~....",....1'-~',~:.~_.~"•."_,...._ ~_._
..
,
ECOLE
DES
HAUTES
ETUDES
EN
SCIENCES
SOCIALES
"
L"ESCLAVAGE
;}.
DANS
LES
S O C I E T E S ·
LIGNAGERES
D ' A F R I Q U E
N O I R E .
EXEHPLE
DE
LA
COTE
D'IVOIRE
PRECOLONIALE
1700 -
1920
i
.~
TOME
I
t;
,
T H E
S
E
1.\\
POUR LE DOCTORAT D'ETAT ES-LETTRES ET SCIENCES .HU~AINES,
PRESENTEE ET SOUTENUE
Le
30
Juin
1988
l/
~
PAR H~rris MEMEL-FOTE,
i
,
t
1
1
<':;.C)IJS
l ~ d i l~e(::t ion de
Monsieur
M~rc AUGE
Dire~teur
d'études
~ l'E.H.E.S.S.
î,
,-----

l
\\
A deux p~ys~ns, mes parents n~turels
Madeleine Lasm Mbro Nome
Pierre Fot@ Memel

Hopo'lem
(D~bIJ), Côte d' Ivo·~i"'"r"'e~'----
Marguerite Avias,
née Lanchier
Marc
Avias
Vaison-l~-Rom~ine (V~ucluse) ,Fr~nce
Af.M.
C .
:l.r • •
ss.... ltt';j,.r
sL.:..w.J:I. r-'tp'dr
aw. ~ n'1\\,1
A mon épouse Delphine Esso Nome
A mes enf~nts
A Christophe Dailly Iroko
Directeur-Fond~teur de l'Institut de
Littér~ture et d'Esthétique
négro-~fric~ines (ILENA), décédé le 31 ~oat 1987
"PourqUo~#
Am:l.
~r.~_rn.1.
eva:l.r
1ec~4
1 _
p~g~~ _ _
1~
_G~_on
o~
~G
p~~ogu_ "__
~_Jou~~
Aux escl~ves qui,
d~ns l'existence,
ne connurent p~s une
vl~~ie vie,
et qui,
d~ns l~ mort,
n'eurent p~s une
bonne r)o\\~t
A tous les descend~nts d'escl~Yes
1
1
1
1
\\

I I
J'~dresse un hommage et mes remerciements spéciaux
A
Monsieur le Président de l~ République,
F~lix Houphouet-Boigny ;
dans son
~ttention
personnelle
et
celle
de
son
gouvernement,
pour
c~tte
recherche,
j'~i
trouvé,
au
cours de
ces
années
de
fragilité
laborieuse,
tout
l'apP'Ji nél.:ess.;}j.l~e pOIJl~ menel~ J:l bOlJt IJne entrepl~ise qW?
seule permet
la
sécurité du long terme;
j'espère que
le résultat
ne
sera
pas
trop
indigne
d'un si haut
intéd~t.
.(
0
r - t ) , .
A
1
A
.-c{v <.' c;o{'$<.. ~r?"l.-"a'~
A
Monseigne'Jr
Bernard
Vago,
cal~di~bidjan ; sa
sympathie fraternelle
pour
ma
personne,
pend~nt ces
années de
fragilité,
a été et reste pour Moi un grand
l~ê'.::onfol~t.
A
Monsieur le Ministre d'Etat
Maurice Seri Gnoleba,
Messieurs le
Ministre Lorougnon Gu~d~, Professeur J:l la
F~'.::ultê des
S,.:ien,.::es
et le Re,.:teul~ Valy Charles Tuho,
Amb~ssadel.n~ de
la Côte d' Ivoil~l:? ~u Bénélu;·: et J::I la CEE
; leur
foi
dans la valeur des sciences humaines a été
pour moi un profond encouragement.
A
Monsieur Marc Augé,
Président de l'Ecole des H~utes
Etudes en Sciences soci~les, Directeur d'études;
non seuleMnt
il
a
bien
voulu
succéder
~u regretté
Professeur Paul
Mercier
J::I
la direction de ce travail,
mais encore
il
a mis J:l ma disposition le grand savoir
qu' il possède
5Ul~
IJn
tel~l~ai n
dont il è-Sl 1\\,... .::k:-.. pl~emiel~:.
anthropologue~comparatiste3
surtout il a accepté avec
bienveillance les
aléas
de
l'entreprise
;
j'en dois
l'achèvement J:l son amicale et généreuse patience.
Au collège
d'aMis
dont
les
regards
venus
d'autres
disciplines n'ont
cessé
de m'éclairer dans les forêts
et les
savanes
de
10l
s'.: i.en,.:e
e.arthélé..y Kotchy-
Nguessan (Lettres),
Christophe
Wondji
<Histoil'e) ,
Joseph Oupoh Oupoh
<E·.::onomie) .
----'"'"-'--------------

I I I
Renlerc i enlents
à
Monsieur
l'Amb~ss~deur
de
l~
CSte d'Ivoire ~\\P~risJ
Eugène Haïdara,
et à tout le personnel de l'Ambass~deJ
pour leur sollicitude à mon égard pendant ces années ;
~ux
institutions:
- Fonds
d'Aide
et
de Coopération Franç~is <FAC)
dont
J'~i été un boursier ;
-
Universités4e C~mbridge, de Leide,
de Los-Angeles et
de New-Vo,"' k i
- ~
tous--les:.:c::.iaf.or-aatel;.l~sJ
dont je me slJis efft)l"":é d' @t\\"'e IJn
disciple écl~iré
Ab@J
Abidji,
Aburé,
Ahizi,
Akyé,
AII~di~n, B~kwé,
Bete,
Dan,
Dida,
Gban J Kw~di~, Kweni,
Kyaman,
Krobu,
Neyo,
Odjukru,
Wenmebo,
W@ ;
~u
chauffeur
de
l'lES,
Thom~s
Akissi
Odi,
compagnon de
rOlJte ;
~ux collègues
et
a.is
qui
m'ont
~ssuré de leur cordi~le
,:oopél"'ation:
Mmes Fr~ncoise
Héritier-Augé
<Collège
de
Fr~nce),
Colette Le
Cour
Grandmaison
<CNRS,
Fr~nce),
Sylvi~
Ardyn Boone
(Université
de
Yale),
Ariane
Deluz
<L~bor~toire d'Anthropologie
sociale,
Collège
de
Fr~nce), Nicole
Pellegrin
(CNRS,
Fr~nce), CI~ude­
Hélène Perrot (Université de P~ris 1)
;
HM. G.
Ni~ngoran-Bou~h
<Faculté des Lettres,
AbidJ~n), E.
Terr~v <EHESS,
Pari~), Romeyer-Dherbey (Université de
Bordeaux), Pierre
Osmo
(Université de Nanterre),
René
B~esjou <Université
de
Leyde,
Hollande),
Naceur
Bouren~ne <Université d'Alger),
Jack Goody <Université
de Cambl"'idge) ,---Piel"'l"'e_
Kipl"'é
<ENS,
Abidjan),
KOIJanlé
Nguess~n
<F~/:IJI té
des
Lettl"'es,
Abidj~n), ~-Rè'fékOÎJ­
Sié
<F~culté
de
médecine,
AbidJ~n),
J-P.
Chauveau
<ORSTOM,
Fr~nce),
Pierre
Pellegrin
<CNRS,
Fr~nce),
Touré Morib~ (F~culté des Lettres,
Abidj~n), Dedy Seri
lInstitut d'Ethno-sociologie J Abidj~n), Bolo-Bi-Kou~hi
(Faculté des
Lettres,
Abidjan),
Théophile Assa Kobi
<Faculté des Lettres,
Abidj~n), L.Douzoua
<F~culté des
Sciences,
Abidj~n),
R.
Bossé
Ouakouboué
<Lycée
Technique, Abidjan),
V~vo (Lycée d'Agboville)
aux amis
et parents d'aMis qui m'ont soutenu de leur ~ide
mOl"'~le :
MM Louis
Esmel
<Amb~ss~de,
P~ris).
G~ston
Boka
Méné
(Agboville),
P~ul
Grab~
Wondji
(Soubré),
Ch~rles
Donw~~ <Député-maire,
Soubré),
Cosme
Dikoumê
<IPO,
Doual~), K~cou
Venance
<CEDA,
Abidjan),
J-B.
Kebe-
Memel
(Faculté
de médecine,
Abidjan),
Ou~ttara Kou~mé
(Faculté de
médecine,
Abidjan).
Esso
Nomel
P~ul
(Faculté de
médecine,
Abidjan),
Pierre
Dailly

----- -' - --. -- -
.-----_.. -._..~--- - - -.._-. --- - ----- ---- _.
IV
(Ministère de
l~
Culture,
Abidj~n),
Kodjo
Brown
(Médecin,
EECI,
Abidj~n),
D~niel
Bony
(Abidj~n
Cocody),
L~sm Mel Michel
(Administr~teur des Fin~nces,
Abidj~n), Thi~m Mokodou
<CEDA,
Abidj~n)
;
Mmes Thérèse
King
(Administrateur civil,
D~k~r), Fr~ncoise
Wondji
(Bellevue,
Sèvres),
Christine
F~uré
(CNRS,
Fr~nce), Monique Tri~ud <Lycée de M~ntes, Fr~nce), Ol~
Mc Ghee
<Agence
Ivoirienne
de
Presse,
Abidj~n),
Jacqueline Lohoues-Obl
(Doyen de l~ F~culté de Droit,
Abidjan),
Jacqueline Kwadio Amoin
(PTT,
Abidjan)
;
MM Vincent Lohoues
(Député-maire de D~bou> et Mme,
Joseph
Séké L~sm
et
Edmond
Nomel
(Planteurs,
Mopoyem> , G.
Kohi Djèdj
<PlanteIJl",
e.one) ,
Edn\\ond KetekolJ Koua.dio
<méc~nicien, Bodou),
Jean Lat
(RAN,
Abidjan),
Etienne
Djedjmel
(Mairie,
Abidj~n),
N~than~~l
Akmel
(PTT,
V~moussokro), Jean Esso
(Etudi~nt, Paris'
aux paren~s
e~ alliés qui m'ont constamment encouragé p~r
leu\\" affe,.::tion
:
MM Potey S~o (Préfet,
Bouna),
Sameken Bern~rd <ContrSleur
des PTT),
Michel Goffa Niagne
(Pl~nteur, Pass),
Essis
Sié Victor
(Maire-adjoint,
Koumassi>,"
Jean Sob Esso
(Planteur,
Bodou),
Grégoire Ass~hi Grah
(Ph~rm~cien),
Pasteur Ch.
B.
Legb~dji-Ak~
(F~culté
de Théologie,
Abidjan),
Bertin
Mel
Gnamba
(F~culté
des
Lettres,
Abidjan),
Jean-M~rc
Sess
(PTT,
Abidj~n),
Essis Ako
Félix (Administr~tion
territori~le),
Dominique
Ak~
Metch (PI~nteur, Bone)
MmesAnne-Marie Akè,
née
Méli~ne
(Infirmière
Abidj~n-
Koum~ssi), M~rguerite
Lepry
<Infirmière
Abidj~n-
Kokody),C~thérine Begnana,
Claire
Adou
(P~ris),
Vol~nde Akè <BIAO',
Yvonne e.rah
<Abidj~n-Treichville),
Juliette Yobouet
<RAN,
Abidj~n)
MM Job
Ak~djé
Asso
<Mécanicien,
Mopoyem),
Ardré Kodjro
(Travaux Publics,
Abidj~n),
Pierre Aba
(Gendarmerie,
Bondoukou), Michel
Sem ou
Ak~ (Gendarmerie,
Abidj~n),
Mal",.::ellin Legbedji
<SICOGI>,
AdolJ
L~",p~
Ezed"liel
<PTT>, Antoine
LegbedJi
CEbJdi.:lnt,
Par'is),
~"
Ot,.::he
Akp~ (Etudi~nt, Paris), Je~n Esso (Et~di~nt, P~ris)
~
Thomas
Akissi
Odi,
chauffeur
~
l'lES,
comp~gnon de
I~OI.Jte i
~ux dessina~eurs
Serge Vigne et Philippe Boyer,
Bert y-
Pixel Plus,
41,
rue
Claude
Bernard,
75005 P~ris i
No~l Agnes Agnimel
(Etudiant,
P~ris)
aux secré~aires
Elisabeth
Lobouet Kadjoun,
M~rguérite
Adjé Brah et Odile Kangah.

ii
1
INTRODUCTION
.;'.
1(
~,l'!1r~

Un
réveil
d'intér@t
pour
l~
question
de l'es'': 1evege
m~rqlJe en
,::ette
seconde mo i t i é dlJ XXe -s-i-è'~le._~les
discipline!! des
sciences de l~ société
et de l'homme
et l~ théorie
des for'm~tions-
soci~les qui tente leur synthèse.
Au-delà de
l'hum~nisme,
princip~l
inspirateur de telles
recherches ~u XIXe siècle et ~u début du XXe siècle, ce rév~il a ses
r~cines théoriques d~ns l~ problématique du matérialisme histo~ique,
elle-même ranimée
et.
sOIJtenue par les conflits de classes dans les
n~tions industrialisées, p~r les luttes pour l~ libération n~tionale
et l'identité
culturelle
en Asie, en Afrique et en Amérique latine
et p~r les ~ntagonismes raci~ux ou ethniques,
c. et là.
Considéré d~ns
l'espace,
cet intérêt s'avère mondi~l. On
le perc;:oi t
d' ~bord
~IJ:'~
dive,"ses
origi nes
nationales __~t
linguistiques -
des études qui ont paru sur l'esclavage depuis 1950
et dont
les. bibliogr~phies
sur
l'esclav~ge
antique
(1)
et sur
l'es,=lavage moderne
(2)
ne n,entionnent - qu' 'Jne-.f-r.actiO-D----+--étJ..Ldes en
l~ng'Je anglaise,
ét!Jdes
en l~ngues rom':mes,
ge,"maniq'Jes et slaves,---
études en langues sino-japonaises, études en l~ngue arabe (3). On le
percoit aussi
à
la
distribution
géographique des réunions et des
débats notoires
consacrés
partiellement
ou
entièrement

cette
question. De
1950

1976, eTI effet, on note en Europe occident~le,
au moins
cinq de ces réunions
: un Séminaire
(4) et un Colloque (5)
d'histoire économique
de
l'esclavage,
deux
colloques
d'histoire
sociale (6),
un
sémin~ire
d'~nthropologie
éconOMique
(7)
;
en
Afrique, un
séminaire d'anthropologie et d'histoire du commerce (8)
; aux
Etats-Unis
d'Amérique,
trois
sémin~ires d'anthropologie et
d'histoire, un Colloque d'histoire qu~ntitative de l'esclavage (9)
;
en Chine,
d~ns
l~ foulée de l~ Révolution culturelle, une Critique
de Conficius,
-idéologue et défenseur du système esclavagiste"
(la).
Mondial, cet intérêt porte en outre sur un objet universel
: c'est l'esclavage envisagé d~ns toute son extension historique, de
l'antiquité à
l'époque
moderne,
dans
toute
son
extension
géographique, de
l'Asie ~ l'Afrique et de l'Europe à l'Amérique, et
dans toute
son
extension
sociologique ~ travers tous les types de
soci~~és. Les
formes
~nciennes
de
l'escl~vage,
~nté
et
p~r~­
capitalistes, développées
en
Europe,
en Afrique et en Asie, voilà
l'objet des
Colloques
d'histoire
sociale,
des
Sémin~ires
d'anthropologie, de
la
Critique
des
idéologies.
Aux
colloques
d'histoire économique
et
qu~n~it~tive
était
réservée
la
forme
moderne, c~pitaliste, de l'esclavage:
la Traite des Noirs.
En quantité
enfin,
la production scientifique issue de ce
réveil d'intérêt
~ppar~ît
s~ns
commune mesure avec celle des deux
siècles précédent~.
Dans
la
seule
bibliographie
de
Joseph Vogt
(1973), elle
compte
pour
près
de la moitié sur la totalité de la
production recensée.
Or, un
examen
panoramique de cette énorme bibliographie,
des Actes de ces réunions et des recueils de ces débats révèle entre
autres deux
faits
considérables
: en premier lieu, une négligence
générale de
la
question de l'escl~vage tel qu'il a pu exister dans
les sociétés
s~ns
Etat
en second lieu, une vision passablement
idéaliste de
cet esclavage, quand la question vient ~ être prise en
considération comme c'est le cas aujourd'hui et de plus en plus dans
le dOMaine africain.
Démonter les mécanismes de cette négligence
et
de cette
vision
qui viennent de loin,
en faire une critique, c'est
nous donner la voie libre pour Justifier une nouvelle formulation de
la qYes~ion. condition elle-Même d'une juste théorie de l'esclavage.
.....-..-..-.-
------_II!IIII_!l!r:~.~~-

1- LA CRITIQUE ~E LA PROe.LEMATIQUE-ACTUEbLE.
1.1. La
négligence
générale de la qlJestion _ :il! signifi-
cation historiq~e.
Négliger,
on
le sait,
ce n'est pas nier l'el<i5ten~e d'~ne
r'éal i té,
mais ,:' est,
la p'"'és'Jpposant donnée,
IIJi d~nier l'impol"'tan,::e
qu'elle mé~ite.
Dans
l'histoire
des
sciences
de
la société,
la
négligence a
revêtu au moins quatre formes
: absence de la question
(qui se ram~ne parfois ~ la confusion de cet esclavage avec d'autres
esp~ces de
servitude,
donc
~
sa
négation
pure
et
simple>,
dissolution de
la
question
dans
une
problématique
plus
vaste,
marginalisation pure
et
simple,
problématisation
sporadique.
Générale,
cette
négligence
a
été
commise
par
la
·majorit~ des-
spécialistes,
en
histoire
et
en anthropologie,
~ propos de toutes
les civilisations connues.
-
-- ----_.- ----~-- ~ --
1.1.1. Les formes de ~ette négligence
La première
forme
de
cette
négligence,
l'absence de la
question,
caractérise
la
recherche
comparative
de l'esclavage alJ
niveau universel telle que la développent aujourd'hui en nl.o:ll"'ge de la
perspective anthropologique, les
historiens
de
l'é,.:ononlÎe
esclavagiste
(11).
L'histoire générale
de
l'esclavage manifeste la deuxième
forme de
négligence:
la dissolution.
Par dissolution,
entendons la
dissémination sans
concept
sociologique
corl"'espondant
des
faits
d'esclavage propres
aux
sociétés
sans
Etat
parmi
les
faits
d'esclavage des autres types de sociétés. Certaines grandes fresques
historiques ont
opéré
cette
dissolution
selon
deux
modalités
principales. Dans
telle
fresque
du
XIXe
siècle
comme
celle de
Charles Letourneau (1897)
(12),
se combinent la méthode ethnologico-
géographique
(classification
des
faits
par races,
sous-races,
des
peuples ~ travers les continents et pays> et la méthode ethnologico-
historique
(dans
le
cadre des continents et des races,
enquête sur
~es origines
tribales de l'esclavage et sur son évolution ~ travers
les systènles
pol i tiques
des
peti ts
et gl"'ands l"'oyaunl~s). DJ!)fls-les
fresques du
XXe
si~cle,
les
faits
d'esclavage
relevés dans les
différents types
de
sociétés
se
trouvent
agglomérés
sans
différenciation sous
divers
thèmes ambigus:
thème de "l'origine",
dans lequel sont inclus les facteul"'s de production tels la guerre et
la nécessité
économique
(13),
th~me
des
"commencements",
où se
conjoignent sources sociologiques comme la guerre,
les nécessités de
service,
la dette, et sources historiques comme la vie sédentaire et
l'Etat
(14),
thème
de "l'esclavage antique" où un concept temporel
d'antiquité enveloppe
des sociétés de divers types et de différents
$ges
(15).
S'ils constituent une mise en perspective de l'esclavage
dans l'histoire,
ces
th~mes
donnent
lieu
cependant
~
un
tel
aplatissement sociologique
qu'on
discerne
mal,
par exemple,
dans
l'esclav~ge i$raélite
de l'Ancien Testament,
le phénomène tel qu'il
existait dans
la
société
d'Abrah~m
du même phénomène évoqué sous
l'Etat monarchique.
Troisième forme
de
négligence,
la
marginalisation,
se
manifeste dans
la
place
et
le
rSle
qu'assignent
~ la question
l'histoire régionale
de
l'esclavage,
l'histoire
comparée
de
l'esclavage,
voire une certaine histoire de la civilisation.
Dans
-- ... -·----------~~-----iiiiiiliiiiiiii
_
••

----_. -- -----....__..
- - -- - - ----- -~--- --------------
les premiers
travaux
d'histoire
de
l'esclavage
en Europe et aux
Etats-Unis d'Amérique,
l'esclavage
dans
la société d'Ulysse et la
société d'Abraham,
qui
constitue
une
introduction
logique
et
chronologique,
n'occupe
qlJ'un
espace
minime.
dans
l'analyse
de
l'esclavage antiq'Je
moi r.s
d' I.Jn ,.::hapi tr-e
(de 23 pages)
$oP"- XVI l l
(832 pages)
dans I.t!!t History of Slavery and the Slave tr-ade ant.::ient
and nlodern
de
William
O.
lHake
(1858)
(16),
trois chapitres sur
trente-deux des
trois
volumes
de
l'Histoire
de l'esclavage ~
l'anti9uit~ d'Henri
Wallon
(1847)
(17).
Aujourd'hui encore,
malgré
les progr~s de la documentation, mince demeure cette place tant dans
l'histoire comparée
de
l'esclavage
en
Europe
que
dans
l'anthropblogie historique
de
l'Am~rique: deux chapitres sur onze
dans SI;pvel"V
iD.
,.::lassical
Antig'Jity de M. 1.
Finley en 1960,
tr'ois
..
pages S'JI"
t.::ent
soixante-deIJ:<
dans
The S lave Systems of G,"eek and
----- . Ri:fnian--.::mtigui"'t'·y- de
W. L. Weste,"manr,
en
1974 (18)
et deux pages SIJ'"
trois cent
,;:inq'Jarlte-,.::inq dans l'Essai ?-!::!.!: l'êvol'Jtion des !So.::i-étés
humaines
de Peter Farb
(19).
La quatrième
forme
de
négligence
s'identifie
~
la
problématisation sporadique
de
la question qui a marqu~ l'histoire
des sciences
de la société.
De 1850 ~ 1950,
la question est abordée
de facon
systématique au moins une fois,
en anthropologie quand,
en
1900,
l'ethnologue
hollandais, H.J.Nieboer étudie l'esclavage comme
système économique
dans
tous
les
types
de
"sociêt~s
sauvages"
comparativement au
servage de l'Europe mêdiévale
(20);
en histoire,
lorsqu'en 1916
l'historienne
suisse
A.M.Wergeland,
fait
la
monographie de l'esclavage dans la Germanie médiévale
(21),
enfin en
ethnologie,
lorsque
la sovi~tique I.P.Averkieva,
en 1935,
soutient,
devant l'Acad~mie
des
Sciences
de
l'U.R.S.S.,
sa
thèse
sur
l'esclavage partriarcal
chez
les
Indiens d'Am~rique du Nord
(22).
Or,
non seulement ces études séparées dans l'espace et le temps sont
demeurêes sans
lien
explicite
~t
direct entre elles,
mais encore
elles ne
paraissent
pas
avoir
connu
un
grand
écho
dans
les
recherches ultérieures sur l'esclavage avant 1950.
Deux raisons
principales,
du
domaine
de l'histoire des
id~es et
de
l'histoire des sciences permettent de comprendre cette
négligence.
Il y a,
en premier lieu,
la disqualification épistémolo -
gique dont
les
sociétés
sans Etat étaient globalement l'obJet et,
qui a
accompagné
la
genèse
de
l'Etat
moderne
et
son
d~riv~,
l'imp~rialisme colonial.
Il
y
a,
en
second
lieu,
la conception
ambigu~ de l'esclavage que véhicule la recherche théorique.
a)
La
disqu;;)lification
ép istémologiglJe
9lob-nle
des
sociétés ~
Etat
asso,.:: i ée
!!
l' impé'''ial isme
,:olonial,
Le principe
de
cette
disqualification
remonte
aux
gnoséologies des
philosophes
de
l'histoire,
en
particulier
~
J.J.Rousseau
(23),
~
Kant
(24)
et ~ leur héritier,
G.W.Hegel des
Leçons SUI"
la philosoptÜe de l' histoi,"e
(25)
et des Pl"in,:i'f'es 1.~ la
pt-.ilosophie d'J d,'oit
(26).
O,;)ns le système h~gélierl OlJ l'ljnive,"s est
censé manifester le développement dialectique de l'Id~e, OÙ le monde
est en
m~rche
progressive
vers la conscience de soi
(la liberté),
.. '- -

_.
·
---- ~ - ~.---. --
cette coupur-e,
d'abor-d,
ontologique,
oppose en ternies de peuple .. ou
soci~t~s ~
Et~t
et
soci~t~s ~ coutumes ou soci~t~s sans Et~t, une
des premi~res
cstégorisations
des
sociétés
lignagères.
Ici,
l'infériorité des
peuples
ou
sociétés
sans
Etat
se
traduit en
premier lieu
par'
lew"
ex,;lusion!U!. 2!!.1 qlJ' objet Q!.:! l"oyalJnle de la
connaissance rationnelle.
Pour
justifier
cette
exclusion"
trois
raisons. D'~bord,
les
sociétés
~
Etat
comportent
une st~ucture
doublement diff~renciée, différenciée d'une part en diverses classes
sociales, plus
ou
moins
antagonistes,
charg~es
chacune
d'une
fonction déterminée
(27),
et
différenciée
d'autre
part
en
une
soci~té civile
et
un Etat,
incarnation de l'Idée absolue,
synthèse
des pouvoirs
législatif,
gouvernemental et princier (28). Ensuite,
déùx traits
caractérisent
le
procès
de leur devenir:
d'un cSté,
ouverture, c'est-~-dire
multiples relations avec le reste du monde,
et de
l'autre,
développement,
c'est-~-dire
éclosion
et
progrès
'''---'-·'7:pJ';rl.-it'et-if-.-Enfin, alJ plan psy';hologique OIJ ';'JlbJl"el, ,;es so,;iétês ~
Etat réalisent
la
liberté,
c'est-~-dire
la
con~~nce- -~t
la
volonté d'objets
universels
dont la constitution porte le
nom
de
connaissance rationnelle
et
qui
sont
la
personne
(base de
moralit~),
la
loi
(base
du droit),
le beau
(base de l'art), Dieu
(base de
la
religion),
le
concept
(base
de la science ou de la
philosophie). Ces
sociétés,
voil~ l'unique objet de l'histoire,
l~
o~ coïncident
l'historicité
(resgestae)
et
la
conscience
historienne (historia rerum gestarum) .
C'est faute de remplir ces conditions essentielles qui ont
trait ~
la
structure,
~
l'évolution
et
~ la conscience que les
soci~tés ~
coutumes
sont
bannies
du
champ
de la philosophie de
l'histoire. Sociétés
patriarcales,
leur organisation indifférenciée
s'avère en
effet
"familiale"
ou
"tribale"
(29).
Tout
habitées
qu'elles soient
par la temporalité,
par l'historicité,
elles vivent
closes et
statiques.
Chez
elles,
nul
concept
du
général,
nul
sentiment humain
;
de
religion
véritable.
Ni morale,
ni art,
ni
droit, au sens propre.
A la rigueur,
individualité et particularité,
magie et
fétichisme,
culte des morts et mépris de l'homme, anarchie
et cruauté
politiques.
Telles
sont
en
particulier
dans
leur
ensemble, mais
non exclusivement,
les sociétés d'Afrique noire,
aux
yeux d'Hegel,
au début du XIXe siècle (30).
Mais exclues,
les
sociétés
~
coutumes le sont aussi et
SUl..tout en tant q'Je s'Jjets ~ ,;onnaissan,;e. Pays natal de la r.:lison,
les sociétés
~
Etat développent d'.:lbord une conscience de soi sous
l'espèce, soit
d'une
histoire
originale
fixant dans le récit les
évènements vécus,
soit
d'une histoire réfléchie, qui est elle-même
une reconstitution
ou
une
forme
de
critique
du
donné
; elles
développent ensuite
l'unité
de
la
conscience
de
soi
et
de la
conscience du
vrai
sous trois formes progressives
: la religion o~
le vr.:li
p.:lrvient
~
la
simple
représentation,
l'art
o~ le vrai
parvient ~
l'intuition sensible,
la philosophie où le vrai parvient
~ l'esprit qui pense.
Au contraire,
dénuées
de
conscience
~e
soi
et
de
conscience du
général,
les
sociétés
è
coutumes
sont
dénuées
également de
l'unité
de
la
conscience
du
partic~lier
et
de
l'universel.
Or,
sans conscience de soi,
pas de subjectivité
; sans
subjectivité,
pas
de
raison
;
sans
raison,
pas de connaissance.
Sociétés naturelles,
elles
demeurent
des sociétés sans culture et
hors de la culture,
sans histoire et hors de l'histoire
(31).

Loin de l'~bolir, l'~nthropologie n~iss~nte cons~cre cett~
grande coupure
épistémologique,
en f~is~nt des sociétés s~ns Et~t,
sous l'esp~ce de sociétés
primitives ou de tribus,
un objet ~bsolu,
d~essence irréductible,
base d'étude des traités d'ethnologie
(32).
Car, peu
importe que cette notion de "société primitive" ~malg~me ~
l'origine toutes
les form~tions sociales étrang~res ~ l'Europe. Une
fois dédouanées
les
"hautes
civilis~tions"
dotées
d'Et~ts
et
d'écriture qu'évoque
Je~n
Poirier
(33)
- Chine,
Inde,
Egypte -
une
fois exhumés
et
reconnus
les
Et~ts
précoloni~ux
d'Afrique
et
d'Amérique,
restent
relevables,
avec
quelque
cohérence
de cette
notion,
les seules sociétés sans Etat.
~1a.~~_.
<~.7• • ~70).
qU• . d.UH
~yp• •
d_
.o~~.~• •
ab.a1um.n~
~~r.dU4~Sb1• •
1 ' u n
_
1·_u~r.,
d_UM
M . c r o - a 1 • • • • •
dD~~
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a u n .
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d • • • oc~.~• •
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au~d~_._~~1.~~~
d~~~.~.nc• • •
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COMmun
q u . 1 q u .
c h a • •
d .
~ondam.n~a1.
%1
y
a
d ' u n .
par~.
1 • • • OQ~.~• •
pr~M~~~V• •
ou
. a n .
E~a~.
~1 y
a
d'au~re par~ 1e• •OQ~.~• • • E~a~" (34).
Sur les
cartes géographiques de ces traités, ces sociétés
se présentent,
au début du XXe siècle,
sous fornle de constellations
denses, particuli~rement en Amérique,
en Afrique noire, en Asie,
en
Australie et
en
Océanie.
Leur spécificité, objet de l~echerche des
premi~res générations
d'anthropologues
reste encOl~e un des centres
de la
recherche
contemporaine.
Malgré
son
inconsistance
et
sa
diaprure (primitivité,
archa~sme,
ét~t
arriéré
ou
traditionnel,
etc.), malgré
aussi
sa
richesse en déterminations négatives
(on a
dit les tribus non seulement sans histoire mais encore sans économie
(35) et
sans
inconscient)
(36), cette spécificité se ramène, dans
son essence positive, ~ quelques const~ntes solidaires.
La première constante, d'ordre historique, est la proximi-
té des
origines
animales.
Ce critère évolutionniste réfère au pre-
mier état
culturel
de
l'humanité sortie de la vie animale.
Proche
des origines
animales, cette culture primordiale manifeste une deu-
xième constante,
la fixité dans l~ lor-Jue durée
(37).
La troisième
constante
de
la
primitivité est de nature
démographique: c'est l'exigu~té de la population. L'écologie cultu-
relle insiste
; en valeur absolue,
"les primitifs" composent de pe-
tites sociétés
mesurant
de quelques centaines ou quelques milliers
d'habitants
(Pygmées
d'Afrique,
d'Asie,
d'Océanie)
(38)
~ quelques
cent~ines de
milliers
d'habitants
(Eskimo,
Lahu du Yunnan)
(39),
exceptionnellement ~ quelques millions
(Guarani,
Ibo). Relativement,
ces populations
de chasseurs-cueilleurs, d'agriculteurs-pêcheurs ou
d'éleveurs évoluent
généralement
dans des espaces disproportionnés
avec leur
taille, ce qui favorise le déploiement de leurs activités
de chasse ou d'élevage,
leur auto-suffisance.
La quatrième
constante,
d'ordre sociologique,
est la sim-
plicité structurelle présumée de la formation sociale. Cette simpli-
cité s'entend P d'abord comme égalité,
comme homogénéité au plan éco-
nomique et
politique
entre
les
groupes
lignagers ou les groupes
résidentiels et
entre
les
individus
qui les représentent.
Pierre
Clastres qui y voit la caractéristique essentielle de la primitivité
la commente en terme d'indivision,
c'est-à-dire, abs~nce de rapports
de domination-soumission.
Par
le fait même, cette simplicité s'en-
tend aussi comme une unité organi~ue. La société primitive fonction-
nerait comme
un système sans contradiction, s~ns accroc et sans dé-
g~t, harmonie~x.
-~

L~
conscience
idéologique
du monde,
de l~ soci~té et de
soi,
voil.b,
d~ns
l'ol~dl~e psy'~hologiq'.le, l~ '.:inquième '.::onsi:~nte-.~-{)e-~~----~
E.8.Tylor
(40)
à
Gustave
Welter
(41)
en p~ss~nt par L.Levy-BUhl
d' av~nt Les
Cal~nets
(42),
la théol~ie spé'.::iale de ,.::ette '~ons,~ience
débouche sur
le
projet
d'une
discipline
nouvelle
la
p~léopsychologie. Pour G.Welter,
initi~teur de cette dernière,
trois
traits c~ractérisent
cette
mentalité : du point de vue lo~ique, la
paralogicité,
"transposition
de
l~
logique
du
civilisé
du plan
r~tionnel sur
le
pl~n
irr~tionnel", le synthétisme, confusion des
contr~ires ou
ambiv~lence
des
choses
et
des
êtres,
enfin
l'inaptitude à
l'~bstraction.
Ou
point de vue de la conn~issance,
l'animisme des primitifs
<Welter dit : p~n-man~~sme)
et leur m~gisme
impliquent que
le monde, doué de forces,
m~is sans lois,
reste régi
par l'~rbitr~ire
des
dieux
que
le
primitif,
ignorant d'implorer
comme le
fait
le
religieux,
veut
prévoir
p~r
la
divin~tion,
commander_et
régler
par
l~
m~gie.
Sous
le rapport d~ l'~ction,
quatre attitudes
animent
l'éthique et la politique des primitifs:
le '.::onsel~v~tisnle,
le nlisonéisnle,
l' il~respons~bilité individ,J"elle ey-----·
le mépris
de la personne hum~iAe. Qu~nt à l'al~t des primitifs, tout
utilitaire qu'il
soit,
il
atteindrait
en
p~rticulier
dans
la
sculpture,
la
musique
et
la
danse,
à
une
"beauté
parfois
rudimentaire,
embryonnaire,
mais
qui
souvent
s'élève
à
la
perfection U
(43).
Irréductibles,
les
sociétés
primitives
sont en outre un
objet absolu
de
connaissance
sous
deux rapports.
Sous le rapport
épistémologique,
la conscience historique qui leur manque repose sur
le caractère
présumé
fabulatoire
ou
mythique de leurs traditions
orales,
sur
l'inexistence
en leur sein de supports matériels d'une
mémoire rationnelle
: écriture, monuments architecturaux,
matériaux
archéologiques.
Sous le rapport méthodologique,
la cognoscibilité de
ces sociétés
est présumée totalement objective comme celle d'objets
naturels en
biologie
ou
en physique classique,
fondée qu'elle est
sur l'altérité,
l'extériorité
et
l'extranéité ~
ces formations ne
sont-elles pas
autres que celle de l'ethnologue européen,
distantes
et étrangères
?
Etant donné que l'extériorité et l'extranéité sont
censées porter
la
connaissance
objective,
que la petitesse et le
caractère communautaire
de ces sociétés paraissent ~ l~ mesure d'un
regard individuel
et
étr~nger déj~ porteur ~ priori d'objectivité,
deux techniques
par~issent privilégiées pour l~ connaissance: d'un
côté,
l'identific~tion de
l'ethnologue
~ son objet et, de l'autre
côté,
la comparaison, moyen de v~lid~tion et de compréhension de ces
données ponctuelles recueillies
(44).
Il n'est
pas
Jusqu'.b
certaines théories qui,
d~ns leurs
limites,
ne
c~utionnent
le
postul~t
dp l'hétérogénéité radicale,
donc cette coupure présumée. Elles proposent de ces sociétés, plutôt
que des
explications sociologiques et historiques,
des explications
ou de
type
bio-psychologique
<fonctionnalisme de B. M~linowski) ou
de type bio-sociologique (fonctionnalisme de l'écologie culturelle),
ou de
type
psychologique (culturalisme d'un Ruth Benedict, et d'un
.J.:::lIJl in)
"

-7
---_._------_._ _ - - - - - - - -
•.
L~ princip~le conséquence de cette coupure pr~sum~e, c'est
l~ disjonction
de l'histoire et de l'~nthropologie, disjonction q'Ji
a épous~ l'hétérog~n~it. et la hiérarchie dem termes 5~p~ré$.
D'~bord, hét~rogén~ité
présumés des obJets: aux ~ociétés
~ Etat
et
~ écrit'Jre, objet de l'histoire, s'opposent les sociétés
primitives, objet
de
l'anthropologie.
H~térogén~ité
des ét~ts de
naiss~nce:
outre
le
décal~ge
de
temps
entre une discipline de
constitution plus
ancienne (début XIXe siècle) et une discipline de
formation plus
r~cente
<fin XIXe siècle),
la première,
l'histoire,
se distinguerait
comme connaissance de soi par Soi, science interne
à son
objet,
de
l'anthropologie, connaiss~nce de soi par l'Autre,
science externe
à
son objet.
Hétérogën~it~ des méthodes ill'Jstr~e,
en 1903,
par le célèbre débat qu'évoque Claude L~vi-5tr~IJss dans le
premier chapitre de l' Anthroeolo9ie strycturale (45)
entre H.
H~user
et 1. Simiand : d'lJn ':ôté,
étiJde 'e'F~~,';'itique de doclJments '_<aIJbol"lrrk
par de multiples observ~teurs ; de l'autre, monogr~phie, obsel~vation
et enqu@te or~led'un seul. H~térogénéit~ des réslJlt~ts enfin : ~ l~
connaissance du
passé
produite
p~r
l'histoire
s'oppose
l~
connaissance du présent, que donnerait l'aTlthropologie.
Or, cette
hétérogénéité
présumée
est
doubl~e
d'une
hiérarchie, qui
confère
l~
précellence
à
l'histoire
sur
l'anthropologie,
Cette
précellence est d'abord objective. Une norme
la qualifie
d~ns
la
terminologie classique : civilisation, Pierre
Clastres le rappelle en 1974
"L'appa~~~~on d_
1'E~a~
a
op.~.
1_
g~and
p.~~_g_
~Vpo1og~qU_ _ n~~_
S a u v a g _ _
_~
C~v~1~• • • ,
_11_
a
~n_c~~~
1'~n_##agab1_
coupu~_
d a n _
1 ' a u - d _ 1 _
d_
1 a q u _ 1 1 e
~ou~
a
o h a n g _ ,
ca~ 1e ~_mp. d_v~_n~ H~.~o~~_" (46).

8
--~
- -------------- -----
Objective,
cette
précellence
est
voulue
~ussi
méthodologique.
Ici,
~ffirm~tion
de
l~
supériorité
~bsolue
et
glob~le de
l'écrit sur l'or~l, du livre sur l~ p~role, ~pologie des
techniques d'inform~tion et de compréhension ~ssociées •
l'écrit p~r
les tr~ditions
culturelles
(c~p~cité
de
conserv~tion, pr~cision
,
,
rigueur,
obJectivité). Enfin, cette précellence est censée reJ~illir
sur l~ n~ture des conn~iss~nces ré~lisées. Alors que l'~nthropologie
est supposée
donner une conn~iss~nce inst~nt~née des structures des
sociétés froides
et
rebelles
~ux
ch~ngements,
l'histoire
~ppréhender~it ce
qui
est le plus import~nt : les ch~ngements. Aux
form~tions • Et~t,
l'histoire donner~it des éléments qui font déf~ut
~ux sociétés
primitives
une
conscience
profonde,
l'identité
collective, une
forte hiér~rchie sociale. Servie p~r l~ sociologie,
science de
l'ét~t
soci~l
moderne,
elle
~pporter~it ~ux sociétés
d'Europe,
une conn~iss~nce enrichie, glob~le, sinon complète d'elles-
mêmes.
D~ns l~ logique de cette hétérogénéité et de l~ hiér~rchie
présumées des
disciplines,
il
n'est
de
f~it
"r~tionnellement"
~ccessible, de
f~it
soci~l
considér~ble que le f~it situé d~ns le
gr~nd et
noble
lieu
de
l'histoire entendue en ce sens étroit. En
p~rticulier, il
n'est
d'escl~v~ge
réel,
~uthentique
et
digne
d'intérêt,
que l'escl~v~ge qui ~ erG et prospéré en ce lieu.
D~ns l~
logique de
cette conception,
l'escl~v~ge des sociétés primitives ou
bien n'existe
p~s
p~rce qu'in~ccessible •
l~ "r~ison gr~phique" ou
bien, s ' i l existe (comme pourr~ient le l~isser penser les sociétés.
écriture du
temps
d'Abrah~m
et
d'Homère),
il présente un moindre
intérêt. De
moindre
intérêt,
il
ne
s~ur~it être qu'une question
second~ire, une question m~rgin~le, sinon une question s~ns objet.
Qu~nd, de
l'histoire des sciences de l~ société, on vient
~ l'histoire des idées,
une r~ison se trouve renforcer l~ précédente
pour rendre
compte
de cette négligence génér~le, en p~rticulier de
l~ dissolution et de l~ probléM~tis~tion incomplète de l~ question
:
c'est l~ conc~ption de l'escl~v~ge en vogue d~ns l~ littér~ture, une
,
conception ~mbiguë et ~bsolue.
f-
Ambiguë,
cette
conception l'est, en premier lieu,
p~r ses
sources. Aussi
loin
qu'on
remonte
en
effet
d~ns l'histoire des
civilis~tions, les
premiers
et
les
princip~ux
théoriciens
de
l'escl~v~ge se
trouvent être des philosophes de l~ chose politique,
de l~
mor~le
ou
du
droit: Aristote,
Montesquieu, J.J.
Rousse~u,
G.W.
Hegel
en Europe.
Ces sources impliquent d'~bord que l~ théorie
de l'escl~v~ge
est p~rtout enveloppée d~ns une philosophie spéci~le
: philosophie
soci~le
ou
de
l'histoire
(Monte~quieu, Rousse~u),
philosophie de
l'esprit
(Hegel),
voire
mét~physique de l~ n~ture
(Aristote). Elles
impliquent
aussi
que l~ théorie, s'~ppliqu~nt •
toutes les formations soci~les, acquiert une portée universelle.
Ambiguë, cette
conception
l'est,
en second lieu,
p~r s~
visée. Si
l'on
met
de
cS té
les
systèmes
théoriques,
que nous
ex~minerons plus
loin,
on
s'avise
Que
des philosophes cités ~ux
scientifiques comme
M~urice Lengellé
(1967),
la notion d'escl~ve et
l~ notion
d'esclavage
m~nifestent
une
ambiguïté
très ancienne:
elles portent sur des objets hétérogènes.
1
J
~~-----~J

D;:·.lrIS
le
VOI~;;.,bulai,~(.~
des..
ir:lstitutions
indo-elJl"opé~~
(47),
Emile
Benveniste
atteste
un double emploi du terme esclave.
Dans l'emploi
Juridico-politique, c'est le prisonnier de guenre,
le
capturé d'origine
étrangère
en grec,
~ouriktetos.., ou aikhm~lotqs..
"p,~is ~ la pointe de la l.:lr...::e"
en l.:ltin,
~s!.r.b::!..f.!., l.::apti..!::!.!::!...S!.,
"p,~is i:.l
la m.;}in"
,
en
moyen i,"arden Q:sL~t-g'''f!.Q., OIJ en a'''ménien .l.~'''b-.;}-kal_,
litt(.h"alenlent " p '''is
P;;'ll"
1;;:1
m.;.,in"
f~n vieil i,"anien,
t;>;;.md.:l
(ka),
sansk'''i !)..!i:lndhin, '~elui q'Ji est "lié", en slave p-lenir!i!.i!:!, p'''isonnie,''
en
lithuanien
peInas,
"gain, aV;;:lntage". Cette relation explique
que le
terme
désignant
l'esclave
soit
un
ethnique
d'origine
extérieure
~oOlos!',
terme grec d'origine asiatique, ~ervus, terme
latin,
peuple
soumis,
esclave,
terme
moderne désignant le Slave,
;:..lIJt'''e pf.~lJp J.._~_.sol-!m i s_~1?~9
3 ~l ~i) •
1.ungu_
Der.v.r.:L_1:'_ •
<::_1u~-c1.
_ _ 't:
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p ..... I=)o 1 _
va:L.:Lr"
vo:l."t:
.0"""':1. •.
On
• • n, .. n"t:' 1. Cf"".
pro"'or,ct _ _ r.1:'~_
l ' _..cp,"' • • • :Lo,·,
1,ut-.c.")I,,"'.
J..:Lt.. , .... u
_-t:'
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L ' t-.c:.. nln'.
1 :Lb,"'.
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P . • •
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qU~
n~_pp_r~~_n~ p • •
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Q.~~_
.aQ~.~• •
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.~r.ng_~
• • n .
dro~~• •
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1 · • "'t:-' 1 o:l
Q
.... o
• •
d _
p 1 ......
..... n
. t r . n g . r
~Gp~ur.
0 .....
v e n d u
~oMM_
b ..... ~~ ...
d _
gu_~~_·
(1969,
l
35~» .
En langue
arabe,
sous
la
notion,
même assimilation de
di ve'''s te'''mes
juridico-économiques et juridico-politiques désignant
possession,
se,"vi t€~u,", capti f.
Dans l.~....f:r~cl_QI~édie
r.I€~ l.:Jsl.;}m
(48)
R. ~.,"uns'.::hvig l' atteste ~ l' .;},"tid.e !l:!..hd.
Q1.I;..lnd on
pas~.e
des
données
1 (.:~:.( i ,.::;;.,1 es._ .':.,
19_ s'.:: i en'~e ,
l'ambiguité de
la notion se trouve dans. la logique des définitions.
En effet,
la
majorité
des
dictionnaires
des
diverses
langues
véhiculent une
notion,
soit
juridique
et
morale, soit Juridico-
politique où
sont
accentuées
les
idées de droit de propriété,
de
violence, de servitude et de domination.
Ai fi s i e n
est - i 1
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''';:lisonné des
~,~ien'''es des Jettl"~s et d~~i!. ~).:ts_, publ iéf~ en 1865 SOIJS
la direction d'André Berthelot (49).
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Tome XVI
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Gould et
W.
L.
Kolb
(1964).
Au r~pport de domination-subordin~tion
avec ses
conséquences d'ordre économique (travaux forcés)
et soci~l
(service) qu'implique
l'institution,
les auteurs ajoutent pour les
compléter trois
spécifications
l'esclavage marchand
(commercial
sl~verY), l'esclav~ge
domestique
(domestic
slavery)
et
le
totalitarisme n~zi.
Loin qu'elle
soit
en
rupture
avec
cette
conception
Juridico-politique,
l~
littér~ture
marxiste
la
prolonge
et
la
renforce. Dans
le
Dictionnaire philosophique,
(50)
de M. Rosenth~l
et P.
Ioudine,
aucune
précision
sur
la
notion· d'esclave;
mais
l'escl~vage est
l~
"première société antagonique de cl~sses", donc
une formation
sociale où s'articulent une structure économique,
une
structure politique et une structure idéologique.
Les historiens
ne
sont
pas
de reste.
Jean Suret-Çanale
(1961), distingu~nt
l'escl~vage
prod'Jctif et l'escl~vage de tr~ite
retrouve en
Afrique
l'identité
présumée
de
la
notion politique
(captivité) et de la notion économique.
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(51) •
Chez les
historiens
soviétiques,
trente ~ns
plus tard,
même identific~tion
que nous trouvons confirmée tant dans l'Histoir~
de l' ~ntiq'Jité (52) que dans l'AbréQé d'histoire universelle
(53).
57) .
Dans son
~mbigu~té,
la
notion
d'escl~vage en Europe et
dans le
monde
arabe
présente
~
tous les niveaux -
étymologique,
le:<icologiq'Je,
logique
IJne
domi nante
~ domi nante d' essen,~e
politique.
Nous
voulons dire que les rapports sociaux auxquels elle
réfère,
soit
s'identifient au pouvoir politique,
soit désignent les
instruments fonctionnels
de
ce
pouvoir.
Cette dominante apparaît
d'abord dans
la
matière
sur
laquelle
est censé opérer le procès
d'esclavage
l'étranger.
Notion
complexe,
la
notion d'étranger
désigne au moins trois choses
l'extranéité géographique de l'homme
qui vient
d'ailleurs,
l'altérité
culturelle
de
l'homme
qui
appartient ~
une
autre
société,
l'hétérogénéité
statutaire
de
l'homme qui
ressortit ~ et jouit de la plénitude de ses droits dans
une autre
structure
politique : village,
royaume,
nation ; par l~,
l'étranger relève
du droit public,
mieux,
du droit des gens.
De ces
trois états
de
niveau
différent,
le
nive~u
dominant
est
manifestement celui

s'organisent
et
se décident lL~ ~elations
d'accueil ou d'exclusion,
et,
par voie de conséquence,
la jouissance
plénière ou l'abolition des droits de citoyen
le niveau politique.
Mieux que
dans
cette
matière,
la
dominante
apparaît
ensuite dans
le
processus de réduction en "esclav~ge"
la guerre.
Par nature,
la
guerre,
ainsi
que l'enseignent ~ juste titre,
les
théoriciens comme
Carl
Von
Clausewitz
(54)
ou Mao Tsé Toung
(55),
est une
acte politique dans lequel des classes sociales en lutte ou
des sociétés belligérantes usent de moyens spécifiques pour réaliser
des objectifs politiques,
chacune contraignant l'autre ~ désarmer et
~ faire ses volontés.
Corollaire de
ce
processus,
la dominante s'impose enfin
dans les
moyens
mis
en oeuvre et les fins recherchées.
P~rtout et
toujours,
c'est
~u
détenteurs
du
pouvoir
politique qu'incombent
l'organis~tion de
l~
guerre,
l~ mobilisation milit~ire du peuple,
l'approvisionnement en
~rmes
et
en
nourriture
des
combatt~nts,
l'organisation de
l~
paix
une
fois
les
objectifs
~tteints
ou
manqués,
et
dans
la p~ix,
l'acquisition ou l'offre de la r~nçon de
guerre,
la
distribution
du
butin,
l'org~nisation de la domin~tion
sur l'étranger
5' il
Y a la victoire,
la préparation clandestine de
la revanche,
si
la défaite vient ~ être consommée.

...._ - - _ . _ - _ . _ - - - _ .
Rel~tivement ~
cette
domin~nte, on voit en quel sens les
rapports juridiques,
les r~pports moraux et les rapports économiques
liés ~
cette notion politique d'esclavage peuvent être dits dominés.
et secondaires.
D'abord,
un lien ~e dérivation logique,
historique
et sociologique
les
r~ttache
~
la
guerre.
Si
la
guerre
est
primordiale,
elle fonde les trois types de rapports t~nt du point de
vue historique
que
sociologique.
En
effet,
l'ordre Juridique qui
institue les
nouveaux
états
ou
statuts
d' ~esclaves" et d'hommes
libres,
qui consacre les propriétés et les possessions,
qui délimite
les droits
et
les devoirs,
cet ordre est consécutif ~ la guerre et
procède du
destin
final
de celle-ci.
Si le nouvel ordre Juridique
qui gouverne
l'institution de l'esclavage est postérieur et dérivé,
~ plus
forte
raison
la
morale
qui,
d~ns
le
cadre
de
cette
institution,
identifie
la
qualité
des
personnes
et prescrit les
relations inter-individuelles
entre
m~îtres
et esclaves. ne même,
les rapports
d'ordre économique s'avèrent être
une conséquence
de
l'esclavage comme
système
Juridico-politique,
ils ne sont pas des
éléments constitutifs
du
système
esclavagiste.
C'est parc~ que le
,=aptlJré OIJ
le
,=aptif
est
déj~ es,=lave,
,~' est-~-dil~e "appl~opl~ié",
qu'il peut
être
vendu
et acheté.
La notion d'esclave-marchandise,
notion d'une
personne
esclave
d'abord,
marchandise
ensuite,
l'exprime fort
clairement.
C'est parce que le capturé ou le captif
est déJ~
es,~lave, c' est-~-dil~e "possession",
qu'il est IJtilisé pOIJl~
la production.
Esclave-marchandise,
vente-achat,
emploi productif,
prolonQent un
esclavage
déj~ constitué par et dans la capture,
par
et dans la captivité,
par et dans la dépendance socio-politique.
En outre,
il
y a entre le pouvoir politique et ces trois
rapports un
lien de moyens ~ fin.
Le droit,
la morale,
les services
apparaissent,
en
un
sens,
comme des instruments,
idéologiques dans
les deux
premiers
cas, sociaux et matériels dans le troisième cas,
par lesquels
est
accompli
et
consolidé,
protégé et reproduit,
le
nouvel ordre
social
ob
les
capturés,
physiquement
libres hier,
deviennent des hommes inférieurs et partiels aujourd'hui.
De ,:ette
10giq'Je
dé'~olJle
l' essen'~e rje l' es,~lavage (~Onlme
concept d'une anthropologie politique. Ce concept subsume toutes les
formes de
l'assujettissement
social
des
groupes
hum~ins
par
d'autres,
des individus par d'autres:
formes politiques
(c~ptivité,
dépendance politique, colonisation,
dictature)
et formes économiques
(servage,
traite,
salari~t).
Deux traits
achèvent
de
singulariser un tel assuJettis-
sement multiforme.
L'esclavage
appar~ît d'abord génér~lement lié ~
la vie
des sociétés de classes,
des Etats et ~ leurs relations dont
la guerre
n'est
qu'une principale modalité.
Ensuite,
et pour cette
raison même,
l'escl~v~ge
est une pratique absolue.
La forme qui en
donne une
idée
exemplaire,
c'est
la
forme paroxystique,
concen-
trationnaire et
tr~gique
qu'illustrent
quelques modes dans l'his-
toire universelle
l'escl~vage
~ssyrien
dont les Hébreux furent
victimes la
première
fois
vers
1500,
la
deuxième
fois au XIIe
s i è,~ 1e,
1a
tl~ 0 i s i ème f 0 ~5 a u XIe s i è,= 1e a v.
.J, C .
( 56 )
l' es c 1 a vag e
romain,
associé
~
l'Etat impérial,
du III au le siècle av.
J.C.
et
marqué par
les
célèbres
révoltes
de
Sicile
sous
l~
conduite

13
d'Eunous, Cléon,
Salvius
au
Ile
siècle
et
par
les révoltes de
Campanie sous
la
conduite
de
Crixus, Oenomaus et Spartacus au le
siècle (57)
: l'esclavage arabe,
associé aux Etats théocratiques et
marqué par
les
révoltes
Zang
de Basra, en Iraq, sous la conduite
d'Ali Muhammad
au
IXe siècle (58)
;
l'esclavage américain; ,a,socié
aux Etats
capitalistes
et
colonialistes d'Europe, du XVIe a~ XIXe
siècle et
marqué par de multiples insurrections : notamment ~ Haïti
(1791-1804)
<59),
en Virginie (1800), en Caroline du Sud (1822), en
Southampton (1831)
(60).
De cette
conception ambigu~ découlent
au plan historique
et sociologique,
des
concllJsions divergentes selon que l'esclavage
est envisagé
dans
sa
liaison à l' histoire de la güerre QIJ--o-:lns S-:l
li-:lison à
l'histoire
de l'Etat. D-:lns le premier cas,
les relations
esclav-:lgistes sont
supposées
épouser
les
"lois" du devenir de l-:l
glJerr-e telles que l-:l théol~ie '~lassiq'Je
les Tdl~-rillJ-le-;--Sl r:a---9-ijèl~le est
universelle, elles
sont
universelles à toutes les sociétés ; si l-:l
guerre est
n-:lturelle
à
l'histoire
des
sociétés, elles partagent
l'antiquité de
l'espèce
hum-:line,
de
l'Homo S-:lpiens. Telle est l-:l
thèse des premiers historiens de l'escl-:lv-:lge : H.
W-:llion (1847, 1-2)
et W. EH-:lke. Ce dernier- l'e~·:plicite dès l'Irltr-odIJ,.::tion ~ ~ History
oT Sl-:lvery :
"~~~.
Q_r~.~~1y

cur~ou.
~.c~
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w . r .
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p.r~ad.
a~
~h.
war1d
b.~w• • n
wh~Qh
~h.
pr~_an.r.
~.k.n
. 1 . v . r y "
(1858
: 2).
M-:lis, vu que l-:l conception gréco-l-:ltine de l-:l guerre s'est
~rouvé m-:lrquée
p-:lr
le développement de l-:l notion d'Etat, -:linsi que
le rappelle
Yvon G-:lrlan <1972 : 11),
la perspective anthropologique
perd son
poids
et
nous
rejoignons
le
second
cas.
Or, comme à
l'espa~e de
l'Etat
correspond
une
restriction
sociologique
et
historique des
'~el-:ltions es,.::l-:lv-:lgistes,
il est 10giqiJe qIJesol1:'-~nîe
l'escl-:lv-:lge des
sociétés sans Etat,
-:lntithèse présumé des Et-:lts. L-:l
notion d'escl-:lv-:lge p-:ltri-:lrc-:ll, voil~ le lieu de cette nég-:ltion comme
nous -:lIions le voir.
1. 2. L-:l vision idé-:lliste de la qlJestiorl
1. L-:l natlJ1~e de cette vision
Cette négligence
génér-:lle
de l-:l question que nous venons
d'an-:llyser et
d'expliquer
n'-:l p-:lS exclu, comme il est logique, une
cert-:line -:lttention
à
l-:l
question.
Cette
-:lttention, dont on suit
l'évolution chez
les
historiens de l'-:lrltiquité,
les historiens des
civilis-:ltions,
les historiens de l'économie et les -:lnthropologues, -:l
-:lbouti à une vision contr-:ldictoire et normative de l'escl-:lvage ayant
existé d-:lns les sociétés lign-:lgères.
Une notion
prétend
qU-:llifier
l-:l
spécificité
de
cet
es,.:: 1-:lv-:lge
l-:l notion de l'escl-:lv-:lge p-:ltriarc-:ll.
Elle désigne trois
choses :
d'abord,
un
st-:lde
de
développement
social, ensuite un

14
rapport social,
enfin
un
état
social.
Dans
l'anthropologie
historique d'inspiration
évolutionniste
du XIXe siècle,
comme dans
l'histoire de
l'antiquité développée par certaines écoles marxistes
du XXe
siècle,
telle l'école soviétique CV,
Oiakov et S.
Kovalev>,
la société
pl~imitive
s'articule
dans
le
temps,
selon, un schema
aujourd'hui récusé,
en
trois
phases
phase prélignagèr~ dit du
troupeau primitif,
phase
du matriarcat,
phase du p~triarcat. Passé
la phase
historique
universelle
et
prélignagère

s'achève la
formation biologique
de
l'homme,
la
société
aur~it
accédé
au
matriarcat,
type de formation économique,
type de communauté clanale
et type
de
système
politique. Avec la prépondérance de l'économie
agricole domestique,
la femme jouirait de la prépondérance sociale ~
,,:al.Jse de la pl~in'al.Jtê de la pal~erlté matl~i 1 inéai '~e, et-l!appl'~-op~iation
collective des moyens de production par le clan maternel uxorilocal.
F'hase histo,~iq'.Je IJniverselle corjsécutive ëllf-----DlSlt:l"-k-:WC.:lt,
le
patriarcat aurait accompagné l'.:lpp.:lrition et le progrès de l'élevag;--~
en inversant
les rôles et les statuts des sexes,
A la prépondérance
économique de
l'homme,
devenu
force
principale
de
production
s'associent, solid.:lirement,
la
primauté
donnée
~
la
parenté
patrilinéaire,
l'appropriation
privative
des
moyens de production
par le
clan
paternel,
le mariage virilocal,
la succession du père
par le
fils.
La
famille
monogamique
actuelle
dérive,
selon la
théorie de Kovaleski,
de cette communauté p.:ltriarcale,
Or,
l.:l
notion
d'esclavage
patriarcal
est aussi marquée
d'ambiguité et
de
contradiction.
En
un
premier sens,
historique
(mais sans
objet,
si
la
phase
historique
n'a pas existé>, elle
désigne l'esclavage
ancien
de la société primitive patriarcale ci-
devant définie.
En
un
second
sens,
sociologique
celui-l~, elle
désigne l'esclavage
de
tOI.Jtes les sociétés sans Etat,
~ toutes les
époques historiques,
quel
que soit le type de parenté q'Ji y règne,
esclavage dont la dominante domestique et symbiotique présente selon
A.
KaJdan et Maurice Lengellé, trois caractéristiques économiques et
sociales : égalité de condition, attachement personnel, aménité.
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(62)
(souligné par nous H.M.-F.>.
M~me carac~éristiques
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qY'euH
. y t r • • -
(souligné par nous H.M.-F.>.
·ft..., .. &L. a
as -' .x

.1.0
- - _....__.._-- -.-
Ce n'est
p~s
~ne
des
moindres
~mbig~ités
q~e
cette
identification de l'escl~v~ge domestiq~e ~vec l'esclavage p~triarcal
(1). D'~ne
p~rt, l~ m~ison d~si9ne soit l'~nit~ résidentielle, soit
le gro~pe
soci~l
q~i
se
confond ~vec ~n segment de li9~~ge o~ un
lign~ge. D'a~tre
part,
l~ "m~ison" <dom~s) comme famille ~l~rgie et
domin~nte, po~v~it
être
fond~e
s~r
la
p~renté
a~ssi
bien
pütrilin~aire q~e m~trilin~~ire et désigner a~ssi bien l'Oikos grec,
la familia
romaine
q~e
l'~b~sIJan ~s~nte o~ l'awlo-bo bawle. En ce
sens,
la
notion
d'escl~vage
domestiq~e q~i désigne d~ns n'inlporte
q~el type
de société le lielJ de résidence et la fonction de service
a~xq'Jels les
esclaves
dans la maison sont affectes a une extension
pl~s large
q~e
celle
d'esclavage
patriarcal,
q~i
no~s
semble
car~ctérisel" pl'Jtôt
!.:!!!.
type
de
société,
les
soci~tés
patrilign~gères, même
si,
par
hypothèse,
les
esclaves
ici sont
cens~s être
des
domestiq~es. Implicitenle-nt Ros-en"thal'-et-I-otJdine en
partic~lier admettent cette différence notionnelle.
Enfin, so~s
le
terme
biologiq~e
de
symbiose,
Ma~rice
Lengellé introduit
une des idéologies de l'~galité présumée eHister
dans l'escl~vage
l'id~olo9ie
de
la domesticité sur l~q~elle il
f~IJdra reveni r .
Le caractère
contr~dictoire
de
l'esclav~ge
p~triürcal
apparaît d~ns la logiq~e de ses prés~pposés théoriq~es o~ est nié et
en m~me temps affirmé le r~pport d'esclavage.
La prenlière
m~nièl~e
~
~
S!.!:.
esci~vage, ,~' est d'en
~ffirmer l'origine
externe ~ sociétés ~ Etat. Dans l'acception
historique, cette
thèse
signifie de~x choses: d'une part, q~e les
Etats constit~ent
dans l'histoire de l'h~manité les prenliers et les
se~ls prod~cte~rs
d'escl~ves,
d'~~tre
part
q~e les sociétés s~ns
Etat n'ont
été q~e de simples po~rvoye~ses d'esclaves o~ q~e simple
m~tière a escl~v~ge.
S72)
an~
.~~S~M.
q u ' S 1
e.~
d e
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~a~u~e
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1 .
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o~~~den~a1e
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p • • •
o e 1 1 e
de
1 e u r
p~op~. ou1~u~_· <souligné p~r no~s
H.M.-F,>
Il est
logiq~e
qu'en
termes
d'histoire
économiq~e des
civilisütions, les
théoriciens
invoq~ent
~lors
comme
origine
~bsol~e, ~~-dela de l'Europe capitaliste et des sociétés tributaires
de l'Asie
m~di~Yale,
les
premi~res sociétés ~rb~ines dotées d'une
écriture indispensable.:) la notation des é,.=h~nges ,.=omnler',.=iau:< d'J IVe
.. ~. -----_.-
- - - --_._---
-_ .....

nlilén.:lil'e av • •LC.
: Sumel~,
El.:llll,
Egypte (65).
01', si ,=ette théo\\'ie
de l' "origine-
peut
être m~tériellement justifiée pour l'escl.:lv.:Ige
comme procès
m.:lrch.:lnd
<sl.:lve-trade),
on ne voit p.:lS comment elle le
ser.:lit pour
l'escl.:lvage
comme
procès
politique,
dès lors que 1.:1
guerre,
~ource de ce dernier, est présumée universelle et éternelle.
En ré.:llité
les
sociétés S.:lns Et.:lt elles .:Iussi ont été pourvoyeuses
d'escl.:lves.
En
outre,
une
chose
est
1.:1 question de "l'origine",
.:Iutre chose
la
question
de
l~
nature
et
de
la
fonction
de
l'esclav.:lge d.:lns
1.:1
structure des sociétés.
Entre l'une et l'autre
question,
il
n'y
a
p~s de hiér.:lrchie épistémologique telle que le
prim.:lt de
l'une
.:lnnule
l.:l
v.:lleur
en
soi et pour soi de l'.:lutre
question.
Une seconde
m.:ln i èl'€~
d€~
ni el' 1 e fa i t
de l' esc lavage dans
les so,:iétés
~
Et.:lt
l'evient
~
pl~o,:l.:lmel~l
,:omme !::!.!!.!t pl'euve de
l' ég.:ll i té pos tu 1 ée entl'e es,: 1 ~ves ~t hommes J. i bl'es,
l.:l si nI il i bJde de
leul' ,=ondi tion.
Sous
le
ter'me l.:ll~ge de ,.:ondi tion,
les-so'=iologües
ont coutume
d'a9glomél'el'
tl'ois
,:hoses
: l'ét.:lt qui cal'.:l,.::tél'ise la
position .:lcquise de n.:liss.:lnce et légalisée d.:lns une structure soci.:l-
le,
l.:l situation d.:lns l.:l division du tr.:lv.:lil,
enfin,
au pluriel,
les
circonst.:lnces p.:lss~gères
qui .:lffectent cette situ.:ltion et que l'.:lc-
tion peut
modifier
(Acception 1). Retenons plut8t,
parce qu'univo-
que,
le
sens
étroit
.:luquel réfère ég.:llement dans ses .:ln.:llyses Cl.
Meillassoux (Acception II)
(66).
Ce dernier oppose d'abord le st.:ltut
de l'homme
libre
-
riche de toutes les rel.:ltions soci.:lles,
doué de
l'intégrité de
S.:l
personne,
n.:lnti de tous les droits -
.:l l'ét.:lt de
l'escl.:lve -
fr.:lppé,
d'une
p.:lrt,
de désoci.:llis.:ltion p.:lr perte des
rel.:ltions qui
caractérisent
l.:l
personne
sociale
Cr.:lpports
de
fili.:ltion,
de
p.:lrentê,
de
conJug.:llité,
etc.) et,
d'.:lutre p.:lrt,
de
dêpersonn.:llis.:ltion p.:lr
perte,
substitution
de
nom et réification
march.:lnde;
ensuite,
il
distingue
entre
l'état,
p.:lr définition
immu.:lble, et
la
condition,
diverse et ch.:lngeante,
acquise d.:lns l.:l
société d'.:lccueil
et
constituée
p.:lr
l'ensemble
des
fonctions'
l'esclave confiées.
A
vrai
dire,
l.:l
société
confère
par
des
détermin.:ltions reconnues
un
st.:ltut
~
l'escl.:lve,
un statut qui se
conjugue ~ son état, que d'un vieux terme nous nommons escl.:lvitude.
Ce ser.:lit une contradiction d.:lns les termes que d'affirmer
l'identité de
condition
entre les libres et les escl.:lves m@me dans
un régime
d'escl.:lv.:lge p.:ltriarc.:ll ou domestique.
D.:lns l'.:lcception l,
ser.:lit du coup niée et .:lbolie l.:l différence logiquement postulée des
ét~ts, des
situ.:ltions,
voire
des
circonst.:lnces
de
vie.
O.:lns
l'.:Icception II,
seuls
l'ét.:lt
et le st.:ltut spécifier.:lient les deux
c.:ltégories soci.:lles.
Aucun
des
euteurs cités n'.:l risqué une telle
.:lffirm.:ltion. Hais
.:lffirmer
l.:l
similitude
de
condition,
stricto
sensu,
c'est
reconn.:litre,
outre le déc.:ll.:lge logique et sociologique
entre ét.:lt
et
condition,
un éC.:lrt,
une différence si minime que ce
soit d.:lns l.:l condition,
éC.:lrt ou différence qui mérite,
mieux que l.:l
négligence ou
l.:l réduction,
l.:l plus sérieuse attention. Or,
pour l.:l
plUp.~l~t des
.:lutelJl~s .:l'J;{ vues l'éductl~i/.::es, ,:et é/:.:ll~t est !d!!. pl'eSque-
l~ i en ~;()/~ iolog igue.
Que cet éC.:lrt ne se ramène pas ~ l'èg.:llité, ~ l'échelle de
l.:l société,
l.:l
théorie
de
l.:l
domesticité en .:Ipporte un .:lrgument
supplémentaire. D.:lns
l.:l
société
capitaliste,
l.:l
c.:ltégorie
de
domestique spécifie,
.:lU
sein
de
l~
classe
des tr.:lv.:lilleurs,
l.:l
fraction .:Iffectêe ~ l'entretien matériel des m~isons bourgeoises et,
par son
statut
et
sa condition,
non intégr~ble d.:lns l.:l f.:lmille de
l'employeur. Oes historiens comme P.
Guiral et G.
Thuillier
ont mis

18
en ~vidence
l'extrême
b~ssesse
de
ce
statut
et
de
cette
condition dans la soci~t~ française dlJ XIXe siècle (67). Si donc les
esclaves,
en
principe
intégrés
nominalement
au lignage du maître
parmi les
cadets
sociaux
et
chargés
par
hypothèse
des
mêmes
fonctions que
ces
derniers,
sont
assimilés aux domestiqu~. d'une
soci~t~ moderne,
c'est que leur condition se différencie et doit se
différencier si
peu que ce soit de celle des cadets sociaux libres,
sans quoi
il
n'y
aurait ni esclave ni esclavage. La théorie de la
domesticité implique
ainsi
une idée de relations spécifiques entre
libres et
esclaves
~
prendre en considération.
En affirmant entre
esclaves domestiques
et
classe
de
domestiques,
une
simple
corr'espondan'~e et
don'~
d'analogie,
Kar'l
Mal"~<
dans Le Capital II
(Economie II
1968
: 812),
a bien perçu le problème et il a tranché
contre la réduction pour la reconnaissance des spécificités.
C'est une
autre
contradiction
de reconnaître le pouvoir
absolu de
vie
et
de mort des maîtres sur les esclaves et,
en même
temps, d'affirmer
entre
eux,
outre
l'égalité
de
condition,
des
relations d'humanité
(68).
Dans l'esclavage,
deux
pratiques constituent la négation
absolue de
cette
humanité
c'est
la
réification
de l'esclave
identifiable à
un
animal
ou
une propriété, et c'est le sacrifice
rituel dont
peut
être
objet l'esclave de la part du maître. Cette
pra'tiq'Je, pOIJl"
ne
pal"ler qlJe d'elle,
'~omme pl"elJVe eHpél"inlentale de
la réification
est
une
pratique
attestée
dans
la
plupart
des
civilisations,
à
mainte
époque
Grèce archa~que du XII au VIlle
siècle av.
J.C.
(69),
Gaule
du Ille siècle au le siècle av.
J.C.
(70), Germanie
aritique
et
médiévale
(71),
Amérique indienne (72),
Asie (73),
Afrique
du
XIIe au XIXe siècle. C'est une pratique aUH
motivations diverses
motivations
psychologiques
(emportement et
colères des
Germains),
motivations
sociales
et
religieuses
(fondation de
maison,
funérailles,
consécration
au
potlatch,
divination, anthropophagie rituelle ... )
(74),
motivations politiques
(punition infligée
par
Ulysse
à
ses
esclaves
traîtresses ~ son
pouvoir, avènement
de chefs)
(75). C'est une pratique aUH modalitéa_
et moyens
multiples
gibet
en
Grèce
et
en Gaule (76),
arc en
Amérique et
en Gaule (77), crucifixion et feu en Gaule
(78),
lances
en Amérique et en Grèce, etc.
Preuve complémentaire
que
les
relations
d'inégali~é
restent fondamentales
et
dominantes,
cette
pratique du sacrifice
témoigne du
caractère
spécifique des relations d'humanité existant
entre maîtres
et
esclaves.
Dans
la mesure où celles-ci existent,
elles constituent
un
élément dans la stratégie de domination,
dans
la structure particulière de cette domination où le maître développe
des conduites
qui
masquent,
entretiennent et renforce l'inégalité
initiale: cette structure particulière a nom le paternalisme
(79).
Dès lors que se révèlent le caractère second et dominé des
rapports d'égalité
et
des
rapports
d'humanité,
une
conclusion
,6' inlpose
: la vision QU' ont ~ la, e.1.!.dpal"t des ;:lIJteIJl"S de l' es,~lavage
tel Q1J' il
appal"aît
dans
les
so'.:i~tés
~
Etat
est
ent~khée
~'idéalisMe. L'idéologie de la normalité ~ laquelle cette vision est

ij
-_.
1
- •.._--.".-~
._--_..~
j
subordonnée ~chève
de
nous
en
convaincre,
si besoin est.D~ns la
m~sse des
f~its,
sont ét~blies, implicites, deux cl~sses. Relèvent
1
de l'ordre
du norm~l les f~its qui confirment l~ thèse de l'ég~lité
de condition
~pp~rtiennent
~u
dom~ine
de
l'exceptionnel,
de
i
l'~norm~l, les
f~its
prétendus
"inhum~in$",
tels les sacrifices.
1
Donc,
d'un cSté,
l'ordre de l~ nécessité et du rationnel,
de l'autre
i
cSté,
l'ordre de l~ contingence et de l'arbitr~ire.
~!
La matière
de
cette idéologie réside aussi bien dans les
faits que dans leurs causes.
La rareté des sacrifices,
telle qu'elle
est signalée
chez
les
Germains
par
Tacite,
chez
les Grecs par
E.Mireaux et
M.I.
Finley,
voilà
pour
l'ordre
des
faits.
La
subordination de ces sacrifices ~ une cause psychologique
(colère du
maître celte
ou
colère
d'Ulysse
rétabli
dans
le
pouvoir),
l'explic~tion d'un
A.
KaJdan qui fait des massacres "une survivance
de l'époq'Je
oiJ
on
n'.IJtilisait __ p~_ le. tr-.avail d.es pr-iSQnnie'''l;i de
guerre"
(80), voil~ pour l'ordre des causes.
Or,
non
seulement
manquent
des
données pour év~luer la
fréquence des
s~crifices
et preclser le degré de leur rareté,
mais
encore le
rare
(f@te,
décès
de
chef)
comme objet d'institution
correspond ~
des besoins sociaux de caractère politique,
économique
ou idéologique
qu'il
concourt
~
satisf~ire. Cela signifie,
d'une
part que
la
causalité
psychologique,
si
réelle qu'elle soit,
se
subordonne ~
une causalité sociologique qui la Justifie et,
d'autre
p~rt que
les
besoins
sociaux
de structure
sont assez importants
pour expliquer
la
permanence
des
sacrifices.
De
l'époque
ob
n'existait pas
le
travail
des prisonniers de guerre,
nous n'avons
pas de
preuve,
en dehors de la présomption,
qu'avait lieu,
partout
et toujours,
le
massacre
systématique
ou
la
consommation
cannibalique de
l~
totalité
des
prisonniers
dont
le vainqueur
pouvait obtenir,
outre
l~ satisfaction de vengeance par exécution,
soit la
rancon
(pour
les
hommes
et les chefs), soit la force de
reproduction
(pour
les
femmes>,
soit enfin l'intégration
(pour les
eTlfants) .
Un élément
unit
la philosophie hégélienne de l'histoire,
la
philosophie
spontanée
de
l'anthropologie
cl~ssique
et
la
conception politique
de
l'esclavage,
c'est
la
prépondérance
de
l'idée d'Etat,
opérateur épistémologique,
lieu et objet présumés de
l'histoire, espace de l'esclavage.
On pourr~it
voir
la
racine
intellectuelle
de
cette
prépondér~nce dans
la
philosophie
grecque,
comme
évènement
historique et
théorie.
Les
historiens
comme J.P.
Vern~nt et M,I.
Finley (81)
l'ont
démontré
de
facon convaincante: cet évènement
~ccompagne la
n~iss~nce
et le progrès de l~ polis,
nouve~u système
politique,
l~
démocr~tie, et nouvelle structure politique :
l'Et~t,
Comme théorie,
ainsi
qu'on
le
voit
chez le fond~teur Platon,
l~
philosophie s'offre un nouvel objet:
le pouvoir politique,
Mais ~
la
fin
du
XVIIIe siècle et au XIXe siècle,
deux
f~its devaient
raviver
de
facon spéci~le le statocentrisme, cette
idéologie de
l'Etat
comme
centre et fin de l'histoire hum~ine, Un

nouveau type d'Etat est en effet ~pparu en Europe, révolutionnaire ~
l'intérieur,
impérialiste
et
colonialiste
~
l'extérieur,
un Etat
qui,
d'avoir
favorisé
l'exploration
de la planète, d'avoir soumis
les Etats
monarchiques
d'Amérique,
d'Afrique
et
d'Asie,
s'est
constitué en
fait comme centre politique de toute la terre:
l'Etat
national bourgeois.
Or,
loin
d'être
un hasard,
le statocentrisme
pol i tiq'Je de
l' EI.H'ope imp.!h~ ial i ste model~ne '~Ol~r'espond alJ progrès et
~ la
prépondérance
du
mode
de
production
capitaliste.
La
disqualification des
sociétés
sans
Etat
dans
la
conception
de
l'histoire humaine
et la théorie de la connaissance traduisent dans
le processus du savoir le processus socio-économique et politique de
la colonisation

ces
formations
ont
subi
sans
retour
la
destruction ou
l'assimilation
au
sein
de
~ouvelles
sociétés,
devenues elles-mêmes
"périphéries"
par
rapport
aux
"centres" du
système capitaliste mondial.
+
~~-----------------
II.
bB SIGNFICATION
DE
CETTE
VISION
Pour comprendre
la
nature,
l'extension et la persistance
de cette
vision
idéaliste,
force est de la rapporter. deux ordres
de facteurs
d'une
part
~
l'insuffisance
méthodologique de la
documentation, d'autre
part
~ux
idéologies
des
sociétés
pour
lesquelles cette
vision
a
fonctionné
et
fonctionne
encore
posi tivenlent.
Laissons ici
la question de l'insuffisance méthodologique
plus pertinente
~
examiner
chez
les
scientifiques
que chez les
philosophes, question
que
nous
examinerons
plus loin et abordons
celle des
idéologies.
Les
unes
sont
internes
aux
sociétés
traditionnelles elles-mêmes,
les autres sont externes. Les premières
manifestent le
paternalisme
assimilationniste
des
aristocraties
anciennes, dont
Homère
offre
un exemple ; dans les secondes,
nous
voyons plut8t
des
avatars
de
l'humanisme,
figures modernes de la
conception de l'homme.
2.1.
Le
patel~nali snle
assinlilationniste
_ exenlple ~ la
Gr'è,~e homél~iglJe
A en
croire
les
témoignages
d'Homère,
l'idéologie
paternaliste de l'égalité et de l'humanité a sa première source dans
la société patriarcale elle-même 00 sa signification est déterminée.
Deux idées
la résument:
en premier lieu,
l'idée de fraternité
(car
_esclaves et
fils
de
leurs
maîtres "sont" présumés frères,
kasig-
nêtoi> ,
fraternité
renforcée
parfois par celle d'amitié
(étairêia>
(82)
En
second lieu,
l'idée de la bonté des maîtres ~ l'égard de
leurs esclaves
CE.
Mireaux,
1954
141). Dans son contenu,
cette
idéologie est
socio-culturelle.
Pour Fustel de Coulanges, historien
de La
,:ité
antique,
q'Ji
,.::onstate le fait,
e:·:pliq'Je tOIJt pal~ lui,
mais ne
cherche
pas ~ l'expliquer,
une chose fonde la parenté dans
la famille indo-européenne, c'est la religion domestique.
Même culte
du foyer et des ancêtres,
mêmes repas funéraires,
même sépulture :
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que
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1 .
~.1~e~on qU~ ~~H_~~ 1_.p.~en~.H (Liv.
II ;
,.::h. V)
( 1963 : 61>.
Il s'ensuit que l~ fr~ternité, d'essence socio-religie'Jse,
qui soude
les
~gn~ts,
peut
s'étendre
des
libres
~ux esclaves.
Comment en
ser~it-il
~utrement,
qu~nd, à
lelJr ~rrivée, le cont~ct
~vec le
foyer,
l'ablution
d'e~u
lustr~le
et
un rep~s communiel
~grègent les
esclaves
à
la f~mille (83) et qu~nd, défunts,
l~ m@me
sépulture les
recoit
aux c8tés de leurs m~îtres et des -~nc@tres de
leurs maîtres?
En ré~lité, cette fr~ternité qui n'est p~s identité
génétique et
consanguinité,
est
plus que la participation au m@me
culte domestique: elle est ,.::opal~tage de l' oikos (84), comnlunafJté de
l~és-iï.fë·nce, lJni té
de
prod'J,:t ion
et
de
',:onsonlmation-,----e-l-a --9-6-t'--
cosoumission b
la
m@me
autorité
de
l'oikodesPotès.
A
cette
fraternité,
"l'amitié"
apporte
une
dimension
de
connaissance et
d'intimité personnelles,
une
dimension
de
famili~rité
plus
chaleureuse. Quant
b
la
notion
mor~le
de bonté, elle désigne la
considération affectueuse
pour
les gens de m~ison et l~ générosité
qui se répand en dons chez le seigneur et l~ maîtresse de l'oikos .
Or, cette
double
rel~tion
d'humanité
présente
une
dissymétrie. D'une
part,
des
trois
relations
de
fraternité
fraternité entre
fils
consanguins,
fl~aternité entre fils réels et
fils ~doptifs,
libres et esclaves -
l~ dernière occupe le st~tut le
plus bas.
On
le voit aux implic~tions des promesses politiques qu'
Ulysse f~it
b
Eumée et a Philoetios : absence de logis et de biens
propres,
import~nce
rel~tive
du
célibat,
non-succession,
aliénabilité,
immolation
le
c~s
échéant.
Si
Ulysse
est
"frère
vénéré" d' Eumée,
l~
réciproque
n'est
p~s
vraie,
c~r
Eumée,
représentant de
l'aristocratie
servile,
escl~ve
et
propl~iétaire
d'escl~ves lui-m@me,
doit
recommencer
une
nouvelle
"fraternité"
avec Télémaque,
fils d'Ulysse.
D'~utre part,
la bonté des seigneurs
reste unilatérale,
s~ns
réciprocité
;
elle
correspond, chez les
es'.::l~ves, ~
des
~ttibJdes
de
donlinés
sO'Jmission,
ûbéiss~llce,
fidél i té.
Pour ex~liquer
l~ contradiction entre cette idéologie des
rel~tions d'humanité
que
développe
l'~ristocratie
et
~ laquelle
adhèrent les esclaves et l~ pratique limitée et dissymétrique de ces
~elations, point
n'est
besoin
d'invoquer
la
religion
qui,
au
contraire,
justifie
ces
rel~tions.
Il
suffit
de
rappeler
la
nécessité de
maintenir
et
de perpétuer la structure de la société
homérique, une structure si bien décrite comme structure de classes.
Deux couches
la constituent: en haut,
l'aristocratie, proprét~ire,
~ titre
héréditaire,
de
grands
dom~ines
fonciers,
de
grands
troupeaux de
bovins,
de porcins et de nombreux esclaves,
maîtresse
du pouvoir et guerrière, aristocr~tie différenciée
par le statut de
naissance et
la
puissance économique <étendue de l'oikos et nombre
de serviteurs>
; en bas,
la m~sse anonyme des citoyens,
cultivateurs
et bergers
li-bres,
gens
de
profession
libérale
au
serwice du
public,
les
demioerao~
<charpentiers,
médecins,
forgerons,
devins,
aèdes). Or, on sait que
, j;


n
.n...
I'IIIl'llllilttlll.
__
......
' .tllllicrillœll.....iilillr.wIlli:.i__. . . ._ _.5.?217_
...............-..
~t.gIIi
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22
Mp.~~OU~.~
dOM~n.
1_
~~Gh.__ •
~onG~_~ • • • Q~~~ ~~n1.y.
~_U~.
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Moy.n
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qU.1qU.·MOb~1~~
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1 .
~~Gh._• •
ou
d • . Q~ • • ~
d .
nou .... 11 • •
~o~~un._. 1_ h~.~.~""h~. ~'oG~_1.
_Gqu~.~~ 1. ~~g~d~~. d'un. _~~UG~u~. d. ",,_.~." (1978 : 71,
ch. 3 et 4>.
La religion
domestique,
premier
moyen
qui
concourt
à
m~intenir et
a
perpétuel~
cette, hiér~rchie soci~le ne présente p~s
qu'une signific~tion
idéologique: ~ssurer l~ suprématie culturelle
et h~storique
des
ancêtres,
l'union
dans
l'oikos -de
tous
les
vivants,
l~
continuité
entre
le
passé
et
le
présent,
elle
a
également une
signification
économique
évidente
: immobiliser la
.-'-rcL:hüs~'_f9.n~::_ière
a
tl~avers
le respect du foyer et du tombealJ.
Le
deuxième moyen
de
conserv~tion
sociale,
c'est
l'idoption.
Aux
patriclans men~cés
d'extinction
physique,
et,
par
voie
de
conséquence, de dépossession foncière,
de déchéance politique, voire
de mort eschatologique,
les adoptés apportent, en m@me temps que les
forces de production complémentaires,
les agnats de substitution qui
aS$urent l~
survie
du
genos.
La succession patriliné~ire par les
m8les libres,
voilà
le
troisième
moyen,
de
car~ct~re
socio
économique celui-là.
Outre
qu'elle
perpétue
la richesse dans le
genos, cette
succession
écarte
les
esclaves,
gens de vil statut,
elle pérennise chez les nl~les libres le statut éminent de noblesse.
..
'
,
!
t

Cette vision
idé~liste
de
l'escl~vage
se
r~tt~che
ég~lement ~ux
idéologies
d' inspir~tion
humaniste
des
cl~sses
dominantes associées
aUx
phases
de
développement
des
sociétés
modernes.
Ces
avatars
de
l'humanisme
se présentent au moins sous
trois figures
la
figure
de
l'humanisme
authentique
avec les
philosophes des
Lumières,
la
figure
impérialiste
avec
l'Etat
colonial et
la
figure anti-fmpérialiste des philosophes-politiques
de l'Etat post-colonial.
La première
en date,
développée en Europe du XVIII au XXe
siè'.:le, est
l' idéoloqie
de
la
so,.:iété
natlJl~elle.
La théol~ie dlJ
primitivisme n'en est que la forme tardive dans laquelle se prolonge
une forme
initiale,
la théorie de "l'homme sauvage et de l'état de
nature".
Michèle
Duchet
~nalyse
le courant francais du siècle des
Lumières dans ce qu'elle nomme l'anthropologie des philosophes (85) 1
En effet,
malgré
la
différence
des
systèmes,
on
retrouve,
domin~ntes, la
même
thèse
de
l'égalité,
fondée sur l'absence de
propriété dans les "sociétés naturelles", et,
conjointe ~
celle-ci,
chez les
philosophes comme Voltaire, J.J. Rousseau ou Helvetius,
la
thèse de
l~
liberté.
Les
philosophes contemporains ont raison de
voir dans
cette
idéologie
deux
fonctions théoriques, d'opérateur
épist~mologique et
de
norme
universelle,
que
remplit
le
m@me
paradigme ambigu
la
nature.
Loin
de donner une connaissance à
proprement parler
historique
d'une
époque
révolue,
le
modèle
contradictoire qu'elle
offre
permet,
d'une
p~rt
de
décrire les
constituants de
la
société
et
de
la
civilisation
européennes
(religion,
morale,
système
politique,
système
économique)
et,
d'autre part,
de définir,
une fois que ces éléments irréductibles et
universels ont
été
reconstitués,
une
religion,
un
droit,
une
politique et
une
morale
dits
naturels
propres
à
cette société
égal i tai l~e.
Par sa
fonction
politique, ce modèle donne un fondement,
non seulement
~
la
théorie
de
la connaissance, mais encore ~ la
philosophie sociale.
Dans
ce modèle utopique,
il y a,
en effet,
le
reflet de
la
nouvelle
société
de
classes
qui
se
forme
avec
l'émergence de
la bO~l~geoisie : la société capitaliste. La capacité
critique qui s'y révèle constitue une arme au service de l'humanisme
bourgeois.
En
premier
lieu,
ce
modèle
intervient
dans
la
consolidation des
bases
idéologiques
et
politiques de la société
bourgeoise.
L~
est
la fonction du combat que les mêmes philosophes
mènent contre les inégalités sociales nées de l'~ppropriation privée
des moyens
deproductiori
et
reproduites
par
l'éducation
et la
législation.
L~
est
aussi
la fonction des sociétés idéales qu'ils
construisent pour
restaurer
un état de nature tot~l (Eldorado chez
Voltaire, communauté
de
Clarens
chez
Rousseau, société pastorale
chez Helvétius>,
ou un état
de nature partiel
<société "mi-policée
mi-sauv~ge" selon
Diderot>.
L~ est enfin la fonction de la critique
qui,
de
Buffon
~
Diderot,
fustige
les
diverses
formes
de "la
barbarie des
civilisées~
le
servage,
l'inquisition,
la
colonisation,
l'esclavage.
Mais
quand,
cessant d'@tre des modèles,
les "sociétés
n~turelles" app~r~issent dans leur réalité historique
de source
de
matières
premières et objet de conquête,
l'humanisme

bourgeois écl~te
et son cour~nt impérialiste ~vec Buffon, Volt~ire,
Helvétius et plus t~rd Hegel,
justifie leur ét~t d'infériorité et le
devoir de les civiliser p~r l~ colonisation.
D~ns l~
.phase
impérialiste
de
l~
société
bourgeoise
européenne,
un
nouve~u
courant
idéologique
devait
~ssumer
l~
fonction de
mystification
en rapport ave~ les nécessités du régime
coloni~l. D'~près les recherches faites sur l'Afrique occidentale de
colonisation francaise
(86),
cette
vision de l'esclavage prend la
fOl~me d'une
"théorie
de la '~aptivi.té" quand, ver's 1892 et jIJSqIJ' en
1906,
l'administration
décrète,
dans
toute
l'étendue
de
son
domaine qui
couvre
aussi
bien
d'anciens
Etats
monarchiques que
d'anciennes sociétés
sans
Etat,
l~ substitution d'une terminologie
nouvelle ~
la
terminologie
traditionnelle et universelle touchant
l'escl~v~ge. Au
terme d' "escl~vage domestique" sera substitué celui
de "captivité"
;
au
terme
de
"c~ptif
de
traite",
objet
de
tr~ns~ction commerci~le,
celui
de
"c~ptif
de case",
~ttaché • la
maison ou

dans
la famille ; pour finir,
du terme de "captif de
case" prend l~ place celui de "serviteur"
(87),
voire de "non-libre"
(88) .
Voilà donc
un
nouveau système terminologique commis. un
triple raIe
d'abord
spécifier,
relativement

l'esclav~ge des
pl~ntations c~pitalistes,
les
rapports de sèr~itude vécus dans les
modes de
production
tributaires
et
lignagers,
ensuite réduire un
type de
servitude à un autre,
enfin. la limite nier simplement ces
rapports. On
voit
en
quoi
ce
système
est idéologique: par son
c~ractère arbitraire,
par
sa
signification
politique
et
non
théorique,
par sa fonction de masque.
A la
racine d'une telle opération, se trouvait une double
contradiction historique
la
première
contradiction
oppose
l'impératif moral de l'émancipation des esclaves,
proclamé en France
par l~
Révolution
de
1848,

l'impératif
économique
de
la
colonisation,
l'humanisme
à
l'impéri~lisme
;
la
seconde
contradiction oppose
l'impérialisme colonial. la lutte des classes
qui sévit
à
l'intérieur des sociétés afric~ines en résistance. Pour
établir et
consolider
le
régime
colonial,
l'Etat impérial avait
besoin, contre
les
peuples,
d'une
alliance
~vec les chefs de la
résistance anticoloniale
comme
Lat
Diol~
du
Sénégal,
chefs
patriotes à
coup
sûr,
mais
chefs prop,~iétaires d'esclaves aussi,
hostiles dans
le
principe
comme
dans
le
fait à toute politique
d'ém~ncipation·des esclaves.
Or,
dans la stl~atégie de l'alliance,
l'al~tifi'=e de
langage
pO'Jvait
avoi,~
tl~ois
effets.
D'abord
aw<
maîtres il
a
confirmé
le
droit
de prop~iété sur les escl~Veset
apporté un
nouveau gage juridico-politique. Outre que ce parti pris
constitu~it le
premier
complot des nouveaux et des anciens m~itres
réunis contre
les
esclaves,
les euphémismes et la négation verbale
de l'ét~t
d'esclave
pouvaient
ensuite
donner
aux
esclaves
une
illusion d'émancipation.
Enfin,
face
à
l'opinion internationale,
cette diversion
politique
camoufl~it
un
déni
de
justice que la
Convention Intern~tionale de Bruxelles <1889-1890> devait se charger
d' éventel~ .
Quand,
pour
finir,
on passe aux sociétés post-coloniales
contemporaines,
on s'avise que cette vision idé~liste d~ l'esclavage

25
interne aux
sociétés
sans Etat trouve aussi une Justification dans
les idéologies
de
~
sPécificité
socio-culturelle
~ idéologies
comm4 nau taires que
les intellectuels produisent pour rallier toutes
les classes
aux
fronts
de
lu~te
anticolonialiste.
L'exemple du
Consciencisme de
Kwame Nkrumah que nous analyserons bientSt ,uffira
à l'établir.
II.
~
NOUVELLE
PROBLEMATIQUE
Il s'agit
de
substituer
~ la problématique de l'égalité
des esclaves
avec
les
cadets
sociaux qui nous paraît injustifiée
parce qu'elle
nie
~
la
rigueur l'esclavage,
une problématique de
l'inégalité comme
rapport
dominant
qui rétablit l'authenticité de
l'esclavage.
L'anthropologie contemporaine
di_tingue,
parmi
les
sociétés sans
Etat,
des
sociétés

des relations de p~renté ne
Jouent pas
un
grand
rale
(cas de certaines sociétés de chasseurs-
collecteurs) et
des
sociétés

ces
relations dominent.
Au sens
large, on
qualifie
de
lignagères
ces
dernières
sociétés où les
relations de
parenté Jouent un grand rale tant dans les domaines de
la représentation
et
du
pouvoir
politique
que
dans
le domaine
économique.
Au
sens étroit, sont nonlmées lignagères les sociétés où
règne la
parenté
et

les
rapports de production sont vraiment
lignagers. Notre
entreprise
porte
sur
ce second type de sociétés
dans le
cadre
de
l'Afrique
au
Sud du Sahara que nous prenons le
parti -
pour
la
déracialiser
de
nommer
Afrique
nubienne,
puisqu'aussi bien
la
Nubie
représentait
l'une
des plus vieilles
j,
"nations" et cultures de cette Afrique-l~ depuis l'antiquité.
li
Que les
relations
d'esclavage
tels
q'J'ils se vérifient
dans les
sociétés
lignagères
soient
des
relations
d'inégalité
sociale extrême,
c~est la première proposition de la thèse que nous
entendons soutenir.
2.
1. La genèse
~
projet
Parce que
cette
proposition entretient une relation avec
les idéologies
communautaires
africaines,
sa
genèse
et
sa
signification historique méritent d'être évoquées. Chez l'auteur,
le
mouvement de
recherche
anthropologique
a
été
motivée
par
une
exigence politique
et
une
insatisfaction
philosophique.
Attaché,
vers l'~ge de huit ans,
par l'école,
~ une société odJukru elle-même
déjà fortement
altérée
depuis
le
début
du
XXe
siècle
par
la
politique militaire
francaise
d'assujettissement
(1890-1910),
par
l'économie de
traite
coloniale
et
par
la
christianisation
(prophétisme de W,W.
Harris,
catholicisme et protestantisme>,
membre
des premières 'promotions
de boursiers envoyés dans les collèges et
lycées de
France
au
lendemain
de
la
seconde
guerre
mondiale
(promotion 1946>,
de
formation
littér8ire
et
philosophique
~
l'Université, nous
avons
été,
comme
beaucoup
de
camarades
de
génération,
l'objet
d'une
profonde
85similation
culturelle
~ la
civilisation européenne,
~

- - - -----,"
26
M~is en
même
temps,
d'~voir ~té le produit du mouvement
d'ém~ncip~tion politique,
le
R~ssemblement
Démocr~tique Afric~inJ
qui ~
rendu
possible
l'~pprofondissement
critique
de
cette
~ssimil~tiQn, d'~voir
été
ins~tisf~it
des
contr~dictions
de cet
hum~nisme. - démocr~tique ~ l' intérieur,
impéri~liste ~ l'extérieur -
,
milit~nt,
puis respons~ble d'org~nis~tion ~nticoloni~liste et ~nti­
imp~ri~liste d'étudi~nts, nous ~vons d'~bord p~rt~gé ~vec l~ plup~rt
des intellectuels
de
notre
génér~tion,
l' im~ge,
dérivée
d'une
cert~ine littér~ture
de l~ négritude,
entretenue et prop~gée p~r l~
Société Afric~ine
de
Culture
dont
nous
sommes
membres,
d'u~e
civilis~tion négro-~fric~ine
différente
de
l~
civilis~tion
__ ~uropéenneLvoire
spécifique,
non seulement p~r son histoire et ses
v~leul"s, nl~is
en'~OI~e
p:ll~
ses
stl~IJ,~t'Jl~eS
sO/~i~les .D~rrs - ,~es
conditions,
pour
un
projet immédi~t, les sci~nces de l~ société et
de l'homme,
en
p~rticulier
l'~nthrQpologie,
dev~ient soumettre ~
l'épreuve des
f~its cette philosophie de l~ civilis~tion. Tel ét~it
notre ~t~t
d'esprit
qu~nd,
en
1965,
nous
~vons
entrepris
l~
l~ed-lel~d"le pOU1~
une
thèse
de
TI~oisiÈ!me
Cy,~le
SIJl~
Le système
pol i tit.:jIJe des
O;j,joIJkl~QIJ.
~
so,~ièté ~ Et~t et ~ ,:l~sses d' ~ge
(1970),
(89)
cons~crée ~
l~ description de l~ démocr~tie des cl~sses
d'~ge, c'est-~-dire
précisément des rel~tions
d'ég~litè entre
les
personnes et les groupes d'~ge.
Or,
comme
les
sciences
de
l~
société
et
de
l'homme
s' imposent ~
toutes
les
pr~tiques
soci~les,
~ l~ politique et ~
l'idéologie,
comme
une
espèce
d'ord~lie
séculière,
voici,
sur
le
chemin de
notre
recherche,
trois
gr~ndes
surprises.
Première
surprise:
l'import~nce, ~cquise ~ l'époque précoloni~le, en p~rtie
conservée sous le régime coloni~l m~lgré l'~bolition de l'escl~v~ge,
perceptible p~r
ses
conséquences
Jusque d~ns l~ société n~tion~le
contempor~ine, des
r~pports
escl~v~gistes d~ns tous
les dom~ines
r~pports de
production,
pouvoir
politique,
idéologie.
Deuxième
sIJrpl~ise:
loin
d'-êtl~e
lO'::.:llisée
~
_l~
se'Jle
so,~iété
QdJIJkl~'_'
l'inég~lité soci~le
entre
gens
libres
et escl~ves est ~pp~rue,
~
l'étude comp~r~tive
des systèmes politiques,
comme l'~p~n~ge commun
~ l~
plup~rt
des
sociétés
de
l~
région
des L~gunes. Troisième
surprise enfin
m~lgré
une
id~olQgie domin~nte de l'ég~lité, les
inform~teurs n'occultent
p~s
les
inég~litès
de droit et de f~lt,
publiques et
privées,
entre
libres
et non-libres;
mieux ils les
Justifient ~vec
superbe.
Voil~
~
quel
moment,
voil~
comment,
chQisiss~nt d'explorer
systém~tiquement ce ch~mp de recherche,
nous
avons identifié
l'objet
de
l~
présente
étude.
Poursuivie depuis
1970,
non
seulement
d~ns les sociétés ~ cl~sses d'~ge, m~15 encore
d~ns celles,
dépourvues de cl~sses d'~ge, m~is pourvus de confréries
de m~ s q IJ es,
d e I ' 0 IJ est
d e I ~ Côte d' 1..., 0 i l~ e,
': e t tee:< plo l~ ~ t ion
~
~ b 0 ut i ~
1 ~
mê m e , : 0 n ': lu s ion
1 e s
l~ e 1 ~ t ion ~
es,: l ~ V':J gis tes
,:onst i tlJerlt 1
~
~
t'''p~
..::Je
so·.:i~té
1 ign~Qèl~e
g§'s
l.~~~tions
d' i. neq':.ll i té e:-:tl'ême.
~
2.
2.
L;;) double j~?_t.}:Ji~~~tl,__qn 1!.:t Pl'ojet
Di emblée
1.;)
pl~emièl'e
Justi fi,:~tion
de
,.:ette
l'ed"lel~..:he
s'est sitIJ6e d~ns l'ordre de
l~ ~onn~lss~n~e empirique.

".~ .'
':: :1.
fi 0 I.J~;
i.:~ () rI :0; 1. d I,~ )' () 1"1 ::;
f.:' T"t
e f f e t
1 e s
,~ h 0 ses
;;:1 u n i v P.;:l u cl e
L.:..ilD.!"l:!.!:9.Jl9 1c8J..g!ll!.
'i:.lénél~.::ll ,
l~em;;Jl~qIJ;;:Ib 1 Po
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1;;J
p;;:luvl~etê
de 1;;:1
dDcument~tion
tcuch~nt
l'escl;;:lv;;:lge d;;Jns ce type de société.
Certes,
1;;J géogr;;Jphie
de
notre
docl.Jment;;:ltion
ethnogr;;Jphique embr;;Jsse les
cinq continents
et,
d;;Jns
cet
esp;;Jce,
quelques zones témoins
:
le
Moyen-Orient;
1;;J
Gr~ce,
1;;J
G;;Jule et 1;;:1 Germ;;Jnie
;
l'Amérique du
Nord;
l'Afrique
occident;;Jle
. . .
D;;Jns le temps,
toutes les gr;;Jndes
périodes de
l'histoire
sont
concernées,
quoique
de
m;;Jni~re
sectorielle et
inég~le: l'antiquité
(XV-XIIe s.
;;JV.
J.C.
;;JU Moyen-
Orient,
XII-VIlle siècle ;;JV.
J.C.
en Gr~ce, 1er siècle ~v.
-~p. J.C.
en G;;:Iule et en Germ;;Jnie),
le Moyen ~ge (en Europe du Nord),
l'époque
moderne et
contempor~ine (XVI - XXe siècle en Amérique, en Afrique,
en Austr~lie).
Du
point
de vue sociologique,
sont impliqués trois
groupes de
sociétés
lign~gères
des
form~tions
contempor;;Jines
d'Et;;Jts impéri;;Jux
;;Jntiques,
des
formations contempor;;:lines d'Et;;Jts
médiévaux,
des form;;Jtions contempor;;Jines d'Etats capitalistes.
On trouve le premier indice de cette pauvreté documentaire
dans 1;;J
rareté des textes traitant exclusivement de cette question.
Les études
célèbres
sur
l'esclavage
en
Asie
portent,
~
notre
connaiss;;Jnce,
surtout
sur les gr;;Jndes périodes historiques dominées
par des Et;;Jts monarchiques.
L'étude cl~ssique d'Isaac Mendelsohn sur
le phénom~ne
dans
le
Moyen-Orient
ancien
(1949)
est une ;;Jn;;Jlyse
structurale qui
couvre
trois mille cinq-cents ans d'histoire
(3500
;;JV.
et
1
;;Jp.
J.C.)
S;;Jns séparer les
formes p;;Jtri;;Jrc;;Jles des formes
systématiques et
étatiques
(90).
Pour
l'Europe,
des r;;Jres travaux
comme celui,
récent,
du Soviétique JA.
A.
Lencman sur l'escl~v;;Jge en
Grèce mycéenne
et
homérique
(91)
et une masse
de faits disséminés.
dans les
récits
d'historiens
(Cés~r, 1er siècle av.
J.C.,
Tacite
1er siècle
ap.
J.C.).
C'est
en
Amérique
du
Nord
que quelques
articles de rares chercheurs rév~lent
un certain intérêt porté ~ la
question,
en
particulier
~
des
;;Jspects économiques et sociaux du
phénomène
(92)
voire
~ la méthode
(93) 0
Le second
indice de pauvreté apparaît dans l'insuffisance
des solutions
apportées
aux
problèmes
de
connaissance soulevés.
Trois problèmes
essentiels
ont
retenu
en
effet l'attention d~ns
cette littérature
les
sources,
la pl~ce et le r81e des esclaves
dans les
sociétés
considérées.
Pour
les résoudre,
la littérature
s'est appliquée
~
trois
principaux
aspects
des
relations
esclav~gistes:
~spect économique,
aspect social,
aspect politique.
Sous le
premier
aspect,
on
évoque
bien
le
mode
march~nd
d'acquisition
(94),
p~rfois
les
conditions
d'acquisition,
les
marchés,
les prix
(95),
on indique la paucité numérique des esclaves
par rapport
~
l~ popul~tion des hommes libres
(96),
la place et le
raIe non
spécifiques
d~ns la production,
la propriété
individuelle
des biens
de consomm~tion dont ils Jouissent
(97).
Sous le deuxième
aspect,
on
reconnaît
la
commune
résidence
des
esclaves
et des
maîtres,
les
capacités
d'union
avec
des
p~rten~ires
libres,
l'absence de
ch~timents
sévères
~
leur
endroit.
Enfin,
sous le
troisième aspect,
on
identifie
les
facteurs
politiques
de
l'esclavage
(guerre,
razzia,
piraterie) 1
on évoque ~a participation
des escl.::lves ~ J..:::I guel~l~e
et J.eIJ\\~ €~:·((~J.us:i.()n des fon,:::tions politiques.

Or,
rien
de
plus
général
souvent que ces données.
S~uf
e:<ception sur
l~quelle
nous reviendrons,
l'anecdote et l'évocation
littéraire ne nous permettent de connattre ni les sources d~ns leurs
variétés,
leur
histoire,
leurs
causes,
ni les proc~s et les modes
d'intégration d~ns
la
société,
ni
le
rôle
d~ns
les
~ctivités
communes de
production
et
les
mod~lités d'usufruit, ni la' nature
véritable,
les modalités concrètes et l~ fréquence des "unions" ~vec
les p~rten~ires
libres,
ni ~ plus forte raison,
l~ place et le rôle
des esclaves
d~ns le reste de la vie sociale et culturelle : l'~rt,
les jeux,
l~ littérature,
l~ religion.
Cette pauvreté
documentaire
~
au moins deux C~U$e5. Les
lacunes des sources en constituent une. En qualité, mises ~ part les
données de
l'~rchéologie
et
de
l~
linguistique,
trois
sources
littéraires sont
~
notre
portée
:
la littérature originaire des
pe'Jples, comprenant
des textes' r'e-UgièÜ1<' CRig-Véda -:--XVe si~cle av.
J.C.;
la
Bible
Ve siècle av. J.C.
;
le Koran
: VIle siècle ap,
.J.C.), des textes épiques
(Iliade et Odyssée,
VIlle siècle ~v, J.C.>
et des annales (les Annales de la Chine: VIlle siècle av.
J.C.>,
la
littérature historique
et
ethnologique
(César,
Tacite,
... >. En
qualité, parce
que
ces littératures évoq'Jent l'essentiel de la vie
l'
sociale et
culturelle
à
un moment donné,
les informations sur les
!,.
groupes dépendants
apparaissent
secondaires,
allusives,
fragmentaires,
et ce, d'autant plus ~ue, M.I. Finley l'a montré dans
~ monde
d' Ulysse,
.~es
Ilttél"abJl"es l"estent o'''ientées et dominées
par les précautions des aristocraties régnantes.
La méthode
de
documentation constitue une seconde cause.
Les informations
historiques
et
ethnologiques
de
l'antiquité
e'Jropéenne par
exemple
ont
été
acquises
ou
constituées dans un
contexte de
guerres
et de domination impérialistes oà les sociétés
et les
':IJlbJ,"e's
donlinées
étaient
dévalorisées
pa,"
les
modèles
culturels des
peuples dominants qui fournissaient les termes et les
schémas de
description.
Quand
les
historiens
avaient
une
conn~issance directe
des
peuples,
c'était,
tantôt
comme
chef
militaire (cas
de
César,
général
en
chef
de l'armée romaine en
a,.:tivi té de ,.:onqIJ@te '~oloniale en Ga Jle>, tantôt '~omnre-'o-fficiel" (,.:as
'
de Pline
l'Ancien,
officier
de
cavalerie sous Pomponius Secundus
dans les
années
50-51>,
Quand
ils
n'avaient
pas cette pratique
directe des peuples, comme c'était le cas de Tacite,
ils recouraient
à
des
sources
diverses
d'inégale
valeur
écrits
antérieurs,
témoignages de
concitoyens
visiteurs
(soldats
et
marchands>,
témoignages d'expatri.s
privés de liberté
(prisonniers de guerre et
es,.: 1 aves > ,
QIJand on
p;)sse
~
l' anthropo 109ie de l' Af," igue n'Jbienne,
on n'y
trouve
rien de p;)reil ~ ce que nous savons sur l'état de la
question ailleurs,
A
notre connaissance,
aucune littérature écrite
originaire comme
l'on
produit~ Hébreux et Grecs sur cet esclavage.
Avant le
IXe
siècle,
sous
réserve
de la littérature indienne et
chinoise sur
l'Afrique,
aucun texte d'historien ne porte témoignage
comme ~
Gel"nl~n i e
de
T~'':: i te
en EIJ1"ope.
5 i
nOIJS s,.:hém~t i sons nous
dirons ceci,
considérant
l'exemple
mieux
connu
de
l'Afrique

oc,~identale:
du
IXe
siè,.:le ~ l~ fiT. de la pr-enlière n,'oitié dlJ XXe'
siècle,
la littérature écrite porte indic~tion d'un f~it ; de 1969 ~
1980, elle
porte
indic~tion
d'un problème second~ire, m~rqu~nt un
retard d'~u moins quarante ans sur les études américaines.
Du IXe
siècle
au
XVIe siècle en effet les geogra~hes et
les historiens
ar~bes
ont
signalé parmi les faits d'esclavage qui
abondaient dans
le
Sahel,
d~ns le désert et su,~ la côte orientale
d'Afrique ob
les marchands commercaient,
ceUN dont étaient au moins
victimes les populations considérées comme sauv~ges (98).
Du XVe
au
XIXe
siècle,
les
récits
des
navigateurs
européens (99),
les rapports des missions évangéliques
(100) et les
répertoires des
expéditions
de
traite
(101), ont attesté la part
prise par
les
sociétés lignagères de littoral dans le commerce des
esclaves, parfois la réalité
de l'esclavage dans leur sein. Dan~ le
même temps et Jusqu'au XXe siècle,
les explorateurs européens et les
administrateurs des
empires
coloniau:<,
tout
en
confirmant
les
premières indications,
ont
apporté
les
preuves d'une institution
interne qui,
non seulement a trave~sé les siècles, mais encore s'est
répandue ailleurs
que
dans le Sahel ou sur la côte, dans la savane
et la
forêt.
Depuis,
les
études
su,~ ces sociétés ont commencé ~
identifier le phénomène.
Deux circonstances
ont ·favorisé
l~
problématisation du
fait empirique.
D'une
part,
en
accélérant
la
critique
de
l'impérialisme culturel
et en précipitant la formation de nouvelles
classes sociales en Afrique,
les indépendances politiques africaines
ont transformé
le
mode d'interpellation du p~ssê. L~ ,~éférence ~ux
valeurs communautaires
nécessaires
~
l'unité
des
Fronts
anticolonialistes et
~
l'idéologie de la nation s'accompagne d'une
recherche des inégalités existant au sein des sociétés anciennes.
Or
ce sont
ces
inégalités
anciennes que prolongent ou remplacent les
inégalités internes
aux
sociétés
post-coloniales.
Tel
est
le
contexte politique.
D'autre part,
dans les études sur l'Afrique, une
recherche d'inspiration
marxiste a précédé,
accomp~gné et suivi les
luttes pour
l'indépendance.
Quel~ues noms illustrent principalement
cette recherche
: en Europe et en Amérique:
J.
Suret-Canale, Basil
Davidson, H.A.
Klein,
Jack
Coody,
Cl.
Heillassoux; en Afrique,
Hajhemout Diop,
A.
Ossendé,
S~mir
Amin,
Amilc~r C~bral...
Nous
devons à
ce
courant
le
réveil
d'intérêt
pour
l~
question
de
l' es,.:l~vage.
La première
manifestation
de ce réveil se situe en 1969,
date du
Xe
Séminaire Af,~icain International cons~cré ~ l'Evolution
dlJ ,.::omme,~,.::e africain dePuis le XIXe siè,.::le ~ Afl~igue de l'OIJest, et
tenu a Fourah Bay Collège, ~ Freetown, en Sier'~a Leone. Le Séminaire
de Paris,
en
1972,
SIJr
l' Es,.::l~vP.lge
!!.!!.
Af,~igue
pl~é-,.::oloniale
,.::onstibJe l~
deIJ:<ième
n,anifestation.
Enfin,
Sl.::lve'~y
in
Af,~i,~a,
Histori'.::al .::lnd Anthropologi'.::al Perspe,.::tive~, OIJvr~ge p'Jbl ié en 1977,
aux Et.::lts-Unis
d'Amérique p~r Suzanne Hiers et Igor Kopytoff marque
la troisième.
Ce
n'est pas un hasard si Cl~ude Heillassoux, un des
initiateufs d'un
tel
courant de recherche,
un des maîtres d'oeuvre
des deux premiers séminaires, en a fait la synthèse des travaux.

- - - - - - _ .
~" ..
_..•--_.~~.. _~ ...-.••... -- ....•....- ~ .. _~-~.-
Pourtant,
à
l'occasion de ces quatre manifestations,
ni la
question de l'esclavage africain en g~nël~al, ni celle de l'esclavage
des sociëtés
lignagères en particulier,
n'est précisément ~ l'ordre
du jour.
La
synthèse
du
premiel~
séminaire identifie l'esclavage
comme un
phénomène rëgional, effet du, commerce de traite ; s~nt mis
en ~vidence,
indistinctement,
dans
tous les types de sociétés,
le
principal facteur de production d'esclaves
la guerre et les formes
d'esclavage reconnues
dont le type dit domestique. Oans la deu:<ième
synthèse, malgré
le
caractère
de
manifeste
sur
l'int~r@t de la
question qlJe
représente
le séminaire,
malgré l'importance relative
de l'attention
dont
a
bénéficié
l'esclavage
dans
des
sociétés
lignagères <environ
hlJit
communications sur dix sept>
(102) et qui
est une
importance
ici accidentelle due au nombre des spécialistes
d'une aire
géographiq'Je et linguistique rassemblés ~ l'occasion,
le
··-présentateur reconnaît
lui-nl@nle
le
,.::aractèrfit latéral des tl~aVaIJ)<,
leur nature
de
pr~-enqu@te
<le mot est de lui>,
par rapport à une
véritable probl~matique de l'esclavage.
~ j
-"au,...
un_
.... ,..:I.~
C:~
,

~, i
p~u.
q u e
d · ........
.p.c:l.~:l.qUeMen~
ve,...
c e
p,..ob~.Me.
Le
,.. • • • eMb~eMen~ d e
" ' e .
p,..eM:l.e,...
do",uMen~.

pou,..
ob~e~
d e
"'on~"':l.bue,.. . . . . . ~.:I.,..e,..
un
dOM.:l.ne
,...1.~:l.v_M_n~ n.G~:l.G. d_
~·.n~h"'opo~OG:I._ .~:l.n
d_
d . a . a - ' "
1 .
p"'Ob~.M.~:l.qU_
qU:I.
p_"'M_~~"'.:I.~

1 .
~o:l..
d_
.... _- --------

_ _ _•. . . . . .
- . ._ _
. . . .
ts ......
_ .- ........
. . . - - - - - -
r
31
,- ..-
. _ .
-
- - - - - - - -
O.ans Slaver.., iD. Afri,:a, m.algr'é les génér.al i tés dlJ ,.::h;",pi h'e
l s~r
l'étranger,
la
marginalité
et l'in~orpor;",tion, les m;",îtres
d'oe~vre n'ont
.auc~ne
ambition
théoriq'Je
;
malgré
l'importance
rel.ative ici
en~ore
de
la
doc~mentation sur l'esclav;",ge,existan~
d;",ns les
so,.::iétés
1 ign.ag~H'es,
c'est l.a mf}me e,dgence de l' è'nqIJ@te
exploratoire, c'est. l'enquête
explor.atoire
glob.ale

se pose ~
peine la
question
des
différences
cachées
d.ans
l'es~l.avage des
divers types de sociétés.
Oep~is 1980
po~rt.ant,.a~ moment où nous avons commencé la
réd.action d~
présent
tr.av.ail,
cette
ph.ase
est
révolue.
La
document.ation sur l'esclavage afric.ain .a fait ~n grand bon en .av.ant,
~ voir
q~elques titres en histoire .a~t.ant q~'en .anthropologie (103)
1980
AsilDn _ !U:!.Q
Afri,:an
Systems
of
Sl.avery
(J • L.
Watson) ,
1981 The - .. Ideolbgy
Q1 ---Sl.ave,"'y· --!n.
Af,"'i'.::a ~_œ~E ._Lovejoy) ,
1983 Transform;",tions
in
sl.avery =a history of slavery in Africa
(P.E. Lovejoy),
Women
.and Sl.avery in Africa
<C,C Robertson .and M.A.
Klein),
1985 Slaves
~
Slavery
in
nllJslim Af''''i,:a (J.Ralph Willis), -
Les Tr.ai tes négrières
<F. Ren.aIJl t et 2.:.. O.aget) .
~
Anthropologie 9.!. l' es,:lavage <Cl. Mei llassolJ:<) .
En mOme
temps
que la doc~mentation empiriq~e, l.a théorie
elle-même.a
pris
son
essor
désormais
irréversible. Et cepend.ant
l'essentiel po~r
l'escl.avage
des
sociétés
lignagères
n'est
pas
.acq~is. Parent
pauvre
de
la
recherche
empirique,
son
stat~t
théoriq~e reste
problématiq~e,
Si
Lovejoy
pose
q~e l'escl.ave d~
lign.age est
~n
a~thentiq~e
escl.ave
(1981:23),
B. Jewsicwicki et
M~mbanza mw.a
Bawele
.affirment
a~
contr.aire
que, d.ans ~n système
soci.al lign.ager,
l'escl.av.age
ne
diffère
p.as fondament.alement des
.a~tres formes
de
.dépend;",n~es
et
n'.a
p.as
~n
st.at~t
théorique
perm.anent (1981:78,83).
O.ans
l.a m@me logiq~e q~e ces de~x derniers
cherche~rs Cl.
Heill.asso~x,
pl~s
directen,ent,
nie q~'il s'.agisse
d'~n escl.av.age
~
proprement
p.arler
(1986:19).
Voilà
l.a
c.a~se
erltendlJe.
Bref, av.ant
comme .après 1980, malgré des .articles p~bliés
en Afriq~e
occident;",le
et
en
Afriq~e
Centl~.ale,
m.algré le riche
.apport des Fisher (104),
l.ac~ne de l'inform.ation sur l'escl.av.age des
sociétés lignagères,
gr.and besoin de doc~ment.ation, En entrep'~en.ant
cette ét~de,
tel
ét.ait
notre
premier objectif : contrib~er ~ une
meille~re conn.aiss.ance empil~iq~e d'~n escl.av.age q~i n'.a été négligé,
nié o~ idéalisé q~e p.arce q~'il ét.ait d'.abord ignoré.
D.ans cette
perspective
~ne
se~le
étude est pionnière ~
notre conn.aiss.ance,
c'est
l.a
thèse
so~tenue
en
1935
devant
l'Académie des
Sciences de l'URSS par PoU. Averkiev.a et tr.ad~ite en
;,mgl.:lis en
1957
et
'~eVIJe
en
1966: Sl.:lvery an'on9 the Indi.:lns of
North Americ.:l. Elève de Fr.:lnz Bo.:ls, .:Iy.ant fréq~enté en 1930 l'île de
U.ancouver.au
C.:In.ad.a et l.a société Kw.akiutl de 1.:1 Cate Nord-Ouest de
l'Amériq~e du
Nord,
l'ethnologue soviétique s'est donné comme objet
systém.atique de
recherche
l'esclav.:lge
p.atriarcal
d.:lns
diverses
sociétés de
la
région,
sociétés
d'agriculte~rs
et
sociétés
de
pêche~rs (Kw.:Ikiutl,
Tlingit,
Harda,
Tsimshian, Heiltsuk). Le b~t :
expliq~er cet
escl.:lvage
suivant
la
problématique du matéri.:llisme
historiq~e comme
~n
processus
historique
et
un
f.acteur
de
tr.:lnsform.ation soci.:lle.
Or
deux
t.:lres
d'ordre théoriq~e m.:lrq~ent
cette oe~vre
le
schématisme
évolutionniste et l'ambigu~té
ci-
devant relevée de la notion d'esclavage.

32
---~_."-----_._-- ,.,p-",-
Hais COMment
une
telle connaissance serait-elle possible
sans un
outil
théorique univoque?
Il est vrai
: la documentation
anthropologique ci-devant
examinée confirme la première proposition
de notre thèse.
\\
'.
'
L'ethnographie des
sociétés
de l'antiquité européenne et
du Moyen-O~ient en
fournit
une
première
preuve. D~ns la société
d'Abraham,
la
hiérarchie
superpose
l'homme
libre
à
l'esclave et
l'esclave Juif

l'esclave étranger. Or, quelle que soit la durée
limitée de
son
esclavage
légal
(six
ans),
quels que soient les
aménagements particuliers
dus

sa
Judéité
<lit,
nourriture,
boisson, cadeau
lors
de sa libération)
(105),
l'esclave juif reste
néanmoins un juif diminué sous trois rapports.
Certes, son statut de
me~cenaire lui
permet
de conserver son occupation antérieure, mais
il· la ':onsel~ve sO'.JS une '~ondi t i on dépendant-e è'tfol~cêe -'i e~utr~-.cll
la manumission,
il
perd
sa
femme,
lorsque cette femme lui a été
offerte par
le
maitre
qu'il quitte; enfin, s ' i l tient à demeurer
esclave, il
devra
porter
l~
marque
physique
de
cet "esclavage
volontaire- et
perpétuel
l'oreille
percée
(106).
Quant
à
l'esclavage étranger,
il
est
au
sens
propre
une
propriété
perpétuelle (107),
étranger
à
la
communauté
patrilignagère
du
maitre,
incapable
de
posséder
et de tester, homme de peine a tout
faire dans la maison (108) et al.Jx champs.
Dispensé du temple lors de
trois grandes
fêtes
annuelles,
dispensé aussi de la· récitation de
certaines parties de la liturgie quotidienne,
il ne bénéficie pas, à
sa mort,
des
honneurs dOs aux Juifs: rang pour l'ensevelissement,
bénédiction des
affligés,
condoléances
adressées
aux parents
CA.
Cohen, 1977 : 256-257).
H@me infériorité
extr@me dans la société grecque du temps
d'Homère. Après
avoir comparé le statut du thète, ce colonisé, avec
celui de
l'esclave,
cet
étranger,
Michel Austin et Pierre Vidal-
Naq'.Jet en conviennent <1972 : 60).
·X1
n • • • MD1.
p . .
G_p.nd.n~
que
1 ' o n
do~v.
n~.~
~ou~_
.~ctn~ "~ .... ~~on'"
1.' .n~~~"'• • _ _ n~~.
1 ~D~ _ _ ~
_ .... ·~;-~un.
p.~~.
1 .
~ .... ~.
d·A ...... ~11_
n·_.~
p • •
n_ . . . . . . . ~~_M_n~ un
. . . . .
~_.1~~_.~
n_
~_p~_• • n~.
p • •
"o~"'_M.n~
un
~_~M_
~n"_~~_u~
D~_n
d_"~n~.
D_
._M_
pou~
KUM_.IQ·.~~ un
. . . . . . w .... p~~onn.1,
mpAo- _pvl'p!_.
De
~au~e
4aooft,
Eu• • e_
. e . e
p~~V~1.a~• •
n.
d.v.n.1~
p . .
_n~~.~.M.nt
1~D~.,
• • ~.
~ • • ~.~~
~.~~.o... _
...
1-0&kp_
d·U1V • • • .
~1u.~.u~.
p • • • • g _ _
donn.n~

c~a~~.
que
1·.n~~t"'• • •
_n~~.
1~D~.
_~
. . . . . :L.v.
_t_~~
d_Ja
"o~~• • _n~
v_1.u~ qu.nd
~:L
:Lu~ .,.~~ p.~d~. 1. :L~D.rt_H (souligné par
nOI.Js H.M.-F.)
(109).
Une seconde preuve se trouve dans la littérature anthropo-
logique. Pour
A.
M~
Vergeland,
la
condition
des
esclaves
en
~erNanie, au
Moyèn-Age,
est
d'infériol~ité
radicale. Personnes et
choses ~ la fois,
articles de propriété, êtres sans droit personnel,
assujettis è
leurs
maîtres,
@tres
sans
place
dans
la
société
politique,
tels
ils sont (110). U.P.
Averkieva confirme cette thèse
lorsqu'aux chapitres
VI,
VII
et VIII de son étude sur l'esclavage
chez les Amérindiens, elle détermine les raIes,
les statuts des

------,
-~~-----
.._-~----------.------
33
l'économie (Helpers>,
mesure
de
richesse
sur
le
plan social
(a
mesure of
wealth>,
statut
de
sans
droits
("the without rights"
position>,
ce qui entraînait, comme forme de dégradation physiq'Je et
morale correspondante,
les marques au fer rouge en cas de fa~te.
Mais si la documentation anthropologique confirme la thèse
de l'inégalité
extr3me,
elle donne raison également ~ notre option
théorique. Selon
la
conception
humaniste
ci-haut
analysée,
le
concept de
l'esclavage,
concept
d'anthropologie
politique, comme
nous l'avons
dit,
est
primordialement
du
domaine
de
la
"superstructure" o~
le
procès
militaire
et
les
relations
de
captivité qu'il
produit
dominent
sur
le procès d'échange, sur la
matière et
le
produit
de ce pro,.::ès
: la nlar,.::handise.
La racine de
l'inégalité, c'est
la
violence
politique,
l'affrontement
des
sociétés pol itiqlle"s,
la gIJerr'e. Le 1 ielJ de sa reprod/JI.::t~n, ,.::e sont
les relations
d'antagonisme entre sociétés et Et~ts. En même temps,
pour beaucoup
d'historiens
et
anthropologues
de
l'esclavage, un
concept définit
la
nature
de
"l'esclavage",
c'est le concept de
propriété.
(H.J.
Nieboer:
1900 : 3-7 ; W.L.
Westermanrl : 1955,
1 ;
M. Finley, 1968
307
J.L.
Wateson,
1980 : Introduction).
Or, si
de
plus
en
plus,
des
voix
s'élèvent
pour
disqualifier l'esclavage
comme
concept
scientifique
(111), c'est
dans cette
contradiction
qu'il
faut
en
trouver-
un
des
vices
logiques. En
étendant
un
concept
scientifiquement
précis
~
un
ensemble de réalités hétérogènes, on le vide de son contenlJ et de sa
clarté, on
perd
en
valeur
théorique
ce
qu'on
gagne en laxisme
idéologique ou
philosophique.
Dans
l'Encyclopeadia
Universalis
(1968, Vol. 13 : 656>
(112)
reconnaît au concept juridico-économique
de propriété la définition suivante :
d~.~~nou • • n
~.n~
q u ' . 1 1 .
oon.~~~u. u n .
~n.~~~u~~on Ju~~­
d~qu• •
c .
n ' • • ~
p . .
u n .
M.C~~~• •
M.~.~~.11.
ou
d .
~.~~
1
o.11.-o~
• • ~
d.nomm • •
po • • • • • San
1
o .
n ' • • ~
p • •
non
p 1 u .
u n .
M.C~~~..
p~O~.Q• •
p.~
1 .
d"a:L~

1 .
po • • • • • ~on
. n Q . n -
d~.
Ju~~d~qu.m.n~
un • • • ~~.
d e
b • • ~~~ud• •
1
S' • • $
~
~
p.~
1 . q u . 1
u n .
oho • • •pp.~~~.n~
_
u n .
p.~.onn.,
1u~
• • ~
~ •••~v•• •
(souligné par nous H. M.-F.>.
S'il en
est ainsi, cela signifie, au plan logique,
que le
captif,
l'homme
pris,
en particulier le prisonnier de guerre n'est
ni une
chose
ni
une
propriété
la relation, d'essence juridico-
1
politique, qui
l'enchaîne
au
vainqueur
est
une
relation
non
d'appartenance d'une
chose
~ un propriétaire, mais de soumission ~
une force
matérielle,
de
subordination

une domination.
A cette
différenciation logique correspond une différenciation sociologique.
La guerre,
productrice
de captifs, et le commerce o~ s'effectue la
circulation des marchandises sont deux pratiques sociales autonomes,
d'~ge inégal
dans
l'histoire,
fonctionnant selon des modalités
et
des codes différ'etlts. Comme le nlontl~ent les polémolog'Jes, histor'iens
comme Pierre
Ducrey
et
Yvon
Garlan,
anthropologues
comme
Ch.
Letourneau et
Maurice
R.
Davie,
la guerre comporte ses "lois",
non
pas seulement
dans
l'acception
épistémologique
où le savant veut

34
s~isir les
détermin~nts et
les
régularités
pour
expliquer
les
év~nements, ni
dans l'acception stratégique et technologique où les
chefs militaires
appliquent
ces
conn~issances sur
les ch~mps de
bataille, Illais
encor'e
dans
l' a'~'~-eption
déontologique,.
mielJx
Juridique, où
elles commandent, au f9,rt
de la lutte, de ~'~bstenir
de certains
actes ou d'en respectel~ certains autres. Variables dans
l'espace et
le
temps suivant les systèmes sociaux en présence, ces
"lois· au troisième sens s'avèrent assez étendues pour concerner des
matières aussi
diverses
que
la
déclaration
de
guerre,
l'inviolabilité des
populations
civiles
et des vaincus,
les soins
aux blessés
et
aux
morts,
les traités de paix, assez anciennes et
assez générales
dans
lelJrs intentions et leurs formes pour @tre en
vigueur non
seulement
dans
les
Etats
et les empires (113), mais
encore dans les sociétés lignagères (114). Jusqu'aux conventions
de
':;enève r~es
IJs-ages
OIJ
lois
de
la guerre expriment sous d' alJtl~es
formes les
compronlis
entl~e
les
pol i tiq'JEfs
dès·
sociétés
belligérantes. La
polémologie,
science des guerres, et l'économie,
science de
la
production,
de
l'échange et de la distribution des
biens matériels,
attestent
l'autonomie relative des deu:< pratiques
so,~iales.
Or, pour
que
le
prisonnier
de
guerre ou le captif, de
l'état de captivité où il est vainc'J, passe a l'état de propriété où
il est
acquis,
il
doit
subir
et
subit,
on
le
sait,
une
transformation matérielle,
terme
de
la
lutte
entre vainqueur et
vaincu, source de gain pour le vainque'Jr : l'échange marchand. Objet
secondaire de la polémologie - on le voit bien, par exemple, dans le
modeste paragraphe consacré
par Gaston Bouthoul b l'esclavage comme
un des
effets
économiques
des
guerres
(115), cet échange est un
objet principal de l'économie.
Cela revient
donc
b
dire
et
la
est
la
seconde
pl~oposition de
notre
thèse
que le '~on'.:ept d' es,~lavage est pour
nous primordialement
un concePt d'anthropologie économique. Concept
équivoque s'il
en
est.
L'esclavage,
c'est
d'abord
le processus
d'esclavagisation:
il
consiste
dans
une réification marchande:
séparés des
rapports
de
production de leur société d'origine,
les
esclaves circulent
comme marchandises en échange de biens matériels
servant de moyens de paiement. L'esclavage, c'est ensuite et surtout
l'instrumentalisation des
esclaves
dans
de
nouveaux
rapports de
production caractérisés
par
une
forme
spécifique
d'exploitation
(116) qu'accompagnent
une
forme
de
domination
et
une
forme de
représentation spécifiques,
c'est
surtout
la
reproduction
de ce
système du
double point de vue des maîtres et des esclaves. Quant b
l'esclave, au sens propre,
il est la personne-marchandise, vendue et
achetée dans
son
entier,
une
fois
pour
toutes,
parmi d'autres
marchandises:
le
bétail
et le grain,
l'or et le tissu et dont le
maître individuel ou collectif use précisement comme moyen dans tous
les secteurs
de
la vie à commencel~ par les services domestiques et
par la
production.
Instrument
omnifonctionnnei de droit,
il ne se
confond pas
avec
n'importe
quel
dépendant,
avec
n'importe quel
sujet, avec n'importe quel serviteur.
Tel est
senlble-t-il,
le
concept
qu'en
rupture avec la
philosophie politique
classique,
et,
en
corrélation avec lequel,

35
Kar'l Mal":",
dans Le C;lPi tal,
a '~onstl"IJi t
les ,~on,~epts de tl"avai llelJl"
libre et de force de travail,
fondant ainsi une théorie scientifique
de la
plus-value
ou
précis~ment
de
la
survaleur.
De
validité
universelle puisque
applicable
aUH s~ciétés d'Abraham, d'Homère ou
des T,~héo'J,
~ ,.:elles de Péri,.:lès, de Ci,.:el"on ou d' Ibn-BatttJ:t'a ,.:onlme
~ celles
de
Washington
et
de Samory,
plus opératoire parce qu'il
permet une
histoire
scientifique
de
son objet,
ce concept est le
plus approprié
~
une
théorie
des
faits
que
nous ont permis de
reconstituer les sociétés lignagères que nous avons interrogées.
Peu
importe donc
que
ce
concept mis en oeuvre par certains chercheurs
(117),
ait
été
largement
perdu
de vues par la tradition marxiste
elle-m@nle .
Hais si
l'esclavage dans les sociétés lignagères que nous
étudions ici est yn véritable esclavage conformément au concept,
cet
es,~lavage·nlanifeste
cependant
des
fm"nles
et
des di-!fé.ren,.::es qlJi
justifient le concept
d'esclavage lignager.
En définitive,
en démontrant l'authenticité d'un esclavage
dans les
sociétés lignagères,
en construisant des éléments pour une
théorie scientifique
de
cet
esclavage,
nous
avons la conviction
d'apporter du
même
coup
une
modeste
contribution
~ une théorie
générale de
l'esclavage,
~
ce
qu'on
appellerait aujourd'hui une
anthropologie de l'esclavage.
De ces propositons fondamentales que nous venons d'énoncer
découle une problématique globale ~ quatre niveauH.
La pl"enlièl"e sél"ie de Pl"oblèmes l"elève pl"êjlJdi,.::iellement du
domaine des idéologies. Si les esclaves sont des êtres humains faits
marchandises,
il
devient
primordial,
en
effet,
de
fonder cette
assertion dans
les logiques des sociétés lignagères elles-mêmes,
en
reconstituant les
représentations
de
l'humain
(personne,
société,
histoire>
par
lesquelles
ces
sociétés
posent
l'identité
anthropologique entl"e
lelJI"s
membl"es
et
,~e'.;
des ;lIJtres sociétés
humaines par
rapport au reste des vivants qui peuplent l'univers.
A
partir de
l~,
on
peut
chercher ~ savoir si l'esclavage altère ou
modifie cette
identité,
en quoi,
en quel sens,
dans quelle mesure,
comment et pourquoi elle l'altère ou la modifie et sinon pour quelle
raison il ne réussit pas.
Une deu:dènle
série
4Q.
problènles
l"elève des systènles ~
production proprement
dits.
Si les esclaves sont des êtres humains
faits marchandises,
il est essentiel d'élucider les conditions
(his-
toriques,
géo-politiques,
économiques,
etc.>,
les formes,
les moda-
lités et les résultats
-
quantitatifs et sociologiques
-
du procès
qui
les
produit
en
tant
qu'esclaves,
bref
les
racines
de
l'escl.:lv;:]ge.
Viennent les
pl~oblèRles
d€~ 1.:1 ~~l"l'.::e ~~ es(~l.:lves ~ les
stl"U'.:tul"es so,.::iales
et
de
leUI"S
l"ôles
(j;,IrIS
la
l"epl"odIJ,.::tion Q!:!.
l'évolution des
so,.::iétés.
En
pl"emiel"
li€~u,
d':IrIS
quels r'apPol.. ts
soci.:lux les
esclaves
entrent-ils
?
Sous quelles contr.:lintes et
selon quelles
formalités
?
Quels rôles ces pl.:lces leur donnent-
--,---_._~---~~~~---_.

-
-- - - - - - -
elles et
q~elles
signific~tions s'associent
à
ces
rôles
7
En
deuxième lieu, si dans et par la réification marchande,
les esclaves
sont affectés
d'une
infériorité
radicale,
reste à savoir si cette
infériorité est
sans
rédemption, si ·elle s'exerce pour tous,
toute
la vie,
d~ns toutes les relations sociales, si au contrair&\\elle est
différen,~iée (et selon quels '::r'itèr.es 7>,
lo'~alisée (è.t\\ ~ q'Jel
niveau 7>,
circonstanciée (et suivant quelle occurrence 7>,
bref si
elle est
diversIfiée,
limitée, modulée et pourquoi il en est ainsi.
En troisième
lieu,
enfin,
les esclaves supportent-ils tOIJS, quels
que soient leur origine,
leur sexe,
leur ~ge cette contradiction qui
les oppose ~ux libres 7
Comment et pourquoi 7
Sinon, qui sont ceux
qui ré~gissent 7 Sinon, comment réagissent-ils contre elle 7 Quelles
sont les
formes,
quels
sont
les
n,oyens,
les
résultats
et les
éonséquences de leurs luttes pour eux-mOmes, ~our les maitres qu'ils
combattent, pour
les
sociétés
d'origine qu'ils peuvent rejoindre,
pOIJr
lelJl"'s nouvelles patries?
--.'.-- -~- .':_--~----.-..~
. ----.
Vient le
problème
des
effets
de
l'esclavage
sur
l'organisation et le fonctionnement des sociétés dans les sphères de
la représentation,
des
r~pports' politiques
et
des
rapports
de
production.
Procès différents,
Procès historiques. En mOme temps que
les conditions
de
leu,~ reproduction,
il faut élucider la genèse de
ces procès divers,
leur évolution et, s ' i l y a
lieu, -leur extinction
dans 1e tenlps.
En dépit
des
difficultés
de
mise
en
oeuvre
et
de
résolution de
cette
problématique,
voici d~ns leurs axes majeurs,
les données essentielles de notre analyse.
Premier ~
~ l'échange esclavagiste à des r~cines inter-
~ ~ so,~iétés 1 ignagèl~es elles-nlOnles
Tout inscrit
qlJ' il
soit
dans
un ,::ontext;.e...nis.torique et
régional,
l'esclavage n'a pas été ici IJn processus imposé simplement
par des
sociétés
étrangères,
en
l'espèce
des Etats guerriers et
marchands, africains
ou
européens,
il
a été une pratique sociale
commandée et
'entretenue
par des nécessités internes. Parallèlement
au processus
d'importation
et
à
la
forme
acquisitive
ou
appropriative de
source externe,
il y a un processus d'exportation,
une forme
excommunicative,
de
source
interne,
o~ les peuples ont
opéré sur leurs propres membres comme matière première. Processus et
formes disjoints,
processus et formes sOIJvent associés dans l'esp~ce
et le temps.
De'Jxiènle:illi!t
-,-!.!:!.t:. k
fond d' I.me identité anthropologiglJe
Présupposêe
l'infél~iorité sociale radicale des esclaves joue, selon
l
diverses nlOdalit"és,
!f!
tOIJS
les
nive;;'IJl·(
9lt
l'Ol~g;;,nis;;,tioT'!. des
sociétés.
Tels ont
été
les esclaves en majorité
: p;;,r lelJl~ 5t~bJt,
des inférieurs
aux
cadets
sociaux
en
t;;,nt
que
moyer.s de la
procréation et
de
l'enrichissement
des
lignages,
~
des
degl~és
divers, des
exploités
absolus; dans les relations de pouvo i l~, des

37
instruments de
la
reproduction
so~i~le
et,
p~r
l'~ccumul~~ion,
l'immolation et
l'obl~tion
ostent~toires dont ils SOflt les objets,
les ·instl'IJnlents
de
91ol'ifi,.::~tion
sO'':io-politir.pJe
des
,,:hefs
de
ligna~es et des lignages libres ; d~ns les rel~tions symboliques des
instrunlents d'apparat
en
même temps qlJ' ~gents et ~1J:<ili~il'~.s de l~
crdation culturelle,
en
g~n~ral
des
d~chets
soci~ux
doht
les
cadavres sont
exclus des honneurs fun~r~ires r~glementaires. Si une
minorit~ d'esclaves
a
connu une r~demption m~rit~e m~is ~l~atoire,
les r~sist~nces
et
les
f~its de lib~r~tion, ~v~nt et ~IJ moment de
l'abolition de
l'esclavage, constituent, si besoin est,
les contre-
~preuves de cette condition glob~le, destin dlJ plus grand nombre.
Troisième ~ .:.. la signifi,,:~tion de ,:et escl~v~ge 2
tl'OIJ-
ve i ndivisiblement !! tl'ois nive~IJ:·~ de l' histoil'e- des so,:i~t~s ,,:onsi-
dirées.
L' ~cononlie politiqlJe de lelJl's l"elations ~ve,: le nlonde extr~­
~fl'i',:~in, l' histoire
économiq'Je
et
'':IJI bJrelle~-=,,,.egionale,
l'~nthropologie ~conomique et sociologiq'Je des soci~t~s elles-mêmes.
Ce que l'économie politique explique de mani~re claire, ce n'est p~s
l'origine de cet esclavage, ce sont s~ croiss~nce et son extinction.
Le capit~lisme, d'abord March~nd <XVI-XVIIIe s.), ensuite industriel
(XIXe siècle),
~ ~t~ cause d'une ifltensific~tion de l'escl~v~ge sur
l~ cate
et
~
l'intérieur; d~ns l~ seconde moiti~ du XIXe siècle,
cette intensification
~
~t~
d~ternlinée
p~r
l'~nt~gonisme
entre
l'exp~nsionnisme africain de Samory Tur~ et l'imp~rialisme franc~is.
Dans le
c~dre de l'impérialisme coloni~l victorieux; l'~bolition de
l'esclav~ge devait ~d~pter l'exploit~tion des forces de trav~il ~ l~
crise mondiale
du
capitalisme marchand d'une part et au:< exigences
d'un c~pit~lisMe
colonial d'essence ~gr~ire d'~utre p~rt. Quant ~ux
formes de
cet esclavage, on en trouve les explications,
p~rtie d~ns
les ~changes
socio-~conomiques et
culturels
qui
ont
~nim~
les
r~gions, partie
dans les structures sp~cifiq'Jes de production et le
fonctionnement socio-politique
et
id~olo9ique
des
soci~t~s
lignagères elles-mêmes.
Nous d~montrerons ces propositions en quatre parties.
AIJ pl'éalab le,
nOIJS
,:onsa,:l'ons
une
pl'emièl'e
p~l'tie : ~ options
préliminaires, ~
la
l~gitim~tion
du
concept
th~orique,
~
l~
présentation du
champ
géographique,
historique et sociologique de
notre étude.
La
delJldème
p~rtie
Le
Pl'o':ès
Qg, pl"od'Jction des
esclaves, conduit
~
terme
la
résolution
de
quatre
problèmes :
problème de
la nature du procès,
problème des conditions 9~nérales,
externes et
internes
du
procès
dont les êtres humains ~taient la
matière, problème de ses deux formes principales -
la forme endogène
ou excommunic~tive et l~ forme exogène ou ~ppropriative
- dans ces
deux moments
historiques,
le moment d'intensific~tion <XIXe siècle)
et le
moment
de
déclin
<début
XXe
siècle),
problème
du bilan
démographique et
sociologique du procès. D~ns la troisième p~rtie :
Les es'.::l~ves
d~ns
la
so'.:iété,
nOIJS
pl'enons
l~
nleSIJI'e
de
l'infériorit~ st~tutaire
des
esclaves
~
tr~vers
les
rites
d'introduction et
de
sp~cification,
et
~
tr~vers les diff~rents
raies d'instruments
qui sont les leurs d~ns la procréation, dans la
production, dans la reproduction sociale ; nous p~ssons en revue les
deux confre
épreuves
de l' infériorité c'est-~-dire les résist~nces
comme refut de déshumanisation et d'~utre part,
le statut de déchets
soci;,:)IJX qlJe
d~voi le
leul'
mOI't.
L.:l qIJ;;:)t!'iènle p;;lrtie porte SIJI" Les
j
1
1

- ---,-- - ~ -----"
KIfet. de
l'esclavage ~ la significatign ~.~ croisssnçe
~ XIXe
sitele.
Nous
y
analysons
les
conséquences
multiformes que cet
esclavage a
entraînée.
nouvelle
ideologie
de
l'infériorité
servile, octroi
d'une citoyenneté mutilée et avènement de nouvelles
hêg'monies, enfin
app.uri tion
de
structures
de
clélsses \\" ~n5 des
lignages, dans
des
communes, dans de~ societes esclavagiste•. Sont
enfin identifiées
les
principales
causes
internes
et
externes,
d'ordre historique
et
anthropologique,
dont
le
jeu combiné rend
compte de
la croissance relativement importante de l'esciélvage dans
la seconde
moitié
du
XIXe
siècle.
Nous mettons en évidence dans
l'histoire économique,
sociale
et
culturelle interne des sociétés
d'une part,
et dans l'histoire régionale africaine d'autre part,
le
rôle de
quatre
productions
d'exportation:
le sel,
l'or,
la cola,
l'huile de
palme
et
le
rôle
de
la
guerre
dans la conjoncture
impêriaU5.te.
,"

\\ \\
--- ... ;-.,... -",
PREHXERE
PARTXE

39
"
-
"..
QUESTXON
DE
METHODE
LES
OPTXONS
PRELXMXNAXRES

\\,
r-~ __
CHAPITRE
1.
UN
CONCEPT UNIVOQUE O·ESCLAVAGE BON A PENSER
L·IOENTITE
ET
L·UNIVERSALITE
O·UN
OBJET
OE LA
PHILOSOPHIE
A L·ANTHROPOLOGIE COMME
SCIENCE
CHAPITRE
II.
UN CHqMP OU SE DONNENT DES SOCIETES DE MEME
FORME

CHAPITRE
1
UN CONCEPT
UNIVOQUE
D'ESCLAVAGE
BON
A
PENSER
L'IDENTITE
ET
L'UNIVERSALITE
D'UN
OBJET
DE LA PHILOSOPHIE A L'ANTHROPOLOGIE 5CIENT~FIQUE
SECTION 1
LE
CONCEPT
PHILOSOPHIQUE
ET SA METAPHORE :
L'ESCLAVAGE COMME
RELATION
DE
PROPRIETE
ET
D'APPARTENANCE-ARISTOTE
SECTION II
LA
METAPHORE
PHILOSOPHIQUE
ET
LA
VISION
IDEOLOGIQUE DE
L'HISTOIRE
AFRICAINE
L'ESCLAVAGE COMME RELATION D'INEGALITE SOCIALE -
Kwanle NKRUMAH
SECTION III
UN
CONCEPT
DJANTHROPOLOGIE
SCIENTIFIQUE
L'ESCLAVAGE COMME
RELATION
DJAPPROPRIATION
MARCHANDE ET DJAPPARTENANCE_- Karl MARX
- ,
. "
.;;1'1;

42
(
1
A qui
cherche
si l'esclavage des sociétés lignagères est
bien de
l'es/.:lavage,
les philosophies s'offrent Jl:l la fois comme IJne
"iTltrodIJ/.:tion logîq'Je
et ,.:omme 1.1n obsta/':îècépistémoH;glqüEL "An/.:@tl"es
des sciences
dans leur acception moderne,
elles ont,
les premières,
constitué les
formes
d'esclavage
en
un
objet
de
connaissance
théorique;
espèces
d'idéologie
théorique,
elles
véhiclJlent
la
justification de5 .pratiques
d'esclavage.
Les
interpeller,
c'est
chercher Jl:l
identifier
d'une part les idéologies et notions dont la
disqualification théorique
est
nécessaire
au
progrès
d'une
connaissance scientifique
de
l'esclavage
et
d'autre
part
des
problèmes et potentialités utiles ~ cette connaissance.
Afin de
justifier
le
concept scientifique mis en oeuvre
dans ce
travail,
la
théorie d'Aristote et celle de Kwame Nkrumah,
constituent le
thème de cette enqu@te préliminaire. Pour l'histoire
de la
pensée
politique
en
effet,
chacune
occupe,
dans
sa
civilisation d'origine,
une
place capitale.
La première construit,
dans l'Europe
du
IVe siècle avant J.C.,
le projet d'une société de
classes, esclavagiste,
articulée
par
la
relation
de
type
impérialiste ~
d'autres
sociétés
étrangères
;
la
seconde, dans
l'Afrique du
XXe
siècle,
propose l'idée d'une société indépendante
et sans
classe,
au sein d'un monde décolonisé.
Celle-lJl:l inalJgure le
concept philosophique
d'esclavage
en m@me temps que sa métaphore;
celle-ci est
travaillée
de
part
en part par cette mét~phore ~ un
point d'abstraction
tel
que s'y trouve niée et occultée la réalité
de l' es,.:l'avage
en
vig'Je'Jr
da'ns
les sociétés 1 ignagèl"es d'AfriqlJe
nlJbienne.
Cette prise
de
vue
du
concept
philosophique
et de sa
métaphore ouvre
la
voie
~
la mise en place d'un concept univoque
d'anthropologie scientifique.
Nous empruntons celui-ci ~ Karl Marx,
le premier
qui,
~
notre
connaissance,
dans
la
génération
des
fondateurs des
sciences
de
la
société,
a
fourni
un instrument
théorique univoque.

l(, ••
.....
SECTION 1.
LE CONCEPT PHILOSOPHIQUE ET SA HETAPHORE
L'ESCLAVAGE COMME RELATION DE PROPRIETE ET D'APPARTENANCE
ARISTOTE 384-322 av.
J.C.
La théorie
d'Aristote,
premier
discours
rationnel
sur
l'esclavage dans
l'histoire de la pensée européenne, apparaît comme
une philosophie politique. Systématique par la relative cohérence de
sa pr-oblénlatiq'Je,
,::ri tiq'Je
par- la synthèse r-éf.le:~_i.",e qIJ'~!!!_~~ opère
i
. des conceptions
contradictoires
qui se combattaient ~ cette époque
sur la
question, elle inscrit en effet la relation d'esclavage dans
le cadre
d'une
idéologie
~
la fois éthico-politique, historique,
socio-économique et biologiq'Je et dégage un concept dont l'extension
prend un
caractère .étaphorique.
Telle est,
croyons-noIJs,
la raison
1,.
principale de
sa notoriété, telle est aussi la raison du choix dont
1
elle est l'objet à cette place.
Hais pour
démontrer
que
cette
philosophie
est
une
idéologie théorique,
force est d'abord,
par l'analyse historique,
de
caractériser les
relations esclavagistes qui furent en vigueur dans
la formation
sociale
de
la Grèce classique
(Ve-IVe siècle>
et qui
constituèrent le
nlilieu
natal
et l'objet de cette philosophie. On
peut ensuite,
par
analyse
interne,
élucider
la
théorie.
Enfin,
l'analyse externe
pourra
déterminer
la nature et la signification
sociologique de
l'idéologie
et
la
contribution
d'Al~istote
~ la
théorie scientifique de l'esclavage.
Sur le
contexte,
la recherche contemporaine sur la Grèce
ancienne apporte
deux
contributions
essentielles.
Nous devons la
première de
c~s
contributions
aux
historiens
de
l'économie tel
Finley (1)
qui,
en accumulant des faits pour mieux caractériser la
société grecque
classique
comme
IJne
société
esclavagiste
(slave
society>
permettent
de
mieux
préciser
ces relations d'esclavage,
leur genèse,
leur
ampleur
et
leurs
fonctions.
La
seconde
contribution est celle des historiens de l'idéologie de l'esclavage,
tels Schlaifer
et
Vlastos
(2)
qui
ont
déterminé
les cadres ob
s'origine cette philosophie, cadre politique des guel~res entre Grecs
et non
Grecs
et/où
le
nationalisme
pan-héllénique est né,
cadre
culturel ob les idéologies de l'ethnie se sont développées.
S'agissant de
la
théorie,
hormis
les
textes originaux
d' Al~istote (Poli tiq'Je,
E,::ononliqIJe,
EthiqlJes)
(3) ,
la 1 i ttér-atrJl~e
philosophique reste à ce jour la source principale de documentation.
Commentateurs et
historiens
de
la
philosophie ont définitivement
dégagé le
cadre
logique
de
la
théorie,
précisé la problématique
essentielle, souligné
les
contradictions
au
moins
apparentes du
système.

Depuis, cependant,
les
sciences
de
l~
société
et
de
l'homme constituent
une
seconde ~ource de Jour en Jour plus riche.
Dans l'ordre
descriptif,
plusieurs
figures
d'Aristote,
ayant une
incidence plus
ou
moins
directe
sur notre propos ont été mises •
jOIJr:
''1'historien''(4),
"le
psY'.::holog Je''(5),
"le biologiste''(6),
'
"le politiste''(7) et pourquoi pas? "1'anthropologue"(S>.
La recherche
historique
n'a
pas
seulement découvert un
"historien" en
Aristote,
elle a renouvelé les moyens d'analyser et
d'interprétation des
textes.
Aidée
par
l'anthropologie,
elle
a
reconsidérê le
concept d'économie dans les formations sociales pré-
industrielles, revu les concepts de cité et d'Etat souvent confondus
par les
traductions
littérail~es ou philosophiques (9). En s'aidant
des études
sémantiques
de plus en plus nombreuses
(10), elle donne
un utile
éclairage
aux notions centrales d'esclave et d'esclavage.
Ce qu'on
pourl"ai t
appelel"
l'anthropologie
de -"-la-
fami Ile
et
"l'anthropologie" de
l'économie chez Aristote (11) caractérisent le
cadre fondamental
dans
lequel
Aristote
inscrit
les
relations
d'esclavage. L'enqu~te d'anthropologie psychologique sur l'~me et la
vie livre
les
éléments
indispensables
~
l'explication
de
ces
relations. Une
lecture
attentive
révèle un point mal souligné par
les études antérieures, savoir que la problématique aristotélicienne
comporte enfin
une
thèse
d'anthropologie
historique, celle de la
primitivité de l'esclavage domestique.
Au point de vue critique,
l'idéologie, encore qu'elle soit
étrangère en
tant que telle ~ la problématique des commentateurs et
des historiens
de
la philosophie est, en fait,
enveloppée, dans la
littérature, sous
une
première
contradiction, celle qui oppose la
notion socio-biologique d'esclavage naturel,
lot des non-Grecs et la
notion juridico-politique
d'esclavage
légal,
accident
qui échoit
quelquefois à
des
Grecs.
Il
est
une
seconde
contradiction,
fondamentale à
notre
avis, c'est la contradiction entre d'une part
la thèse
de
la
communauté d'intér~t qui est présumée caractériser
tout esclavage
et,
d'autre
part,
la
réalité
d'une
société
esclavagiste où
la
classe
des
nlaîtres
ne
cesse
de prendre des
dispositions préventives contre les révoltes.
Sous la
première
contradiction,
se trouve une idéologie
préscientifique d'origine
populail~e
qui,
non
seulement réduit la
culture à
la nature en cherchant dans le domaine de la biologie une
e:<plication aux
phénomènes sociaux,
mais encore réduit l'histoire'
la nature
en identifiant un f~it d'esclavage donné dans une société
archaique à
un
fait
de
nature
biologique.
Sous
la
seconde
contradiction et
le
discours
de
Justification
qui
s'y dévoile,
apparaît une
idéologie
politique
réactionnaire
qui, en cherchant
l'essence de
toute
relation
esclavagiste
dans
une
communauté
d'intér~t qui
n'existe
pas,
tend

occulter
la
contradiction
fondamentale d'intérêt
entre
la
classe sociale des esclaves et la
classe sociale
des
m~îtres
dont
Aristote
est
un
représentant
notable.

I
LES
RELATIONS
ESCLAVAGISTES
DANS LA ?OCIETE ~S ~A
GREeE CLASSIQUE ~ et IVè siècles)
1.1. L.:l société de J..:l Gd?,::e ,.::lassi'·Ne
P.:lr son
histoire,
p.:lr
S.:l n.:lture et p.:lr S.:l structure,
la
~orm.:ltion sociale
de
la
Grèce
des
Vè et IVè siècles,
dite Grèce
fl.:lSsique,
marque
une
double
.rupture
: rupture .:lvec le modèle de
société dont
elle
est issue,
rupture .:lvec le modèle de société qui
~rédomine d.:lns
les
civilis.:ltions environn.:lntes de l.:l région.
D'une
ip.:l rt , en effet, si nous évitons l'us.:lge préscientifique et .:lbusif du
Imot
Et.:lt
que
l'on
rencontre
chez cert.:lins .:luteurs ~ propos de l.:l
IGrèce .:lncienne
(12),
nous .:lvons .:lff.:lire d.:lns l.:l Grèce .:lrch.:lïque du
Ile millén.:lire .:lU VIlle siècl~: hormis l~ Crête mycénienn~, ~ ce qu~
les .:lnthropologues
.:lppeller.:lient
une
société
p.:ltrilign~gère
que
dominent,
il:I
l'époque' d' Homèl~e
IJne
~l~isto''::l~~tie
fpn~ièl~e
(13).
D'.:lutre p.:lrt, régn.:lient d~ns la région,
en particulier en Afrique et
en Asie
mineure,
des
sociétés tribut.:lires,
dominées p.:lr des Et.:lts
mon.:lrchiques et impéri.:llistes.
Comme Et.:lt,
l.:l
cité
grecque
se distingue p~r plusieurs
tr.:lits des Et.:lts .:lfro-.:lsi.:ltiques. En premier lieu,
née vers le VIlle
siècle,
l.:l
cité
est
une
form.:ltion
Jeune
comp~rée
.:lUX
Et.:lts
multimillén.:lires d'Egypte
(IVe-1er
millén.:lire .:lV. J.C.)
(14)
et de
Mésopot.:lmie (Akkad
2340-2198;
Ur
: 2113-2006 ; ~ssur
: Xe-VIle
siècles ; B.:lbylone : Vlle-Ve siècles)
(15).
En deuxième lieu,
si les
m@mes f.:lcteurs
(commerce ~ longue dist.:lnce,
urbanis.:ltion ... ) ont .:lgi
dans cette fo~m.:ltion comme ils ont .:lgi dans l.:l genèse des Et.:lts .:lfro-
.:lsi.:ltiques, on
n'y
trouve
p.:lS
cependant le raIe de l'~griculture
irriguée qui a m.:lrqué l.:l constitution de ce que K.:lrl Wittfogel nomme
l~ société
hydr~ulique (16).
En troisième lieu,
m~lgré s~ Jeunesse,
l.:l cité
a
déjil:l trois génér.:ltions
<cités-mères, cités de peuplement
dérivées des
cités-mères, cités de peuplement issues des dernières)
; en
outre,
elle
s'est
répandue
en
Asie Mineure (17),
en Grèce
continent~le (18)
et
en
Europe
occident.:lle.
En
quatrième lieu,
l'immigr.:ltion des
Héllènes
est
si
récente
(IIè millén~ire .:lv~nt
J.C.)
que la popul.:ltion des cités est m~rqu~e p.:lr une nette division
ethnique (thètes
d'Afrique,
hilotes
de
L~cédémonie,
pénestes de
Thessalie,
Kyllyriens
de
Syr.:lcuse, woikeis de Cr@te, bythiniens de
E?yz~n'.::e) .
En cinquième
lieu,
trois
formes de lutte entr~înent les
cités d.:lns
un
état
de
crise
luttes
de
classes de la petite
p.:lysannerie contre
l'.:lristocr.:ltie
foncière,
guerres entre Grecs et
Asi.:ltiques (guerre
contre les Mèdes de 498 il:I 479 qui se termine p~r
la victoire
des
Grecs
~
Platées,
guerre contre les Perses et les
Indiens de
334-325,
qui
aboutit
il:I
l.:l
constitution
de
l'empire
d'Alex.:lndre le
Gr.:lnd),
luttes entre Et.:lts grecs pour une hégémonie
qui revient il:I Athènes de 478 ~ 404, ~ Sp.:lrte de 404 ~ 379,
il:I
Th~bes
de 379 à 362, enfin ~ la M~cédoine en 338. En sixième lieu enfin,
la
Grèce cl.:lssique
se
car~ctérise
par
une
culture
riche
et,
d.:lns
presque toutes
les disciplines,
brillante:
architecture
(Parthénon
et Erechtéion),
sc~lpture
(Praxitèle),
philosophie
de la nature
(Démocrite,
Anaxagore),
médecine et biologie (Hippocr.:lte,
Aristote),
rhétorique et
logique
(Sophistes,
Aristote),
enqu@te
historiq~e
(Hérodote,
Thucydide,
Xenophon),
philosophie politique et esthétique
(Platon et
Ar'istote),
thé~t1~e
(Sopho,::le,
EIJI~ipide,
Es,~hyle,
AI~istophane) .

46
La cité se distingue des autres types d'Etat non seulement
par son
histoire,
mais encore par sa nature.
C'est que d'abord elle
est marquée
par l'exigu~té
géographique et démographique.
Au Ve et
IVe si~cle,
Sparte,
cité la plus vaste d'entre toutes
s'étend sur
8400 km2,
Laconie
et
Messenie
incluses
;
Athènes
2650 km2,
Salamine et
Ok~pos
compris; Argos
: 1400 km2 ; Corinthe
: 880 km2
(20).
Et
voici la population estimée qui,
selon Ehrenberg
(1976:67)
et Finley
(1977:50),
leur
correspond
respectivement.
Sparte
190.000-270.000 ~mes en 371 avant J.C.
;
Argos 40.000 -60.000 ~mes ;
C6rinthe:
90.000
~mes.
C'est
qu'aussi
et
surtout,
la
cité
s'identifie à
IJn
systènle
politiq'Je
essentiellenlent
alJtre
la
r~publique (21).
Ce syst~me abolit (hormis à Sparte) deux principes
qui restent
l'apanage des Etats afro-asiatiques:
le principe de la
rOY4uté,
fondé~
sur l'hérédité de la fonction gouvernementale et le
pl"i n,:ipe de
la
monal~,:hie, qlJi ét~bl i t
le primat de la~-fOr"~ë-SIJl"' le
droit et
celui de l'intérêt personnel sur l'intérêt commun.
Ici,
il
n'y a
pour
ainsi
dire
qu'un
seul
monarque,
ievant qui tous les
citoyens restent théoriquement libres et égaux,
c'est la loi
(nomos)
produit de la décision du peuple
(démos).
Trois structures
assurent le fonctionnement de ce syst~me
avec des pouvoirs plus ou moins étendus lorsqu'on passe des démocra-
ties aux
oligarchies.
Il
y
a
d'abord
l'Assemblée
du
peuple
(ekklesia)
: ouverte,
dans les démocr~ties comme Athènes,
à tous les
citoyens mSles
en
possession
de
leurs
droits civiques,
égaux en
droit de
parole
et
responsables
individuellement de leurs votes,
cette assemblée
est
souveraine
et source des pouvoirs législatif,
exécutif et
judiciaire. Vient ensuite le conseil
(boulê),
émanation
de l'assemblêe dans les démocraties:
il a pouvoir de contr8le et de
guide. Les prytanes qui,
à Athènes,
président l'Assemblée et élisent
l'~pistate, "ce
véritable chef de l'Etat",
émanent du Conseil
(22).
Vient enfin
l'appareil
de
l'Etat,
c'est-à-dire les magistratures
annuelles
(sauf la magistrature militaire>
au moins à Athènes,
avec,
pour chaque
charge,
plusieurs fonctionnaires responsables de leurs
actes d' e:o:é':IJtants.
A
,:8té
des
magistl"'ats
nli 1 i tai l"'es
(les
stratèges),
on
distingue les magistrats religieux
<l'archonte-roi),
les magistl"'ats
j'Jdi':iail"'es,
gal"'diens des lois
(les thesmothètes)
et
les magistrats chargés des finances
<percepteurs,
trésoriers).
Etat de
type
républicain,
la
cité
se
distingue
en
troisième lieu,
par
sa structure sociale.
Aux V et IVe siècles,
en
effet,
les
formations
sociales
à
Etats
que
nous comparons sont
régies par
quatre
types
de
rapports de production,
chacune étant
caractérisée par
une
combinaison
spécifique
de
ces
rapports de
production.
Il
y
a les rapports de production lignagers en vigueur
dans les
familles
rurales,
dans les ateliers d'artisans et dans le
petit commerce
ob les chefs d'exploitation emploient principalement
les épouses,
les
enfants
et
les parents;
il Y a les rapports de
production salariaux
dans
lesquels
une
fraction de la population
libre ou
servile
vend
à
l'autre
fraction,
contre
un
salaire
déterMiné,
è
temps
plein
ou ~ temps p~rtiel, è titre principal ou
secondaire,
sa
force
de
travail
dans
l'agriculture:
l'élevage,
l' industl~ie, le
,.::ommel"',.::e
ou
la
fon,.::ti.on
publi.q'Je
;
il Y ;;) les
rapports de
production esclavagistes où ~a production est effectuée
par des esclaves au bénéfice de maîtres qui. sont propriétaires non

seuleMent des
Moyens
de
production
(terre,
ou~ils, argent), mais
encore des
esclaves
eux-mêmes
il y a les r~pports de production
tributaires dans le système duquel est imposé. des groupes sociaux,
b des
peuples
ou
b
des
Etats
assujettis,
b titre permanent ou
temporaire, dans
des
proportions
plus ou moins grandes, selon les
régions,
un prélèvement obligatoire,
en nature ou en espèces,\\ sur la
pl~odlJction.
Faute d'une
main
d'oeuvre
servile abondante (Cheik Anta
Diop,
1967
124-189
Damodar D.
Kosambi,
1970:116 ; D. Arnaud,
1970
14-40),
les
Etats
afro-asiatiques
sont
dominés
par les
rapports de
production tributaires. On peut y distinguer
(23), deux
classes sociales
principales
une
classe paysanne, organisée en
communautés, et
une
classe
dirigeante
(aristocratie
terrienne,
militaire, marchande),
perceptrice
du
tribut
et
détentrice
du
pO'Jvoi l~ d'Etat.
~='
~~"'=~
Au contraire,
la
cité est une société esclav~gi5te (M.I.
Finley, 1973,71 ; .J.F'. Vernant,
1974,11>
(24).
- .....
c r a s . .
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F ~ r, J. - "Y'
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d e .
K • • • • -Un~ •• •
(1973,78-79).
Analyser cette
société
esclavagiste,
c'est analyser les
rapports qu'ont entretenus entre eux les deux principaux partenaires
de l'nis~oire
sociale
la
classe
des
maîtres et la classe des
es.:laves.
1.2. Les rappol~ts escl.::lvagistes
La documentation
disponible
nous
permet
de cerner dans
leurs gr.::lndes lignes quatre aspects de ces rapports d'esclavage
les notions d'esclave et d'esclavage
l'identité et la fonction des maîtres d'esclaves
l'identité et le raIe des esclaves
les contradictions entre maîtres et escl~ves

1.2.1. Les notions d'esclave et d'esclavage
Les historiens
ont
considéré
les
notions
d'esclave et
d'es.,::lavage selon les ':;recs an,:iens,
en pa\\~ti'::'.Jlier celJ:~ de l' êpoq'.Je
classique, du double point de vue analytique et critique.
D'un point
de vl.Je
analytique,
sous
le
ternie ,dominarlt dO'.Jleia,
esclav.age,
il
faut entendre
l'ensemble complexe des relations d'asservissement ou
de dépendance.
Cette
complexité ou cette ambiguïté est en effet la
première caractéristique
apparente
dans
le
champ
sénlantique
du
doulos
(25),
Dans
le
m6me sens Ducrey découvre maint vocable qui,
d'Homère ~
Thucydide,
désigne
le
prototype
de
'l'esclave,
"le
prisonnier de
guerre",
selon
le
mode de son asservissement et sa
,::ondition (26)
-.~
"esclave, serviteur,
servante, voire femme desti-
née ~ p;:u~tagel~ la ,::ol.J,.::he dl.J gu!~riel~"
;
- aikma18tos
Dtre humain pris,
butin de guerre
(personne
et bien)
dorikt@tos
: profit matériel,
terl~itorial, voire humain
que le vainqueur retire de sa victoire ;
- andrapoda
esclave,
synonyme de doulos avec, ~ partir
du Ve siècle,
une nuance de propriété, alors
que le
terme
doulos
met
l'accent
sur
le statut individuel
(27).
Les mots
oikét6
(de
oïRos
= groupe familial) et pais
("enfant",
"petit")
désigneraient
l'esclave
domestique
dans
sa
fonction de serviteur ou de cadet social.
L'esclavage connote
ainsi
toutes
les formes d'asservis-
sement politique
(captivité
militaire,
colonisation au sens moder-
ne),
les
formes
d'asservissement
économique
(appropriation
mar-
'.
chande, salariat)
et les formes d'asservissement social
(dépendance
~ l'égal~d d' 10 al.Jtl~e).
Mais entre
ces
formes
d'asservissement
et l~ est la
seconde caractéristique
de
la notion -
la forme politique apparaît
dominante dans
la représentation collective.
D'une part, encore,
le
terme doulos
compte
pour
principaux
antonymes
des
termes
qui
désignent essentiellement
les
détenteurs
de
fait
ou de droit du
pouvoir politique,
c'est-à-dire
le
libre,
eleutheros,
le maître,
despotès,
et
le
citoyen,
politès.
D'autre part,
l'asservissement
économique n'est
que
la
forme
dérivée,
secondaire,
de
l'asservissement politique.
Il en découle que le véritable esclavage
réside moins
dans
l'appropriation
marchande
que
dans
l'amoindrissement de
la liberté politique, dans la soumission et la
dépendance politiques.
D'un point
de
vue critique,
il y a lieu de distinguer
suivant en
cela~ Théopompe
de
Chios
et
les
historiens modernes
soucieux de
rigueur
entre
les
deux
formes
différentes
de
l'asservissement, entre
un
sens
propre
et
un
sens
figuré
de

l'escl~v~ge,
entre le vérit~ble escl~v~ge et sa mét~phore. Une chose
~st en
effet
l'~sservissement
collectif,
impersonnel,
de
type
colonial,
qui
~fflige
des popul~tions indigènes vai~cues d~ns lelJr
propre p~ys.
et
soumises
~ un r~gime de' tribut,
popul~tions qui ne
sont ni
fibres
~u
sens
politique,
ni
propriétés
individuelle5
~lién~bles, qui
disposent
de
leurs
propres
f~milles et de leurs
propres cultes,
qui
peuvent
éventuellement se b~ttre d~ns l'~rmée
d'Etat comme
soldats.
L~
terminologie
moderne
~pplique
~
cet
~sservissement un
néologisme
~sse=
adéquat
l'hilotisme.
Autre
chos~'est
l'~sservissement individuel
qui
affecte les c~ptifs de
guerre et les d.portés mis en vente,
devenus propriété de tel ou tel
Grec,
et
qui
vivent s~ns p~trie, s~ns f~mille, s~n~ culte lign~ger
ou n~tion~l,
sinon
le culte d'emprunt.
P~r convention,
l'hilotisme
·es t
une
f.ol~m~
.:iIJthent iq'Je
d' e5'= 1 ~v~';Ie .
Te 11 e
ét~ i t
l' opt i on Ije
l' idéologie 5o,=i~le
à
,=ette ét:.oqu.?
<)1~,
~fJ:'~ V et IVe ~,.:les1.. g1~~k,?
à
l'expansion du commerce,
c'est
le second ~s5ervissement qui devin~
prédomin~nt, c'es~
donc cette
forme qui est le vérit~ble escl~v~ge.
M~ll",e'Jl~e'JSeMerlt, ,=e
,=orl,:ept
'=l~iti<:l'Je
de
l' -::s,=l~v~.~e
n'est
p·~s
dominant chez les historiens.
D~ns la distinction sociologique entre M~îtres c'est-~
dire propriét~ires d'escl~ves soumett~nt les escl~vei à
leur volonté
et esclaves,
entre despot~i et douloi,
il
faut voir le développemen~
de l~
tend~nce
fond~ment~le
de
l~ structure de cl~sses et non
l~
nég~tion de
l~ complexité de cette structure.
O'une p~rt, en pffe~,
cette complexité
déborde
l~
division m~nichéenne entre m~îtres et
escl~ves. C~r
tous
les
libtes
ne
sont. ni
citoyens,
ni m~îtres
d'esclaves;
mieux,
il y ~ des
libres qui,
~u IVe siècle,
~ Athènes,
se cl~ssent
en gr~nd nombre p~rmi les non-poss~d~nts ~u même titre,
nous le
verrons,
que
l~
m~sse
des escl~ves. D'~utre p~rt, cette
~omplexit~ est
interne
~
l'~ne
et
è
l'autre cl~sses s~ns que la
ré~lité de ces cl~sses comme tend~nces fondament~les s'estompe.
L~ complexité de l~ classe des maîtres ~pp~r~ît ~ première
vue dans
l'hétérogénéité
des groupes compos~nts. Hétèrog~néité des
groupes ethniques
si
l~
grande m~joritè des citoyens ~théniens
constitue un
groupe ethniquement homogène,
la plup~rt des métèques,
surtout ~u
IVe
si~cle
t
Athènes,
ont diverses origines:
Grèce.
Thr~ce, Lydie,
C~rie,
Ph~nicie,
Egypte
(28).
Hétérogénéité
aes
st~tuts juridiques
d'un
eSté,
p.:irmi
les citoyens,
l'exis~ence
Juridique de
l'homme
libre,
kyrios,
s'oppose,
s~uf exception,
~
l'inexistence Juridique
de
l~ femme libre;
de
l'~utre eSté,
~ucune
commune mesure,
s~uf
l~
protection
de
l~ loi,
entre
les citoyens
n~ntis de
tous les droits civiques,
et les métèques qui,
s~uf rgres
exceptions,
restent
dépourvus
de
ces
droits en même temps qu'ils
s 0 TI t
~ s t l~ e i nt s
~
div e l~ ses
0 b 1 i 9 ~ t i Q n s ,
soi t
f i TI ~ n'.: i è l~ e s
( t .'J:-: e
,j e
résidence sous
peine de mise en vente,
impSt de guerre,
financeme~t
de
lit'J"~'Jie
p~l~ les pl'JS aisés), soit milit:::lil~eS (sel~vi'.:e de sol.j.:::lt
d·gn·:;
l' .:ll~mée
,je tel~l"e, en '::or.tingents Sèp.~l~és OIJ sel"vi'::e de l~·Olme'JI'S
d~ns 1.=:1
rrl~l~irl~). Hétél"o.;jénéité des .;},.:tivités pl-ofes~ionr,elles. Deu;.:
secteurs d'activités
restent
e:<clusivement
réservés ~ux CitOyenS
S~IJf déj~o.~~Jtion
spé,.:i"Jle
':Clillme
p-ôll~
e:-:emple
l~ l~e':omperlse '::l·~'l'~I..Je
o'.:tl~oyée ':J :jes mètéq'Jes .:::IÇ'I"05 les tl"oubles de 4Q4- /'t03 ~'_' . .). c.
<;:9.\\.

c~ sont,
d'une
part
les
~~tivites
~9ro-p~stor~les,
monopole
tr~ditionnel des
patrilign~ge5 des
l'époque ar~h~ique, fondement de
l'~ppartenance t
la
~ite
et,
~e sont d'autre part,
les ~~tivitès
politi~ues auxquelles s'~ssimilent les a~tivit~s de ~onception liées
C)IJ
f Cl ri '.: t ion ne III en t
~h?
l ' Et·7) t
( '.: u 11:" e ,
jus t i ':: e ,
fi rl·:l n ':: e, . dé f e ri':; e j •
Hormi! c~s
se~teurs,
les m~îtres p~rtagent, quels que soient leurs
origines et
leurs st~tu1:"s juridiques
l'exer~i~e des mêmes ~~tivitès
professionnelles,
les
plus
nobles
~omme
les
plus
humbles
artis~n~t, ~ommer~e,
professions
libér~les
telles
la
b~nque,
l~
Méde~ine, les
arts,
l~
littérature
et
l~
philosophie.
Voici
le
Méfèque Euthvmidès,
tailleur de pierres ~omme Sophroniskos,
le père
de Socr~te
voici
le
méteque Chrisippe,
fournisseur
de grains
~
Athènes comme
l'Athénien Ando~ide
voici
Démosthène,
illustre d~ns
l ' a r t or~toire,
qui
a
fait
aussi
la gloi~e de Lysias,
un naturalisé
(';'~:'9-380)
"';ji'::i
Al~i'5t'jt,?
de
Stagil~e,
t'ondateIJl~ .';:) Athènes d'ur,,?
.~'::ole pt"lilDS.jc·hiqIJe,
le L·y·,.:è~~, ,.:C'mme
fut
fQn~j~teul~ ,je --l'-Fii.::a7jt!llrie '50fl
professeur.
l'aristocrate ~thénien Platon.
En fait,
cette
complexité
se retrouve plus profondément
~ans les
r~pports
de
production
qui
struturent
la
~l~sse
des
m~îtres. En
5uivani
les
historiens
qui
ont retenu le concept de
"1:"Clui~·~eoi sie" pOU1~
'::ar·.~,::tèl~ i';5 e l~
,.:e tte
':: 1 ~sse ,
dis ,jns
que
,.:e tte
"bcurgeoisie n ,
au
IVe
siècle,
comporte une fraction princip~le et
une
fra~tion secondaire.
Si
nous considérons d'une part le volume de
l~ popul~tion des ~itoyens (voir plus
loin)
et p~r supposition celui
de
la population ~ctive du monde rur~l et,
d'autre part
l'importance
e·'.::'jnom i que de
1 ~
tel~l~e
SIJ f fi samment
démc)ntl~ée p~l~ Fin 1 ey .j~ns The
Ancient economy
(1973),
cette
fraction
principale s' identifie ~ la
" b 0 IJ l~ 9 e 0 i sie" l~ u l~ .:ll e.
Ens 0 n t
e:-: '.: lu s,
b i en é v ide mmen t,
et les p ~ t i t s
pays~ns exploit~nt directement eux-mêmes leurs propri~tés de 2 ~ 2,5
h~ctares (30),
~utourqoi
de
l~ Péloponnèse et de l'Attique et les
petits éleveurs
dominant
dans
le Nord-Ouest du Golfe de Corinthe.
Elle regroupe
au
~ontr~ire
deux types de propriét~ires fonciers
:
les moyens
propriét~ires
dont
l'étendue
des
dom~ines
est
mal
déterminée,
m~is
dont
l'exploitation
revient
~
un
"homme
de
confi~nce qui
~ue
le raIe d'un petit fermier"
(31),
et les gr~nds
propriétaires,
dont
les dom~ines consistent,
soit en
l~tifundi~ d'un
ten~nt comme
~el~i
o~ vécut Xénophon de 388 ~ 371 ~ S~illonte, sur
l~ route
de
L~cédémone
~
Olympie,
soit
en
m~ltiples parcelles
disséminées d~ns
le
p~ys,
p~rfois
jusq~'~ l'étr~nger. Tel est le
cas de l~ famille Bouselos,
porpriétaire ~ux Ve et VIe siè~les ~vant
J.C.
de trois ~ six dom~ines en différents points de
l'Afrique
(M.I.
Finley 1973
: 99)
;
tel est aussi
le c~s de l'Athénien Adeimantos de
Sk~mbonides, "pl~Opl~iétail~e
en 414 d' IJne maison et de '::h~mps ~ T~s.js
et des récoltes ~ Orphryneion en Troade"
(F.Bourriot 1976
203) .
Ces seigneurs
de
l~ terre comme
les nomme Finley,
ou bien
Vlvent ~u
milieu
de
l~urs
dom~ines
~vec
leur
personnel
et en
dirigent l'exploitation,
ou bien,
5itu~tion fréquente ~u IVe si~cle,
résident ~
. la
ville
tout
en
confi~nt
l'exploitation
t
un
C)d-llllnisti~~teIJl~ ,.:rl~I~':Jé
de
~IJI~vei llel'
les
éq~ipes ,j' ouvl~i€~I~S qu'ils
viennent inspecter
plus
ou mOlns régulièrement.
En vérité,
la plus
~ncienne couche
de
ces
seIgneurs
de
l~
terre
est
l~ vèrit~ble
arlstocr~tie dont les traditIons remontent au-del~ du Ve siècle.

51
Membres exclusifs
de
cette
"bourgeoisie"
rur~le,
les
citoyens m~îtres
d'escl~ves
font ég~lement p~rtie ~vec be~ucoup de
Métèques de
l~
fr~ction
second~ire
l~
"bourgeoisie" urb~ine.
Qu~tre groupes y prennent pl~ce en droit et en f~it.
Le premier
de
ces
groupes est celui des industriels. Ce
sont d'~bord,
p~r ordre d'import~nce économique,
les c~pit~ines des
industries extr~ctives
(m~rbre
de l ' î l e de P~ros et du Pentélique,
plomb ~rgentifère
du
célèbre
L~urion) ,
concessionn~ires
des
gis~ments mis en ~djudic~tion p~r l'Et~t, seul propriét~ire du sous-
sol.
Parmi
ces
c~pit~ines,
on
cite
Nici~s,
homme
politique,
Hipponicos, Philomonidès.
Ce
sont
ensuite
les
propriét~ires des
ateliers ou
fabriques
(erg~steri~)
de
tr~nsform~tion
de m~tière
première comme l'argile,
le bois,
l~ pierre,
les pe~ux, le gr~in, le
miner~i, les
~ét~u~.
De
tels
~teliers
sont
notoires
'Athènes
(poterie du
qu~rtier de l~ Cér~miq'Je, t~nnerie, confection de s~cs,
broy~gc, lavage et fonderie du L~urion, coutellerie et ~rmurerie), ,
Corinthe (tuilerie),
,
Még~re
(tissage),
'Milet (confection des
lits). Parmi
les
propriét~ires de ces ~teliers, on conn~it le père
de Lysias,
Képhalos,
et
le
père
de
Sophocle,
tous
deux
des
armuriers, on connaît le père d'Isocr~te, un fabricant de flOtes,
le
père de
Démosthène,
un
f~bric~nt
de
couteaux et de s~cs. Cléon,
l'homme politique, et Anytos,
l'~ccus~teur de Socrat., sont tanneurs
; Hyperbolos,
chef du p~rti démocr~tique ostr~cisé en 417,
tient une
f~brique de l~mpes et P~nténétos, un ~telier de broyage, au Laurion.
Font p~rtie
enfin
de
ces
industriels,
,
un
moindre degré,
les
ten~ncières des
h8tels
de prostitution, Alké ou cette Nic~rètè que
Démosthène a rendu célèbre d~ns Contre Nééra (32).
Le deuxième
groupe
est
celui
des
gros
commerçants
(emporoi). Pour
le
commerce
,
longue
distance
par mer,
ceux-ci
s'~ssocient fréquemment
avec des propriétaires de n~vire (nauklères
qui percoivent le naukl~ge) et les b~illeurs de fonds qui prêtent
,
un taux
usuraire
sous
contrat.
Nombreux
dans
l'industrie,
les
métèques dominent dans le commerce de gros et de dét~il, d'import et
d'export (33).
gOIJr'''iot
,.::i te des noru~; et des spé,.::ial i tés
; pOIJ'" le
commerce du blé,
Pr8tos,
Dionysod8ros et Chrysippe ; pour le poisson
s~lé de Thrace et de gyzance, Chairéphilos qui obtiendra le droit de
cité;
pour
le
bois, Sophokleidès de Cnide,
Hègias de Corinthe et
Archias de
Samos
; pour les m~nte~ux de Mégare, Antigénès,
Calli~s
et Mid~s.
"P~rmi les métèques récompensés en 403 pour leur ~ttitude
démocr~tique figurent
des
m~rch~nds
de
farine,
de figues sèches,
d'olives, de
légumes,
de
noix,
d'oignons,
d'encens
et
quatre
kapèloi, dét~illants en tous genres ou cab~retiers" (Bourriot 1976 ;
197 -
198).
Les b~nq'J ie,"s
,.::onsti tuent
le
troisième
g'''oIJpe.
Génér~lement étr~ngers (on ne cite qu'un seul citoyen ~thénien p~rmi
eux,
Aristolochos),
d'origine
p~rfois
modeste,
ils sont des gens
fortunés qui
reçoivent
et
org~nisent des dép8ts d'~rgent dans les
gr~ndes villes
m~rch~ndes,
consentent
des prêts et en courent les
risques. Selo~
R.
Bogaert
"dix
pour
cent de l~ popul~tion aisée
utilise l~ b~nque comme cré~nciers ou débiteurs,
soit deux pour cent
de l'ensemble
des
habit~nts"
(34).
D~ns
ce
système
b~nc~ire
pré-capitaliste,
ni
rassemblement
des
dépSts
individuels,
ni
sociétés durables
(35).
Ont illustr~ cette ~ctivité aussi bien des

- .
b~nquiers qui
ont
f~it
f~illite
et ont déguerpi
<Aristolochos et
Antim~chos) que
ceux
qui
ont
connu
l~
réussite et l~ promotion
soci~le <Archestr~tos et Antisthènès) .
Le qu~trième
groupe est celui des intellectuels.
Cert~ins
d'entre eux,
des
citoyens,
ont
leurs
origines et conservent une
pl~ce d~ns
l'~ristocra~ie foncière
<P~ton) ou d~ns l~ "bourgeoisie"
rur~le <Xénophon).
D'autres p~rmi les citoyens et les Métèques,
tels
Lysi~s, Socr~te,
Sophocle
ou
DéMosthène,
s'enracinent
d~ns
l~
Nbourgeoisie N industrielle.
D'autres
encore,
médecins
publics
célèbres comme
Démokèd~s
de
Crotone,
professeurs
d'enseignement
s'.Jpérie'Jr COMme
le
sophiste
Protagol~as
ou
le fondateUl~ d'école,
Aristo~e, professionnels
du
spectacle e~ chefs de troupes de Music
hall,
selon
l'expression
de F.
Bourriot <1976,216),
vivent bien en
monnayant leur savoir e~ leur art.
H~is sous
ce~te
complexité
indéniable,
il
existe,
non
moins indéniable,
une
unité.
Ce~te unité réside,
en premier lieu,
dans la
strlJcture des rapports de prod'Jction et ce,
SI.JI"' deux plans.
D'abord,
ces
derniers
groupes
sont
les principaux détenteurs des
moyens de
production
de
la
richesse Matérielle :
les terres,
les
ateliers,
l'argent.
Ensuite,
il y a IJne relative spécialisation dans
le partage
de
ces
Moyens de production :
les terres appartiennent
aux citoyens,
les
banques
aux
étrangers,
lesquels partagent les
~teliers avec
les citoyens.
Il est vrai,
cette ~pécialisation et l~
hiérarchie q'J'elle
instaure
ne
sont
pas
les purs effets de lois
économiques:
le
procès
qui
les
déterminent
et
en
partie les
reproduit est de nature Juridico-politique.
L'unité réside,
en second lieu, dans le fonctionnement de
la structure
économique
o~
les
groupes,
alliés,
coopèrent ~ la
prospérité de
leur
classe.
Les
dépSts
d'argent
faits
dans les
banques étrangères
proviennent autant des Métèques que des citoyens
~insi que
l'attestent
les
avoirs
du
père de Démosthène dans les
banques de
Pylade,
de Pasion et de Demotèlès
(36).
Si les métèq'Jes
tenaient le
COMmerce
au long cours,
les-bailleurs de fonds étaient
souvent les
citoyens
riches
(37).
Hais un rapport plus fondamental
crist~llise cette
unité,
dans
la
structure
comme
dans
le
fonctionnement de
l'économie,
c'est
le
rapport
aux
esclaves,
marchandises,
propriétés,
signes
de
richesse
et
forces
de
pl~odlJction.
1.2.3. Les esclaves
a)
Leurs origines
Comme le
révèle
implicitement
l'analyse terminologique,
les I~apports
de
forces
,:onsti tfJent
les
soul~':es so,:io logiques de
l'esclav~ge en
Grèce classique.
La première force productive est la
guerre.
Jusqu'au
IVe siècle,
le vainqueur avait cinq solutions
le
transfert de
population,
le massacre,
la colonisation,
l'exil et l~
captivité.
Cet
état
de
captivité

les
c~ptifs étaient soumis
parfois ~ux
entraves
<chaînes
ou cangues)
et qui donne accès ~ l~
liberté par
rachat,
au
mercenariat par incorporation dans
l'~rmée
victorieuse ou
aux
trav~ux
forcés,
VQil~
l'antichambre
de
l' es'~ lav~ge .
• • • • • •
" 'il'"1"'·.'.'. . .I1. . . . . .Iili• • • • •aI.lII~-0,

53
La deuxième
force
productive, vart~hte de la guerre, est
la piraterie qui sevissait ~ Argos,
~ Thasos et à Byzance. Les S01~ts
malheureux de
Platon· en
399
et
de Ntcostratos en 365 illustrent
l'etroit sentier
qui
mène
de celle-ci ~ l'esclavage. La troisi~me
force productive,
la principale, ~ cette époque, qui ré~lis~ ·~n acte
ce qui
n'est
qu'en puissance dans les deux premières forces, c'est
le commerce.
Ainsi
furent
vendus
les
captifs
qui
n'ont éte ni
incorpores, ni
exilés,
ni massacl'és ni rachetés. Vendus en 415 par
les Athéniens
les femmes et les enfants d'Hyccara en Sicile, OIJ, en
364- par
les
Thebains ceux d'Or~homène ; vendus en 348 par Philippe
les habitants
d'Olynthe
en
Thrace
;
vendus
enfin par Alexandre
30.000 Thébains en 336 et 30.000 Tyriens,
femmes et enfants de Gaza,
en 332.
La
vente
pouvait
@tre
aussi effectuée non par un ennemi
victorieux, mais
en
cas
de
misère
ou
d'insolvabilité,
par des
parents grecs (sauf en Attique, depuis Solon) et non-grecs.
~_.--=-~ --- ----=-"=--'-.=.":. =----
Nombreux étaient
les
marchés
o~
les
esclaves
s'acquerraient aux enchêres
Athènes, Sounion, Délos, Chios,
Samos,
Byzance, Chypre,
Egire
o~
furent
vendus
Platon
et Nicostratos,
Leucade. Les
prix
de
la
marchandise
ont- varie
d'une
époque ~
l'autre,
parfois
d'un
marché
~
l'autre
et selon les qualites de
l'objet. Aux
coOts
exceptionnels,
Platon a valu 20 ou 30 mines et
Nicostratos 26
mines,
~
raison de 100 drachmes par mine et de six
oboles par
drachme
(39),
un
intendant thrace de ~icias 1 talent,
soit 26,92
kg
or ou argent.
Les prix moyens comparés des esclaves,
en 414 avant J.C. sont illustres toutefois par ce tableau de Kenneth
H'Jghes (39).
Enfants
72 drachmes
Femmes
106
Hommes
105
161
135
115
170
165
121
174
170
144
240
220
153
301
638
1.046.
Total
796 drachmes
Total
= 1.684 drachmes
CoOt moyen : 159 dr~~hmes
Coat moyen:
168,4 drachmes
Outre la
force
materielle,
la
for~e
du droit institue
également l'esclavage
au moins dans ~inq cas. Cas de la naissance:
héritent de
l'état
d'es~lave
les
enfants
nes
de
l'union entre
esclaves et, après l'édit de Périclès sur la citoyenneté athénienne,
de l'union
entre
un
citoyen et une es~lave. Cas du don:
les deux
escl~ves qu'Appolodore,
le
rédempteur
de
Nicostratos,
dit avoir
donné ~ ce dernier, appartiennent ~ ce dernier comme sont propl~iétés
du chef
des
mercenaires,
Atrestidas,
les captifs olynthiens dont
Philippe lui
fit
cadeau.
Les
textes de Démosth~ne évoquent trois
autres cas qui ressortissent du droit commercial.
Cas de paiement de

1,
dettes:
Aréthousios
recoit
d'Archépolis
en
remboursement d'une
partie de sa dette un esclave:
Manès.
Cas de gage:
les esclaves de
l
la f~brique
de
lits
du père de Démosthène étaient d'abord un gage
1
pour une somme d'argent et ensuite un bien propre selon une pratique
l
j
en vigueur
en droit privé et en
droit public.
Cas enfin de vente ~
reméré:
Panténétos, débiteur de Mnésiclès,
emprunte ~ Evergos pour
rembourser Mnésiclès,
puis
emprunte ~ Nicoboulos pour rembourser ~
Evergos de
sorte
que
les
escl~ves
de
son ~telier de broyage du
LalJrion font
l'objet
d' IJne b'iple vente ~ l~enlêl~ê. (M-M. Hel~vagalJlt
et·~-".
Hactoux,
1974 : 63-64).
Les origines géographiques et ethniques des escl~ves ainsi
acquis reflètent
les
continents
et
les
peuples
~u
désavant~ge
desquels s'exercent les rapports de force économiques, militaires et
politiques.
Trois
continents
sont
fournisseurs
l'Europe,
l'Afrique,
l'Asie.
Quelques
nationalités
les
représentent
principalem~nt:
en
minorité
l~ Grèce,
l'Egypte et Carthage et en
majorité.
la Thrace,
l~ Scythie,
l~ Phrygie,
la Carie,
la Cappadoce,
l~ Paphl~gonie,
la
Syrie.
L'anthroponymie
des
esclaves confirme
cette géogr~phie
ethnique (40). Du point de vue d'une ~nthropologie
physique, deux
races
sont
présentes
des
Blancs,
de
souche
méditerranéenne et
de souche sémitique, qui constituent la majorité
de l~ population servile et des Noirs,
de souche afro-asiatique,
qui
n'en ont fourni qu'une fraction minoritaire
(41).
Dans les temps anciens,
le rite d'intégration dans la so
ciété (rite du catakysma)
incorpore les esclaves d'abord aU genos du
maître. L'incorporation
s'effectue ~ deux niveaux symboliques.
Les
esclaves étant assis aU foyer,
"la m~itresse de maison répandait sur
leur tête
des
figues.
des noix et des friandises"
(R. Flacelière,
1959:
71).
On
leur
donnait
ensuite un nom qui peut être, selon
Olivier Masson,
leur
ethnonyme,
le nom patronymique du maître.
un
nom histbrique,
une abstraction,
etc.
L'accroissement du nombre des
esclaves devait rendre ce rituel inutile,
du moins en partie.
b) La pop'Jlation servile
Bien que les sources n'en permettent pas une détermin~tion
précise ~
toutes
les époques,
voici les chiffres qui en donnent un
ordre de grandeur, chiffres empruntés ~ l'historien allemand
Victor
Ehrenberg (42).
Ils représentent pour la Béotie,
pays très rural,
18
~ 16 Z de la population totale au Ve siècle.
21 ~ 18 Z au IVe siècle
et pour Athènes de 26 ~ 37 Z.

.-
TABLEAU
1
POPULATION COMPAREE DES ESCLAVES
A ATHENES, A SPARTE, EN BOETIE
"
ATHENE::5
!
. -~
v~·ï" ~oU'
vers 432
vers 400
vers 360
1
j,
'Citoyens
25 ~ 30000
35 ~ 45000
20 b 25000
28 à 30000
..
.
• 0
.
Citoyens +
familles
Ba à 100000
110 à 180000 60 ~ 100000
85 ~ 120000
M~tèqlJes
4 ~
5000?
la ~
15000
6 ~
8000 ?
10 à
15000
-
MétèqlJes +
Familles
9 à
12000?
25 à
40000 15 à 25000 ?
25 à
50000
Esclaves
30 à
40000?
80 à 110000 40 à 60000 ?
60 à 100000
Total
120 à150000? 215 à 300000 115 à175000? 170 à 255000
SPARTE
480/460
371
Spa,..tiates
4 à
5.000
2.500 à 3.000
Spartiates de droits inférielJrs
500 ?
1.500 à 2.000
Spartiates + familles
12 à 15.000
7.000 à 9.000
Périèques
40 à
60.000 ?
Hilotes
140 à 200.000 ?
Total
190 à 270,000 ?
BEOTIE
Vès
IVès
Citoyens
28 à 30.000
35 à
40.000
Citoyens + familles
85 ~ 95.000
110 à 125.000
Métèques + familles
5 à 10.000
5 à
10.000
Es,~laves
20.000
30,000
Total
110 à 125.000
145 à 165,000
_,
=éiS- .

• •a ,
56
Quelle est la place des esclaves dans la structure sociale
? Comment
sont-ils
distribués, et suivant quelle proportio~ parmi
les fractions
de la classe des maîtres ? Rappelons que deux couches
de la
population
libre,
impossible
b
quantifier, sont dépourvus
d'esclaves:
il y a la couche des sans-terres, au nombre de 5.000 en
403 ~
Ath~nes,
contraints de louer leurs bras pour vivre
(en sont-
ils encore
ces 10.000 qui consententent à s'installer
en Thl~ace en
32~~?)
et
il y a la couche des petits paysans, des petits artisans
et des
petits
commercants
trop
pauvres
pour
s'acheter
des
serviteurs.
Hors cela,
les membres de la petite bourgeoisie pouvaient
possédel~ chàëün " de
deÎJx-'b
t'r-ëfises,.:laves,
si
l'on-en croit le
thé~tre d'Aristophane
(E.
Levy,
1974
33).
Un "membre
de
la
bourgeoisie moyenne
disposait
environ
de
dix
esclaves,
(
R.
Flaceli~re, 1959
: 69). En 414-413,
Kephisodoros, mét~que au Pirée,
en possédait
seize,
son
contemporain
Adeimantos,
fils
de
L,ukolophid~s de Skambonides neuf esclaves comme Aristote, pr~s d'un
si~cle plus
tard,
en
322 (Defourny, 1932 : 83). Au contraire,
les
grands bourgeois disposaient de cinquante à mille esclaves : le père
de Démosthène
53
es,.:laves
Passion
80
~ _ 100 esclaves ;
Képhalos, père
de
Lysias
120
esclaves
;
Philomonidès
300
esclaves
; Hipponicos : 600 esclaves;
Nicias: 1.000 esclaves.
De telles
quantités
d'esclaves
sont attestées également
dans la
propriété
des
Etats
et
des sanctuaires. L'Etat athénien
1
comptait, en particulier, depuis 476, un millier d'archers scythes.
c) Le rôle des esclaves
1
- Les esclaves prodlJctelJrs Q!. biens matél~iels
On l'a
dit
pas
d'activité exclusivement réservée aux
esclaves. LorsqlJ' on
passe
,.:ependant de l' activi tf!-agro~-p:a5tol~ale b
l'artisanat et
~ l'industrie,
le nombl~e des esclaves croît et, à la
limite, certaines
t~ches,
les
plus
pénibles,
leur
reviennent
presqu'~ eux seuls, non en droit, mais en fait.
.
. ~
C'est comme
régisseurs
et main d'oeuvre que les esclaves
participent ~
la
production
des
biens
matél~iels
d'usage
et
d'échange. Les
esclaves
publics interviennent comme ouvriers, soit
dans la . construction et l'entretien des temples et des routes, soit
dans la
confection
et
la
frappe
des
monnaies.
Dans le domaine
agro-pastoral,
les
esclaves
domestiques
sont
auxiliaires
des
énergies familiales' dont
disposent
les
petits
propriétaires
et
forces de
travail principales dans les fermes ;
ils concourent donc
à
créer
les
biens
pour
l'alimentation (blé,
olives,
figues,
vin,
miel,
légumes,
lait>, pour le transport
(boeufs,
~nes, mulets>,
pour
l'agrément (fleurs).
Aussi
les
voit-on
~
toutes
les
t~ches
cueillette et
labourage,
moisson et pilage,
battage et pressurage,
vannage et engrangement, garde du troupeau,
entretien des animaux et
traite. Dans le domaine industriel,
la place qu'ils occupent dans la
production et
la
part
qui
leur
est
imputable
est
encore plus

57
considérable. Parmi
les
cinqu~nte-trois
esclaves
du
père
de
Démosthène, vingt
travaillent ~ la fabrique de lits, trente-trois ~
la fabrique
de
couteaux
et
d'armc~
les
trente
esclaves
de
Panténétos sont
affectés
aux
ateliers de broyage des minerais,
de
laverie et de fonderie du Laurion,
les cent esclaves de Pasion ~ une
fabrique de
boucliers,
les
cent
vingt esclaves de Képhalos ~ une
armurerie.
On
peut
infér~r
que
les travailleurs des fabriques de
tissu (Mégare),
de tuiles
(Col~inthe), de lits
(Milet) appartiennent
en m~jorité, sinon en totalité ~ la classe servile.
Une mention
spéciale
revient
~
la
production du plomb
argentifère du
Laurion. Cette production était presqu'exclusivement
réservée aux esclaves ;
la surveillance dans certains gisements,
tel
celui du
concessionnaire Nicias,
était leur affaire ; enfin on sait
combien la production était importante.
Producteurs de
biens
matériels,
les esclaves produisent
également des
services
dans
la
vie
domestique,
dans
la
vie
économique, dans le fonctionnement de l'appareil d'Etat,
dans la vie
':IJlturelle.
Dans une famille aisée,
toutes les t~ches d'exécution sont
assumées par
les
esclaves,
hommes et femmes selon les cas,
sous la
direction de
la
maîtresse
de
maison
(despo~na).
Aux
hommes le
nettoyage de
la
cour,
la
conduite
des enfants ~ l'école et leur
surveillance (dIa
pédagogie d),
l'accompagnement du maître dans ses
sorties,
les
messageries ; aux femmes le nettoyage de la maison,
le
puisage de
l'eau,
la
cuisine,
le broyage du grain ~ la meule,
la
blanchisserie,
le
pilage
et
le
tissage,
l'accompagnement
de la
maîtresse dans
ses
sorties,
la
fonction
de
nourrice et,
le cas
échéant, de
gré
ou de force,
la suppléance de la maîtresse dans le
1 i t
dlJ maître.
Toujours pour
le
compte
de leurs maîtres, on trouve des
esclaves "dockers d dans les ports,
membres des équipages des navires
au long
cours,
parfois ~ des postes élevés comme ce Lampis,
chef de
navire, on
les trouve comme garcons des bains publics, auxiliaires,
secrétaires ou
intendants
dans
les
banques.
Les
maisons
de
prostitution ont
la
réputation
d'offrir
les charmes de belles et
beaux esclaves.
Il n'est pas Jusqu'aux médecins,
aux enseignants et
aux troupes
d'animation
culturelle qui ne s'attachent des esclaves
comme auxiliaires,
serviteurs ou acteurs.
Quant aux
esclaves publics,
quatre secteurs de l'appareil
d'Etat utilisent
leurs
compétences
les archives,
la justice,
la
police et
la
défense
du
territoire.
Employés
aux
archives
du
MétrSon, beaucoup
servent dans l'administration judiciaire,
les uns
comme balayeurs
ou
gardiens de prison,
les autres comme bourreaux,
hérauts ou greffiers.
,.
..
- -- -_.

-
..._,....--..-.__=o:'l_.....,......
~
UA.
SB
~
D'autres,
les
archers
scythes,
c~ntonnés sur l'Aréopage,
restent IJn
cor'ps
de pol i'~e, spé,~ialement affe,~té ~ 1.:1 slJ1"'vei llance
de la
ville et des lieux publics
(Assemblée et tribun.:lux>.
D~autres
encore sont
connus
pour
être
des
auxiliaires
des stratè~es, en
particulier les
comptables
des
intendants
militaires,
tels
Antonomos,
C~llias
et
Pittalacos
évoqlJés
par Démosthène. Dans la
guerre,
ils
pouvaient
être,
sinon
des
valets comme les esclaves
domestiques,
du
moins
exceptionnellement
soldats dans
l'armée de
ter~e avec un armement léger (Y. Garlan, 1972, 1970,29-62> (43).
Quelle compensation les esclaves recevaient-ils en échange
de leurs
services
?
Pour
les
esclaves domestiques
(oïketai>,
le
gîte,
le
boire,
le manger,
le vêtement du pauvre (exomide d'homme,
pePlos de
femme).
Mais
un
salaire
régulier
allait ~ux esclaves
publics
<d@mosios)
~ qui l'Etat peut fournir en outre des outils et
des vêtements
<exoMide,
manteau,
sandales,
bonnet>.
Ce
salaire
oscille par Jour entre trois oboles pour un aide et cinq oboles pour
l'ouvrier du
t~timent
~
la
fin
du Vè siècle,
~ un drachme trois
oboles pour
un
Journalier,
et
deux
drachmes
trois
oboles pour
l'ouvrier-maçon à
la
fin du IVè siècle <329 -
328 ~ Eleusis). A en
croire Félix
Bourriot
(1976
220>,
ces
salaires
d'ouvrier
correspondent en
413
~
la valeur de huit -
neuf litres de blé (le
blé coûtait
six
drachmes
le
médimne,
soit trois fois plus que le
minimum vital
qui
est
de
trois oboles>
; en 338,
ils s'élèvent à
cinq fois le minimum vital.
1.2.4. ~ contradi,.:::tions entre nlaîtl"'es ~ es,..:::laves
Dans la
vie
des
esclaves,
deux
faits peuvent paraître
porter un
démenti
à
la
thèse des contradictions entre maîtres et
esclaves. Le
premier
est
l'existence
d'une couche de privilégiés
parmi lesqlJels
nous rangeons les régisseurs et les koris oïkountès,
avec les
relations
de
confi~nce,
voire d'amitié qui accompagnent
leurs r~pports avec les maîtres. Le deuxième, c'est la condition des
démosioi.
L~
promotion
sociale
des
affranchis
constitue
le
troisième. En
vérité,
ces
privilégiés,
dans
le
premier. et
le
deu~ième cas,
sont
en
nombre restreint par rapport ~ la masse des
esclaves. En
outre,
ils l"'estent fortement dépendants de l'esprit du
statut servile,
ils subissent une exploitation dont nous allons voir
les modalités
;
ils
sont toujours,
en dl"oit,
aliénables,
et comme
autres,
exclus
des droits civiques.
Seuls les affranchis accèdent ~
un nouvel
être.
Mais même ces derniers portent Jusqu'à une ou deux
générations de
leur
descendance
les
séquelles
de
leur inf~mie
passée:
une preuve en est que l'aristocratie ne les accepte pas.
Réelles,
les
contradictions
se
m.:lnifestent
dans
les
inégalités statutaires,
dans les modes d'exploitation en vigueur et
dans l..es
,-ésistan,..:::es
pal.. ticulièl"es
pal"
lesq'Jelles
les
es'..::: laves
répondent ~ la condition de chose qui leur est faite.

59
Les inrigalités
st~tutaires.
Qu~tre
exemples
suffisent.
Malgré l'identité
de
race
et
p~rfois
d'ethnie,
on
pourrait
reconnaître physiquement
be~ucoup d'esclaves
tête tondue associée
ou non ~u port de l'exomide pour les hommes,
cheveux courts associés
ou non
au
port
d'un eeplos pour
les femmes.
Non-êtres Juridiques,
les esclaves,
s~uf
~
Gortyne,
ne connaissent pas le mariage légal
avec ses
actes
rituels
remise
de
gage,
remise de
la fi~ncrie,
noces.
Pour
leurs f~utes, ils subissent des sanctions spécifiques
~ la
maison,
le
travail au moulin,
le coup de poing,
le b~ton, le
fou e t
j
e n
jus t i ': e ,
1 ;;:)
fla gel 1 ~ t ion
s I.J l~ l~ 0 I.J e , l e ': a l~ ': an,
1 e
f e l~
rouge.
Enfin,
leurs
tombes,
dans
l'enclos de leurs maîtres,
sont
reconaiss~bles ~ deux signes
une simple colonne tronquée et le nom
du défunt
(R.
Flacilière,
1959
: 37),
Les modes d'exploitation.
Que les-esclaves constituent une
source importante
de
profit,
trois faits suffisent ici encore ~ le
prouver
j
nous empruntons les deux premiers ~ux analystes du corpus
démosthénien.
D'abord,
alors
que
l~ banque r~pporte deux fais plus
que la fabrique de boucliers,
Apollodore,
fils de l'affranchi Pasion
préfère,
lors de la succession,
la
fabrique ~ la b~nque, Les t~ux de
rent~bilité des
esclaves
semble
aussi
sOr
que celui des terres.
Ensuite,
les
esclaves
salariés sont un moyen d'enrichissement pour
deux m~îtres
~
la
fois.
Ils
enrichissent
non
seulement
leurs
employeurs qui
fixent
~
leur
guise
le
prix
de
leur
travail
journalier
(misthos),
m~is
encore ces m~îtres dont ils constituent
l~ propriété première.
Tel est le cas des
koris oikountès,
~streints
~ verser
~
leurs
maîtres
une
p~rtie
de
leur revenu sous forme
d'aeophora.
Tel
est
aussi
le
c~s
des
escl~ves ouvriers que les
m~îtres louent
au
marché
du trav~il de l'An~kéion. Enfin,
on s~it
quelle fut
l'extrême
pénibilité des conditions d'exploitation d~ns
l'~ctivité ~
eux
presqu'exclusivement
réservée
les
mines
du
Lal.Jl~ion
(44),
Les résist~nces
des
esclaves.
Aux esclaves la conscience
de leur
statut et de leur condition n'~ pas été inconn!
. Si,
f~ute
de concentration
et d'organisation,
leurs réactions collectives ont
été rares,
on leur connaît des formes de résistance ~daptées ~ leur
situ~tion, Quatre
faits
l'~ttestent,
Il
y ~ les fuites,
forme de
résistance individuelle,
~ctes
de rejet global et de reconquête de
l~ personnalit~.
C'est
en
poursuiv~nt des esclaves enfuits,
on le
s~it, que Nicostratos est tombé aux m~ins des pirates en 365.
Il y a
les formes
de
résistance
collective.
Quand,
dans le naufr~ge d'un
navire de
commerce,
les esclaves
"se sauvent en bloc laiss~nt périr
noyées plus
de
30
personnes
libres"
(M.-P.
Herv~gault
et
M.-
M.Mactoux,
1974
:
89),
ils commettent un acte de vengeance délibérée
sur un
groupe social ennemi,
~ leurs yeux solidaire de leur m~ître.
Quand en 413,
de Décélie,
l'envahisseur spartiate incite les mineurs
du Laurion
~ déserter,
c'est une m~sse <20.000 selon Thucydide)
qui
prend des
risques
de se
libérer.
Un moment,
dans
les campagnes,
la
tel~l~eIJl' p.'lsse
dans
l(~ ':';'lmp des
m;;:lîh~(~s
(A.
Fla,:elièl~(~, 1959
: 72),
Le droit,
expression
du
pouvoir
de
classe,
apporte
une preuve
indirecte ~
l'existence
de ces résist~nces
ce sont les supplices
que pr~voit
le
droit
pénal ~ l'~rticle de la fuite
(roue,
carcan,
fel' l~OIJge). Un€:'
del'niÈ~>l~e
ç:.l~eI.JVf.~
ifldil~f.~cte,
fIO'Je;;
1<.)
tTOI.JVOnS d.oms les
réformes envis~gées par les philosophies comme celle d'Aristote.
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1
r
11- LE
CADRE
LOGIQUE
DE
LA THEORIE DE L'ESCLAVAGE _ LA
PHILOSOPHIE POLITIQUE DE LA CITE
<polis).
Pour Aristote
l~ "science" suprême de l~ pr~tique hum~ine
est l~
philosophie politique,
et d~ns celle-ci l'éthique
détermine
les fins.
Politique et éthique ne se dissocient p~s,
O~,
d~ns cette philosophie politique,
on trouve un concept
de l~
cité
et
un
projet de société OÙ l'esclav~ge prend pl~ce et
~cquiert un sens.
De cette philosophie,
rép~ndue d~ns l'ensemble
de
l'oeuvre du
gr~nd
philosophe
grec,
nous
n'~vons
l'~mbition
de
retenir que
les
éléments
qui
permettent
de situer l~ théo~ie de
l'escl~v~ge,
C'est l~
mét~physique
qui
fournit
les
concepts
fond~ment~ux ~
la
réflexion
pclitologique
comme
~
toutes
les
disciplines.
Ces
concepts
sont
au
nombre
de
trois
la n~ture
<ph I.J sis),
1 a
fin
( tel 0 s )
et
1a
n é,~ e 5 5 i té
( a n a n ké),
Rel a tif au
changement,
impliquant
la
particularité
et l~ différence
(45),
le

61
concept de n~ture chez Aristote s'offre sous trois modalités:
comme
"le principe
interne
de
mouvement
qui dirige les êtres vers leur
perfection",
comme
"une
force
organisatrice,
déterminée
par des
fins",
ou
,.::omme
une
for'm(~
d'" i nte Il i gen,.::~~,
p.:..ll~tout
pl~ésente
et
partout agissante...
qui
dispose toutes choses selon des r~gles de
convenance et de perfection".
LQ fin,
au sens structurel,
est l'état
de complet
développement
d'une
chose
ou
d'un
être
;
au
sens
fonctionnel,
elle
désigne
alors
la fonction ~ laquelle concourt la
chose ou
l'être
dans
son
activité.
Dans l'un et l'autre sens,
la
"fin" sert
~
expliquer le développement et l'activité d'une chose.
Au sens axiologique,
elle se confond avec ce qui est le bien pour la
chose ou l'être dans son développement interne et dans ses relations
extel~nes (46).
La
né,.::ess i té,
e Il e ,
dés i gne
1 es
,.::ond i t ions
indispensables ~
la
réalisation
et
~
l'existence
d'une
chose.
(Méta, A, 5')
(47).
E Il e
se
man i feste
,.::omme
détel~m i nation
dans la
constance et
l'identité
des
phénomènes
et
domine chez les êtres
supérieurs où règne la finalité,
alors que le hasard,
son contraire,
se manifeste
comme
indétermination
et
domine
chez
les
êtres
inférieurs où règne l'informe.
En appliquant
les
concepts
de
ce
cadre
universel,
la
réflexion politologique
établit
que la cité comme fait naturel est
un concept
anthropologique,
un
concept
historique
et un concept
idéologique.
La cité désigne,
en premier lieu,
un fait anthropologique:
koînônia.
Qu' on
tl~aduise
,.::e
tel~me-,.::lé
pal~
",.::ommunauté" ,
"asso•.::iation",
ou
"so,.::iété" ,
plusieul~s
,.::onditions
sont
indispensables et
nécessaires ~ son authentique réalisation.
Finley
en voit
sept
parmi
lesquelles quatre principales
:
liberté,
projet
commun,
équité et réciprocité
(48).
Fait anthropologique,
la
cité désigne,
en deuxième lieu,
un fait
historique.
Car,
en
même
temps
qu'elle
est
un
tout,
logiquemer~ antérieur
~
ses
éléments
constitutifs
(individus,
fantilles,
iillages),
elle est l'aboutissement d'une évolution.
Dans
Aristote et
l' histoil~e, essai ~ L.-a Politique
(1960>,
r~aymond Weil
analyse,
selon
le
philosophe,
les
conditions et les phases de la
formation naturelle
de
la
cité.
Les
conditions
sont
d'ordre
géologique
(permanence
de
l'univers,
transformations
du sol sous
l'action du
climat,
déluges
plus
ou
moins
mythiques),
d'ordre
biologique
(gen~se
intra-mondaine
de
l'humanité,
épidémies
et
famines),
d'ordre
sociologique
(guerres,
migrations,
temps infini
avec des
ruptures
de
mémoire
collective liées aux cataclysmes et
catastrophes).
Viennent
les
cinq
ères
de
l'histoire
culturelle
correspondant aux différentes étapes du progrès et de l'accumulation
de la "sagesse"
: ère de la sagesse économique où sont inventées les
techniques de production,
ère de la sagesse esthétique où s'ajoutent
à
la
première sagesse les techniques
instauratrices du beau,
ère de
la sagesse politique quand naissent la législation et l'organisation
des cités,
ère
de
la sagesse "scientifique"
qui s'accompagne de la
promotion des
sciences
de la nature,
ère de la sagesse théologique
où l'évolution
est
couronnée par l'organisation de
la connaissance
des choses
divines.
La sagesse politique couronne les trois stades
d'évolution rie l'histoire politique.

62
Au premier
st~de, celui de la famille
(oiki~), correspond
l~ société
domestique
~vec
domin~nce
du
système
p~tri~rc~l
(Defoul~ny, 1932
(~17). Le delJ:dème s;tade,
,::elui du vill~ge (komê)
b~igne d~ns
un ensemble culturel différencié
~ l'échelle région~le
p~l~ l'ethnie
(ethnos)
et,
~l l'échelle J.o,~~le, p~l~ l~ tl~ibu (e..b..tl.~).
Les B~rb~res,
d'une
facon générale,
et cert~ines popul~tions de l~
Grèce,
telle
l'Arcadie,
participeraient
de ce st~de. Au troisième
st~de, voici
l~ cité.
Née de l'extension de la f~mille (~poiki~) et
dv l'intégr~tion
des
vill~ges,
elle
ré~lise,
selon
l' im~ge
de
Defourny "l'~ge ~dulte des sociétés humaines"
(1932
: 381).
Fait de
n~ture,
l'institution
de l~ cité ~ obéi,
non ~u
has~rd comme
le croient les théoriciens de l~ convention
(sophistes
et disciples d'Antisthène),
mais ~ la nécessité.
Au-del~.des besoins
qui sont
~
l'oeuvre
d~ns
l~
constitution
de l~ f~mille (besoin
biologique de
reproduction et besoins économiques de conserv~tion),
~u del~
des
besoins psycho-sociologiques du vivre,
cette nécessité
app~r~ît d~ns
les
besoins
proprement
politiques
de
régul~tion
soci~le. L'homme,
seul ~nimal idéologique,
doué de l~ngage (loqos),
producteur de v~leurs mor~les et politiques,
est aussi le seul ~gent
de la
communication.
Or,
la
commun~uté des valeurs,
nous dirions
aujourd'hui la
communauté morale,
idéologique ou culturelle,
a
f~it
(poiêi),
non
seulement
l'institution-famille,'
mais
aussi
l'institlJtion-cité
(F'o.l.I,2,1.253 a 10-15),
Fait anthropologique,
fait
historique,
la cité,
en troi-
sième lieu,
désigne
un
fait idéologique
:
la koinSni~ prééminente
entl~e tOIJtes,
koinSnia
kUI~iotatê
(Pol.
A,
l,
l,
1252,
a).
Cette
prééminence ne
réside
nullement
dans
les
dimensions matérielles
(étendue spati~le
et
volume de popul~tion) pour lesquelles la cité
surp~sse les
villages et les tribus,
mais reste surp~ssée elle-même
p~r l'ethnie.
Elle
est
d~ns l~ structure,
dans la nature,
dans le
but et
la fonction.
La société domestique et la société villageoise
ont pour caractéristiques la dispersion morphologique,
l'homogénéité
ethnique,
l'indifférenciation
socio-économique,
l'abslce de centre
et d'unité politiques quoiqu'elles ne soient pas toujours dépourvues
d'Et~t <V.Erhenberg,
1976:1,53).
Au contraire,
la cité est un Etat
territorial intégrant
villes,
vill~ges
et
familles,
~ne société
plur~le et hétérogène d~ns S~ population,
marquée par la division du
tr~vail et
les
classes
sociales.
D'un
eSté,
des
structures
politiques ~vec
ou
sans
Et~t, d'essence monarchique,
oÙ des rois,
doyens d'~ge
ou
chefs
militaires,
dominent
sur
une
masse;
de
l'autre c8té,
un Etat constitutionnel,
d'essence républicaine oÙ la
loi écrite
garantit
~
tous
les
citoyens
attitrés
une égale e~
permanente p~rticipation
au
pouvoir délibér~tif et Judiciaire.
"La
':: i té,
,~' est
une '~ommIJnauté d' h(Jmmes 1 i bl~es Il
(Po 1.
111,6, 1279 a-20) .
"L~ ..: i té,
e Il e ,
se
ve u t
<: 0 mpas é e
l €~ plu s po s s i b 1e d' é 9 ~ u :.~ et de
semb 1 ~b les"
Po 1.
n'. 11. 1295
b
2D-2 S).
Dans ,.::e ,:~dl~e- J.;.l,
a f fi l~mel~
que l'homme
est
un anim~J. politique,
~e n'est pas ~ffirmer un fait
universel,
f~it que nie Aristote ~hez les Anciens et que nie Jacques
Haquet
(49)
contre
Georges
~~lan(lier (50)
chez les modernes,
mais
c'est
affirmer
un
droit
naturel,
une
destination
de
l'homme
(Pol.I,A,II,9-10)
d.::lns
la
me5Ul~e ()i~1
l/appal~tenan,.::e ~ ,.::ette so,:iété
est le
meilleur terme par le but e~ l~ fonction.
~----~-...::.:....------------

-------------~
63
- - - - - - - - - - - -
Le but des sociétés de l'espèce inférieure tient ~ un mot:
vivre.
Or sous ce mot,
entendu ~u sens ~nthropologique, il
f~ut voir
l'exercice des
~ctivités
m~térielles nécess~ires ~ l~ reproduction
soci~le, ~ctivités socio-économiques qu'-Aristote cl~sse d~ns l'ordre
de l'utile.
Au contr~ire,
le bien-vivre,
le bonheur,
voil~ le but de
l~ ,:ité
<Pol. 111,6, 1278 b,20 i
VII. 1323 b,20-40 ; Eth.EIJI::I.
1978.1,45-
47 ; Eth.Nic.
1972,
l,
31 -
86>.
Le bonheur ~pp~r~ît
d'~bord comme
l'objet d'une
possession
glob~le

s'~gglomèrent
des
biens se
r~pport~nt les
uns
~
l'~me, d'~utres ~u corps,
les troisièmes ~ux
l~er~tions ~vec
~utl~ui,
~vec l~ so,:iété et l~ l~id-Iesse. Ensuite,
,:e
bonheur s'~cquiert p~r l~ pr~tique de l~ vertu,
c'est-~-dire un ét~t
d'excellence qu'~tteint
toute
fonction
s'exerc~nt
s~inement,
ou
toute f~culté
s'~ppliqu~nt
correctement
~
son
objet.
5~gesse et
prudence,
voil~
p~r
exemple
des
vertus
de
l'intellect et de l~
r~ison, des
vertus
intellectuelles
; Justice et cour~ge, voil~ des
vertus de
la volonté,
des vertus mor~les. Enfin,
d~ns l~ hiérarchie
des biens
prédominent
les biens de l'~me, le bonheur de l'~ctivité
théorique,
activité
propre
~
Dieu
(ce Penseur dont l'objet est l~
pure pensée>,
~ctivité qui,
d~ns le monde,
est spécifique ~ l'homme
libre.
En
effet,
les biens extérieurs
(~is~nce m~térielle, enf~nts
nombreux,
s~ins et distingués,
~mitiés nombreuses>
restent des biens
~uxili~ire$, des biens complément~ires, juste utiles ~ l'~cquisition
et ~
l~
conserv~tion
des
biens
du corps,
telle l~ s~nté, et des
biens de
l'~me.
M~is entre ces biens,
c'ast ~ux derniers que v~ l~
prééminence,
c~r
les
premiers
sont utiles ~ l'~cquisition et ~ l~
conserv~tion des
derniers.
Il n'est donc qu'un ~uthentique bonheur,
c'est celui de source indépend~nte et ~uto-suffis~nte, indissoci~ble
de l'~ctivité
de
l'intellect,
lui-même p~rcelle immortelle de Dieu
en l'homme, c'est celui qui est "coextensif ~ l~ contempl~tion et ne
s~ur~it être
qu'une forme de l~ contempl~tion" (Eth.Nic.
X,8,1178 b
20-30>.
Ainsi
entendu, ce bonheur est inconnu ~ux êtres inférieurs,
en p~rticulier
~ux
~nim~ux
~ux
enf~nts,
il
reste
seulement
~ccessible comme espér~nce.
L~ fonction princip~le que ce but suprême impose ~ l'Et~t,
c'est d'~ssurer
l'~ut~rki~, l'~uto-suffis~nce économique,
condition
elle-même de l~ liberté culturelle.
5i l~ famille réussit l'~utarcie
immédi~te, celle
de
ch~que jour,
si le vill~ge l~ réussit de f~con
irrégulière,
en
recourant
~ l'éch~nge p~r troc,
c'est au contr~ire
par l'~griculture vi\\'rière,
l'industrie et un minimum d' import~tion,
que l~
cité
ré~lise l'~ut~rcie plénière en faveur de l~ communauté
des hommes
libres
(Pol.III,9,1280 b,
30-35>.
Qu~nt ~ s~voir comment
l'Et~t met toutes ces fonctions
(l'économie,
l'éduc~tion, l~ défense
milit~ire> ~u service de la contemplation qui est félicité,
c'est le
projet de société qui
le révèle.
Tel qu'il
se
dég~ge
de
l~
critique
des
gr~nds
l~ é f a l~ m~t el...Il~ s,
en
p~rticulier
des
Livres
IV,
VII
et
VIII de l~
Politique,
':€~
projet définit les conditions ~ respecter,
les moyens
~ mettl~e
en
oeuvre
et les agents ~ mobiliser pour ~ctualiser dans
l'histoire la so,: i été n!od?' 1e ,

~~?S l:=or.d i t ions
sor. t
.;)'.1
nantb r" e
de
d e-J>: .
L.;)
,:.\\'"' en) i el'"' '?
eS'::I~it 'Jne
politique
,j.?
,iuste
milielJ
(mesotês)
en m-:ltiE:!l'e de
pul~tion et
d'étendue
du
territoire d'Et~t. L-:l popul~tion
de
l~
té in~lut
non
pas toutes
les cQmposa~tes de la so~iété, m~is les
uls cltoyens
-:lccesslbles
aux
loisirs
et
matière
première
de
~ction morale
de
l'Etat
en sant exclus
les agriculteurs,
les
tiS-:lT',S,
~ fOl'tiol'i les nlal'd',.:lnds et les es'.:laves (Pol.'JII,9>. SOIJS-
~plée, la
cité
n'-:ltteint
pas
s~
n.:lture
lui
m.:lnquent
ses
Ip.:l~ités d'autarcie,
d'~lJtonQmie et de défense.
Surpeuplée,
elle se
~n.:l~ure sous l'effet d'inconvénients économiques,
.:ldministratifs et
)litiques.
Faute
de
terres
suffis.:lntes et de ~ultures vivrières,
!S citoyens
m-:lnqueraient,
d'une
p~rt
des
biens
extérieurs
~dispens.:lbles ~
la
pratique
de la vertu et,
d'.:lutre p.:lrt,
p~r le
!it de
la
misère
et
des révoltes qui
suivraient,
de l.:l quiétude
~cess.:lire ~
l.:l
vie
contemplative.
En
outre,
trop nombreuse,
l.:l
~pulation est
difficile
~
réglementer.
Enfin,
les
étrangers
rouveraient l~
une circQnstan~e favorable pour usurper l.:l place et
es droits des citoyens d-:lns
les ~ssemblées ;
et les citoyens,
faute
'une connaiss.:lnce
mutuelle,
seraient condamnés ~ choisir au has.:lrd
eurs representants,
~u
préjudice
du
bon
fonctionnement
de
l~
~mQcr~tie directe.
Les
moyens
juridiques
de
limiter
cette
opul.:ltion? Institution de la monog.:lmie,
règlementation de l'3ge du
i~ri-:lge (dix-huit
ans
pour
les
filles et trente sept ans pour les
lommes),
limitation
de l'activité procrè~trice ~ cinqu~nte ans pour
es femmes
et
soixante-dix
ans
pour
les
hommes,
exposition des
,ouve~ux-nés mal formés
et
p.:lr
conséquent
inaptes
au
bonheur,
Ivortement licite -:lvant la sensibilité et l.:l vie du foetus,
contr61e
Se l'immigration.
Mêmes considérations
théoriques
et pr.:ltiques touchant le
:erritoire d'Etat.
Aux considèr~tions str~tégiques qui
justifient la
)r~férence d'un Etat relativement petit,
~vec une capitale fortifiée
!t facile
~
défendre,
s'ajoutent
des
considérations
d'ordre
~conomique (fertilité
du
sol,
ouverture
sur mer de la capitale>,
j'ordre hygiénique
(expo~_tion
de l~ capitale,
ville centrale,
aux
lents plus
sains
de
l'Est)
et
d'ordre
esthétique
(un urbanisme
:ombinant le modernisme d'Hippodamos de Milet
et la tradition>.
L.:l seconde condition a
t r a i t ~ la
politique extérieure de
L'Etat.
De leur identité ethnique,
de leur supèrioritè culturelle et
)olitique présumée
(intelligence,
rèsolution,
organisation en Et.:lt
jémocratique,
capacité
~
gouverner le monde),
les Hellènes doivent
:irer une
conclusion
l'union
pol~tique.
Cette union,
thème du
)ropos des sophistes comme Gorgi~s, des orateurs comme Isocrate,
des
)hilosophes comme
Platon
et
qui
devint une réalité ~ la Ligue de
~orinthe en
338
sous
l'h~gémonie
de Philippe de Macédoine,
c'est
~e'Jt-êtl'e 1 a ·:on fédél'~ti or. pant".é llêraique
(Po 1 . IJ II, 7 , 1327 b,
20-40>.
Dans la
société de classes qu'il
s'agit de perpétuer,
une
:lasse sociale
a
vocation
pour
construire
la
cité
modèle,
:o~formément ~
la
philosophie
du
juste
milieu:
c'est l~ classe
loyenne
(F'ol. IV, 11, 1295
a-25-1206
a
10>.
En
effet,
l'irlégalité
~xcessive que
génère
l~
division
de
l~
société en deux cl~sses
,xtrêmes,
celle des gens très riches et celle des gens tres pauvres,
-----_._.~

'_' .J
rompt l'équilibre
de
1~ commun~utè politIque.
Au niveau mor~l. d'ur,
cSte
mepri~
et
demesure,
de
l'~utre cbté, envie et m~lignité
~'J
nive3u politique,
l~,
engouement
p0ur
les
emploIs
publics,
gouvernement despotiq~e,
voire
tyr~nnle. ici,
derob~de aux emplois
p'Jbli';s,
obèiS':;~n';e
se\\~vlle,
\\/ûi\\~e _'
rJém~gogie
e;<IJb,j\\~::Jnte,
l;c.
prédomln~nce des
olig~rchles
et
des
d~mocr~ties s'explique p~r l~
f~iblesse nume\\~ique
,jes
...:l~sses
mO'yef'fles.
Le
f~it que ,je nombl~eIJ:<
législ~teurs <Solon,
Lycurgue,
Ch~rond~s) proviennent de l~ cl~sse
moyenne en
confirme
les
~v~nt::Jges
d'equilibre.
De
richesse
intermédi~ire entre
l'une et l'~IJtre cl~sse, ni elle ne convoite l~
cla~se riche,
ni elle n'est convoitée p~r l~ cl~sse p~uvre
ni elle
ne se
dérobe,
ni
elle
ne sollicite ~vec une excessive ~rdeur les
emplois public:;
è
ses membres elle donne
l~ sécurité personnelle
l~ plus
gr~nde
enfin,
les
cités
où elle domine,
è
l'~bri des
f~ctions, sont
plus
ég~lit~ires.
plus
communaut~ires
et
plus
st~bles.
A cette
cl~sse
identifiée,
trois moyens politiques sent
prescrits pour
ré~liser l~ cité modèle.
Le premier moyen,
de n~ture
économique,
est la réforme de l~ propriété.
Cette réforme,
fondement
économique de
l~ démocratie rur~le chère ~ Aristote,
ét~blit d'~bord
les trois bases de
l'èg~lité que Defourny précise.
'''Aly.. ::L •
,... _ _
d..
1 _ .... '.....
• g . . J.~~.
d . v ... r . t
d:a..t~n•.:i:~on
cI_
(1932,121>
Outre l'égalité,
cette réforme ét~blit ég~lement les b~ses
de
l~
stabilité.
Trois
dispositions
doivent
empêcher
l~
concentration des
terres
~ux
m~ins
de
l'l~
bourgeoisie"
et
le
démembrement de
la
petite
propriété,
c'est-~-dire
l~
crist~llisation de
la société en deux cl~sses antagonistes,
ce sont
la fixation
d'un maximum de propriété,
l'interdiction d'aliéner
les
lots primitifs
et
l'interdiction
de
l'hypothèque.
Un autre fait
renforce cette
stabilité
les propriétaires,
nantis d'une richesse
médiocre,
manquent
de
longs
loisirs,
ne s'assemblent qu'en cas de
nécessité réelle,
laissant
la
loi
régner
sans
éprouver
la
démangeaison de réviser perpétuellement
la constitution.
Le deuxième
moyen,
du
domaine
de
la
culture,
est
l'éducation,
Enracinée
dans
l'histoire culturelle
de la n~tion, l~
conception aristotélicienne
de
l'éduc~tion
est
~
l~
fois
une
,;on,:eption dil~lgiste
Oij les ,.:ito'y'efls sor,t
"la ':rlose" de
l~ ,.:itê,
oij
l'Etat inspire et dirige
l~ péd~gogie pour ~ssurer l'unité org~nique
de
1 ~
'.: i té,
et
I j ne,.: 0 n ': e p t ion
1 i b è l~ ~ 1 e, • e fi
,; e
sen s
que
1 es
ét3blissements scol~ires conservent leur ~utonomie et que la famille
partage avec
l'Et~t l~ fonction d'éduq'jer.
Dans
son esprit cepend~nt
.:ette education
exclut
deux
types
de
formation,
la form~tion des
Fe ni III e s e t
1 ~
f 0 l~ ni ~ t ion
p \\~ 0 f e s s i 0 fi ne 1 1 e .
Les
f e ni mes
p 0 \\~ te n t
IJ fI e
ir,f~I'i.Q\\~ité rkltlJI~elle
(F·ol.
I,
S,125 ft
b.
10).
Aussi
'Jne

66
~gistr~ture spéci~le,
la
gynéconomie,
sera-t-elle instituée pour
ssurer leur surveill~nce. L~ form~tion professionnelle convient ~ux
rtisans et
aux
escl~ves,
c~r
elle procure des vils produits sur
ous les pl~n5 : pl~n esthétique (déform~~ion du corps hum~in), pl~n
oral et
politique
(l'~rt
seul
ne fait ni
l'homme vertueux ni
le
itoyen),
pl~n
socio-économique
(l'~rt fournit un g~gne-p~in à prix
'~rgent) et pl~n technologique
(la spéci~lis~tion technique ég~le ~
~ mono-fonctionn~lité).
Au
contr~ire,
l'éducation qui doit former
es
"citoyens
~ptes à vivre sous des
lois et à concourir ~u bonheur
ublfc" se
c~ractérise
par
la
glob~lité
et
l'équilibre,
la
énér~lité et le désintéressement.
Le programme
officiel
d'enseignement
illustre et met en
euvre cet esprit.
En premier lieu,
cette formation est pien globale
u sens
structurel et ~u sens dynamique
: non seulement elle eng~ge
rois disciplines c~rdinales (lettres,
musique,
gymnastique)
pour la
ulture des
trois
parties essentielles de l~ personnalité (dianoia
u l'intelle,.:t,
thym os ou le '.:oeIJI~, sÔnla OIJ le '.:or'ps),
mais en'':OI~e
Ile se déploie en trois étapes
:
la technopoii~ (de la conception à
~ naissance>,
la trophê
<de la naissance à
5
~ns>
et la p~idêia (5
21 ~ns). De la conception à
la naissance,
des prescriptions socio-
ulturelles sont
destinées
à
~ssurer
la
santé des foetus et des
ouve~ux-nés : dispositions
juridiques relatives ~ l'~ge du mariage,
u commerce
sexuel
et à
la procréation,
informations scientifiques
elatives au
régime
alimentaire
des
femmes
enceintes
et
aux
xercices physiques
utiles
à
la
santé
des
parents,
oblig~tions
or~les de la fidélité qui lient les futures mères aux divinités des
aissances. Oès
l'~ge
de
cinq
ans,
les
exercices physiques,
en
articulier les
jeux
et
les
lettres
(sous
forme
de
récits et
ables>
interviennent et s'emparent de la totalité de l'enfant.
Hais dire
que
cette
formation
est
générale,
c'est en
évéler la
hiérarchie
interne
et
l'orientation
dominante.
Pour
ristote,
la
gymnastique
a
une
double
justification
dans
'enfance, une Justification esthétique:
rectifier et proportionner
e corps; dans la Jeunesse,
une Justification militaire : entraîner
la
résistance
et
~
la
force les corps des éphèbes qui doivent
éfendre la
cité
contre
l'esclavage.
De même deux avantages sont
ttachés ~
l'enseignement
musical
un avantage esthétique connu
ous le
no.
de
catharsi~, p~rgation dont le poète franç~is Racine
evait redécouvrir la théorie au XVIIè siècle,
et un avantage moral.
e dernier
réside
non
pas
t~nt
d~ns
la
pratique instrumentale
éservée aux enf~nts, à titre tempor~ire, et aux vulg~ires artisans,
titre
perm~nent,
que
dans
les
effets
moraux
(ravissement,
isposition ~ l~ vertu que produisent sur l'êthos les beaux rythmes,
es belles
mélodies,
le':; modes nllJsi'.:alJX gl~~ves tel le dOl~ien (F·ol.
III,
5,6,7~
1339
~
10-1342
b
30).
Or',
,.:omme
le
'':OI~pS
est
ubordonné ~
l'~me,
la
guerre
subordonnée
à
la
paix,
ainsi
ymnastique et
musique
sont
subordonnées aux lettres.
Utiles dans
outes les activités de la vie,
moyens de connaiss~nces, les lettres
onnent aux
citoyens
l'esprit rationnel et désintéressé pour jouer
eur rôle
d~hommes
libres
qui
est
~
la fois de gouverner comme
agistrat élu et d'être gouverné sans esclavage .
.~.;;;;;;
••;:;';;-=~"-';""'---~'
- - ' - - " " " " - ~..., ..

67
- - - - - - - - - - - - - " " - - " " - - _ .
Troisième moyen,
qui relève de l~ politique des rel~tions
intern~tion~les, c'est ce que Defourny ~ nommé "l~ théorie implicite
de l' eNploit~tion '.::oloni~le" (1932 : 546-555). F'oIJr' l~é~lisel~ l'idé;;)l
de l'~ut~rcie,
il y ~ mieux que l~ construction de villes m~ritimes
et l~
puiss~nce
n~v;;)le,
mieuN que la p~iN et les tr;;)ités ~ signer
~vec les peuples producteurs de blé,
mieux que le monopole public de
l' import~tion des gr;;)ins étr~ngers. C'est la colonis~tion de l'Asie,
s0!J!I~ce de
ces
l~i,.::hesses.
Il
n'est qlJe de mettl~e l~ '.::onfédél~~tion
p~nhéllénique ~u
service
de ce projet.
Or,
1;;) Justific;;)tion mor;;)le
de ce
projet,
c'est
déj~
l~
théorie
de l'escl~v~ge, ~ppliqué ~
l'économie mondi;;)le ou ;;)UX rel~tions intern~tion~les.
111- LA
THEORIE
DE
L'ESCLAVAGE
CONCEPT
PHILOSOPHIQUE 8. SA 'METAPHORE
Loin d'être
~ccidentelle et m~rgin~le d~ns 1;;) téléologie
éthico-politique de
l~
cité-modèle,
1;;) théorie de l'escl~v~ge est
nécess;;)ire et
essentielle
~
cette
dernière.
Elle
est
d'~bord
l';;)spect contr;;)dictoire,
m~is
di~lectiquement
nécess~ire
de
l~
théorie de
l~
commun~uté
des
hommes libres,
de l~ commun~uté des
citoyens,
de 1;;) "commun~uté
politique".
En ce sens,
il ne suffit p;;)S
de dire
~vec
J.P.
Vern~nt
(1974,94)
"S~ns ci~oyen libre,
p~s
~'escl~ve", ce
qui est vr~i selon l'histoire et selon le droit;
il
f~ut pouvoir
dire
en même temps ce qui est vr~i selon l~ logique :
s~ns escl;;)ve,
p;;)S
de
citoyen libre.
M;;)is cette théorie représente
~ussi l~
théorie,
j~m~is
tot~lement
élucidée
des
"conditions
externes",
sine qu~ non, de l'Et~t grec,
un ~spect de 1;;) sociogenèse
de l~ ,.::ité.
Cette double
fonction
épistémologique
justifie les deux
méthodes p~r
lesquelles,
dès
le Livre l
de l~ Politique,
Aristote
nous donne
~ccès ~ l~ relation d'escl;;)v~ge : 1;;) méthode structur~le
et l~
méthode
historique comme nous dirions ~uJourd'hui. L'analyse
structur~le révèle
en
effet
que
l~
rel~tion
d'escl~vage
est
essentielle ~
la
f;;)mille,
élément~ire
composante de l~ cité.
P~r
l'~n~lyse génétique, cette relation ~pp~raît comme primitive d~ns l~
structure de
la f~mille. Ici et l~,
un concept désigne l'essence de
cette rel~tion
d~ns
son
fonctionnement
dissymétrique
: c'est le
concept d'org~non.
En
examinant
successivement
l~
rel~tiLn
d'escl~vage d~ns
l'histoire,
l~ n~ture et l~ fonction de l'escl~ve
dans l~
structu~e
soci~le
et
d~ns les rel~tions entre form~tions
soci~les, l~
question
de
l~
commun~uté d'intér@t entre m~ître et
esclave,
et
les
fondements
de
l'esclavage,
il nous semble rester
fidèle à la problém~tique et à
l~ méthode d'Aristote.
Dès les
premières
pages
du
Livre
1
du
Politique,
l'esclavage est
situé
dans
son
véritable
cadre
: l'histoire de
~'humanité qui englobe Grecs et Barbares et ce,
d'un poi~t de vue en
quelque sorte
;;)rchéologique.
En
même
temps qu'est présupposée 1;;)
spécificité du
pouvoir
escl;;)v;;)giste,
an
trouve
affirmée
1;;)
primitivité de l'escl~v;;)ge dans l'histoire.
Cette primitivité
est
d'abord
évidemment chronologique.
Se l on '~ette
vJ.H~,
1;;)
f;;)mi Il e
u~ son pl'em i el' stade Il ,=.omme le tl~;;)dIJit
..1 e 7:) n
Tl' i ,~ 0 t ,
1 ;;)
f ;;) ni i Il e p l~ i m0 l~ d i 81 e,
0 i k ~." 8
f~:J..~ 0 tJt. ( F' al._ A, II, 5), se
compose,
en
effet
de
deux
unions
élémentaires,
unions
d'êtres

68
tH~tél~ogènes et
,~omplémentail"eS,
":i.nc8p.7.1bles
d' e:·dstel~
l'un
sans
l'~utre», La
première union élémentaire,
de nature biologique,
dont
l.::.l fi n;;)l i ·té est 1 a l~epl~odl.J,~t ion ,je l' e~è'~e, l~;:)ssemble l' homme et 1.::1
femme;
d;;lTIs 1;:) seconde IJnion élèment.::lil"t:~, "1';'1 so,:iété '~onj'Jg.::.lle qui
se forme
est
celle
de
l'esclave
m~le
et d'une esclave femelle"
SOIJmis tous
delJ:·:
.::IIJ
monal~que
(F'ClL 1,2,1252 b, 5>
dans IJne so,~iété
b.::ll~b.::.ll~e ,
La seconde
attestation
anthropologique
de
l'escl.::lvage
l"ê'side pOIJI~
AI~istote
d.::lns la pl~imitivité de sa SO'JI~'~e
la gIJel~l~e.
Mode n;;)turel
d'acquisition
des biens,
mode qui est une variante de
la chasse
en
tant
qu'elle s'applique aux êtres vivants,
la guerre
est un
mode
par
lequel
on réduit en esclavage ceux que la nature
dest i ne ;n l' obéi ssan'~e et qui s' ')' dêl~obent
(F'o.l.
l, 8, 1256 b,
20-25 ;
VII,2,
1324 b 30-41>
(51).
Or,
nous
le
verrons,
les B.::lrbares sont les prédestinés ~
l' obéiss.::ln,~e.
3.2.
L.::I
rel.::ltion
d'escl.::lvaqe
-
concept ~ nature et
~-
fon,~t i on de l' esc 1 .::Iv!!.
Victor Goldschmidt
(52)
a
souligné
l'origin.::llité de 1.::1
méthode d'Aristote
qui,
procédant
de
la
question de l'essence a
celle de
l'existence,
ét.::lblit
cette
existence
p.::lr
r.::lisonnement
indu~tif et
inspection
des
faits,
avant
de
trouver
dans
1.::1
doxographie des thèses .::lU fond confirm.::ltoires.
Si la
n.::lture
de
l'esclave
est
mieux élucidée "gr~ce ~
l'idée que
le
philosophe
se
f.::lit
de
sa
fonction"
(53),
cette
élucidation s'effectue
en
effet ~ travers deux grandes thèses:
1;;)
thèse de
l'essence spécifique du pouvoir du m.::lître d'escl.::.lves comme
pouvoir d'.::Ippropri;;)tion
et
d' instrument.::llis.::Ition,
et
l~ thèse de
l'existence naturelle
de cette relation entre maître et esclave,
L;;)
première thèse
est
établie,
;n propos de
"l'économie" domestique et
de l'économie
"politique",
contre
les socretiques coup.::lbles d'une
f.::lusse identific.::ltion
et
d'une
fausse
légitimation;
la deuxième
thèse le
ser.::l, ;n propos de ce qu'on eppellerait l'économie mondi.::lle
ou des relations entre form.::ltions sociales.
3.2.1.
L'esclave
f..Q.!!Lme
Ol"{-l.::lnc~D.
dans
"l'é,:ononlie"
Q&
admi ni.st1~ati on du. 9..Qma..i.!}~.
Que les socratiques
(54)
;;)ient tort d'.::Issimiler le pouvoir
du roi,
le pouvoir du magistrat en république,
le pouvoir du chef de
famille et
le
pouvoir
du
maît~e d'esclaves, et tort de fonder le
pouvoir du
maître sur "1.::1 science",
c'est l'analyse .::.lnthropologique
de l'administration
de
la famille qui
l'établit,
Cette analyse,
de
caractère structural,
révèle deux types de relations constitutives:
trois relations de type sociologiques
(m~ître-esclave, époux-épouse,
parents-enfants)
et
une
relation de type techno-économique au sens
nlOdel~ne (hommes
vivants
biens
de subslst,;.ln,:e).
SOU;?
le pl~eOliel~
r~pport, non
seulement
la
relation d'esclavage est première alors
qu'elle était seconde dans l'analyse historique,
mais elle occupe la
place centrale
dans
l'anthropologie de la famille et le Livre 1 du
F'olLtiql..le,
les dei.!:.: autTes l~el;;)tion~:; (·:'I:·.::n,t l"'eovoyées au tl~.:lité

69
sur la
constitution
de l'Etat modèle,
~ux Livres VII et VIII.
Sous
le second
r~pport,
une
distinction
existe,
d'une p~rt entre les
techniques de
production
et
de
ges~ion des biens de subsist~nce,
techniques de c~r~ctère n~turel et mor~l, qui entrent sous l~ notion
"d'économie"
(~griculture,
guerre,
pill~ge, ch~sse, élev~ge, pêche)
et,
d'~utre part,
entre les techniques d'~ccumul~tion du profit,
tel
le prêt ~ intérêt, et le commerce,
qui
font p~rtie de la chrém~tis =
tique.
Comme
org~non,
l'escl~ve ~ l~ p~rticul~rité de p~rticiper de
l./'IJn et de l' ~utl~e type de l~el;;'ltion. Ol~,
en q'Joi '~onsiste IJn Ol~g.::tD..on
? Quelles sont l~ n~ture de l'escl~ve et s~ fonction comme org~non ?
L~ multivocité
c~r~ctérise le terme org~non d~ns l'oeuvre
d'Aristote.
D~ns
son
~cception
biologique,
ce
terme
désigne un
C)l~g~ne du '~Ol~pS ~nim~l, disposé ~ IJn e'nipl~,~ement
pl~êcis -
e-x-emple
:
l' estom~'~ d~n5
le ventl~e - et ~)'ffe',~té ~ IJne fon,~tion détel~minée,
l~
digestion d~ns
le
c~s cité.
Le terme revêt ég~lement une ~cception
technologique
(55).
Il
Y
~ ~ussi une ~cception épistémologique du
terme,
puisque
l'Or9~non, titre postérieur ~ Aristote de l'ensemble
de ses
ouvr~ges
"lo9iques",
désigne l'An~lytique "considéré comme
pl~opédeutique ~
l~
scien,:e"
(.J.
Tl~i'~ot,
1977.
Intl~odu,~tion VrI)
(56) .
Reste enfin
une
~cception
mor~le
du
~erme
: celui-ci
s'~pplique ~lors
~ux
moyens
sur lesquels l'homme de bien délibère
lorsqu'il cherche
les
médi~tions
pour
réaliser
les fins qu' il ~
concues.
L'Anthropologie
d'Aristote,
selon
les textes choisis p~r
J.C.
Fr~isse (1976)
(57)
~tteste la plupart de ces emplois du terme:
le pl~emiel~
emploi d~ns Mouvement des anim~u:·~ (1976: 17),
le delJ:·~ième
dans Protl~eptique
<1976: 18)
et d~ns Histoi.l~e des Anim~IJ:'~ <1976:25),
le qu~trième
d~ns
Eudème
(1976: 113).
L~ notion d' instl~ument, l~to
sensu,
ch~rrie cette multivocité,
~ l~quelle l~ Politique ~pporte un
él~rgissement socio-économique.
Confirm~tion
en est donnée p~r les
principales détermin~tions de l'escl~ve.
L~ première
détermination
de
l'escl~ve,
c'est
l'~pparten~nce. Aristote
ne
nie
p~s
que
~'escl~ve
p~rticipe de
l'humanité et
qu'il est un être hum~in. M~is entre l'homme libre et
l'homme-escl~ve, il
n'y
~
qu'une homony~ie, entendez:
une simple
communayté de
nom,
s~ns commun~ut~ de notion:
~nthropos. En vérité
et en
ré~lité,
le
libre
et
l'escl~ve
relèvent
de
c~tégories
différentes,
c~r
aucun c~ractère essentiel co~mun ne les r~pproche.
Essentiellement,
l'homme
libre
n'est
lié
~
personne
p~r
une
rel~tion, soit
de
dépendance,
soit
d'apparten~nce.
Or tel n'est
point le c~s de l'escl~ve.
L'~pp~rten~nce qui
spécifie
ie
dernier
est
d'abord
Juridico-économique.
Les
r~cines externestde cette ~pp~rten~nce, l~
guerre et
le
commerce,
sont reconnues p~r une ~llusion ~ ceux qui
ont le
m~lheur
d'être
"f~its prisonniers et vendus comme esclaves
(Pol.
I
6 ,
1 25 5
~ ,
2 5 - 3 0),
p a l~
l ' i. n ven t ~ i l~ e
des
te': h n i (-lU es
d'~cqui5ition des
biens
de
subsist~nce,
p~r
l~
théorie
de
l'escl~v~ge légal,
m~is
aucun texte d'Aristote n'an~lyse toutefois
le COMmerce
des esclaves,
à
notre conn~issance. Le f~it est que par
un d'~oit
de
pl~Opl~i.été
r:·l~i.vée
(kUl.si.'2.)
qu' a':quie';~t
le
,::hef
de

Q 1
f C=:::a:::·a: '
70
f~mille, l'escl~ve
prend pl~ce, au même titre,
p~rmi d'autres biens
m~tériels
porcs et chèvres, olives et figues,
ch~rrue, f~ucille et
pressoir ~
huile.
Il
est
"une p~rtie détermin~e de la propriété"
ktênla
(Pol.
1,4,1253 b,
30-35
;
1,8,125-6 .::l,
1-5).
Mais,
Juridico-économique,
cette app~rtenance unilatér~le
se pl~ésente
alJssi
,=omme 'Jne appal~tenan'=e ol~ganiq'Je. "Une p~l~tie de
son m~ître",
"en
quelque
sorte
une partie vivante du corps de ce
del~niel~, mais
'Jne
p~l~tie Sép~l~êe".
(Pol.
l,
6,1255 b,
10),
tel se
Pl~sente en effet l' escl~ve, au:·, ye'J:"
d' Al~istote. QIJ' est-,::e ~ dil~e ?
Prises ~
la
lettre,
voil~
des propositions dénuées de sens
une
chose est l'individualité biologique du m~ître, autre chose celle de
l'escl~ve;
celle-ci
ne
peut f~ire p~rtie de celle-l~ tout en lui
demeurant étr~ngère
et
extérieure.
Mais l~ philosophie d'Aristote
offre au
moins
trois
sens de la notion de partie.
Au point de vue
logique,
point
de
vue
de l~ qu~l~té, la partie est,
soit un sous-
système dans
un
système
donné
(l'espèce dans le genre),
soit une
matière dans
sa relation ~ une forme
(l'air dans un cube qui en est
formé),
soit
un
élément de la définition d'un objet
(le genre dans
la définition de l'espèce>.
Au point de vue mathématique,
qui est le
point de
vue
de la quantité,
la partie est soit ce qu'on retranche
d'une qu~ntité en tant que quantité
(deux parties de trois>,
soit la
seule fra,.::tion
q'Ji
nleSU1~e le tout
(Méta ,25,1023 b,
11-25).
Il est
~isé alors
de
démontrer en quoi l'escl~ve est une p~rtie du maître
dans le
premier
sens:
doulos n'est-il pas un terme essentiel ~ la
définition de
despotès
?
De
même,
ce que nous venons de dire de
l'appartenance Juridico-économique
confirme
le deuxième sens
les
esclaves sont une partie de l'avoir matériel du chef de f~mille ; en
soustraire un,
c'est
diminuer
cet
avoir et diminuer la puissance
matérielle ~ cet ~voir associée.
Toutefois,
Aristote,
ici,
renvoie ~ une double ~cception
sociologique et
psychologique
l'appartenance
organique
se
car~ctérise comme
intégrale.
D'abord,
intégr~lité
personnelle
l'escl~ve appartient
au
maître
corps et ~me. Ensuite,
intégr~lité
existentielle ou
temporelle
l'esclave ._~partient ~u maître toute
sa vie.
Enfin,
intégralité généalogique,
pour ainsi dire:
l'esclave
~pp~rtient ~u
maître,
corps
et
~me,
toute
s~
vie,
lui
et sa
descendance.
La
métaphore
de
la
"participation"
au maître ou au
corps du
m~ître désigne cette intégr~tion complète et s~ns partage,
définitive et sans retour,
au domaine,
~ l'espace social et ~ la vie
du maître.
Mieux
: dans l~ psychologie aristotélicienne où l'~me a
le primat
sur le corps et le corps est le serviteur de l'~me, cette
p~rticipation p~rait
littér~lement
symbiotique.
C'es~
l~ même et
unique ~me, celle du chef de "famille, qui a la primatie sur tous les
corps,
lesquels
obêissant aux mêmes ordres,
eux-mêmes conformes aux
mêmes buts,
constituent "en quelque sorte" un seul corps vivant face
au primat
des
corps.
Telle
est
~u
sens
premier
la
n~ture de
l'es,.:lave.
"U"'I
. t r .
qu:t.
p.......
n . . 'i:u......
r • •
1 # hO'''m.
d'~ un
p r o p '.... :t..'i:.
c)rdon,..,.
~
1~~Q'i:~or•

'i:
• • p ........ b 1 . · · .
Tl~adul.:tion de .J.
Chal~b()nnet, Pol.
1,4-, 12S{~ ~,10-20.

FUP
71
L~ deuxième
détermin~tion
de
l'escl~ve,
conséquence de
cette ~pp~rten~nce ~t qu'explicite l~ précédente cit~tion, c'est son
c~l~~,.:tèl~e d' i.nstl~IJnlent
sP(kifique.
~ns
l'idée
d' ol~g~non
est
impliquée une
triple
rel~tion
rel~tion
~
une
fin ou "oeuvre
commune",
rel~tion
~
une
fonction
déterminée
d~ns cette oeuvre,
rel~tion ~
un
~gent
qui
met en oeuvre l'org~non comme moyen d~ns
l'~ccomplissement de
cette oeuvre ou de cette fin.
O~ns le c~s d'un
org~non en
~ctivité d~ns un org~nisme viv~nt, ~ucun ~gent extérieur
et~l~nipul~teur,
~ucune
dissoci~tion entre fonction et structure,
entre fonction
et
fin,
l' "oeuvre"
est
l~
ré~lité
même
de
l~
fonction.
Il
f~ut
p~sser
~ l~ société et ~u dom~ine de l~ culture
pour rencontrer
cette
triple
rel~tion : exemple du m~ître-~rtis~n
qui met
en
oeuvre
des
ouvriers
et
des outils pour ré~liser une
m~ison dont
l'~rchitecte fournit.
lepl~~. Si le but de l~ f~mille
est l'~ut~rcie,
l~ spécificité dei;escl~ve comme instrument réside
en tl~ois
,.=hoses
IJn
t 'pe d' i nstl~IJment,
une fon,.=tion,
IJn dom~i ne
d' ~,.=tivité.
Un type
d'instrument.
Pour
Aristote,
l'ensemble
de l~
propriété dont
dispose le chef de f~mille pour ~ssurer l~ vie et le
bonheur de
l~
commun~uté,
~
l'inst~r
des
outils
dont
dispose
l'~rtis~n pour
créer,
constitue
un système d'instruments.
O~ns ce
système ~pp~r~issent
deux
types
d'instruments,
selon qu'ils sont
doués ou
non
de
vie,
c'est-~-dire
d'un
principe
interne
de
nlOIJVenlent et
de
sens~tion <Oe l' ~me,
I, 2,403 b,
24-28
;
II, 2, 413 ~
13-33) <58).
Les
premiers,
instruments
in~nimés
comme le métier ~
tisser,
l~ cith~re ou la h~che, sont des corps m~tériels
et inertes
~ qui
la
mobilité
ne
peut
venir
que de l'extérieur p~r n~ture.
L'escl~ve f~it
p~rtie
des instruments ~nimés. Viv~nt, il
jouit des
fonctions nutritives
de
l~
pl~nte,
il
m~nifeste
les
fonctions
sensitives de
l'~nim~l, il est ~utomobile comme ce dernier;
mieux,
être hum~in,
il
est
moteur.
Tel
est
le
st~tut
ontologique de
l'escl~ve-instrument.
H~is outre
ce
st~tut,
l~
spécificité
de
l
escl~ve se
l~etl~OIJve d~ns
s~
SIJpél~iol~ité
ted-lTIologiqlJe
: org~non Pl~O ol~9~nôn.
Pour les
uns
(59),
cette
supériorité réside d~ns l~ multiv~lence
d'un instrufuent
qui
tient
lieu
d'~utres
instruments
: Aristote
évoque une
p~reille
multiv~lence
~ propos d'un org~ne hum~in
l~
m~in. Pour
d'~utres (60),
cette prééminence est l~ supériorité d'un
instrument qui
"précède
les
~utres
instruments"
comme
l~
m~in
précède les
outils,
et
sans lequel
l~ fonction des ~utres ne peut
s'exercer.
Pour une troisième thèse qui nous semble juste,
l'escl~ve
est un instrument porteur d'instruments,
au sens
où il met
ceux-ci
en oeUV1~e (tJ 1)
Une fonction.
Autorité
et
sujet,
comm~ndement
et
obéissance,
tels
sont
les
deux
pales
de
toute
vie soci~le, en
particulier de
toute
économie
domestique,
pSles
auxquels
se
r~ttachent d'un
cS té ce que nous appelons la fonction de conception
et de décision et de l'autre cSté'l~ fonction d'exécution. Or, comme
diffèrent les
rSles
du
chef
de
famille,
détenteur de l'autorité
selon qu'il
agit
en
époux
envers
l'épouse
(défense
du
foyer,
~cquisition des
bienS
de
subsistance),
en père envers ses enf~nts
<édu,.:ation) 1
en
~;eigneul~
envel~S
les
es,:laves
<pl.;:Jnifi,.:ation,

72
ol~donn~n~ement, inspection, entretien et s~nction), ~insi diffèrent,
en c~p~cités
et
en
t~ches,
les
fonctions
d'exécution chez
l~
femme,
l'enf~nt
et
l'escl~ve. Situé ~u pale "sujet et obéiss~nceu,
l'instrument ~nimé
~
pour
premièr~
m~rque
s~
subordin~tion
fonctionnelle ~u
plan
d'une ~utorité qui donne des ordres auxquels
l'esclave doit
obéir.
Hais,
alors
que
pour
remplir
ses
rBles
qu'énumère l'Economique
(1,3,1313
b,
6-1344
~
1-8)
(62)
~onservation des
biens,
garde
du
ménage, alimentation -
la femme
possède une
c~pacité' délibérative
s~ns
décision,
capacité
enml~yonnaire chez
l'enfant,
l'esclave ne possède pour accomplir les
siens qu'une
capacité

percevoir
l~ raison", une "capacité de
réponse émotionnelle u selon
W.W.
Fortenbaugh
(63).
Par celle-ci,
il
peut f~ire
plus et mieux qu'une b@te, comprendre une explic~tion et
un avis raisonné, m@me s ' i l ne peut lui-m@me en produire.
En m@me
temps que cett;'èâpacité,
l'esclave dispose d'une
vertu morale
spécifique,
distincte
de
la
vertu
des
autres
d~pendants, qui
sont
des
hommes
libres,
une
vertu
propre ~ la
relation au
Maitre,
une
vertu
de subordination et de dépendance,
dont "le
maitre
est
l~
causeR,
"une f~ible dose de vertu,
Juste
assez pour
ne
pas
se
montrer inférieur,
par son inconduite ou sa
,,=oIJardise, ~w<
t~k:hes
qlJi llJi sont ,.::onfiées R (Pol., 1,13,1260 -!I 35-
38> .
La deuxième
marque
de
l'instrument
animé,
c'est
son
~daptation fonctionnelle aux t~ches exigées. Par nature, ces t~ches,
nous le
verrons bient6t, sont pratiques. Or ~ ces t~ches, l'esclave
s'avèl~e adapté,
d'un
point de vue technologique et économique,
par
s~ vigueur,
et,
d'un
point de vue esthétique,
par ses difformités
<Pol.I,5,1254 b 25-30).
Lorsqu'on considère
les
deux
catégories
d'esclaves
distingués dans
l' Economigue,
l'intendant
(épitropos)
et
le
trav~illeur manuel
(er9atès>,
c'est le premier,
détenteur au
plus
h~ut point de cette protor~ison et des vertus serviles dont il vient
d'être question
"'.:IIJ' é,.::hoit
le st~bJt d' instl~IJnlent supérie'Jr,
mo~-eIJl;"­
des ~utres
il
assume
en
effet
l~
fonction
en quelque sorte
libér~le digne
d'un
homme
libre
l~ surveill~nce. Le second,
au
contraire, oeuvre
de
ses
mains,
en
mett~nt
en
mouvement
les
instruments in~nimés,
sous
l'oeil
vigil~nt
du
premier,
lui-m@me
supervisé par le seigneur en inspection.
Enfin,
un
dom~ine
d'~ctivité
~chève
de
spécifier
l'es~l~ve-instrument. Ce dernier est en effet un instrument d'~ction
et de
vie.
Qu'est-ce-~-dire
?
Selon
une
distinction
~ristétolicienne (Ethigue
~
Nicom~gue
VI,4,1140 b,1-20, Politigue
1,4,1254 ~,1-8)
l~
pr~xis s'oppose ~ l~ eoiêsis comme un ~cte ~ un
mouvement,
une
activité qui ~ s~ fin d~ns son exercice m@me (la vie
vertueuse p~r
exemple>
ou d~ns le simple us~ge d'un objet (le port
d'un vêtement>
~
une
~ctivité qui ré~lise un produit extérieur
à
l'~gent
et
à
l'instrument
<exemple
le tiss~ge et le tissu>,
une
~ctivité imm~nente
à
une
~ction transitive,
selon Jean Tricot.
En
outre,
"l~
vie
est
~ction,
non
production".
En termes modernes,

73
c'est opposer
l~
production des services ~ l~ production des biens
matériels.
Suivant
une
première interprétation,
l'instrument animé
ser~it desti~é
non p~s aux activités productives d~ns l'~griculture
et l'ind'Jstr'ie,
mais
aIJ:< ~,~tivités
pl~o-d'J,~tives de sel~vi'~es dans le
mén~ge, d~ns
le
commerce,
les
b~nques
et
la vie culturelle.
L~
conception aristotélicienne
de
l'économie
inv~lide
une
telle
interprét~tion, c~r
toutes les activités
l'n~turelles" <agriculture,
ch~sse, pêche,
pill~ge, guerre)
ne
"produisent" ~ucun objet nouve~u
d~n5 le
monde:
elles reçoivent des dons de l~ n~ture ou des ~utres
sO'2"létés.
SelJles les ~,~tivités .:Il~tifi,~ielles (1' ~l~t,
l' ind'Jstl~ie, le
commerce)
"produisent"
des
objets
nouve.:lux.
Telle
ser~it
donc
l'interprét~tion correcte
loin
d'être
un
instrument
pour
l~
production industrielle
et
m~rch~nde
.:lU
service
des
besoins
externes,
superflus,
d'~ccumul.:ltion
de
profit,
l'escl.:lve
est un
instrument ~u service des besoins in!ernes,
n~turels, du bien-vivre,
pour l~ cré~tion des biens d'us~ge, c'est-~-dire, pour l~ production
~gricole, le service domestique et 1.:1 culture.
En précis~nt
~insi 1.:1 fonction et l~ n.:lture de l'escl~ve,
et p~r
suite
l~
spécificité
du
rapport m.:lître-escl~ve, Aristote
résout le
premier
de
ses
problèmes,
celui
de l~ spécificité de
l'homme d'Et~t
d~ns l~ cité p~r comp~r~ison avec le chef de f.:lmille
et ~ve'.::
le
roi
<Pol. l, 12, 1259 ~ 36-40/1259 b 1-16>. L' ~utol~ité dlJ
chef de
f.:lmille
sur
s~
femme
et ses enf~nts est l'~utorité d'un
homme libre
s'exerc~nt
sur des libres.
Toutefois,
d~ns l~ rel~tion
du m~ri
~
l~ femme,
l'~utorité du premier est une ~utorité de type
républic~in ~Yec
cette
seule
différence
que
l'inég~lité
entre
gouvern~nt et
gouverné
n'est plus seulement provisoire et ~lterne,
elle est
une
inég~lité
de
st~tut
et
d'ét~t,
une
inég~lité
perm~nente. D~ns
1.:1
rel~tion
du
père ~ux enf~nts, nous ~vons une
~utorité d'essence
roy~le,
fondée
sur
une
b~se
géné~logique
<l'identité d'~scend~nce
et
d'ethnie>,
sur
une
b.:lse
psycho-
sociologique
<le
consensus
des
sujets
sous
forme
d'~ffection
fili~le> et
sur un critère biologique
<l~ prééminence de l'~ge chez
le roi>.
AIJ contl~~i l~e,
l' ~utol~ité de l' homme pol i tique d.:lns l~ ,.::i té
s'exerce,
d~ns
l~
souve~aineté
de
l~ r~ison et l~ plénitude de l~
vertu mor~le,
comme
~utorité d'essence républic~ine, ~utorité d'un
primus inter
p.:lres sur des hommes de même ethnie et ég~ux, ~utorité
qui s'exerce
p~r roulement,
le gouvern.:lnt d'~ujourd'hui deYen~nt le
gouverné d'hier
et
de
dem~in, ~pte ~ l~ fois au comm~ndement et ~
l'obéiss~nce <Pol.III,4,1277 .:1 10/1277 b 15).
3.2.2.
L'es':: 1 ~ve ,::omme ol~g~non d.:lns l' é,::ononlie "po 1 i t i 'jIJe"
ou 1.:1 ,::i té.
Quelle que soit son import.:lnce d.:lns
l'économie domestique,
1.:1 fonction
de
l'escl.:lve
n'est p.:lS limitée ~ ce ch~mp. L'économie
politique et
l~
théorie
de
l'Et~t-modèle
en génér.:ll réservent à
l'escl~ve une
pl.:lce
et un raIe qu'évoquent somm~irement les Livres
III,VII et VIII de L.:I politique.
On y trouve en effet une définition
politique de
l~
cl~sse servile,
une 5tr~tégie de 1.:1 neutr~lis.:ltion
de' cette
force
soci.:lle,
son
raIe
dans
l'économie publique,
son
st.:lbJt '::u 1 bJl~e 1 .

74
l~ définition
politique
de
l~ cl~sse servile ré~pp~r~ît
d~ns IJne
nOIJvelle
le,.:trJI~e
de l~ théol~ie de l~ ,.:ité (Pol.,
III,5
j
VII,8).
D'un
point
de
VIJe
fClfI,.:tion'l'rel,
on
le
s~it, l~ ,.:ité se
présente comme
un
ensemble
de
six
services,
indispens~bles
~
l'existence de
l~
société
~liment~tion,
industrie,
défense,
fin~nce, s~cerdoce,
justice.
D'un point de vue structurel,
elle se
compose d'éléments
internes
ou org~niques, essentiels à
s~ n~ture
en t~nt
que
société
politique
et
d'éléments
externes
ou
i'Fi't)l~g~rliques, m~is
né'.:ess~il~es ~ son e:·:isten,.:e en t~nt q'Je so,.:iêté.
Juges,
prêtres,
hommes
riches et guerriers,
tous les hommes libres
bénéfici~ires de
l~
citoyenneté,
qui
~ssument
les
fonctions de
production impropres
~u
développement
des
loisirs
et
de l~ vie
politique ~pp~rtiennent
à
l~ c~tégorie des éléments externes
m~is
nécess~ires, l~ c~tégorie des con~itions externes.
Est une condition
e:·~tel~rle d' espè,.:e
s'Jpé,~ieIJre
1;;,);':1~sse
des
tl"~v~illeIJ'''s
lib,"es,
génér~lement formée
d'hommes
libre~.
non-citoyens,
les p~ys~ns et
les ~rtis~ns.
Si
les
p~ys~ns ne peuvent être des escl~ves (ce qui
se,"~it idé~l),
q'J'ils
soient des pé'''ièques b~,"b~'''es (Pol.
VII,
10,
1330 ~
2
b).
l~
cl~sse
servile,
instrument ~nimé ~ux m~ins des
citoyens et
des
libres
non-citoyens,
voilà
l~ condition externe
d'espèce inférieure.
P~r str~tégie, ici,
nous entendons le corpus des moyens et
l~ mise
en oeuvre qu'en recomm~nde Aristote à
l~ cl~sse des m~îtres
pour ~tteindre
s~
fin:
le bonheur.
On pense d'emblée qu'il s'~git
d'une str~tégie
économique
destinée
à rent~biliser le service des
escl~ves déj~
~cquis
et
~ssurer
l'~is~nce
m~térielle.
Un texte
capit~l de
l'Economique
y
pourvoit,
en effet,
qui précise l'us~ge
di~lectique et
judicieux
qu'il
f~ut f~ire du tr~v~il, du chStiment
et de
l~
nourriture
pour
~tteindre
l'objectif
(Econ.
I,5,1344 ~
35/1344 b 11)
(64).
A son
tour,
cette str~tégie économique s' intègre d~ns unL
str~tégie plus v~ste,
l~ str~tégie politique,
destinée à neutr~liser
les escl~ves
comme
force
soci~le, à ~ssurer l~ p~ix soci~le
et à
consolider l~
domin~tion des m~îtres. En effet les escl~ves peuvent
constituer un d~nger pour l~ société s'ils sont unis,
s ' i l possèdent
le cour~ge,
s'ils
m~nquent
d'~tt~chement
et
de fidélité à
leurs
m~îtres. Que
faire
?
Aristote propose divers critères de choix des
escl~ves, les
~v~nt~ges
~
leur ~ssurer pour les domestiquer,
bref
IJne stl~;:)tégie
de
p'''évention des tl"oubles so(:i~ux.
(E,.:on, l, 5, 1344 b
12 - 2 7 ; F' 0 1 . VII,
10 ,
1330 ~ 25- 3 5). D~ n 5
l' ~ '.: q IJ i s i t ion des es,.: 1 ~ v es,
deux critères paraissent décisifs.

