UNIVERSITE DE NICE
FACULTE DE DROIT ET DE SCIENCES ECONOMIQUES
INSTITUT D'ADMINISTRATION DES ENTREPRISES
·tCONSEJ;~RIC~-=-
,
AIN E
-
-,
: POUR L'ENSEIGNEM T MALGACHE'
, C. A. M. E. S. _
0 ENT SUPERIEUR'
Arrivée " ·19 .JUJ~tGAOOUGOU
1EnregIstré sOus n0 ·1995.. " .
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LES ACTIVITES DE SERVICES ET LE DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE EN COTE D'IVOIRE
THE
S
E
POUR LE DOCTORAT DE TROISIEME CYCLE
EN SCIENCES ECONOMIQUES
Présentée par
Pogobanagnana
TaURE
Membres du Jury
Président
Monsieur le Professeur Xavier BOISSELIER
Directeur de l'IUT
Suffragants
Monsieur le Professeur Jean DUFOUR
de l'Université de Nice
Monsieur 3ac~ues SPINDLER, Ma!tre-Assistant
à l'Univer~1té de Nice
Juin 1980

J'adresse mes refnercicrnents G
'onsieur le ?rofesseur
Assistant,
S2ns qui ce tr2vail n'2ureit j2!~2is pu être
ré21isé. Qu'ils trouvent ici Itexpression de ma profonde
reconneissance pour leurs !)r~cieux conseils et leur col-
Je tiens igale~ent ~ re~~ercier tous ~~s C~:~~ra':~(·s
~t& d 1l1n ~~~ort2nt réconfort.

S O M M A I R E
=======~====~=========
Pages
AVANT -PROPOS
CARACTERISTIQUES GENERALES DE
LA COTE D'IVOIRE •...•..•..•....••.. , •.•••
l
INTRODUCT ION. • • • • • • . . • . • • . . . . . • . . . . . . . . . . • . .. . . . . . . . . . . .
7
PREMIERE PARTIE : LES ACTIVITES DE SERVICES ET LE
DEVELOPPEMENT ECONOMIqUE..............
10
Chapitre l
L'ECONOMIE DES SERVICES ET LA THEORIE
DES TRO IS SECHURS ...••.......•..•..•..•.•.
11
Chapitre 2
LES THEORIES EXPLICATIVES DE LA CROISSANCE
DES SERVICES
.
64
III
Chepitre 3
112
Chapitre 4
152
Chapi tre 5
Lt.::.J:.~!\\Ll.,C,E.)'.. E?~T S?/--'.TI/.L D='5 J..,CTIVITES
TE~TlhI?~S E~ CGT~ D'IVG~~~
.
Chapitre 6
ROLE DU SECTEUR TE!".Tlô IRE ET PERS PECTIV':S
D' AVEi·d~~.. '.'
.
-" - - ;:.:,n~=x~s
.
~ l=L2":~".·.::'_:... :..: i --
..-
.
-
321
:;'~~L= DEe !.~:~TI=:::=~......................................
227

-
1 -
AVANT-PROPOS : CARACTERISTIQUES GENERALES
DE LA COTE D'IVOIRE
Pour que le lecteur ait une bonne compréhension de
ce travail, il nous a paru judicieux de présenter de façon
générale et synthétique le cadre d'étude •. Ainsi nous ver-
rons l'histoire, la géographie physique, la population
et les grandes lignes d'évolution de l'économie de la
Côte d'Ivoire.
Bref aperçu historioue
Visitée par les Européens dès le l4è siècle, la
Côte d'Ivoire est constituée colonie française par le
décret du la mars 1893. A partir de cette date, la réaction
des populations contre l'occupation se manifeste partout
et pendant longtemps. La "pacification" du territoirè ne
sera effective et complète que vers les années 1915.
En 1932 le territoire de la Côte d'Ivoire, qui cor-
respondait à celui déliffiité par les frontières actuelles,
est augmenté d'une partie de la Haute-Volta. Cette der-
nière colonie sera reconstituée en 1947.
Le 14 d~cembre 1958 la ctte d'Ivoire devient un
Etat de la COD~unauté Française et prend le nom de Répu-
blique de Cete d'lvoirè. ~?is sous la pression cohstante

- 2 -
des mouvements populaires, la jeune république accède

à l'indépendance politique le 7 AoOt 1960.
Eléments de géographie
La Cete d'Ivoire est située dans le Golfe de Guinée.
Elle est bornée à l'Ouest par la Guinée et le Libéria,
au Nord par le Mali et la Haute-Volta, à l'Est par le
Ghana et au Sud par l'océan Atlantique.
Le pays a la forme d'un carré de 650 km environs de
côté,
soit une superficie de 322 500 km2. Il est très
peu accidenté. Néanmoins, on rencontre dans la zone oc-
. cidentale quelques collines
atteignant 900 m d'altitude.
Le point culminant est le Mont Niw.ba, l 752 m, situé dans
le Nord-Ouest.
La Côte d'Ivoire est parcourue du Nord au Sud par
quatre fleuves principaux : le Bandama 950 km ; le Comoé
900 km
le Sassandra 650 km et le Cavally 600 km.
Sur le plan climatique on distingue trois zones
- Un climat sud-équatorial qui s'étend tout le long de
la région côtière. Il se caractérise par des tempéra-
tures variant entre 21° et 33° C, un haut degré d'humi-
dité (80 à 90 %), des pluies très abondantes. Cette
zone connalt deux saisons de pluies et deux saisons s~ches
- Un cl~sat tropical qui correspond à la zone des forêts
et à la partie sud des zones de savanes. Les tempéra-
tures oscillent entre 14 oC et 39 oc. Le taux d'humidité

- 3 -
est de l'ordre de 70 %. On trouve ici aussi deux sai-
sont de pluies et deux saisons sèches mais elles s'éten-
dent sur des périodes différentes que précédemment.
- Un climat soudanais qui s'étend sur les savanes du Nord.
Les températures sont plus élevées. Il n'y a qu'une sai-
son sèche et une saison des pluies.
La démographie
D'après les résultats d'un recensement général, la
Côte d'Ivoire comptait 6 670 000 habitants en 1975 soit
une densité de près de 20 habitants au km2. Ces habitants
se répartissent en une soixantaine d'Ethnies parlant près
de 84 dialectes. Mais cette population peut être regroupée
en quelques grandes familles linguistiques.
Le groupe Mandé dans le Nord-ouest comprend
les Malinké,
les Dan et les Genro.
- Le groupe Voltaïque est composé des Sénoùfo et des
Koulango. Il
se localise dans le nord et le nord-est.
- Le groupe Krou est beaucoup plus complexe. Occupant la
partie sud-ouest du pays il est composé des Bété,Wé,
Dida, Godie, Babwé et Krou.
- Enfin nous avons le groupe Akan formé des Baoulé, des
Agni, des Abé, des Akié.
La popu12Lion de Côte d'Ivoire inclut de très forts
contingents d'étrangers. En 1975 les étrangers repré-
sentaient 30 5'0 environ de lë population totale (contre 23 %

- 4 -
en 1975). En zone forestière, surtout, la présence
d'Africains non ivoiriens (Maliens, VoltaIques, Sénégalais,
Béninois, etc ••. ) apporte une force de travail essentielle
en raison de la tendance des jeunes Ivoiriens à émigrer
vers les centres urbains. Pour l'ensemble de la forêt,
les étrangers représentaient en 1975, 78 % des manoeuvres
agricoles permanents. L'imigration étrangère touche aussi
les villes dont 40 % de la population était étrangère en
1965. A cBté des Africains non Ivoiriens l'on trouve deux
importantes colonies en augmentation constante : les
Libano-Syriens (généralements commerçants, répartis dans
tout le ,pays) ; les Européens (surtout Français) chiffrés
à plus de 50 000 personnes, sont le plus souvent fixés
à Abidjan la capitale.
Evolution'économique générale
Depuis l'indépendance' poli tique en 1960, la CBte
d'Ivoire a centré son développement autour de deux éléments
fondamentaux: le libéralisme et l'ouverture de l'économie
vers l'ext~iieur.
Les importantes réalisations ont été
financées par le produit de l'agro-exportation et l'em-
prunt extérieur.
L'épine dorsale de l'agro-exportation est constituée
des produits suivants: les oléagineux (arachide de la
savane, le palmier à huile dans la forêt); les textiles
avec le développement de la culture du coten dans le nord

- 5 -
et surtout le café (troisième producteur mondial), le
Cacao (troisième producteur Africain), les bananes (sixième
producteur mondial), l'ananas et le bois.
Dans le domaine industriel d'importants investis-
sements de valorisation des produits agricoles et de subs-
titution auX importations ont permis un accroissement de
la production à un rythme soutenu.
Malgré les fortes fluctuations des prix des produits
agricoles exportés,
la balance commerciale est toujours
restée excédentaire.
Ainsi la forte croissance qu'a connu la Côte d'Ivoire
depuis 1960 (soit près de 8 % par an en vol~~e entre 1960-
1970, et moins de 6 %depuis lors) a fait dire à certains
observateurs que ce pays réalisait un "miracle" écono-
rriique.
Mais cette situation très performante semble receler
plusieurs éléments de vulnérabilité. Ainsi la dette exté-
rieure gérée par la Caisse Autonome d'Amortissement a
augmenté de 21,2 % entre 1973 et 1974 et de 32,2 % en
1974-7~. L'ensemble de la dette est passée de 210 milliards
CfA au 31 décembre 1973 à 327 milliards au 31 décembre 1975.
La politique de développement suivie depuis 1960 se
caractérise par une forte extraversion : extraversion dans
le système de production caractérisé par le raIe important
joué par le Commerce extérieur; extraversion dans l'emploi
Z
Cp;h

- 6 -
où les Ivoiriens sont éliminés au sommet de la hiérarchie
par les Européens, et en bas de l'échelle par les Africains
non Ivoiriens ; extraversion dans le financement des in-
vestissements (surtout industriels) par le recours massif
de l'emprunt extérieur. A tout cela il faut ajouter un
déséquilibre spatial entre nord et sud.
Quel est le rôle et la place des services dans cette
évolution ? Telle est la question qui va retenir notre
attention dans la présente étude~
o
o
0

- 7 -
l N T R 0 0 U C T ION
=~=========~===========
Dans le cadre de notre mémoire de D. E. A., nous
avons traité de la "localisation des commerces dans la
ville de Nice". C'est à l'occasion des travaux de recherches
relatifs à ce sujet que l'idée d'une étude sur le tertiaire
en Côte d'Ivoire nous est venue à l'esprit. Deux auteurs
nous ont influencé dans ce sens.
Ce fut d'abord Anne Marie Prost (1). Son étude sur
la hiérarchie des villes françaises en fonction de leur
activité de services a excité notre curiosité sur le lien
entre le tertiaire et l'organisation ,de l'espace. ~~is
par la suite c'est surtout un article de Nicolas Kaldor (2)
dans la revue Analyse et Prévision qui influença le choix
de notre sujet actuel. En effet dans cet article Kaldor
cherche les Causes de la lenteur de la croissance éco-
nomique du Royaune-Uni et la trouve dans le passage trop
rapide de la population active des secteurs primaire
et
secondaire dans le tertiaire.
Il apparaitdès lors que le dé~eloppement excessif
et prématuré des services comporte des incidences négatives
(1) M. A. Prost, La hi~rarchie dei villes en fonction de
leurs activités de com~erce et de services, Gauthiers-
Villars, Paris 1965.
(2) Nicolas Kaldor, Lenteur de croissance économique du
Royaume-Uni, Analyse et Prévision, SEDIES, n° 3,
Paris 1967 p. 169.

- 8 -
sur la croissance économique d'un pays. Or la plupart
des ouvrages relatifs au sous-développement établissent
comme un des traits principaux de cet état, l'hypertrophie
du tertaire. Cependant parmi les pays sous-développés
d'Afrique Noire, la Côte d'Ivoire connaît un fort taux
de croissance depuis au moins 1960. Ce pays échappait-il
au piège du tertaire ? Empruntait-il la m~me trajectoire
de développement que les pays actuellement riches d'Occident
Répondre à ces questions revient à étudier la place et
le rôle du secteur des services dans l'économie ivoirienne.
Mais que faut-il entendre par secteur tertiaire ou
secteur des services? Nous entendons par là l'ensemble
des activités économiques formé par les branches du com-
merce, des transports, des services personnels de l'admi-
nistration. A ces productions immatérielles nous ajoutons
tous les petits métiers de l'artisanat urbain.
Le concept de secteur tertiaire ou de services a acquis
une popularité depuis la publication du livre de Colin
Clark (1) sur "les conditions du progrès économique". Ce
concept trouve ses origines dans une théorie de dévelop-
pement économique dont l'esquisse remonte loin dans la
pensée économique. Mais cette théorie qui explique l'évo-
lution économique des nations à travers trois stades obli-
gatoires (primaire, secondaire et tertiaire) demeure
malgré sa célébrité très controversée. Aussi la notion de
secteur tertaire est elle-m~me très variée ou rejetée.
(1) Colin Clark, Les conditions du progrès économique,
PUF, Paris 1960.

- 9 -
Il nous a donc paru oppurtun, avant d'étudier les
services dans l'économie ivoirienne, d'examiner la notion
de secteur des services dans l'histoire de la pensée éco-
nomique et de faire le point sur les mécanismes explicatifs
de sa croissance. C'est à cela que s'attachent les deux
chapitres de la premi~re partie de notre travail.
C'est dans la deuxième partie que nous étudions les
services dans le contexte ivoirien. Notre intension premi~re
était de traiter le sujet uniquement sous l'angle de
l'économie spatia18
Cette approche, en raison du manque
d'informations statistiques régionalisées, nous imposait
un importllnt travail que nos moyen·s et le temps. ne nous
permettaient pas de mener à bien. Nous risquions au~si
de minimiser l'analyse sur la gen~se et l'évolution du
tertaire en Côte d'Ivoire. Cependant, éliminer totalement
l'aspect organisation de l'espace de notre étude nous
laissait peu satisfait.
Aussi avons nous choisi d'aborder cette deuxième
partie sous le triple aspect, de la production, de l'emploi
et de l'organisation spatiale. Cette démarche comporte
l'inconvénient de présenter notre travail comine un survol
__.
des différents problèmes sans étude approfondi e. Cependant
elle présente l'avantage de nous donner une vision syn-
thétique et globale du tertiaire en Côte d'Ivoire, vision
susceptible de nous permettre de mieux approfondir la
dimension spatiale dans des travaux ultérieurs.
o
o
0

- 10 -
PREMIERE PARTIE
LES ACTIVITES DE SERVICE ET
===============
LE DEVELOPPEMENT ECCNOMIQUE
L'objet de cette première partie sera d'analyser
la théorie des trois secteurs à la lumière de laquelle
~Rl~
l'on a souvent essayé de comprenlire-r~é~ô~ution écono-
Ip"ft
\\?"\\
mique des pays sous-développés<:' et~a~~ent'\\l'évolution
\\"'0'·'1::-')-'
de leurs activités de services~
~ ,~
'?il'
v'
05'-9
~:.\\e
l"Je rnen 1sv'Y
-~--
..

- 11 -
criA?ITRE l
DES TROIS S~CT~U2S
?lusi~urs 2~titu~~5 c~t
s~rvices ~vant qu'ils n'acqui~rent un int&r6t ~conomique
I~el et ne se situent au ce:ltre de la th60rie des -trois
secteurs. A12ssi no'~s a-t--il paru n~c2ss2ire de faire un
bref r2Ppèl àes différe~tes positiû~s àévelopp2es. C'est
ce qui nous am~ne à consacrer toute la premi~re section
à l'étuè2 è'25
1930 (date de la formulation mod~rne de la théorie des
trois secteurs).
La deuxième section exposera la théorie et les dif-
férentes critiques qu'elle a suscitées.
l
-
LES CONCEPTIONS ECONO:,',IC!UES DES SE?lVICES f\\.V,qH L"
fORMLJU>. TION MODERNE DE U. TH"ORIE DES TROIS SECTEURS
Nous distinç~2~ons les positions ent6rieures à la
naissance du capitalisme de celles formulées à partir de
l'époque mercêntiliste.

- 12 -
A - Attitude à l'égard des services pendant la période
pré capitaliste
Il s'agit essentiellement de position condamnant ces
activités mais uniquement sur un plan moral. Malgré cet
aspect commun il existe des nUances qui distinguent l'at-
titude des Grecs de celle des Romains ou de celle des
canonistes.
Nous examinerons donc brièvement ces trois positions.
1° Les services dans la pensée grecque
Dans la Grèce antique, il n'existait pas d'économie
politique autonome. Aussi pour les grands penseurs de
cette époque, la vie économique n'est qu'un aspect de la
vie familiale et politique
Leurs conceptions économiques
sont donc intimement liées à leurs conceptions philoso-
phiques.
a) P LA T.O N
Ainsi dans l'étude de l'organisation économique de
son temps, Platon élabore une classification des besoins
en catégories, desquelles vont découler trois types d'ac-
tivités (1). Il apparait ainsi que pour Platon l'agriculture
(1) La hiérarchie des besoins selon Platon est la sui-
vante: " ••. le premier et le plus précieux de nos
besoins est celui de nous procurer de la nourriture
en vue de notre existence et de la vie ••• Le second.;.
celui de nous ménager un gîte; le troisième a· rap-
port au vêtement et tout ce qui est du même ordre."
Platon, "La République. Oeuvres complètes" , Gallimard,
Paris 1950.

- 13 -
est l'activité la plus importante Car elle nous maintient
en vie. L'artisanat qui permet la construction des lo-
gements ou la fabrication d'autres biens est divisé en
deux catégories.
Les services que Platon classe dans le troisième
type d'activités sont eux-m~mes divisés en deux groupes
d'importance différente. Le philosophe explique l'existence
du premier groupe de services par la division du travail,
nécessaire à toute société. Il s'agit principalement du
commerce qui, facilitant les échanges, évite au producteur
de porter lui-mêrneses produits sur le marché. Mais cette
activité nécessaire qu'est le commerce, ne devait être
assurée que par des individus de faible constitution phy-
sique. Platon considère donc le commerce comme un mal
nécessaire, dont le développement excessif devrait être
évité. Platon est encore plus sévère dans l'appréciation
du second groupe de services. Ceux-ci apparaitraient avec
le développement de l'Etat et son agrandissement. Cela
s'explique, selon lui, par l'insatiable désir de posses-
sion des hommes. Parmi ces services on trouve les dis-
tr~ctions, les loisirs, l'armée dont l'existence ne se
justifierait que par le désir condamnable de disposer des
biens des Etats voisins par la force·
Toutefois le philosophe apprécie positivement le dé-
veloppement des activités intellectuelles et d'éducation

- 14 -
car elles sont nobles et participent à la véritable
réalisation de l'homme.
En définitive,
la condamnation des différents ser-
vices (commerce entre autres) à l'exception de l'activité
intellectuelle ne relève pas chez Platon d'une analyse
purement économique. Leur développement
parfois
reconnu indispensable est jugé non adéquat avec l'éthique
philosophique.
b) A RIS TOT E
Quand bien même Aristote serait opposé à Platon sur
certaines questions économiques (2) il adopte la même
attitude de condamnation d~ la plupart des services. Il
part des conditions d'une vie de bonheur pour esquisser
égalem~nt une classification des activités économiques.
Il soutient qu'une vie de bonheur nécessite outre une
bonne descendance etc ••• , mais aussi des biens matériels
en quantité suffisante. Cependant l'acquisition des biens,
qu'il nomme "chrématistique",
doit se faire en confor-
mité avec la justice (3). Aussi Aristote va distinguer
(2) Aristote se prononcera par exemple clairement contre
le communisme de Platon Car la propriété privée lui
parait profondément conforme à l'instinc~ humain.
(3)
"Dans l'acquisition des biens, le souci qui vient en
premier lieu est celui qui est conforme à.la nature.
Or selon la nature l'agriculture a la priorité; vien-
nent ensuite les techniques qui tirent des richesses
du sol,
Comme l'exploitation des mines ou tout autre
activité de même genre. Ceci est vrai au plus haut
point pour l'agriculture parce qu'elle est conforme
a la justice ; en effet elle ne tire pas son revenu
des hommes, ou de leur bon gré comme le Commerce ou
dans les emplois salariés,
ni
contre leur gré comme
à la guerre. En outre,
elle fait partie des activités

- 15 -
deux "chrématistiques"
: une " chtématistiqueriaturelle"
représentée par des productions matérielles notamment
l'agriculture; une "chrématistique non naturelle"et in-
juste représentée par le commerce, la revente au-dessus
du coQt, le pr~t à intér~t, la vente de la force de travail
contre un salaire.
L'activité intellectuelle n'est pas incluse dans la
"chrématistique non naturelle". En effet pour Aristote
également (comme précédemment pour Platon) la pleine réa-
lisation de l'homme, Sa Fin véritable réside dans ce qu'il
appelle la "contemplation" ou "théoria". Or il lui parait
impossible de s'adonner pleinement à des activités intel-
lectuelles si l'on n'est pas dégagé des contraintes de
la production. Il trouve alors la solution du problème
dans la division du travail par laquelle la production
agricole devra ~tre assurée par des esclaves.
En définitive Platon et Aristote ont des positions
très proches à l'égard des services. Elles trouvent leur
fondement d'une part, dans leur position sociale d'intel-
lectuels,et la vision de l'homme contenue dans leurs doc-
trines philosophiques d'autre part. D'une façon plus gé-
nérale, les conceptions économiques des Grecs s'expliquent
.I.conformes à la nature. C'est par la nature que tous
les ~tres reçoivent de leur mère leur nourriture, si
bien que les hommes eux-aussi la reçoivent par
na-
ture de la terre. De plus l'agriculture contribue gran-
dement à la formation d'un caractère rural."
Aristote, L'écono~ique. Les
Belles Lettres, Paris 1968.
Sur ce point voir l'interessante étude d'AndréPiettre
L
t
.
A
'
es. r01S ages de l'économie et de l
' "
. . .
a c1v111sation
occ1dentale, Fayard, Paris 1964

16 -
par la nature géographique de la Grèce (
petites pleines
entourées de montagnes d'où une crainte perpétuelle de
surpopulation) mais aussi par une réaction contre les
changements apportés par le rayonnement commercial de
leur pays (4).
En effet si la Grèce antique se caractérise à ses
débuts par une économie familiale où l'échange est li-
mité,
le développement ultérieur d'Athènes, l'expansion
coloniale et l'esclavage apportent une source d'enrichis-
sement appréciable. Des sophistes apprécièrent favorablement
cet esprit de recherche de la richesse individuelle et
préconisèrent une rupture d'avec le passé. C'est contre
cette nouvelle manière de voir la vie de la Citée que
s'élèvent Pieton et Aristote. Aussi leur condamnation des
services paraît uniquement dictée par des considérations
morales ou d'éthique.
2° Les services dans la Rome antique
A Rome, même au faîte de son apogée, on ne trouve pas
un penseur de la trempe de Platon ou Aristote qui fasse
faire un progrès à l'analyse théorique des institutions.
Sur le plan philosophique, les premiers siècles
dre~istence de l'empire Romain seront caractérisés par la
domination de l'Eupicurisme et du stoïcisme (5). Il s'opère
alors une attit~de à l'égard de la richesse, différente
(5) Voir sur ce
point Henri Denis, Histoire de la pensée
économic;ue, Thémis (PUF), Sè édition, Paris 1977
p.S7àS9.

~ 17 -
de celle préconisée par Platon et Aristote. Ainsi l'aris-
tocratie romaine se satisfaisant peu de ses revenus fon-
ciers, cherche à s'enrichir également par le commerce d'où
le mouvement de conquête des territoires environnants.
Cependant avant l'affirmation de cette position à
l'égard de la richesse et l'enrichissement par le Commerce,
la situation économique des premières années de la Rome
antique contribue à la naissance d'attitude négative à
l'égard des services notamment du commerce, des prêts à
intérêt et de l'usure. Plusieurs écrits mettent à l'hon-
neur l'agriculture comme le plus sOr et le plus honnête
moyen d'enrichissement (6).
Ici encore nous notons que les voix qui s'élèvent
contre les services le font pour des considérations pu-
rement morales.
3 0
L e M a yen - Age
Depuis que l'Empereur Romain Constantin accorda la
liberté du culte aux chrétiens en 312 et se convertit lui-
mê~e à cette religion peu de temps après, le christianisme
va progressivement avoir un poids important dans la vie
politique et sociale des différents Etats occidentaux.
Ainsi l'économie politique du Moyen-Age sera soumise à la
morale chrétienne. Le trait dominant des développements
théoriques de cette époque est la modération. L'attitude
(6) Pour plus de détails voir, René Gonnard, Histoire
des doctrines économiques, Librairie générale du
droit et de la jurisprudence, Paris 1943 p. 16 à 22

- 18 -
devant la richesse n'est pas aussi nette que par le passé.
Elle est très nuancée.
La doctrine économique de cette période de formation
et de développement du système féodal, parait mieux déve-
loppé dans la "Somme théologique" de St Thomas d'Acquin (7).
D'une manière générale, la doctrine médiévale distingue
deux types de travaux en fonction de la finalité de leur
produit (8). D'une part l'on a les "artes possessive, vel
acquisitive", et d'autre part les "artes pecuniative".
Les premiers plus louables ont pour objet la production
de richesses nécessaires à la vie humaine : parmi celles-
ci l'on compte l'agriculture, l'industrie et l'adminis-
tration.
QUant aux "artes ~ecuniative" elles sont considérées
n'apporter qu'une richesse artificielle. On adopte à leur
égard une attitude non totalement négative mais de mé-
fiance. Il s'agit des activités relatives à l'argent, au
commerce, aux échanges, au prêt à intérêt (qui lui est
formellement condamné). Cès activités suspectes seront
~ --
reconnues légitimes lorsque leur but est moralement va-
labl~ comme subvenir aux besoins d'une famille ou pour
raison de charité.
(7) Voir Henri Den~, Histoire de la pensée économique,
Thémis, Paris 1977, p. 74 à 87.
René Gonnard, Histoire des doctrines économiques,
L.G.D.J., Paris 1943 p. 31
(8) On trouve une analyse approfondie de l'apport du
protestantisme à la réhabilitation des services
chez Max Weber, Ethique protestante et l'esprit
du capitalisme, Plon, Paris 1964.

19 -
Relativisme à l'égard des services telle pourrait
~tre l'attitude médiévale. Mais ce relativisme tout comme
les positions des Grècs ou des Romains est dictée par des
considérations morales.
B - Naissance, développement du capitalisme et la
nouvelle économie des services
1° Rôle moteur des services sinon du commerce
du 15è au 18è siècles
La période que nous étudions dans ce paragraphe
est celle de l'émergence du capitalisme. Elle se ca-
ractérise sur le plan économique par l'accumulation pri-
mitive du capital à travers le commerce lointain notamment.
Au niveau des idées, l'apport du protestantisme est non
négligeable. Par ces prises de positions à l'encontre
de la conception médiévale de la richesse, le commerce
etc, la doctrine protestante a favorisé un état d'esprit
plus conforme au système économique naissant. A titre
- ~ - - - - - -
d'illustration de cette attitude nouvelle à l'égard des
services, nous allons voir la position des trois écono-
mistes de cette époque.
a) Réhabilitation des services chez
Antoine de
Monchrestien
Pour cet auteur, l'industrie et le commerce sont
J2:ta:2&1=.

...: 20 -
aussi importants que l'agriculture dans l'économie d'un
payS. Il soutient l'idée que la "contemplation", Fin
véritable de l'homme selon Aristote, ne peut être réa-
lisée sans l'action. Admettant que l'activité de l'homme
ne peut être que celle de production de biens, Monchrestien
estime que le bonheur
de l'homme réside dans la recherche
de la richesse (9). Et la richesse ne peut être créée
que par le travail.
Son étude des différentes activités l'amène même à
soutenir l'idée d'une supériorité du commerce sur l'in-
dustrie. En effet, les activités économiques d'un Etat
lui paraissent articulées entre el~~sl(d~a même manière
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Outre cette réhabilitation complète du commerce,
Antoine de Monchrestien ,parait également comme un des
précursseurs de la théorie des trois secteurs que nous
nous verrons plus loin.
--
~~------(9-J-Voïr
sur ce point, H. Denis, Histoire de la pensée
économique, Thémis, Paris 1977 p. 34.
(10) Pour Antoine de Monchrestien : "il y a grand rap-
port et,fort étroite convenance entre les corps des
Etats blen composés et le corps des animaux. Les
animaux se gouvernent par trois facultés plus dif-
férentes que diverses, que leurs médecins appellent
ames.
La première est la végétative qui leur est commune
avec les arbres et les plantes, laquelle g1t au foie
et au sang qui s'y fait. Les laboureurs et les ma-
noeuvres travaillant la terre tiennent lieu de cette
âme à la République.
'
.1.
l'IiilW2
Il

- 21 ..:
b} Rôle du commerce et de la navigation
chez William Petty
Ce mercantiliste anglais fut frappé par la différence
de richesse entre l'Angleterre et la Hollande de son temps.
En effet, il est établit que l'essor maritime de l'Angleterre
fut tardif par rapport. à celui d'autres pays d'Europe (lI).
Le commerce international lui parut plus rentable
que l'agriculture et l'industrie. Il préconisera avec
les autres mercantilistes pour l'Angleterre un dévelop-
pement vigoureux du commerce extérieur et de la navigation.
Et en un laps de temps réduit ce pays essentiellement
agricole encore au 15è siècle devient une puissance ma-
ritime de premier plan.
De l'avis de Pierre Jaccard. William Petty serait
le premier à avoir analysé l'évolution de la population
à travers trois secteurs que nous appelons aujourd'hui:
primaire, secondaire et ter~aire.
suite (la) La seconde est la sensitive, laquelle réside
au coeur, source de la chaleur naturelle et du coeur
s'épend en tout le corps par les artères. En l'ETAT,
les artisans et les gens de rrétier ressemblent pro-
prement à cette faculté.
La troisième est l'animal et à son siège le cerveaU
où elle préside aux instincts et actions par les
organes des nerfs départis de plusieurs rameaux,
donne mouvement à tout le corps. A cette dernière
peuvent avec beaucoup de rôison. approprier les mar-
Chands qui sont en la société civile;"
Antoine de Monchrestien, cité par Maurice Lengelle
dans "La révolution tertiaire" Ed. Cenin, Paris 1966
p. 34

- 22 -
Sans donc négliger l'industrie, Petty et les mer-
cnatilistes Anglais mettent l'accent sur le commerCe et
la navigation. Ainsi le fait remarquer René Gonnard,
l'industrie nationale ne paratt pas indispensable dans
la doctrine des mercantilistes Anglais : "elle est très
utile pour alimenter le commerce d'exportation. Mais
on peut s'en passer, et réaliser pourtant par le Commerce
seul des bénéfices énormes: preuve la Hollande."
Différente sera l'attitude du mercantilisme Français.
Il semble penser que l'acquisition de l'or doit se faire
par la vente des produits nationaux à l'extérieur notamment
les produits de l'industrie. Les mercantilistes français
seront donc plus industrialistes et dans la pratique cela
se traduira dans la politique économique de Colbert
Ainsi donc, d'une façon globale avec le mercanti-
lisme, l'idée de la "contemplation" fin de l'homme, fait
place à celle de la recherche de la richesse. Il y une
rupture avec les conceptions économiques antérieures Car
la pensée mercantiliste fait fi des considérations d'éthique
ou de morale. 00 comprend dès lors pourquoi le commerce
et la manufacture acquièrent la même importance que l'agri-
culture. Très souvent, par l'importance qu'ils accordent
---- --- --- - -
aux services, les économistes de cette époque ont parfois
posé les jalons de la théorie actuelle des trois secteurs.
(11) Voir René Gonnard,Histoire des doctrines économiques,
LoG.D.J., Paris 1943, p. 122
A
_LLo
=

- 23 -
2° Les services dans la doctrine libérale
La doctrine libérale ne formulera pas une attitude
homogène à l'égard des services. Face à une condamnation
Sans ambiguités de ces activités dans la pensée physio-
cratique, l'école classique se manifeste par une diver-
sité d'opinions.
a) Non productivité des services chez
les physiocrates
Il est intéressant de dintinguer entre la position
physiocrate proprement dite et celle de leurs précurseurs
comme Boisguilbert et Cantillon.
Boisguilbert et Cantillon contre le mercantilisme :
Si Boisguilbert ne peut pas être entièrement considérÉ
comme un physiocrate il est reconnu comme un des inspi-
rateurs de cette pensée pour en àvoir forgé les concepts
fondamentaux: importance de l'agriculture; circulation
du produit net entre les classes. A l'interventionnisme
des mercantilistes, il oppose le libéralisme seul capable,
à ses yeux; d'instaurer un bon prix du grain. Pour lui
la richesse d'un pays ne réside nullement dans le commerCE
Ainsi Boisguilbert soutient que "le fondement et la Cause
(12) Pierre Jaccard, Les thèses de Petty, Fisher, Clark
et Fourastié sur les conditions du progrès écono-
mique, Revue économique et sociale, Octobre 1963
(13) Revue Gonnard, Histoire des Doctrines économique,
L.G.D.J., Paris 1943, p. 130

- 24 -
de toutes les richesses de l'Europe sont le blé, le vin,
le sel et la toile, qui abondent dans la France; et on
ne se procure les autres choses qu'à proportion que l'on
a plus qu'il ne faut de celles-là. Et aussi tous les
biens de la France étant divisés en deux espèces, en
biens de fonds et en biens de revenu de l'industrie, cette
dernière qui renferme trois fois plus de monde que l'autre,
hausse ou baisse à proportion de la première. En sorte
que l'excroissance des fruits de la terre fait ~ravailler
les avocats, les médecins, les spectacles, et les moindres
artisans de quelque art ou métier qu'ils puissent être,
de manière qu'on voit très peu de ces sortes de mens dans
les pays stériles, au lieu qu'ils abondent dans les
autres. ft (14)
Ce passage nous indique que Boisguilbert ne con-
damne pas l'industrie et les services. Il établit une
simple hiérarchie entre ces activités, hiérarchie dans
laquellè la primauté revient à l'agriculture. Tout en
admettant que la circulation des produits n'est pas la
~s.e_.de--l·a-riChesse, il ne continue pas moins à penser
que tant le laboureur que le marchand,sont la source et
le principe de toutes les richesses de la nation.
Cantillon affirmera à son tour la primauté de l'agri-
culture en ces termes: "toutes les denr~es de l'Etat
sortent, directement ou indirectement, des maisons du
(14) Boisguilbert, Détail de la France, INED, Paris 1966,
p. 583
,
1
. ,

- 25 -
fermier, aussi bien que tous les matériaux dont on fait
de la marchandise. C'est la terre qui produit toutes
choses excepté le poisson ; encore faut-il que les pê-
cheurs qui prennent le poisson soient entretenus du produit
de la terre" (15). Cependant tout comme Boisguilbert,
Cantillon ne semble pas refuser une importance aux autres
activités. En effet la richesse pour lui est constituée
autant par la nourriture (produit de la terre) qJe par
o
les autres commodités et agréments de la vie (16).
Cette position nuancée (de simple hiérarchie) des
précurseurs de la physiocratie, sera totalement différente
de celle d'un Quesnay.
Improductivité de l'industrie et des services chez
Quesnay
Tout en développant la pensée physiocratique à partir
des concepts fondamentaux légués par ses prédécesseurs,
François Quesnay rejette ~ertains de leurs points de vue.
Il remet en cause l'intérêt que ceux-ci ont accordé à
l'industrie et aux services. Il articule sa classifisation
des activités autour de la notion de la valeur.
Du point de vue de la valeur réelle (la seule va-
lable pour apprécier la richesse) il soutient qu'uni-
quement l'agriculture est productive, c'est-à-dire créa-
tive de richesse matérielle. L'improductivité de l'industrie
(15) Richard Cantillon, Essai sur la nature du corunerce,
INED, Paris 1952 p. 70
(16) Richard Cantillon, Op. Cit., P. l

- 26 -
et du commerce serait dO aU fait que ces activités néces-
sitent le coucours de l'agriculture, soit pour nourrir
leurs travailleurs, soit en tant que matière première.
Dans l'optique de la valeur monétaire l'attitude
du
physiocrate ~ l'égard de l'industrie change. "Je ne veux
pas, dit-il, nier qu'il n'y ait addition de richesse à
la ~atière première des ouvrages formés par les artisans,
puisque leur travail augmente en effet la valeur de la
matière première de leurs ouvrages"
(7). Mais la valeur
dont il est question ici n'est que la valeur vénale inapte
à ses yeux ~ proférer auX produits la qualité de richesse.
En dernière instance l'industrie et le commerce
demeurent improductifs (lS).
(17) François QuesnaY
sur les travaux des artisans,
1
(second dialogue), INED, Paris 1958, p. 888
(18) "Il n'ya donc pas multiplication de richesses dans
la multiplication des ouvrages d'industrie, puisque
la valeur de ces ouvrages n'augmente que du prix
de la subsistance que les ouvriers consomment. Les
- _ . - ---- -- grosses fortunes des marchands ne doivent point
être vues autrement ; elles sont les effets de
grandes entreprises de Commerce, qui réussissent en-
semble des gains seIT.blables à ceux des petits mar-
chands ; de même que les entreprises.de grands
travaux forment de grandes fortunes par les petits
profits que l'on tire du travail d'un orand nombre
d'ouvriers. Tous-ces entrepreneurs ne font de for-
tune que parce que d'autres font des dépenses. Ainsi
il n'y ~ pas d'accroissement de richesse."
F. Quesnay, Grains, I!~ED, Paris 1958, p. 496

- 27 -
Pour comprendre l'attitude des physiocrates à l'égard
des services (activités de second ordre chez Boisguilbert
et Cantillon,improductives chez Quesnay) il importe de
situer dans quel contexte socio-économique, la doctrine
physiocratique s'est constituée.
La pensée et les prises de positions de Quesnay,
pour ne retenir que celui-ci, portent le sceau de la si-
tuation économique de la France du 18è siècle. L'activité
industrielle demeure peu développée malgré l'attention
apportée par les mercantilistes français (colbertisme)
à ce secteur. En m~me temps, l'activité agricole est peu
florissante· et les paysans connaissent des conditions de
vie difficiles en raison des fréquents prélèvements. D'une
façon générale en Europe, l'agriculture a fait les frais
de l'engouement des mercantilistes pour le commerce ex-
térieur et la manufacture.
Les problèmes agraires ont certainement eu une ré-
percussion sur le revenu des propriétaires terriens. Donc,
dans une certaine mesure,
la doctrine physiocratique
appara1t comme une des dernières réactions de la bour-
geoisie foncière contre la montée de son homologue indus-
trielle_et commerçante.
- ~ _ . - _ .
b) La diversité des positions des économistes
de l'école classique
La problématique des merc~ntilistes était en général

- 28 -
l'étude des conditions les plus adéquates pour attirer
l'or (la richesse) dans une nation. Le débat des clas-
siques sera beaucoup plus orienté sur la nature même de
la richesse. C'est donc dans l'optiquè de l'analyse de
la valeur que les services seront traités. Nous examinerons
la position d'Adam Smith et celle d'un représentant de
chacun des courants pessimiste.
(Robert Malthus) et opti-
miste (J. B. Say).
1. Adam Smith défenseur de la th~se de non productivité
des services
Smith insiste sur les bienfaits de la division du
travail. Il Y voit un puissant moyen d'accroissement de
la production. Néanmoins seul le travail est considéré
comme vraie source de la richesse. Cependant tous les
travaux ne sont pas à ses yeux productifs. Seul est pro-
ductif le travail qui ajoute quelque chose à la valeur
de l'objet sur lequel il est exercé (19). Ce travail pro-
ductif qui crée la richesse, se réalise dans un produit
________ ._ ----'---matéiiel.
Les travailleurs improductifs selon Smith, sont princi-
paIement les domestiques, les fonctionnaires, les membres
des professions libérales. A ceux-là il ajoute également
comme improductifs les 'ccleèiastiques, les gens de loi,
,
les médecins, les chanteurs et danseurs d'opéra, etc. La
!
caractéristique co~~une aux ouvrages de tous ces travailleurs 1
(19) Adam Smith, Richesse des nations, Ed. Guillaumin et Cie,
Paris 1884, p. 397

- 29 -
est de s'évanouir au moment même où ils sont produits.
Cette condamnation des services semble fondée uni-
quement sur leur aspect immatériel. C'est contre jus-
tement cet argument que s'élève J. B. Say que nous verrons
plus loin.
Outre l'affirmation très nette de l'improductivité
des services nous trouvons également chez ce grand éco-
nomiste classique une analyse du développement économique
par succession de trois phases. Dans le livre trois de
la Richesse des Nations, l'auteur soutient l'idée que les
capitaux se forment et s'investissent d'abord dëns l'agri-
culture. Ils s'investissent ensuite dans l'industrie à
la suite de la chute de leur rentabilité dans le premier
secteur. Enfin, lorsque l'industrie est saturée de capitaux,
ceux-ci émigrent dans le commerce extérieur. Adam Smith
apparaît ici comme un inspirateur de la théorie des trois
secteurs (que nous verrons plus loin) qui explique le
transfert de population entre les secteurs par une évo-
lution différentielle du progès technique.
_______Mais le grand classique constate que l'histoire de
- ~ ~
------
l'Europe ne semble guère coroborer sa théorie des trois
stades d'évolution des cëpitaux.Il résoud cette contra-
diction en soutenant que le cours du progrès en Europe
n'est pas naturel. Celui de l'Amérique par contre le serait.
Dans la problématique du développement, Adam Smith

- 30 -
apparalt donc comme un précurseur de la théorie moderne
des trois secteurs •
.Les bases théoriques de son analyse, l'environnement
économique de l'Angleterre, pays plus industrialisé que
la France à l'époque, sont autant de facteurs qui per-
mettent à l'économiste d'éviter la position des physiocrates
sur l'improductivité de l'industrie. Cependant, prisonnier
de l'idée que la richesse est matérielle, il déniera tout
caractère productif aux services à l'exception du commerce
des produits. Toutefois la condamnation du tertiaire par
l'un des plus grands fondateurs de l'école classique,
ne sera pas toujours partagée ~r ses successeurs.
2. Thomas Robert Malthus dans la lignée de Smith
Malthus partage les vues d'Adam Smith sur l'improduc-
tivité des services. En effet sa définition de l'économie
politique annonce déjà sa position sur la question:
"Monsieur Say, dans une note ajoutée à la seconde partie
du cours d'économie politique de Storch, fait l'obser-
vation suivante au sujet des objets qu'il pense devoir
regarder comme des richesses: "ce n'est que la possi-
bilité de les déterminer, de connaltre, par conséquent,
quand et comment les biens augmentent, quand et comment
ils diminuent, et dans quelle proportion ils se distri-
buent, qu'il a fait de l'économie politique une science
positive qui a ses expériences et fait connaltre ses
résultats"
(20).
(20) Robert Malthus, Principes d'économie politique,
Calman Levy, Paris 1969, p. 10

- 31 -
Or Malthus pense que ce travail est impossible en
ce qui concerne les services. D'où sa condamnation de
ces activités. Pour lui aussi la richesse ne peut qu'être
matérielle. Il le dit explicitement en ces termes
"J'appelle richesse les objets matériels nécessaires,
utiles ou agréables à l'homme, et qui sont volontai-
rement appropriés par les individus ou les nations aux
besoins qu'il éprouvent ••• Un pays sera donc riche ou
pauvre, selon l'abondance ou la rareté des objets ma-
tériels dont il est pourvu, relativement à l'étendue de
son territoire; et un peuple sera riche ou pauvre, selon
l'abondance ou la rareté de ces même objets, relativement
à la population"(21).
L'auteur lui-même se réclame du point de vue d'Adam
Smith selon lequel
seul le travail créateur de biens
matériels est producteur de richesse. Il remarque ce-
pendant que cette "juste définition" du travail produc-
tif a l'inconvénient de rabaisser tous les autres genres
de travaux. C'est cela, selon lui, qui soulèverait tant
de critiques à l'encontr~ de la définition de Smith.
----
- - - - - - - -
"Pour détruire cette objection adressée à une clas-
sification du reste suffisamment juste pour les besoins
de la pratique, en l'absence d'une comparaison plus utile
pour servir à l'explication des Causes de la richesse
des peuples, et jusqu'à ce qu'une autre soit mise en avant,
(21) R. Malthus: Principe d'éconbmie politique,
CalmanLevy, Paris 1969, p. 14

-
32 -
il serait désireux que l'on substituât le terme de
services personnels à celui du travail improductif." (22)
Ces services personnels se caractériseraient par
le fait qu'on ne puisse les évaluer, les transporter sans
la présence du producteur. Leur estimation dans la ri-
chesse nationale serait impossible. Ce sont en grande
partie, ces différents éléments qui ont amené R. Malthus
à considérer les services comme improductifs •
• La conception de J. B. Say
Say prend le contrepied des positions défendues par
Quesnay, Adam Smith et Malthus sur la question. Pour lui
il ne saurait être question d'attribuer le caractère pro-
ductif aux seules activités de création de biens matériels.
Il défend l'idée que "quelque soit celle des opérations
à laquelle le travail s'applique, il est productif, puisqu'il
concourt à la création d'un produit. Ainsi le travail
du savant qui fait des expériences et des livres est pro-
ductif ; le travail de l'entrepreneur bien qu'il ne mette
pas immédiatement la main à l'oeuvre est productif;
enfin le travail du manoeuvrier, depuis le journalier
- - - - - -
qui bêche la terre, jusqu'au matelot qui manoeuvre un
. navire, est encore productif." (23)
Say. insistera beaucoup sur ce point et même lui
consacrera tout un chapitre intitulé "des produits imma-
tériels,
ou des valeurs qui sont consommées au moment
(21) R.Malthus: Principe d'économie politique,
Calman Levy, Paris 1969, p. 14
(22)R. Malthus, Op. Cit. p.15

-
33 -
de leur production". Sa divergence avec les autres clas-
siques étudiés plus haut réside dans la définition même
de la richesse. Il le reconnaît lui-même clairement en
ces termes: "Smith refuse aux résultats de ces industries
le nom de produit.
Il donne au travail auquel elles se
livrent le nom d'improductif, et c'est une conséquence
du sens qu'il attache au mot richesse; au lieu de donner
ce nom à toutes les choses qui
ont une valeur échangeable,
il ne le donne qu'aux choses qui ont une valeur échangeable
susceptible de se conserver, et par conséquent il le
,refuse aux produits dont la consommation a lieu à l'instant
m~me de la création."·(24)
Say touche ici du doigt le problème toujour actuel
de la valeur. Tout en reconnaissant le caractère productif
des services, il préconise cependant la limitation de
certains. En effet en bon défenseur de la doctrine libé-
raIe il reste farouchement opposé à l'intervention de
l'Etat dans les affaires et par voie de conséquence au
développement de l'appareil d'Etat par l'augmentation
du nombre de fonctionnaires.
Les économistes de l'école classique n'ont tous
pas eu la même position sur les services. Si certains
les ont condamnés, d'autres comme Say(25) leur ont reconnu Ul
caractère productif. Ils ont presque tous été unanimes
(23) J. 8. Say, traité d'économie politique', Ed. Guillaumin
et Cie, Librairies, Paris 1861, p. 82
(24) J. 8. Say, Op. Cit. p. 120

-
34 -
pour reconna!tre l'utilité sociale de beaucoup de services.
Les divergences de point de vue chez ces auteurs trouvent
leur source dans la conception de la richesse et de la
valeur. Les partisans de la valeur comme utilité diront
que les services sont productifs. Les défenseurs de la
théorie de la valeur du travail rejetteront ce point de
vue.
3° Les services dans la pensée Marxiste
Le marxisme aborde l'étude des services sous l'angle
de la théorie de la valeur
travail. Ici aussi les éco-
nomistes semblent avoir des conceptions différentes sur
la question. Mais pour l'essentiel nous nous contenterons
d'exposer les points de vue de Karl Marx lui-même.
a) L'analyse de Marx
Marx fait une distinction entre le travail productif
en général et le travail productif dans un système ca-
pitaliste.
Il dit en substance : "du point de vue du
travail en général, est productif le travail qui se réa-
lise-en-un produit ou mieux une marchandise. Du point de
vue de la production capitaliste il faut ajouter: est
productif le travail qui valorise directement le capital
ou produit de la plus-value, c'est-à-dire qui se réalise,
(25) Selon V~urice Lengellé beaucoup d'autres auteurs
classiques comme Stuart Mill se sont rangés du
côté de J. B. Say sur cette question.

