début de la mise en fonction de cette communauté économique.
Mais il faut reconnaître que la CEAO a été créée
dans le but de remplacer l'UDEAO qui ne correspondait plus aux
objectifs que se sont fixés
les Etats membres, c'est à dire la
régularisation des échanges entre les Etats membres,
etc . . .
La première observation est que la CEAO est née d'un
besoin économique et d'une volonté réelle des Etats membres,
dans
le
souci de limiter leur intégration au marché mondial,
en coor-
donnant et harmonisant leur effort,
sur le plan économique,
social,
politique,
et aussi l~_ nécessité pour certains Etats de la région
de disposer d'un marché et d'un espace économique garantis et plus
vastes.
Si l'UDEAO a été un échec sur le plan national,
la
mise en place de la CEAO n'a pas été automatique.
Après plusieurs
discussions et négociations,
le traité instituant la CEAO a été
signé le 3 jUln 1972 à Bamako.

- 352 -
La communauté économique a pour mission de favoriser
le développement économique en vue de parvenir à Une amélioration
rapide du niveau dé vie de leurs populations,
développer les échan-
ges de produits agricoles et industriels,
etc . . . dans le but de
limiter la àépendance des Etats membres vis à vis des pays déve-
loppés.
Il est aussi à peu près certain que le marché poten-
tiel de la CEAO devrait permettre aux unités de production de réa-
liser plus tôt leur capacité maximale de production,
à la seule con-
dition que,
grâce au régime préférentiel spécial,
l'accès de ce
marché soit plus favorable aux produits originaires de la CEAO,
pour leurs permettre d'être plus compétitifs que les produits étran-
gers.
Il est évident que l'étroitesse du marché est une des
causes de la dépendance, donc du sous-développement économique,
qui a conduit les promoteurs de la CEAO à changer d'optique.
Partis
d'une substitution de l'UDEAO,
ils ont commencé par privilégier
l'organisation des échanges,
ce qui a abouti à une communauté de
développement économique de l'Afrique de l'ouest.
La deuxième observation est que,
tout oeuvre de coo-
pération économique multinationale,
la CEAO est le résultat de
concessions politiques soutenues par une volonté d'aboutir. Ces
concessions sont de deux ordres: elles tiennent d'une part aux
idées,
ou plus exactement aux idéologies au sens marxisme du ter-
me
(1),
c'est à dire aux systèmes d'idées à la philosophie du monde
et la vie que chaque Etat souverain s'est tracée d'autre part.
(1)
Ensembles d'idées,
croyances,
doctrines propres à une société,
A.
Culliver,
Op.
cit,
p.
91

- 353 -
Les conceptions sénégalaise,
ivoirienne ou burkina-
baise de l'intégration,
si elles diff~rent, ne peuvent pas épouser
les mêmes contours que l'idéologie mauritanienne de regroupements
régionaux.
La Côte-d'Ivoire,
le Sénégal,
le Mali et le Niger,
souhaitent à ce que l'intégration soit d'abord centrée et limitée
à l'ouest africain francophone.
Tel n'est pas la conception de la
Mauritanie, qui est à la fois membre de la ligue arabe et candidate
au Maghreb.
Pour parvenir à un consensus sur le principe même,
il a donc fallu faire preuve d'un esprit de compromis et de con-
cessions mutuelles.
La question qu'il convient donc de se poser est
celle de savoir si,
la création de la CEAO,
permet de penser qu'il
va s'opérer au sein de celle-ci,
une intégration économique et poli-
tique réelle,
susceptible de limiter la dépendance et la domination
des Etats membres de la commuanuté économique ?
On sait combien un nationalisme certain a nui
jus-
qu'ici aux organisations inter-africaines
. Au sein de la CEAO,
assistons-nous à une juxtaposition d'intérêts étatiques,
ou au con-
traire,
à la naissance et au développement d'une profonde intégra-
tion économique,
politique, douanière, capable de sortir les Etats
de l'Afrique de l'ouest,
membres de la CEAO de la dépendance,
née
de la colonisation.
Quels sont les objectifs que visent l'intégration
des pays de l'Afrique de l'ouest? Nous nous proposons de les
étudier dans le deuxième chapitre.

- 354 -
CHAPITRE
II
LES OBJECTIFS DE L'INTEGRATION ECONOMIQUE DE LA CEAO
Après avoir étudier le pourquoi,
le comment de la
création et le cadrB institutionnel de la CEAO,
il convient,
à
présent,
de caractériser l'organisation à travers ses objectifs.
Bien qu'issue de l'UDEAO,
la CEAO se distingue de cette
dernière par sa configuration actuelle,
ses objectifs et ses
moyens d'actions.
Les responsables du traité de BAMAKO se sont inspirés
du traité de l'Union douanière des Etats de l'Afrique Centrale
(UDEAC),
mais à la différence de la CEAO,
l'UDEAC ne disposait
pas,
lors de sa création, d'un organisme de financement
de développement régional.
Les structures de références sont
donc différentes.
Les six pays de l'Afrique de l'Ouest ont mis en place
la CEAO pour résoudre les problèmes de développement économique
qui
leur sont posés,
et,
par ce biais,
limiter leur dépendance
vis-à-vis des pays du centre.

- 355 -
Cette démarche est tout à fait identique à celle des
communautés Européennes
(1),
prises comme méthode d'intégration
économique.
Mais,
pour les pays dits sous-développés,
cette
méthode s'inscrit dans les recommandations des dernières
CNUCED
(2).
La communauté a pour mission de favoriser le dévelop-
pement harmonieux et équilibré des activités économiques des
Etats membres,
en vue. de parvenir à une amélioration aussi
rapide que possible, du niveau de vie de leurs populations.
(1)
voir R.
SCHUMANN, pour l'Europe,
Paris 1963. Cette Europe,
il la voyait immédiatement politique dès le départ. Cette
conception transparaît d'ailleurs dès le préambule du traité de
Rome
(25 mars 1957),
" ... déterminés à établir les fondements
d'une union sans cesse plus étroite entre les Beuples Européens .. '
Mais,
un obstacle de taille s'opposait à ce but:
la vivacité des
différents nationalismes et les plaies de la 2e Guerre Mondiale.
On a voulu le contourner par l'intégration économique.
Et "à
force de vivre ainsi,
on finit par reconnaître qu'on vivait en
fédération depuis longtemps et il ne reste plus qu'à couronner
l'édifice par des institutions politiques adéquates",
J.
BOULOIS,
cours de droit institutionnel européen,
1979-1980.
(2) Celles-ci, depuis 1975, n'ont cessé d'insister sur la
coopération Sud-Sud,
voir par exemple,
la CNUCED V,
programme
d'ARUSHA pour l'autonomie collective et cadre de négociations,
Publication des Nations-Unies,
New-York,
1979,
point 18.

- 356 -
Les Etats membres conviennent de poursuivre ensemble
les objectifs fondamentaux suivants
-
Mettre en oeuvre au niveau régional une politique
active de coopération et d'intégration économique,
en particu-
lier en ce qui concerne le développement de l'agriculture, de
l'élévage,
de la pêche,
de l'industrie,
des transports et
communica~ions
-
Développer les échanges de produits agricoles et
industriels des Etats membres,
notamment en établissant entre
eux une zone d'échanges organisée.
Certes,
on peut se poser la question suivante:
les
objectifs de l'intégration de la CEAO doivent-ils être une
étape préalable du processus de la moindre dépendance des Pays
membres ?
Dans ce chapitre,
nous nous proposons d'étudier:
- section 1,
les dispositions concernant l'organisation des
échanges commerciaux
section II,
le développement économique concerté des Etats
membres de la Communauté Economique de l'Afrique de l'Ouest
(CEAO) .

- 357 -
Section l
Dispositions concernant l'organisation
des échanges commerciaux
En vue de promouvoir le développement et l'organisation 1
des échanges de produits des Etats membres,
le protocole C stipule
que le secrétaire général de la communauté est investi de la
mission de rechercher,
d'étudier et de proposer au conseil des
ministres,
toutes mes~res et actions susceptibles de favoriser
une meilleure connaissance et une meilleure diffusion des produc-
tions des Etats membres,
tant à l'intérieur de la communauté,
qu'à destination des pays tiers
(art.
l du protocole C)
(1).
Au sens du présent protocole sont considérées comme
service,
les prestations fournies normalement contre rémunération,
dans la mesure où elles ne sont pas régies par les dispostions
relatives aux échanges commerciaux,
au droit d'établissement et
aux mouvements des capitaux.
En vue de la réalisation de l'objectif défini à
l'article premier,
le secrétaire général de la communauté reçoit
le mandat d'étudier'et de proposer:
-
Toutes mesures d'harmonisation concernant la norma-
lisation,
le conditionnement,
le contrôle de la qualité des
produits avant échanges
-
Toutes mesures susceptibles d'améliorer les
conditions de commercialisation,
de transport et de transit
des productions exportables
(1)
CEAO,
Traités et Protocoles,
Protocole C,
art.
l,
p.
33,
années 1972-1973.

- 358 -
-
Toutes actions de promotion susceptibles d'améliorer
la connaissance et la diffusion des productions des Etats membres
à l'intérieur de la communauté
-
En liaison avec les instances compétentes des Etats
membres,
toutes actions communes de promotion de leurs produc-
tions sur les marchés des pays tiers
(art.
2,
protocole C)
-
Amélioration de l'état sanitaire du bétail,
favoriser
la production et la commercialisation du bétail et de la viande
(art.
l,
protocole D)
-
Promouvoir la commercialisation des produits de la
pêche continentale et maritime
(protocole E,
art.
l
à 5 du
Traité)
(1).
Pour la mise en pratique des différents projets,
les
Etats membres ont décidé de libérer les échanges commerciaux,
en réalisant un espace économique et douanier unifié et en
créant une zone d'échanges organisés.
A -
Libéralisation des échanges commerciaux
Le traité de la CEAO pose d'abord quelques grands
principes au niveau de la libéralisation des échanges inter-
communautaires.
le traité interdit la pratique du dumping ou transfert
de marchandises originaires d'un Etat membre dans un autre Etat
membre pour la vente à un prix inférieur,
ou,
dans des conditions
portant atteinte à la production de marchandises semblables dans
cet Etat membre.
(1)
CEAO,
Traités et Protocoles,
1972-1973.

- 359 -
Le traité dispose les Etats membres à s'accorder entre
eux le traitement de la nation la plus favorisée,
aucune conces-
sion tarifaire consentie à un pays tiers ne pouvant être
plus
favorable.
D'où,
les Etats membres s'engagent à ne pas adopter de
produits identiques ou similaires à ceux des autres Etats membres.
Ils prennent toutes les mesures,
en vue d'harmoniser leurs
règlements et formalités de douane,
et de faciliter la circulation
des biens et des services franchissant leurs frontières.
Quel est le programme de libéralisation des échanges ?
Pendant une période transitoire de 15 ans,
sera établie
une union douanière,
donc la création d'union douanière,
la
création d'une zone d'échanges organisés au sein desquelles les
droits de douane et les taxes aux importations,
ainsi que les
restrictions commerciales seront limités et un tarif commun
instauré.
La zone de libre échange a été effective le 28 mai 1981,
selon le désir manifesté par la conférence des chefs d'Etat en
mai 1980
(1).
A cette date,
devraient disparaître tous les droits
de douane et les barrières non tarifaires sur les produits de la
CEAO.
Quant aux produits industriels,
ils sont classés en trois
groupes:
ceux des entreprises communautaires,
ceux considérés
comme prioritaires et soumis à une libéralisation accélérée et
les autrœ produits.
La libéralisation des échanges commerciaux
s'opérera entre le 28 mai 1981 et le 28 mai 1989 et aboutira à
la réalisation d'un espace économique et douanier unifié
(2).
(1)
Bulletin de l'Afrique noire,

700,
19 juillet 1982,
page 3
(2)
CEAO,
Bulletin d'Afrique noire,
19
juillet 1982,
p.
4,
N° 700

- 360 -
B -
Réalisation d'un espace économique et douanier
unifié
La communauté constitue un ensemble économique
régional,
à l'intérieur duquel la circulation des marchandises
originaires n'est soumise à aucune restriction quantitative.
A l'intérieur du territoire de la communauté,
les
restrictions aux prestations de services par les ressortissants
et les entreprises des Etats membres seront éliminées progres-
sivement et
au plus
tard,
dans un délai de douze ans à compter
de la date d'entrée en vigueur du
traité.
Les Etats membres se proposent de réaliser entre eux
un
territoire douanier unifié,
caractérisé notamment par:
-
la mise en place d'un
tarif douanier et fiscal
d'entrée commun dans leurs relations avec les pays tiers
-
la libre circulation en franchise de
tous droits
et
taxes d'entrée des produits de la région et des produits
de l'artisanat
traditionnel,
originaires des Etats membres(l).
a)
Règles concernant la circulation des produits du
cru et des produits de l'artisanat
traditionnel
Les
produits du cru et les produits de l'artisanat
traditionnel,
originaires de l'un des Etats membres,
circulent entre les Etats membres en franchise de
tous les
droits perçus à l'entrée de ces Etats,
à l'exclusion,
le cas
échéant,
des
taxes intérieures,
spécifiques,
frappant égale-
ment et au même taux,
les produits de l'espèce,
que ceux-ci
soient produits locaux ou importés.
(1)
CEAO,
Traité et protocoles 1972-1973.

-- 361 -
En raison de leur importance particulière,
certains
produits du cru pourront faire
l'objet d'accords spéciaux
(art.
7 du trai té).
(l)
Par produits du cru originaires de l'un des Etats membres,
on entend les produits du règne
animal,
minéral ou végétal n'ayant
subi aucune transformation à caractère industriel,
à savoir:
1)
les produits minéraux extraits de leur sol ou déposés
sur le rivage des côtes maritimes
2 ) les animaux vivants qui y sont nés et y sont élevés
3 ) les produits du règne végétal qui y sont récoltés .1
4 ) les produits de la pêche et de la chasse pratiquées
.
sur leur territoire
1
5)
les produits extraits de la mer par des bateaux immatri-
culés dans un Etat membre et battant pavillon de cet Etat ou,
à
défaut,
reconnus originaires
6)
les produits provenant d'animaux vivants qui font
l'objet d'un élevage et les sous-produits animaux
(art.
8 du
protocole) .
Les produits ci-dessus énumérés et les sous-produits qui,
sans avoir donné lieu à une
transformation industrielle,
ont reçu
un apprêt destiné à en assurer la conservation en
l'état ou,
à en
faciliter
la circulation
(congélation,
mise en saumure,
séchage,
salaison,
chaulage,
dégrossissage,
etc . . . ),
conservent la qualité
de produits du cru.
(1)
art.
7 du traité et protocoles de la CEAO,
1972-1973.

- 362 -
Par produit de l'artisanat traditionnel,
on entend
généralement,
des articles faits
à la main,
avec ou sans l'aide
d'outils,
d'instruments ou de dispositifs actionnés directement
par l'artisan.
Les matières premières utilisées sont essentiel-
lement d'origine communautaire.
La liste des produits du cru et celle des produits de
l'artisanat traditionnel bénéficient du régime de la franchise
prévu à l'article 7,
ainsi que des procédures applicables à leur
circulation précisées au protocole H annexé au traité.
Ces procé-
dures Concernent les formalités douanières relatives à la circula-
tion de ces produits à l'intérieur de la communauté. Ces listes
peuvent être complétées ou modifiées par une décision du conseil
des ministres.
La liste des produits du cru faisant l'objet d'accords
spéciaux tels que prévus à l'article 7,
est tenue à jour par le
secrétariat général de la CEAO,
qui informe en temps utile,
les
Etats de toute modification.
b)
Règles concernant la circulation des produits
industriels obtenus dans les
Etats membres et
soumis à un régime préférentiel spécial
L'article 10 du traité et protocoles de la CEAO stipule
que les produits industriels originaires des Etats membres peuvent
bénéficier,
pour leur exportation dans les Etats membres, d'un
régime préférentiel spécial,
reposant sur la substitution d'une
taxe,
dite taxe de coopération régionale
(TCR),
à l'ensemble des
droits et taxes perçues à l'importation dans chaque Etat membre
(1.),
à l'exclusion,
le cas échéant,
des taxes intérieures, spécifi-
ques,
frappant également et au même taux,
les produits de l'espèce,
que ceux-ci soient produits locaux ou importés.
(1)
article 10 du traité de la CEAO

- 363 -
La taxe de coopération régionale est liquidée et perçue
dans l'Etat membre importateur,
au
lieu et place des droits et
taxes d'entrée auxquels elle se substitue.
L'agrément au bénéfice du régime de la taxe de coopération
régionale est accordé par le conseil des ministres à un produit
déterminé,
fabriqué par une ou plusieurs entreprises implantées,
dans un ou plusieurs Etats membres.
Les demandes d'agrément sont présentées par les
gouvernements des Etats membres dans lesquels sont implantées les
entreprises, dont les produits sont susceptibles de bénéficier
dudit régime.
Le conseil des ministres statue en régle générale, dans
les six mois du dépôt du dossier de demande d'agrément auprès
du
secrétariat général de la communauté.
En tout état de cause,
cette valeur taxable doit être
identique à celle qui aurait été
retenue pour la taxation du
même produit,
originaire d'un pays tiers non soumis à l'acquit-
tement du droit de douane proprement dit.
Le taux de la taxe est
fixé dans chaque cas par la décision d'agrément du produit
concerné.
Les produits agréés au régime spécial de la TCR font
l'objet,
soit sur eux-mêmœ lorsque c'est techniquement possible,
soit sur leurs emballages intérieurs dans le cas contraire, d'un
marquage permettant leur identification,
marquage dont les
modalités sont précisées par la décision d'agrément les concernant.
Les produits industriels originaires des Etats membres,
et non admis au régime de la TCR,
sont soumis à la fiscalité,
a
l'importation,
qui leur serait applicable,
s'ils étaient
originaires d'un pays tiers,
non assujetti à l'acquittement du
droit de douane proprement dit
(art.
12-13 du traité).

- 364 -
En principe,
lorsqu~ des droits de douane ont été perçus
~ur des marchandises importées d'un pays tiers par un Etat membre,
ces marchandises ne sont pas réexpédiées dans un autre Etat membre.
S'il y a réexpédition,
l'Etat membre réexportateur rembourse a
l'Etat membre importateur,
les droits de douane perçus.
Comment déterminer la qualité
"originaires" d'un produit?
Suffit-il que l'entreprise productrice soit du droit associatif
d'un Etat membre?
Or,
bon nombre d'entreprises établies dans les pays de la
CEAO,
sont en
fait,
des filiales de sociétés étrangères.
Le traité
n'a donc pas retenu ce critère subjectif.
Il préfère recourir à des
éléments objectifs
(1).
D'une manière générale,
les Etats membres s'engagent au
niveau de la coopération douanière
:
1)
à harmoniser dans un délai de trois ans,
à compter de
la date d'entrée en vigueur du traité,
leurs législations et leurs
réglementations douanières,
ainsi que tous autres textes et règle-
ments nécessaires
à une exacte application de la fiscalité à
l'importation
2)
à appliquer un tarif douanier et fiscal d'entrée
commun
3)
à appliquer,
à compter du premier jour de l'année
civile suivant celle de la date d'entrée en vigueur du traité,
une nomenclature douanière et statistique unifiée qui fera,
en
temps utile,
l'objet d'une décision du conseil des ministres:
(1)
protocole H,
article 6,
modifié par l ' a r t .
2,
CEAO/75,
in J.O.
CEAO

- 365 -
4)
à appliquer à l'ensemble des échanges intra-
communautaires de produits originaires des Etats membres ou
importés de pays tiers et nationalisés par
leur mise à la
consommation dans les Etats membres à compter de la date d'entrée
en vigueur du traité
(1).
Quelles sont les idées qui se dégagent de cette première
section et les remarques que cela peut susciter?
1)
Pour les responsables de la CEAO,
la libéralisation
des échanges commerciaux,
constitue un facteur d'intégration
économique
(2).
La CEAO présente la particularité d'être constituée de
pays dont la population est très faible.
Si nous nous plaçons du côté de la consommation,
cette
population est par ailleurs imparfaitement monétarisée et
intégrée dans des circuits économiques modernes.
Ainsi,
sur le plan industrie l,
les marchés nationaux sont
en général,
trop étroits pour permettre la création,
le dévelop-
pement et la rentabilisation d'unités industrielles conséquentes.
S'évertuer à créer de petites unités à vocation nationale
revient purement et simplement à pénaliser le consommateur national
en lui imposant l'achat de cette production, obtenue à des coûts
plus élevés que ceux des importations possibles de l'extérieur
en conséquence,
l'Etat doit mettre en place une barrière aux
importations du même produit.
(1)
articles 16, 17,
18 du protocole H du traité instituant
la CEAO.
(2)
MOUSSA TOURE
, colloque sur l'intégration économioue de
Afrique de l'Ouest,
15-20 avril 1980 à Conakry
(Guinée)

- 366 -
De ce fait,
le premier objectif e s t :
la libératisation
des échanges et la réalisation d'un espace économique et douanier
unifié.
Donc,
la CEAO a pour mission de favoriser le développement
des échanges,
équilibre des activités économiques des Etats membres
et,
qU'à ces fins,
elle s'est fixée pour objectifs fondamentaux
la libéralisation des échanges et une coopération économique et
douanière unifiée.
Sur cette base,
il est plus bénéfique,
plutôt que de créer
une dispersion de petites unités,
en général d'import-substitution,
de mettre en place des unités plus importantes,
très intégrées,
à
vocation régionale.
Cette vocation régionale doit aider à obtenir une
production concurrentielle, non
seulement sur le marché national,
mais aussi sur le marché régional des pays de l'Afrique de l'Ouest,
et sur le marché international des pays tiers.
C'est dans cette perspective que la libéralisation des
échanges,
dans un espace douanier unifié,
constitue véritablement
le facteur d'intégration en Afrique de l'Ouest,
capable de
limiter la dépendance vis-à-vis de l'extérieur
(1).
Il
se trouve,
malheureusement, que les pays de la CEAO,
jusqu'à une époque très récente,
s'acheminent et continuent à
s'acheminer vers la voie obstinée de créations d'unités d'import-
substitution,
suivant en cela
la direction dessinée par le
colonisateur
(avant l'indépendance et même après),
par
l'implantation de telles unités dans quelques pôles.
(1)
Communication du secrétariatgénéral de la CEAO,
colloque sur
l'intégration économique en Afrique de l'Ouest, du 15-20 avril
1980,
à Conakry

- 367 -
Comment se fera la libéralisation des échanges et la
réalisation d'un espace économique et douanier unifié?
Il Y a,
d'abord,
des mesures tarifaires et non tarifaires,
Les droits de douane,
il faut
le reconnaître,
sont très élevés
dans les pays de la CEAO.
Cela est vrai pour des produits réputés de luxe,
ou dont
la consommation ne présente pas l'aspect social positif
(alcools,
tabacs etc . . . ),
mais cela est vrai aussi pour les produits dont
la consommation est somme toute courante et populaire:
l'huile
de palme acquitte par exemple 111 % de droits de douane en Haute-
Volta (actuel Burkina-Faso),
92,50 % au Mali,
le café acquitte
80 % de droits au Mali,
96 % en Mauritanie,
72 % au Sénégal
(1).
Ces quelques exemples montrent que le taux élevé de la
fiscalité à l'importation,
constitue un
véritable frein aux
échanges,
un obstacle à la libre circulation des produits de la
zone.
Que faire
?
Amener les pays à se consentir des réductions sensibles
de droits,
soit sur le plan bilatéral,
soit sur le plan global.
Cette solution est évidente,
mais comporte des préalables
et des conséquences dont i l faut
tenir compte pour que son
application soit réellement possible.
(1)
MOUSSA TOURE,
la CEAO et l'intéqration, colloque du 15-20
avril 1980 à Conakry,
rapport final du secrétariat général
dans J.O.
CEAO,
p.
36,
n° 15.

- 368 -
Tout d'abord,
les recettes douanières constituent une part
importante dans les ressources publiques des Etats de la CEAO.
En
ce sens,
la CEAO a imaginé un système de compensation financière
constitué de la taxe de coopération régionale et du fonds commu-
;
nautaire de développement
(FCD)
que nous
avons analysé dntérieu-
rement.
Quant aux mesures non tarifaires,
elles peuvent être
diverses
: par exemple,
elles peuvent entraîner la suppression
des mesures de contingentement ou de prohibition,
lorsque celles-
ci n'ont d'autre motivation que la pr9tection d'entreprises
nationales.
Une autre mesure non tarifaire consiste à assouplir les
procédures administratives
visas de délivrance des divers
documents douaniers ou commerciaux,
déclaration de douane,
licence,
attestations de changes,
certificats d'origine etc ... , ainsi qu'à
harmoniser,
sur le plan régional,
ces divers documents.
2)
La réalisation d'un espace économique et douanier unifié
découle du premier objectif
(la libéralisation des échanges).
Les Etats de la CEAO insistent
sur la nécessité impérieuse
de promouvoir un espace économique et douanier unifié,
pour la
libre circulation des produits de la région.
Comme l'indique l'article 5 du traité de la CEAO
:
"la
communauté constitue un ensemble économique régional,
à l'intérieur
duquel la circulation des marchandises originaires,
n'est soumise
à aucune restriction quantitative"
(1).
(1)
Article 5 du traité et protocoles de la CEAO,
p.
6 titre II

......,...
- 369 -
Il reste que,
la libre circulation des marchandises,
dans
un espace économique et douanier unifié,
pour sortir du champ des
simples déclarations d'intention et des voeux et connaître une
application concrète,
doit être maniée avec discernement.
Tout d'abord,
i l faudrait distinguer parmi les différents
secteurs de production dans lesquels travaillent les entreprises,
et dont les produits sont ou doivent être échangés
le secteur de
l'agriculture au sens
large
(incluant donc,
la pêche,
l'élevage et
l'agro-industrie)
qui ne connaît certainement pas
les mêmes pro-
blèmes de circulation que celui des industries de substitution aux
importations.
Nous sommes ainsi amenés à penser que,
généraliser le
principe de la libre circulation des produits à l'intérieur d'un
espace économique et douanier unifié,
présente des
inconvénients
majeurs parmi lesquels
-
l'accentuation de la polarisation du développement sur
quelques pays de la CEAO,
selon leur situation géographique et
leurs potentialités économiques
-
la perpétuation d'une vision purement nationale du
développement,
sans espoir de voir un jour naître une concertation
régionale,
à la place des investissements et des réalisations
,
.
economlques.
La CEAO constitue un ensemble économique selon l ' a r t .
5
du traité.
Elle se propose aussi de mettre en place un dévelop-
pement économique concerté qui
fera l'objet d'étude de notre
deuxième section.

- 370 -
Section II -
Développement économique concerté et
harmonisé
Les constructeurs de la CEAO,
avons nous dit,
ont mis en
tête de leurs soucis,
la libéralisation des échanges,
donc
l'organisation des échanges,
puis,
le développement économique
harmonisé et concerté des Etats membres.
Mais,
ce n'est pas tout,
ils se convainquent aussi de la
nécessité d'une politique de croissance économique plus rapide et
mieux équilibrée de leurs économies.
Les réponses apportées,
quand i l y a une volonté d'échap-
per à la dépendance,
sont variées.
Elles peuvent être regroupées autour des deux objectifs
la première est constituée par un développement agricole sur une
base nationale,
la seconde par les modèles d'industrialisation
(1),
qui est basée sur le développement,
l'harmonisation des unités
industrielles,
la coordination et le développement des transports
et communications.
En effet,
la réalité actuelle des Etats de la CEAO,
l'idée
de développement endogène et autocentré,
exclut,
a priori,
l'adop-
tion ou la recommandation d'une stratégie universelle.
Il s'agit,
en particulier, de réduire la dépendance
alimentaire interne,
d'améliorer la mise en valeur des ressources
de l'agriculture locale,
suivie d'un développement des unités
industrielles.
L'industrie doit permettre l'accroissement de la produc-
tivité agricole et le développement des activités satisfaisant les
besoins de la base.
(1)
Charles-Albert MICHALET,
le défi du développement indépendant
p.
14-15,
ed.
Rochevignes,
1983.

- 371 -
La seconde dimension essentielle des objectifs est la
constitution d'un développement économique concerné et intégré,
capable d'assurer
(si possible)
un processus d'accumulation de
capital autocentré.
L'intégration doit s'établir entre activités
(agricul-
ture,
industrie)
et entre zones
(urbaines et rurales).
L'accent est ainsi mis sur les interdépendances entre
activités économiques qui apparaissent liées à la constitution
d'un marché intérieur régional.
Le développement des capacités productives de la CEAO,
doit être orienté,
selon les objectifs de la communauté,
vers
le renforcement des liaisons internes,
au détriment des relations
externes, génératrices d'extraversion et de dépendance.
Cet objectif peut-il être atteint ?
Nous le verrons dans l'analyse des objectifs qui vont
suivre.
-
A.
Le développement agricole harmonieux
;
-
B.
Le développement et l'harmonisation des unités
industrielles
- C.
La coordination et le développement des transports
et communications.
A.
Développement agricole harmonieux
Les principes et les modalités principales d'une poli
tique commune de développement agricole harmonieux,
font l'objet
du protocole "A" du traité qui
stipule

- 372 -
-
En Vue de promouvoir le développement agricole des
Etats membres,
le secrétariat général de la
communauté est
investi de la mission de rechercher et d'étudier,
en liaison
avec les instances compétentes des Etats membres,
puis de
proposer au conseil des ministres,
un plan général de promotion
de la production et de la commercialisation des produits agrico-
les des Etats membres
(art.l).
Le secrétariat général reçoit notamment le mandat de
promouvoir
:
1) en liaison avec les services et organismes compétents
des Etats membres,
la recherche scientifique et technique en
matière agricole,
agro-industrielle et alimentaire et la vulgari-
sation de leurs résultats;
2)
la coordination des efforts en matière de formation
agricole,
en particulier par une utilisation plus rationnelle des
organismes nationaux existants et la création éventuelle d'orga-
nismes commun.autaires spécialisés
3)
l'étude et la réalisation de projets agricoles
nationaux ou pluri-nationaux susceptibles d'améliorer quantita-
tivement et qualitativement la production des produits vivriers
4)
la coordination des programmes de production et de
commercialisation des productions agricoles,
tant en ce qui
concerne l'approvisionnement des marchés des Etats membres, que
l'exportation à destination des pays tiers
5)
l'étude d'actions communes,
en vue de développer la
consommation de certains produits,
actions qui seront mises en
oeuvre par l'office communautaire de promotion des échanges
(OCPE)

- 373 -
6)
l'harmonisation et l'application des règlementations
phytosanitaires des produits
7)
l'étude et l'harmonisation des politiques nationales
en matière de protection de la faune et de la flore.
A cet effet,
les Etats membres adressent au secrétariat
général de la CEAO,
toutes propositions d'études ou d'interven-
tions qu'ils
jugent souhaitables
(art.
2 du protocole "A").
En vue de mettre en oeuvre cette politique,
il est créé,
au
sein
du secrétariat général de la CEAO,
un org anisme spécialisÉ
qui prend la dénomination de bureau communautaire de développement
agricole (BCDA)
(art.
22 du traité).
Le développe~nt agricole harmonieux, qui est l'un des
objectifs de la CEAO,
vise
surtout,
à la modernisation,
a
l'intensification,
à l'extension de l'agriculture pour se suffire
et exporter,
à l'industrialisation pour moderniser l'agriculture
et accroître sa productivité.
Dans ce domaine,
c'est-à-dire le développement agricole,
deux étapes sont prévues par l'article 22 du protocole "A"
-
la première étape insiste sur la concertation et
l'échange d'informations conduisant à l'élaboration de programmes
communs
-
la seconde,
l'élaboration d'une politique agricole
commune dans les domaines de la recherche,
de la formation,
de la
production, de la transformtltion et de la commercialisation des
produits agricoles,
forestiers,
de l'élevage et de la pêche,
en
vue de l'harmonisation et de l'exploitation des ressources naturel-
les des
Etats membres.

- 374 -
Les Etats de la CEAO veulent trouver dans l'intégration,
le moyen de surmonter leurs handicaps,
en mettant en commun leurs
moyens et leurs ressources.
Il est donc nécessaire que l'intégration permette
l'exploitation et la mise en valeur des ressources de chaque
Etat concerné.
La complexité de l'intégration donne la mesure de la
multiplicité des formes possibles.
Les solutions qui prévalent
pratiquement,
ne sont pas toujours conformes à la rationalité
économique,
tant les facteurs politiques et beaucoup d'autres
subjectifs exercent des influences déterminantes.
L'idée force qui se dégage est que les Etats africains
membres de la CEAO,
sont résolument certains, qu'en leurs forces,
ils sont en mesure de créer un cadre de coopération,
capable
de leur permettre d'atteindre un développement économique intégré
et de limiter leur dépendance vis-à-vis de l'extérieur.
Les jeunes Etats de la CEAO,
longtemps bloqués par des
tutelles extérieures,
se sont trouvés désarmés lors de leur
accession à l'indépendance.
En effet,
face aux conditions de développement mondial
si difficiles et si écrasantes,
l'union de leurs ef~orts et de
leurs ressources paraît être leur seule condition de survie en
tant qu'Etats indépendants.
Car,
i l fallait,
pour assurer leur
développement,
réunir les conditions de mise en valeur de leurs
ressources et de leur épanouissement.
Le deuxième objectif visé par les Etats de la CEAO,
est
le dévefoppement et l'harmonisation des unités industrielles.

- ~75 -
B -
Développement et harmonisation des unités
industrielles
Le développement et l'harmonisation des unités industriel
les font l'objet du protocole "B", qui stipule:
-
En vue de favoriser un développement industriel plus
rapide,
mieux équilibré et harmonieux des Etats membres,
le
secrétaire général de la communauté reçoit notamment le mandat
d'étudier et de promouvoir
l)
la répartition harmonieuse des investissements à
réaliser
2)
la spécialisation des activités entre les entre-
prises existantes ou appelées à s'implanter dans les Etats membres
3)
la réalisation,
en liaison avec les instances
nationales compétentes,
de projets industriels,
agro-
industriels et touristiques intéressant un ou plusieurs Etats
membres
4)
l'établissement d'un programme de développement
harmonisé de l'industrie P0ur toute la région,
notamment,
en ce
qui concerne les grandes unités industrielles à vocation régipnale
ou exportatrices vers les pays tiers
;
5)
l'adoption d'un statut-type de sociétés pluri-
nationales permettant la participation de plusieurs Etats au
capital des grandes entreprises implantées dans la région
6)
la création en commun par plusieurs Etats membres
d'entreprises plurinationales

- 376 -
;
7)
l'assistance,
en liaison avec les instances
compétentes,
à la création et au développement
des entre-
prises nationales et d'établir et de soumettre au conseil des
ministres,
une liste de nouvelles entreprises dont l'implantation
sur le territoire de la communauté est
jugée souhaitable,
pour
l'intégration des économies des
pays de la CEAO
(art.
23,
protocole
"B")
(1).
-
En vue de
favoriser
la réalisation des projets
industriels nationaux ou plurinationaux,
dont i l est question
à l'article 2 du protocole "B" du traité de la CEAO,
le secrétaire
général de la communauté recherche et vise à coordonner les
sources de financement régionales et internationales,
susceptibles
d'intervenir dans
le financement desdits projets.
Le fonds communautaire de développement
(FCn)
et le
fonds de solidarité et d'intervention pour le développement de la
CEAO
(FSIDEC),
institués
aux articles
34 et 34 bis du traité CEAO,
peuvent,
soit individuellement,
soit conjointement,
avec d'autres
sources de financement nationales ou internationales,
participer
au financement des projets retenus.
Les interventions du fonds communautaire de développement
sont réservées en priorité aux
pays
les moins industrialisés et
aux projets d'intérêt communautaire
(art.
3 protocole
"B").
Afin de donner aux actions de promotion industrielle
envisagées,
le dynamisme et l'efficacité souhaitables,
i l est
créé,
au sein du secrétariat général de la CEAO,
conformément à
l'article 23 du traité,
un organisme spécialisé qui prend la
dénomination de bureau communautaire de développement industriel
(BCDI) .
(1)
CEAO,
traités et protocol~s, instituant la CEAO
1972-1973,
23 p.

377 -
En raison des disparités de formes existant entre les
différents pays,
le développement et l'harmonisation des unités
industrielles,
constituent d'après le protocole "B" du traité de
la CEAO,
le seul moyen de réduire la,dépendance
par rapport à
l'extérieur et de dynamiser les systèmes socio-économiques.
Rappelons que cet objectif qui rentre dans le droit fil
du plan d'action de Lagos,
vise l'unification et l'autonomie
économique de l'Afrique,
d'ici l'an 2000,
à travers une politique
qui met l'accent sur une économie auto-centrée et un processus de
développement intégré des économies,
pour accrJître l'auto-
suffisance et stimuler une croissance endogène
(c'est-à-dire une
croissance générée et entretenue par les forces propres aux pays).
(l) .
D'après les responsables de la CEAO,
le problème n'est
pas de savoir si cela est possible. Car,
elle est non seulement
possible,
mais faisable
(2).
D'une manière générale,
le tout est de savoir si les
parties auront suffisamment de volonté,
de courage,
d'humilité
pour taire leur particularisme national,
leur désir de pouvoir,
certains de leurs intérêts,
pour faire prévaloir un esprit
communautaire,seul capable de stimuler l'objectif fixé et
d'atteindre un processus d'intégration,
qui soit durable et réel,
qui fasse que chaque économie devienne à la fois fonctionnelle et
territoriale,
dans un espace sous-régional cohérent.
(1)
la CEAO,
Fraternité matin,
jeudi 11 octobre 1984,
p.
26
(2)
voir Fraternité matin,
jeudi 4 octobre 1984,
p.
16

- 378 -
Cela suppose une conjugaison des efforts.
Comment conjuguer de façon optimale leurs efforts de
production,
compte tenu des objectifs recensés,
afin qu'ils
parviennent à doter la sous-région d'un système productif
intégré,
où s'interpénètreront harmonieusement les réseaux
industriels très féconds, aux effets d'entraînement et de
fonctionnement susceptibles de stimuler les industries locales
avec feed-back
(rétroaction sur l'espace économique de la
communauté économoque de la sous-région)
?
Comment parviendront-ils à planifier les disparités
existant entre les Etats membres
(car il y en a même de grandes
que nous étudierons dans la troisième partie),
sans une plani-
fication sous-régionale,
une programmation du développement
industriel pour une harmonisation
des unités industrielles dans
la communauté,
qui prennent en compte les avantages et coûts
comparatifs,
de l'état d'avancement et des capacités financières
de chaque pays.
Sans
rentrer dans les théories existantes,
nous
rappellerons deux définitions du concept d'intégration,
qui
n'est ni une simple addition,
ni une interdépendance ...
Intégrer,
écrit M.
Bye,
"ce n'est pas additionner,
c'est
accroître sur un espace donné,
la comptabilité des plans d'un
ensemble de centre de décision,
appelé à former un seul système
économique"
(1).
(1)
BYE
(Mauriëe). relations économiques ù,'ternationales,
Dallas, Paris
197 i, 1111 p.

- 379 -
Mieux,
l'intégration régionale
'''est traditionnellement
selon M.J.
Pinder,
. . .
la suppression des discriminations entre
les agents économiques des pays membres d'une région,
et la
formation et l'application de politiques communes et coordonnées,
sur une échelle suffisante,
pour permettre aux objectifs économi-
ques et de bien-être de se réaliser"
VOici deux définitions avec lesquelles nous serions
d'accord et qui supposent la réalisation d'au moins deux variantes
l'intégration des marchés,
base fondamentale du développement des
investissements hautement rentables et l'intégration de la
production
les deux se conjuguant avec les variantes socio-
communicationnelles pour assurer à l'homme sous-régional le bien-
être escompté.
Aujourd'hui,
plus que jamais les pays de la CEAO,
comme
d'ailleurs tous les pays en voie de développement,
doivent se
rapprocher,
intégrer harmonieusement leur système productif,
afin
de s'enrichir,
non seulement de leurs différences,
mais aussi des
forces
centrifuges régionales.
Conclusion du chapitre
Si l'on examine les méthodes adoptées par les Etats du
continent africain,
qui ont entrepris un processus de coopération
économique régionale,
on constate qu'il y a de nombreux moyens de
développer les échanges.

- 380 -
Il n'existe pas de formule unique pour assurer le succès
de cette entreprise,
mais dans les diverses politiques suivies
par les différentes organisatjons
(intégration économique des
Etats andins,
par exemple),
on trouve les mêmes traits caracté-
ristiques dans la CEAO.
Les différents objectifs de l'intégration économique de
la CEAO,
tourne autour de quatre axes principaux
libéralisation des échanges commerciaux
;
réalisation d'un espace économique et douanier unifié
- développement agricole harmonieux
;
-
développement et harmonisation des unités industrielles
C'est pour limiter la dépendance extérieure des Etats de
l'Afrique de l'Ouest,
que fut créé la CEAO.
En créant progres-
sivement un cadre de développement
et de coopération économique
les pays membres s'imposent
ainsi des transformations économi-
ques et sociales profondes,
dans un continent qui a été soumis
aux forces extérieures.
L'accord de la CEAO,
pour les pays qui y participent,
constitue un adjuvant puissant aux mutations nécessaires,
pour
accroître leur développement et le niveau de vie de leurs
populations.
Si la CEAO adopte et met en oeuvre les objectifs fixés,
elle peut devenir peu à peu une unité économique et politique
puissante au sein du continent africain.

- 381 -
L'accord contient certaines dispositions qui auront
d'immenses avantages pour le développement industriel de la
sous-région,
telles que les programmes d'harmonisation et de
libéralisation des échanges.
La diversité des politiques,
l'instabilité permanente
des Etats,
peut créer une situation d'incertitude et limiter
les objectifs de l'intégration économique.
Pour cela,
il faut une stabilité politique des Etats qui
s'intègrent et ainsi éviter la méfiance au niveau de la communau-
té.
Il faut
.aussi une coordination des politiques
économi~
ques nationales,
par l'unification des efforts
des Etats membres
membres.
Si l'on accepte la proposition que l'Etat-Nation
constitue l'étape intermédiaire,
entre l'individualisme et
l'universalisme,
on doit reconnaître le rôle de chaque Etat dans
sa recherche pour lier l'intérêt de ces citoyens,
aux gains qui
proviennent d'une union,
à une stabilité politique.
Historiquement,
l'évolution vers l'établissement des
régions intégrées,
a toujours été l'expression de la volonté
de la politique économique des Etats-Nations
(1).
(1)
BEAUD
(Michel),
séminaire de recherche de 3e cycle,
du 17 janvier et 13 mars 1984.

- 382 -
Dans le sens le plus étroit,
les dispositions
concernant l'organisation des échanges commerciaux et le
développement économique concerté,
sont fondamentalement des
créations étatistes,
que ce soit par le mécanisme du marché,
ou par le système de planification.
En conclusion,
nous pouvons retenir que la CEAü a pour
mission de favoriser le développement harmonisé et équilibré des
activités économique$ des Etats
partenaires,
et,
qu'à ces fins,
elle s'est fixé
pour objectifs fondamentaux
-
la mise en oeuvre d'une politique de coopération et
d'intégration économique;
-
le développement des échanges des produits agricoles
et industriels
-
la libéralisation des échanges commerciaux.
Parmi les moyens propres à réaliser ces objectifs,
fondements de l'organisation,
on peut citer le cadre
institutionnel dont elle s'est dotée et qui nous proposons
d'examiner dans le chapitre III.

- 383 -
CHAPITRE
III
LES ORGANES INSTITUTIONNELS DE LA COMMUNAUTE
ECONOMIQUE DE L'AFRIQUE DE L'OUEST
(CEAO)
Avant d'analyser les organes institutionnels de la
CEAO,
nous allons présenter l'organigramme de la CEAO,
adopté
le 10 octobre 1979 à Nouakchott
(Mauritanie),
par la Ve
conférence des Chefs d'Etat.
Organigramme de la CEAD
CONFERENCE DES
CHEFS D'ETAT
1
Conseil des Ministres
Conseil d'Administration
du FOSIDEC
cour Arbitrale
1
Secrétaire General
Commissaires
1
I.
1
\\
aux comptes
S . G.
Adjoint
1
1
CABINET
ri Contrôle Financier r
Conseiller Juridique
Conseiller Economique
Attaché de Presse
jAgence Comptable
1
Services rattachés
II
Chef de cabinet
-
DRR -
-
DDI -
Direction
Direction
l-
-
DAAF -
DEC
-
1
Direction
Direct.
Affaires
lFüSJ:DEC 1
Dévelop.
Dévelop.
Echanges
Administratives
~
rural
Industriel
Commerciaux
et financières
1
l
J
~rationsl Développement
Promotion
Coopération
Agricole
IndustriellE
douanière
et statist.
1
1
~ Administra-
Bétail
Recherche
Promotion
bJ
Personnel
tlon
Viande
scient.
Echanges
Affairesl
Finances
techn.
sociales
1
Pêche-eaux
Transports
IInforma tique 1
et forêts
Communica.
Documentation
Source
Jeune Afrigue,

1098,
du 20
janvier 1982.

- 384 -
Les organes constitutionnels de la CEAO comprennent
ce que l'on peut appeler un cadre de gestion, c'est à dire,
l'en-
semble des structures de décision et d'exécution,
et les organismes
spécialisés.
En soi,
il ne présente pas d'originalité.
Mais par rap-
port à la défunte UDEAO,
les institutions de la CEAO sont relative-
ment plus développées et partant,
plus complètes.
L. Cartou,
à propos des institutions européennes avait
fait l'observation suivante:
"les institutions européennes ont été
conçues selon les principes du droit public interne,
non du droit
internatio~al" (1).
Il voulait souligner par là l'autonomie de
cette branche de droit qu'on appelle:
le droit institutionnel euro-
peen.
L'assertion peut être appliqué en grande partie aux
organes de la CEAO : on a prévu un organe d'exécution, des organes
législatifs et consultatifs et un organe judiciaire.
Mais en réalité
les organes législatifs et consultatifs expriment les positions des
Etats.
Ils acquièrent ainsi un caractère politique très prononcé.
Dans ce chapitre,
nous allons décrire les organes
de la CEAO,
en insistant sur les organes politiques,
les institu-
tions d'éxécution et les institutions de contrôle dans une première
section; et dans la deuxième section,
les organismes spécialisés,
à travers les organes ~e développement économique: agriculture,
industrie,
transport
; les organes des actions économiques
: com-
mercialisation,
échanges de produits etc,
et montrer ce qu'est la
CEAO.
(1)
L.
Cartou,
Communautés Européennes,
Dalloz,
1979,
6ème ed.
1979,
p.
563

- 385 -
Section l
: Les organes politiques ge la CEAO
Section II:
LéS organismes spécialisés de la CEAO
Section l
Les organes politiques de la CEAO
La volonté de créer une communauté finalement réduite
à six Etats,s'est concrétisée à Bamako en juin 1972,
o~ a été
approuvé le projet de traité instituant la CEAO.
L'institution
de cette communauté s'était imposée pour pallier les insuffisan-
ces de l'UDEAO,
créée en 1959 après la disparition de la fédé-
ration d'Afrique occidentale française.
Après la signature des différents protocoles à Abidjan
en 1973,
entrés en vigueur en janvier 1974, des institutions ont
été mises en place,
pour rendre viable et opérationnelle la CEAO
ainsi constituée. Ce qui nous conduit à étudier dans cette sec-
tion,
les différentes institutions politiques, d'éxécution et de
contrôle.
A -
Les institutions politiques
La conférence des Chefs d'Etat,
son organe subsidiaire
le conseil des ministres et le comité des experts,
constituent
la trilogie des institutions politiques de la communauté écono-
mique de l'Afrique de l'ouest.
l
-
La conférence des Chefs d'Etat
La conférence des Chefs d'Etat est certainement l'ins-
titution qui a manqué le plus à l'UDEAO et dont la création dans
le cadre d'une refonte de celle-ci,
avait paru importante

- 386 -
et urgente aux membres fondateurs de la CEAO (1).
La conférence
,
des Chefs d'Etat correspondrait un peu à ce qu'on appelle,
l'au-
torité dans la communauté économique de l'Afrique de l'Est, qui
est l'institution souveraine en laquelle se concentrent tous les
pouvoirs importants de la communauté
(~).
En effet,
elle est l'organe suprême.
Elle est consti-
tuée par les Ghefs-d'Etat des pays membres,elle se réunit une
fois l'an et siège à tour de rôle dans chacun des Etats membres
suivant u~ ordre de désignation alphabétique des Etats,
pendant
une année civile' (~). Ce qui implique un système de présidence
tournante.
La conférence statue sur tout sujet intéressant la
mission et les objectifs fondamentaux de la communauté.
Elle
nomme aux hauts postes du secrétariat,
notamment des organismes
spécialisés.
Ses décisions sont prises à l'unanimité et constituent
des actes de la conférence. En réalité la plupart des décisions
sont plutôt fondées sur le consensus et la bonne volonté,
bien
qu'il y ait eu déjà des cas où cette règle 9'unanimité a pu blo-
quer la marche de la communauté
(~).
C'est compte tenu de cette gêne éventuelle que le trai-
té de la CEDEAO a plutôt retenu le principe de la majorité.
La
conférence tranche souverainement
toutes les questions qui,
n'ayant trouvé de solutions au niveau du conseil des ministres,
(1)
Voir lettre N° 111 du 1er juin 1967 et lettre 6/PRES MFCD
du 3/6/67
(~) Cf.
SIDJANSKI,
le rôle des institutions dans l'intégration
régionale entre pays en voie de développement,
(Problèmes actuels
d'intégration économique),
TD/B/422,
Nations Unies,
1973,
p.
30
(3)
Traité,
article 31,
al.
2,
3,
in JO CEAO,
N° 1,
p.
4
(q)
Rapport de la réunion des experts de la CEAO (Niamey,
janvier
1975 )

38'7
lui sont renvoyées par ce dernier,
d'où la différence avec l'au-
torité de la CEAE.
Dans la pratique,
la conférence des Chefs d'Etat de
la CEAO reste une institution ouverte.
A ces rencontres,
chaque
Etat est représenté par le Chef d'Etat ou son représentant,
assisté d'un ou de plusieurs ministres et éventuellement de chefs
de délégation,
représentant son pays devant le comité d'ex-
perts
(1).
Ainsi,
la conférence des Chefs d'Etat peut ne pas
réunir que les Chefs d'Etat.
Un autre élément à prendre en compte, c'est que les
délégations de pays non membres de la CEAO,
ou d'organisations
et d'institutions internationales,
peuvent être invitées à par-
ticiper aux travaux de la conférence des Chefs d'Etat.
Ainsi,
le Togo et le Bénin (ex-Dahomey),
ont été régulièrement invités,
de même que des organisations et institutions, comme:
la Banque
Africaine de Développement
(BAD)
; la Banque Ouest Africaine de
Développement
(BOAD)
:
l'Union Africaine des Postes et Télécom-
munications
(UAPT)
la Manu River Union
la Caisse Centrale
de la Coopération Economique
(CCCE)
; le 8rogramme des Nations
Unies pour le Développement
(PNUD)
; l'Organisation des Nations
Unies pour l'Education,
la Science et la Culture (UNESCO),
etc . . .
Etant donné que toute décision de caractère politique
ne peut être prise que par la conférence des Chefs d'Etat et que
celle-ci ne peut être en session permanente,
le Président a un
rôle particulier.
Pendant toute une année civile, en cas de
besoin,
c'est à lui que le secrétaire général recourra,
et il
peut prendre la décision au nom de ses co·llègues.

- 388 -
Le Président en exercice dispose d'un pouvoir budgé-
taire et i l est le seul habilité à autoriser des transports
de crédits.
La conférence des Chefs d'Etat détient deux types
de pouvoir
: un pouvoir général de légiférer et un pouvoir
1
de
1
décider des questions importantes.
La conférence des Chefs d'Etat l
a une fonction législative,
en ce sens qu'elle jouit de la facul-
té de délibérer et d'adopter des résolutions qui ont valeur de
décision ou de recommàndation.
Elle fait la loi
(1)
et formule
la politique générale à suivre,
approuve les normes rendant
possible la coordination des plans de développement
(2).
Ce pouvoir de législateur de la conférence est indé-
niable.
Il se situe à deux niveaux
il est un pouvoir consti-
tuant et un pouvoir législatif ordinaire.
Cette situation n~est
pas sans rappeler les compétences d'une assemblée nationale ou
d'un parlement.
Pouvoir constituant originaire,
puisqu'elle a
adopté le traité constitutif et les protocoles,
annexes qui en
sont reconnues
"parties intégrantes".
Pouvoir constituant dérivé,
puisq.ue c'est également la conférence des Chefs d'Etat qui peut
modifier le traité et les protocoles.
Et de tels changements
sont fréquents.
C'est aussi un pouvoir législatif ordinaire.
Parmi
-
les actes de législation ordinaire,
on peut classer l'adoption
de l'harmonisation des législations nationales enmati%redoua-
nière,
du statut du personnel de la communauté,
du budget de la
(1)
A.
ZOUGRANA,
Aspects institutionnels de l'organisation inter-
africaine contemporaine, Thèse de spécialité,
Paris 1,
1975,
p.4:
(2)
B.
KEITA,
la CEAO,
Thèse de spécialité,
Paris II,
1975, p.


- 389 -
communauté.
Par contre,
certaines décisions de la conférence ont
le caractère d'un décret:
telles les nominations du secrétaire
général,
du secrétaire adjoint,
l'agent comptable de la commu-
!
nauté,
le contrôleur financier de la communauté. Toutes ces déci-
I
sions qui ont une valeur normati ve précise, sont appelées "Actes ":
Par contre, d'autres décisions n'ont que la valeur
d'une recommandation ou d'une résolution.
Elles n'ont donc pas
de caractère obligatoire comme les précédentes
(exemple : nomina-
tion d'un fonctionnaire ordinaire).
On s'aperçoit par cet examen, de la différence qui
existe entre la conférence des Chefs d'Etat de la CEAO et le
conseil de la CEE. Celui-ci n'a pas de pouvoir constituant,
tout
comme d'ailleurs le conseil européen.
Il n'a qu'un pouvoir légis-
latif ordinaire.
Par contre,
la commission du groupe Andin,
peut être
rapprochée, quant aux compétences, des conférences des Chefs
d'Etat de la CEAO, de l'UDEAC et de la CEDEAO. Comme elles,
la
commission du groupe Andin prend les décisions portant sur l'en-
semble des matières couvertes par l'accord d'intégration,
ainsi
que toutes les mesures nécessaires à la ,coordination de~ ~lans
de développement et de l'harmonisation des politiques économiques
des Etats membres
elle approuve le budget annuel, détermine
les~contributions des Etats membres. Seul le rythme des sessions
diffère,
puisqu'il est de 3 sessions ordinaires pour la commis-
sion du groupe Andin
(1).
C'est seulement en cas de blocage des
institutions que la Junte,
correspondant du conseil européen
intervient.
(1)
M.
GARRAUD,
le Groupe Andin, un système juridique au service
d'une nouvelle stratégie du développement,
in annuaire du tiers
monde,
1976,
p.
255

- 390 -
La conférence des Chefs d'Etat de la CEAO tient
donc une session annuelle.
2 -
Le Conseil des Ministres
Agissant
"dans le cadre de la politique générale
définie par la conférence des Chefs d'Etat"
(1),
le conseil des
ministres apparaît comme le prolongement de la conférence des
Chefs d'Etat.
Il est chargé de la promotion de toute action
propre à réaliser les'objectifs de la communauté,
conformément
à la politique générale définie par la conférence des Chefs
d'Etat.
Quelles sont sa composition et ses attributions?
-
Le conseil des ministres est composé de ministres
de chacun des Etats membres.
Sa composition varie en fonction
des sujets
traités.
Ainsi,
l'on pourrait penser que tout ministre,
de prime abord peut faire partie
du conseil.
Théoriquement,
cela
est admissible.
Mais vu que les sujets traités sont la plupart
du temps des questions économiques,
ce sont les ministres
de l'économie et des finances,
du commerce, du plan,
du dévelop-
pement industriel et rural qui composent le conseil.
Tout comme la conférence des Chefs d'Etat, des
ministres délégués de pays non membres de la communauté,
pensent
participer aux travaux, de même que des invités d'organisations
régionales.
Par ailleurs,
ces ministres sont accompagnés,
lors
des sessions,
par des conseillers,
de directeurs de cabinet ou
de secrétaires généraux.
Il siège,
en principe,
au siège de la
communauté.
Il se réunit sur convocation du Président de la
('1 ) Article 32 du traité, J.O CEAO N° l,
-
p.
5

- 391 -
conférence des Chefs d'Etat à l'initiative de celui-ci,
d'un
Etat membre,
ou du secrétaire général de la communauté.
Les réunions du conseil des ministres ont lieu au
moins deux fois par an.
L'une de ces réunions se tenant obliga-
toirement au moins un mois avant la réunion annuelle de la confé-
rence des Chefs d'Etat.
Les décisions, dénommées décisions du
conseil des ministres,
sont prises à l'unanimité des Etats membre~
1
quel que soit le nombre
des ministres représentant chacun des
Etats
(1)
(un ou trois par Etat).
En cas de désaccord,
la question est renvoyée à la
conférence des Chefs d'Etat.
Quels sont les pouvoirs du conseil
des ministres ?
Le conseil des ministres est chargé de promouvoir
toutes actions tendant à la réalisation des objectifs de la com-
munauté (2). Contrairement au conseil des ministres de la CEE
qui dispose d'un pouvoir de décision "initial", celui de la CEAO
n'agit que dans le cadre de la politique générale définie par la
conférence des Chefs d'Etat,
c'est à dire,
comme organe d'appli-
cation des décisions de la conférence.
Si l'on peut se permettre ce genre de rapprochement
on dira que le conseil des ministres de la CEAO dispose d'un pou-
voir réglementaire,
non pas autonome, mais subordonné.
Mais les
domaines d'intervention du conseil des ministres sont très diver-
sifiés.
Ainsi,
en fonction des actes déjà pris par les
Chefs d'Etat,
i l reviendra au conseil d'accepter ou de modifier
(1)
Article 32 du traité,
J.o CEAO N° l,
p.
5
(2)
Article 31 du traité,
J.O CEAO N° l,
p.
4

-
392 -
la nomenclature douanière et statistique unifiée,
d'établir les
réglements intérieurs du FOSIDEC
(~). Ce pouvoir normatif peut
intervenir qu'après les actes posés par les Chefs d'Etat.
Par ailleurs,
i l appartient au conseil de nommer
les directeurs des directions opérationnelles du secrétariat
général,
ou de les révoquer.
En matière budgétaire,
il doit
d'abord se prononcer sur le budget de la communauté avant que
celui-ci ne soit porté à l'approbation des Chefs d'Etat.
Mais cette acceptation ne lui confère pas un carac-
tère exécutoire.
Le pouvoir le plus important de ce conseil est
celui d'agréer les produits industriels communautaires des région
de la taxe de coopération régionale
(TCR).
Les actes normatifs
ainsi posés par le conseil des ministres s'appellent des "déci-
sions"
(2,).
Le conseil des ministres peut enfin prendre des
résolutions.
Comme les recommandations de la conférence des Chefs
d'Etat,
celles-ci invitent le secrétaire général à préparer un
programme d'action dans un domaine déterminé,
ou les Etats à
adopter telle ou telle attitude
(3).
Depuis la création du fonds de solidarité et d'in-
tervention pour le développement de la communauté
(FOSIDEC)
en
1977,
le conseil des ministres a acquis une fonction nouvelle.
Composé en formation spéciale,
i l constitue le conseil d'adminis-
tration de cette institution financière.
Il fixe l'action des
garanties,
les participations du fonds
aux entreprises pri~ées,
le budget du fonds,
accepte lespr~ts.
(A)
FOSIDEC
: Fonds de solidarité et d'intervention pour le dé-
veloppement de la communauté
(1)
Article 32,
al.
5 du traité
(3)
J.O. CEAO,

5,
p.
7 -
8

- 393 -
3 -
Le comité des experts
Dès la création de la CEAO,
les travaux des con-
seils des ministres ont toujours été précédés de ceux du comité
1
1
des experts.
Pourtant,
on n'en trouve nulle trace dans le traité.'
C'est le réglement intérieur des instances supérieures de la
CEAO qui en fait mention
(~).
Cependant le COREPER et le comité des experts,
existent de notables différences.
Les -membres
du COREPER sont
des représentants permanents auprès de la commission européenne
et ils ont rang d'ambassadeurs et peuvent être
assistés d'un repr
sentant permanent adjoint,
ayant rang de ministre plénipoten-
tiaire.
~
Ensuite le COREPER peut, dans certaines conditions,
décider aux lieu et place du conseil
(~). Il n'en va pas pareil-
l€ment
du comité des experts.
Quelle est donc sa composition;
quels sont ses pouvoirs ?
(~) J.O. CEAO, N° 11, 1979, p. 8, réglement intérieur adopté par
acte N°
34/78/CE du 27 octobre 1978
(2,)
"Dès que le conseil est saisi d'une proposition de la commis-
sion,
il la transmet avant tout examen au comité des représentant~
permanents
(si elle est de nature politique),
ou au comité des
représentants permanents adjoints
(si elle est de caractère tech-
nique).
Les questions sur lesquelles les représentants permanents
et la commission sont parvenus à un accord unanime sont adoptées
sans débat par le conseil".
J.P. Quentin,
in Notes et Etudes documentaires,
19 octobre 1976,

4323 -
4324 -
4325,
p.
10
* COREPER : Comité des Représentants Permanents.

i'
- 394 -
a)
La composition
Le comité des experts a une composition très va-
riable.
Il se réunit deux fois par an,
c'est à dire avant cha-
que session ordinaire du conseil des ministres.
Il n'est pas
placé de façon permanente auprès du secrétariat général.
C'est au sein de chaque Etat membre que des comités
nationaux - CEAO ont été créés,
ayant pour mission de suivre
l'évolution du processus d'intégration communautaire.
Ils ont
à leur tête un Président. Ces comités nationaux n'interviennent
pas directement dans le fonctionnement de la communauté. C'est
d'eux pourtant qu'émaneront les représentants composant le comité
des experts.
Il s'agit d'un certain nombre de chefs de services
nationaux ou d'agents publics reconnus pour leurs compétences
dans des matières déterminées.
Il apparaît ainsi que la composi-
tion du comité variera selon la nature des sujets traités
questions budgétaires,
sujets économiques,
etc ...
Le nombre de représentants au comité des experts a
été limité, par pays à dix personnes
(1).
Une fois en session,
le comité des experts se divise généralement en commissions
commission de la promotion des échanges du développement indus-
triel, de la pêche, des affaires administratives et financières
etc ... Quelles sont ses attributions?
b)
Attributions du comité des experts
Le comité des experts n'a pas de pouvoir normatif.
Il n'adopte que des textes, ou plus exactement n'émet que des
avis sur ces textes.
C'est plus un pouvoir consultatif qu'un
(1)
Article 4 du réglement intérieur,
in J.O. CEAO N°
Il,
p.
9

- 395 -
pouvoir décisionnel,
portant sur toutes les affaires qui lui
ont été soumises.
Il peut" conseiller telle attitude à prendre
et le conseil des ministres adopter une autre.
Le comité joue
un rôle d'intermédiaire entre les Etats membres.
Ainsi se présentent les organes que nous préférons
appeler "politiques",
dans la mesure où les décisions qu'ils
prennent sont très marquées par le souci de l'intérêt national,
qu'il faut concilier avec l'intérêt communautaire.
Mais il faut noter une lacune:
l'absence d'une
assemblée communautaire. Certes,
les constitutionnalistes nous
dirons que la fin de ce siècle a vu le dépérissement du rôle
des parlements au profit de pouvoirs exécutifs forts.
Néanmoins,
dans le cadre d'une organisation comme la CEAO,
i l importe que
l'oeuvre de coopération et d'intégration,
condition nécessaire
pour limiter la dépendance économique des Etats de l'Afrique de
l'ouest,
ne soit pas seulement le fait de quelques Présidents,
si compétents et si clairvoyants soient-ils.
Il est vrai que même dans la CEE,
l'Assemblée
apparaît plutôt comme un boulet,
qu'un organisme participant à
l'accélération du processus intégrationniste.
Et son élection
au suffrage universel n'a pas conduit à l'élargissement de ses
compétences.
Pourtant,
nous restons convaincu pour notre part,
qu'une assemblée pour la CEAO aurait un double mérite:
-
d'abord,
celui de ne pas laisser aux seuls Chefs
d'Etat le soin d'élaborer la politique générale d'intégration
-
ensuite,
d'être un lieu' de popularisation de
l'effort entrepris.

- 396 -
En effet,
jusqu'ici,
la coop~ration et l'int~gra-
tion r~gionales semblent être l'affaire de quelques bureaucrates
et autres administrateurs. Et même si l'organisation trouve de
forts ~chos dans le tr~fonds de la masse des citoyens et dans
leur vie quotidienne,
i l n'empêche qu'ils n'ont pas leur mot à
dire et souvent ignorent même totalement jusqu'au nom de la CEAO.
La cr~ation d'une assembl~e communautaire permettrait de pallier
de telles lacunes
(1).
Il est vrai que l'existence d'une telle repr~sen-
tation aura une incidence financière,
quand l'efficience de l'ins
titution n'est pas acquise au premier abord.
Les d~tracteurs di-
ront que la CEAO n'a pas d'argent pour payer des gens à discuter.
Mais ne suffit-il pas que l'organe soit utile pour l'objectif
ul.time ?
D'autre part,
comment pourrait-il y avoir d'Assem-
bl~e communautaire lorsque dans certains Etats, les pouvoirs "mili
taires ont supprim~ toute assembl~e nationale (l)
? En ce qui
concerne le problème financier,
on peut envisager une coop~rati6n
entre les diff~rentes assembl~es nationales existantes qui for-
meraient l'assembl~e communautaire. A côt~ des organes politiques
nous distinguons les institutions d'ex~cution qui regroupent les
organes du secr~tariat g~n~ral.
(1)
B.
Keita,
Op.
cit,
p.
34
(t)
Depuis la cr~ation de la CEAO de façon permanente, l, 2-ou 3
pays connaissant des r~gimes militaires sansassembl~e nationale.
Aujourd'hui,
tels sont les cas de la Haute-Volta,
de la Maurita-
nie et du Niger.
Quant au Mali,fes militaires ont-r~ussi à cons-
titutionaliser leur r~gime depuis 1974.

- 397 -
B -
Les institutions d'exécution
Les décisions une fois prises,
il faut les appli-
quer.
L'organe d'exécution est le secrétariat général. Celui-ci
comprend:
le secrétaire général et son adjoint,
les différentes
divisions,
l'agence comptable,
le contrôle financier.
l
-
Le secrétariat général
Le secrétariat général de la communauté est l'or-
gane chargé de la préparation et de l'exécution des décisions
des institutions mentionnées plus haut,
c'est à dire,
de la con-
férence des Chefs d'Etat,
du conseil des ministres
(A),
etc . . .
Le secrétariat général est dirigé par un secrétaire
général nommé pour une période de quatre ans par la conférence des
Chefs d'Etat,
sur proposition du conseil des ministres.
Le mandat
du secrétaire général est renouvelable.
Suivant les "instructions
reçues du conseil et de la conférence,
le secrétaire général peut
faire procéder à l'étude des problèmes d'intérêt commun,
et créer
toute commission ad hoc,
composée de membres appartenant aux
Etats de la CEAO.
Il établit chaque année un rapport sur le fonction-
nement et les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs
fondamentaux de la communauté
(article 35). Ce document soumis
au conseil des ministres,
est transmis à la conférence avec les
observations du conseil. Cette formule paraît particulièrement
originale puisque le rapport du secrétaire général, quelques
soient les observations du conseil,
aura accès à la conférence
des Chefs d'Etat.
Ce qui peut être important pour le secrétaire
général.
(A)
Article 35 du traité,
J.O.
CEAO N° l,
P.
5

- 398 -
Habituellement,
le secr~taire g~n~ral fait rapport
au conseil, qui à sont tour rend compte à la conf~rence. Ce qui
peut sembler plus logique mais pas forcement plus efficace car
le principal acteur,
le secr~taire gén~ral, peut ne plus avoir
accès à l'organe suprême de décision.
Le secr~tariat général a
~té rapproch~ trop facilement de la commission des communaut~s
europ~ennes (1). Or, la nature du secr~tariat g~n~ral de la
CEAO est diff~rente ; ce qui se r~percute sur ses attributions.
a)
Nature du secrétariat g~n~ral
Les auteurs le disent à qui mieux mieux a propos
de la commission des communaut~s europ~ennes
c'est un organe
de caractère "supranational'
(2).
Il lui appartient d'exprimer
lrint~rêt g~n~ral de la commuNaut~ (3). La commission assure
le fonctionnement et le d~veloppement du march~ commun ; elle
veille à l'application du traité ainsi que des dispositio~s
prises par les institutions;
elle formule des recommandations
ou des avis sur les matières qui font l'objet du traité.
Mais surtout,
elle dispose d'un pouvoir de d~ci­
sion propre et participe à la formation des actes du conseil
et de l'assembl~e. Elle exerce enfin les compétences que le
conseil lui d~lègue pour l'ex~cution des règles qu'il ~tablit.
Ainsi,
il apparaît que la commission est l'organe charg~ de
veiller au respect de l'esprit communautaire,
à sa consolidation
Elle bénéficie,
pour accomplir cette tâche, de la plus grande
(l)
Cf.
B.
Keita,
Op. cit,
p.
26 et 31,
Cf.
aussi J.C.
Gautron,
la CEAO,
antéc~dents et perspectives AFDI, 1975, p.
204
(2) Cf.
: L. Cartou,
Op.
cit,
p. 96
; Cf.
: Boubouris, cours de
droit constitutionnel européen,
1979/1980
(3)
Article 155 du Traité de Rome

399 -
indépendance possible des différents gouvernements,
ce qui lui
confère le caractère d'organe confédéral de gouvernement.
Or,
le secrétariat général de la CEAO n'est pas
un organe de gouvernement.
Il n'a aucun pouvoir propre.
Il n'est
qU'une institution d'exécution des volontés gouvernementales,
telles qu'elles s'expriment par les Chefs d'Etat ou les minis-
tres.
Il n'agit que "dans le cadre des directives qui lui sont
données"
(1)
par ces instances.
Il n'a aucun pouvoir d'initia-
tive propre:
même les préparations de textes qu'elle assure ne
lui sont pas attribuées de façon originelle.
Elle prépare textes
et décisions dont l'orientation générale lui a été donnée par
les instances politiques de la communauté.
N'étant pas un organe
de gouvernement,
le secrétariat général n'est pas non plus une
"insti tu tion·· suprana tionale . . . "
(2).
Quel est le rôle du secrétariat général ?
En se référant au droit interne,
on pourrait situer l'organisme
au niveau d'une direction.
Au sommet,
l'on a le Chef de l'Etat
ou du gouvernement.
Sous ses ordres,
il dispose de ministères.
Les ministères sont divisés en directions. C'est au niveau d'une
direction que se situerait le secrétariat général.
En effet,d~Ds Ja pyramide administrative interne,
les grandes options sont prises au degré le plus élevé,
et sont
transmises par le canal des ministères aux directeurs,
chargés
ensuite de les répercuter. Quant aux décisions,
elles sont prépa-
rées au niveau de ces directeurs,
et elles remontent ensuite
au sommet par le même canal pour leur adoption.
(1)
Article 35,
Al.
4 du traité CEAO
(2)
CEAO,
secrétariat général,
rapport d'activité 1978/1979,
p.
279

- 40b -
En termes administratifs,
on dira que les instancE
supérieures disposeht de la réalité du pouvoir,
les directions
n'étant que des exécutrices.
Et n'est-ce pas bien le cas,
puis-
que la conférence des Chefs d'Etat nomme et révoque le secré~
taire général,
et qu'il en est de même du conseil des ministres
à l'égard des directeurs des directions du secrétariat général?
Cette subordination est générale,
au sens où elle
se rapporte à la conférence des Chefs d'Etat ou au conseil des
ministres considérés comme entités, et non à un gouvernement ou
à un ministre déterminé,
lesquels sont_censés incarner l'esprit
communautaire.
C'est pourquoi,
l'article 37 du traité peut dis-
poser:
"Dans l'exercice de leurs fonctions,
le secrétaire géné-
ral,
le personnel du secrétariat général,
les directeurs et le
personnel des organismes spécialisés créés au sein du secréta-
riat général ne peuvent ni recevoir,
ni solliciter d'instruc-
tions d'aucun gouvernement,
ni d'aucune instance nationale ou
internationale"
(1).
C'est dans une telle perspective qu'il faut
étudier à présent les attributions du secrétariat général.
b)
Attributions du secrétariat qénéral
Le secrétariat général dispose d'une compétence
générale de préparation et d'exécution,
portant sur des domaines
très divers.
-
Le secrétariat général prépare et exécute les
décisions de la conférence des Chefs d'Etat et du conseil des
ministres.
En premier lieu,
il s'agit des textes qui seront en-
suite portés à l'approbation de ces instances.
Ces textes
(1)
Traité,
in J.O CEAO N° l,
p.5

- ~Ol -
concernent bien sûr
l'ensemble
des éléments qui vont dans le
sens de la coopération et de l'intégration au sein de la com-
munauté.
Ainsi
le secrétariat général procède à l'étude des
problèmes d'intérêt commun et soumet ses conclusions à
la con-
férence des Chefs d'Etat ou au conseil des ministres.
-
Il prépare les éléments prévisionnels néces-
saires à
la détermination,
par la conférence des Chefs d'Etat,
après examen et sur proposition du conseil des ministres,
du
montant du fonds communautaire de développement
(FCD).
-
Chaque année,
le secrétariat général établit
un rapport sur le fonctionnement de la communauté et les pro-
grés accomplis dans
la réalisation des objectifs fondamentaux
du traité,
rapport qu'il
présente au conseil des ministres.
Ce
rapport est transmis
à la conférence des Chefs d'Etat avec les
observations du conseil des ministres
Toutes ces fonctions
sont décrites dans
le traité à l'article 35.
Le secrétariat général dénonce auprès des Etat.
concernés,
toute attitude contraire au traité.
Ainsi a - t ' i l
déjà eu à rappeler à plusieurs Etats leurs pratiques contingen-
taires en matière commerciales,
quand le protocole H les pros-
crit fermement.
Dans
le cas des communautés européennes,
c'est
là une fonction de contrôle impartie à la commission.
Mais cell
ci dispose d'un pouvoir de répression
elle peut condamner des
entreprises ou des Etats à des dommaqes et intérêts ou à des
amendes.
Le secrétariat qénéral de la CEAO ne peut punir un
Etat.
et n'a encore
lamais pris de telles mesures à l'égard
d'une entreprise.