75
Le premier
est
d'ordre
ethnique
ou
n~tion~l : il faut
diversifier les
ethnies ou les n~tion~lités des escl~ves en évit~nt
"d' ~'~quérir un
tl~op
gl~~rld
nonlbl~e
d'-t?s,:l~ves
de même n.:ltionalité
~insi qu'on
le f~it dans les villes",
Le second critère est d'ordre
psychologique et
moral
il
f~ut
préférer
les
esclaves
d'un
caractère modéré,
ni
trop l~ches ni trop résolus. Pour assurer une
bonne conservation
et
une
bonne
utilisation des esclaves acquis,
divers avantages
réels
comme
le
concubinage
et
l~
procréation
d~"erlfants, sacri fi,:es
et
fêh:~s,
aV-'lntages
hypothétiq'Jes ,:omme la
promesse de
la liberté.
P-'lrmi ces ~vantages, se trouvent inclus les
mén~gements politiques que, dans les p-'lges consacrées aux conditions
et moyens
de
conserver
les
régimes,
le
philosophe préconise au
bénéfice de
toutes
les
cl-'lsses
et
couches
sociales
exclues du
pouvo-i l~.
Critère national,
~ritère c-'lractérologique et ménagements
se révèlent
fondamentalement
politiques.
D'une
part,
en
effet
l'homogénéité ethnique,
on se le r-'lppelle,
Justifie chez Aristote la
nécessité d'une
fédération
des
Etats
grecs
en
même
temps
que
l'hétérogénéité ~ppar-'lît
d-'lns
certains
Etats COMme une des causes
inte\\~nesde
tr'olJble
<Pol.,V,3,1303
a,
25-40/1303b,
1-2>.
D'aut\\~e
part,
rel-'ltivement ~ l'autorité,
le courage excessif reste
bel et
bien
une
force dangereuse,
qui rend l'esclave "difficile ~
commander";
relativement
~
la structure sociale et ~ l'histoire,
c'est un
facteur
de changement,
car il comporte,
au même titre que
l'unité ethnique
ou
n~tionale d'une population servile, un "danger
d'innovations",
S'il faut ménager les classes qui ne participent pas
au pouvoir,
c'est parce que,
alliées n~turelles de tous les citoyens
mécontents,
elles
peuvent
être
de
toutes
les
révolutions
révolution politique
qui
donne
accès ~ la citoyenneté,
révolution
sociale qui
donne
~ccès
~ la propriété,
révolution culturelle qui
donne accès à l'éducation.
Le rSle de l'escl~ve d-'lns l'économie publique correspond ~
l'institution des
dom~ines
d'Etat.
Aux
esclaves
public~
et aux
périèques étrangers
le
soin
de cultiver les terres de l'Etat dont
les revenus
sont
affectés
~ux
charges
du culte et aux fr~is des
\\~epas commlJns des ': i toyens
(Po 1 . , VII, 10 . 0330 a 1-30).
Ce que nous nommons statut culturel désigne,
dans le cadre
de la
c1Jl trJ\\~e
rlatiorlale
g\\~e':que idéale,
la plat:e et les
"dr'oi ts"
reconnus ~
l'esclave,
les contraintes ~ lui imposer. Du fait que l~
nature et
la
fonction d'instrument excluent en droit l'intégration
de l'esclave
à
la
culture
des
hommes
libres, du fait aussi que
l'éduc~tion idéale
concerne
en
réalité
l~
formation
des hommes
libres,
les indications relatives à ce statut se révèlent sommaires.
Trois faits sont cepend~nt attestés,
En premier
lieu,
d~ns la pédagogie des hommes libres,
les
esclaves constituent
un
f~cteur
pernicieux:
les précepteurs,
les
pédonomes,
ont
mission,
par une so~te de ségrég~tion domestique,
de
préserver le
plus
possible
les
enfants
de
la fréquent~tion des
escl-'lves,
-'lfin d'éviter à ces derniers les influences néfastes,
tels
les jeu:·~
indignes
(j' hommes
libl-es 01.1 l'indé,:en,:e d'J langage
<Pol,

71.)
VII,
17,
1336
~
22-42/1336
b,
1-7).
En deuxième lieu,
sinon des
"droits".
du
moins
des
biens
culturels
sont indispens~bles ~ l~
conserv~tion et
~
l'effic~cité
de
l~
cl~sse servile : fOl~m~tion
techniqlJe pOIJl~
les
i ntend"mts
O'J
pC~Il~
1 es
olJvl~iers spd •.:: i ~l i sés
(Econ.
I,5,1334
~,26-28).
célébr~tion
de
s~crifices
et
de
réjouiss~nces déj~ évoqués, et, pour le dél~ssement, "cette sorte de
cure de
l~
souffr~nce
c~usée
p~r
les
tr~v~ux f~tig~nts", jeux,
spect~cles vulgaires
et
"musique
b~n~le ~ laquelle sont sensibles
nl@mes '::el~t~ins
~nim'ElU:<"
(Pol. ,VIII,6,1341 a 15). En tl~oisième lielJ,
c~st~tut
enveloppe
une
contre-culture,
celle
du "sordide",
qui
qu~lifie d~ns
l'idéologie
de
l'El
classe
des
m'Elîtres
toutes les
propriétés des
trav~ux
d'escl~ves
c~r~ctère
dépendant,
voire
s~l~rial, c~r~ctère
~rtisan~l
ou
physique,
car'Elctère
pénible et
défol~nl~nt, ~bsen,.::e
de
loisil~S.
Cette
'::ontre-'::IJltIJl~e
a,.::hève
de
radi,.::alement disqualifiel~,
~ tl~aVe)~s les tl~avalJ:", l~ fo~.::tion et l'El
n-::lbJl~e de l'es,::lave <Pol. VI II, 2,1"3'"37 b 7-21)
(65).
Après ~voir
ainsi
établi dans l'dconomie "domestique" et
l'économie "politique"
l'app~rtenance
des esclaves aux patrimoines
des m-::lttres
en
t-::lnt
que
sujets,
leur
infériorité
et
leur
instrumentalité,
voici
que,
ch'Elngeant
de
plan
ou
de
nive~u,
envisageant les
choses
d~ns
l'économie
internationale,
Aristote
applique aux
relations
entre
peuples
ou
n~tions,
les
m@mes
catégories d'infériorité,
d'apparten-::lnce
et
d'initrumentalité par
analogie avec
les
rapports
internes
~
l'oikos
et
~
la polis.
Examinons maintenant
ce tr'Elnsport de signification du plan interne,
étroit, au
plan
externe,
universel,
bref
cette
métaphore
de
l'esclavage en ce sens premier.
3.3.
La
)~el;;)tioTl
d'es,::lav..-.ge
entre so'::iétés !U!. tant qlJe
métaphol~e.:...
le
pe'Jple
es,::lave Q!:!. organon ,::olle,::tif
dans l' t'konomie nlondiale.
S';;)giss;;)nt de
l'escl..-.ve comme or9anon collectif,
c'est-~­
dire comme peuple,
c'est la démonstration de la seconde grande thèse
de la
théorie,
la
thèse
de
la
naturalité,
qui
en
établit
implicitement l'existence.
Nous disons bien peuple, optant ici pour
le point de vue de Defourny et de R.
Weil contre celui de J.
Tricot,
au moins
dans
certaines
de
ses traductions ou contre celui de A.
Kojève (66).
Car,
en
dépit
de la dominance,
chez Aristote,
de la
pensée biologique,
le
philosophe
examine en dernière analyse,
non
pas les
relations
entre
races
dans
l'acception que ce concept a
acquis et
conserve
p~rmi
les
modernes,
mais plut8t les relations
1
entre nations,
au sens strict,
ou entre peuples,
au sens large.
,
Cette démonstration
commence
par
la critique des thèses
1
issues de
la doxogr~phie. Selon la thèse conventionaliste ~ttribuée
aux sophistes,
~ certains cyniques et rhéteurs
(67),
l'esclavage au
sens de la captivité relève d'un droit positif international d'après
lequel -les
biens
conquis
à
la
guerre
sont
la
propriété
du
v..-.inqueur";
en conséquence,
sa légitimité repose ~ur la convention
juridico-politique et
non
sur
la nature.
Pour les contradicteurs,

-------------_u _
- -- --
_._- - . -.
.
_.~--
~
p~rtis~ns d'un
droit
n~turel,
~u contr~ire, l~ force qui donne l~
victoire milit~ire ne s~ur~it ~ ~ucun titre légitimer un escl~v~ge
c~r elle ne fonde p~s le droit n~turel. ~
Or,
~ux
yeux
d'Aristote,
sous leur ~pp~rente opposition,
ces deux th~ses supposent un postul~t commun,
s~voir que toute force
implique une
cert~ine
vertu,
une
cert~ine
excellence en quelque
dom~ine, un
cert~in
mérite.
Quiconque
l'emporte
sur un ~utre le
nlér"ite bien
en
qlJelq'Je f::l<;:on
(Pc)l.,
l,
6,
1255 ~, 12-15). Une fois
~dnrls qlJe
l~
fOI~'::e
et l~ vel~ttJ sont irldisso,::i~bles, IJn selJl point
f~it le
dés~ccord
l~
conception de l~ justice. D~ns le prenlier
c~s, l~
justice
s'identifie
~
l~ loi du plus fort,
~ l~ légalité
pure et
simple
;
d~ns
le
second
c~s,
ét::lnt donné que l~ vertu
consiste p~l'" ~illeIJI~s en modél....:;ltiorl et en bienveil.l..slnc~~_..l...tL.dreti.ct de
guerre devient
~bsolument
injuste-~~rce qu'il implique violence et
inimitié.
Que l~ justice ne se confonde p~s ~vec l~ lég~lité, et que
l~ n~tur~lité
de l'esclav~ge soit rel~tive, IJne somm~ire ethnologie
culturelle en
fournit
les
preuves.
En
effet,
le principe d'une
guerre peut
~tre
injuste.
L~
guerre
est juste seulement à trois
t i t r e s :
comnle guerre défensive pour l~ préserv~tion de l~ liberté,
comme guerre
d'intervention
pOUl'"
l~
défense
de lJordre et de l~
Justice chez
les
peuples dominés,
comme guerre de conquête pour l~
domin~tion des
peuples
inférieurs p~,... n~ture
(Defourny,
1932.
Ille
P~rtie). D'~utre
p~rt,
les
théoriciens
de
l'escl~v~ge
lég~l le
s~vent et l'~dmettent : il est des hommes qui ne mél"'itent p~s d'être
~ppelés escl~ves
et qui, selon leur th~se, le deviendr~ient si eux-
m~mes ou
leurs p~res ~v~ient été c~pturés d~ns l~ guerre et vendus.
Tels sont les Grecs : escl~ves nulle p~rt, nobles norl seulement d~ns
leur p~ys, m~is encore nobles p~rtout, leur noblesse et leur liberté
présentent un
c~ractère
~bsolu.
Au
contr~ire,
~ffligés
du
nonl
d'escl::lves,
escl~ves
de
f~it
p~rtout,
nobles et libres seulement
d~ns leur p~ys, les B~rb~res conn~issent une noblesse et une liberté
,"'el~t:·les. L~
distin,:tion entl"'e homme lib,"'e et es,:lav.e,
entre noble
et roturier,
devient ~insi "n~turelle" en deux sens: d'un point de
vue éthique,
elle
repose
sur
l~ distinction entre l~ vertu et le
vice;
d'un
point
de
vue
biologique,
elle
dépend
des lois de
l'hérédité (Pol.,
1,6,1255 b,
1-2 ; III,13,1283 a,
36-38).
Reste que
ce déterminisme biologique ne joue pas de f~con stricte ;
l~ n~ture,
souvent déf~ill~nte,
engendre
des
e~{ceptions,
sous l~ forme soit
.t
d'escl~ves au
corps
d'hommes
libres,
soit d'hommes libre ~ l'~me
servile (Pol.
I,5,1254 b, 32-35>.
.
i ~
~.
.._-_._---

&
78
A la
distin~tion morale entre hommes libres pal~ nat~re et
es~laves par
nat~re
~orrespond,
a~
plan
de
la
philosophie
.de
l' histoire,
la
distin,::tion
entre
pe'-*,les
libres
par
TI;;)t!Jre
et
pe~ples es~laves par nat~re. D~ point de v~e normatif,
les Gre~s q~i
repr~sentent le
premier
type,
se
rangent
parmi
les
pe~ples
s~pfrie~rs
les
Asiatiq~es,
prototype
des
pe~ples es~laves, se
~lassent parmi
les inf~rie~rs. D~ point de v~e historiq~e, et selon
l'évolutionnisme aristotéli~ien, on l'a v~,
les se~onds l~eprfsentent
les stades
d~
d~veloppenlent antérie~r des premiers. En effet, dans
"la thforie
implicite
de
l'exploitation
coloniale",
q~'analyse
Michel Defo~rny, l'~le~tion d~ pelJple grec se fonde s~r des critères
d'anthropologie caractérologiq~e,
technologiq~e
et
politologiq~e.
Alors q~e
les
peuples
d'E~rope
ont
le
courage
q~i garantit la
1 ibel~té relative,
ma is
sans
l' i ntell igen':e,
sans- -IJ-hab-iletê
techniq~e ni
l'instit~tion de
i~tat démo~ratiq~e, alors q~e les
pe~ples d'Asie,
intelligents et ind~strieux, manquent d~ ~o~rage q~i
protège de
l'esclavage,
voi~i qlJe le pe~ple héllène,
intermédiaire
entre les
uns et les a~tres, parti~ipe à toutes le~rs q~alités to~t
en ex~ellant
dans
l'organisation de l'Etat. Là est le fondement de
son droit à la domination d~ monde.
Il en a la capacit~ po~rvu q~' il
s'~nisse (~., VII, 7,1327 b 20-38).
-L • •
d a n s
1 • •
.,.• • ~an.
. 1 1 .
n.~~an.
g r . 4 q u • •
campar • • •
. . . . . .
c:I~v. . . . . ~~.
1 • •
....n • •
. . . . . . 1 .
o#.c_.
1 • •
On
1 . : l __ .~
••
1 • • ~.1.~.u...
c:la~ • • ~r.
d " u n .
n.~ur.
~
1 .
~a~.
~n~.11~g.n~•
• ~
r • • a 1 u . . . .
<TradIJ,::tion
.j,
Tri •.::.pt,
1962, La F'olitiqIJe,
Tome II, VII,? p.493-494)
En to~t ~as,
la domin~tion de l'Asie, cette so~rce de bras
et de
grains,
est
~ne
mission
que
se conju9~ent po~r j~stifier
l'intér@t économiq'Je,
le dl~oit (;>'1: le devoir nlOralJX (68).

79
3.4. L.a rel'-ltion d'es,:l.av.age conlnle ,.;;ommun.aute d' i ntér@t .!li
.amitié
.,.
D.ans l.a
rel.ation
d'escl.av.age
telle qu'elle vie~t d'@tre
.an.alysée d.ans
les
différents
ch.amps
de
l'économie,
Al~istote
distingue trois
rel.ations
l.a
rel.ation du m.aître à
l'escl.ave en
t.ant que
tel,
l.a
rel.ation
du
m.aître
et
de l'escl.ave .au but de
l'économie,
l.a
rel.ation
hum.aine
du
m.aître
à
l'escl.ave
en t.ant
qu' @tl~e hIJm.ain.
Il
f.aIJt
.avoir
présente
à
l' espl~it ,:ette triple
rel.ation pour comprendre les deux .aspects de l.a théorie de l'intér@t
bien mis
en
évidence
p.ar Winston Ashley
(69)
et F'ierre C.amus
:
l.a
nég.ation d'.abord,
l'.affirm.ation ensuite,
de l.a commun.aIJté d'intérêt
et de l'.amitié réciproque entre m.aître et escl.ave.
En IJn
sens,
en
effet-,..l~ien de commun entre le m.aîtl~e et
l'escl.ave.
A
cette nég.ation,
il y a une premi~re justific.ation, qui
est ontologique:
c'est l'hétérogénéité essentielle qui e:<iste entre
un .agent et son outil,
une personne et son moyen d'.action,
le m.aître
et l'instrument .aninlé
(Eth.
~., VII ·9, 1241 b,
10-17;
Eth.
Nic.,
VIII,
13,
1161 a 33-35,
1161 b 1-5 i
Pol.,
VII,8,1328 .a 28-33).
Pour
W.
Ashley,
c'est l'inég.alité fond.ament.ale.
La deuxi~me justification
est de
n.ature fonctionnelle,
c'est l'unité de l'outil et de l'.agent
d.ans l.a rel.ation d'.app.arten.ance et d.ans l'.activité; L'escl.ave n'est-
ce pas
une
partie
vivante
du
maître
(70)
?
Un tel déf.aut de
communauté c.ar.actérise
l'esclav.age
légal
où l.a loi et la violence
instaurent,
contre
l.a
nature et la volonté de ceux qlJi ne méritent
p.as l.a
servitude,
des
r.apports
.artificiels
et
s.ans
.av.ant.ages
réciproques pour les parten.aires
(Pol.
I,6,1255 b,4-15).
En un
autre
sens,
cepend.ant,
l.a
rel.ation
d'esclav.age
instaure une
cert.aine communauté d'intérêt et d'.amitié.
L' "intérêt"
désigne ici
l'.avantage
ou
le
bien
nl.atériel
et mor.al que ch.aque
partenaire trouve
soit d.ans l.a rel.ation à
l'.autre,
soit d.ans l.a fin
de l'économie
ou
d.ans l'oeuvre commune.
Cert.ains comment.ateurs ont
pris à
l.a
lettre
l'idée
~e
cette
communauté
en confondant p.ar
.ailleurs cet
intérêt
.avec l'.amitié,
"une .amitié dont l.a m.aison est
le lieu-et l.a synth~se" écrit Pierre C.amus
(1979
: 201).
A vr.ai
dire,
et
ce
ser.ait là le sens de l.a restriction
.aristotélicienne
"une cert.aine communauté"
, i l s'.agit d'.abord
d'une commun.auté d'esp~ce inférieure,
fondée sur l'intérêt m.atériel,
que l'on retrouve soit d.ans l.a f.amille et l.a cité
(w. Ashley, 1941 :
89),
soit d.ans l.a situ.ation coloni.ale
(OefournY,1932
: 551).
Communauté inférieure,
cette
commun.auté
est
aussi
inég.alitaire dans
la
mesure où de l.a rel.ation d'escl.av.age c'est le
m.aître qui
tire
le
princip.al
et
le
maximum d'.avant.ages humains
(Pol.,
III 6,
1278 b,
32-37).
C'est que
d'abord,
dans
la
typologie .aristotélicienne,
elle est une .amitié entre partenaires inég.aux en st.atut,
en vertu et
en fonction
l'.attachement y doit être proportionnel,
le meilleur


q
80
des deux,
c'est-~-dire
le
m~ître
mé~it~nt plus d'~mour, ~fin que
soient rét~blies l'ég~lité et l~ Justice.
Il y ~ plus: cette ~mitié
est aussi une ~mitie utilitaire par opposition à l'~mitié fondée sur
l~ verbJ
et l'amitié fondée SIJl~ le pla"i.sil~. Cette ~mitié IJtjlitail~e
est elle-m@me,
non
pas
de
typri légal ou contr~ctuelle, découlant
d'une clause
écrite
passée entre égaux,
mais de type plut8t moral,
une amitié
qui
dUl~e aussi longtemps que les partenaires apprécient
les avantages
qu'ils
tirent l'un de l'autre.
La mise en commun qui
la fonde
ne porte ni sur des biens ni sur des activités,
ni sur des
valeurs, elle
porte
sur l'humanité
(Eth.
Nic. VIII,
14,
1161 b,
5-
10) •
Or si,
d'une
part,
l'humanité
de
l'esclave
est
une
homonymie,
si
d'autre
part
l'amitié
qu'on
lui
doit
est
une
possibilltéthéol~iq'Je, IJne
"anlitié politiq'Je" ,d'J fait qJJe~-'-homnle_~
_
est un
animal
social,
à qui une~/~rtaine association est utile, on
comprend qu'en
fait
l'amitié
entre
maître
et
esclave reste une
analogie
<Eth. Eud.,
VII,
la,
1242 a,
26-32)
3.5. ~ fondements de l'esclavage
Le projet
d'Aristote
n'a
Jamais consisté à expliquer le
rapport d'esclavage
qu'une nécessité économique à son avis évidente
rendait indispensable
(Pol.
l,
4,
1253 b,
33-39). Il le Justifie au
contraire par
des
raisons
qui,
au-delà
de
la
culture
et
de
l'histoire, s'inscrivent dans la nature.
Hervé Barreau en voit trois
principales (71). Quatre au moins s'imposent à nous.
La premi~re
raison,
de
caract~re
métaphysique,
est IJn
principe universel
d'ordination,
une sorte de loi universelle de la
nature selon
laquelle
chaque
ordre
est
subordonné
à
un
ol"dre
supérieur qui le gouverne et lui impose sa loi.
La deuxi~me
raison rel~ve de l'écologique. La théorie des
climats, peut-@tre empruntée
à
Hippocrate,
établit une corrélation
entl~e les
di f fél~en':es de ,~l i mats d' IJne pal~t, les di f fél~ences so,:io-
,:IJlbJrelles e~<ist-:lnt
entre
les
pe'Jples d'alJtre part (Pol.
VII,
7,
1327 b,
23-34>.
La troisi~me raison ressortit à l'anthropologie physique:
c'est l'hél~édité
dont
le phénotype est un signe,
l'hérédité,
moins
comme déterminisme absolu que comme tend-:lnce domin-:lnte "d'une nature
intermédiaire entre
les
animaux
domestiques et les hommes qui ont
pleinement p.:ll~t à la l~aison" (H. e.-:ll~l~eaIJ, 1972 : 154>
(Po!.,
1,5,125
a, 23-24 ; 1,5,1254 b,
20-39).
Quatri~me et
derni~re
raison,
Justici-:lble
de
l'-:lnthropologie psychologique,
c'est,
à c8té des ~mes pléni~res et
saines ob
l'intellect
gouverne
l'affectivité
(cas
des
hommes
libres>,
l'existence
d'~mes
partielles,
sans intellect ni faculté
délibérative,
associées à des corps roblJstes
(C-:lS des esclaves).
,

u
c
81
D.:lns son
Ess.:li d'lJne histoil~e l~.::lisonnée de l.:l philosophie
p.:l~enne (72),
AleX.:lndre Kojève soutient .:lvec quelque eX.:lgér.:ltiQn que
l' ébJde des
phénonlènes
,.::hez
Al~ i s tote ~ se
l~.:lnlène
en vér i t:é ~ IJne
biologie qui
s'étend indûment .:lU monde inorg.:lnique sous for~e d'une
cosmologie mythique et qui résorbe l'éthique en l.:l constitu.:lnt comme
un de
ses
ch~pitres.
En
ce
sens l~,
l.:l théorie .:lristotélicienne
ser.:lit,
non
p.:lS
princip.:llement,
m.:lis tot.:llement une .:lnthropologie
socio-biologique cherch.:lnt
d.:lns
le
biologiqlJe l.:l justific.:ltion de
l' ès,.::l.:lv.:lge. R.:lison
nlét.:lphysiqlJe,
l~.:lison
écologiq'Je,
r.:lison
psychologique ne
ser.:lient
p.:lS
seulement
dominées
p.:lr
l.:l r.:lison
biologiq'Je, toutes
s' identifier.:lient
~
cette
dernière.
En est-il
bien .:linsi ?
IV- LA CRITIQUE DE LA THÈ~IE ARISTOTELICIENNE
Hormis l'.:lctu.:llité que lui confère S.:l convergence .:lvec les
postul.:lts épistémologiques
et
les
implic.:ltions idéologiques de l.:l
sociobiologie n.:liss.:lnte,
voil~
une
idéologie
théorique
dont
l.:l
v.:lleur de
conn.:liss.:lnce réside moins dans S.:l méthode et ses thèses -
contestables dèj~
pour
certains
auteurs
.:lnciens, et f.:lusses pour
nous .:lujourd'hui .:lU XXè siècle - que dans un legs de problèmes et de
potentialités conceptuelles.
4.1.
A,.::bJ.:ll i té
de
1.::1
théol~ie
_
,.::onvergen,.::e
~
les
posbJlats épi stémolo9i9'Jes
et
les
impl i''::.::Itions
idéolo9iqlJes de J..::I so,.::lobiologie
(73).
Prolongement de
l'étude
des
insectes
socl.:luX (C.:lr E.O.
Wilson est entomologiste), extension de "l.:l biologie des popul.::ltions
et de
1.::1
théorie de l'évolution ~ l'org.:lnis.:ltion des sociétés", la
s~ciobiologie génér.:lle
applique
1.::1
méthode comp.::lr.:ltive .:lUX espèces
soci.::lles et
prétend
.::Iccéder
.::lUX
principes
fond.:lment.::lux
de
1.::1
génétique des
sociétés
.:lnim.::lles
et humaines. 8il.:ln provisoire des
recherches dans cette discipline : cert.::lins comportementsi- jusque lt
.::Ittribués ~ l'homme, se trouvent être communs aux singes de l'Ancien
Monde, .::lUX
grands
.:lnthropo~des
et ~ l'Homo S.:lpiens. Tels sont par
exemple le
sourire,
l'.::Igressivité,
le
sens
du
territoire,
l' .::IltrlJisme,
le
t.::lbolJ
de l'ir".::este, et pl~o,.::hes de notr-e pl~OpOS, le
sens de
l'intérêt
individuel
et
de 1.::1 propriété,
l.:l domin.::lnce du
m~le sur 1.::1 femelle,
1.::1 hiér.::lrchie sociale,
1.::1 soumission.
Or, une
convergence
est
évidente
entre
les
postul.::lts
épistémologiques de
cette
discipline
et
1.::1
théorie
d'Aristote.
D'.::Ibord, postul.:lt
méthodologique de la dépendance de l'ordre socio-
culturel humain
p.::lr
r.::lpport
~
l'ordre
de
1.::1 n.::lture.
Robin Fox,
auteur de Anthropologie biosociale (1979)
(74),
autre synonyme de la
nouvelle discipline,
est
explicite
: le mess.::lge de cette science
"1~épond i!J
1.:1
q'Jestion
foTtd.:lment~lle
de
l' .::lr,thl~opologie
et de 1.:1
philosophie soci.::lles
1.:1
question
de
la possibilité d'un ordre
SOt.::ial. Et
1.:1
N~ponse
est
t:elle
d' Al~ist-bte
pllJtôt q'Je ,.::elle de

- . ,------ ---- .-_....
82
Hobbes:
l~
n~t~re 'de l'ordre relève de l'ordre de l~ n~t~re. Non
qlJe l' rlomme~oit
,~~ l' inl~';Ie de l~ '':IJl-t='1Jl'e, m~is bien q'Je l~ ,':IJltIJl'e
soit i:l l' im~ge de l' t"tomnle".
Ens~ite,
postul~t d'un concept biologique de l'escl~v~ge
loin d'être
un
f~it
spécifiquement
hum~in, l'escl~v~ge s'étend ~
d' .:uJb'es ~.Op'J l~t i ons
,~n inl~ 1 es.
Les
"fOIJl'nl i ses,.: 1 ~v~gi stes"
l' A~l' P~go:':enIJS s'Jb 1 ~ev i S
et
1 e
Leptothol"~>~ dlJ 1 Oti,':IJS,
Il ol'g~nisent
des r~ids"
contre
d'~utre
fo~rmilières
dont
ils
tuent
les
défense~rs", "s'emp~rent"
des
l~rves
qu'ils
déposent
d~ns leurs
propres fourmilières
;
les sujets ~dultes qui n~issent de ces l~rves
tr~v~illent ~lors
comme
"es~l~ves" .~~lever
l~s soeurs de .leurs
1'~·..dsseIJl's.
C' ét~it déji:l l~ thèse ...~ l'évol'Jtionniste Ch.
LetoIJl'ne~IJ
en 1897.
D~ns cert~ines
implic~tions
idéologiques
de
l~
sociobiologie,
même
convergence
~vec
les
présupposés
~l"istotéli,.:iens. Les
~dvel's~ires
politiq'Jes de l~ r.olJvelle s,.:ier,'..:e
(76)
ne
dénoncent
p~s seulement le présupposé selon lequel l'ordre
soci~l exist~nt
est
le
mieux
~d~pté
ils dénoncent surtout ce
qu'ils considèrent
être
des
tent~tives
pour
Justifier,
p~r les
données de
l~
génétique
des
pop~l~tions,
les
comportements
discrimin~toires et les inég~lités soci~les.
Pour Summer,
en effet,
le progrès de l~ société est lié ~
l~ liberté,
~
l'inég~lité
et
~
l~
survie
des
pl~s
~ptes, s~
dégénérescence ~
l'~bsence
de
liberté,
~ l'ég~lité et ~ l~ survie
des moins
~ptes.
L'écologiste
G~rrett H~rding récuse l~ politique
d'~ide ~ux
p~ys
sous-industri~lisés
~
c~use
d'un
principe
biologique
le
c~r~ctère
limité de l'~ltruisme génétique.
Enfin,
les bioéconomistes
découvrent
d~ns les
"gènes"
de l~ compétition
et de
l'intérêt personnel
le fondement biologique du c~pit~lisme et
l~ pl"elJVe de l' impossible l'é~lis~tion dlJ so,.::i~lisme m~l'xist-e-.
Si ces
idéologies
opèrent
selon
l~
même logique de l~
Justific~tion, leur contenu cepend~nt n'est p~s ~ristotélicien. Elle
ne légitime
explicitement,
~
~ucun
moment,
un
r~pport asoci~l
dép~ssé : l'escl~v~ge.
D'~utres n~tures sont les ~ccus~tions portées
contre elles
:
f~scisme,
n~zisme,
r~cisme,
sexisme.
Le f~it est que
l~ science
de
l~ vie peut être et est ~ne ~uxili~ire de l~ science
de l~
société hum~ine, m~is celle-ci ne peut se réduire ~ celle-l~.
A fortiori,
elle
ne
peut
justifier un ordre de droit que l'homme
cherche et
découvre
d~ns
~ne
réflexion
critique
sur l~ vie,
l~
culture et
l'histoire.

Aristote
~
échoué,
toute
idéologie
sociobiologique écho~er~ ~ s'ét~blir.
L'échec d'Aristote se m~nifeste d~ns s~ méthode et d~ns l~
dèmonstr~tion des thèses justific~trices.

83
4.2.1.
UrIe mét/"'Iode idéoloQi9lJe .....
En procéd~nt
de
l'essence
~ l'existence,
des c~tègories
qlJi définissent
l'escl~ve
~
l'exist~nt
qui
correspond
~
l~
défirlitiorl,
Al'istote
tOIJI'ne
le
dos·~ l~ mét/"'Io,je "s,.:ierltifiq'Je"
dlJ
physicien ou
du n~tur~liste pour tomber d~ns celle,
spéclJ1~tive, du
sop,.,nste:
l~ dédIJ,.:tiorl. De l~, 'Jn dOIJble é'':/'''Ie,.:. Pl'emiel' e'':/'''Ie,.: : erl
son p~emier
mouvement,
l'enqu~te sur l'existence se situe pour une
l~rge p~rt encore ~u nive~u de l'essence,
puisqlJ'elle procède p~r un
r~isonnement qui ét~blit des r~pports ou lois
entre les espèces,
et
entl"'e .las
,.:1 inl:;)ts
,.:onlme
pl"'euve
,'j' e:<isterl,.:e.
DeIJ:·:ième
è,.:/",.e,:
l' i ns pe,.: t i 0 ri des
f ~ i ts ,
d eIJ:': i en~e
·01 O'J .... e me ri t·
de
l' e nL:p.Jê t_e
SIJ):.
l' e:·: i sterl,:e,
est
si
pelJ
fr'IJ •.:ttJe'Jsë
so i t
qlJe l' obsel'v~tiorl ~ i t
f~illi,
soit
que
l~ m~ti~re ~it f~it déf~ut -
que le philosophe se
r~b~t encore slJr l'essence
(v. Goldsmidt 1973 : 162).
4.2.2.
Uïte thèse f~IJsse de l' irlmH té
Vigueur du corps,
f~iblesse d'esprit,
déf~lJt de cour~ge et
~bsence d'Et~t
démocr~tique,
toutes
ces propriétés ~ttribuèes ~ux
escl~ves et
~ux
peuples
b~rb~res
sont d'~bord des données,
qu~nd
elles existent réellement.
EnslJite,
ces données se presentent plut6t
comme des
effets
qlJe
comme
des
essences
OIJ
des
c~uses.
F~it
individuel et
f~it
de
popul~tion,
justici~bles d~ns une cert~ine
meslJre de
l~
biologie,
l~ vigueur du corps s'explique ~u nive~u de
l'histoire économique
et
culturelle,
p~r
l~
n~ture
des tr~v~ux
~uxquels les
escl~ves
sont
soumis
tr~v~ux de force,
requér~nt
l'eng~gement perm~nent et tot~l du corps dès le jeune ~ge.
Il en est
de même
de
l'~brutissement
intellectuel
et
du m~nque de cour~ge
~pp~rents ou
réels
l~
m~rgin~lis~tion
soci~le,
le mépris,
l~
décultur~tion
et l~ servilité nécess~ire pour éviter les chStiments
en sont
les
prinp~les
c~uses.
Quand
ces c~uses s'estompent,
les
effets disp~r~issent : on le voit chez les ~ffr~nchis.
De même,
nous
le
s~vons mieux ~uJourd'hui qu'~ l'époque
d'Aristote,
c'est
l'histoire économique,
soci~le et culturelle,
qui
explique,
mieux
que l'~nth~opogéogr~phie et l~ clim~tologie, l'ét~t
politique et
mor~l
des
peuples.
En
outre,
il
n'y
~
~ucune
homogénéité ou
uniformité
entre
les
sociétés
dites
b~rb~res
Aristote le
s~it.
L~
différence
qui
les
sép~re de l~ form~tion
soci~le grecque
n'est p~s toujours en leur déf~veur :
~ preuve,
les
épithètes élogieuses
dont
le
philosophe
entoure les
institutions
c~rth~ginoises et égyptiennes.
Cette diversité
interne et cette
----_-:-_-

84
différence externe
des
form~tions
soci~les
expriment
un
st~de
d'évolution historique,
nullement
un dtat de naturé donné une fois
pOI.U" toutes
et
imnlIJ:able.
Enfin,
les..... l"éa,.:tions
des es,.:l~ves qlJe
l'histoire sociale
a
attestées prouvent que les f~its sur lesquels
Aristote fonde
sa théorie ne sont pas des données ét:ablies de facon
générale et absolue.
Il reconn:aît lui-même qu'un peuple grec comme
l~ M~cédoine
a
cultivé ~utrefois le caractè~e agressif et glJerrier
(f:.Q.l.,
VII, 2,
1324 b,
10-20). L'impél"i:alisme '''omain ,:onstibJel"a IJne
:al.rtl"e ,.:ontl"e-épre'Jve
les
peuples
d'EIJ1"Ope
déploient ~lOI"S IJne
capacité de
domination
et
le
peuple
grec
subit
conquête
et
"escl~v:age" comme un peuple barb~re.
4.2.3.
Une thèse fausse de la primitivitd
L'ancienneté, notion
~e~~tive
à
l'état
de
notre
connaissance, ne se confond pas avec la primitivité.
Si l'escl:avage,
associé indivisiblement
à
la
~uerr~
et
au commerce, p~r~ît très
ancien en
Grèce,
comme
l'attestent
les
textes
d'Homère
et les
t~blettes mycéniennes,
rien
ne
prouve
qu'il
existait
dans
les
premières sociétés préhistoriques de la région ou dans les premières
sociétés des
migrants
doriens
lorsqu'ils
déferlèrent
d~ns
la
presqu'île. Cette
conscience
d'une
préhistoire
possible
m~is
difficile ~ 'prouver,
on
la
trouve
dan5 le5 mythes rapportés p~r
Hécatée et Phérécrate que citent respectivement Hérodote et Athénée:
mythe de
l'antériorité
de
l'hilotisme
des
Pelasges
et nlythe de
l'antériorité de
l:a
servitude
féminine
par rapport à
l'esclav:age
(77) .
De même,
l'idée
de cette préhistoire
est implicite dans
l~ di5tinction
qu'établit
Aristote
entre
le
boeuf, 5ubstitut de
l'esclave pour
le
pauvre,
et
l'esclave,
instrument de production
pour le
riche.
En effet,
le boeuf est signe de l'économie et de la
société agricoles,
avant d'être signe de l~ vie l~urale par rapport ~
la vie
urbaine.
Or
la civilisation agraire villageoise précède l~
civilisation urbaine,
marchande et industrielle.
D:ans les
form:ations
sociales
du
Proche-Orient
et
d'Afrique,
de
même,
l'ancienneté
de l'esclavage ne fournit aucune
évidence d'un
état originaire.
Loin d'être des "esclaves" ou sujets
des mon~rques,
les
aristocr~ties· d'Asie
et
d'Afrique
qui
fourniss~ient des
esclaves ~ l'étr~nger, ont utilisé des esclaves ~
l'intérieur depuis
au moins le Ille millénaire. Or,
on sait que les
cité5-Etats et
les
Empires,
en
Mésopotamie et en Egypte,
ont été
précédés par
une
longue
histoire
de
so~iétés
lignagères
d'agriculteurs-pêcheurs ou de pasteurs.
A cette histoire aujourd'hui
mal connue
que
l'archéologie
commence
seulement
à
révéler,
nous
n'avons ~ucune preuve d'imputer un système primitif d'esclavage.
Distinguons entre
l'intérêt, propre,
réalité subjective,
difficile à
apprécier
et
l'intérêt
commun,
réalité objective et
p:artagée.
Etranger
introduit
de
force
dans la société,
l'esclave
peut trouver
un
intérêt
propre,
de nature économique ou morale, à
accepter l:a
nouvelle condition,
~ titre provisoire,
en attend~nt de
conquérir ou de recouvrir la liberté.

85
O~ns les
sociétés
lign~gères,
telle
l~
form~tion
homérique,
on
voit
en
quoi
consiste
dans
l'oikos la commun~uté
d' intér~t entre
maître
et esclave.
Les escl~ves sont ~doptés comme
membres du
lign~ge en raison de leur ~mbre rel~tivement f~ible et
de l~
pl~ce
souvent prépondér~nte des escl~ves femelles.
Entre les
concubines et le maîtres,
il y a une communalJtê de l~ descendance et
p~r l'intermédiaire de ces descendants,
une communauté d'héritage et
de religion (78).
Telle n'est
plus
l~
situation
dans
la
société
esclav~giste, ~
l'époque d'Aristote.
Ici, p~r leur nombre,
par leur
place dans
la
division soci~le du travail,
les esclaves deviennent
inassimil~bles, à
moins
d'une
révolution
sociale
inim~ginable;
l' aristo'~l~atie"prenddes meSIJres
pOUl~ pl~otégel~ ses l~ichesses, son
stat'Jt politiqlJe,
la plJl~eté de sorr-.-ang et de sa '~IJlteJl~e. Quand el-l-e---
veut une
communauté
d'intér~t,
elle
procède à l'~ffranchissement
dont P~ssion a bénéficié. La contradiction entre maîtres et esclaves
est devenue radicale,
antagonique.
4.2.5. En bref, !:!!!. concept de philosophie so,~io-biolo9igIJe
~
l'esclavage,
nQn
Yn concept
d'anthropologie
scienti fiqlJe.
Dans la représentation collective des Grecs classiques
et
d~ns l'histoire
scientifique
de
la
Grece
ancienne,
la relation
d'esclavage, nous
l'avons
vue,
correspond
~
IJn
concept
d'anthropologie politique, subordonnant et,
~ la limite,
évacuant la
dominante économique
des
rapports esclavagistes réels de l'époque.
En premier
lieu,
le
concept
aristotélicien
épouse
au dép~rt ce
concept d'anthropologie
politique,
en
excluant
m~me
le
procès
contr~dictoire oQ
guerre et commerce sont articulés l'un à
l'autre.
A l'arrivée,
pourtant,
et
débordant
le
cadre
philosophique
traditionnel, ce
concept
se
transforme
en
un
concept
sociobiologique de
l'esclavage. En deuxième lieu, tout en obéissant
~ la
logique
d' IJn
concept--ot:J l' es,~lavage inlpliqlJe la gIJel~l~e '~omme
mode naturel
d'acquisition,
le
concept
sociobiologique
est
contradictoire avec
le
concept ~nthropologique. D'~bord, il évacue
le présupposé fondamental de ce dernier.
L'esclave était dit un être
hum~in et
l'esclavage,
p~r
conséquent,
un
r~pport
entre
êtres
hum~ins, il
est
vrai,
inêg~ux.
L'esclavage
par
nature renie ce
présupposé;
il devient un rapport entre animaux soci~ux d~ l'espèce
humaine. Ensuite,
le concept sociobiologiQue,
pris ~ la lettre,
fait
éclater le
procès
~nthropologique
: l'esclavage peut n~ître de la
guerre,
il
ne
naît
pas
du procès guerre-commerce.
Enfin,
si l'on
rappelle l'équivocité
du
concept
philosophique
de
n~ture,
sur
laquelle V.
Goldschmidt
insiste,
toutes
les raisons sont réunies
pour confirmer que le concept philosophique d'esclavage n'est p~s un
concept scientifique ~u sens moderne.
4.3. Théorie
fausse,
idéolc>9i.e
C,.olitique
et
lutte
de
'.= l.;:Jsses
Si l'histoire
des
idées
donne
les clés pour comprendre
cette théorie
fausse,
seules les nécessités de l~ lutte des cl~sses
permettent de l'expliquer.

86
Le premier
facteur
de
compréhension
est
l'histoire du
droit,
lato
sensu.
Oans l~ conception politique de l'esclavage,
il
faut voir,
ce
nous
semble,
d'abord, ~l'expression
juridi~ue des
pratiques de
violence
réglées,
des
pratiques
agonistiqu~s
qui
étaient en vigueur,
de l'époque archaïque ~ l'époque classique, dans
des formations
sociales
dominées
par
le
mode de production non-
marchand.
Oe
ces
pratiques
absolues
(lutte,
razzia,
piraterie,
gl.Jer,"e> ,
la
pensée
j'.J,"idiq'.Je
a
dé'''ivé
la"
notion
d'un d,"oit de
copql.J@te (79).
C' est
'~ette
idéologie
jl.Jridiq'.Je
pop'.Jlaire
et
traditionnelle que la philosophie politique systématise.
Le second
facteur
de compréhension,
c'est l'histoire des
sciences.
Avec
Aristote,
en
effet,
le politologue est doublé,
par
tradition familiale
(p'.Jisq'.Je son pè,"e était médecin)
et:~pa.\\"----voc4l-tion
a'.Jssi, d'un ,.::he,",.::he'.J'" en histoil"e .,;....:ttul.. elle,
'.Jn décol.Jv,"el.J1" de la vie
(P. Louis>,
un
biologiste
au sens étymologique
(P.
Pellegrin>.
En
cherchant au-del~ du droit positif d'essence politique un droit plus
fondamental d'essence
biologique,
en
rapportant
l'esclavage ~ la
nature vivante,
substrat
matériel
du
psychisme
et de la culture
humaine, champ
nouveau
alors
de
connaissance
et
objet
de ses
investigations. Aristote
entend,
pensons-nous,
donner
une
base
matérialiste ~
sa théorie.
Hais si l'intention épistémologique peut
@tre louée,
ni
l'orientation
méthodologique
n'est valide,
ni les
résultats ne
sont
fructueux.
En
effet,
malgré
l'ampleur
des
recherches et
l'impo,.. tance
de
l'observation,
malgré
son
encyclopédisme zoologique
et
l'effort pour accéder ~ des principes
et ~
la
nature de la vie,
la biologie d'Aristote reste hypothéquée
par la
philosophie
de l'identité et de la permanence,
négatrice de
l'évolution dans la nature.
.,....nyo:&..
•••
....
cl •
1 • • -
_........ :t. ...
c1co:t. ....... 't:
c l .
1 .
1 • •
« . c : t . .... 't::t.~:t.qu.»
c l .
1·cob . . . . . . . . . 't::t.co . . . . 't:
c l .
1 · . w p .... :t. .... c .
~COMM.
1·on~
~.,...u
••• • d_~.,....~.u.,..._ Mod • .,...n__ •
:t.1
.......
pcou",
u ....
... .... :t.'t:.b1.
... .... :t. ~ :t.c.'t::t.co ...
• ~
u~.
. H p • .,...:a..nc.
qu:t.
....
1 • •
1 • •
~.c't::t.~:t..... "(1982
183-184>
··c. q ..... ~1
't:cou't: . . . . . . . . :t.'t:
182)


87
Inn~it~ et
primitivit~
de
l'esclavage
sont
de
ces
croyance~ o~
le
sens
commun
au
IVe
siècle
av.
J.C.
comme
aujourd'hui,
immerge
la
culture
et
l':"histoi\\~e
h'Jmairle
d;;,ms
la
nat'Jre.
Mais comme
l'id~ologie juridique, et en un autre sens, on
le sait~
la
biologie
aristot~licienne est aussi justiciable de la
politologie. C'est
la
soci~té et le pouvoir politiques qui donnent
le~odèle
théorique
pour
penser,
par analogie,
la structure et le
fonctionnement de
l'être vivant; en vertu de quoi le vivant est le
nli \\~oi r épistémologique des' systèmes pol i tiques (Pol., 1, 5, 1254
b,
1 -
6).
De
même,
la société et le pouvoir politiques,
tels qu'ils
sont donnés
dans la Cit~ ordonn~e, offrent le modèle th~orique pour
penser l'organisation et- le fonctionnement de l'animal sain.
(80)
En ~chouant
~
jouer
'--
le
raIe
th~orique
qui lui était
assign~, quel
autre
raIe
cette
id~ologie th~orique a-t-elle Joué
dans l'histoire
de
la société grecque du IVe siècle av. J.C.
?
Un
raIe politique évidemment,
c'est-~-dire, un raIe dans la balance des
rapports de
forces.
Dans
cette
société esclavagiste, en ~tat
de
crise politique
et
sociale,
oà l'aristocratie ~tait hant~e par la
subversion, -
que cette subversion se présent~t sous la forme d'une
révolte des
inférieu\\~s libres
(cas de la r~volte avort~e de Cinadon
~ Sparte en 397, av.
J.C.) ou sous la forme d'une tyrannie des chefs
mobilisant les
inférieurs
de
toutes
espèces
(cas
de
Denys,
~
Syracuse), -
o~ enfin les écrivains propageaient ~ qui mieux mieux,
soit des
moyens
de défense (Enée le Tacticien), soit des appels
~
la concorde
(Démosthène),
soit
des
r~formes
d'ensemble
(législateur),
l'id~ologie
aristot~licienne de l'esclavage apparaît
d'abord comme
une
idéologie de renforcement de l'institlJtion.
Elle
renforce d'autant
plus
l'institution
qu'elle propose un modèle de
société esclavagiste
et
un essai de Justification philosophiq'Je de
croyances collectives
de
la masse des hommes libres, ~ fortiori de
ceux qui
ont
un
intérêt
direct
~
la
maintenir
les maîtres
d' es,~laves.
Idéologie de
renforcement,
c'est
aussi
une
idéologie
réactionnaire. Réactionnaire,
elle l'est d'abord en ce sens qu'elle
tente de réduire en théorie l'esclavage de la société esclavagiste ~
un esclavage
~ cette époque déJ~ dépass~ : l'esclavage lignager.
La
thèse de
la
communauté d'intérêt nous paraît être le lieu de cette
réduction. Réactionnaire,
elle
l'est
ensuite
par
les
réformes
aggravantes qu'elle
apporte
~ l'institution existante. Deux de ces
réformes restent
significatives.
La
première
est
le projet d'un
corps d'ouvriers
agricoles
affect~s dans les domaines de l'Etat et
correspondant au
corps
des mineurs de l'Etat proposé par Xénophon.
La seconde
r~forme préconise une ségrégation socio-culturelle entre
esclaves et enfants libres dans la famille.
4.4. Valeur
de ..:onnaj.ssan..:e .... !:!.I!. legs de Problèmes et des
potent~alités scientifiques.
Mais si
la
méthode
mise
en
oeuvre
et l'objectif sont
manqués,
restent féconds dans la théorie un legs de problèmes et des
potentialités scientifiques.
--------._. ---'---.


88
En premier
lieu,
des problèmes explicites.
Et d'abord,
le
problème de
la
nature.
Loin
d'être purement speculatif,
c'est le
probleme scientifique
central.
qui
appelle le developpement d'une
thé 0 r' i e e ~.: p é l~ i men t ale .
SIJ i t
l e p l~ oe li~ me
.j e .
1 ;,....
f 0 n.::: t ~ 0 n ,
.::: 0 mme
concept descriptif
et
concept
explicatif.
En
second
'lieu,
des
problèmes implicites.
Tel
le
problème
de
la
violence,
sous ces
diverses formes
violence
productric~ ou fondatrice (la guerre>,
violence répressive
(les
ch~timents),
violence
dérivée.
et
·:;l,Ttt agoni qlJe
(1::l
l~évo 1 te>.
Telle pl~obl ème de l' hi s to i l~e qu '. Al~ i s tote
~ie par
sa
réponse:
maître et esclaves existent-ils dès
l'origine
de la famille et de la société?
Des réponses
d'Aristote
~
certains
de ces problèmes se
dégagen~des
concepts
philosophiques
susceptibles
de devenir des
olJtils de
s·:.::ien.:::e.
Il
y a
le..~~on.:::ept de pl~Opl~iété. Essentiel a--.la _
définition de
l'esclave,
il est ici,
de manière paradoxale,
on l ' a
vu,
un
concept
de droit privé,
dérivé non des relations d'échanges
économiques entre
groupes,
mais
des
relations
de
violence entre
sociétés politiques,
des relations internationales.
Sa genèse et son
histoire restent liées aux modes de production non-marchands.
Il y a l e concept d'appartenance.
Etroitement dépendant de
la premlère,
il
explicite
la
relation
de
l'objet
::lpproprié au
propriétaire,
dans le système global de ses avoirs,
et dans le cadre
de leur
durée
existentielle
respective.
Il
y a enfin le concept
d'instrument:
venu de l'anthropologie technologique,
il recoit chez
Aristote une
vocation
économique,
mais
d'économie
tertiaire
l'esclave n'est
pas
un
producteur,
stricto
sensu,
il
rend des
services dans
l'agriculture,
il
rend
des services au maître et ~
l'Etat,
il
rend
des
services
dans
le
commerce
et
dans la vie
culturelle.
Etre
producteur,
au
contraire,
c'est
être
un agent
plénier,
une
personne,
imagination
cré::ltrice
et
intelligence
théol~ iq'Je.
Pour tr::lnsformer
ces
concepts de philosophie en concept3
de science,
il
f::ludra
les
délier
et
de leur contexte politico-
économique et de l::l philosophie étroite du sujet,
il
faudr::l,
en mêMe
temps,
les relier au procès historique qui constitue l'esclave comme
propriété et
l'anime
comme
instrument
producteur,
au sens d'une
économie marchande.
Quand
ils
sont donnés,
nous sommes déJ~ ~ une
;;)IJtre époq'Je.
- - - - _ . -
-
. ...------
.

- - - - .----------,
89
- - - - - - - - - - - - - - -- - - _.
..
SECTION il.
LA METAPHORE
PHILOSOPHIQUE
ET LA VI~ON IDEOLOGIQUE DE L~HISTOIRE
,
AFRICAINE
L'ESCLAVAGE COMME RELATION D'INEGALITE SOCIALE
KWAME NKRUMAH
1909-1972
...
...
Sous presque
tous
les
rapports,
l~
théorie
de
Kwamé
Nkr-'JR!ah s~_Ç)ppos~ __ ~~_~~lle
d'Aristote.
Métèq'Je
~
Athènes,
n,aîtr'e
d'esclaves -[ui:;;';iï@nle ;---"""tn4.ori,:::ién-~-7je-
-l' in,périal i~n'e grec, Aristote,
disciple de
l'aristocrate
et -~clavagiste
Platon,
tentait
de
justifier l'esclavage
d'une
société
dans
laquelle
il vivait, en
affirmant le caractère historiquement primitif de cette institution.
Pour lui,
l'esclavage, appropriation absolue de l'homme par l'homme,
est une
relation d'appartenance de l'hon'me à l'homme. Au contraire,
ancien colonisé,
disciple
de
Karl
Marx,
le
théoricien
de
la
révolution cOMmuniste,
Kwamé
Nkrumah, n,ilitant anticolonialiste et
antiimpérialiste, chef
d'Etat,
combat
l'esclavage dans toutes les
sociétés et
sous
toutes
ses
formes
en
niant
le
caractère
historiquement primitif
de
l'institution
en
Afrique.
Chez
lui,
l'esclavage comme
assujettissement
et
exploitation de l'homme par
l'homme, est une relation d'inégalité sociale dont la théorie sert à
fonder les objectifs de la révolution socialiste en Af,~ique.
Trois convergences
cependant '~approchent l'une et l'~utre
théories. Une
convergence
socio-politique
d'abord.
De m@me que la
théorie d'Aristote
était
la
prise
de
position d'un intellectuel
bourgeois dans
la
lutte des classes de la Grèce classiq'Je, de m@me
la théorie
de
Kwamé
Nkrumah
apparaît,
au
sein
de la lutte des
classes qui
anime les mouvements de libé'~ation nationale en Afrique
et alJ
Ghana,
co"mme-
le'parti-pris idéaliste
nOIJS l--e--nomn,ons le
culturalisme de
la spécificité
des intellectuels bourgeois à la
classe desquels
appa~ient
objectivement
le
philosophe.
Une
convergence théorique ensuite. Le concept d'exploitation que Nkrumah
a emprunté
à Karl Marx implique sous un certair. rapport la relation
d'instrumentalisation ou l'idée d'instrument qui était un des grands
apports d'Aristote.
Une
convergence
méthodologiqlJe enfin. Nkrumah
situe son
propos
d'emblée
au
plan
des
relations
entre classes
sociales d'hommes
libres,
entre peuples,
nations et Etats, plan ob'
se déploie la métaphore de la relation domestique.
Voilà les
thèses
qu'il nous faut maintenant démontrer en
étudiant successivement les cinq points suivants =
1. Les objectifs de la révolution socialiste en Afrique
2. La
théorie de l'esclav~ge comme fondement universel et
moderne de ces objectifs ;
3. La
théorie
du
commun~lisme
ou
de la préhistoire de
l'esclavage comme
fondement
p~rticulier et historique
de ces objectifs ;

-----------------------1

90
-- - - - - - - - - - - -- --- ---- - - - - - - - - - - - -
4. Le
culturalisme
de
la spécificité chez Nkrumah comme
idéologie de l'histoire africaine;
. "
\\
\\
5. La
convergence théorique entre Nkrumah et Ar~~tote sur
le concept d'esclavage.
Quatre remarques
préalables
de
Méthode
s'imposent
relativement ~
l'objet
de
cette
étude, ~ l'état de la théorie de
l~Qsclavage dans
la philosophie de Nkrumah, ~ son champ de validité
et ~ ses sources.
En premier
lieu,
si,
dans
la
jeune
histoire
de
la
philosophie afric~ine,
cette
étude présente quelque int4r@t, c'est
parce que
cette
lectur'e
en ternles de théorie-- de l'-eselavsgf!-'1frt -ob
notre connaissance la première qu~-t'on fait ainsi de la philosophie
de NkruMah.
En
fait,
loin
d'@tre
secondai~e ou implicite, cette
théorie est
une
pièce essentielle du ConsciencisMe, explicite dans
la théorie
socio-politique
générale de l'his~oire humaine ou de la
théorie des Modes de production.
En deuxième
lieu,
dans
l'évolution de la philosophie de
Nkrumah, cette
théorie
de l'esclavage n'a subi aucune modification
fondamentale. Evoquant,
en
1973,
à
l'occasion
du
premier
anniversaire de
la
mort
du
philosophe, La ~ du nkumaïsme et 12
(re) naissance
~
Nkrumah
(1), Paulin .J. Hountondji relève, d'une
période ~
l'autre
de
la
pensée,
quelques
discontinuités
significatives. Après
avoir,
de
1957
à
1964, préconisé l'action
positive, cette
forme
de
résistance
par les moyens l4gaux et non
violents, voici
Nkrumah
devenu, à partir de 1965, théoricien de la
violence révolutionnaire
;
après
avoir,
dès
1963, préconisé une
unification politique immédiate de l'Afrique par le sommet,
le voici
théoricien et stratège d'une unification progressive par les peuples
et leurs organisations politiques à partir de 1968.
Quant'
la
théorie de l'exploitation et des classes qui,
on le verra, se confond avec la théorie de l'esclavage, elle a passé
par trois
phases.
En
1964, dans Le consciencisme (2), négation de
l'exploitation de
classes
dans
la
société africaine précoloniale
présumée communautaire
et
égalitaire
en
bloc.
En
1968, dans la
critique du
Socialisme
africain
(3),
négation
radicale de cette
première négation
et
reconnaissance des classes dans cette société
précoloniale. En
1970
(4), rectification de cette deuxième thèse:
dans une Afrique précoloniale au développement économique inégal,il
y a
eu des sociétés Utrès complexes" caractérisées par la lutte des
classes et un combat contre l'e:<ploitation de l'homme par l'homme et
des sociétés
de type communautaire sans classes où l'e:<ploitation a
été introduite de l'extérieur par la colonisation européenne.
En troisième
lie'J,
et ,:omme le s'Jggère le SO'Js-titre, Le
consciencisme, philosophie de la décolonisation, du développement et
de la révolution socialiste, a un champ de validité et d'application
que désigne
Mal le concept de Tiers-Monde: c'est l'Afrique,
l'Asie
et l'AMérique
latine.
Hais
si
les
sociétés
de
ces
continents
obéissent aux
m@mes
lois historiques fondamentales que les autres,
si leurs
révolutions
sont
parties
intégrantes
de
la révolution

a
4
91
:
universelle,
l~
théorie
de
l'escl~v~ge
et
du
commun~lisme
s'y
~ppl ique-t-elle de
la m@me facon 7 Dans La IIJtte des ,.::lasses
<1970/
1972),
Nkrumah
reconnait
une lutte d~s classes et un combat contre
l' e:<ploi tation dans
les sociétés pr-è'.::o~niales d'Asie et d' ~nlér-iqIJe
latine,
mais
il
reste
muet sur l'existence ou la non-exis~ence du
communalisme dans
leur
histoire.
Il
justifie ainsi,
sinon en droit
du moins en fait,
le culturalisme de la spécificité africaine.
En quatrième
lieu,
de
la
seule
philosophie
du
Co~ciencisme on
ne
peut
attendre
une
pleine
compl~éhension,
~
fortiori
l'explication
d'une
théorie
de
l'esclavage
destinée
à
fonder la
révolution socialiste en tant qu'histoire.
Force est pour
cela d'interroger
non
seulement
l'ensemble
de
l'oeuvre
de
l'écrivain, oeuvre
historique comme Autobiographie
(1957/1960)
(5),
OeIJV1~e pol i tique
commeH
-C'-Afrtg1Je----7jo'i1:' --sJ IJnir-
<1963/1964),
oeUV1~e
so,.::iologiq'Je comnle
L;g
IIJtte
des classes !ID. AfriqlJe <1970/1973)
et
oelJvres théol~iq'Jes
conlnle
Le
Néo-,.::olonialisme
<1965/1974)
et Two
Myths (1966/1968),
mais
encore l'histoire économique,
politique et
culturelle du Ghana moderne,
sinon de l'Afrique.
1- LES OBJECTIFS DE LA REVOLUTION SOCIALISTE EN AFRIQUE
1.1. ~ données préalables
Pour comprendre
ces
objectifs
et leur justification,
il
faut partir
de
deux
données
principales.
La
première,
d'ordre
idéologique et
théorique,
c'est'
que,

en
pleine colonisation
britannique au
début
du XXe siècle
(1909),
de parents catholiques,
Kwamé Nkrumah
était un chrétien venu d'abord au socialisme utopique
du mouvement
fabien
anglais,
ensuite
au
socialisme de "tendance
marxist~U, un
socialisme
qui
s'est de plus en plus radicalisé dès
1966 en
"socialisme
scientifique"
(1973 c
: 83)
et,
en 1970 en une
aspiration au communisme. Du point de vue théorique,
cela veut dire:
adhésion au
matérialisme dialectique et au matérialisme historique,
reconnaissance de
la
lutte
des
classes d'abord dans les socié1:'és
capitalistes d'Europe,
plus
tard dans les sociétés précapitalistes
et complexes
du
reste
du
monde.
Du
point de vue idéologique et
politique,
cela veut dire aussi
: adhésion au projet de révolution.
La seconde
donnée,
d'ordre
historique,
c'est le système
colonial,
que
les
bourgeoisies européennes ont mis en place depuis
le XVIe
siècle
en
Amérique,
en Asie et en Afrique,
et q'Ji est le
point de
départ
et
le
premier
objet
de
réflexion politique et
théorique
Karl Marx et Lénine avaient analysé,
le premier le
lien nécessaire
des
colonies de peuplement.modernes avec la génèse
du capitalisme,
~e
capitalisme
de libre concurrence,
le second le
lien nécessaire
des
colonies
d'exploitation
avec le capitalisme
monopoliste,
l'impérialisme
au
sens économique.
Continuant Lénine,
Kwamé Nkl~umah,
de
Towal~ds ,.::olonial
fl~eedom (1947)
(6)
à Afica nllJst
unite
(1963)
(7)
et
à Class stl~IJggle in Afr-i,.::a
(1970)
pl~é'.::ise les
caractéristiques essentielles
du
système
colonial
en
Afrique
subordination,
balkanisation
et oppression politiques ; dépendance,
pillage des
ressources,
exploitation
et
formation
de
nouvelles
classes
(bourgeoisie,
prolétariat,
paysannerie)
au pl~n économique ;
dépersonnalisation et aliénation culturelles.
Prolongeant L~nine, il
- --_-~-_ -: ;;;,.========;;.;.;-;.;.-;;..--;;.;...-;~~.,;;,; ==
==·EY3iT7iiii·
·iiiiiiiiiOiO-lWii:>all!_i:"lI!.

"
92
a analysé
la nature et les mécanismes du systàme post-colonial régi
par l' impérialisme,
c'est-~-dire le néo-colonialisme.
Pour l'analyste
Nkrumah,
colonialisme et néo-colonialisme
ont le
nlênle
b'Jt
la
donlimltion
é,!Ononliq'Je.
H.eis I.e di f\\féren':e
essentielle du néo-coloni.elisme réside en une contradiction entre un
état théorique d'indépendance politique et la réalité d'une économie
et par
conséquent
d'une politique contrSlée de~~'extérieur p.er des
puissances impérialistes,
~ I.e tête desquelles se trouvent les Etats-
Unios d'Anlél"iq'Je
<1973 b
: 9).
Les mécanismes
d'intervention
néo-colonialiste,
opàrent
dans tous
les
domaines.
Dans
le
domaine
économique, ce sont le
contra le du
capital
sur
les
marchés mondiaux et sur les prix des
mar'chandises,- la fix.etioTI de t.ew< élevés _d~_iotl!rêt_4.~D'St l' .eide bi OIJ
nl'Jl ti-l.etél"ale,
les
,:ondi tions dOT.t les aides sont assol~-tles et les
incit.etioT.s à la coopération entre cl.esse ouvriàre et capit.elistes ;
d.ens le
domaine
politique
ce
sont
l'installation
de
b.eses
militaires,
l'infiltration
de
conseillers,
les
assassinats
politiques, et
les coups d'Etat, etc.
; dans le domaine culturel ou
idéologique, ce
sont
la
propagande
par
le cinéma,
la presse,
la
télévision et
les
organisations
évangéliques telle les Témoins de
Jéhovah, ce
sont
l'espionnage
et
la
propagande
par des ageT.ces
telles le
Réarmement
moral,
le
Corps
de
la
Paix
et
l'Agence
d'Information des Etats-Unis.
Que le
néo-colonialisme
soit
contraire au développement
des peuples,
on
le
voit ~ ses principaux effets : exploitation et
appauvrissement accentués,
blocage de la formation de grandes unités
politiques, guerres
limitées,
suspicion
jetée
sur
l'éducation
scientifique et
théoriq'Je de la jeunesse. Hais malgré son expansion
planétaire et
son
ingéniosité,
le
systàme
néo-colonialiste
est
faible.
Le
rongent
deux espàces de contradictions: à l'extérie'Jr,
l'existence d'un
bloc socialiste de plus en plus important et fort,
~ l'intérieur
la
capacité
des
Etats
néo-coloniaux
~ changer de
maître et
la rivalité entre Etats néo-coloniali~te~dans le domaine
de l'aide.
Voilà
pourquoi le néo-colonialisme est le dernier stade
de l'impérialisme.
1.2. ~ projet de société ~ les trois objectifs
Contre les
systàmes
colonial
et
néo-colonial,
Nkl"'Jmah
dresse le
profil
d'une
société
nouvelle
et antagonique,
saisi ~
tr.evers quelques
objectifs majeurs.
Les textes en énumèrent tl"ois :
la libération,
l'unité africaine,
le socialisme
(9).
1 . 2.1.
Pr'emiel" obJe,:ti f .:... la 1 ibêl"atioT.
SOIJS la
notion
d'indépendance,
est désigné un processus
saisi de
facon
négative,
d'abord
en
son
aspect
politique
l'abolition de
la condition de colonie et la constitution d'un Etat
sO'Jvel"air, <1964
72) ,L.e
priorité
logique,
chronologique
et
sociologique de
ce moment se justifie par le fait qu'il conditionne
la conquête de tous les .e'JtI"es (10).

c
93
dE,
• • n .
1·~nd.p.nd.nQ.
po1~~~qu~.
e u o u n
n o .
p"'co.J.~.
d .
d.v.1opp.M.n~ .oc~.1
.~
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1 • •
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d·.dM'4n'4.~.... ~.u....
Qo1on'4.uH.
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d • •
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p e .
à • •
eU~Doh~on• • •
Me~.
, d • •
o'4~oy.n. du
p e y .
Go1on'4.e~.u....
Un • • M.1'4o .... ~'4on
du
n ' 4 v . e u
71-72.
Hais la
lib~ration
politique
ne
suffit
pas,
l'Etat
indépendant doit
conquérir sa libération économique. Cette exigence
implique qu'à
l'économie
coloniale
dirigée de l'extérieur par des
sociétés capitalistes
soit substituée une économie nationale, auto-
centrée où l'Etat intervient dans la production aux cStés du secteur
privé alJtochtone.
(
S.
G.
Ikok'J,
1971 : 37)
(11). Enfin, dans la
m@me foulée,
l'Etat
souverain doit se donner une nouvelle cohésion
Juridico-politique, sociale
e t ·
culturelle.
Telles
sont
les
dimensions et les constituants de la nation.
1. 2.2.
DelJxiènle objectif
l'unité africaine
De!.
speak
of
fr'eedom
(1961)
(12) à Class str'IJggle of
Afri'~a (1970)
en
passant
par
Afri'~a nllJst IJni te (1963)
qui est le
manifeste,
paru
précisément
à
l'occasion
de
la
fondation
de
l'actuelle Organisation
de
Unité
Africaine
(OIJ
O.U.A.),
l'unité
africaine est
l'un~
des
constantes de la philosophie politique de
Nkrumah,
militant
J
pan-africanisme
depuis
1945,
une constante
jamais dissociée chez lui du premiel~ objectif. Mais en 1963,
le pan-
africanisme de
Nkrumah dépasse la conception initiale,
pannégriste,
qui fut
celle de H. Sylvester Williams et W.E.
Burghardt Dubois,
il
intègre celle-ci
à
u~
concept
plus
large.
Ce concept définitif
recouvre deux
idées.
Au
prime abord,
idée d'une organisation:
la
fédération politiq'Je
des
Etats,
les Etats-Unis d'Afrique,
avec un
gouvernement central,
une
défense
unifiée,
une
monnaie
et
une
diplomatie communes,
une
planification
économique générale. Cette
organisation est elle-m@me un projet dont l'actuelle Organisation de
l'Unité Africaine
offre
une
lointaine et p~le approximation. Mais
,.::ette IJrd
de
. dl~oi t
préslJppose
alJssi
,~omnle
fond
nli nimlJnl
qlJi
justifie la
notion
de
nation africaine, une IJnité de fait sous la
diversité raciale,
ethnique
et
culturelle
du
continent.
Cette
rêalité objective,
traduite
en termes de communauté de besoins,
de
caractéristiques culturelles,
de
situation et de problèmes,
mérite
un nom:
la civilisation africaine.
- - - - --~

94
c
u n d
_Clo_1.r .. ~_d
_OOnOM~Q
u n d
~_o~no1og~cu1
1974, ,~h. 11""": 26-27.
A~r~oun
un~~y
g~Y_.
u n
~nd~.p_n• • b 1 _
con~~n_n~u1
d~M_n.~on
0 4
~h_ con~_p~ 04 ~h_ A4r~~.n n.~~on·· Aw$pme 1972
20-21.
1.2.3. Troisième objectif _ le soci~lisme
Trois ~léments
entrent
d~ns
la
définition
de
cet
objectif, dans
la philosophie politiq~e de Nkl~~m~h. D'abord en tant
q~e l~
logiq~e d~ système le fait
"organiq~ement complément~ire" de
l'unité africaine,
le soci~lisme est ~ne c~ractéristique essentielle
de l~
nouvelle
société
africaine,
mieux,
ce q~i confère son sens
h~m~in aux
nations et à l'~nité africaines. Pas de n~tion ~fricaine
sans l'unité
afr .. caine.
Pas
d'~nité
~fricaine
sans
socialisme.
Ens~ite, le
concept
~malgame
l'essence
d~
socialisme
avec
des
p~rtic~larités de to~tes les sociétés modernes.
Propriété collective
des moyens
de
prod~ction, de d!strib~tion et d'échange,
prod~ction
planifiée ~~x fins d'usage, non d'exploitation et de profit,
pouvoir
politique déten~
par
le
corps
des
travaille~rs
q~i l'emploie à
exprimer le~rs
besoins
et
aspirations
selon
un ordl~e de justice
sociale non de classes, voilà pour l'essence du concept. Application
des méthodes
scientifiques
dans to~tes les sphèl~es de la pensée et
de la
production,
voilà
po~r les partic~larités que l'on retrouve
dans toutes
les
sociétés
modernes,
à
commencer par les sociétés
,~api tal istes.
Enfin, ce
concept
est
résolument optionnel et critique.
Po~r Nkrumah,
cette
essence
o~
se
rés~ment
les
principes
d~
socialisme scientifique
a
une validité et ~ne portée universelles.
Se~les les
formes et les voies dépendent des conditions historiques
particulières à chaq~e nation (K. Nkr~mah, 1964:144-158
1975:125-
126
S.G.Ikok~, 1971:40-41>.
· ' T h _ r .
~.
o n 1 y
u n d
.ac:l..1~.M#
-t: .....
pr~no:L?1_.
u r _
ub~d~ng
u n d
u"~v.r• • 1 .
Tt-I_
o n 1 y
d_v:l.,_.
.p_O~~~Q
u n d
u
par~~ou1ar
a
d_~~n~~_
~~.~or~Qu1
p_r~od.
T~_
.oc~ .. 1~.~
May
d~~~_r
~n
d_~a~1.
o~
MU_~
b •

c~_n~141~.11y
.JoCp1.i.n.d.
H e n S b " " b .
1974, Ch. II
29 .
.'

;
L~ distinction
entre
l'unité essentielle et l~ diversité
des formes
ou
voies
(forms,
P~ths>
permet
de récuser l~ notion
vulg~ire du
soci~lisme
~fric~in, soci~lisme qui ser~it p~rticulier
d~ns son essen,:e à l'Afrique, so,=i~lisnle,.>'er-b~l qiJi,
identifi~nt les
so,=iétés ~fri,=~ines
,=ontempor~ines
~
des
sociétés communa1istes,
n'~boutit p~s
à
l~
transform~tion
économique et soci~le r~dic~le
(13) •
1.3. Les moyens d'~tteindre ~ obJe,=tifs
P~r quels moyens ~tteindre ces objectifs?
Il Y a d'abord
les moyens
indire,=ts que fournit l~ di~le,=tique des rel~tions entre
,=es objectifs.
Deux exemples suffisent à l'élucider.
Objectif à
__~..::o_I.:.!-rt __o!~r~~~,
,::ondi t ion
né,::essai r-e
des autr-es ,::onqIJ@tes ,::onlnle nOIJS
l'avons dit,-la libération nationale est en même temps un rooyen,
par
la prise
de
pouvoir
et
de
décision,
de
ré~liser la libération
~,=onomique, l'unification
de
la
nation
et
de
l'Afrique.
Mais ~
supposer qu'une
classe
bourgeoise,
~lliée
des
c~pit~listes
~trangers, s'approprie
le
pouvoir
le jour de l'indépendan,=e comme
cela est
le
cas fr~quent en Afrique,
il n'y aur~ p~s de trêve à la
r~volution politique.
la
lutte
politique
qui
~
bouté dehors le
coloni~lisme devra
continuer
jusqu'~u
renversement
de
cette
bourgeoisie,
et
~
la
prise
de
pouvoir
qui permet,
d~clenche et
conduit l~
révolution
sociale.
De
même,
objectif
à
long terme,
l'unité afric~ine
est
une
promesse de révolution économique et de
développement maximal.
Les obstacles ~u progrès économique des Etats
africains sont
tels
(exigulté
des territoires et des populations,
in~galités des ressources naturelles, ~bsence de nloyens de transport
et de
communication,
aides
liées>
qu'une action unifiée de toute
l'Afrique reste nécessaire pour promouvoir ce progrès.
En attendant,
l'organisation de
l'unité
africaine
dans
son
~tat embryonnaire,
malgr~ ses
défauts
et
f~iblesses,
reste
un
moyen de lib~ration
politique, soit
pour
les
pays
encore
sous
colonisation
et qui
luttent, soit
pour
le
peuple
d'Afrique du Sud encore assujetti ~
l'apartheid.
Mais hors
de cette di~lectique entre les objectifs,
trois
espèces de
moyens
directs ont ~t~ préconis~es
les organisations,
les formes d'action,
l'id~ologie.
1.3.1.
F'renlier ~ de moyen _ les Ol~g.:Jnis.:Jtions
Si Nkrumah .:J perçu très tat -
dès 1945
-
l'importance et
le rale
constructif
de l'org.:Jnisation dans le combat politique,
il
n'en a
esquissé
une
th~orie
cohérente
que
tard,
après
Le consciencisme.
Le principal type d'organisation consid~ré est le
parti politique.
En fait,
la première forme d'organisation politiq'Je
qui a
assur~
le succès de la r~volution politique n'a du parti que
le nom
; c'est un mouvement nationaliste,
un front uni,
aux sources
hét~rogènes comme
il
se
devait
n.:Jturellement.
Tel
était
le
Rassemblement Démocratique Africain
(R.D.A.>,
mouvement fédérant les
divers partis
créés en 1946, dans les colonies francaises d'9frique
Occident~le et
Equatoriale.
Tel était le Convention People's Party
(C.P.P.>,
organisation
ouverte
~
tous
les Ghanéens de toutes les
classes sociales
et
de
toutes
les idéologies et q'Ji s'est révél~

96
incapable d'affronter la construction
du socialisme,
l'indépendance
venue.
Ikoku
a
précisément
énuméré
ses faiblesses essentielles:
hétérogénéité du
recrutement,
absence
d'élections
régulières,
mauvaise formation des cadres,
~bseDce de débats idéologiques,
culte
de la personnalité du chef,
suprématie de l'Etat sur le P~rti.
L~ deuxième
forme
d'organis~tion politique,
le parti,
au
sens mal':<iste,
est
défini
d~ns le H~ndbook (1968)
et La lutte des
classes en
Afrique
(1972)
,:' est
le
P~rti
révohJtionn~ire
soci~liste, av~nt-g~rde
des
ouvriers
et
des
paysans,
parti
de
classe d~ns
le
c~dre
national,
auquel
correspond,
au
niveau
africain,
le
Parti
ouvrirer
pan-africain ou Parti révolutionn~ire
populaire p~n-africain.
Aux partis
de
classe
formés
dans
chaque pays,
i l faut
associer des
milices
populail~es, dont les éléaents seront recrutés
sur une
base sociale et idéologique d~ns les organisations de aasse
(p~ys~nnes, ouvrières,
étudi~ntes,
féainines
et coopératives).
Ce
deuxième type
d'organis~tion,
l'org~nisation politico-ailitaire, a
miss ion de
se
s'Jbsti t1Jer pl'ogressi vement al.J:< armées de métier pour
défendre le
continent sous un gouvernement pan-africain.
Tell~ sera
l'~rmée révolutionn~ire populaire pan-~fricaine dont
le recruteMent,
l' org~nis~tion, l~
fornlation,
l~
stratégie,
les
instrlJaents
de
destruction et
les
buts constituent l'objet de Handbook,
Manuel de
l~ Guerre révolutionnaire.
Troisième type
d'org~nis~tion
l'app~reil
d'Etat.
Instrument d'action
pour
le parti ~u pouvoir,
~pp~reil d'exécution
du projet
de
société,
elle
pose,
~ux
différentes
phases de la
l'évolution,
IJne sél~ie de pl'oblèmes q'Ji se ramènent ~I.J:': conditions de
son efficacité
et qui n'ont pas été entièrement résolus en théorie.
Problème politique
de
la
création
d'un
corps
n~tional
de
fonctionnaires révoc~bles
voués
~
la
l-e':onstru'.:tion,
au
développement et ~ la coopération inter~fric~ine en lieu et place du
corps de
fonctionnaires
étr~ngers
inamovibles,
servants
de
la
domination '.:oloni~le. Pl'oblème ted'H,ique de leUl~ fOI'raation théorique
et pr~tiqtJe
en
p~rticulier
d~ns
les
techniques d'~dainistration
~ppropriées ~
l'Afrique.
Problème socio-économique d'un traitement
décent qui
doit
leur être assuré s~ns faire d'eux des privilégiés,
fr~ction d'une
cl~sse
bourgeoise
(1964,
ch.XI et XII
111-131).
M~is si
le
gouvernement
p~n-~fric~in
doit
recruter
ses
fonctionnaires d~ns
les
appareils
des Etats n~tion~ux, les textes
par~issent muets
sur
tous
les problèmes
(hormis
l'armée)
de
l'Etat
socialiste national
ou
continental
pendant
et
après
la
guerre
révo llJtionn~ire.
Del.J:{ formes
d'action
sont
retenues
dans
le domaine
politique,
et
successivement,
ce sont l'action positive et la
lutte
al~mée .
La première
forme,
l'action
positive,
a
été empruntée ~
Mahatma G~ndhi
qui
en
fit
une
~rme
philosophico-politique pour
'.::onquér i r
la
souvel~~ine té
n.;:lt ion,) l e de l'Inde.
Dans What !
me ~n ~
positive .;],.:tion
(1949)
<1t,.)
et
A'JtobioQl'aphY
(1957),
ce
t"el~ae
. . .
.'_lin.".'''_1.,."1$1' t ..·__.... ftt' -''re.;!·

97
s~bsume tous
les
moyens légaux et non-violents de lutte contre les
forces de
l'impérialisme,
savoir
action
politique,
campagnes de
presse, édlJcation des masses,
grèves,
boycottage et non-coopération.
Hais né'.::essail~e
dans
le
,.::onlbat
pOIJl"" l'indépendan,.::e des ,.::olonies
d'exploitation,
l'action
positive.
reste
insuffisante
d~ns
la
libér~tion des
colonies
de
peuplement
européen et, d~ns tOIJS les
c~s, s~ns
portée
d~ns
l'ultime
comb~t contre le néo-coloni~lisme
pour édifier l'Afrique unie et le socialisme.
~
D'où la
seconde forme
d'~ction, l~ lutte armée popul~ire
o~ la
guerre
révol~tionnaire,
réintégrée d~ns la théorie après le
premier Coup
d'Et~t
milit~ire
du
Gh~n~
(1966)
et ~ l~ suite du
développenlent général isé
de
la
lutte
~l~mée dans les ,.::olonies. Le
H~ndbook (1968-1969)
m~rque cette rupture
(15).
H~is les organisations et les formes d'~ction n'offrent de
sens que
par
le programme qui les ~nime et les fins impliquées par
ce programme qui les justifient. L'idéologie apporte ces éléments.
1.3.3. Troisième ~ de moyen ~ l'idéologie
Co••e il
ressort du chapitre III
"Société et idéologie"
du Consciencisae,
le concept d'idéologie a, chez Nkrumah,
un contenu
essentiellement socio-politique et ethique.
·~e
.a~_
q u a
1"eMp1a~
q u e
~e
~a~_
~c~
du
Ma~
·~d.a10g~a·
d~~~.re
qUe1que
p e u
du
_ e n _
QoUran~
• • • L"~d.o10g~e d " u n e
_oo~.~.
_ e
Man~~e_~e
p a r
u n e
~h.or~e
p01~~~que"
u n e
~h.or~e _oo~.1e
e~
u n e
~h• • r~e
Mora1e
e~
1 e _
u~~1~_e
oOMMe
~n_~rUMen~_" (1964,
ch. III
: 93).
Hais cette
restriction
faite,
le
concept
retrouve les
caractéristiques que
les
théoriciens
comme L. Althusser ont rendu
populaires. L'idéologie
est
une
dimension
constitutive
de tOIJte
société hum~ine.
Oans
les
sociétés
de classe, on a affaire ~ des
idéologies contradictoires,
rivales.
Dans tous ces cas,
l'idéologie
dominante se révèle conserv~trice ou progressiste. Or pour nlobiliser
les organisations
ci-dessus décrites,
pour animer leurs actions,
il
faut inventer
une
idéologie
explicite,
progressiste et riche.
La
formulation de
cette
idéologie,
nationaliste,
panafricaniste,
socialiste en
l'occurrence,
voil~
la
prenlière
fonction
de
la
nouvelle philosophie.
La
seconde fonction de cette philosophie est
de Justifier ou fonder cette idéologie.
1.4. Les fonljenlents philosophiques ~ Le cons,.::ien,.::isnle
1.4.1. La
Philosophie..:.. §.QJl ~n,:ept et sa dOIJble fon,.::tion
idéologique.
Relativement ~
l'idéologie
ainsi entend~e, le concept de
philosophie présente
ici
au moins de~x sens.
Un sens instrumental,
bien v~
par
P.
HountondJi et P.A.
Okomba-Otsh~diema
form~ler, ~
titre collectif,
en un langage général,
explicatif,
Justificatif, en
une nouvelle
conceptualisation,
"les
thèses
implicites
et
particulières de la conscience sociale ou de l' idéologie
(K.Nkr~mah,

7 0
"
1965 : 90,
93,
103 ; P. HountondJi,
1977
: 90;
P.A.
Okomb~, 1973 :
106)
(16).
Un
sens
fondamental
ou
fond~teur
énoncer
une
proposition génér~le
sur
l~
n~ture d'une ré~lité ou d'un principe
p~r exemple
et
déduire
de

une
théorie politique,
soci~le ou
éthiq'Je
(K.
Nkl~um~h,
1965
Si -87) ...... Ol~
en
,.::es
delJx
sens,
l~
philosophie remplit une fonction idéologique.
D~ns les
delJx
sens
qlJe voil~, Le Cons,:ien,:isme est bien
une philosophie.
Il
tente en effet de fonder le soci~lisme en t~nt
que théorie
socio-politique
et
théorie éthique,
d'une p~rt sur le
nl~~l~i~lisme
(dém~l~,.::he
dédu,.::tive) ,
et
d' ~IJtl~e
p~l~t
SIJl~
l'ég~lit~risme présumée
de
l~
société
~fric~ine
tr~ditionnelle
(dém~rche inductive).
D~ns
les
deux
sens
que
voil~,
cette
philosophie remplit ses deux fonctions idéologiques
:
l~,
elle
instruit le
déb~t de philosophie politique qui réflète les conflits
sd~i~ux de l'histoire mondi~le au XXe siècle et elle y prend p~rti ;
ici,
elle tr~duit les conflits du milieu soci~l ~fric~in.
1.4.2.
Pl~obléAlatique et pôles de l~ théol~ie
P~r milieu social. Nkru.ah désigne l'ensemble des structu-
res économiques, sociales, politiques et ~es valeurs qui définissent
une société
hum~ine à un .o.ent déterminé de son histoire. Qu~nd il
est hétérogène,
des conflits sociaux le parcourent qui expriment les
luttes d'intérêts
entre
fractions
de
l~ société ou les riv~lités
entre courants
idéologiques.
Or
en
quoi
consistent
les
p~rticul~rités du milieu soci~l afric~in ~u XXe siècle?
Tout en
évoquant
les
car~ctéristiques sociologiques qui
sel~ont objet
d' ~n~lyse
pllJS
t~\\"d
d~ns
Le Néo-':oloni~lisme et L~
lIJtte des
,.::l~sses
~
Afri91Je
(i ndépend~n'.::e fOl~nlelle, ~l"l~iél~~tion
économique dues
~
l'emprise
impéri~liste
et
néo-coloni~liste),
Nkrunlah insiste
d~ns
Le
Cons,.::iencisRle
SIJl~
les tl~~its ''::IJltlJl~els.
Premier tr~it
l'hétérogénéité.
Trois
idéologies
liées a trois
civilis~tions différentes
coexistent
ici
celle,
indigène
et
tr~ditionnelle, de
l'Afrique
préisl~mique
et préchrétienne, celle
isl~mique, importée
du
Moyen-Orient par les ~rabes depuis le VIlle
siècle, celle,
j'Jdéo-chrétienne,
propagée
de l'Europe occident~le
par les
missionn~ires.
Sont
exclues, suivant la juste remarque de
Ikoku,
les
influences
culturelles
de
l'Inde
et
de
la
Chine,
sensibles en
Afrique
orient~le, austr~le et ~ Mad~g~sc~r. Deuxième
tr~it:
l'~nt~gonisme.
Ces idéologies riv~lisent entre elles
pour
conquérir l~
suprém~tie,
ce
qui
~
entr~îné
une
crise
de
l~
conscience ~fric~ine.
Troisième
tr~it
enfin: voici qu'accompagne
cette crise
un
besoin soci~l de dèp~ssement, Nkrumah d i t :
d'unité
ou d,h~rmonie nouvelle.
Que faire
pour
réussir
ce
dépassement
?
Ex~lter
une
idéologie ~
l'exclusion
des
autres
?
Les
fondre ensemble? Les
éliminer?
Plut8t que ces solutions irré~lisables au plan théorique
ou pratique,
il
f~ut leur substituer une idéologie nouvelle.
Trois
~ctes marquent
ce
processus.
D'abord,
un
renversement
épistémologique:
loin que l'histoire de l'Afrique soit l'annexe de
l'histoire d'un
autre
continent comme le prop~ge l'historiographie
colonialiste,
islam,
colonialisMe
et
christianisme
sont
"des
expériences de
la
société
africaine traditionnelle",
des modes de

99

son 4largissement
(K.
Nkrumah," 1965
99,
109,
119). Cette soci~t~
et son
histoire,
voilà le centre pour l'id~ologue. Vient ensuite un
parti pris
th~orique.
Comme
il
n'est
pas question d'exalter une
id4ologie dans
sa
totalit~, encore moins l'id~ologie d'une soci~t~
d~f'Jnte, les principes hlJmanistes de '~e..te dernière ont ~t~ êllJs. Ce
sont, nous
y
reviendrons
..
la
valeur
essentielle
de
l'homme,
l'~galitarisme, et
le
collectivisme lignagers. La synthèse,
enfin,
es~ celle
de
ces
principes
puis~s
au
fond
africain
avec
les
principes compati~les
et constructifs des id~ologies impprt~es
le
collectivisme musulman,
manifeste
dans l'aumSne obligatoire que le
r~he accorde
alJ
palJvre,
la
r'espor,sabilit~
individlJelle,
l'industrialisme et
le
mat~rialisme
de
la
civilisation
euro-
chr~tienne (S.G.Ikoku,
1971,
ch.5
81-83). Cette synthèse porte le
nom d'une phi losophie de la I~onsl~ienl~e
Le Consl~ienl~isme.
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r e p o s .
1 _
_oc~.~. _~r~~.~n. ~~.d~~~ann_11_.- ~ SAn-pl-nsl.m,. 1965,
,~h.IV
120.
,...Ho ... n~ond"~.
po ... r
un_
ph~10.oph~_
~'
__ ~-"-d~r_
prod"'4~r~~_
d_
d · ... n~~.
~d.o10iJ~qU_"•
~.~.Houn~ondJ~.
1977,
ch.7
204.
Or au
coeur
de cette synthèse,
la th~orie de l'esclavage
qui critique
les in~galit~s sociales apporte le fondement universel
et moderne
de
la révolution socialiste,
la théorie du communalisme
ou de la pr~hi~~oire de l'esclavage procure le fon~ement. particulier
et historique de celle-ci.
11- ba
THEORIE
DE L'ESCLAVAGE,
FONDEMENT UNIVERSEL DE La
REVOLUTION SOCIALISTE.
Une théorie
de souche européenne et d'essence mat~rialis­
te. une
théor'ie sOI~io-politiq'Je q'Ji est en même temps IJne mOl~pholo­
gie de l'inégalité,
telle est cette th~orie de l'esclavage.
Champ d'~tude,
problématique,
thèses
et
concepts
de
Nkru.ah ont ici deux principales sources.
La première est l'h~stoire
de l'Europe.
Certes
l'esclavage capitaliste dont les Africains ont
été les objets et en partie les instruments ou les agents est évoqué
p.;Jr ai lleIJl~S,
notamment
d"ms '--' Afl~ j. que doi t
s' IJni l~
(1965,
d'L I
et
II)
certes
aussi,
mention
est
faite
avec
insistance
d'un

100
Il
féod;:'llisnle ;:'Ifr'i':;:'Iin,
en
p;:'lrti'~'Jlier' d;:'lns
L;:'I llJtte des ,::l;:'lsses en
Afrique (1972, .:h.I et IX/XI).
H;:'Iis, d'une part, .:'est le féodalisme
européen qui
reste
le
modèle
et
le
référent épistémologique du
féodalisme afri.:ain
;
d';:'Iutre
part
la
théorie
met en oeuvre un
.:on.:ept d'es.:l;:'lvage
propre à l'histoil~ an.:ienne de l'Europe.' En .:e
sens,
Nkrum;:'lh
et
Aristote
opèrent,
;:'Ive.:
l'é.:art
historique
irrédu.:tible qui
les
sépare,
sur
la
même
m;:'ltière,
;:'lU moins en
partie, d;:'lns la mesure où Aristote n';:'I p;:'ls connu l'es.:l;:'lv;:'lge l~omain.
L;:'I se.:onde
sour.:e,
on
le
sait, .:'est le m;:'lrxisme.
A la
pf!nsée de
I<al~l H;:'Irx 1;:'1 théol~ie doit qlJ;:'Itre olJtils : le matérialisme
di;:'llectique,
le
.:on.:ept
de mode de production,
b;:'lse d'une histoire
matél~ialiste, la
morphologie
historique des modes de production en
Europe e~ le concept d'exploit;:'ltion tel qu'il;:'l
été produit d;:'lns
5;:'1 1;:'1 i l~e,
Pl~ix -!ii.t pllJs-val Je,. ~.~lon le ,:,olJvealJ ti tre reVIJ p;:'ll~ H. RIJbel
'
(1865) et d;:'lns Le C;:'Ipital.
2.2. Une théorie m;:'ltéri;:'lliste
Le Consciencisme
repose
d';:'Ibord sur un m;:'ltéri;:'llisme dont
on cannait
les
thèses
tr;:'lditionnelles
: existence indépend;:'lnte et
absolue de
la
matière,
antériorité de cette matière p;:'lr rappol~t à
l'esprit, genèse
de
l'esprit
à
p;:'lrtir
de
1;:'1
m;:'ltière.
Hais sa
conception de
1;:'1 matière en f;:'lit un nl;:'ltérialisme di;:'lle.:tique. C'est
que 1;:'1
m;:'ltière est d'abord un système dynamique et contr;:'ldi.:toire :
"un fais.:e;:'lu
de
for.:es
opposées"
(1965,
ch.IV
120),
ou "un
ensemble de
for.:es entre lesquelles il
y;:'l tension"
(1965, ch.IV :
136). Son
devenir
est
progressif. P;:'Ir un changement qualit;:'ltif ou
"une conversion
':;:'Itégorielle"
qui
f;:'lit
p;:'lsser
d'une
':;:'Itégorie
d'êtres à
une
;:'Iutre,
l'esprit
;:'1
dérivé
de 1;:'1 m;:'ltière .:omme une
ré;:'llité suigeneris
d'un
ordre
logique
supérieul~.
Ensuite,
tout
;:'Iutonome qu'il
est,
l'esprit entretient une inter;:'lction perpétuelle
;:'Ive.: S;:'l
sour.:e.
Toutefois,
.:e
m;:'ltérialisme
di;:'llectique
;:'1
pour
p;:'lrti.:ularité de facon .:ontradictoire, de récuser le monisme en tant
que celui-ci
réduit
toutes
les
formes
d'existence à celle de 1;:'1
matière, san~
reste.
En
ce
sens,
le
Consciencisme
n'est
p;:'lS
nécessairement un
athéisme
exclu;:'lnt
un
Dieu
(17).
F;:'Iut-il
le
qU;:'llifier de matéri;:'llisme spiritualiste?
Comment expliquer
ce p;:'lr;:'ldoxe?
Pour Ikoku
(1971,
ch.5 :
83), c'est
le
raIe
politique
de
la
religion
comme
f;:'lcteur de
solid;:'lrité d;:'lns
le
processus
de
la
tr;:'lnsformation
soci;:'lle
qui
Justifierait cette
thèse
singulière
qu'on
retrouve d;:'lns les deux
versions du
Conscien.:isme.
Pourquoi
ne p;:'lS tenir Nkrumah lui-même
pour un spiritu;:'lliste ?
Quoiqu'il en soit,
les conséquences ;:'Inthropologiques de ce
aonisae m;:'ltéri;:'lliste
(unité
de l'évolution et identité de l'espèce
humaine) confèrent
un
fondement
objectif à l'ég;:'llit;:'lrisme
(1965 :
118 ; 144-146). Eg;:'llitarisme mor;:'ll
: du postul;:'lt de l'identité et de
l'ég;:'llité de
la
n;:'lture
hum;:'line
découle
le
principe
kantien de
traiter tout
homme
comme une fin en soi et non p;:'lS comme un moyen.
Egalitarisme politique
théorie
et pratique socio-politiques ont
pour raIe d';:'Issurer,
la première dans l'idéologie et 1;:'1 seconde dans
l'institution,
le respect de ce principe mor;:'ll.

101
:t.nd:t. .... :t.d ..... 1
..... t '... _m_r."t:
d:l1:",
cie
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. o , - t _
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Po .... r
..
1965,
ch.I'J
1.48.
L~ prév~lence
du
politique semble s'expliquer d'une p~rt
p~r une
di~lectique
de
la
tr~nsform~tion
et du développement et
d'autre p~rt
par
la
nature
des
orientations
que
prennent
les
sociétés.
Le
concept
de tr~nsformation désigne un type de rel~tion
entre l'homme
et la nature,
c'est-~-dire l'ensemble des actions p~r
lesquelles les hommes modifient l~ n~ture pour tirer des produits de
cette modific~tion la s~tisf~ctiQn de leurs besoins.
Or d~ns
cette
~nthropologie
m~térialiste, quelle est l~
n~ture de
l'escl~vage
?
Une
form~tion
sociale
?
Un
mode
de
production?
Un r~pport
soci~l
de production?
Pour le philosophe,
une relation socio-politique d' inég~lité.
A première
vue,
l'esclavage s'apparente ~ un mode de pro-
d'J/.::tion.
Dans
La Lutte des ,:l~sses €HI
Afl~iqlJe (1972,
ch. l
15),
,:e
mode figure
en
deuxième
place
d~ns
l'histoire
économique
de
l'hum~nité ~près
le
commun~lisme
et
~v~nt
le
féod~lisme,
le
c~pitalisme et
le soci~lisme. Tel est le point de vue du sociologue
économiste lorsqu'il
le
désigne
comme
un
type
de
rapports
de
production. Mais
dans
l'esprit
du
philosophe,
l'esclav~ge
est
essentiellement une
rel~tion
socio-politique
d'inégalité
dans
l~quelle des
deux
rapports
qui
s'y
articulent
(exploitation et
sujetion ou
oppression),
le
second
rapport
d'essence politique,
domine sur le rapport d'essence économique.
Une rel~tion
socio-politique.
Si
le lieu où Nkrum~h pense
le con,:ept est l'é,.::onomique dans L::l lutte des ,:lasses gn Afl~ig.!:!~,
,.:e
lieu est
le
politiq'Je
dans
!,..e
COCls/.::ien/:isme.
l':i,
l.:::ommun~li5me,
esclavage,
féodalité,
c~pitalisme
et socialisme sont désignés ~ la
fois comme
des
théories
socio-politiques
et
des
formes
d'organisation sociale réalisant les théories socio-politiques.
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p ... o b 1 . . "' . . . . . .
(1965,
Ch. III
110)
On nomme
tr~vQilleurs
ou
producteurs
les
opér~teurs
de
l~
transformation.
La
répartition,
la distribution et la consommation
des produits
de
la transformation par les différentes fra~tions de
la société
constituent
les
problèmes
de
développement
ou
.......ao-.

102
J'épanouissement soci~!
et
individuel.
Dans
la
mesure

elle
'détermine l~
f~con
dont les for~es so~i~les doivent être mises en
leuvre pour
h~ter
le
changement social",
la th~orie exprime cette
:Ii~le,:tiq'Je entl'-e tl'-;:lTIsfO\\~nl~tion et déve-loppenlent et l'Ji pl~opose IJne
î.ssIJe.
(1965
: 109-110). Ol~ il n'e:dste q'Je dew·: "choix"
: IJn ,:hoi:<
je société inég~lit~ire et un choix de société égalitaire. Ces choix
50nt de nature socio-politique.
Une relation
socio-politique
d'inégalit~,
tel
est
l'Q'S'.=lavage dans
son
essen,:e
spécifir.p.!p..
QIJ'est-,:e ~ di\\~e ? D"Jne
part,
deux
relations
le
~onstitYent : une relation d'exploitation
économique sur
laquelle
nous
reviendrons
~ propos de Harx et une
relation de sujétion politique (18).
Oe sa
première
oeuv~e, en date de 1947, ~ S~ dœrnière~n
1970, Nkrumah
reste
fidèle au concept scientifique d'exploitation,
encore qu'il
lui
ait
substitu~
au
moins
~ne
fois
le
terme
philosophique d'aliénation (1965,
~h.III : 112).
" C_n_ 1· __ 41_v_g_.
a..,
q .....
1 · .... p1a:t.'t:.'t::t.a ....
1 • • 1:t. . . . . .'t::t.a..,
d . .
~~ ... :t.'t:.
d...
't:~.v.:t.1
d . . . . . . 't:~ . . . . . . . :t.g . . . . . . .
Q.~'t:.:t..., d.g~.
d • • uJ.'t::t.an
pa1:t.'t::t.q . . . . . 't:
pa1:t.Q:t..~.·.
~ Sep-s&-pe&-me. 1965, ch. III : 111-112.
1
Toutefois,
à
ce
concept se trouve constamment associé le
concept socio-politique
de
sujétion
qui désigne,
soit la relation
formelle de
domination,
soit
la
relation
de
contrainte
ou
de
violence qu'implique la domination (oppression)
(1965,
ch.IV : 149).
En somme, ce rapport so~ial de produ~tion ou tout mode de production
s'accomp~gne d'~ne
relation
socio-politique
et
d'une
th~orie
politique.
Hais, d'autre
part,
c'est
toujours
la
relation socio-
politique de
sujétion
qui a prééminen~e sur l~ relation économique
d'exploitation. Cette
prééminence
a
d'abord
valeur de dominance.
Telle est
bien
l'im~lication logique de la conception politique et
ethique de
l'égalitarisme.
Hais cette prééminence a surtout valeur
de détermination.
L'action
du
pouvoir
politique
détermine
non
seulement l'orient~tion de l~ société,
les "choix" de société,
on la
vu, m~is
encore
la
vanité d'une gr~nde fraction de la philosophie
européenne et
l'hégémonie
politique
exclusive
des
hommes d'Etat
donnent ~rgument à la première partie de cette thèse (1965, ch.
II
:
86-87).
Au
contraire,
c'est
l'expérience
victorieuse
du
leader
anticolonialiste qui confirme la seconde partie de la proposition .
•• ~ • • ~
~auJou~.
c r u
q u _
1 _
e a u _ .
p~o~ond.
du
~o1on~.1~.M_
__ ~
d·o~d~_
.40~OM~qU_

pou~~.n~
1 •

o1u~~on
d u
p~ob1_M_
~o1on~_1
• • ~
d e n a
u n _
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~o1~~1qU• •
d a n s
un~
1u~~_
~.~oc• • ~
1 M p 1 1 C . b 1 .
p o u r
1·.M.n~1p.~1on.
p r e . 1 e r
p • •
v e r e
1·:t.n't:.g~:t.'t:.
.aar,am:t. q ........
1965
i
Ch.
IV
149.
2.
4. Une nlol~phol09ie histo\\~ig'Je de l'inégalité
La société
e5clav~giste; l~ soci~té féodale et la société
capitaliste, voilà
les
trois
formes
de
cet
esclav~ge dont nous
venons de caractériser ~insi l'essence.

-----------------------

103
~
La
forme
originelle, celle de la société esclavagiste,
a
cette particularité
que
les· inégalités
y
atteignent
un
degré
nla:<inllJm. D'abord,
les
'~onditions
de '"'i a
tr'ansformation,
. ce
qlJe
Nkrumah nomme
"la
mise
en
oeuvre des forces sociales pour h~ter"
celle-ci, sont
absolues.
Exclus
du
pouvoir
d'Etat
et
du
gouvernement,
les
esclaves n'ont aucun moyen Juridique et politique
de modifier
leur condition.
Il y a plus
: la police exerce sur leur
vie une
surveillance
et IJne répression constantes. Cette inégalité
so~io-politique entraîne
une exploitation maximale de la classe qui
"peine" par
la
classe "qui moissonne l~ ob elle n'a pas semé". Les
historiens l'attestent
et
Aristote l'a confirmé
dans sa théorie:
une fois consommé l'équivalent de la valeur de leur force de travail
(nourriture,
logis,
vêture),
les esclaves privés (car les esclaves
publics étaient
une
esp~ce
inférieure
de ~alariés) se trouvaient
dépouillés du
surproduit
de
leur
travail.
Telle
est la grande
contradiction,
l'inégalité sociale:
la classe transformatrice de la
nature dépérit, alors que la classe propriétaire s'épanouit.
Si Nkrumah affirme la corrélation étroite entre le rapport
de production
et
le
régime
politique,
il
n'en
donne
pas
l'explication q'J'il
nous
laisse implicitement le soin de découvrir
chez les
historiens.
Or
pour
ces
derniers,
les
sociétés
esclavagistes, antiques
comme
Rome
et modernes comme le Brésil ou
Cuba, ces
sociétés
comptent
une
population
servile
importante
estimée entre
30 et 35 X de la population globale (19). Le contrôle
d'une telle masse humaine nécessite des moyens en hommes, en argent,
en armes
et munitions que ne pouvaient fournir individuellement les
familles de
propriétaires
d'esclaves
et que seule pouvait assurer
collectivement leur
classe sociale. Les nécessités de ce contrôle -
démographique, économique,
idéologique,
politique
-expliquent
certaines caractéristiques
des
Etats
esclavagistes.
Ce
sont des
Etats impérialistes
la
relation
de
guerre,
de conqu@te et de
domination est une source permanente d'approvisionnement en captifs.
Ce sont
des
Etats de droit : le statut de libres et de non-libres,
de citoyens et d'étrangers prend force par la loi et dans la loi. Ce
sont des
Etats
quasi-totalitaires
: armée et police, triblJnaux et
prisons y
ont
une
place
prépondérante.
Au
Ille
si~cle, l'Etat
impérial romain était un Etat militaire
(20).
En caractérisant
la
féodalité
comme
un
raffinement de
l'esclavage, Nkrumah entend opposer ~ un principe les figures de son
application concr~te,
~
un
contenu ou un fond les diverses formes
qu'il peut
rev@tir.
La
société
féodale
pal~tage
avec la société
esclavagiste le
même
principe
fondamental,
la
même
relation
essentielle:
l'exploitation
dans
la
société.
Seuls deux traits
secondaires les
distinguent
l'une
de
l'autre.
Le premier de ces
traits apparait
dans
le
mode
et
la
forme
de
l'exploitation
servagiste que
le
philosophe nous laisse le soin de retrouver dans
l'histoire. C'est un mode atténué.
Si dans l'Europe du XIIIe siècle,
le serf
connait
une
dépendance
personnelle,
le paysan dépendant,
membre ou
non
d'une communauté villageois~ disposait généralement
d'une tenure
et
des
jours de libre activité,
bases d'une économie
domestique. Or
derrière
cette
économie domestique se dissimule la
rente due au seigneur propriétaire de la terre,
c'est-~-dire le type

104
sery~giste d'exploit~tion.
Il s'~git d'une rente multiforme
rente
en nature
sous
forme
de
produits,
rente en tr~v~il sous for~~ de
corvées,
rente
en
~rgent
sous forme soit de taxes sVP l~ mut~tion
des tenures;
soit
de
t~ille
(G.
Duby,
1962,
A.
Gourévit~h,
1976)
(21) •
.....
Le second
~r~it
c~r~ctérise
les
conditions
extr~­
économiq~es de l'exploit~tion serv~giste. Condition politique
pour
obtenir le
m@me résult~t,
l'emprise du pouvoir d'Et~t, la sujétion,
s'est ~ssouplie.
D~ns
l'Europe
du
XIIIe
siècle,
il est vrai,
le
ren~orcement des
princip~uté5
régionales
qui
p~r~ît
distendl~e
l' empl~ise dlJ
pOIJvoi l~
'~ent1~al
et
le
nlOlJVement
de..
-f'l'.::n,;;hisQlit
villageoises qui
semble
linliter
l'~rbitraire
seigneurial se sont
~ccompagnés d'une stricte codification
et d'une conso~id~tion de la
rente féodale
(G.
Duby,
1962, t.II
: 479). Condition idéologique
un l~ngage,
que nous qu~lifierons aujourd'hui de mY5ti~ic~tion, est
nécess~ire pour
camoufler
sous
de nouveaux modes
d'expression l~
,:ontinIJité de
l' c:ploit~tion.
Nkl~IJmah
pense-t-il
i,.:i ~ '.::el'·t~irls
aspects du christianisme médiév~l?
Il ne le dit p~s explicitement,
En A~rique noire, ob le féodalisme postulé p~r Nkrum~h existe, selon
cert~ins anthropologues,
sinon comme mode de production partout,
du
moins comme
institution,
d'~utres
procédures
d'atténu~tion
1
préservent le principe d'exploitation (22).
1
!
!
E11_
Y
. w . r c .
~n.
da~b1• • c~~an.
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p.r~ • • 11 • • o~~~_n~
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~n~.rpr.~.~~an
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d.UH
hypo~h....
1 .
210.
Le c~pitalisme,
dernière
forme d'escl~v~ge, ~ été défini
comme un
r~ffinement
de
l~
féod~lité
ou
mieux,
"un
escl~v~ge
pr~tiqué par
des gentlemen"
(1965
111). Trois car~ctéristiques le
distinguent en effet.
En premier
lieu,
l'exploitation s'y trouve renforcée p~r
un contexte
de
progrès
économique
et
politique.
On reconn~ît ce
progrès économique
~
l'accroissement
des moyens de production,
en
p~rticulier des
sciences,
des
techniques
et
de l~ population,

l'accroissement de
la productivité,
~ l'élev~tion du nive~u de vie.
C'est un progrès susceptible en théorie d'entr~iner un développement
de l~
société
dans son ensemble et qui confère ~ux tr~v~illeurs un
meilleur niveau
de
vi~ ~
bien des ég~rds supé~ieur ~ celui d'une
p~rtie des
seigneurs féodaux.
Le progrès politique, qui se ramène ~
un ~mén~gement
de
la
sujétion
ou
du pouvoir d'Etat de la classe
domin~nte, porte
un
nom
dans
l'histoire
le
libéralisme.
Les

ç
d; ,
n
~
r

10~

bourgeois libér.aux aux moeurs distinguées sont les gentlenlen dont il
s'agit. Alors
que
es~laves et paysans dépendants étaient eH~lus du
pouvoil' d'Etat
et
de
la
vie
politique offi~ielle, voilà que les
ouvriers et les paysans Modernes ont a~quis, Nkrumah ne di~ pas. la
suite de q'Jelles :5pl'es luttes au XIXe st&cle, IJne participation à la
vie politique qu'attestent les partis de gau~he, sociaux-démo~rates,
so~ialistes et communistes.
Or, en
dépit de ce progrès économique et par le fait m@me
de ~e
libéralisme,
l'exploitation
s'est
renfor~ée.
D'abord dans
ce~e abondance
quantitative
des richesses,
la disproportion reste
constante entre
la
part
perçue
par les classes laborielJses et la
part qui
revient
à la bourgeoisie. Ensuite,
de cette disproportion
en ressour~es
matdrielles
résulte
une
certaine
misère
pour les
olJvriers.
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d •
d . n .
1965, Ch. III
116-117.
En deuxième
lieu,
traduite en termes éthiques, cette ex-
ploitation se
nomme injustice. La disproportion dans le partage des
ri~hesses entraîne
en
effet un déséquilibre moral dans la société,
le bonheur
devenant,
au
sens
sociologique
et
psychologique,
le
monopole d'une oligarchie économique.
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~ Sep-s&-pe&-",•. 1965, Ch. III
117
En troisième lieu,
le capitalisme a pour dernière caracté-
ristique l'extranéité.
Bien
que
Nkrumah
ne
s'étende
pas sur ce
trait, on
voit
ce
qu'il
veut
dire du point de vue de l'histoire
culturelle auquel
il
se
place
pour
envisager
la
question
du
socialisme. Que
le
capitalisme,
né dans l'Europe moderne,
ait une
origi~e étrangère
au
reste
du
monde,
en particulier à
l'Afrique

n~bienne, cela
est
évident.
Mais
comme
forme d'exploitation,
de
s~Jétion et d'inJustice,
il est contraire ~ la nat~re, non seulement
du socialisme,
mais
encore
et
surtout
de
la
société africaine
tradi tionnelle.
·-L•• p ......uppo•••
ct.~•• :Ln.
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~r.~~.aft d .
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p.r_ann.1:L~_ .~
d_
1 .
can.c~.n~_
d_
1· A"r~4Qu.··.
1965, Ch. III
115.
Telles sont les thèses cl~itiques de la théorie de l'escla-
vage.
Les thèses positives constituent la théorie
du commun~li~~e.
III- LA
THEORIE
DU
COMHUNALISME
L ,- ANT l THESE
PREHISTOIRE DE L'ESCLAVAGE.
Fondée sur
deux
présupposés
une
métaphysique
matérialiste et
un
humanisme
éthique -,
l'essence du communalisme
s'analyse en
deux
concepts
un concept d'anthropologie histol~ique
(la première
formation
sociale),
'Jn
concept
d'anthropologie
philosophique (l'anc@tre généalogique du socialismeO),
3.1. Pl~en\\ier pl~és'Jpposê _!:!!!. nlatél~ialisnle dynamiste
En évoquant
la
convergence
du
matérialisme dialectique
avec "la
pensée"
et "la philosophie africaines",
Nkrumah,
de facon
implicite, donne
au
communalisme le fondement métaphysique qui lui
correspond dans
l'histoire
culturelle.
En raison de l'identité des
thèses que
cette
métaphysique soutient avec celles du matérialisme
européen, en
raison
aussi
de
l'idée qu'il comporte d'une matière
douée de
forces
et
vivant
de
leur
tension,
on
peut nommer ce
fondement un matérialisme dynamiste.
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l.:ao1:.go..-:L_11 _ _ "

.'
1965, Ch.IV


3.2. Second présuppose _ !:I!!. hlJmanisme éthiq'Je
Nkrumah fait
une distinction entre la société et l'esprit
de cette
société
-(its
spirit),
entre
la
ré~lité,
objet
de
l'anthropologie scientifiq'Je et les pr~cipes, objet de la r~{l~xion
philosophique. Cette
distinction
est
fort
nott&
dans
African
Socialim Revisited
(1973
c a O ) .
L'&nsemble
des
principes
humanistes qui
fondent la ~ociété africaine tl~aditionnelle, mais ne
s'y réduisent
pa~, voil~ la personnalité africaine dans son concept
nkrumahiste étroit (1965 : 120) .
.....
,.
Du point
de vue de la méthode, c'est de l'observation des
données restantes
de
la
société traditionnelle que cet esprit est
déduit et
explicité.
Dans cet esprit, on trouve d'abord une vision
positive de
l'homme,
"l'humanisme
originel
sur
quoi
repose
la
société africaine"
(1965:
109). Cette vision
s'oppose en effet ~
1
celle, négative, de l'eschatologie chrétienne ob l'homme est marqué,
1
dès l'origine,
à
travers ses premiers ancêtres Adam et Eve,
par le
péché et la déchéance.
Ici,
l'homme est donné sans mutilation. de son
être, dans
toute
son
intégrité.
Mais
positive, cette vision est
aussi ~
dominante
éthique.
Si l'anthropologie physique de NkrlJmah
est matérialiste,
si
est
présumé
être
matérialiste
aussi
le
fondement métaphysique
du
communalisme,
le fondement éthique qu'il
prête à
ce
communalisme
l'est
moins.
En
effet,
"l'homme
est
considéré avant
tout
comme
un être spirituel"
(1965 : 107>. Trois
caractéristiques en
font la valeur originelle,
au sens ob l'origine
désigne moins
le commencement chronologique que l'essence: ce sont
l'intériorité,
l'intégrité (morale),
la dignité.
3.3. L'essence du communalisme
~ Consciencism~,
dès
sa
première
version
en
1964,
évoquait une
vague société africaine traditionnelle,
indifférenciée
dans le
temps et l'espace sous le rapport du mode de production,
du
systènle pol i tiqlJe
et
de
l'idéologie.
La
llJtte
des
'0: lasses
~
Afrique, en
1970, opère une différenciation de l'histoire
et de la
société africaines.
En premier lieu,
dans la typologie dL~ modes de
production (1972
15> sont distingués trois stades d'évolution de
l'Afrique:
la
société
tribale,
la
société
féodale,
la société
capitaliste. La
première
et
la
deuxième
ont
occupé
l'époque
précoloniale. C'est
en les altérant par l'introduction des cultures
d'exportation telles
le
cacao
et
le
café
et par l'exploitation
agl~icole privée
que le capitalisme s'est installé. Point de société
esclavagiste ici, encore que l'esclavage ait existé en Afrique
(1973
: 80).
Or
le concept historique de communalisme désigne la société
tl~ibale .
Bien que
Nkrumah ne donne aucune précision sur ce concept
dont la
grande
ambiguité
a
été relevée (23),
la tribu désigne la
société africaine
primitive.
C'est
en
effet la société africaine
d'avant l'Etat
elle
précède
la
société
esclavagiste
dans la
classification ur,iverselle. C'est aussi la société africaine d'avant
l'islam, cette
religion
d'Etat #:
l'expérience de cette religion,
dans certaines
régions
du
moins,
a
été son fait.
C'est enfin la
société africaine d'avant le christianisme.


IDe
1
J
La société
tribale,
comme chez beaucoup d'anthropologues,
e présente
ici d'abord comme un mode de production,
en l'espèce le
ode de
production communautaire.
La communauté s'appl~qu~ au clan,
'xpressément évoqué
~
titr'e
d'e:·:emple,., mais
peut-@tr'e
alJssi alJ
ignage, au quartier et au village, autres unités de production dans
,a société globale, sujets de droit économique.
Dans les rapports de
~rodYction en
effet
le
caractère
communautaire
apparaît ~ trois
\\iveaux.
D'abord,
les
moyens
de
production,
notamment la terre,
lppartiennent aux
communautés.
"C'était
l'époque
de la propriété
)IJbl-:iqIJe".
Ensui te,
le travai 1 n'est pas selJlenlent IJne nécessi té,
il
~st aussi
une
habitude acquise,
partagée par tous et s'exercant de
nanière collective.
Enfin
point
d'exploitation
le
but
de l~
)roduction est
l'usage,
non l'abus; et encore que le philosophe ne
le p~écise.
pas
en
termes
de
redistribution,
d'échange
et
de
1
'~onsom-matio-n- d'Jp-rod'Ji t dlJ tr'avai 1, ,:ette absen'~e d' exploitation llJi
parait découler
logiquement
de
la
communauté
des
moyens
de
production, du
caractère
collectif
du travail et des habitudes de
coopération.
Communautaire,
la
société
tribale est,
en second lieu et
par voie de conséquence,
une société égalitaire. Du postulat éthique
énoncé ci-devant
découle,
au
plan
social,
une première relation
d'égalité,
"l'égalité
initiale
de tous" sans distinction d'~ge, de
sexe, d'origine,
dirait-on.
A
cette
égalité
sociale interne aux
communautés primaires,
les clans,
il faut ajouter une égalité socio-
économique entre
clans
impliquée par la distribution des moyens de
production.
Il
n'y
a
pas
en
effet
"de disproportion de pouvoir
économique ni entre les clans ni entre les catégories de personnes",
En ce
sens,
il
n'y avait pas de classes dans la société africaine
traditionnelle,
parce
que
"en
dernière
analyse,
une classe n'est
rien d'autre
qu'un
ensemble d'individus liés par certains intél~@ts
qlJ' ils essaient
de
salJvegarder"
(La IIJtte des '.::l-..sses !U!. Afrique,
1972 : 19)
:I."'po __ :Lb1.
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.oc:L.~• • ~r:Loe:L".
t,
~r.d:l.~:l.Qnn.11_··.
f
1965,
Ch,III
107.
!i,
Au plan
politique,
cette
-..bsence
d'exploitation,
cette
;1
,
égalité sociale
et
économique
entre individus et cl-..ns se traduit
par un système démocr-..tique et harmonieux.
Deux traits caractérisent
.f
la dénlo':l~.::ltie
tl~ibale
selon
La
llJtte
des
,:lasses
eTI
Afl~iqIJe,
D'abord,
les
chefs dont le philosophe occulte les critères de choix
et l'instance où ils exercent leur fonction subissent le contrale de
'ft

109
conseillers dont
on
ignore
et
l'origine et les critères de choix
ég~lenlent. Ensuite,
l~ révoc~bilité est essentielle à l~ fonction de
chef,
cert~inement
~u
nive~u
individuel,
m~is
non ~u nive~u des
lign~ges O'J
des
,:l~ns
qlJi
donnent
l,.es ,:hefs selon l~ ,,:o'Jt'Jnle de
cert~ines sociétés. Enfin l'h~rmonie présumée du système réside d~ns
l'~ccord ou
l'équilibre
des
intérêts,
l~ fin~lité universelle et
l'imp~rti~lité des
décisions
politiques.
La
notion
music~le
d'h~rmonie ne
vient p~s introduire l'esthétique dans l~ philosophie
politique,
elle
veut
exprimer
l'idée
contraire
à
celle
du
fOTI.::tionnement ,:onfli,.:bJel
d"Jne so,.:iété de ,.:l~sses. l'.:i,
en effet,
il·y ~ équilibre des intérêts,
~u sens oà "aucun intérêt p~rticulier
ne pouv~it
être
considéré
comme
déterminant".
En
r~ison de cet
équilibre ou
~ccord
des
intérêts,
il
y ~ une imparti~lité de la
décision politique.
Le
pouvoir
ch~rgé de légiférer ne f~it p~s la
loi en
faveur
des
i ntél"@ts
d' 'Jn gl"olJpe alJljétri-merl't····d&&=--ir.ntér@.:ts
d'autres groupes.
Le pouvoir chargé d'exécuter ne sert pas non plus
les intérêts d'un groupe contre ceux des autres groupes.
En d'autres
termes,
loin
d'être
partielle,
la
finalité
de
la politique est
universelle
c'est
"le bien du peuple tout entier". Enfin, cette
prédominance de
la
totalité
sur
les
parties
ne caractérise pas
seulement l'économie
et
la
politique,
elle c~ractérise également
l'idéologie communaliste
qui
ne
connait
pas la division, puisque
dans les
sociétés
communalistes,
"la fraction militante qui domine
la société coïncide avec le tout"
(1965,
III:
90).
Concept d'anthropologie historique,
le communalism~ est en
dernière analyse
un concept d'anthropologie philosophique. Dire qlJe
le socialisme
a
le
communalisme
pour ~ncêtre socio-politique, ce
n'est p~s
seulement
énoncer
un
rapport de filiation génétique ou
historique. Dans
l'évolution biologique,
les naturalistes attestent
l~ filiation entre les honlinidés et l'Homme en produisant l'ensemble
des séries
morphologiques
qui
vont
progressivement
de ceux-là à
celui-ci. Dans
la
parenté, de même,
la généalogie retrace de facon
précise et
claire
le
lien
de
p~renté qui conduit de l'ascendant
lointain au
descendant.
Ici
de
telles filiations ne peuvent être
l''et .'acées. Revenons
donc
à
la
disti n,:tion faite entl"e la so,.:iété
réelle,
objet
de
science
et
les principes, objet de philosophie.
Ici,
la
fonction
d'ancêtre est mieux que biologique ou historique,
elle est
logique
et
normative.
Il faut la concevoir en termes
de
principes ou
d'essence.
Entre communalisme et socialisme,
c'est la
même essence,
en
effet: valeur originelle de l'homme,
commun~uté,
absence d'e~ploitation
de l'homme p~r l'homme, absence de sujétion,
égalité. Hais
cette
essence
commune
du
point
de vue logique ne
confère pas
aux
deux
idéologies
une
identité
sociologique
et
historique.
Dans
l~ réalité,
le communalisme anticipe le socialisme
dans une
société
sous-peuplée
et
sous équipée.
Le soci~lisme, ~u
contraire,
est,
si
nous
p~rlons en termes hégéliens,
la vérité du
commun~lisme dans
une
société
moderne,
peuplée,
complexe
et
techniquement développée.
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cl • •
01:1.veO • •
cI_
0 1 . . . . . .
....1.~:l.on
1 . .
:I.':'''oe1''~''.
~ sen-si-neia.... 1965, ch.
III
: 113-114.
;
Dans ~a
première
version
du
Consciencisme
(1964),
la
thëorie du
comnlunalisme
tendait
~ lëgitimer une voie africaine de
passage au
soci~lisme : la rëforme. La rëforme est réaffirmation du
mime principe sous la variation du mode d'expression. Le socialisme,
au contraire,
en
tant qu'instaur~tion d'un nouvea~,principe! n'est
une doctrine
révolutionnaire
au
sen§ étroit ql~e pour les sociétés
sans passé
communaliste comme le seraient les sociétés c~pit~listes
d'Europe.
Dan~
la
seconde
version
(1969>,
cette
thèse
étant
implicitement réaffirmée,
la
légitim~tion
porte,
ainsi
que
le
souligne P.
Hountondji
(1977
197>, sur la continuité entre les
~eux idëologies,
privilégiant
ainsi
le
concept
philosophique de
communalisme, et
non
sur
la
continuité
entre
l'organis~tion
communautaire et
l'organisation socialiste de la production, ce qui
aurait privilégié
le
concept
sociologique.
Mais
peu
importe
;
contradictoirement ou
non,
cette
théorie
était
déjà
dépassée à
l'époque. Depuis
1968,
Handbook,
le
Manuel
de
la
guerre
révolutionnaire, avait
mis

l'ordre
du
jour, une autre voie de
passage au socialisme : la révolution.
IV- LE
CULTURALISME
~
LA SPECIFICITE, UNE IDEOLOGIE DE
L'HISTOIRE AFRICAINE
Synthèse d'éléments
idéologiques
de trois civilisations,
le consciencisme
est
bien
un
mode
du
culturalisme. En t~nt que
théorie le
culturalisme,
on le sait, a pour objet de préoccupation
domin~nte la
culture.
Après
avoir
visé
le
milieu
social,
le
Consciencisme retient
la
civilisation
et
dans
la
civilisation
l'idéologie. Or dans ce concept ce n'est pas l'élément universel qui
est l'objet
de son intér@t, c'est l'élément singulier, propriété de
l'espèce africaine.
En postulant l'existence de sociétés sans passé
communaliste,
il fait du communalisme un attribut qui n'appartient ~
aucune autre
espèce
de
société,
qui
n'appartient
qu'~ la seule
société africaine, bref une spécificité africaine dans l'histoire du
monde. Or, au regard de la science actuelle, c'est là une entrepl~ise
idéologique par réduction et p~r idéalis~tion à la fois.
C'est de
l'idéologie,
en
effet,
que de réduire un fait
universel ~
un
fait
régional,
un
fait ~nthropologique à un fait
ethnologique. D'abord,
le
concept
de commun~lisme désigne, par un
~utre terme,
moins
la
société
du
communisme
primitif
que Jean
Testart cl~oît
iden~ fiel"
en
AIJstral ie
qlJe
la
so'::iété
la
pl'JS
répandue au
XIXe siècle la société lignagère,
cell~-là même que les

111
anthropologues évolutionnistes ont dénomnlé en blo~ société primitive
et les
m~rxistes
la
communauté
primitive. Ensuite,
le clan ou le
lignage, cette
"grande
famille",
qui
constitue
le groupe social
élémentaire et
dominant de cette société comme l'a vu L. Morgan, se
retrouve dans
le passé de toutes les g~ndes civilisations ~onnues.
C'est le genos grec et la gens latine, deux espèces de l'institution
indo-européenne (24).
C'est
le
mishPahoth
hébreu et le $1 arabe,
deux autres
espèces
de
l'institution
sémitique
dont
l'économie
marchande n'a pas non plus totalement détruit l'esprit de solidarité
~ l'époque d'Ibn Khaldûn (25). C'est le Jia chinois, structure qui a
c~titué le
tissu
de la Chine archaïque depuis le XIXe siècle av.
J.C. et· se
survit
dans
l'institution
royale
(26). Enfin, ~ ces
faits,
on
voit
o~
réside
le
passé
communaliste
des
sociétés
capitalistes:
dans
le monde d'Ulysse et dan~ l~ ~cnde de Romulus,
,;çlyec .des_ prolonge.lents
t'en ....:~s JîJ$ques alJ Moyen-'lSge (27) , voire alJ
XIXe sicèle d~nsle zadru9a slave.
Mais c'est
accentuer
la
démarche
idéologique
que
d'idéaliser la société tribale en niant ses inégalités de fait et en
portant ~
l'absolu
les
principes
d'égalité
qu'elle
abrite.
~'anthropologie politique
a établi de facon quasi définitive depuis
G. Balandier
(28) que tout pouvoir politique jusque dans ce type de
société repose sur l'hétérogénéité des groupes sociaux (sexes, ~ges,
métiers, ethnies)
et
qu'il
se
justifie
par
les
inégalités,
la
dysharmonie et
la
menace
de
désordre
que
cette
hétérogénéité
implique. M@me
les
sociétés apolitiques de J. Maquet (1970) o~ les
réseaux de
parenté remplissent toutes les fonctions de gouvernants,
mais qui,
a'J
lieu
de
contrainte,
ne
disposellt
qlJe d'une selJle
sanction efficace,
la
réprobation
collective,
m@me
ces sociétés
abritent des
inégalités
internes
aux
lignages
(ancienneté,
éloquence, sagesse
entre
patriarche
et
ainés
sociaux,
ainés et
cadets sociaux)
et
des
inégalités
entre
lignages
(prééminence
historique par exemple). Pour l'anthropologie économique, au-del~ de
la communauté des moyens de production, et liées ~ la différence des
statuts sociaux, et des rôles sociO-économiques (aînés qui gèrent et
cadets qui
produisent),
des
inégalités subsistent dans le partage
des produits du travail et dans la richesse entre sexes, entre ainés
et cadets
sociaux
à
l'intérieur
des
lignages et entre lignages,
inégalités qu'un
philosophe
comme
J.K.
Nyerere
ne
nie
pas. Si
l'inégalité habite
ainsi
la
structure
socio-politique
et
la
structure socio-économique
des
sociétés
commu~alistes,
comment
en serait-il
autrement
de
leur
structure
idéoLogique
?
Pour
l'anthropologie des
idéologies, toutes les sociétés, en particulier
les sociétés lignagères, comportent IJne structure idéologique, toute
idéologie est
toujours
IJne idéologie du pouvoir et les contraintes
que celle-ci
exerce
sont
inégales
non
seulement d'une société ~
l'autre, mais
encore
~
l'intérieur
d'une mIme société,
selon les
groupes et
au
sein
des
groupes,
selon
les
individus
(29). Ces
données critiques
de
l'anthropologie
appal~aissent
d'autant
plus
décisives qu'elles
émanent
en grande partie de matériaux africains
traités par des spécialistes en études africaines.
- 9
--=--,,-,~-. __ ...

-

112
.
On doit
imputer
cette
réduction
ethnologique
et cette
idéalisation ~
la
conjonction
de
trois facteurs historiques : la
formation intellectuelle,
le
nationalisme culturel et la situation
de classe
de Nkrumah. En effet la formjXion qui est une des. sources
de la
pensee politique de Nkrumah est d'abord étrangère. L~~tudia~t
colonisé l'acquiert
loin
de
l'Afrique
et
de·
la
civilisation
négro-africaine,
loin
de la Grande-Bretagne sa métropole coloniale,
aux Etats-Unis d'Amérique. Elle occupera dix années de sa vie:
1935
~ 1945.
Ensuite,
cette
formation
est
un
outil
d'analyse et de
co~réhension de
l'histoire
h'Jmaine,
en particulier de l'histoire
contemporaine de l'Afrique. Elle est ~ dominante humaniste ainsi que
l'attestent les
titres
acq'Jis
par
Nk"'IJmah
Licence ès Lettres
<section économie et sociologie,
1939), Licence en Théologie (1942),
Maitrise ès
Lettres
<Philosophie,
1943) .
Maitre-adjoint
de
conférences en
ph1'l~osophTe-~,~=MonitelJr ti 'tIJlai re en cette matière, en
Grec et
en
Histoire
afro-américaine,
Nkrumah
avait
achevé
ses
examens préliminaires
du Doctorat en philosophie et pouvait rédiger
sa thèse
lorsqu'il
quitta les Etats-Unis d'Amé,~ique en 1945. Enfin
cet outil,
instrument de puissance sociale, est une arme idéologique
et politique. Outre qu'elle pourvoit Nkrumah d'un esprit de méthode,
cette formation
8,
chez lui, renforcé l'idee de Dieu et aiguisé la
conscience des
valeurs
universelles
de
liberté,
d'égalité et de
jlJstice.
Hais si
on
en
croit
l'Autobiographie,
cette formation
intellectuelle de
haut
niveau
était
motivée
dès
le
départ
et
justifiée par
le
nationalisme,
exigence
de
la reconnaissance du
peuple africain comme fin en soi et revendication de sa souveraineté
dans tous
les
domaines. Or ce que les analystes africains <3D) ont
nommé le
nationalisme
culturel
n'est
pas seulement un produit du
système idéologique
de
l'impérialisme
européen,
il
obéit
~
la
logique de
ce système, dans Le Consciencisme comme dans la doctrine
de la
Négritude
ou
de
l'Authenticité.
Selon
une
logique
des
contraires, ce système a, nous l'avons vu en Introduction, opéré une
division épistémologique
arbitraire
des
sociétés
humaines sur la
base d'une
spécification
politique et culturelle dans laquelle les
sociétés négro-africaines
ont
rev@tu
un
statut
encore
plus
spécifique ou ~singulier
lié
~
la race. En cherchant, sur un mode
archéologique ~ui
rappelle
la
qu@te
orphique
des
écrivains
du
mouvement de l~~Négritude, ~ travers une fausse pureté et une fausse
harmonie socio-historiques,
une
identité
à nulle autre semblable,
une identité
spécifique,
pour
fonder
cette
essence
universelle
qu'est le
socialisme,
Nkrumah
comme
L.S.
Senghor,
épouse cette
logique et
lui
donne
une caution inconsciente. D'autre part, dans
l'Afrique nubienne
sous domination impérialiste du XXe siècle, dans
les sociétés
africaines
de
classes
de
cette
fin du XXe siècle,
comparées ~
l'Europe,
deux
choses,
n\\oins dans leur individualité
sociologique que
dans
leur
conjonction
temporelle,
semblent
appartenir en
propre
aux
Africains
la
primogéniture
anthropologique dont les préhistoriens créditent aujourd'hui l'Homme
africain, et
la
discrimination raciale institutionnalisée dont ils
sont victimes
en
Afrique
du
Sud sinon ailleurs. Malheureusement,
Nkrumah ne tire argument que de la dernière.
. ,- -_- ?---z *'

.1.13

En effet,
en
faisant
de
la
discrin.ination
raciale un
produit de
l'économie
capitaliste
lié à l'exploitation de classe,
produit qui
ne
peut
disparaître
qu'avec
l'élimination
qe cette
économie et
l'instauration
du
commun4sme mondial
(31),
l~ concept
analytique de
race
révèle
bien la double discrimination;' voire la
double exploitation
que
subissent
les
peuples noirs comme classe
sociale et comme race dans l'esclavage et sous la colonisation. Mais
.en incluant
tous les.peup~es à descendance africaine dans la nation
africaine, en
érigeant
l'Afrique
en
"centre
de la Révolution du
Mande Noir ll ,
le
concept
politique
abolit
dans
une
idéologie
pannégriste la lutte des classes et des Etats interne au Monde Noir,
il instaure
l'insurmontable contradiction d'une appartenance à deux
nations dont
l'une,
l'originaire,
serait
sous-équipée
et
néo-
colonisée f!_t
l'autre,
l'adoptive,
i ndustr'ial isée et in.périal iste ;
enfin i l'-pëse-~ lé"s-·pr4misses d'"lJne possible dépendan,:e à l'égard de
l'Afrique des
peuples dont les uns sont constitués avec d'autres en
nations libres (Etats-Unis d'Amériqu~, Cuba, Brésil) ou sont en voie
de décolonisation en 1964 (Angola, Mozambique, Zimbabwe).
Si l'accent
politique de cette idéologie raciale s'expli-
que bien
par les liens intenses et suivies. qu'a entretenues Nkrumah
avec l'Amérique (vie américaine de l'étudiant, conférences d'histoi-
re afro-américaine de l'enseignant, camaraderie du militant avec les
premiers panafricanistes
afro-américains
comme
W.E.B.
du
Bois,
encouragements prodigués
aux
militants du Pouvoir Noir,
l'avant
garde de
la
révolution
anti-capitaliste
n.ondiale),
l'idéologie
lignagère de
l'égalité et de l'harmonie trouve son explication dans
l'histoire économique
et
politique
de
la
classe
à
laquelle
appartient Nkrumah : la bourgeoisie.
Née à
la
rencontre
de
l'exigence
communautaire
du
socialisme et
de
l'exigence
nationaliste
de
trouve.~, de manière
continuiste et
sans
rupture,
un enracinement interne à ce modèle,
elle est d'abord une idéologie de la nostalgie. Sans doute,
pourrait-
on y
voir
l'effet
d'une
résistance
objective
des
structures
lignagères dans
un
capitalisme
naissant
et dans une structure de
classes embryonnaire.
Mais
cette
thèse
n'est
vraie
que pour la
période de
mise
en
place
des
systèmes
coloniau:<,
notamment du
système colonial
britannique en Côte d'Or, période correspondant
à
la jeunesse
de
Nkrumah, né en 1909 et quittant son pays en 1935, à

vingt si:<
ans.
Au contraire, en 1964, la petite bourgeoisie née du
commerce de
l'agriculture
de cacao et de l'activité intellectuelle
sous le
régime
colonial
est
devenue
une
bourgeoisie consciente
associée au
développement
des
villes
sous
l'indépendance.
Un
prolétariat puissant
e:<iste.
Bref,
la
société
de
classes
dont
Nkrumah indiquait
les
bases
coloniales
et
dont
le
sociologue
francais J.Boyon (32) annoncait l'évolution dès 1958 est devenue une
réalité. Pour
un
observateur
attentif
non
aux
états
n.ais
aux
processus sociaux,
cette idéologie évoque sur un n.ode romantique la
structure en
décomposition
lente
mais
sare de la société passée,
dans certaines sous-régions de la Côte d'Or.
..·.sE
2.

114

Hais la
signification
de
cette
idéologie n'est pas que
psycho-sociologique, elle
est
~
outre
~
surtout politique. En
jouant le
rôle
d'une
idéolo~ie
de
ralliement, elle consolide le
pouvoi l' nOIJvealJ
de
la
bOIJl'geoisie. "Par
son matri,:lan, Ètn effet,
Nkrumah était de naissance noble,
ayant droit ~ deux cheff~ris~ d~~~
la société n~ima colonisée, la chefferie de Nsae~m ~ W~ssaw Fiase et
celle de
Dadieso
~ Aowin (1960, ch.!Ir
: ~9). Par la formation qui
fait de lui un i~tsll~~tuel, 11 passe de cette "noblesse tribale" de
droit dans
une classe bourgeoise de fait où se retrouvent,
selon sa
p~pre analyse,
fonctionnaires,
représentants
des
professions
libérales, cadres
de
la
police
et
de
l'armée, grands fermiers,
planteurs de
cacao
et
gros
commercants
(1972, ch.9).
Or c'est ~
cette classe, ~ l'origine associée ~ l'oppression coloniale, que des
contradictions secondaires désignent, dans une deuxième phase, comn1e
classe dirigeante
du. n10uvement n~tionaliste. L'idéologie lignagère
en tant
qu'idéologie
de la négation des inégalités dans la société
communaliste passée et en tant qu'idéologie du refus de la lutte des
classes dans
la
société
coloniale
et
néocoloniale
est un moyen
nécessaire et bon pour rallier au Convention People's Party et ~ son
leader les
alliés
naturels
de Nkrumah, : les anciens aristocrates,
maitres d'esclaves
hier,
les planteurs et les commercants, nouvelle
"noblesse d'argent"
aujourd'hui,
enfin
les
intellectuels
et les
fonctionnaires,
la
"noblesse de plume". Le nouvel imaginaire social
non seulement
les délivre tous de leur condition passée ou présente
d'exploiteurs et
d'oppresseurs, mais encore les tranquillise contre
les conflits et une probable révolution sociale.
Idéologie de ralliement, cette idéologie est en n1@me temps
de mystification
pour
les classes paysanne et ouvrière. Enfants du
peuple, descendants
d'esclaves
ou fils déclassés de l'aristocratie
ancienne,
les
paysans
et
les ouvriers sont fiers de jouïr du n1@me
statut politique
que
leurs
maitres
d'hier
et
confiants dans le
nouveau projet
de
société.
Hommes et femmes,
ils ont constitué la
grande armée,
le
fer
de lance du Convention People/s Party, à qui
Nkrumah n'a
cessé
d'adresser ses plus grards hommages. Mais,
outre
qu'ils n'ont
pas
beaucoup
de
lettres
pour lire et comprendre Le
consciencisme , nous ne les croyon~ ni asse~ naïfs pour penser que la
société tribale
était
dépourvue
d'inégalités
ni asse~ naïfs pour
cesser de
lutter
quand
il
y allait de leur vie, de celle de leur
famille, bref
de-leurs intér@ts. Le fait est que leurs syndicats et
coopératives n'ont
donné
aucun
répit
ni
à
la
bourgeoisie ni ~
Nkrumah au
plus
fort de sa gloire. Preuve, s ' i l en est besoin,
que
sur le
long
terme,
nier la lutte des classes dans la société néo-
coloniale était
une
mystification
pour la classe dirigeante elle-
m@me, si du moins elle y croyait contre l'évidence historique.
Que le
culturalisme
de la spécificité soit une idéologie
bourgeoise de l'histoire africaine, Nk1'umah lui-même, par une espèce
d'auto-critique,
a
rejoint
cette vue dans certains de ses derniers
textes théo1'iques,
en
pa1'ti,::ulie1's The spe'.:t1'e of IHack Powe1',
Two
l1yths, et
Class
sb'IJggle
in
Af1'i,:a.
TOIJtefois
la contradi'.:tion
demelJl'e,
non sIJl'mont'ée et pelJt @tre inSIJ1~montable, entre le l'éJ:llisme
1
,
i
i1:
l'
l'

Il
dynamique du
savant
et
du politique d'une part et le matérialisme
sp'culatif du
philosophe
d'autre
part,
entre
la
théorie
de la
révolution socialiste en Afrique et la théorie du nationalisme négro-
africain et plus ou moins pannègre.
\\
v- CONVERGENCE ENTRE LA
THEORIE
DE KWAME NKRUMAH l i LA
THERORIE D'ARISTOTE
En somme, Nkrumah s'accorde avec Aristote sur deux points,
s~oir que
l'esclavage
est une relation d'inégalité et d'instrumen
talisation et
que
cette
relation
est
principalement
de
nature
politique. Le
désaccord
entre
l'un
et l'autre porte, au-del~ des
divergences sur
la
fin
du
pouvoir
et
les
moyens
de l'action
politiques, sur
le
contenu
dl~
concept et sur l'interprétation de
-?'-~---i:::é-tt"~-relati·on.
Dans la
théorie
d'Aristote,
la
nature
politique
de
l'esclavage tient
d'abord
au
cadre
sociologi.que éminent o~ cette
relation est
pensée
la cité. Sans esclavage, pas de cité i m~is
sans cité,
pas
de
théorie
de
l'esclavage. Elle tient ensuite au
'cadre logique
où les déterminations de l'esclavage se précisent. Or
cette relation
se
détermine
par
référence au concept de citoyen,
politès, applicable
et
appliqué
~
l'homme
libre,
eleutheros. A
première vue,
l'inégalité
entre esclave et maître apparaît d'ordre
moral:
l'esclave est un homme dépendant, qui n'a pas sa fin en lui-
mime, hétéronome i le maître, un homme libre, est autonome, qui a sa
fin en
lui-m@me.
En
réalité,
cette
inégalité
est
foncièrement
politique:
l'esclave a sa fin en un maître dont la fin supr@me,
la
contemplation théorique,
s'identifie
avec
la
fin
de
la
cité.
L'instrumentalisation,
la
relation
de l'esclave ~ son maître comme
or9anon, c'est
l'expression
économique,
au
sens
large,
de
la
relation morale
et
politique
d'inégalite
l'esclave
est
un
instrument utilisé
pour
les
divers
services du maître : services
domestiques, agro-pastoraux, socio-culturels.
Dans la
théorie
de Nkrumah, c'est plutôt la dominance du
pouvoir d'Etat
sur
les autres pouvoirs dans la marche des sociétés
qui confère
~
l'esclavage
sa
nature
principalement
politique.
Conséquence:
l'inégalité
principale
se
confond avec la sujétion
politique des
individus
par
d'autres,
des
classes
sociales par
d'autres, des
Etats
et
des
nations
par
d'autres.
La
seconde
in'galité qui accompagne la précédente,
justifie et d'termine celle-
l~, c'est l'exploitation économique.
Ici aussi,l'instrumentalisation
est implicite
aux
rapports d'inégalité. Nkrumah la pense en tern,es
éthiques sous
la
dialectique
de
la
fin et du moyen. Les classes
exploitées <esclaves,
serfs,
olJvriers
et paysans) sont des moyens
qu'utilisent aux
fins
de
leur
développement
ou
de
leur
épanouissement les
classes
exploiteuses
<maîtres
d'esclaves,
seigneurs féodaux,
bourgeois)
;
les
colonies
et
les
Etats
néocoloniaux des
moyens qu'utilisent aux fins de leur croissance et
de leur puissance les nations impérialistes.
.., ---'.. _. - ~..- •..~ -

116
Une première divergence entre les deux théories ~pp~r~1t à
propos des
raisons
de
cette
inegalité et de cette instrument~li­
sation .. Tournant
le
dos à l'histoire, Aristote cherche ~es raisons
dans l~
psychologie,
dans la biologie"; voire d~ns l~ cl :f>ma,.tologie,
en somme
princip~lement
dans les sciences de l~ n~ture. Ùne direc-
tion matérialiste,
mais
fausse.
Au
contraire, Nkrumah trouve les
siennes dans
l'histoire
économique
(celle
de la distribution des
moyens de
production>,
l'histoire
sociale
(celle
des
luttes de
classes> et l'histoire politique (celle des luttes pour le pouvoir>.
Uft~ direction matérialiste juste.
La seconde
divergence, c'est que, si Aristote s'est égaré
du point
du
vue de la recherche étiologique,
il l'emporte du point
de vue
analytique. Par les concepts de propriété et d'.appartenance,
il ouvre
définitivement
la
voie
à
une
approëhe sC1en~lTi~Ue- de
l'esclavage. Cet
acquis
n'a que deux limites. Une limite interne:
alors que
l'analyse
est
pertinente
dans
le
champ de l'économie
domestique, Aristote
lui· substitue
~
métaphore dans le champ de
l'économie politique ou des rapports de classes et dans le champ des
J
rapports internationau:<. Ni la classe des esclaves n'appartient à la
classe des
ma1tres,
ni
le
peuple
dominé
n'appartient au peuple
domin~nt, ni le sujet n'~ppartient au mon~rque d~ns le mIme sens, de
la m@me
manière
et
au mIme titre que l'esclave Manès appQrtient à
1
son ma1tre.
Une
limite
externe
en
occult~nt
le
procès
d'appropriation, Aristote
ne
pouv~it saisir la raison véritable de
l
d'appartenance de
l'escl~ve
~u
ma1tre
(raison
qu'il
impute
à
l'esclave>, ni
la spécificité de cette appartenance p~r rapport aux
autres ~pp~rten~nces, si on peut encore appliquer le concept à cette
diversité.
Au contraire, la théorie de Nkrum~h qui fournit un concept
analytique des
rapports
de
classes
et des rapports de domination
coloniale est une métaphore de l'esclàvage. En ignorant les concepts
de propriété
et
d'appartenance, elle a évacué toute possibilité de
per.ser l'esclavage
réel.
L'inégalité
n'est
pas
l'esclavage. Les
esclaves:
des
exploités et des assujettis 7 Sans doute. ~ais-~ous
les exploités
et
tous
les
assujettis
ne
sont
pas
esclaves.
L'esclavage réel
n'exprime
qu'un type d'inégalité parmi d'autres:
il ne
se
confond
pas
avec
toutes
les
formes
d'inégalités. Il
n'exprime qu'un
type d'exploitation et d'assujettissement,
il ne se
confond pas
avec
toutes
les
formes
d'exploitation et d'assujet-
tissement. Enfin,
en
niant les inégalités dans les sociétes ligna-
gères, Nkrumah
nous
offre
une
vision fausse et mystificatrice de
l'histoire africaine, sinon de l'histoire des sociétés humaines •.

&, -~_ .•,.~...
ec;.
117

SECTION
III
\\
UN CONCEPT D'ANTHROPOLOGIE SCIENTIFIQUE
L'ESCLAVAGE COMME RELATION D'APPROPRIATION MARCHANDE
ET D'APPARTENANCE.
KARL MARX
1818 - 1883
Héritier de
la philosop~ie ~lassique, passé à la s~ien~e,
révolutionnaire et
fondateur
ave~ d'autres du mouvement communiste
international, Karl
Marx
s'était
donné
pour
projet de fournir à
l'a~tion de
transformation
so~iale
un moyen théorique,
nommé d'un
terme pratique
et
militaire
un missile. Ce moyen lui-mIme, que
~'auteur représente
~omme
une
révolution
théorique
(1)
dans la
s~ience comprend
un aspect ~ritique
critique de la philosophie,
critique de l'économie politique, ~ritique des doctrines socialistes
- et
un aspect positif : ~ CaPital, recherche de la loi économique
du mouvement
de la so~iété moderne (1867). Or dans cette entreprise
théorique, dans
quels
enjeux
se
trouve
engagée
la
catégorie
d'esclavage? Quel est son statut?
L'implication de cette catégorie fut d'abord, nous semble-
t-il, une
exigen~e
de
méthode.
Tout
au
long
de
l'analyse des
rapports entre
travail
salarié
et
~apital, au sein de l'économie
moderne, l'élaboration
du concept de salariat et de ses prémisses -
concept de
force
de
travail
et
concept
de
salaire -
appelait
logiquement les
diverses
formes
d'imposition
et
d'extorsion
du
surtravail disséminées dans les différents systèmes de produ~tion et
qui,~ selon
Marx,
caractérisent
~eux-ci.
Cette
exigence justifie
l'intervention, comme
médiateurs
éPistemologiques,
des catégories
d'esclavage et de servage. Elle explique que jamais et nulle part,
à
notre connaissance,
l'esclavage,
pas
plus que le servage que nous
prenons le
parti
de négliger, n'a été un objet d'enqu@te en soi et
pour soi.
,
J
Hais cette exigence de méthode fut commandée elle-mIme par
une exigence
plus
profonde,
l'exigence
théorique.
Certes,
Marx
::j
,
continue de
traîner
la
métaphore philosophique d'es~lavage. C'est
elle qui
lui
inspire
la
distin~tion
antinomique
d'esclavage
indirect, déguisé ou dissimulé. Mais dans le mIme temps,
il y met un
terme, en
développant
jusqu'au
bout ~e que nous avons caractérisé
comme le
noyau scientifique de l~apport aristotéli~ien. Au ternIe du
travail de
détermination
réciproque
et
dialectique
auq'Jel
sont
soumis les
catégories
de
travailleur
salarié
et
d'esclave,
l'esclavage véritable
acquiert
une
nouvelle
figure,
celle
d'un
concept d'anthrop~logie
d'abord
économique.
Marx
peut
alors
l'appliquer pOUl'
caractériser
les économies antiques et l'économie
des plantations.
La
typologie
des économies ·esclavagistes en sera
l'illustration.

_
F
<
118
J
En somme,
bien
qu'il soit une ~nnexe de l~ recherche sur
l~ société
c~pit~liste
et bien qu'il reste incomplet,
in~chevé, le
tr;;:1i ten1ent n1~1~:<ien,
p~l"
son 01"i9i n~l:i.;tê, p~l" s~ ri,~hesse ~t p~l" s~
rel~tive cohérence,
confère
~
l~
c~tégorie d'escl~v~ge un st~tut
théorique inconnu
d~ns
les
tr~v~ux
des
~utres
théoriciens
de
l'économie ~u XIXe siècle
(2).
S~ns prétend~e
~
une
exh~ustivité
pour
l~quelle
un
m~.rxo1 og'.le ~
sel.ll
'~ompéten,~e,
nOl.lS
e:·:pose1"ons
1 es
P'~ i '.~~ i;:. ':) l ~;;
d~termin~tions de
ce
st~tut
en
deux
mouvereeR~s. D~ns le premier
mouvement ser~ identifié le vérit~ble ~~~l~v~ge que H~rx nomme,
d~ns
Mi sè1~e de 1 ~ Phi loscr~:te,
";.. ;;;:: ,~~tégo1~ i e é'~onon1 iq'.le de 1 ~ P l •.ls h~l.lte
import~nce". Le
seeond mouvement tr~iter~ des formes successives de
l'éconon1ie escl~v~giste
en
situ~nt
l~
pl~ce
de
l'escl~v~ge
p~tri~rc~l (ou
lign~ger)
p~rmi
celles-ci.
L~
r~retê d'études se
r~pport~nt ~
ce
thème
chez H~rx nous ~utorise ~ donner souvent l~
p~role ~
l'~uteur lui-même ou ~ son ~nlL et comp~gnon intellectuel:
Fréderich Engels.
Le concept
scientifique
du
vérit~ble escl~v~ge que M~rx
introduit,
d'~bord implicitement d~ns l~ lettre sur Proudon ~dressée
~ Anner,kov
le
28 dé'~embre 1846 et d~rls Hisé1~e de l~ philosophie en
1847, ensuite
ouvertement d~ns les textes économiques publiés entre
cette d~te et 1867 -
en 1849 : Tr~v~il S~l~l"ié et c~pit~l, en 1865 :
S~l~ire,
p1~il{ et pl'.ls-v~l'.Je, en 1867 : Le C~pit~l -
le '~on'~ept l~ompt
~u fond,
m~lgré l'~pp~rence, ~vec le concept idéologique ~ppliql.lé ~
qu~tre ~utres
rel~tions
soci~les
l~
dépend~nce domestique,
l~
c~ptivité milit~ire,
l~
colonis~tion
(3)
et
le
s~l~ri~t.
L'~pp~rence, c'est
que
ces
relations
désignent
des
formes
d'esclavage,
escl~vage
entendu
comme
appropriation
(eSté
du
domin~nt) et ~pp~rten~nce (cSté du dominé).
Selon les Formen
(4),
l~
propriété,
~u
sens
de
l~
théoriq'.le
économique,
présuppose
l'~pp~rten~nce de l'individu ~ une commun~uté ~utonome, m~îtresse de
son terroir et de s~ culture ; elle signifie le r~pport conscient de
l~ personne
~ux
conditions
de
production
considérées
comme lui
~pp~rten~nt ou
comme siennes et en t~nt que l~ commun~uté reconn~ît
et garantit
ce
r~pport d~ns l~ l o i ;
c'est l~ production elle-même
qui ré~lise
cette
rel~tion
de propriété.
Quant ~ l'~ppropriation,
elle est
d'abord relation pr~tique avec ces conditions, activité de
mise en
oeuvre
de
celles-ci,
~vant d'être ensuite cette rel~tion
pensée.
Tenons-nous-en ~
la première et ~ l~ troisième de ces re-
l~tions, rel~tions cruci~les pour notre ~rgument~tion. C'est ~u sein
de l~
famille,
d~ns la première division du tr~v~il, ~u st~de de l~
commun~uté trib~le,
que
M~rx et Engels,
dès b' idéol09ie ~llem~nde,
cette première mise en oeuvre de l~ méthode m~téri~liste en histoire
des idées,
croient déceler la première forme d'esclav~ge en t~nt que
propriété.
H~is
l~
oD
Aristote
discern~it trois r~pports soci~ux
(père-fils,
m~ri-épouse, m~ître-esclave), ces ~uteurs,qui envis~gent

ç.
119
l~ f~mille
~
une
époque plus ~ncienne, voy~ient d~ns les r~pports
entl~e ~uto,~htones -
hORlme,
fenlRle,
enf~nts -
des 1~~ppOl~ts de RI~îtl~e ~
escl~ve. D'~utre p~rt, cet escl~v~ge n'existe ici qu'en "gerRle",
non
ddveloppd,
"l~tent", non d~cl~rè.
"Tou"t:'
. n
....,... 1 ..
"'::L11 __
::L_01
_
_ ::Lon
ctu
..
d~'n_n~.::L ... _ _ ~
d . n _
1 _
~.M~11_.
1 · _ _ c 1 _ v _ O _
• • ~
1 _
p"'.M~_"'.
p ... a p ... ~.~.
r • • pond
p_r~_~~_m.n~
..::L~::L. du ...._~•• ~_~~. p"'op"'::L_~_ aor-
d .... n • • •
pa..., ...
q""~
p ... a p ... ~.~• • ~gn~~~.
d~.pa.~~~an d · . . . , n .
~a ... -
c_
d_
~r_v_::L1
_~ ... _ n O . r _ .
Au
ct_m_u ... _n~.
d::Lv::L_::Lon
du
~r_v_::L1
• • c o n d _
.Hp~::LM.
p _ r
"'Gppo"'~
. u
p ... od""::L~
d_
c.~~_
GC~::Lv::L~~··.
( 5)
De cette
conception
~volutionniste
ont d~coul~ ~u Rloins
deux cons~quences. En ~v~l, d~ns une note sur Morg~n que cite Engels
d"ms L'OI~igine
de
l~
f~Rlille,
M~I~X
~ttribue l~ Rlênle forll~tion de
m~trice ~
l~
f~mille
Rloderne.
D'une p~rt, ce n'est plus seulement
l'escl~v~ge qui
s'y
trouve
en
germe
(le
c~pit~lisme
~ f~it de
l'~utorité p~ternelle
de
l'ouvrier un m~rch~nd d'escl~ves qui vend
femme et
enf~nts
~u
c~pit~liste),
m~is
encore c'est le serv~ge.
D'~utre p~rt,
s'y
trouvent
"en
mini~ture'l
tous les ~nt~gonismes
futurs de
l~
soci~t~
et
de
l'Et~t
(6).
En ~mont, M~rx prête ~
l'escl~v~ge une
~ntiquit~
et
une
univers~lit~
origin~ires
d~ns
l'histoire de
l'huRl~nit~.
De
l~
lettre
sur
Proudon
~dressée ~
Annenkov le
28
dé':eRlbl~e 1846 ~ Misèl~e de 1~ philosophie
(1947>,
il
modifie à peine les termes de cette thèse.
En
1846
1 · . _ c 1 _ v _ g _ .
p _ ... c _
qu·::L1
._~
u n .
c_~_go"'::L.
~conom::Lqu• •
_ .
~ ... o u v _
ct.pu::L_
1 .
camm.nC_M.n~ ctu
1 • •
p . u p 1 _ _ •• . (7)
En 1847
~conom::Lq""• •
_
~ouJo...,r_
~~~
1 • •
~n.~~~...,~~an. d •• p • ...,p1 ..... (8)
Cette conception ~ppelle trois rem~rques. En premier lieu,
sous le concept de f~mille ou de f~mille étendue,
bien entendu,
M~rx
met des
ré~lités
que
nous
distinguons
aujourd'hui
segment de
lignage ou
groupe p~triloc~l, lignage,
clan.
En deuxième lieu,
~ l~
faveur d'un siècle de documentation ethnologique,
il ~pp~r~ît que la
domination qu'exerce
l'homme
d~ns l~ structure de ]~
"f~Rlille'l sur
la femme
et
les
enf~nts
v~rie
d'une
socidté à
l'~utre selon le
système de
parenté en vigueur
(forte dans le système p~triliné~ire,
elle est
atténuée
dans le système m~trilinéaire qu'Engels nomme de
droit m~ternel),
elle
varie
selon
la structure dconomique
(forte

.;
chez les
p~steurs
et
les agriculteurs,
elle est ~tténu~e chez les
ch~sseurs et
d~ns
les économies peu ou prou m~rch~ndes). En somme,
cette domin~tion n'est ~bsolue que d~ns les sociétés p~triliné~ires,
et enl=Ol~e
lOl~sque
1.::1
fili~tion
~t
unilin~~ir·e.
Même
~lOl'S,
l'~ppropri~tion
de
l'enf~nt
p~r
le
père
et
son ~pp~rten~nce ~u
p~trilign~ge ne
sont
p~s
toujours
celles de l'~pouse, puisque le
corps de cette dernière peut revenir ~ son p~trilign~ge d~ns l~ mort
(,=~s des
Abê).
D~ns
IJn
'=~s,
,=elui
de
l' ~pouse,
l' ~llian'=e
matrimoni~le, qui
n'est
en rien une rel~tion d'~ch~t-vente, met ~u
~l~vi'=e d'un
homme
et
de
son
patl~ilign~ge
l' in~galité
so,=i~le
prédonnée d'une
femme libre.
Dans l'autre c~s, d~rivé du pr~c~dent,
le rapport de fili~tion nous inst~lle d~ns les rel~tions aujourd'hui
de mieux en mieux connues entre c~dets et aînés soci~ux.
En troisième lieu,
historiens ~nciens, historiens modernes
de l'~ntiquit~
et voy~geurs attestent bien,
pour les hommes du XIXe
siècle,
que
l'institution
de l'escl~v~ge ~ ~té et ~t~it en vigueur
sur tous
les
continents
et d~ns l~ plup~rt des soci~t~s. M~is que
celle-ci
fOt
universelle
et
origin~ire
d~ns
l'histoire
de
l'hum~nité, c'est
une vue spécul~tive, r~p~ndue ~ cette ~poque et ~
laquelle les
premiers
historiens
de
l'escl~v~ge,
tel
W.O.Bl~ke
(1858),
ont
voulu
donner
un
sceau
scientifique,
m~is qui reste
infond~e. En
tout
c~s,
elle
est
en
tot~le
contr~diction
~vec
l'hypothèse m~rxienne
de
l'éch~nge
qu'implique
le
concept
scientifique de l'escl~vage, comme on v~ le voir.
L~ dernière
forme
d'escl~v~ge
comme
propriété,
l~ plus
proche du concept scientifique,
est le s~l~ri~t. C'est Engels qui le
pl~emiel', en
1845,
d~ns
L~
sitlJ~tion
de
l~ ,=l~sse l~bol~ieIJse en
Angleterre
(9)
av~it émis cette thèse.
Marx l'~mplifie ~ travers une
s~rie d'antinomie,
d~ns
le
temps
même
ob
il élabore de m~nière
di~lectique les
concepts
de
trav~illeur
s~l~rié
et
d'esclave.
Examinons brièvement
le
concept
de travailleur s~l~rié pour mieux
~pprécier l~ mét~phore.
D~ns ses
détermin~tions
essentielles,
le sal~ri~t, selon
M~rx, se présente comme un concept économique de dimension ~ l~ fois
historique et ~nthropologique. Du point de vue de l'histoire,
il est
un évènement
moderne
et
mondi~l.
Pour
M~rx,
l~
modernit~
des
historiens correspond
~
la mise en place de l~ société capitaliste
sous la
direction
de la cl~sse bourgeoise europ~enne. Les r~pports
de production
capit~liste prennent n~issance au XVIe siècle d~ns l~
dissolution du
vérit~ble
esclav~ge
et
du
servage,
~u
terme de
l'expropriation originelle
des
cultiv~teurs
de
leurs
moyens
de
production,
expropriation
nomm~e ~ccumulation primitive.
D'un eSté,
des hommes
réduits
~
leur
seule
force de trav~il qu'ils doivent
échanger pour
vivre,
de
l'autre eSté,
des possesseurs de c~pitaux
(terres,
matières
premières,
moyens de subsist~nce, instruments de
travail,
argent),
c~pitaux ~ la recherche de
forces de travail pour
se reproduire
et
se
multiplier
l~,
des trav~illeurs, ici,
des
,':;;Jpi t;;Jl i stes.
Après ~voir
ruiné
les
~nciens rapports de production et
l~OnlpU 1 es
b;;Jl~l~i èl~es
entl~e
les
provinces,
les
rapports entre le
tl~av;':li 1 et
1 e
,=api t;)l
c>nt
soumis
les
peuples de ch~que Et;)t de

121
l'Europe ~u
même m~rché intérieur,
~ la même législ~tion,
~ l~ même
culture,
~u
même
gouvernement.
All~nt
plus
loin,
débord~nt
le
continent d'origine,
p~r
l'exp~nsion
du
commerce
des
produits
industriels,
p~r
l~
prop~gation
du
système
de
production
c~pit~liste, du modèle de société e(de l~ civilis~tion ~ssocié ~
l'industrie et
~ux
nouve~ux
r~pports
de
production,
l~ société
bourgeoise ~
rompu
les
barrières
entre
les
continents
et
les
n~tions, unifi~nt
le
monde sous le r~pport économique et culturel.
Dans Le
!j~ntf.este
'=:omnllJniste,
l'épopée
de
,=:ette
mondi~l is~tion
t~iomph~nte de
l'économie
c~pit~liste s'impose comme un des titres
di gloire de l~ cl~sse bourgeoise
(10).
Du point
de
vue
~nthropologique,
le
s~l~ri~t ~pp~r~ît
comme. une
~ppropri~tion
de l~ cl~sse des tr~v~illeurs s~l~riés p~r
l~ cl~sse
des
c~pit~listes, une ~ppropri~tion que fonde
l'éch~nge,
et que
ré~lisent
le
procès
de
production
et
le
procès
de
consomm~tion. L'économie
de l~ société c~pitaliste, ~u contr~ire de
l'économie n~turelle,
où l~ v~leur d'us~ge domine,
est une économie
m~rch~nde, l~ seule vr~ie économie m~rch~nde :
l~ v~leur d'éch~nge y
prédomine sur
l~
v~leur d'us~ge. Tout peut y être m~rch~ndise :
l~
terre,
les
produits
du
trav~il,
l~
force
de
tr~v~il.
Si nous
négligeons l~
genèse
historique
du
concept
de force de tr~v~il,
telle que Henri N~del vient d'en proposer l'hypothèse d~ns une étude
SIJl~ M~r:<
et
le
s~l~l~i~t
<11>,
voi,=:i
les tl~ois ~:':es de l' ~n~lyse
m~r·:·:ierme.
D~ns le
procès
d'éch~nge,
sur le m~rché du tr~v~il, les
éch~ngistes se font f~ce l'un l'~utre en t~nt que personnes,
~u sens
de l'~nthropologie
Juridique
(personn~lités s~ines d'esprit,
douées
de volonté,
libérées
de servitude ... >.
En droit,
elles sont libres
et ég~les,
posséd~nt
les mêmes droits.
C'est comme telles qu'elles
signent un
contr~t. D~ns l'~cte, l'ouvrier libre,
de lui-même,
vend
s~ force
de
tr~v~il,
ensemble org~nique de c~p~cités physiques et
intellectuelles dont
s~
personn~lité
se
compose,
m~rchandise
spécifique dont
la
valeur d'us~ge consiste ~ produire de l~ valeur
d'échange.
Il
ne
vend
p.5 que s~ seule force de tr~v~il ;
il vend
~IJSS i ,.::elles
de
s~
fenlme
et
de
ses
enf~nts,
tel
"'Jn m~r·,.::h~nd
d'escl~vesH. L'ouvrier
vend
cette
force de trav~il pour une durée
déterminée,
que
les luttes syndic~les ont de plus en plus ~méliorée
~ l'av~nt~ge des tr~vailleurs.
En ré~lité,
sous
la
forme de l'éch~nge se l i t un triple
r~pport d' inég~lité.
D'~bord une contr~inte pousse le tr~v~illeur ~
cet éch~nge
inégal
comme
nous
le
v~rrons, c'est l~ nécessité de
survivre.
Ensuite
le tr~v~illeur f~it ~u c~pit~liste l'~v~nce de l~
v~leur d'us~ge
de
s~
force,
c~r
il
ne
ser~
p~yé
qu'~près
l' IJtilis~tion ou
l~
'.::onsomm~tion
de
s~ _ fOl~'=:e,
~pl~ès le tl"~v~il.
Enfin,
le
tr~v~illeur "~pp~rtient" ~ l~ cl~sse bourgeoise
: il peut
donner s~
démission et quitter un c~pit~liste ;
le c~pit~liste peut
le licencier
qu~nd
leurs
intérêts
sont ant~gonistes ;
m~is il ne
peut quitter l'un que pour entrer sous le comm~ndement de l'~utre.
;,
C'est dans
le
procès
de
production
cepend~nt
que
le
tr~v~illeur vit l'ampleur et l'intensité de s~ servitude.
D'~bord l~
fluidité du
capital
exige
s~ mobilité géographique et technique
:

122
J
d'o~ les
migr~tions
loin
du
milieu n~t~l et de l~ f~mille, comme
c'ét~it le
c~s
des
Irl~nd~is en Gr~nde-Bret~gne, vers les lieux o~
sont Jugées
meilleures
les
conditions
de
l~
multiplic~tion
du
c~pit~l ;
d'o~ les migr~tions d'une br~nche d' industrie ~ l'autre et
l' indifférence ~
l'ég~rd
du
contenu4)~rticulier du tr~v~il. Cette
fluidité et
cette
mobilité sont une des premières conditions de
l~
révolution perm~nente
du
mode
de
production
c~pit~liste
et du
développement infini de ses forces.
Ensuite,
les
conditions
de
tr~v~il
qui
constituent des
mèyens p llJS
e f f i ,.::~'.::es
de
pl~odIJ,.::ti on
de
SIJl~V~1 elJl~
et
don,.::
d'exploit~tion se
révèlent
inhum~ines.
Concentr~tion m~ssive d~ns
les usines,
les mines ou les ch~ntiers, org~nis~tion hiér~rchique et
qu~si-milit~ire, m~chinisme
qui
asservit
et
instrument~lise
les
hommes
(12),
e:·:tension
dlJ tl~~v.:lil de. JOIJl~ et de nlJit non selJlement
pour les
~dultes,
m.:lis
encore
pour
les
femmes
et les enf~nts,
intensific.:ltion du
tr~v.:lil,
ces moyens positifs d'~ccroissement de
la pl~odIJ,.::tivité
sont
des
moyens
de
déshlJm.::lnis.::ltion
et
de
dépopul.::ltion de 1.::1 cl.::lsse ouvrière.
"'orme
d u
moven
d _
~r.va~1
_~
1 a
compo_~~~on
p.r~~gu1~.r_
~a11e~~~'"
d~~nd~Y~du_ d . _
d_UH
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1 _ _ o~-d~_an~
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..
(13)
l,: i en':ol~e,
de
cette
destruction
de
l~
f~mille
tr~ditionnelle résulte
de
nouvelles
pssibilités
pour les membres
d'~ccéder ~ de nouve~ux r~pports soci~ux entre sexes,
~ une nouvelle
so':iété.
Enfin,
le tr~v~il s~l~rié comprend une p~rtie p~yée et une
p~rtie qui
p~r~ît
être p~yée, m~is en f~it ne l'est p~s. Une chose
est l~
v~leur
de
l~ force de tr~v~il, mesur~ble d'~près la valeur
des m~rch~ndises
nécess~ires
~
l'entretien
de l'ouvrier et de s~
f~mille, ~utre
chose
l'emploi
de
cette
force,
s~
fonction,
le
tr~v~il proprement dit qui n'~ d'~utre limite que celle de l'énergie
de l~
force
physique
5i,
six
heures
de
tr~v~il
- 3 F -
l~epl~ésente le
pl~i:.:
jOIJl~n~liel~
de
l~
fOl~':e
de
tl~~v~il (tl~~v~il
nécess~ire), et
si le c~pit~liste emploie cette force pend~nt douze
heures
- 6 F -,
les trois premiers fr~ncs constituent le s~l~ire du
tr~v~illeur, et
les
trois
~utres fr~ncs (surtr~v~il) l~ surv~leur
qu'~cc~p~re le
c~pit~liste; de cette surv~leur, celui-ci g~rde une
p~rtie pour
lui
sous forme de profit,
cède une p~rtie comme rente
~u propriét~ire
foncier
et l~ troisième p~rtie revient ~u b~nquier
prêteur d'~rgent comme intérêt.
D~ns ce c~s,
le t~ux de l~ surv~leur
s'élève ici
~
100
%,
soit six heures de surtr~v~il. Ce t~ux de l~
slJrv~lelJr
surtr~v~il ~ heures
= 100
tr~v~il nécess~ire 6 heures
100
représente le
degré
réel
d'exploit~tion
du tr~v~il de l'ouvrier.
L'~ccumul~tion du
c~pit~l, dont il n'est p~s nécess~ire ~
notre propos
d'~n~lyser
le
méc~nisme,
~
produit
deux rèsult~ts
contr~dictoires:
d'un
cSté l'enrichissement fulgur~nt et illimité
de l~
cl~sse
c~pit~liste,
celle
des industriels et propriét~ires
fonciers
; de l'~utre cSté la p~upérisation croiss~nte de l~ cl~sse
ouvrière. En
Angleterre,
ob
l~
m~sse
des
ch8meurs
excéd~it le
chiffre du
million de personnes vers 1864, une nouvelle loi sur les
P~uvres créa
même
des
m~isons
de
correction,
dites
m~isons de
tr~v~il, que les misér~bles finirent p~r refuser comme des prisons -
Poor-L~w B~stilles
Pour
les
ouvriers
en
~ctivité,
tant
de
l'industrie que des mines de ch~rbon et de fer ou des ch~ntiers, les
conditions de vie ét~ient mortifères.
Pour h~bit~tions, qu~nd celles-
ci ét~ient
~ccessibles d~ns les qu~rtiers dél~brés et m~l ~érés des

villes comme
London,
Manchester,
Dublin et Glasgow,
ils disposaient
des maisons-dortoirs sans hygiène,

les f~milles s'entassaient des
caves Jusqu'aux
combles
;
contre
les
rigueurs
de
l'hiver,
ils
avaient une
protection
insuffisante,
la
sous-alimentati~n et la
malnutrition.
De
l~
découlèrent
l~
~entation
d'alcoolisme et de
drogue;
de
l~
les
maladies
associées
~
cette
vie
sphtisie,
scarlatine,
typhus
dont
l'épidémie
sévit
cinq fois entre 1817 et
1843,
rachitisme
;
de
l~
le vieillissement prématuré et la forte
mortalité
(14).
Plus grave encore semblait la situation des ouvriers
agricoles ~
la
même
époque,
situation
pire
en Angleterre qu'en
E,.:bsse et pil"e au pays de Galles qlJ' en Il~lande.
Dans cette
condition
abJe~te,
le
travailleur néanmoins
np-Jnifesta delJ:':
l~éa,.::tions
positives.
Dans
Un
,.::haPitl~e
inédit dlJ
Capital
(15),
Marx
souligne
la responsabilité dont il fait preuve
dans la
consommation individuelle.
Par rapport aux autres exploités
des sociétés
passées,
son statut et son autonomie sont relativement
plus grands
dans
la
mesure

"les
conditions
capitalistes
apparaissent comme
une promotion dans la hiérarchie sociale". C'est
que d'abord
il percoit une rémunération de son travail et que cette
rémunération se ~onnaye en argent,
une valeur d'échange et une forme
abstraite de
la
richesse sociale.
Ensuite,
possesseur d'argent,
il
récupère son
autonomie
d'agent
libre
qui
peut
décider
ou
d'économiser
(quand
cela
est
possible)
ou
de
dépenser.
Sur le
marché,
il compte pour un acheteur équivalent ~ n'importe quel autre
; c'est
lui-même qui convertit son argent en des valeurs d'usage de
son choix;
il peut s'offrir ou de la nourriture ou de la boisson ou
de la
lecture
(un Journal),
ou encore toutes ces valeurs ensembles.
A ces
différents niveaux,
il dépend de lui-même et se contrale lui-
même.
Enfin,
du point de vue social,
telle est la so~iété bourgeoise
avec ses
conquêtes
politiques formelles que l'accès ~
la richesse
lui est
interdit
non
pas
dans
le
principe,
sous
le
rapport
qualitatif,
mais dans la pratique,
sous le rapport quantitatif.
Cette autonomie
Joue dans l'engagement socto-politique de
l'ouvrier. S'il
Y
eut
des
ouvriers
qui
se
résignaient
~ leur
condition,
d'autres ne baissèrent pas les bras.
Les premières formes
de protestations
furent
des actions individuelles
: vols de balles
de coton,
incendies d'usines et de fermes,
assassinats des fermiers
ou de leurs ~gents, refus de retourner dans les
maisons de travail,
bris de machines.
Puis survinrent des grèves d'associations secrètes
(1812,
1824 en Ecosse,
Thugs de Glasgow,
1816),
des émeutes
(pays de
Galles 1839, Bohême et Silésie,
1844).
Ces luttes
aboutirent
d'abord au droit de libre associa-
tion en
1824.
Les associations se multiplièrent avec pour objectif
l'institution d'une
échelle
de salaires et l'entraide;
le Factory
A,.::t
<1833,
1844,
1847) qui f i:<a ~ pal~t i l~ du 1el" ma i
1848 1a joul~née
normale de
travail
fut
le
résultat de leur action.
C'est sur ces
associations que
se
greffa
la Charte du Peuple
(PoePl's Charter),
mouvement politique qui voulait donner ~ l~ Chambre des Communes une
base ~uthentiquement démocratique.
,
Voil~,
résumées,
les
déterminations
essentielles
du
salariat que
Marx,
métaphoriquement,
caractérisait
comme
un
esclavage indirect,
déguisé ou dissimulé.
Qu'est-ce ~ dire?

----------·-~-----------------IIl--!::I
lIall=='1__IJ.II=.l1li• • • • •'
C'est l~
lettre
~dres5ée ~ Annenkov et dèj~ évoquée,
qui
m~rque l~ premi~re ~ntinomie en 1846
~
"Lu
1~b_r~.
_~
1 ' __ ~1u~Ug_
~orm_n~
.~r.
ur'~.Oor.~_m_.
~_
n·u~
p . _
b _ _ o~n
d _
p . r 1 _ r
n~
d _ _
b a r• •
n~
(~_.
m~Y~.~_
~a~.
d _
1~
1~b_r~• •
Quun~
_
1·_.~1~~u~u.
J_
n·u~
pU_
b __ o~n
du
p . r 1 _ r
..
1 _ _
B ...... _~ 1 .
d.,·,_
D~ns l~
même
lettre
se trouve le deuxi~me ~ttribut ~vec
une formul~tion
~
peine
modifiée d~ns Misèl~e de l~ philosophie en
1847
(MF'H).
ML _ _
p ..... p1 _ _
m a d _ r n _ _
r.· an~
d.r._
CH,..H
.....
no .... v _ .....
Mond_".
En 1857-1858,
les
Grundrisse
~pportent
une
~utre
formul~tion de
l~.
premi~re ~ntinomie
à
tr~vers cette opposition
tr~v~il forcé
immédi~t
(escl~v~ge)
et
tr~v~il
forcé
médi~tisé
(tl~~v~il s~l~rié) (16).
En 1867, Le C~pit~l '.::omplète
.aM"'.. :1.1
d . _
_ .1.r~._
Nouv_.....
Mond.
(17) •
C'est Le
C'!lpit~l
enfin q'Ji oppose l'es'.::l~v~ge du tl"'av~il
s~l~rié ~
l'escl~vage vérit~ble comme l'inauthentique à
l'~uthenti­
que,
le f~ux ~u vr~i,
l~ mét~phore ~u concept .
•• ~._
p1 .... _
et.
1 · ..... _ .... r.~
1 · _ _ c 1 . v _
D~ns une
premi~re ~pproche, l~ mét~phore du premier et du
troisième textes
opposent
~ l'idée d'une ~pparence trompeuse celle
de l~
ré~lité de l'es~lav~ge
l~ métaphore vestiment~ire du dégui-
sement se
ch~rge
de d~signer l'artifi~e qui rend cette ré~lité mé-
connaissable.
Le
deuxi~me texte,
par une dém~rche d'identific~tion,
donne un
nom ~ cette réalité dont les deux rapports soci~ux ne sont
que des
espèces
le tr~vail forcé.
En quel sens le s~l~ri~t est-il
un travail
forcé? Quelles procédures de médiation y dissimulent la

a5
126
.,
ré~lité
et/ou
l~
vérité du tr~v~il forcé? Le tr~v~il forcé est-ce
le tout du vérit~ble escl~v~ge ?
Deux c~ctéristiques
~ssimilent le s~l~ri~t ~ l'escl~v~ge.
,..;
L~ première
c~r~ctéristique,
c'est
que
l~ cl~sse ouvrière est l~
propriété du
c~pit~l.
Elle
l'est
d'~bord,
en un sens en quelque
sorte socio-politique.
Engels et Marx la voy~ient, ~ntérieurement ~u
procès d'éch~nge,
d~ns le monopole économique de
l~ bourgeoisie qui
détient tous
les moyens de production nécess~ires à
l'existence des
citoyens ; cons~cré p~r le pouvoir politique,
ce monopole met l~ vie
et- la
mort
des
prolétaires
à
l~
disposition
de
cette
classe
domin~nte.
• r r o g . _
1_
m o n o p o 1 _
d _
~ou_
1 _ _
moV_~_
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_ 1 1 _
p _ u ~
d ~ _ p o _ _ r
d _ _ •
,,~.
_~
d
mor~"
<1975
119)
(19).
L~ cl~sse
ouvrière
est
ensuite
propriété
en
un
sens
proprement économique,
lorsque
les
ouvriers
ven~nt à vendre leur
force de
trav~il
d~ns et par le contr~t, offrent leur travail à l~
consommation productive.
Elle
est
enfin
propriété
en
un
sens
technique.
Du
point
de
vue
de
l~
survaleur,
ce
n'est
p~s le
tr~v~illeur qui
emploie
les moyens de production,
les ~nime et les
f~it fructifier,
ce
sont au contr~ire les moyens de production qui
"emploient le
tr~vailleur",
le
consomment lui-même comme "ferment
indispens~ble.à
leur vie"
de l~ manuf~cture à
l~ gr~nde industrie
qui enraIe
l~ science comme force productive au service du capit~l,
la division
du
tr~v~il morcelle le tr~vailleur et le recompose sur
une b~se utile à la production soci~le.
"L_
~r.".~11_ur
p"''''
1 ...
ch.n~_m_n~
d _ _
M.~~r_.
~nd~,,~du_1_ _ ~
p . r
1 _ _
o_c~11.~~on_
d _ _
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M . . r~n.
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~r.,,_~1.
L._
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C:Qn~~nu~~• •
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_ _ .... 1_n'_n~
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1 _
p 1 .... _ -
\\,,;1.1-...._,
~1
p r o d ...
__
,,~~
."t:_''''n~
1 _
-~
(20)
L~ seconde c~ractéristique, c'est que
le procès de tr~v~il
est le
tr~v~il
forcé
du point de vue de l'ouvrier,
tr~v~il ~uquel
correspond du
cSté
du
c~pit~liste le despotisme. Non 5eul~ment le
c~pital lui-même
est
devenu un "r~pport coercitif"
contraign~nt l~
cl~sse ouvrière b exécuter plus de trav~il que ne le nécessitent son
entretien et
s~
perpétu~tion,
non
seulement
l'associ~tion
des
ouvriers individuels
en
un trav~illeur collectif est une nécessité
du fonctionnement
de l'économie c~pitaliste, m~is encore le travail
est méc~niquem~nt
réglé
et
le
trav~il
de
surveill~nce
et
de
direction despotique au sens propre
(1965
871,
957>.

4:
127
n e
• •
1 · u . : l . n e
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m:l.rtu-t:e.
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1·e.~
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...
1 .
q..... 1_.
(1975
229-231 )
(21) •
Cette pl~Opl~ i été
du
c~pit~l n'~pp~raît pourt~nt p~s comme
telle
le
tr~v~illeur
e.511~~ît
libl~e,
puisqu'il
est
son pl~opl~e
èch~ngi5te, puisqu'il
n' échange
qu'une
p~rtie
de
sa personne et
puisqu' il
l'éch~nge
de
facon
provisoire
mieux
il
jouit de
quelque liberté
réelle.
Or cette liberté formelle qui dissimule la
servitude,
elle n'est pas seulement postulée en amont du trav~il,

J
elle l'est alJssi d.:::lns le procès du travail d.:::lns une cert.:::line mesure -
des p.:::lges
d'Un
ch.:::lpitl~e Inédit g1!. C~t.:::ll
en font foi -
elle l'est
enfin en -:lV.:::ll.
d _
1·_~..:1"'v_.
"'-=;Jl-~1:'
M4.'''''H.
• • -t:
p 1 u .
prQduQ~~~.
p e r a e
"'1 .....
p1 .....
n .
_ o u _
1~ .'''p:l.r.
ct_
1 ...
n-._'t:
p
.
. . . . 11.-",:1.
1
:1.
b._o:L. ri • •
...
d."t:' .......,:L.r• •
.....
d .
"'.un1:L 1 ] . _
d.p_rtcl_r,'t:
d ....
Au del~
de
l'éthique
de
1.:::1
consommation,
1.:::1
liberté
ré.:::lpp.:::lr.:::lît d.:::lns
1.:::1
pr.:::ltique et les luttes syndic.:::lles.
M.:::Iis .:::Iu-del~
de celles-ci,
et d.:::lns leur prolongement,
n'est-elle p.:::lS en exercice
d.:::lns cet
.:::Iutre
et plus import.:::lnt lieu
l'esp.:::lce de 1.:::1 pr.:::ltique et
des luttes
politiques
?
Certes.
Les
p.:::Iges
de
Engels
sur les
mouvements ouvriers
et
le
ch.:::lrtisme
en
Angleterre,
les ouvrages
politiques de Marx relatifs ~ l'histoire de Fr.:::lnce au XIXe siècle en
p.:::lr'tic'Jliel~ -
Les
llJttes
de
,:l.:::lsses
~ Fl~an':e (1848-1850) et L.:::I
GI_lel~l~e ,:ivile
~
Fl~an':e
(1871>
-
tous ,.::es te:<tes attestent que le
prolétari.:::lt porte
wn
autre
statut
socio-politique
qu'une classe
d'escl.:::lves.
Marx
a donc eu raison de sép.:::lrer le concept idéologique
du concept scientifique.
~\\
.:.:...
O.:::lns le
même
mouvement
où s'61abore le concept de s.:::ll.:::l-
riat,
~ travers les grands textes déj~ cités,
le concept d'escl.:::lv.:::lge
est construit
~
trois
nive.:::lux de l'.:::Inalyse économique
le procès
d'éch.:::lnge,
le procès de production et le procès de consomm.:::ltion.
En premier
lieu,
le procès d'échange.
Contr.:::lirement ~ 1.:::1
démarche des philosophes qui oublient ou négligen~ 1.:::1 question de 1.:::1
genèse de
l'esclav.:::lge,
M.:::Irx
présuppose le site de naissance,
même
s'il ne
lui
donne
pas
le
développement
qu'une
autre
approche
autoriser.:::lit.
C'est
bien
en
effet
dans un cadre fconomique où se
déroulent peu
ou
prou
des
éch.:::lnges entre sociétés que n.:::lit et se
propa~e l'escl.:::lvage.
Sans
des
économies où la v.:::lleur d'échange se
différencie de
la
v.:::lleur
d'usage,
pas d'escl.:::lvage.
M.:::Iis l'éch.:::lnge
esclavagiste se
distingue
de
l'échange
capitaliste
.:::Iuquel
le
.... _-------
~

J
travailleur libre
est
assujetti,
sinon par le statut des sujets de
l'échange,
du
moins
p~r
l'objet
de
l'échange,
par les termes de
l'échange et la durée de validité de cet échange.
D'abord,
échangent
deux personnes
égales
et
libres
au
sens
d'une
anthropologie
Juridique
des
sujets.
Généralement,
~lors que les échangistes du
mal".:hé '.:apitaliste
sont
au dépal't des-';~on,.:itoyens appal'tenant ~ la
même nation et au même Etat,
ici les échangistes ressortissent ~ des
entités socio-politiques
différentes
et étrangères.
Marx dit
des
communautés
tribu,
peuple,
nation. Ensuite,
ce qu'elles échangent,
ce n'est
ni une chose,
ni une force de travail,
ni le simple emploi
de.cette
force,
c'est une entité de même espèce et de même matière
qu'elles-mêmes,
une
tierce
personne
l'un vend et l'achète
"en
bloc" le
tout
d'une
personne,
dont une qualité particulière peut
bien rehausser
le
prix
sans
concerner
la personne.
Enfin,
cette
personne vendue
ne
l'est pas pour une durée déterminée,
le vendeur
s'en dessaisit
définitivement
et.la laisse en propriété pour toute
la vie ~ l'acheteur.
"t:.mp.
p a u r
d _
1:'r . . ".:I. 1 1
.... :l.acl_
:l.11:1.m:l."' __ •
d_v~.~d""_~1:'
_u_.~"t:a~
... "1_.
• "'1='10"" ...... .,.. ..
(23) .
Le concept
d'appartenance
retrouve
ici son sens plenier
saisi par
Aristote.
Le travailleur salarié,
même en tant que force
de travail,
n'appartient
~
aucun
suJet;
s ' i l appartient pour la
durée de
ses contrats,
ce n'est pas au capitaliste individuel,
mais
c'est ~
la
classe
des
capitalistes,
dans le système politique et
économique qui
est
celui de la société bourgeoise.
Au vrai,
ce qui
appartient aux
capitalistes
c'est
l'emploi de la Çorce de travail
des ouvriers,
leur
travail,
ce
n'est
nullement
leur
force
de
travail, partie
essentielle
de
leur
personne,
ainsi
que
Marx
l'affirme dès
les
Formen
(Grundrisse I
1980
436).
L'esclave,
au
contraire,
en
tant
que
force de travail et personne tout entière,
appartient directement
~
un
sujet,
au
maître
singulier qui
l'a
a,.:quis
(24).
Vient,
en
deuxième
lieu,
le
procès
de
production.
Le
travail servile
est
caractérisé comme un type de travail
forcé,
le
travail forcé immédiat.
D'abord,
quant à sa durée,
il est coextensif
~ la
vie tout entière. C'est après la signature de son contrat,
une
fois sa force de travail vendue, que le travailleur salarié subit le
travail forcé
sur
le
chantier, dans l'usine ou la mine.
Une telle
médiation n'existe pas pour l'esclave.
A l'esclave,
la domination du
maître, dès
l'achat,
commande le travail continu toute l'existence.
Machine de
travail,
machir~ de travail vivante,
tel il est,
tel il
reste, en
activité
permanente
jusqu'à l'usure.
Aucun répit,
aucun
repos,
aucun
loisir,
si ce n'est celui que daigne lui consentir le
Olaîtl~e .

130
Ensuite,
le
concept
s'~pplique
~
un
objet origin~l du
tr~v~il. L'emploi
du s~l~rié est stipulé d~ns le contr~t du tr~v~il
l'~ffranchi
peut,
comme
c'est le c~s des Nègres de l~ J~m~ique,
tOIJ\\"nel~ le
dos
~
l.:l
vie
s~l~l~iée .-et
l~êintêgl~el~
pl.Jl~ement
et
simplement l'~griculture d'~utosubsist~nce. A l'escl~ve l'~rbitr.;)ire
du m~ître
impose
les
fonctions
et
les t~ches qu'il veut d~ns le
ch~mp de l~ division du tr.;)v~il.
Enfin,
pour
M~rx
qui
ne
pense
princip~lement
qu'~ux
so,iJ.étés es'.:l~v.;)gistes,
le '.:ontl~ôle dlJ pl~o'.:ès dlJ tl~.::Jv~il est ~sSIJl~é
p.::Jr des
intend.::Jnts,
libres d'user des moyens de punition extrêmes,
tel le
fouet.
De
ce
système
découlent les .::Jutres p.::Jrticul.::Jrités
conséquentes du
tr.::Jv~il de l'escl~ve
l~ cr~inte, 1.::J monotonie,
le
tl~.::Jditionn.::Jlisme, 1.::J
l~el~tive
impl~od'J,:tivité.
On
l i t
d.::Jns
Un
,:h~pitl~e
inédit du C~pit~~
_ ... ::Lv.ni:'
1 . _
conc:l:i't::ion.
_ H~g_
qU_
1 _
produc~::Lon
.~~d.p1:'.
e u
Mod_
d _
1:'r_v.::L1
qu::L
u n e
~o:i. :in't:~oc:lu:i't: .e ~.p.'t:e :in1 •••• b1eMen't:" (1971
216) .
Vient,
en
troisième
lieu,
le
procès
de consomm.:ltion.
Comment l'escl.::Jve
est-il
rémunéré
?
Deux
différences
sous
ce
r.::Jpport.
D'.::Jbord
d.::Jns le s.::Jl~ri~t, le s.::Jl.::Jire voile d'une .::Jpp.::Jrence
de p.::Jiement
le
tr.::Jv.::Jil imp.::Jyé du s.::Jl.::Jrié.
Ici,
c'est le contr~ire.
P~rce que
1.::J
rel~tion
de l'escl~ve .::JU m~ître ne repose p.::JS sur un
contr~t, le
temps
o~ l'escl.::Jve tr~v.::Jille pour lui-même ressemble à
un tr.::Jv.::Jil pour son m.::Jître
(25).
Ensuite,
contr.::Jirement ~u
s.::Jl.::Jrié, l'escl.::Jve
reçoit
non p~s un s~l~ire m.::Jis une subsist~nce,
et il
1.::J reçoit selon trois critères
en n.::Jture,
1.::J même qU.::Jntité,
l~ même
qU.::Jlité.
Chez lui l~ consomm.::Jtion est const~nte, alors que
chez le
m~ître
il
y
a
hyperconsomm.::Jtion,
il
y
~ consomm~tion
ostent~toire et illimitée.
2. L' é,:ononlie es,.::l.::Jv,nqiste _ ~it,ndes et formes
Sur la b.::Jse du concept scientifique que voil~, Marx intro-
duit dans
la
spécification
du
mode de production capitaliste une
typologie des
é,.::onomies
eSI.::l;.)v~gistes.
D.::Jns
Le
C~pit;;Jl,
singulièrement ~ux
Livres
l
et
III,
l~
coincidence entre ordre
hiêr~rchique -
inférieur/supérieur
et
ordre
chronologique
antérieur/postérieur -
confère
~
la
distinction
des
formes
u~
c.:lr.::Jctère de
succession
historique
progressive,
c'est-~-dire
de
st.;)des. Qu'est-ce
donc
que l'économie escl~vagiste?
Quelles sont
ses formes
historiques
?
Quel
est
le
statut
de
l'escl~v~ge
patl~ i ~1"::.::Jl ?

131
Partons de
la définition que,_dans l'Anti-DUhrinQ,
Engels
donne de l'économie politique,
lato sensu -
cette science historique
(dont l'objet
est
soumis
~
l'évolution),
cette
science
anthropologique
(dont
l'objet
concerne
la totalité des formations
sociales),
cette
science
comparative
que
Marx
est
seul ~ avoir
inaugurée dans
cette acception.
Et considérons son objet
:
"science
des lois
qui
régissent
la
production
et
l'échange
des
moyens
ma",=él~iels de subsistan,.:e dans la so,.:iété hlJmaine" (26). Tel est bien
dans cette acception l'économique pour Marx qui le prend comme objet
immédiat d'analyse
alJ
début
des
ManIJS'':I~its
de
1857
1858 OIJ
Grundrisse et
en
considbre
les
éléments
comme des membres d'une
"totalité,
"des
différences
au
sein
d'une
unité"
production
matérielle, distribution,
échange,
consommation.
"Une
produc~~on
d.~.rm~n• •
d.~.rm~n.
C e . e )
u n e
~on.omm.­
~~on.
u n e
d~.~r~bu~~on.
un
.~hGng_
d.~.rM~n• • • ~
d • •
r . p -
por~.
d.~_rM~n..
q u e
c _ _
d~~#.r.n~.
_o_.n~.
on~
.n~r.
_ U H "
Gundrisse 1
1980 : 34.
La première
grande
distinction
marxienne,
nous l'avons
rencontrée,
oppose,
suivant une distinction attestée chez Aristote,
économie naturelle et économie marchande.
Dans l'économie naturelle,
celle des
sociétés
vouées principalement ~ la production des biens
de consommation
et où la valeur d'usage domine,
est remarquable une
séparatiori incomplète
des
hommes d'avec les conditions naturelles,
inorganiques de
la
production,
et
par
conséquent les conditions
d'échange avec
la
nature
ou
d'appropriation
de
la nature.
Font
partie de
cette
catégorie
les
économies des sociétés communistes
primitives, celle
des
sociétés
antiques
et
celles
des sociétés
féodales que d'une facon générale nous nommons sociétés tributaires.
Dans l'économie
marchande,
celle
des
sociétés
engagées
dans la
production des
bidns
d'échange et où la valeur d'échange prédomine
sur la
valeur d'usage,
au contraire,
la séparation entre les hommes
et leurs
conditions
inorganiques
d'échange
avec
la
nature
est
consommée. Seules
les
économies des sociétés capitalistes relèvent
authentiquement de cette dernière catégorie.
L'économie esclavagiste
ne
se
confond ni avec l'une,
ni
avec l'autre
catégorie d'économie;
mais elle participe de l'une et
de l'autre
dans
une
certaine mesure.
Faut-il la définir comme une
économie où
le
procès
de
production
a
pour
but
la production
d'esclaves?
De
telles
économies existent,
par exemple celles des
Etats guerriers
du Soudan-nigérien comme l'Etat bambara de Ségu qui
seraient nés
ou
se
reproduiraient
par
l'économie
de guerre,
la
capture et
la
vente
des
captifs
(27).
Toutes
les
économies
envisagées n'entrent
pas
sous ce concept,
bien que cette
fonction
paraisse
être
l'une
parmi
d'autres
fonctions
d'une
forme
de

41
132
J
l'économie escl~v~giste.
Est-ce
une
économie
oD
les
escl~ves
occupent une pl~ce prépondér~nte d~n5 la production,
c'est-~-dire oD
l'escl~v~ge
est
la forme principale de production?
Nan plus.
Deux
économies se
trouvent
d~ns
ce
c~s.
~~rx
les désigne d'un terme
précis
système esclav~gist.-. Il s'~git des économies de l~ Grèce
et de
la Rome classiques d'une part,
et des économies des Amériques
modernes d'autre
p~rt.
C'est
d~ns
le
même
sens
que
les
~nthropologues tels
Meill~ssoux
et
Terr~y
c~r~ctérisent
les
économies de
cert~ins Et~ts d'Afrique occident~le : Ségu,
Songhr~ï,
D~homey, Gy~m~n
(28).
L~
troisième
forme,
qui présente une autre
'~al~,~tél~istiqIJe, pOl~t€~
un
a'Jtl~e
nom
~IJssi
pl~é,:is: es'.::l~vagisme
p~triarc~l,
selon
la
traduction
de
M.
Rubel
d~ns
les Editions
G~llimard, système
d'escl~vage patri~rc~l, si nous nous en tenons ~
la tr~duction
de
Mme.
Cohen-Solal
et
de
Gilbert B~dia d~ns les
Editions sociales.
Comment
donc entendre cett~ c~tégorie marxienne
conlnle ':on,.::ept ?
Une indication
d'Engels
nous y ~ide.
D~ns les M~nuscrits
pOU1~ l' "Anti-DUhring"
(29).
Engels affirnle J:I pl~OpOS de l' Ol~ient que
l'esclavage domestique
constitue
la base de l~ production,
non p~s
directement,
"mals
indirectement en tant qu'élément de la famille".
Par la
reproduction,
en
effet,
les
femmes
esclaves donnent des
producteurs supplément~ires
J:I
l~
maison
de leurs maîtres.
Or, si
dans cette
hypothèse
de
l'escl~v~ge
féminin
des
harems,
l~
constitution de la b~se est indirecte,
celle-ci devient directe ~ un
degré plus
ou
moins élevé dans l'hypothèse de l'escl~vage m~sculin
et féminin
des
"commun~utés
naturelles",
agricoles ou pastorales.
Mais de
Marl< IIJi-même nOIJS avons une pré,.:ision de l' Intl~odu,:tion de
1857,
à
l'époque,
il est vl~ai, de l'ambig'Jïté dlJ ':on,:ept d~es,.::lave :
"En
1 .
p . r . o n r. •
c::I#_.~
1#~n.~rUM_n~ d _
produc~~on q u ' o n
d.~ob_
d~r_c~_m.n~.
H.~ •
• 1 o r .
1 .
produQ~~on du
P.Y • •u
pra~~~
d u q u . 1
1 · • • Q1.~• • • ~
d . r o b .
do~~
.~r • • r~~Qu1 • •
d .
~.11.
_or~.
q u · . 1 1 .
p.rM.~~•

~Q.)
~ 1
c o ..... r • • poncl.·· .
1980
: 32
Le présupposé
de
l'acquisition d'esclave,
c'est donc que
l'~cquéreur articule
son
économie pour y faire pl~ce ~u tr~v~il de
l'esclave, ou mieux,
ainsi qu'on le voit en Amérique,
pour mettre en
pl~ce un
mode
de
production
~déquat.
En somme,
est escl~vagiste
l'économie qui
fait
une
place
au
travail
de
l'esclave,
que ce
tr~v~il produise
des
v~leurs
d'usage,
des v~leurs d'éch~nge, des
services, ou comme nous dirions aujourd'hui des v~leurs symboliques,
bref qu'il
soit
trav~il
d~ns une économie "naturelle" ou d~ns une
économie march~nde (30).
J

C'est d.::ms
le Gl~urldl~isse et Le. C-::lpit.:ll pl~in,:ip-::llemer,t qlJe
M-::ll~:'~ .:ll~tic'Jle sur les fOl~mes, 1elJl~ genèy,
leul~ fon,:tionnemer.t,
leul~
dissolution les
thèses que p~r -::lilleurs Engels développe d-::lns Anti-
DUhl~in9 et L' Ol~igir,e de }.-::l f.::lmi.l.le ...
Suivorls p-::ll~ '.::onséq'Jent d-::lns ,:e
dernier ouvr-::lge,
le ch-::lpitre IX -
B~rb-::lrie et Civilis-::ltion -
o~ le
schém-::l de
l-::l
morphogénèse soci-::lle est systém.::ltisé.
Trois formes se
succèdent en fonction des progrès de l-::l division soci-::lle du tr-::lv-::lil .
..
Une èl~e
S-::lns
es,.::l-::lv-::l-ge les pl~é,.::èdent, si l'on tient pOU1~
nul et non -::lvenu le postul-::lt spécul~tif de l'escl-::lv-::lge en germe d-::lns
1-::l f-::lmille qui -::l m-::lrqué L'idéologie .::lllem-::lnde.
Engels consomme cette
rupture p-::lr
une
-::lffirm-::ltion
de
principe
et
des
illustr-::ltions.
L'histoire des commun-::lutés n-::lturelles
(tribu ou vi11-::lge)
qui -::lv-::lient
pour c-::lr.:lctéristique
l-::l
propriété
colle~tive
du sol se scinde en
deux ères
en
effet
une
ère
-::lV-::lnt
l'escl-::lv-::lge
et une ère ob
l'escl-::lv-::lge existe,
m-::lis
"joue
un rale très subordonné".
Ainsi en
fut-il de
l-::l
Rome primitive, comme cité p-::lYS-::lnne,
qui n~quit entre
les VII
et
VIe
siècle
.::lV.
J.C.
de
ce
que
les
historiens
contempor-::lins nomment
période
des
c-::lb-::lnes;
or des rois étrusques
jusqu'~ l-::l
seconde
guerre punique
(218 -
201),
les escl-::lves furent
peu nombreux
~ Rome
(31). Ainsi de l~ société trib-::lle des ch-::lsseurs
"communistes" -::lmérindiens
-::luxquelles
on
pourr-::lit
r.:lpprocher
les
sociétés préservées
de
l'escl-::lv-::lge
jusqu'~ l'époque contempor-::line
(p-::lr exemple
les GU-::lY-::lki) et celles qui le pr-::ltiquèrent ~ un moment
de leur
histoire (les Chinook).
Ici et l~,
nous -::lvons -::lff-::lire ~ des
sociètés de
type
gentilice
et
S-::lns
cl.::lsses,
qui
ne
connurent
d'èch.:lnges que spor-::ldiques .:lU moins d.:lns leur ét.:lt primitif (32).
L-::l première
forme de l'économie escl.:lv~giste qui f.:lit son
-::lpp.:lrition est
l-::l
forme
p.:ltri.:lrç.:l1e.
A son propos,
nous préférons
retenir l.:l
dénomin.:ltion
de
système d'escl.:lv.:lge p.:lt~i.:lrc.:ll pour l.:l
r-::lison que
le
terme
.:lmbigu d'escl.::lv-::lgisme renvoie implicitement ~
l'idée d'une
doctrine
plutat qu'~ celle,
exclusive,
d'une pr.:ltique
O'J d' IJne
institlJtion.
Une
pl~enli.èl~e
gl~.:Inde
division
so,.::i.:lle
dlJ
tr.:lv.:lil a
déterminé
cette
forme
: celle qui oppose l'~griculture
céré.:l1ière,
f-::lvorisée
p-::lr
le
progrès de l-::l mét-::lllurgie
(bronze)
~
l'élev-::lQe des
steppes
et
des
H~uts-Pl-::lte.::lux
d'Asie,
que
M-::lrx
suppos.:lit ~
tort comme ses contempor-::lins être l'-::lctivité productive
-::lntérieure.
A
l.:l
suite
de
l'.:lpprapri.:ltion
priv.:ltive
du
bét.:lil
commun-::lut-::lire dont
les
chefs de f.::lmille se rendirent respons-::lbles,
gr~c~.:lu
progrès
de
l'-::lrtis-::ln-::lt
domestique,
gr~ce
-::lussi
~
l'existence d'une
monn-::lie
le bét-::lil -institution que M-::lrx tient
pour indissoci.:lble
du
troc,
lui-même forme primitive de l'éch.:lnge
(33),
vinrent
~
s'inst.::lurer
des
éch.::lnges
réguliers.
Lorsque 1-::l
productivité du
tr.:lv.:lil
s'-::lccrut
et,
s'~ccrut -::lussi
l-::l richesse,
,.

13{~
lorsque l'entretien d'une popul~tion excddent~ire devint possible et
que l'enrichissement exige~ un supplément de tr~v~il ~ l~ commun~uté
domestique l de nouvelles forces de tr~v~il devinrent indispens~bles.
C'est l~ guerre qui offrit ces forces d~trav~il. Comment?
Produit
de l~
guerre,
l'~sservissement
peut s'effectuer p~r deux voies et
présente ~u moins deux figures.
La voie immédi~te de l~ conquête,

le v~incu
est
~pproprié
~vec
son
territoire
comme
l'une
des
conditions de
l~
production,
~boutit
~
l~ figure coloni~lel du
th~te, p~r
exemple.
D~ns les Formen,
p~rtie des M~nuscrits de 1857-
18"8, olj
le
p~l~t~ge
entl~e
les
dew{
I.::on/.::epts
n' est
p~s en/'::OI~e
~bsolument consommé,
on
voit
M~rx
évoquer cette figure
(34).
Une
v~ri0nte de
cette
figure
serait
celle
du c~ptif déporté d~ns le
territoire du
v~inqueur.
Pour
s~
p~rt,
Engels n'envis~ge que l~
figure -m~rch~ndisel
celle
que
dessine le troc des prisonniers de
guerre contre le bét~il. Quoiqu'il en soit, c'est l~ que s'inst~urel
~ son
avis - et le f~it est tr~s import~nt -l~ première division de
l~ société
en
deux cl~sses sociales,
dont l'une exploite l'~utre :
l~ cl~sse des m~îtres et l~ cl~sse des escl~ves.
De cet
esclav~ge
p~tri~rc~l,
les
textes
~
vr~i
dire
offrent qu~tre v~ri~ntes dont les profils ne sont que suggérés.
Il y
~,dirions-nous,
l'escl~v~ge
patri~rc~l
prim~ire,
~u
sens OÙ il
~pp~rtient aux premières économies escl~vagistes : en Grèce,
~ Rome,
en Amérique indienne.
C'est lui qu'Engels met en pl~ce. M~rx le cite
comme référent
pour mieux situer les syst~mes escl~v~gistes d~ns le
temps et
c~r~ctériser
leur
fonctionnement
structurel.
Quelques
détermin~tions
génér~les
ressortent
des
écrits
de
l'un
et
de
l'~utre. Le
premier
en
formule
trois.
D'abord
l~
spor~dicité.
Dispersé d~ns
les
cours des f~milles riches,
les escl~ves dev~ient
être l'objet
d'un
~pprovisionnement
irrégulier
en
r~ison
de l~
n~ture incert~ine
des
sources
de
production
l~
guerre
et
l'éch~nge. Ensuite,
p~r
voie de conséquence,
il y ~ l~ limit~tion.
Qu~ntit~tivement leur
nombre
ét~it moindre que d~ns les systèmes ~
venir.
Enfin,
du
point
de vue fonctionnel,
les escl~ves n/~v~ient
que le
raIe
de
simples ~uxili~ires. L~ seule détermin~tion que le
second formule
renforce
cette dernière: cet escl~v~ge n'eut qu'un
us~ge domestique,
~
fin~lités soci~les : les services et l'~pp~r~t
comme on
l'observe
d~ns
les cours des princes d'Asie et du Proche
Ol~ient .
Vient l'esclavage
p~tri~rc~l second~ire, celui qui ~ccom­
p~gne des
économies
d'Et~t tl~ibut~ire. Tel est l~ vari~nte ~ntique
qu'évoque M~rx
~
propos
de Rome d~ns le Livre III du Capit~l. Tel
l'esclav~ge domestique
des
théocr~ties
d'Orient.
L'escl~v~ge
de
forme patri~rc~le,
décelé
d~ns
les
économies coloni~les modernes
d'Amérique ~v~nt
l'industrie
cotonnière,
pourr~it
être
dit
terti~ire. Engels
n/~
p~s
négligé
de
souligner
l~
fonction de
reproduction imposée surtout ~ux femmes.
Qu~nt ~ M~rx, c'est lui qui
a formulé les trois détermin~tions complément~ires. Domestiques l les
escl~ves, soit
rend~ient des services nécess~ires, soit Jou~ient un
raIe d'app~r~t
ou d'ostent~tion. Parfois, comme ~ Rome,
par exemple
d~ns l'entour~ge
immédi~t
d'Auguste,
ils ont servi ~ d'~utres fins
en t~nt que moyens de puiss~nce politique (35).

HE
~.A;&g.S5 4
135
J
L;;} de'.J:·:ième
fOI~me d'é,.::onomie....es,.:l.:lv.:lgiste .:l nom
: système
esclavagiste.
Elle
vient au monde ~ la faveur d'une deuxième gr.:lnde
division sociale
du
travail,
celle entre agriculture et artisan.:lt.
Ce dernier
ouvre
l'ère
de
la
production
pour
l'éch.:lnge,
la
production m.:lrch.:lnde.
L'espace
du commerce des
frontières g.:lgne le
coeur de
l~
société tribale et l'outre-mer.
Comme le progrès de la
pl-od'.J,.:tion ;a,.:,.:r-oît
l.û
vale'.Jl'
de
l.:l for-,.:e de tl~;av.:lil, les es,.:l.:lves
affluent en
plus
grand nombre dans
les familles,
les ch.:lmps et les
;ateliers.
Telle
est
la
situ;ation
d.:lns
l;a
Grèce
et
l.:l
Roma
classiques.
L'esclav;age,
base
de la production dans l'agriculture,
l'industrie et
la
navigation
devient
le
compos.:lnt
essentiel de
l'économie'et
p.:lr
suite du système social.
L'argent ne cesse de se
développer.
La différenciation économique des communautés gentilices
et l' antagon i sme
entl~e
menlbl~es
de
l.:l
gens,
,.:réent l.Jfle nOl.Jve 11 e
division de
cl;asse
entre
riches
et
p.:luvres.
D'.:lutre
p.:lrt
l'acquisition de
1;;)
richesse
étant
devenue
un but de
la vie,
l.:l
multiplic.:ltion et
l.:l
régul;arité
des
formes
de violence
(l~apine,
pill;age,
usurp.:ltion)
tr.:lnsforment
la
guerre
en
"une
branche
perm.:lnente d'industrie".
Les
organis.:ltions
politiques
des
pays
deviennent de plus en plus militaires.
d -
Le tl~oisième stade .;.. le svstènle es,.:lavagiste évoll.Jé
Le système
esclavagiste
parvient
~
la forme achevée de
l'économie escl.:lv.:lgiste avec la troisième gl~ande division soci.:lle du
travail,
la division entre l~ ville et l.:l campagne.
Une classe
sociale
nouvelle,
étrangère ~ l.:l production,
surgit alors
avec pour particul~rité le pouvoir de s'assujettir les
producteurs,
c'est
celle
des
marchands,
m.:lîtres de
l'éch.:lnge des
produits.
Avec elle,
naissent et croissent la monnaie métallique,
le
pr-êt d' -:l"gent et l' t.Jsl.Jl~e, bientôt l' appl~opl"iation pl~ivée de la tel~l~e
et l"hypothèque.
L.:l fortune et non plus la naissance devient critère
principal de
la
différenciation
sociale.
Le commerce
d'esclaves
s'amplifia et
le
nombre
des esclaves augmenta, considérablement en
Grèce,
~ Rome,
mais sans que Jamais cependant on n'eGt ~ déplorer un
surplus d'escl.:lves.
A
Rome,
la
popul.:ltion servile en vint même ~
évincer la
population
pays.:lnne.
D'un
eSté
donc,
la
nouvelle
aristocratie de
la
richesse aux mains de laquelle se concentrèrent
argent,
terres,
industrie et masse d'esclaves,
de l'autre,
le peuple
des gens
pauvres,
et
plus bas,
les esclaves.
Ce fut dans
le cadre
des antagonismes
entre ces classes et pour contenir ces luttes dans
les limites
économiques
que
naquit
et
prit
corps
cette
autre
puissance:
l'Etat.

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réside en trois autres
tr~its. O'~bQrd
~et
esclavage
doit ~son
existence
~u
système
capit~liste ou bourgeois de deux m~nière5. Il présuppose en effet le
travail s~larié
et l'environnement d'Et~ts libres qui pr~tiquent le
s~l~ri~t. Il
n'est
possible
que
p~rce
qu'il
n'en existe p~s en
d'~utres points
du
système
bourgeois.
Il
suffir~it
d'isoler
l'escl~vage industriel
de
cet
environnement
pour
que
tous
les
él~lllents de
l~
sibJation SO,.::i;;'lle dE'S Etats es,.::lavagistes d~khoient
dans l'~tat
de
précivilisation.
Ensuite,
entre
l'un
et l'autre
système apparaît
une
contradiction.
En
t~nt
qu'il repose sur le
tr~vail fdrcé
immédiat,
le premier est une anomalie par r~pport au
second.
Cette
~nomalie
est
traduite
également
en
terme
d'incompatibilité.
Enfin,
dans la logique de cette dépendance et de
cette incomptabilité
structurelles,
l'esclavage
est
condamné
~
disparaître avec le développement de l~ société bourgeoise
(38).
Telles sont
les
raisons
pour lesquelles l'escl~vage est
une catégorie de la plus grande importance.
CONCLUSION
En définitive,
on le voit,
la contribution de Marx ~ notre
enquête préliminaire
sur
le
concept
dép~sse nos espérances et se
situe sur
le
plan
non
seulement
théorique,
m~is
encore
méthodologiq'Je.
Au plan théorique,
le noyau scientifique de l'apport aris-
totélicien s'enrichit
de
déterminations
nouvelles.
D'abord,
plus
qu'une simple
relation
sociale
de
propriété
et .. d'appartenance,

l'esclavage est
une
relation d'appropriation marchande qui
fait de
l'esclave un
bien
appartenant
~u
maître
en
bloc,
de
facon
définitive,
lui
et sa descend~nce. Ensuite,
la raison d'un tel état
de chose
est
~lucidée.
Selon
l'hypothèse
de
Marx,
la racine de
l'esclavage ne
se trouve pas dans l'ordre de l'échange,
précisément
de l~
circulation qui,
loin de créer le titre de propriété,
ne f~it
que le
déplace~
du vendeur ~ l'~cheteur, mais dans les rapports de
production,
qui
rendent
possibles
l'esclavage et sa reproduction.
Des économies où la valeur d'échange se développe simultanément avec
l~ valeur
d'usage
sont
seules susceptibles de montrer pourquoi et
comment des
êtres
humains viennent à être vendus et ~ être achetés
p~r d'autres
êtres
hum~ins
dans
des
formes
et
avec des moyens
institutionnalisés,
c'est-~-dire
d'engendrer
l'esclavage.
Enfin,
Marx ne
fait
pas
de l'économisme.
Du point de vue fonctionnel,
le
raIe de
l'esclave
n'est
p~s
unique
moyen de production et de
reproduction,
l'esclave
peut
être
aussi
un
instrument
d'usage
,
domestique,
un
instrument d'~ppar~t ou de luxe,
parfois un moyen de
puiss~nce politique.
AIJ pl.:lrI
méthodologi'1IJ(~,
M.::Jl~:-:
nous propose une typologie
des formes de l'économie esclavagiste qui présente pour notre propos

138
J
~u moins
un
double
intérêt.
Le
premier
intérêt,
proprement
méthodologique,
réside
dans
la
dém~rche.
Analysant,
dans
Stl~u,~tul~~lis.e et
di<'.lle ...::tique
(]9),
la théor'ie de Mal~:·:,
"le gl~and
penseur moderne
de la forme",
Lucien S~ve y voit quatre thèmes dont
tl~ois nous iapol'tent
:
les
fo\\~mes '~omme,.·lllembl~es d' une fOl~mation, les
formes comMe
logiques
m<'.ltérielles,
les
formes comme historicité.
S~ns doute,
è
notre
connaissance,
n'y
a-t-il
pas
aujourd'hui
d'historien ni
d'anthropologue
de
l'économie
qui s'accorderait ~
reconnaître dans
le
système
d'esclavage
patriarcal
une forme de
l'économie esclavagiste,
alors
même
que
Marx
nous
paraît avoir
ri1oureuse_en~ raison
de
qualifier
ainsi
toute
économique
qui
emploie des
esclaves,
puisqu'il distingue entre le degré relatif et
le degré absolu
(ou systém~tique) de cet emploi.
Pour
les historiens
et les
an~hropologues
en
général,
aujourd'hui,
une
économie
esclavagiste e.porte
nécessairement
un
système
de
production
esclavagiste,
un
système

les
esclaves
tiennent
une
place
prépondéran~e e~
jouent
le rôle principal dans la production.
Mais
chacune des
formes
désignée par Marx apparaît bien comme un membre
d'une foraa~ion
économique,
on
dirait aujourd'hui d'une structure
économique e~ CO.Me un membre d'une formation sociale,
elle apparaît
comme une logique d'un ordre matériel et non d'un ordre spéculatif;
enfin elle
apparaît
comme
un fait historique.
Considéré également
'~omme IJn
processlJs
historique le passage de l' es,:::l.:lv.:lge p.:ltr'i.:ll~':::.:ll
.:lU système esclavagiste .:l été non pas une mét.:lmorphose,
c'est-~-dire
passage d'une forae ~ une autre forme équiv.:llente ou de même nive.:lu,
.ais une
~ransformation,
c'est-~-dire
passage
d'une
forme ~ une
au~re essen~ielle.en~ différente
ou
d'un au~re nive.:lu,
ch.:lngement
réel de forae de l'économie et p.:l\\~ conséquent de la société.
L~ second
intérê~,
plutôt
théo\\~ique, de cette typologie
~~éside dans
le
s~.:lbJt
réservé
.:lIJ systènle d' es,:::lavage p.:ltl~i.:ll~':::.:ll.
QIJ.:ltl~e hypothèses
s' 'y'
,,'apportent
d.:lns
l.:l
fOl~mIJl.:ltion desqlJelles
Engels.:l
jou~
un
rôle.
Première
hypothèse
l'existence d'une
pér'iode ant:e-esclavagiste dans l ' histoi l~e. dOMinée p.:ll~ le ,:::ommunisme
primitif. Si
l'on
ne
peut
nier
le
caractère
historique
de
l'es,:::l-::l".:::lg'!! selon
le
.:::oncept
s,:::ientifiq'Je
pl'JS
h.:lIJt
développé,
l' hypothèse du
c:o."lunis.e pl'imi t i f
p~l~.:lît .:lventrJreuse. Al' heul~e oi)
des .:::herdhlE'llJrs co.me Alain Test.:ll't ':::l~oient pO'Jvoi\\~ restitlJel~ ):) ,:::elle-
.:::i 'Jn
fondeDlen~
obje,:::ti f
darls
l' hi stoi re,
d' .:lutl~es l.:l ,:::omb.:lttent
ave'::: ~Jelques
raisons
(R.
FOSS.:lel~t, 1980 : 379).
Dewdènle hypothèse
: bien
quE!'
1" escl.:lv..:::lge
p;;)tl~ial~,:::al
joue
IJn
l~ôle SUbol~donné d.:lns
l'é,:onomie sociale,
les
esclaves
n'.:lSSUnlent
p.:lS
moins
dans
l~
so,:::iété diverses
fon,:::tions
qui vont,
,.:omme i l vient d' êtl~e di t,
de
l.:l production ~ l~ procréation en p.:lss.:lnt p.:lr le service domestique,
le serv i ':::@
pol i tique et l' app.:ll~~t. Tl~O i si ènle hypothèse
: ,:::' es t
.:lve,:::
l' es'~l~vage p.atri~l~,~~l
q'Je
s' OIJV1~e
l' èl~e
de
l.:l
division
de l~
so.~iété 5alm,$
E1:at
en
classes so,~i~les. Erl tO'olt '~~s,
il
est !:tt!. des
fa,~b~1Jt~s iIl,ïsltoW'"iql.Jes ~e son inst.:lIJl~~tion.
Bi~n qu'il
soit
mis
en
place
~
partir
de
m~téri~ux
d' origi!f1I'e @ur·op~enne,
asi~tiqlJe
et
"3ft'1él~indienne,
,:e
':O\\~pUs
théor1q~;e1) tJnP.
fois
dépouillée de ses elénlents nlol~ts OIJ simplement
_al assurés,
n'est
pas
seulement
opératoire
dans
l'histoire de
l'E'Jl·ope.
od:~n5
l'histoire
de
l'Asie
et
d;jns
IJhistoil~e
de
l'AMériq~eJ il
l ' e s t aussi ~~ns le domaine de l'histoire afric.:line.
Il s'agit d'a~ministrer la preuve d'une telle conclusion.

ra ft
mPP1 'RPfr:!Ui'. _
Urt
$
' .
139
J
CHAPITRE
II
UN
CHAMP
OU
SE
DONNENT
DES
SOCIETES
DE
MEME
FORME
SECTION
1
LA BASE GEOGRAPHIQUE DU CHAMP :
LA ZONE FORESTIERE
SECTION II
LE CHAMP COMME PERIODE
1700 -
1920
SECTION III -
LE CHAMP COMME
FORMATION
SOCIALE
L'UNITE DES SOCIETES
ET LE TERRAIN DES
DIX SOCIETES-TEMOINS
SECTION IV . -
DANS LE CHAMP DELIMITE, UN T~RRAIN
D'ENQUETE PLUS LIMITE DE NEUF SOCIETES-
TEMOINS

1
SECTION
1
....
LA BASE GEOGRAPHIQUE DU CHAMP
LA ZONE FORE5TIERE
..
1.
Les l~;,)isons d' 'Jne dél imi t ...rtion
Dès lors
que cette étude av;,)it pour but d';,)pprofondir une
dé'=o'Jve\\~te f;,)ite
J!I l'o,;,=asion des enquêtes su\\~ Le système Politique
de LodJouk\\~ou,
t\\~ois
possibilités s' offl~;,)ient J!I nous de ':':"'Ioisi\\~ et
de délimiter notre champ d'étude.
Première possibilité
l'esp;,)ce
de
1;,) société odjukru.
Ici,
;,)ux
avant;,)ges
subjectifs
(société
f;,)milière,
;,)ssez connue)
s';,)jout;,)ient des
avantages
objectifs
(société peu étendue,
;,)vec un
système de
cl;,)sses
d'~ge permett~nt une ;,)rticul~tion chronologique
des faits
et f;,)cilit;,)nt une conn~iss~nce historique de l'objet étu-
dié).
H;,)is
le
système
des
classes
d'~ge
en
tant
qu'outil
de
connaiss;,)nce historique
fonctionne
d;,)ns
d'autres
sociétés
de 1;,)
région l;,)gunaire,
d'autre
part le c;,)dre monogr;,)phique s'est revélé
insuffisant et
in;,)pproprié
~ rendre compte de 1;,) nature du pouvoir
et de
l'organisation
politiques
;')5sociés ;,)ux classes d'~ge. Si un
esp;,)ce régional
;,)
été nécessaire pour ;,)ccéder J!I une explication du
pouvoir des
classes
d'~ge
dans
1;,)
société odjukru,
è
plus forte
raison l'est-il
pour
comprendre
un r;,)pport soci;,)l dans lequel ont
échangé sociétés
exportatrices et sociétés utilis;,)trices d'esclaves
l'esclavage.
Deuxième possibilité
l'espace
de
toutes les sociétés
lignagères de
l~
~ate
d'Ivoire
antécoloniale
sociétés
de
l'ensemble linguistique
gur,
sociétés de l'ensemble mandé,
sociétés
de l'ensemble
kru,
sociétés
de l'ensemble kw~. Ici,
non seulement
cet espace est trop vaste,
mais encore les sociétés trop nombreuses,
présentent une
grande diversité de milieux écologiques,
d'histoires
et d'organis;,)tions
sociales.
En outre,
depuis le XVIIIe siècle,
les
sociétés tributaires
qui,
ainsi que nous le verrons,
les articulent
aux espaces
économiques
soudan~is
au Nord et akan J!I l'Est les ont
géographiquement sép;,)rées.
Depuis,
sociétés de savane et sociétés de
forêt ont
suivi
des
développements
économiques
différentb,
les
premières restant
toujours
orientées
vers
les
pales de commerce
ni9éro-sénégalais et
méditerranéen,
les secondes vers les ports de
commerce atlantique
avec l'Europe et l'Amérique.
Ces trois motifs -
étendue de
l'espace,
nombre
de sociétés et évolution économique -
ont milité en faveur d'une étude ~ l'échelle d'une zone.
."
Reste donc
l~ troisième possibilité : les sociétés ligna-
gères de
la
zone
forestière.
Sans
doute
aux
frontières
septentrionales et
orientales de cette zone les sociétés lignagères

---~-
ont-elles subi
peu
ou pl~OU depuis le ~IIIe siècle l'influence des
sociétés tribut~ires
et
en
portent-elles
les
m~rques
que
nous
identifierons
<D~n-Kweni
Wenmebo,
Abê,
Aburé,
Essuma).
Toutefois
elles restent foncièrement et ~ domin~nte lign~gères. En outre,
dans
cette aire,
malgré
les
difficultés
énumérées
<nombre,
diversité,
méconnaissance globale)
trois
avantages appar~issent. D'abord, ces
so~iétés se
disposent
dans
un
milieu
n~turel
continu qui,
pour
présenter de la diversité n'en est pas moins homogène.
Géographes et
bot~nistes (1)
sont formels sur ce point.
Ensuite,
du XVIIIe siècle
au XIXe
si~cle,
dans
leurs sites individuels,
il s'~git des mêmes
formations sociales: c'est l'une des certitudes de l'histoire de l~
n~tion ivoirienne
qui
se
met
en pl~ce et que résument historiens
officiels et
historiens
~cadémiques
(2).
A
l'horizon
du XVIIIe
siècle se
rencontrent
s~ns
gr~nde
rupture
mémoires
orales
et
mémoires écrites.
Enfin,
sous leur diversité,
ces sociétés affichent
ég~lement les
mêmes formes d'organisation et les mêmes principes de
fonctionnement comme
nous
allons
le voir bientSt.
En bref,
sur la
même base
géographique,
le
ch~mp de notre étude désigne un espace
sociologiquement homogène et une période continue.
La CSte
d'Ivoire,
c~rré
grossier
d'une
superficie
de
312.000 km2,
inscrite entre les 4° et 11° de latitude nord,
2° et 9°
de longitude
ouest,
est
limitée au Sud par le Golfe de Guinée,
au
Nord p~r
le
M~li
et le eurkin~ Faso,
~ l'Est pal~ la République du
Gh~n~ et
~
l'Ouest
par
le
Libéria
et la Guinée.
Du 4° ~u 8° de
l~titude nord
la zone forestière pal~ opposition ~ l~ savane occupe,
amputée par
le
V
de la savane bawle
<interfluve Band~ma -Nzi), un
tiers de cette superficie, soit 112.000 km2. Ce q'Ji y fr~ppe d'abord
le géographe,
c'est la diversité ~ tous les niveaux.
Diversite des
formes
de
relief. Au Nord-ouest en effet,
voici,
retombée de l~ Dorsale guinéenne et,
tranchant SU1~ la plaine,
et se
prolongeant jusqu'~ Tuba,
la montaQne avec ses deux massifs:
le massif
du
Nimba
<mont Richard Molard 1752 m),
le massif de Han
<monts des
D~n: Momi 1302 m et mont Tonkui 1293 m ; monts des Tur~
: mont
Oulu 1170 m et mont Sangba ~
1072 m).
Au Centre, de la Comoé
supérieure Jusqu'entre
le
Sassandr~ et le Band~ma inférieur,
c'est
un monde des 91~cis, lui-même varié selon que l'an va du Nord ~u Sud
ou de
l'Ouest
~ l'Est et qui disp~r~ît ~ l'altitude de 200 m ;
les
gr~nds fleuves creusent leurs v~llées dans les surfaces des pl~teaux
ob dominent
des
buttes ou des collines eomme les collines de Hiré,
du Bawle
et
du
Bonguanu. La plaine elle-même est différenciée : ~
l'Ouest, de Tai ~ Divo et au long du littoral,
elle est granitique;
~ l'Est,
de
Divo
a la Comoé, elle est schisteuse. L~ eSte, mi
rocheuse et
mi-sabla-argileuse
sur
le
littor~l
occidental oÙ se
trouvent des caps rocheux et quelques falaises abruptes,
devient sur
le littoral
orient~l
une cSte b~sse et sableuse. Entre le littoral
et le
continent,
s'étend un bassin sédimentaire où dorment quatorze
lagunes:

l'Ouest
du
Bandama,
lagunes
Katibo,
Digbwe,
Tadio,
Nyuzomu,
Makez,
Tagba
~
l'Est,
lagunes
Ebrie,
AdJin,
Potu,
Kodiabue,
Hêbe,
Abi,
Tendo,
Ehi.
-_.._-----

1 "~ -.?
oi vel~S i té des
rég i mes
'.:: ri m.:lt i ques
et
du
l~ése.:lJ.J
hydrogr.:lphique.
Si
l.:l
S;;)V.:lne
f;;)it p;;)rtie tout enti~re des clim~ts
tropic.:lux,
l.:l
zone forestière s'inscrit d.:lns trois climats.
O.:lns l.:l
p.:l l~ t i e mé l" i d ion.:l 1e , l e
'.:: 1 i m.:l t
:t;! t t i é en,
d' Abe n 9 I.J l~ U - Tu Ol 0 d i
Jôl
SI.J b l~ e ,
pur.:lu
Sud-est
et
.:lU
Sud-ouest,
sec
sur le littor.:ll .:lU Centre,
co~porte qU.:ltre
s.:lisons
: gr;;)nde s.:lison des pluies
(.:lvril-juillet),
pelite s.:lison
sèche
.:lvec
h.:lrm.:ltt.:ln
(juillet-septembre),
petite
s.:lison des
pluies
(septembre-novembre) ,
gr.:lnde
s.:lison
s~che
(décembre-m.:lrs).
L.:l h.:luteur des prêcipit.:ltions .:lnnuelles v.:lrie entre
1400 Jôl
2500
mm
entre
les 4e et 5e p.:lr.:lll~les les tempér.:ltures
moyennes .:lnnuelles
se
situent
.:lutour de 26°,
Le clim.:lt b.:lwléen,
Jôl
qU.:ltre s.:lisons,
comporte
ég.:llement
une
gr.:lnde
s.:1ison
s~che
de
novembre Jôl
février .:lvec quelques précipit.:ltions.
Oe l'Est ~ l'Ouest
l.:l pluviométrie
p.:1sse
de 1100 ~ 1600 mm.
Les ~empér.:ltures moyennes
.:lnnuelles se
situent
.:lutour
de
26,5°
les .:lmplitudes moyennes
.:lnnuelles s'él~vent de 7 ~ 10° entre le 6e et le 7e p.:lr.:lllèles,
10 Jôl
11° entre
le
7e et le 8e par.:lllèles. QU.:lnt .:11.1 clim.:lt mont.:lgn.:lrd de
H.:ln,
il
n'est constitué que d'une s.:1ison des pluies,
longue de m.:1rs
~ octobre,
.:lvec
septembre
comme
mois
le plus pluvieux,
et d'une
br~ve s.:1ison
s~che
de
novembre ~ février,
.:1vec un mois de j.:lnvier
plus sec.
L.:l h.:luteur des précipit.:ltions s'êl~ve de 1600 Jôl 2500 mm ;
les tempér.:ltures
sont
plus
b.:lsses
qu'en
pl.:line,
l'humidité plus
élevée en
r.:lison
du
brouillard
continuel
et
de
l.:l
f.:1ible
éV.:lpotr.:lnspir.:ltion.
Le rése.:lu
hydrogr.:lphique
n'est p.:lS seulement diversifié,
les complexes
qui
le
constituent
et d.:1ns ceux-ci les unités sont
d'import.:lnce inég.:lle.
D.:lns
le
Sud,
des
gr.:lndes l.:lgunes uniss.:lnt
pl'.Jsie'.Jl"s pe'.Jples
<Ebl~ié,
Abi)
''::ôtoient
les
petites
l.:1g'.Jnes
.:lpp;;)rtenant ~
un
ou
deux
peuples
(T.:ldio,
T.:lgb.:1,
Ehi,
Tenda).
Plusieurs petits
fleuves
côtiers
entrent
d.:1ns
l.:l composition du
rése.:lu:
de
l'Est ~ l'Ouest,
1.:1 Bi.:l qui relie le Gh.:ln.:l Jôl 1.:1 l.:1gune
Abi sur
290
km,
1.:1 Hé
(140 km de long),
l'Agneby
(200 km de long)
sur lequel nous .:lurons ~ revenir,
enfin le Bubo
(130 km).
Des qu;;)tre
9T.:lnds fleuves
qui
.:lrrosent
le
territoire,
trois prennent leurs
sources en
Guinée
(le C.:lv.:llly,
le S.:1ss.:lndr;;)
et .:lU Burkin.:l F.:lsO
(l.:l
Comoé>. Seul
le
B.:1nd.:1m.:1
coule en terre ivoirienne de l.:l région de
Bundi.:l1i Jôl
L.:lhu.
Ensuite
ils sont inég.:lux p.:lr leur longueur,
leur
pente,
1.:l superficie de leur b.:1ssin vers.:1nt et leur n.:lvig.:lbilité.
Le plus
long,
l.:l
Comoé,
sur
ses
1160 km,
reçoit cinq
.:lffluents
(Diore,
Ba,
Béki,
H.:1nzan et Koss.:l)
;
il poss~de 78 000 km2
environ de
b.:lssin
versant
et
une pente moyenne de 0,25 m p.:lr km.
5.:luf les
r.:lpides
de M.:ll;;)mal.:lsso,
ses petites rapides que les autes
eaux peuvent
immerger laissent place Jôl la navigation.
Viennent deux
fleuves sur
lesquels
nous
nous
étendrons
plus loin
:
le Bandama
(1050 km,
97
000 km2 de bassin vers.:lnt,
0,40 m par km de pente)
et
le Sass.:1ndra
(650 km,
75 000 km2 de b.:lssin versant,
une forte pente
avant et
après Subre).
Long de 700 km,
;;)vec un bassid vers.:lnt de 28
800 km2,
le
C.:lv.:llly
a
une
pente moyenne de 0,85 m p;;)r km.
Douze
affluents le
grossissent
et· les rapides de Tai Jôl Grabo rendent la
navig.:ltion difficile
sur
le
cours
supérieur.
De l'Ouest è
l'Est,
l'abondance moyenne de ces fleuves va décroiss;;)nte.

..
k m 2 ) .
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D.ndGMe
..
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~7~.
4 0 0
_~
3 0 0
" . 3 / •
• pprOH~m_~~~_.)"
(3)
Diversité des
p~ys~ges
végét~ux
et
des
sols.
Les
bot~nistes (4)
identifient
cinq
secteurs
d~ns
cette
zone
: un
secteur ombrophile,
un secteur mésophile,
un secteur littor~l et un
secteur mont~gn~rd.
D~ns
le
premier
secteur
domine
l~
forêt
sempervirente, une
forêt
toujours
verte
qui
ne
conn~ît
jam~is
totalement la
défeuillaison.
Cinq
types
de forêts sempervirentes
sont reconnus
forêt ~ Eremosp~tha macrocarp~ et Diospyros mannii,
fod~t ~
DiospYros~. et Hapania ~., forêt ~ Tal"r'ieti~ l.1ti li. 5 et
CtH~ysophyIl il.1m perpul,=hl~I.1nl,
f ol~êt
~
U~pa'=a
es,=u 1 enta,
!:L...
91.1i neens i 5 et ,=hidl owi;:) san9ui ne;;),
fOl~êt ~ TU1~1~~eanthus ~fl~i,=anl.1~ et
Heisteri~ p~rvifolia.
La première forêt pousse soit sur des sols issus de roches
indifférenciées dont
la
capacité
de rétention en eau est moyenne,
avec au
moins
1700
mm
d'e~u
p~r
~n
et un déficit hydrique qui
n'excède p~s
quatre mois,
soit sur des sols issus de schistes ou de
roches b~siques,
dont
la
c~p~cité
de rétention en e~u est forte,
entre les
isohyètes
1700 et 1500 mm.
L~ deuxième s'observe sur des
sols proven~nt de schistes
(pluviométrie supérieure ~ 1700 mm,
2 ~ 4
mois de
saison sèch~) ou de migmatites et de gr~nites (pluviométrie
supérieure ~
2000
~m, 2 ~ 3 mois de s~ison sèche) dont l~ c~p~cité
de rétention
est
forte.
L~ troisième forêt est ~s50ciée ~ des sols
s~blo-~rgileux issus' de gr~nites ~ hypersthène de forte c~p~cité de
rétention d'e~u
en région ~ pluviométrie supérieure ~ 1700 mm et oÙ
l~ sècheresse
dure
de
qu~tre
~
cinq
mois.
D~ns
l~
c~s de l~
qu~trième, les
sols·indifférenciées possède une moyenne cap~cité de
rétention avec ~ne pluviométrie annuelle supérieure ~ 1700 mm pour 4
~ 5
mois
consécutifs
déficitaires
en eau.
La cinquième forêt est
liée ~ux
sables
au
continental
terminal
dans
les
régions
~
pluviométrie ~nnuel1e
supérieure
~
1800
mm,
pour
2 ~ 4 mois de
sécheresse.
Ici,
1~
forêt
dépend plus du climat que des sols.
Au
sein de
ch~que
type
on observe ég~lement différentes espèces,
les
unes propres
~ux
forêts
denses
humides
sempervirentes,
d'~utres
encore c~r~ctéristiques
de
ch~que
type,
s~ns
compter
les
particul~rités des
diverses
sav~nes,
des
sols
m~réc~geux
et l~
végét~tion spéci~le
des
rochers
ombragés ou découverts,
des t~lus
ombragés ou
découverts,
des
eaux
vives
ou des e~ux c~lmes. Sont
communes aux
différents
types de forêts sempervirentes les espèces
suiv~ntes:
HI.1nlir·i~'=ées,
r-~ubt::.!,:ée.2..L
!J...~:?~
es,=tjlerlt~
et
!:L...
Quineensis.
O~ns le
secteur
méscphile
domine
l~
forêt dense semi-
décidue,
forêt
dont
les grands ~rbres perdent presqu'en même temps
leurs feuilles et qui occupe également la savane.
Ici de même,
trois
types sont
disting'Jés
(fOI~êt
.b
~f;,lt.i~?_ spp.
et M.::lnsoni~ ~ltissim.::l,
val~iante à
~esoQol~d(lrIia
ei01.eaV€~l~.ii.gE:~l.
et ):U:!3lY~ j.vol~ensis, fOl~êt -'::l
A'Jb'~evillea Kp rstir..2i.t
et
J(t-!.....]-':o::i}. 9.!~.~}..r:!.g.LJ.l:>Jj:J)12)
;
d.::lns ,:es types se
..~

J
pl~esentent des
espè,:es
propl~es
·ùu:·:
fbl~êts
denses
h'Jmides semi-
decidues et des espèces c~r~ctéristiques de ch~que type s~ns compter
les forêts
m~rec~geuses
et
ripicoles,
les
s~v~nes
incluses
<.
rSniers,
ou s~ns rSniers et s~vanes éd~phiques>, les forêts-g~léries
~ssociees ~ux ruisse~ux et les îlots forestiers.
~
Le secteur
littoral
comporte
l~ forêt, le fourre et des
groupements herbeux.
L~ forêt littor~le, le fourre second~ire et le
recrG herbeux
poussent
sur
des
pseudopodzols
et
les
sols
ferr~llitiques fortement
dés~turés
qu'ont entr~înés les colluvions
des sables
du
continent~l
termin~l. Le fourré littor~l correspond
~ux sables
provenus
d'apport marin,
et la savane ~ux pseudopodzols
et aux
sols
hydromorphes.
Les
forêts de m~ngroves, les fourrés'
Acrostichum aureum
et
l~ prairie •
Pasp~lum vaginatum accompagnent
les sols hydromorphes • gley,
salés,
que travaillent les marées.
Le secteur
montagnard
se caractérise par ses v~riétés de
forêt,
ses
form~tions
herbeuses
et les form~tions ~ccessoires. L~
forêt dense
humide

P~rin~ri excels~,
qu'y soient ou non ~SSOCléS
des épiphytes
et une végetation des rochers ombr~gés et des r~vins,
est liée
~ux
sols
ferrallitiques fortement dés~turé5, r~jeunis et
rel~tivement profonds.
L~
forêt ~ Hemecylon f~sciculare et Eugeni~
leonensis constitue un clim~x éd~phique sur des sols peu profonds et
1 i thiq'Jes.
H~is en
même
temps
que
cette
diversité multiforme qui
~ffecte les
sociétés et leurs cultures,
la zone forestière comporte
~u moins cinq facteurs d'unité.
Noue voyons
le
premier
de
ces
facteurs
d'unité
d~ns
l'histoire géologique
<5>.
Elément
app~rtenant
~
l~
p~ngée, ce
még~continent du
Gondwana
que
l~
dérive
a
disloqué
~
l'ère
secondaire,
l~
CSte
d'Ivoire,
comme
le
reste
de
l'Afrique
de
l'Ouest, est
d' ~bord
'Jn
~
de
so,~le
"IJn
vaste
ensemble
essentiellement crist~llin et métamorphique zébré par le~ racines de
plis dat~nt
d'av~nt le primaire"
(6).
Dans ce socle,
les formations
archéennes du
Még~cycle
libérien
<2750 -
2579 millions d'années ou
H.~.> constituent
un
complexe
plissé.
Ce
complexe
contient des
migmatites et
des granites disséminés dans tous le p~ys, avec, dans
le Centre-Ouest
et
le Sud-Ouest,
des gneiss,
des amphibolites,
des
pyroxénites et
des
quartzites
ferrugineux.
Au
précambrien moyen
(2300 -
1700
M.a.>,
le
Megacycle
éburnéen,
inst~lle un système
Ol~ogéniq'Je • dew< comple:·:es plissés,
les EblJl~néides : d' une pal~t 'Jne
sémi-pl~te-forMe, circonscrite
~
l'Ouest
de
l~
CSte
d'Ivoire,
constitué par
le
socle
épiliberien
et
d'une
couverture
épicontinent~le (quartzites
ferrugineux>,
d'autre
part
un
9éosYnclin~1, représenté
par
des
laves
et
des
sédiments
métamorphiques et
qui
occupe
la
plus
large
partie
de
la CS te
d'Ivoire
(schistes,
flyschs>.
Le bassin sédimentaire cGtier de 8000
Km2,

~u
Crét~cé
(135 M.a.>
et oÙ dorment les lagunes depuis le
quaternaire,
constitue
la couverture du socle préc~mbrien. En somme
l'orogène éburnéen
que
les géologues qu~lifient de cr~ton érodé se
présente comme
une
plaine
en
pente
douce
vers
l~ mer ~vec des
volumes de
f~ible
importance
et de faible h~uteur. En génér~l
les
sols ivoiriens sont ferrallitiques et désaturés.


. ;
Le deuxième
et
troisième
facteur
d'unité
résident,
en
effet dans
le clim~t et l'abondance d'eau.
Au climat tropical ~ une
saison de
pluie de la savane s'oppose ici le climat guinéen,
climat
équatori~l de
transition
avec
deux
saisons
de
pluies.
La
pluviométrie maximale de l'unique saison des pluies en savane est de
35t) nlm
~
Odienné,
300
mm
);) Fer'kessed'.Jg'.J.
En fOl~êt ,=e nla:·dml.Jm en
petite saison
des
pluies,
au mois d'octobre,
atteint les chiffres
suivants:
Sass~ndr~
120
mm,
G~gno~ 170 mm,
Abidjan 190 mm,
Tabou
250 mm
; en Juin il est respectivement de 500 mm, 250 mm,
700 mm et
600 mm.
Ces
saisons
correspondent ~ deux processus liés. Dans son
mouvement propre
apparent
sur
l'écliptique,
le soleil, qui va de
l'Equateur vers
l'hémisph~re
Nord
coupe
l'équateur
céleste
aux
éq'JÎ nOl<es,
le
21
nlars
et
le 23 septembl~e. Dans le même temps,
1 e
régime équatorial
se déplace. Le Front de convergence Intertropical
(F.I.T.>, zone
de
confluence entre masses d'air d'origines boréale
et australe,
remonte
vers
le
Nord,
parce
que
la dépression de
l'~nticyclone centré
sur
le
Sahara
(celui des Acores et celui de
Lybie) se
résorbe,
f~it
place ~ de basses pressions thermiques et
parce que
ces b~sses pressions ~ttirent l'air humide,
le vent de la
mousson, qui
apporte
des
pluies
~bondantes.
Les
précipitations
restent plus
fortes
aux
extrémités
occidentale
et
orientale du
littor~l ivoirien,
plus fortes sur les altitudes que dans la pl~ine
; de
la
cSte
vers
l'intérieur
les
effets
de
la
mousson vont
dimi nl.J~nt.
Quatrième élément
d'unité
qui sert à qualifier l~ zone:
la forêt dense humide.
Caractérise le couvert végétal la densité que
Rougerie décrit
à
l'aide
de 'superlatifs de la quantité:
opulence
végétale, profusion
d'arbres
(7).
Cette densité est évaluée au très
haut pourcentage
de
phanérophytes
ligneux,
soit
80
/.,
à
la
prédominance dans
la
str~te
princip~le
entre 15 et 30 m d'~rbres
géants de
40
~ 60 m,
à
la proportion des lianes parmi les ligneux,
soit un
tiers.
Outre
cette densité,
ce couvert recèle des espèces
communes );) la forêt sempervirente et );) l~ forêt semi-décidue : Horus
nlesozygia,
Triplo,=hi ton
s,=lel~o:,Wlon,
'=ol~
cal~i'=aefolia 1
Gu~r'ea
cedrata, Ceiba pentandr~, Baphia nitida.
A cette
densité
et
);)
cette
homogénéité
s'associe
l'humidité. L'humidité
rel~tive
moyenne passe de 80 ~ 90 /. qu'elle
est entre
le
4e
et
5e
parallèles
~ 75 - 80 /. entre le Se et 7e
parallèles pour
tomber
~
70 - 80 % entre le 7e et iDe p~rallèles.
C'est que,
lié au vent de mousson qui apporte sil< mois de pluies,
on
trouve de haut en b~s, au premier niveau,
une mer des frondaisons en
contact avec
la lumière,
o~ ont lieu floraisons,
fructifications et
photosynthèse. Au fur et ~ mesure que l'on descend et que l~ lumière
manque,
l'humidité sur~bonde.
,
d . p a ... : l . 1 1 . .
d _
~r.1::"_n• • _
.'t:



1 4 6
d·.~.y~g-
M_~.
1 _
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d.~.ndr_ d._
. 0 1 .
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hUM~d_• •
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1 _
~r.du~._n~
r.r_~.
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p~vQ~.n~__
1:',... • •2.n"t:' . . . .
g.oph~1• • •
1VP.~.~._.
ou
~h.M.phV-~_.
....
Hou • • • •
Tl1
... cu.... g .... _ .
r.~ ('iJr."':L........
(8)
L'occup~tion humaine,
voil~ un cinquième élément d'unité.
Aussi loin qu'on remonte d~ns l~ préhistoire, cette occup~tion a été
parmanente,
~ voir les traces de toutes les cultures du p~ssé : tra-
ces r~res
de l'industrie
du galet (pebble culture)
sur le Bandama,
près Bouaflé, traces de l'industl~ie p~lèolithique (sangoen)
entre le
Nzi et
le
Comoé,
près
Bocand~,
d~ns les régions de Ndouci et de
Bingerville, traces
de
l'indutrie
néolit~ique
<Abidjan,
Lovidjê,.
Kosru,
Divo)
et
trace de culture métallurgique.
En particulier,
en
attendant de
nouvelles
découvertes
préhistoriques,
cette
zone
forestière de CSte d'Ivoire était au début du XVIIIe siècle du moins
l'habitat exclus~f des sociétés lignagères.
SECTION
l i
LE CHAMP EN TANT QUE PERIODE _
1700 ~ ~
POURQUOI CET ESPACE TEMPOREL DE 1700 ~ 1920
?
1. ETr
1920,
la colonisation met fin ~ l'indépendance ~
sociétés liQnagères
et
~
intègre les fragments ~ la
mise ~ place d'une nouvelle société
Que le
XXe
siècle
soit
le terme,
cela est une évidence
historique. La
plupart
des historiens ivoil~iens voient entre 1920-
1930 une
date charnière entre l'état social ancien et l'état social
nouveau qu'inaugure
la
colonisatioTr
(C.G.
Wondji,
1963 i J.
Bony,
1980 ; P.
Kipré,
1981
(1). En 1893,
l'Etat impérial francais crée la
colonie de
CSte d'Ivoire comme cadre géopolitique autonome.
De 1908
~1915, la
conquête
milit~ire
des
pays
de
ce
c~dre par l'armée
francaise,
ce
que par antiphrase le Gouverneur G. Angoulevant nomme
"La pa,:ifi,:ati.oTl
de 1;;) Cst€t
d' Ivoi.l~e" (1916),
nlet effe,:tivenlent fin
~ l'indépendance
de
toutes
les sociétés anciennes,
en particulier
celles dont
il est ici question.
En contrSlant désormais toutes les
structures politiques
et
les
voies d'échanges,
l'Etat colonial se
donne les
moyens
~ plus ou moins long te!me d'extirper l'esclav~ge
qu'il avait
déj~
aboli
dans
les
textes sans total succès depuis
1906.
le
XVIIIe
siècle
?
Deux raisons ~ cette

2.
Le
XVI I le
siè,.::le
est d' .nbOl~d Je ~loment des dm~nièl~E~S
l~estl~IJ,:tlJl~.ntions des so':iétés 1 iQn.nQèl~eS g.!:l 1.;) fOl~êt
Les dernières
gr.nndes
v.ngues de peuplement d.nns l.n forêt
rem.nnient les
sociétés
.nutochtones
p.nr
exemple celle des Akye et
,:eile des
Abê.
Les
tr.ndit.iorls offi,.::ielles akyé et abê
(Oian e.oni,
1970 et
H.
Nd.n,
1980>
(2)
les l~.ntt.n,:h.nnt Jl) l.n nligl~atiorl as.nr.te-
.ns.nbu,
des
rem.nniements
se situent donc Jl) l.n même époque que cette
dernière:
entre
1730
et
1750
(3).
H.nis
ces
rem.nniements
ne
ch.nngèrent p.ns,
semble-t-il,
l.n n.nture forestière des sociétés qui
reste lign.ngère.
A
cette
r.nison
d'ordre historique s'.nJoute deux
.nutres d'ordre méthodologique.
3.
Le
XVIIIe
siè,.::le
est
erlslJite
!:!.!!.
l~eeèl~e
histol~io
-
dictique essentiel
Par r.npport
Jl)
l'historiogr.nphie,
corpus
des
documents
écrits relatifs
Jl)
l'histoire,
nous
nommons
historiodictie
-. de
dictio = .nction de dire, locution -
le corpus des tr.nditions or.nles
.nyant pour
objet
l'histoire
dont
l.n
mémoire
collective
est le
slJpport.
L'importance du
problème de l.n mémoire historique d.nns ce
type de
société,
les
préjugés
qui
l'entourent,
les
conditions
.nuxquelles on
peut
l'.nborder
et
le résoudre ont été suffis.nmment
r.nppelées en
1981
par
Christophe
WondJi
(4).
En démontr.nnt que
toutes les
mémoires des peuples m.nnifestent leur précision .nu moins
Jusqu'au XVIIIe
siècle,
qu'Jl) p.nrtir du XVIIIe siècle l'.nlliance de
la documentation
historiodictique
et
de
la
documentation
historiographique permet
d'esquisser
une
histoire de l'escl.nvage,
nous prouvons le caractère soluble du problème.
A recenser
en
effet les ancrages sociaux de ces mémoires
(relations généalogiques,
déplacements des vill.nges,
décès des chefs
ou des
notables,
cré.ntions
et
rot.ntions
des m.nrchés,
cycles des
classes d'~ge),
on peut distinguer divers procès de mémorisation ou
diverses mémoires
mémoire
généalogique
des
lignages,
mémoire
topologique des
vill.nges,
mémoire
économique des peuples,
mémoire
politique fondée
sur
le
renouvellement
des
chefs ou des classes
d'~ge. Or toutes convergent au XVIIIe siècle comme .nu premier repère
essentiel en
amont
de
l'histoire.
Au-delJl)
elles
deviennent
ou
lacunaires ou vagues et très contr.ndictoires.
3.1. Pl~em ièl~e
1a
mémo i l~e
1 i~n.ngE",..~
Plut8t qu'un
relevé
systém.ntique des gêné.nlogies de tous
les inform.nteurs,
un éch.nntillon pris .nu h.nsard .n suffi.
.'

"
148
TABLEAU
f.
TABLEAU COMPARE DES GENEALOGIES D'INFORMATEURS
1 n f ol~m-!ltel.Jl~s
5
0
'.::
i
é
t
e
s
..
AII-!ldi-!ln :
KW-!ldi-!l
:
Neyo
:
Abê
:
Bete
NGE
:NGE
:NGE
:NGE
:NGE
:
:
:
:
:
:
:
:
A
1 n f OI~m-!ltel.Jrs nés
:
:
:
:
entl~e 1880-1900
3
:
1
:
1
:
11
:
17
:
:
:
:
Nombl~e de géné-
(3)
1
: (5)
1
: (7+)
1
: (4)
4
: (4)
3
..,
l~ations évoql.Jées
(4)
.:..
:
:
: (5)
1
: (5)
2
:
:
: (6)
4
: (6)
6
:
:
: (7+) 2
: (7+) 10
:
:
:
:
8
Infornlatel.Jrs nés
:
:
:
:
entre 1900-1910
2
:
2
:
6
:
2
:
6
:
:
:
:
NOllbl"e de géné-
(3)
1
: (6)
1
: (3)
1
: (5)
1
: ( 5)
2
rations évo(I'.Iées (5)
1
: (7+)
1
:
: (6)
1
: (6)
2
:
:
:
: (7+) 2
:
:
:
:
C
l nf ol~matel.lrs nés
:
:
:
:
entre 1910-1920
:
:
6
:
7
:
:
:
:
:
Nombl~e de géné-
:
: (5)
1
:
: (5)
2
l~-!ltions èvor.I'Jées
:
: (6)
3
:
: (6)
2
:
: (7+)
2
:
: (7+)
2
:
:
:
:
( NGE = le nombre de gènèr~tions évoquées est entre p-!lrenthèse)
pour dég~gel~
le
f-!lit ~ tr~vers une tend-!lnce. Les sociétés ~ f-!lible
mèmoire généalogique,
celle
de type m~triliné-!lire des Alladian p-!lr
exemple, ~ccèdent
elles
~ussi
~u
XVIIIe
siècle,
qu~tre
~
six
gènér-!ltions pour
des informateurs nés ~ l~ fin du XIXe siècle et ~u
début du
XXe
siècle
(M.
AUGE,
1969
: 103-122). Les autres vont
encore plus
loin
comme
le
montre
le
table-!lu
comp-!lr-!ltif
des
générations selon les ~ges des inform-!lteurs et selon les sociétés du
Tableau 2
. Précisément et exceptionnellemnt, Ghide Kre-!lhi
(Fig.
1)
et Seri
Bada
(Fig.
2)
de
la région de Subré font remonter leurs
généalogies respectivement ~ onze e~ quinze génêr~tions. Il est vrai
que ces inform-!lteurs bénéficient déj~ pour ce qui les concerne d'une
culture écrite.
Séri
Bada est un lettré,
ancien employé des Postes
et Télécommunic-!ltions.

1
GENEALOGIE DE GHUDE KREAHI
Patrilignage des BADAEWRUA
Chef de tribu, Kpada (Subre), le 1.12.1976
...
6-
GUI
.1
KPADA
l
GBOGU
l
GBAZA
l
KOKORE
BEDE
GBAZA
L
l
KRA
GNINIGBA
SUKU
l
"Zehili"
l
GBAKUI
ZADI
l
l
ZADI
LEGHUE
l
l
GAGO
KESSIE
l
l
GHUDE
KREBO
l
l
KREAHI
KPALU

Généalogie de SERt BADA de PITIGOA 1
Chef de canton, dikpe Lazoa (Subre)
1.12.1976
_.
6.
UPO
l
GBOGU
l
ZUZUA
l
KRIZA
lUPO
lSERI
lUPO
lKRIZA
!
MAHI
1
Li
6-
L:.
SERI
ZUZUA
SERI
l
l
l
Galla
BODJE
Galla
!
l
l
DODU
ZUZUA
DODU
!
!
!
Galla
lOGBO
KRE
l
,
l
l
SERI
GaTTI
Hia
!
l
l
Galla
GNAPO
BADA
1
~
SERI
___fig. 2 _
- - - - - -


1
3.2. OelJHiènle
P~rtout, ici,
les mémoires collectives reposent ég~lement
sur les
dépl~cements d'h~bit~t et ~rticulent leur profondeur sur le
nombre de
sites
dél~issés.
D~ns
l~ plup~rt des sociétés,
~ moins
d'@tre non
seulement
reliées ~ l~ mémoire géné~logique m~is encore
~jbol"'donnée ~
,:e 11 e-,: i ,
1~
mémo i l~e
topo 1og i qlJe ne pelJt donnel~ 1 e
rep~re chronologique
que nous cherchons. C'est que l~ c~us~lité des
dépl~cements d'~gglomér~tion est très compleHe relev~nt ~ l~ fois du
dom~ine sociologique
et
du
dom~ine
écologique
ou physique.
Fort
irrégulier, m~is
très
riche
en
signific~tions
sociologiques,
le
rythme des dépl~cements reste un outil difficilement utilis~ble d~ns
l~ chronologie de l'histoire glob~le des sociétés considérées.
Un eHemple
voici
le
vill~ge
bete
de
Gb~lebwo,
~ujourd'hui Seriyo,
de
l~
sous-préfecture ~ctuelle de G~gno~. Les
~nc@tres, émigrés
du
groupe Guibwo,
région de Subré,
pour délit de
sorcellerie,
l'ont
fondé
entre
G~gno~
et
Gueyo
sur l~ piste de
S~ss~ndr~. Brokoyo
s'en sép~re dès le 3ème site, Gbeuzoko ; vint le
tour de
sép~r~tion
de
D~koyo et V~lew~ ~u 7~me site,
Plihizêm. Au
p~ss~ge de
Thom~nn,
le "C~pit~ine Grêgb~", en 1902 ou 1906, D~koyo
se trouve
d~ns
son
4ème site. Pour les D~koyo, il y ~ onze sites,
dix dépl~cements
des
Gb~lebwo
dont
trois ont une c~use de n~ture
religieuse, cinq
une
c~use
de n~ture politique (guerre>, deuH une
c~use de
n~ture
historique
<longue
durée>,
l~ dernière une c~use
d'ordre s~nit~ire.
SelJle
l~
géné~logie
de Gn~hoa Ugehi
<Fig.
3>,
notre inform~teur, né vers 1890, ~u 2ème site de D~koyo ~ Totoy~zêM,
généalogie qui
remonte
~
six génér~tions nous permet de f~ire une
hypoth~se sur
l~
d~te
de cré~tion du vill~ge primitif : fin XVIIe
siècle début du XVIIIe siècle
<5>.
Au contraire,
d~ns
cert~ines
sociétés
comme la société
abê,
deux
c~uses
principales
détermin~ient
les
déplacements des
vill~ges, ce
sont
le
décès des chefs,
l~ c~lamité n~turelle ou le
dê~~stre historique
(épidémie,
inond~tion,
incendie>.
Certes,
des
c~uses second~ires
pOIJv~ient
intervenir
(prophétie et prescription
de devin
dans
deux des six déplacements précoloni~ux du vill~ge de
W~hin> i
certes
~ussi, l~ c~us~lité n~turelle pouv~it contre toute
~ttente jouer
p~rfois
un
rSle
prépondér~nt
(4
c~s
sur
7 ~~ns
l'histoire précoloni~le
du vill~ge de Gbessé>.
Toutefois l~ mémoire
topologique fondée,
soit
de
f~con
exclusive,
soit
de
f~con
domin~nte, sur
l~
liste
des
sites éponymes ~ssociés ~UH nouve~ux
règnes, offre
les
mêmes
repères
chronologiques
que
l~
mémoire
gêné~logique. Outil
~utonome
et complément~ire, d'us~ge délic~t et
limité,
il
peut
servir
~
contr8ler
les
autres mémoires et être
contralé par eux.
DeuH exemples suffisent ~ le prouver.
Voici d'abord Gb~tr~, village de deuxième génér~tion après
l' imnligr~tion ~kan
du
X\\,IIIIe
siècle
en p~ys abfL Seldn MIJto Anê,
ghêmin,
il
fut fondé par Morieyê Atê et son lignage, originaires de
Moriê, ~
l~
suite
d'une i~jure qu'~dressa un enf~nt autochtone au
fils de
l'allochtone Atê.
Depuis,
les deuH sites précoloni~ux et le
3ème site

la
guerre
coloniale
~ contraint les h~bitants ~ se
l~elogel~ portent
les
noms
des
fondateul~s. Pl~emi€~l~ si te
: 2:~::lrt5Iv,;l..I!.,

1
Arb.re généalogique
de GNAHOA UGEHI

..
Seriyo (Subre), 24.7.1975
î DJEBE
6 1 r " " - - - - - - - ------~6 Kehi
Seri
1Brika
6.----1-~6
Broh
Gnahoa
-1
1
6"------------.r-ZS
Rabe
Brika
Gbaate
Gnahoa Tabli
1
Kressu
Griza
1
Brika
; : ] p r e
1
Akpane
:::r GnaTUgehi
1
Bosse
Gnahoa G
Brika Séri
Alphonse

150
'~l~êé p.:ll~
Atê.
OelJ)dènle
si te : ~p.:lrlmOphoRlon ; ,.:hef
: Odu Kp.:lnlmon.
Troisibme site
Ori~-Anaho; chef:
Ori.:l Anê.
QU.:ltrième s i t e : Mgbe-
Aforoho;
chef
Mgbe
Aforo. Un même p.:ltricl.:ln donne ces chefs
:
Moriêyê Atê.
En
compt.:lnt
vingt-trente
.:lns
de
règne p.:lr chef en
moyenne,
nous
.:lvons 1910, d.:lte de l.:l guerre d'occup~tion fr.:lnC.:lise,
moins 120-80,
soit
1790-1830.
Gb.:ltr.:l
peut .;)voir été fondé soit ~
l'~xtrême fin
du
XVIIIe
siècle,
soit.;)u début du XIXe siècle.
Or
cette év.;)lu.:ltion ne se trouve p.;)s en trop gr.;)nde discord.;)nce .:lvec l.:l
mémoire géné.;)logique
de
Muto Anê,
l'inform.;)teur.
Né vers 1890 lui-
même,
il
.;)
pour .;)rrière gr.;)nd-père Mori@yê Atê,
lequel enf.;)nt.:l At@
Mgb@,
qui enf.;)nt~ Muto, qui enf.;)nt.;) Anê
(6).
L.:l même
concord.:lnce se retrouve d~ns le c.;)s de Mori@
(4).
Ici,
d~ns
ce
vill.:lge-mère,
un des plus ~nciens de l'histoire .;)bê,
seuls les
quatre
des
huit ou neuf sites sont éponymes ; toutefois
les chefs correspond.;)nt .;)ux toponymes des sites sont connus.
Oponon
1
OIJd.:l
?
Bedi~kon ou Bok.;)
II
For@t des NkokudJêleu
Kot.~hygbe'J
III
BebJbes.:lnde
Kw.;)gbelJ
?
IV
Forêt des RumodJêleu
Awoyo
V
K.:lng~ho
K;;Jng.:l
VI
AY';)Rlb.;)ho
AY;;Jnlb.;)
VII
Awo-ho
Boni, dit Kadibi
VIII
Ng'Jess.;)nho
Ng'_less;;Jn
IX
Après l.:l guerre de 1910
Bede Y'.answê
Le même
calcul
des
sites
nous conduit au XVIIIe siècle
entre 1700
et
1770. Ce que confirme dans les gr~ndes lignes et que
pr~cise d.:lns
le
dét~il
l~
mémoire
géné.:llogique
d'Oponon K;;Jng.;) ,
9hêmin né
vers
1890. A six génér~tions en amont,
~ 1;;J fin du XVIIe
siècle ou .;)u début du XVIIIe siècle,
l'a~eu1 Oponon fonde Moriê ~ 1.a
même période
que
le vill.:lge bete de Gba1ebwo.
Oe lui n.:lissent Bok.;)
et Ariko.
Kotchygbeu
et
Nguess.an,
fils de Bok.:l sont ses .;)rrières-
petits-fils. Nguess.:ln
enfante Krokp.;) qui enf.ante Kwadio,
Degbeu, et
Awoyo.
Kotchygbeu
;;J pour fils,
entre .;)utres,
Kwa
(dio)-gbeu,
Awoyo,
Degbeu,
K.;)ng.;) ,
Kr.akr.;) et Doru. C'est Kotchy Kr.;)kr.:l qui met au monde
Boni.
De Kotchy K.:lng.;) n.aissent Bedê Orumon, Bedê Akossi, Kotchygbeu,
Bedê OQonon.
L'infornl.:lteur
Oponon
Kang.;)
est
fils de Bedê Oponon
(Fig. 4> .
L.:l succession politique p.:lsse du père fond.ateur .:lu(x)
fils
d'.:lbord, .:lUX petits-fils ensuite, .aux .:lrrières-petits-fils enfin. Au
site II
règne
le
fils
de Bok.a ; .:lUX sites III,
IV,
V viennent au
'pouvoir successivement
des
frères,
petits-fils
de
Bok.;) ,
fils de
Kotchygbeu.
Ay.amba,
chef
régnant
~u
site
VI,
est petit-fils de
Nguess.:ln,
frère
de
Kotchygbeu.
Boni,
cousin
d'Any.;)mba
et
chef
régn.:lnt au
site
VrI, est petit-fils de Kotchygbeu ; il ser.:lit mort
pend.:lnt la
guerre
d'occup.;)tion.
Nguess.:ln,
dernier chef précoloni.al
est lui-même petit-fils d'AnY.:lmb.;).

~,
NEALOGIE DU Ghêmin OPONON KANGA
Oponon
DE MORlE PAYS ABE (Agboville)
1
le 1 .5.1975
6
..
Bediakon
1
6
6
"
Boka (Wagne)
Ariko (Afia)
CS
1
LS
Kotchygbeu
Nguessan
.
1
6
Li
6
6
6
6r>
6
Kwa(dio)
Awoyo
Degbeu
K nga
Krakra
Doru
Krokpa
\\
gbeu
1
E
6
6
6
6
A
A
A
r>
Bêde
Bêde
Kotchy-
Bedê
Orumon
Akossi
gbeu
Oponon
Kwadio
Degbeu
Awbyo
qegbokpolo
6
Kwadio
Faya
Bedé
6
Kotchy
Gnamien
Nkpe
~ Yansué
Wadja
Oponon Kanga
(1885-1895)

! ~ _1. 6
6
j
Djedje Kangah Boni Anoma Assongo Bêde
~
Fig. 4


J
151
En somnle,
si
dans
la
so,,:iti-t'é ;:..\\bê,
la mémoil~e des sites
éponymes offre
le
XVIIIe
siècle
comme
repère
chronologique
utilisable dans
l'histoire
glob~le
de
la
société,
c'est
non
seulement parce que la société ~ recu sa dernière vague d'immigrants
à cette époque,
mais encore parce que,
~ la succession patrilinéaire
du pouvoir
politique,
qui
obéit
à
la
loi
des générations,
est
indivisiblement liée
l'obligation
pour
le
nouve.::lU
chef
de
reconstruire un nouve.::lU vill.::lge à son nom.
D.::lns les
sociétés
ob
les
cl.::lsses
d'~ge ont un profond
enracinement historique
comme
l.::l société odjukru,
le XVIIIe siècle
constitue également
un
repère
important
à
un
double
titre.
Il
constitue ce
repère
d'abord
du point de vue de l'histoire m@me du
système des
,,.:lasses
d' ~ge. D.:Ins Le système po 1 i tique de Lod .ioukl~OU
(1980:
58-60),
nous
f.:lisions
en
effet
état des trois versions
rel.:ltives à
1.:1
genèse des cl.:lsses d'~ge en p.:lys odjukru : l'une 1.:1
situe.:lu
XVe
siècle
(1415)
et l'.:Issocie .:lUX ObodJlu comme cl.:lsse
i n.:lugur.:l le ,
l'.:Iutre 1.:1 situe au XVIe siècle
(1575) .:Ivec comme cl.:lsse
in.:lugurale les NiQbessi,
1.:1 dernière l.::l fixe au XVIIIe siècle
(1727)
en l'.:Issoci.:lnt
.:lUX
Mbedié.
Bien que nous .:Iyions retenu 1.:1 deuxième
d.:lte comme
hypothèse
de tr.:lv~il, il est cl.:lir que le XVIIIe siècle
reste en
tout
ét.:lt
de
cause
le
point
de
dép.:lrt
de
toute
historiographie odJukru
et
de toute histoire précise des rel.:ltions
entre cette société et ses voisines.
M.::lis,
par
là-même,
le
XVIIIe
siècle
devient un repère
d'une nouvelle
histoire soci.::lle et politique.
Dans l.::l mesure ob les
classes d'~ge ont renouvelé ici l.::l b.::lse soci.::lle du pouvoir politique
en incorpor.:lnt
les
jeunes libres,
puis plus t.::lrd les escl.::lves à l.::l
société politique,
le XVIIIe siècle,
hypothèse minim.::lle,
dev.::lit être
retenu ~omme b.::lse d'une recherche historique sur l'escl.::lv.:lge.
L.::l conscience
historique
des
ruptures qui se produisent
d.::lns l'ét.::lt
des
forces
productives
est
une conscience commune à
toutes les
sociétés
lign.::lgères
ici
étudiées.
Ont
m.::lrqué
ces
ruptures,
pour
les
Bete
septentrion.::lux
le commerce de col.::l et l.::l
cré.::ltion des
m.::lrchés,
pour les OdJukru et les KY.:lm.:ln le commerce de
l'or et
de
p.:lgnes
avec
les
B.::lwlé
d'une p~rt, et le commerce de
l'huile de
p.:llme
avec
l'Europe
d'.:Iutre
p.:lrt,
pour les Neyo,
les
Avik.:lm,
les
All.::ldian
et
les
Essum~
non seulement le commerce de
l'huile, m.::lis
encore
1.:1 n.:lvig.:ltion européenne à voile et 1.:1 tr.:lite
de l'ivoire et des escl~ves.
Gr~ce ~ux
études
d'.::lnthropologie
de
l'économie,
nous
S.::lvons que
les m~rchés bete et Kweni identifiés d.::ltent du m~lieu du
XIXe siècle
.::lU
plus t.::lrd.
De ces mmrchés,
nous .::lvons retrouvé deux
tr~ces, l'un à Kéibla,
groupe Bezebwo,
fondé p.::lr Gblé T~pê, .::lrrière-
grand-père de
l'informateur
Guedé
Lué Gaston,
chef du vill.::lge,

vers 1912,
l'autre ~ GOSS.::l, groupe DJetegUhe,
oeuvre de Godo Guezé.
M.::lis d'après
ces
mêmes
enquêtes,
ces
m.::lrchés
déjà
reconnus
pourr~ient n'être
que
des marchés de seconde génér.::ltion,
précédés,
par une
première
générmtion de marchés moins nombreux et remontant
au XVIIIe
siècle.
Trois données semblent plaider en f.::lveur de cette
hypothèse.


152
,.,.
D' "ilbor'd,
le
M"ilr,.::hê dit de T"ilpê Se\\~i,
p\\~emier' SIJ\\" 1.;:'1 liste
de Christophe
Wondji,
premier
m"ilrchê
d~
Zêblé,
si l'on en croit
Zegbehi Igbo
Joseph
de
G"ilbw"il,
"ilncien
comb~tt"ilnt de l"il g~erre de
1914, cl"ilsse 1916,
né vers 1896, p"iltricl"iln des Bl"il,
ce m"ilrché "il~r"ilit
été crêé
p"ilr ~n "ilrrière-"ilrrière-gr"ilnd-père de T"ilpê Seri, ~n cert"ilin
Neofte Dedji
q'Ji
"il p\\~"iltiq'Jé
le ,.::omn\\el~/.::e ~ l'instig"iltion de son fl"èl"e
Blé HUê,
vr"ili
"fond.;:'lte~r d~ commerce" d"ilns 1.;:'1 région. L' "ilctivitê et
le m"ilrché
p"ilssèrent
en hérit"ilge d~ Dedji ~ Dedji Kipré,
de Kipré ~
Kipré Gboto,
de Gboto ~ Gboto T"ilpê et de T"ilpê ~ T"ilpê Seri. Ens~ite,
~ ZepregUhe,
trib~
d~
même nom,
le m"ilrchê "ilttrib~ê ~ Z~ZW"il Gossé,
Gr"ilnd-père de
l'inform"ilte~r
Bol~ Bozw"il Fr"ilncois, né vers 1905, ce
m"ilrché l~i
"il~ssi
ser"ilit
fondé p"ilr ~n immigré Kweni de Gn"ilnblew"iln,
nommé Oj"ilgo ; or d"ilns l'''ilrbre génê~logiq~e, ce dernier se sit~e d"ilns
l"il génêr"iltion
de
l' "ilrrière-gr"ilnd-père
de
Gossé
Bol~,· père
de
l' inform"ilte~r, donc
~
~ne·
génêr"iltion
pl~s
je~ne q~e Nene Dedji.
Enfin, ~
T"ilg~r"il, gro~pe Gbebwo, Oogbo B"illw"iln Gilbert, né vers 1897,
f"ilit mention
d'~n
m"ilrché
crêé p"ilr son "ilrrière-"ilrrière-gr"ilnd-père,
Gble Gbogb~. L"il génêr"iltion des trois m"ilrchés nous donnent le t"ilble"il~
s'Ji v"ilnt.
1.
GAe.WAN
2. ZEPREGüHE
3.
TAGURA
B"illegUhe
dikPê Zepl~eQUhe
dikpê Gbebwo
Nene
Oedji
r:;ninib'Jï
e.lé
Dedji
Kipré
L"ilQo
(=Oj;;)go)
GboClb'J
Kipré r';boto
ZUZW"il
GogW"il
Gboto
T"ilp@
Gossé
Dodo
T"ilp@
Seri
Bol'J
Oogbo
Ser'i
Ob'J (,.::f. Zegbehi
B'Jzw"il
(1905)
e."illw"iln (1897)
Igbo 1896)
A q~"iltre
o~
cinq
gênêr"iltions,
si
ces
tr"ilditions sont
"iluthentiques et
concord"ilntes,
ces
m"ilrchés ou pe~t-être simplement
les "ilctivités
commerci"illes
de l"il première génêr"iltion se situent "il~
moment de l"il m"ilt~rité de leurs fond"ilte~rs, d"ilns l"il seconde moitié d~
XVIIIe siècle,
exceptionnellement
~
l"il fin d~ XVIIIe siècle o~ "il~
déb~t du XIXe siècle.
Or il
''1
"il mie'J:< : d"ilns S"il thèse \\~ê'.::ente SIJ1" Les éd","ilnges
d;;)ns la
régic,n de 0;;) 1o "il d'J XIXe s iè,.:: le Z! 1936, .J, Z'Jnon Gnobo ''::l''oi t
pouvoir situer
l' "ilvènement
du
commerce de col"il pl~s t8t, en plein
milieu du
XVIIIe
siècle,
en
l'''ilssoci''ilnt à
l'''ilncêtre éponyme,
Kwi
O"illo,
fond"ilteur de o"il 1o "il (Fig. 5> et ~ S"il mère N"ilzié.
· ' L · u n
d _
n o _
pr~nQ~p_UH
~n~orm.~_ur_
K~p1_
T~_gu1~.
n .
m.m.
~_r.
1.0~

S_p~.
< 0 . 1 0 . ) .
_.~
d .
1 _
g.n.r.~~on
q.~_
. a n
~au_~~
C _ b h u 1 0
ZOMU.
n .
v _ r _
1 9 0 '

Lab~_ • • ~r~~-~1.
5~~
a_n.r_~~an.
1 _ .
_ _ p.r_n~
d .
1 . u r
.no.~r_
aammun
Kw~
n_~_._nc_
d _
kw~
D _ 1 0
v e r s
~6'~-1699
.~
1·_ppGr~~~on du
aaMM.r~_
~O
-~_
p 1 u _
~ard.
~u
mom.n~- d .
_u
p1_~~.
m.~'~r~~.
v _ r _
174~-1749.
_~
~OU~
c
.~
m~1~_,~
d~~
1m _
_ ~.Q1_··
(7) 1
Pour les
OdJukru, ce moment de r~pt~re se situe ég"illement
au XVIIIe
siècle. Nous en "ilvons au moins trois indices.
D'abord,
la
,~lasse d'~ge des Sêtê de Bot.Ol~. née E~ntl~(.:? 1906 et 1912, l~epl'ésentée

--
- - - - - -
,.,
ARBRE GENEALOGIQUE de TYEBOLO ZOKU
ET DESCENDANCE
DE KWI DALO
D'après J.Zunon Gnobo
1981 :141
6
Dalô
6,;----1
Zoku
Lobe
6
Gei
li
li
ZS
6
Gei
Tyebhôlo
Zoku
Lago
Seli Li
6
Zawolê
1
l
Taoe
Zoku
l
1
Tyebhôlo
Gbëli Li
Tagôlo 6
l
l
l
Zoku
Kélê
Gbêtibuo
1
l
Seli
l
l
Gozê
Zawolê
Fig. 5
t--

SECTION
III
LE CHAMP EN TANT QUE FORMATION SOCIALE _
L'UNITE DES
SOCIETES (((\\r1-c-f,)
..
Lorsque,
~u
long
de ces deu~ siècles,
on porte ~ttention
~u~ form~tions
hum~ines qui ont élu domicile d~ns cette ~ire fores-
tière,
le premier f~it rem~rqu~ble. c'est l~ diversité,
l~ diversité
comme ~pp~rence, m~is ~ussi c6mme ré~lité.
Une phénoménologie révèle cette diversité sous
l~ forme du
multiple,
è
différents
nive~ux.
Voici d'~bord une ~ire dont on ne
conn~ît ~ucune
dénomin~tion
indigèn~ d'ensemble. M~gwê, Agw~, Abê,
Adisi
les
~ppell~tions
les plus ~nciennes connues ne recouvrent
que des
morce~ux
plus ou moins étendus de cette ~ire, ~ l'Ouest,
~
l'Est,
~u
Sud.
Derrière
ces
~ppell~tions synthétiques,
p~s moins
d'une trent~ine
de
l~ngues
;
ce
morcellement
est
tel
que d~ns
l'esp~ce l'intercompréhension n'~ll~it p~s de soi entre
p~r exemple
Bete méridion~ux
~dossés
aux
Godié
(Guideko,
Guibwo>
et
Bete
septention~ux ou orientaux voisins des Kweni
(Zêble,
Nekedi>.
A cette
multiplicité
sensible
~ l'ou~e s'adjoignent les
contrastes visibles
dans
le
type
physique,
l'h~bitat
et
les
pr~tiques économiques.
Aux
hommes
de petite taille
(lm59 chez les
Gb~n)
(1)
s'opposent
les honlmes de taille plus élevée
(lm65 -
1mBO
des ESSIJnla
et
Nzima)
(2)
;
dlJ teint ,;:l~ir' des uns
(~.ete -
Did~> se
distingue le
teint noir
jais des ~ut~es (Nzima, Abure,
Abê).
Tandis
que ceux-l~ portent des marques corporelles d'identité
(circoncision
et excision
des
Wê,
des Dan et des Wenmebo,
percement de l~ lèvre
supérieure,
taille
des
d~Dts-et cic~trices frontales des Gb~n, des
Kl~IJmen et
de
'=e,~t.:lins
e~ete)
{3> ,
,:eIJ:<-,:i
ne sOIJffr'ent d'aIJ,:I.Jne
t
,
f
-
empreinte ou
que
des
empreintes
d'ordre
esthétique
(traits
hOrizontaux .:lUX
commissures des lèvres,
par.:lllèles SUr la
joue: chez
les Akyé)
(4).
Alors qu'entre
1.:1 Comoé et le B~nd.:lm.:l s'égrènent
.:lU XIXe
siècle des
vill.:lges
compactes,
de
dimension
plus
ou
moins
considér~ble, c'est, entre le Sassandr.:l et le Cav.:llly, dans l'esp.:lce
B~kwé ~u
contr~ire
une
popul.:ltion
clairsemée,
correspondant aux
types 1
et
2.
de
la
classific~tion
hortonienne
des
sociétés
d' -3g1~i'=I.Jlte'.Jl·s'" <-5).
f1iel.J:<
SUl" les l.:lg'Jnes,
vill~ges SIJl~ pilotis
des Eotile
et
des
Ahizi
; dans
la forêt,
entre B.:Ind~ma et Comoé,
p
vill-3ges rectilignes
aux
maisons
rect.:lngulaires;
~ l'Ouest, chez
l@s Krumen,
les
D~n
et
les
Gb~n,
villages
-3UX m~isons rondes,
p.:Jrfois ~
irilpluvium.
Les
so.:i·4-té;; se ,tro!Jva:i~l)J', enfin ,,::ontrastées
par des
formes dominantes de la division soci-3le du trav~il : pêche,
artisanat et
troc
(Ahizi et Eotile),
pêche,
agriculture,
.:Irtis~n~t,
èchange
(A1I~di~n,
Avik~m),
~griculture-pêche, éch~nge
(Krumen,
Neyo,
OdJukru;
Kyaman,
Abure)
agric~lture-ch~s~e-cueillette,
'~"=;-,;jr"Je (fît.tl ,
()k,/~,
U-ete,
f>.akw@,
Gt..:Hi,
Dit:f<:\\!,
<:\\~Jl'i'~IJltul~e, ,.::h~sse,

- ~------~
LES SOCIETES LIGNAGERES DE LA FORET( xrXe s.
d'après la carte ethnique
de la l'Atlas de 'tôte d~lvoire
MAL 1
...
HAUTE-VOLTA
LIBERIA
-
---~-"~--'---'------=,---'--
- -...:=...
..- =--'=--=-=:::::::=::======1
GOLFE
DE
GUINEE
o
100 km
!
lww
GROUPES
MANDE
GROUPES "VOLTAIQUES
GROUPE
KROU
rg., Mandé du Nord
Sénouto
~
ou
Manding
~
GROUPE
AKAN
~
Mandé
du
Sud
Rg
Zone
de
peuplement
melangè

156
;:1l~tisJ:lnJ:lt, echJ:lnge
(Kweni,
WeT,mebo,
..o;:)n,
Wê).
A l'Ouest,
dODlÏnent
l'agriculture de riz,
~ l'Est l'ignJ:lme,
le manioc au Sud;
face ~ la
fabrication du
sel
sur
le littor;:)l
(Alladi;:)n,
Essuma,
Avikam>,
le
tiss~ge et la sculpture au Nord
(Kweni,
DJ:ln).
Mais au-del~
des
phénomènes,
l'anthropologie
sociale
~teste la diversité sous 1;;) fOl~me de di ffél~en'~es plus essentielles.
Derrière les
appellations
sus-dites,
dans
le
tissu
des
contemporaines ethnies,
c'était
un
foisonnement
des
véritables
peuples de
l'époque
précoloniale,
formations
territoriales,
conscientes de
leurs
identités
historiques,
politiques
et
culturelles
bloa
wê,
dikpi
bete,
goto
akyan ou ébrié, Jêbutu
odjukru,
~
dan,
~bini
neyo,
pli ou mli godie,
blogba krumen.
Au
XIXe siècle, on pouvait les compter p;:)r cent~ines si t;:)nt est que le
mercellement était
si profond : 9 chez les Kyaman et les Niabwa,
21
chez les
Bakwe,
52
chez
les Wê,
54 chez les Dan et les Kweni,
64
chez les Dida,
93 chez les Bete
(6).
Trois enseMbles
linguistiques
les
divisaient:;;)u Nord,
dans l'espace
préforestier,
l'ensemble
mande -
qui appartient aux
Oan,
Kweni,
Wan,
Mon;:), Ben et Gb;:m ;
~ l' OIJest,
l'ensenlble dit Kru
qui regroupe
les
W~, les Bete,
les Dida,
les Neyo,
les Krumen,
les
Godiè,
les Bakwé et les kw;;)dia ; au Sud-Est,
les langues des peuples
lagunaires et circum-lagunaires,
des Avik;:)m aux Eotile, des Alladian
aux Akye
qui
coïncident
avec
l'ensemble
Kwa.
Trois systèmes de
parenté traversaient
égaleMent
les
sociétés
les
sociétés des
dOMaines mandé
et
kru
participent
du
système patrilinéaire ; la
.ajorité des
sociétés
du
groupe
Kw~
constitue
le
systèMe
.atrilinéaire;
un
systèMe
patrilineail~e
à
filiation unilinéaire
spécifie qlJelques
sociétés
et grolJpes
: ab@,
abidji,
krobu, ahizi-
abra.
le::, systèMes
politiques,
à
propreRlent
p'::ll~lel~,
se
répartissaient non
pas
en
tl~ois
,~lasses,
,':Onlnle
notl"'e
essai
co.paratif l'avait
supposé,
voilà
dix-neuf
ans,
mais au moins en
quatre. Dans
la pre8i~re classe,
le pouvoir politique ap~artient au
lignage fondateur
du
village,
et
est
exercé
directement par un
.e.bre éllJ
par
le
lignage.
C;.lr;.l'.:tél~isons-le ,.:omme
r@l\\lÏnal,
en
e.pruntant
;:)ux
Ab~
la
désïgnation
du descendant du fondateur
<ih@.in OI.J
I~ênlin.
Telle ëtai t
le système en vig'Je'J'~ .:lIJssi bien ,.:hez
les .atrilinê.:lires
Abl.lre de "ossu,
Akye-Ketin,
Lepin et Nindin,
les
Ahizi-Ti.:lgba et les Atutu que chez les patl~ilinèaires Ab@, Abidji et
Krobu. Oans
la
detixiè.e
classe,
le
pouvoir
est
dévolu
à
un
personnage d'élite,
génê,"'alelDent
à
l.Jn
homRle
l~id"le q'.Ji,
olJtre s.a
puissan'.::e ~~konoll)ique
propre
~
p'~end'~e
en
,:hal~ge
les
fl~ais
de
représentation, de
së~urit~
de la communauté et d'émancip;.ltion des
cadets, est
'"'econnl.1
po'Jr
être '.JTI hORlme d' éq'.Ji té,
de s~gesse et de
paix. D'un mot Kweni, Mi90ne, Qui veut dire homme I~iche ou homme par
excellen':e,
nOlJ5
avons
désigné
,:e
pOUVOil~ : ~~OIJVOil~ migon;:Jl. Tel
@tait le
système politique des Dida,
des Bete,
des kl.,oeni,
des Gban,
~u .oins
de
be;;)IJ,~ol.Jr-
de groupes.
La t\\~oisième '.::lasse .:ombine de'Jl{
principes
le
principe
.igonal
d'essence
ploutocr.:ltique
et le
principe gérontocratique
la
délégation .:lutomatique du pouvoir à
l'homme libre
le
plus
3gé.
Le
système
des
Neyo,
de certaines
co••unautés abidji
et
ahizi
participait
de
cette
cl;:)sse.
La
quatrième classe est celle des sociétés qui
réservaient le pouvoir ~
un colle,::tif
la ·:lasse d'~ge (fok.\\.{~)
les KY.:lm;:Jn et les Odjukl~u
représentent ce système de pouvoir,
le pouvoir que nous qualifierons
de
f 0 k W ~S'.II_ .
- --._- ----_._--_.- --'-~~

157
.r-
Une dernière
différence,
de
n~ture ~ rendre compte d~ns
Jne cert~ine mesure d'une p~rtie de cette diversité, ét~it l'origine
ju peuplement.
Deux
séries
de
peuples
résultent
en
effet
j'immigrations dont
les
tr~ditions
portent l'écho.
Au Sud-Est,
l~
série d'~ffinité
~kan prend sa source immédi~te d~ns l'~ctuel Gh~n~
i
p-!usie'Jl"'S
v~glJes
d'~ge diffèl"'erlt l~ l"'epl"'ésentent : v~glJe Eotilé,
vague Essum~
-Aburé,
v~gue
de ceux que nous nommons p~r la l~ngue
originelle qu'ils
parlaient
ensemble
les AUron
(Avik~m-Alladi~n),
ultimes v~gues
du
peuplement
Akye et Abê.
Au Nord-Ouest,
l~ série
m~ndé ~ produit les v~gues Ben, D~n,
Kweni,
Gb~n, W~n, et Mon~n.
M~is sous
cette
divEr~ité
qui
ne
saur~it être niée ou
négligée était en même temps. l'oeuvre l'unité.
2. L' tJni
Entendons cette
unité
en
tous
les
sens
dlJ
nlot
articul~l~tion ou
lien,
homogénéité
des
structures,
identité de
celles-ci dans l~ forme et dans la durée.
Les anthropologues
comme
les explor~teurs ont fait cette
expérience:
de l~ Comoé au Sassandr~, de l'Océ~n •
la Savane,
d'Une
région ~
l'~utre
de
cette
zone,
et
~
fortiori d'une société ~
l'~utre, il y av~it des transitions, des liens,
comme une continuité
;
les populations des frontières,
nous y reviendrons,
~ssuraient ces
p~ss~ges ~ussi
bien
physiquement
que culturellement,
physiquement
parce disposées culturellement •
travers les éch~nges, les m~ri~ges,
le bilinguisme,
et
d'~utres
rel~tions
sociales.
Tout
suggère
l'hypothèse d'~
for'nl~tion
so,::i~le,
en
tel"'me
'':IJltIJl'''el
~
civilisation,
dont
les
diverses sociétés représentent des variérés
et des
figures.
Processus
de
peuplement,
structures
soci~les,
rapports de
production,
rapports de gouvernement,
b~ses culturelle~
concourent ~
valider cette hypothèse et constit'Jent des critères de
l' IJni té.
2.
1. P)"'enliel'" élénler.t et f.;lt:::te'Jl: :,J"Jnité _ le pro,.:essus de
pe'Jp lement
En part~nt
des
hypothèses
de peuplement ~ctuelles et en
admettant la
préexistence
de
stocks
plus
ou
moins
~nciens
de
peuplement depuis
la
lointaine
préhistoire,
la zone forestière ~
joué deux
rSles m~jeurs au moins.
Les peuples ci-devant cités,
dans
leur immigration,
y
ont trouvé un havre,
une terre d'accueil.
Ceux
d'Orient,
pour
la
plupart
du
moins,
y ont échoué quand la forêt
ghanéenne devint
inhabitable
~
cause des guerres que se faisaient
les nOUVeaux
Etats
en
m~l
d'hégémonisme.
De
l~
savane
o~ ils
résidaient d'abord,
ceux du septentrion s'y sont infiltrés,
poussés
par les
Malinké
~
la
recherche de cola et d'or.
Hais cette terre
d'accueil a
été
pour
tous
les
peuples
une
terre de mariage.
A
l'Ouest comme
~ l'Est du Bandama, frontière théorique des ensembles
linguistiques et culturels kru et akan,
tous se sont formés ~ partir
d'une base "ethniquement" hétérogène.
n la
formation
Wê,
cinq
souches ~u moins ~IJl"'·;lient pl"'is
p.:Jl~i:"
:
slJlj,~he
ancienne
ou locale des Sehinu,
souche wenmebo (Zw.;]-
gnon) ,
50IJ..:~he
m-:.l 1. i nke
(Sem i€HI ,
Kwa,
/? 1. "IOn),
sOl.ld-,e rri.:Jbl.,o;;)
(Gbao,

..
J
158
D~ho-Doo), souche
niedebw~
(Zer~b~on) ~ (7).
Six
·ou sept ~ur~ient
composé l~
form~tion
neyo ou du Nihiri
: souches loc~les, les unes
peut-être d'origine godié,. vr~isembl~blement en pl~ce ~u XVIe siècle
lors du
p~ss~ge
de
P~checo
Pereir~
vers
1505 -
1508
(Gn~ngbi~,
Gwedi~, Govi~,
Si~dubwo),
les ~utres peut-être de proven~nce b~kwe
(Ohibwo deNieg~),
d'~utres
encore
d'origine bete-kw~di~ (Upoyo de
E?oll"r'ê),
sou,:he
Kotroh'J
(S~h'J~
de
Bokr'ê), sOIJ,:he godié
(KudlJYo et
Legueyo de
Bokrê),
souche
B~kwe
(Missehi,
G~hulu,
K~drokp~,
E?~zer'eble), sO'J,:he

(Kebe
de B~ss~, L~teko, Gw~de, ... )
(S).
Les
dikPi bete
~ttestent
cette hétérogénéité. Sur dix-huit dikpi de l~
région de Subré, seuls deux
(Ikobwo et M~yo), ont une origine unique
(9),
form~nt
ainsi
des
tribus
au
sens
propre. Les ancêtres des
GneYokokogno~ dits
Kwadi~
proviennent de trois origines ~u moins :
bete
(Kot~,
fond~teur
de
Kwati vient du Bete-L~zoa), godié
(Akri,
fond~teur de
Guetebeu
vient
du
Godjibwo),
b~kwé
(Gueredji
de
LiliadJi, participa
~
l'établissement de Guetebeu ou Butubré).
Les
composants de
la
formation
abê
paraissent aussi bien provenir du
milieu que
d'autres
horizons
méridional
(Kyaman,
Odjukru)
et
orient~l <Akyé,
Any-Bawle).
Enfin
on
ne compte pas moins de sept
courants orient~ux
dans
le
peuplement
aKyan
(sing. de kyaman ou
Ebrié)
: autochtones Brekegon,
Abron
(Ashante), AbidJi,
Akye,
Ahizi,
Alladiar.,
(10).
Mais entre
l'Est
et
l'Ouest
du
B~nd~ma a Joué l~ même
logique transversale
de
miscégénation.
La formation Kweni n'~ pas
été alimentée seulement par des migrations d'ol~igine bete <Sinfra et
Zuenoula) et
d'origine
malinke
(Wan,
Vnan,
Yaswa),
mais divers
mouvements de
provenance
bawle
N~na, Sor., Gur~, Ngoi,
Ayawu et
Yawre -
y ont également pris part (11). Les Ega constituent un îlot
linguistique Kwa
au coeur du groupe Kru,
installé p~r un cour~nt de
migr~tion aujourd'hui
mal
déterminé.
Au Sud,
les Avik~m ne furent
qu'une composition
d' immigr~nts
Aüron et de Dida autochtones.
D~ns
le sens
inverse,
des
Ni~bwa
et
des
Godie
sont
entrés
comme
,=onsti bJants d~ns
l~ formation aky~n ~ travers le 90to e.y~ <12), de
même que d'autres souches godie et dida participèrent ~ la formation
~hizi (Abr~
et
Ti~gba).
Enfin,
de
toutes
les
compos~ntes
du
peuplement odJukru
composantes orientales
(Kyaman d'AklodJ-A,
de
Gbugbo et
de
Usr) ,
composantes
méridionales
(Aüron d'AklodJ-B),
septentrionales (Bawle
Elomwin
de Tiaha et Lokp Agnim~bo) -
les
plus import~ntes
furent
celles
de
provenance
occident~le
Bobor/Dibrm, Gbadjn,
Kpass/Bodu
(13).
De ces
migrations
omnidirectionnelles,
de
ces
superpositions et
mélanges ~ résulté tend~nciellement, ~u cours des
générations,
l~
même
constitution
physique.
Cette
diversité que
l'explorateur croyait percevoir entre les peuples, un reg~rd habitué
pouvait la
retrouver
è
des
degrés
différents
au sein d'un même
peuple. Par
exemple,
les
Akye
ont
beau
p~r~ître déficients p~r
rapport aux Ky~man -
t~ille moyenne,
f~ible corpulence et vigoureux,
médiocre ch~rpente
-
la nature bizarrement y ~ produit selon l'~vbu
même de
Crosson
quelques
types
différents ~ssez bien c~r~ctérisé
comme faciès et comme couleur
(14).
Au XVIIe siècle la petite t~ill~
parut l'ap~nage
des
femmes
et
l~ gr~nde t~ille le lot des hommes
dans la
population
neyo
évoqué
par
le
compilateur
Vill~ut
de
Bellefond.
Même
chez les Gban-Boka,
tel observateur a cru discerner
deux types
physiques
un type ~ cicatrice frontal,
petit,
supposé
immigrant et
un
type
aux
yeux
bridés,
assez
grand,
prétendu

-- -----_._--
159
luto,.:htone
(15).
De
nlênw
qlJe
les
~am.nn
qu' admil~.nit
Cl~osson
l'ét;;)ient pas
tout à
fait différents des Krumen vus p~r Hostains et
j'Ollone ou "des Agni" décrits par Delafosse,
de même tous ces types
)hysiques s'app~rentaient
peu
ou
prou à ceux des Essum~ du XVIIIe
siècle, selon le portrait qu'en a
l.nissé Loyer.
2. 2. Deu:dènle élément et -fa,.~tel.Jl~ d'unité _ !..~ stl~U,::tr.Jl~es
sc>'::iaies
Qu'elles soient
patrilinéaires
ou
matrilinéaires,
les
sociétés forestières
que
nous
considérons
~vaient
en commun les
mêmes types de structures sociales régies par les mêmes principes de
de~cendance, d'alliance
et
de
résidence:
des communautés
~ base
généalogique et
des
communautés politique.
Par communauté,
il faut
entendl~e à
la
slJi te de MU1~dock (16)
l..m gl~OIJpenlent
de pel~sonnes qui
résident dans
le
m@me
endroit,
partagerit
les m@mes activités et
entretiennent des
relations
interpersonnelles
résidence,
coopération et
authenticité
dans
l'acception

l'entend
Levi-
Strauss, voilà
les
car~ctéristiqlJes fondementales de la communauté
au sens
étroit. Hais au sens étendu,
le territoire et les activités
suffisent à
fonder
une
commun~uté.
Dans
ce
sens,
loin
d'être
naturelle,
la communauté est une formation socio-historique.
Font partie
de
la
première
catégorie,
le lignage et le
clan i
village et fédération de villages,
classe d'~ge et confrérie
du masque
entrent
dans
la
seconde
catégorie,
les deux premiers
constituant des
communautés
politiques
territoriales,
les
deux
dernières des communautés politiques non territoriales.
Examinons le
premier groupe,
nous reviendrons sur le second plus loin.
2. ·2.
1. Les stl~u,~tIJl~e~j so,~iales ,.::omme '::onlmun~utés
S!
base généalogi.g'Je _
le ll..9naQe et le ,~lan.
Communauté de
parents qui se réclament du m@me anc@tre et
dont l~
généalogie
est
déterminée,
qui portent un nom ~uquel
les
membres se
reconn~issent
et
s'identifient,
qui
sont soumis à
la
règle d'exogamie,
voilà la définition classique du lign~ge. Lorsque
l'extension géographique et la profondeur historique sont telles que
la généalogie
est
indéterminée et l'unité d'origine plus théorique
que réelle,
cette
communauté est un clan.
Contre R.
Lowie
(17),
on
peut remarquer
que c'est cette él~sticité du clan qui est de nature
~ assouplir et à mettre en défaut deux des critères de la communauté
"de sang"
la
règle
d'exogamie et la cohésion interne,
sinon le
principe d'appartenance.
Mais communauté de parents,
le lignage est
aussi une
commun~uté
de
résidence.
Dans
la
terminologie
de
G.P.Murd9ck,
trois
éléments
le
constituent,
si
l'on néglige leurs
variantes:
la famille nucléaire
Cl' homme,
l'épouse et les enfants),
la famille
polygynique
(plusieurs
familles
nucléaires
ayant
un
conjoint commtin>
et la famille étendue
(f~milles nucléaires du père,
,.:elles /je
ses
fils,
leUl"S
enfants et les fils ,~élibatail~es) i
la
famille patriarcale
est
une
famille
étendue p~trilocale où trois
générations vivent
sous
le
même
toit
ou
d~ns
des
habitations
,.::ont i. guës ,

160
Ici,
les
systèmes
de
p~ren~é dont les lign~ges sont les
supports forment
en
génér~l
des structures ~ domin~nte : ils sont
bilinéaires. Les
deux
lignes,
paternelle
et
maternelle,
sont
reconnues formellement,
sinon dans les catégories logiques, du moins
dans les pratiques. A l'Est du Band~ma, aux matricl~ns correspondent
le,. sept
odwe
ablJ)"e,
les sept ou huit :à!!!~ndo akyan,
les sept ~
.::.lliadian et ên\\i avikam,
les bos..!:!. Qdjl.tk\\~IJ
l~amifiés dans les villages.
Des matrilignages
qui
les
composent
otchuom
abure,
etyokQ
alladian, egbutu
avikam
se distinguent dans le meilleur des c~s
les p~tl~i1 ign~ges
eye-bokonewe
(Ab'J\\~e), eb
(All~dian /
Odjukl~U) .
De même,
~
l'Ouest,
~u patricl~n -
tkê des
(Wê)
- on connaît des
symét\\~iq'Jes n\\~h~i l~téralJ:':
VU\\~IJ
des Did~, lele des Bete-Gbadi ou
Zedi l'.!t kpê des Gban ; ~ défaut,
~IJ p.:lt\\~ilign,'!\\ge -
gnlJ ou !::!!!..!!.!:! (Wê),
gligb~ <Gb~n),
9\\~igbë ou pap.:l
(Betc",
goniwo
(Kweni), -
s'oppose le
m~trilign.:lge ou simplement le groupe M.:Itricentrique
dokp~ (Did.:l de
l'Est), noyu <Bete ) ...
Chez les
matrilinéaires,
le
p.:ltriliné.:lt
bénéficie
de
rel.:ltions privilégiés
dans
cert.:lins dOM.:Iines de la vie sociale. L.:I
résidence est
patriloc.:lle,
1.:1
patronymie une règle,
l'héritage de
cert.:lins biens
légitime.
C'est
en
effet du père que l'enfant est
censé tenir
son
génotype, ses qU.:llités mor.:lles et son esprit ; son
domicile lui
revient
en succession,
p.:lrfois une partie de 1.:1 terre
<Odjukru). Au
père
le premier pagne de couverture du nouve.:lu-né et
le premier
pagne
de
linceuil
dans
1.:1
Mort
il
in.:lugure
1.:1
protection contre
le danger extérieur .:Iussi bien d.:lns l'.:Iventure de
1.:1 vie
que d.:lns le voyage symbolique de 1.:1 Mort ; ~ lui les devoirs
de l'éduc.:ltion,
la form.:ltion technique,
l'initi.:ltion et la promotion
socio-politique, tandis
que
le
dom.:line
des
échanges
et
de
l'économique est le domaine réservé du matrilignage.
Dans les
sociétés
p.:ltriliné~ires,
.:lU
contraire~
c'est
l' i r.verse
les
\\~e l.:ltions ent\\~e pa\\~ents en 1 igne nl~tel~neIle jOIJe nt
un rSle
~
1.:1
fois
complément.:lire et antagonique de 1.:1 domin.:ltion
exercée p.:lr
le
lignage
du père.
Le solidarité emprunt.:lit diverses
formes:
coopér.:ltion
dans
les
gros tr.:lv.:lux comme la construction
d'une maison
ou
le défrichement de 1.:1 forêt
(Bete de l'Est,
Gb.:ln) ,
obligation d'hospitalité
et
d'entr.:lide
(Dida,
Wê),
évitement ou
protection d~ns
1.:1
guerre
et
la
sorcellerie
<Bete,
Neyo).
Des
rel.:ltions p.:lrticulières .:Ivec l'oncle Maternel s'effectuaient suiv.:lnt
une dialectique
de
1.:1
libe~té et de 1.:1 nécessité p.:lrtout présente
qu'.:I bien identifiée A. Schwartz chez les Wê.
~~.
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cl.
_e
1·.1~.n.r.
Or
~ou~
~ncl~v~du
._p~ ... e
_
.~re
(18) .
2.2.2.
Les s tNJ,.:tul'es so,.: i a 1es ~Ill.!ll!l ,.:ommunautés
Politique, territoriales.
a
Le Yi liage _ ag~nomél'ation de 1 ignages
hi él'.:tl'dÜ sèh pl'em i èl'e ,.:onlmunauté po 1 i t igue
tel'l'itol'i;:lle ~ 91...9. !;?ete, a"-ubê aky.~m.
Le yillage était soit une communauté de "sang" identifié ~
un lignage,
soit
une
agglomération
territorialement délimitée de
plusieurs lignages.
La
relation
au
territoire
qui
exprime
la
fondation se
traduit
dans
la toponymie sous plusieurs formes,
par
exemple chez les DidB,
les Bete,
les Neyo et les Akyé
la montagne de,
K.9_,
1 ieu de
(Lagbat\\'o,
SIJ1'
la colline de Lagba,
Opareko)
=
le
pays
de
ou h:Î:..!:..!.
le 1 ieu,
le pays
<S'Jbre 0'_1
S'Jblé = p~ys des S'lb'Jo, Nihi \\'i
pays des Neyo)


1
J
16::::
-
wu i n
OIJ
OC?
=
Gbon.nwlJ in, ~ SOIJS
l ' ;.ll~bl'e
gbon
l'OIJge,
Ni.nngobo sous le Ni.nngo
;
dji
= ~ côté de (Ass.nndji, ~ côté de l.n ~iviè~e
Assanbie
Kossandji,
~ Côté de Kossan).

La ~elation
o~ganique au lign.nge se l i t comme ~el.ntion de
descendan'~e);:a IJn
and~tl'e
éponyme
; ,.:ette fi 1 iation se tl'adlJi t
p.nl'
des désinences dive~ses.
Vo,
!j.ol'é
Œ.ete,
Neyo,
Dida),
djê
(Abê)
= enfants de,
petits-enfants de
(Upoyo = enfants de Upo,
Zokolilie = les petits -
enf.nnts de
Zoko),
Atindjê = Atê et fils.
Cette ~elation );:a l'ancêt~e
fondateu~,
plutôt
que
généalogique,
peut exp~ime~ aussi
le lien ~
une communauté
politique
impliquant
une
idée
de
nomb~e
ou
de
totalité.
Ainsi
bua,
buo,
bué
ou
9D0.n,
ua,
'Ji~ (Bete,
Dida,
Neyo,
'';odié),
~
(Akyé) 1
o . . . IJ
<OdjlJkl"'IJ) 1
=
'~eIJ:':
de
gens de.
Ainsi
Oligobua = gens
d'Oligo,
Gbogohuin = gens de Gbobo, Assikoa = gens
d'Assi,
Olokpu = gens de Lokp.
Lo~sque cette
~elation
désigne
le village,
elle connote
sinon le
lieu
de filiation,
du moins le lien au te~ritoi~e et );:a la
,.:onlm'Jna'Jté politiq'Je.
Ainsi
des
désinen,.:es
du
(Dida,
E?ete),
bl'IJ
(Abidji),
~ (Alladian).
Ils Of.t donné:
D.nli,
V;;)Obl'IJ,
village de
V;;)O,
Lobotyam;;),
campement de f;;)b~ication de sel de Lobotie d' Av.ngu.
D;;)ns tous
ces
c.ns,
le
lieu de fondation empo~te en même temps ;;)U
moins aux
o~igines des localités, une hié~;;)~chie entre lign;;)ges su~
laquelle nous
~eviend~ons
:
le fondateu~ impose 1;;) p~im.nuté
de son
lignage dans l'o~dre politico-~eligieux.
Dans l'espace,
1;;)
commun;;)uté
de ~ésidence s'exp~ime pa~
t~ois principes
d'c·ganis.ntion;;)u moins.
P~emie~ p~incipe : un uni-
que lign;;)ge constitue et fo~me le village,
c'est le vill.nge-lign;;)ge.
Cette organisation
était
~ép;;)ndue
chez les peuples Wê,
D~n, Bete,
Dida.
Deuxième principe,
le plus ~épandu :
les lign;;)ges occupent une
pl.nce d'un
seul
tenant
qui
devient
un
quartier,
favorable );:a 1;;)
solidarité et
à
la
défense
(c;;)s
des
p-ape
Bete,
sing.
p.nP;;) =
p;;)tl'ilignage d;;)ns tJn 9lQ. OIJ IJn gbeu).
De dew·: ~ Enlokwa
(Mambê m' b;;)t;;)
et k;;)kou m'bat;;),
ce chiff~e peut ;;)tteind~e quatre, sinon plus
(O~u,
Afi.n,
W~gne
et
Eve
~
Moriê,
en p.nys Abê).
Troisième principe les
lign.nges ou leurs segments sont disséminés ~ tr;;)vers les quartiers ;
ce schéma qu'on trouve chez les Odjukru et les Kyam.nn correspond lui
aussi à
une
;;)utre
préoccupation de la défense,
mais ne p.nraît p.ns
originel ou
très
ancien
selon notre hypothèse.
Qu;;)trième principe
enfin:
les
qu.nrtie~s
app.nrtiennent
aux
cl.nsses d'~ge. Ainsi en
était-il en
pays
essum.n
et
en
pays
.nkyan
jadis ;
ainsi en pays
abure,
à
Moossu p.nr exemple,
oÙ deux ~ deux,
les cl.nsses h.nbitaient
les quartiers
Kumassi
et
Begnini,
tandis
que
les
chefs
des
matriclans loge.nient
ensemble
~
Brignan
et
Ab~etchi.
Partout,
cepend;;)nt,
au
sein
des
quartiers,
des
COurs co~~espond.nient aux
segments de
lign.nge.
La
famille nucléaire qui gravite autour d'un
foyer était
l.n
condition
échue
au
jeune
m.n~ié
ou);:a l'homme du
commun,
sinon
~ l'homme pauvre. Partout, elle constituait, avec les
unités polygyniques
dirigées
par
le
chef
de segment,
ses f~ères
cadets et certains de leurs fils,
une grappe sociale de base.

J
J
11.>3
':: -
L;:) f é(Jel~;:)t i on ~:!J~ ~.LU ;;'lg~~3"" .=- :l:!.9..9....!..g.'!lèl~;:)t :i:..9n. ge ;~~Ô Il ".)2.es.
!li él~;:)l',::hi sés 1... §.~~~9..t!9~. ,::o.mmun'Ol'Jté Ro 1 i t i que
!i~!:T t..i;..Q.t:), a l ~
P;:)r fission
~
p;:)rtir
d'un
village-centre
ou
p;:)r
;:)~g l omél~;:)t i on de
gl~oupements
d' i mm i gl~és
OIJ p;:)l~ ,::onlpos i t i on de ces
d~ux processus
(noy;:)u
de villages apparentés reconn;:)iss;:)bles ~ une
génê;:)logie ou
~
un
interdit,
plus
des
vill;:)ges d'immigrés),
de
gr;:)ndes commun;:)utés
territori;:)les
se
sont
constituées.
Nous les
;:)vons l~en,::ontl~ees
b li,
b l..931.,
9 1 o'1b;:) ,
di )"P i ,
(~oto,
Qb i ni,
se,
lêblJtu ...
2.2.3.
LEt§.
? tl~tJ':;.tUI~gr!. §.9':: i;:) l es conlme ,::ommuTI;:)utés
po l i t i qtJes !:!.QI!. ':.el~\\~ i tOl~ i;:)l e_s
5;:)uf exception
(exemples des Abure et Eotile)
et m;:)lgré 1;:)
rel;:)tive ignorence
qui
;:)ffecte
l'ethnologie
des
m;:)sques en eSte
d'Ivoire
(19),
deux
f;:)its restent ;:)cquis.
En premier lieu,
cl;:)sses
d'~ge et
confréries
des
m;:)sques
sont des structures soci;:)les qui
tr;:)versent les lignages-cours,
les lign;:)ges-qu;:)rtiers,
les lign;:)ges-
vill;:)ges et
les vill;:)ges sous 1;:) forme des commun;:)utés de résidence
: elles
n'occupent
en
effet
;:)ucun
esp;:)ce
déterminé
d;:)ns
1;:)
géogr;:lphie des
sociétes.
En second lieu,
p;:)rtout,
leur recrutement
repose sur trois critères
critère du sexe,
critère du p;:)tri1ign;:lge
et critère
de
l'~ge
réel
ou
de
l'~ge
du père.
Etr;:lngères ~ 1;:)
coopér;:)tion,
les
femmes
~ l'exception de celles p;:)rvenues ~ 1;:)
ménop;:)use -
n'et;:)ient P;:lS ;:Iutorisées ~ voir 1;:1 plup;:)rt des m;:lsques.
Tel le
gr;:)nd
Djê
dont
le
nom même,
selon une interprét;:)tion des
Kweni,
signifier;:)it
le
gynocide,
littér;:)lement
:
"je tue 1;:) femme,
Lidjê -DJê
(20).
De même les ,::l;:)sses d' ~\\ge eT. t;:)nt qu' org;:lnis;:)tions
milit;:)ires enrSl;:)ient
uniquement
les
jeunes gens
: eux seuls sont
institutionnellement initiés.
M;:Iis ~ l'un et l'autre structure,
les
jeunes n';:)ccèdent
que
comme
membres
de
p;:ltrilign;:)ges offi~iels,
membres de droit p;:lr 1;:) n;:liss;:)nce ou membres de f;:lit p;:)r l';:)doption.
Enfin, d;:)ns
1;:)
mesure

ces
structures
sont
eg;:)lement
des
structures politiques comme nous allons le voir,
une condition d'~ge
y donne ;:)ccès
: 1;:1 m;:ljorite physiologique et sociale.
M;:)rquent cette
m;:)jorité sociale
chez
les
uns
et
les
;:)utres
diverses
formes
d'initi;:)tion
: Qbon
(l~enmebo), low
(Odjukl~U), fokwe
(Akye,
Abê),
pan
(Wê) •
2.31
Tr'oi-?j·~~IlL~
élt~.!!l~trl1;:.
~t.. ~l.!~_t_~.!:I_l.:. ~L~_~.J..~!.i-t_~ _ J.es !"'~.e19-?l"'ts
de P\\~odu,.~_t.:Lon Lt9.!:!.~.9,g1::'~.
Ru-del~ de 1;:) division soci;:)le du trav;:)il qui
distingue et
oppose les societés sous le r;:)pport économique -
les mêmes r;:)pports
de production ont partout prépondérance
: les rapports de production
lign;:)gers.
On
s;:)it
que
les
rappo~ts
de
production,
d;:)ns
le
voc;:)bulaire de
Marx,
représentent un aspect du mode de production.
Est-ce présuppose
un
mode
de
production
lignager
?
En quoi se
distingue-t-il du
mode
de
production dit domestique ou du mode de
production dit commun'Olutaire ?


16 ...
2.3.1.
QIJestion de d6finitionl""b,g, débat rel'ill1t:i:ff ~1II.~ 9!!
el~odIJ,::ti on
Concept,
à
notre
avis,
avant tout êcono.ique~ .-.e si la
produ,::tion i,.:i
pllJS
qlJ' aillelJl~s est slJl~dé'ter.inêe p.ar *'s f'~'teurs
d'~rdre politique
et
idéologique,
nous
en'tendons
l~
.ade
de
production dans le sens que lui a donné Etienne 8alibar ~hS Lire le
CaPital!!
(21). Celui-ci releve cinq éléMen'ts s'truc~ls ~
1. le travailleur;
2.
les moyens de production
a/ l'objet de travail;
bl le moyen de travail
j
3.
le non-travailleur;
A -
la relation de propriété ;
B -
la relation d'appropl~iation réelle ou ~~~ielle.
La catégorie
de
travailleur désigne les personnes qui disposent de
la force
de
travail gr~ce ~ laquelle les .oyens de p~~ion sont
mis en
oeuvre.
A
celle-là s'oppose la catégorie des pe~onnes qui
s'approprient le
surtravail
le
non-travailleur. Voilà pour les
acteurs. Par
moyens de production,
il f'9I.l't entendre. d"U'IIM! part les
objets sur
lesq'Jel s
por'te
le
tl~avai1
(par
exeeple 1.;» 'terre> et
d'autre part
les
moyens
de
travail
<Matière pre.i~reb ou~illage,
technique, savoirs).
La
relation de propriété implique ha relation
par laquelle
les
nloyens
de
production
appartiennen~ ~
l'un ou
l'autre des
actelJl~S
et pal~ ,::onséqIJent les Modal i 'tés lil'Ui règlent la
mise en oeuvre de ces moyens et la disposition du prQdQi~ de la mise
en oeuvre.
La relation d'appropriation réelle ou .a~ê...ielle désigne
la relation
de
production,
celle par laquelle les abj~~s naturels
sont transformés
par
le
travail
social
et
rendus
propres
à
"
satisfaire les
besoins
des
hommes.
La
relation
de.'
production
,.:omprend trois
aspe,.:ts
les
l~elations
entre
le-s
ho• •es
de
hiérarchie fonctionnelle
et
de
coopération,
et le,s ~6!,la'tions aux
choses,
les relations techniques de transfor.ation Ratêrielle (de la

nature). Force de travail et nloyens de production oons'tituent ce que
HarH nOlDnle
les
fa,::tel.Jl"S
de
pl"odlJction
;
virruels
lorsqu'ils
demeurent séparés, c'est-à-dire inutilisés,
les facteurs deviennent,
une fois articulés ou combinés,
des facteurs en activit@. vivants et
agissants, des
forces
productives.
Au
sens absolu~ ~l·homme est,
selon Harx,
la
principale
force produc~iveu (22) ;
~la communauté
elle-a@me, écrit-il,
apparaît
comme
la
pre.i~re
grande
force
productive"
<23>.
Que la
société
"tribale" comporte aussi un
Mode de pro-
duction déterminé,
c'est l~ IJne thèse formellement énQ~cêe par Marx
dans les FOl"men
(24).
Or,
quelle
est,
dans
r::haque
cas ou d.ans chaque type de
société, l'identité du mode de production régnant ~ Trois hypothèses
d#inégale valeur ont été proposé~s dont une seule nous paraît utili -
sable ici.
.


165
La première
hypothèse,
totalement inutilisable,
est celle
du "mode
de' production
communautaire"
comme
mode
unique.
Fort
séduisant dans
le
contexte,
en
raison
de
la
prévalence
des
strlJ,:tlJreS ,:ommlJnaIJtail~es
,:omme
or. vient de le montrel~, ,.:e ,:or,':ept
n'est cependant
pas
opératoire,
tant
est grande la diversité des
réalités agglomérées
sous ce nom.
Robert Fossaert qui,
par exemple,
le retient
~
défaut de mieux,
au pluriel,
avoue y voir un "fourre-
tout" de
formes
primitives
et
de formes plus élaborées d'organi-
sation so~iale de la production qu' "aucun concept ne vient éclairer"
(25). Ce
qui
est
sous-estimer
tout
l'effort
anthropologique
focalisé,
voil~ plus de deu:< décennies,
sur cette question.
b -
L' hypothèse dlJ !!1Q.9.g, de prodIJ,:tion domesti9'Je
La deuxième
hypothèse,
celle
du
mode
de
production
domestique (MPD)
comme mode de production également unique,
conduit
à
deux
impasses
théoriques,
en dépit des gains de connaissance par
ailleurs prodigieux.
Négligeons,
en
effet,
le
concept
de
Cl.
HeillassolJ:'~, objet
de
Femmes
gl~eniel~s
et
,:aPit.:lIJ:·~ (1975) et
limité principalement
aux
sociétés patrilinéaires cultivatrices de
céréales, et
envisageons le concept d'extension plus large que dans
Age ~
piel~l~e, ~ge d' abond.:lr...~e
0972/1976), M.:ll~shall Sahlins met en
oeuvre ~
propos
de
toutes
les
sociétés
sans
Etat qui vorlt des
sociétés segment.:lires aux chefferies
(26).
Pour l'auteur,
le lieu du
HPD,
sa
cellule de base,
c'est la maisonnée ou groupe domestique au
sens étroit: couple m.:lri/ femme et sa progéniture.
ML_
m.~_onn• •
_.~

1#_conaM~_
~~~b.1.
~.
qu_
1 .
m.no~r
e.~
_
1'.conOM~e
M.d~.v_1e
o'~
1_
corpor_~~on _u
c_p~~_1~.-
. p o q u e
donne • .
E~
c~_4un.
d_
G_.
~n.·'i~u~~an_ co~~._pond _
un
Mode
d.~_~m~n.
d .
p~odu~~~an.
Gv_a
u n _
~_Chno1og~_ _ ~
u n e
d~v~.~on
du
~r_v_~1
_ppropr~.e.,
a u
u n e
~~n_1~~• • c o -
naM~que
c_r_c~.r~• • • ,
d e .
~orme• • p.c~~~que_ d e
prapr~.~.,
d e .
re1_~~an• • ac~_1e.
e~
d ' . c n _ n g e
b~en d.~~n~e. en~re
un:l~• •
d e
pradu"'~~on
(1976
: 119)
Du cSté
des
f.:lcteurs de production,
voici ce qu'implique
le HPD : volume extrêmement limité des forces de trav.:lil,
donc sous-
popul.:ltion,
prédomin.:lnce
de
la
division
sexuelle
du
travail,
rel.:ltion individuelle entre l'homme et l'outil,
qui est .:lccessible ~
tous comme
la plupart des techniques et qu'un individu ou un groupe
pourrait entièrement
fabriquer.
CSté r.:lpports de production
accès
autonome aux
moyens
de production pour les producteurs en tant que
membres de
la
commun~uté
propriétaire,
production
destinée ~ la
subsistance selon
un
travail
intermittent et par conséquent sous-
production, redistribution
des
produits
à
l'intérieur
de
la
maisonnée, suivant
le
principe
de
la solidarité,
au bénéfice des
producteurs et
des
non-producteurs.
Comme structure de production,
le HPD
se révèle ainsi,
dans son essence,
une forme d'anarchie dans