- 35 -
sans aucun équivalent pour l'ouvrier qui l'exécute, en
une plus-value représentée ~r un produit, donc en un
incrément additionnel de marchandise pour celui qui mo-
nopolise les moyens de travail, le capital" (26).
Pour que le travail soit productif en régime capi-
taliste donc, il doit remplir deux conditions: générer
un produit ayant le caractère d'une marchandise, c'est-à-
dire contenant de la plus-value appropriée ~r le capi-
taliste;
la seconde. condition ~st que le travailleur
pris individuellement doit se trouver contraint de vendre
sa force de travail au capitaliste.
Marx précise ce point en disant que "toutes les fois
que le travail est acheté pour être employé comme valeur
d'usage, à titre de service - et non pas comme facteur
vivant, échangé contre le capital variable, en vue d'être
incorporé au processus de production capitaliste
il
n'est pas productif, et le salarié qui l'exécute n'est
pas un travailleur productif" (27).
Le service, tel qu'il est défini ici, ne recouvre
-- - -- ------
plus exactement la même réalité que nous avons étudiée
jusqu'à présent. Marx semble entendre par service le pro-
duit de la force de travail que ,le propriétaire de celle-
ci vend directement à un consommateur final. Il inclurait
alors les productions artisanales dans les services même
si leurs produits sont matériels. QUant aux productions
(26) Karl Marx - Chapitre inédit du Capital, Collection
10/18 p. 224-225

- 36 -
immatérielles elles peuvent être productives ou non
selon la position du travailleur qui'les exécute dans le
processus de production capitaliste : "Certains travaux
improductifs peuvent incidemment se rattacher au procès
de production et leur prix entrer même dans celui des
marchandises, l'argent dépensé pour eux formant une partie
du capital avancé. Il peut donc sembler ~e ces travaux
s'échangent directement contre du capital et non contre
de revenu." (28)
Marx, dans ce passage, fait allusion aux services
'gouvernementaux ou de l'Etat, aux activités de distri-
bution. Ces produits immatériels sont improductifs dans
tous les cas. Ce sont les travaux des prof.ssions libé-
rales qui peuvent être productifs ou non selon le CaS.
L'auteur donne l'exemple d'une cantatrice, d'un ensei-
gnant, qui sont productifs quand ils travaillent pour
un capitaliste, et non productifs lorsqu'ils travaillent
'pour leur propre compte. Marx refute l'idée des physiocrates
'et d'Adam Smith pour qui, seul le travail produisant des
biens matériels est productif. Pour lui "le mot service
exprime simplement la valeur d'usage particulière du
travail utile comme activité et non comme objet - Il
ajoute - : la productioh immatérielle effectuée pour l'é-
change, fournit aussi des marchandises."
(29)
(28) Karl Marx - Op. Cit. p. 231
(29) Karl Marx - Op. Cit. p. 237 et 239
=

- 37 -
~
,
,
D
Il ressort donc que chez Karl Marx, activité de
service n'est pas synonyme de production immatérielle.
Les services dans son acception sont improductifs. Mais
les services tels que nous les avons étudiés jusqu'à
présent, vus dans la problématique marxiste, paraissent
tantôt productifs, tantôt improductifs. Sans cette pré-
cision il parait inexact de dire comme MichelPraderie (30)
que la théorie marxiste condamne le tertiaire comme une
activité parasitaire.
b) Position de quelques néo-marxistes
Les continuateurs de Marx ne sont pas toujours una-
nimes sur l'appréciation des activités de services. La
discussion entre Esaburo Koga et Catherine Colliot Thélène
est un exemple de la diversité d'interprétation de la
pensée de Marx sur la question (31). Le ter~iaire apparait
aujourd'hui de moins en moins dénué d'intér~t aux yeux
des économistes marxistes contemporains. Ainsi dans un
intéressant article, Pierre Salama (32) voit dans le dé-
veloppement à grande échelle des activités commerciales
l'une des raisons majeures de la non réalisation de la
loi de la baisse tendancielle du taux de profit.
(30) Michel Praderie - Les tertiaires - Ed. sociales,
Paris 1966
(31) Le débat a eu lieu dans la Revue "Critique de
l'écononie politique" na 10
(32) Pierre Salama - Développement d'un type de travail
improductif et baisse tendancielle du taux de profit -
Revue "Critique de l'économie politique" na la,
Maspéro, Paris 1973, p. 130

-
38 -
II - LES SERVICES ET LA THEORIE DES TROIS SECTEURS
La théorie des trois secteurs est apparue vers les
années 1929 avec pour objectif de donner une réponse aux
problèmes de chômage et d'exode rurale de l'époque. Elle
a connu beaucoup de succès et depuis lors on a cherché
à y voir la théorie du développement normal de tout pays.
Sa célébrité lui a valu par ailleurs un très grand nombre
de critiques. Nous verrons donc dans cette section la
formulation de la théorie des trois secteurs chez ses
fondateurs, puis dans un second temps nous examinerons
les critiques qui lui sont adressées.
A - Formulation de la théorie contemporaine des
trois secteurs
Examinons dans quel contexte elle est née avant de
prendre connaissance de son contenu.
1° Le contexte de sa naissance
~._-
- ---"'
Dans l~développements précédents on peut remarquer
que-les -positions à propos des services ont été prises
soit à l'occasion de l'énoncé de ce que devrait être les
normes de comportements à l'égard de la richesse ou à
l'occasion des tentatives d'explication de l'origine de
celle-ci. En d'autres tetrnes les différentes positions

- 39 -
ont été prises en relation avec la question de la ri-
chesse.
Mais à la fin du 19~ si~cle, d'une mani.re générale,
le débat qui retient l'attention des économistes porte
sur le probl~me de la valeur, le probl.me de l'équilibre,
plutôt que sur la nature même de la richesse. Les ser-
vices ont eu pratiquement peu d'intérêt dans ce contexte.
Il faudra attendre la première moitié du 20. si~cle pour
les voir faire l'objet d'un regain d'intérêt (vers les
années 1920-1935).
A cette époque le capitalisme s'est beaucoup déve-
loppé mais conna1t périodiquement des crises aigues en-
tra1nant de graves problèmes d'emploi. L'explication des
crises, du chômage, de l'exode rural, redevient d'actualité
avec la crise de 1929. Dans ce contexte la théorie des
trois secteurs appara1t comme une approche sectorielle
du probl.me de l'emploi à côté d'autres approches plus
globales (ex
analyse de Keynes). Avec cette théorie,
_ _ _ ~_ - - l e s ·services seront dorénavant étudiés en rapport avec
la question de la population et de l'emploi.
Après la seconde guerre mondiale un autre probl~me
viendra donner encore plus d'intérêt à la théorie des
troiS secteurs: c'est le problème des deux-tiers de
1
l'humanité appelée pays sous-développés. Pour ces pays
on admettait implicitement qu'ils suivraient la même tra-
1
,
1
jectoire de développement que les pays industrialisés
1:,

_ 40 -
d'Europe. La théorie des trois secteurs qui semblait
avoir pour objectif d'expliquer une situation donnée à
un moment donné en Europe, acquerrait ainsi une dimension
normative et universelle (33). L'objectif de la deuxième
partie de cette thèse sera justement de tenter une vé-
rification de cette théorie en Côte d'Ivoire.
Voyons maintenant ce qu'est la théorie des trois
secteurs.
2° Les penseurs modernes de la théorie des trois secteurs
Nous examinerons d'abord le contenu gé,nérale de la
théorie et nous étudierons ensuite l'apport de chqcun
des trois économistes qui l'ont systématisée.
a) Contenu général de la théorie
La théorie des trois secteurs établit une corrélation
entre la structùre de la population active et le niveau
de revenu réel par t~te En fonction de la population active,
l'économie est divisée en trois secteurs : l'agriculture,
l'industrie, les services. La proportion de la population
active occupée dans l'agriculture est une fonction inverse
du niveau du revenu par tête. L'emploi du secteur industriel
(33) Dans le même ordre d'idées nous situons la théorie
de : W. Rostow, Les étapes de la croissance écono-
mique, Edition du Seuil, Paris 1963
Par rapport à notre sujet, Rostow n'aborde pas les
services comme question ayant un intérêt particulier.
Mais il ressort tout le long de son exposé l'idée
qu'à chaque étape de développement correspond un
type précis d'activité de services.

- Al -
s'élève avec la croissance du revenu par tête et tend
à se stabiliser. Enfin à un stade de développement su-
périeur (revenu par tête plus élevé) l'emploi, crott
fortement dans le secteur des services ou secteur tertiaire.
kinsi, selon la théorie des trois secteurs, le sentier
de développement d'une nation se caractérise par le pas-
sage successif de la population active de l'agriculture
à l'industrie, et de cette dernière aUX services. Le
poids des servic~s dans une économie revêt alors une grande
importance, car leur abondance peut être un indice de
développement.
b) L'apport des trois économistes fondateurs
de lë théorie
L'apport de Fisher, Clark et Fourastié à la théorie
,
des trois secteurs est inégal et porte sur des points
"
parfois différents.
Allan G. B. Fisher fondateur du concept de
·secteur tertiaire
Colin
Clark est très souvent cité cemme le fondateur
de la théorie des trois secteurs. Cette affirmation est
--~---~---
inexacte. Colin
Clark attribut lui~même la paternité
de cette loi au mercantiliste Anglais Sir William Petty (34).
En outre dans un excellent article sur la théorie des
trois secteurs, Philippe Hugon
(35) prouve que Fisher
(34) Voir Colin Clark, Conditions du progrès écenomique,
PUF, Paris 1960, p~ 311

-
42 -
a été le premier économiste moderne à caractériser la
croissance économique par une migration de la population
active à travers trois secteurs.
La pensée de Fisher a été exposée dans de nombreux
articles et ouvrages à parti" de 1926. Sa formulation
compl~te de la théorie des trois secteurs a été faite
dans son ouvrage "The clash of Progress and security"
paru en 1935. Dans ce livre il distingue trois mani~res
de produire et trois comportements économiques. Le premier
il emploie la terminologie de ·primaire", "secondaire"
et "tertiaire".
Il estime que le déplacement de la population active
du primaire vers le tertiaire, via l'industrie, est un
signe deprogr~s. Loins de déplorer donc la poussée urbaine,
on doit s'en réjouir parce qu'elle sous-entend que les
besoins primaires de toute la population peuvent être sa-
tisfaits par une proportion de la polulation en évolution
dégressive.
Le stade primaire de développement de Fischer cor-
respondrait à la situation des pays développés avant la
révolution industrielle. C'est aussi la société tradi~
tionnelle de Rostow. A cette époque, la population cr01t
plus vite que les ressources. L'activité principale est
donc la production des denrées alimentaires indispensables
(35) Philippe Huggon, situation et signification de la
théorie des trois secteurs, Revue d'Histoire éco-
nomique et sociale, vol. XLI, 1963, nO l
Les
vues que nous exposons ici sur le développement
./ .

-
43 -
à la survie. L'agriculture occupe la majeure partie
de la population.
Les mouvements de celle-ci à ce stade
proviendraient plus de crises économiques que du progrès
technique. Au stade primaire, le secteur agricole est
dominant.
Au stade secondaire de développement, le progrès des
sciences entra1ne un développement rapide de la manufac-
ture.
Le développement du secteur secondaire est précédé
d'un important accroissement de productivité dans l'agri-
culture. Le gain de productivité agricole est la base
du transfert de la population active vers l'industrie.
,Enfin au stade tertiaire, le progrès technique dans
l'industrie est tel qu'une partie des ressources techniques
et humaines peuvent être affectées à la production de
biens et services satisfaisant des besoins de loisirs.
Produit dans ces conditions, après satisfaction des
besoins primaire et secondaire, les services peuvent
alors, pour Fischer, participer à la réalisation de l'hom-
me au sens où l'entendaient Platon et Aristote. Au niveau
de l'emploi,
les services contribuent au progrès éco-
nornique en offrant un débouché à la main-d'oeuvre excé-
dentaire des secteurs primaire et secondaire. Le tertiaire
appara1t ainsi comme une soupape de sécurité face au
risque de chômage technologique. Fisher pense avoir trouvé
ici une solution efficace car, la caractéristique éco-
suite (35) théoriques de Fisher sont pour l'essentiel
empruntés à cet article de Hugon, n'ayant pas pu trouver
l'ouvrage de l'auteur.

- 44 '-
nomique essentielle des services étant de répondre à
des besoins de nature illimitée, il y aura toujours des
services nécessaires pour résorber le chômage techno'-
logique.
La description d~s différents stades semble bien
correspondre à l'évolution économique en Occident. Une
observation hâtive de la situation actuelle de l'Afrique
Noire pourrait m~me nous laisser penser que les pays de
ces contrées sont au stade primaire. Nous verrons ce qu'il
en est dans la seconde partie de la thèse avec l'~tude
des services en Côte d'Ivoire.
Pour ce qui est de l'apport de Fisher à la théorie
des trois secteurs nous pouvons dire qu'il a eu une con-
ception assez complète sur la question.
Colin Clark, propagateur de la théorie
des trois secteurs
Il vient d'être établi que, cinq ans avant la pa-
= - - - - - - ~~
rution "des Conditions du progrès économique"
en 1940,
Fisher avait énoncé avec une ramarquable clarté ce que
nous appelons aujourd'hui la théorie des trois secteurs.
Mais si actuellement des personnes non averties
voient en Clark le fondateur de cette théorie cela pro-
vient du grand succès qu'a connu son livre sur la question.
Ce livre est le résultat d'un impressionnant travail

-
45 -
statistiqJe en vue d'une vérification expérimenta-le de
la théorie des trois secteurs au niveau de plusieurs payS.
Sur le plan purement théorique Colin ~lark n'apporte paS
un approfondissement aux développements de Fisher. ~a
détermination des secteurs parait même plus énumérative.
En effet Clark entend par activités primaires "l'ap-
provisionnement en produits agricoles et en produits de
la pêche, le mot "agricole" s'appliquant à toute sorte
d'élevage,
y compris le nomadisme pastoral" (36). Il
faut également inclure l'exploitation forestière et la
chasse dans ce secteur.
L'industrie, elle est définie en fonction de trois
critères
l'activité est celle d'une transformation con-
tinue, à
grande échelle, et le produit transportable.
Cet effort de détermination théorique pour ce secteur
posera,
comme nous le verrons plus loin le problème de l'in-
dustrie du bâtiment. Mais auparavant rappelons la défi-
nition du secteur secondaire selon Clark : "on peut très
exactement définir l'industrie, comme la transformation
--------·----contlnuë~ sur une grande échelle, de matières premières
en produits transportables. Le mot fonctionnel "continu"
exclut les processus qui s'apparenteraient à la confection
artisanale des vêtements, à la réparation des chaussures,
et~.De la même façon le mot transportable exclut tous
les processus de construction ou d'installation, que l'on
(36) Colin Clark, Les conditions du progrès économique,
PUF, Paris 1960, p. 78

- 46 _
classe opportunément, avec les activités de service. Ce
sont cette continuité du processus et ce aspect trans-
portable du produit qui
constituent la nature même de
l'industrie, ••• " (37)."
Le secteur des service est défini Comme un reste.
C'est ce qui n'est ni agricole ni industriel. Parlant de
ce secteur, Colin Clark dit : "Reste un élément important
que nous pouvons plus commodément décrire sous le nom
d'activités de services. Cette appellation recouvre des
travaux variés, dont la plupart exigent moins de biens
d'équipement que l'industrie. Mais pour certaines d'entre
elles tels que le chemin de fer, la marine marchande ou
"
le téléphone,
l'équipement requis par ouvrier est extrê-
mement onéreux •.• la production de bienssur une petite
échelle, telles que la boulangerie, la confection des
robes par des couturières et la réparation des éhaussures,
est presque toujours exclue et figure donc aussi parmi
les services." (38)
Définis de façon énumérative, les secteurs économiques
chez Clark ne recouvrent pas toujours exactement la même
réalité que chez Fisher. Comme nous l'avons noté plus
haut, l'apport essentiel de Colin Clark à la théorie des
trois secteurs est d'en avoir donné une vérification par
rapport aUx développements de Fisher. Mais par cette vé-
rification expérimentale, l'auteur des "Conditions du
(37) Colin Clark, Les conditions du progrès économique,
PUF, Paris 1960, p. 152
(38) Colin Clark, Op. Cit. p. 207

- 47 -
progrès économique" a donné une renommée mondiale à cette
théorie.
L'économie des services chez Jean Fourastié
D'une façon générale, l'oeuvre de cet économiste
Français es~centrée sur le progrès technique, ses consé-
quences sur l'activité économique dans une perspective
de long terme. De ce point de vue Fourastié va aborder
les services dans la même problématique que Fisher. Mais
il élève le niveau de l'analyse de la théorie des trois
secteurs jusqu'à lui donner une dimension sociologique
et philosophique (cf. les question sur le genre de vie
ou de la civilisation
tertiaire), ce qui parfois donne
à son étude un caractère apologétique~
Mais restons àun niveau beaucoup plus modeste et
\\'
voyons comment se situent les services dans la pensée de'
Fourastié.
L'auteur explique l'évolution économique contempo-
raine des pays développés par deux faits: l'accroissement
de la production sous l'effet du progrès technique
l'accroissement de la consommation sous l'effet de l'éle-
vation du niveau de vie. Il remarque que le progrès tech-
nique et la consommation ne s'accroissent pas au même
rythme dans tous les domaines de la vie économique. L'évo-
lution différentielle de ces deux phénomènes lui permet

- 48·-
de définir trois secteurs économiques.
Sous l'angle de la production, Jean Fourastié dis-
tingue trois comportements du produit selon l'intensité
du ·progrès économique nécessaire à sa fabrication. On a
1. les produits à progrès techniques moyens (produits
primaires ou de l'agriculture),
2. les produits à progrès technique important (ceux du
seconda!re),
3. les produits à progrès technique faible ou n~ (produits
tertiaires) •
Sous l'angle de la consommation il détermine également
trois comportements correspondant. à trois secteurs éco-
nomiques. Cela donne
1
1. les produits dont l'élasticité de la demande par rap-
1
port au revenu est inférieure à l'unité (produits pri-
1
maires),
2. ceux dont lélasticité est d'abord supérieure à l'unité
puis inférieure à l
(produits secondaires),
3. enfin les biens à élasticité supérieure à l (produits
tertiaires) •
Chez Fourastié les secteurs économiques sont dou-
blement définis. Du point de vue du progrès technique
il dit : "J'ap~ellerai primaiies les activités à progrès
techniques moyens (agriculture), secondaires les activités
i
à progrès techniques considérables (en généial l'industrie)
·i

- 49 -
et tertiaires les activités à progrès techniques faibles
(commerce, administration, professions libérales, services
personnels, etc ••• ) (39).
L'activité économique, ainsi soumise ~u double effet
du progrès technique et des lois de consommation, conna!t
des migrations professionnelles dans le long terme. Dans
le court terme, l'ajustement de la consommation à la pro-
duction s'opère ~r les prix, les rentes, les profits et
les crises économiques.
Contrairement donc à Colin Clark, Fourastié garde
la terminologie de primaire, secondaire et tertiaire in-
ventée par Fisher. Mais il ne définit pas les secteurs
de façon énurrérative. Son approche se fonde essentiellement
sur le mouvement du progrès technique et sur les lois
d'Engel.
Cependant cette définition théorique (surtout
par le mouvement du progrès technique), donne aux sec-
teurs un caractère mouvant dans le temps. Fourastié s'en
aperçoit lui-m~me avec l'exemple du chemin de fer et des
corr~unications dont la productivité n'a pas toujours été
faible: (40)
Dans la pratique et d'une façon générale, le contenu
des trois secteurs chez les trois économistes est identique.
3° Co~troverses récentes sur la théorie des trois secteurs
Aujourd'hui, dans la plupart des comptabilités na-
(39) Jean Fourastié, Le Grand espoir du 20è siècle,
Gallimard, Peris 1068, p. 18.

- 50 -
tionales, i l est fréquent de voir classer
les activi tés
économiques regroupées en secteurs primaire, secondaire
et tertiaire. La popularité de la théorie qui est à la
base de la définition de ces concepts lui a valu de nOffi-
breuses critiques. Les discussions sur cette théorie nous
permet de classer les différents protagonistes en quatre
courants allënt des adversaires résolus aux plus gr2nds
admirateurs.
a) Les contestataires de la théorie des
trois secteurs
Nous retiendrons pour l'étude de ce courant Bauer,
Yamey et F. Perroux.
A partir de 1951, un débat s'instaure entre Bauer-
Varney d'une part, Fisher-Triantis de l'autre. Il porte
sur la validité ou non des concepts de secteur primaire,
secondaire et tertiaire (41).
_ Dans l'article de 1951, Bauer et Yamey font deux
-critiques.
----- - '-- -- --
La premi~re porte sur la cohérence interne de la
théorie. Ils observent que celle-ci conduit à la déter~
mination de secteurs extrêmement hétorooènes dans leur
.
. -
contenu,
pour le produit desquels il est difficile d'en-
visager l'existence d'élasticité moyenne plus ou moins
(40) Voir sur ce point, J. Fourastié, Op. Cit.,p. 152

51 -
stable de la demande. De plus, la possibilité de subs-
titution entre facteurs de production dans les différents
secteurs militerait à l'encontre des changements struc-
turels de la population active parallèlement à ceux de
la conso~ation.
La critique de cohérence externe se fonde sur une
non vérification de la théorie dans les pays sous-déve-
loppé s.
Dans ces deux critiques Bauer et Yarney concluent
que toute corrélation observée entre le progrès écono-
mique et la distribution de la population active par groupe
d'occupation, doit ~tre considérée plus Comme un hasard
statistique que comme l'indication ou la preuve d'une
loi economique.
La réponse du professeur Fisher parait en 1952 (41).
Il admet que le secteur tertiaire peut être défini à partir
de la consommation,
-ou: à partir de la production.
Il
constate qu'aucune des deux approches n'est totalement
satisfaisante •.Toutefois la théorie des trois secteurs
demeure valide pour lui car elle est efficace dans l'étu-
de du développement économique.
A ~rtir de statistiques de la revue internationale
du travail, Triantii entreprend une vérification empi-
rique de la théorie. Il segmente les services en trois
(41) Pour plus de détails on pourra consulter les articles
.suivants :
Il
- Bauer et Yamey, Economic progres and Occupationnal
!
distribution, Economic Journal, décember 1951, p. 741

- 52 -
sous-secteurs. Il étudie chacun de ces sous-secteurs
par rapport à la pro ductivité moyenne, et Pl r rapport
à la productivité marginale.
Il aboutit au résultat que
les consommations de services augmentent avec l'éle-
1
vation du revenu.
il
Toujours dans les colonnes d'Economie Journal, en
1954, Bauer et Yamey viennent réitérer leur point de vue.
Ils rejettent l'argumentation de Triantis en avançant
le motif selon lequel les structures de budgets familiaux
ne donnent pas d'indications valides sur la consommation
réelle des biens et services, puisqu" il y a des transac-
tions qui s'effectuent sans l'intermédiaire de la monnaie.
La condamnation de la théorie des trois secteurs
n'est pas non moins catégorique chez François Perroux (42).
Pour lui la translation des ressources d'un secteur à
l'autre constitue le noyeau de cette théorie. Or la pos-
sibilité de translation de ressource, soutient-il, repose
en dernier ressort sur l'hypothèse d'un marché parfait
et d'une mobilité parfaite des facteurs. Perroux conclue
~-
que la réalité infirme une telle hypothèse. Pour la cohé-
rence externe il r~nd~J:'idée de Bauer et Yamey de la
non vérification de la théorie dans les pays sous-développés.
L'argument de cohérence externe nous parait peu rece-
(41) suite:
- Allan G. B. Fisher, Note on tertiary Production,
Economie Journal, december 1952, p. 820
- S. G. Triantis, Economie progrès, occupationnal
distribution and intern2tional terms of trad,
Economie Journal, september 1953

-
53 -
vable. En effet, vers les années 1930, la théorie
n'a
pas vu le jour à l'occasion d'étude du développement
économique des pays sous-développés. Aussi sa non-véri-
fication"dans ces régions ne peut conduire à sacondam-
nation globale. Il nous semble aussi que le marché, en
occident, n'a pas toujours été imparfait. Or la théorie
que nous examinons ici ne prétend pas être valide pour
les questions de court terme. On peut donc admettre qu'elle
rend compte partiellement de la réalité dans un tr~s long
terme. De plus l'imperfection du marché n'est elle pas
source d'4mergence d'activité tertiaire dans une certaine
mesure. (43)
b) Le courant du dépassement de la division
en trois secteurs
Ici nous retiendrons J. P. Courthéoux et Maurice
Lengellé.
Pour le premier, la théorie des trois secteurs reste
_valable dans ses grandes lignes. Il illustre le probl~me
---~-
~~soulève la détermination des secteurs par ces propos
"Dans la société humaine, nul n'ignore qu'il existe des
jeunes, des adultes et des vieillards. Mais qui pourrait
délimiter exactement chacune des trois catégories 7" (44)
(42) Voir F. Perroux, Le progrès économique ,Economie
et société, Cahiers de l'I5EA, nO 7, juillet 1967
(43) Avec le développement des entreprises géantes la
fonction de direction dépasse les cëpacités d'un
'/'

- 54 -
Ainsi la théorie de Fisher, Clark et Fourastié mériterait
d'être retrouvée plus pour ses instruments d'analyse que
pour les secteurs qu'elle définit. Le secteur tertiaire
ne pouvant être défini par un seul crit~re, la notion
tradi tionnelle d' activi té individuelle et collective doit
:!
être dépassée par celle de niveau de qualification, degré
d'instruction, de catégorie fficio-professionnelle~
Maurice Lengelle (45) est également peu satisfait
de l'hétérogéniété du secteur tertiaire. Sans s'élever
contre la théorie ~es trois secteurs en tant que telle,
il propose une segmenta~ion de l'activité économique
qui s'inspire beaucoup des techniques de la comptabilité
analytique d'exploitation des entreprises. Ces nouvelles
catégories ne sont pas exemptes de critiques: elles sont
définies· de façon énumérative 2t soul~vent en plus le
probl~me de détermin2tion de la meilleure clef de répar-
tition (problème propre à la ventilation des frais en
comptabilité analytique). Enfin on ne retrouve plus l'ar-
ticulation entre secteurs, les mouvements de population
active n'apparaissent plus.
cl Le courant de la valeur limitée de la
théorie des trois secteurs
Ce courant remarque que les objections à l'encontre
(43) suite/ seul homme. Cela donne donc naissance à une
modifiCation de fonction tertiaire de manaGement.
D'une part la nécéssité d'une réalisation de plus
en plus rapide des produits font intervenir la plu-

de la théorie contiennent une part de vérité. Il se pro-
pose de situer la théorie de Fisher, Clark et Fourastié
dans ses dimensions exactes. Dans ce cadre nous retien-
drons l'analyse de deux économistes Osman Okyar- et Philippe
Hugon.
Osman Okyar (46) soutient que la théorie des trois
secteurs, vérifiée dans le seul cadre des pays industria-
lisés d'occident, est non valide dans ceux sous-développés.
Il estime que le débat qui eut lieu entre Bauer - Yamey
d'~ne part et Fisher - Triantis de l'autre fut un débat
de sourds parce que ces économistes ne parlaient pas tous
de la même chose. Okyar remarque très justement qu'on
ne saurait comparer ou assimiler les sociétés sous-déve-
loppées du 20è siècle aux sociétés occidentales des 16è,
17è ou18è siècles. Ainsi la non validité de la théorie
dans les pays sous-développés n'est pas une preuve con-
vaincante de sa non cohérence externe d'une façon générale.
Sur la signification pratique de la théorie, tout
comme Okyar, Hugon (47) pense que l'hypertrophie du ter-
tiaire dans les pays sous-développés n'est pas une raison
valable pour la remettre en cause. Il reprend sur ce point
(4j) suite/ blicité, fonction tout aussi tertiaire. Pour
ne citer que ces deux exemples, il ne nous semble
pas que l'imperfection du marché arrête la crois-
sance tertiaire.
(44) J. P. Courthéoux, La répartition des activités
économiques, p. 92 - 93
(45) N~urice Lengellé, La révolution tertiaire, Ed. Genin,
Paris 1966

-56 -
l'argumentation de Fourastié selon lequel, il n'y a pas
richesse parce qu'il y a tertiaire, mais il doit y avoir
normalement du tertiaire parce qu'il y a richesse. Le
tertiaire dans les pays sous-développés s~rait dQ ~ une
attitude irrationnelle.
Au niveau de l'analyse théorique du schéma des trois
secteurs, Hugon observe que le passage de l'agriculture
~ l'industrie est une réalité indéniable en occident.
S'il Y a problème il résiderait plutôt dans le transfèrt
de population active du secondaire vers le tertiaire .
. L'auteur remarque que l~, certains mécanismes rendent
compte d'une
liaison ~ double sens : certains tertiaires
entrainent un développement du secondaire ou retarde son
déclin ; certains services peuvent devenir secondaires
à la suite d'une mécanisation.
Enfin Hugon remarque que la théorie des trois sec-
teurs repose sur de nombreuses simplifications qui ne
modifient paS la véracité de la thèse. Ces simplifications
.____
rendent seulement la véracité de cette thèse plus con:-
tingente. Le mécanisme de la migration de la population
en termes purements réels laisserait de côté les éiéments
monétaires, et les relations internationales. Hugon admet
qu'un aménagement de la théorie est nécessaire.
Les positions de ce courant nous paraissent plus
réalisteS.
(46) Osman Okyar; Lathéorie des trois secteurs et le
développement économique, Economie appliquée, nO 3
tome IX 1956, p. 315
(47 ) Philippe Hugon, Situation et signification de la
théori~ des trois secteurs, Revue d'Histoire
économ~que et sociale, Vol. XLI nO l 1963

- 57 -
d) Les partisans sans réserve de la
théorie des trois secteurs
Nous étudierons ici les points de vue de Sauvy et
de Pierre Jaccard.
Nous avons hésité à classer Alfred Sauvy dans ce
courant Car son apport à cette théorie (par son intro-
duction dans l'analyse démographique) en fait plus un
théoricien qu'un simple défenseur. Il définit les trois
secteurs par la loi des rendements croissants, décrois-
sants ou constants. (48)
A partir de cette segmentation de l'activité éco-
nomique en trois secteurs, Sauvy étudie l'effet de la
modification de la structure de consommation sur la po-
pulation et introduit la notion de population optimale.
Il remarque que cette dernière s'accroit, donc le surpeu-
plement diminue, lorsque les goQts se déplacent des produits
primaires vers les secondaires et tertiaires.
L'approche par les rendements conduit l'auteur à
analyser l'effet du progrès technique sur la population
et conc)ut (contrairement à Fourastié) que celui-ci n'est
pas toujours bienfaisant. Il introduit les concepts de
pr3g~è~_processifs et de progrès récessifs.
(48) "D'une façon générale, l'exploitation des ressources
na~u~e~les, e~t à.rendement décroissant ou, plus
preclsement decrolssant quand le nombre augmente •
. Par contre la transformation de la matière bénéficie
de la production de masse et de la diminution du
travail. Enfin certaines activités sont à rendement
.f.
.
"ilS
.. wu::.

- 58 -
Ainsi avec Sauvy la théorie des troii secteur~
devient un instrument d'analyse démographique.
L'admiration de Pierre Jaccard pour la théorie des
trois secteurs; est uniquement fondée sur l'efficacité
des politiques économiques déduites (selon lui) de cette
théorie.
Ainsi, il nous apprend que Fisher fut si bien écouté
que "le monde australien, déjà prospère il y a vingt ans
du fait de ses ressources naturelles, se trouve aujourd'hui,
au point <le vue économique et 50 cial, à la première plac e,
entre toutes nations, notamment à cause de l'heureuse
répartition de ses travailleurs dans les secteurs pri-
maire, secondaire et tertiaire." (49)
Il soutient également que la puissance et la pros-
périté de la Grande-Bretagne depuis William Petty jusqu'à
nos jours trouverait sa source dans la bonne compréhension
de cette théorie.
(48) suite/à peu près constants, ce sont en général
celles qui consomment peu de matières ou d'outil-
lages et beaucoup de travail humain, en général
intellectuel, ou du moins non musculaire."
Alfred Sauvy, Théorie générale de la population,
PUF, Paris 1966, p. III
(49) Pierre Jaccard, Les thèses de Petty, Fisher, Clark
et Fourastié sur les conditions du progrès éco-
nomique et social, Revue économique et sociale,
octobre 1953

- 59 -
CON C LUS ION
=====~========~====
Nous venons de voir qu'au cours àes âges et à
l'intérieur d'une même doctrine, plusieurs conceptions
des services ont été formulées.
Cell~des penseurs de l'Antiquité et du Moyen-Age
a été principalement dictée par des considérations mo-
rales.
Le tertiaiie a été condamné daris son ensemble
à l'exception de l'activité de l'intelligentsia. Avec
l'ère mercantiliste s'opère une rupture très nette. Les
services sont appréciés sous l'angle purement économique.
Ils sont réhabilités comme porteurs de richesse. La doc-
trine libérale se caractérise par la diversité de points
de vues de ses économistes. Selon qu'ils admettent que
la richesse est matérielle ou non, ils dénient ou recon-
naissent aux services une valeur économique. Aujourd'hui
la problèmatique est différente. L'étude du tertiaire
se fait en rapport avec le développement et surtout les
problèmes de population active.
La variété des opinions liées
à certaines critiques
__ actuelles adressées à la théorie moderne des trois secteurs
crée un véritable malaise. La théorie des trois secteurs
est-elle valide, peut-on continuer à parler de secteur
tertiaire comme catégorie économique ? Autant de questions

- 60 -
que l'on ne peut trancher d'une façon expéditive on uni-
latérale.
Pour notre part, la théorie des trois secteurs rend
compte partiellement de l'évolution économique des pays
industrialisés d'Occident. Il semble qu'elle ne soit pas
vérifiée dans les pays sous-développés. Cela ne nous
parait
p~
une preuve suffisante pour l'infirmer. Nous re-
viendrons sur cette question plus loin.
Dans les pays capitalistes industrialisés, il est
manifeste et indéniable que les travailleurs engagés dans
l~productions immatérielles et artisanales sont nettement
plus nombreux que ceux des autres secteurs. Les chiffres
du tableau ci-dessous confirment l'existence de ce mou-
vement d'ensemble en France, en Italie, au Royaume-Uni,
en Allemagne, aU Japon et aux Etats-Unis.

- é
T2bleau 1
PART DE LA POPULATION ACTIVE DANS LêS TROIS SECTEURS
(en %)
1965
7,10
37,80
32,40
55,10
:
1969
1969
19,30
Fr2nce
1960
22,40 +:
n.d.
Italie
1960
33,50
40,10
42 ,50
26,30
1965
26,80
45,00
. 45,70
28,30
1
1

62
Notes relatives au tableau
* Non compris "commerce, hôtels"
(1) Avec transport
(2) Sans transport
+
Sans industries extractives
J
~
Avec industries extractives
Source
"Statistique de la population active", in question
à la société tertiaire, documentation française,
Paris 1972.
Ces chiffres montrent allssi que ce glissement de
population du prin:aire vers le tertiaire ne s'est pas
produit au même iythme ni au même ~oment dans les dif-
férents pays retenus. Oenis-Clair-Lambert a montré que
des freins ont parfois perturbé la pleine réalisation
de la théorie des trois secteurs dans certains pays comme
la France (50). Il remarque que la prédominance de la
-civilisation urbaine confirme partiellement la loi des
trois secteurs dans les économies industrielles aVêncées.
Dans une étude sur l'agricultu~e, Paul Bairoch (51) a
cherché è vérifi2r le postulwt selon lequel l'éccroissement
du niveau de productivité aoricole a conduit è un déve-
loppement industriel. Il découvre "que si l'on met en rapport
(50) O. C. Lambert, L'urbainsation spontanée et la loi des
trois ?ecteurs in déveloPfement urb2in et analvse
economlque, CUjes, Paris
969.
.
IUG.li
_~•.~.;.:e.n AS &W.n.

- 63 -
le classement du niveau de développement industriel avec
celui qui découle de la productivité agricole, on cons-
t~te une relation étroite entre ces deux classements. Cette
relation est d'ailleurs plus étroite si l'on se place dëns
une perspective dynamique."
(SI)
Le chapitrE suivant nous permettra de revenir sur
cettE question puisque nous analyserons les théories de
la croissance du tertiaire.
o
o
0
(SI) P. ôëirocl:, .!'griculture et processus d'industria-
lisation aux lEè et 19è siècles,
Cahiers de l'ISE~
nO 5-8, Paris, mai
1972 p. l 112
.

- 64-
CHAPITRE 2
LES THEORIES EXPLICATIVES DE LA
CROISSANCE DES SERVICES
Dans le chapitre précédent nous avons fait le point
sur la place des services dans la pensée économique, de
l'antiquité jus~u'à nos jours. D'activités marginales
au départ, les services se sont developpés pour devenir
dans les pays indust~iels avancés un indice de dévelop-
pement ou de progrès. Aujourd'hui leur prolifération dans
toutes les économies, a donné naissance à plusieurs théories
.'
explicatives. Nous tenterons de les analyser dans le
présent chapitre.
l
-
LES THEOi<.ES ECOI'!Œ'·I~UES DE LA CKülSSp.:·,CE
DU TE?TIAIRE
Les théories de la croissance du tertiaire se ramè-
nent à deux thèses essentiellement qui seront l'objet
de cette section.
A - La thèse de la pression de la demande
Les services sont de par leur nature difficillement

.- 65 -
stockables. Leur production est totalement affectée à
la conso~~ation des ménages (consommation finale) et à
la consommation des entreprises (consommation intermé-
. !
diaire). P6ur donc bien apprécier l'effet de la demande
sur la croissance des services, il importe d'examiner
chacune des deux composantes de la consommation.
1° Effet de la demande finale sur la croissance
du tertiaire
a) Les mécanismes.
?armi les théoriciens des trois secteurs, seul Jean
Fourastié a avancé une explication théorique des méca-
nismes de développement du tertiaire.
Il présente sa
croissance comme la résultante de deux forces essentielles,
la production et la consommation.
L'étude de la consommatioh dans les pays développés
rév~le qu'au fur et à mesure que ~e revenu augmente:dans
un ménage, les dépenses alimentaires décroissent, les
dépenses faites sur les produits industriels augmentent
dan5-un premier temps puis stagnent, enfin celles relatives
aux services augmentent. Ce mouvement général de con-
sommation connu sous le nom de lois d'=ngel, oriente la
production et par voie de conséquence les facteurs de

- 66 -
production. Ainsi s'expliquerait la modification de la
répartition professionnelle en faveur du tertiaire.
On peut remarquer en passant que cette théorie appa-
raît comme un prolongement de la loi des débouchés. Elle
suggère qu'il
ne peut y avoir de surproduction globale
dans l'économie, contrairement aux théories marxistes
et keynesiennes. Les crises ne peuvent être que partielles
ou locales dans
la mesure où les besoins gouvernent la
production donc l'allocation des facteurs de production.
Cette affirmation mérite à notre avis quelques ré-
serves. Aujourd'hui les équilibres sur les différents
marchés (marché de l'emploi, marché monétaire, etc) ne
semblent pas s'obtenir de façon automatique. Force nous
est de constater la profonde modification de la concurrence
et l'apparition. d'oligopoles commes les multinationales
dont le pouvoir d'action sur le consommateur donc sur
les goüts n'est plus à démontrer.
Mais voyons ce que donne la thèse de la pression
de-la_demande finale dans la réalité.
b) Vérification empirique
Lorsqu'on observe les économies des pays développés,
l'on remarGue effectivement que certains facteurs jouent
en fav~ur de la thèse de la pression de la demande.

- 67
Ainsi dans ses nombreuses études sur les services
dans l'économie des Etats-Unis, Victor Fuchs (1) établit
que l'élasticité de la demande des produits industriels
(0,97) est nettement inférieure à celle des services
évalués à
1,17. Certes ces chiffres ne peuvent être
considérés comme représentatifs de la situation dans
tous les autres' pays développés d'Europe. :.'.ais ils ne
laissent pas moins penser que cette évolution puisse
s'observer dans certains d'entre eux dans l'avenir. A
défaut de ces données identiques, l'importance de la
part du produit des services dans la PIS de plusieurs
pays développés nous parait un indice important d'appré-
ciation du rapport entre la demande et la croissance des
services.
Selon les statistiques de j'OCDE (2) en 1968, les
services fournissaient en volume et à .prix constants,
49,20 f, de la PIS au Royaume-Uni, 42,70 % en France,
41,41 ~ en Allemagne, 49,SS % au Canada et S9,31 % aux
USA. Vême dans l'ignorance de la répartition de ce pro-
duit e~tre consom~ation finale et consommation intermé-
diaire,il nous parait assez significatif d'observer que
les services produisent approximativement sa % de la PIS
dans ces pays.
L'évolution de la structure de la consommation en
France semble confirmer aussi partiellement la t~èse de
(1) Voctor Fuchs, Service Economy, NES, New York,1968,
Page 44
(2) OCDS, Stat.

- 68 -
la pression de la deQande. Les calculs effectués par
Michel Praderie (3) montrent que la consommation globale
des ménages est passée de l'indice 100 en 1950 à l'indice
145 en 1966. Sur la même période il note que l'indice
de consommation des services progresse plus vite en passant
de 100 à 166.
Cependant, malgré ces nombreux arguments,
la th~se
de la pression de la demande nous paraît devoir être
nuancée. Tout d'abord les chiffres de Michel Praderie
pour la France ne semblent pas totalement confirmer les
tendances décelées par l'INSEE,(4).
(3) ;~ichel Praderie, Les tertiaires, Edition Sociale,
Paris 1966, p. 53
(4) INSEE, les Collections de l'INSEE, M 35, juin 1974

-
69 -
Tableaux 2
CONSOM~TION DES MENAGES EN FRANCE
INDICES DE VOLUME
1959 = 100
(
: : : : : : )
(
Catégories:
1960:
1961:
1962:
1963:
1964:
1965)
(
de produi t s :
:
:
, :
:
:
)
~-------------------~-------~-------~-------~-------~-----~-~-------~
: : : : : :~::~:::~~. : 110,0 : 125,8 : 146,6 : 172,0 : 187,1 : 194,0 )j)
bles.............
106,1:.114,4
125,6
140,7
147,4
149,3
·
8iens alimentaires: 102,7
105,3
109,6
113,7
117,8
121,2
1Autres biens fon- :
( gibles
.
108,0 : 115,4
126,8 : 139,2 : 148,4
·
160,3 1
'
Services
.
·
104,9
111,4
118,8
125,5
132,9
·
140,1 ~
Ensemble de la
·
·'.
consommation •••••
105,0
111,1
119,3: 128,2
135,0
140,7 ~
(---------'=----_----:._----=---~-_....:...._---'----)
(
:
)
(
Catégories
1966
1967
1968
1969
1970
1971)
('
depro<;luits:
:
:
:
:
:
, )
(-~-----------------:-------:-------:-------:-------:-
------:-------)
~ Biens durables ••• ~ 207,3 ~ 220,6 : 244,0 : 270,5 : 279,7 ~ 316,sl
- 1- 8ièns- semi-dura-
~
bles.............
156,0
161,5
170,3
183,4
192,0
203,1)
,Biens alimantaires~ 124,6
128,9
131,7
135,9
139,2
142,2l
~ Autres biens fon-
~)'
(gibles...........
171,7
187,6
201,2
217,9
236,9' 257,2
~ Services......... 147,7 156,1 158,8; i69,1 178,7 189,8 l
1 Ensemble de l a '
~
1 consommation.....
147,4
155,2
161,6
172,0
180,3
191,7)
Source
INSEE Op~ Cit. p. 140

- 70-
Ce tableau montre que l'évolution de l'indice de
consommation des services n'aura été plus rapide que par
rapport ~ la consommation des biens alimentaires. Les
biens durables passent de l'indice 100 en 1959 ~ 316,6
en 1971, soit un taux de variation de 9,7 ~. En deuxième
position viennent les "autres biens fongibles"
avec un
taux de variation de 8,2 ~. Avec un taux de 5,4 % les
services viennent en quatrième position après les biens
semi-durables (5,9 %). Si l'on considère l'ensemble de
la consommation il apparait qu'elle a progressé au même
rythme que les services.
Certes les calculs de Michel Praderie et de l'INSEE
ne couvrent paS la même pé riode d'étude. r,éanmoins
l'écart important quant aux grandes tendances n'est pas
moins frappant.
L'analyse de la consommation à travers les coeffi-
cients budgétaires nous apporte une information complé-
mentaire. Les chiffres du tableau ci-dessous semblent con-
tradictoires avec les tendances que nous venons d'observer.
Màis il ne s'agit que d'une simple apparence. L'indice
retrace la consommation d'un produit dans le temps tandis
-- - ---que-les coefficients budgétaires évaluent le poids des
différents types de produits dans la structure de con-
sommation à un mament donné.
)

-.71 -
Tableau 3
EVOLUTION DE LA CONSO,w.\\A TION
DES MENAGES EN FRANCE
~
Catégories de produits
:
1959
:
1972
l
(
:
Coefficients: Coefficients 1
:
budgétaires:
budgétaires
-------------------------------:--------------:--------------
.
.
Biens durables •.••...••••.••. :
7,7
9,5
~
Biens semi-durables..........
15,1
1 3 , 9 )
Biens alimentaires
:
37,3
26,8
~ Biens fongibles..............
14,1
1 5 , 9 ~
}
( Ensemble des biens ••••••..••. :
74,2
6 6 , 1 )
~ Services.....................
25,8
33,9
~
i Ensemble de la consommation..
100
100
l
.~,
---=----
-'-----_.:...--_l
Source
INSEE Op. Cit. p. 15
\\

- 72 -
La consommation de biens para1t nettement plus
importante dans la satisfaction des besoins des ménages.
~
On remarque une réduction du poids relatif de l'alimen-
tation qui passe de 37,3 à 26,8. Ce phénomène est nor-
mal et s'observe dans la plupart des pays développés.
Tous les autres coefficients budgétaires des biens sont
en progression entre 1959 et 1972 (hors mis les biens
semi-durables) •
Cependant les chiffres laissent appara1tre une mo-
dification profonde de la structure de consommation pou-
vant appuyer la thèse de la pression de la demande. En
effet non seulement "l'ensemble des biens" voit leur poids
passer de 74,2 ~ en 1959 à 66,1 % en 1972 ; les services
enregistrent corrélativement une progression importante.
L'évolution de "l'ensemble des biens" est imputable à
la variation des coefficients budgétaires dans l'alimen-
tation. Quant aux services, il faut signaler que le gon-
flement rapide de leurs coefficients budgétaires est dÜ
~en-partie à l'inflation beaucoup plus importante dans le
tertiaire que dans le secteur de "l'ensemble des biens".
Ainsi, l'indice des consommations en volume aussi
bien que les coefficients budgétaires (lorsqu'on tient
compte de l'inflation) révèlent que la consommation des
services est en augmentation en France entre 1959 et 1972,
malS pas de façon exceptionnelle co~~e le veut la thèse
-..1

- 73 -
de la pression de la demande.
On pourrait cependant dire qu'il s'agit là d'une
~ tuation particulière à la France. Cependant la rela-
tive constance de la part des' services dans la PIB par
rapport auX effectifs croissants du tertiaire dans plu-
sieurs pays de l'OCDE parait assez significative (voir
tableau ci-dessous). Comme la consommation d'un produit
ne saurait augmenter si sa production demeure constante
(en supposant l'importation nulle), nous sommes obligés
de dire que le rBle de la pression de ~a demande dans
la croissance des services dans les pays développés est
partiel.
Dans de nombreux travaux de Simon Kuznets sur la
croissance économique des nations, nous décelons des élé-
ments à l'appui du rBle modeste de l'effet des revenus
sur la croissance du tertiaire. En effet, la théorie de
Fisher et Clark qui lie le développement des services
à l'étape du développement économique mesurée en terme
de produit par habitant, est une version élargie de la
thèse de la pression de la demande. Les études de Simon
Kuznets sur la relation entre niveau de développement et
structure du système productif semblent infirmer partiel-
lement la thèse de Fisher - Clark.
Kuznets, comme le tableau (page nO
74) le montre,
mesure la contribution des. divers secteurs économiques·
à la formation de la PIE dans 57 pays. Le produit
par
habitant est évalué en dollars des USA.