- 402 -
-
Le secrétariat général entreprend toute action
promotionnelle en faveur de la propagation de l'idée communau-
taire par des participations à des foires,
symposiums etc . . .
-
Lorsqu'il est habilité par la conférence des
Chefs d'Etat.
i l peut siqner des conventions de coopération avec
des organisations internationales ou des institutions.
tant
africaines,
européennes que mondiales,
comme la Banque Ouest
Africaine de Développement
(BOAD),
le fonds du conseil de l'En-
tente.
le Centre du Commerce International
(CCT)
Ip
Pro9rammp
des Nations Unies
pour le Développement
(PNUD)
l'Grganisation
,
des Nations Unies pour l'Education,
la Science et la Culture
etc . . .
Cette attribution est complétée par un pouvoir
de représentation de la CEAO assuré par le secrétariat général
il lui revient de représenter l'organisation à des réunions in-
ternationales,
par exemple à la CNUCED,
aux sessions de l'Orga-
nisation de l'Unité Africaine
(OUA)
ou à des instances techni-
ques et financières de l'Organisation des Nations Unies
(ONU).
Examiné dans ses fonctions,
le seciétariat.général
de la CEAO est semblable au secrétariat exécutif de la communau-
té économique de développement des Etats de l'Afrique de l'ouest
(CEDEAO)
(1),
au comité du groupe Andin,
aux secrétariats géné-
raux de l'Union douanière des Etats de l'Afrique centrale
(UDEAC).
Quelle est l'oroanisation du secrétariat général?
2 -
L'oroanisation du secrétariat général
"Le secrétariat général est composé du personnel
mis à la disposition du secrétaire général dans l'accomplissement
(1)
Traité CEDEAO de Lagos du 28 mai 1975,
art.
8,
al.
8 à 10

- 403 -
de ses tâches"
(fi).
Ce personnel peut être classé en trois caté-
gories
les personnels supérieurs,
les personnels des services
économiques,
les personnels subalternes
(2),
même si l'Acte

21/78/CE distingue cinq classifications quant aux rémunéra-
tions.
1°)
Les personnels supérieurs
Ce sont:
le secrétaire général,
son adjoint,
l'agent comptable,
le contrôleur financier.
a)
Le secrétaire général et son adjoint
Nous avons précité plus haut que le secrétaire
général était nommé par la conférence des Chefs d'Etat sur pro-
position du conseil des ministres pour une période de quatre ans,
renouvelable.
Dans l'exercice de ses fonctions,
et pour la bonne
marche de son secrétariat,
i l recrute le personnel du secréta-
riat général dans les limites des postes budgétaires
prévus,
a
l'exception toutefois de l'agent comptable, du contrôleur finan-
cier,
du fondé de pouvoir de l'agent comptable,
des directeurs
de direction,
même s ' i l donne son avis.
Il exerce sur ce per-
sonnel un pouvoir hiérarchique.
(1)
B.
Keita,
Op.
cit,
p.
26
(~) Ils sont régis par un certain nombre de textes
-
L'Acte

1/74/CEAO du
3 juin 1974 portant approbation des statuts du
personnel du secrétariat général
(J.O CEAO N°
2)
modifié par les
actes N°
14/76/CE
(J.O CEAO N°
3,
p.
4)
et N°
21/78/CE du 27
octobre 1978
(J.O CEAO N°
12,
p.
45).
Le protocole K,
adopté par
l'Acte N°
8/77/CE relatif aux immunités et priviléges de la com-
munauté
(J.o CEAO N°
7,
p.
3 -
6)

-
404
-
Il est ordonnateur du budget de la communauté,
de celui du fonds communautaire de développement
(FCD)
et celui
du fonds de solidarité et d'intervention pour le développement
de la communauté
(FOSIDEC).
Il prépare et aSsure le secrétariat
de la conférence des Chefs d'Etat et du conseil des ministres.
Il a reçu délégation du conseil des ministres pour agréer des
produits communautaires à la taxe de coopération régionale
(TCR)
Par rapport au FOSIDEC,
i l reçoit et instruit
les demandes d'intervention adressées au fonds de solidarité et
assure le suivi des interventions.
Il a le pouvoir de négocier
et de concluer avec les Etats l'octroi de garanties,
de subven-
tions,
de prêts,
de prises de participation,
de contracter des
emprunts après
l'approbation du conseil d'administration
(1).
Mais sa fonction la plus importante est celle
d'être l'animateur et le coordinateur de tous les services de
la communauté,
directions économiques,
administratives et logis
tiques.
Depuis 1979,
i l est assisté d'un secrétaire général
ad-
joint
"nommé dans les mêmes conditions que le secrétaire géné-
ral"
(~). Celui-ci peut le suppléer et il est d'ailleurs invité
à déléguer certains de ses pouvoirs au secrétaire général ad-
joint.
b)
L'agence comptable
Celle-ci est un ensemble de personnels agissant
sous la direction de l'agent comptable.
Selon l'article 30 al.
du traité,
l'agent comptable est nommé par la conférence des
(1)
Protocole M,
adopté par l'Acte N°
56/78/CE du
27 octobre
1978,
in J.O CEAO N°
Il,
p.8,
article 32
(1)
Voir J.O CEAO,

2 et J.O CEAO N°
3,
p: 2

- 405 -
Chefs d'Etat,
pour une période de deux
ans.
Son mandat est
renouvelable
Ses attributions sont celles d'un comptable dans
une administration nationale.
Le protocole l
(1)
indique ses
principales activités.
Ainsi,
i l assure la perception des recet-
tes et le paiement des dépenses imputables au budget du secré-
tariat général et celles afférentes au fonctionnement du fonds
communautaire de développement.
Il est responsable de la sincérité et de la régu-
larité de ses écritures.
Aussi est-il astreint au versement d'unE
caution pour couvrir les manquants de la caisse.
Mais aucun
texte n'organise sa responsabilité financière devant une quelcon-
que
juridiction.
Seul le commissariat aux comptes procède au
contrôle sur pièces et sur place de ses opérations financières,
au moins une fois par an.
La sanction de ce contrôle n'est qu'un rapport
adressé au secrétariat général et aux Chefs d'Etat au plus tard
le 1er juillet.
Si ce commissariat constate des manquants,
i l
reviendra à la conférence des Chefs d'Etat de statuer
(2).
L'agent comptable exerce personnellement ses attributions.
Toutefois,
il peut se faire suppléer,
sous se propre responsa-
bilité,
par un ou plusieurs fondés de pouvoir.
A l'heure actuel-
le,
i l n'en existe qu'un.
(1)
J.O CEAO N°
l,
p.
14 -
17
(2)
C'est là une solution politique aùx conflits financiers qui
peuvent se poser.
Elle s'e~plique par le fait,
aux dires de
l'actuel agent comptable,
"que les hauts fonctionnaires
représen
tent
leur pays d'origine dans le partage des postes supérieurs"

- 406 -
c)
Le contrôle financier
Son personnel est très restreint
3 personnes,
entourant le contrôleur financier,
dont son adjoint.
Le contrô-
leur financier est nommé par la conférence des Chefs d'Etat pOUl
une période de deux ans.
Son mandat est renouvelable.
Sa nomina-
tion par la plus haute instance de la communauté,
signifie que
l'on a entendu le soustraire à toute forme de pression de la pal
du secrétaire général.
Ceci est valable aussi pour l'agent comp-
table.
Le contrôleur financier assure le contrôle des
engagements au moyen d'un visa.
Il vise également toutes les pi~
ces de liquidation (1).
Il s'entend que c'est pour les dépenses
que ses visas sont
le plus importants.
En cas de refus de' visa
i l doit
justifier ce refus par écrit au secrétaire général dans
un délai de 48 heures.
Lorsque ce refus se fonde par l'absence
ou l'insuffisance de crédits,
i l doit en informer également et
dans le même délai le Président en exercice de la conf~rence de~
Chefs d'Etat.
2°)
Les services économiques
Ces services comprennent un certain nombre de
directions,
se partageant les différents secteurs économiques
concernés par le traité.
Dans cette étude,
nous leur adjoignons
les services logistiques chargés de les aider dans leurs mis-
sions.
On retrouve ces mêmes services dans la CEDEAO (2) ~ appe-
lés
"commissions".
(1)
Article 32 du protocole l
(2)
Traité CEDEAO,
article 9

407 -
A l'origine,
on pouvait distinguer parmi les
services logistiques,la direction des affaires administratives
et financières
(OAAF),
la direction des échanges commerciaux
(OEC),
la direction des études statistiques et du traitement de
l'information
(DESTI),
et parmi les services économiques pro-
prement dits,
la direction du bureau communautaire de dévelop-
pement agricole
(BCOA),
la direction du bureau communautaire des
produits de la pêche
(BCPP),
la direction du bureau communautaire
du développement industriel
(BCOI),
la direction de l'office
communautaire de promotion des échanges
(OCPE)
et la direction
d e I ' 0 f fic e co mmu n au t air e du b é t ail et d e I a v i and e
(0 CBV )
(1).
L'annexe de l'Acte N°
17/79/CE a modifié profon-
dément cette structuration
(2).
a)
Les services logistiques
-
La direction des études statistiques et du trai-
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
tement de l'information.
Elle a deux missions essentielles qui correspondent aux deux di-
visions
La division de la statistique,
qui procède aux
études statistiques nécessaires.
En particulier elle s'intéresse
à la progression des échanges commerciaux du fait de l'applica-
tion de la TCR.
(1)
Traité CEAO,
J;O CEAO N°
1,
p.
4 articles
22 à 26 et inté-
gration africaine,

l
p.
6
(2)
J.O CEAO N°
12,
p.
57 ~ 58,
Acte N°
17/79/CE portant adoption
de l'organigramme de
la CEAO

-
408 -
~a division du traitement de l'information se
consacre plus spécialement aux renseignements fournis
par les
Etats concernant les produits agréés à la TCR.
Ainsi peut-elle
déterminer le montant du fonds communautaire de développement
et les versements à attendre de chaque Etat.
-
~a direction des affaires administratives et
financières
(DAAF)
(1).
La DAAF comprend deux divisions
: la division fi
nancière et la division du personnel et des affaires sociales.
La direction financière est chargée essentiel-
lement de la préparation du budget.
A ce titre,
elle rassemble
tous les éléments prévisionnels pour son établissement.
Elle
assure également la gestion du FCD et l'exécution des budgets.
Elle comprend alors une section "engagements et ordonnancements
et une section
"comptabilité" .
.
La division administrative est chargée des pro
blèmes du personnel,
du matériel,
du service social,
de la ges-
tion administrative des carrières,
de la préparation des con-
trats de toute nature et des études.
- ~~_~~~~~~~~~_~~~_~~~~~2~~_~~~~~~~~~~~_i~~~l·
Elle conçoit et étudie toutes les mesures et
actions tendant à l'organisation,
à la réglementation et a
l'harmonisation des rapports commerciaux entre les Etats membrE
Elle comprend trois divisions
.
La division de la coopération douanière et Sté
tistigue,
(1)
La DAAF a d'abord été organisée par la décision N°
180/77
du secrétaire général.
Son organigramme fut
remanié en dernièr
date par la note de service N°
19/78/DAAF du 10 mars 1978,
doc
Polyc.

- 409 -
La division de la promotion des échanges
La division information et documentation.
Elle examine les demandes d'agrément des produit,
industriels au bénéfice de la TCR avant leur soumission au con-
seil des ministres.
La division de la promotion des échanges
s'occupe principalement des problèmes qui se posent entre la
CEAO et l'extérieur.
Elle entretient des relations avec le
CNUCED et la CEE.
b)
Les directions économiques
Depuis l'Acte N° 17/79/CE du 10 octobre 1979,
ces directions sont au nombre de trois
la direction FOSIDEC,
la direction du développement rural et la direction du dévelop-
pement industriel.
-
La direction du FOSIDEC.
Alors que l'institut financier de la communauté
est doté de la personnalité juridique,
sa direction n'en cons-
titue pas moins l'un des échelons du secrétariat général.
Et
pour reprendre l'exclamation du comité des experts en avril 1980
c'est là "une monstruosité
juridique".
Cette direction comporte une division administra-
tive et financière et une division des opérations.
Le FOSIDEC a
pour mission,
de rechercher sur le marché international toute
source de financement.
Il
accorde des garanties et contre-garan-
ties,
des prêts et pourra prendre des participations dans
les
entreprises de la communauté.
- ~~_~~~~~!~~~_~~_~~~~~~ee~~~~!_~~~~~_i~~~l·
Son champ d'action couvre trois protocoles:
on
y trouve trois divisions

- ~lO -
La division du développement agricole
(Protoco
le A)
qui étudie et recherche un plan général de promotion de lé
production agricole et de commercialisation de ses produits
La division du bétail et de la viande
(Protoco-
le B)
s'att~le au développement et aux probl~mes de commerciali-
sation du bétail et de la viande
;
La division de la
"Pêche,eaux et forêts".
Ses
activités traditionnelles couvraient surtout les probl~mes rela-
tifs à la pêche et à ses
produits
(Protocole E).
Depuis,
on y
a ajouté les questions relatives à la conservation des eaux,
au
creusement de puits et à la protection des forêts
ainsi qu'au
reboisement.
- ~~_~~~~~!~~~_~~_~~~~!~ee~~~~!_~~~~~!~~~!_i~~~l.
Comme pour le développement rural,
on a opéré des
regroupements sous ce sigle.
Ainsi,
cette direction comprend
.
Une division de la promotion du développement
industriel,
activité autrefois couverte par le bureau communau-
taire du développement industriel
.
Une division de la recherche scientifique et
technique qui devrait prendre en charge,
les actions prévues
par le protocole N non encore ratifié
;
Une division des
transports et communications,
prenant en charge les activités inscrites au protocole F.
30)
Les personnels subalternes
Quoi qu'abattant un travail tr~s important,
comme
dans toutes les administrations,
nous n'insisterons pas sur leur
rôle.
rI s'agit de la foule de secrétaires, dactylographes etc ..
Le secrétariat au sens strict,
c'est à dire,
si l'on ne tient
pas compte des organismes spécialisés qu'il dirige,
représente

- 411 -
une structure
toute nouvelle,
par rapport
au secrétariat de
liaison de l'UDEAO,
qui n'avait aucun pouvoir de décision
(art.
12 de la convention).
Dans ce sens,
la cour arbitrale
représente également une structure nouvelle,
ainsi que le com-
missariat aux comptes,
que nous étudierons à travers les insti-
tutions de contrôle.
C- Les
institutions de contrôle
Le traité a
prévu deux institutions de contrôle
le commissariat aux comptes et la cour arbitrale.
l
-
Le commissariat aux comptes
A l'origine,
i l s'appelait
"commission du contrô-
le financier"
(1).
Depuis l'Acte N°
17/79/CE du 20 octobre 1979,
la dénomination retenue est celle de
"Commissariat aux comptes"
et on aurait pu s'attendre à un accroissement de ses fonctions
i l n'en a rien été.
a)
~~_~~~e~~~!~~~
Le commissariat aux comptes est composé d'un
Président et de deux membres nommés par la conférence des Chefs
d'Etat.
Le profil retenu est celui d'une bonne connaissance en
matière de comptabilité publique d'une part,
et d'autre part,
une longue expérience dans
les administrations nationales.
Leur
mandat est d'un an,
renouvelable.
Les fonctions de Président et de membres du
commissariat aux comptes sont gratuites.
Toutefois,
leurs frais
de séjour et de
voyage pendant l'accomplissement de leur mis-
sion sont pris en charge par la communauté.
(1)
Protocole l,
article
33,
J.O CEAO N°
l,
p.
17

-
412 -
b)
Les attributions
Le commissariat aux comptes procède au contrôle
sur pièces et sur place des
opérations de l'agent comptable au
moins une fois
par an et chaque fois qu'il
le
juge utile,
ou
que cela lui est demandé par la conférence des Chefs d'Etat.
Ces vérifications
peuvent concerner d'autres organes de la com-
munauté,
telles la DAAF et les comptabilités tenues par le con-
trôleur financier.
Le commissariat dresse un rapport,
envoyé au plue
tard le 1er juillet de chaque année au secrétariat général et
aux Chefs d'Etat membres de la CEAO.
Il n'a aucun pouvoir pour
engager la responsabilité pécuniaire de l'agent comptable,
ou
de son fondé de pouvoir.
2 -
La cour arbitrale
Elle fait
l'objet des dispositions de l'article _
du chapitre VI du traité qui renvoie au protocole J
(1).
Celui-c
définit ses statuts,
fonctionnement,
composition,
organisation,
mode de financement.
C'est là une innovation par rapport à bon
nombre d'organisations internationales
par exemple,
l'UDEAC
n'a pas de cour de
justice.
L'idée a été retenue dans les com-
munautés économiques nées
après 1973
:
la CEDEAO et la CEPGL~
Tout le protocole J
lui est consacré
(2).
a)
~~2~~~~~~!~~_~!_~~~e~~~!~~~
La cour arbitrale est composée de trois membres
titulaires et de quatre membres suppléants,
désignés par la
(1)
Protocole J,
in J.O CEAO N°
l,
p.
17
(2)
Protocole J,
ln J.O CEAO N°
l,
p.
17
,
~,yz"1.({.~cWj{
(JVoVL.
lM
G12v--e t, LVi
~
c ': . Q .G- L
J-.. C-V,W <"1, (IV,.

- !IlJ -
conférence des Chefs d'Etat,
sur proposition du conseil des
ministres,
quatre mois au plus
tard,
à compter de la date d'en-
trée en vigueur du
traité.
Leur mandat est de quatre ans.
Le
texte du traité ne dit pas s ' i l est renouvelable,
mais dans son
silence,
on peut penser que
les
juges peuvent
jouir d'un second
mandat.
Parmi
les
juges titulaires,
la conférence des
Chefs d'Etat nomme le Président de la cour.
Les
juges doivent
prêter un
serment,
ce~ui d'exercer leur fonction impartialement
et en toute conscience.
Ils ne doivent pas divulguer le secret
de leurs délibérations.
Ce serment est prêté selon les formes
prévues par la législation nationale de l'Etat du siège de la
communauté,
c'est à dire la Haute-Volta.
La cour a
pour mission,
l'examen en vue d'un re-
glement
juste, des différends qui pourraient naître entre les
Etats membres,
au sujet de l'interprétation ou de l'application
des dispositions pertinentes du
traité et des protocoles qui en
font parties intégrantes.
Les fonctions des membres de la cour
sont gratuites.
Les frais de fonctionnement et d'instruction
sont pris en charge respectivement par le secrétariat général
et les partis au différend.
La cours siège au lieu du siège du secrétariat
général.
Le fonctionnement de ses services et notamment de son
greffe,
est assuré par les services de la cour suprême de l'Etat
membre,
dans lesquels est situé le siège du secrétariat général.
b)
Le statut
Les
juges
jouissent,
dans l'accomplissement de
leur mission,
des privilèges,
immunités et facilités normalement
reconnus aux membres des
juridictions internationales.
A ce ti-
tre,
ils ne peuvent être ni poursuivis,
ni recherchés pour les

~ 414 -
actes accomplis en leur qualité officielle.
Même après la cessa-
tion de
leurs
fonctions,
ils continuent
à bénéficier de cette
immunité.
La cour siège au lieu du siège du secrétariat général
Le fonctionnement de ses services et notamment de son greffe est
assuré par les services de la cour suprême de l'Etat membre dan~
lequel est situé le siège du secrétariat général.
c)
Attributions et fonctionnement de la cour
arbitrale.
Au regard de ses compétences,
la cour arbitrale
de la CEAO est beaucoup plus proche de
la cour internationale dE
justice,
que de la cour de
justice des communautés européennes,
encore qu'elle n'a,
à ce jour,
aucune
jurisprudence pour permet-
tre de voir quelle extension on peut donner à ses attributions.
La cour des communautés européennes est ouverte
aux
particuliers,
aux entreprises,
aux
Etats membres,
au conseil
et à la commission
(1).
Ce qui n'est pas le cas pour la cour
arbitrale de la communauté économique de l'Afrique de l'ouest.
La compétence ratione personae de
la cour arbitrale se limite
aux Etats membres,
puisqu'elle porte sur les différends
"entre
Etats de la communauté ou entre un ou plusieurs Etats de la
CEAO
(2).
Ainsi,
les agents de la communauté de l'Afrique
de l'ouest,
le secrétariat général,
le conseil des ministres,
la conférence des Chefs d'Etat,
ne sont pas
justiciables de la
cour.
Cela peut se comprendre pour les
actes constituants ou
législatifs de la conférence des Chefs d'Etat
ce l'est moins
(1)
Cf.
:
Boulouis,
Chevalier,
les grands arrêts de la cour
de
justice des communautés européennes,
Paris,
Dalloz,
1974
(2)
Article 2 du protocole J

- 415 -
pour les actes réglementaires de cette même conférence,
du
conseil des ministres ou du secrétaire général.
Si un individu
ou une entreprise estime que tel ou tel Etat,
ou qu'un agent de
la communauté,
qu'une décision du conseil des ministres,
ou tel
acte de la conférence des Chefs d'Etat lui porte grief,
ou ne
respecte pas le traité,
i l ne peut saisir directement la cour.
Cette restriction nous paraît préjudiciable au
développement de la jurisprudence de la cour,
même si l'on
ne l'a voulue qu'arbitrale.
L'Etat dont le plaignant est res-
sortissant se substituera à lui pour porter l'affaire devant la
cour.
Les hauts fonctionnaires de la CEAü (secrétaire
général,
secrétaire général adjoint,
contrôleur financier)
se
retrouvent couverts par leurs Etats,
comme nous l'avons indiqué
pour l'agent comptable.
Ces mêmes fonctionnaires sont-ils pas-
sibles des
juridictions de l'Etat du siège de la communauté?
Le protocole K répond:
"le secrétaire général lévera l'immunité
de tout fonctionnaire,
agent ou expert chargé de mission,
dans
tous les cas où cette immunité entraverait l'action de la jus-
tice,
et pourrait être levée sans porter préjudice aux intérêts
de la communauté"
(art.
19).
Ils bénéficient donc en principe
d'une immunité,
même à l'égard des tribunaux voltaiques,
sauf
quand elle est levée par le secrétaire général.
Bien que cette structure soit légère,
par rapport
a la cour de
justice de la communauté européenne,
il semble
qu'elle puisse dans un premier temps,
suffire aux besoins des
Etats membres en matière de réglement de conflits,
parce qu'en
fait,
la procédure de réglement risque d'être semblable à celle
du marché commun de l'Amérique centrale,
c'est à dire que les
conflits sont d'abord résolus par négociation directe entre les

- 416 -
partis,
ensuite,
par le recours en première instance au conseil
exécutif
(1).
Puis,
en deuxième instance,
au conseil économique
(2)
et,
enfin par le recours au tribunal d'arbitrage.
Cette for-
mule à plusieurs étapes peut se révéler longue,
mais elle a
pour elle la souplesse et l'avantage de l'effet du temps.
Le découpage est quelque peu artificiel,
car s ' i l
est vrai que la conférence et le conseil sont des structures
(dispositions,
aménagements)
propres à des prises de décisions
rapides,
il n'est pas certain.que la cour arbitrale soit autre
chose qu'un organe consultatif et indépendant.
En outre les or-
ganismes spécialisés que nous allons examiner,
font bien partie
du secrétariat général de la CEAO.
Section II
Les organismes spécialisés de
la CEAO
Pour M.Dusan Sidjanski
(3),
le développement des
organismes spécialisés correspondrait à un double objectif:
"apporter leur soutien aux activités des
institutions principa-
les ou les compléter;
décentraliser certaines fonctions,
les
spécialiser et les rendre plus autonomes".
Nous entendons par
organismes spécialisés,
tous organismes statuaires ou non,
dont
l'action directe ou indirecte est de contribuer à terme à la
(1)
Equivalent du comité des experts de la CEAO
(2)
Peu différent du conseil des ministres de la CEAO
(3)
Cf.
: Sid-janski.
"le rôle des
institutions dans l'intégra-
tion régionale entre pays en voie de développement",
Problèmes
actuels d'intégration économique,
TO/B/422,
Nations Unies 1973,
page 30

- 417
-
réalisation des objectifs de la CEAO.
Ainsi
pourrait-on citer
les agences comptables,
les fonds de développement ou fonds de
solidarité;
les instituts de formation:
les établissements
bancaires et financiers
les comités des experts etc . . .
Dans
la présente section,
nous allons étudier les
organismes ayant une action directe sur le niveau de la procuc-
tion
(A),
ensuite viendront les organismes de promotion économi-
que
(8),
et le fonds communautaire de développement
(C).
A -
Les organes de développement économique
(agricole,
industriel,
transports)
Au niveau des organismes de développement écono-
mique,
nous
avons
:
le bureau communautaire du développement
agricole
.
le bureau communautaire du développement industriel
et le comité des
transports.
l
-
Le bureau communautaire de développement
économique
Le bureau est créé pour mettre en oeuvre une po-
litique communautaire de développement agricole,
notamment l'é-
laboration d'un plan général de promotion de la production et
de la commercialisation des produits agricoles
(1).
L'article 22 stipule:
"En vue de la mise en oeuvre de cette
politique de coopération,
le secrétariat général de la commu-
nauté reçoit
le mandat d'étudier,
en liaison avec les organismes
nationaux et sous-régionaux compétents,
et de soumettre au con-
seil des
ministres,
des politiques et actions communes dans les
différents domaines de l'activité économique et,
en particulier,
(1)
Protocole
A,
art.
1er du traité CEAO

- 418 -
sans qu'il s'agisse d'une énumération limitative,
en matière de
recherche scientifique et
technique,
de production et de dis-
tribution d'énergie,
de développement agricole,
de développemen
industriel
et minier,
de développement touristique,
de dévelop-
pement des échanges,
de production et de commercialisation du
bétail et de
la viande,
de coordination et de développement des
transports et communications"
(1).
Dans
le cadre de cette programmation,
le secré-
taire général a reçu mandat pour promouvoir la recherche scien-
tifique et technique agricole,
la formation,
la réalisation des
projets agricoles,
la consommation de certains produits agricol~
selon l'article 22 de la constitution de la CEAO.
Nous
pensons ici aux produits,
tels que le maïs,
le mil,
le sorgho,
la patate douce etc . . .
Le financement des
projets et autres actions de développement retenus,
pourraient
être réalisé par le fonds communautaire de développement,
ou
par tous autres moyens,
sous forme de subvention,
participation
en capital,
prêts,
aval ou bonification d'intérêt.
2 -
Le bureau communautaire du développement
industriel
Comme pour le secteur agricole,
la coopération
en matière de développement industriel vise à la mise en place
d'une politique commune.
Dans cette optique,
i l est demandé au
secrétaire général de proposer au conseil des ministres,
toutes
mesures et actions susceptibles de permettre la valorisation
optimale du potentiel de développement industriel de la commu-
(1)
J.O CEAO,

11,
titre III du traité,
la coopération econo-
mique régionale,
dossiers
-
organismes,
CEAO,
1975
--,

- 419 -
nauté.
A cet effet,
les efforts de réflexion devront être orien-
tés vers
la recherche de
:
10)
Une répartition harmonieuse,
disons équitable
des
investissements
2°)
Une spécialisation souple des activités entre
les agents économiques
(entreprises,
Etat . . . )
3°)
Une définition du statut tyoe de sociétés ou
entreprises plurinationales.
Des actions industrielles seront
financées
par le fonds
conformément à l'acte N°
7/73/CEAO -
7
de la conférence des Chefs d'Etat.
qui réserve pour une période
de cino ans
la priorité des
jnterventions du fonds
aux pays les
mOlns industrialisés.
Ainsi,
ce bureau comprend
-
une division de la promotion du développement
industriel
-
une division de recherche scientifique et tech-
nique qui devrait prendre en charge les actions prévues par le
protocole N non encore ratifié
-
une division des transports et communications
prenant en charge les activités inscrites au protocole F.
3 -
Le comité des transports
Contrairement à ce qui précède,
le traité ne pre-
voit pas expressément la création d'un organisme spécialisé
pour ce secteur.
Seul un comité de coopération en matière de
transport est prévu au protocole F.
Celui-ci étudiera la créa-
tion d'un service de transports.
Mais,
vu
l'importance des
transports dans
le développement,
le traité préconise qu'une
(1)
J.O CEAO,

7,
1975,
p.8

- 420 -
certaine priorité leur soit accordée
(A).
C'est la raison pour
laquelle,
le secrétaire général a présenté lors de la conférencE
des Chefs d'Etat à
Niamey
(~), un projet de création d'un offic,
communautaire des
transports et communications qui sera adopté
prochainement selon le rapport de la commission .de la CEAO.
B -
Les organes d'actions économiques
(commercialisation -
échanoes)
Les orqanismes de promotion économioue sont actueJ
lement du nombre de
trois
]0)
L'office communautaire du bétail et de la viar
de
2 0 )
Et
le bureau communautaire des produits de pê~
che
30)
L'office communautaire pour la promotion des
échanges.
l
-
L'office communautaire du bétail et de la
viande.
L'office communautaire du bétail et de la viande,
ressemble à peu de chose près à l'office communautaire pour la
promotion des échanges
(3).
Mais son champ d'action est plus
limité:
la promotion de
la production et de la commercialisa-
tion du bétail,
de la viande et de leurs produits.
(A)
Protocole F,
art.
2 et 4,
CEAO N°
2,
1980,
p.
9
(t)
Rapport de la conférence des Chefs d'Etat à Niamey,
1980,
p.
4
(~) L'objectif de l'office communautaire pour la promotion des
échanges,
est de promouvoir le développement des échanges de
produits et de services dans
les Etats membres.

-
421
-
Comme pour les autres organismes spécialisés,
il est demandé au secrétaire général de présenter,
au plus tard
deux ans
apr~s l'entrée en ~igueur du traité en 1976, un pro-
gramme général de promotion,
de production et de commercialisa-
tion du bétail et de la viande originaire de la communauté.
Ce programme devra viser les objectifs fondamen-
taux suivants
1°)
un développement quantitatif et qualitatif
du cheptel
2°)
une amélioration de l'état sanitaire du
bétail
3°)
la recherche d'une fluidité aussi grande que
possible de la circulation du bétail et de la viande
:
4°)
l'étude d'une structure de prix adaptée pour
encourager la production et stimuler la consommation
;
5°)
une valorisation des produits et sous-produits
de l'élevage,
enfin de contribuer à la promotion d'industries
dérivées.
Un comité spécial devrait être convoqué quatre
mois après la siqnature du
traité,
aux fins d'établir un inven-
taire des possibilités de développement du cheptel,
et définir
les actions a entreprendre en matière de production,
de commer-
cialisation et de projets existants ou à mettre en oeuvre.
Pour l'ensemble de ses actions,
le secrétaire
général est prié de coopérer,
avec tout les organismes compétents
existants,
ou qui seraient créés dans,
ou par les Etats membres
entre eux,
ou avec les Etats non membres.

422
-
La rédaction de propositions,
pose en fait
le pro-
blème de la coexistence de l'office communautaire du bétail et
de
la viande
(O.C.B.V),
et de
la communauté économique du bétail
et de la viande
(C.E.B.V)
du conseil de l'entente.
Deux organis-
mes qui ont les mêmes objectifs et qui
travaillent en gros dans
le même espace économique,
pour les mêmes Etats ou presque
(1).
Nous savons que le Bénin
(ex-Dahomey)
et le Togo
ne font pas partie de la CEAO,
mais du conseil de l'entente,
et
que les
trois Etats,
membres de la CEAO
(Côte-d'Ivoire,
Niger,
Haute-Volta),
font
prirtie du conseil de l'entente au même titre
que le Bénin et le Togo.
En outre,
la communauté économique du
bétail et de la viande est une création du conseil de l'entente.
La seule différence au niveau des deux organismes,
c'est les
sources de financement.
2 -
L'office communautaire pour la promotion
des échanges.
Cet office est prévu par l'article 25 du traité.
Les modalités de son fonctionnement sont contenues dans le pro-
tocole C qu'on peut résumer de la manière suivante.
"En vue de
promouvoir le développement des échanqes de produits et de ser-
vices des Etats membres,
le secrétaire général a été investi de
la mission de rechercher,
étudier et de proposer au conseil
des ministres,
toutes mesures et actions susceptibles de favo-
riser une meilleure connaissance et une diffusion des produc-
tions des Etats membres.
tant à l'intérieur de la communauté,
(1)
La communauté économique du bétail et de la viande regroupe
la Côte-d'Ivoire,
la Haute-Volta,
le-Niger,
le Bénin et le Togo
sauf le Sénégal,
le
Mali et la Mauritanie.

qu'à destination des
pays
tiers"
(1).
Pour réaliser~'ces objectifs,
le secrétariat général
doit étudier et proposer des
1°)
mesures propres
à harmoniser la normalisation,
le conditionnement,
le contrôle de la qualité,
le contrôle sani-
taire et phytosanitaire
2°)
mesures
aptes à améliorer les conditions de
commercialisation,
de transport et de transit des produits expor-
tables
3°)
actions de
"micro et de macro marketinq",
c'est à dire toutes
actions capables de développer une meilleure
connaissance et une bonne diffusion des productions.
en vue de
faciliter
leur accès
aux marchés nationaux,
réqionaux et inter-
nationaux.
C'est pour donner
aux actions ci-dessus énumérés
le dynamisme et
l'éfficacité désirés,
que l'office communautaire
pour la promotion des échanqes commerciaux a été créé.
Cet
office,
dispose de l'article 3 du protocole,
pourra changer de
dénomination,
et adopter tout nom,
label,
ou toute désignation
propre à favoriser sa notoriété.
Cette disposition de souplesse
indique,
à notre avis,
l'option marketing qui semble avoir été
prlse par les promoteurs de
la CEAO.
3 -
Le bureau communautai~e des produits de pêche.
De même que les
autres organismes,
ce bureau a
été créé comme organe du secrétariat,
afin de donner à une
(1)
Article 25,titre III,
chap.
IV,
du traité de Bamako,
CEAO

- 424 -
serle d'actions désirées,
plus de dynamisme et d'efficacité.
Quelles sont ces actions
? Elles sont au nombre de deux
: le
développement des activités de la pêche et la commercialisation
des produits de pêche.
Celles-ci doivent être intégrées dans un program-
me général comportant notamment
1°)
la mise en valeur des ressources halieutiques
continentales et maritimes
2°)
la promotion de l'aquaculture continentale
3°)
l'aménagement des structures portuaires et
l'installation des chantiers navals
4°)
le développement des flottes de pêche;
5°)
la promotion des industries de pêche et la
formation des
pêcheurs
6°)
l'harmonisation des accords de réciprocité
avec les pays
tiers,
etc . . .
Que penser de l'aspect institutionnel de l'organi-
sation de la CEAO ?
Il est certain qu'eLle est plus satisfaisante que
celle qui prévalait dans
l'UDEAO (1).
Un élément nous paraît
dominer toute la structure:
c'est la conférence des Chefs
d'Etat.
On peut estimer que cela porte préjudice au projet d'une
véritable intégration,
puisque tout devient objet de négocia-
tions constantesà leur niveau.
Mais n'est-ce pas la solution du réalisme? En
effet,
l'intérêt communautaire peut-il être mieux incarné par
(1)
B.
Keita,
Op.
cit,
p.
30

-
425 -
d'autres instances,
si non par ceux qui,
en dernière analyse,
peuvent bloquer ou faire avancer la CEAO ?
Ce sont les différents sommets des Chefs d'Etat
et de gouvernement,
devenus les conseils européens, qui ont per-
mis de débloquer les communautés européennes lorsqu'elles étaient
grippées.
Dans le contexte ouest-africain,
rien ne peut se faire
si les Chefs d'Etat n'y jettent le poids de leur personne.
Bien que partout l'on reconnaisse la nécessité des solidarités
sous-régionales,
les nationalismes demeurent très puissants à
ce jour.
Quant au secrétaire général,
"c'est tout un monde",
même si ce n'est rien à côté de la commission de Bruxelles.
Conclusion du troisième chapitre.
Par rapport à la défunte UDEAO qu'elle remplace,
la CEAO recèle bien des caractères distinctifs
: son cadre ins-
titutionnel imposant et relativement complet.
L'originalité de
son cadre institutionnel réside sans nul doute dans ses orga-
nismes spécialisés,
qu'il faudra peut être compléter après,
son
modèle de solidarité redistributive fondé sur la taxe de coopé-
ration régionale
(TCR)
et le fonds communautaire de développement
(FCD) .
Finalement,
si
l'on admet l'idée selon laquelle,
la CEAO est un mariage morgamatique
(au sens économique du terme)
celui-ci serait néanmoins fondé sur le régime communautaire.
Malgré ses caractères assez distinctifs,
l'orga-
nisation reste toutefois proche des
autres organisations inter-
nationales existantes,
et présente à bien des égards les mêmes
insuffisances.
Par contre son cadre institutionnel est moins

- 426 -
étoffé que celui de la CEE par exemple.
En plus,
i l est moins
prononcé,
moins ferme que ceux du groupe Andin ou de la commu-
nauté de l'Afrique de l'est
(CEAE).
La règle de l'unanimité,
le manque de structure
supranationale,
sont autant d'éléments qui,
à long terme pour-
raient rendre difficile la mise en place d'une vraie politique
de coopération régionale,
parce que ces dispositions permettront
pendant longtemps encore aux Etats membres,
d'agir seulement en
fonction des
intérêts qu'ils escomptent tirer de l'organisation.
D'après le Président L.S Senghor:
"l'origine de
la CEAO et l'histoire du mouvement d'intégration ouest-africaine
QOus indiquent que,
la CEAO est une étape,
un relai,
ce qui
jus-
tifie encore la faiblesse de son cadre institutionnel.
Si demain,
progressivement,
se constituait une communauté élargie des quin-
ze Etats de l'ouest-africain,
i l est certain que la CEAO actuel-
le n'en serait qu'un élément
(1)".
Conclusion de la deuxième partie.
Le traité instituant la CEAO,
signé par les dif-
férents Chefs d'Etat membres,
confirme la volonté de ces der-
niers de lutter contre la dépendance à travers l'intégration.
La mise en place de la CEAO,
qui constitue une nouvelle forme
de coopération économique,
industrielle et douanière,
se sub-
stitura à l'union douanière des Etats de l'Afrique de l'ouest
( l ' UDEAO) .
(1)
L.S Senghor,
allocution prononcée à la conférence des Chefs
d'Etat
à Niamey
(Niger),
avril 1975,
p.
6 du rapport de la con-
férence .


- 427 -
Le principe même de la création de cette commu-
nauté,
reflète
le désir des Etats africains d'intégrer leurs
économies dans le but d'atténuer leur dépendance vis à vis des
pays industrialisés.
Pour décrire la nature et
le fondement de la CEAO,
nous avons été amenés à en donner la genèse,
les origines et les
caractères distinctifs.
Les uns ont montré que l'organisation
est née d'un constat d'échec et d'un conflit de méthodes au ni-
veau de l'UDEAO.
Les objectifs de la CEAO tournent autour de quatre
axes principaux:
libérer les échanges,
réaliser un espace éco-
nomique douanier unifié,
développer d'une façon harmonieuse l'a-
griculture,
et harmoniser les unités industrielles.
Ces objectifs ont entrainé la mise en place d'un
cadre institutionnel,
qui englobe les organes de décision,
d'exécution et de contrôle.
La mise en place de la CEAO permettra-t'elle de
réduire la dépendance des pays membres ou au contraire entrai-
nera-t'elle une accentuation de la dépendance? Nous le saurons
en étudiant la troisième partie,
axée sur le problème des rela-
tions commerciales de la CEAO.

TROISI~ME
PARTIE
ATTENUATION OU ACCENTUATION DE' LA DEPENDANCE
À TRAVERS LES RELATIONS COMMERCIALES
ET LES PERSPECTIVES DE LA CEAO

-
428
-
l N T R 0 0 U C T ION
L'expansion du commerce, base indispensable de
développement économique, apparaît aujourd'hui comme une
des aspirations les plus immédiates du Tiers-Monde en
général, et des Etats membres de la CEAO en particul ier,
à la recherche de méthodes les mieux approprées pour
assurer leur croissance et développement.
Les pays de la CEAO estiment que la clef de toute
expansion des transactions réside dans la suppression des
obstacles, c'est-à-dire la suppression des b.arrières
douanières, l'unification des tarifs et l'harmonisati.·on des
écahnges, pour parvenir à une intégration économique globale
régionale, moins dépendante de l'extérieur.
Partant de ce principe, ils ont compris que la
seule possibil ité de sortir de la dépendance était de créer
une zone d'échanges organisés, capable de les libérer
économiquement et pol itiquement et de leur éviter de servir
de réservoir de matières premières des pays industrial isés
de la métropole.
L'analyse des relations commerciales permettra
aux Etats de la CEAO de voir s'il y a atténuation ou
accentuation de la dépendance de leurs économies vis-à-vis
de la métropole
Cela suppose une coordination des actions à
entreprendre sur le plan de la production et de la
commercialisation, une recherche de cohérence dans les
attitudes, et un minimum de solidarité, sans lesquels il
serait illusoire, pour les Etats de la CEAO, d'obtenir des
résultats positifs et une rémunération plus équitable de leur
travail, c'est-à-dire une augmentation des prix de leurs
produits.

- 429 -
I~ous n'insisterons pas sur les fluctuations qu'ont
subies, au cours des années récentes, les prix des produits
de base, ni sur la dégradation plus durable qui affecte
certains d'entre eux, avec la détérioration qui s'ensuit
des termes de l'échange.
Il
est vrai
que cela est une cause
essentielle du recul
de la part des pays en voie de
développement, et sj'ngul ièrement des pays de l'Afrique de
l'Ouest, dans le commerce mondial.
Pour cette raison,
les Etats memebres de la CEAO
ont tenu à s'orienter progressivement vers un développement
autonome et autocentré, ce qui
ne signifie pas non plus
réaliser l'autarcie, mais simplement réduire la dépendance,
en créant le capital
et les industries de biens intermédiaires
qui s'imposent, et en fournissant eux-mêmes les services
spécial isés pour lesquels ils dépendent actuellement, dans une
large mesure, de l'importation des pays développés.
L'accélération de la coopération intra-régionale,
'accentuation ou l'atténuation de la dépendance à l'égard
des pays du Centre et la stimulation du développement,
grâce à des dimensions plus larges offertes aux produits de la
CEAO, constituent peut-être la voie d'un changement de la
situation des pays concernés.
Les projets de la CEAO, comme tout effort
d'intégration économique régionale, visent aussi à un meilleur
agencement des relations commerciales des Etats membres, dans
le souci d'approcher,
individuellement ou en groupe, les
conditions de production et d'échange, tant à l'intérieur
qu'à l'extérieur de la zone.
Pour comprendre la structure des
relations
commerciales des Etats de la CEAO, qui
peut être un facteur
d'atténuation ou d'accentuation de la dépendance,
il
faut
saisir l'économie des Etats dans leur ensemble, c'est-à-dire
mener une étude générale de l'économie de chaque pays en
insistant sur la potentialité économique des Etats membres.

- 430 -
Ensuite, on cherchera à cerner les relations
commerciales à travers les échanges intra-communautaires.
Ce qui nous conduira, dans une conclusion partielle, à nous
poser la question
: y-a-t-il
atténuation ou accentuation
de la dépendance des pays de la CEAD et quelles sont les
perspectives?
La troisième partie se décompose en trois chapitres
- le premier étudie l'ensemble des économies et
les populations, et le niveau de développement de chaque pays
- le deuxième, le degré d'intégration entre les
pays de la CEAD ;
- et le troisième,
les perspectives de développement
économique.
CHAPITRE 1
-
Une communauté de pays inégalement développés.
CHAPITRE II
-
Un faible degré d'intégration entre les pays
de la CEAD
CHAPITRE III
Les perspectives de développement économique
de la CEAD.
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE
CONCLUSION GENERALE

- 431 -
CHAPITRE
1
UNE COMMUNAUTE DE PAYS INEGALEMENT DEVELOPPES
La CEAO est une organisation économique qui
regroupe
six anciennes colonies françaises,
que sont: le Mali,
la
Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Burkina-Fasso et la Côte
d'Ivoire.
L'organisation a été mise en place en 1973 avec,
pour objectif, de favoriser le développement des pays concernés
et de limiter leur dépendance vis-à-vis de l'extérieur.
Dans un monde qui est celui des grandes dimensions,
les optimums économiques se peuvent Ëtre obtenus qu'en
renforçant les inter-relations qui
unissent les économies et
les rendent solidaires.
Ceci est d'autant plus vrai en Afrique de l'Ouest où
les inégalités des dimensions, la nature des populations, le
dosage de leurs éléments constituant le poids des traditions,
le degré de l'évolution mentale et intellectuelle, le degré
de développement de chaque pays, posent pour chaque Etat, voire
pour chaque région, des problèmes très différents, qui sont
essentiellement de nature économique, sociale et politique,
apparus depuis la période coloniale, auxquels se confronte le
~rocessus d'intégration économique que les pays concernés
veulent mettre en place, pour une moindre dépendance.
En effet, le développement rapide de certains pays
membres de la communauté économique de l'Afrique de l'Ouest
(CEAO) a entraîné des niveau de déveaux de développement
i né gal
à
l' i nté rie uy de laC EA0 .
L'éxplication de développement inégal
de la CEAO
procède d'une relation dialectique entre l'enrichissement, le
développement et l'appauvrissement.
Ceci
ne signifie pas que la richesse réelle des uns
provoque la pauvreté effective des autres, car aujourd'hui,
explique Alain BARRERE, "l'ensemble des Nations, y compris les
plus déshéritées, connait un progrès des conditions d'existence.

-
432
-
Mais ce progrès se réalise d'une manière inégale,
que ce soit entre les nations développées ou entre les nations
sous-développées. L'écart ne cesse de grandir d'années en
années entre les conditions respectives des
plùs riches et
des
plus pauvres"(l).
Or, si
nous nous en rapportons à
François PERROUX,
"le développement est la combinaison des changements mentaux
et sociaux d'une population, qui la rendent apte à faire
cro'ître cumulativement et durablement son produit réel
global,,(2).
Dans le cas de la CEAO, nous assistons à un dévelop-
pement inégal
au niveau économique et al imentaire qui se traduit
par une importation de produits vivriers très
importante pour
certains afin de pallier le déséquil ibre occasionné par une
production vivrière très faible par rapport aux besoins d'une
population croissante. A cela s'ajoute une capacité d'exporta-
tion inégal e.
Une des lignes principales de ce chapitre est de
montrer comment la situation définiciente dans laquelle se
trouvent les pays de la CEAO est liée, à des facteurs historiques
de développement et a abouti à un développement inégal au
niveau de la population, de l'économie, de la production
vivrière, de la production agricole d'exportation et de la
production minière et industrielle.
Pour comprendre ces phénomènes d' inégal
développement
des
pays de la CEAO, nous allons étudier dans, une première
section,
le niveau de développement de chaque Etat, à travers
l'évolution de sa population global
et la répartition de cette
population au niveau régional, et l'économie générale de chaque
Etat.
~
La deuxième section met l'accent sur les problèmes
d'autosuffisance al imentaire, liés au degré de production
vivrière de chaque Etat.
(1) Alin BARRERE~ Le développement divergent~ éd. Economica~
Paris 1978~ pp.
3 et 5.
(2)
François PERROUX~ L'économie du XXe siècle~
Paris PUF~
1961~ 2eme éd.~ 1966~ p. 30.

- 433 -
La troisième section est consacrée à l'examen des
capacités d'exportations, qui
est fonction
du niveau de
production agricole, minière et industriel le de chaque pays
membre.
Après le constat d'une communauté de pays inégalement
développés sur le plan général, nous examinerons le degré
d'intégration entre les pays de la CEAO, ce qui
nous
permettra
d'apprécier l'intensité des échanges intra-communautaires dans
notre deuxième chapitre.
SECTION 1 - LE NIVEAU DE DEVELOPPEMENT INEGAL DES PAYS DE LA CEAO
Il
s'agit dans cette section d'analyser les problèmes
qui
se posent au niveau des populations des
pays membres de la
CEAO et de leurs économies, problèmes qui
sont de nature à
créer des
inégalités, donc des obstacles à l'intégration.
L'accélération du processus de développement économique
dans les pays de la CEAO et de développement de l'inégalité
risque d'accroître le déséquilibre entre les pays pauvres.
Il
est à craindre, en effet, que la libre circulation
des
individus et la libéralisation des économies, proclamées
par les Etats membres,
n'attirent hommes et capitaux vers les
régions les plus développées, accentuant ainsi
l'écart entre les
pays de la CEAO, et créant un écart entre le développement de
la population sur le plan régional, aboutissant à des migrations,
ayant des effets sur l'économie des pays concernés. Ce dévelop-
pement inégal
de la population se manifeste aussi à l'intérie"ur
d'un même pays et se traduit par des effets pervers sur le
plan région.
A ~ Le développement inégal
de la population des
pays de la CEAO.
Les six Etats de la CEAO occupent une superficie de
2
4 342 567 Km
et ont une population de 34 306 000 habitants en
1980, soit une densité de 7,9 habitants au Km 2 (1).
(l) Statistiques de l'ONU,
du SEDES : La population d'après le Worl.d Populati"on
Bureau de Washington et de la CCEE~ 1984.

- 434 -
Cette population totale a été multipliée par 3,3 à
peu près depuis 1950 et son taux de croissance actuel
est
proche de 3 % par an, selon les données du SEDES en 1984(1).
Ce taux de croissance est en accélération.
Tableau 6 : Evolution de la population et taux de crofssance
m0 yen a n nue l
(p ou r c e n t age, de pui s l 9_ 5 0_ ) (C EA Q )
1950
1960
1970
1980
1
1
Côte dl 1vo ire
2 666 000
3 350 000
5 400 000
8 500 000
1
Mali
3 430 000
4 224 000
5 362 000
6 940 000
1
Haute-Vol ta*
3 589 000
4 365 000
5 198 000
6 064 000
Sénégal
2 356 000
3 076 000
4 267 000
5 661 000
1
Ni ger
2 283 000
2 900 000
4 090 000
5 641 000
\\
Ma uri ta nie
781 000
960 000
1 180 000
1 500 000
Tota l
15 105 000
18 875 000
25 497 000
34 306 000
\\
Taux de croissance moyen .annuel %
1
1950-1960
1960-1970
1970-1980
1950-1980
1
Côte d ' 1vo ire
2,31
4,89
4,64
3,5
Mali
2,10
2,41
2,61
2,38
Haute-Vol ta*
1,98
1,76
1,55
1,76
1
Sénéga l
1,95
3,33
2,87
2,71
1
Ni ge r
2,42
3,50
3,27
3,06
Mauritanie
2,09
2,08
2,43
2,20
1 TOTAL
2,13
3,05
3,0 1
2,73
1
Source
Statistiques de l'ONU et du SEDES, 1984
(1) Statistiques du SEDES sur la population des pays d'Afrique 1984.
:t
HAUTE VOLTA
actuellement Burkina .Faso.

- 435 -
Tabl eau
7
Géographie de
la
population
de la CEAO en
1980
Superficie
Dens~té
P A Y S
Population
(Km 2 )
(nbt/Km
)
Cô te d'Ivoire
332 000
8 500 000
25,6
Mal i
1 240 190
6 940 000
5,60
Haute-Volta*
274 200
6 064 000
22,1
Sénégal
196 722
5 661 000
28,8
Niger
1 267 000
5 641 000
4,5
Mauritanie
1 032 455
1 500 000
1,45
TOTAL
4 342 567
34 306 000
7;90
Source: Statistiques de l'ONU et du SEDES, 1984.
* voi r p. f
Cet accroissement de la
population
provient en grande
partie de
la
forte
natalité, liée à
une
nuptialité très élevée
et à
une grande
précocité de l'âge du mariage et à
la
régres-
sion
de
la mortalité qui
demeure cependant forte.
La mortalité découle des
difficultés
du milieu,
de
la malnutrition,
du manque d'hygiène,
de
l'absence d'équipement
sanitaire, ect ...
En
partant des
tableau n)
6 et n°
7,
nous constatons
une
répartition
inégale de la
population,
surtout au
niveau de
la
densité et du taux moyen annuel
d'accroissement de la
population.
En nombre absol u,
il
y a un certain équil ibre entre
la
population des
Etats de la CEAO,
sauf la Mauritanie qui
a
une
population très en dessous des
5 millions
d'habitants.
Par
contre,
les
densités sont très
hétérogènes(l).
Trois ensembles
peuvent être
distingués
un
pays à
forte
densité:
le Sénégal
- deux
pays à moyenne densité:
la
Côte
d'Ivoire et le Burkina-
Faso;
(anciennement Haute-Volta)
- et trois
pays à
faible
densité:
le Mali,
le
Niger et la
Mauritanie.
(1)
Les évaluations r'etenues résultent de la confrontation de diverses
sOUr'ces souvent contradictoires. Les migrations entre les pays sont

mal prises en compte.

- 436 -
L'économie africaine essentiellement sous-développée
présente des déséquil ibres humains, une insuffisante exploita-
tion des ressources et une pénurie en moyens financiers et
techniques.
L'insuffisance de peuplement pose des
problèmes pour
le développement économique des Etats africains, car elle
eplique l'existence d'un potentiel
naturel
de production
inemployée, augmente la dépendance du sous-développement vis-
à-vis de l'industrialisation, limite l'importance de l'espace
économique.
D'autre part,
numériquement peu importante, cette
population est culturellement morcelée et techniquement non
formée.
Certains pensent qu'un pays sous-peuplé trouverait
avantage à être peuplé.
Cest ainsi que N'DIAYE écrit, en prenant l'exemple
du Sénégal, que ce pays offre un exemple typique d'un pays
sous-peuplé qui
éprouve cependant de grandes difficultés du
'fait de l'accroissement de sa population(l).
Géographiquement, les pays de la CEAO se divisent en

quatre grandes zones: les zones désertiques et subdésertiques
dans lesquelles se situent le Niger, le Mali et la Mauritanie
le sahel à l'intérieur duquel
se trouve le Sénégal. La savane
sèche: la Haute-Volta; et les savanes humides et forêts:
la Côte d'Ivoire (voir carte des couvertures végétales des
zones écologiques).
(hors texte page
bis)
Pour mieux comprendre le phénomène d'inégal
dévelop-
pement de la population de la
CEAO, nous allons partir de
l'analyse de la population régionale de chaque pays, pour faire
ressortir les problèmes d'inégal
développement, tant au niveau
de la CEAO qu'au niveau régional
Cela nous permettra de mettre l'accent sur la
migration d'abord à l'intérieur d'un Etat et ses effets sur
l'économie de cet Etat ensuite sur un plan plus global,
c'est-à-dire l'émigration inter-communautaire et ses effets
sur l'économie des Etats de la CEAO.
(1)
A.L. N'DIAYE~ Les difficultés de la croissance rapide de la population
dans un pays sous-développé~ un exemple : le Sénégal~ Nations Unies ~
Congrès mondwl de la population 1965~ volwne IV~ New York~ 1967~
Page 9D.

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CARTE DES COUVERTURES
VEGETALES
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"
SOURCE: Le MONDE, ATLAS Universel selecllOn
du
Reader's
digest
1'380

- 437 -
1°) La population du Sénégal et le développement
inégal
sur le plan régional
La population du Sénégal
est en grande partie rurale
(70 %)(1) et concentrée à l'Ouest du pays biens que le taux
d'urbanisation soit un des
plus élevés d'Afrique de l'Ouest.
En avril
1976, le Sénégal
comptait 5 068 741 habitants
(population de droit) parmi lesquels on estime à près de
350 000 les étrangers
(dont 300 000 autres Africains)(2), pour
atteindre 5 661 000 habitants en 1980, soit un taux de crois-
sance de 2,80 %.
a) Structure de la population
Les tableau suivants nous donnent la répartition de la
population par sexe,
par tranche d'âge et par région de résidence.
La répartition par sexe indique que les femmes
représentent 50,5 % de la population totale en 1980.
La répartition géographique est très
inégale
(cf. carte hors texte page
bis): à un bassin arachidien
2
très peuplé (les densités rurales dépassent 50 habitants au Km
et même 80 pour les départements de M'BOUR-BAMBEY et DIOURBEL)
s'oppose le Sénégal oriental
presque vide (moins de 5 habitants
2
au Km
).
(1)
Statistiques
sur
la population,
Ministère
de
la Coopération,
nO
36,
1978.
(2)
Statistiques
du Ministère
du Plan,
Sénégal.

- 438 -
Tableau 8
Popu~ation du Sénégal
selon l'âge et le sexe-1980
1
J
Sexe
Sexe
l
Groupes
1
mascul in
d'âges
%
TOTAL
%
effecti fs
l
1
féminin
1
1
%
effectifs
J
1
0- 4 ans
531 229
18,95
503 477
17 ,62
1 034 706
18,28
1
5- 9
Il
359 946
12,84
361 177
12,64
721 123
12,74
1
1
10-14
Il
349 013
12,45
343 461
12,02
692 474
12,23
1
1
1
1
15-19
Il
263 232
9,39
266 311
9,32
529 543
9,35
1
20-24
Il
249 215
8,89
255 167
8,93
504 382
8,91
1
1
\\
1
25-29
"
211 931
7,56
216 592
7,58
428 52?
7,57
f
1
30- 34
"
181 655
6,48
189 161
6,62
371 084
6,55
1
1
35- 39
Il
162 312
5,79
169 730
5,94
332 042
5,87
1
40-44
"
131 484
1
4,94
146 014
5,11
284 492
5,02
1
1
\\
45-49
Il
106 806
3,81
114 010
3,99
220 816
3,90
1
1
50-54
72 325
2,58
81 722
2,86
154 047
2,72
1
1
1
\\ 55-59
61 393
l 2,19 1
71 721
2,51
133 114
2,35
60-64
47 096
1,68
53 148
1,86
100 244
1,77
65-69
32 518
1, 16
39 718
1,39
72 236
1,28
1
1
70-71
17 100
0,61
22 287
0,78
39 317
0,70
1
75 et plus
19 062
0,68
23 719
0,83
42 781
0,76
1
TOTAL
2 803 317
1
100,00
2 857 415
1100,00
5 661 000
100,00
Il
1
Source
rinistère du Plan et de la Coopération, Vlème plan quadriennal 1981-1985
Sénégal.

- 439 -
Tableau 9
Evolution de la population par régions
1
1
Taux
~
Taux de
1
de crois-
e ffec t i f
Structure 1
Effec ti
croissan-
f
Structure
REGIONS
sances %
1976
%
1980
1
%
ce %
1976-1980
1980
Cap-Vert
954 444
18,83
3,57
1 089 182
19,4
3,70
Casamance
741 059
14,62
2,59
820 806
14,5
2,60
Diourbel
428 815
8,46
2,62
475 501
8,4
2,63
,
1 Fl euve
522 080
10,30
3,05
588 716
10,4
3,10
ISénégal-
10riental
291 453
5,75
2,12
317 269
5,6
2,14
iSiné-Saloum
1 020 338
20,13
2,38
1 120 825
19,8
2,30
, Th i es
684 787
13,51
3,16
775 520
13,7
2,92
1 Loager
425 765
8,40
2,18
464 181
8,2
2,20
1
TOTAL
5 068 741
100,00 Moy. 2,80
5 661 000
100,00
Moy.2,80
i
Source
Ministère du Plan et de la Coopération
Vlème plan
quadriennal, 1981-1985 - Sénégal.
D'une manière général, la population sénégalaise
est très
inégalement répartie sur le territoire national. Elle
demeure concentrée dans le Cap-Vert et l'axe Dakar-Thiers, très
fortement urbanisé.
Le Siné-Saloum, avec une population de 1 020 338
habitants, soit 20,13 % de la population totale en 1976, demeure
la région ~a plus peuplée; viennent ensuite le Cap-Vert, la
Casamance et la région de Thiers (voir bableau n°
).
La population sénégalaise est très jeune. Près de
43 % ont moi ns de 15 ans
(1).
La popul a tion en âge d 'acti vi
(15 à 64 ans) s'élève à 2635279 personnes(2). Le taux de
croissance démographique est relativement élevé (3,57
de 1976
à
1980 et 3,70 de 1980 à 1985, selon les estimations du
Ministère du Plan et de la Coopération).
(1)
Ministère
de
la Population et de
la Santé~ Ministère du Plan
et de
la Coopération~ 1981-1985~ plan quadriennal.
(2)
Statistiques
du Ministère
du Plan et de
la Coopération.

- frontiere~ nationale
'Cil

limites des reg ions
C
I~
(")
,et>
limites
des départements
I1~G/OIv
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3" ~
;;; IR
• capitale
;0."0
~et> °C
1
• chef _ lieu de région
a.
1

chef - 1ieu
de
departement
C
cr>
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Linguere
1
Mauritanie
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1
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Bissau
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o
50
100km
<
m
,
,
t - .
1
1

population
Population
RURA
MAURITANIE
Densite au kn-{
DES
VILLES
1.15
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• 3 à5000 h
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5
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100

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-
.
,

«
~
-
0Z
• source: Ministere de la Coopération _ Direction des programmes_ Cartographie des pays
du Sahel, année
1976 •

-
440 -
Au
fil
des
années,
la
jeunesse de la
population
sénégalaise s'accentue;
ainsi
en 1980 plus de
43 % de
la
population a moins
de
15
ans.
L'ampleur de
la
population,
sa
jeunesse, sa
dispersion
spatiale,
les
inégalités de
répartition de
la
population ont des
incidences
notables
sur les
indicateurs
socio-régionaux et ont entraîné
l'émigration.
b)
Les
indicateurs
socio-économiques et les
inéga-
lités
ré9ionales.
L'inégal ité régionale
entraîne des
inégalités
aussi
bien au
niveau
inter-régional
qu'intra-régional.
Cela
permet,
en effet,
de noter
l'inégalité entre le
Cap-Vert et les autres
régions
du Sénéga1.
Cette
région
qui
représente
0,28
% du
territoire(l)
national,
renferme
près de
19 % de
la
population résidente
totale;
7 % du
nombre
total
de médecins; 60 % du
nombre de
lits
d'h6pital
; 80 % des
l2
entreprises
industrielles
recensées; 67 % de sa1ariés
).
Le
tableau suivant nous
donne
une
idée générale des
situations.
Tableau
10
:
Les
indicateurs
régionaux
Population
Dens ité 2
Taux d'ac.
Taux de
REGIONS
au
Km
naturel % 1980-
scolarisa-
1980
1985
tion %
".
Cap-Vert
1 098
182
1 996
3,70
67 ,1
Thiers
1
775
520
1 17
2 ,92
1
1
34 ,5
1
Casamance
820 806
29
2,60
39,6
Siné-Saloum
1 120 825
'47-
2,30
23 ,5
Diourbel
475
501
109
2 ,63
14 ,5
Sénégal-
1
1
Oriental
317
269
5
1
2 , 14
20,3
1
1
1
Fleuve
1
588
716
13
3 ,10
1
32 ,6
1
1
1
1
Louga
1
464
181
16
2,20
15 , 3
1
1
1
r--
1
1
!
l
Séné'qi) 1
i J 661 000
1
29
2, 80
i
~')
R
1
,
1
1
1
1
1
L - - - - - - -
1
1
,
Source
d èlpres
-
les statlstlques du ~11nlstere
-
de 1 1 Agrlcu1ture, de
1'{\\(onoI11ie, de la Population et de la Santé,
198~.
~Q Se<.nté et de la Populatiorl et d'A. i4irzis tre du

- 441 -
1 Nombre d'ha-
Production régionale
superfi~ie -l
1
REGIONS
bi tants pa r
brute en millions de
1
lit d'hôpital
Francs CFA.
en Km
Ca p -Vert
290
248,8
550
Thiers
645
68,5
6 601
Casamance
861
32,0
28 350
Siné-Saloum
653
42,3
23 945
Di ourbe l
l
620
15,4
4 359
Sénégal-Orien-I
tal
r
1 384
11 ,3
59 602
Fl euve
Il
465
22,1
44 127
Louga
992
10,3
29 188
6 555
450,7
196 722
1
Sénéga l
50 urc e
d'a p r è s les s ta t i s t i que s des Min i s t ère s de liA g ri cul tu r e ,
de l'Economie, de la
Population et de la Santé, 1984.
La forte concentration de
la plupart des activités
économiques, des
infrastructures
sanitaires et de transport et
des équipements collectifs dans la région du Cap-Vert expl ique
l'important dynamisme démographique de la région.
De ce fait,
cette région constitue un
pôle d'attraction favorisant l'exode
rural.
Des
inégalités du même type, mais de moindre
ampleur entre les autres
régions, ont entraîné des
flu~
migratoires,
qui ont eu comme conséquence les effets suivants·:
- Une
zone littorale assez
peuplée et, en certains,
endroits,
confrontée à de sérieux problèmes de surpeuplement
(ancien bassin arachidien, où
les terres cultivables deviennent
de plus en
plus
rares)
;
(x
Voir carte hors
texte p. A4
bis

441-bis
REPARTITION
DE LA
POPULATION AU Sénégal
POPULATIONS
URBAINES

MAURITANIE
, •
nbre d·hab.
des villes
en 1.000 h .
10 a 20

20 à 50

50
à 1<'0
e

.......
.
.
...
.
1
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100
à 120
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798
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1
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MAURITANIE.
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15
25
35
50
50
100
nbre d' hab.
~
5"
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..........
ruraux au Km 2
DENSITES
RURALES
sou rce:
- Ministere du Plan.
1976

- 442 -
- Une zone intérieure sous-peuplée (Sénégal-Oriental
et les région du Ferlo), où les densités dépassent rarement
5 habitants au km 2 (1).
- Une baisse de rendement et d'envergure des princi-
pales activités économiques (agriculture et élevage) de la
quasi-total ité des régions, activités largement compromises
par des conditions cl imatiques défavorabl es.
Ainsi, le Cap-Vert fournit à lui
seul
55 % de la
production intérieure brut du Sénégal, alors qu'à l'heure
actuelle, la région de Louga n'en fournit que 2,3 % (2)
Cette répartition inégale régionale de la population
entraîne une migration de la population vers les régions les
pl us développées.
c) Les migrations régionales
Les mouvements migratoires concernent toute la
population de la vallée du Fleuve et affectent en particulier
les Toucouleurs qui migrent essentiellement vers le Cap-Vert.
Ils
partent aussi des régions arachidières, surpeuplées, vers
le Sénégal-Oriental et la Haute Casamance- (migration rurale).
La colonisation agricole revêt au Sénégal
des aspects originaux
elle se fait soit officiellement, sous le contrôle de l'Etat
par l'intermédiaire de la Société des Terres Neuves
(STN),
soit "spontanément", avec les villages créés par des marabouts
mourides.
Les migrations saisonnières temporaires ou définitives
affectent essentiellement les ruraux agricoles et les hommes
d'dge actifs.
Si elles présentent une grande variété quant aux durées
ou aux modalités, elles sont, en fait,
toutes liées au même
problème: les insuffisances du système de production.
(1) Chiffre avancé par le Ministre de l'Economie et des Finances du Sénégal~
lors d'un entretien en septembre 1984~ à Dakar.
(2) Idem~ enquête du 6 septembre 1984~ à Dakar.

- 443 -
Les miçrants
partent ainsi à la
recherche: soit de
revenus complémentaires que peuvent procurer,
pendant la
saison sèche, les activités de petit artisanat ou de petit
commerce rural, soit pour l es jeunes surtout,
de terres à
cultiver, de salariat agricole (navétanes)(1) ou même à la
recherche d'un premier emploi.
Quant aux migrations urbaines, les données démogra-
phiques actuellement disponibles ne permettent pas de se faire
une idée précise de l'ampleur des migrations urbaines Dakar-
Cap-Vert, drainant toujours une forte
partie de ces migrants
attirés par le cadre de vie plus occidentalisé et surtout par
le fait que c'est dans ces régions que l'on retrouve l'écrasante
majorité des emplois et des revenus du secteur moderne(2).
En conclusion, la population sénégalaise, ou plus
précisément les populations des différentes régions du Sénégal
sont caractérisées par une inégal ité au niveau de la répartition
de la population.
Cette inégalité se manifeste à plusieurs niveaux
économique, social, etc ... et a pour conséquence une migration
de la population vers les régions les plus développées, et qui
entraîne une forte concentration urbaine par rapport aux autres
régions (voir tableaux 9 et 10).
2°) La Haute-Volta* : population régionale
Au recensement de 1980, la Haute-Volta comptait
6 064 000 résidents,
population mobile(3) migrant massivement
vers la Côte d'Ivoire, inégalement répartie sur le territoire
national(4)
(1)
cf.
OR5TOM,
Cahiers
de
Sciences 2umaines,
vol.
XII,
numéros
1 et 2,
1975,
description et analyse des
différents
types
de
migrations rurales.
(2)
cf.
"Le
Cap-Vert,
deux politiques,
deux aménagements If,
ouvrages
collectifs,
Ecole
Nationale
des
Ponts
et Chaussées,
Paris
1975.
(3)
On peut estimer qu'au minimum,
un
Voltaique
sur
trois a
émigré
au moins
une
fois.
(4)
Nous
allons
raisonner sur les
données
de
1975
pour la population
régionale.
(x)
Burkina-Faso.

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......
~
Q

- 444 -
a) ~euplement très inégalement réparti
2
La densité moyenne, 22 habitants au Km
, avec de
for tes i né gal i tés
r é g ion ale s (c f. car t e :.- ~ ~".) .
Malgré un glissement sensible vers les départements
de l'Ouest (cf.
), la popul a tion reste toujours concentrée
sur le pl ateau Mossi
(département du Centre, ,du Centre-Nord ,du
Centre-Est, du Centre-Ouest et du Nord) où 58 % de population
totale vit sur 26 % du territoire. Sur le pleateau Mossi, la
densité rurale par arrondissement dépasse dans
plusieurs cas
2
60 habitants au Km
. Ces densités sont parmi
les plus fortes
en Afrique de l'Ouest et, comptenu des systèmes agraires et de
la médiocre qualité des sols, elles révèlent une importante
pression démographique.
La population urbaine en 1975
( v0 i r car tep age '.: " .
,)
Croissance ann~
moyenne
1960- 1975
1
Ouagadougou
172 661
7 ,5
%
Bobo-Dioul asso
115 063
5 ,3 %
Koudougou
36 838
2 ,6
%
jOuahigouya
25 690
5 ,9
%
i- Ban for a
12 358
'\\
1 TOTAL
362 610
fv1.oyenne
5
%
J
Source
Banque Mondiale,
rapport n° 2 146 UV, Février 1979.
Cette population urbaine ne représente que 6,4 %
du total
de la population résidente, 'ce qui
reste faible et se
retrouve principalement dans deux villes: la êapitale,
Ouagadougou, qui
comptait 172 660 habitants en 1975 et Bobo-
Dioulasso qui en comptait 115 060.

~, ........
Mali
Niger
~
j:
cr
..
:0
CD·
'0
QI
..-_.
-
_.
0~
Dahomey
Q.
CD
~

iO
Ghana
Population
rurs le
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.......
Densite
au
Km 2
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Z
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QI
III
Population



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0
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1des vi Iles
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1
1
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Ch,
,
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~OU{GEJ·
t~J AÎL,qs de.,1~
ri-r;{'.. ?<v 1 (rh
- '

- 445 -
De 1960 à 1975, la population
urbaine s'es accrue
de 6 à 7 % par an,
mais la seule ville de Ouagagougou s'est
développée au rythme de 7,5 % par an.
Cela représente pour
Ouagadougou quelques
14
000
personnes supplémentaires chaque
année qui
accroissent encore les
problèmes de
logement et
d'emploi
,selon les statistiques et les estimations du
FMI
en 1977),
Les composants de la croissance
(taux de natal ité,
taux de mortalité générale)
n'ont pas fait l'objet d'études
spécifiques depuis des années, c'est-à-dire depuis
1960-1961
où avaient été retenus
les niveaux suivants
-
natalité
50
%0
- mortal i té
32
%0
La mortal ité infantile
(avant
1 an)
était elle estimée
(et probablement sous-estimée) à 19 %0 environ.
Entre 1960-1961 et 1975, la
population résidente s'est
.
.
(1)
raJeunle
.
1960-1961
1975
moins de 15 ans
42,2
%
45 , 7 %
moins de 20 ans
52 ,4
%
54,9
%
et la structure par grands d'dges de la
population voltaïque
s'établit ainsi
pour 1975(2)
:
moins de 15 ans
45 ,7
%
moins de
20
ans
54 ,9
%
15
- 59 ans
48 ,8
%
20
- 59 ans
39,6
%
Soixante et plu s
5 ,5
%
(1)
Il s'agit de
la population résidente~ à l'exclusion des
émigrés.
(2)
Ministère du Plan et de
l'Agriculture~ statistiques démogra-
phiques~ 1976.

- 446 -
b) Une mobilité interne croissante, mais qui
ne
modifie pas les
inégal ités du peuplement
Selon les données statistiques du Ministère du
Plan, en 1975, près de 20 % des Voltaïques avaient changé
au moins une fois de résidence et de
région à l' intérieur
du pays.
Les grands fl ux vont des départements du pays
Mossi vers les régions les moins peuplées de l'Ouest surtout,
et de l'Est, mais aussi
de l'intérieur du pays Mossi vers le
Centre (Ouagadougou, vallées des Voltas).
Le tableau suivant nous donne la densité et la
population des différentes régions du pays.
Tableau Il
Densités et populations régionales en 1975
f'
.
S uper lcle
R E G l 0 N S
1
Population
Densité
1
2
Km
1
Centre
21 952
944 706
43
11
Centre-Est
11 266
404 602
36
Centre-Nord
21 578
632 285
29
Centre-Ouest
1
26 324
788 962
29
Est
49 992
407 215
8
Hauts-Bassins
43 172
582 810
13
No rd
12 293
530 192
42
Sahel
36 869
354 079
10
Sud-Ouest
17 448
357 592
20
1
Vo l ta Noire
33 106
635 730
19
[TOTAL
274 200
5 638 203
Moy. 22
Source
Recensement général
de la population en 1975
INSD, Ouagadougou *
* Voir carte hors texte p -'..
bis

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III
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0
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1
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1
~. 1"'i- 111, 1

- 447 -
Depuis 1960,
J'évolution des densités régionales
est inégale et malgré un accroissement sensible des densités
à
l'Ouest en pays Lobi et en pays Gourmantché,
les inégalités
de la répartition géographique de la population restent
sensiblement les mêmes, si elles ne s'aggravent pas t1 )
A cela, s'ajoutent les migrations spontanées de
zone rurale à zone rurale.
Elles se traduisent par un glissement des popula-
tions du plateau Mossi, essentiellement vers la Volta Noire
et les Hauts-Bassins et, dans une moindre mesure, vers l'Est.
Tableau 12
Migration inter-régionale en 1975 en pays Mossi
_eJ
I~
r
Hauts
1
Est
Sahe l
Sud-Oues t i N .
vers
Bassins
Olre
1
\\
l
~I
Centre
+147
-1 539
+661
+60
+114
1
1
1
Centre Est
-1 496
-1 369
-80
-23
-107
1
1
1 Centre Nord
-2 823
-4 231
-1 101
-50
-1 613
1
1
1
Centre Ouest
-163
-9 808
+56
-514
-21 244
1
1
,
\\ Nord
-370
-14 145
-1 709
-419
-19 001
1
1
"
Source
d'après les données inédites du Recensement général de la
po pu lat ion, 1975.
Bien qu'on ne puisse chiffrer l'évolution des flux
migratoires,
il
semble que ce mouvement se doit sensiblement
accentué depuis une dizaine d'années.
Il
s'agit le plus souvent
de migrations familiales n'entra'înant pas de déséquilibre
sensible dans les structures par âge et par sexe.
Les effectifs concernés sont relativement importants
t263 210 personnes ont changé de région soit 4,7 % de la
population résidante totale)(2), mais
ils sont loin d'être
suffisants pour modifier les
inégal ités démographiques.
( 1)
La densité moyenne en pays Mossi~ qui était estimée à 35 habitants au
2
2
Km
en 1960~ serait de l'ordre de 45 habitants au Km en 1975~ selon
les études du Ministère du Plan de 1979.
(2)
Statistiques du Ministère du Plan et de la Coopération~ novembre 1979.

-
448
-
Pour l'ensemble des régions Mossi,
le solde
migratoire global
(-78 600 personnes) représente à peine
2,3 % de la
population résidante total.e de la région, soit
un peu plus que le croît démographique d'une seule année(l).
Pour les zones d'accueil, ces mouvements sont
cependant loin d'être négligeables. Dans les hauts bassins
en particulier, les
immigrants en provenance d'autres régions
représentent Il % de la population résidante en 1975(2).
Cet aflux de migrants ne va pas sans poser de
problèmes. L'installation de Mossi dans de nouvelles zones
entratne parfois des réactions de rejet de la part des
populations locales (groupes trop nombreux, situation de
front
pionner ... ). C'est le cas surtout des régions de l'Ouest
(Volta Noire, Hauts-Bassins). Ces mouvements mal
connus et
totalement incontrôlés pourraient déboucher localement sur
des situations conflictuelles, d'autant plus graves qu'elles
réveillent des antagonismes ethniques latents.
3°) La population de la Côte d'Ivoire et sa
répartition régionale
C'est en 1975 que le premier recensement général
de la population a été effectué en Côte d'Ivoire,
par la
Direction de la Statistique.
Auparavant, des recensements administratifs (1917
à
1956), des enquêtes et des recensements menés en milieu
urbain avaient permis d'avoir une estimation de la population,
pour l'année 1965.
Evolution de la population ivoirienne
(nombre d'habitants)
1920
1950
1960
1970
1980
1
-
1
1
1 825 000
2 666 000
3 35 a 000
5 400 000
8 500 000 11
1
source
Ministère du Plan, Analyse et Conjoncture, décembre 1982.
(1) Statistiques du Ministère du Plan, Haute-Volta, 1979.
(2) Statistiques de la Direction du Plan de la Haute-Volta, 1978.

-
449
-
Avec une population de 8 500 000 habitants, sur
2
une superficie de 332 000 Km , la densité de la population
attei nt 25,6 habi tants au Km 2 ( 1).
a) La répartition inégale du peuplement
Les poids relatifs des différentes composantes de
la population continuent d'évoluer en accusant de plus en plus
d'inégalités "Nord-Sud" et "Rural-Urbain".
La savane rurale ne représente pl us en 1980 que
29
% du
total
rural, contre 33 % en 1970(2).
Par contre, la population urbaine passe de 32 %
en 1970 à 33 % en 1980 (3), mais ne fait que s'amplifier
d'années en années.
Une population jeune, attirée par les
villes et une forte immigration caractérisent la démographie
en Côte d'Ivoire.
Les régions du Sud et du Centre regroupent plus
de 60 % de la population sur 30 % de la superficie de la Côte
d ' l v 0 i' r e, a l 0 r s que les r é gion s duS ud - auest e t de l ' Est ne
comptent que 8 % de la population sur 20 % de la superficie
totale.
Le tableau suivant donne la répartition de la
population et traduit le développement inégal
de la popula-
ti'on en 1975.
(])
Statistiques du Plan
(Ministère),
Côte
d'Ivoire,
1982
(2)
Direction de
la Statistique
de
Côte
d'Ivoire,
1984
(3)
Direction de
la Statistique,
1984.

j '
,--?
COTE D'IVOIRE
REPARTITION
DE LA
POPULATION
BURKINA_FASO
LIBERIA
SOURCE: Atlas
Jeune
Af"que
Ed
JA.
1978

-
450
-
Tableau 13
Population régionale en 1975
1
P
opu atlon ru ra e
opu ation urbaine
Population totale
1
--t~~
T
REGION
* taux 19651 Effectifr; taux 1965 [ Effectifl
1
*
1
taux 1965( Effect if
11975 % an
/1975(1000)
1975 % an
1975
1975 %an
1975
l1000)
(1000)
1
1
%
1
Abidjan
2,3
86,9
10,35
1 017,4
9,45
IDS!
1
-1~1
Sud
5 ,1
957
6,5
259,3
5,45
1216,8 1
18,1 1
1
1
1
Centre-
1
Ouest
3,6
623,1
6,6
159,5
4,2
782,6
1
11,7\\
Sud-Ouest
5 ,5
141,9
11 ,0
53,5
6 ,7
195,4
2,9 1
1
)
Ouest
1 ,3
625,7
5,6
107 ,5
1,45
733,2
10,9
1
Centre
1 ,6
1 264,3
7 ,8
415,3
2,8
1 679,6
25,0
1
1
\\
Nord
0,2
521,8
6 ,7
102,5
1 ,0
9,3
1
624,3 1
1
1
Est
4,6
342,1
8,0
31,3
4,85
1
5 ,6 1
~ 373,3 11
\\
--
(
TOTAL
2,6
4 563,3
8,5
L146
4,10
,3
16 709,6
1
\\1
1
1
~
Source
Recensement de la population - Direction de la Statistique de la
Côte d'Ivoire.
Le tableau fait apparaître l'importance des écarts entre
les
régions, dans les effectifs
absolus, et surtout dans
les
taux
de cr01ssance
; ceux-ci
varient de 0,2 % à 5,5
% en mil ieu
rural
par contre,
les taux
urbains sont plus homogènes.
Ces
inégalités
résultent essentiellement des
phénomènes
migratoires .. Si
l'on estime à +2,05 % par an
le
taux de croissance
naturelle
pour l'ensemble rural
ivoirien (chiffres variant entre
l,55 ~ au minimum dans le Nord et 2,5 % au maximum dans les régions
Sude et Abidjan),
11
apparaît que dans les quatre régions:
Nord,
Centre, Ouest et Abidjan, les soldes migratoires
en mil ieu rural
sont négatifs.,
Par contre,
dans
les
régions
Est, Sud-Ouest et Sude, la
croissance démographique en mil ieu rural
est davantage le fait des
flux migratoires que de la croissance naturelle"
(~) Taux de croissance par an

-
451
-
Dans les rapports de la Direction des Statistiques,
la croissance démographique est évaluée à +2,05 % par an pour
le taux naturel
de croissance et +0,55 % pour l'apport
.
.
D)
mlgratolre
.
En milieu urbain, le dynamisme démographique urbain
est, dans tous les cas, renforcé par des soldes migratoires
positifs. Ceux-ci dépassent les taux naturels dans quatre
régions: Centre, Est, Abidjan, et Sud-Ouest, ainsi que pour
l'ensemble urbain ivoirien.
b)
Inégalité due aux
phénomènes migratoires
Si l'on additionne les milieux rural
et urbain, deux
régions, l'Ouest et Nord ont des soldes migratoires négatifs
le Centre et le Centre-Ouest ont des soldes positifs, mais
inférieurs au taux de croissance naturelle; le Sud a une
croissance équitablement répartie entre la croissance naturelle
(+2,7 %) et l'apport migratoire (+2,75 %)
; alors
que l'Est,
le Sud·Ouest et Abidjan croissent principalement par le jeu des
facteurs migratoires.
Ainsi, deux régions ont leurs taux naturels et
migratoires inférieurs aux taux moyens
ivoiriens: ce sont
l'Ouest et le Nord. Le Centre se rapproche de cette situation
avec une croissance naturelle de peu supérieure à la moyenne
(voir tableau page suivante).
(1)
Statistiques du Ministère
du Plan~
Direction de
la
Statistique de
Côte
d'Ivoire~ 1979.