166
la mesure
o~
la dispersion caractérise les unités de production et
de consommation.
Ol~ cette dispersion f~ncière correspond du\\Point de
vue politiq'Je
à
l'état de nabJl~e, i!l la so,:iété sans 50lJverain de la
société primitive. En spéculant sur le mode de peuplement de l'homme
naturel,
les
philosophes
politiques
l'ont
conçu
en
termes
d'isolement (Hérodote>,
de
solitude
(Hobbes),
de
séparation
~ousseau), c'est-à-dire
en termes de division du droit de requérir
la force,
en
termes
de
dispersion
maximale
qui
"minimise
les
conflits portant
sur les ressources,
les richesses et les femmes et
qui assure la plus efficace protection des biens et des personnes".
En somme,
la
première
impasse
théorique réside dans le
constat d'insuffisance
et
d'échec
du
MPD
posé
comme central ou
essentiel. Sous-population
et sous-utilisation de la nlain-d'oeuvre,
sous productisn et sous-exploitation des ressources,
irrégularité de
la production, toutes ces caractéristiques font de l'économie fondée
sur le MPD,
l'économie tribale,
une économie instable et fragile.
Si
la maisonnée
peut
assurer techniquement ses fonctions productives,
elle ne peut assurer sa reproduction continue contre les aléas de la
maladie et
des
accidents
sans concours extérieur : Meillassoux le
reconnait. C'est dire que l'autonomie de la maisonnée comnle unité de
production dépend par conséquent de la communauté plus large qui lui
garantit, à
travers
ses
moyens de production et sa main-d'oeuvre,
ses capacités
de
reproduction,
c'est-à-dire
le lignage.
Enfin P.
Bonté l'a
rappelé
pour
les pasteurs Twareg
(27),
M. Augé pour les
agriculteurs Kyaman
et
les p@cheurs Alladian et E. Terray pour les
chasseurs Dida,
ce
n'est
pas seulement certains procès de travail
qui se
déroulent
hors
du
cadre
domestique,
ce
sont
aussi les
produits qui
recoivent· souvent une l~edistribution à l'extérieur de
la maisonnée.
La seconde
impasse,
c'est
que cette insuffisance trouve
des solutions,
mais
sans
que
les
structures de production qui y
concourent soient
pensées
en termes de mode de production,
de mode
de production
complémentaire.
En
effet,
la
survie de la société
fondée sur le "PD ainsi caractérisé nécessite une intensification de
la production
des maisonnées,
leur solidarité et la réciprocité. Le
syst~me de parenté étendue, quand il fonctionne normalement en temps
de paix
- car dans la guerre apparaît un antagonisme avec les liens
domestiques -
constitue
la
première
solution
aux contradictions
entre relations de production et forces productives. En participant,
en vertu
des
obligations
de
parenté
à un système plus vaste,
un
système de production sociale,
les maisonnées fournissent un travail
e:<cédentai re, ;Jn
slJrpllJs
de
t\\~avai1
domestiq'Je.
L'organisation
politique, qui
mobilise
et
concentre
la
population,
suscite une
certaine intensité d'exploitation du sol et la production du surplus
domestique en
instaurant tant soit peu une économie publique,
voilà
la seconde solution. Si l'évolution sociale du monde primitif tend à
,- soustraire l'économie domestique au contrale de la structure de
parenté et
aux
exigences
de
la solidarité pour l'assujettir à la
structure politique,
ce
sont
les
leaders,
les grands hommes,
les
chefs qui,
à
travers leurs ambitions personnelles,
incarnent
"une
finalité collective"
et
personnifient
"le principe d'une économie
pubJ. iq'Je" .


167
,
.~.
pOU~O~~
_.~
~c~
u n _
~a~m _ _ ~_1~._
d _
1 .
p.~_n~.
_~
.---dOhC
un.--
0.,.. . . _
_H.1~..
c l .
1 _
r-.c~pr-oc:l.i:'.
.~
d _
1 _
0 -
. . . .
p~od~g.1~~.· (1976
: 181).
Il n'est
p~s
exclu,
t~nt
les
systèmes économiques des
s,p,::iétés s~ns
Et~t
sont diver-s,
qlJ'IJn tel MF'D soit appr'oprié,
pOIJr-
Gne époque
déternlinée
(l'~ge de pierre ?) ~ cert~ines économie de
ch~sseur-s-collecteur-s sinon
~
toutes,
~
cer-t~ines
économies
de
p~steur-s et
de
pêcheurs
ou
~ cer-t~ines économies d'~griculteurs.
M~is il
ne
s~ur-~it
c~r-~ctér-isel~
~
lui
tQyi
seul
toutes
les
économies,
~
toutes
les
époques,
~
fortiori
celles
que
nous
envis~geons. Il r-este un instrument d'~n~lyse, soit ~ loc~liser- d~ns
l'esp~ce et
le
temps,
soit à dissocier pour- utiliser- ses éléments
(p~r- exemple,
les
r-~pports
de
Rr-oduction
domestique,
~oit
~
compléter
(p~r-
l~
recher-che
d'un
ou de plusieurs ~utres mode~ de
production).
Soyons
r~dic~l
: ~ pr-opos de ce type idé~l de mode de
pr-oduction,
l'~uteur
avoue
lui-même
un choix exclusif,
puisque l~
catégor-ie de
maisonnée
ou
de
gr-oupe
domestique
r-ecouvr-e
des
communautés hétérogènes
~ussi
bien
p~r-
l~
forme
que
par
l'or-ganis~tion interne. De f~it, ~ cSté de l~ f~mille nuclé~ire, qui
ne voit
qu'existent d'~utres unités de production? Il Y a l~ cour,
ce que
le lexique fr~ncophone de l'Afr-ique occident~le impr-opr-ement
nomme dl a
concession d ,
il y a l e segment de lign~ge ou le lign~ge,
il y
~
le qu~r-tier qu~nd il r-egr-oupe plusieurs segments de lign~ge
ou plusieurs
lign~ges,
il
y
~
le
vill~ge
(souvent les hommes,
p~rfois hommes
et
femmes,
lorsqu'il s'~git par- exemple de cueillir
le régimes
de
graines
de
palme),
il
y
~
enfin la tribu ou l~
fédération de
vill~ges
dans l~ guer-r-e comme entrepr-ise économique.
C'est ~u
centre
qui
coordonne
et ~nime les unités de production,
qu'il f~ut,
nous
semble-t-il
cher-cher-
l'identité
du
mode
de
pr-oduction pr-épondérant d~ns les sociétés que nous considér-ons.
':: -
L' t'IVpothèse dlJ mode de pl~od'J,::tion lign~gel~
L~ troisième
hypothèse,
celle
du
mode
de
pr-oduction
1 ignager
(tœ.b.L, nOIJS 1 ivre, ~ve':: des I"'ésel~ves qlJi s' imposent ~IJ pl~n
théorique et
méthodologique,
l'outil
opér~toire.
Bien
que
Cl.
Meillassoux ~it
ab~ndonné
un
concept
qu' il
~
eu
le
mél"'ite de
commencer ~
mettr-e
en
pl~ce, cette mise en pl~ce ~ été continuée,
singulièr-ement p~r
des
chercheurs qui,
au moins pour ceux que nous
connaissons,
le relient ~ux classes sociales:
E.
Terr~y, P.-Ph. Rey
et Bogumil Jewsiewicki
(28).
En renvoyons ~ un chapitre ultérieur l~
question des classes soci~les, ne considérons ici principalement que
la tentative
de
Ter-r~y; celle-ci présente le qu~truple intérêt de
se rapporter

notre
champ
d'étude,
d'approfondir l'invention de
Meillassoux,
d'~voir
été
enrichie p~r la critique de P.-Ph.
Rey et
enfin d'@tre p~l~n\\i les pren\\iè\\~es ~vec Le r'ivage ~lladi;JT!.
de M.
A'Jgé
~ postuler
l'existence de plus d'u~ mode de production dans ce type
de société.
Deux textes précisent suffis~mment les thèses de l'auteur,
,::, est l' 01Jvl~age
,::élèbr'e
Le
mal~:·dsme
devant
les_
so,::iétés
"pl~inlitives" (969)
et
IJn
al~ti,::le
de
Qi;;lJ.~!.::ti9.!.:!.~s
(977).
De


l' exploi t:::1tion ~
élénlents
d' IJn bi l:::1n :::1IJto,.::ri tig'Je
(29) .. AIJ dép:::1r't,
IJne définition
dlJ
mode
de
pl"'od'J,.::ti'tin
qlJi
:::1sso,.::ie
~
'~Jne
b:::1se
~~e ses
superstrlJcbJres
pol i tiqlJe
et idéologiq'Je. Viennent
~- deux concepts-clés
celui de r:::1pport de production fond:::1ment:::1l et
celui de
reproduction
et
une
contribution
exceptionnelle
à
1:::1
théorie de le coopér:::1tion d:::1ns le procès du tr:::1v:::1il.
,..
Est r:::1pport
de production fond:::1ment:::1l 1:::1 rel:::1tion, r:::1cine
de l'exploit:::1tion,
postulée
p:::1r
Marx
comme
b:::1se
et
secret
de
l'édifice soci:::1l,
entre
le
producteur
direct
et
le personnage,
individuel ou
collectif, qui contrale les divers f:::1cteurs du procès
de production.
P:::1r reproduction,
l':::1uteur entend non p:::1S l':::1rrière-
pl:::1n du
procès de production immédi:::1t,
not:::1mment 1:::1 circul:::1tion des
moyens de
production,
des
femmes et du produit du tr:::1v:::1il, encore
moins 1:::1
répétition
de
l'ordre
ét:::1bli
ou
une
C:::1use
fin:::1le
quelconque, m:::1is l'essentiel de ce qui est reproduit d:::1ns le r;;)pport
fond:::1ment:::1l, une
contr:::1diction.
Il
distingue
d:::1ns
le tr:::1v:::1il le
procès simple
qui
produit
son
résult:::1t en une ph:::1se et le procès
complexe qui
exige
plusielJrs
ph:::1ses.
Ces
procès
peuvent
être
m:::1sculins ou/et
féminins,
simlJlt:::1nés ou :::1lternés.
Ils composent des
formes de
coopér:::1tion
1:::1
coopér:::1tion
simple,
lorsque
les
producteurs exécutent le même tr:::1v:::1il, coopér:::1tion simple restreinte
qU:::1nd l'effectif est limité,
él:::1rgie lorsque l'équipe est import:::1nte
; cette
coopér:::1tion
est
complexe
d:::1ns
le cas o~ les producteurs
:::1ccomplissent des t~ches différentes m:::1is complément:::1il~es.
L:::1 ch:::1sse
est le
lieu
d'une
coopération de ce dernier type o~ r:::1b:::1tteurs et
porteurs de
filets
se
complètent. En même temps elle oppose :::1înés
non ch:::1sseurs et c:::1dets ch:::1sseurs. Sont :::1lors distingués,
en l~:::1pport
avec 1:::1
"cl:::1sse"
domin:::1nte
des
:::1înés
et 1:::1 "classe" dominée des
c:::1dets, deux
modes
de production contr:::1dictoires,
l'un,
le mode de
production vill:::1geois (MPV> , ré:::1lisé d:::1ns 1:::1 ch:::1sse collective, S:::1ns
exploit:::1tion et subordonné;
l'autre,
le mode de production lign:::1ger
(MPL> , ré:::1lisé
d:::1ns
l'agriculture,
1:::1 pêche,
l'élev:::1ge,
est fondé
sur l'exploit:::1tion et domin:::1nt.
Huit éléments
constituent
le
MPV.
Le
vill:::1ge
et
les
groupes de ch:::1sse forment les IJnités de production,
1:::1 terre l'objet
de leur
tr:::1v:::1il
;
la
coopér:::1tion, complexe, y est volont:::1ire,
le
savoir technique
rel:::1tivement simple,
l':::1ccès de tous les ch:::1sseurs
ouvert :::1UX
moyens
de production qui sont collectifs (territoire et
filets>, une structure de pouvoir ég:::1lit:::1ire
(ét:::1nt donné que p:::1r 1:::1
rot:::1tion les conducteurs de chasse détiennent un pouvoir de fonction
occ:::1sionnel et tempor:::1ire lié à leurs mérites>, enfin la rép:::1rtition
du produit ég:::11it:::1ire.
O:::1ns le
MPL,
les
équipes
de tr:::1v:::1il correspondent à la
coopér:::1tion simple
et les commun:::1utés de production correspondant à
1:::1 coopération
él:::1rgie
forment les unités de production ; la terre
est pour elles objet et moyen de tr;;)v;;)il
; p:::1rce que les producteurs
ont reçu
ou recevront leurs épouses des :::1nciens et sont tribut;;)ires ~
du s:::1voir
technique
de ces derniers,
1:::1 coopér:::1tion est forcée,
le
S:::1voir technique toujours rel;;)tivement simple ; les :::1nciens


-- - - - - - --- -
------
1
169
".
assul"ent IJn
'~ertain
'~ontl"éne des moyens de pl"odIJ,~tion (e:'ÙiH"ci'~e dlJ
droit d'usage
sur
les
parcelles
de
terre
cultivées,
maîtrise
technique et
social
nécessaire
~
la production>,
la structure du
pouvoir est
hiérarchisée,
la
répartition du produit effectuée par
les anciens inégalitaire,
les producteul"s dépendants des producteurs
~la
retraite.
Dans
le
mode
l,
les producteurs,
maîtres de leur
travail, du
produit
et
du
prélèvement
qu'ils destinent aux non-
producteurs, dominent
; dans le mode II,
la barre reste aux anciens
qui déterminent
et l'importance du surtravail qu'ils imposent et la
distribution du
surproduit
qu'ils
prélèvent.
Mais
dans
la
combinaison ou
plut8t
l'articulation des deux modes, c'est le mode
de production
lignager
qui
l'emporte,
Terray
d i t :
Joue le r81e
dominant. En
effet,
le
modèle d'organisation sociale associé ~ la
chasse collective occupait une place marginale dans la vie des Kweni
;
il n'intervenait de facon importante qu'en deux circonstances:
la
guerre dont
l'organisation
est
modelée sur celle de la chasse, et
les migrations,
moment
de
segmentation,
c'est-à-dire
de mise en
place d'un
nouveau
lignage,
d'un
nouveau village, d'une nouvelle
tribu, calquée
sur
le
modèle ancien.
Dans l'un et l'autre cas, ce
qui était
en
crise,
c'est
la
reproduction du mode de production
lignager, que
les
guerres surviennent pOIJr les questions relatives
.aux femmes ou que la croissance dénlographique provoque la migration.
Dans l'un
et
l'autre
cas,
l'organisation sociale liée ~ la chasse
collective reste
un
moyen
parmi
d'autres,
indipensable
~
la
résolution de
la crise;
voilà pourquoi elle était conservée.
Quand
vient la période de paix,
elle Joue au contraire un r81e secondaire.
D'une part,
les anciens "isolent" la chasse des autres activités en
neutralisant ses
effets
;
d'autre
part,
ils
"contr81ent"
son
déroulement de
trois
manières
: SUI~ le plan idéologique,
le filet
est sacralisé
et symbolise la continuité historique du lignage ; du
point de
vue
économique
et social,
ce sont eux qui autorisent son
utilisation et
la
surveillent.
En
somme,
les
nécessités
de la
reproduction du
mode
de production dominant,
le M P L ,
gouvernent
la survie de l'organisation sociale liée ~ la chasse collective.
Cette thèse
soulève
plusieurs
problèmes
dont
trois
apparaissent ici
cruciaux.
Ln
premier
lieu,
du
point
de
vue
méthodologique l'exemple de la chasse collective nous paraît fragile
pour valider
la
théorie pour trois raisons.
Meillassoux ne l'a pas
~omplètement explorée
comme
il
l'a
fait pour l'agriculture;
peu
d'information sur
le
filet
lui-même
(technologie,
formes
et
dimension,
appropriation),
sur
sa
place
dans
l'idéologie
et la
culture, Terray
l'a
reconnu.
Ensuite,
conformément au concept de
mode de
production
retenu,
si
on
percoit
clairement
la
base
économique du
MPL
,
an
voit
mal,
si
ce n'est sous les notions
de structure
de pouvoir égalitaire et d'organisation sociale liée ~
la chasse
les
correspondances
politiques et idéologlques de cette
dernière.
Enfin
l'auteur
avoue
lUI-même manquer de ressources pour
penser rigoureusement
l'articulation.
Ne
peut-on pas voir dans de
telles difficultés,
l'une
des
raisons
qui
expliquerait
que
nI
Meillassoux lui-Même,
ni
les chercheurs en Afrique centrale n'aient
pas identifié
un mode particulier de production dans une production
p;;:lI~ti '':IJl ièl~e ?
-
_ . ._ -
@
.
~-'.

"
uo
En second
lieu,
cert~in~
~spects
des
r~pports de
production pl~ident
contre
l~
reDrésent~tion
du MPV.
D'~bord,
si
ég~lit~ire qu'elle
p~r~isse
et qu'elle soit,
la chasse collec~ive,
d~ns s~ répétition,
instaure sa propre hiérarchie qui n'est pas sans
conséquence soci~le
et
économique
succès
matrimoni~ux,
donc
'~pa'1ité d' ~'1,.::umuler
des
+oemmes!
a'':'':f.JmIJl~tion
d' ivoil~e!
don,.: de
richesse.
Ensuite,
selon
que les filets app~rtiennent aux lignages
ou ~
des
"rentiers"
(ces personnages ont existé en pays bete selon
J.-P. Dazon),
une redistribution moins av~ntageuse pouv~it suivre le
partage immédi~t
et
ég~lit~ire.
Enfin
le
produit
de l'activité
collective dite
villageoise n'est pas destiné ~ un us~ge collectif,
proprement vill~geois.
Ces rem~rques
critiques
n'enlèvent
rien
cependant
au
caract~re opératoire,
~
notre
avis,
de
l'hypothèse
du
mode de
production pluriel
dans
les
sociétés
lignagères.
Au MPV,
on peut
restituer une pertinence au moins dans un c~s, celui des villages ou
communes qui,
sur
leur
territoire,
dans
leurs
eaux,
avec
des
instruments collectifs
(pirogues,
pêcherie),
entreprennent en corps
une production
communautaire
dont
le
produit
sert
~
des
fins
collectives.
Tel
était,
~
l'époque
des cl~sses dJ~ge, le cas des
Kyaman et
des
Odjukru
au
moins ~u XIXe siècle et ~u début du XXe
~iè,:le .


171
Les r~pports
de production
"
vill~geois, ~u sens ri~oureux,
d~ns l'hypothèse
de
vill~ges
composès
de
plusieurs
lign~ges,
impliquent,
~
notre ~vis, trois critèl~es essentiels: des moyens de
production commun~ux,
une
org~nis~tion
du
tr~v~il
d~ns l~quelle
coopèrent les membres des diffèrents lign~ges, un produit du tr~v~il
reo!istribl.Jè entr'e les pl"odI.Jcte'Jl"s et les ~înès OIJ destinè ~ IJn 'Js~ge
collectif.
Constituent
ces
moyens de production les territoires de
ch~sse, les
p~lmer~ies
collectives,
le
dom~ine
public des e~ux.
P~rmi les
instruments
de
tr~v~il, en gènèr~l individuels comme l~
m~chette, l~
houe
et les p~niers, ou lign~gers comme les filets de
chasse et
les
pirogues,
on trouvait exceptionnellement des outils
commun~ux
les pirogues de reg~tes (bodobroh~n ~ky~n), les pirogues
de gIJerl"e.
Trois sortes
d'unités
de
production ~u moins entrent en
jeu
le
collectif
des
ch~sseurs
ou
des
pêcheurs,
les groupes
d'entr~ide et
les
cl~sses d'~ge. Le collectif de ch~sseurs pOIJv~it
pratiquer deux
types
de
ch~sse
une
ch~sse
collective
de
subsist~nce et une ch~sse collective d'ordre rituel.
L~ première est
celle identifiée
chez
les
Kweni et chez les Did~. Après l~ b~ttue
effec~uèe sur
le
territoire vill~geois ~vec des filets app~rten~nt
aux lignages,
un
p~rt~ge
èg~lit~ire ~v~it lieu sur le ch~mp entre
les ch~sseurs
Kweni.
Qu~nt ~ux Did~, d~ns les mêmes conditions,
ils
procédaient ~ une rèp~rtition inèg~litaire, m~is plus èl~rgie, entre
chef du
lign~ge possesseur de filet,
ch~sseur heureux,
promoteur de
la chasse,
ch~sseurs
infortunès
et
r~batteurs,
s~ns oublier les
femmes qui
recevaient
les
intestins
du
gibier.
D~ns
la ch~sse
rituelle -
gilinu et gb~bl~nu des Bete,
@dj@m-ormer des Odjukru -
le
collec~if des
ch~sseurs
jouait
un ~utre rale,
un rale de moyen de
production directement communal.
Comme l~
ch~sse,
la
pêche
collective
comport~it
deux
modalités.
De
l~
premlere
qui
s'effectue,
selon
une
libre
coopèration des pêcheurs,
d~ns les eaux territori~les de la commune,
avec des
instruments
individuels
et lign~gers, l'~ppropriation du
produit èt~it
individuelle
;
illustrent
cette modalitè
l~ pêche
bende ~
l' èpel"viel"
des
Odj'Jkl"'J,
l~· p&h:hel"ie
mbran!!.!:!. bwedi des
Kyaman,
ou
la
pêche
~
l'ichtyocide
d~ns
les
marigo~s. D~ns l~
seconde -
mbl"an
!!.!:!.
bi~
des
Ky;:)m~n, odobl"O des Odj'Jkl"IJ,
pê,.:he,"ie
fluvi~le sur
l' Agneby
l'~ppropri~tion
du
produit
restait
au
contr~ire communaut~ire. Les groupes d'entraide les mieux org~nisès,
en tout
cas
les
plus
systèm~tiques, se trouvent être les groupes
~gri'.::oles w@
nomnlès
p~n : p'Oln des honlmes qlJi
i ntel"ver.aient SOIJS la
direction du kul~-ba, "père de l~ forêt" ou dèfricheur parfait,
dans
les gros
tl"~vaw< de pl"èp~l"atior. du tel"l"~iri,
p~n des femmes eng~gèes
pOIJr le l~bo'Jrage et le semis du l"iz,
p~n des
jelJnes filles que l'on
mobilisait pour
la
moisson.
Or
ces
groupes
ne
semblent
~voir
fonctionné qu''OlU
bénéficie
des
~ndividu~litès
éminentes
et
des
lign~ges.
Les classes
d'~ge,
qui
pouv~ient,
dans
leur contexte,
pratiquer l~
ch'Olsse
de
subsistance
et la pêche libre ou Jouer le
rale de
main-d'oeuvre au bénéfice des aînés,
constituaient la force
productive princip'Olle
des
communes
lagunaires,
notamment d'Olns la
pêche communale
des
Kyaman,
d'Olns
l'Ol
récolte
des
gr'Olines et l'Ol
fabric'Oltion de
l'huile
de
p'Ollme
chez
les
mêmes
KY'Olm'Oln
et les


1
ln
Odjukr'u. Cette
ré'~olte
.:lv.:lit lielJ en ~".:lnde s.:lison stkhe, ~oit SIJ'"
les p.:llmeraies
collectives
du
vill.:lge,
soit
sur
les p.:limer.:lies
~rovisoirement collectivisées des lign.:lges.
Tro~s critères fond.:lient
la division
hiérarchique
des
t~ches,
IJn
critère
de st.:ltut (les
vieillards,
impotents et dispensés du tr.:lv.:lil,
pri.:lient les dieux .:lU
vill~ge pour
assurer
une
récolte
abond.:lnte et sans .:lccident,
les
ho.....es et
les
femn,es v.:ll ides v.:lqu.:lient à l' en tl"ep,"i se), IJn ,~'''i tè,"e
d'~ge (les
hommes
.:ldultes
ouvraient les sentiers, dég.:lge.:lient des
herbes env.:lhiss.:lntes
les
troncs
des
p.:llmiers,
inspectaient
le
tr.:lv.:lil et
.:lid.:lient
les femmes à soulever les ch.:lrges sur la tête,
les femmes
.:ldultes
r.:lm.:lss.:lient
les
gr.:lines
dispersées
et
les
entasè~ieht, tout en veillant à la prép.:lr.:ltion du rep.:ls),
un critère
de sexe
(les
jeunes gehs grimp.:lient et cueillaient; c'est eux qui
pileront les
gr.:lines
fermentées
et
bouillies
et
en extr.:lieront
l'huile d.:lns
les
pressoirs
les
jeunes
filles ch.:lrge~ient les
p.:lniers de
régimes de gr.:lines et les tr.:lnsport.:lient .:lU c.:lmpement de
f.:lbric.:ltion;
c'est
elles
qui,
.:lV.:lnt
l'extr.:lction
de
l'huile,
dêb.:lrr.:lsseront les
am.:lndes de p.:llme des g'''.:lines pilées, c'est elles
enfin qui puiseront l'huile flott.:lnte).
Le produit
de
cette
activité
collective,
activité
généralement de
guerre,
.:lll.:lit
directement
et,
s.:luf
l.:l
p.:lrt
symbolique destinée
aux
anciens,
entièrement
au
collège
des
gouvernants en
ch.:lrge des oblig.:ltions publiques : dettes de guerre,
et, sous
le
régime
coloni.:ll,
imp8t
et construction d'école.
Les
jeunes .:lvaient
.:llors
l.:l l.:ltitude pend.:lnt tout le reste de l'.:lnnée,
de juin ~ décembre, de cueillir les régimes de gr.:lines de p.:llme pour
leur propre
compte,
c'est-à-dire.:lu
bénéfice
de
leur
groupe
domestique et
de
leurs
lign.:lges.
Ce
mode
de
production
est
proprement "collectiviste".
D.:lns la
mesure

des études .:lpprofondies et nombreuses
sont né,:::e-ss.:li res
pour
vé'''i fie,"
son
e:<tension,
nous
,"etiendrons
l'hypothèse du
seul
mode
de
production lign.:lger, .:lssocié ~ un ou
plusieurs r.:lpports de production différents.
2.3.2 Le
mode
de p'''od'J,~ticlrJ 1 ign.:lge,",
n,ode don,i n.:lnt d.:lrls
l.:l ~ fo,"estiè,"e
A l'ensemble
des
sociétés de notre ch.:lmp, trois facteurs
(virtuels) de
production paraissent essentiels, m.:lrqués d'une forte
dimension syn,bol iq'Je. En p,"é,::is.:lnt darls l' Intl"odIJ,~tion qérlérall! ~ la
,:::,"itigIJe de
l'é,.::onomie
politi'.:j'Je
(30)
l'objet de son .:ln.:llyse : l.:l
production m.:ltêrielle,
M.:lrx
opère
une
distinction
de
gr.:lnde
conséquence ouvr.:lnt
la
possibilité
à
l'.:ln.:llyse
d'.:lutres objets,
d'.:lutres productions,
p.:lr
exemple
les
rel.:ltions
soci.:lles et les
rel.:ltions symboliques. Or l'origin.:llité ici, c'est que la production
m.:ltérielle ne
se
dissocie
p.:lS de son revêtement symbolique à tous
les nive.:lux
l.:l
m.:ltière
(la
terre),
les moyens (instruments ~t
savoirs),
le processus et l'~cteur.
Considérons en
effet
le premier facteur,
premier au sens
économique:
l'hum.:lin. Fin.:llité de la production de subsistance,
il
en est
le
princip~l
facteur,
d'~bord parce qu'il est l'agent qui,
part.:lnt des besoins du groupe, concoit les objectifs à ré.:lliser,
met
en oeuvre
les
moyens et org.:lnise le tr~v~il, ensuite p.:lrce que, en
raison de
l'exiguité
des
communautés
de
base et de l'efficacité

--------------------
'- ';',
173
limitée des outils et des techniques,
i~ représente l~ gr~nde source
d'énergie,
source
dont
l'intelligence
et
le travail ont été plus
dicisifs que
l'outillage (31). Or ici,
J~m~is l'individu-producteur
n'est concu
comme
isolé,
tot~lement
seul
d~ns
le
procès
de
production. P~r
n~ture constitué d'éléments de diverses proven~nces
comme on le verr~ à propos de l~ notion de personne,
il est en outre
pensé dans
le
pr'o'.::ès
de tl"av~il erl COopél"~tion ~ve,.: ~IJ moins delJ:"
forces de
n~ture
symbolique
qu'il
cherche
à
se concilier:
les
ancêtres et
les
dieux.
Il
peut ~ussi s'~dJoindre d'~utres forces
~rtificielles de caractère symbolique nous le verrons.
Vient,
en deuxième lieu,
l~ terre,
sous ses diverses figu-
res
(e~ux,
m~récages,
terres
fermes).
Elle se c~r~ctérise ici p~r
son ~bond~nce rel~tivement à l~ densité de l~ poplJI~tion (32) et par
sa richesse
végétale
et
~nimale. Marx voy~it d~ns la terre qu~tre
fonctions:
IJn siège des commun~utés, un objet de trav~il, un moyen
de trav~il et un moyen de subsistance (33).
JIJsque dans ses l~gunes,
on l'~ dit pour les peuples lacustres, et d~ns ses tel"res fermes,
l~
terre en
zone
forestière ~ offert ce siège. Pêcheurs,
ch~sseurs et
collecteurs y
ont
trouvé
leur
objet
de tr~v~il et leur moyen de
subsist~nce. Aux
agriculteurs
l~
terre
donn~it
comme elle donne
~uJourd'hui encore
des
m~tières
premières
pour
l~
confection
d'outils:
minér~l
tel
l'or,
argile,
miel
(34), bois, chaume et
fibres ... L~
terre
n'est
p~s
seulement une ré~lité physique, des
forces symboliques
s'~ssocient
à son idée:
dieux d'eau,
(l~gunes,
fleuves,
océ~n),
dieux
des
forêts,
des v~llées, des s~v~nes, des
~rbres et
des mont~gnes. Nous verrons qu'~v~nt et pend~nt le procès
de production,
leur
efficacité
est
négociée
pour
l~ ch~sse, l~
pêche,
l'agriculture,
l'~rtis~nat
et
le
commerce
et
que
des
offr~ndes v~riées
leur
sont
~dressées pour les solliciter et leur
rendre gr~ces ; les "pères de l~ terre" étaient les intercesseurs de
cette intervention.
Vient, en
troisième
lieu,
l~
technologie
,
à
prendre
rigoureusement en ses trois sens : outill~ge,
techniques et s~voirs.
Les deux
traits
m~Jeurs qu'ont revelés les historiens dans ce type
de société
l~ simplicité (l'outil est formé d'une ou deux pièces
en général)
et le car~ctère individuel - ont spécifié cet outillage
: pirogues,
filet,
n~sse,
h~mecon, harpon pour les pêcheurs,
~rc,
lance,
filet,
fusil
pour
les
chasseurs,
houe,
machette, h~che et
hotte pour
les
agriculteurs,
métier à tisser pour les tisserands,
mor'tiel", pilon,
me'Jle,
assiette
et
m~l"nlite pOIJr les ''::'Jisinièl''es.
Aussi bien
l'accès
aux
techniques
de
leur
utilis~tion,
s~uf
exception, ét~it-il popul~ire d~ns le sens o~ il était ouvert à tous
les adultes selon l~ division du tr~v~il : techniques de f~bric~tion
des m~isons,
de
sel
végét~l
ou m~rin et du s~voir, techniques de
pêche, techniques
de
piége~ge, techniques d'~griculture céré~lière
(riz et
mil>,
techniques d'~griculture de boutur~ge (t~ro, ign~me,
m~nioc), techniques
de
conserv~tion
des
~liments
(stock~ge
de
grains, de
fum~ge
de
viande
ou de poisson"
,),
cuisine,
soins de
"santé primaire".
Si
l~
f~bric~tion
de ces outils app~rtient aux
individus.
les
spécialistes se tr~nsmettaient leurs technIques d~ns
un cadre lignager, génér~lement de père ~ fils,
ou de mère ~ fille:
fOl"gel"ons.
tissel"~nds
(I<weni,
Akyê),
tissel"~ndes
(Did~, Avikam),
vanniers, potières
(Ahizi),
sculpteurs de pirogues et de mortiers,
spécialistes de
magie
de
guerre
(Dan,
Wê),
médecins-hommes
et
méde,.:: i ns- f emnH~S .



#
174
,
En suppos~nt,
~
l~
suite
de
G~ston B~chel~rd,\\que les
techniques et
les
outils représentent des conn~iss~nces m~téri~li­
sées,
ceux-ci,
~vec
les mythes et les réflexions encore m~l connus
qui les ~ccomp~gnèrent, ~vec l~ productivité du tr~v~il soci~l et l~
pOful~tion qu'ils ont déterminées et g~r~nties, port~ient témoign~ge
d~ nive~u
de s~voir él~boré p~r les peuples forestiers pour ~ssurer
leur e:<isten,.::e.
Mais ce
qui
distingu~it
le
mode de production régn~nt,
c'ét~it les
rappol~ts
de
production
lignagers.
Ne p~rlons ni des
rapports de
production
esclavagiste,
ni des rapports de production
marchande:
périphériques
par
rapport
au centre-forestier et p~r
r~pport aux sociétés elles-mêmes,
ils demeurèrent limités ~ quelques
sociétés,
la
société
essum~ dans le premiel~ cas au début du XVIIIe
siècle,
les
sociétés
neyo et kweni ~ la fin du XIXe siècle dans le
second cas,
comme
nous
le
verrons.
Deux
r~pports de production
semblent avoir
présenté
un
c~ractère
général
les raPPorts de
prodIJ,:ti on tl~iblJtail~es (RPT> et les l~appol~ts de pl~odIJ,:tion 1 ign.;lQers
(RPL> .
Sous le
premier
type de ces rapports,
nous c~ractérisons
des relations évidentes, mais jamais, ~ notre connaissance, considé-
rées pour
ce qu'elles sont. D'abord il s'agit de rapports anciens:
ils signifient soit une dépendance d'ordl~e politique ~ l'égard
d'un
lignage qui
~ une prééminence sur la terre en vertu d'un contr~t de
fond~tion ou
d'établissement,
soit
IJne
dépendance
de
caractère
économique ~
l'égard
d'un
lignage qui a mis à
la disposition d'un
~utre lignage
ou
d'un individu, un de ces moyens de production. L~
première situation,
celle
de la hiérarchie politique des lign~ges,
met en scène le chef du lignage que nous nommons le fondé de pouvoir
sur la
terre,
p~l~ce que premier occupant généralement,
l'idéologie
lui prête
l'alliance inaugur~le avec les dieux locaux qui en firent
leur procureur
et
leur
prêtre
au
sens
propre.
Les Dida et les
Odjukru, par
exemple,
le
désignent
littéralement
"père de l~
terre", dodoto,
wus-@s,
c'est-à-dire
l'homo princeps,
celui qui a
engendré, celui
qui
~
ouvert
le
processus
d'appropri~tion du
terroir. Hôte
des
immigrants,
distributeur de terres,
~rbitre des
litiges fonciers,
c'est
lui
qui
cède
des
parcelles
pour
les
inhumations, c'est
lui
qui s~crifie pour la fertilité du sol, pour
l~ croiss~nce
des enf~nt5, pour la prospél~ité de l~ chasse et de la
pêche, pour
l~
p~ix
sur
l~
terre et la victoi~e dans l~ guerre.
Diverses causes
ont
entraîné
le
dépérissement
de cette rel~tion
origin~ire:
~bond~nce
de
terre,
grands
services rendus p~r les
immigr~nts, renversement du pouvoir politique,
surpopul~tion... D~ns
l~ seconde
situ~tion,
l'obligation
de
la
redev~nce
tire sur l~
rente. Anciens,
ces
rapports
présentent
ensuite
une
certaine
extension.
Sociétés
patrilinéaires
comme
l~
did~
et
sociétés
matriliné~ires comme
l'aburé
en
appliqu~ient le principe de f~con
plus ou moins étendue.
Dans le
fait,
on
rencontre
le
tribut sous la forme de
trace symbolique,
nimbée
de
religiosité. C'était le poulet que le
Bete-GtJepié dont
le pr.l\\~ent était dé,.::êdé devait -::au dodolowl~i
pOIJl~ le
s~crifice ~u
dieu
de
l-::a terre (35).
C'ét-::ait ce "quelque chose"
de
bénévole m~is
constant
prélevé sur la récolte et sur le produit de
la pêche
qu'-::apport~ient au
tr@zan
les Kweni septentrionaux
(36).


J . I J
C'est le
poulet
au
le cahri qu'aujourd'hui encore l'étranger dont
l'épouse a
;;)'::~oIJ,:hé
;;)ppo,~te
,::hez
~s
Bete-logb;;)lwaT'
;;)IJ
m@me
dignitaire à
la
même
fin,
en
espérant
pour
son
enfant
un
;;)pprentiss;;)ge s;;)ns
a~cident
de
la
marche
sur
1;;)
terre
et une
heureuse croissance
(37).
Or
cette
redevance n'a pas toujours et
p;;)rtout connu
ce
~ar~ctère
symbolique
comme le prouvent d';;)utres
exemples.
Chez les Gb;;)n,
tout chasseur remettait la p;;)tte ;;)ntérieure

de-chaque
gibier au to;;)kine,
l'homologue du dodolowri bete
(38).
De
m@me,
au
vill;;)ge
did;;)
de
Zozo-Oliziribwé,
l'étr;;)nger
devait
oblig;;)toirement une
p~tte de l'éléphant ;;)b;;)ttu sur le terroir
(39).
On trouve
chez
les
Abê
toute
1;;)
g;;)mme
des
prestations
dont
bénéficiait le
r@min
de la part des chefs de lignages.
C'était,
le
premier Jour de ch;;)que sem;;)ine,
une prest;;)tion en travail des ~adets
des lign;;)ges
dépend;;)nts,
~'était,
;;)nnuellement,
le lot d'ignames,
premices des récoltes',
assorti d'un mouton et de la boisson,
~'était
la boisson
régulière
ou,
à
la
place,
du bétail
(40).
le système
économiq'Je des
AblJl~e.-Ehê
et
EsslJom
atteste
les
deu:·~
fOl~mes de
prest;;)tions unies
P;;)l~
le concept.
A la suite de la gr;;)nde pêcherie
;;)tr@b;;) que
la coopér;;)tion vill;;)geoise dress;;)it en haute lagune,
les
p@cheurs faisaient
qu;;)tre parts dont deux représentent ces formes
:
l'efè et
le
TIQneli
;;)llaient
l~espe,::tivenlent
;;)/J
pronlotelJl~
de la
p~kherie, et
alJ
p;;)tron
de
la
pirogue,
tandis q'Je l'otwèt2 était
destiné alJ ,::hef politique,
"le l~oi",
"pél~e Il éminent de la tel~l~e, et
l'akp;;)ho au
matriclan
possesseur
de
1;;)
p;;)rcelle de lagune qui a
hébergé le dispositif technique
(41).
Toutefois les
rapports
tributaires
ne
p;;)raissent
p;;)S
avoir constitué
des
rapports
économiquement significatifs si pour
les bénéficiaires
(s;;)uf d;;)ns une cert;;)ine mesure les exceptions abê
et aburé),
ni pour les obligés.
D'autres r;;)pports gard.rent toujours
le dessus
les
rapports de produ~tion lign;;)gers.
les r;;)pports de
production tribut;;)ires
entretenaient
sinon
une
structure
hiérarchique au
sommet de laquelle se trouv;;)it de lign;;)ge,
"père de
la terre",
du
moins
une
rel;;)tion
de
présé;;)nce en s;;) f;;)veur.
En
sorte,
peut-on
conclure,
que
ces
rapports
ont
concouru
~
la
consolidation du mode de production lign;;)ger.
A la
pl;;)ce
que
tient
le
lign;;)ge
dans 1;;) distribution
fond;;)mentale des
f;;)cteurs de production,
à son raIe d;;)ns 1;;) mise en
oeuvre de
ces
derniers,
et ~ sa part d;;)ns l'appropriation de fruit
de ~ette mise en oeuvre se mesure le poids du HPl d;;)ns les sociétés.
lorsque de
toutes les terres des vill;;)ges,
on met ~ part les forêts
primaires dites
forêts
noires,
domaines d'appropriation illimitée
ouverts aux
villages
et
aux
fédérations,
c'est aux lignages que
revenaient les plus grandes super/icies
;
~ la commune appartenaient
les anciens
sites
occupés
par
le
village,
les
savanes,
les
marê~ages, exceptionnellement
des forêts secondaires.
Si
la plupart
des outils furent individuels,
ils relev;;)ient du patrimoine lign;;)ger
en trois
sens.
D'abord,
leurs techniques d'utilisation autant que
leur
"
possession
matérielle
s'héritaient
de père à
fils,
d'oncle ~
neveu ou
de mère ~ fille dans le c;;)dre patrilocal ou matrilignager.
Ensuite,
~ertains
des
outils
les
plus
importants
étaient biens
lign;;)gers et
sous
la
garde
directe des chefs de lignage
: grands
filets de
chasse,
pirogues
de
pêcherie
et de transport
<mbrahan
akyan).
Comme
ces
outils
de
grande portée,
le gros bétail et les
fusils dans
les
sociétés telle la société wê ne pouvait appartenir
qu'aux lignages.
Enfin,
c'est dans le cadre lignager,
en particulier
celui des rapports entre père et fils,
mère et fille que


1
176
,
s'effectuait la
fabrication
de
ces
outils
l'ar~isanat
métallurgique a partout été associé aux patl~ilignages de forgerons ;
le tissage
masculin
ou
féminin,
la
poterie,
la
sculpture
des
pirogues, des
tambours
et des masques,
la vannerie,
reposaient SUI~
le m@me
principe
sinon
comme
base
systématique
du
moins comme
teDdance socio-culturelle.
La constitution
et la régulation des unités de production
ne connurent
pas
d'autre
logique
qui
les
domin~t que celle des
rapports de
production
lignagers.
A
l'origine
des
groupes
domistiques,
-
les
maisons au sens morphologique et sociologique -
ménages ou
foyers,
il
y
a
bien entendu les accords matrimoniaux
i'
conclus par
les chefs des lignages,
on le sait bien. Mais entre des
"
groupes domestiques
comme
cellules de bdse,
c'était, partout ob la
documentation est
disponible
(Wê,
Kweni,
Odjukru,
Bete-Dida, Ab@),
les chefs
de
lignages
qui
répartissaient
les jeunes gens et les
jeunes filles
entre
les
adultes
pour
assurer
l'équilibre et la
continuité démographiques
des
unités
de
production.
Cette
réparti tion aSSIJre
à
,:haq'Je
adul te
IJne
"Rlaison"
(blJdu
des
Bete) compl~te
avec
homme,
femme et enfant ; chaque adulte devient
un "aîné"
de
premier
niveau
pour être un être "humain complet" ;
c'est un processus de socialisation des groupes naturels.
Or,
si les
"maisons" ainsi
théoriquement
équilibrées
ont l'autonomie techno-
économique en
particulier dans l'agriculture,
elles ne l'ont pas du
point de
vue
socio-économique.
Les jeunes chefs de "maisons" sont
associés à
un
"centre",
chef
de
segment ou de sous-segment: un
grand frère,
un oncle, ou un père.
Ils font chacun le champ de leur
épouse avec
la
coopération
parfois
de
leurs
parents,
frères ou
c01Jsins;
,:' est
la pl~odIJ,:tion de l' hORlme ~ tant Clue mal~i et P~re.
Ensuite et
dans
le
même
temps,
avec
leur
"maisonnée",
ils
"
participent à
la
préparation
des
champs
de leur aîné immédiat ;
,.:::' est la
prod'Jction
~
tant 'jIJe fi ls Q.!d. neveu,
cadet d'une ",.:::oIJr Il
(gbelJ des
Bete-SIJbwo).
Le
grand
gl~eniel~
de
,.:::ette "'':::OIJl~'' et les
petits greniers
des "maisons" sont complémentaires; c'est pourquoi
les chefs
des "maisons" mangent ensemble avec le chef de "cour".
A
un troisième
niveau,
dans
la
même
saison agricole,
les chefs de
" ma isons" et
les
chefs
de
"cours"
participent
parfoirs
à
la
prêpartion des
champs des épouses des chefs de lignages,
comme cela
se passe
,::hez
les
Wê; c'est la pl~odIJ'.:::tion de l' homnle ~ tant qlJe
cadet du lignage.
Chez les
peuples pêcheurs,
le même procès à trois niveaux
est attesté
non
seulement
dans l'agriculture,
mais encore dans la
pêche. A
c8té
de la pêche individuelle,
à
l'hameçon ou à la nasse,
ou de
la pêche avec le fils ou le neveu
(filet,
épervier),
destinée
à
la
consommation
de
la "maison",
les chefs de "maisons" et leurs
aînés chefs
de
cours,
dans
la
même
période,
concourrent
à
la
confection de
grande p@,:herie,
(type Dlbl~an !l!:!. b&edi des KyaRlan),
;)IJ
bénéfice du
chef du patrilignage (Ahizi) ou du chef du matrilignage
(Odjukru, Akyan).
Articulation
des
procès
que
les
maisonnées
;)ccomplissent ~
leur
propre
bénéfice
avec
les
procès
qu'elles
;)ccomplissent au
bénéfice d'abord de leurs ;)înés immédiats,
ensuite
de leurs
aînés
suprêmes,
ce
mode
de
production
ob
les
époux
- - - - - -_.. -. - ---- -

«
177
s'investissent ~
la
fois
comme
mari et comme fils et neveu,
~ la
fois ,.::omnle
"petit
aîné" et ,.::onlnle ,.::ade1,
,.::e mode de prodIJ,.::tion nOIJS
apparaît bien
lignager
dans
son
esprit,
dans ses moyens et dans
l'organisation des forces productives.
Que le
facteur lignager opér~t dans la mise en oeuvre des
fQ'r,.::es pr'odIJ,.::tives
des di ffér'entes IJni tés de pr'od'J'.::tion,
on le per-
coit aussi
bien dU point de ~ue matériel que du point de vue symbo-
lique.
De
même
que
les "pères de la terre",
l~ où ils existaient,.
devaient assumer,
par les offrandes,
le respect des interdits et les
prières,
le
succès des diverses activités productives et l'immunité
~es producteurs,· de même les chefs de lignages étaient astreints aux
mêmes devoirs rituels,
Ainsi intervenaient-ils sur le mode idéologi-
que au
bénéfice
de
ceux qui travaillaient sur leur terroir ou qui
utilisaient un
instrument du patrimoine sous leur contrale. Oans la
chasse,
l'agriculture
et
la
pêche collectives,
extérieures ~ leur
lignage,
cet
acte
symbolique s'appliquait au territoire et aux ou-
tils
(filet
et
pirogue)
et accompagnait les producteurs. C'est ce
qui
justifie
en
retour
le flux du produit du travail extérieur au
lignage et,
tout
compte
fait,
accroît,
relativement ~ la part du
surproduit directement approprié par les producteurs et ~ celle ver-
sée dans le fond de réserve des villages,
la part des s'Jrproduit qui
revenait aux lignages, entrait sous le contrale des chefs de lignage
et composait
la
richesse
de
ces
derniers.
Part du produit de la
pêche libre
des
pêcheurs et de la chasse libre des chasseurs,
part
de la
pêche
et
de
la
chasse
collectives,
part de l'agriculture
domestique qui
constitUe
les
greniers,
il
n'est,
en définitive,
aucune activité productive de toutes les unités de production qui ne
rapporte directement
ou
indirectement
aux
chefs
de
lignage.
Le
résultat, c'est
la différenciation socio-économique, qui marqlJe les
sociétés. Au
bas
de l'échelle:
les femmes;
au milieu,
les hommes
ordinaires,
les
cadets sociaux, de la littérature anthropologique ;
au sommet,
les
chefs
de
lignage,
les
grands
hommes,
les aînés
so,.::iaIJ:~ .
2.4. Quatrième
élénlent
et fa,.::telJl" d'IJnité _ les rapports
de gOIJvernement
Entre les
quatre
systèmes politiques qui différenciaient
les sociétés
se révèlent quelques fortes similitudes : identité des
sujets politiques,
souveraineté
communale,
principes
de
fonctionnement,
souplesse
historique.
Alors que femmes
et hommes
pouvaient être
et
étaient
des
sujets
économiques,
dans l'ordre
politique seuls les hommes étaient des sujets
:
"citoyens" pléniers,
législateurs du
droit
positif,
guerriers
et chasseurs,
seuls ils
gouvernaient:
les
sociétés
et
l'ordre
publics
étaient
androcentriques.
Telle est la première similitude.
Si, avec
Raymond
Aron,
nous entendons la souveraineté au
sens du
pouvoir
de
décider
en
dernier
ressort
du destin de la
collectivité pour
la
paix
ou pour la guerre,
si la paix elle-même
est la
suspension
des
modalités
violentes
de
la rivalité entre
unités politiques
(42)
et
si
la
guerre
est
la
lutte armée et
sanglante de
groupements
organisés
que
nous
tiendrons
pour des
unités politiques
(43),
la deuxième similitude réside dans le lieu
. -, -_.~_ .. : - . 0 - _ - _--"-~
_

..
·_·1
"---~-.~-----
178
de l~
souver~ineté.
P~rtout, une unité politique figure le lieu et
l~ SOIJl~'.::e de
,.::ette
sOIJvel~~irleté, ,.::' d"t~it l~ ,.::onlmIJne. Erl ternIes de
pr~tiques coutumières, de lois et d'institutions,
l~ commune excerce
s~ souver~ineté
indivisiblement sur l~ commun~uté hum~ine et sur le
territoire.
Elle
~
l~issé
des
tr~ces ~ssez rem~rqu~bles d~ns les
vill~ges bete
coloni~ux
pour
que
K~bben, f~ute de mieux,
suggère
''::Q,rltl~~dit.::toi l~enlent de
l~
''::~l~~,.::tél~i sel~
,.::omme
url
peti t
Et~t
(44).
C~est souligner
l~ force de l'idéologie et des pr~tiques du pouvoir
sur les
hommes et le territoire,
m~is en néglige~nt ce qui ~illeurs
org~nise cette emprise:
un ~pp~reil.
L~ troisième
similitude
~pp~r~ît
d~ns deux principes du
fonctionnement de
ces
communes.
D'~bord,
qu'il
soit
symbole du
fond~teur, hOMme
d'élite
élu, ou qu'il soit doyen d'~ge ou collège
de gouvern~nts,
le
détenteur du pouvoir politique,
dont les droits
sont reconnus
et
respectés, subiss~it un contrale systém~tique ~ux
mod~lités déterminées
contrale
exercé
p~r les chefs de lign~ge
d~ns le
système
r~min~l des Ab~, d~ns le système migon~l des Kweni
et d~ns
le
système
p~tri~rc~l (Neyo, AbidJi,
Krobu),
contrale des
cl~sses d'~ge
d~ns
le
système
fokwéen
des
Ky~m~n
et
Odjukru,
contrale des
chefs
de lignage et des cl~sses d'~ge d~ns le système
r@min~l des
Abure
et
des
All~di~n.
H~is
pour
préserver
leur
existence et
leur
~utonomie, ces communes,
génér~lement de petites
et moyennes
dimensions,
s~v~ient
mettre
une
limit~tion
~
leur
souver~ineté en
nou~nt
des p~ctes politico-milit~il~es ou politico-
religieuses qui
dev~ient
en
retour
en
g~r~ntir l'exercice.
A l~
disposition de ces form~tions fédér~les -
goto ~ky~n ou blo~ W~ -des
institutions exprimaient,
reproduis~ient et consolid~ient l'lJnité :
institutions SOcio-l~eligieuses telle
l~
f~te de l'ign~me chez les
Akyé,
les
Ab@,
les OdJukru et les Wenmebo,
ou telle l'épiph~nie du
m~sque chez
les
D~n,
les
Wê,
les Kweni,
les Ni~bw~ et les Bete,
exposition ~rtistiqlJe
du
bel
homme -
b~gnon des Bete et sit~m des
Krumen -,
institutions socio-milit~ires comme l'initi~tion d~ns les
sociétés l~9un~ires
(Gw~,
Abure,
Ky~m~n, Akyé, Ab@). C'est le même
principe str~tégique
de
conserv~tion
qui
~
Joué
p~rtout
d~ns
l'hospit~lité accordée ~u:< diverses vagues d' immigr~nts.
Qu~trième similitude
quelques
v~leurs
fond~ment~les
structurent les
pr~tiques.
Ici
se
m~nifest~it
un
p~triotisme
commun~l où
le
pieux
~tt~chement
~ux ~~eux n'est qu'~dhérence en
quelque sorte
à
une
terre,
que ceux-ci s'ét~ient ~ppropriée, une
terre nourricière
~vec
l~quelle
lelJrs
corps s' identifi~ient - et
d'~vec l~quelle
les indigènes ne pouv~ient envis~ger s~ns déchirure
et s~ns
mort
l~
sép~r~tion.
On trouve l~ l~ r~cine du dénouement
souvent tr~gique
de
cert~ins
litiges fonciers contempor~ins. D~ns
les conflits
internes
de
quelque
gr~vité,
en même temps que les
hommes ét~ient prêts ~ l~ guerre, ~ l~ lutte ~ mort,
ils préfér~ient
et, en
définitive,
se ralli~ient ~ l~ solution de concili~tion qui,
si elle
ne
réuniss~it
p~s,
d~ns l'immédiat,
sép~r~it d~ns la vie
plut8t que dans la mort
: les crises se résolv~ient généralement par
des segmentations
qui reproduis~ient les commun~utés d~ns l'espace.
Enfin,
telle
était
la
prév~lence
de l'idéologie lign~gère que la
fidélité au
sang
primait
l~
fidélité
~
l'~lli~nce et que cette
dernière primait l'esprit de justice,
n'ét~it l~ crainte de sanction
frappant l~ violation d'un interdit religieux.


Hais de
n1ên1e
qu'elles
;.'lvai-ênt nOIJê des allian'~~s et a,:-
cueilli des
immigrés,
les communes souveraines savaient,
quand les
circonstances l'exigeaient,
se dépasser pour composer des ensembles
plus considérables
et salutaires,
preuve de leur souplesse.
La zone
forestibre fournit
plusieurs exemples de telles confédérations à la
fi.n dlJ
XIXe
siè'.::le.
La
tl~adition
bete
en ,:ite delJ:o{
: la Z@blé,
o~ganisation de
cinq
dikpi,
groupant vingt-quatre villages,
et le
Gbalo,
avec
sept
dikpi,
intégrant
soixante-douze
villages.
Les
KrlJnlen Tepo
en
'.::onsti bJèrent
IJne
dans
la se,:onde n10i tié dlJ XIXe
siècle.
Deux
sont
reconnues
dans
la
société
odJukru
la
,:onfédération de
e.Ob01~,
'.::omprenant
,.::i nq
lêblJbJ
(e.Ob01~-10k) et la
':onfédé1~ation de Dibr'm,
IJnité de tl~ois lêblJbJ
<Dib1~m-lok). Sept bloa-
dru restent
célbbres
dans
la
tradition
w@
ce
sont
les
~fedérations de Baon, Gbéon, Zagna, Zagné, Zérabaon, Zibiao, Zaho.
Un minimum
institutionnel consacrait la "superstructure dans chaque
cas.
Au
niveau du bloa,
deux personnages assumaient l'ordre:
l'un,
dans le
domaine temporel,
chef de guerre,
bio-kla,
et chef de paix,
bio-dioi,
l' autl~e,
dans le domaine idéologiq'Je et n101~al, le ~. Le
personnage dirigeant
du
bloa-dru
recoit le titre de "grand chef",
bio-kla, ou
"père
de
la
guerre",
too-bo.
Chef militaire dont la
mission était
d'assurer
la
sécurité
sur tout le territoire et la
protection des
habitants,
il était aussi chef civil,
détenteur d'un
pouvoir judiciaire,
rendant
la Justice les Jours de marché dans sa
localité ou
dans
la commune la plus ancienne de la confédération ;
homme riche,
il
avait
enfin le pO'Jvoir économique d'émanciper les
jeunes guerriers des lignages pauvres en leur procurant des épouses.
A en
croire
Zunon
Gnobo,
le statut du toQUe bete s'apparente à ce
dernier dans
la
paix
comme
dans
la guerre.
Or, sauf la fonction
sociale de
promoteur
de
mariages,
on
retrouve
dans
les
confédérations politiques
odJukru
la
m@me
concentration
de
l'instance militaire
et
de
l'instance
Judiciaire dans la commune
centl~a~le aW'~ mains de la classe d' 9ge gOIJVe1~nante.
2.5. Cinq'Jième
élément
et
fa,:teIJr
d' IJnité
-'- les bases
cul bJ1~elles
Rallions-nous aux
deux
définitions
complémentaires
que
Jacques Maquet
donne
de
la
culture
héritage
collectif d'une
société et
système
d'adaptation
d'une société à son environnement
(45). Au
delà
des
langues,
premiers critères de regroupement,
des
ensembles culturels
distinguent
les sociétés de l'Ouest forestier,
les sociétés
du
Sud-Est
forestier,
les
sociétés préforestières,
voire les
sociétés
côtières.
On
peut,
pal~ référence à un peuple
"autochtone" ou
de
plus
grande
ancienneté,
nommer
le
premier
ensemble culturel
~agwe,
sous-système
de la civilisation Kru ;
le
de'J:·dème,
,:omme
ensemble ,'::IJlhJrel agwa,
constituait IJn sous-système
local de
la
civilisation akan,
le troisième peut être dit ensemble
,.::ultIJI~el ~an, SO'Js-système 10,.:.;:)1 de 1·':1 ,.::ivilisation nlandé.
Par base
culturelle
nous
d~signons
principalement
un
facteur en
tant qu'il constitue un présupposé de l'activité sociale
distinctive de
l'humanité.
Langue
et idéologie entrent dans cette
'':.::Itégol~ie.

100
.
....
S ' -:1 gis san t
t:1o.r
p l~ €o' ml (~ l~ f.;) ':: t €~ U l',
1 €~ çJ r' -:1 n d
': h e l' '.: ri e U 1- M.;)IJ l' l ':: e
Delafosse,
voil~
trois quarts de siècle,
avalt classé les multiples
langues de la eate d'Ivoire en trois ensembles différenciés sous les
1~';)PPOl~ts 1 e:·; i ';01 og i qlJl~,
mOI~pho 1 o~J i que et svn t .;):-: i que
: e ns (·?mb 1 e !" a nde-
.f!:!., ens€~mble
~l''-'
et
ensemble k\\,.@. (ltl».
Auj()l.l\\~d' hui les pl~o';J1'ès de
l·anthropologie linguistique
concluent
~
une double affinité plus
é'b~oi.te. Au
NOl'd-Ouest
de
1;;) f(ll~êt,
plus de '~l;;)sse ~l'::!..I!.!,;l?-fu ; ,:et
ensemble prend
place
entièrement dans la branche des
langues mande
comme un composant de son groupe Sud-Est.
A l'Ouest et ~ l'Est,
50US
l'unique dénomin;;ltion
I<wa,
les
deu:-:
"HI •.:iens
ensembles Kl'U et Kw.;)
«sont,
aux
dires
de
J.H.
Greenberg,
particulièrement proches et
forment une sorte de noyau»
avec
les br;;lnches gur et benue-congo de
l.::l gr~Jnde
:;;lftlille Nigel'--Congo
(47).
Sous le
rapport
du
second f.;)cteur,
dont la connaiss.::lnce
vient à
peine de commencer,
ce que nous en savons gr~ce aux travaux
de Mal~':
H'Jge,
not;:.lml'llent 1;;,) JhéOl' i e 9(~S pOI_lva i.!~ çt i déo 1. Dt:! i e
({tB) ,
laisse supposer
d'abord
que
les
individus
se reli;;,)ient de f;;lcon
particulière .;)ux
org;;lnis;;,)tions
sociales
et
;;,)ux
rapports
de
production,
ensuite
il
postule
1;;,)
fragilité des individus et des
org.;)nis.;)tions sociales
lignage
et
village
et
révèle
les
str~tégies que
ceux-ci
dev~ient
mettre
en oeuvre pour tenir leur
place d~ns
les r~pports de force que constitUe l'existence.
Réalité
complexe p~r hypothèse,
comme nous
le verrons sur quelques exemples,
une personne
tenait
cette place de deux m~nières : d'une p~rt elle
s'~ppliqu.;)it ~
observer
les
préceptes
moraux
et religieux de 1.;)
commun.;)uté lignagère
et
de 1;;,) commun~uté
vill~geoise
; d'une p;;lrt,
pour protéger
et
f~ire
prospérer
s~
vie
et
ses
biens,
elle
s';;lppropriait,
à
titre
privé,
.;)uprès des médecins et des devins,
à
travers
les
moyens
m.;)tériels,
les
forces
symboliques
de
la
pl~ésel~V;Jtion et
de
la
guél~ison
koingrd
selon les t~ê,
~~..t2. des
OdJukru.
Membres
de
l;;l société idéale qui g.;)r~ntit de l~ solitude,
les .;)ncêtres,
pour leur part,
constitu.;)ient d'autres plus efficaces
forces symboliques
de
préserv;;,)tion,
de
développement
et
de
prospérité pour
les
lign~ges
et
pour les villages
; ceux-ci
leur
vou~ient un culte,
~ssocié ;;lUX m.;)ri~ges,
aux institutions socio
culturelles et
politiques
ci-dev.;)nt
énumérées.
M~is alors que les
ancêtres r~tt.;)ch;;lient
les
viv~nts
~
la
durée
des org.;)nisations
sociales et aux autres peuples,
les dieux,
quant à eux,
ratt;;lchaient
idéologiquement ~ux
b.;)ses
m~térielle5 des commun.;)utés,
d'une facon
génér~le à
l;;l
n~ture.
Dieux
des
eaux,
chez les pêcheurs et les
river~ins des
fleuves
et
des
rivières,
dieux des forêts ou de la
brousse partout,
dieux du ciel parfois
(la lune n'était-elle pas une
divinité pour
les
Wê?),
ils appartenaient également aux lign.;)ges,
aux vill~ge5,
~ux
fédérations
qui
part~gent
en commun un esp.;)ce
économique et
une
mémoire
culturelle.
Ainsi
les peuples Krumen et
les peuples
l..Jê
invoqu<.1i.ent-ils le dieu Crill.n?Y2,
les pe'Jples eete et
les peuples
Oirja-(;odi.e
le
Ijieu
l-:2_:19_,
Ainsi
'::ôtÙ~1'S d'J littol~al
o,:cident;;)l et
l"I~J'.ln"li}'es
;;ldol~.;)iE~nt-j.ls le di.'~IJ Kl~'J Gbe'J'])'t' dans le
mêlll€
tempo;;
oi.l
':e~,
del~niel'S
et
les
':ôtiel~S du littol-<Jl Cll'ient.:ll
p.:ll~ti.,:i.p"li(~nt ·=JIJ
':IJJ.t(~
du
die'.1
d'ea'J
anyi
T;;l_~~l~..
f'JO'JS
a'Jl-OnS
l'o':'::':l'5iof. d'~)b()l'del'
des
èlément~5
de
la
,:on'::eption rjlJ temps,
de
l'e5p;::lc.(~ t~t rje 1·:;.) r,p'~~;on1'l(~
qui.
I.~onsti.t'-'e 1;;) "'vision (jIJ mfJf,r:Je" et p~l'
5IJit~, de 1;:, fl~1tl.Jl'~~ (j.')ns
le~:; sOI.:iétés de notl'€'
f.~h;'1mp,


181
SECTION
"IV
DANS LE CHAMP DELIMITE, UN TERRAIN D'ENQUETE PLUS LIMITE
DE
HUIT
SOCIETES LIGNAGERES-TEMOINS
Parce que,
sur cette ~ire forestière contlnue et homogene,
~es sociétés lignagères èt8blies depuis le XVIIIe siècle,
présen
tent,
en dépit de leur différences:
des similitudes de structure qui
les )~évèleÏlt
~
comme
des +i'J'J)~es ,j' ur,,::~ même fOl~m.:::ltion 50,.::i.;)le ,
nous .:::Ivons
retenu
huit
sociétés
pour ap
liquer et résoudre notre
problématique.
Bien
qu'il
n'éch~ppe
pas
è
l'arbitraire,
bien que
d'autres sociétés
puissent
prendre
1.:::1
pl.:::lce de celles-l~ avec la
même pertinence,
ce
choix
obéit
~ trois exigences nécessaires et
indissociables commandées p.::lr l'étude ~ l'échelle de cette zone:
une exigence d'histoire économique,
une exigence de géogr.:::lphie de 1.:::1
culture,
une exigence d'anthropologie sociologique.
Adossée ~
trois
principaux
esp.::lces
économiques
et
civilisationnels sur
lesquels
nous
reviendrons
espace
m.::lndé,
eSpace akan,
espace
atlantique
-
18 constellation de ces sociétés
était le
lieu
d'interférence
de
trois
courants
concurrents
d'échange,
dont deux courants d'orientation Nord-Sud et Sud-Nord,
et
un courant
d'orientation Est-Ouest.
Le premier critère de choix est
imposé par
ce
double ~xe d'échanges commerciaux.
Si l'on considère
du point
de
vue
géographique
les
hommes
et
leurs cultures,
un
deuxième critère
de
choix s'ensult
la représentation des régions
culturelles dans la zone.
Enfln s'~joute un troisième critère,
celui
qu'impoSe l'anthropologie de l~ p~renté et du pouvoir politique.
Sous le rapport du premler critère,
deux sociétés retenues
font frontière
~u
pays
des
m~rchés ~vec les sociétés tribut8ires
mandé Côté-ouest
et
akan
eSté-est;
deux sociétés sur le littoral
atl~ntique ont
servi
d' intermèdi~ires avec les sociétés marchandes
et capit~listes
d'Europe
au
coeur de l~ forêt,
quatre sociétés
furent des relais du commerce dans
l'axe Nord-Sud entre la savane et
la ':ôte
le long d'J S~ssan,jl'.:::l è
l'Ouest,
dlJ Band~ma et de l' Agnéby .':.1
l'Est.
D8ns
le
pl~emie)~
gl~(JIJ~:·e.
'...·oi,2i 1;:,t 2,::>,:i.fi..t~ !.J:.weni ou 9Ul~O:::l1.J
Nt:Jl~d-OI.Jest et
l~
socié'r_~ 2,!;::.g,:JJ.I Sud-Est;
d.,::m·:;
le ,jeu;·:ième gl~ol.Jpe.
'/0 i ': i
}.;;j s 0'':: i § t ~ n fn' 0
':; IJ l~
.L .=,)
'.: <:)1: t,;:,
(J '.: ".~ ide fi t ;J Il'?,
.'::l
1" 0 IJ est..
.~ l' Est f:! t
le long
du
fle'Jve
S."-'S:;;'.lrl,~Ji'.:J,
'·/Oi.2i..
eflt)~e
P..:::mdama et Comoe 1
la
?o,,: l.P....tQ ;p]. l~.d i :;ln
.:: on s t 1 t I.J e 1'1 t
1 e
t Y' 0 i s i i~·' me .:]1' Cl UI:· e,
·:::lU
~.,-, d dlJ ç:..:) 'ls
I<'",eni,
la5o'.;iét~ '3..!;:,2.I~ et l ..:?_~.~:?:·;.~..'t:t.g, t§?.t~_ ..
et ..
,j.:::ms
le pl~olongement
de 1.:01
':5 0'-:: i été
bet e ~; u )~ le S ~J S~; ."H1 dl';:,),
1.~;1. ~~..9...';j:!j t è !!.:1'!..2..';:Li ."!: .~ 1 Est du
J
Bandama,
dans
l'axe du fleuve Aqnebv,
au Sud des~Abê, SUl' la laqune
Ebl~ié. 19-. so~.;;j.étt.:i '2AJ.':-:lLl::_!).'
.., . .
.
...


182
Considérées du
point
da, vue
de
18
gèogr~phle
de
18
;~u 1 tUl~e. deu:<
so,.:: i étés de l' e n·s .?mb le ,:Ij 1 tu l~e 1 \\01;;,).I~ p.~l~t i .': i pl?nt de l.~j
civi1is~tion m8ndé
18 société
kweni et 18 société gb8n
;
trois de
l ' (~n s (~m t·, 1 e
,~ I.J 1 t u l~ .= l
m.~ 1.:1 we
l~ a l,~ V (',!ri t
d (~
L:j
,,:: i vil 15 8 t i 1.) n
k l~ U
:
l .~
société neye,
18 société kW8di8,
l~ société bete ;
trois sociétés
la société 8bê,
18 société odJukru,
18 société 811adian -
inscrivent
··,:e que
nous
nommons
ensemble
':ljltIJl~el
~-:1.5!.~.JJ. d8ns 18 ,:ivilis8tion
.:::Ik.''HI.
Selon les
critères d'une 8nthropelogie sociologique,
sont
représentées d~ns
ce
choix les différentes
formes de p.:::lrenté et de
pouvoir politique;
une société de
fili~tion uniliné8ire -la société
ab~ -
comparée
à
des
sociétés
de
filiation
biliné~ire
(cinq
p.a'tl~ilinéaires, et.
deu:·: m;:)tl~iliné·::lil~es) ;. une so,::iété dvsh81~nloniq'je
(la société
odJukru),
et
une
société hemi-h8rmonique
(la société
~11adi8n) comparées
à
six
sociétés
h8rmoniques
de
type
patrilinéaire,
trois
sociétés
à
c18sses
d'~ge
(8bê,
al18di8n,
odjukru>,
comp8rées
~ qu~tre sociétés tot8lement ou partiellement ~
masques
<kweni et gban d'une part,
neyo et bete d'8utre p8rt).
En vérité,
d8ns ce terrain,
deux sociétés sont objets d'un
traitement spécial
ou inégal.
Premier C8S de traitement inég8l
18
société kweni.
Société
limitrophe de
la société ffi8linké,
l'une des
rares à
avoir
bénéficié,
depuis
le
premier quart du XXe siècle,
d'études d'anthropologie
ethnologique,
sociale et économique,
elle
nous .:::Ipportait une documentation
inespérée
;
nous 8vons limité notre
enquête à
son
secteur
forestier
8UX
groupes Tchegba,
Ni.:::lmono et
Kuhon.
Second cas de traitement
inégal
: C85 de
la c~efferie essum8,
société m8trilinéaire
dont
1.:::1 riche historiographie commence d'être
exploitée et
l'est
insuffisamment sous
le r.:::lpport de notre objet;
~yant pris
le
p~rti d'en
faire
notre référence historique en amont
de l a
pél~ iode
,:ho i sie,
fiOUS
e~<p lOI~er(Jns.
.non.
ç~,'!lS l ~?S tl~.~d i t ion·::;
orales mais
exclusivement
18
documentation
écrite,
celle
des
voyageurs et celle des historiens des XVII et XVIIIe siècles.
- T.-~--.-·,::--- 4_.
_

It
183
...
DEUXIEHE
PARTIE


1
184
LE
PROCES
DE
PRODUCTION
D~ESCLAVES
NATURE, FORMES ET APERCU
HISTORIQUE
i'


185
CHAPITRE III
LA NATURE DU PROCES
CHAPITRE
IV
LES FORMES ET LES RESULTATS DU PROCES
CHAPITRE
V
UN APERCU HISTORIQUE OU PROCES
l'


186
. 4
CHAPITRE III
LA NATURE DU PROCES
SECTION
1.
LA MATIERE DU PROCES
: LA PERSONNE SELON LES
SOCIETES CONSIDEREES.
SECTION
II.
LE PRODUIT DU PRO CES
: L'ESCLAVE SELON LES
LOGIQUES DES SOCIETES CONSIDEREES.
SECTION
III.
LA SPECIFICITE DU PRO CES

..
--
187
S' il
est vrai
qu'au ter'me ~e son act i vi té,
1 e pl'·odu,.::te'J\\~
engendre un rapport social sous
la forme soit
d'une valeur d'usage,
soit d'une valeur d'échange,
soit
de l'une et l'autre en même temps,
nul paradoxe dans la notion de production d'esclave.
Pour produire le
rapport d'esclavage qui assujettit un esclave à un homme libre et met
lS premier
à
la
disposition et au service du second,
une activité
sociale, dépense
d'énergie
humaine
mettant
en jeu des structures
sociales dans l'espace et le temps,
est indispensable.
Deux aspects
du
paradoxe
subsistent
cependant.
D'abord
dans Sa nature,
le processus de cette production consiste en effet en
un échange,
une
traite,
un
commerce.
Or tout commerce assure un
trangfert, d'une
communauté
vendeuse
à
une communauté acheteuse,
d'unL marchandise
il
est
de
l'ordre de la circulation qui,
en
principe,
n'ajoute
ni
n'enlève
rien,
~
la marchandise;
dans le
transfert,
seule
est
déplacée la propriété ou l'appartenance de la
chose de celui qui vend à celui qui achète en cédant la contrepartie
matérielle de
la
marchandise.
Le
fondement du titre lui-même est
ailleurs comme l'a reconnu Marx et comme nous le verrons .
..
clro:l.1:"
1·.qu~~_1_n~.
Me ... _
.~,
p o u r
1·0b~_n~r,
~1
n # .
_ u
b • • o~n
n~
d _
~~_v_111_~.
n~
d .
~our1r
d . _
~~.qu_ _ ,
n i
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~e~r_
p r e u v e
du
Mem
pr~~
d·_n~r.pr~._
q u e
1 _
Q_p~~_l~_~• .
A
V.UH,
du
",.me
C O U p .
1 .
droi~
d _
propr~.~.
d u
pl~n~_ur
s u r
1 _
" _ g r _
q'~' 11
G
~ch.~.
lu~
_ . m b 1 _
a . c o u l e r
n o n
p • •
d _
1'in_~1~u~1on d .
l ' . _ c l e v _ o _
q u ' 1 1
_ W 1 _ ~ _
d . J - ,
_~
_ t
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n ' _ _ ~
p _ _
u n _
v _ n ~ _
qU~
p _ u ~
1 _
n' __
__
c .
p _ _
u n _
• • r 1 _
d _
~ r . _ ~ ,
~
d _ v _ n ~ _ g _
v _ n ~
r.p.~._.
qU~
1 _
c r _ . r _ .
C_
q~~
_
cr.~
1 _
~~~r • •
~_
a o n t
1 _ _
r_ppor~_
d .
prodY~~&on· (Karl Marx,
1968
1385) .
Ensuite,
la marchandise dont il est ici fait commerce a une
spécificité~:
bien
qu'elle
ait une valeur sociale,
elle n'est pas
d'abord une
valeur
d'échange,
produit
de la transformation d'une
matière première et destiné au marché
, c ' e s t une personne dont nous
reviendrons plus
loin
sur
la
nature.
Le
commerce l'arrache aux
rapports so':i;:..lIJ:-:
':j'Ji
la
déte\\~minent
'~Onlnle
autonome,
1 ibl~e,
et
l'introduit dans
de nouveaux rapports caractérisés par l'aliénation

- 1
188
et l~ sIJbor"din~tion ; il détl~lJit q'Jel4'!Je '.::hose de ,.::e q'Ji la ,=orlstitue
comme @tre
culturel,
agent
de
production,
de reproduction et de
cré~tion et
lui
impose
de nouveaux attributs qui
le différencient
dans la société d'accueil.
L'~ctivité sociale déployée dans le temps
et l'esp~ce pour changer des personnes libres en personnes totalement
9èpendantes dans
la
l~elation
d'esclavage constitue bien ainsi une
activité productive.


]
189
SECTION
l
LA HATIERE DU PROCES
..
LA PERSONNE SELON LES IDEOLOGIES DES SOCIETES CONSIDEREES
"X'1
_ _ 't:'
C1U-
:1._
cu1't:'ur_1~
qU~
_
b_.o~n
d · u n
1 _ h g _ g _
p o u r
.~r_
~Drmu1 • •
e't:'
q ~ ~
_ ~ ~
_ D u m ~ _
~
d _
~ r G n d_ _
V _ ~ ~ _ ~ ~ D n
1 a ~
1 _ _
cu1't:'ur _ _ •
_ _ 1 o n
meMe
1 . _
._'t:'
't:'h.or~ _ _
b~o1ag~q~
_ _ •
H _ 1 _
~1
n o n
ma~n_
. p p . 1 _ r
han' ..... u .
En reconn~iss~nt
entre
m~îtres
et escl~ves une identité
~nthropologique, les
tr~ditions
or~les
des
sociétés
lign~gères
désignent implicitement l~
"m~tière" sur l~quelle opère le procès de
l~ production
d'escl~ves
et
p~r
quoi
il est logique de commencer
l' ~n.alyse de
,:e
pl'o':ès
l' êtl'e hlJm~in <homo).
P~l' opposition à
l~
m~tière brute des économistes,
i l s'~git bien d'une m~tière première,
puisqu'à l'~ge où génér~lement les sujets entrent d~ns le circuit des
éch~nges, l'~ction des sociétés d'origine en ont déJ~ f~it des êtres
culturels et
~gents
plus ou moins ~ccomplis de l~ reproduction des
so,.::iètés.
01',
quid
de
l ' êtl'e
hum~in
selon
ces
sociétés
?
Aux
premières et encore i n,.:=onlp 1 ètes données sur les idéologies ~nciennes,
il appar~ît
à
l~
fois
,:omme
personne,
membre
d'une société et
hi s'toi\\'e .
Nikpê
(bete-kw~di~),
gnon
<neyo) ,
(~bê),
(OdjuKI'U),
Wl'on
(~lladi~n), mi
(kweni)
AIJ Colloque Intel'n~tion~l df~ F'~l'is SUI"' L~ Notion de pel~son-
ne en Afrique Noil"'e
(1981
397),
LO'Jis-Vin,:ent Thomas 1';:1 ':al'actél~i-
sée comme un pllJl"'~lisme '.::ohél~ent (2).
En tel"'mes ~n~lytiques, tel est
b~en le
premier
tr~it de cette unité spécifique selon les sociétés
'qllJe nous
e:·~~lIlinons.
Sous
le
qu~lifi'.::~tif de '.::omposite,
Mal~l':: Augé
l"-ii)vait- déJ~
l"'e,.::onn'J
d~ns les sociétés lagun~il'es du gl'oupe .::.lK;jn
sl!)c:iétê-s avik~m,
ébl~ié
ou
21kY'::lrI,
;.'1II~di~n
<1975
179)
(3).
Ce
Hi-'.Jliuralisftle '.::onstittJtionn(~l
est
m~nifeste d' ~bOl"'d d~ns 121 divel'sité
-œs '.::onstitu~nts
: un '.::onstitu~nt m~tél~iel <le ''::Ol~pS), deIJ:-: ~ tl"'ois
l'::oTtst"ibJ~nts illlR\\~tél'i",ls,
selon
les
''::·~S
(le
souffle,
le double,
l'ombre)
et
deu:-:
•.::onstitlJ~nt<;; symboliques
(le totem et le nom).
Le
T::lble.au. ,3
ill1J5tl~e I:ett€~ I.:olllposi.tion.

_ - 1
190
TABLEAU
3
LES COMPOSANTES DE LA PERSONNE
..
Com\\=·os a n'ts
Coq:\\S
SOIJf f le
DOIJl:.l e
Onlbl~e
Intel~di t
~~om
/
Vital
(espl~i t)
/
SOCIETES
ALLADIAN
wawi

OO.JUKRU
·:iOS : '~Ol~pS
·:ie 1
1
.:lbn
t>.:hl~ i ê
nin
Isos-melJl
i
(d·'.:lil~)
IAe.E
sê : '~Ol~pS
nkwo
sê-w.:lwê
1
êdj~~l~ê
tÔ"ll~iê
eyi
sê-nopiê 1
w.:lwê
1 (vi.:lnde)
i
e·ETE
1
1
- ·je Dalo.:l 1klJ: pe.:lIJ
.;Inomo
zlJzlJko
IJg .:l
gba
nlJni
-:je G.:l 9 no.:l
kpekp.:l
gnon
djlJdjlJ
IJgon
gb.:l
NE'v'O
jli/gnle
GBAN
loê
genwin
OlIJ ZIJ n Z IJn
etc
KWENI
kolê: pe.:lIJ
flJlJ/
l e l i
leli
sone
to
- e-wafle
bo: '~Ol~pS
/fliye
-
Dl i bo : '~or'ps
rllJm.:l i n
-
ZIJenl.Jla
f'JIJ/
lei
lei
sonê
to
1
/fliye
fîni~ki
Ce pluralisme se retrouve également dans
l~ loc~lis~tion
des cons~ituants
imm~tériels.
On
peut,
p~rnli
les org~nes où sont
censés siéger
les
princip~les fonctions psychiques,
citer
la tête
:
~ (ao.@). nl..J (odjukru), wulu
(neyo,
bete),
le ventre
:
Q.e.!d (abê),
lok
(odjlJkrt.1) .nekpr~ko (bete) 1
bo
(kweni>,
le '~OelJl~ : dl~e
(bete),
mêl~m
(odjlJkN.d .Owol~IJmO (~bê),
et
le
foie
F.:'olê OIJ Ijil~i
(bete),
sifl-efl
(odjlJkru) ••. Le T~ble.:lu
4
fournit
une
récapitul~tion
de
ces
localisations
fonctionnelles.
: ~-,"

.-1
191
TABLEAU
4-
LES LOCALISATIONS DES FONCTIONS PSYCHIQUES
OI'g'=lneS
Tête
lJentl'e
CoeUl'
Foie
....
/
SOCIETES
ABE
i nte 11 i gen,.:e
sentiments
volonté
pensée
f'=lt::IJlté
'':OI.Jl~'=lge
sor,.:él''=l l e
OO..JUKRU
i ntel1 i·" .~n'.:e
'':0 ns '.: i e flce
volonté
pensée
mOl''=l le
'':OI.Jl~'=lge
f;;:)'':IJl té
mé"moi re
sor,.:él';;:) le
sentiments
BETE
1i fi ~e 11 i gen,.:e
1mémoi l'e
(NEVO/
pu l ss;;:)n,.:e
'.: OIJ l~;;:) ge
KWAOIA ?)
1spi l~i t'Je lle
volonté
sentiments
f'=l,.:ul té
sor,.:êr'=l l e
KWENI
pensée
mênlOi l'e
l' '=lffe,.:tivi té
l'èfle:don
f';;:)''::IJl té
les sentiments
im;;:)gin;;:)tion
sOI~cêl~.;;:)1 e
Sur l'=l
b'=lse__ matél~ielle
de l' ol~g;;:lTIisme, 1.;;:) ,:ohésion de
la
personne réside
d;;:)ns l'articul'=ltion,
d'une p'=lrt entre les fonctions
qu'assument le
souffle vital,
le double et l'ombre et,
d'autre part
entre les mèc.;;:)nismes qui '=lssurent l'identité et ceux qui .;;:)ssurent 1.;;:)
relation.
Le
corps et le souffle,
responsables de la vie vègèt;;:)tive
chez les
anim;;)ux
et
les
hUM;;:)ins
sont un hérit;;:)ge périssable. Le
double,
qui
;;)pp;;)r;;:)ît
d.;;:)ns cert'=lines conceptions comme une fonction
secondaire de l'ombre plutBt que comme un élément '=lutonome constitue,
avec le
totem
et
le
nom,
le
deuxième hèrit;;:)ge et un élément de
rel'=ltion.
Chez
les All'=ldi'=ln et les Ky.;;:)m'=ln
<Augè 1975 ;;:) Ch.VI
161-
233) et vr;;:)isembl'=lblement ;;)ussi chez les Odjukru,
il est
1.1
_ _ 1:"
c _ n • •
_ .
't:r_n_rn_'t:''t:~_ d _ n .
:1.1.
n .
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r . P Q n d r _
1cr_qu·o~
1·~n't:'.rro-
:1. 1
521)
(4)


- _ 1
192
5uiv~nt les mêmes conceptions,
c'est ce double qui supporte
les différentes puiss~nces : puiss~nce de destruction ou sorcellerie
('=Iw~ ~ll~di~n,
9.Y.
bete-neyo,
kp;:Üi;l
;;)bê) ,
dont
l~
tr~nsmission
s'effectue de
préférence
p~r
1'=1
ligne
m~ternelle,
puiss~nce de
ppotection, seke od jUkl~U et bete,
dont 1 ~ tl~~nsm i ss i on s' e f fe,::tlJe en
ligne p~tel~nelle (5)..
Pél~iss~ble est ,::e double,
cOI~I~espond~nt ~IJ wo"i!::
~ ~nyi
(6).
Seuls deux
constitu~nts
p~r~issent
être
les
éléments
individuels de
la
personn~lité.
Il
y ~ l'ombre ~ssimilée p~r les
traducteurs à l'3me des théologiens chrétiens et des philosophes,
qui
suit, réfléchit,
prévoit,
et il y '=l,
~nnexée
au nom patronymique et
au no.
Matronymique,
le
nom
pl~opl~e
et
le
0 1)
les
SUI~noms qui
singularisent l~
personne
à
vie.
Exemples:
Bw~i Lok-Agn M~t~fwê
Kpanda K@têkrê,
qui
rencontr~
l'~miral Fleuriot de L~ngle ~ Tukp'=l
(Dabti) en 1868 ; c'est Ni~gn,
fils d'une femme,
Kok,
elle-même fille
de Bw~~,
Ni~gn
surnommé M~t.:;)fwê ou Kêtêkrê de Kp~nd~ ; Adje Bonny,
premier chef
supérieur
de tous les Alladian en 1890 (Jacqueville) ,
·c'est Bonny,
fils
d'Adjé
;
K~ke Avit Victor, chef du canton Kebe,
Latéko,
(5~ss~ndr~), c'est Avit,
baptisé Victor,
fils de Beugre K~ke.
Ainsi le
Bete,
comme
le Wê
(7),
joint-il à son nom et à s~ devise
deux surnoms,
l'un qui réfère ~u vill~ge paternel,
l'~utre ~u vill~ge
maternel
(gweleyu-to).
Quant à
l'ombre,
susceptible de réinc~rn~tion
cHez les Kru (8),
non héritée,
~ ce qu'il semble,
chez les lagunaires
Alladi~n et
Ky~m~n (Augé,
1981
:
521),
elle est l~ seule composante
spirituelle impériss~ble qui séjourne au pays des morts,
généralement
SOIJS la
terl~e,
KIJdut"lo OIJ zi dogabl~e des Neyo et des Sete,
Quvogo des
Gb~n, akooho des Abê.
Plur~liste, la notion de personne présente un second trait
--cal~.:letérist-i~Je- ; ---elle
est
s01 id~J~iste. La pel~sonne est al~ti,::ulée
d'abord aIJ:<
lign~ges
non seulement ~u sens génétique,
,::e q'Ji v~ de
soi,
mais
encore ~u sens psychO-SOCiologique.
A l'hérit~ge physique
de l'ancêtre
réinc~rné
que
l'on
veut percevoir à telle m~rque ou
telle forme
particulière
du
corps,
se
superposent des hérit~ges
c~r~ctériels (cour~ge
guerrier,
ir~scibilité)
et des hérit~ges de
puissances.
Le
retour des noms d'~ncêtres renforce cette solid~rité
avec les lign~ges géniteurs et resserre la dépend~nce à
leur égard.
D~ns cette première ~rticul~tion sociologique,
la personne
s'~rticule en
même
temps,
de
m~nière
spécifique,
~vec le milieu
naturel.
Modes
d'~lli'=lnce
des personnes ~vec telle ou telle espèce
~nim.:lle ou
végétale,
les interdits ne comportent p~s seulement des
devoirs de discipline envers
les instincts individuels ou enVers les
moeurs du
groupe,
ni
comme on le verra,
des devoirs de solidarité
politique intr~lign~gère
et
intravill~geoise,
leur
observance
implique,
outre
le respect des prescriptions divines et ancestrales
et la
crainte
des
s~nctions
~tt~chées
~ux
transgre~sions,
une
protection politico-religieuse
et sélective d'espèces naturelles et
de l'environnement
indispensable
à
l~ survie physique des sociétés
(9).
P~r cette double enracinement d'=lns le monde des '=Incêtres et dans
1'=1 n'=lture,
1'=1
personne,
et
c'est lè s~ troisième c~ractéristique
essentielle,
participe du sacré.


~_ _I
193
2.
L'@tre hum~in comme membr~ d'une société
H~is si
l~ personne est sociale en un premier sens où les
lign~ges p~ternel et m~ternel lui fournissent les principes ~ctifs de
s~ constitution,
elle
est
soci~le
en
un sens fond~ment~l où les
Rersonnes composent les lign~ges, eux-mêmes,
structures élément~ires
de l~ vie des peuples et des sociétés.
D~ns
Le
système
politique de LodjolJkrou
(1980),
SOIJS l~
notion polysé.iq~e
de
société
(êb),
l~ commun~uté hum~ine nous est
apparue comme
culture,
~rticulée
sur
l~
n~ture
s~uv~ge
et
différenciée par
r~pport
à
celle-ci,
comme org~nis~tion politique
stratifiée et
douée
d'un
fonctionnement
conflictuel,
enfin comme
systèMe entretenant,
sur
le
mode
de l~ p~ix et de l~ guerre,
des
relati~ns contradictoires ~vec des systèmes soci~ux étr~ngers de même
espèce. Les
inform~teurs
des ~utres sociétés proposent des visions
convel~gentes.
En un sens nég~tif, les personnes sont des êtres de culture
p~r une division de l'h~bit~t écologique qui en f~it des ~l~chitectes
et des
habitants
de
vill~ges (~ du,
bete,
fl~ kweni,
owo ~bê),
~101~S q'Je les bêtes
(niwê,
nimê,
ménê en bete,
ndeï en modjIJkl~IJ, mlê
en newole
did~-godié,
bete
orient~l,
dépourvues
d'intelligence
réflexive,
vivent
en bl~OIJSSe (Kl~1
Klo~ des ~.ete-Neyo, Ke3t des Abê,
~kpêm des
Odjukru),
ont
élu domicile les unes sur les arbres,
les
autres d~ns les terriers et d'~utres encore d~ns les e~ux. En un sens
positif,
les personnes sont des êtres de culture,
p~rce qu'elles ont
pl~ce dans l~ division soci~le du tr~v~il que développe et reproduit
l~ société
~u
point
de
vue
politique,
d~ns les structures où
société et
conscience
dlJ peuple coïncident
(cl~sses d'~ge ~ l'Est,
confréries de
masques
~ l'Ouest,
p~rtout peuples ou fédér~tions de
peuples)
; ~u point de vue idéologique,
d~ns l~ vie rituelle destinée
~u renforcement
de
l~
cohésion
soci~le
(obsèques,
funér~illes,
éducation,
cultes
des
~ncêtres
et
des
dieux)
;
~u point de vue
économique, dans
les
r~pports
de
production
dont
le but est de
domestiquer les
pl~ntes
et
les
~nim~ux, nourrir les popul~tions,
assurer leur perpétu~tion et leur bien-être.
Si les bêtes supérieures
comme les
fauves
et
les
chimp~nzés
pr~tiquent
l~
ch~sse,
l~
cUeille~te et
le
dress~ge,
on
ne
voit
ces fonctions vit~les se
,~mbiner chez
elles ni ~ve,.:: des initi~tions, ni ~ve'.:: l' ~gl~i':'Jlt'Jl~e,
1l'l1Î
arvec les rites religieu:,: et les fêtes popul~il~es.
Que l~ personne,
membre d'une société,
soit ~ussi histoire,
t:"~~:(!)i-s sO'.Jrces en fOIJl~nissent les ~l~g'Jments : 'Jne '.::el~t~ine psyd",ologie
~1T'~t:iqlJe développée p~l~ des infOl~m~teul~s ,.::omme G~ston LOl~ugnon Zil~i,
~Ih.ef de
O~opa,
p~ys
Z~bi~, sous-pl~éfe,.::tul~e de G~gno~ ; les mythes
rell.··a1:'if's à
la genèse et .!1 1.:::1 p~lingénèsie
de l~ société livl~és p.:::11~ F 0
fB'.'I.iaYl:roré 81"'.Jly
de
Zépl~égijhé
<D~ lo~)
et
p~l~ L~mbel~t Sel~ i Sel~ebo de
V;;;)CI01idabré (51.Jbl~é),
et
quelques ébJdes fond~mentales SIJl~ le temps
d;a'l'rs les sociétés en ,:ause f~ites p~l~ Go
Ni~ngOl~~n-BoIJ~h
(1964),
M~l~':
~ (1968)
(l0> ,
HoM e ni e 1- F Cl t ê
( 1 976)
( 11) ,
Ch l~ i st 0 P h e (0) 0 TI d j i
«i1.'wœlt> •

li
194
Cette histoire OÙ le temps r~gne s'impose sur trois pl~ns:
celui de
l'ontogénèse,
celui
de
la
sociogenèse,
celui
de
l~
rest~ur~tion d'une société détruite.
..
3.1. l'ontoQénèse : histoü'Et de l'avènenlent de l'ir.dividu
L~ notion
de personne ne réf~re pas seulement ~ une ét~pe
de l'existence
hum~ine
et
~
une
norme,
~u double sens du terme
(structure commune
~
tous et idéal pour tous),
comme le suggère le
chef de
Oaopa,
mais
encore
elle
renvoie
~ une histoire qui est
positive et
eschatologique,
donc
en
un c~rtain sens s~ns fin.
Au
niveau positif,
il
y
a
un
commencement
de
la
personne
et
l'embryogenèse ne s'identifie pas d'emblée ~ l'anthropogenèse,
car un
foetus acquiert
sa
qualité humaine seulement ~ un certain stade de
son évolution
que
l~ micro-enquête peut permettre de préciser dans
chaque société.
les
rites, sommaires s ' i l en est,
d'inhumation,
de
deuil et de purification, qui accompagnent les fausses couches et les
avortements,
confirment l'existence d'un st~de pré-humain. La notion
d'enfance en subit la logique. Garcon ou fille,
un enfant es~ un être
humain,
parce que son sang est issu de géniteurs humains dont il sera
une reproduction
mais
d'une
pars on ne
il
ne
porte
que
des
prédispositions ~
la
procréation,
au
langage
(9bo
Bete,
~
Odjukru), ~
la
réflexion
(drepê
bete,
otutr Odjukru),
au travail
(libo Bete, djuman abê) , et de participation ~ la vie publique. Voyez
le bébé
d'homme:
"il défèque et mange ses fèces,
remarque Lorugnon
Ziri,
il
urine
et dort dans ses urines,
il recoit sa nourriture et
reste dépendant des ~utres, il ne connait p~s la honte".
Vient l'adolescence, stade d'un plus grand développement du
corps et
du
psychisme,
st~de
de
tous
les
apprentissages
apprentissage d~
la
parole
et des diverses formes de l'obéissance
sociale, apprentissage
des
techniques
de
production
(chasse,
agriculture,
pêche
chez
les
garçons,
ramassage,
cueillette,
agriculture,
cuisine
chez
les
filles),
initiation
culturelle au
mariage chez les filles,
à
la vie publique dans les classes d'~ge et
les confréries de masques chez les garcons.
la vie de l'adulte sain,
voil~ le stade
de l~ personne
au
sens idéal.
l~
plénitude
de
cette
existence
personnelle
est
caractérisée chez
les
infor.~teurs
par
quatre
traits
: puberté,
fécondité et
procréativité
physiologiques,
maîtrise
du
langage,
m~îtrise de la langue du peuple, de la réflexion et du savoir social,
maîtrise des
a,:::tivités
produ,:::tives de l' .::lIJtosuffis.::ln,:::e é,:::onomiq'Je,
participation ~ la vie publique, ~ l'organis.::ltion de la guerre et de
la p.::lix.
A
ce niveau,
la différence entre les hommes et les femmes
repose sur
trois fondements dans les théories indigènes qui souvent
donnent les
effets
pour
des
causes.
Elle
a une source présumée
biologique: c'est l'inégalité entre les forces
"naturelles" des deux
se,<es (I<uaï
des Zabia)
; elle a 'Jne SOUI~,:::e so.:::io-é.:::onomique : ,:::' est
la différence des fonctions de production -
reproduction
(gros oeuvre
de l'agriculture,
éducation des g.::lrçons ~ la ch~sse, à la guerre ou
la grande
pêche
chez
les
premiers,
oeuvre
secondaire
de
l'agriculture,
m~ternité, éducation des bébés et des filles chez les
secondes)
elle
a
enfin
une
source
so~io-politique
c'est
--.......:-~.::::.-::_~_. -
-- -7E--mTiijiii


195
l ' inégali té des
st;;,)tuts
entl~e
les d"'~sseul"s, les guerriel~s et les
p~cheurs en h;;,)ute mer d'une part,
et les cultivatrices,
les Ménagères
et p;;,)rfois les ;;,)gents du commerce de kol;;,) d'autre part.
La vieillesse
m;;,)rque
le déclin de cette plénitude et pré-
sente une analogie ;;,)vec l'enfance.
Alors que l'enfant n'a pas encore
e~~r,~é les ,.::ap;;,),.::ités qui l'habitent, le vieill·:;Jrd les;;,) usées et per-
dues.
Chez
lui,
finies
les activités productives et reproductives;
finie,
la vie publique.
En lui,
la mémoire s'obscurcit et se vide,
1;;,)
réflexion s'éteint
;;,)vec
1;;,)
diminution des fonctions sensorielles,
avec la
diminution de 1;;,) vie de relation et de la motricité.
Déclin
physique et déclin
intellectuel annoncent la mort.
F'oul~t;;,)nt, si
la r lr't défait ta strIJ,.:b.J\\~e de 1;;,) personnali-
té.
comme
nous
l';;,)vons
dlt,
elle
préserve
l'idée d'une histoire
eschatologique ~
tr;;,)vers les divers modes de dépl;;,)cement et d'exis-
tence qui
sép;;')l"ent le décès et la réincarnation supposée de l'ombre
de ,l' and~tl~e .
Témoi n , l ' i nterl~og;;,)toi l~e des ,.:ad;;.lVres
(2b;;.l9bê OIJ 9b.;)zêb;;,)ti
des Bete,
lêbl-akP
des
Odjukru)
d;;,)ns
lequel
le double est censé
participer ~
l'enquête
sur
les
c;;,)uses
de
décès
témoin,
le
rapatriement au vill;;,)ge,
qu'~ l'instar des Dida,
les Bete pr.;)tiquent
sous le nom de Qb;;,)du,
du double d'une personne morte en brousse
(12)
; téMoin,
l'errance,
autour des vill;;,)ges,
des défunts
in;;,)paisés dont
l'apparition est un m;;,)uv;;,)is prés;;,)ge
;
témoin enfin,
le repos éternel
des o.bl~es
;;,)u
p;;,)ys
des
;;,)n,.:êtl~es,
d' Oi)
e Il es
peuvent
ven i 1"' se
réincarner,
soit
d;;,)ns
des
nouveaux-nés
(13),
soit,
exceptionnellement,
d;;,)ns
des
monstl~es ou des infil~mes, soit,
selon
les Gban,
d;;,)ns des anim;;,)ux
(14).
3.
2.
L;;,)
so,~i oqénpse
histoire
l'avènement de la
so,.::iéte r"Jm;;,)i ne
Si l'historicité c;;,)ractérise l'existence personnelle,
c'est
parce qu'elle est essentielle ~ la société,
milieu n;;,)tal et formateur
des personnalités.
Au
demeurant,
les
mythes qui
illustrent cette
thèse vont
plus
loin
ils
postulent
que
la
sociogénèse
ou
l'anthropogénèse est
solidaire
d'une cosmogénèse,
elle-m@me fondée
parfois sur
une
théogénèse.
Toutes
les études sont d'accord ici en
e f f e t :
temps
et
espace sont des conditions nori pas à
priori m;;.lis
organiques de toute existence;
ici,
savoir,
culture et histoire sont
indisso•.:i.:lbles,
tenlpS
':'y,:lique
et
temps liné;:;)il~e s';:;)rti,.:ulent,
le
pre.ier lié
~
l'org.:lnisation
technique
de
la
vie,
le second,
~
l'organisation sociale
;
la conscience historique est individisible
de ce que nous avons nommé une historiodictie.
Une théogênèse
fondat.'~i':e,
en
l~elation
toujoul~s
ave(~
l"espace et
le temps,
est évoqu~e par certains matériaux locaux des
p.e-Jples de
la
l~êgiora
dE.'
0.::110.01
tels du moins que
les;;,) l~appol~tés
BOlhlJ.il Holas
(1968).
Ibo,
la GI~;:)nde edl.J
(Q,.:éan ?
FlelJve 5assandl~a ?)
et Peo
(1,:.)
Vie
CHJ
E'ip;Y~e-b?lllps
'7)
figul~ent
les
plJiSsal-..:::es
pri.ordidles;
d'elles
ont émergé,
d'une part Qoqboza,
unité de
la
p~role créatrice
et
du
pouvoir
créateur et,
d'autre part,
Guehi,
i~ftni ou
éternité.
De
cette
source impersonnelle serait issu un
Couple divin:
Maie,
personnific@tion de la fonction
féminine et

a
..
- - 1
196
entité terrestre,
et
Lago,
"
personnification de la fonction virile,
entité céleste et pré-dominante.
Hormis cette
spéculation ésotérique et par suite rare,
la
cosmogénèse est
principalement
l'oeuvre d'un Dieu ouranien dont on
perçoit m81
la tl~ans'::endan'::e : L8go
(Bete,
Dida,
Kwadia,
Neyo) ,
Ofo
(Abê) ,
Kwoné
(Gban),
Owo
(Alladian),
Fonyamba
(OdjIJkl~IJ), Kazabei
(Kweni).
Le processus de création,
ou plut8~ de formation du monde,
mal défini,
paraît
diversifié
biologique par ovulation chez les
uns
-
voir l'idée abê de l'ahoso,
oeuf de la vie,
origine du monde,
(15) -
,.:e
pl~o'.:essIJs
sèl~ait
iJneopél~atic-ft-
intelle,.:bJelle
,.:hez
d'autres, par
exemple
les
Bete-Niabre
pour
qui
Diakwolé
sy.boliserait la pensée,
la création
(B.
Halas 1968 : 52-55).
Dans les
mythes d'inspiration matérialiste,
tel celui des
Zabia, originaires
de
Sassandra,
l'ancêtre
primordial
Kokoko,
l'Eternité,
a
produit
l'eau
et
la pierre dont l'union a donné le
jOIJl~ au
poisson
Oogo
(Ch.
Wondji
1981>.
Mêlant
mythe
bete et
spéculation judéo-chrétienne,
F.
Bu~bre
Bruly
universalise cette
problématique des origines matérielles.
~.n~
q u _
~_rr._
~1
• • ~
p 1 . r r
~
_ n
~.n~
q u e
p~_rr_.
~1
__ ~
.~_rn_1
_~
r.n~r_
d e n .
1 ' o r d r _
d __
g r . n d _ _
d~v1n1~• •
Le ,.:osmos est mis en pla,.:e 1
de manière pl~ogt~essive,en ses
composantes essentielles
terre
minérale,
firmament
et astres,
pluie et cours d'eau,
végétation et faune.
La société
humaine,
nécessairement ethnocentrée,
vient aU
monde suivant
la
double inspiration de cette cosmogénèse.
Pour les
uns,
théistes
sur un mode plut6t judéochrétien,
elle sort des mains
de Dieu comme des mains du potier qui moule la glaise et,
animateur,
iui insuffle
la
respiration (B.Hol~s, 1968 : 57).
Pour les autres,
c'est l'évolution
biologique
qui
lui donne jour,
comme le poisson
DO(Jo engendre
le
pl~emier
an,.:êtl~e humain des Dogobia
(OIJ Logobia) ,
noyau lui-même
du
peuple des Zabia.
Déchue de l'état d'immortalité
dans l'état
de
mortalité,
passant
de
la
nudité culturelle ~ la
civilisation et •
ses servitudes,
cette humanité peuple la terre par
progression démographique:
d'abord,
la famille bisexuée,
Zasseli et
Zaono des
Zebwo,
Weinde et Oyiligolo des Niebie,
Kehi et Nianpi des
Gban,
homologues de Titi et Titida des Krumen ; ensuite,
le village,
agglOMérat de
familles
;
enfin
la
société,
synthèse de nombreux
villages issus de la segment~tion et de l'incorporation d'immigrants
et d';;)lliés.
Ainsi,
émergeant
de
la
nature,
l'humanité
s'est-elle
développée dans
la
nature à travers une triple lutte.
Lutte contre
les génies
malveillants
les
ancêtres
présumés
des
peuples
f Ol~estiel~s de
l' OUes t , l e s
Mag,.J(-? ,
eUl~en t
è
souten i ,~ une gl~ande
gIJe~~""e ,.:ontre une tl~ou~.e "de glJel~l~ier's in\\/isibles al~més de
fusils"
;
-,

1
1. :" 1
'~ette gue\\'I'e
~oIJte\\'\\'aine
des
M-:lgwe -
t1-:1gW~ M-:lgluto -
dè,.:lend",r.:l 1-:1
deuxième dispersion
des
-:lncêtres
~ ~p-:lrtir
de Kpotiewono
(A.L.T.
Cauze,
1968
15-17>.
Lutte
contre
les
c-:ll-:lmités
n-:lturelles
(épidémies,
inond-:ltions,
etc.)
1-:1
migr-:ltion que voil~ eut pour
cause non
seulement
la
guerre
déclenchée par le génie Kum-:lnzile,
mais encore
l'inond-:ltion
consécutivE du marigot kpotiewono
;
c'est
aussi une
épidémie
de
mort
qui,
d'après 1-:1 légende,
dispers-:l les
Â1I-:ldian d'J
site
p\\'imitif
d'Ab\\~eby,
épidémie
qui
symbolise
l'agression des
Kyaman selon les uns,
et l'avènement des Blancs sur
la cBte selon les autres
;
on sait,
enfin,
que 1-:1 dispersion des Abê
à partir
du
site
de
Wat-:l
s'explique,
d'après la légende,
p-:lr un
fléau du même genre provoqué par un sorcier.
Lutte interne
è
1-:1
société: dans l'Ouest forestier,
la
~re.ière guerre
de
l'huM-:lnité
primitive,
alors
divisée
en deux
cités,
celle
des
hommes
et
celle
des
femmes,
la guerre de M-:I~e
(Haleto)
fut
suscitée,
selon une version. par la grossesse de Ma~e,
gouverneur de
la
cité féminine,
survenue à
la suite des oeuvres de
Lago,
selon
une
autre version par l'empoisonnement dont les hommes
se rendirent
coupables sur la personne de l'unique h8te m-:lsculin de
la cité
féminine,
le nommé Zuzu,
selon une troisième version par l~
mort de Zika~, autre figure de Ma~e (17).
3.3. L-:I p-:llin9énésie
1-:1 \\'enaissan,.:e d' IJne so,.:iété
détrlJi te.
Mieux que dans le devenir de l'individu et dans
les luttes
des communautés pour la vie et le pouvoir,
l'histoire s'affirme dans
la restauration des sociétés détruites.
Le mythe
bete
de
D8gb8wradji,
récité par Seri Serebo de
Vacol idab\\'é,
Sous-pl'éfe,.:tlJre
de
Sub\\'é
et l'endu ,.::l-:lssiq'Je p-:lP Zadi
Zahourou
(18),
exalte
cet
aspect de la dialectique de l'histoire.
Empruntons l'essentiel
de
notre
analyse ~ Christophe Wondji,
l'un
des meillel.Jl'-s e:-al'gètes dlJ I~écit
( 1 9 ) .
O-:lns le pécit,
les causes de la destruction n'apP-:lr-:lissent
pas comme
on
l'-:lttendr-:lit
transgression
d'interdits
divins?
Corruption humaine
?
Provocation
et haine des dieux ? Le fait est
q'.Ie la destl'IJ,~tion sIJ\\'vient dans IJn Milie'll écologique in'.:hangé,
ave,.:
pour agents deux monstres aux forces extraordinaires et égales,
deux
Monstres omnipotents
et
formidables
Zizim-:lzi,
tout hérissé de
poils et
de m'.Jltiples bou,.:hes,
Vuku\\'ilUe,
tOIJt hérissé de multiples
oreilles.
La
destpuction
n'est
pas
seulement
mise
~
sac de la
civilisation
(agriculture,
habitat,
artis~nat. techniques>, elle est
en même
temps et surtout extepmination de la population humaine.
De
la société
deux
femmes
seulement
survivent
: Zohonon,
captive et
é~ouse de
Zizim-:lzi,
et
Gahonon
S~
mère, grosse des oeuvres d'un
homme mort.
Cette femme tpouve asile d~ns une termitière,
m o , - t .
_ t
't".-I't:' .... 1 . : l '...... "
1 _
KIJd.'t'P6
d"o.:'
...,i..,-,t
_.ln. c
1 .
v : & ' . " .
L.:l pl~onles~;e
de
1-:1 reconstpuctioo de la so~iétè s'annonce
n;:)iss"ln-.:·'~
d'un
Ol~ l e
Gahonon
0 JtJ
Qi~qQô~9..ii. L.:l

..
~lingénésie
~
trois
fondements
u~
fondement sociologique
(l~
~émoire de
l'~ncienne
société
et
de
l'~ncienne culture accumulée
~~ns la
Mère>,
un
fondement
idéologique
(la conn~iss~nce magique
l~epl~ésentée pal~
1 e
f ~ntê;me
ou
?~f±)':~~ du pèr'e mOl~t) et un fondement
~sychologique <la personnalité exceptionnelle de Dagbawr~dji) 0
~
1
A l~
gr~nde oeuvre de reconstruction totale, l~ ch~nce
offre un
~gent surdoué.
Les
questions précoces qu'il pose ~ s~ mère
IIUi donne
l~ conscience de
ses
origines,
de
son destin,
de sa
'mission. Son
développement
est rapide.
Gr~ce ~ s~ mère,
il
apprend
Iles principales
te'~hniques
de
pl~()dIJ,~tion et
de
'':I~éation,
il
reconstruit l'org~nisation
économique
et
culturelle de
la société
I
lancestr~le. Gr~ce
~
son
père
et
à
sa soeur.
i l peut vaincre les
monstres et
restaurer
l'organi
ltion
politique
d'une
société
nOI.Jvelle.
Trois mobiles
le
guident
l'instinct
de conservation
personnelle,
la
volonté
de
libérer
sa soeur captive,
l'esprit de
revanche auquel
l'exhorte
le
double de son père pour racheter son
peuple.
Il
n~îtra ~ l~ plénitude de l'~ge viril seulement lorsqu'il
aur~ vaincu
les
m31es parmi
les m~les
Zizimazi et YukurilUé.
Les
moyens ? L'assur~nce,
la prudence et
la magie,
cet arsenal de guerre
dont le pourvoient le double de son père et
l'aide de sa soeur.
Avec
cette aide,
il
triomphe
en
premier
lieu de Zizim~zi. L~ seconde
victoire,
celle
sur
YukurilUé,
s'~chève en compromis.
DSgb6wradji
~ccepte deux
choses
d'une
part,
il occupe l~ supplique que lui
adresse le monstre de ne point enfoncer son qbralo,
une des armes du
héros,
dans sa petite oreille et,
d'autre part,
i l occupe le serment
de garder
ce
secret.
Tous
les
défunts
~lors
ressuscitent.
Se
reconstituent,
~vec
une
famille
dont
le héros est le maître,
une
société populeuse,
prospère
et
joyeuse
dont
il
devient le chef
incontesté.
M~is
voil~
que six ans
~près, énivré par sa gloire,
il
divulgue au
peuple
~ssemblé
le
secret
de
s~ victoire et de son
succès. Pris
alors
dans un buisson épineux,
il disp~rait, laiss~nt
en héritage
le
monde
nouveau,
comme
si,
pour
s'ép~nouir, tout
nouve~u monde ~v~it besoin de se séparer de l'ascendant contraignant
du 1 i bératelJl~ .
Indispens~ble ~
l~ ren~issance de la soci~té, comme on le
voit,
le
héros
ne
survit
pas longtemps.
S~ précarité tient ~ son
raIe <le
chef
de
guerre
ici n'est plus le chef de la paix)
et la
nature de
son savoir
(le savoir magique est un savoir personnel qui
devient nul
dès
qu'il
cesse
d'être
secret),
Mais loin d'être un
hél~osconserv~telJl~,
Dôgbi3\\o!_!......adj i
est,
selon
la
jlJste l~eRlal~que dlJ
philosophe F'iel~l~e
F'ell(~gl~in
(2(J),
un
hél~OS
pl~onlétr-.éen
et
révolutionn~ire, un
héros
qui,
violant
un tabou ~ ses risques et
pél-ils"
annon •.:e
des temp~i n()l.Jv€~;..l'-':<, J.e~; temps dlJ savoil~ pal~t~gé,
le
temps du savoir distribué au plus gr8nd n9mbre.
Que l'être
humain
soit personne,
membre de
lign~ge et de
sociét~. histoire
enfin,
présente
plus
qu'un intérêt an~lytique.
C'est dans
cette
triple
histoire,
l'histoire
de
la
personne,
l'histoil~e de
la
so.~iété, l'hi~:;I','oir'o:':~ des l'(:~lations entl~e sa •.:iétês,
qu'il nous
faudra,
le moment venu,
~hercher les clés pour expliquer
l~ production des esclaves,
une
fOlS
~ue nous aurons expurgé
de
son
:Jmbig~jité l~l
notion
d' €·.\\~:il:::l;]\\';::\\
+'f' 1. /':'
FI',,'.' ,:'I.le
: j
fon,.:tionne d;:'ln~i les
logiqlJes ~j0,,:; s(JI.~iètés en '>:.lIJ~"e,

i
~.
199
SECTION
1"1
LE PRODUIT OU PROCES
..
b.:.f-SCLA"JE SELON LES LOG l QUE~; Q.l::S ~.9C l ETES CONS l DEREES
D~ns de
nombreux
tr~vaux,
personne
en
g~ge, c~ptif et
escl~ve constituent
une
seule
et
même
notion,
une seule et même
chose.
Pour
les
sociétés
que nous considérons aussi,
il est vrai,
ils sont
fondamentalement
objets
d'une
même
~nthropologie
économique.
M~is
alors
que
les
deux
premiers
relèvent
d'une
anthropologie de
la
dette en particulier,
le troisième ressortit ~
l'anthropologie de
l'éch~nge
en
général.
Toutefois,
notions
distinctes pour
une
fraction,
elles-sont confondues p~r l~ plupart
des sociétés sous la même c~tégorie, ce qui
les rend
justiciables du
même tr~itement critique dont nous avons pris le parti.
L'opinion d'un
observ~teur
averti
comme
E.
Dunglas est
erronée lorsqu'il
nie
~bsolument la pratique de la mise en g~ge de
personne chez
les
Bété
(1939
9).
Dans toutes les
l~ngues de ces
sociétés un
terme propre se trouve désigner en effet cette institu-
tion:
wuQba
(bete,
kwadia)
(1),
woba
(neyo),
dOTlê
(KI,Jeni),
oç.<'l ou
Yob~
(~bê), awob:::.
(all~di;:ln,
Odjl.lkl~U).
De même que les deu:·: pl~emiel~s
termes semblent
linguistiquement
apparentés,
comme les systèmes de
parlers qui
les portent,
de même les deux derniers,
d'origine akan,
~ppal~tiennent ~
l'ensemble
des
langues
:t....'i,
dominées
en. Côte
d'Ivoire par les parlers anyi-bawlé
(2).
L'institution,
sous
sa
forme
générique,
correspond ~ un
concept d'anthropologie
économique.
Lorsqu'un
individu
A,
en un
temps Tl,
con~racte une dette X,
ou,
inc<'lpable de s'acquitter d'une
dette contractée
~
un
moment Tl,
l<'lisse en nantissement ~uprès du
créancier un
bien de valeur,
antichrèse ou gage qu'il
récupérera en
un temps T2 en remboursant l~ somme X,
ce bien a valeur de garantie.
Ce peyt être un bien matériel,
meuble COmme l'ivoire,
l'or,
le pagne
rare,
bien
immeuble comme la terre,
la palmeraie,
la plantation,
il
peut ~tre
une
personne,
le bien le plus précieux de tous
les biens
de la
société.
Avec
la
mise en gage d'un être humain,
le concept
d'anthropologie é':::ononlique
qui. désigne une l~elation de
"''::l~édit" se
double d'une
dimension
politique.
Examinons
donc
principalement
cette espèce de gage.
La première forme,
la plus courante ~ l'époque précolonia-
le, .lal
nommée
ot.::Ige
de
dette,
est
une ~.lis~~!:! 2:J2.~ obje,:::tive.
Avaient le
droit
de
mettre en gage les autorités responsables des
dettes de tous les membres de leurs lignages,
chefs de matrilignages
dans les
sociétés ~ succession matrilinéaire
(3),
chefs de patrili-
gnages dans les sociétés à succession patrilinéaire
(4).
Les sources
d'endettement s'enracinaient
dans
maint
institution cles ~conomies

2lJU
Pl~ é,: 0 Ion i ale s
:
fêtes,
dots,
fum.~\\';;'l Ylles
sompbJai l~es,
défi,: i ts
commerciaux chez
les
sous-traitants
entre avances de marchandises
manufacturées et livraison de produits locaux.
Pour ces
dettes,
les chefs devaient de l'ivoire,
de l'or,
de
la
monnaie,
du
bétail
ou
des
êtres
humains.
Les
lignages
dé/U'Ogl~aphiquement et
é,:onomiquement
faibles ,:hel~,:haient se':OUl~S et
salut auprès des lignages forts,
les peuples de
l'hinterland secours
et salut
auprès
des
peuples lagunaires et cStiers.
Etaient mis en
gage des
enfants
(filles
ou
garçons)
et
des adultes
(hommes ou
feMmes>.
enfants
légitimes. dans les sociétés patrilinéaires,
neveux
et nièces généralement dans les sociétés matrilinéaires.
En pays
abê,
l'informateur
J.-B.
Ané
Boscho
de Sedjê
(Agboville)
a
,:onn'J
di:·:
.:as
de
Q!::::2
.j
l' intérielJl~
de son seul
village. sans
,:omptel~
l' oba de son pl~opl~e pèl~e,
le jeune Ess i
Ass i
de BodJê,
livré .j quinze ans pour 3D grammes d'or.
De même,
Yapi Nté
d' Agwahin,
du patriclan Mudoka,
dans le même pays,
ne cite pas moins
de sept
oba
pO'Jl~
dette,
d' Ol~ ig i ne
abê,
appal~tenant J:l son pèl~e
:
Okweni,
Okudjê,
Akpata
Odwagba,
Kwalan AwussidJê,
Okuvié,
Abédeku
Dikwe,
DJeswo
de Moriê.
En pays alladian,
BodJui Gbayro d'Addah,
du
matrilignage SedJi,
dé,:édé
en
1907,
avait
au
moins tl~ois awoba
alladian originaires
de
son
village
(Kaku,
Azariê,
Niamwa)
; AdJe
Bonny de
Jacqueville
comptait,
dit-on,
de nombreux Alladian parmi
ses awoba.
A
OV,I~IJYO,
d;;'lrIs la sous-pl~èfe,:tul'e de 5lJbl~è, Balu Zêkè,
chef de
canton octogénaire,
atteste un cas de wUQba,
celui de Gohun
Zogboru,
effectué
par le père de ce dernier,
Gohun Kadi,
au village
de Yropo
et
qui
fut racheté plus tard.
A en croire Gnahoa Ugehi de
Sel~iyo (Gagnoa)
la
pl'atique
de
~'!!::I..9J:)~
fl~appait
pl'JS fl~éqlJemment
encore les filles en raison de leur valeur de reproductrices.
Trois exemples
odJukru
illustrent
bien
ces différentes
modalités.
Le
paradoxe d'~nfants, des filles principalement,
mis en
gage par leurs pères après consultation des mères,
paradoxe pour une
société matrilinéaire,
qu'évoque
en
1902
un
commis des affaires
indigènes,
Aubin,
(5),
ce
paradoxe
n'est
qu'apparent.
Avant
l'initiation
(18
ans
pour
la fille,
22-25 ans pOGr le garçon),
la
tutelle de
l'enfant
appartient
absolument
aux
paternels
les
maternels prennent
la
relève
définitive
ensuite.
Essis
Grah de
Gbugbo
(matriclan
des
Badi-la)
atteste
le mouvement interne J:l la
société odJukru,
qui
des
villages
forestiers drainait des otages
'-Iel~S les
v i Il ages
1 agl.Jn;:)i l~es.
Le
lll;;'ltl~ i.~ 1 an des HIldo-J..::"!. de Gbugbo
l'e(~IJt en
aob;:)
Mêliane.
'Jne
fille
du
matl~i,.:lan
des
e·adi-l-7:l de
Yassakp,
classe d'~ge : Mbédi~.
A Gbugbo toujours,
le seul matriclan
des Badi-la a.:.:ueillit alJ moins si:·~ ~~.\\,'oba, l'un de US1~
(Dél~i, ,:lasse
d'~ge:
BodJl
odjongba),
un
autre de Lokp
(Djêdjro Amari,
classe
d' ~ge : Bod';l bago),
un t"1~Qi5ièDle de Y=:lssakp
<Niagn-ni,
':lasse d' ~ge
:
~0 d j ].
b ;:} '3 Q) , l es
.jeu :.~
deI' nie l' S :::1' 0 l' 9 b ;;) f
( Nia g n No ni ê l,
u TI P.o 0 9.i!.
K;::lta et
Céss.
un
Bodjl
bQIII.~n.
en':Ol~e
non
initié J:l l'époque de
l'abolit"ion de l'esclavage. Enfin.
les traditions de nombreux autres
villages
<Lokp,
Dibrm,
Armebê,
Gbadjn,
etc,)
évoquent le souvenir de
femmes et d'hommes mis en gage dont beaucoup ont fait souche en pays
~lladian et
dont
les généalogies re~u8illies p~r Marc Augé
(1969
:
155-156)
portent témoignage.
t:.

>_


1
201
La seconde
forme
du
gage,
moins courante,
nI ais
l~ é e Il e ,
celle de
l'auto-mise
en
gage
(volontaire)
~st dite i mpl~opl~elllent
otage de
mariage.
L'a~ministrateur
H.Lamblin cite un cas alladian
qui n'est pas celui que les informateurs connotent sous la fOl~mlJle
,:e ,:as s' appal~ente pl utêit .~ une el:i s~ ~r~ 9;J9€t
:
..
UO.-r. . . . . . n
~-- .
1 _
+'.mm_
• 0r1':_
~CJntn'_
ntO,n_.·.t"
396) .
Sous la
formule,
entendons
le
cas
d'une
personne,
en
rupture de
lignage,
qui
s'offre
en
gage
volontaire
è
un riche
notable,
lequel accepte de payer la compensation matrimoniale de son
mariage et qu'il quitte une fois que celle-ci a été remboursée.
Abê,
Neyo et
Sete
connaissent
cette
relation
particulière.
Yapi Nte
d'Agwahin,
(d' Agboville) ,
,=ite
det.J:·~ yoba volontail~es de son pèl~e
Oku Kwassi de Moriê qui s'offrit en gage pour son premier mariage et
Anassé,
probablement d'Agwahin,
pour son second mariage.
La condition du gagé et celle de l'esclave s'opposent sous
trois rapports.
Première
opposition,
la base juridico-politique du
gage
partout,
des témoins sont indispensables
~ l'instauration du
contrat. Chaque partenaire produit son ou ses témoins,
membres de sa
parentèle
(Abê,
Alladian,
Bete,
Neyo) , accompagnés exceptionnelle
ment d'un
ami
d'absolue confiance
(Odjukru).
La présence,
chez les
Bete-Gbalebwo
(Gagnoa),
des adjoints des chefs de lignage indique le
caractère communautaire,
donc socio-politique
et pérenne de la base
jUl~idique.
Deuxième opposition
le statut politique des personnes en
gage.
En
principe,
le gage est,
quant è sa durée,
un état précaire
qui prend fin dès que le gageur vient honorer ses engagements envers
le gagiste
~
n'importe
quel moment.
Dans la pratique,
la pauvreté
des gageurs
peut
reculer
la
rédemption
~
une
ou
plusieurs
générations,
et
même,
comme
l'atteste
la postérité des personnes
Mises en gage dans les sociétés cStières,
l'abolir,
è
la limite.
Cet
écart entre le principe et la pratique ne dénature en rien cependant
le statut so~io-politique des personnes en ~age
c'est un statut de
personnes libres
comme
l'avaient
perçu,
avant
certains
anthropologues contemporains,
l'un
des
plus
clairvoyants
observateurs coloniaux
Lamblin
(1902
415-416)
1 _
E:: ",
,- ...., ]. ~ t
d

:I.~
s~ force,
~u
tr~v~il
qui
se fait chez l'individu,
chez
lequel il est en garantie,
et son travail,
considéré comme
intérêt de
l'argent,
n'est
pas
rétribué;
mais de l~ ~
.
l'esclavage il y a
loin .
"
L'individu en
garantie
garde
tOYS
les
pr1vilèg~s
de
l'homme libre
et
la
seule
condition
qu'il
sait
tenu
d'observQr est la résidence fixe.
Il
ne peut s'absenter du
village sans l'autorisation de celui chez lequel
il est en
garantie.
Il
est
évident
que
son
maître
momentané
cherchera ~ tirer de lui
le plus de travail passible,
m~is
i 1 a'.J\\~a
pOU1~
1 u i
des
égal~ds qu' il
n' aUl~a i j- ,:.as pOUI~ '.Jn
esclave.
L'individu
en
garantie d'une somme d'argent est
nourri par celui chez lequel
il est placé".
Exploitées sans
doute ces personnes l'étaient,
au sens ab
tout le
produit
de
leur
surtravail
revient aux gagistes qui
les
hébergent,
les
nourrissent,
et
les
vêtent
comme tous les autres
cadets,
mais
elles ne pouvaient être ni
maltraitées,
ni vendues,
ni
immolées ~
l'occasion des obsèques de notables.
Fille,
une personne
en gage
peut
être
mariée dans le lignage au dans un autre lignage
après consultation des gageurs,
la dot représentant la cantre-partie
du gage
; mais san initiation,
le cas échéant,
sa maladie et sa mort
doivent être
communiquées
~
ses parents
; car quel gagiste serait
prêt ~
remplacer une personne morte par un membre de son lignage ou
~ payer
l'indemnité
d'une
accus~tion d'homicide
(6)
?
Deux seules
limites infranchissables
en pays odJukru,
la rédemption était un
préalable ~
toute
intégr~tion d'un gagé ~ l'association des hommes
riches.
Doku Esmel de Dibrm
(classe d'mge
: Abrman>,
voulant honorer
son jeune awoba,
Busman Lowès de Y~ssakp, du rituel d'angb~ndJi, dut
auparavant le
f~ire
racheter
(7)
en général un homme en gage ne
peut se m~rier qu'~vec les ressources du père réel.
Troisième apposition
le st~tut des descendants.
De même
que le
rachat
des
nantissements matériels comme la terre,
l'or et
les pagnes
survient parfois plusieurs générations après la mort des
gageurs,
de même la rédemption peut advenir ~ un ~ge très avancé des
personnes en
gage,
voire ~ travers leurs descendants.
Elle entraîne
comme conséquence
plusieurs situations.
Généralement,
les personnes
~gées rédimées
et
sans
enfant
rejoignent leurs villages et leurs
ligl't"Jges.
Ainsi,
Obi!
.':,)
quinze
-oms,
l~ad·,eté
sel.Jlement en pleine
vieillesse,
Essi
Assi de BodJê,
en pays abê,
est-il rentré dans son
patl~ilignage. Ainsi
Q!;'.01
de
Iy'.::.lpi
Nte d' r~g\\... ahin,
dans
le même p·7.lys,
Oku Kwassi
de
Moriê et Anassé ne
furent-ils
libres qu'~ la mort de
leur patron.
Quant
aux
femmes
mariées avec enfants et aux hommes
datés exceptionnellement
de
femmes
par
leur
patron
et
pourvus
,.
d'enfants,
trois
solutions
s'offr~ient
~
eux,
selon que leur jge
ét~tt av~ncé
ou
non,
selon que
leur partenaire les avaient bien ou
m~l intégrés
au
lignage
allié,
selon
que
leurs enfants étaient
Jeunes ou
adultes,
et dans ce dernier cas,
célibataires ou m~rles.
Ou bien
ils
réintégraient
leurs
lignages avec les enfants en bas
~ge, OI.J
bien,
apl~ès
1€~5
l~€~h~()I-,·v=.li.J.J.e";
.olve,:
lel.JI~S lignages,
ils
de~euraient sur
place,
bons maris ou bonnes épouses j
élever leurs
enf~nt5, ou
bien encore trop ~gés ou trop attachés j
leurs enfants,

1
203
ils '.:: h 0 i sis ~; ;:.li en t
de,.:: 0 u l e l~ ]. e u l~ s
v i ~ ;.: J Cl U l~ s a ..... e '.:: ]. e IJ l~ en fil 1 e~; et
leurs fils
mariés.
Dans
ces
trois
cas,
la rédemption change le
st;;)tut soci;;)l
des
enfants ..
La nlèl~e est-elle od.iukl~u, c' est-.';}-dil~e
d'une société
~
dominante matrilinéaire? La succession leur sera
ouverte ~
1;;)
mort de l'oncle utérin ~ Dibrm ou Bobor.
La mère est-
elle Kwadia,
c'e5t-~-dire
d'une
société patrilinéaire?
Les fils
h &r i t e l~ 0 n t
deI e u l~ P è l~ e 1. é g i t i nIE?,
en i
'.:: e IIJ i - '.:: i. est Ne'yI 0 •
Restent les non rédimés dont l'état théoriquement précaire
est devenu
en
réalité
définitif.
Il
semble
qlJe
l'opinion
tr;;)ditionnelle ait
eu
tendance
~
les
assimiler
aux
escla ..... es.
HUMiliés,
ils
n'ont
eu
cessé
de
lutter contre cette assimilation
indue.
A
l'époque contemporaine,
on retrou ..... e des formes dérisoires,
Mais significati ves de cette lutte chez les descendants
quête des
origines des
anc@tres,
exigence
même
symbolique de la rédemption
institutionnelle,
restauration
~
tra ..... ers
les
filles
des
noms
féMinins du
pays des ancêtres,
etc.
Cette recherche d'identité dont
nous avons
surpris
des
indices
chez
les descendants alladian de
femmes odjukru
apporte
deux
confirmations
à
l'hétérogénéité des
statuts.
Une confirmation de caractère subjectif
elle manifeste 1;;)
volonté des
descend;;)nts
de
se
réhabiliter
comme
postérité
de
personnes à l'origine libres et non d'escla ..... es.
Une confirmation de
caractère objectif
la
légitimité d'une telle quête est reconnue
par l'opinion
et
reconnue
en
même
temps
l'authenticité
de
l'évènement fondateur.
Il paraît
~
première vue paradoxal que la capti ..... ité soit
intégrée sous
la catégorie de dette.
Le captif est un effet produit
par la
violence
originaire
(la
capture),
et,
vit sous condition,
dans un
rapport
de
domination
pour
une
durée indéterminée
la
capti ..... ité.
Cette
définition,
constatons-le,
~ notre avis,
exclut du
concept deux
principales
modalités
de
ce
qui
est connu dans la
littérature relative
au mariage sous le terme de rapt,
voire de vol
de femme
(8),
institution identifiée dans
les sociétés lignagères de
la zone forestière.
La première modalité,
totalement dépourvue de violence est
une sim'Jl;;)tion,
COMMe
l'a reconnu A.
Schwartz ~ propos des Wê
(9).
Voici,
en
effet,
une
amante
consent;;)nte,
mineure déJ~ fi;;)ncée ou
adulte déj~
Mari~e, qui,
avec la connivence de certains parents,
se
laisse
HarracherH
à
un
fiancé
ou
~
un
époux mal aimé et est
traTlsfèrée en
cantiMini
au
village et dans
le lignage de l'amant.
Cette cOlJtume
du
captage
amoureux
qui
est un détournement avant
d'être un
enlèvement
simulé,
fait
une place au libre-arbitre des
individus dans
ces
sociétés

le
mariage 6tait une institution
interlignagère contraignante
: société odJukru
(Aubin,
1902
:
436 ;
H.
Memel-Fotê,
1980
:
84-86>,
soci6tè gban
CL.
TalJxier,
1924
134),
société bete
(E.
Ounglas,
1939
24
D.
PalJlme,
1962
: 87),
soci~té kweni
(Cl.
Meillassoux,
1964
215)
La deuxième modalité dans laquelle la VIolence symbolique,
cette fois,
s'exerce sur l'époux,
est illustr~e p;;)r l'institlJtion du
IJ~ ider,I.::i.·hG'e d:::lns
1·:::1 région lagunail~~? (lC)
pt·
d()nt
(Iubin a dé'.~l~it
l a v a'~ i ;'.1 r, t.· e C) .~I j u kl' '.1 en,::. e s t e l~ nl €~ S
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1II. . . . m_ •
r.r-d.n"t:'
p""-4'o::l..
;;:t .....
" " : 1 1 1 _ 0 _
con"p.r:1'-' •
436-437) .
Ici comme
dans
la première modalité,
on voit mal comment
le détournement
de
la
femme
convoitée
s'effectuerait
sans
la
complicité et
la
coopération
active de celle-ci.
Cette complicité
est d'autant
plus évidente que chez les Bete,
par exemple,
la jeune
fille se
trouve,
outre
ses
parents,
sous
la
protection
institutionnelle d"Jn
ami
du
village
dl.Jbéi.
gal~ant
de son
intégrité physique
et
de
son bonheur,
au courant de ses relations
intimes,
qui
l'accompagne
souvent
dans
ses déplacements et qui a
préséance dans
le
protocole
du mariage de cette Jeune fille.
Mais
une fois cette mise au point faite,
la captivité authentique dissipe
le pal~ado;·:e.
La p~emière
forme
réelle
~e la violence qui
instaure la
captivité sociale
est
la capture de la fille ou de la femme contre
son gré,
soit
par un mari
légitime en règle avec les parents,
mais
dont la
fiancée ne veut pas,
soit par un pauvre hère sans ressource
pour se
procurer
normalement
une
~pouse
et qui met en oeuvre la
violence armée
pour
conquérir
une
femme.
La capture de Yohu par
Robert citée
par
D.Paulme illustre le premier cas
(11).
La capture
~ida citée
par
Dupouy
en
1914
et
qu'évoque E.
Terray figure le
se(~ond '.::as
(12).
"Q'J~r.d
.... r.
"'Ion,n. . .
d:l._~:l. ........... 1 _
~.c=h_ror.t
c f .
1.-.-
Q I J
d _

':0 S
.r
O:;)r,s le
pl~emiel~
'::1S ..
une
l~el.::ltiorl
·je dette et:;)lt dé.j,j
':l~èee
Robert a versé l~ ~ompens.::ltion m.::ltrimonl~le .::lU père de Y.::lhu
dans
le
se~ond
~as.
le pretendant ~~~eDte ~ette relation en se
mettar,t en
situ.::ltion de débiteur,
soit a l'ég.::lrd d'un epoux,
soit ~
1 ' è9al~d
..
des p.:;)l~ents,
Cette forme
so~iale
de ~aptivitè, ~ la limite du jeu
et
de la
guerre,
laisse
l.::l
l.::ltitude
~ l.::l femme,
si elle n'.::lime p.::lS
l'homme,
de
m.::lnig~n~er
un
détournement
~
son
.::lv.::lntage.
D.::lns
l'exemple de
D.P.::lulme
qui se situe en pleine è~onomie mar~hande, a
l'éç.o~1Je '~ontei'l)pOl~.::line,
le
I=,èl~e,
Ol~è, l~è'':IJJ=.ere S.::l fille, YorlIJ, en
f''e'l'ft·bOI.Jrs.;;ant 1.:1
'.:ompens.::ltion
m·:;)tl~imoni.::lle
de 10.000 F,
del~isoil~e ~
son avis.
,et
destine
1.:;) même fille ~ pl'JS ot-{"·::mt.
D.::lns le se':ond
e'~ellll=.le, 1.:1
'':.::lptivitè vite se tl~:1nsfOl~Rle en sor. ':ontl~.::lil~e, dès
lOl~S
-=tue la
fenlme
pl~ise,
fl.::lttée p.::ll~ ·:ette entl~eprise qui l~èrl.::lusse son
r~1I110'll parmi
l.::l
gent
féminine,
,:onsent
.~
êtl~e
objet
,j'un
T"elllt·o'.Jrsement Ije dot ..
sl':;Jne de S.::l ''''aleul~
et de S-:l :'::l'J.::llite :j'epouse.
Entrent eg.::llement
sous
le
~on~ept,
en se~ond lieu,
les
formes de
violen~e
déterminées
par
des
rel.::ltions
è~onomiques
p-:lrti~ulières de
dette au de dèdomm.::lgement
les tr.::lditions
lO~.::lles
1 es ass i ni il errt
e:·~p 1 i,.: i tement
~ des
fOl~mes .'ju g.::l';Ie
ob.::l.
Une f Ol~me
de cette
violen~e
est
l.::l
rel.::ltion
d'ot.::lge,
lorsqu'une personne,
parente ou
simple
origin.::lire
du vill-:lge d'un débiteur insolv.::lble,
est retenue,
p.::lrfois
d.::lns
une
entr.::lve,
p.::lr
un ~rè.::ln~ier et ses
p.::lrents qui
veulent
~insi
ré~upèrer leur dO.
A.
Abude-M.::lndeke,
en
pays Krobu,
on
rapporte
qu'~
C.::luse
de
débiteurs
insolv.::lbles du
vill~ge, des
cré.::ln~iers
.::lbê
d'An.::ldjê
s'embusquèrent
près
de 1.::l
rivière Tchètchri
et
c.::lpturèrent un jeune homme nommé Adjènu Ami.::ln
N.::lngro comme
~wob.::l
(13)
Pour l.::l même r.::lison vr.::lisembl.::lblement,
des
B.::lkwe-G~.:1dir insul.::lires
de
l ' î l e de Kpê,
~ l'embou~hlJre de l.::l Luo,
.::lffluent du
S.::lss.::lndra,
~ppréhendèrent deux
femmes et un homme,
Blê
T.::lpe,
des
B.:1kwe de TW.::ldji et les tr.::lnsférèrent .::l1J vill.::lge
KW.::ldi.::l de
Kw~ti, chez
le ~hef D.::lble Mabo
(14).
Enfin Cl.
Meill.::lssoux .::l relate
l'otage des
femmes Ni.::ln.::lngon en p;:)ys gotron
(1964
235).
. .
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.--nr' . . . . . . . . "", .. rl1::
1 ,.a-l'-.
CO"'"'"
"_,~1e...,,._
(1964
235)
L'.::lutre forme
de
l.::l même violen~e est l'état de détention
oU se trouve un étr.::lnger prlS en fl.::lgr.::lnt délit de vol
de bét.::lil,
de
gibi~r, de vi'vTes,
de Vif, de p.::llme,
de mOf,n.::lie O'J ,je vêtenlerlts,
D.::lras
l",lT,e et l' .::lIJtl'e fOl~Oles,
11
s' .::lgit d' 'Jrr r,;)ppol~t ·je S'Jt.ol'ljif,;:)tiofl

206
socio-polltique Justifié
p~r le principe de solid~ritè lign~gère et
vill~geoise, m~is
motivé
par
l~ dette
imp~yée ou p~r l~ repar~tion
exigible pour
le
vol,
un r~pport de subordin~tion qui prendr~ fin
dès
l' e::ti n,.:.:tio::m ,je
l~ dette.
Les AIl ;;) d i ~ n
y
\\,. 0 i en t
-'::l
j IJ ste
t i t l~ e
IJ n l~~ p P 0 l~ t
de ..j e t t e
<oorocie =
dette>
les détenus sont des oorocie-bo.
En effet,
dès
l~ prise ~'ot~ge, les p~ren~s ~e ce dernier s~lsissent le lign~ge dlJ
d~biteur qui
doit
mobillser ses ressolJrces pour ~cquitter l~ dette
et obtenir la libération de l' innocent.
L'ot~ge entravé,
m~is nourri
par ses
ravisseurs,
est
libéré
immédi~tement
et
restitué
-'::l
l~
délè9~tion
qui,
devan~ les autorités locales,
éteint l~ dette.
D~ns
le premier
exeaple
~ité.
i l se trolJve que Nangro ~v~it des soelJrs
~ariées ~ An~djè. L'intervention de leurs époux réussit ~ obtenir s~
libér~tion. D~ns
le
se~ond
exemcle,
les
Tw~dji
usèrent
de
reprès~illes en captur~nt trois h~Ditants de
Kw~ti
Zebé,
Beugré et
Kwassi.
Le
chef M~bo somm~ Dossu Gregb~to, SOIJS
l~ direction de qui
les Gb~di ~v~ient ~omMis la s~isie, de IlJi délivrer ses cQmp~triote5
et ~dministrés.
Gregb;;)to offrit ~lors ~ux Tw~dji trois filles,
dont
l'IJne s'appelle
S~ko,
et
obtint
l~ libération des comp~triotes de
Mabo.
Dans
le
troisième
exemple,
l'évènement dev~it dégénérer.
En
effet comme
les
Gotron
av~ient
vendu
les
femmes SIJ~ le m~rché de
Séguél~ pour
quelque sorte récupérer
l~ v~leur de
leurs p~gnes,
les
Ni~nangon leur
décl~rèrent
l~
guerre.
D~ns
l~
seconde forme de
violence ég~lement,
l~
libér~tion
slJrvient
lorsque les parents du
voleur ont remboursé
l~ v~leur de l'objet volé,
selon l'estime de
l~
p~rtie lésée.
Ici
et
l~,
IJne
relation économique fondée sur une
v~leur réelle
dont
le
mont~nt
n'est p~s ~rbitr~ire, engendre et
abolit le
r~pport secio-politique de violence.
Précisément derrière
l~ captivité
comme
concept
d' ~nthrepologie
politique,
nous
rerrouvons encore la rel~tion de dette,
m~is imposée.
Est c~ptif
selon
ce
concept,
toute personne c~pturée b
l'occ~sion,
non d'un dG
(dette
imp~yée ou répar~tion pour vol),
mais
de guerre malheureuse.
Sous le terme de gnonba,
les
inform~teurs bete de Zalihw~n
et ~e
ZokogUhe
(Oaloa)
incluent,
deux objets
princip~lement les
personnes
<ho.mes
et femmes,
adultes et enfants)
capturées ~u cours
d'un ~ffronteMent ~r.é (15)
et déportées
d~ns le vill~ge victorieux,
second~irement et
par
assimil~tion,
les
personnes
égarées
et
surprises p~r les chasseurs lors de leurs explor~tions. C'est qu'ici
~h~sse et
guerre ~taient deux ~ctivités ~pparentées, espèces d'~rts
m~rti~lJx dont les dispositions,
les modes et
le butin ~cquièrent les
mêmes v~leurs
sociales.
De
telles
prises
devinrent fréquentes -'::l
l'epoque d'insécurité
génér~lisée
entretenlJe
p~r
le commerce des
esclaves. Les All~dian distinguent entre les vr~is captifs,
butin de
guerre qu'on
peut
racheter,
et
les personnes
livrées en rancons de
-:;JIJel-I"'?,
qui
dev~ier.t
être,
soit
des
es,.:l~ves,
soit
des
filles
libl-es,
soit
des
'=l~imir.els destines ,j 1:;) OlOI"t ou ~ la vente et qui
l-est~ient ",jéfinitivement:>liér,és".
Les captifs ont trois c~r:;)ctérIstiques qui
les dIstinguent
de
l·escl~ve.
En
premier
lieu,
c'est
l~ violence et non un éch~nge
':or\\imel"':i~l "4'Ji,
des
1'J
SOIJl- ..:.:e.
les
,,:oTlsititlJe
'.:.:omme tels
,jes
. ;'"

1
hommes armés
et organisés s'emparalent d'eux par la force,
de facon
délibél~ée. En
deu:ùème
lieu,
l'ét8t tj(,: '::8ptivité ,::ontinue pOU1~ eu:<
par d'autres moyens,
sur un autre mode,
le système de la violence,
A
défaut de
prison,
entendue
au
sens
de
local spécialisé avec un
personnel professionnalisé,
les
captifs étaient mis aux entraves
entraves de
bois
ou
de métal sur
lesquelles nous reviendrons plus
1 Oti n.
En
t l~ 0 i s i ème
lie IJ ,
(~ e t t (~
d Cl min .:;.1 t ion
est
sui vie
d' une
négociation institutionnalisée qui
a
pour but de ramener la paix sur
la, base
des
exigences
des
vainqueurs.
Or
ceux-ci,
partout,
interpr~taient la
rancon
comme une dette
dette de sang pour
les
morts.
dette de munitions dépensées.
Sous son aspect rituel,
le processus de la paix repose sur
,::ette exigence èconomiq'Je -fondament;;lle de dédommagement.
D' abo\\~d,
la
n~gocia~ion. conduite
par
des médiateurs étrangers aux communautés
belligérantes. gens
d'un
village
ou
d'une fédération de villages
neutre.
traite du remplacement des morts.
Les vaincus chez les Bete-
Gbadi et
Zabia
comme
chez
les
lagunaires
odJukru
et alladian,
cédaient une
fille
sans
compensation
matrimoniale,
c'est-à-dire
payaient la dette de sang par une relation d'alliance
(16).
Ensuite,
,::ette négo,::iation
porte
SU1~
la
natlJI~e
et le volume de l;;i i~aÏlçOn
indispensable à
la
libération
des
captifs.
Objet d'une décision
politique,
la
rancon
était hétérogène
elle comprend des biens en
nature
(vivres,
bétail,
pagnes),
des biens en espèces
(manilles au
S'Jd,
§Q!llbe au NO\\~d, pOIJdl~e d' Ol~ à
l'Est),
des per"sonnes.
1,.::i en'.::O\\~e,
des échanges
de
biens ou de personnes avaient lieu autant chez les
Neyo que
chez les Alladian
(17).
Le sang d'un animal tué et parfais
consommé
(Bete)
sanctionnait le traité de paix.
Enfin,
le destin des
captifs est
différencié
le
sort
des
femmes que des guerriers
pouvaient s'offrir
d'épouser,
le
sort
des enfants et le sart des
hommes libérables ne se confondent pas.
Les enfants,
non
rachetés,
étaient
généralement
redistribués entre
les
guerriers
et intégrés ~ la communauté.
Les
Bete-Gbalebwo et
BogUhe
attestent
cette
procédure que les Krumen
appliquaient également.
Les guerriers pouvaient vouloir épouser les
belles femmes.
Chez
les
Bete-Yakua,
une
procédure de libération
précédait le mariage
:
les parents offraient en ce cas u~ cabri pour
obtenir cette rédemption
; ensuite seulement suivait le versement de
la compensation
matrimoniale
réglementaire
(18).
La
captive
de
g'Jel~re, épousée
lje
fOl~ce, pOl~t;:)it le nom signifi,.:atif : d'Affair"e-
qui-n'est-pas-terMinée
: Gbobiê.
En définitive,
seuls les voleurs non libérés,
les captives
sans pr~tendants, les captifs et les captives non-rédimés chan~aient
de nature et,
par un autre processus spécifique,
la vente,
passaient
de
l'ét~t d"otage au de captif a un état d'esclave.
fi partir
de
l~
s' inst~ure
la
contradiction.
Si,
so~iologiquement, elles
ont
identifié la spécificité de la personne
marchandise par
rapport
au
captif
et;;lu gagé,
les sociétés,
sauf
exception,
n'en
donnent
pas la désiqn0tion terminologique.
Pour la
plupart,
une
même catégorie intègre c~r\\tif et personne-marchandise.
Analy';e logiq'Je et --'}n;;:]l'/:;(~ hist()l~iqIJP 3.' ;:d:h~>st('nt.

lii
or
, J .
1
Les dé f :L,=0~.tJ:...9 n 5_ ~:J e~.!.
de .1' un i vg!: i 1;:ih
De
GNAHOA
UGEHI
de
Seriyo,
patri1ignage des
Gbalebwo,
sous -pl~é -f e,.:: tUI~e de Gagnoa, 87 ans.
-~o..... r
1 _ ..
v _ ~ d..... _
p . . r
po,-"r
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o . . . :1g'-'.'-.
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p.r-.c..")nr,.
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P"'.
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g . , - . : t o n
n,,::t. • • ,.,
g . ç a _
d_v:l._r.-t:
~
v .. r,'..:t .....1
d _ r . _
v i 1 1 _ g _
CllU
(23
.J u i Ile t
1 97 5) .
De
NCHO
OFFUMU
d'Attobro,
patri1ignage des Ngbanwa,
gl~oupe
MOI~iêl~IJ,
sOlJs-pl~éfe,.::tUl~e d' Agbov i Ile,
] 5 arlS.
.'L. _ _
K . r . g ...
( K y . n , . n
O'"j
1 _ _
~ut,..,a •
.. "",.,a
d _ _
r . o u _
o-f' ~r_r.-t:
(18
juillet 1973)
Du
Rèv.
Pasteur
ORSO DECI de Cechi,
patrilignage des
Oros5wo--d j ê ,
gl-O'Jpe
Tchoffo,
sous-préfecture de Robina,
62
ans.

a
.,
··KenS"
.... -t
u n
MO~
r~c_,·.t
pc~.r
d~_~gn_r
1 * . _ c 1 u v • .
L~
n'a~
Xl.
.*
gbw1j1.gbw
c':)ppo _ _
.-
~ .
OO",'''I~''''
JD~Cla-,_ 1
..
ct:l..ti'"\\'W'..1.
y i . y i ,
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p.y·.d.-r."t;'
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I:I.A.'!L!:L!IL
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Q~._1 :lgt·• •
01:'''0 _ _ •
q U ' o n
n'ali r a , : h « ) r.d :i.
_
01,.;1_ ...
(Résidence pastorale,
Agboville,
3 Avril 1975)
De EKI551
DOFFU
de
GbandJê,
patrilign~ge
des
groupe Tchoffo,
sous-préfecture d'Agboville,
66 ans.
.,,=~o""p"gn_r
o C .
d . r n i . ' -
( Ag b 0 v i l l e,
16 A'/l~ i l
1 97 5) .
De LOUIS
KAKU
ECHIGBAN
d'Emokoa,
matT i,~ l;;ln
des
K-:lk1j,
lignage Gbongbro
Gbata,
sous-préfecture
de
,J ;:),~ q IJ e vil le,
90
ans
environ.
nt i._
<l:tJOl.D.
o".b ...... >
Cf_
<:I ....... r. i
......
X1
l. - " ,
C ...... M
q'..Ji
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l_ .. _
•.::: .... p •.t-; i
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lb
TV·' ..·An}, .. •••
(Résiden,:e
de
.J O),.:q'JeV i I l e ,
26
Dé'.:enlbl~e
1975),
dl P3!.!"IS
1..~
9..9_~!.:~L~~~.
~~!!:L1.~:~.V;..l.::.~-:!. , T"lOfJS ·~l ..'ons l~èSUnlé,
IJTIC'
étude pl~é,.::édente
(1980,125),
.l e~3
r,)~OpDS
dt?
flOS
i fI f (jl~ nl a teu ,~ s
··L_ ..
_ _ <Q 1 4,)..., _ _
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lU."''':''.,'

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p ..... :t."...
d- urg_r."t:'
(,.:>:1.).
,.....
...
~,..._"t:
b
1 • •
ra~ :1n.. po ...... ·t. . .
qu_.1
Dans
la
réalité,
cette univocité n'existe pas.
Elle reste
exceptionnellement localisée.
Pour
le territoire bete de Yokolo ou
de-~ Yo".ua,
dans
l' a,:tuelle pl~éf€~,.:tur"e d' Issia,
Dodo Zahul~u de KOI~e­
kipra,
en pays BogUhe,
l'atteste.
De
DODO
ZAHURU
de Korekipra,
BogUhé,
0'ls5ia,
85 ans.
o n
1 . . .
e r n..
~
o n
o_pt':i.~. . .
<gpPDbs
..::h.x
1.._ Vaka..J«l). "T ..r.'t:
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~4Im:t. ~:I..
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1 .
~~M~11_
."t:
cl •
..:::l.ct_
(31 Juillet 1973).
Seule,
semble-t-il,
la
langue
alladian,
selon
Kaku
Echigban d'Emokwa,
distingue
entre
le
prisonnier
de
guel~l~e,
le
I:aptif a.:::lDO
et
la per'sonne-mal~crl':lrIdise, sans qu'on soit totalement
assuré du caractère très ancien de cette terminologie.
Hors de
notre
champ
d'étude,
on trouve cette univocité
dans le
riche
lexique des Bawle
(19).
Ceux-ci opposent en effet la
pe\\~sonne-m'::ll~chandise (kan9.a)

la
pel~sonne
libl~e
(liew-".l),

l-".l
personne gagée
(~owa sIan)

la personne adrogée
(QY.e §la~l),
et au
'.:::.:;)pti f
de
guel~l~e
(a 1 omwê)
M.a i s i , : i
les tel~mes ~.1!::!., 9.!Je i,
lu.,
noan
d~si9nent davantage
que -
1.:;)
personne-marchandise.
L'analyse
en
(:'l~-e.ier lie'J
le
pl~otJve.
Le double emploi
du tel~me ;LI-! est '.::onfil~mé
;;)U~{ ehapi 't1~es
VII et Xl de l ' Anthl~opologie é,:onom.U'Je ~es GOIJI~O. Au
chap.itre VII,
.:onsa'.~l~é
~
la
,:il-,:ulation
des
pl~odlJits
et
-'::l
la
r i •.:hesse.
les
19 dont le vollJRle est appl~é,.:ié sor.t irr,.::orrtestablement
les personnes-achetées
par
les
miQonenu -'::l la fin du XIXe siècle
d~ns le chapitre XI traitant de l'économie précolorrile ~u corrtr~ire,
il s'agit explicitement des captifs de guerre auxquels r~férence est
faite ~
la
page
265.
A.
Deluz
(1982:43)
qui
donne au mot
les deux
sens ne
dément
pas
cette
interprétation
des
faits,
Si
nous
considérons le
mot
odJukru,
nous
faisons des remarques similaires.
SOulignons d'abord
que
l'étymologie
du
mot
reste
obscure.
Mais
l"e:<pression
adlJ-eke-lJel-ol,
·3dIJ
.=:1'.:heté,
~1'_li
est
souvent
eaployée par
les
informateurs,
laisse entendre qu'il y
a
l'adu ou
l'adimi qui
ne
l"~st
pas
Ol~
le ,;.:;)ptif (le gIJel~l~e, la pe~s~nne
soumise,
se
trouve dans ce cas.
Confirme cette thèse,
d~ns un autre
';cmte;·:i:e,
1.' e:'t:.' l'es s j. 0 n
L akp.::.~
~~ ~.!.:::Jdl=~.
Ol~ I:ettf~ e;<pl~ f~ s s i orr dés i gna i t

les h~bit~nts de K~k~, réfugiés d'une guerre m~lheureuse entre Yulil
et US1~
et q'Ji,
;::I,::,::ueillis p;.'.ll~ le vill;::lge dp Ti.::Jh.::J,
flJl~ent inst.::Jlles
sur les terres du matrilignage de L~kp.::J comme sujets au dépend.::Jnts.
Plus
intéress.::Jnte est la configur~tion sém.::Jntique du terme
9uëi '::OftlmUn
r.llJ).~
Bete
(~lYu) ,~IU:-:
NE~YO (~"!.9Vu) E~t ;::IlJ).: Ko"/.::Jdi.::J en
pa~ticulier. L'étymologie du mot elle-même p.::Jr.::Jît .::Jmbiguri.
F. BU.::Jbre
e.l~ u 1V V
v () i. t
l ' i dé e
d' 0 e IJ f
g.!=,-~ e Ij) - i
,
l ' i dé e
d' e Tt f ;,lrI t
non
reconnu,
de demi-enf.::Jnt donc d'un être in.::Jccompli ou incomplet
(20).
Ch.
Wondji
V
souligne
l'idée
de préhension,
de prise,
~ l.::Jquelle
nous renvoie la possession.
De f.::Jit,
~ Logobi~, chez les Bete-Z.::Jbi.::J,
le double
emploi est confirmé par l'histoire.
La
femme Gb.::Jdi que le
père de
l'inform.::Jteur
Oomoraud
S.::Jb;::lle Kapri,
82 .::Jns,
patrilignage
des Yaluap;::l,
.::J
.::Jcquise,
qu'il
.::J
épous~e et dont il .::J eu un fils
résidant à
Bléku.::J
à
l'époque de l'enqu~te, ~tait une Quewron.
Mais
les c~ptifs
faits
p;::lr les ancêtres des lignages Dugbrip.::J et Lehipa
ètaient alJssi
des
2!dea.
En
effet
le
p.ère
d'Agbegne
Gn.::Jl i,
du
patrilign.::Jge Dugbrip.::J,
à
la suite d'une guerre
(L.::Jgruto),
s'emp.::Jra
de quatre
c.::Jptifs
et
en
çèda
deux aux Lehipa
;
les deux ~utres,
Kokoblignon et
TOW1~ik;;:)sso,
fondèl~ent
le village de Gn;;'lbi.::J d~ns
le
territoire dida
de
Lakot.::J
<21>. Chez les Nevo, de même, Do, c.::Jptif
de guerre,
ancêtre
des
Kekeyo ~u début du XVIIIe siècle,
était un
9uéYu.
SIJl~ le tel~l~itoil~e de Lipoyo,
un point d'e.::Ju,
nommé Zl~idU..1!?I~U,
pOl~te le
SU1~nom
Gueyonin~I~.::Jr.!.
"les
es.::l.::Jves-ne-boivent-p.::Js",
en
soyvenir d'une
période
de
manque
d'e.::Ju
pend~nt l~ migration des
~ncêtres et où le devin découvrit mir~culeusement l'e~u qui s.::Juva le
pe'Jple.
Ol~
,,:'est
p.::Jl~'':e
que
les::ll!~ dont il 5'~git ét.::Jient des
c.::Jptifs de
guerre,
des v.::Jincus,
et non des marchandises .::Jcquises à
prix d'~rgent,
qu'il
parut
ré~liste
de
les
priver
de
l'e.::Ju
insuffis.::Jnte pour sauver le peuple des hommes libres
(22).
L'.::Jn.::Jlvse hi5tori~ue
apporte une seconde preuve ~ tout ce
que nous venons de dire.
Si tous ces peuples s'.::Jccordent,
comme nous
le verrons,
pour .::Jffirmer le c~ractère t.::Jrdif du commerce dans leur
histoire,
ils
supposent
du même coup l'.::Jntériorité du phénomène de
l~ guerre
et
l'.::Jncienneté
de l'emploi des termes qui désignent le
c.::Jptif.
Si
univocité
il
y~,
elle a existé en ~mont dr.lns le p~ssè
d' ~v~nt le
...~ommel~'::e,
.j
l'époque où !.!d,
·~uëi,
adu et ~ nomma
'nt
uniquement le
captif
de guerre.
Au XVIIIe et XIXe siècle,
l'emç~loi
de ces
termes
.::JU
sens
d'escl~ve
est
yn
emploi
domin.::Jnt,
correspondant à
une
période
historique
déterMinée,
mais il n'est
nullement un emploi univoque.
au contraire.
En somme,
dans
les logiques des sociétés çonsidérées,
1.::J
notion d'escl.::Jve,
en
dépit
de
son
accent marqué sur 1.::J rel.::Jtion
d'échange qui est fondammentalement commune ~ux concepts de persanne-
tll.::tr-::handise,
de
P~?I'SOnne
gagée
et de '~aptif de gIJel~l~e, l~ejoint la
, ~Qtion telle
qu'elle
fonctionne
d~ns
les logiques,
papul~ires ou
philosophiques,
d'~utres
saçiétés.
Son
st~tut
épistémologique
justifie p.::Jr
conséquellt
notre
entreprise critique et l'option que
nous avons
prise
d'un
concept
univoq~e,
bon
~
penser un objet
hoeogène et identiqIJE'.
Si d~n5 la transformation de la personne en esclave,
l'~c­
te commerci.::Jl
est
l'acte constituant,
nous devons m.::Jinten.::Jnt,
pour
s~isir le comment et le pourquoi ~e cette transform.::Jtion, d~terminer
1-') natljl~c>,
le,,;
f()l~mC'-;
,'-r
le dÔI~ouleTllent de '~et "l,~te, Qlj pllJt,3t du
pro,.:ès dont
J.''J,:te
d'("~f-'~lrl'Je ;:':JmmPl~;.:i'::ll est le moment r1f;,.::isif.

1
SECTION
LA SPECIFICITE DU PROCES DE PRODUCTION
~
Ce pro~ès
s'inscrit
dans
un
système
d'échanges
commerci~ux, ~u
sens

K~rl
Polanyi
définit le commerce.
Trois
traits dOMin~nts
font
s~
spécificité.
Si,
au point d'articulation
avec les
sociétés
tribut~ires ~fricaines et les Etats capitalistes
europ~ens, le
commerce s'effectue dans des marchés localisés ou les
ports avec
les marchands spécialisés,
entre les sociétés lignagères
et ~
l'intérieur
de celles-ci,
le commerce dont les personnes font
l'objet était
un
procès
politico-économique . i s en oeuvre par des
acteurs divers
~u
nom
et ~u)énéfice de leurs lignages
c'est un
,.::omlr}er,::e S-3ns
m~l',.::hé
IO'':-::lll.sé
s' Qpél'ant
sur
le
mode
de
la
clandestinité
ensuite,
à
la
transaction
commerci~le
est
consécutive une
di~lectique
de
la
violence graduée qui ~chève de
r~aliser, dans
un
r~pport inégal de forces entre un individu et le
groupe acquéreur.
la
relation
d'esclavage
enfin,
cet éch~nge
co••ercial s'effectue
au
moyen
d'un
instrument
original
une
Nonn~ie unifonctionnelle.
1.
Les_
a,.:teul's
de
l' éd-l-=ln2.~
commel".:i~l
aQents et manoeu.YTe~~
Que l'èch~nge
en
son
acception
sociologique,
est
une
relation plus
générale,
plus fond~ment~le ~ la reproduction sociale
et aussi
plus ancienne que le commerce,
ces sociétés en fournissent
l~ preuve
t~nt
~u
niveau
des
représentations
qu'au
niveau des
pr~tiques soci~les. L'enquête linguistique le laisse apparaître dans
ladistin,.:tiofl
.;)lladian
entl~e
êdjl~ê,
l'é,.::hange
l'é'.:ip"O'1 IJe
et
;;}han,-:Ul'ê,
1 e
,.:ommer,.:e et d.::lns
l' évo 1 ut i on du tel'me pêl'O,
cor ·)lIJfI au:·~
p~rlers
neyo,
kwadia et bete.
··o~ . p r . . . .
140
u p . r D "
p""'"
1 · ...~1:"_
d · . . c::,..•• n.g_
• • n .
(1)
On peut
retrouver
le
procès
de
cet
éch~nge
~u
sens
pri.itif ~
travers
plusieurs ~l~ments
les groupes qui ~ch~ngent,
les formes
d'éch~nge, les objets éch~ng~s. les circonstances et les
fins de l'èch8nge.
Ont toujours ~changé les personnages éminents des
so
ciètés
descend~nts
des fondateurs,
chefs de lignages ou de
Foyer,
premières
épouses de ces der~iers, respons~bles des sociétés
de .~sques, de d~nses ou respons~bles des classes d'~ge. L'éch~nge a
concerné les
dom~ines
du
mari~ge,
du
tr~vail, de la guerre,
des
funérailles,
de
l'~limentation, etc.
La forme
archaiquB
de
L'èch~nge m~trimonial semble avoir
été ici
l'éch~nge de femmes entre lignages,
ou de filles entre chefs
de lignages
ou
de
soeurs
entre epoux.
Si
les informateurs kweni,

..
2L5
odjukru,
~lladian,
et
abê
n'ont
pas
~ouvenir de cette pratique,
celle-ci est attestée chez les Neyo,
les Bakwé et les Bete
(2).
Dans
un tel
échange
fondé
sur
la réciprocité stricte,
le départ d'une
épouse par
répudiation,
divorce ou simple fuite entraînait automati
quement le retour de son homologue dans son
lignage natal.
~
Dans des
sociétés
o~ les farces productives ont toujours
été limitées
avant
le
commerce,
l'éch~nge
des énergies humaines
entre groupes
sous
la
forme
de
la coopération élargie était une
nécessité pour
le
succès
de
certaines
activités
comme
la
construction d'une majson, _d'une pêcherie,
d'une plantation ou d'une
intervention militaire.
Les autorités traditionnelles se sont ainsi
dans le
cadre
d'alliance
entre
villages
ou confédérations prêté
leurs guerriers pour défendre l'intégrité et l'indépendance de
leurs
territoires.
Ainsi
les chefs de lignages ont-ils mobilisé
les uns au
bfnéfice des
autres
leurs cadets pour
installer
les pêcheries dans
les lagunes
(cas
des
Odjukru).
Souvent ce sont les cadets sociaux
qui dans
leurs
classes
d'~ge ou dans des associations libres s'en
traident mutuellement
soit pour
la construction de
leur propre case
0'.1
plantation sai t
pou,~ ,.::elles de 1 eUl~S -:.iînés.
Te 1 est le ,.::as des bo
et des kl"'lla kweni
(3)
au le ,.::as de l' uful
adjlJkl~U (4).
Outre ces
échanges
de forces de reproduction biologique,
autre ces
échanges
de
forces
de
travail,
partout fonctionne une
autre forme
d'échange,
échange des services,
des dons et de contre-
dans entre
lignages
et amis,
~ l'occasion des fêtes et des rituels
funéraires.
Au niveau des artistes,
c'est la coopération sous
forme
d'animation culturelle
les
uns
chez
les
autres ~ l'occasion des
mariages.
des
initiations
et
des
décès;
au niveau des
femmes de
même ménage,
de même
lignage ou village,
de même groupe d'~ge ou de
même association,
fonctionne
un échange de services esthétiques et
domestiques autant que de produits vivriers et artisanaux.
Il
faut
insister
d'une
part
sur
le fait que ce procès
d'échange,
selon
toutes
les
traditions,
déborde
le
cadre
non
seulement villageois,
mais encore
le cadre des
formations sociales,
puisque des
S Dupes voisins accoutumés ~ certaines modalités de ces
échanges peuvent
appartenir
~ des sociétés différentes
;
Kwadia de
Kwati et
Bakwe Obli,
Bete-Zêble et Kweni-Niangoro,
OdJukru-Oboru et
Aihizi-Ab,"a.
D'alJtl~e
pal~t,
né,.::essité p;;'ll~ la l~epl~odIJ,.::tion d'j systéllle
de production
lignager,
ce procès d'échange s'est renouvelé,
quand
besoin était,
~
l'occasion
des
migrations,
des éclatements,
des
~~erres. des emprunts sinon dans toutes ses
formes du moins dans
les
lItodalités de
lelJl~
,~éalisation
et
dans ses contenus.
Les Olod€~s de
''::Oopél~atiorr agl'i':ole
tels
l'uful
odjuh~lj,
lié
.~
l';;)vènement du
système des
,.::l.=.lsses
d' ~ge et l€~ .l<l;Jl~~ Kw€~n!. -:1sso,.::ié .=)u l~el~khement
I&G'de'~ne de
la
'.:oopél~ation
1 igndgèl'e
ne
sont
p.:::lS
les
seuls
té:moi.gnages de
sa
•.::ap-:1cité
S'"!ln~;
limite
de
l~eno'jvellement,
le
'::(l):mm·er·.::e en est un autl'e.
On connaît
la
définition
que
l'historien de
l'économie,
Ka,rl f"olanyi,
donne
du
'.::ommel~<:e
d;'Jns
It!(·~ li'Velilj.9SL1 Q:.t. ~.~2!.~ (5J.
Activité pacifique d'acquisition de biens étrangers,
le
commerce est
Uf7,e
;;.},:ti'V i té
de
gl'OI.Jr-.f~
do n t
1 (.~ blj-t 12 s t
1 J ,"-,,:hange de~; b:i (.'} fI~;
e fi t l' e
'::.omnlU:T1I.autés diffèl'pntes.
Err
i~f.~ ~:;f.~n~;,
ellt~ est ~;embl';:lble (~i~ ()r.po:;t~(~
.:::lU:: "3l-::iti'Vites
de
Pl'<?/j,;)tiofr
et ;:.lI.J~< ;.)'.~ti\\)itô'; 1ll=Jt\\'imoni.:)lo:·;'s.

Le mouvement
bidirectionnel
~e biens passe par le marché
onlnH~ instit'JtiDn
<qlJ.::!lnd
est pl~és~?nt le '~F'oIJpe de l'offl'e ou celui
.e la
demande)
ou
par
le marché comme
lieu de transaction
(quand
'un et
l'autre
groupes
sont
présents)
la mnnnaie est un moyen
Jestiné ~
faciliter
le
MOUVement.
On peut trouver le commerce et
:e~ains IJs.:lges
de
la
monn-:.lie S~lrl~j m71rl~hé l
'~omme on a
le ':omnlel~.:e
~vec monnaie
et
m-:.lrch~s
à
prix fixe ou marchés créateurs de prix.
_'auteur distingue
trois types principaux de commerce
le commerce
de dons,
cérémoniel,
qui
lie les p-:.lrtenaires -
chefs ou rois -
d-:.lns
des relations
de r~~iprocité (cas de la Kula tobriandais étudié par
B.Malinowski en
Mélan~sie), le commerce de gestion,
ét-:.ltique,
fondé
sur les
relations
de
gouvernement
~
gouvernement,
régi
par des
traités,
et
qui se déroule souvent
dans des ports de commerce
(cas
de Tyr,
de
Carthage et de ~ydah au Dahomey),
le commerce de marché
enfin,
variante moderne du COMmerce,
où les biens commercialis-:.lbles -
les marchandises -
offre un éventail
illimité et s'org-:.lnise selon le
me.:anisRle offl'e-demande-pri:·:
\\.'::'7.15
de
l' EU1'ope
o,~,:identale
et
l'Amérique du Nord). Oans ce dernier cas,
"L._ ._c.ns. __..
............:::t-, ..
....."'.1.
:l"tm_rl • •
..::t-• .,mp
1 ..
m_n:lpu1_~::Lo,",
d_.
1 .
........... ne __ ..
•.:l 0
n_'t:" ~ "t:'~_n"t:'
d _ _
1 •
1._
•, ...... ,..... .,.,c __ •
1 _
t:.rn,...
1 _ _
.:3:.Qp:t-t:'.Q'-IH.
1 ....
_"".".<1975 b
255) .
En premier lieu,
le commerce dans
l'aire que nous étudions
nr
paraît
pas
très ancien
dans
l'histoire,
il date
au plus
de
quelques siècles
et
s'est ét-:.lbli
dans
les societes ~ des époques
différentes,
nous
le
verrons.
En deuxième lieu,
du point de vue
typologique,
en
ce
qui
concerne
l'hinterland
forestier,
il
ne
coincide avec
aucun
de
ces
types
de
commerce.
Il
n'est ni un
commerce de
marché,
ni un commerce de gestion,
cela V-:.l de soi,
C-:.lr
il ne
repose
ni
sur des Etats,
ni sur le mécanisme offre-demande-
Pl'i:: .
Qye le
co••erce
des sociétés
lignagères ici ne porte que
sur certains
biens
par.i lesquels
les esclaves et ne touche qu'une
partie plus
ou
.oins q,',ande du pl'acès é.~onom ique,
qu' il
ne s€~ ~;oi t
pas en~ore
e ..",are
de 1-'1 totalité de
1.;) pl'odIJ.:tion,
selon le mot de
K-:.lrl Marx
(6),
e~
reste
par suite périphérique,
c'est l~ une des
c-:.lr-:.lctéristiq~es génér~les
de
cette
-:.lctivité
~
l-:.lquelle l'étude
-:.lpportera des preuves.
Hais ce co••erce n"est p~5 non plus tot-:.llement un commerce
de dons.
Car
i l
repose sur un conditionnement politico-économique
déterMiné et
relativeMent Mal connu,
son personnel est spécifique
enfin il
fonctionne
selon une modalité originale -:.lvec des monn-:.lies
PI-opres.

1
N'entendons pas
par
ce conditionnement une détermination
sur-imposée par
les
Etats avec lesquels ces sociétés échangeaient,
ce qui
serait
une détermination ext6rieure.
Nous la voyons interne
et positive.
D.::lns
une
étude
SUI'
Ll2.
~nlI21' •.:e
9;,)ns
les_ so,.:iétés
liQnaqères au
Gabon-Congo,
Georges Dupré
(7),
critiquant l'approche
globale et
marchande de la traite atlantique telle qu'elle est mise
en oeuvre
par
les
observateurs
européens.
note le fait
lorsqu'il
é'':I' i t
"·L_
r"'.::&' :t.~_
cane,",,_
p~'-'"
:i. . . p o . _ ..
.eu ...
d:l..ç"" • .-_n't' _ _
"''"'.pro.c:11jc't':t. o n
p ...·v·.;l,qu . . .
r _ p r a d y c " t : : 1 . o r l
_"0:
ciy"""'''' 1 . n...
619-620) .
En fait,
non seulement les sociétés lignagères peuvent se
trouver engagées
dans un système d'échanges bi ou tripolaire,
COmme
c'est le
cas
chez
celles que nous étudions et aux époques oD nous
les considérons,
mais encore leurs systèmes politiques interviennent
dans les échanges ~ deux titres.
Comme cadres de la vie de rel.::ltion,
c'est à
leur niveau que sont fixées
les conditions de possibilité de
ces échanges
ensuite,
les
autorités
qui contraIent ces cadres
peuvent promouvoir elles-mêmes des ~changes et y déléguer des .::lgents
commerciaux suivant
l'intérêt
de~;
objets
d'échange.
En termes de
"bal'l' i èl'es de
tous
ol'dl'es Il ,
1 ' auteul'
ana 1 ys e
'':el't aines
des
conditions politiques
(péages,
troupes,
etc.)
dont
nos sociétés
offrent d'autres
modalités ou illustrations.
Toutefois en raison du
caractère général
du
thème,
l'auteur
ne
pouvait
élucider
le
conditionnement particulier
de
1;,)
circulation
des
esclaves,
mal
nommé commerce d'esclaves.
D'abord,
ce conditionnement socio-polittque réside,
il y a
lieu encore
de
le
rappeler,
dans
la nature de l'objet.
Avant de
devenir p;;n-
a,.:,.::ident
nlatièr'e
pl'emièl'e de
l' é,:,h'::mge .':oRlmel'.~ial. la
personne membre
d'un
lignage
et
d'une
société.
est
un
acteur
politique,
"citoyen"
investi
de
tous
les
droits
et
devoirs de
l'homme libre,
agent
de
l'intégrité
et
de
la
continuité de la
so,:iét~; q'Ji
le
l'e,.:onnait
,.::omme
tel:3J.gJ..2~l'(
selon les e.ete.
L'attitude de
la
société
à
l'égard
de
la
mort
d'une personne
jouiss~nt dt
l~
plénitude
de ses attributs confirme ce ~~r~ctère,
s'il en
était encore besoin,
que cette mort advienne p~r l~ guerre,
par l~ nature ou par l'accident.
Ensuite,
ce
conditionnement se retrouve dans
l~ nature de
l' inst~nce SQurce
de
la
décision de commerce.
En reconnaissant l~
multifanctionnalité des
relations
de
parenté
dans
les
sociétés
lign~gères. l'anthropologie
contemporaine adme~ que les lignages et

leurs segments
ne sont p~s seulement dea unités de production et de
consomm~tion, des
commun~utés
religieuses
~vec
parfois
dieux
tJJtél~il~es, tOUjOU1~S
~ve'.:: p~nthéon d' ::ln,.::êtl~es, intel~dits ,.::ommuns et
rituels périodiques,
ils
sont
~ussi
en
même
temps
des org~nes
politiques.
Or,
p~trilign~ge
chez
les
uns,
m~trilign~ge chez les
autres,
voil~
l~
structure

se prend
l~ décision d'ach~t ou de
ven-ee,
d' agl~ég~tion
d' un
nouve~1.J membl~e ou d'e:-:,.::lusion d' un membl~e
de plein
droit.
C'est
que
les
aînés,
p~r
une
str~tégie
de
reproduction collective,
mettent
en
jeu des ressources ~ccumulées
par les
lignages
~fin
d'acquérir un bien commun ou décident de se
libérer d'une
charge
commune
pour
récupérer
des
ressources qui
renouvellent le bien commun.
Enfin,
le
mécanisme
de
!~ prise de décision vient ~ccen­
tuer le c~r~ctère socio-politique de cet éch~nge commercial.
L'~ch~t
ou la
vente
d'une personne est l'une des rares décisions d~ns les-
quelles fonctionnent
au
sens
démocr~tique
l'information
et
l~
consultation intra-lignagères.
Nous
venons
d'indiquer
une r~ison
d'ordre économique
qui
Justifie
cette
dém~rche.
M~is
d'~utres
raisons de
caractère politique militent en sa
faveur.
S'agiss~nt de
l'achat,
la
concert~tion
intr~-lignagère
pouvait
seule préserver
l'idéologie patern~liste
de
l'escl~v~ge
l'escl~ve ser~ ~un fils
adoptif" du
chef
de
lignage,
un
fils
dont l'origine devra être
occultée p~r
un
fratern~lisme
simulé,
un fils
~ protéger de toute
~gression sociale,
extérieure ~u lign~ge. Entente pré~l~ble, silence
sur les
origines après,
défense de l'escl~ve, tout cel~ f~it p~rtie
de l~ même str~tégie de l~ politique lignagère de
l'escl~vage.
Les ~cteurs
de l'éch~nge se trouvent être les éléments de
,.::es uni tés
de
production
qui
sont
en
même
temps
des
org~nes
politiques.
Il
y
~
d'~bord
les
promoteurs de
l'éch~nge
il y ~
ensl.li t_e les f~cteurs,
il y a enfin les maneouvres.
Promoteur des
échanges
est celui qui
prend l'initiative,
eng~ge dans
cette
~ctivité
les
moyens en hommes et en biens ~ sa
disposition et
org~nise
leur
mise
en oeuvre.
Aîné de lignage,
en
génér~l, le
promoteur des éch~nges porte le titre,
nouve~u dans
les
sociétés d'agriculteurs ou de pêcheurs,
de négociant:
ahandJrê-wron
~lladian, ano 1 u
ad ju k I~U,
::lI od i l~e
ab~~ ,
pêl~opagn(Jn bete et kwad i ~,
kwot~p@ rleyo,
kosey i I~ar.!..'t.
~v i kam . . . Le
négo,.:: i ~nt
i,.:: i
l~eço i t
généralement des
march~ndises
étr~ngères
en
gros
et en offre la
contrepartie loc~le.
Les
relations
d'éch~nge
et
p~r
suite
de
correspond~nce et
d'hospit~lité
s'établissent d'une p~rt entre ces
négoci~nts et
d'~utre
part entre ces derniers et leurs p~rten~ires
des sociétés tl~ibut~il~es
sikefwç.> anyi-b~wlé, et di~tig'.:L:l d·yula.
Nous nommons
f a.!.::teljl~
l' .~lgent
(.:Ju i
e:·~el',.::e
l' a,.::t i v i té
d'éch~nge ~u nom et pour le compte d'un promoteur. Les f~cteurs sont
"
l~ecrlJtés ~"al'mj.
lf~s
,.::adets
sOi.::i;Ju:,(
pr':ésent~nt
les
pl'JS
sGl'es
garanties d'intelligence
et
d'ardeur
~u
trav~il,
de s~nté et de
cour~ge, de déférence pour
leurs aînés et d'honnêteté.
Délégués d~ns
la nouvelle
division
soci~le
du
travail,
i15
dirigent
les
expéditions,
assurent
la garde des marchandises,
doivent les comptes
;;)I.J::
pl'omoteul's.
D~::'5
es,.:: 1 av(·::,s
J:.'oI'ClllllJS
.O)IJ
l'~nq
d~::,
'.">Jdets l:.'oelJvent
~~'l'endl'e pl~':e d,:HI~; ,:ette ':;:)i:égOl'i.f).


~
SOIJS les
ol'dres des f.:o}l.::teul~s, les ~Jl-lr~Q_f;uvJ~_§. ,
Vél~it.::lbles
hommes de
peine,
se chargent des t~ches auxiliaires des échanges
communications,
transport
~
tête
ou à
dos d'h~mme, réparation des
moyens de transport et de conservation,
protection armée,
navigation
en pirogues.
Ce personnel,
plus ou moins nombreux selon la richesse
dl.!. pl~omoteul~,
la
longlJeUl~
des
distan,.::es
et
le
vollJOH?
des
marchandises,
comprend plusieurs catégories de membres
des membres
des 1 ignages-,-- des
melRbl~eS
l~émunél~és
étl~.;)ngel~s
·::lU:·: 1 ignages,
des
gagés,
des adoptés,
des captifs,
des esclaves.
2.
La
prin'l:~ipale
mod-::llite.
de
dètQl.,r Q.i.=!. !i'!..'landesti ni te.
La deuxièMe
caractéristique
de
ce
commerce
qualifie
principalement la
transaction ~ proprement parler,
c'est la ruse ou
la clandestinité.
Oans
les sociétés esclavagistes o~ la production
est largement
mobilisée
par le commerce,
aD les Etats disposent de
l'appareil de
contrSle
social,
il est des marchés de plein air o~
les personnes
parMi
d'autres
marchandises
sont
mises à
l'encan,
examinées sous
toutes
les
coutures,
telles du bétail avant d'être
achetées ou
récusées.
Nul
égard
~
leur
susceptibilité,
nulle
précaution dans
le
traitement qui
leur est infligé sur la place du
marché.
Le
commerce
est sans ruse ~ l'endroit de cette march.;)ndise
spécifique
franc,
il est direct,
voire brutal,
donc inhumain
la
réification marchande y est littér.;)lement visible,
publique.
Dans leur
relation
avec
les
marchands européens,
les
peuples c8tiers
(Essuma,
Alladian,
Avikam,
Neyo)
ont développé ce
commerce,
sans
ménagement
et
sans détour
les personnes ~ vendre
étaient conduites
dans des pirogues Jusqu'aux b~teaux en rade,
pro-
posées,
examinées,
agréées quand
leurs qualité et prix convenaient,
récusées dans
les
cas
contraires.
Trais hypothèses permettent de
comprendre ce commerce sans détour.
En premier
lieu,
ce
commerce
marque
une
rupture
de
continuité radicale avec tous les systèmes économiques intérieures ~
la zone
forestière;
des traditions nouvelles se font
jour,
nous le
verrons,
comme la vente des vivres et l'exigence du cadeau préalable
~ toute
échange:
-le
dashe"
(8).
En
deuxième
lieu,
plus qu'un
nouveau système
économique,
c'est
un
nouveau
type
de
form.;)tion
sociale qui
appar~î~ ~vec les b~tealJx, assumée par une autre espèce
d'hommes et
une
autre race d'hommes,
En troisième lieu,
la plupart
des personnes
proposées
~
la traite atl.::lntique,
d'après certaines
traditions seraient
des
irrécupérables
rebelles,
irréductibles,
leur esclavage
équivaudrait
pour eux ~ une mort sociale ~ laquelle
se résolvent
leurs derniers maîtres -::lU terme de ventes successives.
Tout en
faisant
des
réserves
sur
cette
dernière
hypothèse,
l~
caractère sinon
périphérique,
du
moins
frontalier du commerce de
traite direct
res~e rem-::lrquable. A une moindre échelle, le commerce
aux frontières
ave~
les
sociétés
tributaires
malinké et ak~n
~
Harab~di-::lss~, ~
Kotiakoffikro
(près
de Bw~kè) et ~ Tyas~lé dev~lt
présenter,
~ la fin du XIXe siècle du moins, des similitudes ~vec le
-:".lS
de 1 a ,.::ê;te.

,
1
..r
D~ns les
soci~t~s
lign~gères

l~ division du tr~v~il
n'~t~it p~s
très
diversifiée,
où l' id~ologie de l~ p~renté Jusque
d~ns ses
s~diMents
religieux inspir~it l'~doption des étr~ngers et
l'exclusion des
autochtones,
rien d'étonn~nt qu'~ l~ fr~nchise d'un
commerce de
m~rché
d'homme
~
homme
se substitue la duplicité et
~~pp~rente humanité
d'un
comMerce
de
lign~ge
~
lign~ge. Trois
opérations marquent ce commerce clandestin.
L~ pre.ière opération,
le transfert dont le lignage a pris
la d~cision
en droit, est conclu en termes d'équivalence matérielle
sur le dos de l~ personne à vendre,
mais ~u su des autres membres de
la p~rentèle.
Hais
à
cette initiative l'~cte d'échange confère 5~
réalis~tion plénière.
L'esclavitude
se réalise comme telle p~r une
deuxième op~ration
l~
livraison.
Ici encore intervient la ruse.
C'est par
de
bultiples
procédés détournés mis en place ~ son insu
Que l'esclave
est
~is
f~ce
~
face
avec ses acquéreurs ou leurs
.ess~gers. Troisiè.e
opération,
les parten~ires prennent possession
par la surprise et la force,
en chemin ou à
l'~rrivée,
de leur bien.
Acheteurs,
ils
s'assurent
m~inten~nt
la
domination
de
cette
personne, dont
ils
tiennent en laisse la volonté
;
ils en sont les
m~îtl~es .
En t~nt
qu'us~ge
soci~l
de la force armée appliquée aux
personnes,
cette
violence
p~r
l~quelle
l'acheteur
se
rend
matériellement m~ître
de
l'esclave réalise l~ pleine possession de
ce dernier,
la
possession
de
cedont
la vente n'av~it fait qu'un
droit d'~cquisition.
M~is
en
raison
même
de
ce
r~pport
disproportionné des
forces,
cette
violence
dont
les
négoci~nts
avaient l'h~bitude se trouve remplacée par une non-violence tactique
dans les sociétés qui acquièrent les esclaves non pour les revendre,
mais pour en faire usage.
3. Les
i nstl~uments
~'e
l' é,~hanqE~ '.::ommel~'::i a 1
de monnaie t'~adi tiom:telle
L'é,.=hange S' eff" 'tue
~u
moyen
d' obJets-monn;Jies
spécifiques. Si,
pour l'économie politique et la théorie formaliste,
la Monnaie
est
défin1e
comMe
un
objet
quantifiable
dont
les
.ultiples usages
restent
fonction
du
marché,
rien
de
tel pour
l'ant:hropolo']ie é.::oTtolRi.que
et
l<:l
théO\\~ie
sl.Jbstantiviste.
Soi.t les
usages auxquels
peuvent
être
affectés
dans
le commerce un objet
quantifiable:
usage
d'étalon,
moyen de p~iement, moyen d'échange.
Une .onnaie est un objet Quantifi~ble toutes les fois qu'il est voué
~ yn
ou plusieurs de ces usages.
Ce concept anthropologique produit
~.~rK"3l~l Po!.:myi
(9) pel~met ~ .J ean-LolJp Amse Ile,
dans Les Néq.Q!.~i ~1jJs_
de la
S.:tvane,
,!je
'::on5idél~el~
la
Olonn;Jie
,:Onlme
IJne
"somnH:>
de
fonctions .on~taires
dissimulées
sous
l'enveloppe
matérielle
de
.:ert"3ines .ar.~handises
<1977
19)"
(10).
S' y
tl~alJVent subsl-'mées
alors .0nn"3ie
à
usage
spécifique
et
monnaie
~ us~ge universel,
Monnaie tr.:tditionnelle,
et monnaie moderne.

..:- ~ .~
...
La monnaie moderne est omnifonctionnelle
èt~lon o~ ~nité
de compte,
moyen
de
paIement et moyen d'échange.
Au contraire,
la
monnaie traditionnelle
n'a
qu'~n
~sage
spécifique
a~q~el divers
objets pe~vent
être
employés comme l'avait dèj~ perc~ Marx dans le
,:hapi tl~e S~l~
l' al~gent
de
Gl~~nd.!:~.i_?Si~
\\ 11).
Ol~ ,:::et uS;:lge n'est pas
1"'Jsage fondamental
de la monnaie mo,jel~ne.
t_-_ ...
c l · u r. . .
og'.... &a;r.d_
"· .... r
_ _ _ ... pl.. . . .
1 1
_
• ..I~ ..... r ...
... · v
•• p . . ...,._,,_u
_
1 •
CI_
_~
d · ........
",ay_ra
......:th_t'_r-..
.-.1
d . . n •
0-_1 ..... 1
dan.::L . . . . . . .
""......
1 • •
(12) .
So~s ce
concept
de monnaie traditionnelle no~s trouvons,
dans la
zone
de
notre
ét~de,
les
trois
formes
de
moyens que
distinguait Roger
Me~nier
objet ~ ~sage monétaire,
q~asi-monnaie,
"monnaie pl~imi t i ve"
(13).
La
pl~emi èl~e
est
~ne
val e~l~ d'échange
dev_en~e monnaie
;.:\\
mi-temps
sel,
':ola,
boe'Jf,
flJsil
la se,.:::onde
est un objet manufact~ré peu dl~isible et sans réelle valeur d'~5age
sombe,
manille
dans
la
troisième,
il
faut voir ~ne valeur
conventionnelle,
d'utilité
esthdtique,
q~e
ses
qualités
<divisibilité,
d~rabilité, homogénéité)
destinent ~
jouer le raIe de
monnaie ~
temps
plein
ca~ri, or.
Anciennes ou récentes,
toutes
sont pl~rifonctionnelles.
J'

.:_.:.. \\.1
...
CHAPITRE IV
LES FORMES ET RESULTATS DU PROCE5
SECTION 1.
LES CONDITIONS GENERALES DU COMMERCE
DU
XVIIIe AU DEBUT DU XXe SIECLE.
SECTION II.
LES FORMES DU PRO CES DANS LA SECONDE
MOITIE DU XIXe 5IECLE.
SECTION III.
LE PRIX DES ESCLAVES.
SECTION l'J.
UN BILAN DU PROCES A LA FIN DU XIXe
5IECLE.
Cf . k7iii _---:-:- _'.- ~ .

221
S' i l
est
entendu que c'est d~ns et p~r le commerce que se
P',-oo'j1Jit
l~
·~'1?l.:ltlon o"lgin~il"e de mise et :je pl"i';;e en eS/.:l~'..I~/~e, il
s' ~.]it tj.:llns
.~'t!'
·.:t",~pitl"e
·j'étudie'" les
fOI"meS ,je ·.:e p,"ol.:ès,
son ,jé
roul~'ent historique,
son bil~n et S~ fin comme pr~tique instituée.
01' ..
T10~JS
rlo'JS
tl"'tjuvons
·j~ns l' impossibillté m.::ltél'ielle,
étant donn~
l'ét~t
~ctuel
des
sources
et
des
documents,
de
constr~ire u~e
histoire serieuse où
l::l richesse de
l~ document~tion
sacio-écan~nique l~
disput~r~it
~
l~'rlchess~ de l~ document~tion
sociQ-politiqu~ ~t
ideologique.
Cette
r~ison
ne
justifie
p~s
se~leftent la
.odestie
de notre ~mbition, elle justifie et entr~îne
-:l1.Jssi IN.:t!b·"3,n,dloll"h
de
la dem~l',.:he Pl"og'"essive ·je notl-e e:<posé.
Telles
sont en
effet
les
lacunes
document~ires
se
r~pport~nt, d~ns la
pl'Jp:::Irt d!es
SIQ>N::iè'tés,
~IJ
XVIIIe
siè,.:le et d
1:1 pl"emie,"e moitie d'J
XIXe siècle,
qu'il nous
f~ut, en premier lieu,
étudier les
formes
du
co~~erce d'escl~ves en vigueur d~ns l~ seconde moitie du XIXe siècle
e~ a~
a~but du XXe si~cle,
et,
en second
lieu,
p-:lr voie régressive,
instruire la
probl~matique
de
l~
genèse de ces formes,
~u XVIIIe
siècle,
et
peut
être
~u-del~,
en
formul~nt
les
hypothèses
nècess~ires. Nous
pourrons
~lors, pour finir,
compléter cet ~percu
historique,
en
étudiant
l'~bolition
juridico-politique
de
l'esclavage et le déclin historique de
l'instltution.
L~ production
de
la
rel~tion
d'escl~vage
peut
être
~n~lysèe en
plusieurs procès empiriques ~
la
fois
~utonomes et liés
dans leur
succession
et
leur structure de telle sorte qu'~ propos
d'eux on
p~rle
avec r~ison de
formes,
formes
dépendantes d'un même
mouvement nécessaire
l'éch~nge.
F' 1- e Dl i è 1- e
f 0 1- me,
1 a
'v' e n t e e s t
l e p 1" 0 '.: è s
p ~ ,- 1 e ':l'J e 1 son t
sép~rées
(ex)
de
leur
commun~uté
d'origine
lignage,
village,
so,.:ièté globale
!=.olJr"
êtl~e
mises
"-:lIJ
m~l-,.:hé"
les
pel"SOnnes,
indésirables ou non.
Ce procès s'opère selon deux modes.
Le premier,
le mode
endoç
)e et immédiat que nous nommons
l'excommuni~~tion est
un ~rr-:lchement et une mise ~u "marché" organisés p-:lr les congénères,
p~rentèle OIJ compatriotes.
La vieille notion d'escl~v~ge pénal,
même
subvertie par
notre
option
théorique,
ne
recouvre
pas
ce mode
endogène.
En
effet,
non
selJlement
l'~,.:te de vente s'y l"édlJit ~
l;.}
justific-:ltion juridico-politique
qui
en
ré~lite
le précede,
m~is
er,'.:ore t[Rltes
les
pel-sonnes
mises
en
vente
ne
le
sont
pa~
n~cess~ire.ent pour
des
tr~nsgressions
ou
des crimes;
en outre,
cette notion
peut
également
subsumer
l~ remise en vente,
pour de
nouvelles tr~nsgressions,
de
personnes
déj~ en esclavage,
ce qui,
loin d'en
pr~ciser
le
contenu,
l'obscurcit ~u contr-:lire.
Du mode
er.dogène qui
".:lnifeste
s~ Pl"Opl"e ~utonoOlie d~ns les so,.:iétés OiJ il
ne s'associe
pas avec une -:lutre
forme.
il
f~ut distinguer le second
mode:
la pr~dation. Dans ce dernier,
le procès de vente est exogène
et i ••~diat.
supposant la production prè~l~b1e de c~ptifs, soit par
l'instit"IJtion gIJel"l'ièl"e,
soit P~l" une violerl ..:e o'"g~nisée ~ ,.:ette fin
1::l r~==i~ ou le r~id.
D~ns l~
deuxième
forme.
l ' ~ ': h ~ t:.
l e
n~t1JI"eIl ement
1
[::.1" 0 ': L> s ,
propositions de ventes,
vise
essentIellement ~ ~ '.: q IJ '? '" i 1" ,

I~··""··..,:.",
....
...•...~
222
en €?,.:rl.;)nge
a'équlV;;)lents,
des etr.;)ngers ~estines ~ être .;)nnexes .;)IJ:-:
'.: OSUOl un.;)IJte s
a~xquelles
;;)pp.;)rtiennent
les
personnes
qui
les
;;) '':.'~pJ l e l~ e fi t .
l'UliT"l'e et
l' :lutl~e
fOl~mes,
en"':Ol~e que ';:;)l~:l,;tél~istiques du
eornmer~e, ne sont p~s m.;)rch.;)ndes,
d.;)ns
le sens où elles
ne dependent
p.;)s ~un
~ommerce
de m.;)r~hè
pour ~ut.;)nt elles ne se r.;)mènent p.;)s
non plus
entièrement
et
p.;)rtout
~ des formes de ~e que K.Pol.;)nyi
nomme le
,.:ommel~'.:e
de
don
p.;)l~ leul~ ';.;)l~.;),.:tèl~e syntr,etique OiJ se
eStoient les
~s~ects de l'un et l'.;)utre type de commerce,
m~is .;)ussi
en tant
qu"elles
conditionnent en un sens
l~ phase m.;)rch.;)nde ou en
dependent e~
un
autre
sens,
elles s'intègrent plutBt ~ ~e qu'on .;)
~ppelê
le
·':O!lJlI'U~r'.:e paléom.;)l~,;rl.;)nd (1).
Le pl~oJ~ès mal~,::h~nd des igne en
effet le
procès
complexe dans
lequel
les
acteurs achètent,
élèvent
et revendent
les
escl.;)~es
~ux
fins
de
profit.
Mais cette
forme
théorique qyhiIlustre
l~
tr.;)ite
c~pitaliste
.;)ve~
ses
moyens
perfectionn~s ~e
production
Ccompagnles,
cr~dit. b~teaux, ports et
entrep~ts) nMest
pas
vérifiée ~
l'échelle des sociétes et d.;)ns
les
pratiques ~borigènes de notre ch.;)mp .j'étude.
Oe c@s
procès
originaires,
on
peut
distinguer,
en
quatrième
lieu,
un
procès
dérive
la
production
de
nouve.;)ux
es~laves p.;)r la reproduction d'esclave~ déj~ .;)chetes.
Nous
ne
ferons
pas un
sort p.;)rti~ulier ~ cette forme pour trois raisons
d'abord,
mode de
reproduction,
elle
n'.;) p.;)s ~on~~itue ici un objectif dans
les stratégies
sociales
ensuite,
s.;)
portée a
eté
insignifiante,
les sociétés
ay.;)nt pris g.;)rde p.;)rtout de
récupérer,
dès
l~ première
géner~tion, les
fruits
de
1.;) reproduction qu.;)nd elle .;)vait
l i e u ;
enfin,
nous
prenons
l~
mesure
de sa
f.;)ible
portée en étudiant
le
raIe des es~l.;)ves d~ns la reproduction biologique des
lignages
(Ille
F' ,::) l' t i e 1
Cri. VII,
Se,.: t i 0 ra
I).
Mais ::lV.::lnt
d' en
venil~
~
~ette
typologie
du
commerce
d'escl::lves proprement
dit,
i l
f~lJt
identifier
.;)u
pre.;)l~ble
les
conditions g~nerales
qlJi
ont pl~esi.je ~IJ d~roulement de ce pro~ès ~u
XVIIIe et XIX siècle.

".\\ ·-:·-z
.:_.,;"_ -...J
~
SECTION 1.
LES CONDITIONS ~ENERALES OU COMMERCE
..
DU XVIII AU XXe SIECLE
De 1700
b 1920,
période contr~dictoire par le long déclin
de la
traite négrière atlantique et par la floraison de l'esclavage
)terne,
les
SQci~tés
lignagères
de
la
forêt
ivoirienne
se
trouvaient int~grées
par une triple artieulation aux grands espaces
écono.iques de
l'Afrique
Occidentale
au
Nord-Ouest,
l'espace
mandé, animé
par
les
marchands
malinke.
les Dvula ;
au Nord et ~
l'Est,
l'espace
akan,
animé par les watafY~ anyi-bawl~, les dwadifo
et batadifo
abron-asante;
au Sud,
l'esp~c~ atlantique dont étaient
co-~ni.ateurs ~vec
les
perpagnoa
et
ahandjrêbo
africains
les
marchands européens,
Hollandais,
Anglais et Francais principalement
ici.
S'il
n'entre
pas
dans
notre
propos
d'avoir
~ analyser
le
fon,.:tionnement de
'~es espa'~es, ,jont l' histoil~e é,.:onomique a pl~é,;isé
le cadre
et
le
mouvement
(2),
il
est
indispensable
au
moins
d'examiner sommairement ces trois articulations,
conditions externes
des échanges
qui
ont
eu
lieu entre les sociétés forestières et ~
l'intérieur de ces sociétés.
Pour comprendre les conditions internes
et les
mécanismes
du
commerce
d'esclaves
d'une
part
et
pour
expliquer,
~
terme,
les
caractéristiques
et
l'évolution
de cet
esclavage,
d'autre
part,
cet
examen
s'impose
comme une démarche
né,;ess.::.l i l~e .
1.
Les
,;onditions e;-:ternes _ les ;;':ll~ticulatiDns ~jes ?O';H?-
tés
li(lna(l'::'l~es
et ,jes espa.;es économiques de
l' Afl~igue
9,~·;identale.
Etudiant les
.::.lrticulations
des
modes de production
(MP)
d~ns les
structures économiques que leurs ensembles constituent,
et
dépassant le
contenu
biologique
et mécaniste de la notion,
Robert
Fossaert défi ni t
1 e ';on,;ept sa,; i o-é,;onoa i que d' .~u~t i '~IJ 1 at ion '~omme '.Jn
système de
relations
sociales
qui
assure
un tr.::.lnsfert de valeur
entre modes de production;
ce transfert ~ pour résultat d'~vant.::.lger
un Mode
de production et la couche ou classe sociale principale qui
lui doit son existence et sa position,
ay détriMent des
autres modes
de production
et
des
couches
ou
classes
sociales
dont ceux-ci
déterminent l'existence
et
la
position.
Tribut.
rente,
monnaie,
m.,w'.::hè.
voil~
qlJel-::l'.Jes
modes
de
l' .:H~ticl.Jlation ê'~OT10nnqIJe (1977)
(3).
D~ns l~ lO'Jique .je '~e ';on,;ept, nOJ..lS yo·.,..ons q'Je qlJatl'e l~el.::Jtions
sociales diversement
combinées
ont
réalisé
l'articulatlon
des
sociétés lignagères
forestières
.::.lvec
les
espaces
economiques
dominants de
l'Afrlque
Occidentale
aux
XVIII et XIXe siècles.
Ce
sont:
le
troc
et
le
tribut d'une part,
la monnaie et le marché
dJ':lIJtl~e p~Jl~t.

1IÎiii.·'

.".
1.1. Côté espa•.::e e,.::onomiqlJe sOIJd·:::lrI-:lL~
Gr~ce alJx
tr~YQux
de
Y.Person,
Cl.Meill-:lssolJx
et
d'A.DellJz,
nous S-:lvans que les sociétés forestières entre le C-:lvally
et l-:l
Camae
se
sont
trouve
articlJlées
-:lvec l'esp-:lce économiqlJe
soadanais dans 1.:::1 s.:::lv.:::Ine boisée,
,.:hez les pelJples d-:ln-I'...... eni dlJ NOI~d­
et au
coeur
de
ce
que Meill.:::lssoux a nommé ~
juste r-:lison pOlJr le
XIXe siècle le pays des marchés.
La société
œalinké
et
la
société
k ..... eni
-:lvaient
bealJ
présenter des
traits
d'homogénéité -:lpparents ou supposés
<identité
historiqlJe de
la
m~Me
souche
mandé,
système
de
parenté
patrilinéaire,
régime
matrimonial
de
type
p-:ltri-virilocal
et
polygynique), elles
se
différenciaient e~ s'opposaient glob-:llement
p~r leurs
systèmes
politico-idéo1ogiques
et
leurs
systèmes
èCOrtORliq'Jes. Là,
kaflJ
et
n'(aItl-:lna
'.:ompos;;)ient des Et-:lts n1 fJslJlnl-:lns
pllJS OIJ moins ptJissants (Kong,
WOl~odlJglJ, Mahu)
i'.::i,
fl~,
vill-:lges,
associés en
des
fédérations
glJerrières
et
"animistes"
se
gouvernaient,
de
façon autonome.
L~, Etats fondés sur des économies
M-:lrchandes,
de
type
capitalistiqlJe
comme dirait H~xime Rodinson ;
ici,
villages
et
fédérations
guerrières fondés sur des économies-
lignagères.
Ces
traits
d'hétérogénéité
expliquent les delJx formes
d'articlJlation qlJe l'histoire nous offre
l.:::l forme tribut-:lire comme
mode de
domin-:ltion et mode d'exploit-:ltion,
l-:l forme m.:::lrch-:lnde comme
mode de ,.::onjon,.:ti on entl~e "é,.::onom i es" ''::0 ni P 1 ément-:l i l~es .
D-:lns l'extrême
Nord-Est
dlJ
pays k ..... eni,
entre le Band-:lma
Rou g e e t
1 e
B-:l n d -:l ni -:l
Po 1 .:::l n,.: ,
l -:l
S 0 '.:: i été
tJ~ i Co IJ t -:l i l~ e 5 i -:l -:l t tes t e
l-:l
première forme.
D'-:lprès
les tr.:::lditians qlJe recueillit Ariane Deluz
ce fut
-:lU
XVIIe
siècle
que
S-:lmorifi
B-:lmb-:l
et
ses comp-:lgnons,
ét.:::lbliss-:lnt leur
domin-:ltion
sur une population k ..... eni.
fondèrent ce
k-:lflJ,
limite mél~idionale de l'e:·~p.:::lnsian m·'::llinké et de l-:l pénétl~-:ltian
islamiqlJe.
En
1965,
nelJf
vill.:::lges sur les onze villages originels
perpétuent SOIJS
forme
de
tr-:lces
l-:l
classe des Si-:lma,
lettrés et
mal~'.::t-.-:lnd5 nl'JSI.J l nI-:lns
d' Ol~ i g i ne
nI.;J lin kè
(Gbe i m.:::l,
Kang-:lso ,
K'Jl~'Jg.:::l,
Fu1é)
et
l-:l
classe
des
TontiQi,
guerriers
-:lgriculteurs,
p-:lrtie
malinké ~
l'ol~igine,
p-:lrtie
y, ..... eni
et nl ..... .;Jn de l~eligion "-:l n imiste"
(Gueassa,
Banon,
Tubalo,
Bwate-:l,
Tofesso).
A . O _ l . . u z .
O e r , .
1 ...
1 _ _
~I..J·
1 . 1 _
1 . .
dl" '1':'. r.-t:'_'.... r_
m~1~~.~r__
_~
d _
1 _
~p .. .,...-t=-:l_..
1__ Tp"t:l,'::Ii
g u . Y"" 1"""_
........
p .... O<F1."t:'
_1:"
"2~srn19
1 • •...J..-
1 _
r.OI..J'-,"':l't"I_',-.··
(1973
91>
L.:::l '.:: l asse
des
march.;Jnds
extor1u~it
~
,.::e 11 e
des
~griculteurs-glJerriers IJn
do IJ Co l e t l~ l b'J t
en
n -'J t IJ l~ e
le blJtin qlJe

225
l~app01~tent les
al~mes
des g'Jel~l~iel~s e~ les pl~oduits vi'yTie)~s, f\\~uit
du tr~vail
des
agriculteurs.
En
d'autres
termes
le
mode
de
production tributaire
déterminait
un
transfert
de
valeurs
~u
détriment des
cultivateurs-guerriers
kweni
et mwan et au bénéfIce
des marabouts
et marchands malinké.
Toutefois
les descendants
kweni
et mW-olrl de
la
fOI~mation 5ia pal~ti,;ip.:lient a IJne 5t)~u,;bJ)~e éo::::onomique
ef politique
plus dynamique que celle de leurs cousins rattaché aux
systèmes de type lignager.
A l'articulation
par
le tribut,
qui,
elle,
est
localisée,
dissymétrique et
~ncienne. s'oppose celle,
plus étendue,
symétrique
et ré';ente,
datée
sel.Jlell'lent
dlj-
XIXe
siè,::-l e ,
qu' i ns t aU)~ent
1 e s
marchés.
Mise
en
relation de deux systèmes économiques différents,
apparemment incompatibles
mais
complément.:lires,
l'institution des
marchés a
-sa
racine
dans l'importation de la noix de cola que
les
Soudanais,
intermédiaires
commerciaux
entre
l'Afrique
méditerr.:lnéenne et
l~A~rique tropicale,
entreprirent pour alimenter
leur marché
intérieur.
Chez
eux,
ce
fruit
jouait un raIe social
considérable,
inconnu
ailleurs
produit
de
consommation
alimentaire,
tonique
p.:lr sa teneur en c.:lféine et en théobromine,
il
était un
élément
essentiel
des
dots,
des rites religieux et des
actes thérapeutiques.
Or,
non producteurs de ce fruit,
qui
abondait
chez les
Bete
et
les Gban,
les
Kweni devinrent
les
intermédiaires
nécessaires de
son
commerce.
Leurs
femmes
en
assuraient
la
cueillette,
le conditionnement et le transport des territoires bete-
gban au
Sud
au
pays
kweni,
au Nord,
du pays sans marché du mains
jusqIJ'"~IJ XIXe
":;iè,;le
.:lU
pays des m"~)~d'Iés ;
les t-Iommes )~i,;t-I'?s,
i.!.Ja
ici,
miQonenu
la,
en monopolisaient
la commer~ialisation,
Les ma)~,;hés, fIe en kweni,
f'J)~ent, pOIJ)~ le":; )~égions et
les
peuples différents,
des
lieux de rencontre et d'échanges.
Créés par
les flezan
a
l'inspir.:ltion
des marchands dyula selon
le modèle
culturel soudanais -
ils étaient ici établis ~ l'écart des villages,
dans des
espaces
en quelque sorte neutres et se trouvaient pourvus
d'une police
chargée
de
l'arbitrage des conflits et du maintien de
la paix.
Meillassoux
en
a
dénombré
plus
d'une
trent~ine
pour
l'époq'Je p\\~é'::oloni:., 2,
de
Sibifle et T)~.:lfesso~IJ No)~d,
~ F'anfle et
F~afle au
Sud,
en
p.:lss.:lnt
par Gefle et Go~fle ~ l'Est,
Di~fle et
Bo-fle à l'Ouest.
Par les routes descendant de Séguéla et Mankono,
les Ovula
drainaient vers ces m.:lrchés
le bétail,
le sel gemme,
le caton et les
cotonn.:ldes,
les
fysils
et
l~
poudre,
le beurre de
k~rité et
les
esclaves.
En
échange,
les
Kweni offraient le produit r~re qu'ils ne
conso.Matent pas.
la
noix
de cola,
et,
accessoirement,
les vivres
(i9n~mes. maïs.
riz.
b~nanes, huile de palme,
gombo).
Une marchandise,
importée de la sav~ne, servant de monnaie
sel..:lle.ent al.1
5 •...Ed d'une ligne qui (:.ou·,,'ait l~elie)~ Tub.':) .~ SéglJél~ et ~
liankcl'lo et
au-delà
·je
1 aque Ile
enb~::l i t
en vi gue'Jr
la f1l0nn·':) i ':? ,j.2
cauri,
achevait
d'authentifier
le commerce dans ces m~rchès, ~e fut
le SOlllpe ou ?ombe en m.'Jlinké,
b1''..2. en h.Jeni,
~?...t~_ en bete
le ç::·.;}.::j'Je-c
de vingt pièces ~onstituait l'unité de compte.

11
- C o 1 . .
_1:"
.-
...:: ° ""m"""-=: 1""];,
."... o"....d-_ucl
.'-Iqu"1.
'" 3. n..-.r.'t:
. ' _Jc>~~_"" d' _u.~,-__ p .... od ... :l 't: .. -.
(Cl"
M.ei 11-olssoI.J:{,
1964-
269-
270> •
Outre sa
propriété
intersociétale
de
monn-olie,
le sompe
jO'jai t
dew·~
rôles dans 1.::1 so,.:iété kweni
:. d" lUne p-'irt,
,=omme m-oltièl-e
pre.ière,
les
forgerons
l'utilisait
pour
~~briquer
des
o~tils
agricoles (houe,
hache,
mache~te) et des ~rmes (flèches,
sagaie)
d'autre part,
comme ~l~ment de richesse,
i l entrait dans le lot des
.=oap-ens.ations n\\atrimoniales ']èl'ées pal- les fua et" les miQonenu.
Pour les
Kweni,
la bénéfice de l'articulation n'ét-olit pas
seulement technologique
et
économique"
i l
ètait encore social et
culturel. Les
nouveaux
moyens
"èconDmiques~
leur
servirent
~
acquérir de
nombreuses
épouses
dans
les régions méridionales}
en
pays bete
notamment.
COMme
les
Halin~~
~usul.ans,
les
Kweni
apparurent comme des peuples plus riches} de culture plus avancée du
point de vue technique et économique.
Si,
au ~ord-O~est entre le C~vanly et le Bandama-Blanc,
la
base de
l'articulation
entre
èco~omies
camplé.entaires
fut
principalement la
noix
de cola,
au co~traire au Cen~re et ~ l'Est,
entre le
Bandama-Blanc
et
le
Como~"
ce
Eut
le sel et l'or qui
jouèr~nt ce rôle depuis le XVIIe siècle
(5).
Il faut
rappeler d'abord qu"entre les sociétés anyi-bawle
mises en
place depuis le XVIIIe siècle et la soci~té ab~ existaient
trois différen,.:es
de
n.::lb..we.
Bien ,q'U"'UtL"1I'e co'UtC:he d'J peuplement abe
fît partie
des migrations akan,
les structures socio-économiques et
politiques ét-olient
l~
encore globalement ~iffèrente5. D'un côté,
~
dominante matrilinéaire
(abusuan)
ou
cognatique
<avlo-ba),
Etats
plus au
moins
puissants
(Warebo,
EloB~in~
~denye),
sociétés
tributaires oÙ les chefs de
lignage et de village devaient aux chefs
d'Etat et
aux
princes une rente en or. De l'autre eSté,
système de
parenté patrilinèaire
(schikwa)
à
dé~aut
d·Et~t,
chefferies
villageoises et
contralées,
enfln
éconOMies
lign~gères

la
relation tributaire était cependant p~rticulière.ent .arquée.
Dès la mise en place des sociétés»
les ~ristocraties anyi-
bawlé,
vraisemblablement
par
habitude
culturelle
~cquise dans le
milieu d'origine,
eurent
besoin
de s' ~pprovisionner en sel marin,
t:.ler.
de
.:::onsDnlnlation,
m'::l'~'erl .j' ,j,:l""I;::::r,ge .;:t t,ie·n de p.l;--esti';Je.

JI.'.'.<:
ÎI
"Lw
. . . 1 .
dm'·...
]. .... q ..... 1._
1 1
1 ~ _ .... 't:" .... _~
] . · y t : 1 l . : 1 _ . u : 1 ' t
po~'-
1 . .
..= u 1 . i r. . . . .
... : 1 r c . .... 1't:"
795) .
Qu'elles par~ent
de
la
eSte.
lieu
de
production,
ou
Qu'elles viennent
de l'hin~erland, source de la demande,
les pistes
du sel
se
croisaient
à
la frontière ~conomique des deux types de
sociétés.
Les
plus anciennes places qui marquent cette
frontière et
ce carrefour,
c'était
Assoko
(6),
sur
la
Lagune Abi
et c'était
Tyasalé sur
le Bandama.
Plus tard,
à
la ~in du XIXe siècle devaient
se signaler
d'autres
localités
sur
le
Bandama,
Awia
;
sur le
Comoé,
Atakru,
AniasUe,
Betié,
en pays anyi,
Petepre et Alepe,
en
pays -:lk'le.
Asso~o est
le
nom
originel
d'une
divinité
locale
du
panthéon eotilé.
Au
sens
primitif
~~ large,
il désigne
l ' î l e sur
laquelle régnait
cette
divinité
et qui comprend trois parties
à
l'occident,
Balubate
et
Eikomian,
séparées
par
un
ruisseau,
l'Epueke,
et
habitées
par les chefs des matrilignages,
les anciens
<MekitHJ êhêlê~)
.~
l' ol~ient,
Monobah.:l,
sépal~ée
des
.jel.J:.:
premières par un chenal,
Esumbo ou Eso Ei,
et habitée par les cadets
so,~ia'.J:·:, II?
pe'.Jple
(Mekibo
êhêlê .;)nzê).
~iu sens dél~ivé et étl~oit,
Assoko est
un
centre
du
Sud-Ouest
de
Monobaha qui,
après avoir
hébergé les
chefs
es su ma de la migration,
1evint la capitale de
la
formation sociale
essuma que nous croyons oevoir caractériser comme
une cité marchande.
Dans l'acception
o~
M.
Finley a
précisé le concept
("La
,~ i té an t i que"
i n
M't' the.
mé moi l~ e
d' h i s toi l~ e.
1 98 1 ),
e Il e
p l~ é·o; e n t e
deux caractéristiques
de
la
cité.
On
y
trouve
d'abord
l'unité
é'~onomique d'une
"ville"
et
de
ses
dé:pendan'~es,
"villages"
et
"hameau:·:".
Ensui te,
la
vi Ile
apparaît
,.:omme
un
'.:ent\\~e
de
consommation.
En
effet,
bien
que
les
brembi
résidents
fîssent
cultiver sur
leurs
terres des tubercules
(ignames)
et des céréales
(mil,
mais,
riz),
Assoko recevait le gros de ses produits vivriers
de l'hinterland.
Néanmoins
l'originalit~ de cette cité réside d'une
part dans
l'articulation
entre agricultyre vivrière et commerce et
d'autre part
dans
la
pr~dominance
de
l'a~tivité
économique
principale de
la classe des brembi
les ~~hanges ~ommerciaux. Dans
les rades
de
Bangawo
et de Tachuecue ~onfondues plus tard sous le
nom commun
d'Assini,
commerce d'or et d'esclaves avec
les Européens
sur
le marché d'Assoko en tant que pl~ce dUJ mar~hé
<market-place)
délimitation dans
l'espace
de
la
ville.
commerce
des
produits
industriels d'Europe
et
de
produits
loc~u}: (sel,
vin et huile de
p.:::llme .. ,)
entl~('? E':5s l.Jma,
ç:.êd-lel.Jl's Eoti1e et=:J']I'i'~ljlte'.Jl's Compa=)\\-'e'~
I.e::; pa'r's
':102
l' hintel'l-'Olnd
Pi'OOlj,:te'JI'S
(:lf!
t.ier.s
.'OlI~tisan.=:JI.J:·:,
de
..::he;:.tel,
d'Ol'
et
d'es,:l-=:l\\-'E<:i,
.:()mm'~l".~e
. j e ; ; e l
et
,je
~)l'odljits

_.J
228
indlJstl~iels d'EIJ1~ope.
Ajoutons
.j
l'.::l~tivité é':onomique
le POU\\'Oil~
politique dont cette classe ~v~it le contra le sous l~ direction d'un
nl~tl~il ign~ge.
Le renom
de Ty~s~lé bourg-c~pital de l~ form~tion elomwin
depuis le
XVIIIe
siècle retentit d~ns l'historiodictie de
l~ forêt
comme celui d'une métropole économique,
n'~y~nt d'ég~le qu'Assini et
Grand-L-ahIJ do.nt _ l~
l~épIJt~tion doit be~ui':olJp ~u:·~ l~el~tions ~'ve': les
Européens.
L'exempl~rité de Ty~s~lé réside d'~bord d~ns le c~r~ctère
str-atégique de son site central,
au c~rrefolJr de
l'~xe fluvi~l Nord-
Sud et
de
l'~xe terrestre Est-Ouest.
A une vir
taine de
kilomètres
de la
sav~ne
pré-forestière,
pointe
méridion~le du p~ys b~wlé, .j
deux kilomètres
du
point
de
confluence
du
fleuve B~ndama et du
fleuve Nzi,
le
site se trouv~it et se trouve encore ~ quatre vingt
kilomètres seulement
de l~ cSte.
Tel est le site que
les
immigr~nts
-asabu,
comp~gnons
et
sujets de
l~ Reine Aur~ Poku,
choisirent .j la
fin du
XVIIIe
5iècle pour
inst~ller sous
l~ direction de Tano Adjo
leur av-ant-poste
militaire
et
commerci~l
en repouss~nt le peuple
~srin déj.j en place,
les ~Yeux de
l'~ctuel Gb~tra.
Cette exemplarité
réside
ensuite d~ns l'org~nis~tion que
firent les
Elomwin
de
l'esp~ce
.j
p~rtir
du
vill~ge originel
Ty~s-alé, inst~llé
sur l~ rive droite du Band~ma, face.j
l'Est,
p~ys
d'origine des
immigr~nts
;
les ~gglomér~tions dérivées,
W~nvue et
Awia,
sur
la
rive 9~uche du B~nd~m~, en ~val de Ty~s~lé
Nzinu~n,
r~me~u d'Awi~,
sur
l~
rive
droite
du Nzi
;
Tebw~tyin,
r~me~u de
Tyas~lé, sur
la
rive droite du B~nd~m~. P~r cette disposition d~ns
l'esp~ce du
B~s-B~nd~m~,
les Elomwin furent en mesure de contrSler
les deux fleuves,
voies de p~ss~ge entre le Sud et le Nord.
L~ morphologie
de
Ty~sale,
celle
du moins qui
nous est
p~rvenue.j
l~
fin
du XIXe siècle,
correspond .j cette organis~tion
stratégique du
pays.
Au
Nord,
de
ce
vill~ge-centre,
voici
le
quartier milit~ire,
s1ége
du
m~tricl~n
W~ndje,
résidence
des
lign~ges Ndro et Agwa,
qui
compos~ient le gros de
l'~rmée perm~nente
du royaume
~u
Sud,
voici
le quartier administratif des
Kpakobo,
résidence du lignage roy~l et du
lign~ge des prêtres du dieu Ty~s~ ;
entre l'un
et
l'autre
qu~rtier,
l~
rue principale ~ l'entrée de
,:h~q'.Je 1.:I'Jal~tiel~
·au NOl~d et ~'J Sud,
'Jn pOl~t.
<Sekou I?amb.::l,
1975
65) .
L'exempl~rité de
ce
centre réside ent1n dans s~ fonction
économique et
politique.
Dans cette région,
autour de Tyas~lè, ont
conflué de nombreux peuples
: pré-B~wlé aujourd'hui disparus sous la
domination Elomwin
(Akrowufwe,
Akp~tifwe et Mandu que ~,
Sekou Bamba
croit pouvoir
identifier ~ux Krobu),
pré-B~wlé dépouillés par cette
même domination
de
leur
personnalité
linguistique
et culturelle
(Asrin),
post-Bawlé
soumis
~u protectorat elomwin CAbê occident~ux
immigrés au
début
du
XIXe
siècle),
divers alliés
CDida et Anyi-
Alangw~ pré-B~wlé,
Anyi-Amatian immigrés au milIeu du XIXe siècle).
En p·::l\\~tie,
,:ette
,:onfluen'.:e ~ ét(,? rjét'?l~minee p·a)~ 1.=:J '':Dflfl'J.?rt,:e des
pistes du
sel
.;:llj
NQ\\~d, piste de S-=Jk::lsU 'v'l"J KlJnllJv'l'D et t<ov.'Jmbo,
piste de
GI~l.Jnl.'Jfli'"1 '.,/i--:1 lJ'JslJ OIJ l<p,?c"::J.
pist.? ,je E',':Jr..j'Jk'J "'1'] :1.:))~OV')~O ;
~ l'Ouest
piste je Wat"J en p"JYs did"J.

2~29
Au Nord-Est,
pres
du
--
village abê de Gbodo,
coule encore
une rivière
nOMMée
Kang~
ni~nzê,
J~rre des escl~ves, jarre où les
escl~ves arrivant,
poussiéreux
et
sales,
se
lavaient
pour être
présentables aux ·commerçants" de Tyasalè
<7'.
~
Tva5al~, on
l'~
vu ~ s~ morphologie.
n'av~it pas de lieu
public tenant lieu de marché;
en ce sens,
il n'ét~it p~s un m~rket­
place co••e
Tafesso
en
p~ys kweni.
Un bourg tout entier esp~ce de
transactions continuelles,
voil~
ce qu'il était.
Ici,
les chefs de
lignage, accuDulateurs
d'or
(sikafwe),
acteurs du négoce
(w~tafwe),
étaient d'abord des dispensateurs d'hospitali~é <sikefwe).
Che~ eux,
les par~enaires
commerciaux
au
leurs
délégués
trouvaient
gratuitement le
logis,
la
nourriture
et le coin où déposer leurs
marchandises. Courtiers,
c'était eux ensuite et eux seuls ~ qui les
Marchandises de
tous
horizons
étaient confiées, qui établiss~ient
les ~quivalences
entre
celles-ci,
puis
les
redistribuaient ~ la
satisfaction des
différents
p~rtenaires
et
~
leurs
propres
bén~fices. En échange du sel,
les Anyi-Bawlé *ournissaient des biens
inconnus ou
rares
dans
les
sociétés
inter.ëdiaires
l'Ol~,
les
bijoux ouvragés
en or,
les pagnes,
les esclaves.
Trais marchandises
servirent de
_avens
principaux
de paiement par ordre d'importance
décroissante,
c'était
la
poudre d'or,
le sel,
et accessoirement la
manille.
Or,
les
p~gnes
et
l'or
constituaient pour les sociétés
lagunaires dépourvues
de
mines et de coton,
des biens de prestige,
qui entraient
dans
les trésors,
les cérémonies rituelles,
les funé
railles et
les
compensations matrimoni~les. Sous l'effet du c~pita
lisme commerci~l,
puis
industriel,
qu~nd
les
pistes
du
sel
véhiculèrent des
biens
m~nuf~cturés
d'Europe,
les
Anyi-B~wlé
trouvère~t d~ns
les
instruments
de défense
(armes,
poudre)
et les
biens de
produc
tian
(fer
et
plomb)
de
nouvelles
b~ses pour
renforcer leur articul~tion économique ~vec les sociétés lagunaires.
D~ns la
demande croiss~nte que celles-ci firent de l'or,
des p~gnes
et des
bijoux,
ce
renforcement
fut
mutuel,
même
si
le procès
d'ensemble devait aboutir ~ la dépend~nce des soc;~tés forestières ~
l'ég~rd du mode de pro
duction c~pit~liste.
Sur la
eSte
atl~ntique,
ce furent les marchés d'ivoire,
/j'or et de traite nég)'ière d'~t:.Ol~d, de l'huile de palme ensuite,
qui
consi~ituèrent l~
principale ~rticulation des sociét~s loc~les 8vec
les économies
européennes
(8).
Assini,
~
l"Est,
pour la sociét~
m~triliné~ire eS5u.~,
ainsi
qu'on vient de l~indiquer, Grand-Lahu,
au Centre,
pour
la société m~trilinéaire avikam, et S~ss~ndra, sur
la cS te
occidentale.
pour l~ société patriliné~ire neyo,
ont marqué
la première
phase
de l'articul~tion. Oans la phase industrielle du
capitalisme européen,
ces
m~rchés
qui
marquent
pour
l'Afrique
Occidentale ce
qu'on a appelé la révolution coftmerciale
(9)
prirent
progressivement,
~
p~rtir de 1830,
la place que tint du XVIe siècle
~ l'~ube
du
XIXe siècle le troc sous voile de l'ivoire,
de l'or et
des es•.::laves dans la ~.h~·=>e d'J '':.:.Jpitalisme m~rd.".;)nd. On distingue,
E'IJ
égard à
la
prépondèrance dlJ p~ys importateur, entre les marchés de
la période brit"-:lnni.:pJe et ..:e>J:: ,je
la pèl'lode i.-an<::~ise (11]).

230
On s~it
que
ce furent les négriers brit~nnique5 qui,
les
premiers,
cherchant
-une nouvelle source de profit après
l'abolition
de
l'esclavage,
la trouvèrent dans
le COMmerce de
l'huile de palme,
et que
cette
huile
remplaca
avantageusement
les graines animales
dans les
industries
du
savon et de la bougie
(B.
Schnapper,
1961)
(11).
Sur
la
c8te ivoirienne,
la période britannique,
qui a
laissé
des Marques
considérables
dans
les
traditions
locales,
a
pour
particularité le
fait que,
suivant la pratique ancienne du commerce
d'ivoire,
de
l'or
et
des
esclaves,
les
échanges s'effectuaient
devant les
localités
importantes sur les navires en rade,
que Paul
Atger a
nommé les
"factoreries sur l'eau".
Drewin,
Sassandra,
Grand-Lahou,
Bodo-Ladja,
Emokwa
et
Bassam figurent
sur
le
littoral par.i les localités
les prem1éres
engagées dans ce commerce de l'huile de palme
(G.A.Robel~tson, 1819
John Adams,
1823,
E.Bou~t-Villaumez, 1848)
(12).
Le Rév.
J.
Leigton
Wilson de
la
Mission presbytérienne,
qui a
p2~sé près de vingt ans
en Afrique
Occidentale,
témoigne pour les AliJdian trente sept ans
après G.A.
Robertson
.. ...Jeck-...J.ck
. . . 't'
t ' , - . n 1 ' : .
~Mport'.nt'~
_ t
~.M_
b _ _ u c o u p
p 1 u _
q u _
n _
1 - . _ 1 ' :
~_11_
~.~
C e p
d _
L~hDU.
m_~_
d _ v _ n t _ g _
d~_p_r_._.
P . r
1_....,,-
1_ngu_~
1_~r_
't: ....... s.t:_
e"'='
1e,,-,,-
1 ...
• "",.nt_og_UN
_ _ n a
u _ .......
_ _ _ _ _
. p p r o ~CJnd~ . .
d
_ _
" " 0 . . . . . . . - _ · · .
( 1856
144)
(13) .
La deuxième
particularité
est
que
les peuples c6tiers,
parmi
lesquels les Neyo,
les Alladian et les Essuma restèrent
jusque
dans
1:;)
se,=onde moitié .jlJ XIXème siècle les seuls intel~lo'=ute'JI~S et
les seuls
intermédiaires
entre
producteurs africains et mal"chands
européens.
Troisième
particularité
enfin
parmi
les
moy~ns de
paiement sur
lesquels
nous reviendrons
~pparut une monnaie aant le
modèle serait
d'invention
indigène,
en
l'accurence alladi~n
la
m:;)nille
(A'Jgé ..
1969
4.::') .
., ,.~.,
-~-.

229
.,
Au Nord-Est,
près
du
village ab@ de Gbodo,
coule encore
une ,~ivie'~e
rlolUmée
Kanga
nianzê,
.Jal~l~e des es'.::lave·~, jal~·I~e oij les
esclaves arrivant,
poussiéreux
et
sales,
se
lavaient
pour être
presentables aux "commerçants" de Tyasalé
(7).
~
Tyasalé,
on
l'a
vu ~ sa morphologie,
n'avait pas de lieu
public tenan~ lieu de marché;
en ce sens,
il n'était pas un market-
place CON.e
Tafesso
en
pays kweni.
Un bourg tout entier espace de
transactions continuelles,
voil~
ce qu'il était.
Ici,
les chefs de
lignage, accu.ulateurs
d'or
(sikafwe),
acteurs du négoce
(watafwe),
··~e'tàHmt· d',aborlj-J.res dîspens;;)teul~s d' hospitalité
<sikpfwe).
Chez eu:<,
les partenaires
commerciaux
ou
leurs
délégués
trouvaient
gratuitement le
logis,
la
nourriture
et le coin o~ déposer leurs
marchandises. Courtiers,
c'était eux ensuite et eux seuls ~
~ui les
marchandises de
tous
horizons
étaient confiées,
qui établissaient
les équivalences
entre
celles-ci,
puis
les
redistribuaient à
la
satisfaction des
différents
partenaires
et
à
leurs
propres
bénéfices. En échange du sel,
les Anyi-Bawlé fournissaient des biens
inconnus ou
rares
dans
les
sociétés
intermédiaires
l'or,
les
bijoux ouvragés
en or,
les pagnes,
les esclaves.
Trois marchandises
servirent de
moyens
principaux
de paiement par ordre d'importance
décroissante,
c'était
la
poudre d'or,
le sel,
et accessoirement la
manille.
Or,
les
pagnes
et
l'or
constituaient pour les sociétés
lagunaires dépourvues
de
mines et de coton,
des biens de prestige,
qui entraient
dans
les trésors,
les cérémonies rituelles,
les funé
railles et
les
compensations matrimoniales.
Sous l'effet du capita
lisme commercial,
puis
industriel,
quand
les
pistes
du
sel
véhiculèrent des
biens
manufacturés
d'Europe,
les
Anyi-Bawlé
trouvèrent dans
les
instruments
de défense
(armes,
poudre)
et les
biens de
produc
tion
(fer
et
plomb)
de
nouvelles
bases pour
renforcer leur articulation économique avec les sociétés lagunaires.
Dans la
demande croissante que celles-ci firent de l'or,
des pagnes
et des
bijoux,
ce
renforcement
fut
mutuel,
même
si
le procès
~ensemble devait aboutir ~ la dépendance des sociétés forestières à
l'égard du mode de pro
duction capitaliste.
Sur la
eSte
atlantique,
ce furent les marchés d'ivoire,
d'or et de traite négrière d'abord,
de l'huile de palme ensuite,
qui
consitituèrent la
principale articulation des sociétés locales avec
les è,.::onomies
e'.n~opéennes
( 8 ) .
Assini,
.~
l'Est,
pOUI~ la ·so,.::iété
matrilinéaire essuma,
ainsi
qu'on vient de l'indiquer,
Grand-Lahu,
au Centre,
pour
la société matrilinéaire avikam,
et Sassandra,
sur
la cSte
occidentale,
pour la société patrilinéaire neyo,
ont marqu~
la première
phase
de l'articulation.
Dans la phase industrielle du
capitalisme européen,
ces
marchés
qui
marquent
pour
l'Afrique
Occidentale ce
qu'on a appelè la révolution commerciale
(9)
prirerlt
progressivement,
à
partir de 1830,
la p18ce que tint du XVIe siècle
à
l'aube
du
XIXe siècle le troc sous voile de l'ivoire,
de l'or et
des esclaves dans la phase du capit8lisme marchand.
On distingue,
eu
égard ~
la
prépondér8nce J'J p~ys importateur, entre les mar~hès de
18 période b'~itanrlir-llJe ~~t .:e'J;: de la ~.él'l()de fl~an';:.8ise (liJ) ,

231
La période
fr~nc~ise,
se c~r~ctèrise p~r l~ politis~tion
des ~ff~ires
commerci~les,
p~r
l'ét~blissement et l'extension des
f~ctoreries sur le continent,
prélude ~ l~ m~inmise coloniale sur l~
région
(14).
Dès
1843,
en
effet,
pour supplanter la bourgeoisie
marchande britannique et ses plus actifs courtiers,
les Alladian,
au
b~l"ll:~ f i ,.:e de
la
bourgeo i sie
mal~,.:hande
fl~anc·ùi se,
des
miss ion'::;
d'exploration ~boutirent
~
la
conclusion
de
nombreux traités de
commerce avec
les chefs indigènes sur la cSte et dans les lagunes
E.Bouit-Villaumez,
1837-1939,
1841-1842,
1845-1846
;
Boulay,
1850 ;
G.
Hartin-Desp~llières,
1852 ;
Fleuriot de Langle,
1843,
1865-1866 ;
Lt Crespin,
1868
Je~n
Vernet," "1869
suivit la création des
premiers comptoirs
fortifiés,
base
de ravitaillement de la flotte
nav~le et
base
de
l'activit~
commerciale
: Assini,
Grand-Bassam
(1843)
et
Dabu
(1853).
Les
premières
factoreries
installées
à
l'ombre de
ces
forts appartenaient ~ deux sociétés privées:
Régis
de Marseille
(1844-45>,
Ren~rd et Duniagou-Pecquet de Calais
(1850).
Après les
affrontements sanglants qui opposèrent peuples lagunaires
et Francais
en
1853 et 1854,
ces factoreries
furent fermées,
Régis
en 1857,
Renard
en
1862.
Les
remplacèrent
alors
les
maisons
P.M~rchand-Frères et Ch.
Huyssens de Dunkerque
(1862-1864),
Reinhard
et Cie
du
Havre
(1864),
P.V.
Horch
et
Cie
de
la
Rochelle
(représentée p~r Verdier:
1863),
enfin Swanzy de Londres
(1867).
En 1869,
la politisation s'intensifi~ : outre des nouveaux
traités qui
vinrent
r~jeunir les anciens,
l'institution,
contre la
résistance populaire
des
droits
de douane ~ Bassam,
Assini,
Bodo-
Ladja,
Emokwa
accrut
le
contrale
francais
sur
l~
région.
L'évacuation des
comptoirs,
lors
de la guerre franco-allemande de
1870,
ne
fut
qu'un intermède:
A,Verdier devint Résident de Fr~nce
à
Assini
et
Grand-Bassam en 1878 et le resta
jusqu'en 1889,
date à
1.ùq'Jelle Tl~eid"'I-Laplène devait le l~empla'.:el~"~ ,.:e poste.
On sait
comment Verdier,
personnage politique,
utilisa sa
fonction officielle
pour
faire
prospérer les intérêts de Verdier,
homme d'affaires.
Dans
la dernière décennie du siècle,
les maisons
Verdier et Swanzy furent renforcées par d'~utres maisons de commerce
sur la
eSte,
dans
les lagunes et les fleuves.
Les principales ont
nom:
la
Société Commerciale Francaise de la CSte de Guinée
(1891,
devenue Société
Coloniale en 1983),
Huntz-BIUcher et Delval
(1892),
Hallaret et
Daumergue
(1892),
Vivarelli et Martiner
(1892),
Adrien
Fraissinet et
Cie
(1893),
La Comp~gnie Francaise de Kong
(1894),
la
Société Francaise
de
la CSte d'Ivoire de Marseille,
l'Omnium Colo-
nial Francais
de Paris,
R.
et W.
King de Bristol,
W.D.Woodin and Co
de Liverpool,
Rider Sons and Andrews de Bristol.
Le tableau suivant
indique les
principaux ports ob elles s'installèrent dans la région
qui nous occupe et les dates respectives de leur installation .
."


1
••
TABLEAU
5
LES PREHIER€5
"AISON5 OU ~OMHER~E
: LES LIEUX ET CITES D'ETABLISSEMENT,
~AHO-
5A5SAHOR:A/
o;RANO-
! FRESCO
AOOAH
6000-
(MOKWn
oneu
1
MM"
r;;,"
.
DREWIN
5U8RE
LAHU
1
LAO.JA
1(Mo~'oY"MI

..
,IIANZV VERDIER
18'11
1691
I~ 1>;

+
+
+
+
+
1
, 1
'J 1V"RELLI
199;Z
Ie9~
IB Y l
181:
+

+
+
~IN"
"t Cie
19'1'
189'
199'
+
+
+
LUl:AS et ~le
199'
lB'1'
1895
+
+
+
1
RIc..ER SÇoN "nd ANDREW
189'
199'
1
+
+
+
+
,
WODOUI et Cie
199'
1995
+
1
1
+
+
1
:HAROINI'
199'
1
199'
1
+
",B, .n ARCA':;VE
1901
OKHlUli COLONIAL
+
FRHN~AI5
1901

233
Si l'huile de p~lme ~ été l~ princip~le pr0duction loc~le,
il ne
faut
oublier d'~jouter, ni
les ~mandes de palme,
ni
les pro-
duits tr~ditionnels
(ivoire,
or,
bois
de teinture rouge,
bét~il,
v.i v l~ es,
vin
de
p ~ 1 me),
n i
1 e
b 0 i s e t 1 e
,;: ~ 0 ut,;: ri 0 IJ ,;: qui 0 n t
~ lion g é
la liste
des
produits
d'export~tion
~
l~
fin
du XIXème siècle
(A.Vel~dil?l~, 1897:77 ; G. Thom~nn,
1901
;
Cl.G~ube,
1901)
<1S).
TAe.LEAU
6
LES PRODUITS EXPORTES AU XIXe SIECLE
PRODUITS
EXPORTES
PAYS
EXPORTATEURS
:
1
neyo
avi k~m, 'Jodie,
1
1
le'Jl~é
1
1Ivoi l~e
+
+
+
Ol~
+
+
+
e.ois de teinture
+
+
(n' kooyé)
Peau,
,;:ui \\~
+
~.ét~il
+
+
Vivres
(riz,
ignames,
m~is, b~n~nes,poivres)
+
+
+
IVin de p~lme
+
Huile de palme
+
+
+
IAm~nde de p.alme
+
+
+
C~out,;: h(Ju,=,
+
+
+
1
IBoiS
+
1
Les m~rch~ndises
importées
en retour étaient des marchandises dont
la nature
et la diversité sinon le volume,
ont peu varié du début ~
la fin
du
XIXème siècle comme le montrent ci-après les témoignages
comp~rés de
l'époque
(16).
Sauf le sel,
objet d'un commerce local
~ncien, ces
march~ndises
f~isaient
concurrence
è
la plup~rt des
produits du
cru,
non p~s dans l~ sphère de l~ circulation m~is d~ns
la sphère de
la consomm~tion domestique.

234
THe·LEAU
7
PRODUITS IMPORTES AUX XIXe SIECLE
SOIJl~'::es
E.Bou~t-Villaumez
H.
He ..::qu':ll~d: 1855
184-8
(Missions
1837-184-6)
1
TisslJS
T ab-OI'::
Ti SSIJS
2
POIJdl~e
Coton
F'o'Jdl~e
3
FIJsils
F'oudl~e
F'Jsi Is
4-
Alcools
Fusil',;
Al '::00 l s
5
Vel~l~oteries
Tissus
T aba,::
6
Coute 11 el~ies ..
al~mes
blanches
7
8
Cou te 11 el~ ie
Métau:-:
Cha'Jdl~Onnel~ie,
':: out e 11 e l~ i e
sel,
l i que u l~ s ,
s·OIvon
Occupent les
places
les
plus
importantes
les
tissus et
les vêtements,
les
~rmes
et
les
boissons
;
viennent en presque
dernière position les biens de production
(les
mèteux).
Jusque dans
les
lagunes
et les
fleuves,
les commerC8nts
européens 8v8ient mis en oeuvre des moyens de tr8nsport plus perfec-
tionnés que
18
pirogue
et
complément8ires
de
cette
dernière:
c'ét8ient des n8vires m8rch8nds de
f8ible tir8nt d'e8u,
protégés par
des canonnières de
la m8rine
francaise.
Verdier dispos8 de
plusieurs
t:.~timents:
une
goélette L8 Loui-se ..
deu:-: voi l iel~s !:-e [tenfel~t
et le
KrinJ8bo
(1871),
une ch810upe HplQa
(1879),
un ch818nd et un remar-
':tIJeUl~ <1891?),
deu:·:
v.OIpeIJl~S Le KonG et
le Ch8nZY
(l889~1. A l'a,::tif
de Andrew
Swanzy,
on en compte au moins trois
:
un ch818nd ~ remor-
':t'Je l' Emm8
(1871>,
deIJ:':
'';8peul~-5
La Nina
<11371>,
!-e Cloud
(1885).
QU8nt 8UX
c8nonnières de
18 marine
franc8ise,
F'8ul
Atger 8 énuméré ..
en précis8nt
les
circonst8nces et
les résultats de
leurs
interven-
tions,
celles qui
ont opéré d8ns
les
lagunes entre 1843 et
1893.
Trois moyens d'écnange,
sur
lesquels
nous
reviendrons plus
loin sel~vaient dans ,::e tl~afi.::
:
il
'/01
l'Ol~, il 'lOl 1-01 m:~nille et il
y 8
le fusil.
En l~egal~d
de ces conditions e:-:tel~nes 1
quelles ~taient les
~onditions internes du ;::ommel~,:e "7

":' .
.:..
Les conditions intel~nes
~
~n peut,
pour l'~n~lyse, les cl~sser en conditions écono-
miques et
soci~les, en conditions politico-religieuses et en condi-
tions de communic~tion. tout en g~rd~nt è
l'esprit leur c~r~ctère de
structures liées et imbr'iquees ne ser~it-ce que p~rce que les moyens
et .odes
de
communic~tion
sont toujours et p~rtout conditions des
-relations économiques et des rel~tions politiques.
2.1.
Le:> ,.:onditions .s,:ononliq'Jes et so,:i~les
Sous cette
notion,
il
f~ut
distinguer
les ~c~eurs des
~changes, les
richesses
initi~les, les équipements,
les voies,
les
lieux,
les moyens et les ch~înes d'éch~nge, la rémunér~tion des ser-
.... ices.
Au sens
large,
nous avons nommé acteurs des éch~nges tou-
tes les
personnes dont les ~ctiYités, è différents niYe~ux, concou-
rent ~
l~· ré~lisation
des échanges commerci~ux
promoteurs,
fac-
teurs,
m~noeuYres. Nous ne revenons pas sur les définitions que nous
en ~Yons données.
2.1,1.
Les l~i(:hesses "initi~les"
De quelles
ressources
dispos~ient
les
promoteurs
des
éch~nges ou
négociants
?
Quelles étaient les sources et la n~ture
des richesses
eng~gées d~ns le commerce ? Initiales pour le nouve~u
procès qu'elles
in~ugurent,
les richesses en question sont d'~bord
produit historique
d'un
procès
antérieur,
oeuvres des génér~tions
prê.:édentes.
S'agiss~nt de
leurs sources,
on peut di~tinguer entre une
~ccumul~tion immédi~te
et
une
accumul~tion
médi~te.
L~ mod~lité
pri.ordi~le de
l'~ccumul~tion
immédiate,
celle des promoteurs qui
inaug'.Jrèrent le
,.:omlllel~ce
semble
êtl~e pl~in/:ip~lement so,:i~le, dans
la .esure
où,
fonction du r~ng ~u sein des lign~ges d'une p~rt, et
fonction dlJ
vo IIJme
de':;
1 i gnages
d' ;;)IJtl~e
p~l~t, 1 ~ I~ i ,.::hesse ,:omme
c~tégorie ontologique
qui
ne
dissocie
p~s
l'être
et
l'avoir
dépendait des
r~pports
soci~ux
de
prodUction,
des
relations
m~trilloni~les,
de
l.~
fé,:ondi té des N;;lriages,
du nombl~e des épouses
et des enfants.
d,~
d o y . . r.
d . p . . r.d ... ,...,'t;-_.
.,-.O~_
n o n
d,-,
'-:1.t •

1• ..1'1-
_
...... M
198) ..
-''-'_ . ' - - . -

236
D~ns le
~OMmer~e
de
sel,
un des plus ~n~iens ~ommer~es
d~ns l~
zone
forestière
qui
nous
o~~upe,
on
trouve
~ttestée
l' ~tél~iol~ité de
,.:ette
l~i,.:t"lesse,
,.:onsti tlJée
~'~l~
les dépend~nts
m~les et
femelles.
Le tro~ ~omme tr~nsfert de biens entre l~ ~ate
et l~
forêt
èt~blit en effet l'èquiv~lence entre les produits que
le tr~v~il
de
~es derniers ~ rè~lisès, i~i et l~
: sel et poisson
,.:ontl~e hlJile de p~lme,
ign.:lmes OIJ l~iz,
'.:ontl~e ,.:otonn.;)des,
ivoil~e et
es •.:l~ves,
pl'JS-t~l;"d Ol~ de 1.;) fOl~@t;-C'est
,,:hez les pl~omoteIJl~S de ,,:e
tro~ que
dèbut~,
semble-t-il,
l'.;)ccumul~tion
de
nouvelles
riches;es
or,
escl~ves,
bèt~il.
L.;)
tr~dition
.;)ll~di~n
évoque
encore quelques
noms
de ~eux qui ~ur~ient .;)rticulé ce troc sur le
COMMerce de
tr~ite:
Djekê Nimb~ d'Adjakutè.
Dj~mbi-Bodo d'Emokw~,
K~dji d'Avagu.
Au
XIXème
siècle,
on ne trouve que l'héritage de
cette
accumulation primordiale et des utilis~tions v~riées.
Dans le
~ommerce
originel
de
col~,
les
femmes consti-
tuaient le
gros
de ~ette richesse prim~ire ;
les chefs de lignage
les IJti 1 iser,t
,,:omme agents et ,:omme pOl~teIJSes. E-n· pays bete,
,,:' est
le polygyne
fortuné,
ay~nt des
forêts ~ kolatiers et une première
épouse dyn~mique,
qui
pouv~it
"~h~rger"
cette
dernière
de
l'~ctivité commerci~le
i l
est
~lors
promoteur et l~ femme le
facteur ou l'agent.
Une forme
récente de l'accumulation immédi~te est cepen-
dant ~ttestée d~ns les lign~ges qui n'ont p~s connu le premier type
d'~ccumulation. Elle repose sur l'épargne liée ~ux prestations ou au
petit Commerce des produits vivriers,
cynégétiques et ~rtis.;)n~ux. Ce
petit commerce et ces prest~tions permirent d'~ccumuler une ri~hesse
indispens~ble ~ux
loint~ines
trans~ctions
l'or et les m~nilles
dans les
sociétés
sises
~ l'Est du B~nd~m~, les 50mbe et l~ cola
d~ns les sociétés ~ l'Ouest de ce fleuve
<hormis
l~ société ~vikam).
Les inform~teurs
abê
d'Aradj@
évoquent
ce
petit
commerce
(de
n~ttes, gibier,
bananes)
comme un des moyens d'~cquisition de l'or.
Les femmes
libres
bete
pouv~ient
acquérir
par
ce
pro~édè
d'~ccumul~tion p~rtie des 1000 ~ 5000 noix de col~ indispensables ~
lelJr ',:ommer,.:e
CJ.ZUnon Gnobo,
1981)
(17).
L'accumul~tion dont les modalités restent viv~ces dans l~
m~.oire des
inform~teurs
est cependant l'~ccumul~tion médiate qui
s'effectue sur
la b~se et p~r l'interMédiaire en quelque sorte des
riChesses des ~utres acteurs.
L~ principale de ses formes est l'hé-
ritage.
Maint
négociant cité par les inform~teurs ~lladi~n et bete
l'illustre bien.
Sur une liste de quatorze pêropagnoa cités p~r nos
inforMateurs octogénaires,
en 1975,
du Gnatro~ et du Gb~lebwo (Z~di
Ligut de
Gogui~yo
et
Gnahoa
Ugehi
de
Sèriyo),
cinq
sont des
héritiers de
parents
déj~
négociants,
trois ont hérité de leurs
pères,
le quatrième et le cinquième de leurs grands
frères.


...., .";':'.~
T?~[Ju::nu
8
C'F:IGIi-·!E·::. DE CINQ NEGOCIANT~. ~.E~
_·~---------l
1
~ ..
i ET '):r 1•• 1
...
1
·:'.;E
HEF:ITAGE DE
1 -
.-..--
1
.-
..
Ahile Zi kob'J
Il est l J on,:: l e
p;;Jtel~-
Pèl~e
:
Kp;;Jt;;J Gnenegbê
de Gog'J i ;;JYo
nel de l' i n f 0 I~ 01 ;;J t e 'J I~
Lign;;Jge
:
Gn;;Jzel~eyo
~
Z;;Jdi LiglJi
<85 ;;Jns
Ri,::hesse
:
enf;;Jnts,
envil~on)
bêt;;Jil,
vol;;Jilles,
m;;J rai 11 es .
Z.aD\\;;J Gbit;;J
Même gênêl~;;Jtio:, qlJe
Pèl~e
:
Zek;;Jm U\\~lJgbelJ
de Gog'J i ;;JYo
Zi kob'J
,:h;;JsseIJ\\~ d'êlêph;;Jnts
1
.
Lign.age
:
T,:hedj iyo
Ri ,:hesse
:
bêt;;Jil,
1
vol.ailles,
m;;Jnilles.
1
GnoT,kol'J Teti
Même gênê\\~;;Jtion q'Je
Pè\\~e :
Sokop\\~ i
T,:hede
1
de '~og'J i .ayo
Zi kob'J
Lign;;Jge
:
ZO\\~;;JYo
1
Rid-,esse:
bêt;;Jil,
flJS i l
Z.abo
Zèblè
Gênê\\~;;Jtion pllJS ~gêe
G\\~;;Jnd-f\\"è\\~e:
K'Jzi Gb.alu
de Oigb;;J'yo
q'Je 1;;J p\\~i~kédente
Lign;;Jge
:
K'Jzew.a
Gb.a.ate f~l"' i Z.::l
Age d'J g\\~;;Jnd--pè\\~e
G\\~;;Jnd-frè\\~e:
Gn;;Jho;;J
de D.akoyo
de Gn;;Jho;;J U'~ehi
T;;Jb l i ,
glolow\\~i
<80 ;;Jns env i \\~on)
<site F'lihizêm)
Lign;;Jge
:
R;;Jbeyo
Rid-,esse
:
i ndête\\~r; i née
De même,
sur dOlJze ;;Jh;;Jndjrêbo ;;Jll;;Jdi;;Jn,
dont les inform;;J-
teurs ont
plJ
retr;;Jcer
l';;Jpp;;Jrition,
hlJit tiennent lelJrs ressolJrces
initiales soit
d'un
oncle
IJtêrin,
dont ils êtaient les hêritiers
légitimes,
soit
d' 'Jn
pè\\~e q'Ji tenait lie'J d' on,.:le 'Jtê\\~in pa\\~':e q'Je
lel.Jr mèl~e
;;Jv.ait
été O'J bien son ;;Job;;J O'J sa femme,
êpo'Jsêe selon le
.ode atonv l ê,
,::' es t-~-d i I~e
;;Jve,:
fOI~te
dot
q'Ji ga\\~antit
dans 1;;J
,'ègion m;;Jtl~ilinê;;Ji\\~e
,:OOlme ,:el'Ji des B;;Jwle,
l ' ;;JPP\\~op\\~i;;Jtion ;;JbsobJt
d~ l.a
descendance.
Sept
hèrit;;Jges
viennent directement d';;Jnciens
~Ot.Jrtie\\~s.

238
TABLEAU
9
ORIGI~C5 DE HUiT NEGOCIANTS
ALLADIAN
NOM ET 'JILLAGE
MATRILIGNAGE
HERITAGE DE
D.::lgl~i
Bony
M.::lmbê
F'èl~e
:
Adje
d'Emokw.::l
M.::ltl~ il i .:;Jn.::lge
M.::Imbê
.-
Kysan M.::lnlbci
"
M.::lmbê
Adje
d'ElDokw.::l
Adje f.ony d'Emokw.::l
M.::Imbê
Adje
IBodo V.::Indjwê
K.::IkIJ
On,~le
:
Etté Gbon';Jl~o
d'ElDokw.::l
1
M.::Itr il i gn.::l'~e
:
K.::lkIJ
Gbongro Ak.::ldje
K.::lkIJ
1
Gbongl~o
T.::lnoh Td'Iê d'Emokw.::l
K.::lkIJ
Gbongl~o
Djeke Ando d'Av.::lg'J
Kovi
On'~ le
:
K.::ldji
M.::Itl~ i 1 i gn.::lge
:
Kovi
L.::Ivri D.::Inho de Mbokl"IJ
Okw.::ln
Gl~.::Ind-pèl~e
m.::ltel~nel
:
'r'.::Indjwi Gbétiê
M.::Itl~ilign.::lge :
Okw.::ln
<don.::ltion)
L.::I deuxième
forme
de l'.::Iccumul.::ltion médi.::lte est ce qu'on
nommer.::lit le
bénéfice
de
l'.::Iuxilier.::lt.
D'un
long service .::Iuprès
d'yn .::Incien
négoci.::lnt,
un
Jeune
homme
tire
un
triple bénéfice
<êp.::lrgne,
conn.::liss.::lnce
des
.::Icteurs
et
des rel.::lis,
expérience des
.::lff.::lires)
qui
lui
.::Issure
une pl.::lce d.::lns le monde des éch.::lnges.
Au
sens propre,
ce~te
forme
exclut
l'.::Ipprentiss.::Ige
que
font
les
héritiers .::Iuprès
de
leurs
p.::lrents et dont tous bénéficièrent ~ un
autre moment
d.::lns
leur
jeunesse.
Elle
n'est
signific.::ltive
que
l~rsque l'.::Iuxili.::lire
est
issu d'un lign.::lge étr.::lnger,
situ.::ltion qui
ne fut
nullement
r.::lre.
Sekou-B.::lmb.::l
qui
.::1
identifié
ce type de
relation d.::lns
l'histoire
.::Ivik.::lm
cite
les
C.::lS
de
deux
c.::ldets
sociaux, Dyom.::ln
NY.::lndyue
et
Soklo,
qui
firent
leur
initi.::ltion
respectivement .::Iuprès
des
Koseyir.::lnv Ams.::ln Awym.::ln et Gbongbo Ams.::ln
(1978:252).
O.::lns
les
sociétés
qui
nous
occupent,
le C.::lS d'Etté
Gbongro d'Emokw.::l,
en
p.::lys
.::lI l.::ldi.::ln ,
est exempl.::lire sous plusieurs
~~.::IppO\\~ts .
D'.::Ibord,
des
deux
m.::ltrilign.::lges
fond.::lteurs
qui
se
p.::Irt.::lgent le
pouvoir
politique,
le père Etté ét.::lit membre de l'un,
le lign.::lge
K.::Iku,
p.::lr S.::l mère Krovi,
fille elle-même née d'une femme
Did.::l,
Dugbawun,
épousée
sur
le
mode
.::Itonvlê.
M.::Iis,
outre
son
origine,
Etté
Gbongro
OCCUp.::l
ensuite .::Iuprès de son h8te et p.::ltron
une fonction
de premier pl.::ln.
Entré .::lU service de D.::Igri Bony,
gr.::lnd
frère du
futur chef supérieur,
Adje Bony,
du matrilignage M.::Imbê,
il
r~Yssit à devenir son homme de confiance; g.::lrdien de ses biens, il


239
avait la
clé
de
son
entrepSt.
C'était
lui
qui
débloquait les
marchandises ou les crédits pour l'achat de l'huile de palme.
Enfin,
il put
accumuler
Comment?
L'informateur Kaku Echigban,
membre
lui-même du
matrilignage,
en
révèle
le
secret
Etté
Gbongro
·,'arrangeait ~
chaque fois qu'il
allait débloquer des crédits pour
l'achat de
l'huile
de
palme,
pour
avoir en surplus un fGt de 20
litres environ,
ce qui a constitué la base de ses économies".
L~ s'arrête
l'exemplarité
du
cas
;
au-del~ commence la
lutte ekonomiq'Je
pOU1~
le pO'Jvoil~-.c- Amb'i tieIJ:< ;-Gbongl~o flJt impatient
d'affirmer sa
richesse.
Or,
l'exposition
et
la
reconnaissance
sociales de
la
richesse,
en
pays
alladian,
exigeaient
comme
préalable que
le
candidat
procéd~t
à
la
"toilette
dorée d'une
fe ••e M •
Ayant
libél~é cette dernière de toute activité,
i l devait la
nourrir grassement,
la
vêtir
somptueusement
et
l'exhiber,
toute
parée d'or.
Vite,
Gbongro annonea les couleurs,
en soumettant une de
ses filles
~
ce
rite
du
anQbin-w~.
Offusqué,
indigné,
le
•.atrilign.age Mambê
démit
Etté Gi:>ongl~o de ses fon,:tions.
Déjà ,::onnlJ
des commerçants,
celui-ci
s'installa ~ son compte,
dans son propre
lignage,
développ.a ses affaires et devint prospère.
La troisième forme de
l'.accumulation médiate est
le crédit
ou l.a
caution.
Pour
promouvoir
un
jeune
qui.a du mérite et qui
généralement.a
poursuivi son apprentissage dans le lignage,
i l peut
lui être
accordé
une
caution
ou
un
crédit
pour
prendre
des
marchandises.
A
Mbokru,
en
pays
alladian,
Akadje
Okpo
du
matrilign.age Mantchw.a
aurait
bénéficié d'une avance de ce genre de
la part
de son gr.and-père paternel,
Yandjwi Gbetié,
du matrilignage
Okwan.
De
même,
"une
bhida-m.archande,
écrit J.Zuno Gnobo à
propos
des femmes bete,
pouvait ainsi
procurer
le capital-kola nécessaire à
une yilikpé
(co-épouse dépendante)
demeurée longtemps à son service
comae convoyeuse
<1981
177)".
Cette analyse
des
sources éclaire assez bien la composi-
tion et la nature des richesses eng~gées dans les échanges.
Mais,
au-
delà des
biens
matériels
dont
i l sera ~uestion bient8t p.armi" les
moyens,
la
richesse
capitale est constituée p.ar les dépendants.
En
te.oigne le 1~81e qrJasiment unilatéral qlJe ,:es del~niel~S ont
jOIJé ,:onl-
me personrles
et
,:omme fOl~':es p..-od'J,:tives dans les l~elations pl~é OIJ
p~ra-commerciales
avec
les
Malinké
et
les Anyi-Bawle d'une part,
WlllV'l!'C
les EIJI~opéens d' al.Jtre p.a\\~t.
Comme personnes,
les
cadets sociaux ont d'abord servi de
.fllœyert de
COmllllJni,:ation,
selon une tl~adition en'=Ol~e en viglJeUl~ dans
l'es I~elations
d' hOR\\me ~ honlme,
pOU1~ e~"~pl~imel~ l' -::Imitié de l' Afl~ir=ain
pour l' Eu\\~opéen,
son
h8te
de ma\\~qIJe. Ainsi,
le Neyo Gneb.a Bleo de
'Iakpa. (-::IujoIJl~d' hlJi
O.abego)
q'Ji,
en ,::ompagnie de son neveu Gl~::lbaY\\~IJ
-oe Gneg-::l (.~ujoIJI~d·h'Ji Niega), dé'=oIJV1~it le pl~emie\\~ les Tozignoa (les
<f'ort'Jg.:lis ?),
"offl~it"-il
'Jne
de
ses filles,
Lebl~ê, au c::lpitaine
Krovi ou
Krovis
d'un
voilier
(18).
Ainsi,
en
1853,
pour preuve de
leur amitié,
les
chefs
odjukru de Dibrm,
cédèrent-ils à
Faidherbe
mm se'Jl eOlent des tel~l~es pOU1~ l' ètab li ss ement d'un <::OOlpto i 1~ f Ol~t if i é
et des f-::l-::tol~el'ies mais enCOl~e "en otage,
un de
lelJ1~S enfants"
(19).
AiiraSi
le
,:hef
de
T'Jkpa,
Matafwê,
qui
l~eçut l' ;;)Olil~-::Il FlelJ1~iot de
L >1lJTig 1 e
':' fi
18b 5 ,
.. do Tl Tl"~ " - t - i 1 .;}IJ F 1~.;} fi (:.::l i S IJ ft n t~ '",' e IJ IJ t e 1~ i ft de Mo p 0 y e ni
(2!i)


M~is, signes
de
l'~mitié,
les dépend~nts ont été p~r là
même signes
de
l'~lli~nce
politique
entre les ~înés des sociétés
lign~gères et
ceux
des
sociétés
tribut~ires
ou
c~pit~listes.
~onfirment une
telle
~lli~nce les nombreux m~ri~ges qui ont dr~îné
plus de
femmes
kweni
vers
les
sociétés
m~linké et b~wle que de
femmes m~linké
et
b~wle
vers l~ société kweni.
L~ femme,
enjeu de
,:ompétition, n' est-,:e
p~s '.Jn signe et l.Jn f·:l,:te'.J\\~
de p.:li~·~ ? ~
~~XJ
N' est-,:e p~s '.Jn p~,:te de non-
~gression entre lign~ges, entre vill~ges, voire entre peuples ? D~ns
c~tte logique,
l'enf~nt de Dibrm n'ét~it p~s, comme le veut le droit
fl·.:ln(:~is, l.Jn
ot~ge,
.signe
d' '.Jne
s'.Jbo\\~din~tion,
il ét~it '.Jn ~,:te
d'~lli~nce,
selon
l'esprit
qui
d~ns l~ tr~dition odJukru inst~ure
l'~lli~nce entre
~utochtones
et
immigr~nts
et
~streint
leurs
conflits à être réglés p~r ~rbitr~ge.
D~ns l~
mise
en
pl~ce
des
infr~structures du commerce
étr~nger, les
prest~tions
des
dépend~nts
comme forces de tr~v~il
manifestent jusqu'~u
bout cette ~lli~nce politique. A D~bu,
les ~u­
torités vill~geoises
de
Dibrm fournirent l~ main-d'oeuvre gr~tuite
des cl~sses
d'~ge pour construire le comptoir fortifié sous l~ pro-
tection duquel
les f~ctoreries dev~ient prospérer. On peut supposer
que plus
d'une infr~structure ~ été érigée selon l~ même mod~lité à
Emokw~,
à Drewin ou à S~ss~ndr~.
En f~it,
~ tr~vers ces différents modes de communic~tion,
les ~înés
des
sociétés
lign~gères
donnent l~ g~r~ntie ~bsolue de
leur crédibilité
non
seulement mor~le et politique,
m~is encore et
surtout économique.
L~
réponse
positive
des Européens,
preuve de
leur propre
crédibilité,
ce
fut
l~
restitution ou le retour des
dépendants à
leurs
foyers
retour
de l~ fille de Bleo ~u terme
d'une croisière
sur
les
cstes
de l'Afrique centr~le et ~ustr~le,
retour du neveu de M~t~fwê qui fit le voy~ge ~u moins Jusqu'à Gr~nd­
B~ss~m, retour
du
fils de l'All~di~n Adek~bo qu' ils ~v~ient enlevé
en h~I.Jte mel~.
2.1.2. Les équipements
D~ns les
~ccessoires
indispensables
~ux
acteurs
pour
l'~ccomplissement de
leurs
fonctions,
nous distinguons deux ordres
d'éléments:
les
éléments
de n~ture m~térielle et les éléments de
n~ture symbolique .. P~rmi
les premiers,
se r~ngent les ~pp~reils de
conserv~tion et
de
tr~nsport,
les
véhicules
et
les ~rmes ; les
instruments de magie tutél~ire constituent les seconds.
2.1.2.1.
L'ég'.JiPement de n~tl.J\\~e m~térielle
Si les
moyens
de fabrication du sel m~rin sont passés de
l'ét~t tr~ditionnel avec ustensiles en terre gl~ise a l'état moderne
avec ustensiles
en
CUIvre,
deux choses sont demeurées inch~ngées


1
d'une p~rt
les r~pports de production sur lesquels nous reviendrons
plus loin
et,
d'~utre
p~rt
les
~ppareils
d'eMball~ge,
de
conserv~tion et de tr~nsport.
Deux m~téri~ux
entr~ient d~ns l~ confection des p~niers ~
..sel le rotin solide et dur~ble et le b~mbou. Ils donn~ient trois
espèces de
p~niers
(ndjwê en ~ll~di~n)
le p~nier de prép~r~tion,
gr~nd et h~ut (ndJw@-kru),
qui,
posé sur une j~rre, recueille le sel
humide ~près
cuisson
et
le
filtre,
le
p~nier
de conserv~tion,
---gënèT'al-ement en rotin
(ndjwê-kokOl~ê) et le p~niel~ de tl~;;)nSpol~t, plus
modes~e, ~ fond t~pissé de feuilles,
d'une c~p~cité d'environ quinze
litres
(ndjwê-~kê)
que
nous
pouvons retenir comme unité de mesure
sous le symbole NA.
Un porteur,jit-on,
pOUY~it ch~rger trois ndJwê-
~kê (21).
Deux récipients
serv~ient
~
l~ conserv~tion des noix de
cola. Les
gr~ndes
j;;)rres
de cent litres environ
(kum~k~ des Bete>
fabriquées en
terre
gl~ise,
conservaient
les noix déc~bossées et
lavées ; les p~niers en nervure de p;;)lme,
intérieurement t~pissés de
feuilles de
ban~niers (Petuko des Bete>,
constitu~ient les premiers
emb~ll;;)ges, oÙ
les
noix détrempées devaient sécher.
Les p;;)niers en
rotirl
(~),
t~pissés
de
felJilles de jon.,: l~erIOIJvel~bles et qlJi pe-
s;;)ient entre
20 et 25 kg,
ét~ient les vr;;)is récipients de conserv;;)-
tion d~ns
l~
durée
;
ils conten;;)ient les noix séchées et triées.
Pour le
port;;)ge ~ longue dist~nce, les col;;)s ét;;)ient emb;;)llées dans
des sacs
en
felJilles de l~aphi~, pl'JS souples qlJe le l~otin (blé/pl.
bli en bete) .
-
Cas de l'huile et des ~m~ndes de p~lme ;
Avant que n' intervie~nent dans la commercialisation de ces
produits les barils,
en bois ou en métal,
les estagnons en ;;)luminium
(dix-huit litres)
et
les sacs de
jute
(capacité de six estagnons) ,
l'huile de
palme
était
transportée dans des grandes calebasses et
les amandes
l'étaient
dans
des
paniers en rotin.
Ces caleb~sses,
souvent disposées deux ~ deux dans des paniers, avaient,
selon Fleu-
riot de
Langle
qui
les
~ vues en 1867, une c;;)p;;)cité supérieure à
celle d'un estagnon,
c'est-è-dire environ trente litres
(22).
Pour le
grand
commerce,
d'importants entrepSts en b~nco,
couverts de
paille,
emmagasinaient
les
produits
loc;;)ux
et
l~s
m~rchandises de traite.
A Bodo-Ladja
(Grand-Jack)
"les magasins bien
assortis" de
Digré
et
de Numb~ firent l'~dmiration de Fleuriot de
L~ngle.
..
HL _ _
c e . . .
d u
c~•• ~
d _
~~11~Q_~
O~gr_.
_1~
p_r~~au1~.r.
1u~
d · o r d r _ ,
_ t
:1. _
g l- -a ri d _
q'~" 1.1
Y"l'V
G:L"t:'
p . a
c t .
çOIJ1.u~_··
(1868,
XVIII
:390) 1

,
242
-. C;;)S des es'~ l.;}ves
A~x escl;;)ves,
il
f;;)ll;;)it
un
logis,
des entr.;}ves, de 1;;)
A-.not_Jl~r i tlJI~e et
IJne
S'JI~Ve i Il ;;)n,.::e
pel~m·::Jnente .
L' ol~g.;}ni S;;)t i on
de
l'emb.;}rcadère de
Kukruyo (région de Subre)
ét;;)it exempl;;)ire sous ce
r;;)pport. Une
p.;}liss.;}de
en
pl~nches
de
p;;)r.;}soliers protége;;)it le
village contre
l';;)tt.;}q~e
des
vill;;)ges
victimes
de
r;;)ids
et de
capture. Un
seul
.;}ccès
que
g.;}rde un K;;)neQnon
(Zw.;) Gn.;}dre,
Djêgne
Lohuri oiT" OacelJ "-AY"'~)·-N!lYri~ :lncalit.ê-~ 1;;) fo\\~êt.
AIJ ,.::ent\\~e dlJ
vill;;)ge, se
dress.;}it
un
dj.;}ssê,
.;}bri de réunion publique, 08 les
esclaves ét;;)ient
entr.;}vés
sous
l.;} vigil.;}nce de 1;;) milice .;}rmée. A
l'aliment.;}tion de
ces
êtr.;}ngel~s
un respons.;}ble ét.;}it spéci.;}lement
commis. Zw.;}
Gn.;}ndre,
Djessu
Gninigb.;} et Bw.;}ni Kw.;}dj.;},
.;}djoints du
Qlolowri Zélihi se sont succédés d.;}ns cette fonction,
en .;}ssurant un
ou deux bols de riz p.;}r jour ~ ch.;}q~e escl.;}ve.
En quoi
consiste
l'entr;;)ve
?
Un .;}ppareil très rép.;}ndu
sous diverses
appell.;}tions
-
Ke.2. (neyo), t:ibu (bete), KpohlJ (abê) ,
Kpon
(gban,
odjIJk'~IJ) -
et q'Ji n'est P;;)S totalement tombé en désué-
tude .;}uJourd'hui,
puisque
nous
en .;}vons retrouvé deux spécimens,
l'un ~
Usr-B,
en pays odjukru,
en 1976 et l'.;}utre ~ TonI.;},
en P;;)ys
gb.;}n en
1978.
Il
peut être en mêt;;)l. Celui de Toni;;),
ouvr;;)ge des
forgerons loc;;)ux,
.;} la forme d'un fer ~ chev.;}l de la dimension d'un
br.;}celet év;;)sê
~ son ouverture
;
il peut être un simple .;}rc en fer
(23)
on
immobilise
l.;}
personne en riv.;}nt s.;} main sur un tronc
d'.;}rbre ou en l'entr.;}v.;}nt p.;}r les deux poignets conjoints.
Génèr.;}lement, dans
l.;}
plup.;}rt
des
sociétés,
l'app.;}reil
consiste en
un tronc d'.;}rbre équ.;}rri, de qu.;}r.;}nte ~ soix.;}nte quinze
centimètres de
long,
dans lequel une fente.;} été .;}mén.;}gée pour rece
voir et
bloquer
le
pied.
Les essences légères ou lourdes d'~rbre
fournissent le
bois
de confection.
A cette confection, qui n'exige
que l.;}
force,
les Jeunes gens du lign.;}ge ou du vill~ge sont ~ffec­
tés.
O.;}ns tous l~s c~s, des cordes de rotin ou de r;;)phi~ se trouvent
.;}tt.;}chées ~ ces entraves pour f~voriser le dépl;;)cement des esclaves.
Un tl~oisièAle
type d'~pp~reil, le ~lus simple,
parait être
le systèMe de 1;;) perche que le capitaine d'Ollone a observé chez les
riverains du Cavally et qu'il décrit en ces termes
"X1
. , _ .... ~
1~ • • _
_ •
~.~_
~~
u n _
d
~.~n • .
X1
p _ u ~
_ 1 o r _
~ 1 1 _ r
_ ~
._t
v_n~r
1.br_~_n~
d e n .
1 _
v~11_~.,
m.~.
~1
1u~
~mpo • • ~-
Ces différents
types
d'entr~ves
serv~ient ~ neutraliser
toutes les personnes ~onsidérées comme d~ngereu5es (voleurs,
epouses
infidèles,
mal~des mentaux) et spécialement les esclaves et les cap-
tifs.

b/ Les mo'lens de tl~.:lnSpol~t
Si
l~ noix de col~ ~ toujours et p~rtout été portée ~ tête
.j'homme,
~u
contr~ire
les .:lutres produits
(sel,
huile et ~m~nde de
p~lme, c~ptifs
et
escl~ves)
pouv~ient
être
transportés
sur une
p~rtie de
leur
tr~jet
~e
commerci~lis~tion
d~ns
des
pirogues
monoxyles,
seules emb~rc~~ions ~lors connues des peuples forestiers.
Les plus
~nciennes
emb~rc~tions
attestées
par
les
tr~ditions sont
les
rade~ux
de
bambou
ou
de
palétuvier
selon
l'Odjukru H~madou Lekr de Kosr et l'Alladian Kaku Echigban d' Emokwa.
P~r r~pport
aux autres pirogues,
les pirogues de commerce
sont spé,:iales,
en
preMier
liel.J,
par'!lel.Jrs dimensions.
La pl'.Jpart
des riverains
possédaient
en effet trbis typés de 'pirogue selon le
nombre de
pagaies .ou de pagayeurs qui actionnaient l'eMbarcation et
selon la
destin~tion
de cette dernière
: pirogue dep@che, pirogue
de comMerce
et
pirogue
de
guerre.
Aux pirogues ~ une pagaie,
la
pêche ~
la
ligne et la pêche ~ l'hamecon propres aux cStiers.;
aux
pirogues ~ deux pagaies,
la pêche ~ l'épervier,
l~ pêche au filet et
l~ pêche
~ l'harpon
(dadepaQolo des Bete-Zikpobwo et des Kwadi~, de
d~da =
filet de pêche)
; aux pirogues ~ trois ou quatre pagaies,
la
pê~he des
gr~nds
filets et l~ pêche des pêcheries fixes
<9roipitié
des Neyo).
Les
Kweni
du
Bandama
Rouge
ne conn~issaient que ces
dernières pir6gues
~
l~ fin du XIXe siècle au moment où J.Eysséric
les ~ visités
(24).
A ces
pirogues
de dimension modeste s'opposent les piro-
gues de
guerre
de dimension exceptionnelle que l'on trouvait en un
ou deux
spécimens
p~r vill~ge. Telles étaient les pirogues dite de
f~tchwe c~ez
les
Odjukru.
Sculptées d~ns des troncs d'arbre gigan-
tesques et
peintes de couleurs voyantes,
elles pouvaient selon F.de
L~ngle ~voir
vingt
mètres de long et contenir une cent~ine de per-
sonnes sinon
plus
(1868,
XVII:379)
celle du chef Peter,
~ B~ss~m,
~u dire du capit~ine Lartigue,
~v~it vingt-six mètres de longueur et
ch~rge~it environ trois cents hommes
(1851
367) .
Entre les
pirogues
de
pêche
et les pirogues de guerre,
nous .:lyons
les pirogues de dimension moyenne destinées ~u commerce.
Telles ét~ient
les
90pro pal~ opposition ~I.J:-~ Qol'J de pê,:he chez les
Neyo.
Les
Alladian font une distinction,
dont nous ne s~vons p~s si
elle est
d'ordre
technique,
culturel
ou
économique,
entre
gbêQrêbohê,
la pirogue des comp~gnies de commerce,
actionnée p~r les
. t p~ga)'el.Jl~s kl~l.Jmen-Neyo et ah~k~, pirogue (l'.J'ils s,:ulptaient et l.Jtili..
l~ 'eu:<-mêmes. Dans
tOI.JS
les
':~s.
toutes
~·,,~ient pOI.Jr
pl~in'.:ipale
c.:lr~ctéristique
de supporter neuf ~ qu~torze p~g~Yeurs et de mesurer
de dix ~ quinze mètres de long,
un mètre vingt-cinq à
deux mètres de
l~rge (Fig.
6).
"L~
belle
pirogue
~ qu~torze p~9~ies" qui
.:lv~it
tr.:lnsporté le
s~v~nt
fr~nc~is
J.Eysseric,
le 23 décembre 1896,
de
Gr~nd-L.:lhu ~
Tyas~le avait ~ peu près ces dimensions
longueur,
13
mètres
grande l~rgeur, 1,25 m ; profondeur,
0,65 m ~ 0,70 m.
(1899
7>.

..
..
UNE PIROGUE DE TRAITANT
Source: C.Dreyfus 1898 : 257

;'
Fig. 6

.,
---
Si les
pirogues
de commerce ~tteignent è ces dimensions,
c'est è
c~use
du m~téri~u qui serv~it è leur confection.
Plusieurs
essences forestières
interviennent en effet,
d~ns l~ confection des
pirog~es de
pêche
;
ce
sont
le
sipo
(Ent~ndro-phr~Qm~ utile),
l , ~C~JOIJ
(K~y~
ivol~ensis),
le
fl~~mil~é
(Tel~min~li~ ivol~ensis), le
-y
ni~n90n (T~rrieti~
utilis).
Or une seule essence conven~it p~rtout
auX gr~ndes pirogues : le f~om~ger (Ceib~ pent~ndr~). Son gig~ntisme
Justifie cette
destin~tion : qu~r~nte à cinqu~nte mètre de h~uteur,
un à
deux
mètres
de
l~rgeur,
~vec
des
contreforts
~liformés
--------,. êlev~nt
j'Jsqu' è q'J~tl~e mètl~es.
Spéci~les p~r l~ dimension et-le m~téri~u, les pirogues de
commerce le
sont
en troisième lieu p~r leurs origines historiques.
Pour les
river~ins de la l~gune Ebrié,
l~ source de ce modèle ét~it
la f~cade
m~ritimé
de l~ culture kru.
D'abord,
les l~gun~ires -
~u
.oins les
Odjukru et les All~di~n -
nomment ces pirogues
: pirogues
de Gbê9rê,
~ppell~tion s'~ppliqu~nt è l'ensemble neyo-krum~n, qui v~
du S~ss~ndr~
~u
C~v~lly. Ensuite,
ven~nt de l~ Côte des Gr~ines en
1048, E.Bouit-Villaumez
vit
d~ns
l~ dimension de ces pirogues une
car~ctéristique de
l~
côte krum~n-neyo, en rupture ~vec l~ culture
matérielle de
l~
Côte des Gr~ines, rem~rque que dev~ient confirmer
avant l'Ji G.A.Robel~tson (1819
: 79)
et ~pl~ès l'Ji Fl.de L~ngle (1868,
XV
: 371)
C ........ 1.r• • _
• • 1.
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p 1 u _ .
~c~1.~
Bou~~-U1.11Gum_z. c .
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d·1.mm_n
p 1 . r o g u _ _
• • _ _ ~
1 o u r d _ _ •
pou~.n~
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hOMMe.
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J
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d • • -
c . n d ......
1 .
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c _
g . n ......
d .
con_~ruc~1.on p.dom1.n_r
p_rM~
1 _ .
.Mb.rc_~~o~_
d _ _
n.~ur.1• •
c_
qu~
_ _ ~
dO
_ e n .
dou~_
. U H
m.~n~~~qu__
.~br__
q u _
produ~~
1 .
1~~~or.1
m_~. 1. v_1oc~~_ de ce. p~ro~ue. y
p e r d
b e . u c o u p " .
(1848
:
192)
(25).
M~is si
le modèle semble être culturellement kru,
suiv~nt
cette premlère
hypothèse,
ce sont les popul~tions l~gun~ires elles-
.@.es qui
confectionn~ient
cepend~nt
ces
pirogues.
Les noms des
derniel~s gl~~nds
~l~tis~ns
sont pl~ésents d~ns l~ mèmoil~e (~olle,.:tive,
on conn~it les conditions,
les rites et le procès de la f~bric~tion.
LadJi Gnipré,
B~yere
Bw~zo
et
Djedje Gn~nti de S~yo, ~u p~ys des
8ete-Zikpobwo
(Subre)
ét~ient
sculpteurs
des
owru-mahiQolu
; en
étaient ég~lement
è
Aklodj-A
(D~bu) Akoko Ni~gn (classe : mborm~n
bago;
p~tl~i(.:l~n
Orokp'J)
et Sibê Sié Sitd·l~ (,;l,~sse
niqbessi
ka't~ ; p~tl~i,.:l~n : 1 ol~n~f)
i
en ét~ient, à Ahol~okp~,
gl~ou!=.e 'y'ogl~okp.:l
(Sass~ndr~), Dj~m~dje
Lié
et
Dugbo
Z~g~de, pdu
p~trilign~ge des
KYku~yo;
t~ndis
que,
chez
les
All~di~n,
ch~que vill~ge, voire
ch~que m~tricl~n
compt~it
des
spécialistes
en
la
m~tière. Tous
sav~ient subordonner le procès technique è un rite religieux dont A.
Ladur~ntie ~
identifié
une forme chez les Bete de Gagno~ (26). P~r
exemple,
une
fois acquise l'~utoris~tion du lignage propriét~ire de
l~ forêt,
l'artis~n
odjukru
consultait le devin pour connaître le
Jour propice
~
l'entreprise
il ~dress~it ensuite ~ la divinité
tutélaire de
la
forêt des voeux de s~nté pour les èquipes engagées


1
245
dans les
différentes
opér~tions (~b~tt~ge, tronconn~ge, évidement,
poliss~ge)
enfin
il
offr~it
~
cette divinité le poulet et les
vivres fr~is qui déterminent l'ex~ucement.
P~rtout, ét~ient
commis
pour les opér~tions de force les
..,Jeunes gens du vill~ge, représentés chez les l~gun~ires p~r les
classes d'~ge
l'espons~bles de tr~vaux publics et dont on louait les
services i
l'artisan dégrossiss~it et poliss~it le tronc évidé qu'-
ils avaient
préal~blement
transporté
~u
vill~ge. Le propriétaire
-- -----leur- of-frai t
IJne compens;:)tion en _n~tl.Jl'~ O'J _~D tl'~v;:)i 1
(Bete,
Kw~dia,
Neyo. Odjukru>,
soit
une
redevance
(êhêtch~n des All~di~n) qui ne
prenai~ fin
qu'~
la
destruction
de
la
pirogue.
Complét~ient la
pirogue tous
les
~ccessoires
nécessaires
~ l~ propulsion et ~ la
sécurité:
pagaies,
perches
et écopes,
les deux premières de même
.a~ériau que
les
pirogues
de
pêche
et
ouvragés
par
des
spécialis~es, les
troisièmes
en
bambou
qui
ne
nécessite
aucun
~ravai1 d'art. Si chaq'Je 1 ignage disposa i t
de s;:) gl'ande pi l'og'Je dans
les socié~és côtières,
il n'en était pas de même ~ l'intérieur,
chez
les Be~e
et
les
OdJukru,
o~
ce
privilège revenait ~ux lign~ges
ricnes ;
les Kw~di~ (Kwati> commerc~ient avec un manigo et plusieurs
9ro9beu par
vill~ge,
le
m~nigo servant ~ux tr~jets peu ~ccidentés
vers le
pays
bete
et
le grogbeu aux pa~cours plus dangereux vers
Nihiri ou p~ys neyo.
c./ Les ~rmes
Derniers éléments
de
l'équipement
m~térielJ
deux types
d'armes pouv~ient assurer la défense des ~cteurs de l'échange contre
les fauves
et les m~landrins : il y a d'abord les ~rmes bl~nches de
chasse ou de combat et il y a ensuite les armes ~ feu.
L~ première
p~rticularité
de
ces
armes blanches est la
fabrication généralement
indigène,
oeuvre des forgerons
loc~ux non
spécialisés dont
l'existence
est attestée dans toutes ces sociétés
forestières:
blablagnoa bete,
tofa abê,
eW'JS'J odjIJkl'IJ,
êt,~hi,~hiebo
~lladian. Le
vieux
chef
de l~ tribu Bhitié (Subre), Logbo Swassé,
cite Lohuri
Yafo
_~t
Yokuri
Gaga,
deux blablaqnoa du patrilignage
81esewa du
village
de
Blesewa.
A
LovidJê,
en
pays
abê,
le
pat'rilignage MbodJ@
a
VIJ
mOIJI'il' sel.Jlement apl'ès la se,.:onde gIJel'l'e
Mlndiale ses derniers tofa : Dof f'J Gbe'J,
Okolo et AkodJI'a
(27).
La deuxième
particularité
de
ces armes blanches est que
leur .a~ière
premièl'e
a
IJne
SOI.JI',.::e
pl'in,.:ipalement étl'angèl'e.
En
-effet. fa'J~e
de
Dlinel'ai et fa'.Jte de te,.::hnologie de l'extl'a,.::tion et
de la fonte partou~, l'essentiel de cette matière première provenait
des so.be
Malinké
(pOUl'
les
sociétés bete,
gban et kweni)
et des
barres de
fer
européennes
(pOI.JI' les so,.::iétés '''::ôtièl'es et lagl.Jnai-
res). Oes traditions de fer local existent cependant; celle de Bodo-
Ladja évoq'Jant
la tel'l'e fel'l'lJgielJse de l~ fOI'êt d'Etanamanwi q'J'alJ-
raient exploitée
les
anciens forgerons ~ll~di~n, celle des Bete de
Subre et de G'Jibel'Wa et ,..::ell e des I,.Jê.
Troisième p~rticul~rité
l~
f~bric~tion
de
ces armes
r~ste soumise
~ux
mêmes
conditions
soci~les
qlJe
celle
des
ins~ruments de
la production ~gricole et cyn~gétiqlJe (fers de houe.

246
de h~che,
de
s~bre
d'~b~ttis et de plêge ~ èléph~nts). C'ét~it le
cultiv~teur-guerrier lui-même qui,
en génér~l, ~pport~it ~u forgeron
la qu~ntité
de
mèt~l nécess~ire ~ cette f~bric~tion. A.
L~dur~ntie
(1943:110)
et
CL.Meillassoux
(1964:193)
nous
donnent une idée de
;cette quantité
pour
ch~que
~rme
chez
les
Bete de Gagnoa et les
Kweni.
POIJ1~
IJn
gl~and
,,:oIJteaIJ de guel~l~e : soi:·:ante vate 0 1.1 sonlbe ;
pour un
coute~u
de
moyen format
: vingt-cinq chez les Bete,
vingt
chez les
Kweni; pour un fer de lance : vingt chez les Bete, quinze
chez les Kweni ; pour un couteau ~ double tranchant
(bo~zan kweni ou
--'---hata bete)
:' vingt ; poUr-...n -pë~ït-c(jüt~~lJ--ol~dinail~e fs-ene'"--ktilen-r)
trois 01.1
quatre. De ses clients,
l'artisan recevait des honor~ires,
soit en
nature
(nourriture,
boisson, volaille ou bét~il), soit en
espèces; chez les Bete, par exemple,
vingt m~nilles d~ns le premier
cas, cinq
dans
le
deuxième,
deux
dans
le troisième,
un dans le
quatrième. Des fourreaux en bois completaient la panoplie.
Dernière particularité,
enfin
nous
~vons
deux types
d'armes blanches
de
dimensions
v~rlees,
comme
on le voit. D'une
part,
les
ar.es
de
jet
de
trois
sortes:
les flèches d'arc qui
pouvaient avoir
des
pointes
en
métal
~
la place des pointes en
bambou,
chez
les
Gb~n,
par
exemple
;
les
sagaies
d'un
mètre
cinqu~nte environ
de long qui se présentaient,
soit en ~rmes d'h~st
avec un
fer de l~nce nu monté sur une longue hampe de bois, soit ~n
tiges de
fer
terminées
à
une
extrémité par un manche court et ~
l'autre par
une
pointe
étroite,
barbelée ~ l~ manière d'un angon.
D'autre p~rt, nous ~vons les armes de m~in dont les espèces ·viennent
d'être énumérées
ci-dessus.
Le gr~nd couteau de guerre
(guiQuibre ~
Daloa,
di9l~ibe
à
G~gnoa,
!iQ. 01.1 Y.Q.. des
Kweni),
se '.::al~actél"'isait pa'~
une lame
tl"'ès
longue
(35 à 40 cm)
et tl"'ès lal"'ge
(20 cm),
un manche
et une
g~rde
en
bois
sculpté
le
coute~u
~ double tl"'~nch~nt
pl~ésentait IJne
lame
pleJS
01.1
moins
effilée
(boaz.;ln kweni et b~ka
bete) , t .•mdis
qlJe
le
petit
''::oIJte~IJ
(sene
kweni
01.1
libl~e bete)
n'était qu'une
pointe
de
lance fixé sul"' un manche tl"'ès COUl"'t
(28)
(Fig. 7 et 8) .
Contl"'airement aux
al"'mes blanches,
les ~l"'mes ~ feu avaient
deux sources
étrangères
la
majQl"'ité
pl"'ovenait
de l'industrie
européenne (Fig. 8>,
la .inorité de l'al"'tisanat soudanais.
C'étaient
des fusils
~
silex
qui
fonctionn~ient à
l'aide de la poudl"'e de
traite '=lvec
pour
projectiles,
des
,.:ailloIJ:{
e:·:tl~'=lits
des l~o,.::hes
•.:ristallines ou
des
balles
en
fel~ fOl~gè de fOl~me polyédr'iqlJe
(.J.
Eysseric,
1899
: 243).
La confront'=ltion des tr'=lditions abê,
bete et
odjukl"'u per.et
d'identifier au moins neuf val~iétés de ces fusils de
traite qui ont circule parmi les peuples
:
abê
and@,
rup'Jgbe'J,
kekl~edj@ OIJ kekr-e,
djombo,
bl~oshiê,
abu.an, abala,
aflJngorl
(ou ~fOl~IJ ?),
doyi 01.1 dongi,
I:·ol@
.....
;
bete (SIJbre)
sIJd'J,
s~=~, kl~êkl~êyi, kl~'=lgba, gbofelJ
(ou
gboku ?),
dêyi
(d@gnil,
gbaro,
liagro,
sasêkpê,
doyi
ou koml"'an doyi ...
odjukru andi,
kukugbê,
kekre,
gueridJobo,
brê-sign ...


ARMES

1 . Arc
2. Flèche en bambou
3 . Flèche en bambou
pulu ( 8ete)
8iô (8ete)
(Niabwa)
bin (odjukru)
4. Couteau
5. Couteau
Baka ( 8ete)
Bre (8ete)

..
ARMES (suite)
1 FUSILS DE TRAITE 18 è Siècle.
Source: Jehan MOUSNIER 1957 Journal de la Traite des Noirs
p 81 et 91
\\
2 . couteau de guerre
3.Poignard
guiguibre (Bete)
libré (Bete)
Wo (Kweni)
maora (Kweni)
;'
4. Lance
li (Sete)
mirm (Odjukru)
ebisin (Alladian)

De
l'Est
~
l'Ouest,
on
voit
certaines variétés porter
':'.JI~ie'.Jseftlent des
n(Jms5imilail~es
kekl'r->d.iê,
kêkl'êvi,
kekl'~. Fait
d'échanges
intersociétales
?
Onomatopées
?
Seule une histoire de
Varmement pourra
élucider
cette
question.
Dans
tous
les cas,
ces
variétés se
regroupent
en
deux espèces selon
la dimension:
d'une
pal~t,
le':;
.]l~ands
fusils,
f'Jsils
tong"Dane
ou D.~neg'Jns, d'ol~igine
d~noise, montés
à
l'aide d'une grande quantité de capucines et
très
recherchés pour
la
ch~sse
aux éléphants,
d'autre part,
les petits
f'Jsils.
les Towél--g'Jns
Œ.BoIJët-Villaumez,
1978:89-97).
Les val~iétés
~. gbal~o.
abal-:l,
fel~aient
pal~tie
de
la
pl-emièl-e espè,:e,
les
'.,;.::.u-ièt-és broshiê,
Qc.ofelJ et andi
de
la se,:onde.
A ces éléments matériels d'équipement S'-:lssocient,
complé-
aentaires.
des éléments symboliques qui
ressortissent ~
la c-:ltégorie
,jl.J
S.:lVOii~
IlH:~di'.:al, elle-lI\\~me in'.::luse d-:lns
la '.:atégol~ie métaphysique
du pouvoir.
La première forme de ce pouvoir,
la tr-:lditionnelle magie
protectrice,
englobe
des
pouvoirs de défense
;
la seconde porte sur
les pouvoirs de c-:lpter la chance.
Un apercu nous suffir-:l ici,
l'étu-
de de
,.:es
pOUVOil~S ét.::.mt systém-:ltique d-:lfls
la Théol~ie. des POUVOil~S
et idéolo<He de M-:lI~'': A'JQê
(1975)
(29)
Les acteurs
des
échanges
avaient
~ affronter dans leurs
déplacements trois espèces de dangers susceptibles de détruire leurs
m-:lrchandises
:
des d-:lngers d'ordre
physique
(rapldes qui obstru-:lient
la circulation fluviale,
pluies,
torn-:ldes et naufrages),
des d-:lngers
d'ordre animal
(bêtes
fauves,
serpents,
mouches
tsé-tsé),
des
dangers d'ordre
hum~in
(vols,
attentats
d'ennemis
politiques,
violence de
brigands qui
capturaient
les ~onvoyeurs et les esclaves
pour les
ven;
e).
Ces
dangers
perceptibles
pouvaient
être
interprét~s ~
leur
tour
comme des signes de menaces
invisibles et
plus redoutables
ire des dieux,
disgr~ce des ancêtres, maléfices
oies sca-,.::iers.
Se défendre
contre
ces
dangers,
c'est comme -:lujourd'hui
encore disposer
et
mettre en oeuvre des pouvoirs de prévention,
de
~révision. de
neutralisation
ou
d'attaque.
D~ns
l' id~ologie
tr~ditionnelle, neutraliser
implique
multiples opérations selon la
nature du
danger
et
l'efficacité
du
pouvoir
de
défense
:
p-:lr
e~emple, métamorphose
en
un être différent
(liane,
vent,
insecte),
~p~ise~ent de
l'agressivité
ennemie,
détournement
de
balles.
aveuglement du danger par une obscurité ou une
lumière artificielle,
~"t~: ..
Un premier
groupe
de
ces
pou~oirs est supposé naturel.
D~~s ce
groupe,
les uns sont
intransmissibles
parce que spécifiques
tel
est
le
pouvoir
de protection.
diVInisé,
objet de culte p-:lr
:1111E- 1.1i':;,
qu'on
;;)ttl~ibIJ.::lit
·~IJ:-:
jl.1Ole;JI.J;;
E":J~::l bete, nd-:l .~t,ê, oli
:;·j-J·.;k1".J
tel
est
.~JJssi le pOIJ\\/Oll' ,je \\.r)'/.'Jr, •.::e, SfJpposé '.:onn.::ltul'el
ê,'.r: N.:::;'Jesc:iar..
..:e::i
tl'oisièmes
en·f~Jnt·;.; 'l'.1i se tl'ou·.... r.?nt êtl'e d,? mi?me
':':::;e
':J'Je
le'Jl'
;;)îr,\\? .?t
lelJl' ç.uîne,
,j".lfIS
1.:)
t,'.'Jdltior,
.::lv,.:::ln.

D'autres, plus
nOh\\bl~eIJ:.:,
pelJvent
se
t1~;:)n,=mettl~e. Le seke 01.1 sekê
participe de cette double représent~tion chez les Alladian,
les Abê,.
les Odjukru.
les Abidji et peut-être chez les Bete,
les Neyo et les
lfWeni
<30>.
En un
sens,
mét~physiq'.Je '~elIJi-li:l, le selt.e est IJn pOIJVOil~
propre ~
l~
substance
de certaines espèces ~nimales, végétales et
hu.a~nes entre
lesquelles
existe
et
perdure
une
~ffinité
ontologi~ue. Cette
affinité
explique
que
cert~ins
arbres et p~s
dl aut:res
(sikiyi 1
•.::hez
les Bete.
seke-slJ •.::hez les Ega>,
dorlrlentdes
abrisa'.J~·:
assemblées
des
sOl~'.::iel~s, dètenb~I.JI~S dlJ seke né'~ati f.
Ce
pouvoir ambivalent
prend
sa
source
dans
la
force
vitale de la
nature
peut
s'exercer
d~ns
un
sens
positif
ou
négatif
et se
b
.anifes~e aussi
bien en vigueur dans les plantes et les bêtes qu'en
savoir chez
les
humains.
Mais en un autre sens,
expérimental,
une
transaission peut
être
faite
de
llexercice
de
ce
pouvoir,
à
II intérieur ou hors de la p~renté. Tel est le cas de guérisseurs qui
co.auniquaient leur s~voir à des bienfaiteurs étrangers à
leur clan.
Tel est a'.Jssl le ,.::a·;;,
d',lfIS les so,.::iétés se''::l~ètes '~omme le masq'Je Kwi
des Bete
Lobwo
(f.IJYO> ,
101'sq'Je
les
maîtl'es
d'initi'=ltion
choisissaient des
disciples particulièrement doués et ;:)ccroissaient
leurs aptitudes p~r un supplément gr~tuit de pouvoir
(31).
Les modalités
pr'=ltiques
de
cette
tr'=lnsmission
nous
conduisent à
la
source
culturelle du second groupe de pouvoirs de
défense.
Guerriers,
chasseurs
et négociants pouvaient l'acquérir i:l
prix d'~rgent
et
l'acquerraient
en
général
d~ns
les
sociétés
voisines réputées
à
cet égard
:
les Bete chez les Ni~bw~ et les Wê,
les Neyo et les Kwadia chez les Bakwe,
les Odjukru et les Abê auprès
des Anyi-Bawle.
En 1897,
G.Thom~nn trouva à Gnidi,
village bakwe du
groupe Obw~,
un
"m~rché",
non
seulement
d'ivoire mais encore de
"gris-gris de
guerre",
entendons:
d'équipement militaire de nature
magique;
en 1903,
à
DrokUea,
village bete du groupe Lobwe
(Issia>,
ce fut
un
magicien
qui vint vendre aux m~~bres de sa c~rav~ne une
m~gie ~nti-pluie.
Pour
sa
part,
K~fu T~~·e de TapegUhe,
du groupe
Sorobwo (D'310a),
a'.:q'Jit
à
la
fin
dtJ XIXe siè,.::le ,.::hez les Niabw.a
(I(pet"ies)
en
éc:hange
d'un
fusil
et
.j'une
femme,
deIJ~.: moyens de
défense:
un
v1.JKa,
re •.::ette 1
qlJi
"1'es5I.Js,:i te"
les gl'~nds blessés et
un biss~. chasse-mouche de protection (32).
Ab~ et
OdJukru
se
souviennent
des
moyens que beaucoup
d'al:rtc@tres avaient
:::l•.::qlJis
pOl.Jl~
S'aSSl.Jl~el' de "tels pO'J..... Oil·S : ~gni,
s@dibi et
basa
(ab~).
bansa
et
kabrê
(odjukru).
Le fait que la
confection de
ces pol.Jvoirs s'opère
~ l'~ide de matériaux d'origine
.inérale. végét'=lle
ou
animale,
suppose
toujours
ou
confirme le
caract~re ambiv:::llent
de
ces
pouvoirs
et
l'existence de la force
.~taphysique unitaire que postulent les tr~ditions recueillies.
Moyen d/~ccès
à
un commerce prospère et en particulier a
des esclaves
d'excellente qualité,
les pouvoirs de capter la chance
(dJolo bete,
sos-dpde odJukrl.J,
mbwafwê abê)
peuvent être ou naturels

ou ~cquis comme les pouvoirs de défense.
Cette ~cquisiticn s'obtient
p~l~ un
tl~~itement
médi':o-reli.]ieu;·~
d'J
{:OI~pS
(50!:!.
en odj'Jkl~U) J
lequel doit exh~ler une bonne ~odeur" et offrir une douce
Ils~veur" ;
lorsqu'elles sont
positives
cette
odeur
et cette s~veur ~ttirent
.''vel~s l~
pel~sonne,
':~pteTtt- et l~etiennent les bier.f.;)i ts de 1.;) vie en
génér~l, tel
l'~mour, et les bienf~its du commerce en p~rticulier
m~rch~ndises de v~leur, escl~ves de qu~lité, meilleurs prix.
Une sémiologie
et
une
m~ncie
popul~ires
de
l~ ch~nce
~,:,:omp~gnent 1 es
dé-p l~'':e.ents des détenteul~s de ,:es pO'.Jvo i l~S.
A1 Ol~S
que l~
seconde
prédit-
le
sens
de
l~ ch~nce p~r une lecture des
symboles cu'turels,
l~
première
déchiffre ce sens d~ns des signes
n~turels. Neg~tifs,
lorsque des évènements déterminés surviennent ~
l~ p~rtie
g~uche
du
corps
(dèm~nge~ison
de
l~
p~ume
g~uche,
éternuement du
c8té
gauche,
~ccident
o~ f~ux p~s du pied g~uche,
... ),
ce
sens
sera
positif
d~ns
le
c~s
contr~ire.
Qu~nd
l~
divination est
pessimiste,
une
m~gie
et une médecine préventives
peuvent être
~ppliquées,
s~uf
lois
contr~ires
de
la
n~ture ou
décisions des puissances de l'ordre numineux.
Ici, comme précédemment,
les pouvoirs que confère ce trai-
tement médico-religieux
du corps et les pouvoirs n~turels de ch~nce
posb.Jlent l'e}:isten':e
de la même fOl~{:e vitale sl.Js-nommée
: seke.
Le
soupcon pl~ne
toujours sur le détenteur de ch~nce "n~turelle" ou le
détenteur de
l~
"bonne
ch~nce",
de
n'être qu'une personne ~ssez
douée pour dépouiller les ~utres de leurs chances ~ son ~vant~ge. En
ce sens,
dans
les
luttes
hum~ines
pour
l'exploit~tion
et
l~
richesse,
la
domination
et
le
bonheur,
le
pouvoir de c~pter la
ch~nce ~pp~r~ît comme une espèce ou une forme du pouvoir de défense,
en tout
c~s
une
de ses spécifications socio-économiques et socio-
poli tiqlJes.
Cel~ est
si
vr~i
que,
d~ns
l~
pr~tique, ces pouvoirs
individuels,
de
c~r~ctère
présumé n~turel ou ~cquis, prolonge~ieTlt
ou complétaient,
pour
être
effic~ce,
l~
bénédiction
des
dieux
tutél~ires que
les
chefs
de
lign~ges ou/et les chefs de vill~ges
invoqu~ient ~
la
veille
de
ch~que expédition commerciale. Ainsi,
fort de
son
seke et de son k~bl~ê pel'sonnels,
un All~di~n voy~ge~rlt
s'~ssur~it--il en même temps l~ gr~ce de tous les dieux utiles: dieu
du lign~ge
cert~inement,
dieu
du
vill~ge
(Gbede),
dieu
du
débarcadère lagunaire
(Ko-Okru),
dieu de la mer
CLavri),
dieu supr~­
ethnique de la santé et de la richesse
(GbeQre).
2.1.3.
Les voies et 1 i el.J:·~ d' éd·.;::mge
Les voies,
ouvertures
qu'empruntaient
les
~,:teul's pOU1~
effectuer les
éc~anges,
se
ramènent ~ quatre sortes
la mel~,
les
lagunes,
les fleuves,
les pistes.

250
2 . 1 . 3. 1. L.:l mel~
Du XVème
siècle
à
l.:l
première
moitié du XIXème siècle
i"h,.:lus,
les
EIJ1~Opéens n'ont elJ '.:ommuni,.:~tion dil~e/.:te ~ve/': l' Afl~iqlJe
nubienne que
par
l'Océan
~tl~ntique
princip~lement. Durant cette
période,
leurs
géographes
et
leurs
n~vigateurs
n'ont
eu
cesse
d'explorer les
cStes
pour
en
révéler
les
c~ractéristiques
de
~~~bi-litê et
les
possibilités
de
'.:ommel~/.:e. F'.:ll~mi les OIJV1~~ges
spêci~lisês, on
peut
citer
L~
Descl~iption
N~utique
de
l~ CSte
Occident~le d'Afrique
d'Edou~rd Bou~t-Vill~umez, dont le ch~pitre V
tl~~ite sing'Jlièl~eftlent
de
l;:l
Côte d' Ive ;~e
(1848
187-202> . .J'Jgée
inhospit~lière pour
des
r~isons
dont
les
unes
sont
objectives
(~bsence de
port
n;:lturel,
violence de l~ b~rre, régime des vents,
existence d'un
gouffre
sur
l~
côte
orient~le)
et
les
~utres
politiques et
idéologiques
(~nthropoph~gie présumée et ~gressivité
des peuples
de
l~ cSte occident~le, coup~bles de ne p~s tolérer l~
piraterie négrière
et
qui
procéd~ient
è
des
représ~illes
S.:lns
discernement>, cette
cSte
n'~
presque p~s ~brité d'ét~blissements
européens.
Deux
seules expériences s~ns lendem~in, le fort fr~ncais
d'Assini et
celui,
portug~is
ou espagnol de S~ss~ndr~ ;:luquel f~it
~llusion G.
Thom~nn
(33).
Pour les
peuples
de cette cste ivoirienne,
~u contr~ire,
l~ mer
semble ~voir été de tout temps une voie perm~nente d'êch~nge
en même
temps
qu'une
source inépuis~ble de produits ~liment~ires.
Que cette
voie ~it servi ~ux éch~nges inter-~fricains, nous l'~vons
déj~ sign~lé
ci-dev~nt
d~ns l'exemple,
maintes fois cité depuis le
XUIème siècle,
des
rel~tions commerci~les entre l~ côte ivoirienne
et la
,.:Ste ghanéenne.
On peJJt sJJppOSel~ -=l'J' e Ile ~ jOlJé le même l~ôle,
s~ns doute
~
un
moindre degré pour qu'il n'en soit p~s f~it gr~nd
cas, entre l~ cSte ivoirienne et l~ cste libérienne,
habitées toutes
deux p~r
des peuples historiquement et linguistiquement ~pparentés.
A plus
forte
r~ison
~-t-elle joué ce rôle entre les peuples de la
cSte ivoirienne eux-mêmes.
De f~it,
la mer ~ été une voie de pass~ge
des techniques,
des technologies et des croy~nces, une voie du com-
merce des
escl~ves.
Les gr~ndes pirogues alladi~n et odjukru dites
pirogues de
Gbêgrê
trouvent
leur
modèle en p~ys krum~ri-neyo nous
l'avons dit
;
de
Tabu
ég~lement,
pal~
la mer et le p~ys ~vik~m­
~ll~di~n, est
passé
dans la région de la Lagune Ebrié,
et jusqu'en
pays bawle
(Ty~s~le>
le
culte
du
dieu
Gbeugré
(34).
Enfin,
le
commerce m~ritime
des
esclaves
qui
avait
cours
sur
l~
côte
occidentale entre Krum~n et Grebo selon le témoign~ge de Fleuriot de
Langle
(1868
XV,
370),
existait également sur l~ côte orientale
entre les
Neyo
et
les
Avik~m
comme
l'attestent
les tr~ditions
d'Ahorokp~ d'une p~rt, les Avikam et les Rlladi~n d'autre p~rt.
2.1.3.2.
Les l~qunes
Seules nous
importent ici,
pour notre propos,
les lagunes
de l'hinterland alladi~n et neyo
la l~gune dite Ebrié et l~ l~gune
dite Dagbe.
Si
les
lagunes orientales de la eSte d'Ivoire ont été
par les
Européens
identifi6es
plus
t8t,
ce
fut dans
l~ seconde
moitié du
XIXème
siècle que furent
reconnues comme telles ces deux
dernières
(1850
Lagune
Ebrié
par
le
lieutenant
de
vaisseau
francais Cournet ;
1895 : L~gune D~9be p~r Ch.Pobeguin).