_ 74 -
Tableau 4
,
POiOULATIOI ACTIVE ET !JIll DANS PLUSIEURS Pi,YS DE L'CCDE (en is)
((
;
1960
>
Pays
:
Secteurs
:-----------------------:--
(-------------------~--------------~----~:~----:-~~~:-::~:_~--
(
D '
.
~ r1.malreoo ....
9,64
. 9,60
~ ETATS-UNIS
Secondaire." ."
39,29
32 ,80
(
Tertiaire, ••
56,71
58,60
TOTA L •.•..••
100,00
100,00
( - - - - - - -
(
( FRANCE
Primaire ••..
9,28
22,40
(
Se·condaire ••
46,28
37,80
(
Tertiaire ••.
43,86
39,80
: TOTÀL •...•.•
100,00
lCO,OO
ALLE!!AGNE
Primaire....
5,49
14,00
1
Secondaire..
52,48
48,80
(
Tertiaire.. •
42,03
37,30
(
TCTAL. . • . . . .
100,00
100,00
( - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
(
( ITALIE
Primaire, •••
15,19
33,50
(
Secondaire ••
:
36,69
42,50
(
Tertiaire •••
48,10
30,30
~
TOTAL. .•••••
100,00
100 ,00
~--?;-ROYAU:,~,,-l!1'Il
Primaire. • • .
3, 6G
7,30
(
Secondaire ..
'
46,09
45,10
(
Tertiaire...
50,31
47,00
(
TOTAL. ••.•.•
100,00
100,00
(-----_-:-~--_----:.._----'----'--
S o u r c e
Statistique de la population active,
OCDe 1972

-
75 -
l
:
1965
:
1969
--:-----------------------:-----------------------)
:
PIs
: Pop. act.:
PIS
: Pop. act.
)
--i----:~::---~----~~::---~----~~:~---~----:~::---}
37,92
32,40
37,82
3 2 , 8 0 )
58,72
60,50
59,31
6 1 , 7 0 )l
100,00
~
100,00
1 0 0 , 0 0 .
100,00
8,12
19,2 °
7,58
17 , 00
)
48,70
37,90
49,70
3 7 , 6 0 )
43 ,28
42 , 90
42 , 72
46 , 40
)
_.=.lO~O~,0"-'0"----_ _---=-1O~0,,_''-"0"-'0"----_ _---=.10:::.0:::..L,0"-'0"---_ _---=.1:::.00:::..L,0"-'0"---_))
4,47
12,90
4,62
1 0 , 9 0 )
-54,15
36,10
53,97
4 0 , 9 0 )
41,38
38.90
41.41
4 0 . 7 0 )
100,00
100,00
100,00
1 0 0 , 0 0 )
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ))
13,95
26,80
12,74
22,10»)
38,31
45,70
41,57
4 5 , 6 0 )
47,74
33,30
45.69 _
35.30
_-",1""0:'e
0'-<'''''0,,,0é...-_ _----=1;:::0;:::0.J.1;:::0;:::0__ _----=l;:::O;:::0.J.,;:::Ü;:::O__ ---=l,",O:::O'-"cè:O:::O~-l
3,58
5,80
3,51
4 , 7 0 )
47 ,l,2._~
: --- 45 ,80
47,29
4 5 , 2 0 )
49,30
48,70
4 9 , 2 0 .
50,10
) _
_ -=-_1_0_0_,_0_0_--''-_1_0_0_,_0_O_--'_ _1_0_0_,_U_O_----''---_1_0_0_,_O_C_'_
~

1
Tableau 5
\\iCONTRIBUTION DES SECTEURS AU PIB
1
(en dollars-
USA) 1958
: ;
)
:
1
Groupes de pays par ordre croissant de la valeur
)
~
:
.
de la PIB par habitant
)
~
:---------------------------------------------------------------l
.
.
:
I
:
II
:
III
:
IV
:
V :
VI
:
VII
: VIII.
i
:~------:-------:-------:-------:-------:-------:-------:-------~
..
..
..
..
..
..
..
..
(
..
..
..
..
..
..
..
..
Nombre de pays •..•..•••.
6
:
6
:
6
:
15
:
6
: 6
:
6
:
6
j.
PIB par habitant •..•••••
51,B:
82,6: 138
: 221
:
360
:
540
:
864
:1 382
1
( Contribution des sec-
-J
( teurs ( en %)
~
0-
(
1
( - Agriculture
..
53,6
44,6
37,9
32 ,3
22,5
17,4
11 ,8
9,2
-
Industrie . . . . . . . . . . • . .
l
13,3
16,5
18,8
23,5
28,7
32,5
43,6
42 ,4
- Services (1) ••••••.•••
33,1
3B,9
43,3
44,2
48,8
50,1
44,6
48,4 )
~(
( Contribution de chaque
( branche des services
·
·
.
:
:
·
.
·
·
·
:
:
? - Transports •••.••••••.•
5,2
·
·
·
:
5,9 :
5,8 :
5,9 :
6,5 :
7,0 :
9,3
:
7,8
( - Commerce ..•••..••••.•.
12 ,8 :
Il,8 · 13,5 :
15,3 :
14,9 :
13,5 :
11,3 :
14,2
)
( -
8anques, Assurances •••
0,6 :
1,4 ·
· 1,8 :
2,0 :
3,6
·
· 3,7
·
· 2,8
( -
Logement .••••.•.•.••.•
·
·
4,0
·
2,4 :
5,0 :
6,0 :
5,8 ·
6,0 :
5,9 :
4,1 ·
3,8
·
·
~
( - Administration et
(
Défense .•..••......•••
5,7 ·
6,9
,
( - Autres Services.; .••••
6,4 ·
· 7,1 :
6,4 :
7,2
:
10,8 :
6,8 :
8,1
:
7,9 ·
:
9,1
:
8,8
10,6 :
9,2
:
10,3
. . .
· 10,5
(
- . . .
·
·
.
.
..
..
..
..
..
..
..
1
( 1 ) Les transports ont été classés par S. Kuznets dans le secondaire. Nous les avons remis
dans les services.
Source: S Kuznets,
Economie growth of nations, Haward University Press, Cambridge 1971 p. 104

- 77 -
A partir de ces chiffres, S. Kuznets note une re-
lation inverse entre le niveau de développement et la
contribution du secteur agricole. Cela ne constitue
aucune surprise. Mais l'étude fait apparattre que ie lien
est faible entre le produit par habitant et la part des
services dans la PIB. Ce lient apparatt plus significatif
dans les pays où le revenu par tête est le plus bas. A
partir du troisième groupe de pays ce lien se relache.
Lorsqu'on décompose le secteur des services en plusieurs
branches, une corrélation positive n'apparatt que pour
les transports, les "banques, assurances" et les affaires
immobilières. Seule la croissance de ces br"nches seraient
donc fonction du niveau de développement.
Par ailleurs, lorsque S. Kuznets examine la contri-
bution de chaque secteur à l'emploi, il obtient une liai-
son plus étroite du produit par tête avec la contribution
du secteur tertiaire à l'emploi qu'avec sa contribution
à la PIS.
La thèse de la pression de la demande finale comme
moteur de la croissance tertiaire nous paratt insuffisante
- à -rendre--compte de la réalité. Mais qu'en est-il du rôle
de la demande des services émanant des entreprises ?
2° L'effet de la demande intermédiaire
a) Le besoin des entreprises en services
Depuis la révolution industrielle, les effectifs

- 78 -
des services ont connu un essor prodigieux. La DATAR (5)
montre que trois étapes essentielles ont marqué la montée
de l'emploi dans le tertiaire.
La première est consécutive aux gains de producti-
vi té dans l'agriculture. La main-d'oeuvre ainsi libérée
s'oriente principalement vers l'industrie. Les migrations
en direction des services sont limitées aux seules branches
des transports, du commerce et de l'appareil d'Etat. Ce
tertiaire répond à des besoins de répartition et de ré-
gulation sociale.
La seconde période correspond à l'expansion indus-
trielle. L'impératif de développement des marchés entraîne
la naissance des services de santé, d'éducation, de com-
munication, des banques et des assurances. Certains de
ces services s'adressent au consommateur final, les autres
sont destinés aux entreprises.
La troisième étape que nous vivons maintenant marque
un pas de plus dans le développement des services auX
entreprises. Ce sont les services de direction, de conseil
en gestion, de. marketing, de publicité et de finance qui
se développent.
Ainsi le développement industriel, tout en suscitant
une production de services destinée à la consommation
des ménages, a entraîné avec la division plus poussée
du travail, la croissance d'activités tertiaires répond~nt
(5) DATAR, question à la société tertiaire, Doc. française,
Paris 1972 p. 15

- 79 -
aUx besoins des entreprises. Mais cette demande de ser-
vices de la part des entreprises joue-t-elle un rôle dé-
terminant dans la croissance du tertiaire ?
b)Le poids de la'demande intermédiaire
Les études sur la demande intermédiaire de services
des entreprises en relation avec la croissance du secteur
tertiaire sont quasi inexistantes. Cela provient d'une
part des difficultés
de mesure du produit des services,
et d'autre part de la structure variable des entreprises.
En effet les services qu'une entreprise ach~te à l'ex~
.
térieur, une autre peut décider de se les procurer de
façon interne.
Les travaux de W. Galenson (6) et de Victor Fuchs
(Op. Cité) nous permettent d'avoir une idée approxima-
tive de l'effet de la demande intermédiaire des services
sur la croissance du tertiaire.
A partir de l'échantillon
de plusieurs pays déve-
loppés et sous-développés, W. Galenson cherche à tester la
relation entre l'expansion industrielle et l'accroissement du
terti~ire. Dans un premier temps, il teste la relation entre
l'emploi de l'industrie manufacturi~re et celui des services.
2
Il obtient l'équation Et = 1,083 + 0,581 Em avec R
= 0,70.
Et = Accroissement annuel moyen en ~ de l'emploi
tertiaire
Em = Accroissement annuel moyen en % de l'emploi
dans l'industrie manufacturière.
lCUUC,:aU

- 80 -
2
r
= Coefficient de détermination.
Ces résultats tendraient donc à montrer que l'emploi
dans l'industrie manufacturière est très corrélatif avec
celui des services. Chaque emploi supplémentaire dans
l'industrie est associé à 1,72 (soit 1/0,581) emploi
dans les services. Selon Galenson cet accroissement as-
socié de l'emploi tertiaire serait plus important dans
les pays sous-développés que dans les pays riches.
Le second test étudie la relation entre le produit
industriel et l'emploi tertiaire .. Le ré sul tat est le
suivant
2
Pm= 1,044 + 0,224 Et avec r
= 54
Pm = Accroissement annuel moyen en % du produit
des industries manufacturières.
Ici l'échantillon comporte peu de Pl(ssous-développés.
La corrélation est lâche. Mais elle tend à montrer que
c'est dans les pays où la croissance du produit industriel
a été plus rapide que les emplois tertiaires se sont
développés plus vite.
Mais on peut se demander ce que nous· apportent ces
-
- - - - - - - - -
informations (par ailleurs intéressantes) sur le problème
de la demande intermédiaire. La réponse à cette question
se trouve dans les principales Causes explicatives (selon
Galenson) des corrélations observées.
La première explication, qui est une version de la
(6) W. Galenson, Développement économiqu~ et expansion
sectorielle de l'emploi, Revue internationale du
travail, Genève, juin 1963
=.. _ .z

- 81 -
thèse de la pression de la demande finale, indique que
l'accroissement du produit résultant de l'expansion in-
dustrielle entra!ne un accroissement de la demande effec-
tive pour les biens et services des autres secteurs et
par voie de conséquense de l'emploi. Galenson appelle
ce mécanisme "multiplicateur de l'emploi enduit" de la
croissance des industries manufacturières.
La seconde explication soutient l'idée que certains
services sont nécessaires dans le développement économique
pour soutenir l'expansion industrielle. Il formule alors
l'hypothèse qu'il existerait certaines relations techno-
logiques fixes entre l'emploi dans les industries manu-
facturières et l'activité des services qui leur sont liés.
Cette relation, il la nomme "effet structurel".
L'évaluation de l'effet structurel ne nous fourni-
rait-il pas des informations sur l'importance. des services
comme consommation intermédiaire
des entreprises 7 Galanson
ne va pas plus loi~.
Quant à Victor Fuchs, il a évalué la consommation
. _ ~
intermédiaire des services dans l'économie américaine
dans la période allant de 1947 à 1958 (voir tableau à
la page nO 83
et tableau à la page n° 84).
Le premier tableau montre un accroissement des con-
Commations intermédiaires des services fournis pas cha-
cune des cinq branches. La croissance absolue des branches

- 82 -
(création d'emploi dQ à la fourniture de services aux
entreprises) met en premier rang les finances, le commerce
au second. Ce classement est inversé quant à la consom-
mation du produit des services dans l'agriculture et
l'industrie. Le deuxième tableau montre que l'emploi
pro-
voqué par la cons::> mri1ation intermédiaire de service est
faible par rapport à l'emploi total des branches four-
nisseurs du produit, et négligeable par rapport à l'emploi
total du secteur des services.
En définitive,
la thèse de la pression de la demande
ne fournit pas une explication plausible de la croissance
du tertiaire dans les économi~développées.


1
, \\
1
1
Tableau 6
1
EMPLOIIET DEWANDE INTERMEDIAIRE, CINQ BRANCHES DES SERVICES,
1
1947 -
1958
,
(
.
)
(
% de la production
: Emploi (en million de : Croissance de l'emploi)
totale distribuée
: personnes
embauchcies: 1947 -
1958
(milliOns~
comme consommation
:
Ide personnes embauchée~
:
intp.rmédiaire
:
:
!
Branches
(
(
de
:---~!::~~~~!~;!~~~~----:-----------------------:--------------------~--~
: Croissance:
Croissance)
services
: absolue de:re1ative de)
1
1947

1958

1947
;
1958
: l~ demande: 1~ demande)
:
:
:
:
:
lntermé-:
lntermé-)
~
CD •
w
i(------------------------~-----------:-----~-----:--
·
·
.
.
. ---------:-----------:--~~:~::---:--~~:~::-~-~
.
.
.
.
. ..
1 Finances et assurances.:
11,25
:
16,28
:
l 290
':
1 951
:
172
:
98
~
( Loyers et affaires im- :
:
:
:
:
:
~
~ mobilières
:
11,78
:
1 3 , 1 8 :
5 7 6 :
695
:
24
:
10
)
·
.
.
.
.
.
)
Commerce. . . . . • . • . . • • . . ;
42,22
;
5 0 , 6 5 ;
4 5 5 ;
678
;
151
;
57
)
(
. . . . . . )
( Réparation auto . . . . . . .
;
19,74
;
2 3 , 7 8 ;
3 3 8 ;
350
;
17
;
14
)
~
~
·
.
.
.
.
.
Santé, éducation e t :
:
:
:
:
:
autres organisations:
:
:
:
:
:
~
1 non lucratives ........ :'
2,48
:
2,86
:
2 057
:
3 498
:
49
:
1 3 )
Source
Victor Fuchs, Service économie p. 40

- 84 -
Tableau 7
CROISSANCE DE L'E~WLOI
1947 - 1958 CINQ BRANCHES DE
SERVICES *
( - - - - - - - - - - - - - - : - - - - - - - : - - - - )
Croissance: Croissance)
:
absolue:
relative)
:-----------:-----------)
Demande intermédiaire de l'agri-
:
:
~
culture et de l'industrie aux
)
( cinq branches....................
413
1 9 2 )
~ ~~;~îc~~~.~~~:.~~:~~~~~.~~.......
l
2 456
l 963
(
:
))
( Total du secteur des services....
6 784
4023
(
:
)
( - - - - - - - - - - - - - - ' - - - - _ - - - ! . . . - _ - - - )
* Sur 1000 personnes embauchées
Source: Victor Fuchs, Op. Cit. p. 41

- 85 -

Voyons maintenant ce que donnt la thèse suivante
relative à la structure de la production.
B - Th~se de la lenteur des gains de productivité
dans les services
Cette thèse soutient l'idée que l'action du progrès
technique dans l'agriculture et l'industrie suscite une
production toujours croissante avec une main-d'oeuvre en
diminution. Le facteur travail ainsi libéré trouve re~
fuge dans le tertiaire peu enclin à intégrer le progrès
technique.
En effet la productivité nous est donnée (pour le
facteur travail) par la formule suivante :
Production
Productivité =

Emploi
De là nous pouvons dégager que l'emploi
Production
=
Productivité
En admettant que la production s'ajuste à la consommation,
puisque les services ne se stockent pas, nous pouvons
écrire :
.
.
. Consommation
Empl~Productivité
- - ------
Nous venons de voir que l'effet de la consommation
ou de la demande sur l'accroissement de l'emploi des ser-
vices n'est réellement significatif qu'à très long terme.
Avant de voir ce que donne la thèse de sous-productivité
des services dans la pratique, voyons les problèmes. théo-

~ 86 -
riques qu'elle peut soulever.
1° Mesure des gains de productivité dans
les services
L'on peut se demander
avec Maurice Lengellé (7) si
la thèse que nous examinons maintenant ne repose pas sur
une illusion statistique.
En effet, en raison de la diversité des activités
composant le tertiaire, toute étude sérieuse bute sur des
difficultés de mesure du produit des services et par voie
de conséquence de leur productivité. L'immatérialité de
la plupart des services fait qu'on ne peut parler de pro-
ductivité qu'en valeur et non de productivité physique.
Si cette première difficulté peut être écartée par le re-
cours à des évaluations à prix constants, il reste que
l'application de la notion de productivité aux services
pose un autre problème.
En général on définit la productivité comme le rap-
port entre le produit d'un cycle de production et une va-
leut agrégée des facteurs de production utilisés, sous
l'hypothèse implicite que la production et les facteurs de
production sont homogènes, parfaitement définis et mesu-
rables. ('on postule en outre que la production n'a aucun
autre but secondaire que procurer la satisfaction au con-
sommateur ; que le cycle de production n'a aucun autre
(7) Maurice Lengellé, La révolution tertiaire, Edition
Genin, Paris 1966

- 87 -,
effet secondaire qu'on ne puisse compenser par une ré-
munération (ennui engendré par la monotonnie par exemple).
Ainsi la théorie pose le cycle de production isolé
du milieu social~ En théorie des systèmes, on parle alors
de cycle de production en système fermé.
Or l'observation de la production des services montre
la caducité de certaines hypothèses de départ. L'une des
caractéristiques fondamentales des services de ce point
de vue, réside dans l~impossibilité dans certains cas
d'appréhender le cycle de production 'comme un système formé.
Cela est dO essentiellement au rôle du consommateur dans
l'acte de production. Ainsi la justesse du diagnostic du
médecin et par voie de conséquence l'efficacité de son
intervention dépend en partie parfois de la participation
du patient. Il en va de m~me de la qualité du cours d'un
enseignant. Ces deux cas nous montrent 'que le consommateur
joue un rôle important dans la fabrication du produit. Or
______ -
__.si Rour les produits matériels l'on tenait compte au dé~
---
part du goût des consommateurs (action marketing) ces der-
niers n'étaient jamais partie prenante dans l'acte de
fabrication proprement dit au Cours du cycle de production.
Cette caractéristique des services fait l'objet d'études
pour l'amélioration de leur productivité (8).
Cette importante remarque réVÈle l'imperfection des
méthodes de mesures actuelles du produit des services.
(8) OCDE, La politique et l'innovation dans le sect~ur
des services, Paris 1977, p. 133

- 88 -
Il faut ajouter à cela le fait que le labeur des actifs
de l'administration est évalué de façon fortaitaire dans
les comptabilités nationales quand il n'est pas simplement
exclu.
En gardant à l'esprit ces réserves,
voyons ce que
donne la thèse de sous-productivité dans les faits.
2° La sous-productivité du tertiaire dans
la . pratique

Tableau 8
Les observ~tions de V. Fuchs sur l'économie américaine de 19Q0 à 1965
donnent sur'ce Ipoint les informations suivantes
PRODUCTIVITE PAR SECTEUR AUX USA (19Q9-1965)
~
:
Croissance, annuelle de productivité brute
~
~
:-----------------------------------------------------
------~
(
.
.
.
.
.
)
(
;
19Q9-65
;
19Q9-47
;
1947-65
;
1947-56
;
1956-65
)
(
:-----------:-----------:-----------:-~---------:-----------)
.
.
.
.
(
.
)
·
.
.
.
.
CP
( Ensemble d e :
:
:
:
:
)
-0
(l'économje ... :
1,9
:
1,3
:
2,6
:
2,6
:
2,6
)
~ Agriculture •• :
3 , 4 :
1,9
:
4,9
:
5,1
:
4,7
,~
(
.
.
.
.
.
)
( Industrie .... ;
2,2
;
1,5
;
2,9
;
2,8
;
3,1
~
.
.
.
.
.
(
·
.
.
.
.
( Services~ .... :
1,2
:
0,4
:
2 , 1 :
2,1
:
2,1
)
(
.
.
.
.
.
)
·
.
.
.
.
Source
V. Fichs, Service Economy, p. 51

.- 90 ,:",.
Globalement sur la période 1929-65 les gains de
productivité ont été nettement plus importants dans l'agri-
culture et dans l'industrie. Ils sont presque 50 % in-
férieurs dans les services que dans l'industrie. Mais
au fur et à mesure que l'on s'achemine vers la fin de
la période on note un doublement des gains dans les ser-
vices. Toutefois ce mouvement d'augmentation de produc-
tivité ne reste pas l'apanage des seuls services. L'écart
de productivité demeure ainsi au m~me niveau entre l'in-
dustrie et les services sur toute la période. Il demeure
important entre l'agriculture et les services. Toutefois
les chiffres de ce tableau doivent être pris avec réserve
dans la mesure où Fuchs a classé les transports et les
communications dans l'industrie.
En France également les gains de productivité des
services ont été plus faibles par rapport à ceux des autres
secteurs. C'est ce que montre le tableau ci-dessous.
PHODUCTIVITEPAR SECTEUR EN fH."NCE
~
1954-1970
(
)
: Evolution de
Evolution de
)
: la valeur
la valeur
)
1
~_-
: ajoutée
ajoutée par
)
(
Secteurs
~_~~:::::_~
~_:
~~:::
~
(
: 1964- : 1970- : 1964- : 1970- )
~
: 1954
: 1965
: 1954
: 1965
~
---
-
-~-::::::::~~~~~~~~~~~~-:-------:-------:--:~~--:--:~:--~).
1 Secondaire..........
5,2
4,5
5,3
4,4
( Bâtiment et 1. P...
3,3
4,6
3,7
3 , 8 )
(Tertiaire...........
4,0
3,4
3,8
2 , 7 )
(
.
)
* En Pourcentage
~ Tableau 9
Source: Maurice Lengellé, La révolut;on

tert; 1."
~
.a r e , p. 77.
=

- 91 '-

Les chiffres montrent que â la productivité du
secondaire baisse légèrement entre 1954 et 1970, elle
reste néanmoins supérieure à celle des services. Sur
la même période on constate une nette diminution de la
valeur ajoutée par homme et par an dans les services,
ce qui semble traduire le gonflement des effectifs de ce
secteur. Cette diminution bien observable dans le secon-
daire demeure plus forte dans le tertiaire.
Ainsi la cause principale de la sous-productivité
du tertiaire selon les théoriciens de la loi des trois
secteurs, et comme viennent de le confirmer les chiffres,
est la-faible incorporation du progrès technique dans les
services. Cette explication ne semble pourtant Pas s'ap-
pliquer rigoureusement à toutes les branches.
Elle para1t peu plausible dans le cadre des trans-
ports et communications qui exigent un équipement tech-
nique important. La mécanisation des travaUX comptables
(machines, calculatrices électroniques, etc) ont certai-
nement permis des gains de productivité dans ce domaine.
L'utilisation de l'informatique dans les tâches de gestion
améliore la productivité. Dans d'autres tâches les amé-
liorations sont dues moins à une mécanisation qu'à un
effort de rationalisation du travail. Toutefois un grand
nombre de services demeurent en dehors de ce processus.
de mécanisation et de rationalisation d'où la faiblesse

-
92 -
de la productivité qui caractérise tout le secteur.
Cette disparité de productivité à l'intérieur des
services conduit V. Fuchs (9) à envisager plusieurs fac-
teurs explicatifs qui sont
- la réduction plus rapide du temps de travail dans les
services ;
- la plus grande qualification de la main-d'oeuvre dans
l'industrie que dans les services, traduite par un degré
d'instruction plus élevé dans l'industrie, ainsi que la
possibilité d'un taux de substitution capital-travail
non qualifié plus élevé dans l'industrie;
- la croissance du capital par ouvrier, plus ~rande dans
le secondaire ;
- enfin un changement technologique plus rapide dans le
serondaire avec des possibilités d'économie
d'échelle
plus grandes;
La plupart des observateurs admettent l'existence
- __-.!=lu --premier facteur et des deux derniers dans toutes les
économies développées. Les résultats d'une étude du
CNRS (lD) réalisée en 1973 semblent effectivement remettre
en Cause la validité du facteur "qualité de la main-d'oeuvre"
en France.
Cette étude part de l'idée ~elon laquelle lorsqu'on
ajoute àun être humain des connaissances nouvelles grâce
à une dépense d'édUCation, on accroît son niveau de for-
(9)
V. Fuchs, Op. Cit., chapitre 3 pages 61 et suivantes
(10 ) Le couriier du CNRS, Paris, octobre 1973, nO l page lS