_ 452 __
Tableau 14
Accroissements et inégalités de la population
régionale -en taux annuels moyenne (1965-1975)-
r
r
ABIDJAN
SUD
CENTRE-OUEST
SUD-OUEST
OUEST
:i
RURAL
Naturel.
2,5
2,5
2,15
1 ,6
1,95
Migrat.
-0,2
2,7
1,45
3,9
--0,651
1
1
TOTAL
2,3
5 ,1
3,6
5 ,5
1,3
URBAIN
Na ture l .
3,7
3,5
3,5
3,5
3,5
Migrat.
6,65
3;0
3,1
7,5
2,1
TOTAL
10,35
6,5
6,6
11 ,0
5,6
ENSD~BLE
R + U
Naturel.
3,55
2,77
2,45
2,05
2,0
Migrat.
-5,9
2,75
1,75
4,65
-0,55
TOTAL
9,45
5,45
4,2
6,7
1,45
1
CENTRE
NORD
EST
TOTAL C.I.
TAUX
1
!
RURAL
i
;
,
Naturel.
2,1
l,55
2,1
16,45
2,05
'i
Migrat.
-0,5
,
-1 ,35
2,5
7,85
0,55,
i
TOTAL
,
1 ,6
0,2
4,6
24,2
2,6 1
i
1
,
URBAIN
i
1
Naturel.
3,5
3,5
3,5
28,2
3,5
Migrat.
4,3
3,2
4,5
34,35
5,0
TOTAL
7,8
6,7
8,0
62,55
8,5
ENSEMBLE
\\,
,
R + U
!,
!
Naturel.
2,5
2 ,0
2,2
19,52
2,45
;
Migrat.
0,3
,
-1 ,0
2,65
4,65
1,65
!
1
TOTAL
2,8
1,0
4,85
35,9
4,1 1
1
Source
Ministère du Plan de Côte d'Ivoire, Service Statistique, 1981.

- 453 -
Trois régions ont des
taux
naturels
inférieurs à
2,45 %, moyenne
ivoirienne, mais
des soldes migratoires
plus
é lev é s que l a m0 yen n e de +1 , 65 %.
Ces 0 n t
: 1 ' Est,
leS ude -
Ouest et le Centre-Ouest.
Pour ceux-ci,
la croissance
globale dépasse également le taux moyen national
égal
à
+4,10 % par an.
Dans le Sud et Abidjan, les
taux naturels comme les
soldes migratoires dépassent les moyennes
ivoiriennes.
A cette inégal ité et à une migration très
importante
dans les
régions
ivoiriennes, et qui
contribue à accentuer le
phénomène d'inégalité de
répartition de
la
population au
niveau régional,
s'ajoute une accélération de la croissance
naturelle de la population.
La natalité est actuellement supeneure à 50 %0'
alors que la mortalité est inférieure à
20 %0
(selon les
données du Ministère de la santé et de
la
population en 1984).
Il
en résulte
une croissance naturelle estimée à 3,5 % par
an(l).
En plus des
320000 naissances annuelles
(vers
1980)
qui
alimentent la croissance naturelle
ivoirienne,
il
faut
mentionner les 110 000 naissances annuelles
issues de parents
étrangers résidant en Côte d'Ivoire(2).
L'inégal
développement des
régions
ivoiriennes est
accentué par une migration
interne et externe
(la migration
externe sera étudiée plus loin) et par l'accroissement des
naissances.
A travers cette évolution de naissances,
l'accroissement des
régions
sont le suivant,
par rapport à
1975
:
Abidjan
de 16,5 % en
1975 à 21,5
% en
1980
Sud-Ouest: de 2,9 % en 1975 à 3,1 % en 1980
(1)
Statistiques de
la FAO~ de la CtEtE et de la Caisse des Dépôts
et Consignations~ rapport SEDES~ Janvier 1984.
(2)
Ministère de
la Santé et de
la Population~ 1984.

-
:154
-
A part ces deux régions, toutes les autres
regressent plus ou moins
- Centre-Ouest
de 11,7 % en 1975 à 11,5 % en
1980
,
- Sud
de 18,1 % en 1975 à 17,5 % en 1980,
- Ouest
de 10,9 % en 1975 à 10,1 % en 1980
,
- Centre
de 25,0 % en 1975 à 23,3 % en 1980
;
- Est
de 5,6 % en 1975 à 5,0 % en 1980,
- Nord
de 9,3 ?~ en 1975 à 8,0 % en 1980(1)
Cette analyse traduit l'inégal
développement des
régions ivoiriennes.
4°)
Le Niger-Population
La croissance de la population nigérienne est forte
et a tendance à augmenter depuis 1960. Le tableau suivant nous
traduit cette tendance.
Tabl eau 15
Evolution de
la population et du taux de
croissance de 1960 à 1981. (en mill ions)
,
1 Taux de
!
1
1
i
1
taux de
1
ANNEES!
Population
ANNEES
Population
1
, croissance
1 ;
!
1
1
!croisSanCe\\
1
L_
L
;
i
1 .
1960
3 240 000
i
2 ,63
!
1
1971
1
1
4 330 000
!
2 ,74
i
1
1
1
1
1961
i
3 32 a 000
1
2 ,64
1972
4 450 000
2 ,74
1
1
1962
3 410 000
2 ,65
1973
4 570 000
2 ,75
1
1
1
1963
3 500 000
2 ,66
1974
4 700 000
2 ,75
1
1
1964
3 590 000
1
1
2 ,67
1975
4 830 000
1
2 ,76
1
1965
3 690 000
2 ,68
1976
4 960 000
2 ,76
1
1
1
1966
1
1
3 790 000
2 ,69
1977
5 098 400
1
2,77
\\
1
1967
1
3 890 000
i
,
2 ,70
1978
5 239 600
2 ,77
i
1
1968
4 000 000
i
2 , 71
1979
5 384 800
2 ,77
1
1
L1969 4 100 000 ! 2,72
1980
5 641 000
2 ,77
1
1
i
1970
4 220 oooJ
2 ,73
1981
1
5 687 000
2 ,7 7
1
1
l
!
Source
Plan Quinquénal
du Niger, 1979-1983.
- - - - - - - - - - - - -..- -- - - - - - - - - -
(1)
Source
Direction de
la Statistique
de
Côte
d'Ivoire
1984.

- 4S5 -
Estimé à 2,7 % par an en moyenne sur la période
1960-1977, le taux de croissance de la
population est, en
1977,
proche de 2,8 %. Cette croissance est très diversifiée
selon les départements. La population nigérienne est très
jeune: 45 % des
Nigériens ont moins de 15 ans,
près de
56 % ont moins de 20 ans
(1)
2
Par contre, la densité au Km
est faible: 4,5
2
habitants au Km , avec une population dense dans les zones
sud du pays; 75 % de la population occupe 12 % du territoire
2
avec une densité moyenne de 27 habitants au km
.
La population rurale, qui
représentait en 1960
presque 95 % de la population totale, en représente 90 % en
1977, soit plus de 4 580 000 habitants,
parmi
lesquels on
peut estimer la population nomade à environ 740 000 habitants,
soit 16 % de la population rurale,
selon les données du Plan
quinquénal
du Niger (1979-1983).
La croissance des centres urbains est importante,
surtout telle de la ville de Niamey qui
compte en 1977, 4,4 %
de la population, avec un taux de croissan-e de 11, 1 % sur
la période 1960-1977.
Les quatre a~tres principaux centres (Agadez, Maradi,
Tahoua, Zinder) représentent en 1975, 3,1 % de la population
totale.
Par contre, les départements de Diffa, Tahoua et
surtout Niamey subissent, depuis quelques années, un fort
exode de la population rurale, au profit des villes de Maradi
et de l a région d' Agadez.
Tout en admettant sur l'ensemble de la période
1960-1977, un taux de croissance de la population de 2,7 %,
il
est important de soul igner que cette croissance qui
se
situait au début des années 1960 autour de 2,6 % par an,
s'est accélérée au cours des deux dernières années pour
s'approcher en 1977 de 2,8 % par an.
(1)
Estimation du 1 an quinquénnal dE développement économique et social J
Niger

1979-1983.
J

- 456
-
La
série de
la
population présentée dans
le
tableau
n° 15 tient compte de ce
phénomène d'accélération.
Selon cette hypothèse d'accélération,
le
Niger
comptera
plus de 6 millions d'habitants d'ici
quelques
années(l) .
Par contre,
les
taux de natal ité, mortal ité et
de fécondité seront les suivants(2)
-
taux de natal ité
: environ 52 %0
-
taux de mortalité: e,nviron 25 %0
- taux de fécondité de 200 à 250 %?
-
taux de mortalité à moins d'un
an
: 200 %0
La
structure de
la
population
par âge
len pourcentage de la
population)
L'évolution depuis
1960 de la structure de la
population par âge
représente
plusieurs caractéristiques
la
population est très jeune,
plus de 45 % de
la
population
a moins
de 15 ans en 1977.
Ce
phénomène est d'ailleurs
commun à l'ensemble des
pays de la
région.
De
plus,
la
population a tendance à rajeunir, la
part des enfants en âge scolaire étant chaque année
plus
importante.
La
projection de cette structure par âge en 1983(
accentue cette tendance du
rajeunissement de la
population
(voir tableau suivant).
(1) Estimation pm5etée par le Plan quinquennal 1979-198.3.
(2) Bien que ne disposant (selon le Ministère du Plan) d'aucune enquête
permettant dg dégager divers
taux démographiques
(taux de
natalité~ mortalité,
fécondité . . . ),
le Ministère
du Plan a
établi
des
estimations
en
tenant compte
de
l'évolution
projetée de
la population~ sur la base de
l'année
1977.
(3)
Résultat du Recensement général de
la population
(décembre
1977).

- 457 -
Tableau 16
Structure de la population par âge (en %)
Cl asses d'ages
1960
1972
1977
1983
0 à 14 ans
43 ,2
44,5
45 ,3
46 ,4
15 à 59 ans
52 ,2
51 ,8
51 ,0
50 , 1
60 et plu s
4 ,6
3 , 7
3 , 7
3 , 5
TOTAL
100,0
100 ,0
100 ,0
100 ,0
Source
Ministère du Plan du Niger, 1979-1983
La répartition inégale régionale de la population
de sa croissance et les phénomènes migratoires
Une des caractéristiques du Niger (comme les autres
Etats membres de la CEAO) est la très forte
inégalité de
densité de la population suivant les régions.
En 1977, la situation est la suivante au Niger
Tableau 17
Population par région en 1977
1
Dens ité
2
Nombre de
REG l ONS
?opul ation 19771
%
habit. Km
vill ages 1976
AGADEZ
124 657
2,4
0,2
110
DIFFA
166 741
3,3
1 ,2
547
DOSSO
692 784
13,6
22,3
1 292
MARADI
944 288
18,5
24,5
2 151
NIAMEY
1 171 701
23,0
13,0
1 450
TAHOUA
994 481
19,5
9,4
955
ZINDER
1 003 748
19,7
6,9
2 110
NIGER
5 098 400
100,0
4,4
8 615
Source
Ministère du Plan du Niger, 1979 (a)
(a) Voir carte hors texte page
bis

- 458 -
Ces inégal ités sont encore plus manifestes quand on
considère
le. population des arrondissements
(sans entrer dans
les détails), ainsi, l'arrondissement de Matamège a une densité
2
moyenne de 54 habitants au Km
, celui de Madarounfa
(non compris
2
la ville de Maradi) a 40 habitants au Km
.
A \\ 'opposé, l'arrondissement de Bilma ne compte que
2
2
0,03 habitant au Km
et celui
d'Arlit,.O,l habitant au Km .
Cette inégal ité entre les régions est aussi très
manifeste en ce qui concerne la croissance démographique depuis
1960, ce qui expl ique que le poids démographique des régions a
pu varier durant cette période (voir tableau)
Tableau 18
: Population du Niger par région 1960-1977-1983.
R E G l
a N S
AGADEZ
[ DIFFA
FDOSSO fMARADI
-
Population 1960
1
(habitants)
62 000
123 000
450 000
" 561 000
% de la pop. du
Niger
1,9
3,8
13,9
17,3
Po pul at ion 1972
76 000
156 000
614 000
77 4 000
%
1,9
3,5
13,8
17,4
1
. -
Popul ation 1977
124 657
166 741
692 784
944 288
%
2,4
3,3
13,6
18,5
-
Po pul a t i on 1983
176 900
186 000
798 700
1 117 700
%
2,9
3,1
13,4
18,7

POPulation
ru raie
Densité au
Km 2
.
.
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0.01
1
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Population
des villes
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Nigeria
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"
1
,SOURce. MINI5TERE
DE
LA
COOPERATION, DIRECTION
DES
PROGRAMMES
CARTOGRAPHIE
DES
PAYS
DU
SAHEL,ANNEE 1976

- 459 -
-
REG ION S
Nl At~E Y
TAHOUA
ZINDER
NIGER
Population 1960
748 000
687 000
609 000
3 240 000
%
23,1
21,2
18,8
100,0
1
r-;0PUl ation 1972
1 028 000
1
908 000
894 000
4 450 0001
\\
%
23, a
20,4
20,1
100,0
Po pu la ti on 1977
1 171 701
994 481
1 003 748
5 098 400
1
%
1
23,0
19,5
19,7
100,0
Population 1983
1 423 '000
1 126 600
1 177 700
6 006 600
%
23,4
18,8
19,7
100,0
1
1
Source
Ministère du Plan du Niger, Recensement de la population générale,
1977 .
La région de Diffa, qui
représentait en 1960,3,8 %
de la population globale, n'en compte plus en 1977, que 3,3 % et
3,1 % en 1983, donc régression de -0,3 entre 1960 et 1972, de
-0,2 entre 1972 et 1977, de -0,2 entre 1972 et 1983, soit une
baisse de 0,7 entre 1960 et 1983.
Par contre, le poids démographique de la région de
Maradi
passe, sur la même période de 17,3 % à 18,7 % en 1983,
soit une augmentation de +1,4 %.
Tenant compte de l'évol ution passée du taux de
croissance de la population par région (dans le tableau suiva~t)
et à partir de l'analyse démographique contenue dans les bilans
régionaux(l), des hypothèse de taux de croissance ont été faites
pour projeter à l'horizon 1983, la population par région et par
année.
(1)
Etablis en 1977 par les Services régionaux du Plan
(SRP).

- 460
-
Tabl eau 19
Evolution de la croissance de la population par
région,
(taux moyens de croissance annuel le 1977-
1983)
~I~~ POPULATION
POP ULATI 0 ~'
POPULATION
REG ION S
évolution de la crois-
évolution de la
évolution de
sance de 1960 à 1977
croissance de
lac ro i s sa nc e
1972 à 1977
de 1977 à 1983
AGADEZ
4,2 %
10,5 %
6,0 %
DIFFA
1,8 %
1 ,3 %
1,84 %
DOSSO
2,6 %
2,4 %
2,4
%
MARADI
3,1 %
4,0 %
2,85 %
~l IA~lE Y
2,7 %
2,6 %
3,3
%
T,'\\HOUA
2,2 %
1,8 %
2,1
%
ZINDER
3,0 %
2,3 %
2 ,7
%
Source
Ministère du Plan, Niger, d'après les Statistiques
du Niger, 1979-1983.
Sur le tableau,
il
apparait que, tout au long de la
période 1960-1977, les régions de Diffa, Tahoua et Dosso ont
des taux de croissance inférieurs au taux de croissance national,
qui est de 2,7 % par an(l).
Ceci s'explique en partie (pour les reglons de Tahoua
et Diffa),
parle fait que certaines populations nomades ont un
taux de croissance naturel
inférieur au taux normal (2), mais
aussi
très certainement, du fait que ces régions suhirent un
exode rural, exode très
important pour Diffa et Tahoua et
moindre pour Dossot 3 )
Il
faut aussi
noter que la croissance, sur la période
1960-1977, de la population de la région de Niamey non compris
la ville de Niamey, estde 1,7 % par an en moyenne, ce qui est
très faible et traduit 1'accentuation de l'inégale croissance
due à l'exode massif de l'intérieur de la région vers la
Capital (4).
(1) Ministère du Plan: Statistiques du Niger~ 1979-1983.
(2) Explications du Ministre du Plan dw'Niger~ lors d'une enquête en Août 1984.
(3)
Explications du Directeur départemental de la région de Tahoua et Diffa~
Août 1984.
(4) "idem"

-
461
-
5°) Mali
- Population
Selon
les résultats du Recensement général
de la
population, publiés en 1984, le Mali comptait 5362000 habi-
tants en 1970 et 6 940 000 habitants en 1980, avec un rythme
d'accroissement de 2,6 % : 83,3 % vivent en milieu rural en 1980.
Par rapport aux autres pays de la CEAO, la population
du Mal i est assez également répartie entre les sept régions
administratives du pays, bien que variant en densité de 0,7
2
habitant au Km
dans la région de Gao, au Nord, à 13 habitants
2
au Km
dans la région de Ségou.
Le ta 0 l ea u sui v a nt don ne
l a r é pa r t i t ion de l a po pu l a -
tion dans les différentes régions du Mal i en 1980.
Tableau 20
Répartition de la population régionale en 1980
au Mali.
r--
---,-
r-
iRE G ION S
I[
Popul ation
Il
Pourcentage par rapport 1
à la population totale
l
1
~---------------!I'-----~~-~\\------------+
l MOPTI
1 129 041
1
17,6
1
1
SIKASSO
1 098 068
17,2
l SEGOU
1 082 224
16,9
1
KOUL IKORO
932 237
14,6
1
KAYES
872 750
13,6
1
1
TOMBOUCTOU
672 150
7 ,7
1
GAO
552 597
5,8
LOISCTRICT DE BAMAKO
600933
6,6
l
TOTAL
1) 940 000
100,0
f
( a )
Source
Ministère du Plan, ~ali, 1981-1985, Plan quinquennal
(a) voir carte hors texte p
bis

- 4SZ -
La réparlition de la population par sexe laisse
apparaître une légère avance de l'élément féminin, 51,2 %
de femmes contre 48,8 % d'hommes, d'après les statistiques
démographiques du Mali en 1984(1).
La répartition par âge fait ressortir certains
éléments significatifs de la structure de la population et
de la qualité de la vie au Mali.
En effet, 80,8 % de la population est âgée-de moins
de 40 ans et 8,2 % seulement de plus de 55 ans.
L'espérance de vie est d'environ 38 ans.
mo i ns de 15 ans
44,3 %
15 à 39 ans
36 ,5 %
40 à 55 ans
11 ,0 %
- plus de 55 ans
8,2 %
Source: Ministère de la Santé et de la Population du Mali, 1984.
Les taux de mortalité sont élevés. Ainsi, les
pourcentages de décès par grandes catégories d'âge sont les
suivants
[ Catégories de
rDécès à mo i ns
1 Décès de 10
Décès de pl us
1
population
de 10 ans
[
à 40 ans
40 ans
1
1
Population to ta le
69,1 %
11 ,8 %
19,1 %
1
Population rurale
68,7 %
12,0 %
19,3 %
Popul ation urba i ne
72i~ 2 %
9,8 %
18,0 %
District de Bamako
71,2 %
11 ,6 %
17,2 %
Source
Ministère de la Population et de la Santé, Mali, 1984.
(1)
Ministèr'e
du Plan~ Mali~
1984.

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POPUL ATION
RURALE
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100
100 km

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1
Il
-
+de .50 Dao h
-
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- 463 -
Un grand nombre d'individus n'atteint ni
l'âge de
5 an ? Ni même l'âge d'un an?
Catégories de population
1
1
Vivants de 0 à 1 an 1 Vivants de 1 à 5 ans 1
Popu lat ion tota le
12,1 %
26,5 %
Population rura le
13,1 %
28,5 %
Popu la ti 0 n urbaine
7,4 %
17,0 %
District de Bamakà
5,7 %
12,6 %
Source
Ministère de la population et de la Santé, Mali, 1984.
Le dernier recensement a aussi
révélé que 30 %0 de
de la population est affectée d'handicaps, dont les plus
sévères sont: la cécité, la lèpre, la trypanosomiase, la
tuberculose et l'onchocercose.
6°) La population de la Mauritanie et sa répartition
régional e
Le premier recensement général
de la population a eu
lieu fin 1976 début 1977 et le dernier en 1980.
Les seuls éléments de démographie connus étaient
auparavant fournis par l'enquête démographique en mil ieu rural
de 1970 et le recensement des centres urbains de 1965.
La population recensée en 1980 est de 1 500 000 (1),
soit en la comparQnt avec la population de 1970, un taux de
croissance apparent de 2,43. Le recensement de 1980 permet de
dégager quelques caractéristiques de cette population.
(1)
Statistiques
de
l'ONU et
du SEDES~
1984.

- 464 -
a)
Popul ation inégal ement répartie
La densité de la Mauritanie est très faible,
la
Mauritanie est l lun des
pays les moins densément peuplés de
la CEAO, même d'Afrique, et aussi du monde.
2
Avec une superficie de 1032 455 Km
, la densité
moyenne est de 1,45 habitant au Km 2 .
Il existe cependant, des inégalités régionales de
développement assez importantes. Mis à part le district de
Nouakchott qui
recouvre en fait la capitale, on remarque une
forte concentration de la population dans la vallée du fleuve
sénégal, où l es quatre régions qui hordent le fl euve (Trarza,
Brakan, Gorgol, Guidimaka) regroupent près de 600 000 habitants
soit environ 45 % de la population totale(l), avec une densité
2
2
moyenne de 4,8 habitants au Km
(Il habitants
par m
pour le
Gorgol, densité la plus élevée du pays(2).
(a)
La concentration urbaine est relativement forte: la
population des centres urbains(3) est passée de 73 150 habitants
en 1965 à 308 318 en 1980, soit un taux de croissance moyen de
21,43 % par an.
La population urbaine en 1980 représente 23 % de la
population totale contre 7 à 8 % environ en 1970(4).
Clest Nouakchott qui recueille l'essentiel
de cette
croissance, sa population ayant été multipliée par 24 en
quinze ans
(5 800 habitants en 1965, 138 530 en 1980).
Les autres régions ont eu une croissance nettement
moindre et ont toutes perdu relativement en importance au
profit de Nouakchott, à l 'exception de Nouadhibou et de
l'ensemble Zouerate, centre minier de la région Nord.
(1)
Ministère
des
Relations Extérieures~ Analyse et Conjoncture~
septembre
1982.
(2)
Idem~ page ~~
(3)
Centre
urbain:
toute
localité comptant
5
000 habitants
et
plus
et toute
autre
localité chef-lieu d'une
région
(4)
Ministère
de
la Coopération~ Ministère du Plan~ Mauritanie~
1984.
(a)
Voir carte
hors
p.

MAURITANIE
Répart i t i on
de
la
population
DENSITE
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100
200
300l<m
2
AU
Km
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Population
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Sénégal
mali

-
465
L'aflux de population vers Nouakcho~t ne va pas
sans poser de nombreux problèmes: dépeuplement des régions,
d'où déséquilibre; problème de logement (extension des
"bibonvilles") infrastructure insuffisante ou inexistante
hygiène, santé, emploi, etc ...
b) Les mouvements migratoires, phénomène de
développement inégal
des régions
Des mouvements migratoires paraissent importants en
direction essentiellement du mil ieu urbain.
La désorganisation du milieu rural
avec les années
de sécheresse, les effets de guerre dans les régions fronta-
lières du Sahara Occidental, ont amplifié ce mouvement
migratoire qui, à la date du recensement, touche' une personne
sur cinq, et pl US l es hommes que l es femmes.
A ce phénomène, nous pouvons adjoindre celui de la
sédentarisation des nomades.
En 1980, les nomades ne constituaient plus qu'un
tiers de la population totale et leur nombre serait en
régression dans toutes les régions, même dans celles à
vocation pastorale.
Si l'on s'en tient aux données du recensement, on
peut considérer que, depuis 1970, près de 35 % des familles
de nomades ont abandonné ce mode de vie(l). Là aussi, la cause
essentiel le de ce mouvement serait la sécheresse (perte de
troupeaux, épuisement des
points d'eau, désertification)"
Toutefois, si les chiffres indiquent une transfor-
mation certaine du monde rural
qui
passerait d'une prédominance
nomade à une prédominance sédentaire, il convient de rester
pr~dent sur les conclusions à tirer, la méthodologie même des
recensements ayant vraisemblablement conduit à une surestimation
des sédentaires.
(1)
Statistiques
agricoles
du Ministère
de
l'Agriculture
de
Mauritanie,
1977.

-
455
-
De plus,
il
existe des contradictions dans les
données statistiques en Mauritanie, qui
ne sont pas données
régul ièrement ni en séries très longues.
Pour mieux comprendre
les problèmes des urbains et surtout des ruraux sédentaires
et ruraux nomades
(résidents et non résidents) et voir leur
évolution ou leur réduction sur une longue période, il
faudrait d'autres sources.
- La mobil ité du travail et le développement inégal
des pays de la CEAO.
Les migrationsintercommunautaires
:
L'impact des mouvements migratoires sur la situation
relative des espaces représente l'une des questions essentielles
que doit aborder toute analyse des migrations.
Il
est évident que la migration, qui
se déroule des
espaces
(relativement)
pauvres vers les espaces (relativement)
riches, a pour premier effet de différencier les taux de
croissance des
premiers espaces au bénéfice des seconds.
Toutes choses égales par ailleurs quant au taux
naturel
de croissance démographique, la migration permet aux
régions attractives d'accroître leur part de la force de
travail
global, au détriment des zones d'émigration.
La population totale des pays de la CEAO a passé
de 15 mill ions d 'habitants en 1910 à 34 mill ions en 1980, soit
une multiplication par plus de 2,2 en 70 ans.
Le taux de croissance moyen total
(1,8 % par an)
(cf.
tableau page
révèle un flux migratoire interne
relativement important.

-
467
-
Le
poids
de
la
Côte
d'Ivoire est
passé entre
1910 et 1980 de 17 %
a
25
% de
la
population
totale de
la
CEAO(l).
L'étude qui
a été faite
par
le BDPA tient compte
des
fl ux nets
probabl es
de chaque
pays
avec
le
reste de
l'Afrique Sud Sahara
tl'ASS),
a
travers
une
projection
jusqu'a l'an
1010(2).
Ces
flux ont été
projetés à
partir d'une analyse
mul ticritère faisant
intervenir notamment des données
microéconomiques
(disparités
relatives
entre
pays),
les
données géopolitiques,
les
structures
urbaines,
le potentiel
( 3 )
de
ressources,
etc
...
En
tenant compte de
la
projection de
la
population
de
1980 à
2010,
les
flux migratoires cumulés entre 1980 et
2010
figurent
dans
le
tableau
ci-après
ten milliers
d'habitants)
:
1
-1 Taux de croissance annuel
Flux migratoires pério
1
1
1
-

d
1
i peno e 1980-2010
période 1980-210
\\
!
P A Y S
1
-.-
_
1
\\
To ta l
1
1
1
Net
Na ture l
% an
1
1
en min iers \\
1
1
1
1
: Côte d'Ivoire
1
3,93
2,89
1,03
7 000
r
I~ali
1
2,37
3,03
-0,66
-3 000
1
Haute volta
2,00
3,06
-1,06
1
-4 000
1
Sénégal
1
3,06
2,68
0,39
1 500
1
Niger
1
2,25
3,00
-0,75
-2 700
1
Mauritanie
i
2,10
3,06
-0,95
-900
~--~--------1r-------~-------+-------+---------l
! - z i
CEAO
2,62
2,95
-0,33
1
1
-2 100
l
---'-~
_'_
_'____
_ . _ J f _ _ - - - - - - - '
Source
D'après les calculs effectués par le BDPA sur la population des
pays de la CEAO en 1984.
(1) Statistique du Ministère du Plan, Direction de la Statistique. Calcul
effectué par le Bureau de Développement de la Production Agricole (BDPA)
à la suite d'une étude sur la définition d'v~e politique agricole commune
de la CEAO, Juillet 1984.
( 2)
CEAO, Etude POVy la définition d'une politique agricole corrunune, SCET
Agri-BDAPA, Juillet 1984.
( 3)
CEAO, Etude pour la dé fini tion d'une politique agricole corrunune, SCET
Agri-BDPA, Juillet 1984.

: . '
-
468-
- taux de f~co~dit~ de 200 à250 0/ o 0
taux de mortali t~ a moins de S. ans
500 0/00
- taux de mortalit~ a moins d'l an : 200 0/00
- La structure de la population par âge
(en pourcentaqe
de la population)
L'~volution depuis 1960 de la structure de la
population par âge repr~sente plusieurscaract~ristiques
la population est très j~une, plus de 45 % de la population
a moins de 15 ans en 1977. Ce ph~nomène est d'ailleurs commun
a l'ensemble des pays de la r~gion.
De plus,
la population a tendance à rajeunir,
la part
des enfants en âge scolaire ~tant chaque ann~e plus importante.
La projection de cette structure par âge en 1983 (1)
accentue cette tendance du rajeunissement de la population
(voir tableau suivant).
~ Tableau n° ,16
Structure de la population par
âge (en %)
Classes d'âges
1960
1972
1977
1983
0 à 14 ans
43,2
44,5
45,3
46,4
15 à 59 ans
52,2
51,8
51,0
50,1
60 et plus
4,6
3, 7
3,7
3,5
Total
100,0
100,0
100,0
100,0
Source
Ministère du
Plan du Niger,
1979-1983.
(1) r~sultat du Recensement g~n~ral de la population
(d~cembre 1977).

: . '
-469 -
-
La répartition in~gale régionale de la population
de sa croissance et les phénomènes migratoires
Une des caractéristiques du Niger
(comme les autres
Etats membres de la CEAO) est la très forte inégalité de
densité'de la population suivant les régions.
En 1977,
la situation est la suivante au Niger
Tableau n° 17
Population
par région en 1977
Population
Densité
Nbre de
Régions
%
2
1977
habi t.
km
villages,1976
Agadez
124 657
2,4
0,2
110
Diffa
166 741
3,3
1,2
!
547
Dosso
692 784
13,6
22,3
l
292
Maradi
944 288
18,5
24,5
2 151
Niamey
l
171 701
23,0
13,0
l
450
Tahoua
994 481
19,5
9,4
955
Zinder
l
003 748
19,7
6,9
2 110
" .
..- Niger
5 098 400
100,0
4,4
8 615
Source: Ministère du
Plan du Niger,
1979
la)
Ces inégalités sont encore plus manifestes quand
on considère la population des arrondissements
(sans entrer
dans les détails),
ainsi,
l'arrondissement de Matamège a une
2
densité moyenne de 54 habitants au km
, celui de Madarounfa
2
(non compris la ville de Maradi)
a 40 habitants au km •
la, Vàire art e ho rs 't.e ,x! e pa 9e 4 69 bis

- 47J
-
Au total,
la
zone CEAü qui
comprend
quatre pays a
potentiel
d'émigration
important, apparaît comme devant avoir
un solde migratoire net,
légèrement négatif (-2,1) millions
d'habitants cumulés sur 30 ans),
Les
pays d'immigration
potentielle sont la Côte
d'Ivoire
(+7 millions) et le Sénégal
(+1,5 million habitants).
Du fait de ces
flux migratoires
internes,
le poids
relatif de la Côte d'Ivoire continue à croître fortement,
de
25 % en 1980 à 34 % de la population totale CEAü en
2010,
selon
les données du BDPA(l).
L'ensemble Côte d'Ivoire-Sénégal
verra son
poids
relatif passer de 41 à 51 % de l'ensemble CEAü entre 1980 et
2010,
selon
toujours la même étude(2).
Cette modification de la répartition de
la
population
entre les
pays côtiers et les
pays continentaux, entre les
zones
forrestières,
soudaniennes et sahél iennes,
aura évidemment des
répercussions sur la répartition des marchés agricoles, des
productions agricoles et al imentaires des modes
de consommation,
des
flux de
produits, des
bilans alimentaires nationaux.
La migration de
population, en ~partie liée aux poten-
tialités et contraintes agro-écologiques est, de ce
fait,
l'un
des éléments de solution aux
problèmes alimentaires des
pays
les
plus défavorisés, mais
d'un autre côté, elle modifie le
comportement urbain,
économique etc.,.
du
pays
d'accueil.
Les
perspectives d'évolution de la
situation alimen-
taire et des systèmes de
production agricole en Haute-Volta ne
sont pas du
tout les mêmes,
selon
que l'on tient compte ou non
des
perspectives de l'émigration,
compte tenu que la Haute-Volta
comptera,
en
2010, 11 millions d'habitants
(sans
les
flux
migratoires) .
(1)
(2)
Rapport effectué par le Bureau de
Développement de
la
Production Agricole
(BDPA)~ dans
le cadre d'une étude
entreprise dans
les pays de
la CEAD en 1984.

-
471
-
De plus,
depuis des années,
initiée pendant la
période coloniale,
la Haute-Volta
sert
de berceau
de main
d'oeuvre pour les
industries et les
plantations
industrielles(l).
Les migrations
importantes, qu'elJes
soient
saisonnières ou définitives, concernent toutes
les
populations
des
régions soudano-sahél iennes,
des
pays
de la CEAG.
De la Haute-Côte d'Ivoire à
la Haute-Volta, en
passant par le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, on peut
estimer à 40 % la
population active masculine s'expatriant
dans
les
régions
partenaires
pour des
périodes
plus ou moins
10ngues(2).
Les causes en sont multiples,
mais
il
ne fait
pas
de doute qu'elles sont conditionnées
- par la nécessité de trouver dans les
régions
côtières,
régions de cultures spéculatives
par excellence, des
pécules
indispensables à la survie des
familles
restées
au
village
-
par
"impossibil ité actuelle,
pour chacun des
Etats
considérés
isol ément,
de réal iser un
développement rural
productif,
permanent,
9usceptible d'assurer un niveau de vie
décent aux populations soudano-sahél iennes,
les
trois grands
types d'activités
pr-imaires au
I~ord (agriculture, élevage,
pêche) étant conditionnés par ies disponibilités en eau
pluviale,
fluviale ou souterraine.
Les années successives
de
sécheresse que vient de connaître la
zone soudano-sahél ienne
révèlent la
précarité et la vulnérabilité des systèmes de
production existants.
En durée normale,
les cultures
pluviales ou de décrue
assurent une alimentation à
peu près correcte des
populations,
sans
toutefois dégager des surplus suffisants
permettant une
provision
pour les mauvaises années.
(1)
G.
ACHIEPO~
La commercialisation des
grands produits
d'exportation~ l'exemple du Café-Cacao en Côte d'Ivoire~
thèse de
3e cyele~ Paris VIII et X~"pp. 60-100~ 1981.
(2)
D.
CISSE Intégration industrielle des Etats de l'Afrique
l 'Ouest~ CEAO-CDEAO..,Jùin 19?8~ Ministèrg. àe l fE~onomie~­
des Finances et du Plan -de Côte d-' Ivoire.

-
472
-
De même,
la production animale, fondée sur
'exploitation des
pdturages naturels, n'arrive pas à
assurer à la population vivant principalement de l'élevage,
les ressources nécessaires qui
lui
permettraient de se
procurer, soit directement, soit par échanges
(selon la
méthode traditionnelle), les vivres qui
lui
sont nécessaires.
Cet équil ibre précaire, qui
ne dépasse guère les
l imites de l'auto-subsistance, est remis en question, dès que
les conditions cl imatiques se dégradent.
Par rapport aux populations situées dans les régions
subtropicales humides, les populations du Nord vivent dans une
situation d'incertitude permanente à cause des aléas de la
pluie et du régimes des fleuves.
D'où, une émigration vers les zones de certitude et
surtout vers les zones favorables à la cul ture. Ce phénomène
de déplacement de la population d'une région à une autre peut
entraîner un développement inégal
des économies des
pays
membres de la communauté.
B - Le développement inégal
des économies des
pays
de la CEAG
Ce qui
caractérise les économies des
pays de la CEAG,
comme celles de la plupart des
pays d'Afrique Noire, c'est la
multiplicité des systèmes dorganisation qui diffèrent d'un pays
à
l'autre.
L'économie des
pays de la CEAG présente dans chacun
d'\\eux beaucoup de faiblesses et des handicaps qui
ne leur·
permettent pas d'accéder à un développement rapide et autonome,
mais au contraire qui se traduit par un développement inégal
des économies.

- 473
-
L'économie, en
tant que
telle, est un
phénomène
complexe dont les composantes ne sont pas toujours mesurable,
surtout pour des
anciennes
colonies
qui
cherchent à
s'intégrer afin de limiter leur dépendance vis-à-vis de-
'extérieur.
Une étude des Nationa-Unies d i t :
"pour porter un
jugement sur l'état de développement et l es
progrès
d' un pays
au cours
d'une période donnée,
il
faut évaluer les
réalisations
dans
trois
domaines distincts
la
production des
biens et
services
le niveau de vie des
habitants; et les changements
intervenus dans
la capacité de l'économie de
fournir,
à
l'avenir des
biens et services nécessaires"ll).
Dans
le cadre, de
la CEAO, ldes économies ne
présentent
pas le même degré de développement. Chaque
pays
présente un
visage
particul ier que nous allons étudier tout en restant à
un niveau
très général
(au
niveau des six Etats)
surtout pour
le secteur productif,
afin d'éviter de faire
double emploi
avec la deuxième et la
troisième sections de
notre
thèse.
1 - L'économie de
la Mauritanie
Partie occidentale du Sahara,
la Mauritanie est dans
son ensemble une
périplaine aride, dépourvue
de
cours d'eau, à
'exception de la vallée du Sénégal, au climat chaud et sec.
Deux secteurs de nature essentiellement différente
dominent l'économie du
pays:
l'un
traditionnel
et largement
autonome,
l'élévage et accessoirement l'agricul ture,
limitée
au Sud-Ouest du pays
l'autre
industriel
et tourné vers
l'extérieur,
l'extraction de minerai
de fer,
auquel
on
peut
adjoindre la pêche, dominée jusqu'à récemment
par les
armements
étrangers.
(1) Voir la publication OR Z 'ONU: Etude sur l 'économie mondiale~ 196.9-1970
"Comment mesurer les Pl?Ogloès accomplis" New York,
_7971, et celle de
l 'OCDE~
"La mesure de la production en termes réels" par T.P. HILL~
Février 1977.-

Une séchéresse persistante dont l'agriculture et
l'élevage ont particulièrement souffert,. la
baisse des cours
du fer et de la demande mondiale pour ce produit, l'enga-
gement mil itaire contre le Front Pol isario entre 1975 et
1978
ces trois séries d'évènements suffisent à expliquer la
dégradation de la situation économique durant la dernière
décennie.
Depuis 1976, finances
publ iques et comptes
extérieurs sont entièrement tributaires de l'aide étrangère,
situation qui a nécessité l'adoption d'un programme de
stabilisation, appuyé par le FMI en 1980 et 1981(1).
L'évolution du produit intérieur brut, aux prix
1973,
lselon
les données du Ministère de la Coopération,
Service statistiques) reflète cette situation: 14,0 mill iards
d'UM en 1974, et n'atteignant que 18,5 mi Il iards en 198U,
soit une croissance annuelle moyenne de 3,0 % environ(2).
Nous étudierons successivement le secteur productif(a);
'équilibre financier et monétaire et les relations avec
l'extérieur(b).
Ce qui
permettra de mesurer le niveau de
développement économique atteint par la Mauritanie.
a) Le secteur Qroductif
Le secteur rural
en Mauritanie, représente encore
aujourd'hui
l'activité principale de 60 à 70 % de la population,
mais n' intervient que pour environ 25 % dans la formation du
produit intérieur brut (PIS)
l3).
Il
peut être décomposé en trois sous-secteurs,
'agriculture concentrée le long de la vallée du fleuve Sénégal,
'élevage de type essentiellement transhumant, et la pêche
artisanale près de Nouakchott et au Sud de Nouadhibou.
Ce secteur a subi des mutations
importantes du fait de
la séchéresse du début des années 1970 et de ses conséquences
physiques et sociologiques.
(1) Minis tère du P[an :
"3e Plan de développement économique et social de la
Mav.ritanie~ 1976-1980 et Le Ministère des relations extérieurs~ Analyse
et
ConJoncture~ Maul"itanie~ septembpe 1981, M1~nistère de la Coopémtion.
(2) Statis tiques du Minis tèr8 de la Coopér'ation~ et du Minis tèpe de l'Economie
et des Finances ~ en Ma uri tanie ~ 1984.
(3) Se l,on les explications du Directeu.r de cabinet du Mau.ritanie ~ août 1984.

- 475
-
Selon 1es
types de sols et les
conditions d'alimen-
tation en eau,
on peut distinguer cinq modes
culturaux, avec
possibil ités d'avenir diverses
-
Les
cultures pluviales faites
sur "Dieri". sols
sableux à
faible
réserve hydrique,
concernent 80 à
ISO 000 ha
selon 1a pluviométrie dans le Sud-Est et le long de
la vallée
du Sénégal lI) . Les
cul tures
principales
sont le mil,
et,
dans
le Guidimaka,
le Sorgho.
- Les
cultures de décrue principalement 10ca1 isées
dans
la vallée du
flueve Sénégal
et de ses affluents,
sont
faites
sur sols argileux
(Hollaldes ou faux
Hollaldes).
Les,
surfaces ensemencées
(3 à 6 000 ha)(2) dépendent de
l'ampleur
de la crue du fleuve
et de la concurrence des
cul tures
pluviales.
Les cultures concernées sont le Sorgho et le maïs.
-
Les cultures de décrue derrière
petits
barrages
grctce à la
retenue des eaux d'écoulement derrière
des
petits
barrages
ou des
diguettes,
permettent lors
du
retrait des
eaux de cultiver environ 13 000 ha l3 ).
-
L'agriculture irriguée avec contrôle
total
de
l'eau:
à part l
000 ha
identifiés dans
le Tagant et quelques
petits
périmètres
irrigués sur forages,
le
potentiel
irrigable
se
trouve essentiellement le long du fleuve Sénégal
(au sens
large, y compris
les
Gorgols,
le lac
R'Kiz et l'Aftout ès
Sahel).
Les
responsables de ce département estiment ce
potentiel
a 300000 ha(4).
Nous
pouvons
distinguer deux catégories d'aménagements
a)
les grands
périmètres sur sols
argileux,
dont
'irrigation et le drainage se font
par pompe et qui
nécessitent
des
investissements élevés.
(1) Statistiques du Ministère du DéveLoppement Ruraî Mauritanie, 1982.
(2) Statistiques du Ministère du Développement RuraL de Mauritanie,
1982.
(3)
(4) SeLon Les expLications du Directeur de Cabinet du Ministre du
DéveLoppement RuraL et du responsabLe de la Sonader, Lors d'un
entretien en août 1984 en Mauritanie.

- 475
-
b) Les petits périmètres villageois situés sur
les bourrelets de berge (sol
de "Fonde") couvrent en moyenne
moins de 20 ha (1)
L'ensemble de ces aménagements fournissent
'essentiel de la production nationale de riz, blé et maïs.
- L'agriculture d'oasis
pratiquée surtout dans
les régions des deux Hodhs, de l'Assaba, de l'Adrar et du
Tagant consiste soit en association de cultures de décrues
et de phoeniculture (proche des centres urbains), soit en
simples palmeraies exploitées tradi'tionnellement. Bien que les.
s. u r fa ces e.x pl 0 i t é e s peu i mp0 r ta nte s~\\ l a pro d 1} c t i'0 n né g l i ge a bl es .
La production agricole mauritanienne s'est profondément
modifiée depuis la sécheresse. Ayant quasiment atteint l'auto-
suffisance al imentaire entre 1965 et 1970, avec une production
céréalière oscillant autour de 90 000 tonnes(2) par an et celle
de dattes, la production nationale était assez diversifiée et
les cultures complémentaires non négligeables:
niébé, arachide,
gomme arabique, etc ...
Depuis la sécheresse, la production nationale
disponible couvre de 20 à 30 % des besoins en céréales de la
population, et les autres productions ont elles aussi
fortement chutées. (cela fera l'objet de notre section II
"degré d'autosuffisance alimentaire et le besoin d'importer").
L'appel
aux aides
internationales et le recours aux
importations ont entraîné une modification des habitudes de
consommation; modification due aussi à l'urbanisation rapide
la place du riz, du blé et du maîs est ainsi de devenue
essentielle dans la demande intérieure.
Les conséquences de la sécheresse sur la production
agricole ne se sont pas l imitées à des
répercussions
écologique: désertification, sensiblilité accrue aux aléas
cl imatiques, etc ... Un fort courant de migration vers les villes
s'est créé, que la pol itique des prix (distribution de l'aide
internationale à prix réduits) et l'absence d'une législation
fonciére adaptée, ont eu tendance à entretenir.
(1) Selon les explications du Directeur de Cabinet du Ministre du Développement
Rvyal et du Responsable de la Sonader) lors d'un entretien en août 1984 en
Mauritanie.
(2) Statistiques du Ministère de l'Agriculture de la Mauritanie)
1984.

-
477
-
Bien que constituant 80 % (1) de
la valeur ajoutée
du secteur rural
et plus de 20 % de celle du PIB total(1) et
occupant encore une part importante de la population (environ
75 % de la population nomade) l'élevage reste un secteur mal
connu,
les statistiques en particul ier sont pauvres et peu
faibles lorsqu'elles existent.
Le mode d'élevage est essentiellement traditionnel,
de type extensif caractérisé par la recherche permanente de
pâturages naturels et de points d'eau.
La sécheresses des années 1970-1973 a quelque peu
modifié la situation du secteur. Des phénomènes conjoncturels
ont amené des changements structurels. Les
pertes importantes
dans le cheptel ont entraîné un certain nombre de petits éleveurs
à
émigrer de façon définitive vers les vil les, favorisant un
transfert important de la propriété du cheptel.
Si actuellement
le nombre de bovins n'a pas encore
retrouvé son niveau de 1968, les autres animaux (ovins, caprins,
camel ins) ont largement dépassé leur effectif d'avant la
sécheresse.
Il
n'y a pas, en fait,
d'exploitation rationnelle du
cheptel
qui reste encore une valeur sociale et sa valeur est
plus tournée vers la croissance que vers la productivité, d'où.
des problèmes de surpâturages, de points d'eau et de protection
sanitaire des troupeaux.
Le IVe plan de la Mauritanie prévoit des actions dans
ce domaine avec pour objectif l'augmentation de la production du
troupeau pour assurer les besoins en viande du pays.
Par contre, la part du secteur minier dans le produit
intérieur brut est en baisse constante depuis 1973. Alors
qu'entre 1970 et 1974, le secteur représentait environ 25 % du
PIB, en 1979 et 1980, on l'estime seulement à 12-13 % seulement(2)
(nous reviendrons sur cette partie dans la troisième section).
(1)
Statistiques
du Minist~re de
L'Economie et des Finances~
Mauritanie~ 1984.
(2)
Minist~re de 7/a Coopération~
MauY'itanie~
nO 43~
septembre 1982.

- 473 -
b)
Equil ibre financiers et monétaires et position
extérieure se l'Etat.
Le plan de redressement triennal, mis en place en
1978, a connu des
résultats inégaux.
Si les dépenses budgétaires ont effectivement été
maintenues sensiblement au même niveau (10,1 mill iards d'UM en
1979, 1980 et 1981) les recettes recouvrées ont pour leur part
diminué de près de 20 % entre 1978-1980(1). Cette baisse de
recette provient essentiellement d'un mauvais rendement des
impôts dont l'émission et le recouvrement ont notamment pris
un retard important en 1980, 'avec la mise en place de nouvelles
procédures informatiques. L'exécution budgétaire 1981 a été
dans le même sens.
Dans ces conditions, le déficit budgétaire qui
n'a
guère varié entre 1978 (3,5 à 4,5 milliards d'UM) devrait se
situer autour de 3,5 milliards en 1981 ; selon les données du
Ministère de la Coopération(2)
Les finances
publ iques mauritaniennes ont connu une
dégradation depuis 1974, avec un déficit budgétaire qui
s'est
creusé pour atteindre en 1978 environ 5 milliards UM, soit plus
de 40 % des dépenses budgétaires(3).
Malgré l'importance des aides extérieures et le
recours aux avances de la Banque Centrale, les difficultés de
trésorerie sont devenues
telles qu'un plan de redressement a
dû être mis en place dans le but d'assainir cette situation et
de résorber ce déficit,
La dégration financière a connu son apogée en 1978,
où en milieu d'année la situation de trésorerie a été très
critique, malgré le recour's à l'ensemble de la panoplie des
possibilités de ressources intérieures et extérieures.
(1)
Statistiques
du Ministère
de
lrEconomie
et des
Finances,
Service budget,
Mauritanie,
1982.
(2)
(3)
Ministère
de
la Coopération,
Mauritanie,
Juillet
1982.
N° spécial.

- 479 -
L'Ouguiya
(L1M), monnaie nationale, a été créée en
1973,
lorsque la Mauritanie s'est retirée de l 'L1MOA(I).
Le taux de change de l 'Ouguiya est déterminé
quotidiennement par référence à un panier de monnaies
(dont
le dollar représente 71 %,
le franc français 22 % et 7 % pour
les autres monnaies).
La valeur de la quasi-total ité des exportations
étant exprimée en dollars alors que le principal
des
importa tions
provient de l a zone francs, l' évol ution du taux
de change effectif pondéré par les
importations suit les
variations du cours dollar-franc.
Parmi les principaux facteurs qui ont exercé une
influence sur la masse monétaire pendant l'année 1973,
l'expansion rapide du crédit dans le secteur privé (+24,8 %
par an)(2) est l'élément dominant, amplifié jusqu'en fin
1974 par la hausse des avoirs extérieurs nets, alors que
l'Etat demeurait créancier net du système bancaire.
L'année 1976 peut être considérée conme l'année
d'inflexion générale de tendance de la dégradation du niveau
des avoirs extérieurs nets et de la position débitrice du
gouvernement mauritanien s'accélérant en 1977 et début 1978.
Le budget prévisionnel
1982 a été arrêté à Il,46
milliards d'L1M, soit en hausse de 11 % par rapport au budget
prévisionnel
1981.
Les dépenses de fonctionnement, personnel et
matériel, sont à nouveau comprimées au maximum et n'augmentent
que de 7 % (on notera d'ailleurs le fléchissement relatif des
dépenses mil itaires qui
passent de 41 % à 38 % des crédits de
fonctionnement des administrations)(3). La différence essentielle
tient à l'augmentation importante, près de 33 %, du service de
la dette et notamment des intérêts à payer(4).
(1)
V.M.O.A. : [jaion Monétaire Ouest Africain
(2) '.'Situation économique des CEAO~ ]98]-]982 : la Mauritanie I/~ JuiUet ]982~
Ministère des Relations extérieures EAO : Etats Africains de l'Océan
indien.

(3) Ministère du Plan et de l'Economie~ Service du budget Mauritanie~ 1984.
(4) Idem.

-
,180
-
Le tableau suivant nous donne l'image des exécutions
budgétaires en Mauritanie.
Tableau 21
Exécutions budgétaires de la Mauritanie 1975-1981
(en mill ions d'UM)
l
1975
1976
1977
1979
1980
1
1981
1
1
Recettes
3 924
4 891
4 620
7 006
6 736
5 655
6 793 1
1
IDéPenses
4 588
8 289
9 017
11 540
10 121
10 109
10 3841
Solde
-664
-3 398
-4 397
-4 534
-3 385
-4 454
-3 591
1
Source
Ministère de l'Economie et du Pla n de ~1auritanie,
1982.
- - - -
Budget prévisionnel
1981
t e n mill ions d'UM)
RECETTES
11 466,3
DEPENSES
11 466,3
Recettes fiscales
7 965,0
Dette publique
1429,2
Recettes non fiscales
467 ,0
Fonctionnement
8 434,0
Recettes en capital
1 160,0
Personnel
Matériel
(8434,0)
Aides et subventions
85 1,3
Interventions publi-
ques
906,0
Emprunt
1 000,0
Investissements
556,8
Autres
23,0
Autres
140,5
Source
Statistiques de la Mauritanie, Ministère des Finances
et du Plan.
Le budget de la Mauritanie présente un solde négatif
d'une année sur l'autre, ce qui oblige l'Etat à s'endetter vis-
à-vis de l'extérieur.

- 431 -
Tableau 22
Dette extérieur de la Mauritanie de 1975 à 1981
(en nill ions d'UM)
1975
19/6
1977
1978
1979
1980
1981
1
- -
Engagements
17 880
27 880
31 365
38 090
55 270
61 860
70 000
encours tiré
8 491
17 142
21 601
27 472
28 261
33 450
45 000
Service de
1a dette
1 263
1 254
/2 233
2 887
3 632
1 96P
2 970(2)
1
(1)
(2) après aménagement de la dette
source: Statistiques de la Mauritanie, Ministère des Finances
Le deuxième aspect du plan de redressement est
constitué par la politique monétaire de l'Etat, dont les rêsultats
obtenus en 1970 et 1980 se sont partiellement inversés en 1981.
Tableau 23
Situation monétaire de la Mauritanie"de décembre 1975
à dëcembre
19~1.
r
!déc.1977
déc.1979
déC.19801 déc.1981 1
\\
déc.1975
déc.1976
déc.1978
1
---l
1
1 Avo i rs
, extérieurs
+7
+373
-1 922
-2 514
-1 574
-1 554
-1 483
r nets
1
, Crêdi t
10 476
11 709
13 494
1
intérieur
5 098
5 590
9 465
9 913
1
Créance
-719
-241
+1 394
+1 052
+1 428
+1 628
+2 231
1
sur liE ta t
l' Créd it à
831
+8 071
+8 861
+9 048
+10 081
+11 263
i l'économie
+5 817
+6
i
i
1
!
i
jActif =
5 105
6 963 1
7 543
7 399
8 902
10 155
IPassif
1
l~
1
Ma sse moné-
3 979 1
4 813
5 058
5 160
5 874
7 080
9 430
1
ta ire
Monnaie
fiduciaire
1 214
1 462
1 529
1 729
2 296
2 376
2 678
Monnaie
scri ptura 1e 1
1 712
2 218
2 566
2 406
2 770
3 301
4 975
1
Quasi-monnaie
1 052
1 131
964
1 025
808
1 403
1 777
1
Autres
1
éléments nets
1 126
2 149
2 484
2 239
4 028
3 075
2 681
1
- - l .
- - - -
Source
Ministère des Finances, Mauritanie, 1983.

- 482
-
Le
net
ralentissement
des
crédits
~
l'économie
observé en 1979 et 1980 ne s'est
pas
poursuivi
en 1981, où
ceux-ci
avaient
progressé de
plus
de
Il
7:
contre 6;s en
moyenne annuelle antérieurement.
Ces
crédits
au secteur
privé
sont
par ailleurs
constiutés à
plus
de moitié de créances douteuses
Ou gelées(l).
Les créances sur l'Etat ont,
pour
leur
part augmenté
de 45
% sur
l'année,
mais
le solde
des
avoirs
extérieurs
net se
serait stabilisé au même
niveau
qu'à
la
fin
1980(-1,5 milliard).
La
fragilité de l'économie,
le manque de
ressources
propres
ont pour conséquence,
un
degré élevé
de dépendance
vis - à - vis d e l ' ex t é rie u r qui
s e t rad u i t
par
l a v'u l né rab i l i t é
de la
balance des
paiements et un endettement important.
2 -
L' économi e du Sén~
Dan s les
a nnée s qui
sui v ire n t
l 1 i n dép end a n ce,
l' h i s ta ire
économique du Sénégal,
après
une
période de
croissance modeste
mais
régul ière
(3,3 % de
1959 à
1966,
selon
les données de
la
Banque Mondiale)l2),
a été jalonnée
par
une
série de crises
successives
qui
ont fortement perturbé
la
croissance et les
équilibres
financiers:
l'abandon
de
la
garantie
par la
France.
puis
par la CEE,
des
prix de l'arachide
(1966-1968),
les années
de
fortes
séchéresses
presque
ininterrompues
de
1969 à 1973,
ainsi
que
les mauvaises campagnes
de 1977-1978 et de
1979-1980
l'instabil~té des
termes
de léchange de
l'arachide et du
phosphate;
les
répercussions
des
chocs
pétrol iers de 1973-1974
et ]979-1980,
sont autant de facteurs
qui
ont fortement perturbé
une
écollomie
fragile
très
sensible aux aléas
conjoncturels.
Cette
succession d'à-coups a
provoqué une
crise
profonde
de
l'économie arachidière
(malaise
paysan),
un accrois-
sement
sensible du déficit vivt'ier
rendu
plus
aigu
par
l'urbanisation de
la
région dakaroise,
un
affaiblissement de
la
capacité d'exportation
provoquant de
fortes
tensions
sur la
balance
des
paiements.
( 1J Econom~e mœœit0!ienJle~ M:1i'ck':s tl'opicQv~~ 28 ma~ 1982 et BAN~ nO 1083
(mcvo,s 1981), pp.
1373 ci 1378.
s c2v. corrrme 'l'ce extéjY'~eW' du Sénéga l.

- 48S -
Cet ëlément du marché international
rend l'économie
sénégalaise très vulnérable, car toute l'economie repose sur
cette speculatlon\\1).
En cas de cnute des DrlX ou de chute de la production,
1a dépenda nce du Sénega 1 s' accentue à travers pl us ieurs él ements
dettes extérieures, au~mentation des importations de produits
vivriers, déficit de
la balance commerciale et de
la balance
des
paiements.
b) L'équilibre flnancier et monétaire et laïOsition
extérieure du Sénégal
Les tableaux suivants nous donnent
la sltuation de
l'economie du Sénégal
de 1977 à 1:J82,
Tableau ~4
Exécutions budgétaires et prévisions du Senégal
de 1977-1982 (en mill iards F CFA)
1
B U u G E T S
\\
1:J77
1
1978
1
1979
11980 1:J81 1982
1
1 B
fonction---~\\l.------t----
\\ "dgers de
89
}U3
, 110,2 ll~,6 125,5 1~1,3
l nement
1
1
1
IBudgets d'équipement
t
1~
33,5
24
22
21 , ~
23,0
1
\\
1
1
i
1 SOUS - rOT AL
[--1-U-7-+\\-1-J-6-,~-+!-1-3-7-,6-+--1-4-6-,7--+--}7-4-,-3+--}-74-,-3-
Comptes-spéciaux-
47,1 ~
42
36,5
55,2
6~,5
67,2
trésor
1
1
TOTAL
154,1
1I8,~
1
17U,7
192,8
212,~
241,5
i
1
Source
Ministère de
l'Economie et des Finance, Service de la
statistique du Senégal,
19~4
(1 )Ind~pendQmment des
ppoductions
mini~res.

- 485 -
Ta bl e.a u 25
Dettes extérieures du Sénégal
de 1977 ~
1981
(en mil 1 iarns de
F CFA)
-
-
--
1977
1978
1979
1980
1981
- - - -
- - --~~~-
En COu r s dette ~
100
128
160
204
258
long et moyen terme
Dette à court terme
11 ,8
15,6
32,6
55,0
99,7
Ba nque Centrale
Service de la dette
13,9
22,5
26,1
38
45,3
(moy. et long terme)
1
Source
Ministère de l'Economie et des
Finances, Service de la
Statistique du Sénégal,
1984.
La situation financière
du Sénégal
s'est considéra-
blement dégradée au cours de ces
dernières années.
Après
une pause durant les années
1977 et 1979, la
crise financière a pris depuis
cette date une ampleur
croissante qui
a contraint les autorités sénégalaises à
recourir à d'importants concours extérieurs exceptionnels
(France,
FMI ... ) et à mettre en oeuvre un programme de redres-
sement financier.
Les causes de ce déficit financier
tiennent ~ la
pression de facteurs extérieurs
sur une économie fragile et
~
une politique économique et financière affaiblie.
L~une des causes essentielles du déficit de l'Etat
provient de la stagnation des
recettes fiscales
liée ~ la
crise économique que subit le pays depuis
1967(1).
Malgré l'augmentation de la pression discale de 17
à 21 % (2)
décidée par les autorités sénégalaises depuis
1977,
le budget de fonctionnement,
grevé
par d'importants dépenses
de personnel, est tout juste couvert par les
recettes fiscales
propres, ce qui
réduit à néant l'épargne budgétaire.
( 1) Octave~ Demain J l'Afyique~ de la prospective à la planit~cationJ PUF 1981~
pp. 56 à 139.
(2) Statistiques du MinistèY'('; d8 l'Economù; et des Finances~ Sénégal J ]984.

- 48S
-
Cet élément du marché
international
rend l'économie
sénégalaise très vulnérable, car toute l'economie repose sur
cette speculatlon~l).
En cas de chute des orlX ou de chute de la production,
la dépendance du Sénegal
s'accentue à travers plusieurs élements
dettes extérieures, au~mentation des importations de produits
vivriers, déficit de
la balance commerciale et de
la balance
des paiements.
b) L'équi 1 ibre flnancier et monétaire et la~9sition
extérieure du Sénégal
Les tableaux suivants nous donnent
la sltuation de
l'economie du Sénégal
de 1977 à 1Sl82.
Tableau ~4
Exécutions budgétaires et prévisions du Sénégal
de 1977-1982 (en mill iards F CFA)
[
- - i
B U u G E T S
1
1Sl77
1
1978
1
1
1979
1
1
1980
1Sl81
1982
1
1
1
t- 1
1
1
udgets de fonction
\\
89
103
\\
110, ~
1
11~,6
125,5
b 1,3
1
nement
1
1
1
1
1
1
udgets d'équipement
1~
33,5
1
24
22
21,~
23,0
1
1
1
1
t
GUS-TOTAL
107
1J6 ,~
137 ,6
146,7
174,3
174,3
f
omptes-spéciaux-
47,1
42
1
36,5
55,2
6~,5
67,~
résor
1
OTAL
154,1
118 ,~
170,7
192,8
212,~
241,5
1
1
Source
Ministère de
l'Economie et des Finance, Service de la
statistique du Senégal,
19~4
(1 )I71dépendamment des
pl?oductions minièpes.

- 427
-
L'absence d'épargne budgétaire a conduit le Sénégal
à
recourir de manière croissante aux e~prunts extérieurs
pour
financer le
plan.
Actuellement,
l'encours
de
la
dette
publique atteint
près
de 60 % (1)
du
PIS et la
charge de
la
dette, majorée
par
la
réévaluation du dollar,
absorbe
plus
du
quart des
ressources(2)
Tous ces
facteurs
ont contribué à creuser le déficit
de
'Etat et à rendre dépendante économie du Sénégal
vis-à-vis
de
'extérieur.
Cette situation est différente
d'un Etat à un autre,
ce
qui
met en
relief l'inégal
développement des
économies
des
pays de
la CEAü.
3°)
L'économie du
Niger
Pays
parmi
les
plus
pauvres
et les moins
dotés
en
ressources
naturelles
de
l'Afrique
tropicale,
le
~Iiger, apr2s
son
indépendance, avait organisé autour
de
l'arachide et plus
accessoirement autour de la mise en valeur du
cheptel,
une
croissance économique modeste,
mais
diffuse
jusqu'à ces
dernières années,
l'industrie n'était
représentée que
par de
très
petites
unités; les
investissements
d'origine extérieure
pour
'essentiel, étant peu importants en
valeur absolue.
a) Situation économique et financière
L'économie du
Niger reste caractérisée par trois
contraintes
principales:
comme
pays
sahélien,
la
vulnérabilité
de
son secteur primaire aux aléas
climatiques; la dimension
de
son
territoire ei son enclavement. Ses ressources budgétaires
et extérieures
dépendantes des
fluctuations
du marché de
l'uranium. "
(1)
Ministèpe
de
l'Economie et des
Finances,
Dipection de
la
Statis~iqve du Sénégal.
(2)
Plan quadriennal
du Sénégal,
1981-1985.

-
483
-
De 1970 à 1975, le niger a subi
directement les
conséquences de la sécheresse,
réduisant les
troupeaux de
bovins et d'ovins de 50 % à 35 %,
la
production céréalière
de 50 %, entraTnant une désaffection pour les cultures de rente
traditionnelles (arachide, coton) et accélérant le processus de
désertification et de dégradation des sol.
L'Etat devait donc faire
face à un grave déséquilibre
al imentaire et à une diminution considérable de ces exportations
(élevage, arachide et coton), le rendant quasiment dépendant de
l'aide extérieure(l).
Le Niger est un pays essentiellement rural
(90
% de
la population, 50 % du PIB)(2).
Au niveau de la production, un certain nombre de
tensions sont apparues en zone rurale,
où malgré les bons
résultats de la campagne 1980-1981(3), les cours des céréales
ont connu une flambée sans précédent à 1a période de soudure
'Juin-septembre 1981) avec des
pénuries quasi-totales dans certaine
zones, sans que l es causes véritables soient mises en évidence.
La campagne 1981-1982, grâce à des
pluies tardives
relativement bien réparties
(sauf dans la région de ~iffa),
s'est avérée moins mauvaise que prévue (-7 %) par rapport à la
campagne 1980-1981 (-14 %),4)
bien que l 'équil ibre al imentaire
théorique soit juste assuré, des
importations de riz et de farine
de blé ont été effectuées (voir tableau sur les
importations de
produits vivriers
(p.
).
Les irrégularités cl imatiques ont aussi affecté
l'élevage, l'insuffisance de pâturages nécessitant l' importation
de 5000 T(5) de graines de coton et de son de blé pour
l'al imantation du bétail.
Les entreprises
industrielles ont toujours une place
modeste dans l'activité économique nationale.
(])
SAhIR Aial17~
l'Afloique
de
l'Olœs t bloquée~
Chapitre
V~ paragr:2ph
3.,
p.
158.
(2)
Min1~stère ce l'Economie et des Finances du i1figelo~ Service du
Budget~ 1984.
(])(2)
Statistiqtces agricoles (lu Niger~ Ministère de l'Agriculture, 1983-1.984.
(3)
Ministère du Commerce Extérieur du Niger~ 1983.

- 48~
La
branche agro-al imentaire
(huilerie)
tourne à moins
deI 0 ~!, des a cap a c i t é d e pro ~ uc t ion (s e l 0 n l e ~'i n i s t ère ct e
l'Industrie et du Commerce 1u ~iger), sans grand espoir
d' amél ioration.
L'activité des
industries chimiques a été relativement
satisfaisante en 1981, avec des hausses
de chiffres de 73 % et
( 1)
50
%
Par contre,
la
production 1e ciment est tombée de
38900 T (1980) à 29 60C) T) en 1981(2), en liaison avec la
fin des
travaux miniers et la récession du secteur bâtiment et
travaux publics
(réduction des
financements
publics)*:
b) Les échanges ext~rieurs
La
position du
Niger vis-à-vis du
reste du monde
devient de plus en plus difficile, les
tendances 1980 s'étant
ampl ifiées en 1981 et au début 198?
Le déficit de la balance commerciale s'est de nouveau
creusé avec le plafonnement des
recettes d'exportations rie
l'uranium à 98 mill iards
F(FA(3),
bien que les
importations se
soient nettement ralenties suivant en cela le rythme de
'activité économique.
Seul
le maintien d'un important flux de capitaux
publics
de l'étranger pour financer l'essentiel
res
investis-
sements
nationaux a permis de conteni.r, le déficit de la balance
des
pa i e men t s, mai s l a po s i t ion e x t ~ rie u r d u ~: i ge r vis à vis
des
institutions monétaires après
une stabilisation en 1981
(et des mouvements assez erratiques),
s'est brutalement
dégradée
pour atteindre un solde négatif reccord de 9,7
milliards en 1982 (mars
(4)
(1)
Source
Ministère
de
l'Economie et du Plan.
(2)
Source
BCEAO.
:t
La production agr1~colp, la produe:tion min1-ere et industreille,
seront reprises plus en
d~tail dans
la
troisième section de
ce chapi tre
(3)
Ministère
du Commerce
Ext~rieur.
(4)
Source:
BCEAO

Source
BCEAO (-(1) dont 4 milliards d'emprunts de l'Etat comptabilisés
dans les engagements extérieurs des banques
Source
Annuaires Statistiques de la BCEAO, année
1983,
r
\\
déc.197.9 \\déc.1980
(J2c.198l\\déc.198Z\\
l_ _- - - - - - - _ - - +
--+J
-+-I------~I----_____1
\\A - Avoirs ext.nets(l)
13 642,41
-3 035
1
-497
1
-9 676
1
B - Position nette du
1
1
\\
gouvernement
-18 359,7
-7 491
-2 984
+2 021
1
1
1
1
\\
1
Crédits à éc.
75 766,0
98 80::!
101 952
107 716
1 C -
1
1
1
1
Ac tif = Passif
i 71 048,7
79 274
98 471
100 061
1
1
ID -
1
1
-
1
1
1
iE - I~asse moneta 1re
64 506,6
1
77 933
1
~
94 069
98 368
1 693
F~--~_~_.~_~e-s-é_l-é-m_e-n
1~J__
t_s_ _L...---_6_5_4_2_,_1_1_.._
4_4_0_2_-----L
: - 1
Source
Annuaires Statistiques
de
la
BCEAO,
année
1983
(1)
dont
4 milliards
d'emprunts
de
l'Etat comptabilisés dans
les
engagements extérieurs des
banques.

-
~'J1
-
Le
niveau
de
l'endettement du
Niger,
au
regard
de
sa
capacité de
supporter la
charge
du
service
de
la
dette,
ayant atteint
un
seuil-l imite
(quasi-doublement de
l'encours
et
du
service
de
la
dette
en
1981),
on
peut
prévoir un
déficit
important de
la
balance
des
paiements
et
la
poursuite
de
la
dégradation
de
la
position
extérieure
en
1982 et les
années
à
venir.
La
dette extérieure
du
Niger
qui
était de
2 mill iards
en
1975 a atteint 8 milliards
en
1980(1).
Le
Niger à
de
plus
en
plus
de
difficultés
à
faire
face
à
la
diminution
de
ses
ressources
budgétaires,
et a dû,
en
1982,
pour la
deuxième
année consécutive,
faire
appel
à
des
concours
extérieurs
exceptionnels
(françois).
S'il
a
réussi
à
contenir la
croissance
du
budget de
fonctionnement(+4
% en
1980-1981),
le
doublement annuel
du
service
de
la
dette
(plus
de
18 milliards
en
1981-1982)
réduit
d'autant
l'épargne
budgétaire
affectée
au
fonds
national
d' investi ssements (2) .
Tableau
27
Les
finances
publiques
du
Niger
(millions
F CFA)
r -
i
1976-1977
1977-1978
1975-1976
\\
Exec.
Exe c .
i
Ex e c .
L-
I
Recettes to ta 1es
27 460,4
37 627,4
47 378,8
1
i -Budget général
26 657,6
35 481,2
45 747 ,2
! -Budget investissement(l)
1I-Budget annuel (1)
182,8
425,3
420,7
1
1
i -Recettes non classées
620,0
1 720,9
1 210,9
[
Dépenses totales
25 953,3
34 702,12
47 096,9
J
!
1 -Budge t généra 1
21 591,3
27 444,5
30 782,3
-Budget investissement
(F.N.I.)*
2 857,6
5 914,1
13 623,0
-Budget annexe
815,0
988,1
1 066,3
-Comptes spéciaux(nets)
-734,8
-455,2
-200,4
I-Dépenses non cl assées
1 694,2
810,6
1 825,7
1
EXCEDENT ou DEFICIT
+1 507 ,1
+2 925 ,3
+281,9
*" F.N.I.
Fond ~jational D'investissement

-
492
-
1
Tl978-1979 T 197~-1980
1980-1981
~81--=1JS;--·\\·
1
\\
Exec.
\\
Exec.
Exec.
Exec,
1
fRec e tte5 to ta les
1
61 67 a-TI--7--5-04-0--+---7-9-8-1-0-~--+----9~3
-85-4(-2)
I-Budget globale
\\
60 090
73 157
75 320
n.d.
1
I-Budget ived 1)
1
1
360
713
4 490
n.d.
1
1
I-Budget an.(l)
1
1 -Recettes
non classée.
1 220
11 170
1 Dépenses
total es
59 020
77 295
86 100
93 854
i
1
-Budget globale
1
37 357
48 331
50 100
1
l-bUdget in.(Fm)
i
17 604
23 911
27 400
26 000
1
1
1
-Budget annexe
!
1 292
1 503
\\
1 -Comptes
spéciaux
1
( ne t s )
277
+50
8 000
n.d.
1
-Dépenses non classéeJ
2 490
3 500
1
1
EXCEDENT ou DEFICIT
1
+2 255
-2 555
-6 290
1
1
J
Source
Ministère des
Finances/FMI
(1)
ressources
propres,
ne comprennent pas
les
transferts du
budget··général.
(2)
dont 19 mil liards
d'aide exceptionnel le
Source: Annuaire
de
la
BCEAO, année
1983.
Le
Niger se
trouve donc
non
seulement confronté au
problème de
trésorerie,
mais
c'est toute
sa
politique financière
qu'il
doit reconsidérer à court terme:
consol idation de
sa
dette,
refinancement des
entreprises,
révision de sa
politique
d'investissement.
4 -
L'économie de la Haute-Volta*
Comme les autres
Etats membres
de
la
Communauté
Economique,
la
Haute-Volta
reste
l'un
des
pays
les
plus
démunis
d'Afrique de
l'Ouest.
;( Burkina-Faso.

-
~93
-
Des
sol s dégradés
et des
conditions cl imatiques
souvent défavorables
font obstacle au développement d'une
agriculture
qui
occupe
près
de 90 % de la
population,
Pays
sans
accès
à
la mer,
l'insuffisance de
'infractructure,
freine
le
démarrage
d'un
secteur industriel
qui
reste embryonnaire.
Après
les difficultés auxquelles
s'est heurtée
l'économie volta'ique dans
la
première moitié de
la décennie
1970,
il
semble que
l'on assiste depuis
1978 à une légère
reprise
de
l'activité.
En t r e 1 97'8 e t
1 98 1,
leP l 3 rée l
a u rai tau gmen té e n
moyenne annuelle de
2,1
%(1),
ce qui
signifie, compte
tenu
du
taux de croissance de
la
population,
une faible
amél ioration
du
revenu moyen
par
habitant.
Toutefois,
l'évolution de
la
structure du
PIS est
plus
inquiétante à
terme,
le développement du secteur tertiaire
se faisant au détriment des
secteurs
productifs de
l'économie.
Le
tableau
suivant
nous donne
l'évolution du
PIS de
1975 à 1981.
Tableau
28
Evol u t ion
d u P l B d e la:, a u t e - Vol t a
(e n mil lia r d s
de
F CFA)
----~
i
1
1
1
1
1
l.
1975
1
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1
PIS aux prix
1
121 ,8
142,4
172,5
190,2
227,2
265,0
305,5
coura nts
1
dont secteur
rural
47,3
59,2
72,3
74,5
90,0
105,8
119,9
1
1
PIS aux prix
1
1970
89,7
90,6
87 ,4
89,8
93,5
96,1
98,7
1
1
1
dont sec teur
1
1
1
1
1
rura l
35,0
32,8
35,0
36,1
37 ,4
1
1
!
!
36~ 35,6
J
1
Source
BCEAO .
(1)
Source
Comptes
Economiques
de
La Hau.te-Vol.ta,
1982-198.3.

Tableau
31
Endettement de
la
Haute-Voltat de
1975 à
1981
(en mill iards de
F CFA)
---t~_F-in_19-7-5___j_rIl-1976JI 1977
1978 +_1979
\\ ;98~lI98~~
i - i
\\ Engagements
1
1
1
1
1
1
totaux
1
43,32
1
62, 54
69,50
69,S!
1
1
81,37
102,76
94,51 1[
1 Encours
de l a i
1
1
1
1
\\
\\
dette
1
14,25
Il
21,501
32,32
39,51 ( 51, 54 1
69, 41 i
51, 581
l Service
de la
\\11
1
\\
1
1
1
1
1
dette
[
1 , 10
!
1 , 11-1--,-1~_l_,3_5-.--+-__1_,_64----L1__l_'7_6_L 2 , 20 1
3 , 3 t
Sou rc e
Rapport
FMI
SCAO,1982.
Ainsi,
l'évaluation des
opérations globales de l'Etat
montre des
variations
importantes
du déficit selon
les
années,
le
plus
élevé étant de
plus de
20 milliards de
F CFA en
1979
(9
% du
PIB)(I).
En 1980,
l 'instabil ité de
la
situation
pol itique et
sociale a largement paralysé
le
pays.
Cette
instabilité s'est
traduite
par des
reports de dépenses et le déficit s'en est
trouvé
réduit de
près
de 50 % (2)
L'augmentation des
dépenses en 1981,
du
fait des
reports,
est
importante et le déficit global
atteindrait à
nouveau
20 milliards
de
F CFA.
La
Haute-Volta,
sur le
plan
extérieur,
est maintenue dans
une
situation de
dépendance et
"d'assisté" .
5-:,
L'économie du
t1al i
La
situation économique et financière du
Mal i
est
caractérisée
par
-
une
situation financière
inquiétante;
-
une administation dont le fonctionnement
absorbe
l'essentiel
du
budget de l ' E t a t ;
-
un
secteur d'entreprise d'Etat en crise
permanente
et pour lequel
une
réforme a été proposée
;
(1)
(2)
Rapport BAPA,
situation Economiq~!2 des pays d'Afrique.
Juillet
]282.