1
251
Or,
pour
les
riverains
africains,
et
aussi
loin
que
remonte leur mémoire,
les lagunes ont été de tout temps des voies. de
Migrations,
d'échanges
matrimoniaux,
économiques
et culturels.
La
c"~gune Ebl"'ié,
pOUl~
ne
pal'lel~ q'Je de la plus iml=.ol~tante et 1·:) plus
significative,
~_été
traversée
par
les
migrations ahizi,
akyan,
odjukru,
avik~m ; dans ces mouvements,
des échanges matl"'imoniaux ont
relié et
continuent
encore à
relier tous les peuples l"'ivel"'ains.
Au
___.J{1X~e~._si~'.:l_~ '- J._e _'.:ommel~':e
de
l' hu i le
de
,:,.;:) l nle et des poi ssons
suppl-::"m-te d;ms -~es-<l~gïJr'-es Te-;::onirilèl"",.:e--de sel et d' êtl~es rllJm.;:)i ns dlJ
XVIIIe siè·.:le.
A cette
fin,
sur les deux rives nord et sud de la LagJne
Ebrié ét.;:)ient
ouverts
des ports symétriques qui .;:)brit.;:)ient les em-
barcations traditioT.nelles
les pil~og'Jes. Au:< !!@.I!1!. ,.:entl~.;:)U:·~ du l~i­
vage odjukru
(Gati,
Dabuatchi,
Mopoyem.
Tukpa,
Lidj-Nanu,
Kosr)
cor-
respondaient les
nebadu
du
rivage
alladian
(Avagu,
Emokwa,
Bodo-
LadJa,
Adjakute,
Hbokru,
Add.;:)h),
De véritables hame.;:)ux hégerge.;:)nt
des délégations
des
lignages de chaque village cOl"'respondant,
tels
étaient ces nebadu all.;:)dian,
les plus importants du moins.
Les délé-
gués y
constituaient
avec
ou
sans leurs
foyers,
les gardiens des
équipements et
des intérêts de leurs lignages habitant le littor~l.
AIJ
,.:ontl~ail~e,
les!!ll!.!!.!:!. (si nI.:! ,
D.i!.D.!d.),
ét.:>ient,
,.:omme alJjoul~d'hlJi en-
core.
de
simples espaces naturels dégagés de
1.;:) bl"'ousse,
abrités ou
non par
des
arbres
et
protégés des grands vents du large par des
baies:
baie de Dabu,
baie de Mopoyem,
baie de Tukpa,
baie de Kosr.
2.1.3.3.
Les fleuves
Trois fleuves,
dans
la zone qui
nous occupe,
relient les
sociétés du
centre
à
celles
des
lagunes et de la cSte
: à
l'Est
l'Agneby,
.;:)u milieu le Bandama,
à
l'Ouest le Sassandra.
Ce fleuve
prend
sa
source dans la r~gion d'Agwa en pays
anyi-moronu et
se
jette après un parcours de 200 km dans la Lagune
Ebrié.
au
village
odJukru
d'Agneby
qui
lui
donne son nom à une
dizaine de
kilomètre
environ
à
l'Est
de Dabu.
Il recoit en rive
droite trois
affluents
(Mpebo,
Kavi,
Seguié)
et est navigable en
pirogue toute
l'année,
au moins dans son tl"'onçon ébrié-odjukru.
Il
relie quatre
sociétés
l'anyi,
l'abê
(groupe Tchoffo et Khos) ,
l'ebrié
(Nonkwa)
et
l'odJukru
(villages
d/Aklodj-A
et Armêbê et
Agneby).
A l'époque du commerce de l'huile de p~lrne, outre les vil-
lages-relais comme Armebe et Nukwagon,
des débarc~dères étaient éri-
.'
g~s sur
le
fleuve
Yampi-nanu du nom d'Erekp AkmêledJ dit Yampi
d'Aklodj-A;
Bobo~-nanu,
appartenant
~
Kabi
Awiyo d / Aklodj-8.
La
~remière était
sise sur le fleuve
dans la forêt de Legb,
la seconde
a l'embouchure
du
fleuve,
au
site
dit du Citronnier
(de boboi =
'~i trorl) .

b/ Le e..:lnd.:lm.:l ..:... D"iit.:l selon
les Odjulo~'J et All.:ldi.:ln,
'iIJ des Kweni
;
Djit.:l,
le
fleuve
ivoirien
p.:lr
excellence
en
ce qu'il
s'écoule tout entier sur le territoire de l.:l eSte d'Ivoire,
prend S.:l
source.:lU
Nord,
d.:lns
l.:l
région de Bundi.:lli,
et,
.:lprès 1050 km de
p~rcours, s~
jette d.:lns l'Océ~n ~ Kp~nd~don (Gr~nd-L~hu). Plusieurs
affluents le
grossissent
__
~_T"lJ::i,ve_dl~oit~, __ j.e_ Solon~~ le B'J,
le
Harahue, près Kossu,
le K.:ln et le Téné
;
en l~ive g.:l'J,::h-e
:
le B~den'J,
le Lokopho,
le Nzi et les deux K.:ln.
De nombreux obst.:lcles rendent l.:l
navigation iMpraticable
même
en
pirogue: chutes de M~r.:lb~di~ss.:l,
rapides de
Umé,
r.:lpides de Gbrugbru et rapides de Wi~kre. Depuis le
co••erce de
sel,
les vill~ges en ~val de Tyasale sel~vent de l~el~is
aux voyageurs
en
pirogue
T~m~bo,
N~ndibo,
Gbrugbru,
Awi~. Au
XIXè.e siècle,
les ch~loupes à vapeur pouvaient accéder ~ Wi~kre ~ux
basses eaux, et à Gbrugbru ~ux h~utes eaux.
c/ Le Sassandra ..:... Ibo des Bete,
Gnema des ~ et Kwadi~
De l~
région de Beyl~ en Guinée,
où il prend s~ source,
~
Gbokr@,
en
p~ys
neyo,

il se
jette d~ns l'Océ~n Atl~ntique, ce
fleuve compte 650 km de long.
Il a pour ~ffluents, en rive droite le
Bafing et
le
Nzo et en rive gauche le Bo~,
le Lobo,
le D~vo. Nommé
Férédugub~
en
Guinée,
. Ibo
et
Gném~ en eSte d'Ivoire,
il unit les
M~linké, les
Wê,
les
Bete,
les
Kw~di~ et les Neyo.
De multiples
r~pides y
rendent impossible l~ n~vig~tion en ch~loupe et d{fficile
l~ navig~tion
en
pirogue.
De Gbokrê ~ Subre on compte au moins une
vingt~ine de
r~pides : Dule
(Missehi),
Gribahiri,
Br~nde, Guno,
Bre
(In~~hiri), Kêkêro,
Zribodry,
Zeleg~,
Bokwe,
Quiqui~bru,
Zuw~t,
Guibero,
Sugru,
Bide,
Dw~
(Butubre),
Bidig~, Blê,
Popoli,
D~gbadi
(Subre).
En
~mont
viennent
les
rapides
de
Biru,
les chutes de
N~kw~kle et N~hw~, les r~pides de S~du (Grabi~), etc.
Les principaux
centres servirent
de
rel~is
de
~ommerce
d'escl~ves
: Zaebre,
~
l'embouchure de
l~
rivière Niegrc
qui relie
le p.:lYs godie et dida
au fleuve,
Butubre
à
l'embouchure de l~ rivière Dobo,
qui relie le
p~ys bete
~u
fleuve,
Kw~ti, ~ l'embouchure de l~ rivière Niumu qui
relie les
8akwe
au
fleuve,
enfin,
5ubre,
voie d'~ccès aux Bete de
'-;u1 Ijeik,o "
1 .. 1.3.4. Les pistes
CODplémentaires des
voies
m.:lritimes,
lagun.:lires
et
fluviales,
les
voies
terrestres
relient entre elles
les localités
d"Jn,elDê'1Qe
société
d".Jne
p.:ll~t
et
entl~e
elles
les
diffèl~entes
sociétés d'autre
part.
En
t~nt
qu'elles
véhiculent des cour.:lnts
réguliers d'échanges,
nous nommons ces voies des pistes.
Certaines de
ces
voies
ont été et restent encore depuis
des t~MpS
immémori.:lux
des
produits
de la nature.
Telles sont les
plages du
littor.:ll qui relient entre elles les sociétés c8tières et
en t r e e fJ:-:
1 es
vi Il.:l':;I es
·:lll ad i an,
.;) \\1 i ka m,
fi e 'l 0 .
Qu -,"j Tt d ..; e s
v 0 i es
naturelles sont
obstruées par des ob5t~~les comme c'est le c~s ave~
les f~1~i5es de Fresco, de Kotru,
de F~hé. de Petit-Drewin, de Petit-
Victor~, etc..
des
pistes
tracées de main ct' hommes et entreten~es
pal' 1=:1 :-!l;jl- ..:he ~ pied p,-ennent 1=.3 l-elève.

1
253
a/ Les pistes. ~ôtiè~es
L' =JS SO(~ i at ion de
la
voie
ma~itime
et
.je
la pis-ce
,:al'j,:~el~i se le
pal',:OIJ l~S
de L~hlJ ~ Sassand~a a
été b i e TI ..j e,: l' i te
l~h , F'obe9'J i TI ,
e:·:p 1 0 l' atelJI~ francais de cette ~ègion en 1895 .
..,o,...~_ .. _"~
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p ..... p 1 . _ _ ..
<1898
334-335)
<3S) .
Deux pistes
~u
XIXème siècle et vr~isembl~blement depuis
le XVllème
siècle,
reli~ient
le P~Ys ~ll~di~n ~u p~ys ~vik~m
l~
piste littor~le
et,
rel~is de l~ voie l~gun~ire, l~ piste qui mène
de Kr~ffy
~IJ
littol~~l
p.:::ll~~llèlement
~IJ
flelJve
g~nd-:lm.:::l.
Cette
dernière,
piste tr-:lditionnelle des peuples l-:lgun~ires jusqu'en 1923,
date d'ouverture du c.:::ln~l d'As-:lgny,
est celle qu'emprunta à
l-:l suite
des premiers
explor~teurs, le S.:::lv~nt fr.:::lncais J.Eysséric lors de S-:l
Mission de 1896 en p-:lYs kweni.
b/ Les pistes du P-:lYs
-:lbê
Du p-:lYs
abê
sept
pistes
de
transit étrangers


255
·
Piste 1 vers
le p~ys ~kyan :
Rim~kudjê -
Gr~nd-Y~vo -
Assadj@
Any~m~ -
/Abobo.
·
Piste II vers le p~ys ~kye :
Mo}~iê -
L~po -
Ie.}~ign~n -
V~kas5e
Alépé.
Piste III et IV vers le pays anyi
Moriê -
Ar~djê
Mberiê
/Assié
Mb~tto
Rim~klJdjê - Atindjê=-f~wàb-o.- -
Piste V vers
le p~ys b~wle
Rim~kudjê -
Lovidjê -
Ores
Abude -
/Bin~o -
Ty~s~le.
Piste VI vers le p~ys ~bidji
Rim~kudjê -
Lovidjê -
/Yaobru -
G~.on -
Beeedi.
Pistes VII vers le p~ys odjukru
Rim~kudjê -
Offorudjê
Guessidj@
-
Otopê
(Mbru)
-
1
Aklodj-Oi b}~m.
Outre l~
l~gune
qui
mène ~ux p~ys ~ky~n et nzim~ ~ l'Est
et ~ux
p~ys
avik~m et did~ ~ l'Ouest,
trois pistes tr~vers~ient le
pays OdjIJk}~IJ.
· Piste l,
~u Nord-Est,
vers le p~ys ~bê :
Dibrm -
Aklodj -
I(Mbru)
-
Otopê -
Guessidjê.
Piste
II,
~u Nord,
vers
le p~ys ~bidji et ~nyi-b~wle
Dibrm -
Orgb~f -
Yasakp -
Lokp -
IAwiy~ -
Beeedi -
Bin~o
e.obor -
Usr
IAwiy~
Beeedi
Bin~o
Kosr -
Gb~djn -Usr -
IAwiy~ -
Beeedi -
Bin~o -Ty~s~le.
• Piste III,
~ l'Ouest,
vers
le p~ys did~ et b~wle :
Bobor -
Bone -
Tukp~ -
Kosr -
/
Tamanbo -
Ty~sale
Dibrm -
Orgb~f -
Lokp -
Usr -
Gbadjn -
Kosr -
1
Tam~nbo -
Tyas.~le .
411 Les pistes dlJ ~ bete
Les pistes
de
''::01 a
dlJ p~ys bete ont été identi fiées p~}~
etT.~\\Wtz»ooji (972)
et·J . ZIJnon Gnobo
(1981>. En les I.::omplét~nt p~l~ des
pisites du
'''::OInmer •.:e
l'::ôtie)~
(.J. P.
Oozon.
1985),
on }~etl~OIJVe t}~ois
gralllJds axes nord-sud l~el iés p~l" des voies de dire •.::tion ouest-est
:
• La
piste 1.
~ l'Est,
de
l~ eSte vers l'intérieur via le
pays godiê.
et
le pays dida
(gl~OIJpes Kotl~ohlJ, K~gbuo, Ne ka,
gl~oupes
Neto"
GIJdu et Op,:j)~eko). atteint le GIJebié (Di-:lOl~elilié), le Z-:lbia et
le Zedi
;
de
1.';),
e Il e
donne
-:l,,:,.::ès alJ pays Gban vi·:;) 1 es ';J}~oupes
Gbandw@ (T'.::ht>gb.::l)
et Gbe-:ln
(G~ndié-Bomeneda), p'Jis au p-:J'yS bleni via
les ~rollJl!P'es
Ume
<G".'lta:: l"-:l
et Z.:::lndje) ,
T•.::hegba
(D'Jgbafl-:l et G~bi-:J) J

256
Anfwe, "901, Son,
Bw~vere, Y~sw~, Ni~, Ba, Bei
; ~ p~rtir du Guebié,
une bretelle rejoint l~ piste II ~ Sinfr~ vi~ le Kp~kolo (Oebue),
le
NiabreCTu"tuku>,
le Gb~di
(Gl~ebo et Kehi .;rn~=ien>, le Nekedi.
~
. L~
piste
II,
celle du Centre,
p~rt de Nihiri,
tr~verse
le p~ys
godié
(Goroku~le
Beyo -
B~léko ou encore Tigru,
Gb~mo)
atteint les
territoires
bete
Zikobwo
(Bligro~,
Gb~lebwo), Gui~,
Krihiri, Ori,
Vokolo,
Gb~lo, Zeble.
" - " - -
... -
• La
piste III,
celle qui se confond ~vec le fleuve Gnem~
rellOnte de
Nihiri,
p~'~
les
vill~ges
kwadia
(Z~ebl~e et BIJtrJbl~e),
traverse les
terri toi l'es
bete dlJ Guibwo (port K'Jkr'JYo),
dlJ Brok'JY~
(port Sooll"'e),
dlJ
G'Jideko
('y'~b~yo),
du
Gbobwo,
~tteint le Bog'JI'J
(Issia)~ le Gbalo
(BogUedi~), le Zêble.
• La
piste
IV,
p~l~ les locali1:ês kw~di~ de GTll~~nhil~i et
kwati et
par
les
p~ys
b~kwe, rejoint les Bete -
Zibik~b~kwo dits
ZikpobNO <port ancien : S~yo)
et ~.l'JS haut' les Kuzie
(Zokwe,
B'JYo).
e/ Les pistes dlJ ~ kweni
· A
l'Est,
l~ piste l,
de Sinfr~, remonte p~r les groupês
Bwavere
(P~fle>, Y~sw~ (V~niétéfle, Zuenul~), Niono
(Koinfl~), Duonu
(B~ngofl~) à Tr~fesso.
· Au
Centre,
une piste II mène de D~lo~ vers H~nkono vi~
Bofle (Z~nzr~>. Seifl~ et Sèfle
(K~nzr~).
· A
l'Est,
l~
piste III,
du Zêblé
(de D~lo~) se dirige
vers le
Worodugu
p~r
le
SokUy~
(Di~fle,
Benufl~)
et
le
N~ti
(Tievie>. Telle
fut
l~
piste empruntée p~r G.Thom~nn en 1902 pour
accéder ~ Séguel~.
2.1.4.
Les moyens d' é,=h~nqe
Les Moyens
dont
dispos~ient
les
~cteurs
d~ns
les
opér~tiDns l'j' éch~nge,
en
p~l~ti,=u1 iel~
d~ns le .:ommel~,=e d' es,:I.;lVes,
offrent une
p.artic'Jl~,~ité
essentielle,
c'est
qlJe l' IJnité de lelJl~
f01'tCtion de
.ar,=h.:lndise-ntonn~ie ne se dissocie p~s de l~ divel~sité
de le'.J1'
n;Jrure .atél~ielle et SIJl~tOIJt (lfes ai l'es spé,=i~li sées de 1 elJl~
usage .onétaire.
Rett~OIJVel~
,=ette
pa,~ti'="Jllarité.
,:' est,
IJne fois
déte~inêes la
nature
nt~térielle
de
ces .onnaies et les ~ires de
leur usage, expliquel' cette spè,=i~lisati;(J)T'1 géographiqlJe.
COlipte tenu
.je
leur
portée,
on
peut
distinguer
les
aonnaies principales
qui
intervinrent
directement
comme
moyens
d'échange dans
le commerce des escl~ves et les ntonn~ies second~ires
qui pouv~ient ou non servir ~ ce commerce (Fig. 9).
2.1.4.1.1.
Les monn::Jies se'.::ond.::!lil'eS
Par.i les
monnaies
5e~ondaires, les unes sont anciennes,
les ~utres r~centes.

__ :.1
;;}/ Les
monn'lies se':ond-:1il~es -:1n,=iennes _ perles d' -:1iQri et
,=oqIJÎ 11.::a9es
Les plus
.::anciennes monn.::aies .::attestées d.::ans 1-:1 région sont
d'une p.::art
les
~oquill.::ages
et d'.::aIJtre p.::art les perles d'.::aigri,
de
couleur bl.::anche
et
verte
ou
de
couleur
bleu
foncé
de Bri.::are.
Importées d'Europe
et
du
Bénin sur les CStes de l'or et des AUron
depuis le
XVème
siècle,
ces perles ont été extr.::aites ég.::alement de
sépultures locales d'origine inconnue
(exemple l'Orumbo Boka en pays
bawle),
ce
q'Ji
expliq'Je
qlJe
les
traditions
lelJr attriblJent une
sour~e divine.
Les coquillages ont vraisemblable.ent une provenan~e
marine .
.~.
Une tr~dition
odJukru,
rapportée
par
Kuk Ved
Es.el,·de
Lokp:'AgniMabci,
le:'t"'27
jlJi llet
1972,
·'·établ i t
la
chronologie.
fonctionnelle suivànte
coquillage"(araï);
cauris blanche <srigbi
ufu') , :'perle
d'aigri
(sat).
Pour le traditionniste ab@ Ekissi"Do-ifIJ
de Gbandjè;
interrogé
le
16
avril 1975,
au contraire,
les cauris
(n90ba)
dont
les
8ete
connaissent l'usage esthétique et .antique,
servaient plut8t au Jeu et non .::au cOMmerce ;
plus anciennes,
ce sont
les perles
(OVe)
qui auraient servi dans le comMerce, concurre.ment
avec des
pierres
blanches
(nd-:1shê)
et,
~ titre exceptionnel, avec
les ,.=oqui llages .(da).
L'ancienneté des
monn-:1ies
de cauris et de perles d'aigri
remonte.::lu
moins
au
XVlIème
siècle,
époque où la première avait
cours SIJr
l.::a côte des Aüron
(Kwakwa)
sous le nOM de
"bougies ou co-
quilles d'Orient-
ou
d'Alkory
(36)
et où la seconde était attestée
en p.::ays
éotile
et
campa
(37).
A
la fin du XIXèMe siècle,
cette
dernière conservait
encore
S.::l
fonction
monétaire
jusque en pays
kweni .::lUX dires du géographe J.Eysseric
(1899).
Les équivalences
restent aujourd'hui difficiles ~ établir
entre ces
monnaies.
En
1702,
Loyer évaluait une perle ~ un liard,
soit le quart d'un sou ou trois deniers;
au début du XIXème siècle,
~ L-:1h IJ,
selon
G.Robertson 10 perles valaient 1 aké d'or ou 5 shil-
lings or,
soit 5,60 F ~ 6 F
<Hecquard,
1855). A la fin du siècle,
en
pays .::abê,
selon Ekissi OofflJ,
IJne vache pOI.Jvait coGter 1 da,
la pel~­
les val.:lient
1,5
OIJ
2
t-:1
d'ol~,
soit 78 ~ 104 gr.
or.
Ce dernie\\~
chiffre,
signe
de
forte
h-:1usse
depuis
la
fin du XVIIIe siècle,
p.:lr.:lit considérable
en
comp.:lr-:1ison avec l'équivalence trouvée d.:lns
l'hinterl.:lnd,
en
p.:lys
kweni
la grosses perles égalent 1 sombe,
soit 1 ou 2
litres de riz
<J.Eysseric,
1899:94).
b/ Les monnaies se,=ond.::li res récentes _ boelJf«
sel,
,.=ol.:l
Prob.::ablement,
dès
le
XVIIIème siècle,
de nouveaux .oyens
d'éch.:lnge
firent
leur
-:1pp~rition
le
boeuf,
le sel,
1-:1 noix de
'.=01.::1 .
L-:1 r-:1ce bovine dont i l
s'agit est la race dite des Lagunes
,
\\~em-:1l~qIJ'able
~ S.:l petite t-:1ille et \\~ép.::lndIJe d.::lns l.:l forêt. Le ZéblJ
ét~it ég.::llement
connu
des
Kweni
et des Bete-Zêble.
La première de


258
ses fonctions,
l~
fo~ction
~liment~ire,
s'est
toujours
trouvé
associée ~
une deuxième fonction,
rituelle:
en n'abattait et on ne
consomm~it le boeuf qu'à l'occ~sion des funér~illes des notables ou,
comme chez
les
Kweni,
qu'en sacrifice pour réparer l'injure qu'on
.;l'faisait d' évoquel~
l' ol~igine
sel~vile
d' une
pel~sonne. La tl~oisième
fonction est
matrimoniale
le boeuf était élément de dot dans les
sociétés kweni,
bete et neyo.
--Hais si,
pour
ces
différentes
fonctions,
on disposait
d'une marchandise
qu'on
achetait
et
parfois accumulait,
le boeuf
co••e monnaie
servait
à acquérir spécialeaent deux sortes de biens
de prestige
d'une part,
des bi
~s manufacturés tels le
fusil,
le
tissu et
la
poudre,
d'autre
part,
des
biens
productifs
tel
l'esclave.
Le
témoignage
du Capitaine d'infanterie d'Ollone permet
d'étendre la
portée
de
cette pl~oposition à
tou~es les sociétés de
l'Ouest ivoirien à
la fin du XIXème siècle
(1901
: 46-85).
On y voit
cependant que
l~
fonction
monétaire
du
boeuf
n'était pas aussi
étendue que celle du sel et de la cola.
Produit de
l'industrie
cStière,
transporté dans des pa-
niel~s spé,:ia'.J:<.
(mbio
akyan,
ndJwê-ake
all.::ldian)
et débité,
dans
l'hinterland,
en
boules
ou
en
poudre,
1.::1 marchandise-sel
jouait
divers raIes
dans l'alimentation,
la médecine et la politique
(rite
de réconciliation).
Au
XVllème
siècle
déjà,
on le vendait à
prix
d'or en
pays
essum.::l
.::lU
XVlllème
siècle,
ce
fut
pour
s'~pprovisionner en
sel
que les As~nte-Asabu créèrent le c~rrefour
de tr.::lnsit
sur le Bandama
: Tyasale ;
les Abê,
au moins les groupes
méridion.::lux de
la
société,
l'achetaient encore au XIXème siècle au
moyen de la manille.
Mais en
raison
de sa quantifi~bilité, progressivement le
sel s'imposa comme équivalent d'une certaine portée.
Avec le sel,
on
pouvait acheter
trois
sortes de biens ~ l'intérieur:
d'abord,
des
vivres
(les
Alladian
achetaient
manioc,
légumes et huile de palme
aux Odjukru),
ensuite,
des
produits
de
prestige
(p.::lgnes,
or et
ivoire bawle ou kweni),
enfin des êtres humains.
Un ndjwê-kru,
le
grand panier de sel alladian,
représen-
t~nt la
pl~odl.J,:tion
hebdomadai l~e
d' 'Jn 1 ignage rappol~tait
5 à
10 t.::l
d'or selon Kaku Echigban d'Emokwa ce qui par~ît considér.::lble et peut-
@tre eX.::Igéré
pour
le
XIXe
siècle.
Le panier ordin.::lire de sel,
en
1896, était vendu à
2F à
Grand-Lahu
(soit 4 roba ou O,66gr.
d'or),
4F
~ Tyasale,
6F à
Kodiakoffikro
(38),
alors que,
nous le verrons,
les
esclaves ,.:oGtaient
.::II.J SI.Jd dl.J p.:lYs .::.m'yi-b"lwle 3 Rlbio l' homme,
5 mbio
la femme
(Andrê Musso de Lovidjê)
Marchandise plurifonctionnelle
que
les
Kweni
et
les
M.:llinké payaient
.::Ivec le sombe,
la noix de cola était,
nous l'avons
dit,
une
rnonn~ie
également.
Sur
la base de la rn.:lin,
réunion de dix
.:!oigts,
elle
'.:ompt~it
tl~ois
unites (je meSIJI~e : I<ota ou KotékP.::I,
1

259
.ain. équivalent
de
10 ,.::ol.::ls
tchêm~,
10 Mains,
équiv.::llent de 100
.::olas (i!.ete>
50 M.::lins,
soit 500 colas
Qolewulu
(pl.
golewili),
100 • .ains,
soit 1000 ,.::ol.::ls.
~
La portée
de cette monn.::lie éq~iv.::lut ~ peu près ~ celle de
la monnaie
de
sel
l.::l cola serv.::lit en effet ~ p.::lyer des biens de
subsistance co~me
le
sel,
des biens de prestige comme les p.::lgnes,
les boeufs
et
les fusils et enfin les biens de production tels les
es~l.aves. J.Zunon
Gnobo
fournit
quelques
prix en vigueur d.::lns l.::l
'régTô~ri' de-o.âH).::l- ~ I.:i=-=n:ï)-I.1Ü-Jn:'Xènle 'siècle': pOIJT' 1 gl~.::lnd p.::lgne, 2000
colas en
pays
kweni,
2100 col.::ls chez les Bete-Zebwo,
3000 chez les
Bete centraIJ>:
<Vokolo>
j
pOIJl~ 1 flJsil,
3 à
4000 ,.::ol.::ls en p.::lYs
kweni
; pour
1
boe'Jf,
4100 ,.::ol.::ls d.::lns
le Z@ble et 7000 .::lU SIJd fOl~estier.
Dans le
grolJpe SOl~obwo, les di f fél~en'.::es étaient sens ib les
1 p.::lgne
koya =
1000 '.::ol.::ls,
1
flJsil .= 10 wrlJglJ ou 1000 ,::ol.::ls·,
1
boelJf = 2000
colas <1981
:
211).
2.1.4.2.
Les monn.::lies principales
Quatre m.::lrch.::lndises
ont
Joué un r8le plus direct d.::lns le
commerce d'escl.::lves,
ce sont le fusil,
le sombe,
l.::l m.::lnille et l'or.
La monn.::lie de sombe aY.::lnt été évoquée plus h.::lut,
considérons ici les
trois .::lIJtl~es .
.::lI Le f'Jsil
Arme de
ch.::lsse,
moyen
de
défense,
bien de prestige qui
entr.::lit d.::lns
les
compens.::ltions m.::ltrimoni.::lles,
le fusil ét.::lit .::lussi
un moyen de p.::liement et d'éch.::lnge.
L.::l spécificité
de
ce
moyen
d'éch.::lngè
réside
en
deux
tr.::lits.
Premier
tr.::lit
loin de Jouer le r81e d'équiv.::llent génér.::ll,
échu ~ l'or et ~ l.::l m.::lnille,
il permet d'.::lcquérir seulement cert.::lins
biens p.::lrticuliers
dont
l.::l
v.::lleur
soci.::lle
et
économique
ne se
dis30cie p.::lS
du
volume m.::ltériel
bét.::lil
(c.::lprins,
ovins,
bovins),
pagnes de
prix,
personnes.
Les
exemples
kweni,
gb.::ln
et
bete
con''::oi~dent SIJl~ ,.::e poi nt .
• A:l.ns:l. pour
......
1_. 50...
e . . n d _
d .
H'-,"~1_
1 _ _
Go .... r .
. - . e h e n g _ r
.~
~ o " ~ r. . . . . r.
a
gr~nd_
g_mme
d .
prCJdu:l.~_
p _ g n _ _ ~
b.~_:I.1.
__ ~1_~__ •
m.:I._
p~_
CCJn~r_ d_
1·0'···.
(1964
267) .
Ainsi en
ét.::lit-il à Dugb.::lfl.::l et Tiegb.::l
(Umé)
1 fusil et
1 baril
de
poudre
ég.::llent
2 ou 3 p.::lgnes.
Ainsi à G.::lgno.::l selon A.
LadIJl~.::lntie (1943
121>
1
long
fusil à pierre ég~l 1 boeuf
1
f'Jsil -:~QIJI~t ég.::ll 1 ,,:.;)b l~ i .

260
Q~and on
corrige
l'interprétation
marchande
que
le
Capitaine d'Ollone
donne
de la dot africaine,
l'auteur nous semble
~voir compris d'une part la circulation des fusils et des boeufs, et
lautre part
le
mécanisme
d'accumulation
des armes et des femmes
dans la plupart des sociétés forestières
(39).
Un second
trait
spécifie
cette
"unité
monétaire"
: en
debol~S du
fait qu'il est: complémentail~e de la pOIJdl~e O'J des piel~l~es
à
f'Jsil,
le
fusil s' offre génél~alement dans re -':ommel~':e 'en l~eGTa(:ffl·
avec d'autres
.archandises
constituant
ainsi
l'assortiment que le
vocabulaire de l'époque nomme le paquet ou lot.
b/ L'or
I l s'a9i~
ici
de
la
poudre
d'or
(qold-dust),
vraisellblable.ent la
plus
.:mcienne
de
ces
monnaies,
q'Ji sel~v;;)it
d'équivalent général.
On
la
conservait dans des boites de métal ~
l'intérieur de
sa~s
de toile,
f'Jt!JO en twi,
,.:on'tenant en miniatul~e
tout l'appareillage
de fabrication
indigène nécessaire ~ la pesée:
balances,
pelles,
tamis,
pierres,
cuillers,
plumes,
petites brosses,
graines,
autres
accessoires
parmi
lesquels
des
amulettes.
Selon
T.F.Garrard
(40),
le futuo était associé ~ l'~me de son propriétaire
et en était comme une partie.
Le système
monétaire
fondé
sur
l'or
que nous offre la
tradition abê
s'apparente ~ celui des Anyi-Bawle décrit par Maurice
Delafosse
(1902)
et
H.Abel
(1961),
et d'une
facon générale ~ celui
des autres cultures ak;;)n
(41).
Il se compose de trente-trois noms de
poids d'origine
l'unité
étalon
en
est
la
graine
d'abrus
pre,:atori'Js,
danla ; de pl'JS petites gl~aines y ':ol~l~espondent au~·, plus
petites unités
monétaires
: la graine de riz
(mo-aba)
et la graine
de fi':'JS
,:apensis,
le hal~i':ot blan,:
(dama).
Le ba,
unité féminine,
de 0,165
gl~.
de
pO'Jdl~e
d'or,
soit 0,50 F valJt 2 dama
j
le tak'J,
unité nlas,:uline,
3 dama;
l' ake valJt 12 ba,
sc
t
2 'Jl~.
équivalant ~
5,60 F en 1848 et 6 F en 1897 ;
l'écu d'or valait 5 livres en 1789 j
.a 1;;)
fin du XIXèlft\\e siè,:le 1
16 ake ou une on,:e égalent 32 gl~ammes OfJ
96 F •
le ta vaut exacte.ent 52 gl~., soit 156 F et pal~ ,:onvention 50
gr.
Les transac~ions
abê
illustrent
bien
la
fonction
d'équivalent général
Qu'assumait
l'or
encore
à
la fin du XIXème
siècle et jusquua~ début du XXème siècle.
ARTI'CLES DIVERS
DOT
<Gwabol
entl~e
Abê
1 .achette = 3 8b~
1 atêkpin
: 30g1~.
(M01~iêl~lJ)
1 kg de caoutchouc = 3 mba
1/2 t.::l
"
7 paquets de sel = 7 Mba
1/2 ta
(T,:hoffo)
1 p;;)quet de tabac = 7 roba
(30 feuilles>
entre Abê et étrangers
1 boeuf ~ 1/2 ta
6 ta
(T,.:hoffo,
"-hos)

1
LES MONNAIES
A
/
o
/
@r.)
;'
A : monnaie de fer" Sombe ,Bra , Vate ou Wrugu"
8 : CAURI
C : MANILLE
o : Perle d'AIGRI
Fig. 9


261
DOMMAGES
pOIJl~
:
• homicide accidentel
<Abude>
= 1 boeuf ou 1 anui-yon C26gr. d'or)
•..vol de nOIJI~I~it'Jl~e (Lovidj@) = 1 boeuf O'J 1 ta
• gIJel~l~e : ak.a,.::t"J
: 4 ta
(,::onflit intl~avillageois)
11 ta (conflit intervillageois)
c/ la nlanilll?
Alors que
le sombe est une p1éce I?n fer en forme de tige,
de vin9~-quatre
COl
de long,
éq'Jivalant ~ sept ,:enti .es en 1902,
la
.anille est
un alliage de cuivre et d'étain,
en forme de fer ~ che-
val. de
cent trente gram.es environ,
équivalant ~ vingt centimes en
1900.
SOIJS la
distinction
entl~e
Ak.'J
n'be
et Hale n'be ..
-
la
.anille de
Akl.J
et
la
manille de Hole,
pl~enliel~ E'JI"'opéen pl"'ésl.Jmé .';)
débarquer sur
le
littoral
les Alladian a,:,:réditent IJne légende
d'origine de cette monnaie. La pièce de fabrication industrielle,
en
vigueur sur
la
cSte
dès
le XVllème siècle selon le témoignage de
Jean Barbot
(42),
serait inspirée d'un prototype indigène,
ouvrage
du forgeron
Gra
Ak.u de Bodo-Ladja.
Ce qui est incontestable,
c'est
la reproduction
de
cette
pièce
européenne
par
les
forgerons
africains,
tel
le
Bete
Dago
de Dagwayo
(Guiberwa)
et l'existence
dans le
pays
bete
de
deux
espèces de manilles
: la rouge
(dagbe
z@r1> et l a no i l~e
(dagbe k.POW1J).
Comme l'or,
la manille a été un équivalent général servant
~ acquérir. toutes
les sortes de biens et ~ honorer,
en association
avec d'autres
marchandises,
toutes
les
prestations sociales.
Les
transactions des
pays odjukru et alladian en offre une illustration
~ la fin du XIXème siècle et au tout début du XXème siècle.
ARTICLES DI''')ERS
Chez les OdjukrlJ
Chez les Alladian
1 .achette = 3 manilles
1 boeuf = 400 manilles
1 pagne djan~o ou kamitchê
1 vache = 1200 manilles
= 60 manilles
1 baril de poudre = 60 manilles
1 krou d'huile
C8 galons)
1 fusil = 240 manilles
= 40 manilles
1
fGt d'huile de palme = 320 manilles
1 tonnelet d'eau de vie=1200 manilles
DOTS
(43 a)
En pays odjukru :
En pays alladian
30-40 paquets de 20 soit
9 paqlJets,
sa i t
600-800 manilles
180 manilles

262
DOMMAGES
(43 b>
Récolte d'~.~ndes de p~lme sur le terroir
d'un ~utre vill~ge en p~vs odjukru
= 1200 m~nilles
2.1.4.3
Les aires d'us~Qe de ces .ànn~ies
Oans quatre
aires,
certaines
monn~ies
fonctionnent
de
m~niè!l~e
do..inante dans
les
échanges
en
général
et
d~ns
le
.=ommel~'=e
d·esclaves en
p~rticulier
m~is en m@me temps,
~ux frontières de
ces aires.
elles
fonctionnent
en
interférence
~vec
d'~utres
~onnaies. constitu~nt
ce
que nous no••ons des ~ires d'interférence
par opposition ~ux aires de domin~nce.
2.1.4.3.1. Les aires de dominance
En ~ttend~nt
qu'une
histoire économique précise en toute
rigueur l'étendue
de
ces
~ires,
indiquons
seulement d~ns le c~s
présent celle
~
l~quelle
~pp~rtient ch~cune des sociétés de notre
ch~mp d'étude. La c~rte II en donne une idée.
L~ première
est
l'~ire
de
l~
monn~ie d'or.
Elle ne se
confond nullement
~vec
l'~ire
d'us~ge de l'or en t~nt que bien de
prestige et
p~rure. En ce sens,
on peut ~pporter deux corrections ~
l~ C~l~te
de
l'''Ak~n
Goldwei9ht
zone"
ét~blie
p~l~
T.F.G~l~l~~l~d
(1980:XXII).
L'~ire
d'us~ge
de
l'or ne s'étend p~s de l~ Volt~ ~u
B~nd~m~
elle
déborde le B~nd~m~, ~u Sud-Ouei~ jusqu'~u S~s~~ndr~
et ce,
dès le XVlllème siècle selon une inform~tion de Des M~rch~is
(44),
au
Nord-Ouest
jusqu'en
P~vs kweni comme le f~it est ~ttesté
encore au XIXème.
Qu~nt ~ l'~ire de l~ monn~ie d'or,
elle ~ subi des
dépl~cements
p~r exem~ e,
c'est ~u début du XIXème siècle que les
Nevo semblent
s'être
mis
à
pr~tiquer
cette
monn~ie ~k~n
G.A.
iR,oit.er-tson les a vus ~ l'oeuvre
• S.
~dr_
• • ~.
p_nd.n~
1o~a~-~p~
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p1.~.
d .
g r . n 4
c o m -
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c o ~ _ _ r ~ .
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_~~outUM~_
pD.~r
1 _
pr_t~qu_r
d _
*".o::on
g . . . . . . . . . . . 1 _
(1819:78)"


D~ns l'esp~ce
qui
retient
notre
~ttention,
seule
l~
sociét. ab@
est
intégrée
de
f~con ~u~si-exclusive ~ l'~ire de l~
Monnaie d'or,
aux cStés des sociétés ~nyi. b~wle, essum~ et ~buré.
;
L~ deuxième
~ire
de
domin~nce
est celle de la m~nille.
Trois sociétés
en
font
p~rtie
l~ société ~lladi~n, l~ société
odjukru et
la société neyo.
L'~ire de l~ monn~ie de fusil
constitue
la troisième
~ire
de
domin~nce
lui ~ppartiennent les sociétés
kwadia et
bete.
A l'aire du sombe se trouvent incorporées enfin l~
soci~tê kweni et, en p~rtie, l~ société bete (groupes septentrion~u:{
et orientaux> .
2.1.4.3.::.
Les ~i res d' i nterfèll"pn.ce
Dans les
espaces
frontaliers
de ces ~ires, deux ou plu-
sieurs systèmes
monét~ires
existent; on peut éventuellement y ~c­
quer1r des
es,~l~ves
18oyenn.:1nt l'une ou 1" ·autre monn~ie l
'.:e q'Ji est
i.possible dans une ~ire d'exclusivité ou de do.in~nce.
Tel est
le p~ys Ziki-Z~bi~-Guebie-Dèbw~~ l~ frontière de
l~ société
bete et de l~ société did~ (G~b~, Di~gnoa, Diaorelilié).
On ~chet~it
les
personnes
~vec
des fusils ~ssociés ~ux m~nilles.
Ainsi ~cquerr~it-on
les
escl~ves
concurremment ~vec des fusils et
des boeufs ~ux frontières des sociétés kweni et b~wle, ~vec des col~
et des
sombe
~ux
frontières
des
sociétés
kweni et m~linké, des
fusils et des boeufs sur l~ cSte neyo où se rencontrent Européens et
Afric~ins. Ainsi
les Abê-Khos commerc~ient-ils moyenn~nt l~ m~nille
et l'or ~vec les Odjukru
(45).
2.1.4.4. 5igni fic~tion de cette spé,.:i~l is~tion qéo9l~~phigIJe
Comment expliquer
cette
spéci~lis~tion
géogr~phique des
monn~ies et ces ~ires d'interférence?
Il f~ut
d'~bord
souligner
que ces ~ires corr2spondent ~
des conditions n~turelles déterminées d/ordre bot~nique, zoologique,
ou géolcgiq'.Je.
En effet l'~ire de la monn~ie de '.:ol~ gl~~vite ~IJtOIJ'~
du pays
bete septent\\'ional q'.Ji, du VoikoHAl) ;s'I'l.JI Z@blé ét;:'li t
d~ns notl~e
terrain le
princip.:11
producteur
de la nGix de col;:'l ;
l';:'Iire de l~
.annaie de
m;:'lnille
correspond
è
la régiQ~ des L;:'Igunes,
fortement
pe'.Jplë de
palmiers à hl.Jile
<EI~eis 9'..JIi1l1l'e;e'T"s.Ji.s),
produi t
pO'Jl~ leqlJel
sa vocation
fut
la
plus
prononcée
.~~
XIXèNe
siècle.
L'Ouest
forestier,
du
B~nd~.a
au
Cav~lly,
é~ait
la
gr~nde
p~trie
des
êlêphar.ts dont l' ;;,}b~ttage et le '.:ommer,i.:e ,:~j,:es .-:lents ont v~lu tl~ès tôt
à la Côte O',:'.:ident~le le nom de Côte-des-Delflts
: T~ndt KlJst p01J1~ les
Hollandais,
IvorY
CO.:1s~ pour les An91ais. La zone méridion~le de I~
for~t êt~it
réputée
pour
l'élev~ge e~ l';:'Iccy.ul~tion des bovins;
les r~~vi9~teIJl~S
ont ~t~estê '~ette p'~és'eT'lI.:e(jep'.Jis le XVIlème siè,.:le
pour le p~ys n~yo (46), depuis le XIXème siècle pour le p~ys odJukru
(47). Oe
même,
les
richesses en gisements aurifères du territoire
occupé par les sociétés ~k;:'ln est un fait suffis~mment connu
(48).

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H~is si le milieu n~turel ~ été une condition f~voris~nte,
~'est l'histoire
économique
et
soci~le
qui
permet de comprendre
l'i.port~nce exclusive ou rel~tive de ces monn~ies. L~ prépondér~nce
de la
monn~ie
d'or d~ns l~ société ~bê n'est p~s dGe à
l'existence
dè gisenleTlts
~IJl~ifèl~es
lO':~IJx. Il
f~IJt VOil~ d~ns les tl~~ditions de
commerce et
d'us~ge
de
l~ poudre d'or les effets de deux f~cteurs
~ssociés:
les
migr~tions ~nyi-b~wlé dont l'une ~ submergé les Abê
sur le
territoire
~ctuel
des Ndenye et dont
l'~utre ~ entr~îné un
____~~~nsf~rt de _ pouvoi~__ politiq'Je d~ns le MOI~iêl~IJ. M~is il est pel~mis
de penser
qlJe
•.:es--traditions-;:ïtte-s-tëes -d~ns les l~g'Jnes ~IJ:< XVIIe
siècle pr~exist~ient chez les ~utochtones :
les immigr~nts du XVIIIe
siè..::le p~r lelJl~ ri •.:hesse n'ont f~it qlJe les développel~ à unI? éd-relIe
nouvelle en rel~tion ~ve'': les An.."i-B~wlé.
D~ns l'Ouest forestier,
l'~b~tt~ge des éléph~nts! bien que
production coopêr~tive
et ,:omple~{e (':~I~ ::::el i
OIJ ::::-::11 i
ét~i t
IJn piège
à
fosse),
~vait.à l'ol~igine des l~ésIJlt;:Jts limités,
ol~ientés vel~S l~
conso••ation ~lilDent~ire
et
ostent~toil~e,
les dents sel~v~nt ~u m~
riage, ~
l' instrIJI"ent~tion
m'Jsi,:~le, à
l~ ,:onfe,:tion des sièges et
des parures.
Au
XVllème
siècle,
les popul~tions de l~ngues kru et
~vik~m qu'êpouv~nt~ient encore
les
~rmes
à
feu éch~nge~ient les
dents d'êlêph~nts
contre
des
b~ssins de cuivre,
des m~nilles, des
b;:Jrres de
fer
ou
des
tissus,
cepend~nt
que celles de B~ss~m et
d' Issini ~chet-::lient
des
fusils ~vec de l~ poudre d'or
(49).
Ce fut
~u XVIIIème
siècle,
comme
le
récit
du Chev~lier des M~rch~is le
laisse percevoir
(1730:204)
~près
ceux
de
J.Godot
(1704)
et de
Loyer
(1935:180)
que
'les
choses
ch~ngèrent r~dic~lement, que les
fusils entrèrent
en
qu~ntité
d~ns
le
commerce
de
l~
cSte
occident~le et
que,
renforc~nt l'effic~citê technique et le pouvoir
social des
chasseurs-guerriers,
ils
permirent
d'-::Ib~ttre
p~r
conséquent plus
d'éléphants,
de
f-::lire
plus
de
captifs
et
d'-::Ilimenter d~v~nt-::lge l~ tr-::lite d'escl~ves.
A 1-::1
fin
du
XIXème
siècle,
on
pouv~it
trouver
les
équivalences suiv-::lntes

a,.,;;
265
TABLEAU 10
EQUIVALENCES IIVOIRE/FUSILS EN PAYS BETE FIN XIXe s.
SOURCE
PAYS
LOCALITES
ARTICLES
NOMe·RE DE FUSILS
EQUIVALENT
Gbalebwo
Dakoyol
1 dent
= 4 fusils + poudl~e
~
(Gagnoa)
Seriyo
Guibwo
UP1.JYo
1 dent
= 5 fusils,
1 b~ril
(Subre)
de poudl'e,
1
1
i
sachet de pierres
f
:seri
Ikedwo
1'~bradjI.Jye
1 gl'osse
= 7 fusils,
1 b~l~ill
50agncJn (A)
(BUyo)
dent
de pOI.Jdl~e
1
1
1:,/1/1977
1
1
Bl~eza
Zikpobwo
Sayo
1 gl~osse
= 10 fl.JS 1.1 s,
4
1
Gbagl.J <B)
<SI.Jbre)
dent
barils de poudl~e 1
25/11/1978
40 boules =1
flJsi l,
1 b;;:ll~ il
de ,=aoIJt-
de pO'Jdl~e
,=hoIJ'=
1
Si la
Manlile
était
une
monn~ie sur la côte depuis les
XVlIème et
XVlllème siècles,
c'est ~u XIXème siècle avec le boom de
l'huile de
palme,
qu'elle se circonscrivit autour des Lagunes,
zone
de peuplement
privilégiée
et surtout de mise en valeur rent~ble du
palmier à
l'huile.
Toutefois
il
f~ut penser que la difficulté de
son transport
a aussi
joué contre
l'extension de cette monnaie loin
d~ns le
centre-forestier au-del~ de G~gnoa ~ l'Ouest,
ef de Tyasale
~ l'Est.
Enfin,
comme les march~nds européens avaient introduit la
DDn,n'lie de
.anille
pO'Jr
facilitel~
le
'=OIlQler,=e
ave,= les peuples
cô1tiers 'et
lag'.Jnr.aires,
ainsi
les
m~u~,=hands lDalinké du Mahu et dlJ
WcI1"Odugu ... ont.
semble-t-il,
intl~oduit
le
sOlAbe
dont les peuples
f01l"es1tiers avaient
besoin
non selJlenlent •.:o••e
moyen d' é,=hange m~is
e~:Dre oCCIIa.e
_at:ière
première
pOU1~ 1.3 fabrication des i nstl~uments
·jJ1till.es iRns 1· agri.:ul t:Ul'e et: la ,=h~sse.
Quant: a'.Jx
ail'es
d' intel~fél~en'=e,
elles
,=onstituent
des
eS!P'aces où
se
.=onjoignent
des
é,.:onomies cOAlplément~il~es ; ~lliés
par les
.ariages,
les
pe'.Jples gènél~~1 ement: bi 1 i ngues y m~ni pu lent
<lIis:êtment:- les
systèmes
monèt~il~es
différents.
L' ~il~e
l~
plus
'=olllplexe paraît
@tre 1;;) ':ôte neyo,
gl~and débolJd-lê de l' ivoil~e, p~'y's
éleveur de
bovins,
pays
producteur
d'huile
de
p~lme,
limite
occidentale des
éch~nges
fondés
sur
l'or
plusieurs
obJets-
~onnaies s'y
superposent
:
fusil,
boeuf,
poudre d'or,
manille sous
la prèpond~rance de cette dernière.

P.-Ch. Rey nomme chaîne d'échange un système de liens ~ la
fO'fs pel~sonnel s
et
l i gnagel~s
q'J i
l~e lient SIJl~ le tel~l~ i to i l~e d'une
formation sociale
ou
d'une
formation
~
l'autre,
des
"camarades
d'échange" et
qui
assurent
de
facon régulière mais dissymétrique
l'échange différé entre lignages forts d'une région ~ l'autre
(50).
Si l'on
fait
abstraction
de l'hétérogénéit. des sociétés du Congo
précolonial dont
l'une
était un royaume,
le royaume de Loango,
des
chaînes se.blables
à
celles
que
cet auteur a décrites ont e>:isté
entre la
côte
ivoirienne
et
l'hinterland,
et entre les sociétés
forestières de la zone que nous étudions.
La ~otion de camarade ou plutat d'aBi d'échange réfère ici
à
une
couche
de
notables,
pl~omoteul~s d' éch.;Jnges,
et implique des
fonctions sociales,
économiques
et
politi~ues déterminées.
L'êbi-
ninzi, pour
les
Alladian,
est
un
aîné
~ocial,
un chef de cour
étranger appartenant
à
une autre localité ou ~ une autre société -
IJtu en
modjlJkl~IJ
(etJJ,
alJ pl.)
il est l'am i,
le ,.::as é'.::héant,
q'J i
se reconnaît
des
obligations envers l'hate et son lignage.
Chef de
gl~OIJpe domestiq'Je,
le
bhei
,.::hez
les
Bete,
est tOIJjOIJl~S IJn homme
marié, capable
d'héberger
et de nourrir,
d'assurer le stockage des
marchandises et
leur
transport,
personnage
riche
et
puissant,
capable de
garantir les avances,
d'obtenir le l~èglement des litiges
au bénéfice
de
ses
hates,
d'assurer
la sécurité des gens.
En ce
sens,
les
chaînes
relient
bien
des
hommes et des lignages forts
selon une structure dissymétrique.
A l'origine
de ces chaînes,
on trouve souvent des réseaux
d'alliances matrimoniales
dont
les
plus anciens ont accompagné la
mise en
place
des
villages
et
la formation des peuples.
Le chef
Anohi,
DJokuli
de
Brizobwo,
dans
le
Guideko
(Subre)
accompagna
l'explorateur G.
Thomann auprès d'un cousin,
Wanda de Gozrobwe,
dans
le Loblé,
pays
natal
de
s·:;)
mèl~e
,.::e
gIJel~l~iel~,
"mal~d"'land"
d'esclaves,
conduisit ~ son tour l'hate blanc à travers une série de
villages dont
Bakaku,
village d'un de ses beaux-frères,
sis dans le
BogUhé
Clssia)
(51).
Ces
chaînes
peuvent
aussi se fonder sur le
hasard des
a.itiés
personnelles,
étant
entendu
que
les
liens
d'a.itié acco.pagnaient
les mariages,
soit qu~ils fussent engendrés
p;:lr e'.J;-~, soit q'.J'ils les sus,.::itassent apl~ès ·:::O)~jJlP.
Voici ~
titre
d'exemples
les
r~seaux de camaraderie de
quelq~es promoteurs d'échanges ~
la fin dy XIXème siècle:
GBOHUN
I I de Upoyo,
dikp~ Kagnananko,
pays Guibwo
(Subre)
au Nord
Babere
Zegbeu,
du
vtllage de Koreayo,
pays
Oakijya
;:j1J
S'Jd : Gosso Keke'J,
dlJ vi 11 a.~e ;JI·e f.utubre,
pays Kwad i a j
~
l ' OIJest
Vuzo Zegbe,
du village de Ninifeerwa,
dikp~
Brekolo.
-
BALU 1 d'Okruyo,
dikpë Zikobwo
(Gagno~j
.:] IJ
N0 l~ d
Kwassi Gbegbesso,
du vilia~e ~e Gbekeyo .
GJJ i a
OIJ
Gue·~
;


D~ns les
éch~nges
entre
sociétés forestières,
l'éch~nge
différé peut
se
trouver combiner ~vec l'éch~nge direct.
Tel est le
commerce de
col~.
Un exemple : voici
les femmes bete du Zêble chez
l~\\~ ~mphyt\\~ion
êg~lement
I:.ete
dlJ
Yokolo q'Ji les hêbe\\~ge~it, les
nourriss~it, les
guid~it,
~uprès
des différents vendeurs de col~.
T~nt8t elles
payaient
en
wru9u
les
stocks
de
col~
mis ~ leur
disposition p~r
cert~ins producteurs, t~ntat elles consent~ient des
~v~nces ~
d'autres
producteurs,
futurs fournisseurs et ce,
sous l~
caution de -l'hate
;
éch~nge direct d~ns un c~s et éch~nge différé
dans l'autre
cas
s'articulent
ainsi au--fil de la même durée et au
sei n de la .~.e lo.~al i té dans l' i ntél~êt des mêmes agents.
La nature
des
produits
en
contre-p~rtie
·desquels
s'acquéraient les escl~ves. les moyens de transport et les distances
~ parcourir
nécessit~ient
p~rtols
l'utilisation des services d'un
personnel étranger
~
l~
p~rentèle et souvent rémunéré.
Quels sont
les conditions,
les modes et les t~ux de cette rémunération?
T\\~ois modes
de
rémunération
ont
été
appliqUées
rémunér~tion ~ l'~cte, rémunération à
l'étape,
rémunération au mois.
Les Bete
de
l~
fin
du
XIXème
siècle
rémunéraient la
cueillette des
noix
de
cola
et
les
diverses
opérations
qui
apprêtaient les
noix
pour le transport ~ longue distance.
Selon la
documentation recueillie
p~r
J.Zunon Gnobo le taux de rémunération
de cette
cueillette
est
fonction de plusieurs f~cteurs
l'~ge du
cueilleur
(les
enfants
recoivent
100
noix
quand
les
~dultes
recoivent 400>,
la
rel~tioR
de p~renté (1000 noix ~ux neveux),
le
volume de
production
(quand
l~
cueillette
est
importante,
le
cueilleur peut
se
voir
offrir
les
fruits
entiers
de
quelques
colatie\\~s.
La rémunér~tion
~
l'étape
concerne
le
transport
des
m~rchandirses. Les
femmes kweni et bete et les Abê rémunér~ient les
porteurs ~
l'étape
selon
le
poids des charges et l~ longueur des
dist~nces. Les
premières payaient généralement en n~ture en offr~nt
des bandes
de
tissu,
des ceintures,
des c~leçons, etc.
Zunon Gnobo
cite des porteurs que ces services de c~ractère féminin ont fini par
condamner à
l'émigration:
un certain BaU de Bhl~mê (Yokolo> adopté
par Kiple Nyugbu de Sapia
(Daloa),
un cel~t~in Goï de Gon~, client de
Zi~ Blê
Oreunu
de
Gable.
Les
Abê
ont
au
contraire payé leurs
porteurs principalement
en
espèce.
Par
étape
d'une
Journée
de
marche,
les "commerçants"
de GuessidJê cédaient trois manilles,
soit
vingt qlJatl~e mba, ,:' est--'::l-di\\~e tl~ois g\\~~J\\\\mes ':inq'Jante d' Ol~ OIJ 12 F.
En payant 6 F l'étape,
les commerçants de Gwabo laissent entendre ou
bien que
le
portage
dans le Sud revient plus cher ou bien que les
étapes dans
le
Nord du pays abê vers le Sud constituent des étapes
d'une demi-journée de m~rche (54).
Le problème de la rémunération au mois sur la longue durée
qui est
celui
du salariat se pose -'::l propos d'une catégorie de main
d'oeuvre utilisée
par
les
Alladian:
les Kru au sens générique o~


~---~-----
cette ~ppell~tion ethnique désigne ici les Krumen et les Neyo.
D'une
p~rt, les
tr~ditions
~ll~di~n
font
mention de c~notiers "krumen"
affectés ~
l~
gouverne
des
gr~ndes
pirogues
de
commerce et ~u
tr~nsport des m~rchandises sur les n~vires européens ; d'~utre p~rt,
Fi'elJl~iot de
L~ngle
en
1867
confil~me
l' emploi
p~l~ les tl~~it~nts
all~di~n d'un
personnel
ucroum~ne", en service d~ns les opér~tions
d'éch~nge en
p~ys
odjukru
et en p~rticulier dans le tr~nsport des
tonneaux d'huile
de
palme. Quel ét~it donc le st~tut soci~l de ces
KruMen ? 5~atu~ d'esclaves ? St~tut de s~l~riés ?
Il Y
a
~oute vraisemblance que c~s Kru n'ét~ient pas des
esclaves
s'ils
l'av~ient
été,
l~
tr~dition
l'eut
précisé et
Fleuriot de
Langle
l'eut
mentionné au moins une fois.
Le f~it est
que depuis
le
XVIIIe
siècle
les
Krumen du Libéri~ et de l~ eSte
d'Ivoire ainsi
que
les Neyo, avec un dynamisme exemplaire,
avaient
pris place
co.me
ouvriers
dans l~ division c~pit~liste dlJ tr~v~il
sur la
eSte
atlantique
tour
~
tour
matelots,
~uxili~ires de
navig~tion sur
les
n~vires
de
guerre et les navires de commerce,
techniciens du
ch~rgement
et
du
déchargement,
c'est-~-dire
au
passage de
l~
barre
dans
les
b~leinières
sur
mer et,
~ terre,
bQcherons,
macons,
dockers,
milices,
cerbères,
cuisiniers
ou
portefaix des
factoreries,
voire olJvriers agricoles ...
Disséminées
dans la plupart des pays c8tiers du Sénégal au Congo,
leurs colonies
laborieuses se
trouvaient
dans
la seconde moitié du XIXème siècle
rattachées aux
maisons de commerce d'Assinie et Gr~nd-Bassam. Leurs
contrats prévoyaient
généralement
un
séjour limité ~ deux ~ns, un
salaire variable de un ~ quatre dollars-marchandises avec rations de
riz,
de
viande ou de poisson, d'alcool et de tabac,
non compris les
c~deaux offerts ~ leurs chefs et ~ leurs parents
(55).
Les Kru employés par les commerc~nts alladian du milieu du
XIXème siècle font partie,
pensons-nous,
de ces émigrants ;
les con-
ditions de
leur
recrutement
et
de
leur travail sous le patronat
africain ne
s'écart~ient
pas
considérablement
de celles mises en
vigueur p~r
le
patronat
européen;
transporteurs sur terre et sur
lagune,
ils
assuraient aussi le passage difficile de la b~rre ; des
logements ~
loyers modérés pouv~ient les héberger dans les cours de
leurs e.ployeurs
(56),
quels
que fussent leurs effectifs,
même si
nous croyons leur nombre infime.
En 1901,
G,Thomann voit ~ S~ssandra
·=es éq'Jipes de Kl~IJ l~evenant de Lah'J, de .Ja'~qIJevi Ile OIJ As-,; i ni.: ·:3'...e'~
-des salaires en gin, étoffes,
t-:3b;;),~, flJsils et pOIJdl~e".
liais l' affllJx
d'esclaves,
dans
les
deux
dernières
décennies du
XIXème
siècle,
leur
utilisation
dans
multiples
activités et services,
leur coOt moindre,
ont non seulement ~ffaibli
-ais encore éliminé ce salariat kru d~ns l'économie alladian.
· C h e z
1 _ _
A11_d~.n_.
con.~.t_
1·.dm~n1.tr_t_'~r L.mb1~n
~r1
1~02.
eOM__
_ n
Q _ n . r . 1
~h_z
1 _ _
d~v_r._.
p_'~p1~d_ _
d _
1 a
1:" ... 0 ..... " ' .
p ....
• • 1 . r 1 • •
qu_1~onqu_ _ .
<1902:416) .


270
,
Po~r f~voriser
l~
p~ix
et
l~ sè~uritè des èch~nges, les
commun~utés ont
inst~~re
entre elles des rel~tions oblig~toires de
n~ture politique
et
religie~se.
Institution
des
détenteurs
d~
pouvoir légitime,
instit~tion
dont
les
effets
enveloppent
globaleMent les
~ommunautés
insta~ratri~es,
le~r fondement et les
~ianct"ions ~.~mées
de
leIJ'~
t\\~ansg\\~eSSiOTlI
dépendent
de pIJiss.;)n,::es
.~taphysiques et sacrées: les dieux et les ancêtres. Deux s~f~es de
ces relations
conditionnent les échanges
:
le contrôle des voies de
cOIIIIunication et ,jIJ tl~.;)fi·~ lié ;:IIJ;'~ sOlJveraill\\e"t'ès te\\~l~itol~iales d'lJrle
part;
les
alli~nces
qu'instituent
divers pactes
formels d'~~tre
part.
A ces rel~tions prescrites, s'~djoin"t' un type de rel~tions
politico-religie~ses impres~riptibles
les
inviolabilités
dont
jOlJissent les femmes et les étr~rlgel~s libl~es.
2.2.1.
Les sOlJvel~~inetés tel~l~itol~i.;)les ..:.. le ':OTltl~ôle des
voies ,::omn\\IJni,:ation et dlJ tl~.;)fi,::
Dans l'exercice
des
so~ver~inetés
q~e
les
sociétés
d~tiennent sur
les
territoires
qu'elles
ont
historiquement
d4limités,
les
é~hanges
trouvent
en
effet
trois
conditions
f~vorisantes:
le contrôle milit~ire des voies de comm~nic~tion, le
contrale religieux du tr~fic, le contrale juridique du mouvement des
_~..~.han9istes
sinon
.:jes
biens d' éd"l.;)nge.
L' t"listoi\\~e écorlomiq'Je de 1.;)
zone Côtière et l~gunaire illustre ces politiques.
S'il n'exist~it
p~s
ep
temps
de
paix une surveill~nce
or9~nisée et
permanente
des voies de communication,
rien de tel en
période de
'::onflit.
A ,:ette période,
.:::lIJ gré de lelJl~s ~ventlJl~eS, les
chasseurs et les pêcheurs d'élite ~ssur~ient cette s~rveill~~ce loin
des localités,
cepend.:::lnt
que
des
fr~ctions
se
rel.:::lY.:::lient
sYS.tfM;.atiqueMent SIJ\\~
les
fo,~tifi,::~tions
et
alJ:'~
alentolJl~S
des
vill~ges. Sur
l~ lag'Jne Ebrié, les river~ins odjlJkrlJ,
~IJ;< dil~es des
inforaateurs de Gbugbo,
exercaient un centr6le plus strict
: gr~ce à
leurs grandes
pirog~es
de
guerre,
les
jeunes
cl~sses
d'~ge
protégeaient leurs
compatriotes,
en par~iculier les commerc~ntes de
poissons,
,::ontre
l.:::l
pil~.:::lte\\~ie
des All.:1di~rl sO'Jpc;:ennés de '::.:::lpt'Jre'~
des femmes odjukru pour les revendre aux n~vires négriers
(H. Memel-
Fot@,
1980:3~3).
Oes rites
publics
renforC.:::lient
ég~lement l~ sécurité d~
tr4{ic,
soit
dire,.:tement
,.::omnle
sign;.11
in.:::l'.Jgur.:::l1
d' 'Jne s;;)ison de
CO••erce,
soit,
indirectement,
comme signal
in~u9ur;;)1 d'une s.:::lison
/je
P@'.:he.
Le premier
rite,
resté
célèbre
sur
1;;)
c8te orient.:::lle
dep',Jis le
XVlleme
sie,.:le,
.:::lv;;)it lie'J .:::lIJ dèbJut du mois de dé'.:embl~e.
Son but
?
P;;)cifier
l'océ.:::ln
et
rendre
heureuse
l~
n~vig~tion
cO••erci.:::lle entre
1~
eSte ivoirienne et la eSte d'or.
Officiait le
souver;;)in de
la
contrée
il
f;;)isait charger en effet une gr;;)nde

-.
2/1
pirogue d'offr~ndes de toutes sortes
vivres
("épiceries"),
p~rures
( "p i e l~ l~ es"),
i v 0 i I~ e
( ",.: 0 l~ n es" )
;
~ P l~ è s
qu' i l
e I.J t
Pl~ 0 non ,,: é
l ~ P l~ i è l~ e
propiti~toire,
l'équip~ge
rép~nd~it
les
offr~ndes
d~ns
l~
mer,
pren~it le
l~rge et se rend~it d~ns les différentes loc~lités de l~
ri4e occident~le de l~ CSte d'or
(Axim,
S~m~, ... ).
C'ét~it ~u retour
de l~
pirogue
que s'ouvr~it pour tous les
"m~rch~nds" l~ s~ison de
commerce;
celle-ci
se
termin~it
~u
mois
d'~vril,
juste ~v~nt
l'hivernage.
Un nouve~u voy~ge de l~ pirogue
"ench~nteresse" ferm~it
l~ s~ison de co.merce comme elle l'~v~it ouverte.
Il se.ble
que
ce
rite
décrit
par
Olfert
D~pper (57)
appartiennen~ aux Avik~m de l'époque du chef légendaire S~ccoo. Chez
les Alladian
qui
pr~tiquèrent
le même commerce ~vec l~ eSte d'or,
rien de tel. en sorte que l~ rel~tion entre le rite et le tr~fic est
chez eux indirecte.
Le culte de Kitr~v~, l~ B~leine, dont Bodo-L~dj~
donnait le
sign~l
à
tout
le
p~ys
n'ouYr~it
p~s
une s~ison de
commerce,
il
in~ugur~it
en
effet
une s~ison de pêche.
Or,
il est
logique de
supposer,
d~ns des sociétés et à
une époque où religion,
économie et
politique-
s'imbriqu~ient étroitement,
que
de
cette
prééminence religieuse
Bodo-L~dj~
~v~it
tiré un moyen de contrale
plus ou moins direct,
plus ou moins prononcé,
plus ou moins dur~ble,
sur le
tr~fic
non
seulement m~ritime m~is encore l~gun~ire. Cette
hypothèse de
Marc Augé que nous estimons vr~isembl~ble expliquerait
l~ suprém~tie
commerci~le
légend~ire
de
cette
localité,
~v~nt
l'~scension de Emokw~.
L~ dernière forme de contrSle soumet les éch~ngistes à des
droits officiels dont ils dev~ient s'acquitter av~nt d'entrer sur le
territoire d'~ccueil.
Les
textes
rel~tifs
~u
commerce
entre
Afri~ains et
_Européens
font
mention
de
deux
de
ces droits.
Le
premier droit
est
un
droit
d'~ncr~ge
en
1867,
les Européens
p~y~ient ~ux
All~di~n
huit once d'or p~r n~Yire, soit 256 gr.
d'or
ou 768
F;
pour les trente deux n~vires qui visit~ient les vill~ges
ch~que ~nnée, ces droits s'élev~ient à 8,192 kg d'or ou 24.576 F.
Le
second droit
est
un
droit
d'~tterriss~ge
mettre pied à terre
coQt~it à
chaque
membre
de
l'équipage une once d'or,
soit 32 gr.
d'or
(Fleuriot de L~ngle, 1868, XVIII:390).
Entre communautés
autochtones
intervient
un
troisième
droit,
en
vigueur
t~nt
sur
la cate Est que sur l~ cate Ouest,
le
droit de
passage.
A
l'Est du B~nd~m~, ~u milieu du XIXème siècle,
obligation était
faite ~ux Odjukru et aux Kyaman désireux de vendre
directement leurs produits sur le littoral d'affrêter,
en des termes
et à
des
t~ux mal connus, des pirogues aux courtiers alladian qui,
eux,
les
tr~nsportaient
et les échange~ient sur les navires contre
des m~rchandises
de traite de le'~~ préférence
(58). Dans le c~s des
Neyo-Kebe qui,
à
l'Ouest,
vers la même époque ou plus tardivement,
selon une
tr~dition
de
Lateko
(59),
empruntaient le fleuve Gném~,
monopole des Neyo-Gbokra,
pour s'approvisionner en main d'oeuvre,
on
ne s~it
pas
quels
étaient
la
nature
et
le montant du droit de
p~ssage imposé.
Affrêtement de même type que le précédent ? Pé~ge en
nature ou en espèces ? Ou bien une composition de frêt et de péage ?
Aux recherches
ultérieures
de résoudre ce problème qui paraît être
posé non en période de paix mais dans une conjoncture de conflit .
.~~._------_._---


2.2.2.
Les ~lli~n~es
Les p~ctes
qui
ét~bliss~ient les ~llian~es offrent trois
':i)l~~,::têl~i s t i ql.Jes essent i e Il es .
0' ~bOl~d,
ils
l~eposent
sl.Jl~
l.Jne
lnfr~stru~ture m~térielle
~omposée
d'éléments
hétérogènes,
~ux
significations diverses
et
~ux
v~leurs
hiér~rchisées, depuis les
m~téri~ux physiques
(e~u)
jusqu'~ux
êtres
hufuains
(es~l~ves) en
p~ss~nt par
les
~nim~ux
domestiques
(ch~ts, ~~bris, boeufs),
les
~=prod'-lits~vivriet:'s
~~p~nle'l"lt,
hl.Jile
de
p~lme)
et
les
pl~od'.Jits
artis~naux (pagnes,
bal~is,
v~s~s -de terre>.
Ensuite,
ils sont des
processus for.els
et datés.
Enfin,
parmi les opér~tions symboliques
qui les
constituent,
la
p~role
s~cramentelle
est dé~isive, elle
engage les parties contractantes et rend leur eng~gement justi~i~ble
des dieux
et
des
anc@tres.
Effets
de
~es p~~tes, les ~lli~n~es
consistent en
des
relations
d' identific~tion
symbolique,
plus ou
moins intégrale
et
plus ou moins définitive,
qui
impliquent,
entre
les communautés
inst~ur~trices, l' inviol~bilité des personnes et la
résolution des conflits par l~ procédure con~iliatoire.
Trois genres
d'alli~nce
peuvent
être ici relevées
: les
allian~es de
p~ix,
les allian~es de guerre,
les unes et les ~utres
facteurs indirects
de
sécurité
cornmer~i~le
et
les
~llian~es de
commerce proprement dite.
2.2.2.1. Les ~lli~n':es du pl~emiel~ grol.Jpe.:... les ~lli~n':es
de pab·~ ,=omme fa,=teu\\~s
de SéCU1~ité '::ommel~,::i~le
Dans L' ol~g~nis~tion so,:iale de~ p_~_d,,! (60),
Emm~nuel Tel~l~ay
f~i t
1 a
dis-ti n,=tioTL,
pal~m i
,::es
a Il i ·;ITt,:es
'::l~éées pa\\~ 1 es tl~~ i tés
instaurant l~
p~ix
et
l~
non-agression,
entre,
d'une
part les
allian~es f~ibles,
fondées
sur
le
sa~rifi~e
d'un
animal et qui
n'excluent ni
mariages
ni
possibilité de guerre,
et,
d'autre p~rt
les allian~es
fortes,
fondées sur le s~~rifi~e d'un être humain et
qui ex~luent
les
mariages
et les guerres.
Toutes les so~iétés ici
offrent les
deux
degrés
de
l'allian~e avec des modalités plus ou
moins identiques
de
pa~tes, ~omme nous le révélions d~ns une étude
déj~ an~ienne (61).
a/ Les alli~n~es de pai:< faibles
Selon l~ mod~lité qui y ~onduit,
deux espè~es app~raissent
dans les
alliances de p~ix f~ibles : l'une,
fondée sur le s~crifice
et l'inhumation
de l'~nim~l, l'~utre, fondée sur le sa~rifi~e et l~
consommation de l'~nirnal.
C'est gr~~e,
génér~lernent,
~
l' intercession d'un~iers,
ql.Je les
villages
belligél~ants,
autl~efQis,
suspendaient
les
hostilités et
concluaient
une
p~ix
à
l~
frontière
de
leurs
territoires.
Ce
jour-l~
chez
les
Abl,
après s'être installés ~
égale distance
des
médi~teurs, les deux camps d'abord échangeaient
des gages
perpétuels
: ch~cun livrait ~ l'autre une personne vêtue
d'un pagne
d'~pparat,
Viennent
ensuite l'audition des p~rties sur
les circonstances
du conflit et
l'~rbitr~ge ; à l~ p~rtie qui avait

tort oblig~tion
ét~it f~ite de fournir l'~nim~l de s~crifice : ici,
un ch~t,
bête
~ristocr~tique
et
sorcière,
substitut
de
l'être
hum~in. Enfin,
d~ns un trou,
l'~nim~l ét~it enterré vif, comme pour
préserver s~
vigil~nce
sur
le p~cte politico-religieux.
P~r trois
f&Jis,
l~
m'Jl ti bJde
pO'Jss~it
des
~',:'.:l~m~tiorls
d' ~ppl~ob~tion
et
d' IJni té.
A l'intercession
du vill~ge ~bê d'Off~, sous l~ chefferie
du gblemgbi
Su mu ru
Gbegré,
un
p~cte
d'~lli~nce
de cette espèce
aur~it
été
conclu
~---l-;za ~R-ivière dit dl.J '.::h;at, -Aflëmzobl~e, entl~e les
Krobu d'Abude
et
les
Anyi de Bin~o, deux ethnies g~rdiennes de l~
piste de commerce qui conduit ~ Tyasale (62).
Il peut
arriver,
tel
est
le
cas chez les Bete,
que le
vaincu offre
la
paix,
portée
par un neveu utérin,
descend~nt des
filles du
village
Mariées
~u
village
des
v~inqueurs,
figure
symbolique et inviolable de l'~mbassadeur. Il se présent~it ~rbor~nt
les signes
de
sa
mission : un rameau de paix,
un coq blanc ~u cou
(symbole de
la
force
virile vaincue et offr~nde pour le s~crifice
unific~teur), des
bourgeons
de
palmier
(pépinière
de
vie)
il
subiss~it des
épreuves d'humiliation et reven~it ~vec l'~ccept~tion
de l'offre
de
p~ix.
Après
les compensations réciproques pour les
pertes en
vies humaines,
après la r~ncon et le butin,
avait lieu la
f@te de
la
p~ix
au
village
des
vaincus.
L'animal du sacrifice,
chèvre ou
bélier,
chez
les
Bete,
cabri ou boeuf chez les Kweni,
ét~it leur obligation;
un serment accompagnait le partage en deux de
l~ bOte,
la partie antérieure,
prééminente,
revenant aux v~inqueurs,
l~ p~rtie
postérieure ~ux vaincus
;
la consommation de cette viande
achev~it l'~pparentement
symbolique
des
belligér~nts
(63).
Ainsi
furent liées
au
sud
du pays kweni,
les peuples Bende et Nag~dwa ;
liés ~'Jssi (64)
~IJ s'Jd d'J pays bete,
les Bete-Gu-ibwo et les Bakwe /je
Liliadji.
bl Les ~lli~nces de p~i:< fortes
D~ns les
idéologies,
l'effic~cité des ~lliances ci-dessus
décrites repose sur le symbolisme hum~in dont sont porteurs les ani-
.aux sacrifiés.
Le fait est que la procédure des ~lliances fortes se
révèle identique,
~ cette différence qu'une personne est s~crifiée,
co••e l'illustrent les exemples neyo et odjukru.
A l'origine
de
l'alliance neyo,
on trouve une lutte pour
le contrale
de
la
mer
que l'avènement du commerce européen ~v~it
''::OftlMen•.::é J;a vJ3110,~ise"
OIJtre meSIJl~e. A sept génél'ations en ~mont de la
généalogie de
Dj~~~dja-D~kpe Zahi
(né
vers 1910>,
l'évènement se
si ttJera i t
.;)fJ
déblJt
d'J
XV III ème
si è,: 1e .
A
1 ~ su i te d' IJn pl~em i el~
affronteMent ~u
cours
duquel
le chef ~iya de Gbokrê fut capturé ~
Galekoté p~r les I~grokp~ (Ahorokpa-Dagbego>, celui-ci dut offrir sa
fille,
Wiya-Oj~dja,
~u chef Gbléo, pour consacrer un pacte de p~ix.
lors d'un
second ~ffrontement, la fortune ayant ch~ngé de c~mp, les
I~grokpa, v~incus,
cédèrent
un
escl~ve, Owri, qui fut mis ~ mort,
part~gé en
deux
(l~
tête
réservée
~ux
v~inqueurs, le corps ~ux
vain''::'Js)
et
entel'ré
a'J
bOl~d dlJ fleuve,
pl~ès du ,.::o,.::otiel' ZE, Cette
alliance ratifia
la
suprématie
des
Gbokrê,
en
rétabliss~nt
la
sécurité du co.merce sur le fleuve et sur l~ mer.
I(


. ,11
Les tr~ditions
odjukru
de
même
nous ont déjà révélé ~u
Moins deux
~lli~nces de cette espèce
: ~lli~nce de Dibrm et AklodJ,
conclue ~u
Site-de-l~-Termitière et ~lli~nce de Lokp et Usr conclue
a~ Bosq'Jet-de-l' Homme
(p~l~t~gé-en-de'J:d
(Meme l-Fotê,
1980: 358).
Q'Je
ces ~lli~nces
~ient
un
c~ractère str~tégique pour le commerce,
il
suffit de
r~ppeler
l~
géogr~phie économique pour s'en conv~incre.
Les AklodJu
constitu~ient
un
pays de tr~nsit vers les territoires
ab@ et
anyi; par Dibrm,
ils ~ccéd~ient eux-m@mes à
l~ l~gune et ~u
littoral alladian
comme p~r Lokp les Odju~ru pouv~ient ~tteind\\~e le
pays abidji
et. au-delà,
Ty~s~le. Sur les pistes de Bécédi,
en p~ys
abidji. et
de Tyasale, en pays b~wle-anyi. les Olokpu et les Ewusru
pouvaient se
Mettre
en
tr~vers
l'une
de
l'~utre,
organiser
eMbuscades et guérillas: or l'~lliance conjurait à
l~ \\~~,=ine tO'Jtes
ces Menai.:es.
2.2.2.2. Les ~lliances dlJ deuxiè.e genre
de g'Je\\~re
Est alli~nce
de guerre l'~lli~nce qui solid~rise des vil-
lages ou
des peuples non seulement pour l~ norm~lisation des rel~ -
tions conflictuelles
p~r l~ procédure conciliatoire,
m~is encore et
surtout pour
l~
défense
contre
les
ennemis extérieurs. Les Ni~,
fédération de
cinq
peuples Kweni qui se b~tt~ient sous l~ conduite
d'un seul chef de guerre
(Quliz~n), voil~ une alliance milit~ire.
Faute de
précisions historiques nécessaires à
l~ confec -
tion d'une
carte
d'ensemble
de toutes les ~lliances de paix et de
guerre,
l~
carte
régionale qu'~ établie Cl. Meill~ssoux (1964:240)
pour la
société
kweni ~ la fin du XIXème siècle révèle deux f~its.
En premier lieu,
deux réseaux serrés d'alliances reliaient entre eux
les peuples
de
la
s~vane
d'une
part
et les peuples de la forêt
d'autre part
en second lieu,
l'~lliance entre les Bron ~u Sud et
les Kuhon
au
Nord
permett~it
d'~rticuler
les
deux
rés?aux.
La
conséquence,
c'est
que de pro6he en proche les échanges de la forêt
~ la
savane
ne
pouvaient
être
ni
totalement
ni définitivement
ro~ues à aucun Moment.
Hais si
les
alliances de p~ix et de non-agression furent
rtécessaires, elles ne flJI~ent pas s'JffisalTlt'espotJr les éd-'':lrIges : les
alliances de COMMerce apportent directement en effet la sécurité des
déplaceMents que
procurent les précédentes et la dimension qui leur
lIll'9nqlJe : la l~èg'.Jlarité des pl~o,:èdIJl~eS de t\\~~nsa,=tion.
2.2.2.3. Les
~lli':ITI':es du b~o.is:iènn! Qenre _
les allian,:es
de '':ORlmel~,:e
Dans ce
domaine,
les
~lliances
fortes
ont
ceci
de
particulier qu'elles
se nouent entre commun~utés étendues,
qu'elles
se fondent
sur
des
pactes
de
sang
et que leurs viol~tions sont
censés s'accompagner
de
malheurs
publics
au
contraire,
les
alliances faibles
engagent
de petites comMunautés,
sans procédures
sangl~ntes, et
entr~înent comme pénalit~s de leur transgression des
souffr~nces individuelles qui vont,
afflr.e-t-on.
jusqu'~ la mort.


".-:-#
275
Elles concernent
les
équip.::lges
et
les
rtgn::lges .
.::lI Entre éguip.::lges d'éch.::ln9istes .::lfric::Iins et églJip::lges de
n.::lvi l~es m::ll~,~h.::lnds
elJl~Opéerls des l~i tes glJ' évoguerlt Neyo
. et .-All.::ldi::ln nou.::lient ~ ::Ill i::ln,~es
1 · . _ u
d .
Mer
_~
s · . f t
J-~~-
_Ur
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qu~
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c _ _ .rm_n1:'.
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.UM-Ift.m._
q ..... ncl
q U _ 1 q u _
c h a s .
cI:l._r.1:'
"" .... ·:1.1.
..... :1. . . . :I..n't:'
1 .
c l .
cro~r.
q U · : l 1 _
cr.~Qn_n1:'
1#_~~_1:'
cI_
1#~Mpr.c_1:':lon q u e
c_1:'1:'.
e . . . . . mon:l. • • :l.gn:l."':1.."
(1730:179).
Tel ét::lit le p::lcte conclu ~ l'e::lu de mer,
et dont d'.::lutres
::Iuteurs ont
f::lit
mention
::lU
XVII
et
XVlllème siècles
(65)
le
p::lrten.::lire vers::lit
une
poignée d'e::lu de mer sur l'org.::lne de vision
et de direction
1::1 tête,
le front,
ou les yeux.
En premier lieu,
il s'::Igit-l~ d'un p::lcte muet,
tout entier
gestuel et
s::lns p::lrole,
que les peuples cStiers,
de l'Ouest ~ l'Est
avaient imposé
aux
Européens
qui
s'y ét.::lient pliés sous peine de
perdre le
tr.::lfic. En deuxième lieu,
loin d'être unil.::ltér.::ll comme le
laissent penser
cert.::lins
des
.::luteurs
évoqués,
ce
rite
était
bilatér::ll ainsi
que
1'::Ittestent O.D::Ipper et un vOY.::lgeur anonyme du
XVIIIe siècle
(66).
En troisième
lieu,
l'usage de l'eau de mer ne signifi::lit
pas que l.::l mer avait un car~ctère divin ou qu'il s'identifiait à une
déité selon
l'interprét::lt~on de
John
B::Irbot. Cette e.::lU constitue
d'::Ibord un
matéri.::lu,
qui entre comme boisson dans d'autres pactes.
Ensuite,
elle
est
pour
les
v::lisseaux
marchands un lieu où et un
objet de travail sur lequel s'exerce la pêche spor::ldique pendant les
longues traversées.
Enfin,
et
surtout,
l'océan est vécu comme un
s::lnctuaire,
habitat
de
dieux
auxquels
les
peuples adressent des
offrandes et des prières
(A.Robertson,
1819:85). A ce dernier titre,
il devient
le
médium de multiples sanctions que les divinités sont
censées infliger
::lUX p~rjures
n~ufr~ge,
folie,
cécité ou ::Imaurose
selon que la poignée d'eau de mer sa~r~mentelle a coulé sur la tête,
sur le front ou dans les yeux.


En qU'Eltrième
lieu,
le p'Elcte et l'~mitié que cet uS'Elge de
l'e'El1J de
mer inst'Elur'Elit rest'Elient ponctuels,
v'Ell'Elbles le temps d'un
é,~h'Elnge,
renouvel'Elbles et renouvelés ~ ch'Elque rencontre.
,?
b/ Entre lign'Elges
Entre les
lign'Elges
les 'Ellli'Elnces ét'Elient nouées p'Elr deux
pactes de
complexité
croissante
le
p'Elcte
de l'El boisson d'eau
douce, et le p'Elcte de l'El ronde.
La boisson d'e'Elu douce pouv'Elit chez les Odjukru et les Abê
p'Elr exe.ple,
servir
d'ord'Ellie
d'Elris l'El recherche de l'El vérité.
Tel
est le
C'ElS
d'Elns les soupcons d''Eldultère.
M'Elis boire de l'e'Elu s'Ellée
et pimentée
après
un
serment
de
mutuelle
protection
conclu'Elit
ég'Ellement une
'Ellli'Elnce
entre individus et lign'Elges.
L'El s'Elnction du
parjure ét'Elit
'El lors
une forme de destruction p'Elr l'e'Elu
: di'Elrrhée,
nOY'Elde,
inond'Eltion.
O'Elns l'El culture odjukru,
cette mod'Ellité du p'Elcte
d''Ellli'Elnce p'Ell"aît
si
pl"imitif qlJe tOIJt p'El,~te, sinm
(m'Ell"i'Elge,
p'El,~te
milit'Elire), s'identifie
encore
aujourd'hui ~ un p'Elcte de boisson;
on dit toujours qu'il
"est bu".
Le pacte de la ronde comporte qU'Eltre moments chez les Abê.
Sur le
chemin
qui
conduit
'ElU
vill'Elge,
les p'Elrten'Elires d'éch'Elnge
apport'Elient des -objets
d'us'Elge
leur
~pp'Elrten'Elnt pour composer le
matériel du
rite
; piment,
huile de palme,
e'Elu,
dents d'éléph'Elnts,
etc.
Ils pouv'Elient ensuite creuser un trou pour y enfouir toutes ces
choses;
plus simplement,
ils les dépos'Elient en t'ElS pour constituer
IJn IS'El'~I"IJm",
oshlJ.
L'lJn 'Elpl"ès l''El'Jtl''e,
ils f'Elis'Elient le tOIJl" de '~e
t'ElS ou
de
ce
trou
et
prononC'Elient
le
serment
de
se protéger
mutuellement.
Telle
fut,
en p'Elrtie,
la prcicédure du pacte ~ncestr'Ell
qui li'El le vill'Elge 'Elbidji d'Elibu 'ElU vill'Elge odjukru de Y'Els'Elkp
(67).
O'Elns le
t'ElS
ou
le
trou,
les
objets
se
mêlent
et
symboliquement Ifr'Elternisent"
comme
leurs possesseurs
; en faisant
la ronde 'Elutour d'eux,
ch'Elcun recoit des objets de l''Elutre "un feu",
disons une
irr'Eldi'Eltion
mét'Elphysique
qui
forme
une
tr'Elce en son
corps. En
cas de p~rjure, ces tr~ces provoqueront des ~ffections en
rapport avec la nature de ces éléments:
brGlure d'estom'Elc
(piment),
érythème ou lupus (huile),
folie bruY'Elnte
(olif'Elnt),
di'Elrrhée
(e'Elu).
Un tel pacte avait lié des Abê et des Anyi
(68).
Un lign~ge hérit'Elit
de l''Ellliance
nouée p~r son chef.
Les vill'Elges d'Elibu et de V'Els'Elkp
ci-devant évoqués
ont
hérité
de
l'alliance
de
leurs
aieux
respectifs,
Ndja et Adjeb.
cl Entre Qroupes loc'EluX
Entre groupes
locaux
une
embr~ss'Elde
pouvait
conclure
l'alli'Elnce de commerce.
J.Eysseric,
l'explor~teur fr~nc~is, r'Elpporte
deux de
ces
alliances
la premi~re nouée entre son convoi composé
de B'Elwle
et les Kweni de Zandjê,
l'El seconde conclue entre les mêmes
Bawle et les Kweni d'Elengué
(1899
: 88),
..


A ZandJê,
le pacte eut lieu dans la forêt,
au milieu d'une
clairière. Un
siège en bois sculpté,
vraisemblablement propriété du
chef,
réceptacle par conséquent d'une §me ancestrale,
fut installé;
~evant le
siège,
les
Africains,
autochtones
et
étrangers,
prononcèrent le
serment
d'inviolable
amitié
;
enfin,
suivant la
coutume de
l'embrassade
kweni qui remplace la poignée de main,
les
partenaires se
touchèrent
réciproquement les coudes,
et scellèrent
d'une manière
physique
la
solidarité.
Pacte
local,
le rite fut
renouvelé à Elengué,
autre village kweni.
Que de telles alliances fussent précaires,
on le voit è la
rapidité avec
laquelle
la
première fut rompue et restaurée,
et au
coOt modique
de
sa
transgression.
Avant même que les étrangers ne
quittassent le
village
de
Zandj@,
un
membre du convoi qui avait
perdu sa
machette
fulmina
une
imprécation
contre inconnu.
Cette
rupture de
l'alliance
religieuse
pour
un simple délit économique
proyoq'.J.:I l' indignation
gênél~ale
des Kweni et la désel~tion I.::omplète
du village.
Après
de difficiles négociations,
Koffi fut condamné è
payer un
pagne
pour
le
chef
du
village,
reçut une poule noire,
sacrifia celle-ci
après avoir prononcé une déprécation au lieu même
de la
malédiction
et recouvra sa machette.
Voilè comment la faible
alliance évanouie retrouva vie.
Alors que les alliances fortes de paix reposent,
ici comme
chez les
Dida,
sur
l'immolation
d'êtres
humains ou d'animaux de
substitution,
les
alliances
fortes
de
vocation
commerciale
se
fondent sur
des
pactes de sang,
soit au sens propre
(sang humain),
soit au sens métaphorique
(sang animal>.
Au sens
premier,
le
sens
propre,
c'est le sang que les
partenaires se
lèchent réciproquement, sur le mode anthropophagique
de 1.:1
transsubstanti~tion
et de l'identification quasi-biologiq'Je,
c'est ce sang qui fonde le pacte du même nom.
Georges Thomann,
dans
sa relation De la Côte d' Ivoire ~
Soudan Francais
(1903),
dél'::l~it del.J:.~ p.:ll.::tes de ,.::e type •.::on,.::lIJs enb~e
les Neyo
de
son
convoi et le guerrier bete,
Wanda,
du Lobwe d'une
part, entre
l~s
.@mes
Neyo et le guerrier Gbeuli de Daloa d'autre
part. Le rite consistait pour les deux principaux représentants è se
tenir le
bras d'~oit l'lJn de l'alJtl"e è halJteul~ dlJ ',::olJ/:Je, è SIJbil~ 'Jne
incision à
,.::haq'.Je poignet et è se lé.:her l~él:ipl~oqIJement le sang qlJi
en ,:ol.Jle «9).
En 1945
encore,
on
retrouve
la
même
structure è deux
élé.ents près
et
le
même
sens
du rite précolonial dans le pacte
d'alliance que
nouèrent,
au
nom
et au bénéfice de leurs groupes,
Gnopru Libré
de
Kwati,
d'ethnie
kwadia,
et le chef Bre Etchré de
Seriadji, d'ethnie
bakwe.
Les deux promoteurs avaient plongé leurs
pieds dans
une
fosse;
furent ensuite incinérés de vieux balais et
des variétés
de
nourriture,
produits de la culture humaine ; ~ la
cendre fut
mélangé
le sang des deux hommes
; enfin chacun léch~ de
l'autre en
lui
jurant fidélité et protection ce sang mêlé de cendre
(70).

M~is ~u lieu du s~nq hum~in des ~cteurs, on peut trouver ~
l'oeuvre,
d~ns
le
p~cte,
le
s~ng
d'un
~nim~l domestique.
C'est
encore G.Thom~nn qui,
d~ns l~ même rel~tion,
cite trois ~lli~nces de
s~ng symboliques,
p~ssées
entre
les
Neyo
de
son
convoi
et
(uccessivement les
Bete-G'Jidêko,
les Bete-Bobwo et les Bete-Sokuy~.
Historiquement, deux
éléments rendent ~nomiques ces évènements
il
y ~
d'~bord l'Européen,
étr~nger r~dic~l p~r l~ culture et l~ r~ce,
~ l'~pp~rition
et
sous
les
~uspices duquel les ~lli~nces ét~ient
nouées
il
y
a
ensuite
l~
dist~nce
géogr~phique sép~r~nt des
peuples qui
ne s'ét~ient j~m~is l~encontrés et ne se seraient p~s de
sitSt rapprochés
hors
de
cette occurrence,
les Neyo et les Kweni.
Mais structurelleMent,
la
rel~tion
que cet auteur f~it du premier
pacte fournit
les
terMes et les modalités essentiels de toutes les
ail i an/~es .
.. GuS,d_ko. :1.1
pra~~1:'_r
d _
u ...
Mou1:'aTi
u ...
1·~0.p:l.~.1:1.~.
p . . . . d . . . . ~
G:Ogu~bCJ"'o.
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~.
n·.cc_p1:'.~
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c o n v _ n u
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p o u r
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pr_c::I.",,:I.~.ren~ _ ... r
. 1 1 . _
d_gaO~_n~
m _ 1 _ n g .
d .
m .... 't:'u_11_m_n1:'
1 _
n u q u _
1 e
d a _ .
-f' ... ~
..... r • •
m . 1 6 .
g . n " r _ 1 _ • • coomp_gn._~
Qomm_
't:'o ..... 't:' • •
1 _ _
m.n:l.~_ _ 't:'.1:':l.on_
d __
No:Lr_.
cI_
~r:l. _ _ 't:'
cI_
h u r 1 _ m _ n - t : _ .
.,J·.mp1CJV.:s.
1 .
d ...
1 e r
_ _
pr."t:'
_
~ . c 1 . r C ' t n " t : '
m_~:I.n".
(G,Thom.::lnn,
1903:9> .
Contr.::lirement.::lu
p.::lcte de s.::lng littér.::ll et .::lU p.::lcte de l.::l
ronde,
m.::lis
~
l.::l m.::lnière des p.::lctes de boisson et de l'embr.::lss.::lde,
le serment
qui
énonce
les termes de cette .::llli.::lnce précède ici l.::l
consécr~tion,
Or
l'effic.::lcité
du rite consécr.::ltoire réside d.::lns l.::l
signific.::ltion des
deux
premiers ingrédients,
le p.::lgne intime et le
feu qui
viennent
compléter
et
renforcer
l.::l
signific.::ltion
du
troisième élément,
le sang du coq.
Le sang du coq,
c'est le symbole
de la
force
virile,
associée ~ l'intuition du temps
~ travers le
pagne,
p~rtie
de
la
richesse
soci~le, circule la sacralité de l.::l
femme,
s~cralité .::lccrue par le mari~ge et l~ m.::lternité et fondée sur
le se:·:e féminin,
lui-même silo et pépinière d.e vie.
AIJt\\~e symbole de
vie,
le
feu
manifeste
la
puissance
de destruction créatrice qui
produit l.::l
cendre
~ppiiqué
~
des points nod~ux de l'organisme
telle l~
nuque,
un lieu de forces,
le mél~nge de sang ~t de cendre
opère l'identific~tion symbolique
des commun~utés instaur.::ltrices ~
tr~vers l~
virilité
.::lnimale
et
l~
féminité
humaine.
L.::l vie,
l~
fécondité,
l~
force
et
l.::l
richesse,
voil~
les
bienfaits de l.::l
fidélité ~
l'~lli.::lnce
l~ mort p.::lr une espèce d'~mok (coq> et p.::lr
l~ consum~tion
(feu>,
voil~ l~ r~ncon du p.::lrjure (71).

280
Aux trois
genres
d'~lli~nce
que nous venons d'~n~lyser,
une prescription
ét~it essentielle et commune
: l'inviol~bilité des
personnes ~lliées.
Or
il
est
des inviol~bilités imprescriptibles
d~t bénéfi,~i~ierlt les
femmes
et
les
étl~~rlgel~s
libl~es. Erl q'Joi
consistent-elles?
Quelle
est
leur
portée
?
Quelle
est
leur
signifi,~~tiorl ?
_2.2. :L--Lesi rlvio l~bi 1 i tés i mpr"es'~l~ i pt ib 1es
L~ notion
ici
l~rge
d'inviol~bilité
ne
contient
p~s
seulement des
dispositions
nég~tives <interdiction de violence sur
la personne,
interdiction
de
mise ~ mort),
elle subsume ~ussi des
dispositions positives
qui
concourent
~
préserver
l~
vie et l~
dignité des
personnes
dans
les
sociétés en c~use <oblig~tions de
l'hospit~lité, de
la protection et de l~ justice). L~ jQuiss~nce de
ces dispositions
culturelles qui fonctionnent comme droits pour les
bénéficiaires et comme devoirs pour les ~utochtones se fonde non p~s
sur des
conventions
expresses
et
d~tées,
m~is
plut8t
sur
des
principes idéologiques
imm~nents
aux visions du monde.
Telle ét~it
l~ r~ison
de
lel.Jl'" impl~es'~l~iptibilité.
Orl y disting'Je dew·: fOl~mes :
l~ forme
absollJe
dont
bénéfi,~ient les femmes et la fOl~me l~el~tive
que conn~issent les étr~ngers.
L'inviol~bilité des
personnes
de sexe féminin ~v~it ceci
de p~rticulier
qu'elle
ne
conn~iss~it
~ucune
limite,
ni
d~ns
l'extension de son objet,
ni d~ns le temps,
ni d~ns l'esp~ce.
D'~bord, en
effet,
elle s'~pplique ~ l~ tot~lité du sexe
s~ns exception
d'~ge
et
de
st~tut
filles et femmes proprement
dites,
~uochtones
et allochtones,
libres et escl~ves. EnslJite, elle
est permanente. Dans l~ guerre,
les coutumes interdis~ient l~ mise ~
mort de
ces personnes ~ut~nt que des enf~nts et des vieillards.
Une
sentence bete
énonce
ce principe lorsqu'elle prononce qu'on ne tue
p~s une femme,
mais qu'on l'épouse pour mettre ~u monde des enf~nts.
R~chat oblig~toire
des c~ptives, leur redistribution le c~s éché~nt
entre les
guerriers
victorieux,
guerre perpétuelle, qu'entr~îne un
meurtre de
femme,
voil~
des
conséquences
qui
découlent
de
ce
principe. D~ns
la p~ix,
le principe justifi~it en p~rtie la liberté
de circulation
des
femmes d~ns le commerce de col~ en p~ys bete et
kweni, d~ns
le
commerce
de
poisson en p~ys ahizi et odjukru ;
il
justifi~it ~ussi,
nous
le
verrons,
l~ substitution du supplice ~
l'immolation sangl~nte
des
escl~ves
de
sexe
féminin,
Enfin,
le
régime d'inviolabilité reste en vigueur p~rtout, ~ l' intérie~~ comme
è
l'extérieur
des
commun~utés,
~insi que l'~ttestent les éch~nges
m~triMoni~ux, le commerce et l~ c~ptivité.
Un ~ttribut
rend
compte
de
ce
privilège
c'est
l~
s~cralité que
les
femmes
part~gent
avec la terre.
De même que la
terre est
le
lieu où ancêtres et dieux coopèrent,
pense-t-on,
~ l~
con~ervation des
semences,
~
la
germin~tion
des
pl~ntes
et au
renouvellement des vivriers,
de même l'espèce femelle est le lieu où
les ~ncêtres
et
les
dieux,
continuant
la
cré~tion
de
la vie,


aa
~--~---------------------111111111111!1~
281
participent,
comme
promoteurs
et
~gents,
~u
processus
de
l~
reproduction démogr~phique. Ce raIe spécifique de silo,
réservoir de
semences et
pépinière de vies,
explique l~ vénér~tion dont l~ femme
Qevait @tre et était
l'objet.
b/ L'inviol~bilité rel~tive des êtr~ngers
Oes personnes
étr~ngères ~ la ~ommunauté vill~geoise ou ~
la socié'té,
l'inviolabilité
se
t\\~oIJvait ~IJ '.:ontr;:)il~e limitée SOIJS
les ~rois rapports que nous venons d'indiquer.
Elle est
d'~bord
limitée
en
extension.
Sont
en effet
e~<é:lusive.ent con'.:el~nêes
les
per'sonnes 1 ibl~es
:
les i ngén'Js tombés
en es<:lavage cessent,
tO'Jt en demeIJI~~nt étr ;:)ngers J:) vie,
de j OIJ i I~ de
ce~e prérogative.
Elle
est
enslJite limitée dans le temps
i
cible
prioritaire de 1;:) violence ennemie en période de guerre,
les ~dultes
m~les et
libres
ne bénéficient du statut d'inviolables que d~ns 1;:)
paix. Enfin,
l'inviolabilité
est
limitée dans l'espace.
Le statut
n'entre effectivement
en vigueur que
lorsque la personne ;:)ccède sur
le territoire
hate,
l~ ob peut être identifié son ;:)mi,
son p~rent,
son correspondant,
bref
l~
ob
la
question de sa propre identité
prend un
sens.
En
1868,
une
telle coutume était si viv;:)ce et si
remarquable dans
les
relations
entre
les
peuples l;:)gunaires que
Fleuriot de Langle y vit une espèce non écrite de droit des gens.
·.~.ft
Que
d~~~ • • _ .
d _
c • • ~ • • • ~
d _
1 _ n g u . _ •
• ~r~v.~~-~1.
1 • •
p . U p 1 . d . .
on~
,~n_
._p.~_
d_
dro~~
d • •
~.n.
QU~
1.u~
• • ~
COMMU~~
_~
qU~
(1868,
XVII:382).
Au-del~ de
1;:)
justification
religieuse,
une
r;:)ison de
nature soclo-politique
explique le statut d'inviolabilité relative.
Oans les visions du monde,
IJétr~nger est s;:)crê parce qu'il appar~ît
comme l'incarnation
d'un
dieu.
Qu'il
figure un dieu inconnu dont
l'accl.Jeil et
la cOflsidél~ation I~ésel~vent la pl~ospél~ité et le bonhe'Jl~
t;andis que
les
malhe'J\\~s a'.:,.:~blent les !=.opIJlations i f.hospi t~l ièl~es,
plus d'un
aythe
enseigne et ,.:ette ontologie et la mo\\~~le politiq'Je
qui s' y
l''atia,.:he. Dans le mythe bete de l' ê'b~';lfIger ''::o'JVel~t de pi~n,
c'est atll
lignage
;:)c'':IJei11ant
q'J'est
\\~éSel~vée
la vie,
gl~S,.::e -!I 1;:)
confi(4ie11lWCe du
dielJ
lui-même;
S'JI~ l~ pop'Jl~tion moq'JelJse s' ;:)b;:)t la
_ort ~ inondation
(72)
i
si
le masqlJe Djê e~·~,.:lrJt les femmes,
selon
le..,yititTe
è'tiologiq'Je kweni,
c'est p~l~'.:e que le die'J assoiffé,
~pl~ès
avoi!T' sWbi
le
refus
d'une
femme qui pOl~t.:;)it une j;:)I~I~e d'e.:1u,
fut
désaQ~ de
vin
de palme pal~ Ufi homme
(73)
i
~ efl '.:\\~oi\\~e '.ln ;:)utl~e
Blythe [l'tete,.
c'est
1.:1
\\~ebuff~de ess'J')'ée p;:)l~ '.ln voyagelJl~ aff~mé ql.Ji
entraina la
destruction d'un vill~ge guebié et sa tr~nsformation en
un ta-s
de-
piel~res <74>
i
-!I
Akêbefi.:1,
pl~ès d'Elevi, en pays abê,
la
même Mé'tOJaorphose
d"JT"t
village
d' hlJm~ifls
en
vill~ge
de piel~l~es
illlJstrerait la
s~n,:tion dont UT! vO'yageul~ efl q'Jête d' huile de p~lme
frapp;:) les abol~igènes iT!r,ospit:~liE:?l~S et ~val~es (75).
En fait,
la s.:1cr~lité de
l'étr;:)nger repose SIJ\\~ SOT! st ·ûtut
Ij' ;;)11 iè polit-iq'Je pot-entie l
ou
\\~ée 1. Quo iqu' i TI'':OflT!U,
l ' étl~;;)flgel~ peu t
0tl~e en
effet
l ' a l l i é
d'un
concitoyen
connu
d",ef,
gIJel~l' i el',
, ':'Je':::in 1t.e 1ll·;:ll~qIJe,
OI.J
p~reTit. Er, ..:e S'?T1S 1
le l~espe'.:t qu' 0 n l'J i
P0 \\~ t e
~--~"""'_";"""""";;;'-""--'~'--~= --'-..-... --.-

--
282
et qui
est
le
tr~nsfert
dG ~ l'hBte,
joue un double raIe:
c'est
d'~bord un
respect conserv~toire, c~r il préserve l~ p~ix civile en
résolv~nt sur
le
mode
interne
les
querelles
potentielles
~vec
l'étr~nger;
c'est ensuite un respect préventif,
c~r il prévient l~
g~.Jel~l~e ~ve': l' étl~~ngel~ en en ':onjl.JI~~nt l~ possibilité d~ns l~ meSI.JI~e
00 ~ucun
concitoyen,
s~uf
les
femmes,
n'est personne ~bsolument
inviol~ble d~ns
s~
commun~uté
d'origine
et t~nt qu'il y réside;
cette r~ison
socio-politique suffir~it ~ elle seule ~ rendre compte
de cette inviol~bilité.
Les conditions
socio-économiques
et
les
conditions
politico-religieuses que
nous
venons
d'~n~lyser se compl~tent p~r
des conditions déterminées de communic~tion.
Tous les
éch~nges en génér~l et le commerce d'escl~ves en
p~rticulier nécessit~ient deux formes déterminées de communic~tion :
l~ communic~tion non-linguistique et l~ communic~tion linguistique.
2.3.1.
L~ ,:onlmuni'':.::Ition non-linQIJistiql.Je
Des trois
modes
qui
l~ constituent ici
(l~ng~ge gestuel,
sign.::ll d'~ppel,
télécommunic~tion
t~mbourinée),
deux
préc~dent
historiquement l~
communic~tion
linguistique
~v~nt
d'.::Iccomp~gner
celle-ci tout .::lU long des si~cles.
~I Le 1~n9~qe gestuel
Que l'expression
p~r
gestes
m~nuels
des
idées
et des
sentiments hum~ins
constitue
le
premier
l~ng~ge ~ r~pprocher les
peuples,
en
p~rticulier les Afric~ins et les Européens sur l~ cate,
les tr~ditions
~ll~di~n
et neyo l'~ttestent. Plus t.::lrd,
ce l~ng~ge
rest~ l'outil
de l~ gr~nde m~sse qui ne pouv~it ~ccéder ~ux l~ngues
étr~n9ères. L~ng~ge de l'éch.::lnge, on le voit exprimer tour è tour le
don et
le
contre-don,
le besoin et l~ gr~titude. Pour l~ tr~dition
neyo,
il
~v~it,
~ntérieurement
à
toute
inter-compréhension
linguistique,
servi
~u
tr~nsfert
d'Un
se~u
de p~in des Tozigno~
contre du
poisson.
D~ns
le
récit
que
P.
L~b~rthe
r~pporte du
cOMM~nd.::lnt de
Flotte,
ce
fut
p~r
des "signes" que les Avik~m se
trouv~nt à
bord
du
n~vire
le
16 j~nvier 1787 tr~duisirent leurs
besoins et
obtinrent
à
m~nger; ce fut ég~lement p~r des "gestes"
qtJe le
,;hef
de
S~ss~ndl~~
e:<pl~irn~
s~
s~tisfa,:tion
d' ~voil~ l~eC'J
1'~Nitié de l'officier fr.::lncais (76).
bl Le sign~l d'.::Ippel
Deux sign8ux
eurent voc~tion d'inviter les p~rten~ires ~u
commerce
l'Un
~fric.::lin,
de
n~ture
lumineuse,
le feu;
l'autre
européen,
de
n~ture
.::Icoustique,
le
coup
de
c~non. Ancêtres des
f~naux, le feu ~llumé p~r les Africains sur le littor~l, 1.::1 nuit, et
~limenté s~ns
cesse
de
bois
secs,
signifiait
la disposition et
- r - .


l'appel aux
échanges.
Sur
un
exemple
essuma,
au XIXème siècle,
William Hutton décrypte ce code commun ~ toute la cSte ivoirienne et
en général à toutes les cStes africaines
(77)
..
··X1
. _
~_~ • • ~t
.u~r.~o~_ _
A._~n._
cr~~-~1.
u n
c o m m e r c e
con_~~.~.b1_
_ n
o r .
m~~_
~1
__ ~
m.~n~_~Gn~
~r._
c~r~o~_-
cr~~
_
c . u • •
d e .
g u _ r r _ _
qu_
c _ .
p . u p 1 . _
an~
.prou~• • _ .
D e n s
1 •
• o~r._.
~.p_nd.n~.
n o u .
o o _ . r v . m _ _
un
~_u
. 1 1 Y M .
_ u r
1_
""::1.""'_0_ •
...... _1: .... ,....1_.
p o .... ,...
Quand c'était
les
navires
marchands
qui
voulaient
n~gocier, ils
mouillaient
devant
la
localité
de
leur
choix et
tiraient un
coup
de canon pour aviser les Africains.
S'ils avaient
des marchandises
à
échanger,
en
particulier
des
esclaves,
les
Africains lancaient
leurs
pirogues
sur
les
flots.
Jean Barbot,
navigateur sur
le Soleil d'Afrique en porte témoignage,
le mercredi
21 décembre
1678
devant
Tabou,
comme Guillaume Smith à
bord de la
Bonetta,
devant la cSte aUron en février 1727
(78).
Un troisième
mode
d'appel,
plus proche du langage humain
qu'un signal
sonor'e
OIJ
IIJmi neux,
flJt
le
langage tambolJl'i né.
Il
possède une
extension plus grande que l'espace des sociétés akan o~
la drummologie
naissante
l'a
identifié
; on le retrouve dans les
sociétés .de
culture
krlJ
sous les espèces diverses
: 9weyêbê gban,
tigbla bete,
atêpklê
neyo,
te9bi
kwadia.
Or
l~, son rSle ne se
limite pas
~ l'animation des fêtes,
à
l'encouragement des guerriers
et à
la
glorificatio~
des
défunts éminents
; COmme il publie les
d~cès, ainsi
le
tambour
publie
aussi
les
moments
propices aux
échanges,
ainsi
il
invite
au
commerce.
Telle
était au moins la
pratiQ'Je des
Kwadia
: IJne fois les nlal'chandises de tr.:lite al'l'ivées
de Nihiri
et
débarquées,
le tambourineur de Kwati battait le teqbi
pour avertil'
les Bete-Subwo et les Bete-Zikpobwo
(79)
qui
lançaient
leurs pirogues sur le Sassandra.
Au XVIII
et au XIXème siècle,
les trois modes suscités de
la communication
non-linguistique
ont
accompagné la communication
linguistiqlJe.
Tant par
l'identité
des
langues de commerce que par les
bases sociales
de
leur
usage,
cette forme de communication s'est
diversifiée quand
on passe ~e la cSte aux sociétés forestières,
des
sociétés forestières ~ la savane.
Partout,
cependant,
le bilinguisme
est resté le moyen de passage d'une =one d'échanges à
l'autre.
al SUI' la ;:êote ~ bi 1 i n<:lIJ i sme afl' i ..:ai T,-eIJl'Opéen ~
pn~domi nan·:e de l' ang 1 ;;)i s
En attendant
que soit écrite l'histoire des Européens qui
ont appris et parlé les langues de
la ~Ste ivoirlenne et lesquelles,
trOis f~its sont cert~ins.

ilU.
En premier
lieu,
d~ns
les
rapports des peuples catiers
ave~ les marchands européens av~ient cours des formes corrompues des
~ngl.Jes e'.Jr·opéennes
le
pOl~b.Jgais,
l' .::lngl.::lis,
le
fl~.::lnçais, en
~orrespondance avec
les périodes de suprém~tie maritime des nations
~orisidél"·-ees. En
1701, Damon et son éq'.Jip.:lge .::Jv.::lient .::JU moins ql.Jatl~e
interpr~tes pour communiquer .::Jvec les officiels essum.::J ; outre B~ng.::J
et Ani.::Jb.::J,
autochtones parlant bien le fr.::Jnç.::Jis,
deux jeunes
Ffancais,
l'un
de
P.::Jris,
l'.::Jutre
de
St-M.::Jlo,
qui
.::lv.::Jient déj~
séjourné sept .::Jns d.::Jns le p.::JYS et en parl~ient l~ langue comme les
Africains
(80).
En
janvier
1787,
Coffy,
mess.::Jger du chef .::Jvikam
·prononce quelques
mots
fr.::Jnç.::Jis et l'entend un peu u ; ~ 1.::J fin du
siècle son
p.::Jrler
est
"p.::lss.::Jble".
En
1803,
L.::Jb.::Jrthe
évoque un
interlocuteur neyo
qui
ucommenç.::Jit
son
récit
en
fr.::lnç.::lis,
le
poursuivait en
portug.::Jis
et le finiss.::Jit en ".::Jngl.::Jis ;
il l~épond.::Jit
assez intelligemment,
lorsqu'on lui dem.::lndait des poules et quelques
objets de subsist.::Jnces"
(1803 ; 46).
En deuxième
lieu,
c'est
une
élite
qui
pratiqu.::Jit ces
formes corrompues
de
p.::lrler européen.
On y trouve des interprètes,
.essagers des
chefs
loc.::Jux
le
Neyo
Courtier,
le Kru Kelly et
l'Avik.::Jm Coffy
(P.L.::lb.::lrthe:1803)
;
on y trouve .::Jussi des compr.::Jdores
comme Joe
Nornet
du
C.::lv.::llly,
Ontonio
de
Bassam
(G.A.Robertson,
1819:
95),
Biale Uya (Maison King),
Djam.::l Gr.::lh
(Rider and Luc.::ls),
Zago Dick,
Neyo
tous
les
trois,
et
J.Benn
Ak.::Jdje
("Arc.::Jgye")
d'Emokw.::J,
fils
d'Ad je Bony (G.Thom.::lnn,
1901,1907). F.::lis.::lient p.::lrtie
de cette
élite
le
Neye
Able
Edou.::Jrd,
interprète de G.Thomann en
1898, et
les six interprètes kru de la Mission Hostain~ d'Ollone en
1899 parmi
les
peuples
river.::Jins
du
C.::Jv.::Jlly,
nous .::lvons nommé
;
Ka~@~ Tom, Hyné, T.::Jmhwi, Tiayo et François.
En troisi~me
lieu,
.::lU XVIII et XIXème siècles,
en r.::lison
de l.::l
suprém.::Jtie industrielle et commerci.::Jle de la Gr.::Jnde Bret.::Jgne,
ce fut
l'.::lngl.::Jis
qui
prédomin.::J
; .::Jînés des lign.::Jges puiss.::lnts et
leurs c.::Jdets
qui
.::lv.::Jient
ou non séjourné en Angleterre ou en CSte
d'or b.::Jr.::Jgouinaient cette l~ngue sur toute la cs te (81).
b/ D~ns les so,.:iétés fOl~est-ièl~es _ le b il i nQui sme
i ntel~­
.::lfl"'ic;:)in
Encol"'e que
toutes
les
l.::lgunes
servent
.::lUX
éch.::lnges,
'~er·t.::Ji nes d'entre
elles ont Joué un l"'ale p.::Jl"'ticulièl"'ement important
t.:lnt d.::Jns
l'esp.::Jce
que
d.::lns
le temps .::Jux frontières des diverses
SOCiétés,
lieu de bilinguisme gènér.::Jlisé.
o'
A l'Est
du B~ndam.::J, nous devons citer le modJukru,
l'anyi
et le
b.::Jwle.
Leur
extension
repos.::Jit
non
seulement
sur
l'expanSionnisme des
sociétés
anyi-b.::lwle
et
sur
les
réseaux
d'alli.::lnces m.::Jtrimoni.::lles qui en ét.::lient ou non dérivés,
m~is encore
sur leur
double
raIe
économique
: raIe de producteurs d'or et de
pagnes pour
les
Anyi et les B~wle, d'huile de p.::llme et de vivriers
pOI.Jr les Odjukl~IJ, l~ç.;le I=>ClrJ)~ les IJrts et les .::lutl~es de p.::lvs. de tl~"'Jnsit

des escl~ves
ven~nt
du
Nord
~u
Sud et des produits m~nuf~cturés
p~rt~nt de
l~
cSte
vers le Soud~n. Outre les Odjukru,
le modjukru
compt~it qu~tre ~utres ethnies locutrices
: ~ll~di~n,
~bidji,
~hizi,
aky~n.
En
même
temps que les Anyi et les B~wle, Abidji,
Krobu,
Abê
e~ Kwen i
Ol~ ient~IJ:< p.:ll~ l~i ent l' ~ny i -b~w 1 e,
I::epend~nt qlJe 1 e l~n';J.:Ige
t.:lnlbolJI~iné en
twi
s' étend~it
.:1 w·: OdjlJkl~IJ, .:1 w·: All~di.:ln, voil~e .:1w·:
Neyo.
O.:lns l'Ouest
forestier,
entre le B.:Ind.:lm.:l et le S~ss~ndr.:l,
jouait un
monolinguisme
spéci.:ll
1.:1 l.:lngue bete .:Iv.:lit une portée
considér~ble en
r.:lison de 1.:1 parenté linguistique et culturelle qui
lie les
Neyo,
les KW.:ldi.:l,
les Godié et les Did.:l .:lUX Bete. En 1898,
G.Thomann vérifie cette p.:lrenté du newole et du bete Jusque chez les
gens de BalegUhe d.:lns l'extrême nord du p.:lys bete
<0.:110.:1).
Avec le
couple
bete-kweni
d.:lns 1.:1 région de D~lo.:l et le
couple kweni-m.:llinké
d.:lns
le
nord
du
p.:lys kweni,
le bilinguisme
retrouy~it ses
droits,
fondé
ici
et
l~
sur les migr.:ltions,
les
relations d'échanges
et
les
.:11 1 i.:lnces
m.:ltl~imoniales.
A
Tievie,
dernie~ vill.:lge
kweni
sur
l~
piste
de
Séguél~, l'interprète de
G.Thom.:lnn était
"fi~s d'un vieux m.:lr.:lbout de Séguéla qui a séjourné
longtemps chez les Lo
<kweni)"
<1903:125).
+
+
+
M.:Iintenant qu'ont
été élucidées les conditions gênér.:lles,
externes et internes du commerce .:lU XVlllème et XIXème siècles, nous
voici ~
même
d'aborder l'étude des formes du commerce spécial dont
les êtres humains ét.:lient les objets.
- - - - - - - - - - - ' - - - . " . ; ; . . . . ' - " " - -


#
SECTION
l i
LES FORMES DU PROCES DANS LA SECONDE MOITIE DU XIXe SIECLE
1. LE PROCES DE VENTE
Deux formes sont discern~bles. L~ première quJon peut dire
préd~toire, d~ns
l~
même
sociét~,
p~r~it ~berr~nte en ce quJelle
'n'obéit p~s
~ l'~gr~ment des lign~ges et "~u droit".
Tel est le c~s
de l'époux
mis~r~ble qui vend s~ femme ~ l'insu des p~rents ou bien
le cas
du fi~nc~ indélic~t qui vend s~ fi~ncée. L~ mémoire ~bê nous
rapporte des
exemples
pour
illustrel~ cette situ~tion. C'est ainsi
qu'~ LovidJê,
la
fille
d'un cert~in Nguess~n, du p~trilign~ge des
HbodJê, aur~it
~t~
vendue
et
aur~it
connu
l'escl~vage
dans un
vill~ge odJukru
(Orgb~f
?),
où elle ~ l~iss~ une descend~nce (1).
Qu'un tel
acte
illicite
soit
un
c~sus belli,
l'aff~ire de Y~vo,
citée à
Agw~hin,
le
prouve.
Un cert~in Yavo
(d'Ag~~hin ?)
~vait,
lors d'un
voyage
~
L~po,
vendu
s~ fi~nc~e, prob~blement pour de
l'or. Les représailles de lign~ge donneur ne furent évitées,
lorsque
l'évènement fut
connu J
que
parce
que
le
régime coloni~l ven~it
d'imposer l~ pax "g~llica" (2). En r~ison de son car~ctère m~rginal,
nous n'insisterons
pas
sur cette vente pr~d~toire (par rapport aux
lignages des
victimes),
m~is
endogène
(p~r r~pport ~ l~ sociét~).
Nous nous
~pes~ntirons
sur
la
seconde forme,
domin~nte, la forme
excommunicatoire.
Elucider cette
forme,
c'est d'~bord circonscrire l'espace
ob dominent
les
excommunications, c'est identifier les motivations
qui d~terminent
celles-ci,
c'est enfin d~terminer les agents et les
mod~lit~s de ces op~rations.
Les excommunications
pr~sentent
une
caractéristique
co~mune:
leur
pratique
est g~nérale d~ns IJensemble des sociétés
que naus ~tudions. Identifiée déJ~ chez les Krumen
(3) J
les Dan
(4),
les Oida
(5) J
les Ega
(6),
et les Wê
(7),
chez les Mbato et les Akye
(8),
les
AblJl~e
(9) J
les Ahizi
(10) 1
les Avik.:lo\\ et les Godie
(11) 1
reconn'Je (~'hez
les
E'.ete septentl~iona/J:-~ et ol~ient~IJ~"J ,:ette pl~atiqlJe
se trouve
att~stée
chez
les
Bete
m~ridion.:lux et chez les Kwadia
~ussi bien que chez les Neyo, les Odjukru, les Abê, les Kweni et les
All.a~jian.
Toutefois J ~ la fin du XIXe siècle, cette pratique sJavère
exclusive dans
le
Centre-Ouest de la zone forestière J cJest-~-dire
dans la
société
bete,
du groupe Gbalo au Nord au groupe Zikobwo au
5.~ <GIJe'}'o).

287
1.1.2.
Les motiv.:ltiorls
Les motiv.:ltions qui Justifient et déterminent les excommu-
nications endogenes
~ont
clus
nombreuses et plus complexes que ne
pouvait le
penser Ch.:lrles Letourne.:lu
; outre qu'elles se r.:lpportent
~ JOUS
les nive.:lux de l.:l structure soci.:lle,
leur découverte est une
~tape indispens.:lble
~
l~ compréhension et l'explic.:ltion des formes
d'J comlltef'--:e
d' es,:l.:lves.
F'.:ll~nli
les tl~ois ., f.:l,:teIJl~S"
qlJe ,:et .:lIJteIJl~
pr~sume ~tre
des
~.:luses
de l'escl.:lv.:lge en Afrique Noire
(12),
les
deux premiers
("r.:l=zi.:l" et "droit" des chefs de f.:lmille)
ne sont que
- ~·de'Ji-moyens· .Ij.e-- pl~odIJ,:tion· d'·es,:l.:lves,
1e tl~O i s i ème selJ 1
(l.:l "pén.:ll i té
juridique") constitue l'une des motiv.:ltions.
On rencontre
les
motiv~tions
les plus cour.:lrtes d.:lns le
do• .;,a i ne so~: i.:ll .
L.:l
P IIJp.:ll~t J:'OIJl~ l~.:l i t
se l~ egl~OIJJ:·e l~ ":; OIJS l.:l no t ion ,je
nullité soci.:lle.
L.:l
conscience
collective .:lttribue en effet à des
personnes n.:lturellement
.:ltteintes
d'une
déficience
intégr.:lle
ou
partielle une
nullité
dont
elle
S'.:lutorise
pour
ordonner
l'ex~lu$ion. Les Bete citent .:lU moins cinq c.:ltégories de déficiences
de cette
espèce
simplicité
d'esprit,
épilepsie,
surdi-mutité,
estropiement,
l.:lideur
(Dungl.:ls,1930:S).
A l.:l nullité S'.:lJoute .:lussi
le danger
soci.:ll
des
t.:lres
qui,
selon
l~
croY.:lnce
popul.:lire,
s'~vèrent non
seulement
mortelles
m.:lis
encore tr.:lnsmissibles p.:lr
h~r~dité ; l'éthylisme se trouve d.:lns cette seconde espèce.
Le fondement idéologique de ces deux motiv.:ltions s.:lute .:lUX
yeux. Si
les
simples
d'esprit
et
les sourds-muets ont ~vec leur
environnement hum.:lin une communic.:ltion défectueuse,
on s~it que leur
.ctivité productive n'est p.:lS nécess.:lirement nulle.
A cette .:lctivité
peuvent ég.:llement p.:lrticiper les estropiés,
les personnes l.:lides et,
d~ns l'intermittence
de
leurs
crises,
l~s
épileptiques
et
les
ivrognes;
de
m@me
les
sourds-muets,
les
épileptiques
et
les
personnes l.:lides
concourent
.:lvec les vieill~rds à
l.:l défense de l~
société et
~ l~ reproduction de l.:l culture.
N'est-ce p.:lS cette p.:lrt
d'.ffic.:lcité soci.:lle,
donc
de
v.:lleur,
.:lUX
deux sens du mot,
qui
Justifie le projet de mise en vente et l.:l possibilité d'.:lchat ? D.:lns
1. commerce,
une
non-v.:lleur
soci.:lle
stricto sensu ne peut entrer
co.me valeur d'éch.:lnge : c'est une contr.:ldictio in termis.
Espèces p.:lrticulières
de d.:lngers soci.:lux,
d'~utres formes
d'ano.ie, qui
relèvent
de
l.:l
p.:lthologie
soci.:lle d.:lns le sens où
E.Ourkheim &n.:llys~it
l.:l
notion,
entraînent les mêmes conséquences.
Tels sont
les refus de m.:lri.:lge et les multiples divorces.
Outre les
effets second.:lires,
non moins considérables dont ils s'.:lccomp.:lgnent
(perturbation des
contr.:lts
conclus
p~r
les
chefs
de
lign.:lge,
~pprobre collectif,
m.:lnque
à
g.:lgner
pour
offir
des épouses .:lUX
Jeunes gens),
les
refus
de
m.:lri.:lge tr.:lnsgressent une institution
c.rdinale de la société. L'inst.:lbilitè d.:lns le m.:lri.:lge opère la'm@me
transgression .:lvec des effets plus gr.:lves.
Au vill.:lge de BI.:l
(groupe
Gbetibwo, Oalo.:l,
en
pays
bete) ,
l.:l
d.:lme
W.:ll~egnon
OW1~ê,
dlJ
p~trilignage Gnogbo-Zegbehi~,
èt~it
à
son
septième
m.:lri.:lge
à
Lebatagora lorsque
son
père
crut
bon
de
s'en
dèbarasser en l.:l
"end~nt (13).
....
- --- ---..:..:.=.._--_:....:- ..-:...._~--~ _. ~----_::..;..~ -=-~;:::::- .._- -


288
En f~it,
ces
motiv~tions sont difficilement dissoci~bles
des motiv~tions d'ordre économique dont l~ première est l~ dette.
L~
dette pl~ovient
d' une p~l~t des empl~l.Jnts, et d' ~1.Jtl~e p~l~t des jel.J:.~ de
cauris ~uxquels
s'~donn~ient
les
jeunes
en
p~rticulier chez les
Sete,
les
Abê
ou
les
Odjukru.
L'enjeu
de cet exercice lucr~tif
consist~it en
l~ richesse
(monn~ie, récoltes,
moyens de production)
et qu~nd
toutes
ces
richesses
~v~ient
été g~gées et perdues,
l~
liberté des
joueu~s
en
personne,
sinon l~ liberté d'un p~rent ou
d'une épouse.
G.Thom~nn,
en
1903,
témoigne
de
l'~bnég~tion
de
personnes ~gées
qui,
~u p~ys des Bete-Guideko se ser~ient offertes
pour @tre
vendues
~
l~ pl~ce de leurs enf~nts men~cés d'escl~v~ge
pour c~use de dette (14).
Vient ensuite l'indigence.
Cet ét~t perm~nent de déché~nce
et d'incap~cité est propre non p~s ~ l'individu promis ~ l'escl~v~ge
mais ~
son
lign~ge d'origine ou d'~lli~nce. Selon les inform~teurs
bete <groupe
Zepreguhe)
et ~b@ (groupe ~b@v~), l~ p~uvreté pouv~it
déterminer et
~
déterminé
des
chefs de iign~ge ~ vendre un c~det
innocent ~fin
d'obtenir une rémission soci~le provisoire
(15).
Ici,
le droit
du chef de lign~ge qu'invoque Letourne~u s'exerce, non p~s
comme un
~rbitraire, m~is comme un droit lié ~ l'oblig~tion soci~le
d'assurer l~
survie
d'une
communauté solid~ire, même ~u prix d'un
démembrement cruel et inf~m~nt.
L~ troisième
et
princip~le
motiv~tion
économique reste
donc l'insolv~bilité. Elle ~git ~ussi bien d~ns le remboursement des
dettes et
des
compens~tions matrimoni~les que d~ns le p~iement des
dommages consécutifs ~ l~ tr~nsgression des lois.
Considérons le
remboursement
des
compens~tions
.atrimoni~les. En génér~l,
les biens dot~ux proven~nt du m~ri~ge des
filles servent
~
procurer
des épouses ~ux hommes du lign~ge. A l~
fin du
XIXe
siècle,
l~
n~ture
de
ces
biens
est
prestigieuse
(monn~ie, bét~il,
~rmes,
escl~ves)
et
leur
mont~nt rel~tivement
élevé comme le montrent les T~bleau:{ Il-A,
11-B,
11-C et 11-0.

$U
289
TABLEAU 11-A
• DOTS ALLADIAN,
ODJUKRU,
NEVO ET ABE
SOCIETE
J LOCALITE
MONTANT
(sour~es
d/inform~t.)
OU t';ROUPE
1- All~di;;tn :
Emokw~
IFille vie\\'ge
:
192 Manilles <M) 1
L;amblin 1902:394
(.J~•.:.~I.Jevi Ile)
1Fille déflorée :180 M,soit 50 F
1
2. Odj'-Ikr'-I :
IFille en premie\\~ m;a\\' i~ge
:
1
Aubin 1902:436
1
1
600 -800 M <120-160 F)
J
M~l'i;age de défi:
1200 M (240F)
1
(femme nl;a\\~ i ée)
1
P. ES':~l~d
1910:118
NG'Jess~n KIJkl~~
~
épo'Jsé
1
TI.Jkp~
Y'èi pOl.lr 4000 M et
Eli;ane pOIJ\\' 16000 M+150 F d' 0\\'
1
3.
Neyo :
Fille:
800M,
1 f'Jsil,
1 b.::ll~i l
t~. Thom.::lnn
de pO'.Jdre
p;agr,es
1
kit~,
1902:497 (16)
10 piè,:es d'étoffe,
1905:168
Lipoyo
(17)
1 escl.::lve
VelJve 0 .1 divo\\~':ée
:
1200 M
'
400 M
4. Abê :
MOl~iêrl.J
35
gl~
Ol~
(AtêkPê)
KW.::lssi B;ad.::l d' Al'.::ldjê
Td",offo
52
g\\~
0\\'
(T~)
1Patr i li gnage BI~IJbl~l.J
26.9.1975
1

TABLEAU ll-B
COMPOSITION ET VOLUME DE DOTS BETE
1.
D.:Ilo.:l
3.
Issi.:l
. G.:Ibw.:l,
p~ys B.:IlegUhe
(18)
.Issi~, p~ys BogUhe
(23)
40 wr~9~, 1 f~sil,
1 mo~ton
1000 W\\~IJgIJ,
,=~b\\~is, p.:lgnes
. Gbobwo-Z.:Ibwo
(1~)
. Korekipre.:l,
BogUhe
(24)
100 wrug~, 5 p.:lgnes,
1 boeuf
1 boe~f o~ 2000 wr~9~
10 moutons,
1 s.:lchet de sel
10 p~gnes, la mo~tons
,
1.
1
Gbekeyo,
dikpë G~i~ (20)
1. Upoyo, dikPë K.:Ign.:ln.:lnko(25)
20 m~chettes, 1 fusil, 2 p~gnes,
100 m~nilles, 1 fusil,
1 2 c~bris
o~ 100 m.:lnilles,
3 p~gnes,
1 c~bri
1
1 fusil,
1 p~gne,
1 c~bri
1
1. D~koyo (~uj. Seriyo), p.:lys
.Kp~kozo.:l,
p~ys Gb.:llew~
(26)
Gb~lebwo (21)
la c~bris, 1 fusil,
2 p~­
1 boeuf,
2 mo~tons,
sel
gnes,
5 br.:lcelets de Cu
o~ 100 m~nilles, 2 mo~tons,
sel
pour belle-mère,
5 wrugu,
OIJ 1 dent,
sel
2 m.:lchettes,
sel végét~l,
ou 2 fusils,
sel
1 l~oIJle~IJ de t~b.:l'= (djel~­
koi>
1. Okr~yo, p~ys Zikobwo (22)
.Gr~nd-Z~try, dikpë Z~to~,
1
1 boeuf,
20 m.:lchettes,
p~ys Gbobwo
(27)
1 20 m.:lnilles, 2 iusils,
1 dent d'éléph.:lnt,7c~bris,
1
1 p.:lgne,
sel
sel végét~l, bracelet en
1
20 c~uris, 5-10 wruQu
1
TABLEAU ll-C
COMPOSITION ET VOLUME DES DOTS KWENI
(28)
1.S'Jd
(Si nfl~.;)
2.
Centre
(Bw~fle)
1
-
10 pagnes
(200F)
400 p~quets de ?ombe
200 ~ 600
1100
p.:lquets de
(4POF) ,1 boeuf (7SF) ..
p.:lquets de
sonlbe
(100F)
1
fusil
(25F) ,1 b~l~il
sombe
14
d"lèv\\~es ou
de
poudre
(7SF),
5 ou
moutons
(100F)
8 moutons
(50 ~ BOF)

291
TABLEAU 11-0
COMPOSITION ET VOLUME DES DOTS GBAN
1.
T,.::hegb.:l (29)
2 .S.:lk.:ld.:l
(30)
Pour un premier m.:lri.:lge:
1/Fi.:lnc.:lilles (ponkêle)
1ère ph.:ls~ ~.:lU père de l.:l femme
chez les m.:lternels
10 wroko,
7 p~gnes,
1 c.:lbri
10 wroko,7 p.:lgnes,l c.:lbri
2ème ph.:lse: .:lUX oncles m.:lternels
2/M.:lri.:lge
(leGb.:lnlê)
10 wroko,
5 p.:lgnes,
1 c~bri
7p~gnes, 1 c.:lbr~
A ch.:lque divorce,
deux sortes de personnes peuvent .:lssurer
le remboursement
de
l.:l
dot
.:lU
m.:lri
ou bien,
de f.:lcto,
c'est
l'~m.:lnt, s ' i l
consent à ~pouser l~ divorc~e et d.:lns ce C.:lS,
le chef
de lign.:lge
est
quitte
envers
l'époux,
ou bien, de Jure,
c'est le
chef de
lign.:lge, en C.:lS d'~bsence
ou de d~f~ill.:lnce de l'.:lm.:lnt.
Or,
pour les
lign.:lges,
les remboursements de dot ne sont p.:lS seulement
des m.:lnques
~
g.:lgner
~conomiquement et d~mogr.:lphiquement p.:lrl.:lnt,
ils constituent
.:lussi,
p.:lr
leur
c.:lr.:lctère
impr~vu, des f.:lcteurs
d'.:lpp~uvrissement insupport~bles. Pensez que les huit divorces de l~
d.:lme Bodu BogUhe (Issi.:l)
en p.:lys bete entr.:lînent un coot glob.:ll de 8
boeufs ou
16.000
wr~gu, 80 p.:lgnes et 80 moutons.
Que f~ire d~ns un
tel c a s ?
L.:l
vente de cette femme inst.:lble met fin ~ l'insécurit~
et procure
.:lU
chef
de
lign.:lge
les ressources pour rembourser l~
dernière dot,
le cas ~ch~ant.
En dernière
.:ln.:llyse,
c'est l'insolvabilité qui d~termine
l.:l plup~rt
des
faits
group~s
sous l.:l notion impropre d'escl~v.:lge
p~n.:ll. Pour
~lucider
cette
incap.:lcit~,
il
faut
.:ln.:llyser
les
transgressions de
lois,
les p~n.:llit~s dont celles-ci sont assorties
et les mod.:llit~s d'.:lcquittement de ces pénalités.
L.:l loi
s'entend
ici
d.:lns l'acception ~nthropologique o~
e.. Malinowski l'.:l
él.:lborée
q'J.:lnd il ébJdi~it Le ,.::rime et la ,,::oIJtIJn\\e
dans les
soci~tés
primitives
(31).
En fonction de ce concept,
les
transgressions se
diff~rencient
d'~bord
par la diversité de leurs
objets théol"iq'Jes
q'Ji
ne
m.:lnqIJen:t'
p~s d' i nte\\~.:l,.::t ion ne se\\~ait .......::e
que p.:lrce
que
tous
pr~sentent
un
c~ractère moral
: objet social
(.:ldultère,
viol>,
objet
~conomique
(vol,
fainé.:lntise,
endettement
"
-
---_
_
.. --_..
... _---~-
_.

..
#
292
~y jeu
de
c~uris>,
objet
politique
(désertion en c~s de guerre,
trahison politique,
etc,>,
objet
religieux
(inceste,
profanation
des lieux
sacrés,
fornication
dans
la
nature>. Ensuite elles se
dj,ffél~en,:ient pOt.JI~
':haq'Je
obJet,
p~l"
l~
hiél"~l~,:hie
des
peines
pratiquées d'une
société
~
l'aytre.
Si
par
exemple,
dans
les
sociétés de
l'Ouest
forestier,
l'adultère et le détournement d'une
femme présentent
la
même
gr~vité
socio-poIItique,
cette gravité
n'apparaît chez
les
Abê,
les
Alladi~n
et
les
OdJukru que dans
--·certains ~as.
en
fonction du st~tut des époux,
par exemple lorsqye
la fe••e
es~
l'époyse
d'un
chef' ou
~'uri
not~ble.
Les
Bete
distinguen~ qua~re
échelles
de
gravité croissante du même délit :
suivan~ le
lien

la
p~renté,
adultère interne au patrilignage,
adultère avec
une femme d'un ~utre lign~ge au sein du même village,
adultère avec
une
fenlme d'I.Jrr .~I.Jtl"e vill~ge dlJ mênle dikpë, adlJltèl~e
avec une
feaae
d'un
dikpë
étl"~rlgel".
F'o'.Jr
les
Abê,
de
même,
l'~dultère avec
une
fille
fiancée
~pp~r~ît
moins
grave
que
l'~duLtère avec
une
femme
m~riée,
celui-ci
moins
grave
que
l'adultère avec
une veuve encore incluse d~ns l'hérit~ge d'un époux
défunt et non tombée en déshérence.
Toutefois,
sous
ces
différences
se m~nifestent quelques
c~ractëristiques communes.
D'~bord,
d~ns
toutes
les sociétés les
transgressions les
plus
intolér~bles paraissent les mêmes
: vol et
adultère,
inceste
et
sorcellerie,
homicide,
trahison et désertion
politiques. P~rtout,
le
vol
de
vivres et des vêtements,
biens de
consommation personnelle
et
ordinaire,
faciles ~ produire, paraît
moins grave
que
le
vol
de
bétail,
de
moyens
d'échange
et
d'instruments de production,
biens rares et prestigieux d'accès plus
diffü:ile.
Ensuite, ces
transgressions se trouvent assujetties à des
pénalités composites.
Il
faut
en
effet
faire
Justice
de
l'ethnographie Juridique
des
~dministrateurs coloniaux du début du
XXe siècle
selon
l~quelle
la peine, dans les sociétés lign~gères,
est toujours
pécuniaire,
vis~nt
seulement
~
dédommager,
jamais
infamante ni
afflictive impliquant déchéance de droits et atteintes
corporelles
(32).
Une
conception
de
la
répression
liée
~
l~
conception globale
de la personne associe au contraire ch~timent et
r~paration, Même
si cette dernière domine comme il apparaît dans le
tableau s'.Jivan~.

TA~·LEAU
12
TAt\\LEAIJ CO"PARE DES
TRANSI~RESSIONS ET F"EItoES
P=:artii!'llenlerlt
inspiro,e 1..!. b..:.. T~IJ::i~l"
Fln XIXe siè~le -
d~byt XXe si~cle
SOCIETES
1
12 ~. -
l'ETE
I.NFRACTlONS
. A,~,:identel
:
Che: les Gbalebwo
(Sériyo,
Gagno~)
1 Y~che,
1 Mouton,
1 poylet,
E:·dl
dl.J ,:of.Jp.gbl'e
jIJSqf,J' ~ paie ..ent ,,=hJ ~
ICI"'''= les V~kij~ (SI~b"e) :
:
20 ~.gb~is, 20 fusils,
e~·:il pOI.JI"' 3 ~n$.
1 boeuf,
2
feMmes
20 b~rils de poYdre,
lign~ges .~ternel et
1ère fois:
ch~rge
1"': -5 pagnes,
30 wro '.J91J,
10 ftlo1.Jtons,
p~rternel dy défynt se
des depenses
funer~ires, 3 ou
(groype Djekg~he,SYbre)
1
p~rt~gent (Lessiri
I)
4 boe'.Jfs,
51
1;J vi •.:tilne est ~
-13 c~brlS oy 1 fille
(groype Wro~,SYbre)
En c~s d' insolY~bllit~, ~ de
-20 ~ 40 MOY tons oy 1 fille
(Pitigo~ I.
dette.
L.g.;:oa,
SI.Jbre)
2eme
101$
127 gr d'or,
et
2°;
en c~s d' in~olv~bilitQ, Vente
bannissement Oy vente
(Mor il,
Mori@rl.J>
Che= les V~kUY9
(Sybre)
Chez les BogUhe
(Issi~)
1ere fOlS
1ère fois d~ns le lign~ge
b~stor,~d" de
1él'Et fOlS
.Ave~ IJne fille fl~n~lee
l'hOMme ligoté,
poYlet ~ l'offensé,
rep~s
dEtsh~bi lIement p'~bl i,~,
1-/10 U
d'or
collectif et lib~tion ; d~ns le Yill~g"
t:·~st'onn~de de l' heu"une
.Ave~ une feMme .ari~e
:
10 gr d'or
év~sion d~ coup~ble, amende en bet~il et
p~r le pere, de l~
+
boisson .gIJ:-: Aïka . t Nana
espece de prise d'ot~ge d~ns l~ f~der~tiQn
feMMe p;.lr l' e.poJ.J::.
. Ave'.: l,Jne f e",me vel.Jve: 1 !J1 d' or- +
1
de vill~ges, rip09te,
offre d'~n mo~ton
2ènle fois
:
boeuf ~u N~n~
et 1 p~gne ; entre f~dér~tions, c~sys b~lll
~mende en bét~il et
2eme fois:
mYltiplic~tiQn de l' ln-
(S'~bre)
1
en espè'.=e9
deMni~V~nt~ en c~s d' in»olY~bi­
2èMe fois:
Vente
3eme f..2..iï :
1
.
Ilté
(l'1oril!,·,j)
1
i
Vente (Broma)
lere fois:
restltytlon des objets
lere
fois:
~~s mineur:
toler;.ln~e et eX~U$e
1
voles~mlli;.ltion p~bll~~e.
(f'.ogijhe).
H'~Mili~tion p'~bl1q'~e (Gb~l~bwQ)
2tme fQi~: reMOO~rge.ent
~v.~ r9$titutlon.
C~s gr~ve:
restltutlon.
3eme fOlS:
vente (Tchoffo)
.... nde.
2eme
~:
vente
R~pco,.. t$ se:~IJels d.ans l~ n~t'I.Jre
1
l~r~ fOlS
fl~gell.atlon p~r les
1
prêtr~s.
1 jarr~ de ~ln de p~l.e.
:
oeYf~, 2 pQulets bl~n~s,
1
1 "JO'.JtOl"'I pO'JI"
;~'':'l''i ii ..::e.
En c~s de r~''::l~i~e' b~nnlS$e.ent

SOCIETES
/
1::::-D
,_;eAN
NFRACTlO"'S
o.iClde
A~~1den~el:
d~ns le llg~~ge, 1 bou~ 5a~rlfl~lel
A':':lden'tel
(Sinfr~.
UMe)
Volontaire:
-
dans un ~u~re vIllage ou u~e ~utre
Volo~tnlre
d~ns le li~n~~e
~V~~ l'~ide
fedèra~ion : .ise ~ mor~ i.mediate
(Z~en~la)
du M~trl1ign~ge d~n~ le VIllage
1
-
dans le lignage:
la pagnes.
1 ~oe~f.
1 ~o~~
40 p~gnes. 4
fUSl15,
4 Y~~he~,
1 ~~bri,
(Sinfra,
UMe);
1 f'~sil.
1 ~"rll d.. po'~dr...
e:-,i 1.
:00 paquets de ~ o~ so.~e (Bwoverel
dans un ~utre lign.ge:
2 ~oeufs, 2 es~laves,
40
En -:;,5 d' inSDIY~bl1it'e, llyr~lSOn t;]1.J
pagrles,
1 bouc.
<Sinfra,UInI!)
; ev.;;asion
melJrtrler pour mise a mort' OI.J vente.
1
.j'J
lign~ge,
1
2 boeufs, 1 bou~,2 fusils,l b~ril de poudre,l gr~nde dent
~'~léphant,
2 es~laYes
(1 homM.,
1 femme),
40 ~oqull­
l.ages,
<p.w.avere);
12 escl.:;)ves,
1 ,=.tabrl OI.J le
••'.Jrtrier + 11 j.'JTI.~ gens ~IJ li9n~ge <ZIJenIJla)
;
-
En ~~s d'1nsolvabilit~. livr~ison du Meurtrier pour
vente ou Mise a Mort.
A la SYlt'e des procedures de preuve
1el"e fQ.ll:
-
40 p"gnes,l ~oeuf,l personne
IDug~afla. T~hegba)
-50 p"gnes
'dont 15 "~x .."ternels .. t
-
la pagrles .100 ~.1 .:"~ri. 1 pOlûe~
(f.eafla. Ni" .. orlo)
35 ~~X paternels),l v~c~e p~rt~9~. ent're
-
13 p.oilgnes 1 3 pOJqlJet's de ~,1 bO'J':'
(Ume).
les 2 lignages e~ exil
(Tch .. g~'"
1
En ~as d'i~501v~bilité, e~~erre.ent vif ou
2eR.e U1ll :
vente.
~ise en verite
1
1ere fOlS:
lere ~
1
-
duns le lignage: violence s~r la fe .......
1 po~le~ de
2 b@tes
(1
boeuf., 1 mouton) p7 p~~nes, des
1
l'aM~nt' pour le s~crifi~e (Zuen~l~);
wroko 01J sombe, rep:.l~ s.n,':l~i fi.:1e1
des 1 i-
-
dQ~. le vill~ge: coups et brûlures sur la personne
1
gn'üg .. s
de l' hOR.me e~ d" la feRlme (T.:r, ...~b"),'
d.
la fe ••••
130 paq~e~s de ~ (Bw~fle) ;
2eJl.Ie
fOlS OIJ 3eme fOlS
-
d~ns 1,.U't ~'.Jt're
v1l1age:
50 p;.)qIJet's ~e sombe OI.J hll~e.i;J
en ~~s d' inso1v~bl11te, vente.
1
.ort
(Z~enula); 50 paqu.. ~s d .. somce.
5 ~ 15 pagnes.
1 Mou~on ou 1 boe~f
<Ume);
1 ~aure~~,l
jarre d'hu11e
de palMe,
1
b.rre de ~el, 1 poulet'.
1
2è.e QY 3~.e fois: mise en ve~~e
1
i
.1
l i t t fOlS'
':.as nlln.'Jr
-
d~ns le lign~ge: res~itutlon ou reMbo~rsenlent, ex~Yse,
-
dans le 11gn;age:
restItution et'
pynit'ion ~orporelle. h~~111~t1on pybllque;
deM;ande de p~rdon;
-
dans un ~utre li9nage ou vill.nge: amende,l bou~;
-
d.nns yn ~ytre 11gn~ge: 5 pagnes,l boY~
-:.a5 9r~ve
:
non re.bot,Jrsement.
1ivr;aison d.,J vo1e lJr
1
poulet,
r9p;as ~es ~i~es des lign;ag&s.
pour ver. te.
2eMe fOlS
~n c~s Ij' In!io1v.;)blllt'e,
vente
(Unte.
Slnfr.n)
-
~:.l~S un ~utre vll1.nge:
~mende plus
lO'Jrde,lO ç.~9rle5, 1 t-oIJ'':',
!i.n':l~l{l·:e .:,
1~ frontlere de~ deu:{ 119T,~ges.
1
e·Wilver'e
100 p.nqIJet's de sOnlbe,
2
t.QI.J':s
I-I-------------------------~
ZI,JenIJl~
15 ç."q'~e~s ·:le SOftlt~.
1 ç.o'~l et
1
6 p".~r,e •. 1 ·:ab,"l
1
Sirlfr-<l,
Ume
J
p~IJ',Jets de so••ce,3 J:'I~gTle5, lPO'Jl~:J'
5 p;;)qIJe~!i
.j~ sornbe ~ 1;) Vl,:ttme,
j
- - - - - + - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - { /
Z'Jpn'.Jlâ
+tlle.4.00 t'i'lIJIJe''tS
/je
,=onlt,e
~t" R1~I-l")ge {ol~':e; 1
1
s i
1.:) vl';~lme ~5~ 'JTte i-€nH\\le
n\\::.'-le;-------;€'IJrt'l~e ,jlJ .;Q1.JJ;.;:lt,le, !
!
- --==-_..:..__
-,-,-==----:.:--=-=-===.--:..-;..-==_--_-_--
_
~c=-'-

Même si l'on exclut les supplices prob~toires qu'ét~ient
ces ord~lies
destinées
~
produire
les
preuves de culp~bilité ou
d'innocence
(poisons,
sève de pl~ntes versée d~ns les yeux ou sur l~
nuque,
e~u
et
huile
bouill~ntes,
us~ge du feu,
etc.>,
les peines
pl"'.l)pl~ement di tes
';ompol~tent,
olJtl~e
l es
dédomm~gements"
des
humili~tions publiques et des violences physiques.
P~rtout, semble-t
-t-il,
les
p'Jnitions
C01~pol~elles - se
pl~ésentent sOIJvent ,;omme les
peines initi~les
ou
prim~ires. Chez les Kweni,
le premier vol dans
le lign~ge
s'accomp~gne de l~ restitution de l'objet volé ou de son
remboursement, de
p~nition
corpo~elleet d'humili~tion publique;
d~ns le premier ~dultère interne ~u vill~ge, l~ femme peut subir des
coups et
brGlures (Bw~fle), voire l'entr~ve (Z~ndjê) (33).
Chez les
Bete-BogUhe,
l'adultère
est s~nctionné p~r le désh~billement public
des coup~bles avec b~stonn~de de l'homme p~r son père et de l~ femme
p~r l'épolJX
(e.l'onl~,
Issi~)
;
les
E?ete-L~zo~,
~lOl~S
même
q'Je
l'adultère est
interne
~u
patrilign~ge,
b~stonnent l'homme ~près
l'avoir ligoté
(34).
L~ fl~gell~tion est ~dministrée ég~lement p~r
les prêtres ~bê aux personnes qui ont copulé dans l~ n~ture (35).
Le ch~timent
personnel
lui-même n'~ rien d'exceptionnel
les peines
prim~ires frappent directement l~ personne coup~ble, non
seulement pour
les délits de vol et d'~dultère comme nous venons de
l'indiquer,
m~is
encore
pour
les
crimes
de
sorcellerie,
de
profanation,
de
viol
ou
d'homicide.
D~ns
le cas de crime, c'est
l'exil ou
l~ mort:
pour l~ première ~ccus~tion de sorcellerie,
les
Gb~n de
Tchegb~
puniss~ient
d'~mende
(~l~ ch~rge du lign~ge) et
d'exil
<lot
personnel
du
coup~ble>
; en c~s de récidive,
les Abê
fr~pp~ient le
sorcier
de
l~
même
f~con,
~
l~ fois d'~mende et
d'exil
(36).
En
c~s
d'homicide
volont~ire,
Abê,
Odjukru,
Bete,
Neyo, ordonnaient
l~
mise ~ mort immédi~te du coup~ble suiv~nt une
s~nction dont
les
Kweni
puniss~ient
le
viol
de la femme m~riée
(ZIJenIJI~)
(37).
Enfin,
qIJ~r,d l~ r'ép~l~~tion ne pelJt êtl~e ~':q'Jise et
que l~
vente prend un c~r~ctère punitif,
c'est l~ personne coupable
qui la subit comme un ch~timent mérité.
Reste vr~i
cepend~nt
que
l'homicide
en génér~l appelle
des peines
de
dédomm~gement
~r~duées
selon
que l'infr~ction est
ac,:identelle O'J
volont~il~e.
OIJtl~e
le'Jl' ,;omposition pl~estigielJse qui
met en
jeu
les
richesses r~res,
les peines de dédomm~gement ou de
réparation présentent deux autres caractères s~illants.
En preMier
lieu,
elles présentent une cert~ine st~bilité
dans un
sous-groupe
ou
une
form~tion
sociale
donnée,
pour une
période relati~eœent
longue:
les éléments constitutifs de la peine
et le
montant de cette dernière demeurent constants comme le prouve
le tableau
comparé
des
transgressions et des peines dans quelques
sociétés, ~ la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.
En second
lieu,
elles
manifestent
deux
convergences.
Première convergence
les
peines les plus fortes
fr~ppent, comme
on pelJt
le
voi l~
,;hez
les
Bete.
l es Gb~n,
les Kwen i
et les Abê,
trois infractions
l'adultère,' l'homicide volontaire ou par voie
immatérielle,
le
vol.
Seconde
convergence:
on retrouve partout ~
peu près
la
même
moyenne
de
récidives
tolér~bles
au-del~
de
laq'Jelle s'inlpose l' e~'~c~mmIJnl,:ation
alol~s qlJe les '.»S de meul~tl~e

volont~ire entr~îne immédi~tement l~ mise ~ mort,
l~ moyenne p~sse ~
deux pour
le
meurtre
p~r
sorcellerie,
~
deux
ou
trois
pour
l'~dultère et le vol.
~
Or,
cette
moyenne
définit
l~
limite de solv~bilité des
11gn~ges ou leur seuil d' insolv~bilité. Cette insolv~bilitè en t~nt
qu'inc~p~cité m~tériellle
est d'~bord d'ordre économique,
~ voir le
mont~nt réel
des peines.
En c~s d'homicide volont~ire, p~r exemple,
un chef de lign~ge gb~n doit fournir 4 p~gnes d'espèces différentes,
4 v~ches,
4
fusils
que
L.T~uxier év~lue ~ 2165 F en Afrique et ~
21650 F en Fr~nce (38)
;
pour le même crime un chef de lign~ge kweni
du Bw~vere
doit fournir 1 fusil,
1 b~ril de poudre,
1 t~ure~u,
4000
sombe
(39).
Pour
un
homicide
p~r
sorcellerie,
voici
l~
peine
infligée ~
un
Abê
d'~bord, l~ ch~rge des dépenses funér~ires ;
ensuite,
3
ou 4 boeufs,
si l~ victime est un membre de l~ c~tégorie
so,~i~le des
Vievi
; enfi n 12 t~ d' Ol~, soi t
624 gr' d' Ol~ OIJ 1888 F en
1902 (40)
M~is cette
inc~pacité peut être ~ussi d'ordre démogr~phi­
que,
év~luée
non
plus
en valeurs,
m~is en nombre de personnes.
En
cas d'homicide
involont~ire, par exemple un ~ccident de ch~sse, les
OdJukru exigent
le
remplacement
de
l~
victime
p~r
une
fille
susceptible de
perpétuer
le
m~trilign~ge
de cette dernière ou,
~
déf~ut de
cette
substitution,
l'~lli~nce éternelle des m~tricl~ns
(41).
Pour
un homicide volont~ire, les Bete-Gb~lebwo ~cquittent une
~mende (Zêabo),
composée d'un boeuf et de deux femmes:
telle est l~
condition pour que le coup~ble rentre d'exil
(42).
D'~utres peuples
bete,
en c~s d'homicide p~r sorcellerie,
acceptent des
personnes
en
lieu et pl~ce du Zê9bo de bét~il
les
Wro~ t5ubre)
prennent
une fille ~ l~ pl~ce de treize c~bris et les
L~zoa (Subre)
une fille pour vingt ou qu~r~nte moutons
(43).
Chez les Kweni,
les personnes ne constituent p~s seulement
une compos~nte
essentielle de l~ rép~r~tion comme c'est le c~s chez
les Bete,
leur
nombre
peut
être,
p~rfois, chez cert~ins peuples,
fort élevé.
Pour
un
crime
de
sorcellerie,
~
Dugb~fla, en p~ys
Tchègb~ (Ume),
cette
rép~ration
comprend
une
personne,
qu~rante
pagnes,
un
boeuf
(44).
Pour
un
homicide volont~ire (p~r poison>
commis dans
un
autre
lign~ge,
en pays bw~vere et yaswa,
elle est
plus importante
deux
esclaves
(un
homme
et
une femme),
deux
boeufs,
deux
fusils,
un
baril
de
poudre,
qu~rante
coquillages
rouges,
un
bouc,
une grosse dent d'éléph~nt. Mais chez les Kweni du
Nord
(Zuenula),
elle
devient
exhorbitante
un
c~bri
et douze
esclaves,
en
une
ou deux échéances et,
~ défaut,
le meurtrier lui-
même,
auquel
s'~joutent
onze
Jeunes
gens
libres
(L.Tauxier,
1924: 198, 245)
#
Qu'il s'agisse
des
divorces et du remboursement des dots
ou qu'il
s'agisse des réparations de crimes,
on voit ~ leurs coQts,
que c'est
bien
l'insolvabilité
qui
contr~int
généralement
les
lign~ges ~ procéder aux excommunications.
Oes motiv~tions
d'ordre
politique
peuvent
quelquefois
S'associer aux
motivations
précédentes
si
elles
n'ont pris leur
place.
I~ 1-'] pl~J;.::e d'urle ir,solvabilité l~éelle, DT. tl~DU\\'e D·::lI~fDis ,.::he::
un lignOl'J'? e;:;::;:;r:.èl~é le l~eflJs ·::;'y'·:;téOl.;)tique de pa'y'el~ l '=:Jmende et une
_._....=-=-'=---~~:--=======-~~="'-------- .

•••
volontd de
punir
un
membre
présumé
incorrigible et déshonor~nt.
Cette volonté
peut
se m~nifester ég~lement de f~con ~utonome comme
oblig~tion Juridico-politique
exercée p~r un lign~ge victime sur un
}ign~ge coup~ble.
Telle
est
l~ situ~tion, chez les Kweni,
lorsque
"les lign~ges
offensés
exigent
d'être
p~yés exclusivement ~vec le
=:-'=:---revenIJ de
l~
vente
du '~cIJp~ble effe,~tuée p~l~ le lign~ge d' ol~igine
(L,
T~uxier, 1924
: 173).
,.,,~-"
En.fin,
les
atteintes gl~;:)ves pOl~tées i:l l' ~utol~ité légitime
sont susceptibles
d'entr~îner
l'excommunic;:)tion.
P~rmi
ces
atteintes,
il
Y
~ d'~bord l'insoumission ~ l~ loi.
On s~it que les
dèserteUl~s sont
p;:)ssibles
de
l~ pei ne de mOl~t OIJ de l.~ vente 1
p~l~
exemple chez
les
Abê
(45).
Quiconque refuse l/ord~lie, procédure
l~gale de preuve,
encourt ~ussi une s~nction extrême
: peine de mort
cu vente.
A
Urep~
(dikpé
Z~bi;:),
G;:)gno;:),
Legrê
D~wr~,
du
patrilign~ge Godékp~,
~
été
vendue
pour
ce
refus
(46).
Outre
l'insoumission à
l~
loi,
il
f~ut citer le crime de lèse-m~jesté,
telle l'injure
f~ite
~ux détenteurs du pouvoir.
A l~ mort du doyen
d/~ge, Lorugnon
Zuku,
du vill~ge de Lessiri,
dikp~ Y~kolo (Subre),
voici qu'un cert~in S~tchi Grobiri est ~llé décl;:)r~nt qu'il ét~it le
seul digne
successeur
et
que
tous
les
prétend~nts
ét~ient des
incapables.
Indigné
p~r
cet
outr~ge envers les ;:)nciens,
son frère
Kapuc Séri l';:) vendu ~ Gnigb~ Zwo d'un groupe méridion~l (47).
D~ns le
premier
type
d'~tteinte,
les
institutions
politiques sont
en
c~use; d~ns le second type,
c'est le fondement
religieux du pouvoir politique qui est concerné.
En ce dernier sens,
la motiv~tion
politique
rejoint
le
motif idéologique et soci~l :
l'excommunic~tion se
Justifie
p~r
l~
d~ngerosité
~bsolue
du
c~op~ble .
Voil~ les
princip~les
motiv~tions
de
l'excommunic~tion
endogène.
Comment celle-ci se déroule-t-elle en f~it ?
Les excommunic~tions
se
déroulent
en
trois ph;:)ses
la
décision,
l~ tr~ns~ction commerci~le, l~ livr~ison.
1.1.3.1.
~a décision
L~ décision porte sur deux objets l i é s :
l'un,
politique:
l'expulsion ou
l~
sép~r~tion
l'~utre, commerci~l
l~ vente. Il
f~ut exclure
ou
sép~rer
une
personne
de s~ commun~uté lign~gère
aV~nt de
l~
vendre
l~
vente suppose cette exc~Jsion, elle est
sép~ratrice. L~
décision ~pp~rtient ~ trois princip~les inst~nces :
décideurs individuels
qui
opèrent
sur les
innocents génér~lement,
lign~ges et vill~ges qui tr~nchent d~ns le c~s des délinqu~nts.
QIJ~nd les
décideurs
sont étr~ngers ~ux lign~ges de lelJrs
victimes innocentes
(~omme
1 e
sont
p~l~
e~-:emp1 e
I,?',;
1?r:'.OIJ:-:
et 1es
flancés
indignes,
la
relation
d'~lliance
gr~ce
~
l~qlJelle
la
•. >_. _ _CO- _ _


298
p~rten~ire leur est consentie leur tient~lleu de Mode d'extraction
s~ns se
forM~liser
sur
l~
proc~dure institutionnelle d'excoMffiuni
~atlon, ils
décident
seuls
de
l~ vente,
il ne leur f~ut pour cel~
qu'audace et iMpudenc~.
Dans les
~utres
excoMmunic~tions
d'innocents cependant,
,:el~s des
er,f;;)nts P;;)l~ lelJl~S pÈ!l~es OIJ des génite'Jl~s p~l~ lelJl~s fils,
les décideurs
privil~giés
~
qui
revient
l'initiative doivent se
~oncerter ~vec
les
;;)utre~
membres
de leurs lign~ges, ce qui nous
r~mène ;;)u C;;)S suiv;;)nt.
Le lign~ge
d'origine
~pp~r~ît, d;;)ns toutes les sociétés,
~o••e
l'inst~nce
premlere
de
l'excommunication
endogène
(48).
L;;)
d~cision Y
app~rtient
~u conseil des adultes mSles
(p~trilign;;)ge),
des ~dultes
mSles
et
des
vieilles femmes
(m;;)trilign;;)ge),
conseil
dont le
chef de lign;;)ge prend l'initi~tive, qu'il préside avec voix
pr~pondér;;)nte et dont il assure l'exécution des arrêts.
Extraordin~ire, ce
conseil
est
secret.
Au
village,
il
siège tard
l~
nuit,
~ l'heure où dorment les femmes,
les Jeunes et
en p~rticulier le délinquant et s~ mère
(Abê,
Odjukru)
; en brousse,
il si~ge le soir ou ~ l'aube autour par exemple du p~lmier qui donne
le vin
(Bete,
Gban).
Le
consensus
requis
porte sur deux points
essentiels:
la cession du délinquant ~u lignage offensé ou l~ mise
en vente directe.
L~ conclusion reste secrète JusquJ~ son exécution.
Les lignages
offensés
se
concertent,
~ leur tour,
selon
les M@mes
principes
et
suiv~nt l~ même procédure.
Trois solutions
leur sont
ouvertes
l~ prise en ot;;)ge du délinqu;;)nt en ;;)ttend;;)nt
l'extinction tot~le
de
l'~mende,
en--c~s
de
vol
p~r
exemple,
s~cri~ice du
coupable
~yec 1;;) victime en cas de meurtre
(49),
mise
en vente.
L~ deuxième inst~nce, le vill~ge, ou plutSt le pouvoir qui
le représente,
joue
un
triple raie en rel;;)tion avec la n;;)ture des
infr~ctions et de l'organisation soci~le.
Ca raie peut être celui d'un garant.
Chez cert~ins peuples
bete, tels
les Kibwo
(50),
les ~utorités politiques vill~geoises se
portent caution de toute décision r~dicale que le lign;;)ge ;;) prise et
~u. le
chef
de lign;;)ge se f~it un devoir de leur notifier.
Partout
o~ s'accomplit
le
même
devoir
de discr~te inform;;)tion envers les
eutorit~s officielles, on retrouve l~ même caution politique.
.
.
Ce rSle
peut
être
~ussi un rSle d'~rbitre, qui lui-même
1.pllque cette
c~ution.
Il
en
est
ainsi
en génér~l lorsque les
.utorit~s vill~geoises arbitrent
les
litiges entre lignages,
soit
que le
lign~ge
meurtri
porte
pl~inte
et
fasse
de l'~rbitre le
porteur de ses exigences,
soit que les lign~ges p~ternel et m~ternel
du d.lin~uant
leur
demandent d'intercéder comme cel~ était courant
chez les
Kweni
et
les
Gb;;)n
(51).
Il en est ainsi en p~rticulier
IO~5qUe ces ~utorités contraient la cession des délinqu~nts et leur
prlse de possession par les lignages meurtris.

..
Ce raIe
peut
être un raIe de Juge qu~nd, ~ l'occ~sion de
cert~ines infr~ctions,
les lign~ges livrent les m~lf~iteurs non p~s
~ d'autres
lign~ges,
m~is
~ux
qu~rtiers
ou ~ux vill~ges dont le
pOUVOil~ de
dé,.:ision
est ~'oltonome, s'olpl~ême et s~ns ~ppel. Alol~s qlole
de tels
tl~~nsfel~ts,
d~ns
les
so,.:iétés
lign~gèl~es de l'Est (Abê,
OdJukru), ~boutissent
génér~lement
~ des mises ~ mort,
ils donnent
lieu, d~ns
les
so~iétés de l'Ouest,
~ des mises en e~cl~v~ge. Pour
Maurice Duwre
de
Koredidi~
(Issi~),
l~
décision
de
vendre
un
-criminel, dans
m~int
groupe
bete,
en p~rticulier le dikp~ Dw~bw~,
est un
droit
de
l~ ~ommun~uté vill~g~oise,- m@me si -l~ proposition
doit toujours
provenir
du
chef
de lign~ge. Au conseil secret des
chefs de lign~ge ~pp~rtient l'exercice de ce droit. Le f~it est que,
~ Urepa, dikp~ Niabré (G~gno~), selon le témoignage de Gonwu Blegnon
du lignage
Godekpa,
l~
décision
de
vendre
Blegnon Betewuri fut
prise, non
pas
p~r
son
oncle
paternel
Dudu Lêbolu,
mais p~r le
qua~tier ~
qui
celui-ci
l'avait
livré.
Ainsi,
poursuivi par la
colère de
son
on~le,
pour
~voir
arr~ché
de
force à son cousin
Gnlzlre Cuita
un
singe
noir qu'il avait blessé ~ mort mais que ce
cousin avait
ramassé
le
lendemain
en
refus~nt
de
lui
rendre,
Betewuri fut-il appréhendé et vendu en pays Guebié au Sud (52).
Oans la
décision
secrète
de
vente
appar~ît
déjà,
unilatdrale,
l~
première
opér~tion
du
commerce
clandestin.
La
tr.nsaction o~
les
p~rtenaires
d'échange
négocient
en
termes
d"quivalence le
tr~nsfert
de
la
m~rch~ndise
et
ob
le vendeur
percoit la
contrepartie monétaire de cette offre, voil~ la deuxième
opfration. Elle
s'effectue
selon
~u
moins deux modalités princi-
p~les, en rapport ~vec le lieu et le moment de la né90c~ation.
Première mod~lité
négo,.:i ~tion
se
déroule d~ns l~
localité de
l'acheteur.
possibilités
illustrent
cette
modalité.
Première possibilité
le
chef de lignage,
promoteur de
l'échange, du
village
A,
possède
un
~mi dans une loc~lité B ; ~
l'occasion d'un
évènement
quelconque,
funér~illes par exemple, ou
dans l'intention
précise de proposer un échange,
il se dépl~ce lui-
.@.e, ou bien il mande un de ses ~gents, son cadet, son fils, ou son
neveu, et
présente l'offre. L'~ccord se fait,
si ~ccord il y ~,
sur
le prix,
l~
date
de
livraison,
éventuellement sur le sexe et l~
qualité de l'esclave. Si l'hate" dispose de march~ndises, le voy~geur
peut recevoir dès ce moment l~ contrep~rtie de son offre virtuelle.
C'est ainsi
que
To-Bidi
de
Gr~gbeu (~uJourd'hui M~di~,
~roupe Zabwo,
près d'Issi~) proposa ~ son ~mi Golo Bh~godu Ugehi de
Vab-ayo <S'Jbre>
de•.J;<
dél i nqlol;;)nts
de
son
1 ign~ge : e.~gnon Poklol et
Wro~~ Tebli.
A
cette
offre
différée,
la réponse se développ~ en
trOIs temps
: sur le coup,
~ccord de principe de B~gudu;
une fois
Pourvu de march~ndises, B~gudu ~vis~ To-Bidi de l~ d~te d'~rrivée de
:on convoi; enfin,
l~ d~te venue, le convoi, conduit p~r le f~cteur
• BagUdu, vint prendre possession des escl~ves.


.,j. . . .
Deuxième possibilité
le
chef de lign~ge n'~ p~s d'~mi
personnel d'éch~nge
et
s'~dresse
~u courtier du vill~ge qui,
lui,
dispose d'amitiés.
Il
ser~
~lors
~visé, le moment venu,
primo de
L'ac,.:o\\~d ,.:on,:lIJ
entl~e
,:e
'=oul~tiel~
et
tel
OIJ
tel
de ses ~mis,
sécundo, de
l~
d~te
d'~rrivée
d'un
convoi,
tertio de l'~rrivée
effective du convoi.
Troisième possibilité
il
n'y ~ ~ucun courtier d~ns le
-------- ---
village du
lign~ge e:,~'=onlniU~~t'eIJl~i - le ,:hef de l-i~nage s' ~dl~eSs.a-_);)
l'un des
cour~iers
de l~ région ;
les dém~rches se déroulent comme
ci-devan~.
Dans la mesure où tous les chefs de lignages ne pr~tiquent
pas le ~o••erce, en p~l~ti'=IJlier le ,:omme\\~'=e des es.:l~ves, l~ plIJp~l~t
des échanges s'effectuent suiv~nt les deux derniers modes.
Seconde mod~lité
l~ négoci~tion a lieu d~ns l~ loc~lité
du vendeur.
Ici,
de même,
plusieurs possibilités se présentent.
Première possibilité
c'est le courtier du vill~ge B ou
son agent
qui
se
dépl~ce
~u
vill~ge
A
de ses ~mis, chargé des
.archandises de
tr~ite et les l~isse en dép8t,
après ~ccord sur les
~quivalences entre escl~ve et moyen d'éch~nge. Telle fut la dém~rche
de beaucoup
d'Alladi~n en pays odJukru,
de be~ucoup de Neyo en p~ys
kwadia et
des
Kw~di~
en
p~ys bete.
Il faut se r~ppelel~ le voy~ge
c~lèbre du
courtier alladi~n Nimb~ de Bodo-Ladj~ ~u vill~ge odJukru
de Dibrm en 1867.
E.Dungl~s cite
un
chef
de
Dign~go,
du
dikpi
L~ssom
(Gagnoa>
qui
p~rcourait
ainsi
les territoires du Vokolo et du Dri
pour se
procurer
des
escl~ves
qu' il
revend~it
au Niabré ou ~ux
groupes de
l~ région de Subré
(1939:7).
Pour ses besoins,
l'h8te du
village A
dispose des march~ndises );) crédit s~ns avoir sur le ch~mp
de personne ~ fournir en éch~nge.
Seconde possibilité
d'~utres vendeurs potentiels de l~
localité ou
du
groupe
territorial
peuvent
ég~lement prendre ces
.archandises);)
crédit
en ~ttendant d'~voir une victime);) livrer en
4khange. D~ns
l'e:<emple de Dibl~m que l~appol~te Fle'Jriot de Langle en
1867, nous
avons
vu
ces
opérations
de
crédi~,
même
si,
en
l'occurrence,
il s'est agi expressément de comMerce d'huile de palme
et non
de
commerce
d'esclaves.
L'informateur bete Dodo Zahuru de
Korékipr~, p~ys BogUhé (Issia), r~conte comment son père ~ recu d'un
acheteur du
Yokolo
5
fusils
et 1 baril de poudre pour un esclave
#
qu'il devait livrer plus tard
(53).
Ces opérations d'échange différé peuvent se compliquer par
la .ise en garantie d'une personne
l~issée au créancier et acheteur.
Telle est
l'opération dans laquelle s'est trouvé impliqué l'ancêtre
tjes K'Jd'JYo de Sassandl~~ (54).
1 . 1 . 3 . 3.
LaI i v \\~ ais 0 TI
D.::lTIs <~ett e
troiSlème
phase,
il y
a
deux opérations
le
dessaisissement et la prlse de possession.

Selon le lieu de son déroulement,
on distingue deux sortes
de dess.:lisissement
l'une,' iÏltel~ne ~ l'esp.;l,.:e vill.;lgeois
;
l'.;lI.Jtl~e,
externe,
encore
qu'elle .;lit lieu sur le terroir du vill~ge. D~ns le
~ill.:tge, le
dess.;lisissement
pel.Jt
d' .;lbOl~d
pl~endl~e
l~ fOl~me d".Jne
op~ration formelle
et
secrète,
non m.;ltérielle et publique.
Blégnon
Betewuri de
Urep.;l,
ci-dev~nt
cité,
~ été livré de cette m.;lnière,
purement verb.;lle,
.;lUX .;lutorités du qU.;lrtier,
d~ns l.;l cl.;lndestinité.
Hais généralement,
de
lign.;lge
à
lign.;lge,
le dess~isissement est
.atériel, et
s' effe,~bJe
SUI~ le mode violent et p'Jbl ic.
Q'Je ,.:e soi t
chez les Gb.;ln et les Kweni,
ou que ce soit chez les Bite èt les Abê,
le délinquant,
meurtrier ou voleur impéniten~, est ~mené ligoté et,
au vu des autorités officielles,
livré ~u lignage offensé qui le met
vite aux entr~ves.
Le dess.;lisissement
externe
tient
de
l'une
et
l'.;lutre
for.es
à
la
première,
il
emprunte ses yoiey détournées
; à
la
seconde, S.;l
violence.
L.;l princip~le
voie,
la plus commune ~ussi du
dess~isissement, est
le guet-.;lpens.
Ch.;lrgé d'accompagner un h8te de
marque sur
le
chemin
de
retour
ou
messager
en exercice sur le
sentier de
la
chasse
ou
du p~lmier, voici que le délinquant,
~ux
traits sign.;llétiques
préalablement
déjà
communiqués,
se voit pris
d'assaut et,
p.;lr la force,
maitrisé.
Tel est le schéma de guet-apens
que décrit
J.Zunon
Gnogbo
dans une étude sur le Pouvoir politique
traditionnel ~ P.;lYS ~ (Zéblé) .
• ~.~~
d.c~d._
con~r_
un
~nd~v~du_
1 _
ch_~
~_
C~G~O--~~
d _
1-.~p1~qu_r.
_
1 .
~.v_ur
a - u n e
v~_1~.
d · u n
.~r.ng_r
d · u n e
r.g~on
.1o~gn._.
c_
d_rn~_r
.~.~~
~n~or~.
d_
1_
.~r.~.g~ _
_
_ u~vr • .
~_
· ' d . m n . · ·
.~_~~
~~o~_~
p~ur
~.~r.
p.r~~_
d_
1_
d.1.g.~~a~
d _ _
~_un_.
qU~
d.v.1_n~
e c c o _ p e g n _ r
1·ha~_
_ y -
d _ 1 .
d ....
d _
1 .
. o n
~
( _ _ rv:l_'1:1:'_
d_
1:'o~1_~~_)
e u
v~11.g_.
L_
"d_mn.'·
d _
r~_n_
.~_~~
d _ . S Q n _
p o u r
e 1 1 _ r
~_
~our
1 .
d · . p p 1 i . q u . , -
_ _ •
d . . .=s._s.on_.
_oj,~ d:l.1:: .... p ••• _nt"··.
<55)
~
La deuxième
yoie
est
l'ab~ndon.
Au
terme d'un voyage,
l'exclu qui
a
accompagné le chef de son lign.;lge ou ses p.;lrents est
abandonné;
t~ntat
il est sommé de demeurer chez l'h8te Jusqu'a ce
que ce
dernier
lui
fournisse un don pour le lignage,
don qu'il
ne
recevra jamais
t~ntat
il
se
réveille,
esseulé parmi ses h8tes
etrangers qui
le
mettent
~ux
entraves,
alors que ses parents ont
regagné le Yill~ge n~t~l.

il
302
D~ns l~
troisième voie,
l~ tr~itrise des parents prend le
caractère d'une
violence
physique
qui s'~llie directement ~vec l~
~iolence des
~cquéreurs
ces derniers trouvent une personne déj~
U_90tée pend~nt ql.J' elle dor'nl~it.
Pour les
excommunic~teurs
~utochtones, le résult~t fin~l
de ce
processus
s'~pp~rente ~ une mort soci~le comme en ~v~it f~it
~--déjà l.a ,~en'.:Irque E.Oungl~s <1939:9). De f~it, mise ~ mOl~t con'~el~tée,
cette mort
soci~le nécessite une médecine de purific~tion ;
rupture
avec la
communauté,
elle
~ppelle
un rituel de levée de deuil. Le
rituel menimeni
des
Bete-BogUhé
qu'~
décrit le chef Kore Ziki de
Zobia,
le
27
Juillet 1975, en fournit l'illustr~tion. L'offici~nt,
un phytothér.:lpeute,
comme
Ikodê
Kore;
offr~it sur les doigts une
prépar~tion de
feuilles
que lap~it le principal décideur qui ~v~it
vendu son parent ; voil~ pour la purific~tion. Ensuite,
il ~tt~ch~it
au poignet
droit
et
au
cou
du vendeur des fragments d'écorce de
l'arbre saboyi
voilà
pour
le traitement de prophyl~xie. Enfin,
comme si
l'~bsent
était
un défunt,
p~rtage ét~it-f~it de tous ses
biens:
champs,
vêtements,
instruments
de
tr~v~il,
épouses
et
enf~nts, s ' i l en ~v~it.
Dans les
excommunications,
l~ violence soci~le s'exerce,
au moment
ultime,
pour exclure et transformer des aborigènes libres
en esclaves ; ~u contraire,
dans les processus exogènes,
la violence
soci~le organisée
s'exerce
de f~con ininterrompue,
d~ns un premier
temps pour
produire des captifs par arrachement d'étr~ngers à leurs
virl~ges ou
sociétés
d'origine,
et,
dans
un
second temps,
pour
produire des
esclaves
par
la
vente
de
ces
captifs
à
d'~utres
étr;;Jngers.
On distingue
deux
modes de prédation.
Le mode règlementé
est illustré
par les guerres qui opposent des collectivités locales
en conflits
~rmés
et
r~pportent
éventuellement des captifs p~rmi
leur butin ;
la captivité ici est négoci~ble et le captif rachet~ble
sous rancon.
Le
mode non règlementé est représenté p~r les razzias
ou les
raids,
opér~tions milit~ires unilatérales qui sont destinées
à procurer
entre ~utre butin des captifs pour qui nulle possibilité
n'existe ni de négoci~tion ni de rédemption.
1.2.1. Les motiv.:ltions
L~ captivité
procède
de
deux
types
de "guerres dont on
trouve sinon
des
récits,
du
moins
des
échos
d~ns
toutes
les
sociétés:
les
guerres
de
position
d'une
p~rt,
et
les
guerres
d'expédition d'autre
part.
Luttes
~rmées
qui
opposent
les
collectivités locales
selons
des modalités qu~si-institutionnelles
<56>,
les guerres mettent en jeu des effectifs humains plus ou moins
lmport~nts et entr~înent des destructions de biens et des personnes,
p~rfois l~ captivité d'hommes, de femmes et d'enfants.
._---_._-~-:-~.....;;

303
D~ns le
premier
type
de
guerre,
les
comb~tt~nts
des
groupes belligér~nts
s'~ffrontent,
le
moment
venu,
en des lieux
,:owenI.Js d'lJn
,:ommIJn ~':':ol~d
fl~ontièl~es des tel~l~itoil~es vill~geois
su; terre,
sur
e~u
ou
en
s~v~ne.
Sont restées célèbres sous ce
r~pport l~
s~v~ne
de - Tef
pour
les confédér~tions de Bobor et de
Dibrm en
pays odJukru
(57),
l~ s~v~ne de VI~hé pour les Niono et l~
s~vane de
Timbe pour les Me en pays Kweni
(58).
Deviennent c~ptifs,
dans ce cas,
les·guerriersaux munitions épuisées dans le comb~t qui
se rendent et obtiennent quartier de l~ part des vainqueurs.
Dans le
second type de guerre,
les combattants conduisent
une expédition
dans
les agglomérations de l'ennemi pour relever un
défi tel
le
détournement
d'une
femme
ou venger une attaque.
Les
traditions résonnent
de
célèbres campagnes de ce genre
: celle des
M~ contre
les
Nia,
les
Dwonu,
les Yaswa orientaux et les Bawlé,
celle des
Bende
contre
les Nagadwa chez les Kwéni
(59),
celle des
Ebrié-So.ongon contre
les AklodJu et celle des AklodJu contre Dibrm
en pays
odJukru
(60),
celle
des
Menedwe
contre
les
Gubolu-
Soklulignoa chez
les
Bete-Niambré
(61)
et,
chez les Bete Gbalébwo~
celle de
Dakoyo
contre
V~lua,
de
Niemgbéyro
contre Gokréyo,
de
Zokrobré contre
MandJéyro,
de DJisrayo contre Gbenkéyo,
de Tagbayo
contre Niemgbéyro
(62).
Quand
de
telles
expéditions prennent la
forme de
destructions radicales,
les Bete y voient l'état de guerre
totale, 9beu-sêto.
Dans
ce
cas,
la
destruction des cultures,
du
bétail et
des
résistants
s'accompagne
de
rafle
de trésor et de
capture d'hommes,
de femmes et d'enfants.
Il arrive
que
les
deux
types
de
guerre
se
trouvent
'.:omposés dans
la
mênle ,:ampagne et pl~odlJisent des effets ,:IJmIJlés de
captivité;
telle
est
la
guerre
des
Kwéni-Nianangon contre les
Gotron, décrite
par
Cl.Meillassoux.
Vainqueurs
dans la rencontre
avec leurs
ennemis,
et
ayant
capturé les guerriers Gotron qui se
sont rendus,
les Nianangon poursuivent les troupes débandées Jusqu'~
leur village
les
résistants
sont
massacrés,
les
notables
décapités,
le reste des hommes capturé,
le butin chargé.
(1964:238).
Deux motivations
essentielles
peuvent
entraîner
la
tr~nsformation des
captifs
en
esclaves.
La
prem1ère
est
l'insolvabilité des
vaincus
liée
elle-même
aux
procédures
coutu.ières de
conciliation
et
de
restauration
de
la paix.
Que
l'initiative de
la
paix
vienne
des vaincus
(ceux-l~ qui ont subi
destructions et
dépeuplement)
ou
qu'elle
vienne
de
médiateurs
neutres (village
de
la
même
fédération
ou
d'une
fédération
~trangère), la
procédure de paix doit en effet résoudre deux grands
problèMes:
celui
de
la
compensation ~ donner pour les morts que
chaque camp
a
infligées et celui de la rançon nécessaire au rachat
des .:aptifs.
Deux cas
se
présentent
dans
l~
résolution
du premier
problème. S'il
Y
a mort dans les deux c~mps, mort d'hommes et mort
de femmes,
le problème se r~mène ~ une compt~bilité des équivalences
numériques et
parfois
st~tut~ires
des
personnes
mortes,
la
~ompens~tion personnelle
revenant
~ux
lign~ges
qui
ont subi les
pertes:
tel
est par exemple le c~s chez les Abê,
chez les Bete et
,.:he:: les
Kwen i .

.;

304
Qu~nd ~u
second
problème,
s~ résolution dépend du st~tut
de ch~que espèce de c~ptifs. S~uf exception (c~s des Kweni Bendè qui
1~ vendirent
~près
~voir
m~ss~cré
les hommes et l~issé périr de
faim les
enf~nts
sur
les décombres),
les femmes sont génér~lement
destinées ~u m~ri~ge, option ~v~nt~geuse pour les deux p~rties. Chez
les Bete-Y~kUy~
de Subre
(63),
l~ procédure comporte deux ~ctes. Le
premier ~cte consiste en un rite de libér~tion pré~l~ble. Le lign~ge
..~ la
femm~offre un c~bri, vieil ~nim~l rituel de .l~ forêt,
~uquel
att~chée
une double signific~tion : expression d'une requête de
;hat, pour que la femme soit d'~bord délié~ de l'ét~t de c~ptivité
restituée à son st~tut de femme libre,
le c~bri est en même temps
Lgne de
l'acceptation
et
de
l'offre
de m~ri~ge. L~ OÙ les Bete
.ffrent un cabri.
les Kweni,
plus riches,
offrent un boeuf.
Vient ensuite, deuxième ~cte, le rite des épous~illes : le
célibat~ire ou
gr~nd
guerrier
qui
s'offre
d'épouser
l~ c~ptive
libérée ~
latitude
alors
d'appo\\~ter l~ compens~tion m~trimoni~le.
Che: les
Bete-Vaküy~, celui-ci consiste en dix moutons,
deux p~gnes
(l'un pOIJ\\"'
les
m~te\\"'nels, l'aIJt\\"'e pOIJ\\"' les p~te\\"'nels) et IJn f'Jsil,.
si le
prétendant est riche.
D~ns ce pays bete,
Bote TehUele Basseri
de Lessiri
1
rappelle un exemple pour illustrer cette procédure. A
la suite
d'une expédition punitive des YakUy~ (ou peuple du Yokolo)
contre la
loc~lité
de
Kame~yo,
coup~ble
du
meurtre
d'un homme
aveugle de Lessiri,
deux captives furent intégrées ~ la communauté:
la première,
W~ssi~,
du
vill~ge
de
Gn~wreo~ (aujourd'hui Gr~nd­
Zatry) a
épousé TehUélé Basseri
;
l~ seconde,
W~boi, a eu pour mari
Tchéw\\~è Z~ko.
S'agit-il des
enfants
?
Ici
encore,
sauf
cruauté
exceptionnelle
(cas
des
enf~nts
Nag~dw~ cond~mnés ~ périr de faim
sur les
décombres p~r les Bendè cités plus h~ut), et sauf le rachat
absolument obligatoire des orphelins,
exigence sacrée chez les Bete-
Gbalebwo et
les
Bete-BogUhe
(64),
les enfants sont répartis entre
les lign~ges
et
intégrés
comme
des
ingénus
~
la
communauté
villageoise. -D~ns
un
rapport
du 30 AoGt 1908,
le chef de poste de
Béréby confirMe chez les Krumen l'existence de cette procédure
(65).
Le rachat:
des
ad'Jl tes m~les est souRli s ~ IJne \\"'an(;:on dont
la nature
et
le
.ont~nt
restent
~ la discrétion du v~inqueur et
fonction non
seuleaent
des
rapports
de
forces
politiques,
m~is
encore de
l' histoire
é,~oTtomiq'Je
et so,~iale. Cette \\~ancon toujoIJ\\"'s
prestigieuse cOMprend
des
valeurs
en
nature
(bétail,
ivoire,
pagnes), des
valeurs
en
espèces
(manilles au Sud,
sombé au Nord,
POIJdre d'or à
l'Est>" des pe\\"'sonnes.
Les Kweni-Bw~ve\\"'e
e~·dgent
pOIJ\\"'
'Jn
'.:~pti f
des
biens
Matériels
1
défense
d'éléph~nt,
un
très beau pagne, akafiani,
quarar,te somt.é
O'J
l.Jn
bovin
OIJ IJn flJsil et l.Jn ba\\~il de pO'Jd\\"'e
(L.
Tauxier,
1924).
Chez
les Bete-YakUya, des personnes peuvent servir
de moyen
de r~ch~t ; ~ Koziayo, groupe Badakuy~ : cent manilles, un
cabri, IJn
~.~gne,
selon Oli Beto de Kozi~yo 1 (66)
; 3:l Lessi\\"'i
: IJn
f~Sil, delJ:·:
b~l~ils
de
poudre,
IJrt sabl~e
(Gb\\~ë) ou un es,.:l~ve, ~IJ~':
dIres de Bote Tehüele Basseri.