- 93 -
mation et par là-même sa capacité productive. L'édu-
cation est ainsi conçue comme un investissement source
de services productifs •
. Les estimations du CNRS aboutissent aux conslusions
suivantes:
le niveau de formation est plus élevf dans
les services que dans les autres secteurs en France
il existe une relation entre niveau de formation et niveau
de salaires;
il n'y a aucune relation entre niveau de
formation et niveau de productivité.
Cette théorie du capital-humain n'explique donc pas
la faible productivité des services en France.
Sous réserve de nouvelles méthodes de mesures plus
adaptées du produit des services, nous accordons plus
de crédit auX écarts de gains de productivité comme source
de la croissance de l'emploi dans ce secteur. Nous ad-
mettons ainsi que d'autres facteurs exercent également
une influence non négligeable. Ils font l'objet de la
dernière section.
Il - LES CAUSES EXTRA-ECONOMIQUES DE LA
CROISSANCE DU TERTlAIRE
~~~/
En constatant que les services se trouvent princi-
paIement dans les villes, il a été quelque fois suggéré
que leur croissance pouvait être imputable à l'urbani-
sation et à la pression démographique. Examinons donc
ce point de vue.
. 1
1
1

- 94 .:.
A - La pression démograohigue et l'urbanisation,
moteurs de la croissance du tertiaire
Nous distinguerons la situation des pays développés
et celle des autres.
IOLe CaS des pays développés
Nous avons brièvement vu, à la fin du chapitre l,
que le développement des pays occidentaux avancés, s'était
effectué d'une manière générale en conformité avec la
théorie des trois secteurs. La population agricole re-
présentait dans ces pays près de 90 % de la population
totale avant la révolution industrielle. La migration
d'une fraction de la main-d'oeuvre vers d'autres activités
n'a pu s'opérer qu'après la réalisation· d'une forte pro-
ductivitédans l'agriculture. Le facteur travail dégagé
par le primaire s'est orienté principalement dans l'in-
dustrie.
Le mouvement de population vers l'industrie entra!ne
une croiSsance des villes. Mais le phénomène n'est pas
·pourtant uniforme. Ça et là on rencontre des freins. Dans
les pays anglo-saxons, la corrélation entre urbanisation,
mouvement .deproductivité et str~cture de la population
active est plus significative.(12). Ici le progrès· indus-
triel s'appuie sur une forte base agricole permettant
(11) Paul Bairoch, L'agriculture et le processus d'in-
dustrialisation aux 18è et 19è siècles, Paris ·1972 ..
(12) De~is-Clair-Larnbert, Urbanisation spontannée et la
101
.• / .
.

- 95 -
l'approvisionnement des villes en alimen~s et l'industrie
en main-d'oeuvre. Les seules branches du tertiaire qui
croissent sont le transport et le secteur public. Le
tertiaire n'oriente donc pas encore de façon décisive la
structure de l'emploi urbain.
Dans les pays slaves et latins, Denis-Clair-Lambert
montre que la transition industrielle a été plus longue.
Les bouleversements occasionnés par le progrès technique
dans la structure de l'emploi ne sont pas rapides. Mais
dans les grandes lignes, malgré la résistance aU progrès
dans l'évolution de ces pays, l'exode rurale profitera
primordialement à l'industrie.
On ne peut donc soutenir que le développement des
villes dans les pays riches ait été provoqué par une
question démographique entraînant l'hypertrophie des ser-
vices. L'emploi dans les services ne deviendra important
que beaucoup plus tard, lorsque l'industrie aura enregistré
d'importants gains de productivité.
2 0 Démographie et urbanisation dans les
- ~ .
,
,
- - - -- ----------
pays sous-developpe s
La plupart des études sur la main-d'oeuvre dans les
pays sous-développés foht état d'une corrélation négative
très élevée entre l'évolution de la popûlationagricole
et l'emploi dans le tertiaire depuis le début du siècle.
Cette hyptrophie des services apparaît nettement dans le
tableau ci-dessous.
(12) suite! des trois secteurs, in développement urbain
et analyse économique, -Cujas, Paris 1969.

Tableau' 10
REPARTITION, DE LA POPULATION ACTIVE DANS LES PAYS SOUS-DEVELOPPES
1900-1960
:
)
,
: :
l
Secteurs économiques
~
Groupes de pays
: 'Années
:--------------------------------------------
:
: Agriculture
:
Industrie
:
Services
~----_:~~:=~~~::~~~~:_----~---------:--------------:--------------;--------------~
.
.
.
.
.
.
..
i
~
Amérigue Latine
:
1 9 6 0 :
-
:
-
:
-
(
:
1 9 2 0 :
65,9
:
15,3
:
18,6
(
:
1 9 3 0 :
63,4
:
16,1
:
20,5
)

(
:
1 9 5 0 :
54,1
:
18,6
:
27,3
)
Ü'
~
~
1 9 6 0 :
50,1
:
20,0
:
30 , 0
~
. .
.
.
)
. .
.
.
( Asie du Sud et de l'Est:
1 9 0 0 :
76,4
:
10,8
:
12,8
)
(
:
1 9 2 0 :
77,5
:
10,7
:
12 ,2
)
(
(1)
:
1 9 3 0 :
76,8
:
10,2
:
13,1
)
(
:
1 9 5 0 :
75,3
:
8 ,8
:
16,0
)
~
:
1 9 6 0 :
73,1
:
10,5
,:
16,4
)
. .
.
.
)
. .
.
.
. .
.
.
)
Amérique du Nord
;
1 9 0 0 ;
-
;'
-
;
-
)
:
1 9 2 0 :
76,8
:
8,1
:
15,2
)
1,
:
1 9 3 0 :
76,0
:
8,3
:
16,6
'1
'~
:
1 9 5 0 :
T2 , 9
:
9,7
:
17 ,2
:
1 9 6 0 :
69,6
:
10,3
:
20,0
. .
.
.
' - -
- - '
_ . '
.
'/'

,
J,
,
(Suite tableau ~recédent)
\\
\\
(
. .
)
(
: :
Secteurs économiques
)
(
Groupes de pays
: Années
:--------------------------------------------)
(
: : Agriculture
:
Industrie
:
Services
)
i-----~~~~=~~~=:~~~~~-----~---------:--------------:--
(
: :
------------:--------------(
: . : )
( A u t
r e s :
1 9 0 0 :
77 , 9
:
9 , 8
:
12 , 3
)
(
:
l 92 0 :
77 , 6
:
9 , 9
:
12 , 5
~
(
(2)
:
1 9 3 0 :
7?, 6
:
10,0
:
13, 4
(
:
1 9 5 0 :
73,3
:
9,9
:
16,7
(
:
1 9 6 0 :
70,7
:
Il,5
:
17,8
~
>D
(
--J
-
..
(1) Dans ce groupe de pays sont exclus
-
le Japon,
- l a Chine Continentale,
la Corée du Nord,
-
la Mongolie,
-
le Vietnam du Nord.
(2) Ce groupe est constitué de
- Moyen Orient,
- Afrique Noire
(République Sud Africaine exclue),
-
Océanie
(Australie et Nouvelle Zélande exclues).
Source
8. Batroch et J. M. ~imbor, Evolution de la population active dans
le monde
par branches d'activités et par région - 1900-1960, Revue internationale
du trava 11, octobre 1968

'- 98
Le tableau ci-dessus montre que les pays sous-dé-
veloppés ont près de 70 % de leur population active em-
ployée dansl'agricult~re, ce qui représente un pourcen-
tage voisin de celui des pays développés au début
du
19è siècle.
W~is nous sommes de l'avis de Paul Bairoch et Limbor 03)
pour dire, qu'étant donné l'existence de régions plus
développées avec lesquelles le Tiers-Monde entretient
depuis plus d~un siècle des relations économiques, les
distorsions ont été introduites dans l'économie de ces
pays. Elles
se manifestent par des anomalies dans la
structure de l'emploi en général et par l'hypertrophie
du secteur des services en particulier.
Cependant, cette vision d'ensemble ne signifie pas
une homogénéité de l'évolution économique de tous les pays
dépendants. Une analyse temporelle met à jour des spéci-
ficités régionales. C'est ainsi qu'en fonction de la ~riode
d'impact des économies du centre sur celles de la péri-
phérie, Catherine Paix (14) distingue trois types de pro-
cessus d'urbanisation dans les pays sous-développés:
- le premier ~ype se rencontre dans les pays constitués
colonies d'exploitation directe dès la première période
de colonisation (époque du capitalisme commercial). Il
s'agit pour l'essentiel des pays latino-américains. Leur
urbanisation se caractérise par un fort mouvement àémo-
(13) Paul Bairoch et J. ~1. Limbor, Evolution de la po-
pula~ion active dans le monde par branches d'acti-
vités et par régions lESO-1960, Revue internatio-
nale du travail, Genève 1968, p. 357

- 99 -
graphique et d'un afflux massif de population venant des
pays industrialisés. L'accuité des problèmes agràires
(développement de latifundia), le développement de l'in-
dustrie minière sont d'importants facteurs d'urbanisation
prématurée de l'Amérique Latine.
- Dans le second type de pays l'urbanisation demeure encore
modeste selon Catherine Paix. Il s'agirait de pays comme
l'Inde et l'Indonésie qui ont été constitués colonies
d'exploitation indirecte entre 1500 et 1880.
- Enfin le troisième type d'urbanisation se rencontre
en Afrique. Il concprne les pays colonisés politiquement
et économiquement de façon directe à partir de la fin du
19è siècle. Ce serait le Cas des pays de l'Afrique du Nord
et ceux de l'Afrique Noire. Il nous semble toutefois qu'une
séparation de ce dernier groupe en deux catégories de pays
est nécessaire.
En effet dans les pays Arabes le mouvement d'urba-
nisation n'est pas la conséquence unique
à l'économie mondiale. L'urbanisation de cette région
s'explique aussi par le rayonnement qu'a connue la civi-
lisation islamique avant le développement du capitalisme.
Il faut ajouter à cela des raisons climatiques (pays dé-
sertiques).
Les pays Arabes se distinguent des pays d'Afrique
Noire où l'urbanisation est demeurée très modeste avant
(14) Catherine Paix, Approche théorique de l'urbanisation
des pays sous-dévèloppés, Revue du Tiers-Monde _
ne 50, PUF, Paris 1972
.1iiiiSiZU-
al

- 100 -
l'arrivée des Européens. ELle ne prend une allure im-
portante qu'après la seconde guerre mondiale, c'est-à-
dire vers les années 1950. C'est une urbanisation dé-
pendente de l'économie de traite et du commerce extérieur.
Depuis 1950 l'urbanisation des pays d'Afrique s'ef-
fectue à un rythme particulièrement rapide comme l'in-
dique le tableau ci-dessous.
Tableau 11
TAUX D'URBANISATION ET EVOLUTION
EN AFRIQUE
(
Pays par zone
:
1950
:
1960
:
1970
j
~-----~-----------------~---------~---------:---------~
( Afrique du Nord •. .••• ':
24,5
29,6
34,5)
(
)
i Afrique de l'Ouest ••• : 10,6
14,0
19,7
j
5,6
7,5
9,9
\\ :::':: ::::::::::::: , 13,6
16,6
20, l
( Afrique Centrale ....•
6,6
11,6
15,4
~ Moyen-Orient.........
24,2
29,6
35,6
~
i Egypte...............
31,9
38,9
43,7
<
(----------=-----=---_.....:...._--)
Source
Catherine Paix, Approche de l'urbanisation des
pays sous-développés, Tevue Tiers-~onde nO 50,
PUF, Paris 1972, p. 301

-
101 -
Dans le mouvement d'urbanisation des pays sous-
développés, il existe donc des spécificités régionales
et même par pays. Mais d'une façon globale leur mode
d'intégration à l'économie mondiale ne permet pas un
rythme de développement suffisant pour résorber l'accrois-
sement de la population.
La gravité des problèmes agraires
et
la faible industrialisation incitent la population
à émigrer vers les villes.
La pression démographique et l'urbanisation parais-
sent donc comme des facteurs importants de la 'tertiari-
sation" de l'économie des pays sous-développés. Mais ils
nous semblent des facteurs de second ordre par rapport
aux problèmes agraires et industriels qui déterminent
en dernier ressort le mouvement de la population.
B - Facteurs socio-culturels du développement des services
Dans une économie de libre échange, le profit est
le principal moteur de la répartition professionnelle
par l'entremise du progrès technique. Cependant la for-
mation de la main-d'oeuvre ne s'effectue presque jamais
avec une connaissance précise de l'évolution des struc-
tures économiques futures. Elle n'obéit donc pas à l'unique
impératif du marché. Elle est souvent influencée par les
jugements et l'exp~rience du passé. Nous allons voir l'im-
pact de ces deux facteurs sur le processus de "tertia-
risation".

-
102 -
1° L'attrait sociologique des services
Du point de vue de l'expérience du pass§, il n'y a
pas de doute que les conditions de vie misérable du pro-
létariat qui ont caractérisé le capitalisme aL1( l8è et
19è siècles ont marqué la conscience collective des populations
d'Occident à l'égard de tel ou tel type de travail. Au-
jourd'hui on note dans ces pays des comportements socio-
logiques très différents à l'égard du travail manuel et
non manuel. Wright Mill
(15) a remarquablement étudié
ce phénomène dans le cadre des Etats-Unis. Il constate,
ce qui nous para!t aussi valable dans les pays européens,
que malgré une tendance à la prolétarisation de certains
travaUX de bureau (bas salaires et travail routinier, etc)
les hauts salaires et la qualification de postes dans
l'atte1ier, la différence de prestige entre travailleurs
en "col blanc"
et "en col bleu"
demeure. Le ·col blanc"
est perçu comme celui q~ a des contacts avec le patron.
On découvre chez lui un fort processus d'identifiCation
à la clientèle (de luxe), aU siège sociale de la firme
etc, expression du désir de promotion sociale de la pe-
tite bourgeoisie. Mais selon Rright Mil~ le prestige du
"col blanc" trouve ses raisons dans le fait que son aC-
tivité demande moins-d'effort musculaire et plus de caoacité

~ 103 -
intellectuelle. La communication de masse, radio, té-
lévi~on et cinéma, en proposant généralement comme style
de vie'celui des cadres supérieurs, crée un renforcement
de ce prestige des "cols blancs".
!~ais nous pensons que CE prestige ne repose toujours
paS sur des préjugés. Ainsi avec une productivité infé-
rieure, dans certoins pays comme li France, les tertiaires
perçoivent une rémunération supérieure à celle des tra-
vailleurs du secondaire (16).
Mais ce comportement à l'égard du travail non man-
nuel ne se rencontre pas dans les seuls pays développés.
Dans les pays ex-colonisés, l'idéologie
de soumission
a fini par susciter chez le colonisé
une admiration de
Ceux de leurs fils qui ont pu se hisser auX m~mes fonctions
que le colon. Ainsi le fils devenu commi est-il admiré
dans la société coloniale. Aujo~rd'hui, les différences
de revenus entre ville et campagne renforce ce prestige
du travailleur non manuel.
Ainsi même si l'on ne parvient pas à mesurer dans
quelle proportion cet effet sociologique contribue au
gonflement du tertiaire il n'en demeure pas moins qu'il
exerce une influence réelle.
2° Le facteur édUCatif
Aujourd'hui on parle souvent de l'inadaptation du
(15) Wright Mills, les cols blancs, Maspéro, Paris 1966
(16) DATAR, question à la société tertiaire, Documentation
française, Paris 1972, p. 41

- 104 -
système éducatif comme une des causes importantes de
l'accroissement du chômage et du gonflement des services.
Mais déjà en 1956, dans son rapport au Congrès des éco-
nomistes de langue française, Alfred Sauvy observait que
"les parents orientaient volontiers leurs enfants vers
les
secteur tertiaire jugé plus avantageux. Ce désir très
légitime individuellement, peut conduire à des erreurs
collectives. Toute la population active ne peut être ter-
tiaire. Cette poussée vers le tertiaire pourrait être
cependant utile, si l'éducation donnée était conforme aux
nécessités techniques et économiques. Comme ce n'est pas
le cas, une fraction des hommes ainsi formés est vouée
au sous-emploi ou à un emploi nationalement peu utile." (17)
1
les distorsions de la répartition professionnelle
imputables à l'inadaptation du système éducatif sont plus
manifestes dans les pays sous-développés.
En Afrique Noire, la tendance du système éducatif
à produire surtout des tertiaires a pris racine depuis
les temps coloniaux. l'éducation de la période précolo~
niale avait pour fonction de former des hommes pour des
économies précapitalistes, c'est-à-dire se caractérisant
par un stade de développement arriéré, la faiblesse des
échanges, la faible division du travail et l'étroitesse
des espaces économiques. Tous ces facteurs expliquent
pourquoi la caractéristique principale de cette éducation
.(17) Alfred Sauvy, Développement économique et.répar-
tition professionnelle de la population,
Revue d'économie politique, T XVI, Paris 1966, p. 391

- 105 -
était sa polyvalence et la combinaison constante des
activités manuelles aux activités intellectuelles dans
la formation des enfants.
Mais dès le début du 20è siècle, les économies ar-
riérées d'Afrique Noire seront brutalement soumises à
l'économie capitaliste occidentale· L'éducation préca-
pitaliste cède la place à une autre plus conforme à la
nouvelle orientation économique. Le contenu de la for-
mation sera désormais conçu en fonction du rôle économique
que devaient jouer les colonies. La division du travail
confine ces territoires occupés dans la fonction de pour-
voyeur de matière premières et de produits agricoles.
Mais l'accomplissement de cette tâche exige une stabilité
politique complète. Celle-ci sera recherchée par les armes
mais aussi par l'éducation.
La vocation de l'enseignement sera donc de former
le personnel subalterne indigène nécessaire à la bonne
marche de l'administration coloniale: commis et inter-
prètes, employés de commerces, infirmiers de la santé et
infirmiers vétérinaires, etc. Cette liste de profession
montre bien le caractère tertiaire de l'orientation de
l'éducation
coloniale.
En effet pendant cette période l'industrie fait l'ob-
jet de peu d'intérêt. Les industries légères de trans-
formation ne feront leur apparition que vers 1940. Exa-

- 106 -
minant les raisons de cette insuffisance industrielle,
Jean Chardonnet écrit "Trop de causes se sont coalisées
pour qu'il
pOt en ~tre autrement ; on allègue sou-
vent des raisons techniques, l'insuffisance de la pro-
duction énergétique actuelle, la précarité des transports
des raisons humaines ne sont pas moins évidentes, l'in-
suffisance quantitative de la main-d'oeuvre
mais ces
raisons ont trop souvent servi de prétextes à des mo-
ti~ politiques, à une politique systématique des métro-
poles européennes vis-à-vis de leurs territoires afri-
cains, qui s'est traduite par l'insuffisance des inves-
tissements africains et par l'extrême modestie des plans
de développement"(18).
Ce passage montre, s'il en était encore besoin, que
la doctrine de l'enseignement mis en place était loin des
préoccupations professionnelles
Cela apparaît très nettement dans l'arrêté
suivant du 20 mai 1924 réorganisant l'enseignement dans
l'AOf (Afrique Occidentale Française) :
"Article 5 : La fréquentation scolaire rev~t un caractère
obligatoire pour les fils des chefs et des notables.
"Article 9 : Les meilleurs élèves de l'école préparatoire,
ceux qui comprennent et parlent français, sont dirigés
à l'école élémentaire
la plus voisine pour rentrer di-
rectement au CE. Les autres,
la plus grçnde majorité,
(18) Jean Chardonnet, "L'industrialisation de l'Afrique
une oeuvre nécessaire", P-blication de l'Institut
universitaire de Hautes études internationales,
Ronce, 1956, n° 26, p. 28

- 107-
sont rendus a la famille et remplacés par un effectif
au moins égal de jeunes recrues de façon à permettre au
plus grand nombre d'enfants de s'initier à la compréhension
et à l'usage du français parlé.
"Article 2 : L'enseignement primaire élémentaire a pour
objet essentielle de rapprocher de nous le plus grand
nombre possible à'indigènes, àe lès familiariser avec
notre langue, nos institutions et nos méthodes, de les
conduire insensiblement au progrès économique et social·
par
une évolution prudente de leur propre civilisation.
"Article 32 : L'enseignement primaire supérieur a pour
but de distribuer un enseignement général qui se propose
dans chaque colonie :
1. De donner un complément d'instruction à des fils de
notables indigènes appelés plus tard à seconder comme
chefs notre administration
2. De préparer des candidats aux écoles du Gouvernement
général en vue de former les agents indigènes des cadres
généraux;
3. De former directement les agents des cadres locaux.
Le nombre et le caractère des sections varient selon
le besoin des colonies.
"Article 64 : Le Français est seul en usage dans les écoles.
Il est interdit aux maitres de se servir avec leurs élèves
des idiomes du pays." (19)
(19) Abdou Moumouni, L'éducation en Afrique, Ed. François
Maspéro, Paris 1967 (2è édition) p. 55

- 108 -
Mais avec l'avènement des indépendances en 1960 la
situation s'améliore très peu en ce qui concerne l'en-
seignement.
Ainsi analysant l'impact de l'édUcation sur l'évo-
lution de l'emploi en Afrique, Philip N'Dewa et john
P. Powelson (20) indiquent que dans la plupart des pays,
le syst~me d'enseignement reste modelé sur les institu-
tions des anciennes puissances coloniales, les progra~nes
faisaRt une plus grande place aux sciences morales et
classiques. L'enseignement se Caractérise par son faible
rendement. Une petite proportion des élèves inscrits dans
les écoles primaires atteignent le niveau secondaire.
La grande masse abandonne l'école après environs sept
années d'études et constitue le gros des migrants vers la
1
ville. Se considérant trop qualifiés poûr des postes sUbal-1
ternes, ces mi~rants vont grossir le lot des chômeurs en
attente d'une situation meilleure.
Ainsi le système éducatif dans les pays développés
et sous-développés semble influer sur la croissance de
l'emploi tertiaire.
(20) Philip N'Dewa et John P. Powelson, L'emploi en
Afrique, BIT, Genève 1973 p. 6
(21 ) Nicolas Kaldor, Lenteur de croissance économioue
du Royaume-Uni, Analyses et prévisions, SEDES;
Paris 1967 p. 169
....
ru_

- 109 -
CON C LUS ION
===================
Les facteurs explicatifs de la croissance des ser-
vices sont nombreux.
Dans les pays développés d'occident, on retient l'at-
trait exercé par les métiers non manuels, le système édu-
catif, l'élévation du niveau de vie. W~is, si le rôle de
ces fac~eurs n'est pas négligeable, le moteur de la pro-
lifération du tertiaire réside selon nous dans la faible
intégration du progrès technique dans ce secteur.
La dynamique de développement des services est dif-
férente dans les pays sous-développés. Dans ces économies
arriérées, le capitalisme n'a pas fait son apparition
de façon endogène. Le processus d'apparition du progrès
technique dans les différents secteurs écono~iques reste
largement tributaire de l'étranger. Ici on ne peut parler
-------de la thèse des trois secteurs sans tenir compte du faC-
teur très important de la domination économique. Cette
dernière est à la base de problèmes d'ordre démographique
et sociologique qui orientent prématurément la population
vers le secteur des services. Les services dans ces éco-
nomies diffèrent beaucoup de ceux des pays développés par
leur caractère de chômage déguisé.

-110 -

Cependant, les performances économiques de certains
pays sous-développés, comme la Côte d'Ivoire depuis 1960,
amènent à s'interroger sur la place et le rôle du sec-
teur teraiaire. Est-il dans ce cas un indice de dévelop-
pement ou demeure-t-il hypertrophié ? Peut-il jouer un
rôle de perturbation de la croissance économique, comme
le note Kaldor (21) dans le cas du Royaume-Uni, ou au
contraire est-il un soutient actif de la croissance?
Nous tenterons de donner une réponse à ces questions dans
la deuxième partie de cette étude.
o
o
0

- 111 -
DEUXIEME PARTIE
PLACE ET ROLE DES SERVICES DANS
L'ECONOMIE DE L;. COTE D' IVOIRE
Les deux chapitres précédents montrent que la théorie
des trois secteurs rend compte de l'évolution économique
et de·la croissance des services dans les pays industria-
lisés d'Occident. Qu'en est-il en Cate d'Ivoire et pourquoi?
C'est à cette question que tentera de répondre la présente
partie.

- 112 -
CI-',APlTRE 3
EVOLUTION SECTORIELLE DE LA PRODUCTION
INTEiUEURE BRUTE ET LE POIDS DES SE"VICES
Conformé~ent
à la théorie des trois secteurs, une
évolution économique normale se caractérise par la ma-
nifestation d'un progrès technique important dans l'agri-
culture d'abord et ensuite dans l'industrie. Ce mouvement
de progrès technique a pour conséquence d'augmenter la
production et la productivité dans le primaire et le se-
condaire. Enfin il refoule à un troisiè~e stade la main-
d'oeuvre dans le secteur des services qui voit sa produc-
tion augmenter pour constituer près de 50 ~ de PIS comme
dans les pays développés actuels. C'est ce processus ascen-
dant et linéaire de la production
(du primaire au ter-
tiaire) que nous allons essayer de vérifier en Côte d'Ivoire
(section 1). Dans la seconde section nous analyserons
la structure du secteur des services.

- 113 -
1 - EVOLUTION SECTORIELLE DE LA Pla
Nous abserverons d'abord les grandes tendances avant
de chercher des explications dans les structures de chacun
des secteurs.
A -
Les
orandes
tendances
Nous disposons de chiffres sur les trois secteurs
depuis 1960. Toutefois avant de dégager les régularités
qu'ils expriment il convient de dire un mot sur la qua-
lité des données statistiques elles-mêmes.
i
1 0 Remarques sur les statistiques
1
1
1
1
1
,
La structure de la production intérieure brute de
1
1
,,
l'économie de la Côte d'Ivoire nous est donnée dans le ta-I
bleau de la page nO 115. L'évaluation de la production
en francs courants introduit un biais dans la comparaison
du poids réel des différents secteurs dans le temps et
même pour une même année.
La hausse de l'indice
des prix à la production
a été modeste au cours de la période 1960 - 1968. Dans
l'ensemble de l'économie la hausse annelle moyenne a été
de 2,5 5& il). Mais le taux de croissance annuel moyen
(1) Leblan
Pierre, Les comptes de la Nation en francs
constants 1965 ; Abidjan

- 114 -
moyen des prix n'a pas été identique dans les trois sec-
teurs. Il s'est élevé à 1% dans l'agriculture, 2,5 % dans
le secteur secondaire, et a atteint 4,1 % dans les ac-
tivités de service.
Il ne nous a malheureusement pas été possible de
disposer de statistigues sur l'évolution des prix à la
production pour la période allant de 1968 à 1975. Mais
selon toute vraissemblance, l'augmentation des prix a
été plus importante que précédemment. On peut donc rai-
sonnablement dire que la hausse des prix dans le tertiaire
a donc été supérieure à 4,1 % en moyenne par an.
Pour nous faire une bonne idée de l'évolution sec-
torielle de la production intérieure brute, il nous fau-
dra donc avoir constamment à l'esprit les biais introduits
·par l'évaluation à prix courants.
2° Structure de la production intérieure brute
Plusieurs tendances majeures se dessinent dans la PIB.

Tableau 12
REPARTITlON ET EVCLUTION PAR SECTEUR DE LA PIB
(en milliars de F CFA COUf~NTS)
(
Secteur primaire
Se~teur secondaire
Secteur tertiaire
Total
valeur
~
(
ANNEES
:----------------------:----------------------:----------------------:
(
:
Valeur
:
%
:
Valeur
:
%
:
Valeur
:
%
:
!
(-----------:--------------:-------:--------------:-------:--------------:-------:--------------
(
-
~ 1960 : 61,0 : 48,6: 19,9 : 15,2: 49,6 : 38,0: 130,5
1961
:
62,3
:
42,4:
24,8
:
16,8:
60,1
:
40,8:
147,2
~
1962
:
60,2
:
39,8:
27,5
:
18,2:
63,4
:
42,0:
151,1
~
lJl
(
1963
:
74,4
:
41,6.:
30,2
:
16,8:
74,4
:
41,6:
179,0
(
1964
:
87,2
:
40,2:
36,0
:
16,6:
93,6
:
43,2:
216,8
(
1965
:
84,8
:
39,4:
40,6
:
19,0:
89,0
:
41,6:
214,0
(
1966
:
88,1
:
37,9:
50,4
:
21,6:
94,2
:
40,5:
232,7
(
1967
:
86,1
:
34,8:
55,2
:
22,3:
106,0
:
42,9:
247,3
(
1968
:
100,7
:
34,0:
62,4
:
21,1:
133,0
:
44,9:
296,1
l
(
1969
:
106,5
:
32,3:
73,6
:
22,4:
149,2
:
45,3:
329,3
~
(
1970
:
112,6
:
30,2:
89,0
:
23,8:
171,9
:
46,0:
373,5
)
(
1971
:
1,16,6
:
~9,6:
101,3
:
25,8:
175,7
:
44,6:
394,8
(
1972
:
125,1
:
29,4:
111,5
:
26,2:
188,6
:
44,4:
425,2
(
1973
:
159,1
:
31,2:
121,5
:
23,8:
229,2
:
45,0:
5ü9,9
(
1974
:
190,0
:
28 , 8 :
158 , 1
:
23,5:
32 1 ,0
:
47 , 7 :
673,0
(
1975
:
233,6
:
31,8:
181,7
:
24,7:
319,9
:
43,5:
735,2
..
.
.
.
.
.
.
.
!
.
.
.
(
.
Source
'~inistère du Plan, Cete d'Ivoire, en chiffres 1977-1978 p. 46-

- 116 -
Envolume, chacun des trois secteurs a enregistré
une augmentation de sa production entre 1960 et 1975.
Mais ces gains ont été plus ou moins ~apides selon le
secteur. Ainsi le primaire avec 9,81 % connait le plus
faible taux de croissance annuel moyen. Ce taux est de
16,49 ~ dans l'industrie et 13,82 % dans les services.
La production industrielle a donc progressé plus rapi-
dement
que celle des deux autres secteurs. Cela traduit
l'effort d'industrialisation accompli parles autorités
ivoiriennes depuis l'indépendance politique (1960). En
voisinant le taux de 14 % la croissance des services pa-
rait non négligeable.
1
1
L'analyse du poids relatif des secteurs dans la pro-
1
duction intérieure brute révèle un déclin net de l'agri-
1
culture. De 48,6 % en 1960, sa contribution à la production
passe à
31,8 ~ en 1975. Ce mouvement n'est pas imputable
à une diminution de la production agricole en volume,
mais plutôt
à
la diversification et à
la modernisation
des activités économiques. En ce sens, l'amenuisement
du poids relatif du primaire est en conformité avec la
théorie classique des trois secteurs en matière de dé-
veloppement économique.
Cependant on ne peut dire autant de la contribution
des deux autres secteurs à la PIS. Ainsi dès 1960, bien
que la production des services soit inférieure à celle

- 117 -
de l'agriculture, elle représentait plus du double de
celle de l'industrie. C'est cette même structure qui se
maintient dans les grandes lignes jusqu'en 1975. I~lgré
donc le grand effort de l'industrialisation du pays, la
C8te d'Ivoire n'échappe pas à l'hypertrophie du tertiaire
sur le plan de la production,
phénomène typique des pays
sous-développés.
En effet ce déséquilibre sectoriel ne semble pas
propre à la seul C8te d'Ivoire. D'autres pays africains
ayant connu une situation économique relativement compa-
rable présentent la même structure de la production in-
térieure brute. Les deux. tableaux ci-après présentent la
situation au Sénégal et au Cameroun.

- 118 ..:.
Tableau 13 - A
Sénéoal : PIS AU PRIX DE VARCHE
(en milliard de F CFA et en %)
~.
Secteurs
~
1968
~
1965
~
1968
~
(-------------------------:-----------:-----------:-----------~
1 Secteur primaire ••..... ~
29,9')
~
27,54
~
27,64)
Sect~ur secondaire •....
12,84
16,46
16,90
~
Secteur tertiaire ••••••
57.21
56.00
55.46
1
:
.
:
TOTAL ••.•••••.•
100,00
100,00
100,00
)
( - - - - - - - - - - ' - - - - - - - ' - - - _ - . . : . . _ - - - )
Sou r c e
J. Lecaillon et D. Germidis, Inégalités de revenus
et développement économique, PUF, Paris 1977 p. 100
Tableau ·13
n
- ~
1
Cameroun : EVOLUTION DE LA PIS
1
(en milliard de F CfA et en %)
1
~
Secteurs
~ 1963-1964 :1967-1968 ~ 1975-1976 ~
(-------------------------:-----------:-----------:-----------)
(
.
.
.
)
( Secteur primaire .•..•.. ;
47,0
;
38,0
;
32,0
)
Secteur secondaire •..••
14,0
23,0
27,0
Secteur tertiaire ....•.
39. a
39.0
:
47.0
TOTAL •.......•.
100,0
100,0
100,0
:
S o u r c - e
J. Lecaillon et O. Germidis, Op. Cit. p. 76

- 119 -
Au Cameroun et au Sénégal on constate également
une hypertrophie du secteur tertiaire dans la production.
Mais d'autres remarques sont possibles. Tout d'abord la
proportion des services en Côte d'Ivoire est inférieure
à celle tu tertiaire dans la production des deux pays.
La proportion de ~7,21 % en 1960 (date des indépendances
politiques pour la plupart des anciennes colonies fran-
çaises d'Afrique Noire) au Sénégal est dû au fait que
pendant la période coloniale, Dakar et donc le Sénégal,
a joué le rôle de capitale politique en Afrique de l'Ouest.
Cela a donc provoqué une c~ncentration plus grande des
services administratifs dans ce pays. Cette proportion
àes services a très peu diminué jusqu'en 1968. Cette stag-
nation semble provenir àe la faible progression de l'in-
dustrie sur la période 1960-1968.
Mais quand on compare les structures de PIS de la
Côte d'Ivoire et celles du Cameroun, l'on note certaines
similitudes. Le primaire passe de 47 ~ à 32 % au Cameroun
entre 1963 et 197~, tandis qu'en Côte d'Ivoire, sur presque
la même périoàe, la production de l'agriculture passe
de 48,6 % à 31,8 ~. Au Cameroun le secondaire passe de
14 à 27 %, le tertiaire de 39 à 47 ~. En Côte d'Ivoire
le secondaire évolue de 1~,2 à 24,7 ~ et le tertiaire de
38 à 47,7 %.
Pour mieux saisir le déséquilibre sectoriel que nous
venons de constater au niveau de la production intérieure

-
120 -
brute, il paraît judicieux de faire un point ra~ide sur
les caractéristiques des structures de production.
B - Caractéristiques des secteurs de production
de biens
1° Le développement agricole depuis 1960
En 1960 il était opportun de chercher à reposer
le développement économique de la C5te d'Ivoire sur une
croissance rapide du secteur agricole. Pour ce faire,
les autorités Ivoiriennes ont accordé la priorité au dé-
veloppement des cultures d'exportation, dans lesquelles
le pays avait été spécialisé dans la période coloniale:
café, cacao, banane et bois. En effet, à l'exception bien
sOr
du bois, les autres produits ont été introduits en Côte
d'Ivoire à la fin du siècle dernier. Le café fut introduit
par le gouverneur Verdier en 1891, le caCao vers la m~me
période, la banane fut introduite vers 1931 et la pre-
~ière bille de bois fut exportée en 1885.
,Cette politique (axée sur l'exportation de produits
bruts) conjuguée avec la faible industrialisation héritée
~e la période coloniale explique la prépondérence de la
production agricole dans la PIS vers les années 1960.
Le taux de croissance annuel moyen de 9,81 % cache

- 121 -
d'importantes diparités au sein du secteur primaire. La
première se manifeste ~r un important déséquilibre entre
la zone forestière du Sud
et la zone de Savane du Nord.
Nous reviendroris ultérieurement sur ce point dans nos
développements. La seconde disparité se situe au niveau
des rythmes différents de croissance des productions agri-
coles vivrières et des productions de l'agro-exportation.
Ainsi pendant la période 1950-1965 si le taux de crois-
sance annuel moyen de l'agriculture ivoirienne a été
d~ l'ordre de 7 % (2)
celui des cultures d'exportation
a été plus élevé, soit 9 % tandis que les cultures vi-
vrières ne progressaient qu'au rythme de 3 % par an. Ces
dernières se développaient toutPuste au même rythme que
la population. Si dans l'ensemble elles parvenaient a
couvrir l'ensemble des besoins du pays,
on avait recours
à des importations pour certains produits cow~e le riz;
la viande, les produits laitiers (voir annexes l à 4 sur
l'évolution des différentes cultures).
Cet écart entre productions vivrières et agro-ex-
portation persiste toujours. Au niveau des méthodes de
production les techniques en vigueur sont très artisanales.
La croissance du secteur primaire résulte
moins de gains
productivité importants que d'une extension des surfaces
cul tuvées.
Globalement le secteur primaire en réalisant un têux
(2} Samir-Amin, Développement du capitalisme en Côte
d'Ivoire, Edition de minuit, Paris 196~

- 122 -
de croissance annuel moyen de 8,81 % a été à la base de
la forte croissance de l'économie de la Côte d'Ivoire.
L'augmentation rapide du volume de la production du pri-
maire est essentiellement imputable à la production du
caf2 et du caCao. Ces deux cultures ont été secondées
par plusieurs autres à partir de 1970 : ananas, Canne à
sucre, etc. ;/,ais les cultures vivrières,
qui parviennent
tout juste à satisfaire les besoins locaux, ont été le
laissé-pour-compte de cette situation.
L'augmentation de la production agricole n'est pas
due à un progrès technique ayant amélioré les producti-
vités dans ce secteur comme ce fut le Cas en occident.
Néanmoins, l'agro-exportation constituait une base impor-
tante (par son apport en devises) pour le développement
industriel du pays.

La
production
industrielle
L'industrie en Côte d'Ivoire est le secteur qui a
été l'objet d'une abondante littérature économique (3).
Pour une connaissance plus approfondie, outre les publi-
cations du :.'.inistère du Plan on lira avec beaucoup d'in-
té rIt Samir Amin Op. Cité, les monographies de Chevassu
et Valette réalisées dans le cadre de l'GRSTQ~, et surtout
u~ récent ouvrage collectif intitulé "Les multinationales
et le développement: trois entreprises et la Côte d'Ivoire".
(3) On trouve une documentation abondante dans plusieurs
revues comme" !/,archés tropicaux; Bulletin d'Afrique
Noire, Ediafrique, Afrique-industrie, etc.
MCC

- 123 -
La physionomie que nous présentons de l'industrie ivoi-
rienne a été en grande partie inspirée par les études
ci-dessus mentionnées.
En 1950 l'équipement industriel de la Côte d'Ivoire
était dérisoire tout Comme dans l'ensemble des colonies
françaises d'Afrique Noire (4). L'industrie comprenait
essentiellement deux petites conserveries d' ~nanas, quel-
que huileries pour les besoins locaux, deux brasseries
limonadières, quel~ues
égrenages, une petite filature
et quelques scieries.
La production s'élevait à 2 800
millions en valeur (prix 1965).
A partir de 1960 l'on assiste à une expansion rapide
du secteur secondaire. De 132 unités industrielles en
1960, on passe à 458 entreprises aU 1er janvier 1976.
Cette expansion rem&rquable de l'industrie s'est traduite
comme nous l'avons vu au tableau page na 115 , par un
rythme d'accroissement annuel moyen de la production du
secondaire de 16,49 ~. Cette industrialisation s'est faite
dans deux directions essentielles; mise en place d'in-
dustries de valorisation des produits locaux, surtout
agricoles; création d'industries de substitution aux im-
.--portations.
L' aC ti vi té de la première Ca té go rie d' in-
dustries est d'apporter une certaine tr~nsformation aux
produits agricoles et forestiers destinés à l'exportation.
Ce grcupe d'industries a connu un développement rapide.
Celles de substitution .ux importations se rencontre dans
(4) Jean Chardonnet,
L'industrialisation de l'Afrique
une oeuvre nécessaire; Publication de l'Institut
de Hautes études internationaleSi n026 1956.

la fabrication de produits de consommation alimentaire,
textile, chimique et mécanique.
Malgré cette remarquable croissance, le secteur se-
oondaire en Côte d'Ivoire se caractérise par son manque
d'intégration.
En 1974 les achats de l'agro-industrie aux autres
branches industrielles ne dépassent pas 20 ~ de' son chif-
fre d'affaires. Quant aUx inàustries àe substitution aUx
importations,
elles importaient près de 50 % de leurs
conso~~ations intermédiaires.
L'examen des capitaux investis dans le secondaire
(annexe 5) montre la prédominance du capital étranger
principalement français. Cette structure du capital in-
dustriel nous paraît de nature à favoriser l'importation
des consommations intermédiaires dans la mesure où la
plupart des entreprises du secondaire appartiennent à des
groupes de dimension internationale.
L'industrie ivoi-
rienne est très dépendante de l'étranger. Cela est de
nature à limiter les échanges entre branches et par voir
de conséquence l'intégration industrielle.
Or s'il est vrai qu'à la suite du développement des
cultures d'exportation,
le marché ivoirien s'est élargi
plus vite que dans plusieurs autres pays d'Afriaue Noire,
"
ce mouvement n'est pas suffisant pour la mise en place
d'une industrie de base. On comprend pourquoi, malgré la

-
125 -
..
découverte d'un important gisement de fer dans l'ouest
du pays, il n'a jamais été question de la construction
d'une aciérie. L'expansion peu rapide du marché national
est probabl~ment à la base de la nouvelle orientation
de la politique industrielle de la Côte d'Ivoire (5).
Toutefois, la mise en place de ces industries peu
industrialisantes s~mble avoir suscité un développement
au niveau du tertiaire. Une cohérence semble se créer
autour de l'agro-industrie, faisant appel aux services.
Ainsi sur les 11.2 milliards fournis par les services aux
autres branches en 1975, 16,1 milliards sont revenus aux
industries agro-alimentaires, 3,5 milliards aux industries
de première transformation des ressources primaires et
5,7 milliards aux industries alimentaires (voir annexe 6).
La localisation des unités de production industrielles
accentue_le clivage entre le nord et le sud que nous avons
mentionné à propos de la production agricole.
(s) Dans le Plan quinquennal
197j-1980, le plannifica-
teur ivoirien propose la mise en place d'industries
dont la production sera destinée à l'exportation.
Il s'agiê d'une nouvelle orientation par rapport à
la précédente qui mettait l'accent sur les indus-
tries de substitution aux importations.

1
Tableau 14
REPARTITION DU CA DES INDUSTRIES IVOIRIENNES SELON LE LIEU D'IMPLANTATION
(en milliards de F CFA)
(
)
~
Agglomé-
Agglomé-
Reste de
Total
Années
ration
ration
la Côte
~
d'Abidjan
de Bouaké
d'Ivoire
-------------------------------------:-----------:-----------:-----------:-----------
·
( Volume •..•..•.••••
91 043
13 265
30 527
134 833
1972
( % '"lOlO •• '"
.
67,5
9,9
22,6
100
(
(
)
t::;
( Volume •••.•.•.•••.
105 960
15 859
43 352
164 171
)
0'-
1973 ( % '"
10
'"
.
64,5
9,7
25,8
100
~
( Volume ••...•...•••
163 277
21 084
69 917
254 278
1974
~
( % lOlO ••• '" •••• '" •••••
64,2
8,3
27,5
100
(
.
(
.
.
.
.
)
..
.
.
.
(
1975 ( Volume
: 196 125.
:
23 784
:
82
925
:
302 834
)
(
( %
:
64,8 :
7,8 :
27,4 :
1 0 0 )
(
.
·
.
.
.
.
..
~
(
' " .
.
'"
'"
'"
'"
.
S o u r c e
Chambre d'Industrie de Côte d'Ivoire,
Les principales industries
instables en Côte d'Ivoire aU 1er janvier 1976, mai 1976

- U7 -
Ce déséquilibre de l'appareil de production des biens
matériels commande un déséquilibre spatial des tructures
de production des activités tertiaires comme nous le ver-
II
rons plus loin dans le chapitre relatif à l'aménagement
spatial des services.
Mais en d~hors de ces caractéristiques générales
de l'industrie ivoirienne, comment peut-on expliquer sa
contribution modeste à la PIE par rapport aux deux autres
secteurs 7
La première raison nous semble résider dans la jeu-
nesse du secteur secondaire en ce sens que le mouvement
d'industrialisation ne commence réellement qu'après 1960.
Et comme nous l'avons vu plus haut, ce mouvement a été
rapide. Les deux autres secteurs étaient déjà développés
pendant la période coloniale.
La seconde raison est à rechercher dans la nature
de l'industrie miseen place. Le développement d'une in-
dustrie de substitution aux importations est fonction
de l'ampleur de la demande, c'est-à-dire de l'élargis-
sement du marché national. Or la forte expansion de l'agro-
exportation en apportant des richesses non négligeables
à la Côte d'Ivoire, s'est aussi accompagnées d'une con-
centration des revenus (6). Le marché des industries
ivoiriennes est certes en expansion mais reste limité.
(6) Voir La concentration des revenus: J. Lecaillon et
Germidis, Inégalités des revenus et développement
économique, PUr, Paris 1977

-
128 -
Nais voyons maintenant l'évolution du secteur
tertiaire et les C3uses probables de son hypertrophie.
II - CONTRIBUTION DU 5ECTSUR TERTIAIRE
A LA
P. 1. B.
Nous examinerons le poids des différentes branches
des services puis nous tenterons de déterminer la Cause
de leur évolution.
A -
Poids
du
secteur
-des
services
L'étude des différentes branches est délicate en
raison de la fragilité des données statistiques.

Qualité
des
données
statistiques
Co~"e partout ailleurs, le secteur des services en
Côte d'Ivoire recouvre une multitude d'activités. Les
comptables nationaux divisent cet ensemble complexe en
quatre branc~es principales: les tr?nsports et auxiliaires
les services; le commerce et enfin l'administration.
Chacune de ces branches est divisée en sous-branches. Il
aurait été intéressant de pouvoir pousser l'analyse jus-
cz:uzze

129
qu'à ce niveau de détail élevé. Mais l'état de nos in-
formations (à partir des Comptes nationaux de la Cete
d'Ivoire) ne le permet pas.
D'abord le
contenu âe certaines branches a changé
dans le temps. Ainsi de 1960 à 1965 la branche "Trans-
ports" ne faisait pas mention de la sous-branche "com-
municati~n'l. Cela a été modifié à partir de 1965.
Avant 1965 la production des "Services" et du "Com-
merce" comprenait les imp5ts indirects. Il n'en sera plus
ainsi après la date indiquée. Enfin en dehors de ces
points
sus-mentionnés, à partir de 1965 la production
du secteur tertiaire sera évaluée aux prix de départ usine
ce qui n'était pas le cas auparavant.
Il aurait certes été possible d'effectuer des cal-
culs d'harmonisation de~ données statistiques. ~ais nous
n'avons paS pu disposes des informations nécessaires.
Ainsi nous avons préféré analyser les services seulement
à partir de 1965. Les comptes nationaux d'après 1965
évitent les problèmes déjà mentionnés et nous permettent
de faire des observations sur une période de 10 ans, c'est-
à-dire jusqu'en 1975. ~ais ils comportent l'inconvénient
1
1,
de ne pas fournir une information sur les sous-branches.
Enfin
signalons qu'à la différe'nce de l'industrie
1
où l'on procède régulièrement à l'élaboration de statis-
tiques correctes, les données chiffrées sur le tertiaire

- 130 -
relèvent d'estimation, pour une bonne proportion. Les
informations livrées ici doivent donc ~tre considérées
avec réserve.

Structure
de
la
PIB
Au niveau global nous avons constaté que le secteur
tertiaire dépassait les deux autres par sa contribution
à la PIB. Il fournissait près de 47,7 % de la production
en 1974. Maintenant il importe de savoir le rôle des dif-
férentes branches dans l'expansion du tertiaire. Le gra-
phique ci-après est très parlant sur ce point.
a) Les transports et communications
Dans l'optique de la production, les transports et
communications occupent la deuxième place dans le secteur
des services. En 1965 ils contribuaient pour 26,9 %de
la production du secteur. En 1975 ce pourcentage passe
à 29,3 %. Au cours de la période 1965-1975 le taux de
croissance annuel moyen de la production de cette bran-
che a été de l'ordre de 16 % soit 2 % supérieur à celui
de l'ensemble des services.
Lorsqu'on examine les composantes des "Transports
et auxiliaires",
on remarque que les "Transports routiers"


(. "
. '
· . . ~
•i
• •

., ,,
, .
~.
i
i

.,

.
1
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• •
..
,
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1


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l
1
.T~


T: ~~ cl" ~cwi.~
S = '!..vw\\.Ce4
C _ ~~c.Q.
A=A~rNl.
, .

1

- 131 -
viennent au premier rang avec 49,70 ~ de la production
en 1975. Cela provient de l'importance croissante du
transport de marchandises par route, par rapport au trans-
port de personnes. Le taux de croissance annuel moyen
des transports routiers a été de 18,14 % de 1968 à 1975.
Le deuxième poste important de la bra~che des Trans-
ports est celui dei "auxiliaires de tr2nsport". Cette
sous-branche retrace l'activité des transitaires, consi-
gnataires du port d'Abidjan et de l'aéroport de Port Bouet.
Elle intervient pour 22 % dans la proàuctiondes trans-
ports. Son importance tient au poids du co~~erce exté-
rieur dans l'économie ivoirienne. Les auxiliaires de trans-
port ont progressé au rythme de 19 % par an depuis 1968.
La place des télécommunications dans la production
des transports demeure encore modeste soit 6 % de la
branche.
Les transports ferroviaires connaissent une baisse
d'activité par rapport aux autres sous-branches. Leur
taux de croissance annuel moyen est faible soit 9,43 %
entre 1968-197S. Cette situation peut s'expliquer par le
fait que le réseau ferroviaire n'a connu aucune croissance
en dehors de l'unique ligne de chemin de fer construite
pendant la p~riode coloniale, alors que depuis i'indê-
pendance le réseau routier s'est beaucoup développé. Cette
unique ligne est vétuste, très souvent encombrée, toute

- 132 -
chose qui ralentit le trafic. Le projet de construction
d'une ligne de chemin de fer à l'ouest pour transporter
le minerais de fer vers le port de San Pedro ayant été
abandonné, la progression de la production des transports
ferroviaires risque de demeurer modeste.
De toutes les sous-branches des transports, ce sont
les "Transports maritimes et lagunaires" ~i ont réalisé
la plus grande progression avec un taux de croissance
annuel de 48,37 %. Cette progression rapide provient de
la création récente d'un flotte marchande en Côte d'Ivoire.
La place des communications a tr~s peu varié depuis
1968. A cette date elles représentaient 5,7 ~ de la pro-
duction des Transports. En 1975 elles ne représentaient
que 6,2 %.
Dans l'ensemble le poids important des transports
dans la production du tertiaire s'explique par la néces-
~té de cette activité pourl'agro-exportation.C'est
pourquoi les sous-branches "transports routiers" et "auxi-
liaires des transports"
sont dominantes dans la produc-
tion des Transports.

Tab10é11) 1:)
STRUCTURE DE LA PlO DANS LA BRANCHE DES T~\\NSPORTS
(en pourcentages)
..
..
..
..
..
..
..
...
Sous-branches
:
196B:
1969:
1970:
1971:
1972:
1973:
1974:
1975
-----------------------_.------_.-------.------_.-----
..
..
..
..
--.-------,-------.-------.-------
..
..
..
..
1
.
..
..
..
..
..
..
..
...
..
..
..
"
..
. . . . .
..
( Transports ferrori-
( aires •......•..•...••.
:
5,9:
5,4:
5,5:
5,2:
5,0:
4,8:
4,0:
3,3 ~
~ Transports routi~rs... : 53,8: 55,3: 46,6: 50,2: 48,6: 50,2: 51,0: 49,7
~
w,
Transports marlt~mes:
:
:
:
:
:
:
:
w
et lagunaires.:
:
2,4:
3,0:
5,5:
6,2:
7,61:
8,5:
10,7:
10,1)
( Transports aérlens •...
:
8,7:
8;9:
10,0:
9,1:
9,5:
8,7:
7,0:
8,9)
( Auxiliaires des trans- :
:
:
:
:
:
:
:
)
( ports
:
22,5:
20,5:
25,8:
22,8:
22,9:
20,3':
21,1:
21,8)
~ Communications ••...... :
5,7:
6,9:
6,6:
6,5:
6,4:
7,5:
6,2:
6,2
~
~
TOTAL. .. .. . ..
~ 100 ~ 100" ~ 100 ~ 100 ~ 100 ~ 100 ~ 100 ~ 100 ~
(
(
: : : : : : : :.. )
Sou r c e
D'après les données des Comptegde la Nation de Côte d'lv:>ire

-:- 134 -
b)
L e
c 0 m mer c e
Le graphique sur la structure du tertiaire montre
la prépondérance du commerce dans la production du sec-
teur. Cette branche a évolué au même rythme que l'ensem-
ble des services à un taux de croissance annuel de l'ordre
de 14 % environ. Mais le commerce a perdu de sa prédo-
minance par rapport auX "Services" et aux "Transports".
Alors qu'il contribuait à 40 % de la production du
tertiaire en 1965, il ne participe plus que pour 37,7 %
en 1975. Cette diminution de la part relative du com-
merce loin de traduire une régression de cette activité,
s'explique plutôt par les grands progrès des branches
"Transports" et des "Services". Néanmoins le commerce
demeure au 1er rang parmi les branches du tertiaire sous
l'angle de la production. Avec l'introduction de plus
en plus rapide des rapports marchands dans les campagnes
et l'élévation du niveau générale de vie, on doit s'at-
tendre à une augmentation du volume d'échange donc de
l'activité du commerce (7).
c)
Les
s e r v i c e s
Dans les "Services"
se trouvent en fait agrégées
deux branches: les loyers (branches 25) ; les autres
(7) Les estimations de S. Amin (Développement du capi-
talisme en Côte d'Ivoire) font apparaître un coût
de co~"ercialisation égal à 32 ~ du volume de la
production commercialisée. L'étude du CEGOS (Cis-

- 135 -
services (branche 26). Malheureusement les données de
la comptabilité dont nous disposons ne font plus cette
distinction après les années 1968-1969.
D'une façon globale, nos colculs font apparaître
une progression des services de l'ordre de 17 % par an
de 1960 à 1975. Pour la période 1960-1970, la revue liarchés
tropicaux (8) trouvait une progression de 16 % par an,
donc assez voisine du chiffre que nous avançons. D'après
cette revue, les PTT assuraient 25 % de la production
des services, au deuxième rang venaient les assurances.
La production des hôteb. restaurants et bars, cinémas,
médiocre avant 1965 conna1t de nets progrès à partir de
1968. Viennent ensuite les activités "d'expertise et
études". L'activité "loyers" aurait progressé de 1~,3 %
en moyenne par"an (47 % des loyers étaint payés par les
entreprises).
Cette branche, en raison de son caractère diffus,
se prête très difficilement à une étude fine.
Elle
est l'activité dont l'évolution est la plus étroitement
liée à l'urbanisation.
d)
L " A d m i n i s t r a t i o n
Dans cette branche il s'agit de la valeur ajoutée
suite (7)/ tribution en
Côte d'Ivoire) avance le même
pourcentage.

- 136 ~
de l'Administration. C'est une estimation des salaires,
cotisations sociales et prestations ,sociales payés aux
salariés ou pour eux. Parmi les administrations on ~is-
tingue : l'Etat, les collectivités locales, la sécurité
sociale, les instituts de recherches, les administrations
privées et les administrations étrangères et internatio-
nales. L'observation de ces àifférentes rubriques fait
appara1tre que le gros de la contribution vient de l'Etat
suivi par les administrations internationales. La progres-
sion de cette branche a été la plus faible de l'ensemble
des services avec 12,79 % en moyenne par an de 1965 à
3° La production des activités archaIques dans
le secteur des services
Une multitude de petits métiers sont classés dans
cette catégorie d'activités;
a) Nature des activités archaïques
Nous venons d'analyser la production du secteur ter-
tiaire à travers ses différentes branches. En dehors de
l'hétérogénéité de ce secteur, phénomène identique aux
pays développés et sous-développés, le tertiaire dans les
(8) Marchés tropicaux, Côte d'Ivoire 1960-1970, nO l 355,
octobre 1971 p. 3 199

.- 137 -

. ,
1
pays pauvres présente un caractère dualiste. Plusieurs
dénominations sont avancées pour appréhender la fraction
des services ne relevant pas du secteur moderne de l'éco-
nomie. Les comptables nationaux en Côte d'Ivoire parlent
alors d'activités archalques. Certains économistes du
BIT (Bureau International du Travail) (la) préfèrent l'ap-
pellation "d'activités non tructurées".
Une activités archalque est une activité désuète
du point de vue des techniques existantes. Dans le con-
texte africain et ivoirien, l'archaïsme peut surtout dé-
signer des techniques à l'honneur dans le mode de pro-
duction antérieur à l'introduction du capitalisme. Dans
ce dernier Cas le qualificatif d'archalque parait aC-
ceptable en ce qui concerne les exploitations agricoles
familiales. Il l'est moins pour d'autres activités.comme
la réparation automobile par exemple, car celle-ci est
induite du montage et de la vente de véhicules, activité
inexistante avant la colonisation.
Il nous semble que ce que l'on baptise généralement
d'archalsme se différencie certes du secteur moderne par
sa technique mais ce n'est jamais intégralement l'usage
d'une vieille technique. Enfin il nous semble assez dif-
ficile de soutenir que les petits métiers de vendeurs
à l'étalage, de garagistes n'ont pas de structure. Malgré
ces remarques nous garderons les termes "d'archalsme"
ou
(la) Jean Mouly, Urbanisation et emploi en Côte d'Ivoire,
BIT, Genève 1976.

- 13.8 -
"traditionnelles" pour désigner ces activités. Les ac-
tivités dites archaïques ou non structurées constituent
une situation d'attente, pour la population rurale ur-
banisée, en vue de son passage plus ou moins lointain
dans le secteur moderne. Il s'agit en réalité d'un sec-
te ur intermédiaire présentant des traits dégradés de
l'économie traditionnelle et ébauchant quelques formes
de l'économie urbaine (11).
Mais que recouvre exactement la notion d'activité tra-
di tionne11e 7
Li définition du BIT reti ent sept critères
pour appréhender le secteur non structuré ou
archaï-
que
(12):
- la facilité d'accéder aux activités en question,
le recours aux ressources locales,
- la propriété. familiale des entreprises,
- l'échelle restreinte des opérations,
- des techniques à forte intensité de main-d'oeuvre et
adaptées,
des qualifications qui s'acquièrent en dehors du système
scolaire officiel,
- des marchés échappant à toute réglementation et ouverts
à la concurrence.
Le type d'activités ainsi définies se trouve en fait
dans chacun des trois secteurs.
(11 ) Voir sur ce point Sylvie Schaudelet Pierre Mette1in .
les activités de transition et le secteur informel
'
à Abidjan, Centre d'Etudes africaines,
Bordeaux, 1978.
(12) Jean Mouly, Op. Cit. p. 53

- 139
b) Poids de la production des activités
archaïques dans les services
Il nous sera difficile sinon impossible de procéder
à
une analyse de ce type de services sur la période 1960-
1975. La comptabilité nationale ivoirienne procède rarement
à la distinction activité moderne et activité archaïque
en ce qui concerne le secteur tertiaire. Une étude exhaus-
tive de ces activités archaïques n'a jamais été faite.
Ce travail commence avec l'étude du BIT (12) et celle
du CEAN (11). Néanmoins le tableau ci-dessous permet de
se faire une idée sur la question.
;.:0:;;;= ~

Tableau 16
REPt,RTITION DE V. A.
ENTRE SECTEUfl MODERNE ET SECTEUR DE TRANSITION
DANS L'ECONOMIE IVOIRIENNE: V.A. AU COUT DES FACTEURS
(millions de F CFA 1970)
(
:
:
)
1
:--M~d~;~~--~A;~~~~;:~--~-Ë~~~;bl~--:--M~d~;~~--~-A;~~~i;:~-~~Ë~~~;bl~--}
Secteurs
1(-------------------:-----------:-----------:--------
---:-----------:-----~-----:-----------!
·
.
. .
.
.
.
( Primaire
:
16
:
84
:
100
:
26
:
74
:
100
:
15 009
:
78 758
:
93 767
:
23 978
:
93 360
:
117 338
1-
.t>-
~
a
1
Secondaire
:
68
:
32
:
100
:
74
·
26
:
100
·
26 242
:
12 140
:
38 382
:
49 939
· 17 877 :
67 816
(
·
·
:
·
1
:
:
:
:
:.
Tertiaire
:
81
·
19
:
100
:
80
:
20
·
100
.
(
:
82 163
·
101 031
:
119 392
:
29 929
·
·
18 868
:
149 321
:
·
.
:
:
:
:
i
:
- -
:
:
:
·
:
:
Total
·
:
53
·
47
:
100
·
58
:
42
:
100
123 414
·: 109 766 : 233 180 ·· 193 309 : 141 166 · 334 475
·i
:
·:.
S o u r c e
:
SETEF,
Image de base Côte d'Ivoire,
Emploi
EdUCation et Formation

- 141 -
L'évolution comparée de la valeur ajout2e des trois
secteurs correspond dans les grandes lignes ~ celle que
nous avons établie dans l'analyse de la production inté-
rieure brute. Le secteur tertiaire est dominant tandis
que le primaire et le secondaire tiennent respectivement
la deuxième et la troisième places.
Sous l'angle du dualisme, on remarque que le ter-
tiaire est le secteur où la valeur ajoutée par le secteur
moderne est la plus forte en proportion de la production
du secteur : 80 % pour le secteur moderne et 20 % pour
le secteur archaïque. Ces chiffres témoigneraient donc
d'une plus grande modernisation dans les services. La
modernisation de ce secteur paraît en effet plus aisée
dans la mesure où les activités exigent peu de capital
et de connaissances techniques. La faible part du secteur
archaïque dans la valeur ajoutée du tertiaire nous paraît
également imputable à une sous-estimation.
Dans le secteur secondaire la valeur ajoutée du secteur
archaïque est importante soit 32 ~ de l'ensemble de la
valeur ajoutée. ~ais elle diminue plus rapidement que
dans le tertiaire. L'industrialisation rapide semble pro-
voquer une destruction non moins rapide de l'artisanat.
De ce point de vue, avec les importants investissements
réalisés dans ce secteur depuis 1970,
il est probable
que la part de l'artisanat dans la valeur ajoutée du

_ 142 ..
secondaire soit encore plus réduite actuellement.
Bien qu'en progression rapide, la valeur ajoutée
pour les activités modernes du primaire est faible. Ainsi
l'agriculture apparaît co~"e le secteur le moins trans-
formé par la modernisation. L'introduction de la culture
de la Canne à sucre a probablement amélioré légèrement
cette situation.

Tableau 17
REPARTlTION DE L.A V.A.