-
4S5
-
- un appareil
productif souvent obsolète et dont
les coûts de production ne permettent pas de
produire de façon
rentable.
La solution à la crise de l'économie mal ienne est
très complexe, d'après les explications données
par les
différents
responsables(l),
en raison des difficiles équilibres
à maintenir
entre la
nécessaire
réforme des entreprises
industrielles et des structures d'encadrement de l'agriculture,
qui devrait logiquement amener à comprimer les coûts et à
augmenter les rendements et la
productivité, et le coût social
élevé que pourrait entraîner cette pol itique.
L'Etat mal ien connaît en permanence des difficultés
de trésorerie et ne
peut faire
face à ses échéances avec
régularité,
notamment pour le
paiement des traitements des
fonctionnaires.
En 1981, le déficit cumulé de l'Etat a été estimé
(endettement du Trésor) à environ 55 mil liards de FM*, soit
4 fois
son montant en 1976(2).
Malgré un effort certain en matière de recouvrement
fiscal
en 1981,
les
ressources budgétaires restent faibles.
Cette situation est due à plusieurs facteurs
- l'étroitesse de la matière imposable, aggravée par
le faible
revenu d'activité en 1980, aussi
bien en"ce qui
concerne l'agriculture que le secteur productif urbain dont
la
production a été affectée par de fréquentes
coupures
d'électricité et l'augmentation du prix des hydrocarbures
- La fraude
fiscale,
notamment sur les
importations
des négociants privés
- l'accumulation d'arriérés d'impôts
provenant de
'incapacité du Trésor à recouvrer les
impôts
présents et
passés, en particul ier ceux dus
par les
sociétés d'Etat;
- le système général isé d'exonérations accordées dans
le cadre du code des
investissements de 1976 et les exonéra-
tions de taxes spécifiques.
(]) Explications données sur l 'pconomie du Mali par Monsiecœ OUEDRAOGO et
Monsieur SAWADOGO~ Responsahles des Services Budget et Impôts '.
(2) Minis tère du Plan, Plan quinquennal de déve loppement économique et social
dh Mali~ 1981-1985.
x
Franc Malien.

-
495
-
Au
niveau de
l '~icul ture,
la
production
coton-
nière est la
principale source
d'exportation.
Cette
production
a enregistré pour la
troisième année consécutive,
une régression
notable:
93 000 T en
1981,
pour
108 000 T en 1980(1).
Cette baisse de
la
production
tient à deux
facteurs
qui
se sont combinés
Le différentiel,
prix au
producteur coton et
prix au
producteur céréales est apparu moins
attractif du fait de la
hausse du second
(céréales),
ce
qui
a amené certains
paysans
à
fa i re des
céréal es
pl ut6t que
du
coton (2).
-
Le coût des
intrants,
qui
entrent de
façon
importante
dans
le prix de
production
des
cultures
industrielles a
fortement augmenté.
Pendant la
période quinquennale
1974-1978,
le
produit
intérieur brut au coût des
facteurs
s'est accru, à
prix courant
de 21,2 % par an,
en
passant de
190 milliards à 409,8 milliards,
soit en
termes
constants à un
rytme de croissance annuelle de
5 % (3)
Toutefois,
depuis
1977-1978, sous
l'influence d'un
certain nombre
de
facteurs,
tant
intérieurs
qu'extérieurs et
notamment des
influences
climatiques,
ce
taux de croissance
économique s'est fortement
ralenti.
Ainsi,
en
1980,
le
produit
intérieur brut était
estimé à environ 513,3 mill iards,
ce qui
représente
par rapport
à
1974,
un taux de croissance annuel
moyen de
seulement 17,9 %
et en
terme
réels une croissance à
peine supérieure à celle
de
la
population(4).
La
structure du
PIS,
bien
que
n'étant
pas
fondamenta-
lement bouleversée depuis
1974, montre
toutefois, d'une part
la
place
importante qu'occupe
le
secteur tertiaire
(environ
51 % du PIS) en 1980, et d'autre
part,
la
stagnation,
voire
la
(1) SEDES~ Les perspectives de développement à ~ong,'terTOO du. MaZi~ "~es
statistiques agricoles~ 1982.
(2) Nous reviendrons sur les différents aspects de la production des céréales
et du coton~ dans la section Il et la section III de ce chapitre.
(3) Plan quinquennal de développement économique et social du Mali~ 1974-1978.
(4) Sou:f'ce : BCE.40~ Ministère du Plan~ Plan quinquennal, du Mali~
1974-1978.

- 497
-
diminution de
l'importance
relative
du
secteur secondaire,
du
fait
notamment des
difficultés
que
rencontrent de
nombreuses
entreprises
publ iques
industrielles depuis
quelques
années.
Le
tableua suivant nous donne
l'évolution
du
PIS
en
1974 et 1980.
Le
secteur rural,
agriculture et élevage,
constitue
encore
la
base économique de la Haute-Volta.
Principale source d'approvisionnement du secteur
industriel
manufacturier,
il
en conditionne
fortement
la
progression.
Mais
la
part de ce secteur dans
la
formation du
PIS
s'est
régulièrement réduite,
de 46,5 % en 1972, elle n'en
con s t i tue
qu'. e n t r e 3 7 e t
3 9 % e n 19 8 1 - 1 98 2 ( 1 ) .
L'agriculture qui
représente
les
deux
tiers
de
la
valeur ajoutée du secteur rural
est,
pour l'essentiel,
une
agriculture vivrière
pluviale et donc
soumise aux aléas
climatiques et à
la
dégradation des
sols.
Ainsi
le déficit pluviométrique
important de
1980(2)
s'est-il
traduit
par une
baisse sur
toutes
les
productions
les
céréales dépassent toutefois
légèrement le million de
tonnes
en
1980,
niveau moyen annuel
considéré
par les
autorités
vol ta"lques,
comme correspondant à l'autosuffisance al imentaire(3).
En
fait,
même dans
les meilleures
périodes,
le
problème essentiel
est celui
du déséquil ibre
régional,
qu'un
système de distribution
inadapté ne
peut guère compenser
(nous voulons
parler du
I~ord qui est structurellement déficitaire
en
produits vivriers).
Les
cultures de
rente
restent essentiellement dominées
par
le coton,
qui
constitue entre
30 et 40
% des
exportations,
et dont la
production devrait
retrouver en 1982
son
niveau
1980,
après
la
forte
séchéresse de
1973-1974
(nous
reviendrons
sur la
démonstration dans
la
troisième section
de
notre
thèse).
(])
Statistiques de
la Banque Mondiale>
rapport nO 2146
UV>
Février
1979>
et les Statis.tiques
du Ministère
de
l'Economie
et des
Finances>
1983,
(2)
Situation Economique et Financière
de
la Haute-Volta,
~Tuillet 1982.
(3)
Les ~roblèmes de l'autosuffisance seront étudiés dans
la
sect&on deux du chapitre
1.

L'élevage, faute d'unf:
politique cohérente, n'a pu
jusqu'ici vraiment développer(l)
: malgré l'insuffisance de
statistiques en ce domaine,
il
semble que le troupeau soit
maintenant reconstitué après
la sécheresse de 1973-1974, et
les exportations d'animaux sur pied et viandes sont proches
de leur niveau antérieur à la sécheresse, c'est-a-dire 5
mill ions en 1978 contre 5,7 mil l ions en 1971-1972 anvant la
sécheresse(2) .
Quant à la production minière, elle est négligeable
actuellement.
Elle se limite à
une mine d'antimoine et une
carrière de marbre
(nous aurons
l'occasion de revenir sur cette
partie dans la troisième section).
(Les échanges commerciaux
constituent le chapitre 3).
La forte expansion de
la masse monétaire et des crédits
à l'économie
qui
a caractérisé la
période 1975-1978 semble se
ralentir quelque
peu.
La
ralentissement de l'activité économique, observé
notamment dans le secteur
industriel, ex pl ique pour partie ce
tassement.
Par ailleurs,
l'expansion des crédits à la campagne,
due notamment à des
placements
immobil iers de caractère
spéculatif a entraîné un resserement du contrôle de leur
util isation et, de ce fait,
une baisse sensible en 1980 qui
devrait se confirmer en 198L(voir tableau
29).
(1)
Y.
DUAULT~ La strat~gie de d~veloppement des pays de la CEAO
Rapport BDPA~
Juillet-Août
1984.
(2)
D'apr~s les explications du responsable de la production
animale de
la Haute-Volta~ enquêtes~ 7984.

-
4 J ~
-
Tabl eau 29
Situation de la monnaie et du crédit de 1975 à
1981 (en milliards de F CFA)
déc.19~déc.1976
- -.
-
1
déC.1977
déc .1978
déc.19791-
1
déc.80
~
déc.81
1
Avoi rs exté-
rieur nets
10,55
6,81
-0,38
-7 ,69
-5,25
-3,26
-2,78
- -
- -
Créd it intérieur
16,67
25,45
38,01
51,53
54,50
56,50
67 ,01
-Position nette
1
du gouvernement
-4,92
-6,96
-7,74
-3,28
-2,32
-3,38
+1,54 1
- -
-Crédits à
1
l'économie
21,59
32,40
45,75
54,81
56,81
59,89
65,46
-Campagne
3,64
4,21
4,70
7 ,90
10,08
5,82
3,54
Autres
17,95
28,20
41,05
46,91
46,73
54,07
61,92
1
ACTI F = PASSIF
27,22
32,25
37 ,63
43,84
49,24
53,25
64,22
1
1
1
Masse monéta ire
1
24,32
1
1
31,55
35,57
42,51
1
1
46,24
53,22
63,71
1
1
\\
1
II-Circulation
1
fidu ciaire
10,65
12,85
14,75
13,50
17,35
19,90
24,83
j-Dépots en CCP
1,14
1,06
1,36
2,14
l,59
1,43
1,45 1
1
I-Dépôts en
1
Il
ba nque s
12,53
17 ,64
19,46
26,88
27,29
31,89
37 ,43 1
IAutres éléments
1
( ne t )
2,80
0,72
2,06
1,33
3,00
0,03
0,51
1
1
Source
Rapport FMI, Mémoire de l a Haute-Voi ta pour l a conférence
des Nations Uni es sur les pays les moins avancés, 1982.
Les finances
publ iques vol taïques accusent depuis 1975
une dégradation inquiétante qu'il
est difficile d'intégrer à une
véritable politique de relance économique.
Toutefois, les opérations budgétaires
inétieures ne
recouvrent pas toutes les opérations de l'EtaL Une fraction
importante des dépenses d'investissement ne passe pas
par le
budget, mais
par l'intermédiaire de comptes spéciaux.
Les opérations comptabil isées au Trésor (recettes et
dépenses effectives, comptes spéciaux) se soldent par des
déficits constants dont l'augmentation brutale en 1979 et 1981
a conduit les autorités vol taïques à demander l'assistance du
FMI.(Voir les tableaux 30 et 31).

-
500
-
Tableau
30
Les
finances
publ iques
de
la
Haute-Volta de
1977
à
1981
(en milliards
de
F CFA)
t
1977
1978
1979
1980
1981
1
Recettes et do ns 1
28,99
30,33
33,97
38,60
~
42,50
1
,,
1
Recettes
1
27,86
29,53
31,35
38,60
42,26
1
;
,
i
Dons
1 ,13
0,80
2,62
-
0,24
1
,
1
Dépenses et prêts!
1
1
nets
1
,
-
29,50
32,36
40, la 1
39,59
48,00
1
Dépenses
27 ,81
30,50
40,95
li
40,05
48,00
1
1
1
Prêts nets
-1,69
-1,86
+0,86
r
+0,46
-
1
1
1
Comptes s péc i a ux
1
i
1
ne ts
-3,85
+0,25
-1 ,59
-0,58
-
1
-
1
Solde 9loba l
-3,85
-1 ,78
-7,72
-l,57
1
-5,50
Source: Rapport FMI-B(EA
Tableau 31
:
Evolution du
PIS entre
1974
et 1980
(en mill iards
FM* au
prix courant)
190,0
513,3
1
!Sec teur
i
114 5
138,4
161,1
163,1
180,3
l, 178,6
. primaire
66,9
1
,
\\
:
( 35,2 %)
(43,9 %),
(42,1 %)
(4 2 , 1 %)1 (3 9 , 8 %
( 38 , 7 ni (34, 9 %)
.Secteur
30,6
34,2
lj!0~5
47,3
1 48,8
\\
6~,8 \\ 72,7 ,
1
. secondaire
(16,1%)
(13,1%)1
(12,3%)
(12 ,:3 %)11 (11,9 %)\\
(13,9%); (14,2%)1
1
'1
1
\\
'Secteur
92,5
112,1
i 149,9
175,3
i: 197,9
\\ 220,8
262,0
1
1
tertiaire
( 48,7 %)
(4 3 %)
! (45,6%), (45,6%)1, (48,3%)\\ (47,4%)
(50,9%)
Impâ ts i nd i -
1
rects nets de
\\
,subventions
9,0
12,4
13 ,6
11,3
13,6
1
12,0
35,8
1
Produit inté-
rieur brut au
1
prix du marché
199,0
273,2
344,4
395,7
\\423,4
477,9
549,1
Source
Plan quinquennal,
de développement économique et social
d u Mal i,
1 9 7 4 - 1 97 8
S t a t i s t i que s d u t~ i n i s t ère d u Pla n
du Mali,
1982.
* Franc Malien .. -

-
501
-
Quant au secteur primaire, après que sa part eut
passé de 35,2 % en 1974 et à
près de 40 % en 1978, elle est
tombée à environ 35 % en 1980 (voir tableau 32).
Les finances
publ iques ont été marquées
par un
déficit budgétaire important, les dépenses n'étant couvertes
qu'à 80 % en moyenne, avec une dette extérieure importante.
A la fin de 1981, le volume des emprunts engagés

l'exclusion du compte d'opérations et du FMI) se chiffrait
à 795 millions de DTS, dont 570 millions (soit environ 46 %
du
PIB) avait déjà été encaissés(I).
Environ 25 % des emprunts décaissés
provenaient
d'organisations multilatérales,
le reste étant représenté par
des
prêts des pays amis.
Les tableaux suivants nous donnent l'importance du
déficit budgétaire, les aides extérieures et la dette publ ique
de 1977 à 1981.
Tableau 33
Budget de l'Etat de 1977 à 1981 (en milliards FM)
l---
1977
1978
1979
1980
1981
Recette ord i na ires
48,0
52,3
54,9
59,4
68,6
Dépenses de fonction-
\\
nement
51,5
57,8
68,9
83,4
88,8
1
- dont budget général
44,9
51,0
62,6
-
-
1
1
- budget régionaux
6,6
6,8
6,3
-
-
\\
Dépenses d'équipement
i
3,1
3,4
3,6
3,8
4,0
Déficit
-6,7
-8,9
-17 ,6
- 24,0
-19,5
1
Tableau 34
Aide extérieur (e n millions dollars)
--~~--
1
1977
1978
1979
1980
1
1981
1
t---
Total aide
113,6
179,6
205,9
226,0
249,0
1
\\
dont Fra nce
26,9
34,0
37 ,6
42,5
47,3
1
Source
FMI, Ministère des Finances
(1)
So~rce : FMI, Ministère des Finances du Mali

- 502 -
Tableau 35
Dette publique du Mali
(en millions de dollars)
1980
1981
1982
Engagements totaux
888,7
900,6
960,0
Service de la dette
26,9
42,1
44,5
dont principal
10,2
17 ,0
12,1
intérêts
4,5
6,4
9,5
comptes d'opérations
12,2
23,4
22,9
Source
FMI, Ministère des Finances
Comme les autres
pays de la CEAO, le Mal i a un déficit
budgétaire très
important et des dettes publ iques très élevées,
avec une dépendance vis-à-vis de la production cotonnière,
principale source d'exportation, et qui est très souvent mise
en cause par les conditions cl imatiques, ce qui accentue sa
dépendance vis-à-vis de l'extérieur.
6 - L'économie de la Côte d'Ivoire
Après l'indépendance et jusqu'en 1978, la Côte
d'Ivoire a connu une croissance économique très rapide
(+8 % en moyenne par an)(I) provoquée par le développement de
l'agriculture, l'industrialisation du pays, un niveau moyen
relativement élevé des cours du café et du cacao et de très
importants programmes d'investissements publ ics en particul ier
à partir de 1975-1976.
Depuis 1978, l'environnement économique international
s'est dégradé,
entraînant une détérioration de la situation
économique
ivoirienne,
très dépendante de l'extérieur.
(1)
La
C8te
d'Ivoire
en chiffres,
ann~es 1970-1975,
Minist~re du
PLan et de
l '2conomie.

- 503 -
De 1975 à 1978, le produit intérieur brut (PIB)
mesuré en termes
réels, avait progressé de près de 8,8 %
par an en moyenne(l), tandis que la consommation réelle des
ménages avait augmenté de 10,7 %(2), ce qui correspondait
à
uen augmentation de 5,8 % par an du volume de la consom-
mation par t~te des ménages ivoiriens.
Ainsi,
le volume du PIB est passé d'une croissance
de 8,8 % par an de 1960 à 1978, à 3,2 % au cours de la
période 1979-1981.
A cOté de la dégradation de la conjoncture générale,
dès 1979, certains secteurs tels que l'agricul ture d'exportation
et l'industrie de transformation des produits agricoles
(que
nous verrons dans la section III de ce chapitre) sont restés
dynamiques.
La conjoncture 1981-1982 reste dominée par l'incidence
de la crise internationale et des mesures de redressement prises
par les
pouvoirs publics. La demande et l'activité économique
restent déprimées, tandis que la situation reste tendue dans
les domaines des finances
publiques, des échanges extérieurs,
de la monnaie et du crédit.
L'agriculture, par contre, reste un secteur dynamique
grdce à d'importants efforts de productivité, après un progrès
sensible en 1980-1981
(que nous aurons l'occasion d'apprécier
dans les chapitres II et III, sur l'agriculture vivrière et
, a 9 ri cul tu r e d f e x po r ta t ion) .
En 1980, la production agricole avait enregistré une
croissance en volume exceptionnelle grdce au progrès des
cultures d'exportation (voir section III. A du chapitre 1)
(cacao, café, oléagineux, coton, canne à sucre,
hévéa) et, à
un moindre degré, de l'élevage,
tandis que la production vivrière
(voir section
II A, du chapitre 1) traditionnelle avait continué
à crottre à
un rythme satisfaisant, mais qui
ne permet pas
d'atteindre l'autosuffisance alimentaire en Côte d'Ivoire.
(1)
Les
statistiques et
les
donn~es de la C6te d'Ivoire en chiffre.
1978-1979.
(2)
Idem~ C:1te d'Ivoire~ en chiffres~ 1978-1979.

- 504 -
L'agriculture d'exportation est en croissance
régul ière, grdce a l'augmentatlon de la production des cul tures
de rente(I).
Le déficit de la balance des biens et services
(qui
feront l'objet du chapitre de notre thèse) se répercute sur la
balance des paiements.
La balance des services et des transferts a continué
a se détériorer en 1980 et 1981 en raison notamment de l'accrois-
sement important du service de la dette publ ique extérieure.
En ce qui concerne la balance des capitaux, l'année
1981 est marquée par une nouvelle et forte augmentation des
entrées de capitaux publ ics.
Au total, le solde de la balanbe des paiements
passerait de -163 milliards en 1980 à -148 milliards en 1981(2).
Ces nombreux emprunts à l'extérieur pendant ces dernière.
années ont entra1né une dette extérieure et un service de la dette
en constante augmentation depuis 1975 (voir tableau 36).
Tableau 36(a) : Evolution de la dette publique de la Cote d'Ivoire de 1975 à
1978 (en milliards de F CFA)
1975
1976
1977
1978
Dette publique
332,2
524,2
934,3
976,8
En cours
220,4
287,6
442,1
610,0
-..-~-
:"géfés par la CAA
117 ,6
160,1
248,4
363,4
-non gérés par la CAA
102,8
127 ,5
193,7
246,6
Engagements
111,8
236,6
492,2
366,8
-gérés par la CAA
72,7
127,2
322,2
245,4
-non gérés par la CAA
39,1
109,4
170,0
121,4
1 Dette publ ique extérieure
326,8
518,5
927,2
968,6
r En cours
215,0
281,9
435,0
601,8
-gérés par la CAA
112,2
154,4
241,3
355,2
-non gérés par la CAA
102,8
127 ,5
193,7
246,6
1 Engagements
III ,8
236,6
492,2
366,8
-gérés par la CAA
72,7
127 ,2
322 ,2
245,4
-non gérés par la CAA
39,1
109,4
170,0
121,4
Source : Calsse Autonome d'Amortissement (CAA), Côte d Ivoire
(l)L:.:. production agricole> industrielle et minière> sel°a anaîysée dans 'ta
section III du chcrpitre I et la production vivrière dans la section II dH
chapitre I.

- 505 -
Tableau 36 ( b)
Evolution de l a de t te publique de l a Côte
d'Ivoire de 1979 à 1981 (en milliards de F CFA)
~te
1979
1980
1981
publique
1 091,5
1 284,8
1 806,0
En cours
762,3
991,4
1 395,8
-gérés par la CAA
460,3
641,0
1 050,5
-non gérés par 1a CAA
302,0
350,4
345,3
Engagements
329,2
293,4
410,2
1
-gérés par la CAA
244,7
221 ,9
335,2
-non gérés par 1a CAA
84,5
71 ,5
75
Dette publique extérieure
1 074,5
1 265,0
1 737,7
:
Encours
745,3
971 ,6
1 327 ,5
-gérés par la CAA
443,3
621,2
\\
982,2
1 -non gérés par la CM
302,0
350,4
345,3
\\
:
Engagements
3e9,2
293,4
410,2
!
- -
:
-gérés par 1a CAA
244,7
221,9
335,2
1
-non gérés par 1a CAA
84,5
71 ,5
75
1
!
Sou rc e
Caisse Autonome d'Amortissement ( CAA) , Cote d'Ivoire.
L'encours de la dette publique extérieure atteint
environ 1328 milliards à la fin de 1981 ~voir tableau) en
augmentation de plus de 36 % par rapport à la fin de 1980.
Cette augmentation est le fait de l'accroissement
des tirages sur la dette gérée par la CAA mais également de
l'évolution des cours des monnaies qui entraîne un fort
renché-
rissement de la dette libellée en devises autres que le franc.
Les engagements après une diminution en 1979-1980
ont augmenté de près de 40 % en 1981 (voir tableau).
Le service de la dette augmente rapidement depuis
quelques années et atteint 244 milliards en 1981 (+28,6 %)
par
rapport à 1980) et représente 30 % de la valeur des exportations
de bien et services.

- 506 -
Quant aux finances
publ iques
; depuis 1978 un fort
déficit est apparu dans l'exécution des budgets (voir taJleau
sui va nt) .
Tableau 37
Finances publ iques de la Côte d'Ivoire de 1975
à
1981 (en milliards de F CFA)
l
t
FINANCES PUBLIQUES
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
i
1Recettes
-
322
586
605
622
611
602
Dépenses
-
363
572
762
845
948
899
-dépenses ordinaires
-
198
232
347
-
-
1
-
-dépenses d'équipement
-
113
207
289
-
-
-
- prHs nets
-
52
133
126
-
-
-
Excédent/déficit
-
-4·1
+14
+157
-223
-337
-297
Financement extérieur
-
55
148
156
148
171
238
\\
r
Financement intérieur
-
-14
-162
1
75
166
59
1
Endettement lservice de
la dette) %
1
Dette extérieure
(dette de l'Etat et dette
garantie par l'Etat)
1
Fin de période
\\
-en cours (décaissés)
215,0
281,9
435,0
601,8
745,3
971 ,6
1327 ,5
-engagement ln. déc)
111,8
236,6
492,2
366,8
329,2
293,4
410,2
1
Service de la dette
1
1
extérieure
29,6
49,8
71,4 1
93,7 \\ 120,8
189,8
244,0
1
1
1
Service de la dette
1
1 extérieure
par rapport
1
1
aux exportations de biens
1
et services (%)
10,5
10,9
11,2
14,7
18,4
26,0
30,0
1
1
--- -
Source
Caisse Autonome d'Amortissement (CAA)

- 507 -
Cette détérioration s'est traduite par une impasse
budgétaire de 38 mill iards en 1979 et a conduit le gouvernement
ivoirien à renforcer sensiblement sa pol itique d'austérité
budgétaire.
Le ralentissement de l'activité économique et la
détérioration des
termes de l'échange (que nous verrons pl us
loin) ont aggravé la situation en 1980 où l'impasse atteignait
41 mill iards.
Le déficit du secteur publ ic (sociétés d'Etat incluses)
atteignait en 1980 environ 337 milliards de F CFA, soit 15 %
du PIS (1)
L'économie ivoirienne est tributaire de deux facteurs:
- les cours du café)cacao et les ressources pétrol ières. Le Café-
cacao. bien qu!ayant été jusqu'alors le moteur de développement
de l'économie ivôirienne, la croissance de l'agriculture ne peut
à elle seule compenser les effets
négatif de la baisse en volume
des dépenses
publ iques et de la dégradation des
termes de
'échange.
En conséquence. la croissance économique du pays se
ralentit et ~e niveau de vie des ivoriens est atteint depuis
quel ques années.
Par rapport aux autres pays de la CEAü, la cate
d'Ivoire a un développement économique différent du fait de la
diversification de ses sources de revenus, qui est liée à la
diversification de sa production agricole et de sa crédibilité
sur le marché international, cela n'empêche que son économie est
dépendante de l'extérieur; comme tout pays en voie de dévelop-
pement, son développement est lié à cel ui
de l'extérieur.
Un des éléments qui détermine le niveau de dévelop-
pement inégal
des économies des
pays de la CEAü, est le produit
national
par tête, comme nous
pouvons le constater sur le
tableau suivant.
,..
(1)
La C~te d'Ivoire en chiffres,
1981-1982.

-
50S
-
Tableau 38
Le produit national
brut au prix du marché en
1979 dans les pays de la CEAO.
r
To ta l PIB
PNB per capi ta
Taux de croissanc
P A Y S
(el) mill ions ~
(~ U.S.) en
du PIB per capita
U.S.) en 1979
1979
en % 1960-1979
cote d'Ivoire
9 130
1 040
2,4
Sénégal
2 480
430
-0,2
Ni ger
1 710
270
1,3
Ma l i
1 220
1
140
1,1
1
Burk i na- Faso
860
180
0,3
Mauritan ie
470
320
1,9
1
Source
Apport sur le développement dans le monde en 1981.
Banque Mondiale Washington.
Comme nous pouvons
le constater sur le tableau, les
écarts entre le PIS, comme les écarts entre le PNB per capita
des différents pays, montrent un aspect du développement inégal
des économies des Etats membres de la CEAO.
A cela, s'ajoutent des degrés d'autosuffisance
al imentaire inégaux qui
sont déterm·inés par le cl imat et la
capacité de production de chaque pays
(pour ne citer que ces
deux facteurs) et qui
conditionnent le développement inégal
des économies des pays concernés.