-
305
Ailleurs,
~
l~
pl~ce
d'escl~ve,
des
personnes libres,
souvent des filles,
jouent ce raIe de moyen de r~ch~t. Tels sont ces
hommes ou
ces
femmes-r~ncons
qu'évoquent les tr~ditions neyo dont
s,.4oest fait l'éd"IO G.
Thom~nn
(67),
et les tr'aditions all~dian.
c_r~~~~_
M e r e
Aug • •
_
d _ _
_ _
a d J u k r u
~ _ M m
<1969:143) .
Qu'arrive-t-il si les captifs sont nombreux et si viennent
à manquer
les
ressources
nécess~ires
aux rach~ts ? Ils pouv~ient
@tre annexés
~
l~
commun~uté
villageoise. Avec les c~ptifs f~its
dans deux
guerres
contre
les
BogUhe,
le Kane9non
Zogbo Kugo ~e
Br~zébwa ~ur~it
fondé
deux
vill~ges :
le village de Ku9o-Lorukpa,
wles Etrangers
de
Kugo",
devenu
B~hu~n
et
le village de Sabwa,
devenu, en
souvenir
de
son
père
Zogbo
Kor@,
Gbokor~
(68). L~
m~diocrité démographique
des
vill~ges,
les
exigences
de
l~
solidarité et
de
l'honneur,
l'attachement
à
la personne hum~ine
comme bien
dans
la
plup~rt
des
sociétés,
tous ces facteurs ont
poussé les vaincus ~ faire le maximum de s~crifices pour libérer les
captifs. Les
captifs
vendus
dont
les
traditions
recueillies
rapportent les
c~s
l'ont
été
généralement
moins
pour
cause
d'insolv~bilité où
se
trouver~ient
les
v~incus que p~r esprit de
vengeance ou de répression de l~ part des v~inqueurs.
Qu'il s'agisse d'~rracher une réparation ou qu' il s'~gisse
d'infliger des
représailles
pour une offense politique quelconque,
la venge~nce
peut
s'effectuer
sur
le
mode
absolu comme volonté
d'~néantir l'ennemi
selon
le
projet
d'une guerre totale.
En p~ys
kweni, vr~isemblablement au
XIXe siècle,
le dépeuplement du groupe
Nagadw~, réduit de quatre ~ un seul village, a été l'effet d'~ctions
réitérées et meurtrières entreprises p~r les Bende ; destruction des
maisons,
s~c
du
bét~il,
massacre
des hommes,
abandon des enfants
d'une part,
captivité
et
mise
en
vente
systématique des femmes
d'autre pa,~t.
(Cl.Meill~ssoIJ:{, 1964:239).
M~is entre
l~
l~êdemption
négo,:iée
des c~ptifs et ,:ette
for.e absolue
de
venge~nce, existe une forme rel~tive de venge~nce
limitée è
un
démembrement
plus
ou
moins
i.port~nt des vill~ges
enne.is. Chez
le
peuple
bete
du
Kpakolo
<Gagnoa),
quand
les
h~bit~nts de Gn~gb~bwo, d'~bord vaincus, réussirent, avec l'alliance
militaire des
Gb~lebwo, ~ triompher de leurs enneMis, ils vendirent
i.mêdi~tement les
deux
captifs qu'ils avaient faits
(69).
De même,
lorsque le ~ Kane~non
Blikablo du pays Gbalebwo, principal animateur
de la
dite alliance,
tomb~ sous les balles du groupe Zikozibwo, les
Gbalebwo org~nisèrent une expédition punitive sur les vill~ges de ce
dernier groupe.
Deux
c~ptives r~menées p~r le p~trilign~ge Brikayo
furent vendues dare-d~re plutat que d'être épousées (70).
Enfin,
la guerre qui avait opposé Kw~ti et Butubré en pays
kwadia et
~
laquelle
G.Thomann a contribué ~ mettre fin le 7 aoGt
1897 (71)
aboutit
à
des conséquences semblables. En effet,
Ohiri,
chef de
Dogoné,
groupe
Butubré,
~yant f~it ~ssassiner B~guiré de
Kwati dont
il \\'pdO'Jt:olit J.~ bl~avoul~e et les e:-:ploits 1l111it~11'es, les
-
~ '".'
~ :.::.:...:.= .=... ----- - - - - - - - - - - - - -

----------------
- -
30·6
h~bit~nts de
Kw~ti
entrèrent en guerre,
sous le chef M~bo T~hiri
il ~emble
que
trois
personnes
~ient
été
prises
et
vendues
~
Sass~ndr~. L~
riposte
de Butubré s'~vér~ féroce:
treize personnes
d, Kw;;,)ti
tüées
dont IJne dé':~pitée (le vieIJ~'~ Zébé),
qu~tl~e ':~ptives
vendues p;;,)rmi
lesquelles
une
t~nte de l'inform~teur Gnopru Lebre,
retrouvée et r;;,)chetée ~ Luwihiri en ;;,)v~l du fleuve S;;,)ss~ndr~ (72).
P~rfois ces ~ctes de venge~nce dissimulent des motiv~tions
-,,"---,csecondail'es qui deviennent pl~in,:ip;;,)les d~ns le c;;,)s des ,:aptifs f~its
dans les r;;,)zzi~s.
O;;,)ns l~
zone
de
notre
étude,
à
l'époque o~ nous nous
situons, Jes
r~zzi~s
comme
mode
systém;;,)tiqu€
de
l~
préd~tion,
présupposaient trois
conditions
de
fonctionnement.
Une condition
socio-économique:
des
esp~ces