DU TEI,TIAIHE ENTRE SECTEUr, i"ODEHNE ET
AP,CHAIWUE DANS L'El~ONOlilIE
IVOIRIENNE
V.A. AU COUT DES' FACTEUHS (millions de F CFA 1')70)'
.
.
)
.
.
) ::~~~~~~~:~s ~--~~d~;~~--~-~;~~~~;~~-~---T~t~ï---:--~~d~;~~--~-~;~~~~;~~-~--T~t;ï---~l
i-------------------:-----------:-----------:--------- --:-----------:-----------:-----------)
( Transports
~
. :
:
:
;
:
l
( Valeur absolue ••.
:
17 0 3 6 :
5 090
:
22 126
:
24 6 6 0 :
6 2 6 8 :
30 928 • ~
(
Î~. ..:
77
:
:2 3
~
100
:
80
:
20
:
100

.
(
~.....
( Services
:
:
:
:
:
:
)
1-'
( Valeur absolue . . .
:
9 B15:
3 2'10:
13 055
:
19 0 5 7 :
8 301
:
27 358
)
-l>.
(
%. . . :
75
:
:2 5
:
100
:
70
:
30
:
100
)
W
(
: : : : : : . )
( Comme rc e s :
:
:
:
:
:
. )
( Valeur absolue . . .
:
28 903
:
10 538
:
39 4'11
:
31 023
:
15 360
:
46 383
)
;:,. . . :
73
:
2 7
:
100
:
67
:
33
:
100
)
Administration
l
Valeur absolue .••
26 '109
26 409
4'1 652
44 652
.)
C;(
(
. 10 • • •
100
100
100
100
)
i Ensemble du sec-
l
( teur service
1 Valeur absolu~•••
82 163
18 868
101 031
119 392
29 929
149 321
(
(
70 •••
En
19
100
80
20
100
'.~
S o u r
c e
STEF,
Image base Côte d'Ivoire,
Emploi,
EdUCation,
Formation

- 144 -
A l'intérieur du secteur tertiaire, la contribu-
tion des activités archalques est plus importante en
volume et en proportion dans la branche du Commerce. Cela
tient probablement au fait que cette branche doit être
d'accès plus facile et doit donc occuper une main-d'oeuvre
importante. Il est aussi probable que le gonflement de
la valeur ajoutée du commerce soit imputable au prélè-
vement qu'effectue cette branche, donc le tertiaire sur
l'agro-exportation. Nous reviendrons sur ce point dans
le chapitre relatif au rôle du secteur tertiai"e dans
l'économie ivoirienne.
On remarque, d'après le tableau ci-dessus, que le
secteur archalque contribue plus à la valeur ajoutée dans
le commerce et dans les services que dans les transports.
Cela nous semble devoir s'expliquer par la nécessité d'un
capital important de départ dans l'activité de transport.
Cela laisserait très peu de place à des activités arti-
sanales.
Au cours de l'examen de la production du tertiaire,
nous avons donné çà et là certaines hypothèses de crois-
sances des services. Mais voyons s'il existe une liaison
nette entre la production des biens et celle du tertiaire.
8 - Relation entre croissance des services et
celle des biens
Dans la théorie de la croissance, les activités de

- 145-
services sont considérées induites de celles de la pro-
duction des biens. Dans le chapitre II nous avons fait
état du rôle des services comme activités connexes auX
entreprises de productions matérielles. C'~st cette idée
renforcée par les évolutions constatées au niveau de l'in-
dustrie et de l'agriculture qui nous amènent à vouloir
vérifier l'existence de telles relations àans le contexte
ivoirien. Le tableau ci-après donne les résultats du cal-
cul des corrélations entre taux de croissance de cinq
variables du secteur tertiaire et de trois variables àu
secteur des biens.

Tableau 18
COEFFICIENT DE CORRELATIONS ENTfΠLES TAUX DE CROISSANCE ANNUELS MOYENS
DES ACTIVITES DE SERVICES ET DES ACTIVITES DE LA PRODUCTION
DES BIENS
(
. . . . . )
·
.
.
.
.
(
:
Secteur
:
Branche
:
Branche
;
Branche
;
Branche
)
(
: tertiaire: transport:
services;
commerce :Administra-)
(
: : : :
: t l o n )
~
;-----------;-----------;-----------;-----------;-----
------~
··
.
.
.
.
.
.
.
Secteur primaire;
0;61
;
0,69
:
0,13
;
0,58
:
0,70
(
. . . . . )
1--
.t>'
( Secteur secondaire;
0,81
;
0,54
;
0,81
;
0,77
;
0,58
)
. '"
·1
Ensemble secteurs:
:
:
~
~
~
1de~ biens (pri-:
:
;
;
:
)
mal.re + s e c o n - :
:
:
:
:
)
( daire)
:
0,93
;
0,70
;
0,66
;
0;00
:
0,80
~
. . . . .
·
.
.
.
.
1
·
.
.
.
.
.
.
S o u r c e
D'après nos calculs fn appendice statistique (annexes 7 à Il)

-
147 '-
Les variables du tertiaire comprennent la produc-
tion départ usine des activités de l'ensemble des ser-
vices, des "transports" des "services" du "commerce~
et des "administrBtions". Nous avons calculé leur cor-
rélation avec le taux de croissance de la production
départ usine du secteur "primaire", du secteur "secon-
daire" et de l"'ensemble des biens", c'est-~-dire pri-
maire et secondaire. Chaque
variable des ser-
vices a été corréllée avec chaque variable de biens,
nous donnant ainsi 15 coefficients de correlations.
En d'autres termes, il s'agit de corrélations entre
x 100
et
l
-
Xt
X
x 100
t
où y et X sont respectivement les variables de services
et de biens. En outre, Y com~e X représentent la pro-
duction départ usine en milliard de francs CfA.
Quelles remarques pouvons-nous tirer de ce tableau 7
Sur cinq variables des services, nous en avons trois
qui sont plus correllés avec l'industrie qu'avec l'agri-
culture. Si nons tenons pour satisfaisants les coeffi-
cients supérieurs à 0,70, le nombre de bonnes corréla-
tions augmentent (passe à 4/5) lors~u'on considère l'en-
semble du secteur de production matérielle. La production

- 148 -
d~quatre branches est donc pour l'essentiel déterminée
par celle du primaire plus celle du secondaire. Cela
traduit, ce qui n'est pas une surprise,
le caractère
induit de la production du tertiaire.
Une analyse plus fine montre:
- pour la variable "secteur tertiaire", une corrélation
très bonne avec "l'ensemble des biens", significative
avec le secteur secondaire et moins bonne avec le pri-
maire. La corrélation médiocre avec le primaire traduit
le poids de l'auto-consommation paysanne qui n'induit
guère des serviceS. Mais le niveau élevé du coefficient
(0,61) traduit l!importance des activités de services
provoqués par les cultures d'exportation et l'exploi-
tation du bois. C'est surtout ce dernier élément qui
explique une corrélation plus marquée des transports avec
le primaire qu'avec l'industrie.
- Branche des transports : elle est la deuxième branche
à être médiocrement correllée avec l'ensemble des biens
(0,70).
Nous venons de voir l'explication possible du
coefficient avec l'agriculture, supérieur à celui de l'in-
dustrie. Sachant que l'industrie est fortement localisée
dans le sud aux alentours d'Abidjan, le coefficient 0,54
(médiocre corrélation) peut signifier une moindre con-
sommation des produits industriels dans les régions re-
culées de la capitale.

- 149 -
- Les services : il existe certes une corrélation entre
celle-ci et "l'ensemble des biens" mais elle est la plus
mauvaise. Cela nous parait expliqué par une corrélation
plus significative entre "services" et taux d'urbani-
sation. La relation avec l'agriculture est mauvaise et
le ccefficient de 0,81 avec l'industrie tient à la fois
à l'aspect urbain des localisations industrielles qu'à
la nature même de certaines composantes de la branche
(avocats, notaires, etc).
- Les coefficients du ccmnerce ne sont pas surprenants :
0,58 traduit le faible niveau de commercialisation d'une
fraction importante de la production agricole. La relation
avec l'industrie ne saurait surprendre.
- Les relations surprenantes viennent de l'Adoinistration. 1
Nous pensons que l'explication peut se trouver dans l'im-
portance du rôle de la Caisse de stabilisation et des
impôts de la population rurale, deux ressources qui sont
fonction de la production agricole.

- 150
CON C LUS ION
=================~=
Pour analyser la production du secteur tertiaire
dans l'économie ivoirienne, nous avons manqué d'infor-
mations statistiques détaillées et portant sur une assez
longue période.
Nous avons alors eu recours à plusieurs
sources dont les données ne sont pas toujours homogènes.
Malgré cette fragilité nous avons abouti à quelques ré-
sultats.
Au niveau de la répartition de la PIS par grands
secteurs, les services sont devenus dominants depuis 1962.
En 1975 ils représentent 43,5 % de la production (et 47,7 %
en 1974). Le secteur secondaire a été en expansion ra-
pide mais sa production reste faible. De 15,2 % de la
PIS en 1960 il passe à 24,7 % en 1975. Il
présente au-
jourd'hui un certain essoufflement qui amène les autorités
ivoiriennes à préconiser des industries de substitution
destinées à l'exportation en remplacement des industries
de substitution aux importations. quant au secteur pri-
maire, de 46,8 % de la PIS en 1960 il passe à 31,8 %.
Dans l'ensemble il a connu un rythme de croissance sa-
tisfaisant. Mais cette évolution d'ensemble cache une
progression moins rapide des cultures vivrières.

- 151 -
Une analyse spécifique du secteur tertiaire montre
que les branches du commerce et des transports fournis-
sent la plus grande part de la production. Le poids de
ces deux branches s'explique par leur rôle dans l'ache-
minement des produits de l'agro-exportation. On peut donc
raisonnablement soutenir que le développement du tertiaire
dans l'économie ivoirienne est dO à la place du CDmmerce
international dans ce pays. L'industrialisation et l'ur-
banisation ont également contribué pour une part à la
progression rapide de la production du tertiaire.
En définitive donc, la structure de la PIS révèle
un net déséquilibre sectoriel de type sous-développé.
Nous sommes loin de la théorie des trois secteurs.
o
o
0

- 152 -
CHAPITRE 4 : L'EMPLOI ET LE SECTEUR DES
SERVICES
Dans le chapitre précédent, nous avons noté une cor-
rélation significative entre la production industrielle
et celle des services. La moins bonne relation avec l'agri-
culture tient 2 l'importance de l'auto-consommation dans
le secteur primaire. TOutefois le poids des cultures
d'exportation dans l'économie ivoirienne contribue lar-
gement au développement de la production tertiaire. Dans
l'ensemble nous sonnes arrivés à la conclusion que sous
l'angle de la production, le secteur tertiaire était hy-
pertrophié. L'objet du présent chapitre sera de savoir
ce Du'il en est aU niveau de l'emploi.
l -
EVOLUTIm: DE L'EMPLOI ET STRUCTURE
- - - DES SERVICES
Nous verrons les problèmes de l'emploi dans leur
ensemble avant de passer à une analyse sectorielle.

- 153 -
A - Physionomie globale de l'emploi en Côte d'Ivoire
Malgré la forte croissance économique enregistrée
depuis 1960, le pays connaît des problèmes d'eT.ploi,
notamment dans l'économie de plantation.

Pop u 1 a t i o n
e t
e m p l o i
En Côte d'Ivoire comme dans la plupart des pays
sous-développés, les méthodes trationnellement utilisées
pour mesurer l'emploi, le chômage ou le sous-emploi, sont
parfois peu adaptées. Le degré de fiabilité des statis-
tiques publiées se trouve amoindri. En effet la faiblesse
de l'appareil statistique et la composition des unités
économiques, notamment 2 la campagne rendent difficile
la connaissance exacte des secteurs archaïques ou de tran-
sition de l'économie. Cependant on peut remarquer que de-
puis quelques années, un effort sérieux
dans ce domaine
a été fait en Côte d'Ivoire.
Les chiffres disponibles sur l'évolution démogra-
phique montrent que de 1920 à 1945 la population de Côte
d'Ivoire ne présente aucune particularité notable. La
population résidente passe de l 825 aco 2 2 525 000 com-
me l'indique le tableau ci-après. Mais dès la fin de la
seconde guerre mo~diêle, le pays connaît un net accrois-

- 154 -
. i
1
sement de sa population.
Le taux de croissance annuel
1
moyen passe de 1,4 % à 1,9 %. Ce mouvement d'accroisse-
1
mént va s'accentuer au fil du temps pour atteindre d~s
taux annuels moyens de 3,1 % 2 partir de 1955 et de 4 %
à partir de 1970.
EVOLUTl0N GE LA POPULATION
de 1920 à 1977
~ Années
Nombre
d'Habitants
Taux
de
l
(
croissance)
( :
: annuel
)
(
: .
: moyen
)
i-----------;----------------------------;-----------l
(
1920
1 825 000
)
)
(
1930
2 L75 000
)
)
~ 1940
2 350 000
) •. l, 4 % )
1945
2 525 000
)
)
)
(
1950
2 775 000
)
CL
)
(
1955
3 050 000
) •. 1,9 ~ )
(
) .
(
1960
3 865 000
)
3,1 ~ )
(
1965
4 500000
)..
,- )
~ 1970
5 500 000
)
~
(
1975
6 720 000
l" 4,0 % (
L 1977
7 300 000
)
Source
Ministère du Plan
Côte d'Ivoire en chif-
fres 1977/1978

- 155 -
Cette forte croissance est due à deux facteurs prin-
cipaux : une progression constante de l'accroissement
naturel; un fort courant d'immigration en provenance
des pays limitrophes en particulier du Mali et de la
Haute-Volta.
Le taux d'accroissement naturel est passé de 15 %0
en 1950 ~ 27 %0 en 1975. Le taux de mortalité demeure
encore à un niveau préoccupant (24 %0).
La croissance de la population s'acconpagne d'une
modification entre villes et campagnes. Le tableau ci-
après nous donne une indication sur l'ampleur du mouvement
d'urbanisation. Au niveau des chiffres sur la population
totale, on remarque des petits écarts par rapport aux
données gouvernementales du tableau précédent. Néanmoins,
les ordres de grandeur étant les m~mes, nous pouvons dire
que le pourcentage de la population urbaine à la popu-
lation totale est proche de la réalité.

Tableau 20
CHOISSANCE DE LA POPULATION URBAINE EN COTE D'IVOIRE
)
1
:
1921
:
1931
:
1948
:
1954
:
1958
:
1965
:
1 9 7 5 ' )
·..
.
...
...
.
..
...
...
~
1
:-----------:-----------:-----------:-----------:-----------:-----------:-----------
(
. )
( Population
( totale
.
1 520 000
1 750 000
2
076 000
2
605 000
3 100 000
4 100 000
6 700 000 ~
(
:
1-'
Population
U1
urbaine .•..•
1
~ 0-
32 000
50 000
186 000
331 000 .
447 000
950 000
2
160 000
1
~ %pop. urbai-:
ne . . . . . . . . . .
· 2,1 % :
2,9 %
· 8,9 % . 12,7 % : 15,4 % : 23,2 % : 32 ,2 %
·
·
.
1
:
% pop. ru-
i
.
ra le ..............
:
97,9 %
:
97,1 %
· 91,1 % : 87,3 % : 84,3 %
76,8 %
. 67,8 %
(
---'----_ _----E....-_ _
·
.
.
~
.:......__ _....:....._ _
·
.
.
---=.
...:.....
_
S o u r c e s
- J. L. Boutillier ; Colloque de d~mographie africaine organis~ par l'ORSTOM,
l'INSEE,
et l'lNED
- Cahiers ivoiriens des recherches ~conomiques (CIRES) nO 17 mars ·1978

_ 157 ~
La population rurale est en constante diminution.
Elle passe de 97,9 ~ de la population totale en 1921 à
67,3 % en 1975. Elle est majoritairement concentrée dans
la zone forestière en 1975. Cette répartition inégale
a été accentuée pendant la dernière décennie. En effet,
la zone forestière regroupait 54 ~ de la population ru-
rale en 1965. Ce chiffre est passé à 61,5 ~ en 1975. Ce
mouvement a pour conséquence une élevation des densités
rurales dans le sud et leur juste maintien au mieux dans
le nord: La population urbaine a augmenté rapidement cor-
rélativement à la diminution de la proportion des ruraux.
On remarque que le mouvement d'urbanisation prend un es-
sor particulier au lendemain de la seconde guerre mondiale.
C'est à cette même période que les premières unités indus-
trielles furent installées en C6te d'Ivoire. Mais l'urba-
nisation ne s'accomplit pas a~ même rythme dans toutes les
régions. Elle est plus importante dans le sud qui compte
beaucoup plus de villes que la saVane du Nord. La forte
croissance urbaine est due d'une part aux émigrations
campagnes-villes mais aussi au fort taux de natalité dans
les villes.

Tableau 21
TAUX D'ACC,mISS8IENT ~IATUKEL DE LA POPULATION
en 1965 et 1975
(
:
:
)
(
:
1965
:
1975
)
(
:-----------------------~-----:-----------------------------)
i
~ Urbain': Rural: Ensemble: Urbain': Rural: Ensemble\\
(
:---------:---------:---------:---------:---------:---------)
1-'
lJl
(
{
i
CP
Taux de natalité ••.
~ 52 %0 : 49 %0 :49,5 0/00 : 53 %0 : 49 %0 : 50 %0 ),
( Taux de mortalité ••
: 25 %0 : 29 %0 :28,3 %0: 23 %0 : 26 %0 : 25 %0 )
(
1
( Taux d ' a c c r o i s - ;
;
;
;
;
;
( sement
: 27 %0 : 20 °'/00 :21,2 %0: 30 %0 : 23 %0 : 25 %0
.
.
.
.
.
.
(
.
S o u r c e
C IRE S
Op. Cit. p. 69

- 159 -

Les chiffres ci-dessus montrent que le taux d'ac- ~
croissement et le taux de mortalité sont nettement plus
élevés en ville qu'à la campagne. C'est le contraire qui
s'observe quant auX taux de mortalité. Dans l'ensemble,
aussi bien à la ca~pagne qu'en ville, le taux d'accrois-
sement gagne trois points entre 1965 et 1975. Si l'on
tient compte du mouvement miçrBtoire, on s"aperçoit que
la population urbaine augmente à un rythme encore plus
élevé, soit 8,9 % en moyenne par an. L'apport des étran-
gers dans ce pourcentage est important.
En 1975 la population étrangère présente en Côte
d'Ivoire s'élève à 30 % de la population totale (contre
23 % en 1965) et se chiffre à 2 millions de personnes
environ. Cet afflux de population étrangère bénéficie
essentiellement auX villes et à la zone forestière comme
on peut le constater à partir du tableau ci-dessous.
Tableau 22
PROFORTION D'ETP~NGERS
DANS LA POPULATION
AGHICOLE EN MILIEU RURAL
'------------;-------:---------:-------
~
~ Population: Chefs d'ex: Manoeu- j
( Zone géographi~ue: résidente: ploitation:
vres
)
l-~::~~~~~~~~~~~~~-~---~:~:-~--~--~~~:-:---~---::-~----~
( Centre et Est *
17,2 it>
13,4 ;;;
75 ~~
)
( Centre-Cuest et
)
( Sud-Ouest *
14,1 %
14,7 %
43 %
)
(
l ! 6 %
4 ! 9 %
60 %
)
( Total zone fo-
)
{( restière........
17,2 ;"
14,2 ;~
78 ;~
)
Centre et Nord 01
2,2 ;.0
5,4 56
)
(
)
* Forêt ~ Savane
Source: Recensement de l'agriculture - 1973 - cité dans
documents préparatoires de plan 1976-80

- 160 -
Ce tableau montre bien qu'en zone forestière, la
présence d'étrangers cOnstitue une force de travail im-
portante d'autant plus que les Ivoiriens ont de plus en
plus tendance à émigrer vers les villes. Pour l'ensemble
de la forêt, les étrangers représentent 78 ~ des manoeu-
vres agricoles permanents. Cette proportion est de 88 ~
dans la région sud où le courant migratoire est plus
ancien.
L'immigration étrangère dans les villes est tout
aussi importante. En 1965 40 % de la population urbaine
était étrangère. Ce mouvement d'étrangers vers les villes
semble accentué par la faible rémunération des ouvriers
agricoles, la répugnance des Ivoiriens pour les travaux
manuels en ville, mais aussi par l'attitude de beaucoup
d'employeurs qui préfèrent une main-d'oeuvre étrangère
moins exigeante quant aux statuts et aux rémunérations.
(1)
La Côte d'Ivoire est un des rares pays d'Afrique
Noire à avoir enregistré une si forte croissance écono-
mique pendant une longue période. C'est certainement cette
prospérité qui est à la base de l'important mouvement
de population que nous venons de noter : forte croissance
de la population totale; déséquilibre dans sa réparti-
tion entre zone de forêt et de savane ; forte urbanisa-
tion nourrie par une immigration et un taux d'accroissement
(1) Ce comportement des employeurs se manifeste au ni-
veau idéologique dans le discours qu'ils tiennent
sur le travailleur ivoirien présenté comme pares-
seux, incapable, etc. Pour plus de détails sur ce

_ 161 -
naturel élevés ; exode rural et diminution de la po-
pulation rurale en proportion. Tous ces éléments amè-
nent à se poser une question
la croissance économique
de la Côte d'Ivoire a-t-elle permis de faire face à ce
mouvement de population par la création d'emplois en
nombre suffisant? C'est ce que nous allons tenter d'éclair-
cir dans les pages suivantes.
2° Croissance économique et croissance de l'emploi
. Le problème de l'emploi en Côte d'Ivoire semble
s'être aggravé au fil du temps. Dans la décennie précé-
dant l'indépendance, le seul problème du marché de l'em-
ploi, fait remarquer Louis Roussel (2), était l'insuffi-
sance de la force de travail disponible, spécialement
pour l'agriculture d'exportation. Pour résoudre ce pro-
blème, on eut recours à des recrutements de main-d'oeuvre
en Haute-V.olta. De même, à cette période le retard de
la Côte d'Ivoire en matière de scolarisation entraina
le recours aux ressortissants du Dahomey (actuel Bénin)
pour les emplois d'instituteurs et d'employés de l'ad-
ministration. Le chômage visible était insignifiant.
En 1960 on comrtait 105 000 salariés urbains pour
un nombre de chômeurs estimés à une centaine (3). Mais
suite (1)/ point nous renvoyons le lecteur à l'étude de
Bruno Latour et Amina Shabon ; idéologies de la compé-
tence en milieu industriel à Abidjan, O\\{STOI\\, Centre
Petit Bassam, Abidjan, 1972.

- 162 -
vers les années 1970, pour un effectif de 225 000 sala-
riés urbains, les chômeurs sont estimés à 45 000 ou 50 000
environ.
Selon les estimations de la BI20 (4), de 1965 à
1970, la population d'âge actif totale est ~ ssée en Côte
d'Ivoire de l 960 000 à 2 300 000 et le nombre estima-
tif des emplois a progressé de l 900 000 à 2 150 000.
Ainsi donc sur cette période le chômage serait passé de
60 000 à 135 000 personnes uniquement dans les villes.
Quant à l'augmentation de la population active dans le
secteur rural elle parvenait à satisfaire la damande de
main-d'oeuwre dans le primaire. Le chômage vi~ble serait
donc passé de 22 % de la population d'âge actif à 27 %
entre 1965 et 1970.
Mais depuis cette date la situation de l'emploi n'a
cessé de devenir préoccupante. Elle tend
à se cractériser
par un déficit en milieu rural et un excédent en milieu
urbain. En effet si l'apport de la main-d'oeuvre étran-
gère a permi jusqu'en 1970 de retarder le déficit de tra-
vailleurs dans l'agriculture, en 1975 l'Cffice national
de la main-d'oeuvre s'est trouvé incapable de sitisfaire
un besoin déclaré des planteurs du Sud s'élevant à 10 000
travailleurs. Les perspectives d'avenir sont peu optimistes
sur ce point. Selon le plan quinquennal 1976-1980, le' dé-
ficit enregistré en zone forestière en 1975 restera sta-
(2) Louis Roussel j Problèmes et politique de l'emploi
en Côte d'Ivoire, dans L'emploi en Afrique, BIT,
,1
Genève 1973
(3) Louis Roussel, Op. Cit p. 190
1
1

- 163 -
tionnaire jusqu'en 1980 mais s'aggravera à partir de 1980.
En zone de savane il ira en s'aggravant rapidement, la
population d'âae actif restant quasi stationnaire alors
que les besoins de main-d'oeuvre augmentent rapidement.
En ce qui concerne l'excédent en milieu urbain, on
note que de 1970 à 1975 la population d'âge actif a aug-
menté de 9 ~ en moyenne par an, alors que l'emploi dans
les secteurs secondaire et tertiaire modernes n'a progres-
sé que de 7 % par an. Le taux de progression annuel du
commerce et de l'industrie a été de 6 % par an, celui
de la fonction publique de 5,4 % et les bâtiments et tra-
vaux publics de 5,2 %. Cette situation a provoqué un chô-
mage urbain évalué à 180 000 personnes en 1975.
A cette difficulté générale pour trouver un travail
s'ajoute le problème de la faible participation des Ivoi-
riens à l'emploi. La plupart des études sur l'emploi en
Côte d'Ivoire insistent sur le caractère extraverti du
marché d~ travail. L'encadrement supérieur est aux mains
"d'expatriés"
Européens et principalement Français, tan-
dis que les emplois au bas de l'échelle sont tenus par
des Africains non Ivoiriens.
Ainsi d'après une enquête du ministère de l'Ensei-
gnement technique de Côte d'Ivoire (5), sur les 132 260
personnes qui constituaient les salariés du secteur mo-
derne en 1971 (voir détails dans l'annexe nO 15) 47,9 %
(4) BIKD ; Ivory Cost, special report employment,
report nO 279 a - IVC,
ju1y 1974

- 164 -
seulement étaient Ivoiriens , 45,5 % des Africains non
Ivoiriens et 6,6 ~ des non Africains. L'emploi ivoirien,
comme le montre l'annexe, se concentre dans les caté-
gories d'employés qualifés'et non qualifiés, d'ouvriers
qualifiés et spécialisés. Les Africains non Ivoiriens
se trouvent essentiellement dans la catégorie des manoeu-
vres tandis que les non Africains sont à 88 %dans l'en-
cadrement supérieur (directeurs, cadres, ma1trise). L'ivoi-
risation a connu un léger progrès depuis lors. Selon les
données de la Centrale des bilans (6), les'non Africains
étaient 10 361 envison en 1977 et ne rprésentaient que
4,46 % des effectifs employés. Les Ivoiriens atteignent
le chiffre de 143 557 et représentent 61,81 ~ des travail-
leurs salariés. L'ivoirisation semble s'~tre améliorée
principalement au détriment des Africains non Ivoiriens
~i n'occupent plus que 33,73 % des emplois.
Globalement, les Ivoiriens sont absents au sommet
et à la base de la pyramide de l'emploi. Dans un pays
où les transferts au titre de la sécurité sociale n'exis-
tent pas, la faible présence des Ivoiriens dans l'emploi
pose le problème des bénéficiaires de la formidable crois-
sance de l'économie. On comprend pourquoi pendant ces
dernières années, l'ivoirisation est devenue un des grands
objectifs des autorités de la Côte d'Ivoire. Une autre
tendance mise en lumière dans les pages précédentes, est
(5) Le secteur privé et para-public en Côte d'Ivoire,
3D partie la maind'oeuvre salariée, Ministère de
l'Enseignement technique, Abidjan, avril 1972.

- 165.-
la progression rapide du chômage urbain sous le double
effet de l'accroissement naturel et des migrations de
la population.
En conclusion, on note que la création d'emplois
a suivi un rythme relativement modéré par rapport à la
forte croissance de la production. Une étude du Minis-
tère de la coopération (7) montre que sur la période 1965-
1971, alors que la PIS du secteur moderne non agricole
augmentait en volume au rythme annuel de Il %, l'emploi
salarié dépassait à peine le taux annuel moyen de 5 %.
Ainsi, à un accroissement de l % de la production du sec-
teur moderne non agricole en volume, ne correspond donc
qu'un accroissement d'emploi d'environ 0,5 % seumement
par an.
On peut donc s'attendre, face à une offre de main-
d'oeuvre pléthorique conjuguée à la désafection de la Cam-
pagne et un rythme de création d'emplois modernes très
lent, à une déformation de la répartition sectorielle de
la population. C'est ce que nous allons examiner dans les
pages qui suivent.
S - La répartition sectorielle de la main-d'oeuvre
et le poids du secteur des services
Les statistiques officielle traduisent mal l.'hyper-
(6) Centrale des bilans 1977, Ministère de l'Economie
et des Finances, Abidjan
(7) "Evolution des structures de l'emploi en Côte d'Ivoire
1965-1971"
' / '

- 166 -
trophie du tertiaire.
10
Les
grandes
tendances
Alors que la production des différents secteurs
(primaire, secondaire et tertiaire) est à peu près cor-
rectement évaluée depuis 1960, il est très rare de dis-
poser d'une ventilation ad hoc de la population active.
Les efforts fournis par l'Office de la Main-d'oeuvre
permet de connaître de mieux en mieux le secteur moderne
de l'économie, encore que jusqu'en 1977 les statistiques
de cet organisme ne couvraient pas encore la totalité
des entreprises de ce secteur.
Or une importante fraction de la population exerce
une activité dans le vaste secteur non moderne de l'éco-
nomie. Ces activités sont mal connues et leur étude ne
fait que débuter, Aussi au niveau statistique on ignore
leur poids réel et la plupart dès chiffres couramment avan-
cés proviennent soit d'enquêtes partielles, soit d'esti-
mations plus ou moins éloignées de la réalité.
Un grand nombre des études sur l'emploi en Côte
d'Ivoire fondent leurs analyses sur les estimations du
SETEF (Sociétés d'Etudes Techniques Economiques et Finan-
cières)
dont le tableau ci-après donne des extraits.
suite (7)/
Ministère de la Coopération - 1975.

T2bleêJu '23
L'E,"1PLOI EN COTE D'IVOIEE -
1965-1970
.
.
)
·
.
1
Secteurs
;----------:~~~---~--------~----------:~~~------------~
(
:
Nombre
:
%
:
Nombre
:
%
)
?------------------------~--~~=~~:~=:_~-~-----------~--~~=~~:~==---~-----------~
(
. . . .
~
( Primaire
;
1 662 900
;
85,74
;
1 797 100
;
82,38
. . . .
(
·
.
.
.
i
1-'
Û'
secondaire
:
143 380:
7,57
~
213 320
~
9,77
)
-J
( Tertiaire
:
126520:
6 , 6 9 :
170820:
7,85
~
(
.
·
.
.
.
.
.
.
~
. . . .
(
·
.
.
.
(
TOTAL. •.•.••••
:
1 892 800
:
lQO,OO
:
2 181 240
:
100,00
)
.
·
.
.
.
.
.. )
i
·
.
.
.
)
·
.
.
.
S o u r
C
e
Image base 1970, Emploi,
Education,
Formation
Volume 1
5ETEF avril 1973

- 168 -

- 169 -
chômage élevé, le tertiaire
archaïque
d'accès plus
aisé fournisse moins d'emplois que le secondaire de tran-
sition.
D'autres économistes Comme les rédacteurs du rapport
de la GI~D Op. Cité, partagent avec nous cette idée d'une sous-
estimation importante du tertiaire de transition.
Il ne nous a pas été maleureusement possible de trou-
ver une autre source statistique nous donnant une ven-
tilation correcte de la population active de la Côte
d'Ivoire selon les trois secteurs. Nous nous sommes donc
livrés à différents recoupements dont le résultat est
consigné dans le tableau ci-après.

Tableau 24
EVOLUTION DE LA POPUU, TION ACTIVE PAR SECTEUR
r
.
.
.
)
:------:~~:---------:------:~~~---------:------:~~:---
(
Secteur
1
(
: Nombre de:
%
: Nombre de:
%
: Nombre de:
%
(
: personnes :
: personnes :
: personnes :
(------------------------:-----------:-------:-----------:-------:-----------:-------)
(
. . . . . . )
( Primaire
; 1 622 900 ; 86,40 ; 1 797 100 ; 83,52
; 2 000 460 ; 78,93 )
(
.
..
.
6 .
"
.. .
. . .
. )
..
i Secondaire
:
128 990:
6,90:
183 831:
8,54:
233 000:
9,19 ~
....
( Tertiaire
:
126 520:
6,70:
170820:
7,94:
301 000 : 11,80 ~
-..J
~
o

1
TOTAL.
:
1 878 410 : 100,00: 2 151 751
:100,00.: 2 534 460 : 100,00 )
(
.
..
.
. . .
. .
.. .
. . .
. )
..
Sou r c e s
.Image de base Côte d'Ivoire 1970 SETEF Op. cité
.Plan quinquennal de développement économique,
social et culturel 1976-1980, Ministère du Plan,
Côte d'Ivoire
.Côte d'Ivoire en chiffres 1978 - Ministère du Plan,
Côte d'Ivoire

,- 171 -
D'après donc nos estimntions, la population active
du primaire est en constante diminution. Elle passe de
86,40 % en 1965 à 78,93 ~ en 1975. En ce qui concerne
le tertiaire et le seconda~re, leur emploi s'est main-
tenu 2 un niveau à peu près égal pendant la première dé-
cennie suivant l'accession à l'indépendance politique.
Il n'y a pas théoriquement hypertrophie du tertiaire parce
que tel qu'il est ici défini, ce secteur n'englobe que
des productions immatérielles. Gais si l'on a~pte la
définition de Colin Clark, les travailleurs des petits
métiers de l'artisanat classés dans le secondaire doivent
être intégrés aUX services. De ce point de vue qui est
le nôtre, il y a hypertrophie du tertiaire bien avant 1965.
Même dans l'optique des comptables nationaux de C5te
d'Ivoire, et abstraction faite de la sous-estimation des
services, on remarque un net accroissement du secteur
tertiaire en 1975. Etant donné la fragilité de nos esti-
mations, il aurait été intéressant d'avoir la structure
de l'emploi des années 1974 et 1976 pour vérifier l'exac-
titude des chiffres de 1975. A défaut de cette vérifica-
tion, les chiffres de l'an'léc 1975 doivent être pris avec
rÉserve.

-
172 -
2° Evolution comparée des productivités
Selon la théorie des trois secteurs, les migrations
de main-d'oeuvre du primaire vers le secondaire, puis
de ce derniers vers le tertiaire, sont gouvernées par
des diff~rences de pro9r~s techni~ues, c'est-~-dire de
productivités. Voyons donc ce qu'il en est en Côte d'lvoire.
Nous utiliserons ici exclusivement les statistiques du
SETEF.
Les chiffres du tableau ci-dessous
ont été obtenus
en divisant la valeur ajoutée de l'ensemble d'un secteur
par l'effectif de la main-d'oeuvre qu'il e~ploie. Comme
nous l'avous déj~ signalé plus haut, l'effectif du ter-
ti~re
archaïque
est sous-estimé. Sa productivité
est en conséquence surestimée.

Tab!eùu 2')
1
PfPLJUCTlVlTE DES DIFFERENTS SECTE.URS
1965-1970
(
:
:
)
(
:
1965
:
1970
)
(
Secteurs
~--------------~--------------~~-------------~--------------~
(
:
Archaïque
:
Moderne
:
Archaïque
:
I.\\oderne
)
!------------------------:--------------:------------- -~------~-------~--------------~
( Primilire
:
50,0
:
320,7
:
53,6
:
430,9
)
(
:
:
:
:
)
......
--J
( Seconclilire
:
137,B
:
492,2
:
137,0
:
630,1
)
(..l
(
:
:
:
:
)
( Tertiaire
:
~98,9
:
915,0
:
559,8
:
100B,8
)
(
:
:
:
: _ - - - - )
(
:
:
:
:
)
( Total
:
64,~
:
652,6
:
73,3
:
763,8
)
(
:
:
:
:
)
S o u r c e
Image base Op. cit~, voir annexe 12

- 174 ~ .
Que ce soit dans le secteur archaïque
ou dans
le secteur moderne, la faible productivité de l'agricul-
ture est manifeste. Mais ~
l'intérieur du primaire, l'écart
entre l'agriculture familiale et l'agriculture moderne
est énorme. Il reste important dans le secteur secondaire
également tandis qu'il est plus réduit dans le tertiaire.
Nous avons déj~ iu les raisons de cette situation.
La productivité très élevée du secteur tertiaire
nous paraît peu conforme ~ la réalité. Elle nous paraît
6ue au raIe de prélèvement qu'exerce ce secteur sur les
secteurs productifs. Nous y reviendrons plus lein.
Globalement, la contribution du secteur archaïque
~ l'amélioration des productivités est minime. Elle est
plus importante dans le secondaire et le tertiaire. La
situation dans l'agriculture traditionnelle paraît à cet
égard significative.
En effet, si nous f2isons l'hypothèse que les ré-
munératioT\\s sont en rapport avec les différentes produc-
tivités, neus aboutissons à la conclusion que c'est la
paysan~erie ivoirienne qui disoose des plus bas revonus.
r;ous touchons l~, la cause fondament21e des miorations
vers les villes. Nous reviendrons sur ce point dansla
section Il du présent chapitre.

- 175 -
3° Structure de l'emploi dans le terti~ire
Faute de données précises sur le secteur
archaî-
que,
nous analyserons uniquement l'emploi salarié
du secteur moderne non agricole. Ijous nous inspirerons,
dans ce paragraphe, principalement de l'étude de Op. cité
du Ministère français de la coopération (8).
a) Evoll.tion des qualifications par grandssecteuD
L'annexe nO 13 sur les qualifications de la main-
d'oeuvre snlariée par gr~nd secteur révèle un encadrement
supérieur plus nombreux dans le secteur tertiaire que
dans les autres. Cependant, le rythme d'accroissement
de cette catégorie de travailleurs appar~it plus rapide
dans le secondaire (16 ~ en moyenne par an). Il n'est
que de 10 ~ dans le tertiaire. Ce mouvement plus rapide
dans le secondaire est peut-être dû à l'ampleur du mou-
vement ~Iindustrialisation en~re 1965 et 1971.
Les écarts de taux d'accroissement annuel moyen
au niveau de l'encadrement moyen est nettement plus re-
marquable. Ce type de salarié progresse de 13,6 ~ par
an dans le t~rtiaire contre 1,5 ~ dans le secondaire.
La progression des employés et ouvriers qualifiés
est également plus rapide da~s les services. On note
(8) Evolution des structures de l'emploi en Côte d'Ivoire
1965-1971, ''éinistère de la coopération, janvier 197.4,
Paris.

- 176 -
cependant une nette décroissance de la main-d'oeuvre
non qualifiée dans ce dernier secteur.
Le tableau en annexe nO 13 montre également que
l'emploi salarié est nettement plus important en volume
dans les secteurs secondaire et tertiaire que dans le
prImaire. Cela peut être interprété comme un indice de
la faible modernisation de l'agriculture qui reste do-
minée par les petites exploitations familiales.
b) Les qualifications à l'intérieur des services
L'annexe nO 14 sur les qualifications dans les ser~
vices nous permet d'établir les graphiques suivants (voir
pages suivantes). Les deux premiers graphiques tradui-
sent bien les remarques qui nous venons de faire sur
l'évolution comparée des qualifications dêns le secondaire
et le tertiaire. Ils mettent surtout en lumière les dif-
férences au niveau de l'encadrement et des manoeuvres.
Dans les services mêmes, on distingue trois groupes
de structures.
~ les transports et communication ont une structure par-
ticulière. L'encadrement est moins important que dans
l'ensemble des services. Toutes les catégories de tra-
vailleurs sont en augmentation entre 1965-1971, s~uf celle
des manoeuvres. La structure de cette branche était plus

- 177 -
./Je'luC,ti.,-u
eb c;uD(]fCa/{~'n
~j':Jç)
(7115
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1
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, .
' - -
,.
r e
)0

- 180 -
analoGue à celle du secondaire.
- Les branches des services et du commerce sont beau-
coup. plus conformes ~ la structure de l'ensemble du sec-
teur
elles se caractérisent par l'importance de cadres
supérieurs, l'accroissement des catégories cadres supé-
rieurs, cadres moyens, employés et ouvriers qualifiés de
1965 ~ 1971. l~ais tout comme dans l'ensemble du secteur,
les employés et ouvriers non qualifiés, et les manoeuvres
décroissent en nombre de 1965 ~ 1971.
- La structure de l'administration est bien particulière
sur la période d'observation. L'encadrement supérieur,
les cadres moyens et les manoeuvres sont très réduits.
Ils ont connu peu d'évolution entre 1965-1971. La seule
catégorie ayant progressé est celle des employés et ou-
vriers qualifiés. Bien qu'en proportion très importante,
les employés et ouvriers non qualifiés sont en régression.
Quelle interprétation peut-on avoir sur cette évo-
lution des qualifications? D'une façon globale l'accrois-
sement de l'encadrement supérieur dans tous les secteurs
nous parait imputable au progrès réalisé dans le domaine
de la scolarisation. Mais l'accroissement des catégories
de cadres moyens, ~ employés et ouvriers qualifiés
(deux fois plus rapide à2ns le tertiaire que dans le se-
condaire) semble un indice de la faiblesse de la for-
mation tecGnique. En effet, les élèves sortant du sys-

-
181 -
tème scolaire général trouveraient plus facilement un
emploi dans les activités de services que dans l'industrie.
c)
L 1 i
v 0
i
r i s a t
i o n
Les chiffres du tableau ci-après donnent une idée
sur l'ivoirisation entre 1965 et 1971.
Tableau 26 - A
ST"UCTURE DE L'E~.~PLOI ?:ü{ NIVE.\\U DE QUALIFICATION
ET NATIONALITE
(SECTEUP. iiODERNE)
EN POUi{CE""V.GES
(
Catégo:
)
(
ries:
Cadres superleurs:
Cadres moyens
)
i~~~;s
~---Ï---~-;NÏ---~--N:---~--Ï----~-;NÏ---~--NA---j
(-----------:-------:-------:-------:-------:-------:-------)
)
Secondaire:
)
11965 .•...
2,2
1,1
96,7
17,4
8,4
74,2
l
( 1971 .•...
14,0
4,8
81,2
38,0
9,7
52 ,3
) 1
(
( Tertiaire
li)
1 1965 .....
8,6
2,7
88,7
37,5
1:2. ,0
50,5
( 1971 ....•
16,3
9,4
74,3
51,5
16,7
.31,8 l
-----=-------.:.....--~_.....:.......-------:_--.......:...,-_l
1
:
'/'

-
182 -
Tableau 26 - El
. , . - - - - - - - - - - - - - - - ; - - - - - - - - - )
('
Catégo-:
,'Aain-d'oeuvre
:
Main-d'oeuvre
)
(
r i e s :
qualifiée
:
non qualifiée
)
i~:~~s
:---Ï---~-;NÏ---~--~;---~--Ï----~-;~;---~--NA---l
[-----------:-------:-------:-------:-------:-------:- ------)
(Secondaire~
. :
:
:
:
~
l
~ 1965..... 60,7
32,2
7,1
49,1
50,7
0,2
\\
1971.....
69,5
26,7:
3,8
55,4
44,6
l~
Tertiaire
11965 .... ; 68,5
15,0
16,3
56,7
42,3
1,0
( 1971.....
68,7
21,4
9,9
54,9 . :
44,9
0,2
~
(
)
Source
d'après les chiffres du;.\\inistère de la Cooparation
structure de l'emploi en Côte d'Ivoire.
Les enseignements de ce tableau coroborent en par-
tie ce que nous avons déjè constaté lors de l'analyse des qua-
lifications : une évolution plus favorable au profit de
l'e~ploi qualifié dans le secteur tertiaire.
Sous l'angle de l'ivoirisation, on note des diffé-
rences importantes selon les catégories professionnelles
et le secteur. Dans la catégorie des cadres supérieurs,
l'ivoirisation a beaucoup plus progressé dans l'industrie
que dans le tertiaire entre 1965 et 1971. Cependant on
remar8u'en 1965 les Ivoiriens étaient plus présents au
niveau de l'encadrement supérieur dans les services (8,6 %)
que dans le secondaire (2,2 ~). En 1971 l'enCadrement

- 183 -
supérieur dans les deux secteurs reste toujours auX mains
des non Africains, à 81,2 ~ dans le secondaire et à
74,3 % dans les services. A ce niveau, l'ivoirisation
semblerait plus aisée dans le tertiaire.
La proportion des Ivoiriens dans l'encadrement moyen
est plus importante. Dans le secondaire elle passe de
17,4 ~ à 38 ;
entre 1965 et 1971, tandis que dans le ter-
tiaire elle passe de 37,5 ~ à 51,5 %. La progression de
l'ivoirisation s'est faite essentiellement au détriment
des non Africains qui passe dans l'industrie de 74,2 10
à 52,3 76 et dans les services de 50,5 76 à 31,8 %.
Mais c'est dans la catégorie de main-d'oeuvre qua-
lifiée que les Ivoiriens sont nettement majoritaires. Ce-
pendant les accroissements de leur Part d'emploi entre
1965 et 1)71 est faible dans l'industrie et nulle dans
les services. Dans ce dernier secteur, les AfriCains non
Ivoiriens sont en nette progression.
Dans la main-d'oeuvre non qualifiée, l'élément frap-
pant est la proportion des Africains non Ivoiriens.
D'une façon globale, les Ivoiriens nous semblent
plus présents dans l'emploi tertiaire que dans le secon-
daire. La faible progression dans l'industrie peut être
due au type de qualification exigée par ce secteur.

- 184 -
..
II -
CAUSES DE LA i'P.CLIFE::R/,TIüN DES l::!/,PLOIS TERTIAIHES
ET DU SECTEUP. ARCHr,IQUE URBAIN
uans
la première section, nous avons pu noter l'évo-
lution de l'emploi en C6te d'Ivoire tant au niveau glo-
bal que dans le secteur tertiaire. Il est apparu, ~ défaut
d'un recensement réel des travailleurs du secteur tra-
ditionnel, que pendant la première décennie de l'indé~
pendance, les secteurs secondaire et tertiaire ont connu
dans les grandes lignes la m&me évolution quant ~ leur
capacité d'emploi. Mais des données plus exactes et l'évo-
lution après les années 1975 montrent qu'en réalité le ter-
tiaire est également hypertrophié en C6te d'IvDire.
;ünsi la C6te d'Ivoire, malgré son formidable taux
de croissance, n'échappait naS ~ cette évolution struc-
turelle COnllllune ~ la plupart des pays sous-développés.
Et comme nDUS l'avons noté dans le chapitre 2 sur les
théories explicatives de la prolifération tertiaire, la
Cause principale de cette situation selon la théorie en
vigueur, serait la pression démographique. Mais pour nous,
la pression démographique para!t plus une conséquence
qu'une C2use. C'est ce qui nous allons essayer de montrer.

- 185 ~
A
L'agriculture en Cate d'Ivoire,
urbanisation et tertiarisation
Comme nous l'avons déjà signalé plus haut, en 1960
le désir de reposer le développement de l'ensemble de
l'économie sur la croissance du secteur primaire a con-
duit les responsables Ivoiriens à privilégier les cultures
destinées à l'exportation. Le résultat de cette politique
a été l'accentuation du déséquilibre vivrier.
le
L'agriculture
vivrière
Mais d'une façon globale, comme nous l'évons vu dans
le chapitre 3, l'expansion de l'agriculture d'exportation
ne sem~le paS s'accompagner d'une régression de la pro-
duction alimentaire et de l'auto-subsistance paYSanne.
L'indice de production alimentaire, base 100 en 1961-65,
iwrait atteint 189 en 1976 tandis que celui de la produc-
tion totale serait passé de 100 à 185 sur la même période.
La progression alimentaire ivoirienne serait la plus forte
des anciennes colonies françaises d'Afrique Noire. En
effet, la production alimentaire ~r homme passerait en
Côte d'Ivoire de 100 à 139 en 1961-65 - 76 tandis que
dans l'ensemble des pays d'Afrique indiqués elle aurait
regressé de 100 à~7.

- 186 -
Mais outre que les données gouvernementales sures-
timent
très souvent la production ivoirienne (9), on
note une insuffisance de disponibilités de protéines
dans ces produits. A ces deux éléments qui viennent nuan-
cer les performances de l'agriculture ivoirienne, il faut
ajouter une modification des habitudes alimentaires entre
ville et campagne. Le tableau ci-après nous donne une
idée de ces inégalités alimentaires en 1975.
Ainsi on remarque que dans les villes une strcture
alimentaire à base de céréales nobles (riz) et de farine
(pain) se substitue à la base alimentaire traditionnelle
alors que dans les campagnes, les féculents et les cé-
réales pauvres restent la nourriture principale. Si la
Côte d'Ivoire n'est pas le pays des disettes chroniques,
ou des famines ouvertes, il n'en demeure pas moins que
cette situation d'ensemble favorable cache des problèmes
locaux.
(9) Selon Samir Amin: Le développement du capitalisme
en Côte d'Ivoire, Paris 1967, Edition de /linuit, "La
surestimation des consominations de racines et de tu-
bercules par la st?tistique agricole ivoirienne peut
atteindre 40 ~. Pages 51 et suiVantes.

~ 187 -
Tableau 27
B l
LAN
ALI MEN TAI R E
197 5
dont manioc ·
.
144
"
.
61
"
.
dont banane ·
.
121
"
71
"
- dont autres ·
.
32
"
15
"
D'après les chiffres de l'annex nO 17.
Ces chiffres ont été obtenus en divisènt les consommations to-
tales par 4 551 000 habitants pour le milieu rural et par
2 121 000 hLlbit~nts pour le milieu urbein. Nous avons au préa-
lable converti les données de l'annexe 17 en kg.

- 188 ~
2° Les cultures d'exportation
et inégalité
de répartition du revenu monétaire
Dans le chapitre sur la production nous avons si-
gnalé que la plupart des cultures d'exportation étaient
localisées dans la zone for~stière du pays. Cele a pro-
voqué une disparité du revenu monétaire agricole entre
le nord et le sud. Ainsi d'après le plan quinquennal
1976-1980, la zone forestière qui regroupe actuellement
près de 70 % de la population a reçu au titre des revenus
agricoles en 197~, 77,1 milliards de F CfA contre 8,5 mil-
liards pour la zone de savane. Dans cette dernière, l'ef-
fort de développement de la culture du riz, du coton et
de la canne à sucre permet certes une amélioration des
revenus de Id paysannerie, mais cette action ne pourra
certainement pas combler l'écart par rapport au sud. En
1973 la situation était comne l'indique le tableau ci-
dessous.
Tableau 28
REVENUS l.'.ONETAIHES AGRICOLES P;',R TETE
S :ôLON LES REGIONS Hl 1973 (en F CFA)
(
)
( Nord ........
5 000
Est ........•
14 800
)
i Ouest .......
8 100
Centre-Ouest
15 000
)
Sud-Ouest ...
8 800
Centre .....•
16 500
)
~
SII d . . . . . . . . .
22 100
)
)
( Ensemble de la Côte d'Ivoire : ........................ 14 000
)
(
)
Source
Plan quinquennal de développement écono~ique,
social et culturel, 1976-1980, ~inistère du
Plan, Abidjan, p. 501

-
189 -

La même source indique qu'à la m~me époque les re-
venus urbains étaient 4,5 fois plus élevés que les revenus
ruraux.
Mais la situation des planteurs dans le sud est
loin d'être homogène. S'il est vrai que les cultures
d'exportJtion ont donné naiSSance à une véritable bour-
geoisie agaire, il existe une multitude de petits plan-
teurs dont la situation est loin d'être florissante.
L'évolution comparée de l'indice des prix d'achats
·du café au producteur et celui des prix de détail à la
consommation africaine, fait ressortir une détérioration
du pouvoir d'a~hat du planteur.
Base 100 = 1960
Tableau 29
POUVOI fi D'ACH.".' DES PL?NTEUHS
(
)
(
: 1960
: 1962
: 1965
: 1968
: 1969
)
(
:------~:-------:-------:-------:-------)
(
)
( Indice des ~rix
)
( (global) (1)....
100
110,1
114,5
128,5
134,2)
( Indice des prix
)
( d'achat du café
)
( chez le pro duc-
)
(t9ur............
100
86,8
75
97,2
107,6)
(-----_....:..-_--'-------''---~---'----)
./ .

- 190 -
(
)
~
1970
1971
1972
1973
:-------:-------:-------:-------
~ Indice des )riX
(global)
(1 ...•
1 4=>,6; 144,4
14=>
160,5
( Indice des prix
( d'achat du café
l
( chez le produc-
)
~ t eur ............
144
112,7
112,4
147,1 )
)
Source·
Indices calculés à partir de chiffres du
I:inistère du Plan; Côte d'Ivoire 1977-
1978. Données brutes p. 118 et p. 284.
(1) Il s'agit de l'indice global des prix de détail
à Abidjan (consomGlation familiale de type afric2in)
Certes le niveau de vie à Abidjan est rupérieur à
celui de la campagne. ~ais cette comparaison garde tout
de même un intérêt surtout que l'indice du prix d'achat
au producteur de café a été calculé à partir de prix cou-
rents.
En résumé,
la paysannerie ivoirienne en général con-
naît un niveau de vie inférieur à celui des citadin, même
compte tenu de la production Buto-consomrée.

Le
système
de
culture
Wuc ce soit d2~s 16 S2V3ne ou darls la forêt, l'agri-
culture ivoirienne utilise des tech'liques peu productives.

- 191 -
Les exploitations sont en majorité de type familial et
peu mécanisées. Plus au nord, la technique de chasse
du gibier provoque une dégradation sérieuse du sol (10).
De plus la pratique de la jachère maintient les méthodes
de cultures extensives également néfastes sur le double
plan de la productivité et l'équilibre écologique.
Dans le sud, l'accroissement de la production de
l'agro-exportation n'a pas été obtenu par un gain impor-
tant de productivité. Il n'y a donc pas eu modification
des techniques de production. Les planteurs ont recours
à la méthode de culture sur brûlis et extensivE. La non
adoption de techniques plus productives est encouragée par
la politique des revenus qui frappait les planteurs. Comme
nous l'avons montré dans le tableau précédent, leurs re-
venus n'ont pas suivi l'évolution du coût de la vie. Dans
le m~me temps, le niveau de rémunération de la main-
d'oeuvre agricole (essentiellement étrangère surtout
d'origine voltatque) est demeuré très bas. Il a très peu
varié depuis 1960. On comprend dès lors que pour béné-
ficier de l'écart entre la journée de travail d'un salarié
(10) Le paysan du Nord a coutume de s'approvisionner en
viande uniquement par la chasse du gibier. Pendant
la saison sèche il constitue des réserves en brOlant
très tôt une vaste étendue d'herbes. Les aniQaux
sauvages désertent ces përties Où il ne peuvent plus
se cacher pour se réfugier dans les réserves. A un
jour déterminé, tôt le matin, les adultes du vil-
lage encerclent la réserve et mettent le feu de tous
les côtés. La p2rtie de chasse est
alors engagée.
Cette technique de chasse, non seulement dé-
truit la végétation, mais aussi elle accélère l'éro-
sion du sol dès les premières pluies. Jusqu'à présent

- 192 -
et le salaire qui lui est versé,
les planteurs embau-
chent plus de travailleurs, étendent les superficies
cultivées plutôt que d'adopter des techniques de cul-
tures plus intensives (11).
A la lumière de cet aperçu sur l'agriculture ivoi-
rienne,
on remarque malgré ses performances indéniables,
qu'elle se heurte à plusieurs problèmes sérieux:
- des disparités régionales dont les conséquences poli-
ques pourraient devenir préoccupantes ;
- une insuffisance des productivités et des revenus des
paysans. ;
- des techniques de culture extensives qui pourraient
Causer des modifications climatiques et écologiques do-
mageables.
L'aboutissement de cette situation difficile dans
le monde agraire nous para~t être l'accélération de
l'exode rurale. On peut donc dire que c'est principale-
ment pour des raisons économiques que les paYSans de la
Savane du Nord et les planteurs du Sud abandonnent leur
terre avec l'espoir d'une vie meilleure en ville.
(10) suite/ l'action gouvernementale plus punitive
qu'éducative n'a pu arrêter cette tradition né-
faste.
(11) Pendant la campagne 1976-1971, la détérioration de
leur pouvoir d'achat a poussé certains planteurs
à la frontière à aller vendre leur café au Libéria
où le prix du kg était nettement supérieur qu'en
Côte d'Ivoire. L'Etat a dû faire intervenir l'armée.

-
193 -

B - Rôle de l'industrie dans l'hypertrophie
du tertiaire
Comme nous l'avons vu par ailleurs, le développe-
ment de l'agro-exportation est bien antérieure à celle
de l'industrie. Mais cette derni~re a connu une progres-
sion rapide (voir chapitre 3) depuis 1960.
On pourrait donc raisonnablement s'attendre qu'elle
puisse apporter une réponse satisfaisante au probl~me
posé par l'afflux de main-d'oeuvre en provenance des cam-
pagnes.
1° Industrie et volume de l'emploi
La plupart des études sur l'emploi s'accordent à
noter que l'industrie n'a pas apporté le nombre d'emplois
attendu. Ainsi le l.linistère de la coopération (12) re-
marque qu'avec un taux de croissance de la valeur ajoutée
en francs constants du secteur secondaire de l'ordre de
11 b 12 % entre 196~-1971, on constate une élasticité
de l'emploi salarié par rapport à la croissance de la
production proche de 0,6. En d'autres termes, pour une
augmentation de la production de 100 dans le secteur se-
condaire, correspond une augmentation de l'emploi salarié
de 60 seulement. Cette situation est également mise en
relief dans le tableau ci-après.
(12) Structure de l'emploi en Côte d'Ivoire, Ministère
de la coopération, Paris, janvier 1974.

- .194 -
Tableau 30
COMPAR?ISON DES TAUX DE CROISSANCE DE L'EH2LOI
SALARIE MODERNE ET DE LA V.A.
~(
Secteurs
:----------~:~:_~:_::~~:::~::_----------~
:
de la V.A. en
:
Emplois salariés)
~------------------------:-~:::~::_:~~:~:~~:-:-::::~~~::::_::::~:~
~ Secteur secondaire...• ·•
17,0
5,5
~
~ Secteur tertiaire.....
12 ,4
4,2
l
1Tot,l..
13,9
',7
1
Source
Minist~re Français de la Coopération, Structure
de l'emploi en Côte d'Ivoire, 1965,1971.

-
195 -
Le taux de croissance de la valeur ajoutée est
nettement supérieur à celui de l'emploi. Ce tableau per-
met de se faire une idée approchée des gains de produc-
tivité dans le secteur moderne, particulièrement dans
l'industrie, en ce sens qu'il faut de moins en moins de
travailleurs par ullité de valeur ajoutée.
2° Facteur explicatif de la faible participation
de l'industrie à l'emploi
Nous avons vu plus haut que l'industrie ivoirienne
était tributaire de la main-d'oeuvre étrangère et que
les Ivoiriens occupaient peu de place. Cette extraversion
au niveau de l'eQploi se trouve beaucoup plus renforcée
au niveau de la propriété du capital.

Tableau 31
OHIGINb DES CAPITAUX DES ENTHEPhISES nWUSTHIELLES
(en millions de F CFA)
(
(
Valeur
Nombre
Chiffres
~
d'entre-
d'affaires
Origine
des
prises
-api taux

0'
.-1
Sou r c e
Jean Chevassu et Alain Vallette, Les industriels de la Côte d'Ivoire qui et
pourquoi, O~ST0M, Abidja, 1975
(Voir détails en annexe nO S)

- 197 -
Cette forte participation du capital étranger dans
le secteur secondaire semble, provoquer un mouvement
d' importati on de matières premières et intermédiaires
~ taux très élevé. Le tableau ci-après montre qu'alors
que l'importation de ~atières premerières ne participait
à la formation du chiffre d'affaires des industries que
pour 46 ~ en 1971, en 1975 ce chiffre passe à 49 %. Ainsi
l'importance du capital étranger dans l'industrie ivoi-
rienne, en provoquant une importation massive de matières
premières,
limite l'intégratlon
industrielle donc le
développement de l'emploi. L'installation d'industries
très capitalistiques en Côte d'Ivoire a été encouragée
par le code d'investissement par une série d'exonéra-
tions sur les importations dont celles des matières pre-
mières. Plusieurs multinationales ont pU
créer des fi-
liales en Côte d'Ivoire. Or leur politi~ue (13) ne cher-
che guère ~ résoudre des problèmes d'emploi dont le code
d'investissement semblait lui-même ignorer
(13) C'est ce que n,ontre: J, i.'assiéri, 1;"
Ikonicoff
~: Jedlieki et ~. Lanzarotti dans : "Les multin~­
clon~les et le dévelop~ement, trois entreprises et
lô Cote d'Ivoire",
PUF,
Paris 1979

Tableau 32
REPARTITION DU C.A. DES IM)USTIUES EN FONCTION
DE L'ORIGINE
DE LEURS ,.lA TIERES
!-'R.EMIERES
~ .
.
.
.
.
.
)
.
-
Origine des
;
1'171
;
1972
;
1'173
;
1'174
;
1985
)
matières
p r e m i è r e s :
:
:
:
: . )
? -----------------------------:------~----:----------
-:-----------:-----------:-----------)
·..
...
...
...
.
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<Xl
0'
( IAatières premières
:
:
:
:
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(
.....
i v0 i rie n n es. .. .. . . .. . . .. . . . :
5 4 j~
:
::, 4 j~
, :
51 /0
.:
52)~:
51 /é
))
I
..
..
..
.
.
Matières premières
:
:
:
:
:
.
;
~1'
/'
C'
(Ji
lmportees
:
46 ~
:
40 ~
:
49 ~
:
48 ~:
49 ~
l
·..
...
...
...
.
.
)
Chiffre d'affaires total .•.
:
100 >~
: 100 /0
:
100 io
:
100 i~
:.
100;~)
?
·..
...
...
...
.
)
..
S o u r c e
Principales industries installées en Côte d'Ivoire au 1er janvier 1976
Charnbre d'industrie de Côte d'Ivoire, mai 1976

i
L'industrie ivoirienne a donc été peu créatrice
d'emplois parce qu'elle incorpore beaucoup de techno-
logie. Elle ne pouvait donc pas absorber la majorité de
la popul~tion rurale qui émigr~it vers la ville.
c - '/:ocJ'èle culturel, scolarisation et t<=rtiairisetion
L'analyse que nous avons faite plus haut montre bien
qu'à la base des migrations vers les villes et vers le
tertiaire existe une explication économique : problème
agraire et caractère capitalistique de l'industrie. ~Iais
on
ne saurait minimiser l'impact de facteurs sociaux-
culturels. Parmi eux, la scolarisation nous semble jouer
un grand rôle.
1° Evolution des effectifs scolaires et
universitaires
Selon les données du ~inistère du l'Enseignement
'National, l'éducation scolaire a beaucoup progressée.
Ainsi entre 1966 et 1976, les effectifs ont été multi-
plié s
dans le primaire par 1,9 passant de 3~3 745 à 672 707
élèves ;
- dans le seconc2ire par 3,6 passant de 28 166 à 102 387
élèves ;

- 200 -
_ dans le supérieur par 5,3 passant de l 366 à 7 215
étudiants.
Si l'on tient compte des effectifs de l'enseignement
technique et normal, on renarque que c'est près de
800 000 jeunes qui ont été touchés par l'action éducative.
Au niveau financier, cet effort se traduit par la
multiplication par 4,4 du budget de fonctionnement de
l'Education nationale en 10 ans. En 1976 plus de 25 ~
du budget général de fonctionnement du pays a été consacré
.~ l'enseignement. Il a été réparti entre trois minis-
tères qui se partagent cette fonction: Ministère de l'Edu-
cation nationale, Ministère de l'Enseignement technique
et de la formation professionnelle, Secrétariat d'Etat
chargé de l'Enseignement primaire et de l'Education télé-
visuelle.
"ais le rendement de l'enseignement semblerait mo-
deste par rapport à l'effort financier consenti.
La croissance des effectifs serait accompagné de
plusieurs types de déséquilibres dont le premier est l'iné-
galité de la répartition spatiale de la scolarisation.
Comme. le montre la carte ci-après, le taux de scolarisation
primaire est égale ou inférieur à 50 ~ dans la plupart
des sous-préfectures du Nord en 1972. La situation est
nettement meilleure en zone forestière sauf dans le Sud-
Ouest, au-dessus de Sassandra. D'une autre manière on

- 201 -
,
"
retrouve une distorsion entre milieu urbain et campagnes.
Le second problème réside dans les abandons en fin
de cycles d'une part, et la pression sur l'entrée en 6è
d'autre part. Sur le premier problème, notons que l'en-
seignement primaire est en Côte d'lvoire polarisé vers
l'entrée en 6è, le CE~E paraissant de plus en plus in-
signifiant dans la rec:-rErche d'url e["ploL Cependant on
remarque que moins de la moitié des enfants inscrits
pour la pre~ière fois au cours préparatoire obtiennent
le Cè?E (42~ sur l 000 en 1~70) et moins d'un quart peu-
vent entrer en 6è après un redoublement au C,\\2.
Sur
le second point, la CBte d'lvoire, tout comme
les autres pays africains, a hérité lors de son indépen-
dance politique d'un système scolaire forgé en France
pour former des cadres de la fonction publique, des pro-
fessions libérales. Comme nous l'avons vu dans le cha-
pitre 2, cela a influencélargeffient la formation du ter-
tiaire dans ces pays. lfalgré les efforts accomplis depuis
lors (surtout la création d'un ministère de l'enseignemEnt,
tech',ique et de la formation professionnelle), cette ten-