r
luul~dU ~~ : prOUult InterIeur brut par habitant l1975-1980) et produit national brut par habitant (1979)
~~~
A B C
D
E
F
G
----~---- ~---'-_.
COTE D'IVOIRE
gURKINA
MALI
MAURITANIE
NIGER
' SENEGAL
MOYENNE CEAO
PIB aux prix courants 1975
1
(en mill iards F CFA)
834,5
121,8
518
89,7
189,2
438,3
365 ,25
PIS aux prix courants 1980
2
(en milliards F CFA)
2 223,5
231,2
976
139,3(4)
531
545
1
774,4
3
Progression en valeur absolue
du PIB 1975-1980 en %
+166,45
+89,42
+88,42
+55,30
+180,65
+24,34
+100,85,
PIB par habitant en 1975-1976
4
(en F CFA)
183 000 (1)
24 750(2)
24 392,5(2)
88 550(1)
32 430 ( 2)
94 875(2)
74 669,5
.---'-- f---.
-
PrQgression du PIB par
5
habitant 1975-1980 (%)
+47,43
+57,57
+43,48
+10,78
+55
+6,93
+36,36
PNB par habitant en 1979
6
(en F CFA)
269 000
49 500
41 250
88 000
74 250
]18 250~)~ ,09
PIS par habitant en 1979-
7
---1:-'4-50(4)
98,941,5-
1980 (en F CFA)
269 000(3)
39 000(3)
35 000 ( 3)
98 100(4)
50 300(3)
1
Sources: 1°) CEAO "Les pays en symbiose" par Françoise DURAND, supplément "Jeune Afrique, n°
du 12 avril
1978, pp. 14-19.
2-) Situation économique des Etats afr'jcains et de l'océan indien, 1980, Ministère des Relations
Extérieures, Juillet 1981.
3°) L'Afrique d'expression française et Madagascar, Europe Outre Mer, n° 622 spécial, du 1er janvier
1982.
(1) en 1976
(2) en 1975
(3)
en 1980
(4)
en _1979

- 510 -
Le
tableau
39 révèle
d'assez grandes
inégalités
dans
les
situations économiques de chacun des
pays membres
de
la
CEAO.
Le
PIS moyen de
l'ensemble des
"six" en 1980 atteignail
774,4 milliards de
F' CFA.
Colonne G ligne 9.
Cette moyenne était largement dépassée
par la
CC'ite
d'Ivoire,
pour laquelle
le chiffre
était de
2223,5 milliards
F CFA et dans
une moindre mesure par le Mal i,
pour lequel
il
était de
976 mill iards
F CFA.
La
Haute-Volta,
avec
231,2 milliards
F CFA,
et la
Mauritanie,
avec
193,3 milliards
F CFA,
avaient respectivement
en
1980,
des
PIS de
l'ordre de
3,3 et de 5,6
fois
inférieurs à
la
moyenne
de l'ensemble de la CEAO.
Dans
la
période 1975-1980,
les
deux
pays dont le
PIS
s'est accru globalement le
plus,
sont le
Niger
(+180,65
%)
C/E:/L.3*
en
valeur absolue)
et la
COte d'Ivoire
(+166,45
%)
colonne A ligne 3.
La Mauritanie avec
+55,30 % 0/3 et le Sénégal,
avec
+24,34 % F/3.
seulement
pendant la même
période, ont un
PIS
qui
s'est accru
respectiverr.ent 1,8 et 4,1
fois
moins
vite
que
celui
de
la moyenne
des
"six"
(+100,85 % en valeur absolue)C/G/L/.l
Si
l'on examine le
PIS par habitant,
des constatations
analoques
peuvent etre faites.
Le
PIS moyen
par
habitant
pour
les
"six"
était,
en 1980, ed 98 941,5 milliards
F CFA,G/7
Cette moyenne était largement dépassée
par la
Côte d'Ivoire
pour laquelle le chiffre atteignait 269 800
F CFA et plus
A/4
légèrement
par le Sénégal,
pour laquelle i1
atteignait 101 450
mill iards
F CFA.
F/l.
Le Surkina-Faso a'Vec
39000 F CFA et le
Mali
avec
35 000
F CFA, avaient en
1980 respectivement des
PIS
par
habitant
de
l'ordre de
2,5 et de
2,8 inféférieurs à
la
moyenne de
l 'ensembl e CE/I,O.
La
progression du
PIS
par habitant,
dans
l'ensemble
de
la
CEAO,
entre
1975 et 1980 a été de
+36,36 % G/5
en moyenne
en
valeur absol. ue.

-
511
Si
elle
atteint
+57,57;;; rn Burkina-Faso, B/5
+SS
% au Niger E/5
;
+47,43 % en Côte d'Ivoire M/5
; 43,48 %
a u ~1 a 1 iCI 5 .
Les
chiffres
n'ont
été
que
de
+10,76 % pour la
Maurituni~ et +6,93 % pour le Sénégal.
Auni v eau d u PNB
par hab i tan t
e n 1 9 7 9,
i 1 a ri pa l' a î t
que
la
moyenne
de
l'ensemble des
"six"
atteignait
106 708
F C~A.
i) ne
roi s
de
plu s,
cet t e m0 yen ne
é ta i t
1 a r g e men t
dép a s séE
par
la
Côte
d',voïre
t269 000
F CFA)
et
légèrement
par le
Sénégal
(118250 F CUI),
~e BJrkina-Faso, avec 49 500
F CFA et le Mal i
avec
41
250
F CFA, avaient en 1;79,
respectivement des
PNB
par
habitant de l'ordre de
2,2 et de
2,6
fois
,nf'~rieurs à la
moyenne
de
l'ensemble de
la CEAO.
La
Ma ur i ta nie,
a ve c
un
r N3 iJ a r !) a b, ta n t
qui
a t te i g na i t
88 000 F CFA en 1979 et le Niger 74
250
F CFA,'se classaient
respectivement troisième et quatrième
dans
13
hi2rarch'e des
six
pour cet agrégat révélateur
de
la
situation économlqu2
gËrérê1e,
et du
niveau
de
vie des
populations.
Il
réss,~rt :,e cette
présentation
des
six économies
n a t i 0 na 1 es,
u n n ive a u d c.
d é ~ e 1.::: p p e me l~ t i n é gal ,
ta n tau
n ive a u
des
populations
qu'au
niveaJ
de
éc~no,ies.
L;~ développement inégal
qui
est
la
rançon
iné1uc-
tabl.,
de
.ou!e croi:,sance,
apparaît,
non
seulement à
,'intérieur
des
p a ys" e mb r e ~,
,;, a i ~
a us s i e n tl' e 1 e s
r é g ion s
des dit spa ys.
Les
inégal ité:,
c.:omm·-'
nous
l'avons
démontré
plus
haut,
peuvent s'expliquer par
p.useurs
facL:,ur::,
à
savoir:
1 -
Un
taux de
fécondité et de mortalité
trè:.
élevé :jans
certains
Etats
et en
régression
dans
d'autres.
2 -
,n.
cel a,
s 1 _ j 0 l, t e u n f i, U X ;Tl i g )- a toi r e
des
pop u lat ion s
'J e s
~ 0 nL spa Li v r e s ver s 1 e,
pa., s ~
,'0 r lep.) te ( t i a 1 i l: é
é con 0 mi que,
et ce,
..<
l'intérieur de
1:.
CEAü.

-
5 l 2 -
Ce ~ême
phénomène
peut être observé au niveau d'un
Etat sur
le plan régie,naî
et !lui se traduit par l'éllligrat~on
des
populations v'::rs
les <oones
industrielles.
Certalns
pa~'5 de
par lEur situation géographique
avantageuse
(région c5tières ou pays
c6tier par exe~ple),
drainent une population très importante et de ce fait
accentuent cette inégalité de développement de la
population.
Le développement inégal
des
populations
n'est pas
sans
influencer
ie développement des économies qui se traduit
lui
aussi
par une
inégal ité de développement des
économies des
pays.
Inegalités expliquées en grande
partie par la
situation géographique des différents états, leur potentialité
économique et leur capacité de production respectifs ajoutés à
leurs degres de développement di fférents.
Comparativement aux autres
Etats membres de la CEAO,
laC ôte d 1 I v0 i-f' e e t leS é né gal
b é né fic i e n t dru ne me i lIe ure
situation économique,
surtout en ce qui
concerne leur équil ibre
financier et monétaire, ainsi
que leur position sur le
plan
mondial.
Cette inégal ité est très
visible à travers
'exécution budgétaire de chaque Etat.
Le
PNB per capita
reflète à juste titre le développement inégal
des économies des
pays membres de la CEAG.
En somme, l' i nega 1 ite est perçue comme un facteur
défavorable à une bonne
intégration économique des
pays
membres de
1a CEAG.
A cela s'ajoute un degré d'auto-suffisance
alimentaire
inégal
qui
sera l'objet de notre deuxième section.

-
513 -
Section
II
- Des degrés
inegaux d'autosuffisance al iementaire
Au
plan al imentaire, la
production céréal ière revËt
dans
l'ensemble du monde une
importance
particulière.
Les céréales constituent en effet la
principale
source mondiale d'énergie al imentaire,
assurent une grande
partie des
besoins
protéiques des hommes
et constituent des
al iments
pour le bétail.
On estime que
22 ~~ de l'ensemble des céréales sont
destinées à
l'alimentation humaine dans
les
pays déve'loppés,
contre 80 % dans
les autres l1 ).
La
production totale a sensiblement augmenté
pendant
les
années
1970 et continue à
progresser selon les
plus
récentes
statistiques de la
FAO
; 1 564 mill ions
de tonnes en 1980,
1 652 en 1981,
et 1 696 en 1982, qui
a atteint
un niveau
record(2).
Cependant,
cette
production est très
inégalement
répartie
entre
les continents et entre
les espèces.
La
part de
l'Afrique ne s'élève globalement qu'à
4,25
% du
totêll
alors
qu'elle atteint 39,3 % pour l'Asie et
2a7~ pou r les s e Ij l sEt a t s - Ul', i s (3).
Les
six grands
producteurs ont été les suivants en
1982
len millions
de
tonnes)
Etats-Unis
339 ,3
Chi ne
306 ,2
URSS
173
1 nd e
l 34 , 1
Canada
5~,2
France
48
50 ut'C e
: ,~nnlJaire statisti::jue de la F,C\\O,198~,
'la -: - j V.i;1
C
,l Q 7
~ v
:....'
v .
(2)
;
...-: )
?'~'l:)b Z è:""·:::: S 2'_: 0 ~'?C'il>?i,~l ~/c B ~
[':";c ~.{n·t:"")1 t,,~ t;-i ~-. ~~7
~~)
rra. -i
1 g ~'""" ~ •

- 514
-
Ces
six
pays
ont assuré ensemble,
plus de 6::: %
des
recoltes mondiales de céréales.
Derrière
les
Etats-Unis,
qui
produisent deux
fois
plus
que
l'URSS,
avec
un
nombre
d'agriculteurs
infiniment moindre,
vient
la
Chine.
L'Inde,
qui
a sensiblement augmenté
sa
production
dans
les annees 1970,
est maintenant à
peu
près
autosuffisante
en ceréales et parvient m~me à exporter des quantités 1 imitées
de
riz.
Qu'en est-il
des
pays
de la
CEAD
?
Depuis des
années,
les
famines
s'abattent assez
régul ièrement sur certaines zones et certains
pays de la
CEAD.
Mais,
à côté d'accidents conjoncturels dramatiques
se
profile de
plus en
plus distinctement un accroissement
structurel
et généralisé de la
précarité alimentaire;
la
plupart des
pays
ne
peuvent arriver à fournir
une
ration à
peine
suffisante en moyenne à
leur
population
toujours
croissante,
que grâce à des
importations
accrues de
produits
al iementaires.
La
production alimentaire de ces
pays demeure
toujours
faible et ne
peut couvrir les
besoins
al imentaires
de
leur
population.
Quelle est la capacité de
production
vivrière des
pays de
la
CEAD
?
A -
Les
productions vivrières
des
pays de
la
CEAD
La capacité de
production vivrière de chaque Etat
membre de
la CEAD est
fonction de
plusieurs
conditions
climatique,
géographique etc ...
qui
jouent un
rôle
très
impot'tant dans
les résultats
de
la
production.
Pou r mie u x c 0 mpre nd l' e l e n ive a u d e pro duc t ion d e
chaque t.tat,
nous
èllons etabli\\'
les
tableaux d'évolution de
la
production vivriere de
1962 à 1980
par
pays.

1 -
La
production
vivrière
des
différents
Etats
de
la
CEAO
1°)
La
production
vivrière
de
la
Haute-Volta(l)
L'évolution
de
la
production
des
principaux
produits
vivriers
de
base est présentée
dans
le
tableau
suivant.
Tableau 40(a)
Evolution
de
la
production
vivrière
de
1962 à
1970 (en
1000 tonnes)
r-
Céréales
I 1962
1963
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970
Racines
Mil
263
331
388
360
370
310
377
392
389
50 rg ho
508
718
878
750
800
604
530
547
563
/·1 a ïs
78
109
127
110
100
124
137
60
55
r
Riz paddy
45
25
34
34
34
~4
40
334
34
1
,
1
,
Bl é
-
-
-

-
-
-
-
-
-
,
1
Autres
-
-
-
-
-
-
-
-
-
1
Manioc
30
1
32
32
32
27
30
30
30
30
j
1
!
Patates
32
/
40
35
35
35 i
33
16
26
34
Autres
23
22
23
24
i
25\\
30
34
32
30
TOTAL
979
1 277
1 517
1 345
1 391
1 175
1 164
1 121
1 135
1
t.
1
._-
Source
Ministère
des
Relations
Extérieures,
Ministère
de
la
Coopération, SCETAGRI,
Avril
1982.
(1)
BU)'J1<i:la
F(~so

- 516 -
Tableau 40(b) Eyolution de la
production vivrière de 19Z1
1979 (en 1000 tonnes)
1
·C é réa les
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
Raci nes
Mil
277
278
253
370
383
350
350
403
400
Sorgho
493
515
415
705
738
650
610
620
600
Maïs
66
60
58
62
84
46
54
137
80
\\
1
1
Riz paddy
37
30
31
36
40
41
i
23
28 j
40
Bl é
\\
-
-
-
-
-
-
-
-
-
Autres
8
4
20
12
12
20
18
20
25
Manioc
30
30
20
30
35
35
40
40
42
Pa ta tes
34
32
40
27
35
40
35
40
42
1
,
1
Autres
30
28
1
45
45
48
55
50
55
50
1
,
,
1
!
TOTAL
!
975
977
1
948
1 287
1 375
1 237
1 180
1 343
1 279
1
1
t
1
!
1
Source
Ministère des
Relations Extérieures, Ministère de la
Coopération, SCETAGRI, avril
1982.
Les céréales sont caractérisées
par une récolte très
fluctuante en fonction des conditions climatiques, mais avec une
certaine stabil isation depuis
20 ans à l'intérieur d'une
fourchette comprise entre 1 et 1,2 million de tonnes,
dont près
de 90 % de mil
et sorgho.
La production record de mil et sorgho, enregistrée en
1975 (1 121 000 tonnes) a eu pour conséquence de grandes
difficultés de commercialisation par les
producteurs, du fait
de l'insuffisance des
infrastructures de stockage et des moyens
de transport vers
les centres de consommation.

-
517
-
Pour cette raison, les paysans (selon les enquêtes
auprès des responsables de la production vivrière) ont réduit
fortement leurs emblavements à partir de 1976(1).
La production de mil et sorgho s'est. depuis cette
date stabilisée à environ 1 million de tonnes, niveau
insuffisant pour assurer i 'approvisionnement normal
du pays.
La production de racines et tubercules est, par
contre, caractérisée par une progression contante durant la
dernière décennie, en particulier celle du manioc et de
l'igname dont l'aire de culture remonte progressivement vers
le Nord et pour lesquels la demande intérieure s'accroît
rapidement(2) .
Pour ce qui est du blé, il
faut mentionner
d'intéressantes perspectives de développement à travers
l'opération SOURDU, où 210 hectares de culture irriguée sont
actuellement consacrés à cette spéculation.
L'objet du projet est de parvenir à une autosuffisance
du pays pour son approvisionnement en blé (avec un objectif de
production de 40 000 tonnes par an)(3).
2°) La producti~ vivîière du Mali
Tableau 41(a)
Evolution de la production vivrière de 1962 à
1970 ( en 1000 tonnes)
- -
Céréales
Racines et
1962
1963
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970
tubercules
Mi ljSorgho
940
770
661
700
920
857
757
913
600
Maïs
-2 \\
70
109 1
100
70
66
107
126
80
1
1
1
,
Riz paddy
190 1
160
130 1
165
200
172
94 1
119
138
Blé
4
4
4
1
4
4
4
4
4
4
,
1
Au t re s
- i
-
-
-
-
-
1
-
-
i
-
1
,
i
i
1
'Mon i 0 C
,
170 :
160 i
150
150 1
150
150
150
150 !
155
P.=:. 'cd tes
i
68 i
70 i
70
70'
70,
,
70
65
67 1
67
_---+-----_ _ _
-
_ _ _ _ • _ _ _ _ _ • • _ _ 0
,
'
~
---t-
j
.,.-nT fIl
, ,~I
• '-'. L
l ~ 44
1 234
1 124 :
1 189
1 4141
1 319
1 177 , l )7? ; l 04!J.
1
:
_ _. . . . : -_ _~I
~ __ •_ _
'

_
,
'
. ~t
,
.. ..
~
. ',:-:>~:., ';,... :~{-"I.-:.j,_
..:':<
,,;(){)T.
.: 981 t
me<ricair,es J


-
518 -
Tableau 41(b)
Evolution
de
la
production vivrière
de 1971
à 1979
(en 1000 tonnes)
_.
1
1
Céréales
1
1
Racines
et
1
1971
1972
i
1973
1974
1975
1976
19-77
1978
1975
Tubercules
\\
1
1
i
1
,
Mi l(sorgho
1
900
600
525
600
696
804
751
1 035
744
1
,
Maïs
i
80
60
80
87
71
81
78
80
60
!;
Riz paddy
i
170
130
100
90
218
237
199
252
177
i
81 é
4
4
4
4 ,
4
2
2
2 !
2
1
1
(
Au t re s
-
-
-
-
-
-
-
-
-
,
1
Manioc
160
120
120
121
40
40
40
40
4C
1
1
Patates
71
60
60 :
60
35
36
36
37
37
1
;
1
Autres
-
-
-
-
1
-
-
-
-
- !
l
,
1
,
Tota l
1 385
974
889!
962
,
1
1 096
1 235
1 156 11
1 506
1 120
1
i
Source
Ministère des
Relations
Extérieures,
Ministère de la
Coopération, SCETAGRI,
avril
1982,
statistiques
de la
F!\\
L'évolution
de
la
production
agricole Malienne
retracée
dans
le tableau,
est caractérisée
par:
une
stagnation de la
production céréalière durant les dix
huit
dernières
années,
à
l'exception,
bi en entendu,
de
1 a chute
spectacul aire
des
années
1972
à 1974 due à
la sécheresse,
une tendance à l'augmentation
de la
production
rizicole,
avec
toutefois
de
très
fortes
fluctuations
interannuelles.
La quasi-totalité de cette
production est
le
fait
de
grandes opérations de développement
(riz
Mopti,
riz Ségou, Office
du
Niger ... ),
par contre,
une
forte
régression
des
racines
et
tubercules,
encore que
les chiffres
cités
(source
FAO)
soient
peu significatifs en
raison
d'une
rupture
de
séries
statistiques
à partir de
1975, en ce qui
concerne
le
manioc.

- 519
Pour les
céréales,
il
est
intéressant
d'observer que
la
hausse
très
forte
dhs
prix d'achat
aux
prOducteurs(l),
observée depuis
1978, n'a aucune répercussion sur la production,
du
fait
des
conditions
climatiques
défavorables
jusqu'à la
campagne
1980-1981
: les dernières estimations pour la
récolte
1980-1981 sont de l'ordre de 600 000 tonnes, soit une réduction
de
20 % par rapport à 1979 et de 40 % par rapport à 1978(2).
3°)
La
production vivrière du Niger
Tabl eau 42 (a)
Evolution de la
production vivrière de
1962 à
1970 (en 1000 tonnes)
~.
.,--
!
Céréales
1
1
1
1
Ra cines et
1962
1963
1964
1965
1966
1967
1968 11 1969
19
1
Tubercul es
1
1
Mil
974
971
1 013
800
842
1 000
l
930
1 095
90
1
50 rg ho
281
352
315
320
277
342
300
289
33
Maïs
2
2
4
4
2
3
2
2
!Riz paddy
11
la
12
12
30
33
39 •
39
?
..;
,
:Bl é
1
1
1
1
1
-
-
-
1
-
-
1
1
i
!
Autres
-
-
-
-
-
-
-
-
;
-
Ma ni oc
74
76
81
90
113
125
141
145
15-
Patates
30
24
24
20
7
12
la
9
,
TOTAL
1~ 373
1 436
1 450
1 247
1 271
1 515
1 423
1 579
1 44',
50 u rc e
Ministère des
Relations
Extérieures,
Ministère de la
Coopération, 5CETAGRI,
avril
1982.
(:2)
;;str:"'~~-::~on .-':;"·{:'2 rc.r ~2 J\\5in'ist8Y'6 d2 l'.~f?ri::.:uZ;;,ur~~ d~ ~V·ig21-;
pOU y
: C
COI::? cg!: ?
1 ~l 8 0 - ] 9 8 1 .

-
520 -
Tableau 42(b): Evolution de l a production vivrière de 1971
à 1980
1 -
!Céréales
i
iRacines et
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1c;
1
! Tube r cul e s
: Mi l
550
500
627
883
581
1 195
1 130
1 123
1 246
1
Sorgho
300
250
126
219
254
308
342
364
346
Ma 1S
2
1
3
4
5
5
6
9
8
,
Riz paddy
27
15
46
30
29
29
27
32
24
Blé
Il
1
2
2
2
2
2
Autres
1
1
2
Manioc
130
100
156
201
176
197
180
205
210
Patates
7
5
16
16
17
55
41
24
30
-----
TOTAL
1 017
871
975
i 1 354
' 1 064
1 791
1 729
1 759
1 868
1
Source
Ministères
des
Relations
Extérieures,
Ministère
de
l a
Coopération,
SCETAGRI,
a v ri l
1982.
L'évolution
de
la
production
vivrière
nigérienne
depui'è
1962 appe1le
les
commentaires
suivants
,~qrès la chute spectaculaire observée en 1971, du fait
des
conditions
climatiques,
la production céréalière
est
caracté-
risée
par une
progression
constante et soutenue,
la
récolte
des
années
1979-1980 constituant
un
niveau
record qui
n'avait
jamais
été atteint auparavant.
La
production
de
mil
et sorgho
reste
bien
entendu
très
largement
dominante,
la
croissance observée
de
la
production
étant
pour
l'essentiel
le
fait
de
ces
deux
cultures.
La
production
rizicole,
par contre,
stagne,
depuis
une
quinzaine
d'années
à
un
niveau
compris
entre
20 et 40
000
tonnes,
les
superficies
consacrées
à cette
culture
n'évoluant
que
très
faiblement
durant
cette
même
période,
à l'intérieur
d'une
fourchette
comprise
entre
15
et
20 000
hectares(l).
i
j)
StC:i2~iqU2S c.gJ?iC!oles;, A1-ini.stère de Z rAg::''''~cU:,~tul'~'~
_·.-i~-,~~:Xl~
7.922.

- 521 -
Le maïs ne concerne que des superficies cultivées
très
réduites: moins de 10 000 hectares)(2). Mais sa
production s'accroît régulièrement et a plus que doublé au
cours de la décennie écoulée.
La production de racines et tubercules
(surtout le
manioc) a progressé de manière rapide durant la période
étudiée, passant de 100 000 tonnes dans les années 60 à près
de 250 000 tonnes actuellement.
Ce résultat est dû beaucoup plus à un accroissement
des
rendements qu'à une extension des cultures.
Malgré cet accroissement de la production vivrière,
le problème de l'autosuffisance alimentaire reste toujours
posé, suivi
de la malnutrition, et de la sous-alimentation.
Cela est dû à un accroissement démographique trop important
dans presque tous
les pays d'Afrique.
4°) La
production vivrière du Sénégal
Tableau 43(a)
Evolution de la production vivrière de 1962 à
1970 (en 1000 tonnes)
- - - -
!
1
"
Céréales
1
Racines et
1962
1963
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970
Tu bercul es
i
,
1
1
1
Mil jSorgho
428
482
1
535
558
428
661
454
639
405
1
Maïs
26
27
1
37
41
\\
42
\\
87
25
49
39
1
1
1
1 Ri z paddy
91
106
110
122
125
1
138
58
163
98
1i
1
IAutres
-
-
-
-
-
!
-
-
-
1
1
-
1
i
IMani oc
157
153
156
150
241
1
23~
232
177
159
,
Patates
16
15
,.
/
[)
,~ 1.
\\
15
19
"
16
12
1
;
1
;
iAut r:_s
4
6
5
;
5
3
5
1
5
6
r.
1
-J
;
:
1
TOTAL
722
:
789
850
886
850
. l' 145
793
1 050
718
!
,
;
==
Source
Ministère des Relations Extérieures, Ministère de la
Coopération, SCETAGRI, avril
1982.

- 522 -
Tableau 43(b)
Evolution de la production vivrière de 1971
à 1979 (en ~OGO'tonnes)
Céréales
l,
1
Racines et
1971
1972
1973 \\ 1974
1975
1926
1977 :
1978
197
1
Tu bercul es
1
,
IVlil jSorgho
583
430
514
681
621
555
420 1
803
50,
Maïs
38
30
45
42
49
47
33
53
5'
Ri z paddy
108
50
64
114
116
112
63
140
13:
iAutres
-
-
1
-
-
-
1
-
-
1
/Ma ni oc
160
100
122
171
109
114
125
1
137
14
iPatates
13
7
6
la
4
4 1
6
6
1
:Autres
6
4
5
5
5
5
5
5
:
!
:
,
TOTAL
908
621
757
1 023
904
837
653 ;
1 144
84
Source
Ministère des Relations Extérieures, IVlinistère de la
Coopération, SCETAGRI, avril
1982.
La production céréalière sénégalaise, pour la période
1962~1979, est caractérisée par de grandes fluctuations (entre
500 000 et 1000 000 tonnes) autour d'une moyenne, stable depuis
20 ans, d'environ 680 à 700 000 tonnes par an, selon les
statistiques du Ministère de la Coopération, dont 80 % de mil
et Sorgho.
En 1980-1981, la production de mil
et sorgho est
estimée à 552 000 tonnes(l), ni.veau correspondant à la moyenne
observée au cours des 20 dernières années, selon toujours le
Ministère de la Coopération.
Bien que les résultats de ses efforts ne soient guère
encore perceptibles, le Sénégal
a entrepris une campagne de
promotion de la culture du maïs
blanc, les superficies
consacrées à cette cul ture étant passées de 1 250 hectares en
1976~à plus de 7 000 hectares en 1978(2).
(1)
Estimation pour la production 1980-1982~ les stayistiques
n'étant pas encore disponibles.

(2)
Statistiques du Ministère
de
l'Agriculture du Sénégal.

- 523 -
Parallèlement, des actions sont menées actuellement
par l'Institut Sénégalais de Recherche Agronomique (l'ISRA)
en vue de pomouvoir la culture du soja, dont la production
demeure cependant négligeable(l).
En définitive, le Sénégal
se trouve actuellement
placé dans une situation de déficit croissant pour son
approvisionnement en produits alimentaires de base, nécessitant
le recours de plus en plus massif à des importations pour LA
satisfaction de ses
besoins intérieurs.
5°) La production vivrière de la Côte d'Ivoire
Tableau 44(a)
Evolution de la production vivrière de 1962 à
1970 (en 1000 tonnes)(2)
1
'Céréales
Racines et
1962
1963 1, 1964
1965
1966
1967
1968
1969
19701
Tubercul es
\\
1
1
,
1
Mi l
41
43
44
49
52
45
43
41
37\\
Sorgho
34
35
35
34
1
39
.!
12
12
14
13,
1
Maïs
170
1
169
175
179
114
224
206
260
231
j
Riz paddy
230
!
219
250
241
274
340
365
303
316
i
1
Autres
-
-
-
-
1
-
-
-
-
,
Manioc
500
470
490
500
515
,
520
530
532
5~01
Patates
18
18
19
20
21
21
21
21
21
Autres
1 350
1 382
;1 416
1 40-0
1 480
1 512
1 550
1 698
1 733
Tota l
2 343
2 336
2 429
2 483
2 575
2 674
2 727
2 869
2 891
Source
Ministère des Relations Extérieures, Ministère de la
Coopération, SCETAGRI, avril
1982.
(1)
Nous n'avons pas·pu avoir les
donn~es concernant la production
du soja.
(2)
Voir source
du Tableau 44(a).

- 524
Tableau 44(b)
Evolution de la production vivrière de 1971
à 1979 (en 1000 tonnes)
1
1
!
1
1
Céréales
1
1
1
1
Raci nes et
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978\\
1979
1
Tubercules
1
1
!
1
Mil
29
30
\\
29
30
46
1
41
42
45
50
1
l' Sorgho
16
15
1
16
16
32
32
31
32
34
1 Mais
112
108
1
93
96
131
117
1
258
264
275
1
1
1
385
360
!
335
406
461
426
1
477
504
445
1 Ri z
paddy
1
, Autres
1
2
\\
1
2
1
1
1
1
2
1
Manioc
567,
570
625
625
650
1
680
677
756
780
\\'
:1 Patates
20
20
21
23
24
25
26
27
28
Autres
1 739
1 740
1 824
1 886
2 047
2 255
2 155
a 264 2 290
TOTAL
2 869
2 845
2 944
2 459
3 392
3 577
3 667
3 893
3 904
Source
Ministère des Relations Extérieures, Ministère de la
Coopération, SCETAGRI, avri l 1982.
La structure de la production vivrière ivoirienne est
bien entendu très différente de cel le des 4 premiers pays du
sahel(l), comme le montre le tableau 44.
Les cul tures dominantes sont cell es de racines et
tubercul es, dont l a production a été en progression régul i ère à
un rythme soutenu, durant toute la période étudiée.
En ce qui conce~ne les céréales, dont la Côte d'Ivoire
demeure un grand producteur (mais avec des quantités moindres
par rapport aux quatre pays du Sahel), la production a accusé
également une croissance soutenue, à l'exception toutefois des
mils et sorghos dont la récolte est restée stable durant les
dernières années, à un niveau compris entre 50-000 et 80 000
tonnes.
La croissance de la production céréalière est le fait
à la fois
du mais et surtout du riz paddy dont la récolte est
aujourd'hui voisine de 500 000 tonnes par an.
(1)
MaZi
Mauritanie
Niger
Burkina-Paso.
3
3
3

- 525 -
6°) la production vivrière de la Mauritanie
Tableau 45
Evolution de la production vivrière de 1964
à 1980
(en 1000 tonnes)
Céréales
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970
1971
1972
et racines
Mi l /Sorgho
--- --
-
-
-
-
-
83
50
. 37
Mais
-
-
-
-
-
-
4
5
2
Riz
-
-
-
-
-
-
2
2
3
1
Blé/Orge
-
-
-
-
-
-
0,240
0,200
0,200
._.
1
Patates
-
-
-
-
-
! -
\\
2
2
1
1
TOTAL
!
-
-
1
-
-
-
-
1
91,Z4
57,2
43,2
1
Céréales
l,
!
1
1
1973
1974
1975 :
1976
1977
1978
et racines
1979 ! 1980
\\
1
1
!
Mi l/Sorgho
25
40
i 36
24
30
44
22
31
1
~la;s
1
5
1
-
-
-
-
-
-
1
!
,
1
Riz
3
3
3
5
1
4
5
\\
5
1
1
1
6
1
1
i
Blé/Orge
0,150
0,200 ; -
-
-
-
, -
-
1
1
1
!
!
1
,
Pa tates
0,7
0,7
1
-
1
-
-
-
i
-
1
-
1
1
1
1
1
i
1
1
1
1
1
1
1
-
Tota l
29,85
48,9
34
49
,
27
37
1
) 51
1
29
1
1
1
1
1
1
Source
Plan de Développement Economique et Social, Ministère des
Relations Extérieures, 1981-1982.

- 526 -
TaBleau 46
Evolution de lq production vivrière totale des
pays de laC EA8 de J 9:.62 à l 92 Q (e n l aa0 ton nes)
~ 'WATE-VOLTA MALI NIGER SENEGAL COTE D'IV. MAURIT. TOTAL CEA,
ANNEE ~
1962
979 000
1 444 OOC'
1 373 ü'Jd
,722000 ·2 343 000
-
6 861 000
1963
1'277 000
1 234 000
1 436 000
789 000
2 336 000
-
7 072 000
1964 '
1 517 000
1 124 000· 1 450 000
850 000
2 429 000
-
7 370 000
1965
1 345 000
1 189 000· 1 247 000
886 000
2 423 000
-
7 150 000
1966
1 39.1 000 . 1 414 000
1 271 000 1 850 000
2 575 000
-
7 501 000
1967
1 175 000
1 319 000
1 515 000 \\1145 000
2 '674 000
-
! 7 828 000
1968
1 164 000 ! 1 177 QOQ 1 423 000 1 793 000
2 727 000
-
i 7 284 000
1
1
1959
1 121 000
] 379: 000 ; ] 57g 000 Il 050 000 2 869 000
-
~ 7 998 000
·
1970
1 135 000
l Œ44000 1 440 0001
718 000
2 891 000
91 240
1 7 319
240
1
1971
975 000 \\ 1 385 000
1 017 OOO!
908 000
2 869 000
57 200
: 7 211 200
1972
948 000
889 000
975 000 1 621 000
2 845 000
43 200
· 6 331 200
1
1973
948 000
889 000
975 000 1 757 000
2 944 000
29 850
· 5 594 850
1974
1 287 000
962 000
1 354 000 III 023 000
2 459 000
48 900
7 133 900
1
1975
1 375 000
l 096 '000
1 064 000 1 904 000
3 392 000
51 000
7 882 000
1976
1 237 000
1 235 000
1 791 000
837 000
3 577 000
29 000
8 706 000
1977
1 180 000
1 156 000
1 729 000
653 000
3 657 000
34 000
8 419 000
1978
1 343 000
1 506 000
1 759 000 1144 000
3 893 000
49 000
9 694 000
1979
1 279 000
1 120 000
1 868 000
841 000
3 904 000
27 000
9 039 000
1980
-
-
1 620 000
-
-
37 000
Source
D'après les statistiques du Ministère des Relations
Extérieures~ Ministère de la Coopération, SCETAGRI,
avri l 1982.
Les principales productions concernent traditionnel~ ,
lement le mil, le sorgho.
La production dépend de la pluviosité. La production
est très variable et les statistiques ne sont pas disponibles
pour apprécier l'évolution des différentes cultures vivrières
sur une longue période.

- 527 -
La culture du riz ~ été introduite récemment en
culture irriguée moderne, dont la production varie entre
7100 aoa et 700 millions de tonnes sur la période 1970-1980.
Parmi les six Etats de la CEAO, la Mauritanie
demeure le pays où la production vivrière est très faible
d'où une insuffisance très importantè de l'auto-consommation
ce qui oblige le pays à importer pour atténuer la malnutrition
et la sous-alimentation (voir tableau n° 4).
A travers les différents tableaux, la Côte d'Ivoire
semble être le pays où la production vivrière est très
importante, avec un accroissement très régulier surtout pour
les racines et les tubercules.
Cela est dû aux habitudes alimentaires de chaque
reglon. Le Nord produit beaucoup de céréales; le Centre-
Ouest et le Sud-Est produisent les racines et les tubercules,
qui ont une signification très importante dans les régions
concernées.
Par contre, le riz évolue très régulièrement, du fait
de la consommation de ce produit par la quasi totalité de la
popul ation.
Malgré cette évolution, la demande intérieure en
produits vivriers reste insatisfaite. Cela est valable pour
les cinq autres pays de la CEAO, mais à des degrés divers.
La Haute-Volta et le Niger se maintiennent à un niveau
satisfaisant, quand on les compare aux trois autres pays que
sont: le Mali, le Sénégal et la Mauritanie.
Mais cela ne démontre pas une autosuffisance
alimentaire satisfaisante d'un pays à un autre.
Il existe des inégalités d'autosuffisance alimentaire
qui sont fonction de la capacité de production de chaque pays
(voir les différents graphiques de la production vivrière, pour
évaluer l'inégalité autosuffisance alimentaire intercommu-
nautaire, page suivante).

GRAPHIQUE:

EVOLUTION
DE
LA PRODUCTION
VIVRIERE
(en tonnes)
DES PAYS DE LA C. E.A.O. de 1962 à 1980 (en 1000T).
9000
8 000
7000
1
t
.~
~
G">
l()
1
6000
5000
4000
o
1
"


années
o '

• • •
)
1962
63
64
65
66
67
68
69
1970
71
72
73
74
75
76
71
78
79
1980
SOURCES:
D'APRES LES
STATISTIQUES DU MINISTERE
DE LA
COOPERATION;
SCET AGRI, 1982

- 528 -
2 • A~aly§e par P}ys de la consomm~tion théorique
de céréales par habitant
a)
Pays do Sahel
(saof la Mauritanie)
e tableau suivant permet une intéressante comparaison
de la consommation par habitant des différentes catégories de
produits céréaliers; dans les quatre pays du Sahel
couverts par
la période 1975-1979, s~uf pour la Mauritanie.
Tableau 47
Consommation de produits céréaliers par habitant:
moyenne observée au cours de la période 1975-1979
(en Kg)
\\
\\
\\
POPULATION
"
PAYS
MIL/SORGHO
MArS
RI Z
BLE
AUTRES
TOTAL
(1000 hab)
U 1 445
115,6
2,8
20,7
17
1
157,1
Haute-Vol ta
R 4 415
200,1
22
2
1
1
3,9
229
T 5 860
179,2
17,2
6,7
4,9
3,2
211,2
U
1 140
90
10
70
27,7
3
200,7
R 5 430
134,5
14,5
12,7
1
6,3
169,0
Mali
,
T 6 570
126,6
13 ,6
22,7
5 ,6
5,8
174,4
U
610
190
0,6
45
24
-
259,6
Niger
R 4 500
284
2,8
1,2
1,,2
0,2
289,8
T 5 110
272 ,8
2,5
6,5
3,9
0,2
285,9
U 1 770
119:,2
6
124
65
-,
225
Sénégal
R 3 450
165
17
20"
'4, ,
-
206
T 5 220
119,2
13,4
55,4
24,7
-
212,6
Côte d'Ivoi re
T 7 300
10,8
29,9
52,3
18,6
0,2
111 ,8
Source: D'après les Statistiques Agricoles ·du Ministère de la Coopération.
U : Orbain
R : Ruraux
T:Total.

-
529 -
Les chiffres cités concernent 1~ moyenne ann~e11e de la
période 19_7S.,..19-7q.(1' , Cette moyenne porte sur 1esapprovisionnements
annuels et non pas sur la consommation humaine effective.
Théoriquement, il conviendrait de déduire des
ciffres d'approvisionnement, ceux relatifs aux pertes de semences
ainsi qu'à la consommation animale.
En ce qui concerne les variations de stocks la
prise en considération des approvisionnements moyens sur la
période de cinq années, en atténue considérablement l'incidence.
On peut affirmer que les chiffres mentionnés dans
le tableau représentent à moins de 10 % près le niveau de la
consommation réelle de produits céréaliers par la population des
pays de la CEAO.
Pour les quatre pays du Sahel
(Mauritanie enc1ue)
le niveau le plus faible de la consommation de ~roduits
céréa-
liers est celui du Mali
(174 Kg par tête et par an) et le plus
élevé, celui du Niger (286 Kg par tête et par an)(2).
En ce qui concerne la répartition de cette consom-
mation entre la population urbaine et la population rurale, très
peu d'enquêtes sont disponibles. Aussi, est-il délicat d'avancer
des chiffres précis.
Par contre, la Côte d'Ivoire a une structure de sa
consommation très différente de celle des pays du Sahel. Selon
les statistiques de 1981(3), le bilan alimentaire du pays se
serait présenté pour l'année 1980 ainsi que le montre le montre
le tableau n°
ci-dessous.
Selon les évaluations du Ministère du Plan, la
consommation moyenne de céréales serait de 106 Kg -par tête,
chiffre voisin de l'estimation du tableau précédent (111 Kg
par tête et par an).
(1)
Caucul effectué par M.
DUAULT~
économiste au BDPA de Paris.
(2)
idem.
(3)
Statistiques
du Ministère
du Plan~ 1980.

- 538 -
Ta bl e a,ll 48
ail~n ali~enta,tre en Côte dllyoire en J~80
Milieu ru ra l
Consommation p~r
féculents
Céréales
Tota l
popul ation
tête et par an
4 990 000 h
en Kil ogramme
536,1
84,3
620,4
Ration calorique
par jour par tête
1 294
772
2 066
%
62,6
37,4
100
Milieu urbain
Consommation par
Fécul ents
Céréa l es
Total
population
tête par an en
3 510 000 h
Ki logramme
257,4
140,1
397,5
Ration calorique
par tête
616
1 288
1-904
%
32,4
67,6
100
Ensemble du pays
Consommation par
(population
tête par an en
1 Féculents
Céréales
Tota l
8 500 000 h)
Kilogramme
j
425,8
106,4
532,2
Ration calorique
1
1
1
par jour par tête
1 1 026
977
2 003
!
%
51,3
1
48,7
1
100
1
\\
l
\\
1
Source
Ministère des Relations Extérieures, Ministère de la
Coopération, Ministère du Plan, Côte dlIvoire, 1982.
En ce qui concerne la répartition de cette consommation,
entre lapopulatibn rubaine et rurale, on observe une différence
considérable, puisque la population urbaine consommerait 56 Kg
par tête, par an de plus que la population rurale.
En concl usion, 11 i néga lité de l lautosuffi sance al imen-
taire, se manifeste non seulement au niveau des pays de la CEAD,
mais également à l lintérieur de chaque Etat.
Sur le plan global, pour évaluer le degré de
déséquilibre alimentaire entre les pays de la CEAO, nous allons
établir un rapport entre la production vivrière et la population,
pour voir le poids moyen total
par tête pour l'année 1979.

- 531 -
Ta III e q..u 49...
Calcul
du poi.d~ m.oyen
total
de p.rqd..uits vivriers
con s 0 III mé s· par t ê tee n J 9J 9 •
.
'i
Productton ytvriêre
POids moyen
1
P A Y S
POPULATION
r
(en tonne
(en Kg)
1 ...
1
,
jCôte d'Ivoire
8 500 000
1
3 904 000
0,45
j
~
i Ma l i
6 940 000
1 120 000
0,16
1
l
iHaute-Volta
6 064 000
i
1 279 000
1
0,21
!
,
!
1Sénéga l
5 661 000
1
8 410 000
0,15
'Niger
\\
5 641 000
f
1 868 000
1
0,33
1
Mauritanie
1 500 000
27 000
11,
0,018
1
Source:
d'après
les statistiques
du Ministère de la Coopération,
1982.
Quand on compare la
production vivrière totale
par
rapport à la
popul ation des
pays
de
la CEAO,
il
en
ressort un
déséquilibre alimentaire au niveau des
pays.
Ce déséquilibre est très
important pour la Mauritanie
(0,018) en 1979,
plus encore qu'au Sénégal
et au 1\\1ali.
La Côte d'Ivoire et
le Niger sont déséquilibrés
dans
des
proportions moindres
par rapport aux autres. Ce déséquilibre
démontre le degré d'autosuffisance alimentaire inégal
entre les
Etats membres.
Une des causes
de ce déséquilibre peut être la
pauvreté des sols de certains
pays,
leur situation géograp.hique
et la priorité accordée aux produits
d'exportation au détriment
des
cul ture vi vri ères.
Si
la
Côte d'Ivoire et le Niger, ont un poids moyen
par tête à peu près équilibré,
cela
ne signifie pas équilibre
général
de la consommation, mais simplement dans
le cadre de la
communauté économique, cela constitue un équilibre que la
malnutrition et la sous-alimentation demeurent la
règle,
du fait
du développement trop
rapide de
la
croissance démographique
(voir les différents
tableaux sur la
population des
Etats
de la
CEAO) et aussi
le développement accéléré des
cultures d'expor-
tation,
de l'avancée du
désert due
aux déforestations(l).
(1)
René
DUMONT,
l'Afrique étranglée,
éd.
seuil,
1981.

- 532 -
Chaque année, des milliers d'hectares de forêts
tropicales humides disparaissent pour faire place aux cultures
de rente(l).
D'où diminution des terres,
recul
de la production
vivrière, malnutrition et besoin d'importer croissant de
produits vivriers, d'où dépendance alimentaire.
La comparaison de la production vivrière et la
production agricole d'exportation des pays de la CEAO, nous
donne le tableau suivant.
Tableau 50
Comparatif de la production vivrière et de la
production agricole d'exportation de l'ensemble
des pays de la CEAO de 1975 à 1982 (en 1000 tonnes)
ANNEES
PRODUCTIONS VIVRIERES
PRODUCTIONS D'EXPORTATIONS \\
1
,
1975-1976
7 882,0
1 359 ,4
1
, 1976-1977
8 706 ,0
1 741 ,8
1
1977-1978
8 419,0
1 785 ,2
1
, 1978-1979
9 694,0
2 332,7
1979-1980
9 039,0
2 052 , 7
1980-1981
1 657,0
-1
849-,]
1981-1982
2 232,9
S~urce
D'après les statistiques du BDPA, SCETAGRI,1983
La comparation des deux productions
fait ressortir la
supériorité de la production vivrière sur la production agricole
d'exportation, pour la simple raison que tous
les pays de la CEAO
sont producteurs de produits vivriers
(mil, sorgho, riz, etc ... )
qui
constituent la base alimentaire des pays membres alors qu'ils
ne sont pas tous
producteurs de café, cacao, aràchide et de bois.
Cette forte production vivrière ne vaut pas dire que
les pays de la CEAO ont atteint l'autosuffisance alimentaire. La
forte production doit se mesurer à travers
les 6abitudes alimentai
altmentaires des
pays concernés.
(1)
René
DUMONT~ l~frique étran~lée~ pp. 39-42

- 533 -
- Les, ha, b. i, t 1J des, 9,1 i.JP enta. tr e ~ des pay ~ ?~ laC EA.O
La structure actuelle de la consommatton alimentaire
des
pay s de lac 0 mm u na u t é é con 0 mi' que con c e r nés
par l'é t II de est
présentée dans le tableau suivant.
Tableau 51
La structure de la consommation alimentaire en
1977 dans
les pays de la CEAO
.,
Sénégal 1 Mal i
lN·
, . l ger
! Burkina 11 C. I.
Mau rit.
r
Besoins théoriques énergétiques
(calories)
2 380
. 2 350
,2 350
2 370
r 2 240
Couverture des besoins éner-
géti ques %
95
90
91
89
III
1 Répartition
des calories
'apportées (%) : Céréa les
62
75
67
72
35
- bl é
10
2
1
2
5
ri z
1
-
24
10
2
3
18
1 -ma ïs
4
5
1
5
9
i -mi l et sorgho
24
55
63
62
9
1
! Raci nes et tubercul es
3
'2
7
2
28
'Fruits et légumes
1
1
1
1
10
Graines oléagineuses
5
4
13
5
5
Sucres
7
3
1
2
3
Huiles végétales
11
5
2
2
8
Légumineuses non olégineuses
1
2
12
9
1
Produits animaux
9
7
7
4
7
.Aliments glucidiques
74
82
76
80
80
Aliments protidiques et lipidi-
ques
26
18
24
20
20
Répartition des protéïnes appor-
tées (%)
Céréales
58
64
51
64
39
,Légumineuses et olégineux
10
12
30
24
6
Produits animaux
28
21
16
9
28
iAutres
4
3
3
3
27
iAliments glucidiques
62
67
54
67
66
IAliments protidiques et lipidi-
,ques
38
33
46
33
34
Sources
SCETAGRI, Ministère des
Relations
Extérieures,de la
Coopération et du Développement, avril
1982, Bilan
alimentaire,
FAO,
1977.

-
534
-
La structure ali~entaire des pays de la CEAD, en
termes de pourcen~ages
protéTno~énergéttques
fournis
par les
principaux groupes d'aliments, appelle les commentaires suivants
La satisfaction des
besoins énergétiques théoriques
n'est pas atteinte dans
les pays sahéliens. Elle le serait, par
contre, en Côte d'Ivoire où il existe deux groupes d'aliments
de base d'importance énergétique à peu près égale (céréales,
racines et tubercules).
Ce fait est frappant et justifie la suprématie de la
production vivrière par rapport à l a production agricole
d'exportation.
Une production céréalière très importante et des
habitudes alimentaires variant selon les pays.
Comme nous pouvons le constater sur le tableau, la
primauté en volume de la production vivrière sur la production
agricole d'exportation ne justifie pas disons le encore une
fois,
la satisfaction intégrale des
besoins alimentaires, car
les
besoins énergétiques théoriques sont en dessous du seuil
normal, ce qui
justifie l'importance de l'importation de
produits vivrièrs selon les pays
(et selon les habitudes
alimentaires), pour pallier le déséquilibre.
B - Besoins d'importer des
produits vivriers et
dépendance alimentaire des pays de la CEAD
1 - Les besoins d'importer
Les importations de produits alimentaires des pays
de la CEAD, si elles ne représentent qu'une valeur relativement
marginale dans les importations globales, sont significatives
sur le plan de modèle de consommation imposé d'une façon
indirecte par les pays du Centre.
Les
besoins d'importations de produits alimentaires
est le résultat de la faiblesse de la production des
produits
vivriers de la spécialisation dépendante de production exclu-
sive de produits d'exportation initié depuis
la période
coloniale.

- 535 -
D'une mantère générale, l~ prod~ctton yivrtère est
très inégalement répartie entre les pays de la CEAü, ce qui
obl ige certains Etats à importer pl us par rapport aux autres.
La production alimentaire de l'Afrique ne s'élève
globalement qu'à 4,25 % du total
mondial, alors qu'elle
atteint 39,3 % pour l'Asie et 20 % pour les seuls Etats-Unis(l).
Les
besoi ns d' importer reposent aussi sur d'autres
facteurs qui
rendent la production vivrière difficile (le
climat,
le sol, l'extension des cultures d'exportation au
dé tri men t des' cul t ure s vi v r i ère s, les c réd i t s qui son t plu s
volontiers accordés ou tout simplement réservés aux cultures
rapportant des devises).
L'établissement de bilans alimentaires par pays
repose sur sa capacité à produire et sur la détermination des
quantitiés disponibles pour la consommation humaine.
Cette quantité disponible est obtenue par la
di fférence entre les ressources et les uti l isations, si
C =: consommation
P: =: production
X
exportations
M =: importations
Co
5
smences
Pe =: pertes et résidu d'extraction
on a
C =: P + M - ( X + 5 + Pe)
Des
bilans peuvent être faits à l'échelon national et
à l' échelon régi ona 1.
Mais, les statistiques se heurtent à de nombreux
problèmes qui ne permettent d'écaluer les importations réelles
des produits vivriers par pays(2).
Les tableaux suivants nous donnent une idée de
grandeur des capacités d'importations de chaque pays en
fonction de ses besoins et de sa propensiôn à importer.
(1)
Robert TATON
:
Les
c~r~ales dans le monde et en Afrique revue
Europe
outre-mer~ mai-juin 19B3~ repris dans
la
Documentation française~ 28 décembre
1983~

1854~ p.
12.
(2)
Nous
nous
limiterons aux produits
de premi~re nécessité~ comme
le
bl~~ la fal~ine~ le riz~ le mais~ la pomme de terre et le
sucre.

- 536 -
1 0 )
Les importation~ de la Côte d'Ivoire en produits
vi'vrièrs de 19_6.2 à 1979_ (en .1000. tonnes)
Tableau 52
Importation de produits alimentaire de base
Blé
Autres
Pomme de
Riz
Mais
Sucre
TOTAL
Fa ri ne
céréales
terre
1962
44
34
78
1963
56
43
99
1964
89
58
147
1965
64
78
142
1966
113
83
196
1967
62
24
35
126
1968
64
47
40
157
1969
48
56
7
41
158
:
1970
100
79
5
-
6
55
45
2
1
1971
32
97
2
1
1
-
6
58
95
1
1
i
!
1972
76
77
-
-
6
59
1
218
1
1
,
i
1973
142
148
-
-
1
7
66
63
3
1
1
1
1974
101
73
1
-
7
57
239
,
1975
79
2
-
1
8
32
22
1
1976
116
2
3
-
6
18
45
1
1
1977
160
113
9
-
8
18
08
3
1978
165
126
15
3
1
9
33
51
3
1
1979
165
1
198
20
7
9
1
1
13
412
1
1
Source
Ministère des Relations Extérieures, Ministère de la
Coopération, SCETAGRI, avri l 1982.
Les principales importations de produits alimentaires
de base concernent les céréales
(blé tendre et farine de froment,
riz et un peu de mars, le sucre, dont les achats extérieurs sont
définitivement arrêtés depuis
1982(1)~
(1)
Minist~re de ['Agricu[ture et Minist~re du Commerce~ 1983.

- 537 -
L'a i. de a l i men t air e n 1 ex i. ste pas e n Côte d' l v0 ire e t
peut être le seul
pays a être moins dépendant de l'aide alimen-
ta ire.
Les achats extérieurs de céréales ont accusé une
progression rapide depuis 1975, malgré une nette reprise de
la production intérieure de 1976 à 1978 (en particulier celle
de maïs)
(voir tableau sur la production vivrière en Côte
d'Ivoire page
).
Cette croissance est surtout due aux achats massifs
de blé effectués dans les années 1977, 1979 pour l'approvision-
nement des minoteries ivoiriennes et du secteur de la boulangerie.
2°)
Les importations de la Haute-Vol ta en produits
vivriers
Tableau 53
Evolution des importations de produits alimentaires
de base de 1962 à 1979 (en 1000 tonnes)
Produits
r
i
1
1

Blé
Autres
1
Riz
lV1a ï s
1
Sucre
TOTAL
Années
farine
1 Céréa l es
i
1
1
1962
8
4
1
1
10
-
23
1963
1
7
2
1
1
2
1
-
1
!
12
1
1
j,
1
1
1
1
1964
10
5
,
-
-
-
15
1
,,
1
1
1965
12
3
1
-
-
-
15
!
1
1966
16
4
2
1
-
23
1967
18
7
3
3
,
9
40
1968
18
1
-
-
!
U
32
1
1969
,
20
1
-
-
1
11
32
1
1
1970
1
27
3
-
-
13
43
1
1971
1
, 17
1
1
-
13
32
,
1972
25
-
-
15
18
33
,
1973
10
1
-
-
22
11
50
1
1974
20
;
-
211
30
la
84
,
1975
13
10
1
3
6
33
1976
15
12
1
28
-
56
1977
28
18
8
54
1978
24
14
29
67
1979
34
26
18
78
Source
Ministère des Relations Extérieures, Ministère de la Coopération, SCETAGRI
avril 1982

- 538 -
Comme indiqué dans le tableau, les importations
voltaïques de produits al imentaires sont essentiellement
représentées par les produits céréaliers.
Après 1975, c'est-à-dire depuis la fin de la
période de la grande séchéresse, les achats de produits
céréaliers accusent une progression constante, mettant en
relief la situation de déficit chronique dans laquelle se
trouve le pays pour son approvisionnement en cette catégorie
de pro d u i t s .
Toutes céréales confondues, l'évolution des
importations, au cours des cinq dernières années, de grains et
dérivés a, en effet, été la suivante (chiffres arrondis)
:
1975
40 000 tonnes
1976
62 000
"
1977
61 000
"
1978
81 000
"
1979
93 000
"
Source
Ministère de la Coopération: statistiques du commerce,
1982.
La Haute-Volta est très dépendante de l'extérieur du
point de vue de son approvisionnement, et il
faut tenir compte
de l'aide alimentaire de différents pays comme:
les USA, la
France et la RFA.
Le tableau suivant nous donne une idée de l'aide que
les pays cités apportent à la Haute-Volta, malgré les importa-
tions en produits alimentaires.

- 539 -
Aide alimentaire de 1972 à 1980 (ën 1000 tonnes)
1972
43 000
1973
60 000
1974
86 000
1975
I l 000
1976
15 000
1977
20 000
1978
88 000
1979
35 000
1980
22 000
Source
Ministère de la Coopération, statistiques du commerce,
1982.
3°) Les importations du Mali
en produits vivriers
Tableau 54
Evolution des importations de produits alimentaires
de 1962 à 1979 (en 1000 tonnes)
Produits
Blé
, Ma ïs
Autres
1
Riz
1
[Sucre
TOTAL
Farine
Années
i
: Céréales
1
1
,
r
1
1
1962
6
2
8
1963
la
1
11
1964
4
4
1965
20
1
21
1966
12
4
16
1967
la
3
14
27
1968
la
4
33
47
1969
7
5
13
25
1970
17
15
36
68
1971
17
15
5
26
28
91
1972
14
31
20
27
92
1973
18
46
25
67
28
184
1974
15
65
46
101
la
237
1975
49
20
Zg
23
23
143
1976
49
la
27
86
1977
18
1
4
23
1978
25
21
1 7
6
8
77
1979"
16
20
16
52
Sources
Mi ni stère des Rel ations Extérieures, SCETAGRI, avril 1982.

- 540 -
Les importations du Mali
de produits alimentaires
de base sont presque excl usivement limitées aux céréales et
au sucre, comme le montre le tableau; sauf durant les années
exceptionnelles 1973-1975. Les importations de céréales n'ont
jamais excédé 50 à 60 000 tonnes, ces chiffres étant soumis
cependant à de fortes
fluctuations,
aussi
bien en ce qui
concerne les quantités concernées que la nature des céréales
importées.
Il
faut souligner ici que les achats de blé et
farine de blé ont tendance à demeurer stationnaires, aux
environs de 20 000 tonnes en années normales et ce depuis dix
à quinze années(l).
Par contre, les importations de riz constituent un
phénomène nouveau, apparu à partir de 1970
; mais de caractère
durable.(2)
L'arrêt des importations en 1976-1977 n'est due
(d'après
les explications du Ministre du CRmmerce du Mali) en
effet, qU'à une situation exceptionnel le, car en 1979-1980 et
surtout en 1980-1981, la production est redescendue au niveau
du début des années 1970 (la production de riz paddy en
1980-1981, qui
ne figure pas dans
le tableau, n'a été que de
l'ordre de 140 000 tonnes)(3)(voir tableau page
).
Aux importations de produits alimentaires, à cause
des insuffisances de la production locale, s'ajoute l'aide
alimentaire.
Cette aide alimentaire n'e-t connue, depuis 1972
que de manière globale(4).
L'aide alimentaire est soumise à
de fortes
fluctuations,
liées aux résultats
des campagnes
agricoles.
(])
Selon
le MinistèY'e du Commepce et de
l'IndustY'ie
du Mali~ 1984.
(2)
Enquête aupY'ès du MinistèY'e
de
l'AgY'iculture et du Commerce
en 1984
(août).
(3)
Explication donnée par le MinistY'e
du Commerce et
le Ministre
de
l'AgY'iculture sur les impoY'tations de riz au Mali~ enquête
effectuée en août 1984.
(4)
Source:
OPAM (OY'ganisation des Pays Africains et Malgaches).

- 541 -
Durant les années de sécheresses, elle a été
représentée essentiellement par des
dons de sorgho. C'est
ainsi, en effet, que l'aide alimentaire américaine a porté
sur les quantités suivantes durant la période 1971-1974 :
1971
Sorgho
25 000 tonnes
1972
Sorgho
la 000
1\\
1973
Sorgho, et dérivés
87 277
1\\
1973
Ma ïs
15 000
1\\
1
1974
Sorgho
14 000
\\
1\\
1
Source
Ministère de l a Coopération, 1982.
Selon les statistiques du Ministère de la Coopération,
l'aide alimentaire d'urgence pour l'année 1981 a été de l'ordre
de 48 200 tonnes, répartie de la façon suivante: RFA, la 000 t
de Maïs
CEE, 8 000 t de maïs; Canada, 7 000 t de maïs;
France, 5 000 t de maïs; URSS, 2 000 t de riz(l).
Cela confirme la nette dépendance du Mali, vis-à-vis
de l'extérieur sur le plan alimentaire.
4°)
Les importations .. du Niger en produits vivriers
(1)
Statistiques
du Commerce
Extérieur~ Ministère de la
Coopération~ 1984.

-
542
-
Tableau 55
Evolution
des
importations
de
produits
alimentaires
de
base de
1962 à 1979
(en
1000 tonnes)
Blé
Aut res
Riz
Maïs
Sucre
TOTAL
fa ri ne
céréales
1962
4
1
5
1963
2
4
6
1964
2
1
1
4
1965
2
4
6
1966
5
1
2
8
1967
5
1
5
8
19
1968
4
4
8
1969
5
5
8
18
1970
7
1
10
18
1971
5
1
7
13
1972
6
1
12
12
31
1973
8
1
7
14
11
44
1974
6
21
12
39
1975
6
1
3
9
3
21
1976
9
4
6
50
8
77
1977
17
26
6
12
.42
1978
21
26
10
26
19
102
1979
16
26
6
10
58
Source
l"1inistère des
Relations
Extérieures,
Ministère de
la
Coopération, SCETAGRI,
avri l
1982.
Malgré
une évolution
favorable
de
la
production
vivrière
intérieure,
les
importations
de
produits
céréaliers
demeurent
relativement élevées
depuis
1975.
Elles
concernent essentiellement le
riz,
dont
les
importations
s'accroissent
régulièrement depuis
quelques
années.

- 543 -
Compte tenu de la situation relativement favorable
du secteur agricole (voir tableau p.
) depuis quelques
années,
l'aide alimentaire, très importante en 1973 (182 000 t)
1974 (56 000 t), 1975 (72 000 t) s'est considérablement réduite
depuis,
passant à 25 000 t en 1976
; 20 000 t, 1975
; 6 000 t
en 1978 et la 000 t en 1979( 1).
Les plus grands donateurs: sont les Etats-Unis, la
France, la CEE et les organisations 1nt ernationes(PAM, (a)
OSRO(b), UNICEF).
5°) Les importations du Sénégal en produits vivriers
Tableau 56
Evolution des importations de produits alimentaires
de base de 1962 à 1979 (en 1000 tonnes)
:Produits
Pomme de
Blé
Maïs
Riz
Sorghe
Sucre
,TOTAL
Années
terre
1962
57
12
118
14
201
1963
67
20
la 1
23
211
1964
62
11
185
20
278
1965
61
17
179
23
280
1966
76
la
180
4
270
1967
62
13
153
5
11
66
310
1968
62
13
185
3
13
59
335
1969
84
41
146
39
13
60
383
1970
112
5
119
11
74
321
1971
112
33
188
30
13
79
455
1972
95
la
170
la
15
87
387
1973
105
52
192
41
16
82
488
1974
87
27
207
7
12
70
410
1975
102
la
102
4
12
79
309
1976
120
15
244
8
12
60
459
1977
99
14
231
49
1
56
450
1978
142
12
239
60
39
492
1979
123
la
240
20
48
441
Source
Ministère des Relations E.lxtérieures, Ministère de l a
Coopération, SCETAGRI, a v ri l 1982.
(l) Statistiques du·Ministère du' COTmlerce Extérieur et du l'vJinistère de la
Coopération~ 1984
-
-
(a) PAM: PrograJ71Jne Alimentaire Mondial.
(B) OSRD
: Office of Scientij'ic Research and De7)elopme!1i~.

- 544 -
Le tableau montre qu'au cours de la décennie 1970-
1980, les importations moyennes de céréales ont été de près
de 350 000 t par an, contre une moyenne d'environ 240 000 t
par an durant les années 1963, soit une progression de plus
de 40 %(1).
Cette augmentation est due exclusivement aux achats
de riz qui ont triplé en 20 ans et sont aujourd'hui
de l'ordre
de 250 000 t par an.
Le déplacement des habitudes alimentaires des
Sénégalais en faveur du riz constitue aujourd'hui, un phénomène
que l'on peut considér"er comme irréversible, alors que le
potentiel
de production intérieure de cette céréale (voir
tableau page
) n'a progressé que de manière marginale durant
les 15 dernières années.
A cela, s'ajoute l'aide alimentaire qui
est de
l'ordre de 107 200 t de céréales pour l'année 1979-1980(2).
6°) Les importations de la Mauritanie en produits
vivriers
Tabl eau 57
Evolution des importations de produits alimentaires
de 1971-1981 (en 1000 tonnes)
ANNEES
Il'1PORTATIONS
AIDE ALIMENTAIRE
1971
26
1972
31
1973
106
52
1974
176
133
1975
51
26
1976
65
29
1977
69
31
1978
132
68
1979
135
75
1980
140
61
1981
135
Sour~ : SCETAGRI, BDPA, étude sur la CEAO, jüillet 1984
(1) D'après les statistiqvEs du Commerce Extérieur du Sénégal~ 1982.
(2) Statistiq~~s du ~~nistère de la Coopération~ du Commerce Extérieur~
1984.

:.>
- 545 -
En matière de céréales, la Mauritanie est dépendante totalement
du marché et des aides internationales.
Les besoins sont estimés de 120 à 135 kg par tête
selon les études du BDPA(1),ce qui est très inférieur aux
pays de la CEAO, et malgré cela, le bilan paraft très déficitaire.
Les céréales importées sont le riz et le blé (93 %
des importations en 1980 pour le riz et le blé)(2). Le mil et
le sorgho ne représentent que 7 %.:
Selon les études du BDPA, cette année 1983-1984 est
catastrophique. Le bilan fait ressortir en ordre de grandeur
les valeurs suivantes(3)
Besoins
200 à 250 000 tonnes
Productions
20 000
Il
Aides alimentaires
100 à 130 000
Il
Importations
80 à 100 000
Il
7°) Les importations de l'ensemble des pays de la
CEAO en produits alimentaires de 1962 à 1979
(en 1000 tonnes)
(1) Etude pour Za définition d'une poZitique agrieoZe eommune
CEAD, par Ze Bureau de DéveZoppement de Za Produetion AgrieoZe
(BDPA),
juiZZet 1984.
(2) Etude BDPA,
juiZZet 1984, Etude pour Za définition d'une
poZitique agrieoZe eommune, page 162.
(3) Idem, pages 162,
163,
étude BDPA,
1984.

- 546 -
Tableau 58
PAYS
\\
~
l'
l
C. 1.
Ittt ~1 t9-- V•
Mali
Niger
. Sénégal
"t
aUrl
"
anle
TOTAL CEAO
ANNEES
i3v A~;t'lc!' • Ç'M
1962
78
23
8
5
201
315
1963
99
12
11
6
211
339
1964
1.147
15
4
4
278
448
1965
142
15
21
6
280
464
1966
196
23
16
88
270
513
1967
126
40
27
19
310
522
1968
157
32
47
8
335
579
1969
158
32
25
18
383
616
1970
245
43
68
18
321
695
1971
195
32
91
13
455
26
812
1972
218
33
92
31
387
31
792
1973
363
50
184
44
488
106
235
J 1
1974
239
84
237
39
410
176
, 1 185
1975
122
33
143
21
309
51
679
1
1976
145
56
86
77
459
65
888
1977
308
54
23
42
450
69
946
1978
351
67
77
102
492
132
1 221
1979
412
78
52
58
441
135
1 176
Source
D'après les statistiques du Ministère de la Coopération,
SCETAGRI, 1982, et l'étude du BDPA sur la CEAO, juillet
1984.
D'une manière générale, les céréales tiennent une
place très importante dans la consommation des pays de la CEAO.
Les importations de céréales dans les pays membres
en particulier (voir les différents tableaux sur les importations)
évoluent d'une façon régulière et au niveau de la CEAO, en
général.

- 547 -
Lés importations de la CEAO en céréales se chiffraient
1,3 million de tonnes en 1980, représentant 21 % de la consom~
mation régionale; le Sénégal
(440 000 t) et la Côte dlIvoire
(390 000 t) en sont responsables pour les deux tiers dlaprès
les études du BDPA(l).
En proportion de la consommation, le plus gros:
importatéur.est la Mauritanie (78 %) suivie du Sénégal
(40 %)
et la Côte d'Ivoire (39 %)(2).
Les importations de blé, dans tous les pays de la CEAO,
sont très importantes et amplifiées par l'aide alimentaire
(sauf la Côte d'Ivoire)
; elles n'ont pas connu une expansion
foudroyante; elles nlont augmenté entre 1950 et 1980 qulau
taux moyen de 4,6 % par an, inférieur au taux de croissance de
la population urbaine(3).
Au Sénégal, le taux de croissance des importations
de blé ne serait que de 2,3 % par an sur trente ans(4).
Sil 'on a cc e pte 1e c as pa r tic u1 i e r de 1 a Ma u ri ta nie ,
dont une partie de la population a des habitudes alimentaires
plus proéhes de l IAfrique du Nord, seuls la Côte d'Ivoire (en
croissance) et le Sénégal
(en régression) ont des consommations
de l'ordre de 20 kg par tête, avec un taux d'urbanisation très
fort, dO aux flux migratoires (voir tableau P
) : flux
migratoire intercommunautaires).
La consommation de riz augmente, par contr~.fortement
et continuellement depuis des années; elle est passée de 15 kg
par 'habitant en 1950 à 36 kg en 1980 en moyenne CEAO, selon les
rapports du Bureau de Développement de la Production Agricole
(BDPA), de l'année 1984.
Cette croissance de consommation du riz ne doit pas
être considérée comme conjoncturelle (liée à la politique
d'importation à bas prix).
(1)
La CEA0
étude pour la définition d'une politique agricole
3
AGRI-BDPA
juillet-août 1984.
3
(2)
D'après les calculs effectués par M.Y.
DUAULT
responsable
3
d'étude au BDPA.
(3)
idem.
(4)
D'après les statistiques du BDPA
SCETAGRI
1984.
3
3

- 548 -
Favorisée, certes, par des prix relatifs au consom-
mateur avantageux, la consommation de riz en Afrique est en fait,
gouvernée par la demande et non par l'offre. Le riz doit être
considéré comme la céréale Ja plus consommée en Afrique.
L'évolution historique de la consommation par tête
d'habitant depuis le bassin arachidier au Sénégal, puis de
l'ensemble du Sénégal, de la Mauritanie et de la Côte d'Ivoire
vers le Mali et la Haute-Volta, puis le Niger (sans compter les
"
autres pays gros consommateurs de la CEDEAO, comme la Sierra Léone
130 kg par habitant, le Libéria et la Gambie), semble montrer que
ce produit est bien parti et irréversiblement parti pour devenir
un produit de consommation de masse et non un produit réservé aux
riches (dans le cas où il serait un produit cher) ou aux pauvres
(comme le pensent les responsables ivoiriens)(l).
Les autres produits progressent mais dans des
proportions moindres,(maîs, sucre, tubercule, etc ... ).
Par contre, la production, les importations et la
consommation de viande sont très mal connues et les estimations
existantes divergent fortement.
En moyenne régionale, la consommation par tête de
viande rouge (bovin, ovin, caprin) serait retombée en 1980 à
son niveau des années 1950 (environ 10 kg par an et par habitant)(2),
après avoir atteint 13 kg par habitant en 1960-1970(3)
La consommation par tête a augmenté en Côte d'Ivoire
et baissé dans les autres pays de la CEAQ.
Le seul pays importateur est la Côte d'Ivoire'
(environ 50 000 tonnes par an). A part la viande congelée, ses
importations proviennent des autres pays de la CEAO dont elle
absorbe la moitié des exportations (50 000 tonnes sur un total
de l'ordre de 90 000 tonnes)(4).
(1)
DécZaration faite par Ze Ministre de l'Agriculture de Côte
d'Ivoire
en 1975
in J.O'
nO 106; juin 1976.
3
3
3
(2)
Statistiques SCETAGRI
BDPA
juillet 1984.
3
3
(3)
idem.
(4)
idem.

-
549 -
Selon une étude de la FAO, la demande alimentaire
des pays de la CEAO augmente de 3,5 % par an, tandis q~e la
production ne s'accroissait que de 2,8 % (1).
Ceci s'explique par plusieurs phénomènes qui ont
con jugé l'eurs effets, notamment l'explosion démographique, le
développement des cultures industrielles d'exportation,
l'insuffisante attention apportée aux cultures vivrières, le
mouvement de concentration des terres qui a chassé les paysans
~
vers les villes, la dégradation et l'épuisement des sols, etc.
Deux remarques s'imposent.
Tout d'abord, les disponibilités alimentaires par
personne, si elles arrivent à couvrir en principe les besoins
nutritionnels calculés moyens, sont insuffisantes pour remédier
aux inégalités de distribution alimentaire au niveau de la CEAO.
Ainsi, les groupes sociaux importants ou les zones
géographiques exposées aux aléas climatiques (Mali, Mauritanie,
Ha ute - Vol ta, etc.) 0 u a IJ x t r.o ubles c réé spa r l 'h 0 mm e, set r 0 uven t
en situation nutritionnelle défavorable, et la précarité alimen-
taire devient une donnée fondamentale de l'état des pays de la
CEAO.
Ensuite on doit remarquer que le niveau des
disponibilités alimentaires n'a pu se mintenir dans une certaine
mesure dans certains pays (Mauritanie, Sénégal, Haute-Volta, etc ... )
que grâce aux apports assurés par des importations cr6issantes,
portant sur des produits de première consommation, et parfois,
dans une proportion telle que l'on a parlé de "produits
stratégiques" pour certains pays de la CEAO.
Ainsi, pour les céréales, ce phénomène est particu-
lièrement sensible puisque, non seulement les tonnages importés
ont crG considérablement (voir tableau sur les importations
globales de la CEAO, page
) au début de la décennie, mais
encore, malgré les augmentations de la production locale de
certains pays, le taux de dépendance de l'extérieur a doublé en
dix ans.
(1)
Annuaires statistiques de
la FA0
1980.
3
.
.
."
','
.
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"
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-
550 -
La situation varie d'un pays à l'autre, et il
s'avère indispensable de distinguer entre les groupes de pays
correspondant aux grandes zones écologiques
Sahel, Afrique
tropicale (en ce qui concerne la CEAD).
D'un point de vue alimentaire, nous rencontrons des
modèles à dominates céréalières dans les zones méditerranéennes
ou tropicales sèches, tandis que les tubercules forment la base
de la ration alimentaire dans les zones tropicales humides
(Côte d'Ivoire, par exemple)
; des modèles intermédiaires se
rencontrent dans les zones de transition et dans les villes.
Les contraintes techniques, naturelles et humaines,
font que l'on observe des degrés inégaux d'autosuffisance
alimentaire entre les pays de la CEAD et des inégal ités entre
les régions.
La précarité alimentaire règne absolument sur les pays
membres de la CEAO, et toute la partie subsahélienne semble dans
un déficit alimentaire structurel, parfois très marqué, comme
dans les pays du Sahel
(Mauritanie, par exemple).
Le rôle indispensable des importations alimentaires
entraîne inéluctablement la dépendance alimentaire des pays de
la CEAD qui restent dans une large mesure, des pays assistés
par l'extérieur, pour de nombreuses denrées de base.
Là encore, les situations varient d'un pays à l'autre,
ainsi que dans le temps.
2 - La dépendance alimentaire des pays de la CEAD
La dépendance alimentaire croissante résulte de la
difficulté du système agricole (y compris l'élevage) à
s'adapter aux modifications très rapides de la demande, tant du
point de vue quelitatif (croissance accélérée de la population)
que du point de vue de la structure de la consommation.
L'insuffisance de la production d~ consommation -
courante, n'est palliée qu'au prix d'importations croissàntes
grèvant lourdement la balance commerciale des pays membres de
la CEAD.

- 551
-
La nouvelle politique élaborée par les pays membres,
avait pour objectif d'accorder la priorité à 1 'auto~suffisance
alimentaire, c'est-à-dire le retour à l'équilibre national des
pays: restriction des importations, facteurs de modification
des habitudes alimentaires; retour à la tradition; et satis-
faction des besoins alimentaires à l'échelle locale et régionale(l).
Cette politique de restriction, de retour à la
tradition semble ignorer les faits historiques qui ont entraîné·
1es pays de 1aCE AD da ns ~ u ne s i tua t i on de dép end a nce a 1i men ta ire ,
initiée depuis la période coloniale, accentuée après les
indépendances.
Il serait contradictoire de parler de retour à la
tradition alimentaire, alors que les importations de produits
vivriers vont croissant et que les cultures d'exportation
occupent de plus en plus de terres au détriment des cultures

. -
( 2 )
Vlvrleres
.
La conséquence est: la dépendance alimeAtaire des
pays de la CEAD vis-à-vis des pays capitalistes développés~
Nous assistons, à travers cette p~litique, à une
déstabilisation des sociétés rurales. Il faut citer également
l'action stérilisante de certaines politiques agricoles et
le rôle néfaste de beaucoup d'offices étatiques agricoles et
de collecte de produits.
Au Sénégal, au Mali, au Niger, etc ... , la fonction
étatiqie opérée au travers des sociétés de commercialisation a
été telle qu'on a pu démontrer qu'elle est en partie responsable
des fa min es" e t dis et tes (3) .
De plus en plus,~nombreux sont les paysans contraints,
pour faire face à leurs besoins monétaires, de vendre leurs
arachides, mais aussi leur mil après la récolte, donc à bas prix
pour en racherter au moment de la "soudure" donc au prix fort.
(1)
M.
MOUSSA NGOM : La nouvelle politique agricole de la CEAO~
dans CEAO~ nO 10~ août 1980.
(2)
G.
ACHIEPO : La commercialisation des grands produits
d' exportation~ l'exemple ducafJ-caco en Côte d'Ivoire
Thèse de
3e cycle~ Paris X-VIrI~ 1981.
19?? .

'.\\
- 1552 -
L'Office des Produits Agricoles du Mali (OPAM),
aujourd'hui supprimé fixait un prix de quantités de céréales,
riz et mil exigées par l'administration, de trois à cinq fois
inférieur au prix du ma~ché.
Un peu partout dans le Sahel africain, c'est dans les
villes que les sociétés nationales ont construit leurs magasins
de stockage.
En cas de disette, faudre-t-il
ramener le mil au
niveau des villages? Et en cas de bonnes récoltes, en l'absence
de tous moyens de transformation, que faire des stocks?
Dans une certaine mesure, l'Etat est en partie
responsable de cette dépendance alimentaire croissante. On fait
semblant de révérer les valeurs ancestrales, mais dans le
langage, dans le comportement quotidien, on se réfère sans cesse
aux valeurs du monde indistriel et aux modes de vie du Nord(l).
Le paysan africain soudanais doute de tout, y compris
de la terre qui a nourri ses ancêtres.
"Au lendemain de la seconde guerre mondiale, écrit
René LENOIR, "la jeunesse agricole chrétienne lanait en Europe,
et notamment en France, le slogan "sois fier, paysan !" qui fit
beaucoup pour mobiliser les agriculteurs,,(2).
Quèl ~ouve~ne~ent,
quel moDvement national puissant
dans la CEAO et dans l'Afrique en général ferait-il siénun
tel mot d'ordre?
La dépendance alimentaire, devenue excessive, a des
conséquences redoutables. Le sol ne nourrit plus l 'homme africain,
mais son alimentation dépend en grande partie aujourd'hui de
bateaux céréaliers qui sillonnent les océans.
D'une manière générale, l'importation de produits
alimentaires par habitant augmente e~ moyenne de 5,5 % dans le
(3
Tiers-Monde, selon les données de la fAO
).
(1)
DUMONT (René)~
l'Afrique étranglée~ éd.
Seuil~ pp. 36-38.
(2)
LENOIR
(René)~ Le-Tiers-Monde peut se nourrir~ éd Fdyard
pp.
25-50~ 1984.
(3)
Statistiques de
la FAO~ 1975.

.1....

-'553---
En Afrique, en l'espace de dix ans, 4e 1963 à 1972,
les importations, de céréales sont passées de 1,6 a 4,2 millions
de tonnes. De nos jours, le mQuvement n'a fait que se poursuivre
elle se sont élevées a 16 millions de tonnes en 1980(1).
Les i mp0 r ta t ion s d' a l i men t s f 0 nt 28 à, 30 % de l a
consommation de la Côte dl Ivoire, 40 % au Sénégal, 50 % et plus
en Mauritanie, alors que l'Algérie consacre environ 17 % de ses
revenus pétrol iers, et le Nigéria 50 % des siens à l'achat
d i aliments(2)
En Amérique latine, de 1969 a 1978, les importations
de céréales ont triplé, passant d' 5,5 a 17,3 millions de
tonnes(3) .
Indépendamment de l'Afrique, la dépendance al imentaire
de tous les pays latino-américains s'est aggravée, sauf pour
trois pays (l'Argentine, l'Uruguay et la Guyane)
; les importa-
tions d'al iments représentent 21 % de la consommation au Brésil,
47 % au Chili, 34 % en Bolivie 43 % en Equateur et 46 % au
Pérou(4).
Les conséquences de cette dépendance excessive peuvent
être mesurées sur plusieurs plans:
- les dangers de famine seront considérablement
amplifiés en cas de conflits internationaux ou de mauvaises
récoltes dans les pays exportateurs. En 1973, année de famine
pour une grande partie de l'Afrique (surtout l es pays du Sahel) (5),
l'aide alimentaire n'a pas dépassé 6 millions de tonnes, alors
Gl u'; elle é t ait beaucoup plus élevée les années pré c é den tes ( 6 ) ;
- Dans la balance des comptes des pays importateurs
de pétrole, la dette extérieure atteint des nouveaux 'records et
en arrive a représenter jusqu'a la moitié de la contrepartie des
exportations(7) ;
(1)
statistiques de
la FAO,
et les cahiers français,
nO 21'3
Octobre-d~cembre 1983.
(2)
Statistiques de la Banque Mondiale, 1979.,.1980.
(3)
Statistiques de la FAO et de la Banque Mondiale 1979-1980.
(4)
FAO; Implications r~gionales des mesures internationales pour renforcer
la s~curit~ alimentaire mondiale, LARC/80/4, Mayo, 1980.
(5)
Fraternit~ Matin, nO 350, avril 1974, AbidJan.
(6)
CEAO; Etude pour la d~finition d'une politique agricole commune" dans
SCETAGRI, BDPA" juiUet
1984.
.
(7)
Rapport 'de la CNUCEl), -'1982.
"
.~
l4..~-.'.,~.J_
·'-:A.._'!l:~·r;;_~~'\\~~~
J.......
-
..:.:···:"-,.~.~;·~~·:;,•.~·' ......:)t..._~:·.L~l:.(;f~~~.x~:.r}.~ .;...: ;'."u:~.}. ~.~....~~-iÎ,~_·~;t~~~~':.:.~k:
; .~ ->.~:':l~~~~i\\~.-:_:~.~·;J~.}."-';;" ô;! ~.:~~~!;.).~.~-:.

-
554 -
L'indépendance politiqué acquise devient
illusoire. L'aide alimentaire des pays capitalistes développés
peut devenirs et est déjà devenues un moyen de pression.
Le cas du Sénégal est typique(l)
: la colonisation
favorisa les importations de riz d'Indochine pnur faciliter
l'alimentation des populations urbaines en croissance rapide.
Les citadins se sont habitués à manger une céréale
que le pays ne peut produire dans de bonnes conditions s sauf
en Cas a ma nce ; ils 0 nt a us s i pri s l 1 hab i tu de de ma nge r du blé
que le pays ne produit pas (cela est aussi valable pour la
Côte d'Ivoire). Tout ceci s'est fait au détriment des habitudes
alimentaires comme dans la quasitotalité des pays africains.
Cëtte transformation est aussi le fait que la
production de céréale traditionnelle était insuffisante pour
la satisfaction des besoins alimentaires du fait du développement
accéléré des cultures d'exportations.
A celas vient se greffer un facteur très important
l'urbanisation. Plus une population est urba~isées plus elle
dépend d'une alimentatt6nqu'elle ne produit pas s mais doit
acquérir par le marché.
Les habitants des villes constituent la voie
essentielle de pénétration des modes alimentaires importés s qui
souvent s ne coïncident pas avec les possibilités de production
du pays et augmentent la dépendance alimentaire.
L'analyse de la production vivrière des pays de la
CEAO fait ressortir des degrés d'auto-suffisance al imentaire
inégaux s dOs à des niveaux de production vivrière inégaux s et
qui se traduisent par une importation massive de produits
..
vivriers s d'oU dépendance vis-à-vis de l'extérieur.
(1)
Joseph-Roger de BENOIT~ manger sénégalais~ Croissance
des

jeunes nations~ nO 254~
octobre
1983~ Paris

,
-
555
-
CONCLUSION
!iDU-
CHAPITRE
=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-~-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=~=
Ce chapitre visait essentiellement à évaluer le degré
de développement et de 600pération entre une cummunauté de pays
inégalement développés, à identifier les facteurs qui sont à la base
de ce développement inégal.
Nous avons vu, à travers ce chapitre, que 1e~
con dit ion s de dé ve 10pp e men t ..i né gal des pau s cl e 1aCE A0, é t aie nt
liées, non seulement à des facteurs internes au développement, mais
a~ssi à des facteurs externes, historiques, issues de la colonisation.
Si l'élément d'intégration constitue le champ et
T'équilibre
pour la moindre dépendance des pays memb.res de la CEAC,
il n'empêche qU'à l'intérieur de la communauté économi~ue e~istent
es problèmes d'inégal développement, sur le plan de la population,
de l'économie, etc ... , auxquels s'ajoutent des degrés d'auto-suffi-
sance alimentaire inégaux qui se traduisent par une importation
massive de produits vivriers pour pallier le déséquilibre alimentaire
interne des pays membres.
A travers notre chapitre, nous avons constaté une
répartition inégale de la population sur des aires géographiques
inégalement développées, mais aussi un développement inégal des
structures de production à l'intérieur de chaque Etat, sur le plan
régional..
Certains pays ont une population importante vivant
sur une superficie très grande, mais à économie très faible.
Par contre, d'autres ont une population élevée,
vivant sur une superficie très faible, mais à économie relativement
forte et stable (Côte d'Ivoire, Sénégal, entre autres).
La stabilité à laquelle nous faisons allusion n'est
que relative, parce que, à l'intérieur de tous les Etats membres de
la CEAO, existent des problèmes alimentaires, mais à des degrés
divers et qui sont fonction de la capacité de production (liée aux
conditions climatiques, au sol, aux habitudes alimentaires, etc ... )
de chaque pays. La non-suffisance alimentaire conduit inéluctable-
ment vers une dépendance alimentaire des pays concernés vis-à-vis
de l'extérieur.

- ·556 -
Les pays ainsi constitués, pris individuellement ou
globalement, sont influencés par les pays du Centre pour leur
développement.
Le développement inégal des économies, qui se manifeste
a travers la détermination de la rémunéraiion travail, pousse les
populations des pays a économies faibles a émigrer vers les zones
a forte producti~ité et a forte rémunération du travail, d'où
accentuation de l'inégal :développement entre les p.ays de la CEAO.
Cette situation de développement inégal des pays membres
de la CEAO, peut-elle être une entrave a l'intégration économique?
Pendant longtemps, l'agriculture vivrière a été négligée
au pro fit de l' a gr i cul tu r e d' exp 0 r ta t ion (c e qui s 1 a c c en tue au fil
des années). entrafnant une importatipn(en volume) très importante
de denrées alimentaires a un rythme alarmant.
Non seulement le développement des pays de la CEAO est
inégal a tous les niveaux, mais aussi extraverti.
La consommation est privilégiée au détriment de la
productivité; on flatte le goQt des biens de consommation étrangers.
au lieu de chercher à tirer le plus grand parti possible de ses
propres ressources.
La rareté n'incite jamais a la productivité et a la
créativité, mais sert de prétexte pour importer davantage ou pour
emprunter encore plus, afin de pouvoir importer, mais toujours
d'une manière inégale.
Mais le développement même des pays membres de la CEAO et
l'inégalité de ce développement sont les principaux facteurs qui
modifient l'équi libre de groupements et leurs intérêts pour les
pays membres et qui se traduit par un faible degré d'intégration
a travers les échanges intracommunautaires.

- 557 -
CHA PIT R E II
=- =- =-=-=- =- =-=-=-=
WN FAIBLE DEGRE D'INTEGRATION ENTRE LES PAYS DE LA COMMUNAUTE
Depuis des années, les économiste élaborent des
théories sur les problèmes d'intégration des Nations et sur
les causes fondamentales de la structure des échanges, en
combinant les facteur~ naturels, politiques et économiques,
pour expliquer la nature des intégrations et des échanges.
L'opinion généralement admise est que, la théorie de
l'avantage comparatif s'applique aux échanges entre:
- d'une part, un pays et d'autres;
- d'uatre part, de manière différenciée, le reste
du monde.
Mais, jusqu'à une période récente encore, on n'a pas
tenu compte de la direction de ces échanges.
Maintenant, on s'aperçoit que la direction des
mouvements commerciaux est importante, surtout pour ce qui
concerne les pays en voie de développement en général et
l'A f r i q ue e n pa r tic u1i e r .
C'est ainsi que certains pays, comme: la Mauritanie,
la Côte d'Ivoire, le Niger, le Nénégal, le Burkina-Faso et le
Mali, ont décidé de mettre en place une communauté économique
d'intégration, dans le but de limiter leur dépendance vis-à-vis
de l'extérieur.
L'inétgration est la priorité des priorités, étant
donné les conséquences catastrophiques que la conjoncture
économique internationale a et a eues sur la croissance et le
développem~nt économique de l'Afrique de l'Ouest, au cours de
la décennie éCDGlée étant donné aussi le con~tat unanime
suivant lequel
les pays de la sous-région ne peuvent et ne
devraient pas compter sur une amélioration de la conjoncture
économique internationale dans un avenir proche, pour la
réalisation de leurs objectifs économique$.

, '.'
-
558 '"
Vu la lenteur avec laquelle l'intégration économique
progresse et, partant, le caractère dérisoire des avantages
économiques qui en résultent, très vite on s'aperçoit qu'il y
a un faible degré d'intégration entre' les pays de l'Afrique
de l'Ouest.
Le fai ble degré d'intégration se manifeste à
plusieurs niveaux: d'abord au niveau des pays, à travers les
échanges intra~communautai.res, et extra-communautaires ensuite.
Quelles en sont les causes?
Elles sont de plusieurs ordres, et peuvent s'apercevoir
à travers l' analyse des systèmes producti fs,
ce qui fera
ressortir une absence de complémentarité entre les économies des
pays de la CEAO, due à l'extraversion et à la spéculation en
fonction des 'besoins du Centre.
La section 1 étudie:
L'évolution et la faiblesse des
é cha nge s à l 'i nté rie ur de lac 0 mm un a uté;
La section II : Les causes de la fâiblesse des
échanges intra-communautaires
SECTION 1
EVOLUTION ET FAIBLESSE DES ECNANGES INTRA-COMMUNAU-
TAIRES
La faiblesse des échanges intra-communautaires est
liée à des facteurs internes et externes à la CEAO.
Une des caractéristiques de cette faiblesse est non
seulefuent l 'exigufté des marchés,. mais aussi leur désarticulation.
Les échanges, en fait, sont déterminés en grande partie par la
politique, la capacité de production de chaque Etat membre, des
cours de transports et des comMunications.
En effet, les pays de la c6mmunàuté économique ne
dispose~t pas d'une infrastructure commerciale impo~tante et la
taille des marchés joue un rôle dans la détermination des
sc hémas des échanges à l' i nt é r i eu r de laC EA0 .
1
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L
• • '
_

- 559 -
Les caractéristiques du commerce intra-communautaire
peuvent être appréciées sous deux aspects
- d'une part, d'un point de vue statique, c'est-à-dire
du regard des données officielles concernant une année de
référence
- et d'autre part, d'un point de vue dynamique, c'est-
à-dire en fonction de leur évolution dans le temps;
Ce qui revient à dire'que l'examen statique permet de
situer les dominantes des échanges, et l'appréciation dynamique
permet de dégager les tendances de leur évolution.
Plusieurs facteurs influencent les échanges influencent
les échanges intra-cummunautaures : la faiblesse du contrôle dans
les pays de l'ex-AOF, aux frontières des pays de la communauté
la nature des circuits commerciaux traditionnels d'orientation
Nord-Sud et l'importance des circuits de fraude avec les pays
anglôphones.
Les exportaions non contrôlées de bétail de' Mauritanie,
du Mal i, de Burkina-Faso et du Niger, et celle du poisson séché
et fumé du Mali, constituent pour ces pays, des ressources
essentielles, mais sont échangées hors-circuit CEAO.
D'une manière générale, deux Etats seulement exportent
des produits manufacturés vers les autres pays membres: le
Sénégal et la Côte d'Ivoire. Mais la gamme des produits dans les
deux pays est la même: farines, huiles raffinées, bières èt
limonades, piles et cotonn~des, savons, tabaci et allumettes,
produits divers (plastiques etc ... ), hydrocarbures.
Pour plus de cohérence dans notre travail, au niveau
des échanges intra-communautaires, nous avons choisi de
raisonner en valeurs et en pourcenta,ges.
On doit tenir compte du fait que les statistiques sur
lesquelles est b~sé notre raisonnement ne sont pas tout à fait
fiables à cause des contradictions qui existent d'un document::à
un autre~ et aussi en raison du retard dans la communication des
données statistiques, ce qui nous oblige à travailler sur des
séries courtes; incomplètes.
, ..........J..:.;~..;). ... '.~ _._;.,...,.J,;. :."
",. - .,.. ~

- 560 -
Nous étudierons donc
A - Llévolution des échanges intra-communautaires,
afin de voir slil y a croissance, baisse ou stagnation dans les
échanges ;
B - La faiblesse dans les échanges intra-communautaires
à
travers le pourcentage des échanges de chaque pays avec les
autres, en comparaison avec les échanges de chaque pays avec
l'extérieur.
A - Evolution des échanges intra-communautaires
Le commerce intra-communautaire des produits agréés
à la taxe de coopération régionale
(TCR) entre 1977 et 1979, a
augmenté de 1,04 %, passant de 63 408 millions de F CFA en 1977,
à 6-406,9 millions
de F CFA en 1979(1), pour atteindre 93 556
millions de F CFA en 1982, soit une progression de 46,03 % en
valeur par rapport à 1979 (voir tableau suivant).
Tableau 59
Commerce intra-communautaire de 1977 à 1982 (en
mi l l ion s. d.e . F CFA con st a nt s )
ANNEES
VALEURS
TAUX DE CROISSANCE
1977
63 408
1978
58 559,9
-7,6 %
1979
64 064,9
+9,40 %
1980
87 152,1
-.'
..
-
- .
1981
78 935,9
-9,43 %
19 8 4
93 556
+:18,52 %
Source
Dlaprès les statistiques de la BCEAO, année 1983
Le tableau nous indique quelques baisses dans
l'évolution des échanges entre les pays de ia communauté, surtout
en 1978 (-7,6 %) et en 1981 (-9,43 %) en valeurs.
(1)
Voir
Les notes d'informations et statistiques de
La BCEAO,
année
1983.
A . . . . . ~
• •
.
. .
.-r.h,
/ ..

GRAPHIQUE: 1.
L ES
ECHANGES
INTRA_COMMVNAUTA IRES
DE
l~
1977 à 1983
(en
millions de fefa)
val eu r s ( f. e. f. a. )
100
90
80
70
60
50
o
L...
......I
......
" -
.....L.
.....
" - - - - . "nnees
1977
78
79
1980
81
82
SOURC E: d"après les noIes d'information
el statistiques
de la
b.e.e.a.o. 1913

- 561 -
Cela: est évident si nous considérons les échanges
entre 1977 et 1982 (+47,55 %).
Pris globalement, les échanges intra-communautaires
évolueront régulièrement, mais avec quelques fluctuations, dues
aux problèmes politiques du Mali et de Burkina-Faso en 1978 et
1981, dues surtout aux problèmes de la sécheresse en Mauritanie.
Le graphique 1 nous donne une image de l'évolution des
échanges de 1977 à 1982, entre les pays de la CEAO.
Sur ce graphi.~ue, les baisses constatées en 1979 et
1981, correspondent aux problèmes politiques des Etats du Sahel
(Mali, Burkina-Faso et Mauritanie) que nous avons évoqués
précédemment. Les pointes plus élevées se situent en 1980 et en
1982 (voir graphique).
Après cette constatâtion, qu'en est-il de la position
de chaque pays par rapport aux autres au niveau des échanges?