les
éch;;,)nges commerci~ux sont
possibles et
rent;;,)bles.
Une condition psychologique:
l'émergence de
gr~nds guerriers ~nimés d'~mbition politique.
Une condition politico-
milit~ire:
sous
l~
direction
de
ces chefs des org~nis~tions de
forces ;;,)rmées,
~ssez
fortes
pour
effectuer
des
coups
de
main
effic~ces, m~is trop f~ibles pour soumettre et dur~blement contr81er
des vill~ges
ou
des
fêdér~tions
de
vill~ges
plus
ou
moins
import~nts, c'est-~-dire créer des hégémonies réelles.
En ~ttend~nt
l~ constitution d'une histoire de ce mode de
préd~tion, les
voy~geurs
étr~ngers
du
XIXe
siècle ont rencontré
quelques r~zzieurs notoires sur le chemin de leurs explor~tions : un
Lia du
groupe B~kwé-B~nni~, un B~hulu du Zrêblê ~u Sud du p~ys bete
<Subré),
un
W~nd~
du Lobwé ~u centre du même p;;,)ys bete
(Issia),
un
Neyo,
Gneb~
Beugre.
Cumul~nt exceptionnellement pouvoir économique,
pouvoir politique et pouvoir milit~ire, leurs opérations tendirent ~
prendre le
c~ractère
d'un
mode
de
vie
W~nd~
propose
~
l'explorateur G.Thomann
une ~ssociation et un p~rtage du butin;
le
m~ri~ge du Fr~ncais ~vec deux de ses nièces dev~it être le fondement
social de cette alliance
(73).
Oe f~it,
l~ célébrité de ces chefs excéd~it les limites de
leur groupement
territori~l et de leur peuple : le foudre de guerre
bakwe ét~it tristement célèbre ~ l'Ouest du fleuve Sass~ndra en pays
bete;
B~hulu,
pouv~it,
selon
G.Thom~nn, mobiliser des guerriers
d;;,)ns le
Zrêblê
~ussi
bien que chez les Ser~yo et les Zukobwe ; la
renommée de
W;;,)nda-le-Borgne
retentiss~it
dès
le
Guidéko ~u Sud.
Inst~urer cette
célébrité par la terreur,
voil~ le premier motif de
leyrs opér;;,)tions.
L~
première
voie
de
cette terreur est bien le
melJrtre;
l'émotion
épouvantée des BSl'te dlJ GIJideko lors dlJ p~ssage
de G.Thom;;,)nn
en
1906
s'explique
p~r l~ mort gr~tuite de cinq des
leurs pris d~ns une embljsc~de montée p~r des guerriers de Lia.
M~is, ~
défaut
d'être physique,
cette mort ét~it sociale
et consist~it
en
la vente des personnes c~pturées. Tels furent les
effets des
r~zzias
opérés
p~r
les Kekeyo sous Gneb~ Beugre.
ULIs
~ttaquaient les
voyageurs,
ecrit
G.Thom~nn
en
1905,
les
dépouillaient de
tous leurs biens,
enlev~ient de nuit le bét~il des
vill~ges et même les Je'Jnes gens qu' ils vend~ient ou g~rd~ient comme
~~~---=====.=.;;;=..,;~----~-
--->~--- -- ---~-~- -- " ~-~==-;;;;==

-,
307
escl.:lves".
<1905: 188).
T~l
flJt
vl~.:lis~Olbl.:lblenlent
le
l~ésIJlt.:lt de
l'expédition de
W.:lnd~
~
G.:lpO.:l,
groupe
BogUhé,
dont "le ch.:lsseur
d'es,~l.:lves" .:l'v'.:lit
~
'~l~.:lindl~e
enslJite
les
'~epl~és.:lilles.
~l
les
troupes coloni.:lles
n'ét.:lient
p.:lS
intervenues,
tel ~ur.:lit été,
.:lU
..dins en
p-!ll~tie, l' .:lbolJtissenlent de 1.:l pl~ise
de SIJbl~é p.:ll~ les "dew-:
cents guerriers" de B.:lhulu en 1906.
Or,
en
vend.:lnt
les c.:lptifs .:lU lieu de les mettre ~ mort,
les r.:lzzieurs
ne
créent
pas
seulement
ce
que
nous
nommons l.:l
célébl~ité p.:ll~ 'l.:l
tel~l~eiJr-:· mais ils ~cqIJiél~~rlt .:llJssi et SIJl~tOIJt les
_oyens m.:ltériels pour soumettre leur peuple et pour entretenir cette
célébrité .:lu-del~.
Armes
et
munitions,
princip~ux
biens
contre
lesquels,
nous
le
verrons.
s'éch.:lnge.:lient
les c.:lptifs,
voil~ les
.ayens de
défense
et
de
contrale,
voilà donc les instruments de
. reproduction des
r.:lpports
d'inég.:llité
politico-milit.:lire
entre
vill.:lges ou fédér.:ltions de vill.:lges.
1. 2.2.
Les mod.:ll i tés de vente
D.:lns les deux v.:lriétés de préd.:ltion,
le raIe second.:lire ~t
formel que
joue
le
pouvoir vill.:lgeois d.:lns les exclusions devient
réellement prééminent et presqu'exclusif.
Cette prééminence
s'.:lffiche
d'.:lbord
d.:lns
l.:l
décision.
Comme l'org.:lnis.:ltion
de
l.:l guerre ou de 1.:l r.:lzzi.:l est l'.:lff.:lire de
l~ commun.:luté
des
guerriers et du pouvoir loc~l, .:linsi l.:l décision
de mise en vente des c.:lptifs .:lpp.:lrtient à leur assemblée
: assemblée
des guerriers
et
des
chefs
milit.:lires et politiques d.:lns un C.:lS,
assemblée des
guerriers
et
du
chef cumulant pouvoir militaire et
pouvoir politique d~ns l'.:lutre C.:lS.
Cette .:lssemblée délibère d.:lns la
cl.:lndestinité pend.:lnt
que
les
c.:lptifs
demeurent
entr.:l'v'és
; ses
arrêts restent secrets jusqu'~ exécution.
Cette prééminence se retrouve ég.:llement d.:lns les ph.:lses de
tr.:lns.:lction et
de
livr.:lison,
d.:lns la mesure où ce sont les chefs,
d.:lns les deux sens mis en évidence,
qui effectuent ces opér.:ltions en
s'.:lidant,
le cas éché.:lnt,
des jeunes guerriers comme messagers.
L'us.:lge poli~ique
des
biens recus en éch.:lnge des c.:lptifs
~chève de
confirmer
cette prééminence du village sur les lign.:lges.
Si les
biens
secondaires
reviennent
aux
chefs,
les fusils et la
poudre .:lppartiennent
~ la communauté villageoise;
dans les m.:lisons
et sous
la garde de ces chefs,
ils serviront ~ armer les gue~riers­
ch.:lsseurs quand la nécessi~é se fera sentir.
Il faut
remarquer
que
le
procès
.:lcquisitif,
comme le
procès excommunic.:ltif,
est répandu,
selon l.:l littér.:lture existante,
d.:lns l.:l
plup.:lrt
des
sociétés
de
notre
Ch.:lOlP
d'étude:
société
~lladi.:ln, société odJukru, société abê, société kweni, société neyo.

L'enquête de
terr~in
~
ég~lement confirmé son existence
dans les ~utres sociétés.
Contr~irement à
l~ dénégation de L.T~uxier
(1924:134),
et
de
Kobben
en
effet,
cette
forme d'escl~v~ge est
it\\contest;;:lble d;;:lns
l~
so,=iété
gb.::ln
.::lIJ moins en t.::lnt qlJe pl";;:ltiq'Je
localisée comme
en
font
foi
les exemples de Tchègb~ et de S;;:lk;;:ld.::l
respectivement d;;:lns
le groupe Gb~ndwê et d.::lns
le groupe Gbodekw~. De
m@me,
~ l' interr09~tion de Christophe Wondji
(1972:38),
réponse peut
_~tre f~ite
que
cet
escl~v~ge
;;:l
m;;:lrqué
de
l.::lrges
fr~nges
septentrionales et
orientales· de
l~so,::iété bete ,.::ommei-l ;;) m.::l\\"q'Jé
le tissu des sociétés kW;;:ldia et neyo.
Toutefois cette
forme
domine
sur
les ventes d~ns trois
lieux : d~ns les sociétés cStières,
en p~rticulier neyo et ~ll~dian,
dans les
sociétés
orientales,
not;;:lmment
odjukru
et ~bê,
d~ns la
so~iété kweni •
laquelle s'articulent les
fr.::lnges septentrion.::lles et
orient;;:lles de
l.::l
société bete
(Zêblé .::lU Nord,
Zédi,
Nekedie,
Zabia
a l'Est>.
2.2. Les motivations
Ont déterminé
les
acquisitions
d'escl~ves quatre ordres
principaux de motivations.
P.::lssons-les en revue;
nous reviendrons ~
elles d~ns
la
Ille Partie de ce trav.::lil ~ propos des fonctions des
es~l~ves.
Les motiv~tions
de premier ordre par leur portée sont les
.otiv~tions d'ordre
démogr.::lphique.
Les besoins de nouvelles forces
reproductives appar~issent
comme
l'un
des
grands
déclencheurs
d'a-;quisitions.
A
p\\"enllé\\"e
v'Je,
on pe'Jt les t;\\"Oil"e en l"el.;:)tion de
cause ~
effet avec les excommunications,
traduis~nt la nécessité de
combler p~r
de
nouveaux
g.::lin5
les
vides ouverts p;;:lr les départs
forcés.
Il
n'en
est
rien.
Toutes
les
sociétés frappées par les
excommunications en
effet
n'ont
p.::lS
été
ég~lement import;;:ltrices
d'esclaves et
les
SOt=iét..ês
qlJi
ont
le pl'JS e:·~.::omm'Jnié, telle la
société bete,
figurent parmi
les moins importatrices,
voire les plus
hostiles ~ l' incorporation d'escl~ves. Un cas de substitution permet
cependant d'er.visager
la possibilité théo\\"iq'Je d"Jne telle \\"elation
: Guédé
Gnokibhe'J,
~lolowri
dl.J
vi llage
de
e.~ssi
(G'Jibe\\"w~), a
échangé son
propre
fils
contre
un escl~ve en tr~nsit ; l'esclave
était bel
hamme
et
le
fils,
m.::llade
ou
v~lètudin;;)ire,
donc
SOCialement dévalorisé et passible d'escl~v.::lge.
On distingue
trois
sortes de ces besoins
:
i l y ;;) besoin
de reMpl~cement
l~
où,
par cause naturelle ou historique,
manquent
des forces
de
reproduction
;
qU.::lnd ces forces existent,
mais sont
stériles,
il
y
a
besoin
de supplé;;:lnce ou de
forces vicariantes
;
lorsqu'il y
a
enfin
insuffis~nce quantit~tive ou
qu~litative,
appar~ît le besoin de forces d'~ppQint. D;;:lns tous ces cas de déficit
réel ou
potentiel,
i l S'~9it, pour les sociétés m~triliné~ires d~ns
lesquelles les
lign~ges domin.::lnts
se
perpétuent
par
les soeurs
ytérines,
de
besoins
de
reproductrices
et
pour
les
sociétés
P~trilinèraires, au contr~ire, de besoins de reproducteurs.
Même
les
so.::iétês
p;;:ltl~iliné~il~es
ont èç:'l~OIJvé, .~ q'Jelq'Je
degré;
tel
ou tel
de ~es besoins.
L'exemple du vill~ge bete de Bassi

..
.J$S
309
est un
c~s de rempl~cement. A Gbessé,
en p~ys ~bê, on cite un ~utre
exemple,
peut-être
t~rdif,
m~is
célèbre de rempl~cement, celui de
Kw~mé, escl~ve
d'origine
bawle,
qu'un
m~ître
~v~it
~cquis pour
l..,mpl~'::el~ son
fils
déflJnt.
D~ns
les
so,::iétés
m~tl~iliné~il~es Oij
l'incorpor~tion ét~it
plus
systém~tique,
le déficit des soeurs et
des ni~ces
utérines,
reproductrices
des
m~trilign~ges,
~ motivé
l'~fflux d'escl~ves de sexe féminin.
-Le vill~ge de Mopoyem,
en p~ys odjukru,
illustre les trois
situ~tions de
déficit
et
de besoins.
Sur onze m~trilign~ges, sept
ont été
propriét~ires
d'esclaves
d~ns
l~
seconde moitié du XIXe
si~,::le:
IJn
p~l~
m~nql.Je
de
\\~epl~odIJ,.:tl~i,::es
1 ib\\~es,
deIJ~'~
p~\\~
infécondité,
qu~tre p~r insuffis~nce numérique
(74).
Voici deux
situations de m~nque ~bsolue : le m~trilign~ge
des AQnibw~-I~ et celui des Oongb~-l~.
Essi~gn, de l~ classe d'~ge des Obodjlu,
initié entre 1863
et 186~,
~ deux soeurs,
Koko et Ayo ;
l~ première ~ un fils,
Dibrm,
et une
fille,
Véi,
qui
elle-même
n'enf~nte qu'un g~rçon, Ak~dje
<classe d'~ge des Sêtê)
; de l~ seconde n~issent deux g~rçons, Akpro
Lat et
Ofi~
L~t. Avec les trois g~rçons, Ak~dje, Akpro L~t et Ofi~
Lat,
les
deux
r~me~ux du lign~ge s'épuisent n~turellement. Essi~gn
s'offre un remède s~ns succ~s, le m~ri~ge ~vec une étr~ngère libre;
Afwe,
l'étrang~re
b~wle, donne naiss~nce en effet à un garçon,
Afwe
Yed;
c'est
encore l'impasse. Voilà dans quelle circonstance ~ été
~cquise, venant
de
Dibrm,
la
premi~re
esclave du matrilignage
~atman. Le second escl~ve est un homme: Essiagn Nswe.
Les frères,
Lasmbro (ou Adiman) ,
Lasmel
(ou Abonu)
et Lasm
Niagn (ou
Djedj)
n'ont
que
deux soeurs
: L~sm et Esmni. Or Esmni
donne n~issance à un garçon, Lokpuli, et Làsm à une fille,
Aika,
qui
devient plus
tard
m~re
de quatre filles
: Botto Nicé,
Botto Vedm,
Botta Vebl,
Botto
Vu,
et d'un g~rçon, Botto Vedo. Parmi ces quatre
filles,
deux
se
révèlent
stériles,
Nicé et Vedm
; quand ~ux deux
~utres, Yebl
et Yu,
elles enfantent des garçons,
Akpem Agnero,
pour
la première,
et
Kétéku
pour
la seconde;
l'unique fille issue de
Vebl, Akpêm Agnim,
n'a pas d'enfant.
Oonc à
la troisième génération.
le lign~ge ~boutit à
l~ fermeture. C'est pour y remédier que Abonu ~
acheté p~rmi
cinq
autres
l'unique
esclave
de
sexe
féminin
du
.atrilign~ge : Yon.
l'
Voici deux
situations d'infécondité
le m~trilign~ge des
Otobro-l~ et celui des Melvpdéi-Ia.
Au XIXe
siècle,
dans
le matrilign~ge des Otobro-Ia,
les
enfants de Yedyu sont au nombre de cinq
: deux filles,
Akpro Bwai et
Akpro Nome,
et trois garçons,
Akpro Nomel,
Besséi et Adjr~. Or.
les
deux soeurs portent un mal
incurable
: l~ stérilité; le lignage est
condamné à
mort.
C'est
face ~ cette infortune Que surviennent les

..
310
initiatives bénéfiques
d'Akpro
Nomel et de Akpro Bwai
le premier
achète deux
esclaves
de
sexe féminin,
Obebl-el d'origine hausa et
Kpassi Vêi
;
et
la
seconde
acquiert
pour sa part une troisième
esclave ~ Agbaille
: Dudu Nam.
Du même lignage.
Amafu Djêdjes achète
~e quatl~ième
: Mal~ogn.
Les tl~ois alJtl~es es'.:laves ":;ont des hommes
:
Ak@Yu,
Assiê,
Obre Kpassi.
A la
même
époque,
le matrilignage des Melyedéi-la compte
deux fe ••es, Esso Nane et Esso Nome,
et quatre hommes,
Adjangb'Esso,
Adjangb'Esso Nomel,
Esso
Lowes
et Esso Akpa.
5i Nane est stél~ile,
Noae a
deux
fi Iles,
Em-Ces-Esso-N.:me,
sans enfant et Em -(~es-Esso­
Lowéi dont
l'unique
fille,
Kodog Idj
(ou Kp@HD
se l~évèle stél~ile.
Voilà donc
sté,~ i le Agbandj' Esso Nane,
sté\\~ile 5.:::1 ni è •.:e Em-Ces-Esso-
Mane, stérile
Kpêlê,
la
niè •.:e
de •.:ette dernière;
le ligna.;je i •.:i
encore se
voit
condamné
~
mort.
C'est alors que surviennent deux
initiatives salvatrices
: Esso Akpa acquiert une esclave de Kpanda
:
Satu Ofr
(ou
50tuêm),
de
la classe d'~ge des Mborman Kata ; ~ la
.ort de
l'oncle
Yingbe
de
Kpanda,
son
cousin 5êmu Aka prend en
héritage une
seconde esclave de la promotion des Mborman OdJongba
:
Bra Nam
;
la
troisième
esclave
acquise
se nomme Opit ; dans la
foulée,
sont achetés aussi trois esclaves m~les : Aka Nzi dit Nsign,
Akpa Akmel Mansa,
Em Ces Esso Bêfêri.
Voici trois
situations
d'insuffisance
numérique
les
lIatrilignages des Loqbo-la,
des Lo9bok-Ia,
et des Djadj-la.
Toujours ~
la
même
époque,
les deux soeurs Sobr Adjo et
Essiebl ont
six
enfants
: Leyo,
une fille,
et Tchenda,
un garçon,
issus d'Adjo
Essi,
une
fille,
Okro,
Okro Mel et Niagn-ni nés
d'Essiebl.
A
la deuxième génération,
les deux filles,
Leyo et Essi,
donnent naissance
d'une
part ~ deux garçons,
Djêdjro et DjêdJroli,
et d'autre
part,
~
trois
filles,
Vane,
Edjm et DjêdJéi.
Or ~ la
troisième génération,
seule Edjm est féconde parmi les trois soeurS.
C'est alors
que
pour
étoffer
le
groupe des reproductrices,
Leyo
achète"une
esclave,
Va,
et son cousin Okro une autre esclave nommée
Busu, de
même classe d'~ge des Mborman. Deux autres esclaves seront
t1es hOllmes : Kpami et Anon.
Kpassi Esso,
le
chef,
a deux soeurs,
Kpassi Essi et Ngo.
Oe la
première
naissent
trois
garçons,
Ane Edjro,
Ane Edjes,'Ane
Akpa et
une
seule fille,
Ane Edjéi,
ce qui est peu.
Voilj comment,
pour renforcer
la
capacité
reproductive
de
son
lignage,
Esso a
acquis une esclave
: Samrandjo.
A la
fin
du X l Xe s i è '.: 1 e I l e '.: h e f
d e i i ';j n ~J '] e,
"r' e d "0"' ,] n ,
n ':.1
qU'une soeur,
Adio
Agnéi,
dont le mariage avec Akpro Nomel a donné

~.l'
-
311
trois garcons
: Nomel Affi,
Nomel Ni~9n et Nomel Akpa et,
une seule
fille,
Nomel Yebl}
encore très
jeune.
Ved~9n renforce s~ soeur et s~
nièce en achetant une esclave
: Aya.
~
Les motivations
du
deuxième ordre ayant ~gi sont d}ordre
économique
elles consistent en des besoins de forces productives.
L.e pl"eQ\\ie\\~
de
'=es
besoins}
le--
besoin
de
fOl~'=es pl"odlJ,=tives de
suppléance s'est
le mieux manifesté dans la société neyo.
Malgré la
r4gression dénlog\\~aphiqIJe
de
,=ette so.:iété dont se sont fait ·1' é,.:ho
les pre.iers
admi ni stl~a'b?I.Jl~s'=olonlaux COMMe G. Thomarrn
<1901: IV) }
cette société
disposait
d} une
jel.Jnesse saine et vigol.Jl~el.Jse i
mais
plutôt qu'à
l;a
pl~odl.J,:tion
des
sl.Jbsis'tances
irldispensables
aIJ:.:
fee.es,
aux
enfants et aux vieillards (agriculture}
chasse}
pêche),
cette jeunesse
s}était
adonnée
à
la navigation,
depuis
le XVIIIe
siècle, co••e
l'attestent
traditions
orales,
récits de voyages et
histoire (Ch. 8e\\~hens, 1974). C'est pour la re.pla'=e\\~ pl~é'': i sément d.:ms
cet'te fonction
p\\~odu.=tive
ql.J.' a
été
acq'.Jise
la
main-d' Oe'JV1~e
aasculine des
hameaux
de '=IJl t;.Jl~e.
La ,=réation et la ml.Jl tipI i'=ation
de ces hameaux ont répondu ~ ce besoin.
Chaque lignage fOl~t a eu son
hameau sinon
ses
hameaux.
Nous
verrons
que cette séparation des
groupes et cette. substitution fonctionnelle ont persisté ~ tel point
qu'après l'abolition
de
l'esclavage,
le départ d'une grande partie
de cette main-d}oeuvre a
laissé le pays dépeuplé et appauvri.
Le deuxième
de
ces
besoins
peut
être
nommé besoin de
forces productives supplémentaires.
Dans certaines circonstances,
ce
recours aux
esclaves
a été déterminé par la division croissante du
travail.
Tel
est
le cas dans la société alladian.
En passant d'une
économie fondée
sur
la
pêche,
l'agriculture,
la production et la
comMercialisation du
sel
~
la
commercialisation
d'un produit du
continent,
l'huile
de palme}
les Alladian ont eu besoin d'une main-
d'oeuvre masculine de plus en plus nombreuse
;
ni
les cadets sociaux
des lignages ni
les individus mis en gage par les peuples voisins ne
suffisaient;
les
esclaves ont constitué ce supplément de forces ~
verser dans la production et l'é~h~nge. Les hameaux de culture et de
transit correspondront ~ cette nécessité.
Mais d~ns
d'autres
circonstances,
l'accroissement de la
popula~ion e~
des besoins alimentaires se sont alliés ~ la division
accrue du
travail
pOU1~
détel~nline\\~ ,=e re.~ol.J\\'S.
Tel
fl.Jt le ,=~s ,::hez
les Kweni.
Zone
d'è.=hanges
intenses,
zone de l~i'=hesse et de pa ü{
rel::J'tive,
le pays des ma\\~d"lès fl.Jt "1.Jn î lo~ d' e:·{.=ept i onne 11 e dens i tà Il
e~tr~ la
for@t et la s;avane
<Cl.Meillassoux,1964:288).
Insuffisante
~. aSS1.J.er tOI.Jtes les Qpé\\~~tions d'é,=h-:,mges d;ans le ,::ommel~'::e .~ longue
d1st~nce. la
m;ain-d'oeuvre franche des lignages l}était également ~
rê.pondre a •.J;·{
besoins
.alimentail~es de la t'lol.Jvelle masse d' hommes;
'...ne lIIai n-d' oe'.JI,'I'e
sel~V i le,
,.::e Il e
des
fl.Jb.Jl'S
harneau;< de ,;JJ 1 tUI~e,
de·vai~ comblel' ,::ette ir.sl.Jffisan,=e,
D'autres motiv~tions
qui
ont
jou~
un
raIe
dans
le
processus ,jes
a,.::quisitions
l~esSol-tissent ~
l'ol~dl-e politique. La
pre~ière d'entre
elles
par
sa portée est la recherche du prestige
~Oclal, sous
la
forme
d'un
rang
de
not~ble dont le respect est
1nstituticnnellement g~r.anti.
A
l'époque
du commerce,
~cquérir un
~:cl.::lve l'e~'l~ésent;;:}it en
effet
un
e:-:ploit so'.:ial,
pl'olonfJ,?rnent et
passenlen~ sous
un
;.::el~t~ln
1~;O)ppOl~t
.:les
e:.:pl oi ts
des
.;ll-::ln,js
~~----------=======-=====~=::::::::::==-==-.."==

chasseurs,
des
grands guerriers,
des grands navigateurs,
des grands
devins et des grands ravisseurs de
femmes
l'acte héroique classait
l'auteur et
son
lignage
au-dessus
du
lot
commun.
Mais
cette
recherche,
répandue
peu
a~
prou
dans
toutes
les societés,
a été
,rarti,;ulièl~eRlent détel~
Alin-:lnte
l~ oij et alJ moment oi:J l'a •.:q'Jisition
d'escl-:lve est devenue un enjeu politique entre lignages.
Ce fut
le
C-:lS
d-:lns
l-:l
société
odJukru
lorsque' fut
institutionnalisé l'an9b-:lndji-iri,
rituel
de
la
fortune -:lUX sens
religieux et
économique
du
tel~me : l' acd;~s alJ ",.:lub" des fOl~tIJrll?S
exigeai t
un
nombre
déter8li né d'es,.::laves CO.Dle ,.::ondi t ion né'.:e~~ire
et les
compétiteurs rivalisaient d'e~fectifs d'esclaves.
Ont obéi ~
cette motivation
tous
les
membres qui ont brigué l'an9bandji dans
les cla~ses
d'~ge
qui
se sont succédées de 1863 ~ 1903
: Obodjlu,
S@t@, Ndjroman,
Abrman,
M'bédié,
Mbor.an.
Ce fut
le cas aussi d-:lns la société -:lbê où l-:l plup-:lrt des
acquisitions d'esclaves
se confondaient avec la compétition pOIJr la
gloire post-mortem
et où les lignages rivalisaient de sacrifices et
d'effectifs de
sacrifiés
~
l'occ-:lsion
des
décès
des
notables.
Jusqu'en 1911,
date de la soumission militaire des Abê,
la majorité
des esclaves
semble avoir été principalement incorporée en vertu de
cette exigence socio-politique. Dans les sociétés kweni et bete, pal~
exemple,
où de nombreux esclaves des deux sexes ont été -:lchetés pour
co.poser des
c-:lde-:lux
de
m-:lriage,
c'est la même recherche qui -:l du
Moins partiellement Joué.
Outre la
recherche
du
prestige,
une deuxième motivation
politique a
fait son oeuvre,
c'est le besoin de sécurité.
Aux dires
des inform-:lteurs
bete
de
la région orient-:lle de G-:lgno-:l,
en effet,
les premières v-:lgues d'esclaves
incorporés dans les lign-:lges étaient
en majorité
du
sexe
m-:lsculin.
Or ~ l'expérience,
ces esclaves se
~ont ~êvélés
insoumis
et enclins à
l'év-:lsion.
Ce fut alors que les
fe.Mes obtinrent
sur
les
hommes
la préférence des acquéreurs.
Au
contr~ire des
hommes,
cond-:lmnés en génér-:ll au célibat comme nous le
verrons,
celles-ci
~v~ient,
pour
les
stabiliser
et
les
rendre
SOUMises,
deux
contraintes
le
concubin-:lge
f-:lcile
~vec
des
parten~ires libres
et,
si
elles
étaient
fécondes,
l~ maternité.
Ainsi l'a~quisition d'un
grand
no~bre
d'esclaves de sexe féminin
d~ns cette
région
a-t-elle
été
déter.inèe
p~r
l'intérêt socio-
poli tique de
sécul~ité"
MalhelJl~e'Jse.en1:'.
les
)~éser'ves
dont
les
inforMateurs,
soucieux
de
respecter
la
susceptibilité
des
des~endants d'esclaves,
ont
entouré les détails de cette p~rtie de
l'histoire sociale
et économique nous a eMp@chè de préciser la date
de cette
reconversion
du commerce local et l'~mpleur dans l'espace
@t le temps de ce phénomène.
La troisième
Motivation
politique
se
présente
sous l~
forMe d'une
volonté
d'éMancipation
ou
d"égalité.
Cette
volonté
transparait dans
les
tentatives des esclaves qui,
p~r leur travail
et leur
épargne,
cherchent
à
se
racheter
en
acquérant
un
uu
plUsieurs esclaves
pour
leurs
maîtres et en constituant eux-mêmes
une COuche
supérieure
de
la
catégorie
des
escl-:lves.
Mais si
la
Motivation est
politique au sens o~ l'intention revient ~ accéder ~
~? con~ition de
maître
par
une
voie
institutionnelle,
qui
est
acqulsition d'escl~ve,
le résult-:lt reste so~ial, nous le verrons,
sans ';onsé':l'Jen.:e dil~>=:..:t.? SlJl~ le st,~i:I..Jt propl~ellent politi'::lue des
..
-----'-"-"'-'-'.-.- .. -----=-.. ....
~
~.;

..

313
intéressés.
La
destinée fin~le d'une commun~uté servile du pays abê
confirme,
nous
le
verrons,
le
conflit
entre infériorité sociale
S"tatIJt~il~e et volonté d' ém~n,::ip~tion so'::io-politiq'Je des es,,::laves.
M~is on
déc~le
des
motiv~tions d'un qu~trième ordre qui
ont joué
leur
raIe
des
motiv~tions
d'ordre
soci~l.
L~
norm~lisation de
l~ vie sexuelle des esclaves m~les en rapport avec
l~ nécessité
de
l~
ségrég~tion sexuelle entre ingénus et escl~ves
qui c~ractérise
be~ucoup
de
sociétés.
Voilà l~ princip~le d'entre
elles. Cette
préoccupation
~
motivé
l'~cquisition
de
be~ucoup
d'escl~ves de
sexe féminin.
On en voit la preuve,
d~ns deux cas sur
trois recensés,
~ux cadeaux de mariage que les Abê offr~ient sous la
forme de
pairs
d'esclaves
: un homme et une femme,
deux hommes et
deux femmes
on
en voit une deuxième preuve ~u relatif équilibre
numérique des
sexes p~rmi les possessions de maint chef de lignages
bete du
Zêble
(D~loa)
un homme et une femme chez Zozo Zogbo de
Zabia,
Gblé
Tapé
de
Keibla
et Tapé Séri de G~bwa, deux hommes et
deux femmes
chez
Séri
Diro de Bobwa,
quatre hommes et cinq femmes
chez Logbo
Kafu
de
Gbla,
TapegUhe
on en trouve une troisième
preuve d~ns
les hameaux de culture,
oÙ un minimum de femmes partout
indispens~ble ét~it présente.
2.3.
Les modalités d'a''::'j'Jisition
Qu'il s'agisse
des
exclus ou qu'il s'agisse des captifs,
il en
est
du
procès
d'achat
comme
de
l~
mise
en
vente
des
délinquants.
D'abord
la décision d'~cheter appartient au conseil de
lignage,
conseil des adultes m~les dans les sociétés patrilinéaires,
conseil adultes
mSles
et
des
femmes
8gées
dans
les
sociétés
matrilinéraires;
quand
le
chef
veut
constituer
~
temps
les
ressources utiles
~
l'opération
ou
quand
il sait les ressources
disponibles,
il convoque la réunion du conseil,
la préside avec voix
prépondérante et
en assure l'exécution du consensus.
Ensuite,
c'est
le chef
de
lignage
ainsi procureur qui prend langue avec des amis
des localités étrangères et négocie,
personnellement ou par messager
interposé,
selon
les
mod~lités que nous avons ci-devant relevées ~
propos de la transaction.
Un moment
fait
cependant l'originalité des acquisitions,
c'est la
prise
de possession correspond~nt ~u dess~isissement dont
les exclus et les captifs sont les objets.
Cette prise s'effectue au
moins sur
deux
modes contraires
: celui de la violence et celui de
l'amadouement.
La prise
de
possession
de
la
majorité
des
esclaves
adUltes,
dans
les
sociétés
de
l'Ouest comme dans celles de l'Est,
porte des
marques
de
la
violence.
Cette
violence
s'inscrit en
premier lieu
dans les moyens matériels et précisément techniques du
Pl~o'':ès d'a,.::quisition : p;''ll~tout, tout ,.::onvoi était i,'ll'mé de ma'.:t.ettes,
de sabres,
de
fusils
partout,
chez les Abê comme chez les Bete,
,.::haque es,.:: l.~\\·e
·=:lva i t
son es,,::ol'te d'au moi ns .jeu:·: ';;Jal~rjes al'més,
l'un
devant,
l'~utre derrière.
-' "--~-=----'-".-:-._---------,~----._._-

11
314
Inscrite dans
les moyens,
la violence s'inscrit en second
lieu comme
mortification
sur
les
corps
mains
ligotées,
bouche
Iylillonnée,
yeIJ:<
bandés.
Cette
mOl~tifi'.::ation, on l'a dit,
pOIJvait
commencer dans
la société de départ,
quand les vendeurs livrent des
victimes déJ~
ligotées,
avant
de
s'épanouir
sous
le
règne des
acquéreurs.
Mais,
comme
le
reconnaissent les informateurs Bete et
Kweni en
particulier,
elle était en général
le fait des acquéreurs
qui, soit
amplifiaient_et achevaient ainsi un processus endogène de
déso~ialisation et
de
dépersonnalisation,
soit
inauguraient
un
processus exogène.
Les n,ai ns
1 igotées,
1 a pel~sonne .:l'.:hetée devi ent d' eOic. lée
personne vaincue,
S.:lns défense autonome;
la bouche baillonnée,
elle
perd la voix pour crier sa souffrance aux vivants et aux morts,
pour
appeler au
secours,
surtout -
ce qui est son droit naturel dans
les
idéologies locales
pour
fulminer
l'anathème contre sa parentèle
coupable du
sacrilège
de
l'exclusion
et
pour Jeter,
en signe de
malédiction,
un
crach.:lt
au
visage
des
.:lcquéreurs
complices des
excommunicateurs;
elle
perd
somme
toute
l.:l parole qui
fait
ici
l'@tre de la personne et constitue son écho dans
le monde;
les yeux
bandés,
elle
perd,
en même temps que la lumière et les paysages de
la patrie,
les
chemins
qui
mènent
au
pays
de
son exil et qui
conduisent vers son pays natal.
Sur terre
et sur eau,
cette mortification durait le temps
de l'expédition commerciale.
Sur le fleuve Gnema,
de Kukruyo au pays
neyo, selon
Ghide
Kréahi
de
Kpada,
les
esclaves
désentravés
voyageaient les
yeux
bandés,
assis,· la face tournée vers l'amont,
uyant chacun
devant
lui
un
bol
de riz,
ration alimentaire de la
traversée;
sauf les trois-ou quatre relSches,
la nuit sur les îles
ou les rapides,
ils n'auront les yeux débandés et ne retrouveront la
lumière perpétuelle qu'une fois .:lrrivés sur la c8te
(75)
b/ L.:l Pl~ i se de possess i on ~ am.:ldolJement
Une minorité
d'esclaves
adultes
p~
les
esclaves
adoles.:ents semblent
avoi r
€:kt-Iappé
alJ
nlode
vi oIent
de pl~ i se de
possession:
leur
.:l
été
.:lppliquée
plut8t
l.:l
méthode
douce de
l'aMadouement qui
vise
~ faire immédi.:ltement accepter aux esclaves
leur nouve.:lU
sort,
S.:lns
impatience,
sans
révolte
ni
tentative
d'évasion.
Sous
la vigilance collective et armée des convoyeurs,
ce
qui n'est pas contradictoire,
le paternalisme se répandait en gestes
et en
propos
sécurisants.
Les
esclaves
livrés
par
abandon
qu'évoquent sans
donner
d'exemples
les traditions étaient d'abord
rassurés et
entourés
d'une
certaine sollicitude,
même si celle-ci
n'allait pas
sans
hypocrisie;
c'est
seulement
lorsqu'ils
se
~
montraient méfiants
et
intraitables qu'on les soumettait ensuite a
l'entrave.
Les ado l es,:ents
qui,
~
la fin du XIXe et au d~but du XXe
siècle,
ont
constitué
la majorité des esclaves dans les sociétés ~
l'Est du
Bandama
telle
1.:.1 so.:iété odjlJkl~IJ, n'ont p.OlS .:orlrt'J,
selon
nos informations,
cette
rupture
dramatique
d~ns
le régime de la
prise de possession
sur QUX en général l'am~dolJement obten~it l~~


315
effets recherch~s.
Pris
en
main en pays abidji,
~ une latitude o~
l'év~sion deven~it
plus difficile encore qu'elle ne l·~tait en pays
boJwlé,
ils
tl'::IVel'saient
s::lns
violen,.::e l'espa •.::e odjukl'u au sein de
convois lignagers,
par
étapes
plus
ou
moins
longues,
Jusqu'aux
villages de
destination.
C'est ainsi que,
c::Ipturé en même temps que
six autres
jeunes p~r les sof::ls de Samory,
le nommé Boni Affré
(76)
après avoir
YU
trois compagnons de servitude achetés en pays bawle-
anyi ou
~bidji.
arriva
au village odJukru.de Tiaha avec les trois
derniers ~o.pa9nons,
sans autre souffrance que celle de la faim,
de
la soif
et de la .arche vers l'inconnu.
Affré,
Aboli Lawl-êl et une
fe••e,
Ol.idJ.
~urent achetés ~ Tiaha ;
le quatrième devait l'être ~
Kaka,
localit~
à
laquelle
on accédait ~ l'époque par la lagune en
venan~ de Tiah~» de Mopoyem ou de Bodu.
Au terme
de l'analyse des procès de vente et d'achat,
une
question demeure
s::Ins
réponse:
~ quels prix les esclaves ét~ient­
ils vendus
et
achetés
?
C'est
~
cette
question que 1::1 section
prochaine tente d'apporter des réponses.
=====..;;....,............-- --.....'


316
SECTION
III
LE
PRIX
DES
ESCLAVES
1. Elémen"ts pour l' ~t.:::lbl issemen"t d' 'Jne stl~IJt.::tul~e des pl~Ü:
Considérons le table.:::lu ci-dessous où sont comp.:::lrés t
dans les sociétés étudiées e"t cert.:::lines de leurs voisines,
les
prix des escl.:::lves et les ~rix des princip.:::lles m.:::lrch.:::lndises efi
circul.:::ltion .:::lU XIXe si~cle et .:::lU début du XXe siècle.
Outre des
lacunes, s'y trouvent, prononcés,
les déf.:::luts document.:::lires qu'E.
Terr.:::lY \\~êvel.:::li t
d.:::lns une étude SIJI~ Le p\\~ix des eSt.::l.:::lves §..I!. Afl~i­
g'Je Prtkoloni.:::lle (1)
i.précisioTrs histo\\'iq'Jes et st.:::ltistiques des
m.:::ltèri.:::lux de tradition orale M.:::llgré,
p.:::lrfois,
le dét.:::lil des opé-
rations individu.:::llisées ; indétermin.:::ltion méthodologique et
sociologique des. données écrites et d.:::ltées.
M.:::lis tel quel cepen-
dant, voici un document de b.:::lse pour toute enquête sur le commer-
ce des escl.:::lves d.:::lns cette zone,
corrigible et indéfiniment enri-
chiss.:::lble.
.. -
•. -----:c------~ ........

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267
Badiz~ru,
du
village
de
Gnregbeyo,
dikp~
Zi kob ....' 0
;
Kebria
Gbale,
du villag~ de Kokobre,
dikP~
Kpakolo
;
~ l'Est
un
camarade anonyme du village de Drayo,
en
pays DakUya.
Il'
-
DABLE
M~BO de Kwati,
pays Kwadia
au Nord
:
. LogUe,
du village de BlagUhe,
dikp~ Zikpobwo ;
.
un
camarade
au
village
de
8lagUhe,
dikp~
Lobwo
<B'.JYo>
au Sud
Gneba Beugre,
du patrilignage Kekeyo,
à
Gbokrè
(S.:lss"3ndra)
. Grah,
du
patrilignage
Dereyo,
à
Gbokrè
(Sassand,"a) .
AD.JE
e.ONV
d'Emokwa
(.Ja,:queville),
pays alladian,
el.Jt de nombreux
cam.:lrades dans les vill~ges odJukru :
. Okoru Gnagn d~ Kpanda,
classe S@tê ;
Veyu Agn de Gbadjn,
classe Ndjroman,
matrilignag~ DJoriQb"3-la
Breswe d'Armêbê,
,:lasse Ab'''man,
matrilignage de V"3nk~-la
Kabi
Awiyo
d'
Aklodj-B,
classe Sêt@ kat"3,
matrilignage des
A'(ebl-la
.
L~s chaînes
fonctionnaient selon le principe de l'échange
différé,
combiné ou non .:lvec le principe de l'éch"3nge direct.
Dans les échanges entre les peuples cStiers et les peuples
de l'hinterlan~,
l'échange
différé
semble avoir été de règle.
Une
première illustration
en
est
fournie
p~r
le commerce de l'huile
entre All.:ldi"3n
et Odjukru tel que l'a observé et décrit Fleuriot de
Langle lors
de
S.:l
visite
~
Dibrm
en
1867.
En l'occurence,
le
promoteur de
l'échange,
agent de son entreprise,
ét.:lit présent,
en
personne,
dans la cour de son hSte odjukru ; une ambiance de fête de
richessé entourait
les
opérations
d'éch"3nge
i l s'agiss~it d'une
part de
prendre
possession
de
l'huile
pour laquelle des avances
aV.:lit été
déposées
auparav~nt
et
d'autre
p~rt
de
consentir de
nouvelles avances pour l'huile qui sera livrée plus tard
(52).
Une seconde
illustr~tion
de
cet
éch.:lnge
différé
est
apporté par
l'exemple
des
échanges
entre
Neyo et Bete-Guibwo,
~
Kukruyo,
près
de
la
rivière Bo
(Kp.:lda,
Subre).
La délég"3tion neyo
débarquait de
Nihiri,
dans
la
cour
du glolowri,
après plusieurs
jours de
traversée,
sous
la
conduite
du
fils
du
promoteur de
l'éch.:lnge;
mandé p.:lr le 91olo~ri, le héraut convoquait l'.:lssemblée
du village
pour
accueillir
les
étr"3ngers,
prendre livraison des
marchandises et
entendre
les propositions d'échange.
Les étrangers
retournaient ~
Nihiri,
apr~s entente sur une d.:lte de livraison des
équivalents,
généralement
deux
mois.
Le glolowri
lancait un appel
d'offre ~
ses
amis
des
villages
environn~nts
et
procède
aux
échanges.
Au
retour
des Neyo,
il donnait livraison des équivalents
et restituait les marchandises
invendues,
s ' i l y en a
<53).
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De cette mercuri~le ressortent deux const~ts m~jeurs. En
premier lieu,
loin d'être uniformes,
les prix ont v~rié en fonction
de plusieurs critères
: dist~nce
des lieux de consommation ~ l~
source de production d~ns l'esp~ce, sexe,
~ge, qu~lité physique,
moment historique.
En second lieu,
ces prix sont de deux sortes
il y ~ les prix courants en quelque sorte homologués p~r l~
tradition d'éch~nge comme prix norm~ux (sociétés ~bê, odjukru,
kweni)
et il y ~ des prix constatés lors d'opér~tions ponctuelles
et individu~lisées, soit d~ns les sociétés d'~utosubsist~nce
m~rquée <Bete-BogUhe), soit d~ns les sociétés déj~ intégrées d~ns
les circuits d'éch~nge <Bete-Zebwo,
société ~bê),
2.1.
De la s~v~ne ,
l~ forêt et de l~ forêt ~ la eSte,
les prix
,::ou'~~nts vont en effet ,::r"oissant.
E'::hangé '::ont'~e 1 Fu
<fusil)
dans
la région d'Ume en p~ys kweni et gb~n, un homme l'est contre 4 ou 5
Fu environ dans les régions mé,~idionales de Gagno~, d' Issi~ et de
S'Jbr'e et '::ont'~e la ,
15 FIJ su,~
~_ a ''::ôte neyo-k,~uman" Le pr"i:-~ de 200
tt <m~nilles) par unité dans le Guebie <G~gnoa-L~kot~) s'élève'
1200 tt au pays avikam sur la côte.
Sur la côte occidentale
toujours,
le rapport de 5 ~ 15 en termes de Fusils passe de 1 ,
3
en termes de Bovins.
A l'Est du Bandama,
on retrouve le même rapport de 1 ~ 3
entre le Nord et le Sud de notre zone d'étude,
quelle que soit la
monnaie d1usage.
Au Sud du pays anyi-bawle,
~ Tyasalé,
par exem~le,
les Abê ad-tètent l'esclave-' 1 TA d'or
(52 g'~);
ils vendent le leIJ''''
a'J:< Akye et Kyaman pO'Jr 3 TA d' 0'''' la piè'.::e.
Dans la ''''égion
lagIJnai,"'e et ,.::ôtièl"'e,
l'é,::hange s'effe,.::tue a'J taw·~ ma:·~imIJm de 3 TA
avec les Kyaman et les Abure,
de 1200 tt chez les Odjukru et les
Alladian ; dans le même tenlps le boelJf valJt 400 tt O'J 1 TA d'or,
pl'" i:< ,::olJrant de 3 Fu.
Dans ces systèmes de production aux frontières desquelles
se faisait sentir peu ou prou depuis le XVIIe siècle au moins
l'action des économies marchandes du Soudan nigérien et de l'Europe
atlantique,
le mécanisme de l'offre et de la demande n'apporte-t-il
pas une première raison ,
la variation des prix entre la savane et
la forêt,
la forêt et la côte?
Il n'en est rien,
Ni concurrence
entre les vendeurs,
ni concurrence entre les ~cheteurs, ni
concurrence entre vendeurs et acheteurs ne déterminent ce prix.
D~ns la région d'Ume,
,
Gagnoa et ,
Daloa,
au coeur de la forêt,
la
question ne se pose même pas.
Excommuniés et captifs locaux,
es,.::laves en pl'" ove r,àfi,i e- de la savane tl"'olJvaient l"'elativement pe'J
d'acheteurs.
Hormis les lignages notables,
en effet,
ni
l~ société
gban,
ni
la société bete,
ni la société dida,
débouchés naturels de
l'économie kweni,
n'étaient,
sauf en leurs franges et ~ un faible
degré,
nous le verrons pour les Bete producteurs de cola,
les Gban "
et les Kweni,
de grandes utilisatrices d'esclaves.
Mais l~ question
ne se pose pas non plus sur la côte et la zone préforestière.
Chez
les Neyo,
les Avikam,
les Odjukru et les Alladian producteurs ou
commerçants d'huile,
les structures économiques et soci~les avaient
,

besoin d'esclaves,
les lignages disposaient de ressources pour s'en
procurer,
en plus grand nombre et s'approvisionnaient ~ plusieurs
sources ~ la fois:
sources bete,
godie,
bakwe et wê pour les Neyo,
sources godié,
dida,
anyi-bawle,
kweni,
senufo pour les Avikam,
les
OdJukru et les Alladian.
Dans la région préforestière oÙ la
production était importante autant que les besoins,
les prix
n'obéissaient pas non plus au mécanisme de l'offre et de la demande
ils restaient constants sur la longue période,
sanctionnée par la
caution des pouvoirs politico-économiques locaux et l~s vendeurs
étrangers.
La question ne semble s'être posée qu'à une brève période
dans le Nord en 1895 et 1898.
Alors même,
les troupes de Samory,
harcelées,
n'eurent pas le temps de marchander les prix des esclaves,
ce fut un vaste mouvement de liquidation au sens commercial,
mouvement après lequel les prix,
comme on le voit à Tuba,
retrouvèrent leur niveau antérieur.
En fait,
cette explication réside dans l'inégalité des
coOts et des risques sociaux de production.
De la savane à la forêt,
de la forêt à
la eSte,
il y a,
fonction de la distance par rapport ~
la source,
fonction de la durée du transfert et des moyens utilisés,
un accroissement des coOts et des risques sociaux de la production
d'esclaves originaires de la savane:
frais d'entretien des esclaves
et des convoyeurs
<nourriture,
santé),
frais de transport
<véhicule),
frais d'entretien des instruments de production
<armes,
entraves,
magie de protection,
cadeaux j
faire aux camarades d'écha~Je).
Relativement bas et quasi-nuls dans le Nord,
ces coOts et risques
deviennent de plus en plus importants vers le Sud pour atteindre leur
maximum sur la eSte.
2.2
La variation de~ pl~ix selon le ~
En même temps qu'ils varient dans l'espace,
les prix
varient selon le sexe,
quand on passe des sociétés matrilinéraires
aux sociétés patrilinéaires.
Aux Anyi-Bawle de Tyasale,
les Alladian
livrent 5 paniers de sel pour acquérir une esclave,
alors qu'il en
faut 3 ou 4 pour avoir un esclave,
selon Kaku Echigban d'Emokwa
(1975).
De même,
en échange d'un esclave les OdJukru cèdent aux
courtiers Avikam,
Ahizi ou Alladian 600,
800 ou 1000 tt là où, pour
une esclave il n'en faut respectivement que 800,
1000 ou 1200 tt selon
les informateurs d'AklodJ,
Armêbê et Lokp.
Généralement,
dans les sociétés patrilinéaires,
ce rapport
se trouve inversé à
l'avantage des esclaves de sexe masculin.
Si nous
'~onsidél~ons· l' espa,:e bete,
pal~ e:<emple,
5 FIJ slJffisent à a.:hetel~ IJn
homme et 3 Fu IJne femnle dans les l~égions mél~idionale (Subl~e) et
Ol~ ientale <Gagnoa), .:ependant qu' il f.:lI:lt 4 FIJ pOU1~ l' homme, 3 ou 2 E!d
pour la femme dans les régions septentrionales d'Issia et de Daloa.
A
travers cette prévalence de l'un
ou l'autre sexe,
pèsent les
nécessités socio-économique,
politique et idéologique de la
reproduction différentielle des deux variantes de la société
1 i gn:lgèl~e .

L'~nom~lie peut cepend~nt f~ire mentir le principe de cette
pr~v~lence spécifique,
L'équiv~lence des prix de l'homme et de l~
femme,
relevée ~vec une fréquence significative chez les Abê,
s'explique,
comme nous le montrerons,
par la fonction princip~le des
esclaves ~cquis d~ns cette société patrilinéaire
:
la pure gloire
d'une immolation ostentatoire.
Les exceptions,
rencontr~es dans les
sociétés patrilin~aires d'un prix supérieur de la femme
(Okruyo,
pays
bete ;
AradJê,
pays Abê;
Zuenula,
pays kweni);
et celles d'un prix
supérieur de
l'homme attestées dans les sociétés matrilinéaires
(Bobor,
pays OdJukru),
s'expliquent également,
ce nous semble,
par la
qualité esthétique des sujets:
la beauté.
De même,
l'~vilissement du
prix des femmes au-dessous de leur prix courant s'explique par la
gravité des méfaits commis par les excommuniées et l'urgence du
ch~timent. Vendue en échange d'un.baril de poudre et d'un chat,
Kobli
Guiazi de Zikobwo
(Issia,
pays bete)
expiait ses adultères répétés
qui ruinaient le patrimoihe et le renom du lignage paternel.
C"est
pour avoir perpétré trois infanticides sur ses propres rejetons,
monstruosit~s dignes d'une sorcière,
que Ibo Gogo de Koredidia
(Issia,
pays bete) ,
devait être vendue et le fut ~ un prix dérisoire
1 FIJ et 2 bal~ ils de pOIJdl~e.
2.3 La v;:,r'iation des pl~i;.: selon l' ~ge
Enfants et personnes ~g~es affichent aussi des prix
différents de ceux des adultes.
G~néralement, en raison de la
fonction économique et sociale des sujets
(fonction potentiell~ ou
fonction réduite),
ces prix restent inférieurs ~ ceux de l'adulte et
en représentent une fraction plus ou moins grande selon la société et
parfois selon l'~ge réel de la victime.
Dans les sociétés
patrilinéaires passées en revue,
le coat de l'enfant équivaut ainsi,
soit au cinquième de celui de l'adulte dans l'extrême Nord
(Zuenula,
pays Kweni),
soit au quart ou au tiers dans le centre forestier
(Gagnoa,
pays beté) ,
soit ~ la moitié au Sud du pays
(Gwabo,
pays
Abê).
Le prix de l'enfant dans une société matrilinéaire
(odJukru)
autant que le prix de la personne ~gée dans une société patrilinéaire
(Kru)
peut représenter également le tiers du prix de l'adulte.
Ici,
de même,
apparaissent des anomalies explicables.
La
fonction économique et sociale,
potentielle chez l'enfant,
réduite
mais réelle chez la viei
le personne,
apte par exemple ~ gérer les
affaires domestiques ou économiques d'un lignage,
cette fonction a
expliqué parfois l'équivalence entre enfant,
personne ~gée et adulte
(Dugbafla,
Ume,
pays kweni
; Sayo,
Subre,
pays bete;
Tabu,
pays Kru) .
A Gwabo,
en pays abê,
une équivalence entre une fille et des adultes
a été attribuée ~ la fonction reproductive
:
la puberté.
Dans la même
localité,
la fillette achetée au même taux qu'un garçon et ~ un prix
s IJ p é l~ i e IJ l~ ~ ': e 1 u ide l' ad u 1 te,
soi t
4 F IJ , l e f IJ t
pou l~ IJ n e l~ ais 0 n
explicite
la beauté.
,

M~is d~ns la même région,
d~ns le même groupe sexuel,
pour
l~ même tr~nche d'~ge,
les v~ri~tions de prix ont obéi ~ l~ loi de
l'évolution.
La document~tion le confirme pour la soci~té OdJukru et
K\\o,'eni.
En 1867, selon l'Amir~l Fleuriot de L~ngle (2),
le prix
moyen de l'escl~ve ~ Dabu,
en p~ys Odjukru,
s'élev~it ~ 100 F,
équiv~lent ~u tiers du prix d'un tonne~u d'huile de p~lme ~ l~ même
époque;
une mère et s~ fille,
~ titre exceptionnel,
furent r~chetées
~u prix fort de 400 F.
A l~ fin du XIXe siècle,
ce prix moyen de 1000
~ 1200 tt tombe,
~ r~ison de 0,20 F l~ m~nille,
~ l~ moitié environ de
l'~nnée 1867.
Comp~r~tivement, le prix du litre d'huile de p~lme, de
0,47 F entre 1880
(Assinie)
~,
dès 1889, chu ~ 0,22 F, c'est-~-dire
de moitié
(3).
En p~ys Kweni,
même évolution ~ l~ b~isse, ~u moins d~ns l~
région septentrion~le pour l~quelle des documents
xistent
(4).
Av~nt
S~mory, ~ une époque correspond~nte ~u dernier voy~ge de Fleuriot de
L~ngle d~ns les L~gunes, un escl~ve v~l~it 500 col~ ou 200
~ 400
1?I~O. F'end~nt l~ '=~mp~gne somol~'y'enne vel~S 1895 : 300 '=ol~ OIJ 100 Bro,
soit environ 225 F l'escl~ve m~le,
300 F l'escl~ve femelle,
50 F le
g~rcon et 75 F l~ fillette.
A l~ fin de l~ c~mp~gne, un escl~ve
coat~it jusqu'~ 1 b~lle de m~nioc, en fonction de l~ qu~ntité
infl~tionniste de c~ptifs déversée sur le m~rché. M~is ~ l'extrême
fin du XIXe siècle cepend~nt, si l'on f~it l'hypothèse que l~
~
m~rch~ndise ét~it devenue plus utile,
l'escl~ve ~ vu son prix
remonter,
il f~ll~it 10000 col~ d~ns l~ région de M~n et Tub~ pour
1 ' ~'=.:"Jél~ i l~ •
,.

SECTION
IV
UN
BILAN
DU
PROCES
Un bil~n
s~tisf~is~nt
devr~it
fournir
d'~bord
l~
popul~tion chiffrée
des
escl~ves vendus et achetés,
par société et
p~r période,
p~r
groupe d'~ge et de sexe,
l~ distribution de cette
popul~tion d~ns
les
sociétés
acquéreurs,
p~r
vill~ges
et
si
possible p~r
lign~ges,
les
r~isons
qui
expliquent
cette
distribution sp~ti~le,
temporelle
et
soci~le; il devrait fournir
ensuite, en
r~pport
~vec
cette
première
dém~rche, le coat de ce
commerce. En
r~ison
des difficultés inhérentes ~ cette ambition et .
sur lesquelles
nous
nous sommes déj~ expliqué d~ns l~ Ière Partie,
nous nous
en
tiendrons ~u premier aspect de cette problém~tique en
nous content~nt
~
titre
d'hypothèses
des données indicatives sur
les produits des ventes et des achats.
1.
Le Produit des ventes
Considérons les
deux
éch~ntillons
ci-dessous
occ~sionnellement constitués
des
ventes
excommunic~toires
effectuées p~r
les
Ab@ et Bete ~ la fin du XIXe et au début du XXe
siècle.
,

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(~ro'J~. 2·or,or,)
XXIV.NIIlI'\\IlYO
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Z;jr;j~iJh.
48
KPE
ZIlLI
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Bl!te-Dr,
(l;b~dre)
49
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P"ys Logro<ln
50
TAF'E SERI
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T"peseri>.l
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51
DI,;e.IlPRU SERI
Digb"pr'J>.l
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\\loIs
.,
(bltt"i1.
':01 .. >
.. t
viols
1

···c"· .......
354
TABLEAU 14-f!..
VENTES EFFECTUEES ~ TERRITOIRE ~ ~ l
~
(~IJite)
LOCALITE
NOM
LII~NAGE
CRIME
PAYS
DE
AUTEUR
DESTIH
FINAL
DESTINATIOH
DE
LA
VENTE
XXVI. l'LA
P;tyo; L0'.lroJ!ln
53
SERI NIMAVRE F
V..debre
3 ref'I.J. de
f!·ete - Loble
... etou ... et Mo ... te
Ze'.lbehia
AI.,r1J!l'.le
<B'.yol
:.. f!·l;t
54
WAREGNOH OWRE
Yon'.lbJ!l
7 ..~ri.a~e~
le pe ... e
F
Zeg~.ehiJ!l
XXVII • KOREA
Grol.Jp. Depi.
55
,;N l f!.O';UHE
,;UHURU
F
Kor ...
5 divo ... ·.::••
l'et .. - e.ogUhe
XXVII 1. ZEBRA
'.iroup.
..
L0'.lbJ!l104ln 56
DUDU
ANI
H
50r-:el1erie
57
SERIE ZERI
F
vols <le vivre-s
XXIX. LO';OGUI-
';UIA
Grol.Jpe
f.ibe::&bwo
58
ZOBO '~UETI
H
'';oDzebwoD
bri'.lJ!lnda'.le
XXX. KI!!.WO
r. ... ol.Jpe Kibwo
59
DIr.BEU KEHl H
f!,al"'.lw,,
vols de vivre~
B.. te-B0'.l;jhé
1.. pèr ..
<B .. t1">
<G.uêdé Di'.lbe'.l
60
TAPE ZERE
d.. Z.. ko..
F
f .. iroli'.lntis ..
Bete-O'.lkuy'!l
!e~ pcrents
IUO ... t ..
:.. Zak'.J
et volo;
XXXI. ,;OSSA
f';"'OIJp. Djété-
'.luh ..
61
GBO LOBU
H
l';rogbeu
vols de vivr.~
Bete-Lobl ..
f'.linl!antise,
"dult.reo;
XXXII. TAPEGUHE
GrOIJp& Sobwo
62
DJEDJE NOr.O
TAPE
H
bri'.lar.da'.l"
IR pOf.Jvoir
v1ll'.l'.leois
XXXIII.DAOPA
--
';A';HOA
63
,;BEUL l';HON
,;ADJ l
H
n'.'.J ... 'tres,
50n fl"ere
bri'.lJ!lnda'.l"
64
f!.LAD.JI
DU';UALI
H
veng ... n.:. de
le frè.-e
50n f ... ère
verlljl.J et r.;:)p.;:)-
venljl.J
'tl"le
l'
,

355
TAI'·LEAU 14-1'..
~
EFFECTUEES
EN
TERRITOIRE
~ ~ l
~
(sui t • •t
fi r,)
LOCALITE
NOM
LI~NAI;E
CRIME
PAYS
DE
AUTEUR
DESTIN
FINAL
DESTINATION
DE
LA
VENTE
XXXIV.MADOJUHE
Groupe
e.al .. gUhlf
65
WONDE GeEULI H
N••agbiga....
7
XXXV. e·ALUZU
~rol.Jp.
Jdobuo
66
LI'II;O OODOLU
r
?
p..ys neyo
(S"ssollndral
.
67
KORE LIe.RE
r
1
...
69
l'.AHI TAPEKO
H
1
P"ys kweni
XXXVI. HIAKIA
Pays Vokolo
69
AQUISI
GeEUDEHI
H
?
Kor.on WOholi
,

Les observations
qu'appellent
ces
deux
é ..:hant i lIon·:;
suggèrent quelques
hypothèses
rel~tives
moins
aux
stat i 5 t ique'~
précises de
la
population
extr~ite
qu'~ux tendances du pl~()':essus
::)n·~) l ,,/sé,
En effet,
~ raison de vingt huit excommuniés
(19 hommes,
9
femmes)
pour
onze villages,
soit deux excommuniés en moyenne par
vill~ge, on ne saurait extrapoler une population mise en vente de 78
personnes pour
les 39 agglomérations du pays abê
au recensement de
1904
(11
du groupe Tchoffo,
11 du groupe Moriêru,
9 du Khos et 8 de
l'Abevê).
A
raison
de deux excommuniés en moyen~e par village,
on
ne saurait non plus attribuer aux 120 villages de la région de Daloa
-Issia,
selon
une
carte du Service Géographique de l'AOF en 1924 ,
et en
supposant
nèglige~bles
les disparitions ou remaniements des
localités depuis le début du siècle,
une population de 240 personnes
mis e 5
E:~ n
'''; e n t e
( 1) . D.=.l n s u n
I:.;j S
': 0 mOH2
dan s
l'a u t l~ e ,
une tell e
estimation n'aurait de signification particulière que si nous avions
pu,
comme
le
permet
par exemple la tradition odjukru,
classer les
excommuniés par
promotion d'Sge et ainsi
indiquer approximativem~~t
le moment historique de leur excommunication.
Or il n'en est rien.
Tendanciel1ement,
il
appar~it seulement,
en premier lieu,
que
les ventes excommunicatoires constituent la majorité des ventes.
On ~eut
.,
voir non seulement la pré00ndérance effective des causes
~
1
r
.
~
(-?ndo'Jén(~s,
m;:)is
.::.lussi
.un
défaut· de TH:>t:l~e infol~mation 1~e1ative au:<
ventes prédatoires
que
les
troubles
politiques
de
cette époque
multipliaient de facon significative.
En deuxième
lieu,
p.=.lrmi
les victimes des excommunications,
on dénombre
une
majorité
d'hommes.
Tout
se
passe
comme si
les
femmes,
objets
d'échange rares entre les lignages,
se trouvaient au
coeur du
procès
davantage
protégées
et
préservées.
Les
enjeux
dissimulés sous
les transgressions et les pénalités qui accompagnent
celles-ci
apportent
une
raison.=.lu moins de cette disparité.
C'est
qu'en quantité
les
tr.=.lnsgressions
J'ordre
social
et
d'ordre
po1iti':o-l~eli.:;ieu:·~ qui
moti·...'.:::lient
les e:-:,::ommuni,:.ùtions l' 1?lllpQl~tent
sur les autres,
les hommes surpassant les femmes dans les adultères,
les violences
et
les
présomptions
de
sorcellerie,
les
femmes
dominant dans
les
délits d'~ divorces.
Or si ces transgressions qui
comportent peu
de
délits
d'ordre économique semblent attester une
relative autosuffisance
économique
des
lignages,
elles
révèlent
aussi
les
enjeux
de
sociétés
androcentrées
dont
les principa~x
protagonistes et
déchets
ne
pouvaient
être que des hommes.
Enjeu
social d'abord
dans
la représent~tion qu'on s'en f~it et dans les
sanctions qui
les
suivent,
les adultères constituent une
forme de
lutte entre
les
hommes
pour
la
possession
des
femmes.
E~jeu
politique ensuite
d'une part,
les hommes,
détenteurs du pauvoir~
monopolisent toutes
les modalités
légitimes aut~nt qu'illégitimes de
l~ violence que recèlent les sociétés;
d'0utre part,
forme de lutte
pour
le
pouvoir au sein des
lignages,
la sorcellerie apparait aussi
comme une
forme
symbolique
de
lutte
pour
la
suprématie
,jèmographique,
économique et politique entre les
lign.=.lges.
,

Eri t 'j-' Cl i .:., i ,:.~. fil 07.:'
l:i. i:'·~ 1..1 l'::' ri fin,
les ~uteurs prlncipaux des ventes
s,ont bien
les membres du
lignage,
les séniors soci~ux et ~ccessoire-
m!::~nt des "~::'ldets.
L'ex~men du produit des achats va confirmer,
tant pour
les
sociétés p';.ltl~iliné;ji·I~(=s
<l'Je
P()Ul~
les
sr:)I~iétés matl~ilin~ail~f.~S, 1.;)
première et
la
troisième
de
ces
hypothèses,
c'est-~-dire
le
caractère lignager
du
procès
de production et,
contrairement ~ ce
que nous
savons
d' ~utres types de société,
l'import~nce des hommes
dans
la population servile.
L'analyse des données
p~rtielles disponibles ~tteste trois
f~its caractéristiques
d'abord
une
relative
importance
de
l~
population servile
dans
la
région c8tière et
l~gunaire d'une p.;)rt,
et dans
la
région
savanière
d'~utre
p a r t ;
ensuite,
sauf
le cas
alladi.;)n,
une
population
~ dominante masculine partout ;
enfin uh~
population principalement
d'origine
soudanienne
et
jeune dans
les
sociétés lagunaires
et
sav~nières,
d'origine forestière et adulte
dans
les sociétés littorales occidentales
(neyo).
:2 . 1.
F' l~ e mi è l~ e
~! c t è l~ i st i 9 u f~ deI.;] e.g p u 1 a t ion s e l~ vil e
:
Y.l!.§l i mp0 l~ t .;] rll': ': ._
Q l' é che Ile de c e ~ soc i été s.-:-. .,~ e 1 a t i -
:~~i.l)l~?TJt f':Jl""te
da_f1s_
la_ ~.:égion côti~l~~ I?t laqIJn;Jil~e et
d~l~.!..~ l.:~t l~égio.I~ ?avanièl~~
Considérable dans
sa
nature,
cette
importance
diminue
lorsque l'on
passe de
la société neyo et de la société alladian sur
la cSte ~ la société odjukru au Nord de
la Lagune Ebrié.
Bien que la population servile de cette société soit tenue
pour minime
sans
preuve chiffrée
(2),
nous
l~ croyons relativement
importante par
rapport
au
XVIIIe siècle et par rapport ~ celle des
sociétés de
l'hinterland occidental.
Toutefois
i l
a
été difficile de
l' appl~tH'lendel~ dans
son
EHI!:io=)mbl e
(~()Illnl(:?
Dn
le
'v'o i t::.lIJ;.:
d':Jnnées
fragmentaires
et hétérogènes
du
t~bleau suivant.

TAE?·LEAU
15
HIBLEAU DE LA F'OF'UU:IT l ON
<::·EF\\~'~I l LE DES HAMEAUX NEVO
Vill"lges
H"lme"lIJ:'~
Nbl~e
d' eSt;l.~I·
.
SOIJ1~(;eS
P"l t l' i l i -;1 n "l 9 12 S
de
'.:onnlJ
es·t
d' i n f 0 l~ m"l t ion
1
'':IJ 1 tJJ1~eS
(,,:)
1
(
1
1
1
II.
AHOROKPA
1.
GblelJYo
?
1
!
Agw"l D"lde Emile 2.
Ob"l')-'o
I . .L"lgodlJ
1
16.4.1977
3.
DIJ':;jboyo
I I .
LOKpO
1
Il
I I I .
GIJ 1 i k"ld"l
)
20
1
4.
KlJkw"lYo
IV.
Blezo
Te = 50 % de
Il
1pOplJ 1 "lt i on .
,
1
Ib"l"
I I .
LATEKO
6.
Ko kOl~·O)YO-Wi l~e'y'o
V.
GlJli
l
1
1
)
6i
...
1
1K"lke
Avit Victor
VI.
Guli
I I
9
Lign"lge
Wir"l'y'u
7.
1
Likpoyo
VII.
Godu
I 23.5.1975
"
VIII.
e.owl~ê
8.
Tepl~eyo
I:::~~::::O f9. Godiyo
IX.
Ko 1 e.:;jb.::lgbe
50
NglJess"ln A'~'i t
110.
Td"'.iyo
X.
Enoko
-.100
Il
L ign.::lge : Li kpo'y'o
XI.
GbloWl~'J
25
27.4.197i
.
111.
Gn"l,~beyo
XI I.
Gopoko
(don t
3
couples)
35
12.
?
XIII.
B l i I·q::. i Wl~IJ
~
)
--l
IV.
BASSA
13.
N.::lnd'J·y'o
XIV.
GbOtl~oko
l
20
D.::l kJ:'.e NlJm.:..l
1 14.
KlJkw.::lYo
XV.
Siodologo
Fl~"lncO i S
15.
Gb 1 e'y'O
XVI.
Dj.'il
ILign.::lge:KlJkuayo1 16.
S i "ldIJI:H~IC>
XVII.
Doblego
1
1
28.4.1977
1 17.
NIJOlonwo
XV III.
D.J9blol0j
18.
\\.,Iolokp.::.l
XIX.
X
1
1
j
- - - - - - - - 1
1.).
MIS5EHI
19.
Li eg l.::l·y'IJWO
XX.
2
1
25
> 50
( ?;. 1
Frebo Legre
20.
Gn.::lngbeyuwo
IXXI.
W.::lzê
Ol.::lisons
[
Lign"lge
:
Il
XXIII.
Yeayé
Te = (50;{ de 1"l
1
-z T.O) P .::l
~IJ KU al..,
Il
1 X X IV.
K.::l d .::l 9 IJ l~ i
1
popu l·'ilt i on
1
~·O. 5.19. 5
1.:..1. Ni"lnk-"llo'yUIoIO XXV.
Boguhezo
glob.::lle
VI.
GODE
~27. Wireyo, Gna-
KUKIJ.::l Aye
gbeyo,
D.::lkoyo,
Christophe
Kekeyo,
Loku-
1Lign.::lge:Wirayo
bwo,Gode-Tobwo
L ~'\\6~ , 4 1 19"'~'

l'
:>
IVII.
KADROPKA
33.
Tchiyo,
Gna-
._-~
D.::lbga
Aboko
gb.?yo, GwedlYo, 1
1Lignage:Tchiyo
KIJKW.::.lyo,Sladu-
1
l.
J.
.
.._....._.
1 9 . 4 . 1977 _ _,__c_.\\_"O. ' Nan,j'J\\,-'o
-_ _--~---_ ~
....
...
,

A l~
lettre,
les
neufs
h~meaux
recensés
comptent une
pop'Jl~tion estimée
);} 20+60+8+50+100+25+35+20+50 = 368 es,.::l~ves.
h~cun de
ces
h~me~ux
~ur~it
~lors en moyenne quarante
esclaves environ.
Dans
une
hypothèse maximale,
en supposant tous
les vingt-'.::irrq
harvtealJ:·:
l~e,.::orlflIJS
h~bités,
les
,.::inq
lo,.::alités
compteraient,
hormis les escl~ves domestiques.
40 x 25 = 1.000 esclaves.
A la
vérité,
ces
chiffres
nous
paraissent
d'abord
contradictoires
tels
sont
les
chiffres
60
et 9 pour les deux
hameaux V
et
VI
appartenant aUx mêmes patrilignages et,
100 et 25
des hameaux
X
et
XI
appartenant
aux Tchiyo.
Ils nous paraissent
ensuite exagérés,
soit
parce
qu'ils
sont inspirés par le dessein
d'enrichir et
de glorifier outre mesure les ascendants
<hameaux X),
soit parce
que
la
population
estimée
des
esclaves
excède
la
population globale
de
Lipoyo
en 1904. On est perplexe ~ propos de
Missehi si
l'on
exclut
l'hypothèse
d'une
épidémie
: ce village
auquel l'explorateur
français
Arago attribuait 400 ~ 900 habitants
en 18"91
n'en
'.::ompte
pas
IJne
'.::entaine
en
1904; ~ peine 80 <70
imposables).
Or
le
hameau
de
Wazê
(XXII)
compterait
selon
la
tradition 25
cases
soit
au
minimum 50 personnes,
au maximum 200.
Peut-on retenir
le
chiffre
de
Lipoyo,
une localité qui abrite en
1904 environ
128 habitants
<107 imposables + 20X)
?
C'est l'option
que nous avons faite.
En outre,
toutes les localités ne devaient pas
avoi l~ la
même
'.::omposi tion
moyenne en 1 ignages.
En conlpal~ai$dn des
autres sociétés
et de la ~ensité courante des hameaux du littoral ~
cette époque,
compte
tenu de la composition lignagère différenciée
des localités,
le
chiffre
d'estimation
devient
plausible,
~
condition qu'on le divise par trois au moins.
On obtient ainsi 368 = 122.
3
Chacun des
neuf
hameaux abritait probablement en moyenne
treize esclaves.
Les
lignages
modestes pouvaient disposer chacun,
comme c'était
le
cas
ailleurs,
en pays alladian ou odjukru,
d'un
nombre moindre
d'esclaves,
de 4 ~ 8 par exemple;
les plus opulents
en possédaient
certainement
davantage,
soit
parce
qu'ils
se
trouvaient associés
<les
Kokorayo
et
les
Wireyo ~ Lateko),
soit
parce qu'ils
étaient
propriét~ires
de
plusieurs hameaux. la fois
<les Du9boyo
et
les
Kukwa~~ fu Ahorokpa,
les Likpoyo •
Lateko,
les
Tchiyo ~ Lipoyo,
les Gnangbejuwo •
Missehi ... ).
Sur la carte ~ l'échelle de SOO.OOOe tracée par G.
Thomann
en 1903
(3),
des hameaux étaient assez importants pour figurer comme
des villages:
Dabeda et Nani,
propriétés des Kekeyo,
Icpo,
"village
~ssez grand"
peuplé par des esclaves des chefs de Sassandra au dire
de Ch.
Pobeguin
après
son
voyage
de
1893
(1898:
336),
"Bide"
Kouassidou,
Lecoudou,
Alodou,
Yopoko,
Yowoko
<?),
Godê,
Doupohire~
Banco
<?)",
en
territoire ~okrê. Leur population devait avoisiner,
parfois dépasser celle des villages les moins peuplés ~ cette époque
c'est-.-dire de
moins de 100 habitants
(Guetilopa
: 60 imposables;
Dolueko:
67;
Missehi
: 70).
Ces dix hameaux compteraient au moins
600 J!lmes.
Ol~
~
raison de quatre li~nages en moyenne par localité et
IJn hamealJ
pal~
lignage,
on peut estimer);} 104 le nombre de hameaux
,

des vingt-six
vill~ges
identifiés p~r le recenseMent ~dMinlstr~tii
en 1904
(4).
P~r extr~pol~tlon, ~vec une Moyenne de treize eSCl~Ye5
p~r h~me~u,
on
~ur~it une estim~tion glob~le de 1352 escl~ves d~ns
les h~me~ux. En reten~nt un chiffre minimum de 250 escl~ves résid~nt
d~ns les
Yill~ges
è
r~isan de dix escl~ves ~u minimum p~r vill~ge,
l~ popul~tion servile tat~le asciller~it entre 600 et 1602 ~mes.
Que représente-t-elle
p~r r~pport ~ l~ popul~tion glob~le
neyo?
En
1904,
le
recensement des imposables d~ns les vingt-six
vill~ges donne
5944 h~bit~nts. Si
l'on ~joute les 20 Z,
pourcent~ge
estimé correspond~nt
~u
nombre
des non-recensés p~rmi lesquels il
f~ut compter
les
tr~v~illeurs émigrés, on ob~ient 7133 h~bit~nts ;
en ne
reten~nt qu'une proportion de lS % en f~it de non-recensés ce
chiffre se
r~mène
~
6836 h~bit~nts. Sur cet~e b~se, les escl~ves,
pour une
popul~tion
glob~le
de
6836
_
7133
h~bit~nts,
représenter~ient entre
8,77
et
22,46
% de l~ popul~tion glob~le,
soit en ~rrondiss~nt entre 9 et 22 Z.
L'import~nce rel~~ive
de
cette
popul~tion servile n'est
p.:lS moi ris
nette
d~ns
l~
société
~ll.:ldi.:ln
comme l'.:Ittestent les
d-.i ffl'es se r~pport.:lnt ~ux princip.:lux bourgs m.:lrch~nds.
A Emokw~
(J~cqueville),
cette popul~tion dép~sse les 400
~mes. En
effet,
escl.:lves
domestiques,
recensés p.:lr H~rc Augé
(5)
d.:lns le
m~tricl~n
M~mbê
d'AdJê
Bonny
et escl.:lves des h.:lme~ux de
tr~nsit que
nous
.:Ivons
dénombrés
s'élèvent ~u moins ~u nombre de
..
179.
P.:lr ~illeurs, l' infor~~teur L.
K.:lku Echigb.:ln'crédite,
peut-être
.:Ivec quelque
ex~gér.:ltion,
Etté
Bongro
et Gbongr~ Neub~, ~înés du
m.:ltricl.:ln K~ku, respectivement de plus de 200 et de 50 escl~ves (6).
A eodo-L~dj~
(Gr~nd-J.:lcques),
cette popul~tion s'élève ~u
moins ~ 240 ~mes, en ce qui concerne les équipes .:Irmées.
Mbw~ Djr~gu
est ,:l'édité
de 80 es'.::l~ves i
le m~tl'ilign.:lge des KovlJ dispose de 75
es,.:l~ves, ,.:el'Ji des e.odo 50,
'.:elIJi des Teve 35
(4).
Si nOIJs .:ljOIJtOT'S
quelques chiffres
ép~rs
(Bodjui
Gb~yro, Add.:l, m~trilign.:lge 5edji
30 escl~ves
DJeke
Nimb.:l,
Adj.:lkuté,
m.:ltrilign~ge Djom.:l Tchoko :
7 ... ) on obtient:
179+200+50+80+75+50+35+30+7 = 706 escl~ves.
Cel~ veut dire qu'un recensement systém.:ltique du p~ys nous
donner~it un
chiffre
.:lvo~sin.:lnt
~u
moins
huit
cents
esclaves,
chiffre considér.:lble
pour
les
17 loc.:llités identifiées en 1904 et
leur nombreux h.:lme~ux.
J
En 1904,
le
recensement effectif des
impos~bles d~ns les
di;'~-sept vill.:lges et les h.:lme.:lIJ:'~.:l dOTlné 11 2"32 pel'sonnes, soit pOIJl~
l'ensemble de
l~ popul~tion 13 035 ~ 13 838 personnes. L.:l popul~tion
servile estimée
entre
700 et 1000 ~mes représente de 5,38 ~ 7,23.~
de
l~
popul~tion
glob.:lle,
en
.:lrrondiss~nt de 5 ~ 7 %.
A Gr~nd­
J~cques en
p~rticulier,
vill~ge de 845 imposables en 1904, soit de
973 ~
1015
h.:lbit.:lnts
(cette
popul~tion èt~it
estimée
~
1500
~~b i t~nts vel's
1867
p~l'
FI.
de L~ngle), 1 es es,.: 1 ~ves ,:onst i tlJent
~3,65 è
24,66
%
de
la population glob~le, c/est-è-dire environ le
quart de
cette popul~tion. En suppos~nt ~vec quelque ex~gèratian de
l~ même
population
è
Jacqueville
qui
ne
p~r~ît
pas
~voir ète
recensé,
les escl~ves représenter~ient ici 43,25 ~ 45,12 Z.
,

Quatre ·cents
esclaves,
voilà le chiffre de la population
servile qu'attribuait
~
la
société odjukru le numéro 10 d'octobre
1913 des
Renseignements
Coloniau:<.
Deux
faits
nous
inclinent è
penser que
cette
population était beaucoup plus importante même si
~
nous ne pouvons aujourd'hui
la d~terminer avec exactitude.
D'abord,
un
recensement
systématique
au
niveau
de six
villages-témoins fournit
un
chiffre
égal
è
près de la moitié de
cette évaluation.
GBAD.JN
38
es,.: 1 aves
TIAHA
47
es,.:laves
GBUGBO
38
es,.: 1 av es
MOPOVEM
29
es,.:laves
BOBOR
27
. es,.:laves
KPASS
24
es,.:laves
Total
203
es,.: 1 aves
EnS/Ji te,
'Jn
l~ecensement
pal~tiel
e f fe,.:bJé
alJ
haza\\~d alJ
niveau de
sept
autres
villages
donne
'Jn
,.:h i f fl~e
en'':Ol~e
plus
impol~tant qlJe le pl~é'.:édent.
ARMEe.E
93
es,.: l.:lves
BODU
72
KPANDA
41
AKLOD.J-A et B
67
DIe.RM
67
TUPKA
34
BONE
11
ORGe·AF
10
Total
395
es,.: 1 aves
Il est
évident
qu'un
recensement
systématique dans ces
sept villages
et
dans les seize autres villages non cités de cette
époque révèlerait
une
population
au
moins
double
de
celle ici
dénombrée
(598
esclaves>
et
qu'au
total
la
population
servile
avoisinerait deux fois et demie
l'évaluation administrative de 1913.
Or en 1904,
la 'population odjukru imposable des vingt-neuf
villages était
estimée
~
20 733 personnes,
soit dans son ensemble
entre 23
842
personnes
et
24
·879.
Relativement
les
esclaves
représenteraient un
pourcentage
beaucoup plus faible entre 2,53 et
4,82 %
de
la population globale,
soit en arrondissant entre 3 et'"5
%.
Toutefois
ils
représentent
des
pourcentages inégaux selon les
localités
5
%
~
Kpass,
9,4 % ~ Tiaha,
10 % ~ Mopoyem et 11 % à
Gbugbo.

~""'.
D~ns l~
région
s~v~nlere, import~nce plus farte que d~ns
l~ région
méridion~le,
bien
que
nous
ne soyons p~s en mesure de
proposer des
estim~tions
ni
p~r
vill~ges,
ni p~r peuple,
~ plus
forte l·~ison
pour
l'ensemble de
l~ société Kweni.
Cette import~nce
v~ croiss~nte
de
l~ forêt ~ la s~v~ne. Cl.
Meill~ssoux et A.
Deluz
ont souligné cette progression.~
"L~ pl upal·t
des mi ';Jone de la fOI·êt é':I· i t
CL.
Mei llassou:·:,
possédaient entre 7 et 10 escl~ves, quelques-uns davantage
(une vingt~ine
parfois)
un
seul
est
dit
en
avoir
posséder 40.
Dans
la
savane,
ces
chiffres
sont
plus
é 1e·...·és. ..
Si
qlJe 1 ":l'Jes
fU.:::l
n'ont elJ que 3 .~ 10 .es,: laves,
p~rfois 20,
la
plupart d'entre eux sont réputés en avoir
possédés 40,60
ou
même
80
ou
90.
On dit de l'un d'eux
qu' il av~it
deux
"villages"
de
c~ptifs"(1964: 202). A
Bandi.::lhi,
groupe
Kuhon,
Lo~-bi-Tro est réputé disposer de
90 escl~ves, et Bognon Bihirihê,
60
(7).
Donne une idée de cette concentr~tion le n 0 10 du Supplément·
~ u Bull e tin
d e i ' Afi· i q IJ e FI·.:::l n ç ~ i se d' 0': t 0 b 1· e 1913 ': i - de'..' ~ nt': i t é :
mention y est portée de plus de 10.500 escl~ves libérés en 1912 d~ns
le p~ys guro ou kweni.
Toutefois,
cette
import~nce l~isse ~pparaître des l.::lcunes
de villages
sans
escl~ves,
phénomène
qui
n'existe
p~s d~ns les
villages l~gun~ires
et cStiers.
A.
Deluz
(1964
: 448)
cite e~ effet
deux de ces vill~ges : Stnfl~,
groupe Gur~,
fondé ~ l~ fin du XVIIIe
siècle dans
la
région
forestière
et qui compt~it 75 habitants en
1957 et
Kurudufla,
groupe
Progori,
fondé
vers 1800 dans l~ même
région,
qui avait 160 habitants ~ la même époque.
Malgré l'intensité
des échanges
entre savane et forêt et la valorisation des esclaves,
des communautés
de faible dimension ont préservé leur homogénéité
:
c'est un choix idéologico-politique.
C.
Un
~
d'e:-:,:eption
f ol·es t i el·
Contrairement aux
régions
c8tière,
lagunaire
et
savanière,
la population des esclaves ~pparaît insignifiante dans le
centre forestier,
dans
les
franges
~ù elle existe.
Chez les Bete-
B~lewan ~u Nord (D~loa), pour vingt-six villages reconnus, y compris
le village Kpetiès de G~min~ : 88 esclaves,
soit qu~tre esclaves par
vill~ge. Dans
trois
villages
des
Bete-Zikpobwo
(G~gnoa)

l'esclavage était
institutionnalisé
5
esclaves.
Ici
et
l~,
quelques lignages
propriétaires
~lors
que
dans
la
région
méridionale,
c'est
la
m~jorité des lignages qui ét~it propriétaire
d~ns ch~que village.
La disparité
des conditions économiiues sur laquelle nous
reviendrons plus
tard
explique
cette
inégale
répartition
des
esclaves entre les régions.
,.

-:--,AJ!- , __ .
- .-!!Mi,~-.-.P. -
...~,_"_"
_Po
-
'.~
r " e n ; ·
"-7ttr'V\\,,".1iA,,;7:}~~-."<.:-"_~:t.\\~t.~,~;.,
..._
2.2.
DelJ:dème
'':;;JI~;;J,.:tè\\~istigIJe
de l.:.l pop'Jl;;)tion sel"vile _
~ popul;;JticlrI !l domin.:.lnte m-:1s'':lJline.
Aux recensements
partiels
effectués
dans
toutes
les
sociétés concernées,
1-:1
conclusion
est
.la
même
sauf
en p.:.lYs
alladi-:1n
le
nombre
des individus de sexe masculin dépasse celui
des individus
de
sexe
féminin.
Mais cette disproportion est fort
inégale d'une
société
à
l'autre,
.:.lll.:.lnt
de
10
%
du
rapport
femmes/hommes chez
les Kwadi.:.l ~ 100 % d.:.lns la fraction recensée des
Kweni de Dugb.:.lfla.
TAe·LEAU
16
TABLEAU
COMPARE DE LA POPULATION MASCULINE ET FEMININE
DE HUIT SOCIETES
FIN XIXe L DEBUT
XXe SIECLE
ISOCIETES ET VILLAGES
Total
Se:·~e
SeHe
1
1
1
-:1cquéreurs
des es,.:laves
mascl.Jlin
Fénli ni n
1 T.:lIJ:'~ 1
identifiés
%
M
F ·1
- I -
I.
KWENI
:
Vill.:lge DUGe.AFLA
8
4
4
50
50
..
II. GBAN : Villages
TIEGf?A et SAKADA
.
10
7
3
70
30
III. BETE - GBALOWAN
88
64
24
73
27
IIV.
KWADIA : Villages
1
KWATI et e.UTUe.RE
11
10
-1
91
9
V.
ABE
35
21
14
60
40
VI.
NEVO
74
44
30
60
40
VII. ALLADIAN :
Vill.:lge EMOKWA
117
50
67
43
57
(.J .::l,.:q'Jev i 11 e)
VIII.
OD.JUKRU
264
167
97
63
37
-
-
TOTAL
607'
367
240
61
39

364
2.3.
TI~oisième 1~.:lI~.:lI~tél~isti9IJe de '~ette popul.:ltion -'-
des Ol~ i 9 i nes !! pl~épondél~.:ln,.:e
sOIJd.:lni enne d.~ns les
so,:ié1:és de S.:lV.::lne, de fOI~êt et de l.:l/;June,
~ pl~é­
pon/jél~.:lnce fOl~estiè'~e d'3.f1s les so,.:iétés I~ôtièl~es
~t :; i 1~':Unl-J..:l g'Jn.:l i l~es .
A.
Les Ol~ iq i nes ~ pl'éporsdèr'3.TlIce SQ&.Jd'3rti en fie
~I;;]nde et 91!.!:. .
.:l/ Des escl.::lves !! prépondérance .~ndé:
l.:l so,:iété bete.
Trois souches
ont
.::lpprovi~ionné
en
escl.:lves l.:l société
bete d.::lns
ses m.::lrches septentrion.::lle, orient.::lle et méridion.:lle : le
p.::lys bete lui-nlême,
le p.:lys sénlJfo et le p.::lYs kweni.
En effet,
p.::ll~mi
les cinq
escl.:lves recensés d.::lns le Zikpobwo,
les trois que posssède
Ziki Kr.::lso
de
In.::lgbeyo
proviennent
du
territoire
bete
plus
septentrion.:ll du Ori, sous-préfecture .::lctuelle de Guibéru.::l ; ils ont
noms:
Z~kp.::l,
Tchècthè,
De.:lsseu.
A Seri.:l, groupe DebegUhé
(Dalo.:l)~·
l'escl.::lve Gnangnrê de Gnolu Séri est une femme origin.::lire de Gbadri,
plus.::lu
Sud,
dans
le
Yokolo (lssia).
A Brizebw.::l d.:lns le BalegUhé
<Dalo.:l), un
escl.:lve
de
Zuzuko
est
certainement
Senufo. Mais la
majorité de
la
population
servile
était
kweni
comme
l'atteste
l' .:lnthr'oponymie ,.:onservée
: Kazo,
Gohi,
Tizl"o,
Towê',
Kaï 10, . 'te se~·~e
masculin et Tibro,
Nazié,
Naflo,
Wedrê,
Zeguêda,
de sexe féminin.
Ici,
les
esclaves
proviennent
de
plus de cinq souches.
Parmi eux,
on
trouve
des
Abê
et des Krobu
(3hommes et 1 femme ~
Ti.:lha,
plus
de 4 sujets à Aklodj-A et B),
des Dida
(Gbadjn,
Kp.:lnda,
Armêbê ... ), des
Kweni
(Orgbaf),
des
Anyi-Bawle
(Gbadjn,
Tukpa,
Gbugbo,
Armêbê),
quelques
Alladian (Armêbê).
Mais sous le terme de
Dyula qui
recouvre ici les Man~é, les Gur et les Haws.:l, dominent en
f.:lit les Senufo.
L.:l tradition permet de les identifier ~ trois types
alJ moins
de
s':al~i fi,.:ations
fa,~i.ales
(Fig. 10).
Les
tl"'ente~IIJit
esclaves identifiés
~
Gbugbo
se
répartissent,
selon ces critèl~es
physiques,
en
cinq
groupes
dont
les
trois de vingt membres sont
apparemment Senufo.
,
- - . - - - - - - - - - -

- .-._----
------
-----~ .. ----
...... ---------~~--~ -~
... '-J.J
--
H~I?·LEAU
17
ANALYSE
PAR ETHNIE DE LA POPULATION SERVILE !... DE GBUGBO
<DABU)
1 ~ de
~Qmbre de sujets
Ethnie
GROUPE I.
Gr~ndes sc~rific~tions
,
~
f~ci~les de l'espèce A
13 sujets
: 7 H,
6 F
Senufo
Ess i s
Ngb~ fl~ê,
H Essi
Esieble,
1
Affi L~w,
H
Ekn D~d, F
Egn Es Odn,
H
Lêl~
N' ogn,
F
Nz~n Ndjorê,
H
Melei Yebl,
F
Essis S~bokm, H
Owel
Lom~nn, F
Ornon Sie,
H
Lis Akpl,
F
Owel Ow~mu, H
1
GROUPE li·
~
IPetites sc~rific~tions
1
f~ci~les de l'espèce B
3 sujets
:
1 H,
2 F
Senufo
identifiées p~r Binger
chez les T~gw~n~ et les
Essis Kp~ndjo, H
G~n (1892.
T.I
:
Essis Essi,
F
243,411>
Essis Biti~gn, F
...
GROUPE III.
Petites et
longues
sc~rific~tipns f~ci~les
de l' espè'~e C
4 sujets
: 2 H,
2 F
Senufo
Ni~gn-Es-El-Etn,
H
Bosso N~ndw~, H
Djobo Leo,
F
Bosso Ok id j,
F
S'=~r' if i c~t ions
GROUPE IV.
~bdornin~les
de
l' espè,.:es E
1 sujet
: H
H~ws~
Y~o Dj~ko
GROUPE ~
17 sujets
:
12 H,
5 F
r
Ni~gn-Mindiê H
Wodiê H
2 Anyi-
\\
E?~wle 1
Owel
Ak~fu
H
1 Kl~obu
Essis-M~m~.ê H
Il All~di~n
1
e.
1
1
!
~ t t i lIi.:::i S S ~ ,
H
1I~ndétel~ -
Essis-M~n~n H,
Affi-Dibi H
minés
1
1
13
1
Essis Am~ni H,
Sos.E.Lo H
!
Yedes-Adu H,
Essis-Ofr
H,
l
Owriss~
F
Wusr Yo'
F,
Ew
Eingn
H,
Ny~m Ogn Lo F,
Essis Ess.:::ine
F,
I,;
Essis Amnéi
F.

-_ .
.
·_·
- - . - .
. . . . . . . . . .
r .. . . .·" ' _ ' .
'1
' a
_'Ô·:"
TA~·LEAU
18
';:EF'ARTITION ETHNIQUE DES ESCLA'JES DANS LES HAMEAUX
DE SIX VILLAGES
NEVO
Ethnie
Nombl~e de
Noms des h .':Ufte .::l1.1:': et
p l~ ê P0 n d é l~.::l n t e
h.:;Jme.:;JIJ>:
vi 1l.::lges
I.
~.ETE
13
Siodologo, Dj;a,
Doblego,
D'Jgbo
Wl~ob.::l <B.:;Jssa) #
Lignage GOt'.:hOI~O-
kp.:;J
<D.::lbleko) ,
BogtJhezo
<Missehi> ,
Kolego.::lgoe,
BIoko,
Gopoko
<K.::ldrokp.::l), L.::lgod'J,
GIJ il i k.::ld.::l
(Ahol~okp.::l) ,
GodlJ,
GIJI i
I I
<L.::ltéko> .
II.
e.AKWE
1
G! "JtOkl~O
<8.::lss.::l)
III.
WE
1
Lign.::lge Got,.:horokp.::l (D.::lbleko>
IV.
SENUFO
1
Lokpo
<Ahol~okp.:;J>
V.
e.ETE-SENUFO
2
Vé.:;Jyé,
Godezo
<Missehi)
VI.
e.ETE-WE
1
G'Jli 1. (L.::ltéko>
..
VII.
e.ETE-8AKWE-
1
W.::lzê (Missehi>
SENUFO
VIII.
e.ETE-E.AKWE-
1
K.:;Jd.:;JgIJl~i
<Misset-.i>
NIAe·WA
Dominent par
ordre d'import.:;Jnce décroissante les Bete
<13
h.::lme.::lux /
21,
sans
compter
leur dissémin.:;Jtion d.::lns qU.::ltre .:;Jutres
h.:;Jmeaux>,
les
Senufo
et
les
E..::lkwe
(3
ha_eaux
/
21>,
les Wê
<2
h.:;Jme.:;Jux /21>,
les Niaow.:;J
<1 h.:;Jme.::lu>.
b/ Les escl.:;Jves ~ prépondér.:;Jnce dida
l.:;Jso,.:iété .::lll.:;Jdiiiin.
La plupart des inform.:;Jteurs s'.:;Jccordent pour reconn.:;Jître ~
1.:;J population
servile du P.:;JYs alladi.:;Jn une dominance dida et senufo
d.:;Jns l.:;Jquelle
les
femmes l'emportent numériquement sur les hommes.
Kaku Echigban
précise
toutefois
qu'~
Emokwa
l'ethnie
senufo
.:;J
prépondér.:;Jnce d.:;Jns
le
m.:;Jtriclan des Mambê,
m.::ltriclan d' Ad je Bonny,
alors que
les
Dida
prédominent
dans le matricl.:;JTI d'Etté Gbongro,
matriclan des
Kaku.
On devra ~ttendre des enquêtes complément~ires
pour .:;Jttester
l'équilibre
singulier entre groupe de culture Gur et
groupe de
culture
Kru
d.:;Jns cette société.
M~is,
s ' i l est vr~i que
les femmes,
f.::lit
singulier
parmi
toutes
les
sociétés
que nous
étudions,
l'emportent
numériquement
sur
les hommes,
il
f~ut ~lors

369
supposer que
les
Did~
ét~ient plus nombreux dans l'ensemble de l~
papul~tion servile
de l'~gglomér~tian d'Emokw~, sinon de l~ société
glob~le. Un f~it viendr~it
ét~yer cette hypothèse.
D~ns l~ str~tégie
m~trimoniale des
Did~, E.
Terr~y ~v~it observé une tendance marquée
de ces
derniers
~
m~rier
leurs
filles
~ux
hommes des sociétés
c8tières plus
riches.
Toutefois,
l'~uteur
dont
le
propos était
glab~l ne
pouv~it
p~s
préciser
si
cette"
exportation ~'éléments
féminins
l'emporte ég~leMent dans le commerce d'esclaves.
3.
2.4 -
QIJ~b~ième '=~I~~,=té,~istiqJJe de ,=ette pop'Jlation
jelJne lJ!:l oi:! elle est ~ lUajol~ité Mandé et GUI~I
,.:ette pop'Jl~tion est adlJlte IJ!:l ai:! elle 2
tI~olJve ~ pl~épondé'~an,.:e KrIJ.
A la
question
de
s~voir
quel
ét~it
l'~ge
moyen
des
esclaves qui
ont
grossi
les sociétés que nous étudions J!:I l~ fin du
XIXe siècle et ~u début du XXe siècle, au moins deux critères ~ident
J!:I
répondre
l'affectation J!:I la production et la classe d'~ge. Les'
rapports administratifs
en
effet
ne
fournissent,
quand
ils
en
fournissent,
que
des
renseignements
fragmentaires
et
généraux
concernant des
individus
et des groupes fortuits
; seul
le système
des classes
d'~ge,
lJ!:l
o~
il
existe,
permet
de
déterminer
la
promotion J!:I laquelle appartiennent les esclaves J!:I chaque génération,
la population
d'esclaves
de
chaque génération pour chaque village
..
identi fié.
Dew<
1 imi tes . selJlement
J!:I ,.:ette IJti 1 i sation des ,=lasses
d'~ge:
corrélée
avec
l'origine
des
esclaves,
elle apporte ces
précisions sur
une
catégorie d'esclaves,
les esclaves qui,
sous le
Nouvel Empire
de
Samory,
ont été incorporés en masse dans l~ zone
forestière
;
toutefois elle ne s~ur~it être combinée ~vec le critère
de l'~ffectatian
J!:I
l~ production que dans cette période,
l~ plupart
des esclaves
de
l~
s~vane
ét~nt ~rrivés jeunes d~ns les sociétés
forestières et
cStières,
alors
que
la
majorité
des
escl~ves
origin~ires de ces sociétés forestières ét~it déjJ!:l ~dultes.
A.
Une POPIJlation ~dlJl te ~ p'~épondél~~n'.:e KI~IJ _
les sociétés Bete et Neyo-Kw~di~
Du XVIIIe
~u
XIXe
siècle,
comme
on
l'~
vu
dans les
e~':pol~t~tions dlJ po,~t de GI~~nd-L~hIJ entl~e 1701 et 1750,
,.:' est le même
phénomène const~nt
les
escl~ves
originaires
des
sociétés
forestières elles-mêmes sOnt e~ majorité et généralement des ~dultes
excommuniés pour
des
crimes
réels ou présumés
: J!:I ces excommuniés
qui ne
pouv~ient
être que des femmes et des hommes responsables de
leurs conduites
s'~joutaient
des
c~ptifs
~dultes
et des c~ptifs
enf~nts. D~ns
les
sociétés
p~triliné~ires
de
l'ouest-forestier
(Bete,
Kw~di~-Neyo),
,.:es ~dlJltes dominent et ,.:onstitlJent IJne pl~eIJ've
conv~inc~nte de
l'~ncienneté
et de l'import~nce des h~me~ux o~ ils
furent affectés
~
1~
production et o~ l~ m~Jorité proven~it de l~
souche kru.
Dans
les
sociétés
m~trilinéaires
et
p~triliné~ires
l~gun~ires (odJukru,
~bê),
nous retrouvons la même origine soci~le
des adultes,
quoiqu'ils fussent de diverse proven~nce ethnique
(~nyi­
b~wle, abê,
all~dian).
Une seule différence ~istingue leur cas
: J!:I
,

l~
fin
du
XIXe
et ~u début du XXe siècle.
ils se trouvèrent noyés
dans une
m~sse
de
jeunes
escl~ves
origin~ires
de
l~ s~v~ne et
princip~lement victimes de l~ guerre.
B.
Une pop u lat ion .. jeu ne.:... e :.: e rH P ]. e .d e
1 ~ so,= i été 9 d j u k,~ IJ
D~ns les
économies
industrielles
contempor~ines,
le
concept de
jeunesse
désigne
la tr~nche d'~ge biologique qui v~ de
douze ~
vingt-sept
~ns.
D~ns les sociétés ~ cl~sses d'~ge de notre
zone,
il
s'~pplique
~
l~ tr~nche de vingt ~ cinqu~nte ~ns qui est
celle de
l'~ctivité
productive
effic~ce.
P~rmi
les sept cl~sses
odjukru,
les qu~tres premières cl~sses d'initiés,
constituent celles
des
jeunes
gens
(ngb~frê>
p~r
opposition
~ux
trois cl~sses des
gl~~nds hommes
(~gn êgbêl>
qlJi s'éd-,elonnent de 50 ~ 74 ~ns. En telle
~cception qu'on l'entende,
nous ~vons ici une popul~tion jeune.
L~ ventil~tion
p~r
cl~sses
d'~ge
de
237
escl~ves, en
p~rtie identifiés
systém~tiquement
d~ns
cinq
vill~ges
(Ti~h~,
Gbugbo,
Gb~djn,
Mopoyem
et Kp~ss> et,
en p~rtie repérés ~u h~s~rd
d~ns huit
~utres
(Bodu,
Tukp~,
Armêbê,
AklodJ,
Orgb~f, Kp~nd~,
Bobor et Bone> ,
cette ventil~tion révèle trois preuves du c~r~ctère
jeune de l~ popul~tion servile d'une société l~gun~ire : l~ société
o d j IJ k,~ IJ .
En premier lieu,
comme le montrent en données brute~ et en
pourcent~ges les
t~ble~~x
19-A
et 19-B pour l~ popul~tion servile
des treize
vil18ges en génèr~l et les t~ble~ux 20-A et 20-B pour l~
popul~tion servile
de
cinq
vill~ges
en
p~rticulier, on y décèle
l'évolution de
l~
structure
d'~ge.
Les
deux
chiffres
qui
~ccomp~gnent le
nom
de
ch~que
cl~sse
d'~ge
indiquent les d~tes
extrêmes entre lesquelles sont nés les membres d'une cl~sse selon le
comput de
l~
confédér~tion
de Bobor
(8),
le comput de Dibrm ét~nt
déc~lé d'une
~nnée
en
~mont. Le chiffre des escl~ves de Dibrm est
conservé en
bloc,
bien
qu'il
ne
comporte
p~s
de
ré~~rtition
p~rtielle p~r sexe.

...,......
"!'!""'_ _
-----------.---- -
~ ~ ~ = = - c . . ~ _ . _ .
TAf,LEAU
19-A
POF'ULATION
PARTIEL,LE
l2t.i
ESCLAVES
!2.t
IEt..Ili.
VILLAGES
~
TAf,LEAU DE SEGHENTATION PAR CLASSE D'AGE
ET PAR SEXE
DE
1858
A
1906
CLASSES
1858-1866
1
1866-1874
1874-1882
1882-1890
1890-1898
1898-1906
Popy1~tion
Tot~l
O' AGE
NDJROHAN
Af,RHAN
H8EDIE
NI!·ORHAN
NIf~I!·ESSI
OeOOJLl'
non-identlfiee
par sexe et

VILLAGES
I-l
F
H
,
F
H
:
F
H
F
H
:
F
H
:
F
p~r ~ge
TIAHA
2
3
7
6
:
3
3
:
2
10
47
GBUG80
3
:
7
5
:
1
B
:
2
3
7
38
:::
:
:::
1
:
1
54
1
:
1
:
4
J
5
,
:1
6
:
2
Z
:
12
38
TUKPA
J
4
:
J
:
6
4
:
14
..
34
HOPOVEH
4
:
1
7
:
4
5
:
1
2
:
2
J
ARHEI!.E
Z
:
5
:
2
2
:
79
AKLODJ
(AoS8l
1
:
l '
:
3
4
:
1
7
:
50
67
:
1
1
:
1
:
5
10
KPASS
3
:
1
2
:
1
5
:
J
6
:
2
24
KPANOA
J
:
:
2
1
:
J4
41
80aOR
2
:
J
1
:
2
J
:
4
11
27
80NE
2
:
1
:
2
4
11
DIBRH
67
67
2
:::
26
:
16
48
19
45
: 25
J5
IJ
TOTAL
4
6
42
67
70
48
361
598
...
:=
"'omnae
F :II Femme

.'
.
TAe·LEAU
19-8
POPULATION F'AI'TIELLE DE'> ESCLAVE'> g
~ VILLA';ES OD·JUKRU
SE~MENTHTI0N PAR CLASSE ~ L ~ PQURCENTAGE
l
';LASSES
1858-1866 1866-1874 1874-1882 188:-1890 1890-1898 1898-1906
Tot'>l
F·opIJ1'>ti.on
TOTAL
,;ENEF:AL
D'A~E ND.JROHAN AP.RHAN
HeEDIE
HeORHAN
NI~e.ESSI
oeOD·JLU
F·",'tlel
fion
1 dent 1 fi. ee
1
7-
p'>r seNe et
eT,
%
VILLA,;ES
:
poil"
::19"
TIAHA
Z
1
4
16
9
5
37 :
16
10
47
8
: -
';P.UG2·0
Z
10
6
10
3
31
:
13
7
38
:
6
: -
.'
eODU
2
4
2
8
:
3
64
72
12
: -
,;e·AOJN
1
1
7
7
8
2
26
:
11
12
38
6
: -
TU'KPA
3
4
9
4
20 :
8
12
34
6
'\\
: -
;
;;
MOPOVEH
5
11
6
4
: 11
3
29
5
; -
1 ARHE2·E
3
2
7
2
14 :
6
79
93
15
: -
• AKLODJ
<A - Sl
1
1
3
5
-
7
17 :
7
50
67
11
.
: -
OR';SAF
3
1
1
-
5 ;
2
5
10
2
: -
KPASS
4
3
8
8
23
:
10
1
24
4
: -
KF'ANOA
3
3
1
7
3
34
41
7
: - -
eOSOR
1
5
3
7
16
7
11
27
5
: -
SONE
2
:
3
7
:
3
4
11
;
:
: -
'D l [,.RH
67
67
11
: -
TOTAL
4
6
42
67
70
48
237 :
361
598
: -
,POURCENTA';E
2
3
18
:8
30
20
: 100
:
100_J

11>--------------5------
373
TAe.LEAU
20-A
POPULi' rr·),' TO rAI_E DES ESCLAIJES DE C [1111 'J 1LLAGE S OD·JU KRU
SE'~Ei1Eï"jTAT!ONF'ÀR-CLA'~-SE' 0' A~& ET-F-:-AR SEXC---
! CLASSES
185'3-1866
!>36·~-74
lE174-82
11882- 9 0
1I3Q O-98
18"8-1906
TOTAL
f"OJ:oIJ 1;li: l0n
rl'~rl
rOTAL
1
O' A'~E
NO·JROMAN
Ae.RNA,'
M~DlE
Il Me·oRHAN
Il IGe·ESS 1
oeOt)·)LIJ
F'AF:I IEL
ldil!!'ntl fleli?
';EtlEF:AL
1"'.11'
;;e::e
et ):. .:)1"
,
li
'JILLAI~ES
H
F
H
F
H
F
F
H
F
H
F
ï.
-.:l.;)s;'! .j' 'Jo;I"
;
X
1
IrlAHA
1
1
1
1
1
1
37:
26
I!
""
1
1
;
3
9
7
1
6
J
3
~
10
47
27
l';P.U'~BO
1~;2.::11
;--;:1
1
;
1
1
1
1
3
7
1
5
1
1
B
~
1
3
7
38
,;e·AD.JIN
:
;
:
5
;
~
~
1
-
1
6
"-
~
~:~I
1-
""
"-
: -
IHOPOVEM
;
;
4
;
1
7
;
4
5
;
1
"-
2
26
;
18
3
1
I--;;-~~
: -
; -
IICPASS
:
3
:
1
.:: ; 1
5
;
3
6
;
.::
23
;
16
1
24 ;
13
; - -
; -
1
:
2
3
;
1
15
; 15
28
;
15
30
11
16
6
;
-- -
-- -
-- -
-- -
-- -
- - --
:
TOTAL
3
4
30
43
41
~~
.::. ...
143
:
33
176
; -
; -
ï.
.::
3
21
30
29
15
;100
; 100
1
TAe·LEAU
20-e.
SEGMENTAT lOtI Eafi ~ D'AGE.
SEXE ET F'OURCENTAGE
CLASSES
1959-1966
1966-74
1874-82
1882-90 1890-98
1989-1906
TOTAL
D'AGE
ND.JROMAN
Ae·RMAtl
MBEOlE
Me.ORMAN tHGBESS l
Oe·OO.JLU
:
V ILLA';E
;
ï.
HOMME
1
3
1!l
28
30
16
93
:
65
..
; -
2
1
15
1.!i
11
6
50
;
35
IFEMME
: -
:
3
4
30
43
41
::
143
;
ITOT~~ ---
; -
::
3
21
30
:9
15
: 100
i
,

374
Six cl~sses
d'~ge, nées entre 1858 et 1906,
ont été p~rmi
les princip~les
victimes
de
la
traite
les Ndjrom~n, nés entre
1858 et
1866,
les
Abrman
(1866-1874),
les Mbedie
(1874-1882),
les
Mborm~n (1882-1890),
les
Nigbessi
(1890-1898),
les ObodJlu
(1898-
1906),
En
1910,
qu~nd s' inst~ure définitivement d~ns l~ région les
l~gunes l~
pax g~llic~, on ne compte que q0~tre Ndjrom~n, 2 hommes,
2 femmes
seuls ils ont entre 44 et 52 ans;
six Abrm~n, 5 hommes
et 1
femme,
ont
entre
36
et
44
~ns
les
cl~sses
les plus
nombreuses,
Mbedie,
Mborm~n,
Ngbessi,
ObodJlu,
ont entre 4 et 36
~ns.
L~ représent~tion
gr~phique
de
cette
structure
est
éloquente.
Celle
des treize villages donne en effet une courbe,
une
courbe dont
le
somm~t
correspond bien ~ la elasse des Nigbessi et
qui tombe
avec
les
ObodJlu
(Fig.15).
Dans
la
représentation
gr~phique de
l~
population
servile des cinq villages
(Fig.16),
on
l i t la
même tendance en même temps qu'une différenciation entr~ les
groupes sexlJels.
Ce
sont
ici
les
Mborman
qui
globalement sont
majoritaires parmi
les
classes les plus nombreuses.
Mais alors que.
l~ population
masculine
donne
sa
forme
génér~le
~
la
courbe
d'ensemble,
la
population
féminine
atteint
son
sommet
avec les
Mbedie,
femmes
nées entre 1874 et 1882. La dé~roissance relative du
nombre des
filles peut s'expliquer par une sélection opérée par les
sociétés intermédiaires
(Anyi-Bawlé,
AbidJi),
qui
elles
aussi
avaient besoin de reproductrices.
En deuxième
lieu,
on
décèle dans cette structure d'~ge
les potentialités
économiques
et
sociales
dont l'esclavage était
encore porteur
pour
les
propriétaires
d'esclaves,
si
n'étaient
survenues l'abolition
de
la
traite et la domination coloniale.
On
voit en
effet
que
les
adultes
(Abrm~n, Mbedie,
Mborman)
ceux qui
participent ~
la
vie
productive
étaient
encore en ~ctivité pour
longtemps;
on
voit,
chose
plus
intéressante,
qu'~ trois sujets
près
(118
contre
115),
les adolescents
(Nigbessi,
ObodJlu)
qui
les
suivent,
les
accompagnent et prendront progressivement leur relève,
représentent des
forces
considérables.
Mieux encore,
on voit que,
malgré les
inégalités
entre
les
villages,
le
rapport entre ces
forces ~pparaît
équilibré,
au
sens
où,
ici
et
l~,
les hommes
représentent le
double des femmes
: 81 hommes et 38 femmes dans les
qu.cre premières
classes,
80
hommes
et
38
femmes dans les deux
autres.
En troisième
lieu,
l'évolution de cette structure d'~ge a
une signific~tion
historique
sur laquelle nous reviendrons dans la
Vè Partie.
Il est
raisonnable,
par
hypothèse,
de
penser que ~'on
retrouvera la
même
structure
de
classe
d'~ge
dans
les
~utres'
sociétés ob
l~
population
servile
présente
les
mêmes
origines
sociales et
ethniques
que celle de la société odJukru,
par exemple
d~ns la
société
alladian.
Une
enquête
sur les classes d'~ge des
escl~ves est indispensable pour vérifier cette hypothèse.
,

REPRESENTATION GRAPHIQUE DE LA POPULATION
DES ESCLAVES DES 13 VILLAGES ODJUKRU EN
FONCTION DES CLASSES D'AGE.
POPULATION
70
70
65
60
55
50
45
40
35
30
25
20
15
-10 -
5
1
o
1858
1866
1874
1882
1890
1898
1906
CLASSES D'AGE'
Fig. 15
,

REPRESENTATION GRAPHIQUE
DE LA POPULATION DES ESCLAVES DE 5 VILLAGES ODJUKRU PAR SEXE
EN FONCTION DES CLASSES D'AGE
POPULATION
44
43
40
36
32
28
..
24
B
18
·
·: 16
~-
1
....-
14
·1
·11
·11
C
11 ,
10
6
2
1858 1866
1874
1882
1890
1898
1906
Classes d'ages
A : 5 villages
B : Masculin 5 villages
C : Feminin 5 villages
Fig. 16
,

CHAPITRE
V
UN
APERCU
HISTORIQUE
DU
PROCES
SECTION
1.
LA GENESE DES FORMES DU PROCES
.PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
SECTION li.
LA FIN DE L'ESCLAVAGE
,.

.. ,.
~,
,._,
L'~n~lyse
de
l~ n~ture et des
formes du procès p~r lequel
se constituent
les escl~ves ~v~it, suiv~nt l'exigence de l~ méthode
régressive,
l~issé
en suspend l~ question historique,
~utrement dit
~elle de
l'évolution
et des effets de ce procès du XVIIIe siècle ~
l~ fin de 1~ tr~ite ~tl~ntique ~u XIXe siècle.
Le moment est venu o~
nous devons,
repren~nt le mouvement de cette méthode,
~border cette
question.
Celle-ci peut se décomposer en trois problèmes:
en aMont~
le problème
de
l~
genèse
des
formes,
~u
centre le problème de
l'évolution de
l'escl~v~ge
entre
1700
et
1870,
et
en ~val, le
problème de l~ fin de l'esclav~ge.
SECTION
I.
LA GENESE DES FORMES DU PROCES
A quel
moment,
comment,
selon quel ordre et pour quelles
r~isons les formes du commerce d'escl~ves ici identifiées ont-elles
fait leur
~pparition?
A ces questions,
impossible,
dans le temps
pl~ésent, d' appol~tel~ des l~éponses nettes et défini tives.
L~ pl~"èmHH'e
condition pour
trouver ~éponse ~ ces questions est l~ construction
d'une histoire
régionale
du
peuplement
; d~ns plus d'un cas,
en
effet,
l'histoire
de
l'esclavage
fait bloc avec l'histoire de l~
mise en
place des sociétés en cause;
or l'ignor~nce de la plupart
sinon de
toutes
les
migr~tions est loin d'être dissipée.
A cette
condition générale,
il
faut
ajouter
une seconde,
particulière :
l'histoire économique
et sociale de cette zone forestière avant le
XVIIIe siècle
reste
~
écrire.
Ce que l'on sait aujourd'hui de la
"Haute-Guinée" et
de la CSte d'Or du X~ au XVIIe s~ècle ne peut en
tenir lieu,
car il ne s'y rapporte que très partiellement.
Trois faits
cependant concourent ~ l'instruction sinon ~
l'élucidation de
cette
problématique.
En premier lieu,
le double
procès par
lequel
les
Africains vendaient et achetaient d'autres
Afric~ins, "le
commerce
d'esclaves",
est
un
procès
ancien,
.:lntél~i eUl~ alJ
XV 1 I le si è,.:l e,
,.:omme nOIJS l' av-Ons.--étabJ.i- .ai-l--l-eIJrs
(1)
et lié ~ l'ouverture de cette zone auX réseaux du commerce ~ longue
dist~nce. En
deuxième lieu,
ce procès a constitué,
~ l'origine, un
choix contre
d'anciennes pratiques indigènes de caractère pénal et
milit~ire ; il apparaît ainsi corrélatif ~ l~ demande externe et de
p lIJS en
p llJS ''::l~oissante d' énel~gies hlJmai nes, ~ l' évo IIJt ion qlJ i l'~'i
ét~it ~ssociée
du
droit des gens et de "l~ valeur" des personnes.
En troisième lieu,
ce procès est demeuré continu d~ns l'hinterland,
du XVIIIe
au
XXe
siècle,
sans que la régression des pr~tiques de
destruction hum~ine
ait
cessé
de l'accompagner jusqu'au début du
XXe siè,.::le.
,

-----.--
..-.-.--_._---
.~
··f
"
.~ i
1
1.
Les
~ntécédents
Un choix
implique
d'~bord une conjoncture historique qui
le détermine,
ensuite
une
~ltern~tiYe
~u moins oÙ s'offrent deux
solutions et

jouent
l~
nécessité
et l~ contingence,
enfin un
~cteur, ~rchitecte
de ses fins et de ses r~isons, et qui s'eng~ge ~
ré~liser la
solution
considérée
comme
l~
plus ~v~nt~geuse en ce
moment-l~ pOU1~ lui.
D~ns le
ch~mp
de
notre
étude,
choix de vendre et choix
d'~cheter des
personnes
font
leur
~pp~rition
d~ns
les pSles de
l'exp~nsion du
commerce,
~ l' initi~tive vr~isembl~ble des chefs de
lign~ges domin~nts
f~ce
~ux
pressions
contr~dictoires
des
économies tribut~ires
~fric~ines
d'une
p~rt
et
des
économies
c~pit~listes européennes d'~utre p~rt, les nouve~ux impér~tifs de l~
reproduction soci~le semblent les ~voir dictés ; choix de moyen d~ns
le c~s
de la vente,
ce fut un choix de st~tut sinon de société d~ns
le ':~s de l' .....:h~t.
1 .1.
Les ~ntécédents dlJ pro,:ès de vente
l~ mise ~ mOl~t et l'e}<il
Pour les récits qui soutiennent le c~r~ctère immémori~l du
commerce et
de l'escl~v~ge, ~ucune r~ison ne Justifie l'enquête qui
remonte Jusqu'~ux
~ntécédents.
Un premier groupe de ces récits qui
se r~tt~che
~ux
migr~tions
t~rdives
s'explique
p~r
des ~~isons
historiques.
En
effet
le
récit des OdJukru-AklodJu, qui relie les
premiers escl~ves
~
un
~ncien commerce
(2),
rejoint le témoign~ge
ocul~ire de
D'Elbée
en
p~ys
~Uron
(3) et celui de Loyer en p~ys
essum~-eotilé (4),
d~tés du XVII et du XVIIIe siècle respectivement.
Une seule
différence
cepend~nt,
m~is
qui
est
import~nte
: ces
voy~geurs n'~ssocient
p~s
explicitement
et
directement le m~rché
d'escl~ve ni
~
ce
commerce,
ni ~ l~ monn~ie de perles d'~igri. De
même,
on
peut
r~tt~cher
le
récit
de
Y~pi
Nté
d'Agw~hin
~ux
migr~tions ~nyi-b~wlé du XVIIIe siècle q~i ont ~limenté l~ form~tion
soci~le ~bê
(5).
M~is d~ns l'un et l'~utre exemples,
le problème de
l~ genèse
du commerce ne f~it que se dépl~cer de l~ "eSte d'Ivoire"
~u "Gh~n~",
d~ns
l~ préhistoire des dites migr~tions : il n'existe
p~s moins comme nous le s~vons p~r l'historiogr~phie de l~ eSte d'or
dlJ XVI le s iè,:le.
Le second
groupe de récits qui n'~ p~s l~ même profondeur
. __._. __h.i~t.gl~j, qIJe__.....Le l, ève
pl'JtSt
d' IJne e}<pl i,:~t ion de n.:ltu\\~e po 1 i tiq'Je. En
effet, si
on e~~lut l'hypothèse de l'ignor~nce, l'~ccord un~nime et
SIJspe,:t des
i n fOl~m~teU\\~s
bete
de
Zebl~~,
d~ns 1 ~ SO'Js-p\\~éfe,~bJ.\\~e
~ctuelle de
D~lo~ (6), n'~v~it qu'un but: occulter les tr~itements
~nciens infligés ~ux c~ptifs et ~ux délinqu~nts, p~rce que l'opiniory
publique contempor~ine les Juge b~rb~res et p~rce que cette b~rb~ri~
jette l' inf~mie
sur
le
vill~ge et l'ethnie. Or trois données font
Justice de
ce
scrupule ou de cette mystific~tion : les témoign~ges
de nombreux
inform~teurs
des
~utres
p~ys
bete,
l'histoire
du
commerce d~ns
l~ région de D~lo~,
l~ persist~nce de ces tr~itements
jusqu'~u début du XXe siècle.
,

Les r~cits
autochtones
qui
rapportent
l'avènement
du
"':OOlOlel~':e d' es,.:laves"
\\~elient
bien
,:e
de\\~nie\\~
~
l'institrJtion
antécédente de
formes
de
violence
radicale,
objet d'enquête ~ la
croisée d'une
histoire
de
la
guerre,
d'une histoire du droit et
d'une histoire
économique
et
sociale.
Cette institution avait ses
procédures rituelles,
ses
sanctions
permanentes
et officielles ;
universelle dans
les
sociétés
lignagères
de
la
forêt,
son
application était systématique quand les occurrences se présentaient
, enfin,
elle s'appliquait sous deux formes essentielles,
de cruauté
croissante:
l'exil
et
la
mort.
La pratique de cette institution
l"eOlonte au
moins
~
la
fin
du
XVIIe
siècle
comme
l'atteste
l'ethnographie des
Essuma.
La
situation
ici,
on
le
voit,
est
diff~rente de
ce qu'elle était avant le commerce atlantique sur les
cStes de
la
"Haute-Guinée",
du
Sénégal
~
la
Sierra-Leone, où,
d'après Walter
Rodney,
"la
privation
de liberté semble avoir été
entièrement inconnue"
<7>
si du moins des sociétés de cette région
réalisèrent cette humanité.
La mise ~ mort selon l'institution présente elle-même deux
formes et,
dans
chacune,
des modalités spécifiques, selon qu'on a
affaire ~ des captifs ou ~ des délinquants.
. ..
a/ Pl~emièl~e fOl~me de mise ~ mOl~t
1 ' e:·,é'~IJt i on des capt ifs
Extermination et
abandon
des
captifs
ordinaires,
élimination avec
dislocation
ou
anéantissement
cannibalique des
captifs d'élite,
tels
semblent
être
les
deux
principaux modes
d'exécution et de traitement infligés aux captifs.
L'exécution des
groupes
plus
ou
moins
importants
n'intéresse ici notre propos que dans deux de ses variétés
: lorsqu'
après capture
des
ennemis,
elle
a
lieu,
soit en territoire des
vaincus comme
accomplissement
de
la
vengeance et s'accompagne de
l'abandon des corps sur les lieux,
soit en territoire des vainqueurs
pour réprimer
par
exemple
une tentative d'évasion et s'accompagne
d'une évacuation rapide des corps.
Une illustration de cette seconde
~ .tuation peut être empruntée aux Essuma.
Une tentative d'év~sion de
la part d'un captif de guerre donne lieu d'abord ~ un jugement de la
pal~t des
notables
Ce
sont
la '~hef , l e s .a~-Tlé1i--~·C-b-;)bIJmet-)--et les
riches
<brembi>
qui
condamnent ~ mort le coupable ; ce dernier est
alors ligoté
et baillonné. Ensuite,
un esclave de la Cour,
rémunéré
de 8
écus d'or,
inspiré par le "fétiche" du chef qu'il porte sur sa
tête,
désigne,
en le touchant du coude,
la ou les personnes libres J
qui seront les exécuteurs des hautes oeuvres.
Sur le "fétiche",
ceJx-
ci décapitent
le
captif,
le
découpent
en
morceaux,
qu'ils
enfolJissent SIJl~
pla'~e
dans
'Jn
tl~OIJ
l~ond,
lin' en l~ésel~vant qlJe la
machoire qu'ils
attachent
sur
le fétiche".
Après s'êt~e approprié
tous les
biens
qu'ils touchent,
les exécuteurs sont isolés hors du
village.
Enfin,
au
bout
de
trois
jours,
sur
les
lieux
de la
d~capitation, ils
viennent
invoquer le supplicié,
font autodaf~ de
,

leurs h~illons
et
de
l~ maison de réclusion,
s'enfuient chez eux,
et.
une fois p~rés de leurs plus be~ux p~gnes, rendent visite ~ tous
les notables,
qui
leur offrent des présents en or comme récompense
de leur service public
(8).
Plusieurs ~rguments
l~issent
penser que l'une et l'~utre
devaient être
limitées.
Un ~rgument
d'ordre historico-démogr~phique
et technologique
: d~ns les généalogies des vill~ges ~u XIXe siècle
(du moins celles ~uxquelles nous ~vons eu ~ccès), le m~ss~cre occupe
un st~tut
d'exception.
Au
XVIIIe
siècle,
d'ailleurs,
d~ns
l'historiogr~phie des
Essum~,
peuple déjà pourvu d'~rmes à feu,
il
n'est f~it
mention
que de deux m~ssacres de ce genre. On peut voir
en effet d~ns le dépeuplement du "roy~ume d'Abug~", consécutif à une
récente guerre
qu'évoque le chev~lier Damon en 1698,
l~ conséquence
~ la fois de l'exode,
de l~ destruction et de la déport~tion (9).
Le
second m~ss~cre r~pporté ~ concerné une forme d'inv~sion européenne.
En novembre 1702,
lors de l'~tt~que holl~nd~ise du Fort S~int-Louis,
les Essunl~, selon le mot de Loyel~,
"fi'~ent 'Jne ,.::r'uelle bOIJ,.::hel~ie" de
tous les
ennemis
qui
leur tombèrent sous l~ m~in, à l~ réserve de
onze prisonniers
(10).
Or ~u début du XVIIIe siècle,
non seulement
l~ popul~tion forestière,
ici,
dev~it être glob~lement moindre,
m~is
encore le
fusil
n'y ét~it p~s p~rtout venu ~mplifier les effets de
l'~rmement tr~ditionnel comme en "H~ute-Guinée" et en eate d'Or.
Un ~rgument
d'ordre
politique : d~v~nt~ge qu'~ux 'poques
ultérieures,
les
commun~utés
vill~geoises
dev~ient
rechercher
l'objectif stratégique
qui
domin~it
encore
au
XIXe
siècle: un
équilibre avant~geux
des
r~pports
de forces avec les voisins même
ennemis,
plut8t
que
l'~né~ntissement physique de ces derniers.
Un
argument d'ordre
juridico-religieux
enfin
d'une
p~rt,
l~
déontologie ~ncienne
de
la
guerre,
génér~lement
~ppliquée,
prescriv~it l' inviol~bilité
des
civils
ou
des innocenfs
(femmes,
enf~nts, vieill~rds) et, d'~utre p~rt, le droit des gens interdis~it
de souiller s~ terre d'un s~ng étr~nger et innocent.
S'~git-il ~u contr~ire des guerriers éminents,
l'exécution
individuelle peut
être
disloc~nte
elle
s'~chève ~lors p~r une
exérèse d'or9~ne
dont nous conn~issons ~u moins trois v~ri~ntes. L~
déc~pit~tion du
c~d~vre
à
l'~ide
d'un
s~bre
d'~b~ttis
est
l'opér~tion l~
plus rép~ndue et l~ plus notoire (11). Vient ensuite
i
le démembl'ement
du bl'~S dl'oit selol) l~ pl'~tiqIJe h~bituelle d'J hél'OS
J
légend~ire Kru Gueledyi
(12).
L'exemple de l~ déf~ite holl~nd~ise du
13 novembl'e 1702 i Il'Jstl'e -en,,::ol'e bier,-l-e~ a-e-,.J:·~ pl---eillièl'es - Oj:\\él'~tior.s.
En effet
les Essum~ coupèrent aux ennemis tués les têtes,
les pieds
et les
m~ins,
ils les dépouillèrent et les l~issèrent ~insi h~chés
en pièces
sur
l~ pl~ge, à
l~ vue de leurs comp~triotes mouillés ~u
l~rge (13).
L~
troisième
opér~tion,
célèbre
chez
les
Be~e
5eptentrion~ux, m~is
vr~isembl~blement p~rt~gée
p~r
be~ucoup
de
sociétés,
est l~ ph~llotomie ~vec ou s~ns les testicules
(14).
D~ns ces trois c~s de figure,
excepté l'exemple holl~nd~is
qui relève
d'un
processus d' inv~sion, on voit le c~d~vre écl~té en
deux p~rties
inég~les, ch~cune ét~nt échue à un esp~ce géopolitique
selon l~
hiér~rchie
des
fortunes de l~ guerre: d'un eSté.
gis~nt
sur le
sol
n~t~l
ou
le
ch~mp
de b~t~ille, la masse amputée est
cond~mnée aux
obsèques
somm~ires
des
~omb~tt~nts m~lheureux ; de

3F:Q
l'autre eSté,
l'organe noble est transféré en terre étr~ngère comme
trophée.
Ainsi la tête,
après avoir orné les défilés de triomphe ira-
t-elle rejoindre
quelque
panthéon de cr~nes COMme chez les OdJukru
de Bobor
(15)
ou servir de récipients lors des cérémonies de boisson
; ~insi
le
phallus séché pendra-t-il ~ la porte sous le reg~rd des
femmes et des enfants
(16).
A travers
cette
disloc~tion
du
comb~ttant
tué,
le
v~inqueur, sur un ~utre mode, continue la guerre et, p~r un premier
Moyen symbolique,
entend r~dicaliser sa victoire. Cette entreprise
s'inspire en
effet
de l~ théorie des pouvoirs et de la théorie de
la mort
comme
forme
de
vie.
Dans
la
personn~lité du guerrier
éminent comme
celle
du
ch~sseur
génial,
l~
puiss~nce
"innée"
s'accroît d'un
~rsen~l
M~gique "acquis", qui consiste en pouvoirs
d' invulnér~bilité, de
métamorphose,
voire de résurrection.
Athlète
et tireur
d'élite,
le grand guerrier est aussi,
d~ns une cert~ine
mesure,
devin ou voyant,
médecin sinon sorcier.
Or,
l'org~ne
de
son ~ction dans une hum~nité ~mbidextre,
c'est le
br~s
droit,
l'org~ne de s~ connaissance du monde et de s~
m~îtrise des
êtres et des choses,
c'est l~ tête, siège du cerveau;
l'org~ne et
le
signe
de
sa
virilité,
c'est le ph~llus. Dans le
cad~vre inerte
m~is
animé,
selon l~ théorie indigène, ces org~nes
conservent des
racines
ou
des
br~ises
de
pouvoirs vit~ux. Leur
déportation sur
le
territoire du vainqueur ~pp~raît ~insi comme le
second moyen
de consommer l'~néantissement du v~incu. Sans ~~ tête,
sans son
bras
droit,
s~ns
son
ph~llus, le guerrier miraculé qui
revient ~
la
vie
conserver~it-il
l'identité
qui
f~it
son
individu~lité et
sa force? Mais une fois l'organe cardin~l déporté
sur une terre hostile,
force est de le mettre sous bonne g~rde et de
le rendre imprenable.
C'est ~ cette fonction ultime dans laquelle se
consomme l~
victoire
qu'est
affecté
le collège des clairvoyants,
aidé ~ Sa manière par l'opinion popul~ire. Le plus grand goète, dit-
on,
aurait
honte,
d~ns
un
processus
de
résurrection,
de venir
récupérer son
Membre
viril
sous
l'oeil
goguenard
des
femmes
étrangères.
Comme
aucune
reviviscence
n'est
effectuable
s~ns un
corps réuni,
on voit comment,
dans la durée,
la dislocation consomme
la mort
et p~rachève l~ victoire des vainqueurs. Ainsi se consomme,
selon l~ même logique,
la victoire du chasseur,
lorsqu' il ~ rompu la
queue du
buffle,
ou
lorsqu'il
a
~battu l~ trompe d'un éléph~nt,
queue et
trompe étant des niches de force vitale chez ces seigneurs
de la faune.
Par rapport
~
la dislocation,
~ cannibalisme l~epl~ésente
l'exécution récupér~trice.
Elément
de
l' imagin~ire
relatif
~
l'Afrique nubienne
et
en lequel Hegel voyait une illustration d'on
ne s~it
qlJel
"pl~in,:ipe afl~i,:;iinl\\, (17) ,:ette pl~~tiqIJe pl~éhistOl~iqlJ-e
et quasi-universelle
(18)
a
été
attribuée par les voyageurs ~ la
plupart des
sociétés
lignagères
de
l'Afrique
soudanienne,
de
l'Afrique centrale,
de l'Afrique guinéenne,
et en particulier de la
CSte d'Ivoire précoloniale
(19).
Dans la réalité,
faute d'une documentation objective COMme
celle dont
nous
disposons
sur
les
Amérindiens
(20',
l'état de
l'information n'autorise
ici
que
des
hypothèses que la recherche
,

·... _-_.- .-'- - - - - - - - - - - - - -
381
devr~ confirmer
ou rejeter.
D'~bord, d~ns l~ zone forestière,
notre
champ d'~tude,
le cannib~lisme ~liment~ire comme quête de protéines
ne semble
p~s
bien
~ttestée.
Ensuite,
si
l'on
considère
les
indications touchant quelques sociétés
(aburé,
akyé,
wê) 1
r~re était
le c~nnibalisme
rituel
en
p~rticulier
celui destiné ~ rendre les
dieux propices.
Une
vari~nte
de
ce
c~nriib~lisme sur lequel nous
reviendrons est
attesté
en
p~ys
odjukru
et
abê.
Enfin,
le
cannib~lisme que
nous
qu~lifions
de
milit~ire,
objet
de
notre
pl~OpOS, vise
p~l~
l~ l~é'~IJpél~~tion dlJ génie des élites,
spê-ci-31e.ent
des gr~nds
guerriers
étr~ngers,
à
promouvoir
~
l'avantage
du
consomm~teur un haut nive~u de force vit~le, donc de pouvoir. PlutSt
qu'un simple acte justicier s~nctionnant des personnages féroces par
l~ pl~iv~tion d'lJne sêp'JltlJ\\~e ~insi que le suggè\\~e les inte\\~prètes dlJ
Capitaine d'Ollone
(21),
il
f~udrait
y
voir
av~nt
tout
une
appropriation de
l'être
et
des
pouvoirs
d'autrui
selon
une
dialectique du
même
et
de
l'~utre
dans
laquelle
le
vainqueur
incorpore un
vaincu
dont l'~ltérité, non seul~ment n'est p~s assez
radic~le pour
altérer l'identité du consomm~teur, mais encore reste
si semblable
qu'elle
accroît
la
force
et les performances de ce
de\\~nie\\~ .
La particip~tion
aux
agapes
était
réservée
à l'élite
politico-militaire;
l'agape elle-même se déroulait dans un rel~tif
secret ; enfin des morceaux de choix,
redistribués vraisemblablement
slJivant les
\\~ègles
de
la
hié\\~~\\~d'lie
statrJtail~e,
av.:nt
la
prédilection des
initiés,
et convives
: ce sont le foie,
les pieds,
les mains,
etc
(22).
b/ Se,;:onde fo\\~me de mi se & mar't
l' e>'é'~fJtion des déling'Jants
.
Si nous
considérons maintenant le cas des délinquants,
l~
procédure ancienne
prévoit
également
diverses
modalités
de leur
exécution et
des
traitements
de
leurs
corps.
La
plupart
des
exécutions, au
moins d'après nos sourceS,
ont un caractère privé et
s'accomplissent dans
le
cadre
lignager;
mais deux particul~rités
les unissent
toutes
non
sanglantes,
elles
excluent
l'usage
d'instruments contondants.
Tout
se
passe
comme si,
~ l'opposé de
l'extermination officielle
et
sangl~nte
des captifs qui sont tous
d'origine étr~ngère
en
principe,
la
consanguinité
et
la
concitoyenneté interdis~ient
ici
l'atteinte
au car~ctère sacré de
l'identité collective qui unit l~ victime et le victimaire.
D~ns une première catégorie de ces exécutions, mise ~ mort
et tr~itement
du
cad~vre
ne se dissocient pas,
ils constituent un
serJl et même ~,=te.
D~ns ,=ette ,=atégo\\~ie se sit'Je l'entel~l~ement vif j
un adultère
ou
un
voleur
récidiviste pouvait selon une tr~ditidn
bete de
Ur~gayo
(23)
subir
ce supplice cruel et inf~mant ; mais,
comme le r~ppellent les Gb~n et les Kweni
(24),
un meurtrier pouvait
~insi ~ccompagner
sa
victime
pour l'honorer symboliquement et, en
même temps,
pour
~ssouvir
l'esprit
de
vengeance
du
lign~ge
endeuillé.
Telle
est aussi la noy~de dont les river~ins des fleuves
et des
l~gunes
avaient l'habitude:
le criminel ét~it immergé soit
après avoir
été
att~ché dans un s~c chez les Aburé (25), soit avec
un boulet
de
pierre
attaché
à
l~ cheville ou ~ux reins chez les
od j u k1~ IJ (26) .

-; C'Io -,
--"-'~
La seconde
c~tégorie
de
ces
exécutions
privées
s'accompagne de
m~nipul~tions
p~rticulières
des
c~d~vres.
On
y
tl~ouve,
é .... oquée
p~\\~
l~
mémoil~e
~jl::.ë,
l"'l
,.::~sse
d':lTIs l~quelle
le
délinquant surpris
p~r
exemple
en
plein
sommeil
est
tué
p~r
désarticulation de
ses
membres
(27).
On
y
trouve
~ussi,
plus
I~ép.:lndue, 1·:1
m...i.ll
~
pilon
dont les geté-Zikobwo et les OdjIJ".l~IJ,
comme les
Ni~~w~,
r~pportent l'écho (28)
: surpris comme toujours,
le délinqu~nt est ~ssommé ~ coup de blton,
de m~ssue ou de pilon.
On
y trouve
enfin
l'empoisonnement
secret
dont les sorciers ét~ient
l'objet de l~ p~rt de leurs p~rents chez les Gb~n (29).
Les exécutions
de
délinqu~nts
peuvent
être
~ussi
officielles et
publiques.
Les
Essum~
du
XVIIe ~u XVIIIe siècle
déc~pit~ient les
tr~îtres
qui
~v~ient
livré
~
l'étr~nger
les
secrets des
délibér~tions
politiques.
M~is
l~ déc~pit~tion d'un
voleur p~r
le volé se dérQul~it sur une pl~ce des supplices,
~près
que le
dé1inqu~nt
eut
"m~ngé le fétiche"
;
l~ tête de ce dernier
ét~it br~ndie
sur
une pique ~ tr~vers tout le vill~ge pend~nt que
son nom
et
son
crime
ét~ient
prQcl~més ~ h~ute voix ; ensuit~,
corps et tête ét~ient inhumés "s~ns cérémonie" ~u bord de l~ mer ou
de l~
l~gune (30).
Chez les Abê,
de même,
l'exécution des sorciers
ét~it le f~it des bourre~ux ~ttitrés et ~v~it lieu dev~nt le peuple
m~le (31).
D~ns tOIJS
les
':~s,
le
,:~d~vl~e
slJbit
des
t1~~ibements
divers,
souvent cumulés,
~ur le symbolisme desquels nous reviendrons
plus t~rd.
Il est tr~îné en brousse,
Jeté ~ux f~uves ou inhumé d~ns
une fosse
superficielle,
d~ns l~ plup~rt des c~s. Qu~nt ~u c~d~vre
du sorcier,
cert~ines
tr~ditions
(Bete-Zikobwo)
lui
infligent
d'~bord l'épreuve
du
feu,
s~ns qu'on s~che ~ vr~i dire s ' i l s'~git
d'un simple outr~ge ou d'une tot~le crém~tion destinée ~ ~~é~ntir le
génie du
m~l
et
~
p~r~chever
l~
mort esch~tologique (32).
S~uf
exception,
le
corps
est
ensuite
b~nni
du vill~ge ; il peut être
~lors ~b~ndonné d~ns des cimetières spéci~ux, dom~ine extérieur ~ l~
culture
(forêt
réservée
sur
le
continent,
îles
fluvi~les
ou
l~gun~ires), ~
l~
merci
des f~uves et des oise~ux de proie (33)
s ' i l doit
recevoir
une
inhum~tion,
le
corps
est
plus ou moins
outr~gé et,
l~ sépulture, pour les tr~ditions connues, creusée près
d'un cours
d'e~u
ou
d'un
m~rigot,
p~rce
que
l'e~u
~ voc~tion
d'éteindre l'énergie
ro~léfique
du
détenteur.
En
effet
les
Abê
enterr~ient le
c~d~vre ~u bord de l~ rivière,
en pren~nt soin de le
disposer ~vec
pour
m~rque
sign~létique un doigt pointé hors de l~
terre
(34)
les
Bete-Bezebwo enterr~ient ég~lement ~u bord d'une
rivière ou
d~ns
un
m~r~is,
m~is
~près
~voir
ch~rgé le c~d~vre
d'épines,
prob~blement pour symboliser le supplice perpétuel (35).
Retenons pOIJ\\~ fini\\~ qlJe l~ mise ~ mo\\~t e""" l' inhlJm~tion dé's
délinqu~nts ne
donnent
pas lieu ~ des funér~illes. Tel est le sens
dans lequel
il
faut
entendre
l~
formule
"sans cérémonie" des
i
.... oyageurs comme
Loyer. Seul suffit un rite de purific~tion, le même
!I
que
!
~ccompagne l'exécution des guerriers.
1
\\
1
!
l

383
1 . 1 . 2.
L' e;< i 1
Substitut de
l~
mise
~
mort,
l'exil
qui
fl~.::l~.pe
les
délinqu~nts présente
trois
modalités
de
gr~vité
'~l~a i ss~nte
1 ~
fuite dev~nt
l~
men~ce
de
mort,
l'éloignement
négo,'::1e
p.::ll~ des
intel~'~esseul~s pl'J5
ou
moins
offi,~ieu>~,' enfin
le
b~r-.rtisseRlent
définitif.
L~ fuite volontaire,
avec ou S.::lns ses proches p~rents, est
le f~it
des
délinqu.::lnts
dont
le
crime
ét.::lit
susceptible
de
déclencher des
réactions
immédiates
de vengeance.
Cette procédure
qui ~pp~r~ît
de
bon
sens ~ux Bete-Zikobwo
(36)
évite la venge~nce
incontrSlée du
lignage
meurtri,
f~vorise la négoci~tion du pretium
doloris ou
du
pretium
s~nguinis
et
simplifie
le
retour
~
l'apaisement.
DeY~nt
cette
déf~ite
du
coupable,
quel
lign~ge
respons~ble oserait
en
effet porter sa vengeance sur un territoire
étranger et
neutre,
au risque d'élargir un conflit ~v~nt tout loc~l
?
Mais l'éloignement
peut
être aussi un compromis négocié,
lorsque sont
en c~use des notabilités très utiles p~r ~illeurs ~ la
communauté villageoise
hommes
riches,
guerriers
ou
chasseurs
d'élite,
médecins,
artistes,
beaux
hommes
ou
belles
femmes,
traditionnistes.
Intercèdent
~lors,
comme
le fait est attesté p~r
exemple chez
les
Odjukru
et
les
Ab@,
pour
obtenir
ce
~ursis
nécessaire ~
l~
négociation,
les
groupes
qui
ont
intérêt ~ ce
compromis politique
: ~mi~,
parents éloignés,
femmes,
classes d'~ge.
Enfin,
cet éloignement peut être simplement une composante
de l~
pénalité
~ssociée
~
l'indemnité,
complét~nt
~insi
la
répar~tion m~térielle
(pretium
sanguinis)
p~r
une
mise.
~
mort
sociale
(pretium
doloris).
L~ société gban prévoit ~insi l'exil du
coupable une
fois
que
l'indemnité
a
été
versée et le sacrifice
rituel accompli
(37).
Les Krumen punissent l'homicide par imprudence
d'une indemnité de quatre v~ches et d'un bannissement (38).
Dans les
trois
situations
qui viennent d'@tre décrites,
l'exil est
tempor~ire,
qu'il
dure
plusieurs
mois
ou
plusieurs
années.
L'exil dont les Krumen frappaiennt l'homicide p~r imprudence
durait quatre ~ns. si l~ victime est un homme,
trois ~ns si elle est
une femme.
Une fois
l'~paisement établi, en effet, ~ l~ requête des
des parents
du
délinquant,
gr~ce
~
l~
médi~tion
des autorités
lo,~~les et
apl~ès
~':':ol~d -dlJ
lign.;ige~--offensé,
le
l~etoIJl~ ~ lie'J,
souvent m~rqué
par
une
cérémonie
d'action de gr~ces adressée aux
ancêtres,
cérémonie qui est un rite de réintégration.
L'exil définitif,
quant ~ lui, ne connaît pas ces ententei
amiables,
dès
lors
qu'il
survient
dans
un
clim~t
de
tension,
légitimé par
le pouvoir politique lui-même.
Un rituel de sépar~tion
le consomme
~près
que
l~
peine ~ été prononcée et officiellement
notifiée ~
l~
communauté.
Dans
l' institution
~bê
du Kenil.::llofu
décrite ~
L~po
(39),
que
l'on
retrouve
en p~ys anyi-ndenyé,
la
communauté escorte
le
banni
jusqu'~ l~ limite du village ;
l~,
le
ghèmè,
le
grand
homme prééminent,
l'~bandonne, en lui remett~nt un
t i son
( l ; ;
= 1e
f elJ) ,
sa pal~t de l' énel~gi e i ndlJs tl~ i e Il e,
.:ont:! i t i or.

culturelle de
l'~limentation
et
base
d'un
nouvel
ét~blissement
autonome.
Chez
les
OdJukru,
nous
l'avons
montré
ailleurs,
la
procession qui
accompagne
ainsi
les
sorciers
se
pl~~e
sous l~
conduite de
l~
classe
d'~ge
officier
des
ordalies
le banni
participe ~ son propre d~racinement en portant le tambour qui rythme
le thrène
de
la
séparation
;
ce
thrène
~
son
tour
proclame
l' irr~vocabilit~ du verdict d'exil en rappelant l'origine religieuse
de ce dernier et l'irresponsabilité de la société politique
(40).
Enfin,
le lieu de destination de l'exilé transforme l'exil
d~finitf en
une
rupture
sociale relative ou absolue.
Les sorciers
kweni bannis
qui
vivent
et
meurent,
soit dans un village voisin,
soit dans
la
brousse
sur le territoire villageois,
ne connaissent
que le
dam
d'être
priv~s
~
jamais
du
village
natal
et d'une
s~pulture dans
son
enclos;
car ils bénéficient encore des visites
et secours
officieux
de
quelques
rares
parents
et
amis.
Au
contraire,
ce
dam devient quasi-absolu,
lorsque la terre d'exil est
~trangère et
lointaine,
ce qui est le cas,
~ cette ~poque, pour un
Odjukru en pays abidji ou akyan,
pour un Ne'Jo en pays godi~, pour un
Bete en pays kweni ou gban.
En un
sens,
le
commerce
ne
rompt
pas
avec
cette
institution:
la
vente
en
effet
continue
la pratique de l'exil
absolu puisqu'elle
assure l'éloignement des délinquants et prolonge
' l ' i n f i n i
l'~loignement des captifs. Toutefois,
la substitution de
la vente
~
la
mise ~ mort et ~ l'exil qui va se répandre entre le
XVIe et le XVIIIe siècle dans cette zone constitue bien,
en u~autre
sens,
une
rupture par une adaptation aux sollicitations extérieures
: au
plan
socio-économi~ue, échange
fondé non plus sur le simple
don,
mais
sur
un
~quivalent
ou
une
monnaie
;
au
plan socio-
politique,
suspension des exterminations systématiques et discipline
collective pour
respecter
autant
que faire se peut cette nouvelle
option;
au plan id~ologique et culturel,
autre représentation de la
"valeur" des
personnes
captives
ou délinquantes et nouv~l intérêt
port~ ~ leur survie.
1.2.
Les anté,.:édents du p\\~o'::ès d' .:1,::h.:1t _
le gage,
l'ot.:1ge,
1.:1 c.:1ptivité
Trois formes
de
servitude
extra-lign.:1gère
pr~cèdent
l'esclav.:1ge dans
beaucoup de soci~t~s au XVIIIe siècle: ce sont la
relation de
gage,
la relation d'ot.:1ge et la rel.:1tion de captivité,
les deux
premières .:1ssujetties ~ 1.:1 dette,
1.:1 dernière ~ la guerre.
LeIJ\\~ fon,.:tionnement"
'~-,.:e'tte=--epo~qîJe s' é,::lai\\~e
~
la
IIJmière des
traditions orales
d'origines
diverses
et
des d~cuments ~crits se
rapportant encore aux sociétés éotilé et essuma.
,

On sait en effet que le Chef essuma ~k~ Ezani et le Roi de
France Louis
XIV
avaient
échangé des gages d'~mitié, le chev~lier
D~mon l~iss~nt
~ Assoko,
~u nom du second qu~tre citoyens franc~is,
On peut
supposer
que
les
tr~vailleurs
libres
éotilé
dont
l~
tradition signale
la
présence d~ns les hame~ux d'extr~ction de sel
étaient aussi
des
gagés,
au
sens
non plus de l~ dette politico-
morale,
m~is de l~ dette économique
(41).
Dans la société essuma,
la
dette pl~ovenait
de
defw·,
SOUl~ces
l~ tl~ansgl~ess ion des lois (vo 1
~dultère,
meurtre., ,)
d'une
p~rt,
et
la
violence
sociale
ou
politique
(otage,
c~ptivité
guerrière)
d'autre p~rt, Entre gens du
commun,
l'adultère
ét~it
puni
de
un bende d'or
(100 F)
en cas de
preuve,
d'une servitude de trois ans d~ns la m~ison du m~ri outr~gé,
s ' i l y
~v~it
preuve
sans
solv~bilité,
Entre
brembi
ou riches,
l'amende de
deux
bend~
et demie
(c~s de l'épouse du chef)
pouv~it
s'élever p~rfois
~
sept
bend~
(indemnité
~
l~quelle Aniab~ fut
,.:ond~nmé au
bénéfi,.:e
d'Amon,
neveu
du
,.:hef)
; au '.:ontl~~il~e, le
roturier qui ~v~it commis l'~dultère ~vec une épouse du chef tomb~it
d~ns l~
servitude
perpétuelle.
Qu~nt
~u
crime de s~ng, il ét~it
frappé d'une
indemnité
de
dix
bend~
d'or
(1000
F)
l'ingén~
coupable d'un
tel crime,
m~is insolv~ble, le p~y~it d'une servitude
~ ~ie
d~ns
le
lign~ge
meurtri
l'esclave ou le c~ptif coup~ble
était purement et simplement "vendu aux Blancs ~ bord des V~isse~ux"
(42)
Les mêmes
sources document~ires éclairent le régime de l~
c~ptivité guerrière
~
cette
époque.
Av~nt les Neyo-Kebe de Drewin
dont nous
~vons
évoqué
1e
m~ 1 hel.Jl~ '':0 Il e,.:t if,
mention e:·d s..te d' J.Jn
cert~in
nombre de c~ptifs ~fric~ins p~rmi lesquels un homme,
Ani~b~,
et qu~torze
femmes
~nonymes,
et
des
c~ptifs européens
(les onze
Holl~nd~is, surviv~nts
de l'~tt~que du 13 novembre 1702),
Leur sort
ét~it v~ri~ble
selon
les
c~s,
Les
uns,
ceux
qui
tent~ient de
s'év~der, subiss~ient
l~
déc~pit~tion,
comme
on
l'~
décrite
;
d'~utres pouv~ient
être
r~chetés
en
éch~nge d'une rancon ; ~insi
dev~ient l'être les prisonniers holl~nd~is, le 13 janvier'1703,
même
si
la
diplom~tie
de
son ~mb~ss~deur ~fric~in réussit ~ tourner l~
négoci~tion ~
l'~v~nt~ge
de
l~
Holl~nde
(43)
les
derniers
incorporés ~
l~
société,
deven~ient
soit
~uxili~ires du pouvoir
politique comme
Ani~b~,
soit
~gents
de l~ reproduction comme les
qu~torze c~ptives
entrées
d~ns
le
gynécée
d'Amon
(44),
soit,
~
l'occ~sion, victimes
s~crificielles,
~ l' inst~r ou en rempl~cement
des es,.:l~ves.
2,
Les ph~ses de l'évoll.Jtion
P~r rapport
~
ces
~ntécédents,
le
commerce
dont
les
personnes sont
l'objet
~
tr~versé
trois ph~ses princip~les : une
première ph~se
d~ns
les
sociétés
préforestières,
les
sociétés
littor~les et
l~gun~ires,
une
deuxième ph~se d~ns les sociétés'du
centre-forestier,
une
dernière
ph~se dans les sociétés de l'ouest-
f 0 l~ est i e l~ .
,

·- ~."'-..
2 . 1.
L;;> p ,~ e mi è ,~ e ph':J se _ e:-: e ni p 1 e des Si 0': i été s
lit t 0 1~.::I les
et 1;;>(lun;;> i l~es
Bien que
les
sociétés
préforestières,
telle l~ société
Kweni,
soient
ég;;>lement
concernées,
nous
ex;;>minerons
ici le C.::lS
mieux documenté
des
sociétés littor;;>les et l;;>gun;;>ires.
Une période
plus ;;>ncienne p~écède cette ph~se d~ns l~ région.
2. 1 . 1.
L~ Pél~ i ode ~ntél~ i eUl~e :!:t!::!. XI.' III e si è,: 1e _ ;;>n,: i enrteté
et e:·:tertsion
D~ns 1.::1 zone,
~v.::lnt l'immigr.::ltion .::Inyi-b.::lwlé,
les sociétés
dominées p~r
le
mode
de
production lign~ger ét.::Jient diverses p~r
leurs ;;)ctivités
de
production
pêch.urs-~griculteurs sur
le
littor~l (riz,
igrt;;>mes,
m~nioc),
pêcheurs
exclusifs
d~ns
les
l~gunes, .::Igriculteurs-pêcheurs
sur
les
rives
des
l~gunes,
~griculteurs-ch~sseurs (ign~mes,
b~n~nes)
sur
le
continent.
Très
tôt,
semble-t-il~ les peuples de l~ Côte Est se sont .::Ictivés d~ns le
commerce ~
longue
dist~nce
~vec
les
sociétés
.::Ik~rt
de
l~ e8te
gh~néenne
commerce de sel,
de vivriers et d'escl.::lves.
Trois voi~~
s'y prêt~ient
voie terrestre,
voie l~gun~ire, voie m~ritime. R~y.
A.
Ke.::l
donne des précisions sur l~ voie terrestre qui p~r le b~ssin
de l~
T~noé
relient
As sa ka
~
Begho
(45),
m~is ~ une période oÙ
Assinie n'exist~it p~s comme tel.
" FIl D"'1:-<:,",
16~l!J
"ga1c1
,..~c'"'
cl ~ .~,.. ~ ci:'. ..
(asa.w.:s..
,... x ,... k.
Teno
O , . . . n c l . " ) .
Th • • •
go1c:t.
W~1:-,",
"Enc:_ • • _,..
c.nno~
16~.
,...1.1:- • •
1:-,..,.1:-
1:-~.c:t.,...
~"'OM
.
i:',..ecl.,...
~rom
"Abe~~nn~,"
~,..ev.1.cI
~o
~ • •
"'~g,",... )
1:'~ • • _
i:'own.
Les l~gunes
Abi et Ehy reli.::lient ~u moins vers l~ fin du
XVIIIe siècle
les
Essum~
et
Eotilé ~u Jumore ~ l'Est,
l~ l~gune
Ebrié les reli~it ~ux Odjukru,
~ux Ky~m~n, .::lUX Ahizi et ~ux AUron ~
l'Ouest.
P.::Ir
l'océ~n
l~
eSte
d'or communiqu~it ~vec l~ eSte des
Dents
(vr~isembl.::lblement h.::lbités déj~ p~r les Si~dubuo, les Govi.::l,
les Gwedi.::l,
les Ohibuo et let les Gr.::lngbi.::l)
et 1.::1 CSte des Gr~ines
(46) .
.'
L.::I plus
~ncienne
tr.::Jce
de
vente
de
c~ptifs
ou
d'excommuniés ~pp~r.::lît
d.::lns le commerce de l'ivoire,
des cotonn~des
et des pe.::lux en vigueur entre 1;;> côte ivoirienne et 1.::1 Côte d'or.
En
f.::Jit foi
une
inform~tion
sur El Min~ en d.::Jte du 29 septembre 1572
(47).
Au
XVIIe
siècle,
ce commerce se poursuit,
non plus seulement
,


3137
~vec l~
ca te
d'or
selon IJne organisation bien décrite par D~pper.
mais encore
sur
la
c8te
ivoirienne
elle-même

mouillent les
b~teaux portugais,
holl~ndais, britanniques et français
(48).
C'est
~insi qu'entre
le
27
et le 29 décembre 1678,
l'équipage du Soleil
d'Afrique dont Jean Barbat était le commis
(49)
refusa j'achetçr aux
Aburé et
aux
Essuma
des esclaves qu' il t~ouvait ou trop chers (il
s'~gissait de
"quatre
méchantes
femmes"
~
Gammo)
ou de m~uvaise
qualité
(c'était le cas d'un "petit garçon fort maigre" d' Issiny),
A
la lisière
de
la
savane,
~ la même époque,
les K~eni, exportaient
aussi
leurs
captifs
et
leurs
réprouvés vers les Malinké qui
leur
"fol.H'n i SS~J ient e:-.
l~etoIJl~
des
/"Iommes
qlJe
l~ej eta i t
1 elJl~
pl~opl~e
so;:iete"
(50).
Si
l'on ignore les premiers promoteurs de-ces exportations
tant ~ l~ lisière septentrionale de la forêt que sur le littoral,
il
est r~isonnable
cependant
d'en attribuer l'initiative aux chefs de
lignages,
détenteurs
suprêmes
du pouvoir de mise à mort et d'exil,
promoteurs attitrés des échanges.
Pour quels
articles
échangeaient-ils
ces
personnes~
marchandises ?
Mal informés encore sur les divers articles reçus en
échange des
premiers esclaves de cette zone,
nous pouvons néanmoins
nous en
faire
une
idée en nous reportant aU commerce qui était en
activité sur
des
eStes voisines.
Aux XV-XVIe siècle,
il s'agissait
de sel
marin
dans le commerce a~ec les peuples forestiers,
~e l'or
et des
manilles
dans
le
commerce
avec
la
CSte
d'or,
enfin de
bracelets de
laiton
ou
de cuivre dans les échanges de la CSte des
graines avec
les
marchands
flamands
et
portugais
(51).
Au XVIIe
siècle,
c'était
la
boisson,
les
tissus,
les manilles,
les perles
d'aigri et
les
cauris,
les bassins de cuivre,
les armes à feu,
les
couteaux,
le
fer et le plomb en barre
(52).
En somme,
des,articles J
dJabord imposés
par
les
acheteurs,
comme on le voit à la première
génération dJarticles
européens J ensuite des articles plus ou moins
préférés par les vendeurs à
la génération suivante.
Or
dans l~ première phase,
nous avons affaire à des biens
J
de consommation
prestigieux J
biens dur~bles comme IJ orJ
les perles
et les bracelets, ou biens précaires comme le sel,
autrement dit des
moyens de
la
reproduction
sociale des couches dominantes.
Dans la
seconde phase J au contraire, interviennent des moyens de production;
instruments et
matières
premières
d'instruments
nécessaires
au
développement de
lJagriculture extensive J de la chasse J de la pêche
et de
l'extracti6n
de
sel,
bref des forces productives,
facteurs
d'un progrès
économique
et
démographique dans une région enrichie
déjà par
lJacclimatation
de
nouvelles plantes vivrières telles le
maïs et le manioc.
.'
Avec un
décalage
chronologique
d'environ
un siècle J la
présence d'esclaves
vient
également
attester
un
procès
ancien
dJachat.
Les
premiers
de
ces
esclaves dont nous avons témoignage
sont légenda i l~es J
il
es t
Vl~a i ,
ma i sasso,..:: i és
au:·~
Ol~ i g i nes
de
certaines sociétés
ou
agglomér~tions.
Ainsi
en
fut-il
dans les
sociétés odjukru
(53)J
aUron
(54) J akyan
(55).
Dans les
processus
du
peuplement,
en
effet
ce fut la
J
rencontre de Natchoko Kokwê J un esclave du village littoral dJAbreby
(ou Mbl~êb)
et
de
Lowes
Kr .::lgbo
(OIJ
1<1~eblJ) dlJ vi 11 age ,:onti nent~1

---...,.-,='""-
......"'"'= -.~.__
. ~.="".-~--
-: '.:) <:)
"..1'..1 ,._.
d'Aklodj-A,
taus
deux
chasseurs
d'éléph~nts,
qui
détermina
l'émigr~tiond'un groupe d'AUrnn ~ AklodJ,
en territoire odJukru.
Ce
fut encore
deux
~utres escl~ves de ces AUron,
M~mbê Bru et N~ngb~n
Si,
ch~sseurs ég~lement. qui,
j
la quête du gibier,
découvrirent les
ét~ngs près
desquels
s'ét~blirent
respectivement
le
vill~ge
d'Emokw~, p~trie
de M~mbê, et le vill~ge d:Akru,
p~trie de N~ng~an.
A en
croire
les
tr~ditionnistes
du
vill~ge
odjukru
de Gbugbo,
de'5':end~nts des
K'I.;)m~n
émig\\~és
du
littOl~~l (?),
Ako D~nlo .:Jul~~it
fondé Adi~po
sur
le
continent,
près de l~ sépulture ob ~v~it été
inhumé son
fils,
décédé des suites d'un accident p~nd~nt une ch~sse
~ laquelle
il
~ccomp~gn~it
l'escl~ve du père.
Enfin,
l~ tr~dition
odJukru évoque un esclave ~nonyme de Lodj Am~ngn, fond~teur de Dibrm
il
ser~it
tombé
sur
le
ch~mp
de
b~t~ille
lors
du
premier
~ffrontement mémor~ble
qui avait opposé Dibrm et Bobor,
les futures
c~pit~les des deux confédér~tions politiques.
D'une p~rt,
les données de ces légendes n'ont p~s le même
~ge.
D~ns
l~
chronologie odjukru,
l'escl~ve d'Amn~gn se r~tt~che .~
une loc~lité
de l~ troisième génér~tion ~près Bane et Bobor,
et p~r
conséquent ~
un
évènement
tardif que nous avons cru devoir situeF
vers la
fin
du
XVIIe
siècle
ou
tout
~u début du XVIIIe siècle
suivant les
cycles
de
classes
d'~ge.
Or
l~ plus longue version
d'origine des
cl~sses
d'~ge
situe
la mise en pl~ce du système de
cl~sses d'~ge
d~ns
la société odjukru vers le XIV-XVe siècle.
Chez
les AUron
(Avikam-AII~di~n), Mambê Bru et N~ngb~n Si représentent l~
dernière ét~pe
de
la
migr~tion,
(les
sept
vill~ges du 'littoral
all~di~n n'ét~ient-ils
p~s
en
pl~ce
~u
début
du XVIe siècle aU
passage de
D.
Pacheco
Pereir~
?>
~lors
que
N~tchoko
Kokwê en
représente une
étape
~ntérieure,
probablement de l~ même période.
mais ob
Kokwê
se trouve être contempor~in de Lowes Kragbo.
Si nous
considérons,
en troisième lieu,
la chronologie des Kyam~n. l'escl~ve
d'A".o D.::lnlo
,:orl~espond
);:j
IJne pr-I.::lse litto\\~~le dlJ pe'Jplem.ent,
,:elle
qui aur.::lit
pris
fin avec l' irruption portug~ise (56).
En somme,
du
XIV ~u
XVIIe
siècle,
l~
d~t~tion
des
origines
des
sociétés
l~gun.::lires et
p~r
suite
le
p~léo-escl~y~ge dont se prévalent les
tr~ditions sont m~rqués d'incertitude . .
Les éléments
d'histoire
des
techniques,
loin d'~ider ~
dissiper celle-ci,
contribue
~ l~ renforcer.
L'imprécision sur les
armes de
ch~sse
conduit ~ deux hypothèses. 5'il s'~git de l'~rc et
de l~ s~g~ie, alors les personn~ges évoqués opér~ient ~v~nt le XVIIe
siècle comme
éclaireurs
de
ch~sse à l'éléph~nt. Avec le fusil,
~u
contraire,
ils
ch~ss~ient.::lu XVIIIe siècle et, d.::lns une mesure très
limitée,
d.::lns
les
dernières
décennies
du XVIIe siècle
(57).
Même
.::llors, subsiste une contr~diction entre les légendes les plus
réculées et
ce
que
nous
s~vons
~ujourd'hui
de
l'histoire
des
éch.::lnges.
Du XVe siècle ~u début dti XVIe siècle,
l.::l cSte ivoirienne,
les témoign~ges
d'E.
de
l~ Fosse et de D. P~checo Pereir~ en fd~t
foi
(58),
ne
p~r~ît p~s encore engagée d.::lns le commerce .::ltl~ntique
et l~
tr~ite
qui
b~tt.::lient leur plein depuis le XVe siècle sur l~
CSte des
Gr.::lines et l~ CSte d'Or.
De plus,
nous ignorons si ~vaient
déj~ cours,
p~r
les
fleuves
(Comoé,
Bi~,
T~noé>
et les pistes
terrestres,
des
éch~nges
de car.::lctère commercial entre les peuples
de l~
l~gune
Ebrié
et
les
cités
march~ndes en tr~in d'émerger,
telles Begho
d~ns
la savane
(XIV-XVe siècle),
même si prob~blement
ils exist~ient
avec
les
ports
de la CSte d'Or occident~le (Axim,
Sh~m;;) ... ,) ,
,
- - - - - - - - - - - - - - - - -
l:-

------=....:::..=~-~-------_._-_. - .
Un seul
fait
~ertain
ressort cependant de ~es légendes,
c'est l' im~ge
d'un
type de société et d'escl~v~ge fond~ment~lement
sembl~ble ~
celui
que
nous
livrent les textes écrits des XVII et
XI) 1 Ile s i è,~ 1es.
Les plus
~nciennes
tr~ces
~ujourd'hui
~ttestées
d'escl~vage lign~ger
datent
en
effet
du. XVIIe siècle et du tout
début du
X\\,JIIIe
siè/~le
i
elles
se
l~~ppol~tent
~
une
so,.~ié-té
l~gun~ire, la société éotilé et ~ux sociétés forestières limitrophes
de
l~
s~v~ne,
les
sociétés d~n et kweni.
Toutefois l'inform~tion,
l~cun~ire, ne
nous
~ssure
nullement
que ce degré d'~ncienneté se
'~orlfond <'lVe'~
l' O::)l~iginel.
En
outl~e,
'~ette
infQl~m;;)tion
~pp~l~~ît
dissymétrique
l'exemple
éotilé,
~
l~
manière
des
légendes
suscitées,
identifie
le
possèsseur
d'escl~ve,
c'est
un
chef de
lign~ge prépondér~nt,
m~is
il
laisse
d~ns
l'ombre
l'origine de
l'escl~ve
~
l'inverse,
l'exemple
Kweni
précise
l'origine des
escl~ves, mais p~s l'identité des possesseurs qu'on peut déduire.
Or d~ns
le
contexte
historiq~e
de
l'Une
et
l'~utre
sociétés,
o~ les escl~ves, éléments d'Une ou de quelques unités d~ns
les lign~ges
prééminents,
se
trouv~ient
dépourvus
de
vr~ie
signific~tion économique,
l'escl~v~ge ne revêt qu'une signific~tion
soci~le et idéologique ou culturelle.
D~ns l~ mouv~nce du roy~ume de
l'Aowin d'o~
proven~ient
les
escl~ves
et
l'or
~chetés
p~r les
peuples l~gun~ires, ~u voisin~ge de l~ société essum~ o~ les brembi,
"ces seigneurs
de l'or",
dispos~ient ch~cun de nombreux escl~ves et
ai:.. le
I~hef
en '~ompt~it pl'Jsie'Jl~s I~ent~ines pOIJl~ s~ p~l~t l~onl1ne nOIJS
le verrons,
le
chef du'm~trilign~ge prééminent des Bo~nê ~cquit en
l~ personne
de
son escl~ve Kokoroku,
trois choses: un bien tot~l,
un substitut
perpétuel
de
neveu utérin,
un supplément de prestige
qui renforc~it
son
r~ng
sur
les
~utres
chefs
de
lign~ges
en
l'~ssimil~nt ~ux brembi ~owin ou essum~. Biens tot~ux, substituts de
neveux et
g~ins
de
prestige,
les escl~ves vendus p~r les M~linké
~pportèrent ég~lement
~
des
chefs
de
p~trilign~ges
kweni
des
éléments pour
~ccentuer
leur
prééminence
sur les ~utres chefs de
lign~ge et
pour
s'identifier,
d~ns une cert~ine mesure,
~ux riches
dyul~, commerc~nts
et
m~r~bouts, propriét~ires d'une m~in d'oeuvre
et d'une
domesticité
serviles.
En
outre,
ici,
ce supplément de
prestige se trouv~ ~ccru, en ce que les escl~ves issus de la société
m~linké ét~ient
eux-mêmes
de
l~ngue
rn~linké, m~rqués jusque d~ns
,:ette dé,~hé~n/~e
et
I~ette
sel~vi bJde,
d' IJn l~este de l' ~IJ1~~ de le'J)~
société d'origine,
~ur~ ém~née du dyn~misme économique, de l~
puiss~nce politico-milit~ire et
de
l~
distinction
d'une culture
é/~l~ite, En
bl~ef,
~'J -
début
dlJ
XVIIIe
siè,~le,
d~n·;;
et
p.::Il~
l'~ppropriation d'escl~ve,
cette
nouvelle espèce de dépend~nte, ce
bien ~bsolu et ce surcroît de prestige, ce que les m~îtres éotilé et
kweni recherch~ient
et
g~gnèrent,
ce
fut
un
~utre
mode d'être
soci~l, un nouve~u st~tut.
2.1.2.
L~ pél~iode 1701 ::. 1870 _ pel~m~nen/~~ et e:·:p~nsion
l~e 1 ~t ives des pl~o/~ès
Que l~
vente
des
c~ptifs
et
des
délinqu~nts soit une
pr~tique ~vérée
~u
XVIIIe
siècle,
non seulement sur l~ cS te m~is
encore d~ns l'hinterl~nd forestier,
Willi~m Snelgr~ve, d~ns le Livre
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391
En 1701,
les
Essuma
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~vaient l'habitude d'effectuer
~es expéditions contre leurs ennemis,
les peuples de la Lagune Ebriè
et du
littoral,
rapportèrent un rlche butin d'or et de captifs,
51
d~ns ce
témoiqnaqe
oculaire
du
Père
laver
(60),
la destination
commerciale n';st-
que
probable.
d' 3ut~5s
documents
sont
olus
catégoriques.
Ce
fut
la
même
année
que
les Essuma vendirent au
Chevalier Damon onze esclaves
(61).
En 1707,
de même,
le capitaine hollandais Steehart acheta
~ Sassandra
et offrit ~ Jacob Van Gogh
le
jeune Africain qui devint
en 1742,
après
ses
études
à
l'Université
de
Leyde,
le premier
Pasteur réformé
d'origine
ivoirienne
en
activité
en CSte d'Or
.Ja,,:obl.Js Elisa ,Jo.:::lnnes Captein
(62).
D'autre p.:::lrt,
une
tr.:::ldition
or~le
neyo a voulu que DO,
l'ancêtre du patriclan Kekeyo,
fOt un
Kébé devenu captif des gens de
I:;bokl~ê
(Sassandl~::l)
lor's
d' une
gIJel~l~e
(63),
D' apl~ès
l' al~bl~e
généalogique des
Kekeyo établi
p.:::lr G.
Thomann
(64),
cette captivité,
remonter::lit au
premier
tiers
du
XVIIIe siècle.
Or ce fut en 1726
précisément que
survint
la
destruction
de
Drewin,
suivie de
la
captivité massive· et de
la vente de ses h.:::lbitants,
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D~m.nch.
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"'1.1)0(
Ve~ • • • ~I.~H
qU~
.~.~.n~
e 1 o r .
_
5~-Andr • .
Nowm
L'historiographie de
la
traite
.:::ltl.:::lntique
illustre
l a '
permanen~e et l'expansion du procès. Sans avoir ~ entrer dans le
1\\
débat de
l'histoire
quantitative
pour
lequel
nous n'avons aucune
Il
compétence,
en
voici des preuves empruntées ~ l'historien américain
F' h.
CIJ l~ tir.
( 1 96 9 ,
1 9? 5 )
e ·t
;.:1
l ' h i s t 0 l~ i e TI
ho lIa n d ais
.J.
j=' 0 s t ma
1·1975) ,
Les documents
du
premier
offrent
une valeur indicative
p~rce quO ils
donnent
des
estimations.
Nous
les
empruntons
aux
c~ble::lux synthétiques
qu'en
ont
dressés deux de ses critiques,
A.
Jones et
M.
John50n
ils concernent globalement la Côte-au-Vent,
~IJJlr.çlwal~.9. CO::lst".,
;j;.'HI;;;
sor. sens large de l'époq'Je
<Côte d' Ivoll~e et
Libéria)
et
révèlent une expansion qUl atteindrait son sommet entre
1720 -
1760 pour les exportations francaises et entre 1655-1780 pour
les exportations
anglaises.
Notons
que sur
la côte ivoirienne les
C:T'Ol~tai: ions}
.'::lpp~Jl~(0mIlH:~nt
é l evèes
,je
1·:,)
fin
du
XV Ile si è •.:: l e
se
rapportaient vraisemblablement
davantaqe ~ la fraction orientale de
L~ eSte qUI va du pays 8vlkam au pays e:suma.
,

--_. -~'
Esen
mr
392
TABLEAU 21-A (66)
Percent~ge
of
sl~ves
Source (for full titles,
see
from Windw~rd Co~st
te:·~t)
1680-85
27.3
D~vies,
Roy~l Afric~n Comp~ny,
225
1688
38.0
Ibid,
233
1713
10.4
Donn~n, Documents,
11, 159
1724
5.3
Ibid.
11 308-9
1752
32.0 ~
Willi~ms, Liverpool,
675-7
1771
25.4 b
Edw~rds, West Indies,
11,
56
1771
31.0
Donn~n, Documents,
11 454-6
1788
5.4
Norris
(Bo~rd of Tr~de Report)
1798
6.2 '.::
Willi~ms, Liverpool. 681-4
1799
9.8 b
Ibid. 681-4

~ = Includes Sierr~ Leone ~nd Gold Co~st
b = Includes Sierr~ Leone
c = Includes Seneg~mbi~ ~nd Sierr~ Leone
:'--_:=:=:=---~--
,
J:

393
B.
ADDITIONAL 50l~CES CITED BV CURTIN ~N
"HEASURIN!:~ rHs' ATLANTIC SLAVE TRADE"
D;ate
Percent;age of sl;aves
(W.
Afl~i,:;a
only)
from Windw;ard Co~st
1761-70
24.37
Anstey,
"Volume",
13,
b~sed
on PRO,
BT,
6/3
C.
CURTIN'S ESTIHATE5
Percentage of slaves
:
Revised percent~ge
from
Windward
Coast
(IMe~sUl~ing", 112-26>
a.
(CenslJs,
150>
1690 -1700
38.0
1701 -10
10.4
1711 -20
10.4
1721 -30
5.3
1731 -40
8.9
1741 -50
10.0
1751 -60
12.4
1761 -70
23.9
26,2
1771 -80
23.9
19.0
1781 -90
5.4
1791 -1800
4.2
7.5
1801 -7
4.2
5.5
~
= In this article, Curtin deals ooly with West Africa
and gives no percent~ges. We have therefore calculated
the new percentages,
adding his origin~l estimates for
Angol~ ~nd Mezambique to his new estim~ted totals.
For
1801-7 i t
was
also
necess~ry
to
multiply
his new
estimate
(which covers the whole dec~de 1801-10>
by 0.7
,
--_._--. _..- - - -

- -----------~--- -- -- - '"-~·""""'''''''-G''''"'ff''-__iiiiiïiiiiiiiliiiiii''E-::'':
..··-
394
TABLEAU 22. (67)
Slaves t;J ken f\\~om the Wi ndwal~d Coas t
QY Fren,~t"1 sh.ie1!.
A.
SOURCES
CITED
BY
~URTIN
Date
Percentage of slaves
from Windward Coast
1715-20
31. 7
Gaston Martin,
l'Ere des
Négl~ i el~S 188
1721-8
46.5
Ibid.
188
1729-33
25.8
Ibid.
207
1734-7
32.0
Ibid.
218
1738-45
46.3
Ibid.289
B. CURTIN'S ESTIMATES
Percentage of slaves
Revised Percentage
..
from Windward Coast
("Measuring" 112-26) a.
(CenslJs,
170)
1711 -20
34.5
1721 -30
46.5
1731 -40
32.2
1741 -50
43.6
1751 -60
38.9
0.7
1761 -70
o
1771 -80
o
2.9
1781 -90
o
2.5
1791 -1800
o
1.7
TOTAL
16.8
13.9
a.
= In this article, Curtin deals only with West
Africa and gives no percentages.
We have therefore
calculated the new percentages,
adding his original
estimates for
Angola
and
Mozambique
and
for
"IJnknown andothers Il - to-n'i"snew éstinlates.
La conclusion
des
critiques
est
la
suivante.
Il faut
calculer ~
la
baisse et nuancer les chiffres proposés par Curtin
:
entre 1690
et
1700,
moins
de 8 ~,
non 38 ~ ; entre 1711 et 1750,
17,7 7-
non
34,5 7- ; entre 1751 et 1810, entre 6 et 11 7- non 15,3 7-
;
entre
1810
et 1840 plus de 0,4 %.
D'une part,
Curtin exagère les
exportations de
la
C8te-au-Vent
dans la première moitié du XVIIIe
siècle et
sous-év~lue
celle de Sierra-Leone dans la seconde moitié
du siècle."
D'autre part,
il néglige le fait que l'esclavage au XIXe
siècle se poursuit entre le Cap-Mount et New-Sestos jusqu'en 1840.

~~··==._=-•••••liiiiiilil.i; : ._.~-- -, -~
D' IJne f -::Içon
spéci~le
d'après une source fr~nçaise de 1760
ou 1770
produite
p-::lr
Curtin,
cette
CSte
sous
le Vent pourrait
exporter annuellement
sur un tot~l de 8450 esclaves dont 3250 de 1-::1
seule cSte
ivoirienne
du
Cavally
à
Assinie.
Ce
qui
donne les
estimations décenn-::lles
suivJntes
53.700"de 1740-1750,
112.800 de
1750-1760,
68.000
de
1760-1770.
I)oi,::i
le
tablea'J '::ompal~é de '~es
estimations
(68).
TABLEAU
Cap de Monte
300
5estl~e K\\~oIJ
200
Petit Cap de monte
100
Kl~OIJ Sestre
400
Peti t
HeSIJl~-::Ide
100
Dl~om-::l
200
Rivièl~e S.
PalJl
200
B.::ldl~OU
50
Cap MeSIJl~ade
500
Petit 5est\\~e
200
Rio ,JIJnko
100
Goj;;)V.::l
150
Gl~-::Ind .JIJnko
100
Gl~and
5estl~e
200
Pet i t
e.al~say
100
- C.::lp de P.:almes
200
Gl~-::Ind ~.al~say
200
Rivière Cav.::lllos
400
Tapequenin
200
F'equen i n D\\~oIJ i n
500
Petit Sestl~e
100
Tabo
50
Petit COIJlolJ
200
Taho
200
G\\~and COIJlolJ
200
Rivière S. André
4(}0
Rio de Sestos
500
CaSS.::ll~et
200
Peti t
5estl~e
200
Cap Laho
300
Isle
Palma
100
.Ja,:ques Laho
400
5ang'Jin
200
·J·':),:en ·Ja':\\~o
300
Bassa
200
Issini
500
Riviel~e
StrlO
50
Si les
chiffres
globaux
p~raissent
r-::lisonnables,
les
critiques font
né.::lnmoins des réserves sur les bases de calcul. Tous
les toponymes
ne
sont
pas
attestés
~ eette époque ; les données
sont pour
la
plupart
de
seconde main et parfois contr.::ldietoires.
Qu'importe
la
cSte
ivoirienne
peu
ou
prou
approvisionne
la
tl~ai te.
Le dO':IJmer,t
de
.J.
Postma
(The Ol~iQin of Afl~i':an 5l.::lves
:
The D'Jteh
A,:tivities
QI!. the
Guinea CO;;)st 1675 -1795)
.::lppo\\~te t\\~ois
f.::lits objectifs
(69).
D'abord,
entre 1741-1792,
1-::1 cS te ivoirienne
a reçu
5834
c.::lrgos
négriers sur 9093 apparten;;)nt ~ 56 commerç-::ln~s
hollandais indépend.::lnts
et
qui
ont
visité
les
CStes de 5ierr~­
Léone,
du
Libéria
et
de
l.::l CSte d' Ivoire,
soit plus de 1;;) moitié
des tonn.::lges.
Ensuite,
de
1710 ~ 1795,
les Holl.::lnd.::lis ont exporté
de l.::l
cSte
ivoirienne
95.100
esclaves
sur
351.800
extr.::lits de
l'Afrique atlantique,
soit,
pour 1;;) période de 1710 ~ 1735, 9 % du
volume total,
~ r.::lison de 300 esclaves par an, .::lU lieu que, de 1736
~ 1795,
ç'est
35 % du volume tot;;)l,
que cette même eSte a fournis,
~ r.::lison
de
1410
escl.::lves
p.::lr
an
primant
toutes les eStes.
Le
Table.::lu 24 donne ~ voir ces proportions entre eStes.
,
.~
--------------~

TAP.·LEf"U 2l~
REGIONAL ORIGINS OF THE OUTCH SLAVE
Tf;~ADE .
1675-1795 (70f
F'e'~ iod
Lo;;}ngo-
Sl;;}ve
Gold
l "'/01~Y
: Wi ndW;;}l~d
Tot;;}ls
Angol;;)
Co.;;}st
CO;;)st
Co-~st
CO;;}st
1675-1700:
19.000
35.900
2.000
56.000
(731)
;;}
(1381>
(77)
34 Y- b
64 Y-
2 Y-
1710-35
35.300
36.000
25.600
10.500
1.200
111.600
(1009)
( 1029)
<731>
(300)
(120)
31 Y-
32 Y-
23 r.
9 r-
1 r-
1736-95
58.100
1.900
16.500
84.600
33.200
239.300.
(968)
(32)
(1025)
(1410)
(553)
21 Y-
1 Y-
26 r.
35 r.
14 r.
Tot;;}l
112.400
73.800
89.100
95.100
37.400
·4JJ7.800
T;;}bles 1 -
1
;;}. = This line indic.;;}tes the ;;}nnu;;}l ;;}ver;;}ges
fOI~ the pel~i od
b.
= Region;;}l percent;;}ges for the peridd ;;}re
listed in this line
Enfin,
C;;}P
L;;}hu
;;}pp;;}l~;;}ît
,=omme
le
plus
gr-;;}nd
pOl~t
pourvoyeur d'escl;;)ves
de toute l;;} Windw;;}rd CO;;}st ay sens l;;}rge . En
fut issue
plus
"de l;;} moitié des escl.;;}ves que 1;;} Holl;;}nde .;;} ;;}cquis
d.;;}ns cette
région".
P.
L;;}b;;}rthe confirme l'import;;}nce de ce port:
en j;;}nvier
1787,
cinq
b~timents
y
mouill;;}ient
pour l.;;} tr;;}ite :
trois ;;}ngl;;}is,
un
holl;;}nd;;}is,
un portug.;;}is
; en février 1789,
ils
ét;;}ient ;;}u nombre de sept
(71).
L;;} b;;}isse,
~ 1;;} fin du XVIIIe siècle,
puis l';;}bolition de
1;;) tr.;;}ite ;;}tl;;}ntique,
ne mettent P;;}s fin ;;}UX ventes
: le m;;}rché outre-
;;}tl;;}ntique clos,
le procès se poursuit cl.;;}ndestinement sur l;;} cS te ~t
d;;}ns l';;}rrière-p.;;}ys.
En 1868,
l'.;;}mir;;}l Fleuriot de L;;}ngle en donne un
indice.
Sur le littor;;}l grebo
<Libéri;;})
et krum;;}n
(eSte d' Ivoire),
il
.:>bsel've
:
··L'._c~ovog.
co~~~nu.
~
.M~.~.r
p.~m~
~ __
p . u p 1 . d . _ . 1
• •
%1
• •
~.~~
url
~omm.,-~.
~on.~d~r.b1_ d _
J_un • •
• _~1.v • •
1 .
1ang~.
1 0
ce~.
;
~1_
.cn~
t~G~_por~ • •
rap~d.M.r.~
d·l~r.
po~~~ _
~n .y~r_ .~ p~po~~.-
<1868 xv : 370).
,

Du procès
interne,
nous avons au moins trois preuves.
En
effet,
~
l'hétérogénéité
des
esclaves exportés pendant les XVIIIe
et XIXe
siècles,
les
ports
de traite attestent d'une part que la
majorité des
esclaves
venait
de
l'hinte~land et d'autre part que
ces esclaves
provenaient
bien
de
l'excommunication
et
de
la
prédation.
Si
des
hommes
et
des
femmes
ont
toujours
été
les
excommuniés,
qui
par le fait même perdaient leur droit de paternité
ou de
maternité
sur
leur
progéniture, quel destin a pu mettre en
esclavage dans
les
navires négriers des enfants,
si ce n'est cette
infortune échue
~
leurs
mères
la captivité?
La documentation
relative au
commerce
de
Cap-Lahu
(Grand-Lahu>
et d'autres ports
fournit l'une et l'autre preuves.
Selon des
critères
inconnus,
le bourg de Cap-Lahu était
estimé en
1702
~
1000 ~mes, comme Assoko, à deux cents ~mes près,
et,
en
1787,
~
5
ou
6000
~mes
(72).
Or entre 1700 et 1750,
il
n'aurait pu
fournir la quantité d'esclaves qu'on sait,
au moment de
l'expansion de
la
traite,
s ' i l
n'avait
été
constamment
approvisionné par
la
lagune,
par
le fleuve et par le littoral,
~
travers des
chaînes
d'échanges
ci-haut
décrites.
Entre
1702 et
1719,
150
esclaves
en furent extraits en cinq ou six jours au dire
d'un voyageur
anonyme
(73).
De
1709 ~ 1750, voici au Tableau 25,
les chiffres
d'esclaves
exportés
par
les
seuls navires ftancais
tels qu'ils sont ventilés par le Mettas 1 et le Mettas II
(74).
,

_------------liiiiiiliiiiii..'.'--
••• ..
I• •
_~ j
J?8
TAf·LEAU 25
CHIFFRES
O'ESCLAVES EXPORTES A LAHU ENTRE 1709 ET 1750
SELON METTAS l
ET I I
i
F'::l'llllon
O;lte
AIJtr"es
l".::ldes
gg 1;1
L~hIJ
i
Côt,
lvoil'ienne Q.1!. pl""~.:hes
f l2es~r', N.;)r.te5
1709
:
23 - 29 m.:lrs
120 es,: l..gyes
30 ;lY,' i 1
100 .5-:1-11"••
lêl'op~r'd,
N;lntes
1710
14 j.:lnvi,er-.J!.Jd.:l
(~..,
-'-
j~n"ier)
COip-LlIhu 4 .Jl.Jd~ : 336
ILe
L;I f~~ill~H"de, N.;mteo;
1710
:
jl.Ji llet-~aût (7)
17 O'J 18
L" S'Jperbe.
N.. nt.. o;
1711
:
8 j.::lnvie ....
27
1712 :
de':e•. b .... e
S.lJS5.:lrl !jI"11
:
80
1L' Esp.,·,m.:e. N;lntes
1714
19 ".:')''''S
~ liant.. ~ L ..h'J
183 dont 12 ..nl..nto;
4
1.. ....ell ...
L .. Fleu .... i'S .. ;Jnt,
N... nteo;
1714
:
11 -ilO1Jt
~ L"~"J ~ Petit-
~ : 118
..
Le Ph..... ton.
Nante..
1714 :
5 - 11 noveMbre
40
L'E.:l'lir.
Nant.. s
1715
:
24 - 25 ~.pt".b'·"
Or ..win
:
13
26 - 28 ..eptembr..
9 H.
1 f.
10 G
L .. S.:ipion,
NlOr,t..o;
1715 :
8 jOI,Jrs
15
L'EllS'lb .. th.
N<lnte ..
1718 :
26 mai - 1..1' j-Jin
SOiss<lnd'· ...
:
q'.Jelq'.Je~
9.:')rco ns
(r~ )
et f i lles
( f)
1L' He'J"e'J" Aventl.Jr i et',
1719
:
16 ....pt...b,· ..
5<1'1 'i'lnd,' '1
:
4 f
1
N.. nt....
1L' Espe,·en.:e.
N.. nte ..
1720
.
:
29 o·:t. dêp ...rt de Popo
~ des P.. l .... s-P.. tit Popo
1
97
1
St Rene,
N.mt ....
/L"
1722 :
18 dê·:....b'·.
Or·ewin-C.:lp 1ll
T,'o i '1 -po i nt"5 :
i
50
1
1
Il.e St LO'.Ji5, NlOnt..s
1726
:
6 dé·:....br. '9'J
1
7 flf,vrie .... 1727
114
IL" G<ll<ltê".
L .. RO.:helle
1738
:
S;j5s.::lndl"~
:
1 G
5 H.
1 I~
1'-0> Mer·:'Jr ..
N~rltes
1739 :
S"ss<lnd,·'l
(6 .. <10- Petit ~
<12 Q,.:tobl"e)
402
.L'A'Jrore, H~ntes
1739
24- nO"••bre
!!!.i!!:! (dêp<lrt 18 ~"'ri l 1740)
:
356
L'l e·ellonne, L'9 Ro·:h .. l l..
1741
:
14 - 17 s ..pt@Olbr..
1 H. 3 f,
1 fi
21 - :4 septeMbr..
e'ls~<lm
3 H.
3 f.
1 G
25 - 26 o; ..~t....bre
~
... H. 1 f. 1 I~
L'l Pel"le.
N'lnt.. s
1742
noveMbre - .ar. 1743
~ L'lh'J <,r'"
1
1
'L .. SIJ-::..::es. N..nt.. s
1750
4 ~o·:Jt (d"!p<lrtl
,
~ L·~"'IIJ - Iles
-
1
1
1
B;'r'l.=Jne<J
7::
,i
,.

399
Quant au
procès
tel
qu'il
se déroule dans l'hinterland
entre les
sources d'excommunication et de prédation d'une p~rt, les
chaînes d'échanges
et
les
relais
c8tiers
d'autre
part,
nous en
avons au
moins une preuve historique dans le témoignage de Fleuriot
de Langle
daté
de
1868
sur
l~ continent,
~ Dabu,
les OdJukru
revendirent ~
l'auteur
et
~
ses
goumiers
sénégalais
qui
les
rachetèrent pour
400 F une esclave et sa fille originaires du Gal~m
(1868 X'J II l
: 387).
En dépit
de
sa
portée
historique,
comme
choix
d'adaptation à
la
nouvelle
conjoncture
politico-économique,
le
procès de
vente
n'a
été
ni
absolu
ni
définitif:
les vieilles
pratiques antérieures
au
commerce devaient persister parallèlement
à
la
traite
et
ont
survécu,
semble-t-il,
même ~ l'abolition de
l'esclavage.
Rappelons-nous
en
effet
les
exécutions
ci-devant
,.:i tées de
,.:apti fs de guel~l~e. Au XI Xe s iè,.:le,
1 es uns a,.::compagrlèl"ent
la déportation
et la vente des Nagadwa et des Gotron en pays kweni,
les autres
frappèrent
l~s Kwati, en pays kwadia, au bord du fleuve
Sassandra.
Loin
d'être
des
faits
isolés,
elles étaient courantes
dans la
plupart
des
sociétés,
puisqu'en
18~9,
Auguste
Bou~t
l'atteste pOUl"
les
Abl.Jl"é et les Kyaman
(1849
:38) . . En tOI.Jt '':.:IS,
~
deux siècles
d'intervalle,
les
résistants
qui
combat
taient la
conquête coloniale
au début du XXe siècle en vinrent ~ inlliger aux
Francais pris
et
exécutés
les
mêmes
traitements
destinés
aux
ennemis de
marque,
la décapitation et le démembrement,
que subirent
les soldats hollandais tombés sur la plage essuma en 1702 (75).
Parallèlement ~
ces
destructions
de captifs,
jamais les
exécutions pénales
n'ont
connu
de
trêve.
En
1851,
le capitaine
Lartigue précisait
les
supplices
en vigueur chez les Aburé et les
Nzima de
Bassam autant que chez les Essuma et les Anyi-Sanvi.
Ainsi
un adultère
pris
en flagrant délit avec l'épouse du roi Amatifu de
KrinJabo fut-il
précipité vif dans une fosse et enterré en présence
dlJ pelJple
en
'':01.Jl~I''OW·~
(76).
A
Logwalé,
,.:hez
les
Bete-Kpakolo
CGagnoa) ,on se
rappelle
un
supplice
du
même
genre infligé ~ un
adultère impénitent
~
la
fin
du
XIXe
siècle ou au début du XXe
siècle
(77).
En pays odJukru,
un criminel,
Obro Lepri
(classe d'~ge
: Mbedie,
initié entre 1893 et 1901 dans la confédération de Dibr~5
que le
village
de
Gbugbo
avait
livré
~ux habitants de Kpas,
au
début du
XXe
siècle,
fut
bel et bien exécuté,
alors que le nommé
Djoroba,
de
même
classe
d'~ge, que le village ahizi de Koko avait
également livré
pour
exécution
auX
gens de Gbugbo,
fut sauvé par
l'intervention des
femmes
odjukru qui
le trouvèrent trop beau pour
être sacrifié
(78)
enfin,
dans
le même pays,
Gamu Essoh Niagn
,

d'Aklodj-r.1
( ,; 1 -~ s s e - d' ~ g '2-
/'1 t. Cll~ m-~ n ,
in i t i é e en t l~ e 190 1 et 191] 9 f i t
~: ,~ ,~ i l~,
P.::.ll~
nO'l.::.lde
d.::.lns
l' n,;)net.'y,
le
kleptom.::.lne
E}'o!'"
-50n neve'J
IJb~l~ i n
(79)
L'institution de
l'exil
dev.::.lit
perdurer plus longtemps,
Au vill.::.lge
de
Beg.::.lfl.::.l,
~hez les Kweni-Ni~mono, on cite en~ore les
noms des
dernières
sor~ières
mortes
en
exil
en
brousse,
vr.::.lisembl.::.lblement.::.lu
début
de
l'époque cotoni.::.lle
: ce sont T.::.lhel~
Demeli et
VIJellJ
Kl.::.lné,
toutes deu:< dlJ p~tl~ilign~ge NW.::.lné
(80).
De
même au vill.::.lge odJukru de Bodu,
on se r.::.lppelle encore le m.::.llfr.::.lt
Ad.::.lngb.::.l
(m~trilign~ge
des
NkP.::.l-l~
;
cl.::.lsse
d'3ge
Ndjrom.::.ln,
initiée entre
1879
et 1887 d.::.lns l~ confédér~tion
de Bobor)
;
livré
.::.lUX
gens
de
Bobor
pour être exécuté,
il fut sauvé de Justesse par
son ami
Ni~gn Akp~ de Bcidu, et mourut en exil ~ Kp~nd.::.l (81). Jusque
dans l.::.l
so,:iété ,:orltempol~aine, l~ p\\.. ~tiq'Je se perpét'Je ~ l' omb.\\~e OIJ
à
l'insu de l'~dministr.::.ltion.
Pendant la
même
période,
entre
1700
et
1870,
l'
ncorporation d'esclaves
témoigne
d'un
procès
d'.::.lchat constant
dans les
éch~nges en vigueur à
l'intérieur de la zone.
Le phénomène
d'escl.::.lv~ge ~ttesté
d.::.lns
la
société
éotilé
dev.::.lit
concerner
vraisembl~blement toutes
les
sociétés
lagun.::.lires et littor~les du
Sud-Est ivoirien
jusqu'aux territoires .::.lkyé et abê.
Si l'on retient
une hypothèse
récente
~
prendre ~vec prudence,
selon laquelle les
.::.lmoni,
ces
enceintes
de
terre
du
p~ys .::.lbê,
d.::.ltés de la première
moitié du
XVIIIe
siècle,
pourraient être,
à
l'instar des enceintes
de pierres
du
Lobi,
des
camps de tr~vail héberge~nt des esçlaves
affectés ~
l'extr.::.lction
.de
l'or si t~nt est qu'il y avait à cette
époque des
mines
d'or
(82),
cel.::.l voudrait dire que cet esclavage
s'étend~it déJ~
effectivement
.::.lUX
sociétés
~bê et akye dès ~vant
l'~vènement des
AS.::.lnte-As.::.lbu.
En
outre,
de
f.::.leon
continue,
on
repère des
esclaves
dans l.::.l région l.::.lgunaire jusqu~au XIXe siècle.
A l~
fond~tion
du
village d' Agnéby,
(village odjukru de troisième
OIJ q'J~tl"ième
génél".::.ltion ~pl~ès Bone, Bobol"' et Dibl"'m)
l'es,;t.::.lve Agneb
est associé
au
XVIIIe
siècle
~
l~ même période,
on trouve un
.::.lIJtre es';lave,
le
';haSSeIJl~,
Oniwl
Onéil"o
Didi,
.::.lsso,;ié
~
l'émergen~e de
Kosr
un
troisième
èst
cité
~ Tukp~, c'est un
esclave anonyme
de
Mel
Lorn
de Lokp ; enfin,
entre 1838 et 1850,
l'escl~ve Ligbesso
Adi~ .::.lccomp~gne l.::.l fond.::.ltion du village de Kp.::.lsS
dans son site actuel
(83).
2.2.
La delJ:d ème phase.
E:<emp 1 e des so'; i étés dlJ ';entl~e
fOl"estiel~ .
L~ mise
en place de la form~tion soci~le bawle déclenche,
dès le
XIXe
siècle,
.::.lU coeur des sociétés du centre forestier,
le
procès de
vente
qu'avaient
connu
un
siècle ou deux plus tat les
sociétés littor.::.lles et préforestières.
Pal~
les
pistes
du
commerce de sel,
les Kweni forestiers
et les
Gban
de
Ume
d'une
part,
les
Dida de Wat.::.l d'autre part,
vendent lelJl~S
premiers
excommuniés
et
c~ptifs .::.lUX Bawle et peut-
êtl~e .::.lIJ:'~
Abê.
Un
di ,.:ton
.::.lbê
évoq'Je
en
effet
un
état
an,; i en
,

oj' '..>:3 '2 l .:.l'" ~j 'J e
don t
Sel-.:.l i en t
1 ' 0 b j (-? t
1 es
Kw e ni
( 84-),
ide n tif i é s
P.:.lI-
:'llleurs comme
les
premiers
escl.:.lves ~utochtones chez les Elomwên
k'
T'1') 5 .:.l l e
( 8 5) .
Toutefois,
ce
fut
l.:.l
naissance du pale de développement
de Kokumbo
qui .:.lmplifia,
nous le verrons,
si elle ne l'a déclenché,
pour ces
peuples
le
procès
décisif d'achat,
Nous S.:.lvons que vers
1830-1840,
l' aVenbJl~e
pi onn i èl~~ des ,:adets so,: i au;-: -')utOIJl~ des mines
d'or de
Kokumbo
aV.:.lit
suscité
une
mise
en
v.:.lleur
d'une telle
ampleur que
l'immigration
pan
bawle
ne
pouvait
lui
fournir
les
énergies utiles
à
son plein accomplissement;
il
f.:.lliut
importer de
plus en
plus
de forces étrangères,
en particulier des esclaves,
ce
qui,
au
moins
~ la fin du siècle,
transform.:.l
l.:.l sous-région en une
form.:.ltion sociale
de
type
esclavagiste
(86).
Une migration akan,
dérivée a
atteint
la
région
d'Umé.
Deux
mouvements
de
cette
migration au
moins
sont
rapportés
par
la
tradition.
L'un,
originaire du
Sud,
mit
en
place
~ la même période le groupement
Tchègba
(Gabia
et
Dugbafla>.
Deux
frères anyi de Tyasalé,
Akpura
K.:.lku et
Tukura
Kaku,
du
groupe
Ayê,
commerçants
de leur état,
s'installèrent au
tour
des
gisements d'or de la forêt de Gbehgota
sur le
territoire
des
Kweni
de
Kprakpra.
Plus
tard,
cette
communauté s'arma
et
par
la
force
repoussa les autochtones pour
s'emparer du
gisement
(87).
L'autre
mouvement
venu de l'Est,
et
conduit par
un
Anyi
Kwassi
Ngo,
fonda Zandjê,
~ la frontière du
territoire de
Toumodi.
De cette souche aur.:.lient pris naissance Zri
(Asinze>,
Konankro,
Akrukro
et
Tchimukro,
tous
tributaires
de
Z.:.lndjê
(88).
Entraînées
par
les
échanges avec cette sous-région,
sing'Jlièl~ement pa\\~
la
,.:il~':IJlation de l'o\\~, les so,:iétés lign-agè\\~es
circumvoisines finirent
par
adopter
l'esclavage.
D'.:.lprès
la
tradition Tchègba,
ce
furent
les esclaves acquis dans le commerce
.:.lvec Sinfra
qui,
davantage
que
l'environnement
socio-culturel,
imposèrent leur
langue
à
la minorité d'immigrés anyi et transforma
ces derniers
en Kweni ou Guro.
Au XIXè siècle les Kweni
forestiers,
les Gban et les Dida orientaux pratiquaient l'esclavage.
2.3.La troisième phase.
E:,:emple des sociétés de l'O'Jest
fOl~estie\\~ ~ ~ de la so,:iété bete
Si
les
sociétés
d'agriculteurs-chasseurs
de
l'Ouest
forestier ont
été
entraînées
dans
la
vente
d'excommuniés et de
captifs dès
le
XVIIe
siècle
(Dida
méridionaux,
Kweni
et
Dan
septentrionaux>,
et
au
XVIIIe
siècle
(Bete méridionaux,
Kweni et
Dida septentrionaux>,
ce
fut
seulement
~ partir du XVIIIe siècle
que l'esclavage
interne s'y développa de plus en plus nettement.
En
pays bete,
il
fit
son
apparition
dans la seconde.moiti' du XIXe
suivant la
dynamique
des
marchés
que
les
hommes
prééminents
mettaien~ en
pla,:e
dès
le
milielJ
dlJ
siè,:le
comme nO'JS l' .:.lvons
précisé ~
la
suite de Ch.
Wondji.
Les traditions socio-économiques
Kweni plus
anciennes
s'acclimatèrent à
travers un double processus
immigration
de
Kweni
en
pays
bete
(cas de Dalo,
fondateur'de
Daloa,
au
XVIIIe
siècle,
cas de Djago,
grand-père de Zuzwa Gossé,
héritier d'un
marché>,
mariage
de
femmes
libres
Kweni avec des
Bete,
(pal~
exemp 1 e,
1a
mèl~e dlJ f ondatelJl~ de mal~,:hé Tet y Zaka 1 e de
GogogUhé,
était
une Kweni de Gbeulia-fla,
tribu Dobezan,
la mère de
Zozo Zogbo
de
Lobia une Kweni
également).
A la fin du XIXe siècle,
le phénomène
n'avaIt
pas
atteint
les
p~ys
Boguhe
(Issia),
Dri
(Guiberwa),
Guideko
(Subre),
Ikedwo
(Buyo)
et Guibwo.
Cet espace
sans esclavage
se
prolonge
~
l'Ouest
du Sassandra,
au coeur des
pays wê et bakwé jusqu'~ la colonisation fr.:.lnC.:.lise.
,.

SECTION
l i
LA FIN DE L'ESCLAVAGE
Pour l'historiographie
coloniale,
l'esclavage
prend fin
lorsque la
traite
qui
l'alimente
tarit,
lorsque la loi abroge le
droit de
possession
qu'exercent
les
maîtres
sui les esclaves et
qu'un nouveau
code
garantit
le
statut personnel,
les libertés de
circulation,
de
contrat
et
d'appropriation
privée
de
tous
les
ind~gènes. Juste
dans
le
cadre
d'une
société
indépendante
et
homogène,
ce
schéma
est
incomplet
dans
le
cas
de
la
société
coloniale,
la
CSte
d'Ivoire
de
1920 où les c~mpagnes, encore mal
intégrées ~
l'économie
monétaire,
évoluent en décalage par rapport
aux villes,
siège
de l'Etat impérial,
pSles de l'économie et de la
société nouvelles.
Il est
vrai en effet que l'esclavage a eu beau connaître,
au sein
des sociétés que nous considérons des amendements de forme,
des rédemptions
individuelles
et
localisées
sur
lesquelles nous
reviendrons,
le
fait
est que sa dissolution en tant qu'institution
ou système
s'est effectuée sous une action exogène, celle de l'Etat
colonial.
Ce
fut
le
pouvoir
colonial
francais
qYi,
dans et par
l'éman,:ipation so,:iale,
transfol~ma
les es,.:laves d' hiel~ en égelJ:'~ de
leurs anciens
maîtres;
mais cette émancipation se réalisa dans une
société politiquement
assujettie,
la
société
colonisée : la CSte
d'Ivoire.
Moyens juridico-politiques,
moyens économiques et sociaux,
moyens d'ordre culturel ont concouru ~ cette dissolution ~ partir de
1907. Les
esclaves,
~
la
faveur
des
évènements
ont
montré
l'initiative dont
ils
étaient capables pour recouvrer un,statut de
personnes libres,
Mais si
les
esclaves ont tl~o.IJvé dans les pl"omesses de la
nouvelle société
les
mêmes
libertés
~
exercer que leurs anciens
maîtres,
notons
qu'~
beaucoup
d'esclaves
certains
rapports
traditionnels légués
par
les
sociétés
défuntes
sont
restés
généralement inaccessibles jusqu'au terme de leur vie.
En somme,
les
faits connus permettent trois conclusions.
Du point
de
vue d'une histoire politique,
la fin comme dissolution
de l' es,:lavage - a
été -- JoJn
obje,~-t-H- si:l"atégiqIJede-l' Etat ,:olonial
francais dès
son
origine;
du point de vue d'une histoire sociale,
ce fut
entre
1907
et
1920
que,
par des actions systématiques et
combinées sur
le
plan
judiciaire,
économique et social,
cet Etat
rendit irréversible
en CSte d'Ivoire la reproduction de l'esclavage
du
point
de
vue
de
l'histoire
culturelle,
dans
le
cad~e
villageois,
les
anciens
esclaves,
jusqu'~ la fin de leur existence
devaient souffrir
néanmoins
d'incapacités
diverses
dont
leurs
descendants hériteront
en
partie
les
traces.
Nous
examinerons
successivement ces
divers moments de la dissolution en renvoyant au
chapitre des
résistances
<Ille Partie,
Ch. IX>
la part active prise
par les
esclaves
dans
la
transformation
des
anciens
rapports
SQi.:i.::lIJN.
--------- - - - - - -

Lorsque,
d~ns
l~
dernière
décennie
du
XIXe siècle,
l~
question se
pose
d~ns
l~
colonie
~utonome
de
l~ CSte d'Ivoire
constituée en
1893,
il Y ~ plus de qu~r~nte ans que l'Etat coloni~l
franc~is vit,
d~ns
le
domaine
africain,
la
première
gr~nde
contr~diction de
son système, celle qui oppose l'idéal humaniste de
l'émancipation des
esclaves
decrété
le
27
avril
1848
par
le
Gouvernement provisoire,
renouvelé
le
2
juillet
1890
p~r
l~
Convention internationale
de Bruxelles,
et l'escl~vage traditionnel
logé sous
la
domination
impél~ialiste.
S'est
fo'~.n,ée
alors
une
doctrine dont
l~
mise
en
oeuvre
occupe
une grande partie de l~
période coloni~le.
On peut
parler
doctrine
dans
le
sens
où il y a,
avec
l'unité d'inspiration,
une concord~nce des principes d'action, quand
on passe
des
autorités politiques centr~les ~ux autorités locales.
D'une p~rt,
cette
doctrine se réclame du mouvement des Lumières et
des principes
de
la
Révolution
de
1789,
lesquels
ont fondé la
philosophie de
la
civilisation
par opposition ~ la barbarie. D~ns
cette logique,
l'~xiome
morale
qui
justifie
la
colonisation
européenne de
l'Afrique
tient
en
un
mot,
c'est,
selon W.
PONTV,
alors Délégué
du
Gouverneur-Général
d~ns les territoires du Haut-
Sénégal et
Moyen-Nigel~,
l~
1 ibel~té
(1).
De
l~
dé'~oule
quç la
suppl~ession de
l'esclavage,
'Jne
des
multiples formes de ba,~ba,~ie
régn~nt sur le continent africain,
est un but stratégique.
Sous le
thème
de la barb~rie, c'est ce fondement mor~l,
que l'on retrouve teinté de religiosité dans l'action de la Société
anti-esclavagiste de
F'~ance, créée en 1888 et animée p~r le Cardi-
nal Lavigerie,
un
prince des missions chrétiennes en Afri~ue. Or,
pour les
doctrinaires
du
c~pit~lisme, cette barbarie caractérise
les systèmes de production lignagers et tributaires qui font obst~­
cie ~u progrès des entreprises privées en ce qu'ils ne libèrent p~s
la main
d'oeuvre· individuelle et ne favorisent pas l'exploitation
du sur-travail et l'accumul~tion du profit.
"Kr.
br_41 •
• • • g:t.'t:'
p • •
dI _ _
C1I.p't:'~~•
• n o o r _ .
" s o u e
"'::I.e
.....
au
"'.me
't:'~'t:'r_
q .....
1 _ .... r .
anc:t._n_
c.p't:'~#_.
d._ m_m._ co1on~ •• 't:'_ur.~ Acc __ .o~r_M_n't:'.
1 . . . . . . p p r • • • :t.oT'l
p ..... p 1 _ _
o u
1 _ _
111
(2) •
Mais,
d'~utre p~rt, ce projet se veut rê~liste pren~nt en
compte les
nécessités
anthropologique,
politique et économique de
l~ domination.
Entre l'Europe et l'Afrique,
l~ différence n'ét~it
,

404
pas seulement
raciale
ou
ethnique,
elle
était
aussi cult~relle
rendant difficile
une
assimilation
immédiate
et
forcée.
A
une
période où
la
pénétration
était localisée et précaire,
il fallait
craindre la
susceptibilité,
veire ~ l'hostili~é
des
propriétaires
d'esclaves parmi
lesquels
des
chefs
considérables,
alliés
de
l'Administration,
il
fallait craindre,
avec l'anarchie présumée des
esclaves émancipés,
une
pénurie
de main-d'oeuvre utile aux grands
travaux d'infrastructure,
une désorganisation de l'économie,
en tout
cas du
commerce. La sagesse recommandait par conséquent de procéder
par étapes, selon une thèse de gradualisme que n'avaient pas récusée
les plus
fervents
abolitionnistes et que ratifia l'article 3 de la
Convention de Bruxelles.
Deux étapes
furent
envisagées.
La premIère
l'abolition
de l'esclavage de première génération que le jargon administratif de
l'époque nomme "la captivité de traite".
Etaient "captifs de traite"
les personnes
ou
prises
~
la
guerre ou arrachées comme butin ou
achetés et qui devenaient marchandises vouées au marché intérieur et
~ la
traite
vers l'Amérique,
le Monde arabe ou l'Asie.
A la source
de cet
esclavage
se
trouvaient
deux
activités
productives
la
guerre et
le
commerce;
abolir par cons~quent la traite ne voulait
rien dire
d'autre
que supprimer ces deux activités pourvoyeuses du
marché.
Une
raison
d'ordre
moral
'justifie
la
priorité de cette
abolition,
c'est
l'inhumanité
radicale de cet esclavage. Analy~nt
les deux rapports de synth_se sur l'esclavage en Afrique Occidentale
sous domination
francaise,
J.-L.
Boutillier résume ce jugement en
termes suivants
~r.$~_
n_
p_u~-~1
~mp1.4.b1_ r.g~M.
_M.1~o~.~~on. dans
La seconde
étape
concerne
l'esclavage
de
seconde
génération dénommé
"captivité de case".
Ffls du "captif de traite",
le "captif
de
case"
coexistait avec son maître et ne pouvait être
vendu.
Domestique,
il devait ses services au maître qui
lui assurait
en retour
le
logis,
la
nourriture,
l'habillement et les soins de
santé. Dans les hameaux,
il devait au maître une rente en travail ou
en produit variable d'une société ~ l'autre.
Dans l'un et l'autre de
ces deux
cas,
une
condition
sociale
inhumaine,
une
plainte de
mauvais traitement
justifiait
une libération immédiate,
conforme ~
l'impératif de la première étape,
et,
si nécessaire,
par rachat.
La mise
en
oeuvre de cette doctrine s'est opérée sous le
signe de
la
contradiction.
Jusqu'en
1904,
dans leurs différents
rapports,
on voit les premiers gouverneurs de la colonie nIer systé-
,

------'!"""'!"""""'!"~------~~~- -----,~~-- ----~------------
{~(J 5
matiquement la
réalité
de
la
traite et de l'esclavage.
Alors que
dans son
rapport
du
4 octobre 1892,
relatif ~ l'application de la
Cbnvention de Bruxelles,
E.
Bricard,
Résident de France par intérim,
nie la
traite mais avec réserve
l'apparence pouvant se décaler de
la réalité
et,
en
même temps,
atteste formellement l'esclavage
(4)
le
Gouverneur
L.
Binger,
dans son rapport du 29 janvier 1894
envoyé au Sous-Secrétaire d'Etat aux Colonies dont il reproduira les
termes en s'adressant au Ministre des Colonies,
le 2 avril 1895, nie
l'existence de celle-l~ et de celui-ci
(5)
L_
G o u v _ r n _ u r
_
"a".~_ur
c i e .
_dr._._....
cie
VCII~.
1 _
L.~ou
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1 _
COMO_.
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1 · a 4 c • • ~an
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M_
.~an.~.r
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cie
L_
GoyY_rn_M_n~ d_
1 .
c.~_
d·%va~~_ _
.O.1_M_n~ .~.­
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1#."n_. d._ po.~_. d·AdM~n~.-
t:'r.'t:'_'~r.
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F r . _ e o
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~.pub1~qu_ d_
L~b.r~ • •
En
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P"".".-
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eClU.-e_4r.~.~r_ d·E~_~.
Vo~~.
~r._
-
ab.~ • • 4n~
__ rv~~_ur.
O~ns son
r~pport
d~
12 Février 1900 ~dressé ~~ Ministre
des Colonies,
le
Go~verne~r
H~
Roberde~~ (6) ~bonde dans le m@me
sens,
m~is
~vec
~n alibi et des ~l~tifices de vocab~laire propres ~
la 1 i ttél~~tJJ1~e de ,::ette époq'Je. Dep'Ji s la '::~ptIJre de Samol~Y, di t-î l,
la traite
s'est
év~no~ie'; d'~illeurs, so~s le règne du so~ver~in
malinké,
elle
s'effect~ait
~vec
l~
Côte
d'Or
les
s~jets
brit~nniq~es en
étaient les ~gents. Q~~nt ~ l'escl~v~ge domestique,
phénomène mine~r,
il
"a
subi
~ne
tr~nsform~tion
radic~le
et
profonde";
~
la
pl~ce n'existent q~e "des relations de cli~nts ~
p~trons ou
de
chefs ~ s~jets". Sur ce dernier point,
le Gouverneur
Clozel ira
plus loin,
comme nous allons le voir d~ns son rapport du
8 janviel~ 1904.
Or,
en
1897,
~u
p~roxysme
de
l'~ffrontement entre les
sof~s de
Samory
et
les
colonnes franc~ises, un r~pport du Préfet
apostolique de
la
Côte
d'Ivoire,
communiq~é p~r l'amb~ssadeur de
Fr~nce près
du
S~int-Siège
~u
Ministère des Affaires Etrangères,
fait état
d'une
recr~descence
de
la
tr~ite en m@me temps que de
s~crifices d'escl~ves.
Dev~nf
l'émoi
suscité
d~ns
les
milieux
politiq~es p~r
~ne
telle révél~tion, le P.
Ray,
convoqué et invité
p~r l'autorité
loc~le
~
s'expliq~er,
finit
p~r se rétracter.
En
189à, --,=' est -u--em ~l~ti,::le de la OéN";:he Co'roni~le qlJi é-voq'Je IJn tl~afi,::
d'escl~ves
d~ns
l~
Colonie.
Si
les
~dministr~te~rs
des Cercles
d'Assinie
(Manin)
et de Gr~nd-B~ss~m contestent le f~it et défendent
l'app~reil d'Et~t dans l~ ligne déjà tr~cée p~r Binger,
une réponse,
critique et
nu~ncée,
de l'~dministrateur du Cercle de Grand-Lahou,
Ed.
Host~ins,
reconn~ît
l'existence
de l~ tr~ite 10c~le comme ~ne
activité cl~ndestine,
une
entreprise
de
ruse,
d i f f i c i l e '
~ppl~éhen·::lel~ (7).
,

'-Iou.
ct_
~1G"1:' ... _
N-:LOO
d _ _
Co1CJn~.1_"
:l.n~:I.~""1.
e.~1.'-I_.
_
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M.
pr.ven~~
Ed.
H"".~_:l.n.
De f~it,
d~ns
un
second r~pport, le 30 m~i 1904,
Cloze~
confirme l~
continuité
de
l~
tr~ite
secrète et,
contr~irement è
Roberde~u trois
~ns
plus
t8t,
il
incrimine,
outre
les
sujets
brit~nniques (les Appoloniens) ,
des Sénég~l~is et des Soud~n~is (8).
Les tl~ois
sél~ies
d'enq'.Jêtes
(1904,
1908,
1931>
q'.Ji
j~lonnent
l'histoire de
l~ dissolution suffisent è f~ire l~ preuve que m~lgré
les dénég~tions,
l~
ré~lité
des
deux
phénomènes ét~ient une des
idées-fixes du pouvoir coloni~l.
,

408
Deux c~uses
se conjuguent,
ce nous semble,
pour expliquer
le p~r~doxe
de
cette
contr~diction.
L~
première
est
l~
m~conn~iss~nce réelle dont les résult~ts de l'enquête ~dministr~tive
~e 1904
donnent l~ pesure
(9).
Sur les dix r~~ports des Comm~nd~nts
de Cercle,
seuls
trois
ont été Jug~s bons p~r l~ hi~r~rchie elle-
même:
L i euten~nt S,:h i f fel~
(Kong
:
"Bon,
tl~ès i nt~l~ess~nt,
be~u':oup
d'observ~tions"),
Benquey
(Bondoukou
"Bon,
int~ress~nt"),
Lieuten~nt Guign~rd
(L~hou
"Bon,
m~is les conclusions m~nquent de
précisions").
Qu~tre ~utres ont été cl~ssés p~ss~bles : Dr.
Rousse~u
(Gd.-B~ss~m:
"m~nque
de
dét~ils"), L~t~pie (Assinie
:
"~ssez peu
documenté"),
Thom~nn
(S~ss~ndr~: "m~nque de divi~ion, d'ordre,
peu
d'idées précises")
Chef de B~t~illon Betsellère (B~oulé :
"~ssez
intéress~nt m~is
m~nque
de dét~ils"). Les ~utres.p~r~issent de peu
d'intérêt:
L~mblin
(Bingerville
"r~pport
p~s
tr~v~illé,
insuffis~nt") ,
Roux
(C~v~lly :
"même rem~rque, trop superficiel").
L~h~ye (Indénié
"r~pport
peu
tr~v~illé,
peu
développé").
En
somme,
peu ~ttentifs ~ un ph~nomène rel~tivement dissimulé,
~u moins
d~ns les
sociétés
lign~gères,
pris
de
vitesse
et
m~l ~quip~es
méthodologiquement pour l'ethnogr~phie soci~le, les ~dministr~teurs,
~vec une
mention
f~vor~ble
tout de même pour les milit~ires de ce
groupe,
~pportent une i~~0rm~tion somm~ire.
M~is ~
cette m~conn~iss~nce gén~r~le qui dev~it être plus
gr~nde ~u
XIXe
siècle,
il f~ut ~Jouter une c~use d'ordre politique
et idéologiq'Je.
L~
l~~,:ine
de
cette
del~nièl~e
l~enlonte ~IJ n\\oin'!; ~
Bi nger.
En
1892,
l' e:·:pl ol"'~teur, ,:omme l' ~ttestent ses obsel~v~tions
sur le
Soud~n
dont
dépend~it
l~
H~ute-C8te
d'Ivoire
(10),
conn~iss~it l'enr~cinement,
l'étendue
et
l~
signific~tion
de
l'escl~v~ge, ~u
moins
d~ns
l~
s~v~ne
contre
ces
flé~ux que
constituent l~
guerre,
l~
dépopul~tion
et
l'escl~v~ge,
son
lib~r~lisme ~conomique
n'~v~it
trouv~ qu'un unique remède,
~'~t~it
le commerce,
véhicule
et
"auxili~ire
de
l~ civilisation". Or de
1889,
fin
de son explor~tion, ~ 1894, époque de son gouvernor~t, le
commerce n'~v~it
p~s
ch~ng~
fond~ment~lement
les
sociétés de l~
région.
Quelle
r~ison ~ donc motivé l~ th~se du Gouverneur Binger ?
Nous formulons
l'hypothèse
que
c'est
l'idéologie
n~tion~liste,
l'impér~tif de
l~
défense des intérêts n~tion~ux dont l'idée ~nime
l'ouvr~ge de
l'explor~teur.
A
cette
époque,
en
effet,
~
l~
compétition politico-milit~ire entre l~ Fr~nce et l~ Gr~nde-Bret~gne
pour le
m~ximum
d'~cquis
territori~ux,
vint
s'~djoindre
l~
compétition idéologique
pour
l~
p~lme
de l~ civilis~tion. Ce fut
l'époque ~ussi
o~,
pour
donner
des
g~ges ~ux chefs ~fric~ins du
Sénég~l et
d'une
f~çon
génér~le de l'A,O.F"
l'~utorité politique
commit un
coup
de force Juridique en institu~nt "les c~ptifs comme
c~ptifs de c~se" et "les c~ptifs de c~se comme serviteurs",
ouvr~nt l~
voie
~insi ~ une profusion terminologique pour occulter
l'escl~v~ge. P~r s~ prise de position,
le premier Gouverneur voul~it
situer ~u
mieux
son
~dmini$tr~tion
d~ns
le
p~lm~rès
mor~l
de
l'empire coloni~l
fr~nç~is,
et
l'Et~t
coloni~l
fr~nç~is d~ns le
p~lm~rès mor~l
de l'Europe.
Roberdeau fut un épigone qui ne voul~it
p~s ou ne pouv~it p~s être en reste.
M~is l~
contr~diction
de l~ mise en oeuvre ne réside p~s
seulement d~ns
l~
perception
qu'~v~ient
du
phénomène
les
réform~teurs, elle
se
trouve
~ussi
d~n5
l'~ction.
Elle pouv~it
,.

f.~09
opposer entre
elles
~utorité 8dministr~tive et ~utorité judici~ire
.:omme '.::e
fut
le
':.:lS
.:lIJ
Soud.:ln
en 1899. QIJ.:lnd le fama de SégolJ,
Bodian,
mourut,
ses 1300 escl.:lves furent libérés,
installés d.:lns un
village et
soumis

l'impSt.
Au contr~ire
lorsque trois escl.:lves
ch.:lrgés de
conduire
deux
enf~nts
de Bodi.:l~ •
l'école des fils de
.:hefs de.
K.:lyes .:lb.:lndonnèl"ent le~5 enf.:lnts,
se l'éf'Jgièrent a'J Sénégal
et bénéficièrent d'un .:lffranchissement,
le Lieutenant-Gouverneur p.:lr
intél'im d'J SOIJdan dés.:lppl~OIJV.:l les .:lffl~.:lnd-.issements alJ motif q'..lie .:es
escl~ves "immor.:lux ne mérit.:lient p.:lS la liberté"
(11).
M.:lis,
ici,
en CSte d'Ivoire,
cette contradiction éC.:lrtèle
l'autorité administrative
elle-même
ainsi
que
le
révèlent trois
f.:lits.
D.:lns
un r.:lpport d'AoQt 1903,
le Lieutenant-Gouverneur Clozel
. envisage, comme
une
des
voies et un des moyens pour soumettre les
B.:lwle-Ngb.:ln en
résistance
armée,
un
.:lrrêt
de l'ém.:lncipation des
esclaves, attendu
que
les
"captifs
sont
leur
seule
et
unique
richesse"
(12).
Dans
le même temps survient la querelle .:lutour des
esclaves du chef Bawle Koffi de Bouaké, esclaves évadés et retrouvés
dans le
Cercle
de
Kong.
L'.:ldministrateur
du
Bawle, Betsellère,
dem.:lnde leur
restitution,
tandis
que
celui
de
Kong entend leur
offrir l'occasion
de
se racheter conformément. une instruction du
25 mai
1899.
Le
parti
que
prend
dans
la
querelle
le
chef
hiér.:lrchique,
le Lieuten.:lnt-Gouverneur par intérim, M.:lrtin, d.:lns son
rapport du
6
septembre
1903
adressé
au
Gouverneur Général, est
radic.:ll.
Ni la restitution,
ni le rachat ne se justifient. Une seule
exigence joue:
l'exercice du droit. la liberté.
. ~
Il Y
.:l
mieux,

la
question
centr~le
dans l'enquête
dem.:lndée le 24 novembre 1903 par le Gouvernement Général et exécutée
en 1904
relative
.:lUX
moyens
d'une
libér.:ltion
économique
et
.politiquement efficace
et
avantageuse,
les réponses sont également
':ontl~adi ':to i l'es.
Le Lieuten.:lnt-Gouverneur
Clozel
donne la mesure de cette
contradiction. Avant
même
les
résult.:lts
de
l'enquête,
dans une
lettre du
8
janvier
1904,
il prétend la démontrer pour .:linsi dire
S.:lns objet.
Elle est S.:lns objet du point de vue théorique. Le thème
unique de
l'enquête
"l'état
de
captivité"
est dénaturé et
devient un thème éclaté:
"l'ét.:lt du servage ou de clientèle au plus
vulg.:lirement esclavage domestique". Suit un exposé historique pour
,

démontrer cette
thèse.
Les populations guerrières du Nord ont vendu
les prisonniers
en
surplus
qu' ils
aur~ient
f~its
d~ns
leurs
conquêtes,
et
ces c~ptifs d'origine sont tombés ~ "l'ét~t plut8t de
,:lients,
de
fel~miel~s
OIJ
d.:::ln":;
':el~t":;)ines
pl~ovinces
de
"sel~fs" .:::lIJ
sel~vi,:€~
des
pop'Jl~tions
a']l~i':oles
dlJ Sud,
",:lasses m~îtl~e":;ses dlJ
sol qui
av~ient besoin de br~s ;
les premières sont ~ux secondes ce
qu'une démocr~tie
ouvrière
est
~
une
~ristocr~tie
mor~le,
commerc~nte, p~rfois
industrielle,
une cl~sse ouvrière ~ une cl~sse
de propriétaires fermiers",
M~is cette
enquête
est
~ussi
s~ns
objet pr~tique. En
effet,
"1'ét~t
de ':~ptivité" n'e:"~iste pl'JS qIJ'~ l'ét~t de vestige;
les adultes
~chetés
ont
reg~gné
leurs pays d'origine et les plus
Jeunes,
tout ~ f~it ~ssimilés soci~lement et culturellement ser~ient
des étr~ngers
d~ns leurs p~ys d'origine.
Le seul c~s de libér~tion,
celui des
descend~nts
d'escl~ves
est
irré~~is~ble, en r~ison des
difficultés et
d~ngers
qu'il
comporte.
Fin~ncièrement,
l' indemnis~tion des
m~îtres
ruiner~it
le
trésor
de l~ Colonie;
économiquement,
outre
que
ces libérés ne disposer~ient p~s d'~sse=
de terres en propre pour vivre,
les entreprises privées n'ont p~s de
c~p~cités pour
les
recruter tous,
et leur misère constituer~it une
men~ce pour
l~
sécurité
publique.
Qu~nt ~ux m~îtres dépouillés de
leur m~in-d'oeuvre,
ils
ne
disposeront p~s
d'~ssez de ressources
pour s~l~rier
un~
force
de
tr~v~il
et
p~yer
les
impSts comme
n~guère. Les
uns
et
les
~utres n'~ur~ient p~s un pouvoir d'~ch~t
suffis~nt pour
stimuler
le
commerce
et
l'industrie;
ce ser~ le
m~r~sme génér~l,
une
~égression plut8t qu'un progrès.
Et Clozel de
préconiser sept mesures qui seront les lieux communs de cett.époque
en ~ttend~nt l'oeuvre du'temps.
C'est le
13
j~nvier
qu'il
~dresse
~ux Comm~ndants de
Cercles un
questionn~ire ~d hoc
(Lettre nO 3).
Or pour les sociétés
lign~gères du
moins,
les réponses ne correspondent p~s ~ l'opinion
du Gouverneur.
Les
~uteurs
des
r~pports,
tout
en
respect~nt
formellement les termes du questionn~ire, reviennent s~ns'cesse d~ns
l'~ncien ch~mp
sém~ntique
dessiné
p~r les notions de c~ptivité et
d'escl~v~ge. T~rie
pour
L~mblin,
Administr~teur
du
Cercle
des
L~gunes siége~nt ~ Bingerville, où rési~e le Gouverneur, difficile ~
nier pour
une
r~ison
technique
selon
Thom~nn, Administr~teur du
Cercle du
S~ss~ndr~,
l~
tr~ite
est confirmée d~ns les b~ssins du
C~v~lly (T~bu),
du
B~nd~m~ (L~hu) et du Comoe (B~ss~m). Qu~nt ~ la
libér~tion, elle p~r~ît s~ns conséquence d~ns le B~s-C~v~lly en
r~ison de l'extrême paucité numérique des esclaves, elle p~r~ît d~ns
le B~s-Comoe une bonne chose pour le commerce ~ qui elle fournit des
-tl~~v~i-ll-eIJl"s, SOlolS l~êser've d' êtl~e pl~ogl~essi ve .
Les réponses
rejoignent
l'opinion
de
Clozel seulement
lorsqu'elles considèrent
l~
libér~tion
comme
inutile,
voire
d~ngereuse. M~is
l~ encore,
si
les r~isonnements convergent d~ns l~
fl:ll~me, lelJl~S ,=ontenus se ,:ontl"edisent. Sous le 1"~ppOl.. t de l'idée,.' en
effet,
cette
mesure n'~ p~s de sens,
pour le Lieuten~nt Guign~rd et
G.
Thom~nn,
ettendu que l~ ré~litê hum~ine de l'escl~v~ge, ici plus
proche de
l~
domesticité,
se
trouve
~ux
antipodes de l~ notion
européenne et même porte condamnation de notre société européenne de
classes.
Entendons l'argumentetion singulière de G.
Thomann
:
,.

4- 1 !
"1-_
l. :lb.,-",."t:ior.
"Zl.r....... .q1 •
q"" . . . . . :1. ....,
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• • ''''1 NY . . . .
1.._ ....tpp...1.n't:' d ......:i.n c1__ r-i1:RY","_, no.....
r . . .
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1 -
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V
_ _ 1:'
"'o~n_
p . n : i . b 1 _
q u · . n
O'"
,...,....nc,. ... -
( 1904-
: 12-14-) .
POIJ1~ S.::l
p.::ll~t,
GIJign~l~d,
le
pl~emiel~,
envis.::lge
e:·:pl i,':f-.tement' -les·
'.:onseql.ien'':~-en tel~nle de l~évo IIJt i on.
l l~l~é.::l 1 i s.::lb 1 e
d.::lns les
f.::lits,
1.::1
libér.::ltion en bloc,
entre .::Iutres conséquences,
entr.::lîner.::lit une
"vérit.::l~~e
révolution
soci.::lle,
cré~tion
d'une
cl.::lsse de p~uvres, pl~ie dont' ces p.::lys sont indemnes"
(1904-
12) .
Il
f.::lut,
nous semble-t-il,
r.::ltt.::lcher les incohérences de
ces vues pr.::ltiques,
non seulement ~ 1.::1 méconn.::liss~nce
de l~ ré~lité,
non seulement' ~ l'idéologie politique,
m~is encore ~ l'inconsist.::lnce
d'un Et~t coloni~l dont l~ mise en pl~ce se heurt.::lit ~ux résist~nces
successives et
continues
des
peuples
(Anyi 1896 et 1898, Odjukru
1898-1900,
~rumen
1899,
Ky~m~n
et
B~wle ... ).
L'hésit~tion d'une
~nnée et
demie
consécutive
~u
décret d'~bolition de l~ tr~ite de
1905 n'.::I p~s d'~utre c~use.
,
•• EL
c.
&42

Les t~ches de dissolution ét~ient au nombre de trois
au
plan Juridico-politique,
il s'agiss~it de démettre les propriétaires
de leur
droit
de
possession
exercé
~ur
les
esclaves;
~u plan
administr~tif, une
action répressive conduite conjointement p~r les
tribunaux et
l~
police
des
frontières devait frapper
le commerce
illicite,
les
r~pports
d'~ppropriation et les sacrifices rituels
au pl~n
économique et social,
en même temps que se mettait en place
la nouvelle
économie,
une législ~tion dev~it assurer les garanties
au st~tut
personnel,
~ux
libertés
de
circulation,
de contr~t et
d'~ppropri~tion privée.
2.
1.
L' ~bolition j'Jl~idi/.::o-politi'3IJe de 1;;) tl~;;)ite- _
le dé'':l~et dlJ 12 dé'.:embl~e 1905
C'est le
12
décembre
1905
que
s'opère
la
rupture
Juridique
un
décret
du
Gouverneur ~énéral Willi~m-Ponty fr~ppe
d'amende et
de
deux ~ cinq ~ns de prison toute personne conv~incue
d'avoir conclu
"une
convention ~y~nt pour but d'aliéner la liberté
d'une tierce
personne"
(14).
Cette
interdiction officielle de l~
tr~ite, bien
qu'elle
ne
touch~t
p~s
l'escl~v~ge
~ur~
dans
l~
pratique des con~équences plus l~rges sur l'institution sociale.
Mais dès
le
la
mars
1906
l~
circulaire
nO
25
dlJ
Lieuten~nt-Gouverneur Clozel
apporte ~ l'exécution de ce di:kl~et des
tempéraments qui
restenont
en
vigueur
jusqu'en
Juin
1907.
L~
proclamation de
ce
décret
est
en
effet suspendue p~r '':l~a i TIte de
désordre.
Seule l~ tr~ite est mise hors la loi.
"%1
_.re:L"t:'
bru:l.'t:'
1 .
ncu.,Iv.11_
d....
d.cr_"t:'.
C.r"t:'.:Ln._
popu1_"t:'~on. n_
1 ...
q .... • .... n
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ho_"t:':L1_
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CfI .... :I.
V O ......
pro",:L1:' .... _ _
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1 _ .
popu1."t:':l.on_.
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p o ..... r
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d e n e
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.u-= .... n
n .
_ . , - .
p 1 u .
r . , . : o r . n u .
%1
• •
.g:L"t:' • • •
1.0
P..-toM
d _
C_I"' __ ''''
~r.r.d. enQore .....
(15).
,.
r:..,:.r............~p,. __.•_ ..
_'"'_ ...... __ .._ ...
.
~
.__

Ce recul
politique,
qui prolonge les ~termoiements d'~n­
t~n ~u
bénéfice
des propriét~ires d'escl~ves, suspendit les effets
de l'~bolition
et
l~iss~ continuer le régime des r~ch~ts, là oÙ il
ét~it en
vigueur.
Ce fut en Juin 1907,
~u cours d'une tournée d~ns
le Nord,
à
Guentiguel~ et ~ Odienné, dev~nt une multitude composée
en p~rtie
d'escl~ves, que le Gouverneur Clozel procl~m~ enfin offi-
ciellement l~
libér~tion
s~ns
condition de r~ch~t. P~r l'intermé-
di~il~l? des
~IJto,~ités ~dministl~~tives et tj'e leul~s ~IJHili~il~es, p~l~
l' intermédi~ire des commerç~nts et des escl~ves libérés,
l~ nouvelle
progressivement se rép~ndit ~ tr~vers les p~ys soumis.
Quelles ré~ctions suscit~ l'~bolition ? Chez les m~îtres,
une ré~ction d'universel mécontentement qu'~0cun témoign~ge écrit ou
or~l ne vient contredire.
L~ prudence de nombreux ~dministr~teurs et
l'hostilité des
chefs
d~ns cert~ines sociétés
(b~wle, m~linké, ... )
en sont
les preuves.
Chez les escl~ves, on rélève trois princip~les
ré~ctions sur
lesquelles
nous
reviendrons
le r~tt~chement ~ux
lign~ges et
~ux
sociétés des m~îtres, le retour ~u p~y~ n~t~l pour
ceux qui
le pouv~ient, l'émigr~tion vers la ville.
En réserv~nt les
deux dernières
conséquences
comme
~rguments
du
ch~pitre
des
résist~nces (Ille P~rtie), considérons ici le r~tt~chement.
Une enquête
~dministr~tive
de
1908
f~it
ét~t
de
l'import~nce rel~tive
de
cette
option.
P~r des télégr~mmes du 17
Juillet
(
nOl15) et du 12 AoOt
(n0386),
le Gouverneur de l~ colonie
~ prescrit une enquête ~n ~n ~près l~ procl~m~tion de l~ libér~tion.
Bien qu'ils
soient
~ussi peu documentés que les r~pports d'enquête
de 1904,
les
r~pports
p~rvenus
~
l~ fin de 1908 développent une
thèse qui
confirment
~
tout le moins comme tend~nce les résult~ts
des recherches que nous ~vons f~ites s0r le terr~in (16).
L~ conséquence
positive
pour les sociétés d'oppression,
c'est que de f~con génér~le, m~is non ~bsolue, nous le ve~rons, sont
restés ~ demeure ~uprès des ~nciens m~îtres qu~tre sortes d'escl~ves
les escl~ves très jeunes qui ont perdu l~ pr~tique de leur l~ngue
m~ternelle et
sont
devenus
très ~cculturés, les escl~ves nés d~ns
les sociétés,
les escl~ves unis ~ des conjoints escl~ves ou libres,
et les escl~ves Sgés.
Sous ses différentes mod~lités, la soci~lis~tion explique
l'option de r~tt~chement : l~ sécurité et l'identité personnelles en
dépend~ient. D~ns les sociétés m~triliné~ire5 où cette soci~lis~tion
~ été
rel~tivement
plus
impQrt~nte,
les
r~tt~chés
ont
été
- -st~tlstiqIJel\\lertt pl'JS
nombl~eu:·~.
Si nOIJS l~evenons .~ l' éd"l~ntillort de
cinq vill~ges odjukru,
ces r~tt~chés constituent l~ tot~lité
100 %
des escl~ves
dénombrés
à
Mopoyem
et
~
Kp~ss, 98 % ~ Ti~h~ et ~
Gbugbo,
95
%
~
Gb~dJn.
A
propos des dép~rts et des retours d~ns
cette sous
région,
l'Administr~teur L~mblin cite le c~s d'une Jeune
escl~ve r~chetée p~r une institution c~tholique de D~bu ou "donn~~ ~
elle p~r un chef indigène" et qui,
mécontente de l'emploi domestique.
~uquelle elle
ét~it
~ffectée,
rejoignit
en définitive son ~ncien
m~îtl~e .
c ..... x
_cr,
-..,
~-:..._~~----
---"-.,_ .. -
••
~·~~~~..,.,."t~"",
d!iW."""""_I!I'.&&II!!I!!II!!'.&II!.!IIA[IlI
"'..1

-_._---._-~-
D~ns les
sociétés
p~triliné~ires

leur
nombre
est
proportionnellement moindre,
la
situ~tion est plus diversifiée.
On
peut les
estimer pour le village de Lateko è 10 % environ au h~meau
de Gouli
1
~pp~rten~nt ~ux Kokorayo, ~ 22 % ~u h~me~u de Gouli II,
propriété des
Likpoyo et pour le vill~ge de Lipoyo è 55 % ~u hameau
de Blekpiwru.
Chez
les
Bete-Gb~loan
où be~ucoup d'esclaves Kweni
étaient ~rrivés
jeunes,
ce
pourcentage est encore plus élevé.
Les
hui t
es'.:l~ves
de
ZIJZW~ Gosse, demelJl~ès .':J iepl~egijhe n'ont été ,.:édéS'
que pour
régler
des
~ffaires
personnelles;
les neuf esclaves de
Logbo Kaffu
de
T~pegijhe
et les dix ~utres de Zoku Gbeuli de Lobia
ont fini
leurs jours ~uprès de leurs ~nciens m~ître~.
Cette tend~nce
génér~le a connu toutefois des mouvements
contradictoires.
Nous
rencontrerons des faits qui la démontrent p~r
l'humili~tion de
cert~ins
~ssimilés
et leur révolte,
l~ fuite des
femmes liées
.':J
des
p~rtenaires
et
en
ch~rge
d'enf~nts,
le
r~p~triement imprévu d'escl~ves ~gés.
2.
2.
L'~ction répressive
L'~n~lyse de
cette
action confiée ~ux tribun~ux et .':J l~
police des
dou~nes
a
pour but de mesurer l~ durée et l'~mpleur de
résist~nces des commerc~nts et des propriét~ires ~u dém~ntèlement de
l'escl~v~ge. Or
cette
~ction
est
l'~spect
le
plus m~l connu de
l'histoire.
Nous
s~vons
p~r
exemple
(17)
qu'~u Soud~n, un ~rrêté
loc~l en
d~te
du
11
m~i 1895 ~v~it requis contre les tr~fiqu~nts
quinze jours de prison,
l~ confisc~tion de leurs m~rch~ndises.et une
amende de
100
F
p~r
dscl~ve
tr~nsporté.
Qu'en
est-il
en CSte
d'Ivoire .?
Archives
judici~ires,
~rchives dou~nières et rapports
~dministr~tifs devr~ient renseigner sur l'identité des coup~bles de
ch~que type
de
délit,
les
peines infligées,
le nombre d'escl~ves
libérés p~r
cette voie,
le bénéfice que l'Et~t coloni~l ~ retiré de
cette répression,
la
durée
et
le
déclin
de
l~
ré~ist~nce
~
l'~bolition de l~ traite et de l'esclav~ge.
Aux émigrants
en
génér~l,
aux
émigrants
escl~ves qui
av~ient perdu leur p~trie en p~rticulier, l~ politique économique et
sociale de l'Et~t coloni~l offre un refuge,
un marché du travail et,
m~lgré s~
partialité
et
ses
insuffis~nces,
une
législ~tion
libératrice p~r
rapport
~ux
contraintes
et
~
l'exploitation
1 i gnagè\\~es .
Les villes
constituent
ce
refuge.
Centres de commerce
précoloniaux et/ou postes de-colonis~tion, elles se présentent comme
des têtes de pont de l~ conquête territoriale,
de l'~ssujettissement
et du
contra le
politiques,
des voies et moyens de mise en place de
l'économie capit~liste
et
de
l~
culture
coloni~le
; mais elies
'.: 0 n s t i tJJ e n t
!tl!. mê met e nt p':; des 1 i ~ IJ ).~ P l~ i vil é 9 i é s d' ~ Il i an,.: e 0 b je,.: t ive .
entre les
exploités
des soclétés africaines et le nouveau pouvoir.
Elles se sont érigéps en trois phases dans lesquelles Pierre Kipré a
vu des
générations
selon
le
projet
d'expansion
et
les
moyens
,
• •&&atNftlllla·
. . . . .A:n._ _
.Il'!f.:;.:IIi~~
ll'lIaa_"'!."IEIIIl"."I
..1I'JI2.....
.,.'!Im.!s.=l'I,.,IIl.!"'. .
~!Il'
••
_

politiques.
Av~nt 1893, les villes cStières et l~gun~ires : Assinie,
L~hu, T~bu,
D~bu ... ; de 1893 ~ 1908, des villes de l'intérieur dont
Ty~s~lé, Bingel'ville,
SI.Jbl'é,
e.w~flê,
Agboville,
G~':Jno.:l,
M.:lfl,
Zuênul~,
Abenguru,
Adzopé ...
Sièges de l'~dministr~tion, les villes
sont ~ussi
sièges
des
m~isons
de
commerce de tr~ite, sièges des
commun~utês m~rch~ndes
.:lfric~ines
<M~linké, Nzim~> et si~ges d'une
nouvelle ~ctivité
d'éch.:lnge
fondée
sur
l~
monn~ie fr.:lnc~ise. L~
sécurité ~ssurée
p~r
l'~rmée,
les
li~isons
entre
ces
villes
qu'entretiennent des
voies
et
moyens
de
comMu~ic~tion
révolutionn~ires <routes
avec
ponts en dur,
chemin de fer,
c.:ln~ux,
ch~l~nds ~
V.:lpeur ... >,
tous
ces
f~cteurs
contribuent ~ créer un
esp~ce politique
et économique nouve~u et plus ou moins accueillant
;;:.IJ)':
énligl'~nts.
Cet esp~ce
fut
en
même
temps
un
marché
de
travail
potentiel.
En
1919,
indépend~mment
des dem~ndes des exploit.:ltions
foresti~res et
~gricoles
(4560
m~noeuvres
pour
l'~nnée, 9450 en
1920),
les
trente-sept
postes ~dministr~tifs emploient 1150 ~gents
du secteur
public,
dont
780
miliciens.
En
1921,
~lors que les
exploit~tions foresti~res
et
~gricoles
ont
besoin
de
10.365
manoeuvres,
12.600 tr~v~illeurs sont recrutés d~ns les villes dont 4
% seront
~ffectés
~u
port~ge,
~
l'entretien,
e t c ;
en 1929, on
estime ~
8.200
personnes
les
besoins
en
m~in-d'oeuvre. D~ns le
secteur privé,
les
m~isons
de
commerce font ét~t de 260 gér~nts,
~gents et ~ides-boutiquiers en 1921, 650 en 1929 ; elles emploient 1
600 contr~ctuels pour le port.:lge et divers trav~ux en 1919, 4 SOO en
1929;
en
1925,
tOIJtes
les
erltr'epl'ises
pl~ivêes
(.:lgl"'i~lbJl~e,
exploit~tions forestières,
commerce)
recrutent
25.800 manoeuvres.
Impossible dans ce secteur de dénombrer l~ p~rt des emplois nombreux
offerts par
le
commerce
et
l'artisanat ~fric~ins, p~r les petits
métiers indépend~nts en voie de multiplic~tion chez les hommes et
les femmes
sous
l'impulsion
des ouvriers fr~nc~is et des ouvriers
~fric~ins origin~ires
du
Sénégal,
de l~ CSte d'or et de l~ Sierr;;)-
Léone
: m~cons, menuisiers, cuisiniers, t~illeurs, méc~ni~iens.
Une législ~tion
de
plus
en
plus
étoffée,
quoique
discriminatoire,
donne
son
c~dre Juridique ~ ce m~rché du tr~v~il.
Le statut
du
sujet
fr~ncais est ét~bli p~r le Code de l' Indigénat
<arrêté local
d'~vril 1915) et un décret du 25 mai 1912 stipule les
conditions de
s~
tr~nsformation
en
st~tut de citoyen francais.
A
tr~vers quelques
textes
arrêté
du
2
m~i 1906 (contr~t entre
indigènes>,
~rr@té
du 22 octobre 1925 et ses ~rrêtés d'~pplic~tion,
~rr@té du 15 novembre 1926 instituant l'Office du Tr~vail, arrêté de
décembre 1926
et
arrêté
de Gouvernement Génêr~l du 29 mars 1936)-
le tl~~v~iï ~indigèn'e --aevTer;f
obligatoil~e m;;iis l~émIJné·ré. L' Afl~it.:ain
doit répondre
en
effet ~u recrutement de l'Administr~tion pour les
tr~v~ux d'utilité
publique
et ~ celui des entreprises privées pour
leurs activités
de profit.
Seront recrutés des tr~v~illeurs de plus
de q'Jinze
ans,
pOIJl"'V1JS
d' un
livl~et
de
tl'~v~il, ~stl'eints ~ l!I'es
Journées de
dix
heures
et
des
sem~ines de six Jours pend~nt une
période minim~le
de
six
mois
p~r
~n.
La
propriété
privée est
g~r~ntie t~nt
d~ns
le dom~ine sal~rial que d~ns le dom~ine foncier
qu'inaugurent les plans de lotissement urb~in.
,.

Le s~l~ire
journ~lier de 2,50 F en 1919,
3,50 F ~ l~ tln
de 1921,
et 2,50 F en 1924 pour l'Administration et les entreprises
privées,
se compose d'une rétribution en n~ture (r~tion ~liment~ire,
0,75 F
en 1919,
1,25 F ~u 30 décembre 1921)
et d'une rétribution en
espèce,
plus import~nte, représentant 57 ~ 74 % du s~l~ire versé ~ux
manoeuvres entre 1920 et 1930.
D~ns l'ensemble,
l~ situ~tion soci~le
(emp 10 i s,
l~eVenlJs,
ni vealJ
de vie),
entl~e 1.920 litt 1930,
a évollJé de
facon favorable,
quoique
de
m~nière
inégale,
aussi bien pour les
~gents parmanents
et
les
m~noeuvres de l'Etat que les s~laires du
.:; e ,~ t e IJ l~ P l~ i v é .
··Au
"t:'o't:.1
~_pr-oduc"t:i.on d _
q ... · : l . 1
0 = 0 1 0 n : l . . 1 . "
(18).
Mais ce
n'est
p~s
seulement des emplois et des revenus
que les
villes
offraient pour le développement et la consolid~tion
du statut
personnel,
elles offraient ~ussi une form~tion scol~ire,
un nouve~u
savoir, -expression
institutionnelle
de
la
nouvelle
civilisation,
moyen
idéologique de contrale économique et politique
dont les
villes
étaient
les
têtes
de
pont.
Selon une structure
hiér~rchique, ont
comm~ncé
~
se
mettre
en
pl~ce
des écoles de
villages,
des
écoles
élémentaires
urb~ines, des écoles régtonales
dans les
chefs-lieux
d~
cercle,
des écoles primaires supérieu~es.
Dans une
récente
thèse
(19)
B.
Ch.
LegbedJi-AKA,
fait état en 1924
de vingt-cinq
écoles
de villages,
dont six dans notre zone d'étude
(Gagnoa,
Buyo,
Issia,
Vavua,
Zuenula,
Sinfra),
trente-et-une écoles
élémentaires dans
les
vingt
cercles administratifs
(Abidjan
: 4 ;
Bassam,
Agboville,
Sassandra,
Buaflé,
Daloa
1)
huit
écoles
régionales
(Abidjan,
Bassam,
Sassandra,
Agboville ... ),
l'Ecole
primaire supérieure
de
Bingerville chargée de former des moniteurs
d'enseignement, des
agents administratifs et des techniciens
(1909-
1911)
; celle-ci sera complétée par une Ecole primaire supérieure de
filles en 1936. De ces E.P.S.
les canditats les meilleurs accédaient
aux écoles
fédérales,
soit
dans
l'orientation médicale
(Ecole de
médecine générale,
1918 ;
Ecole de médecine vétérinaire,
1924),
soit
dans l'orientation
enseignement
et
administration
(Ecole normale
William-Pont y de
Gorée,
puis
Sibikotane,
1925;
Ecole norm~le de
Dabou,
1936
;
Ecole
normale
de jeunes filles de Rufisque,
1939),
soit dans
l'orientation
professionnelle
(Ecole
normale
de
Katibougou,
1934
Ecole technique supérieure de Bamako,
1934).
En
1919,
1.700
élèves
composent les effectifs scolaires;
de 4.200 en
1923,
ceux-ci passent ~ 5.075 en 1925.
,
~ ....... ~,_ ._ _
_
_ _ ....._.ri._ _ ._._.
_

Si,
comme
nous
le
verrons,
de
nombreux
escl~Yes
trouvèrent refuge
d~ns
les
villes
en
construction,
nous n'~Yons
~ucune preuve
qu'ils
ont
bénéficié
directement
de
l~ form~tion
scol~ire. D'une
p~rt,
outre
que beaucoup n'en ~v~ient plus l'~ge,
les m~îtres ne pouv~ient consentir è détourner ~ une ~utre fin leurs
forces de
reproduction
et de production.
D'~utre p~rt,
l~ culture,
en p~rticulier
l'éduc~tion,
repr~sent~it
~'ultime enjeu de lutte,
l'ultime front
de
lutte
entre conquér~nts et conquis,
une fois
l~
déf~ite politico-économique consommée.
3.
Apl~ès 1920 .:.... l~estes
d' es,:::l~v~gisme.
Des i n':::~p~,,: i té~ 50'::: i ~ 1 es i 1~I~édIJ,.:t ib 1 es.
En 1931,

l~
dem~nde
du
Ministre
des
Colonies,
le
GouYerneur-Génér~l de
l'Afrique
Occident~le
Fr~nc~ise, J.
Brevié,
p~r une
circul~ire du 30 Juillet
(nO 266 AP/2)
récl~me un bil~n sur
l~ situ~tion
de l'escl~v~ge (20).
Le Gouverneur de l~ colonie,
Je~n
Reste,
envoie
un questionn~ire •
taus les ~dministr~teurs de Cercle
p~r l~
lettre-circul~ire
N° 385 du 31 AoOt.
Du r~pport de synthèse
que celui-ci
~dresse
~u
Gouverneur-Génér~l, le 1er décembre 1931,
ressortent trois conclusions essentielles ~ notre propos.
D'~bord, si
l'on
met
~
p~rt
le
g~ge,
institution
p~rticulière et
qui perdure,
l'escl~Y~ge n'existe plus que sous une
seule forme
l~rvée
l~ condition de l~ femme.
Ensuite,
présentées
comme une
nécessité
de
l~ période de tr~nsition, il existe,
entre
l' es,.:l~v~ge et le tl~~v~il libl~e dont l~ l~èglement~tion s' ~méltol~e,
deIJ:'~ fo\\~mes
de
t\\~~v~i l'ob 1 i g~to i \\~e .
L' IJne,
le
t\\~~v~i1
pub 1 i,.:
oblig~toire,
est
une prest~tion due •
l'Et~t pour l'~ccomplissement
de tr~v~ux
publics
; susceptible d'être r~chetée, elle est devenue
une imposition
fisc~le
l'~utre,
de
type
coutumier,
est
une
prest~tion, qu'on
dir~it
~ujourd'hui
de c~r~ctère tribut~ire, due
~ux chefs
prééminents
;
celle-ci
ne
peut
plus
s'exéduter s~ns
l'~utoris~tion ~dministr~tive.
Enfin les difficultés de recrutement
d'une m~in-d'oeuvre
libre
sont
telles que l'~dministr~tion, ~utre
nécessité de
l~
période
de
tr~nsition,
prête
son
concours ~ux
pl~nteurs et
exploit~nts forestier,
"concours mor~l pour ~mener les
indigènes ~ consentir un eng~gement".
Récusons le
l~xisme
sém~ntique
qui
intègre
sous
l'escl~v~ge l~
condition de dépend~nce des femmes,
tout en exclu~nt
les formes
de
tr~v~il
forcé
il
n'est que trop idéologique et
politique.
M~is
des
r~pports
soci~ux
qui constituent l'escl~v~ge
stricto sensu,- et qui vant dépériss~nt, quelque chose demeure,
~près
1920, et
Jusqu'en
J931,
encore
viv~ce: ce n'est ni une l~rve ~u
sens embryologique,
c'est-~-dire
l'ét~t
initi~l de l'escl~v~gisme
~chevé, ce n'est ni une l~rve d~ns l'~cception étymologique, c'est-~­
dire l'~pp~rence
o u l e f~ntame d'une ré~lité plus vr~ie, c'est u~e
p~rtie viv~nte de l'escl~v~gisme t~ri, m~is viv~ce.
Collée~ aux
enciens
escl~ves,
cert~ines
inc~p~cités
d' importance v~riée,
suivant les régions,
ont continué ~ m~nifester
leur infériorité statut~ire d~ns les différents dom~ines.
,

1~'11-':;; i.lt·~
',lt?ntes
l'Ii
d'a'.::hats
des
J::.el'SDnT"IC'S,
plus
d€~
sa''::l'l·tl''::'':~<:; o-i-'-fi,.::i(::l·"i
d'êtl'e'::i
hum,;lins,
m·:Jinten;Jnt
q'-'C~ le':. an,.::iens
esclaves ont
accédé
au
statut
de
cadets.
Certes.
Mais
l~ où ils
l'l'étaient pas
h8bilités
~ prendre la succession Jes lignages - c.::ls
des sociétés patrilinéaires comme la société abê,
bete ou
kweni
-
la
pratique générale
l'estait
inchangée.
L~ où cette habilitation était
théoriquement
requise
-
cas des sociétés matrilinéaires odjukru et
;::Jll;'Jdi;::Jn --il,;:;
pl'il',,?rd:
''::f?tt,:?
s'.J,.::,.::ession,
l'J'Je
v(~r"J,
m;'Jis
pal'
dc,~ l é9 a t i on,
,:~ omme
"'J':ll'd i (,'ns "
d.~s
J::.atl' i mo i ne:. :iOI.JS
1.;1 :;./J l'V 0:' i Il a n,.::e
des cadets
libres des
lignages directs.
Dans
les
instances
villageoises,
nous
le
verrons
en
détail,
même
décalage
de
leur statut politique par
rappol't ~ celui
des
ingénus.
Jamais,
i l s ne purent accéder au t i t r e et au rang des
gens riches.
Nulle
part
i l s ne purent figurer
parmi
les prêtres de
la terre,
ni
parmi
les chefs des communautés villageoises,
toutes
fonctions
associées,
en
raison
de
leur
efficacité religieuse,
~
l'autochtonie p~ ~ la noblesse.
Si dans
les circonstances coloniales
comme celles
qu'évoque
Ariane
Deluz-Chiva,
~ propos des villages
Kweni
proches
de
postes
administratifs,
ils
furent
proposés comme
Il '.:: h e f s
(;! t
l' E'~ P l' é·:.:;.: n t ;.HI t·:.:; "
( 1 964
4 52),
,.':;' é t ;'J i t
..:~ Cl mme
mas que s
des
pouvoirs authentiques,
comme des
fantoches
utiles,
dans une période
de crise,
à
la
lutte pour
la survie des communautés
loc~l€s.
Comment en
serait-il autrement,
d~ns les c~mpagnes, pour
la majorité
des
anciens
esclaves
?
D'abord,
l'~bolition
de
l'e5clav~ge avait
déclenché
une
tr~nsform~tion non
s~Jlement
exogène,
mais
encore
politique
~
l~quelle
les
m~îtres
furent
S p 0 n tan é men t
ho st i 1 es.
E ri 5 '-' i. te,
1 e
.... 0 let
é,.: 0 n Cl mi q IJ e ,
s 0': i a l e t
culturel,
prolongement
et
complément
de
cette
transform~tion
politique,
en'
progression
lente
et
irréversible d~ns les villes,
n'av~ient pas
encore
atteint réellement
les
r~pports de production
lign~gers et
les
cultures
traditionnelles.
Enfin,
l~'~omination
coloniale -
le recul
du temps
nous permet de mieux
l'apprécier -
ne
devait p~s
suffire
è
dissoudre
tous
les effets de
l'escl~v~ge, ~
renouveler
totalement
le statut social des anciens esclaves,
~ leur
restituer
intégralement
leur personnalité mutilée.
Il y
a
mieux:
de
cette
irréductible
mutilation,
les descend~nts all~ient hériter et
porter,
dans
une certaine mesure,
les tr~ces.
1
i
1
r
D~ns les chapitres qui constituent cette deuxième partie,
nous venons d'analyser
les mécanismes par
lesquel~ l'esclavage s'est
J
mis en place dans
les sociétés
lign~gères de l~ zone forestière,
~on
~
e>;tension et
la I~él=·;::n'tition ,j.:?s es,.:l.:::Jves -':l l'intél'ielJl' des sociétés
;!
;ll
la
fin
dlJ
;'0 Xe
si,~,.:le
E"t
'::'11-'
d(~blJt
du XXe
siè,.:l€~. f'r.:lIJI'slJivant
:1
l'enquête historique,
nous avons vu
les conditions dans
lesquelles,
la colonisation
une
fois
faite,
le
système
d'esclavage
a
été
cond.::lmné ~
disparaître.
Mais quels étaient
la place et
le raIe des
esclaves j
l'intérieur des
sociétés? En quoi
consiste les
formes
de
leur réific~tion
ou
de
lelJr
instrumentalis~tion, preuves de leur
infériorité statutaire
?
C'est
è
ces
questions que
l~ troisième
partie a
vocation d'apporter des
réponses.

ECOLE
DES
HAUTES
ETUDES
EN
SCIENCES
SOCIALES
L~ ESCLAVA"~E
DANS
L E S
S O C I E T E S
LIGNAGERES
D~AFRIQUE
N O I R E -
EXEMPLE
DE
LA
COTE
D'IVOIRE
PRECOLONIALE
1700 -
1920
TOh[
II
T H E
S
E
j~~U~ LE DOCTORAT D'ETAT ES-LETTRES ET SCIENCE5 HUMAINES,
PRESEtJTEE ET SOlJTENlJI~~
1_e
30
.Juin
1988
PAR Harris MEMEL-FOTE,
MonS1cur
Marc AUGE
C'il-f~,::l''ë''jl-
,j'<:-i:u,J",,'c,:"
l'E.fl.C.S.':;.
f' 'ël}- 1. C:,
. ) j.I i. II
l'-, ,~. :;

\\
TROXSXEHE
PARTXE
,.

~;r'------------_._--'-
o
_
LES ESCLAVES DANS LA SOCIETE
OU
EXPLOITES ABSOLUS ET I~S'rRUHENTS ,DE GLORIFICATION

CHAPITRE
VI
CE QUE INFERIORITE
SOCIALE-STATUTAIRE
VEUT ICI DIRE
CHAPITRE VII
LES
EXPLOITES
HOVENS DE PROCREATION ET
DE PRODUCTION
CHAPITRE VIII
LES INSTRUHENTS DE GLORIFICATION
CHAPITRE
IX
DEUX CONTRE-EPREUVES DE LI INFERIORITE
SERVILE : INSIGNIFIANCE DANS LA HORT
ET RESISTANCES DANS LA VIE

Que les
escl~ves
soient
assignés
~
une pl~ce et ~ des
t~ches inférieures
~
celles
de
ce
que
la littér~ture nomme les
c~dets soci~ux,
cette
proposition
peut être établie p~r des f~its
rel~tifs ~
l~
vie
~ut~nt que p~r des f~its rel~tifs ~ l~ mort des
esclaves.
Les
premiers
indices ressortent du rituel d'introduction
qui,
s ' i l
ne
les institue p~5 comme une espèce ~ p~rt ~ proprement
p~l~lel~, les
,=or,fir'Rle du nloins '=Onlme un gl~OIJe.R!l e.:ll~t p ar-m t
l'espe,::e
des étr.:lngers.
Une
première
preuve
décisive
est
apportée
.:lU
contr.:lire p.:lr
l'exploit~tion
dont
les
esclaves autrement que les
c.:ldets sont
l'objet,
t~nt
comme moyens dans la production stricto
sensu des biens de subsist~nce qu'~u nive~u de la procré~tion, de l~
distribution et
de l~ consomm~tion des biens.
La deuxième preuve se
t r-ouve d~ns
lelJr
fon,:tion de d' instl~u.!!~nt~!. ~LEt 'JIOl~ific.:ltj,on qu ' ils
.:lssument au
bénéfice
des m~îtres.
Leur insign~fi~nce dans la mort
en tant
que déchets soci.:luX constitue une troisième preuve de cette
cette infériorité radicale. Les exceptions qui ~pparaissent d~ns les
rédemptions individuelles
et
localisées,
fondées
sur les v~leurs
personnelles des
esclaves
et l~ m~gnanimité des maîtres,
.:lttestent
une condition
globale
~
laquelle
les
rêsist~nces
~pportent IJne
contre-épreuve en
quelque
sorte
expérimentale.
Il
s'~git
p~r
conséquent de
justifier
successivement
cette
infériorité soci~le
st~tut~ire (ce
sera
l'objet
du premier ch~pitre), cette condition
génér~le d'exploités absolus
(ce sera l'objet du deuxième ch~pitre),
la condition
universelle
d'instrument
de
glorification
(c'est
l'objet du
troisième
ch~pitre)
et
les
contre-épreuves
de cette
infériorité,
c'est-~-dire
l'insignifiance
dans
la
mort
et
les
résistances,
objet du qu~trièrne ch~pitre.

=
-------------------:-:=os"'!'.'u-------
_
i t 2 2
CHAPITRE fi
~ QUE INFERIORITE SOCIALE STATUTAIRE ~ ICI DIRE
SECTION
1.
L'INTRODUCTION, UN RITUEL DE SPECIFICATION
SECTION Il.
UN STATUT SOCIAL INFERIEUR A CELUI DES CADETS
aECTION III. LES REDEMPTIONS: EXCEPTIONS QUI CONFIRMENT
LA RE'';LE

SECTION l
L'INTRODUCTION,
UN RITUEL DE SPECIFICATION
Appliquée aux
esclaves,
ici,
l~ métaphore de la nouvelle
naissance qui
transpose
au
p~ssage
d'une société d'origine ~ une
société d'~ccueil
le
schéMa d'entrée dans la société humaine est ~
la fois
Juste et inexacte.
Il est
vrai: en même temps qu'elle est une atteinte ~ s.
culture et
~
sa
personnalité
anciennes,
l'introduction
ouvre ~
l'esclave l'accès ~ l~ société et ~ l~ culture d'accueil; en outre,
-dans ,.::et
a,::cès
le
s'tatlJ't·
dé·finitif _qIJi.. lui é'.::_MQit ~.~.t ,.::ellJi de
l'enfant. Mais,
d'lJne
part,
,.::ette
"mo r t "
et ,.::ette "l~enaiss-an,.::e"
s'opèrent par
la voie de la violence,
violence symbolique toujours,
violence matérielle
p~rfois
;
d'autre
part,
tous les esclaves ne
connaissent pas
cette
Hrenaissance"
cependant que beaucoup en ont
v'cu de multiples' la mani~re des ~mes dans la m~tempsychose, Telle
société les
acquiert
pour la mort
(ab@)
;
dans telle autre
(gban),
l'introduction ne paraît pas partout rituellement formalisée;
enfin
les récalcitrants
ou
les malchanceux traversent plusieurs sociétés
pour se retrouver au-delà des mers,
sinon dans l'au-delà.
En fait,
et surtout,
la procédure d'introduction apparaît
comme un rituel imposé uniquement à cette catégorie d'étranger et à
nulle autre.
Ce
rituel
qui,
à
partir de l'acquisition marchande,
confère leur
figure
aux esclaves dans la société d'annexion,
peut
@tre analysé comme un rituel de spécification sous trois rapports
:
: rupture
avec
le
passé,
annexion
au
lignage
acquéreur
et
infériorisation radicale.
1. La rupture aveç ~ passé
Que l'introduction d'~trangers libres dans le lignage soit
un 'vbnement,
cela
est
évident.
Mais
leur
accueil
était
une
cérénlonie privée
à
laquelle participaient les membres des segments
locaux et
éventuellement
proches
dans
l'espace
géographique
du
lignage. Le chef du lignage,
après avoir présenté le nouveau membre,
versait la
boisson
qu'il apportait
(cas d'une personne-réparation)
OIJ qu ' avai t
fOIJl"nie l' hôte ;
il denlar,d.:li t
aux anc@tres et alJX dieu:·~
la santé
pour
le
nouveau
venu,
la
cohésion
et
la
prospérité
démogr.:lphique et
économique
du groupe.
Si c'est une femme,
l'aînée
des femmes 1.:1 prenait en charge ; homme,
il était confié au puîné du
,::hef de lignage.
Presque toujours
et
partout,
l'introduction des eslcaves
dans la
société
constitue
un
évbnement
plus
p.:lrticulier.
Dans
certains cas,
comme chez les 8ete-K~gnananko, cette particularité se
manifeste dès
l'entrée de l'étranger sur le territoire villageois:
un cri
spécial
l'annoncait et le tambour publiait l~ nouvelle ~v~nt
la cérémonie de présentation.

··-----4~·4-·-------··--··- ..-·-·-------·-
L~ o~
l'~ccueil ét~it form~lisé, cette cérémonie,
dont le
progr~mme v~rie
d'une
société
~
l'~utre, se déroul~it, un m~tin,
moment propice ~ux in~ugur~ttons, d~n5 l~ cour du p~trilign~ge, cour
de l'~îné
du
lignage
acquéreur
(kweni, gban,
bete,
neyo,
odJukru,
~b@), CDur
du père de l'acquéreur ou de l'héritier de celui-ci chez
les m~trilinéaires
~lladi~n.
En
présence
des
m~ternels,
des
p~ternels, des
~mi5
et de nombreux villageois,
elle s'ouvr~it ~ l~
m~nière d'une
f@te de l~ victoire, ~ l'~ppel d'un t~mbour de guerre
(9weyêbê des
Gb~n,
5ak~d~
;
ti9bla
des
I?ete-Logr'o~rl),
ou d' IJn
t~mbour d'opulence (atr-kuku des Odjukru).
Les OdJukru
de Gbugbo l'in~u9ur~ient par une procédure de
sécuris~tion ontologique.
Ils ~v~ient pris conscience en effet d'un
pl~oblènle d' or-dr-e
intelle,~tlJel
et
d' IJn ". pl~oblème
d' or-dr-e pl~~tiq'Je
qu'ils interprétaient
en
t~rmes p~tho16giqu~s ~nlui propos~nt une
solution médic~le.
Pour les membres de cette société non-m~rch~nde,
~voir acheté
une
personne
avec qui on doit vivre en famille n'est
pas seulement
un
sc~nd~le économique malaisé ~ penser,
il comporte
~ussi par
l~
même,
une menace ou un danger de mort
(mort d'un mode
de production
et/ou mort de ses producteurs 7)
qu'il faut conjurer.
La pl~ép~I~~ti on
de
la
nléde'~i rie con Jur-e t o i '~e - mpo - éta i t '~ép~ndIJe
sur l'escl~ve et le m~ître, puis tous les deux en absorbaient chacun
une gorgée
av~nt que l'escl~ve rasé ne fat présenté au patrilignage
dont il
~doptera la divinité et les interdits
(1).
En fait,
ce .rite
avait pour but de préserver la santé de la communauté lignagère.
Ailleurs,
les
actes
de
violence symbolique avaient pour
but d'~ltérer
la
personnalité ancienne des nouveaux étrangers et ~
les couper
de
leur
passé.
Le
premier de ces actes s'applique au
corps. Pour
les
dépouiller
de
leurs
anciens
corps
ou pour les
déraciner,
les
Neyo (2) et les Kweni
(3)
leur rasaient les cheveux,
les Kweni,
après
les avoir emmenés hors du village,
en brousse,
o~
leurs cheveux étaient Jetés.
Le second
acte
vise l'espl~it. Une médecine d'oubli était
en effet
appliquée
aux fins de provoquer chez les esclaves l'oubli
du p~ys
natal et l'attachement au pays d'annexion.
Tant8t il s'agit
d'un charme,
pris dans un repas
et qui devait lier l'esclave ~ son
maître ou
~ sa maîtresse ucomme un chien",
c'est le rumopwo des Ab@
(4),
c'est
le
yanini
des
Krobu,
prépar~tion
dans
laquelle aux
feuilles de
yamini
se
trouvait mélangé du kaolin séché et écrasé,
aliment géophagique de naturalisation (5).
Pour leur part,
les Bete-
Guideko prép~raient ce charme avec des feuilles séchées
(feuilles de
vropo des
Kwadia)
;
cette
préparation était aissaisonnée avec du
sel,
f~cteur
de
liaison
et
avec
une
pincée
de poudre ~ canon,
prob~ble ~ymbole de protection contre la m~lédiction que profér~ient
p~r les
p~rents de l'esclave, ·hostiles ~ l~ servitude de ce dernier
(6).
T~nt8t
il s'agit d'une opér~tion d'~veuglément intellectuel ou
de réorient~tion
mentale.
En
pays
~ll~dian, l'offici~nt, père de
l'acqYéreur ou
son
héritier,
m~ch~it trois noix de kola,
fruit de
gr~nde consommation
dans la savane,
mais dont le symbolisme végétal
et numérique
reste
ici
obscur,
et
les
crach~it
~ la figure de
l'esclave en
lui
intim~nt
l'ordre
de
se
détourner
de son pays
d'Q1-igine.
(A'Jgé,
1969
:
142).

l-~
A ce~
~cte5
de
rupture $'~$socient d'~utres ~ctes ~u~si
'iolents de
r~tt~chement
unilatér~l.
Telle société procède p~r un
'ite politico-religieux. Les Neya ~tlantiques r~tt~ch~ient l'escl~ve
~u territoire
en le conduis~nt au bord de l'océan ;
l~,
les gens de
<~drokp~ lui
f~i~aient
boire
de l'eeu de mer,
ceux d'Ahorokpa lui
l~v~ient l~
figure
en lui enjoign~nt d'être désorm~is "un homme du
~ill~ge". Ensuite, m~rque solennelle de subordin~tion ~ K~drokp~, le
chef de
lign~ge lui inglige~it une gifle,
~ccomp~gnée de ce r~ppel:
"Tu es un escl~ve !"
L~ oi:.J
n' e:dste
p~s ,.:ette
~nnt?~r. eT. -ql.j"tH~ol"t~-e
l~eligielJse et
politiqlJe,
s.Jiv~nt- _.:!:-é$ ~ ~'.:tes
symbolit.:l'Jes
de
r~tt~chement soci~l et économique. Sous le r~pport vestiment~ire, le
m~itre neyo
offr~it
un
p~gne
neuf
~ l'esclave pour se vêtir,
le
m~itre kweni
l'h~bill~it
d'un
p~gne
kende.
Ensuite,
lui
ét~it
octroyée une
m~chette, instrument indispens~ble ~ l'~griculture. Ce
n'est que
be~ucoup
plus
t~rd
que,
devenu f~milier et tot~lement
digne de
confi~nce, le m~ître, ~ titre exceptionnel,
lui offrait un
fusil ~vec l'ordre d'~pprovisionner l~ m~isonnée en gibier et non de
tuer des hum~ins (Dugb~fl~, Umé).
Troisième ph~se
: de f~con officielle,
le chef de lign~ge
présent~it l'esclave comme nouve~u "fils" ~ux ~înés soci~ux et comme
"fr.re" ~ux
c~dets, ~vec injonction de ne j~mais rappeler l'origine
de l'étr~nger.
L~
tr~dition
de
Dugb~fl~ veut que l'escl~ve (s'il
était d'ethnie
kweni
7)
recGt
alors
de l'e~u, qu'il en versSt ~
terre en
acte de prière et en signe d'~cquiescement ~u nouvel ordre
de choses.
"J'~cquiesce ~ux commandements du maître,
dis~it-il. Que
la chance
m'accomp~gne dans mon service et que le malheur s'éloigne
de nloi".
Quatrième phase
du
rituel
qui
est
un
acte
de
renouvellement ontologique,
1. ob la procédure existe : l'escl~ve se
voyait imposé
un
nouveaU nom.
C'est ~lors que l~ f@te pouvait être
consommée.
Des
cadeaux
étaient
échangés.
Les
Bete-K~gnananko
gratifiaient le
convoyeur
de
l'esclave
de
cinq
manilles, d'une
machette,
d'un
b~ril de poudre et de vin de palme
(Upoyo).
Les Gb~n
et les
Kweni
offr~ient
pagnes,
bétail
et boisson ~ l'~cquéreur.
C'est ce
dernier
qui, en pays ~b@, alladi~n et odjukru fais~it les
fr~is de
boisson.
Joyeuse
beuverie
chez les uns
<Abê,
AII~dian),
beuverie et
banquet de poulet et de mouton chez les autres
(Kweni),
beuverie, b~nquet
de
cabri
et
musique chez les troisièmes
(Bete-
Logroan et
Bete-Guideko),
voil'
comment s'achevait l'introduction
rituelle des esclaves dans la société de l'acquéreur.
3. L'infériorisation r~dicale
Que le
rituel d'introduction constitue les esclaves comme
un~ espèce
de
personnes
inférieures,
tous les faits et gestes le
prouvent.
On
le
voit
d'~bord
à
l~ situation qui est la leur d~ns
l'~mbi~nce de
la fête.
Le héros du
jour, c'est l'~cquéreur, celui à
qui s'adressent
les
c~deaux,
là ob il y en a,
celui ~ qui le père
AII~dian, devenu
Hgr~nd-père" de l'escl~ve, remet l'étr~nger ~ l~

426
Ifin de
1'.:1
,:ér'énlonie.
L'es,:lave,
lui,
n'est
que
l'o,:,.:asion,
le
prétexte,
l'objet,
d'une
fête
~ laquelle il ne participe pas,
une
Ifê~e qu'il
subit,
~
la manière du captif au moment du triomphe du
va l nquelJl~ .
On voit
ensuite cette infériotisation aux traitements qui
sont infligés
~
ces
étrangers.
Les
modes
de
destruction et de
renouvellement de
la
personnalité
ne s'appliquent comme tels qu'~
eux.
Ce
n'est
pas un hasard si dans la société alladian,
hormis la
procédure des
noix
de
kola,
ce rituel accompagnait l'acquisition
d'un outil,
fut-il
un
outil de prix et de prestige:
le fusil.
On
voit enfin
le
processus
d'inférioris~tion
~
ce
système
si
particulier de noms qui est appliqué aux esclaves.
Trois principes
gouvernent
l'attribution des noms donnés
aux esclaves
: le principe de la conservation des noms originels,
le
principe d'un
nom
emprunté
~
la
société
de
l'acquéreur,
et le
principe d'une anthroponymie spécifique.
Soumises à
l'arbitraire des
maîtres,
ces
attributions
sont
cependant
régies
par une logique
so,:iale.
Le principe
de
la
conservation
des
noms originels,
en
vigueur ~
des
degrés
divers
dans
toutes les sociétés,
se trouve
appliqué généralement
aux esclaves adultes dont la personnalité est
déJ~ faite
~
l'arrivée.
Néanmoins,
il
domine
dans les sociétés
patrilinéaires o~
les
esclaves,
ou
bien étaient acquis pour être
détruits
(abê> ,
ou
bien
Jouaient
un
raIe
insignifiant dans les
domaines de
la
procréation et de la production
(Bete,
Gban).
Ainsi
l~elève-t-on des noms d'origine akan et gur en pays ab@
T,::h@ Koffi
(H>
anyi-bawle
Ns,:ha
(F")
senufo
I<wamê
(H>
anyi-bawle
Sia
(F>
senlJfo
Nianlien
(H>
anyi-b;;)wle
Saba na
(F>
senlJfo
Ndori
(H>
anyi-bawle
Ainsi des
noais
dan,
kuzie,
bete et wê SUl~V i vent- ils en
pays kwadia
Fregbo
<H>
bete
Satd-.i
(H>
bete
G;;)hUl~U
(H>
bete
Gono
(H>
dan
Naka
(H>
bete
Gahun
(F>

Sel~i
(H>
bete
Wl~ehi LOl~U
(H>
kuziè
Gnahore
<H>
bete
Ainsi des noms kweni ou kuya en pays cete
Towê
(H>
\\~êdl~ê
(F)
Kaïlo
(H>
Zeguêda
(F">
T'i zo r-o
(H>
~,abo T'~hêm~rli
(H)

f
mml

1
----_.. _--,- ' - - - -
-----_._--_._._.~~, - - - - -
Ainsi trouve-t-on. tr~ces
de
noms
b~wle,
kweni et bete
préservées en
p~ys
9b~n, comme le sont en terre neyo les tr~ces de
noms b~kwe, godie, bete, ni~bw~ et m~nde.
En p;,:'ys gb~n
En p av s neyo
Dj~bi~ <H>
b~wle
Akwe
<H)
b~kwe
Z",b",hi
<H)
rd ",bw",
T'''<.lziê
<H>
kweni
'.:ibOtl"O
<H)
bakwe
Sarlte~,"abo Wata'''~
Tizilo
<H)
kweni
GO,"~bl"i <H>
9 0 die
<H)
mande
Guehi
<H> bete
GW;;J9 wa <H) godie
Ant,.::hi uman i
' - - - . . -
--,.,-,-
.
- .
S.?!"~g~ l.?l._,,-,
~
- --
--'-.-~-
Koko
<F) bete
t.:;IJebl i
<H)
bete
<Hfn'~r,de
Le principe
de
l'imposition
d'un
nom
d'emprunt
qu'on
retrO'Jve ~
l'oeuvre
partout
obéit
~
deux principales règles. L~
première règle,
qui
s'applique encore ~ des adultes, généralement,
r~tt~che simplement
le
nom originel au nom de l'~cquéreur en signe
de dépend~nce
et
comme
d'~ffiliation.
Des
exemples
~lladi~n et
odjukru
(T~ble"'u 25)
illustrent cette modalité ~ Emokw~ et ~ Gb~djn.
TABLEAU
26
EXEMPLES ALLADIAN-OD.JlJKRU DE tl.Q!i2 D'ESCLAVES
EMPRUNTES
SELON
LA REGLE l
Emokw.a (.Ja,.::q'Jevi Ile)
Gb.adjn
<DabIJ)
Noms
Noms
de l' a,.:quérelJr 1 de l'es':: 1 J;Jve
de l' ..;)t,~q'Jêl"eIJl"/de l'es':: l.ave
1
B091Ji
Ndi~
<H> ak~n
1
Akp,"o
Ni~mien <H)
ak.an.
..,
.:..
Akadje
Z,"",nin (H)
kr-u
2
Akp,"o
e.",nga
<H>
'" k an
3
Ak~dje
Z,"ahi ,..i
<H)
kr-u
3
Akp,"o
Kp.;)ssi
<H)
.;)k.:ln
4
Gbor,gro
Gnikp@
<H)
kr-u
4
Tcbc ko
P".;)tié
(F>
"'.:Inde
5
'';bon9'''0 ':;bi nti@
(H)
kr-u
5
Tcho ko
F.;)tn,.a <F) m.;)nde
6
M~mbo
B.:Itiê <F) "'.:mde
6
Td·,oko
S.an.an
<H)
m.:lnde
7
Bonny
e.atié
<F) mande

428
L.::l se,.::onde
règle
obéit
~
l.::l logique de l'.::lnthroponymie
loc.::lle, c'est-'-dire
,
l.::l formation .::lutochtone des noms dérivés du
nom de
l'.::lcquéreur.
Elle-
s'est
app I i que e
pl~in'.::ipalement
tI
des
escl.::lves Jeunes
dont
elle
opère
symboliquement
la
ren.::lissance.
Exemples alladi.::ln
et
odJukru
peuvent
illustrer
cette
modalité
également
<Tableau 27>.
TABLEAU
27
EXEMPLES ALLADIAN-OD.JUKRU DE NOMS D'ESeLAVES
EMPRUNTES SELON LA ~~~~E !~
1 Bonny Gr.::lonti@
<F>
8 E?onrIY E?iki
<F>
2 Bonr.y Ti@
<H>
9 BorlTlY Kosso
<F)
3 E?orITlY Koko
<F>
10 NelJb.::l E?ombo <H>
4 Neub.::l I~rubi n
<F>
11 NelJb.::l K.::ldiun <F>
5 Neub.::l Avi
<F>
12 E?ogui Abi
<H>
6
Be'Jgré Dohon
<F>
13 E?eI.Jgl"é Bog'Ji ti@ <H>
7 T.::lno AhlJi
<H>
14 M.::lmbo AnleSS.::ln
<H)
B -
Exemples odjukru
LOCALITE
MATRlbIGNAGE
NOM
SEXE
KPASS
DJEVEI-la
1 L.:lsm Ni.:lgn 'l'ebl
F
ED.JM-l.::l
2 Att.::h.:l 'l'éi
F
GBUGBO
BADI-la
3 Essis AnlTléi
F
4 Essis Essi
F
5 Essis Ess.:lne
F
6
Essis Essiebl
F
GBADJN
ESSANE-l.::l
7 'l'ed Anl.::ll~ i
F
8 Dj.::lm.:ln Ng'Jess.::ln
F
AGNEl-la
9
Nkol 'l'ei
F
Dongb.:l-l.::l
10 Esmel Am.:ll~ i
H
ORGBAF
AKABRA-l.::l
11 Ot@ Mel Nonkés
H
12 Otê Mel NonkesSlS H
Le troisième principe en vigueur d.::lns ces mêmes sociétés .:l
une .::lpplic.::ltion
spécifique
et
concerne
en
génér.::ll
les
Jeunes
escl.::lves.
Bien
qu'il p.::lraisse systém.::ltiser une variante atypique de
l'.::lnthroponymie de
ch.::lque
culture,
d.::lns
l'esprit
il produit une
littér.::lture arigin~le
.::lU
sein
de
l.::l
littér.::lture
or.::lle,
une
littér.::lture de
l'instrument.::llis.::ltion. Les escl.::lves deviennent .::llors
moyens d'expression,
véhicules
d'un mess.::lge ~ l'adresse des autres
hommes riches,
et
des
.::lutres
lign.::lges,
espèces
de
tambours
.::lmbulants,
bref ce qu'on nomme médi.::ls.

a
429
~--'~'".!~,'
~t'
L~ complexité
du corpus dont nous disposons tient ~ trois
,léments de
n~ture différent~ : les noms se composent de phr~ses et
le mots-devises
et
s'~ppliquent
non
seulement ~ux escl~ves, m~is
lussi ~
leurs
enf~nts
p~rfois, comme chez les Neyo et les Kweni
;
-ien que
les
signific~tions
soient
génér~lement
tr~nsp~rentes,
.'interprét~tion de be~ucoup de noms reste cepend~nt m~l~isée, voire
tquivoque;
enfin
les
noms
tr~itent des rel~tions de l'~cquéreur
lvec s~
p~rentèle, des rel~tions de l'~cquéreur ~vec ses p~irs d~ns
L~ société
et
l'univers,
des
rel~tions
de
l'~cquéreur ~vec son
~scl~ve . D'où l'existence d'~u moins trois cl~sses de noms:
le nom
-récit,
le
nom-défi,
et le nom-identité.
Bien entendu,
d~ns le nom
laud~tif,
d~ns
le
nom
polémique
comme
d~ns le nom détermin~tif,
c'est l~
m@me di~lectique
de
l'~ffirm~tion de soi dans laquelle les
r~f~rences ~ux
parents,
aux
~ivaux
et ~ l'escl~ve proprement dit
concourent ~ l~ promotion et ,
l'ex~lt~tion de l'image de soi.
Nous nommons
nom-récit
le nom autobiographique ~ travers
lequel l'acquéreur
rend
hommage
'l~ tr~dition d'gch~t inst~urée
d~ns son
lign~ge ou ,
la générosité de tel ou tel p~rent ; parfois,
il y exprime s~ reconn~issance ~ ce parent en lui dédiant un escl~ve
ou en f~is~nt revivre un nom.
Ni~gn Es-El-~tn
(H)
= Depuis-les-Pères (de) Ni~gn (sous-
entendu on
~chète
des
esclaves)
(Gb'Jgbo,
D~bIJ)
Otê Es-êtn
(F> = Depuis-le-Père (d') Otê (sous-entendu on
achète des escl~ves) (Orgb~f, D~bu)
Kw~ss i
Kpêgorl
(H)
= Kw~ssi-c'est-hérédit~ire-chez-nous
patrilign~ge Bol~t~,
l'acquisition
d'esclave
CDugbafla, Umé)
Obo Vao Lis Akpl
(F)
= L~ Hère-de-Obo ou Obo V~o-Hère-est-
une magnifique
(femme)
(Gbugbo,
Dabu)
Kukr~ Egn-Es-Odn (H) = Le Père-de-Kukr~ ou Kukra-Père-est-
un-bienf~it (Gbugbo,Dabu)
Egn-Eyu-Odn -
Un
oncle
bienfait
(Armêbê,Dab'J)
Ol-on-Esn -
Achète-pour-en-faire-c~deau-~-ta-Mère
(Bo du , D~bIJ)
Tizra =
Héritier-du-Père (un descend~nt d'escl~ve en p~ys
kweni
(A.
Deluz 1970 : 77).
l'
=
r,cm d'I_lne soeur réutilisé p~r IJn acqlJ~retJr (AbIJde-
Mandeke,
Agboville)

430
K~fu Blê = K~fu-le-Buffle, BI~ ét~nt le nom d'un guerrier
. ( un k'9né)
qlJi
~
~dopté
l' es,:l~ve K~f'J To ,... ê
(T ~pegIJt-le. D~ 1 o~)
Agbré = Celui-qu'on-déteste (Missehi, S~ss~ndr~)
N~bo = Gr~ce-~-toi
<K~drokp~,
S~ss~ndr~)
Gubi~lé =
Le
m~lheur-épuise-l~
ri':hesse
S~ss~Tld\\~~) .
Un nom
de
cette cl~sse exprime l~ compétition économique
et soci~le
très
vive
en
p~rticulier
~u
XIXe
siècle
entre les
individus et
les
lign~ges.
Les luttes y tr~nsp~r~issent ~ tr~vers
des Joutes
verb~les.
d~ns
les exigences d'~cquisitions concrètes,
les exhibitions
de
richesse
Jusque
d~ns l~ reconn~iss~nce des
inég~lités et
les
const~ts
de
victoire,
l'esprit de compétition
demeure perm~nent ~u sein du sexe m~sculin.
Es-Ay~ (F)
=
QIJe
dis-tlJ
?
(T'Jkp~,
D~bu) .
BI~-Ekn
(H>
=
QU/~s-tu
vu
?
<AklodJ-A,
D~bu)
Bob-N@ym
<H)
=
TIJ
f~nf~ronnes
<T'Jkp~,
D~bIJ)
Y~nmn-B@kn
<H)
= C'est
l'oeil
qui voit
(Armêbê,
D~bu)
Ekn -D~d
<F>
= Vois ~v~nt de p~rler (Gbugbo, D~bu)
Eyimbe
<H)
= Je vous vois <dit l'~veugle riche qui prête
s~ns voir ses débiteurs)
(Abude-M~ndekeJ
Agboville) .
Am~m~k~
(H>
= Aff~ire-De-Vill~ge (Add~h, J~cqueville)
Zebro Wiv~
(H)
= Zebro <l'énonci~teur ét~it un chef)-Je
suis-d~ns-tou~es-Ies ~ff~ires
<Dugb~fl~,
Umé) .
Aflizo
<H)
= F~is-voir-t~-richesse (K~drokp~, S~ss~ndr~).
Gomn~tchi
<H) = P~role-de-L/~u~orité (Missehi,S~ss~ndr~).
Ali~lé
<H)
=
H~ngez-vo~re-nourriture
<K~drokp~,
S~ss~ndl~~) .
Toneb'l~
<H)
= L~ glJerr'e <to)
ne-finir~-Jamais (S~ss~ndl~a,
G.
Thomann 1905
: 115).
Gwede Abi
<H)
= Nous
ne
sommes
p~s é9~UX
<Ahorokp~J
S~ss~ndr~) .
Am~nfu Ow-Ok-ogn-agn
(F)
= <Dev~nt) Am~nfu-Vous-~vez
perdu-l~-F~ce
(Bodu,
D~bu)
Oes noms
polémiques
que
l'on
dirait
~uJourd'hui
de
c~r~ctère féministe
se trouvent m~nifester l~ compétition entre les
s~xes puisque
des
femmes
commerc~ntes et riches s'y ~dressent ~ux
riomm e s
\\" i..::t-Ies .
AMu Bla (H)
= Le-Houton-d'Ahu (Femme célib~t~ire. j'achète
UTI homme ,
IJn
Di da ,
qlJi
l"epl"ésente
mOTI
nlOIJtOTI)
<D'Jgb~ fla,
Ume)

431
Ahu LU.;)
= Ahu
Trempez-Pour-Voir
(Si
'.::e La ne VOIJS
b l~ Ci 1e l~ a p.::l S ,
dit
Ahu ,
IJ n e
.::ll-l·t l~ e
f emlllf~
c é 1 i b il t .::l i l~ e )
( [)u 9 b a f 1 .::l ,
Ume) .
NoIII
d'un
esclave Kweni de Bwafle
0-1)
= ApP.::lrtient-.::lux-Gens (Nom d'un escl.::lve de
l.::l D.::lme
Ed.i me
: m.::ltl~ il i~!': :!:;1E des ()tobl~O·:
l~,
]:J
e.ObOl~,
D;:;L..... i .
,~,
Le nom-identi té
P.::lr un
nom
de
cette cl.::lsse,
les acquéreurs précisent ce
lue signifie
à
leurs
yeux
leur
escl.::lve,
qu'il s'.::lgisse du motif
j'ach.::lt ou qu'il s'.::lgisse du sens de cette personne-m.::lrch.::lndise.
Ces motifs peuvent être divers
l.::l honte,
l'imit.::ltion,
le
jésir de relever un défi,
l'envie ...
Ekan'oto (F)
= J'.::li-envie-de-l'ess.::lyer (S.::lss.::lndra, G.
Thom.::lrln 1905 : 115),
(F)
Kwame Dira
= KW.::lme-Je-n'.::lime-p.::ls-I.::l-Honte (Dugb.::lfl.::l,
Umé) .
Eyu-Mel Owewrêm
(F)
= Eyu-Mel (1'.:::1 .::lcquis)-par-Imitation
(Gbadjn,Dabu)
Ani
(H)
=
Ors
le
fait,
je
le f.:::1is
(Missehi, Sass.:::1ndra)
Odiabu Obaw
(H)
= Odiabu-l'Envie (Gbadjn, Dabu) ,
L.::l signific.::ltion de l'escl.::lve peut être morale:
l'escl.::lve
est alors
signe
de
l'effort,
du courage,
de l'intelligence,
de la
bonté de l'acquéreur,
l.::l vérité de l'être,
Esso Akp.::l
50tsJ-Ofl~
(F)
=
D'Esso
Akp.::l-l' Ef-fol~t-v;;:lirl
(Mopoyem.,
D.:;)bIJ)
Kpami Esso
Sos-es-Atr
(F)
= De
Kpami
Esso-Ie Courage
(Al~mêbê, D.::lbIJ)
Duassa CH)
= Affaire-de-courage (Niega, 5.::lss.::lndra)
Fike = L'Intelligence (Kadrokpa, Sassandra)
Yab.::l Zinta
(F)
= La Bonté de Vaba (Dugbafla, Umé)
Kwamé V{ezanê
= Kwamè-voici-le
résult.::lt de mon Mensonge
(D'Jgba f La ,
Umé)
Cette signific.::ltion
est ég.::llement économique et soci.::lle
;
l'escl.:;)ve devient .::llors signifi.:::1nt du travail,
de la richesse,
de la
pUlssanC9,
expression de la propriété,
instrument de service.
Ahu Akrê
= L.::l
Houe-d'Ahu
(Abude-Mandeke,
Agboville)
La
Dame Ahu,
cultivatrice
d'arachides,
perennise
ainsi l'outil dont le travall a porté ce fruit,

Affi L.;:\\w
(H)
= L~ Sueur-rj'Affi (Gbugbo, D.;)bu)
Leiwole
<H)
= Aff.;)ire-de-Richesse (L~tekQ, S;:)ss;:)ndr;:)
E i -Ved ObwlJwr,
CF)
=
<Voi,.:i
de)
Ei-Ved-Le-G.;)spill;:)ge
<Gb~djn, D~bIJ)
~.reswe Ab'J-gbê l
<H)
= L~ Gr;:)nde M~in-de-Breswe <Armebê,
D;:)blJ)
Esso AblJSSIJ
<H)
= L;:) Puiss;:)nce-d'Esso <Tiaha, Dabu)
Ahu BI;:)
CF)
= le Mouto-rj'Ahu <Dugbafl;:), Um~).
Enfin,
il
n'est p;:)s jusqu';:)ux signific;:)tions esthétiques
et philosophico-religieuses
qui
ne soient ~ttribuées ~ l'escl;:)ve
:
be;:)uté,
vérité,
mort
et
Dieu
se
trouvent ;:)lors è ce rendez-vous
singulier.
=
Guede-~u-Teint-Noir
(surnom d'un b;:)Qnon
Kweni,
Gb~ssi, p.;)ys bete,
Guiberw;:)
Yao Le s su
CF)
= Y;:)o-B;:)rre-de-fer. Car cette femme ét;:)it
gr;:)nde, élancée
et
s;:)ns
doute
;:)ussi
forte,
comme
une
b;:)rre
de fer
CTiegb;:),
Unlé)
La N;:)wr@
CH)
=
L;:)
Vérité
CKpand;:),
D;:)bu)
Glukayo
CH)
= L;:) Vél'ité est c;:)chee <Ahorokpa,
S~s5~ndra)
Amokue CH)
= C~est nous qui mourrons <Nieg;:), Sass;:)ndr;:)
Essis-Ny;:)m-Ogn-LO
<F)
=
Essis-Dieu-est-le-Responsable
<Gb'Jgbo,
D~bu).
,.


433
SECTION
l i
UN STATUT SOCIAL INFERIEUR
En termes
génér~ux
que
les
ch~pitres
ultérieurs
concrétiseront,
nous
entendons c~r~ctériser, d~ns cette ét~pe, p~r
r~pport •
ce que l~ littér~ture nomme c~det ~u sens sociologique le
st~tut soci~l
des
escl~ves dont le rituel d'introduction vient de
mettre en
évidence
cert~ins
compos~nts.
S'il
est
vr~i
que
l'~nthropologie ~ f~it un progrès considér~ble d~ns l'~n~lyse et l~
compréhension des sociétés lign~gères en emprunt~nt •
ces dernières
pour les
tr~nsformer
les
c~tégories
empiriques
de
leur propre
description,
il
est
non
moins
vr~i que cette origine ~,
en même
temps,
m~rqué les limites de leur v~leur opér~toire. Ces c~tégories
sont celles d'~îné, de c~det et de femme.
Dans l~
terminologie
de
cette
littér~ture
telle
que
CI~ude Meillassoux
l' in~ugure en 1960 (l',
l'aîné soci~l est
celui
dont l'~utorité sur le groupe de parenté
(sociale)
se concl~étise p~r
son raIe
d~ns
l~
distribution des produits du tr~vail ; quiconque
tr~v~ille pour l'~îné et lui remet le produit de son ~ctivité est un
cadet social
;
l~
femme en t~nt qu'épouse,
en position médi~te et
plus inférieure,
trav~ille
pour
son
époux qui remet le produit ~
l'~îné, lequel
redistribue,
soit
directement,
soit
par
l'intermédiaire des hommes m~riés.
Ch~cun de
ces
termes
pose
problème.
Dès
la
version
définitive de
son
Ess~i
d'interprét~tion du phénomène ~conomi9ue
~ les
so,.::iêtés
tr~ditionnelles
d' a'Jtosubsist~rl,.::e,
Cla'Jde
Meillassoux lui-même
revient
sur le terme de femme et le remplace
par cel'Ji,
plus
précis,
d'épouse.
Très récemment,
un collectif de
che r-cheur-s ~
l~epl~is
la
pl~oblématiqlJe de l' aînesse so,~i.;:Jle et des
générations en
commençant
p~r constater la polysémie
l~ notion
d'~îné qui
peut
désigner le chef de lignage,
l'ancien,
l'~ncêtre,
le père
ou
le frère ~îné (2).
Qu~nt à
l~ notion de c~det qui nous
importe ici
en
particulier,
elle
est tendue entre une ~cception
l~rge et une ~cception étroite. D~ns l~ première se trouvent rangés
.les cadets
p~rents (fils,
neveux,
frères),
les c~dets étrangers au
lign~ge et
~pparentés
(g~gés,
~drogés,
personnes-rép~r~tion5,
c~ptifs et
esclaves)
et
les
femmes
comme
"c~dets
de cadets",
L'~cception étroite,
génér~leMent
en us~ge, obéit. la sép~r~tion
des sexes
et
des
~ge5
les c~dets soci~ux regroupent ~lors les
c~dets p~rents
et
les c~dets ~pp~rentês, tous producteurs de sexe
masculin,
qui travaillent pour l'~îné.
Or ce
rapport de production,
énoncé ~insi sous une forme
très génér~le,
opère
la
réduction
de ce qui distingue en bloc l~
situ~tiDn des
escl~ves
de
celle
des personnes libres
: relations
so'.::i~les de
pr-oduc t i o n ,
mode
e"t:
dlJl~ée des pr-e s t a t i o ns , volume et
qu~litês des
biens redistribués et consommés.
Nous ~vons cru devoir
c~r~ctériser l'infériorité de la situation des escl~ves par un terme
rIOUVe~'J, le
tel~me
(je
tlf.~r~..l!ll!Li:._1J.
§'Q!:~i.:l-l, vu flue e.enj~min ét·:::ti.t dans
i
~-;.;'~~

-434
""-- --- --_._.. - ._--- _ .._- --~
L'Ancien Test~ment
le
dernier
fils
dans la descendance de J~cob.
1ais la
notion
de
benj~min~t n'implique pas seulement la dernière
)lace d~ns
une
hiérarchie
lign~gère,
.elle
comporte
deux autres
implications.
Elle
implique
d'abord
un
cheminement théorique qui
10it mener
du
statut
de
benjamin
vers
le statut de cadet et du
statut de c~det vers le st~tut ultime d'aîné;
elle implique ensuite
entre le
benjamin
et
l'aîné
une intimité préférentielle et quasi
symbiotique.
Or si le statut des escleves confirme cette infériorité
sociale que
suppose
le
benJaminat,
il exclut en principe et cette
symbiose et
cette
ascension.
En
conclusion
ce nouveau terme qui
s'inscrit dans
la
logique
de
l'idéologie
lignagère
nous ~ paru
inadéquat.
Les
esclaves
: ni cadets,
ni benJ~mins soci~ux, ~ cause
de trois
caractéristiques
qui
spécifient
leur
statut social par
rapport ~ ceux des cadets et des femmes.
- - - ---_._---
1. Pl"elllière ,.:~r~,;tél"isti9ue -'- la natJ.Jl"'e ,.:ontradi,.:toil"e de
leur ~ ~ personne-objet
Au contraire
de toutes les autres personnes étrangères ~
la parenté
biologique,
qui
accèdent
au
lignage,
les
esclaves
présentent deux
critères
distinctifs.
Le premier critère qui
les
spécifie c'est,
nous
l'avons
dit,
qu'ils
sont
des
étrangers
absolus.
L'esclave n'a pas perdu la solidarité de son lignage parce
qu'il y
a
délibérément
renoncé
comme
l'adrogé
ou
parce qu'un
contrat J'Jridique
le
constitue
remplaçant
d'une
victime de son
lignage dans un autre lignage comme
l~ personne-réparation;
il l'a
perdue par
exclusion
ou
par
arrachement
radical,
de
facon
définitive.
Aux
Côtés
du
gagé
et du captif,
étrangers relatifs,
étrangers ~ titre précaire et aux origines reconnues, aux cStés des
femmes entrées
par contrat matrimonial et sous la caution de leurs
lignages,
l'esclave
se
retrouve
dépossédé de ses lignages par la
,:ontl"ai nte et la l"éi f i':at ion m..u",:harlde.
Un s e cond
'~l"i tèl"e,
hétérogèrle au pr·é,.:édent, s' aJo'Jte au
pl"emier, '.::' est
q'Je
les
es'.:laves
sont
!d.!!
pl"odlJi t
du
tl"avai 1
communalJtaire ou plutôt équivalent du produit de ce travail.
L'idée
de ,.:hose
qlJi
leur'
est
app I iqlJée darls ,:e,"tai nes 9O,.::iétés,
et S'JI"
laquelle nous
reviendrons
dans
le
chapitre
XI
relatif
~
l'idéologie,
réfère ~ cette qualité de produit.
En un
premier
sens,
en
effet,
les
esclaves
en tant
qu'esclaves sont
le
produit
du
surtrav~il
des
cadets
sociaux
auxquels on
a
vite
fait
de
les assimiler.
Dans la métaphore de
l'organisme,
les cadets sont l'analogue de la main, 'comme les aînés
sont l'analogue
de l'oeil et de l'ou~e, organes du savoir et de la
mémoire plus
ou mo~ns profonds,
les femmes
l'analogue du ventre et
du coeur,
organes de la reproduction et de l'affectivité. Ce n'est
p~s un
hasard
si
l'image
de
la
production
de cette espèce de
richesse ne
réfère qu'~ la main. Dans les sociétés d'agriculteurs-
chasseurs ou
d'~griculteurs-pêcheurs, c'est l'énergie manuelle qui
prédomine;
or
les
cadets
représentent
calle-ci,
soit
qu'il
s'agisse de
défricher,
de
planter
et
de
récolter ou pêcher et
cueillir, soit
qu'il
s'~gis5e de chasser le gibier et de défendre
l~ communauté contre les f~uve5 et l'ennemi.
', ..

-435
-_.'- . __._._----_._.- ..•.
En un
deuxième
sens,
ce
procès
techno-économique est
.identifié
~
une
généalogie.
De même que l~ m~in de l~ potière est
la mère
de
son
ouvr~ge,
de même l~ m~in collective des cadets du
lignage est
le père et l~ mère de l'escl~ve dans son @tre-l~, comme
être au
monde
de l'esclavage et comme bien.
C'est pour cela, en un
troisième sens,
que les escl~ves, pour les c~dets leurs possesseurs,
entrent d'emblde
comme atomes d~ns le p~trimoine du lignage ~u même
titre que
les
terres
et
les
palmer~ies,
l'or
et le bétail,
le
numéraire et
les pagnes.
D~ns s~ polysémie,
la désignation ~ll~dian
de l'escl~ve,
confirme
cette contr~diction ontologique: owon-onon
(féminin owon-Yii),
homme/femme
de
l'ombre.
Sous
le
rapport de
l'être, comme
l'ombre ~ un corps,
l'escl~ve représente un ~ccident,
une doublure
du
m~ître
sous
le
rapport
du
pouvoir,
il est
~ssl_Jjetti à. ,.:e
der'nier,
mise SOIJS. S;;) domin~tion,
~'son ombl~e
; en
termes existentiels
et
économiques,
il sert ~ faire de l'ombre au
m~ître, qu~nd
il lui "permet de rester ~ l'ombre de s~ c~se, de ses
~rbres, de
ses biens"
(3),
qu~nd il signifie l~ puiss~nce du m~ître

l'extérieur d~ns l~ société.
2.
Deu:<ièftle cal~a,.::tél~isti9IJe _ le p~l~adoxe d'J pal"ent
p~IJvre .
F~ce ~
cette contradiction essentielle,
instaul"atrice de
division,
comment construire une parenté soci~le, gage de l'unité et
de cohésion
du
lignage? Est-ce possible? Tel est le problème qui
se pos~it
aux
autorités
lign~gères.
La
réponse,
en
terme
de
compromis,
seule
réponse possible, destinée ~'occultel", ~ atténuer,
sinon. réduire l~ contr~diction, consiste en une série de fictions.
La première
fiction
idéologique,
on
l'~
vue chez les
Odjukru,
c'est
le rite destiné ~ exorciser l~ relation march~nde de
sa présumée
m~lignité
et
~
gommer
le
stigm~te
de
la choséité
attachée ~
l'esclave. L~ deuxième fiction est celle de l~ filiation
qui s'~chève
par
l;a
dation
du nom:
en vertu du rite,
l'esclave,
"mort" ~ sa société d'origine et "ressuscité" dans l~ société de son
maître,
se voit iMposer une parenté d'emprunt avec père,
mère,
frère
et soeur,
oncles,
tantes
et
grands-parents.
L~ troisième fiction
opère dans l'ordre politico-religieux : le contact rituel avec l'eau
et le sol est censé entraîner une ~ppartenance au village,
sinon une
vraie citoyenneté.
Or le
résultat
le
plus
clair
de
ces
opérations
idéologiques, c'est l'institution d'un parent définitivement pauvre,
paradoxalement le
plus
pauvre
de
tous les parents,
un parent qui
n'en est pas un.
En société lignagère, on n'est pauvre au sens socio-
économique que si son lignage l'est.
Or l'esclave annexé,
~ l'instar
du travailleur
sal~rié dont Karl Marx dit quelque p~rt qu'il est un
pauvre potentiel
et
autrement
que
celui-ci,
est un pauvre réel,
dess~isi de
sa force productive par l'aliénation,
alors même que le
lignage qui
l'a acquis e~t un lignage riche.
Ce paradoxe est apparu
~ Marc
Augé
chez les Alladian sous la forme d'un cumul des statuts
de neveu
et
de
fils
vidés de leur contenu positif,
-
les droits,
expression Juridiques
des
avantages
économiques
et
sociaux - et
remplis de
leur
contenu
négatif,
les devoirs
(4).
S'y retrouvent
,.: .....-:: ",

436
~éunies l~ dépend~nce p~triloc~le et la dépendance matriliné~ire que
~ierre-Philippe Rey
découvre
d~ns le st~tut de l' ifula,
descend~nt
d'une esclave
en
p~ys
punu.
et kuni du Congo
(5).
Sous l~ tutelle
Monopolistique du
fictif
"m~tri-p~trilign~ge",
on pouvait mettre
l/escl~ve en g~ge, on pouv~it le revendre,
on pouv~it le c~s éché~nt
l' immoler l~

l~ coutume existe. Atome de patrimoine,
il n'av~it
pas ~ccès
~
l~ succession directe et ~ l'hérit~ge. S~uf exception,
il ne
conn~ît
p~s
le
m~riage
comme
union rituellement nouée et
assortie de
compens~tion
m~trimoniale.
Il
n'est
p~s
Jusque
sa
citoyenneté, quand
elle
est
octroyée
comme c'est le cas dans les
classes d'~ge
odJukru
et
~lladian
qui
ne
soit une consécration
inauthentique parce
que
limitée.
Ce
statut
correspond bien ~ la
place et
~u
rôle
un peu à part que les esclaves occupent dans les
rapports de
production
en
tant
qu'énergie productive ou outil et
darls les
T'-appO\\~t5 de?\\~ol':H~éatioTl-erl t~rl.t r.lIJ'érle\\~gie \\~epl~odIJ,=tive OIJ
organe,
bref exploité absolu.
Un 6bservateur
contemporain,
le
Commis
des
affaires
indigènes,
Aubin,
avait reconnu cette contradiction du parent pauvre
~ propos
des
OdJukru
"Il
n'existe pas de parenté artificielle
(entendons:
pour lui). Bien que les escl~ves appellent leur maître
"Père",
ils
n'ont aucun droit et sont toujours considérés comme des
étrangers à la famille"
(1902
: 441).
3. Troisième caractéristique _ l'obJet d'exploitation
Une fois posée l'hypothèse que le matérialisme historique
a quelque
chose
~ voir aussi avec les sociétés humaines autres que
les sociétés
capitalistes
et
européennes ... ,
la
question
de
l'exploitation dans
les
sociétés
lignagères
apparaît
comme
une
question encore
problématique
qui
appellent
différentes réponses
selon le concept d'exploitation mis en oeuvre,
selon que l'on sépare
ou associe
exploitation et classe sociale,
selon que l'on sépare ou
associe classe
sociale
et
Etat.
A ce Jour,
à
notre connaissance,
trois thèses
toutes
d'inspiration
marxiste
prévalent
qui ont en
commun de
dissocier
mode
de
production li-Jnager et Et~t et de ne
faire aucun
sort
particulier
~
la
situation
des esclaves.
Sans
prétendre' une histoire de cette question,
dont ce n'est pas ici le
lieu,
quelques ~uteurs nous serviront à illustrer ces thèses.
3.1.
Thèse de l'e:<ploitatiorl et des ,=lasses so,=i~les
Cette thèse
présente
deux
variantes,
l'une radicale et
absolue,
l'~utre rel~tive.
~ -
C~s des sociétés lignagères m~rquées p~r la tr~ite :
,=l;;)sse des
aînés et cl~sse des cadets. G.
Dupré et P,Ph.
Rey
(1967-
1980) .
Georges Dupré
et
pierre-Philippe Rey,
sont les premiers
qui,
critiquant
les
travaux
d'anthropologie
économique
de leurs
dev~nciers, en
part~culier
Cl.
Meillassoux,
ont inauguré dès 1969
darrs les - F.:éfle:Üons
~
l~ Pe\\~tirlerl'.~e d' IJr~~_ :théO\\~ ie de l' hi stoil~e
des t'~.:h~1.r!.ili~2. (6),
la thèse \\~adi,~~le de l' e xp Lo i t~jtion et des ,.::lasses
s oc i e Le s .

- - - - - - -
..
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CI ......
177-178>
Considérés au
niveau
des
sociétés lignagères globales,
les aînés
et
les
cadets
constituent
en
effet
les deux grandes
classes sociales
dont
la
première
domine et exploite la seconde.
Cette domination
s'effectue
d'abord
par
le
contra le
de
la
l'eproduction démographique. Ce sont les aînés qui,
collectivement et
solidairement,
contrôlent
les
échanges
de
femmes,
les mariages,
accélérant ou ralentissant par l'octroi d'épouses l'accès des cadets
~ la
condition
de l'émancipation,
la conditioTI de mari et de père.
Ce sont encore eux qui, collectivement et solidairement,
par la mise
en esclavage
des
cadets
et
l'incol'poration des esclaves dans les
lignages,
contrôlent
la
redistribution
des hommes,
producteurs et
reproducteurs,
entre
lignages
démographiquement
forts et lignages
démographiquement faibles.
Cette domination s'effectue ensuite ~ar le contrôle de la
'eproduction des conditions de la production. Cette reproduction est
~ssurée par
les deux formes de contrale que nous venons d'indiquer.
~lle est
assurée également par le contrale des moyens de production
:ollectifs
la terre et l'outillage.
L'assure enfin le contrale de
La guerre,
complément
nécessaire
mais
secondaire
de
l'échange,
~arantie de
la
préservation, de l'indépendance et de la hiérarchie
lnterne des sociétés (8).
Or pas d'échange des hommes et des femmes' sans éch~nge de
liens.
Les
biens
associés
à
ces
échanges
et
circulant en sens
Inverse des
personnes
ét~ient
des
biens
de
prestige,
biens
;pécifiques qui ne circulent qu'entre aînés
(objets de métal,
pagnes
,récieux,
colliers
et bracelets,
bétail,
esclaves>,
biens qui sont,
oit des
biens
de
consommation,
soit
des
biens
de
production
térilisés en
trésors,
soit des biens de production. Cette forme de
urproduit provient
d~
facon
partielle
ou
totale,
directe
ou
ndirecte,
du
surtravail
des
cadets
et
des femmes.
Il y a ainsi
xploitation des cadets par les aînés.
L'extorsion du surtravail est
ien visible
dans
les
mariages qui exigent une dot comme chez les
sangui,
les Punu et les Kuni du Congo.
Mais on peut en voir l'effet

••
438
-- ------~_.--_._--~~- -- .....
êg~lement, alJ
sein
des so~iétês o~ s'ê~hangent les femmes telle la
so~iétê gangam
du
Nord-Togo,
dans la con~entration des femmes aux
nl.::lir,s des
aînés
de
,.:haq'J,e
gl"OIJpe
des
siblirlg5 OIJ dlJ gl"OIJpe des
siblings issus
de
la
premi~re
femme d'un homme et dans le retard
d'au moins
quinze
ans
apporté au mariage des frères ~~det~, Cette
extorsion détermine
la
division du travail par sexe et la division
fondêe sur
l'~ge
social
en
assignant la pla~e de ~ha~un d~ns les
rapports de
~oopêration
(te~hnique>. La soumission des produ~teurs
n'est pas
seulement
formelle,
elle
est
aussi
réelle
: ~ar les
rapports d'extorsion
détermine toute mutation te~hnique laquelle se
développe en renforcant l'extorsion
(9).
Si tous
les
~adets
sont destinés en principe ~ devenir
des aînés,
peu
dans la réalité ac~èdent tardivement ~ ~e statut et
ch;;:mgent en fait de ,~lasseso~iale:. -A.IL total l~stern\\es d' aîrlé_et de
~adet apparaissent
inadéquats
pour
dé~rire
les
rapports
d'exploitation et
les
véritables
supports des fon~tions de ~lasse
~omme par
exemple la reproduction.
La structure de classe oppose en
fait le
chef
de
lignage
~ tous les membres du groupe patrilo~al.
L'antagonisme entre
les
deux
~lasses
so~iales est vérifié ~ deux
o~~asions dans
l'histoire: quand survient une innovation te~hnique
porteuse de
nouveaux
rapports
de produ~tion (exemple de l'igname,
~ulture ~oopérative
des
Jeunes
qui finit par être en~adrée par la
~ulture de
mil,
culture traditionnelle,
au XVIIIe siè~le, ~hez les
Gangam du
Nord-Togo>, quand un nouveau mode de pradu~tion extérieur
impose sa loi
(exemple de l'arachide que le ~olonisate~r francais ne
put réussir
~
faire ~ultiver ni par les aînés ni par les ~adets en
pays t';angam>
(10).
A ~ette
these, E.
Terray qui, après l'avoir combattue en
1969 (11),
s'y
est
rallié
dans son autocritique de 1977, apporte
trais ~omplêments
théoriques
(12). En premier lieu,
il y a lieu de
distinguer le
concept
large,
léniniste,
de classe sociale, ~omme
groupe d'hommes
o~cupant
une
pla~e
déterminée dans la produ~tion
sociale et le concept étroit de la classe comme terme d'IJne relation
d'exploitation;
l'exploitation
désigne
le
prélèvement
far~é et
l'appropriation du
surtravail
des producteurs directs par des non-
producteurs,
indépendamment de l'utilisation de ce surtravail ; dans
le premier
~as,
les
classes sont universelles ~ tous les modes de
produ~tion ; dans le second ~as, elles sont parti~ulières ~ certains
modes de
production, modes de produ~tion que l'on peut ~lasser eux-
mêmes 'selon
le mode de recrutement des membres et selon la forme de
l'exploitation. Dans
le
mode de production lignager le recrlJtement
des classes comme termes d'une relation d'exploitation est fermé
au sens
00
il est prédéterminé par des différenciations naturelles
ou socio-historiques
sexe,
~ge,
parenté
;
les
~lasses
se
~onfondent ave~
les
sexes,
les
générations,
les
~atégories
de
parenté, au
sein
des
~ommunautês
~on~rètes,
ob les antagonismes
so~io-ê~onomiques, lisibles dans les querelles de su~~ession et dans
les pro~ès
de
sor~ellerie,
sont
traversés
par
des antagonismes
n ;:) tJJ 1" e 1 s .

-439
_._--
-~
-"----- ._-------- - - - - .
En deuxième lieu,
cette exploit~tion, uniforme et st~ble,
détermine des
cl~sses
"en. soi", certes ~nim~es de r~volte qu~nd il
le f~ut,
mais
dont
les
luttes
restent
locales,
fragmentaires,
épisodiques,
défensives
;
ces
classes
ne
se
posent
pas
nécessairement comme
classes "en soi", conscientes de leur identit~
et de
leur
unité,
~ptes à
l'initiative d'ensemble ~u niveau de l~
société globale,
cor.tre
l~
cl~sse dominante,
bref cap~bles d'agir
sur le
cours
de
l'histoire comme forces historiques. En troisième
lieu,
l'enfouissement des classes d~ns des structures prédéterminées
explique la
nature,
les formes et l~ portée des conflits,
l'~bsence
d'Et~t et
l'impossibilité
d'un
~ffrontement
gén~r~lis~,
une
r~volution. Le
dépassement
des contradictions inh~rentes ~ ce mode
de production
ne
peut provenir que d'une évolution des rapports de
production, -
soit
p~r
l'esclavage,
soit_
la
str~tific~tion des
lign~ges -
ou que de l'action d'un mode de production étranger
(13).
b - Cas des sociét~s lignagères préserv~es de la traite :
classe des
femmes
et
classe
des
hommes. Cl. Meillassoux
(1975),
.J .P.Dozon
(1985).
Selon Cl. Meillassoux (14), c'est à tort que le précédent
groupe de
chercheurs,
en
partant
de
sociétés
lignagères
différenciées par
l~
traite négri.re, croit découvrir exploitation
et classes
entre
aîn~s
et
cadets,
au
sein
de
l~ categorie des
hommes.
Dans les
sociétés
domestiques
ainsi
nomme-t-il les
societés lignagères
en
tant
que
leur
mode
de
production
est
domestique,
ay~nt
pour cadre et base la communauté domestique -
les
aînés détiennent
bien
un
pouvoir
qui
repose sur le contrale des
moyens de la reproduction humaine:
les subsistances et les épouses.
Hais joue
ici
une simple loi des avances et des restitutions : les
producteurs restituent
à
la communauté la part qu'ils ont consommée
dans leur
vie
de
préproductifs
afin
qu'elle
soit utilisée ~ l~
formation des futurs producteurs;
ils font ~vance de l~ part qu'ils
consommeront ~ l'~ge postproductif. Les aînés ne sont tels que parce
qu'ils ont
obéi à cette loi;
ils ne se perpétuent que p~rce qu'ils
donnent aux
cadets
le
moyen
de
leur
reproduction
et
de
leur
émancipation:
une
épouse.
On
ne
peut parler ici d'exploitation
parce que
la
redistribution
des
subsistances
et
des epolJseS ne
s'effectue pas
de
facon
organisée au détriment d'une fraction des
hommes. Et
on
ne
peut
non
plus parler de classes sociales parce
qu'il n'existe
pas
d'organisation
"institutionnelle"
tendant
~
entretenir et
~
reproduire
l'ensemble des aînés face ~ l'ensemble
des cadets. Les cl~sses sociales ne sont ni des classes dJ~ge ni des
classe sexuelles.
Elles
sont
des
groupes
sociaux
org~niques,
fonctionnellement situés,
interdépendants
et ayant chacun son mode
propre de reproduction.
Je~n-Pierre Dozon
(15)
appuie la critique de Meillas50ux
par deux
arguments.
D'une
part,
il
relativise le surtr~vail des
cadets en le rapport~nt à deux sources : une p~rtie prlncip~le vient
des femmes,
une
p~rtie
secondaire,
issue des c~dets, n'est, comme
dirait P.Ph.
Rey.
qu'une extorsion nécessaire,
liée au rapport de

- ---- .. -----~----
d~pendance lignager
;
en
outre,
ce surtravail n'induit pas ce qui
produit et
reproduit
une ~raie classe soci~le : l'accumulation des
richesses.
D'autre
part,
l'~uteur
récuse
un
concept
de
classe
sociale identifiée
essentiellement
dans
l~ sphère des échanges et
dont les ressorts concrets de perp~tuation, en particulier au niveau
de la représentation,
restent ~ élucider.
Pour l'un
et
l'autre
chercheurs,
cependant,
seuls les
hommes et
les
femmes
s'opposent
comme exploiteurs et exploitées,
classe dominante
et
classe
dominée.
Les
femmes
sont
en
effet
assujetties ~ deux formes d'exploitation que systématise Meillassoux
(16). Dans
la
division
du
travail,
l'exploitation de la femme se
mesure au
temps
de
travail qu'elle fournit sans contrepartie ~ la
'':onlnllJnalJté et . '-que
gère· l'-ép.oIJl{ OI,J l' a'îné. Cette exp Lo t tation pelJt
être att~nuée
par
la
petite
agriculture et -
ajoutons -
le petit
commerce dont
le
fruit
lui revient ou par le temps de tr~v~il que
les fils non-mariés lui consacrent ; mais ce dernier bén~fice ne lui
est pas
acquis
de
manière
aussi
permanente et obligatoire qu'il
l'est ~
l'homme
géniteur.
La seconde forme d'exploitation consiste
en la
dépossession
de
progéniture dont la femme est l'objet quand
les droits
sur la progéniture p~sse par les hommes.
Dans le premier
cas, elle n'a pas de statut de productrice,
malgré son raIe dominant
d~ns l'agriculture; aussi bien est-elle exclue du cycle des ~vances
et restitutions
qui crée le rapport collat~ral. Dans le secorld cas,
pour elle les rapports de filiation sont subordonnés aux r~pports de
conjugalité et,
lorsqu'ils
sont reconnus,
ne le sont que de mère ~
fille.
Le
mythe bete de lague~re
entre les sexes et de l~ d~faite
des femmes
qu'an~lyse J.P.
Dozon
(17)
confèrerait ~ cette division
sociale son
caractère
de
stratification
inaugurale
oÙ la lutte
demeure perpétuelle entre les sexes.
3.2. Thèse de l'exploitation ~ ,.:lasses _ !:L.. Sr.lhlins
(1968),
~ Testart
(1985)
Avec des
arguments
différents,
un
~utre courant moins
radical nie
l'existen~e des classes sociales tout en reconnaiss~nt
la réalit~
de
l'exploitation
comme
extorsion de surtravail.
Pour
Marshal! Sahlins
(L'économie
tribale,
1968)
; Age de pierre,
Sqe
d'abondance,
1976),
qui
intègre
chefferies
et
formations
segment~ires SOlJS
le
concept
de sociétés tribales, ce sont,
d'une
part l'~ccès
g~néral
r.lUX
moyens
de
production
(la
terre
en
p~rticulier) et, d'autre part le mode domestique de production et de
consommation qui
rendent impossible la str~tification de la société
en cl~sse
indigente
et
classe riche,
même l~ ob les Grands hommes
iBig men)
opèrent
l'extorsion
d'un surtravail ~ leur supporters;
car il
arrive
que
le
Grand
homme
(Big
man),
astreint
~
la
redistribution généreuse
qui
fait
son renom,
soit plut6t exploité
par la
cOMmun~uté
(18).
Toutefois,
si
la parent~ comme relation
sociale de
réciprocitd
ou de secours mutuel commande moralement la
pratique de
l~
générosité~ cette
morale masque et sanctionne des
inégalités matérielles
que
l'idéal
de réciprocité prétend nier et
gommer.
Nous
avons
par
conséquent
ici
affaire
~
une idéologie
21nlbi.gl.Jë.
La
l"'é,.::ipl"'O'.::i.té
est
la
"''::;;.ltégol"'ie
irldigène"
de
l'exploitation
(19).
---- ..Tc
.•

---'"
Telle est
;;)IJssi
1;;)
co nc l us Lon d' Al;;)in Test;;)l~t. D;;)ns Le
communisme primitif
(20),
cet
;;)uteur distingue p;;)rmi les sociétés
primitives
premières
d;;)ns l'histoire et $;;)ns Etat -
un groupe de
sociétés $;;)ns
exploit;;)tion
(1;;)
société communiste primitive et 1;;)
société fondée sur l'appropri;;)tion p;;)r le tr;;)v;;)illeur).
et un groupe
de sociétés
~
exploit;;)tion
limitée,
p;;)rmi
lesquelles 1;;) société
lign;;)gère,
dont
le mode de production est lign;;)ger.
Considérant les
sociétés lignagères,
et,
en
p;;)rtant
du concept de rapport soci;;)l
fond;;)mental,
;;)utre
formulation du r;;)pport de production fondamental
de Ter;;)y ou du r;;)pport de production déterminant de Rey,
il conjugue
1;;) division vertic~le du mode de production lignager
(aîné/cadet)
et
la division
horizontale
(lignage/lign;;)ge).
Est
rapport
social
fondament~l le
rapport
de forme générale,
;;)ntérieur logiquement et
historiquement,
qui
conditionne
le
rapport
de
production
et
détermine l~
possibilité de l'extorsion.
Dans le mode de production
féodal,
c'est le rapport de dépendance personnelle;
dans le mode de
production capit~liste,
c'est le r~pport m;;)rchand ; dans le mode de
production lignager,
c'est un autre rapport
le rapport de parenté.
Ce r;;)pport
de
parenté
s'impose
d'abord
comme
un
rapport
de
dépendance hiérarchique
dans
le
lignage,
unité autonome face ~
d'autres unités
homologues,
l';;)îné
qui représente l~ collectivité
occupe une
position
supérieure
et
dominante.
Ce rapport s'impose
ensuite comme
une
relation
réciproque
en
contrep;;)rtie
du
surtrav;;)il du
cadet,
l'aîné
gère
le
bien
commun,
pourvoit aux
intér~ts collectifs,
procure
une
épouse ~ chaque adulte. Or cette
réciprocité s'avère
fausse
et
illusoire,
puisque l'aîné,
lui,
ne
produit rien,
ni le stock de biens,
ni les femmes pour lesquelles il
acquitte les compensations 'matrimoniales en échange du surproduit du
cadet.
Aussi
bien le mouvement horizontal des biens qui assurent la
circulation des
femmes
le
fait de l'exogamie -
n'est-il pas la
cause du mouvement vertical,
de l'exploitation; au contr;;)ire,
comme
prétexte et
Justification
idéologique,
il
masque
le
r;;)pport
d'exploitation qui est premier.
Hais s ' i l y a exploit;;)tion,
il n'y a
pas nécessairement classes sociales,
d'une part parce que le rapport
de parenté détermine uné division de la société qui~st hétérogène ~
la division
entre
exploiteurs et exploités,
d'autre part parce que
cette exploitation
est
limitée,
dans
le
double
sens
du
mot
limit~tion
frontière au-deI' de laquelle il est interdit de passer
et modération.
Il
en
est
de
m@me
des
rapports entre hommes et
femmes
. ' .
e ..... q .....
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c_.: ~
_Hp 1 ~ q~._
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1.. _HI~1o:L1:'.i':.D'·.
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1 ..

;,..------------_...._--------_~_-----_. __•.._....•.-
d _
1·_Hp1a~~_~~on
dom __ ~~qu_
PU
p_~r~urc1._
dw
1~
~_Mm_.
~1
.~_~~~
d ' u n
r.ppDr~
d .
p.~_n~~
p . r
_11~_n~_,
1 .
__
L_
r . p p a r t
d_
p.r_r.~~
q~~
_H~_~
n~r_
1'_Hp1o~~_ur
_ t
1'_HP1Q~~• • _.u~_
q u _
1'_Hp1o~~.~~a~ n _
p_u~
d.p_._.~
u n _
ur._
1;1.",:I.'t_
1 .aq .... _ 1 1 . _
p."" 1:'
••
(21) •
3.3.
Thèse ni'11nt et l' el·:eloit~tiorl et les ,:l'11sses
. ··--'So"c·iat~-,- tl...l.. G09_tliel: <1965-1982)
Une troisième position est représentée p'11r des chercheurs
comme Maurice
Godelier.
Celui-ci
récuse
les
deux
précédentes
positions et
leurs
v'11riantes,
en p'11rtant d'une hypothèse générale,
celle de
la
dette.
Toute
domination
se
perpétue
en raison des
f o nc t Lo rrs
so,.:iales
qlJ' elle
.;)':,:omplit.
Ici
,:omnHf;
'!Iille'JI"s,
les
dominés apportent un consentement actif ou passif ~ la domin'!ltion en
éch'!lnge des services que les dominants rendent ~ l'!l communauté
(22).
Qu'il s'agisse
des
sociétés
lignagères
de
la région qui est son
terrain de
recherche
(Océ'!lnie),
ou
qu'il
s'agisse
des sociétés
lignagères d'Amérique,
d'Afrique
et
d'Asie,
Godelier
reconnaît
qu'elles ne
se
réduisent
p'!lS
~ des économies d'auto-subsistance,
qu'elles pr'!ltiquent peu ou prou l'échange '!Ivec des sociétés voisines
et qu'elles
dégagent
un
sur
plus,
produit d'un surtravail.
Mais
l'existence de
ce
surplus
n'au
torise
pas une interprét'!ltion en
termes d'exploit'!ltion
et de clas ses.
L'exploit'!ltion réside non pas
d'!lns le
mode
d''!Ippropriation
du
surplus,
ni dans le mode de son
utilisation,
m'11is
dans
un éch'11nge inégal.
"L'exploit'!ltion commence
lorsque l'appropriation du surplus est effectuée s'!lns contrepartie",
encore qu'il soit difficile de déterminer le point ob une commun'!luté
commence de
subir
(23)
l'exploitation
de l'!l part de ceux qui o~
mission de
la
servir.
Or
ce
surplus sert '!lUX fonctions sociales
nécessaires ~
la
reproduction
de
1'11
collectivité
fonction
religieuse,
fonction politique de représent'11tion et de défense ...
D''!Iutre part,
malgré
les
apparences,
nous n'avons pas
affaire ~
des
cl'!lsses sociales opposant aînés et cadets,
ou hommes
et femmes.
Les sociétés comme celle,
matrilinéaire,
des Trobriandais
montrent que
lorsque,
par
la
naissance,
les
groupes
dominants
contraient la
répartition
des produits de travail et de l'échange,
il se
trouve qu'ils n'ont aucun contrale particulier sur les moyens
de production.
Lorsqu'ils
contraient les instruments de production
et la répartition des produits du trav.;)il comme c'est le cas dans la
société Tikopia,
on
voit
ces
dominants
prendre l'initiative des
activités productives
(agriculture,
pêche),
on les voit diriger
les
activités commun~utaires
et
par
conséquent
y prendre directement
part
(24).
En
raison
de
cette
partjcip'!ltion
aux
activités
productives qu'on
trouve
en vigueur aussi bien chez les Baruya qlJe
chez les
Guro,
les hommes,
même les plus grands d'entre eux,
ne se


mnS'men

-
séparent pas
fondamentalement
des
femmes
comme
classe
sociale
opposée,
même
si
chaque
sexe occupe dans le procès de travail des
places différentes,
et
même
si,
globalement,
les femmes restent
subordonnées aUx
hommes
sur
le
plan
économique,
politique
et
idéologique
(25).
Il
Y
aurait
des classes si des groupes sociaux
formés d'hommes
et
de femmes,
occupant des places spécifiques dans
le procès
de
production,
étaient
dépossédés
de
leurs conditions
matérielles d'existence
et
fournissaient
leur force de travail b
d'~utres groupes
sociaux
qui
les
faisaient vivre et auxquels ils
restaient assujettis du point de vue politique et idéologique
(26).
Un fait
semble
résulter
du
débat
théorique dont nous
venons de
résumer
les
principales positions,
c'est que la plupart
des chercheurs
d'inspiration
marxiste
inclinent
~
admettre
la
r4alité de
l'exploitation
dans
les
sociétés
lignagères,
même si
apparaissent des
divergences
quant
aux
victimes,
au degré et aux
conséquences de
cette
exploitation.
En
plein
accord
avec cette
tendance,
nous
ne
partageons
cependant
ni
tout
le
champ
d'application du
concept
ni toutes les conséquences qui en ont été
d4gagées.
En
effet la mise en oeuvre de trois emplois différents du
concept d'exploitation
a
abouti
è
des
résultats
p~radoxaux
et
contradictoires qui,
il est vrai,
maintiennent le débat très ouvert.
Les chercheurs
qui
oeuvrent avec un concept d'exploitation dans le
sens de
l'appropriation
sans
contrepartie
sont
divisés
aux
conséquences de
son
application : Meillassoux voit dans les hommes
et les
femmes
des
sociétés
lignagères de type patrilinéaire deux
classes sociales
opposées,

où GodeJier les nie fermement.
Ceux
pour qui
exploitation
égale extorsion de surtravail ne s'accordent
pas sur
les
questions
de savoir si extorsion et exploitation sont
deux notions
distinctes,
ou une seule et même notion comme nous le
pensons,
avec
cette
différence
que
la première marque le rapport
coercitif qu'implique
la
domination selon l'insistance du Capital,
et la
seconde,
le
procès
et
son
résultat,
si
l'extorsion
du
surtravail vaut
comme
définition
absolue
indépendamment
de
l'utilisation qui
est
faite du surproduit,
ou au contraire si elle
est une
définition
relative indissociabl~ comme nous le pensons de
la destination
sociale
du
surproduit
qui
peut
être
ou
non
l~edistriblJé, si
enfin
l'e:·:ploitation indl..lit,
en vel~tu d' un~ simple
nécessité logique,
l'affirmation
de
classes
sociales,
et dans ce
dernier cas, de combien de classes la théorie doit de se prévaloir.
Dans la
controverse le statut épistémologique du concept
de classe
sociale
n'est
pas
demeuré
figé.
La
deuxième
et
la
troisième thèses
réfèrent
~ une conception économique et orthodoxe
de
la
classe
sociale,
enccire
que
les
emplois
du
concept
d'exploitation soient
divergents,
Oans
le premier cas,
le concept
est Jugé
inapplicable,
parce
qu'il
n'y a pas,
comme c'e
le cas
dans le
mode
de
production
capitaliste,
homogénéité
,tre
la
division sociale
entre aînés/cadets et la division économie entre
exploiteurs et
exploités.
Oans le second cas,
il est inap
ic~ble,
parce que,
dans
le
procès de travail coopèrent ~ la prodlction du
';.I.J'~pJ.IjS Le s
~..)înés
et
les
c ade t s ,
l€~,,;
r'I()OlI~leS
et les f
lnles.
La
première thèse
~u
contr~ire
nous
offre
un
emploi du c
en
corrél~tion - on ne 1'~ pas suffisamment souligné ~ notre

avec un
nOIJVealJ
!Ye.!t
9,g, ,,:lasse s oc t e le . D'un ,.::ôtê, donlinarlts, les
chefs de
lignage,
aînés
qui
contrôlent
moins
les
moyens
de
production au
sens
étroi~ que
les
moyens
de
la
reproduction
démographique,
c'est-~-dil~e la circulation des hommes,
des femmes et
des biens
de
prestige
de
l'autre eSté,
les reproducteurs
producteurs:
les cadets,
les femmes,
les enfants,
les esclaves.
On voit
qu'au
coeur du débat se trouvent deux questions
fondamentales
la question du surtravail,
la question du statut de
l'aîné comme
non-producteur. Ce débat roule sur au moins trois ères
de l'évolution
des sociétés lignagères
: l'ère d'avant le commerce,
l'ère du commerce anté-esclavagiste,
l'ère du commerce esclavagiste.
Il concerne
tous
les
types
de
société lignagère : agriculteurs,
pastelJrs ,·p~,.::hel.H"·s.
Pour- las.._so,:iété!;i.. d' a9'~i''::IJltelJl~S et de pêct"le'J'~s
que nous
considérons et ~ l'époque du commerce anté-esclavagiste et
du commerce
esclavagiste

nous
les
considérons,
la portée de
l'exploitation et
ses
·conséquences
constituent
une hypothèse sur
l'époque antérieure.
Troi s l~enlarqlJes
d'ordre
:nêthodo 1og i que
peuvent @tre faites.
Dans le
régime de la parenté classificatoire qui était la
leur,
un
premier
fait
est
remarquable,
c'est
la complexité des
rapports sociaux
de
production
q~e
les oppositions cadets/aînés,
hommes/femmes n'épuisent pas.
En premier lieu,
au sommet des lignages,
les aînés sont de
deu:-: sOl~tes
l'aîrlé nonlirlal et l'aîrlé ~ qut a l'effe,.::tivité dlJ
pouvoir économique
et
social
le
premier en général a pour lui
l'~ge ou
la
légitimité
historique
ou
politique,
le
second
l'authenticité et la matérialité du pouvoir.
En deuxième
lieu,
l'aînesse n'est pas contradictoire avec
le statut
de
c ade r ,
ave c
la,.::adét'Jde,
si l'on nOI.Js alJtol~ise ,.::e
néologisme. Dans
chaque
aîné,
il y a un cadet en m~me temps,
mais
non sous le m@me rapport,
un cadet latent ;
l~aîné du matrilignage A
est cadet
latent
du
matrilignage
B
de so~ père,
il lui doit des
obligations ~ vie qui s'amenuisent matériellement mais ne s'annulent
jamais, puisque
son
fils
en
est
l'héritier
; de m@me l'aîné du
patrilignage,
en tant que neveu des hommes du village de sa mère,
doit des
obligations
perpétuelles
aux
paternels· et agnats de sa
mère.
Dans
le
cadet,
de
même,
gît
une
aînesse
latente qui se
manifeste en
obligation,
soit envers les descendants nés des homm~s
du matrilignage,
quels
que
soient
leur
~ge
dans
les
sociétés
matrilinéaires,
soit
envers
les
neveux,
descendants des femmes du
village dans
les
sociétés patrilinéaires;
l'aîné latent bénéficie
sous forme de prestations plus ou moins symboliques des prérogatives
attachées ~ son statut.
En troisième
lieu, parmi les aînés prennent une place de
fait deux
sortes
de
femme
les soeurs ~gées qui réintègrent le
groupe lignager
ou groupe patrilocal,
et surtout,
ainsi que nous le
montrerons tout
au
long de l'étude,
les épouses principales ou les

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - . . . . . - _ - - - , - ,..=-;-_...,.._..,.,.,=
..._~••~--~~.~~------_._-_.~ ..
- -- ~---_.- -,.-.._-- ~._.-._.- '- -_....
1,.
grandes épouses
zoada
bete
ou
vuwo-rêninon
ab@ - Libérées en
p~rtie du
trav~il,
~y~nt
des
serv~ntes
propres,
commerçantes,
gardiennes, non
seulement
d~s
greniers,
m~is encore du trésor ~es
époux souvent,
ell~s disposaient de gr~ndes richesses personnelles,
pourvoy~ient en
nouvelles épouses, p~rfois en esclaves, leurs maris
et leurs
frères,
assurant ainsi la 'circulation des personnes et des
biens de prestige. Les Kweni,
les OdJukru et les Bete leur confèrent
le nom
signific~tif
de
"femme-homme"
li90né,
yow-i9n,
wron-
nyibêlo, c'est-~-dire
femme
qui
a
acquis
ou
conquis de fait le
statut d'homme. D'autre part, en même temps que certaines femmes
occupent des
positions d'hommes dans les rapports de prod'Jction,
la
relation homme/femme
sert
de
langage
de
la
domination
et
de
l'exploitation des groupes d'hommes par d'alJtres dans les sociétés ~
classes d'~ge par exemple <Odjukru).
Cette complexité essentielle des rapports de production ~
des conséquences
sur
l~ théorie de l'exploitation et des classes.
Une théorie
de
l'exploi~ation
doit
prendre
en
compte, ce nous
semble,
le
fait que dans les groupes patrilocaux, ce n'est p~s une
rel~tion de
domination,
mais ce sont qlJ~tre relations au moins qui
déterminent le
surtravail
selon
l~
catégorie
de
dépendant
considérée;
elles
ont nom : solidarité parentale <cadets sociaux
parents>, affinité
<épouses),
convention
<personnes
en
gage,
personnes ~drogées,
personne~
de
substitution>,
contrainte
<captifs,
esclaves>.
L~ solid~rité
p~rent~le
s'enracine
d~ns
une
sorte
de
contrat social
de
car~ctère
politico-religieux.
De
la
théorie
philosophique de
Jean-J~cques Rousseau
(27), trois idées du Livre l
conviennent à
notre
propros : l'idée que l'acte mondateur du pacte
social renferme
un
engagement
réciproque
entre
commlJnauté
et
particulier <Ch.
VII>,
l'idée que l'acte d'~ssociation produit une
communauté morale
<Ch.
VI> et l'idée que la famille,
prototype des
sociétés,
illustre
l'ante-pacte
et
l'anti-pacte
<ordre
de
la
nature>, quand on envisage les relations du chef de famille avec ses
enfants mineurs
et
le
pacte (o"dre du soci~l> lorsqu' ~n considère
les rel~tions
du
chef de famille avec les enf~nts majeurs, devenus
indépendants mais
qui
restent
unis
à
leur parent volontairement.
Dans la
genèse
des lignages, en effet,
l~ pl~emière phase est celle
d'un pacte
religieux,
tr~nscendant aux générations ~ venir mais non
de l'ordre
de
la
nature
le fond~teur le noue avec les dieux de
l'endroit en
y
engageant sa postérité. Dans et p~r le m~ri~ge ~vec
une femme d'un ~utre lignage,
il articule un nouveau pacte de nature
socio-politique sur
le
premier
en
y engageant encore une fois sa
postérité. Après
les
rites
d'accès
~
la majorité (initiation et
mariage),
les
enfants
devenus
~dultes
adhèrent
au
p~cte socio-
politique dont
l'enjeu
tient
~
un
mot
chez
Rousseau
la
conserv~tion. Dans
sa
nature,
il
s'agit bien d'un contr~t soci~l
établi entre
membre
d'une
même "société", un contrat de caractère
économique liant
des
producteurs d'une même unité de production et
des co-propriétaires
d'un
même patrimoine, un contrat de c~ractère
idéologi,~o-politiq'Je qu i
lie
-::P.:s
p e r s o rme s
~yant
~ défendl~e les
intérêts matériels
et
moraux
d'un
même
groupe,
un
contrat
de
caractère religieux
entre
gens
qui
se
reconnaissent
les
mêmes
ancêtres et/ou
les
mêmes
interdits.
La fonction du contrat est de
perpétuer une
histoire
socio-culturelle en définissant un ensemble

- - - -~~~-- ~._.-
446
_.,
d'oblig~tions réciproques
qui
eng~gent
ch~cune
des
p~rties
contr~ct~ntes. Ce
contr~t
lie
~îné et c~det non seulemnet d~ns le
présent~ m~is
~ussi
d~ns
l~ futur lorsque les c~dets deviendront ~
leur tour
des ~înés ;
les rel~tlons ~înds/c~dets sont des rel~tions
contr~ctuelles ininterrompues
d~ns toute l'histoire des lign~ges et
leur rupture
r~dicale
entr~îne
la
fin
des
lignages.
Dans
ce
contexte, quelle
signification
le
travail
et
le
surtr~vail
acquièrent-ils?
Au surtr~v~il des cadets p~rents, la solid~rité parentale
confère la
signific~tion
d'une
contribution
oblig~toire
~
l~
reproduction et
~
l'élargissement
du
patrimoine.
Une
telle
signification paraît
d'autant
plus Justifiée que les aînés adultes
participent aux
activités
productives
~t
que
ch~que
membre
pr-o duc t eur- i~ontl~ibl:Je ~en p'''opo,~ti_Qnr.le ses '~~p~,~ités, les plus fo,~ts
apportant nécessairement d~vant~ge que les plus faibles.
En ce sens,
les aînés
n'extorquent
pas les cadets,
ils ne s'approprient pas le
produit de leur surtravail,
ils ne les exploitent pas,
ils gèrent un
fonds de reproduction,
ils assument un pouvoir de fonction,
comme le
dit E.
Terray. C'est sur ce fonds que sont couverts en effet toutes
les dépenses
collectives
qui constituent des formes de répartition
du surproduit
dots,
dettes,
frais d' initi~tion, frais de s~nté,
f,"ais de
l''é,.::eption ~ de
p ar-e rrt s
ét'''~nge'''s,'
f,"ais
de Mkès.
Cette
relation entre
gens
solidaires
ne
change
p~s
fondamentalement
ldrsque devenus
vieux,
les
aînés
deviennent
non-producteurs.
Ou
plut8t ~
cette relation première s'ajoutent deux autres:
les aînés
~gés sont
alurs entretenus,
mais avec des égards particuliers dus ~
leur sacralité, d'autant qu'ils continuent indirectement,
d~ns la
mesure où
leurs
capacités
le
leur
permettent, à participer ~ la
reproduction par leurs savoirs et leurs conseils techniques. En fait
les ~înés
non-producteurs sont souvent des chefs nominaux ; ce sont
les ~înés producteurs qui sont les chefs réels des lignages.
Reste que
deux catégories de c~dets parents perdent d~ns
la répartition
: ce sont les producteurs célib~t~ires ~ vie
(28)
et
les gros
pr-oduc r eur-s .
Les
e:<ploi te'J'''s d.:ol·:~_'S ,.::es '.::~s ne sorlt que le
reste de la communauté,
l'aîné ~ un degré plus élevé.
Plus complexe,
l~
situation
des femmes ne saurait être
ramenée ~
une
seule
formule.
L'affinité
ou parenté p~r alliance
matrimoniale qui fonde une autre solid~rité soci~le, -
la solidarité
conjugale <communauté de foyer,
commun~uté de production, communauté
procréatrice et
éducative>
f~it
des épouses des usufruitières
conditionnelles du
patrimoine
<terre)
commun ~ l'époux et ~ leurs
enfants; c'est elle qui détermine également le surtr~vail et p~r ce
surtravail la
constitution
d'un
fonds
de
reproduction des époux
destiné d'une
part ~ l~ formation des préproductifs, leurs enfants,
futurs producteurs
et,
d'autre part ~ la constitution des dots des
enf~nts m~les
et p~rfois, ici ou l~,
le trousse~u ou le dou~ire des
filles.
Pour
les
épouses,
plus
elles
ont d'enfants,
de moins en
moins les époux et les ~înés cessent d'être des exploiteurs, c~r ces
derniers gèrent le ~onds de reproduction de l'unité de production et
de consomM~tion.
Les
épouses
c~dettes
sans
enfants,
voil~
les
premières et
les
plus
exploitées.
Elles
sont
exploitées,
non
seulement par
les
maris
et les ~înés, m~is encore p~r les gr~ndes
épouses,
aînées
de
sexe
féminin
qui,
en comp~gnie des premiers,

contl'ôlent 1.;1
circul.;1tion
des
personnes et des biens de prestige,
dil'igent les
.;Ictivités productives et gèrent les grenier~, symboles
de sto,.:k.
Avec les
personnes
mises
en
g~ge,
c.;ldets ~pp.;lrentés,
s'él.;lrgit le
cercle
des
exploités.
L.;I
convention,
qui
est
l'expression juridique
de
1.;1
dépend.;lnce
économique,
met
~
1.;1
disposition d~
cré.;lncier l~ force de tr.;lv.;Iil d~ g.;lgé.
Le prod~it de
son s~rtr.;lvail
est
approprié
non
seulement
p.;lr
les aînés,
m.;lis
encore p.;lr
la comm~n.;l~té des .;Iînés et des c.;ldets parents,
vérit.;lble
'':l'éanc i èl'e .
L'esclav.;Ige radic.;llise
la
q~estion d~ surtr.;lv.;Iil.
Alors
q~e la
convention de dette ne met ~ 1.;1 disposition d~ créancier q~e
la force
de
tr.;lvail
du
g.;lgé,
1.;1 contr.;linte esclavagiste met ~ 1.;1
disposition du
maître
le
to~t dela personne-esclave : sa force de
procréation,
sa
force
de
travail,
sa
force
de
création
ou de
symbolisation.
Le
produit
de
son
s~rtravail
est
extorq~é
et
approprié non
seulement
par
un
maître
individuel,
promoteur des
échanges,
l'aîné,
mais
encore par ~n maître collectif,
l'aîné,
les
gr.;lndes épo~ses, facte~rs des échanges,
et les c.;ldets.
Mais exploités,
les
célibataires
~
vie,
les
femmes
cadettes sans enfants,
les gagés,
et les esclaves,
en raison de leur
pa~cité n~mériq~e
ne
forment
pas
~ne
classe f.;lce à
la masse des
personnes libres.
Si les esclaves sont à considérer comme ~ne classe
selon l'affirmation
de
Engels c'est comme classe idéologiq~e, pour
ainsi dire,
en
~n
sens
que l'a~te~r ne so~pconne pas,
a~ sens où
c'est dans
l'ordre
de la représent.;ltion,
nO~5 le verrons,
q~e le~r
.;Iltérité et le~r infériorité sont constit~ées et portées à
l'absolu.
Les esclaves
le
pl~s
impérie~sement
ne
constit~eront ~ne classe
sociale exclusive,
comme no~s le verrons dans la IVe partie,
Ch. XII,
q~e là

ils
seront
des
prod~cte~rs
prépondérants
et
où ils
partageront,
dans
~ne
mes~re
pl~s O~ moins grande,
l'idéologie de
l'infériorité q~e
les
maîtres
.;I~ront
él.;lborée po~r parf.;lire le~r
altêl'itê.

-----------------------_..-_..- -..-
449
~~mifie en
plusieurs
espèces qui peuvent être ou non p~rtiellement
Jnifiées chez
un
même
porteur.
T~nt8t
il
consiste
en
une
interprét~tion se
r~pport~nt,
soit
~u:: c~uses ou ~ l'~venir, soit
~ux rel~tions
~vec
les
dieux
et les morts
(s~voir du devln ou du
prêtre>;
t~ntat
il
consiste,
soit en une vue sur les conditions et
des moyens
de
rét~blissement
de
l~ s~nté (s~yoir du thér~peute>,
soit en l~ s~isie des conditions et des procédures de rét~blissement
de l~
justice
et
de
l~
concorde
entre
les
individus
et
les
commun~utés (s~voir
du
Juris-consulte ou du politique).
Retiennent
notre ~ttention
ici
l~ deuxième et l~ troisième espèces de s~voir,
nous verons pourquoi.
Surun40nd ~e s~voir présumé ~pp~rtenir ~ tout thér~peute
(le pOIJVOil~
de
~
OlJ
sekê
comme
nOIJS l' avo ns vu ~IJ Ch.V,
Ile
P~rtie), le
savoir
médical
se
diversifie
lui-même
en
s~voirs
spéci~ux définis
ch~cun selon son objet
: ~ccouchements difficiles,
décès p~r accident,
incestes,
fr~ctures, m~l~dies ment~les, etc.
Or,
en quel
que
sens
qu'on
le
considère,
ce
savoir est vital dans
l'acception la
plus
profonde.
Parce que son objet,
la vie,
est l~
condition primordi~le
de
l'existence
et
de
l~
perpétlJ~tion des
sociétés,
il
s'impose
comme
une des premières forces productives,
nécessaire et
indispensable
~ l~ procré~tion des reproducteurs.
Le
manque de
thérapeute
est
un
déficit
social
qui
~moindrit
les
peuples,
u~e
dépendance
~
l'égard
des
commun~utés
pourvues.
Le
thérapeute hier
comme
aujourd'hui
ne
guérit
pas
seulement
ses
compatriotes malades,
il
~ttirent
des
mal~des
étr~ngers
et
étrangères dont
certains
font souche auprès de lui une fois qu'ils
ont recouvré
la
santé.
Forces
vitales
en t~nt qu'individus,
les
thérapeutes confèrent
ainsi
puissance
~
leurs
lignages,
à
leurs
vill~ges, ~
leurs
sociétés.
Dans
l~
mesure
aD
elle
réside
directement d~ns
le prolongement de l~ vie,
d~ns le m~intien, voire
l'~ccroissement de la popul~tion, cette puissance est démographique,
Mais elle
est,
en
même
temps
et de façon indirecte,
économique,
voire politique,
par
l'investissement
que les énergies effectuent
d~ns 1<'3 pr-oduc e t cn des biens de sIJbsist~n'~e et de prestige.
La delJxième v e l aur-,
ValelJl" d' or-dr-e mor-a L,
est le '~OIJl"age.
Avec ce
qu'il implique de vigueur physique et de br~voure, il était
aussi indispensable
aux
agriculteurs-ch~sseurs
des
sociétés
forestières pour
affronter
le
milieu
naturel et les ennemis.
Les
Jeux agonistiques
chez
les
Bete,
les Neyo ou les Alladian et les
épreuves initiatiques
chez
les Abê et les OdJukru ~v~ient pour but
d' Y For-mer-
les
jelJnes
gens .
L' homme bl";:"ve,
le glJerTier -
9 J l i~t
'
kwen i
(9'J 1 i
= guel"l~e,
~ = ,.:he f) et k~..ILf?!dIL9.L!. bete (y.anEt = br-avour-e ,
9.!:LQll;
homme)
dan s
1 e
Centl~e-OIJes t,
:?·~~.P...Q.9.!:!)'::!~..
od .i IJ v, l~IJ,
e fl".~onp~t
~ll~di~n et
fokweshi
abê dans l~ région lagunaire -représentait un
ldéal dans la société.
C'est que le courage,
lui aussi,
8
une fonction vit~le. Si
l'homme est énergie et force,
l'absence de courage classe l'individu
parmi
les
enf.:.>nts
et les femmes,
les êtres vou~s ~ l~ captivité,
~
l'esclavage,
~
l~
domin~tion.
Sa
possession,
attribut de l'homme
libre,
confère la certitude de soi,
et garantit le respect qu'autrui
doit ~
votre
vie.
Le courage a ensuite une fonction économique et
socl~le. Il se confond ~vec la force qui produit la subsistance et

4-52
celle de
l'~rt
et
de
l'~rtis~n~t, srèlè
reste ~mbiv~lent, objet
d'~dmir~tion et de cr~inte (6).
Pour les Odjukru,
qui en considèrent
l~ fOl~nle
pl~stiq'Je
et p i c t ur-a Le ,
~dj'Ji-idj,
et l~ fOl~nle Lud i que , -
es-gb69bl -
le c~r~ctère essentiel de l'~rt se tr~duit en terme de
consubst~nti~lité. P~s de société hum~ine s~ns ~rt.
Or,
précisément p~rce que l'~rt est essentiel à l~ société
comme l'économique
et
comme
l~
politique,
les
sociétés d'~uto­
5ubsist~nce qui
conn~iss~ient
le prix de l'~uto-suffis~nce ont mis
en oeuvre
des politiques d'~utonQmie culturelle en ce dom~ine. Bien
entendu,
l'éch~nge
d'~rtistes
et
d'oeuvres
d'~rt
entre sociétés
voisines et
à
fortiori
entre
vill~ges
d'un
même
ensemble
linguistique ~
été
une nécessité que les politiques semblent ~voir
f~vorisé ~ussi
loin
que
l~
document~tion
présente
permet
de
remonter.
Les
Odjukru p~r exemple ont emprunté des musiques d~nsées
à
tous
leurs
voisins
depuis
~u
moins
l~ seconde moitié du ~IXe
siècle.
En
p~rticulier,
l~ cl~sse d'~ge 8brm~n du vill~ge d'Arm@bê
initié en
1886
~
pris
le
b~gw~, d~nse m~sculine, ~ux Did~ ; les
Ky~m~n ~
l'Est
lui
ont
enseigné
deux d~nses féminines,
djuw~ et
nlb~w; urie troisiènle d~nse ég~lement féminine,
k~k~fwê, IIJi est ve nue
des All~di~n
(Hemel-Fotê,
1980 : 333).
G.
Thom~nn
(1901
: 126) cite
deux emprunts
qu'~v~ient f~its les Neyo ~ leurs voisins à
l~ fin du
XIXe siècle
d'une
p~rt
le
t~mbour
~k~n
d'origine ~vik~m, et
d'~utre p~rt
les m~sques peut être importés p~r l~ compos~nte B~kwe
du peuplement
neyo
m~sque
musicien que sign~l~it G.
Thom~nn et
m~sques de
guerre
observés
p~r
Fleuriot de L~ngle à S~ss~ndr~ ~u
milieu du XIXe siècle (1868,
XV, 373).
H~is l'éch~nge
n'est
comp~tible
~vec l'~utonomie que si
l'emprunt repose
sur
ou
complète une politique de recrutement des
~rtistes et
une
politique
de soutien ~ l~ cré~tion, sous ses deux
formes,
l' innov~tion
et
l~
rest~ur~tion.
L~
politique
de
recrutement,
pour
ne retenir que l'exemple du t~mbour, condition de
toute musique
ici,
musique
ch~ntée
~ut~nt
que
musique
d~nsée,
présent~it ~u moins trois mod~lités. L~ première est fournie p~r les
systèmes de
form~tion
d~ns
lesquels
des
m~îtres
~utochtones
procurent l'éduc~tion ~ux jeunes c~ndid~ts du milieu.
Tel fut le c~s
des loc~lités ob les tr~ditions n'~v~ient p~s connu de rupture:
par
exemple Moriê
et
LovidJê,
en p~ys ~b@, Aklodj-A, Dibrm et Lokp en
p~ys odJukru,
Gr~nd
J~cques
et Emokw~ en p~ys ~ll~di~n. Il ~rrive
p~rfois que
des
m~îtres
étr~ngers
instruisent
les
élèves
~utochtones. Une
tr~dition
odJukru
veut
que
les
~nc@tres
des
t~mbourineurs d'~uJourd'hui d~ns le genre êtêkprê ~ient été formés ~
Ty~s~le, m~is
elle
ne précise ni
l~ cl~sse d'~ge ni le vill~ge des
premiers initiés.
Ce qui n'est p~s le cas chez les Neyo,
ni chez les
Abê.
Agw~ D~de Emile,
le chef du vill~ge d'Ahorokp~, cite trois
exemples de
form~tion
effectuée ~ Ty~sale : exemple d'un membre du
patrilign~ge Kukw~yo
de D~bego, dont l'informateur ~ connu l'élève,
Obro R~bet,
exemple
d'un
originaire
de
Godè
l'un et l'~utres
élèves ont
~ppris
et
exercé l'~têkPlQ, orchestre 1e six t~mbours,
comp l~ e narrr t r-o i s gl"~nds i ns tl~IJments (~jel.J)-: i.T i ~]!?3:)J.!L
un pli bo IIJ

E T
ra
'l.~""i
r
1~53
long)
et
tr'ois
petits
(un
gbiagbi.;;3,
IJn
!'-IJ
et un betia'fê ).
Le
troisième exemple est celui de Zegre Dedré de Kadrokpa,
patrilignage
des Tchiyo
; ce fut d.;;3ns sa jeunesse, en comp~gnie d'un ami Avikam,
qu'il eut
la
chance
d'apprendre
le
tambour
parleur,
plikpa,
~
Tyasale,
et
revint
avec
un
orchestre
complet qu'il avait acheté
moyennant des
manilles et un grand pagne bawle.
Cet orchestre passa
au doyen
d'Un des Tchiyo,
Grogbo Dogbo qui,
,
sa mort,
le laiss~ en
héritage' Oagba Aboko.
Il porte un nom:
Pendu (7).
A Vadjo,
en
pays ab@,
au contraire,
selon l'informateur
Kwadjo Krambo
(8),
quand Degbeu Vavo -
grand-père voulut inaugurer
son orchestre
d'olifants
(n90f@),
l'instructeur
fut
un
Akye
d'Akuzin.
Une
troisième
modalité
de
la
politique de recrutement
consiste non
plus
' u t i l i s e r le maître étranger pour instruire des
jeunes autochtones,
mais
' t e n t e r sa naturalisation.
La rédemption
d'esclaves illustr~ cette modalité,
comme nous allons le voir.
2. Les nlodal i tés de 1.;) N~dempti on
Deux modalités essentielles caractérisent le pl~ocessus de
rédemption:
la promotion au rang d'homme du commun,
et la promotion
au rang
de chef.
Bien que les esclaves rédimés fussent minoritaires
relati~ement.
l'ensemble
des
esclaves,
nombreux
ont
été leurs
exemples dans
l'histoire
des
différentes
sociétés.
Plutat qu'un
recensement,
noUs
illustrerons
chaque
situation
par un,
deux,
ou
tl~ois e:<emples.
2.
1 -
L;:J pl~onlot i on ~ l'arl9, de l' honlme du SQ.m.m.!::!..!!.
Le premier
avantage
acquis
,
l'esclave
destiné
' l a
promotion est
la
reconnaissance
de sa qualité naturelle ou de son
mérite personnel,
l'attribution
d'un
prédicat
qui l'inscrit dans
l'ordre des
personnes
reconnues.
La
souveraineté du maître opère
cette élection dans un temps et dans des circonstances qu'on ne peut
prédéterminer.
Suit
un
deuxième
avantage,
une
autre
forme
de
socialisation,
l'octroi
d'une
compagne,
dont l'origine ajoute ~ la
qualité de cette inscription dans la structure sociale.
Un troisième
avantage peut
advenir
l~,
inscription parmi les classes d'~ge,
lorsque le
chef de lignage,
avec l'accord de tous les initiés de la
communauté,
présente
sa
candidature
;
ici,
protection contre la
revente ou,
le cas échéant,
contre la mise ~ mort rituelle.
* Exemple
d'un
prêtre
DAGUI
SERI
de Lobia,
groupe
Zêble,
en pays bete.
Zoku Gbeuli de Daloa en 1905 avait une dizaine d'esclaves
environ parmi
lesquels
un
homme
puissant
Dagui
Seri.
Sa
clairvoyance l'associa
au
culte
de
la
Rivière Bada comme un des
principaux officiants.
Sans
lui,
dit-on,
le rite ~'avait pas lieu,
parce que
le
dieu
n'apparaissait
pas.
Ce raIe principal dans la
religion lui
conféra
aussi une place importante dans la guerre aux
cStés du
maître,
sinon
comme
guerrier,
du
moins
comme
force
protectrice.
Zoku
Gbeuli
lui procura une compagne dont il eut sept
gal~cons (9).

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
:u
._._~~'lI,....,_
..,.j'
** Exemple de GUE DE TITIKU de Gbassi, groupe Dri, en p~ys
bete.
Au début
de l~ seconde moitié du XIXe siècle,
~u vill~ge
de Gbassi,
dans l'actuelle sous-préfecture de Guiberwa,
le glolowri
Guede Gnokibheu
à
un conv6i en relmche ~chet~ un esclave et le fit
mettre aux
entr~ves.
Un
jour,
au
champ,
une tornade arracha une
bran~he d'arbre
qui
brisa
la
colonne vertébrale et le bras d'une
épouse de
ce
chef
;
faute
de
médecin pour la soigner,
celle-ci
mourut au bout de quatre jours. Plus tard,
~u cours d'une cueillette
d' ignanles s~lJvages
(siméi,
si ng.
~),
IJT,
semblabe a,.::,:i dent se
reproduisit.
L'esclave,
cette
fois,
se traîna jusqu'à la porte de
son maître,
rassur~
l~ famille et s'offrit de soigner et de guérir
l'accidentée. Après
quelq'Je
hésitation,
le
maître consentit à le
mettre à l'épreuve. Une milice armée ~ccamp~gna l'esclave désentravé
en brousse
pour
cueillir
les pl~ntes nécess~ires. Au retour de la
for~t, le
phytothér~peute
isola
l~
malade pendant sept jours,
la
soigna et
la
guérit.
Voil~
comment l'esclave Kweni fut ém~ncipé,
puis promu.
D'abord,
il
recut
un
nom nouveau. Plus tard,
il put
prendre une femme dont le m~ître pay~ la compensation matrimoniale.
* Exemple d'un ch~sseur
KWADJO TRAZIE de Sakada,
en
pays gban.
A Sakaouo
ou
Sak~da,
en
p~ys
gban,
Kw~djo Yobo,
dit
Briguehi, était
un
gbre9bi,
chef
du p~trilign~ge des Lessunwin ;
camarade d'échange
des
Kweni
d'Umé
et
Sinfra
et
des
Bete
de
Guiberwa et
de
Gagnoa,
il ~v~it sept épouses au moins et disposait
d'esclaves Kweni,
Bete et Bawle.
Le Kweni se sign~la COmme chasseur
et guerrier.
Progressivement,
il
reçut
les
marques
de
sa
reconn~issance sociale.
On
l'~ppela Kw~djo Tr~ziê comme s ' i l avait
ét~ adopté
par
le gbregbi.
Il recut un fusil,
signe de grande con-
fiance et de bravoure.
Enfin,
le m~ître l'unit avec une escl~ve bete
: Koko ; il devait en avoir deux garçons.
** Exemple du chasseur GNAGNE KAKU, Kp~nda, p~ys odjukru
Parmi ses
esclaves,
Okoru
Gnagne
avait
un
esclave
d'origine bawle
qui
se
révél~
un
grand ch~sseur, le plus géni~l
chasseur du
vill~ge,
dit-on,
~
cette
époque.
On l'appela Gnagne
Kaku,
de
cl~sse
d'~ge
mborman.
Le maître d'abord le pourvut d'uh
fusil perm~nent
;
il
acquit
ensuite
une
escl~ve,
nommée
Yon,
surnommée Baba-Yow,
la
Grande dame,
et la lui donna en collage.
De
leur union,
vit
le
jour,
une
fille,
Yak-Li
qui
a
laissé une
poStêl~itê (10).
*** Exemple d'un esclave anonyme du pays Kruman.
Dans l'espa,.::e
KI~IJman,
Hos t e i rrs
et d'Oll"lone
(1901:
81)
cite un
exemple
qui
illustre
la même modalité.
Grand guerrier du
groupe Krepo,
l'esclave
dont
il s'agit disposait des moyens d'une
vie autonome
un fusil,
une case,
une femme,
un champ ; c~pitaine
de tous les gIJel~l~iel~s, "il voy~ge.':)it .~ ~~<:l guisf:~" et les e:':plol~atelJl~S
qui
le
rencontrèrent
en
1898
le
prirent pour "un chef puissant"
avant de savoir qu'il n'était qu'un guerrier célèbre,
et un esclave.

-_._-----------------------------_...._..__....
._---~~-----,---.-_-_._-_.-
* Exemple d'AKMELEDJ TAPE,
confédér~tion de
Bobor,
en pays odJukru.
Av~nt d'~ssurer
une
promotion st~tut~ire, l~ be~uté est
s~lv~trice
elle
peut
s~uvel~ de l~ mort et de
l'escl~v~ge. On se
r~ppelle différentes
tent~tives
de
gr~ce
dont les femmes odJukru
voulurent f~ire
bénéficier
des
condamnés ~ mort, personnes libres
(Gbugbo>
ou
escl~ves.
A
Tukp~,
le
devin
AkmêledJ,
de
cl~sse
Ndjrom~n, voulut
un Jour Mettre ~ mort son escl~ve que nous nommons
Tap~. Les
femmes
qui
le
trouvèrent
trop
be~u
pour ~ccepter s~
disp~rition, s'y
opposèrent
en
s'offr~nt
de
p~Yer
le
prix
du
sacrifice ou
de l~ revente.
Elles s'y résignèrent seulement lorsque
le Maitre
leur
expliqua
ses tentatives d'homicide en sorcellerie,
preuve qu'il était un monstre,
c'est-~-dire une ~me difforme dans un
corps splendide,
en
contradiction avec le concept philosophique de
beauté.
** Exemple de GUEOE TITIKU à Gbassi, en pays bete.
Nous nous
rappelons
que
l'esclave
Kweni de Gbassi fut
acq'Jis d'abord ~ cause de sa beauté. La tradition dont Tchehi André,
son arrière
petit-fils,
se
fait
l'écho,
rapporte que la première
nuit qui suivit la halte du convoi, Guedé Gnokibheu,
le 91olowri, ne
dormit pas
~
l'idée
qu'on
pOt
aller au bout du monde,
~ Nihiri,
vendre un
homme
aussi
beau,
un
bagnon.
Le lendemain,
lorsqu'il
questionna sur
le
motif,
il lui fut répondu que ce bel homme était
un sorcier.
Mais
la
vision
du
beau
fut
plus
forte
que
la
monstruosité morale présumée. Ayant fait retarder le voyage,
le chef
décida d'échanger
contre
le
bagnon
Kweni
son
propre
fils,
un
valétudinaire sans
~venir
social.
Cette
circonst~nce
explique
pO'Jrquoi,
lorsque
l'escl~ve se révél~ thér~peute c~pable de réduire
les fractures,
lorsque
le
prétendu
sorcier
ré~lis~
l~ guérison
mir~culeuse, i~ fut adopté dans le p~trilignage sous le nom de Guedé
Titiku,
Guedé-~u
Teint-très-noir (de Titi = très-noir; ku = peau>,
mieux, Guedé le-Noir.
*** ExeMple de MANU ~ Horiê, groupe Moriêru, en p~ys ~bê.
Manu était
~ussi
un
bel homme,
acheté en pays anyi par
Kw~djo Ikpé
de
Moriê, du patrilignage Affia.
gr~nd-père du chef de
canton Bony
Kotchy.
Pour
lui,
le Maitre ~v~it acquis ~ Afféri, en
pays akyé,
une
compagne,
Shibeda.
De
leur
union naquirent cinq
enfants, quatre
garçons
et
une
fille.
Au moment o~ le m~ître se
trouva ~
l'agonie,
Shibed~,
craignant pour sa vie et celle de son
compagnon,
s'enfuit
au
pays natal.
Mais malgré cette évasion,
Manu
ne subit
aucune
menace h l~ mort de son maître.
Il mourut beaucoup
plus tard,
~gé,
de mort naturelle,
sans toutefois s'être "remarié"
(11) •
* Exemple
d'un
~rti5te
CHONUTWO,
~
Moriê,
groupe
Moriêru,
en pays abê.

.Y·
-
--------------._--------
2.
2 -
L;,) er'omot i on ~ l~;;mg de_ ,.:he ·f
Si utile
qu'il soit de s~voir si des escl;,)vss ont dirigé
des équipes
de
chasse
ou
de
pêche,
des
groupes
d'~ge
et des
c~mp~gnes guerrières,
il l'est d~v~nt~ge d'identifier leur accès au
pouvoir politique.
D~ns l~ production et l~ défense,
il ne f~ut que
qualités n~turelles
et
compétences techniques que l'~rbitr~ire des
maîtres savait
reconnaître.
Le pouvoir social qui s'attache ~ leur
usage reste
sur l~ société globale de portée et de durée limitées ;
il ne
comporte
aucune
remise
en question de l~ structure sociale
qu'on envisage
l'organisation
lign~gère, la fonction économique ou
idéologique.
Rien
de
tel
avec le pouvoir politique:
celui-ci est
indivisiblement contrale
du mouvement des agents de la reproduction
-s o c I a Le ,'':oTit\\~ôle---dfJ - \\)'~o'.:e$;sus
de
la
pt~o,.:t~éatiorl,
'.:ont\\~ôle des
moyens et
des
fruits
de
la production,
contrale des principes de
légitimation. Quand
ce n'est pas la naiss;,)nce et l~ richesse,
c'est
le consentement
des hommes adultes qui
le décerne.
La dévolution du
pouvoir \\)olitique
~ un esclave implique par conséquent une certaine
remise en cause du système social.
Or,
contradictoirement,
par
un
acte
souverain
des
maîtres, des
esclaves
ont bénéficié de cette dévolution.
P;,)r~doxe,
celle-ci a
reposé
sur la nécessité de la reproduction soci;,)le dont
le principe
de
l'autonomie
et
le
droit ~ la vie constituent les
expressions juridiques.
De ~@me que le lignage,
quand il est menacé
de dissolution
physique,
pouvait
et
savait
recourir
~
la
reproduction des
esclaves
pour se perpétuer,
de même,
en l'absence
de direction
ou
re\\)résentation officielle,
il pouv~it et sav;,)it se
donner un
chef,
Même
de
fortune,
pour
assurer
son
unité,
son
identité,
sa
relation
,
l'extérieur.
Ce
n'est ni une révolution
sociale,
ni une révolution politique nécesairement.
Ce n'est
pas une révolution sociale.
Un accident survenu
d;;:ms Y!!.
lignage,
à
IJn DtOAtent où ,
au sein de ,.:el'Ji-'.:i,
n'e:"iste pas
de concurrent
légitime
et o~ l'esclave-chef est le continuateur de
droit et
de
fait
de son maître,
voilà de quoi
il s'agit.
Ce n'est
pas non
plus
une révolution politique
: au niveau de la communauté
villageoise,

le
système
politique
demeure
inchangé
et

fonctionne un
autre
principe
de
dévolution
du pouvoir politique
(pouvoir échu,
soit
au lignage fondateur,
soit ~ une cl~sse d'~ge,
s o i t '
l'homme
libre
le
plus riche,
soit ~ l'homme libre le plus
agé) ,
l'esclave-chef
d'IJn
lignage n'a aucune chance d'accéder à la
chefferie du
village.
Il y aurait une révolution ~ l'échelle locale
et non
~
l'échelle
de
la
société
globale,
si
la
communauté
souveraine des
adultes
libres,
contre
le
principe
traditionnel
d'autochtonie et
de
qualification,
avait
décidé
le transfert du
pO'JVOil~ ~
!:!!!.
e s c Lave ,
au t or-Ls arrt les ~IJtl~es es,.:laves ~'l bénéfi'.:iet~
automatiquement de cette prérogative.
Or tel ne fut pas
le cas .
.)(, E:·:emple
du m9b,,!ni
KOI<Or~OI<U ,ê:J B.:llub'::.lte
Assoko,
t~n P~Y5
1
Eetild au XVIIIe siècle.
En
1701
ce fut un escl~ve f~vori du chef de m~trilignage
des Bei nQ.. dé,.:édé qu i
.;),.:,.:é/j<J .~ 1.::) tête df:~ 1;:) ..communau t e . On
l ' app e Ll e
Ko k o r-o ku .
)(,·x·
E::pmplt:~
de
J<~}AME, f.~s,.:l.:lv"~ du p'::liTj,lic~n"1ge 8_"1ungJo,
~
Gbesse,
p;:)ys abê.

lU ttt
458
A Gbesse,
groupe
Abevê,
~u début du XXe siècle,
le chef
du p~trilign~ge
des AwundJo, ~y~nt perdu son fils unique,
~chet~ un
escl~ve d'origine
b~wle,
Kw~mé, pour en f~ire son héritier.
Ce fut
un évènement.
Ce
"fils
~doptif",
devenu
m~Jeur,
aur~
femme et
enf~nts, règner~
sur
le
lign~ge Jusqu"
s~ mort. Son c~s, célèbre
d~ns le sous-groupe Abevê
(15),
reste un ~ccident.
*** Exemple
de
BONI
AFFRE,
escl~ve du m~trilign~ge des
Otobro-l~ ,
Tiah~,
pays odJukru
Les OdJukru
et
les All~di~n ont connu de nombreux chefs
de lign~ge d'origine servile' l'époque coloni~le, il est vr~i. Boni
Affre; un
des
quinze
escl~ves
du
m~trilign~ge
des Otobro-l~ de
Ti~h~, c Le s s e
Ni9bessi,
en flJt un.
Son int~lligen':::e et son tr'av~il
lui v~lurent très t8t l'estime publique.
M~Jeur, il devint polygyne,
m~rié d'~bord
,
une
femme odJukru,
Kusso-Ane,
ensuite' une femme
~bidJi, V~ngbr~.
Il
eut
be~ucoup
d'enf~nts et de petits-enf~nts.
Lorsqu'il mourut
~n
1968,
en
t~nt que doyen d'~ge du vill~ge, l~
décision politique
fut
exceptionnellement
prise
de
l'honorer du
t~mbour de l'angb~ndJi, réservé ~ux Gr~nds-Hommes ingénus et riches.
Justific~tion
l'ég~lité de tous les hum~ins procl~mée p~r le P~rti
~u pouvoir
le P~rti Démocr~tique de CSte d'Ivoire. Ce c~s relève
ég~lement de l'~ccident.
'~')(o*'lf E:<enlp1 e
de
D.
L.
EDOUARD,
~ncien
escl~ve
du
m~trilign~ge des
Bodo,
~ e.odo-L~d j ~
(Gr~nd-J~cques), p~ys ~ll~di~n,
exemple r~pporté p~r H~rc AIJgé.
··lCn"t:r.
1 • •
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d" .... n
pr.-t:_nd_n-t:
~1u_
<M.
Augé 1969
205-206>

Exemple de ~gb~ni KOKOROKU ~ B~lub~té
<Assoko),
en p~ys
Eotilé ~u XVIIIe siècle.
Parce que le M~trili9n~ge des Boiné était le détenteur du
pouvoir politieo-religieux,
chez
les Eotilé,
le nouveau mgb~ni des
Boiné devint
par
l~-même le chef supérieur. Selon Loyer les "biens
r
eccessifs"
du
défunt chef lui permirent de tenir tête aux chefs des
quatr~ autres
matrilign~ges et
de
s'imposer en définitive
(Loyer
1935
179) ,
,i

** E~<e"lple
du glolo_wd._ GUEDE TITII<U );) Gbassi,
gl~ol.lpe Dl~i
(Guiberwa),
pays bete.
Après l'exploit
de
la
guérison
mir~culeuse, l'esclave
calomnié de
sorcier
p~rut
le
bienf~iteur, un homme dont la bonté
complète la
beauté.
D'~utres succès thér~peutiques ajoutèrent ~ sa
renommée dans
l~
région.
M~is
il
ne
parut
p~s
suffisant ~ l~
commun~uté qu'il
eut
une
femme
et
des
enfants
; on voulut lui
réserver un
honneur plus grand,
une récompense suprême.
Quand Guedé
Gnokibheu,
le
9101owri,
mourut,
un
consensus
se
fit
pour
le
remp1~cer par
ce
digne fils d'adoption,
maintenant bien acculturé.
Guedé Titiku devint ainsi un 9lolowri bete.
Il vécut en agriculteur,
associant la
fonction
politique
~
son
activité
spéciale
de
thérapeute.
Au
moment
de sa mort,
il réunit les membres du lignage
et leur transmit son savoir,
désormais héréditaire.
_ur
_on
GD"",••
q .... <I_11.
1~en-~-
• • ~.
_GG1_M_n~
p . :1.oc.
Au
......... Q :1. ... " .
( 1 6 )
Rédimé à
cause
de
s~ beauté de b~Qnon, Guedd-~u-Teint­
Noir a recu le pouvoir politique ~ titre exceptionnel ~ cause de son
s avo i 1".
Malgré leur
exempl~rité, les rédemptions que nous venons
d'~n~lyser ont
dté
marquées
janmoins par deux limites.
En premier
lieu,
leurs
fondements
sont
exclusifs
et
partiaux.
On
a pu le
constater,
elles
ont
exclu
pratiquement
la
valeur
économique
proprement dite,
la richesse,
et la valeur politique,
la sagesse.
Le
critère de
la
richesse
ne
pouvait
pas
Justifier une rédemption
d'escl~ve pour
trois
raisons
au
moins.
D'~bord, l'esclave,
bien
p~trimonial 1ui-m@me, et ses biens,
quelqu'en soient le volume et le
prix,
~ppartiennent
en
droit
et
en
fait
au lign~ge possesseur.
Ensuite,
1~
richesse conduit au pouvoir politique,
comme on le voit
chez les
Neyo,
les Bete et les I<weni.
Un chef dépourvu de richesse
pour remplir
ses oblig~tions statut~ires se nie en t~nt que chef et
perd progressivement son pouvoir,
comme on le voit chez les Alladian
et les
Ab@.
Richesse et pouvoir s'entretiennent donc mutuellement.
Enfin,
on
le
verra d~ns les ch~pitres ~ venir,
c'est la dominati6n
po Li t t que qui
est,
I c i
comme
a i llel.Jl's ,
le
l~emp~l~t
de celJ:·: qui
étymologiquement sont
nés libres,
les ingénus,
contre les esclaves,
un des~ principaux
instruments de reproduction de l'esc1~vage comme
<,;;ystènle.
---------------_.~..,

-------~-~--_._~--.~.- ----~.,.,
L'importan~e du
pouvoir
politique
explique l'exclusion
dont a
été l'objet la valeur intellectuelle qui gouverne l'activité
politique,
la
sagesse.
La
sagesse implique ici
la connaissance de
l'histoire et de
la culture du peuple considéré,
l'esprit de
justice
pour rétablir
la vérité et le droit quand ils sont violés,
l'esprit
de concorde
pour
restaurer
la
paix
quand celle-ci est perturbée
entre les
communautés,
l'autorité morale de l'homme cultivé,
juste
et pacifique,
qui peut être écouté et obéi.
En
la déniant par parti-
pris aux
esclaves,
les maîtres consolident sur le plan idéologique
la hiérarchie
sociale
et
la fonction de moyens de la reproduction
sociale dévolue
aux
esclaves.
Joue dans le même sens l'exclusion-
négation du savoir divinatoire.
Non seulement l'objet de la
divination est
so~io-politique quand l'intérêt de la communauté est
en Jeu,
mais
encore
son exercice,
au demeurant commandité par les
;;.ll.,tc)l~ité~i offi'~ü:\\llc:~s,
l~enf(Jl~':Ef·
le
p ouvo Lr-
po Li t i que
l:i' il n(~ lE~
c o rrt e s t e pas.
0
(1 / )
En second
lieu,
les rédemptions portent la marque de la
précarité,
de
la
réversibilité.
Elles
n'avaient du définitif que
l'apparence.
En
effet,
menacés
par
l'ombre
de
leur
origine
irréductible et
par l'arbitraire des maîtres,
certains des esclaves
promus devaient
connaître
l~
rétrogr~dation
et
la
vanité d'une
rédemption dont
seuls
les
petits-fils
devaient
Jouir
dans
une
relative sérénité.
Le
chapitre
IX
consacré
aux
résistances
administrera la preuve de cette précarité.

CHAPITRE
VII
LES
EXP LOI T E 5
HOVEH5 DE PROCREATION ET DE PRODUCTION

SECTION
1
LES HOYENS DE PROCREATION
SECTION
II
LES HOYENS DE PRODUCTION
LES PRODUCTEURS D'APPOINT
SECTION
111
LES HOYENS DE PRODUCTION
LES PRODUCTEURS PREPONDERANTS
,.


SECTION
1.
LES HOVENS DE PROCREATION
Choix des
~cteurs
soci~ux,
l~
procré~tion,
pour
les
escl~ves, fut
un
processus
de
soci~lis~tion
que
les
~utorités
~mén~gèrent ~
deux
fins
l'él~rgissement démogr~phique
et
l~
perpétu~tion des
lign~ges.
Agents
de
procré~tion
en
tant
que
personnes,
né~nmoins
le~
escl~ves
y jouèrent u~ rale de moyens en
deux sens
d'~bord les fins étaient déterminées exclusivement p~r
les pouvoirs
lign~gers
~u seul bénéfice du collectif des personnes
libres,
ensuite les choix des esclaves et leurs intérêts n'entrèrent
en compte
que
p~r
~ccident.
En
ce
sens
strict,
ces moyens se
réduisirent ~ des or9~nes.
A l'époque
ob
nous
considérons
les sociétés,
celles-ci
étaient car~ctérisées
p~r
une
tend~nce
qui
dev~it
rester
une
disposition socio-culturelle lourde jusqu'~ l'ère post-coloni~le, l~
tend~nce popul~tionniste. L'accroissement s~ns frein de l~ popul~tion
n'y ét~it
p~s
seulement
en effet une condition de l~ rep~oduction
soci~le, une
condition
de
l'identité
des
groupes
soci~ux,
il
représent~it encore
un signe et un f~cteur de s~nté, un signe et un
f~cteur de
richesse,
un signe et un facteur de pouvoir. Quiconque,
individu,
lign~ge, vill~ge, société,
dispos~it du nombre,
constitu~it
une force
soci~le,
une puiss~nce économique,
un pouvoir politique.
Quiconque ét~it
riche
ou deten~it le pouvoir politique ét~it censé
disposer de
monde.
D~ns
cette
logique,
on
peut
penser que les
escl~ves ~nnexés ~u lign~ge ser~ient des procré~teurs bienvenus,
des
moyens indispens~bles. Or il n'en fut p~s toujours et p~rtout ~insi.
L' intégr~tion des
escl~ves
d~ns
les
r~pports
de
reproduction
biologique constitu~
une
forme
de soci~lis~tion, objet d'un choix
str~tégique pour les chefs de lignage.
P~r ce
processus,
en effet,
les escl~ves, délivrés de l~
solitude et
de
ce qui ~pparaît ici comme une incomplétude soci~le,
pouv~ient ~ssumer,
~u
reg~rd
de
l'institution,
leur
fonction
n~turelle de procré~teurs et s'enrichir des rel~tions diversifiées et
gr~tifiantes telle
l~ génitalité ou la p~ternité dont bénéfici~ient
l~ plup~rt
des
c~dets
soci~ux.
D'autre
p~rt,
p~rticip~nt
~ l~
reproduction physique élargie du groupe d'app~rten~nce, ils pouv~ient
être assimilés
~
des
membres
du
lignage.
Trois formes de cette
socialis~tion peuvent être distinguées.
>'
L;'l
pl~emièr"e
For-me
s e r a
n omm e
le ,~ollage.
é
SOIJS
le même
terme contubernium,
les Rom~in5 unifiaient en effet deux rel~tions ~
notre ~vis hétérogènes qu'il y a lieu de séparer:
l'union entre deux
esclaves d'une part, et l'union entre une personne libre et un ou une

• .-!
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rr jj.M1!!=rZtWWW·.ffi...i..3.t.ew*.Ii.~=w·.=_
...jte·ï-r~W~~~
465

escl~ve d'~utre p~rt.
Cette personne libre ~ son tour peut être soit
un membre du lign~ge propriétaire,
donc du collectif des m~îtres soit
un membre étr~nger ; p~r ~n~logie avec l'art m'c~nique de l'~ffich~ge
ou ~vec
l'~rt
de
la
composition
picturale,
et suivant un emploi
popul~ire bienvenu
ici,
nous
appelons
collage
la
pratique
par
laquelle les maîtres unissaient des esclaves entre eux,
hors de tout
rite matrimonial.
La
deuxième
forme de cette socialisation est le
type de
croisement
auquel
nous
réserverons
le
néologisme
de
'.:ontubel~nie:
l' bomme uni sel~a nommé ~ '.:onbJbel~ne et la femme uri i e
une contubern~.
Dans
la
contubernie
ainsi entendue et hors de la
pro'.:édIJI~e matl~imoniale l~èglement.7lil~e, dans l'en,.:einte du même lignage
ou du
même
clan,
l'esclave
de sexe féminin était liée ~ un homme
libre ou une femme libre unie ~ un esclave.
Enfin,
entre lignages ou
clans différents,
dans
un cadre proprement exogame,
intervient une
troisième for~e
de
cette socialisation avec une procédure rituelle
plus OIJ moins allégée qui mél~ite le riom
:
m~l~iaQe.
Or la procré~tion accomplie par les esclaves fut l'objet de
trois choix
de
la
part
des
acteurs
des sociétés lignagères ici
,.:::ons idél~ées .
Deux des
sociétés
patrilin'~ires
récusèrent
cette
socialisation.
Les Kwadia de l'extrême Nord
(Kwati>,
dont on pouvait
espérer une attitude plus ouverte ~ l'égard de cette procréation,
en
raison de
leur
sous-peuplement,
y
mirent
le
veto
le
plus
systématique.
Les Abê,
patrilinéaires plus nombreux,
manifestèrent ~
son endroit
une
répugnance générale,
mais non exclusive.
Qu'il fOt
absolu ou relatif,
ce refus spécifique entrait en contradiction ~vec
les pratiques matrimoniales des sociétés en question.
Ces peuples en
effet nOIJaient
des
mal~iages
ave c
des étl~angel"s et des étl"angèl~es
depuis des temps immémoriaux. Comme les Bete et les Neyo,
les Kwadia
pren~ient des épouses hors de leurs villages,
voire de leur société;
on tl~ol'·,.,e
chez
e'J:< des généalogies de fenlmes Kuz i
B.:lkwe,
Be te et
é
,
Kwadia.
Les
Abê,
de
même,
épousaient
des
femmes Akye,
Krobu et
d'autres groupes
abê
en même temps qu'ils donnaient des femmes aux
Krobu,
aux
OdJukru
et
aux
AbidJi.
La
répugnance dont il s'agit
s'adress~it par
conséquent
~
une
espèce
particulière
parmi
les
étrangers,
une espèce nég~tiYement déterminée sous tous les rapports
sociaux:
les esclaves.
L'origine de
l'hostilité
des
Kwati
reste
obscure.
Par
hypothèse,
nous
cr0yons
devoir
l' imputer ~ un crime commis par un
esclave sur
la
personne
d'une
femme
libre,
fille ou épouse d'un
notable
<viol,
adultère,
... > ;
le statut social de la victime d'une
telle atteinte pourrait expliquer le caractère extrême et l'extension
~ tous les esclaves de la sanction prise,
L'informateur Ekissi
Ooffu
de GbandJê impute ~ une cause
historique l'hostilité abê
(1).
Cette dernière,
selon lui,
aurait vu
le jour
~
l'occasion
d'une
révolte d'esclaves,
sur laquelle nous
reviendrons,
une
révolte
qui,
au début du XIXe siècle,
avait coOté
la vie ~ un grand homme, Evi Esse de Mberiê,
leur m~ître. Mais si cet
évènement néfaste,
passé
le
moment de colère et de psychose,
a pu
développer,
dans
les
ligna~es
riches,
la méfiance ~ l'égard d'une

mrm
466
-
- - - - - - - -
L .
~ccumul~tion d'escl~ves,
il
n'~
ni empêché l~ conserv~tion de ces
escl~ves dont nous trouvons encore des traces ~ l'époque t~rdiveJ ni
suscitd ex
nihilo
un
rituel d'immol~tion qui lui préexist~it d~ns
l'esp~ce et
le
temps.
L'explic~tion de l'~ver5ion ~bê ressortit
~
des c~uses d'ordre structurel,
nous semble-t-il.
De cette ~version, si loc~lisée et ex~spérée ~ ce degré ~u
XIXe siècle,
l'explic~tion
doit
être
recherchée
d~ns le domaine
idéologique et
politique.
Très
fortes
étaient,
en
effet,
les
justific~tions ~pportées cantre les unions d'esclaves.
L~ première
justific~tion
formulée est d'ordre médic~l
elle dresse
l'épouv~nt~il
des
m~l~dies
comme
l'épilepsie
qui,
croy~it-on, ~ccomp~gnent
de
telles
unions
(2) .
L~
seconde
justific~tion, d~ns le droit fil de la précédente,
est d'ordre socio-
démogr~phique ~
elle évoque ég~lement la fécondité env~hiss~nte p~r
l~quelle la
gent
servile
submerge la popul~tion ingénue
(3).
Dans
l'un et
l'autre
cas,
référence
est
implicitement
f~ite
à
des
expériences étrangères
ou
loc~les,
dont l'idéologie ne veut ni l~
réduplication ni
la
continuité.
Or
derrière
ces
~rguments
catastrophistes,
qui
p~rlait
?
Les
chefs
des p~trilignages. Ils
caractérisent les esclaves comme des étrangers impropres ~ assurer l~
santé et
l'identité
des
lignages et par conséquent du peuple;
la
'~Ofllpositiorl de lelJr sang
(q'Ji r'este à déter'mirler')
sel~ait dangel~elJSe,
c'est-~-dire de nature _ altérer cette santé et cette identité.
Les Kwadia,
pour
leur
part,
réfèrent
simplement
à
l~
nécessité de
~réserver
la
pureté
et
la
noblesse ethnique;
l'à
priori des
"males
gens"
leur
suffit comme argument,
nous verrons
en qlJe 1 sens.
Conséquence pr~tique
de
ces préjugés socio-biologiques
:
l'eugénisme a
été
protégé parr des mesures plus ou moins radicale.
Les Ab@,
de
manière
habituelle,
destinaient
leurs
escl~ves

l'immolation ostentatoire
comme
nous le verrons, c'est-.-dire à un
total anéantissement.
Chez
eux,
coll~ges, concubinats et m~riages
par~issent des
faits
accidentels
ou
d'époque
tardive.
P~rmi les
unions identifiées,
plusieurs sont des c~s de collage
(deux à Odjê,
un à
Cechi,
un
à
Moriê, ... )
; cas de concubinat ,
Moriê,
cas de
m~riageà Gr~nd-Vapo (une escl~ve mariée avec un libre)
et à Gb~ndjê
(deux femmes libres, en secondes "noces",
liées ~vec deux esclaves),
sont donnés comme des exceptions et des ~nomalies. Qu~nt aux Kwadi~,
ils n'~bolirent
pas le collage,
M~is ils appliquèrent une politique
de stérilis~tion effective des esclaves m~les. En effet,
un l~vement
préparé ~vec
de
l~ poudre de manille et ~dministré ~ux intéressés,
vraisemblablement ~ leur insu,
p~r exemple à l'occasion de m~l~dies,
voil. la
méthode
qui
devait
empêcher l~ gent de se perpétuer p~r
l'intermédiaire des
femmes
de
condition
ou servile ou libre
(4).
D'~près l'information
scientifique,
le principe de ce traitement se
trouve être
celui
du
stérilet
moderne des femmes:
c'est que le
cuivre,
un
des constituants de la manille,
peut opérer dans le s~ng
la décap~~itation des spermatozoides (5). Cette pratique postule que
le danger
de
corruption génétique circule p~r les hommes et j~m~is
par les
femmes,
suivant le principe de la succession patrilinéaire
qui était celui des Kwadia.
.,
,;'. ,

'~67
Un deuxième
groupe
de
sociétés patrilinéaires a fait un
choix positif
limité
:
le collage et,
~ la limite,
la contubernie
réservés aux
esclaves
d'élite.
Tel
fut
le
choix des Neyo,
des
Bete,
des
Kweni et des Gban.
Ce choix conciliait trois exigences
:
la
préservation
de
l'identité
lignagère
et
ethnique
(exigence
idéologique et
politique),
la mise ~ profit des forces de travail
servile
(exigence
économique),
l'appropriation
des
descendants
d'esclaves
(exigence
soclo-démographique).
Une nécessité pratique
et un
intér@t
moral
paraissent
le
Justifier.
Il
est
bon
de
"donner" ~
un
homme une femme et ~ une femme un homme, quand l'un
o~ l'autre
le
mérite.
D'autre
part
cette socialisation est une
condition de rentabilité de l'esclave COMftle moyen de prod~ction.
Seules les
sociétés-
matrilinéaires,
le troisiènae groupe,
ont opté
pour
une stratégie positive,
globale,
combinant les trois
forMes de
socialisation.
Sont
prêvalentes,
comme nous l'avons vu
dans les
motivations
des
achats d'esclave,
exigence démographique
et économique
(mu l tipI ication
des
fornles
de
reprod'Jction
et de
pr-oduc t t onr ,
e~<igeTI'.::e
so,.::ïale
(possession
et
SIJ,.::cession)
et
exigence idéologique
et
politique
(préservation
de
l'identité
lignagère).
Toutefois,
contradictoirement,
cette
présupposition
d'identité n'implique
pas Que les esclaves soient homogènes ~ leurs
maitres,
au
contraire.
Une
tension
logique
demeure
entre
ces
fonctions contradictoires.
Il en
résulte
qu'une
fraction
seulement
des
esclaves
annexés aux
lignages
a
été affectée ~ la reproduction biologique,
en fon,.::tion
de 1 a natJJ1~e des so'::iétés et de la q'Jal i té des slJjets ;
dans cette
affectation
l'avantage
est
allé
au
sexe féminin,
en
termes statistiq'Jes
;
le rôle des femmes est en effet décisif dans
la logique de la reproduction des sociétés.
De quelle proportion était cette fraction? Impossible de
l'évaluer dans
l'absolu
dès
lors
que
demeure inconnu le chiffre
global des
esclaves.
A
titre indicatif,
cependant,
voici quelques
estiMations.
Sur 504
esclaves
identifiés
au
hasard
dans
les
différentes sociétés,
on
compte,
conformément ~ un sex-ratio déjà
élucidé, 306
hommes
poyr
198
femmes,
soit 39,29 X de
femmes.
Or
pour les
183
femnlp.s
SUI"
les
198 dont la sibJation ,:onj'jgale est
connue, TIOIJS dènombl~ons
:
· 91 collages,
soit 49,89 ~,
· 60 co n t ube r n i e s
et n'';H~iJ!l~s, f;oit 32,79 X,
et 39 cas de célib~t, soit~l,
~.
'le
AIJ c o n t r a i I"e ~ pour les 275 ~scl~ es de sexe m-".Jsculin dont
la situ-".Jtion
..::onjug;:'1 l e
est
également dé
rminée,
nous comptons de
m@.e :
· 91
collages,
soit 33,09 %,
51 cas de contubernie et'mari~ge, soit 18,55 X.
et 133 cas de c~lib.:::lt, soit 48,36 %,

'.
-
l 1
L'examen comparé
du
T~ble~u
28
révèle
que
l~
socialisation a
eu
préférentiellement la faveur des gens dans les
sociétés matrilinéaires,
et,
dans
ces
dernières, plus de faveur
chez les Alladian que chez les Odjukru.

ur p=rrnnrv-"""7-
ntfJi'F IliP
T
EzzlGE
T~BLEAU :8
TABLEAU COMf'ARE INOICATIF DE LA SITUATION CONJU~ALE DES'ESCLAVES
o~s LES SOCIETES PATRILIHEAIRES (A)
ET LES SOCIETES MATRILINEAIRES (8)
Tot"l
F e _
Collage.
Cantut:-.rni ••
et lIlaria';le.
..
(2H -
2F)
10
a
~H
..
F
.
-:. :~': i. .~:.._;:..:.:.
,
1
1
3
J(WAOI~
: 1
l ' )
1
1
1
9H
1
(Kw'Oti)
4
ABE
29
13
15
7
5 (4H - IF)
9
(7H - 2F)
5
NEVO
74
44
30
28
:;: OH - IF)
16
(14H - :F>
(Lat.ka. K.4rakpa. AhQ=okp.~,
Miss.hi, Lipoyo,
8",.".
Kadrokpe, O.bl.ka)
41
B!:TE - l:bGlaw.on
sa
64
:4
6
:;: (H)
74
(56H - IBn
1
---
---
--
--
--
---
--
Total p.rtiel
(A)
219
143
76
45
9
(7H - zn
118 (!04H - : ..n
2 F
1
1
8 - SO"if'U"
.'trl1ir,tpirE"
1
1
1
ALLADIA+I
99
1
48
51
15
54
(SH - 46n
15H
(E.. ol<w.. >
1 "' OO..JUKRU
IS6
115
71
31
48 (36H - 12F)
39 (:4H - 15F)
34
<:!lH - 13F)
-
---
---
_._-
--
---
--
--
Totel per1:>iel
e
:85
lé3
12:
.. 6
102
(44H - 5Bn
5..
(39H - 15F)
34
<21H - 13F)
---
----
---
--
---
---
--
TOTAL ·:1.08AL
Ale
501,
306
198
91
111
(51' -
60F>
172 (133H - 39F)
36 (21H - 15F>
===
== ...
=-=-
.-
-....
'O."
,.,..
P.r~i 1~~
:17 pscl~ves ~es 50Cl.~.S p~trili~ê.ir.s (21. -
.: c.-.
tftdlÎ''t".r.1M'S).
):'-1''''s
.j. 1::'1 eOltlê - ~ ...n1 Z. - il vé,,:u ~.. rtS 1 •
...::el"i.....t
;. 1. Mnéfi.c.e .j" •...r-e '.JnJOl) ::1 (!te- ,a.s.r-'",,"'" ~...l ....r.t ~
'450 •
7
1

~/u
~e célib~t
~
~ffectê
princip~lement
les
esp~ces bete,
kw~di~ et
~b~n, évidemment
plus
les hommes que les femmes ;
les unions,
sous
forme de
coll~ges
surtout,
ont concerné d~v~nt~ge, proportionnel-
lement,
les
escl~ves des Neyo, en état de plus forte discrimin~tion
que les
~utres.
Au
contr~ire,
p~rmi les 251 escl~ves des sociétés
m~triliné~ires,
54
ét~ient célib~t~ires
-------- = 0,2151, soit 21,51 %
2B5 - 34
44 + 46
des unions ont lié
------- = 0,6338, soit 63,38 % des hommes
163 -
21
58 + 46
Bet
-~-----.~ 0,9~41, soit 95,41 % des femmes.
122 -
13
Le tableau
29
résume
les
résult~ts.
D~ns
cette
situ~tion
généraleMent améliorée,
celle-ci
est
plus
améliorée
chez
les
Alladian que
chez
les
Odjukru
ob
les
célib~ts
semblent
plus
nombreux. Deux
hypothèses
peuvent expliquer cette différence entre
sociétés matrilinéaires
l'importance
des
femmes
dida et de l~
contubernie dans la société alladian.

Or les
dix
esclaves
du
pays
neyo
ont mis au monde 22
enfants;
nous
devons
aux trente-cinq esclaves du P~Y5 odJukru 78
enfants et
aux
quarante-sept
d'Emokwa
77 enfants ~g~lempnt. Dans
les trois
c~s,
ch~que
porteuse
a donné le Jour en moyenne ~ 2,22
enf~nts par
femme
chez les Neyo et les OdJukru, ~ 1,64 enfants p~r
feMMe chez
les
Alladian,
soit en général ~ deux enf~nts par femme
dans les trois sociétés.
Seule une
dizaine
de
femmes environ identifiées a porté
exceptionnellement entre
quatre
et
sept
enfants
une
femme ~
EMokwa
(4
garçons>,
une femme à
Kpass
(2 filles et 4 garcons),
une
femme ~
Gbugbo (1 fille et 4 garcons> , une femme ~ GbadJn (1 g~rçon
et 3
filles>,
une
femme ~ Sass~ndra (5 garçons ... ),
deux femmes ~
l1o~bye.. (1
garcon
et
3
filles
de l'un,
2 filles et 2 g~l"cons de
l'autres), deux
femmes ~ Ahorokpa
(2 garcons et 3 filles de l'un,
3
filles et 4 g~rcons de l'~utre).
A ce
faible
degré
de
fécondité,
les
esclaves
ont
cependant él~rgi
les
lignages
de
deux
manières
par
la
constitution de
li
gnées
dépendantes
et
par
partage des m@mes
reproducteurs ~vec les lignages alliés.
2.
1. U
.:onsti tut ion des 1 i gn~es déperld~rltes
C'est sur l~ base de l'inégalité statutaire des escl~ves,
des discriminations
infligées
~
eux
et
~
leurs descendants, et
aussi,
nous
le
verrons,
des
comportements
de
résistance
des
esclaves que
se
constituèrent
de
facto
ces
groupes
dépendants
greffés sur
les
lignages possesseurs.
Les traditions désignent ces
greffes par
référence
~ la souche féminine ou masculine qui leur a
dormé naissanr:e.
Airlsi ont
fondé
une
1 ignée
toutes les fenlnles qu r , dans
les sociét~s
matrilinéaires,
ont
enfanté
des
filles q u i ' leur
tour ont
mis
au
monde
des
filles.
En
pays
alladian,
par le
phénomène que
Marc
Augé nomme la dissimilation, de telles llgnées
ont formé
des
segments
(etyoko>
de
matrilignage
(êmé). Chaque
segment pouvait
occuper
une COU1~ et se confondre avec elle. Selon
le plan
de
.Jacquevi Ile
CEmokwa)
dr e s s
dans Le r'ivage alladian
é
(1969:
89,
96,
101>, plusie'Jl~S segments de l'@mé Manlb@ inS':l"its
dans des
cours
ont
une telle origine:
N'guessan Mamb@
(cour 1),
Abi Aikpa
(cour
6>,
Lakpa Beugré
(cour 7), Antonin Vessotie (cour
8).
Beke
EmJen
(cour
12), Bonny Crcvi
(cour 13>
;
les cours 6 et
13 font
partie
de
l'etyoko
Dagri
Bonny,
les
cours
7 et a de
l'etyoko AdJe
Bonny,
et la cour 12 de l'etyoko Abi Mbwa rattaché à
KOIJssan Mambo.
A Mopoyem,
en
pays
OdJukr'J,
on relève ainsi différentes
bl"and-.es dites
de desr:endants d' e s c 1 aves
: IJne -:lssor:iée au boslJ des
Logbok-la,
une
au
boslJ des Lo qb o-r l ;;'1,
deu;·:
-:lU ~~ des Me lyedei -l~,
urie au
bosu
des Otobl"O-1 a.
Ces bl~;;)n,.:hes do nt
nOlJ5 avons fOIJl"ni les
généalogies précédemment
sont
lisibles
sur les Figures 11, 12, 13
et 14.

D~ns les
sociétés
p~triliné~ires
ég~lement,
de
f~con
symétrique,
les
escl~ves
m~les
constituaient
des
branches
dépendantes des
lignages des m~îtres. Nous ~vons identifié, en pays
neyo,
une
branche
chez
les
Kukuayo
et
deux
chez les Dugboyo à
Ahorokp~,
une
chez
les Vangbeyuo
(Missehi),
une chez les Kokorayo-
Wireyo
<Kateko),
deux
chez
les
Likpoyo
(Lateko).
Elles
ne
constituent pas les seules,
tant s'en faut.
2. 2.
Le
eal~t~<:Ie
des
reel~odIJ'.::teIJrs
~
les 1 ign~ges
alliés
D~ns les
mariages,
par le f~it de l~ biliné~rité générale
des syst~mes
de
parenté,
les lign~ges ~lliés tiraient bénéfice des
reproducteurs que les esclaves mett~ient au monde. Dans les sociétés
Mat,~ilinéaires, tOIJtes
les f.ois oi:.. l'épo'J:< d'Ego est IJn homme libre
qui appartient
à
un lign~ge étr~nger, les enfants qui "hériteront"
de l'acheteur
de
leur
mère
deviennent autom~tiquement membres du
patrilignage de
leur géniteur et fils OIJ filles classificatoires de
son Matrilignage.
L'époux,
esclave
d'un
matrilignage,
agrège ses
rejetons al~
patri 1 ignage de son a'.::qIJél~eIJr en nl@me temps que ,.::euH-ci
se classent
fils
ou
filles classificatoires du matrilignage de ce
dernier. Oans
les
sociétés patrilinéaires,
lorsque l'époux est une
personne libre
et
étrangère
au
lignage
d'Ego,
les
enfants
participent de
la
matriligne
dont leur m~re est la souche en tant
que rameau de la matriligne de son acquéreur,
mais ils "sont" petits-
fils ou
petites-filles
classificatoires
de
ce
dernier ou encore
neveux ou
ni~ces classificatoires de ses agnats.
Mais lorsque c'est
l'époux qui est esclave,
les enfants,
en même temps qu'ils intègrent
l~ matriligne
de
leur mère et deviennent "neveux" de "ses agnats",
restent les
enfants
du
patrilign~ge
de
l'acquéreur de l'esclave
comme le furent pour Zoku Gbeuli les enfants de Dagui Seri le prêtre
et voyant.
3. !:.& seconde fon,.::tion de ~ IJnions _ i l eereéttJation des
lignages
Assurer la
continuité physique des lignages dans la durée
était une vocation assignée aux esclaves par les maîtres,
mais cette
vocation restait
un
espoir
dont
la
l~é~lisation
ou la vanité ne
pouvait @tre mieux Jugée qu'à travers les générations.
Cette vocation
s'accomplit
de trois manières possibles:
si au
bout
de deuH générations alJ moins la postérité d'une esclave
ne s'est
pas éteinte ou seuleMent n'a p~s renié son appartenance au
lignage direct
et
reste
associé

lui
dans
l'usage
du
même
patriMoine, si
elle
vient
un
Jour,
p~r
l'assimilation
et
le
r01.J11eMen't naturel
de l' ~ge, à donner- IJn •.:hef ~ •.:ette •.:omm'Jna'Jtê, si
enfin le
lignage direct,
venant à s'éteindre totalement, elle prend
directement la relève et se charge de l'avenir de la communauté.
La dOCUMentation
à
notre
portée
révèle
des
cas
d'extin~tion en
vue,
dès
l'époque
coloniale
; ~ cette situation
reMèd~ y ~ été porté par recours à des M~ri~ges ~vec des étrangères,
1.;) ç.l'efé·'en..:e dans les so,.::iétés m<!ltJ~ilinéail~es ;;)ll~nt alJH feAlnles des

il"
pT5 S RFPU
xc
m.
{~ 7(~
sociétés patriliné~ires
~bidji, did~, ~bê. Sur les Figures 12 et 13
représentant des
matrilignages
de
Mopoyem,
les
lignées directes
n'~ssurent leur
survie que gr~ce ~ l'intervention de femmes ~bidji.
Sauf les
libérations
survenues
~près
l'~bolition de l'esclavage,
nous n'~vons
pas
d'exemple
de
reniement
collectif.
D'une f~con
g~nér~le, les lignées serviles sont demeurées ~ssociées ~ux lign~ges
de leurs ~nciens maîtres, malgré les susceptibilités et les tensions
inévitables. Oans
le
processus
de
l'~ssimilation et le cycle des
générations,
cert~ins de leurs membres ont accédé ~ la direction des
lignages. Comme
nous
le
verrons,
~ Gbugbo, en pays odjukru,
Essis
Ngbafr@,
un
mbedie,
à
l'intelligence
brillante,
collé
~
Essis
Essiebl,
une
esclave
du
m@me
lignage des Badi-Ia, et géniteur de
deux enfants,
assuma
la chefferie du matrilignage et plus tard fut
de.is de
sa
fonction
pour avoir dilapidé le patrimoine à sa garde
confié. Son
e:·,emple
n'est pas un i que , En f Ln ,
là 0 1':.1 • •comme ,:hez les
Alladian,
la
contubernie
a
été systématique et massif, ce sont en
grande partie
les
descendants
d'esclaves
qui
ont
assuré
jusqu'aujourd'hui la
continuité
des
lignages. Marc Augê l'atteste
<1960
99-101>
.. Tc...... 1='
ec::lnko
. U t '
1 · . H _ m p 1 _
..J_Cqu."'::l11_
ct'.-t:'_b1.f..r
.....n _
c t .
1 _
1 _ _
Tou_
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1'.Ci:::i,Oka
d::lr_4~
_ •
• on~
_ n
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_H::l1e.
a . n .
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reg::lon
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_ .... "t:'r_ "'."'D'4e
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p ' . p • • •

Matrilignage des LOGBOK-LA
de Mopoyem (Dabou)
o
6
Aba
r'm~Me6 ü
o
o
zs
6-
Brali
Affwa
Nguessa
Kwa
Seke Amari Lasmbro Wrong
Lasm
Mel
6
6
0 - 0
Akpa
Céss
Esm
Y ïEssiu
Aka
Aka Mel
:
a
zs:
0
Esm.ni
Adu
Esan
An dri
Agnm
Agnro
Abwé
.6.
Homme
À.
Esclave de sexe masculin
À.
Fils de deux esclaves
l'
0
Femme
• Esclavede sexe feminin
• Fille dedeux escfaves
0
Etrangère
t6.
Homme qui achète l'esclave
&
Etranger
0
Femme qui achète l'esclave
Fig. 1 1
r.

1
Matrilignage des LOGSO-LA de Mopoyem (Dabou)
o
0
er-r-r- _ _
S_Ob_riO
Sobr i..--s_si_eb_'
-..
"
6.
o
D
Leyo
Tchenda
Okro
Nomel
Essi
(Abrman)
1
~j
Â.

Kpami
o
0
6-
Yârie
Djedjro-Ii
Ya
Djedjéi Edjm
Djedjro
mborman
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..--=--~I-----...------.
Agni
BrRéi
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~I G~O
1 ~ :x:: x ::a:::: =c::: ti ft
Esso Mellane
Yebl Swaï
Amari
LkPa
60
Lasm Affwé
AgniS~
Etr. abidji
Nom
o
o
Diedj Akpa Semu
Yao
Djessé
Su
Mun
Akmel
Kan
Mel
Fig. 12
" " - '
.....titll......#W.IlIIfa . . If r . . .:1"1 ....10_ _'-..'

IF".
EL.
_
..
..
).
• ...,,-...,.:1. 11 .. no_
1 " _b,l,.j
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11.2
4
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p .... : i . q.....
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1:a.g ....... "'.Y'.
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u"t:''&1:i _ _ . _ .
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1 - . Q : l . o k o
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Q . 1 1 . .
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d_.d.nd.n~. a~r_~~_
.~
p r O d h• •
d_
c.p~~~.
a u
d.p-t::a.
.
1
.~
1
i;

476
1
SECTION i l
LES HOVENS DE PRODUCTION :
LES PRODUCTEURS D'APPOINT
L'exploit~tion dont
les
escl~ves f~rent l'objet d~ns les
éconoMies des
sociétés
ligrl~gères
devient
visible, si d'~ne p~rt
o~y, prenons
l~
mes~re
des inég~lités discrètes, m~is réelles qui
exi,taient d~ns
les
conditions
soci~les
de
l~
prod~ction et le
procès de
p,"'od'.J,~tion
et
si,
d' ;;)utre
p~r·t
nous
r-eppor-t ons
La
production ~u
sens étroit ~ l~ distriblJtion et à l~ consomm~tion où
ces inégalités
se
prolongeaient
et
s'~mplifi~ient.
Nous
considérerons d'~bord
le
c~s
des
sociétés

les
escl~ves peu
noabreux, s'~jout~nt
~u:~
équipes
de
tr~v~il
des
communautés
lignagères sans
Modifier
sensiblement
ni
leur
volume
ni
leur
productivité, c'est-à-dire
comme
prod~cteurs d'appoint.
Le cas des
esclave, producte~rs prépondérants ir~ de soi.
1. Les conditions sociales de l~ Production
D~ns le
livre
III d~ C~pit~l (1),
envisage~nt le système
escl~vagiste moderne,
K.
M~rx oppose ~~ prix d'ach~t de l'escl~ve,
"simple pl~s-val~e
ou
profit c~pit~lisê et ~nticipê q~e se propose
de lui extorquer" l'~chete~r, le nouve~u capit~l q~e l'achete~r doit
en o~tre
engager pa~r f~ire prod'Jire l'esclave et pour l'exploiter.
En ter.es
non pllJS d'éconon,ie pc l f t t que nlais d' histoi\\"'e l~konon\\ÏqIJe.
F.Engels dans l'Anti-Durhing.tr~duit cette proposition.
"Uft
• • c 1 e v _
~.
~.~~
p • •
1·.~4.~r_ d_
~OU~
1 .
Mo~d_.
~our
_n
u~~1~ • • ~
u n .
~1
4.u~
d~.po• • r
d .
d.UH
c h o _ . _
1
d · . b o r d
...
a . _
ouT~1.
_T
DbJ_~_
n.~_
~r_.
eu
~r.v.a1
d _
1 · . _ c 1 . v _
_ ~.
d_UH~.M._.M_nT.
d e .
p.~:I. ~_M."''t:'··
(2).
Moyens de
travail
<outils et savoirs>, objets de tr~vail
(terre et matiè'"'es premiè,"'es>, moyens d'enb"'etien q'.Ji se dé,::omposent
en logis~
v~ten'ent,
J:lliRlerltation
et soins de s~nté, nOIJS avons là
les ~onditions
sociales
d'utilisation
des
esclaves.
Parmi
ces
.~oncllitions, il
fal.Jt
faire
~ne
p.:u~t
spè,~i~le
i~i ~'J lFis et
~
l·i~s~rua~nt.lir,guistiqu~, nê~ess~ire à la com~uni~ation
ciaIe, à
l'~roprlatlon des saVOlrs lo~a~x et ~ la cooperatlon.
.j
1.
1.
Le lOQis
Avec la
subsistance,
le
logis èt~it l'~ne des premières
~o~itions d'utilis~tion des
es~l~ves.
Plutôt
q~e d'une ét~de de
l' h~itation, i l s ' agi t
i.:i
d'app,"'ëhende,"'
le
109i s
'--onlm~
une
~on~itïoo dont la distrib~tion et l'~sage èt~ient fon~tionldu ~tatut
50~ial. Or
c'est
un
lieu
commun
d'~ffirmer
q~e
les
esclaves
résidaient ~~p'"'ès
de Le ur s Rl.;)îtl--es.
Cette affi'"'mation gér,é,"'ale,
qui

Matrilignage des MELYEDEI-LA de Mopoyem (Dabou)
[5.
0
Li
-0
Li~
Adj'angb Esso
Nom
Nomel
Nane
Lowes A pa
Semu Aka
(mbedie)
...

...~j'
0
Ndjuwr
1
Sotu Ofr NZI
1
Assiké
(mborman)
(mborman)
Etr.
abidji
...
...
Akpro
Akmel
-
Esm

Têtu

Ofto
D"\\.l
./t:
Diké
l Jonas Adiali
Nzi Utu
Apotr
Djaman
Yow
Fig. 13
....
j

Matrilignage des OrOBRO·LA de Mopoyem (Dabou)
z:s:
zs
zs
o
:0.
Akpro Nome!
Bessei
Adjra
Nom
Obro
sété
Assiê
Obebl-êl
Adj Okei
Dudu Nam
Kpassi
(une cousine d'Usr)
d'Agbaille
...
tasm, mbédie


Assiê Affi
Kp
i Yéi
Yane
Yu
Lat.
Amri
Nom
Aka
Akpane Akpayu
Nane
Nom Mel
io Atchara
o
o
o
b o
Bab Melm
Melei
Melyu
Melyane Bêté
o
Bwai
a
Name
zs
Dia/lo
~
Be~ei
°é'
~""d-YU---"'"
Agn 1
1
CS>
zs:
Nigué
Amari
S/a 0
1
zs:
Djedjro
~Im
(ou Lasm)
Fig. 14
, -
- - - - : - - -..,.........-,.""...."_.,-,,,-._,.............l'.....,.,.~,<·,'~"".······".

implique des
situ~tions
d'exception
sur
lesquelles nous ~urons à
reverlir,
veut
dire
d'abord
que
les es~l~ve5 ~oh~bit~ient ~vec le
m~itre, les
épouses
de celui-ci,
ses c~dets sociaux, son bét~il et
s~ volaille dans l'espace de la même cour,
esp~ce ~pparten~nt
toujours ~
un
segment
de
lign~ge
et
enceint d'une paliss~de en
b~mbou sur
le littoral,
d'une.p~lissade en b~mbou ou en bois sur le
continent.
Cette
affirm~tion
veut dire ensuite que l'oc~upation de
cette cour
ét~it
différenciée
et
d'une
certaine
m~ni~re
h iél~<:ll~,=h i sée.
D~ns les
so~iétés que nous considérons,
en effet,
on peut
discerner trois
types
d'habit~tion,
que
les
b8timents soient de
terl~e b~tb.Je - cas génél~~l d~ns tOIJte la fOl~êt -
01.1
qu' ils soient de
bambou tressé,
recouvert
ou non de bouse de v~che, cas du littoral
atlanti'.:l'.Ieet
de15 -rives-.
L-:lcg~Jna~l~es.
EHerl entendlJ,
la l~éalité des
sociétés ne
présente
~ucun type à l'ét~t pur, d~ns une homogénéité
absolue;
partout,
~u
contraire,
chaque modèle se combine avec un
autre,
sinon
avec
les
deux autres qu'il domine,
m~nifestant ~ussi
bien les
tendances
'=IJltIJl~elle5
que
La
différ-en,=i~tion
socio-
économique dérivées de l'histoire.
Le premier
de
ces
types
consistait
en
des
maisons
individuelles des ménages
c'ét~it, soit des m~i50n5 rect~ngul~~res
à
deux
ou
qu~tre
pentes
(Odjukru,
Neyo) ,
soit des m~isons rondes
(Kweni),
avec
l'exception de demeul~es ~ étage
(ganga-wu ou maison ~
l'européenne des
Alladian,
k~tabo,
maison à étage, parfois érigée
dans une série d'enceintes nommée dJêmele des AbO)
(3).
Le deuxième
type
ét~it
fait
de
grandes
m~isons
rectangul~ires ~
cour centrale, rép~ndues ~ussi bien en pays abê et
akyé qu'en
p~ys
bete et neyo.
De la maison bete,
Ladur~ntie nous ~
donné les dimensions moyennes
: vingt-cinq m~tres de long sur dix de
l~rge, deux
à
trois
mètres
de
haut,
avec
des murs de trente à
quarante ce~timètres
d'épaisseur.
A l'ordinaire,
elle abritait une
famille de . vingt
personnes
quant
_ elle,
l'habit~tion du chef
compt~it jusqu'~
cinqu~nte
personnes
(1943
103-105).
Le modèle
akyé qu'a
décrit
A.
Tommasini
(1911
:
400)
est illustré par la
Fig.
17.
Le t:l~oisiènle
type ét~i t
fig'Jl~é p-nr de g.l~~ndes m~isons non
plus recta~9ul~ires,
mais circulaires à ~our ~entr~le.
Le modèle en
~vait été identifié en p~ys Kweni,
~ Z~ndjê par Eysséric
(1899
: 65)
et chez
les
Bete-Zodié,
~ Bahopa,
par Ladur~ntie (1943 : 105). Le
dj3mele abê,
m~ison rectangulaire à étage décrit par le P~steur Orso
Deci participe de ce modèle par ses enceintes rondes.
Nous proposons
leurs illustrations dans les Fig.
18,
19 et 20.
Dans la première situation,
seuls disposaient d'une maison
individuelle les chefs de lignage
(Neyo),
les personnes ~gée~ et les
adultes Mariés
avec
une épouse
<Kweni,
Odjukru),
parfois seulement
lorsque ces
adultes
avaient
donné
le
jDur
~
plusieurs enf~nt5
<Alladian).
D'une
facon
générale
cela
V<:lut
pour
les
trois
situations -
l'aîné
p~rtageait
une
grande
maison entre lui,
ses
épolJses, et
les
cadets
rrorr-mal'iés
<p-uenIJ
des
Kweni,
!lQb':'Lfl~ê de
Odjukru).
Alors,
la structure était partout similaire : ~ la chambre
principale du
chef de cour succédaient le$ ~hambres des épouses
(l~
premièl'e,
la
deu:dème,
1.;.1 tl'DJ.sième .. ,) 1
les I.::rlambl~es de~; v ie iLl e s
femMes
(soeurs ou tantes s~ns m~ri) 1
les chambres des cadets.
les

MAISON FAMILIALE AKYE
Source: A. TOMMASINI 1911 : 400
P
M
A
Reu d'aisance
C
pièces
G
galerie couverte
p
porte en planche
P
portail

M
mur crenelé
R
lieu de réception
~
5"5' sol
T
cabinet de toilette
p
p
avec un dispositif
de 3 à 4 m de hauteur
".
., •
Fig. 17
,
, .. ........-
,

___------....
. . .
î?'AJF7"
-iiiIiIiiIii--~.................--~··...."'""?'-..•.....-~----
MAISON FAMILIALE KWENI
VILLAGE de ZANDJE
Chef de cour: GUIE
Source: J. EYSSERI(
Rapport 1899 : 65 (217
Pal:
•••~~C1e
. ..
....G:
Entrée
o
.
Q::-~•••••
,
Nord
·,,·,,,
Coupe A
Case fétiche
CIl'.
~'.
" , '
CQi])
~".
crânes humains
0- "
Case
Echelle
. , '
Case
a
5
10
15
Il lit 1
1
1
(O,0025 par mètre)
Partie en grisé =surfaces couvertes
par les toitures
Fig. 18
,
..

478
,.::h.:lmbl~eS de
p.:lss.:lge.
D.:Ins
le
c as
par r t cu l iel~ du djemele .:lbê,
l.:l
demeure du chef c.:lmp~it .:lU centre selon un schém.:l qui s'.:lpparente .:lU
p.:ll.:lis essum.:l
décrit
p;;)r
le
Père
Loyer
'propos d'Assoko
;
une
enceinte circul.:lire
CA>
le protége.:lit,
d;;)ns
l.:lquelle se dress;;)ient
1;;) ou
les
m.:lisons des fils
;
venait derrière une deuxième enceinte
circul.:lire
<e>
.:lvec 1;;) ou les h~bit.:ltions des personnes .:lcquises en
g.age;
d;;)ns
lelJl'
en,.::eirlte e e s
~b.:l ;)lSsIJl'.:lient en que Lque sOI'te l.:l
protection des
fils
;;)vec
lesquels
ils
constitu;;)ient
le
double
rempart du chef de l.:l cour.
Or d.:lns
ces
structures,
l~
pl~ce assignée .:lUX escl.:lves
différait selon
le
sexe,
selon l'~ge et selon le nombre.
Toujours
confiés aux
épouses
ou
.:lUX soeurs,
quand celles-ci ne les av.aient
pas elles-m@mes
achetés,
les
enfants
et
lorsqu'elles
représent.:lient quelques unités -
les
femmes escl.:lves,
logeaient .:lvec
les enf.:lnts
et les femmes
libres de la m.:lison.
A priori,
les femmes
ne représentaient
d'abord
aucun
danger
;
et
une ségrégation ne
semble pas
les avoir distinguées d;;)ns
le logement.
Au contr.aire,
une
chambre à
part
accueill.:lit
ces
femmes
lorsqu'elles
étaient
nombreuses.
S'agit-il
des esclaves adultes de sexe masculin? Comme
étrangers et comme esclaves i l
leur ét.:lit affectée,
dans les maisons
individuelles
<OdJukru,
Kweni>,
une
ch.:lmbre
séparée
qui
ét.:lit
toujours,
dans
les
grandes
demeures
commun;;)utaires,
l'une
des
ch.:lmbres de
p.:lssage.
D'emblée,
comme ~ priori,
l'ombre d'un d.:lnger
plan.:lit avec
ces
hommes
danger d'évasion,
danger de vol,
sinon
d.:lnger de
meurtre,
tous fantasmes que nous retrouverons à propos de
l'idéologie de l'inégalité.
Dans la structure du dj@melé,
cependant,
les esclaves
étaient installés dans
1;;) troisième enceinte
CC>,
à
la
périphérie de
la
cour,
sous
la
garde d'un esclave de confiance,
généralement le
plus
ancien dans
la maisonnée.
En ce lieu,
un raIe
de sentinelle
leur
était visiblement dévolu.
Mais hommes et femmes
esclaves pouvaient
se
retrouver
réunis
dans
une
ségrégation
secondaire.
En effet,
les dépendances de certaines demeures que nous
disions communes
aux
riches
akye
et
abê,
comport.aient selon A.
Tommasini une divisiori sexuelle et soci.ale.
Aux .:Ib~is tenant lieu de
cabinets de
toilette
et
de lieux d'.:Iisance appartenant aux hommes
libres et
,
ceux
destinés
aux
femmes
libres
s'opposaient ceux
affectés aux
esclaves
m~les
d'une
part,
et
ceux
;;)ffectés
;;)ux
esclaves femelles,
d'autre
part.
Voilb
pourquoi
il
y.:l,
sur 1;;)
Fig.
17
représentant
1;;)
m.:lison
familiale
.:Ikye,
quatre
lieux
d'aisance
CA>
et qU.:ltre cabinets de toilette
<T>.
1.
2.
L'instl'IJment ling'Jisti.'~'Jll
Question qui
n'est
pas
d'importance
secondaire,
l'appropriation de
1;;) langue du maître ét.:lit utile aux maîtres pour
transmettre aux
esclaves
des
s.:lvoirs-faire
loc;;)uK
etles
rendre
effic.:Ices sinon
plus
productifs,
utile .:lUX esclaves pour .:lméliorer
leur efficacité,
et leur statut sinon leur assimilation.
Bien que 1;;)
complexité de
cette
question
~ppelle
des
enquêtes
plus
systématiques,
nous relev~ns trois situations en cette M.:ltière.
En premier
lieu,
il
est
des
groupes
pour lesquels 1;;)
question linguistique
ne
se p05~it pas.
Elle ne se pos.:lit pas dans
trois cas:
lorsqu'ét.:lit établie une parenté de
f~it entre 1.:1 l.:lngue
de
leur société d'origine et la langue de
la société à
laquelle
,.

....
il"
MAISON FAMILIALE BETE, TYPE KWENI,
DIKPE ZEDI (village Bahopa)
Source: M.A. LADURANTIE
1943 : 105
,
"
11,
11
'..., ...
...
,
i~
;t
f m
~'
";'.
::~
~:co
'ot·
n,
I~ f
't,
~
;~ o
;r
e
;,...
....
~;r
fig .3
~'.. P
1'.'
:c'
e
a
bl
Id
tg]
fig. l
fig.2
'"
1. ",.n;l.,.al : a. porte n 1 ; b. a/ege '"' terre; Co l1t de reptn ;
d. cha
du chef. famille; e. chambre de la première femme;
f. chambr. dea femmea;g. d.ux/eme porte;
h. for'"
vieilles femm ..;
k. rigole d'écou/em'"'t des eaux de la cour;
L chBmbres de PIsage; m. provision de bois pour chaque femme;
n. foyer et étBgèr
Cllnaris et provisions; o.
grenier il riz; p. cour;
q. veranda. Long
ur: 40 m. env;
largeur 15m env; hButeur mur externe: 1m 20.
2. ChBmbre du chef de famille:
a. porte; b. raleller d'BTmes;
c. lit en te"e recouvert d'Une nBtte; d. fenêtre e. deberres ( coffres).
3. Coupe trBnsversBle . La psro!
coté c,est constituée d'un mur soubassement de 80 cm environ
qui msl.
ent dl's troncs d. pBlmiers espacés de 4 il 6 metres soutenBnt
lB cha
t. de lB toiture.
Fig. 19

l
HABITATION ABE du TYPE DJEMELE
Source: Rev. Pasteur ORSO DECI
Aqbovüle, le 3 Avril 1975
.
,
)
A
Maitre et fiIs
B
Aoba
C
Esclaves
Fig. 20
",
' , '
'<
i.

479
~pp~rten~it le
m~ître,
lorsque,
en vertu d'une langue véhiculaire
région~le, une
intercompréhension rapproch~it maître et escl~ve, ou
lorsque m~ître
et esclave appartenaient purement et simplement à la
même form~tion
sociale
et
~u
même
groupe
linguistique. Dans le
premier c~s
rentr~ient
les
esclaves
Bete échoués en p~ys neyo ou
Kwadia,
p~ys de la même ~ire linguistique; dans le deuxième cas, se
retrouv~ient les esclaves dyul~phones passés des sociétés malinké et
senufo chez
les
Kweni septentrionaux et isl~misés, ou les esclaves
Alladian parvenus en p~ys odJukru, p~ys dont ceux-ci comprenaient et
parl~ient la
langue,
langue d'échange commercial; au contraire les
Kweni et
les
Bete tombés en esclavage respectivement dans d'autres
pays kweni
ou
dans d'autres pays bete ressortissaient au troisième
En delJHièllle
l i€~IJ,
Lor-s que maître et e s c Lave .aPP..;;lI.. tenaient
~ des ense~bles linguistiques différentes, p.ar exempLe Senufo ou Abê
en p.ays
odjukru,
Kweni
en pays Bete,
les apprentiss.ages semblent,
malgré l'évident décal.age,
s'être effectués ~ peu près normalement
ce fut
le
cas
des
jeunes
esclaves,
de
huit
à
seize
ans,
correspondant ~ux
cl~sses
des
Ni9bessi
et
des
ObodJlu
de
l'expérience odjukru
à
la
fin
du
XIXe siècle et au début du XXe
siècle. C'est
que, .avant même le support des activités économiques,
et plus
tard
des
activités
politiques et religieuses,
ces jeunes
chez qui
les
structures
de
la langue maternelle ne s'étaient pas
encore consolidées
pouvaient,
~
travers
les
jeux,
accéder
aux
lang'Jes des
maîtres,
parce qu'ils avaient pour premiers pédagogues
leurs pairs
les
enfants.
Dans un rapport du 4 Octobre 1892,
le
Résident de France p.ar intérim,
E.
Bricard,
confirme, pour la région
lagunaire ce
contexte
de
développement
psychologique
et
p.ar
conséquent linguistique.
Après
avoir
nié l'existence de la traite
dans l'espace o~ s'exercait la présence francaise,
il ajoute (4)
.. ~ n •
..,~ 11.~ • •
L ...........
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b · .....·...:aQ ...·F:OO
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1-.0- ••~ • • ucun .44.~r~"
Si les
mod~lités
concrètes et les rythmes d'assimil~tion
nous éch~ppent
d~n5
les
différentes
sociétés,
ce
fut
l~
que
l'~nnexion ~
réussi.
Aut~nt que permet de le supposer l'expérience
odJukru et
bete,
ces
jeunes furent bien acculturés,
ils donnèrent
quelques or~teurs,
m~îtres
d~ns
l~ l~ngue d'emprunt,
l~ngue de la
société du
M~ître.
P~rmi ces p~rf~its ~cculturés, nous citons deux
escl~ves arrivés
jeunes et dont nous rep~rlerons encore : K~ffu Blê
d'origine Kweni,
escl~ve
de Logbo K~ffu de Gbl~ (TapegUhe), région
actuelle de
D~lo~,
Kw~mé
d'origine
bawlé,
escl~ve d'un vievi de
Gbesse, groupe
Abevê
(Agboville).
Comme
orateurs,
citons
deux
personn~ges célèbres
du
p~ys
odjukru
déj~
évoqués
~illeurs, de
cl~sse d'~g~ Nigbessi : c'est Sifn de Bobor, éloquent prédicateur de
l'Eglise méthodiste,
et c'est Egn-Es-Odn de Gbugbo ; membre éminent
du collège
des
juges,
ce
dernier p~rla m~gistr~lement, lors d'un
procès, et
donn~ tort ê un autre gr~nd or~teur du vill~ge, un homme
riche d'origine libre,
ê cette époque impliqué d~ns l'~ff~ire : Gr~h
Essis.
Plus incert~ine p~r~it ~voir été l~ situation des escl~ves
~rrivés en
pleine
m~jorité
d~ns
les sociétés de leurs maîtres et
chez qui
le
système
de
la 1~n9ue m~ternelle ét~it déjà en pl~ce.
Eng~gés immédiatement
d~ns
l'~ctivité
productive,
ils eurent pour
princip~ux "instituteurs"
les ~dultes, suiv~nt l~ division sexuelle
du tr~v~il.
H~is ~ la fin de leur vie ~ctive, comme l'attestent les
exemples d'escl~ves Ab@ en p~ys odjukru,
d'escl~ves Bete et Kweni en
p~ys gb~n
ou
d'escl~ves
W@
ou
D~n
en
p~ys
Kw~dia,
be~ucoup
demeur~ient s~ns
avoir
réussi ~ m~îtriser la l~ngue de leur m~ître
et p~rl~ient
cette l~n9ue ~vec des déficiences encore plus m~rquées
chez les
escl~ves des hame~ux. A Ti~h~,
en p~ys odjukru, on cite le
qu~rtier-maît~e du
h~meau
Kpotop~.
qui
fut
cédé
en héritage ~u
village de Gat y et mourut ~ un ~qe ~v~ncé5~ns ~voir pu assimiler le
modJukl~l.J.
1.
3.
L' ~pPropri~tion des savoi r'~ J.O':~lli
Il en
est
sur
ce
point comme précédemment à propos des
l~ngues:
esclaves
et
maîtres,
suiv~nt
les régions,
voire entre
s~vane et
forêt,
partageaient
en comm~n certains s~voirs ~u titre
des forces
productives.
De m~me que les esclaves ~55US de la savane
connaissaient les
techniques
d'agriculture
(ignames)
et de tissage
en vigueur
en
p~ys kweni et gban,
de même les esclaves originaires
de
l'Ouest f(Jl'estier -
Kwer.i, Bete, Dan,
Wê,
Bakwe .- m-':lîtl~is~ier,t l~
même agriculture
de riz et de taro,
les mêmes techniques de chasse,
d'habit~tion et
d'alimentation
qu'ils
devaient rencontrer en pays
Kw~dia et
neyo.
Agriculteurs d'ignames et de b~n~nes, les esclaves
anyi-bawlé se
trouv~ient
d~nJ le même r~pport avec les m~îtres abê
et cdjukru.
~
M~is en
accédant
è
une
nouvelle
aire
de
culture
m~térielle, beaucoup
durent
~'adapter
et
apprendre
de
nouvelles
techniques de production.
Dans les sociétés méridlcn~les. les
t
,
j
.~ ,~.'~-

481
m~îtres dev~ient
leur
enseigner
les
techniques
du
grimper
~u
p~lmier, sinon
l~ f~bric~tion d'huile de p~lme : d'eux ils dev~ient
~pprendre les te~hniques de pêche en l~gune et en mer, l~ production
de sel
m~rin
et
pour
les
femmes
les
diverses
prép~r~tions
~liment~ires d'~tVéké,
de b~n~ne et de t~ro. Les difficultés de ces
form~tions, en
p~rticulier de l~ form~tion ~ l~ pêche, explique ~u
Moins en
p~rtie
nous
le
verrons,
le
c~ntonnement
de
be~ucoup
d'escl~ves forestiers
dans
l'~griculture, dans l'extraction de sel
et dans le COMmerce des sociétés littorales.
Or,qu'i!~
di5po~assent de s~voirs technologiques de même
natJJl~e et
de
même
ni'V"ëa'J "qIJe
les
c~dets
s07.::i.:i1IJ:< i
membres
dlJ
collectif des
m~îtres,
ou
qu'ils
présentassent
des
h~ndicaps
technologiques,
les
esclaves
participèrent
,
l~
production lato
sensu selon
des
modalit~s
communes
qui
constituent
p~r
leur
coh~rence les
critères
de
la
même
condition
d'exploités.
Ces
c~ractéristiques qu'on
observe
comme
des
tend~nces
rem~rqu~bles
peuvent @tre
r~menées
~u
nombre
de
qu~tre
: l'inég~l ~cc~s ~ux
activités productives
et
aux
instruments
de trav~il, l'extension
sociale des t~ches, les modalités de tr~vail et l~ sous-consomm~tion
des produits de leur trav~il.
2.
1.
L' i né9a 1 a'~cès Sl!:ill act i v i tés erod'J,;t ives et ~
i ns t\\'IJments ~ tl'ava il
C'est une
constante sociologique, on le sait, que dans la
division du
trav~il,
une
hiérarchie superpose les unes ~ux autres
les ~ctivités
productives
d'une
société et dans ces dernières les
différentes t~ches, et que les groupes sociaux, suivant leur statut,
ont une
part
inég~le
~
ces
activités et ~ ces t$ches.
Telle est
l'une des
particularités
des
sociétés
de
st~tuts
<5>.
Rien de
technique,
rien
de
psychologique
tel
que
les
groupes exclus le
seraient en
raison de leurs in~ptitudes ~ m~îtriser les difficultés
de ces
activités
ou
de
ces
t$ches
il
s'~9it
plut8t
d'une
hiér~rchie socio-politique
au
sens
l~rge,
dépend~nte
de
la
stratific~tion soci~le et de l'idéologie qui
la renforce.
D~ns les
sociétés
qui nous intéressent,
cette hiérarchie
oppos~it'le5 ~ctivités populaires, accessibles ~ux gens du commun et
les activités
réputées plus nobles,
réservées aux élites,
personnes
dignes pour
un
domaine
d'~ctivité.
Le
premier
type
inclut les
t.~hniques de
l'h~bitation, l'agriculture,
l~ cueillette,
la petite
pêche qui
est
la
pêche
d~n5 les rivières (ligne,
hamecon,
nasse,
épuisette .. ,>,
l~
petite
chasse
qui
est
ch~sse au petit gibier,
l'élevage,
les
services
domestiques,
l'~rtis~n~t
utilit~ire
(n~tterie, vannerie,
extr~ction
de vin et de sel)
; d~ns le second
type se
l~~ngent
J.:.I
ch as s e
au
91'05
gibiel',
la
s cu l p t ur-e ,
1.::1
toreutique,
l'orfèv~erie,
parfois
le tiss~ge, la teinturerie et 1.::1
fabric~tion de
l'huile de p~IMe, l~ grande pêche (harpen,
épervier,
pêche ~u
thon ou au requin,
pêcherie). Le prestige de ces dernières
~etivités tenait ~ plusieurs f.::lcteurs
: rareté et eoOts des matières
premières
(or,
ivoire) ,
r~reté
et
coOts
des
instruments
de
produc~ion (fer,
p1rogucs,
fusil),
implications et risques de leurs

482
opér~tions <rites
magico-religieux,
pouvoir politique),
destination
des produits
(sécurité
publique
pour
les
pirogues
de guerre et
certains m~sques,
communication
codée entre communautés politiques
pour les t~mbours ~ langage, vêtements des grands hommes dans le cas
du tissage et de la teinturerie ... >.
S'ils partageaient
les
activités
qu'on
peut
dire
roturi~res avec
la
masse
des
cadets,
les
esclaves
n'~vaient
gdnéralement pas
accès
aux activités nobles,
ouvertes au contraire
aux seules
personnes
libres.
Chez
les
Gban
et
les
Kweni,
par
exemple,
le
tissage
et
l~
teinturerie,
savoirs-faire populaires
comme en
témoigne encore Tauxier,
leur étaient accessibles. Les Abê
réservaient aux
hommes
libres
ces deux activités, en excluant les
esclaves;
aux
~eUl~
libres encore étaient destinées chez les Abê
comme chez
les OdJukru et les Alladi~n les arts par excellence : l~
sculpture et l'orfèvrerie.
Mais ,.:onsideré
,.::omnle un pr-oce s aus , ,.:ette d Lv i s i on so,.:iale
du travail
représentait
un
moment
de l'histoire de l'antagonisme
entre esclaves
et
gens
libres,
un
aspect
de
l'histoire
de
l'exploitation des
esclaves. Dans certains cas,
en effet,
celui par
exemple des
esclaves adultes issus d'une autre aire culturelle, des
ignorances technologiques
pouvaient expliquer et justifier telle ou
telle exclusion
Bete,
Dida
et
Senufo
dispensés
de
la pêche
lag'Jnaire ou maritime. Dans d'autres cas, celui des esclaves adultes
pourvus des
m@mes
savoirs
technologiques
que
leurs
maîtres,
expliquaient et
justifiaient
l'exclusion
des
préventions d'ordre
religieux ou
d'ordre
politique
: en effet livrer un fusil pour la
chasse et
la
guerre,
confier
des
marchandises
pour le commerce
supposait une confiance entre des personnes famili~res et absolument
fidèles l'une
~ l'autre. Dispense l~, ségrégation ici, ces faces de
la dialectique de la domination et de la servitude pouvaient évoluer
pour l'esclave
dans un sens positif ou dans un sens négatif. Le cas
des esclaves
adolescents
dont
la
plupart
ont
recu
une
large
formation et
une
promotion
conséquente atteste que cette division
sociale du
travail
n'evait
rien
de figé.
Reste que, globalement,
pour la majorité des esclaves~ il existait toujours quelque part une
coupure sociale entre la situation des esclaves et celle des libres,
IJTle coupur-e
"1' '?
la l~épar·tition des t~!khes et la sous-,.:onsommation a
ac,.:entuée.
Une autre
tendance
caractéristique
de
l'activité
productive est
qu'avec
les esclaves,
la répartition traditionnelle
des t~ches
de
sexuelle
devient systématiquement sociale. Ce trait
que Claude
Meillassoux a bien relevé sans en tire~ per ailleurs les
conséquences qulil
implique (1964
: 210) n'était pas spécifique aux
seuls rapports ~e production Kweni : au contraire nous le retrouvons
également ailleurs.
Il
se
distingue
radicalement
de deux autres
situations similaires
dont
l'une
est
pédagogique
et
l'autre
a,:,:identelle.
U:>1~sqIJe
les
e n Farrt s
m~le$
pal~ticip;;)ient
comme ils
participent enc re aujourd'hui ~ des t2ches classées féminines comme
de porter
l e '
bois
ou
l'e~u
sur
l~
tête,
ils
le
f;;)isaient
gènér;;)lement 5
5
le contr81~ de leur mère, éduc~trice de b~se des
1
J

(:k~ 1..1 :.: se:·: e!:; ,
~.l
U n
l!.\\ ":J f~
0 i:t
l ;,\\ !,; f.-~ :: u ;"I i '1;: c! :1. .: :i.
n' ;,.1 p ;;,\\ !:; (~ 1'1 .:;: o r-e
\\~ (~ c u !:; ;;,\\
différenciation et
sa
consécration
socio-culturelle.
De fait,
on
sait que dans
les sociétés ~ initiation,
les garcons se présentaient
sour:i
1;.'\\
-fi9U\\~(':~
féminint~
.iu s qu ' .~')
leur"
r'i'te
de
F~;;.1!;r;;"·\\9€~. DI::~ m{~me,
lorsque des
adultes
libres
quelquefois
aidaient leurs épouses ell
portant sur
l'épaule
un
bois
de chauffage ou du manioc dans
leur
hotte
Jusqu'au
campement,
sinon
8 1J
village,
c'était un accident,
l'exception confirmant
la
règle
de
la séparatlon des
t3ches.
Chez
les 0dJukru
et
les
Bete
et
probablement dans d'autres sociétés,
l'homme qui
en
faisait une habitude était traité de malade,
classé
comme un
éfféminè et frappé de mépris.
Pour
leur part,
les esclaves
m31e5 et
adultes partageaient de facon constante et obligataire des
t~ches des femmes après avoir rempli celles des hommes aux catés des
c a de t s.
C'é1:;;)i17
une
e;o:i~~en(~f~
de
],1::~1..lr' état: d(·~ mov e n do:? p r-o duc t io n
;;.lb!:;c) 11-1.
En quoi
consistaient
donc ces t~ches à
l'accomplissement
desquelles les
escl~ves furent pour les hommes et les femmes libres
des producteurs
d'appoint
?
Quelles
furent
les modalités de
leur
u t i Li sa t i on ?
c~~!;; t~J ...~hes,
nous
pouvons
les
identifier
au nive~u des
principales activités
productives,
en
allant
de
celles
dans
lesquelles les
t~ches
masculines
prédomlnent
(capture
des êtres
vivants
:
chasse
et
pêche)
à celles oD les tmches sont partagées
selon l~
variété
des
objets
du
travail
cueillette,
élevage,
;;.\\9\\~ i ,'::1.11 tl" \\~ e .
la chasse
apparaît
comme
l'activité productive masculine
par excellence
~
l'instar
de la guerre
i
elle était d'autant plus
- importante qu'aux
XVIIIe
~t
au
XIXe siècles,
la forêt était très
giboyeuse et
qu'elle
fournissait
une
compos~nte substantielle de
l'alimentation.
Tout
l'équipement
appartenait aux hommes.
Partout,
quatre techniques
de
capture
étaient
adaptées
~ la diversité du
gibier:
chasse
au
filet,
chasse
au
fusil,
chasse
à
l'arc et
piégeage.
A
la
capture
du
petit
gibier
(oiseaux,
rats,
biches,
singes)
étaient destinés des pièges ~ lacets et des pièges ~ ressort
b
celle du gros gibier
(buffles,
panthères,
éléphants)
des pièges
~ fosse
et
des pièges ~ nasses dont nous avons déj~ parlé ~ propos
du commerce
d'ivoire.
Saison
creuse
pour
les
agriculteurs,
l'hivernage était
particulièrement
l'ropice
au
piégeage,
car
il
contraint les bêtes aux déplacements
et
facillte
la lecture de leurs
traces sur le sol détrempé.
F'ié~:J€>;;.\\~J€~ "HJ
petit:
~Jibi~:!l',
'·.:h;.'.l~:;!:;e
~ l'a\\~'::: ('~mpc)is(Jnné et
':.:h,;.'.l::'·::.~~ a 1..1
-flJs:i.l· \\~(·~st;:li.ent
de,:;
c:'rll::r'(;I::-'l~is('~s
individut:!'lles
d o n s
le~;'::luelJ.C's l.o s
arj~.Iltt?s
s' ;;,\\d,io:i. 'JfJ;;:, l er, 1':
d(:!~;;
\\~l~'::ettes d(~ pr-ot e c t t o n
magique.
Le
piégeage
du gros gibier,
en particulier de
l'éléphant,
comme nous
l'avons déj~ souligné,
etl~ ch~sse au
filet
1
i,.
... ...,.!......... (IIp,.~- ..... ,
.
, . j " "
.4

i
1
484
s'effectu~ient selon divers modes de coop~r~tlon. Chez les Abevê, et
1es At:.ê- Khos,
les O,j ju k l'IJ,
1 es ['.ete,
1es
K\\o/erl i
s ep t e rrt r i o naux et les
Gb~n, une première forme de l~ ch~sse ~u filet ~t~it celle d'~quipes
occ~sionnelles et
h~tèrogènes,
m~is
opèr~nt
sur
les
terres
lign~gères ou cQmmun~les. Sous l~ seconde forme,
observ~ble chez les
Abê,
les
Odjukru
lors
des
ch~sses
rituelles
et
chez les Kweni
forestiers,
les dquipes se constitu~ient sur une b~se p~t~ilign~g~re
~u nive~u
du
vill~ge. Alors que chez les Kweni,
l~ disposition des
filets entre l~ droite et l~ g~uche relev~it de l'~utorit~ du meneur
-
le
dopl~z~n -, elle repr~sent~it ~u contr~ire chez les Abê et les
OdJukru un
ordre
prescrit
p~r
l'histoire
de
l~
fond~tion
des
vill~ges. P~r exemple,
~ Gbesse,
en p~ys ~bê, ob ch~que gr~nd filet
.;)fê. -pol~t~it IJn no m,
tel ét~it l' or-dr-e
: e n pr-em i e r- lie'J, .bleblend'J,
filet des M'JtO,
p~tl'ili,~r,~ge fond~teIJI', d~terlteIJI~ ,jlJ ~.OUVOil' énlirlerlt
sur
l~
terre
en deuxième lieu,
nd~d~Qne, filet des Awundjg ; en
troisième lieu,
KotonQr~, filet des Agw~hin (6).
M~is si
les
femmes
ne pren~ient ~ucune p~rt rèelles ~ux
op~r~tions de
ch~sse,
elles
y
concour~ient
cepend~nt
de
f~con
symbolique,
~
deux
moments
du
processus de l~ ch~sse ~u filet.
A
l'occ~sion de
l~
ch~sse conjur~toire -
Gb~bl~nu -,
les femmes bete
du Z~bi~
et du Gb~di dèpos~ient toutes les ordures du vill~~e en un
lieu secret
et
n
'~llum~ient
~ucun
feu;
~près le b~nquet de l~
première b~ttue
dont
elles
ét~ient
exclues,
elle
recev~ient le
gibier d'une
b~ttue
spèci~le
dont
elles
consomm~ient
seules
l~
vi~nde (7).
P~r l'~bstinence sexuelle que s'impos~ient rituellement
les ch~sseurs
~bê
et
odjukru ~ l~ veille des b~ttues, et qu'elles
subiss~ient de
gr~
ou
de force,
les femmes -
èpouses et ~m~ntes -
~pport~ient un
premier
élément
d'effic~cit~
~u d~roulement de l~
ch~sse. Enfin d~ns l~ pr~tique odjukru,
en
l/~bsence des hommes,
les
femmes,
~u
vill~ge,
se déguisaient et Jouaient une série de dr~mes
de leur
f~nt~isie
;
or
cette
m~t~morphose
collective
et
circonst~ntielle n'~v~it p~s pour but unique
l'~nim.;)tion du vill~ge,
elle ~t~it
destin~e
~
~ccroître
les
ch~nces,
~
renforcer
l'effic~cit~ technique des op~r~tions sur le terr~in.
L~ c.;)pture des poissons ét~it une ~ctivit~ productive dont
l' import~nce v~ri.;)it .;)vec les sociétés selon leur environnement.
Sur
les rives
de
l~
mer,
des l~gunes et des
fleuves,
l'.;)ction du sexe
masculin ét~it
exclusive
;
près
des
rivières et des m~rigots le
c~r~ctère subsidi.;)ire
de cette ~ction réserv~ un rSle .;)ccru ~u sexe
fèmir,in.
Plusieurs techniques se trouv~ient ~ l~ portée des hommes.
Les i nd t v t du s .
.;)doles,.:ents et .::ld'Jltes,
p ouvs i e n r
pê,.:rlel~ ~ 1;;) ligrle,
~u h~me~on,
~
1;;)
n~sse,
.;)u
petit
filet.
Diffèrentes pêches se
pl~;;)tiqu~ient.Ô)
deIJ:':
pêd"'e
~IJ
h~l~pon
(b~lé des Neyo),
pê,.:he ~
l'épervier
(Neya,
Odjukru),
pêche
~u filet,
pêche ~ 1;;) tor~he.
L~
c oop r e t i o r, li9n.:=J'Jèl~e
sOljteft~it les pêd-,el'ies
(som des OdjlJkl'IJ),
l~
é
pêche ~u poison vèg~t~l en ~ct(vit~ d;;)ns les l;;)gunes (OdJukrlJ, Neyo>
et d~ns les
fleuves
(Bete-DJetegUhe sur l~ Loba,
Abê sur l'Agbo) (8).
Les vill.:=Jges
pouv;;)ient entreprendre une pêche comrnun~yt;;)ire dont l~
tr~dition ~
persisté
jlJsqu'~
l'~poque
~oloni;;)le
chez
les
Bete
river~ins de
l~
D~vo
(9),
chez les Odjukr~ d'Agneby et de Y~s;;)kp
(10),
comme chez les Neyo de Dagbego
(11)

~--­
485
Conlme les
hommes,
les femmes ont pêché 1;) ti"tl~e individuel.
~ l'ép'Jisette
et
alJ
fi let
(Gb-:ln,
Kweni,
e.ete-Zedie)
(12).
Collectivement,
elles
participaient
1;)
la
pêche
par barrage,
p-:lr
empoisonnement des eaux
(Odjukru de Yasakp et les Bete-Zedie)
et par
assèchement des rivières.
c - ~ l'élevaQ~
Par élevage
ici
il
faut
simplement
entendre les soins
élémentaires investis dans la reproduction des animaux captifs.
S-:luf
les Kweni
et
les Bete qui ont connu le zébu d'origine soudanienne,
les sociétés
forestières
n'ont
élevé
que
des
bovidés
dits des
lagunes,
à
petite taille,
des capridés,
des ovidés,
des carnassiers
(,::h iens et ,::h-:lbiiTe"t 'la VoTaille.-i.es 50';: iêtés lll.él~idion.ales semb lent
avoir disposé
de la masse l.a plus importante du cheptel bovin,
bien
qu'aucun recensement
ne
permette
de
l'évaluer.
En décembre 1724,
cQntrairement au
témoignage
de
Loyer
sur le pays essuma
(13),
le
chevalier des
Marchais
signale
avec quelque exagération peut-être
"les grands
troupeaux
de
boeufs et autres animaux domestiques" du
Nihil~i (14).
E'.ligl~O,
littéNllement
village
(gl~O)
J:l b ov I ns
(bli>
était l'appellation
primitive de Missehi,
une des agglomér.ations la
plus -:lncienne
du
peuplement
neyo,
probablement de la fin du XVIIe
siècle.
Bligroa,
dans
l'actuelle
préfecture
de
Gagnoa,
désigne
ég-:llement une
fraction
méridionale
du
peuplement
bete,
jadis
détentrice d'un cheptel bovin considérable.
En 1902, G.
Thomann a vu
de vrais
troupeaux
de
boeufs
chez
les Bete du BogUe
(Issia),
du
Gbalo
(Brohin),
du Bobwa
(BologUheIGaili) et chez les Kweni du N-:lti.
Enfin,
en
1898,
le rapport administratif sur la situation générale
de la Côte d'Ivoire crédite le Cercle de Dabou et le pays lagunaire,
de cette richesse
(15).
NZ1
n · y
_
p • •
den_
~OU~.
1 • • • v e n .
bo~ • • •
d .
1 e
~o1o~~.
d_
p.~ur.o• • •
prQpr.M.n~
p.,~1_r.
S . u 1 _
1 e
• • v e n e
d·.nv~~on
4~~r
d • •
Qond~~~o~.
r_1.~~v_M.n~
4 . v o r . b 1 • • •
~·.~_v_~_.
Au • • ~
• • ~-d.
d e n .
1 _
._~o1_
d _
D_bOU
qU_
1 .
r.~.
bov~n_
_ .~
1 .
p 1 u .
nombr.u • • .
P r _ .
d .
2
000
~.~• •
d .
g r o .
b.~.11
V
_on~
po _ _ 4 d • • •
p.~
1 • •
~nd~g.n• • " .
Ce cheptel
bovin
en
f~it
~ppartenait
aux seuls hommes
riches qui
partage~ient
par ~illeurs avec les femmes la possession
du petit
b.t~il.
Des biens de prestige - or,
manille,
sombe,
col~,
~rmes -
ont
servi
à
l'~cquérir.
Trois
pratiques
constituaient
l'essentiel des
soins
prodigu~s
~
la
reproduction
des ~nim~ux.
D'abord,
la
construction des p~rcs. Cert~ins hommes riches,
en pays
alladian, abê,
od Jukr-u
OIJ
bete,
-fil~el'lt
él~igel~
des
e nc l o s pOIJ'~
~briter le bétail la nuit contre les f~uves et les voleurs cependant
que les femmes disposaient de poulaillers.
Ensuite,
~ l'alimentation
sauv~ge que
les
animaux
;;)rr~chaient
aux pSturages se combin~ient
l'alimentation domestique
et
les
soins
de
s~nté.
Partout,
les
mén~gères et
les
enf~nts destinaient aux bêtes les feuilles et les
épluchures de banane,
de manioc et d'igname.
Les Kweni nourrissaient
les animaux nouvellement ;;)c~uis de papaye salée pour les attacher

17
Il• • • • • •IIJ• • • • • • • • •- . - - - - - - - - - - - - - - - - -....- -......···~..~~·, .....-'.A-"'V......1
486
aux vill~ges des maîtres. Enfin, un g~rdienn~ge plus ou moins strict
pouv~it être
~ssuré
quand le bétail était considérable et la m~in­
d'oeuvre à
portée
de m~in. Tr~ditionnellement, c'ét~it la fonction
des enf~nts
de
ramener le bét~il et la volaille dans la cour avant
1 a nlJi t.
d -
D~n~ la cueillette
L'anthropologie des
chasseurs-cueilleurs ~ définitivement
confirmé l'hypothèse
selon
laquelle la cueillette est une activité
productive:
elle
requiert
travail,
usage
d'instrument
et
coopération.
Ici,
il
apparaît
que,
s~uf grimper et extraire, les
diverses t~ches
découvrir,
couper,
r~masser
et
transporter,
étaient communes et ne se spécifiaient sur le plan sexuel que p~r l~
p~rticul~rité des
objets
du travail.
A la recherche du gibier,
les
chasseurs découvraient
des
kol~tiers,
des
p~lmiers
~ux
gr~ines
mares,
des
~rbres
propres
~
la confection des pirogues,
certains
produits animaux
tels le miel,
les oeufs d'oise~ux de proie (aigle)
et les
oeufs
de
reptiles
<tortue,
crocodile).
Si
les
g~rcons
grimpaient d~ns les ~rbres pour cueillir les fruits qui n'exigeaient
aucun instrument
spécial
(kolatiers
chez les Bete,
cocotiers chez
les Neyo
et
les
Alladian>,
il revenait aux hommes ~dultes, comme
~ujourd'hui,
de
grimper
~
l'~ide
de
ceintures de rotin sur les
palmiers à
l'huile pour couper les régimes de gr~ines avec la serpe
ou le
coute~u

ébrancher
;
~
eux de grimper d~ns les palmiers
raphia et
les
raniers
ou
d'abattre
les
palmiers
à
huile pour
extr~ire le
vin
dans
des
j~rres
; . eux de couper le rotin,
les
feuilles de
raphia
et le bambou,
matières premi~res respectivement
de la
confection
des
hottes
et des n~sses, de l~ préparation des
toitures,
de la construction des maisons.
Hais l~
découverte n'ét~it pas l'apan~ge des seuls hommes
les
femmes
avaient
vo'~ati;<ln,
pOIJl"'
comp I étel"'
les
l"'eSSOIJl"'ces
~limentaires, de
trouver
et
de
collecter
des
produits végétaux
(ignames s~uvages
et
champignons
comestibles),
d'~utres produits
animaux
(esc~rgots
en
pays ab@,
termites et chenilles en pays bete
et kweni>.
Pour
la
prép~ration
de
l'huile
de
consommation
domestique,
elles
pouvaient
couper
les régimes de graines sur les
palmiers nal
~
; pour le chauffage elles coup~ient le bois mort.
Il
reste vrai
toutefois que le gros du transport était leur affaire,
à
tout le moins dans les opérations à
fin~litê alimentaire.
Oans tous
les
cas,
sauf l'extraction du vin de palme,
la
cueillette repos~it
sur
la coopér~tion ; coopér~tion restreinte au
nlén~ge 01J
;.}IJ
segment de ligrK)ge
('~IJeillette de no i x de co l a , coupe
des régimes,
collecte
des
produits
végétaux
et
animaux,
etc),
coopération élargie
au quartier ou au village
(tr~nsport d'un arbre
dégrossi pour l~ confection d'une pirogue, cueillette des régimes de
gr~ines de
p~lme
par
les classes d'~ge, telle qu'on la connaît en
pays o d Juk r u) .

D~ns le
dOMaine
de
cette
activité productive autour de
l~quelle se
sont
développées
toutes
les
autres,
deux
t~ches
fond~ment~les ont
été
l'~pan~ge
des
hommes.
La
première
ét~it
l'appropri~tion de portion de terre, condition de 5édent~ris~tion et
de la
culture
vivrière.
L~ plup~rt des traditions connues et parmi
les plus
~nciennes
tant
en sociétés patriliné~ires qu'en sociétés
matrilinéaires ~ttribuent
~ des hommes,
fréquemment ~ des chasseurs
l~ fondation
des
localités.
La
redistribution
des
terres entre
lignages fondateurs
et
lignages
d'immigrants
s'est
effectuée
ég~lement d'après
les
mêmes
traditions
entre chefs m~sculins des
lignJDges.. ~l
.n'en
est
pas .. Moins
vl"ai
,.:epend;:Jnt
qu'en s o c r
t
s
é
é
matrilinéaires cert~ines traditions reconn~issent aux femmes ce raIe
historique,
sinon
fondateur du moins au niveau lignager.
A c8té des
p~lmeraie3 de
patrilign~ges
eb-sar
on
trouve ~insi en p~ys
odJukru des
palmeraies
qui
ont
la particularité non seulement de
porter l'estampille
des
matrilignages,
mais
encore
et
surtout
d' avo t 1" été
,.:réées OIJ appl"opl"iées par des fenlnles
(oyow,
si ng.
ï.Q.!i).
MielJ:< que
p.;)t,"htoines
des
Rlatl"ilignages
boslJ
2 l . : . ,
c e s
palmerais étaient
oeuvres de la femme,
nées de son initiative et du
travail de
ses
clients
ou de ses dépendants: Yow-ok-sar.
Nous en
verrons quelques exemples bientSt.
La deuxième
t~che
exclusivement masculine se résumait en
ce que
A.
Leroi-Gourh.;)n nomme la préparation du sol. Elle comprend
plusieul"s opérations
: le déboisement à
la machette,
l'abattage des
~rbres'
l~
hache
ou ~u feu,
le brûlis,
le l~bourage, et chez les
peuples cultivateurs
d'ign~mes,
le
buttage
à
la
houe.
Sauf le
brûlis,
ces
opérations s'effectuaient sur le mode de la coopération
lign~gère et dans une certaine mesure de l'entr~ide interlignagère.
La troisième
t~che, l'ensemencement, et la quatrième,
les
soins à
18- plante, ~taient partagées entre les deux sexes selon la
n.;)ture du
végétal
et
la
pratique des sociétés.
Pour l'essentiel,
nous répérons
dans
toutes
les sociétés,
quatre groupes de plantes
vivrières:
les
céréales
(riz,
mil),
les tubercules
(t~ro, igname,
manioc),
les
fruits
(banane),
les
légumes
et condiments
(gombo,
~ubergine, piments)
;
leur importance était variable comme en donne
une idée le T~bleau 31 indiquant l'état de choses au début du XVIIIe
siècle et 1.;) fin du XIXe siècle .


7
TAe.LE(~U
31
TAl?LEAU eOMPARE DES F'L8.NTE5 CUL1_IVEES AL1?S. XVII~. ET XIXe. SIECLES
1
tl l ~ 1 ~ & k a ~ 9.
XIXe SIECLE
A - OUEST
~ -
Nord
riz,
igname,
b~n~ne, m~nioc, m~~s , ~r~chides, gombo,
h~ricot, piment,
p~paye.
b
-
Centre
'"' i z ,
b~n~ne, taro,
ign~me, m~~s, ~r~chides, gombo,
ha\\"icot,
piment,
manioc,
p~p~ye.
ban~ne, taro,
ign~me, m~is, ar~chides, haricot,
m~nioc,
p.:apaye.
~ -
Gbalo
(Dalo~)
t~ro, banane,
igname,
gombo,
piment,
riz,
ma~s,
c anne à
SI.J'':I~e
b -
BogUe
(Issia)
taro,
banane,
gombo,
piment,
riz, manioc,
c -
Guideko <Subre)
taro,
riz,
ban~ne, gombo,
piment,
manioc
e. - EST
banane,
igna~e,
taro,
gombo,
piment,
~r~chides, citron,
papaye.
4.
Société odjlJkrlJ
manioc, banane,
igname,
taro,
gombo,
piment,
h~ricot, ma~s,
~r~chides, citron,
pap~ye.
II
LITTORAL
XVIIIe ET XIXe SIECLES
a..:. OUEST
XVIIIe siècle
(Ch. des M~rch~is 1730 :
184)
r Lz ,
mil,
nlaïs,
(t.;)I~O ?),
pois
(haricots ?),
orange,
citron,
c e nrie
~ SIJ'~'~e
XIXe s i
c Le
riz,
manioc,
taro,
b~nane, cocotier,
gombo,
h~ricot,
è
piment.
e. -
EST
XVIIIe siè,:le
~
ign.:;lR\\e,
r t z ,
mil,
ma
s ,
ï
~nanas,
papaye,
citron,
or~nge5, piment.
3.
Sociét~ alladian
XIXe s i
c l e
è
manioc,
ban~ne, igname,
cocotier, maïs,
gombo,
citron,
piment
~
---"'-~-".~~"-~ÔIIflII"Y.

m'a
ESFmmmrrnnn,rmll'meiMttr
url" '1,m1
4B9
Associés,
hommes
et
femmes
repiqu~ient les bananiers et
plantaient les ignames (Kweni,
Bete,
Abê).
Les femmes semaient le riz
(Bete,
Kw~di~),
plant~ient
le m~nioc (Odjukru, All~di~n). D~ns ~es
ch~mps d'ign~mes, de riz et de manioc, les fe~mes sem~ients le m~l~,
le gombo,
les
h~ricots et les piments ; après les recoltes parfols
elles pl~ntaient
le
t~ro.
Les soins ~ux plantes étaient une t~che
p~rtagée. Les
hommes
s'occup~ient
du
tutor~ge des ignames, de l~
c18ture des
ch~mps, des pièges, des épouv~ntails et des dispositifs
m~giques destinés
~
protéger
les
cultures contre l'agression des
voleurs et
des
animaux
déprédateurs.
Aux
femmes le sarclage des
mauvaises herbes.
A
elles
enfin
la
moisson
ou
la
récolte
et
l'engrangement.
Quatre
sortes
de
greniers
assuraient pour deux.
quatre ans
parfois les réserves contre la famine
: greniers de taro
<p@tê-b'Jdu des
Bete,
~ des Abê), gr'erlier's de ·maïs (9IJ90-gad~ des
e.ete,
9ba,.::ha
des
Ab@),
gï~èniél"sd'ignames (d'Jgba des Ab@, 9r,e-b'Jd,d.
des e.ete),
~wenier's de r i z
<zei des Bete-Zebwo>
(16).
A ces innombrables t~ches ainsi sexuellement différenciées,
les esclaves
prirent
part
suivant
trois
principes.
Ils
y
participèrent en
premier
lieu
suivant
un
principe
de
division
sexuelle.
Hommes
avec les hOMmes dans la chasse et la pêche,
femmes
avec les
femmes
dans
la
cueillette
et
l'agriculture,
ils
travaillèrent à
~cquérir des techniques nouvelles dans des domaines
ignorés,
mais
qui
leur
étaient
statutairement
ouverts. Dans ces
domaines de
nouvelle
conn~issance
comme
d~ns
ceux
d'~ncienne
connaissance,
les
meilleurs
d'entre eux s'affirmèrent et devinrent
célèbres.
Nous
rencontrerons
de
telles
célébrités
en matière de
chasse,
de
commerce
ou d'~rt. Hais si ce principe les assimile aux
personnes libres,
la coupure entre les uns et les autres réapparaît
avec les
principes de la neutralité de l'~ge et de la neutralité du
se:<e.
En deuxième
lieu, en effet,
le principe de l'~ge pour les
esclaves n'entrait
pas
toujours en ligne de compte. A la place des
enfants libres
des
lignages,
les
hommes
riches
affectèrent des
esclaves adultes
aux
soins des animaux domestiques, c'est-.-dire •
l'alim.ntation et
au
g~rdiennage. Il en était ainsi en particulier
dans la cour de Logbo Kaf
de Gbla (TapegUhé)
chez les Bete-Sorobwo,
comme. Emokwa,
en pays alladian,
dans les cours d'Etté Gbongro,
chef
du matrilignage
des Kaku,
et d'Adjé Bonny,
chef du matrilignage des
Hambê,
chez Odjapo Oeci de Cechi en pays ab@ ou chez Lao-bi-Tro
fwa
de GIJni.;li
(e.andiahi)
pal~"li les Kweni-KIJon. t!.e pl~in,.::ipal g.:ll~di~n-;;:;
troupeau d'Etté
Gbongro
était
un Dida, Djadju Kan,
l i é . une Dida
dont il eut deux enfants,
Vemin et Bêci.
Il avait sous ses ordres des
équipes chargées respectivement du nettoyage du parc, de l'abreuvoir,
de la fourniture de nourriture végétale et du,parcage des animaux le
s o t r-
(17).
,
..
En tr'oi.sièllle
Li e u ,
les
e s c laves
mJllles
vil~ent
leul~s
activités productives
se désexualiser de deux manières.
D'une p.:lrt,
ils accomplissaient les t~ches agricoles réputées masculines sous la
surveillance d'une
femme,
l'épouse principale du maître,
celle qui
aV.;lit ~
charge les greniers,
c'est-~-dire l'intendance de la maison
ou parfois la soeur puînée du maître qui,
d.;lns les sociétés
__ ""~_--
..
~,
.......... ':~; .~... ,~

..
490
matrilinéaires co-gérait
le patrimoine lignager avec son fr~re. Des
Essuma du XVIIIe siècle aux Bete-Zebwo du XIXe siècle, en passant par
les Odjukru,
les Ab@ et les Kweni,
les maîtres acquéreurs donnaient
autorité sur les esclaves ~ leur première épouse, ou le cas échéant,
~ leur soeur puînée. Cette prééminence féminine dans l'organisation
du travail
apparaîtra décisive, nous le verrons, dans la production
de tendance esclavagiste que nous offrent les Nevo. D'autre part,
les
esclaves roSIes
accompagnaient
les
femmes
dans
leurs
t~ches
traditionnelles ou
les exécutaient pour elles ~ l'occasion de leurs
travaux d'hommes.
C'est
ainsi
qu'ils
semaient,
récoltaient,
engr~ngeaient ou portaient de l'eau avec les femmes. Mais en revenant
des champs,
ils devaient rapporter également à la maîtresse de maison
du bois
mort
de
même
qu'ils ramenaient de la chasse des produits
végétaux et animaux utiles à l'~lim~htation.
Trois caractbres
au moins se conjuguent pour spécifier le
travail des
esclaves. Le premier de ces caractères est l'intensité.
Sous cette catégorie,
il faut entendre la durée de l'effort fourni ou
de l'énergie
dépensée,
plutôt
que celle du rendement produit' la
superficie par
une
forme
de
mise
en
valeur,
par exemple dans
l'agriculture. Elle
résulte
d'une
tendance
et d'une exigence. La
tendance parut
normale
~
la
plupart
des
personnes libres de se
décharger sur le petit nombre d'esclaves, en particulier sur les plus
robustes d'entre
eux des travaux de force qui revenaient aux hommes
et des
travaux
salissants
généralement
échus
aUX
femmes
débroussaillage, abattage
des
arbres,
labourage,
bouturage
et
transport du bois d'un côté; nettoyage de la cour et des instruments
de travail,
lessive de l'autre eSté.
Hais cette tendance s'exprimait
aussi par
une exigence. Aux esclaves beaucoup de maîtres imposaient
l'obligation, dès
le jeune Sge, dans les mêmes conditions d'~ge, de
santé et
de
qualification,
de
surpasser
les personnes libres en
dépensant plus
d'énergie productive.
Albert Roux, Administrateur du
cercle du CavaI IV,
dans son rapport du 26 mars 1904 au Gouverneur de
la Côte
d'Ivoire,
signale ce fait à propos des tous jeunes esclaves
(classe d'Sge des obodJly
et niQbessi chez les Odjukru) en marquant
la différence de leur condition d'adulte
(1904 : 3-4) .
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J e u n e .
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491
Or,
~
cette
tendance
et
~ cette exigence, les esclaves
répondirent généralement
par
le
zèle.
Leur
conduite,
sincère ou
calculée,
avait
pour but de les installer dans les bonnes gr~ces du
m~ître individuel et collectif, de les faire bien voir. A ces hommes
et ~
ces
femmes s~ns parents, qui avaient, au moins pour certains,
échappé déJ' ,
l~ mort, et qui par conséquent préféraient la vie ,
l~
liberté,
l'empressement' servir,
le dévouement aux maîtres ~pportait
des avantages
matériels,
immédiats
logis,
vêtement,
nourriture,
bref l~
sécurité.
Dans
le long terme d'autres avantages pouvaient
s'ajouter et
s'~joutaient aux
premiers:
soins de santé en cas de
maladie,
acquisition
d'un
~onJoint ou d'une conjointe, possibilité
d'avoir des
enfants,
faculté
de
Jouir
d'une
vieillesse
sans
difficulté,
espoir enfin de connaître une fin honorable.
"un
o_p't:'~·.,
<.... 1:'....4110.....
p r o p o _
du
. e _
e&1_d~eft
qU~
_.~
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g . n . r e 1 1 _ . b 1 _ ,
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"un
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p_r~1ou1~.r_... _n~
. . . 1 . " .
C:lll'''1P
b . 4 . . . . )
Ce zèle
pouvait
eMprunter
plusieurs
formes
allant
de
l'ardeur et de l'efficacité dans le travail ~ la garde du patrimoine
lignager en passant par la stricte révérence' l'égard de la personne
du maître
ou
de
la
maîtresse.
Ce
n'est
pas
un
hasard si les
tr~ditions d'origine
exaltent
les noms d'esclaves explorateurs qui
découvrirent lors de leur activités de chasse des sites d'h~bitation
ou de production ou d~limitèrent des territoires villageois : ce fut
avant le XXe siècle,
H~mb@ 8ru d'Emokwa et Nangban Si d'Akru en pays
alladian,
Loveis Krebu d'Aklodj-A,
en pays odJukru, ce fut ~u XVIIIe
siècle Didi
Nd@ de Kosr et au XIXe siècle Ligbesso Adia de Kpass er.
pays odJukru.
De l~ m@me facon,
à Tiaha,
village odJukru des derniers
immigrants venus
de
Ty~salé au début du XIXe siècle,
~ont célébrés
les esclaves
qui
lors
du
boom
de
l'huile
de palme,
rivalisant
d'ardelJr ont dêfl~iché et acqtJis des for"êts pOIJl~ les nlat1~i 1 ignages de
leurs maîtres.
Telles furent les forêts de ~b~daf, Amnel-@m-0909 e~
Okl~on1ian-bl~a (matr"ilignage des Otobro-).';'l>,
les fOl~@ts de Lafein et 1e
Odu-eu
Cmatrilignage des Oongb~-l~> ; telles les forêts de Kodo9-di~m
(nlatr i l ignage des Naft\\rei-l a),
les f o r
t s
de Yi n9biem et Lafei n-ni -'tf
ê
(m~trilign~ge des Miss@-la>.
L'escl~ve, qui
se ley~it avant le maître,
partait tat aux
champs et
rentrait
tard après les femmes,
avait la réputation d'Un
excellent travailleur
méritant
parmi ses congénères chez les Bete-
Zebwo
(18).
Mêrit~nt
travailleur
également
~ux
yeux
des
Gban
(Tchegb~>, des
OdJukru
(Kpanda)
et
des
Alladian
(Bodo-LadJa>
l'esclave qui,
après le dur labeur de l~ torride Journée,
trouvait de
l'énergie pour aller à
la chasse ou ~ la pêche afin de procurer è
la
maîtresse de
maison,
le
lendemain
matin,
du gibier ou du poisson
'~-~"",--r

p y m .
fr~is. P~rmi
ses
serv~ntes la maîtresse abê av~it une prédilection
pour celle qui savait aller aux devants de son dési~ de rester.bell~,
celle qui,
sans
qu'elle
le lui comm.nd~t expressement,
venalt lUl
tailler les ongles et les soigner au citron,
qui noirciss~it ses cils
et seS
sourcils
déj~
décolorés,
qui protégeait ses dents ~vec des
produits végétaux,
entretenait
ses
cheveux
avec
la
brillantine
d'~m~ndes de
palme,
la
parfumait
~ l'~ide des racines de tchinon
après le
bain,
bref
celle
qui,
en
cultivant les ~ttraits de sa
jeunesse,
réhaussait par l'art son statut économique et social
(19).
Particulibrement attachants
aussi
pour
les
m~îtres
étaient
les
esclaves thérapeutes
qui mirent spontanément leur s~voir au service
de la santé publique comme cela s'était prod'Jit ~ Gbessé en pays abê
ou ~
Gbassi
chez
les Bete-Ori. Nous verrons quelle récompense les
Bete offrirent ~ l'un de ces thérapeutes.
Mais nécessaire,
l'intensité et le zèle ne suffirent pas ~
spécifier le
travail
servile, car les gagés et les captifs étaient
soumis au
m@me
régime
de
travail
et manifestaient parfois,
~ un
moindre
degré il est vrai,
la m@me réaction pour plaire.
Un
troisième caractère
complète
les
deux
précédents
pour donner sa
pleine si9r,ific~tion
économiq'Je
a'J
r'appol~t
d' es,~lavage, c.' est la
durée.
Le
fait l~ : la vie productive que les esclaves passaient au
profit de leurs maîtres,
l'administrateur Roux vient de le confirmer,
excédait celle vouée par les cadets ~ leurs aînés. Que l'essentiel de
cette vie
fOt
consacrée
aux
maîtres,
c'est une évidence dans les
sociétés patrilinéaires
o~
la
majorité
des
escl~ves
n'avait ni
existence conjugale
ni
enfants
qui eussent détourné une partie du
produit de leur travail et occupé p~r conséquent,
une p~rtie de leur
temps. D~ns
les
sociétés matrilinéaires,
les esclaves produisaient
toute leur
vie
pour le lign~ge possesseur, alors que les cadets ne
consacr~ient leur
tr~vail
~u
matrilignage
qu'~
partir
de l'~ge
adulte,
sans
j~mai5
cesser
de
soustraire
au
bénéfice
de leurs
paternels, en
nature et en espèces,
une fraction du produit de leur
travail et
par conséquent de leur temps.
Fils et filles,
ces cadets
devaier,t en
effet
~ le'Jl~S pêH~es ou alJ:< héritiers de '.:e'J~·:-'.::i, otJtre
des obligations
en
travail
quand
la nécessité s'~xprimait, de la
~bsist;;3rIce, des
v@tenler.ts,
des redevan':es fIJrlél~ail~es et des biens
s~crificiels. En
vertu du principe de l'unité de lieu et de l'unité
de temps,
la majorité des esclaves -escl~ves célibataires,
esclaves
collés et
esclaves
liés p~'~ un concubinat -
subit cette condition.
Hais le
zèle
aid~nt, beaucoup d'esclaves,
jusque dans leur extrême
vieillesse,
tentaient de rester actifs pour mériter les bienfaits du
lignage possesseur
et
une
fin moins inhumaine,
surtout lorsqu'ils
t'av~ient pas d'enfants.
Nous conférons
au
concept
de
consommation
le
sens
ar,th,"opologiqlJe que,
d":.H.s Hi 1 ieu €~t Techrtiques, A. L€~l~oi -Goul~han met
en oeuvre
c'est l'usage que les acteurs sociaux font de tous les
biens que
mettent
~ leur disposition la production saciale, depuis
l'alimentation jusqu'~
l'h~bitation, en p~5s~nt par le ~êtement, l~
musique et
l~
fête
(20).
Or,
~ comparer les p~rts respectives des
e s c l av e s et
des
'::~1dets
dar.s
le
p r o du r t
co ns ommé de le'JI" ,:OOlnllJne
activit6,
si
grande
est
l~
disproportion
qu'il devient
juste de
parler ~ propos des premiers de sou5-consomm~tion. Mesure de

493
sous-consomm~tion peut être ~ppréciée d'~bord comme consomm~tion des
produits de
qu~lit~ inférieure et ensuite comme consomm~tion f~ible
sous le r~pport de l~ qu~ntité.
2.
4.
1 Une ,::onsomm.:ltion ':l'.I~l i t.::lti vement .!.nfér'iel.ll"~
.:1 -
L' habit.:ltior.
Nous .:Ivons
identifié
précédemment
1.:1
place
échue
aux
esclaves nouvellement
arrivés
d~ns
la
m~ison du m.:litre. Ajoutons
ceci comme
un
moyen
et
un
aspect
m.::ltériels
de l'.::lutonomie des
personnes,
l'h~bit~tion individuelle, st.:ltistiquement parl.:lnt, a été
plus accessible
aux
esclaves des sociétés m.:ltrilinéaires qu'~ ceux
des sociétés
p~triliné~ires.
C'est
qu'elle est signe de m~Jorité,
car.:lctéristique de
l'~dulte
vivant
~vec
une
conjointe
et ayant
éventuellement des enf~nts.
b -
~ vêtement
Ou XVIII
~u
XIXe siècle le vêtement,
chez les peuples de
cette zone, est allé se modernisant suiv~nt les lignes de progr~s du
commerce,
des
frontières
préforestières,
anyi-bawle et littor~les
vers le
centre
forestier,
au
sens
o~ les cotonnades ont tendu ~
rempl~cer les
costumes d'origine ~nimale et végét~le et ~ recouvrir
l~ plus grande p~rt~e du corps humain.
Ainsi ~uX t~bliers de peaux de
singes ou
de
nervures de r~phia (Neyo,
Bete)
et ~ux slips d'écorce
(godè neyo,
~kêd@
~b@,
1 i kpekr.
od Jukr-u) ,
se
sl.lbsti b.lè,"erlt
progressivement dans les couches loc~les aisées les pagnes de raphia
et de
cotonnade,
assortis de p~rures en os,
en ivoire,
en cuivre et
parfois en or dont se couvraient depuis toujours les Essum~ (21).
Ces
pagnes eux-mêmes supportaient une hiérarchie plus stricte encore chez
les peuples
tisserands
que chez les peuples uniquement porteurs ou
i.h"apés.
Les informateurs
de
B~ndiarli,
chez
les Kweni-Kuon,
ont
énuméré au moins dix-huit variétés de pagnes
(22).
L.
Tauxier les eut
classés,
en
six
catégories,
selon
les
prix.
Les pagnes d'écorce
"ploi" ,,:oOtait
2,5
-
5 F chez les Kweni d •.1 ,::ent'''e ;
" s ofl.l"
: b omb o
(b Lanc r ,
"~",
dessin
no i r-,
b l anc ,
30 F ;
danQo,
~ dessin ,"oIJge,
no i r-,
ble/J,
b Lanc ,
50
F ;
"â2!!." dessin ,"ol.lge,
b l e u ,
jal.lne,
50 F
;
n~kafi~nu", 150
F.
Ces prix varient au Nord ~ la m@me époque:
35 -
SOF le
dango,
20 -25 F le bia,
15 -
20 F le bonlbo.
(23).
SIJ\\"
la foi
des informateurs,
Cl.
Meill.:lssoux y distingue fonctionnellement les
pagnes d' IJsage
,,:o'.II"ant
<Q.ilt
des hommes,
k;;)llJdane des fenH\\\\es),
des
p~gnes d'éd".ange
(bia,
kal'Jd;,.me,
!!1!.!'.afi.:lrll.l)
et
des
pagnes
de
prestige,
parfois
non commerciables
(§o90ne,
vahudan90,
songone des
Gura),
mais utilisables dans les dots et les funér~illes. En vérité,
tOl.ltes les ,;:até90'" i es!" de p~gnes de pr-ove ne nce Kweni et e.awle étaient
':ommer':i~lisées, p'.Ii· ue
les
peuples nléridion.'Oll.lN corma i s s e t e nt; ,::es
pagnes de prestige c
,me le montre le Tableau 32.

_1..
m,tNI';
zat'iIW'M'
a.~.n·.'" ft
TABLEAU 3~~
TABLEAU COMPARE DE LA VARIETE DES PAGNES
EN PAYS ABE, ALLADIAN ET ODJUKRU
ABE : DIX VARIETES
ALLADIAN/ODJUKRU
: DIX VARIETES
-R;::;bi no/Offo\\~IJdj@
- - - EnH)k~-1 AI~mêbê/AI"lo<jj-A
(24)
(25)
(26)
(27)
(28)
1.
Awey.:l
3,5 F
1-
Bombo
..,
~,
.
.:: .
FIJs;:'l/Dj.:lsi
4
F
"-
Me i n-gb;.Jd/E?i.:l
30 H
3.
Bon\\bo
6
F
(p;:'lgne des Seins>
..,
4.
e.eteke
... . Tan\\b\\~e
40-60 M
5.
Bi.:l
4.
W.:ldj.:l/SIJbIJ
50 H
6.
Kerlde
7
F
5.
OW;:'I-django
60 H
7.
Ko ndr-o
Dj;:'l.:hi 10,5 F
6.
Dj;:'lblJn
70 M
8.
T.:lmble
15
F
7.
K;:'Inli t.:h@
aD H
9.
K.::lng;:'l W.::ldja
20
F
8. Dj;:'lngo
sa H
10.
Dj.::lrlgo
25
F
9.
K;:'Issr.l
100 H
10.
Gbedje-g\\~.::l
100 M
Or.lns les
soci~tés
rel.:ltivement plus prospères
(alladi~n,
r.lb@,
odjukru,
gbr.ln-kweni>,
les
hommes
riches
constitu;:'lient
des
trésors de
pr.lgnes de prestige destin~s ~ reh;:'lusser les f@tes et les
fun~railles:
k.::lss.::l,
dJ.::ln90,
kr.lmitch@,
n~k;:'lfi;:'lnu...
;
les r.lutres
p;:'lgnes lelJI~
étaient
d' 'J~'r.lge q'Jotidien : biq, s'Jbu, .!<ond\\~o, djr.lssi,
t;:'lmbre .•. Eysseric ~ vu les hommes kweni drr.lpés d~ns de grr.lnds pr.lgnes
de lm,50
sur 2m,10 et les femmes couvertes ~ mi-corps du bas-ventre
r.lUX genoux de petits p~gnes de Om,75 sur lm,20 ; ceux-l~ comme celles-
ci portaient du corail aux oreilles, des colliers de perles ;:'lUX cous,
des br;:'lcelets en lr.liton,
en pe.::lu d'hippopot;:'lme, ou en ivoire aux brr.ls
(1899 : 80>.
Hême chez les Bete méridion.::lux
(Guideko, Bobwe, Lobwe>,
dont G.
Thomr.lnn
sou'ign.::lit
le
dénuement
vestimentr.lire
et
qui
pratiqu;:'lient lr.l
~r~ite
sans
l'escl.::lv;:'Ige
(29),
il
Y
a
lieu de
discerner les
h;:'lbitr.lts
selon le statut social et d;:'lns celui-ci les
habits selon qu'il s'agit de l'h.::lbit ordinaire ou l'habit de fête ou
de réception : du t.:lblier de pe.::lU de singes et vêtement ordinaire se
distinguait chez les riches le p~gne végét;:'ll d'écorce ou de raphir.l et
le pagne
de
cotonn.::lde.
C'était,
partout ;:'Iilleurs,
la m@me coutume
dans sa
composition
essentielle.
Logés
sous ce rapport ~ 1;:'1 m@me
enseigne que
les pr.luvres,
les escl~ves partageaient le dénuement de
ces derniers,
portant slips de cotonnade, pagnes d'écorce et pr.lgnes
tissés de
qualité
inférieure.
Une
différence importante sépar.::lit
pourtant les
deux
groupes
les
cr.ldets,
vr;:'lis ou f.:luX pr.luvres,
pouvr.lient jouir
des
pr.lgnes de prestige,
lors des fêtes ou lors des
fIJrlê\\~;:Jilles i
salJf peIJt-être les l~êdimês, les e s c l ave-s ri' y ac.:édaient
j~mr.lis, comme
nous
en verrons lr.l logique ~ l'occasion des fêtes et
des ritIJels fIJnéraires.

111

'me
pritf_MPS
"'ltZIii7:"'Q'ft!lMX , "P.I!II!1rJM11r"""
t
495 ·r
c -
L'aliment~tion
Les r~re$
documents
qui
ont
pris
en considér~tion cet
~spect de
l'existence
servile
ont
noté
deux
tr~its
génér~ux ~
l'ensemble des
sociétés
considérées
la
qualité inférieure des
vivres consommés et l~ sép~ration des repas.
Van C~ssel rappelle que
les Oan
pratiquaient
deux
cultures
vivrières
le m~nioc, qu'ils
plantaient en
~bondance, ~bandonn~ient ~ lui-même et que "seuls les
esclaves consomm~ient,
sauf
en
cas
de
disette
"et
le
riz,
la
nourriture préférée
des
personnes
libres
(1899
/38/7).
Pour sa
p~rt, évoqu~nt
les
esclaves
et
les
salariés
~utochtones,
deux
c~tégories de
tr~v~illeurs employés par les hommes riches d'Assinie
au XIXe si~cle, Lartigue écrit en 1851
J...
" L . _
....... b$.1:' . . . . 1:'_ •
n .. "t:'u ..... 1 .
• •
_n.
n~
o~ft_~d.~• •
COMM_
d • • •
d •
• •
rY~Q_
1&br_~
_1:'
~.qU.~'1:'
.UN
~ ~ _ v _ u w
1 __
m o ~ n .
p _ " . b 1 . _
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q u _
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1
..
1 _ u r .
_n~....
o u
_.~1.v
_M_nd __
~u·~1.
_ncaur.n1:'.
L.. .....-il•• __ng_r.1:' .. 1.- ..,••ne .g_..'.11 _ que 1 ...._'1:1:',... 1 1 __
1.. ...._"'__ ....ng_n1:' _t=-r.. .1:' • JD-"'~" (1851
366-367>.
Si nous ne pouvons confirmer la premlére thèse relative aux
cultures vivrières,
du moins
la consomm~tion du poisson et du gibier
JDbonde dans
son
sens. Les f;;lits od Iukr-u et ~ll~di~n l"evèlent qlJ'il
existe une
hiérarchie
entre
les
poissons et dans les différentes
p~rties du
poisson.
A Ti~h~,
en pays odJukru,
la redistribution du
produit de la p@che effectuée ~u profit des esclaves du hameau dit de
KPotokpa prévoyait
deux
p~rts
les
poissons
réputés
nobles
(machoirons,
carpes,
capitaines)
~ll~ient au village, c'était la part
des maîtres
;
les
poissons
considérés
comme viles rest~ient aux
esclaves.
Or ces poissons destinés au h~meau se trouvaient être ceux
que prenaient
généralement
et
que prennent encore aujourd'hui
les
enfants dans
lelJl"'s
fi lets
et
l~'.J,'S
h;nmecons
daka
(Ctenoponla
Kin901ey;;)e),
didibo
(MaJ.i!Etel~!_IS
étg(.::t.!~),
bortidj
Q.!:!.
~n-ebl.
(Henlit::t-Il~onlis
fas(~iabJs),
iWl~
(f21"otop-tel"IJS
§lnnecte'Js),
~
(F'e1 nIato,.::hl"ontis,
KIJV,ê
aIJtl~€~
espè,.::e
q~nÜ/:t-!.!:'ftnlis billl~/'::IJI~bJs), lOYI.l
(Lepisosteus).
Ainsi,
quels que fussent
leurs ~ges, les esclaves en
bloc occupaient dans cette consommation l~ même place qu'ils ~vaient
dans l'~lev~ge, celle de la catégorie l~ plus basse de la hiér~rchie
~des personnes libres
les enf~nt5. Mais ~ la différence des enfants
d'ingénus,
cette
place leur était réservée comme ~ titre définitif.
<
< " - .
-

Qu~nt ~
l~
redistribution
du
gibier et du gros poisson,
l~quelle
s'~pp~rente pour l'essentiel •
l~ redistribution ~ll~di~n, elle ser~
ex~minée plus loin; son ~spect qualit~tif n'y est p~s dissoci~ble de
l'~spect qu~ntit~tif de l~ consomm~tion.
L~ coupure
d'~vec
les enf~nts se trouve confirmée p~r l~
ségrég~tion des rep~s. D~ns l'esp~ce de l~ cour,
les femmes escl~ves
m~nge~ient sép~rées des femmes libres,
les escl~ves m~les sép~rés des
hommes libres.
Qu~nd
les
premiers
m~nge~ient
d~ns
l~
m~ison,
génér~lement les
seconds
le f~is~ient ~u-dehors ; et qu~nd ceux-l~
pren~ient leurs
repas au centre de l'esp~ce domestique, p~r exemple
~u c~mpement,
ceux-ci s'install~ient peu ou prou •
l'éc~rt,
comme a
l~ périphérie.
Ou
point de vue du temps,
m~nger ~près les m~îtres,
lOl'sqlJe cel_.:l
~J'l'iv~it,
c ' ét~it
avo i r-

co ns ommer- les l'eliefs des
maît\\'es et
des
c ade t s ,
c ' ét~ii: ~voir-J!.r··ne-ttoyel'la v.:lisselle et ~
bal~yer la m~ison ~près le rep~s. Ce principe s'~ppliqu~it cepend~nt
différemment,
selon que les esclaves ~vaieni: pris de l'~ge et ét~ient
devenus des f~miliers, rest~ient bons serviteurs ou non, ~y~nt GU non
une conjointe.
Absolu
chez
les
Abê
~uprès
de
qui
les escl~ves
courr~ient le plus de risque d'être immolés,
ce principe s'~tténuait
d~ns les ~IJtr'es so':iétés av~.: les divers p~l iel's de la s oc a a I is~t i on .
2.4.2
~ consomlnation 9u~ntit~ti.~illn.!t!!!. f~ibl~
Que l~ consommation fat disproportionnée entre escl~ves et
c~dets, nous
en
avons
une
~utre
mesure
d~ns
l~
consomm~tion
~liment~ire et
dans
les diverses dépenses l'el~tives ~ 1.:1 s~nté,
~u
m~riage et ~ux rituels de promotion.
~ - La consommation alimentaire
Revenons sur
ce
point
~ l~ répartition du produit de l~
pêche ~lladian
dont
Marc
Augé
~
précisé
les
principes
et les
modalités ~ux
trois
moments
de
l~
vie
d'un
pêcheur
; ~v~nt le
mari~ge, ~près le mariage, après l'ém~ncip~tion (30). P~rt du cadet
et part de l'esclave ne se confond~ient qu'~ un seul moment, avant le
m~riage:
le tout du produit de la pêche restait immobilisé chez le
père ou
le m~ître, qui entreten~it le pêcheur.
H~is même alors, une
différence peut
exister
: le cadet ét~it toujours jeune, alors que
l'esclave pouvait être ou Jeune ou ~dulte. Le mari~ge f~is~it écl~ter
les iné9~lités. Des cinq parts de poisson ordinaire que composait le
père, une
p~rt ~llait au père lui-même,
une part ~ l~ belle-mère du
pêcheur, une
part
au
grand-père
ou
~
son héritier,
une p~rt ~u
lignage maternel
du
père du pêcheur,
une part ~u pêcheur lui-même.
Lorsqu'il s'~git d'Un gros poisson comme le thon,
une p~rt reven~it ~
la feMMe
qui
la
remettait
~
l~
belle-mère,
une p~rt (l~ p~rtie
charnue et
une
demi-tête)
all~it ~u père Qui l~ tr~nsmett~it ~ son
propre pêre
ou

l'héritier de celui-ci, une part augmentée de l~
seconde moitié
de
l~ tête ét~it destinée ~y m~trilign~ge du père;
une p~rt
était
réservée ~ 1~ classe d'~ge du père dont les membres
eux-.~mes fixaient
l'import~nce; 1~ cinquième p~rt restait au père

»
4Uik4 ..............~
497
qui en
céd~it
une
portion
au
fils.
S'~git-il
du
requin,
l~
rédistribution obéiss~it ~u même principe ~vec une seule différence:
l~ tête reven~it de droit •
l~ soeur du père.
A l'6m~ncip~tion,
lorsqu'il pouv~it procéder lui-même' la
distribution du
produit
ordin~ire
de s~ pêche,
le cadet compos~it
cinq parts
la
première
pour
son
père,
la
deuxième pour son
matrilignage,
la
troisième pour s~ belle-mère,
la quatrième pour le
matrilignage du
père,
l~
cinquième
pour lui~même. Les cinq p~rts
d'une grosse prise ~v~ient les mêmes destin~tions que pour le simple
m~rié : l'épouse,
le père ou son héritier,
les p~rents maternels,
les
c~m~r~des de
classe
d'mge,
le pêcheur lui-même,
l~ tête du requin
~ll~nt expressément' la soeur du pêcheur.
On voit
l'homme
libre
restituer
~insi
aux
différents
partenaires les
avantages
dont
il ~vait bénéficiés ou bênéficiel~a
dans son existence de producteur et de citoyen. Du père et du gr~nd­
p~re il
tenait
les
techniques
et les instruments de pêche ; ~ sa
belle-mère il
devait
l'éducation
de
son
épouse
et les services
domestiques des
premières
années
de son m~riage, lorsque l'épouse
faisait la cuisine d~ns l~ m~ison de sa mère; auprès de s~ soeur il
prenait ses
repas; enfin les classes d'8ge arbitraient les litiges
matrimoniaux et
défendaient
les
intérêts
des
membres
en mainte
occasion, en particulier au moment de leur décès.
Pour les esclaves dépourvus de ces nombreux partenaires, et
qui viv~ient célibataires,
les m~trili9nages des maîtres étaient les
bénêfici~ires exclusifs. Pour les escl~ves rédimês qui jouiss~ient de
l'émancipation comme
une faveur exceptionnelle,
l~ multiplicité des
parts se
ramenait. deux ou trois.
D~ns l'hypothèse des collages et
des concubinats,
formes m~jorit~ires d'unions,
le père,
l~ belle
mère,
le
grand-père,
le
lignage
maternel
et le lignage du père,
s/identifi~ient au
collectif représenté p~r le m~ître ; trois parts
seulement ét~ient
étrangères
au matrilign~ge du maitre : les parts
des classes d'mge de l'esclave lui-même et du m~ître ; la part de la
consoeur d'esclavage
au
sein
du
même
matrili9n~ge,
la
part de
l'esclave lui-même.
En somme,
le matrili9n~ge du maître bénéficiait
de l'essentiel du produit de la pêche de l'escl~ve. On retrouve le
"
.
"v
".'
~'
,~. .
,.;','

même r~pport
inég~l
d~ns
le
partage
du produit de pêche dans la
société odjukru,
sauf que les parts de la classe d'~ge de la soeur et
de la tante n'existaient p~s et qu'y prenait pl~ce une p~rt destinée
~ la
belle-mbre,
dans le cadre d'~lliances plus nombreuses ici avec
les parten~ires extérieurs ~ux lignages.
L~ distribution
du
produit de la chasse confirme le même
r~pport d'inégalité,
le même ~ssujettis5ement de l'esclave ~u lignage
du maître.
Chez les Ab~,
la prise était répartie entre le chasseur,
l'épouse ou la mère de celui-ci,
les ~înés et les jeunes.
Le chef de
lign~ge, possesseur
du
territoire
de
ch~sse (Qbude),
recevait la
machoire inférieure,
support
symbolique de la parole,
la poitrine,
9rgane symbolique
de
la
responsabilité
;
~ la femme du chasseur
revenaient-la
~elle
et
la
tête
; ~ux r~b~tteur5,
le collier des
animaux
aux
jeunes,
les
ép~ules, support symbolique des filets
(31) .
Chez les
Bete-Gbalewan,
la distributiuon des prises d'une
battue
(bilivuvie>
s'effectuait
entre le chasseur,
ses frères,
ses
neveux,
ses
nièces et son père.
Au père ~llait le foie;
aux nièces
une partie
de
la
selle
,
~ux neveux,
les épaules
; au chasseur,
partie du
filet
et
de
la
tête.
D'un
éléphant,
les
villages
environnants venaient
prendre
les
dépouilles
toutefois,
les
oreilles restaient au p~trilignage, les pattes aux frères du chasseur
; au
chasseur
ou
~u
propriétaire du fusil allaient les dents qui
serviront ~
confectionner
les bracelets,
~ ~cheter des fusils ou ~
payer les
compensations
matrimoniales
(32).
Le chasseur ~lladian
semble ~tre
l'un
des
plus grands béndficiaires de sa chasse.
Sans
doute,
en pays alladi~n comme en pays abê,
la poitrine de l'animal
était-elle réservée
~u père ; mais les bas-morceaux appartenaient ~
la belle-mère
et
aux
camar~des
de
la classe d'~ge ; au chasseur
allait tout le reste
(33).
D~ns ces
trois
cas
auxquels
peuvent
se
ramener
pour
l'essentiel des c~s od Jukr-u et gbar.--kweni,
les e s c Laves qui n'avaient
ni père,
ni
fl~ères
ni
nbveuN ni niè,.::es,
mais qu r avaient l~eçu le
fusil et
le
filet
de
leurs
maîtres,
laissaient le butin de leur
chasse ~ ces derniers,
lorsqu'ils étaient célibataires.
Quant ~ ceux
qui viv~ient
en
collage
ft en contubernie,
la plus grande de leur
butin tombait
également
7a~x
mains des maîtres,
quand ceux-ci
leur
av~ient redistribué
les
parts
qui
revenaient
au
chasseur; ~ s~
conjointe et ~ la mère de la conjointe.
En'~ol~e que
les
esclaves
comptassent
parmi
eux
des
thérapeutes,
ceux-ci
étai
~t au service des hommes libres,
plus que
des esclaves eux-mêmes.
Qu
t
~ux esclaves malades,
ils compren~ient
deux groupes
ceux qui
_ mérit~ient p~s de soins et ceux qui
les
mèrit~ient. Indignes
en
f f e t
1 e ~; e s c 1 a v (~ 5
f "l l né a ft t 5 , l e ses,.: 1 -:l ve s
voleurs e t ' les esclaves r ·~alcitrants. Leur C"lS ressort au ch-:lpitre
des ré5ist~nces ; nous ver
ns les remèdes de car~ctère politique qui
leur
furent
administrés.
ignes des soins ~u contr~ire ét~ient les.
escl~ves travailleurs,
les
s c 1 :<lveC::i ::è l é s ,
1. es
e~;'': I ave s pr-o duc t ifs ou
---,""'"
.lif,..

499
utiles.
Les M~îtres cherch~rent ~ les sauver en recourant aux pl~ntes
connues ou aux thérapeutes du Milieu.
Mais, nous n'avons pas rencontré
d'exemples pour lesquels les lignages se fussent acharnés ~ dépen$er
et ~
user
de temps Jusqu'au bout pour sauver des esclaves comme la
coutume existait
pour
les personnes libres.
Les soins de santé des
esclaves relevaient
généralement de la même politique économique et
de la même éthique politique que les autres secteurs de leur vie.
c -
Les dépenses de mariage
Pour les esclaves dont le surproduit s'accumulait dans les
lignages qui
les possédaient, pas ou peu de dépenses matrimoniales.
Dans les sociétés patrilinéaires,
les rédimés qui avaient échappé au
célibat, subissaient
le
collage
et
le
concubinat,
deux
formes
d'unions qui
dispensaient
les
maîtres de toute dot parce qu'elles
correspondaient ~
des
dons.
Les
mariages
avec des femmes libres
étrangères au
lignage
furent plutBt rares. Sur les quatre esclaves
m~les de
Logbo
Kafu de Gbla
<TapegUhé, chez les Bete-Sorobwo> seul
Kafu el@ connut une union de type mariage entraînant un versement de
dot.
Parmi
les
cinq
esclaves impliqués dans une union ~ Dugbafla,
chez les Kweni,
,
Sakada et ~ Tchègba chez les Gban,
aucun. Oans les
sociétés matrilinéaires,
o~ les unions furent considérables,
celles-
ci s'effectuèrent
généralement
sur
le
mode
du
collage et de la
contubernie excluant la dot.
La société
odJukru,
au contraire de la société alladian,
offre plus
d'exemples
de
mariages
avec
des femmes étrangères au
lignage possesseur,
des exemples d'exogamie.
Sur les 40 unions qui ne
sont pas
des
collages
de
notre
échantillon relevé ci-devant,
16
es,:laves ont
ai flsi
pl" is
femmes
en
deho,"s
des matri 1 ignages des
maîtres;
ces unions ont déterminé des paiements de dot.
Toutefois,
il est
~
noter
que
parmi les épouses des esclaves, près du tiers
était des
femmes
de
société pa'~ilinéaire abidJi,
acquises sur le
mode atonvl@.
moyennant
des
dots
fortes,
lesquelles entraînaient
comme effet
l'appropriation
de
la
descendance des femmes par les
matrilignages possédant les esclaves.
Pour les
escl~ves,
pas
ou
peu
de dépenses assurant la
promotion économique
et politique, Si nous considérons les sociétés
où les rituels de promotion ét~ient institutionnalisés,
nous trouvons
deux rituels féminins chez les Alladian :
l~ f@te de la maternité,
et
l~ fête des ~nne~ux de cheville;
trois chez les OdJukru
: l~ fête de
l~ puberté ou d'initiation,
l~ fête de la m~ternité et la fête de la
richesse. Deux
rituels
masculins assuraient la promotion politique
d~ns la
fociété
~bê
(fokwe et dji-nQofê),
dans la société odjukru
<la,,! et
angb;;uldji-il"i),
dans
l;;'l ,:;o,~j.èté ;;)ll~dian
(esugbM-kl~IJ;;'1
et
ekintresi)
; partout,
un suprême rituel consacrait l'a~c~s ~u pouvoir
politique. Or
~u
contraire
des
libres,
les esclaves ne pouvaient
gravir tous ces échelons de la hiérarchie soci~le et politique. Les

lit
%
et'
.
SOD
escl~ves de sexe féminin bénéfici~ient des dépenses d'une fête de l~
puberté
(odjukru)
et d'une f@te de l~ m~ternité (~ll~di~n, odjukru),
j~m~is d'une fête de l~ richesse comme celle des ~nne~ux de cheville
ou de
l'~ngb~ndji.
Oe
m@me
les
lign~ges
faisaient les fr~is de
l'initiation des
Jeunes
esclaves en p~ys ~ll~di~n et odjukru,
m~is
J~m~is des
fêtes
de
l~
richesse,
encore moins de l'~ccession ~u
pouvoir politique
qui
leur
6tait
interdit.
En
somme
dans
le
p~trimoine qu'ils av~ient tr8v~illé ~ constituer, étaient des pagnes
de prestige et des p~rures qu'ils ne pouv~ient et ne devaient j~m~is
porter.
Pour
eux,
l~
solid~rit6
intr~lignagère
~u
nive~u de l~
société ne
fonctionn~it
Jamais
de
façon
intégrale, elle restait
p~rtout limitée en volume, dans l'esp~ce et dans le temps.
Telle ëtait
la
condition
des
esclaves
producteurs
d'appoint,
organes du colectif lignager.
Nous la trouvons radicalisée
lorsque les
esclaves
deviennen~
des
producteurs
plus
ou
moins
prêpondér~nts.

,a ••

1. .
. . ._ ,...

_
I~
..
.,-.
502
SECTION
III
LES MOVENS DE PRODUCTION
LES PRODUCTEURS PREPONDERANTS
1.
Condition ~ot.::i;:J).(~ ~ntiell(i r-Je el~odIJI.::tiorl
_
le hamealJ.
Défini tion et :tY.eol..9_a.~
Si les
esclaves,
comme
producteurs
.d'appoint,
ont vécu
principalement au
village
dans
les
cours
de
leurs maîtres,
les
esclaves en
tant
que producteurs prépDnd~r~nts furent domicilés en
m~jorit4 dans des hamealJ:': .
Nous disons
bien
hameaux.
Dans ce type d'habitat les
historiographes ont
vu
en effet des villages.
En 1692,
Tibierge le
premier,
les désignait en pays essuma d'un terme cararbe qui signifie
h~bitat paysan: carbet.
Loyer,
en 1714,
les caractérisait comme des
villages par opposition à la ville capitale d'Assoko.
Au XIXe siècle,
les explorateurs Ch.
H.
Pobeguin
(1898:347)
et G.
Thomann
(1905:171),
les identifi~rent enfin comme de petits villages construits près des
plantations des
maîtres.
Pour
certaines traditions autochtones de
m@me -
car informateurs
Kweni,
OdJukru et Neyo semblent s'~ccorder
sur ce point - c'était aussi des villages.
Par village,
dans ce cas,
il faut
entendre
dans
la conception indigene,
par opposition à un
habitat précaire,
un habitat affecté d'une certaine permanence et où
le fondateur
sacrifie
de
facon autonome,
établissant une relation
religieuse avec les dieux.
Voyageurs,
explorateurs et tr~ditionnistes ont raison en un
sens,
au
sens
où ce type d'habit~t n'avait pas le statut d'habitat
provisoire,
d'où
les travailleurs pouv~ient rentrer au village à la
fin de
la
semaine
ou
de
la
saison,
c'est-~-dire
le statut de
campement,
selon l'acception que la géographie tropicale confère à ce
concept. Mai~
contrairement
au village,
cet habitat manquait aussi
bien d'enracinement
historique
que
d'autonomie
administrative.
A
cette forme
d'habitat,
intermédiaire
entre
le
campement
et
le
village, organe rapporté et dépendant du village,
un terme proche du
concept défini par Pierre Georges
(1)
convient:
le h~meau. Pour les
Bete,
c'est le ~b(~1.1 ; pOIJl' les Odj'-'kl~t.J, kP'Jkp'J.
De population
uniquement
servile,
établis sur les terres
des lignages,
pourvus
p~r
les maîtres d'instruments de travail et
d'une organisation
administrative
locale,
les
hame~ux
dont
ils
s'agit, ét~ient plurifcnctionnels : lieux de travail,
lieux de repos
et de
vie
culturelle,
lieux d'exercice de relations de pouvoir et
lieux de culte.
Hais parmi toutes ces fonctions dominait la fonction
économique qui
a
déterminé leur mise en place
: le travail que les
esclaves devaient y effectuer au bénéfice des maîtres.
!
Si nous
pouvons
retracer
la
genèse
de ces hameaux et
lyser leur fonction économique,
nOU5
ignorons l'essentiel de leur
interne. On suppose celle-ci obéissant ~ deux modèles
le modèle

culturel de
l~ société d'origine,
lorsque les h~bit~nts proviennent
de
l~ même
form~tion sociele,
un modèle inédit lorsque ces h~bit~nts
proviennent de formetions socieles différentes.
En ré~lité, pour des
sujets issus de commun~utés villageoises diverses et qui ~ffront~ient
une nouvelle existence,
par hypothèse ce dev~it être une vie nouvelle
qu'on ne
peut
purement et simplement réduire ~ un modèle bete,
wê,
b~kwe, godié,
dide ou senufo,
encore que des éléments de ces sociétés
et cultures
y
~ureient
contribué.
Relativement
à
le
fonction
domin~nte, on
peut
cl~sser
les h~meeux en trois types
le hameau
industriel,
le hameau agricole et le hameeu
"merch~nd" ou de transit.
Nous nommons
industriels
les
hemeaux
dans lesquels les
esclaves,
~
partir
d'une
M~tière
première,
ici
l'eeu
de
mer,
traveillaient ~ produire une valeur d'éch~nge, en l'occurence le sel,
pour approvisionner
le
marché
locel
et
le
marché
extérieur.
L' importance rel~tive de la concentration d'esclaves,
les procédés de
manufacture au
sens
étymologique
du
mot,
l'abondance
de
la
pl~odf.Jction,
coris t t ttJent des cr' i tèl~es suf fi sar,ts pOIJr
justi fier ,.=ette
'::al~.::l'.::téri sat ion.
Du pays avikam •
la frontière de l'actuel Ghana,
en effet,
le littoral ~ abrité en perm~nence, depuis eu moins le XVIIe siècle,
des établissements saisonniers de manufacture de sel
;
leur activité
était intense encore au XIXe,siècle.
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<1851:346).
Comme les
Essuma,
les
Eotilé et les Nzim~, les Ail~di~n
n'ont cessé jusqu'~ la colonis~tio~ d'exercer cette ~ctivit~ dans les
ndjw@-gbrehiri,
les
campements de sel.
L~ tradition évoque au .oins
r.I'J;;lrante-,.::i nq de
ce s
'.::~mpenler,ts
SUl~ le 3. i ttol~al d' nbredy ~IA~dah,
Entre Abreby
et
Akru,
dix-sept
sont cités
(2);
entre Adja,uté et
B~viama, cinq
(3).
A Avagu,
le matrilignage des Ahav@ a
installé 8
campements,
les Matchwa et les Kovi respectivement 3.
A Bodo-~adja,
5
c~Mpements ont appartenu ~ux Bodo, 9 ;;)UX Tev@ (4)
;
~ Addah, les Goz@
ont disposé
de 8 '.:alllpenlents et les Gn;;lmar, de 2
(5).
Cel"tains ie ce s
établissements furent
assez
considérables.
Aux
chiffre~
'du
l~e'::en~emeTJt de 1904, l'a~n9o sssn (Gozê d' A~dah) ,,:oRlptait 76~'bitants
dC>TIt 39
homnles,
29 femmes,
a enf~nt'!; ; Q.J.~~=,duku (Andongon
,KOVi
d' Avag'J):
75
(26 hommes,
26
fenlmt.~s, 23 e n f a n r s )
; Lobo-tchaJlla
(Ahavê
d'Avagu)
145
(48 hommes,
49 femmes,
48 enfants).
Ol~ ,
;;)1-'
XIXe
s i.è c Le ,
'.::es
~)telie'~s
de
p Le i n
air'"
tOIJS
I 0';;:) 1 i s
s
SIJl~
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le littoral et saisonniers,
;:)vaient pour trav;;)illeurs
d(·?s pel~sonnes
libres
avec
ou
sans
leurs
esclaves.
Les premiers
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504
v~rit~bles h~me~ux
de
s~llniers
escl~ves
~ttestès
p~r les textes
sembler\\t,j~tel~
du
:<:VIle:;iè,.:le
pl~Opl~iétés
·jes
ESSIJnl~,
ils se
situ~ient p~rtie
sur
le littor~l, p~rtie sur les rives de l~ L~qune
Abi.
Encore que les hame~ux cStiers ne figur~ssent plus d~ns le récit
de Loyer
~u début du XVIIIe siècle,
ils ét~ient bien des groupements
d'h~bit~tions perm~nents,
puisque les premiers visiteurs étr~ngers y
~v~ient séjourné
en
pleine
s~ison
des pluies,
~ux mois de Juin et
Juillet ~insi qu'en témoigne Tibierge
(6),
Les problèmes
que
ces
h~me~ux
posent
~
l~
recherche
historique sont
~u nombre de trois ~u moins.
Le premier est celui de
l'identité vérit~ble
de leur popul~tion, Des prisonniers de guerre?
Des personnes-m~rch~ndises,
c'est-~-dire
des
escl~ves
?
D~ns un
tr~v~il ~ntérieur,
~près
~voir
ex~miné cette question ~ tr~vers le
voc~bul~ire des
voy~geurs,
voc~bul~ire
lui-même
repl~cé
d~ns
l'histoire politique
et
économique
de
cette
époque,
nous sommes
~l'l'iv~s ~
l~
ccnc l us t o n
qlJe
l~ m~.iol'ité des s a Lf n i e r s
ét~ient bien
des escl~ves ~cquis en éch~nge de sel d~ns l'~rrière-p~ys (7)
Si nous
en
croyons
Loyer
d'~bord,
Henriette
Di~b~té
er.s'.Jite,
Lor-s que
les
inlmi~w~nts
eSSIJm.;)
p r o .... i nr-e n t
du 5'Jd-OIJest de
l'~ctuel Gh~n~
.... ers
1630,
ils n'ét~ient qu'une poign~e de lign~ges
menés p.;)r
le
chef
Zen~. L~ société qu'ils importèrent et mirent en
pl~'.:e, '.:onrl~ît
r r-e i s
c h a s es .
Lo;)
pl'emièl~e
ph~se,
1.;)
ph~se
d'inst~ll~tion,
quoique obscure,
peut être p~r hypothèse c~r~ctérisèe
comme lign~gère, L~ seconde ph~se, correspond~nt ~ l'essor économique
et politique qui permit l'~pprovisionnement m~ssif en escl~ves, n'est
p~s plus cl~ire d.;)ns l'ét~t ~ctuel de l~ document.;)tion,
les voy~geurs
n'~y.;)nt percu
t~rdivement
que
des
fr~gments
de vie économique et
soci~le. Tout
l~isse
supposer
que c'est une société tribut~ire qui
p~sse ~
l'ét.;)t
escl~v~giste
~u
plus
t.;)rd
d.;)ns
l'.;)v~nt dernière
d~cennie du
XVIIe
siècle.
Rompus
~
l~ f~bric~tion du sel et ~ l~
p@che m~ritime
d~ns
leur
p~ys d'orig~ne, les Essum~ furent ét~bris
p~r les
Eotilé
sur
l~
f~c~de
m~ritime
de
l~ L~gune Abi comme le
montre l~ c~rte III.
Entre l'industrie
s~linière et 1.;) pêche,
il semble que
les
Essum~ ~ient
opté
en donn~nt l~ préférence ~ 1.;) première pour trois
r~isons. D'~bord
l~
pêche
ét.;)it
une
spéci~lité
des
Eotilé
qui
pouv~ient les ~pprovisionner en poissons;
l'~b~ndon de cette ~ctivitè
explique qu'~
l~
fin
du
XVIIe
et
~u
d~but du XVIIIe siècle les
premiers fussent
tot~lement dépend~nts des seconds,
les
jeunes ét~nt
devenus
"f~in~~nts"
selon
Loyer,
c'est-~-dire inc~p~bles de pêcher
I=.~l~'':et. qlJe
simplement
ignol'~nts des ted-.niq'Jes e f f i c ac e s
de 1.::1 pê,.::t'Ie
en m~
et en
l.::lgune,
Ensuite l~ f.::lbric.::ltion de sel ét~it ignorée des
Eotil~, selon
une
tr~dition ~ssez curieuse des Eotilé eux-mêmes,
ce
qui
donn~it le monopole de cette industrie ~ux Essum.;),
Enfin,
le sel,
bien ~e
consomm.;)tion,
~v~it
en même
temps deux ~utres v~leurs :
il
ét~it IJn
bien d'él.::h~flge, ve nd.ab Le p l u s loi~, d a n s l'hintel~l~nd qlJe le
po i S son des
E0 t i 1 é
e t
qu i
i 1
1
l~ a P p o r t.::l i t
en 0 IJt l~ e Ije
1 1 0 l~ ,
°
é t ~ i t
e n SI"
une
mon n a i e
:jlJt::lf.t
que
l'Ol~. S~ns mine d'Ol~, l'e<:lIJ de mel'
l~emp!. (:::~it pOIJl~
elJ>:
les
gisements
~IJ1~ifèl'es des
peuples
de
l'in
·rieur.
Ils
en
Vlnrent
~
~rticuler
~inSl le commerce de sel
(l~el~
i o ns
~ve'.:
l' h i n t e r Lar.d)
.:lve ...: le c omme r-c e
d' e s c Lav e s
(l"el<:ltiofl
;:)ve,: \\'EIJ1'ope>
.::ltteste v e r-s
1678-79 c omm e
o n l' ~ \\lIJ,/

.1. ...,
j
505
Sous-popul~tion, dépend~nce
et
p~uvreté rel~tive, ce lot
représent~it pour les E$sum~, rel~tivement ~ l'esp~ce économique d'o~
ils proven~ient,
une
vérit~ble
régression.
L~ solution de progrès
résid~it d~ns
une
restructuration économique qui d~ns l~ mesure du
possible,
préserv~t l~ société tribut~ire.
Deux possibilités
ét~ient
ouvertes
soit
les
Essum~
divis~ient le
tr~v~il de production de sel ~vec des étl~~ngers, soit
ils leur
impos~it tot~lement cette production.
Avec les ~utochtones
Eotilé cette
possibilité
n'ét~it p~s ré~lis~ble pour deux r~isons.
D'un point de vue économique,
ces pêcheurs invétérés ne pouv~ient se
reconvertir ~ une nouvelle ~ctivité productive ; l~ technique qu'ils
leur enseignèrent
ne
fut
~doptés que p~r les femmes et devint une
~,.::tivité 'de' st~t1Jt fthlirlÏn destinée,
,~ pour-vc t r- la so,.::iêté en sel de
consomm~tion domestique.
Ou
point
de
vue
politique,
les Essum~
n'~v~ient p~s
les moyens de soumettre les Eotilê ~ leur domin~tion,
nous verrons
pourquoi
et
il
ét~it
irré~lis~ble
d'envi~~ger
d'imposer cette
domin~tion
à
un peuple qui ven~it de leur ~ccorder
l'hospit~lité et qui pourvoy~it ~ leur ~pprovisionnement en poissons.
Rest~it l~
seconde
possibilité
l~ production imposée ~ d'~utres
étrangers,
les escl~ves.
L~ seconde
ph~se de l'histoire essum~ permit de l~ mettre
en place.
Elle
correspondit
~
une croissance de la population,
à
l'ét~blissement de la c~pit~le d~ns l'île lagun~ire d'Assoko. Avec l~
capit~le, les villages et les h~me~ux constituèrent d~ns l~ nouvelle
structure économique
l~
cité
m~rch~nde
d'Assoko.
Trois
groupes
d'asservis ont composé l~ main-d'oeuvre de l~ production de sel pour
le m~rché extérieur : les esclaves de l~ première génér~tion dont on
suppose que
les
immigrants
~
l'instar des immi9r~nts venus de l~
eSte d'Or,
dev~ient s'entourer,
des c~ptifs acquis d~ns les guerres
en cours
à
cette époque entre les Et~ts en fornl~tion d~ns l'esp~ce
~kan et
les escl~ves ~cquis ~ prix d'or ou en échange de sel. F~ute
d'accéder ~ l~ chronologie des guerres ob les Essuma furent eng~gés,
f~ute d'une
histoire économique qui dét~ill~t les éch~nges entre~l~
lagune Abi
et
l'Aowin,
impossible
de
situer
l~
période ex~cte
d'acquisition m~xim~le des escl~ves. Si les premiers et les deuxièmes
furent numériquement
limités pour les raisons données ailleurs,
les
trcisièmes ~ttei9nirent un nombre rel~tivement considér~ble.
Le deuxième
problème,
celui
de l~ durée de ces h~me~ux,
s'identifie avec
celui
de leur fonction dans l'économie essum~. Il
~pparaît au
nombre
de
ces
établissements,
au
volume
de
cette
PC)p'JlationJe,~vile, enfin ~ l~ pel~m~nen,.::e de l' ~,.::tivité s a Li n i
r-e de
è
la dernièr
décennie du XVIIe siècle ~ la fin de l~ première décennie
l
dlJ
XVIIIe
è,.:: le .
le question
préjudicielle est celle du lexique employé è
la descrip
'on
de
l'habitat.
A
l'indigence
des ~utres voy~geurs
<Jobot en 1701 ne propose que le terme vill~ge. Tibierge en 1602 que
les termes
carbet et quartier),
s'oppose la richesse du vocabulaire
de Loyer
(1714)
~vec qui l~ plup~rt des termes se trouve en place :
hameau,
vill~ge, place, ville (1935 : 188,189>. Le hame~u désigne les
h~bitats permanents
de f~ible popul~tion que l'auteur a répérés sur
l~ eSte
ouest
d'Issiny
par
vill~ge,
l'~uteur caractérise les
habit~ts perm~nents de dimension moyenne
l~ place, en un sens

~$Ol-la, :~~~~-i,Q1'J:'
iJtp~rta~~no41l/~~
Tib'~~•.•1\\~$~':: .
d.r~t;.•I"'. '.'::~~I'ft ~
;~~;t::~(>c;'~~,
~ ·àim,· .,1ltN
'J'o
"f· •. d •.•.
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(li> • "·Pe,.
or~~ Ij":î.or~."'~_""t"~ique#,, n6us'>"
etSoeQbre,
bttgeyo
(elÎltf•••~,'·,on, &~:i~inc;•.~,ff~~';
Arbore...
H.-) ,',.t ' A.V'( I)'<~ .. -<h". -en l1-t~, • J,e-rect t-.4"'L
nQ..b~e .des'
YU.ll,t~S .a
"dix -',pu'. aotJz.-
e1: ne' ct~.. >
Takùeehue,
Mf'I-det)4e-
s,,~.o,nnt~r.!I'·dl.J
chef
e't4fit_\\~.-
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et. la .. e~it.l.A."etto4" .u~re p.;o;rt .En ~J,ai.l". '....
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no ..b .... d·".ôtt.;rte " ..;.~rti( ..u-,pt:...~,.;de detfH ~pui~;~ , '" "',t
l e'5 he".lIu)(;~ i tt;01"'.....K-, ,., " a r t•••i.Jj~'.t.J ,.èheIAka-~~i;;',."'-"'-
quartier Epi.dla~~.okoi 8~~,
; p e " a i
l~. h9,1t .:..
Se"'ip~an ."att
t.'prot>rt,~t'.'~Ni._kèt ~r~r. P'.tt ..... .. . ' ....c
XVIIIl! .1.-:1.. ,
1•• tt-••~ ~.:1.~t'··vr.i.seAtblabl."t";·,
....~~.~;~.,
~uipe'5 ep-p",rtén."t .',,~d'i'\\ffê...e,:,t. tn.".,bl.
. .:., '.
·\\~tIi(·
. Qu'an ~tt~~-il du valu..- de la populat'io_?-P~;~Y
qui tient:_ tort' .1"A.so~~tb.n'Poul"·unEtat (j~eRYiro".~"~
1698, s' ~ndâftt'~\\_a...~ ltl.fl'ontière tju ...tiao,-"., ..tf{.r~.
AS$Oko potI"
une vil~.de,io.oœ ...s envi1"oft# 1.~~l~;t~QIl';;~
s' ~1~.1t ~ de
4
JI 'Ji(lOOh. ._eSdeft1i une a1"M6e qui ,~~:t;*,1~~;i,;
15. 0004o"ef'or~. of:fe:l'st"••' J l 0 ) . .M~sn·f..i.it;~\\~J~
Sl-livre !lU.IJ" ce point~"je~\\t' Pf1l"'eLoyer dont 1. t.. . .i."~
-"
triphl' .: ••"'1t.-s'" ~~U)( .~. ftu'tr•• voy.egeurs .TiJ:)l~_',i;r~l
laiss.rent4.,.~" ..o19na• • . l.ttJe:'.àur . le nowb~è deA$~.~~f;ie, ...
<169$),
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~ctot '. (17011#' l',,",nt. des
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hQ . . . .'&'ft~1"'~P4)1'"t';~,,1: _:_ at'!ae.c(0.-oq).
1. 200 hO. . . .~~vo~t~o~
,ho••es.~
P~_d.(~4Cl't)
-;~o"t.i .la.ti.ques 4ft:., ·.;.~(et!'Ô'i
qu'on ••
de• •ode '.'fol s'.agi't'aAf,l .. "'@'Me so·:i'ét'I!eo
.' .'_(d~t'.,:'8'"
.0.e:.• 1te . oU
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1"1a39. du r.y"',,'~ &s"'.o:I, ·;.pn cetèMue e~ s • •~l:.Yi(u,~:.,;leJ:~-t
~op\\llat'i<>",il. .,
~..,enon ••ul•••nt
1 e
. f,,~t~.;:'''••CY~;''f).:''
col!lbattantilt,.,~~s' e~o"'.
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, (fans . ~Of'i~,n."l.#f'èl~tlYeM~t_ hl PQPuletiQf\\
à~....sso~t_t'.$
voisines qu'i.1,·,p ...r.~'t·bj.n':6n:ri.i7:t"ê
<1~) . .
' "
.

PLAN DE LA LAGUNE ABI PAR LE SECOND MATELOT JOBET EN 1701
Echellede demy lieue ou de 1426 11210isss
A
(J)
Plan de la rivière d'tsiny siluée BU dil
Royaume à la coslle d'or en afriqus
A. l:ole de Soeco
B. Isledes pescheurs
C. Isle de Chaloupra
D. Vilage de Soco,demeuredu ROY
E. Vilagede Socobré
F. Vilage nommé bangayo
G. Vilage de Chaloupra
H. Vilage nommé bindrin
1 .Vilage nommé assy
L. Vilage nommé arbrosse
M. Vilage de miassan
N. Maison des pescheurs
P Fort SI LOUIS
a endroit ou J'on a voulu
couper pour faire tomber
__.Ia dvière.aIamer;
1
____Par JOBET
1
~
M
a:::::2e
cc ccCC
CC~cc
~~I
œ=!a:=2_"",-
~
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G
N
~
~
œ
l-lt
~10

OP
CC~~
---_._---------_.----_.------------._----------------------
--.
"Source : Bibliothèque Nationale Paris
DepartementCartes el plans
CARTE IV
Portofeuille 113 Division 3 . M . 20

5D7
Retenons donc
ce
chiffre pour ce qu'il est
: un ordre de
gr~ndeur, ré~li5te et pl~usible. Deux séries de données chiffrées le
complètent.
L~
première
série
de
chiffres
se
rapporte au trois
pl~in'.::ipa'J:·: menlbl~es
d'J
M~tl~iliQr,.;;lge.
Ani.::lQi!
le
d-,e'F
Aka Ezan i
(Ak~ssigny),
son
frère
Niamké
(Yamoke)
et leur neveu Amon (Emond).
Tous les
trois
possédaient
chacun
un
nombre
~
peu
près
égal
d'esclaves,
soit
environ
500 ou 600 esclaves
(13).
Globalement,
ce
matrilignage disposait
d'un nombre d'esclaves compris entre 500 x 3
et 600 :-: 3 =
[. 1.500 { X { 1.800
La seconde
série
de
chiffres
se
rapporte aux hOMmes riches,
les
bl~embi. Le
r,ombre de ces del~niel~s, qu i
n'était p e s
fi:·:e,
o sc t Lt e i t ,
au début du XVIIIe siècle,
selon Loyer,
entre quarante et cinquante.
Or ils ~vaient "environ les uns vingt,
et les autres trente,
qu~rante
ou cinqu~nte
esclaves"
(14). Au minimum,
ils avaient 40 x 20 = 800
escl.::lves. Au
MaximUM,
leurs possessions n'excêdaient pas celles du
m~trilign~ge du chef, on peut l'évaluer ~ 1.400 :
(soit
800 (X
{
1.400
Globalement,
les
esclaves
totaliseraient
un
chiffre
compris entre 1.500 + 800, chiffre minimum et 1.800 + 1.400,
chiffre
R'axillllJm,
1 soit 2.300 (
X
< 3.200 1
c'est-~-dire qu'ils représentaient entre 58 % et 80 r. de la
population glob~le.
Sur cette
population
d'esclaves,
nous
ne
saurions
déterminer avec
quelque
précision la proportion que représentaient
les hameaux.
Nous
·supposons
seulement,
compte tenu du nombre des
hameaux par
rapport aux villages o~ rdsidaient les maîtres,
que les
deux tiers
au
moins
des
esclaves
y
étaient domiciliés.
Nous ne
saurions davantage préciser l'organisation interne de ces hameaux et
la vie
qui
s'y
passait.
Il
est
raisonnable
de
supposer
que
l'administration y était confiée ~ des rdgisseurs désignés parmi les
sujets de
vieille
connaissance,
instruits
dans
la langue et les
coutumes et
fidèles.
Des
avantages devaient leur être consentis
:
compagnie d'une
conjointe,
voire de serviteur, octroi d'une maison
individlJelle.
Troisième problème : alors que description était donnée de
l'activité salinière
des
h~meaux
d'es~laves en
1692,
voici qu'en
1714, t.ove r-
êvoq'Je
le
sel
ve ndu
au:.:
COAlP;:.lS
sans
mention
des
~onditions de
cette
production
(15).
L'évoc~tion du marchê de sel
nous par~ît
suffisante
elle
indique
que
~ette
production se
f
poursuivait.
Mais
au
début
du
XVIIIe
siècle,
l'économie essuma
avait diversifié
sa production march~nde. Deu:.: marchandises avaient
ft
pris une
importance
croissante
dans la production et le commerce.
l
C'était l'huile et le vin de palme
(16).
1

508
Aux h~me~ux
de production de sel m~rin qui c~r~ctéris~ l~
société essuma
des
XVII et XVIIIe siècle s'opposent les hameaux de
production de subsist~nce dont les Neyo offrent un exemple.
Jusqu'~u début
du
XIXe siècle,
les Neyo que les rades de
Sass~nd,~~ (Bo kr-è ) ,
et
de
Dl~ewin
(e.~ss~)
~v~ient
f~vo,~isé
rempliss~ient deux
raIes
dans
l'économie
mondi~le : d'une p~rt ~
travers leurs ~inés,
ils ~ssuraient les rel~tions d'éch~nge entre les
n~vires négriers
d'Europe
et l'hinterl~nd forestier,
~ l' inst~r de
tous les
peuples
du
littoral
: Essum~,
All~di~n,
Avik~m,
Krumen ;
d'~utre p~rt,
ils fourniss~ient comme main-d'oeuvre ~ux entreprises
de navig~tion et de commerce sur la cSte ~fric~ine leurs c~dets ~insi
détournés de l~ pêche et de l'agriculture vivrière. Avec le temps et
les génér~tions
cette
m~in-d'oeuvre
devint
plus import~nte et l~
pratique s'inscrivit
comme
un pli soci~l et culturel enm@me temps
qu'une nécessité
économique.
Or
lorsque
l~
tr~ite
~tl~ntique
d'origine étr~ngè~e
fut
~bolie,
l~
tr~ite
~fric~ine continu~ de
dr~iner des
escl~ves
vers
la
eSte.
Théoriquement,
trois options
5'offr~ient ~ la société neyo : ou bien rupture ~vec la n~vig~tion,
~vec l~
tr~ite
interne
et
avec
l'esclav~ge,
ou
bien tr~ite et
escl~v~ge s~n5
n~vig~tion,
ou
bien
n~vigation, tr~ite interne et
escl~v~ge. L~
première
option
~pp~r~it
comme
une
régression
économique et
sociale
elle
était
impr~tic~ble,
c~r nécessité
économique,
l~ mi9r~tion s~isonnière ~v~it ~cquis une v~leur d~ns l~
représentation de
l'existence
individuelle
et
soci~le des Neyo ;
d'~utre p~rt l~ suppression de l~ tr~ite et de
l'escl~v~ge était une
entreprise continentale qu'aucune société ~fricaine n'ét~it mare pour
envis~ger. L~
deuxième
option
est
difficile
~
im~9iner d~ns s~
ré~lis~tion. Elle
supposait d'~bord une reconversion impossible des
migr~nts. Elle
supposait
ensuite
un m~rché ob les Neyo pourraient
revendre le surplus d'esclaves qu' ils n'absorber~ient p~s. Or toutes
les sociétés
c8tières
se
trouv~ient
d~ns
la
m@me
situ~tion
de
débouchés du
commerce
forestier
d'escl~ves.
L~
troisième option
ré~lise le
compromis
nécessaire entre l'~ppel de l~ n~vig~tion qui
vidait l~
société
de ses forces productives
jtvéniles et la traite
intérieure qui
l~
pourvoyait
de
nouvelles
forces.
Les esclaves
agriculteurs et
chasseurs,
originaires
des
sociétés
forestières
fu'~ent ainsi slJbstitués au:·: c ade t s
d;;lns La pl~odtJ,.:tion de s ub s i s t ance .
Dans les deux dernières décennies du XIXe siècle,
ce processus avait
pris le c~r~ctère d'un système de production.
L~ composition des unités de producti
n,
le statut de non-
producteurs des
hommes
libres,
l'importance
es h~me~ux ~gricoles
d'esclaves,
voil~
des
faits
qui prouvent la
l~ce essentielle des
esclaves dans ce nouve~u système.
En portent
témoignage
deux observa
urs de cette époque,
Georges Thom;;lnn
et Charles-Henri-Ollivier Pob
.uin. Le premier,
qui
dev~it explorer
cette région ~n 1897 avant de parcourir le reste de
la eSte
d'Ivoire
JUSqU'8U
Souden
en
1902, ~ut administrateur du
Cercle de Sassandr~ ~ deu:~ reprises,
de 1900 ~ &902 et de 1905 ~ 1906
le
second,
après
avoir
exploré le Bas-Ba
~m~ en 1892 et 1893,
explora cette
région
du
Sud-Ouest
en 1895
ant d'~dministrer le
poste de
Tyasale
en
1896.
De 1901 ~ 1905,
lomann insiste sur le

••
••

nu_
509
même const~t,
soit
qu'il envis~ge l'~ctivité productive en p~rt~nt
des femmes,
g~rdiennes
des
greniers du point de vue des personnes
libres,
soit q'J'il l~ considère en p~rt~nt des escl~ves, instruments
~bsolus de
production
les
unités
de
production
~v~it
une
composition mi-servile
et mi-féminine d~ns le sens o~ p~r femmes il
f~ut entendre les épouses des m~îtres, leurs filles et leurs escl~ves
de seNe
féminin.
On l i t sous s~ pl'Jme, d;;:ans a. !..:! ~ d' Ivoire -'- L~
S~ss~ndr~, en 1901
. _ 0 1 • ..., • •
........ :S. 1 :le
(1901
123)
M

En 1902, .à propos des COIJtlJmes des Kr'olJRlen de S~ss;;lrIdra, il
écrit
+'
(1902
501)
Et eTI
1905,
Si les
unités
-de
production se compos~ient de femmes et
j'escl~ves, c'est que les hommes libres êt~ient des non-producteurs.
~tait-ce le c~s ? En 1895, Pobeguin qui ne préjuge p~s une extension
ju commerce
de
l'huile
et
des
~m~ndes
~e
p~lme
donne
deux
~xpl i,~~tions, l' une
démo~,w~phÏ'q'Je
le SOIJS-peIJp lenlerlt 1
et l' ~1.Jt\\"e
:ulturelle
l'~version
des
Neyo pour le trav~il d~ns leur milieu
'I~t~l.
p .... c ..... :S. ....
p 1 u .
q",,·.""Jaurd·hU~,
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p r _ n d r _

Dr_w~~

"'u:S.""
o u
d~H k~10"'."""'•• d. 1 • •"" v:l.c.-v........
(1898
344)
Au contr~ire,
Thom~nn
reconn~îtr~
~ux
Neyo
l ' e:·~el"': i ,:e
:c~sionnel de
cert~ines
;;)ctivitês
productives
qui
v~loris~ient
individu~litê
la pêche et l~ ch~sse.
C .
_0:1."'1
__ Q1G~ __
qU~
d·.~11.ur.
g.rd.n~
g.~.ru1.m.n~
paur
• ...,w
1 _
prQd~~~
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~.ur
c h _ • • • • ~
n_
dann_n~
_
1_u~.
123)
Cette production
occasionnelle
permet
au même aut~ur de
ractêriser l'existence des c~dets neyo comme oisive, qu~nd ceux-ci
émigr~ient p~s
(1902
505).
A quoi s'occup~ient-ils donc d~ns
tte oisiveté ~u sens économique ?

510
Hors l~
p@che
et
la
chasse
occasionnelles,
les
Neyo
p~ssaient l'essentiel de le~r temps a~K ~ctivités de la reproduction
soci~le : activités politiques comme les ~ssemblées ~élibératives et
les pl~ocès, ~ctivités culturelles tels les mariages,
les danses,
les
jeux et les funër~illes.
"o"oh.1.MM.n~ .u~ou~ d"un ~.u • ,," (1903 : 167)
Le recoupement
des
traditions
vill~geoises
permet
de
corriger cette
im~ge
des
hommes
libres
s~r
trois
points.
La
production d'export~tion
en
général
<hlJile
de palme, caoutchouc,
bois)
reposa
sur
une division d~ travail entre les cadets sociaux,
les esclaves
et d'autres étrangers libl~es, Au-del~ de la production
d'exportation, cette division du trav~il fonctionn~, non se~lement

t
511
Hors la
p@che
et
la
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occasionnelles,
les
Neyo
passaient l'essentiel de leur temps aUH activités de la reproduction
sociale : activités politiques comme les assenlblées délibératives et
les procès, activités culturelles tels les mariages,
le~ dan~es, les
Jeux et les funérailles.
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Le recoupement
des
traditions
villageoises
permet
de
corriger cette
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des
hommes
libres
sur
trois
points.
La
production d'exportation
en
général
(huile
de palme, caoutchouc,
bois>
re~o~~
sur
one division du travail entre les cadets sociaux,
les esclaves
et d'autres étrangers libl~es. Au-del~ de la production
d'exportation, cette
division
du travail fonctionne,
non seulement
dans les
activités
prédatrices
(la
p@che,
la
chasse,
peu~-@tre
l'extraction ~~
vin
de
palme),
mais encore probablement dans les
activités artisanales.
Enfin
les
cadets
ne
furent pas les seuls
migrants et
salariés
des esclaves de confiance ont connu la vie
salariale à l' éb~angel~, comnle ils ont connu le servi,:e domestiq'~e al~
village. La coupure entre cadets et esclaves demeurait aill~urs. Les
t3ches masculines
de
l'ag,~icultore
de
subsistance
semblent
exclusivement réservées
aux
esclaves
qui,
pour les bien remplir,
logeaient dans les hameaux.
Le repérage
de
ces
hameaux apparaît à l'historiographe,
vraisemblablement ~ partil' de 1895, dans deux mentions de Ch.-H.
Pobeguin, la
première
fois lorsque cet auteur signale comme hameau
d'esclaves des
chefs
de Sassandra le "village assez grand d'Ipon",
sis derrière
le
marais
Golet de Trêpoint (1898 : 336>,
la seconde
fois lorsqu'il fait allusion aux "petits villages d'esclaves" établis
dans la
for@t,
del~rière
la
région très peuplée de Drewin (1898 :
347). Quelques
années
plus tard. Georges Thomann, sous le tel~me de
villages de culture,
identifie les hameaux comme un phénomène général
(1902:
501). L'enqu@te menée dans six villages -deux du littoral à
l'Est de
Sassandra
Ahorokpa
et
Kadrokpa,
deux
du
littoral
occidental : Latéko et Bassa, deux sur le fleuve
: Lipoyo sur la rive
g~l~che et Hisséhi sur la rive droite - cette enqu@te confirme la vue
de Thomann et révèle les principales caractéristiques des hameaux.
Mis en place par les propriétaires d'esclaves,
les hameaux
appal~tenaient al~x 1 ignages dont ces p'~opr'iétaiI~es étaient les ,:hefs.
Dans les villages cités, chaque lignage,
nous l'avons vu dans la Ile
partie au
chapitre
du
bilan
du
commerce,
possédait au moins un
hameau. Ou point d~ vue topographique, ces hameaux étaient installés
gênérale.ent pl~ès
des
points
d' eal~
(Missehi,
Bassa>,
~ pll~sieUl's
kilomètres des villages, à une distance de deux ~ cinq kilomètres en
moyenne, pour
favoriser
l'agriculture
itinérante.
Sur les terres
lignagères, ainsi
que
le
montrent
les
Cartes V. VI et VII,
leur
ensemble formait comme une ceinture de sécurité autour des villages.
.
~
S ulvant le style de tout le littoral, leurs habitations généralement
de bambou tressés étaient recouvertes d'une toiture de palmes.
Comme


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KUZIZIE -lOKPO
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1
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~ Sud
LES HAMEAUX D'ESCLAVES DE MISSEHI
~
CARTE VI
~
EN PAYS NEVO
,~l'J