dance antérieure ~ l'indépendance continue ~ marquer l'en-
seignement.
Les effectifs de l'enseignement technique ne repré-
sentent en 1976 que moins de 10 ~ du secondaire total.
L'évoll,tion
des inscriptions ulliversi taires reste for-'

cOTE D',IVOI RE ",-"
__~Tou x .. de
S col 0 risotl Cl:l,, __PrÎmo Ire.. ,Por, _SOLlS~, Pre.fec. Cu l'e.
c:::JltuotlonOl/ t r ]ANVIER'lS72

=
- ifJ3 -
tement orienté vers les formations de type littéraire,
juridique et commerciale.
Si nous examinons le contenu de l'enseignement, on
remarque que, loin de développer l'ensemble des facultés
et aptitudes de la personnalité de celui qui le reçoit,
i l s'adr,"sse esse:ltieller.-:ent à la r:;.2r;]oire. Les aUalit8s
.
,
de curiosité, d'ir:;açinaticn et de créativité sont né-
gligées.
Il contribue aussi à créer un type d'homme coupé
du monde rural. Le fait qu'il soit donné en français,
avantage le milieu urbain. On comprend dès lors que les
études sur l'urbanisation et l'exode rural (14) consta-
tent que ce sont surtout les jeunes scolarisés qui quit-
tent la cémpagne pour la ville dans l'espoir à'une vie
meilleure.
Ainsi, que ce soit par les nombreux abandons en fin
.
de cycle ou pour son contenu, l'enseignement participe
largement à l'orientation de la main-d'oeuvre vers le
tertiaire. Cela est renforce par l'action des différents
médias, notamment la télévision et aussi par l'aspect
très attrayant de la ville surtout de la capitale Abidjan.
Jusqu'à maintenant, les difficultés pour trouver un emploi
convenable n'incitent pas les migrants à retourner à la
Ca~lpaçne. Le système de famille élargie permet au nouvel
(14) HeatherJoshi, ~arold Lubell, Jean ~:ouly ; Abidjan
Urbanisation et emploi en eate d'Ivoire, BIT, Genève
1')76.

- 204 -
arrié en ville, de se faire héberger et prendre en charge
jusqu'à ce qu'il trouve du travail (15).
(ls) Jean'.'arie Gibbal - Citadins et villaoeois dans
l 2 vl'll C

'
alr~ c '
alne,
l'
.
exemp l e d"b'd'-
A l
Jan,
-U'-
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:··':asp:~ro 1:;7'!
.. -

- 20S -
CON C LUS 1 0
!-J
========~====~==~===
La forte croissë~ce de l'économie ivoirienne depuis
l'indépendance permettait de croire de prime abord que
le problème de l'emploi sérait résolu facilement. Mais
dès 1969, les autorités du pays seront ramenés à la réa-
lité par une manifestation violente des chômeurs et sans
emplois. Depuis lors, les chiffres des demandeurs d'er;;ploi
ne cessent d~ gonfler.
Dans la mesure où cette forte croissance a été im-
puisée par le secteur primaire, on était en droit de se
de~ander si la Côte d'Ivoire avait emprunté la voie de
développement tracée par les pays riches d'Europe: gains
de productivité agricole, développement de l'industrie
et plus tard tertiarisation.
Le chapitre sur l'emploi nous apprEnd que si le dé-
veloppement de l'agro-exportation a permis d'équiper le
pays et l'cnrichissement de plusieurs couches sociales
en ville, le monde agraire connaît des déséquilibres graves
dévastation de la forêt d?ns le Sud ; progression lente
des cultures vivrières; appauvrissement des paysëns ;

- 206 -
inégalités régionales. Ces déséquilibres provoquent un
exode rural massif.
L'important mouvement de main-d'oeuvre provoqu6 par
la prospérité de la Côte d'Ivoire n'a pas pu être tota-
lement absorbé par l'industrie pourtant en forte croissance.
Le secteur secondaire tr~s capitalistique a certes été pro-
ductif mais trop peu créateur d'emplois.
Nous avons aussi noté oue le syst~me d'éducation
était porteur d'un hiatus entre la vision du monde qu'il
inculque aUX jeunes et la réalité du marché àe l'emploi.
Tous ces facteurs ont poussé la main-d'oeuvre dans
le secteur
'archaIque
dans les villes et dans le ter-
tiaire. On note donc une hypertrophie du tertiaire en
Côte d'Ivoire malgré une forte croissance basée sur l'agri-
culture.
o
o
0
-
"

- 207 -
,1
'1
Cf-lAP ITRE 5
L'AI.:ENhGEI.:ENT SPA TIAL DES ACTIVITES
TERTIAIRES EN COTE D'IVOIRE
Le chapitre l de notre étude montre que les acti-
vités tertiaires ont retenu l'attention des économistes
depuis très longtemps. I."ais leur approche a été souvent
faite sous un angle global, sectoriel et en dehors de
la dimension spatiale. Cette dernière sera surtout étu-
diée par les géographes à partir de recherches sur le
tertiaire dans le cadre urbain.
L'un des thèmes les plus fréquemment envisagés est
la liaison entre l'accroissement du nombre d'habitants
d'une ville et celui des diverses activités du secteur
tertiaire. La croissance des activités de service a aussi
été miseen rapport avec les fonctions urbaines, sur le
plan de l'industrie, du Commerce des services ou de l'ad-
ministration. Cette direction de recherche amène à se
placer dans le cadre des réseaux interurbains, c'est-à-
dire à traiter des questions de hiérarchie urbaine (1),
de polarisation.
(1) Voir sur cette question l 'è>:cellente étude de ':. A.
Prost : La hiérarchie des villes en fonction de leurs
activités de com~erce et de services, Gau~hiers­
Villars, 1965.

- 208 -
Dans le présent chapitre, notre intention n'est
pas la recherche et la mise à jour de polarisations pos-
sibles de l'espace ivoirien à partir des activités ter-
tiaires. Ce travail très intéressant pour l'avenir, qui
demande une documentation abondante et des enqu~tes sur
le terrain, ne peut Itre réalisé d~ns un délai limité.
Ici nous tenterons simplement de voir comment au fil du
temps le tertiaire s'est inscrit dans les différentes
régions du payS.
l
-
PROCESSUS DE I-ISE EN PU.CE DU TEHTIPIRE
AVANT L'INDEPENDA~JCE
(1960)
Dans la première partie de notre étude, nous avons
remarqué que la croissance du tertiaire, dans les pays
développés, était sig"ificative de changements dans l'or-
ganisation de la production et de la distribution des
biens et services sur le territoire. Ceschan~ements ont
des aspects spatiaux qui affectent les villes et leurs
interelations. La production et la circulation des biens
en Côte d'Ivoire induit-elle une structuration particu-
li~re de l'espace au niveau tertiaire 7 Nous adopterons,
pour r~pondre ~ cette question, une d~marche historique.

- 209 -
A - La situation à la période coloniale
/ - / -
La Côte d'Ivoire actuelle compte une soixantaine
de groupes ethniques. AVant leur unification par la co-
Ionisation dans un seul cadre territorial, chacun des
groupes aV8it sa structure socio-économique propre, ou
faisait partie d'entités plus vastes (1). Les études sur
l 'histoire de ces sociétés sont entreprises ou encore
à faire Mais il est établi que dans leur grande majorité,
les différentes structures socio-économiques de ces so-
ciétés se caractérisaient par la faiblesse des moyens
de production, la division du travail peu poussée, la
polyvalence de la formation des individus.
Il
nous paraît difficile dans ces conditions de
parler d'activité tertiaire, au sens où nous l'entendons
actuellement. Cependant dans la mesure où l'Afrique Noire
a connu des Empires parfois d'un niveau d'organisation
élevé, avec des villes importantes comme Tombouctou, on
peut soutenir que d'une manière ou d'une autre, une frac-
tion de la population devait s'occuper de certaines ac-
tivités de type tertiaire comme les services urbains ou
l'administration.
Sur l'actuel territoire de la Côte d' Ivo ire, il n'y
a pas eu d'Empire. Néanmoins, nous constat6ns qu'un ter_
tiaire basé sur les activités mercantiles aconAu un

- 210 -
important rayonnement dans le nord. Kong était le centre
commercial de cette région. Elle attirait près de 5 000
personnes par jour (2). De véritables réseaux cc~mer-
ciaux avaient été mis en place par les Dioulas. Appar-
tenant au groupe Yandingue au Sud du ~ali, ces derniers
sont venus s'installer à Kong et à Odiéné avant la colo-
nisaêion. Grâce à leur bonne organisation ils monopoli-
sèrent le commerce dans cette zone du pays. Les activités
mercantiles y atteignent leur appogée avec la guerre de
Samory. Kong fut anéanti le 16 mai 18~7 et son rayonnement
commercial disparut.
Dans les régions forestières du Sud, la situation
est différente. Les marchés ne commencent à se multiplier
dans la zone de contact forêt-savane que vers la fin du
19è siècle. Du Sud viennent la kola et d'autres produits
importés comme les armes à feu qui s'échangent contre
les escalves du ~lord, le sel, le bétail et le poisson
séché. I;.ai.s ici l'ac\\ion àes Dioulas reste marginale. Le
secteur marchand est juxtôposé au secteur d'auto-conso~-
mation.
Avec la colonisation, la situation évolue et on assiste
à une inversion de sens d~s échanges.
Ainsi sait-on que les Aunis et les Baoulés sont venus
de l'empire du Ghana, ',ue les Sénoufo sont venus des
régions centrales de l'actuel I!ali.
Sylvie Schaudel et Pierre :!ettelin : Les activités de
t~ansition et le s~cteur informel à Abidjan, Centre
d'é{udes d'Afrique Noire, Bordeaux 1978;

- 211 -
B - Formation et aménagement du tertiaire
à l'époque coloniale
L'apparition du système capitaliste de production
en occident obliçc l'entrepreneur, en raison de la con-
currence,
à perfectionner s~ns cesse ses mfthodes de pro-
duction et/ou de disposer de mati~res premières abondantes
ainsi que de débouchés. C'est ce mouvement qui conduira
à la colonisation des espaces n'ayant pas encore atteint,
au début du 20è sièCle, le niveau de développement des
pays industrialisés d'occident. Faisant partie de ces
régions à niveau de développement bas, l'Afrique sera
àonc colonisée vers la fin du 19è siècle. C'est à cette
occasion que sera créée, par un décret du le mars 1593,
la colonie française de Cete d'lvoire~
:,ais la colonie n 'était pas imr:!édiatement expIai ta-
ble en raison des différents mouvements de résistence
de la, population. Au cours de la lutte pour la "pacifi-
cation", plusieurs villes seront créées. Il s'agit de
points à partir desquels l'espace peut être contrôlé po-
litiquement. Ainsi apparait nettement le caractère ter-
tiaire dès le départ du mouvement d'urbanisation.
La mise en valeur de la colonie co~mence vers les
années 1900 alors que toutes les résistences ne sont pas
encore éli~in~~s. L'exploitation de produits miniers dans

- 212 -
la colonie de Côte d'Ivoire sera insignifiante. La Côte
d'Ivoire sera essentiellement productrice de produits
végétaux: bois, huile de palme et palmiste, café et
Cacao.
La production est essentiellement assurée par des
Ivoiriens déns des ,'lantations de type artisanal.
Les,
exploitations modernes aux mains des Européens, ne sont
pas nombreuses et disparaitront acec l'indépendance en 1960.
Ceux-ci ont pour activité principale l'organisation et
le contrôle du commerce de traite. Ils disposent pour
cela de ~lusieurs sociétés commerciales d'import-export
doot les plus connues sont: la CrAO (Compagnie
Française,
de l'Afrique Dccidentale)
; la SCOA (Société COr:1merciale
de l'Ouest Africain)
les Eteblessements Peyrissac;
AbBe Gal, etc.
La structure du commerce de traite est la suivante.
Dans la capitale, généralement située sur la côte, chaque
maison possède un comptoir tenu par un Européen (repré-
sentant ou employé de la société). Le comptoir reçoit
de la maison-mère les produits manufacturés destinés à
être é dl a ngé s contre les produi ts végé taux. Il s'occupe
en retour du charge~ent et de l'exp~dition de ces derniers
vers la m6tropole.
A l'intérieur du pays, chaque comptoir possède plu-
sieurs factoreries localisées dans les chefs-lieux d'admi~

- 213 -
nistration. C'est l~ que s'effectue l'achat et la vente
des produits. Détenue au d6part par des Européens, l'ac-
tivité des factoreries passe rapidement aux mains des
Libano-Syriens. Le planteur ivoirien apporte Sa production
~ la factorerie,
la vend et y ach~te des produits manu-
facturés.
Les Dioulas, bons co",:~erçants sont élirünés du
rôle d 1 int~rI:-:6di2ire entre les !T:2isons de tr2ite et la
population agricole. Ils vont se confiner dans le micro-
commerce peu rentable. Ils achètent quelques produits
importés dans les factoreries et ~ biCYClette, ils font
le tour des villages de brousse les plus reculés.
Le caractère tertiaire amorcé par l'implantation
d'activités administratives se trouve renforcé par l'ac-
tivité de commerce surtout dans le sud. Jusqu'~ la veille
de l'indépendance, l'industrie restera une activité mar-
ginale.

T~dJle211 JJ
SlTU,\\TlOH OlS
INVESTlSSEi\\'.EI~TS DANS Ll:S COLONll:S FllANCfdSES
D'i\\FKIWUE NOIIIE :
1900-1940
(
)
(
Investissenlent des
Total des in-:
l'ourcentagc)
Branche d'activité
(
vestissements:
)
:-----------------------------:
)
:
sociétés
: particuliel's :
: ,
)
------------------------:--------------:-~------------:--------------:------------~-)
Commerce
:
l
8 761 962':
1 752 392
:
10 514 3 5 4 :
3'J,O
Immobilier
:
814 9 5 3 :
81 4 9 5 :
896 4~8:
J,~
l'
""
r i
Banques
:
1 556 7 3 2 :
-
:
1 556 7 3 2 :
6,0
('J
Industries
:
2 176 8 0 1 :
435 460
:
2
612 1 6 1 :
'J,6
1
( Mines • . . . . . . . . . . . . . . . .
:
1 860 3 0 4 :
186 03~
:
2 046 3 3 4 :
7,5
)
( Transports
:
879 ISO:
87 91::J:
967 0 6 5 :
3,6
)
( Plantations
:
2
451 848
:
2
451 848
:
4 903 6 9 6 :
18,0
)
( Elevage
:
71 4 5 0 :
142YO:
85 7 4 0 :
0,3
)
(Forêt
:
1933236
:
1 "i49 927
:
3 383 163
: 1 2 , 5
)
~
.
.
.
.
)
.
.
.
.
Total des investisse-
:
:
:
: . )
ments privés
:
20 506 436
:
6 459 3":>7
:
L6 965 693:
100,0
)
( Inv. publics
:
7 033 0 1 4 :
-
:
7 033 014
:
)
(
.
.
.
.
)
( TOTr,L GENI:RAL.
;
27 539 450
;
6 459 357
;
33 998 707
;
)
(
.
.
.
.
)
.
.
.
.
Sou r c e
Jean Suret-Canale, L'ère coloniale
1900-19·15
I:dition sociale, Paris, p.L06-207

- 215 -
Ainsi, d'après le tableau ci-dessus, près de 52,1 ~
des investissements privés affectés dans 10s colonies
françaises d'Afrique entr~ 1900 et 1940, l'ont été dans
les activités tertiaires. Le commerce à lui seul acca-
pare 39 % des capitaux.
Un T'~el !,;OUVelnent d'incbstri21is3tion de la Côte
d'Ivoire n'a été entrepris qu'après la deuxième guerre
mondiale vers les années 1945. Pour la période 1900-1945,
nous pouvons dire que la situation en Côte d'Ivoire était
semblable à celle de l'Afrique française en général.
Si dans la période 1945-196ü quelques unités indus-
trielles de production pour l'exportation 6nt été mises
en place, il reste que d'une façon générale, pendant la
période coloniale, l'encadrement du pays en activités
modernes sera surtout tertiaire. Par ordre d'intervention,
nous avons les militaires et l'administration, puis les
commerçants.
Au niveau administratif, le pays est divisé en chefs-
lieux et cercles. La capitale politique se localise sur
la côte. Elle sera successivement Bassam, Bingerville
et finalement Abidjan. La localisation de l'agro-expor-
tation dans la zone forestière (sud) entraîne une concen-
tration du tertiaire privé (surtout le cO~lmerce) dans
cette région. C'est dans les villes du Sud que l'on trouve
les factoreries.

- 216 -
I I -
EVOLUTION SPA TIALE DES SERVICES APRES
L'INDEPEI-.JDANCE POLlTIl!UE
A partir de 196ü, on assiste à une évolution notable
de l'~conomie de traite. Les sociétés commerciales de
l'époque coloniale adoptent une stratégie de repli ou
de reconversion. Elles ont progressivement abandonné la
traite pour le commerce de gros et demi-gros. Les Libano-
Syriens qui avaient éliminé les Ivoiriens du circuit de
ramassage des produits pendant la période coloniale, dé-
veloppent leur activité principale~ent dans la distribu-
tion et dans l'immobilier.
Dans l'ensemble, le commerce moderne est détenu par
les anciennes maisons coloniales et les Libano-Syriens:
La fraction du commerce intérieur qui touche les
masses rurales et les gens pauvres dans les villes,a
une tout autre structure. A cet effet, le marché, asso-
ciation de plusieurs vendeurs de produits àivers réunis
sous des hangars, joue un grand rôle en ville. C'est un
véritable centre de transactions économiques. Son impor-
tance.est fonction de la taille de la ville. Dans les
grandes a9s1omérations co~me ~bidjan et E6uaké, l'acti-
vité des marchés est quoticJienne. Ailleurs,
surtout dans
les villes de faible importance, l'a~tivité peut devenir

- 217 -
hebdomadaire ou mensuelle.
Au niveau adDinistratif, la nécessité d'une re-
prise en main et d'un contr61e politique du pays par
des nationaux a également entraîné une évolution des
structures précédentes. Ce tertiaire adDinistratif est
complété par d'autres services tels que ceux de l'édu-
c~tion, de santé, d'assistance agricole, etc.
La création d'industries de substitution à l'iDpor-
tation à partir des années 1065 induit égale~ent un dé-
veloppement des services à deux niveaux: d'une part,
un développement limité des services aux entreprises
(c'est ainsi que l'on constate la création d'entreprises
de conseil, de publicité, etc, dans certaines villes co"me
Abidjan)
d'autre part, l'acheminement des produits au-
pr~s des consommateurs a affect~ les activités de trans-
port et de distribution.
Ces modifications intervenues dans l'orsanisation
'et le volume de la production d~s services se sont-elles
accompagnées d'une modification dans .la structure de l'amé-
nagement spatial constatée pendant la période précédente?
A - ~éoartition soatiale de la production des services
Nous avens constaté, d~ns le chapitre sur la produc-
tion, oue les s~rvices ne faisaient pas l'objet de mesures

- 218 -
exactes. Ce problè~e devient plus d21icat quand on essaie
de saisir ces activités au niveau spatial. Pour atteindre
un rés~ltat précis, il faudrait un travail d'enquête
que ne nous permettent ni le temps ni les moyens dont
nous disposons. Aussi allolls-nous faire recours aux es-
tirr:atiofl5 qe 10.
(J)
(dont nous avons déjà signalé
les limites), pour nous faire une idée approchée de la
question qui nous préoccupe.
D'après ces estimations, la répartition de la pro-
duction tertiaire en pourcentage et par région peut être
matérialisée par les deux cartes des pages suivantes.
La prépondérance d'Abidjan et de la région du Sud est
manifeste. En effet, d'après la SETE?, en 1965 le sud
produisait 7J,4 ~ (dont 61,5 ~ à Abidjan) du tertiaire
national. Et par ordre d'importance décroissante, venaie~t
les régions du Centre, de l'Est, du Centre-Ouest, de l'Ouest,
du ~ord puis du Sud-Ouest.
Le sud et le centre totalisaient 86,4 ~ de la pro-
duction nationale.
(3)SETEF, Image de base Côte d'Ivoire, Eléments con-
cernant la répartition spatiale des hommes, des aC-
tivités et des éauinements.
~;inistère de l'E~on~mie, Abidjan 1070·

- 219 -
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.\\..0'
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- 221 -
En 1970, le déséquilibre de la production s'ag~
grave. Abidjan et la région du Sud atteignent 79,4 ~
(dont 67,8 ~ pour Abidjan seule) de la production na-
tionale. La part r~lotive du Centre p~sse de 14,7 ~ en
1965 ~ 9,5 ~ en 1970.
La pr~domin2nce
d'Abidjan ~eut ~tre due ~ S2 fcnc-
tion de capitale nationale,
l'importance de sa population,
les dimensions de la ville. Il faut ajouter que la con-
centr~tion de la plupart des industries dans cette ville
contribue à y développer plus r2pidement qu'ailleurs les
activités de service.
Bouaké~ capitale régionale du Centre est la deu-
xi~me ville du pays. en popul~tion, dimensions et concen-
tration industrielle. On comprend d9s lors que le centre
vienne en second rang dans la production des services.
Dans les autres régions, Est, Ouest et Centre-Ouest, la
production tertiaire est très faible.
Elle nous semble
d~voir être expliquée par la faible dimension des prin~
cipales villes régionales et le rnanque d'industries. Le
peu de production tertiaire observée est essentiellement
due aux services induits de l'agrc-export2tion et de
La participation du Nord et du Sud-Ouest ~ la pro-
duction tertiaire est o,uasi nulle. Four le noro'
cel
-
- ,
a
~eut s'expliquer par le manque de cultures destinées ~

- 222 -
l'exportation ou à l'industrie. Le développeTent de la
riziculture, du coton et de la Canne à sucre à partir
des ann~es 1975 a certaine~ent apporté une am~lioration
sur ce point. Jusqu'en 1970 le sud-ouest était une ré-
gion vicerge, peu rliS\\'. en vcleur et avec une très fôoible
densité de populction. La construction du ~ort de San Pedro
contribuera certainement à désenclaver cette région et
à induire un développement des activités de services.
B - Réoartition soatiale dces équioements d~ servic~
La répartition des équipements est à.l'image de
l'arrr,ature urbêine du pays.
1° Equipement adrr!inistr~tif et relation ville-cêmpagne
La ville ivoirienne joue un rSle administratif et
politique qui en fait un relais entre la capitale Abidjan
et la population rurale. Sur ce plan, l'encadrement d~
pays a beaucoup évolué depuis les premiers cercles ad-
~inistratifs coloniaux. Les différcentes étapes de cette
évolution ont été les SUiv2~tcs :
- 19S8
on compte 19 cercles et 49 subdivisions.
- 1961
un an apros l'indépendênce, quatre départements
et lü4 sous-préfectures sont créés.

- 223 -
- 1963 : 6 départements, 127 sous-préfectures.
_ Actuellement: 26 départements et 162 sous-pdfectures.
Le mouvement de mise en place de pr~fectures et sous-
préfectures, se double actuellement de l'installation
d'infrastructures communales entrepris~ il y 2 ~ peine
deux ans. Les candidats à la mairie sont désignés Dar
l
'-'
t'
,
(DC"~
cor·')
e : ar l unlque
.1.-1-~,0,e. •
Les bourgs rlJraUX promus sous-préfectures bénéficient
de services administratifs annexes comme le Trésor, la
Justice, la Gendarmerie. Outre ces services à caractère
répressif, la création d'une sous-préfecture offre aUX
populations de la localité des services sanitaires et
scolaires plus importants.
ues heurts et riv?lités sérieuses ont opposé les
populations de plusieurs bour~ruraux à l'occasion du
choix de la localité à promouvoir en sous-préfecture. Cela
atteste de l'importance que les ruraux attachent à cer-
tains services administratifs. C'est la manifestation
d'un besois de modernisation. La proximité d'une préfec-
ture facilite les formalités d'établissement des pi~ces
d'identité devenues obligatoires, l'accès à la médecine
moderne dont l'efficacité est de plus en plus reconnue,
la scolarisation des enfants dans la région.
Parmi ces services à caract~re administratif, les fmetions

- 224 -
scolaire et sanitaire semblent posséder un rôle de po-
larisation réel. L'école créé des mouve8ents fréquents
ce personnes entre la ville et la campagne. La fréqu~n-
tation des hôpitaux a été déterminée comme le plus impor-
tant motif de d~"12ccl,,ent te:T'fJcraire des pê."S2nS vers
la ville. C~rtains chercheurs com~e j. Chevassu (4 ) ont
tenté d'utiliser cet él~ment ccmme crit~re de détermi-
nation des zones d'influence des différentes villes.
Le niveau d'équipement sanitaire varie en fonction
de l'importance du centre. Les bourgs ruraux possèdent
généralement un dispens2ire de~servi par un infirmier
et un centre de dépistage des grandes 0ndémies. Les sous-
préfectures ont chacune un hôpital et une mp,ternité con-
fiés ~ un médecin et une section des grandes Endém~es.
En 1958, cet équipempr,t se concentrait dêns 52 centres.
Au niveau supérieur, on trouve les préfectures dent ce:-
taines sont dotées parfois de deux hôpitaUX ou plus, avec
plusieurs r~~édecins sp<fci2.1isés. '.'.ais on constate une forte
concentration de l'équipeToent sanitaire surtout ~ Abid-
jan. Outre que cette ville dispose de plusieurs hôpitaux
et des ~~cecins spécialisés, on y trouve aussi un CHU
et plusieurs cliniques privées.
1
GI une f2çon Q6nér21(?,
la concentretion dE:? l'équipement 1
i
administratif d~~s la ·c~pital.c 2Ppar2it 2ussi nett&ment
(4) J. Chcvassu est ch0rchour (économiste) ~ l'O~~TU~
au Centre de petit Bassam en Côte d'Ivoire. Il ê
surtout étuàié l'i!1dustrie en Côte d'Ivoire.
.:1

225 -
au niveau financier. En effet entre lYôO et 1970 la
répartition des 39 milliards affectés 2 l'infrastructure
administrative a ét~ la suivante (5) :
- 8,9 milliards pour la repl-ésentation nationale ,
5,5 milliards pour les f 0 rc e s 2 rr.é e 5 et le service civique
J (', rrcilliercls [lour les a~f2ires éconcrüques et ~.
-
llnan-
J -
cières ;
- 2,6 milliards pour l'information
- 4,3 milliards pour les logements administratifs et les
acquisitions domaniales.
La plupart de ces réalisations, selon le SETEF, ont
été effectuées 2 Abidjan. Pendant toute cette décennie,
le programme de construction des préfectures et sous-pré-
fectures n'a absorbé que 860 millions.
2° Les activités commerciales da~s les villes
de Côte d'Ivoire
L'activité commerciale s'est dével09pée au déout
en rapport avec l'économie de tr=ite de la période colo-
niale. Elle s'occupait de l'acheminement des produits
végétaux vers les f=ctoreries et la capitale d'une part,
et d'autre part dans l~ distribution à l'intérieur du
pays des proàuits i~port2s.·
En raison de l~ localisation des produits végétaux des-
(5) SEïcF, Image de base, Op. cité, p. lôci

- 226 -
tinés à l'exportation, on comprend la prépondérance de
l'àppareil commercial dans le sud et sa faiblesse dans
les villes du Nord. Ces dernières ne disposaient que du
seul tertiaire administratif. Si le commerce a subi une
importante modifiCation depuis l'indépendance, la struc-
ture commerciale des ville a peu évolué. Gans le sud,
l'économie est beaucoup plus monétarisée et les trsnsac-
tions commerciales sont beaucoup plus importantes que
dans le nord.
Dans son étude sur les villes de Côte d'Ivoire, le
géographe A. Cotten (6) distingue trois niveaux d'équi-
pement comi:iercial.
-Au niveau l, on rencontre l'organisation suivante:
un boutique "chaine avion", des magasins appartenant à
des Africains ou des Libano-Syriens. Le tout est généra-
lement situé aux alentours de la place du marché. Cet
équipement est localisé dans des gros
bourgs en voie
d'urbanisation ou dans des anciens centres décadents.
- Niveau 2
;
l'équipement est plus dense. On y rencontre
des boutiques de gros et demi-gros appartenant à des
Africains, des Libano-Syriens et des Européens. Les villes
de ce niveau possèdent des entrepôts de café, un libre
service "chaine 2vion". En 1970 p.,. Cotten dénombre 22
villes de ce tvpe.
Au niveau 3,
on rencontre une QamQe cOQpl~te de services
(6) A. Cotten : Les villes de Côte d'Ivoire, éssaie
de typologie fonctionnelle,
in HIa crOi(jSênCe ur-
baine en Afriaue Noire et à r-.~adaoascarll ORSTU[.'~ et
CN~:S'
J

- 227 -
,
1
1
spécialisés. Ce sont les préfectures qui ont une voc-
cation de centres régionaux comme Bouaké, ~an, Ko~hogo,
etc.
Dans ces trois types de villes, une bonne partie
de l'activité commerciale s'effectue sur les marchés.
Les centres urbains de niveau trois en comptent généra-
lement plusieurs dont le fonctionnement est quotidien.
Dans ce Cas, il s'établit une hiérarchie entre les dif-
férents marchés, les plus importants devenant les four-
nisseurs des plus petits (7). Dans les villes de deu-
xième niveau, les marchés ont une acti~té quotidienne
.minimum avec un jour spécial par s~maine ou l'affluence
est exceptionnelle, entraînant la participation des pay-
sans des proches campagnes et des grossistes d'autres
villes plus éloignées. Ce type de marchés se rencontre
dans les villes comme Katiola, Ferké, etc. Enfin dans les
bourgs ruraux,
l'acti~té quotidienne du.marché est très
négligeable. C'est surtout l'activité hebdomadaire (jour
spécial du marché) qui réunit un grand nombre de personnes.
Le rayon d'attraction de tels marchés est très faible.
Dans l'ensemble, l'appareil commercial de Côte
d'Ivoire présente un profond dualisme. Lans les villes
comme Abidjan, les supermarchés modernes coexistent avec
les formes les plus traditiollnelles du commerce de détail
.
(
,
rnôrcne,
vendeur ambulant etc). La fraction traditionnelle
(7) Sur la hiérarchie exisëant entre les marchés d'Abidjan,
voir Sylvie Cilandel et Pierre l!ettelin
; Les activités
de transition et le secteur informel à Abidjan i
CSA Bordeaux 1978.

- 228 -
du commerce, comme l'ensemble du secteur de transition,
est mal connue.
Au niveau de la propriété de l'équipement commer-
cial, les Ivoiriens sont absents. La plupart des maga-
sins africains appartiennent à des ~!aliens, Sénégalais
ou Yoru~a (Nigéria). C'est pour réagir contre ce mono-
pole des étrangers (Européens, Libano-Syriens et Africains
non Ivoiriens) que le gouvernement a lancé l'opération
de la "chaîne ?AC" (tJrogramme d'Action Commerciale). Le
but est de former des commerçants de nationalité Ivoirienne
et de les aider à acquerrir un équipement commercial
dès la fin de leur période de formation. La "chaîne PAC"
est actuellement aussi largement ramifiée que. la "chaîne
avion" (pro;JTiété du groupe SCGA). En 1974 on dénombrait
240 magasins PAC se répartissant en 159 magasins tradi-
tionnels, 78 magasins de libre service et 3 supérettes.
Enfin, au dualisme, à l'absence de nationaux dans
la b+anche du commerce, le commerce en Côte d'Ivoire se
caractérise par la disparité spatiale de son équipement.
Ainsi selon le ministère du Plan, les 50 000 commerces
que comptait la Côte d'Ivoire en 1978 se répartissaient
de la façon suivante
(tableau ci-après)

- 229 -
Tëbleau 34
(
)
(
Régions
:
Ilombre de commerces )
l-----------------------------~-----~----------------j
(
)
(
Nord...................
3 500
J
(
)
(
Est... •.••.••.. ••......
l
SOO
J'
i:
Ouest. .. • • • .. .. . .. .• • • .
3 000
\\
(
)
Centre-Ouest .••....•••.
5 000
Centre . • . . • • • . • . . . . . . . .
7 000
Sud . . . . . . . . . • • . . . . . . . . .
12 000
Abidjan •••.•.•......•..
, 20 000
!
TO_TA_L_._._
.._._.._._•.---'-
50_0_00
1
-
'.

- 230 -
Sur les 50 000, les magasins organisés seraient de
l'ordre de l 300 dont 800 magasins de type européen et
500 succursales PAC et "cha!ne avion". Le reste se ré-
partit entre les boutiques libanaises et afric2ines
(12 300),
les "tabliers"
ou vendeurs étalayistes (30 000),
les m2rchands amhul2nts (6 400).
3° Les transports et communications
L'exp2nsion trop rapide d'Abidjan a entra!né l'adop-
tian d'une politique de décongestion àe cette ville aU
profit d'autres. Cela ne peut aboutir à un résultat que
si l'on implante plusieurs activités dans les villes de
l'intérieur et que l'on développe l'infrastructure rou-
tière et ferrovière.
Les premières voies de communication ont été mises
e~ place pour faciliter le déplacement des membres de
l'administration coloniale et l'acheminement des produits
agricoles vers le port. ?lusieurs efforts o~t été accom-
plis après l'indépend2nce : multiplication des voies de
communication et amélioration de leur état. CependQnt,
on remarque une inég2lièé dans la rép2rtition du réseau
routier principalement.

· - 231 -
a) Les transports routiers
De loin le plus important et le plus sollicité dans
les activités de tous ordres,
le réseau routier a com-
mencé son expansion après la construction de la ligne
de chemin de fer qui a été la première voie importante
de pénétration vers le nord.
A la fin de 1976,
les transports routiers qui se
sont développés le plus souvent de façon anarchique,
comptaient environ 46 500 km dont 2 500 de routes re-
vêtues (voirie urbaine non comprise). Le réseau routier
ivoirien a connu un développement régulier depuis la
seconde guerre mondiale.
En 1964 il assurait 75 ~ du tra-
fic total des voyageurs et des marcllandises. Sa souplesse
lui permet de desservir les points les plus reculÉs du
territoire
(malgré toutes les difficultés) grâce à ces
nombreuses pistes.

- 232 -
lClbleuu 3:>
REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES CAI.'.lOnS
ET CAf.GONS-CITERNES EN 1973
(
:
:
)
(
RéGions
:
Nonlbre de
:
Pcurcentêge)
l---------~--------------~--~~~:=~:==---~------------
:
:
--l)
Nord
:
180
:
3,8
)
.
.
)
) Nord-Ouest........ . . . . .
322
.
7,0
l)'
( Nord-Est..............
126
:
2,7
!
l
TOTAL CU NORD..
638
13,5
.
)
)
Centre................
740
15,6
( Centre-Est............
242
5 , 1 )
( Centre-Ouest.
'...
l
789
16,7
(
)
1
TOTAL DU CENTEE
1 771
37,4
1
'! Sud-Est...............
2 256

47'7~l
Sud-Ouest...
62
1,4
.'
TOTAL DU SUD...
2 318
49,1
:
»~
[
~
l
TüT!\\L H!S::'ŒLt:........
4 72 7
100,0
Sources
:';inistère du Plan, Côte d'Ivoire en chiffre
1977-1 ')78 page 234

- 233 -
En 1975 le réseau routier co~ptait 6 300 km de routes
de grande circulation entre les principaux centres ur-
bains; 7 400 km de routes d'int2r~t régional entre les
sous-préfectures; 25 000 km de pistes et routes d'in-
térêt local.
Le tablE2u ci-dGss~s donne une i~age de l'i~Dort2nce
du trafic routier dans les diîférentes régions. Les ca-
miens et camions-citernes nous semblent être un indice
v21able pour l'analyse spatiale de l'activité des t rans-
ports routiers. En effet, à l'exception des grandes villes
o~ se concentre un parc automobile constitué essentiel-
lement de voitures.personnelles et de taxis, les trans-
ports interurbains affect&s aux trEnsports de marchan-
dises sont des camions et des camions-citernes. Tr~s sou-
vent même le transport de personnes s'effectue dans des
véhicules de grandes dirrensions spécialement aménag~s,
autocars ou camionettes communément appelées "mille-kilo".
La distribution des Camions et camions-citernes
obéit à
la distinction que nous avons souvent consta-
tée en équipement de services entre le nord et le sud.
Le nord ayant tr~s peu de produits à com2srcialiser ne
détient que 13,5 ~ du parc, Le sud est de loin la région
la ,nieux équipée aveo 49,1 ;~ du parc, Cela est dO non
'séulement à la présence de cultures destinées ~ l'expor-
tation mais aussi ~ la concen~ration de l'industrie dans
cette zone et autour d'Abidjan.

- 234 -
b)
Le
transport
maritime
La Côte d'Ivoire est dotée d'une longue façade
océanique. Elle réalise la plus grande partie de son
commerce extérieur par la mer. Deux ports ont été créés
à cet effet. Le pre~ier,
le port d'Abidjan a connu un
essor après le creusement du canal de Vridi en 1959, re-
liant la lagune à la mer. Ce port a beauCOUp contribué
au développement spectaculaire de la ville d'Abidjan.
Le second port est de création toute récente (1972). Si-
tué à San-Pedro dans le Sud-')uest
du
pays, il devrait per-
mettre la mise en valeur de cette région restée à l'écart
de toute modernisation. Outre ces deux principaux ports,
d'autres activités marginales se trouvent à 3assandra,
Grand Bereby et Tabou. La création récente de la SITFJd,:
(Société ivoirienne de transport maritime) traduit la
volont~ des autorités ivoiriennes de doter la Côte d'Ivoire
d'une flotte à la'dimension de son commerce extérieur.
c)
Le
trafic
aérien
En dehors de l'import2ot trafic aérien d'Abidjan,
il existe plusieurs aérodromes localisés dans quelaues
villes de l'intérieur. ;'ais d'une façon globale, le plus
grand nombre d'entre eux se trouvent d2ns les villes de

- 235 -
la zone forestière et sur le littoral.
d)
Le
chemin
de
fer
A l'origine, première voie de pénétration vers le
nord du ~ays,
le chemin de fer prcjetté depuis 1893
par Marchand et commencé en 1904, fut achevé 50 ans plus
tard après avoir atteint Ouagadougou capitale de la
Haute-Volta. Il fut géré par l'administration coloniale
judqu'en 1959 date à laquelle la gestion fut confiée à
la f'.AN (Régie Abidjan-Niger) pour le compte des pays in-
téressés dont la france. L'équipement de la RAN est resté
vétuste. Ce n'est qu'au cours de ces dernières années
qu'un effort de modernisation a été entrepris.
L'équipement se compose de l 333 km de voie ferrée
dont l 173 de voie principale et 160 km de voie secon-
daire. La ligne Abidjan-Ouagadougou est jalonnée de 88
stations. Celles-ci sont le lieu d'une activité commer-
ciale dont l'importance varie en fonction de la taille
de la ville qui l'abrite. Son incidence sur l'urbanisation
reste rnodeste.
Le chemin de fer est très concurrencé par la route.
Il n'assure que 10 ~ du trafic total annuel.

- 236 -
e)
Les
téléco~~unic2tions
La r2partition géographique des installations et
équipements postaux étaient les suivantes au 1er janvier
1977 :
R'::p'~rnITIO:' DES EQUIPë/,'ENTS POSTAUX
~
Bureaux
Bureaux
TOTAL
l
(R~giOnS
princi-
secon-
)
(
paux
: daires
:
)
------------------------:---------:---------:---------)
Nord............... :
10
5
1"»_
)
Nord-Ouest ..••..•••
3
5
8
Ouest
:'
8
10
18
Centre-Ouest •.....•.
12
19
31
1
Centre ............•
21
28
49
t
(
Est . • . . . . . . . . . . . . . •
10
21
31
Sud . . . . . . . . . . . . . . . •
25
43
68
Abidjan ....•....•••
12
2
14
1
,
TO_T_A_,L_._._._._
.._.---'_ _1_0_1_---'-_ _1_3_3_--...:...._ _
2_3_4_l
Source
Minist~re du Plan, C~te d'Ivoire en Chiffres
1977-1978

- 237 -
Le tableau ci-dessus fait apparaître une répar-
tition très contrastée des installations et équipements
postaux. Les régions les mieux équipées sont le sud, le
centre et le centre-ouest. Le nord et l'est sont les
lanternes rouges.
La répartition des abonnés au téléphone fait res-
sortir de façon plus accentuée ce déséquilibre. Sur
24 889 abonnés recensés au 30 semptembre 1976, Abidjan
seule compte 18 019 soit 72, 4 ~à de l'ensemble. Les autres
6 820 se répartissent entre les autres villes de l'in-
térieur.

Les
autres
services
Ces activités sont mal connues et l'on dispose de
très peu d'informations sur leurs implantations. Nous
essayerons d'en donner une simple approximation.
a)
L 1 i n f o r ni a t i o n
Si l'influence de "Fraternité i!atin", quotidien du
Parti unique (PDCr-RDA) s'exerce sur tout le territoire
national,
son impact reste li~ité ~ la seule fraction
scolarisée de la population. La radio, elle, atteint toutes
les couches et classes sociales du pays et permet une

- 238 -
propagation plus rapide des idées nouvelle. Cette action
est renforcée par les programmes de la télévision éduca-
/
tive. En effet, installée dans toutes les écoles primaires
de Côte d'Ivoire, du CPl au 0·\\2,
la télévision éduca-
tive avait pour but d'améliorer le système d'éducation
scolaire. i'.ais une seconde utilisation est appërue. En
dehors des heures de cours destinés aUX enfants,les
appareils télévisuels permettent aUX paysans de suivre
les programmes ordinaires et d'entrer ainsi en contact
avec plusieurs aspects de la culture moderne.
b)
L e s
l o i s i r s
La manifestation de la vie culturelle se traduit
aussi à travers les activités de sport. Le foot ball
apparaît comme le sport le plus populaire.
Il est pra-
tiqué dans les campagnes les plus reculées. !~ais dans
les grëndes villes,
il prend le caractère d'une acti-
vité organisée. C'est aussi dans les villes importantes
que l'on trouve les équipements sportifs les plus divers
arts martiaux, natation, etc. Dans les préfectures et
sous-préfectures,
se localisent aussi des équipements
comme les centres culturels, les foyers fén<inins,
les
centres d'alphabétisation. Ce sont des lieux de rencontre
àe jeunes.

- 239-
Le cinéma n'existe que dans quelques pr~fectures
et villes de grande taille comme Abidjan, Bouaké, Man,
etc. Le plus grand nombre de villes en sont démunies.
Elles ont de temps en temps droit aux services de com-
pagnies ambulantes de cinéma.
La gamme de services d'une ville est function de
Ja taille de celle-ci. Ainsi Abidjan et Gouaké dispo-
sent de services assez complets.
c)
La
fonction
d'accueil
Elle est diversenient développée par la politique
touristique des autorités ivoiriennes. Ce tourisme vise
une clientèle aisée. Cela pourrait être un obstacle à
son développement rapide. L'on note le même déséquilibre
que nous avons constaté ailleurs dans la distribution
des équipements hôteliers. En
1976 la capacité hôtelière
de la Cate d'Ivoire était celle indiquée dans le tab~eau
ci-après;

Tableau 37
CAPACITE HOTELIERE DE UI COTE D'IVOII1E FIN 1976
i
Nombre
:
Nombre de chambres
~
i
d'hôtels
:
)
:------------------------------~----------------------------)
(
R é g i o n s :
:
Non
: Classées
: Classées
:
Village
:
)
i-------------------;-----------:--:~:::~::-~-;~~~::~~
(
. '.
.
--:-~~~~::~-:~~-~:=:~~=:--~---:::~~---~
.
.
.
)
( ~ord.............;
8
;
?6
;
49
;
52
;
30
;
187
)
( E s t . . . . . . . . . . . . . . :
6
:
~'2
:
19
:
30
:
40
:
12 1
)
1
( Ouest . . . • . . . . • . . •
:
7
:
81
:
Il
:
50
:
56
:
198
·1
rv
Centre-Ouest •..••
:
12
:
lél
:
60
:
84
:
-
:
305
.
-4
r-
( Ce n t r e . . . • . . . . . . . :
29
: ; : ;6
:
2 14
:
567
:
-
:
847
.
Sud-Ouest.........
7
.
~4
.
40
.
37
.
-
.
101
.
I
Sud.. .. . .. . .. . . . . :
{
23
:
155
:
177
:
-
:
5 2 5 :
857
Abidjan
:
35
:
150
:
814
:
1 500
:
3 0 :
910
~
(
. . . . . . )
(
.
(
TOTAL. . . . . .
~ 125
:
90S
~ 1 384
:
2
320
:
681
~ 5 415
.~
(
.
-
.
.
.
--~
. - - '
S o u r c e
Côte d'Ivoire en chiffres 1977-1978 p. 251

- 241 -
Ce tableau rend bien compte du caractère de luxe
du tourisme ivoirien. Sur 5415 chambres, 2 320 (plus de
la moitié sont classées dans la cat~gorie luxe). Au ni-
veau de la rép2rtition géographique, on assiste toujburs
à
Une olus or2nde concentration de l'équipement dans le
.
"
sud: 65 hôtels sur un total de 125 et près de 34 ;0 des
chambres.
C - Urbanisation et fonctions urbaines
en Côte d'Ivoire
Nous avons noté plus haut (chapitre 2) qpe malgré
la domination économique qui s'exerce sur les pays sous-
développés, leur urbanisation présentait des spécificités
régional~s. En poussant plus loin l'observation il nous
semble possible de parler de spécificités nationales.
ID Particularité de l'urbanisation ivoirienne
Dans le chapitre 2 nous avons soutenu que l'AfriRue
Noire présentait une certaine homogénéité dans son pro-
cessus d'urbanisation. Cependant, derrière cette homo-
généité se cachent des particularités nationales. Celles
de la Côte d'Ivoire ont été mises en lumière par les géo-
graphes F.nne-:.'.arie Cotten et Yves ;·.'.arç:uerat (8). L'analyse
(8)
Anne-Marie et Yves ~arguerat, Deux réseaux urbains
africains: Camerous et Côte d'Ivoire, Revue de
géographie, Cahiers d'Qutre-i.\\er nus 116 et 120,
Bordeaux 1976 et 1977.

- 242 -
comparative des réseaux urbains ivoiriens et camerou-
nais que nous développons ici est enrièrement empruntée
aux travaux des deux géographes.
Au i.<oyen-Age, avec la formation de grands empires
dans les régions de savane et du sahel, l'Afrique Noire
a connu quelques grandes villes qui ont totélement dis-
paru aujourd'hui. Les régions forestières en général,
celles de la Côte d'Ivoire et du Cameroun en particulier,
ont été tardivement urbanisées à la suite de migrations
de populations venues des savanes. Ces deux pays n'ont
donc pas eu une importante civilisation urbaine pendant
la période précoloniale (exception faite du Nord da la Côte
d'Ivoire).
Avec la colonisation, les courants commerciaux pré-
coloniaux qui traversaient ces territoires dans l'axe
nord-sud se trouvent totalement renversés. Les premières
villes coloniales sont souvent installées sur la côte
et les cités précoloniales de savane sont progressivement
marginalisées. A la différences des autres pays d'Afrique
Noire, l'occupation coloniale en Côte d'Ivoire et au Ca-
meroun va susciter une plus longue résistence des popu-
lations. ::ais ces similitudes dans les situations colo-
niales n'avaient pas les mêmes impacts sur l'organisation
des deux pays.
Initialemont, le Cameroun était partagé entre la

- 243 -
France et l'Angleterre. Par la suite, les deux terri-
toires seront remis en "mandat"
par la SDN et sous "tu-
telle"
par l'ONU ~ la France. Le Cameroun est placé sous
contrôle international et la France entend profiter de
sa position pour faire de ce pays une vitrine de son
empire colonial. Elle va de ce fait lui consacrer sou-
vent les meilleurs de ses cadres et d'importantsinves-
tissemènts. Le démarrage d'activités économiques se fera
donc plus tôt au Cameroun qu'en Côte d'Ivoire.
Sur la plan de l'organisation de l'espace, la po-
litique coloniale anglaise va aussi marquer le Cameroun
de façon différente. Selon Anne-;·.',arie Cotten et Yves
~arguerat, dans le Cameroun arlglophone, le syst~me co-
lonial guidé par un souci de moindre coOts n'a pas eu pour
but systématique d'imposer une civilisation européenne.
Il se déchargerait le plus souvent sur les structures
politiques traditionnelles (chefferies) pour les tâches
administratives. Cela a eu pour résultat un meilleur
maintien des traditions locales et une large décentrali-
sation politique entraînant une décentralisation urbaine.
La mise en valeur de la Côte d'Ivoire (pays occupé
sans partage par la France) commencera tardivement avec
la percée du canal de Vridi en 1950. La France installera
sa domination par un semmis de postes de commandement
répartis selon un
quadrillage serré. Les centres urbains

- 244 -
sont très hiérarchisés. On a par ordre d'importance
der.roissante ; la capitale territoriale (toujours sur la
côte), les chefs-lieux de cercle (ou départements), les
subdivisions (ou arrondissements) et les postes de zones
périphériques.
Ainsi l'urbanisation du Ca~eroun et de la Côte d'Ivoire
se fait de façon différente dès la période coloniale,
bien que dans les deux Cas les villes aient essentiellement
une fonction commerciale et administrative.
Cet héritage va continuer ~ marquer chacun des pays
malgré certaines similitudes que l'on peut relever par
ailleurs. En effet, sur le plan éoonomique, chaque pays
est divisé en deux grandes zones: le sud forestier pro-
. duit le café, le cacao, concentre la plupart des indus-
tries et profite le plus de l'essor économigue ; la sa-
vane du Nord produit du coton, du riz et des cultures
vivrières. Cette division dans le développement agricole'
influénce la trame urbaine (chacun des pays dans la zone
forestière est plus urbanisée). Cette urbanisation est
renforcée par un développement du transport routier plus
dense dans le sud.
Mais cette similitude n'a pas effacé le s différences
constatées dans la mise en place des deux réseaux urbains
pendant la période coloniale. Aujourd'hui chacun des deux
Etats semble persévérer dans la voie que lui a légué son

- 245 -
passé colonial.
L'Etat camerounais semble toujours mu par une.po-
litique de régionalisation et essaye de promouvoir des
chefs-lieux de province. On peut penser que ce souci de
décentralisation urbaine a été dicté en partie pour des
raisons politico-militaires. En effet, pe~dant plusieurs
années, l'Etat camerounais s'est trouvé confronté aux
maquis armés de l'UPC (Union des Populations Camerounaises),
il a donc dû en tenir compte dans sa politique d'orga-
nisation de l'espace.
La politique de régionalisation est une préoccupa-
tion récente chez les autorités ivoiriennes. Pendant long-
temps, toute l'infrastructure urbaine a été centrée sur
la capitale qui attirait le plus de personnes. Aujourd'hui
l'on semble décidé à désengorger la région d'Abidjan au
profit d'autres villes 'ce l'intérieur. C'est dans ce Ca-
dre qu'il faut situer l'organisation tournante des fes-
tivités nationales dans les ~utres villes du pays. En
effet, l'organisation de la fête nationale est l'occa-
sion de doter la ville hôte d'une infrastructure moderne
et variée. Mais cela n'a pas suffi à contrebalancer le
poids excessif de la ville d'Abidjan.
Les processus d'urbanisation que nous venons de ré-
sumer brièvement, sont très justement saisis par les deux
géographes en ces termes : "t,insi la mise en place des

- 246 -
réseaux urbains du Cameroun et de la Côte d'Ivoire est
caractérisée par des étapes historiques et des condi-
tions économiques semblables. ~,ai s les conditions géo-
graphi~ues et hU~aines ont fait évoluer les deux pays
de manière différente et l'organisation de l'espace au-
tour àes villes présente pour chaque pays une figure orl-
ginale." (9) Au Cameroun,
les villes sont organisées de
façon polycentrique, en Côte d'Ivoire nous avons une
forte centralisatiQn et une macrocéphalie.
2° La fonction principale des villes ivoiriennes
Les trois types d'activités (primaire, secondaire
et tertiaire) sont généralement présentes dans la plupart
des villes en Côte d'Ivoire. ~ais leurs proportions va-
rient beaucoup d'une ville à l'autre comJne l'indique le
graphique suivant :
(9) Anne-~arie Cotten et Yves Margnerat, Deux réseaux
urbains ... , Revue de géographie, Cahiers d'Outre ~er,
Bordeaux 1976, pp. 384, 385.


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- 248 -
Le graphique ci-dessus montre que dans les plus
petites villes, le secteur primaire reste dominant. L'es-
sentiel de la population est toujours occupée dans l'agri-
culture tandis que le tertiaire et l'industrie restent
faibles. 'Aais l'importance de la population agricole sem-
ble varier de façon inversement proportionnelle à la
taille de la ville, et en fonction de la zone géographi-
que où celle~ci se localise. Avec l'augmentation de la
taille des villes, c'est le tertiaire qui se développe
le plus rapidement au détriment de l'agriculture et sur-
tout du secondaire.
L'industrie,
nous l}avons déjà signalé dans un cha-
pitre antérieur, reste tr~s concentrée dans la zone sud
du pays et principalement autour de la ville d'Abidjan.
A l'intérieur de la Côte d'lvoire, la croissance des villes
s'accompagne en général du développement du seul secteur
se'cond,Jire
archaïque·:.
maçonnerie, menuiserie, bou-
langerie, etc, L'artisanat traditionnel disparaît pro-
gressivement. ~\\~is ce mouvement est beaucoup plus lent
dans les villes du Nord où l'on rencontre encore de nom-
breux tisserands, forgerons,
potiers, etc.
La politique de diversification des imolantations
industrielles a permis la création d'imoortantes indus-
tries dans certaines ville (comme la création d'une usine
de sucre à Ferké dans le nord). ::.ais ce mouvement est

- 249 -
limité. La plupart des villes de Côte d'Ivoire sont essen-
tiellement des centres de services comme l'atteste la
carte ci-après.
Les données ayant servi à l'81aboration de cette
carte sont anciennes. Elles datent de 1970 en gros. La
situation <; certainement éVJ lué dé>ns quelques villes.
:.:ais nons pensons que dans les grandes lignes, cette carte
réflète bien la réalité actuelle.
Le fait le plus marquant de cette carte est la dif-
férence de type de tertiaire que l'on note de part et
d'autre de la ligne matérialisant la frontière entre la
zone forestière (sud) et la zone de savane (nord). Les
villes de la savane se c2ractérisent par la prédominance
du tertiaire public. Seule la ville de Ferké connaît une
situation d'équilibre à cause de son unité de production
de sUCre. Dans le sud, les villes en situation d'équi-
libre (c'est-2-dire ayant des industries et d'autres ac-
tivités) sont plus nombreuses. Les services privés et
le commerce sont partout présents. Cela est dû en grande
partie au développement de l'agro-exportation.
Dans l'ensemble, la plupart des villes sont 2 domi-
nante tertiaire. Les villes ivoiriennes sont surtout des
centres de services.

- 250 -
FIMJ\\Cr
J~N\\~

- 251 -
CON C LUS ION
===================
L'économie de la Côte d'Ivoire d'avant l'indépendance
politique de 1960 était spécialisée dans la fourniture
de produits végétaux à la ~étropole. Ces denrées étaient
localisées dans la zone de forêt beauCOUp plus propice
à leur production.
Il en a été induit un tertiaire beau-
coup plus varié que dans le nord où la plupart des villes
étaient de simples centres administratifs.
L'avènement de l'indépendance politique n'a pas pro-
fondément modifié ce dualisme spatial du terti?ire. Certes
l'importante industrialisation qui a eu lieu depuis 1960
a créé une situation d'équilibre. entre les trois secteurs
dans quelques villes. Mais dans leur grande majorité,
celles-ci demeurent des centres de service.
La répartition de l'équipement tertiaire est très
contrasté. Il en résulte une contribution différenciée
des villes à la production des services. La zone fores-
tière distance nettement celle de savane. r:,ais dans le
sud, l'essentiel de la production et des équipements de
services est concentré à Abidjan et s~ banlieue. Tout

- 252 -
comme avant 1960, les villes de savane sont des centres
administratifs.
Cette structure déséquilibrée dans l'aménagement
spatial du tertiaire est pour l'essentiel dépendante de
l'orientation économique générale. L'économie de la Côte
d'Ivoire restant principalement tournée vers l'extérieur,
les activités de services induites de celles de produc-
tion de biens matériels ne peuvent se localiser qu'en
fonction de ces dernières. Ainsi la localisation de l'agro-
exportation, principal facteur de la réussite ivoirienne,
explique la différenciation spatiale du tertiaire en
Côte d'Ivoire.
o
o
0

- 253 -
CHAPITRE 6
hOLE CU SECTEUR TERTIAIRE ET
PERSPECTIVE D'AVENIR
Dans les trois précédents chapitres, nous avons exa-
miné la place des services dans l'économie ivoirienne.
A présent, nous tenterons de savoir quels sont leur rôle
et leur évolution future.
La réponse à cette question
sera incomplète car en raison de la diversité du secteur
tertiaire, chaque sous-branche a un rôle particulier.
Or la qualité de notre information ne nous permet pas
de dEscendre à un degré de détail élevé. QUant aux pers-
pectives d'avenir nous essayerons d'en avoir une idée
à travers le Plan 1976-1960.
l - EOLE DU ERTlA IRE DAnS L' ECONOIdE IVOIEE:NNE
Le secteur des services étant non homogène par nature,
il apparaît difficile de lui attribuer un rôle unique.

:- 254 -
A - Rôle de orélèvement et de domination économioue
1° La fonction de domination
Nous avons noté plus haut que l'impératif de la
conCurrence entre firmes et P~Y5 c~pitalistes a entraîné
la subordination économique de vastes espaces précapi-
talistes, c'est-à-dire leur intégration à l'économie mon-
diale. Ce thème de domination économique a été largement
développé par le théorie économique marxiste (1). Celle-
ci montre que l'expansion du capitalisme en dehors de
ses frontières originelles s'opère à un moment où il y
a fusion entre le capital bancaire et le capital indus-
triel avec constitution de monopoles tous puissants. Si
la domination s'effectue à travers des flux de biens et
de capitaux, les principaux instruments et supports relè-
vent dans leur quasi totalité du ~cteur des activités
tertiaires •
. ,
C'est ainsi Rue nous avons renarqué plus haut que
l'intégration de la Côte d'Ivoire à l'économie française
fut réalisée par le recours à l'armée, l'administration,
le commerce export-import. Le rôle de domination du ter-
tiaire sur l'économie ivoirienne entre 1000 et 1960 est
conc indéniable.
,··.iais peut-on continuer a soutenir cette idée après
(1) Voir sur ce point: Lénine: "L'impérialisme st2de
suprême du capitalisme", Oeuvres choisies
TOlne 22
Editions du Progr~s, Moscou 1971
'

- 255 -
l'indépendance politique de 1960 ? Pour une juste appré-
ciation de la situation, nous devons nous dém3r~uer de
deux positions dogmatiques qui,
toutes deux, découlent plus
de réaction émotionnelle que dr~ne observation sinc~re
de la ré21it~. La pr~~ière
consiste à nier Itimportance
de l'indépendance politique acquise par certains ~ays
africains. Elle a l'inconvénient de ne pas permettre une
analyse objective du r61e des facteurs internes à la so-
ciété africaine. Cela revient à dire que tout était bien
avant. La seconde position est diamétralement opposée
~ 10 premi~re. Pour ces partisans, parler de domination
pour caractériser certaines de leurs évolutions, est une
mar~ue de l'incapacité à faire des analyses économiques
scientifiques. Cette dernière position, consciemment ou
non, surestime les indépendances politiques des pays d'Afri-
que Noire.
De notre point de vue, la création d'Etats nationaux
en Afrique Noire ~ partir de 1960 constitue un facteur
important dans l'évolution économique des pays en ques-
tion. Nous partageons l'idée de Rostow, qu'il s'agit là
d'une condition permissive du démarrage économique. En
effet, la fraction des n3tionaux au pouvoir, en exploi-
tant les sentime~ts patriotiques de leurs concitoyens,
peut mobiliser les énergies indispensables à l'oeuvre
difficile et de longue haleine qu'est le développement

- 256 -
économique. A un niveau plus simple, il est connu que
le secteur d'Etat est un facteur important d'e~ploi de
la main-d'oeuvre.
Sur la plan purement humain
ou d'~thique, il nous
semble évident que la creation d'ëtats nationaux indé-
pendants, matérialisation du droit des peuples 2 disposer
d'eux-mêmes, est un év~nelJent d'une importance certaine.
Tenant compte de tout cela, il nous apparaît que
le secteur d'Etat ivoirien en tant qu'instrument relevant
du tertiaire est un puissant facteur de pro9r~s économique.
Il est un des principaux artisans de la forte croissance
économique que ce pays a connue jBSqU-~ présent. De même,
le tertiaire supérieur privé et notamment le commerce,
en améliorant la distribution des produits (surtout in-
dustriels) non seulement participe activ2ment à
l'in-
tégration sociale du pays, ~ais aussi contribue à la dif-
fusion du progrès et à la destruction des structures de
production précapitalistes>
Cette action positive du tertiaire supérieur à la
progression
de l'économie moderne dans les pays
d'Afrique
Noire ~t en Cete d'Ivoire semble comporter son revers.
Toute indépendance politique nous paraît précaire et li-
mitée sans une indépendance économique réelle. Or toute
réflexion tànt soit peu sérieuse nous
amène à soutenir
que la Cete d'Ivoire est un pays économiquement dominé.

- 258 -
maintenant une certaine présence française dans ces
pays. Les indépendances octroyés dans de telles condi-
tions ne pouvaient être que limitées,
juridiques.
Les évènements survenus en Afrique Noire pendant
ces deux ou trois dernières années, illustrent s'il en
était encore besoin, la fragilité des indépendances ~o­
litiques acquises en 1960.
Dans ces conditions, le secteur d'Etat dans l'en-
semble des pays d'Afrique Noire, malgré l'indépendance
politique, exerce dans une certaine mesure une fonction
de domination.
2° Le rôle de prélèvement
Dans une étude sur les services (2), la DATAR note
des distorsions, dans la plupart des paYs de l'OCDE à
l'eXCEption du Royaume-Uni, entre les répàrtitions en
emploi
et en valeur ajoutée des trois secteurs. Ces 'dis-
torsions traduise~t une croissance di~f0rentielle impor-
tante de productivité entre les secteurs. Dans l'ensemble
on constate une chute du poids du secteur primaire. Il
apparaît par ailleurs que la productivité du travail est
plus importante dans le secteur industriel que dans le
tertiaire. 1:ais la répartition de l'emploi ne s'effectue
paS dans les mêmes proportions entre les trois secteurs.

- 257 -
Certains auteurs comme Samir Amin préfèrent parler d'éco-
nomie extravertie. Au niveau du secteur secondaire, nous
avons donné la preuve avec l'examen de l'origine des Ca-
pitaux investis (voir annexe nO 5 ). Nous avons par ail-
leurs noté que le tertiaire supérieur privé était aux
mains des anciennes compagnies d'import-export et des