- Evolution des échanges de chaque pays à l'intérieur
de la CEAO
1°) Echanges de la Côte d'Ivoire avec les autres pays
membres de la CEAO
Tableau 60
Les exportations et les importations de 1977 à
1982 (en millions de F CFA)
ANNEES
Exportations
Importations
Balance
1
commerciale
1977
35 045
12 015,6
+23 029,4
1978
32 820,6
12 732,2
+20 088,4
1979
38 119,8
14 388,3
+23 731 ,5
1980
55 577,2
15 809,7
+39 767 ,5
1981
68 202,3
7 841,7
+60 360,6
1982
81 446,4
10 175 , 7
+71 270,7
Source
D'après les notes d'information et statistiques de la
BCEAO, 1983.

- %6'- 6/:J
fi
t
".
GRAPHIQUE:2. EVOLUTION DES ECHANGES
DE
LA
CÔTE D'IVOIRE A L'INTERIEUR
DE LA C.E.A.O.
DE1971à1983
(en millions de f. c. f. a ) .
va/eurs( f.c.f.a.)
80
70
60
Q-Q- - - - -..... exportations
50
~
_
- - 0
Importations
40
30
20
10
-
-
-
_ e _ -
/ '
o
.....
....&
..JL.
......-
_ _.......
....
....._
. . anne.
1917
78
7!!
1980
81
82
SOURCE: d'apres les notes d,nformation et statistiques
de la
b c
a o. 1983

~ 562 -
Les exportations de la Côte d'Ivoire vers les autres
pays de la CEAO, évolué~t de façon régulière depuis 1977. Elles
passent de 35045 millions de F CFA en 1977 à 38119,8 millions
en 1979, pour atteindre 81 446,4 en 1982, accusant ainsi, pendant
cette période quinquennale, une augmentation de +132,41 % entre
1977 et 1982, sauf une légère baisse en 1978 (32 820,6 millions
de F CFA) par rapport à 1977 (35 045 millions de F CFA).
Par contre, les importations par rapport aux
exportations restent faibles et évoluent très lentement, passant
de 12015,6 millions de F CFA en 1977 à 15809,7 millions en
1980, soit un accroissement de +31,58% sur la période 1977-1980.
Depuis 1981, les importations de la Côte d'Ivoire en
provenance des autres pays de la CEAO ont largement diminué soit
une baisse de -50,40 % en 1981 par rapport à 1980 et de -35,64 %
en 1982 par rapport à 1980 (voir tableau n° 60).
Les importations accusent un taux de croissance plus
faible que les exportations de la Côte d'Ivoire à destination
des autres pays membres.
Dans l'ensemble, les échanges de la Côte d'Ivoire
avec les autres pays membres de la CEAO accusaient un solde
positif, c'est-à-dire qu'elle exporte vers les autres plus
qu'elle n'importe.
Le graphique 2 nous donne l'image des échanges de la
Côte d'Ivoire avec les autres pays membres de la communauté.
Ledit graphique fait apparaître l'évolution des
exp~rtations ivoiriennes vers les pays membres, et la faiblesse
des importations de la Côte d'Ivoire venant des pays membres de
la CEAO.
2°) L'évolution des échanges du Sénégal avec les pays
fuembres de i'a'CEAO.

.GRAPHIQliE 3.
• EVOLUTION
DES ECHANGES DU SENEGAL
A L' 1N TER 1E UR DEL AC. E . A.0.
DE 1971 à 1982 (en valeurs).
valeurs(millions de f.cfa)
30
000
,
exportations
25
e----- _.-J importations
20
15
10
0_---
- - - - ~
- 0 -
-
. -
__ fJ-- - -"
5
o "__-_ _...&-
.......
.......&..
.......
.L-
.&-_+3 n nées
1977
78
79
1980
81
82
ti
SOURCE: O·AP~f.S LES NOTES O'INFOI\\NATION
fT .5TAT/5 QlJES tlE LA
I?>.C. E.A.O, 15~3.

li
',.~
.
-
563 -
Tableau 61
Les exportations et les importations du Sénégal
de 19 77 à 1982 (e nm i l l ion s de F CFA)
ANNEES
Exportations
Importations
Balance
(valeurs)
(valeurs)
commerciale
1977
21 052,3
6 404,2
+14 648,1
1978
18 717,9
7 188,4
+11 529,5
1979
15 195,7
5 797,8
.' +9 397 ,9
1980
20 802,7
6 827,9
+13 974,8
1981
-
8 417 ,9
-
1982
-
9 513,8
-
Source
D'après les notes d'informations et statistiques de la
BCEAO, 1983.
Par rapport à la Côte d'Ivoire, les exportations du
Sénégal vers les pays de la CEAO sont moins importantes et ont
beau cou p de variations d' une a nnée à l ' a ut r e .
En 1977, les exportations (en valeurs) qui étaient de
21 052,3 millions de F CFA, ont chuté à 18 717,9 millions de F CFA,
soit une régression de -11,09 % en 1978 par rapport à 1977.
A partir de 1980, nous assistons à une remontrée par
rapport à 1977, soit une évolution de Il,14 % en 1980 par rapport
à 1978 et de 36,90 % par rapport à 1979.
Ee t rel 9 77 e t 1980, les exp 0 r t a t ion s duS é né galon t
régressé de 1,19 %, alors que, dans la même période c'est-à-dire
1977-1980, les exportations de la Côte d'Ivoire à l'intérieur de
la CEAO ont augmenté de 58,59 % en valeurs.
Les importaitons du Sénégal suivent à peu près les
mêmes tendances que les exportations. Elles augmentent les deux
premières années (6 404,2 millions en 1977 et 7 188,4 millions
en 1978), puis une chute brutale en 1979 (5 797,8 millions en
F CFA) suivie d'une reprise à partir de 1980, qui s'est poursuivie
jusqu'en 1982 (voir tableau 61).
1

. /
- 56~ -
Le graphique 3 nous permet d'avoir l'évolution des
échanges du Sénégal avec les pays membres de la CEAO.
Il se dégage de ce graphique que les échanges du
Sénégal avec l'es autres pays membres de la CEAO stagnent dans
l'ensemble.
Prises individuellement, i~~ exportations évoluent
moins vite avec une tendance à la baisse plutôt qu'à la hausse,
alors que les importation~ sont très faibles, mais évoluent
lentement par rapport aux exportations.
~
Comme la Côte d'Ivoire, le Sénégal exporte beaucoup
plus vers les apys de la CEAO qu'il n'importe de la CEAO.
3°) L'évolution des échange du Burkina-Faso avec les
les pays membres de la CEAO
Tableau 62
Les exportations et les importations du Burkina-
Faso de 1977 à 1982 (en millions de F CFA)
ANNEES
Exportations
Importations
Balence commerciale
1977
4 629
12 69,5
-8 066,5
1978
4 432 ,3
10 544,6
-61 112 ,3
1979
7 543,9
13 575 ,2
-60 312,3
1980
7 371,3
20 610,5
-13 239,2
1981
7 049,4
26 556,1
-19 506,7
1982
4 860,5
35 158,8
- 30 298,3
Source
D'après les notes d'informations et statistiques de la
BCEAO, 1983.
A travers le tableau, nous constatons une évolution
très faible des exportations en valeurs du Burkina-Faso, ,par
rapport à celles de la Côte d'Ivoire et du Sénégal.

- Sb4- ~'S
G RA PH IQUE:4 - EVOLUTION DES ECHANGES DU
BURKINA_FASO A L'INTERIELJR
DE LA C. E. A.O. DE 1977 li 1982
(millions de f.c,f.B)
*
valeurs( f,c.f.a)
40
1
3D
/
1
25
/
/
Il
" ,
20
importBtions
expor tations
/
15
1
/
_/
10
-
-
-
Q-- ...
0 _ _ _ _ _ _ _
5
.,----
Ci
o
annees
1977
78
79
1980
81
82
source: d'apres les notes d'information et statistiques
de /B
b ·C.e.a.o
1983

- 565 -
En 1977, les exportations du Burkina-Faso étaient de
4 629 millions de F CFA, pour tomber à 4 432,3, soit une
regression de 4,25 % par rapport à 1977.
Puis, on remarque une remontée à partir de 1979
(7543,9 millions de F CFA), suivie d'·~ne régressi~n à partir
de 1980, qui s'est poursuivie jusqulen 1982, soit une baisse de
35,57 % entre 1979 et 1982.
Par contre, les importations évolu~nt régulièrement,
passant de 12 695,5 en 1977 à 35 158,8 en 1982, avec une légère
baisse en 1978 (10 554,6 millions de F CFA).
La progression entre 1977 et 1982 a été de l'ordre de
176,94 %. Cette tendance à l'évolution des importations du Burkina-
Faso, explique la faiblesse de l 'économie de ce pays et le manque
d'industries industrialisa~tes par rapport à la Côte d'Ivoire et
au Sénégal.
En comparant les graphiques sur l'évol ution des
échanges de la Côte d'Ivoire et du Sénégal à celui du Burkina-
Faso (graphique 4), nous constatons une évolution des importations
de Burkina en provenance des Etats de la CEAD, en particulier de
la Côte d'Ivoire et du Sénégal (voir tableau h )
et une r é 9re s s ion
exportations du Burkina-Faso à destination des autres pays membres.
Ce phénomène se traduit par une balance commerciale
négative de ce pays vis-àvis des autres Etats, en particulier de
la ,Côte dl Ivoi re et du Sénégal.

- 566 -
4 9 ) L'évolution des éch.anges du Mal i avec les pays
membres de la CEAD
Tableau 63
Les exportations et les lmportations du Mal i de
1977 à 1982 (en millions de f CFA)
Exportations
Importations
Balance C
1977
2 056
17 912,7
-15 856,7
1978
2 045,6
18 318 ,4
-116 272,8
1979
2 767,6
18 955 ,6
-16 188
1980
2 538,3
31 192 ,7
--28 654,4
1981
2 262,2
24 837 ,8
-22 575 ,6
1982
1 595 ,3
26 805 ,5
-25 210 ,2
Source
D'après les Notes d'informations et statistiques de la
BCEAO, 1983.
Comme le Burkina-Faso, les exportations du Mali, à
destination de pays membres de la CEAD restent très faibles.
Cette faiblesse est valable pour la Mauritanie et le Niger
(voir tableau 15 et 16 en annexe)
En 1978, les exportations du Mal i ont régressé de
0,51 % par rapport à 1977, avec reprise en 1979 (2 767,6
millions de F CFA), puis dès 1980, une baisse régulière
jusqu'en 1982 (voir tableau 63).
Les importations quant à elles, croissent régulièrement
17 912,7 mill ions en 1977
; 18 318,4 en 1978 ; 18 955,6
millions en 1979 ; et 31 182,7 millions en 1980, soit une
progression de 74,14 % entre 1977 et 19BO.

valeurs(millions de f. c.f.•)
1977à 1982 (en millions de f. c.f. a).
6 000
5000
40DD
3001
2100
*
2111U
1
·2500
2300
2100
.-
1900
1700
1500
1300
1100
900
NIGE R
700
10...
" ..... ~ ...
SOO
-10 .... "'" + .f- t"..
"
300
100
_ _ _ _06--
a;;.....
......
......
années
~
0
1977
1971
1971
1910
1911
1912
~o·urce: notes d·inform.tion et .t.tistique. de'.
b. c ..... 0.
1983
..
_:.:
' , ' . l .
: -
. '
.
"
\\.
.i:~";;":'~_t-.-o.- ._","-__,"-,
.
t
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-_.,_....---------...!.--
..-
-~.'-'"
---~.:.-...~._--_

· :.,
.;. 567 -'
A partir de 1981, nous assistons à une baisse des
importations (24 837,8 mill ions de F CFA), soit une régression
de 20,37 % par rapport à 1980, suivie_d'une légère reprise en
1982 (26 805,5 millions de F CFA).
Cette situation est valable pour les deux autres
Etats que sont la Mauritanie et le Niger, mais avec quelques
différences.
A travers les trois graphiques précédents, nous
constatons que els exportations de la Mauritanie sont faibles
mais évoluent très nettement par rapport aux exportations du
Mali et du Niger qui stagnent.
Par contre, les importations du Mal i et du Niger
augmentent par rapport à celles de la Mauritanie qui tendent
ver s l a ba i s se.
D'une manière générale, les exportations des quatre
pays de la CEAO (Burkina-Faso, Mali, Niger, Mauritanie) restent
faibles par rapport aux exportations de la Côte d'Ivoire et
du Sénégal.
Contrairement aux exportations, les importations des
quatre sont importantes et varient entre 17 et 31 millions de
F CFA pour le Mali
de 802 mille F CFA à 7 millions de F CFA
pour la Mauritanie; et de 5 millions à Il millions de F CFA
pour le Niger.
A partir de cette analyse, peut-on dire qu'il y a
une croissance, stagnation ou décroissance au niveau des
échanges intra-communautaires ?
En effet, à travers le tableau sur l'évolution des
échanges intra-communautaires (tableau 8 annexe 6), nous
constatons de F CFA à 93 556 mill ions de F CFA, soit une
progression de 47,55 % entre 1977 et 1982.

~;:f ~
GRAPHIQUE.5bis., *
EVOLUTION DES
IMPORTATIONS:
MA L L
NIGER _ MAURI TAN 1E
DE
1977 à 1982 (en millions de f.c.f.a ).
valeurs (f. c.f.a)
33
MALI
T
31
29
27
25
23
21
19
,,'--_-~(J,----J
17
15
13
NIGER
-r- ..()
II
~
"'"
. l -
ill_
....
,
J'
t
9
7
l'
f
7
r
l'
.5
3
----- --c
o
années
1977
78
79
1980
81
82
sou rce: notes d'information et statistiques de la
b.e.e.a.o.
1983
.
"
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" , - ,
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:...-_~
_

- 568
Si nous prenons .les échanges, pays par pays, nous
remarquons que l e co mer cee nt rel eS é négal e t laC ôte d' Iv 0 ire
est équilibré, alors que les autres (c'est-à-dire Mali,
Mauritanie, Niger et Burkina-Faso) sont en déséquilibre en
co mpar ais 0 n a ve c les deux pre mie r s (C ôte d' l v0 i· r e e t Sé né gal ) .
En effet, les deux premiers exportent plus qu'ils n'importent
des quatre autres et vice versa (voir tableaux 60 et 61).
En 1980, les échanges de produits industriels seuls
ont été estimés par les services du secrétariat de la CEAO à
près de 35 milliards de F CFA. La Côte d'Ivoire et le Sénégal
en sont les principaux fournisseurs, 60 % pour la Côte d'Ivoire
et 35 % pour le Sénégal. Le Mal i et le Burkina-Faso sont les
premiers clients pour 33 % (Mal i) et 22 % (Burkina-Faso)(l)
Si nous établissons une structure comparée des
échanges par groupe d~~utilisation, nous constatons la
prédominance de quatre rubriques dans les importations
al imentation, boissons, tabac, produits finis ou sémi-finis
pour la consommation ou l'industrie.
Pris en pourcentage, l'alimentation, les boissons et
les tabacs représentent 28 % du total des importations au Mali
et au Sénégal, 15 % en Côte d'Ivoire; 13 % au Niger; 19 %
en Burkina-Faso, alors que le poste d'énergie est relativement
faible: 3 % au Sénégal; 41 % en Mauritanie; 20 % au Burkina-
Faso; et 26 % au Niger, pays qui importe le plus de produits
finis pour la consommation (34 %) ; 29 % pour la Côte d ' Ivoire(2)
Sur le plan de la répartition des exportations et
importations (en pourcentages) de tous les produits, à l'intérieur
de la communauté, deux pays: la Côte d'Ivoire et le Sénégal
exp 0 rte nt plu s qu' ils n' i mpo rte nt.
En 1977, par exemple, les exportations de la Côte
d'Ivoire étaient réparties de la façon suivante: 18,18 % au
Sénégal
; 35~57 % au Mali; 2,82 % en Mauritanie; 31,43 % en
Burkina-Faso
12 % au Niger, alors qu'elle a impoté, dans la
même période: 47,34 % du Sénégal
12,63 % du Mal i ; 35,70 %
du Burkina-Faso; 4,33 % du Niger et nul en Mauritanie.
(1)
6f.Note
d'informations.et statistiques de
la BCEAO : Agri-
indus tri"eetstatistiqu"es du commerc"eintra-commUnautaire 3
CEA0

J.O.
1980.
3
(2)
Kamadini OUALI
Intégration africaine
Economica
pp.
230- 231
3
3
3
.....~.._:._'--~ .,:,._ .,_. .,."~":~.J'.:. .~....._--.!---:.-...:.~~ .•.• '.-<- ,,,",
., •._~_ ; __ ,
'- •

· . '.'
/
- 569 -
Les statistiques portant sur le commerce global
entre le Sénégal et la Côte d'Ivoire et entre ces deux pays et
les pays les moins avancés de la communauté, font la preuve
du grave et croissant déséquil ibre qui- existe dans le commerce
intra-communautaire.
En effet, le commerce entre le Sénégal et la Côte
d'Ivoire es plus ou moins équilibré. Néanmoins, on constate
une réduction des échanges entre l es deux pays pour l'année 1979
par rapport à l'année précédente (voir tableau 2 annexe 3 et
tableau 3,annexe 4.
Par contre, le commerce entre la Côte d'Ivoire et le
Sénégal et le reste de la communauté est fortement déséquilibré
et la tendance semble se confirmer vers un accroissement de ce
déséqu il i bre.
En 1978, par exemple, les importations du Sénégal et
de la Côte d 1 Ivoire en provenance des autres pays me ITI br e s de l a
CEAO s'élèvaient à 6 357,2 millions de F CFA, alors que les
exportations de ces deux Etats à destination dy reste de la
CEAO, étaient de l'ordre de 37 975,1 millions de F CFA(l).
Il
existe non seulement une structure inégal itaire et
un déséquilibre dans les échanges, mais aussi une faiblesse des
échanges intra-com~unautaires.
D'après une étude publiée par le Bureau d'étude pour
le développement de la production agricole (BEDPA), environ
15 % du commerce extérieur des pays africains est interaficain,
80 % est extérieur à l'Afrique et seulement 5 % est inter-CEAO(2}.
Il est certain qu'en grande partie, cette situation
s'explique par l'insuffisance des moyens de communication dans
le sens le plus général et aussi par des relations privilégiées
qui existent entre chque pays de la CEAO et l'extérieur et qui
accentuent la dépendance de ces pays vis à-vis de l'extérieur,
7
c'est-à-dire vis-à-vis des pays capitalistes avancés.
(1)
cf.
Notes d'informations et statistiques de
la BCEA0 3
année
1983.
(2)
BEDPA
Etude
sur les
stratégies de
développement dans
les
3
pays de
la CEA0
rapport
BEDPA
St-agri
année
1984.
3
3
3
3

- 570 -
L'ensemble des réseaux de communication a été conçu'
pendant la période coloniale pour l'évacuation des produits
de traite et non pour facil iter l'intégration des économies
africaines. Clest peut-être parce que les relations ~ommerciales
des pays africains ne peuvent se faire que par l'intermédiaire
des métropoles européennes que, R. SALLER a pu détlarer
:
"c'est avec l'Europe que els pays africains doivent s'associer
économiquement, car il est prématuré d'envisager un marché
commun africain, si l'on considère que sur le plan géographique,
~
économique, les Etats qui veulent l'instituer ne constituent
pas une entité suffisamment important~, aussi bien du point
de vue de la population que du point de vue de l ,'homogéné1té,,(1) .
Il est clair que la faiblesse des éch~ng~s ~nter­
communautaires constitue l'argument de poids pour tous les
adversaires déclarés de l'intégration économique en Afrique.
Mais on oublie, explique N'GOM N'GOUDI, que "à la
veille du traité de Rome, les échanges entre les pays de la
CEE n'étaient pas tellement plus brillants que ceux qui existent
actuellement entre les pays africains,,(2).
Dans le cas de la CEAO, les structures sont différentes
de celles de la CEE et plusieurs facteurs, que nous avons
élucidés dans le premier chapitre de la troisième partie,
influent sur l'intégration.
Il conviendrait de noter que les réalisations pratiques
de la CEAO peuvent être facil iement exagérées, si l'on en juge
uniquement d'après les publications de l'organisation sur les
échanges intra-communautaires des produits agréés par la TCR(3)
et le pourcentage selon le secteur industriel (4) (voir tableau
suivant n° 64).
Les produits auxquels s'applique la TCR ne figurent
pas nécessairement dans les échanges intracommunautaires.
En 1979, le Niger avait 20 produits approuvés, mais
pas un seul de ces derniers n'a été exporté dans la CEAO.
(1) Raphcil!l SALLER : C'est avec, l'EW'ope que nous ,devons-:-;Wus asso..ei?r
- ,~
'"
éddnomiquernéri,tJin Euratir~rl);3,expar:i.sion, n o:2~~ Mai 1962.
.
.
. \\
( 2) N'GOM N' GOUDI :~;I!.(Li'éUS si te de 'Z'irît.egra tidr(: économique en. Afrique"
,[Jrl?Serideajridaine" 19?1.'
.
-
. ·.··.:1t:ù::.;;..
.
. '_.--~-
-~.. ~.;~.•_...:;-:-::.~---_
(3)TCR : Taxe. 4~ Coopérqtion, R~gionale.""",:,,-,,~'O;,,.".~ ""- _ ';-
(4) CEAO : Analyse ,et commentaire- sur'le foncJ,~ç;rlrI.~rFJfm.t.au,:~:régimedei-;'~-TCR
.
Mars J!fB) .C:'
. . ,,'
,'..
.... -
·c_.,~.
"

571 -
De m~me 5 produits seulement sur les 50 produits du Burkina-
Faso approuvés ont été échangés dans le cadre de la communauté
économique de l'Afrique de l'Ouest (CEAO).
On peut également s'interroger sur l'importance, en
matière de tran~formation
économique pour la moindre dépendance,
des avantages que tirent les Etats membres du commerce
intra-communautaire. Les statistiques du commerce peuvent être
impressionnantes du point de vue de leur évolution, mais on
peut raisonnablement se poser la question de savoir qui profite
réellement du commerce intra-coummunautaire.
Tabl eau 64
Echanges intra-communautaires des produits agréés
( po ur c e nt age selon les e.c te uri ndus tri el)
1979
198Q
Industries alimentaires (09 01 -24 00 00)
19,8 %
27,7 %
.- -,-
Industries chimiques (25 20 -38 18 00)
19,5 %
15 6'~%
, ~:~:.
Industrie de la matière plastique (39.01 -39 07 90 )
4,7 %
.4,:,4. ~~
1ndustri e du caoutchouc (40 08 01 -40 14)
0,3 %
3,1 %
Industrie du cuir et d'articles de voyagE:
1
{41 02 Il -42 03)
1,2 %
0,6 %
1
1
Industrie du boi s (44 14 39 -44 28 70)
2,9 %
2,4 %
1
1
Industrie du papier (48 13 -48 21)
4,3 %
1,3 %
f
1
1
!
Industrie textile (51 02 -62 05)
14,0 %
28,1 %
i
Industrie de la chaussure (64 01-64 05)
10,0 %
3,4 %
!
1
Industrie de transformation des métaux
(68 10 -76 16 20)
6,4 %
7,1 %
Industries mécaniques (82 02 -87 14 91)
5,7 %
6,3 %
Source
Statistiques des produits agréés à la TCR 1979-1980,
DestijCEAO.

-
57-2 -
Les produits industriels échangés proviennent
d'industries légères dominées en grande partie par les sociétés
transnationales dans les Etats membres: textiles, industries
al imentaires, petites industries chimiques (savons, détergents,
parfums, bourgies, etc ... ) et d'autres industries similaires.
Il convient également de noter que l'on retrouve les
m~mes industries dans presque tous les pays de la CEAD. Le.s
débouchés sont par conséquent limités pour chaque produit, d'où
l a fa i bles s e des écha n,g es.
Il
n' ex i ste pas de ma r c hé co mmu na u-
taire pour chacun des produits agréés par la TCR. Le marché a
été fragmenté par les sociétés transnationales a un tel point que
la mise en place de la CEAD n'a aucun effet sur la co~pération
dans les secteurs de la production.
En l'absence de toute spécialisation dans le domaine
du développement industriel et de la complémentarité qui devrait
en résulter, on se rend compie que la scène industrielle des
pays de la CEAD est caractérisée par une production compétitive
très coOteuse et qui ne peut entralner, dans les Etats membres,
la restructuration économique qui constitue la raison d'être'
des plans d'intégration pour la moindre dépendance des pays de
la CEAD.
Par ailleurs, le système de la TCR ne profite pas
vraiment aux Etats membres dans leurs échanges. La règle est
que: plus un Etat importe de produits industriels de
l'intérieur de la CEAD, plus il
reçoit une compenJation élevée
du Fonds de Développement Communautaire (FOC) et plus un pays
exporte vers les pays de la CEAD, plus il contribue a ce fonds(l)
Dans la pratique, selon le secrétaire général de la
CEAD, la Côte d'Ivoire et le Sénégal sont les paus qui versent
les montants les plus élevés.
Entr e 197 4 e t .1 98D, 95 ,1 % des r e s sou r ces d u Fon ds
pr~venaient de ces deux pays. Mais les sociétés expotatrices
dans les deux pays sont pour la plupart contrôlées par des
étrangers(2) .
(1)
D'après les explications du Secrétaire général de
la CEA0 3 lors
de
lotre séjour a~ Burkina-Faso en août 1984.
(2)
D'après les explications du Secrétaire général de
la CEA0 3 à
la suite d'un entretien avec les responsables du bureau
exécutif3
CEA0 3 août 1984 au Burkina-Faso.

- 573 -
Ainsi, les taxes payées par les deux Etats
(COte d'Ivoire et Sénégal)
sont purement et simplement des
subventions à des compagnies étrangères, d'après le
secrétaire général.
La-communauté économique ne présente pas non plus
d'avantages pour les consommateurs locaux, qui ne bénéficient
pas d'une réduction de prix pour les produits auxquels slapplique
la TCR.
Le système de la TCR comporte d1autres lacunes. Pour
un produit importé donné, la TCR est supposée
remplacer tous
les autres droits, bien que les taxes avant la consommation
soient toujours appl icabl es dans chaque pays.
Mais la taxe interne applicable à un produit approuvé
dans le cadre de la TCR ne devrait pas excéder celle perçue sur
un produit similaire fabriqué localement.
Dans les pays oa il
n1existe pas de produit local
similaire, la taxe sur un produit approuvé dans le cadre de
la TCR peut être arbitrairement élevée.
Le système de la TCR a fonctionné au mieux, lorsque
les deux pr i nc i pau x pay s qui l e fin a nc ed1 t ,.;. à s av 0 i r laC ôte
d'Ivoire et le Sénégal, étaient à même de faire face à leurs
ob.l igations financières, grace aux recettes provenant des
exportations. Mais, avec l lincidence de la séchéresse au
Sénégal et la chute des prix du café-cacao en Côte d'Ivoire, les
contributions de ces deux pays sont devenues moins régulières et
les arriérés commencent à s'accumuler.
En conséquence, les principaux bénéficiaires du Fonds
de Développement Communautaire (FOC), à savoir les quatre autres
membres de la CEAD (Mauritanie, Mal i, Niger, Burkina-Faso),
commencent à exprimer leur mécontentement et peuvent décider
d 'appl iquer le régime commun des droits de douane aux produits
e n pr 0 ven a nce de laC ôte d 1Iv 0 ire e t duS é né gal, pu i s qu e ces
deux pays sont les plus grands exportateurs au niveau des
échanges intra-communa~taires.
Les recents évènements indiquent que les pays membres
accordent la priorité à ce qu1ils considèrent ~tre dans llintérêt
immédiat plutôt que dans l'intérêt à long terme de la CEAD.

- 574 -
En matiêre de productioh animale et agricole, par
exemple, la CEAD est une reglon d'une grande diversité et la
communauté tire profit de cette situation.
Ainsi le Burkina-Faso et le Niger exportaient leur
bétail vers la Côte d'Ivoire, tandis que le Mali et la
Mauritanie exportaient le leur vers le marché sénégalais.
Mais le Mali et la Mauritanie ont signé récemment
des accords d'échanges préférentiels pour approvisionner
l'Agérie et la Libyen viande en dehors de la CEAD, pour la
simple raison que les importations du Sénégal demeurent trop
absorber la production du Mal i et de la Mauritanie(l ).
La deuxième raison, qui demeure fondamentale est
que la Côte d'Ivoire et le Sénégal
ne financent plus le FOC
depuis quelques années et qu'ils importent beaucoup plus de
l'extérieur que de la communauté économique, de ce fait les
deux pays (la Mauritanie et le Mali) se sont tournés vers les
pays hors-CEAD pour le commerce de leur bétail.
Par exemple, au cours de la fête musulmane de
septembre 1982, les troupeaux de moutons qui devaient venir
de la Mauritanie et du Mali, à destination du Sénégal, en sont
jamais arrivés, à cause du non financement du FCD par la Côte
d'Ivoire et le Sénégal(2)
Dans le même dessein de servir l 'int~rêt riational,
le Sénégal a pris la décision de faire passer so~ droit de
douane de 5 % (taux ~niforme de la CEAD) à 15 % à cause des
problèmes économiques nationaux(3)
Il n'est pas possible d'après le secrétaire général
de la CEAD, d'appliquer le tarif extérieur convenu en 1976, en
vue de faire de la CEAD, une Union Douaniêre d'ici 1986(4).
D'une manière général, les échanges intra-communautaires
évoluent dans l'ensemble, mais demeurent très faibles par manque
de coordination des échanges dans les pays de la CEAD.
(1) La CEA0
face aux problèmes de la sécheresse
J.O.
CEAO
3
3
nO 15
mars 1981.
3
(2) La CEA0
les échanges de bétail et les problèmes
J~O. CEAO
3
3
1983.
(3) ADEBAYO ADEDEJI
Renforcer l'intégration économique en Afrique
3
de Z 'Ouest
ONU-CEA
mars 1984
p.
27 cl 30.
3
3
3
(4) ADEDAYO ADEDEJI
Coopération économique en Afrique
CEAO?
3
3
Doc.
4
nO 291
mars 1984.
3
3

- 575 -
B - Faiblesse des échanges intra-communautaires
La première constatation que lIon peut faire en
consultant les statistiques du commerce intra-communautaire,
rapporté au commerce global, c'est qu'il occupe une place
marginal dans l'ensemble des échanges extérieurs.
Si l'on considère la part des exportations inter-CEAO
dans les exportations totales, la moyenne se situe entre 6,95 %
et 9,54 % pour la CEAO, pour la période 1978 et 1981 ; entre
2,01 % et 5,61-% pour les autres pays d'Afrique (dans la m~me
période). Alors que les échanges entre la CEAO et l'extérieur,
dans la m~me période se situent: entre 20,91 % et 38,59 % pour
la France; 15,60 % et 32,45 % pour la CEE; et de 13,79 % et
30,81 % pour le reste du Monde(l).
Finalement, nous pouvons dire, contrairement à la thèse
de VINAY: "l'Afrique commerce avec l'Afrique),,(2), que l'Afrique
ne commerce pas avec l'Afrique mais plutôt avec les pays
capitalistes avancés.
Ainsi, si nous comparons les échanges de chaque pays
de la CEAO avec les autres pays membres et les échanges de
chaque pays avec l'extérieur, nous avons la situation suivante
En Côte d'Ivoire, le commerce est de 10 % à l'intérieur
de la CEAO en 1982, alors qu'il
est de 32 % avec la CEE et de
19,65 % avec la France dans la même période au niveau des
exportations.
Quant aux importations, 1,42 % (CEAO)
; 31,60 %
( Fra nce) e t 15, 67 (C EE) , po url 'a nné€
1982.
Bien que les exportations de la Côte d'Ivoire en
destination des autres pays de la CEAO, soient en hausse, elles
demeurent faibles par rapport aux exportations dans les pays
d'Europe.
(1)
D'après
les notes d'information et statistiques de
la BCEAO~
année 1983.
(2)
Bernard VINAY:
l'Afrique commerce avec
l'Afrique~ PUF~ 1968

- 576 -
Par contre, les importations de la Côte d'Ivoire dans
la CEAO sont en baisse comme l'indiquent les tableaux 9-10 de
l'annexe 7-7 bis.
Au sénégal, le commerce intra-communautaire est de
3,07 % ; de 33,72 % avec la France; de 16,49 % avec le pays
de la CEE et seulement de 7,18 % dans la CEDEAO, pour l'année
1980, au niveau des importations; ce qui revient à dire que
le Sénégal et la Côte d'Ivoire importent beaucoup plus de
l'extérieur, plus exactement de la France et de la CEE, qu'ils
n'importent des autres pays membres de la CEAO (voir tableaux
9-10 annexes 7-7 bis, tableaux 11-12 annexes 8-8bis)
Les seuls pays dont les échanges se font beaucoup
plus avec les pays de la CEAO sont: Burkina-Faso avec 30,92 %
des échanges intra-communautaires, contre 15,47 % avec la CEE
et 32 % avec la France en 1982 au niveau des importations.
Par contre, les exportations sont de 26 % pour la
CEAO, contre 14,53 % avec la France (voir tableau 13-14 de
l'annexe 9-9 bis) et le Mali
(voir tableaux 19-20 annexes 12-
12 bis).
Par contre, les échanges de la Mauritanie (exports-
imports) à l'intérieur de la CEAO restent fiables par rapport
aux échanges avec l'extérieur (voir tableau 17-18 annexes 11-11 bis)
D'une manière générale, si nous prenons les tableau 9-20
des annexes 7 à 12 bis pour analyser la part de la CEAO dans les
exportations et les importations de c~aque pays de 1978 à 1981,
nous aurons la situation suivante._ à travers les tableaux pages 577
578.
Il
ressort de ces tableaux que la part de la CEAO dans
les exportations de chaque pays, surtour ceux de la CEE et en
particu1 ier ceux de la France est très importante.
En ce qui concerne la France, les exportations de la
CEAO varient de 30,06 % à 23,08 % entre 197$ et 1981 et de
33,30 % &34,37 % pour la CEE. Alors qu'elles varient entre 3,51 %
à 5,65 % pour la CEDEAO
; de 4,30 % à 6,19 % pour les autres pays
d'Afrique dans la même période.

Quant au importations, la France reste largement en
tete avec 35,89 % sur 1978, pour atteindre 40,25 en 1980, et
32,88 en 1981, donc une légère baisse.
La France est suivie par les autres pays de la CEE,
17,62 % en 1978, 20,18 en 1979 et une baisse en 1980 (18,33)
et en 1981 (16,64).
Par contre, les pays de la CEDEAO ont un pourcentage
très faible: 3,156 (1978), 2,91 % (1979)et une petite remontée
en 1980 (4,26 %) et en !981 (5,52). Elles restent très faibles
au niveau des autres pays d'Afrique.
Tableau 65
: Part de la CEAO dans les exportations de chaque pays
en valeurs et en pourcentages (valeurs en millions de
francs CFA de 1978 à 1981
~
1978
1979
Pays
Valeur
%
Valeur
%
CEE
215 800,8
33,30
249 559
35,37
France
,_1
194 785,3
30,Q6
223 551,9
-
Europe (Autres)
67 256,6
10,38
68 443,5
9,70
1
CEDEAO
\\
22 772,2
3,51
22 312,7
3,16
Afrique (Autres)
\\
27 842,8
4,30
34 217,4
-
Reste du
Monde
_____ !!~_~~~1§ ______
18,45
___ !g~_~Q~1~ ___ ___ !~1?~ __
-------------------
r------------
TeTAL
647 937,3
100,00
705 587,8
100,00
-
1
~
~
1980
1981
-
Pays
Valeur
%
Valeur
%
CEE
295 588,4
35,76
262 933,6
34,37
Fra rice
230321,9
27,86
176 543,8
23,08
Europe (Autres)
95 405,9
11 ,54
82 317,1
11,15
1
CEDEAO
36 698,3
4,44
43 186,5
5,65
1
!
Afrique (Autres)
42 612,8
5,15
47 359,3
6,19
i1
Reste du Monde
_!?§_g??1~ ________ _!~.!?~---- !~?_~~?.!~---
19,96
------------------------
-----------
TOTAL
826 650
100,00
765 012,6
100,00
Sources
D'après les annéxes 13 et 13 bis

- 578 -
Tableau 66
Part de la CEAO dans les importations de chaque pay.s
de 1978 à 1981(én mill ions de F CFA) (en valeur et
en pourcentages
~
1978
1979
Pays
Valeur
%
Valeur
%
<
C E E
159 667,5
17,62
173 407,5
20,18
France
325 182,4
35,89
335 280,2
39,02
Europe (autres)
55 222,2
6,09
60 859,3
-
CEDEAO
28 565
3,15
25 026,8
2,91
Afrique (autres)
18 322,9
2,02
18 338,2
2,13
Res te du Mo nde
319 089,2
35,22
246 371,6
28,67
------------------ ----------------- --------------- ---------------- ---------
TOTAL
906 049,2
100,00
859 283,6
100,00
. i
Annees
1980
1981
0
Pays
Vallieiur
%
Valeur
%
CEE
186 495,2
18,33
144 746,4
16,64
France
409 497
40,25
286 074,3
32,88
Europe (autres)
49 271,2
4,84
48 021,7
5,52
CEDEAO
43 378,1
4,26
55 628,6
6,39
Afrique (autres)
23 532
2,31
28 684,3
3,30
Reste du Monde
305 329
30,01
306 864,8
35,27
-------------------- ------------------ -_:.._-------- ---------------- --------
TOTAL
1 017 502,5
100,00
870 020,1
100,00
Source
D'après les statistiques sur l'évolution des échanges
des pays de la CEAO, annexes 13 et 13 bis.

- 579 -
La part des exportations et des importations de la
CEAO qui démeurent importantes en France, démontre le degré de
dépendance des Etats membres de la CEAO vis-à-vis de la France.
L'analyse globale globale fait ressortir aussi une
faiblesse des échanges intra-commuanutaires, à en juger par les
tableau 23-24 de l'annexe 14-14 bis, 9,34 % des exportations
intra-communautaires, contre 31,15 % vers la CEE et 20,91 vers
la France en 1981.
Quant aux imp~rtations 8,51 % inter-CEAO, 30,83 % en
provenance de l a France et 15,60 % en provenance· de l a CEE à
destination CEAO dans la période 1981.
La var i a t ion des ampli t udes i mpli que plu tôt une
diversité de situations qui passerait inaperçue si on ne s'en
tenait qu'à une appréciation globale des échanges de chaque ~ays
à l'intérieur de la CEAO et à l'extérieur de la CEAO.
En fait, dans les six pays de la communauté, les
échanges se font pl us avec l'extérieur qui se traduit avec un
pourcentage élévé surtout avec la France et les pays de la CEE,
qu'avec l'intérieur qui demeurent faibles, sauf le Mali et
le
Bu r ki na - Fa s.o .
Les échangees inter-communautaires restent très faibles
à en juger par les tableaux sur l'évolution des échanges
intra-communautaires, en comparaison des échanges extra-
communautaires en valeurs et en pourcentages (voir tableaux 21-22
annexes 13-13 bis).
Nous pouvons regrouper les pays de la CEAO, en deux
sous-écahntillons obéissant à une certaine homogénéîté, et ce
qui nous donne ainsi, d'une part, ce que nous appellerons le
groupe des II r iches ll et d'autre part, un groupe qui serait celui
des ,lIpauvresll(l).
Dans un ces, se trouvent la Côte d'Ivoire et le Sénégal
alors que dans l'autre, prendraient place la Mauritanie, le Niger,
le Mal i et le Burkina-Faso.
(1)
Les mots riches et pauvres sont employés d'une manière
relative

si on compare les échanges intra-communautaires et
3
les échanges extra-communautaires.

-
580 -
Dans le premier groupe, le commerce intra-communautail
rapporté au commerce global occupe une place marginale dont nous
avons fait état précédemment; l'intervalle de variation étant:
1-20 %, alors que pour le second groupe, la part de ce commerce
intra-communautaire varie dans 1 lintervalle (8-96 %), sauf pour
le Niger dont els échanges intra-communautaires varient dans
l'intervalle (0-7 %) bien qu'étant un pays pauvre.
Pour ce groupe de pays (sauf le Niger) le commerce
intra-communautaire 'n'est pas marginal, mais il a une importance
vitale.
Que peut-on dire de cette situation? A ce stade de
l'analyse, nous pouvons dire que plus un pays est riche, moins
il s'intéresse aux échanges inter-CEAO et même inter-africains,
car l'intégration au marché mondial devient très forte par
rapport à l'intégration inter-CEAO (le cas de la C6te d'Ivoire
et du Sénégal en particulier, bien que les autres pays soient
dans la même situation, mais à des degrés moindres) dont
l'objectif est la 1 imitation de la dépendance vis-à-vis de
l'extérieur.
On note d'ailleurs, que la corrélation est négative
entre ce commerce, c'est-à-dire le commerce intra-communautaire
et le commerce avec les pays développés. Cette corrélation
négative traduit la faiblesse des échanges entre les pays de la
CEAO, et l'accentuation des échanges avec les pays développés.
Les pays développés semblent jouer un r6le inhibiteur pour les
échanges entre les pays membres de la CEAO, c'est-à-dire un
droit de contr6le des échanges intra-communautaires par rapport
aux échanges extra-communautaires, par le canal des sociétés
transnationales(l) .
Ceci traduit le fait que, plus on crolt, plus on
s'intègre au marché mondial (2), et plus on remet en cause
l'objectif de la CEAO, qui est l'intégration pour la moindre
dépendance.
(1) of. B. BEKOLO-EBE,
l'évolution des éohanges interfrioains, et
le probl~me de l'intégration en Afrique noire, Rev~e Tie~$­
Monde,
T.
XVIII,
nO 70, avril 1976.

- 581 -
c'est signe que cette accélération des échanges
obéit aux impulsions du centre, mis en place depuis la période
coloniale, et qui ont modélé les économies des pays de la CEAD,
dans une structure conforme aux besoins du Centre.
Clest aussi le signe du maintien des structures qui
sont liées aux structures du Centre et qui, par
conséquent, ne
peuvent permettre un développement plus intense de commerce
i nt r a - c0 mm una ut air e pou r a t t e i ndrel '0 bj e c tif de l a m0 :i ndr e
dépendance par l'intégration, donc par l'accélération des
échanges intra-communautaires.
Au fil
des années, on constate une faiblesse des
échanges intra-communautaires, même si nous assistons à une
augmentation en valeurs des échanges; cela traduit non pas
la limitation de la moindre dépendance, mais plutôt une
accélération et même une accentuation de la dépendance, d'où un
système des échanges à l'intérieur de la CEAO.
Si l'on considère la structure de ces échanges, on
s'aperçoit qu'elle concerne tous les pays riches (COte d'Ivotre
et Sénéga 1).
On remarque l'achat de produits non transformés aux
autres pays membres de la CEAD tels que les huiles végétales.
Par exemple, le Sénégal, la COte d'Ivoire importent approxima-
tivement 21 % de leur produits à l'intérieur de la CEAD, en
revanche pour les autres, ils importent 78,95 % des produits de
la Côte d'Ivoire et du Sénégal (1). Ce qui se traduit par, non
seulement une faiblesse des échanges intra-communautaires, mais
aussi par un échange inégal entre les deux riches et les autres.
En s'intégrant beaucoup plus à l'extérieur qu'a
l'intérieur et en évitant de se recentrer sur elle-même, comme
l'expl i'que le Professeur NDJIEUNDE, l'Afrique ne peut que
s'enfoncer dàvantage dans la dépence et subir de plein fouet
la domination des pays du Centre(2).
(1)
(2)
GERMAIN NDJIEUNDE : Le statisme des échanges interafricains,
revue Tiers-Monde,
T.
XXIV,
nO 96, octobre-décembre 1983,
p.
926.

-
582
-
Quant à la nature des produits échangés entre les pays
de la CEAO et l'Afrique en général, ces derniers étant sous-
développés et se caractérisant en principe par la prédominance
de l'agriculture et la faiblesse de l'industrialisation il va
de soi que ce commerce va porter principalement sur des produits
manufacturés(l). Par exemple, si l'on se réfère aux tendances
passées, l'étude de B. VINAV:(2) montre que déjà en 1961, les
produits alimentaires et les productions agricoles représentaient
57 % du total des échanges contre 43 % des produits manufacturés.
Mais, ce dernier pourcentage incorpore souvent des
produits usinés hors d'Afrique et exportés vers les pays africains
qui jouent le rôle de relais dans leur distribution vers
d'autes pays africains.
Il y a là un phénomène de commerce triangulaire qui
s'est d'ailleurs intensifié au profit des pays du Centre(3)
Mais, cette prépondérance des produits d'origine
agricole et des matières premières dans ces échanges, est
valable surtout sur le plan global de l'Afrique.
Mais, si l 'on descend au niveau de chaque pays, les
pourcentages varient considérablement, et plus particulièrement
si l'on considère les pays africains ayant une structure
industrielle avancée et ceux jouant en plus le rôle de relais
dans les échanges Nord-Sud; ceux-ci sont d'ailleurs en nombre
croissant en Afrique (Côte d'Ivoire et Sénégal, par exemple
actuellement(3:), dans ces pays alors on note une part croissante
de produits manufacturés dans les échanges interafricains.
'.
Ce constat de carence ne peut étonner, étant donné
l'inadéquation manifeste entre le théorie appl iquée (l'intégration
pour la moindre dépendance des six Etats, par la création de la
CEAO), et la réalité observable qui a présidé à la création de
cette communauté.
(1) GERMAIN NDJIEUNDE~
Le statisme des éehanges intepafpicain
Revue Tiep-Monde~ T XXIV~ nO 96~ octobpe-décembpe 19B3~ p. 930.
(2) B.
VINAY~ L'Afpique commepee avee l 'Afpique~ PUF~
196B~ p. 54.
(3)
Une analyse exhaustive de ce phénomène a été faite pap
Fpançois VELLAS suP le thème :
"La fonction de pays pelais
flans
les éehanges Nopd-Sud:
le cas de la C6te d'Ivoipe"~
Revue Tieps-Monde~ nO 85~
janviep-maps 1981.

-
583 -
l
- L'Inadéquation de la théorie à la réalité
Clest d'abord en précisant le sens dans lequel
s'établissent les rapports entre la théorie et la réalité que
l Ion peut mieux apprécier la rupture entre la théorie et
l'intégration pour la moindre dépendance et la spécificité des.
économies des pays de la CEAD qui a conduit à l'impasse actuelle.
a) Rapports.,entre la théorie et la réalité
Les rapports qui Si établ issent entre l a réal ité et
la théorie suivent en général, un double processus:
- En effet, si l'on considère que la réal ité précède
la théorie, la démarche rationnelle consisterait à cercher à
la comprendre, à créer des idées adaptées à la nature des faits
observés, à tenter de les prdonner en fonction de certaines
normes et à donner ainsi de la réalité, une interprétation
satisfaisante;
- Par ailleurs, si "a contrario", clest la théorie
qui précède la réalité, il conviendrait d'inventer un système
dont l'appl iqation pourrait modifier profondément ou complètement
la réal ité.
Dans le premier cas, pour avoir valeur efficace, la
représentation intellectuelle doit se conformer à la réal ité
observée. Et ce n'est qu'à cette condition qu'une décision
pourrait efficacement se traduire en un acte qui infléchira la
réal ité dans le sens de l'intention.
Dans le second cas, les solutions imaglnees par la
pensée doivent avoir des prises possibles effectives dans la
réalité, pour la saisir~ puis la transformer.
Même 'si les deux dêmarches intègrent la réalité
.
(exante ou ex post) dans la conduite de l'action, notre
préférence va à la première qui permet de constater que les
expériences de développement autonome (Meiji, léniriisme,
mao'i'sme, castrisme, etc ... ) l'ont été parce que différentes des
modèles précédents et adaptées à leur situation historique
spécifique.
;.-"._"'

~ - ,
- 584 -
En revanche, toute l'histoire est aussi là pour
prover, combien il est facile d'imaginer des systèmes faux ou
sans valeur, dont l'application a été impossible, ou n'a pas
apporté les résultats escomptés (le panafricanisme) ; ou
encore combien il était courant, de procéder à des translations ~
de modèles exogènes, sans tenir compte de leur probabilité
d'applicabilité, une fois déplacés du contexte qui a servi à
leur élaboration.
L'imitation serviLe ayant toujours été stérile, les
systèmes deviennent, dès lors, insaisissables et perdent leur
efficacité, puisqu'on n'appréhende plus la logique interne qui
les fonde, et qui est l'intégration pour la moindre dépendance.
Cette frénésie de 11 intégration des pays de la CEAO
se trouve dans l'impasse, et est en passe de favoriser
l'accentuation de la dépendance à travers l'accélération des
échanges avec les pays développés.
b) La rupture entre la théorie et la réalité
En effet, la théorie de l'intégration économique,
telle qu'elle a été transportée et appliquée dans les pays de
la CEAO, nous para't inadéquate parce que fondée sur la logique
classique des unions douanières, qui, comme on le sait, vise à
(contingents, droits de douane etc ... ).
Elle s'appuie donc sur l'orthodoxie libre-échangiste
qui a prévalu dans la théorie des relations économiques inter-
nationales(l), surtout sous l'impulsion des auteurs anglosaxons.
En se situant davantage au niveau des échanges, une
telle conception est inadaptée dans le contexte des intégrations
des pays africains en général, et de la CEAO en particulier, où
il s'agit de bouleverser les anciennes structures, pour l'actuali-
sation de nouvelles cohérences orientées vers la recherche d'un
mieux-être pour le plus grand nombre à trav.ers l'augmentation
des échanges pour atteindre la moindre dépendance.
(1)
R.
ERBES 3 L'i~t~gra~ion ~do~o~iqu~ i~ter~a~ionale3 th~se PUF3
Paris 1966
p.
199.
3

-
585 -
Ce qui implique que l'intégration, dans le contexte
africain, doit se préoccuper be~ucoup plus de la mise en place
d'un appareil de production qui fait encore défaut, pour qu'il
s e r ve de t rem pli n a ux exp é rie nces qui .d 0 ive nt sus c i ter une
forme de croissance autonome et originale. Tel
n'a pas été le
cas jusqu'à présent.
Le développement dés échanges, selon l'orthodoxie
classique, suppose au préalâble que els structures de production
s'y prêtent. Or les pays de la CEAO "ont été spécialisés" dans
la production de matiêres premiêres indispensables à
l'expansion industrielle des anciennes métropoles (sur laquelle
nous reviendrons dans la section II de notre chapitre). D'où
l'importance donnée à un ou deux produits vers lesquels s'oriente
le gros des investissements.
Ainsi au Sénégal, l'économie repose sur les arachides
et les phosphates; en Côte d'Ivoire, le café et le cacao four-
nissent l'essentiel des exportations; en Mauritanie, le fer et
le gypse dominent; au Mal i, l'or, les phosphates et l'uranium
constituent l'essentiel des exportations.
Donc partout, il s'agit d'une structure de production
essentiellement primaire, orientée vers les exportations en
direction des pays industrial isés.
Par ailleurs, l'appareil de production mis en place
par les anciens colonisateurs et les néocolonisateurs l'a été
en fonction de leurs besoins.
Les structures bancaires, monétaires qui le rendaient
possible n'ont fait que rendorcer son intégration avec le
marché mondial au détriment d'une création d'échanges commerciaux
entre les pays de la CEAO et ayant pour toile de fond, la
satisfaction des besoins réels de leurs populations et non des
populations des pays de la CEAO.
1l e n est rés ul té un c l i vag e e nt r e, d'un e pa r t, l a
s t r uct ure de l a pro duc t ion, l' e nsem bl e de 1·' a pp are i l pro duc tif,
et d'autre part les besoins réels de l'économie.
.. . .
..
_. ',: r:.: .....~·.- .........,.... :···._~_:.. t-.--.....~-.:·L .•:::.,· ••..,:.

- 586 -
Dans ces conditions, l'intégration des économies de
la CEAD pour la moindre dépendance implique, une remise en cause
de ces structures et non la simple abolition des discontinuités
artificielles, qui en fait, ne sont null~meot responsables de la
faiblesse des échanges intra-communautaires. A côté de cette
inadéquation de la théorie à la réalité, se développe un courant
d'échanges clandestin qui contribue à minorer les échanges intra-
communautaires saisis dans les statistiques.
2 - Le développement d'un courant d'échanges
clandestin dans les pays de la CEAD
Le commerce clandestin né de l'époque coloniale s'est
plutôt amplifié avec les indépendances.
Son évolution résulte du maintien des frontières
héritées de la colonisation, du maintien des contraintes
d0 ua ni èr e set de lia ppar i t ion, a pr è s l a lib é r a lis a t ion des
colonies, de plusieurs systèmes monétaires.
Cette activité clandestine qui entrave les échanges
intra-communautaires, est assurée à la fois par les commerçants
traditionnels, par les travailleurs migrants et par les Etats à
faibles ressources à travers leur système commercial
basé sur la
réexportation, ce qui échappe dans une certaine mesure au contrôle
des autorités compétentes des pays concernés (s'ils ne sont pas
eux-mêmes compromis).
Enfin, les politiques d'intégration régionale qui
nlont pas trouvé de solution efficace au problème du cloisonnement
commercial, n'ont fait que renforcer les zones de tarifs
préférentiels.
Même à l'intérieur d'une même zone tarifaire qui est
la CEAD, on assiste à la disparité des taxes qui joue sur le prix
des produits de consommation. Cette disparité est en rapport avec
l'importance du pays, ses ressources naturelles, le coOt de
facte~rs de production et le degré d'initiative de ses habitants.
A cet égard, les marchés nigérian et ivotrien offrent des
avantages supérieurs à ceux des autres Etats de la CEAD et de la
CEDEAD.(l}
(1) cf. La décision du conseil des ministres de la CEDEAO et CEAO relative à la
libéra'tisation des échanges des produits locaux du 03· novemEre 'lfJ?9, dans
Politique africaine, nO 9, mars 1983.

-
587 -
La dis pa r i té de s ta r ifs do ua nie r sni es t dia il l e urs
plu s lié l émen t dé ter min a n.t dan s l' évol ut ion dan s l' évol ut ion de
la contrebande. Le facteur qui conditionne cette évolution est a
aujourd'hui l'ordre monétaire.
Tous les pays à monnaie non convertible se trouvent
dans une position désavantageuse par rapport à ceux dont leur
espace territorial.
De façon plus explicite, c'est le Franc CFA qui est
actuellement la monnaie la plus sûre et la plus recerchée dans
la r&gion, en dépit de ra vigueur de l~économie
nigériane,
comparée à celle de la plupart des pays de la CEAO et des Etats
membres de l'UMOA.
Les avantages de cette monnaie reposent sur la libre
c i r cul a t.i on non seul emen t à l' i nt é rie ur des Eta t s de l' UMO A et
de la CEAO, mais aussi dans les pays d'Afrique Centrale franco-
phone èt dans l'Europe à travers le Franc français. Cette
position avantageuse fait qu'elle s'échange sur le marché
parallèle à un taux très élevé.
L'apparition de ce marché parallèle de change est
devenu pour les commerçants, une nécessité absolue pour contourner
les difficultés de la non-convertibilité lIimposée par les
pol itiques monétaires dans la sous-région. Ce marché de change
fonctionne à peu près comme les guichets de banque, c'est-à-dire
qu'à la vente de la monnaie; le taux de change est plus bas,
tandis qu'à l'achat, ce taux devient plus élevé. La différence
entre les deux taux varie entre 10 et 50 francs CFA, selon la
parité de la monnaie et selon l'offre et la demande(l).
Ainsi, entre certains pays de la CEAG et le Ghana,
on peut distinguer du côté voltaïque, le village PÔ où se
trouvent trois points de change et, du côté ivoirien: Suyanni,
Assini et Sanwi-Wharf.
(1)
O.J.
IGUE: LofficieL
Le paraLLèLe et Le cLandestin commerces
3
et intégration en Afrique de L 'Ouest
PoLitique africaine
3
3
nO 9
mars 1983.
3
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",'. ~-

- 588 -
Entre ces différents marchés, existe une légère
dis pa rit é de ta uxli é e é ss e. nt i' e. l l e.m e nt àl 'i mpar ta nce des
transactions ~ommerciales : entre la Haute-Volta (actuel Burkina-
Fàso) et le Ghana, le nouveau Cédi(1) valait 30 F CFA en 1981,
alors que son cours officiel était de 90 F CFA.
Entre le MaTra du Nigéria et le Franc CFA, la situation
est moins catastrophique. Son cou~s est presque identique sur
tout le contours frontalier du Nigéria où existent cependant
d'innombrables postes d'é~hanges(2). Le NaTra valait à la fin
de l ' a nnée 198 1, 300 F CFA, a l 0 r s qu '0 f fic i e l lem e nt, cet t e mon naie
se change à 447 F CFA(3). Actuellement le Naîra est moins prisé
sur le marché parallèle en raison des mesures économiques prises
par le gouvernement fédéral
en avril 1982 pour restreindre les
importations et instaurer le contrOle des changes(4).
Cette baisse de parité des monnaies non convertibles
par rapport au franc CFA, est un puissant facteur de développement
de la contrebande, et un affaiblissem~~t
des échanges inter-CEAO,
puisque les produits portent des Etats non membres vers les pa~s
membres et contribuent à limiter les échanges entre les pays
membres de la communauté. La suppression des barrières douanières
et la libre circulation des personnes telle qu'elle est envisagée,
dans le cadre de l'intégration de la CEAO étudiées jusqu'ici, n'a
plus grande signification dans ce système monétaire dualiste.
C'est, conscients de cette situation que certains
pays à fa i bles r es so ur ces na tu rel les son t de ven us 0 f fic i el lem e nt
des Etats contrebandiers, en faisant reposer toute leur fiscalité
sur la pol itique commerciale de réexportation.
La quantité et la valeur de ses produits échangés
restent inconnus par le service des douanes, donc aucune
statistique n'est établie.
(1)
La monnaie ghanéenne
(2)
Enquêtes effectuée par Luc Pierre BOSCARO,
dans
le cadre de la
préparation de sa thèse de
3e cycle,
au.Nigéria,
du 30 août 1984
(3)
O.J.
IGUE;
Un aspect des échanges entre le Dahomey (actuel
Bénin)
et le Nigéria,
dans Bullstin de
l'IFRN,
série B,
38(3),
1982 ••
(4)
CEDEAO :
Coopération and trad in Cattle products in ecowas
subregion,
1980.

-
589 -
- Mouvement et nature des marchandises de fraude
Les marchandises qui participent à la fraude sont très
varlees et suivent plusieurs mouvements qui changent d'orientation
selon la conjoncture socio-économique des Etats(l).
D'une façon générale, ces mouvements ont gardé les
mêmes orientations que pendant la période coloniale: à savoir,
Nord-Sud-No~d, Est-Ou~st-Est. Chacun de ces circuits comportent
cette fois des trafics pèrmanents et semi-permanents.
1°) Parmi les échanges permanents, la kola, les produits finis
comme le tissu, la bonneterie, les chaussures, les produits ~
émaillés, les appareils électroniques et les friperies, vont du
Sud vers le Nord; dans l'autre sens on trouve du poisson fumé
p~ché dans le fleuve Niger, des animaux, des peaux.
Dans le sens Est-Ouest-Est, les échanges se font
surtout entre les pays anglophones et francophones, ainsi qu'entre
la Guinée et la COte d'Ivoire, le Togo et le Bénin (membre de la
CEDEAO).
En effet, c'est entre els pays anglophones et franco ....-
phones que les contraintes douanières et les disparités monétaires
sont les plus nettes.
La création de la monnaie guinéenne liée à une
politique économique à vocation socialiste a engendré les mêmes
conditions et complètement modifié les rapports commerciaux avec
ses voisins, comme le Libéria et la COte d'Ivoire.
Entre le Togo et le Bénin, la contrebande s'appuie sur
le système fiscal
légèrement opposé sur l'apparition d'un secteur
d'Etat très développé au Bénin, sur l'existence d'un port franc
à Lomé et sur le fait que le Togo a signé des accords bilatéraux
avec la CEAO en matière de commerce.
Ce commerce qui était pendant longtemps favorable'aux
pays anglophones, ne profite aujourd'hui qu'aux Etats francophones,
en raison de leurs avantages monétaires.
(1)
REDPA - SET AGRI, Str,"atégie pour la production agricole dans
leE!: -pays de la CEAO,
rapport BEDPA,
Jui l le t-août 1984 .
.
. . " .
,~,._'--'--._~_--!"'- ...J_".' ~

, : . \\
f 590 -
20 ) Qua ntau t r a fic 0 cc a s ion ne l, il s' a.g i tes sen t i el lem en t du
trafic des produits agricoles, qui se développe en fonction de
l'évolution des prix pratiqués dans les pays limitrophes.
D'une manière générale, ce sont les produits agricoles
des pays anglophones qui passent dans les pays francophones, pour
renforcer le volume de leurs exportations, à l'exception toutefois
de l'arachide du Niger et du Sénégal qui subit le courant inverse.
Le trafic affecte une quantité substantielle: fuite de
l'arachide du Sénégal vers la Gambie(l), du Niger vers le Nigéria(2),
fuite du cacao ghaniéen vers la Côte d'Ivoire.
Le mouvement est inverse pour l'arachide, parce que le
produit est mieux soutenu dans les pays anglophones. Mais la
dégradation de la situation économique du Nigéria pendant la
guerre du Biafra et celle du Ghana après N'Krumah. avec une
monnaie constamment dévaluée. sont à l 'origine de la fuite de
leurs produits agricoles vers des zones frontal ières.
L'importance de ces différentes transactions fait du
commerce clandestin un secteur assez dYnamique qui n~épargne
aucune région frontalière de la région(Niger-Nigéria, Ghana-
Burkina-Faso. Gambie-Sénégal).
Ce qu'il
faut soul igner, c'est la conséquence du
développement du circuit parallèle de clandestin des échanges sur
les échanges intra-communautaires, mis en place par les pays
membres, dans le but de limiter la dépendance vis-à-vis des pays
développés.
En résumé, il n'existe pas de tendance nette à
l'accroissement des échanges entre les pays de la CEAC. Cette
évolution est le contraire de ce qu'on a pu constater dans les
autres marchés communs même extra-africains: ainsi, dès la
première décennie de sa création, les échanges intra-CEE ont
accusé untaux de croissance moyen de 16 % de 1958-1969. alors que
(1) cf. SElClERE, Lê corronerce de Z 'arachide en Gambie, Dakar, ISEA, 1962.
(2) OSENDE AFANA, L'économie de Z'Ouest q;fricain, p. 100-104, Paris, Maspero,
1966.

- 591 -
les échanges extra-CEE s'accrôissaient de 10,5 % contre 8 %
pour le commerce mondial (1). La CEE a donc permis une
accélération des échanges entre ses pays constitutifs.
Au contraire, dans les ensembles économiques de la
CEAD, même si dans ces derniers pays, on peut émettre deux réserves
sur les statistiques des échqnges
: la contrebande le long des
frontières et les données statistiques parfois contradictoires
selon les Etats, l~s échanges restent très faibles et tendent
"
ver s l a ré gr es s ion à l '~i nt é rie ur de laC EA0,. al 0 r s que les
é cha nge s a ve c les pay s dé ve l 0 PPé s son t e n a c c é l é rat ion 'e t r est e nt
très élevés.
En dehors des causes structurelles qui freinent les
éch~nges entre les pays de'la CEAD (sur lesquelles nous
revie~drons dans la section II de notre chapitre), la création
d'une zone organisée et fiable devrait favoriser leurs échanges.
Si les échanges ne se sont pas sensiblement accrus et
restent faibles, c'est que l'union communautaire est minée par
des co nt rad i c t ion sin ter ne s et comme lia f f i r me, à j us te t i t r e ,
Paul BOURRIERES : lIil n'existe pas d'échange qui ne suppose des
déplacements de personnes, d'objet$ ou d'idées ll (2).
Les corollaires de l'échange énumérés par l'auteur,
ne sont pas souvent assurés dans les regroupements sous-régionaux
en Afrique.
En d lautres termes,' même si l es accords ou l es textes
stipulent une relative liberté des mouvements des liens ou des
personnes, il en est autrement quand il faut les appl iquer dans
le cadre d'un marché commun africain, et alors cette liberté des
flux, des biens, ou des personnes se heurte à beaucoup d'obstacles,
qui, souvent relèvent de micronational isme des Etats(3). Il
nlest
donc pas sur.prenant de constater que les marchés communs en
Afrique, ne sont pas ~ même d'atteindre ce-tains objectifs pour
lesqu19.il ont été créés, à savoir accro·itre le volume de leurs
échanges pour la mOlndre dépendance vis-à-vis de l'extérieur,
surtout des pays industrialisés d'Europe.
(1) LIONEL BTOLERU, La c~oi88and~ ~~ l'~q~ilibre ~donomiq~e, Dunod,
P.
237.
(2) PAUL BOURRIEREB, L'~dOnomie des transports dans les programmes
d5 a~veloppement, PUF, p. 1
(3) L'exemple le, plus r~cent est celui de l'expulsion brusque au premier semestre
._
de 1983 deq millions d'incJividuq d'un Etq,t de la CRDEAr.; •

· '.'
-
592
-
Les échanges intra-communautaires
restent donc fa ibl es,
voire décroissants par rapport aux échanges avec les pays
développés du Centre. Dans ces conditinns, l'intégration pour
l a moi ndre dépendance impl ique une remise en cause de ces
structures et non la simple abolition des discontinuités
artificielles qui, en fait, ne sont nullement respondables des
causes de la faiblesse des échanges intra-communautaires.
Section II
Les causes de la faiblesse des échanges intra-
communautaires
Le commerce intra-communautaire qui est un des
objectifs de llintégration, dans le but de l-il1liter la dépendance
des Etats membres de la CEAO vis-àvis des pays du Centre, nia pas
encore donné des résultats positifs en matière d'accroissement de
volume des échanges intra-communautraires, de création, de
capacités de production orientées vers la communauté, et de la
répartition équit~ble des avantages de l'intégration entre les
pays membres de la CEAO.
Au contraire, nous assistons à une augmentation des
échanges extra-communautaires et à une faiblesse des échanges
intra-communautaires, dont les causes sont: la spécialisation
et l'extraversion des économies des pays membres, dans la
production de certains produits, pour le marché mondial capita-.
liste. En même temps, les pays de la CEAO sont tributaires des
aléas du marché capitaliste des pays du Centre.
La spécialisation et l'extraversion entrainent non
seulement la faiblesse des échanges intra-communautaires, mais
aussi la faiblesse ou l'absence de complémentarité entre les
économies des pays de la CEAO.
Cette constitution nous conduit à étudier
A - La spéèial isation et l'extraversion des économies
de laC EA0, à t r a ver s l a pro duc t ion e t lie xp0 r t a t ion'
B - L'absence de complémentarité des économies de la
CEAO due à la spécialisation et à l'extravirsion.

- 593 -
A - LA SPECIALISATION ET L'EXTRAVERS~ON
DES ECONOMIES DES PAYS
DE LA CEAO.
Les économies des pays de la CEAO, complètement
dominées à l'époque coloniale, ont été spécial isées dans la
production de certaines matières premières soit mini~res
(fer,~cuivre, bauxite, uranium, etc ... ), soit agricoles, (~ois,
café, cacao, arachide, etc ... ).
Mais, quelle que soit la nature de cette spécial isation
~
et de cette extraversion, on constate la présence de cellules
économiques. formant une cha'i'ne qui aboutit à un port, d 'où sont
acheminées les matières premières.
Le minerai de fer est exploité, la métallurgie nlest
pas apparue, la bauxite est extraite, mais l 'al~minium ne siest
pas développé.
L'inexistence de transformations industrielles de
ces matières premières fait que, les secteurs d'exportation ne
gênent pas une demande interne suffisante capable de stimuler
les économies des pays de la CEAO.
Les effets d'entra'i'nement sur le revenu, l'emploi et
les investissements ne se réal isent pas. Le dynamisme avec lequel
ces économies pourront développer leurs activités pour parvenir
à soutenir leur expansion interne nlexiste pas, vue l'absence
totale de valeur ajoutée aux matières premières exportées.
1 - La spécialisation des pays de la CEAO
La spécial isation des pays de la CEAO se manifeste à
travers les structures de la production et les structures coMmer-
ciales, c'est-à-dire des exportations; cette spécialisation
demeure inégale au niveau des pays mem~res.
Les structures de la production des pays de la CEAO
Si l'économie coloniale siest bornée en Afrique noire,
à la mise en place de cultures commerciales d'exportation, ces
structures se sont trouvées renforcées après les indépendances du
fait des besoins budgétaires croissants des administrations, ce

594
qui a entrafné une spécial isatian dépendante des pays mem~res,
au 6tveau de la productfon des cultures d'e~portations vts-avis
des pays extérieurs. Mais, il se trouve que cette spécialisation
dépendante, demeure inégale au niveau de la capacité de production
de chaque Etat membre de la CEAO.
Traditionnellement, deux produits occupent une place
prépondérante dans le secteur de 'l'économie ivoirienne (le café
et le cacao).
Le café est considéré comme le premier produit
d'exportation. Il
peut rep~ésenter en valeur de 25 à 40 % du
t 0 ta 1 des e x po r t a t ion s de 1 ~ C1'5 te d' 1v0 ire (l ). C' es t de loi n 1e
café qui occupe la plus grande surface (1 mill ion d'hectares en
1980)(2) .
La caféiculture est principalement le fait d'exportations
de faible superficie et peu intensives par suite de leur caractère
traditionnel, les rendements moyens sont de 300 kg/ha, alors que
la moyenne mondiale selon un rapport de BDPA, est de 500 kg/ha(3).
Depuis 1977-1978, la production du café est en baisse
par rapport à celle du cacao, en raison de la convergence de deux
tendances
développement rapide et continu des vergers
cacaoyers
stagnation depuis quelques années des surfaces
consacrées à la culture du café.
De fait des perturbations climatiques, la plupart des
récoltes se sont inscrites en baisse au cours de la campagne
1982-1983, surtout le cacao.
a) La Qroduction agricole d'exportation de chaque pays
membre de la CEAO
1 0) La pro duc t ion a gr i col e de" a Cô~' 1v 0 ire
(1)
Voir Minist~re du Plan,
la C~te d'Ivoire ~n chiffres,
1980-198]
(2) Statistiques agridoZ~~, Minist~re de l'Agriculture de la COte
a'Ivoire,
ann4e 1982.
(3)
Rapport BDPA,"Un~ imag~ â Zongterm~ de l'Afrique du Sud du
Sahara,
rapport BDPA-SET-AGRI,
Janvier 1984.
:,:~.:_
':':"~':""'_f~
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"
,,:',':CqA·'j.
~

- !)95 -
Tab1e.Q,u 67
LQ, production ~grtcQle d'exportation 1969-197Q
à 1982";1983 (en 1aOO t).
~
CAFE
CACAO
COTON
Année·-· .. -
1969-1970
279,6
180,7
33,4
1974-1975
270,3
241,5
59,9
1975-1976
308,4
231,1
65,0
1976-1977
291,3
232,3
75,4
1977-1978
195,5
303,6
1Q2,9
1978-1979
277,0
318,3
114,8
1979-1980
248,7
379,4
143,0
1980-1981
366,8
418,3
136,6
1981-1982
246,8
471,7
135,4
1982-1983
267,5
365,9
157 ,0
Source
Statistiques de la BCEAO, 1976 et 1983.
La production de café évolue largement en dessus du
record 1975-1976 (308,4) et de 1980-1981 (366,8), par rapport
à la production du cacao qui évolue régulièrement depuis 1975-
1976 (voir~tableau), situa~t la Côte dllvo~re, comme Je premier
producteur mondial.
Quant à la production contonnière, elle poursuit sa
progression depuis 1974-1975, marquée d'un légère baisse en
198û-1981 et 1981-1982. Cette progression e~t due à l'extension
des surfaces cultivées dans les régions du Centre et du Nord et
à la demande mondiale croissante.
Llextension des surfaces siest faite au détriment des
cultures vivrières.
2°) La production agricole d'exportation du Sénégal
It.
. c •••

- 596 .;
Tabl eau Gi8
La production agricole diexportation de 1971-1972
à 1982-1983.
~
Arachides
Coton en graine
Année
en coque
1
.'
1971 - 1972
330,2
.. 18 ,2
1974 - 1975
320,3
22,6
1976 - 1977
349,0
28,0
1977 - 1978
441,7
37 ,0
1978 - 1979
774,5
33,8
1979 - 1980
392,1
26,9
1980 - 1981
192,5
20,6
1981 - 1982
692,4
41 ,0
1982 - 1983
912,7
47 ,1
Source
Statistiques de la BCEAO - 1976 et 1983.
Les principales cultures d'exportation ont poursuivi,
en 1982-1983, la reprise d'ensemble amorcée pendant la campagne
1981-1982.
Par contre, on a enregistré une baisse de la production
d'arachides au cours de la période 1979-1980 et 1980-1981.
La cause principale est le déficit de la pluviométrie
enregistrée dans la plupart des zones de cultures.
Cela est aussi valable pour le coton sur la même période,
mais dans des proportions moindres par rapport à l'arachide, qui
est la principale culture spéculative par excellence du Sénégal.
3°) La production agricole d'exportation du Niger
,.
.~.
.- '.
=.;,:
:.' '4" ~_-..;;.::~ -=:::.::.:;,;.::.........~. ,~...:-...._
~-;.;.."'.(.;.,fI..,., ...;
_ ~
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_..;;~:. ioi.:....:~'""·M-~·.: ..··-
-
. • . _ .
"
....~. ~--j:, -;--~
-

-
597
-
Tableau 69
La production agricole d'exportation de 1971-1972
à 1982-1983
(en 1000 tonnes)
~
Arachides coque
coton graine
Nié bé (1 J
Année
1971-1972
3 ,3
3,2
30,6
1975-1976
3,8
3 ,0
22,4
1976-1977
2,0
2,9
18,9
1977-1978
1 ,9
1 ,9
13 ,6
,
1978-1979
2,1
3,0
40,3
-,
,-
,
"
.. , .
,
1980-1981
l, 8
2.,9'
4 ,4
1981-1982'
1 , 7
1 , 8
L~ , 2
1982-1983
4,2
2 ,0
14 ,7
Source
MOR .. Direction de l'Agriculture du Niger, 1970-1978
BCEAO, statistiques, 1983.
Longtemps, source de revenus importants pour les
agricult~u~s nigériens et élément majeur des exportations, la
culture de l'arachide, a enregistré un effrondrement à partir
de la campagne 1976-1977 (voir tabelau), dû, d'une part a·ux
conditions cl imatiques défavorables, aux attaques d'oiseaux
prédateurs et à la rosette, et, d'autre port, à une certaine
désaffection des planteurs, en raison nota~ment du niveau peu
Çâ t i s f ais a nt 'd es
pri X (75 F CR It 1 97 1 - 1 97 2 l e kg; pou rat t ei nd r e
100 F CRA/kg en 1983).
Depuis 1982, malgré la mauvaise répartition des
précipitations, les résultats de la campagne 1982-1983 ont été
favorables pour l'arachide (voir tableau). Le coton et le niébé
suivent la m~me tendance que l'arachide, mais avec des variations
très marquées pour le niébé (voir tableau).
(1)
Niébé
Légume sec ayant les mêmes caractéristiques que
le
haricot cultivé en région de
savane.
. ~.
,..: .;:L- . •• h; ~~~~:~; :.•_
..
- ~--,."' :.

'.'.
-
598
-
4 Q ) La production agricole d'e~portatiQn de Burkina-
Faso
Tableau 70
Evolution de la production agricole d'exportation
de 1971-1972 à 1982-1983.(en 1000 t)
~ Arachides
Coto n graine
Karité
Sésame
Année
1971-1972
2,7
36 ,'1
15 ,8
10,0
1975-1976
0,6
51 ,0
49,0
17 ,0
1976-1977
1 ,3
55,0
32,0
9,0
1977-1978
1 ,0
38,0
57 ,0
23,0
1978-1979
2,0
60,0
47 ,0
5 ,0
1979-1980
1 ,2
77 ,5
40,1
4 ,2
1980-1981
0,1
62,5
49,6
2 ,4
1981-1982
0,4
57 ,5
26 ,6
3 ,7
1982-1983
1 ,4
75 ,6
24,3
4,0
Source
Statistiques de la BCEAO, 1976 et 1983
Les cultures de rente restent essentiellement dominées
par le coton, qui constitue entre 30 % et 40 % des exportations
de Burkina(l).
La production rapide et continue malgré quelques
baisses certaines années, est le fait de l'encadrement très
efficace la compagnie française de développement du textile
(CFDT), et au financement effectué de façon régul ière par la
caisse centrale de coopération économique (CCCE), par rapport
aux autres produits dont la production reste faible et fluctuante
surtout l'arachide.
50) La pro duc t ion agr i col e die x po.r t a t ion du Mal i
(1)
Voir statistique agricole et rapport annuel du Ministère de
l'agpiculture de Burkina-Faso,
année
1980-1981.
-
.
.
(
f · __ ~ '<".Y
~-"I':~.
, : '

-
599
-
Tableau 71
Evolution de la production agricole d'e~portation
de 1971-1972 à 1982-1983 (en 1000 t)
- ~
Coton
Arachides
;Année
1971-1972
109,9
152,0
197,2-1973
110,0
109,0
1974-1975
130,0
160,0
1976-1977
128,4
160,0
1977-1978
13!5 ,7
113,2
1978-1979
135 ,0
159,6
1979-1980
151 ,0
118,0
1980-1981
108,0
67 ,3
1981-1982
93 ,0
62,0
1982-1983
92,0
62,0
Source
Statistiques de la Banque Centrale du Mal i, 1976 et 1983.
La production cotQnnière, principale source d'exporta-
tion avant l'arachide, a entegistré, pour la troisième année
consécutiie, une régression notable (voir tableau).
Cette baisse de la production tient à trois facteurs
qui se sont combinés
:
- un retard dans les pluies;
- le différentiel: prix aux producteurs de coton et
prix aux producteurs de céréales est apparu moins attractif du
fait de la hausse du prix des céréales, ce qui a mné certains
paysans à produire des céréales plutôt que du cotan(l) ;
- le coOt des intrants qui rentrent de façon importante
dans le prix de la production des cultures industrielles, à
fortement augmenté.
Quant à l'arachide, elle évolue d.'une façon irrégulière
entre 1972 et 1979, pour chuter à partir de 1980-1981 (voir
tableau).
(1)
Rapport de
la Banque Centrale du Mali,
nO 13, annéé 1983.

-
600 -
6°)
La production agricole d'exportation de la Mauritanie
Tableau 72
Evolution de la production agricole d'expor-
tation de 1970-71 à 1982-83
(en 1000 T)
Produits
Niébé
Arachides
Années
1970-71
10,0
3,0
1975-76
0,7
-
1976-77
0,6
1,0
1977-78
0,6
0,6
1978-79
0,7
0,6
1979-80
0,7
0,6
1980-81
1,0
0,7
1981-82
1,0
0,7
1982-83
0,7
0,6
Source: Ministère de l'Agriculture,
Direction de la "5tatistique
de Mauritanie,
1983
L'avenir économique de
13 Mauritanie n'est pas dans
l'agriculture d'exportation,
mais plutôt dans l'élevage et les
mines.
L'élevage constitue environ 80 % de la valeur ajoutée
du secteur et plus de 20 % de celle du PIB total,
occupant une
part imp:>rtante de la population
(e"nviron 75%
de la population
nomade),
mais qui reste essentiellement traditionnel
(1).
(1)
Explication après entretien avec M.
Moktar OULD,
responsable
de la Direction de la statistique Agricole de Mauritanie,
août 1984.

-
601 -
La Mauritanie demeure le seul pays de la CEAO qui ne
dispose presque pas de produits agricoles d'exportation,
a
part,
le niébé et l'arachide,
dont l'exportation reste unique-
ment au niveau africain.
Par contre,le secteur minier demeure le point fort de
l'économie mauritanienne
(que nous verrons ultérieurement).
L'analyse de la structure de production à travers les
produits agricoles d'exportation,
fait ressortir,
non seulement
une spécialisation des économies des pays de la CEAO,
mais aussi
une inégalité de production,
qui se traduit par une inégalité des
exportations sur le marché mondial.
Le graphique suivant
traduit le caractère inégal de la production dans les pays de la
CEAO,
sur le plan agricole.
A travers le graphique 6
,
nous constatons une ca~cité
de production inégale,qu~ ~ répercute sur la capacité d'expor-
tation des pays membres.
L' inégali té est due au f,ai t
que la Côt e d'Ivoire est
le seul pays producteur de café-cacao au sein de la CEAO.
Mais,
cela n'est pas un critère déterminant pour
expliquer l'inégalité.
Cette inégalité demeure dans la
structure de produ.ction et les
2onditions climatiques de chaque
Etat.
La forte capa.ci té de production de la Côte d'Ivoire et
du Sénégal,
par rapport aux quatre autres
pays
membres est liée
à des facteurs internes et ext.ernes que nous expliquerons a
travers l'extraversion des économies de pays
de la CEAO.

-
603 -
En effet, dans la même période,
la production du Nigéria
étai t de l'ordre de l
600 000 T entre 1975 - 976
; et de 3 200 OOOT
entre 1982-1983
(1).
Il faut rappeler que le Nigéria est membre de la communau-
té économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest(CEDEAO).
Pour mieux illustrer la spécialisation des pays de la
CEAO,
nous avons classer les produits par groupe de pays
producteurs.
Tableau
74
Les différentes productions des pays de la
CEAO,
par groupe de produits de 1975-76 a
1982-83
(en 1 000 T)
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
Café
- -
Côte
d'Ivoire 308,4
291,3
195,5
277,0
248,7
366,8
296,8
267,5
Cacao
Côte
d'Ivoire 231,1
232,3
303,6
318,4
379,4
418,7
471,7
365,9
Coton
Côte
d'Ivoire
65,0
75,4
102,9
114,8
143,0
136,6
135,4
157,0
Niger
3,0
2,2,9
1,9
3,0
3,4
2,9
1,8
2,0
Burkina
51,0
55,0
38,0
60,0
77,5
62,5
57,5
75,6
-
Maii
-
128,4
135,7
135,0
151,0
108,0
93,0
92,0
Sénégal
-
28,0
37,0
33,8
26,9
20,6
41,0
47,1
Niébé
Niger
22,4
18,9
13,6
40,3
49,3
4,4
4,2
14,7
Mauritanie
0,7
0,6
à,7
0,7
0,7
1,0
1,0
0,7
(1) J.O.
n° 138, La CEDAO et la domination du Nigéria, Rapport
CEAO-CEDEAO,
août 1984.

-
602 -
Le tableau qui va suivre nous donne l'évolution globale
des produits d'exportation des pays de la CEAO de 1975 à 1983.
Tableau 73
L'évolution globale je la production agricole
des produits d'exportation des pays de la
CEAO de 1975-76 à 1982-83
(en 1000 T)
Pays·
Côte
Burkina
Mauri-
Sénégal
Mali
Niger
TOTi;L
Années
d'Ivoire
Faso
tanle
1975-76
604,5
-
-
66
29,2
0,7
700,4
1976-77
599
377
288,4
97,3
23,8
1,6
1 387,1
1977-78
602
478,7
248,9
119
17,4
1,2
1 467,2
1978-79
710,1
808,3
294,6
114
45,4
1,3
1 973,7
1979-80
771,1
419
269
123
54,9
1,3
1 638,3
1980-81
921,7
213,1
175,3
114,6
9,1
1,7
1 435,5
1981 -82
853,9
733,4
155,0
88,2
7,7
1,7
1 839,9
1981-83
790,4
959,8
154
105,3
20,9
1,3
2 031,7
Source: 0 'après- les différents tableaux sur l'évolution de
la
production des produits agricoles des pays membres de la CEAO.
A travers ce tableau,
nous remarquons une évolution de la
production agricole d'exportation des pays le la CEAO.
La production qui était de 700,4 T entre 1975 et 1976,
a
atteint 2 031,7T entre
1982-1983.
Cette évolution par rapport au
Nigéria,
reste faible.

-
604 -
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
Arachides
1
Sénégal
-
349,0
441,7
774,5
392,1
192,5
692,4
912,7
Niger
3,8
2,0
1,9
2,1
2,2
1,8
1,7
4,2
Burkina
0,6
1,3
1,0
2,0
1,2
0,1
0,4
1,4
Mali
-
160,0
113,2
159,6
118,0
67,3
62,0
62,0
Mauritanie
-
1,0
0,6
0,6
0,6
0,7
0,7
0,6
Karité
Burkina
49,0
32,0
57,0
47,0
40,1
49,6
26,6
24,3
Sé same
1
Burkina
17,0
9,0
23,0
5,0
4,2
2,4
3,7
4,0
Source
~'après les différents tableaux sur la production agricole
d'exportation des pays de la CEAO.
A travers le tableau,
la presque totalité des pays de la
CEAO est
producteur de coton,
sauf la Mauritanie.
L~ plus grands producteurs étant le Mali et la Côte
d'Ivoire.
Cinq autres,
producteurs d'arachides sauf la Côte
d'Ivoire;
par contre,
la Côte d'Ivoire a le monopole de la
production du café-cacao,
comme~Bùrkina-Faso a le monopole de la
production de karité et de sésame,
mais en quantité très faible.

-
605 -
La répartition zonale de la production est le fait de la
colonisation,
qui,
en fonction de la qualité
des sols et des
besoins du marché mondial cQpitaliste,
a obligé les Etats de la
CEAO à se spécialiser,
dans un ou deux produits donnés,
dans le
but d'alimenter les
.industries de la métropole.
A partir de cette constatation,
nous assistons,
non
seulement à une spécialisation dépendante des pays membres de la
CEAO,
mais à un développement inégal qui se manifeste à tous les
niveaux:
production agricole,
répartition géographique de la
population,
développement inégal des économies.
Alors que
l'objectif premier des pays
de la CEAO e s t :
l'intégration pour
la moindre dépendance.
L'économiste Ion RACHMUTH qui,
dans un article sur le
fonctionnement de la loi de la
valeur au niveau international,
soulignait l'importance du problème de l'inégalité du niveau de
développement,
de l'inégalité de la production agricole d'expor-
tationet le désavantage dont
souffrent les pays en voie de
développement,
possédant un degré de complexité et de producti-
vité du travail moindre,
en rappelant que cette inégalité
représente déjà un obstacle sur la voie d'un échange pleinement
équitable et un problème d'une intégration future
(1).
Pour RACHMUTH
:
"n'importe quelle spécialisation de la
production ne favorise pas l'égalisation des niveaux de
développement"
(2).
(1)
1. RACHMUTH, Aspect de l'action de la loi de la valeur sur le
plan international,
problème économigue, n°
9,
1964,
problème
de planification,

8,
Le commerce extérieur dans l'économie
socialiste,
p.
55-67
(2)
idem,
p.
68-69

-
606 -
Le cas des pays de la CEAO en est un exemple.
En effet,
une spécialisation sur la ~:se des situations existantes dans
les pays membres
de la CEAO,
ne saurait qu'approfondir l'inéga-
lité et accentuer la dépendance des pays,
vis-à-vis des pays du
Centre.
1
Nous assistons à une double équation à lintérieur de
la CEAO.
D'abord une accentuation de la dépendance, due à la
spécialisation et à l'extraversion des économies,
et à une
inégalité de la production dans les pays membres,
L'inégalité de la production agricole d'exportation est
d' abo rd d' ordre naturel.
Il y a les pays à sol pauvre (Mauri ta-
nie,
Mali,
Burkina, etc ... ) et désertique et d'autres naturel-
lementriches.
L'inégalité de la production agricole est aussi commandée
par l'économie de traite.
Chaque pays veut être producteur de
tout,
même si les conditions naturelles ne s'y prêtent pas.
Le point commun de ces pays est le développement rapide
des produits agricoles d'exportation,
à cause
de l'encadrement
qu'ils reçoivent par rapport à la production vivrière.
Non seulement i l y a une production agricole d'expor-
tation ingéale due à la spécialisation,
mais aussi une production
minière et industrielle inégale dans les pays de la CEAO, due
aussi à la spécialisation dépendante.

-
607
-
b)
La production mini~re et industrielle des pays
de la CEAO
L'analyse de la production agricole d'exportation a
fait ressortir des inégalités du point de vue de la production
qui est née de la spécialisation des pays membres,
dans la
production de certains produits agricoles
; cette spécialisa-
tion a été initiée depuis la période coloniale
dans le but
d'alimenter les industries du Centre.
Qu'en est-il de la production mini~re et industrielle
des pays
de la CEAO ?
Une chose est certaine,
les pays de la communauté
économique n'ont pas les mêmes structures de production mini~re
et industrielle.
Les différents tableaux qui vont suivre,
nous permettrons
de comprendre si oui ou non,
il y a production mini~re et
industrielle inégales, tournées vers le marché capitaliste.

-
608 -
1°)
La production minière et industrielle de la
Mauritanie
Tableau 75
Evolution de la production minière de la
Mauritanie de 1970 à 1981
( en 1000 F)
Cuivre
Fer
Gypse
Métal
(1)
Années
1970
9 314
12,70
-
1973
10 200
21,78
1 955
1974
11 860
20,08
8 312
1975
8 690
6,58
12 668
1976
9 420
9,43
10 969
1977
7 467
7,56.
10 168
1978
7 434
2,86
(3)
13 658
1979
8 971
-
16 051
1980
8 939
-
12 195
1981
8 578
-
1 862
( 4 )
Source
Statistiques de la Banque Centrale de Mauritanie,
1982
(1)
production arrêtée depuis
juin 1978
(2)
production arrêtée depuis mai 1981
(3)
production
6 mois
(4)
production 4 mois

609
Longtemps tenu comme le secteur moteur du développement
de l'économie mauritanienne,
le secteur minier se trouve placé
depuis quelques années dans une situation très difficile.
Les trois minerais exploités:
cuivre, gypse, fer ont
connu des
succès divers.
Exploité depuis 1970 par la Société Minière de
Mauritanie
(SOMIMA),
le cuivre a donné son maximum de produc-
tion en 1973 et en 1974,
avec environ 20 000 Tonnes de cuivre
métal.
Des problèmes techniques et financiers
(1)
ont
entraîné la fermeture de la mine pour cinq mois en 1975, avec
pour corrollaire une baisse de la production
des 2/3. Cell~-
ci n'a jamais réellement redémarré et s'est définitivement
arrêtée à mi-1978
, avec l'épuisement du gisement de cuivre
oxydé.
La production de gypse,
entreprise en 1973 est
entièrement exportée vers une cimenteEie du Sénégal
(2),
mais ne
représente qu'un appoint marginal dans la valeur ajoutée du
secteur.
(1)
Vendu en
d~sous du cours
mondial en raison de la forte
teneur en arsenic,
le cuivre était extrait par un procédé
coûteux à forte utilisation de fuel
(2) Avec,
en contrepartie,une réduction sur le prix du ciment
exporté du Sén~gal vers la Mauritanie.

-
610 -
La production a augmenté régulièrement jusqu'en 1979,
avec 16 000 tonnes exportées.
Toutefois 1
l'exp].. oi tation a été arrê'tée fin
avril 1981,
pour des raisoŒ
techniques,
semble-t-il,
et n'a pas encore
repris depuis cette date
(1).