_JI rsasnsrrrrrr512
----..•._------
en pays
alladian,
les
colons
q~i,
no~s
l'avons v~, provenaient
majoritairement des
soci6t6s
forestières,
étaient
regroupés
par
affinités ethno~ling~istiques SO~5
la
prépondérance des Bete. Oes
hamea~:< des
villages
reten~s, q~inze des régi5se~rs de la dernière
génération <fin
XIXe
début XXe siècle> dont les informate~rs se
so~viennent étaient avec leurs compagnes des Bete : Beté de la région
de ~agnoa, Bete de la région d'Issia, Bete de la région de S~bré. Le
Tableau 33 en offre des exemples.


VILLA~E

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LES HAMEAUX D'ESCLAVES DE KADROKPA ET AHOROKPA
~ Sud
CARTE VII
EN PAVS NEVO

513
TABLEAU
33
EXEMPLES DE REGISSEURS DES HAMEAUX Q'ESCLAVES ~ PA VS NEVO
Villa9€t
Lignage.
NORl dlJ
Rggisse'Jrs
PossesselJr
haRlealJ
~ et' ori<Une
A.
Kadl"okpa
l
Tchiyo
1 BIoko
Dedre
Abi
CBe'te-Kpakolo)
COR,pagne
:
Wlê
<Be'te-Kpakolo)
I I Gnagbeyo
2 Gopoko
Aflie:o
CBe'te-Gueb i e)
Comp.:lgne
:
OWIJ.:l
<e.et'e-Ni kedie 7)
B.
Aho ,..0 kp.:l
I I I KIJkwayo
3. t';IJl i ka da
t';lJbiale
<Be'te-GI.Jeb i e)
Comp.:lgne
:
AhiefienlJ
<Be'te-Kp.:lkolo)
KIJkwayo
4.
Ble:::o
Gbegrê
Abi
<Be'te-Or i )
Compagne
:
Trahê
<Be'te-I';b.:l 1ebwo)
IV
Ougboyo
5.
Lokpo
l';wede
Abi
<8e'te de Gagnoa)
COR,pagne
:
Nazessa
<Be'te de l';agnO.:l )
C.
Missehi
V
V.:lngbeyo
6.
Na:@
Wa'tch'''i
<Be 'te de SlJb,"e)
Compagne
:
Agb,"e
<e.e'te de SlJbre)
Village
Lignage
Nom '.j.~
Rêgissel.Jrs
possesse'Jr
han,ealJ
M.Q.m.
e't
0'''i9i ns
O.
Lateko
VI
Kokorayo-
7.
GIJli r
Wire Abi
Wireyo
<e.ete-d' Issia)
CORlpagne
:
'Jne Bete
VII Likpoyo
8. GIJli I I
Gebli
<8ete-d'Issia)
Con'pagne
:
V'''i G;)lê
<Une Bete)
9.
God'J
N'JR,ale T;)pe
<Un e.e'te)
CORlp a9 n e
:
N'JRlal'Jo
<Une e.ete)
E.
e.assa
VIII
K'J"'.w::lYo
10.
5idolo90
Gn;;)nzê
Œete de SIJb,"e)
Compagne
:
Nek;)ssi
Œete de SIJbl~e )
-· .. _ ·... ·..-.... .......... -...'-. . . . . . . l,~>····

Des excep~ions
~
ce~~e
règle d'unions ~ l'in~érieur des
groupes linguis~ique~
a~~es~en~
l'existence de hameau:< hétérogènes
avec des
collages
interethniques
et
une administr~tiorl é9~lement
effic~ce. Le
nommé
Gbli,
un
Be~e-Guebie,
régisseur
du
h~me~u
Blikpiwru de
Lipoyo
que l'inform~~eur Nguessan Avi~, né vers 1908,
dit avoir
connu
~rès vieux,
n'~vai~ ni compagne ni enfant
(17).
Au
h~meau Veaye des Vangbeyo de Hissehi,
le régisseur Z~bahi, un Niabw~,
é~ai~ collé ~ une Be~e (18). A Gbotroko,
hameau du riche Duku~ Awrua
de Bassa,
le régisseur Akué,
un Bakwe,
avait pour compagne une Neyo,
peu~-@tre parce qu'ar~is~e-sculpteur, il figurait parmi les esclaves
de quali~é supérieure
(19).
Enfin,
paradoxe,
~ Kadrokpa,
on trouv~i~
à
la
~@~e
du
hameau
Gblowru
des Tchiyo un homme libre d'origine.
n%ima,
Kr~bo,
uni
~
une ee~e-Guebie OIJ une Dida de Lako~a, nommée
Wowa.
Ce
. par-adoxe s' e:·cpl ique : cet- homnle 1 ibr-eégal"é dans un hanlealJ
d'esclaves e~ devenu un régisseur était,
au sens lit~éral où l'en~end
l'an~hropologie des religions,
un hiérodule,
"esclave" dévoué au dieu
dlJ pa~riligrlage. On le répute pOIJl" un possédé d'Aboko,
le %ri OIJ dielJ
des T,.:hiyo (20).
Dans ~ous
les cas,
les mêmes cri~ères qu'en pays ~lladian
présid~ient à
la
désigna~ion
des
adminis~ra~eurs
~ncienne~é,
connaissance du
pays e~ de sa langue,
loyau~é. Hais à l~ différence
de la
socié~é alladian,
l'inves~i~ure avai~ lieu au village,
devan~
la colonie
des
esclaves,
comme
si ceux-ci devaien~ recevoir leur
régisseur à l~ source du pouvoir social qui régente leur vie,
la COIJr
de l'ancêtre.
Par hameaux marchands,
nous désignons les relais permanen~s
ins~allés pour
assurer,
en m@me ~emps qlJe l'en~re~ien des pistes de
commerce,
la manutention e~ le ~ransport des marchandises locales des
lieu:< de
production
~ux
por~s
d'expor~a~ion
et des marchandises
manufacturées des ports d'impor~a~ion aux différen~s points de vente.
La fonction commerciale comm.- fac~eur du procès de produc~ion, voil~
leur fonc~ion
principale.
Hais
dans
ces
relais,
les
esclaves
assuraien~ leur
propre
entretien
par
une production vivrière,
la
p@che et
la chasse et pouvaien~ accessoiremen~ subvenir aux besoins
alinlen~aires de lelJrs nlaî~res p.ar l~ fOIJrni~ur-e de riz, du nlanio',:, de
bananes,
de
gibier,
de vin de palme.
En cela résidai~ leur fonction
économique secondaire.
Topogr~phiquemen~, on distingue le hameau con~inen~al e~ le
hameau ca~ier. Les ~raditions odjukru font men~ion de deux sortes de
hameaux sur
les rives de la lagune.
Dans l~ baie de Tiaha, au débu~
du XXe
siècle;
le
hameau
di~
de
Kpo~okpa sis dans une for@~ du
m&~rilignage des
Loyu-la
dont
Tenou étai le chef que dirigeai~ le
nommé Kpo~okpa
du matrilignage des Namnei-la
(classe mborman)
e~ le
h''!lnleaIJ de
DjlJW
dorrt
êt-:lit
cb e f
VIJ
Am~ll"i,
IJn au~re nlbol"nl;~m, du
M-:ltrilign-:lge des
Otobro-l-:l,
-:lbrit-:lient
les
esclaves de plusieurs
lignages, affectés
.n
l'-:lg,"i,::IJJ.NJ1"e
v i vr-Ler-e ,
en p.:lr~iclJlier ~ la
culture du
manioc e~ de l'-:lrachide
(21).
Au con~r&ire,
dans 1& b-:lie
de Wrod,
à
~rois kilomètres environ au Sud-Est du village de Kp-:lnd-:l,
le riche
Okoru
Gn-:lgn
-:lv&it
construit
sur
les
terres
de
son
m~trilign-:lge un
h-:lme-:lu
qu'il
voulut
ériger
en
vill-:lge
e~



-----,.~,
516
ï
~~jo~rd'h~i en~ore
les
r~ines
de
sa demeure de pierres inachevée
trahissent ce projet (22). L~ était ~cheminée toute l'huile
de palme
produite p~r les hommes de Kp~nd~ et probablement par ce~x
de Kaka.
De
l~,
sous
l~ direction de Gori, un parent et ~gent de
Gnagn, cette huile était livrée a~ correspondant ~lladi~n d'Emokwa :
AdJé Bonny.
To~tefois, la population d~ hamea~ de Gnagn n'était que
partiellement servile et ce hamea~ de commerce n'avait pas de pendant
s~r toute la rive lag~naire odJukr~.
Rien de
tel
sur
l~
bande côtière alladian.
Exemplaire
apparaît le
cas d'Emokwa
(.Jacqueville) oà f~rent en compétition les
de~x matrilignages
Hamb@ et K~ku. Historiquement, ce f~t les Hamb@,
lignage fondateIJ'"
du
village,
qlJi
établil"ent
les
p,"enliel"s, IJn
débarcadère de commerce. Dans la mes~re où n,ention n'en est pas faite
par le
Capitaine
Gouriau
qui
a
visité
Bodo-Ladja en 1862,
no~s
supposons q~e
les
premiers h~mea~x d~tent du dernier tiers d~ XIXe
siècle. Le
fait
est
q~e
la
de,"nière décennie du XIXe siècle, du
littor~l ~ la rtve l~gunaire, s~r les six kilomètres environ, chacun
des deux
m~trilignages
d'Emokw~
disposaient
de
trois
hameaux:
ninbwienu
(sing.
nibedu).
Le p,"emier hame~u du m~trilignage Hamb@, appartenant ~ Adjé
Bonny, était
établi
sur
l~
rive lagunaire,
on l'appelait Emokwa-
nibedu,
le
débarcadère
d'Emokwa
;
le deuxième ét~it sis avant le
m~réc~ge dans
la
direction
du
littoral
;
le troisième,
près du
vill~ge. Selor.
L.
Kaku Echigban (23),
ils comptaient respectivement
20 esclaves,
25
esclaves
dont 15 hommes et 10 femmes,
30 esclaves
dont 20 hommes et 10 femmes.
En fait,
au recensement administratif de
1904,
58 personnes (27 hommes, 28 femmes,
5 enfants) habitaient dans
le hafllea'J d' Emokwa.
Des trois
hameaux
symétriques
d~
matrilignage
Kaku,
propriétés de
Etté
Gbongro,
le
premier
avait pour s~rnom E9bra-
nibedu,
le
hamea~
d'Egbr~
le
de~xième était installé avant le
maréc~ge et
le troisième après le marécage. En 1904, Egbra,
créé en
association avec Gbongro Ne~b~, comptait 36 personnes : 22 hommes,
10
femmes,
4
enfants.
Si nous ignorons le vol~me de la pop~lation des
deux a~tres
hameaux,
nous
tenons
cel~i
d'autres hamea~x qui ont
proliféré aille~rs,
~
Bodo-Ladja,
Hbokr~, Addah .•. Voici quelq~es
chiffres au
recensement
de
1904
; dans deux hameaux (2 et 3>,
le
chiffre des
femmes
excède
celui des hommes ; on voit aussi que la
majorité des
hommes
devait être collée • des femmes ;
la fécondité
cependant apparaît bien faible.
1 NabadlJ
60
pe'''sonnes
31
honlmes,
27 femmes,
5 enfants
..
2 New-Abi
153
"
52
67 Il
34 Il
3 N~mbOTl i TI'JO
28
Il
12
"
13 Il
3
"
4 Gattie
62
..
If
28
Il
24
10 "
5 EzoIJss;;li.
..
fi
!i6
"
36
"
1.8 Il
6
l'
Pour administrer
le
hameau,
le
maître
choisiss~it
le
régisse~r parmi
ses esclaves les plus ~nciens, les plus acculturés,
qui conn~issaient la lang~e et les usages alladien et Jouissaient de
sa confiance.
Il inYoqu~it les ancêtres sur la vie du hameau et

LAGUNE
E 8 R 1
~~
~
,
---=::::::: ~
-=- :;?""
. sc::::::::::
:>=:::;;;::>= ::::::::::====
Nord
HK1 : .
HM1
• VILLAGE
Egbra-nibedu
Emokwa-nibedu

Kalw (K)
Hameau
Mambé(M)
SENTIER
PISTE
~...
1
.•............ •• HM
HK2
-~- Marécage
• •
•••••••
•••••••

2
-... .-
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• -
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-- - - : -- -
.
HK3
• •
t
. •
.
.... ...... .....•• HM3
......
o
1
2 Km
l
,
1
EMOKWA
(Jacque Ville)
---------
- -
-= .:=:.- -
- -
--- --- -~~====~-=
=::-----
---- ---- ~------- ==-
- - -~-::::"""
o C E A N
AT LA W-T 1 Q u-s-
i!
.... Sud
CARTE VIII
LES HAMEAUX D'ESCLAVES D'EMOKWA
1
EN PAYS ALLADIAN

vers~it l~
boisson.
Il
délégu~it ensuite son neveu qui se rend~it
dans le
h~me~u,
procl~m~it le nouveau "chef" devant la colonie des
escl~ves et
versait
le
reste de l~ boisson. Les esclaves f@t~ient
l' évènenlent .
Ces hameaux
paraissent du point de vue ethno-linguistique
très m~rqués.
8e~ucoup de Dida,
ignorant des techniques de la p@che
et susceptibles
de
faciliter
les
échanges
avec les pays proches
étaient domin~nts. A la t@te du deuxième h~me~u des Kaku se trouv~it
un couple
de
Did~
Gbongro Gbinti@ et sa compagne, Sakonda, qui
eurent deux
enfants,
Djako et Krovi. Ce fut encore un ~utre couple
dida, Gbongro
Gnikp@
et
sa
compagne, qui administra le troisième
h~meau. Nous
présumons
que la popul~tion des hame~ux K~ku et M~mb@
était majorit~irement d'origine dida.
Outre qu'elle
était
marquée
du
point
de
vue
ethno-
linguistique, cette popul~tion servile était bien armée pour protéger
partout les
march~ndises
et
défendre
les propriétaires. Le f~it,
~ttesté ~ 8odo-Ladj~,
devait @tre générale (24).
~&gn.g.
po• • •d.&~
• •
~o~o• • • o~.v.
1
on
o&~.
~ • •
oh&~~~• •
• u&v.n~ • •
DO
• • o~.v• • • ~
40
~u.&~.
p o u r
~ • •
Bodo
d .
H . u b .
D&.ko~&..
75
• • o~.v• • • ~
70
~u.&~.
p o u r
~ • •
Kovou
d • • •u g r .
Hbooh&.
Tou~• •
o • •
Mg.~n&.on." r • • &d.&.n~ d . n .
d • •
po&n~.
~&w• • • ~
d·&n~.r.~
.~r.~.g&qu• •
p o u r
~.
pro~.o~&on d • •
p.~M&.r• • ~ d •• M.roh.nd&.....
(1975 b
: 462).
Dans ces
trois
types
de
hameaux,
comment les escl~ves
exerçaient-ils leurs
activités
: fabrication de sel et ~gricult'Jre
vivrière, transport de l'huile et des ~m~ndes de palme 7
2. Le procès de trav~il
2. 1. ~ saliniers ~ ~ fabrication de ~
La fabrication de sel en pr~tique dans les h~meaux du pays
essuma au
XVIIIe
siècle
SIJpposait d'~bord des activités annexes:
agriculture vivrière,
petite
chasse, petite p@che et artis~nat. On
s~it que les escl~ves du chef (ceux de la m~ison 7 Ceux des hame~ux 7
Ceux-ci et
ceux-l~
7)
devaient
deux
journées
de prestation par
semaine ~
leur
maitre,
~
fortiori,
lors des défrichements et des
semailles. Mais
dans
les
hame~ux,
ils
avaient ~ subvenir ~ leur
propre logement
et ~ leur propre subsistance en pl~ntant le mais et
le mil,
en installant des pièges, en pratiqu~nt la p@che au h~mecon
et à
la
n~sse,
sinon
au
filet
une
p~rtie
de
ce
produit
vraisemblablement ~pprovisionnait
la
m~ison
des maitres. Par leur
tl~avai Iles es,.::laves proed'Jisaient des nattes, des v@tenlents végéta'J:'~
<pagnes d'écorce et de fibres, de palmier et les p~niel~s de stockage
et de tr~nsport de sel.
La fabrication
de sel en outre impliquait une division du
travail et diverses opérations sur lesquelles la documentation écrite
reste en partie muette. Che~ les Alladian du XIXe siècle en effet le

problème capital
était
celui
du bois.
Plus que les considérations
religieuses dont
une
certaine
tradition
fait
cas (25), c'est la
nécessitd .d'avoir
une
quantité suffisante de bois ~ portée de main
qui explique
l'essaimage des campements lignagers sur le l~ttoral ;
c'est elle
aussi
qui, du moins en partie,
a favorise la ~ulture du
cocotier ici.
Deux
facteurs
ont
ainsi
déterminé le volume de la
production de
sel
: l'outillage et slJrtout le bois de chauffage. La
division sexuelle des t~ches était la suivante : les hommes coupaient
et amassaient
le
bois,
hommes et femmes indistinctement puisaient
l'eau que les femmes,
vouées ~ la cuisine,
faisaient bouillir.
L'industrie salinière essuma dut son succès par conséquent
à l'importance
de
la for@t sur l'archipel et les iles de la Lagune
Abi.
Et
l'on
peut,
du moins en partie,
imputer la suppression des
hameaux littoraux
au XVIIIe siècle ~ un déboisement consécutif ~ la
production intensive
de
sel
dans
la
dernière
décennie du XVIIe
siècle. Par contre a~cun élément d' info'~mation n'éclaire la division
du travail
dans
les hameaux. Si nous n'avons aucune raison de nier
l'existence de femmes dans ces hameaux,
nous n'en avons pas davantage
qui nous
inclinerait ~ penser qu'il y en avait assez pour justifier
une division
sexuelle des t~ches, compatible avec les impératifs de
la production marchande.
Il y a lieu de supposer que dans ces hameaux
comme dans ceux de la plupart des sociétés au XIXe siècle,
les femmes
formaient une
faible
proportio~
de
la
population
globale
des
esclaves et que les impératifs de la prodlJction marchande,
production
compétitive et
relativement massive~ imposèrent une division plut8t
sociale du travail.
On imagine ainsi que chaque équipe, composée d'hommes et de
femmes appartenant ~ un lignage, amassait du bois de chauffage, m@me
si les
hommes les avaient coupés, qu'elle allumait plusieurs foyers
et qU'elle
dressait
sur
des trépieds de pierres de grandes jarres
ovales ~ très larges bords que les deux se~<es remplissaient d'eau de
mer.
Quand, sous le chauffage intensif des grands feux de bois,
l'eau
en ébullition
écumait,
les saliniers recueillaient cette écume avec
des cuillers
en
bois
et
la déposaient sur l~s rebords des jarres
transformés en
saloirs.
Là l'écume séchait et donnait le sel. Plus
l'eau de mer était propre, plus net était le sel. Le procédé nous le
savons à la lumière des expériences alladiarl et aburé du XIXe siècle,
devait se
répéter
plusieurs
fois par jour. Le sel était stocké et
emballé dans
des
paniers
aux
fins
de transport. Si considérable
qu'elle fat,
la
quantité
de
sel
produite
reste
difficile
à
déte'~n'i ner ,
Le r8le des esclaves dans l'agriculture de subsistance neyo
se spécifie relativenlent ~ leur rôle dans la production d'exportation
d'une part
et
dans
la production de subsistance telle qu'elle est
connue dans la société essuma d'autre p~rt.
Négligeons c&
rôle
dans la production et le transport du
bois et du caoutchouc : outre que cette production était tardive dans

l'économie neyo,
seuls
quelques
rares
chefs de lignage y avaient
engagé un
nombre
infime
d'esclaves
de
confiance
(26).
Quant ~
l'eKploitation du
palmier
à
huile,
les traditions de Ahorokpa, de
Hissehi et
de
Lateko
s'accordent
à
son
propos sur deux points.
C'était les
esclaves
qui coupaient les régimes de noix de ~~lme et
c'était encore
eux
qui,
se
substituant
ici
aux
femmes,
les
transportaient ~ t@te d'homme au village. La fabrication de l'huile,
elle, s'effectuait selon trois modalités. TantSt les Neyo recrutaient
une main-d'oeuvre spécialisée à cette fin:
à Lipoyo oeuvraient ainsi
les Godié,
agriculteurs forestiers du pays voisin qui recevaient une
rémunération en
produits
manufacturés
plus ou moins prestigieux :
sel, étoffes,
machettes.
Tantôt
les
Neyo
fabriquaient eux-m@mes
l'huile:
les gens de Missehi se réclament de cette pratique. Tantôt
enfin
- cas,
il faut le supposer, de serviteurs originaires des pays
de for@t
dejà i nstrui ts de ses- opé~JOti-ons-,,,t:ttcbnique.s..
__0!.L_5~. tl ~.g~U:
.
des aborigènes
des
pays de savane préalablement initiés -
les Neyo
surveillaient la
fabrication
qu'effectuaient
les
esclaves
en
y
intervenant très
peu.
Ces différentes modalités qui attestent dans
tous les cas l'engagement limite des cadets neyo répondaient à deu~<
préoccupations : obtenir sans aucun détournement, avec le minimum de
perte, un
produit
de
qUJOlité
meilleure
que
si
les esclaves en
assuraient tous
seuls
la
fabrication
dans les hJOmeaux.
Les m@mes
circonstances expliquent pourquoi la production d'huile de palme n'a
pas connu l'essor qui fut le sien dans les sociétés riveraines de la
LJOgune Ebrié

la
transformation
se déroulait en brousse sur le
terrain. En 1893, G. Thomann remarqua -que les Bokra n'ont pu vendre à
la factorerie
de Sassandra que cinq ou six barriques d'huile par an
(1901:
122>, ce qui ne signifie nullement qu'ils n'en produisaient
pas pour leur consommation domestique. La production comparée n'a crQ
qu'à partir
de
1896 comme on le voit aux chiffres suivants (1901
:
156)
Années
HIJile de palme
Amandes de palme
CaoutcholJc
A,.:ajolJ
kg
kg
kg
kg
1896
83.716
65.067
32.400
1897
43.255
65.341
45
726.731
1898
97.078
140.711
480
516.782
1899
205.985
190.616
50
778.999
1900
127.290
230.668
18.700
672.100
Deux facteurs
peuvent
rendre
compte
de
cette relative
croissance:
soit
une
utilisation plus systématique des esclaves,
soit la reconversion progressive des cadets neyo à une activité qui,
après tout rapportait de l'argent ou des biens manufactures, dans le
nouveau contexte
politique du contrôle de l'émigration depuis 1893,
soit la conjonction de celle-là et de celle-ci.
Dans l'agricut~ure de
subsistance,
le rôle productif des
esclaves s'avère
plus
essentiel.
Il
a
reposé sur au moins trois
~rin~ipes d'organisation
de
la
production.
Le
premier
pl~incipe
lmpllque que les esclaves, sous la conduite de l'épouse principale du
chef de
lignage,
et
aux
Côtés
des
femmes,
produisent
pour la
communalJté lignagère
dans
sa totalité et recoivent ~ l'étape de la

redistribution du produit du tr~v~il les moyens de leur subsist~nce.
En effet,
fonctionnait
d~ns
les
vill~ges
comme
L~teko
l~ m@me
org~nisation
de la production qui c~r~ctérisa l~ f~mille polygynique
telle que Cl. Heill~ssOUH l'~ identifiée d~ns la société Kweni et qu'
appliquaient ~ussi bien les Bete que les Ab@ ou les OdJukr~.\\L'épouse
princip~le que nous désignerons comme l~ grande épouse répartiss~it,
s ' i l y
~
lieu,
~u
moins
en deu:< groupes de production, tous les
éléments féminins du lign~ge ou du segment de lign~ge, vivant dans la
m@me cour
: ses co-épouses,
les épouses des frères de son mari,
les
épouses des
cadets et leurs filles.
Par eHemple, elle gouvernait un
groupe compren~nt
sa
deu:<ième co-épouse,
les premières épouses des
frères de
son
m~ri,
quelques
épouses
des c~dets, une partie des
filles;
l~ co-épouse, toujours subordonnée à la gr~nde, pren~it l~
t@te du secorld groupe,
~vec le reste des épouses et des filles.
A ces
deux groupes
ét~ient
~ffectés, d'~bord·les esclaves domestiques de
se:<e féminin,
ensuite les es,.:l~ve"s Rl'-'les ,et'f-emelles des h~me~tJ:<. Au
c~s o~ le l.ignage posséd~it deUH h~me~ux,
l~ population de ch~cun de
ces h~me~uH ét~it attribuée à l'un ou à l'~utre groupe; d'un h~me~u
unique la population ét~it divisée de telle manière que forces m'-'les
et forces femelles fussent équilibrées entre les groupes en fonction
de l'objectif
économique
: fournir à l~ gr~nde épouse le l~iz et le
manioc nécessaires
et
indispens~bles
à
l'aliment~tion
de
l~
communauté pour
l'année. A cet effet était impartie ~ chaque groupe
l~ t~che de cultivel~ un champ de riz et un ch~mp de m~nioc.
Une fois
les
terrains
de culture retenus, dès l~ saison
sèche et
proposés
~ux
esclaves,
le procès se déroulait selon des
principes et des modalités déjà app~rus d~ns la section précédente. A
eux d'abord
l~
prépar~tion
du
sol, c'est-à-dire le défrichement,
l'abattage des
~rbres,
le
brûlis,
toujours
sous l~ direction du
régisseur, chef du hameau et sous l~ supervision de l~ grande épouse.
Vers le
mois
de
mai,
les
femmes sem~ient le riz, pl~nt~ient les
boutures de
manioc
;
pendant
qu'elles
parsemaient les champs de
grains de
piment
et de gombo,
les escl~ves les aidaient à repiquer
les b~naniers.
Bientôt, ceuH-ci dresseront les enclos pOU1~ protéger
les jeunes
plantes vivrières et surveilleront les champs contre les
~nimaux. Ils
participaient
enfin
~vec
ou
s~ns
l~s enfants à l~
moisson'du
céréale,
à
la l~écolte du m~nioc et à l'engr~ngement ~u
village.
A chaque
opér~tion
de
moisson
de riz,
la grande épouse
réservait ~ux
esclaves la p~rt qui leur revenait.
Ils obten~ient le
produit des champs de m~nioc sous deux formes:
le m~nioc brut qu'ils
consommaient sous
la
fOl~me
qui leur ~onvenait et l'~ttiéké que l~
gr~nde épouse
leur
envoy~it
du
vill~ge
qu~nd leurs comp~gnes ne
savaient pas
le
f~briquer. Ils tir~ient un complément de plusieurs
autres ~ctivités
secondaires
l~
culture de ban~nier qu'à titre
privé ils
faisaient autour de leul~ h~me~u, l~ cueillette,
l~ chasse
et l'extr~ction de vin dont les m~îtres leur l~iss~ient également une
P~l~t du prodlJi t.
Un deuxièRle
p~~in'.:ipe ;;j
'.:epeTld~nt gouverrlé l~ pr-oduct t on
~gricole des
esclaves.
Il
est ~ttestê au moins à Ahorokp~ (27) et
n'avait probablement
pas
une
~pplic~tion exceptionnelle.
Deu:<
différences ~ppar~issent
essentielles
par
rapport
~u
premier
principe. En
premier
lieu,
les escl~ves ici étaient ~ffectés ~ l~
culture des
champs
individuels
des
différents
mén~ges du groupe
..
....
-.-~-'""""'~'_.--",--~ ~ ....- - ,,-.-._, ..~-
..··......;,IiiI.·~.. ~

·h.'" r as: ••"'
521
1 - - - - - - - - -..---'--_
- - - - - - - - - - - - - - - - - - -
lignager, c'est-à-dire,
en
termes
d'économie
domestique,
des
p~incipales épouses des hommes du lignage. En second lieu, après les
ch~mps des
ménages,
les
escl~ves pouv~ient cultiver leurs propres
champs vivriers d~ns des for@ts que les maitres leur allouai.nt. Dans
cette formule la pl'éparation des sols commencait très tôt et suivait
un ordre
hiérarchique.
La
coopération -entre
esclaves
et femmes
s'ewercait de la mime manière que dans la précédente formule.
Hais en
d4finitive les maitre. gardaient le pouvoir de s'approvisionner dans
les champs des esclaves dont la possession leur revient en droit.
Le troisième principe vraisemblablement d'application plus
4tendue, puisqu'il
est le seul dont Thomann fait mention,
reconnait
son autonomie
à
chaque ménage, qui reste l'unité de production.
Il
s' apparente.àIJ pre1lri'é,,"~--pf'i.'ftei-pené.lllnmoi
ns, -en -- ce- qYfi!_ t·iL grande épo'Jse
organise la
prodlJction
avec
ses
selJles
coépo'Jses
et '" les -'se"'J"1es---- ,--"-'.~'--- -
esclaves de son mari.
MCh.~~. hOMMe
M.~~.

• • •
p1eft~e~~Oft• • • p.~• • • - d .
0 . 1 1 • •
d • • •u~~• •
M.Mb~• •
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~~u~~~.~. ~u~ pou••• ft~ .pOft~eft.M.ft~ d.p.ftd du d~O~~ eu .01"
(1901:124 i
1905:176>.
Dans ce
cas,
les
épouses
sans esclaves attendaient que
leurs maris
pauvres
eussent
achevé la préparation du terrain pour
COM.encer et
poursuivre les t8ches qui étaient féminines Jusqu'à la
moisson ou ~ la récolte et à l'engrangement dont le volume ne pouvait
Itre que médiocre.
Si les deux premiers principes avantagent les hommes mariés
et sans
esclaves,
le troisième les condamne au travail agricole.
On
cOMprend en ce cas la signification de l'émigration.
:2.
3. Les transporte'Jrs ~ a ,;:ommerce de l' h'Ji le de paIn,e
Entre producteurs
africains
et
acheteurs
européens,
le
COMmerce de
l'hyile
de
palme
sur le littoral alladian comportait
outre l'achat
et
la
vente,
quatre
opérations
essentielles
transvasement ou
mise
en
tonneaux,
transport,
stockage
et
embarcation. Par
l'intermédiaire
de le'Jrs débarcadères lagunaires,
les courtiers
des
différents
ports alladian opéraient,
il faut le
rappeler, avec
les
débarcadères
odJukru
correspondants
sans
exclusive,
il
est
vrai
: Addah avec Kosr,
AdJakuté et Mbokru avec
Tukpa, Bobo-LadJa
avec
Mopoyem,
Emokwa
avec
Dabuatchi. En 1862,
d'après un rapport du Capitaine de génie Gouriau,
daté du 23 octobre,
les Alladian
prenaient
livraison de l'huile une fois par semaine à
Tukpa (28). L'exemple ~'Emokwa nous servira ~ ill'Jstrer les étapes de
,.:e processlJs.
Ce sont les esclaves des hameaux Egbra et Emokwa qui,
sous
la direction
des
~gents
chargés par les chefs du matl'ilignages se
rendaient,
par
des
grandes
pirogues
de
commerce à Oabuatchi,
au
débarcadère de
Dibrm,
pour
prendre
livraison
de
l'huile et des
amandes de palme.

522
On se
rappelle
le
mé~animse
des tran5a~tions, selon le
témoignage oculaire
de Fleuriot de Langle au milielJ du XIXe siècle.
Le promoteur
des
é~hanges
ou
son
~gent
apportait
un ,stock de
mal"~handises val"iées : étoffes, f'Jsils,
barils de poudr-e ,
nla.,:hettes,
boisson,
tabac,
verrotterie.
Certains
producteurs
fourniss·.Lant
l'hlJile en
'.:ontl"epal"tie de nlarchandises qlJ'ils avaient déj:'
.·(~;;:Uf?S,
d'autres livraient de l'huile et obtenaien~ ·j~s m~rchandise5 ~u
~".:~
; d'autres
enfin
prenaient
d€!
~archandises pour une hui10 '1~' ils
produiront plus tard.
A T'Jkpa,
1<0 S l~ ,
I<parld;!1
et:
:"\\o:)j n ·... (·:)01 ,
'J i. Il ;')/)es
1aglJna i l"es ,
]'huile amenée
des
villag~~
de
l'intérieur,
était immédiatement
~ccessible, tr~nsv~s~~
~~ns des tonneaux.
A Dibrm,
au ~ontraire, il
f;):1 1:;,1 :i. t
.::l'abOl''d tr'ansp1l1"teY"-- les "torlneaw:< _alJ _tj~_i;)ar,.:;;)-dèl:·e de Dab'Jatd'ü,
;;<:)i.I:·
~;/JI"
qu.altre
~
si:<
kilomètres.
ROIJlel"
e e s
tO'<."'?;l'.Ji·i r.:f"
:i.le
Jusqu'au débarcadère
était
la
première
t~chE des esclav~
~idés
quelquefois par
des
cadets
des
Lign~ge~
d'a~cueil.
Au
bout de
quelques Jours,
si l~
lagune ét~;~ calme, avec des chargements de six
J!l d I x
tonne""Jl'~
pal~ T'Tis,
les
équipes
pO'Jvaient
retolJrner
aux
débal~adères d'Emokwa.
C'est alors que par message,
les esclaves du
dell:ième hameau prenaient le relais.
Par exemple le hameau de Gbintré
prenait le relais du hamea~J de Gnikpé dans le matrilignage des Kaku.
De la
m@me facon,
les esclaves du troisième hameau prenaient J!l leur
tour le
relais
et
transportaient les fats d'huile dans la cour du
maître.
Dans
les
magasins où ils étaient stockés, ces fats étaient
militairement gardés.
Pendant
que
l'agent
rendait des comptes au
promoteur d'échange,
les
esclaves
"tonneliers
battaient
vigoureusement les
cercles
des
ponchons
d'huile"
pr@ts
à
@tre
embarquës dans
les
navires.
Lorsque cette opération était achevêe,
les canotiers,
dans les 9b09rObon@ à neuf pagayelJrs,
s'ingéniaient ~
passer la barre pour embarquer l'huile a bord des navires, comme ils
débarquaient les
produits manufacturés qui constituaient le nouveau
crédit consenti
par
les marchands européens au:< courtiers alladian
jusqu'~ la pro~haine saison. Les esclaves étaient appréciés pour d~ux
qlJ19lités principales : lel.Jr applic-ation qlJi rendait les marchandises
~ bon
port
dans
un sens et dans l'autre,
sans perte ni avarie,
ou
plut8t ave~
le moins de p@~ne et d'avarie,
et leur intelligence des
affaires qui
permettait aux maîtres de fail~e des bênêfi~es toujours
,:roi ssants •
,,'

Bénéficiaires de cette exploit~tion des esclaves dont nOIJS
venons d'an~lyser
les mécanismes et de prendre l~ mesure,',les chefs
de lign~ges
et
leIJ'''s
p'Jînés
devim"erlt
des
hon,n,es
rich~s,
qlJi
utilisèrent leur
richesse
à
l~
ré~lis~tion d'une ~utre fin posée
comme supérieure ~ la richesse elle-n,@me. Que voul~it donc dire
@tre
riche?
Que
voul~it
dire
l~ richesse?
Quelle était la finalité
supr@me de la richesse? Quel ét~it le nouveau rôle des esclaves. dans
l~ détermination
et
la
consecr~tion
de
cette
richesse
et dans
l'accomplissement de
cette fin? Atomes et p,"oducteurs de richesse,
les esclaves
ré~pp~raissent ici comme les signifiants m~jeurs de la
richesse en
tant
que
objets
de
puissance
et
instruments de la
glorification des
hommes
et
des
femmes
riches.
P~r
une entrée
logiqùe, nous
~bordons
~insi
des so,:ietésq'Je nouSc;;cQflsidl!irons IJn.
aspect de l'idéologie qui donne son sens ~ l~ fonction économie.
~""".

CHAPITRE
VIII
LES
INSTRUHENTS DE GLORIFICATION
SECTION
I
LA RICHESSE ET L'IDEAL DE LA GLOIRE
DE L'ACCUMULATION A LA MAGNIFICENCE
SECTION
II
L'ACCUMULATION OSTENTATOIRE
SECTION III
L'OBLATION
OSTENTATOIRE
SECTION
IV
L'IMMOLATION
OSTENTATOIRE
."

1·------------------------··--IIilII-------.....--.....__---------"'__----
4
-
SECTION
l
'''.
LA RICHESSE ET L'IDEAL DE LA GLOIRE
DE L'ACCUMULATION A LA MAGNIFICENCE
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(1)
1. La richesse
al L' homme riche CORllle homnle 91J i atteint l' ac'~omPlissement
social et hlJmai n
Personnage voisin,
personnage
apparenté
et prolongement
des personnages
traditionnels
du
devin,
du
chasseur
et
du
guerrier, l'homme
riche
est
une
personne
chez qui l'avoir ne se
dissocie pas
de
l'@tre
dans
sa
constitution
psychique.
Comme
chacun de
ces
personnages
dans leurs réussites et leurs exploits,
il est
censé
posséder
une
force
secrète
dont ses dépendants et
ses biens
manifestent
les
indi'~es
OIJ
les
prelJves.
Ce que ~arl~
Auge écrit
à
ce
propos
des
Alladian est extensible à toutes les
autres sociétés à ce propos.
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(1969 b
466) .
l'
La notion
d'homme
riche
atteste
cette
dimension
ontologique au
moins
dans
l'une de ses deux formulations,
Dans la
première,
le
terme
désignant
l~
richesse est préposé ~ celui qui
en indique
le
possesseur.
Pour
les Bete,
les Nevo et les Kwadi~,
"

2 .H!fMM*W\\• ., i
U, .... .SJz__ ..esaœt..Z i"lil!":'':tQ.... L&
.. ~.
, 5~~ ....
........~-_ ..-_.._. -~~ "-'-
-
le lek~gnon
est
en
effet
l'homme (gnon, pl. gno,) qui a
(~) des
biens (~),
de
l~
richesse.
M@me
composition
du
mot
chez les·
OdJIJkru pour
qui
l' ob-ognlJ
est l , personne (-y,) qlJi possède -(ogn)
l , richesse
(ob)
ou
chez les Ab@ qui nomment shiga-ho celoi
(-ho)
qui d~tient
de
l'or
au
sens
propre
ou
de
la richesse au sens
métaphorique (shig~).
Dans
la
seconde formulation,
le même terme,
tantôt identifie
le
riche
et
le
fort,
ce qui est le c,s du mot
alladian nkUi,
tantôt
identifie
le
riche,
l'@tre
humain
et la
virilité, comme
c'est
le
cas
dans
le
mot
Kweni
mi90ne-mi
=
l' hlJmain, gone
= masculin OIJ dans
le nlot bete-dida gneb@lo - au
sens de
l'homme
par
excellence.
L'homme
riche
apparaît
ainsi
comme le
possesseur
de
biens
qui
a
atteint son accomplissement
social et humain maximun.
".-
.
Brembi, ce
nom
commun
de l'homme riche dans la plupart
des socidtés
~e
la
zone
forestière
aux
XVIIIe et XIXe siècles
confirme l'unité
transculturelle
~e
la
notion,
la
nouve~uté
historique du
personnage,
sinon
l'identité
de
son statut et de
sa fonction.
L'extension
de
cette
catégorie
accompagne
et
traduit le
d~veloppement
d'un
nouvel
espace
d'échanges
économiques et
sociaux
dont
la
valeur centrale alJ sens matériel
et idéologique
est,
nous
semble-t-il,
l'or. De l'Est ~ l'Ouest,
en effet,
huit
sociétés
alJ moins partagent cette notion : essuma
(brembi), anyi
(belem9bin),
ab@
(gblemgbi),
abure
(mringbi),
akyan (brinbi),
odJukru
(gbrem9bi),
bawle
(9bl@-ngbi),
gban
<gbregbi). Dans
son
acception
chronologiquement la pllJS ancienne
dans le
cadre
du
territoire
ivoirien,
celle
qu'offrent
les
Essuma au
début
du
XVIIIe
siècle,
le
brembi
se
distingue de
quatre autres
personnages
(2)
le lameQ,
leader des guerriers,
I.e bablJmet
OIJ
ancien,
éminent
en
Ige,
l'ofnon
OIJ
pontife,
éminent en
savoir,
et
le
chef,
détenteur du pouvoir politique,
représentant le
matrilignage
fondateur.
Par
opposition
à
ces
statuts traditionnels,
il
est
défini
comme
éminent en richesse
(or), promoteu~
d'échanges
et
propriétaire
d'esclaves
;
son
titre est
l'attribut
com~un
à tous les courtiers:
"roi", prêtre
et chefs
de
lignages.
C'est dans le même sens relatif qU'étaient
brembi, d'une
part
tous
les
hommes
riches
odJukru,
. Kyaman et
gban et,.
d'autre
part
les nouveaux riches bawle dont l'opulence,
au contraire
de
l'aristocratie
a9wa assise sur des trésors venus
de l'Asante,
reposait
sur
le
commerce avec la c8te et la savane
au XIXe
siècle.
Mais
il
est
des
brembi
au
sens
absolu, des
riches par
excellence.
Propriétaires
éminents
du sol villageois
ou national,
possesseurs
par
ce
fait
de
la
plus grande masse
d'or extraite
du
sous-sol
et
des
rivières,
détenteurs
du
monopole du
commerce
à
longue
distance,
leur
richesse
est un
attribut "naturel"
de
leur
souveraineté, de leur "royauté". Tels
étaient le
mringbi
eh@
chez
les Abure de Hoossu, le 9blem9bi ou
9h@min dans
chaque
~illage
ab@, ou le belem9bin anyi par exemple
dans l'Etat du Sanvi.
D;:Ins les
Fornlen,
identifie
;:IIJ
nloi n~
dew<
sens à 1;:1 ri~hesse
(3) •

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1 .
(1968,
II.
327>
Pour les
soci~t~s
nous
consid~rons,
elle était en
effet chose
par
sa
genèse
sa
composition,
valeur
par
sa
finalitë sociale et politique.
Multiples ont
ét~
les
sources
de
la
richesse.
Cette
richesse,
nous
l'avons
vue
avec
les
premieres
9~n~rations
de
négociants, pouvait
provenir
de
l'h~ritage.
Certains
riches ont
néanmoins accumul~
leurs
biens
en' tant
que
guerriers.
Il faut
voir dans
ce
processus
le
b~néfice
que
la
violence organis~e,
lo_~::alement, a
prOC'Jl"~
er,
.ar'mes,
en b~tail, en or, voi r'e en Otres
humains. L,;a
c,;arriere
du
redoutable
borgne
ab@ Edikoë Edi (4) de
Gr.and-Vapo (début
XVIIIe
siecle
-
fin du XIXe siècle> et celle du
non moins
redout,;able
borgne
bete
Digbe
LUe
W,;anda
<5> du Loble
(milieu du
XIXe
siècle
d~but
du
XXe siècle> en apportent une
preuve. Type
du
personnage
redoutable - Kakadjre -Edikoë Edi tira
sa richesse
de
sa
g~n~rosité et de sa férocit~. Jeune,
il offrait
son vin
de
palme
aux
villageois
et
partageait
le gibier de sa
chasse. Or,
un
jour,
il surprit des amis critiquant sa g~nérosit~
comme une
bOtise
et
se
moqu.ant de son infirmit~. Vex~, il s'arma
de fusil
et
exige.a,
sous forme d'or 1 ~ par personne,
le prix de
ses dons.
Il accrut sa richesse ~insi par le brigandage org,;anis~.
1 • •
ca...... ...,. . . . . .
1 .
po
d
.
1.. .,
.
. . . . N
4 ... n.r.~11 • •
o.~...o ......... ""
d .
Gon~.... "".n~.~
.~~.~.... ~~
1 . .
~~11.g• •
~o~.&n• •
%1
... ou ...... ~
~."". :Le.D N
<Dupré,
1960
53> .

52S--
Certain~ migoneny
q~'~voq~e
Cl.
Meillasso~x
a~raient
été d'habiles
tisserands
<1964
:197).
Des chasse~rs ont a~c~m~l~
~ titre
personnel
o~
permis
~
des ainés socia~x d'acc~m~ler des
ivoires et
des
biens
po~r
lesq~els ces ivoires constit~aient des
moyens d'échange.
Selon
des
traditions
remontant
a~x
XVIIIe
siècle,
le
chasse~r
ab@
50
Koame
de
Kotimanso,
a~jo~rd'h~i en
territoire anyi-ndenye,
a~rait
abatt~
sept
~l~phants
a~
co~rs
d'~ne mime
chasse
<Cl.
Perrot.
1982
6 8 ) ; le chasse~r anno
Kwasytyun de
Tiokonu,
avait
cinquante
~léphants a son actif a la
fin de
sa
vie
et
son
compatriote
Kw~dyo
d~
mIme
village ~ne
centaine d'él~ph~nts
(6).
A
la
fin
du
XIXe
siècle,
les
exp1or~~eurs Hostains
et
d'Ollone
ont
rencontré
le
chasseur
Kr~man d~
groupe
Krepo,
Kianido, dans sa pleine maturit€
~
celui-
ci en
avait
d~jà
abatt~s
quatorze
<1901
74). En pays Kweni,
certains célèbres
migonenu
proviennent
de
patrilignages
de
chasseurs:
Sonan
de
D~ita
<Bwavé'~é),
Goré
bi Goli de Koblata,
Guessan bi
Vanié
et
Gueli bi Lor~ de Bunantifla <Cl. Heillassoux,
1964 : 94).
En général,
cependant,
c'est
le
commerce
q~i a été le
grand pourvoye~r
de
richesse
commerce de vivriers, commerce de
cola et
de
produits
artisanau}< dans la savane boisée, commerce de
produits de
bea~té
et
d'esclaves
dans
le Centre-O~est, commerce
de poissons,
de
sel
et
d'h~ile
de palme sur la Côte et
dans la
région d~ Sud-Est.
Dans sa
matérialité,
cette
richesse
pr~sente
au moins
trois caract~ristiques.
En
premier
lie~,
elle
se
composait
de
biens plus
ou
moins
durables
de
caractère
prestigieux.
Une
cat~gorie est
parlante,
selon
une
distinction
odj~kr~ : ce sont
les épo~ses,
les
enfants,
les
esclaves; ~ne autre catégorie est
muette, ce
sont
le
bétail,
le
numér~ire,
les
armes ~ feu,
les
pagnes,
les
ivoires,
le
sel,
l'or,
les greniers. Certains de ces
biens sont
des
biens
de
subsistance
<vivriers
stockés dans les
greniers), d'autres
sont
des
biens
de
luxe dont l~ consomm~tion
s'identifie à
la
destruction
ostentatoire
<b~tail,
s~l,
ivoire,
or~ pagnes)
;
le
troisième
groupe
seulement se compose de biens
de prodUction
<dépendants
hommes,
femmes,
enfants,
armes,
numéraire>. Le~r
durabilité
les
rendait
accumulables.
Prestigieux,
ils
l'étaient
d'abord
par leur étoffe,
ils l'étaient
ensuite par
leur
accessibilité
à
la seule couche dominante de la
société, il
l'étaient
enfin
par
le~rs
fonctions
dans
la
reprod~ction sociale
fonction
de
trésor,
de
dot
et de biens
ostentatoires.
En deuxième
lieu,
cette
richesse
se donnait parto~t et
toujours comme
~n
ensemble
de
biens
~ssociés.
Certains
de ces
biens n'allaient
jamai~>
sans
les autres, par exemple les esclaves
sans,le
numéraire
et
le
f~sil, de sorte q~e nous retrouvons dans
toutes les
sociétés
considérées
un
noyau fondamental de richesse
qui était
identiq~e.
Ce
noyau
comprenait,
o~tre
les
richesses
parlantes,
certaines
richesses
muettes
les
armes
à
feu,
le
numéraire et
les
p~gnes.
Dans
les
sociétés
de
la
partie
occidentale, en
plus
de
ce
noyau, les
inventaires
insistent sur

id Jl JL
L i t
Il L
les ivoires
et
les
greniers,
biens
qui n'étaient pas totalement
ab.ents ailleurs.
Dans
les
sociétés
de
la
partie
orientale au
contraire, on
fait
cas
de
l'or,
bien accessible aux Neyo,et aux
Kweni, on
fait
cas
des personnes possédées en gage et des Maisons
d'un style
moderne
sinon
par
l'architecture,
du
moins
par les
matériaux. Ici
et
là,
les
côtiers,
les
lagunaires
et
les
riverains des
fleuves
ajoutent
à
leurs possessions les moyens de
transport,
les
pirogues
de
commerce.
De
facon
spéciale
les
côtiers mentionnent une arme à feu : le canon.
En troisième
lieu,
existait
entre
ces
biens
une
hiérarchie relative,
fonction
de
l'histoire économique et sociale
des sociétés,
fonction
des
valeurs
dominantes
à
une
époque
donnée, fonction
de
la
chronologie
des
acquisitions
individuelles. Les
f@tes
de
la
richesse
illustreront
les
hiérarchies sn
vigueur
dans
les sociétés du Sud-Est. En attendant
d'identifier des
hommes
riches
de
ces
dernières
sociétés,
le
volume et
la
composition
de
leurs
richesses,
empruntons
aux
sociétés de
l'Ouest
une
série
d'exemples
illustrant
ces
trois
aspects de
la
richesse.
Les
Tableaux 34 l,
II et III, donnent la
mesure chez les Kweni,
les Gban,
les Bete et le. Kwadia.
,"

--------_...._-
530
\\
TABLEAU
34
COMPOSITION ~ VOLUME
DE LA RICHESSE KWEHI, GeAN,
BETE ET KWADIA
1
-
MIGONEHU/FWA
EPOUSES
ESCLAVES
e.ETAIl,
FUSILS
AUTRES
8IENS
KWENI
A, D1.Jonefla
I-BERA-eI-TRIE
30
45
50 bovins
15
15 greniers,
7 coffres
F'atri lignage
(90niwuq)
de pagnes,
or,
bro,
ivoire
D1.Jo-bi -Sei nene
Fwa,
tr@zan,
wiblizan
2-FUA-BI-eALO
14
80
120 bovins 140
4 greniers,
10 coffres
F'atl"i 1 ignage
de pagnes,
or, bro
Sian-bi-Seiner.e
Fwa,
tr@zan, wiblizan
e. eangofla
3-S0LO-BI-KONLA
61
40
3 greniers, 3 coffres
Fwa,
tr@zan, wiblizan
de pagnes,
or,
bro
MI'i0NENU/FWA KWENI
EPOUSES
ESCLAVES
I?,OEUFS
FUSILS
AUTRES 8IENS
(9uite et fin)
C.
I~uniarti
4-LAO-BI-TRO
38
90
boeuf9
150
or, bro,
ivoire,
pagnes
Fwa,
tr@zan
D. Bandiahi
5-BOGNON-BI-HIRIHE
30
60
120 bovins
121
or, bro,
ivoire,
pagnes
Tr@zan,
fwa
10 gl"eniers
(7-)
E. Gonate
7-KALU-BI-BWA
10
10
bovins
fusils
or,
ivoire,
bro,
pagnes
Patrilignage Djëhi
Fwa
8-S0HU-BI-DJAGONE
8
bovins
6
or,
ivoire,
bro,
pagnes
Patrilignage Djëhi
F',oIa
F .D1.Jgcafla
9-BUSSU-AHU-BI-KONE
16
e9claves
bovirls
90
ivoire,
bro,
pagnes, or
P~trilignage
(Kweni,
,:apl"ins
Manegoneta
Bawle, Dida)
10-TUKURA-BI-KAKU
20
beaucoup
bovins
100
ivoire, pagnes,
or,
~ro
Patrilignage Vohuta
~
d'es,.:l.::Jves
Contemporain de Kone

531
\\
II -
GBREGBI ~
G.
Tchegba
11-KPEZIKE DOOWRA
30
10
bovins
1 "magQsin"
pagnes
P~trilign~ge (91i9ba)
caprins
Saadi
12-ZEHI0GBO GBODWA
20
!i
o.b..QYJ.I"S
fusils
pagnes
-- ."
.- ..-... -.~-_..- .
Patrilignage Koffinue
H.
S~këlda
13-KWADJO V080
10
4
bovins
f'.Jsils
p>.lgnes
Patrilignage Les9unwin
III -
LEKAGNOA BETE/KWADIA
1. ZepregUhe, ZepregUhe
14-ZUZWA GOSSE jumeau
30
8
bovins
fusils
forêt de colatiers
Patrilignage (zoa)
(6F,
2H)
Zuzwa Gosse
Kanegnon,
commercant
H~ritier d'un marché
fond~ par un Kweni
Gnanblewan no.mé DJago
J. TapegUhe,
dikpë
Sobwo
15-LOGBO KAFFU
30
1 troupeau
fusils
forêt de colatiers
+60 enfants
bovins
Kanegnon,
fonda~eur
9
de marché
(SF, 4H)
K. Lobia, dikpi, Zeble
16-Z0KU GBEULI
60
10
bovins
fusils
+ de 50 pagnes
forêt de colatiers
L. Bano.::ln
17-SERI DIRO
4
1 troupe.::lu
forêt de col.::ltiers
Patrilignage Cnolwa
(2F,
2H)
bovins
Togu~, Gnakpik~9non
c~prins
Fond~teur de M~rche
Glolowri
9
+ 17 enf.::lnts
(l1G,
6F)

532
\\,
III-LEKAGNOA e.ETE/KWADIA
EPOUSES
ESCLAVES
e'ETAIL
FUSILS
AUTF~ES BIENS
(s'.Jite )
H. Keibla
1B-f~8LE
TAPE
3 (H)
100 bovins
fOl~@t de ,,:olatiers
Patl~i lignage Keibla
Glolowri. cOlllmercant
de cola,
fondateur
de nlarchè
12
+ 7 enf'!lnts
connus
19-TAPE LOKPOLE
Patrilignage Keibla
12
2
bovins
20 F'.J
Dodolowri, f';belowri
(dont 8edi)
N. Loboguiguia
20-Hllle Z080GUHE
ComMercante de cola
4(pour son mari)
4 bovins
5(pour ses fr~res)
21-Hme KUGO LIADJRANE
de B-K'.Jk'.JgUhe
nbreuses
1 esclave
bovins
Comnlercante
<pour .. ari
(Zokoyo) .
et frères)
PO'.Jl" le mari
22-GORO GOZE
Patrilignage
Loboguig'.Jia
9
3
bovins
30
for@t de colatiers
Dodolowri,
kanegnon
Gbelowl~i
O. Kibwo - Beka
23-Hme. GNOBO ZEHI
Patrilignage
Logbo Yaku
4<pour le mari)
2 bovins
COlllmercante
(po'.Jr frère
Zrago Tap@
de Korèkiprea II)
P. Gamina,
Kpeties
Ethnie Niabwa
24-BUBWA WERE
.
Patrilignage
G.albakong
7
2
5 bovins
10 p.::lgnes
25-DIGBE SERI
P.::Itri1 ign<!1ge
f';albakong
4
3
4 bovins
5
Il

533
III-LEKA~NOA BETE/KWAoIA
EPOUSES
ESCLAVES
e·ETAIL
FUSILS'
AUTRES
~
(suite et fin>
26-KALU OIoEI
Patl'i lignage
'';bowré
4
3
6 bovins
5
20 pagnes
- - - - -
-
Q .G.oib\\i.ol ,
e.a 1êgrJhè--
27-TAPE
SERI
10
2
f'Jsils
Patrilignage Oedjibla
HF,
lH)
Héritier d'un marché
R. Blesewa, ~betie
2S-~NAKO
5
30 FI.J
Patrilignage Blesewa (15 enfants>
Courtier
S. Koziayo l, Dakuya
29-BWH DJILE
3
40 Fu
Patrilignage Zorgayo
Courtier
T.
Logboayo, ~uideko
30-LO~BO ANOHI oJOKULI
bovins
20-30 Fu
Patrilignage Logboayo
3
,.:ap'"ins
Courtier
+ 7 enfants
(3G,
4F)
U. Okruyo, Zikobwo
31-BALU 1
4
20-40
20-30 Fu,
Patrilignage Balu
bovins
baril de pOI.Jdre
Courtier
,.:aprins
V. Upoyo,
Kagnananko
32-~BOHUN II
7
40 Jll 80
flJsils
- Annea'.JN en
Patrilignage Upoyo
+ 10 enfants
bovins
ivoire
Courtier
(S F
2~)
,.:ap'"ins
ovins
-
.J arl'es de
manilles
W.
Kwati,
Kwadia
33-0ABLE MAMBO
3
bovins
40 FI.J
f'atrilignage
(1 Bete, 1 Bakwe
c ap r- i rrs
15 BF'
Gneprebwo
1 Kwadia)
Tavognon:gneprebwo 7 enfants (;c, 2F)
'.aolowri
B'Jt'Jbrè, KW.:ld i.:l
34-GBAHRIN GUOE
6
e.ete
f''Eltrilignage
<5 Bete , . l Bakwe ?)
Fl"egbo. Nak.:l,
G'Jeg'J i ri he
2 enf.:;:mts
Vawl'e, V.:Ik'J,
Tavo9non
Sel'i I.
Sel'i II,
S.:Itchi 1 G.:Ih'Jl"J

~/ bà ri~hesse ~omme yaleyr
~l"
En réalité,
~ette ri~hesse ~onsiste en valeur so,.:i.ale, au
.pins d~ns
trois
a~ceptions
de
la
~atégorie générale de valeur.
ct.st d'~bord
au
sens économique de la v~leur d'usage, de biens de
èo.sommation, que
les
ainés
la
recherchaient
et,
a
~ette fin,
mobilis~ient leurs
dépendants,
exploitant
en
parti~ulier
les
esclaves de
la
manière
que
nous avons précisée. Mais la ri~hesse
acquise av~it
ici
une
fin~lité plutôt sociale qu'économique. Cela
veut dire
que
son
us~ge
devait
@tre
et était principalement un
r.pport aux
autres : rapport aux parents, rapport ~ux alliés et aux
amis, r~pport
a soi-mime qui restait en~ore partiellement rapport à
un statut.
En effet, une fraction des biens permettait d'ëlargir le
"'"'-9roupe-.de
dépendance. en-of fr.untc.-4es épo'.Jses .,--au.:<-.-eadets du lignage,
voire aux
cadets
d'autres
lignages qui devenaient par ~e fait des
'obligés:
bodozan
~hez
les Kweni, baruh@ ~hez les Ab@, obowi chez
les OdJukru,
espèce
d' "homme~
de l~ dette" pour les Alladian. Une
autre fr~.:tion,
~elle
qui
intervenait
dans
les funérailles,
les
réceptions et
les
f@tes
au
bénéfice des autres lignages et de la
communa~té villageoise,
concourait
~omme
la fra~tion pré~édente à
la reprodu~tion
so~iale
du
groupe
d'appartenance.
La
fr~ction
affectée a' la
~onsommation privée - pagnes d'usage quotidien tels
les bia,
les
da90ne
chez les Kweni ou les Ab@,
numéraire, bétail,
~rmes a
feu,
voire
esclaves
in~lus
dans
les
~ompensations
matrimoniales et
destinés à
l'acquisition de nouvelles épouses, etc
-obéissait aux exigen~es statutaires.
EnfiTI,
parce
qu'il
était
déterminé
par
la
hiérar~hie
sociale, ~e
rapport
présentait
un
~aractère
socio-politique
et
ét~it exclusif.
Dans
le
prin~ipe
le paradoxe du parent pauvre
l'a l~issé
entendre
seules
les· personnes nées libres avaient
droit d'accès
à
la
richesse,
seules
en tout cas elles pouvaient
prétendre au
titre de personnes riches. Dans le fait,
cela signifie
d'abord une
chose
que
nous
savons
déjà
que
toute
richesse
accumulée par
un
esclave
entreprenant
appartenait en droit et au
maitre et
à
son
lignage
;
tel
est
l'axiome
de l'exploitation
~bsolue. Mais
~ela
signifie
ensuite
une autre chose qu'il s'agit
m~intenant d'examiner,
savoir
que
l'esclave
était
un
moyen
institutionnel, donc
politique, .
de
publlcité,
un
medium
publicitaire de
la
ri~hesse
du
maitre,
un
instrument
de
glorification pour la personne riche en tant que telle.
2. L'idéal ~ ~ gloire
Dans les
sociétés
que
nous
~onsidérons,
en effet, une
préoccupation s'est
~onjuguée
a
la
préoccupation de la richesse.
C'est ~elle
de la renommée,
la renommée à son degré le plus élevé:
la gloire.
Selon l'Encycl~pédie de
Dupré (1972>,
la renommée, cette
connaissance que
le publi~ a du nom d'une personne o~ cette opinion
qu'a le
public
d'une
person~e,
comporte
bien
des degrés et des
nuances. Lorsque
le
~ercle
de
ce
publi~
est
restreint,
il est
propre de
parler
de
réputation;
le public est-il très étendu,
il
s'agit alors du renom et a un degré plus haut d'une authentique

-- -- --...- . -.-----...- -..... '-"--"--5~--
renommée
qu~nd
~ette
ètendue est m~r~hé positivement d'un grand
ècl~t, nous
~vons
~ff~ire
à
l~
d~ns son sens actuel. Célébrité,
renom et
gloh'e
se
disent
des ,.:hoses et des personnes ';. ~e'Jle l~
renommée s'applique
ur.iquement
~ux
personnes. Sur deux poïnts les
langues i~i
~onvergent
~ve~
le
franc~~is.
D'une part, toutes ~es
nuan~es, dont
nous
laissons ~ux spé~ialistes de linguistique et de
littér~ture le
soin
d'~ttester
ou d'infirmer les ~orrespondances,
appar~issent ~omme
des formes de ~e qu'on appelle littéralement i~i
le nom, ~'est-à-dire la renommée: gnle (Bete, Neyo) , eyi-oho (Ab@),
nin (Odjukru) ... D'~utre part,
l~ renommée se déploie du plus bas au
plus h~ut
degré.
Les
Neyo
et
les Bete se représentent l~ gloire
comme un
déploiement
horizontal
d~ns
l'espa~e
et
le
temps, en
extension, ~omme
"un
nom qui porte loin" ;
les Odjukru l'im~ginent
'~omnle un
déploiement
vert i ca 1
d~ns
1 '-esp-.,.pi"e;~~"-ei:··"-·l1!c--··t'-emps ,-en'--·- _.:. -
altitude, ~omme
"un nom qui atteint l~ hauteur" (nin-il),
"un grand
nom ll
(nin-gb@l).
Le mythe
bete
de
Zakolo
~
le
chemin
de la gloire,
emprunté à
l'ethnologue
Bete
Frédéric
Buabré
Bruly (7) ~onfirme
cette gradation
;
en
m@me
temps
il
précise le statut de valeur
cardin~le que
rev@t
la
gloire
d~ns
l'éthique
sociale
et
les
conditions morales et intellectuelles de sa conqu@te, puisqu'elle ne
peut s'acquérir sans travail et s~ns lutte.
Zakolo, c'est
l'homologue
de
nos
esclaves,
le
déchu
soci~l, l'@tre
s~ns
valeur,
conscient
de
sa
déchéance,
de son
utilis~tion omnifonctionnelle
et de son exploitation, mais un déchu
en position
de
résistance,
un @tre qu'~nime l'~mbition d'accèder à
un renom,
à
la
gloire.
Parce
que
les
voies
réelles
lui sont
bouchées,
il
s'~dresse
à
une divinité et se soumet aux procédures
que ~elle-~i lui prescrit pour atteindre sa fin. Le ré~it exagère la
nullité soci~le
du
hèros
'au
point
qu'il va jusqu'à nier m@me le
renom du guerrier.
GOft.~~.~. 0 0 • • •
Uft
• • d 1 . v .
1
Mo~n.
q u e
~ • •
GOM._
un
v_~~.
_.rd_.
d .
~.rr_
,
_~
p 1 u _ .
_o~n.
q u _
0 - .
GOM._
U f t .
1· .... -e::&.1
"'. ........
c:l. -e:.-e::I. e....
,
Gh... .,.:&. q . . . .
N ... 1 1 .
b .............
n .
. · o ..... v.....
p o .......
........ .:1.
ct........ :1.1 n. .VMba1~.. p •• 1. MQ~nd...._ .~gn. d. MDn nOM,
C' • • "t:'
J:>ourqua~
~.
~~.n.
p .... ~ • • r
.Up""_. d_ ~o~
1 •
• c~.nc.
ct... "...""..... (1968
163) .

---------------------------------:--~:_-_:__.--;:::;:;--._-.-,--.Iii" .~nr--
536
C'est alors
que
la
vieille
déesse
lui impose diverses
épreuves surhumaines qu'une bienveillance voix sans visages~ la voix
de l'oiseau
Zuzugbré,
l'aide
~ surmonter: capture de la panthère
vivante, capture
de
l'éléphant,
capture
du
python,
capture
du
basilic, capture
du dragon,
transport de la Jarre remplie de fumée.
Hais faute
du coopérateur divin,
il échoue par deux fois ~ prodlJire
la beauté visible - Tçh@le-hiri et l'Immortalité -
Kogor@.
Or,
devenu adulte
dans
l'initiation
donnée
par l'Oiseau Zuzu9bre,
il
invente de
son propre chef une ruse pour découvrir le secret de ces
deux dernières épreuves.
Au village
de
la
déesse,
il se présente sous la figure
d'un grand
oiseal,J
portant les pll,Jm-es.odetous·l:es:,,*i.seal,Jx du-n~onde,
un oiseau
que
ni les vieilles personnes, ni la déesse elle-mime ne
peuvent identifier.
Comme
le
public
regrette
alors l'absence de
l'intelligent Zakolo,
ce
phénix qui a réussi ~ résoudre toutes les
difficultés à lui imposées, voici que la déesse voulant disqualifier
le génie
de
ce
dernier,
déchiffre
publiquement les deux énigmes
contre lesquelles
le
postulant
avait
buté.
Le lendemain, Zakolo
rapporte "la
Pintade
Sauvage", nommée Tch@le -hiri, et "La Pierre-
Eternité", nommée
Kô90r@.
En
mime
temps,
il
peut
révéler
~
l'auditoire émerveillé
le
nom
du
grand
oiseau inconnu aux mille
plumes:
Zakolo-Dea9uié,
le
"Commissaire de Zakolo u • Une dernière
fois,
la
déesse
lui
prescrit
l'ultime
épreuve thaumaturgique de
conqu@te. Ayant
réduit en poudre tous les éléments que Zakolo avait
apportés, elle lui remet cette poudre dans une calebasse.
-"Oft
~~1..
d~~-.11..
MOft
~r.Y• • 1
• • ~
~.rM~ft• • • ~
~u
y • •
ey....
O.~~.
p o u d r . .
~h.roh.
Uft
o.rr.~our dOftft.ft~
~ • • u .
_
• •p~
... h.M~ft• • • ~
~U
1 .
~rOUY• • •
OOMM.ftd.
_
~ou.
1 • •
bru~~.
4 • • •
~.~r• •
OOMM.ftd.
_
~ou.
1 • •
MOUY.M.ft~. d • • ·.rr.~.r.
OOMM.ft • •
_
1 .
p1u&.
d .
f t .
p • •
~oMb.r • •u
.01.~1
d .
f t .
p • •
_r~11.r.
_
1 .
Y~.
d .
f t .
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~Oft
"'oMp1.~ . u. . . . . .
Zakolo découvre
le
carrefour,
commande
~ la nature qui
obéit, ~êcline
son
nom,
verse
la
poudre
rouge
qui répand dans
l'espace et le temps ce nom désormais inscrit au registre des dieu:<.
Ainsi, créature du dieu de la ruse, 'l'Oiseau aux mille et une plumes
serait-il l'anc@tre mythique de l'avion,
La lecon du mythe est triple. D'abord s'y affirme une idée
éthique, de caractère optimiste, qui affranchit les hommes du destin
la
fortune
mène ~ la gloire toute personne qui ose et persévère,
quelle que
soit son extraction. Ensuite, y est énoncé un présuppose
idéologique:
transcendants ~ l'individualité, ~ la génération et ~

.31&
__
.~.
.. _---~
-------------_. _. ------ -
l'époque de
l'auteur,
l~ source et le terme de la gloire sont plus
qu'humains,
ils
sont divins ;
l~ gloire vient en effet des dieuH et
toute personne
qui
accède ~ l~ gloire ~ccède ~ l'apothéose~ Enfin,
le mythe propose une str~tégie du succès qui est d'essence pdlitique
: la
démarche
de
l~
conquête combine des moyens complémentaires,
parfois contr~dictoires
l'~ide
extérieUre
des
puiss~nces
et
l'initi~tive personnelle,
l~
diplomatie
et
l~
technologie,
l'invention intellectuelle et l~ m~gie ou la religion.
Lorsque l'on
p~sse
du
mythe
~
l'histoire,
l~
gloire
~ppara~t alors
comme
un
~ttribut de tout exceptionnel rayonnement
humain.
L~
méritent
~ussi
bien les exploits du br~ve guerrier, du
gr~~d chasseur,
du
thérapeute
ou devin génial que la splendeur du
bel homme
et····lës·· n\\erveilles·· deiJ'e1<'~e-l-l1:mt ~l"'ti-ste. .f·OIJr._~' ho.nln\\e
riche ici
elle est la fin~lité suprême de l~ richesse,
le souver~in
bien.
L~ richesse
ré~lise
cette fin sous deux formes
: d'~bord
l'accumulation, ensuite
l~
m~9nificence. Qu'elle soit pour l'homme
riche un
héritage
ou
le
produit
de
la
coopération
et
de
l'exploit~tion de ses dépend~nts, elle tient en génér~l son renom de
l~ v~leur
et
du
volume
individuels
de
ses
composantes
ou
de
l'ensemble de
celles-ci.
Prenons
p~r exemple le signifi~nt épouse
dans la
m~sse de richesse.
L~ célébrité de l~ plupart des polygynes
pl~oven~it de trois f~cteurs. Elle proven~it d;~bord du nombre, de la
diversité d'origine
des
épouses
qui
"portaient
loin
le nom" de
l'époux;
l~
fécondité
des
femmes
et leur nombreuse progéniture
concour~ient en
outre
à
l~
consolid~tion
du
renom
;
enfin
l'am~bilité et
le
dévolJement de ces femmes au service des p~rents,
des amis
et de tous les hôtes du lignage constitu~ient un troisième
facteur de
l~ renommée de l~ m~ison, donc du chef de lign~ge. P~rmi
les douze
épouses du devin odjukru K~bi Awiyo d'Aklodj-B,
une seule
ét~it OdJukru
;
les onze ~utres, d'origine étrangère,
reli~ient le
magicien,
à
tr~vers
ses
~lliés,
~ux
diverses
sociétés
parmi
lesquelles il avait eHercê son savoir:
abidJi,
akye,
ab@,
a~l~dian,
akyan,
avik~m ... ·; pl~olongeant son activité ponctuelle et passagère,
les mari~ges lui ~v~ient assuré une renommée régionale.
De m@me,
Logbo Kaffu de Gbla
(TapegUhe,
Daloa)
n'ét~it p~s
renommé seulement
comme
guerrier
pour
les
c~mp~gnes qu'il avait
entreprises contre' les
Kweni
de
Zérefla~
meurtriers de son fils
Gnanago, contre le~ Bete-Kibwo et con~re les Bete de Gueya,
ni comme
fond~teur de
marché
et
commerçant de col~, il ét~it célèbre ~ussi
p~r ses
trente
é~ouses. La plup~rt de de celles-ci provenaient des
vill~ges de
l~
r~gion : Keibla (Vêto Oyré) , Tagura (Gn~gnéné Guezi
et Oji~gnini), Lobi~ (Guede Zahi),
B -KukogUhe
<Zuzuko HUêle et L~go
Gnenemê),
OidegUhe
(Seri
Bolignan),
MandegUhe
<Seri
Temenon),
Zaguiguia (L~go
Zedjeba
et
Liadetira),
Tazibwo
(Gb~lwan Wonzi),
Brizebwa (Ore
Djramon),
Gbli-Tapea
(Igbo
Gnize) ... Elles
lui
donnèrent plus
de
soixante
enf~ntso
On
dit
qu'à
cause
de ses
nombreuses filles
m~riées ~ l'extè~ieur, le guerrier devint en même
tenlps IJO
pa,=i fi,-,~~teIJl~,
le
kar!.!t.9.!:!.9JJ IJn M,ke.::ldepe9non.
DelJH femnles,
Zuzuko Beh.::lhi
et M.::lss.::l Gnenemê,
lui
furent offertes pour l'heureuse
médiation qu'il
~vait
réussie
entre
deux
villages belligér.::lnts,
Gosse~ et Bezebwo-KukogUhe (8) 0

...
'
--539--- -
Des signifiants
muets
manifestent ~galement la renomm~e.
Au village
de Mbokru (9),
en pays all~dian, de la gloire de ~andj'Ji
Gbetie ou NandJui Gbesse, dont les informateurs ne surent dir~ ni le
matrilignage du
p~re,
ni
le
nombre des ~pouses, des personnes en
gage et
des
esclaves,
ni le volume du b~tail, les titres mat~riels
portaient t~moignage
encore
le
20 f~vrier 1976 au moment de notre
enqu@te:
des restes de canons,
deux pièces de porcelaine anglaise,
di:< dents
d'~l~phants achetées en pays bawle, une maison ~ étage en
planches couverte
de
paille,
~
moiti~
restaur~e et d~labrée. Le
village de
Godè,
en
pays
neyo,
nous
a
offert,
le 26 mai 1975,
d'autres restes
de
gloire
non datés au nom de Osri Uyéré,
anc@tre
des Wireyo.
C'est
une
canne
~
huit
articulations
et ~ pommeau
d' ar'gent SIJrnlont~ d' une stabJette -de serpent -gr-i-mpant vers IJTI tigr'e,
ave,.::: mention
QIJee Dr'ewin,
sigTlifiaTlt pr'obablenlent Kè de Dr'ewin,
Roi
de Drewin
;
c'est
un
collier
portant la même l'inscription QIJee
Drewin. Ce
sont,
enfin
(10), six canons oiferts,
dit-on,
par le Roi
d'Angleterre pOIJr
la
protection
du chef et des commercants
j
~ la
mort de
Uyéré,
deux
de
ces
canons
ont été transportés,
sous le
régime colonial,
à
la résidence de l'administrateur,
~ Sassandra, et
un troisième
livré
~
Yuyua-Keke,
un
ami de Uyéré, du village de
Bassa j
restaient sur place trois canons dOTlt un seul sur pied,
les
deux autres
tombés
et
en ruine.
Au village de Lateko,
trois jOU1~S
avant,
nous
avons
pu admirer trois plaques offertes ~ Kokora Able,
du patrilignage
Kokorayo:
la première porte l'inscription:
Yellow
Walker of
Drewin, Trademan, W.
Holder,
Cambrian 1865 ;
la deuxième,
l'inscription:
Presented
to Yellow Walker by Messieurs Lucas Bros
and Co
for his Good conduct on broard BAROUE LOOK OUT, Sept.
18 th.
1869;
la
troisième,
~ date:
Yellow Walker, Trademan,
for the
Edward Colston W.
Holder.
D~ns et par leur accumulation également,
les esclaves
ont
participé au
renom des homnles riches.
Partout,
les plus cél~bres de
ces hommes
disposaient
de
relations de commerce les plus étendues
dans l'espace
et
des
hanlealJX
d'es,.:::laves
avant
d'entl"er
en des
rapports,
soit de coopération,
soit d'antagonisme avec les Francais.
Dans la
région
lagunaire,
les Odjukru Otch Yebl Adangba d'Arm@b@,
Mbaw de Dibrm,
Oga de Bodu,
étaient surnommés les "Hommes riches aux
soixante esclaves"
AdJe
Bonny
d'Emokwa,
chef
du matrilignage
Mambê, dont
nous
avons
identifié
des camarades d'échange en pays
odJukru et
jusqlJ'en pays ab@, était,
comme Ette Bongro son rival du
matrilignage Kaku,
"le
Riche aux trois hameaux d'esclaves". Maitre
de deux
importants
hameaux
d'esclaves,
Nani et Dabeda,
le chef du
p~trilignage des
Kekeyo,
Gneba Beugré,
de la confédération de Bokra
(Sassandra) et
était
célèbre pour cette raison même,
~ travers ses
correspondants d'échange,
auprès
des·
pelJples
de
l'hinterland
Kwadia,
Bakwé,
Godie et Bete.
Il en était de même,
~ Drewin, dans la
confédération des
Kebe,
de
Dukua
Awrua,
chef du patrilignage des
Nanduyo, détenteur
du
pouvoir politique,
propriétaire du hameau de
Gbotroko,
"l'homme
le plus riche du pays",
au dire de Thomann
(1901
:
134>,
Jt
Mais mieux
que
par
l'accumulation
de
cette
richesse,
c'est par la magnificence de son emploi que l~ gloire était établie,
c'est-~-dire socialement ou institutionnellement reconnue. Plusieurs
circonstances en
offraient
l'occasion
les
mariages,
les
réceptions,
les
fêtes
et
les
rituels
funéraires.
Elles
se

caractérisent par
un
transfert
de biens en quantitd plus ou moins
importante au
bénéfice
des
parents,
des
alliés, des amis, de la
communauté villageoise
et de l'ensemble de la société. Ajoutée ~ ce
transfert matériel,
la
qualité
des
services que les épouses,
les
enfants et
les
esclaves effectuaient ~ ces occasions contribuait ~
rehausser la renommée du chef de lignage. Ayant pal~tagé ces biens et
joui de
ces
services,
les
bénéficiaires
rendaient
hommage ~ la
générosité du. dispensateul~ en prolongeant dans l'espace et le temps
l'écho de
son
nom.
Puisque nous reviendrons prochainement sur les
f@tes et les rituels funéraires,
arr@tons-nous' quelques instants sur
le cas des mariages.
Le Dictionnaire
Logos
= Bordas, donne de la magnificence
la dé fi ni tio·nsüb-jef~t""1Ve:-sf.Jiv-ante -.:- "Une-- extr@nle-libêNl1 i té·, le gOi:it.
du faste
et
de
la
dépense".
Au sens objectif,
nous dirons que le
phénomène renvoie
~
quatre
idées solidaires : la richesse (car ne
distribue que
celui
qui
possède>,
la dépense (comme gaspillage ou
don>,
l'ostentation
(comme
montre
au
public>
et
la
beauté que
manifeste la
qualité
de
l'éclat.
La
grande
dépense
<ordre
de
l'économie> qui
expl'ime
la
générosité
(ordre
de
la morale>,
se
déploie suivant
un
cérémonial
impressionnant et agréable aux sens
<ordre de
l'art>.
Alors que,
nous allons le voir,
les f@tes et les
rituels funéraires
concentraient
dans
l'espace
et le temps cette
destruction économique
et
cette
construction
artistique,
les
mariages étalaient
les
dépenses
tout
au
long de l'existence des
partenaires, en diverses circonstances plus ou moins réjouissantes.
En premier
lieu,
les
compensations
matrimoniales
auxquelles, dans toutes ces sociétés,
ils donnaient lieu, présentent
un caractère
prestigieux.
Reconsidérons
les biens dotaux tels que
nous les offrent les Tableaux 11 A,B,C,D (Ile partie, Ch.
IV,>.
Nous
y distinguons,
d'une part des biens de production:
fusil,
esclave,
fel~, SOIJS
fornle,.
soit
de
monnaie
(wrlJglJ
bete,
wl~oka gban,
bro
kweni> , soit
d'outils de travail
(machettes>
i
s'y révèlent d'alJtre
part des
biens
de
luxe
or, bracelets de cuivre,
ivoires, sel,
tabac,
bétail,
pagnes.
Elément
essentiel
de
la
compensation
matrimoniale,
l'esclave
se trouvait souvent associé ~ l'arme ~ feu,
au bétail
et
~ la monnaie comme un bien de prestige complémentaire
et majeur.
Les
Dan
devaient sept fusils pour la chasse au père de
l'épouse et
deux
esclaves
pour
l'agriculture
et
le
service
domestique ~
la
mère
<Van
Cassel
1901
15>.
Les
Kweni
septentrionaux (Tauxier
1924: 240>,
traduisaient six cents paquets
de sombe
en
"captifs
(lisez
esclaves>,
bestiaux,
barils
de
poudre". Chez
les
Neyo,
les
femmes
qui avaient déj~ été mariées
rapportaient une compensation plus élevée dans laquelle aux manilles
et aux
diverses
espèces
de
pagnes étaient conjoints le fusil,
la
poudre et
quelquefois
l'esclave
(G.
Thomann 1901
: 127 i
1905:
168> .
"-
En deuxième
lieu,
les vivres qui n'apparaissent pas dans
cette énumération
occupaient
dans la plupart des sociétés au moins
une Journée
de
f@te
~ nourrir les gens. En ni~nt l'existence chez
les Neyo
d'une
cérémonie
de
mariage
(1901:127>, G. Thomann,
par
ailleurs bien
informé,
ne méconnaît pas seulement le rite essentiel
de l'union -
la remise de la compensation matrimoniale et la cession
de la
femme ~ l'homme -
il minimise encore la fête de l'intégration
.,--
-~
,
. •
4?

ft
540
~ttestée ~g~lement
che:
les
8ete
sous
le
nom de budu msesso et
prob~blement che:
les
Kw~ni.
Qu~nd
les femmes du vill~ge ~t~ient
m~tériellement pr@tes~
en
effet,
elles
ven~ient
ensemble.
en
ch~nt~nt et
d~ns~nt,
rendre
visite
~
l'épouse
d~ns.~ nouvelle
demeur~ et lui offrir des présents en n~ture : ri:. b~n~ne.,\\fruits.
l~gumes, vol~ille.
Le
m~ri,
s ' i l
en
~v~it
les
moyens,
le~
nourriss~it;
en
tout c~s,
il
leur donn~it ~ boire du vin de p~lme
-ou du
gin
et leur f~is~it c~de~u ~ son tour de p~gnes ou de pièces
d'~toffe. C'est
~lors seulement que l'étr~ngère, déj~ incorpor~e ~u
p~trilign~ge de
l'époux,
l'~t~it
ég~lement
~
l~
commun~uté des
femmes du
vill~ge.
O~ns
le
budu-msesso
des Bete-O~Küy~ (11),
l~
nouvelle m~riée
~rrivée ~u vill~ge ét~it confiée ~ un p~rent. Trois
Jours ~près,
~v~it
lieu
l~ cérémonie d'~ccueil. On cons~cr~it son
~rrivée p~r
le
rite
de
l~ petite sortie ~u cours de l~quelle, ~u
nive~IJ de
l~
':OTJl";-
on:':'Xl;;ti::.c"o-'f<f'l"-.:a4t-".un-~'Jle:t .. ;.,=e-lcle."!)y~i_t;,l_~or? 1.;)
dignit-é de l'épouse pouv~nt prendre p~rt ~ux ~ctivtés de l~ f~mille.
Plus t~rd
seulenlent,
ét~it
célebrée
l~
cérémonie
de
l~ gr~nde
sortie.
Invités ~vec leurs ch~nts et d~nses, les vill~ges voisins et
les ~mis ven~ieTlt officiellement honorer l~ nouvelle m~riée ; celle-
,:i r~ev~it
des
,:~de~w,~
en
~bond.;ln':e,
tOIJt le nlonde nl;:,nge.;)i t
et
buv.;lit d~ns
l'~llégresse
;
l~
m~riée
f~is~it
désorm~is
p~rtie
intégr~nte de 1;:, commun~uté vill~geoise.
O~ns le
rituel
du
dedi~KP odjuKru, se retrouve de m@me,
.;lu-del~ des
dépenses
~ccessoires
de l~ cérémonie et ~u-del~ de l~
remise officielle
de
l~
compens~tion
m~trimoni~le
~u
terme
du
rituel,
une
Journée
m~rquée
p~r
des b;:)nquets.
Ici,
deux b~nquets
~v~ient lieu,
l'un en l'honneur de l~ fr~ction féminine de l~ cl~sse
d'8ge de
l~
fi~ncée, l'~utre en l'honneur de l~ fr~ction m;:)sculine
de l~
cl~sse d'~ge du fi~nce. L~ cl~sse féminine recev~it son rep~s
le Jour de l~ retr.;lite,
~ V~ssakp, ~u moment où elle ~ccomp;:,gnait en
!usi~ue la
fiancée d.;lns·l~ cour p~ternelle du fiance;
ch;:,que Jeune
femme percev;:,it
alors
deux
poissons
et
toutes se p~rtagaient un
régime de
ban.;lne
(okleb-mgb@ss@),
symbole
d'enf;:)nts.
L;:,
classe
masculine prenait
au
contr~ire
son
repas le Jour de l~ sortie.
A
Dibrm,
~u.;ltre
boisse~ux
de
pain
de
b;:,n.;lne
flJtlJ
-
et quatre
boisseaux d'~tiéké
ét.;lient
rép;:,rtis
entre les quatre quartiers du
village,
tandis
que
les .;lccomp~gnateurs du fi;:,ncé et de 1;:) fi~ncée
bénéficiaient d'un
repas
spéci;:)l
d'.;ltiéké et de qu~r~nte poissons
dans la ':OIJr patel- .elle m@me dlJ fian,:é deverllJ m;:,inten;:,rlt épow< (12).
En troisième
lieu,
~u:<
époux
les m~ri.;lges cré;:,ient des
oblig~tions perm~nentes
n'~y;:,nt
pour limite que le terme de 1;:) vie
et qui
emprunt~ient
des
formes variées,
selon qu'il s';:)giss~it de
circonst;:,nce réjouissante
telle
une
n~iss;:)nce
ou de circonst;:)nce
;:)fflige;:)nte comme
le
décès.
Dans
les
sociétés patrilinéaires où
l'épouse devenait
une compos~nte du lignage de l'époux, ce principe
génér;:)l des
;:,lli.;lnces
t~~uv;:,it
une
~pplication
extrême
tant en
volume des
dépenses
qu'en
rigueur.
N~iss.;lnce
du premier enf;:)nt,
nl~l"i~ge des
r.eveIJ:': m;:)Nl"r.els de l'épo'Jse,
m;:,l<3die,
~ fOl.. tiori dé,:ès
d'un p~rent
de l'épouse,
voil~ des circonstances qui exigeaient des
présents de
la p~rt d'un époux Kweni. Che: les Bete-BogUhé (13), en
l~ première
circonst<3nce
un grand cade;:)u était da ~ 1;:) femme,
~ l~
belle-mère,
~
l~
t;:,nte
ou ~ 1<3 soeur.
Les autres circonst<3nces se
f<3is;:)ient .;lussi
impèr~tives.
Lors du mari~ge du frère de l'épouse
l'époux dev~it .;lUX .;llliés une ;:)ide en monn.;lie de wru9u
~ la
'

541
_.. -: -_._-------_._---.._._--
vieillesse de
l'épouse,
une
Jeune
fille
du
même lignage venait
remplacer son
aînée
et
cette
substitution
imposait une nouvelle
compensation matrimoniale
au mari ; ~ la mort de l'épouse, une fois
les champs
de
l'époux
mis
~
sac,
une fois celui-ci libér. de la
1"eoevan,1e de
'10T.solation
d'Je
~
la
belle fanlille,
il l"e'.:evait IJn
fille de substitution et acquittait une nouvelle compensation. Entre
temps,
~
chaque
décès survenant dans le lignage des beaux-parents,
la coutume
ne lui commandait pas seulement comme chez les Alladian,
les Ab@ ou les OdJukru une contribution significative,
il était tenu
de fournir
précisément
deux pagnes et trois moutons.
C'est ~ cette
occasion que
les
Kweni
selon la qualité du défunt apportaient "de
l'or,
de
nouveaux pagnes, un esclave ou un fusil,
de la poudre,
des
objets d'ivoire
et
divers
produits
appréciés
comme le sel"
CCI.
Meil~assoux 1964
: 216).
On voit
la
fonction
du
statut
social
partotit,
les
conventions matrimoniales
mises en place ne pouvaient être honorées
que par
des
hommes
riches; et tout manquement ~ ces conventions,
cause de
divorce, entachait la célébrité du mari.
D'autre part,
ces
conventions servaient
en
m@me
temps d'occasion de compétition,
de
surenchère entre les maris,
pour une exaltation de la renommée.
A la
contribution coutumière,
l'homme
riche avait la latitude d'ajouter
d'autres présents
de son choix, soit pour magnifier une épouse dont
il était
fière,
soit
pour
rendre
hommage
~
des alliés dont il
appréciait la sollicitude, soit par vanité,
toujours pour marquer sa
puissance économique
et
sa
générosité.
A
travers
la nature,
la
variété et le volume des biens de prestige fournis,
intense était la
compétition des hommes riches pour accéder •
une ré nommée de plus en
plus confirmée,
de plus en plus grande.
Hais,
parallèlement
aux
mariages,
cette
compétition se
poursuivait en
d'autres
lieux
ob
s'exerce
la
magnificence,
en
d'autres lieux de reconnaissance institutionnelle et de reproduction
de la
gloire,
c'était les f@tes et les decès des hommes riches eux-
m@mes. Tournons-nous
vers
ces
nouveaux
lieux 00 les esclaves,
en
pl"olongenlent du
l"ôle
pl"écédËmt,
JOIJèl"ent
des
l"ôles
Spé'1i fiq'Jes
d'instruments de glorification.

.....
,
!t
-
-
SECTION
il.
'.
L'ACCUMULATION
OSTENTATOIRE
Parce que
l'esclave
représentait une des composantes les
plus prestigieuses
de la richesse,
les peuples l'instituel~ent comme
un titre
officiel de renommée et en organiserent la publicité selon
différentes modalités.
Oans les
sociétés

dominait-
l'idéologie
de
la
compétition guerriere,
la principale illustration de cette publicité
réside dans
la
louange
par
récitation
des
devises
telle qu'on
l'observe chez
les Bete et les Neyo et dans l'oblation ostentatoire
que nous
analyserons
plus
loin.
Ailleurs,
dans
les sociétés où
regnait l'idéologie
de
la
compétition économique,
trois formes de
cette publicité se retrouve dans ce que la littérature nomme f6te de
la richesse
et
qui
est f6te de la fortune,
dans le double sens du
mot.
L'une
exalte
l'ivoire,
richesse
ancienne
de
la
for6t,
~
l'a,::clJnll.Jlation de
laq'Jelle
est ve nu s'asso,::ier l'es,::lave ; le dji-
n90fe qui
organise
la titularisation de l'homme riche ab@ en était
une illustration.
L'autre
exalte
1'01', nouvelle richesse propagée
dans la
zone
depuis
a'J
moins le XVIIe siècle et ~ l'accumulation
duquel l'esclave
reste
lié
;
deu}~
modalités
l'illustrent
: la
consécration du
brembi qui donne droit d'acquérir des esclaves chez
les Essuma et l'eki-ntresi,
forme de titularisation de l'homme riche
alladian, propriétaire
d'esclaves.
Dans
la
troisième forme où ne
manquent ni
orchestre
d'ivoire
ni
profusion d'or,
est exaltée la
possession d'esclave
comme
telle.
Le
concept
d'accumulation
ostentatoire ne
se Justifie que dans ce cas, parce que s'y trouvent
institutionnalisées une
accumulation,
une
manifestation
et
une
consécration sociales de ce signe de richesse.
Tel était ~ l'origine
l'an9bandJi-iri qui titularise l'homme riche odJukru.
La revue
de ces différents rituels pourrait paraître hors
de notre
propos
si
ostentation
veut
dire
exhibition,
les
procédures n'impliquaient
en
effet
aucune
exposition,
pas
même
toujours un
dénombrement des esclaves. Certes. Hais dans l'histoire
de la
région du Sud-Est,
la fête de la fortune représentait la plus
belle efflorescence
de
l'économie
esclavagiste
au
sens
où Marx
l'entendait. En
outre,
pour
les
idéologies locales,
~ partir des
Essuma, semble-t-il,
il
n'y
a pas de fête de l'ivoire,
ni de l'or
qu t
ne
pal~le @
nlême temps de tO'Jtl~ la fOI'trJne et en pal'ti'::'Jl iel~ du
signifiant majeur
de la fortune:
l'esclave. L'or était un éclat de
la possesion
d'esclaves,
l'ivoire
chantait,
exaltait
cette
possession. Lri
non-dit. était
donc le plus cêlébré dans le langage
codé du
tambour
pour
1es oreilles initiées. Une autre exigence de
méthode ~ppelle
cependant
cette
revue
c'est,
relativement aux
formes de
l'accumulation
ostentatoire de biens matériels que prend
son sens
l'accumulation ostentatoire d'esclaves.
Or nous verrons l~
aussi que
l'apparition
glorieuse
du
maître
d'esclaves,
loin
d'impliquer formellement,
exclut
au
contraire
la
toilette
et
l'exposition des
esclaves.
C'est
la présence fort discrete de ces
derniers qui
consacre le rayonnement absolu du maître. N'est-ce pas
une des logiques de l'esclavage que la logique de l'allusion?

$'te ' ii53liZ"M'",fSE .. tn$ri:iiijjraiil?JF......._Tlt:liit.....j,.-iili. .~
543··
-._. -- ..'.._-" '-"_"
C'est d~ns
cette nouvelle optique par conséquent que nous
allons rée;<aminel"
ces
qw.atre l'ibJels SIJI' lesq'Jels - de la division
gy temps
et
le
,:alendl'ier
ri tuel
des 2..~!::!.e.le.!. laglJnai res de Côte
d'Ivoire
(1964)
à
b.!!.
sYstènle
politig'Je
de
b,Q,!:Uo'Jkro'J
(1980)
en
passant par
la
Théorie
des
pouvoi~~
~ idéologies (1975 a)
-
la
littérature dispose d'IJne considérable documentation.
1. L'accumulation ostentatoire de l' ivoire ~
l' i nalJglJI'ation 9.!t l' ol',:hestl'e d' 01 i fants
1.1. La titularisation de l'osukopwe abure
-''-:::~'-'o;;i,ü; le
pre-n\\ièl'. olJvrage,
Geo\\'-ges Niangoran-e.ouah dé':l'it
les orchestres
comme
des
éléments
d'un
appareil
ethno-musical
hiérarchisé et
leur
appropriation, chez les Abure, comme un rituel
qui,
selon
la
nature
et
la
portée
de
l'orchestre,
intègre une
personne à IJn certain rang de l'ordre des dignitaires de la société.
L'orchestre des
tambours
at@kpr@ - conférait le premier titre ~
des personnes
adultes,
initiées,
mariées,
mais non propriétaires
d'esclaves. Cinq
tambours le composent:
deux grands,
le m81e et la
femelle,
les atungblan,
trois courts,
les ebrinkotchin.
La sculpture
y figure
une
allégorie de la plJissance humaine (la machette> ou la
relativité de
cette
puissance
(une
panthère
capturant une autre
panthère). le
deuxième
titre
qui
conduit
au
rang suivant était
l'orchestre des
cornes
de
buffle
m'minlin
kotchin.
Trois
conditions le
supposaient.
Au plan technique,
sa conqlJ@te exigeait
l'adresse du
chasseur
qui
doit
avoir
abattu
trois buffles pour
obtenir les
six
cornes indispensables.
Au plan social,
le candidat
devait adopter,
élever,
former
et,
~
leur majorité,
pourvoir en
épolJses une
colonie
de vingt Jeunes gens, en dehors du système des
classes d'~ge.
Si
ces Jeunes servaient leur parrain dans la pêche,
l'agriculture et
l'artisanat,
celui-ci
réVélait,
~ travers cette
expérience, son
dévouement
aux
intérêts
de
la
société,
car il
choisissait les
jeunes
sans
considération
de
matrilignage ,
il
révélait sa
capacité
éducative,
p'Jisqu'il
donnait
~
ceux-ci un
savoir-faire et
une
personnalité
il
révélait
sa
puissance
économique,
car,
outre
qu'il logait,
nourrissait,
et habillait ces
jeunes,
il acquittait les dots de leurs mariages.
Au plan économique
enfin,
il
lui
fallait
acheter
un ou deux esclaves,
qu' il fai~ait
instruire et
qui étaient au sens propre ses médias,
seuls habilités
~ chanter ses louanges. l' lna'Jgur~tion de cet orchestre l'élevait au
rang socio-politique
d'osukopwe,
d'homme
riche,
rang
qui
lui
conférait un titre héréditaire,
transmissible ~ un neveu utérin.
le troisième orchestre, celui des douze olifants sculptés,
donnait a,:d~s alJ l"ang le pl'JS élevé,
"SUI'
le même pied d'égalité que
le roi".
Plus difficile était en effet la grande chasse qui produit
les dents
la chass~ aux éléphants; plus chère l'acquisition des
ivoires ~
~rix
d'or.· En outre,
l'inaugur~tion impliquait une fête
popu~a~re et
des
dépenses
en
nourriture
et
boisson
pl~s
conslderables. Trois prérogatives accompagn~ient cette inauguration.
l'homme riche dans la plénitude de ses droits se donnait une devise,
un nouveau
nom
par
exemple,
"L'argent est un bien,
mais qui ne
remplace pas
l'être humain",
"On accroche ses vêtements ~ la portée
de la
main".
Dans
les
circonstances
solennelles,
grandes

· _.~*44 •._-_._-~_._._-_ .._.__....
funérailles,
parade guerriere,
constitution des classes d'~ge, il se
produisait avec sa théorie de musiciens.
Enfin,
seul avec ses pairs,
il pouvait
danser
la
danse
at@kpr@ de ce groupe social,'s~lon la
chorégraphie symbolique connue des seules élites..
.
En fait,
au-del~ de l'orchestre et de la musique d'élite,
les hommes
riches
et propriétaires d'esclaves accédaient au niveau
supérieur de
la culture abure,
celle qu'explique et qui
justifie la
hiérarchie sociale.
-
Richesse,
statlJt et savoir se correspondaient
1.2. La titularisation dlJ vievi ab@ ~ dji-n90f@
-L;.)'~sôcié"té.:'lb@-, sans fah'el' é,:onofttie de- l-'at-@kpr'@., cormu
en pays
mori@ru
et
tchoffo,
s'est
appliquée
~
l'essentiel
l'or'chestr'e des
olifants.
Le
dJi-rI90fe, ,:'était la fête
(d.i i )
des
olifants
(nOole),
pour
les
Ab@
;
les Krobu 1.:'1 désignaient du nom
d' une des fonctions de l'.o,"chestre
: n,@-gbinO'''@ .
Pour comprendre
le
processus
et la portée du rituel,
il
faut se
rappeler
la
structure
de
cette
société.
Une
strate
inférieure
: les esclaves, ghelighe ou en termes anyi-bawle,
kanga ;
une strate
intermédiaire,
les
~,
peuple
des
gens
libres du
,:omn,un,
hommes et fen,mes
urie stl"ate supé'''ieIJre : les viev..i..
Vievi,
l'être
humain
selon
les
Abev@,
révi
chez
les
Mori@ru, par
opposition
~
l'animal
sauvage -
kpa-nopi@ -
désigne
relativement aux ~,
l'homme par exellence ;
les Mori@ru précisent
cette nuance
par
la
formule
redondante
owo-vievi,
l'être humain
(parmi les
êtres humains)
du village
(~). La notion correspond au
migone des
Kweni.
Or
accédaient ~ ce statut les gens riches parmi
les chefs
de patri 1 ignage.
L'idéal de. tOIJt ~ déj.g n,a'''ié était de
devenir vievi selon un rituel qlJi remonte au moins au XVIIIe siecle,
siècle où
l'abattage
et
le
commerce
des
dents d'éléphants,
non
seulement concurrencaient
l'e:<traction
et le commerce de sel,
mais
encore prédominaient sur le commerce de l'or dans la région au moins
dans la première moitié du XVIIIe siecle.
Un a~eul auquel le Pasteur
Orso Déci
associe l'institution,
le nommé Ake Djaman,
se situe .g la
septieme génération
en amont de l'informateur,
lui-même né en 1914.
A cette
époque,
vers
1704, avec probablement le même déroulement,
les conditions
étaient
plus
lourdes,
puisqu'il
fallait produire
l'ivoire de soixante éléphants,
soit cent vingt dents
(1).
Une seule
voie
d'accès
s'offrait
le bon usage de la
relation de
dépendance.
Le processus d'ascension sociale comportait
alors trois
étapes.
Première
étape:
l'accumulation.
Elle s'ouvre
sur une
manifestation
de la relation de dépendance et une prise en
parrai nage.
L' heIJ,"eIJx ,.::hasseIJr ~'l qu i
,"en,et des dents d'êlépharlt .g
un vievi,
le
chef
de Ison
lignage
ou
d'un lignage étranger qui
l'adopte,
recoit
de
ce dernier un fonds de commerce en poudre d'or
(shi9a) et
un
appui
en
quelque
sorte
politique,
économique et
religieux.
Pendant
de
nombreuses
années,
ensuite,
par le commerce
saisonnier,
le
candidat
entreprenant
constitue
les
trésors
nécessaires ~ sa fête
: bijoux de toutes sortes composant sa parure,
pagnes de pl"h~ a lJxq'Je15 Le s aïk~ ne pelJvent offi'.::iellement p r-e t e ndr-e
; nous en retrouvons les specimens chez les Alladian et les OdJukru.

----._------
.
.
545- -
En même
temps,
p~r
la gr~nde chasse et en p~rtie par le commer~e,
s ' i l y
a
lieu,
il constitue également les piàces de son orchestre,
tOIJjours SOIJS le patr-onage de son tuteur- de promotion. Cett'e période
d'enrichissement effectif ouvre aux préliminaires du rituel d~ns ses
aspects techniques.
La deuxième étape comprend deux moments.
Le premier moment
est celui
de
la
candidature
officielle.
Le
yievi parrain,
avec
l'accord du
patrilignage et du 9h@min,
convoquait les pairs et leur
présentait le
nouveau
postulant
; une boisson, du rhum ou du gin,
étai t
offerte, que l'assemblée buvait en signe d'agré"lent ; une date
était retenue. Au cour de l'année,
le candidat travaillait ~ remplir
les réserves de subsistances,
indispensables ~ l'accueil de$ invités
: r-éserve
de
nlaïs -- (9ba,:har,--rhe--rve"-->d'igna-nles
("dl;./9b.:lh;"rés-e~e-.dEL_ -
n
_
taro
(kIJku).
Gros _ et petit bétail, en nombre indéterminé et viande
de gibier complétaient l'intendance.
Le second
moment de cette étape est celui de la formation
des mlJsiciens
qui
doivent
~nimer l'orchestre.
Nous connaissons au
moins trois variantes de cet orchestre.
Le petit orchestre qu'évoque
Gnagne Soku,
ancien
musicien
de
l'ol·chestre
d'Agbedje V~nswe de
Hgbru
(2), comprend sept instruments qu'on pouvait ac~uérir ~ la fin
du XIXe
siè,:le
pOIJ1"
delJx Ta,
soit 104 gl"anl"les d' 01". Trois grolJpes
polyphoniques les
constituent
: un premier de trois instruments,
1
tr-i,
le
plus
g,"and olifant, et 2 kan ; un deIJ:<ième groupe de b"ois
autres instrlJnlents,
1
bosro, et 2 ~ i IJn b"oisiènle grolJpe ,.:onlposé
d'un instrument,
le
bingl@
ou
gbinQr@. Aux deux premiers groupes
échoit la
fonction
mélodique,
au troisième la fonction symbolique,
la parole de louange.
Relativement ~
ce
petit
orchestre,
l'orchestre
aburé
représente un orchestre de dimension moyenne avec douze olifants.
En
général,
les
orchestres
ab@,
à
la
même
époque, au XIXe siècle,
semblent avoir
été
grands avec vingt-qlJatre instruments.
Au XVIIIe
siècle,les-cent-vingt dents exigées devaient composer, soit des még~­
orchestres pour
personnages quasi-royaux, soit vraisemblablement de
grands orchestres
inst~llés
au
coeur
d'une
énorme
accumulation
ostentatoire d'ivoire.
Une toreutique
était
associée
à
l'économie de l'ivoire
comme la
sculpture et l'orfèvrerie l ' é t a i e n t ' l'extraction du bois
et de
l ' o r ; c'était les spécialistes de cet art qui transformaient
les dents bl"IJtes
(r:.!.!.)
en instl"IJnlents ,:ultlJl"els de mus t que (ngofe)
;
toutefois nous
ignorons
les
divers motifs qu'ils pouvaient gravel"
sur les ivoires,
,
l'instar des artistes aburé.
Les élèves-musiciens
pouvaient
être
recrutés
sans
,:onsidération de
1 ignage,
mais pal~mi les jel.Jnes aïka e:·:,:IIJsivenlent.
Les esclaves,
médias
çhez
les
matrilinéaires
abure
et,
nous le
verrons, chez
les
matrilinéaires
alladian,
étaient
les
Krobu,
exclus. L'enseignant,
nous
l'avons
vu,
pouvait être ab@ ou venir
d'une société
voisine,
~kye par exempl~. Retribué, logé et nourri,
il achevait
sa
formation,
donnée
tous
les soirs dans l~ cour du
propriêt~ire en
deux
,trois
ou
qu~tre
semaines. Les élèves,
non
rétribués, mais
nourris
sur le t~5, recevaient un repas gratuit, ~
chaque nouvelle lune,
apr~s l' 1nauguration de l'orchestre (Mgbru> .
....; :
~-.,' ..

FTliiWŒs§jFltFfj§jJfRjp' 'b' rmmmrrttii'6i5wftjffp"ï"-'tiIIltz n r r:tmS1*:frrM(h,.arf~
~46
L~ troisième étape,
l'ultime, est celle de l~ consé~r~tion
offi~ielle. D'~bord,
dès l'~ube, ~omme un prélude,
les musi~~ens de
l' or-che s er-e , ~pl"ès IJTI b~in a l~ rivièl"e, et en procession jIJsr.j'tJ' a l~
~our du
propriétaire,
ouvr~it
le premier concert in~ugur~l de l~
Journée
(Mgbru>,
Ensuite,
a
l'~ppel
de
l'~ttun9bl~n,
les vievi
ven~ient recevoir
du
postul~nt
en
n~ture,
sinon
en espèces,
l~
redev~nce d'entrée
d~ns
l'~ssociation
: de l~ boisson ~l~oolisée,
deux ~
qu~tres
boeufs
qu'ils
feront
~b~ttre
et part~geront. En
éch~nge,
intervenait
le
rite
central
d'intégr~tion
: l'un après
l'~utre, les
vievi,
vers~nt
de l'e~u, invoqu~ient les ~nc@tres et
les dieux,
les
pri~nt
d'~ccorder
~u
récipiend~ire
l~ s~nté, la
richesse et
l~ paix; celui-ci, ~ son tour, comme membre incorporé,
f~is~it IJTI
sel"ment
de
fidél·ttê;'e-tde·loya'Jtê envers le gl"OIJpe et
envers l~
fédération des villages dont le groupe formait le conseil
dirige~nt. Suiv~it
enfin
la
p~r~de
de l'opulence au milieu de l~
fête popul~ire,
Le
nouveau
vievi pOIJv~it ~lors ~pp~r~ître d~ns s~
plus gr~nde
toilette
pagnes
r~l"es
et
p~1"IJ1"eS
d'or.
A AblJde-
M~ndeke, chez
les
Krobu
voisins
(3),
on le décrit ~ssis d~ns une
sorte de
gloire,
entouré
de
deux
ou qu~tre filles rutilantes de
bijoux,
les
pieds posés d~ns une grande cuvette rouge,
ch~rgêe d'or
(mr~mkpr~> ;
pend~nt
ce temps,
l'orchestre d'olif~nts, qui port~it
désorm~is un
nom
propre retentissait p~r intermittence, proclam~nt
l~ devise
choisie
p~r
le
nouvel homme l"iche. Une idée domine les
devises évoquées
p~r
les
traditionnistes
: l'idée de progrès,
"Le
poussin devient
la
poule",
NLes goutellettes d'eau font monter la
rivière". Les
métaphores d'ordre physique et biologique renvoient a
une ~onception
plut8t
naturaliste
de
ce
progrès,
présupposant
l'opinion que
ceux
qui ac~èdent au slJpr@me ordre bénéfi~ient d'une
prêdétermin~tion. Enfin,
les
m@mes prêrog~tives
dont jouissait son
homologue aburé
étaient
~lors
institutionnellement
reconnues
au
vievi.
H~is derrière
cette
richesse
partielle,
rituellement
exhibêe ~
l'inauguration
de l'orchestre, se retrouvait la richesse
exhaustive dont
nous
donne une idée la composition des patrimoines
de quelques
vievi
célèbres, propriétaires d'esclaves
(Tableau 35>,
La première n'était qu'un signe et une métonymie de la seconde.

547
..
- _. ~-" "---, -_._--._-.-_... _--_ ..----.
TABLEAU
35
COMPOSITION ET VOLUME DE LA RICHESSE DE VIEVI ABE ET ~~
tiQ!1.2.
EPOUSES
ESCLAVES
~.ETAIL
FUSILS
AUTRES
EHEN5
A-Me.ERIE
1.
E..... i Esse
>20
FIJ
or/pagrles.
yoba
B-MORIE
2.
Kwadio Ikpe
15
30
bo v i n s
Fu
o\\~/pagnes
Pat\\~ i 1 ignage Affia
)60 erlfants
I.::ap\\~ i ns
~
o v irls
C-CECHI
3. Odjapo De,.::i
12
30
>100
or/pagnes
F'at\\~ il ignage
bovins
1 maisorl a
O\\~obowo-dj@
22 enfants
1'::::.lP\\~ iris
étage
ovins
(r.!,ièmele)
D-t';BANDJE
4. Osohu Djete
30
bovins
yoba
Patl~ilignage Ekissi
'.::ap\\~iTIS
OViTIS
E-Ae.UDE-MANDEKE
o\\~/pagnes •
5.
OklJ Ng'Jessan
30
yoba
6. AblJSSIJ KOR\\enan
20
o\\~/pagTles•
yoba
7.
Koffo
Akpena
10
8 yoba ,
or/p.:.lgnes
F-ARAD.JE
8.
AngO\\~aTI Gberi
Pat\\~ilignage BrIJb\\~IJ
5
>40 boelJfs
25
1 R\\aisOTI a
>50
AlOIJtons
étage
<Katabo)
~oba
,

548
2.
1.
L'9 t i tu 1'91" i $'9t i on dlJ ~mb i
eSSIJn1'9
t' ;:l',::9IJ i s i t i o n dl,! 9.r.oit de p-oss.éde1" des ~.::l~
Prototype des
fêtes
de 1'9 fortune d~ns l~ région du Sud-
Est,
l~
consécr~tion
de
l'homme
riche
essum'9
p;;)r;;)ît,
~
1;;)
description qu'en
'9 l'9issée Loyer
(1935
: 203-204>,
un rituel bref,
qui se
déroule
au
cours
d'une
Journée,
en
trois actes,
sur le
littor'9l et
d'9ns
1'9
cour
du
célébr'9nt.
Au
del~
des chefs des
m'9trilignages,
l'initi'9tive
de
la
fête
'9pparten'9it
aux
cadets
50ci'9uX entrepren'9nts qui aV'9ient su accumuler de l'or S'9ns droit de
posséder des
esclaves
et
qui
trouv'9ient
IJn
p'9rr;;)in
pour
les
introduire '9uprès
des
;;)utres
brembi et,
en p'9rticulier,
'9uprès du
premier d'entre
eux,
le
chef.
L'9 candid'9ture '9yant été agréée,
1'9
cérémonie de
consécr'9tion s'ouvr'9it,
le Jour venu,
sur le littor~l,
en p1"ésen,.::e
de
tous
les
b1"t't!llbi.
Le p1"emie1" '9,.::te ét~i t
en que Lque
sorte contractuel.
Le récipiend'9ire p'9Y'9it '9U chef le droit d'entrée
qui s'élev'9it
~
huit
écus
d'or.
En retour,
le chef le décl;;)r'9it
solennellement membre
de la cl'9sse des brembi,
"noble et march'9nd".
Ven'9it le deuxième ;;)cte,
constitué par trois procédures symboliques.
D'abord,
le
chef
s'adressait
~
l'océan
pour
lui
dem'9nder
S;;)
bienveill'9nce et
sa
protection en faveur de l'activité commerci'9le
du nouveau
riche.
Ensuite,
il
rép'9ndait,
~
l'intention
de son
interlocuteur divin,
une
bouteille d'eau-de-vie dans la mer.
Après
quoi,
le
chef,
le
premier,
et
~
sa
suite,
chacun des brembi,
Joignant les
deux m'9ins du récipiend'9ire et les rouvrant,
'9ccord;;)it
sa bénédiction.
Le
troisième
et
dernier
'9cte de 1'9 cérémonie se
déroul;;)it '9U
vill~ge,
d'9ns
la
cour
du
nouve'9U
riche.
Celui-ci
offr'9it un
gr'9nd
banquet
aux
anciens
riches
qui ven'9ient de le
recevoir p'9rmi
eux.
Désorm'9is
consacré,
il
aV'9it
le
droit
de
pr'9tiquer le
négoce,
de p'9rt'9ger le butin des guerres,
de porter un
nom tambouriné,
et surtout d''9cheter et de posséder des escl'9ves.
Ce
dernier élément
distingue
le
rituel
essum'9
de
tous
les ~utres
rituels de 1;;) fortune ~ venir qui firent de l''9cquisition d'escl'9ves
une condition de f'9it sinon de droit de 1'9 titularisation de l'homme
riche.
C'est au sens étymologique,
H.
AUGE 1''9 bien souligné,
que
le rituel
;;)lladi;;)n
est
fête
ostent;;)toire.
Il consiste en effet ~
appor-t er-
(si>
'9IJ deho r s ,
SIJ1" 1'9 pl;;)'.::e pub La que
(ntl"E!>,
les ;;)ffai'''es
(eki>,
au
se ns
de
biens pe1"sonnels et lignage,"s.
Les ;;)y.:mts dr-o i t;
ét;;)ient les
chefs
de
m;;)trilignage
et leurs successeurs
immédiats
(br;;)ndre>,
~dultes,
membres
de
classes
d'~ge,
polygynes plus ou
moins considér'9bles,
maîtres
de
nombreux escleves et de plusieurs
personrles en
g;;)ge
(Q.~.Qb~) 1
~)c)SSf?SSel.Il"S
de
têtes
de
bétail
et
d'armes,
bref
porteurs
de
ces
signes
de
richesse
qu'avant
le
,.::omme''',.::e de
l' hlJi le
et
des
;.-rmar,des
de
p;:Jlltlle
du
XIXe
siè,.::le,
produisait depuis
le
XVIIIe
siècle
le
commerce
de sel marin.
A
l'origine,
le
rituel
marquait
le
retour
glorieux
au village de
l'homme qui
avait passé de longues années de l'9beur d;;)ns son ou ses
campement(s>
de
fabrication
de
sel.
Mais
plusieurs
conditions
étaient indispensables ~ la célébration du rituel.

w
7
..._.. ~4-9- . -...-...--.----.-.,. ._-
Deux de
ces
conditions
sont d'ordre social.
La première
est la
fête féminine des anneaux de cheville -
angbin wa -
que nous
avons évoqué
dans
le
Ch.
IV, Section 1 ~ propos du nêgoci~nt Ette
Gbongro:
chaque
Jour,
la célébrante changeait de pagnes d'apparat
et de bijoux pendant deux semaines.
Le postulant devait avoir assuré
la promotion
de ses soeurs avec l'accord de leurs époux et de leurs
pères,
ce
qui
constituait
un
premier
mérite insigne ;
il devait
avoir assuré
égalenlent
la
promotion
de
sa
première épouse avec
l'accord du
matrilignage
de
la mère et du matrilignage du père de
celle-ci. Mais
outre ces deux types de promotion,
il devait -
et l~
est la
seconde condition d'ordre social -
s'attirer un autre mérite
en favorisant une vie conjugale ~ ses neveux adultérins,
enfants nés
hors mariage
des
filles
du
matrilignage,
aux
f l l s d e s épouses
étrangères nées
libres,
voire
~ certains esclaves. Ce faisant,
il
mettait en
place
l'édifice
de
reproduction
du
matrilignage
en
attestant sa puissance économique et sa libéralité.
Deux autres
conditions
sont
d'ordre politique.
Une fois
que le projet avait été agréé par le matrilignage du candidat et par
le matrilignage
du
père,
une
délégation
des
paternels
et
des
maternels allaient
solliciter
l'autorisation du chef de village en
lui apportant
de
la boisson. Avec l'accord de celui-ci,
la date de
la cérémonie était fixée un an avant.
La même délégation se rendait,
pour obtenir
sa
caution,
auprès
du parrain de la classe d'~ge du
candidat:
esuban nizi. Devant la classe d'~ge assemblée, ce del~nier
après avoir
recu
~ son tour la boisson de sollicitation,
notifiait
son accord,
annoncait sa contribution matérielle ~ la fête.
Oes conditions
d'ordre
technique
étaient alors remplies
pal~ les
membres du lignage et par les alliés. Le postulant lui-même
-mandait auprès
de
lui
un
bijoutier
pour confectionner,
avec la
poudr-e d'ol~
(sika)
et
l'ivoil~e
(ntt.:hl~igrli) q'.J'il a'::''::'.Jnl'.Jlait,
les
parures complémentaires
du
trésor
lignager
(dJaha).
Les
Kyaman
étaient réputés
excellents
orfèvres
et
fournissaient
le
pays
alladian et
le
pays odJukru.
Ils produisaient les parures communes
aux cStiers et aux continentaux et des parures spéciales aux cStiers
: des bra,.::elets
(nt'.::hrigni ka,
n' ka>,
des :,mneaw·: de ,.::hevi Ile
(ar,si ke
angbe),
des
colliers
(kPronnon),
des
couteaux
d'ivoire
(r,t,.::hrignir.lrIa),
des
pagaies
(êvra),
des
nasses
(kokoro),
des
pirogues.
Pour
les
femmes ils fabriquaient des boucles d'oreilles,
des peignes
en
or (ansi"'-€t
penn>, -des '.::einttJl~es (andyambiva narmsi)
qui venaient
compléter
les
variétés
de
perles
et les bijoux en
ivoire.
A
Tyasale
étaient
acquis
les variétés rares de pagnes de
confection kweni
ou
bawle.
Certains
des
pagnes
d'origine kweni
pl~overlaient de
la
eSte neyo ;
ils avaier,t pOIJl~ nom : 9b@9l~ê-django
comme ceux achetés en pays bete étaient nommés par les Neyo : pagnes
bete, bete-lol'.WIJ
(sir,g.
bete-lQ.li~~'>.
Dans
le
nlême
temps,
le
postulant désireux
de ~umuler les titres de gloire et qui voulait ~
1@ nlênle
o,::,::asiorl
iriaIJgl.Jl~el~
un
ol~,.::hestre
d' olifants
(r.90d.iJ.
êbrin9ba),
comme
ce
fut
le cas d'Ad je Bonny,
achetaient les dents
sur le
continent
;
les
artistes
locaux
les
sculptaient,
et un
Instructeur indigène
formait
pour
son
usage des jeunes musiciens
généralement pris
dans le matrilignage.
Contrairement au pays krobu
et abê,
les
esclaves
ne
figuraient
pas comme une matière et des
t n s t r-ume nt s e:·d:el~nes
de
la
fête.
Lc i ,
ils
étaier.t
nlatièl~e
et

St
••
==
instruments internes
de
l~
fête.
En effet,
de Jeunes esclaves et
~wob~ ~ompos~ient
~vec
des
jeunes
ingénus le ~orps des mvsiciens
voués ~ l~ lou~nge du c~ndidat.
A'JH êpow·{
des
femmes
(nli shg)
et ~IJ:': enf~nts des honlnles
(@biUi) du m~trilign~ge ét~ient dévolues les t~ches de communic~tion
et d'intend~nce : tr~nsmettre les invit~tions ~ux membres du lign~ge
et ~ux
amis des autres villages, approvisionner la cour en poissons
nécess~ires b
l/aliment~tion
des
invités.
Parfois,
ils dev~ient
transmettre ces
invit~tions
b
des
~mis
d'outre-l~gune,
en p~ys
odjukru ou
~ky~n
et rapporter des compléments de vivres : i9n~nles,
b~nanes,
huile
de palme. D~ns les hame~ux, les esclaves ~ppr@t~ient
les palmiers
(p~lmiers raphia et p~lmiers b huile)
pour ~btenir les
vins de
p~lme complément~ire ~ux boissons venues d'Europe; de leur
chasse,
le m~ître pouv~it attendre ~ussi des ressources d'~ppoint en
gibier qu'~ppréci~ient
les
hommes
riches
<buffles,
~ntilopes,
sir.ges ... ) .
Le rituel
s'ouvrait
~
l~
d~te
fixée,
une fois que l~
m~trilignage ~vait
réuni
le
plus
gr~nd
stock
de ses trésors de
p~gnes et
de
p~rures, qu'il avait amassé assez de nourrit'Jre et de
boisson et
qu'il
~ttend~it une ~ffluence en proportion du renom du
lignage et
de
la
personn~lité du candidat. Le m~tin d'ouverture,
quand le
père
ou
son
héritier
avait recu l~ première boisson" et
invoqué les
~nc@tl~es
au
bénéfice
du
récipiendaire,
le rituel se
déroulait en
deu:.:
moments dans l'espace villageois:
l'ostentation
du postulant d'abord,
l'offrande des visiteurs ensuite.
Le récipiendaire
se
manifest~it
par l'exposition de ses
richesses et
par la dispensation de nourriture et de boissons. Nous
distinguons l'exposition
ambulante
et
l'exposition
assise.
La
première était
confiée
b ceux que Marc Augé nomme excellemment les
amb~ss~de'Jrs de
la
fortune
du
lignage. Au nombre de Quatre, deux
filles et deux garcons,
ils étaient choisis, soit uniquement d~ns le
matrilignage de
la
mère, soit b la fois dans le matrilignage de la
mère et
dans
celui
du
père,
et ce, préférentiellement parmi les
Jeunes personnes
ingénues
ou,
b
la
limite,
parmi
celles
nées
d'esclaves et
des
femmes
libres
des
lign~ges,
Ces
impubères,
n'ét~ient que
des supports spectaculaires de la richesse lignagère.
Le'Jr mission
: ' donner
~
voir au pe'Jple, au mo t ns q'J~tl"e fois pal~
Jour,
les
vêtements
et les parures issus du trésor lign~ger et ce,
pendant une
semaine
au moins, deux ou trois si possible. Richement
v@tues et parées,
les filles portaient sur l~ tête des calebasses ou
des cuvettes
chargées
d'objets
précleux,
symboles
des
trésors
traditionnels; également habillés de pagnes d'apparat et parés,
les
Jeunes g~rcon5
ten~ient
des
parasols, symbole ~ la fois du trésor
moderne et
du pouvoir de protection. Le théatre de leur exposition,
c'était le
village. D~ cour en cour,
ils rendaient visite aux chefs
de lignage
;
un musicien,
le héraut,
les accompagnait et célébrait
dans l~
même
foulée l~ mémoire des ancêtres du nouveau riche et la
mémoire des
ancêtres
du lign~ge visité. Partout, et ~ chaque tour,
le musi~ien et les exposants recevaient des dons.


......iflt• • •
- .
. .

551
D~ns le
même temps avait lieu dans la cour centrale de la
f~te l'exposition
effectu~e
par
le
récipiendaire
lui-m@me.
D'un
eSté,
~
l'intérieur
de
la
cour,
une
grande
natte ou une table
port~ient, exposés,
les
bijoux
confectionnés
pour la fête et qui
constituaient l'~pport
personnel
du
héros
au trésor lignager.
De
même l'autre
eSté,
sous
l'abri
aménagé
pour
l'accueil,
le
récipiendaire,
vêtu
le
plus
magnifiquement
par les habilleurs du
lignage, était assis,
telle une oeuvre d'art offerte en spectacle au
public.
Six fois p~r Jour,
trois fois le m~tin et trois fois l'après-
midi,
il
devait
se
retirer
et
changer
de toilette:

nouveaux
v~tements, nouvelles parures,
sinon nouveaux couvre-chefs.
A raison
de soixante pagnes par semaine pour l'exposition principale
<trente-
six>
et l'e:{position secondaire des jeunes <vingt-quatre>,
la parade
vestimentaire consommait
deux-cent
quarante
pagnes
par mois sans
compter les vêtements accessoires.
La dispensation
des
vivres
et des boissons accompagnait
l'exposition des
vêtements
et
des
parures.
Dans
la
cour et le
quartier,
les
visiteurs
étrangers mangeaient et buvaient,
soit par
groupes de
p~rents,
soit
par
groupes
d'amis.
Un
service était
réservé à
p~rt
aux musiciens invités spécialement à
la fête.
Quant
aux villageois,
ils
recevaient dans ch~que qu~rtier de l~ boisson,
p~rfois une part d'un gros bétail abattu.
La clSture
du rituel avait lieu au jour dit de l'offrande
: obuye,
sous l'abri dressé dans la cour,
où se rassemblait tout le
village à
l'~ppel du tambour attungblan.
En retour de la nourriture
et des
boissons
recues,
les camarades de classe d'~ge et les hStes
faisaient des
cadeaux,
qui
en
esp~ces,
qui en nature
<poissons,
petit bétail,
boisson).
Quand
la
nuit
tombait
sur la cérémonie
d'obuye,
le
postulant
avait
atteint
son
but:
le voilà consacré
nkUi.
Il
avait
droit,
à
ce
titre,

une devise tambourinêe ;
il
pouvait d~nser
l'at@kPlê.
A
son
nom,
restait
associée
dans
l'histoire de
la
culture une danse qu'il avait commanditée lors de
la fête
n9w@djin
(Vandjui Gbesse de Hbokru>,
n90dji
<Adje Bonny
d' Emokwa>, sangban
(Etté
Gbongro
d'Enlokwa>,
nigre~~ <Bodjui Yesso
d'Emokwa)
(4).
La composition
et
le volume des biens alladian,
selon le
TablealJ 36,
donnent
une
idêe
de
la
l"ichesse
des
nl~iji
et·
l-"l
proportion qu'en
représentaient
les
esclaves. La liste des hommes
riche~ de
Bodo-LadJa
<Grand-Jacques),
empruntée à M. Augé
(1975 b
:
461-462>,
fournit
des
chiffres
qui,
quoique
partiels,
sont
suffisamment signific;;.}tifs.


'tTeno...... '
552
TABLEAU
36
ÇOMPOSITION ET ~ME DE LA RICHESSE D~ ~ aLLADIBN
EPOUSES
ESCLAVES
~ETAIL
AUTRES
BIENS
A - BODO-LAD.JA
<Gd-.Jacques>
1.
Vesso Mbo,::hi
Matrilignage Teve
35
25
2.
Neuba Diakotie
Matrilignage Bodo
50
3.
Mbw;:) Djl"'aglJ
Hatrilignage Bombro
70
60
4. BelJgl"'e Gl"'ah
Hatrilignage Kovu
75
70
B - ADDAH
5.
Bod j IJ i Gbayro
Matrilignage
8
30
bovins
Fu - 4 awob.a :
Sedji
+8 enfants
6 cités
caprins
1 Avi I<.am
Chef de canton
(4F, 4G)
Am~m~nka,
H ovins
3 Alladian
o ne Le de
An:::.alêtirl,
H
il c o ns tl"'IJ i-
e..adi Nevl"' i
Ogbo,
H/Gb~yro,H
sai t
une
Godo, H
nlaison en
Log'Jrl
(~I"IIJ i
H,
dur- quand
Tano Ah'Ji,
il mOIJl"'IJt
1
en 1907
C - EMOKWA
(.J acquev i Il e)
6.
Gbongl"'o NelJb.a
50
bovi ns
F'J
M;:)trilign~ge
K~ku
l'::~pl"'i ns
Fi Is d' une .awoba
ov i ris
odjukru de Gbugbo
.acquise p~r Ando Digrê
7.
Ette Gborlgl"'o
M~trilignage
K.aku
13
)200
1 p e r c
Fu
-
8
5lli.9 b a.
(1
Dida 1
de bov t ns
<5 Avikanl
12 AlI adiarl)
... ov i res
3 OdjlJkru:
.'
...
'.::.:.lpl~ i ns
d' AI<l~:~djo
Al"'mêbê, Bob or-) -
l°maisorl er.
pl.:.lTl/;:hes,
l ielJ
d' ac r t v r tés.

je-eH
c e
553
-2°R\\.;Jisqn en
b.;JT!''::o, l ie'J
de '''epos ;
pl'JS ta,~d
er,
dur-,
.Q étage
(9·,.mg.;,)-W'J) .
EMOKWA (s'Ji te)
8. Adje e.onny
M.:It,~ il ign.;,)ge
M.:In,b@
) 25
>1 50
100
F'J
)20 ~wob"t
(dont-l Avikam
bovins
et 1 Odj'Jk''''J)
+ ,.::.:»p,..i ns
+ ovins
o - ADJAKUTE
9.
Ojeke Nin,b.:l
Matrilignage
5
7 (7)
bovins
Avi k.:lnl (Lah'J)
(1
Adjué
ovins
Hé,"i te de la
4 Adjakuté)
,:ap,"i r.s
,:hefferie Jll
+ 10 enf.:»nts
t';rand-L.:»hu
E - MBOKRU
la. Ak.:ldje Okpo
Matrilign.:lge
4
1 débarcadère
bovins
Mantchwa
(2 OdjukrlJ
"Okp o"
de Nidj-Nanu
6 ,.::ités
:
-1 n,.;,)isorl
et Kp.and.a ;
Abia~;I'J, H
e n
2 Alladian
Oadje, H
plan,.::hes
Gbesse Dakron,
H (chef)
Mousso,
F,
K.;Jku,H
Ah.:lTlv'" in, H
11. L.:»v,~ i
Danho
M.:»trilign.:»ge
3
:2
2
Fu
-
1 ;lWOO;l
Okw.an
<1 OdJukru
bovins
(Odj'Jk,~u)
2 Alladi",n)
-
1 ",;lison
en
pl <lfl,:hes

55'~
Que r~vèlent
de
saillant
les rituels que nous venons de
pr~senter?
D'abord
si l'un donne droit de poss~der des escl~ves,
les autres
rituels
ont
pour
condition
la
possession
effe~tive
~'esclaves. Ensuite
au
long
du
rituel,
la société patrilin~aire
exclut absolument la figuration de l'esclave ~ quelque niveau que ce
soit des
proc~dures.
Dans les sociétés matrilinéaires au contraire
les esclaves
figurent p~rmi les musiciens et ~mplifient un rSle que
leurs noms leur faisaient jouer le rSle des n)~dias.
Le rituel
odjukru
inaugure
d'autres
modalit~s de cette
figuration.
3. L'ac':IJmIJlation ostentêtoire d'es,:laves Q.!::!.
lA titularisation d'J gbr'emgbi odjuk)"IJ : ~ngband.ji-i)"i
Dernière n~e
des
f@tes
de
la
fortune,
le
rituel
d'angbandJi-iri a
pour
particularité
d'être
un
rituel
médico-
religieux institué
par les classes d'~ge commerçantes de l'huile de
palme au
XIXe
siècle,
d'avoir
opéré
la
synthèse de la fête des
olifants et
de
celle
des
tambours, d'avoir pos~ formellement les
esclaves
(leur
d~nombrement
et
leur
statut>
comme une condition
interne de son d~roulement effectif.
3.1 Un ri tlJel n)~dÎl.::o-)"eligiew{ Qg, l~ bonne fo)"tlJne
créé ear les class~ d' 'Dge ~on)n)er(;antes dlJ XIXe siè,:le
Quatre versions de l~ tradition d'origine <Arm@b@ l,
Dibrm
II,
Aklodj-B
III,
Orgbaf
IV>,
s'accordent
sur
la
localité
ob
l'institution a vu le jour: Arm@b@,
et sur un élément central de s~
mise en
oeuvre
technique
le
sacrifice
du poulet blanc.
Trois
.s'~ccordent sur
les
circonst~nces
de
son
invention
et
sur
l'instaurateur odjukru
Ako
d'Arm@b@,
m~tricl~n
des
Loyu-l~,
p~triclan des
Dibiaf.
T)"ois
points les divisent sur l'essentiel:
l'identité de
l'introducteur
proprement
dit,
la
classe d''Bge de
r~fërence, base
de
notre datation,
et quelques aspects techniqlJes.
Les versions reccueillies ~ Orgbaf et ~ Arm@b@ s'opposent le plus.
Pour la
version
- Orgbaf de Lat Memel Barthélemy (5),
en
effet,
~e fut un esclave anonyme qui,
accomplissant son rite médico-
)"el igiew·: (sêkp>,
tlJa une ,:hèvre,
off)"i t 'Jn r'epas i!l La ,~l~sse d' ~ge
de son
maître
et
"dem~nda"
~
chaque
membre
de
~elle-ci
deux
manilles. A son maître il adressa le pilon sur lequel il avait versé
le sang d'un poulet sacrifi~ ; sa compagne qui transportait le pilon
entra dans
un
état
de
possession.
Le
maître répéta le rituel;
quiconque re~ev~it
le
pilon
enchanté
offrait
le
rep~s
et
en
,=ompensation de
,:e
'''Etpas
obtenait
des
préserlts.
Dew·: sa':)"ifi,,;es
d'a~imal, au
début
et/ou ~ la fin,
partage d'un repas et offrande,
transmission d'un
pilon
ench~nté,
telle
était la structure ~e la
cérémonie introduite par un couple d'esclaves,
que le maître Ako,
on
ne sait pO'J'~qIJoi et '=omment, adoptJ9 et q'Ji devirlt ~ ,=é'~émorlie.

.
w
sr
!) 5!i
Pour l~
version
-
Armêbê d'Adu Lasm dit Sogbê et de Bedi
Akpro
(6),
au
contraire,
ce fut Ako lui-même qui voyagea .Jusqu'au
pays des
Kyaman
(Ebu>
sur l'Agneby et rapporta du village de Brog
(Nankpabiog,
en
Odjukru),
une
médecine
porte-bonheur
: sos-dédé
s@kp.
AIJ Jour
anniversaire,
le patient pl~épal~ait une nli:<bJI~e ave c de
l' é'::ol~'::e d' arbl~e (s@kP = nlédi'.::ameTlt),
il s' eTI fl~ottait tOIJt le cor-p s
(~),
pOIJl~ le l~endl~e dOIJl':
(déd~),
c ' est-J;,)-dil~e attil~ant J;,) la ,.::han,::e
dans quelque
entreprise
que
ce
fat
: chasse,
cueillette,
pêche,
agriculture, commerce.
Ako
la
vendait,
s~ns
doute
parce
qu'il
l'avait acquise
pour
cette rémunération,
au prix d'un poulet blanc
et de
soixante
manilles.
Il
la
complétait d'un fruit de l'arbre
angbandJi,
dont
la fonction était tutélaire.
Selon le récit que les
deux traditionnistes
en
fournirent
le
5
Octobre
1957 au Centre
Culturel de
Dabu,
Ako
appartenait
~
.la classe d'5ge des ~borman
B~, ~
quatre cycles en amont,
ce qui date son initi~tion de 1797
dans le comput de la confédération politique de Dibrm.
Or le 11 mars
1977, vingt
ans après, alors que Bedi Akpro était décédé,
Adu Lasm,
ayant perdu
la
mémoire
de
la
Conférence
de
1957,
donna
cet
initiateur pour un Hbedie,
le décalant d'une classe d'5ge entière en
amont,
soit
huit
années,
sans
préciser
toutefois la promotion à
laquelle il le rattachait.
Les désaccords
entre
ces
versions
appellent
trois
remarques.
En
premier
lieu,
en
dépit
du septicisme de Dupire et
Boutillier (1958:28-29>,
ce
que
le récit de Lat Hemel confirme,
~
notre sens,
c'est
d'une
part
l'origine
étrangère
du
rituel et
d'autre part
le rôle essentiel qu'a joué le personnage de l'esclave
~ans l'organisation
et
le déroulement historique de l'institution.
Hors cela,
le
rôle
fondateur
du
couple
esclave
paraît
invraisemblable dans les termes où le récit le présente.
Aucun autre
traditionniste ni
dans
les
classes
d'5ge
antérieures
(Mborman,
Nigbessi> ,
ni
dans celle de Lat Hemel
(ObodJlu)
n'a fait allusion a
ce personnage.
Par
ailleurs,
J;,)
cette
époque,
généralement,
les
esclaves vivaient
dans
la cour de leur maître au village;
J;,) moins
qu'ils ne
résidassent
loin
de
cette
cour,
dans un campement,
et
qu'ils ne
vécussent
dans
une
relative
aisance,
on
ne voit pas
comment ils
pouvaient
sacrifier de façon autonome une chèvre et un
pO'Jlet et
aSSllrel~
le
tl~aTlsfel~t
du pi Ion de lelJr logis J;,) '::elIJi de
leur maitre.
Enfin,
vu l'exclusion dont les femmes dtaient et sont
aujourd'hui encore
l'objet dans le dérolJlement technique du rituel,
rien ne
justifie
la
place
structurelle que le récit réserve ~ la
compagne de l'esclave présumé initiateur.
En deuxième
lieu,
il n'y a pas de querelle ~ propos de la
classe d'~ge d'Ako,
s ' i l y en a nécessairement une de la chronologie
de l'institution
odjukru.
En
effet
contre
l'hypothèse nouvelle,
émise par
Adu
Lasm
en 1977 sans autre justification,
semble-t-il,
que l'~utorité
du
doyen
d'Uge,
nous
optons
pour
l'hypothèse
première,
ratifiée
pa~
la
tradition,
que
le
même
Lasm
et son
camarad~de
classe
d'~ge
Akpro
avaient
formulée en 1957.
Or sur
cette base,
il
est
raisonnable
de situer le voyage d'Ako dans le
premier tiers
du
XIXe
siècle,
en
plein
~ge
adulte,
~ge
de
productivité et
de
relative
autonomie
du
héros.
En comptant une
période d'essai
correspondante ~ l'exercice de deux ~ trois classes
d'~ge, indispensable
~
l'institution
pour
prendre
corps,
non

r
ft. 6tii7"effi,œ_'TLmzw 5 'Z'7tme??'e'J!:ZtU-._r_·~..'
- - - - - - - ..._-_.,--,_._
~
..-.- -.
seulement a
Arm@b@
et
d~ns l~ confédération de Dibrm (Dibrm-Lok),
m~is encore dans les l@butu voisins d'Aklodj et Orgbaf, nous croyons
devoir situer
l~
mise en place du rituel entre 1820 et lS50,et son
~ge d'or
d~ns
la seconde moitié du XIXe siècle.
Vers 1845-1847, en
effet,
la
cl~sse
d'~ge
~
laquelle
appartient
Ako,
devenu
octogénaire, entre
en
réinitiation
et
a
la totale retraite.
Les
premiers grands
célébrants de l'~ngbandji ~ppartiennent aux classes
d'~ge postérieures.
Les
unes
sont relativement anciennes pour que
leur classe échappe ~ la mémoire, encore qu'on reconn~isse quelques-
uns ~
tr~vers
les
libations
comme
les
instaurateurs
loc~ux
S~ssamb~, Yedo ~b@l (Arm@b@), Akpane Mel
(Gbadjn). D'~utres figurent
p~rmi les Nigbessi,
initiés dans la première décennie du XIXe siècle
: Agnimel.Akp~ (Arm.~b~). F'l'JS nomb,"el.JH sont les ObodjllJ OIJ des S@tê,
initiés au
cours
de
la
deU~i~~e
décennie
du
siècle,
dans les
vi ll~ges ,~i ,"c'JMvoisins
V'Jyei
Lakp a
(Aklodj-Sebn'), S~ssu Gnan,ba
(Aklodj-Bawre), Yedonn
~Y~sakp),
Kosobre (Oibrnl). O~ns la fraction
occident~le de
la confédération de Bobor,
les instaur~teurs loc~ux,
parmi ceu:<
que
nous
~Yons
identifiés,
ont
été
initiés dans la
se,.::or,de moitié
du
siè,.::le j
tels f'J,"ent V'J Cess de e.obo,",
IJn Bod';l,
initié entre
1863
et
1871. Kokri de Bohne et Songbo Gnamb'Esso de
Ti~h~, tous dew·: ~, l'ni tiés entre 1871 et 1879.
En troisième
lieu, si le rituel a évolué d~ns l'histoire,
sa structure
confirme
les
hypothèses
de
la
tradition d'Arm@b@.
O'~bord, s'y
retrouvent,
d'une
p~rt
la relation entre dépense et
richesse que
postule
celle-ci, et d'~utre part la rivalité d~ns la
destruction qui
aurait
Joué
dans
la
genèse
de
l'institution.
Lorsqu'en'effet l'expérience eut montré que la médecine importée par
Ako était
"efficace",
de
plus
en plus de gens s'y intéressèrent,
rapporte le
récit.
Il
y
eut
une
compétition
dans
les
fr~is
d'acquisition, dans la rêmunér~tion. Les postul~nts apportèrent plus
de boisson
et,
outre
le
poulet
blanc, offrirent probablement un
petit bétail. Les lignages se concertèrent pour accroître les mises,
c'est-~-dire les
moyens
d'entrer en possession de ce médic~ment de
l~ bonne
fortune.
Dans
l'idéologie,
la forte dépense induis~it ~
terme la
grande richesse. L'institutionnalisation du rituel, ce fut
l~ règlementation politique,
~u niveau du village,
puis au niveau du
l@but~ et
de la confédération, de cette compétition anarchique dont
les effets
ménacaient
de nuire a l/êconomie et a l'ordre politique
de l~ so,.:iétê.
ETISIJite,
l'arbr'e <likr,) dorrr le f''''Jit
(éV
a donné son nom
au rituel
an9bandji-ikn
a
été
associé ~ la médecine de la
fortune par
la
divination.
Or
nous
verrons,
d'une part,
qu'è s~
fonction symbolique
de
pouvoir
tutél~ire,
ce
fruit
ajoute
une
fonction économique
également
essentielle
d'unité
de
compte,
indispensable.
un
inventaire
des
richesses
; d'autre part,
les
devins, seuls
étrangers
de
marque,
intervenaient
directement au
coeur du
dispositif
lignager
du
rituel.
Enfin,
dans la structure
~chevèe, ostentatoire
et
festive du rituel,
nous trouvons intégrée
et parf~itement préservée l~ forme archaique et médico-religieuse.

- 557
Le rit~el
artic~le
dans
~n cadre politiq~e, le village,
deux ensembles
de cérémonies: du point de v~e .conomiq~e l'étalage
et la
dispensation
des
richesses
et,
du
point
de
vue médico-
religie~x la
bénédiction
qui
était
d~e
au
héros
po~r Jo~ir en
s.c~rité de
ses
richesses
et
pour
prospérer.
La
f@te
est
l'organisation artistique,
à
domin~nte musicale et chorégraphique,
qui accompagne
et
intègre ces cérémonies d~ns une totalité dont la
visée est la joie du héros, de ses lignages et de la collectivité.
Lrostent~tion d'esclaves,
signifiants
principaux
de
la
richesse ici,.
~pp~~aît
sous
trois rapports:
d'abord les esclaves
étaient une
condition
déterminante d'accès au rituel;
ensuite ils
représentaient les
pa~vres absol~s et les dern~ers bénéficiaires de
la dispensation
de la nourriture;
enfin ils rest~ient exclus de l~
bénédiction dont le maître et sa famille étaient l'objet.
3.2.1 Les
esclaves
_ ~ !.:onditioT. déter'nlinante 9' ?,.: •.:è!!.
:a!:!. ri t'Je 1
Pl~sieurs conditions
étaient
nécessaires
~
q~iconq~e
prétendait accéder
a~ titre de gbremgbi
trois conditions po~r les
femmes,
cinq pour les hommes,
~ l'origine.
La première condition
de candidature est politique, c'est
l' appar·tenaT.ce ~
l~
so..::iété
pol i r t que
odjlJkl"'J.
Dans
Le syst~me
po 1 i t ig'Je de
Lod jO'Jkl"O'J,
le
fOT.denlent de ,.:ette appar'ter..an,:e a été
élucidée dans
sa
modalité
féminine,
dediakp
ou
iniatition
des
filles,
et darrs sa modalité mas';:'Jline,
low OIJ initiation des je'JTleS
gens.
Une telle appartenance excl~e trois catégories de personnes de
l'accès ~
ce
rituel.
Sont
excl~s
d'abord
les étrangers libres,
J~squ'~ ce
qu'ils
soient
intégrés
~ une classe d'~ge par un rite
allégé. Excl~s
également les esclaves : quand une réforme politique
les incorporer~
a~x
classes
d'~ge, nous verrons se dresser contre
eux d'autres barrières politiques. Exclus enfin les enfants.
Il
fa~t
citer sans
p~r~doxe
cette c~tégorie, car il est arrivé a~ déb~t d~
XXe siècle
que
des
lignages
riches
aient
décidé d'accomplir ce
rituel non pa3 po~r des enf~nts nés,
mais pour des enfants ~ naître.
L~ classe
d'~ge
des
Mborman
de
Dibrm
q~i
se rendit célèbre en
rompant ~insi
avec
la
tradition,
devait le regretter plus tard ~
l'expérience,
parce
q~e ces irresponsables neve~x n'avaient pas été
reconnaissants envers
le~rs oncles : depuis lors les go~vernants de
clas~e NiQbessi ont resta~ré ~ Dibrm la co~t~me originelle.
L~ deux i ëme
c o nd i, tion
qu a
,.:onlplète
logiqlJement
l';'l
précédente est
sociale.
L' initié,
deven~
citoyen de plein droit,
devait avoir épo~sé ~ne femme selon une modalité précise, du moins a
Bohne et ~ Aklodj. Ce ~evait être ~n mariage en premières noces avec
~ne fille
vierge dont l'homme aurait assumé l'initiation;
on nomme
,.:ette femme ,
"épo'.Jse-d';lTI~s-la- fO'.J1ée-d'J-ded i a kp " : dedia"~oli ; e Il e
porte le
titl"e de maîtl·f.~sse /je la mai.son, y'o\\ol-êb-lis, détentl·ù~e du
pouvoir domestique
reconnu.
Dans tout ménage polygynique,
une telle
épouse devait
exister,
ella
ét~it
en
principe la grande épouse,
celle qui
accompagnera
le
p05tul~nt en
première
position,
en
s'asseyant à
sa
droite.
L~
o~ cette condition est assouplie, une
pr~sence f~minine
quelconque
était
exig~e,
celle
d'une soeur ou
celle d'une nièce,
~dulte cu adolescente, peu importe. La femme qui

558
-- ~.~-----~--------- ---.'-.
l~êtent .;)'J
titl~e
de
gbl~enlgbi
dev.;)it
elle .;)IJssi êtl~e m.;)l~iêe, O'J
, .;)\\\\.':1:- ~~~
h!)-Tto'''~blement.
Cette ,.::onditior. se j'Jstifie S'Jl~ le plan
!thique
9bremgbi
~_t le statut de l'être hum.;)in par excellence;
rr ,
c ' est
la
con Jorrc t Lon
de
1.:1
femme et de l' homme qu i
pel~nlet ft.!_,.~,...--, _
L'@tl~e hlJmain de s'ac'::onlplil~ en tant q'J'@tl"e soci.1ell ;;'1" SMTiS :i."'~.-'---
h ._,;:t·t-;:;--·vl~emièl.;e-..:onditioT' so,.::iale s' .;)jo'Jte une a'Jtr'e, là
00 la
première
était
en
vigueur
l'homme
devait posséder une
demelJre,
enceinte
d'une
p.;)lissade
autonome,
siège de son foyer et
lieu d'.;)ccueil de ses h6tes personnels CDibrm).
Ces premières
conditions,
qui
instituent
le prétend.;)nt
,::omnle .ad1J1 te 1 ibl"e et .;)utononle,
consti bJerlt des ,.::ondi tior.s e:·,tel~nes.
La première
condition
interne
d'.;)ccès
.;)u
rituel
est proprement
économique, c'êt.;)it la possession d'escl.;)ves en un nombre déterminé.
Ce nombre
variait
d'une confédération politique ft.! l'autre, p.;)rfois
d'un 1êb'~ ft.! l'autre, sinon d'un vi11.;)ge ft.! l'autre.
Pour 1.;)
validité de 1.;) c.;)ndidature des femmes,
un escl.:lve
suffis.;)it, d'une
f.;)con
génér.;)le.
Trois
femmes,
aux
origines du
rituel,
sont restées célèbres dans 1.;) littérature or.;)le à ce propos.
L'une
(7),
Veb1
Agnéi,
était
de
Dibrm : la littérature du genre
histol~it.::o-1yriqlJe du sel'J la ,::êlebre er. ,::e ver's
:
Musso Djogn Yebl Agnéi sigr egn okr midj.
Musso Djogn
Vebl Agnei s'est assise SU1~ une personne pour
prendre son bain.
L' a'Jtre,
Kutessane
Bwaï
(8)
de Gbadjn (7), dont la petite
esclave avait
nom
Yinyin
= le Poisson, est identifiée sur le même
mode poêtiq'Je.
Obr Amn Vedes Yane Ngo Yane Gb@l-la
Ekol êgn yinyin-êm ;
Lisigr êgn lokr midJ
;
LoI êgn natch.:lwru-êm.
La descendante
de
la Grande Obr Amn Yedes Yane Ngo Yane,
Qui acheta une personne avec du poisson ;
Elle s'assit sur une personne pour se laver;
Elle acheta la personne avec un p.;)nier de poissons.
La troisième
femme,
qui
paraît
être
une p.;)rente de la
précédente, était
l'illustre
Kutesane
dont
nous
avons
donné la
généalogie dans Le S'(stènle. e,ol i_tiql..!~ ~e. LodjolJkrolJ.
"Le matl~i,::l.an
des
K!::Lte~.:~;m-l.;)
l~a'::onte q'Je son ;nïe'Jle est
une femme
ébrié
d'Adim~
à qui sa richesse .;)vait conféré
sur les hommes un ascendant quasi-despotique. Un jour,
une
classe d'~ge se rebelle contre cette domin.;)tion.
Indignée,
Kutesan émigre avec ses esclaves en p;nys odjukru.
A Aklodj-
A où
d'~bord
elle
s'installe,
elle
fonde le M~tricl~n
appelé Gl~i!lTId
m.:::ltl~i<.:~J.';ln : ~~9..2.!:!. Ml~orlm~on.
Mais 90ul~nl;:)nde de
poissons,
elle tranfert bientSt son ét.;)blissement a Bobor,
et enfin
~ Mopoyem.
là,
sur un terr;nin que lui défrichent
ses serviteurs,
des
Ebrié de Ngbrati la rejoignent.
Sans

559
enf~nt, elle "m~rie" (entendons
: ~olle)
une de ses belles
es~l~ves, Kutes~n
Okoru,
~ un de ses es~laves, Aduli.
Du
"m~riage" (ou ~oll~ge) natt une fille, Okurujan, souche du
m~tri~lan des
Aduli-la"
dont
nous
~vons
le
segment ~
Agbaille
<1980:47-50).
Plus important
était
le
nombre
d'es~laves
exig~
des
hommes.
D~ns
le
l@butu des Orgbafu
(Orgbaf-Yass~kp), il f~ll~it 10
es~l~ves (9).
Dans
la fraction o~cidentale de Bobor-lok
(lêbutlJ de
E?obor',
Usr',
Gbadjn)
11
es,.=laves
(10)
;
d~ns le lêblJtJJ d'Aklodj
(Aklodj-A ou
Aklodj
Eb-5ig,
Aklodj-B ou Aklodj-B~wre, Aklodj-
5ebm,
Aklodj-Agb~ille,
Aklodj-Yago)
20
escl~ves
(11).
5i nous
retenons le
chiffre
interm~diaire de
Bobor,
il fallait,
selonEg
Ni~mb~ Meledj
de Gbadjn,
acquérir p~rmi les onze escl~ves une paire
qu'on ~ppelle
"les jumeaux" et y ajouter leur "Amari",
dénomination
de celui
ou
~elle
qui
naît
~
la
suite
des
jumeaux
selon
l' ;;:mthl'oponymie od Jukr-u .
Le
sellJ
m~gni fie
'~ette e:ügen'.=e en deIJ:.:
vers célèbres qu'~ récités le 28 Juillet 1972 Gango Gnagne d'Aklodj-
A (classe
: Bodj odJon9ba :
Egn 01 el @br gb@l
Egn 01 el nin gbêl
Acheter une personne,
c'est parler le grand langage
Acheter une personne est un acte de grande renomm~e
La deuxième
condition
interne
est
d'ordre
m~gico­
religieux.
Il était impératif que le prétendant posséd~t un chat et,
le moment
venu,
recrut~t
~ussi
un devin.
La théorie des pouvoirs
Justifie cet impératif en ~ssoci~nt le chat et le devin d~ns la même
fonction.
Le
candidat
au
titre
d'homme
riche,
~
travers
l'ostentation et
la
dispensation,
veut proclamer sa force,
met ~u
défi ses
alliés et ses amis de faire ~galement leur preuve ; on dit
qu'il
"doit
être
mis
~mort",
~'est-~-dire
~onvaincu
de
l'illégitimité de
sa
prétention,
défait.
Contre les entreprises de
ses rivaux
asso~iés
aux
sorciers de son matrilignage,
il lui faut
par conséquent
des
renforts.
Le chat
(~jidjranw), voil~ le premier
de ces
renforts.
Bête
r~cée,
bête voy~nte, sorte de double de l~
personne hum~ine,
qu'on
pouvait
~cheter ~ prix symbolique de deux
manilles ~u
XIXe siècle,
bête qu'on n'immole pas et dont le prix du
sang se
p~ie ~ perpétuité selon le proverbe,
les raisons odjukru de
son choix
sont celles-l~ même qui le disti~guent des autres animaux
domestiques dans la culture anyi
(12).
"On
n_
~11 ...... ~,-.
p . ' ' ' ' '..!'''j"~.,,,.,,,,~
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p,"':s.r... ';l:t,::-"
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L o r . q u · : L 1
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a _ u 4 _
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d.~or_
du
~o~_.Oft
OU
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1.-
v~.nd..
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1 .
~ • •
d e _
4u~.r.~11_. r o y . 1 e .. ~
p ... r
.H_mp1 • • "
(1985:83-85)
M~is si
le ~chat est le parent ou le
f~milier qui protège
p ar- S;;l
vOY;;:ln,:e}
le
devi ri
(iPnlu)
est
l' étl~;;)ngel~ dont 1'= pouvoi l~
spirituel défend
~ontre les agressions occultes} le second renfort.
On pouv~it en quérir dans les sociétés voisines} 8kyan ou avik~m. On
pouv~it en
trouver
en
p~ys
odJukru.
En
étaient
au XIXe siècle
Akmêlêdj de
Tukp a ,
un
Nd ..Î\\~om;;)n,
K;:'lbi
~h... i vo d' Adldod,j-f?,. un ~êtê

::!.JiS..--
K;;:l'ta..
Yebles
dit
Atéss
de
Mopoyenl,
IJn
l'.odjl
od,iongb;;l,
du
patrilignage des
EdJreku.
Nourri:
logé
et
rémunéré,
le
devin
surveillait le
héros
du début à la fin de la fête,
tout au long de
l'épreuve de force.
Troisi~me condition,
condition
d'ordre
technique,
c'est
l'acquisition d'un
orchestre.
A
cette
époque,
semble-t -il,
les
communautés villageoises
ne disposaient pas de cet instrument de la
culture des hommes riches.
Moyen d'autonomie,
il était aussi en m@nle
temps un
signifiant
de la richesse,
puisqu'il fallait rémunérer sa
confection et
l;;l formation des musiciens,
et f;;lire les frais de son
ina'Jg'Jr'atiorl.
Trois sor-tes d' or-che s t r-e s rlOIJS sont cormue s
: ~br,
le
tambour ~
fente
ou
tambour couché,
manipulé p;;lr un unique expert,
krokro,
l'orchestre
d'olif;;lnts et
êt~~rê, l'orchestre d~ tambours
debout.
Les femmes
comme
Kutess;;lne
firent sculpter le t;;lmbour ~
fente et recrutèrent un spécialiste à
l'occ;;lsion.
Les homnles avaient
le choix
entre l'@t@kpr@ et le krokro.
En effet,
à l'origine,
comme
on peut
le
supposer
~
partir
de la tr;;ldition d'AklodJ,
certains
ObodJlu et S@t@ optèrent pour le second orchestre à neuf instruments
: Vuei
Botti
Ved,
BodJl
odJongba,
patrilignage
des
S@rêQb-af,
matrilignage des
Loyei-Ia,
Djedj
Akpa
Djedjes,
Sêt~
odJonqba,
patrilignage des
Bietch;;lf,
m;;ltrilign;;lge
des
Têyu-la
d';;lutres
préférèrent le
premier
orchestr&
; tels furent Bud'Okru,
un QodJl
odjon9ba,
patrilignage des Bietchaf, m;;ltrilignage des Ayebl-la,
Kabi
Awiyo,
un S@t@ Kata,
patriclan des Elma~f'J, matrilignage des 8Y,ebl ~
~, Erekp
Akmeledj
dit
Vampi,
un Sêt~ odJongba, patrilignage des
~otadaf, matrilignage des Ayebl-la.
On note
ici
une
particularité
déjà
rencontrée en pays
alladian
l'orchestre
d'olifants
pouvait
recruter également des
musiciens esclaves,
si
tous les musiciens n'en étaient pas.
FUI~ent
par exemple célèbres spécialistes dlJ ~bingr@ le nommé Koffi,
esclave
d'Oga de
Bodu
(classe
mborman,
matrilignage
qes
Obo Vei-la,
patl~ici an des
Emêbu),
et
1 e
nomnlê
Kp;;lnli ,
in i t i é à .Ja'.::qIJev i Il e ,
probablement pendant
une
mise en gage,
esclave du matrilignage des
Edjm-la de
Tukpa
<classe
n,borman);
le riche Otch Yebl Adangba
d'Arm@b@ que
cet
instrument
accompagnait,
même au champ,
comptait
plusieurs de ces musiciens dans sa colonie d'esclaves.
Parce qu'elles
n'étaient
pas
astreintes
à
toutes
les
cérémonies qui
marquent
la
titulal~isation
des hommes,
les femmes
riches acquirent leur titre è ce niveau,
en distribuant à toutes les
femmes et
à
tous
les
hommes
qui
les
avaient précédées dans la
digrlité le !'-api-os, pr-Lx en nlanilles
(Q1t)
de l'es,.::lave
<,Ka~). Elles
portaient alors le titre de ~gbremQbi-oYow (sing'Jlier, 9bremgbi-yow)
3. 2. 2
L€~ :t'eme s €k Q!!.Q.I!Ll';'Q=.P-.9.1..tt :l':l.~-!.~ 9e ).' é t al ::l 9 e e t
~. ],"t
dis ee n ~j sn 9...~..§. !.:.:i!;.rl.~.?_?~
Ces conditions
que
nous
venons
d'énumêrer ne pouvaient
ê~re remplies
et
ne
l'ont
étê
que p~r de r~res chefs de lign~ge
dIsposant de nombreux dépend~nts et alliés. La prétention ~ se faire
valoir comme
riche
prenait corps une fais agréée par les hommes et

les femmes du m.:Jltrilign.:Jlge ; elle deven.:Jlit alors un projet collectif
de ,.::el'Ji-,.::i
.:Jl'J
nâ ve au
de 1.:Jl cor.fédél'.:Jltior. politique, Dibl'nl-lQ.,h. OIJ
Bobor-lok. Le
chef
du
m.:Jltrilignage
du
p~re
et
le
chef
du
patrilign.:Jlge en
étaient
tenus
informés
et
dev.:Jlient
donner leur
accor-d ,
Q'J.:Jlrlt
aux
p.:Jll'ents
l'èsid.:Jlnt dans 1.:Jl ,,::onfèdé,'ation opposée,
ils recev.:Jlient
notific.:Jltion
du
projet
et
du
calendrier
des
cérémonies. Celles-ci
se
succédaient
en six ph.:Jlses pend.:Jlnt qU.:Jltre
sem.:Jlines de six jours.
a -
De
l' .:Jl''::9IJi ttenlerlt
dlJ
pl'emiEtr.
dl'oi t
(os-=..C!Ql..
!l 1.:Jl
fi:<.:Jltion d'J c.:Jllend"iel'
L.:Jl phase
prélimin.:Jlire
commence
.:Jlvec
1.:Jl
décl.:Jlration
d'intention et
s'.:Jlchève
.:Jlvec
la
procl.:Jlm.:Jltion
du
c.:Jllendrier. Le
postul.:Jlnt sollicite son accès ~ la société des riches en s'.:Jldress.:Jlnt
~ ch.:Jlque
gbrem9bi
du
vi 1 l.:Jlge
et
de
1.:Jl
confèdér.:Jltion
et
en
s'.:Jlcquitt.:Jlnt auprès
de
celui-ci
du
premier
droit
payè .:Jllors en
manilles
(os-ibr>.
C'est
le
rite
d'os-ob
ou
l'.:Jlcquittement
du
premier droit
en
numéraire.
Dans
1.:Jl
fraction
occidentale de 1.:Jl
confédér.:Jltion de
Bobor,
très
étendlJe
et rel.:Jltivement peuplée,
ce
droit s'élev.:Jlit ~ vingt m~nilles (Gb.:Jldjn)
; d.:Jlns le lêbutu d'Aklodj,
fr.:Jlction orient.:Jlle de 1.:Jl même confédération, composée de deux grands
villages,
il ét.:Jlit de soixante manilles ; il atteignait quatre-vingt
m.:Jlnilles d.:Jlns
la
fraction
orient.:Jlle de la confédération de Dibl'M,
composée de
dix
villages.
Plus
t.:Jlrd, un nouveau droit leur était
versé, nommé
cotisation
~ Bobor (os-okl) et don ~ Dibrm
(os-ap>. A
Bobor, cette
cotisation
consist.:Jlit en une contribution personnelle
offerte p.:Jlr
les
membres
du
1 ign.:Jlge , le Jour de la cérémonie ; 1.:Jl
tr.:Jldition des
Ol'gbafu
(Orgb.:Jlf et Yass.:Jlkp> y .:Jljoutait une redevance
due aux épouses des .:Jlnciens riches <9Vow-os> et une .:JlU héraut public
<kokoba-os> .
Suivait une
mobilisation
ultime
de
la parentèle et des
alliés. Un
repas
du
lignage,
dit
nourriture du lignage ~ AklodJ
(bosu-egb>,
repas arrosé de boisson, cons.:Jlcr.:Jlit une dernière fois le
consensus l i g n a g e r l e s parents autorisaient alqrs l'ouverture du
rituel. Le
père
du
postulant,
les
épouses,
le
quartier
qui
accueillera 1.:Jl
fête
recevaient
également
de
1.:Jl
boisson,
de
préférence du
gin
(~Arm@b@
une bouteille au premier,
une aux
deuxièmes, une
caisse
entière
au
troisième>
; le père donnait sa
bénédiction,
les
êpouse~
et
les
membres du qU.:Jlrtier confirmaient
leur participation
active. C'est alors que le postulant chQisissait
un jour consacré au culte de son p.:Jltrilign.:Jlge pour offrir la boisson
aux hommes
riches
et
solliciter
officiellement
la
d.:Jlte
d'inauguration du
rituel.
Quelle que fat la s.:Jlison retenue,
le Jour
de l'inauguration
comme
le
jour de la procl.:Jlmation du calendrier,
correspond.:Jlit dans
la
semaine
de
six jours ~ un jour consacré au
die'J du
patl~ilignage
: Jour- de l i pOIJl~ les At/,':h'J,
les Elm.::lnflJ,
les
Atokola, .l e s
Akp;:lta(
(Aklodj),
les f-9'J <Mopoyem),
Jour- de ;L...i2. pO'J"
les Obo9u
(AklodJ).
les
Elmanf~
(Gbadjn) et les EdJreku
(Bcbor),
JOIJl' de
li9bis
pour'
le,,;
Emêbu
(Aklodj),
Jour- de lê't_d"l!=t pOlJl' les
Ei kpaf (Dib,'m).

563
b -
L'olJver'ttJre
1!:!.
rittJel
_ Je pl~enlif;H' b.:lT.!...q!:œt et 1;;.1
l~etl~.:li te
L.:l veille
au soir,
sous l.:l vigilance du devin,
le t;;)mbour
court
(brem-ikpr)
.:lnnonC.:lit
le gr.:lnd évènement.
Les femmes,
vêtues
de simple cache-sexe,
hors du reg.:lrd des hommes,
selon le rite nommé
par les
Alladi.:'lTI
YanhlJn
sèwlJ
nevl~i
(13),
pUl~ifi.:lient la '':OIJl~ du
héros de
la
fête
en dress.:lnt des obst.:lcles symboliques contre les
entreprises des sorciers.
Le m.:ltin du jour inaugur.:ll,
~ Dibrm,
tandis que.le t.:lmbour
retentiss.:lit,
les
jeunes de la cl.:lsse d'~ge en instance d'initi.:ltion
les prochains initiés -
owru-essu -
rémunérés,
.:lppel.:lient les hommes
riches ~
la
cérémonie.
Le
candid.:lt
et
son
épouse
princip.:lle
arriv;;)ient tout
vêtus
de
blanc,
en signe d'innocence.
Devant eux,
une assiette
de
kaolin
et
deux
manilles pour le doyen d'~ge qui
verser.:l la
boisson.
Le premier grand b;;)Tlquet était offert
: atiékè,
poisson et
boisson
;
le partage était strictement égalitaire entre
les ayants
droit.
Après
quoi
le
doyen d'~ge versait la boisson,
en formulant
des
voeux
de succès pour le postulant ;
la marque de
kaolin sur le front de ce dernier signifiait l'élection.
Quand le c.:lndidat quitte la cérémonie et se retire dans S.:l
maison,
il
ne sort1ra plus,
c'est 1;;) ~etraite.
A Dibrm et ~ Vasakp,
aux épouses
étaient alors imposée l'obligation de nourrir le candi-
dat ave~
leurs
propres ressources Jusqu'~ la journée dite du Grand
Abri,
obligation
qui
sera
inversée
~
partir de ce jour,
l'époux
nourrissant ses
épouses
Jusqu'au
jour
de l'onction.
A AklodJ,
il
était prescrit un repas de trois poissons au déjeuner et un repas de
deux poissons
au dîner,
cependant
que le candidat d'Armêb@,
chaque
matin et
chaque
soir,
devait
offrir
~
la société des riches un
concert d'êtêkprê
et
de
la
boisson.
L.:l
seconde
obligation des
épouses consistait
~ commencer l'exposition ambulante des richesses
dans le
village
en
toilette blanche -
midj-ufu ~toilette faite de
pagnes blancs
et
de
p.:lrures
d'argent,
selon
la
coutume
de
l'initiation des filles.
c -
La
jOIJl~née
dlJ Gran4 8,Q.!:i.. Q.!:!. JfH-gbêl _ le geuxiènle
banqlJet
Si le
premier
rite de la fête qui marque la rupture avec
le passé
est
décrit
en
termes chronologiques,
les deux suivants,
dont le contenu est essentiellement économique et politique,
le sont
en termes
architecturaux.
Construit
par les enfants des
filles du
patl~ilignage -
ayu -
q'.Ji eTI p Lan ta ie nt; les bois et p ar- les pl"'o,.:haiTls
initiés qui
le
couvraient,
le
premier abri était dit grand parce
qu'il était b~ti au lieu central de la fête,
la cour du héros,
parce
qu'il était recouvert de pagnes précieux dont le premier .était celui
du père
du célébrant,
p~rce qui il ~brit;;.lit les vrais dignitaires de
la fête,
les hommes riche\\.
Le petit abri sera dressé ~ l'intention
de la
classe
d'~ge
du
héros d;;.ln9 la rue du village,
au milieu du
quar~ier, pour séparer les statuts.

------
.. __..
....
. " . -
---_...-. - ....- -~......-- "
, ._.- _._--~- ;...
,
~_......
~.~,.
Au Jour
du
Gr~nd
~bri.
offr~nde
~t~it ~dressée de bon
m~tin successivement
~u
p~trilignage,
~
l~
classe
d'~ge
des
prochains initiés
et
~ux enfants des agn~ts. A l'heure convenue,
~
l'~ppel du
t~mbour,
le
candidat e~ ses dpouses dans le plus grand
apparat,
~ccueillaient
les hommes riches,
v@tus de leurs plu. beaux
pagnes, parés
d'or
et
accompagnés de l~urs orchestres d'olifants.
Dans l'escorte
de
chaque
homme
riche,
un personnage battant deux
cornes criait
les
louanges
de
son
maître,
les
exploits de ses
ancêtres,
sa
be~uté,
sa
richesse
et sa bonté, c'était le kokob~,
toujours un esclave de la maison.
Dans l'effervescence populaire,
le
héros offrait
~ ses illustres invités,
pour la deuxième fois,
de la
nourriture et
de
la
boisson
(~ Arm@b@ : huit calebasses de vin de
palme,
une
caisse
de
gin).
La
première
coupe
de boisson était
destinée au
doyen
d'~ge qui en versait le contenu lentement sur le
sol ~ l'~dresse des héros fondateurs,
aux anc@~res et aux dieux,
les
priant d'agréer
le
candidat,
de favoriser ~es entreprises, de les
faire prospérer, d'accorder. ses lign~ges, au village et au pays la
santé,
la
p~ix et la richesse, sources de nouvelles fêtes.
Puis les
hérauts publics,
échansons
rituels,
partageaient la boisson entre
les classes
d'~ge
et
la distribuaient entre les riches de m~nière
égalit~ire.
Après le
rite de boisson, pl~ce ét~it faite ~ la danse de
l'@t@kpr@. Chaque
classe,
suiv~nt l'9rdre hiérarchique, autoris~it
son danseur le meilleur ~ se produire pour honorer le récipiendaire.
Un membre
du
matrilignage
pouvait également danser pour glorifier
son héros.
Hommes
et
femmes,
enfants
et
adlJltes
des
lignages
venaient pal~fumer
les
danseurs et leur faire des c~deaux d'argent.
Les cadeaux
recus
pal~
chaque danseur étaient le bien commun de sa
classe d'~ge et devaient être partagés de facon égalitaire entre les
membres de
celle-ci. A la fin l'@t@kpr@ peut se clôre par une danse
des femmes que l'épouse du héros exécutait elle-même ~ AklodJ.
Dans la
rue,
pendant
ce
temps,
le peuple des "pauvres"
parmi lesquels
on
comptait
surtout
les Jeunes,
les femmes et les
esclaves des autres lignages, venait recevoir des cadeaux de vivres,
sinon de boisson.
Certains lêbutu
<Orgbaf,
AklodJ)
instituèrent
~
cette
occasion
"l'Abri
des p~uvres" - 09boru-lêf -. A AklodJ, ~ l'époque
de Vuei
Lakp~
(Badjl,
initié
ent~e
1863
et 1871,
"les pauvres"
bénéficiaient d'un
rep~s
d'atiékè,
tandis
que
les
riches
consommaient du
pain
de
b~nane,
buvaient
du
vin
et du rhum.
A
Vassakp, si
l'on
en
croit
Kp~dJa
Mel
du quartier AdJeb,
ch~que
p~uvre avait droit ~ une manille.
Passé cette
Journée,
les
épouses,
accompagnées
par la
cl~sse d'~ge
des
prochains
initiés,
continuaient
leur promonade
d'~pparat darrs le vill~ge, mais i~ette fois en toilette l~ol.Jge - mid..i.::.
ebl -
c ' est-~-dil~e l=.al~l.Jl~eS d' o r- et v@tenlents n\\'-lltii.:olo\\~es, e:·:pos;:mt
la face féminine de la richesse du héros de la fête.

56~
...
d -
L;;)
jO'J1"nee
d'J Petit ;;)bl"i -lêf-likekli
Œobol:l,
:: Q.!::!.
Ab1"i de 1;;) ~ -@Q.j@n1-HH
<Dib1"n1)
1;;) l"éceptior, f.;lite
~ 1;;) ,~~.,g, g' ~~.'
Deux ou qu;;)tre jours plus t;;)rd,
le c;;)ndid;;)t et ses épouses
;;)ccueill;;)ient cette
fois
les
c;;)m;;)r;;)des
de
1;;)
cl;;)sse
d'~ge qui
n'ét;;)ient P;;)s
tous
nécess;;)irement
des
hommes riches.
Au cours de
cette cérémonie,
;;)ujourd'hui
fondue
d;;)ns
1;;) précédente,
ils leur
offr;;)ient des
présents
en n;;)ture et en esp~ce (~ Arm@b@,
1 c;;)prin,
100 m;;)nilles
et
de
1;;) boisson).
En l"etour,
les p;;)irs donn;;)ient ;;)u
nouve;;)u riche
1;;)
boisson
qui
lui
servir;;) d;;)ns ses réceptions
(~
Arm@bê : 1 bouteille de gin (?) ch;;)cun).
3.2.3 Le temPs n1édi,~o-reli9i.eÙN de l'or,,~tiorl
O;;)ns les
deux
journées
qui
suiv;;)ient,
l';;)spect médico-
religieux du
rit~el
recouvr;;)it
enfin
s;;) prééminence sur l';;)spect
économiq~e jam;;)is oublié.
R;;)ppellent cette structure ~ domin;;)nte les
dénomin;;)tions des
derniers
rites
le
broyage
et
l'onction,
l'enfilage et la suspension d';;)ngbandJi.
;;) -
De
1;;)
p1"emièl"e orl,~ti.or, !à 1;;) ,::onfection dlJ '~oll ier _
;;)n9banl.U i - i 1" i
Le sixième
jour
;;)près
le
gr;;)nd
banquet,
~'l'appel du
t;;)mbour,
leur
héraut institutionnel,
les anciens venaient consacrer
le nouve;;)u
riche
par 1;;) première bénédiction : ~. On le f;;)isait
sortir, dit-on, de sa retr;;)ite et de son ;;)nonym;;)t d'homme du commun.
Trois ou
quatre
élémerlts composaient et composent encore
la prép;;)r;;)tion
médic;;)le : des écorces de l';;)rbre 90f;;), des felJilles
d'un ;;)rbre
de
p;;)liss;;)de,
l;;)kp
ikn-uf'J,
des gr;;)ines de p;;)lmier ~
huile, êrêgb,
et,
d;;)ns le rite de Gbadjn et d'Orgb;;)f, de l';;)rgile.
Les dove ns
b1"oy;;)ient a'J pilon (i9r,)
les trois pren1iers élémerlts.
Le
héros de
1;;)
fête,
ses
épouses, celles-ci préalablement p;;)ssées ~
confesse, et
ses
enfants,
tous légèrement vêtus, s';;)sseyaient SIJr
des feuilles
de
bananiers
tels
des initiés,
les j;;)mbes étendues.
Aucun esclave
n'ét;;)it
;;)dmis ~ ce rite. Avec 1;;) prép;;)ration que les
gr;;)ines avaient
amollie,
le doyen d'~ge les oignait de 1;;) tête aux
pieds, des
pieds
~
1;;)
tête
;
puis
il les frottait de l';;)rgile
cérémonielle. Le
reste
de
1;;) prép.;lration conservé entr;;)it d;;)ns
le
bain que
dev;;)it
prendre
le
héros.
Tel ét;;)it le b;;)in d'~ngbandji,
premier b;;)in consêc~tif ~ 1;;) bénédiction: an9b;;)ndJi-ok.
Suiv;;)it une grande p;;)rade guerrière. Après quoi,
les mêmes
offici;;)nts confectionn;;)ient
le
collier ou le ch;;)pelet d'~ngb;;)ndJi.
Oans une
ficelle
de r;;)phi;;),
ils enfilaient (jri-êm = enfiler) deux
smsndes de l'arbre ;;)ngb~ndji alternant avec une tigette d'un végétal
ligbogn
b
l'extrémité de la ficelle était accrochée une manille,
symbole de
p~iss;;)nce économique, et une cartouche vide de poudre de

"'
fusil,
symbole
de force guerrière.
Douées,
selon l~ divin~tion d'un
pouvoir de protection,
les Gmandes entr~ient ici en même temps comMe
unite de compte d~ns le recensement de la popul~tion riche et de ses
richesses.
D~ns
cert~ine$ loc~lités (Gbugbo),
~ut~nt d'~m~ndes d~ns
un collier
ou
chapelet,
autant d'hOMMes riches titul~risés dans le
m~trilign~ge;
dans
d'autres
localit.s au contr~ire (Armêbê> ,
les
~m~ndes représentaient l' invent~ire des possessions du récipiend~ire
: ch~t,
épouses,
esclaves.
Le collier ou le chapelet reposait dans
un van jusqu'au jour de la suspension.
b -
Q.2.
La
se'.:cmde
Q.!!,.:ti.Q..D. ~ l~ 5 1J s p e n s i o n dlJ ~.!J. i~J: _
angbandji -esp~2
Six jours
plus
tard,
cinq rites mettaient fin au rituel.
Le premier
rite
de cette dernière journée consistait en un nouveau
banquet avec
nourriture et boisson,
~ raison d'un poisson par ayant
droit.
Ensuite
la
préparation médicale de la journée du grand abri
etait répétée,
mais
cette
fois
avec un broyage exécuté ~ la main
(@fn).
M@nle
o nc r i on
~dministr'ée
alJ
hél~OS,
J!l ses épo'Jses et J!.l ses
enfants,
~ssis
d~ns
l~ même position.
Même exclusion des esclaves.
M@me bain
d·~nQbandji. Venait,
en troisième lieu,
le sacrifice d'un
poul~t blanc
ou,
~ déf~ut, d'un mouton blanc;
le sang de l'~nim~l
inondait le
pilon
(d,jen),
éter,dlJ
alJ:<
pieds du hél"oS
(~r.gb~ndji­
d,ién).
Ave':
IJn
dlJvet
pl~is
du
''::O'J
d'J pou l e t ,
le doyen d' 5.lge de-s
eQbremQbi ~ppliqu~it
le
s~ng
sur
le
front du héros,
siège de la
conscience morale,
en signe cette fois de consecration suprême et de
renforcement.
Les
p~ttes
et
la
tête
de
l'anim~l,
portions qui
revenaient de
droit
aux
inférieurs
statut~ires étaient échues au
dernier des
esclaves du m~ître, au onzième escl~ve d~ns la fraction
occidentale de
la confédération de Bobor.
Du repas prépare pour les
gens libres avec le reste de l~ vi~nde, une partie etait destinée au
pilon,
une
deuxième
aux jeunes,
la troisième au héros lui-même.
Le
pilon,
mediateur
entre
tous
les
célébrants du rituel,
c'était le
symbole de
l' instibJtion et ,.:onlme son espr'it.
Les jelJnes Q~.!.Y..:::.f?..:"i2.~.,
c'était l~
promesse
de Jouvence et d'immortalité.
Le nouveau ri~he
participait ~
une
communio~
de
longévité
~vec
l'un
et l'autre
synlboles.
Après l'ultiMe
boisson
versée
dans
la
cour
et
~près
l'ultime invocation
des
ancêtres,
venait,
porté p~r les Jeunes,
le
défilé du pilon d'angbandJi,
le nouveau gbremgbi consacré en tête.
A
ch~que s~nctuaire
d'un dieu loc~l,
le défilé s'arr@t~it, une prière
ét ait dite au béné f i '.:€~ du .:é I éb,~~nt.
AIJ .:,~ i
de boté:
J!.l
qu i
1 e tOI.ll~
?
celui
qui
accueillait
le pilon ne devait p~sser aucune nuit en
brousse dans
son
campement
et
devait obligatoirement célébrer l~
fête dans
l'année.
Quand
le
défilé
s'achevait
d~ns
la coyr du
.:élêbr':Jnt,
le
,.:hapelet d' ::Lr!.gJ2:;::)'l~:LÜ., mis ':JIJ '':O'J J!.l titr'e de co l Li e r
;j
une '.:e,~tairle époqlJf!,
d-'1ns ..:el~t'3in':?~;
l(j'::<'llités,
était sOIJlevê
(.!.9!::J.. =-
ogr,)
et
suspend•.• d;ms
).;::) n1;::)isorl d€~ l' -'1'JteIJI~ de La fête ~IJ'-de~;S'-'5 d(~
1.:1 pOI~te.
L.tI,
les
am<::Jndes ~:f'~~.!\\~l!;?.::~.!:!.g..J..:t étaient ,.::ensées c o n t t nue r a
exercer leur
fonction
tuté18ire contre les h8tes malveill~nts ;
l~
au s s I ,
leIJ\\~
f o nc t Lo n
d' i nv e n ta i.r-e
ét·~it
v r s t b Le
,
tout p a s s e n r
pOIJv;;)it lil~e
OIJ
1';:1
J.i~;tf.~
(Ie~;
homme s
\\~i,.:hes
dlJ
J.ign~Jge
D'.!
l'inventaire des
biens
parmI
lesquels
le
nombre
d'esclaves
du
nClIJVe;;I'J ri.:he.

\\
\\
568
TABLEAU 37
COMPOSITION ~ VOLUME ~ ba RICHESSE O'EGBREMBI OD4UKRU
EPOUSES
ESCLAVES
1. OTCH VEBL AonM'';SA
H~trilign~ge
(Bosu);
'(uV'd-la
3
60
f'd
bovins
Classe d'~ge : ~
(2 Odj'dkr'd
.:aprins
Q'd-ilrtier : Afr
1 Rb~)
3 ~itès
Adjib;;a f.
Vedo Nialllien H
(lIIbedie k;;at;;a)
Egn Es Odn H
(niQbessi)
2.
KPAN04E VEDES
M;;atrilignage
; Waï=lA
Classe :Nd,ro~;;an/Odjongba
Quarti@r
: Afr
2
) 20
f'd
bovins
<Odjukr'.J
caprins
d'Arllll1!bl1!>
3.
KPAMI ESSO
Hatrilign-ilge : Missabo-Ia
CI;;asse
; ~ Odjon9ba
Quartier
:
5
20
(?)
f'.J
bovins
Eb-@rn-Kp-ilkp
<3 Odjukru,
3 .=ites
2 Abidji)
Nt,";;alll;;an li
<nil:lbess i)
YIHeyn
li
<Bod j 1)
Sos-Esat," f
(nil:lbessl)
... BRESWE
Matri1ignage
; V~nk;;a-li
Clollsse
AbrlulfI
Q',J;d,"tie," -:- - -
Eb-êrn-Kpakp
7
i
20
)
20
bovins
(2 Abidji,
11
l':it+is
.=aprins
1 Kpass.
cv a ns
4 Armlllb~)
('. - Aklodj
~. VUEI BOTTI vED
Aklodj-n
(R09~f)
M'lt'"ll ignage
I.oyei-Ia
2
2 ~it~s
Fu
F''lt"ri 1 i'Jnaqe
(1 .~klodj.
Bott" l Me 1 Ili'.pël fi
bov i ns
K,"ok'"Q
:i~'3b-"d'
1 K,"obu>
1!l.t0l~!
'.l't·~l)
,.:aprins
- Ah,;~llè les
Bla fëlm.
fi
Ab,"mar. tj' AklodJ-f~ Ij'l p·v.Jr,.' ';'lr.'!
lui-même portant" le pa~ne
de 1 a ~.;.)nthe'"e i QQD:',9!;'.:J~!.)
pc)ur
honorer
l'~nqb~nd Il. .1~
NOlllel Et1j,"o d' flï~l·Z;"j·T:-~-;;;,·"

\\
569
6.
BUO'OKRU
Aklodj-B
2
)
20
bovins
-
1 @tflkPI'@
n<ltrilign<lge
1 .:i té
ovins
-
1 Maison en pl<lnches
BY.,.ebl-I<l
Lako H.
f.\\brlllan
caprins
f'<ltrilign<lge
eiet..~h;jf
CI<lsse
:
~9rlil odjon9ba
F <1 i t
sapogn.-ll
apr'ès 1 a guerre
Ikmêb@-Aklodj
7. EREKf' AKHELEDJ
dit V<lmpi
3
20
bovins
-
1 flt@kPr@
Aklodj-A
(Odjukru)
2 cités
ovins
-
1 m<llson en bois construite
r1atl-i 1 ignage
Agbo H. n.bedie
-:aprins
par des menuisiers AII<ldi<ln
IWebl-l<1
Kepiè H, mborman
- Le premier inhumé d<lns ~n
Patl-i 1 ign<lge
cerc~eil en bois
(ar<lk<l)
Kot.;adaf
Cl<1sse :
S@t@ qd ,ionQba
8.
O.)EO.) AKf'A 0.)EO.JE5
Aklodj-A
M<ltl'll ignage
]"3 V'J-I;j
2
)
20
bov i ns
-
1 kl-okro
Patl-i 1 ign<lge
(Odj'Jkr'.J>
1 .:i té
ovins
-
1 maison en toiture de
feu1lles
Biet.=haf
Vedo Vebl F
capl-ins
de t<lbac,
recouverte de
CI<lsse
mborman
p<llnles (9<1Wr)
S@te od,ion<lb<l
9.
KABI AWIVO
i\\klodj- B
12
11 évoq'Jês
12
bovins
-
1 @têkPI-@
M<ltl' il i gn<lge
<l
Odjukr•.I,
2 .:ites
:
.:aprins
A s<lcrifié des escl<lves t
ses
i\\yebl-l;j
11
d'ethnies
Aké H.
ovins
oncles Okru,
Amiss<l.
EV<lVu Bende.
f'<ltl' i 1 i'JT.age
etr;lTIg&res)
Abon'j H.
Okru G<lSSO et V<lmpi
EIM,mf.!l
-
1 maison en bois
ela~:3se
- Le premier ,
être inhumé d<lns ~n
i!1tê ~
cel'c~eil en bois
(c<lisse ~ f~Slls)
IpAI'J

!l70
C - Bod'~
ESCLAVES
CHEPTEL
10. OGA
60
Fl~
bovins
-
1 cloche pour appeler
les
H.::I~ ... ilign.::lge
6 cités
caprins
esclaves aux ...epas. Cette
Kof f i H••borll.m
ovins
cloche est devenue celle de
F'.::Ii; ... ilign.::lge :
Kp6kp@
Sinon H.
l'Eglise Hé~hodis~e ~ la suite
EAl@bl~
nigb&ssi
de la christianisation.
C1;;;SS;-: !!I~
Ekpobi Kadjn F.
-
ini~ie en 1839
bodjl
- reinitie en 1895
Amiankl~ H.
Qua r-~iel' : Af ...
ni9bessi
Tabot F.
A.ran F.ni9bessi
o - Dib...m
11.
HBAW
Hat" il i gn.::lge
60
F...
bovins
P.::It.'i 1 ign'!lge
.:aprins
ovins
Cl.::lsse : Bodjl
-
ini~ie en~re 1805-1812
Q....::1 ... ~ie"
Vin n.n Ew
Le p ...eAli&'" ~ .::Ivoir
irt~"odl~it les
F...anC.::lis ~ Dibrm
au XIXe s •
..
1~.
VEBL HEL
Hatrilign<lge
20
FI~
bovins
caprins
Pat ...i l ignage
ovins
Classe ;
S@t@ odjon9b<!
-
irtiti~ en 1870
QI~.::II'tier- : Es ...
E - Kpand.::l
13.
OKORU NIA'~N
60
en
F...
bovins
M<ltl' il i gn<lge
,:apri TIS
D.i@Yêi-la
6 .:ites
:
ovins
f'atrilign<lge
Vor, F.
ni9bessi
Kakr T':h@t,:t.t! Il
I~ 1 <Isse : S@t@
Il .... poto,
H
QI~;.lrtler
-;--
e.onm .Ay'~. H
Gr•.::Ign Kaku, H
E!isi"n Va.F

571
En somme,
le
rit~el
d'~ngb~ndji
comme
~cc~m~l~tion
ostent~toire ne
cons~cre
p~s
se~lement glob~lement cette 'richesse
dont no~s
~Yons
ici
l~
composition,
il
ingtit~e
de
f~con
sp~cifiq~e l'egcl~ve
comme condition org~niq~e de la tit~l~ris~tion
de l'homme
riche
et
l'~s$ocie ~ la carrière de ce dernier d~ns le
règne de l~ renomm~e.
Oblation et
immolation
ostentatoires
q~i
vont
être
~n~lysées ill~strent de~x ~~tres modes de cette ~gsoci~tion.
."

572
._---_.._-_.._.- '--'-''''-'-''-.-_.
SECTION
!!.!.
L·OBLATION
OSTENTATOIRE
Signe de
richesse et signe de po~voir, l'esclave était en
mIme temps
signe
dans
~ne
comm~nicatiorl sociale où il exprimait,
reproduisait o~
reno~velait
les
l~elations
statutaires.
Dans
l'oblation ostentatoire,
il
a
Joué diversement ce raie lorsqu'il a
été offert
en
présent,
soit
entre
éga~x
comme
témoignage
d'hospitalité o~
d'amitié,
soit
entre
inéga~x
comme munificence
d'~n s~périeur
adressé
~
un
inférieur
ou
comme
hommage
d'un
inférieur rendu ~ un supérieur.
1 -
lJ.D. têmoigrl.:1ge d' hasei t;;.tl i té Q.!d. d' anli tié erltl~e R;:li l~S.
C'était dans
la
première décennie du XXe siècle,
en 1902
semble-t-il.
Le
vie~x
Bonny
de
RimakudJ@,
arrière-gr;;.tnd-père de
Bonny Germain,
professeur
de sciences naturelles ~ l'Ecole Normale
Supérieure d'Abidjan,
f.:1it
présent
d'une
escl.:1ve
~ l'interpr@te
alladian Bonny son homonyme.
On peut
interprèter ce don comme un cadeau du supérieur ~
l'inférieur ou
comme
un cadeau d'une personne ~ son égale. Sous le
premier r.:1pport,
deux
Justific.:1tions
sont
pl.:1usibles.
D'une part
l'interprète Bonny
était
un
étrangel~,
hBte
de
l'Ab@,
sous
1.:1
tutelle mOl~ale
de
ce
dernier et Jeune .:1U demeur.:1nt.
D'.:1utre p.:1rt,
Bonny de
Rimakudj@
était
un
homme
riche
et
un
ancien,
qui
manifestait trois
prééminences dans le don
: prééminence biologique
Cséniorité>,
prééminence
économique
(richesse>,
prééminence socio-
politique
(chefferie de lignage>.
Nous optons
cependant
d'interpréter
ce don comme un don
d'amitié.
Le
fondement
de
la
relation
d'amitié
entre
les deux
hommes,
c'est
~
notre
avis
l'homonymie.
Il existe en effet deux
types d'homonymie,
l'homonymie
du
porteur
qui
part.:1ge
son
nom
personnel avec
un
autre
individu,
cas de Tap@-Bl@ de T.:1pegïhe en
pays bete
et
l'homonymie
que
nous
rencontrons
ici.
Ici,
deux
personnes d'ethnies
différentes,
différents
d'~ge
et
d'ét.:1t,
portent url
m@Rle
patl~onynle
N~pandlJe
dans
l' èl~e
'~IJI tlJl~elle
a kan
(alladian,
';.l!,'y'i-bawlé,
akyé,
.::lbê ... ) A La même époq'Je,
la ,~élébl~ité
d'Adjé Bonny,
grand
courtier,
chef supérieur des AIl.::ldian,
dont le
jeune Bonny
était
probablement
un p.::lrent,
ét.:1it p.:1rvenue jusq~'en
pays .:1b@
il
commerçait
en
effet
avec des hommes riches comme
Obodji Sobwa.
Sur la
b.::lse
de
cette "p~renté", le Jeune Bonny,
dans la
condition où
il
se
trouvait
comme
auxiliaire du nouveau pouvoir
politique qui
s'installait,
le pouvoir colonial,
pouv.::lit également
rendre des
services
à
son
aîné.
En ce sens,
le c.::ldeau d'escl.::lve
nous parait
être
une reconn;;.tiss.::lnce de cette p.::lrenté tr.::lnsethnique
entre lign.::lges
et
un
réveil
d'alliance.
En
génér.::l!
néanmoins
l'oblation a exprimé une relation de dépend.::lnce.

573
2
Un
témoignage
de
t'1'Jni fit.::er,'.::e
nlani fest~
eal~
!.:!.!!.
S'Jpél~ ielJI" !t l' é9al"d d' 1J\\'l i nfél~ ielJl"
Deux modalités
illustrent
cette
forme:
l'unep~ut @tr~
dite ~adeau de mariage,
l'autre ~adeau d'êman~ipation.
Trois ~as se présentent dans cette modalité : le ~adeau de
l'époux ~
l'épouse,
le
cadeau
du
père
au
fils ou ~ la fille ~
l'oc~asion de son mariage,
le ~adeau du beau-père au beau-fils.
Ici,
il
s'agit
d'une
relation spéciale par laquelle un
homme riche
manifeste
sa
générosité pour honorer une épouse dont
les qualités
éminentes
(beauté,
intelligen~e,
dévouement,
fécondité)
assurent
le rayonnement de son lignage.
L'es~lave était
~lors le serviteur total e~ particulier de la femme chérie .
. Le
père
Orso Deci de Ce~hi, en pays ab@, offrit ~ son
~pouse, Kwa
Ahu,
deux
esclaves
qui ont vécu ensemble en collage
mais sans enfant:
Niamien, un homme,
et Opwa,
une femme .
.. Vavo Ehinon de Vadjo,
patrilignage de Osodj@-Ngosse,
a
offert une
esclave
_
sa première femme,
Asa Aya,
du patrilignage
des Kwadio.
Ce type
de
cadeau
de mariage a existé également dans la
so~iétê odjukru
et
vraisemblablement
sous
le
même
mode dans l~
société alladian.
Selon l'administrateur Lamblin
(1),
le riche mari
achetait un
ou
deux
esclaves pour sa première femme.
A la mort de
cette dernière,
les
serviteurs
passaient
de
droit ~ la deuxième
épouse,
pour
honorer sa promotion au rang de première épouse. Si au
contraire ~'était
le
mari
qui
venait ~ décéder, son matrilignage
déshéritait l'épouse
de
~e
bien
considéré
comme
un
bien
communautaire. Un
exemple
du
village
de
Tiaha
confirme
cette
relation entre
l'époux et~'épouse et ~e prin~ipe de déshéren~e. Le
nommé Agnéro,
du matrilignage des Otobro"l~, classe d'~ge des ~,
initié dès
18il,
avait·
offert
~
son épouse,
Essyu,
une es~lave,
Agnero Amal"i,
c as se des Ndjt.~. Lor-s qu ' il mOIJl"IJt, le dove n d' ~ge
ï
de son
matrilignage
récupéra
Agnero
Amari,
sans
que
ni
le
matrilignage de
l'épouse,
ni
les
autorités politiques du village
n'aient eu ~ protester (2).
Il faut
distinguer
de l~ catégorie de cadeau de mariage,
qui consacre
un
mariage
accompli,
le
cadeau d'esclave destiné ~
pourvoir un
fils
en uri moyen d'échange,
élément d'une compensation
matrimoniale,
bref en dot .
. Bete
et Kweni illustrent ces deux cas.
Ainsi Logbo Kafu
de Gbla
(TapegUhe:
Subwo) offrit-il une esclave,
Wedrê,
~ son fils
Kafu Tapê. Ce fut au moyen de cette esclave que le Jeune Tapê épousa

574 ..... _ .... 0._..0.... .. _.
_
Koré Draw~non,
fille
de
riche
lignage
~
Gbokora.
Les Kweni de
Gonate, dans
l'act~elle
so~s-préfect~re de Daloa,
témoignent avoir
pratiq~é cette forma de dot en l'accompagnant de bét~il (3). \\
.. Les
Ab@
attestent
le premier cas. Nd~ Adja de Gbessé
arrière-grand-père maternel
d~
Révérend
Paste~r Orso Deci, a fait
don.
sa
fille Edissi, se mariant avec Odjapo Ncho d'Offor~dJ@, de
deux types
de biens : ~ne portion de la rivière Krotch@,
sise entre
Gbessé et
Offa,
et q~atre esclaves, de~x hommes et de~x femmes.
De
m@me Deci
Odjapo
d'Offor~dJ@,
arrière-grand-père paternel d~ même
informate'Jr,
a proc~ré • sa fille Odjapo Oriassi, se mariant avec ~n
certain Tchimagbe~ d'Amagbe~ de~x esclaves de sexe féminin
<4>.
c - D'J bea~-Père gy.bea~-fils
Les lignages donne~rs de filles po~vaient a~ssi honorer ~n
bea~-fils travaille~r
et
serviable
en l~i offrant en cadea~ ~n o~
~ne esclave.
Un tel cadea~ -
Z~o -
n'accompagnait jamais l'épo~se a~
moment où
elle
allait
intégrer
le toit marital
i
il s~ivait pl~s
tard po~r
cons~crer
~ne
vie
conjugale bien remplie et appréciée.
L'idéologie j~stifie
ce cadea~ différé par ~ne pl~évention ~ l'égard
de l'arrogance
des épo~ses q~i perdraient le respect d~ mari et "ne
vo~draient pl~s
travailler po~r cel~i-ci", en somme par le so~ci de
préserver le
stat~t
viril
des beaux-fils <5>.
Il fa~t y voir no~s
semble-il, ~ne
relation
~
do~ble
effet.
Effet principal d'ordre
politiq~e:
le
bea~-père
s'ass~re
la
dépendance d~ bea~-fils en
consolidant la
s~prématie
d~
sexe
masc~lin
s~r le sexe féminin.
Effet secondaire
d'ordre
socio-économiq~e
le
père reha~sse le
stat~t de
sa
fille
o~ de sa nièce en l~i offrant indirectement ~n
servite~r o~ ~ne servante .
. Logbo
Kaf~
de Gbla,
a~jo~rd'h~i TapegUhe,
gro~pe Sobwo
<Daloa>,
kane9non,
fondate~l~
de
marché,
épo~x d'~ne trentaine de
femmes et
père
de
pl~s
de soixante enfants,
maitre d'~ne dizaine
d'esclaves fit don d'~ne esclave,
Z@g~@da, ~ son bea~-fils G~ezi.
..
Z~zwa
Bahi
de
ZepregUhe,
frère de Z~zwa Gossé, a~tre
kanegnon,
fondate~r de marché,
épo~x d'~ne tl~entaine de femmes,
père
de trente
enfants environ,
propriétaire de huit esclaves, offrit ~n
esclave a~
mari
de sa nièce Gossé Nanon, ~n Kweni de Gonate. C'est
l~i, en effet,
q~i avait rec~ et consommé la dot de cette nièce:
il
était son leli9non (6).
A l' o'~,~asi on
de le~r majorité et des rites de passage q~i
l'accomp~gnaient, les
cadets
socia~x
pouvaient également recevoir
des cade~ux sous forme d' es,::lavp..
;\\
~
Tel était
le cadea~ dont bénéficiaient des je~nes odJ~kr~
a~ moment
de leur initiation. Marq~e de générosité de pères riches,
cet esclave
entrait
po~r le je~ne homme dans les conditions de son
initiation autrefois,
comme
no~s
le
verrons,
~vant de l~i o~vrir
l' ';)c'~ès 8
1",
so,.::iêté
de l' ~':lfIgbat.d,ji-=-Ü:!. et de hli. €!tl'e
'Jtile dans
la production
(7).
Le
mérite
de
tels
cadeaux revenait a~x fils

575
tr~v~illeurs qui
~vaient
contribué ~ l'enrichissement de leIJ'~ pèr'e
et ,.::qrlsti tlJ~ierlt
un
ciment
entre
leurs
p~ternels
et
letJ'''s
m~ter'nels.
La rel~tion
de
dépend~nce n'~ p~s seulement été exprimée
p~r les gr~cieusetés f~ites p~r le supérieur ~ l'inférieur,
elle l'~
été ég~lement,
quoique ~ un degré moindre,
p~r l~ reconn~iss~nce de
s~ subordination
que
l'inférieur
~dresse ~ son supérieur.
On peut
intégrer d~ns
cette
dernière
c~tégorie le c~de~u que le be~u-fils
destine' son be~u-p.re et l'escl~ve ,
son m~ître.
Les hommes riches bete du Zeble chez q'Ji l'escl~v~ge ét~it
une institution
récente
ont développé cette pr~tique d'une m~nière
p~rti'':'Jlière dorrt
nOIJS n'~vons ren,;:orltl"é t'''~'.::e nulle p~l~t ~illeIJI"s.
C'ét~it leur
manière
~
eux
d'honorer
les
be~ux-pères
dont les
filles ~v~ient
été
bonnes épouses,
fécondes,
commerc~ntes ~ctives,
bref f~cteurs
de
leur
enrichissement
et
de
leur
célébrité. Le
c~de~u suiv~it
~insi
le
tr~jet
de la dot,
be~ucoup d'~nnées plus
t~rd, comme
un
supplément
de
dot,
une forme d'intérêt,
signe de
promotion soci~le du donneur .
. Logbo
K~fu
de Gbl~, le célèbre,
recut deux escl~ves de
cette espèce.
Le
premier
lui
vint
de Kipré Z~boru de M~ndogUhé,
époux de
s~ fille K~fu Nanguenon. Ce c~de~u ~ nom : Tow~. Le second
lui fut
offert p~r Urugb~ Seri de Dr~hw~n, époux de Blê L~lé ;
il ~
nom : Tibro.
T~pê
Seri
de
G~bw~ (B~llegUhe, D~lo~), héritier d'un
m~rché, époux
de dix femmes,
père de nombreux enf~nts, propriét~ire
d'escl~ves, recut
de
l~
p~rt
de Seri Grozo de G~gw~, époux de S~
fille Seri Dis~wron, un escl~ve nommé Seri Gohi
(8).
b -
De l'e5clav~ ~ ~ m~ître
Les ~utres
esclaves
qu'~chetérent cert~ins escl~ves dans
l'intention d'él~rgir
le
lign~ge
de
leur
m~ître font p~rtie, ce
nous semble,
de
ces
c~deaux de reconnaiss~nce. M~rques d'esclaves
travailleurs,
instruments
de
l~
promotion
des
~cquéreurs,
ces
escl~ves d'escl~ves
m~nifest~ient
en
outre la 9r~titude ~ l'ég~rd
de m~îtres
bienveill~nts
en ~ccroiss~nt l~ richesse et la renommée
de ce s der-n i €H'S •
. ..
Au
vill~ge
Odjukru
de
Ti~h~,
une
esclave
entreprenante, Olmidj
- m~trilignage des LOïu-l~, cl~sse d'~ge des
Nigbessi, patriclan
des
Egu
offrit ~insi ~u matrilignage dont
elle était l~ possession une autre escl~ve, Niupin.
i'
. . . . Au
village
abê d'Odjê,
l'escl~ve Bang~ acheta ainsi
pour le
p~triclan de son maître deux nouveaux esclaves,
un homme et
une femme.
Les traditions alladian évoquent le même type de posses-
sion au second degré.

.1:
576
SECTION
IV
L'IMMOLATION
OSTENTATOIRE
Tau~
c _
q u · ~1.
_~~~_pr_nn_n~ ~.u• • ~~.
VQ~1.
pOU~quo~
~1
~.U~
1 . _
~.~~.
d~.p.r.~~~• •
• o~~
_n
1 • •
r_v_nd.n~.
_o~~
_n
1 _ .
M_~~.n~
_
Mor~"
Mor:L.,.. .....
Comme les
personnes
riches
~cquerr~ient,
voire
aC'':JJnl''Jl~ient des
es,.:l~ves POÜ1~ f~il~e morrt r-e de Le ur- l~i'.:hesse,
~insi
elles pouvaient ~ussi les mettre à mort pour ~ccéder à
l~ gloire post-
Mortem réservée ~ux personn~ges prééminents. Plutôt que de sacrifices
hum~ins, formule
cons~crée,
mais de l~rge extension et ~mbigui (le
sacrifice dit
humain
est
p~r
essence
inhum~in),
nous p~rlerons
d'imMol~tion d'esclave.
Par sa n~ture, loin d'être considérée comme
un crime,
l'immol~tion
est
~dmise, ~ des titres divers,
comme une
pratique de
droit
;
c'est
un
rituel ~ssocié à des circonst~nces
déterminées de
l~
vie soci~le, qui s'effectue selon des procédures
strictes,
légitimes,
et
~uquel
reste
att~chée
une signific~tion
idéologique et politique.
Si l'~ccumul~tion ostent~toire d'escl~ves, ~u sens étroit,
ob nous l'~vons ~n~lysée, fut une pr~tique loc~le, nous ~vons ~ffaire
~vec l'immol~tion
ostent~toire
~
une
institution
de
très l~rge
extension qui
s'étend ~ trois des quatre esp~ces ethno-culturels de
la zone forestière
: esp~ce ~k~n ~vec les sociétés m~trilinéaires et
patrilinéaires ~
l'Est
du
B~nd~m~, espace mandé ~vec les sociétés
gb~n et
kweni
d~ns
le
secteur
mêridion~l
et
~nimiste de cette
dernière,
esp~ce kru d~ns les secteurs septentrion~l et méridion~l de
l~ société
did~.
Deux
formes semblent l~ c~ractériser : une forme
rel~tive, la
plus
répandue et l~ plus notoire,
et une forme quasi-
~bsolue dont
offre ici l'illIJstr~tion l~ société ~bê. H~is l'une et
l'~utre ont pour particul~rité d'~ccomp~gner les évènements de l~ vie
~utonome des
lign~ges
;
elles
se
distinguent
t~nt
p~r
les
circonst~nces, que
par
leurs motivations des immol~tions d'utilité
publique,
des immol~tions comme une fonction de l~ société politique.
Pour leur
propre
compte,
en
effet,
les
commun~utés
villageoises procédaient
~ des immolations d'intérêt public avoué :
immol~tion5 pén~les au moyen desquelles la mise ~ mort s~nctionne un
crime présumé
ou
commis,
immolations éducatives dans lesquelles la
mise ~ mort est censée exercer une efficacité pédagogique aussi bien
par le spect~~le de son drame que par la démonstr~tion pr~tique d'une
compétence acquise ou leçon de choses,
immol~tions contractuelles ob
deIJ:'~ pal~ti e s
be 11 i gél~;:]ntes
l~.:;)t i of i ent
un
p;'1,.::te
d~'f
p,:;; i x ,
en fin
immol~tions religieuses
comme
offrandes
aux
dieux.
Application
normale d'une
loi
de droit public ~ un délinqu~nt, les immolations
pén~les des esclaves présentent une singularité,
moins d~n5 la n~ture

577
que d~ns
le
degré et la procédure des peines;
c'est pourquoi nous
les ex~minerons ~u Ch.IX sous le thème des résist~nces. D'~utre p~rt
d'~voir étudié le raie des escl~ves immolés d~ns l'ét~blissement des
p~ctes de
non-~gression
et de p~ix perpétuelle (Ile p~rtie, ~h.IV,
section 1)
nous
dispense
de
revenir
sur
les
immol~tions
contr~ctuelles. Reste
ici
~
porter l'~ttention sur deux forme$ de
l'immol~tion d'utilité
publique
: l~ leçon de choses et l'offr~nde
rel igie'Jse.
1.
1 -
La lEH;on de ,.::hoses ..i.. .;Le fokl... e ~
D~ns l'éducation de l~ jeunesse telle que l~ pr~tiqu~ient
cert~ines des
sociétés
lign~gères, l'immol~tion av~it une fonction
propédeutique et initi~tique. Elle rempliss~it cette fonction d'~bord
par son résultat.
Les spectacles sanglants qui accoutumaient ~ l~ vue
du s~ng
et ~ l~ mort violente de l'homme donnée p~r l'homme étaient
recherchés comme
une forme effic~ce de la formation morale des non-
initiés ~vant
l'initiation
proprement
dite.
Nous verrons dan$ les
immol~tions pénales
comment,
dans
telle
société,
les
jeunes
~dolescents p~rticip~ient
~
ces
spect~cles.
Mais ~ cSté de cette
propédeutique,
l'acte
d'immoler
en
lui-même consacr~it la suprême
épreuve de
l'éducation
guerrière
;
l~ littérature ethnologique se
r~pportant ~
cette
région
a
déj~
relevé
le
fait,
mais sans en
préciser les
modalités
concrbtes
et
les
évolutions.
Une
forme
d'initiation illustre
cette
fonction principale ; d~ns notre champ
d'étude,
le fokwe en apporte un exemple.
Sous ce
terme
de
fokwe,
nous
avons
affaire
~
une
institution ~
vrai
dire
régionale
dont
l'histoire reste ~ fail~e
m~lgré quelques sérieuses monographies
(1)
et des essais de synthèse
(2). Sous le rapport sémantique,
~ la lettre,
le terme -
fokwe,
kokwe
ou fokpe
~bê,
fonkwe
~kyé, fakwe aburé,f~tchwe odjukru, ahizi et
~bidji, fotchwe
~kyan
-désigne
une
musique
dansée
de car~ctère
guerrier, une
marche
ou
parade
guerribre.
D'un
point
de
vue
historique,
le
système
des
classes
d'~ge
~b@
s'origine d~ns l~
tradition akye-akyan.
Son
exp~nsion
s'est
effectuée des vill~ges
méridionaux vers
les
vill~ges du centre et du nord.
Il n'~vait p~s
g~gné tou~e
la
société abê ~u moment de l~ colonisation franç~ise,
puisque certains villages en ét~ient ~ leur premibre initiation qu~nd
la guerre'~nticoloniale survint
(Gw~bo, AtindJ@> et puisque d'~utres
disent ne
l'~voir
p~s
pratiqué
(Lovidjê).
Les mêmes appellations
qu'en pays ~ky~n s'appliquent ~ la classe d'~ge et ~ ses promotions:
bie et
abe.
M~lgl~ë
1.;)
résistance .;)nti,.::oloniale et l' interdi,.::ti':Jn
~dministrative qui lui porta un coup funeste,
l'institution a marqué
la culture abê assez fortement pour y laisser des traces.
Ici,
comme
dans
toute d~ns la région du Sud-Est,
chaque
cl~sse d'~ge
est une organisation comport~nt trois dimensions
: une
dimension socio-culturelle,
une dimension milit~ire et une dimension
politique. C'est un appareil
idéologique de la société lignagère,
mis
en pl~ce
p~r
les autorités officielles.
Rappelons e~ quelques mots
les principes
et mod.;)lités de sa formation avant de voir sa contenu
i ni t iati .::(IJe .

578
L~ cl~sse
d'~ge
comporte
une structure interne en t~nt
qu'org~nis~tion de
jeunes.
Les jeunes gens de seize ~ dix~huit ~ns,
recrutés en
~ssemblée,
l~
composent,
regro~pés ici p~r pé~iode de
trois à
cinq ~ns selon les loc~lités. Les inform~teurs (~r~nd-V~po,
Gb~ndj@, Guessidj@,
Gw~bo> identifient les qu~tre cl~sses ori9in~ires
aky~rl (mb'Jswe,
ni~ndo, di9bo,
t,.:h~9b~> ;;,we,.: les qIJ~h'e pr-cmo t i orts -de
chacune d'elle
(gj!lll..!:!.,
IchoQb~, ~sogb~, ~gbl'·i). Vapi Nté d' Agw~hirl
(3)
indique qu~tl~e cl~sses s~ns subdivisions ou promotions internes
:
~91~ L
~ssorI9b;;'1,
tl~oçJ~g, 9IJ e we J . A Gl~::md-V apo , on dorme sept ~ i e pOIJl~
'
les gr~nds
vill~ges
et
qu~tre ou cinq pour les petits
(4).
Qu~tre
critères fond~ient
le
choix secret que font les ~inés d'un chef de
fokwe,
d'un
fokweshi
: critère économique (le père de l'élu devait
@tre ~ssez
riche pour p~yer les ~mendes des meurtre~ commis p~r les
menlbl~es de
La
c Las s e
d' ~ge>,
'':l~itèl~e mOl~,g1 (bl':';:)voùl~e, symbole de
l'invincibilité>,
critère esthétique
(be~uté et intégrité physiques>,
critère intellectuel
(intelligence>. Choisi p~r les ~inés et promu le
jour de
l~
consécr~tion
de
l~
classe d'~ge, le chef l'ét~it p~r
consensus et ov~tion. Après avoir été porté en triomphe,
il recev~it
les m~rques
de
s~
nouvelle promotion ; tout le monde,
en signe de
renforcenlent,
lui ~ttach~it, comme on le f~is~it à un ghêmin désigné,
des rame~ux
de
palmier
~ux
pieds,
les hommes ~u pied droit,
les
femmes ~u
pied
g~uche
d'une
p~te
de
r~me~ux écr~sés, on lui
frott~it ég~lement
tout
le corps. Un costume le distingu~it de ses
p~irs:
une
culotte
de
r~phi~ (~wowo>, un couvre-chef ~n pe~u de
mouton
(viaYonkê>,
une
peinture
protectrice
tricolore de kaolin,
d'argile rouge
et
de
charbon,
un
collier
de dents de panthère,
symbole de force
(alew~hi>, une arme,
le s~bre (dengui>. A ses p~irs
trois éléments
de
ce
costume
suffisaient:
un slip (abrakon>,
l~
peinture tricolore
(bl~nc, rouge,
noir),
une l~nce ou des flèches.
Un
héraut,
porte-parole,
s'adjoignait
au
fokweshi
pour
composer le
directoire de l~ classe d'~ge d~ns sa fonction politique collective.
La formation
donnée
d~ns le c~dre de cette org~nisation
~rép~r~it ~ux raies de l'institution d~ns l~ société. Elle av~it lieu
d~ns la
forêt
pend~nt deux à quatre sem~ines, complétée sur le tas
p~r l~ pr~tique politique.
On y trouve une culture music~le, une cul-
ture chorégraphique
et
une
culture
littér~ire. L'orchestre de la
classe comport~it,
à
Rim~kudjê
II,
six pièces: obutch~, le grand
t~mbolJr qlJi
donne s on nom i!:I l'ensemble,
~!.:J~, le t~nlboul~ à pealJ de
biche,
court,
de petit socle et d'extrémité supérieure ov~le, eendrê,
le tambour
court
comme
le
dokwe,
m~is
de
diamètre
supérieur,
oblJd.iêlelJ OIJ
dondo,
IJn t~nlboUl~ d' ~isselle, r.okob~, les ';:~r~p~'=es de
tortue ou
les
cornes
que
l'exécuteur
bat
l'une contre l'~utre.
L'apprentissage ~ssuré
p~r
les
aînés
~ll~it
de
la
technologie
(f~bric~tion et jeu des instruments) ~ la musique ch~ntée (chants de
guerre et
de
glorific~tion>,
du
chant
~
la
chorégraphie
(appropri~tion des
figures,
des
rythmes
et de l~ gestu~lité dent
Kotchy présente
la
première
description
systématique>,
de
la
chorégr~phie ~
la
littérature
historiodictique
et
cosmologique
(textes des
ch~nts
et
textes
des
t~mbours
dont
la drummoloaie
naiss~nte ~vec
Ni~ngor~n-Bouah distingue les genres et présente ies
corrt ernrs génél~~w·d.
S'-J1~ ,.:ette b as e , le .f..okli~t étai t un ~nim;;'lteIJI~ d€~s
grandes cérémonies officielles:
rituel de consécration d'une classe
d'~ge majeure, gr~nde ch~s5e collective l~ ob il y en avait, fête de
l' ign~me, ob s que s d' un Y..i~~:-(i ou d' IJn membl~e df~ 1.::1 c Las s e d' ~jt]e.
è
- - _ . " _ . _ - -
- - - - - -
--
-
-
~

579
D~ns cette
form~tion
on
trouve
une culture civique et
milit~ire. Son
contenu
bien net chez les voisins ~kye r~ppelle les
principes de l'éthique soci~le : solid~rité indéfectible, l~esp~ct du
bien d'autrui,
respect
de
l~
vie
;
peut-être le droit des gens
(inviol~bilité des
enf~nts,
des femmes et des vieill~rds en cas de
guerre)
y
ét~it-il enseigné.
D~ns tous les c~s, les jeunes dev~ient
s'exercer ~
différentes mod~lités de l~ pr~tique guerribre : lutte,
modes d~ngere'Jx de ch~sse, m~niement des ~rmes. L'initi~tion pren~it
fin ~près
l~
fête
de
l'ign~me en septembre ~ Horiê, en octobre ~
Rim~kIJdjê, un jOIJl~ d' Q.Y.9..
L' épl~elJVe f i na l e , ,.::elle de l~ '.::onsé·''::l~~tion,
ét~it une
épreuve
cruci~le : succbs tot~l et donc gloire, ou échec
tot~l et
donc
déchê~nce,
telle
ét~it l'~ltern~tive. Deux options
s'offr~ient cepend~nt.
L~ premibre
option
consist~it en une expédition d~ns un
vill~ge ennemi.
T~ndis qu'~u vill~ge, les femmes,
peintes de k~olin
et nlJes,
attend~ient,
en ch~nt~nt et d~nsant, les initiés dev~ient
r~mener des
têtes s~ngl~ntes de victimes pour clore l'initi~tion de
f~con triomph~le.
Un
informateur
non~gén~ire
du p~trilign~ge des
V~cho, Tchimu
Djodjro
de
Gw~bo, témoigne,
le 15 Avril 1975, ~voir
~ssisté, à
Gr~nd-V~po, à une de ces mémor~bles consécr~tions : d'un
vill~ge akyé,
les initiés r~pportbrent un butin de sept têtes. Selon
le même
inform~teur,
des
initiés
d'Offorudj@ ~v~ient conduit une
sembl~ble et fructueuse expédition ~IJ vill~ge d'Anadj@ en territoire
~bê. Dans
l'ivresse
de
l'expédition
victorieuse,
les initiés d~n
s~ient leur
premier fokwe SIJr l~ pl~ce du vill~ge, puis purifiés et
r~sés, in~uguraient une nouvelle s~ison de leur existence, celle des
citoyens pléniers, patriotes guerriers,
~y~nt pl~ce ~utonome et voix
dêlibér~tive dans
l'~ssemblêe
politique
du
vill~ge.
Or, comment
s'effectuait cette lecon de choses SU1~ le terr~in ?
Une s~conde
option
explique
que
l~
cl~sse d'~ge, qui
fonctionn~ comme
un
f~cteur
de
démocr~tis~tion politique
et
culturelle ~illeurs,
rest~ d~ns l~ société ~b@ une reproductrice de
l~ hiér~rchie
soci~le.
En
p~ys odJukru et ~ll~di~n, les escl~ves,
nous le verrons,
furent progressivement intégrés ~ux cl~sses d'~ge, à
l'inst~r des
escl~ves
en p~ys ~burê. Ici,
d~ns la société ~bê,
les
,.::l~sses d' Jllge
recl~'Jtèrent
les
selJls jeIJrle~; ~ïk~; de même qu ' elles
s'ouvrirent aux
seuls jeunes bi~bY d~ns l~
~ciété ~kyé. Pourquoi?
P~rce que les escl~ves figur~ient, à côté des c~ptifs de guerre et ~
un échelon
inférieur,
l~
m~tière
du
tr~v~il
symbolique
de
l~
consécration initi~tique
dont
l~
tradition
remonte loin dans les
''::'Jl tlJI~eS de La l'êgion. Erl septembl~e 1849 J d an s IJn R~pport .:ldl~essê ~
GOIJYel~TteIJl~ du
SênéQ~l
2!d.!:
l' e~·~plol~;:.ltiçm g~ l.Q )~ivièl~e de ~~nt.:!.
B~~, A'Jg'Jste
BOIJët
dé,.::ri t,
à
~.l~(JpOS
des
HOeIJl~S,
~..9ll
et
religion, une
première
mod~lité de ce que la littér~ture militaire
des m~rins
~ppel~it le b~pt@me de s~ngJ l~ modalité individuelle et
~ristocr~tique (5).

580
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J
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(1849:39> .
Propédeutique,
exemple des ~înés, épreuve de consécr~tion
effectuée sur une victime domestique,
voil~ la lecon de choses,
voil~
l'immol~tion éduc~tive.
Deux différences app~r~issent né~nmoins p~r
compar~ison avec le fokwe,
modalité collective,
de type démocr~tique
c'était une classe d'~ge qui exerc~it s~ maîtrise sur un escl~ve
elle l'exercait,
soit lorsque venait ~ manquer des captifs procurés
par une expédition,
soit lorsque,
trop risquée et d~ngereuse, la voie
de l'expédition
était abandonnée et qu'une victime était ravie ~ un
lignage ou cédée ~ prix d'or.
QIJe l' une et l' <B1Jtl~e so llJt ions Fu s s e nt; ':ontefi\\pO\\~a i nes,
IJn
document de
Fleuriot
de
Langle
se
rapportant toujours ~ la même
région en
fournit
la preuve (1868,
XVII:383>.
Dans la prise de vue
rapide,
cet
auteur
a bien ~percu que l~ consécration était d'abord
celle de
la cl~sse d'~ge, collectif des guerriers assemblés,
et que
l'iT,vestibJ\\~e du
chef,
de
SOTI ,.::hef, TI'eT' était qlJ'lJn moment et IJn
~spect constitutifs.
N~anmoins des deux procédés du baptême de sang
qu'il décrit,
seul le premier est attesté par la tradition ~b@ de la
fin du
XIXe siècle,
Ici,
le baptême de sang ne s'acquerr~it pas "en
faisant ég~lement
passer
la
tête d'un escl~ve m~le, qui doit être
sacrifié ~ux
m~nes du chef qui meurt"
ici,
le sacrifice incombait
au ...~hef l'Ji-même,
le fokweshj:.. , qu i
dé'':;;lpi tai t
la vi,.::time de sa pr-opr-e
main;
ensuite
ses
pairs
prenaient
leur
part
symbolique
~
l'immolation en
se passant de main en m~in la tête sanglante,
Après
quoi,
le cad~vre ayant été abandonné dan5 la nature,
la classe d'~ge,
purifiée par un thérapeute,
sillonnait le village,
en dansant,
avant
de clore
l~
fête,
la danse d~ sacrifice qui restitue des forces
l ' ~Jh i nQban in,

5EH
1. 2 -
Les offrandes l"el igielJses
On distingue trois types de ces offrandes
l'offrande au
dieu de la cité,
l'offrande au dieu de l'agriculture et l'offrande au
dielJ d' ealJ.
La tradition
essuma
illustre ce cas de figure selon les
t~moignages de
Jean
Godot
que
malheureusement
n'infirme
ni
ne
confirme Loyer.
Le
chef
immolait en effet des esclaves au dieu en
trois circonstances.
En tant que son intégrité physique et sa santé
étaient du
point
de
vue symbolique garantes de la fécondité de la
population et de la prospé~ité économique,
il ~.nd.it gr~ces au dieu
lorsque,
malade,
il
avait
obtenu
la
guérison
(6).
De même,
pour
assurer l'indépendance
future
du peuple,
il faisait la promesse de
sacrifice avant
toute
entreprise
guerrière
et,
en cas de succès,
immolait un
ou
plusieurs
esclaves
en offrande.
Ainsi,
~ la suite
d'une récente
victoire en 1701,
le chef Aka Ezani exécuta-t-il deux
femmes et
son
frère
Niamké sacrifia-t-il trois boeufs
<7>. Enfin,
tous les
mois
ce chef offrait un esclave ~ son dieu et les brembi,
chacun dans
sa
cour,
un
ou plusieurs boeufs.
Godot décrit en ces
termes une de ces offrandes dont il a été témoin oculaire •
Assoko
MUn
J o u r
.~.n~
_
~.uca
e v _ a
M.
Oemon.
J_
v~.
1_
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G O u p .
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-.- propr••
b1.n~h_
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"o~r
p o u r
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1 .
C o r p .
Mor~
_~
1 _
por-t.-_r
_ n
1:'_ ...........
c· • • ~
un
Or_na
h o n n e u r
e U H
K . c 1 . v _ .
q u _ n d
o n
1 _ _
S.cr~~~.
e u
~_~~.
_~
• • Me
.ouv_n1:'
~1.
_ .
d~.p'~1:'."~
_
qU~
........
1 _
pr.M~_r que 1'o~ ~.r. mour~r" (8).
b -L' offl~arldealJ
l'i9r,ame
Pour les
observateurs qui n'y voient que la circonstance
économique et
la
réjouissance populaire,
ce rituel se ramène ~ une
fête des
ignames,
alors
même
qu'il
ne
s'agit
que d'une espèce
d' igname,
l'igname tardive,
"la vraie" igname
(9).
Pour les sociétés
indigènes,
i l
apparaît d'abord comme un bain,
un rituel d'immerslon
purificatrice.
pJidja , en abê, c'est le fait de tomber dans l'eau, de
rJj i
=
ealJ,
l~ i v i èl~e, et d ,ja ::: tC)mbel~.
Mênle étymo 1og i e et dés i grlat i on
en mod.iukr-u
~I-ok, de §t!.:!!. = ealJ oi:J l'orl plonge,
ok = t ombe r-,
au
sens collectif,
puisque
cette
~ormule
n'e.t Jamais applicable et
appliquée ~
la
chute
ou
au
bain
d'un
individu,
au
moins
en
SIJ f f bt-!) t i or.
~lve'': ~ 1~..lJ..

582
Si nous suivons ~ette indi~ation, nous avons l~ un rituel
religieux que fonde bien un mythe d'origine dont nous tenons au moins
trois versions:
une version abidji
(F.
Lafargue,
1976:115-11~), une
version odjukru (H.Memel-Fot@,
1980:242),
une version ab@ (8.
Kot~hy­
Nguessan,
1983. T2:368).
Ce mythe établit les bases métaphysiques du
rituel.
D'abord,
l'agri~ulture de l'igname est un don divin. C'est en
eff~t un
dieu
qui
offrit
~
une
humanité
sans
subsistan~e
et
souffrante les
éléments
qui,
dans la ~ivilisation, ~onstituent des
for~es produ~tives : outils de travail,
enseignement de la te~hnique
culturale et
semence.
Ensuite,
la
plante
vivri~re
primordiale,
l'igname,
est consubstantielle ~ l'humain et d'essence qu~si-divine.
Selon l'ordre divin,
l'homme immola son fils
(version ab@)
ou offrit
son fils
~u
dieu qui le sa~rifi~ (version abidji).
Suivant le m@me
comm~ndement,
le
dieu ex~ge~- l~-confection des buttes, y plant~ les
morceaux de
la ch~ir du fils immolé ; ces "semences"
pouss~rent et
devinrent des
ign~mes. Enfin, divins aussi sont l'~rt de la cuisine
et le
sacrifice rituel.
C'est le m@nle dieu qui enseign~ l'art de la
cuisson,
l~
culture du ~uit, recomm~nd~ de répandre un peu d'ign~me
é,.::r~sé et IJn pe'J de pO'Jlet S'JI" le sol,
"de donner- ~ m~r.gel"" égalemerlt
aux outils
de
travail,
de répéter chaque ~nnée ce sacrifice comme
furlér~illes du fils nourricier (version abidji).
Ayant su partager la
récolte ave~
ses
p~rents,
ave~
le
chef
et
avec l~ communauté,
l'ancêtre mythique
fonda ainsi sur les m@mes rapports de production
lignagers,
l'agri~ulture
de l'igname,
comme un progr~s économique;
il articula
ensuite
sur
cette
économie une religion "nouvelle,
le
culte anniversaire qui s'adresse indivisiblement ~u fils quasi-divin
et,
par
son
intercession,
au dieu bienfaiteur et sans visage.
Une
triple conséquence découle de ces bases métaphysques. Si fête il y a,
elle devient ici fête d'une plante vivri~re sacrée, donc un culte. Le
bain collectif de purification paraît IJne disposition symbolique dans
laquelle se met le peuple pour accueillir et pour consommer ce fruit
consubstantiel du
fils
sacrifié
; mutatis mutandis, c'est dans la
même disposition
que
le
chrétien
aborde
l'eucharistie.
Enfin
l'offrande des prémices d'igname destinée au sol,
au~< outils,
et aux
esprits,
concourt à parfaire le caract~re cultuel de cette cérémonie.
Culture vivri~re
principale
des
sociétés
du
Sud-Est
ivoirien Jusqu'~
l'expansion
du
manioc,
l'igname,
en sa variété
tardive qui donne une récolte par an,
dominait l'agriculture des Abê
et des
OdJukru
septentrionaux
(Lokp,
Orgbaf,
Usr,
GbadJn).
Son
rituel,
décalé
dans
le
temps
d'une société ~ l'autre,
au mois de
septembre-octobre chez
les
premiers,
au mois de mai-juin chez les
seconds,
spécialement ~ Orgbaf et Yassakp qui obéissent au calendrier
sacré des
Abidji,
comportait les mêmes séquences majeures,
si l'on
omet 1 e
pet i t r i t1Je 1 (nlblJd i
ou nif i po)
qu ' ac comp 1 i s sa i t,
alJ moi s de
Juillet,
~ titre privé,
le ghên~n .::lbê.
Le gr~nd rituel,
collectif et solennel,
début~it, un mois
auparavant,
par
une
ac~umulation
de
vivres
et de boissons;
une
grande battue
parfois
complétait
les
ressources
en
gibier
qu'apprécient toujours
les anciens.
L.::l veille,
ainsi que se passent
les choses
encore ~ l'époque contemporaine,
le tambour de louange -
attun9blarr -.::lvisait
le
peuple
et
l'introduisait
d.::lns l'ambiance
religieuse et cosmique du rituel en conviant les morts et les dieux.

583
._-------_..-- _._..
Une cérémonie
d'expulsion des m~lheurs in~ugur~it les cérémonies et
interdis~it les entrées d~ns le vill~ge et les sorties dlJ vill~ge. L~
liturgie comport~it
trois
ph~ses
essentielles.
Au
premier
Jour
cons~':r'é -
é,:ho
~b@
,
ava i ent
1 i elJ
d' ~bord 1e gr'~nd b~ i n Jll 1 a
rivière,
ensuite
l~
bénédiction
de
tous
les
instruments
de l~
civilis~tion et
enfin,
~dressée ~ux ~nc@tres et ~ux dieux en ~ction
de gr'~,:es
l' offr~nde du f.Y..f.Y d' ign~n.e, une p~te à l' hu i Le de p~ln'e.
Le deuxième
jour
ekisi
~bê
ét~it jour de bonne chère et de
'''éjoIJiss..-.nces.
Le de,"nie," jOIJ'" -~ ~b@ -, une sen.~ine p Lu's t~,"d ,:hez
les Odjukru, se succéd~ient l~ lib~tion pour tout le vill~ge chez les
Ab@,
la
lib~tion
pour
ch~que
cour, suivie d'un nouve~u b~in à l~
rivière, enfin les réjouiss~nces que ponctu~ient, à Vas~kp et Orgbaf,
les e:<e,"cices de n,~gie <Kpo],)
PerdlJe de
VIJe p~,.. cert-~ines t,"~diti-ons lo,:~le-s,
o'':'':IJltée
p~r d'~utres,
l'immol~tion d'escl~ve ~ constitué le rituel jusqu'au
moins au
XIXe
siècle.
Deux
éléments
de
preuve
peuvent en être
app o)..tés.
AIJ mi 1 ielJ du XIXe siè,:le,
FlelJriot de L~ngle en fit n,ention
à
propos des sociétés l~gun~ires.
"Le • • • c~~~~ce. hYm.~n• • on~
o~~.~~.
_
1 ' . p o q u e
d .
1 .
~.~_
d e .
~Gn._..
qU~
~o.be
G.n.~.1e_en~
1e
~ou~
d e
1 .
1une
d'oc~ob~e• • ~~~~-~1·
(~e48.
XVXX.384).
D'~utre p~rt,
d~ns
l~
description qu'il f~it du rituel
~nyi <ID>,
Amon
d'Aby
donne
implicitement des indic~tions sur l~
ré~lité, le moment et le lieu de ce drame. On y apprend que l'ultime
procession du
peuple
était
un fokwe,
marche guerrière ~u cours de
l~quelle les p~rticip~nts port~ient des ~rmes ch~rgées de morce~ux ou
de pelures
d'ign~mes
qui
seront déposés à
l~ lisière de l~ for@t,
qu'à KrindJ~bo,
~v~nt
ce
dép8t,
le
roi,
l~
cour
et les chefs
prééminents se
dét~ch~ient
de
l~
multitude
pour
entendre
le
s~crificateur invoquer une derniè,"e fois,
non p~s Dieu, mais tous les
~nciens rois,
et
r~ppeler,
non
p~s
l'histoire
officielle, m~is
l'histoire secrète
du
peuple.
Or
à
cette
séquence
fin~le
qui
s'achev~it p~r
les
~cclam~tions popul~ires et ~e dépSt des pelures
d'ign~mes étaient
exclus
les
étrangers,
les
esclaves
et
les
descendants d'escl~ves.
Pourquoi
?
C'est
qu'à ce st~de du rituel
autochtone,
les étr~ngers de toutes espèces deven~ient l~ m~tière du
trav~il symbolique de sacrifice.
D~ns certaines
phases
du
rituel
et
à
la
place
des
s~crifices actuels d'~nim~ux, des immol~tions d'escl~ves ~vaient donc
vraisemblablement lieu.
Sous
le
r~pport
des
séquences,
il f~ut
rappeler en effet que les ghêmin ~bê, chefs politiques des villages,
et les
s~crific~teurs
odjukru
prenaient
leur b~in ~vant celui du
peuple, en
un
point
distinct
de
l~
rivière.
Ensuite l~ grande
lib~tion termin~le
abê
comportait
les
contributions
de tous les
lign~ges ; une exhibition de fokwe l'~ccomp~gnait ou le suiv~it ; en
p~ys odjukru,
de même,
une libation publique ouvr~it ~ un gigantesque
'Iaj,
,,:ette
espè,.:e de pàl"adt? gIJe'''''' iè,"e do nt; les Assakpu ont S'J fai l''e
un spectacle
d'~rt
moderne.
Enfin,
d~ns
le
village
de V~ssakp
précisément,
le
s~crifice
exceptionnel
d'un chien, dont seuls les
membres du
p~trilignage
sacrific~teur des Eikpaf sucent le sang et
consomment la
chair
encore
aujourd'hui,
masque
l'ultime
repas

comm~niel
(H.
Memel-Fotê,
1980:237).
Or,
~~ coe~r de l'idéologie
locale,
le
chien,
l'~n des ~rch~iq~es anim~~x domestiques,
ét~it un
~nim~l de prestige,
en ~n sens comme le bovidé,
s~bstit~t symbolique
de l~ personne h~m~ine.
Les cultes
ont
concerné
les esclaves a~ moins de trois
m~nières:
d'~n
premier groupe de c~ltes, ils f~rent excl~$ ; d'~n
de~xième groupe,
ils f~rent des acteurs,
officiants o~ prêtres ; d~ns
le troisième
groupe,
on
les
retro~ve, soit comme hosties au sens
étymologiq'Je,
soit comme victimes o~ offra~des d'~ction de gr~ces.
Une ill~stration
d~
premie~
gro~pe
est fournie par le
village de B~ssa en pays neyo ~11). Le culte de K~kwa D~ble, dont le
patrilignage Gbleyo
av~it
le
s~cerdoce
ét~it,
comme il le reste
~uJo~rd'hui encore
J~squ'en 1975, ~n c~lte public, commun ~ to~t le
village,
parce
qu'il avait été importé du Glahoro en pays w@,
q~'il
était le
c~lte
d'un
die~
t~télaire, (gblegniba 7>
"sa~veur de la
communauté pendant
la
migration".
Son a~tel siège dans la cour des
Gbleyo,
mais
to~s
les
patrilignages
en
observent
l'interdit
alimentaire:
le
rat
palmiste (Kpr~). Le rituel qui a lieu chaque
année au
mois
de
février exige plusieurs conditions. La veille du
Jour consacré,
le
héra~t
rappelle les principes de la cérémonie :
interdiction de se rendre aux ch~mps, interdiction de désordre social
sous peine
d'une
amende
de
mo~ton; po~r le repas commun,
chaque
lignage ou
segment de lignage apporte sa contribution de nourrit~re
dans la cour des Gbleyo. Les anima~x ~ne fois égorgés,
un grand repas
de riz est préparé. Une fraction en est offerte ~ la divinité sur son
a~tel par le chef du lignage Gbleyo ;
l'officiant demande au bénéfice
de la
comm~nauté
les biens essentiels : la santé,
la fécondité,
la
prospérité et
la
paix.
L'autre
fraction va ~ la consommation des
ingénus;
comme dans le culte de Gblegniba appartenant aux Nanduyo,
se~le est
partagée
avec
les
esclaves
la
boisson,
produit
de
préparation étrangère,
c'est-~-dire de la nature s'il s'agit de vin
de palme,
de l'indlJstrie européenne s'il s'agit de boisson importée.
Du deuxième
gro~pe
de
c~ltes,
nous
avons
e~
une
illustration en
pays
bete dans l'exemple de D~gui Séri, esclave de
Zok~ Gbe~li de Lobia
(D~loa), officiant dans le c~lte du dieu d'ea~,
Bada. On peut citer le cas ~mbi9~, auquel fait all~sion A. Del~z chez
les Kweni.
Ch~rgés
d'effectuer
le
sacrifice
~
des
divinités
irle:'(ol~ables telles Zanlble et GY~~, les esclaves étaient en m@nle tenlps
,:.romis en sa'~rifi'~e à ce s ~:!. (1982:31,-32).
Notables sont
les exemples d~ troisième groupe,
objet de
notre propos ici. Les traditions alladian évoquent les dieux des de~x
lacs d'Abreby
dont
l'~n' s'est aujourd'hui asséché, le dieu du lac
d'Emokwa et ceux des marigots de Bodo-ladJa.
D'~utres die~x d'e~~ ont
proliféré à
eSté
du
dieu
de la mer:
Lavri.
En 1963 encore,
d~ns
cette dernière
localité,
on
sacrifia ~ AndJuvezi,
le dieu d~ trou
d'eau situé au bord du marécage, ~vant de tracer une ro~te jusqu'~ l~
lagune; deux moutons et deux bouteilles de gin p~yés ~vec l~ recette
du coprah
de la cocoteraie communale entrèrent dans le rituel ;
les

585
autorit~s d'Ahua et d'Emokwa furent invités
(M. Augé,
1975 ~:6a). Une
version de
Bodo-L~dja
raconte
que
l'exode
des
a~euls

p~rtir
d'Abreby suivit
le sacrifice que le dieu d'un des deux lacs s'était
offert en la personne d'une jeune pr@tresse aux chevilles ch~rgées de
gros bracelets
(12).
Une
seconde version (13)
rapporte que le lac
d' Emokwa, quant
~
lui,
"s'agrandit" ~ la suite du sacrifice que le
dieu Labwègui s'était offert en la personne "d'une Jeune femme libre
et de sa fille".
Cette dernière précision laisse clairement supposer
qu'habituellement des esclaves étaient les victimes de ces offrandes
,"i t'Jelles.
Les Kweni
confirment
l'extension
de
cette
pratique.
Privilèges de certains patrilignages,
ces cultes opéraient néanmoins
au bénéfice d'un sous-groupe ethnique, voire pour une région et pour
différents peuples.
Tel
était,
dans
le
secteur septentrion~l et
musulman de la société Kweni,
le culte du dieu du Bandama qu'a décrit
L. Tauxier
(1924:249)
nous en retrouvons l'écho ~ Armêb@, en pays
odjukru, sur
la
rive
droite
de
l~
rivière Agneby où le dieu du
Bandama était invoqué sous le nom Gbokra
(H.
Memel-Fotê,
1980:233>.
"On
~.~~
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CJ~~~ .. ~ ... :I.~
• •
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Vau.
d .
."',,-'0""'. ar.
ot:.mp • • r.

1 _
d • ...,:t.n
1 · ~nd1.q'~_.
~.~.
~1 .....
d e
,-
Or de
ces
immol~tions dont se prév~lent les devises des
lignages s~crific~teurs, les victimes ét~ient toujours et partout des
étr~ngers et en particulier, ~ la fin du XIXe siècle, des escl~ves.

2. L'immolation ostent~toire
A l'immolation
d'utilité
publique,
l'immol~tion
ostentatoire s'apparente
par
quatre
liens
au moins
: tout~s de~x
s'effectuent hors du village,
sous les auspices conjoints du lignage
ordonnateur et
du
lignage
sacrificateur,
toutes deux ont quelque
chose de religieux en ce qu'elles s'adressent celle-l~ ~ une d~ité et
celle-ci ~
quelque
défunt;
de facon directe dans un cas,
de façon
indirecte dans
l'autre,
toutes deux concourent ~ la reproduction de
la hiérarchie sociale et de la structure politique ; enfin ~ travers
le sacrifice,
l'une
comme l'autre participe de l'ostentation -
"On
sacrifiait, dit-on ~ Ziduho (en pays Kweni)
pour montrer sa richesse.
Un homme
qui
ne sacrifiait pas ~ux ancêtres
était dit ne pas être
ri~he" (Cl. Meillassoux, 1964:103).
Mais deux
~ara~tères
cependant
spécifient l'immolation
ostentatoire: d'une part l'immolation scande ~haque évànement majeur
de l'histoire
du lignage et s'y inscrit comme une de ses dimensions
essentielles;
d'autre
part elle a voc~tion de rehausser le statut
so~ial du
promoteur
et
porte
Jusqu'~
l'apoth~ose
le
renom
du
bénéficiaire.
Un terme abê et odJukru désigne cette victime gratuite
: ahinlê.
Les
circonstan~es
qui
la commandent,
le processus de la
mise ~
mort
proprement
dite,
la
signification
idéologique
et
politique du rituel en confirment la spécificité.
Dans la vie des lignages,
trois principales circonstances
ont commandé l'immolation d'esclaves,
non seulement pour des raisons
religieuses,
mais
encore
et
surtout
pour
l'a~croissement
de la
renomm~e, ce sont la fête de la maternité,
l'inauguration d'un grand
orchestre de tambourj
les obsèques des personnages éminents.
Il n'a pas été possible de savoir dans l'~tat actuel de la
documentation si
le
rituel
en vigueur dans la fraction AklédJu du
pays odJukru
et
inconnu
dans
les
autres fractions,
l'était dans
d'autres sociétés
lignagères en particulier ~ l'occasion du ntresro
alladian
(14).
En
pays
odJukru c'était et c'e~t encore au lignage
paternel qu'échoient deux rites de passage de l'enfant devenu majeur
: l'initiatioTI, c ' est-~-dire le low pour- les gal~(~ons, le dedia~ pOIJl~
les filles
et
la
fête
de l~ matel~nité, ~. Si, ~ l' o,.::,.::asion du
dediake et
du
~,
les patel~nels et les nlatel~nels se pal~tagent la
parade v~stimentaire,
c'est
aux
paternels
qu'incombe
la
charge
matérielle de
la
retraite
de
sept
mois
Jadis,
de
trois
mois
aujourd'hui et
de la sortie triomphale de la mère et de l'enf~nt. A
Aklodj-A,
le
père
immolait
~ la Jeune mère un boeuf dont la queue
ornait sa par~de (H.
Memel-Fotê,
1980
: 206-285>.
Or ~ AklodJ-B,
pour
honol~el~ s.'!)
fille
bien--'aimée,
Amiss.::l
Wl~ong,
un pèl~e l~i,.::he, Bokpe
Amissa
(matrilignage
AYebl-la
classe
d'Sge:
Ndjroman,
initiée
entre 1878
et
1886>,
immola
un
escl~ve. L'émulation entre pairs
multiplia ces
sacrifices.
Si
nous
suivons
l'historiodictie
des
immol~tions dans
cette
société,
deux
classes
d'~ge,
celle
des
~c.q~Ï1~o!l!il.l!. et 8bl~m~rl se sel~aient ado nné e s 3) cette ostentatiorl s;'Jns
. '\\

q~.on p~isse
cepend~nt estimer le nombre des victimes de l~ fête du
premier accouchement.
2.1.2 -
L' irlalJ~Nration d' 1Jt!. or·,.::hestr'e de t-:lnlboIJl.: _ 5t@kPl"f!.
Q.!:!. ~t@kpl@
Orchestre d'olifants et orchestre de t~mbo~rs, nous l'~vons
v~, ét~ient
des
conditions
d'~ccès
~~ r~ng des hommes riches.
Or
l' in~U9~r-:ltion de ce second orchestre ét~it ~ssujettie ~ ~n s~crifice
décrit ~
Orgb~f
en p~ys odjukru
(15).
L'homme riche q~i vo~l~it se
sign~ler comme
titulaire
d'un
orchestre
fais~it
sc~lpter p~r un
expert les six t~mbours (~ttingb~ni mSle et femelle,
plus les q~~tre
compléments),
commanditait un instructeur pour former des élèves,
de
préférence .d~ns
ses
lign~ges,
comme
no~s l'avons v~ ~ propos des
olif~nts chez
les
Ab@
;
~près q~oi,
conformément au protocole,
il
dev~it immoler six escl~ves dont les c~lottes crSniennes orn~ient le
gr~nd tambo~r
~ r~ison de trois cr~nes de ch~que caté. En 1897, Ch.
Pobeg'Jin témoigne avoir tro~vé tr~ce ~ Ty~s~lé de ces t~mbo~rs ornés
de cr~nes chez les Bawle-Elomwin (1897:234). Les motifs religie~x et
politiques inclinent
~ s~pposer q~e ces sacrifices ét~ient ~ssociés
à
l'institution
dans
toutes les sociétés,
~u moins j~squ'~u milie~
du XIXe
siècle,
époq~e
~
laq~elle
de
no~velles
institutions
rel~tives ~
l~
richesse
vinrent
lui
f~ire
concurrence
o~
l~
SIJpp 1 ~ntèr'erlt .
2.
1. 3 -
Les obsèques des personnages éminents
L~ circonst~nce
l~
plus
destructrice
d'esclaves
fut
cepend~rlt 1 ~
mor't
des
persor.n~ges
énl i nents
:
fw~ kwerd,
gbr'enlgb i
od Jukr-u et
gb~rl,
vievi
~b@,
nkiji
~ll~d i~n. En viglJelJl" dep'Ji s
le
XVIIIe siècle
d~ns
la
société
ess~m~, attestée chez les Abul"e et
les Nzim~
d~
XIXe
siècle
(A.
Bo~~t, 1849 ; Lt. Lartigue 1851 ; H.
Hecq~~rd,
1855),
ce
rituel
de
destr~ction a fle~ri chez les Gb~n
(groupes Gb~ndwé
et
Gbokwê),
chez
les
Kweni
forestier
(gro~pes
Tchegba,
C~were
et
Zandj@),
et d~ns les sociétés odj~kru, ~ll~di~n·
et ~b@.
Les
exemples
des
sociétés
~b@ et odjukr~ nous serviront
spéci~lement ~ ill~strer l'import~nce de ces immol~tions.
Les Ess~m~ d~ XVIIIe siècle ill~strent le rit~el ~ncien s~r
lequel Loyer
est
resté
m~lheure~sement
bref.
Chez
e~x,
deux
catégories des
personnes
ét~ient immolées : des femmes,
immolées ~
le~rs maris,
et
des
esclaves
immolés
~
leurs
maîtres
(16).
L'associ~tion de ces deux types de victimes donne crédit ~~ récit de
J. Godot
selon
lequel
seuls
les
plus
~ffectionnés des escl~ves
~ccomp~gn~ient les
m~îtres. No~s ne croyons p~s cependant q~e cette
sol~tion f~t
exclusive.
Trois
esclaves
s~ivaient
chaque
brembi
défunt sans
compter
les
vingt
qu~tre boeufs ~b~ttus ~our nourrir
les h8tes
(17)
;
l~ encore,
il est r~isonn~ble de s~pposer que la
mort d'un chef exige~it davantage de victimes.
Pl~sieurs points du rituel deme~rent né~n~oin5 obscurs : le
conditionnement des
préposés ~ l'immolation,
la procédure de mise ~
mort,
le
mode d'inhumation.
Les traditions relatives au XIXe siècle
comblent ces lacunes de la documentation.

S8S
.
Selon la
chronologie
odjukru,
toutes
les cl~sses d'Sge
promotrices du
commerce
de
l'huile
de
p~lme
ont
pr~tiRué
ces
immolations:
les
Obodjlu,
ceux
initiés
de
1807 ~ 1815'd~ns le
comput de
l~
confédér~tion
de Bobor et ceux initiés entre 1863 et
1871,
les
S@t@,
initiés
entr'e
1815 et 1823 et ,.:eIJX initiés entre
1871 et
1879,
les Ndjrom~n, initiés de 1823 ~ 1831 et ceux initiés
entre 1879 et1887,
les Abrm~n initiés de 1831 ~ 1839 et ceux initiés
entre 1887 et 1895. On peut leur faire correspondre leurs homologues
des ~utres
sociétés
alladi~n,
~b@,
gban
et
kweni.
On
ne peut
toutefois citer
que
peu d'exemples concrets de défunts accompagnés
de serviteurs
identifiés.
Dans ce que nous ~vons c~ractérisé comme
forme absolue,
celle
des
Ab@,
les
héritiers
envoy~ient ~cheter
l'esclave exprès
quand le lignage n'en ~vait pas ~.portée de main:
les offrandes
ont
accompagné
aussi bien des hommes riches que des
femmes riches.
Si
les
hommes
ont
été
davant~ge
honorés,
statistiquement parlant,
les
sociétés
tardivement
colonisées
Kweni,
Dida,
. Ab@
ont prolongé cette pr~tique plus longtemps que
les sociétés
côtières
et
lagunail~es sur lesquelles le contrôle de
l'Et~t colonial
s'est
tôt établi
(Alladi~n, fraction Dibrnl en pays
Odjukru). De nombreuses femmes
(épouses,
mères, célib~taires riches>
ont vraisemblablement
été
également
honorées
ailleurs,
bien que
seule les
sociétés ab@ et akye nous aient fourni des exemples comme
le montre le Tableau 38.

1 1
m
7
589
TAe.LEAU
38
TABLEAU DE DEFUNTS GLORIEUX ET DES IMMOLATIONS D'ESCLAVES
Q1!J.:. 9NT AeeOMF'8~NE LEURS QBSEQUES
?OCIETE
VILLA'..E
NOMBRE ET
SEXE DE~
ESCLAVES
1
·"BAN
A - S.:lk.:ld.:l
1. KW.:ld,io
Yob o
1 H
P.:ltl~ il i gr'.:lge
!:,.es~..!::!!,...!:l i r~
B - Tchegb.:l
2. Kpêzikê Dowr.:l
1 H
P.:ltri lign.:lge
Koffinwê
3.
Zehiogbo Gbodw.:l
1 H
P.:ltri l igr'.:lge
Gb'Js'Jr,w~
II
-
KWENI
4.
Busu Ahu-bi-Koné
1 H
Lign.:lge M.:lnigonet~
5.
Tukur.:l-bi-K.:lku
1 H
Ligrl.:lge Yoh'Jt.:l
D - Cric.:lth.:l 6. T.:l-bi-S~mb.:l
(18)
1 H
Fw.:l
111- ODJUKRU
E - Aklodj-A
7.
Erêkp Akmèlêdj
dit Y.:lmpi
1 H
Agbo
Cl.:lsse : 2~tiê ~~ cvcle
(=F'Jsil>
M.:ltr il i gn"lqe
8Y..2.!;:J -1 :;;1_
F - Aklodj-B
8.
e.okpê Amiss.:l
3 escl.aves
Cl .:l S se:
r:.9-1.J_.L
3e cvc l e
H~tr i l ~ gr'.'lge
F'.:ltl' il i 9T1;;)q~?
9.
Ni.;;)gn I.;;bodo
2 eS/.:l.;)ves
ci H,
IF>
J
10.
E yaY'.J P,.(:T1d~?
c: l <'15 5 e : f~:.(.~f.L1.J.. , :.:' f.! ,;:'/,;: l e
H.:ltl' il j qro.'lqe
r:'Y~:?JÜ.::J...!a
QIJ~I~t i f.~I'
e··'.IWI~f.·~

----_._-_
-----~-------------~
.
1
590
11.
BIJd'
OkrlJ
1 H
L<lko
(?)
Cl;;lsse : BodH,
3e cycle
H;;Itrilign::lge
Ayebl-l::l.
Patl'ilign-:lge
B(et..::h::lf
1?
Okru Gasso
1 H
Ciasse : S@tê,
3e ,:ycle
Hatrilign::lge : Ayebl-l~
Qyartier
: Bawre
G -
Orgb;;lf
13.
KPOtOMU
1 F
Classe: Nigbessi,
3e cycle
M::ltrilign::lge
Adi~ Mongu-l~
P::ltrilign~ge
Ol'odu
H -
Dibl'R1
14.
Botti Niagn
Abude
1 F
Classe ; Abl'R1r.lr. ,
2e cycle
Qu~n'tier : Est'
15.
AklJ
1 H
(1'~kr.lI/:itl';Jnt)
Classe : !?odjl
3e cycle
Hatrilignage : Aye~
IV -
Ae·E
.J
-
Ok'Jdjê
16.
Anassè Bessê
1 H
P~trilignage
; Ass;;I
17.Ak::l K;;It;;lw;;I P~re
1 H
P::ltrilignr.lge
S~S5~
18. Digbeu Aoshi
1 H
P~tl'i l ignr.lge
19.
Vr.lpi Nté
1 F
\\Belle
femme
P a"tr il i gr. age
au
teint
clair
MIJdoko
dorlt les de'J:·:
parents s'étaient
salJl.'és)
20.
Epinan, Gblemgbi
1 H (Homme de
F'atri 1 i'Jr.age
~JI'anfje t'.li lle~
fh;.-a!!

v
• • L
l'.·..,0"·.'...-,,~:
591
\\
H - Rimak~dj@ II
21.
Tchim~ Ncho Kaon~
1 F
Ahin5<l
P-'1ltl' i l i gnage :
~ne Bawle<?>
A550ho9bo
22.
Tchim~ Ncho Boni
1 H
Ngro
Patl'i 1 ignJ:lge
'.Jn Sen'.Jfo
A550hogbo
TagbJ:lna
N - Agw-'1lhin
23. Ndo Cha Ab~yo
F
2 H
mère de YJ:lpi Nté
o - Am'!!gbe'.J 24. Kwassi Ay'!!
3 esclaves
dit Olelegbe~
Gblenlgbi
p - Offorl.Jdj@
25.
NanJ:ln YJ:lch~gbe~
10 esclaves
Q -
Cé·::hi
26. NJ:lnan Adwalë
15 esclaves
né Anesi 1:;'.Jêpie
Gblemgbi
R -
Ande,
PJ:lYs J:lkyê (19)
27. Ngo Gbo
F
2 esclaves
une j<.omien
P ..•.

t
d
-

2 .. 2 -
~ proçessus d'immol~tion
Tenons-nous-en ~u
cas
exemplaire
de
l'i~~ol~tion
funéraire.
Quatre
séquences,
partout,
ont
constitué le processus
lui-m@me:
l~
phase
préliminaire

se
règle la question de la
qualité de
l'offr~nde
et de son conditionnement,
la phase centrale
de l~
mise
~
mort
proprement
dite o~ un opér~teur individuel ou
collectif met
en
oeuvre des procédures v~riées, l~ ph~se de la co-
inhum~tion du
dignit~ire
et
des
esclaves,
la phase de c18ture du
dr~me et
de
l~ purification du ~illage. Dans l'espace, le drame se
déroule dans
un
univers
hétérogène,
procédant
de la maison à la
cour du
défunt,
de
l~ cour à la place du vill~ge, du.village ~ la
'brousse bref
du
centre· de la cul~ure à l~nature, et de la nature
au village,
du
village,
de
la
COIJ.'
~
la
n.aison. A t."avel"s le
bénéfici~ire, l'ordonnateur,
l'offrande,
l'immolateur,
les lign~ges
et la
commun~uté
villageoise,
tout
le
peuple,
peu
ou prou,
se
trOIJve directement
impliqué. Encore que s'~ffichent d~ns toutes les
sociétés considérées
les
mimes
structures essentielles du rituel,
nous emprunterons
toutefois le ma:<imun de détails ~u paradigme ~b@,
paradigme d'une
société
p~trilinéaire o~ cette pr~tique symbolique
a atteint la pe."fection de son déroulement synthétique.
2. ~.
1 - Les préliminaires
Conserv~tion du
corps jusqu'à l'inhum~tion, sélection des
ou de
l'esclave(s)
destinéCs)
à
l'immolation,
mise en condition
avant l'inhum~tion,
tels
étaient
les
rites
préliminaires
à
accomplir. Le
voile n'est pas totalement levé sur les techniques de
momification qui
conservaient
les
c~d~vres,
parfois
plusieurs
semaines,
voire
des
mois
avant
l'ente."rement.
Le
réveil
de l~
thanatopr~xie féminine
à
l'époque
contemporaine
renoue
~ve~ IJne
tr~dition. Nous savons seulement que le cad~vre était renversé, vidé
de ses déchets,
nettoyé à l'alcool ou au vin de p~lme, p~rfois fumé,
puis embaumé .
de
pl~ntes
aromatisées
(20) .
Ces
techniques
relativement évoluées
dans
les
sociétés
plus hiérarchisées
(21),
sont requises pour une longue conserv~tion des corps.
Chez les
Ab@~
en
effet,
le
prélude
du
drame pouvait
déblJtel" p~'"
un
voyage
expr'ès,
en
tel"'''i to ire
anyi OIJ akyé, pOIJr
~cheter l'esclave
indispensable
au
s~crifice
quand il n'existait
pas, à
la mort d'un notable.
Intrinsèquement, du point de vue de l~
métaphysique religieuse, tous les esclaves immolés disposaient de la
mIme valeur' infinie,
indispens~ble
aux s~crifices. Ce n'est pas à
dire toutefois
que
les
esclaves
s~crifiés
figuraient
p~rmi les
escl~ves de
m~uvais
aloi.
Il
y
en
avait
; tel était le cas de
l'escl~ve immolé
aux
obsèques
d'Aku
de
Tukpa
<Dabu).
Lors des
obsèques du
riche
Kpotomu
d'Orgbaf
(Dabu),
des esclaves s'étant
réfugiés ~uprès
de
N~ori
Aka,
ce
fut
une
pauvre femme qui fut
sacrifiée à
la
place de l'élu ou des élus. Les Alladian ont immolé
des escla~es
indociles. ~Et
les Kweni reconnaissent que tel chef a
substitUé un
récalcitrant
~
un
s~Jjet
plus
soumis
ou plus beau
CDugbafla). Or indocilité,
insoumission, ces appréciations nég~tives
de caractère
moral
ou politique disqualifiaient du point de vue du
groupe oppresseur des esclaves résistants,
en quête d'une autonomie,

,
.... _.. - ._-- ---- .. - - - -
Il
1 :~~l~:~~~~:SdeDbj~~tiY~~~~~té~e
immolés n'ont
p.as
été
frappés D~~~tr:lD;ar~~USbe~~CD~~PP~~:SC~:~~:
p.ar
l.a
mIme disq'J.alifièfSlt.ion,
au
~ contraire. Par
exemple,
nous y reviendrons,
cette belle esclave au
Mt teint clair de V.api Nté d'Agwahin en p.ays .ab@ qu'évoque Mme. Ncho
Il: Atub@, O'J l.a belle escl.ave Gbodo d'.AklodJ-B, dont la mort .al"racha
mdes larnles . ~ l' i nformate'Jl" Adjéi Ad'J Joseph et tI s.a soe'Jr, alors
I·.trè~ Jeunes tI cette époque. Mieux, il semble.m@me que quelquefois

l'ordonnateur choisissait
d'offrir un ou une esclave de valeur pour
~. rehaus5erle
prix de son geste et l.a gloire du bénéficiaire honoré.
It Qui s'étonnerait de cette logique du code de l' henneur- ?
~.âppr-/It ind~::è~~;~
~:ff~:~:: i~~n~~:~:~ :~~~~~:~
1e 1<1qui'Ja~~~~af: 1
' .. ;
~ esthétique. Les esclaves du l-ign.age, astreints à un bain matinal, se
~. d4pouillaient de
la
souillure
de
leur ancien corps et,
peints de
Kaolin rouge,
~ornement
des
guerriers
en
in~tanc~ d'.affronter l.a
mort,
se
dispos.aient
~ rencontrer le m.aître ou la maîtresse défunt
(e) •
Passé cette
toilette
de
rupture
et
de
prédisposition
symboliques, venait
l'.appr@t
psycho-physiologique.
Exceptionnel-
lement,
ce
Jour-l~,
un
bon rep.as ét.ait au nlenu des esclaves.
Pour
l'occasion,
la
m.aîtressede maison .ab@ les gr.atifiait d'un p.ain de
bJDnane (fut'J),
assorti de pO'Jlet à l.a s auce d' ar.achide.
Ce repas de
luxe présent.ait
un .autre tr.ait : la drogue entrait parmi les assai-
sonnements.
Les
Odjukru,
les
Gban
et les Kweni extrayaient cette
dro~ue de
diverses
plantes
aujourd'hui
mal
identifiées
ou sim-
plement dissimulées
à
l'enqu@teur excessivement curieux;
l'écorce
de ~
en
procurait
aux
Ab@,
selon
l'informatrice
Ncho
Atub@
d'Okudj@;
les
Alladian
et les Odjukru,
mieux pourvus,
.ajout.aient
le rhum
ou
le
gin,
l'eau-de-vie
de la belle époque du commerce.
Végét.ale, anim.ale
ou industrielle, cette drogue devait provoquer le
mIme effet
arracher
l'escl.ave
à
la conscience vigile,
le Jeter
"dans une
euphorie artificielle, une hébétude propice à l'accomplis-
sement de la passion.
L'originalité de
cette
dérive
provoquée réside dans son
ambiguïté et
s.a confusion apparente avec un ét.at s.acré.
Euphoriques
ou hébétés,
les
escl.aves entr.aient .alors en cont.act .avec le défunt
._pu la
défunte.
Chez les Ab@,
t.andis que retentiss.ait l.a musique des
sacrifiés,~,
ils
veillaient
le
disp.arl.J,
l'éventant
pOIJr le
protéger des
mouches
ou des moustiques,
s'élev.ant qu.and arrivaient
'les hStes
de m.arque,
se rassey.ant lorsque ceux-ci .avaient pleuré et
pris pl.ace dans l.a cour.
2.2.2
La mise
à
mqrt
proprement
dite
était
l'ouvrage
d'un
opér.ateur collectif
ii-privé,
mi-public
la
procédure,
différenciée selon
le
sexe
de
l'offrande,
était éclairé~ par les
torches la
nuit,
par
le
soleil
le
jour,
selon
le
statut
du
dignit.aire,
selon
le moment et le lieu choisis pour l'inhumation de
':e dernier'.
......
•.
"' __
_ _
-'_~-'V"
'J"
_ ......... _ _, ' ' ' " •• _," • •
.
.
.

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.,...
".1
~#) • • '
-------------_
-.-
a. Les opérateurs
\\
Au sens
propre,
en
droit,
l'opérateur d'une immèlation
ostentatoire ne
s'identifie
pas
à
un
bourreau,
exécuteur
de
condamnés et
instrument de la Justice. En fait,
l'un et l'autre ici
se rejoignent,
simplement
parce ~ue la fonction de mise à mort ~ui
n'avait ~ien
d'une
spécialisation
tenait
à
trois
pouvoirs
indissociables ~ui
constituaient leslmmolateu~s. Par leur voyance,
ceux-ci participaient
du
seke
ou
sek@
; ils s'apparentaient aux
guerriers par
leur sang froid devant la violence et ~~ mort ; enfin
·on les
assimilait
aux
thérapeutes,
en
raison
des connaissances
~u'ils détenaient
sur
l'organisme
humain
et sur l'efficacité des
plantes. Le . se~-Y"et·rejjolj'hf··'"'&t·J9dmi,ré de leIJrpuissan,:e.. réside en la
·faculté ~u'ils
avaient de déclencher la mort et de pouvoir rétablir
la sécurité
au
sens
idéologi~ue.
Le
deuxième des trois pouvoirs
expli~ue le
fait
~ue
la fonction a'été réservée exclusivement aux
hommes. Toutes
les
sociétés
trouvaient
en
eux
un recours.
Tels
furent les
baizan
chez
les
Kweni
; les Ab@ les nomment ah@l@ku,
ab@t@lage ou
encore
watewo.
Les
informateurs citent les derniers
praticiens dont
les
noms
demeurent
encore dans les mémoires : en
p.ys odjukru,
un
D@gb@
Sopi
d'AklodJ-Yago
(classe
d'~ge
des
Mi9bessi odjongba,
patriclan des Elmanfu, matrilignage des Ayebl
la) (22)
; en pays ab@,
Koto, un Affia de Mori@,
Kahonu de Gbandj@,
Gberi Etubwa
de
Grand-Yapo,
Kokohu d'Offorudj@ (23). Ils portaient
un nom tambouriné: Asandre bubre, op@t@ kpake (24).
L'idéologie biologi~ue
leur
prete encore aujourd'hui des
tares liées
à
leur compétence
une ~uàsi-stérilité ou une capacité
d'avoir des
enfants
malades,
bref
un
destin fragile.
Ce pouvoir
pouvait leur
@tre
funeste
; il leur fallait alors le secours d'un
médecin spécialisé
dans
la
thérapie des maladies ~ui accompagnent
l'homicide. A
Gbessé, en pays ab@,
Ncho Nan ayant immolé un esclave
et étant
tombé
malade
à
la suite de cet exploit, ce fut un autre
esclave ~ui l'en a guéri
(25).
L'outillage des immolateurs faisait partie de l'équipement
technique des
chasseurs
et
des guerriers : armes de choc (massue,
b~ton, pilon),
armes
d'hast
(sagaie,
pi~ue),
arme
de
main
<machette), sans oublier les poisons.
b. Les pro~édures
/RJ!lS,:U 1 i ri
L'immolation ostentatoire
comportait deux modes. Selon le
premie," , elle
étJ!lit anhémorragique,
privilège
J!lccordé aux femmes
j
selon le
second,
lot
réservé
aux
hommes,
elle
opérait
par la
violen,:e sJ!lnglarlte.
Les idéologies
avaient
en effet prescrit qu'on n'immol~t
pas les
femmes,
en
particulier
les
femmes
esclaves, de manière
sanglante, parce
qu'elles
étaient
sources ou racines de vie,
mais
~u'on les
mit
~
mort
par
d'autres
procédures
plus
ou
moins
raffinées à
imaginer.
Inspirée
de la déontologie militaire, cette
prescription, pensons-nous,
prend acte du fait que, dans ces

. .- -
..rIII·.iliI·SlIlS.
n r
_IIlI·.·.e.-.Iil.lIiIi

·. . . . . . .
-ri;>.,,'
·tri~ii""_è:-'5"~tNtMt1f5575füif5iS1Œt'
eelfti:'·'iïJ'. ,
so~iétés oy
les
femmes
ne
prenaient pas part ~ la chasse et ~ la
guerre comme c'ôtsit le css dans certains Etats pour la guerre et OY
les sacrifices les vouaient ~ la mort soit comme hosties, ~oit comme
victimes au sens étymologique (26),
bref comme offrandes in~o~entes,
les immolateurs
n'affrontaient
pas
en
elles des figures toujours
masculines du
guerrier.
Pourtant,
~ette procédure anhémorragique,
forme féminine
de
l'immolation,
provoquait
une
mort
qui,
~
l'intensité et à la durée du bourrèlement, apparait plus- cruelle que
la mort massive et prompte infligée par la violen~e sanglante.
Dans l'ordre
de
cruauté
croissante, autant qu'une telle
appréciation peut
avoir
quelque
sens objectif, voici la série des
techniques recensées.
En
premier lieu,
il y a la pendaison: cette
procédure mise
en oeuvre par les Ab@
(27) et qui utilisait la corde
était probablement
appliquée
aussi
par
les _a~tr~s
sociê~és:'E~
deuxième lieu,
vient l'empoisonnement j
ont servi le poison animal,
telle la
bile
du
crocodile
utilisée
par
les
Odjukru
(28)
et
vraisemblablement les Alladian,
le poison végétal de l'erythrophle'Jm
ivorense (Gban,
Kweni,
Ab@).
En
troisième
lieu,
on
hésite
à
hiérar~hiser la
méthode du trou et celle de l'enterrement vif,
tant
les procédures
rivalisent de cruauté. Dans le second cas,
l'esclave
devait manu militari accompagner vivante le défunt prestigieux (29).
L'octogenaire odjukru,
ancien
êvangeliste
méthodiste,
AdJei
Adu
Joseph d'Aklodj-Agbaille,
le 23 Janvier 1985 ~ Bane, a témoigné avoir
vécu la
mort,
suivant
cette
procédure,
de deuH esclaves,
la mort
d'Amran,
une
femme filandière, esclave de Vedm Véiro Botti, un BodJ
odjon9ba, et la mort de la belle Gbodo, esclave de Haman T@t Niagn du
même village, un ~ bago de la fin du XIXe siècle. Le premier cas a
êt~ dé~rit
à
Hori@,
en
pays
abl,
par le regretté Hilaire Angui,
instituteur à
l'Ecole
Primaire
Catholique
(30).
Dans
un
trou
circulaire d'IJn mètre de profondeur environ,
creusé hors du village,
près du
sentier et tapissé de ronces,
l'esclave était assise;
puis
le trou
était
refermé
jusqu'au
cou
de
la
victime.
Autour, on
répandait des
graines
mares de palme qui,
par leur couleur et leur
odeur, attiraient les fourmis magnans. Celles-~i, vite; envahissaient
la victime,
et, malgré ses lamentations,
lui rongeaient les yeux,
les
oreilles,
les narines,
la tourmentant jusqu'à expiration.
Dans l'immolation au masculin, généralement, une animation~
populaire occultait cette déréliction dans le tourment.
~lors que la
foule, arborant
des
palmes,
symboles
de
verdeur éternelle et de
reviviscence, chantait le chant funèbre de l'accompagnement, wat@,
la
pro~ession s'ébranlait
de la cour vel~S la brousse,
l'esclave élu en
t@te,
les
mains
ligotées.
Dès la sortie du village, domaine qu'il
fallait préserver de la souillure,
un membre dlJ lignage inaugurait la
passion. L'officiant public de l'immolation ne pO'Jvait opérer qu'avec
la connivence du lignage et à sa slJite, car la mort était une affaire
de conséquence politico-religieuse dans laquelle les ancêtres et les
dieux intervenaient.
De
sa
machette,
le
premier,
toujours
par
derrière pour
éviter' un
crachat
de
malédiction,
il
tranchait
l'oreille de l'esclave. A partir de ce C01Jp d'envoi,
trois scénarios
devenaient possibles.
$


Le premier
scénario,
compatible
avec
l'immolation
des
femmes,
générale
p~rtoIJt, ét~it bl"ef. 1 1 cOl"respond à l' entel"renlent
vif.
L'esclave
était
introduit<e)
de force d~ns la tombe ~vant le
Maitre ou ~a maitresse pour l'accomp;;Jgner.
Le deuxième
scdn~rio, comportait lui-même deux séquences,
l!une proprement funér~ire, l'~utre socio-politique. Attesté en p~ys
ab@ (Gb~ndj@,
Hori@),
nous en retrouvons des modalités d~ns d'~IJtres
immolations, chez les Odjukru, chez les All~di~n et prob~blement chez
les Kweni.
En effet un immolateur public décapitait l'esclave.
Cette
. tête tranchée
ou
un
organe
quelconque,
l'oreille
par
exemple,
accompagnera le
défunt.
Quant
au reste du cad~vre, on le dépec;ait
chez le~ Ab@-Hori@ru, on en distribuait les -partie~ aux hommes riches
.:~qui l' ;;Jcq'Jerr;;Jient
à
prix
d'or,
les flJmaient et les consel~vaient
comme des
titres marqu~nt le rang.
Chez chaque homme prééminent,
un
"musée" comptabilisait
ainsi les esclaves imm~lés dont les lignages
possesseurs ~vaient
monn~yé
les
restes
et
qui, avec ou s~ns les
esclaves réellement
acquis
et
possédés,
composait
ses titres de
gloire (31).
Troisième scénario
soit
à
coup de massue ou de pilon
~ppliqué sur
la
nuqu~,
soit
à
coup
de
s~gaie
ou
de
pique,
l'immolateur public abattait l'esclave (32).
Nous allons
voi 1"
qlJe
les
escl;;Jves
immolés suivant ces
scén;;Jrios subissaient
des
sorts
plus
ou moins différents dans la
phase d'inhumation.
c. La co-inhumation ~ dignitaire et de l'esclave
Une fois
immolés
à
l'extérieur
de l'espace villageois,
comment les
esclaves
morts
Jouaient-ils
les
divers
raIes à eux
. assignés?
En particuliel",
comment entraient-ils dans les sépultures
affectées aux
maîtres; par exemple dans les cours?
Quelles pl~ces
et positions
y
occupaient-ils
?
Quelles
en
étaient
les
significations?
Dans la
fête 4e la maternité,
les esclaves-hommes étaient
généralement immolés selon le scénario II, c'est-à-dire décapités.
Le
corps jeté' dans
la
natlJre, on ne sait pas si la tête étai t
pOl~tée
";':;7':':':dans un
van
et
a',:,,:onlpagna i t
la j elJne mère et son en f ant d~ns 1elJl"
sortie de
présentation.
Scalpée
et
vidée,
elle orn~it ensuite le
musée personnel
de
l'ordonnateur
comme
titre
de gloire. Dans le
l@b.lJtIJ des
Aklodj'J,
une
tradition IJltérieure a pOl~té la nl.;ll"qIJe de
cette immolation.
Le père abattait un boeuf en l'honneur de sa fille
et la
queue
de
l'animal, chasse-mouches de prestige,
accompagnait
l'héro~ne de la fête dans cette sortie.
Dans l'in.;lugdr~tion
de
l'orchestre
de
tambour,
même
.pl~océdIJl~e.
Les
têtes
al~l~.tlsaient de leul~ sang le tanlboul~ i naIJg'Jl~;'.ll,
avant d'y demeurer attachées après le traitement du scalp.
Ici et là,
le rite
final
de purification restait le même que nous analyserons
bientôt.

·.IEi
- ' P "
1[
"'""
~.
'.
Plus complexe ~tait ls situation, ~ l'issue de l'immolation
fun~raire. Hormis
les terrsins sableux du littoral atlantique, deux
formes de
s~pultures s'offraient, sinon trois, si l'on con.~dere le
cas des esclaves morts de mort naturelle sur lequel nous reviendrons
~u Ch. IX.
Les s~pultures du commun des mortels s'apparentaient aux
s~pultures quadrangulaires
d'aujourd'hui.
Ouvrages
peu
ou
prou
profonds, de
cinquante
centimètres à un nlètre cinquante environ de
profonde'Jr, de ';:1nqusnte à quatre-vingt ,;:entinletres de lar'ge'Jl", elles
étaient construites
hors
du village. Les Kweni les nomment mi-9ru,
les Bete
lesikpa
et
les
Ab@ mi ; pOUl" les Odjukru, ce sont comme
aujourd'hui des
fosses
pour
les morts.
uw-omu,
litt~ralement trou
(!l!:!.!!1.Y.)
pOIJl" défunt (!.U!u) (Fig. 21 A4 et BI) .
Au contraire,
logées sous la maison ou dans la cour, centre
de la
communauté lignagère des vivants ,et des morts,
les sépultures
des personnages
éminents comportaient deux pièces de dimension plus
ou moins
imposante
selon
l'importance
du
défunt.
La
tombe,
quadrangulaire, pouvait
avoir
entre
deux
et
trois
mètres
de
profondeur,
un
à
deux
mètres
de largeur,
parfois creusée sous la
maison à
partir
de la cour ; ~ mi-hauteur,
latéralement,
s'ouvrait
alors une
galérie
horizontale, sorte de caveau s'étendant,
suivant
les besoins,
jusqu'à trois mètres de long sur trois mètres de large
et un
mètre
et
demie
de
haut.
Cette
pièce
II
qui confère à
l'ensemble son caractère monumental, donne son nom ~ la sépulture des
dignitaires: akotro (Ab@), ~
(Kweni forestiers).
Les c~oquis Al
et B2
de la Figure 21 en donnent une représentation. Seuls les très
hauts personnages
avaient
leurs demeures de repos hors du village,
parfois dans
les
lits
des
rivières
tel fut le cas des grands
gblem9bi ab@
et
des
~ prééminents ou famien Kweni. A Sakada, en
pays gban,
la sépulture du grand 9bre9bi Kwadjo Vobo dit Briguéhi a
~t~ creusée
dans
la
for@t
de Vobodi,
dit-on,
pendant deux jours,
signe qu'elle
devait
@tre
assez
considérable
pour
contenir
le
dignitaire et
ses
biens funéraires.
A Vadjo,
en pays Ab@,
de m@me,
celle du
gblem9bi Ehinon aurait été installée très loin du village,
c'est-à-dire en un lieu secret,
inaccessible au peuple.
A cette
structure
monumentale,
officielle
ou
secrète,
suivant le
statut
politique
du
défunt,
ont correspondu au moins
quatre modes d'inhumation, qui sont eux-mêmes des modes d'inscription
dans l'espace de la hiérarchie so,;:iale.
Dans le premier mode (Fig 21 A2),
qui utilisait souvent les
offrandes féminines,
le défunt ou la défunte reposait sur l'esclave
étendu(e) dans la pièce II. L'esclave était,
selon une image odJukru,
la natte du dignitaire, séparant et protégeant symboliquement celui-
ci de
l'action corruptrice de la terre
(33).
Dans le deu:<ième mode,
lui aussi simple
(Fig. 21 A3),
la,t@te, qui pouvait cohabiter avec le
dignitaire dans la pièce II, généralement occupait la pièce l,
tandis
que le
dignitaire seul' logeait dans la pièce II
(34).
Dans l'une et
. l'autre figure
de
ce
mode
d'inhumation,
une même fonction était
impartie ~ l'esclave: veiller sur le ~orps paré du maître, garder sa
personne, ses biens et son nom.


'1"- 'r'.~~'
\\.~.
"


~
OF.
.._-- _._----------------------......
LES SEPULTURES
,, \\
Sépulture pour notables (MI-GONE)
(A) KWENI
WOTO 1èreforme
2. Intérieurdu caveau (Pièce2)
MaItre
Pl
P2
Ma1tre
3. WOTO 2émeforme
..
' ....
,...-...-... --':.-.
Pl
P2
o
Esclave
4 Sépuhure du commun
5. WOTO 3ème forme
6. intérieurdu caveau WOTO 3
.-- --
~- ... ----
MI-GRU
...
MaUr
Pl
P2
PEAU
'
DE
"
Famien
BOeUF:,.....--........1
walo 1
(8) ABE
1 Sépulture du commun (AIKA)
2 Sépulture des notables (VIEVI)
3 L'intérieurdu caveaude l'Akotro"~
AKOTRO
Pl
P 2
Gblemgbi
-Esclaves
- -
P 1 = pièce n 1
Fig. 21
2 = pièce n 2

r-
.Vi
Si toutes les so~iétés, en parti~ulier gban, ab@,
alladian
et odjukru
ont
appliqué ~es deux modes d'inhumation,
le~ K~eni, de
f~con spé~iale,
ont
illustré
le troisième mode (35).
Icf ~Fig. 21
A6>,
l~
maitre
et
ses
esclaves
logeaient
dans la piè~e II i
au
~entre, le
maitre,
lui-m@me
éclatant
dans
sa
splendeur i
a son
~hevet, c'est-a-dire
à
l'Est,
d'où
le
soleil
se
lève,
perpendi~ul~ire, un esclave de sexe masculin,
l~ t@te au Nord i
a ses
pieds, c'est-a-dire a l'Ouest, où le soleil se couche, c8té ouverture
fermée par
une
peau
de
boeuf,
une
es~lave, la tête au Sud.
Ici
encore, dans
la
~o-inhumation
au sein de l'unique sépulture, m@nle
hi~rar~hie sociale entre maitre,
l'@tre supérieur, et esclaves, @tres
inférieurs,
même
division
des
t~ches serviles entre le m~le et la
femelle:
le
nl~le garde la t@te du nlaitre et-la fenlelleses pieds,
l'un et
l'autre
restent
au
service
total
du maitre sous-terre,
maintenant, comme ils le furent sur terre, hier.
Hais le
plus
complexe
entre
tous,
le
quatrième
mode
cara~térise l'accompagnement
d~un
gblem9bi
ab@,
d'un grand fwa ou
d'un famien kweni. Parmi les nombreux esclaves,
les uns occupaient la
pièce II avec le seigneur,
les autres la piè~e 1 (36). Tout laisse a
penser que la division des esclaves en deux groupes devaient I~eposer
sur quelques
critères
que
nous
ne
connaissons
pas
(sexe,
qualifi~ation, familiarité avec le maitre). Hais par ce nombre, quels
servi~es les
esclaves
pouvaient-ils
manquer de rendre au seigneur
sous la
tel~re,
pen9ait-on,
comme ils avaient su lui rendre sur la
terre 7
2.2.3 -
APl~ès
a
~
~
ID.2.!:i tt i l co- i nhlJnl.:;:)t i orl _ !.~
purification, w~t@-kpe
Les idéologies locales i~i présumaient que toute immolation
d'esclaves,
en général toute mort exceptionnelle, entraîne des suites
funestes sous
forme
de maladies organiques et de
malheurs sociaux
pour les
individus
(ordonnateurs,
immolateurs) et les communautés
(lignages,
villages). Pour conjurer par conséquent la dépopulation et
les cauchemars
dans
la
circonstance,
elles
ont
prescrit
aux
~ommunautés et
aux
immolateurs
un
rituel de purification en deux
temps. Fait
singulier,
la
concordan~e
entre
les
informations
d'origine odjukrlJ
(Adjéi
Adu
Joseph
d'Aklodj-Agbaille) et celles
d~origine ab@
(Ekissi
Doffu
deGbandj@,
groupe
Tchoffo)
révèle
l'unique cas
d'authentique
c.:;:)nnibalisme
rituel.
Jusqu'a
son
ac~omplissement, le rituel qui devait se dérouler partie en brousse,
partie au
village,
exigeait le silen~e et l'abstinence sexuelle, au
moins dans 1.:;:) tradition abê, et se dé~omposait en repas et en soins.
Le premier
temps
est
.celui
des
repas qui avaient pour
par~icularitê d'exclure
toute
invitation et toute convivialité. Le
premier repas,
le
lendemain
de la co-inhumation, consistait en IJn
repas c ann Lb a I iqlJe
OIJVel't il a
tO'Jte
la
,:omnl'JnaIJté. AIJ ,:oeIJl' de 1.;)
brousse, on
faisait
cuire
ensemble
le foie d'un chien et le foie
prélevé de
la
personne
immolée (version abê),
ou bien c'ét.;)it des
brochettes parmi lesquelles des morceaux de chair humaine alternaient
avec des
morceaux de viande canine <version odJukru>. Chacun venait

-.~-'-"._-.. -....~ --,~ --------- "--"--- ---.._-"._- ..~
.:
prendre sa part de l'agape. Tout se passe ~omme si le vrai sa~rifice
r ~tait celui du chien, un des plus archaïques animaux domestiques, ami
o oU.fr~r.de l'humain; l'ingestion cannibalique, ~ssai pour dépasser
i:;:'"
la contradiction
entre,
sinon
lib~es
et
es~laves,
du
moins
immolateurs et immolés, donc pour réc()n~ilier par identifi~~'ion les
libresave~ l'immold, cette ingestion fait du sacrifice une\\o~frande
~ l~immolé
dans
la substance de chaque membre de la communauté. Le
second repas,
le surlendemain, était un repas ~ l~
"L~n~e de ch~~re,
autre vieil
animal
domestique de la for r·.
repa~ réservé aux seuls
i niti~s .c ' est-à-di r-e
aIJl·:
se': ~:;, hr.)nlnH~!S::::l.jult'::!~';',ll i ..:...•.. ,: i~~.. ) 1. i ·l':t':I'.JEo.
A
cette o,::,::asic:
. :seomble·-t-il, !;if? tl~OI.J·""li~· 1.'. '.::1.'";0(' '1 ~.:. (~r'~n('? de l'imnlolé,
supr@n,e
. !:fJ de bl~aVIJI.Il~e f;!t .:k '! l,' l i. i:'~~~ 1.=:1 t'~adi tion du fokwe i
les
initiés abê ~ :~'1:1'~ient alors une dernière fois la danse du sacrifice
Wi'.l t f'~ 'r,ê
Il' .:
.~J:"' @J I:·~ ':.D.i!:!. .
!:)p'd~~s ..:>~
ten,ps
des
r-epas
l~epi!lS
S.::::l(~ï ;. fi..;:~ie1.
d'identification collective et repas androcentrd de dif1!renciatiol·
venait le
ten,ps
de
1.:) thérapie:
npi.;'~,~_e!J. J!lb~,
,;";~\\i ":ld~iukl~'J, goêsê-
lelia kweni.
Les
OdJukru
'accompli~
l~nt parfois dès le Jour de
l'iTlh'Jn'ation,
eTI J.~,l::p.:;mt
h'·,
j'II Colin::
ou les pieds de l'in,molé (e),
~ la
fin de
]~ ,~paration thérapeutique.
De cette préparation,
chez les
Ab3,
.::t·.;IJ(·"
S/-'l~
1.:1
pl.:l':e
publ i que , '~ecevai t
une gOIJtte dans les.
yeux,
pour conjurer, outre les maladies liées au sang,
les fantasmes
~L
de 1 a n,or-t.
L' inlnlolatioTI
ostentatoire
910il"e
l'apothéose
1
~., la n,ort
donnée
3!l
os~enta~oire,
l'esclave
selon
une
vien~
pr-éo':'::lJpation
3!l
la vOir~
Avec l' im.,olation
comme on
de le
fois
~,"; p'.Jbli,::itair-e et religie'Jse pr-end la rel~ve de la vie pr-oduct t ve de
c.,.~.:~,>,.:~.:~.',.:~",;·.x.~ ;~~s~~~~:g~our :~ur:~:e e~e:~~ro~~;e ~;u::~~m ~~ p~~p~;~~~~~: ~~m~:
"
....•. .•,',·.'
..<,:.'.;.:
...•
:....
,
~?
ustensile tOlJche
3!l son terme naturel,
appar.:lit le caractère absolu,
infinimen~ totalitaire, de cet usage.
Hais cet usage symbolique lui-nl@me procède par grad.:ltion et
~umul dans
le trésor de gloire, dans la richesse en gloire, si l'on
peut ainsi pa,~ler. Avec son alJréole de sang servile,
la parade de la
Jeune mère
odJukru
ajoutait
3!l
la
gloire
du père, gbremgbi déJ~
consacré, un rang nouveau p~rmi ses pairs vivants,' en m@me temps que
;~:i;.,~la jeune
fen,n,e
et son enfant l~eti '~aient pOIJ'" le'JI" pa,..t 'Jn p,"estige
~.~:f;i.iql.Ji les
di sti nglJaient dans le'J'~ pr-opr-e ,::lasse d' lilge. L' i naugIJ,"atioT'
B!••'
'de l' or~hestl"e,
nous
le
savons
par l' histoi '''e, n' aJolJtai t
pas sa
gloire à
celle
dlJ
rituel
de
la
rich~sse,
elle
en
était
une
alternative. Par
l'immolation
de
l'esclave
.:lU
contraire,
un
supplément de pl~estige gonflàit la gloire acquise dans 1.:1 vie. Or ce
qui caractérise
cette
ét.:lpe,
c'est
le
passage au paroxysme. Les
personnages éminents
particip~ient
de
l'apothéose.
Cet
honneur
extraordinaire qui
rappro~he
des
dieux
<theos
= dieu),
peut
s'entendre au moins en)trois sens. MOlJrir en provoquant l'immolation
d'esclave,
c'était
mourir
selon un archétype institutionnel,
celui
des anc3tres
devenlJs
proches
des dieux, désormai~ divinisés. Mais
recevoir, une
fois
mort,
une
offrande
sous la forme humaine, ce
n'était pas
une
condition digne du commun des mortels, c'était une

600
condition digne
des héros et des dieuH, c'était le type de relation
en effet que les communautés entretiennent avec les dieux dans cette
région comme
ailleurs
en
Afrique.
Pourtant,
les personnages qui
accédaient d'emblée
à
cet apothéose étaient ceu:< qui, envploppés de
multiples pagnes
et
chargés
de bijoux d'or,
reposaient d~~s leurs
hypogées en
un arroi plus ou moins grand d'esclaves:
femmès brembi
parmi les
femmes,
9blem9bi ab@ parmi les vievi, grands e9bremgbi et
grands ~ parmi les hommes riches odjukru et alladian, famien kweni
parmi les
mi90nenu.
Ainsi
la
pratique
sociale,
l'institution,
confirme-t-elle le mythe de Zakolo.

~I
601
\\
CHAPITRE !2L..
DEUX CONTRE-EPREUVES
DE L#INFERIORITE STATUTAIRE
DES ESCLAVES
SECTION 1
LES DECHETS SOCIAUX OU L'INSIGNIFIANCE DANS
LA MORT
SECTION II
LES
RESISTANCES
OU
LE
REFUS
DE
LA
DESHUMANISATION DANS LA VIE

602
SECTION
!
LES DECHETS SOCIAUX
L'INSIGNIFIANCE DANS LA HORT
. \\
Ce n'est
p~s
seulement d~ns l~ vie, ni d~ns l'immol~tion
fun~raire, c'est encore et surtout d~ns l~ mort naturelle, ~u moment
oa la
personne
se transforme en un cad~vre, pur corps inerte sinon
corps in~nim~, que les sociét~s lign~gères scellent pour l~ dernière
fois,
sans
fard,
le statut des escl~ves. En un sens,
le tr~itement
que slJbissaient
les
défl.mts
app~rait
,:on,me
la slJpr@me p"'eIJve de
cette infériorité que les rapports d'e:<ploit~tion et les r~pports de
domin~tion ont
~mplement vérifiée ; en un ~utre sens, ce traitement
r~yèle plus,
il
révèle l' insignifi~nce
des escl~ves dans l~ mo'~t,
puisque escl~ves
définitifs
et escl~ves rédimês~se dévoilent comme
des déchets sociaux.
Dans les
études
antérieures,
il était impossible d'~voir
~ccès ~
cette
mort
spécifique.
Une
première
r~ison
de
cette-
i~possibilité, raison
d'o~dre
théorique,
nous
l'~vons vue, était
l'assimilation de
l~
condition
soci~le
des esclaves ~ celles des
personnes libres.
La
seconde raison ét~it d'ordre méthodologique:
l'~nthropologie de l~ mort n'ét~it pas constituée et l'~nthropologie
culturelle restait
attentive
plus
aux structures et aux identités
collectives ou aux modèles qu'au:< sédiment~tions, aux contradictions
et ~
la
dynamique
internes
des
cultures
et
de
leurs systèmes
symbol iq'Jes.
Aujourd'hui les
conditions
d'une
étude
systématique
semblent plus
favorables.
D'une
p~rt,
en
effet,
p~r~llèle
~
l'enqu@te philosophique et biologique sur l'ég~lité par la mort Cl),
l~'problém~tique de
l'inég~lité
s'est
diversifiée et ~pprofondie
dans les
études
sur
la
mort
au
coeur
des
sciences
soci~les.
Sociologues et démographes ont reconnu les inég~lités dev~nt la mort
en comparant
les
espérances
de
vie
des
différents peuples, des
classes soci~les,
des
sexes
et
des
~ges
(2). Anthr6pologues et
historiens ont
révélé,
nOTI
seulement
les différences d'attitudes
soci~les dev~nt
la
mort,
m~is enco'~e les hiêr~rchies de tr~itement
des défunts
selon
les
époques et les st~tuts sociaux (3). D'autre
p~rt, au
coeur
de l'anthropologie de la mort et de l'anthropologie
symboliqlJe au Jour-d' ~Ji
en développen,ent, IJn nouveau cadre théoriq'Je
f6urnit des
outils,
d'autant plus utiles que l~ p~rt africaine des
matériaux qui
ont servi ~ le construire est considérable.
Il s'agit
ici de r~dicaliser cette problématiq'Je en vérifiant la pertinence de
ces outils théoriques s'il y a lieu.
Pour déterminer le statut de déchet appliqué ~ux esclaves,
il faut
partir
de la. hiêr~rchie des catégories de personnes libres
telle que
les
systèmes funéraires l'ont impos~e, dans le cadre des
représentations de la m,rt.

603
... _--....- - - - -~._-- -
--------- -
1. L& hiérarçhie statlJtSli r9 des per-sonnes .Libr-es dans ~
sYstèmes funéraires
Par système
funéraire nous nommons,
au niveau
-1e' chaque
société,
l' ensen,ble
constitué
par-
les pratiqlJes ,.::é'''émoni,elles qlJi
accompagnent le
décès,
les
acteurs qui les mettent en oeuvre,
les
structures dans
lesquelles
ceux-ci
opèrent et les représentations
qui sont associées au rituel. Etalé
dans la durée,
circonscrit dans
l'espace,
impliquant
une
participation de la communauté en nombre,
en biens matériels et en expressions symboliques,
le rituel lui-même
s'amenuise ou
s'amplifie
selon le rang qu'occupe le défunt dans la
hiérarchie sociale.
Réduit
à
sa
plus
simple expression pou," les
petites n,orts,
il
s'étoffe
progressivement
dans le cas des morts
exceptionnelles et
des morts ordinaires pour atteindre sa plénitude
avec lesg\\"a-ndes-
morts i--
PllJtôt
qlJe le Jjétail '.::ompleHedes '''ites,
nous nous
contenterons
ici
des
déterminations
essentielles
et
communes aux différents systèMes funéraires.
1.1. Les petites morts ~ ~ non-êtres sociaux
La mort
des
nouveaux-nés,
des
enfants
premier-nés
et
parfois des
adolescents était petite, en raison de l'~ge des slJjets
et pa,"
l'importance
réduite
que
les
sociétés
y attachaient. La
société s'y investissait au minimum sous tous les rapports.
En premier lieu, en effet,
la discrétion comme aujourd'hui
encore devait
règner
interdiction
était
faite généralement de
pleurer
(4),
car
les
êtres
dont il s'agit n'avaient pas atteint,
surtout les
nouveaux-nés,
leur substance de personnes, capables de
langage ;les
pleurer
pourrait
entraîner le malheur sous forme par
- exemple
de
décès réitérés (Bete, Odjukru).
En deuxième
lieu,
l'inhumation suivait immédiatement, dès
l'~ube si
le
décès
avait eu lieu dans la nuit,
et ce, à l'insu de
toyt le
village.
Pour
tout
vêtement,
l'enfant était ,"ecouvert de
fe'-lilles
(bobla
des
Gban
et
des
Bete,'
okleb ~ des Odj'Jk''''J>,
de_tinées à
aSSIJ,"er un bon passage au pet.~t voyageIJ'" qu r s'en va et
une fructueuse
procréation
aux
parents
;
le tout,
êverituellement
était enveloppé
quelquefois
d'un
petit
pagne
blanc
(Abê,
Gban).
PartolJt,
le
même
lielJ
d'inhlJnlation
le
dépotoi'" ou les femnles
_.<_.. ,~_~v.ersent les
or-dur-e s ,
à
la frontière du vi lIage et de la br-oIJsse,.
'F:r,J';;ide ; 1 a cu 1 tUl"e et de 1 a natlJre.
En troisième
lieu,
les parents mettaient généralement fin
au deuil,
soit
le jour même, soit le lendemain,
en prenant un bain
et en
exécutant
un
soupcon
de rasage.
Chez les Bete-Gbalowan, ce
deuil se
prolongeait
pendant quatre.Jours s ' i l s'agit d'un garcon,
trois jours s ' i l s'agit d'une f i l l e ;
chaque matin,
les parents,
qui
ne communiquaient
qu'avec des couples ayant connu la même perte, se
frottaient le visage dt! cendres répandues sur la fosse pour m~rquer
ce deuil.
Ni
dons,
ni funérailles.
Bain et rasage mettaient fin au
bref rituel funéraire.

1.2. ~ morts exceptionnelles ~ les déchus
Nous qualifions d'exceptionnelles les morts survenues
par
accident (noyade, accident de chasse, empoisonnement, gue~re, fausse
couche), par
suicide
et
par
maladie contagieuse (lèpr~~ Variole,
syphilis). Certaines
cultures assimilent ces trépassés sous la mIme
notion métaphorique
de
sacrifiés
<ahinlirl
ab@) ou de victimes de
guerre
<ar-@9n-y
odJukru).
D'autres
dissocient les accidentés des
autres
<Bete).
A en
croire
les idéologies locales (5),
la mort tragique
frappe ceux
qui
ont
commis
des crimes dans une vie antérieure et
souffert dans
l'au-delà.
De
Dieu
ils ont obtenu la permission de
revenir ici-bas,
de
subir la loi du talion,
pour ensuite s'amender
et mener
une
vie
nouvelle
et
parfaite. L'accident funeste ou le
décès i nsol i te
est
la
sanction O'J la "'an(~ôn "dè- f.aï"echar,'.:eté (6).
Les décédés
sont
dits
sacrifiés dans la nlesure où leur trépas est
expiatoire.
Sous un
certain
rapport les déchlJS subissaient le statut
funéraire des non-@tres et sous un autre participaient au statut des
personnes dont
ils avaient en partie perdu la qualité. En effet, on
ne les
pleurait
généralement pas ; après le versenlent des dommages
pour homicide
(dans
le cas des accidents),
l'ensevelissement avait
lieu le
mIme
Jour, dans la brousse, pour la plupa~t des défunts au
lieu du
décès. Sauf exceptior., tous avaient droit ~ quelques pagnes
enveloppés dans une natte. Les noyés reposaient au bord des rivières
pour prévenir
l'ire des dieux d'eau,
sous la forme d'inondations ou
de nouvelles
noyades
i
les
femmes mortes en couche recevaient la
m@me sépulture
(Bete-Gbalebwo)
les
grands
contagieux,
eux,
demeuraient près
des
campements

ils
se
trouvaient
isolés
d'anciens malades parfois creusaient leur sépulture (Kweni).
L'enterrement des
suicidés
s'effectuait
au
lieu
du
suicide, après
que
chez
les
Kwerli
l'arbre
de pendaison eut été
abattu et
brOlé. Pour leur part,
les Bete-Gbalowan outrageaient les
suicidés de
trois
manières
d'abord,
ces
derniers
étaient
excommuniés de
leurs
lignages
et
insultés
;
ensuite,
plusieurs
atteintes effacaient
leur
identité
<essorillement,
fracture
des
doigts, ablation
du
pénis
et
des
testicules
chez
l'homme,
scarifications faciales)
;
enfin
ils
ét~ient ·ensevelis dans des
sépultures superficielles tapissées de feuilles de bananiers. Si les
Ab@ réduisaient
leurs
funérailles
~
trois
veillées de danse, de
bombance et
de beuverie, partout ailleurs les funérailles suivaient
leur cours normal au sens qui sera bientat précis~,
Contrairement aux deux types de mort ci-devant décrits,
la
mort ordinaire est celles des Jeunes et des adultes qui recoivent la
plérd t'Jde de lelJrs hon.fle'Jrs f'Jrlêl"'ai l"'es .

605
En tout premier lieu, cette mort requiert la publicité.
La
première forme
de
cette publicité consist~it d~ns les l~nlent~tions
des premiers
témoins
du
décès,
surtout
celles
des
femmes
qui
tr~hiss~ient l~
nouvelle
avant
son
annonce
officielle.\\~nsuite
venait l'annonce.
Partout,
des messagers attitrés
(neveux chez les
Bete et les Neyo, gendres chez les OdJukru,
hér~uts chez les Ab@ ... )
étaient dép@chés
par
les
chefs
de
lignage
pour
communiquer l~
nouvelle aux
aînés
dont
l'~ccord,
sinon
l~
présence,
était
indispensable à
l'accomplissement
des obsèques
: m~ternels
(Kweni,
Bete, Neyo) ,
maternels et p~ternels (Alladi~n, OdJukrti), m~îtres de
terl~e (Ab@).
Le
neveu
bete offrait un coq pour solliciter en même
temps les
m~ternels
à
venir
pleurel~.
Les
hostilités
qu'à leur
arrivée ces
derniers
ouvr~ient
pour
s'emparer du corps n'ét~ient
apaisées que
par
une
nouvelle
offrande.
Le hér~ut ab@ ~pportait
~IJssi de la boisson au 9hèmin pour obtenir l'autorisation officielle
des obsèques
les' vievi, une fois informés et la boisson bue,
lui
ordonn~ient de
rendre
l'évènement
officiel
dans
le
village
et
décrétaient le
ch8mage
pour
le Jour des obsèques. Entre temps,
le
lign~ge et,
le
cas
échéant,
la
classe
d'~ge,
procéd~ient
~
l~interrogation du
cadavre
pour
élucider
l'~uteur et l~ cause du
décès,
afin que s'ouvrît un procès en réparation.
La troisième forme de l~ publicité
était l'exposition
du
corps, ce
que
Louis-Vincent
Thomas nomme la présenti4ication (7).
Pour "lui
conférer
les
apparences de la dignité,
le purifier pour
préparer s~
renaissance"
(8),
le
corps
ét~it
par
des
femmes
maternellement nettoyé,
lavê,frotté
d'huile,
revêtu de p~gnes et
étendu sur
une
natte
dans
l~ maisorl OIJ d~rls la COU1~, à l~ VIJe de
tous.
Aux deux
ou
trois
Jours
de
veillée,
l~
commun~uté
participait sous
trois
formes.
Les
acteurs,
membres des lign~ges
enduillés,
les
~mis
et les connaissances assistaient plus ou moins
nombreux au cérémonial.
Ils ~pportaient des contributions en pagnes,
en argent,
en
vivres, en petit bétail
(ovins,
caprins, volaille)
;
ils buv~ient et mangeaient.
Chez les
Bete-Bezebwo
(Dalo~),
cette
contribution
se
décomposait de la manière suivante à la fin du XIXe siècle :
-
50
wru9u
1 pagne,
1 mouton pour les m~ternels d'un
homme défunt,
1 pagne pour l'inhumation;
-
40
wru9u,
1 pagne,
1 mouton aux
maternels
d'une fenlme
décédée,
2
pagnes
pour
l'inhumation
en
échange
de
quo r les
maternels de
la
défunte
destinaient
~u
gendre
une fillette
en
mariage,
dont la dot devra être complétée (9).
Chez les f.ete-:DakIJya
(Sub'~é)
: .;)I.J:'~ m.;)tel~rlels d' une
épolJse
défunte obligation
était
faite
de
donner
2
fusils,
1 baril de
poudre,~2
pagnes,
2
cabris
à
leur
tour,
ceux-ci offraient 2
.....

606
p~gnes, 1
cabri
;
quant aux paternels de l'époux, chacun de leurs
ainés fournissait
un
pagne et chaque cadet, s ' i l pouvait, un petit
bétai 1 <10>.
Enfin, à
cette occasion se produisait une animatiQn qu'on
ne voyait
pas
aux
obsèques d'enfants et de beaucoup de déchus. La
deplor~tion se donnait libre cours dans sa diversité culturelle. Les
lamentatrices attit~ées
faisaient
leur
apparition
(Bete>.
Les
parents kweni
se
barbouillaient
la
figure,
se repaient le corps
Jusqu'au sang,
se
taillaient
parfois
les
bras
avec
un couteau
(L.T~uxier, 1924
185>.
En
m@me
temps
la
musique et la danse
entraient en
scène.
En
particulier,
les
danses
honoraient
les
asar@re ab@,
ces
personnages
que
leur
savoir
mantique
l~endait
célèb,"es.
Au deuHième
ou
troisième
Jour,
au moment où le cadavre
menace d'entrer
en
putréfaction, avait lieu l'inhumation. Partout,'
sauf semble-t-il
chez les Kweni septentrionaux (11),
les sépultures
se localisaient en brousse, soit sur les terres du lignage (Odjukru,
Alladian,
Kweni,
Gban> ,
soit
sur un ancien site du village
(Bete-
Vakolo), soit
dans un cimetière public (Ab@, Neyo>. Les creusaient,
quadrangulaires et
profondes
au
moins
d'un
mètre,
avec ou sans
excavation latérale, des fossoyeurs attitrés en qui on reconnait les
neveUH dans
les sociétés kru et mande,
les gendres en pays odjukru,
les délégués
d'une
classe
d'~ge
chez
les Ab@. Partout, c'est la
foule des
parents
et amis qui accompagnait le défunt à sa dernière
demeure. D'après
une
photographie
prise
par la mission Hostains-
d'Ollone à
Paulo
chez les Krumen-Sapo en 1898,
le cortège comporte
une division
sexuelle
en tête, marchent les femmes,
pleurant et
chantant;
à
la queue,
les hommes; au milieu,
le corps du défunt,
porté sur
les
épaules
de
deux croque-morts ; à la main de chaque
processionnaire un
rameau
qui
doit
symboliser
l'espérance de la
survie (1901
: 136).
Une libation le lendemain, des condoléances d'amis pendant
une semaine,
puis
une
nouvelle veillée, une nouvelle libation, un
repas funéraire
et
le r~sage des cheveux le sixième ou le septième
Jour mettaient
fin
aux
premières
funérailles.
Le
deuil
se
prolongeait ensuite
pendant
trois
mois,
s'il s'agit d'une femme,
pendant six
mois
ou
un
an, s'il s'agit d'un homme;
le rituel se
terminait par une suprême veillée, une suprême libation matinale,
un
dernier rasage et un dernier repas funéraire.
1.4. Les grandes mort~ ~ les dignitaires
Nous considérons
comme
grande
la
mort
des personnages
éminents que les sociétés célèbrent de la facon la plus éclatante et
la plus
mémorable
chefs
politico-religieux,
personnes riches,
médecins-devins, guerriers
prééminents,
artistes de génie.
Affaire
hautement publique,
engageant
les
communautés
à
l'échelle d'une
fraction de société o'~~de la société globale, entraînant une intense
activité culturelle
et
des
dépenses
considérables,
le
rituel
funéraire centré
sur
l'espace
rêsidGntiel,
s'inscrivait
dans la
longue du,"ée.

607
D'ubord, sous
le
rapport
de
la
publicité,
entrait en
oeuvre un
instrument
nouveau,
signe de haut prestige
le tambour
louungeur.
Une
fois
que
les
Vievi ab@ avaient été informés de la
"chute de
l' ~h"bre,
le
Gblemgbi ",
urie fois qu ' ils avaient.. .àuto'''isé
l'officialisation de l'évènement et désigné l'ovoshi,
l'organisateur
des funérailles,
l'aty9blan
qui,
partout
ailleurs,
intervient
seulement après
l'inhumation,
confirmait la nouvelle et ne cessait
plus de
réitérer
ses
condoléances
au lignage endeuillé. Chez le~
Kweni observés
par
J.Eysseric
(1899
8S),
les coups de fusils
précédaient, avant d'avoir ~ accompagner le tambour tout au long des
funé,"ai lles.
L'exposition, plus
19n9ue,
avait
aussi
plus
de
somptuo'S·i téô'.-:Le9>·· sQi ns
du
corps
répondaient' la nécessité de la
conservation du
corps·
qui
pouvait
durer
de
deux semaines
(Ab@,
Abure)
à deux mois
(Kweni).
A cette exposition d'un "étalon de richesse ou d'un statut
social" selon la formule de J.Th.Haertens
(1979 : 19), s'associaient
partout comme
chez
les
Aburé
du
milieu
du
XIXe
siècle
la
déploration,
le
jeûne
des
femmes et la constitution collective du
viatiq'Je.
s..es..
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v~.n~
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oan.~.~.n~ . n
p~.o• •
d .
~~ • • u .
ps.u.
au
Ma:l.n.
~~ch• • •
qu~
do~v.n~
.~~• • n~.~~• • •
e v . o
s..
d.~un~
pou~
s.u~
• • ~v~~
d e n .
s.·eu~~.
v~.
_
eoh.~.~
du
v~n d. pes.M.-(12).
Ainsi,
dans
la
cour de sa demeure,
le famien kweni,
vêtu
de son
calecon,
recouvert de ses pagnes de prix,
nombreux et variés
<au moins
sept
variétés),
était-il installé sur un l i t de bois,
~
claire-voie, supporté
par quatre fourches
un trou recevait tout
,.::e q'Ji
dégolJttait
du
cor-p s .
<L.Tawder·,
1924
2 2 4 ) .
QIJard: au
9blem9bi ab@,
paré d'or et d'ivoire,
revêtu
de nombreux pagnes,
il
reposait sur
des
peaux de moutons et de panthère,
autres signes de
sa richesse
et
de son pouvoir ; tout autour de lui,
on contemplait
une partie
de
ses biens e~<hibêe et ses esclaves qui s'élevaient et
se rasseyaient
~ '.::haql..tt! fois que les hôtes de ma'''que a''''''ivaier.t et 1
ayant fini de pleurer,
prenaient place dans la cour.
.'

60S
Pour l'occ~sion
se
trouvaient
rassembl~es
toutes
les
disciplines musicales
et
chor~graphiques de la culture ethnique:
tambour louangeur
(at4gbl~n
à l'Est,
tigbla ~ l'Ouest), o~~hestres
d'olifants,
masques
(bete
-
neyo
et kweni - gban). Hais\\de facon
sp~ci~le, un
socio-drame
collectif
mimant
la
guerre,
~vec
la
participation de
villages
alli~s, c~lébr~it, accompagn~ de pillage
rituel de vivres et de bétail,
le départ des grands hommes: c'etait
le taore bete,
le dl.Jgbo neyo,
le nananrokofubl.J abO, analogl.Jes du J..s1ï.
odJukru (13).
Du point
de
vue
du
mouvement
des
biens
et
de
la
~.'
consommation,
les
échanges
et les
destructions n'atteignaient pas
seulement leur
volume
maximum, mais encore ils impliquaient,
on le
voit déjà,
de neuve aux et plus ral"es bïerrs'":"-IÈ!s cartidés;
1'0''',
les
bovi ns et
les
esclaves.
A
défal.Jt de boeufs, on tuaft le •.:hien en
l'honneur du
guerrier
bete
dans
le
Dakuya
(Subre)
(14).
Au
contraire, en
pays
abO
(Hgbru,
Abev@)
le
fils
du grand défunt
offrait un boeuf aux villageois avant d'avoir à acheter l'esclave du
sacrifice. Avant
les
secondes funérailles,
il devait encore offrir
des banquets
à
chacune des promotions de la classe d'~ge à laquelle
appartient son
père,
en
reconnaissance
de
l'accueil
qu'elles
avaient réserv~
aux étrange,"s. Enfin, celles-ci recevaient une part
du second
boeuf
qu'il
tuait pour les secondes funérailles et dont
tous les
enfants
du
village consommaient un morceau du coeur : le
coeur, racine de vie, promesse de long~vité (15).
Chez les
Kweni-Tchègb~
(Dugbafla,
Ume),
les
offrandes
s'effectuaient en
quatre
phases. Le premier jour: 5 boeufs dont 2
pour les
maternels,
3
pour les paternels ; lors de la séparation,
après les
obsèques,
3 boeufs dont 1 pour les maternels, 2 pour les
paternels
lors
des funérailles,
nouvelle offrande de la part des
f i l s :
10
pagnes
(4
aux
maternels,
6
aux paternels). 3 boeufs
abattus, dont
la
viande
~tait
partagée
avec
une
part
majeure
réservée aux paternels i pour finir,
les fils ,"ecevaient à
leur tour
10 boeufs
et
1
esclave
de
la
part
des paternels,
5 boeufs des
maternels, animaux
qui
devaient
@tre distribués, d'une part entre
les villageois et les nièces mariées à l'~tranger, d'autre part sous
forme de viande entre les membres du lignage (16).
Trois traits rehaussaient ici l'inhumation. D'abord, c'est
~ux obsèques
des dignitaires qu'entra en usage le cercueil en bois.
Les AbO
le
confectionnaient, abandonnant progressivement les peaux
de boeuf
cousues, en tronc de fromager évidé et peint en ocre jal.Jne
ou en
jus de cola. Les peuples Côtiers (Kru,
Avikam) empruntèrent à
l'industrie européerlne
de
grands coffres pour en tenir lieu ou des
planches pour le fabriquer (17). Ensuite,
l' inhumation av~it lieu au
village, centre
de
la
culture
et
dans
la maison, nécropole des
anc@tres. En
1930,
en
plein
régime
colonial, à Dibrm (Dabu),
le
sieur Akresso,
de
cl,sse
mborman, matrilignage des Logbo-la,
tout
protestant méthodiste
qu'il
ét~it,
exigea
d'être enseveli non au
cimetière public
sis
dans
l~
savane, mais dans sa maison. Ce fut
l'informateur, Adjéi Adu Joseph d'Aklodj-Agbaille,
alors évangéliste

en exercice,
qui
offici~. D~ns la même année, à Aklodj-Agbaille un
oncle du
mime informateur, Esm Ved Akpa, un autre mborman, animiste
celui-l~, fut
enterré dans la cuisine de sa mère Véi Ane, de classe
s@t@, D19ns un cas ,:ependarlt, celui des gblen'9bi ab@,
par e:<emple,
la
commun19uté dérogeait
à
cette
coutume;
le secret qui entounait la
c~rën.onie permettait
de
les
ensevelir
aussi
bien dans la maison
qu'en dehors
du
village,
afin
que
fussent
protégés
contre
le
sacrilège leurs personnes et leurs viatiques,
Enfin,
l'inhumation
était
le
moment
privilégié
des
immolations ostentatoires
~'esclaves,
telles
que
nous
les avons
décrites,
le moment aussi où retentissaient les plus intenses salves
de fusil à pierre, autre hommage à l'opulence et au renom des grands
déflJnts,
La levée
de
deuil survenait au bout d'un an
<Kweni,
Ab@,
Odjukru, Alladian>,
parfois
après
trois
ans
(Bete-Sobwo,
Gban) ,
Suivait, pendant
une semaine, voire un n.ois (Lipoyo, S~ssandra), le
mime cérémonial,
avec
des
dépenses
toujours
plus
élevées,
consécration ultime
de
la
gloire
et
du
statut
post-morten. des
dignitaires.
Installés
dans
le monde des anc@tres,
ils seront sans
cesse invoqués
à
l'occasion
des
libations,
après
Dieu,
comme
intercesseurs auprès de lui et comme vecteurs de force vitale.
A cette
hiérarchie
statutaire,
que
respe,:taient
les
systèmes funéraires,
une
catégorie
a
échappé,
,:' est
. ,:elle
des
esclaves,
les déchets sociaux.
2. !::fi. dé':hets soçiaux ..i.. e:<clus des systèn.es flJnéraires.
bz procédure sui-generis de leur évacuation
Oans son
acception
aussi bien organique qu'industrielle,
la notion
de
déchet
désigne
un sous-Produit de la transformation
matérielle, c'est~à-dire
le
dernier
produit
dérivé
de
cette
transformation. Par
exemple les selles représentent un sous-produit
de la
transformation
de~:
aliments.
Pour
le
système - organisme
vivant ou entreprise industrielle - qui le secrète, il est un rebut,
juste bon à être jeté ; inutile, sa conservation ou son accun.ulation
peut polluer
le système et son environnement. rel est, transposé au
plan sociologique,
le
statut
des esclaves défunts : inutiles à la
production m~térielle
et
à
la reproduction sociale, ils étaient en
effet exclus
des honneurs règlementaires prescrits par les systèmes
fun~raires et
auxquels on croyait que les rites d'introdlJction leur
donnaient quelques
droits
;
ils
se
trouvaient
assujettis à une
procédure sui-generis
d'évacuation
;
en
outre
une
idéologie
catastrophiste de
la
pollution
<symbolique) venait accompagner et
justifier cette procédure. Le déchet pourtant ne se confond pas avec
le déchu
ce
dernier est un membre à part entière de la société,
mais un
membre qlJe la mauvaise mort, comme p~r une déchéance,
prive
~eulement d'une partie de ses droits funéraires.
Ji
~
Le concept
de
déchet
soulève
le
problème de savoir si
l'esclave participe
encore à cette identité anthropologique que les
idéologies lui
reconnaissaient au départ en tant que personne, s'il
y participe,
dans
quelle
mesure,
et s ' i l n'y participe pas, pour
qlJelle raison.

61Cl
L~ procédure
d'év~cuation
présente
deux
formes:
celle
absolue, que
présidaient et exécutaient eux-mimes les hommes libres
et ·qui
concerne
essentiellement
les
escl~ves
définitifs,
celle,
relative, que
les
hommes
libres contrôlaient, mais qu'exé~utaient
d'~utres esclaves.
.
2.1.
bA fornle absolue d'éva,1 t.Jation
Cette forme
d'évacuation
~ pour première caractéristique
d'@tre expéditive,
dans
un sens qui n'est p~s celui où on l'entend
quand il
s'~git
des non-@tres soci~ux et des déchus. Par sa du'~ée,
elle dev~it
@tre
e:<é,,::utée
dans.
la
Jour-née n,@me. Oans le cas des
déchus et des non-@tres, ce qui était ~ éliminer le m@me jour et qui
l'était effectivement,
c'ét~it
leurs
c~d~v~es,
le destin de leur
mort se prolonge~it après l'enterrement; les seconds avaient d'~oit,
dans cert~ines
cultures,
à
un
deuil
de
quelques
jours que les
parents portaient
de
facon
sommaire
;
les premiers retrouvaient
leurs droits pléniers immédiatement après l'inhumation. Au contraire
les esclaves
étaient
symboliquement
évacués,
d'un
bloc,
comn,e
cadavres et comme existences post-mortem.
Expéditive, cette
évacuation est ensuite déshumanisante à
tous égards,
d'une
forme
de
déshumanisation
il
est
vrai moins
dramatique que
celle des immolations. Dans l'immolation punitiv~ et
l'immolation éducative,
la
déshumanisation
consiste ~ dénier à la
personne des
esclaves,
dans
l'acception
que
nous
avons
vue au
Ch. III,
les
obligations
que les cultures prescrivaient ~ son égard
en tant
que
personnes.
Cette déshumanisation s'effectue à travers
une triple néantisation : néantisation sociale de la part du lignage
qui abandonne
l'esclave
à
la
communauté
politique, néantisation
politique de
la
part
de
la
communauté
politique
qui
commet
collectivement la
mise
à
mort
sanglante
de l'esclave en état de
déréliction, néantisation
religieuse de la vie post-mortem du corps
abandonné à
la
brousse,
sans
sépulture.
Oans
l'immolation
ostentatoire,
la
dénégation
passe
plutôt
par
un jeu n,acabre, en
trois actes,
qui
donne
l'illusion
d'honorer
l'humanité
en
la
personne de
l'esclave
dans
le
temps
m@me
oa
elle
est le plus
systématiquement niée. D'abord une thé~tralisation prélude ~ la mise
~ mort
<toilette, bonne chère, exhibition>
; ensuite, une publicité
indirecte est
donnée
au
drame qui va se jouer <immolateur parfois
pris dans
un lignage étranger,
mise en scène publique du sacrifice>
; enfin,
une
fausse
identification
symbolique de l'esclave et du
maître s'opère
dans
la
même
sépulture,
puisque
l'esclave,
tel
l'ombre, partagera
implicitement
la
transcendance
et
l'éte,"nité
eschatologiques du maître.

811
--- ---._--~-_._-- -------
Une seule
mQnifest~tion
de
tendresse
humaine
dans
ce
déploiement institutionnel
de
violence
et
de
cruauté: c'est la
compassion dont
nous
avons
trois
témoignages directs-, En face du
spectacle des
immolations,
plusieurs
réactions pouvaien~èn effet
s/exprimer et
se
sont exprimées:
il y a l'insulte et la moqlJerie,
il y
a
l'indifférence,
il y a
l'indignation,
il y a la compassion.
Dominantes,
les -
trois
premieres
ré~ctions,
conservatrices,
provinrent des
hommes
principalenlent
;
l'unique
témoignage
d'indignation que
nous tenons du m@me sexe a correspondu à la crise
interne de
l'institution
mais,
nous
l'avons constaté à Orgbaf en
pays odjukru,
cette
indignation,
au demeurant individuelle,
ne l'a
pas éb\\"anlée
les
marqlJes
de
'~onlpassion
ont émané SIJ\\..tOIJt des
femmes _et des enfants. En effet,
Naho Akub@ An\\a d' Okudj@
(Agbovi Ile)
\\"appc)l~t-ê-;-le-"'-19 juillet 1973, que-lol"s d'une imnlolation-dont elle a
souvenir,
les
Jeunes
filles
du village -
elle-m@me en était une -
touchées,
pleuraient,
tant l'esclave était beau (18). De m@me,
Ncho
Assi, doyen
du
village
aky~
de
Bacon (sou~-préfecture d'Akup@),
raconte aomment,
à
la mort de son grand-pere maternel, Ano Okiepo,
l'immolation d'un
esclave, qui était un de ses familiers depuis son
enfance,
lui
avait arraché beaucoup de larmes
(19).
Ainsi AdJéi Adu
Joseph et sa soeur adoptive,
à
Aklodj-Agbaille
(Dabu), avaitent-ils,
enfants, pleuré
la
mort d'une esclave de T@t Niagn,
la belle Gbodo
qui,
au
moment
d'@tre
enterrée vive,
interpelait son maître en le
suppliant de
l'épargner, Or la contradiction entre cette compassion
et l'institution
était
sans
conséquence: en effet,
les femmes et
les enfants
éplorés restaient extérieurs à
la société politique, et
leurs larmes
n'eurent
qu'une
signification
purement
morale
et
f and 1 i ale.
L'évacuation des
défunts
non-immolés,
trépassés de mort
naturelle,
représente une troisieme forme,
la forme en quelque sorte
civilisée de la m@me négation.
Ici,
le
décès
se
présente
d'abord
comme
une
affaire
strictement lignagère
qui
ne
requérait aucune publicité. Et c'est
dans le
cadre
lignager
que les esclaves subissaient la dénégation
des droits
de la personne à travers le processus de la néantisation
à
quatre niveaux. Au niveau social,
la communauté reniait en quelque
sorte l'esclave
défunt
par
son
indifférence
et
son
refus
d'assistance:
au
niveau
économique,
l'esclave
était totalement
dépouillé du
patrimoine
à
l'accumulation
duquel il a été utilisé
toute sa
vie,
puisque
l'usage
lui
en
était
refusé;
au niveau
religieux le
bénéfice
de
la
terre
ob
il
pourrait
@tre inhumé
devenait aléatoire
i
ontologiquement
parlant enfin,
il perdait le
droit à
la
vie
post-mortem,
par
déni
de
funérailles.
Faute
d'exposition,
pas
de
toilette
en
effet
sans toilette,
pas de
mobilisation des femmes du lignage,
pas de circulation des pagnes ni
des bijoux
du
patrimoine. Or sans inhumation rèalementaire et sans
funê~ailles, quelle
~possibilité
y
~urait-il -de
survie
et
de
renalssance pour le defunt selon la loglque des croyances ?

~:i;'.
,1:
. 612
,
~.-,_.~
Le seul
problème
en
instance J celui
du 1 ielJ et du mode
1
dJinhumation,
était
résolu
selon
deux
modalités
l'abandon sans
sépulture et l'inhumation sommaire.
\\.
Dans la
nature,
hors
de
l'espace
villageois,

ils
rejoignaient la multitude des cadets et des déchus sociau)<,
beaucoup
d'esclaves ne
bénéficièrent
pas de sépulture. Nous connaissons dès
maintenant trois sortes de sites d'abandon
les terroirs lignsgers,
les cimetières continentaux,
les cimetières insulaires.
Tout porte ~
croire que
les
peuples ont initialement évacué les défunts sur lRS
terroirs lignagers
;
en
tous
les cas J plusieurs sociétés en sont
demeurées ~
cette
formule
(Bete
Gban
J
J Kweni, ... ). Au XIXe siècle J
sur le
conti rient J
des cimetières ré-s'e~v4h-"êx1$taient'-parallèlen.ent
aux cimetières
des
sorciers.
Les
informateurs
akye
en
citent
quelques-uns
lieu>:-dits Ama9n (Bacon J Akup@), Kan9a-bonu, ou For@t-
des-Esclaves
(Afferi), Okukuan ou Site-de-la Hort (Asseudji,
Afferi)
(20). A la m@me époque J des cimetières semblables étaient identifiés
sur les
îles
lagunaires et fluviales.
Tels furent les lieu)<-dits
,
I le-des-Esclaves,
b.!.Y.
La9be,
consacrée. alJxord'9l ies J ~ 1 J OIJest de
Grand-L'9hu J Ile-où-1 Jon-c'9che-les-Horts - Kuzizie-lokPo - en '9v'9l de
Hissehi sur
le
Sass'9ndr'9 J Ile-de-Gono - Gono-lekpeu - ~ Kwati, SIJr
le S'9ssandr'9,
également, du nom de ~, le premier escl'9ve O'9n qui
y fut
'9b'9ndonné J comme si désormais lJîle ét'9it adjugée ~ lJesclave
et à ses congénères.
Transportés par
des
càdets
sociaux
sur
ces
terroirs
lign'9gers
ou
dans
ces
cimetières J
les
esclaves
pouvaient @tre
ab'9ndonnés comme
des
ordures
sur
un dépotoir selon une procédure
simple
le
jet.
Tel
était le C'9S J d''9près Ch.Pobéguin, chez les
Avikam.
Wpou,..
1._
clu
"":1.11.0.
cI_n_
1.u,..
_UH
on.,,_.
or.
1 • •
1 • ..,,..
.:l.n.:I.
"'lu.
.,. .... :1.11.,
quo~qu·o'" f t - . n
~OY-G.
_~.c
.UH

u n .
ou
d.uw
4_mM_ • • ~.
qU.1qu • •
• • 0 1 . " " . .
(oou~u....
qU~
"":I..n~
cl.
oh • •
1 • •
Aoh.n~:I..).
A p r _ .
1 . . . . or~
cl· un
( 2 . . . . . '7

613
- - - -.._-_.,----
"
Cette proc~d~re
de Jet est ~~ssi ~ttestée chez les Kw~di~
de KWQti et les Neyo de Hissehi.
H~is les
escl~ves po~v~ient @tre ég~lement relég~~s d~ns
les contreforts
des
grands
formagers.
Telle ét~it l~ pr~tiq~e des
8ete-Gb~low~n et
des
Akyé
d'Asse~dJi
s~r
le
site d'Ok~k~~n. La
partic~larité techniq~e
de
cette
procéd~re
d'~b~ndon, le DoctelJr
Joseph Crudeli l'a décrite d'après l~ cout~me des Kr~men :
HL.
V~Q~~Me
~.~
p~.Q.e
d . n .
1 .
po.~~&on • • • &.e
en~~e
deuN
G~o~.onneMen~. de
~~oM.Ge~
CK~~odendron). Un
~e~~.~n
d~.­
po.~~~~ e.~
e n
U • •Ge
p o u r
Me~~~e
1 e
4.d.v~e •
1·.b~&
d e .
~.uve••
On
p 1 . 4 e
dev.n~
1u~
e~ . •u-de • •u .
d e
1 .
~.~e
d·.no~Me. p~que~• .
L e .
un• • on~
.PPuY • •
Qon~~e
1e
~~ono.
1 e• •u~~e• • on~
~~Gh•• en ~er~e" (1914 : 83).
Une fois le corps déposé d~ns les contreforts d~ from~ger,
~vec o~
s~ns
cette
ing~nie~se
inst~ll~tion,
on le recouvr~it le
d'~ne ill~sion
de
linceul
des feuilles.
S~iv~it,~~ vill~ge, l~
m~decine de
p~rific~tion
q~i
accomp~gne
to~t
contact
et
toute
manip~l~tion de cadavre hUMain.
b)
L'inhum~tion somm~ire
A pe~ près d~ns les mImes conditions territoriales q~e ci-
dess~s, d'Q~tres
esclaves
b~n~ficièrent
d'~ne
sép~lt~re
en p~ys
all~di~n, odJ~kr~,
~b@
et
chez
cert~ins
gro~pes
kweni et neyo.
Ch~q~e lign~ge
en
effet
inh~m~it
ses
esclaves
défunts
s~r son
terroir, en brousse. H~is un cimetière réservé pOIJv~it ég~lement les
acc~eillir comme à Lipoyo
(S~ssandra), SIJr le Site-dit-des-Escl~ves:
-. G'Jë-yo
(21).
P~r son
c~r~ctère somm~ire, cette
inh~m~tion s'~pp~rente
encore en
q~elq~e
mes~re à l'~bandon.
C'est q~'en premier lie~, l~
fosse d'inhlJm~tion
n'av~it
p~s
nécess~irement
l'identité
d'~ne
sép~lt~re. N~lle
oblig~tion formelle d'~mén~ger une sép~lt~re o~ le
corps profondément
enfoui serait ~llongé comme il est de droit po~r
les in9én~s,
et
~llongé
s~ivant
~ne
orient~tion déterminée, p~r
exemple l~
t@te à l'Ouest et la f~ce à l'Orient, p~ys d'origine des
.nc@tres chez
les
Avik~m
et
les
All~di~n.
Une fosse q~elconq~e
~~cc~eill~it ~insi
le
cad~vre en
position,
soit
~ssise
(fosse
cylindrique), soit
co~chée
(fosse rect~ng~laire). Lorsq~'il s'~git
d'~ne sép~lt~re, les cadets socia~x -
les inform~teurs y insistent -
l~ cre~s~ient,
s~perficielle,
à
l~
v~-vite.
Or q~'est-ce q~'une
sép~lture s~perficielle
?
Une
fosse en long~eûr certes, mais pe~
profonde,
d'o~,
~ttirées
p~r l'ode~r de l~ p~tréf~ction, les b@tes
s~~v~ges pouv~ient
venir déterrer le corps et le dévorer à
l' inst~r
d'~n corps ~b~ndonné en plein ~ir.
,.
En deuxième
lieu,
à
ces corps q~i n'~vaient pas subi de
toi lette,
les m~îtl~es offl~~ierlt pelJ OIJ pas de v@tenlent. Des felJi lles
ont reco~vert certains escl~ves en p~ys ~b@, p~ys rel~tivement riche

614
..~.
,.
,;~.:.,..
-
~-_._--_..
~(.
w
l~:.r
:.~·.l.:.~.:.!~. ~~~~~~~~;~~~~~~~~:O:;:i:~;~~::~~:i;~~n:;:~:~!~;~:~~:~~::~~;~~~~:~~~:
• .
:t;_.:...•..•. .•..•
:
l'échelle les
pagnes
d'origine
kweni
et
bawlé, tels qu~\\les ont
-
1pr4sentés les traditions, en effet, IJne variété de p.::lgnè 5e,"v.::llt
'~qUelqUefOiS à leur Inhumation, c'était le bombo. Or cette V.::lriété
~~ s'inscrit dans
la
cinquième
et
dernière
catégorie des pagnes de
if cotonnade, chez les Kweni, au huitième '''ang des dix variétés chez
~.1'; les Ab@etaIJdernierrangdesdixv.::lriétés'.::hezlesOdjIJk'''IJet
AlladiQn comme l'atteste le Tableau 32.
Œ:r':
Il n'est
pas
jusqu'a la natte dans laquelle on attachait
~' et transportait les corps des esclaves qui .ne fOt de vile qualité.
il Trois variétés de natte servaient QUX nécessités des .::Igricu1teurs,
.:t~.t-
dans les
sociétés
circum-l.::lgunaires
du
moins
.
il Y a
la natte
confectionnée a
l'aide
de
fibres
de
rhizophora
mp@ des Ab@,
9bu9butu chez
les Odjukru ;
il Y a
la n.::ltte en br.::lnches
de palmier
raphia gigante.::l
: nkpa ab@,
kpukpo
odjukru;
il Y a 1.::1 n.::ltte faite
de branches de palmier à huile ou eloeis glJineensis
: nkpata des Ab@
et des
Odjukru.
Estimée
de
qualité
supérieure
en
raison de sa
rareté,
de
sa
souplesse et de sa durabilité,
la premi~re répondait
aux besoins
culturels
et
économiques des gens riches
(colJchage et
sépulture>
;
fine,
de qU.::Ilité moyen~e, 1.::1 seconde 4t.::lit à
l'usage du
commun des
gens
1ib,"es
;
c'est
elle
que les planteurs modernes
utilisent pour sécher le cacao et le café dans la '''égion l.::lgunaire ;
quant à
la
troisi~me,
confectionnée
avec
les
matériaux
plus
accessibles au
peuple,
employée
pour
le
séchage
des
épices
'(piments>,
c'est
elle
qui servait à
l'ensevelissement des esclaves
et,
exceptionnellement, des ingénus misérables.
Chez les
esclaves
rédimés
et
élevés
au rang de cadets
sociaux, cette
condition m.::ltérielle de l'inhumation était améliol"ée
au moins
en
deux
sens.
Le lignage leur concédait une sépulture au
village, dans
l'enclos
domestique,
à
pl"oximité
de
la maison du
m1;)ître. Les
Neyo
de
Lateko pré.,:iserlt que le l"égisselJr d' IJn hanlealJ
d'es.,:laves avait
s.a sépulture,
au village,
"au pied" de son maître.
Etre enseveli
"pr~s"
de
la maison était un privilbge des esclaves
prestigieux chez
les
Odjukru
(Dibrm,
Mopoyem).
Les Kweni renvoient
au m@me espa.,:e lorsqu'ils indiquent que c'était "derri~re" la maison
(Dugbaf1a,
Tch~gba,
Umé).
Dans ces trois cas,
le lieu, ~n le voit,
ne se .,:onfond ni ave.,: l'intérieur de la maison,
ni avec le centre de
la cour
où reposaient les maîtres.
En m@me temps que le bénéfice de
cette localisation rappro":hée,
mais à part,
était accordé l'avantage
d'une sépulture correcte tant da~s la forme que dans les dimensions.
Toutefois cette
double
concession
n'abolit
pas
la
relation
fondamentale aux
personnes
libres,
c'est-à-dire
l'exclusion
du
système funéraire.
Car pour les esclaves-rédimés aussi,
il n'y avait
pas de
condolé.::lnces .::Idressées .::lU lignage propriét.::lire,
pas de dons,
pas
de
funérailles;
cad.::lvre et destin post-mortem étaient évacués
le nlênle
jOIJl".
Or,
enl'ni"mt l' e:·dsterl'~e d' un de'Jil,
les '~ommIJrlautés
affirn'aient l' ine~<isten'.::e
rio ri seulement du l"aPfo1"t de pal"enté,
n,ais
encore d'un
rapport
de
simple
familiarité
entre le défunt et le
lignage propriétaire.

615
2.2. b.à for-me relative d'éva'':IJation

Dans les
hameaux
de
culture,
ob les esclaves eux-mêmes
exécutaient l'opération,
au
contraire,
seule
l'inhumati6n~ était
\\
expéditive;
car
la
colonie
servile aménageait ensuite un rituel
funéraire qui pour n'@tre pas celui des ingénus n'en était pas moins
un.
Cette inhumation
avait
lieu dans des cimeti~res Jouxtant
les hamealJX
et
sis
sur
des terroirs assignés par les maîtres.
En
territoire neyo,
nous
connaissons
certains
de ces cimeti~res sis
dans des
for@ts
réservées
Kukplire
pour
Guli 1 et Guli II ou
Lesugyré par
opposition
au
grand
cimeti~re
des ingénus Gagbre à
Lateko,
Kukrakpo.
1.
pour
Glowru
et
Bloko,
Kukurakpo
II
pour
Kolegbabo,"OKükrakpo' III
pour f~op'''ako; !3"Kadro'kpa; D~ tels annexes
devaient exister
également pr~s des hameaux alladian. Sur les rives
du Sassandra,
à
Hissehi,
les
défunts
devaient
être ramenés des
hameaux au
village
et du village @tre transférés sur l' Ile-ob-l'on
cache-les-Horts, en
aval
du
fleuve.
Dans l'lJn et l'autre cas,
le
chef dlJ lignage fournissait le pagne nécessaire à l'inhumation, s ' i l
y ~
lieu.
Quant aux procédures concrètes de cette inhumation et des
funérailles qui
les suivaient, nous les ignorons à vrai dire.
Etant
donné que les populations d'esclaves dans les hameaux neyo,
alladian
OIJ kweni,
avec le'J'" relative hom-ogénéi té ethniq'Je, ,.:onsti tlJaient des
communautés,
non
seulement
de
production et de consommation, mais
encore de
vie
culturelle,
nous
supposons
qu'elles accordaient à
leurs défunts des sépultures quadrangulaires et profondes ob ceux-ci
reposaient,
allongés,
suivant
la
coutume
normale
des
cultures
locales. Après quoi, elles les honoraient, selon le rituel flJnéraire
de leur
société
d'origine
ou
des
sociétés apparentées: veillée
mortuaire, chants
et
danses,
libation i chaqlJe défunt,
par le fait
de ses
congénères
du hameau,
réintégrai~ ainsi un statut de mort ~
peu pr~s
normal
qu'il
eût
perdu
dans
l'enclos
des
villages
d'ingénus.
Du
point
de
vue de la métaphysique de la mort,
tout se
passe comme
si
c'était
les communautés serviles des hameaux,
dans
leurs espaces
culturels
de
minorités,
qui sauvèrent les ~sclaves
défunts de
l'anéantissement
eschatologique
auquel les sociétés de
leurs maîtres,
dans
les
villages,
les ~vaient destinés.
Une seule
question demeure
sans
réponse
pour
le
moment
sauvés
de
l'anéantissement symbolique,
ces
esclaves
ont-ils
Joui, dans les
conditions contrôlées
de
l'esclavitude,
des
secondes funérailles
qui,
après
plusieurs
mois,
fixent
définitivement le destin post-
morten, ?
3. La signi fi,.:ation de l'éva,':l.Iatig.n
Les arguments
par
lesquels
étaient justifiés ces divers
modes d'évacuation
pour
la
majorité
des
esclaves,
achèvent
de
caractériser le
statut
de déchet dans l'acception ci-haut définie.
L'argument le
plus
gén~ral est celui de l'extranéité des esclaves.
Argument quelque
peu surprenant. En effet,
que les esclaves fussent
dans la
majorité
des
cas,
issus
de
sociétés,
d'ethnies
et de
cultures étrangères,
différentes,
c'était
une évidence.
Mais pour
cette raison même,
un rituel avait fonctionné dans le dessein de les

---------------------_.- -- - ------.-
coyper de
leyrs
racines et de les annexer ay:< sociétés d'accyeil
;
assimilés ayx
fils et filles des acheteyrs, syrtoyt les plYS jeynes
dont la
tranche
la
plYS
longue
de
vie
s'est
inscrite
d~ris
l'esclavityde,
ils avaient intériorisé l'idéologie de la parenté.
Or
voilà qye la nlort fait voler définitivement en éclat cette i~~ologie
comme fiction
et comme illysion. En vél~ité, si cette idéologiè a py
tromper beaycoyp
d'esclaves,
notamment
ces
jeunes
profondêment
marqYés par l'accultyration,
le statut d'étranger était ay contraire
inaltérable ay:<
yeyx
des
personnes
libres.
Des observateurs ont
confirmé cette
réalité.
Parlant
de la société odjukru, Lamblin en
1902,
fait
cette
constatation
qu'on peut généraliser ay champ
de
nob~e étlJde
~Z~
"·.M~.~.
p • •
d .
p_ren~• • r~~~~Q~e~~e• • ~en
que
1 • •
e.Q~.v• • •ppe~1en~
1 . u r
m.~~re
·~.r.~.
~~.
n'on~
.UQun
dro:i~.~
.on~ ~ou.Jour. o:ron.~~';,;,-~':,c~~..~-';;;--_~r."'Q_"r.... 1_
~.m~11.". <1902:441>.
En effet,
la
mort d'un étranger introduit dans l'ynivers
des ingénys
une
contl~adiction, celle qui oppose l'hétérogénéité et
l'homogénéité. Elle s'explicite en trois problèmes:
loin du lignage
originel du
défunt
qui,
légitimement,
se
chargerait
de
la
responsabilité des
obsèqyes
?
Loin de la société d'origine, quel
juste statyt
social
réserver
au défunt dans la mort?
Loin de sa
culture d'origine,
quel
rituel
funéraire
lui
faire' sYbir
pour
assurer la cohésion de son groupe,
le repos de son 8me et la paix de
la société
d'accyeil
?
Poyr résoudre ces problèmes de l'idéologie
sociale, politiqye et religieuse,
qui sont des problèmes d'identité,
de pureté
et d'éqyilibre,
les sociétés lignagères inventèrent trois
solutions au moins.
La première solytion est celle de la restitytion dY défynt
~ son
lignage, ~ son village, sinon ~ sa société d'origine. Dans ce
cas, une
fois
l'information
passée,
oy
bien c'est la communayté
d'accueil qui
a obligation de transférer le corps ay village natal,
ou bien
,,:' est
la comnllJnalJté d'origine q'Ji aSSUftle le tr'ans-fert d' un
corps qye
la première tient ~ sa disposition. C'est conformément
à
ce principe
et
à
la
première modalité de son application qye les
épouses défuntes,
étaient,
dans
certaines sociétés patrilinéaires
(ab@-kroby et
dida) ,
rapatriées
par
les
époyx. Ce rapatriement
avait ceci
de particYliel~ qye les frères de la défynte infligeaient
impunément aux accompagnateyrs des Molestations ou des voies de fait
poyr les ch8tier d'yne mort qyi leyr était impytée ~ crime. Selon la
seconde modalité,
avaient
lieu le rapatriement de personnes libres
mortes pendant
qy'elles se tl~oyvaient en traitement thérapeytiqye à
l'étranger (les parents allant ramener les corps) oy le rapatriement
de personnages
éminents
décédés
à
l'étranger
dans
d'autres
circonstances
(les
classes
d'3ge ou les délégations officielles se
chargeant de
l'opèl~ation).
Ainsi, trépassée à Kpass (Dabu) où elle
avait rejoint
ses
soe~rs
dans
son
grand-~ge,
Aka
Sêmu Nieê de
Hopoyem, classe
mbarman,
grand'mère
de l'auteyr,
fut-elle ramenée
par les
classes
d'~ge
et
inhumée à Mapovenl en vert y d'une double
exigence sociale
et
palitico-religieyse"
d'une
part,
le
ftlatrilignage Oont.:lb·-n-l.=..l
de
50n
felJ
êpau:·~
enter.dait l~esDe'.::tel~ ses
~.- ..~..~--.-_. -

s-
..
61"7
oblig~tions m~trimoni~les
jusqu'~u
bout
d'~utre
part,
la
communauté vill~geoise,
pour
s~
propre
~ssur~nce
mét~physique,
voul~it offrir a l~ doyenne d'~ge du vill~ge les honneurs funér~ires
qui lui ét~ient dOs.
\\
Une solution
de
compromis
existe
qui
se
r~mène a une
v~riante de l~ restitution.
Les lign~ges se p~rt~ge~ient les t~ches,
le lignage
d'~ccueil,
~vec
l'assistance
du
lignage
d'origine,
célébr~nt les
premières
funér~illes
~u
vill~ge d'~doption, et le
lign~ge d'origine
~ccompliss~nt les secondes flJnér~illes ~u vill~ge
n~t~l. Tel
fut,
p~r
exemple,
en
territoire
~ll~di~n, le régime
funér~ire des
g~gés
non-rédimés
d'origine
odjukru
-ou
~ky~n. L~
solution de compromis est ~v~nt~geuse pour deux r~isons. Du point de
vue soci~l
et économique,
le lign~ge d'origine, dont l'accord ét~it
requis, p~rticip~it
~ux
fr~is
des
obsèques
s ' i l
ne les pren~it
tot~lement ~
s~
charge
; du point de vue idéologique, ce sont les
secondes funér~illes seules qui, hier comme aujourd'hui, en ~chev~nt
le rituel
et
en
levant
le
deuil,
conféraient
leur
sens
~ l~
ren~iss~nce et ~ l~ p~ix négociées ~vec l~ mort.
L~ deuxième solution peut @tre dite celle de l'intégr~tion
plus
ou
moins
~ssimilés,
les étrangers libres recoivent p~r l~
médiation de
leurs
hôtes
et tuteurs, selon les m@mes séquences,
~
peu de choses près,
les funér~illes réservées ~ux ~IJtochtones. Telle
ét~it la
situ~tion
des'
g~gés
rédin\\és et des captifs .incorporés ;
telle l~
situ~tion
des
épouses
êtr~ngères,
~u sein des sociétés
d'agrég~tion ob
ne jouent pas la ségrég~tion dans l~ mort.
Au terme
d'une ~ssimil~tion soci~le et culturelle de longue durée,
pour ~voir
été m~riés,
pour avoir l~issé une postérité et de l~ richesse,
pour
~voir reh~ussé
le renom du lign~ge d'adoption,
les étr~ngers libres
pouv~ient ~insi
acquérir
tous
les titres ~ux honneurs funér~ires.
Toutefois cette
intégr~tion ~u systèn\\e funéraire s'inscrit d~ns une
str~tégie d'~cheminement
du défunt vers sa ter~e nat~le
la tombe,
voie de p~ss~ge, ét~it ~lors sise au bord du chemin, a l~ lisière de
l'esp~ce vill~geois. Ce que Jean-Paul Eschlimann écrit de l'étr~nger
en p~ys ~nyi-bon~, reste ~pplic~ble ici
"0....... "t:ou• 1 ••
...... p .. r't:j. ....
c h . _
_ n 1· .n1:".,...,....r.1:
v.n....
_'t:
p.......
oC..
b a : l . .
d . m . . ." ....
'':'''0'':'0-:1:1.1.''.
<1:1.1:"
v- .. w·l·.· ..
fNo"t:·l··~l'••_ .....·,·
.••.••I• .q ..... •
,.;IJ.I""I~
:I.u
'''c:J'''~'.
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618
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1 .
"'~e
d e
.e. ano.~re.,
_ J.M.~. den••on ."t:'."t:'u"t:' d·."t:'r.ne."'". (22)
\\
Entre la
restitution
qui
implique la reconnaissance
de
l'autre en
tant qu'autre, et l'intégration qui identifie l'autre au
m@me, avant
d'ouvl~ir
l'accès ~ la terre natale, vient la troisième
solution, appliquée
aux
esclaves,
la
solution
de
la
négation.
Nfgation de
l'autre en tant qu'autre, cette négation disqualifie la
personne en
tant
que
personne
dens
ses repports ~ la communauté
(lignagère et
villageoise>,
dans
son
rapport
au
patrimoine
constitué et dans son rapport ~ la terre.
La première
justification
de cette négation est ~irée du
caractère marchandise
des
esclaves.
Nous avons vu en effet que le
coût social
d'une
nlort se décompose en investissement de temps,
de
biens, et
en
participation
humaine.
La
réductioTI,
voire
l'annihilation de ce coût parait tenir d'abord ~ ce caractère. C'est
ce qu'exprime,
le 30 juin 1977,
Kwadio Krambo de Vadjo,
dans la sous-
pl~éfe,.:tul~e d' Agbovi Ile
: "Argent perd'J,
pas d'argent à dépensel~". Ce
qu'on peut,
en
un autre langage aussi,
tradlJire : argent,
temps et
travail perdus,
pas
d'argent,
pas
de
temps
et
pas de force de
travail ~
dépenser.
On
ne
peut s'empêcher d'évoquer le propos de
Marx au Livre l
du CaPital
(Ch.X,v>
"~e
p r ... pr~.~.~re
d ' e . o 1 . " , e .
.oh.~e
.... n
~ra"'a~:L1eur
o ... mme
~1
.oh.~e
. o n
boeu~.
En
p e r d . n • • on
e . 0 1 . " , e ,
~1
p e r d
un
c.p~~a1
qu'~1
n_
peu~
r.~ab1~r
q u e
p . r
. o n
n ... u v e a u
d . b o u r • • •u r
1 e
. a r o h . " .
(
Economie 1 1965 : 801).
Cet argument
vient
en
effet
justifier l'immédiateté de
l'évacuation,
l'absence
de
frais,
le
refus
de
funérailles
qui
impliquent, outre
les
dépenses
d'énergie et de biens,
la prise en
compte sociale de la durée.
Or que
vaut cet argument?
Lorsqu'on sait l'exploitation
dont les
esclaves
étaient
l'objet,
sans doute moins chez les Ab@
qu'ailleurs chez
leurs
voisins
de
l'Est
ou du Sud,
lorsqu'on se
rappelle la
circulation
des biens investis daTls les funérailles et
le relatif
équilibre
qui
en
résulte
pour
les
acteurs
le plus
souvent, cet
argument
ne parait pas fondé en termes économiques et
relève plutôt d'IJn parti-pris idéologique. Ce parti-pris a été assez
opini3tre pour
légitimer
les
attitudes de négation jusque dans la
société post-coloniale.
Deux exemples l'attestent. En 1963, mourait
à Cechi
(Agboville) ,
le vieil esclave du père Orso,
Niamien Nahun,
protestant méthodiste et planteur capable de produire deux tonnes de
cacao par
an.
Le
Pasteur
Orso Deci, pour l'honorer,
organisa les
funérailles avec un certain éclat. Or beaucoup de gens ne comprirent
pas les
motifs pour l,squels il s'entêtait ~ faire tant de dépenses
~ l'occasion
du décès d'un ancien esclave,
fat-il planteur (23).
En
1974 de
même,
l'informateur
Seri
Zuzu~ Jean
de
Lobia
(Daloa>
signalait ~
notre attention la situation d'un ancien esclave défunt
et Jeté
sans
sépulture sur le territoire de Luenufla en pays kweni
(24)
,
bien
que
nous
n'avions pu vérifter l'évènement,
le crédit
accordé à
ce
fait
divers
et
la
reconnaissance de sa légitimité
confirment la permanence de la vieille idéologie.

619
Le post~l~t de ce parti-pris, de~)(ième justification de l~
négation et
s~ tr~d~ction en terme mor~l, c'est l'infériorité de l~
personne-m~rch~ndise. Or
il
en
est
ici
comme
d~ns
la
théorie
q~'enseign~it déj~
Aristote
~~
IVe
siècle
~v.
J.C. en<~rèce
l'infériorité de
l'escl~ve ~ s~ so~che, ~~-del~ de l'histoir~, d~ns
l'ordre métaphysique
et
biologiq~e. No~s y reviendrons dans l~ IVe
P~rtie ~
propos
de
l'idéologie
de l'infériorité. Cette inég~lité
nat~relle, d'origine
mét~physiq~e,
j~stifie
d'~bord,
de
f~con
générale,
l'excl~sion
dont les esclaves f~rent l'objet des systèmes
f~néraires, le~r
extermin~tion
esch~tologiq~e; c~r d~ns l'o~tre -
tombe ~~q~el
ils ne méritaient pas d'accéder,
les maîtres dev~ient
se retro~ver
a~
sein
de
sociétés
homogènes, ~y~nt le~rs membres
sinon to~s ~~tochtones, ~~ moins tous ingén~s, tOIJS nobles. Un conte
Justifie cette
infériorité
spécifiq~e dans l~ mort. C'est ~n conte
od Jukr-u dit par.Joseph Adjé:i. AdlJ d' A"'lodj-Agbai lle.
·Au~~.~o~• •
~ou.
1 • •
MO~~• • ~.~.n~
~~.n.po~~• •
~u.~y·_
D~.u
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1 • • • • Q1.~• • • ~.~.n~
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~.~~• •
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g b 1 e m g b &
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c.1u.-c~
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C<~1.Q • • - 1 • •
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• a~~.
~~_.~
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Jou~
~U_
~ou.
1 • •
hOMM • •
• on~
~nhuM • • • u~
1 a
~_rr_»"
(25)
Ce conte
post~le
q~e
l'histoire idéologique conn~ît ~ne
évol~tion sinon
~ne
révol~tion. D~ns l~ première ère de l'histoire
du monde,
de
la
hiér~rchie
soci~le
q~i
s~perpose
- personnes
libres, riches
o~
p~uvres
et
escl~ves
- déco~le ~ne hiér~rchie
funéraire.
Aux
riches,
et
peut-@tre ~ to~tes les personnes libres
est réservé (le conte ne le dit pas)
l'esp~ce céleste ; ~~x escl~ves
l'espace terrestre.
D~ns
la
seconde ère, Dieu de facon arbitr~ire
comme to~jo~rs,
et
d~ns
l~
colère en la circonst~nce, édicte IJne
nouvelle loi
le
non-~ccès
des
l~iches à
l'esp~ce céleste,
leur
coh~bit~tion obligatoire
avec
les escl~ves s~r l~ terre. L'état de
choses au
XIXe
siècle serait ~ne conséquence de cette réforme : le
nouve~~ partage
de
la
terre
entre
libres
et
escl~ves.
Cette
cohabit~tion terrestre
de
tous les trépassés h~mains justifie dans
la logique
de
l'inégalité,
l~
portion
pl~s
ou
moins dérisoire
d'étendue éch~e ~ chaq~e c~tégorie d'escl~ves.
~~
M~is nat~rellement
inférie~r,
l'esclave - et c'est l~ le
second postul~t du p~rti-pris idéologique et l~ troisième Justifica-
tion de l~ négation
était ~~ssi imp~r, d'~ne imp~reté en quelq~e
sorte spécifiq~e,
p~isq~e
l'étranger
libre
n'en
a
Jamais
été
systém~tiquement incriminé
son
c~davre,
croyait-on,
men~ce .les
sociétés d'adoption de divers d~ngers.
Or en
quoi
consiste
cette
imp~reté?
On peut entendre
cette imp~reté
indifféremment comme ~n po~voir de corruption affec-
tant l'ordre
social et l'ordre cosmiq~e (~usue selon les OdJukru et
les Anyi)
o~
comme un po~voir de poll~tion au sens de Mery Douglas
(26) •

620
.........
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d.ng.rqu~
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p o .......... ~r
..
or.""
u . 1
1 .
~
"'....-
D~ns l~
typologie de cet ~~teur, cette impureté relève du
troisième et
du q~~trième type de pollution soci~le
elle n'est ni
un d~nger
extérieur
ni
un
d~nger de fr~nchissement des divisions
internes au
système
soci~l,
m~is
elle est un d~nger qui se situe
~ marge
des
divisions
intel~nes
a~ systeme et un danger issu des
contr~dictions internes
et
mett~nt
le système en guerre avec lui-
m@me (27).
En
effet,
il
y a contr~diction dans l~ vie
certains
escl~ves ont
~ccédé
~u
statut
de
c~dets, voire d'aînés. D'~'Jtre
part, d~ns
l~
mort,
~pp~rait
une contradiction insoluble en deux
sens
~
l'e~igence politico-religieusede r~patrier tout étranger
s'oppose l~
nécessité
socio-ècononlique
de
retenir
un
étranger
approprié dont
le lign~ge propriét~ire ignore souvent l'origine; ,
l~ nécessité
de la rétention, donc de l~ consomm~tion jusqu'~u bout
de l'esclave
approprié,
s'oppose
l'exigence socio-politique de la
différenci~tion sociale.
Le
symbolisme
de
la
pollution, si no~s
suivons une
des
interprét~tions de Hary Douglas
(28), résout cette
contradiction:
d'un Côté,
il absout les sociétés qui transgressent
l~ droit
des
gens
~près
avoir
réduit
les
escl~ves
~
l'ét~t
d'~patrides;
de
l'autre
Côté,
il
renforce la morale sociale en
r~dic~lis~nt l'infériorité des escl~ves.
On reconnait
les
effets
de ce pouvoir de pollution dans
certains désordres
de
la
n~t~re
<sécheresse,
inond~tion,
épi%ootie ... ), et
dans
certaines
crises
des
sociétés
(épidémie,
guerre, dépopulation) ,J Bolu
Ziki d'Okr~yo <Subré) décrit en termes
suivants, de
m~nière
sentencieuse,
l'effet
de
dépopulation
"l'escl~ve d~ns la terre
<étr~ngère) appelle un ~ un les villageois«
(29). Absolument
parl~nt,
cette
pollution
pouv~it
att~quer
les
racines vit~les
des
sociétés
et
perturber
les
équilibres
fondament~ux de la n~ture,

,,;:
,.
L'~ttribut
d'impureté
~
déterminé,
en premier lieu,
les
~tra1tements de
ségrégation
et
d'abandon
infligés
aux
esclaves
mal~des ou
~gonis~nts.
Pour Justifier,
p~r exemple,
leurs coutumes
d'ab~ndon apr~s
déc~s,
les
8ete
septentrionaux (Z@blé,
B~légUhe,
~G~epie... ) se
prévalaient d'une pr~tique d'abandon dans l'agonie en
vigueur chez
les
Kweni
loin de laisser expirer les esclaves au
village,
les
Kweni
méridionaux,
disaient-ils,' les
traînaient en
brousse et
les
y
laissaient
mourir
(30).
En
pays
odjukru,
préfigurant en
quelque
sorte
l'abandon,
une ségr6gation frappait
aussi les malades au village m@me.
Détachés des autres esclaves,
ils
mangeaient dans
des fragments d'assiettes en terre (likpob-lo9,
pl.
mokpob-09),
ils
buvaient
dans
des
coupes
~
eux
réservées,
ils
loge~ient hors
des nlaisons communes, dans des maisons désaffectées,
sinon en
brousse.
Le
marronnage
des ~sclaves évadés des villages
--voisins de
Dabu
et
réfugiés
au fort Faidherbe apr~s 1870, aurait
comme une
de
ses causes ces mauvais traitements
(31).
A la vérité,
ces traitements s'appliquaient partout ~ deux catégories d'esclaves,
les contagieux
et
les
vicieux,
toutes deux malfamées,
catégories
pour lesquelles
une
seule issue était retenue:
la mort,
c'est-~ -
dire l'abandon, avant comme apr~s le trépas.
Cet attribut
a déterminé, en deuxième lieu,
la discrétion
dont
on
entourait la mort de l'esclave,
~ l'instar de la mort d'un
non-@tre social.
Tout se passe comme si le bruit de cette mort,
non
seulement devait
indisposer
la communauté villageoise,
en tant que
société politique habituée ~ la publicité de ses grandes morts, mais
encore menacait
de
réveiller
on
ne
sait
quelles
puissances
maléfiques du monde.
Cet attribut
a déterminé, en troisi~me lieu,
le choix des
sites d'abandon
et
d'inhumation. Généralement,
les sites d'abandon
se localisaient
très loin des villages au coeur de la brolJsse,
~ la
mani~re des cimeti~res des sorciers. Tout se passe comme si, suivant
les mythes
dan
et bete de l'origine forestière de la M01~t, c'6tait
les réprouvés
voués ~ l'anéantissement ontologique que les sociétés
lignagères reléguaient
le
plus
près
de
l'origine
perdue. Si la
mythologie du
fromager reste en partie ~ élucider,
l'arbre a elJ une
vocation jlJstifiée.
Cet
arbre auquel on empruntait ses stipes pour
confectionner des
pirogues
et
des
cercueils,
c'est
le nl@me qui
offrait aux
Bete
et
aux Kweni ses contreforts en guise de caveaux
naturels et
aériens.
C'est
qu'il
est
l'habitat
de divinité,
un
enclos divin selon les croyances bete et odjukru ~ tout le moins. Le
génie du fromagel~, ce-génie dont les sculpteurs de pirogues savaient
capter la
bienveillance pour protéger les p@cheurs contre la fureur
des dieux
d'e~u, n'était-il pas de l'espèce de génie s'Jsceptible de
neutl~aliser les
dangers
que l'impuret6 des esclaves faisait planer
sur la terre,
les végétaux et les ,animaux 1
Sur le
fleuve et la lagune,
les îles où l'on évacuait les
esclaves défunts
n'étaJent
pas
des
choix
fait
au hasard.
Terre
sépar6e du
continent, 'une île représente d'abord comme l'extrémité
de l'oecumène
ou mdnde habité, mieux comme un ailleurs inaccessible
; il
faut y voir aussi le symbole de l'isolement absolu,
l'image de
l'enfermement sans
rémission
;
enfin
par son orient~tion une île
peut assurer
une
fonction
de débarras et de protection pour ceux

622
.-
...... _._--,
_.-_.~._
_•.._--
---_.._"'-- ._-.- .._"-
qui l'ont choisie comme cimetière des étr~ngers. Au Nord-Ouest de l~
Lagune de
L~hu,
l'Ile-des-Escl~ves véhiclJl~it vers le continent et
la for@t,
région
d'origine. de
ces
étrangers,
l~ m~lodeur et la
souillure des
eorps i
de mIme, sis en ~v~l du fleuve Sassandra, p~r
rapport aux loealitës de Kwati et de Missehi,
l'Ile-de-Gono ~t l'~
o~-l'on-c~che-les-mortsétaient censées dr~iner vers l'embou~hure la
souillure des
ead~vres et les malheurs potentiels qu'ils port~ient.
Enfin lorsqu'ils
étaient
inhumés
dans
les
enclos
lignage'~s
au
village,
les
esclaves
l'étaient tOIJjours sur les marges,
j~mais ~u
milieu de
la cour, toujours ~ la périphérie,
jamais au centre de la
demelJre.
A l'idéologie
de
l'Impureté,
en quatrième lieu, tiennent
~u moins
en
partie,
les
modalités d'abandon et d'inhumation,
les
_oc.---ri-tlls . de pr'évention et de réparation des malheIJ'''s. C'est que d'abord
les iignages ensevelissaient les esclaves défunts sur leurs terroirs
avec l'autorisation expresse et'par conséquent sous les auspices des
maîtres de
la
terre,
pontifes
des cultes publics: tr@zan kweni,
dodo-Iowri bete,
nanan
~b@.
EnslJite,
tout
usage
illicite
d'un
terroir étr~nger
s'~ssimilait
à
une profanation et exigeait mieux
qu'une réparation,
un sacrifice. Pour avoir fait déposer le cadavre
de son
esclave
Zahori
Sahi
dans
la
for@t
de
Kwassi Depie, du
patrilignage des
Tap@dodu,
le
grand-père
de l'informateur Tétéhi
Oigbeu Etienne,
le Sieur Gnobu Gobu de Bla CDaloa), dut s'acquitter
d'une amende
d'un
cabri, d'un pOIJlet et d'un pagne, néeessaires au
sacrifice purificatoire.
Enfin,
en creusant des fosses quelconques
ou des
fosses
superficielles pour les esclaves défunts,
les cadets
n'économisaient pas
seulement
l'effort
en proportion de la valeur
soci~le des
défunts,
mais
encore
et surtout ils obéissaient à la
morale de
la
sauvegarde
des
sociétés,
morale
qui
proscrivait
l'enfouissement norm~l de cadavres étrange,"s et étr~ngères, présumés
d~ngereux.
Mais
si
l'ét~t
de
déchet
social se ratt~che, p~r delà
l'impureté et l'infériorité, à l'ét~t de march~ndise, c'est donc que
l'abjection de
l'esclave défunt,
loin d'être ontologique et loin de
procéder de la n~ture de la personne telle que l'~nalyse l'~ n'Ise en
lumière dans
le IVe Ch~pitre ~ résulté d'un procès,
le procès de la
réification marchande,
l~ vr~ie déché~nce. Or cette déchéance s'est
bel et
bien produite d~ns l'histoire, ~u cours d'une vie passée, ~u
sein d'une
autre société,
la société d'origine. Depuis,
l'idéologie
escl~vagiste a
transformé
cette
société
d'origine en un- au-delà,
cette vie
p~ssée
en
une vie ~ntérieure, et cette histoire, en une
ontologie.
D'~utre p~rt
si,
d~ns l'idéologie funêr~ire, la croyance
en l'impureté
implique
une
~gressivitê des esclaves défunts,
leur
malfais~nce plut8t
que
leur
bienfaisance,
il f~ut admettre qu'il
exist~it dans
la
vie,
entre
esclaves
et
personnes
libres, une
relation contr~dictoire,
une
tension, voire un antagonisme,
j~mais
résorbé, dont
l'angoiJse
hante l'imaginaire des groupes dominants.
Les faits
de
résistance,
que
nous
allons
~border
mainten~nt,
confirment pleinement cette hypothèse.
p

623
/
SECTION
il.
LES RESISTANCES
LE REFUS DE LA DESHUMANISATION DANS ,LA VIE
" \\
A la
question de savoir si les esclaves que nous étudions
ont tous,
partout
et toujours,
accepté la situation qui leur dtait
imposée, deux
réponses
contradictoires ont été faites.
La majorité
des observateurs
coloniaux y a vu, sans nuance, une condition amène
i
et
Roger
Villamur,
résumant
dans ~ Coutumes des indigènes de
Côte d'Ivoire,
les
rapports
d'enqu6te
des
administrateurs
des
Cercles des
Lagunes,
de 5assandra et du Cavally,
la caractérise en
terme~ de
clientélisme et de collaboration (1902 : 381,484,486). Au
contrai re, pOIJ'"
que Lques
,"a,"es témoins, ,.::omme le Capi tai ne Crosson
(1898) et le Docteur Joseph Crudeli
(1914 : ·78), rien fie ~er~it plus
faux:
cette situation,
loin d'@tre acceptée ~ cause d'une prétendue
aménité, était une situation subie (1).
A vrai
dire, pas de réponse simple ~
cette question.
Par
delà l'homogénéité
de
statut,
les
esclaves avaient une condition
variable selon les sociétés, selon l'~ge d'arrivée et le sexe, selon
la qualification
et la condlJite, voire la personnalité du maître ou
du chef de lignage. Si la majorité
des observateurs colonialJx avait
totalement raison (les lacunes de lelJrs rapports rédigés en 1904 ont
révélé qu'en cette matière,
ils étaient en général mal informés), on
ne comprendrait
pas
les faits de résistance dont les traditions se
font l'écho
i
surtout, on comprendrait mal pourquoi un grand nombre
a saisi l'occasion de l'abolition de l'esclavage pour abandonner les
anciens Iltaitres.
L'analyse des faits d'évasion antérieurs à la colonisation
française et
des
faits
de
séparation
consécutifs
~ l'abolition
dQnnent raison à la thèse de Crudeli et Cresson. Hais l'attitude des
.~claves, non
D,oi ns
nombr-eux,
fi:<és à demeure a'Jp'''ès des maît,"es,
avant et
après
l'abolition, et celle des esclaves qui, partis dans
le mouvement
de
la
libération générale, ont assez vite l'egagné la
maison des
anciens
prop"iétaires,
ces
deux
attitudes
tendent à
justifier, en
partie
la
position
de
Villamur,
m@me si, dans la
forme,
les
relations
d'esclavage
ici ne s'assimilent nullement au
clientélisme. En
somme, contradictoires,
les attitudes des asclaves
face à
leur
condition
concr@te méritent d'@tre décrites en termes
contradictoires:
acceptation
et
résistance,
résistance
après
acceptation, parfois.
Or cette
acceptation
d'un
ordre
social,
fondé
sur la
réification de
la
personne
et
la
force,
un ordre qui postule le
renonciation ~
la
résistance
et
l'inutilité
de
celle-ci,
cette
acceptation porte
un
nom:
c'est la résignation. Dans Cahiers pO'J~
!:!.!!.!!. morale, Jean-Pal.Jl Sar'tl"e en pr-opo s e une définition qui,
comme de
juste, présuppose l'aut.nomie de la conscience dans l'histoire
· L .
r • • ~gnc~~an • • ~
~
1·~ny_r• •
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624 .
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<1983 : 407).
Par résistan~e,
a~
~ontraire
no~s
entendons
~ne
disposition pratique
de
refus
ou
d'opposition,
in~ons~iente
ou
ddlib~rée. En
premier
lieu,
elle est ~ne notion large ~omme l'ont
bien v~e les nouvea~x historiens de l'es~lavage en Amérique
(2).
Les
~ontl"a1intes a'.J:<quelles
~ette' disposi tion
appo.rte
d"es réponses se
n,anifestent à tous les niveaw< de la '''éalité so':iale et '':'.Jlb.Jl''elle i
aussi bien
sont-ils divers les objets sur lesquels elle s'applique,
le~ sujets
~ontre
lesquels
elle
se
déploie et les formes de son
d~ploiement. La résistan~e par ~onséquent implique la violen~e ~omme
une de ses formes,
mais ne s'y réduit pas.
En
de~xième
lieu,
à
la théorie de la libération qui est
son présupposé
idéologique
ou
philosophique
cette
notion
i~i
appliquée apporte
deux
enrichissements.
D'abord,
l'initiative de
refus ne
vient
pas
aux
es~laves
seulement
par le travail et la
formation ~omrne
l'accrédite
Hegel,
phéno",énologue de la ~aptivité
(3),
mais
elle
leur vient aussi, ~omrne l'a vu Sartre, moraliste de
l'oppression esclavagiste,
des
désirs,
de
la
dépendance,
de la
misère ou
de
la faim
(1983 : 404). Dans le ~as qui nous intéresse,
olJtre la dépendance et le travail,
le désir, aù sens large, dont les
objets sont
interdits à l'esclave, a été fa~teur libératel.Jr
désir
se:<uel, désir de richesse, désir de re~onnaissance sociale, désir de
pouvoir. Ensuite,
cette
initiative
peut
s'accomplir
en révolte.
Avant d'être
un
état d'esprit et un mouvement social, ou plut8t en
m@me temps
qu'état
d'esprit et mouvement so~ial, au sens large,
la
révolte est
un
acte individuel de volte-fa~e contre quelqu'un pour
que que ,"ai
ï
SOT••
e n
qU.1qu_
p_:I.n_
G_
• • • ) 0 )

c>ppo._
.or~_
G.
G~a:l.~
_
n_
pa• • ~r_
c>pp~~m.
aU-G_1_
G_
C _
qu·:I.1
P_y~
_dM_~~r_"
( 4 ) .
C'est à
tort ~par ~onséquent que Camus croit pouvoir nier
l'esprit de révolte dans l~s sociétés non-européennes, non seulement
dans celles, primitives où "l'égalité est absolue",
mais encore dans
celles o~
l'inégalité
est
très
grande,
parce que la tradition de
l'univers s~cré,
à
travers
le
mythe,
y aurait donné une réponse

fi,.:"
~.'-
~ifr- -
-...' "
_
625
définitive au
problème
de
la révolte.
rci également, un mythe,
le
mythe de
Dogbrowadji,
relate,
nous l'avons vu
<rIe Partie,. Ch. III,
Section 1),
une
aventure
prométhéenne
d'insurrection
contre les
dieux;
ici
aussi,
dans
le
mythe
comme
dans
l'histoire,
nous
retrouvons les
deux
figures majeures de la révolte identifiées par
Camus:
le meurtre et le suicide.
En troisième lieu,
la relativité de cette notion doit être
sOIJl ignée.
Dans
un
p\\~ê'.:::édent
'.:r-Iapi t\\~e ,.
le
Tableau
12
des
transgressions et
des
peines
afférentes
nous
a
fourni,
~ titre
implicite,
les
normes
sociales
que
les
sociétés ici considérées
exigeaient des personnes libres.
Relativement à ce "code pénal",
les
conduites de
résistance des esclaves acquièrent d'emblée en quelque
domaine que
ce
soit
un
caractère
délictueux.
Ensuite,
un délit
d'esclave,
par
exemple
un
adultère,
présente une gravité qu'on ne
voit pas
au
même
délit
quand
il
est commis par un cadet social
libre.
Enfin
et
par
voie
de conséquence, cette gravité prend une
coloration subversive,
au
sens où les ingénus y ~oient la négation
du pouvoir du maître,
voire de la relation d'esclavage.
Les formes
de résistance dont nous avons les témoignages,
les sanctions
qui les ont accompagnées et la signification que l'on
peut leur
attacher
confirment le statut d'infériorité radicale des
e s c l ave s .
Nous distinguons
trois
formes
o~
les risques pris vont
grandissant:
une
forme
civile,
une
forme violente et une forme
ambigu~ qui tient de la première par ses effets et ~e la seconde par
sa modalité.
Elle rassemble
toutes
les
modalités
de
refus,
donc de
transgression sociale,
qui,
ni n'utilisent quelque moyen meurtrier
ni n'envisagent
l'élimination
physique
de
l'oppresseur.
En
se
refusant ~
la
violence que nous définissQns plus loin,
cette forme
obéit à
la
morale
de
civilisation qui gouverne un ordre de paix.
Quatre au moins sont identifiables.
1 .1 . 1 Les
tl~ansQI~E~Ssions dan~_ ].' ol,:'dl:2. ~.H.!:'-~J. _ ~~].i~.!!!P.k 9€.~
! ' adlJ 1tere
Nous avons
vu
le
déséquilibre
de
la
population
des
esclaves dont
la
majorité
des membres était de sexe masculin.
Les
études d'anthropologie
tendent
~
montrer,
au moins pour certaines
sociétés lignagères,
que
les
cadets
sociaux
se
mariaient
relativement tard
et
qu'un
déficit en femmes menacait parfois les
villages à cause de l'acdumulation qu'en faisaient les aînés riches.
Même dans
les sociétés matrilinéaires où une politique systématique
de coll~ge
avait
été
pr~tiquée,
restait
encore
un gr~nd nombre
d'esclaves m~les
célibataires.
En
sorte que d~ns les vill~ges, et

-- - - - - - - - -
"
encore plus
d~ns
les h~me~ux, les escl~ves ne pouv~ient s~tisf~ire
norm~lement leurs
désirs sexuels s~ns commettre l'~dultère. Certes,
les normes
soci~les
~dmettaient que les escl~ves entretinssent des
rel~tions sexuelles
~vec
les
femmes
célib~t~ires
de
condition'
servile et
de
condition
libre
ou
~vec
les
comp~gnes
de'leurs
congénères et
que
les comp~gnes des escl~ves, escl~ves elles-mêmes
ou personnes
libres,
demeur~ssent
~
l~
disposition
des
hommes
libres.
L'~mende
de l'~dultère commis ~vec les comp~gnes d'escl~ves
s'élev~it ~ une somme relativement dérisoire. En p~ys ~kye, selon A.
Tomm~sini,
d~ns
les
premières
années
du
régime
coloni~l, cette
~mende ét~it
de
10
Fr~ncs
contre
25 Fr~ncs pour l'~dultère ~vec
l'épouse d'un homme libre
du commun,
40 Fr~ncs pour l'~dultère ~vec
l~ femme
d'un
neveu
du
chef,
100 Fr~ncs pour l'~dultère ~vec l~
femme du chef de cour et 200 Francs pour l'~dultère ~vec l'épouse du
,;:hef du vill~ge, "le r-o i "
<1911
: 410).
H~is
ces
mêmes
normes
ne tolér~ient p~s l'~dultère des
escl~ves ~vec
les
épouses
des
personnes
libres,
~ fortiori
~vec
celles des
m~itres
et
des
chefs. Or,
soit refus de l~ continence
forcée,
soit
~venture
g~l~nte,
des
escl~ves
ont
pris ce risque
contr~ l~
mor~le des m~itres. Dans l'~dultère, en effet, un escl~ve
n'~ffirme p~s
seulement l~ volonté de vivre ses désirs, m~isencore
il est reconnu comme p~rten~ire ég~le, ~u moins d~ns cette rel~tion,
p~r l~
femme
libre qu'il courtise et qui devient s~ m~itresse ;
il
entre en
compétition
~vec
les
hommes
libres
enfin
p~r
les
indemnités que
l'~dultère
entr~îne,
il
tire
des
tr~ites sur le
produit extorqué
de
son
surtr~v~il,
il récupère p~rtiellement ce
produit de m~nière indirecte.
Deux différences
~pp~r~issent
cepend~nt,
entre
l~
situ~tion du
c~det coureur de femmes et celle de l'escl~ve coureur.
D~ns le
premier c~s,
l~ tr~nsgression reste un délit ~u pl~n pén~l,
l'inconduite du
coup~ble
ét~nt
~lourdie
p~r
des
conséquences
économiques plus
ou moins gr~ves ; s~uf s'il ~ ~ffaire ~ un ~iné ou
~ un
chef,
le délit n'~ p~s vis~ge de crime.
D~ns le second c~s, ~u
contr~ire, comme
nous
le
disions
plus
h~ut,
l~
tr~nsgression
~pp~r~it criminelle
d'emblée. Voil~ en effet un escl~ve qui se pose
en rival
victorieux
de
c~dets
et
les humilie; un exploité qui,
contr~irement ~u
droit,
se ré~pproprie le fruit de son surtrav~il,
donn~nt un très m~uv~is exemple aux ~utres escl~ves.
Il reste
vr~i
cependant que de tels effets ne deviennent
réels que
sous
cert~ines
conditions:
~ge d'~rrivée de l'escl~ve,
degré de
qu~lific~tion, position et ré~ction du m~itre. Tels furent
les ~dultères
commis
p~r les esclaves ~vec les épouses des m~îtres
néyo et
dont se pl~ign~ient ceux-ci ~vec ~mertume à Georges Thomann
<1905
: 172). Tel f'Jt,- en P'::'lYS o d.Iuk r-u ,
le ';:l~ime implJté ~ Tamu E.>.ord.,
escl~ve did~
du nommé Tamu de GbadJn
(cl~sse : mbedié,
m~trilignage
des Y~nk~-l~). Célèbre pour la multiplicité de ses adultères et pour
les dettes subséquentes qui menacaient de ruiner son m~itre, Boni ne
devait p~s
survivre
longtemps j
sa célébrité
(5).
Tel fut,
dans l~
même société,
~u vill~ge de Tiaha,
le crime ~ttribué ~ un esclave de
Agrlés
(m~tl~ilignage
de s
Q..t.f.!l:..!:9.-1:l.,
c Le s s e mbedi.é)
: Agnés ~)ffi p;:..ll~
ailleurs ~ccusé de vols
(6).
..
...........,.--~.,
~,". ,"

627
,
1.1.2 Les
tr'ansgl"essions
d' ordr'e é,:::onon'i9IJe _ eHemple de
l' appr'opr' iat ion g,y, p,"od'J i t
Q.!::!. tl"ava il
Dans un
chapitre
précédent,
nous
avons vu quelle place
revenait en
général
aux
esclaves
dans le procès du travail,
avec
quel zèle ils s'appliquaient pour bénéficier de la sécurité et quels
droits leur
étaient
consentis dans la distribution des produits du
travail.
Hais
il
en
était
ici
comme
dans
tous les systèmes de
travail forcé.
Lorsque
fait
défaut
une
stricte surveillance, on
constate des
formes
d'opposition
au
régime
d'exploitation
rel~chement de
la
production
et
appropriation du prodlJit de leur
travail par les producteurs directs.
,"

62fJ
Cette
surveill~nce
pouv~it f~ire déf~ut dans trois c~s
lorsque les
c~dets
et
les
épouses
du maître étaient ~bsents des
lieux de
production, pour une raison ou une ~utre i
lorsque le chef
du c~mpement
ou du h~me~u rest~it occupé ~illeurs, p~r exemple ~ l~
ch~sse ~IJ
l ielJ
d' être
~
l~
p@che,
au ,.::h~mp ~IJ l ielJ d'@t,re ~ la
ch~sse
lorsque
ce
chef, m~nqu~nt ~ s~ loy~uté envers le ~~ître,
ét~it de
connivence
avec
les
tr~vailleurs. Aucun exemple concret
dans notre
document~tion n'illustre ce dernier cas, représentant le
manquement le
plus gr~ve, une forme de rébellion collective. Ce fut
génér~lement donc
les
deux premi~res défaillances qui expliquaient
les divers
modes
de
rel~chement
que les maîtres nomment de facon
critique et
négative
paresse ou mauvaise volonté, et les divers
modes d'appropriation
du
produit
gaspillage, détournement,
vol,
dil~pidation. Considérons
cette appropriation qui touche aux r~g~es
de distribution si importantes pour la reproduction de l~ hiérarchie
so,.::i~le .
Au début
du si~cle, sous le terme de. prélèvement, Georges
Thomann relev~it,
d~ns
un
témoignage
sur
la
société
néyo,
ce
phénomène qui
apparaît
globalement
juste,
si
l'on consid~re les
relations entre
hameaux
et
villages
dans toutes les sociétés. La
premi~re version
de
ce témoignage, en 1901, porte sur les produits
de ,.::hasse.
p . y e .
A
~.Mp • • • ~
~r • •
prOp~Q• • ~
~U'~1
~ro~~
GVO~~
d • •
c h e n e . _
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p r e n d r e
b . _ u c o u p
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_ . n _
~rop
_ .
~.~~.u_r.
X1
...
v._
p . . . . . .
CI_
.... ~n
.......
• • c.1 ..
pa ....r
1 _
p,..od ... ~'t:'
cI_
12::5) •
Au produit de chasse,
la seconde version du témoignage, en
1902, ajoute les produits de p@che et·d'extraction du vin d~ palme.
cl ...
cI_
. . . . ,..""'_~11. . . .
cI.,"'n1..r_ ,
.-
p1 .....
h
...
q
.
q ....o~q .... · : i 1 .
n_
!SCJ1)
En 1905,
la
troisième
et
dernière
version complète le
table~u p~r les produits de l'agriculture.
",.1 ...... 't:' ... 't:':i .,.....
cl.,..
_ur_
c::I~411.11_ur.
un_
l ..
,
.:--"-....•,.,'

.on~
c o n n u .
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bo~v.ft~
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produ~~
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A
• • •
~ • • • ou~c_.~
~1.
_Jou~.n~
.... 11 • •
q u e
1 . u r
1 _
"' ......., .
1C1~"
(1905
171>
Un exemple
personnalisé
se
rapportant' l'extra~tion de
vin illustre
le
témoignage
de
Thomann. A Kadrokpa, en pays neyo,
Zikebu était
un
esclave au hameau 1 du patrilignage des Tchiyo,
le
hameau Bloko,
sous
l'administration
d'un
Bete-Kpakolo,
Dedré Abi
(7).
Très
t6t,
il
se
fit
remarquer
parmi
les
autres
par une
singulière habitude
il
extrayait
le
vin de palme destiné' la
consommation domestique du m~ître et il le buvait. Car il ne pouvait
prétendre que
plusieurs palmiers abattus ~ la fois ne donnaient pas
de vin,
ni
que le contenu des jarres étaient toujours volé par des
inconnus.
Le
chef
du
hameau lui chanta pouilles sans succès et le
maitre Dedré
Ameneto
prit
l'affaire
en
main
lui-même.
Comme
l'esclave s'entêtait
,
récidiver,
le
maitre
se
mit' le battre
régulièrement et
de
belle
manière.
Bient6t,
le récalcitrant fut
caractérisé, vu
le
sto~cisme
dont
il
faisait
montre
sous
la
répression, comme un homme très méchant.
Par finir,
la colère qu'il couvait,
la rancune et la haine
qu'on lui imputait le firent accuser d'entreprise sorcérale ;
lui le
voleur impénitent,
le
réfractaire
incorrigible,
voil'
qu'il
aggravai t
sor•. vi,.:e
p ar-
un
,.:r'ime
l' atter.tat
,.:ontre la vie du
maitre. Nous verrons l'issue de cette accusation.
a -
Le crime de lèse-autorité
Dans les
transgressions
d'ordre
sexuel
et
d'ordre
économique,
l'atteinte
portée
au
pouvoir
déj~
transparaît.
Au
premier niveau,
le
pouvoir
des aînés est atteint' travers ce qui
leur appartient, épouse dans un cas,
produit du travail servile dans
l'autre. A
un
deuxième
niveau,
le pouvoir est atteint non plus à
travers la
possession,
mais
,
travers
l'application
de la loi,
l'exercice de
la
Justice,
dont l'aîné est un des gardiens dans le
système idéologico-politique,
c'est-à-dire' travers sa fonction.
A
un troisième
niveau,
cette
atteinte
vise
les
aînés,
de
façon
symbolique (la
sorcellerie>
et
de
manière
implicite
<Zikedu est
accusé de
sOFcellerie,
mais
ne
revendique
pas
cette
tentative
d'homicide>.
Il
arrive
que
le
chef
de
lignage,
bafoué dans sa
fonction d'arbitre et menacé dans sa personne, soit nié formellement
comme personnage
d'autorité.
Le
comportement
de
KwadJo
Trazié
illustre cette situation (8).
Rappelons-nous cet
esclave
rédimé,
l'Un
des
quatre
esclaves du
Gb~e9bi
KwadJo Yobo, du patri1ignage des Lessunwin, de
Sakada, en
pays
gban. Guerrier,
il detenait un fusil et avait recu
une compagne.
Or un
jour,
voici que Trazié se querelle avec un .:lutre
esclave probablement,
si ce n'est avec sa compagne;
l'affaire Jugée
- .~!

en prés~nce
de
quelques
~îné5
du
qu~rtier
et du vill~ge, il se
trouve ~voir tort et le m~ître prononce le jugement. Fort mécontent,
Trazié conteste
d'~bord
publiquement
l~
chose
Jugée,
ce
qui
constitue une
premibre
irrévérence
~ l'ég~rd des ~înés ; ensuite,
d~ns l'éch~nge des propos qui ~ da s'ensuivre,
il se montre insolent
~ l'ég~rd
de
son
m~ître,
deuxième
irrévérence
;
enfin,
d~ns
l'emportement,
il
v~
jusqu'~
men~cer celui-ci de mort.
C'en était
trop ~ l~ fois de l~ p~rt d'un esclave. Arriv~, nous verrons,
ce qui
dev~ i t
·O:)l~r i ve\\~ .
Pour sortir
de
l~
médiocrité
et
de
l'anonymat

génér~lement leur
st~tut
les
condamn~it
et
pour
obtenir
une
reconn~iss~nce sociale,
certains
esclaves,
~
l'instar des c~dets
soci~ux, tentbrent
l~
ch~nce d~ns la voie de l'enrichissement.
Les
plus entrepren~nts,
agents
d'échange
de leurs maîtres,
réussirent
d~ns le commerce comme d'~utres l'avaient été dans l~ guerre ou dans
l'art. En
pays
ab6,
un escl~ve Bang~ du village d'OdJê,
dont nous
entendrons encore p~rler, devint fameux non seulement pour ~voir été
gratifié d'une
compagne
en
raison
de son intelligence en matière
d'échanges,
mais
encore
pour
~voir ~cquis, gr~ce ~ ses économies,
deux esclaves,
l'un
de
sexe
féminin,
l'autre de sexe m~sculin. A
Tiaha, en
pays odJukru,
l~ D~me OlmidJ,
esclave du matrilign~ge des
Lovu-la, s'est rendue célbbre en ~chet~nt une escl~ve nommée Niupin.
D~ns son
rapport
d'enquête
de 1904,
l'administr~teur Lamblin fait
état de
familles
d'escl~ves
"trbs
riches"
de
Jacqueville
et
d'ailleurs dans le cercle des lagunes
(1904
: 4)
Or cette
réussite
sociale peut déterminer l'aspir~tion ~
une promotion proprement politique. A Dibrm, en p~ys odJukru,
devenu
riche,
l'escl~ve
Hisê,
encouragé
en
secret par son m~trilignage,
sollicita ~uprès
de
l'~ssemblée
du village l~ permission d'entrer
dans la
société
d'angbandJi
qui confère la reconn~iss~nce sociale
officielle de
l'opulence,
privilège
Jusque
l~ des hommes libres,
nous ~vons
vu
pourquoi.
Tollé
général,
refus
outré. Les hommes
libres prirent cette demande pour un outrage ~ l~ société politique.
Ave,::: la
fuite,
et
contrairement
~ la transgression des
lois i nte\\~nes
~ux
sociétés,
les esclaves prirent un autre et plus
gNmd \\~ i s que
:
le rejet global des sociétés d'oppression.
Dès l'époque précoloniale, toutes les sociétés ont enregis-
tré
des
fuites d'esclaves,
comme un phénombne aussi permanent d~ns
le processus
de
l'esqlavage que les circonstances et les motifs en
furent variés.
Elles 6urent deux destin~tions : le marronnage et le
pays natal.
~

631
Existence a~tonome
et clandestine dans la forêt locale o~
s~r une
terre
étr~ngère,
le
m~rronnage
ici
ne· se
laisse
pas
appréhendel~ de
facon
pl~è,~ise
et
appelle
des
e·nqlJêtes
complément~ires. Les indications d'origine bete et odj~kr~ suggèrent
l'hypothèse qu'il
f~t
principalement
l'avent~re
d'~ne
élite
g~errière. D'abord,
les marrons célèbres q~'on évoq~e sans citer de
noms portaient
des
armes,
celles
q~'ils
détenaient
déJ~
comme
chasse~rs-g~erriers o~
celles
dont
ils
s'étaient
emparés
~ cet
effet.
Ens~ite,
cette liberté sa~vage par~t terriblement dangereuse
: entreprise individuelle,
repos~nt s~r la c~eillette et la chasse ~
l'abri des
campements
de
cult~re,
abandonnés
la
n~it
par
les
a~tochtones, elle rest~ comme la plupart des marron nages ~ne terre~r
po~r les. c~ltivate~rs
sans
armes
et ~ne cible militaire po~r les
chasse~rs-g~erriers libres
des
villages.
Enfin,
l'a~enture
d~
marronnage fut
une
voie sans issue : les marrons armés de T~kpa et
GbadJn en
pays
odj~kru dont l'image semait q~elque peu la terreur,
auraient été
s~rpris,
abattus
et
désarmés
(9)
; cel~i de Bla,
en
pays Bete-Logroan
(Daloa),
no~s le verrons,
conn~t une fin tragique
;. seuls
ce~x q~i avaient él~ ref~ge dans le Fort Faidherbe de Dabu,
par exemple, disparurent peut-être dans les centres ~rbains (10).
La
majorité des . f~ites
ramenèrent
par conséq~ent les esclaves ~ leur
pays natal, s'ils ne périrent pas en chemin.
Les premières
f~ites
signalées
dans
la
chroniq~e
de
l'esclavage se
produisirent
s~r les pistes du commerce en dépit de
la s~rveillance armée;
le refus et l'angoisse de l'exil les avaient
motivées. A
Uréyo,
groupe
Zatoa,
pays des Bete-Gbobwo
(Subl~é), un
convoi en
escale perdit br~squement une pièce de choix, c'était une
femme qui av~it pris, au sens littéral,
la clé des ch~mps ; on ne la
retrouva pas
(11).
L'usage
des
entraves,
q~'on trouve,
dans les
villages,
s~r
les
pistes
d'échange,
révèle qu'une telle réaction
n'avait rien
d'inhabituel,
bien au contraire. Oe même,
du convoi de
la mission
Thomann
en
1902,
de~x
porte~rs
mandé,
Sehet Dia,
s'évadèrent,
l'un ~ Koyarad~g~, l'~utre ~ Marabadiassa.
Mais sous
la domination q~otidienne, de nombreux esclaves
ont,
un jour,
fui,
q~i la répression,
qui la discrimination,
qwi
les
malJvais t1~ai tements.
A
Kadl~okpa,
en pays neyo,
du hame;:JIJ ~ibloWI~U,
propriété des
Tchiyo,
l'esclave
Gwagwa s'est évadé par crainte de
sanction,
~
la
suite
d'un
adultère
q~'il
avait
commis avec la
compagne d'un
de ses congénères et ami,
Behiza (12).
A Dugbafla,
en
pays kweni, Zêbro Wiva s'est également évadé,
parce qu'il se sentait
mal traité
(13).
A
T~kpa, en pays odJukr~, on rapporte que Kotchy
Affi,
e sc Lave
du
m'::ltl~ilignage des Edjm-l'à, ,.:l;;)sse N~..9.Q.ê<:;.?-.L s'est
enf~i vers Nindub, sur les rives d~ B;;)nd~ma, parce que son maître ne
lui avait
pas
procuré
~ne
compagne,
fave~r échue ~ trois autres
pal~m i
1 es t1~e i ze '.:on~Jénp.l~es appal~ten.:;)nt .::.lU matl~ il i gna~.1~?
( :L 't) .
Dans les
sociétés

des
sacrifices accompagn~ient~le5
décès des
grands hommes,
c'~tait la pe~r de la mort qlli fréquemment
pOlJ5sait des
es,::l';lves
~ se SJ:lIJVel~ pour' li'.ktHlppel~ .:n l'immc)l'::ltio{'. En

1898,
l'équipe
de
la Mission Houdaille reccueillait, en pays akyé,
un esclave enfui du village mbato de Monga ~fin de se soustraire aux
sacrifices funéraires qui avaient ôté la vie ~ trois congénères dans
un passé
récent
(1898
118).
A
Okudjê,
en
pays ab@, ,on cite
l'évasion d'un
esclave d'Anasse Bessé,
grand-père de l'info~matrice
Ncho Ama Akubê, du patrilignage des Assa ; on cite,
~ Moriê, dans le
même pays,
l'exemple de Shibeda qui,
au moment de l'agonie du maître
KwadJo Ikpé,
grand-père du chef Boni Kotchy,
s'était enfuie avec ses
enfants en
abandonnant
son
compagnon
Manu.
(15). A Jacqueville,
quelques fuites
d'esclaves
établis
dans
les
hameaux
ont
été
également attestées par l'informateur L.
Kaku Echigban.
La plupart des fuites témoignent d'un projet ~ long terme,
mQrement réfléchi,
longtemps
préparé,
puis
un
beau
jour,
mis ~
exécution.
Le
succès
de
telles fuites était ~ssuJetti • plusieurs
conditions plus
ou
moins
difficiles
~ réaliser.
Premièrement,
le
secret du
prbJet
devait
être
bien
gardé
et
le
moment propice
soigneusement choisi.
Cette
condition morale explique pourquoi les
fuites en
groupe
ont
été
si
rares,
~
tout le moins dans notre
documentation actuelle
quant
au
moment
opportun,
les fuyards
préféraient généralement
la
nuit
dont
l'obscurité
pouvait
les
soustraire ~
la
vigil.nce des villageois ou des régisseurs et leur
permettait de
traverser
le territoire du village avant le lever du
jour. Deuxièmement, des moyens de susbsistance étaient nécessaires ~
un long
trajet
: s'ils emportaient quelque viatique au départ,
les
fuyards vivaient
aussi
sur
les
territoires
traversés,
en
s'approvisionnant dans
les
champs
d'inconnus.
Troisièmement,
la
qualité des pistes et des voies laissaient souvent ~ désirer et leur
sécurité était
incertaine surtout la nuit,
lorsqu'on quitte un pays
connu pour
un
inconnu.
Des sept esclaves qui,
~ partir du Nihiri,
tentèrent de
remonter
la
rivière
Davo,
affluent
oriental
du
Sassandra, cinq,
dit-on,
périrent
sur
les
rapides
; seuls deux
parvinrent ~
destination
les
nommés
Kêtê
et
Babogri.
Quatrièmement,
la plupart des obstacles,
notamment humains,
devaient
être évités:
rencontre de chasseurs, de voyageurs ou de malandrins.
A chaque
rencontre,
le
fuyard
se cachait en brousse, empruntant,
quand il
le
fallait,
le
détour
des
agglomérations, pour éviter
d'être pris
pour
un
maraudeur ou un malfaiteur et capturé ~ seule
fin d'être revendu.
Ces difficultés expliquent le f~it que beaucoup de fuyards
aient appartenlJ surtout ~ des sociétés proches des sociétés de leurs
maîtres ou
~
des peuples de la même formation sociale,
le fait que
les hommes
aient
été
les
opérateurs
quasi-exclusifs
de
cette
modalité de
résistance,
et
le
fait,
dej~
relevé,
que
des
collectivités fussent
rares
~
tenter cette aventure.
~ur la liste
provisoire des résistants que le hasard des enquêtes nous a procurée
figurent seulement deux femmes
l'évadée de Ureyo,
une femme
Kweni,
et l'évadée de Moriê,
une Akyé du Ketté .
.
·~'·""''''''':1~~'''~1o<,.

;,;.
>
Les hommes
év~dés
du
p~ys
neyo,
p~r
exemple,
furent
essentiellement des
Godié
et
des
Bete méridion~ux. Les multiples
év~sions du
h~me~u
L~godu ~pp~rten~nt ~ux Dugboyo que l~ tradition
déplore ~
Ahorokp~
ont été le f~it précisément de Bete et de Godié
majoritaires dans
cet
ét~blissement.
Gw~gw~,
l'évadé de K~drokpa
CSassandr~) ét~it
~utochtone
du
Tigru,
en
pays
godié;
Kêtê et
B~dogri, escl~ves
bete
éch~ppés
p~r
l~ D~vo se rendirent dans l~
région de
Gagno~,
respectivement
~
Gokr~yo,
groupe Zikobwo et ~
H~ngobwo, dans
le
Kp~kolo.
Du
pays
bete
plusieurs
esclaves
s'enfuirent vers
leur
p~trie
escl~ves
d'origine
Kweni,
telle
l'év~dée d'Ureyo,
et
esclaves
d'origine
proprement
bete,
tel
l'escl~ve de
Gohun
II d'Upoyo,
CSubré)
originaire du
Krihiri,
p~ys
de Guiberwa
;
tel Belew~n DagUhe de Goss~, groupe DJetegUhe
(Daloa)
escl~ve ~
Zobi~, groupe Dipie,Clssia).
Ainsi des Bete revinrent-ils
du pays
godiê
et
du p<lYs gb.;{n.
On ,.::ite p.::ll' e;·~emple K.::lbl'i ~Hfl'i de
fTibuo,
groupe Kpakolo
<G~gno<l), esclave ~ D.::lkp.::ldu dans le Tigru ; on
cite Yaw.::l L.::lko de Gue.::l,
groupe Zikobwo,
esclave ~ Gobroko,
également
d.::lns
le
Tigru
;
on
cite
un
cert.::lin Guehi,
Bete de la région de
G<lgno<l,
esclave de KW<ldio Yoho ~ Sakada
<Umé)
on r.::lpporte même que
ce dernier
se
rendait
d.::lns son vill<lge n<ltal et revenait,
puis un
jour,
<lY.::lnt
comparé
sans
doute les avantages respectifs de S.::l vie
d'escl.::lve ~
l'étranger
et
~eux
du
vill.::lge
n.::lt.::ll
et
.::lY.::lnt
définitivement opté,
il
s'en
fut
et
ne
revint
plus.
Enfin des
escl.::lves Kweni
ont
reg.::lgné
leur
terre n<lt.::lle ~ p.::lrtir d'un autre
pays kweni,
sinon
des
pays
étrangers
voisins
Zebra
Wiva de
Dugbafla
<Umé)
était un Kweni de Sinfra.
D<lns certains
cas,
cependant,
la destination de la fuite
reste indéterminée
comme
l'est
l'origine des esclaves.
Tel
fut
le
cas de
la
communauté
servile
du
village
abê
d'OdJê
au milieu
vraisemblement du
XIXe
siècle.
En effet,
un
jour,
le maître vint ~
mourir.
Au
mépris
des
liens
qui
soudaient ce dernier au premier
serviteur Bang.::l,
les parents
formèrent
le projet d'immoler
le fidèle
esclave.
Soupçonnant
le
néf~ste
dessein,
celui-ci
s'abstint
de
prendre p.::lrt aux obsèques.
Plus tard,
ravisé,
le patrilignage vint
présenter ses
regrets
~
l'esclave qui au fond ne les accepta pas.
Longtemps après
les
funérailles,
une nuit,
par la rivière
Kpakpa,
dit R~sso,
le
vieil
esclave
et sa communauté s'enfuirent vers le
tel'l'itoil'e anv i -imor-o nu ,
enlpol't.:lnt l'esserltiel de lelJl~s b t e ns . On dit
qu'~ cause
de ses effets démographiques et économiques,
cette fuite
aurait contribué
~
l.::l
décadence d'Odjê au profit des localités de
R.::ldjê et de Laodjê
(16).
A p~rtir
de
1907,
les conditions politiques,
sociales et
économiques s'étant
trouvées
radicalement
changées,
un mouvement
plus m.::lssif
de
libér~tion
s'ensuivit.
En
vertu
de
la
loi
d'abolition,
la
fuite cessa d'être un délit pour devenir ce qu'elle
e s t :
un
dr-o i f
n.::lbJl,J~l l~e •ao nnu que tOIJt es •.:1.:.:1'.;e r-,ouv.::lit e x e r c e r- ~
n'importe quel moment et n'importe ob.
Mieux,
elle se confondit avec
la liberté de circul.::ltion et de travail.
Une révolution des voies et
moyens de communication était en cours,
avec
les premières routes et
les premiers
ponts
en maconnerie,
avec la voie
ferrée et le train,

634
les ch~l~nds
~ v~peu~, l~ télé9r~phie s~ns fil et le téléphone.
Une
nouvelle sécurité
~
l'échelle
de
l~
zone
s' inst~ur~it
~vec
l'érection des
postes
milit~ires
et ~dministr~tifs ~
de nouvelles
p l ~'.:es de
nl~l".:hés
mu l t i pli ~ i er, t
1 es
'':~l' l~e f OIJl~S
d' éd",-:)nge . . .
S'ouvrirent ~lors
~ux
escl~ves définitivement désentr~vés trois et
non plus deux issues,
issues qui ne seront closes qu'~ l'époque post-
coloni~le, ~
l~
mort de l~ dernière génér~tion d'~nciens escl~ves.
L~ première
de
ces
issues
ét~it
l'~9rég~tion
~ux
lign~ges des
m~itres;
le
retour
~u
p~yS
n~t~l
ét~it
l~
deuxième
et
l'émigr~tion ~ l~ ville l~ troisième.
Les retours ~u p~ys n~t~l furent
le f~it princip~lement de
célib~t~ires, ~utochtones
de
p~ys proches
:
Did~,
Anyi-B~wlé,
Ab@,
Akye p~r
exemple
d~ns le Sud-Est l~gun~ire, Godie,
e~kwe, Bete,

d~ns le
Sud-Ouest
;
en
outre
on
observe
d~ns
les
h~me~ux un
mouvement,
rel~tivement
plus
m~ssif
que
d~ns
les
vill~ges.
Au
vill~ge neyo
de
Lipoyo
(17),
presque
l~
moitié
des escl~ves ~
déserté le
h~me~u
BlikPiwru
sur
une
vingt~ine
rest~ient
seulement d i x
es,.:l~ves,
do n r
c t nq homnles
(Gbli,
Bl~fe,. S~hi, BI~to
et B~~do)
et
cinq
femmes
(K~dJ~, Wrego,
Bro,
Ayekpo et Gb~9~). A
L~teko <18>, en p~ys neyo toujours,
sur
les neufs escl~ves du h~me~u
G'Jli l i
des
Likpoyo,
les
qIJ~tr'e '.:ir.qIJième sont p~l~tis, r'estèl~ent
deux e s c I ave s
:
KW.:ldjo Abi et GIJebl i
;
~IJ rl~nle~IJ GIJli l
~PP;:'ll~ten~nt
~ux Kokor~yo-Wireyo,
seul
le
sixième
de
l~ popul~tion de plus de
soix~nte escl.:lves
ser.:lit
resté ~ demeure
: deux femmes
(Guenetcho,
S~k~lu) et
qu~tre
hommes
(Gebli,
K~bl~,
Gnonk~, Leiwolé).
A ces
dép~rts du
'Sud-Ouest
correspondirent
cert~ins
r~p.:ltriementG
mentionnés d~ns
l~
région
de
G~gno~
et d'Issi~ :
l~ D~me Di~hio
G.:ldji de
Urep.:l
<G.:lgno.:l),
T~gb~le
Vomble
de Gb~z~g~ et Tigbeu de
Kipregogw~ (BogUhé>,
Z~di We9~ de N~hio (Vokolo).
D~ns le
Sud-Est
lagun.:lire
onr~tr~~~eles mêmes d.p~rts
m.:lssifs dans
les
h~me.:lux
~ll~di~n
de
G~ttié, d'Egbr~, d'Emokwa-
Nibedu;
on retrouve ~ussi des r~p~triements plus ép~rpillés. Ainsi
p~r exe~ple
desAb@
Awore
V~vo
de
Rimakudj@ rentré d'Emokw.:l
\\.J~'.:qIJeville) <19>,
Akissi
et
Djanlan
Orlg'J
d'A1éh lJié,
VIJ
Odjê
d'Atup@,
tous trois revenus d'Aklodj-B
(D~bu) ; ~insi du Oid~ Dj.:lm~n
Dogr.,
es,.:l~ve d'J m~trilign.:lge des Avebl-l.::l ; "=lirlsi de l' A"nyi-Al~ngw.:l
Adu Akp"=l
Didi de Bin.::lo,
escl~ve du matrilignage des Odjo-l~, p~rtis
tous deux de Gba~jn, en p~ys odjukru
(20).
QU"=lnd ils
n'étaient p"=lS célib"=lt.;)ires ou s~ns enf~nts, des
deux choses
l'une
: ou bien ils emmen"=lient "=lvec eux les enfants en
b~s ~ge, ou bien ~ leur corps défend"=lnt,
ils les ~bandonn"=lient p~rce
que ceux-ci
ét~ient
suffisamment grands,
sinon mariés.
T~p~ Zèrè,
une femme bete de Z~ko"=l~ groupe Logroan
(D~lo~), p~r exemple, revint
~Ye'.:: son
fils
K...
~'J dos
(21)
i
l~ ,.:èlèbl'·e inf':Jriti,.:ide Ibo Gogo de
Koredidia du
BogUhé
<Issi"=l)
revint
.;)u
village en ab~ndonn~nt ~n
e n f a n f
~
S.;)ss.;)ndr~
(22)
;
~ Al"'ld,iê, en p av s 'Joê, or. évoq'Je le ':.;)s
d'~n homme
qui
ét~it
~entrè
du
p~ys .;)ky.;)n en se sép.;)r.;)nt de ses
enf.::lnts
(23).
~ ~-~ ~ ---_:::::.-=...~-=:;;....,..;~:.-.,:-,~:.-'._-,....'-==:-...... ~:~:-:::.:~---=~~~~:~._.,*_. -, -- .---~--- -~ ~--~ - -~-----~~-- ---.- .-- .... ---------- ---~._-
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _'-'~
•.•_-_-_
•.~.~.~
..-~. '~.~.'7:.":.,...• - .'_ _ .....,-. .. ::;:-;:;:::"-""-'-:.

P~rmi
ces
rap~triès
se
trouvèrent
aussi
des personnes
~9ées, les
unes
~ngoissées
p~r
l~
perspective
d'une vieillesse
solit~ire, qu~nd elles n'av~ient pas d'enf~nts, les ~utres révoltées
p~r une
humili~tion
récurrente
au
sein
de
l~ société coloniale,
voire de l~ société post-coloniale.
L~ première
raison
explique les c~s comme celui de Yêyê,
une Abê
de
Gwabo,
revenue
du
pays
odJukru
(24),
celui de Séri
Nim~yré (25),
une
Bete
de Bla,
groupe Logroan
(Daloa),
revenue du
Lobwo
(Buyo),
ou celui de GbidJegu Logbo,
un Bete de Bazi~ (BogUhe,
Issi~), rentré du pays neyo
(26).
La seconde permet de rendre compte
d'~utre5 c~s
comme
ceux d'une Abê de Lovidjê et d'un Abê de 5edJê.
Quel évènement
grave
en effet,
pouvait avoir déterminé
la première
(27),
mère
d'une
descendance
en
pays
odJukru,
~
rejoindre son
vill~ge natal
è
un
~ge
fort
~v~ncé,
si ce n'était une atteinte
profonde ~
sa
personne
?
M~is
cette
hypothèse des
informateurs
explique avec certitude le cas de Siri Nguessan de Sedjê.
C'est pour
avoir été
insulté
comme
escl~ve,
~ la mort de son ancien maître,
qu'en Janvier 1973,
ce dernier abandonn~ ses trois filles mariées en
p~ys ~buré
et
regagna
son
vill~ge

ses fils
l'avaient depuis
longtemps précédé
(28).
Les rapatriements que nous venons d'analyser correspondent

l'~bolition
survenue
~près
la
conquête.
Lorsqu'après
1908,
l'~bolition et
la
conquête
vinrent
~
s'effectuer
dans
le même
mouvem~nt,
ces
rapatriements s'opérèrent en deux phases,
de manière
indirecte.
Les
rapports
militaires et administr~tifs illustrent ce
méc~nisme p~r
exemple
pour
les secteurs kweni de Bwafle,
Zuenula,
Vavua,
Sinfra et Ume.
Les escl~ves, que l~ nouvelle de la
libération
~v~ient déJ~
touchés
et enthousi~smés, ~ccourur~nt ve1'S
les postes
et cherchèrent
refuge ~uprès des troupes coloniales dans un premier
moment;
celles-ci
les hébergèrent dans leur c~mp pendant quelques
Jours;
ensuite,
confirmés
dans
leur nouveau statut de personnes
libres contre
les
prétentions
de
leurs
anciens
maîtres,
ils
choisirent définitivement
de
rejoindre
ou
l~
p~trie,
s' ils
l~
reconn~iss~ient ou la ville,
d~ns le cas contr~ire.
Combien furent-ils? De cette popul~tion les acteurs de l~
conquête coloniale
ont
l~issé un dénombrement qui,
en l'~bsence de
toute base
de
contrale,
offre un ordre d'estim~tion signific~tif.
Se Ion 1 e
S lJ PP 1 é nH? f.!..t
d IJ
BlJ 11 et i rt
d I.J Co mit ~ ~t~ L8..:f.!.:.t..],')g_ 1~)~.r,.~.r.:1.~';;'2j.se
d'octobre 1913
(29),
ce mouvement de retour au p~ys natal
a
concerné
globalement,
pour
la C8te d'Ivoire,
de 1908 ~ 1912,
18500 personnes
dont 10500
d€~s
pav s
ma Lin k
kwerd.,
bete,
b;::I... le--Sud,
"d€:\\PI_Ii.~; le
é
,
S~ssandra, Séguél~, j
Ti~ssalé".
(.i
1 ii.l
+l n
d f.~
:1. 9 1 2 , l e
Che f
d €~ b ;:Jt ;:Ji 1 l cm .: Cl IIIm".) n d .::.m t
1 e
cercle du
Haut-Sassandra
estim~it
"~
plus
de
8000 ceu;~ qUI
ont
quitté le
secteur de Zuenoul~... " et croyait ce chiffre lnfèrieur ~
la l'é~lité
d;:.ln~; I.~f:\\ ,.~hiffl·e, {~OO o r i qi na i r-e s de M.;)nl{ono,
f:.f:J)·hoé]O .:?t
E?·lJn~. Daris
,.le
~;€·'I.~t€~I.ll· d€~ Umé ,
il y f.~lJt 82 réfugi.és,
p.;)l'llli.
l€·~sqlJels
74 femmes et enfants d'origine gban,
Jusqu'alors esclaves 0es
Kweni.
D,~ns le
S€~,:t(~U1' de ') ,,1 VIJ·;l (lCI av a i e rrt été enl~egj.st1·és J,,~':; r:)1~l.c.iirlal1·es
de Bey 1 a ,
S é 91.J é 1:;) ,
T I.Jb .:.'1,
]. es
1~) B3 l~ é ·f u 9 i é 5, Iv.) mmes e t '1 ,'? mnl(,"';,
s ;'.HI 5

compter
les
enf~nts,
se
décompos~ient
en
divers
sous-groupes
ethniques comme
suit
Gottoro:
873
;
N~ti
235;
Migr~mi
158;
K~r~gui~n:
139
;
Don
85;
Z~men~gui
50;
Borono
: 43.
Les uns
regoignirent directement
leur
p~ys
;
d'~utres dev~ient ~ nouve~u
transiter p~r
les
postes
de
Séguél~
etTub~
d'autres enfin
retrouvèrent leurs p~rents d~ns l'~rm~e coloni~le.
4 _ n _
1 _ _
e7~
c.p~~~.
qU~
.#.~.~.n~
r.~ug~• •
p r • •
d u
Qh.~
d .
b.~.~11on
d _
Bau.~l_,
~r~b'~
M~r,~auraY_
1 .
r • • • • m b l e n c •
• "t:"
1 ....
(1913
:
3'r 5)
Ont ~migré
vers
l~ ville,
génér~lement, les célib~t~ires
origin~ires de pays lointains,
not~mment ceux qui,
~sservis dès leur
~dolescence, ne
sav~ient
p~s reconn~ître leur patrie.
L'initiative
de la
majorité
d'entre
eux comme dans
le cas précédemment ex~miné
fut spontanée,
autonome;
une minorité partit cependant ~ l~ ville ~
l'instig~tion de
certains
médiateurs
de la nouvelle sociét~ :
les
commerçants ~t les auxili~ires de l'Etat colonial.
A vrai
dire,
la
destination de ce mouvement s'identifie
~ux pales de form~tion de la nouvelle société,
l~ s~ciété coloni~le.
Une première
c~tégorie
d'émigr~nts
se
rendit
en
effet dans
les
centres commerci~ux
secondaires
ports
fluvi~ux
ou
l~gunaires,
m~rchés routiers,
gares ferroviaires . . .
Ainsi
d'~nciens escl~ves des
p~ys ~bê, alladian et akyé se retrouvèrent-ils dans les débarcadères
Akyan
(30).
En pays odJukru,
on retrouva ~ Nankananka,
sur
le fleuve
Ira,
près
de
Kosr,
deux
esclaves
de
GbadJn
: Dj~man Owuwr,
un
e s c Lave du
matl~i 1 ignage
des Ess.::.u:ill.:"..l:':l,
de c La s s o Nigbessi,
et Sos-
Ein-Ogn,
une
eSI.::lave
du
matl~ilignag€~
d€~s
H2!léi-l.:a;
on l~e'.::onnIJt
égalemerrt 3!l
Mopoyem une eSI.::lav~? du matl~ili9nage de~; Sibral~-la, de
Gbadjn,
classe NiQbessi,
nommée Ol-Etchr-Ogn
(31)
D'autres c~tégories
affluèrent
vers
les villes,
centres
commerciaux et
administratifs,

ils
se mêlèrent aux réfugiés
femmes seules,
associ~s
des intermédiaires culturels et,
dès 1914,
déserteurs du
service
militaire
(32)
Sassandra,
Bassam,
Dabu,
Lahu,
Abidj~n,
Agboville,
Tyasalé
figurent
p~rmi
les principaux
centras d'~ccueil
du
Sud-Est.
Certaines
villes ~ccueillirent les
libérés dès
av~nt
1905.
A
L~hu,
p~rmi
les six c~s de libération
certifiés par
le
Lt.
Guign~rd,
il
y
eut
deux cas d'immolation
imminente,
deux
cas de s~vices, un refus de nourriture,
un refus de
travail collectif,
un refus de mariage ~vec le maître trop vieux au
p r-o f i t;
d'un
jeune
(190/1"
7).
n S;"1ss;"lndl~~, S;:H1te;'Jl~;;)bo \\,J:::ltal~a et
Anthiumand Sangala,
esclaves
des
Neyo,
réclamèrent leur liberté,
1 ' o b t i nr- e n t
et
f u 1~ e n t
v e 1~ ~:; é s
P ;;} 1~
Tho I1P.:m fi dan !5 1 ami 1 i c e ,
" mé t i e 1~
qu ' ils t r-ouvè r errt
p IlJ5
nob 1 e
E~t
plus
·:l'y';;.m t agelJ:·:"
(j~,.904
El) .
Toutefois le
mouvement de libér.:Jtiofl s'amplifi:::l naturellement après
~.~...........---_.-...
._-_.... _. ----.__.-----------
. .
-_.. ...... - .

-~

637
l'~cte officiel de libération.
Les vill~ges ~bê de Bodjê et de SedJê
attestent des
migrations
vers certains de ces centres.
D'Aklodj-B,
les onze
esclaves de Kabi
Awoyo
(matrilign~ge : Ayeble-la
; cl~sse
:
Sêi:ê
Kr.tt;:J).
d is p an-u s
dé!:;
le dê,:ès. du nl;:Jîtl~e, se sel~;:Ji€mt r-e ndu s
ég;:Jlement d;:Jns
les
centres urb;:Jins
(33).
En tout c;:Js,
N;:Jnt;:J Ninym,
une es,,:l;:Jve
du
matl~ilign;:Jge
des
LC>Y'.I-la,
du
vill;:Jge odjlJkl~U de
Ti;:Jh;:J,
gagn;:J
D;:Jbu
(34)
t;:Jndis
que
Yedes
Adu,
un
esclave
du
m~trili9nage des
P..adi-Ir.t
de Gbugbo
(D;;lbu),
désigné pOI.Il~ le c.:;el~vi':e
milit;;lire,
se
ser;;lit
év~dé
vers
Abidjan ou Gr;:Jnd-Bassam,
sauv;:Jnt
doublement S;:J
peau
de
l'oppression
lignagère
et
de
la
guerre
eu'~opéenrle.
H;;lis on
observe
déj~ qu'~ l'émigr;:Jtion d'Ol-Etchr-Ogn de
Gb;;ldjn vers
Mopoyem,
en p~ys odJukru,
un commerC;:Jnt était associé.A
L~hu, en
1904,
ce
furent
des
compatriotes
commerçants
qui
rachetèrent des
esclaves
djimini,
selon le r;:Jpport du Lt.
Guign;:Jrd
(1904:
]).
A
Grand-Bassam,
le
Docteur
Rousse;;lu,
Command~nt de
Cercle par
intérim
atteste
avoir,
de 1903 ~ 1904,
délivré quinze
certificats de
libération,
généralement
~
des
femmes énamourées
d'allogènes,
"gardes
de
police
soud;:Jn;:Jis,
ouvriers
sénégal;;lis,
commerçants sierr;;l-léonais
ou
f;:Jnti"
(1904
:
7).
A Sakada,
en P;:JYs
gb;;)n,
OJabia se libéra,
parce qu'un tir;;lilleur,
B;;lwlé-Sw;;lmelin comme
lui et
de
son
village,
;:JU
surplus,
l'avait reconnu,
h;;lbillê et
eMmené avec
lui
(35).
Pendant
qu'~
Sass;;lndr;;l,
quelques
femmes
esclaves réclamaient
~
Thomann leur liberté et les obtenaient pour
se m;;lrier
~
des
miliciens
(1904
8),
en P;;lYS abê,
Siapo,
une
escl;;lve de
la
Dame
50
d'Agwahin
s'enfuit
~
la
ville
avec la
complicité d'un
milicien dyula qui, ·dit-on,
voulait l'épouser
(36).
Enfin sur
1;:J
trentai.ne
d'esclaves
d'Osohu
Djêt@
de Gbandjê,
du
patrilignage des
Ekissi
en
pa",'s
~bê,
on
l~~':onte que vingt--huit
retrouvèrent parmi
les
ouvriers du chemin de fer des compatriotes,
5e mélèrent
~ eux et disparurent
(37).
D;:Jns certaines
villes,
l'administation,
poursuivant une
politique d'~vant
1910,
tent~ d'ériger des qu~rtiers réservés aux
anciens esclaves
apatrides,
villages
dits
de
liberté
selon la
terminologie coloniale.
Pour
les
Africains
(38),
c'était
des
villages d' eS/.::J..:1VE:~S
LK:2!lg;:l~l..'.:Q·-
vill'::lge
Kl~O
-
d'I!~s/:l.aves
:
Kan9a
en
;:Jnyi-bawle),
des
villages d'ob il
f;;lliait encore se

r~cheter
d'une
cert~ine
m~nière.
L'étude
de Denise Bouche
(39)
montre que l~ CS te d'Ivoire forestière ~ été faiblement touchée p~r
cette expérience déployée surtout d~ns la s~vane et le sahel
hors
les tentatives brèves f~ites en pays anyi-b~wlé (KodiakQffi,
Bwaké,
Tumodi,
Aboisso>,
elle
ignore
les esquisses vite effacées sur la
~Ste (Tabu,
selon
Crudeli
1914
78)
et
en
pays
kweni.
L'antagonisme politique
disloqua
celle de Zuenula en 1913,
tandis
qu'~ Vavua
une
quarantaine
de
libérés
resta
attachée
~
l'agriculture vivrière.
Ailleurs,
ils
intégrèrent
les quartiers
indigènes,
essentiellement
dyula
è
cette époque
le r~pport déJ~
cité du commandant du Cercle du Haut-Sass~ndra compte une trentaine
de libérés
évacués
~ Bwaflé,
une trentaine environ ~ Sinfra.
Liés
aux auxili~ires
de
l'administration,
ils
se
retrouvèrent
vraisemblablement au
quartier
des
fonctionnaires
des
villes
e'Jl~opêennes, te Il es
que 1 es déi=l~·rt· F'i el~re Ki pl~é .. Dans un c a s comme
dans l'autre,
les esclaves libérés constituèrent une fraction non-
négligeable des
travailleurs
"libres"
dont
avaient
besoin
le
commerce africain
<dyula
et
nzima>.
et
l'économie
de
tr~ite
coloniale.
Leur histoire reste ~ faire.
1.2 -
La fOl~me violente de l,esistan.:e
fPr ..... n d .
A . . . . . i.
_0"' ••• i.., ct.... - un
p a u r
1u:l
n .... 'i. . . . .
d . . r • •
.c~n
1#'i.n~_n~'i.on
d _
p a ... ~_~
.. ~~.~rl~.
_
s o n
:ln~.gr:l~.
p~y.~qu_.
Mo . . . . 1 _
o u
M . . ~ . . . . ~_11.#
1 _
~ • • • c h • • n~
_n
dan'~~n~
1~
mo ... ~,
0 ....
b : l _ n
_:1. -t=...... "t:'i.on
1:-_11_
""U_
il! 1 a b . 1 _ , " _ n1~
Contrairement aux
précédentes,
les
modalités
violentes
d'opposition et
donc
de transgression sociale se caractérisent par
le suprême
risque,
par un objectif absolu
la destruction,
et par
des moyens mortifères de n~ture plus ou moins guerrière.
Les sociétés
que
nous considérons ici définissent l'état
de guerre
sous deux rapports.
Dans 5~ structure,
la guerre implique
trois points de vue indissociables
un point de vue technique
(dans
la guerre,
il est fait usage d'armes ou d'instruments contondants),
un point
de
vue
social
et
politique
(le
conflit
oppose comme
protagonistes des
groupes
ou
des
individus
membres
de
groupes
répondant de
leur
vie),
un
point de vue moral
(dans l'engagement
personnel des
vies
sont
atteintes,
soit
partiellement,
soit en
totalité)
Considéré
dans
sa génèse,
l'état de guerre est l'acmé
d'une situation conflictuelle qui,
en p~rtant de la dispute ou de la
t.:l1Jf?l~elle pUl~ement
vel'bf11e
(ghêlê ;,)bê / o\\.ol-êsu odjIJkl'U),
~'.l 1;;} bag;;}l~l~e
qui met
en
oeuvre
co~ps de poing et coups de b~ton et se dénoue ~
l'.;lmiabl.e
(ntt':> ;;}bê,
!l!.!:!.!!l o d.lukr-u i ,
~jé~:F~nèl~e en a f Fr-o rrt eme nr meur t r-Le r-
,j':lmpleUl' ·v al~i..::lble
(!ill:. odJukl'I.I,
a 1:'9.. ;:.lbê).

----------- --- ---------------------------
Par
l'us~ge
de
moyens
de
destruction,
m~tériels
ou
symboliques,
les
escl~ves
résist~nts
entr~ient
en état de guerre
,:ontl~e l e ur-s
m~îtl~es.
Ils
s' ~1~I~ogeaient
le
dr-o i r
dE:~
~-assel~
i!l
l'offensive.
Dir~-t-on qu'ils répondent ~ une guerre des m~îtres p~r
une guerre
contre
les maîtres?
L'escl~v~ge, p~r hypothèse,
n'est
p~s un
ét~t de guerre o~ un groupe ~ffronte l'~utre ~vec des ~rmes,
H~is l'évolution
idéologique,
celle de
l~ conscience des esclaves,
qui
tr~nsforme la relation d'escl~v~ge en une mét~phore de l~ guerre
confirme seulement
l~
ré~lité
d'une
structure
soci~le
pour eux
inhum~ine sous
plusieurs
r~pports,
structure
inhum~ine,
qui
ne
pouvait être
ébranlée
que
par
le
soulèvement
r~dicale
de
l~
personne.
Telle
est
l~
signification des révoltes.
Dans l'une,
i l
s' ~git d' élimim:H~ dil~e,:tenlent l' oppl~esseur r.fart§sa pe r-s o rrne physiq'Je
: c'est
le
meurtre
dans
l'autre,
i l
s'~git
d'atteindre
le
fonde.ent ou la légitimité de son pouvoir:
c'est
la rébellion qui y
pourvoit.
1.2.1. -
Le melJl~tre
Résolution ici
individuelle,
le meurtre exprime le refus
en termes
~bsolus
vie
ou
mort,
et
~tt~que
l~ domin~tion et
l'exploitation dans
l~
personne
qui
les centrale,
c'est-i!l-dire le
chef de
lign~ge
ou
son~ substitut.
Selon le moyen mis en oeuvre,
quatre modes de meurtre s'offrent à
l'observateur.
Le premier
mode
est
symbolique.
Ce
fut
d'~bord
p~r
l'intention m~léfique
et
la
menace
verbale que cert~ins escl~ves
révoltés tentèrent
d'exterminer
leur
m~ître.
Nous
~vons vu que,
mécontent du
jugement
prononcé
qui
lui
~vait donné tort,
Kw~djo
Trazié,
~
Sak~da, en p~ys gban,
men~c~ de mort son propriét~ire. De
m@me, ~- Bodu,
en p~ys odJukru,
~ la suite d'une querelle qui
l'avait
opposé ~
son maître Aw~,
l'escl~ve Gbusu menaca de se venger sur le
neveu utérin
et
héritier
légitime
de
ce
dernier
:
Lariê Akê de
Mopoyem
(41).
A ces
tentatives s'~ssimilent les ~ctes de sorcellerie
dont furent
accusés
l'escl~ve Zikebu ~ L~teko (Sassandra)
et
le bel
escl~ve Akmelêdj Tapê ~ Tukpa
(D~bu).
Sur le
mode matériel,
les esclaves tentèrent ou commirent
des meurtres par
le poison,
p~r le fer et par le feu,
Les empoisonnements
dont
neus
avons témoignage ont pour
caractéristique d'avoir
été
des tent~tives effectuées d~ns le même
lignage,
sur
le même
maître et qui
ont échoué
(42),
L'évènement eut
lieu b
Armebê,
en pays odJukru,
sur
la rive droite de
l'Agneby
;
la
,:han,.::eIJse '.' i c t i nlE:~ 5E:~ nomma i. t
e.l~eSW(~,
d-H:-' f
du ma tl~ il i gn~lçJe des Y.ll:l.!:!..r.0:'l::.
la,
de 1-:::l c I a s s e
d' ~qe des ~?bl~mi!.!L
initit~ e n t r-e 1885 - lB93 : I?I~eS\\,le
Ad i a,
u fi !!!..b(}.!.::..,!~~U1. e t
e.l~ 12<;;...1e l:':l f fi, IJ n !lli:"~i~!:;Lj. t:~ , f '-1l~ f.~ n t J. e 5 ~IU t E:~ I~ I~~'; •
CD l~ r'I:? s p o nd ·:::lrrt
d'Ad.ié
eonny
d' Emo k wa ,
~?n?s\\... é
f-3isait
le
grand commerce
d'huile,
d'armes et de pagnes,
en rel~tiDn avec les
Abidji et
les Agni-B~wlé ~ l'intérieur.
Propriétaire d'esclaves,
au
moins onze
escl~ves
de
lui
nO'-l5
sont connus p~rmi lesquels trois
._.__..--_."------_.-.

6·~~Cl
fenlmes
(B'~e5wé
Ofo,
e·l~eswé M;;1TIgnl~ê et Bl~eswe e.waï, une rü..9l\\E:·~2..?i.)
et
hlJit hommes
<F.l~eswé
AblJ
Gbêl et Bl~es\\o.. é ~iffi,
deux m!;'edié. ;
I~.l~eswé
Adia,
Breswé K~ku, deux mborman ; Breswé Amissa,
Breswé Breke et Omn-
eb-es,
trois
niQbessi
;
Vamn Ekn,
un ~odjl) ," Il av~it sept épouses
dont deux
d'origine
abidji,
dotées comme c'ét~it l~ coutufue sur le
mode atonvlê,
probablement en poudre d'or,
La légende le dit souvent
pr@t ~
~rmer ses esclaves en cas de conflit entre lignages ou entre
villages et par conséquent exigeant et dur avec ses serviteurs ainsi
caporalisés.
Dans ces conditions,
on comprend que les plus indociles
parmi ces
esclaves,
excédés
par cette discipline et peut être mal
récompensés en
reto~r,
aient pris le risque de le supprimer.
Outre
q~'ils ét~ient
intrépides,
ils disposaient de deux sortes de poison
au moins
: des poisons végét;;l'J:':
(Str'y,~hno~; tl~i'::alvst9ïd(~sl F~i.:.':::ln'.ls
,::ommIJrris.
F'haseolus lun;'lt'J1L... ~J"_!.:2.I:")h"l!",t'J!;;_ 91~~tJJS, et •.::)
et des po i s o ns
~"",,"al\\iDl?lles (bile
de
..';l~(J'::odile,
venin
de
s er-pe n t ),
Dans le s e r-v i c e
q~otidien du
vin
de
palme,
office
servile
parmi
d'autres,
ils
av~ient une
occasion
facile.
Breswe
Affi
tenta
l'homicide
une
première fois,
en
v~in
Breswé
Adia
recommenc~ également sans
succès.
La
dénonciation d'un esclave loyal et l~ méfiance du maître
qui obligeait
l'échanson
de
service
~ goûter ~u pré~l~ble le vin
qu'il offrait
suffirent
probablement
~
éventer
le
crime,
Nous
verrons quelles sanctions leur furent
infligées.
Comme les
essais
d'empoisonnement,
il
y
eut aussi des
tentatives manquées
de
meurtre
par
le fer.
Trois instruments ont
joué le
raIe
d'armes dans les exemples rencontrés.
Dans la logique
des tensions qui opposaient les esclaves des sociétés matrilinéaires
aux cadets
sociaux,
héritiers
légitimes
des lignages,
un esclave
nommé Ndêli
du
village odJukru de Dibrm
(Dabu)
entraîna en brousse
le jeune
Grah,'
neveu de son maître,
et tenta de l'assassiner en le
frappant de
la
machette
au visage.
Laissé pour mort,
le cadet fut
sauvé de
justesse.
L'esclave en fuite ne devait être retrouvé qu'en
pleine société coloniale
(43).
D'autres tentatives par le fer et le feu réussirent sur la
cSte et
dans
l'Ouest
forestier,
L'exemple de la cSte vient de la
société alladian.
En
pays
all~dian,
un escl~ve r~sant un Jour l~
barbe de son maître en profita pour trancher délibérément l~ gorge ~
celui-ci avec
le couteau de barbier.
Rapporté ~ Dibrm
(44),
village
dont les
commerçants
furent
au
XIXe
siècle p~rmi les principaux.
correspond~nts odJukru
des
courtiers alladian d'Emokwa et de Bodo-
Ladja,
ce fait n'a pu m~lheureusement être authentifié. bien que nous
la croyions plausible.
L'informateur qui
l'a relaté s~ns préciser ni
l~ loc~lité,
ni
le moment,
ni
la victime,
~jouta que cet évènement
explique pourquoi,
dans
la
rdgion lagunaire,
les maîtres,
depuis,
renoncèrent ~ux
services
de
barbiers
esclaves,
Si l'on exclue la
thèse invraisemblable
de
l'accident,
seule
peut
expliquer
l'évènement l'hypothèse
d'une tension extrême mais latente pour que
le maître
se
soit
fait
illusion;
la résolution de cette tension,
sur ce
mode imprévisible,
par un esclave de confiance au df~leurant,
révèle l'usage
tactique
que
les
esclaves
pouvaient
faire de
l~
dissimulation dans
le procès de résistance.

1*Wl'. ++W;;j.....
Le premier
exemple
de
l'Ouest
forestier ~pp~rtient aux
Bete-Gbetibwo d~ns
le pays Gbalo
<Caloa).
Sur le territoire de Bla,
un e s c lave
mar-r-on év~dé d'IJn vill;!.l~J€~ vo i s i n SU1~pl~it Sibl~i Guédé,
du
p~trilign~ge de
Zegbehi~
II,
qui
se rend~it ~ux p~lmier~ abattus
pour faire
provision
de
vin.
Embusqué,
il
se
Jeta sur lUl et,
l'ayant fr~ppé
~u
ventre
avec
un
couteau
de
guerre
à
double
tl~.::Ind·lant (1 i gbl~ê) ,
il
l' .::Ibatt i t
€~t !:;€~ S.::lUV;:.l
(4!i).
Dans '.::e c a s ,
i.l
est raisonn~ble
de
penser
et telle est l'opinion dominante des
informateurs -
que l'esclave,
venant d'ailleurs,
n'av~it pas affaire
~ux gens
de
BI~ et spécialement ~ Guédé qu'il ne connaissait ni de
près ni
de
loin
-
m~is l'escl.::lve-guerrier qui aV.::lit risqué S.::l vie
d~ns le
marronn~ge
transfer~ la haine qu'il
nourrissait contre son
maître et
se
vengeait
ainsi
sur un sembl.::lble de celui-ci
;
Sibri
Guédé,
nous
semble-t-il.
expie pour le maître,
sinon pour tous
les
Bete-GbetibwQ libres.
Les Bete-Sorobwo
dans le même p~ys nous offrent le second
exemple de meurtre réussi.
L'originalité de ce cas réside en ce que,
ici, meurtre
et
suicide
ne se dissocient pas et se. sont effectués
par le feu
(46).
C'est qu'au village de TapegUhé,
un maître que nous
nommerons Ak~ku
av~it
pris
l'habitude étrange d'aller au champ et
d'en revenir
sur
le
dos
de
son
esclave,
tr~nsformé
pour
l~
circonstance en
cheval
ou
~ne
de la forêt -
D~ns cette curieuse
expérience,
l'esclave
dev~it
être assez robuste pour assumer cette
fonction,
même
si
le transport s'effectu~it par étapes.
Or,
un jour
que le
m~ître
et
s~
monture
se
rendaient ~u lieu de tr~v~il ou
rentraient ~u
vill~ge
et
qu'il
y
~v~it
probablement
un feu de
brousse,
l'escl~ve
se
jet~,
impavide,
d~ns
cet
enfer
~vec son
cavalier et tou~ deux périrent.
Nous reviendrons sur 1.::1 face suicide
de cette révolte.
1.2.2 -
La l~ébelliQ.!t
Parallèlement aux ~ctions violentes individuelles,
se sont
déroulées des
actions
violentes
collectives,
dont la cible fut le
maître comme
individu
et
collectivité.
R.::Ires,
mais
non
moins
réelles,
relativement organisées,
ellea survinrent dans les sociétés
pass~blement hiér~rchisées où
était
prononcée
l'oppression,
~oit
soci~le et
économique,
soit
palitico-idéologique.
Dans
les deux
illustrations que
nous
possédons,
l'une,
inscrite
d~ns le cadre
lignager,
fut
d'une
cruauté inouie en correspondance,
semble-t-il,
avec le
style
ostent~toire
et
tr~gique
de
l'escl~vage
dans la
société ~bê ;
l'autre,
la rébellion contre le pouvoir politique dans
un village
neye,
manifesta une violence collective,
plus symbolique
que I"delle,
ma i s
pr-o du i t' d'une !;;o(.~:i.éi::é
d·,? t vp e
~~!:i''::'lav~gi!;;te,
ainsi
que nous allons le voir.
La premièrJ
rébellion
eut lieu au village de Mberiê dans
1 {?
M(JI" i tll~ I.J ,
~ l'époque de la nouvelle cr~is5ance de l'esclavage que
n ClIJS '~l" ovo ns
pouvoir situer dans la première moitié du XIXe siècle.
Ev :i. Es s e , IJ n chef de patrilignage,
disposait de plus d'une vingt~ine

sa
d'esclaves qu'il avait, dit-on,
réussi ~ assimiler et intégrer à son
lignage,
les
traitant
comme des parents. Or,
contradiction,
malgré
cette assimilation prétendue, ceux-ci complotèrent de l'éliminer.
Le
secret de
l' entr"epl~ise, flJt bien gal~dé et le ''::OIJp b i e n morrcé . AY-!lnt
~éussi'
tromper
l~
vigil~nce
des
femmes,
des
enf~nts
et des
parents, ay~nt,
le
moment
venu,
réussi
à m~îtriser ceux qui
se
trouv~ient
avec eux ~u c~mpement
ou au champ,
ils s'emparèrent du
maitre,
le
ligotèrent,
prép~rèrent
un bOcher e~ l'y s~crifièrent.
Après le
meurtre,
tous,
~rmés de fusils,
s'enfuirent du territoire
avec leurs
comp~gnes.
O'~près
l' inform~teur
Ekissi
Doffu
de
Gb~ndJé, cette
rébellion
tr~gique
qu'une
chanson
des
femmes
commémore encore
~uJourd'hui,
explique
le
f~it,' notre ~vis non
avéré,
que
les
Abê
~ur~ient
systématiquement
renoncé
à
la
conserv~tion des
escl~ves
~u profit de leur immol~tion sacrifielle
<47>.
A
moins
de
se
rallier ~ des exp~ic~tions insignifi~ntes et
secondaires
(ingr~titude ou méchanceté
des escl~ves, coup monté par
quelque riv~l
Jaloux
de
l~ richesse de Evi Esse,
... >, et tout en
fais~nt l~ p~rt d'un meneur irréductible (mais comment eGt-il réussi
à entr~iner
le
groupe,
si
la situation des esclaves ne les ~v~it
,pr4disposés ~u
refus
~bsolu
7>,
il f~ut convenir que l~ prétendue
~ssimilation-intégrationét~it
un
leurre
et
que
la
clé
de
ce
mouvement se
trouve d~ns un ~nt~gonisme plus profond et global ~ l~
fois d'ordre socio-économique, et d'ordre idéologico-politique.
On ~
vu l'exploit~tion dont les escl~ves c~ntonnés dans les basses t~ches
productives ét~ient
ici
l'objet.
M~is
en même temps exclus de l~
société politique,
instruments
de
l~
formation
milit~ire,
ils
ét~ient voués ~l~ glorific~tion des m~îtres d~ns la mort.
Des leurs
n'ont-ils pas
déJ~ peut-être accompagné des notables du lignage sur
ordre du
maître
Esse
7 Restent pourtant des problèmes en suspens.
Celui de
l'homogénéité de ce groupe.
Celui de l'organis~tion
de ce
mouvement.
Celui
enfin
du
succès de la fuite et des conséquences
locales et régionales de l'évènement.
La seconde
rébellion
eut
lieu
à
Latéko,
dans
la
confédération neyo
des
Kébé,
~u cours de la seconde moitié du XIXe
siècle (48).
A
la suite d'un affrontement armé auquel
les escl~ves
~v~ient p~rticipé
contre
la
confédération ennemie des Gbokr~,
les
hommes libres,
pour
fêter
la
victoire,
tuèrent
un
boeuf,
en
part~gèrent entre
eux
la
viande
et
la
consommèrent tous seuls.
Surpris et
révoltés
par
cettediscrimin~tion,
les
esclaves des
différents h~me~ux
ripostèrent
d'une
m~nière
inh~bituelle.
Nous
ignorons l~
mise
en forme de cette action,
son objectif ultime,
si
tant est
qu'elle
en
eut,
le ou les conducteurs.
Mais le fait est
que,
Justifiés
politiquement
par
l-!l
solid~rité d~ns le comb~t et
culturellement par
le
rituel
festif
organisé p~r leur maîtres au
village,
les
esclaves abattirent,
à
leur tour,
non pas un mais deux
boeufs et en consommèrent également seuls la viande.
Le banquet,
une
fois terminé,
ils se mirent à chanter des airs guerriers Jusqu'j la
tombée de la nuit.
Ce fut
un
triple défi lancé au pouvoir des maîtres.
D'un
point de vue politique,
par l'entente circonstancielle,
les esclaves
opposaient leur
front
uni
au
front
uni des m~îtres, l'unité des
hame~ux ~
l'unitd
du
village.
Ou point de vue économique,
par la

,;:on90mm;;}t i on des
boel.J fs ,
i 19
in fI i ge.:::lient une dette '::0 Il e c t i ve <ûU
vill;;}ge à
l'~g;;}rd
du
ou
de9
propriét~ires
du
bét~il,
ils
se
réappropri;;}ient p;;}rtie
du
produit
de leur surtr;;}v;;}il.
Du point de
vue idéologique,
à
traver9
les
airs
guerriers,
ils m~gn~fiaient
leur9 forces
s;;}ns lesquelles les gens
libres n'eussent pu r~pousser
l'ennemi et
préserver
leur
pouvoir,
ils
ch~nt;;}ient une
double
victoire,
l;;}
victoire
sur
l'ennemi
~
l;;}quelle
leur
p;;}rt
fut
considér;;}ble et
l;;}
victoire sur les maîtres dont le sang ven;;}it de
couler symboliquement d;;}ns le sang des animaux de prestige abattus.
Une tradition
rapportée
du
pays
godié par Ch.
Pobeguin
(1898:
331),
permet
de
penser
qu'en
certaines
circonst;;}nces
déterminées,
une
telle
rébellion
peut
se
tr;;}nsformer,
mut;;}tis
mut;;}ndis,
en
une
révolution sociale et politique.
D;;}ns le contexte
esclav;;}giste catie~

la division so~i~le du travail séparait les
vill;;}ges de
courtiers libres des hame;;}ux de tr;;}vailleurs agricoles,
8uico ét;;}it
un
hameau
sur
l;;}
rivière
du même nom,
dépend;;}nt de
Fresco,
sis
sur la c8te.
Cultivateurs de vivriers pour eux-mêmes et
pour leurs M;;}îtres godié,
les esclaves produisaient aussi de l'huile
et des
alllandes
de
palme
pOI.J'~
l' e xp o r t a t i o n
"en
assez
gr;;}nde
~uantité". Mieux,
ils
s';;}donnaient
à
l'élevage et disposaient au
p;;}ssage de
l'explorateur
fr;;}nc;;}is
d'un
cheptel bovin
de 70 à 80
têtes,
"chose
assez
rare
d~ns
le
pays".
Les
conditions
de
subsistance favorisèrent
la reproduction démographique s;;}ns compter
l'injection de
nouvelles générations d'esclaves.
On ignore la c;;}use
immédiate
de
l;;}
rébellion.
Hais
conscients
de
leurs
forces
démographique,
économique
et
sociale,
les
anciens
esclaves
résolurent de
ne
plus
"obéir
;;}ux
chefs
de la c8te desquels ils
dépendaient et
se
sont
;;}ffranchis".
Ainsi
Buico
conquit
son
indépendance en même temp9 que l;;} liberté de ses h;;}bit;;}nts.
Le problème
que
laisse
en
suspens
cette
rel;;}tion est
double
il est un problème historique et un problème théorique.
Il
s'agit en
premier lieu d'établir la ré~lité de l'évènement dans les
termes o~
Pobeguin
les
rapporte.
En second lieu,
il s'agit de le
dater.
Si
l'évènement s'est produit après 1893,
la mise en place du
système colonial
ne peut pas ;;}voir été étrangère ~ sa maturation et
à
son
éclosion.
Sa
portée
théorique s'en trouve diminuer.
Est-il
vraiment précolonial
?
Alors
on
mesure
de
quel intérêt il est
chargé pour
l'histoire
du type de société que nous explorons et en
général pour la théorie sociologique.
1.3.
La fo'~me ambig'Jë.
Ultime prise
de risque,
le suicide représente la violence
la plus
contradictoire
par
excellence,
puisqu'il
est
~ la fois
violence contre l;;} société et violence contre soi-même.
Les so,::iétés,. que
nO'JS
c o n s i dé r-o ns
If?
tenaient pOU1~ un
scandale,
le
plus
grand
crime,
une
abomination.
Ce
jugement se
~ trouve justifié
p;;}r deux raisons
:
la représentation de la personne
dont nous
avons
donné une vue ci-dev~nt, et le postulat que la vie
vaut la
peine
d'être
vécue.
La
diversité
des composantes et l~

41.,......·<-··· ,
:';'"
sacr~lité de
l~ personne exigeaient en effet que l~ vie hum~ine fût
respectée,
c~r
l~
vie
n'est p~s l~ propri~t~ de l'individu; elle
reste un
bien
commun
de
l'individu et de l'ensemble lign~ger des
viv~nts et
des
morts. Si,
d~ns le meurtre,
l'homicide ~ttente a l~
vie des
lign~ges ~uxquels
les
victimes
~ppartiennent et\\en même
temps prof~ne
le
territoire
vill~geois,
d~ns
le
suicide
~u
contr~ire, l'~uteur,
personne
libre,
s'~rrache
lui-même
a
ses
li9n~ges et
renonce ê l~ vie.
L~ vie lui ~ été un don des ~ncêtres
et des
dieux,
voila qu'il y renonce;
ses p~rents ne l'ont offensé
ni rejeté
collectivement,
voilê
qu'il
les renie;
en même temps,
impli'.:itenlent,
il
affil~nle
que
la
vie
est de ve nue 'Jn non-sen'.; et
indigne d'être
continuée.
Tel est le sc~ndale éthique et religieux,
tel est
le
crime
social
et
politique,
telle
est l'abomination
nlol~ale.- Contl~e
'~ette
v I o Le nce
s;:.l'~l~ilège faite ê
l~ subst~nce et a
l'esprit de
l~ comm'Jnautè, une seule réaction était a~équate, c'est
celle des
Bete-Gbalow~o
disqu~lification
sociale
l'excommunication;
disqu~lification
physique
l'abolition
de
l'identité corporelle
;
disqu~lific~tion
escathologique
l'escamotage des rites fun.raires de reviviscence.
Or plus
scandaleuse,
plus
criminel
et
plus abominable
app~r~it le
suicide
de l'esclave. Certes, sous un cert~in rapport,
peu importe pour l~ comMunauté l'~utodestruction de cet étranger, un
sous-homme, dépourvu
de l~ valeur soci~le des ~uthentiques p~rents,
cette autodestruction
qui
exempte les maîtres de la responsabilité
politique et religieuse de s~ mort. M~is c'est perdre de vue le fait
que chez un être qui ~pp~rtient ~ une commun~uté, un être dépend~nt,
dont l'existence' et
la
mort
restent sous la gouverne des ~utres,
l'initiative du
trép~s
est
un
~cte
de
révolte
en
deux
sens
fondanlent~'Jx.
Du point de vue de l~ société,
le suicide crée le désordre
total.
Par
l'~tranger
de stétut le plus inférieur,
voila qu'est en
effet détruit
un
bien du patrimoine lignager et révoqué le pouvoir
d'appropriation dont
il
ét~it l'objet,
voilà qu'est violé un dogme
moral et
religieux
m~jeur, la révérence à
la vie,
voilê profané le
territoire villageois.
Mais, en même temps que
ce désordre soci~l,
politique et
religieux,
le
suicide
pour l'individu constitue une
év~sion. Evasion
imagin~ire ou symbolique:
sur le mode tragique et
magique ê la fois,
dans l'inst~nt de l'extase où il se retrouve lui-
mIme,
le
suicidé
s'~bîme d~ns le né~nt, voie d'impasse ~t d'échec,
d'où le monde et l'esclavage sortent inch~ngés. Pour les philosophes
de l~
conscience, c'est l'expérience de l~ liberté ~bsolue <Hegel>,
de l~
pure
ipséité
(Sartre),
qui se caractérise par l'idéalisme,
l'~bstr~ction et la négBtivité (Sartre, 1985 : 417>.
M~is d~ns cette évasion improductive ou stérile,
il y a un
~spect positif.
"L~
nég~tion ~bsclue, souligne Albert Camus,
n'est
p~s épuisée
p~r
le
suicide.
Elle
ne
peut
l'être
que
p~r
l~
destruction ~bsolue, -de
soi
et
des autres"
(1965
: 417).
Dans la
personne individuelle
qui
se
d~truit,
quelque
chose
est
implicitement affirmée,
de
l~
nature
de
l'être et de la valeur,
commune a
l'escl~ve et au m~ître. par conséquent a tous les hommes,
qui j~stifie
l~
révolte.
A cet élément d'unité
et d'ordre
qui se

1_ a
645
profile
derri~re
le désordre,
les moralistes de la révolte donnent
un nom
c'est la solidarité pour Camus,
c'est la liberté ~ux yeux
de Sartre.
Sollicitons
plut8t
ici
un
concept
philosophique qui
implique celle-ci
et
celle-là,
le
concept
kantien
de 'dignité
humaine,
tel
qu ' il
est
à
l' o auvr-e
dans
les
Fondements
de
la
nlétaphVsiql-le de!:!. mOe'-Il~S
(49).
Des deux
principaux
sens
qu'~
ce
concept
le
premier
convient à
notre
propos.
Valeur
absolue
de
la personne en tant
qu'être raisonnable,
fin
en soi et inaliénable,
la dignité d'abord
s'oppose au
prix,
valeur
relative des choses et des êtres vivants
non-raisonnables en
tant,
que
moyens
éch~ngeables
contre
des
équivalents;
elle
qualifie
ensuite
la
faculté que l'humanité a
d'établir des
lois
universelles
et de s'y soumettre;
l'autonomie
est son pl~inl~-ipe. Oans le régn"e idéal des fins,
<(un ion systématiq'-le
des ~tI'es raisonnables SO'-IS des lois ,::omm'-Ines».
_U1:'r
a,mp1 • • • n;t;
spmn).
s.1JLtA.
msaY_n.,
m.:L_
-t:a ...... o ...Jr_
&IJ.
. . . . . . . ,!;.mp_
- p m . .
SUU!.
.:U..r..... lUI. 1!tJ:U."
(1986
:
158).
Le S'-I i c ide y est exclu,
parce que la personne,
dans et par
cette opération,
est
utilisée
uniquement
comme un moyen bon pour
assurer une
existence
supportable
à tous Jusqu'~ la fin de la vie
(1986
: 151>.
Hais cette
morale,
la premlère véritable morale selon la
raison dans
la
philosophie
moderne
correspondant
à l'époque des
lumières,
est-elle
applic~ble
aux escl~ves?
Assurément non.
Dans
le système
d'esclavage,
ob
les
personnes commencent par avoir un
prix,
dans ce règne ob les esclaves ne fonctionnent que comme moyen,
les différentes formes de révolte n'apparaissent-elles pas comme les
seules voies
possibles
d'accès ~ l'~utonomie et à la liberté?
En
particulier le
suicide,
n'est-ce pas la plus radicale protestation
du sentiment
de
la
dignité
?
Les circonst~nces qui les motivent
Justifient cette interprétatop.
Dans notre
documentation
~ctuelle,
l'unique
exemple
pl~é'~olonial de
~;;'Ji,~ide
manifeste
.\\:.}
l:::a
leti:l~e
'~ette amb Lv a Le nc e
essentielle de
la
violence servile:
l'esclave Akaku,
"Personne
appelée-à-mourir" de
TapegUhe,
chez
les
Bete-50robwo,
choisit de
périr par
le feu.
Or le procédé d'holocauste,
en principe inutilisé
dans les
suicides,
ob
la technique habituelle était la pendaison,
semble correspondre
au
degré
de
déshumanisation
subie.
Choix de
circonst~nce par
conséquent,
il
apparaît
comme
la
riposte
de
l'humilié radical
à l a
fonction
animale de monture qui
lui était
imposée;
il
définit le maître comme le mal absolu, attendu que le
sacrifice par
le
feu
n'était,
dans cette région,
appliqué qu'aux
sorciers,
ainsi
que
l , révèle les traditions des Bete-Zikobwo,
des

-
JiltlWiji1ttiMe. " '.
R. U' 11 "iiW7'ii4.r?Nii."';;;'~.iW.&~
6't6
Bete-Nekedie et
des
8ete-Z~bi~
(G~gno~)
(50).
Gr~~e
~u pouvoir
libérateur du
tr~v~il, la révolte bientat renvers~ sinon les raIes,
du moins
le
r~pport
des forces ~u détriment du msttre.
Co~d~mné ~
mort p~r
l'escl~ve
qui ~ décidé de s~ fin,
dépend~nt de s~ ~onture
pendant les
p~rcours, le m~ttre subit,
impuissant,
une mort ~ommune
dont l'escl~ve
~
~hoisi
le
lieu,
l'heure et l~ mod~lité. D'~utre
part,
l'escl~ve
administre
une
preuve
d'~g~lit~ entre lui et son
mattre d~ns
la
m~le
mort,
sans ~ch~pper ~ l'idéalisme qui réduit
l'es~l~v~ge ~
une
relation
inter-individuelle.
Je~n-Paul Sartre,
dans un
autre
contexte,
le
contexte
de
la société escl~vagiste
améri~aine, analyse
l'invention
de ~ette fOl'me r~dicale de révolte
en termes hégéliens
__ ..... -t::lm_ ....
u n
n o :l-r
1 ~ .,.-.::lI1 • ....,.
._""
.1:'
• •
r.ou,""''':I, 1:'ur_.
clan""
1._
dG.·'.
_.1:'
c.(:"
:1.1
.1:'
1 .
c I . p . . . . _
. T t
nUMCI:Ln,
:1.1
1:'0'..11:'.
d • • 't:" ...... d't::l.on
.... c1:Lc.1.
d .
1 · ... om". . . . .
(1985
415)
Deux ~utres
exemples
de
suicide
ont
pour dénomin~teur
commun de
se dérouler en pleine société coloni~le, mais sur un fond
d'idéologie précoloniale.
On
retrouve
ici,
vérifiée,
la ~on5t~nte
sociologique selon
laquelle,
au
cours
de·
la
transformation des
sociétés hum:tnes,
le
rythme du changement apparait décalé et plus
lent dans le domaine de l'idéologie qu'il ne l'est dans les domaines
de l'économique et de la politique.
A l~ veille de la seconde guerre
mondiale,
malgré
l'Etat
impérial,
établi
sur
des
peuples
militairement et
politiquement
défaits
(administration
avec
gouverneur,
tribunaux,
police
et
prisons),
gr~ce ~ l'économie de
plantations villageoises
de
café et de c~cao, une nouvelle société
africaine se
mettait
en
pl~ce
(51).
Avec
cette
société et ses
stratifications,
nous
assistons
~
l'expansion
d'une
nouvelle
culture. S'y
associèrent,
les valeurs de propriété individuelle des
moyens de
pr-oduc t t o n , Id' erd:l'epl'is~~ et df? l~erlt~bilité, les v ar t arrt e s
du monothéisme
univer~aliste
<islam,
catholicisme,
protestantisme
méthodiste,
harrisme),
l'idéologie
positiviste
et
républic~ine
(rati.on.:Jlité e:·:périmentale,
ég;:'llit~~,
l~ï,::ité et démo,::r'atie). Passé
la guerre ~e 1939 -
1944,
le développement capitaliste s'intensifia,
puisque l'abolition
du
travail
forcé
vint
libérer
les
forces
productives et
accroître
l~
petite
pl~nt~tion
p~ysanne, Au pl~n
politique,
une
vie
démocratique
moderne
éclat
avec
l'octroi du
suffrage universel
et
l'apparition
des
syndicats
et
des p~rtis
politiq'_les
(52),

• • • • •
.....s...·._="""~.~._.~_
6A7
Et pourtant,
au
sein
de
ce
renouvellement g~néral des
structures socio-poli~iques,
des
relations
de
production
et des
croyances,
sensible
dans
les
villes,
les
rapports entre anciens
·.,aitres et
anc Lerrs
es,:laves p.al"IJl"erlt i rl'.~hangés dans les ,::anlp.agnes.
La conception
hi~rarchique
de ces groupes resta inébranl~e. Ni les
premiers n'aveient perdu totalement leur mentalité .aristocratique et
leurs comportements
humiliants.
Ni les seconds ne se sentaient tous
tout ~
fait
intégrés
~ la nouvelle société pour s'approprier avec
ses nouveaux droits ses armes de lutte et ses recours.
Voil~ comment
s'expliquent les
conduites
et les ré.actions ici développées sur le
DlOde du passe.
-----~ --~-- -
le geste
de
K.afIJ
EHê
de
-----------
j;jpegdhe, ,::hez les e.ete-SIJbwo
(O.aloa)
illustre
le
premier
exemple
(53).
Voici un homme dont on
peut dire
qu'il
fut
bénéficiaire d'une double éMancipation.
On se
rappelle son
adolescence
Idborieuse et sa beau~é, son .adoption p.a,"
le Kane9non
Bl@
qui le consacra son homony.e, sign~ de rédemption.
L'~ge venu,
(1
re~ut
une première compagne, puis lorsque celle-ci
déc~da en
1929,
une seconde compagne.
Pour lui,
l'affranchissement
Juridico-politique gén~r.al
de 1907 apporta une caution externe ~ s.a
r~demption interne.
Mieux,
~
la
veille
de
la
seconde
guerre
mondiale,
il
n'~tait
pas
seulement
un
homme
libre,
on pouvait
l'assimiler ~
un
Bete au sens social et culturel. Or,
~ la mort de
la seconde compagne en 1939, voici qu'une parente de cette dernière,
originaire de
Gueya,
dramatisant
outre
mesure
l'évènement,
vint
l'accuser d'avoir
tu~
sa
"soeur" et,
dans l'excitation,
l'insulta
comme esclave,
allant jusqu'~ exhumer et ~ lui
jeter à
la figure son
nom originel
Towê.
Un
jour
plus
tard,
avant
le
terme
des
fun~railles, il partit en brousse et se pendit.
C'est que l'agression symbolique était intolérable dans sa
forme.
Voil~ une femme qui attaque publiquement un homme respectable
en état de veuvage ; et les autorités lign.agères et villageoises qui
font peu de cas des agissements des femmes dans ces circonstances ne
proc~dent ~
aucune démarche rituelle pour atténuer,
sinon annihiler
l'effet de
cet affront.
Il y a mieux:
dans le fond cette agression
portait atteinte
~
l'être
de
Blê.
D'abord
au
plan
moral
l'accusation d'homicide
qui
le
soupçonne
de
sorcellerie
ou
d'empoisonnement l'exclue
des
gens
de bien et le classe parmi les
malfaiteurs.
Ensuite ~u pl~n soci~l
fr~ppé de déchéance,
il reçoit
son ancienne identité statutaire.
De quelle réalité étaient alors la
rédemption précoloniale et l'affranchissement colonial?
Le silence
de la
communauté
sur
le
passé
n'a
donc
j~mais été oublié ;
l~
mémoire,
critère
du
passé
et
du
présent,
r~ppelant l~ division
ancienne de l~ société, exclue Blê comme étranger
: dépouillé du nom
qui l'assimile
et
10- protège,
l'ancien esclave se retrouve isolé,
nu,
fragile.
Trop emprisonné dans l'idéologie ancienne,
sans doute ~
cause de l'~ge et des malheurs familiaux,
sa révolte fut défensive;
elle ne
sut
pas
ac~uler
les
autorités
~ faire Justice de cette
agression;
simple protestation c~ntre l'humiliation,
cette révolte
parut une manière de marronnage dans l'imaginaire de l'honneur viril
et de la dignité humaine.

---~
Le geste
de
Y~yr
Sotu
de
Mopoyem,
en
p~ys
odjukru,
illustre le
second exemple
(54).
Second escl~ve du m~trilign~ge des
Qj@yei-l'-J
<le
pl~emie\\'
êt~nt AdlJ Kp'-Jssi), Bo t u -
de c l e s s e ~.lbo.r:!!!iill.,
initié entre
1903
et
1906
n'~v~it
p~s
l~
qu~lité qui l'eOt
prédisposé ~
l'El
rédemption dont K~ffu Blê et d'~utres ~v~ient joui
avant 1906.
P~ssê
l'~bolition,
dans
le
sillage
du
prophétisme
d'Harris,
Botu
qui
~v~it
entre vingt-qu~tre et trente-deux ~ns se
fit b~ptiser
et
plus
t~rd
devint
protest~nt
méthodiste;
il se
maria,
devint
veuf et s~ns enf~nt. Or vers 1945, ~ux environ de ses
soix~nte ~ns,
voici
qu'. la suite d'un décès et des poursuites qui
s'en suivirent,
des
enf~nts
sorciers
incriminés
l'~ccusèrent de
complicité.
Quelques
Jours
~pr~s,
il
disp~rut
: on retrouv~ son
cadavre dans
la
brousse,
non
loin
de
la
rivière KpakpidJ
;
il
s' ét'~i t
pe ndu ,
Contre lui
se
sont
en effet conjurées,
d~ns l'esprit du
passé,
les
forces
lign~g~res
et
publiques.
Comme

l'époque
précoloniale,
l~
pr~tique
de
l'ordalie restait en vigueur
;
l~
cl~sse d'Sge
des
Machettes
les
gendarmes,
~u sens
littér~l -
s'engageait. y l'e'::oIJl'Ü',
si l' inter\\~ogation dlJ ,.:~d~vl'e,
!..~blf-:!kP,
ne
donnait pas
entière s~tisf~ction ; et l'on sait ce que cel~ voulait
dire pour
le
sorcier,
~ncien
escl~ve : une mort sans l~rmes, une
mort sans
sépulture,
une
mort sans funér~illes, un fin de déchet.
Face.
cette issue qu'exige~it le m~trilignage démembré,
le lign~ge
d'adoption ~b~ndonn~
Sotu.
En
effet,
outre qu' il n'~v~it pas reçu
procur~t'ion pour
une
entreprise
de.
mort,
son crime présumé était
d'~utant plus
gr~ve
qu'il l'avait commisd~ns un lignage étr~nger,
qu'il av~it
détourné
des g~mins pour ce faire,
bref qu'il dressait
maintenant contre le lignage d'adoption le matrilignage du défunt et
les matrilign~ges
de
tous
les
enfants
sorciers.
Contre
cette
conjuration spontanée,
Sotu
déJ~
discrédité
moralement
par
l'accus~tion se
sentit
impuissant
physiquement,
parce qu'~gé,
50~i~lement, p~l'ce
que , s~ns f~mi Ile et s~ns enf~nt, i 1 ;;)v~i t
pel'du
l~ solidarité du lignage de ses ~nciens maîtres,
politiquement parce
les ~utorités
~dministratives
et
religieuses
locales,
encore
fortement dêpend~ntes
de
la
tradition
s'identifiaient
avec
le
pouvoir des chefs de lignage et des cl~sses d'Sge.
Hais dans
cette
impuiss~nce
sociale
et
politique,
cependant,
il
resta
~
l'encien
escl~ve
le
courage
de
refuser
l'humili~tion ultime
d'une
mort
infligée
selon
la
procédure de
l'inf~mie. En
effet,
il choisit sa mort,
une mort qui,
même si elle
était culturellement
donnée
dans
S~
mod~litê
technique,
fut
souver~inement choisie quant ~ son moment,
quant. son lieu et quant

l'état
esthétique
dans
lequel
l'auteur voulait l'aborder.
Quand
les contemporains
évoquent
derrière l'acte "l~ m~turité du coeur",
êrm-susu,
qui
l'a
animé,
ils rendent homm~ge • cette force morale
inconnue et
peu
commune.
Or
le
refus de l'humiliation menaçante
~pporte la
confirmation d'une valeur et d'un sentiment d'8bsolu que
l ,
·
1
.
,.
....
1
.
.~ ....
~nClen
esc ave presume avoIr en parl.age ~vec
es anClens ma1~res
l~dignitê.
1

Les résist~nces
ont
entr~îné
deux sortes de ré8ctions
:
des ré~ctions
punitives
et
des
réactions festives.
Les premières
furent infligées
~ux
résist8nts
p8r
les
propriét~ires
d~ns les
sociétés de
leurs
m~îtres, les sociétés d'escl~v~ge ; les sociétés
d'origine réservèrent les secondes ~ux escl8ves qui 8y~ient réussi ~
éch~pper à
l'escl~v~ge. Cet examen nous offre ainsi l'occ~sion, non
seulement de
réunir
les
deux
s~nctions
qui
accompagnent
contr~dictoirement toute
quête
de
l~ liberté : le chStiment et l~
récompense,
m~is
encore
de
voir
réintégrer
dans
leurs sociétés
d'origine et leur liberté première,
soit p~r leur propre initi~tive,
soit pat.. la ch~n,=e de l't-.ist()il~e, des es~laves, ~1_ltl~efois ':8ptifs d(~
guerre ou excommuniés des lignages.
S~ns objet
~
cert~ines
occasions,
impuissante
dans
d'~u~res, l~
répression
s'est
voulu
r~dic~le,
excessive,
relativement aux
s~nctions fr~ppant les mêmes délits ou crimes chez
les c~dets libres.
Dés~rmés devant
les
évasions
réussies
qui mettaient en
déf~ut leur
système
de
protection et leur enlev~ie~t des énergies
humaines,
les
propriétaires
furent impuiss~nts f~ce '~ux mouvements
concertés.
Bien
que
l~
tr~gédie
se loc~lis~t d~ns un lignage,
l~
rébellion de
Mberiê
CAgboville)
intorpelai~ le vill~ge tout entier,
~utant que
l~
société
abê
elle-même.
De
même,
surpris
p8r l~
rébellion des
escl~ves
dans
les
hameaux,
les habitants de Latéko
(Sass~ndra) montrèrent qu'ils n'ét~ient p~s préparés ~ ~ffronter une
action de ce type et crurent s~ges de rester cléments en faisant les
morts.
D~ns
un
~utre
contexte,
l' impuissance
~ ~gir provient du
dés~ccord entre
les
~utorité5.
Ainsi,
quand
Gbussu,
l'esclave
a~ressif de
Bodu
(D~bu)
décéda
et
que
son
m~ître
Aw~
voulut
abandonner son
corps dans la n~ture selon le mode ~ncien, ce fut le
village qui
s'OPPOS8
b
cette
sanction posthume.
Cette mort av~it
lieu en
plein
régime
colonial,
l~
société
en
yoie
de
christi~nis~tion av~it
déj~ institué le cimetière hors du village :
enfin le
récalcitr~nt
de
naguère
s'était
comme
racheté par son
travail et
s~
discipline
et
méritait
par
voie
de
conséquence
l';;)bsolutian.
"
Hors ces
cas;
la
répression
n'emprunta pas la solution
économique,
l~
vente,
qui punit les délits des cadets sociaux,
elle
usa du ch~timent le plus r~dical
l~ mort.
Certes,
~ Upoyo
(Subré),
l'escl~ve de
Gohun II évadé et rattrapé ~ Tagbayo fut immédiatement
revendu;
revendu
également un escl~ve marron originaire du Yokolo
ou du
BogUhe
<Issia)
évadé de Logboayo,
dans le Dakuya,
rattrapé b

650
Gwabwo et ramené par un neveu ;
~ S~kada,
en pays gban,
le même sort
échut ~
Kwadjo
Trazié,
le
guerrier insoumis coupable du crime de
lèse-aIJtor"i té,
qui
flJt r"evendu ~ IJn ,.:Ol~l~f:~Sp()nd;;)nt Kweni d'Unl-é
: Gord
Guehi.
Hais la plupart des transgressions furent punies,
avec des
modalités plus
ou
moins
cruelles,
de
mort symbolique ou réelle.
Quelque temps
après
sa
candidature
malheureuse
au
privilège de
l'an9bandji,
l'ancien
esclave Misê de Dibrm
(Dabu)
devint malade et
perdit la
vue.
Les
membres
de
la société des hommes riches s'en
. f41icitèrent comme
d'une
sanction
méritée
de
sa
superbe.
Cette
cécité,
rench~rissait-on, ~'~tait la nuit jetée par le~ sorciers sUr
le chemin de ses entreprises,
c'était la déchéance physique infligée
au bel
hom.e,
bref
la
mort
sociale
du
~faux"
riche,
tombé en
disgr~ce et
depuis,
devenu
totalement
dépendant
de
son lignage
d'adoption"
Pour le
reste,
indistinctement
et
sans
merci,
la mort
frappa tout
ce
qui
était
ici
crime
le délit sexuel,
le délit
économique,
la tentative de meurtre autant que le meurtre lui-même.
La première
modalité
de
cette
mort
est
l'exécution
sommaire,
sans autre forme de procès.
Ce fut ies fils de Sibri Guédé
de Bla
(Daloa)
qui,
ayant
pris
en
chasse
et
ayant
réussi
~
appréhender le
meurtrier
de leur père,
l'exécutèrent immédiatement
et le
jetèrent
dans
la
rivière Dagragnihi,
en lui refusant ainsi
l'accès ~
la
terre
du
village
qu'il
avait
profanée.
De facon
générale pourtant,
la
répression,
loin
d'avoir
ce
caractère de
vendett~ exercée
par les membres du lignage,
se déroulait rituelle-
ment sous les auspices des autorités officielles.
La dewdème nlodalité de la mor-t; f'.~~>t empr"untée ~ l' pr"dalie.,
rituel qui
opère
la
synthèse
de l'instruction,
du jugement et de
l'exécution de ce jugement. Coupable d'un délit économique et accusé
de sorcellerie,
l'esclave
Zikebu
du
hameau
BIoko
(Kadrokpa,
Sassandra)
subit
l'ordalie
de
la
part
de ses maîtres neyo,
sans
qu'on soit assuré cependant du déroulement régulier de la procédt're.
D'après les
enquêtes
faites par Marcel Prout eaux
(1932
:
58-74)
et
Francois de
Coutouly
(1921:
58-66)
dans le B;;)s-Cavally auprès des
Krumen,
voisins
et
parents
culturels
des
Neyo,
les ordalisants
pouvaient être aussi bien des volon caires prenant l'initiative de se
blanchir d'une
fausse
accusation,
des consentants résolus ~ subir
une épreuve
décidée
par
autrui que des personnes contraintes ; en
outre,
les
patients,
vite
foudroyés,
se trouvaient être des gens
souvent exécutées
pendant
le
transport
j
l'extérieur du village,
mais autour
desquelles
les
officiants
Jouaient
le
simulacre d~
l' ol~d·'!llie. La
pl~ompti-gIJde
ave,: l.'!lquell~? jlJsti'.:e a été faite p a r
le
l~i.t:~~ La i s s e
slJppOSel~
qlJe
Zikebu,
df:Li~.l nb,iet d' une for"te ;;)Vel~si.on,
~
~v~it été
contraint
~
boire
l'ord~lie
et,
peut-être même avant,
purement et simplement assommé.

.-.-----....- ----------------------_......----~-_
-_._--
.. __. . .
651
La troisi~me
mod~lit~ de l~ mort es~ l'ex~cution rituelle
des .;or.d.;)nlrle;;,
ill'.lst'''~e
er, Poi)ys o d.iu k r-u et oi)lloi)dioi)n.
Doi)ns loi) mise
en ceuvr e ,
1.;)
p'''o,;~dlJl''e
,;omp,"end t," 0 i s
s~q'.lerl'.:es et IJti 1 i se tl"O i s
te,.:~,r,iq'Je·:; d·? violer,,;e
:
l~ pi'3'Je,
l~ m.::l·;hette et le bG,;r,e,"
<55).
A'J
d~poi)rt.
les
lignoi)ges
livr.;)ient les cO'Jp~bles ~ loi) cl.;)sse d'~ge des
gend.;)rmes,
~u sens litt~r~l ; oi)insi en ~-t-il ~t~ en Poi)ys od.iukru de
T~mu-Boni ~
Gboi)dJn,
de
Agn~s
Affi
~
Ti.;)h.::l,
de
l'escl~ve T~pê
d'Akm@l@dj ~
Tukpoi),
d'une
escl~ve
d'Okoru
Ni~gn et d'un escl~ve
d'Ak~ti ~
Kp.::lnd.;),
de Breswe Adi.;) et Breswe Affi ~ Arm@b@,
Homme ou
femme,
le
coup.;)ble subiss.;)it 1.;) d~ch~.::lnce vestiment.;)ire et mor.;)le
:
d~sh.;)bill~,
somm.;)irement
v@tu,
p~rfois
d'un
s~c,
i l ~t.;)it ligot~
<Al"m@bê)
Venait ensuite
l~
mise
~
mort
proprement
dite,
~
l'extérieur du
village,
pour
~viter
que
le sang de l~ vi~time ne
souill$t la
terre
h~bitée où reposent les ~nc@tres. Acte politico-
reli~ieux, l'exécution,
i l f.;)ut
le rép~ter, dev.::lit @tre consomm~e en
co-respons.::lbilité par
le
lign.;)ge
propri~t.;)ire
et
le
vill~ge,
in~ugurée p.;)r
celui-l~
et .;)chev~e p~r celui-ci.
Le chef du lign~ge
odjukru ou
son
représent~nt
~ccompliss~it son oeuvre en ~court~nt
l'oreille de
l'escl.;)ve
d'un
coup
de
m~chette. A Kp.::lnd.::l,
lors de
l'exécution de
l'escl.::lve
B~tié
du
riche
Okoru Ni~gn, ~ccus~e du
déc~s d'Okoru Essi,
soeur de Ni~gn, ce fut Dj@dj Akp~, le neveu qui,
~lors que
l'oncle
hésit~it
~ d~clencher ce s~crifice, courut pour
officier;
on dit qu'il s'empress.::l ~insi de perdre cette belle femme
qu'il ~v~it long~emps .::lim~e s~ns réussir ~ l~ posséder,
Après ce coup d'envoi,
t~ntSt les ex~cuteurs ~ll~di~n, qui
p~rfois drogu.;)ient
le
coup~ble,
lui
f~is.::lient "s~uter l~ cervelle
d'un coup
de
b~ton .;)ppliqué derri~re l.::l nuque"
<FI.
de L.::lngle 1868
XVII:
383).
T~ntat
les exécuteurs odJukru effectu~ient l~ mise ~
mort froidement
~ coups multiples et vifs de m.::lchette
<Tukp.::l)
comme
l'~v~it déj~
no~é
FI.
de
L~ngle,
~utour
des
L~gunes,
d~ns l~
loc~lit~ m.::ll
d~termin~e
de
l~ Gr~nd-Boub.::l <1868 XVII. : 383)
ils
pouv~ien~ proc~der ~ussi ~ une d~capitation ;
le corps jet~,
la t@te
était ramen~e
au vill.::lge pour un uS.::lge p~d.::lgogique du rituel
;
tous
les enfants,
pour apprendre ~ affronter et ~ assumer la mise ~ mort
sanglante,
rite
initiatique,
ven.::lient,
~ tour de rSle,
avec la m@me
machette,
frapper
le
cr~ne
<Gbadjn).
Tant8t
erifin avait lieu un
holocauste.
On
cite la procédure ~ Kp.::lnda,
où le sang d'une esclave
~vait d~j~
~t~
versé.
Les
exécuteurs,
en
l'occurrence,
tr~nsperc~rent d'un
pieu
l'esclave
Lo
Nawr@
et sur un bGcher
le
fi l"ent bl";:;1 er ,
Enfin,
le
rituel
s'~chevait,
sans
sépulture
ni
rite
funér~ire, par
l'~bandon des coi)doi)vres. Le cr~ne lui-même ~toi)it jeté
d~ns l~
nature
et,
~ l'inst~r du corps criblé de coups de m~chette
d~nti~ avait ~té détach~J livr~ ~ux fauves et aux oiseaux de proie~
Alnsl etaient
également ~restitués ~ l~ nature les ossements et les
~endres du corps brGlé. Suivait l~ médecine de purification générale
qui clat toute immolation.

2. 2
D.::l n s .!!t!. so.,: i. é.:!;j·! ~L ~t~~l.l.::J.~Lng. _ J..::l f ê t ft 9'J. I~.::l e.::l t d ..~
2.!::!. f ê t e
d e
!.~:t ill:.~l."":~Lt.--t.Q.r.!.
Si des
escl.::lves
libérés
ont pu rejoindre leurs ~ill.::lges
natals,
c'ét.::lit p.::lrce que,
m.::llgré les ventes excommunic.::ltoir~s et en
r.::lison .::lussi
du
c~r.::lctère
cl.::lndestin de ces dernières,
il y .::lvait
partout presc~iption
pour
les
crimes
commis,
une fois ces ventes
effectuées. Mais;
soit
honte,
soit
ressentiment,
une p.::lrtie des
libérés, d.::lns
certaines
sociétés comme la société bete,
sinon dans
toutes,
se
réfugiait
quelque
temps dans un village allié avant de
r~intégrer leur localité d'origine.
P~r exemple,
Sobadi.::l de Gadwan
Niamayo,
groupe
ZurugUhe
(Dalo~) s'est ainsi
installé au village de
sa m~re
et
Zadi
Wega de Nahio,
s'est fixé ~ Dibwa, en pays Vokolo
(1ssia) .
A l'ultime
destination,
la fête offerte au rapatrié était
un rituel
de
réintégration
pour
la
société
et
un
rituel
de
renaissance pour
le
récipiendaire.
L'une
des
dernières
manifestations de
cette
f@te
devait
se dérouler ~ SedJê, dans la
Sous-préfecture d'Agboville,
au cours du second semestre de 1973,
en
célébration du retour, au début de cette année-l~, de Siri Nguessan,
pal~ti r.JIJ
pays
abtlré.
Sous le même t€~I~me de Y.::lbobo-bIJbIJê (56),
les

Bete -
BogUhe (Issia),
~ssiMil~ient cette célébration ~ trois autres
rites:
~u rite qui consacre le retour au foyer de l'épouse "ravie"
ou rebelle,
en
rétablissant
la
concorde
domestique,
au rite qui
réconcilie les
lign~ges
après un homicide par sorcellerie,
au rite
q'Ji absout le ...IiQlateIJl~ d' un intel~dtt l~eligie'J~': en le l~éIJnis-sant aIJ~<
anc@tres et aux dieux.
Fête,
cette 'cérémonie
l'était
par
son
ambiance
la
communauté banquetait,
on chantait,
p~rfois on dansait.
Ensuite,
la
réintégr~tion qu'opère le rituel était ~ la fois sociale,
économique
et religieuse.
Dans les exemples qui
illustrent notre propos
(Zobia,
groupe Depié,
et Koredidia,
groupe Owabwa près Issia ; Valua,
groupe
Zikobwo, et Kabia,
groupe Zabia,
près Gagnoa>,
les parents,
sous les
auspi,~es de
leul~
aîné
ou
du
déposit.~il~e
de la tel~l"e (le dodo ::.
lowri>,
immolaient
un
animal,
cabri ou mouton i
le banquet partagé
réconciliait les
vivants, en déculpabilisant ceux qui avaient vendu
un des
leurs et en consolant celui qui fut acheté et est maintenant
revenu.
Ce
dernier
recev~it des cadeaux de ses amis et des parents
venus de loin : des v i vr-e s , de 1.::::1 boisson, Jj'J bétail. ..
;
le ,:hef de
lignage l'habillait
d'un
pagne
neuf,
voie
d'accès au patrimoine
'~~mmun et
symbole
de reviviscence.
P~r ces procédures,
le rapatrié
se réinsérait
dans
la
communauté
culturelle
le sang versé de
l'animal était
une
action
de
gr8ces,
la nourriture répandue,
une
offrande;
l'action et l'offrande s'adressaient aux ancêtres et aux
dieux qui avaient exaucé le remembrement du lignage.
Les communautés
sortirent de ces retrouvailles doublement
renforcées.
D'une
part,
certains
criminels, sinon tous,
revinrent
plus ou
moins amendés.
La célèbre infanticide Ibo Gogo de Koredidia
(1ssia>
devint
mère
en
pays
neyo,
même
si,
par
une
sorte
d'inexorable destin,
elle
abandonna
son
enfant pour recouvrer sa
patrie;
Séri Nimayre de Bla, cette femme connue pour l'instabilité
de ses
mariages,
laissa plusieurs enfants dans le pays de son exil
(57). D'autre
part,
beaucoup
de rapatriés adultes et célibataires
purent enfin
se
marier
et,
la
chance
aid~nt,
laissèrent
une
descendance.
Ainsi
en
fut-il,
par
exemple,
de l~ Dame Di~hio de
Kabia
<groupe
Z~bi~,
Gagnoa),
mariée
~
Lelebre-kw~
;
ainsi de
Belew~n DagUhe
de
Cossa
(p~ys DjetegUhe, Dalo~) mariée ~ Nemoseria
I I ;
ainsi
de Tigbeu de Kipregogwa
(pays BogUhe,
Issi~) ou de Zadi
Weza de Nahio.
Ce dernier,
non content de s~ propre évasion,
réussit
~ libérer
de
l'esclavage
un
autochtone
de
Dibwa
et
reçut
en
récompense d'Osseli
Gbadié
la
main
de Loku NadJé.
De cette union
naquit N~dje Séri, qui a engendré entre autres enfants Séri DJapo et
Séri Gbidié
(58).
Enfin
dans beaucoup de cas,
les descendants qui
avaient fait
souche
dans
les soctétés d'escl~vage ont reconnu les
loc~lités et
les
lignages
d'orlgine
de
leurs géniteurs,
anciens
esclaves, et
leur
sont
demeurés
attachés,
créant des rése~ux de
liens trans-ethniques
qui
se
perpétuent
dans
la
société
post-
coloniale.
Célèbre
sous
ce rapport est le cas d'un homme politique
aujourd'hui disparu,
qUl
avait fait un pèlerinage au village natal
de son
père,
d~ns
la
pr~fecture
de
Gagnoa
et reçut un accueil
mémorable,
un
accueil
digne de son double statut,
statut de neveu,
fils d' anc i e n
e s c Lave ,
€~t
s t a t u t
de
,:hef 1l1odel~ne, digrd.t;;.li.l~e du
parti au. pouvoir et membre du gouvernement de la République
(59).

QUAT~IEHE
PARTIE
J

65~
LES EFFETS DE L'ESCLAVAGE
ET
LA SIGNIFICATION DE SA CROISSANCE AU XIXe SIECLE
,.'
-
-----_._-----_._-_._..._- -----
-
-
..

656
Sur l'organisation
et
le
fonctionnement
des
sociétés
lignagères considérées,
quels
effets
ont eu l'annexion et l'us~ge
des esclaves
dont
nous
venons
d'achever
l'an~lyse
?
En termes
économiques,
cette
interrog~tion revient ~ savoir si, en même temps
qu'ils généraient
de nouvelles forces productives et procréatrices,
cette ~nnexion
et
cet
us~ge
ont
créé
de
nouve~ux
r~pports de
production,
en p~rticulier un système esclav~giste dans lequel ~ une
cl~sse de
m~îtres
s'oppose
une
cl~sse
d'escl~ves.
En
termes
politologiques,
elle
revient
~
s~voir
si
ont
vu
le
Jour
par~llèlement de
nouve~ux
r~pports
politiques,
en particulier de
nouve~ux systèmes
politiques,
plus
ou
moins proches d'un pouvoir
politique centr~lisé
~u
nive~u
de
l~
société glob~le. En termes
sy~boliques, elle
revient. ~ s~voir si l'escl~v~ge s'est ~ccomp~gné
d'une représentation
de
l'~ltérité
des
escl~ves
qui
creus~t et
Justifi~t le
clivage
en cl~sse exploiteuse et classe exploitée,
en
classe dominante et classe dominée,
bref une nouvelle idéologie.
Les effets
connus
présentent
deux
c~ractéristiques.
D'abord ils
ont
un
caractère glob~l : nous les identifions à
tous
les niveaux de la form~tion soci~le lign~gère, au nive~u économique,
~u niveau
politique,
au
nive~u
idéologique.
Ensuite,
ils ont un
caractère inégal
alors que certains effets sont généraux ~u sens
ob
ils
sont
communs
~
toutes
les sociétés considérées,
d'~utres
restent loc~lisées seulement ~ certaines sociétés.
Parmi les
effets
généraux
le
premier
ressortit
~
l~
démographie historique.
Les
données.
estimatives
que
.nous
avons
livrées au
Ch. IV,
Section
IV
fournissent,
à
titre d'hypothèses,
trois indications
sur
les
mouvements
forcés de popul~tion et p~r
suite sur le volume de celle-ci ~ l'arrivée:
mouvement des escl~ves
p~ssés de
l'Ouest
~
l'Est du Band~ma, par exemple dans la soci~té
alladian,
mouvement
des
escl~ves passés du centre forestier au . Jd
dans la
société neyo ou dans la société abê,
mouvement des esclaves
transférés globalement
de
la
savane
dans
la
forêt.
Les ~rbres
généalogiques des
lignages dèpend~nts apportent des matériaux à ces
hypothèses.
Le deuxième
effet
d'ord~e général relève de la génétique
de l~
population,
moins
comme science pure de la nature que comme
discipline auxiliaire de l'anthropologie sociologique et historique.
D~ns un
texte
célèbre trait~nt des relations entre r~ce et culture
en 1971,
Cl,
Levi-Strauss
montrait
que la culture,
~ travers son
~ssignation territori~le et ses prescriptions politiques, ses règles
d'hygiène et
ses
pratiques
m~trimoniale~...
détermine,
dans une
large mesure,
l'orient~tion et l'évolution biologique des sociétés
hum~ines, faisant
de
l~
r~ce
une
fonction
parmi d'autres de l~
culture
(1).
En
suivant
cette
hypothèse,
il
appar~ît
que
l'esclavage,
fait
d'histoire
sociale,
a,
m~lgré les interdits plus
ou moins stricts,
favoqisé une relative miscègénation,
non seulement
entre les
populations' de
la
forêt
selon les mouvements que nous
venons d'indiquer,
mais encore e~tre les populations de l~ forêt et
celle de
la
savane.
Sur le long terme,
il doit en être résulté un
certain degré
d'homogénéis~tion,
que
peut
attester
et
mesurer

657
'."
.
l'~nthropologie physique
comme
discipline
de
l'~nthropologie sociologique ou historique.
Le troisième
effet
génér~l
~
tr~it
~u
dom~ine
de la
culture,
en
p~rticulier
d~ns
ses
spécific~tions littér~ire,
technologique et
~rtistique.
A la littér~ture et ~ l~ musique
des
sociétés de
leurs m~îtres, les escl~ves ~ur~ient ~pporté des contes
et des ch~nsons dont Dupire et Boutillier postulent l'existence d~ns
le folklore
odjukru
s~ns
~utre
précision
(2).
P~r ailleurs,
au
s~voir médic~l,
ils
ont
l~issé des contributions ponctuelles dont
les escl~ves
phytothér~peutes
ont produit les indices en p~ys bete
et abê.
En attendant les progrès des disciplines encore neuves ici
: l~
démogr~phie
historique,
l'~nthropologie· physique
ou
l~
génétique des
popul~tions, l'histoire comp~rée de l~ littérature et
de l'art, nous ne nous ~rrêterons p~s ~ ces trois séries d'effets.
Reste le
qu~trième
effet
général
dont nous ~llons nous
occuper:
l~
représent~tion
que
les
maîtres
se sont donnée des
escl~ves. Si
cette
représentation
que nous nommons l'idéologie de
l'esclav~ge ét~it
commune
~
toutes les sociétés,
les conséquences
d'ordre économique
et
d'ordre politique demeurèrent localisées.
En
effet,
d~ns
l~
plup~rt
des
sociétés
est
~pp~rue, sous les deux
nlod.:olités d'es,~l~v.;]ge
lign~ger',
l'es,~I~v~ge
omnifon'.:tionT)el
~t
l'escl~v~Qe semi-fonctionnel
dont nous verrons le sens bient8t,
une
structure de
cl~sses
sous différentes figures,
~ll~nt des sociétés
de petits propriét~ire5 d'escl~ves, soit limités d~ns l'esp~ce et l~
structure soci~le
<Bete,
Gb~n),
soit
disséminés
d~ns
toute
la
structure soci~le
(Kw~di~,
Eotile) ,
aux
sociétés
escl.;]v~gistes
(Neyo,
Essum~)
en
p~ss~nt p~r les sociétés de petits propriét~ires
8vec encl~ves
de gr~nds lign~ges escl~v~gistes (Abê,
OdJukru)
ou de
communes escl~vagistes <Kweni,
Alladian).
Sous le
rapport
politique
trois
systèmes
ont
subi
l'influence pleinement
forte
de
l'esclav~ge. D~ns le premier type
(all~di~n, odJukru)
les esclaves bénéficièrent d'un statut de semi-
citoyen sans
que
la
nature
de
l'org~nis~tion
ait
subi
une
transformation,
~u
contraire
; ce système correspond aux économies
de petits
propriétaires,
marquées
p~r
des
enclaves
de
gr~nds
lign~ges ou
de
60mmunes
esclav~gistes.
La.centr~lis~tion n'est à
l'oeuvre qu'~
deux
degrés.
Embryonn~ire
sous
la
forme
d'une
tent~tive d'hégémonie
politique
d'un
lign~ge
sur
l~
société
esclavagiste in~chevée
du
Nihiri,
nous
l~ trouvons m~nifestement
ét~blie comme
chefferie
d'abord,
comme hégémonie milit~ire sur 1.;]
région du
Sud-Est
ensuite,
dans l~ cité marchande et esclavagiste
essum~ sous le chef Aka Ezani.
Nous étudierons
ces trois ordres d'effets en procédant du
domaine de
la représentation ~u dom~ine socio-politique et de ceux-
ci ~u
domaine
social
et
économique
que
les
deux
premiers ont
contribué ~
former, et b consolider.
Ainsi que l'~tteste le secteur
s ans es'~l.::'lv.;.)ge
d€~
J a
~;O'':: i été bete,
~§. ,.::er'ta i ne l~epl~èsent;j1: i. Clfi de
l'institution associée
~
l'idéologie de l~ c~ptivitè précède ~vant
d'accomp~qner dans
la
zone
l'établissement
de
l'escl~v0ge et de
s'enrichi~ de son procès de reproduction.

658
CHAPITRE
X
UNE NOUVELLE IDEOLOGIE DE L'INFERIORITE:
L'IDEOLOGIE DE L'ESCLAVAGE
CHAPITRE XI:
DES MODIFICATIONS POLITIQUES INSIGNIFIANTES
AUX NOUVELLES HEGEMONIES
CHAPITRE XII : LA STRUCTURE DE CLASSES:
VARIANTES
D'ESCLAVAGE DU SVSTEME LIGNAGER
AU SYSTEME ESCLAVAGISTE.
CHAPITRE XIII: LA SIGNIFICATION D'UNE CROISSANCE
DE L'ESCLAVAGE AU XIXe SIECLE

.-.~<
' .
"'.~." -
" ...
659
':,.,.7·
~ ... _,-
CHAPITRE
X
UNE NOUVELLE IDEOLOGIE DE L'INFERIORITE
L'IDEOLOGIE DE L'ESCLAVAGE
SECTION
1
L' INFERIORITE DE L'ESCLAVE COMME LA HONTE
MA.JEURE
SECTION II
L'HEREDITE DE LA HONTE OU L'IDEOLOGIE DE LA
BATARDI5E

- 660
SECTION
1
L'INFERIORITE DE L'ESCLAVE: LA HONTE MAJEURE
Tout au
long
de
l'histoire,
dans les sociétés que nous
considérons,
~vec
les pratiques des gens libres qui
inférioris~ient
les esclaves
et avec les pratiques par lesquelles les esclaves eux-
m@mes ~
différents
niveaux
de
la
réalité
sociale exercaient ou
Jou~ient leur
statut,
ont
fait
corps
des
représent~tions
qui
interprét~ient ou
Justifiaient
cette infériorité.
Dans la première
grande enquête
publiée
en
1981 par" P.E. Lovejoy -
The Ideolo9Y o·f"
Slavery i n Afl~i'.::a
(3)
-
ces représentations sont d' abor-d i ntégl~ées ~
un concept d'idéologie comme système d'idées que nous trouvons Juste
t..ant dons
son
contenu
que
dans
sa
forlction
d' i rrs t r-ume n t
de la
domination et
de
l'exploitation.
Mais
en
même
temps,
dans leur
relative autonomie,
elles apparaissent complexes et contr~dictoires.
Complexité des
rapports
des
esclaves avec les aînés sociaux,
avec
les cadets parents,
et avec les gagés,
avec l'idéologie de la pureté
du lignage
et
celle
de
la terre.
Contradiction de l'idéologie de
l'esclavage selon
qu'elle
est
mise en oeuvre par les aînés contre
les cadets
et
les
esclaves, ou par les cadets contre les aînés et
les esclaves
en
rapport
soit avec l'idéologie du lignage ou de la
terre.
Nous
retrouvons
ces
caractéristiques
en
étudiant
ici
spécialement ce
qui manque ~ cette enquête : les représentations de
l'infériorité radicale
de
l'esclave.
Une
catégorie
unifie
ces
représentations en une nouvelle idéologie de l' infél~iorité, ,,:'est l a
catégorie de la honte.
o"-lmi ~êtl':"~ ?-t 1e néant, .J. -P. Sal~tl~e, .!l p r-op o s du l~eÇJal~d,
définit la
honte comme la reconnaissance dans la vision d'autrui de
la liberté d'une personne en t~nt que déchue dans un état de n~ture.
_.'t:"
._1:'
UL
t-ton't:"..
nar.-t:.
d_
JIJïI.i..
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J _
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_ _ -t:
m.m_
comm_
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q u _
c_1:'~_
n",~ur_
m . m .
m~.~~._pp_
_ ~
. a t . t
m.eQrly'~:t._._b1_ comm_ ~_11_
(5).
"Le
har.-t:.
p~~r . .
n· • • t
p
r.~~m.n~
d~.~r_
~_1
01..1
t _ 1
4~b.J_t
r.pr.h.r,_~.b1_
J
M~~ • • r,
o.n.r_1~
d#.~r.
u n
abJ~~,
c · __ t-··~-
d : t . r .
<::1.
' n .
'~Q..D.I:L.!Al~ d e r , .
-=.~
."t.",... _
c:t.gr ..'''';.... ,
d " p .. rlc:J .... ,·.t
.~
"~.g"
<:t'..' .
~
_ •..• ~.
p.'-
_ .... "t",- .... ~.
L ...
t-.or."t:e
_ _ -t:'
_ _ .,·.T'1.n.... n t
c:t ..

661
ou
" ' . 1 1 .
-:e:oMb ....
cl . . . . . .
1 .
h a n " ' .
a~~a~n.11.
ab~.Q"'~_• • • n .
d.~.n• • •
ob~_G~~~.,
Q._.~
~.Q1.M_r
1 _
dra~T
d .
VO~~
• • n •
• ~~_
v u .
Q._.~-.-d~r_ d·.~r_
p u r
.uJw~.
c~ • • ~
paurqyo~
1_
. y m b o 1 _
b~b1~qu.
d .
1 .
chu_ • • • p r _ .
1 .
p . c h .
ar~a~n.1.
c · • • _
1 .
*.~~ ~u·Ad.m .~ E~_ ··Qon~.~••• n~ qu'~1• •Dn~ nu."
(6).
Cette reconnaissance
de
ce
que
l'on
est
peut au sens
absolu,
s'appliquer
~
l'objet
de
la
conscience honteuse
i,.::i
~
c::-..:,.l' .i.nf.ériorit.é.ou
.a~JstabJt
s oc t a l
de
l' e s c Lave .
C'est
dans ,.::e
dernier sens que nous parlons de l'infériorité servile comme honte.
Commençons par
distinguer
entre
la
honte
d'être,
dont
parle le
philosophe,
et
la
honte des comportements -
pleurer,
se
dénuder,
tomber
devenus maintenant objet de l'histoire
(7).
Dans
la honte
d'être
elle-même,
il y a une gradation.
Une chose est l~
honte d'@tre
femme,
personne
de bas statut mais personne libre au
milieu d'une
assemblée publique,
honte qui pousse une femme dans la
société odjukru
par
exemple,
~ parler assise,
en retrait du cercle
des homme s
saris élever la vo i x ,
a'Jb~e '.::hose 1;;) honte d' @b~e d i mr nué
sous tel
ou
tel
r;;)pport
ou
d';;)voir
telle
ou
telle déficience
particulière
laideur,
stérilité,
simplicité d'esprit,
pauvreté;
cette honte
qui
frappe des personnes libres sous un certain rapport
leur laisse
d'autres
plénitudes
sur
le plan social et politique.
Chez l'esclave,
inférieur
parmi
les
inférieurs,
la honte d'être
escl;;)ve atteint la totalité de la personne,
dès l'origine marchande,
dans sa
relation
glob;;)le
aux
autres personnes ~ la société et ;;)u
monde,
elle
paraît
définitive
et
irrémédi;;)ble
c'est
en cela
qu'elle est
1;;)
plus
grande
entre
toutes
les
hontes.
La
reconnaissance de cet ét;;)t,
mode d'adhésion ou de consentement donné
a'J stabJt
d' es,.::lave,
''::;;)l~actét~ise
,:e
que
nOIJS
avons
nommé
1;;)
résign;;)tion.
Au
contraire
de
cette
reconn;;)issance~ la fierté
(8)
comme refus
de
se
résigner signifie la conscience révoltée ; pour
Karl H;;)rx,
dans
une
lettre
de
mars
1843
à
Arnold Ruge,
cette
dernière participerait d'une autre espèce de honte,
la honte en t;;)nt
que "sorte de colère,
la colère rentrée"
(9).
Les maîtres
ont
interprété
l'infériorité
des
escl;;)ves
comme une
nature
en
deux
sens.
D'abord ils l'ont interprétée du
dehors comme
déchéance
et
l'ont
imposée aux esclaves;
ensuite ~
cette déchéance d'ordre historique,
ils ont donné une représent;;)tion
en quelque
sorte
métaphysique en la postul~nt comme une dérivation
de la
personnalité
de l'esclave avant l'esclavitude,
donc comme un
état immu~ble et un état transmissible par hérit~ge, si par postulat
les propriétés
psychologiques
se
transmettent
en
quelque
sorte
génétiquement.
Consb~u'.:::t;tj,on
de
tyP(~
idécllogiq'Je,
,.::ette
interprétation confère un caractère quasi ~bsolu ~ la négativité de9
esclaves en occultant leur positivité.

662
t~ette nêgati vi té hontel.lse, ~s des Od Jukr-u , ?hi nbi!.l des Abê,
~o des Bete - antithèse du statut glorieux des maîtres, se déploie ~
traVel~s de
gl~ands
thènles SIJI~ lesquels les so.:iétés ont div'el~sement
mis l'accent
thème
contradictoire
de
la personne-chose,
thème
ontologique de
l'infirmité absolue,
thème éthique du danger ~bsolu,
thème économique
de
l'ustensile-déchet.
Nous ne prétendons pas que
cette liste soit exhaustive.
2.
Thè~ de la pel~sonne-'.::hose
C'est la formulation idéologique du fait que l'esclave est
une personne-marchandise,
produit
ou
équivalent
du
produit
du
travail de
la
communauté
lignagère.
La
sémantique
odjukru
et
alladian en
donne
deux
preuves
,
travers
les
formules qui
les
identi fient
" •.::hose --de
la nl~li n",
en modjlJkl~IJ : ablJ ~tch~_ OIJ "gens
de la
Maio u ,
en
alladian
~korê-bo.
Sous la notion de 2~,
les
odjukru mettent des réalités abstraites tel un concept,
des l~éalités
naturelles comme
le végétal,
le minéral ou l'animal et des réalités
culturelles, produits
de l'industrie humaine,
comme une maison,
une
lance,
un
bijou
en
un
sens
spécial,
le collectif désigne les
choses de
pl~i:<,
des
biens,
la
l~i'.::hesse.
La
tl~ansfOl~mation
en
rit.:~hesse -ob-onQn -
des ,:hoses
(mob ) que ,:ontient le monde,
est le
fait du travail dans l'histoire.
La notion de gens,
par laquelle les
Alladian désignent par euphémisme les descendants d'esclaves alJ sens
d'une humanité
n~utre,
asexuée,
assimilée ~ une possession,
relève
de la même logique de transformation.
Diilns la
représentation
des
Essuma
anciens,
l'esclave
(a ka ka)
oc c IJpiil i t
cette
place
de
chose dans la hiérarchie.
Tel il
apparaît dans
la
prière
que le notable adresse ~ Dieu,
au dire de
t.ove r
:
.. A Tt:Q 'd ;1, 9 Y m •
DUUIUIt.
lD.&C.SiI. ~
SJk:1l1kS 1#
lD.5I.IDJI.
b r e n ' P $ 1#
MeM"
e n g o u _ "
Jb
ClCI .... " • • , .. ·,
J
d • •
<1935
: 213).
L'orant articule
deux
sortes
de
demandes
: en premier
lieu,
des
demandes
de
nature
matérielle ou économique,
en second
lieu,
des
demandes
de
nature
axiologique.
Dans la hiérarchie des
biens économiques,
les
vivres
se situent au premier rang,
car ils
sont nécessaires et indispensables ~ la reproduction ; vient ensuite
l'argent,
moyen d'acquérir des vivres et des instruments de travail,
vient enfin
l'esclave,
bien total,
moyen de production de vivres et
d'argent,
moyen
de reproduction et de prestige,
qui tient ~ la fois
des biens
et des valeurs.
Quant aux. valeurs,
elles s'échelonnent de
l'ordre économique
(richess~) ~ l'ordre moral (bonheur), en passant
pal~ l' er-dr-e
biologiq'Je' (la santé).
La fél i •.:i té df? l' homme consiste
en effet
"~êtl~e l~i •.::he,
heIJI~eu:·:, pu i s s e n t ,
s e r-v i
et no no r
(1935
:
é
"
218).
Or,
pas
de
richesse
ni
de
puissance sans esclave,
pas de
meilleur serviteur
que
l'esclave.
L'esclave
est
présumé être en
définitive le moyen parfait de l'accomplissement social et humain.

Une p r em i èl~e
justification
de
la
déchéance
est
métaphysique disons-nous.
Un conte abê emprunt~ ~u Pasteur Orso Deci
l' e~<pli,.::ite.
'-Ir_.
"0:1._
.... r • •
.. :t_n
q .... - . 1 1 _
mer::t._.,
_.M_. _ ••
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" i :
:I..ni:
d._
H
:l.1:1. . . .
p . r
Comme dans
le mythe platonicien,
une prédétermination des
de~tins existe. Le véritable destin de chaque group~ lignager et, au
sein de chaque groupe,
de chaque personne individuelle,
a été arrêté
~ la
naissance;
car dès avant la naissance,
la personne a reçu son
programme -de
Dieu.
Tel
est
l'ordre
de droit,
ordre invisible et
c~us~l. Nous
rejoignons
ainsi
la
conception
de la personne déj~
exposée dans l~ Ile Partie,
au Ch. III,
avec sa composante héritée et
sa composante
individuelle,
deux types de réservoir de pouvoirs.
En
conséquence de
ce
programme,
la richesse suit ici-bas celui qui a
été prédéterminé
~
être
riche
et
le
raccompagne ~ sa mort ;
le
pouvoir échoit
~u souverain prédestiné et lui reste attaché dans la
mort;
l'esclavitude
suit celui qui a été voué ~ l'esclavage et le
raccompagne au
pays des morts.
S'il Y a,
comme dans le cas de cette
femme,
contradiction entre l'évidence de la richesse et le défaut de
l"espe'.::t pub Li c
dO ~ la l~i'.::hesse, c ' est sinlplenlent pal"'ce que .;te faj.t
de cette
richesse,
l'apparence,
n'est pas fondé dans le droit,
le
droit ~
la
richesse,
la réalité
la belle femme riche,
~ l'instar
de l'esclave
opulent,
instrument
et signe du maître,
détenait une
richesse dont la" propriété revenait j
son époux,
~ fortiori dans une
société patrilinéaire, de filiation unilinéaire.
Sur cette
infirmité
ontologique
ont
mis
l'accent
les
sociétés ~ classes d'~ge qui avaient accordé aux esclaves le maximun
d'avantages sociaux
et
politiques.
Comme
l'infirmité
selon
les
biologistes,
cette infirmité ontologlque se définit par le manque de
certains organes
symboliques,
de
certaines fonctions essentielles
dont la synergie est nécessaire et indispensable ~ l'accomplissement
de
la personne
ici,
l'ancêtre,
le nom,
la parole.
)
Parce que l'ancêtre naturel de l'esclave n'~ pas de valeur
opél~atoi"l~e dans
1':1 50'::: i été du ma 'j:tl~€~,
cet an,.::êtl~e n' e~.t P;;:lS.
F'al~ le
fait même,
l'esclave
est
exclu
de
la
relation
d'appartenance
réciproque qui
caractérise
l' ~utochtone
et
la
terre.
La
terre

~"'N!!"._ .
661.~
app~rtient ~
l'~utochtone
l'8utochtone est le père de l~ terre,
celui qui
a
noué
la
premlere
~lli~nce ~vec les dieux chtoniens,
celui p~r
qui.
une
terre est nommée,
identifiée, délimitée,
codée,
appropl~iée, mise
en
V~leIJl~,
c:' est-è-dil~e
le
m~ître
:'.
~s~.
(odjIJkl~IJ)
dodo-loWl~i
<e.ete,
Neyo,
Kw~di~), 3:'d~~ <Kweni),
to~ldrt~_
<Gban).
H~is en même temps,
l'~utochtone ~pp~rtient è l~ terre comme
graine ou
noy~u
(Kweni,
Odjukru).
L'escl~ve ne conn~ît donc p8S l~
croissance végét~le
qui ~ssimile le développement de l'~utochtone è
celui d'une
pl~nte n~turelle nou8nt une rel~tion de fr~ternité 8vec
l~ flore et l~ f~une. S~ns n~iss~nce, il est un fruit qui tombe d'on
ne s~i toi.:..,
il est l'Ju,
selon 1 es Kwen I ,
une hel~be q'Ji p ous s e SIJl~ 1e
brCilis comme ~l~tifi'::.iellement : ~IJlu.
Sans ~ncêtre,
S8ns
rel~tion
de
co-n~iss~nce
et
d'appropriation réciproque
~vec l~ terre,
l'esclave ne peut ~ssumer
aucune fonction
ni
de
possession
de
terre
ni de succession
en
Matière foncière
'.::ontl~~il~ement
J::I
l'étranger
libl~e,
il
~_~t
possession, héritage comme nous l'~vons vu.
Mais sans ~ncêtre et p~r conséquent sans r~cine ni d~ns l~
société ni
dans l~ culture,
l'escl~ve est dépourvu ~ussi de mémoire
organique. Lui
manque
d'~bord
l~ généalogie d'un ~ propre.
5' il
~pporte un
nom d'origine,
celui-ci n'~ ~ucune signific~tion, ~ucune
effic~cité d~ns
l~
société
du
m~ître.
Son nom d'emprunt ne peut
porter d'~utre m~rque publique signifi~nte que celle que sont m~ître
veut bien lui imprimer:
il est l'ombre portée du nom de son m~ître,
~insi que
l'atteste
les
All~dian,
que
son
nom
soit
en
effet
autobiogr~phique, polémique
ou
identitaire comme nous l'avons dit.
F~ute de
nom,
l'escl~ve n'a p~s à
prétendre è fortiori è un renom,
qui n'est
que
redoublement et magnific~tion du nom.
il ne peut par
conséquent briguer
le
pouvoir
politique,
instrument
et
lieu du
contrale collectif
de
l~
possession,
instrument
et
lieu
de l~
mémoire collective
interne,
lieu et instrument de l~ manifestation
des noms.
Aussi bien
font
défaut
~
l'escl~ve,
~u
sens
de
la
communic~tion politique,
un ~utre org~ne symbolique
la voix et une
fonction essentielle
la parole.
Dès s~ prise de possession,
chez
les excommuniés
vendus,
nous
avons
noté
que
l'escl~ve
ét~it
baillonné;
le
déni
de·voix et de parole apparaît ~insi comme une
d~mn~tion originelle,
en
~cte
sur
le
territoire
n~t~l, d~ns l~
société première.
Or,
ici,
la p8role est consubst~ntielle è l'être
._1':'
"c..~~
p .. r
Dans les
sociétés d'accueil,
Quiconque n'~ ni ~ncêtre, ni
nom,
ni
possession,
n'~ pas voix délibérative.
Le lieu· de la p~role
est indissociablement
culturel
et politique,
puisque la communauté
est détentl~i':e
de
~;~l
l.::.lrlgt,e
..~t: I.:l~é.~ltr·i.'.::e
de ses lang~ges. F'al~lel~
ac r , ,.:e
n' est
p as
s':~ulemf~'nt
e;<r:'I~inH?I~
l'identité
de s a p r-s orme
ë
individuelle,
c'est ~ussi, en même temps,
s'inscrire d~ns la mémoire
de la
commun~uté
et
inscrire
la mémoire de s~ commun~uté d~ns la

6b5
mémoire des
hommes.
Fa~te de références,
en tel sens qu'on entende
le mot,
l'escl~ve ne peut parler la p~role vr~ie, celle des ~dultes
libres ;
il ne peut émettre que des propos domestiques,
sembl~bles è
~euX des
enf~nts
et
des femmes,
~ l~ rigueur des propos dénués de
sens.
Vient-il
~
p~rler,
ses propos dépl~cés peuvent entr~îner l~
eontravention ou
l'~mende,
~
l' inst~r
des
d~nses
illicites,
incongrues ou
insult~ntes.
Voil~
les
raisons pour lesquelles les
e5cl~ves ne
pouv~ient p~rticiper ~ux sessions des tribun~ux (Kweni,
Ab@),
ni diriger les cl~sses d'~ge.
Au thtme
de l'esclave intrinsèquement déficient,
s'~Joute
une deuxième
Justific~tion,
celle-l~
d'ordre
éthique,
ém~née
____ principaleJ1lent des. so,:iétés
p~tl~iliné~il~es,
m~is
qu' on
l~etl~ouve
également sous
un
certain r~pport d~ns les sociétés m~triliné~ires
et qui
explique
les incapacités ~oci~les en p~rticulier en matière
-de-prol:l~éation
et
de succession dont les e s c l ave s ét~ier!t fl~~ppés.
Les escl~ves représentent un d~nger pour les ~utres, pour l~ société
et pour
eux-mêmes.
Les
esclaves représentent un d~nger en premier
lieu ~u
sens
physique
(Kwadi~,
Abê,
Neyo,
Gb~n). Du point de vue
biologique ils
porteraient
des
semences susceptibles de corrompre
l'identité lign~gère,
soit
par
simple substitution d'une espèce ~
l'autre, soi t
p~l~
l'lai formation OIJ ~bStal~disment de ,:ette del~rlière,
si on
l~iss~it les hommes f~ire des enf~nts ~ux femmes ~utochtones.
D~ns le
premier
c~s,
les semences des hommes ~utant que les seins
des femmes
aur~ient
une vitalité qui surpeupler~ les lign~ges purs
et les
éteindr~ient.
D~ns
le
second c~s, cette m~lform~tion peut
@tre soit
physique
(Bete-Gb~lowan, Gban et Abê-Tchoffo craigr~ient
l~ procré~tion
de
monstres),
soit
psychologique
et
mor~le (les
OdJukru prêtent
~ux
enf~nts
un
"mauvais" c~r~ctère, incompatible
avec l~
docilité et la servilité ~ttendues de dépend~nts absolues).
Sous le r~pport esthétique (AI1~di~n, Odjukru),
c'est l'étr~ngeté de
l'étr~nger qui Justifie qu'on l'éloigne du p~trimoine et qu' il n'~it
p~s contact
~vec
les trésors du lign~ge, p~gnes précieux et bijoux
r~res. S'il ne les vole p~s ou les abîme p~s,
il pourrait les s~lir.
Mais les
esclaves représentent un danger,
en second lieu,
au sens
éthique
oD
c'est leur ~me qui porte le m~lheur. P~rce que
leur ~me
d'étr~ngers
~bsolus
est présumée insondable,
donc noire,
leur "ventre"
ou leur "coeur" abrite la méchanceté comme propension
~ vouloir
et
~
f~ire
le
m~l sans ég~rd ~ux conséquences sur une
commun~uté dont ils ne sont p~s.
P~trilinéaire et matriliné~ire leur
imputent cette méch~nceté.
Première forme
de cette méchanceté:
la haine.
Une sourde
h~ine habiterait
les
escl~ves
qui
cherchent
~ se venger sur les
libres des
malheurs de leur déché~nce et de leurs humiliations.
Les
~tteintes au
patrimoine des maîtres s'y rattachent.
Loin d'être des
~ccidents humains
toutes
illustreraient
cette
haine
dommages
c~usés aux
instruments ~ de
travail,
~
fortiori
détournements ou
dil~pid~tion des biens produits, vols, attentats.
J'
Deuxième forme
de
l~
méchanceté
la
j~lousie.
Les
comportements des esclaves qui cher~hent ~ éliminer les ayants droit
~ la
succession
pour
prendre
leur
place
tout
autant
que
les
adultères p~rticipent de cette méchanceté.

L~ troisième
forme
enfin
de
la
méch~nceté
~
nom
sorcellerie
celle-ci est censée ~nimer l'~udace ou la témérité des
esclaves qui
font
des
affronts
~
leurs maîtres,
qui ~spirent ~u
pouvoir politique,
qui attentent ~ leur propre vie
bref tous ceux
qui ont
emprunté
les
voies de la résistance ou de l'opposition au
système de l'esclavage.
5.
deux
précédentes Justifications,
les Kweni adjoignent
une tl'oisième
que l'on retrouve,
aussi peu explicite,
~illeurs dans
les pratiques funèr·;:..)i l'es.
-'!Io •
.1on
_
:'i 1 )
_ 1:'
a..an
....
_
~1:',-
.. ,,:&.11."'.
p C J u b _ 1 1 . U
dCl1'"I1::'
1 # "poT'lyn, •
._1:' '..J'"
(12) .
C'est d i r e ,
en pl'enliel' lieu,
que l' escla""J~__e_5t d~L tOl.,lS Le s
déchets l'espèce
la plus abjecte.
D~ns l'organisme,
les sous
produits du
mét~bolisme
se
différencient
en
deux
sortes
les
matières liquides
(sueur,
urine,
morve)
et
les m~tières solides
(cérumen,
durillons,
fèces ... ).
Or les Kweni n'~ssocient l'esclave
qU'aux matières fécales,
~pp~remment les plus abjectes,
matières aux
propriétés plus
incommodantes,
dont
l'év~cu~tion
exige
plus
de
travail.
Il
est
donc
l'excrément.
Dans
les
sociétés
que
nous
considérons,
partout
où l'habit~t n'avait p~s encore domestiqué les
lieux d'ais~nce
comme chez les Akye,
c'est bien dans la brousse que
hommes et
femmes
allaient
~
l~
s~lle
matières
fécales
et
instruments hygiéniques ét~ient ainsi ab~ndonnés d~ns la nature.
Mais,
associé
~
un
sous-produit.
passif,
objet
d'élimination dont
nous avons vu les modalités ~ propos de la mort,
l'esclave est,
en
~euxième
lieu,
un
réceptacle
ri'ordures
symboliques.
On
s'attend
en
fait
de
réceptacle b la notion plus
l~rge de
dépotoir,
lieu

s'amoncellent
déchets
de l'économie
mén~gère et
déchets
organiques.
A.
Deluz nous propose poubelle,
récipient qui
recueille
les
ordures
ménagères,
du
nom d'Eugène
--
. . .
....

667
poubelle, ce
préfet de l~ Seine qui impos~ sen usage en France'~ la
fin ,jIJ
XIX,e
sie•.:le
. <1883-1896).
Dans le ligr.~ge. o n ~.elJt inflige\\~
toutes sortes
d'humiliations
~
l'esclave
ou l'abreuver de toutes
sortês d'injures
impunément.
Mais ce qui est permis en droit privé
ne l'est
pas
en
droit
public.
L'dtranger au lignage qui rappelle
l'ori9 i ne d'ur.
esclava
doit une amende de un boeuf chez les Kweni.
En troisième lieu,
enfin,
l'esclave apparaît comme un éboueur,
agent
d'.vacuation des
déchets
ou
des ordures,
celui qui, dans le champ
êcorlolRiJ.:l'Je, était
déj.il:l IJn servi telJr borl .il:I tOIJt faire,
e:·~e'':IJtarlt 1 es
tlches les
plus pénibles et les plus répu9nantes. C'est pourquoi il
peut @tre
mis
en
9age
ou
revendu
pour
procurer au lignage des
ressources qui le préservera d'une honte quelconque
<dot,
dette ... >
On voit
bien
quelles couches sociales, dans le collectif
des maîtres,
avaient
intér@t
.il:I
radicaliser,
è
propager
et
~
perpétuer cette représentation négative des esclaves: c'étaient les
cadets sociaux
et
les
femmes.
Avec
les esclaves,
les uns et les
autres tro~vaient
plus
inférieurs
J.:lu'eux
et à
leur service;
les
prelliel~s, '.l'Ji
slJbissaient
la
domi natior.
des
aînés se tl'oIJvaier.t
réhabilités par
un
autre
type
d'abaissement plus définitif ;
réhabilitées également les secondes,
étrangères aux patrilignages de
leurs époux,
en
partie
exploitées par ces derniers et exclues des
sociétés politiques.
Pour
propager
cette représentation négative,
les uns et les autres avaient pour eux le nombre,
l'espace politique
et la
liberté
relative
de
parole dans cet espace.
Enfin c'est de
leur position
de
rivaux économiques et sociaux qu'ils tr~quent les
descendants d'esclaves
pour
leur
faire
honte
du statut de leurs
ascendants comme d'un héritage.

668
SECTION
II
L'IDEOLOGIE DE LA BATARDISE OU DE L'HEREDITE DE LA HONTE
EXEMPLE DE LA TRADITION
KWENI
Empruntons è
Kouroum~
Ahm~dou,
rom~ncier
ivoirien,
l~
~~t~gorie de b~t~rdise, telle qu'elle fonctionne d~ns son premier et
célèbre \\'om~n
Les
soleils
des
ITldépeTld~TI':es
(1967,
1970>.
Condition du b~t~rd, elle désigne l~to sensu les effets biologiques,
soci~ux, économiques,
politiques,
de l~ miscégen~tion survenue d~ns
1~ sociéte
coloni~le
entre
les
r~ces, les c~stes, et les cl~sses
s~~i~les, en
p~rticulier
entre nobles et escl~ves. D~ns ce dernier
sens, dans
un
trav~il
antérieur
(1),
nous ~vons découvert qu'elle
est la
perte
de
l'identité
du
monde,
entendu d~ns son ~cception
anthropologique et cosmologique : corruption d~ns l~ n~ture,
altération d~ns l~ culture, désordre d~ns l~ societe comme form~tion
de nouvelles
c l a s s e s .
Elle vehi,:I.Jle IJne idéologie ~Tlti-rlistol'iqIJe,
pe'ssi.iste, d'IJne fin du monde . D~ns l~ fOl'm~tion so,:iale triblJtair'e
.alinkê, elle représente l'idéologie des classes sociales déchues de
leurs prérogatives ,:kcTlom aque s et pol i tiq'Jes .~TI,:iennes et qu i ,
p~l":e
qu'elles sont
impuissantes
è
se
renouveler
ou
è
reprendre
le
contrale de
la
nouvelle
histoire
qui
se
fait
dans les nations
~~i5santes dénigrent
cette
histoire
et
l~
maudissent.
De cette
idéologie de
la
b~tardise sont justici~bles les attitudes dont les
descend~nts d'escl~ves
sont
l'objet.
A
ce
dossier
qui ouvre le
ch~pitre contemporain
des
conséquences
de
l'escl~vage,
un
seul
exemple documenté
suffir~
è
titre
indicatif.
Dans
un
~rticle
d'EthnoloQic~ Helvetica
L'~ir de la c~lomnie. L'escl~vage et son
h4ritage chez
les
Goura
(1982>,
c'est
Ari~ne
Deluz qui nous l~
fournit
(2).
Il en est des des,:end~Tltsdes_es,.:l~v_es, ,:es b~tal'ds, comme
de leurs p~rents. En premier lieu,
leur condition n'est p~s homogène
: les uns ont éte bien intégres,
d'~~tres m~l. Dans son r~pport du 6
Novembre 1931,
le Comm~ndant du Cercle de Dalo~ signale comme preuve
de bonne
intégr~tion l'existence de quelques chefs élus de villages
d~ns le Z~ble (3).
En p~ys Kweni,
qu~tre situ~tibns au moins ont ét~
repérées p~r A. Deluz
(1964,1970>
: c~s d'inexistence de descendants
d'e$cl~ves (Sinfra,
groupe
guro,
fonde
fin
XVIIIe
siècle,
75
habitants en
1958 et Kurudufla,
groupe Pr~gon, fondé vers 1800, 160
habit~nts), cas
d' intégr~tion
complète
d~ns
le
groupe
(Z~nfl~,
grolJpe M~,
fOTldé
ve r-s
1800,
1150
h~bit~Tlts
eTI. 1958>,
c e s
d'intégr~tion partielle d~ns les lign~ges (Gw~bolifla, groupe Y~swa­
Nord,
fondé
vers
1912,
714
habitants
en
1958;
Kobl~t~, groupe
ew~vere, fondé
vers
1875,
446
habitants
en
1958>,
cas de non-
integration (Duonefla,
groupe
Ny~n~ngon,
fondé
vers
1898,
226
h~bitants en
1958
dont} un quart environ issu d'anciens esclaves>,
M~is ~
deux
ou
trois
génér~tions
encore au moins,
le destin des
~nciens esclaves affecte les descendants.
ETI deIJ:': iéme
1 i au ,
qlJe
les p~rents aient été bien ou m~l
i ntèg",!s , 1 e
l' é s IJ 1 ta t
est le m~nle
les descendants sont reconnus,

discriminés et
sujets ~ l~ subordin~tion. En p~ys kweni,
l~ o~ leur
popul~tion est
f~ible
comme
d~ns
le
Sud,
ils sont "connùs comme
tels" et "qu~si-exclus de 1,;;) s o c i
t
é
é
"
( 4 ) .
Conséquence
d~ns
l'Ouest
o~
la
proportion
est plus
élevée p~r r~pport ~ l~ popul~tion globale,
d~ns une zone de densité
et d'intégration faibles
(Duonefl~, village de 226 h~bit~nts en 1958
25 % environ descendent d'anciens esclaves),
ils ont tend~nce ~ se
m~rier, soit
avec
des
femmes de même statut qu'eux, soit ~vec des
femmes de
vill~ges éloignés o~ leur statut est m~squé. Dans le Nord
(Z~nfl~, chez
les
Tibeit~,
dans le Y~sw~) o~, ~vec une densité et
une proportion
plus
fortes',
l'intégration
par~ît
complète,
les
transactions m~trimoni~les
les
concern~nt
restent
encore
le
privilège des
descend~nts
d'~nciens
m~îtres.
Dans cette dernière
r~gion. lorsque
les
deux
parents
ont
été
escl~ves, l'~ccè5 aux
Vunètan.
insultes
rituelles nocturnes des gr~ndes funérailles entre
Ma et
Nya. est interdit aux fils.
Les acteurs,
en effet,
y chantent
leurs insultes
les
deux
bras
levés
le descendant d'esclave en
ligne paternel
baisse
le
bras
droit,
t~ndis
que
le descend~nt
d'escl~Ye en ligne maternel garde le br~s gauche baissé
(1982
28).
P~rtout, ils
furent nombreux ~ être envoyés è l'école et ~ l'~rmée.
Deux motivations
ont
Justifié
ce
sacrifice
consenti
au
monde
étranger et
présumé
d~ngereux,
les
mêmes
qui
expliquent
la
désignation des
chefs
inauthentiques,
c'est-~-dire la préservation
des ingénus
et
l~
s~uveg~rde
de
la
culture
indigène
contre
l'alién~tion.
~es sociétés
l~gunaires
attestent des dis~rimin~tions et
des formes
de
subordin~tion
similaires
~
celles
repérées
en
territoire Kweni.
Pour les mêmes r~isons que l~,
l'école et l'armée
ont recruté
beaucoup p~rmi les descend,;;)nts d'esclaves.
P~r exemple,
le recensement
des
élèves
odJukru
des
premières
promotions
de
l' E'~ole bibl iq'Je méthodiste
<1926-1929),
ef fe,~bJé p~l' B-Ch. LegbedJ i-
AI{';.I,I'évèle
p Lus t éur-s filsdie5,~1;:lve~; ()r·i.gi-r~-ires en ~'~l'ti'~uliel' de
Gbugbo,
US1',
Kpand~, e t c ,
(5).
Dans les vj.ll~ges od Ju kr u tel Tiah~,
ils ne
pouvaient
hériter,
au
même
titre
que
les
cadets,
des
p~lmer~ies constituées
par leurs pères esclaves,
pour la raison que
ces p~trimoines
~vaient
été créés dans le cadre et ~u bénéfice des
matrilignages des
~nciens
maîtres.
Ils n'hérit~ient des pagnes et
des bijoux
que
si
les lignées directes manquaient d'ayants droit.
Enfin, ce qu'il en était de cette c~tégorie dans la société ~lladian
et qui
a été bien résumé par Marc Augé,
rejoint ce qui vient d'être
relevé dans les autres traditions.
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v e n u
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con't: ..... _po~d_
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p"'-.
.....
,..... «.'= ....p ........ r
(6)
L'idéologie de
la b~tardise va plus loin,
elle interprète
l'histoire qui
favorise
les
descendants d'esclaves,
l'histoire de
leur promotion
sociale
et
humaine,
comme une histoire régressive,
co.me une
dégénérescence
de
l'ethnie,
co••e
une décadence de l~
société et de la culture.
Dans l'article
cité,
A.
Deluz interroge l'idéologie dans
les chants
qu'elle avait enregistrés,
entre 1975 et 1979,
de quatre
musiciens,
deux
femmes
et
deux
hommes,
dont
le
célèbre Bolia.
Contrairement ~
la
tradition ésotérique des Yunètan,
et ~ celle de
la société
communautaire
qui
proscrit
l'allusion
inf~mante
~
l'origine servile
des
personnes,
les
artistes
contemporains,
idéologues de
la
société
de
classe
néocoloniale,
.inaugurent
l'allusion polémique
ouverte.
Du
point
de
vue historique,
trois
périodes sont
impliquées
la
période
précoloniale,
la période
coloniale et
la
période
post-coloniale.
Pour la première fois,
la
représentation qu'on
se
fait
des
esclaves
met
en
cause
les
descendants au
coeur
de
la société contemporaine. Si sommaire que
soit la
vision
relative
aux
de5cend~nts, les trois idées qu'elle
apporte confirment la vieille idéologie de l'inégalité.
I,)oi,:::i,
en
effet,
le
c omme n t a I r'e que Gore Bi
Nangone,
du
groupe Bron,
donne de son pr-opr e chant
(7)
et que traduit A. Deluz.
.. A .... ' t : r . - f ' a : L .
1 • •
m.n'b ...... _
.r.
d .. .,. .. q ..... r
n,_",_
't:o·.. c h .
P " .
CIAl". . . . . . . . . .
.=:al...-t:'.... .,o~.
. . . «::
1.-#':I..r.~
._.r.
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,~3
_
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1
~
(_n~.ndCln •
• ~
d.~r:l.~~'_r
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gr~r.da_
·F~)rW~_
~~o~~r
1 _ u r
p r a p
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:1.1.
cI.'J:i..r.r•• .....,:-t".t:.kUa
''''1.,:::t'·,.Wl.
E"t"
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«."::. . . . . 1:'.1.
" ' . , n \\ : l . 1 1 . _ ,
".:."_.~
1." • • '-",1 ...' .......
'-:'I_I='. . . . . . . 71UY·,·t:
..... ":: .... :L·,.·:I._r
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n e
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671
1 __
0:10 .... 1 .
d · .... n
• • c1.""
canot:
" , _ 1 _ d : t . . _
.'t:'
1 ...... r
cO .... I p .
? "
D'abord,
une
hérédité psychologique et morale afflige les
descendants;
avant
les
mariages,
des enquêtes avaient lieu pour
prévenir la
honte
de l~ mésalli~nce avec les umauv~ises familles",
e'est-~-dire les
descendants d'esclaves;
ceux qui se prennent pour
les vrais
Kweni
ou
Guro
les
considèrent
comme
querelleurs,
procéduriers,
menteurs et couards.
Ensuite,
dans
la
nouvelle
hiérarchie de la société post
coloniale,
Joue
une
inversion des raies en leur faveur.
A cause du
pouvoir artificiel
de
leurs
parents,
~ cause de leur savoir et de
leur richesse,
les
descendants
constituent
la
classe dominante.
F'orestiel"s ou
p l arrt eur-s ,
les
v o i La nC)IJveaIJ:.: fwfJ.,
détenteul~s
de la
parole,
époux
des
filles
des
autochtones,
seigneurs
attablés,
cependant que les descendants des autochtones "debout derrière eux",
silencieux,
paraissent
leurs
clients,
leurs
dépendants
ou leurs
donlestiques.
Enfin,
dans
la
logique
de
la
"mauvaise"
hérédité,
l~
nouvelle société
dont
i~s
sont
les
m~~tres
apparaît
comme une
société pathogène.
La
pathologie
suggérée n'évoque aucune maladie
précise,
m~is
désigne
comme
cibles et victimes les enfants et les
femmes,
source
et
avenir
de la reproduction démographique.
Or ces
maladies qui
menacent
la
société pro ..... iennent de trois principales
causes.
Il
y a
les maladies d'origine externe,
associées ~ la venue
des Européens
et
innommées.
Maladies d'Européens?
Maladies de la
civilisation industrielle
?
On
ne
sait.
Il
y
a
les
maladies
d'origine interne
et
en
quelque
sorte
culturelles,
liées
~ l~
tr~nsgression des
interdits de la religion africaine
les maladies
infantiles se
multiplient en effet parce que les dieux refusent les
sacrifices effectués par la nouvelle espèce de neveux utérins,
métis
des descendants
d'esclaves
et des filles d'autochtones.
Il y a
les
m~ladies d'origine
sociale,
dérivées
de
la
miscegénation ou des
mêsa Il i ant.:es .
Si nous ne pouvons certifier que des argument, identiques,
d~ns les
~utres
régions,
tissent
la
vision dont les descendants
d'escla ..... es sont
l'objet,
néanmoins
la thèse fondament~le de cette
vision semble
partout être celle des act~urs sociaux en compétition
avec les descendants d'escla ..... es,
qui sans avoir nécessairement gardé
la nostalgie
des
hiérarchies
anciennes,
utilisent en tout cas ces
dernières comme une arme symbolique pour honnir leurs rivaux.

672
.;)
.'
CHAPITRE
XI::
DES MODIFICATIONS POLITIQUES INSIGNIFIANTES
AUX
NOUVELLES
HEGEHONIES
SECTION
1
DES MODIFICATIONS INSIGNIFIANTES DANS LA
PLUPART DES SVSTEMES POLITIQUES
SECTION II
L'HEGEMONIE POLITIQUE D'UN LIGNAGE SUR
LA SOCIETE NEVO A LA FIN XIXe SIECLE
LA TENTATIVE OU KEKEVO GNEBA BEUGRE
DE BOKRE.
SECTION III
L'HEGEMONIE MILITAIRE D'UNE CHEFFERIE SUR
LA REGION
DU
SUD-EST AU DEBUT OU XVIIIe
SIECLE
LA
CITE-CHEFFERIE
ESSUHA
D'ASSOKO SOUS AKA EZANI.

....

673
SECTION
1
DES MODIFICATIONS
INSIGNIFIANTES
DANS
LA
PLUPART
DES
SYSTEMES POLITIQUES
Les sociétés étudiées se partagent entre les qu~tre formes
d'org~nis~tion du
pouv?ir
politique
que nous ~vons ~ntérieurement
discernées d~ns
l~
1ère
P~rtie
(1).
O~ns le premier c~s, qui est
celui des
Ab@
(p~triliné~ires)
ou
des All~di~n (m~triliné~ires),
c'est le
système
9h~min~1.
Le
pouvoir
légitime
~pp~rtient
collectivement au
lignage dont les ~ncêtres ont fondé le vill~ge et
au sein duquel est toujours pris le président de la commune.
D~ns le
deuxième cas,
cas
des
Bete,
des
Kweni
et
des
Gb~n,
tous
p~trilinéaires, nous
avons aff~ire ~u système migonéen ;
le pouvoir
légitime revient
~ un individu que les ~utoritès respons~bles de l~
commun~uté choisissent
pour s~ richesse et s~ s~gesse et qui exerce
ce pouvoir
au nom de son lign~ge. D~ns le troisième, cas du système
fokwéen,
c'est
l~
cl~sse
d'~ge
telle qu'elle fonctionne chez les
Odjukru,
qui
détient collégi~lement le pouvoir légitime et l'exerce
solid~irement pour
une
durée
déterminée.
Chez
les
Neyo
jouent
concurremment un
principe
gérontocr~tique et le principe migonéen.
Deux des systèmes ont produit,
~u moins au XIXe siècle,
de nouvelles
confédér~tions. Chez
Les
Bete septentrion~ux engagés dans l'esp~ce
commercial soudanais,
on
en
compt~it
deux
(2)
:
le ~êble (cinq
dikPi)
et
le
Gbalq (sept dikPi)
les OdJukru conn~issaient deux
:
~.obor-lok
(5
lêbIJbJ),
D'ibr-m-iLok
(3 lêbIJtlj).
Tout porte
~
l'hypothèse
que
le premier système est le
plus ~ncien,
historiquement
p~rl~nt, dans cette zone.
D'~bord, son
principe est
génér~l
~u sens où il se retrouve ~ussi bien dans
les
sociétés patrilinéaires
que
dans les sociétés matrilinéaires ;
l~,
pouvoir symbolique
sur
l~
terre,
résidence
des
dieux
et
des
~ncêtres, siège
de
l~
commun~uté
hum~ine, et pouvoir réel sur l~
commun~uté hum~ine
se confondent d~ns l~ même fonction.
Ensuite,
l~
"l~~cis~tion" du
pouvoir
politique
~
préservé
l'~utonomie de l~
fonction religieuse.
D~ns le système migonéen des Bete et des Kweni,
le détenteul~ du pOIJVOil' religieu:·~ SIJl~ 1;_1 tel'l'e -
90doloWl~i,
t!:.~z~n­
se distingue
du
détenteur
du
pouvoir sur l~ commun~uté hum~ine -
91olQ.,:!1~i,
fl~z~n.
Ce dernier ~ les moyens d'offrir une hospitalité généreuse
aux étrangers,
de
libérer
ses
competriotes
de dettes,
d'~ssurer
l'émancipation aux cade~s en p~yant les compensations matrimoni~les,
de g~r~ntir
l' indépend~nce de la commun~utè en fournissant ~rmes et
mu~itions pend~nt
la
guerre.
Par consensus,
les chefs des lign~ge5
le désignaient
dans
son
nouve au
ti tTe
d~?
9JoloY.ll~i
OIJ f Laz an ;
aSsisté d' un
hél~~Ut
pub Li •.:
'!'!..~.tl.:gP:~1.2E!.9I!.
ClI.l
;;.taqoz.:l.!!. -
il était

674
contrGlé p~r
un conseil des aînés.
Au dodolowri ou trêza~, le droit
de céder
des portions de terre aux étr~ngers, de céder des terr~ins
pour l'ensevelissement
des
mor~s, le devoir de s~crifier ~ux dieux
et ~ux
~ncêtres
pour
obtenir
la pluie,
la fertilité du sol et l~
fécondité des femmes.
Une rel~tion tribut~ire li~it les immigr~nts ~
ce personn~ge
:
ceux-ci
lui ~dress~ient une redev~nce plus ou moins
symbolique,
~
l'occ~sion
des
récoltes
de
nouvel
~n
ou
de
l'~ccouchement de leurs femmes.
Enfin,
dans
les
sociétés
~
cl~sses
d'mge
la fonction
religieuse ét~it
exercée sur deux modes.
D'une p~rt la cl~sse d'8ge
qui déten~it le pouvoir politique pouv~it l'exercer,
ce qui ét~it le
c~s de
l~
plupart
des
vill~ges
odJukru,
D'~utre part,
dans les
~;Jl~~nds ':::lJ 1 h?s ,
·te 1 s
f!Y-\\ okl~
de
Lo kp ,
Ad i ~
de MopD'yem 1
t~Cl.I!S:l de
Y~ss~kp, of~iciaient certains p~trilign~ges déterminés,
généralement
fond~teurs : Edjreku
(Mopoyem>
et Eikpaf
(Y~ss~kp).
2.
Les 1~ modifi<:::ations de st~bJt politiq!::L~ d' ~s,:::l{l_~~..2__
limite_!Ë_ ~tt ~).qnifi,~~tions.
Quoiqu'il en
soit,
le f~it m~ssif réside en ceci qu'aucun
des ch~ngements
introduits
par
l'existence
de
lignages
et
de
villages esclavagistes n'a modifié l~ nature des systèmes politiques
en cause.
Le premier de ces ch~ngements est l'accession d'un esclave
à
la
présidence
d'une
commune
bete.
Rappelons-nous
en
effet
l'aventure célèbre
de
Guédé
Titiku au village de Gbassi,
chez les
Bete-Ori.
A
cette individualité exceptionnelle ~lliant l~ beauté et
le s~voir
advint
une carrière exceptionnelle qui n'a pas d'exemple
d~n5 notre
documentation
actuelle.
Pourtant
cette
singulièr~
promotion entre
dans
l~
logique
bete de l~ dévolution du pouvoir
politique.
Elle
repose,
d'une
part
sur
le
principe
du
mérite
personnel et,
d'autre
p~rt
sur
le
principe
de
la
succession
patrilinéaire.
Le pouvoir échut ~ un "fils adoptif" en récompense de
ses qu~lités.
Voil~
pourquoi
l'évènement
resta
un
accident qui
n'entraîna aucune
conséquence
positive sur le statut politique des
aIJi:l~es e s c 1 av e s
du v ~ Il.~)ge,
du di k.'p-ë et de 1.::1 s o c i été g l ob a le.
Le ~econd changement remarquable consiste en l'intégration
des escl~ves
~u
sein
des
classes
d'Ige
des
deux
sociétés
m.::ltrilinéaires:
l'odJukru
et
l'alladian.
Certes,
il existe deux
diffél~enC€~s e s s e rrt ie Ll.e s
f?ntl~f~
Le s
deu:-: s'ystèmes de c La s s t f a c a t t o n
ou de
l~egl~olJpement
des
i. nd i vi dus.
En
p r em i el~
1 i €~u,
:1. es
~t:i::l!!.
.:::Illadian regroupaient
les
Jeunes
séparés
par trois ~ cinq ans de
différences d'~ge ;
ils portaient le nom de l'avant-dernière classe,
dite grand'père
;
c'était un aîné qui prenait l'initiative de
fermer
une classe
d'~ge, dans
le cadre strictement villageois.
Les
jeunes
gens lui
devaient
des obligations en travail
: culture de champ de
m~nioc, construction de maison,
confection de pirogue,
fourniture de
b~mbou;
en retour,
c'était lui qui
f.:::lisait les
frais de
la fête de
p l~ 0 mot ion -
g.§!J.t~!::)D.
!:X.!:U:d.
( 3).
I~IU
1.:: 0 n t l~ a i l~ f~ , l e s
~~~~.rn::x:!.
0 d .i I.J k l~ U
incorporaient les
ind10idus nés sur une période de huit ans,
en sept
organ i s at i. o ns ,
dont:
1,=.1
f or'm'::1t i. on cv c 1 i que l~e·v;.i snt tau!:;
I e s
ci nqu;,.l ntl'~-­
six ~ns
;
une classe est ~ sa devancière dans le rapport d'épouse ~
époux;
l'organisation,
qui
.:::1
lieu aux frais des patrilignages,
est
mise en place tous
les deux ans par la classe d'~ge précédente,
dans
l'espace d'une confédération politique.