Libano-~yriens. Au niveau de l'encadrement dans les en-
treprises modernes, nous avons vu que la direction éChap-
pait aux Ivoiriens. Tous ces éléments nous amènent à
soutenir que le tertiaire supérieur exerce une fonction
de domination dans l'économie ivoirienne.
On peut opposer à notre opinion l'idée suivante
l'Etat ivoirien étant politiquement indépendant, il
exerce un contrôle effectif sur l'ensemble des activités
économiques j on
ne peut donc ~ler de domination, ou
à
la riQueur on peut parler d'une domination temporaire,
limitée. La solidité apparente de cette argumentation
ne résiste pas à la réalité historique et actuelle.
Sur le plan historique, il nous semble que dès le
début de la colonisation, la France excl~ait toute idée
d'indépendqnce. Cela paraît nettement dans les actes de
la Conférence de Brazzaville tenue en 1944. Mais la si-
tuation en Afrique et surtout en Indochine modifiera sen-
siblement cette position initiale. Il valait mieux éviter
de tout perdre, faire l'économie d'une guerre tout
en

- 259 -
Dans la plupart des pays, notamment en France, avec une
productivité inférieure à celle de l'industrie, les tra-
vailleurs du tertiaire perçoivent des rémunérations plus
élevées. Ainsi le tertiaire opère des prélèvements sur
les secteurs productifs. Pour les rédacteurs du document
de la DATAR, ce prélèvement a pour but la réalisation
d'un équilibre socio-politique.
Ce rôle de prélèvement a été également mis en lu-
mière dans certaines économies d'Afrique Noire. En effet,
en République Centrafricaine, comme l'atteste le tableau
Ci-après, le rôle de prélèvement du tertiaire est mani-
feste. Alors qu'il réalise 66,66 % du chiffre d'affaires
total des entreprises modernes en 1967, il ne participe
que pour 43,91 1; à la valeur ajoutée et détient 25,42 :1,
des investissements. Cette disproportion est beaucoup
plus marquée pour la branche commerce. Elle réalise 63,44 ~
du' chiffre d'affaires, participe pour 35,40 ~ à la valeur
anoutée et n'investit que pour 19,25 ~.
(2) DATAR! Wuestion à la soc~été tertiaire, pp. 39, 40
et SUlvantes, Documentatlon française,
Paris 1972.

Tableau 38
pr\\EL[VL,iEl~T DU SECTEUR TEJnl/dfU:: DANS L'ECONü:,\\IE CENTH.'\\FfUCP,lNE EI~ 1967
:: Investissements ::Chiffre
:
d'affaires:
Valeur ajoutée
l
.~
Branches
:---------------------:---------------------:---------------------
(
: ,'-\\ontant 71:
%
: Hontant ,,:
%
: ;}ontant ,,:
>~
)
~'------------------------:-----------:---------:-----------:---------:--·---------:---------l
..
"
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
1
o
~ Commerce
:
461,4:
19,25
:
20 405,5:
63,44
:
'2
983,1
:
33,40
)
..
..
..
..
..
..
Banques, assurances,:
:
:
:
:
:
.
sociétés inHllobilières,
:
:
:
:.
:
:
j
( etc
:
8 7 , 4 :
3 , 6 5 :
700,2:
2 , 1 8 :
531,8:
6,31
)
'",'j
(
. . . . . . )
..
..
..
..
..
..
( Autres services •.•..•.
:
6 0 , 6 :
2 , 5 2 :
334,0:
1 , 0 4 :
185,8:
2,20
)
(
. . . . . . )
..
..
..
..
..
..
~ en milliers de francs CFA
Sou r c e :
A. Ahouansou, Rôle du~cteur tertiaire dans le prélèvement et l'utili-
sation du surplus économique, Colloque IDEP, IEDES,
IDS clasco, Dakar,
septembre 1972, docun,ent ronéotypé.
.

- 261 -
A. Ahouansou remarque que le tertiaire joue aussi
un rôle de prélÈvement au Bénin (ex-Dahomey). Ce secteur
consacre une faible part de son
chiffre d'affaires à
l'investissement: 2,43 ~ en 1965 alors que le reste de
l'économie, à
la m!me date, invEstissait 6,75 ~ de son
chiffre d'affaires.
Cet aspect des services est plus malaisé à établir
en Côte d'Ivoire. Les documents relatifs aux investis-
sements à notre disposition ne permettent pas facilement
d'opérer une classification en trois secteurs. Les inves-
tissements dits de soutien à l'économie sont difficiles
a
classer. Abstraction faite de ce point, nos- informa-
tions actuelles ne nous permettent pas d'avoir une idée
exacte du montant des investissements du secteur des ser-
vices. C'est ainsi que, par manque d'informations pré-
cises, la Revue ~~rchés Tropicaux (3) attribue aux inves-
tissements cumulés du secteur tertiaire (1960-1974), une
valeur de 230 à 240 milliards de f!"ancs CFh.
On pourrait contourner cette difficulté en appréciant
l'aspect prélèvement du tertiaire à travers l'analyse des
productivités et des salaires. Mais là aussi on se heurte
au problème de qualité des données statistiques. En effet
sur ce point des productivités comparées des trois sec-
teurs, nous avons noté plus haut que les informations
à notre disposition, provenant du S~TEF, étaient peu fiables.
(3) ~archés tropicaus, Les investissements en C6te
d'lvoire, nO l 563, octobre 197~.

-262 -
En effet, elles faisaient apparaître un secteur des
services plus productif que les deux autres secteurs.
Ce résultat était obtenu par la sous-estimation de l'em-
ploi dans les services.
Nous ne pouvons donc pas utiliser ces statistiques
peu conformes ~ la réalité. Néanmoin, par le biais des
margŒs commerciales, des prél~vements fiscaux et para-
fiscaux, des transferts, nous pensons que le secteur des
services aCCapare une bonne proportion de la production
des autres secteurs, notamment de l'agriculture d'expor-
tation.
Ainsi d'après le Plan quinquennal 1975-1980, le
produit d'un kilogramme de caCao se répartissait de la
manière suivante en 1972-1973
T;.;~:)le~;'...J 3)
REFA~,TlTICN DU PI~<:';l)UlT L,'UI,; KG DE: CAC.f.. O
(
:
:
)
(
Opérations
: Revenu en F CFA:
lb
).
{-~:::::~~::~~~~~~~~~~~~~~~~-------::--------~--::-----}
~ Ramassage...............
7 3
4 5
)
C
. 1·
.
"
omnJŒrCla lsatlon.......
8 l
5 '"
)
( ::,agasinage:.............
l::~
l'~)
( Autres frals de quai....
3
2 )
~ Droits de sortie.... ....
42,5
29
~
(
TOTAL.........
147,2
1 0 0 )
(
~

- L. 63 -
Ainsi plusieurs couches sociales urbaines et l'Etat
opèrent un prélèvement important sur la valeur des pro-
duits exportés. Une fraction du prélèvement effectué
permet 2 l'Etat de prendre des participations dans les
entreprises industrielles et/ou d'effectuer les travaux
d'infrastructure nécessaires au soutien du développement.
:",a2.s une autre partie permet d'assurer une e):istence re-
lativement aisée 2 certaines couclles sociales tels que
les fonctionnaires, commerçants, transporteurs, etc, que
nous pouvons comparer 2 la moyenne bourgeoisie des pays
développé s.
Le tertiaire supérieur semble donc jouer un rôle de
prélèvement dans l'économie de la Côte d'Ivoire.
B - La fonction du tertiaire primitif dans
l'économie ivoirienne
Par tertiaire primitif, nons entendons tous les
petits métiers de l'artisanat et des services. C'est le
secteur tertiaire
archaïque
dont il a été question
plus haut. Plusieurs monographies sur San-Pedro, Bouaké,
Abidjan et d'autres villes attestent que ce secteur
archaïque
assurent des moyens d'existence appréCiable
à plusieurs personnes et contribue ainsi à une légère
amélioration de leurs conditions de vie. Ainsi en 1971

- 264 -
à Adjamé, quartier populaire d'Abidjan, le revenu men-
suel était évalué à 32 000 F CFA par famille de quatre
personnes. En 1972, dans les bidonvilles de San-Pedro,
le revenu mensuel d'une marchande de fruit était estimé
à 11 000 f CfA, celui d'un charpentier à 16 000 f CFA
et celui d'un travailleur à 30 000 CfA. Selon Sylvie
Schaudel,
en 1978 le revenu moyen des commerçants du
secteur
archaïque
sur certMins marchés d'Abidjan
était le suivant:
Tableau 40
RE':E.NU ,'·:olWE.N SUF LES [:ARChES [)'A3lDJi'.1'
(
:
)
(
:
Revenu moyen
)
léarchés.
:
par mois en F CFA
)
~-----------------------------:----------------------)
:
)
\\
Adjamé
:
19 400
)
t
Ouenin..................
19 5Cu
j
~
Koumassi.................
20 200
~
(
;.\\arcory ....•. " . . . . . . . . • .
14 300
)
1 K. S••••i................
17 5~
1
Source
Sylvie Schaudel, Les activités de tra~­
sltlon dans le secteur infor~el à
Abidjan, CëP.N, Bordeaux, 1979 p. 11'6

- ::: 65 -
Du point de vue des reve~us et des prix, les acti-
vit~s de tr~nsition semblent jouer un rôle inportont dans
lt~ processus de d&veloppen1cnt. Ces divers !:éticrs non
dc la populotion tlui risqu2it dt~trc en ch5r0~0c ccmplet,
l 2
't"
~0ne
. '
·erlS2Ll0n
' .
progresSl':e ae
l'scono::üe. ::n eff2t,
selon Santos l,~ilton (4), les ~co-
no~jes urbeines des pays sous-d{velopp~s se c~r~ct6risent
par l'articulation de deux circuits différents. Dans le
cas présm t cie la Cô-ce d'Ivoire,
les revenus perçus p~r
les actifs du circuit inférieur (secteur primitif),
ne peuvent leur permettre d'avoir accès à des ~uêntités
import~ntes dc produits offerts p~r le circuit supérieur.
Ainsi lJ iJlus gr2nde p2rtie dcs citadins
(y cCDpris les
ouvriers du sectecr second~ire) s'2pprovisionrle sur le
circ~it infé~jccr.
~n outre les achats de biens àE" cünsomrnation et de
services r2r le sous-secte~r traditionnel àu secteur 2gri-
cole s 'oI.:'2re p::r l'intcrr::6diê':'re du circuit inférieur
urb~lr!. [1 d{finitive, r~I 112mpleur de ses activités,
le secteur
primitif
p2rticipe ~ la monétéris2tion
la prcductivit6 de secteur secondaire en assurEnt ~ un
nloinc1Ic coOt
(pë,:r r2!.:'port ê:l.'X r·rix du CiIcuit ~~od€:rlJ(')
Sa!:tos :...
TIL 1 ESf>,CI?
~-;·2rt2(J4, les deux circ~its
d(
l'économie url1~ine c!~ns les
. ' 1
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P2YS sous-ceVE_o;='p.::-s "
id. Ge~~n, fêris IS7j.

- 266 -
C - Fonction de structuration de l'espace
Le chapitre précédent sur l'aménagement spatial du
tertiaire
nous a fait découvrir la spécificité. de la
structure du secteur tertiaire ivoirien.
La plupart des villes de l'intérieur, essentiellement
tertiaire, sont les relais de la pétropole politique et
administrative qu'est Abidjan. La zone sud sert d'es~ce
de production de l'agro-exportation. C'est ce qui explique
le poids important du tertiaireoommercial et des trans-
ports. Dans le nord domine l'agriculture vivrière. Cette
zone semble se caractériser par une forte migration
(malgré sa faible croissance démographique) qui tend à
en faire une zone d'approvisionnement en main-d'oeuvre
pour les plantations du Sud. Le ~ertiaire dans le nord
est spécifiquement public.
En dehors de ce clivage nord-sud, on est frappé par
le degré de concentration des services dans la c~pitale
Abidjan. Greffées autour de l'autorité politique et des
srèges sociaux des différentes entreprises modernes, les
activités tertiaires se sont développées et diversifiées
dans cette ville en y fixant une clientèle industrielle
qui détermine à son tour de nouvelles localisations tant
tertioires que secondaires. Conjointement à cette éoncen-
tration, l'encadrement tertiaire des espaces productifs

- 267 -
de l'intérieur s'amenuise. Ce sont les grandes villes,
notamment Bouaké et Abidjan qui accueillent les services
hautement spécialisés et le tertiaire privé en quête
d'une rentabilité immédiate, donc d'une clientèle impor-
tante et aisée.
,
On relJarque en définitive que le tertiaire dans les
pays sous-développés remplit plusieurs fonctions. Mais
peut-on avoir une idée de l'évolution probable du ter-
tiaire en Côte d'Ivoire 7
II -
P ERS P E C T IVE S
D'AVENIR
Les analyses précédentes nous ont amenés ~ soutenir
qu'il y avait hypertrophie du secteur des services en
Côte d'Ivoire. Nous a.vons essayé d'en déterminer les Causes.
Une juste appréciation de l'évolution future nécessite
donc un examen des solutions apportées aux différentes
causes.
Un coup d'oeil sur le plan quinquennal 1976-
1980 semble judicieux.
~ - Résolution des problèmes agraires et le Plan 1976-1080
1° L'évolution de la politique agricole
Depuis 1960, le développement agricole de la Côte

- 268 -
d'Ivoire se caractérise par la succession de trois phases.
Au lendemain de l'indépendance politique, on assiste
à un renforcement du modèle d'aGriculture d'exportation
hérité de la colonisation. L'Etat met en place plusieurs
sociétés d'Etat (la SAThACI pour le café et le CaCao,
la CfDT devenue ClCT pour le coton, etc). Il en résulte
un important développement de la production de ces cul-
tures. L'Etat y trouve une source appréciable de finan-
cement des infrastructures et de l'appareil industriel.
La seconde phase s'étend sur la période 1970-1973.
Elle se caractérise par la diversification des produits
de l'agriculture d'exportation et le développement de
produits agricoles de substitution aux importations ali-
mentaires. Ainsi seront créées la S0DERIZ pour la pro-
duction' du riz, la ~DESUCKE pour la Canne à sucre, la
SODEPGA pour~'élev2ge.
Une plus grande importance sera
accordée au développement des oléagineux: palmier à huile,
soja, cocotier, etc et à la culture d'ananas.
A partir de 1974-1975 on s'apeçoit que les bons
résultats financiers de la politique agricole jusqu'à
présent en vigueur s'accompagnent de déséquilibres graves
pour l'avenir. Cette prise de conscience se traduit à
travers le plan 197j-1980 par la volonté d'Une promotion
du monde rural. Cette nouvelle politique met l'accent
sur la nécessité d'une réorientation des investissements

- 269 -
et des efforts de développement au profit des campagnes
jusque là défavorisées.

Les
mesures
envisagées
L'idée n1aitrC?sse du plan 107j-19CO est d'accélérer
la croissance du secteur agricole. Ce but doit être atteint
par une modification de l'appareil de production du monde
agraire en général. Cela devrait permettre d'accroître
les productions, d'améliorer les rroductivités, les re-
venus et les conditions d'existence des paYSans. Au ni-
veau socio-politique, cette politique vise à la forma-
tion d'une classe de paysans modernes et la réduction de
l'exode rural.
Au niveau des objectifs de production, le plan pré-
voit un taux de croissance du secteur primaire de 6;2 %
par
an. La valeur ajoutée de ce secteur passerait de
232 milliards CfA en 1975 à 313 milliarcls en 1980. Le
poids relatif du primaire dans l'économie passerait de
30 " de la PI3 à 27 ;, sur la même période. Pour atteindre
une auto-suffisance au niveau alimentaire, les productions
végétales devraient croître à 6,4 ~ l'an, les produits
céréaliers de 10,7 ~ rar an et l'élevage de Il,2 ~. Au
niveau de l'açro-expo~tation, l'objectif de diversifica-
tion est maintenu. Globaleme~t, la production devra croître

- 270 -
de 44 % sur la période du plan.
Les objectifs de production sont accompagnés
de
mesures relatives auX revenus et è la productivité. Elles
peuvent se résumer de la façon suivante :
_ L'accroissement maximum du revenu agricole. Celui-ci
est articulé autour des mesures suivantes : choix des
productions économique:Jient les plus rentatles ; une po-
litique de prix élevés; une meilleure organisation des
circuits commerciaux
plants et semences sélectionnés j
mécanisation légère.
_ La modernisation de l'agriculture. Il s'agit de la pro-
motion d'entrepr,ises agricoles moyennes far.1iliales, mo-
de:cnes.
- Ivoirisation des emplois salariés et non salar~és.
Le coût de cette pol~tique agricole est évalué à
216,1 milliards de F CiA,
dont 107,7 milliards d'inves-
tissement et 45,6 milliards de dépenses de fonct~onnement.
La politique agricole ainsi définie appoéte-t-elle

une solution a l'hypertrophie du tertiaire 7 ~es pouvoirs
public ivoiriens ont réelleme:1t pris censcience des pro-
bl~mes du monde agraire. Globalement,
la politique de
réorientation et de promotion des Campaynes nous para!t
judicieuse.
i:ais lorsqu'on regarde de pr~s les différents pro-
grammes sectoriels, l'on constate qu'à ;:>art une ciéfini-

- 271 -
tion générale des objectifs à atteindre, l'agriculture
vivrière ne fait pas l'objet de plan précis à l'excep-
tion de la production du riz. Dans ces conditions, on
peut s'interroger sur les chances de relèvement du ni-
veau de vie des paysans pratiquant l'agriculture vivrière.
Par voie de cons~quence, on peut s'interroger sur l'évo-
lution de l'exode rural et le gonflement du tertiaire
archaïque.
On remarque par ailleurs que les investissements
restent massivement concentrés et orientés vers des ob-
jectifs d'accroissement rapide des productions d'expor-
tation (19 milliards pour le seul café).
Le plan agricole reprend également un point impor-
tant de la doctrine économique en vigueur: aider à l'émer-
gence d'une bourgeoisie ivoirienne détenant la direction
politique du pays et les affaires économiques entre ses
mains. La promotion d'une classe de paysans "modernes"
sera-t-elle possible à partir de la vraie paysannerie
actuelle 7
Le "sydicat agricole"
qui donna naissance au PCDI-
RDA (parti unique de Côte d'Ivoire) pendant la période
coloniale avait pour base sociale des planteurs posséda~t
des superficies importantes de champs de café ou de Ca-
cao. Aussi la plupart des membres du gouvernement actuel ont
gardé un lien avec la campagne où généralement sont proprié-
taires

- 272 -
de vastes plantations modernes. Il nous semble peu pro-
bable que les paysans modernes puissent émerger de la
paysannerie actuelle car la modernisation nécessite des
capitaux. L'expérience du plan pal:nier (5) nous incite
à penser que c'est la büurgeoisie urbaine qui risque
de bénéficier de cette politique de "promotion de paysans
modernes.
Si l'évolution s'amorçait dans c~ sens, les
conséquences au niveau de l'emploi seraient non négli-
geables. En effet,
la vraie paysannerie, expro-
.Jriée par la bourgeoisie urbaine, sera reduite à tasi:ua-
tion d'ouvriers anricoles. Et cela entrainerait une accé-
leration de l'exode rural.
Au niveau financi8r,
la réalisation de la politique
agricole du plan 1975-1980 est fonction du cours des pro-
duits d'exportation sur le marché mondial. Or on sait
que l'année 1976-197~ fut très favorable sur ce plan.
On peut donc raisonnablement penser que le plan agricole
,
sera réalisé dans une grande proportion. Mais l'expérience
de réalisation des plans antérieurs incitent à la pru-
dence. ~ême dans le CaS le plus favorable d'une réalisation
complète du plan agricole (hypothèse d'école), les gains
de productivité et la modernisation dégageront une main-
d'oeuvre
(5) Le plan pJlmier avait pour objectif de développer
12 culture du palmi8r à huile. L'~TAT à tr2vers la
SODci'AL'i. prenait l'initiative de 12 création de vastes
p12ntations do nt une partie devait être attribuée
ensuite à des petits planteurs. Cette fraction fut.
baptisée les "plantations villageoises". Il semblerait
aujourd'hui que ces plantations dites "bourgeoises"
n'2pp2rtiennent pas en réalité à de vrais paysans.

- 273 -
excédentaire à la campagne. Il faudrait lui trouver des
emplois dans l'industrie si l'on veut éviter le gonflement
continu du tertiaire. Voyons donc les perspectives d'ave-
nir du secteur secolldaire.
B - L2 politioue industrielle et la création d'e~olois
1° La politique de développement industriel
Dans l'évolution de la politique industrielle nous
distingons trois phases à partir de 1950. A cette époque
la Côte d'Ivoire est encore une colonie. Néanmoins, le
développement de l'agro-exportation permet de doter le
pays d'un minimun d'infrastructures. Cela ouvre la voie
à
l'installation des premières industries destinées à
apporter un,
premier traitement aux produits avant expor-
tation.
La seconde phase commence après 1960. Elle corres-
pond à un élargissement du marché. L'industrialisation
est plus poussée. La création d'industries de substitu-
tion aux importations modifie sensiblement le modèle de
la phase précédente.
A partir de 1074 l'industrie semble se heurter à
une étroitesse du marché intérieur. Le plan 1975-80 dé-
finit Ulle nouvelle politique industrielle. La stratégie

- 274 -
de substitution d'importation est abandonnée en faveur
d'une industrie exportatrice de produits finis.
20 Incidences probables de la nouvelle stratégie
L'orientation de la nouvelle politiclue industrielle
tourne autour de deux directions : encourager la création
et le développement d'entreprises industrielles tournées
vers l'exportation; une plus grande compétitivité des
industries alimentant le marché intérieur.
Flusieurs objectifs sont alors retenus par le plan
la recherche d'ùn développement maximum de l'appareil
industriel surtout en direction des pays du Marché com-
mun
un renforce~ent du dynamisme de l'appareil produc-
tif
la création de 28 000 emplois entre 197~ et 1980 ;
l'ivoirisation de l'appareil industriel;
le développement
de la coopération industrielle dans le cadre de la Com-
munauté Economique d'Afrique de l'Ouest (CEAO) ; une plus
grë.nde contribution à l'aménagement du territoire.
On remarque d'ores et déjà que l~ contribution chif-
frée de l'industrie à l'emploi est insuffisante à résor~
ber le chômage constaté en197j. Or ce dernier sera aug-
menté de la main-d'oeuvre libérée par le secteur agricole.
En
outre, dans le mesure où la nouvelle stratégie
industrielle a pour cicle le marché extérieur, l'impéra-

- 275 -
tif de rentabilité risque de favoriser l'installation
d'entreprises plus "labour-saving" que les précédentes.
Cela est d'autant plus probable que nulle
!=èart le plan
ne traite sérieusement de la question de la technologie
en rapport avec l'emploi.
ueux autres facte~rs portent à croire que les indus-
tries sollicitées p2r la nouvelle stratégie industrielle
risquent d'@tre hautement capital-using. En premier lieu
dans les motivations (6) d'installations des entreprises
industrielles existant en 1975, les facteurs politiques
venaient au premier rang suivi de celui de la taille du
marché ivoirien ,ce dernier ne sera plus valable pour les
nouvelles industries). Deuxièmement, le tableau ci-après montre
que la Côte d'Ivoire est désavantagée par rapport aux
autres pays africains sous l'angle du coût de la main-
d'oeuvre.
(6) Seules motivations d'installations des industries _
en Côte d'Ivoire, voir Chevassu et V lette, Les
industries de Côte d'Ivoire qui et ~ourquoi, ORSTŒ~,
Centre Petit Bassam, Abidjan 1975

- 276 -
Tableau
41
EVOLUTION DU SMIG HOMAIRE DEPUIS 1957
: : : : : : )
-------~:~=--------:--:~~=-:--:~~=-~--:~~~-:--:~=:-;--:~==-:--:~=~-l
1
:
:
:
:
:
:
)
( Cameroun fédéral.
n.d.
24,5
36,0
~S,9
43,0
4Y,0)
(Centra~r~que.....14,0
l~,l
~~,8
~~,~
n:d;
3?,~)
(Congo-t:1czza.....
20,1
2~,4
.j~,9
....:J,.
4:J,~
4J,~)
( Côte d'Ivoire....
33,2
37,0
42,4
58,3
73,0
92,0)
( Dahomey (Bénin)..
27,0:
34,0:
38,1
~9,6
39,6
45,0)
( Gabon............
17,2
21,0
40,0
52,0
60,0
101,0)
( Haute-Volta......
23,0
23,0
29,0
31,0
34,0
47,0)
(Madagascar.......
24,0
n.d.
32,0
32,0
43,6
n.d.)
(
!I:a 1 i
(l).........
27,0
n • d •
32 ,0
32 ,0
43, 6
n . d • )
( i·auritanie.......
n.d.
29,0
35,2
40,5
n.d.
51,2)
( Niger..
21,0
n.d.
27,0
30,0
30,0
57,6)
(Sénagal..........
35,0
38,5
44,0
50,6
58,2
66,3*)
) Tc.had............
12,0
n.d.
22,0
30,0
n.d.
n.d.)l
~ Togo.... •.•... .••
22,0
25,0
29,7
35,6
39,2
43,0
(
)
(1) En francs 'Ialiens (IF'I',', = 1 F CfA jusqu'en mai 1967 et 0,5 f CFA
ensuïte)
* février 1974
S o u r c e
J. Lecaillon et D. Germidis, Inégalité des revenus
et développement éco nomique, PUF, 1977, p. 55

- 277 -
On peut ajouter que la nouvelle politique indus-
trielle, qui transparait aussi dans le discours du Club
de Dakar, semble avoir été trop optimiste sur l'issue du
dialogue Nord - Sud qui devait aboutir à un transfert
d'industries des pays riches vers ceux sous-développés.
Toutefois si ce dialogue att9ignait son objectif, les
chances de la Côte d'Ivoire d'attirer un grand nombre
d'industries dépendrait certes de son aVance économïque
sur les autres pays d'Afrique Noire mais surtout de son
.
.
image de marque politique du moment. Or ces derniers temps,
la presse internationale fait allusion à un problème de
succession dans ce pays. Certes il est peu réaliste de
ramener la survie d'un régime à la stature d'un seul homme,
mais dans le cas présent on ne peut manquer de se poser
des questions.
En
définitive face au chômage important qui existe
dans la plupart des grandes villes de Côte d'Ivoire, la contri-
but ion
du plan industriel 1975-1980 nous parait insuf-
fi sant-e pour réduire l' hypertrophie du tertiaire.
C ~ L ' é duc a t i o n
Dans ce domaine également, le plan est plein de bonnes
intentions:
réforme de l'enseignement axée sur le prin-
cipe d'un minimum culturel pour tous; développement de

- 278 -
l'éducation permanente et mise de l'accent sur le choix
et la formation d'enseianants ; réductions des écarts
scolaires ; augmentation et contrôle des flux scolaires
meilleure articulation de l'école et de la vie; amélio-
ration du rapport coOt-efficacité des dépenses.
L'objectif de la réforme visant à instituer un en-
seignement commun pour tous les enfants de lS à 15 ans
nous paraît de nature à augmenter l'égalité des chances.
De la même manière, la recherche d'une liaison plys pro-
fonde entre l'école et la vie devrait permettre de rec-
tifier les conceptions idéologiques jusque là en vigueur,
conceptions nettement contradictiores avec la réalité.
Enfin l'attention apportée à la formation d'enseignants
nationaux contribuera à dégager des débouchés pour l'em-
ploi tout en facilitant la réalisation de la liaison de
l'école aUX réalités nationales.
ifais si ces mesures peuvent co~tribuer à modifier
l'image qu'a le jeune Ivoirien de son avenir (sauvent
sans rap~ort avec la ~éalité) elles seront inoppérantes
si les inégalités entre villes et campagnes s'approfon-
dissent. Sur ce point, nous sommes peu optimiste quant
à l'évolution probable.

- 279 -
CONCLUSION
======~============
Nous sosmes presque à la fin du plan 1975-1980. èlous
manquons de données chiffrées pour confronter les réali-
sations aux proj ets. ,'ais l' appr~ciation que nous venons
de faire de quelques programmes nous incite à dire que
le plan quinquennal actuel sera insuffisant pour résou-
dre le problème de l'emploi et enrayer l'hypertrophie
du tertiaire.
Quelques évènements survenus ces trois dernières années
nous confirment dans cette vision.
Au cours de la campagne de café 1975-1977, des paysans
ont passé la frontière pour aller vendre leurs produits
au Libéria où les prix d'achat étaient plus élevés. Le
pouvoir ser3 obligé de recourir à la force publique pour
mettre fin à cette situation.
°endant l'été 1978, les vagues de hausses de prix,
notamment ceux des transports entraînent l'aPParition de
feuilles volantes de dénonciation des autorités politiques.
Douze étudiants seront arrêtés et incarcérés dans l'armée.
En 1979, au cours du second semestre, par une marche

- 280 -
silencieuse, des chômeurs et sans emplois déposent un
cahier de doléances à la présidence de la République.
QUand on s2it ~u'il n'existe aucune opposition po-
litique en Côte d'Ivoire, ces mouvements sociaux nous
amènent à dire que la situation de l'emploi en ville et
les conditions de vie b la campagne se sont peu améliorés
au cours de la période du plan.
Les autorités ont pris conscience de la situation.
Mais nous pensons que ces problèmes que nous venons d'évo-
quer ne pourront être résolus à court terme, c'est-à-
dire en l'espace d'un plan. Il faudra une action de longue
hal~ine. Dans ce cadre, une meilleure articulation de la
politique agricole et de la politique industrielle est
nécessaire. Il sera également nécessaire d'accorder une
attention à la question de la technologie des entreprises
industrielles.
En attendant, le secteur tertiaire continuera à se
gonfler, à opérer des prélèvements sur les secteurs pro-
ductifs d'une part, et d'autre part à jouer un rôle de
redistribution de revenus (secteur· primitif).
Mais
le second aspect a certainement des limites.
o
o
0

- 281 -
CON C LUS ION
G E N E R ALE
=0=0=0=0=0=0=0=0=0=0=0=0=0=0=0=0=0=0=
Au stade actuel de notre réflexion, malgré l'in-
suffisance et la qUalité des informations statistiques,
nous notons les traits caractéristiques suiVants du
secteur tertiaire ivoirien.
1° Le tertiaire est le secteur dominant de l'éco-
nomie ivoirienne sous l'angle d: la production. Sa part
relative dans la PIB est passée de 38 ~ en 1960 à 43,5 %
en 1975. Commercialisant principalement les produits de
l'agro-exportation et ceux des industries de substitu-
tion d'importation,
son développement est le moteur de
l'intégrütion de la Côt~ d'Ivoire à l'économie moderne.
2° Le développement anarchique de l'agro-exportation
a certes procuré des ressources abondantes aU pays, mais
il a provoqué par ailleurs de graves déséquilibres dans
le monde a0raire : destruction de l'écosystème, progres-
sion lente des cultures vivrières, faibles revenus des

- 282 -
paysans, inégalités régionales. Ces cultures ont favo-
risé l'introduction de comportement individualiste à la
campagne et la dislocation des structures collectives de
production d'antan. Tout cela aboutit à l'accélération
de l'exode rural. En raison du faible taux d'emplois de
l'industrie, la main-d'oeuvre venue de la campagne ne
peut trouver à s'em~loyer entièrement dans le secondaire.
Une bonne fraction se dirige alors vers le tertiaire. Aussi,
bien que les statistiques le rendent très mal, il y éga-
lement hypertrophie du tertiaire sous l'angle de l'emploi.
3° Le tertiaire ivoirien est concentré. Du point de
vue de la production, l'essentiel est fourni par la région
du Sud et principalement par la ville d'Abidjan. Les
unités de production dominantes dans le tertiaire supé-
rieur sont les anciennes :.·,aisons de traite reconverties
et les commerces libano-syriens. Au niveau spatial, la
répartition des équipements est très déséquilibrée.
Le
tertiaire privé se localise principalement dans les villes
du Sud. Celles du Nord ne bénéficient que d'équipements
du tertiaire public. Sur ce point, l'essentiel reste con-
centré dans la ville d'Abidjan. Cet aménagement spatial
du tertiaire résulte de la spécialisation de la Côte
d'Ivoire dans l'agro-exportation.

- 283 -
40 Le secteur tertiaire joue plusieurs rôles dans
le développement économique de la Côte d'Ivoire. La crois-
sance du secteur résulte pour une part, d'une demande
réelle de services liée ~ la croissance industrielle,
agricole et urbaine. A ce
niveau, le tertiaire est sans
nul doute un facteur d'organisation et de progression de
l'économie moderne.
Le développement de la Côte d'Ivoire s'accompagne
d'une nouvelle stratification sociale. Il nous est alors
apparu que le tertiaire pouvait être un fact~ur de domi-
nation et de prél~vernent économique. Par ailleurs, il
constitue, dans une certaine mesure, un facteur de ré-
partition des revenus en procurant des emplois ~ une
masse de gens qui serait sans cela totalement réduite
au chômage.
SD Tout Co~1e les autres pays sous-développés, la
Côte d'Ivoire connait" le phénom~ne de l'hypertropbie du
tertiaire. A la réflexion, "cette situation propre aux
pays pauvres ne nous paraît pas explicable par
l'éternel
argulnent de la pression démographique. Celle-ci nous
semble être la conséquence de la rupture de l'extérieur
des modes de production préc2pitalistes existants aupa-
ravant.
L'économie moderne n'est pas çénérée dans ces
pays par \\Jn p::ocessus auto-dynêmique comme ce fut le Cas

- 284 -
en occident, mais par leur spécialisation dans la four-
niture de produits agricoles ou miniers. Cette nouvelle
orientation économi~ue provoque une rupture de l'équi-
libre précédent et la destruction de l'artisanat, base
adaptée
du développement d'une technologieVaux réalités locales.
La conjugaison de lû pression démogrêphi~ue ainsi créée
et l'incapacité ou l'impossibilité de la maîtrise d'une
technologie adaptée empêche l'articulation des trois sec-
teurs telle qu'elle se réalise en occident.
Considérant la pression démographique comme la Cause
de la situation vécue, on a voulu concentrer les éner-
gies sur la diminution de la natalité, l'organisation
d'une forte croissance de la production. Les technologies
utilisées ont montré qu'elles n'étaient pas neutres. Elles
ont une histoire. On
comprend dès lors que les débats
sur la technologie deviennent une préoccupation très aC-
tuelle des économistes et des gouvernements des pays pauvres.
*
*
*

A N N E X E S
1

Annexe nO 1
EVOLUTION DE LA PRODUCTION DES CULTURES INDUSTRIELLES
ET D'EXPORTATION (EN TONNES)
(
.
.
.
.
.
.
)
(
Années
;
Café
;
Cacao
;
Banane
; Régimes de;
Noix de
;
Ananas
)
~
:
:
:
:
palme
:
c o l a :
)
(--------------:-----------:-----------:---------_~:-----------:-----------:-----------)
1960
~ 135 635 : 8:;' 683 : 80 000 : 298 121 \\ 34 300: 19 885 ~
1961
:
171 832
:
77 378
:
98 000
:
267 ff27
:
37 000
:
19 921
)
{
1962
:
116 81J
:
91 565
:
131 300
:
297 424
:
37 000
:
22 777
)
(
1.963
:
211\\ 587
:
101 770
:
139 400
:
303 580
:
37 000
:
29 984
~
(
1964
:
240 587
:
113 6U9
;
126 000
:
327 339
:
37 000
;
41 184
(
1. 965
:
212
980
:
134 060
:
138 300
:
32 9 300
:
4'1 OB3
:
44 083
(
1966
:
256225
:
162
917
:
154500
:
318 400
:
40000·:
60840}
1
1967
:
156 823
: ' 12 9 733
;
165 400
:
345 350
:
40 000
:
83 687
rv
1968
:
267 592
:
141 4B5
:
174 648
:
341 117
:
60 000
:
89 424
00
0'-
1969
:
219046:
157972.
:
172194:
373532
:
6 0 0 0 0 :
90202
1
1970
:
274 530
:
167 989
:
178 852
:
480 181
:
60 000
:
110 580
1
(
1971
:
240 553
:
231 871
:
188 372
:
538 574
:
60 000
:
138 728
(
1972
:
283 242
.:
199 576
:
212 288
:
686 544
:
40 000
:
202
699
(
1973
:
277 241
:
179 022
;
177 190
;
685 729
:
45 000
:
199 425
)
(
1974
:
198 G54
:
222
676
:
207 824
:
916 102
:
59 000
:
228 131
)
(
1975
:
260 000
:
241 000
:
188 000
:
955 000
:
60 000
:
221 000
~
(
.
.
.
..
.
.
...
...

Annexe nO 1 suite et fin
(
:
·
:
:
:
)
·
~
Années
:
Coton
:
Latex
:
Tabac
:
Coprah
: Agrume s à
:
:
:
:
:
essence
-(--------~-----:-----------:-----------:-----------:-
----------:-----------
(
(
1960
:
6 SOS
:
-
:
1 958
:
2
000
:
950
i
1961
:
5 569-
:
82
:
1 738
:
2
(IOO
:
1 200
1962
:
8 236
:
205
:
2 246
:
2
J50
:
2
800
)
(
1963
:
12 065
:
551
:
2
450
:
2
9('0
:
" 200
(
196tl
:
8 972
:
2
045
:
2
537
:
3 lCO
:
1 500
~
~
1965
:
10 433
:
3 552
:
2
tlOO
:
3 500
:
4 500
.
1966
:
13 823
:
4 959
2
578
:
4 400
:
3 700
~
1
(
1967
:
25 036
:
5 857
:
2 205
:
5 600
:
8 00
)
IV
(
1968
:
35 284
:
6 870
:
2273
:
7 500
:
8 500
)
m
--J
(
1969
:
44 237
:
8 656
:
2 235
:
8 000
:
11 300
)
(
1970
:
34 320
:
I l 0111
:
2
328
:
10 300
:
19 800
)
.
(
1971
:
31 316
·
13 691
:
2 1100
:
11 000
28 300
·
.
(
1972
:
49 528
:
15 536
:
2
558
:
11 500
:
30 200
~
(
1973
:
53 798
:
15 200
:
2
959
:
12 500
:
37 9511
)
(
1974
:
59 465
:
16 511
:
2
975
:
13 500
:
119 7111
)
(
1975
:
61 000
:
16 400
:
2
679
:
19 000
:
-
(
:
:
:
- -
:
:
~
Sou r c e
:
Plan Côte d'Ivoire en chiffres 1977-1978

Annexe nO 2
VALEUR A LA Pf10DUCTION DES PRINCIPALES CULTURES INDUSTIUELLES
(rHLLIONS DE F CFA)
(
.
.
.
.
.
.
)l
(
Années
;
Cilfé
;
CilCilO
;
Bilnilne.
;
Régimes
;
Noix de
;
Ananils
~--------------~-----------~-----------~-----------~-~~:~=-----:--~~::_----:-----------I
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
(
1 ')60
:
13 508
:
7 797
:
1 7 4 3 :
9 4 1 :
6 8 6 :
268
(
1<)61
:
1 5 5 4 1 :
5613
:
1 7 9 0 :
8 2 0 :
7 4 0 :
269
(
1962
:
9 113
:
6 043
:
2 0 5 2 :
9 4 9 :
7 4 0 :
3 0 9 )
(
1963
:
16 666
:
7 083
:
3 0 2 2 :
9 6 4 :
7 4 0 :
3 8 4 )
(
1964
:
22 167
:
8 184
:
3 1 6 8 :
1 0 6 7 :
7 4 0 :
4 6 6 )
1
1965
:
19 150
:
8 566
:
2
9 2 3 :
1 0 3 1 :
7 4 0 :
5 2 3 )l
i
1966
:
19 992
:
11 331
:
3 023:
1 0 7 9 :
8 0 0 :
717
1967
:
14 821
:
9 636
:
2.
491
: 1 2 0 0 :
8 0 0 :
959
(
1966
:
24 895
:
10 452
:
2
7 0 5 :
1 1 8 9 :
1 2 0 0 :
950
(
1969
:
20 613
:
12 506
:
3 2 7 2 :
1 3 1 4 :
1 2 0 0 :
1 057
)
(
1970
:
26 956
:
14·252
:
3 7 1 6 :
1 7 9 2 :
1 2 0 0 :
1 538
)
(
1971
:
25 644
:
19 996
:
3 9 4 4 :
1 9 7 4 :
1 2 0 0 :
1 833
)
(
1972
:
30 145
:
17 647
:
4 5 1 4 :
2
6 0 9 :
7 0 0 :
2
649
)
(
1973
:
30 772
:
18 725
:
3 3 3 6 :
2. 6 7 0 :
8 0 0 :
2
647
)
(
1974
:
24 902
:
33 365
:
4 9 6 1 :
6 9 6 1 :
1 0 6 2 :
3 325
)
~
1975
~
40 853
:
41 597
~
5 944'
~
7 3 6 3 :
1 1 4 4 :
3 900
l

Annexe nO 2 suite et fin
(
Années
:
Coton
:
Latex
:
Tabac
:
Coprah
~ Agrumes à ~
( .
:
:
: ' :
: essence
\\
(--------------:-----------:-----------:-----------:-----------:-----------
(
:
:
:
:
:.
(
1960
:
192
:
-
:
165
:
66
11
~
1961
:
176
:
10
:
140
:
81~)
:
14
1962
:
'278
:
18
:
205
:
71
:
3tl
(
1963
l
·
370
:
62
:
235
:
83
:
26
)
196tl
·:
303
:
200
:
226
:
103
:
18
{
1965
·
369
:
372
:
216
:
99
:
54
1966
·
~
:
506
:
517
:
230
:
127
:
45
)
1
(
1967
:
994
:
514
:
161
:
168
:
97
)
N
~
1968
:
1 172
:
528
:
161
:
233
:
104
CD
.
1969
:
1 473
:
784
:
161
267
:
139
\\
-0
.
(
1970
:
1 176
:
900
:
166
:
310
:
230
(
1971
:
1 221
:
928
:
178
:
335
:
345
.~
(
1972
:
1 953
:
886
:
191
:
380
:
350
)
~
.
1973
:
2 130
:
1 763
221
:
471
:
397
1974
:
2 650
:
2. 477
:
252
:
667
:
476
\\
(
19Y,
:
4 219
:
1 9 28 :
135
:
1 050
:
484
(
:
:
:
:
:
~
S o u r c e
:
Plan Côte d'Ivoire en chiffre 1977-1978 p. 111

Annexe nO .3
EVOLUTION DE LA PHODUCTIOr" DES CULTURES VIVRIERES -
EN TONNAGES
(~'IILUERS DE TONNES)
.
(
:
:
:
:
:
)
fI nné e s
:
Fonio *
:
I.la ï s *
:
Mil '*
:
Riz Paddy*: Sorgho *
;
Banane s6 )
?
:
:
:
:
:
: plantation)
(--------------:-----------:-----------:-----------:-----------:-----------:-----------)
:
:
:
:
:
:
)
?
1960
:
5
:
147
:
42
:
160
:
10
:
490
)
(
1961
:
4
:
99
:
27
:
156
:
8
:
500
)
(
196:2
:
5
:
170
:
36
:
229
:
11
:
570
)
(
1963
:
8,6
:
169
:
34
:
219
:
10
:
550
i
1964
:
7,9
:
176
:
37
:
248
:
10
:
580
~
~J
196:;
:
7
: '
200
:
'34
:
250
:
11
:
600
'0
(
1966
:
7
:
195
:
36
:
275
:
11
:
615
)
0
~
1967
:
7,5
:
220
:
37
:
340
:
Il,5
:
620
.
~
1
1968
:
7,5
:
206
·
35
:
365
:
Il,7
:
625
.
260
·
i
1 'J69
:
7
:
33
:
303
:
14
:
638
)
1970
:
7
:
231
:
30
:
316
:
13
:
650
)
~
1'.171
:
2
:
280
:
29
:
385
:
15,5
:
670
1972
:
2
:
225
:
24
:
320
:
14
:
690
l
(
.
1973
:
2
:
232
:
30
:
335
:
15,5
665
(
1974
:
2
:
240
:
30
:
406
:
16
:
720
~
~
1975
:
2
:
327
:
46
:
460
:
32
: 11 151
:
:
·
:
:
:
)
·
* Céréales
s6 Féculents, tubercules

Annexe nO 3 suite et fin
(
.
.
.
.
.
)
·
.
.
.
.
Années:
Igname
rP:
Manioc rP:
Patate rP:
Taro rP
: Arachide
)
--------------:-----------:-----------:---~-------:--- --------:-----------)
1
·
.
.
.
.
.
)
·
.
.
.
.
(
1960
:
1 150
:
450
:
18
:
135
:
135
)
(
1961
:
1 150
:
460
:
17
:
120
:
120
)
(
1 <) 62
:
1 200
:
500
:
18
:
150
:
150
(
1963
:
1 230
:
470
:
18
:
152
:
152
(
1 '76;1
:
1 260
:
450
:
19
:
156
:
156
(
1965
:
1 300
:
500
:
20
:
158
:
158
(
1966
:
1 320
:
315
:
20,5
:
160
:
160
)
1
(
1967
:
1 350
:
520
:
2 1
:
162
:
162
)
IV
(
1 96G
:
1 388
:
530
:
2 1
:
182
:
182
)
'-D
......
(
1969
:
J 520
:
532
:
21
:
178
:
178
)
(
1970
:
1 551
:
540
:
21
:
182
:
182
)
(
1971
:
1 555
:
567
:
21
:
180
:
180
)
(
1972
:
1 520
:
555
:
21
:
175
:
175
)
(
1973
:
1 6 2 4 :
625
:
21
:
200
:
200
}
1974
:
1 680
:
625
:
23
:
2 U6
:
206
(
1975
:
2 206
:
1 146
:
13
:
247
:
247
rP Féculents, tubercules
S o u r c e
Plan Côte d'Ivoire en chiffres 1977-1978 p.
94

Annexe' nO 4
EVOLUTION DE U. PHCJDUCTION DES CULTUP,ES VIVRIEHES -
EN VALEUR (I/,ILLIO~IS
F CFA)
(
.
.
.
.
.
.
)
(
Années;
Fonio *
;
Maïs *
;
Mil *
; Riz paddy*;
Sorgho * ;
Banane ~ ~
i
:
:
:
:
:
: plantation
--------------:-----------:-----------:-----------:-----------:-----------:-----------)
l
:
:
:
:
:
·
)
.
1960
:
100
:
1 764
672
:
2 880
:
170
·: 3 430
1961
:
80
:
1 888
:
432
:
4 808
:
136
:
3 500
(
1962
:
100
:
2 040
:
576
:
4 122
:
187
:
3 990
(
1963
:
172
:
2 028
:
544
:
3
91\\2
:
170
:
4 400
~
(
1 ')64
:
lCJ8
:
2 112
:
589
:
4 464
:
170
:
4 640
~
N
i
llJ6S
:
140
:
2
400
:
544
:
4 500
:
107
·
4 800
)
tS
1966
:
140
:
2 340
:
576
:
4 950
:
187
·
:
4 920
)
(
1967
:
150
:
2.
640
:
592
:
6 120
:
196
:
4 960
)
~ 1968 : ISO : 2 472 : 560 : 6 370 : 199 : 4 995
1969
:
ISO
:
3 120
:
528
:
6 060
:
238
:
5 104
~
1970
:
11\\0
:
2
930
:
750
:
6 320
:
326
:
4 030
(
1971
:
40
:
3 612
:
725
:
7 700
:
389
· 4 154
(
1972
:
40
:
2 903
:
600
:
6 770
:
351.
·
~
:
4 275
)
(
1973
:
40
:
2
993
:
725
:
8 375
:
389
:
4 092
)
(
1974
:
44
:
3 406
:
825
:
26 890
:
1\\ 42
:
4910
(
:
:
:
:
:
:
~
* Céréales
~ Féculents, tubercules

Annexe nO
4 suite et fin
(
.
- '
.
.
.
)
(
Années;
Igname ~
;
Manioc ~ ; Patate ~
~ Taro ~ ; Arachide )
(--------------:-----------:-----------:-----------:-----------:-----------)
~
1960
:
13 800
:
3 150
:
144
:
9 4 5 :
600
1
1961
:
13 800
:
3 220
:
136
:
8 4 0 :
832
)
! 1962 : 14 400 : 3 500 : 148 : 1 050 : 462 )
1963
:
15 990
:
3 750
:
144
:
1 064
:
539
)l
1964
:
16 490
:
3 920
:
152
:
1 092
:
685
(
1965
:
16 900
:
4 000
:
160
:
1 120
:
6114
(
1966
:
17 160
:
4 120
:
164
:
1 120
:
693
1
(
1967
:
17 570
:
4 130
:
168
:
1 134
:
690
)
rv

(
1 968
:
18 0 '\\ 4
:
4 2 40
:
168
:
1 18 '1
:
731
1
w
(
1969
:
19 760
:
4 256
:
168
:
1 246
:
978
(
1970
:
15510
:
5 4 0 0 :
168
:
1 2 7 4 :
770
(
1971
:
15 550
:
5 670
:
168
:
1 383
:
741
(
1972
:
15 700
:
5 350
:
168
:
1 305
:
750
)
(
1973
:
16 240
:
6 250
:
168
:
1 400
:
796·
)
(
1974
:
18 480
.:
6 875
:
202
:
1 586
:
934
)
(
.
.
.
.
.
)
.
.
.
.
.
~ Féculents, turercules
S o u r
c c :
Plan Catc d'Ivoire en chiffres 1977-1978

Annexe nO 5
ORIGINE DES CAPITAUX DES ENTREPRISES
INDUSTRIELLES DE COTE D'IVOIRE
(en millions de F CFA)
(
:
: )
(
Origine des c a p i t a u x :
Capitaux
:
Nombre
)
(
:------------------------: d'entreprises)
i-----------------------------:----~:::~~----~---~----
. . ,
(
·
.
-:-~------------l)
.
(
Ivoiriens:
:
7 000
:
2 1 , 4 :
16
~,

dont : publ~cs
:
5
.t>.
880
:
1 8 , 0 :
6
~
dont: pnves
:
1 120
:
3 , 4 :
10
)
1
·
""
j
( Français : . . . • . . . . . . . . . . . . .
:
21 430
:
65,7
:
129
dont: de Côte d'Ivoire
:
4 930
~ 15,2 :
23
j
dont: de France
::
16500
:
50,S
~
106
j
1
( Etrangers non Français:
:
4 220
:
1 2 , 9 :
38
)
(
.
.
.
)
·
. .
( Dont: Europe
:
2330
:
7 , 1 :
12
)
( dont: Liban
:
4 0 0 :
1 , 2 :
12
)
( dont autres
:
1 490
:
4 , 6 :
Il
)
( dont : Entreprises à capi-
:
: :
)
( taux plurinationaIJx
:
- :
-
:
3
)
(
. . -
.
-
)
·
"
i TotaL
:
32 650
: 100
:
183
)
·
"
)
·
"

Annexe nO 5 suite et fin
(
:
:
)
i Origine des capitaux
~---=~~~~~=-~~:~~:~~=~--_:_-_--=:~=~~~::=:=::-----~
i-----------------------------~---~~:~::~----~---~----
(
.
.
-~---~~:~::~----~---~-----\\
.
.
)
( Ivoiriens : • . . . . . • • . . . . . . . •
;
8220
;
8,3
;
10 8~0
;
16,0
)
(
.
.
.
.
)
.
. .
.
( dont
: publ~cs
:
5 120
:
5 , 2 :
8 060
:
13,1
)
(dont:
prlves . . . • • . . . . . . . • •
:
3100
:
3 , 1 :
1980
:
2 , 9 )
(
.
.
.
.
)
'J
( Français : • • • • • . . . . . . . . . . . .
~
71 150
~ 71,7
~
43230
:
63,6
l

i
0'
dont:
de la Côte d'Ivoire.":
7820
:
7 , 7 :
5720
:
8 , 4 )
( dont:
de France • . • . . . . . • . .
~
63330
:
64,0
~
37 510
:
55,2
l
Etrangers non Français: •.•
~
19 840
:
20,0
:
13 890
:
20,4
~.
1 dont Europe •..•............ :
5 160
:
5 , 2 :
3 590
:
5 , 3 )
(dont Liban
:
2350
:
2 , 4 :
1210.
:
1,8
( dont Autres
: . . .
:
2
490
:
2,5
:
2
390
:
3,5
l dont Entreprises à capitaux
~ plurinationaux
;
~
9 840
~
9,9
~
6 700
:
9,8
i TotaL
: 9 9 2 1 0
: 100,0
:
67 960
:
100,0
~
::;
0
u r
c e
Jean Chevassu et Alain Valette ; Les industries de la
Côte d'Ivoire qui et pour~oi ? ORSTO~, Centre Fetit
8assam, Côte d'Ivoire 1975,
p. 5

t't IV IV V f''- Q
TADLEAU GÉNI,RAL RESSOURCES· EMPLOIS EN 1975
T,hl.., i' 1ft
(f\\.lilliJrds tJe r- CFA 1975)
nfT'LOIS
Rf.SSO UR CES
C01'lSOMMATIQN
Il'lTrRMEDIAIRI'. DES
I2,NTRET'RISES
EMrLOl5
FI1'lAl.S
Consommation finale
F.D.C.F.
Dranchcs
. .,;
1
ij
c
c
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~
U
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.
v
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c
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Ménages
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13
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Produits
c
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f-
c
1
2
1
7
5
6
7
8
9
10
-
-
- - -
- - - - - - - - -
- - - - - -
- - - - - - - - -
- - - - - - - -
-
- - - - - - - - - - -
Vivriers
1
15l 5 19,7
1,3
28,0
202,5
lO,9
-
-
-
19,1
0,6 -
-
-
-
50,8
-
-
150,2 150,2 -
- - -
-
0,5
1,0
151,7
202,5
- - -
- - - - -
-- -
-
- - -- -
- - - - - - - - -
-
- - - - - - -
-
-
-
- - -
- - - - . _ -
Agr. inuus!.
1,5
l8,5
6,7
189,4
et d 'C:J\\port.2
154,8
l,9
0,7
68,5
227,9
0,6
0,4 10,1 -
25,9
-
-
-
-
-
-
6,7 -
- - - -
4,8 177,9
227,9
- - -
- - - - - - - - -
-
- - - - -
- - - - -- - - -
- - - - - -
-
-
-
-
- - -
-
- - . _ -
Prad.de le'~
transfo des
"',
ressources
'-Û
primaires 3
23,7
0,1 -
-
2l,8
-
-
-
-
-
6,0 -
1,6
-
-
7,6 -
-
-
-
-
- - - -
- 16,2
16,1
2l,8
Ü'-
- - -
--
_.
- - - - -
-
-
-- -
-
- - - - - - -
-
- - -- -
-
-
- - -
-
- - - - - -
l'md. mi.
niers el mi-
nérau)';
4
1,5
-
-
-
1,5
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
1,5
1,5
1,5
- - - - - - - - - -
- - - - -
-
-
-
- - -- -
- - - - - - - - -
-
-
-
- - -
-
-
- - -- - -- - - ._-
ProtJ.
des
imJ. alim. 5
Ill,9
32,5
9,3
23,1
178,8
1,6
2,9 -
-
Il,6
2,4 -
-
-
-
18,5 2,0 -
114,4 116,4 -
-
-
-
-
·0,6 44,5
160,3
178,8
.
' - - - - -
- - ~- - - - - -
-
- - - - -
- -
- -
- - - - -
- - - - - -
-
-
- - -- - -- - - ._-
Prod.dl':...~ ind.
non alim. 6
16l,0 177,5 48,1
88,9
477,5
2,6
1',7
1,9 0,2
Il,7
84,2
4,6
59,3
J8,2
Il,3
208,7 24,2 2,5
Il4,0 160,7 Il,2 59,8 1,0 -
72,0 1,3
l',8
268,8
477,5
.
- - -
- - - - - - - - -
-
- - - - -
- - -1- -- -- - - -- -- - - - - -- - -- -- .--
Energie el
cau
7
72,1
35,l
1,0
12,4
120,8
0,5
4,9
1,3 0,2
3,2
3,9 35,8
3,9 2l,7
l,3
80,7
9,5'0,4
14,6 24,5
0,6
15,0
40,1
120,8
--~--
- - - - -
- - - - - - -- -
-
- - - - -
- - - - - - - - -
-
-
- -- -- -
-
-
- - - - -
- - . _ -
D.T.P.
8
140,9
-
-
-
140,9
-
0,3 -
-
0,4
0,3
0,1
10,8
2,5
1,3 ~ 5,8 0,2
0,1
6,1 66,7 l4,6 1,1 16,1 119,1 ~
-
125,2
140,9
-
-
1----
Services
9
198,8 34,1
232,9
0,9
16,1
l,5 0,1
5,7
8,7
1,4
10,4
26,9
l8,3
112,0 22,9 l,5
61,7
88,1
lU
120,9
2l2,9
'5;2~
TOTAL
1022,2 lOl,1 60,.1 220,9 1 606,6 l7,1
39,l 16,8 0,5
77,8 107,6 41,9
86,0 71,l
54,2
5l2,5 64,4 6,6
481,7
77,9 94,.1 2,1 15,1 191,1 9,6 320.7 1074,1 1606,6
- - -
-
- - - - -
- - - - - -
Talai \\':\\leur ajoutée:
116,4 115,5
6,9 1,0 36,1
55,4 lO,2
54,9 127,5 227,1
771,0
- - -
-
- - - - -
- - - - - - - -
Total prOl.Juclion
153,5 15'1,8 23,7 1,5 113,9 16l,0 72,1 140,9 198,8 281,3 1 303,5
~ ~\\hNV\\;'Ù' 1JL.,'I'M'r!YvJ. ck, )d<MA'
~Q~.
P~WJ> ~~~ AGJH ~ ~Cj'fù .

- 297 -
Annexe nO 7
RELATION SECTEUR TERTIAIRE /
SECTEUR PRU'AIRE
(
, )
(
:
X
Y
Y!-
l-
X y )
i---------~---------~---------:---------~---------~---
------~---------j
(
)
i
0,19
0,37
+ 0,05
+ 0,18
25
324
90
j
i
0,07
0,14
0,07
- 0,05
49
25
35
l
i 0,05
0,11
- 0,09
- 0,08 ..
81
64
72
j
i 0,05
0,13
-
0,09
- 0,06
81
36
54
j
~
0,05
:
0,10
: - 0,09
- 0,09
:
81
81
8 1 )
( 0 , 2 7
0,18
+ 0,13
.. - 0,01
169
1
1 3 )
(
6 4 ) )
( 0 , 2 2
0,29
+ 0,08
+ 0,10
100
80
(
)
i 0,24
0,18
+ 0,10
- 0,01
100
1
1 0 )
~
)j
(
1 , 14
1 ,50
650
632
390
-x 0,14
=
-Y = 0,19
r = 0,61
yi = taux de croissance du tertiaire
xi = taux de croissance du primaire
X = x - X
-
Y = y
y

.- 298 -
Annexe nO 7 suite et fin
RELATION SECTEUR TERTIAIRE / SECT=UR SECONDAIRE
1
~
x
:
y
:
X
:
Y
:
i?-
:
1-
:
Xy

~---~~----~---~~----~--:-~~---~--:-:~---~-:-~~~---~--~:----~---~~:---~
~ 11
14
11
5
121
25
55
l"
~
29
11
+
7
8
49
64
- 56
j"
( 1 8
13
4
6
16
36
+ 24
j.
~ 6
10
- 1 6 :
9
256
81
1 4 4 ) .
)
10
18
- 12
1
144
1
1 2 ) .
(
)
( 3 0
29
+
8
+ 10
64
100
8 0 ) .
(
:
)
i 14
18
8
1
64
1
8
j
(
)
i 173
150
1 803
632
861
j
-x = 22
r = 0,81
xi = secondaire
yi = tertiaire

- 299 -
Annexe nO 8
RELATION "TR.l\\NSPORTS" /
SECT 2UR PRL';A 1RE
(
-
-
Y!
l-
i x
:
l.
y
:
x -
x
: y - y :
:
:
XY
(---------:---------:---------:---------:---------:---------:---------)
(
)
( 1 9
28
5
8
25
64
4 0 )
«
) .
7
1 7
7
3
49
9
2 1 )
1:
::'. _: ":
::
'0:
':
1
(
)
( 5
13
- 9
7
81
14
63
~
~~:
:~
1~
25:·~: l
1:
1::
~ 24. 15
10
- 5
100
25
- 50
~
~
l
,114
159
650
470
314
li '= 14
y:'; 20
r = 0,69
x = primaire
y = transports

.
-
300 -
Annexe nO 8 suite
REOLA TION "TR<\\NSPORTS" /
SECTEUR SECOHDp. IRE
(
.
.
.
.
.
.
)
(
x
;
y
;
x -
X
; y - y
;
.;.
;
;.
;
Xy
)
(
:
:
:
:
:
:
)
(---------:---------:---------:---------:---------:---------:---------)
( .
)
( 5 5
28
33
8
1 089
64
264
~
(~11
17
11
-
3
121
9
3 3 )
.
))
2 9
1 1 ; ) : +
7
-
10
49
100
-
70
(
)
( 1 8
19
4
-
1
16
1
4 )
(
))
( 6
13
16
7
256
14
112
(
)
( 1 0
21
-
12
1
144
1
-
12
)
(
)
(
30
.
36
: +
8
16
64
256
1 2 8 )
~ 14
15
8
S
6 4 : ·
9S
40
l
(
.l
~
173
159
.
1 803
470
499
~
-x
14
=
-
20
Y =
r = 0,54
x = secondaire
y = transports

Annexe nOS suite et fin
REU TION "TP,;NSPORTS" /
ENSE1.\\BLE PP.IliA IRE ET SECONDA IRE
(
.
.
.
.
.
.
)
(
x
;
y
; x-x; y - y ;
Y!-
;
;.
;
Y:i
)
~---------~---------~---------~---------~---------~---------~---------~
(
74

28

38
.
S ·
1 4 4 4 '
6 4 '
304
1
~ 18
17
-
18
-
3
324
9
54
1
!~ 34 : 10 • - 2 : - 10 4: 100 20)1
23
19
-
13
1
1 6 9 . · 1
13
11
13
- 25
7
625
14
175
~ 37
2 1 :
+
1
1
1
1
1
~
(
)
( 5 2
36
16
16
256
256
2 5 6 )
~
l
38
15
2
-
5
4
25
10
~ 287
159
2 827
470
813
~
r = 0,70
x =
biens
y =
trê.nsports

-
302 -
Annexe nO 9
REU,TION "SERVICES" /
SECTEUR PRL'AIRE
~
:
::
~
:
:
!
l x: y : x- x ~ y - If ~ .;- ~ Y2 ~ Xy
---------:---------:---------~---------:---------:---------:---------
z
z
:
:
:
:
~
19
~
50
:
5
:
28
:
25
:
784
:
240
~
7
28
1
-
7
:
6
49
1
36
-
42
)
:
·•
·
)
5
1
26
1
- 9
·
·
4

31
16
- 36
·

·
·
·
)
:
·:
5
:
15
- 9
:
-
7
81
49
63
:
·
:
:
·
:
·
5
·•
13
- 9
- 9
81
81
81
:
:
27
16
:
13
- 6
169
36
-
78
:
:
)
·•
22
16
8
- 6
64
:
36
-
48
·
·•
·
:
:
:
:
·
·•
24
15
10
- 7
100
49
-
70
·•
:
··
·•

:
~ 144
·: 179
:
650
1
:
087
110
·•
~-----=:_----'-----'-------'-----=-------=----)
x =
-
Y = 22
r = 0,13
x = primôire
y = services

- J03 -
Annexe nO -9 suite
RELATION "SERVICES"
/
SECTEUR SECOND.A.lRE
·

:
·

:



x

y
• x
-
;.

1-
XY
- x : y - ., :






:
:

:





:
: - - - : - - - :
- :
-:

:


:





SS


50
1
~"
.j~
26
•• 1 089
·

784
1
924
1
:
:


11

28
: - 11
6

121

36

- 66






:
:
:


29

26

7
4
·
49
·
16
28






:
1


18
·• 15
·• - 4
7

16



49
:
28


:
·



:
6


13

• - 16
9
:
2S6
:
81
:
144
·


:





10
:
16
•• - 12
6


144
:
36
·
72

·
:


·


·

30
••
16
:
8
6
·
64
·
·•
36


48
:
:
·

:
:
14
· lS
: - 8
7
·
64

49

S6
·
·


••
:



:
:
1
:
·
·
·

{
·

173
:
179
••
:
: 1 083
· 1 087
: 1 138
:

:

·
:




r '" 0,81
x '" secondaire
y = services

-
304 -
Annexe nO 10
RELA nON "COl.',:'''ERCE'' /
SECT EUR PRL..\\A IRE
·· .. .. .. l- .. 1- ..
x
:
y
: x - x
: y - y :
:
:
Xy
l

a




·
.
.
.
.
.
---------:---------:---------z---------:---------:---------:---------
·
:



·



~.
19
· 48
·
5

30

25
:
900
· 150
·
·


·
·


·


7
·
8
7

10

49
:
100

70





·
·
·
·






·
5
:
2
~
·
9
16

51

256
· 144

·



:

·



·•
·
5
:
11
9
:
7
:
61
·
49
·
63
·
·
·
:

·
:
·


5
:
8
- 9
· - 10

81
1
100
90
·

·
·
:

·
27
· 16
:
13
2

169
:
4
· - 26



1
·


:
·


22
:
34
·
8
16
:
64
'256
128

·

·•
·•
·
·•
~
24
:
17

10

1

.. 100
1




- 10
:
·
:
:
:
·
~
~
·
:
·
·
:
·
114
144

:
1
650
• 1 666
1
609



: '

·
:



~.
·

-
18
Y =
r = 0,58
x = prirc:aire
y = commerce

-
305 -
Annexe n° 9 suite et fin
RELO.TION BRAI,CHE DES "SERVICES" /
ENSEJ:.BLE DES BIENS
(primaire et secondaire)
23
15
13
7
169
:
49
91
11
13
- 25
:
- 9
625
81
:
225
37
16
1
6
1
36
: -
6
r = 0,66
x = ~ biens

306 -
Annexe na 10 SUITE
RELA nON "COMMERCE" ! SECTEUR ScCONDidRE
·




·

- •




i

,;

x

y
• x - x
• y - y
·
·•
·• xv
1

·

:





- : - - - :
: - - - :
: - - - - - : - - - -
~



·
:
:




55
48

33

30
· 1 089
· 900

990


·


~


:








11
:

• - 11

- 10
:
121

100

110



·
! ·
·


:
·



29
:
2
7
:
- 16

49

256
• - 112





·
:
:
:



18

11
• -
4
:
7

16
· ·49
·
28





:

:
:

·
6

8
• - 16

- 10
· 256
:
100
· 160




·
·•
··
·•
·
10
·•
1
· 16
• - 12

- 2
· 144
4
·
24




·
:
·
:
:
·

30
·


:
34
·
8

16

64
256
128
)



·
:



·
:

14
·

1
:
17
· - 8
:
- 1
:
64

1
·
8



:
:
:
:



~
~
·

:
:



173

144
:
:
: 1 803
: 1 666
• 1 336


:
·


:

·
~
r
= 0,77
x = second2ire

-
3û7 -
. ,
Annexe nO 10 SUITE et FIN
RELATION BRANCHE "CONN:ERCE" /
ENSEJ.,;BLE DES BIENS (PRH'AIRE ET SECONDAIRE':
·
·
1

:
:
·
·

)
xi
yi
·
-.
xi

· y-
Xy
·
x - Xl. · Y -
1

·



:

·
:
:
1


~
·
:
:
·
:-
·
·
·
·


1
1





74
· 48

38
1
30
1 444
· 900
• 1 140





~

·



·


·
18


8

• - 18

10
324

100
:
180



:

1




~
34


2
: - 2
:
16
4
·

256


32
f
·
:



·•
:
23


.11
· - 13

7
169

49

91
·




:

:



·
! 11 ·• 8 : - 10 •• - 25 625 : 100 : 250

·
·




·


37


16
:
1


2
1
:
4
:
- 2

·



)

·



52


34


16
••
16
256
:
256
· 256
·
·

:
·
:


·
~
1 38


17


2
:
1
4
·•
1


- 2
:
·
:
:

·

~
t
:
:

:



287
:
144
:
:
2 827
• 1 666

: 1 945
:
- L
:
:


!
rv
r
= 0,90
xi
= <: biens

-
308 -
Annexe nO I l
RELA T ION "AD!·.',lNIS TRA T ION" /S ECTEUR P REIA IHE
(
D .
yi
x - x
y - y
Y!-
Y2
y:y'~
• rlffi.
·
.
.
.
.
.
)
·
.
.
.
.
.
---------:---------:---------:---------:---------:---------:---------)
·
.
. .
.
.
' ~
19
:
24
5
8 :
25
64
40
:
:
7
13
- 7
3
49
9
21
l
5
20
- 9
4
81
16
- 36
·
l
5
·
7
- 9
:
- 9
81
81
81
.
.
5
6
- 9
10
:
81
100
90
·
j
:
.
27
19
13
3
.
169
9
39
l
i 22
:
19
:
8
:
3
6 4 :
9 :
2 4
~
~__2_4_ ____::_-2-3-____::_-1-0-____:::_--7-_:_--1-0-0..,...--'-:__4_9_--,-:__7_0__l
t 144
:
131
:
650
337
329
~
(
:
:
)
- N
Y = 16
r
= 0,70

- 309 -
Annexe nO Il SUITE
REUI T ION "AD.'UN 15TRA T lOI"" /S ECTEUR SECONDA IRE
:
:
:

Second.
:
yi
••
x
-

- x
y - y •
i-
•••
i'
Xy
1




:
.
:
:
:
: -
1




·•
55
:
24
:
33
8
• 1 089
· 64
264

·
·
·
:
·
:


·
11

13
• - 11
- 3
:
121

9
:
33





:

1





29
1
20
:
7
1
4
:
49

16
:
28


:
:


:



..
18
1
7
4
· - 9 •
16
:
81

36



i

:



6

6
16

10
:
256
100

160


,


:
:
:
10

19
12
1
3
1
144
9
·
36




:
:


30
:
19
8

3

64
9

24


,
1



:
:

14
t
13
:
- 8

7

64

49
· - 56




:
:
:

:

:
:
·

·
:
1

:
173
:
131

:
• 1 803

337
1
453




.:

:
:


:
r = 0,58

-
310 -
Annexe nO 11 SUITE et FIN
REU.TION "ADIAIIHSTRA TION" /ENSE!.\\BLE DES BIENS
CFRH'AIRE
'::"- Biens
(ET SECONDA IHE)
••
·





·


- •

xi

li - li

Y

x2

yi

- Y


xy
:


:


:
- :
- :

1

:
·•
·•
z
74

24
:
38

8
: 1 444
64
304


·
,.

z
·


18
:
13

- 18
·
- 3
·
324
9
. 54





:




34

20

- 2
:
4
:
4
16
- 8



:
:


·
23
:
7
·• - 13
••
9


169
81
117
·
:





11
••
6
·

- 25
·

10
·•
62.5
100
250
·
·


·
·
,

37
••
19
:
1
3
:
1
9
·
3


:



(
52
:
19
16
3
255
9
·
48

(




! 38 •• 13 2
7
4

49

14


:
:


·
·




287
••
131
2 827

337


7ff2.


:



r
= 0,80

Annexe n° 12
PRODUCTIVITE DU TRAVAIL PAR SECTEURS D'ACTIVITES DANS LES SECTEURS
TRADITIONNEL ET MODERNE
~
:
1965
:
1970
~
:---------------------------------------:---------------------------------------)
Secteur tradi-
:
Secteur moderne
:
Secteur tradi-
:
Secteur moderne
)
:
t i o n n e l :
:
t i o n n e l :
)
1
Secteurs
~--Ëff~~=-~-VA-ï96S7~--Ëff~~=-~-VA-ï96S-:-Ëff~~=--~-VA-ï970-~-Ëff~~=--~-VA-ï970-(
f
: tifs
:en francs:
tifs
:en francs:
tifs
:en francs:
tifs
:en francs)
~---~---------------:-~~~:~~~::-_:~~~---~-~~::~~~::--:~~~---:-~~::~~~::-_:~~~---:-~~::~~~::-_:~~~---~
·
.
.
.
.
.
.
.
.
~
.
Secteur primaire.
:1 576 100:
78 758
:
.46 800:
15 009 :1 741 460:
93 360 :.
55 640:
23 978
)
? Secteur secondaire:
89 380~
12 '140
~ 53 610: 26 242: 130 520~ 17 877 ~ 82 800: 49 939 ~
(
. . . . . . . . )
( Secteur tertiaire.;
37820;
18868;
88 700;
82 163;
53460;
29929;
114 660;
119 392
~
~· 300~.
~. 110~.
~
.
440~.
.
.
~
TOTAL. . . • . . . 1 703
109 766
189
123 414
1 925
141 166 : 253 100 : 193 309
1
)
·
.
.
.
.
.
.
.
S o u r c e
SETEF,
Image de base 1970, Emploi,
Education,
Formation, Volume n O l
Emploi, avril 1973,
pages 136 et 138

Annexe nO 13
TAUX DE CROISSANCE DES 8ëPLOIS SALARIES PAR NIVEAU DE
QUALIFICATION ET SECTEUR D'ACTIVITE ECONOMIQUE
(
~
Secteurs
:
Années
:
::~~=:
_
~-----------------------------:-------------------;--~~~~~~=~::_-~---~~~=~:_----
·
.
.
)
·
.
.
( Secteur primaire •......••.• :
Effectifs 1965:
N.D.
:
N.D.
~
(
:
Effectifs 1971:
531
:
611
)
( Secteur secondaire •.•••..•• ~
Effectif 1965
:
763
:
2

)
~
:
Effectif 1971
:
1 859
:
2 297
)
(Accroissement annuel moyen):
:
w
16 1 0 :
1,5 % )
·
.
.
)
·
.
.
1;:;
( Secteur tertiaire •.....•.•• :
Ef{ectif 1965
:
2
190
:
1274
)
(
:
Eff e ct if 1971
:
3 919
:
2
748
)
( (Accroissement annuel moyen):
:
10,2 %:
13,610)
(
.
.
.
)
·
.
.
( Secteurs secondaire· et *
:
Effectif 1965
:
2
953
:
3 376
)
(
:
Effectif 1971
:
5 773
:
5 045
)
~ (Accroissement annuel moyen):
:
11,3 % :
6,9 % )
·
.
.
)
·
.
.
(
.
.
.
)
·
.
.
* tertiaire

Annexe nO 13 suite et fin
(
.
.
.
)
)
Anné es
~
::~.::~~~.:_=~_~~~=:==.:
~ Manoeuvre ~
TOTA L
))
(
.
. .
.
;
Qualifiés
;Spécialisés:
. . :
)
(-------------------:--------------:--------------:--------------:--------------))
(
.
.
.
.
( Effectifs 1965 (1):
N.D.
:
N.D.
:
N.D.
:
N.D.
)
( Effectifs 1971 (1):
2
820
:
4 804
:
24 300
:
33 066
)
Effectifs 1965 (2):
6 959
:
12 229
:
17 557
~
39 610
~
Effectifs 1971 (2):
9 680
:
19 086
:
21 765
:
54 687
~
1
(3)
:
5,670:
7,7%:
3,6%:
5,5%)
(
.
.
.
.
)
W
( Effecti.fs 1965 (4):
5 796
:
13 326
:
11 979
:
34 570
)l
1---'
~
W
Effectifs 1971 (4):
11 588
:
16 157
0:
9 816
:
44 109
(3)

12 , 1 % •
3,3 % •
- 3,2 % •
4,2 %
.
.
.
.
.
( Effectifs 1965 (5):
12 755
:
25 555
:
29 536
:
74 180
)
( Effectifs 1971 (5):
21 268
:
35 203
:
31 581
:
98 796
)
1
(3)
:
8,9%:
5,5%:
1,1%~
4,9%~
(1) Secteur primaire;
(2) Secteur secondaire.
(3) Accroissement annuel moyen
(4) Secteur tertiaire;
(5) Secteurs secondaire
et tertiaire.
N.D.
: Non disponible
S o u r c e s
.Evolution des structures de l'emploi en Côte d'Ivoire
1965-1971, Secrétariat d'Etat aux Affaires Etrangères,
Paris,
janvier 1974 p. 24
.Secteur privé et para-privé, Ministère de l'Enseignement
technique, Abidjan

Annexe nO 14
STHUCTURE DE QUALIFICATlON PAIl BRi\\NCHE DANS LE SECTEUR TERTIAIRE
. . ,
(
)
·
.
.
·
~. ~i~~c- :------------------~~·~~~:~=::~~~:-----------------I:
Branches
: Années
.
.
..
.
.
.
..
1
:
:
:
CS
:
CM'
:
EOO
:
EONQ
:
Ma n •
.
(-------------------~---------~---------~------~--~---------~---------~---------~---------)~
(
. . . . . . . )
( Tra n s port s e t :
: ' :
:
:
:
:
) .
( auxiliaires ...••• :
1965
:
15 083:
3 7 7 :
5 7 3 :
2
383
:
5 263
:
6 487
)
~
:
1971
:
16 981:
8 4 9 :
8 4 9 :
4 211
:
6 792
:
4 280
r
·
.
.
.
.
.
.
)
L..>
.
f--'
Services
;
1965
;
9 004;
8 6 4 ;
3 0 6 ;
1 288
;
3 800
;
2 746
)
.p..
i
: 1971
~
13 907:
1 544
:
1 238
:
3 365
:
4 575
:
3 185
~
} Commerce
:
1965
':
10 483:
9 4 3 :
3 9 9 :
2
128
:
4277
:
2
736
)
(
~
1971
~
13 221:
1 534
~
6 6 1 :
3 940
:
4 759
:
~32_7_l
(
. . . . . . . ).
·
.
.
.
.
.
.
( Secteur tertiaire:
1965
:
34 570:
2
190
:
1 279
:
5 796
: 13326
: 11 979
)
(
:
1971
:
44 109:
3 919
:
2
748
: 11 508
; 16 117
:
9 816
)
(
. . . . . . . )
·
.
.
.
.
.
.
.
Sou r c e
Evolution des structures de l'emploi en Côte d'Ivoire 1965-1971,
Secrétariat d'Etat aux Affaires Etrangères, Paris, janvier 1974
N.B.
Il manque~ ce tableau les branches: "location et gestion de b5timent U
et "l'administration u •

,
,,1
-
,1
~
1
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o
o
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T
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j
~~~