L'essentiel de la production minière a été et reste
encore le fer,
exploité depuis 1961p' abord par la MIFERMA,
puis par le complexe minier du Nord (COMINOR),
après la
nationalisation intervenue en ncvembre 1974.
Le maximum de production a été atteint en 1974, avec
Il,9 millions de tonnes.
A partir de 1975,
la conjoncture intérieure mauritanien-
ne
(conflit sur le Sahara occidental)
et la conjoncture inter-
nationale
(crise sur la sidérurgie, baisse des cours du fer)
(2), ont entraîné une c~tesensible de la production et des
exportations,
plus ou moins 40 % entre 1974 et 1978 (3)niveau
,
minimum.
La reprise annoncée en 1979 ne s'est pas réellement
concrétisée
; la production a de nouveau baissé en 1980 et
en 1981
(<J)ir tatl eau
15)_
(1) Explications données par le Directeur de cabinet du
Ministre de l'Industrie et des Mines lors d'un entretien
en août 1984 à NOUAKCHOTT (Mauritanie)
(2)
Le prix à l'exportation a atteint un
niveau le plus bas
en 1978
(650 UM/Tonnes)
en moyenne sur l'année.
La variation
dans les prix relevés mois par mois,
refl~e la composition
des ventes en minerai riche et pauvre
(3)
Statistiques de la Banque Centrale de Mauritanie,
1983.

-
611 -
Quelle est ~a place du secteur minier dans l'~conomie
mauritanienne?
Globalement,
la part du secteur minier dans le produit
int~rieur brut (PIB) est en baisse constante depuis 1973. Alors
qu'entre 1970 et 1974,
le secteur repr~sentait environ 25 %
du PIB,
en 1979-1980 on l'estime à 12-13 % seulement
(1)
(cette
partie sera reprise dans les exportations).
·Quant au secteur industriel de la Mauritanie,
il est
caract~ris~ par sa très faible participation à la formation du
produit int~rieur brut (environ 5 % sur les dernières ann~es)
( 2 ) •
Plusieurs obstacles se sont opposés
à l'~mergence d'un
secteur industrialis~ cons~quent :
-
l'absence de matières premières transformables a petite
~chelle ;
-
l'exigult~ du march~ int~rieur et la faiblesse des
infrastructures
-
le manque de ressources ~nerg~tiques et la d~t~rioration
des services de la SONELEC (production d'~lectricit~)
-
la d~ficience des ressources
humaines.
Les industries manufacturières existantes sont actuel-
(1)
Ministère de l'E~onomie
et des Finances, Service de la
Statistique,
Mauritanie,
1983
(2)
Ministère de l'Economie et des
Finances, Service de la
Statistique,
Mauritanie,
1983

-
612 -
Les industries manufactur~res existantes sont
actuellement
au nombre de douze,
principalement dans les
secteurs de l'agro-alimentaire,
la construction,
la chimie,
(une fabrique de pâtes alimentaires,
une raffinerie de sucre
et de pétrole
(1)
une industrie de ~.che (six usines), une
industrie
textile~ deux usines implantées à Nouakchott avec
l'assistance de la Corée du Nord),
une industrie métallique
et mécanique,
etc . . .
Elles sont toutes dominées par le capital étranger
(nous aurons loccasion de revenir sur la question
dans
l'analyse de l'extraversion).
Les secteurs d'accompagnement, sont directement
prod~ctifs, mais indispensables pour le développement de
l'activité productive
(l'énergie,
les infrastructures de
transport et communication),
constituent actuellement un
des obstacles au démarrage industriel.
(1)
pas encore rentréesen fonctionnement,
projet en cours
d'étude.

-
613 -
Tableau
76
Evolution de la production d'énergie et
des produits pétroliers de 1970 à 1981
Energie{l)
Livraison
dont
Livraison
dont
Electricité
Nouakchott
eau
Nouakchott
{millions
(millions
3
Années
de kmh)
de m )
1970
16 833
7 200
2 018
845
1974
31 173
13 488
4 039
1 997
1975
33 958
17 403
4 405
2 461
1976
39 761
21 058
6 046
2 773
1977
44 150
24 583
7 282
3 642
1978
44 877
23 466
7 634
4 072
1979
48 036
26 818
6 389
4 010
1980
51 168
27 678
6 769
4 432
1981( 2)
37 700
19 900
4 965
3 323
Source
Statistiques de la Banque Centrale de la Mauritanie,
1983.
(1)
y compris Dakhala
(Sahara occidental) de mars 1976 a
juin 1979
( 2)
8 mois

-
614 -
-.
Consommation
de
produits
pétrol iers
Gas-Oil
Essence
Essence
Au Gaz
Jet +
Fuel
Ordinaire
Super
pét!Olc:
Oil
3
3
3
3
3
m
m
m
m
m
(Tonnes)
1
1
1970
88 100
-
-
-
6 000
19 300
1974
-
-
-
-
-
-
1975
84 310
18 519
6 167
2 275
9 433
17 566
1976
116 348
20 927
7 462
2 775
10 188
30 214
1977
120 758
23 983
10 283
2 865
14 019
27 740
1978
84 702
14 631
6 243
1 945
Il 155
10 171
(1)
1979
82 819
16 060
6 887
_1 404
1 959
-
(1)
1980
112 804
25 532
12 402
1 056
14 096
-
1981
141
908
27 977
12 901
900
16 989
-
( 2 )
SJ'urce
Statistiques de la Banque Centrale de la Mauritanie
1983
(1)
la chute observée en 1978 et 1979 est liee à l'arrêt de
la SOMIMA et la cessation des hostilités du Sahara
occidental
(2)
12 mois de consommation de produits pétroliers.

-
615 -
Dépourvue de ressources énergétiques
(eau,
charbon,
pétrole),
la Mauritanie dépend actuellement des importations
de produits pétroliers pour la production d'électricité.
La demande d'électricité a fortement augmenté et les
li vraisons ont triplé entre 1970 et 1980,
dont plus de
50 %
pour le district de Nouakchott.
La Société Nationale d'Electricité
(SONELEC),
qui a le
mon 0 p 0,1 e de l a ; dis tri but ion dl, é l e c tri c i té,
s e t r 0 u v e dan s
de réelles difficultés financières. Les tarifs appliqués n'ont
plus de relation avec les coûts de revient réels et n'ont
notamment pas pris en compte la hausse des produits importés.
La SONELEC détient également le monopole de la produc-
tion et de la distribution de l'eau dont la situation est loin
d'être également satisfaisante.
La croissance rapide de la capitale,
due à l'immigration
a suscité une forte demande que s'effOèce de suivre la société
nationale d'électricité
(SONELEC),
mais avec un retard évident,
a cause des obstacles qui nous
avons énumérés précédemment.
2°)
La production minière et industrielle de la
Côte d'Ivoire
Dans la production minière en Côte d'Ivoire,
un effort
important est poursuivi dans la prospection minière.
La société TORTIYA SA,qui
avait repris en mars 1979,
les permis diamentifères de la SAREMCI
(1)
fermée en 1976,
(1)
SAREMCI,
Sociètè
Anonyme
de Recherches et Exploitations Minières
en Côte d'Ivoire.

-
616 -
a mis fin à ses activit~s en 1980. La production s'est ~lev~e
à 75 542 carats en 14 mois d'exploitation (1).
Les r~serves sont estim~es à 700
000 carats seulement
3
et la teneur est de l'ordre de 0,3 à 0,4 carat par m
(2).
Dans la r~gion de Toulepleu,
à Ity,
àu sud-ouest de
Man,
se trouvent des r~serves d'or estim~es à 16 tonnes d'or
m~tal, mais pas encore rentr~esen production (3). ,Une
d~couverte a ~t~ faite par la soci~t~ pour le d~veloppement
minier en Côte d'Ivoire
(SODEMICI) depuis une dizaine d'ann~es,
de gisements lat~ritiques et magn~siens de Nickel aux environs
de la ville de Man
(bien qu'en très faible tene~r ).
L'ensemble repr~sente entre 500 000 et l
million de tonnes
de Nickel m~tal (4).
Aucun accord n'est
encore
intervenu pour
l'exploitation, mais les potentialit~s en ~nergie hydro-
~lectrique, selon les experts, pourraient cr~er des conditions
favorables pour la mise en exploitation de ces gisements.
En ce qui concerne les gisements de fer du Mont Klahoyo,
la conjoncture internationale des industries sid~rurgiques
reste d~favorable à une mise en exploitation de ces gisements.
(1)
(2)
Statistiques,
Ministère de l ' Lndustrie et des Mines,
Côte d'Ivoire,
1983
(3)
BCEAO,
ann~e 1983,p. 66 Le d~marrage a ~t~ report~ en 1986
et sa dur~e de vie Prolong~e de 10 à 15 ans, pour un inves-
tissement pour sa mise en production de 14 milliards de FCFA
(4)
Source: Côte d'Ivoire en chiffres -
1981,
1982.

1 .
-
617 -
La Côte d'Ivoire place un gros espoir dans son avenir
pétrolier,
mais l'évacuation de ses potentialités est très
incertaine.
Après les forages infructueux effectués par ELF
AQUITAINE,
au début des années 1970,
un consortium conduit
par ESSO a mis en évidence en 1977,
le premier gisement de
pétrole brut ivoirien,
gisement "BELIER",
au large des côtes
d'Abidjan.
En 1980,
la découverte par PHILLIPS d'un nouveau
gisement off shore
"ESPOIR" nettement plus important que le
gisement "BELIER",
allait relancer l'optimisme en matière
pétrolière en Côte d'Ivoire.
Le gisement "BELIER" est exploité par un
consortium
la société ivoirienne d'opérations pétrolières
(SIOP), dont
les actionnaires sont:
ESSO
(63,75 %),
SHELL
(21,25 %)
et
Pétroci,
société ivoirienne
(15 %), dont les réserves sont
évaluées à environ 22 millions de tonnes
(l)~
La production a commencé en 1980 (116 618 t)
pour
atteindre 380 000 t
en 1981
;
390 000
t
en 1982 et 400 000 t
en 1983
(2).
(1)
Ministère de l ' 1ndustrie et des Mines,
Direction de la
Statistique,
1982
(2)
La Côte d'Ivoire en chiffres et les statistiques du
Ministère de l'Industrie
et des Mines,
1984.

-
618 -
Selon les prévisions de la banque ivoirienne de
développement
(BID)
et la banque industrielle de crédit de
Côte d'Ivoire
(BICCI),
la production commencera à chuter vers
1985
(1).
Quant au gis errent "ESPOIR",
le début de la production
a commencé en 1982,
avec un rytme de 24 000 barils par jour,
soit 500 000 T en 1982 et l
2000 000 t
en 1983
(2).
Les actionnaires sont
PHIL UPS pétroleum
(57,5 %),
GGIP
(22,5 %),
SEDCO (la %),
et Pétroci,
société ivoirienne
(la %)
( 3).
Tableau 77
Evolution de la production prétrolière
de 1980 à 1983
(en l
000 t)
1980
1981
1982
(1)
1983
(1)
(1)
production
Bélier et Espoir
116 618
380 000
890 000
l
600 000
Source
BCEAO,
Année 1983
(1)
Statistiques de la BICCI et de la BID,
1984
(2)
(3)
Direction de la Statistique, Annuaires des
exploitations pétrolières et minières de la
Côte d'Ivoire,
1984

-
619 -
La production pétrolière a colncidé avec l'extension
de la société ivoirienne de raffinage
(SIR).
Cette société
créée en 1962,
raffine du pétrole brut.
Le vieillisement
de ses
installations ne lui permettant plus de traiter au-
delà de 1,7 million de tonnes,
elle a décidé de procéder à
l'extension de
sa raffinerie pour en doubler la capacité
actuelle
théorique,
qui est de 12 millions de tonnes
(1).
L'extension comporte une unité d'hydroskimming qui
est entrée en fonction en 1982 et une unité d'hydrocracking
qui permet une plus grande souplesse de fonctionnement et
l'utilisation de résidus d'autres raffineries.
Les capac i tés de pétrole bru t
traité ont été de
(2)
19 77 . . . . . . . . . . ..
.
.
l
654 000 Tonnes
19 78
.
l
587 000 Tonnes
19 79
.
l
600 000 Tonnes
198 o
.
l
630 000 Tonnes
198 l
.
l
530 000 Tonnes
La SIR fournit des produits raffinés:
essence ordinaire,
super,
carburant pour avion,
fuel oil,
g~
oil,
etc . . .
L'arrivée s~c2essive en production des barrages hydro-
électriques,
a réduit considérablement la dépendance de la Côte
d'Ivoire vis-à-vis de l'extérieur.
(1)
SEMA
(Métra international),
production agricole et indus-
trielle
dans les Etats de la CEAO,
statistiques indus-
trielles des pays de l'Afrique de
l'Ouest,
1980
(2)
La Côte
d'Ivoire en chiffres,
éd.
1981-1982.

-
620 -
Au niveau de l'industrie,
la disponibilité d'une grande
variété de matières premières et la politique pratiquée par la
Côte d'Ivoire depuis l'indépendance,
ont favorisé le dévelop-
pement d'un tissu industriel.
En 1981,
on comptait plus de 700 entreprises indus-
trielles
(1)
en production
(non compris le secteur du
bâtiment et des T.P.) qui peuvent être regroupées selon leurs
activités en trois groupes principaux
-
les industries destinées à valoriser
des productions
nationales,
telles que les conserveries,
la transformation de
corps gras,
le bois,
le caoutchouc et l'exportation de produits
finis
-
les industries destinées plus spécialement au marché
local
chimie,
boissons,
ch~ssures; ciment, activités de
substitution aux importations
- et les industries combinant ces différents facteurs
transformation,
alimentat ion du marché local et exportations;
textiles,
produits pétroliers,
industries méc3m_ques,
matériel
de transport,
etc ...
(1)
La Côte d'Ivoire en chiffres,
éd.
1981-1982,
pp.
54-60

-
621 -
Tableau 78
Evolution de la production industrielle
de 1974 à 1981
( en 1 000 Tonnes)
sucre
farine
son
jus
conserve
riz in-
raffiné
ananas
ananas
dustriel
1974-75
4 882
71 000
18 600
11 306
57 544
-
1975-76
21 531
80 864
23 418
15 673
72 453
89 000
1976-77
31 513
86 000
25 000
13 622
53 329
75 550
1977-78
32 453
106 807
30 897
-
-
74 740
1978-79
52 453
134 851
39 480
18 410
60 268
58 112
1979-80
102 596
135 000
34 000
14 558
56 319
84 349
1980-81
134 688
140 OOJ
-
-
71 360
-
huile
huile
1
fibres
tourteaux conserve
beurre
de
de
de
de
de
de
palme(PI)
palmistes
coton
coton
thon
cacao
1974-75
146 412
-
23 525
-
9 000
12 640
1975-76
-
-
26 230
-
12 580
13 265
1976-77
126 236
-
30
733
-
16 000
11 336
1977-78
138 528
14 541
41 406
-
14 000
14 504
1978-79
123 918
9 481
46 709
26 022
15 329
-
1979-80
182 116
16 128
59 010
30 873
16 191
12 500
1980-1981
145 191
4 435
55 682
27 392
17 500
-

-
622 -
-
suite -
pâtes
tourteaux
bière
boissons
ciment
de cacao
de cacao
(100 hl)
gazeuses
1974-75
11 224
-
622
349
716
1975-76
13 028
14 472
816
371
804
1976-77
9 317
15 231
955
545
900
1977-78
10 331
18 992
1 186
59
968
1978-79
-
-
1 464
772
997
1979-80
1 300
12 600
1 598
943
1156 000
~
1980-81
-
-
-
-
-
Source:
BCEAO,
1983
Afin de faciliter l'implantation d'entreprises indus-
trielles en Côte d'Ivoire,
les autorités gouvernementales ont
pris différentes mesures d'ordre fiscal:
c'est ainsi que la
loi du 3 septembre 1959 accorde un régime prioritaire pour
une période de 10 ans (puis ramenée à 5 ans),
aux entreprises
qui effectuent des investissements revêtant une importance
particulière pour la mise en valeur du pays.
Ce régime prioritaire se traduit essentiellemen~ par
des exonérations de droits et taxes sur les matières premières
importées,
et sur
les exportations de produits finis.
En fin
1981,
on comptait une soixantaine d'entreprises prioritaires
en Côte d'Ivoire
(1).
(1) Côte d'Ivoire,
en chiffres,
éd.
1981-1982

623
Un régime complémentaire ou régime fiscal stabilisé,
pour une durée maximale de 25 ans,
peut- être octr oyé
a
certaines de ces entreprises prioritaires
sur autorisation
d'une loi spéciale.
En sus de ces deux reglmes prioritaires créés par
le code des investissements,
i l existe une législation
avantageuse pour les entreprises industrielles,
notamment
par le régime d'usine nouvelle,
au titre
duquel les
entreprises sont exonérées
pendant cinq ans des impôts sur
les bénéfices.
La part de l'industrie dans le PIB varie entre 13 et
15 % suivant les années
(14,7 % en 1970
14,9 % en 1975 et
13,9 % en 1980)
(1)
3°)
La production minière et industrielle du Sénégal
La croissance économique de secteur industriel
(2)
s'est effectuéeau rythme d'environ 5,5 % (3)
en volume par an,
en moyenne depuis l'indépendance.
Cette croissance plus forte que celle de la production
intérieure a permis à l'industrialisation d'accroître sa part
dans la production intérieure brute,
passant de 12 % en 1962
à 23 % en 1974 (4).
(1)
Ministère du, Commerce et de l'Industrie,
statistiques
industrielles de la Côte d'Ivoire,
1982
(2) Lndustries manufacturières,
mines,
énergies(bâtiment et
travaux publics exclus)
(3)
Ministère de l'E;conomie du Sénégal, Service de la Statistique
(4)
idem

-
624 -
Le taux d'industrialisation du Sénégal est a peu pres
identiaue
a celui de la Côte d'Ivoire.
La puissance industrielle du Sénégal qui était la
première parmi les pays de la CEAü au moment de l'indépendance,
régresse maintenant à la deuxième position derrière la Côte
d'Ivoire laquelle,
avec un taux de croissance en volume
largement supérieur à 10 % par an,
dépasse
d'environ 60 %
la capacité industrielle du Sénégal.
Cette stagnation relative de la production
industrielle sénégalaise s'explique par les conditions
historiques dans
lesquelles elle est inscrite.
Durant les années 1960-1970,
la production indus-
trielle a fortement progressé dans
les secteurs où des
investissements ont été réalisés
industries extractives,
électricité,
transformation des métaux,
conserveries,
textiles,
chimie,
matériaux de construction.
La crise arachidière,
puis
le contre-coup
de la
sécheresse ont provoqué une crise dans
les industries de
valorisation des produits agricoles
(huileries)
et dans les
industries de biens de consommation de la première génération
(boissons,
sucre,
grain de farines,
tabac).

-
625 -
Globalement,
de 1964 à 1971,
la production indus-
tri~le du Sénégal n'a .progressé
que de 2,2 % par an en
moyenne,
selon les statistiques de la BCEAODepuis 1971-
l 9 72 1
l'é v 01 u t ion
de l a pro du c t ion i n au s tri e11 e s 'e s t
inversée avec l~ caractéristiques suivantes
-
accroissement de la production industrielle est
portée a 10 % par an en volume den 1972-1976 (1),
au lieu de
2,2 % en 1964-1971 ;
-
reprise des transformations d'huile
·amélioration de
la production arachidière)
-
reprise de la demande des biens de consommation, due
au pouvoir d'achat rural,
se traduisant par une expansion des
industries alimentaires,
de boissons, 'des tabacs
et des
articles plastiques
;
recùl de la production de conserveries de poisson
liée a la crise que traverse la pêche industrielle en mer
;
-
expansion de la demande de matériaux de construction;
-
ralentissement de la demande intérieure et extérieure
d'un certain nombre de produits
(dont la hausse des prix),
suite à la crise mondiale de 1974,
a contracté la demande de
sUcre,
sous-produits du blé,
cuirs,
produits pétroliers,
phosphates) .
(1) knnuaires statistiques de la BCEAO

-
626 -
Cette évolution contractée de la production indus-
trielle,
montre combien le développement de l'industrie
sénégalaise reste fragile.
Tant que la modernisation agricole
n'aura pas provoquée une diversification plus large des
revenus ruraux,
et tant qu'elle n'aura pas prouvé sa compé-
titivité,
vis-à-vis des industries concurrentes des pays
voisins.
Tableau
79
Evolution de la production industrielle
de 1977 à 1981
1
1977
1978
1979
1980
1981
!
1
Industries exttmctives
17 853
17 932 19 674
22 918
27 561
Pêche et conserverie
de poissons
9 232
24 704
23 063
27 280
29 994
Industries alimen-
o-
r
taires diverses
19 776
20 716 25 131
21 053
23 402
Corps
gras alimen-
taires
102 513
43 248
71 776
43 696
30 909
Travail grain et
farine
11 438
12 743 12 386
12 997
13 735
Sucre et confiserie
11 012
14 877 17 041
23 079
33 833
Tabacs-allumettes
5 216
4 505
4 445
6 055
4 594
B2timents et travaux
publics
30 902
32 513 48 249
33 528
46 845
Industrietextiles de
base
19 954
22 665 24 480
29 662
34 980
Confection maroqui-
nerie
7 773
4 674
4 976
6 833
2 535
Papier carton
2 216
2 245
2 941
3 294
4 141
Industries polygraphi_
ques
2 694
3 136
3 072
3 463
4 767

-
627 -
1
1977
!
1978
1979
1980
1981
1
1
1
jIndustries chimiques
45 972
45 619
58 595
72
339
101 430
1
:Matériaux de cons-
truction
5 510
5 056
7 230
9 310
10 923
Industries mécaniques
15 574
17 042
14 621
13 517
17 850
Energie
23 093
23 573
28
744
29 556
32 276
Source: Ministère de l'Economie et des
Finances,
comptes économiques,
1980-1981,
Direction de la
Statistique du sénégal.
La reprise de l'activité industrielle gui s'était
amorcée au 1978, s'est poursuivie en 1981.
La valeur ajoutée
du secteur secondaire a connu une progression de 10,6 % en
1980 (l)
Cette situation est surtout imputable au sous-
secteur du bâtiment et travaux pUblics,
qui a vu sa valeur
ajoutée progresser de 132,7 % entre 1970 et 1980.
Ainsi,
elle passe de 16195 millions FCFA en 1979 à
37 684 millions en 1980
(2).
(1)
voir les comptes économiques du sénégal,
années 1980,1981
(2) Comptes E.conomiques du Sénégal"
Ministère
de 1 'Lndustrie,
statistiques 1980,1981 .


-
628 -
La hausse de la valeur ajoutée en 1980 est a
remarquer également dans les sous-secteurs suivants
(1)
-
Industries extractives
22,1 %
-
Industries alimentaires
9,1 %
-
Industrie sucre-confiserie
42,1 %
-
Industrie tabac-allumettes
91,2 %
-
Industrie textiles de base
14,0 %
-
Fabrication matériaux de construction
14,2 %
-
Industrie mécanique
20,1 %
-
Energie
6,0 %
Cependant,
il convient de remarquer la baisse
d'activité
qui est apparue au niveau des sous-secteurs
(industries chimiques et huileries),
qui ont subi des baisses
de valeur ajoutée respectivmment de 14,8 % et 27,5 % dans la
même période,
1980
(2).
Le raffinage de pétrole entièrement dépendant des
importat~ons ~e brut, est marqué par l'évolution galopante
des prix des matières. Ce qui entraîne une baisse de la con-
sommation du marché intérieur et extérieur pendant l'année
1980
(795
229 T en 1979, pour
749
412 T en 1980)
(3).
(1)
(2)
Ministère de l'Economie et des
Finances,
Direction de
la statistique du Sénégal,
comptes économiques 1980,
1981
(3)
situation économique du Sénégal en 1980,
Ministère de
l'E.conomie et des Finances.

-
629 -
D'une manière générale,
les industries sénégalaises
ne sont que relativement intégrées.
Dans le processus de
fabrication,
elles sont appelées à acheter 40 % de leurs
inputs
à l'extérieur.
Les branches les mieux intégrées sont les industries
de valorisation de l'agriculture
(huilerie),
de la pêche et
les industries texti12s.
Encore n'est là qu'une intégration tout à fait
élémentaire par l'achat de produits primaires locaux.
A l'opposé,
les industries de fabrication plus
élaborées ne sont pra~iquement pas intégrées,
moins dépendantes
de l'extérieur.
Elles
transforment souvent des matières
premières importées,
a raison de plus de 80 % de leurs achats
de produits inter~édiaires. Il en est de même des industries
alimentaires destinées au marché local.
Dans ces conditions,
il n'est pas étonnant de
constater que la contribution globale du secteur industriel
et minier du commerce extérieur est négatif
.
Les
valeurs ajoutées des exportations industrielles
et
minières sont nettement inférieures aux consommations
intermédiaires- qu'elles entraînen t.
Pour le secteur industriel,
seule la valeur des
importations d' inputs
est deux fois plus élevée que la
valeur ajoutée industrielle exportée.

-
630 -
D'après
l'étude de Dieng FALL,
l'industrialisation
concourt au déficit de la balance commerciale pour environ
32 milliards de FCFA
(situation 1974,
mines exclues),
soit
28 % des importations totales
(1).
C~ci souligne l'insuffisance de l'intégration des
industries de substitution,
mais cela ne signifie pas que le
prcceS~SLlS d'industrialisation joue un rôle négatif sur le
commerce extérieur,
car sans lui,
le déficit commercial aurait
été plus élevé par minoration des valeurs ajoutées et
majoration des valeurs exportées
(2) .'
Les industries extra~ves sont fortement influencées
par les phosphates.
La baisse des activités au niveau de la
branche est due à des problèmes techniques durant le quatrième
trimestre de
l'année 1980.
Le tableau suivant nous donne l'é~ lution de la
production depuis 1975.
(1)
Dieng FALL,
Etude et analyse économique des industries
sénégalaises,
Ministère de l'Economie 1978,
in afrique
tpg~9trie, n°
48,
mai-juin 1980.
(2)
Diop FALL,
Les industries sénégalaises et leur avenir,
Mémoire de maîtrise,
Université d'Abidjan,
année 1980.

-
631 -
Tableau 80
Evolution de la production de phosphates
de 1975 à 1983
(en tonnes)
phosph.
dont
phosph.
SSPT
Alma
Clinker
chaux
CSPT
brut
1975
1 599 700 1 550 000
449700
201 445N
37 091
1976
1 599 397
-
-
-
-
1977
1 475 010
-
-
-
-
1978
1 555 800 1 469 000
95 800
204 92A
47 814
1979
1 650 700 1 523 000
127 700
184 884
78 361
1980
1 424 600 1 289 600
135 600
224 149
131 834
1981
1 878 100 1 792 000
86 100
199 218
105 534
.
1982
901 400
839 000
62 400
279 181
136 130
."
1983
1 336 700 1 296 000
40 700
251 274
143 554
1
Source
: Bulletin de l'Afrique Noire n°
1 237,
~:
du 19 juillet 1984,
Ministère des Mines,
Sénégal.
La production de phosphates de chaux a progressé de
48,3 % en 1983 ( -
52 % en 1982, + 31,8 % en 1981 et - 13,7 %
en 1880) , avec 1 336 700 T (contre 901 400 T en 1982,
1 878 100 T en 1981 et 1 424 600 T en 1980) .
La CSPT
(1 296 000 T en 1983, contre 839 000 T en
1982 et 1 792 000 T en 1981)
;
la production SSPT se
traduisant
par 40 700 T en 1983 contre 62 400 T en 1982 et
86 100 T en 1981~

632 -
La production de phosphates d'alumine brut a aussi
diminué de 10 % en 1983, avec une fluctuation de 1978 à
1982 au niveau de la production.
Quant à la production de phosphates d'alumine
déshydraté (clinker),
elle s'est élevée a 143 554 T en
1983
(contre 136 130 T en 1982, 105 534 T en 1981 et
131 834 T en 1980.
Le grou pe "phosphates" est très fortement
orienté vers l'extérieur.
La consommation intérieure est le
fait de la SIES
(1)
et ne représente qu'une faible partie de
la production.
L'out-put
doit donc être exporté sur
des marchés
où le Sénégal est concurrencé par de grands producteurs
(Maroc,
Togo,
etc)
et les pays de l'Est.
Tableau Sl
Evolution des exportations de
--1'
!
phosphates de 1975 à 1983
( l
000 Tonnes)
phosph.
dont
phosph.
phosph.
SSPT
Alum.
Clinker
CS PT
brut
1
1975
1 377,4
1 332,5
44,9
158,8
40,1
1
1977
1 641, 0
1 575,5
65,5
148,9
52,2
1978
1 599,2
1 500,8
98,4
115,9
54,2
1979
1 612,5
1 501,6
110,9
108,7
66,7
1980
1 319,1
1 251,9
77,2
777,4
111,8
1981
1 155,1
1 085,8
69,3
50,8
112,7
1982
1 205,9
1 136,5
69,4
76,5
129,5
1983
1 267,1
1 217,3
49,8
68,5
134,7
Source
: ~
n° 1 237,
du 18 juillet 1984
(12 SIES,:
Société
Industrielle d'Engrais du Sénégal.
-

-
633 -
Les ventes à l'expor Œtion
(en qualité
) ont
représenté en 1983,
94,8 % de la production de phosphates de
chaux,
27,3 % de la production de phosphates d'alumine brut
et 93,8 % de la production de clinker.
4°)
Production minière et industrielle du Niger
Le
nombre de sociétés industrielles installées au
Niger est de l'ordre de 37.
Or,
l'étude de l'évolution des chrr fres d'affaires
depuis 1973,
montre que 8 sociétés assurent la majeure partie
(77,3 % en 1973,
81,1 % en 1974,
89,5 % en 1975,
87,5 % en
1976), du chiffre d'affaires industriel total
(1).
Ces 8 sociétés ont pour nom:
la Société
Industrielle
et Commerciale du Niger
(SICONIGER),
la Société d'Exploitation
des
Produits d'Arachides du Niger
(SEPANI),
les
Brasserie~
du Niger
(BRANIGER),
la Société des Mines de l'Air
(SOMAIR),
la Société Nigérienne des
Textiles
(NITEX),
la Société
Nigérienne d'Electricité (NIGELEC),
la Société de Produits
Chimiques du Niger
(SPCN),
la Société Nigérienne de Cimenterie
(SNC) .
(1)
Ministère du plan,
annuaire statistique,
1978-1979.

-
635 -
graines
soluté
cahiers
ciment
briques
1
plastiques
sacs
pharma-
et sachets
ceutique
unité
Tonnes
mille (J.
mille Fl.
mille u.
mille T.
millE T.
1970
-
-
-
-
-
7,5
1974
6,6
0,2
120,0
15,7
20,5
15,3
1975
14,2
3,6
100,0
800,0
15,7
1976
21,6
5,6
129,0
950,0
35,2
13,4
1977
-
-
86,0
960,0
35,8
13,5
1978
53,0
40,0
130,0
1 900;0
40,8
24,0
1979
200,0
960,0
135,4
2 900,0
33,9
26,9
Source
Minist~re du Plan du Niger
L'étroitesse du marché,
les difficultés d'approvision-
nement,
le coût de l'énergie,ont
découragé les investissements
privés.
En conséquence,
l'Etat,
pour remédier à cette
situation,
a été contraint d'intervenir directement
dans l'évolution du secteur industriel par des prises de
participat~n. Ainsi, un grand nombre de sociétés indus-
riel les nigériennes sont des sociétés d'économies mixtes.
La participation de l'Etat au capital de ces sociétés va de
99 % (SONERAN)
à 7 % (NITEX)
(1).
(1)
Minist~re du Plan, statistique 1978-1979.

-
636 -
f
1981
1982
variation Q
variation %
Chambre a air
'-
1
!
(1000 un)
115?3
126,0
+ 10,7
+
9,2
]
Emballages
(1000 kg)
410,0
742,0
+332,0
+ 80,9
Tôles
(l000 unités)
1 094,0
3 682,0
+2 588,0
+236,5
1
Ciment
(en
tonnéi )
7 473,0
4 915,0
-2 558,0
-
34,2
Articles plastiques
(1000 kg)
1 667,5
2 310,7
+
643,2
+ 38,S
Electricité
( l
Mkw)
70.,5
114,2
+
43,7
+ 61,9
Source
Statistique de la Banque Centrale du Mali,
1982
6°)
La production industrielle et minière de
Burkina-Faso
Malgré un développement rapide du secteur industriel,
i l occupe encore une place modeste dans l'économie voltaïque.
La production miniere est actuellement né gligea ble.
Elle se limite
à une mine d'antimoine
et une carrière de
marbre.
La réouverture en mars 1981 de la mine d'or de Pouka
va permettre la redémarrage de la production vers 1984-1985,
pour une durée d'exploitation d1environ 10 ans
(selon les
estimatior.s des experts de la banque centrale du Mali).

-
637 -
Le gisement minier le plus important reste le manga-
nèse de Tambao,
dont le projet d'exploitation est a l'étude
depuis plusieurs années,
mais dont la rentabilité n'est
toujours pas assurée,
étant donnée
l'importance de
l'investissement requis et la mauvaise conjoncture mondiale
pour ce produit.
Les industries manufacturières concernent essentiel-
lement la transformation de produits agricoles
(60 % de la
production)
(1)
et la f abrica t ion de quelques produi ts de
substitution avec importations.
Mais,
l'expansion de ce secteur est freineé
principalement par le coût élevé des facteurs de production
(énergie,
transport),
le manque de matières premières locales,
l'étroitesse du marché intérieur et le~anque de main-d'oeuvre
qualifiée.
Tableau
86
Production industrielle de 1972 a 1976
1972
1973
1974
1975
1986
Bière et boisson gazeuse
(en milliers d'hectolitres)
117,2
170,9
196,4
205,3 265,8
Cigarettes
(en millions de
paquets)
16,0
15,6
18,3
20,5
21,0
--
Allumettes
(en millions de
boîtes)
18,3
22,2
-
42,0
-
Sucre
(en milliers de tonnes
,
:
métriques)
13,7
12,0
4,0
5,8
16,]
Huile d'arachides
(en
mil.1-iers de tonnes)
0,9
1,0
0,4
0,8
--
(1)
Mini stère du l ' 1ndustrie du Mali,
statistiques industrielles
1980-1981

-·638 -
1972
19 7 3
1974
1975
1976
Savon
(en milliers de tonnes
métriques)
2,9
3,1
3,4
3,5
5, a
Graines de coton
(en milliers
de tonnes métriques)
10,5
11,9
9,3
Il,3
18,2
Imprimés textiles
(en millier
de mètres)
6,4
4,4
6,5
7,8
5,7
Beurre de karité
(en milliers
de tonnes M)
0,9
0,2
1,0
1,5
2,8
Pâte d'arachides
(en milliers
de
tonnes M)
1,2
1,3
0,5
l,a
s,a
Chaussures
(en milliers de
tonnes de paires)
982
1145
182
1530
1703
Briques
(en milliers de
tonnes métriques)
s,a
4,3
5,1
7,7
-
Bicyclettes
(assemblage)
(en milliers)
22,5
22,0
24,3
27,3
33,4
Cyclomoteurs
(assemblage)
(en milliers)
7,4
6,8
9,2
9,6
12,2
Energie électrique (en
milliers de kwh)
37,1
42,2
46,1
53,2
59, 7
Source
FMI

-
639 -
Tableau 87
Production d'électricité et
distribution de 1972 à 1980
(1000
(1 000 kwh)
,
Production
vente
1972
37 100
-
1973
42 148
-
1974
46 077
-
1975
53 189
45
763
1976
59
748
51 926
1977
70 327
61 376
1978
80 187
67 488
1979
98 838
80
235
1980
112 777
91 564
1981
( 1 )
86 428
71 694
Source
:
Indication économique de
la BCEAO,
Ministère de la Coopération,
1981-1982
(1)
:
9
mois

640 -
L'indice de la production industrielle
1976
1977
1978
1979
1980
100
129,6
163,4
179,4
195,9
r
Source
: Statistiques économiques des Ecats africains
et
de l'Océan
Indien,
1981-1982
Ainsi,
l'ensemble du secteur
';Secondaire't industrie,
énergie,
bâtiments,
travaux
publiés)
représente une moyenne de 15 % du PIB, et ce,
depuis une dizaine d'années
(l).
L'analyse de la production industrielle et minière
démontre une inégalité du niveau des potentialités minières,
énergétiques et industrielles.
1°)
Les potentialités minières des pays de la CEAO
Les richesses principales des pays concernés sont
les phosphates,
le minerai de fer,
le manganèse,
et le
calcaire
(2).
Le pays le plus favorisé en phosphates est le
Sénégal.
Alors que le gisement de Talbas'épuise,
on a
récemment d~ouvert à Semme, à
proximité du fleuve Sénégal,
un excellent gisement à 31 % de P 0
,
très pur,
facilement
2 5
exploi téble.
- - - r - -
(1)
Statistique de la BCEAO
(2)
tous les chiffres f~urent dans l'étude du plan
d'extffision,
rapport de synthèse,
CEAO,
mai 1984.

_ 641 -
Ensuite viennent la Haute-Volta,
le Niger et la
Mauritanie.
Au niveau du fer,
c'est encore le Sénégal qui
apparaît le plus favorisé,
avec le gisement de la Falerne
les réserves sont estimées a
340 millions de tonnes de minerai,
peu
coûteUX à exploi ter et exportable sans
pel1etisation
préalable.
Le gisement de la Falerne a quelques prolongements
au Mali,
notamment à Djidian-Kenieba, où les reserves sont
de l'ordre de 60 000 000 T.
A Bale,
toujours au Mali,
se
trouve un autre gisement relativement inmportant où les
réserves prouvées
sont de 146 000 000 T (1).
La Mauritanie,
la mine de la Khedia près de Zouerate
s'épuise; c'est un minerai riche à ~5 % de fer qui a été
exploité au rythme de 10 000 000 Tonnes par an,
réduit
aujourd'hui à 8 000 000 Tonnes en raison du proche épuise-
ment.
En Côte d'Ivoire,
le gisement de Klahoyo,
à l'est
de Man,
a des réserves prouvées de 300 000 000 Tonnes,
d'autres gisements ont été reconnus au Niger
(Say).
(1) CEAO,
Statistique durapport de synthèse,
PP;
26,27,
mai 1984.

-
642 -
Quant au manganèse,
le gisement principal se situe
à Tambao, dans le nord de la Haute-Volta. Les réserves sont
estimées à 15 000 000 Tonnes de
minerai.
Par contre,
en ce qui concerne le calcaire,
le
Sénégal possède entre Rufisque et Thies,
des gisements
très étendus qui alimentent une importante industrie
cimentière
celle-ci doit se développer et mettra le
Sénégal en mesure d'exporter une partie importante de sa
production.
En Haute-Volta,
il y a un gisement de moyenne
importance
(56 000 000 T)
à Tinhrassan qui sera déservi par
le chemin de fer de Tambao.
D'autres gisements nettement moins importants
existent au Mali
(Diamou)
et au Niger
(Malbaza).
Les pays de la CEAO sont donc loin d'être démunis
de ressources minières,
mais ses ressources sont inégalement
réparties.
Nous avons mis les ressources minières les plus
importantes de la CEAO dans le tableau suivant.
Tableau 88 ,Ensemble des potentiali tés minières
de la CEAO
Côte d'Ivoire
Haute-Volta
Mali
Phosphates
Gobnangou
Bourem
'Gami)
(petit)
Klahoyo
Kenieba
(300 MT)
'( 60 MT)
Fer
(300 MT)
Bale
(146 MT)

-
643 -
Côte d'Ivoire
Haute-Volta
Mali
Manganèse
Tambao
Ansongo
"
(17 MT)
( S MT)
Bauxite
Balea
(SOOMT)
Uranium
Kenieba
(indices)
Autres métaux
Ni:Binrkouma
Or
: Kalana
Silipar
(indice)
Calcaire
Tinhrasson
Diamou
(56 MT)
(en cours)
-
Pétrole
Assinie
Fresco
(en cours)

-
644 -
Niger
Mauritanie
Sénégal
'.
Mekrou
Bofal
Talba
Phosphates
( 675 MT)
(100 MT)
(en cours)
Semme
(40 MT)
Fer
Say
Guelbs
Falerne
(600 MT)
(500 MT)
(300 MT)
Manganèse
-
-
-
Bauxite
-
-
-
1
Uraniu m
Arlit
.,
Falerne
-
~
(en cours)
(indices)
Autres métaux
Or
:
Sirba
Cu:Akjoujt
Or:Sabubal
( 35 MT)
(en cours)
Calcaire
Malbaza
Rufisque
(en cours)
(en cours)
( 4 MT)
Thies
Pétrole
Agadem
-
Casamance
(indices)
Source
Rapport,
secrétariat général,mai 1984.

-
645 -
2°)
Les potentialités énergétiques
On distinguera les hydrocarbures,
les· combustibles
solides,
et les ressources hydroélectriques.
La Côte d' Ivoire a dÉC ouvert,
off shore, d'abord
un gisanen t
de moyenne
importance au large d' Assinie,
puis plusieurs
gi~ments qualifiés d'importants, entre
Jacqueville et Fresco
; il s'agit de pétrole assez léger,
donc intéressant,
et aussi de gaz naturel très important
(réserve~
a Fresco.
Les ressources en combustibles solides semblent
faibles et de qualité médncre
( tourbe et l igni te au
Sénégal,
charbon d'Agades au Niger).
Les ressources hyd~oélectriques des pays de la
CEAO sont
loin d'être négligeables,
principalement dans le
les bassins des fleuves Sénégal et Niger.
Tableau 89
Inventaire des ressources hydroélectri-
ques des pays de la CEAO
Pays
Site
Puissance
Production
(Mw)
annuelle
,
( Gwh)
Côte d'Ivoire
vallée de la
Bia
(est du
pays)
50
210
vallée du
Bandama
670
2 300
vallée de
Sassandra
980
5 600
vallée de la
Comoé
280
l
950
vallée du
Cavalay
420
2 100
sous-total
2 400
12 160

-
646 -
Pays
Site
Puissance
Production
(Mw)
annuelle
(Gwh)
Haute-Volta
bague
20
40
Kompienga
14
32
-
- -
sous-t-otal
34
72
Mali
Manantali
(fleuve
Sénégal -projet
OMUS)
160
800
Autres sites
sur le bassin
Niger-Sénégal
480
2 400
Bassin du
Niger
240
1 100
- -
sous-total
880
4 300
Mauritanie
cf.
Manan Talj.

-
647 -
Pays
Site
Puissance
Production
annuelle
(Mw)
(GWh)
Niger
Kandadji
(fleuve Niger)
125
715
Autres sites
sur le bassin
du Niger
125
630
- -
- -
sous-total
250
945
Sénégal
cf.
Manantali
vallée de la
Gambie
80
200
sous-total
Source
CEAO, Rapport du secrétar~at général, mai 1984.
La Côte d'Ivoire et le Mali ont un potentiel
hydroélectrique tmportant.
Pour les autres pays,
le
potentiel est nettement faible.
La Haute-Volta est le pays
le plus nettement dépourvu de ressources hydroélectriques.
3°)
Les implantations
industrielles de la CEAü
Les deux pôles industriels de loin les plus
importants sont Abidjan:
(Côte d'Ivoire)
et l'ensemble
Dakar-Thies
(Sénégal).
Les autres centres sont nettement
moins importants et relativement peu nombreux dans les autres
pays de la CEAO.

648 -
La Mauritanie est peu industrialisée
; Nouakchott
regroupe l'essentiel des industries de consommation.
A
Nouadhibou se trouvent une raffinerie et les industries liées
à la pêche.
Au Sénégal,
Kaolack et Ziguinchor font figure de
centres industriels secondai~es, par contre au Mali,
le
centre industriel le plus important est Bamako où se trouve
une bonne partie des industries de consommation.
En Côte d'Ivoire,
Bouaké prend un certaine importance
mais
i l faut aussi mentionner Dabou,
Yamoussokro,
Daloa,
Bonoua,
etc . . .
Il y a quelques industries à Maradi et Zinder,
au
Niger,
principalement tournée vers le Nigéria.
La répartition inégale de~ industries dans les
divers pays de la CEAO et à l'intérieur de chaque Etat,
attire les populations des zones non industrialisées vers les
zones industrialisées,
ce qui accentue le phénomène migratoire
dans les différentes régions des
pays de la CEAO.
Si l'on considère les six pays de la CEAO et les
pays limitrophes qui ont le plus d'affinités avec ces
derniers
(Togo,
Bénin,
etc.,.),
on peut distinguer deux
groupes de pays,
selon le
volume et l'importance du secteur
industriel dans
l'ensemble de l'économie.

649 -
On remarque d'une part:
la Côte d'Ivoire et le
Sénégal,
avec un secteur industriel relativement développé
et d'autre,part;
les pays comme le Niger,
le Mali,
le
Burkina-Faso et la Mauritanie,
dont le secteur industriel
à caractère plutôt embryonnaire,
n'a qu'une importance
marginale en ce qui concerne les économies respectives.
Ainsi,
la Côte d'Ivoire et le Sénégal disposaient
à la fin des anrrées 1970, de 620 entreprises pour la Côte
d'Ivoire et de 220 pour le Sénégal,
alors que le nombre
d'entreprises industrielles des autres pays n'était que de
50 à 70 chacun
(1).
Non. seulement,
les pays de la CEAO sont spécialisés
dans la production de certains produits pour les industries
du Centre dont ils dépendent,
mais ;il
existe aussi une
grande différence dans
le niveau de développement de la
production.
Cette différence se reflète directement sur les
structures commerciales des pays concernés.
-
Les structures commerciales
L'évolution globale du commerce extérieur de la
CEAü s'accompagne
d'
une transformation des structures
commerciales au niveau de~ partenaires commerciaux.
(1)
Les industries africaines,
BAN,

48,
p.
16.

-
650 -
André Nicolai explique que "la strucrure économi-
que et commerciqle,
est un rapport entre des hommes à propos
de la lutte contre la ra~eté, rapport qui n'existe que par
leur comportement mais qui s'impose a eux. Ce rapport revêt
"
souvent la forme d'un rapport entre choses et c'est en ce
sens qu'on est amené à raisonner sur la structure des inves-
tissements ou des revenus,
sur la structure des prix ou de
la monnaie:
c'est la façon abrégée et commode de parler,
mais qui risque de faire prendre le signifiant pour le
signifié"
(1).
Dans le cadre de la CEAO,
le problème est très
différent, dans la mesure où,
spécialiser dans la produc-
tion des produits rares dont les industries de la métropole
ont besoin correspond à un rapport~imposé aux pays de la
CEAO par les pays du Centre.
~es pays de la CEAO sont obligés
de produire pour ce marché qui est le seul consommateur.
En effet,
la France occupe le premier rang parmi
les fournisseurs et clients des pays de la CEAO.
A travers
le tableau24
de l'annexe14bi$,
nous constatons que les
exportations de la CEAO vers la France varient entre 10 et
20 % pour les années 1978-1981 et entre 30 et 38 % pour les
importations de la CEAO en provenance de
la France, dans la
même période
(2) .
• (1) ~ndré NICOLA1, Comportement économique et structures
sociales,PUP,
1960,p.
56.
(2)
voir tableau n0 2 3
,
annexe 14
,
sur les pourcentages
des échanges intra-CfAO en comparaison avec les échanges
extra-CEAO, d'après les notes d'informations et statisti-
ques de la BCEAO,
année 1983.

-651--
Cela indique la place privilégiée de la France
dans les échanges avec les pays de la CEAO et la variation
de la place des autres
partenaires dans ces échanges.
Que la France soit le premier fournisseur et le
premier ;lient des pays de la CEAO (cela remonte depuis la
période coloniale et pays colonisateur),
traduit le caractère
dépendant des pays membres de la CEAO vis-à-vis de la France,
donc du marché mondial capitaliste dans lequel les pays de
la CEAO sont intégrés et en
détermine également le caractère
extraverti des économies ainsi dominées par les pays du
Centre.
D'une manière générale,
explique A.F.
EWING "les
pays africains sont étroitement dépendants du commerce
extérieur qui représente plusgu'urt quart du PIB,
en plus
il s'agit là essentiellement des échanges entre l'Afrique
et le reste du monde, c'est-à-dire de l 'échange de produits
primaires contre des produits manufacturés et semi-manufac-
turés"
(11.
Les tableaux
(2)
suivants
(nous
indiquent les
structures commerciales de quelques produits de base,
au
niveau des exportations et qes importations. De plus, nous
avons choisi une série courte par manque de données statis-
tiques-précises sur la question.
(1)
AKF.
EWING,
Industrie en Afrigue, éd.
Mouton,
1970,
p.
135
(2)
tableaux Pp.744-747

-
652 -
A travers les tableaux par produits, on note que
la France demeu~e le principal partenaire suivi des Etats
Unis.
Ce qui est frappant dans
la structure
commerciale,
c'est que la quasi-totalité des pays de la CEAü vivent de
l'exportation de produits primaires en
direction des pays
développés à économie de marché.
En
Côte d'Ivoire,
la structure des exportations est
dominée par les produits agricoles,
comme le cacao,
le café
et le bois;
au Sénégal par l'arachide.
Par contre,
l~ exportations minières
(fer,
cuivre,
métal, gypse)
occupent une place prépondérante dans le commerce
extérieur de la Mauritanie.
Blles représentent environ 80 %
des recettes d'exportation du payi (1).
La Côte d'Ivoire,
10 Mauritanie,
le sénégal,
le Niger,
le Mali,
Burkin~Faso, expo~tent d'importantes quanti~s
de
minéraux,
comme l'or,
la bauxite,
les mineralli
de fer,
etc ...
Le type actuel de relation avec l'extérieur confine
les pays de la CEAO à une spécialisation internationale, qui
porte en
lui-même le blocage de son dé~ loppement et
l'intégration pour la moindre dépendance.
Cette spécialisation
dépendante n'est autre qu'un méc~nisme de pompage, d'où
l'impossitilité
de dégager une accumulation de capital nominal
national ou régional.
(1)
Nations-Unies-CEA,
L'intégration en~Afrique, n° 291,
21 mars 1984

-653-
L'extraversion des économies des pays concernés
qui fera l'objet d'étude du paragraphe II)
est liée à la
monospécialisation,
à la prépondérance de la production
d'exportation ddns la place des importations, comme
source
des tiens'
utilisés par le secteur moderne.
L'ivoirien qui produit du
cacao ou de café,
reste
parmi le plus faible consommateur de ces produits. Or,
la
Côte d'Ivoire occupe dans le monde,
la deuxième place pour
le cacao,
et le troisième fournisseur de café après le Brésil
et la Colombie.
Toutefois,
le planteur ivoirien n'èst pas un simple
monoculteur.
Il tire de l'agriculture vivrière,
une partie
de sa substitance,
bie~ que très faible.
Le pays~ sénégalais tir~ au contraire,
l'essentiel
de son revenu q'une culture arachidière à laquelle il
consacre en pratique l'ensemble de ses activités.
L'analyse indique deux faits
- d'une part,
que la transformation du producteur africain
en monoculture tournée vers des activités d'exportations
s'est génée à des degrés divers,
selon les pays
.et les
régions
;
- d'autre part,
que la spécialisation dépendante qui s'est
dessinée sous l'impulsionde la demànde extérieure (née de
la domination pendant la période coloniale) s'est faite en
tenant compte de la.da~ation en facteurs et des disponibilités
en ressources de l'ensemble de l'espace économique,
contrôlé
par la métropole.

-654 -
Tableau 90
Les structures commerciales des exportations et importations des pays de la CEAO de 1980
à 1982, en guantité (milliers de tonnes)
et en valeurs
(millions de FCFA)
1 -
Les exportations
-
Les principaux clients
.
T-~
i
1930
1981
1982
1980
1981
1982
Q
V
Q
V
V
V
%
V
%
V
%
,
Cacao en
fèves
283,6
3 351,9
438,4
3 994,3
326,4 3 409,8
France
4 570,0
3 234,2
2 990,0
,
Café vert
206,4
2 722,3
231,1
2 422,1
272,4 3 245,2
Etats-
~
~ ,~
Unis
'1 0'98,2
1 581,5
2 089,7
Bois
22706,5
2 475
2 031,1
1 952,8
2 047,8 1 955,7
Pays-Bas l
853,4
l
81,6,2
1 821,9
,
Produits
1
Italie
1 739,9
1 123,5
1 211,7
pétroliers
1
raffinés
1 109,2
1 276,4
1 173,0
2 188,2
926,5 1 567,3
Allemagne
Féd.
1 262,3
908,3
706,3
Coton
égréné
72,5
503,1
65,2
566,0
56,6
532,5
Royaume-
Uni
587,2
693,5
554,5
Fer
8 736,6
-
8 095,5
-
-
-
Espagne
778,8
405,7
435
Graine de
Sésame
3,9
8,8
2,3
5,8
3,5
8,8
URSS
446,5
533,8
344
Arachides
Japon
649,0
335,8
321,9
décorti_
,
quées
3,5
Il,1
2,
17,8
0,5
1,6
Danemark
14,9
13,8
18,4
Uranium
4,3
2 016,1
-
-
-
-
Finlande
-
49,7
34,1
Phosphates
Total
de chaux·
1 405,4
323,7
1 206,5
360,6
-
-
Phosphates
d'alumine
77,8
4,7
56,6
4,6
-
-

suite
tableau
.
1980
1981
1982
Q
V
Q
V
Q
V
Engrais
phosphatés
142
46,9
130
58,9
-
-
Cuivre
métal
-
-
-
-
-
-
Gypse
12 195
-
j 1862
-
-
-
(il
lJl
lJl
~
1
Source; Comité monétaire de la zone franc.
1982,
et les statistiques
de la Banque centrale de Mauritanie et du Mali,
1982.

656 -
Tableau
2'\\
Les
Importations
1980
1981
1982
Q
Q
V
Q
V
"-
Produits
pétroliers
3 519,1
4 397,3
2 915,9
4 932,6
1 783,6
3 451,1
dont pétrolE
brut
2 611,0
2 747,6
2
155,8
3 403,6
1 433,8
2 512,7
Machines et
appareils
méconiques
133,2
3 225
65,5
2 024
37,2
1 907,3
Matériel de
transport
82,8
2 056
52,1
1 411,6
46,0
1 904,9
Produits
chimiques
262,7
1 256,9
280,5
1 335,8
219,9
1 408,6
Métaux et
ouvrages
327,7
1 725,6
247,5
1 438,8
170,1
1 224,4
.,
Céréales
1 061,3
1 434,7
1 097,2
1
726,2
611,1
1 077,5
dont riz
288,7
556,6
335,3
700,8
356,7
685,4
dont blé
183,4
180,
209,1
217,7
165,6
211
fils et
tissus
47,1
657,8
57,7
696,8
43,3
782
Produits
laitiers
83,7
454,4
92,8
645,8
60,6
480,8
Ciment et
clinkers
1 391,3
377,7
1 2.41,3
398,1
898,5
346,2
Boissons
97,1
215
103,9
226,3
84,6
204,7
Tabacs et
cigarettes
93,3
215
103,9
226,3
84,6
204,7
Sucre et
,
sucrerie,s
85,3
209,5
72,1
202,9
15,2
45,8
,

....
657 -
) -
-
Les principaux fournisseurs
1980
1981
1982
"-
V
%
V
%
V
%
France
8 057,6
6 395,4
5 169,6
Italie
933,8
644,6
480,9
Pays-Bas
614,3
555,7
692,6
Etats-Unis
l
030,3
1 170,2
883,1
Allemagne Féd
881,2
828,5
646,4
Japon
680,9
705
l
053,3
Royaume Uni
572,8
506,7
378,6
Vénézuela
786,1
1 089,9
432,6
Thaïlande
267,2
295,4
-
Total
13 824,2
12 191,4
9 737,1
Source
Comité monétaire de la zone franc,
1982
~J les statistiques de la Ba npe centrale des
Etats de l'Afrique de l'Ouest.

_ 658 -
La force d'entr.ainement et de contrainte de
l'économie du Centre,
a eu pour conséquence, d'imposer
certaines activités d'exportations comme occupation
dominante ?ed pays de la CEAO.
De là procède,
le
développement de la monoculture d'exportation.
Nombre de stimulants auront contribué à
destructurer la polyculture traditionnelle de subsistance
dans. certains Etats.
L'appareil administratif a souvent
obligé le polyculteur à réorienter ses activités.
Le
détournement d'activité qui a conduit les pays membres
à se spécialiser sur un ou deux produits d'exportations,
se justifie par d'autres faits.
Nombre de produits demandés a l'extérieur ont été,
à certaines époques,
d'un apport tr~s avantageux; ou bien
ils offraient tout au moins la possibilité d'être
commercialisé~ et de permettre d'acquérir le numéraire
susceptible de régler l'impôt
(pendant la période coloniale)
(1),
ou d'acquérir des produits rares importés de la
Métropole,
pour pallier au déséquilibre alimentaire, dû
à la spécialisation.
U) Georges ACHIEPO,
La commercialisation des grands produits
(l'exemple du café cacao)
en Côte d'Ivoire,
Thèse de
3e cycle,
1981,
pp.
40-60,
..

659
Pour les pays membres de la CEAO,
les cultures
d'exportations permettent de résoudre
les problèmes
internes.
Or,
le développement des cultures d'exportations
destinées
~ alimenter les industries du Centre, non
seulement accentue la dépendance des pays membres de la
CEAO vis-~-vis
des pays développés,
mais aussi affaiblit le
les échanges intra-~mmunautaires au profit des échanges
extra -communautaires.
Ainsi,
les pays de la CEAO pratiquent-ils au plus une
monoproduction d'importation,
en se spécialisant dans le
cadre de ses activités multiples,
~ la fourniture d'un type
de produits exportables vers les marchés capitalistes
avancés;
café,
cacao,
coton,
arachide,
etc . . . ,
pour les
.
.
produits agricoles;
phosphate,
or ,'uranlum,
fer,
cuivre,
gypse etc . . . ,
pour les produits miniers.
Si l'on considère la contribution des productions
d'exportation à travers les pays de la CEAO,
on constate
que le développement de celle-ci s'est opéré compte tenu
des caractères plus ou moins exceptionnels des ressources
et des
possibilités écologiques locales.
La spécialisation internationale ,inégale se
manifeste par trois ordres de distorsions dans l'orientation
du développement de la périphérie.

-
660 -
La distorsion décisive en direction des activités
exportatrices,
ne procède pas de l'insuffisance du marché
intérieur,
mais de la supériorité des productivités au
Centre,
dans tous les domaïnes.
Elle oblige la périphérie
à se cantonner dans le rôle de fournisseur de matières
premières agricoles et minières,
pour lesquelles elle
dispose d'un avantage naturel,
d'où l'extraversion des
économies des pays de la CEAO.
II -
L'extraversion structurelle des économies
des pays de la CEAO
L'extraversion,
explique Samir AMIN
(Il,
ne doit
pas être réduite à la prédominance quantitative des activités
exportatrices dans les économies sous-développées
: avec
l'industrialisation par substitutio~ d'importations,
l'extra-
version renouvelle,
en effet,
ses formes.
Pourtant, dit AMIN,
la prédominance quantitative des
activités exportatrices reste,
au plan des faits immédiats,
caractéristique du monde sous-développé.
Si l'on considérait le monde développé et le monde
sous-développé comme deux ensembles,
les échanges commerciaux
qu'ils entretiennent,
représenteraient une proportion de
revenus pour les pays sous-développés et une faible propor-
tion pour les pays développés.
(Il
Samir AMIN,
Le dév~loppement inégal
essai sur les
formations sociales du capitalisme périphérlque,
éd.
de
minuit,
1973,
pp.
174 à 176.

-
661 -
Cette approche empirique,
d'après AMIN,
reste
insuffisante,
parce que la distorsion en faveur des
activités exportatrices dans l'allocation des ressources
financièreq
(investissements directs,
infrastructure au
service des régions et secteurs exportateurs,
etc . .. ) 1
donne à l'extraversion une dimension qualitative et affirme
la dominance du secteur exportateur,
sur l'ensemble de la
structure économique,
soumise et façonnée en fonction des
exigences du marché extérieur
(1).
La transformation de l'économie naturelle de
subsistance
en économie marchande,
n'est jamais le résultat
spontané de l'offre de produits manufacturés nouveaux;
ce qui
inciterait les paysans à produire des produits agricoles
d'exportation pour satisfaire des besoins nouveaux,
si nous
nous référons à la genèse historique de l'extraversion à
travers le commerce colonial
(2).
D'une manière générale,
l'extraversion structurelle
des économies des pays de la CEAO est fondée sur le capital
étranger et est un facteur de blocage de la croissance des
économies des pays concernés 1 et les conséquences écono-
miques de l'extrave~sion.

-
662 -
l
-
L'extraversion fondée sur le capital étranger
Le rapport PEARSON.,
se contente
presque,
dans le domaine de
l'industrialisation,
de faire
le bilan des réalisations quantitatives globales du tiers
"
monde au cours des vingt dernières années.
Selon ce rapport,
la part de l'industrie de
transformation dans le PIB en Amérique latine se situe,
selon les pays entre 15 et 30 %,
en Asie entre 15 et 20 %'
Elle reste inférieure à 10 % en Afrique,
comme on
les pays sous-développés satisfont
désormais,
par leur
production,
66 % de leurs besoins de consommation de
produits manufacturés,
40 à 50 % de leurs besoins de produits
intermédiaires et 20 à 30 % de ceux d'équipement
(1).
le rapport insiste surtout sur les illusions de la
politique de substitution d'importations et celles,
encore
plus grandes,
associées à la mise en place d'industries
lourdres,
le plus souvent financées par l'Etat.
Il insiste
également sur les options défectueuses en matière de choix
des techniques qui seraient à la base ou à l'origine de
l'aggravation du chômage.(2).
(1)
Rapport PEARSON,
page 3.7,
repris par Samir AMIN,
dans
économie rurale,
avril-juin 1971,

88
(2) Rapport PEARSON,
page 59.

663
Il préconise donc
1° de mettre l'accent sur le développement
de
l'agriculture;
2~ de mettre l'accent sur le développement des
exportations
(agricoles et industrielles,
notamment de
produits miniers)
3° de donner a la règle de la rentabilité (dans
une structure libérale ouverte à la compétition internationale)
davantage de poids dans le choix des investissements
;
4° de fonder ces choix sur
un système de prix de
références attribuant
.au capital,
une plus forte rémunération
et au travail,
une moindre
(conformément aux "raretés"
relatives des
"facteurs")
; et
5° de freiner l'exode rural.
On peut dire,
écrit Samir AMIN, que ces recommanda-
tions sont à la fois incohérentes et inefficaces
1° "Marcher sur les deux
jambes" signifie le contraire
de sacrifier l'industrie à l'agriculture ou vice versa,
car
si l'insuffisance du progrès agricole bloque l'industriali-
sation,
l'inverse est également vrai.
L'expér~ence du commerce mondial prouve que la
spécialisation internationale ne compense pas les gains
tirés d'une industrialisation aussi complète que possible,
c'est-à-dire autocentrée,
parce que le gain maximal est
obtenu dans les branch~s les plus moder~es où les progrès
potentiels de productivité sont maxima;

664 -

L'ouverture à la compétition internationale
interdirait toute industrie autocentrée à la périphérie,
réservant à celle-ci uniquement les industries
extractives
extraverties qui
n'ont pas d'effet d'entrainement"
(1).
Il en résulte que si certaines expériencesd'industrialisation
autocentrée ont échoué pour diverses raisons,
notamment tenant
aux structures politiques,
les
"plans de
stabilisation"
recommandés par diverses instances,
notamment le FMI,
fondés
sur une plus grande ouverture extérieure,
constituent toujours
non des progrès,
mais des retours
en arrière.
Le caractère extraverti des économies des pays de la
CEAO (leur ouverture extérieure)
est à l'origine des biais
systématiques dans l'orientation de leur développement qui se
manifestent
par la
désarticulation de ces économies,
l'accen-
tuation de leur dépendance vis-à-vis de l'extérieur et les
inégalités sectorielles de productivité.
Les caractères structurels du sous-développement
sont d'autant plus marqués que le niveau de l'intégration
internationale est plus élevé,
c'est-à-dire que le niveau du
PIE par tête est plus
élevé,
(1)
Samir AMIN,
~e développement extraverti des pays du
tiers-monde,
in économie rurale,
avril-juin 1971,
n° 88,
p.
11.

-
665 -
C'est ainsi que le développement extraverti n'est
pas développement,
mais développement du sous-développement
que le Gabon avec ses 600 dollars par tête n'est pas moins
sous-développé que la Côte d'Ivoire avec 300 dollars,
mais
davantage, 'en ce sens précis que les caractères structurels
du sous-développement (la désarticulation et les inégalités
sectorielles de productivité)
sont plus marquées au Gabon
(1).
Avec un PIB per capita assez élevé,
cela
.ne diminue en rien
le caractère extraverti de leurs structures économiques. C'est
d'ailleurs ce que note Samir AMIN quand i l é c r i t :
"Le Gabon aujourd'hui qui a un produit par tête
voisin
de celui de la France de 1900,
n'est pas la France
de 1900,
même en modèle réduit,
car ses structures propres
sont qualitativement celle de la périphérie
(c'est-à-dire du
tiers monde),
non d'un centre attardé dans son développement"
( 2 ) •
Dans de telles conditions de dépendance, comment ne
pas s'interroger sur la finalité du processus d'intégration
ouest africaine francophone comme le fait Oswaldo SUNKEL (3)
à propos de
l'intégration latino-américaine:
(1)
Samir AMIN,
op. cité,
pages 11 et 12
(2)
Samir AMIN,L'accumulatibn à l'échelle mondiale,
Paris
Anthropos,
19
(3) Oswaldo SUNKEL,
Transnational capitalisation and national
désintegration in latin America in H.
FERCUSSON,
contemporary interAmerican relations,
New Jersey,
Engle-
wood cliffs,
printice,
Hall 1972,
p.
478~

-666 -
-
L'intégration peut être en réalité,
soit
l'instrument de lq réalisation nationale en Amérique latine,
soit l'instrument d'une dépendance plus grande de cette région.
Cette hypothèse confirme,
en effet, que
l'intégration des pays de la CEAO dans le but de limiter
la dépend~nce vis-à-vis de l'e~térieur, n'est qu'une
illusion,
car,
au lieu de limiter la dépendance,
elle
accentue la dépenqance à travers l'extraversion de leur
économie et à travers les liens
tissés depuis.la période
coloniale avec les pays du Centre.
Cette réalité interdit de confondre les pays sous-
développés avec les pays développés considérés a un stade
antérieur de leur développement et d'affirmer,
comme le fait
le rapport PEARSON,
qu' i l n' y a pas de fronti ère déf inie en tre
les pays développés et les pays sous-développés
(1).
Le développement du sous-développement prend
nécessairement l'allure
de période de croissance rapide
soudainement bloquée
(2).
La balance extérieure doit,
en
effet,
ici tendre au déficit parce que,
avec la spécialisa-
tion grandissante,
à la gamme de plus en plus étroite de
l'offre s'oppose une gamme de plus en plus large de la
demande au fur e t à mesure de la croissance du PIS:
il faut
que
les exportations puissent
croître à une allure .très
élevée pour
que le
mé~nisme du miracle provisoire soit
pqssible.
(1)
rapport PEARSON,
p.
22
(2)
Samir AMIN,
L'Afrique de l'ouest bloquée,
éd.
de minuit
1971.

-
667 -
L'expérience
des pays d'Afrique confirme
largement notre analyse.
Une croissance extravertie rapide
pour l'ensemble du continent,est-elle possible?
C~rtains pays de la CEAü ont connu une croissance
rapide sur le continent entre 1960 et 1966 grâce à la mise
en valeur
·de leurs richesses agricoles
ou minières
(la
Mauritanie pour les mines et la Côte d'Ivoire grâce à la
mise en valeur
de son potentiel agricole intact encore en
1950).

-
668 -
C'est la raison pour laquelle écrit Samir AMIN (1)
"on n'a pas le droit de dire,
comme le rapport PEARSON le
fait,
que la croissance rapide de certains pays démontre que
le sous -dé\\~eloppement
peut être surmonté,
car une croissance
rapide de ce genre,
due à des circonstances exceptionnelles
concernant les exportations de ces pays,
est accompagnée
nécessairement par la stagnation des autres,
donc la double
crise structurelle tendancielle des finances publiques et de
la balance des paiements desP5D,
est la manifestation de ces
blocages de la croissance ext:ravertie".
D'une manière générale,
le capital étranger ne peut
développer que des activités extraverties,
donc à effet
développant limité.
2 -
Les conséquences économiques de l'extraversion
Toute dépendance
commerciale s'accompagne d'une
désarticulation de l'économie de ces pays dans leur
ensemble.
Selon le professeur Samir,
i l n'est constitué
généralement entre les pays Ouest-africains des "secteurs
juxtaposés n'entretenant entre eux que des échanges
marginaux,
confinés gU'ils sont dans une partie marginale
du processus de transfor rÎ1a tion des produi ts Il
(petites
industries légères),
c'est-à-dire cellesqui
engendrent
peu de pl us-value ou qui rémunèrentà peine les facteurs de
productions".
(1)
Samu. AMIN,
L'économie du Maghreb,
2 vol,
Paris,
1966,
Le développement du capitalisme en Côte d'Ivoire,
Paris 1967
Samir AMIN et C.
COQUERY,
Du Co~go français à l'UDEAC,
Paris,
1969, pour ces problèmes de la
dynamique de la
croissance extravertie,
voir les différents ouvrages cités.

-
669 -
En fait,
ces pays africains considérés isolémment
doivent se contenter,
en guise d'industrialisation, d'une
série de transformations
superficielles telles que le
montage,
la confection ou le conditionnement qui,
selon une
boutade du président BOUMEDIENNE "ne sont autres qu'une
forme nouvelle d'exploitation de leur force de travail,
et
qui de surcroît,
privent leur économie de potentialités
réelles de création,
et de promotion des emplois qui ne sont
contenus que dans la véritable industrialisation"
(1).
Cette désarticulation de l'économie des pays
concernés interdit la création de
tout pôle de développement
dynamique et empêche les "effets d'entrainement" de jouer
pleinement sur les autres secteurs de l'économie.
Par
exemple,
les richesses minières exploitées en Afrique de
l'Ouest,
phosph~te du Sénégal, fer de la-Mauritanie, ne sont
pas destinées nous l'avons vu,
à alimenter les industries
d'aval sur place,
mais bien au contraire, elles sont exportées
pour alimenter des ensembles industriels complexes du monde
développés. Ce sont des économies d'échelle considérable
aux procédés de
raffinage des matières premières. gui ont
fourni,
aux entreprises multinationales leur carte maîtresse
de développement.
(1)
H.
BüUMEDIENNE, Discours a l'ONU,
1973

-
6:70
-
Les inégalités extrêmes de productivité
entre
secteurs modernes qui utilisent la technologie moderne
importée,
et le secteur traditionnel qui utilise les
méthodes primitives de production,
ont créé la thèse
"dualisme structurel" qui insiste sur l'absence des
mécanismes de diffusion interne du progrès d'un secteur a
l'autre
(1).
Dès lors,
les Etats de la CEAO ainsi enfermés
dans le cercle vicieux de l'immobilisme,
de "l'attentisme"
et de la dépendance,
se trouvent contraints à se soumettre
aux conditions d'une division inégale du travail entre le
Centre et la périphérie"
(2).
Il apparaît clairement que le mode de développement
induit et impulsé de l'extérieur,
est en même temps l'origine
et la résultatne de la désarticulation et de l'extraversion
des économies des pays de la CEAO.
Le seul moyen de s'engager dans le développement
réside dans le rejet de cette théorie.
La croissance,
le
développement et leBrcgrès social,
doivent nécessairement
passer par l'industrialisation à grande échelle gui seule
peut favoriser une introversion progressive de l'économie
d~s pays de la CEAO .
. (1)
Celso FURTADO,
Le développement du sous-développement,
PUF,
Paris 1966.
(2)
Samir AMIN,
~'accumulation à l'échelle mondiale, critique
de la théorie du sous-développement,
2e éd. suivie d'une post-
face de l'auteur,
Paris,
éd.
Anthropos,
1971,
p.
620.

-
671 -
Un des problèmes les plus déterminants,
est
l'absence de complémentarité entre les économies nationales
au sein de la CEAO ; celui-ci est né des divergences
d'intérêts.
B -
Absence de complémentarité entre les économies
des pays membres de la CEAO
La première question qui se pose,
est de savoir
si les pays de la CEAO sont des partenaires complémentaires
ou des partenaires concurrents.
Le problème revêt une
importance capitale vu les
conclusions qui ont été formulées sur ce sujet
:
Selon MEADE,
un accord de commerce régional est
davantage susceptible d'accrôître le bien-être économique
si les économies sont très concurrentes mais potentiellement
complémentaires.
Le bien-être a autant de chances d'être
plus grand que la proportion des
échanges commerciaux entre
associés,
par rapport à leur commerce total,
est plus
élevé
(1).
/
Par contre,
selon LIPSEY,
le bien-être a autant de
chances d'être plus grand,
que la proportion du commerce de
chaque pays membre par rapport à son marché nation9l,
est
faible
(2).
(1)
J.E.
MEADE,
The theory of customs unions,
North Holland
Publishing,
co,
Amst.erdam,
1955,
p.
107.
(2)
R.G.
LIPSEY,
The theory of customs unions,
Eguilibrium
Ana1ysss,
Londres,
Nico1son et Weidense1d,
1970

672 -
Qu'en est-il de de la CEAO ?
Les structures actuelles de production des
économies de la CEAO concernent
des produits primaires
agricoles et miniers,
dont la .majeure partie des pays
membres ont une industrie
embryonnaire.
Ce sont
-
pour les pays enclavés: Burkina-Faso,
le Niger,
et le Mali sont tous exportateurs de bétail et de coton
:
l'arachide est le principal produit agricole d'exportation
du Mali et du Niger ,(et aussi,
et surtout,
du Sén~al, bien
qu'il ne soit pas enclavé)
-
pour les pays
côtiers,
la Côte d'Ivoire,
la
Mauritanie et dans une certaine mesure,
le Sénégal,
assurent
plus ou moins la couverture de leurs besoins vitaux par
l'exportation.
Cependant,
la proportion du commerce de chaque
pays membre par rapport à son marché national est faible,
mais·cette faiblesse n'est pas compensée par le commerce sur
le marché régional qui demeure aussi faible.
La Côte d'ivoire qui produit du café, du c~ao,
de la banane, des bois tropicaux,
etc . . . ,
n'exporte que très
peu de ces productions vers les partenaire:s de la CEAO.
La Mauritanie,
dont l'extraction du minerai de fer
fournissait environ 75 % des recettes totales en 1974, est
plus sensible à lq conjoncture du marché européen de la
(1)
Jérôme PAJOS~roissance économique et impulsion
extérieure,
étude sur l'économie mauritanienne,
Paris,
PUF,
1964.

-
673 -
métallurgie,
qu'à l'évolution de la conjoncture économique
au Sénégal ou au Mali.
En fait
la seule exception,
Burkina-Faso,
réalise
l
pres de 30 % de ses importations auprès de ses voisins de
la CEAO
(lY.
On constate donc,
contrairement aux Nations
européennes,
une absence de complémentarité pour les pays de
la CEAO,
surtout en ce qui concerne l'exportation de
produits de base miniers et agricoles.
Il ne s'agit pas en conséquence de coordonner les
échanges préexistants,
mais bel et bien de créer des courants
d'échanges
(2).
Etant donné que l'ensemble des pays étudiés sont
dans la même sphère géographique,
m?is inégalement développés
on comprend pourquoi les économies ne sont pas complémen_
taires.
La structure agricolè est
à peu près identique pour
le Sénégal,
le Mali ,le Burkina-FasosaufpOur la Côte d'Ivoire qui
a une production agricole à peu près différente.
En outre,
le manque de complémentarité au sein du
secteur secondaire provient de la planification de l'indus-
trialisation.
Cette planification individuelle est surtout due
au nationalisme des Etats,
qui veut que chaque pays, quel que
soit la taille de son marché intérieur,
assure sa propre
production,
pour certains produits,
qu'il pourrait acheter
(parfois à un coût moindre
) à son voisin.
.
.
(1)
voir statistiques sur les échanges intra-communautaires
tableau 7
annexe 6
(2)
Marc PENAUL,
Bilans et perspectives économiques des pays
d'Afrique noire francophone,
in Problèmes économiques,

1315, du 28 mars 1973,
p.
22

-
674 -
Le manque de complémentarité se manifeste
surtout au niveau des industries.
Cela se traduit par
une dépendance vis-à-vis des importations de biens
d'équipement et de matières premières intermédiaires.
~
l
-
Mangue de complémentarité des industries
Le secteur industriel se subdivise en quatre
grands secteurs;
l'extraction minière et les carrières,
les industries manuf~cturières, l'électricité et la
conitruction.
L'extraction minière et les carrières ·sont
inexistantes ou presque négligeables dans les pays suivants
Côte d'Ivoire,
Haute-Volta,
Mali,
Sénégal.
Elles sont
relativement importantes en Mauritanie et au Niger.
Toutefois,
le fait gue le sous-secteur de l'extrac-
tion minière et des carrières soit presque entièrement
tributaire de marchés extérieurs à la sous-région,
vers
lesquels i l exporte les minéraux bruts,
traduit le caractè-
re rudimentaire de l'industrialisation en Afrique de l'Ouest.
Par voie de conséquence,
ce sous-secteur est à la
merci des fluctuations des cours mondiaux,
comme c'est le cas
des exportations d'uranium du Niger et du fer de la Maurita-
nie.
Quant aux activités manufacturières,
elles
peuvent être rangées dans neuf catégories
:

-
675 -
a)
Les industries de traitement des aliments
destinés aux marchés locaux (farine,
riz,
viande:
abattage et congélation,
produits laitiers,
sucre,
sel)
b)
Les industries de fabrication de boissons et
de tabac~pour le marché local (boissons sucrées, bi~re,
alcool,
cigarettes fabriquées sous licence concédée par
les transnationales)
et les industries de traitement du
thé,
du café et du cacao pour l'exportation;
c)
Les industries de transformation des produits
agricoles,
huiles comestibles et produits de la pêche
(fumage pour le marché local,
mise en conserve et congé-
lation pour l'exportation)
d)
Les industries du vêtement,
industries textiles
et industries du cuir
(chaussure)!
tous ces produits étant
principalement destinés au marché intérieur et a l'expor-
tation vers les pays voisins de la sous-région
e)
Les industries de transformation des produits
forestiers-scieries,
fabrique de meubles
(principalement
destinés au marché local et secondairement à l'exportation)
et industries de fabrication du caoutchouc, détenuespar les
transnationales
(pneumatique et autres produits en caout-
chouc pour le marché local)
f)
Les industries chimiques,
produits pétro-
chimiques,et annnexes
(plastiques,
insecticides,
pesticides,
engrais,
produits pharmaceutiques,
y compris savons cosmétiques
peintures,
allumettes,
etc . •. )

676 -
g)
Les industries mécaniques,
principalement
montage de véhicules et appareils divers
;
h)
Les industries métallurgiques,
principalement
l'aluminium,
ustensiles de cuisine et la fabrication
d'outils ~gricoles à petite échelle;
i)
Les matériaux de constructio~
Ces neuf catégories renferment pratiquement toutes
la gamme des activités manufacturières de la CEAO.
Du ,point de vue de la coopération économique,
il Y a lieu de faire un certain n9mbre d'observations.
Premièrement,
il est a noter que la gamme des
activités manufacturières est dominée par les industries
de fabrication de biens de consommation légère qui
nécessitent très peu de traitement.
Deuxièmement,
on trouve invariablement la même
gamme d'industries dans tous les pays membres de la CEAO,
les industries mécaniques
(usines de montage), que l'on
trouve principalement en Côte d'Ivoire et au Sénégal,
constituant la seule exception.
Retrouver pratiquement les mêmes industries de
transformation dans toute la sous-région,
souligne le
caractère irrationnel de la méthode d'industrialisation
adoptée dans la CEAO,
et qui
résulte de l'absence de
coordination dans la planification.
Les industries de
transformation sont,
da~s la plupart des cas, tournées vers
le marché intérieur qui·est d'ordinaire relativ.ement exigu.

-
677 -
Ainsi,
presque tous les établissements
industriels actuels sont condamnés à fonctionner a
faible régime.
En C6t& d'Ivoire,
pa~ exemple, d'après le
Ministère du plan
(1),
les produits ivoiriens les plus
importants auxquels s'applique la
taxe de coopération
régionale
(TCR)
insTituée par la CEAO,
proviennent
d'usines dont la capac~ié est plus ou moins sous-utilisée.
L'utilisation de la capacité de production concernant ces
produits s'établit comme s u i t : moins de 25 % de la capacité
pour 19 produits;
entre 25 et 50 % pour 41 produits et entre
50 et 75 % pour 16 produits,
la capacité n'étant utilisée à
75 % ou plus que dans le cas de 10 produits (2).
Il convient de noter qu'en dépit de l'existence
d'organismes de coopération économique,
chaque pays essaie
de Pratiquer ses industries naissantes. Les industries étant
pour l'essentiel les mêmes,
les échanges d'articles
manufacturés sont de faible niveau et continueront de l'être
même après lréli~ination des obstacles aux échanges.
Cette situation procède aussi bien de
l'absence
de coordination dans la planification régionale,
que des
politiques économiques nationalistes que poursuivent les
pays de la CEAO,
(1) d'arr~ un entretien avec M.
TRABI,
responsable des
industries de la CEAO,
le 6 décembre,
au Ministère du
Plan,
lors de notre passage à AbidjaQ C6te d'Ivoire,
1984
(2) d'après les explications de M.
TRABI et statistiques
du Ministère du
Plan,
service,
PME,
année 1984.

~ 678 -
Cette affirmation étant relativement importante,
i l est nécessaire de l'étayer par des exemples concrets.
- Cas des industries du ciment et du sucre
Au sein Ge la CEAO,
les
usines de ciment des
Etats membres font double emploi.
Le ciment peut être
fabriqué soit directement ~ partir des gisements de ,
calcium,
lorsqu'il en existe,
soit ~ partir d'un produit
semi-fini appelé clinker que lion peut importer.
Deux pays de la CEAO,
dotés de gisements de
calcium,
le Mali et le sénégal,
ont implanté des usines
de ciment.
Au lieu q'importer son ciment de ces pays,
la
Côte d'Ivoire
(qui appartient également a la CEAO)' a
construit trois usines de pulvérisatton du clinker qu'elle
importe de l'étranger,
notamment de la France et de
l'Espagne.
Cette même
politique de développement non
coordonné et d'égoïsme nationaliste se manifeste d 1ns
l'indus~rie sucri~re, mais d'une façon plus marquée.
En 1979,
la Côte d'Ivoire a créé un complexe de
six unités de traitement du sucre appelé SODESUCRE.
La
production était initialement prévue ~ 180 000 Tonnes en
1980-1981
(1)
dont la moitié serait exploitée.
(1)
voir la Côte d'IvoiLe en chiffres,
éd.
1981-1982

-
679 -
La matière première était constituée par la canne a
sucre cultivée dans le nord du pays,
où les sols et la
pluviosité sont excellents.
Le total des investissements dans ce projet
"-
est chiffré à 300 milliards de FCFA,
soit environ
10 millions de dollars
(1).
La production annuelle de
l'usine était évaluée à 280 000 Tonnes
(2)
à partir de
1985.
L'usine serait en mesure de satisfaire à la
demande du marché
de la CEAO tout entier,
à condition
que les autres Etats membres de la communauté consentent
à participer à l'entreprise.
Malheureusement,
presque tous
les pays de la CEAO
ont entrepris de produire du sucre,
y compris les pays
sahéliens qui souffrent d'une sécheresse chronique.
En 1972,
au Sénégal,
les ferres que les
agriculteurs consacraient traditionnellement aux cultures
(la région du bassin du fleuve Sénégal), ont été affectées
à la culture de la canne à sucre destinée à
alimenter la
raffinerie de sucre q li '0 n venait d' implanter dans la région.
Le volume de la production de la canne à sucre n'a PaS suffi
pour alimenter la raffinerie et on a dû recourir à des impor-
tations de sucre brun
(produit semi-traité)
en provenance de
l'Europe.
La raffinerie est installée dans une enclave située
(1)
(2)
Ministère de l'Industrie et des Mines,
statistiques
industrielles de C6te d'. Ivoire,
dans la Côte d' Ivoire
en chiffres,
1983-194

-
680 -
a 370 km du port de Dakar,
emplacement qui a nécessité
de 5 coûts de transport élevés qui se répercutent bien
entendu
sur le consomma teur.
Etant doriné que leSénéga1 s'est également mis a
produire du sucre et que lui-même et la Côte d'Ivoire n'ont
pas cherché à harmoniser leurs programmes industriels,
des
influences rié.fastes ont frappé leur économie.
Le Sénégal a connu en 1981,
pendant deux mois,
une
pénurie aigue de sucre.
Pendant ce temps,
la Côte d'Ivoire devait précisém-
ment faire
face à un problème de surproduction de sucre.
Ce problème était dû au non respect de la communauté
économique européenne
(CEE)
vis-à-vis de l'engagement
contracté précédemment au titre de la convention de Lomé,
d'acheter du sucre des pays d'Afrique,
des Caraïbes et du
Pacifique
(ACP)
à des prix supérieurs aux cours mondiaux en
vigueur
(1).
Que l'on constate,
à la fois,
une pénurie aigue et
une surproduction d'un bie.n de consommation courante,
au sein
d'une sous-région,
désservie par une organisation comme la
CEAO,
est vraiment d'une grande ironie.
En effet,
la CEAO
est censée promouvoir le développement pour limiter la
dépendance des pays del/Afrique de l'Ouest vis-à-vis des
pays du Centre.
(l)entretiens avec M.
TRABI.,
M.
BOUBLI,
Abidjan,
M~nistère
du Plan et de l'Industrie,
(Côte d'Ivoire),
les 6 et 11
décembre 1984.

681 -
L'implantation des mêmes usines par les Etats
membres,
qui résulte de l'absence de complémentarité, de
coordination de leurs politiques industrielles et de la
politique d'autarcie qu
'ils poursuiv~nt en matière
d'industrialisation,
ne contribuera certainement pas a
assurer un développement industriel harmonieux,
rapide,
capable de limiter la dépendance par l'intégration.
A vrai dire,
l'industrialisation en Afrique de
l'Ouest n'a pas répondu aux espoirs placés en elle,
nota~
ment ~ l'espoir qu'elle servirait de moteur ~ la croissance
et la transformation
~ructurelle, ainsi qu'~ la modernisa-
tion de la production agricole.
Au lieu de susciter des tran~ormations
structurelles rapides,
elle constitue peut-être déj~ un
frein
~ une int~ration capable de limiter la dépendance
et atteindre un développement autocentré.
La g~me actuelle des industries continue pour
l'essentiel
d'absorber de plus en plus d'excédents
provenant d'autres secteurs de l'économie tout en contri-
buant presque aucunement ~ moderniser ces secteurs.
La quasi-totalité des biens d'équipement et des
- facteurs de production intermédiaires nécessaires ~ la
plupart des industries sont presque entièrement importés,
ce qui se traduit par une accentuation de la dépendance
vis-~-vis des pays développés.

682 -
2 -
Dépendance du sectèur industriel vis-à-vis
des importations de b~ens d'équipement
La dépendance totale du secteur industriel vis-à
vis des importations de biens d'équipement et de mati~res
premi~res intermédiaires, explique pourquoi l'industrialisa-
tion des pays de la CEAO est sujette à de graves crises
périodiques et
pourquoi elle n'a pas pu créer assez de
possibilités d'emplois,
ni stimuler la croissance des autres
secteurs,
grâce à des relations interindustrielles verticales.
En outre,
l'absence de complémentarité et
d'harmonisation dans le développement industriel en Afrique
de l'Ouest,
a accentué la dépendance vis-à-vis des trans-
nationales et,
par suite,
l'hémorragie des ressources de la
~
sous-région en direction des pays développés.
Le nombre de transnationales présentes dans les
industries extractives,
la banque
(domaine
du financement),
les assurances,
l'industrie pétroli~re (exploitation et
prospection) ,
traitement
des aliments,
les ,transports
(notamment le transport aérien et maritime),
la construction,
le montage de véhicules,
la gestion hotelière,
le commerce
de détail,
voire dans les plantations agricoles,
est tout
simplement impressionnant.
Les tableaux suivants indiquent la présence des
transnationales dans certains pays ,de la CEAO.

-
683 -
-
Les transnationales présentes dans guatre
pays de la CEAO
(Niger,
Sénégal, Haute-Volta,
Côte d'Ivoire)
Tableau ~ 1
Le Niger
\\.
Type d'activité
( l )
capital
part nationale
part étrangère
(en mil-
total
secteur
total
France
lions FCFI
FCFA)
public
Industries extractives
huiles véC).? tales
et graisses
7 885
32 %
32 %
68 %
45 %
animales
865
45 %
38 %
55 %
-
Industries alimentaires
170
100 %;
98 %
-
-
Industries de la
boisson
577
7 %
-
93 %
83 %
Industries textiles
102
27 %
17 %
73 %
12 %
Industries chimiques
454
36 %
31 %
64 %
29 %
Matériaux de constr,
972
97 %
91 %
3 %
-
Industries mécaniques
152
100 %
55 %
-
-
Electricité et eau
2 300
100 %
-
-
-
Estimation du total
général
13 480
50 %
48 %
50 %
31 %
Source
: Les industries africaines en 1979
(1) compte non
tenu des agio-industries
(2)
compte non tenu des sociétés nationales sans capital
(OLANI,
abattoir frigorifique;
ONPPC;
ONERSOCO).

..:. 684 -
Tableau 92
Le Sénégal
capital
part nationale
part étrangère
social
(en
Type d'activité
millions
total
secteur total
France
,-
de FeFA
public
Industries extractives
9 862
50 %
50 %
50 %
36 %
Industries de trans-
formation
des
produits de la mer
l
712
60 %
10 %
40 %
39 %
Huiles végétales et
graisses animales
7 026
46 %
46 %
54 %
54 %
Agro-industries
9 645
8 %
7,5 %
92 %
92 %
Industries alimentaire c
2 544
23 %
17 %
77 0110
73 %
Industries de la
boisson
l
520
-
-.-.-
-
100 %
100 %
Industries du tabac
l
314
-
-
100 %
100 %
Industries textiles
3 358
23 %
23 %
77 %
77 %
Industries de
r.haussure s
l
155
-
-
100 %
-
Industries chimiques
5 345
11 %
3 %
89 %
70 %
Matériaux de construc-
tion
2 131
75 %
3 %
25 %
22 %
Industries mécaniques
2 855
11 %
2 %
89 %
86 %
Industries du pa pier
667
2 %
-
98 %
79 %
EJect ricité et eau
2 600
99 %
99 %
l %
l
%
Estimation du total
-
,
général
51 735
32 %
25 %
68 %
58 %
Source
Industrie africaine,
1979.

- 685 -
Tableau 93
Burkina-Faso
,
Nombre
capital
part nationale part étrangère
de
social
(en
Type
sociétés
millions
total
secteur total
France
d'activité
de FeFA)
public
'-
Agro-industriet
2
4 215
70 %
69 %
30 %
30 %
Industries
alimentaires
5
385
74 %
16,5 %
26 %
26 %
Industries de
la boissaon
2
l
125
20 %
-
80 %
80 %
Industries
du tabac
l
230
15 %
-
85 %
85 %
Industries
textiles
l
l
500
79 %
65 %
21 %
19 %
Industries de
' . '
la chaussure
l
112
35 %
-
65 %
34 %
Industries
mécani gues
4
340
50,5%
5,5%
49,5%
49,5%
Industries
chimiques
9
l
178
50,5%
4,5%
-
-
Industries
du papier
l
100
100 %
-
-
-
Matériel
de construction
2
82
100 %
41 %
-
-
Electricité
l
130
100 %
100 %
-
-
Estimation du
total général
29
9 398
61 %
43 %
39 %
36 %
,
Source
:
Industrie africaine en 1979.

-686 -
Tableau 94
.
La Côte ct' Ivoire
Part ivoirienne et étrangère dans le capital social
des sociétés industrielles
,
Nombre
capital
Type d' é:'l2tivité
de
social
part nationale
part étrangère
sociétés millions
total
secteur total
France
de FCFA)
public
Extraction de
minerais et de
minéraux
l
50
-
-
100 %
50 %
Minoteries
131
(1)
3 544
14,5 %
8,70%
85,5%
51 %
Conservation
et conditionne
['lent des
produits ali-
mentaires
21
10 225
41,3 %
31 %
58,7%
19 %
Boissons et
barres de
glaces
8
4 164
24,8 %
3,8 %
75,2%
42,5%
Fabricaiton
d'huiles
végétales et
graisse
animales
5
8 292
50,5 %
36 %
49,5%
40 %
Autres industries
alimentaires et
du tabac
10
13 712
94,3%
92,3%
5,7%
5 %
Industries
texti~es
,
et de
l'habillement
36
16 021
38,2%
25,5%
61,8%
28 %

-
687 -
1-
Nombre
capital
part nationale
part étrangère
l'ype d'activité
de
social(en
total
secteur
total
France
soc i été.!:
millions
public
de FCFA)
Industries de
cuir et de la
chaussure
13
684
0,7%
-
99,3%
50 %
Industries du
bois
108
10 000
24 %
-
76 %
55,5%
Raffinage du
pétrole et
fabrication
de sous-produits
3
2 170
29,5%
29,3%
70,9%
25 %
Industries
chimiques
51
5 560
25,5§
14,9%
74,5%
56 %
Industries du
..
caoutchouc
5
4 522
51 %
46,7%
49 %
49 %
Industries de
matériaux de
construction
19
2 418
32,6%
25,5%
67,4%
40 %
Acier et
transformation
des métaux
l
400
100 %
40 %
-
-
Construction et
réparation de
matériel de
transport
20
2 857
12 %
8,5%
88 %
86 %
Autres industries
mécani,ques et
électriques
40
4 472
23,8%
9 %
74,2%
21 %
Autres industries
79 ( 1)
2 048
58 %
35 %
42 %
21 %
(1) dont 67 imprimeries

-
688 -
Nombre
capital
part nationale
part étrangère
de
social(en
total
secteur
total
France
Type d'activité
société
millions
public
de FCFA)
,.
Electricité
et eau
2
3 902
74 %
58 %
26 %
26 %
Total général
553
95 031
44,66
33,01';.1
55,34% 33,98%
Source
Industrie africaine en 1979
En Côte d'Ivoire,
les firmes
étrangères
contrôlent 55,3 % du capital-actions des établissements
industriels,
.notamment dans
les industries extractives
(100 %), les
industrie s du cui r
et de la chaussure
(99,3%
les industries mécaniques
(88 %),
le raffinage du
pétrole et les produits connexes
(70,9 %l,
les industries
chimiques
(74,5 %l.
Au sénégal,
la mainmise des firmes étrangères
sur
les industries est encore plus
forte
(68 %l,
les
pourcentages les plus élevés étant dans
les industries
du cuir et de la chaussure
(100 % ,
la boisson et le
tabac
(100 %l,
les agro-industries
(92 %),
les industries
chimiques et mécaniques
(89 %
et des produits du papier
,(98 %l.

-
689 -
Dans les pays relativement moins industriali-
sés du Niger,
les firmes
étrangères contrôlent
les industries nationales à 50 %,
alors que ce pourcen-
tage est de 43 % pour le Burkina-Faso.
En ce qui concerne la quasi-totalité des
quatre pays en question,
c'est dans
les industries
extractives,
de la boisson et du tabac,
des textiles,
du cuir et
de la chaussure, des matériaux de construction,
des industries chimiques et mécaniques,
que la domination
étrangère est la plus nette.
La mainmise
persistante des transnationales
sur les industries des pays de la CEAO,
est préjudiciable
au bien-être économique de ces pays et au processus
d'intégration économique sous-régiQnale,
préconisée par
les Etats membres,
dans le but de limiter la dépendance
vis-à-vis des pays industrialisés du Centre.
Les
transnationales se concentrent dans les
industries qui utilisent des matières premières inter-
médiaires importées,
et
puisque ces ma tières premières
leur sont souvent fournies par leurs filiales,
les
industries d'Afrique de l'Ouest se prêtent trop facile-
ment à la fixation de prix de transfert,
ce qui constitue
une accélération de la dépendance et une exploitation.

690
Bien entendu,
il s'agit là de la pratique
habituelle des transnationales dans
le monde entier,
pratique
'qui ne fait qu'aggraver les difficultés de
balance de paiements que connaissent
·les pays de la CEAO
en particulier,
et l'Afrique,
en général.
Dans le domaine des industries extractives et
d'autres industries basées sur les ressources naturelles
(traitement du bois tropical dur en Côte d'Ivoire,
la
bauxite en Sierra Leone,
l'aluminium
au Ghana),
les
études effectuées par le groupe mixte CEA-Centre sur les
sociétés transnationales,
ont démontré l'importance des
fuites de capiraux,
qui s'expliquent
facilement par le
monopole que les transnationales détiennent de ces
industries
(1).
La domination des transnationales sur un
ensemble ~économies nationales est de mauvais augure pour
une réalisation des projets d'intégration économique pour
une moindre dépendance.
(1)
E/ECA/CTNC ll/1982,
les sociétés transnationales dans
la production et la transformation du bois dur tropical
en Côte d'Ivoire:
report ontransnational corporation
activity in the bauxite industry of Sierra Leone
(Document
de travail du groupe mixte CEA/ centre sur les trans
nationales,
n° 7)
the impact of transnational corporation
in the aluminium irydustry in Ghana,
(document
de travail

4,
1979)

-
691 -
Les causes de la faiblesse des échanges intra-
communautaires résident dans la nature des relations
imposées par le Centre,
dans l'étroitesse de leur marché
intérieur,
de la spécialisation,
de l'extraversion de leurs
économies et de l'absence totale de complémentarité de leurs
économies.
Cette
faiblesse des échanges intra-communautaires
a entraîné une forte dépendance de ces pays vis-à-vis de
l'extérieur en ce qui concerne les économies extraverties.
L'absence d'activité
complexe.
de transformation
et d'échange,
le caractère périphérique de leurs industries
en font des économies raccourcies,
sans avenir et sans espoir
de développement immédiat.
;

-
692 -
Conclusion du chapitre
La conclusion qui se dégage à travers ce
chapitre
démontre que la CEAO n'est pas,
a proprement parler,
un
--.
modèle de réussite d'intégration,
dont le but est de
limiter la dépendance des Etats de l'Afrique de l'Ouest vis
à-vis de l'extérieur.
Ce manque de réussite se démontre à travers la
faiblesse des échanges intra-communautaires,
et sa
structure commerciale et les causes évoquées de cette
faiblesse ,ne permettent pas à
la CEAO d'aider les Etats
membres à assurer l'alltomomie de leurs économies,
par
l'accroissement du volume des échanges intra-communautaires,
de création de capacité de production orientées vers les
Etats membres,
et de la répartitiop équitable des avantages
de l'intégration entre les pays concernés.
Ce mangue d'intégration effective s'est traduit
dans le fond,
par une accentuation,
au lieu d'une atténuation
de la dépenoance des Etats de la CEAO,
vis-à-vis des pays
capitalistes développés.
D'une manière générale,
la structure des échanges
entre les pays les plus avancés et les pays les moins avancés,
correspond aux
rapports classiques entre le Centre et la
périphérie,
avec importance croissante des ventes d'équipements,
diminution du poids des produits intermédiaires et
. création de situation pe dépendance accrue des pays les moins
avancés
(l'exemple de. la C~AO).

-
693 ~
Partant de cette constatation,
nous pouvons dire
que,
les diplomaties des dominants n'acceptent que des
associations de dominés qui ne leur paraissent pas
dangereuse~. Ceci est d'autant plus vrai que dans la
mesure où,
l'intégration des pays de la CEAO,
pour la
moindre dépendance,
s'est traduite par un regroupement de
pays africains,
spécialisés dans
la production de produits
donnés,
dans le but d'alimenter les industries des pays du
Centre,
ce qui
s'est soldé par une accentuation de la
dépendance,
au lieu d'une atténuation,
à travers la
spécialisation imposée de l'extérieur,
suivie d'une
extraversion des économies des pays de la périphérie.
Pour les pays de la CEAO,
la structure actuelle
de la production, des échanges et de l'industrialisation
est telle que,
leurs économies sont complémentaires,
non
pas,de celles de 1· urs partenaires de la CEAO,
mais de celles
des pays développés européens qui absorbent la majeure partie
de leurs échanges externes.
Dans un tel cadre,
llintégration économique
préconisée par les pays membres,
n'a plus pour but de limiter
la dépendance,
mais d'accroître la productivité
des
industries du Centre,
à travers
les ~xportations.
L'expérience de l'Afrique de l'Ouest est largement
analogue à celle des autres continents du tiers monde.

-
694 -
Cela démontre que la croissance extravertie n'est
pas le développement et ne peut pas contribuer à limiter
la dépendance mais à l'accroître;
en plus,
cette croissance
extravertie exige des changements structurels essentiels J
elle ne peut être qU'autocentrée et autodynamique
; elle
est aussi nécessairement inégale,
bloquée régulièrement,
en somme;trop lente pour éviter l'accentuation de la
dépendance des économies
des pays concernés.
Une des causes de l'extraversion des économies des
pays de la CEAO est l'absence de complémentarité manifeste
entre les industries des pays de
la CEAO,
ce qui est un
facteur néfaste pour une intégration,
dont le but est de
limiter la dépendance vis-à-vis des pays extérieurs.
Une question fondamentale se pose:
l'intégration
des pays de l'Afrique de l'Ouest dans une communauté
économique
(CEAO)
a-t-elle permis de limiter la dépendance?
A première vue,
l'intégration des économies ouest
africaines n'a pas limité ou atténué
la dépendance, bien
au contraire,
nous assistons à une accentuation de la
dépendance,
qui n'est que le reflet d'une politique mise en
place depuis la période coloniale.
L'intégration économique n'a guère progressé en
Afrique de l'Ouest,
encore que les tentatives de coopération
entre Etats membres de la sous-région remontent aux années
196ü
(période des indépendances).
1

-
695 -
Du fait que les pays de l'Afrique de l'Ouest ne
voient pas réellement l'intégration économique comme
le
seul moyen
viable de limiter la dépendance,
lutter contre
la misère constitue peut être l'obstacle essentiel à cette
intégration.
Tout porte à le croire: en effet,
les gouver-
nements n'appliguent pas les décisions relatives à la
coopération économique,
arrêtées d'un commun accord
(savoir
l'intégration pour la moindre dépendance),
ils n'hcnorent
pas leurs engagements financiers vis-à-vis de la communau-
té ou ils le font
irrégulièrement;
de plus,
s'ajoutent
l'absence,
dans
la plupart des pays de mécanismes centraux
de coordination des programmes et politiques relatifs à la
coopération
économique,
ainsi que la
tendance des gouver-
nements à méconnaître les objectifs ou programmes économiques
de la CEAO et à poursuivre des politiques économiques
d'autarcie nationaliste,
même lorsqu'ils ne doivent pas faire
face à une crise extraordinaire.
Tous les pays membres de la CEAO sont membres associés
de la CEE,
sous l'égide de la convention de Lomé II.
La
convention de Lomé II fournit une bonne illustration de
l'évolution des relations économiques entre
les pays du
Centre et ceux de la périphérie.

696 -
Il est évident que le régime de la convention de
Lomé est loin de correspondre à un nouvel ordre économique
international.
Il s'agit plutôt d'un arrangement sophisti-
0ué destiné à renforcer la structure de production et
d'échange actuelle des pays de la CEAü et,
partant,
à
accentuer la dépendance vis-à-vis des pays développés de
la CEE.
D'une manière générale,
l'intégration des
économies ouest africaines n'a pas permis de limiter la
dépendance,
mais au contraire a accentué la dépendance
vis-à-vis des pays développés du Centre.
A travers cette constation,
quelles sont les
perspectives de la CEAü pour la reconquête d'une
marge d'autonomie?
Nous allons l'étudier dan~ le troisième
chapitre.

-
697 -
CHAPITRE
III
LES PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DE LA CEAO ET
LA RECONQUETE DES MARGES D'AUTONOMIE
Dans l'histoire de l'humanité,
chaque qénération
s'assigne,
ou doit s'assigner,
sa propre mission.
Celle de la dernière génération d'Africains
consistait principalement à lutter contre la colonisation
afin de créer des
Etats-Nations indépendants.
La génération actuelle de dirigeants africains ont
pris l'initiative d'oeuvrer à la consolidation de
l'indépendance politique en encourageant la croissance et le
développement économique.
Ce qui frappe dans ces économies,
c'est que la
quasi-totalité des
pays vivent de
l'exportation de produits
primaires,
en direction des
pays développés à économie de
marché.
Alors que les exportations et les importations
restent très faibles
à l'intérieur des pays membres de la
CEAO.
L'objectif à atteindre a travers les perspectives
de développement économique des
pays de
la CEAO est la
reconquête des marges,d'autonomie.

698 -
Nou~ en
conviendrons que
l'analyse qui précède,
garde
somme toute,
un caractère statique,
en ce sens que les
problèmes des relqtions commerciales et leur organisation,
ont été expo~éssous l'angle des courants commerciaux. Cela,
dans le but de voir le degré d'intégration des économies de
la CEAO,
ou le degré de dépendance des pays membres de la
CEAO,
vis-à-vis de l'extérieur.
Cette analyse s'est soldée par la constation d'une
accentuation de la dépendance vis-à-vis des pays développés,
au lieu de contribuer à l'atténuation de cette dernière a
travers l'intégration économique des pays membres de la
CEAO.
La décision prise par les pays intéressés d'organiser
~
leurs relations commerciales futures,
comme toute politique
commerciale,
vise à renforcer et à favoriser le développement
économique des pays membres,
c'est-à-dire,
obtenir plus tard
le re~enu national per capita le plus grand possible, afin
que chaque agent économique puisse disposer du maximum de
biens et réaliser son bien-être social;
d'assurer une
surveillance plus stric~e du secteur extérieur afin qu'il
puisse répondre aux exigences de la transformation économique
intérieure.

-
69S -
Cette mesure est l'antithèse véritable de la politiq
de libéralisation des structures de commercialisation a
l'exportation et à l'importation; d'attaguer de front le
problème de
la dépendance économique,
c'est-à-dire d'assurer
un contrôle national sur 12s ressources minérales et leur
rythme d'exploitation et sur l'industrie.
Une telle mesure supposerait notamment le contrôle
et l'orientation des activit~s des transnationales,
en vue
d'atténuer les fuites des capitaux,
et surveiller étroitement
les activités du secteur commercial
; de
repenser
le système
d'encouragements socio-économiques,
afin de favoriser les
activités directement productrices.
A cet égard,
i l y a lieu d'élaborer une stratégie
d'industrialisation qui réponde au~ besoins de la
modernisation de
l'agriculture et des autres secteurs de
production.
Ce qui implique entre autre
le développement
soutenu de la production;
la promotion
des exportations;
l'industrialisation;
et la mise en place d'une autonomie
monétaire.
Parviendront -
ils à atteindre leurs objectifs a
travers
les perspectives de développement économique?
Nous
le saurons en étudiant
:
-
section l
-
les perspectives de
l'intégration
.de la prod~ction ;
-
section II - l e s perspectives d'autonomie monétaire.

-
700 -
Section l
-
Perspectives de l'intégration de la
production
L'intégration de la production est une politique
concertée de rationalisation de la production, dont le
fondement repose sur la négation même de la concurrence entre
les partenaires communautaires,
dans les domaines concernés.
L'intégration de la production peut être mise en
oeuvre selon deux modalités:
-
la première est celle de la spécialisation. C'est
la situation dans laquelle quelques partenaires de la CEAO ont
compétence
(naturelle ou attribuée)
pour fabriquer un produit
ou un groupe de produits pour l'ensemble du marché
communautaire.
Ils
jouissent alors d'urie sorte de monopole reconnu
et accepté,
étant pratiquement assures de ne pas se heurter à
une concurrence quelconque,
qe la part des autres partenaires.
-
la seconde modalité d'intégration de la production,
est celle de la co-production.
Deux,ou quelques partenaires
mettent en commun,
chacun un élément de force productrive
(matière première,
main-d'oeuvre,
etc . . . ) pour la fourniture
commune d'un produit qui sera naturellement destiné à
l'ensemble du marché communautaire.

-
701 -
Ce qui nous conduit a étudier d'une part,
la
5p~cialisation et la division du travail dans la
communauté économique de l'Afrique de l'Ouest
(CEAO)
; et
d'autre paf t,
les actions communes de co-producti on,
c'est
à-dire,
deux ou quelques pays créent une entreprise pour
desservir le marché
communautaire;
et enfin,
l'industria-
lisation comme base d'intégration économique des pays de la
CEAO.
A -
Spécialisation et division du travail
Les deux termes
"spécialisation" et
"division du
travail" sont complémentaires dans le vocabulaire des
économistes.
Ceux-ci ont toujours cons~déré la division du travail
comme devant servir de base aux échanges commerciaux.
A l'intérieur d'un groupe de pays,
la division du
travail est déterminée par des différences dans
les conditions
de production,
dans les avantages et' désavantages dont
bénéficie et souffre chaque pays.
Ces avantages peuvent être
absolus ou relatifs.
Il y a une première spécialisation,
ré~ultant des
avantages absolus ou relatifs donnés par la nature.
Certains pays disposent de dotations naturelles en
ressources du sol ou du sous-sol.
Leurs exportations de
produits primaires
(d'origine minérale,
végétale ou animale)-
correspondront alors à une certaine spécialisation naturelle.

-
702 -
Les produits primaires constituent d'ailleurs le
seul domaine de spécialisation naturelle.
Par contre,
la
spécialisation opérée sur la base de produits industriels
,
n'a rien de naturel
elle est toujours créée.
En effet,
on peut toujours transposer d'un pays à
un autre,
les facteurs de production industrielle
(machines
technologie,
savoir-faire,
etc . . . ).
Ceci étant,
la spéciqlisation naturelle ou créée
peut être opérée à un niveau vertical ou a un niveau
horizontal,
en prenant comme critères dimentionnels,
le
secteur primaire
(ressources du sol et du sous-sol)
et les
secteurs secondaires (industrie).
On parlera,
alors,
de spécialisation verticale,
lorsque ce sont les deux secteurs qui se trouvent concernés
en même temps dans les échanges: certains pays sont
spécialisés dans les produits primaires,
d'autres dans les
produits industriels.
Comme c1est le tas lorsque le Zaïre
exporte du cuivre vers
l'Europe pour recevoir des fils ou des
tubes en cuivre
.
La spécialisation verticale est une spécialisation
intrasectorielle.

-
703 -
On parlera de spécialisation horizontale,
lorsque
c'est un même niveau de production qui est concerné dans les
échanges:
ainsi,
certains pays sont
spécialisés dans telles
branches de
produits,
d'autres,
spécialisés dans telles autres
branches de produits.
Comme c'est le cas,
lorsque le Sénégal
exporte de l'arachide en Côte dllvoire pour recevoir du café-
cacao.
La spécialisation horizontale est une
spécialisation
inter-branches ou intersectorielle
(1).
C'est le commerce extérieur,
pour
être plus précis~
la structure des échanges commerciaux,
qui constitue le révélateur
du type de spécialisation en vigueur dans un ensemble
communautaire.
l
-
La spécialisation verticale
La spécialisation verticale se rencontre en zone de
préférence douanière en règle générale,
et plus exceptionnel-
lement en communauté économique.
(1)
une branche fabrique un seul et même produit,
un secteur
rassemble- toutes les unités de fonction ayant la même
activité principale.

-
704 -
Entre l'Europe et l'Afrique,
la zone de préférence
douanière est de type classique,
c'est-à-dire de type colonial,
domaine privilégié. de manifestéltion de la spécialisation
verticale et~~ui constitue même le fondement
(1).
La coopération Europe-Afrique a toujours été conçue
en termes de complémentarité entre la production agricole et
minière
de l'Afriyue et la production manufacturière de
l'Europe,
plus spécialement de la France
(2).
A l'intérieur du COMECON
(3),
la spécialisation vertical
est pratiquée sur une vaste échelle.
Cet état de choses tient,
bien entendu,
du caractère
socialiste de cette expérience
d'intégraiton et résulte d'une certaine évolution dans
l'histoire de cette organisation intergouvernementale
(OIG).
(1)
CEAO,
lntégration économique,
CEAO,
n° spécial,
se pt\\:: mb r e l 9 8 l
(2)
cf.
Marchés
tropicaux et méditerranéens,
n° du
17 février 1978
(3)
COMECON,
Council for Mutual Economie Assistance.

-
706 -
C'est dans la CEAO que le phénomène apparaît de la
façon
la plus nette,
du fait de l'existence de pays de savane
(Sénégal,
M~li, Niger, Burkina-Faso, Mauritanie) et de pays
de forêt
(Côte d'Ivoire);
Ce qui donne lieu a certaines spécialisations
(naturelles)
dans le domaine de la production agricole
arachide et coton dans les pays de savane
; café-cacao,
bois
dans les pays de forêts.
Nous notons aussi une certaine complementarité
dans le domaine de la production minière
:
phosphate du
Sénégal,
minerai de fer de la Mauritanie,
pétrole de la
Côte d'Ivoire,
par exemple.
Le secteur minier et agricole pourrait donc d'une
manière généraie,
constituer la base d'intégration de la
product i~n en Afrique de l'Ouest.
Il pourrait être le levier
central po~r la mise en
place dans chaque pays,
d'un type
donné d'industrie lourde,
dont la production aurait comme
débouché,
le marché africain dans son ensemble,
pour une
moindre dépendance vis-à-vis de l'extérieur.
Cela constitue une perspective d'intégration très
louable pour une moindre dépendance.

-
707 -
Mais,
malheureusement,
jusqu'à présent,
on se
trouve tenu à deux constatations
-
la pre~ière est que les expériences africaines
de coordinarton de
la mise en valeur des ressources minières
sont limitées ou inexistantes
-
la seconde est que les échanges inter-africains
de produits miniers et agricoles sont très faibles,
parfois
inexi~tants.S'il en est ainsi, c'est parce que la complémen-
tarité qui existe à l'état potentiel entre les pays de la
CEAO en particulier et l'Afrique en général,
dans le secteur
agricole et minier,
n'a
jamais été concrétisée dans des
stratégies d'intégration de la production.
Au contraire,
elle a été déviée au profit d'une
comrlémentarité entre les pays de
la CEAO dans
leur
ensemble et les pays d'Europe.
Pour l'essentiel,
les produits miniers africains sont
commercialisés et mis en valeur ailleurs que sur le
continent africain.
En d'autres
termes,
l'intégration verticale des
pays africains au capitalisme développé,
a
toujours
pris
le pas sur l'intégration horizontale des pays africains entre
eux.

_ 708 -
Ainsi,
on perçoit déjà pourquoi
l'intégration
horizontale de la production est pratiquement inexistante dan~
les regroupements économiques africains au niveau du secteur
industriel.
La faiblesse des échanges inter-industriels dans les
pays de la CEAO est
bien le signe d'une absence de spéciali-
sation industrielle.
A ce
propos,
lors de la réunion des Ministres de
l'Industrie de la CEAO à
Bamako,
Diaby ABOUBAKAR écrit
"une véritable intégration des systèmes productifs des
Etats de la CEAO sur la base d'un marché sous-régional
intégré,
ne pourra véritablement réussir que i i l'on
accepte entre autres
:
-
d'élaborer un plan sous-régional de dévelop-
pement industriel q~i prenne compte des plans reg10naux
-
en harmonisant au mieux,
les codes des
investissemerlt5 j;
- en choisissant des projets industriels dont on
décideradelalocalisation dans l'espace sous-régional,
en
fonction_d'une part des critères de coûts et avantages
comparatifs et d'autre part,
de l'intensité des effets
d'entrainement,
de fonctionneme~tet des effets de
diffusion qu'ils sont susceptibles de générer dans
la sous-
région

_
709 -
- En choisissant des
projets .qui soient capables
d'accroître la dynamique symbiose entre l'industrie et
l'agriculture,
afin de
réduire la dépendance des
pays
membres.
Nos industries doivent être complémentaires
et non concurrentes.
Nous
devons rechercher des industries
industrialisantes,
dont les
projets de réalisation seront
objectivement évalués,en tenant compte des hypothèses hautes
et
basses.
Nous pensons que la réunion ministérielle,
permettra d'aller loin dans les études,
afin d'aboutir à
une spécialisation industrielle et assurer à la CEAO une
bas e sol ide"
(1).
Le modèle d'industrialisation en vigueur dans les
pays de la CEAü en particulier et l'Afrique en général,
est
basé sur l'industrie légère.
Chaque pays tente de se doter d'industries alimen-
taires,
textiles,
d'usines de montage,
etc . .. , de petites
dimensions et adaptées au SP111
marché local.
Si bien
qU'on trouve un peu partout dans
les pays membres de la CEAO
les mêmes industries.
(1)
déclaration faite par les Ministres de 1'1 ndustrie de la
CEAü à Bamako,
repris par Diaby ABüUBAKAR,
voir
Fraternité matin du
jeudi
11 octobre 1984,page 26.

710 -
Actuellement,
pratiquement chaque Etat africain est
doté d'une raffinerie de sucre,
alors que
pendant la
période coloniale,
le marché africain francophone dans son
ensemble,
é~ait couvert par trois usines implantées au
Sénégal,
au Congo et à Madagascar.
C'est cette situation qui nous a me ne a avancer
dans notre étude q u e :
les économies des pays de la CEAO
ne sont pas complémentaires,
Or,
la complémentarité
industrielle n'existe
jamais à l'état naturel,
elle est
toujours créée.
Cependant,
l'économiste B.
BALASSA a tenté dans
une étude
(1),
de déceler des
avantages comparatifs au niveau
des industries légères entre le Sénégal,
le Mali,
la Côte
d'Ivoire.
Usant de méthodes économétriques d'estimation,
l'auteur en arrive à des résultats comme celui-ci:
la
rentabilité des industries manufacturières est plus élevée
au Sénégal qu'Au Mali.
Ce qui est évident compte tenu de
l'héritage.colonial" d'un pays comme le Sénégal,
qui avait
reçu l'essentiel des
infrastructures matérielles et
culturelles surtout avec la mise en oeuvre du programme
du F IDE S !2} à
par tir des an née s
l 9 4 6 .
(1)
Bela BALASSA, Avantages comparés et perspectives de
l'intégration écono~ique en Afrique de l'Ouest.
communication présentée au colloque sur l'intégration
en Afrique de l'Ouest,
tenue à Dakar du 28 màrs au 2 avril
1978
(2)
FIDES,
Fonds d' Investissement pour le Développement
Economique et S Jci al d' Ou tre Mer.

711 -
L'auteur ne se contente pas d'ailleurs de dresser
des constats,
il
formule aussi des suggestions voilées
"le Sénégal es t. bien pl acé pour l .' ex porta t ion de
produits émaillés et la Côte d'Ivoire pour l'exportation
de produits de menuiserie et de lits
métalliques".
En réalité,
ce type de recherche empirique a
prétention scientifique,
s'inscrit de pl in-pied dans le
cadre des expertises économiques de la "banque mondiale"
les pays africains doivent se cantonner dans les industries
légères de transformation.
Nous pensons,
au contraire, que la prolifération
des industries légères de transformation constitue un
obstacle à l'intégration économique dans les pays de la
CEAO,
et une accentuation de la dépendance vis-à-vis de
l'extérieur.
Au
Sénégal, ce n'est pas un hasard si les
principales industries exportatrices
(sur les marchés
africains)
ont été les seules
industries lourdes du
pays: ciment,
matériel agricole,
pétrole raffiné,
etc ...
Pourtant la commission économique des Nations
Unies pour l'Afrique
(CEA)
avait en 1966,
fait des
propositions d'implantations industrielles dans les
différents pays de l'Afrique de l'Ouest
. (1)
industries
mécaniques,
ind~stries électriques, .etc ...
(1) Les industries mécaniques et électriques en Afrique de
l'Ouest: Commission économique
pour l'Afrique,
E/CN
14/INR/126 septembre 1966.

-
712 -
Cette étude qui a été réalisée avant la création
de la CEAO,
pourrait bien servir à celle-ci comme cadre de
réflexion pour élaborer des projets rationnels de
localisati0n industrielle dans la sous-région de
l'Afrique de l'Ouest;
de façon a ce qu'aucun pays membre
ne soit tenu à l'écart du phénomène d'industrialisation.
Malheureusement,
i l faut bien reconnaître que
ce sont les firmes étrangères et non les gouvernements
des pays africains qui décident des implantations indus-
trielles sur telle ou telle partie du continent.
Une stratégie d'intégration de la production par
voie de spécialisation ne peut avoir pour maîtres-d'oeuvre
que des gouvernements,
dans le cadre d'un plan concerté
elle implique par conséquent,
des éhoix économiques et surtout
politiques,
auxquels les
,gouvernements africains actuels ne
semblent guère disposés dans leur grande majorité.
B -
Les actions communes de co-production
L'intégration de la production ne se réduit pas aux
accords de spécialisation.
Elle s'étend aussi aux actions
communes de production,
entreprises sur la base d'une
complémentarité que justifie la dotation inégale des pays
en ressources naturel~es : matières premières agricol~set
minière~ ressources financières,
ressources techniques,
etc ...

-
713 -
Au niveau des pays socialistes,
l'idée d'actions
communes de co-production est même antérieure à la création
du COMECON.
~l faut dire que les structures socio-économiques
de ces pays s'y prêtent bien.
C'est ainsi que dès 1947,
la Tchécoslovaquie et la Pologne
(encore dirigés par des
gouvernements d'union nationale)
avaient décidé de mettre
sur pied un réseau commun de distributi on électrique.
La Hongrie et la Yougoslavie aussi avaient formé
un accord selon lequel,
la Yougoslavie devait fournir de
la soude caustique,
acheter de la bauxite hongroise,
la
Hongrie devant se charger d'installer en Yougoslavie des
usines de fabrique d'aluminium.
Malheureusement,
la polit~que stalinienne du
"compter sur
ses propres forces"',
adoptée dans la plupart
de ces pays devait mettre fin à
ces tentatives.
Ce n'est
qu'après
la mort de Staline,
qu'elles furent reprises et
concrétisées
(1)
-
en 1954, démarre le réseau d'energie
'électrique
unifiée entre la Tchécoslovaquie et
la Pologne,
la même
année,
la Hongrie s'engage avec la_Roumanie et la
Tchécoslovaquie pour la construction d'usines d'aluminium,
etc . . .
'(1)
Michael SENINE,
l'~ntégration socialiste, ed. Moscou,
1975, cité par Makhtar Diouf,
dans
Intégration
économique,
perspectives africaines,
éd.
africaines,
Paris 1984,
p.
252.

-
714 -
-
en 1959,
la Pologne et la Hongrie créent la
société IIHALDEX" qui traite du charbon polonais à partir
d'un procédé spécial mis au point par· des ingénieurs hongrois
etc . . .
Dans
la CEE,
les actions commune$ de co-production
sont assez rares.
Onles trouve dans le
domaine de la
photographie
(Agfa Gevaert constituée de capitaux belges
et 'allemands)
et surtout dans le domaine de l'aéronautique
(air bus,
concorde)
et du spatial
(Ariane).
Mais chacun a encore en mémoire la concurrence
effrenée que se livrèrent Français et Allemands lors de la
conceptiœndu système de télévision en couleur
;
la mise au
point parallèle d'un projet français
(SECAM)
et un projet
..
allemand
(PAL)
n'a certainement pas obéi à des motifs de
rationalité.
Il faut dire que dans
la CEE,
on trouve d'autres
exemples d'absence de coopération communautaire dans
l'industrie:
c1est le
cas dans le secteur de l'automobile,
lorsque la firme française 5IMCA est rachetée par la firme
américaine CHRY5LER,'sans
que les constructeurs européens
se manifestent.
Mais surtout,
dans le secteur de pointe comme
l'informatique,
où la firme française BULL est passée suc-
cessivement entre les mains de deux
géants am~ricains :
Général Electric,
d'abord en 1964,
puis Honeywell en 1970.

-
715 -
Ce qui a amené un spécialiste de la CEE à écrire:
le secteur de l'informatique paraît donc bien jusqu'à
maintenant au n~veau européen,
le secteur des occasions
manquées"
(1).
Dans le domaine africain,
le système de co-
production a été tenté i l y a quelques années,
avec la
raffinerie de pétrole de Port-Gentil
au Gabon
: le gouver-
nement gabonais détient un quart des actions,
les autres
partenaires de l'UDEAC se répartissant un quart des parts
des actions,
le reste étant constitué par des capitaux
privés français.
Depuis 1973,
le gouvernement gabonais est devenu
le seul actionnaire africain de la société en ne
détenant
d' ai lleurs toujours que 1 e quart ~des act ions.
Pourtant ce ne sont pas les possibilités objectives
de co-produciton qui font défaut en Afrique,
compte tenu de
la
diversité des ressources naturelles d'un pays à l'autre,
et de l'étroitesse des moyens financiers
au niveau d'un seul
pays.
Mais
on constate çà et là,
des implantations
industrielles non seulement
incompatibles avec l'esprit com-
munautai re
, mais encore défiant toute rationalité
économique.
(1)
P.
MAILLET, ~a construction européenne~ PUF,
Paris
1975,
p.
72.

-
716 -
Le partenaire financier sera non pas un Etat
africain,
mais un actionnaire privé étranger,
la matière
première n'étant pas disponible sur place,
sera importée.
Les indus~ries de ciment et du sucre en sont des illustra-
tions édifiantes.
Le ciment peut être fabriqué directement sur
place à partir de gisements de calcaire et d'argile, ou
bien à partir du broyage d'un produit semi-fini.
le
clinker, qui peut être acheté.
En Afrique de l'Ouest francophone,
trois pays,
le Sénégal,
le Togo et le Mali disposent de gisements
importants de calcaire.
Des cimenteries existent donc dans
ces pays.
Mais,
un pays comme la Côte d'Ivoire qui n~
dispose d'aucun gisement,
a néanmoins mis en place trois
usines
de broyage de clinker qui est importé de
France et d'Espagn~.
N'aurait-il pas été plus rationnel que l'ensemble
du marché de la CEAO soit approvisionné à partir de cimente-
ries localisées auprès des gisements de calcaire sur la base
d'un système de co-production pour le financement des
investissements? La même politique
d'implantations
irrationnelles existe dans l'industrie du sucre,

'.
-
717
Entre la France et le premier groupe de pays,
existent un accord de coop~ration et une ~onvention
de compte d'opération par lesquels les Etats de l'UMOA
s'engagent à~centraliser leurs avoirs en devises et
autres moyens de paiement internationaux,
auprès du Trésor
Français.
(1)
Le second groupe de pays,
la périphérie,
est lié
a la France par des accords de coopération et de compte
d'avances au terme desquels la France peut leur consentir
des avances de trésorerie ou de caractère monétaire (2).
La Côte d'Ivoire,
le Burkina-Faso,
le Niger,
le
Sénégal forment ~vec le Togo et le Bénin ce que le groupe
d'étude du comité sous-régional de l'Afrique de l'Ouest,
de l'association des banques centrales ~fricaines, 'a appelé
imparfaitement (3)
la
"zone Franc de l'Afrique de l'Ouest".
Ces pays,
poursuit le rapport du groupe d'étude,
utilisent la
même monnaie et n' ont pas de ce fai t
des difficu-l tés de
paiements les uns avec les autres.
(1)
cf. Accord de coopération,
art.
3,
UMOA,
Dakar,
décembre 1973
(2)
M.
BYE, Relations économigues internationales,
Dalloz,
Paris,
1971,
p.
814
(3)
nous disons imparfaitement,
parce qu'il n'existe pas, semble
t - i l , 9'obstacles maj;8urs à la convertibilité,
ni un système
homogène de contrôle de change dans
les relat~ons de ce
groupe de pays avec l'extérieur.
cf.
rapport du groupe
d'étude sur la création d'un système de compensation
entre les Btats membres du comité sous-régional,
adopté à
Accra
(Ghana)
en mai 1974,
p.
3

_
718 -
Le diktat apparaît sans ambiguité
:
les Etats
africains doivent choisir entre
demeurer dans la zone
Franc
et en sortir,
le réaménagement souhaité étant,
enfin
de compte sans objet.
La souveraineté n'est pas une fin
.en soi.
Mais,
elle a le mérite de permettre à un pays d'user de sa
liberté de décision d'être moins dépendant·de l'extérieur,
si importante dans les choix économiques stratégiques
qui
permettent la genèse de nouvelles structures économiques et
sociales.
Or,
comme l'affirme,
F.
PERROUX:
"Cette souveraineté nationale qui implique en
principe l'indépendance s' évanoui t
si,
économiquemen t,
les gouvernements ne peuvent choisir une fonction d'objectif
et favoriser,
pour la mettre
en oeuvre
un agencement de moyens
à la disposition des nationaux et de l'Etat"
(1).
Et parmi ces moyens,
la politique monétaire est une
carte maîtresse.
Mais,
comme le demandait avec beaucoup de
justesse,
Jacques RUEFF,
"
quelle liberté de décision peut
être celle d'un pays dont les réserves monétaires,
instruments
et conditions de la con~ertibilité de sa monnaie,
sont en dépôt
à l'étranger"?(2).
(1)
F.
PERROUX, Jndépendance de la nation et interdépendance
des nations,
Aubier-Montaigne,
réédition,
UGE,
10/18,
Paris
1971,
pp.
63- 6 4 ._
(2)
J.
RUEFF,
cf.
le Monde,
du 14/2/1970.

-
719 -
Au nombre de celles-ci,
nous pouvons citer avec
M.
BYE
(1),
le coat des dévaluations françaises sur les
pays de la zone Franc qui les subissent,
le coat des
pressions ,inflationnistes françaises dont
les effets
s'étendent à toute la zone Franc,
les charges des
hausses des taux de l'intérêt intervenues depuis quelques
annees en Europe,
les transferts de capitaux.
Les tentatives d'intégration économique suscitent
beaucoup d'espotTs
en Afrique,
non seulement au niveau des
dirigeants
politiques,
mais aussi chez une fraction
croissante des populations,
surtout en Afrique de l'Ouest.
L'intégration est comprise comme stratégie
d'autonomie collective susceptible de permettre aux pays
africains de se désengager
du marché mondial,
de se
soustraire à l'échange inéga~, d'être moins dépendant du
marché mondial.
Et certains ne sont pas loin de voir dans
l'intégration une recette miracle de développement accéléré.
Sur cette base,
Mamadou DIARRA
(2)
préconise une
réforme du régime monétaire,
qui concerne autant la
souveraineté monétaire~e
chaque Etat pour renforcer sa
responsabilité dans la gestion économique,que le maintien
d'une solidarité monétaire entre les Etats membres de la
CEAO pour assurer la garantie de la monnai~ commune.
(1)
.M.
BYE,
Relations économiques internationales,
Dalloz
Paris 1971,
p.
826
(2)
Mamadou DIARRA,
Les Etats africains et garantie
monétaire de la France,
NEA,
Dakar,
1972,
76 pages
pp.
61-68

Le but fondamental recherché est d'accroître
la r2sponsabilité des
dirigeants politiques africains,
en ce qui concerne l'utilisation de l'outil monétaire dans
leurs politiques de développement.
Ce qui
réduirait leur
impéritie et leur infantilisation actuelle en la matière.
En effet,
a partir du moment où la parité de
chacune des monnaies nationales serait le reflet de la
situation économique réelle de chacun des Etats,
on peut
penser raisonnablement que les gouvernements ne pourralent
plus se bercer d1illusion.
La réalité des conséquences de leur politique
économique leur apparaîtrait en sa vraie nature,
et le
laxisme actuel ne serait plus de mise,
car les risques
politiques qui en résulteraient pourraient mettre en cause
certaiens régimes politiques,
Au niveau communautaire,
H.
DIARRApropose la
création d'un fonds de réserves ou une union de paiements(l)
dont les fonctions essentielles concerneraient
"1"
la coordination des politiques monétaires des
Etats-membres de l'union monétaire
( l )
M.
DIARRA,
op. ciL,
p.
69

-
721 -
2 0
la gestion de la mohnaie commune· qui serait
utilisée comme unité de compte.
Pour en assurer la
convertibilité,
le fonds disposerait des réserves de
changes
de l'union,
dont la contrepartie,
en unités de
'.
compte serait individualisé pour chacun des pays membres
3 0
la représentation commune dans
la négociation
de différents accords financlers
(allocations de DST,
accords
avec le FMI,
etc . . . l
4 0
l'octroi de crédits aux Etats débiteurs,
sans
que cela soit préjudiciable aux
accords bilatéraux ou multi-
latéraux entre les Etats souverains.
Les mOdqlités d'intervention de fonds
peuvent être
envisagées de deux manières
soit,
comme actuellement,
par
l'entremise d'une institution extérieure,
dans le cadre des
accords de coopération,
soit de façon autonome . .
Le premier cas ne serait pas différent du système
actuel du compte d'opérations.
Mais,
les inconvénients en
seraient atténués par le renforcement des possibilités
. <;l'action et de
la responsabilité monétaire des dirigeants
politiques.
Dans lq seconde hypothèse,
par
contre,
le fonds
agirait de façon autonome.
Ce qui
impliquerait des négociations
directes avec le FMI d'une parité officielle de la monnaie
commune.
Enfin,
i l conserverait ses réserves de change dans
'la ou l~s monnaies de son choix"
(1).
(1)
M.
DIARRA,
op.
cit.,
pp.
72-75

-
722 -
Une telle réforme,
ne mettrait pas en cause le
maintien de la coopération franco-africaine,
pas plus que les
accords passés avec les pays du Maghreb
(ouvertures de comptes
d'avances)
~'avaient remis en question la coopération entre
ces pays et la France.
Certes,
elle n'est pas une panacée miracle des
problèmes des pays africains,
membres de la CEAO,
mais elle
mérite,
entre autres choses,
de donner aux dirigeants
africains,
des possibilités d'action accrues,
leur
permettant d'assumer pleinement les risques attachés au pari,
de développement par l'intégration,
pour atteindre une
moindre dépendance.
Par ailleurs,
elle permettrait,
par une
politique
judicieuse d'investissements et de crédits,
de dégager
le complément de capital qui fait actuellement défaut a ces
pays,; ce qui pourrait contribuer à la réduction
progres~ive des papports de capitaux étrangers.
,
Enfin,
elle rendrait possible,
grâce a un
réaménagement du système bancaire,
de manière à l'intégrer
aux structures financières de l'Etat
{d'en faire l'instrument
privilégié de sa politique économique et financière},
la
création par les autochtones des petites et moyennes
entreprises,
utilisant les experts locaux,
assurant leur
transformation et leur co~mercialisation,dans la perspective
d'une véritable intégration économique,
capable d'atténuer la
dépendance des pays de la CEAO.

723 -
CONCLUSION
De l'analyse qui pr~cède, il ressort que l'int~gra-
tion monétaire qui doit être le pendant de l'int~gration
économique,
pour la reconquête des marges d'autonomie,
est encore à faire.
~
Car,
malgré la relative stabilité monétaire que
ces Etats connaissent,
il apparaît manifestement que
celle-ci n'est pas le
reflet fid~le de la politique
économique.
L'africanisation des institutions mon~taires de
l'Afrique occidentale revêt une signification particuli~re,
car l'UMOA a ét~ constituée
sans r~f~rence expresse aux
caract~res traditionnels de la zone Franc.
L'autonomie d'orientation de la politique
monétaire de l'UMOA et la possibilit~ de bén~ficier d'un
compte d'opérations débiteur a~près des tr~sors français
caract~risent conjointement l'int~gration mon~taire de cette
région d'Afrique.
Aux ~l~ments d'appr~ciation diun recentrage insti-
tutionnel, -s'ajoute un désir d'indépendance monétaire des
Etats membres de l'UMOA,
dont la CEAO fait partie.

-
724 -
Les réformes qui ont aménagé en 1972 et 1973 les
institutions
monétaires de l'Afrique occidentale et de
l'Afrique centrale,
permettent
la mise en
oeuvre d'une mo-
âification
de parité de change pour chaque franc africain,
sans que l'accord juridique de la france soit requis,
comme
sous les conventions antérieures.
Toutefois,
une telle mesure,
dans chaque union
monét~ire exige l'unanimité des Etats membres de la zone
d'émission.
La diversité qui caractérise les économies
africaines intégrées dans la zone franc,
constitue alors
la principale difficulté d'une modification de parité, dont
l'intérêt n'apparaît pas également à tous les intéressés.
Le souci de ne pas sacrifier l'union monétaire aux
aléas d'une redéfinition du change,
conduit les autorités à
renoncer en fait,
à l'utilisation ce celle-ci comme instrument
de la politique économique.
Dans cette perspective,
la zone Franc constitue une
sorte d'assurance tous risques pour les dirigeants politiques
africains.
Pour une intégration économique plus cohérente,
une réforme plus hardie du système monétaire actuel s'impose.
D'une manière générale,
l'intégration économique
à travers l'autonomie monétaire intégrale,
n'a pas atteint
-
les résultats escomptés,: c'est-à-dire,
la reconquête
des-
marges d'autonomie.

CONCLUSION GENERALE
ET RECOMMANDATIONS

-
725 -
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
Nous avons
tenté,dans notre étude,
de procéder
a une analyse d~ développement
économique des pays africains
de l'Ouest
dans
le cadre de la création de la Communauté
des' Etats de l'Afrique de l'Ouest
(CEAO)et de voir
dans
quelle mesure
l'intégration,dans
le cadre de la
Communauté ~conomique, pouvait contribuer à limiter la
dépendance des pays concernés
vis-à-vis des pays
industrialisés du centre.
Ce qui est certain,
c'est
que l'intégration
économique des pays africains pour la moindre dépendance
.
.
n'a pas empe~he
une accentuation de la dépendance vis-à-
vis de l'extérieur,
à
travers:le faible degré d'intégration
entre les pays de la CEAO
;
la faiblesse des échanges
intra-CEAO
la spécialis~tion et
l'extraversion de
l'économie
;.
l'absence de complémentarité entre les
économies des pays membres de la CEAO
; 'le développement
inégal des écono~ies ;
l'accentuation de la dépendance
alimentaire vis-à-vis de l'extérieur,
due à l a priorité
accordée aux cultures d'exportation
et au
faible degré
d'industrialisation;
etc . . .
Le développement économique réel,
c'est-à-dire
autocentré,
n'est p~s possible
dans
les
limites exigUës
des micro-Etats africains.

727 J
transférer et d'adapter des
techniques et des procédés
qui donnaient à l'Europe des
résultats
très encourageants(l)".
Aussi,
a-t-on pu dire,
non sans
,
raison,
que
"l'Europe des b ix"
a engend ré la CEAO,
son él argissemen t
a
seize
membres
ayant donné laCEDEAO
(2).
Il est tout à fait
atgnificatif que
la CEAO se
donne un délai de douze ans pour réaliser l'~nion Douanière,
exactement comme la CEE.
Le résultat est que les expériences africaines
d'intégration économique
tou~nent constamment autour de
problèmes de désarmement
douanie~de zone de libre échange,
d'union douanière, .. de problèmes plutôt spécifiques à
l'intégrationde pays capitalistes dévelo ppés,
et qui ne
permettent pas de dépasser l'horizon de l'intégration des
marchés.
C'est une telle déma~che que critiquait
François PERROUX;
"Emprunter la théorie de l '
nion
ouanière aux expériences occidentales et la transposer
aux
répl)bliques
africaines dl expression française,
c' est
méconnaître la réalité
(3)".
-~"
( 1)
cf.
J.
DAVID,
A.
A H GUI LL·E • 0 e . c i t .,
p .
5
(2)
remarque judicieuse faite par le
juriste français
J . C.
GAUTRON,
lors du colloque sur "l'in tégra tion en-
Afrique de l'Ouest"!,
tenu à l'université de Dakar,
du 29 mars au 2 avril 1978.
(3)
F.
PERROUX, L1économie des
jeunes nations,
PUF,
Paris 1962,
p.
168.

- 728 -
En effet,
si
la suppression des barrières douanières
entre la France et l'Allemagne peut entraîner un dévelop-
pement des échanges entre ces deux pays,
i l n'en va
pas
de même
en Afrique.
Le facteur principal de blocage du commerce
interafricain
n'est pas de nature douanière.· Il
tient
principalement à trois facteurs
:
la dépendance verticale de
des pays africains à l'égard
de la CEE et en particulier
de la France;
l'insuffisante complémentarité;
l'insuffisance
de réseaux de transports (routiers et ferroviaires)
entre les
pays africains en général et la CEAO
en particulier.
Cette situation a
toutes les chances de se
maintenir
tant que ne seront pas entreprises des stratégies
d'intégration de la productiop
pour la valorisation
interne
(communautaire)
des richesses naturelles de l'Afrique.
C'est l'allégeance trop marquée envers l'Europe,
surtout envers 1~ France, qui explique que. pendant long-
temps,
les Etats africains n'ont pas été en mesure
d'envisager des expériences d1intégration économique en
dehors des cadres géographiques mis en place par les
puissances coloniales.

-
726 -
Les expériences d'intégration économique des pays
africains,
y compris de laCEAO,
sont
toutes calquées sur le
·modèle de la Communauté
Economique
Européenne
(CEE).
Les
textes qui régissent la CEAO,
tout comme
(a)
l'UDEAC,
ont été confectionnés par des technocrates de
Bruxelles
(souvent anciens fonctionnaires de l'administration
des Douanes).
L'un d'eux,
Jacques DAVID,
avait déjà tracé les
grandes ligne~ de la CEAO dans un ouvrage publié il y a
quelques années
(1).
Bien que cette étude trait~ plus particulièrement
de
"UDEAC~,a)on y trouve tou te la terminologie technique
utilisée dans les documents officiels
de la CEAO :
"Les
produits du cru
qui circulent librement;' la "zone d'échanges
organisée",
le
« développemen t
économique concerté",
etc . . .
«qui n'est pas
tout à
fait une union douanière» (2).
L'auteur ne cache d'ailleurs pas son enthousiasme
pour le Marché Commun européen,
considéré comme une réussite
et qu'il
présente comme un modèle d'intégration:
"il était
inévitable qu'un év~nement de cette importance apparaisse tout
naturellement
comme une
recette de prospérité économique
et que les gouvernements africains,
si préoccupés de leur
développement économique,
recherchent les moyens de
( l ) J . DAVID, h. A' NGUI ~ LE' , ~'Afriqüe sans frontière, ed.
Bory __ Monaco,
1965
(2)
J .
DAVID,
A; ANGUILLE
op.
ci t . ,
pp.
14-17
(a)
v 0 i r
sigles page 902

-
729 -
La fédération. de l'AOF a donné lieu a l'Union
douanière de
l'Afrique de l'Ouest
-(l'UDEAO),
puis à la
Communauté Economique de l'Afrique de l'Ouest
(CEAO)
l'union douanière de l'Afrique centrale
(UDEAC)
est le
prolongement de l'ancienne fédération de
l'AEF,
etc . . .
Une autre
caractéristique de l'intégration
africaine
est la hantise du développement inégal des Etats
ce qui contribue à freiner considérablement le processus
d'intégration économique
pour la moindre dépendance.
Cette crainte n'est pas dénuée de fondement.
En
effet,
en vertu de quelle nouvelle logique de l'économie
de marché
les capitaux extérieurs
(sur lesquels on compte
beaucoup)
iraient-ils s'investir ailleurs que là où le taux
de rentabilité est le plus élevé,
compte tenu de l'infras-
tructure matérielle et culturelle mise en place depuis la
période coloniale ?
De quelle autorité .disposent les instances des
communautés économiques africaines en général, et~ ~CEAO
en particulier,
pour imposer une ré-orientation des flux
d'investissement industriel en direction des pays enclavés?
En plus,
i l n'est guère établi que l'investissem ent
extérieur soit porteur de développeme~t économique et
social dans les pays qui en bénéficient,
mais
tout
simplementetcontribue ,à accentuer la dépendance des pays
concernés vis-à-vis de?' pays industrialisés.

-
730 -
Dans l'immédiat,
la politique d'intégration
économiqu~ telle que conçue, coûte cher aux Etats africains,
compte
tenu de
l~ prolifération des OIG (organisations inter-
gouver nemen tales),
surtou t
en Afrique de l ' Oues t'
et de leur
inefficacité.
Le
tableau suivant
illustre cette situation.
Datesde création deB OIG
en Afrique de
l'Ouest
nom de
date de
nbre
total
nbre de membres
appartenant
à
membres
l'organisation
création
de membres
l'Afrique- Ouest
-A-
-OIG Multi-
latérale ouverte
uniquement aux
. pays africains
de
l'Ouest
l-Conseil de
Benin,
Côte
l'Entente
1959
5
5
d'Ivoire,
Burkina
2-0rgariisation
Niger,
Togo,
de
C::>ordination
Bénin,
Côte
et de Coopéra-
d'Ivoire,
tion
pour la
1960
8
8
Burkina,
lutte
Contre le
Mali,
Mauri-
les
Grandes
tanie,
Niger,
Endémies(OCCGE)
Sénégal ,Togo
3-Bque Centrale
Bénin,
Côte
Çles Etats de
d'Ivoire,
l'Afrique de
1962
6
6
Burkina-, Niger
l 'Ouest (BCE.ll,O)
Sénégal,Togo

-suite-
-
731 -
nbre de
nom de
qate de
nbre
total
rrernbresl
appartenant
membres
l'organisation
création
de membres
àl'Afrique
• Ouest
9-Bgue Ouest-
Bénin ,Côle d'Ivoire
Africain-e de
1972
6
6
Burkina-Faso,
Développement
(BOAD)
Nige r ,Sénégal,
TOQO
lü-Communauté
Gambie,
Ghana,
Sanitaire de
1972
6
6
Guinée,Libéria
l'Ouest Africain
.
,
-
.
1
N~ger~a,S~erra
le.
Leone
S.O.A.)
ll-Union du
Guinée,Libéria
Fleuve Mano
1973
3
3
Sierra Leone
'
l2-Union Monétaire
Bénin,
Côte
Ouest
Africaine
1973
6
6
d'Ivoire,
(UMOA)
Burkina,Niger
Sénégal,Togo '
13-Communauté
Bénin,
Cap-vert
Economique des
Côte d'Ivoire,
Etats de l'Afrique 1975
16
16
Gambie,Ghana,
de l'Ouest
(CEDEAO
Guinée,Guinée-
Bissau " Burkina,
Libéria,Mali,
Mauritanie,
Niger,Nigéria,
Sénégal,Sierra
Leone,Togo
14-Chambre de
Bques centrales
Compensation
des 6 pays mbres
de l'Afrique de
1~75
15
15
de BCEAO,Gambie
l'Ouest
Ghana,
Guinée,
Guinée-Bissau,
(C. C· A.O·)
Libéria,Mali,
Mauritanie,
Nigéria,Sierra
Leone

-
732 -
nom de
date de
nbre
total nbre de membres
appartenant à
membres
l'organisation
cçéation
de membres
l'Afrique- Ouest
1
15-0rganisation
Pour la Mise en
1978
3
3
Gambie,
Valeur du
Sénégal,
Fleuve Gambie
Guinée
- B-
-OIG Multi-
latérales dont
la moitié des
membres au moins
appartiennent à
l'Afrique de
l'Ouest
l6-organisation
Congo,
CI,GambiE
internationale de
Ghana,Burkina,
lutte contre le
1952
17
17
Mali,Mauritanie.,
criquet migrateur
Niger,Nigéria,
en Afrique(OICMA)
Ouganda,Rep.
unie du Camerour:
Rep.
Centrafri-
caine,Togo,
Sénégal,Sierra
Leone,
Tchad,
Zaïre, .
l7-Association pour
Bénin, CI, Congo,
la Sécurité de la
Gabon,Burkina,
Navigation Aérienne 1959
14
8
Madagascar,
en Afrique(ASECNA)
Mali, Maur i tanie,
Niger, Cameroun,
Centrafrique,
Sénégal,Tchad,
Togo

-
733 -
nom de
date de
nbre
total
nbre de membr:~-I·-- ...-
l'organisation
appartenant à
membres
création,
de membres
l'Afrigue- Ouest
1
18-Comité inter- .
Gabon,
Burkina,
africain d'Etudes
1960
12
8
Bénin,
Congo/CI,
Hydrauligues(CEH)
Mali, Mauri tanie .,1
Niger,Cameroun;
Sénégal,Tchad,
Togo
19-Alliance des
Brésil,CI,
Gabon)
Pays
Producteurs
1962
7
4
Ghana,Nigéria,
de Cacao
Cameroun,Togo
20-Conseil
Africain
Gambie,Burkina,
de l'Arachide(CAA)
1962
7
4
Mali,Niger,
Nigéria,Sénégal,
Soudan
21-Société
Burkina,
Mali,
Africaine pour le
Mauritanie,
Développement des
Niger,
Soudan
Industries
Alimen-
1972
5
4
taires à base de
Mil et de
Sorgho
22-
Comi té
permanent .lnter-
Cap-vert,Gambie,
Etats de Lutte
Burkina,
Mali,
contre la
1973
8
7
Mauritanie,
Sécheresse dans le
Niger / Sénégal,
Sahel
(CILSS)
Tchad
23-Autorité du
Bénin, CI,
Guinée
Bassin du Niger
1980
8
7
Burkina,
Mali /
Niger, Nigér ia /
Cameroun

..
-s~ile_
-
734 -
..
. .
..
nom de
date de
nbre total nbre de membres
appartenant à
membres
l'organisation
création
de membres
l'Afrique- Ouest
1
-C-
,
- OIG Multi-
latérales comptant
de nbreux membres
de l'AO et dont
le
• <
slege est en
Afrique de
l'Ouest
24-Conseil
Bénin,Burundi,
Africain et
Côte d'Ivoire,
Malgache de
1968
17
7
Burkina,Mali,
l'Enseignement
Niger,Cameroun
Supérieur
Sénégal,Togo,
etc . . .
25- Fonds
Bénin,
Burundi
Africain de
1976
16
:
7
Côte d'Ivoire,
Solidarité
France,
Gabon 1
(F.A.S·)
Burkina,Mali /
Maurice/Niger 1
Centrafrique,
Cameroun,Rwand
Sénégal, Tchad
Togo,
Zaïre
Source
CEA;
Répertoire des organisations intergouvernementales
de j'Afrique de l'Ouest,
in Nations Unies,
CEA,
n029l,
21 mars 1984.
Il convient de signaler,
d'ores et déjà, que la
liste des O~G Ouest-africairies présentée ci-dessus est loin
d'être exhaustive.

": '".-
-
735 -
Elle serait beaucoup plus longue,
si on y incluait
les mécanismes bilatéraux, qui constituent tous des éléments
importants du processus d'intégration économique sous-
régionale "'
Nous sommes
tentés de conclure en premier lieu
qu'il y a pléthore d'OIG en Afrique de l'Ouest.
Cette prolifér~tion d'QIG est paradoxalement
un facteur limitant de l'intégration et une contribution
à l'accentuation de la dépendance des pays africèins vis-
à-vis de l'extérieur.
L'intégration économique
n'a gu~re progressé
en Afrique de l'Ouest,
encore que les
tentatives de coopéra-
tion entre les Etats membres de la sous-région remontent
aux annees 1960.
'I~ est vrai que la plupart des organisations
intergouvernementales dela
sous~région, notamment celles qui
s'occupent de la recherche et des services techniques,
ont
enregistré, çà et là,
quelques réalisations.
Toutefois,
si l'on consid~re l'ensemble de
la sous-région,
i l n'y a pas eu de
percée majeure,
c'est-
à-dire de programme d-' intégration économique bien
articulé,
ou même de mécanisme efficace en vue desa
réalisation,
capable de limiter la dépendance des pays de
la sous-région.

-
736 -
Par contre,
nous assistons à une accentuation
de la dépendance à travers les éléments que nous avons
étudiés dans notre thèse
(production,
échanges,
indus-
trialisat~on.
etc .. . l.
Avant tout,
i l est nécessaire que le modèle
africain d'intégration pour la moindre dépendance
soit
pense non pas par des experts venus de l'extérieur,
mais
par' des Africà i ns sou.~ieux des seuls in térê ts des peuples
d'Afrique.
Ce qui les amènera inévitablement à opter pour
des modèles d'intégration de la production et du dévelop-
pement au niveau régional dans un premier temps.
sans
l'ambition de réaliser tout de suite les,Etats-Unis
d'Afrique.
Ces modèles
,dev ron t
faire une bonne place a
l ' agricul ture à côté de l'industrie lourde;
a la
différence du modèle socialiste du COMECON ,qui lui, ne concerne
que l'industrie lourde.
Cela permettra de dégager des profils de
spécialisation horizontale
(inter-branches)
intéressants
pour chaque pays membre et dans
tous les secteurs
d'activité.

737 -
Le problème de l'intégration des marchés se
posera
,
seulement cette fois non
pas comme finalité,
mais comme ~oyen pour la ré~lisation de
l'intégration
de la production.
Il faudra alors désenclaver les pays non
côtiers
(1)
par une politique rationnelle des
transports.
Après
tout,
dans
la ~EE, le Luxembourg ne souffre
guère
de son enclavement naturel,
du fait de l'existence d'un
réseau dense de
transports fluviaux
et ferroviaires qui
le rel.ie
à ses partenaires, ce qui n'est pas le cas
dans les pays
de ~a CEAO.
Certes,
la CEAO a permis la mise en place d'un
certain nombre de structures organiques
pour assurer les
objectifs de coopération
douanière économique.
Mais,
l'on ne peut S'empêcher de constater que.
des années après,
les réalisations sont peu nombreuses
i l y a des échanges intra-communautaires de produits
industriels,
mais ceux-ci sont encore
très faibles par
rapport aux échanges avec les pays du Centre.
(1)
souligner par nous,
parce· que très important pour une
intégration économique africaine.

-
738 -
En mati~re d'industrialisation,
a~cune
harmonisation réelle n'a pu être réalisée;
nonobstant les
dispositions prévues par le traité,
celle-ci demeure encore
a l'intérieur du champ des probabilités incertaines.
Seule la coordination
des politiques économiques
aPPorterait
une efficacité plus grande,
et rentabiliserait
les investissements réalisés qui ne pourraient l'être dans les
condi tions sous-op, timales
offertes par les espaces
nationaux.
Au terme de notre
travail
sur l'intégration
économiquçc
comme moyen de limiter la dépendance dans les
pays d'Afrique de l'Ouest
(le cas de
la CEAO),
o~ nous
avons constaté une acce~tuation de la dépendance, on
aboutit presque inévitablement à la même question,
lorsqu'il s'agit de
traiter des probl~mes afric~jns
"qu'attendre de :L'Afrique 7"
Au début des années 1960,
René DUMONT avait émis
un diagnostic sév~re à prop~s des orientations écon6miqties
prises par les Etats africains
(1);
ce diagnostic avait eu,
en son temps,
un effet retentissant.
(1)
R.
DUMONT,
L'Afrique Noire est mal partie, Seuil,Paris 1962

-
739 -
L'histoire africaine de ces dernières années
lui a malheureusement donné raison.
En disant la même chose,
sous une forme
différente,
A.
MEISTER s'était demandé quelques années
après,
si
l'Afrique pouvait partir
(1)
; ce qui
n'était
possible,
selon lui,
que dans
un horizon assez éloigné.
En ce qui nous concerne,
nous disons que
l'Afrique peut réellement p a r t i r ;
mais,
comment ?en
choissant la voie de l'intégration pour répondre sans
ambiguïté à certaines
questions fondamentales
Pou~guoi
l'intégration? Comment et pqr qui? Jusqu'où
l'integration?
Pour qui l'intégration? Oubienfaut-il re.-
dynamiser le processus d'in tégra tion .mis en pl ace à
travers
la CEAO,
qui aVqit pour object~f de
limiter la dépendance.
Un fait est certain: la redynamisation du
processus d'intégration économique en Afrique de l'Ouest
doit commencer au niveau national.
Chaque pays doit susciter.
chei ses populations,
un plus grand
engag~ment vis-à-vis
de l'idéal de l'intégration économique régionale,
en
encourageant lq concertation fréquente entre la base
(les paysans)
et le sommet
(les responsables politiques).
(1)
A.
MEISTER;
L'Afrique peu t-elle partir?,
Seuil ,Pa,ris 1966

-
740 -
Ce qui est recherché dans
les pays de la CEAO,
c'est un développement global,
intégré et endogène,
capable de limiter la dépendance des pays concernés
vis-
à-vis de
l'extérieur.
Comme le dit Charles-Albert MICHALET, :"Le défi
du développement inaépendant n'est
pas une simple
formule incantatoire; plus que jamais
i l répond à une
nécessi té"
(l).
Comment y parvenir
? Quels sont
les moyens a
mettre en oeuvre pour y parvenirafin de limiter la
dépendance et atteindre le développement
indépendant
?
Telles sont
les questions qui se posent et restent posées
aux pays de la CEAO.
(1)
Charles-Albert MICHALET; Le défi du dévelo·ppement
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Paris 1983,
p.
171.

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NOUVEL ... '
Nouvel ensem~le sous~régional africain, la CEDEAü est
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problèmes de
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Paris l, Sorbonne, 1974,401 p.
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thèse dé arôit~ 1966, Paris 280 p.
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la Côte d'Ivoire de 1893 à 1919, thèse
de 3e cycle d'histoire, Paris VII, UER de
géographie et des sciénces de la société,
1979, 300/210, 557 p.
ZOUM GRANA (ALEXANDRE)
: Aspects institutionnels de l'organisation
interafrlcaine contemporaine, thèse de 3e
cycle, Paris l, 1973,326 p.
ARCHIVES OUTRE-MER: RUE OUDINOT, PARIS
Affaires politiques, détournements de deniers publics aux Chambres
de Commerce et d'Agriculture, de C6te.
dllvoire, 1934-1935, Carton 568, Dossier n° 17
Affaires politiques, AOF, Activité économique, rénovation rurale,
1948-1957.
Affaires pol itique , circulaire Mout2t, préparatoire à la conférence
èoriférence de 1936, section Outre-Mer,
p. 28, Carton 4, document 113.
Affaires pol itiques, circulaire Moutet, aux gouverneurs, 12 décembre
1936, section Outre-Mer, P.A. 28, Carton 5,
document 130

-
759 -
Revue politique et parlementaire, n° de septembre 1937, p. 457,
archives Outre-Mer, Paris
SIGLES
CCEE
Compagnie Cherifienne d'Entreprises Electriques
BOAD
Banque Ouest Africaine de Développement
CCI
Centre de Commerce International
PNUD
Programme des Nation Unies pour l'Education, la Science
et la Culture
OCAM
Organisation Commune Africaine et Malgache
CECA
Communauté Européenne de Charbon et de l'Acier
CEE
Communauté Economique Européenne
COMECON
Council for Mutual Economie Assistance
UDEAC
Union Douanière des Etats de l'Afrique Centrale
CEDEAO
Communauté Economique des (tat~ de l'Afrique de l'Ouest
CEAO
Communauté Economique de l'Afrique de l'Ouest
OIG
Organisation Inter-Gouvernementale
OCAS
Office de Commercialisation d'Arachide du Sénégal
UMOA
Union Monétaire Ouest Africain
UDOA
Union Douanière de l'Ouest "Africain
BNCI
Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie
CIC
Crédit Industriel Commercial
BU P
Banque de l'Union Parisienne
COFIFA
Compagnie Financière France-Afrique
GRAO
Groupe Régional de l'Afrique de l'Ouest
OU·A
OrgJnisation de l 'Unité Af~icaine
CEA
Communauté Economique Africaine
OE RS
Organisation des Etats Riverains du Sénégal

-
760 -
CE
Conseil de l'Entente
FeD
Fonds Communautaire de Développement
TeR
Taxe de Coopération Régionale
,-
UDEAO
Union Douanière des Etats de l'Afrique de l'Ouest
FOSIDEC: Fonds de Solidarité et d'Intervention pour le Développement
de la Communauté
COREPER: Comité des Représentants Permanents

-
761 -
A N N E X E S
-
- - - - - -
-------------
DOCUMENTS EXAMINES A BAMAKO LES 20 ET 21 MAI 1970
Document n° 1
Protocole d'accord portant création de l a CEAO
Document n° 2
Ràpport de présentation du projet de traité insti-
tuant 1a CEAO
Document n° 3
Projet de traité et protocoles annexes
Document n° 4
Projet de nomenclature douanière et statistique
Document n° 5
Notes et commentaires, article pa r article du
projet de traité et des projets de protocoles
annexés au traité
Document n° 6
Note concernant l'évaluation du FCD et celle de la
contribution des Etats membres J son financement
Document n° 7
Note sur l'Organisation et le budget du secrétariat
général de la communauté
Document n° 8
Note sur la création et 1 'oganisation du service
statistique inter-Etats
Document n° 9
Note portant sur le calendrier des travaux J
e f f e.c tue r a van t l'e nt rée env i gue ur de l a t a xe de
coopération régionale (TCR)
Document n° 10: Dossier-type de présentation de demande d'agrément
au régime de la TCR
Document n° Il: Note sur le déroulement de l'enquête industrielle
Document. n° 12: Note sur les possibilités d'harmonisation des
tarifs douaniers
Document n° 13: Note sur les possibilités d'harmonisation de la
fiscalité applicable aux entreprises: comparaison
des codes des
investissements
Document n° 14: Note sur les conséquences financières du régime
fiscal et douanier unifié,
institué par le protocole C
Document n° 15: Note liminaire sur les problèmes statistiques rencon-
trés au cours du recencement des échanges commerciaux
entre les Etats membres
Document n° 16:- Tableau des échanges globaux, par Etat 'membre, extra
et intra-zone par grands groupes d'utilisation
Dvcument n° 17: Tableau des échanges bilatéraux entre Etats membres,
par grands groupes d'utilisation

-
762 -
Document n° 18
Tableaux croisés des échanges bilatéraux entre
Etats membres, par grands groupes d'utilisation
Document n° 19
Echanges bilat~raux entre Etats membres
ventilés entre produits locaux et produits importés
Document n° 20
Echanges bilatéraux entre Etats membres
: Fiches
globales par plfoduit ainsi
que fiches sur les
fiscalités à la production
Document n° 21
Echange des produits industriels originaires ent~e
les Etats membres
Document n° 22
Echange des bovins et ovins entre les Etats membres.

ANNEXE 01
S TRU C T URE
DES
l M P 0 R T A T ION S
EN
A.O.F DE 1925 à 1955.
========================l===============F==========l=='==~========~=========1==~=~===========?========7===~=
============~========F======='
ENERGIES
,MATIERES-PREMIERES ET
,MOVENS D'EQUIPEMENT
/
BIENS DE CONSOMMATION
A N NEE S ,
,
DEMI-PRODUITS
.
,
,
/,
/
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1
VALEUR
j
%
~ VALEUR
j
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/
VALEUR
, %
/ VALEUR,
%
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VALEUR,
%
.
. .
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1925 ••..•....••••.••• /
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- '
.
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/
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1927 •••••.•••.•.•.••• .
-
1
-

-

-
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.
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-
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-
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22,6!
223,8, 24,1!
351,3! 38
1930 •••••.•..•...•••• /
116,6
/
11,8
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,
-
/
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1931 ••••.•••........• ,
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.
-
.
-
,
197,2
/
35,4
127,4 / 22,8'
129,1' 23,2
1937 •••.. .......•...•
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/
74,9'
6,5
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17,6
/
274,3
24
/
487,5, 42,6

1

1938 •...•..••...•.•.• !
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/
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499
,42,5
1939 .••.•.•.........• ,
97,3
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8
108,1
9
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/
21,5
241,4,20
506,6 . 42,1
1942 ••..••....•.......
66,6
.
5,3
/
118,6,
9,6
/
476,2
/
38,7
/
306,7' 24,8 /
262,3,21,3
.
, .
1947 •••............•. /
392,6
!
4,3
,
582,7
6 , 4 ,
2.191
24.2
/1.720,2' 19
4.165
46
1948
778,8
r
5,4-
.
1.148,6!
8
.
4.303
l
30,3
3.288
,23,1 /4.673
132,9
1949 ••...••.......... /
1.280
.
5,1
!
1.914
,
7,7
'
7.916
/
32,1
/4.695
. 19
/ 8.836
/ 35,8
1950 •.•..••....••.••. ,1.846
/
6
/
2.088
6,9
/
9.671
,
32
/6.915
/ 22,8 1 9.769
,32
1951 •......•.........
3.090
7
4.094,
9,2
13.231.
29,7
,8.829
,19,8
15.206
. 34,2
1952 •.••........•..•.. !.
-
/
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/
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- . /
-
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-
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.
-
,
1953 •....••........•• ,
2.806
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/
2.974
/
7,7
!
Il.207
1 2 8 , 9
~10.143 /26,2 jl1.582
30
1954 •.•............••.
2.923
,
6,4
/
2.017
/
6,6
,
12.458
/
27,2
'15.140
/22,1 /17.152
! 37,5
.
.
,
,
1955
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3.207
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7, l
,
2. .9 g6
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6,6
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. 9.973
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. 33
.
'
' . , .
,
/
/
/ L _ _ _
,
.
, _
)
LES VALEURS SONT EXPRIMEES EN MILLIONS DE FRANCS C.F.A.
SOURCE : JEAN JACQUES POQUIN, LES RELATIONS ECONOMIQUES EXTERIEURES DES PAYS D'AFRIQUE NOIRE DE
L'UNION FRANCAISE. 1925-1955 (ARMAND COLIN 1957 - P.2521
C'l
'-Û
r-

ANNEXE 02
STRUCTURE DES EXPORTATIONS EN
.
'
.
A.O.F. IDE 1925 ~ 1955)
==================,============================7==============7
ï===============ï==============i===============j====== =============
.
!
.
.
1 ARACHIDES
,
PALMISTES
,HUILE DE PALME,
/
CACAO
1
CAFE
,
BANANES
, HUILE D'ARACHIDE
,
.
.
.
,
. .
-
.
~VALEUR r % IVALEUR (%
IVALEUR f
%
!
VALEUR!
%
'VALEUR:! % - ! VALEUR 1 %
/VALEUR
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%
==================~=======ï=====I=======i======I=======,======1
1===============1==============1========7======1====== ===~=========
,
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.
,
. '
.
"
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.
.
1925...........
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113, 13,3 1 64
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·
-
,
-
!
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.
-
1
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58
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4,9
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98
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-
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, .
1930 ·
.
507
, 46,21
96
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8,7'
56
5, 1
,
105
9 5
.
-
- '
-
- ,
-
!
·
. "
,
. .
1931 ·
.
307
. 47,1,
52,
8
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27
4, 1
65
.
9
[ -
.
-
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,
.
.
.
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. .
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1
1937
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1,6
·
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, 12,1
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1,6
1939
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========
LES VALEURS SONT EXPRIMEES EN MILLIONS DE FRANCS C.F.A. - SOURCE: JEAN JACQUES POQUIN, LES RELATIONS
ECONOMIQUES EXTERIEURES DES PAYS D'AFRIQUE NOIRE DE L'UNION FRANCAISE. 1925-1955, ARMAND COLIN 1957, PP.244-245
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ANNEXE 03
ECHANGES INTRA COMMUNAUTAIRES EN 1977.
Tab.te.au 1
lEN MILLIONS VE FRANCS C.F.AJ
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MAURITANIE
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SOURCE: NOTES V'INFORMATIONS ET STATISTIQUES VE LA S.C.E.AO
1983
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• 1

ANNEXE 03 Bi-6
ECHANGES INTRA COMMUNAUTAIRES EN 1978.
Table.au 2
(EN MILLIONS VE FRANCS C.F.A.)
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SOURCE: NOTES V'INFORMATIONS ET STATISTIQUES VE LA B.C.E.A.O
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1983
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ANNEXE 04
ECHANGES INfRA COMMUNAUTAIRES EN 7979
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ANNEXE 04 B-<-.6
ECHANGES INTRA COMMUNAUTAIRES EN 7980.
(EN MILLIONS DE FRANCS C.F.AI
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SOURCE: NOTES D'INFORMATIONS ET STATISTIQUES DE LA B.C.E.A.O.
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ANNEXE 05
ECHANGES INTRA COMMUNAUTAIRES EN 1981.
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ANNEXE 05 B.t,6
ECHANGES INTRA COMMUNAUTAIRES EN 1982.
(EN MILLIONS VE FRANCS C.F.A.)
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ANNEXE 08
EVOLUTION DES ECHANGES DU SENEGAL DANS LA C.E.A.O EN COMPARAISON DES
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ANNEXE 09 B.i.6
EVOLUTION VES ECHANGES DE BURKINA-FASO, VANS LAC.5.A.0 EN COMPARAISON
DES ECHANGES DE BURKINA-FASO AVEC L'EXTERIEURE, DE 1978 a 1982
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ANNEXE 13
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EVOLUTION DES ECHANGES INTRA COMMUNAUTAIRES EN COMPARAISON
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ANNEXE 14
POURCENTAGES DES ECHANGES INTRA C.E.A~O EN COMPARAISON AVEC LES ECHANGES
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ANNEXE 14 BL6
POURCENTAGES VES ECHANGES INfRA C.E.A'.O EN COMPARAISON AVEC LES ECHANGES
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SOURCE: V'APRES LES NOTES V'INFORMATIONS ET STATISTIQUES VE LA B.C.E.A.O
- 1983
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-
788 -
TABLE
DES
MATIERES
INTRODUCTION GENERALE . . . . . . • . . . . . . . . . . . . • . . . • . .
l
-
Définition et analyse de
la dépendance.
7
II -
Définition et analyse de l'intégration.......
4S
III - Plan d'exposition du travaiL............. ....
101
PREMIERE PARTIE :~De la dépendance coloniale à l'indé-
pendance formelle des Etats de l'Afrique de
l 'Oue st. • . • . . • . . . . • • . . • • . • . • . . . • . . . . • • . . . . . . • .
106
Introduction..................................
106
CHAPITRE
l - La m~se en place de la dépendance coloniale
114
Section
l
- L'autonomie économique pendant la période
précoloniale. . •• • . .• . . . . • . . . . .. . . . • . . . •• . •
11 S
A - Les structures de production et les rapports soc~aux
de production précoloniale..........................
116
B - L'économie d'échange précoloniale...................
122
Section
II - Intégration économique coloniale et des-
truction des structures précoloniales...............
129
A - La culture coloniale et destruction des structures
précoloniales. . . • . . . . . . . . • . . • . . • . . . . . . . . . . • . . . . . . . . •
131
B - Intégration et mise en place extravertie de
l'économie coloniale................................
140
CONCLUSION
DU
CHAPITRE................................
176

- ~ 789 -
CHAPITRE
II
L'indépendance formelle et la tentative
de reconversion de l'appareil économique
Ouest-africain.................................
179
Section
l
- La vo~e nationale : la tentative de recon-
version de l'appareil économique...............
183
B - La reconversion du système monétaire et financier..
204
C - La reconversion du système commercial..............
241
Section
II
- La vo~e difficile de l'unité africaine
et l'intégration..............................
259
A - La création d'une organisation continentale:
l'organisation de l'unité africaine (O.U.A)........
265
B - L'action de l'organisation de l'unité africaine....
281
CONCLUSION
DU
CHAPITRE...............................
292
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE .. 1'....................
295

- :. ~ .
_ 790·_
DEUXIEME PARTIE : La CEAO et la possibilité de limiter
la dépendance..................................
302
Introduction .......••.•. ~......................
302
CHAPITRE
l - La genèse de la CEAO ..•..........•••........
Sec tion
l - La conception de la CEAO ...••• ·•.••..•...•.•••
307
A - Le conflit de méthodes au niveau de l'Afrique de
1 'Oue st - (CEAO)......................................
309
B - Le constat d'échec au niveau de la CEAO...............
317
Section
II - La création de la CEAO......................
326
A - Les négociations de Bamako .•.•..•.•.....••.•..•.•.. ~..
328
B - Les décisions d'Abidjan...... ......... ........ ........
335
CONCLUSION DU CHAPITRE •• ! 1. • • • • • • • • • • •• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
352
CHAPITRE
II - Les objectifs de l'intégration économique
de la CEAO..........................................
355
Section
l
Dispositions concernant l'organisation
des échanges commerc~aux............................ 358
A - Libération des échanges commerc~aux...................
359
B - Réalisation d'un espace économique et douanier
unifié... .••.... ....•.
.•..••..•. .•.. •.••......
361
Section
II - Développement agricole concerté et
harmonisé.............................................
371
A - Développement agricole harmonieux.....................
372
B - Dévéloppement et harmonisation des unités indus-
trielles ......•.......•..••...••• ·.....•.••.•••..•......
376
CONCLUSION
DU
CHAPITRE •. Il. • • . • • • • • • • • • • • . . • • • • • • • • • • • • • •
380

_
791_
CHAPITRE
III - Les organes institutionnels de la CEAO
384
Section
l
Les organes' politiques de la CEAO.............
387
A - Les institutions politiques .•.•.•.••..••••••••.•.•••••...
387
B - Les institutions d'exécution ......•..••.•.••.•.•.•.•..•••
399
Section
II - Les organismes spécialisés de la CEAO .......•..
418
A - Les organes de dévéloppement économique (agricole,
industriel, transport) ..•.••.•••.•••••...••.••••.•.•..••.
419
B - Les organes d'actions économiques (commercialisation-
échanges) ....•.........•.....•.••.•.•.••••.•••.......••..
422
CONCLUSION
DU
CHAPITRE. 1111 • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
427
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE .1111 •••••••• 11. • • • • • • • • • • • • • • •
428

- 792 -
TROISIEME PARTIE : Atténuation ou accentuation de la dépen-
dance à travers les relations commerciales et les
perspectives de la CEAO ..••......•..•....•....................
Introduction.............................. ...•......•........•
428
CHAPITRE
l - Une communauté de pays inégalement dévéloppés...
431
Section
l
- Le n~veau de développement inégal des pays
de la CEAO......................................
433
A - Le développement inégal de la population des pays
de la CEAO................................................
433
B - Le dévéloppement inégal des économies des pays de la
CEAO. . . . . . . . . . ... . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
472
Section
II - Des degrés inégaux d'auto-suffisance
alimentaire.......................................... .....
513
A - Les productions vivrières des pays de la CEAO ..•......•..
514
B - Besoins d'importer des produits v~vr~ers et dépendance ali-
mentaire des pays de la CEAO..............................
534
Conclusion du chapitre.........................................
555
CHAPITRE
II - Un faible degré d'intégration entre les
pays de la Communauté .. 11...................................
557
Section
l - Evolution et faiblesse des échanges intra-
communautaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . •
558
A - Evolution des échanges intracommunautaires .. II ••••••••••••••
560
B - Faiblesse des échanges intracommunautaires .. II ••••••••••••••
575
'\\,...
~

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-
793'-
Section
II - Les causes de la faiblesse des échanges intra-
communautaires
; .. . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . .
592
A - La spécialisation et l'extraversion des économies
des pays de la CEAO .. i 1••••••••• '•••••••••••••••••••••••••• ,.
593
B - Absence de complémentarité entre les économies des pays
membres de la CEAO .. II ••••••••••••••••••.••••••••••••••••• !I.
671
Conc lusion
du
chapitre .. l i. •• • • •• • • • • • • • • • • • • •• • • •• • • • • • • • • • •
692
CHAPITRE
III - Les perspectives de développement économique
de la CEAO et la reconquête des marges d'autonomie .11. • • • •
697
Section
l - Perspectives de l'intégration de la production...
700
A - Spécialisation et division du travail. .11..................
701
B - Les actions communes de co-production .. II ••••••••••••••••••
712
C - Perspectives d'industrialisation comme base d'intégration
économiq ue .. ' ' .....•..•.....•...•..•.•...•••..•••.•........
Section
II - Les perspectives d'autonomie monétaire .. Ii •••••••
A - Déséquilibre des responsabilités monétaires et la réalité
de "l'impérium" français .. Ii •••••••••••••••••••••••••••••••
B - L'opportunité d'une autonomie monétaire .. II ••••••••••••••••
CONCLUSION .. 11 ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• i 1.
723
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS .. II •••••••••••••••••••••
725
BIBLIOGRAPHIE .. 11 ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
741
SIGLE S. 11. . . . • . . . • . . . • • . . . . . . . . • . . • . . . . . • . . . . . . . . • . . . . . . . . . . • . .
759
ANNEXES .. 11....................................................
761
TABLE DES MATIERES .. 11. • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
7.88
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