-----~~---~-~~-~----~ ~-~
.r-
0'
"'
r
"'
j-

Annexe nO 17
GILA~I A'W/.L:NTAIRE CEREALES ET FECULENTS (l 000 TONrH:S)
~
~-----------_:~=:_------------~
~
:
Milieu
~ Milieu ~ TOTAL )
(
:--_:~:::_~--~:~:~~-:---------j
1 Consommation de c~r~ales: :
:
:
j
(
Riz. • • . . . . . . • . • . • • . . • • . . :
1 4 4 :
158
:
302
)
(
," a l s. . • • • • . . . . • • • • • . • • . . :
1 7 0 :
30
:
200
)
(
Farine
:
1 7 :
67
:
8 i l
)
(
Autres
:
3 4 :
8 :
42
)
W
TOTAL CEHEALES
:
3 6 5 :
263
:
628
)
·
.
.
t--
)
·
.
.
--J
{ Consommation de f~culents : :
:
:
)
(
. . . )
(
Igname ••.••. •••...••••••
;
8 5 5 ;
225
;
1 080
)
(
Hanioc •.••••.•.•.••.••••
:
5 2 0 :
225
:
650
)
(
Banane
:
5 5 0 :
150
:
700
)
(
Autres
:
1 4 5 :
30
:
175
)
TOTA L FECULENTS.........
:
2
070
:
535
: 2
60S
)
1
·
.
.
)
·
.
.
(
. . . )
(
TOTA L GLUCIDES
;
2
435
;
798
;
3 233
)
(
. . . )
·-
.
.
- -

Annexe nO 17 SUITE et FIN
1
:--";;;;;-;--~;;~;;C;---;O;;'-:--M;;;;;-;--M;~;~~-;---;0;;,-\\
(
:
rural:
urbain;
:
rural:
urbain:
).
(
:---------;---------:---------:---------:---------:---------)
( Consommation de céréales:
:
:
:
;
:
:
)
(
.
.
.
.
.
.
.
.
.
. .. )
(
Riz
:
160
:
245
:
405
:
175
:
3:)5
:
530
)
(
;!aïs
:
185
:
45
:
230
:
205
:
60
: 2 6 5
)
(
Fa ri ne. . . .. . .. . . . • .. . . . . :
2 5
:
100
:
12 5
:
35
:
140
:
17 5
)
(
·Autres
:
35
:
---.!.Q
:
~
:
~
:
.....1d.
:
50
).
}
TOTAL ~EREALES
:
405
:
400
:
BOS
:
453
~
567
: 1 020
)
W
f-'
( Consommatlon de féculents :
:
:
:
;
;
;
~
CP
1
Igname
:
910
:
340
: 1250
:
995
:
475
:
1 470
~
(
).,Ianioc
:
550
:
200
:
750
:
610
:
280
:
890
)
(
Banane • • . . . . . . . . . . . . . . • •
;
590
:
220
:
810
:
640
:
315
:
955
1"
(
Autres
:
1:-:>5
;
45
:
200
:
170
:
65
:
235
"
~
TOTAL FECULHITS
~ 2 205
.:
B05
: 3 010
: 2
415
:
1 135
~ 3 550
.
(
. . . . . . )
(
TOTAL GLUCIDES
; 2
610
;
l 205
; 3 B15
; 2 868
; 1 702
;
4 570
)
(
. . . . . . ).
.
.
.
.
.
.
Sou r c e
Plan quinquennal de développement économique,
social et culturel 1976-
1980, Volume II p. 260, Ministère du Plan, Abidjan.

Annexe nO
18
STHUCTUFΠDA LA POPULA nON ACTIVE DANS QUELQUES VILLES DE
LA COTE D' IVOIRE
B r a n c h e s :
:
:
)
Localite
activités:
Population
:
Population
:
Secteur
)
1(date de recense-
t)
:
t o t a l e :
active %:
primaire
)
(
men
-----------------------------.--------------:--------------:-------------- 1
. . .
(
.
.
.
( 1 BOBO.............. 1 9 6 8 :
1 600
: .
21,44
:
66,S
)
( 2 Dabakala
1 9 6 9 :
1 996
:
25,40 (F):
35,1
)
( 3 Tonlepleu
1965
:
2 992
:
19,59
:
37,71
)
( 4 S~~a~sou
1 9 6 7 :
3 000
:
22,50 (~):
41,6
)
(5 Tleblssou
1 9 6 7 :
4000
:
23,92
(F):
34,3
)
( 6 Toumodi
1 9 6 3 :
5 732
:
22,00
:
25,9
)
( 7 Béollmi
1 9 6 7 :
6 500
:
21,81 (F):
39,0
.)
~
1-'
( 8 ;,\\'Bahaiakro
1 9 6 8 :
B 000
:
25,34 (F):
49,9
)

( 9 Odienné
1 9 6 6 :
B 000
:
26,00
:
55,2
)
(la Ferkéssédougou
1968
:
Il 000
:
18,89 (F):
40,4
)
(11 Anyama
1965
:
11 240
:
29,2
:
23,0
)
(12 Da bou. . . .. . . • . .
1966
:
11 245
:
33,9
:
12,5
)
(13 Katiola
1967
:
12 500
:
2:,23 (F):
58,8
)
(14 Agbovll1e
1968
:
lB 335
:
22,05
:
21,08
)
(15 Korhogo
1963
:
20 879
:
26,36
:
17,48
)
~16 Bouaké
1 9 6 9 :
99 371
:
29,54 (F):
9,35
1
(F) Population active féminine comprise

Annexe n° 16 suite et fin
~L l't'
BranChte~ 't' : Secteur
:
Secteur
:
Secteur
:
Secteur
l
( oca l e
ac lVl es
d .
t
t'
.
t
t'
,
t ·
i
:
secon a l r e :
er l a l r e :
er l a l r e :
ertla re
l
i~~:~=-:=:=~~=~=~~~-----------~--------------~--------
.
·
.
.
------:--~--~~~==:---~-----~:=~:----l'
.
.
.
l
.
1 Bobo • . . . . . . . . . . . . . 1 9 6 8 :
14
:
19,5
: ' ,
Il,66
:
7,8
'
2 Dabakala
1 9 6 9 :
23,1
:
41,8
:
17,7
:
24,1
'
( 3 Tonlepleu
1 9 6 5 :
12,29
:
46,25
:
18,43
:
27,82
)
( 4 Sakassou
1 9 6 7 :
18,7
:
39,7
:
15,26
:
24,4
)'
( 5 Tiébissou . . . . . . . . • 1 9 6 7 :
14,2
:
51,5
:
17,14
:
34,38
)
( 6 Toumod i .. .. .. . .... 1 9 6 3 :
21 ,6
:
48,9
:
12 ,5
:
36,4
) ,
( 7 Béoumi • . . . . . . . . . . . 1 9 6 7 :
15,4
:
55,6
:
27,14
:
34,38
)
( 8 M'Bahi~kro
1968
: 1 3 , 6
:
36,5
:
10,5
:
25,70
)
rd
( 9 Odlenne
1 9 6 6 :
23,4
:
19,4
:
10
:
9,4
)
o
(10 Ferdéssédougou
1 9 6 8 :
20,2
:
39,4
:
18,66
:
20,55
)
1
(11 Anyama
1 9 6 5 :
9,3
:
62 ,5
:
9,1
:
53,4
)
(12 Dabou
1 9 6 6 :
25,63
:
61,83
:
9,26
:
52,6
)
~13 Katiola
1 9 6 7 :
16,6
:
24,6
:
13,6
:
10,98
)
(14 Agboville
1 9 6 8 :
19,38
:
59,4
:
48,84
:
10,70
)
(15 Korhogo
1 9 6 3 :
45,68
:
34,34
:
23,06
:
Il,28
)
16 Bouaké .•........•• 1 9 6 9 :
25
:
57,18
:
Il,3
:
45,8
)
1
·
.
.
.
)
·
.
.
.
Sou r c e
A. Cotten, Les villes de C6te d'Ivoire,
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-
321 -
B I B L I O G R A P H I E
========~======~=========
A -
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....
- l - '
. '
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-
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1
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~\\inistère du Plan, Plan quinquennal de développement écono-
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i
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B -
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Paris 1975.
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Paris 1964.
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- 325 -
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C -
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- 32 7 -
T A BLE
DES
,\\iATIERES
====~==============================
AVANT -t'ROPOS
Pages
DE U. c()TE D'IVOE,,,........................
l
INT?GDUCT ICi';. . . . . • . . . . • . . . . . • . • . . . . . . • . . • • • • • . . . . . . . . • • • . .
7
PREI.'IERE PART lE
LES ACTIVITES DE SERVICE ET LE
DEVELOP?Eiof,ENT ECONor"IQUE ..•••••••.••••.•
10
Chapitre l
L'ECONOMIE DES'SERVICES ET Ltl. THEORIE
DES TROIS SECTëURS ••••••••.••.••.•..•••••...•
11
Section l
Les conceptions économiques des services
avant la formulation moderne de la théorie
des trois s e c t e u r s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
11
A - Attitude à l'égard des services pendant la
période précapitaliste.......................
12
1° Les services dans la pensée grecque.......
12
Platon. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12
A r i s t o t e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
14

Les services dans la Rome antique.........
16
3° Le ;'.!oyen-Age............... . . . . . . . . . . . . . . •
17
B - Naissance, développement du capitalisme et
la nouvelle économie des services............
19
1° Rôle moteur des services sinon du
commerce du 15è aU 18è siècle~............
19
a)
Réhabilitation des services chez
Antoine de :onchrestien................
19

-
328 -
Pages
b) Rôle du commerce et de la navigation
chez ~illiam ?etty.....................
21

Les services dans la doctrine liberale....
23
a) Non productivité des services chez
les physiocrates.......................
23
80isQuilbert et Cantillon contre le
23
merc2ntilis"'e
.
Improductivité de l'industrie et
des services chez Quesnay............
25
b) La diversité des positions des écono-
mistes de l'école classique............
27
Adam Smith défenseur de la thèse
de la non productivité des services..
28
Robert M21thus dans la lignée de
S m i t h . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
30
La conception de J. B. Say...........
32
3° Les services dans 12 pensée Marxiste......
34
a) L'analysede " a r x . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
34
b) Position de quelques néo-marxistes.....
37
Section I l . Les services et la théorie des trois secteurs
38
A - Formulation de la théorie contemporaine des
trois s e c t e u r s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
38
1° Le contexte de sa naissance...............
38
2° Les penseurs modernes de la théorie des
trois s e c t e u r s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
40
a) Contenu général de la théorie..........
40
b) L'apport des trois économistes fonda-
teurs de la théorie....................
41
Allan G-3.
Fisher fondateur du
concept de secteur tertiaire.........
41

- 329 -
Pages
Colin Clark, propagateur de la
théorie des trois secteurs...........
44
L'économie des services chez
Jean fourastié.......................
47
30 Controverses récentes sur la théorie
des trois secteurs........................
49
a) Les ccntestataires de la théorie
des trois secteurs.....................
50
b) Le courant de la division en trois
secteurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
53
c) Le courant de la valeur limitée de
la théorie des tr~is secteurs..........
5~
d) Les partisans sans réserve de la
théorie des trois secteurs.............
57
Conclusion.....................................................................................
59
Chapitre '2
LES THEORIES EXPLICATIVES DE LA C."cOISSANCE
DES SiORVICES • . • • . . • • . . • . • • . . . . . • . • • . . . . • • . . . .
64
Section l
Les théories économiques de la croissance
du tertiaire
.
64
A - La thèse de la pression de la demande .. ;.....
64
10 Effet de la demande finale sur la
croissance du tertiaire...................
65
a) Les mécanismes.........................
65
b) Vérification empirique.................
66
2 0
L'effet de la demande intermédiaire.......
77
a) Le besoin des entreprises en services..
77
b) Le poids de la demande intermédiaire...
79

- 3.:30 -
Pages
B - Thèse de la lenteur des gains de produc-
tivité dans les services.....................
85
la ~!esure des gains de productivité dans
les services..............................
86
2 0
La sous-productivité du tertiaire dans
la pratique...............................
88
Section II
Les causes extra-économiques de la crOiSS2!lCe
du tertiaire.................................
93
A - Pression démographique et l'urbanisation,
moteurs de la croissance du tertiaire........
94
la Le Cas des pays développés................
94
2 0 Démographie et urbanisation dans les pays
sous-développés...........................
95
B - Facteurs socio-culturels du développement
des services.................................
101
la L'attrait sociologique des services
102
2 0
Le facteur éducatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . •
103
Conc l usion. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
109
DEUXIE.!E PARTIE .. PLACE ET ROLE DES SERVICES OP-,"IS
L' ECONO\\\\IE DE U, COTE D'IVOIRE,.........
Hl
Chapitre 3
EVOLUTION SECTORIELLE CE LA PRODUCTION
HITDIEURE BRUTE ET LE POIDS DES SE'WICES....
112
Section l
Evolution sectorielle de la P. 1. B. •........
113
A - Les grandes tendances
113
la Remarques sur les statistiques............
113
2 0 Structure de la production intêrieure
brute. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
114

-
331 -
Pages
8 - Caractéristiques des secteurs de produc-
tion des b i e n s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
120
la Le dévelo~~ement agricole depuis 1060 . . . . .
120
2 0
La production industrielle
122
Section Il
Contribution du secteur tertiaire 2 la P.I.B.
122
A -
Poids du secteur des services
L28
1° QUalité des données statistiques..........
128
2° Structure de la P.I.B .
. . . . . . . . . . . . . . . . . • •
130
a)
Les transports et communications.......
130
b) Le commerce............................
134
c) Les s e r v i c e s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
134
d) L'administration............
135
3° La oroduction des activités archaïques
dans le secteur des services
13ô
a) Nature des activités archaïques.~.....•
13ô
b) Poids de la production des activités
archaïques d~ns les services
139
8 - Relation entre croiSsance des services
et celle des b i e n s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
145
Conclusion
, . . . .. . . . . . . . .
150
Chapitre 4
L'E:"PLOI ET LE SECTEUR DES SE:R.VICES..........
152
Section I
Evolution de l'emploi et structure
des
s e r v i c e s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
152
A - Physionomie globale de l'emploi en
Côte d ' I v o i r e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
153

- 332 -
Pages
la Population et emploi
153
2 0
Croissance économique et croissance de
l'emploi. . . . . . . . . .. . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . .
161
B - La répartition sectorielle de la main-
d'oeuvre et le poids du secteur des services.
165
la
Les grandes tendances
166
2 0
Evolution comparée des productivités
172
3 0
Structure de l'emploi dans le tertiaire ...
175
a) Evolution des qualifications par grands
secteurs
175
b) Les qualifications à l'intérieur des
s e r v i c e s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
176
c) L'ivoirisation
161
Section II
Causes de la' prolifération des e~plois
tertiaires et du secteur archaïque urbain ....
184
A - L'agriculture en Côte d'Ivoire, urbanisation
et tertiairisation
: . . . . . . . . . . • •
185
la L'agriculture vivrière
185
2 0
Les cultures d'exportation et inégalités
de répartition des revenus................
188
3 e
Le système de culture
190
B -
Rôle de l'industrie dans l'hypertrophie du
t e r t i a i r e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
193
la
Industrie et volume de l'emploi
193
2 0
Facteur explicatif de la faible partici-
pation de l'industrie à l'emploi
195
c - '.\\odèle culturel,scolarisation et
tertiai.risation..............................
199
la Evolution des effectifs scolaires et
universitaires • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
199
.Conc.lusion
0 . 0
0 . 0
• •
o
o .
2. rJS.

_ 333 -
Pages
Chapitre 5
L'AMEtIAG::M6'lT SPATIAL DèS ACTIVITES
TE?cTIAIRES EN COTE D'IVOIRE..................
207
Section 1
?rocessus de mise en p12ce du tertiaire
avant l ' inùépendance (1960)..................
208
A
S ' t
t '
' 1
, .
d
.
l
.
l
-
l
ua lcn a
a perlD e prl2co_on2.a e
.
B -
Formation et am~nagement du tertiaire ~
l'époque coloniale
211
Section Il
Evolution spatiale des services après
l'indépendance politique
216
A -
Répartition spatiale de la production des
services
217
B -
Répartition spatiale des équipements des
services. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
222
1° Equipement administratif et relation
222
ville-campagne . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . .
2° Les activités commerciales dans les
villes de Côte d'Ivoire
225
3
230
° Les transports et communications
.
a) Les transports routiers................
231
b) Le transport m2ritime..................
234
c) Le trafic aérien
234
d)
Le chemin de fer
235
e) Les télécommunications
236
4° Les autres services
237
a)
L'information
237
b) Les loisirs
; . . . . . . . . . . . . . .
238
c) La fonction d'accueil
239

· - 334 -
Pages
C - Urbanisation et fonction urbaine en
Côte d'Ivoire
241
1° Particularit~ de l'urbanisation
ivoirienne
241
2° la fonction principale des villes
ivoiriennes...............................
246
C o n c l u s i o n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
251
Chapitre 6
RülE DU SECTEUR TERTIAIRE ET PRESPECTIVE
D'AVENIR.....................................
253
Section l
Rôle du tertiaire dans l'~conomie ivoirienne.
253
A - Rôle de pr~lèvement et de domination
~conomique...................................254
1° la fonction de domination.................
254
2° Rôle de prélèvement
258
B -
la fonction dy tertiaire primitif dans
l'économie ivoirienne . . . . .· . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
263
C -
la fonction de structuration de l'espace . . . . .
266
Section Il
Perspectives d'avenir.~
267
A - Résolution des problèmes agraires et le
plan 1976-1980 . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . .
267
1° l'évolution de la politique
agrico19
~
267
2° les mesures envisag~es.................... 269
B- la politique industrielle et la création
d'emplois
273
1° la politique de développement industriel .•
273

-
335 -
Pages
2° Incidences probables de la nouvelle
stratégie
Ai'.r.~."
.
274
\\ç.\\C
1 ter~
277
C - L'éducation .. '('i~~-'~\\"""""""
·
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·
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279
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ANNEXES •.••.•••.••••• ',' ••.••••••••••••••••••.•••••••••••
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BIBLIOGRAf'HIE •••••••••••..••••••••••••••••.•.•••.••••••••
321
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