675
En second lieu,
d~ns l~ société ~ll~di~n les cl~sses d'~ge
constitu~ient un instrument du pouvoir.
Elles fourniss~ient en effet
~u détenteur
du
pouvoir légitime,
d~ns le c~dre commun~l, '1~ force
u t i l e .
l'entretien
et

l~
police
d'une
p~rt,

l~ défense
milit~ire de
l~
commun~uté
d'une
p~rt. Au contr~ire,
les cl~sses
odjukru détiennent
une
p~rcelle du pouvoir politique en même temps
qu'elles en constituent l'instrument.
En ~ssemblée,
elles concourent
toutes enseMbles
à
mettre
en pl~ce les institutions et •
él~borer
des lois
;
chacune,
après
~voir
rempli
pend~nt vingt-quatre ou
trente-deux ~ns,
des
fonctions péd~gogique (initation),
économique
(tr~vaux publics)
et
milit~ire,
~ccède enfin pour seize ou vingt-
qu~tre ans

des
fonctions
étroitement
politiques
(justice,
initiative de la guerre ou de l~ p~ix) .
'. De'Jx pri nc i pe s
'~epend~rlt
~ppal~ent"ent
l'un
et
l' aIJt\\'e
systè.e de
classes
d'liIge.
D'abor'd,
l'int"égrat"ion
.~
une
c l a s s e
i~pliqu~ l·apparten~nce
~
un
p~t"rilignage
ou
l'adoption
p~r un
patr'i 1 ign~ge;
ensui t"e,
l' ~pp~r-t"en~n'~e

une
c La s s e d' liIge fonde
l'ég~lité des
membres
;
les promotionn~ires se désignent du nom de
m;:'ll ,~hez
les OdjlJkl~IJ, ~bl~i ,~hez les Alladi~rl, «:' est-à-dil~e p a i r-s ou
C~AP_l\\~~des ;
le plus ~9é est blesu d'lez les se,:onds,
likPe"~ chez les
premiers. En
ent"r~nt d~ns l~ cl~sse d'liIge,
l'escl~ve était légitimé
comme ~ssimilé,

un double titre.
Il deven~it membre de l~ société
c i v I Le ,
puisqu' il
"~PP~l~ten;;}it"
;11
un p~t\\~iligrl~ge (eb,
êbi)
comme
étr;:'lnger ~dopté.
Membre
d'une
classe
d'~ge,
il deven~it en même
temps et
de
f~con
irréversible
membre
de
l~ société politique,
puisqu' il pouv~it
se
récl~mer, l~to sensu,
"citoyen" ~ll~di~n d~ns
un c a s ,
"c i toyen" de l~ •.::onfédél~~tion de Bobor-
(Bobor-u)
OIJ "c i toyen"
de l~ ,.:onfédél~~tiorl de Dibl~m (Dibnti)
d;:..lns l' ~utl~e c as .
Pourt~nt",
contr~diction,
l'escl~ve
~insi
intégré
n'~
j~m~is connu
la
plénitude
des droits d'un vr~i citoyen.
Chez lui,
l'amput~tion des
droits
~pp~r~it
dès
l'origine.
S~ns
doute le
or-ob Leme
se
pose-t-il
de
nlanièl~e
diffél~en±..el._ oi)
un
no_t~ble
promouv~it la
cl~sse
d'l!lge,
en
y
;;}ccueill~nt les individus ~ sa
portée,
dans
un
contexte
qui
leur
ferm~it
toute
perspective
d'~ccession ~u
pouvoir
politique.
Mais
si
l~
chronologie
de
l' intêgr~tion politique
n'est nulle p~rt bien établie
(l~ form~tion
des classes
d'l!lge
elle-même
d~te
de
1727
au plus t~rd chez les
Odjukru,
de
1869 chez les All~di~n d'Emokwa>,
les circonst~nces qui
ont présidé
à
l'~ssimil~tion
chez les OdJukru atteste ce handic~p
dès l' o r Lç i rie.
D~ns la
confédération
de Dibrm,
une qU;:'ltrième promotion,
,.::elle des
~om~r.!.,
av a i f
été
.:l,jou17ée au:< t r-o a s
pl~emièl~es de '.:h~que
classe d'~ge,
afin
d'accueillir les invalides et les m~lformés qui
ne pouvaient
subir
avec
succès
les
épreuves
militaires
et
esthétiques de
l'initiation
normale.
Or,
on fit bient8t de cette
promotion la
structu~e
d'accueil
des
esclaves,
ces
invalides
ontologiques,
ainsi
que
nous
l'avons vu.
Oans la confédér~tion de
Bobol',
l ~~
JJ~butu
de
US I~
qu i
'tTClUV'7J
l' i nv e n t i on
.iud i c ieuse
et
l'~dopt~, commenca
p~r
en
esc~moter
le
rituel,
en expédi~nt les
cérémonies en
une
seule
Journée,
~lors
que l' initiation norm~le
s'ét~l~it sur
qu~tre semaines de six Jours. l_~ justification donnée
~ cet
esc~motage
renvoie,
de facon
symbolique comme dans l'élev~ge
"'!:.

/.,76
et l.::l
,~onsommr.ltion,
.Ë\\
l' un Lve r s
d~~
l'en-f";'Jn,.::e.
Etoei !2Jl: ~\\il~idi.
De
m@me que,
toutes
les
fois

la
famille se rend .::lUX champs,
les
enfants sont
invités
~
m.::lrçher en tête,
ouvrent le chemin et font
tomber
la
rosée
matinale pour en protéger les parents,
de ~ême les
~oman, qU.::ltrième
et
dernière
promotion,
dev.::lient ouvrir le cycle
d'initi.::ltion d'une
nouvelle
classe
d'~ge. Plus tard,
les esclaves
entrèrent,
normalement,
ch.::lcun
selon
son
§ge
réel,
dans
les
différentes promotions des cl.::lsses d'8ge.
Le second
handicap
qui
.::lggr.::lve le premier porte sur les
conditions socio-économiques
de
la
promotion.
Le
jeune
escl.::lve
préposé ~
l'initi.::ltion
ne
pouv.::lit
se
prév.::lloir
d'une
m.::lrque
supplémentaire de
noblesse
qu'affich.::lient
les
c.::ldets riches:
la
possession d'un .::lutre escl.::lve.
Deux conséquences
découlèrent de ce h.::lndic.::lp originel.
L.::l
prem1ere est
l'exclusion
de cert.::lines
fonctions
internes attachées
aux ,~lasses d' 3ge. Le dil~ectoire des ~Jb~n '.::ompt.::lient s t x memb\\~es
:
un chef
(eUrivri)
et son adjoint
(eUritie),
un porte-p.::lrole et son
assesseur
(bododievri,
bododietie),
un
messager
et
son suiv.::lnt
(okovri et okotie).
L~s oworn aV.::lient .Ë\\ leur t@te un conseil de deux
ou trois meMbres
:
le président -
aQnon ou mlowl -,
le hér.::lut public
-
.buaQb@l
-
et le pacificr.lteur ou l'homme .::lU rameau,
~rakp-ês. Les
Alladian noMmr.lient
les
membres
du
dil~ectoire; les patrilignages
donnaient leurs
dirigeants
aux
classes
d'§ge odjukru.
Or dans
le
premier C.::lS, les premiers rSles de chaque fonction n'allaient qu'aux
Jeunes gens
libres
;
seuls les seconds raIes pouv.::lient échoir aux
escl.::lves.
Dans
le
second
cas,
de
même,
les
patrilignages
ont
toujours fourni
des
présidents
d'origine
libre
pour
rester
en
compatibilité théorique
avec
le
pouvoir
politique
communal.
Par
contre,
des
hér.::luts
ont
été pris dans
leur sein
;
ainsi en a-t-il
été au village odjukru de
Kpass.
Plus radic.::lle
est
la seconde conséquence du rituel.
Pour
les cadets,
personnes libres,
l'initiation ét.::lit le premier degré de
promotion politique,
elle ouvrait accès aux rituels suivants
;
elle
rest.::l le
premier et le dernier degrés pour les escl.::lves.
Pour ceux-
ci en
effet,
pas de l~ituel de la fo\\~tune ma s cu l d ne
: ni
~~j..:::'D_tL~~sL
ni .::lngbandji-irl
p.::lS
de
rituel de la
fortune
féminine.
Pas non
plus d'.b-eb,
sacre
collectif
des
chefs
politiques
odju~ru. la
p.::lrticul.::lrité du
rituel du sacre .Ë\\ Orgb.::lf,
en pays odjukru,
indique
assez la
r.::ldic.::llité
de
l.::l coupure.
Le
jour du s.::lcre
les esclaves
i
pouvaient porter
quelques
vêtements
d'apparat,
m.::lis
ils étaient
condamnés ~
s' installer
~
l'entrée
de
la cour de leurs maîtres,
tandis que leurs camarades d'§ge,
sur
la place publique,
siégeaient,
~ la
manière
de
vrais
dignitaires
et
recevaient
l'investiture
officielle au milieu de l'effervescence populaire.
Cette double
exclusion
révèle une première signific~tion
qui est
d'ordre
politi~ue.
La
citoyenneté
des esclaves apparaît
comme une
citoyenneté
~e
second ordre,
inférieure ~ celle que les
institutions attribuaient
alors aux
femmes.
Il en découle que,
pour
eux,
l' initiation
Vi5~it,
~
travers
un
encadrement militaire,
~
imposer le
contr8le
politique
indispensable
~ la reproduction de
l'exploitation.
Ce
qui
signifie
que
l'inégalité
politique
ne

6Tl
s'explique et
ne
se
Justifie
que
p~r l'in~g~lité économique.
En
exclu~nt les
escl~ves
du b~néfice des fêtes de l~ fortune et de l~
consécr~tion politique,
les
sociétés odJukru et ~ll~di~n, qui sont
allées le
plus
loin
dèns
l' intégr~tion
sociale,
préserY~ient
purement et
simplement,
suiv~nt une logique cl~irement éco~omique,
les rapports d'exploit~tion qui fondaient l'escl~v~ge.
Un évènement vient confirmer les limites politico-économi-
ques de cette intégr~tion <4>.
C'ét~it ~ Orgb~f, en p~ys odjukru,
~u
cours de
1~ dernière décennie du XIXe sibcle. Qu~nt mourut le riche
Kpotomu -
qu~rtier
: Edjêm-Esr,
p~trilign~ge : Orodu,
m~trilign~ge :
Adi~ MongIJ-l~,
c Le s s e d' !ilge
: Ni.9beS§i..L
initiée entl~e 1855 et 1863 -
ses escl~ves
que
les
p~rents
voul~ient
immoler
è
s~ mémoire se
s~uvèrent et cherchèrent ~sile d~ns l~ cour du non moins riche Ndori
c'Ak:::t du Ih@nle quartiel~
-
p~tl~ilign~ge
: IUdjlJ, Rl~tl~ilign;;)ge : Melvedei-
la OIJ Oj~ko-l.a,
c La s s e Mborm~D.,
initié entre 1847 et 18~)5 donc d'lJne
classe d'~ge
son
~îné.
Non seulement Ak~ offrit S;;) protection ~ux
esclaves, mais
encore
il
fit
convoquer
d'urgence
l'~ssemblée
comlhun~le des
classes
d'~ge
il
pl~ida
pour
l';;)bolition
des
sacrifices d'esclave
et
propos~,
pour
honorer
les
obsèques des
grands hommes, que fût substituée ~ l'immolation d'êtres humains une
hécatombe de
douze
boeufs.
L'~ssemblée, après délibération,
ne se
ralli~ pas è cette initiative.
Une femme fut immolée ;;)u défunt.
M~is
lorsque Ndori Ak~,
l';;)pStre de cette réforme,
mourut,
douze boeufs è
1;;) pl~ce
d'escl~ves
lui
furent
sacrifiés
selon
ses
voeux.
L'importance de
l'élev~ge bovin dans la région,
comme nous en avons
eu le
témoign~ge,
rend~it
possible
cette
réforme des moeurs.
La
conscience politique
n'ét;;)it
cependant
p~s mare pour ;;)ccomplir ce
progrès moral
qui
ne
touchait
même
P;;)S
encore
au
principe de
l' escl;:.lv;;)ge.

678
5ECTION il.
L'HEGE"ONIE POLITIQUE D'UN LIGNAGE SUR LA SOCIETE\\NE'\\i0
LA TENTATIVE DU KEKEVO GNEBA GBEUGRE DE BOKRE. '
1. ~
~
suerém~tie
~ Bokr@ (S~ss~ndra) ~ l'hégémonie
~ .ut '.:onfédél~~tion des Gbokl~~.
A la fin du XIXe siècle,
l~ tentative d'hégémonie de Gneb~
. gré de
Bokr@
sur l~ société neyo ne fut que le nouve~u système
itique en
construction
correspond~nt
~u
système
esclavagiste
<:hevé en
un
sens
que nOIJS e~·~~nl i ner-ons bientôt. Nous n' avons de
'Ur<:e principale
pOIJl~
poser
des
jalons
de
son histoire que G.
Tbo.~mn, observatelJr
privilégié
et
partisan,
pIJisq'J' il
flJt
'j.,<adversaire politiq'Je de l' anti-'~olonialiste et· patriote neyo.
" .
2~
La formation
neyo,
le Nihiri,
est marquée de contrastes.
··';~"'t'i1: peluple
sur
un
terl~itoire pelJ étendu, les Neyo oecupa I errt .i!l
t~.abouchure du
Sass~ndr~
une
position économique str~tégique. En
e,
venus
depuis
le
XVI
siècle
~u moins d'origines ethniques
, rses co••e nous l'avons indiqué ~u CH.
II,
Section III,
les Neyo
~tituaient dès le XVIIIe siècle deux confédérations politiques de
i
:
les Gbokra,
SIJl~ le flelJ v e et SIJl~ la Côte-Est et les ~ SU1~
,Côte-O'Jest •
.
A la
fin
du
XVIIIe
siècle,
en effet,
l~ société neyo
'~.ait déj~
dépassé
l~ ,.:heffel~ie du lignàge fond~telJl~. DelJ:-~
1t-~IJ<:t'Jres évoluaient
alOl~S s amuI t~nément. Dans certains vi ll~ges,
:t_ls Lipoyo
dans
l~
'.:onfédé,~~tion
des
Gbokl~a
et Bass~ dans la
,,":;i8nfédération' des
Kébé,
le doyen d' ~ge des honlnles 1 ibl~es detera~i t
:F#~ pouvoir
politiq'Je.
A 1,:::1 mort de s on pl~édécesseIJr, il offrait l~
5;I)Qisson à
la
'~OftlmIJne
et
s~'':l~i fi~i t
des anim~w< pOIJr obteni l~ l~
';(;hnsécration dans son st~t'Jt de du;;}zib09raon,
l'honlme le pllJS gl~and,
ou duakogregnon,
le
plus
vieux
du
village
(1).
Ailleurs,
d~ns
'd'autres villages,
un pouvoir politique ét~it échu~ l'homme riche
: le lekagnon. Si nous ignorons les circonstances de ce transfert à
~okr@ (5assandra>,
l~
tl~~dition
t nd i que
du
moins l~ n~tIJl~e des
pouvoirs transférés et l~ ,.:aIJSe de ,.:ette déposses~ion. Cette e aus e ,
~~est la pop'Jlation.
NOIJS s uppo-s o ns que Do Keke,
le fi 1 s
du '~élèbl~e
-eliptif,
q'.li
avait
été .;.)1.1 déCIJt du XVIIIe siè,.:le énlan•c t p
fit une
ë
,
:b'orfri:e politique matrimoni~le, nou arrr des ~lli~n'.:e,s~vec les pe'.lples
de l'intérielJr et (:jIJe .~ette po Li t ique peupla son lign~ge, a'':'':l~IJt S.::l
r,ichesse et sa fOl~'.:e (2).
Les
Ke~Jl ,::ll~l~a'.:hilH~ent d' abor-d le pouvo t r-
politique,
et,
par l~ m.::lîtrise du génie Zri-Blow.:::l "pierres m~rines"
q.Ji protégeaient,
non selJlement tout Neyo en dangel~, m~is e ncor-e La
cOllmune de
e.okrê
contre
l'ennemi,
(3)
s' appl~opl~ièrent alJssi
l€~
Pouvoir religieux.
j
Au début
du
XIXe
siècle,
les aînés du patrilignage des
Kekevo tirèrent pal~tie du comme r-c e de l' hlJi.le et des am~ndes de p;,:)l-
Ille pour
.:.:lc'~roî1:'re 1;;) pu r s s auc e é,:onomiqIJe du lignage et l~endl~e lelJI~
pouvoir irréversible.
Wey;,:) ,
le premier connu,
introduisjt un raouve;;)u
moyen dans la l u t t e :
1;;) vi.olence.

Wey~ ~ppliqu~
cette
violence
~vec
succès
d'~bord
~ux
Angl~is, ensJJi te
à
ses pr-opr-es p~r'ents.
Les Angl~is, les pr',emier's,
.t~blirent un
comptoir
sur
l~
colline
de Guezego
(l~ riv~ère de
GU~z~> mêl~nt,
semble-t
-il,
commerce
d'huile
et
commerce
d'escl~ves, prob~blement
illicite.
Un
jour,
les
rel~tions
JU5qu'~10rs bonnes,
s'~ltér~rent.
L~
m~in
-d'oeuvre
ch~rgée de
d~b~rquer les
m~rch~ndises
de
l~ m~ison de commerce ouvrirent les
caisses et s!emp~r~rent
du contenu.
De p~nique,
l'~gent ~ngl~is,
ne
protest~ p~s, remit l~ clé de l~ f~ctorerie au chef Wey~ et s'enfuit
à
bord
de
son
n~vire.
L~ f~ctorerie fut démolie et pillée.
Cette
méthode qui
s'~vér~
effic~ce
dev~it être ~ppliquée ~u:~ Neyo de l~
.par'entèle.
En effet
8iale
Weya
ét~it un ~gent de l~ m~ison King de
Bristol et Djoma Grah, son cousin,
~gent de la maison Rider et Luc~s
de Bristol
également.
Or
un
jour,
Gr~h recut à crédit une gr~nde
quantité de
marchandises
qui
rendit
fort jaloux Wey~. Ce dernier
mobilisa ses
hommes, parmi lesquels se trouv~ient prob~blenlent déjà
dés esclaves
et,
par
la
force,
dépouilla cyniquement Gr~h de ces
march~ndises, le
contraignant
à
s'enfuir
en brousse,
endetté.
Ce
coup de
force entraîna une scission entre les Kekeyo et les fils de
D~le qui constituèrent le patrilign~ge des Dèleyo.
Plus t~rd,
Ako,
fils de Weya,
profitera de la disp~rition
vers 1840
des
membres
neyo
d'un
équipage
anglais dirigé p~r le
capitaine Fish
(4)
pour commettre des représailles SU1~ les Anglais,
consolider l'hégémonie des Kekeyo sur Bokrê et pour tenter d'étendre
cette hégémonie à toute la confédération des Bokr~.
L'occasion de
cette
extension
lui
fut
offerte
par·l~
guerre de
trente
mois
(1877
1880>,
menée
contre le~ Kebe de
Drewin.
La
c~use
lointaine
de cette guerre était économique et sa
cause immédiate
politique.
Les
Kébé
de
Drewin,
pour protéger la
production,
avaient
interdit
sur
leur territoire la cueillette de
noix de
coco
avant
l~
m~turité.
Aux
Gbokra
de
Blihiri
et de
B~telebre qui,
bien qu'ils ne fussent p~s Kebe,
se soumirent à cette
règlement~tion nouvelle,
le
chef
Ako défendit de venir couper sur
les rives
des
l~gunes le b~mbou et les feuilles de raphi~ utiles à
la ,::onstl"IJ,::tion
des
mei s orrs ,
fl"~ppant
,::es vill~ges de même 9bir!.i
d'une mesure
de
retorsion
contre
le
groupe
Drewin.
Or d~ns ce
contexte de
tension,
les
Kébé de Nukuruhiri,
~rmés en guerre ~vec
leurs escl~ves, vinrent procéder ~u village de Niezeco - Batelebré à
une démonstration
de
force.
Au
cours
de celle-ci un esclave dè
Nukuruhiri,
p~r
accident,
tua
d'un coup de fusil un ~utre esclave
p~rmi ses
congénères.
Mais
avec une grande m~uv~ise foi,
les Kebe
imputèrent cet
~ccident
aux
Gbokra·
de
Blihiri,
attaquèrent ces
derniers en
même temps que des ressortiss~nts de Sassandra
(Bokrê>.
C'est alors
que
les Bokrê contre-~ttaquèrent. Sous la direction du
gl"~nd gIJe\\~\\~iE.·I~ Djene-Za~o, ils in'::endiè!l~ent les vill~ges de Niéze,::o
et Dableco.
Mais
~
Vodièco,
ils
rencontrèrent
une
résistance
in~ttendue et
furent
repoussés.
La défection de Niézeco,
dont une
fr~ction p~ssa
à
l'ennemi,
affaiblit les Drewin qui demandèrent la
p~i:'L L.:l
médi~)ticm du d'Ja;:ibo9ILQI!. de Nieg.:l,
Dele GbelJgl~é, pe r-m i f
de
conclure celle-ci vers 1880.
"'l"'. • •
,

6(10
2. De
l'hégémonie
~
!~
confédération
des ~okr~ ~ lq
tentative d'hégémonie §.!d.!: .lr.l so,.::iété nszs
En 1889, Gnebr.l Gbeugrê -
Niebr.l Beugré des textes colonir.lux
-une
des
figures
de
Zibognon les moins mr.ll connues, dont l'étude
rest~ entièrement
à
faire,
succéd~ à Ako décédé.
G. Thomanrl qui l'a
~onnu le
prés~nte
à
la fois comme un prototype des chefs locaux -
;ropriétaire d'esclaves,
homme très riche et généreux~ manipulateur
d' une masse
humai ne, et en m@me temps ,.::onlme IJn pel~sonnage si ng'Jl iel~
par s.a
cruauté,
son caractère oppressif, son ambition politique et
son esprit d'indépendance.
MQu.1q .... _
c .... ~.
T h o . _ n "
_n
1 ' 0 2 •
.... _
1 . r Q• • • • _ .
~"":Lbu_.
__ rv.~~ • • v~n~
na~r_
.rr~v..
d e n .
1 _
P.V-. _ oppr~M_r
1 _ u r _
voS_~n_ _ ~

CbMM_~~r.
d_
Mu1~~p1_.
_M.c~~an.,
k_k_yO.
con.~d.r• • u~r_~cJ~.
ac,mm_
ro~
d _
S . _ . _ n d " ' .
_ou_
1 .
no~
d .
K~nG
a _ o r g . _
_ ~
qu~
n#_v.~~
pour~.n~
. u c u n
dro~~

4 e
~:L~~." (1902
496) .
Ainé des
Kekeyo
en 1889, Gneb~ Gbeugré dont la Figure 22
présente la généalogie, devait avoir entre cinquante et soixante ans
environ et
serait

par conséquent vers 1830 -
1840. De nombreux
éléments manquent
à
l'évaluation
.de sa richesse. La population de
son lignage
?
Estimée à presque la moitié de celle de Bokr@, elle-
m@me tOMbée
semble-t-il
de
moitié
entre
1893
et
1903, on peut
l'évaluer à
1000 -
1200 ~mes en 1893 et à 600 ~mes au moins en 1904
(5)-.~-La--popIJl::lt"ioT.---tre ses
-es,.::I.;)ves
T
Celle des hanleaw< Nani et
Dabeda et
celle
de
la
maison
pourr~ient
atteindre
un
chiffre
oscillant entre
300
et
500
~mes en 1893.
A ces composr.lntes de lr.l
richesse, ajoutez
de
nombreuses
épouses
et plusieurs pirogues de
commerce. Le personnr.lge Joignr.lit à sa richesse un carr.lctère violent.
On rr.lpporte
qu'il
tua d'un coup de couter.lu un esclr.lve qui mr.lngeait
sur le seuil d'une maison pour lr.l raison que lui,
le maitre,
était à
jeun, son
repas
n'étr.lnt pas prêt.
La tradition le surnomme:
coeur
1OIJ1" d , cr-ue l
!
(6).
Gnebr.l
Gbeugl~é
mit
,.::ette
l~i'.::hesse et ,.::ette
r.lgressivité au
service
de
son ambition politique et de son esprit
d' i ndépendan'.::e .
Sr.l politique
présente deux volets:
celui, économique,
du
comprr.ldore et
celui,
politique
de
l'unificateur - Le comprr.ldore,
grand mr.litre
d~esclaves
innova d~ns les relations traditionnelles
.:oIve,: les '.::ommel~cants étl~~mgel~s. La pIUp'::)l~t des no t ab l e s navo r.lv.:olient
été des
r.lgents
des
maisons
de
commerce
européennes,
receVr.lnt ~~
crédit les
marchr.lndises
et
livr~nt
la
contrepr.lrtie des produits
d'exportr.ltion : mr.lisons franCr.lises telles l'Omnium Calonir.ll franCr.lis
et 1.:01
Société
fr.:olnc~i$e
de
l~
eSte
d'Ivoire
<Kr.lku de Vodieco,

Quand les
Francais
firent
en
effet irruption au Nihiri
dans la
derni~~e
d~cennie
de
XIXe
si~cle,
"l'autorit~ de Gneba
'';beugré, de
l'avelJ
même
de G.
Thoma nn , s'étendait jIJSqIJ"-!l Ol~ewin"
<S). Oans
un
espace
unifié
en
soi
par
la
langue
et
par les
sollicitations extérieures
(commerce
de
traite avec l'hinterland,
m@mes maisons
de commerce proposant les mêmes produits manufacturés
en échange des mêmes produits du cru selon les mêmes r~gles avec les
mêmes moyens),
GnebaGbeugr~ apparaît comme un op~rateur de l'unit~
politique intérieure, de l'unité-pour-soi. Plutat qu'une possibilité
de commander
et de se faire ob~ir par simple ascendant ou charisme,
son ~utorit~ se ramenait ~ un pouvoir réel,
même si celui-ci s'avéra
limité.
En premier
lieu,
ce
pouvoir
s'exerca
dans
les
deux
confédérations en mati~re judiciaire.
Il l"é~ai~ de droit.
Ici comme
ailleurs dans les autres soci~tés étudiées,
la Justice comme recours
~ et
comme
exercice
d'un
ordre
de droit humain ~ranscendait les
souverainetés comMunales
des
9bini,
si
bien
que
les parties en
li~ige pouvaient
requ~rir
l'arbitrage
de
n"importe quel zibognon
lorsqu'elles é~aient
insatisfaites
d"un
jUgeMen~
qui
échappe
~
l'instance sans
appel
du politique local. Ce pouvoir l'~tait aussi
et surtou~
de fait.
zibognon parmi les plus influents,
il disposait
avec sa
force
arm~e d'esclaves des moyens de con~rainte et pouvait
faire ex~cuter ses sentences sans crainte des mécontents
(9) .
.. Q ...... n d
1#Clrb:t.1:'r.
qu~.
p . r d u
s a n
p r Q c . .
_
1u~
v e r _ . r
u n .
~O~~_
. . . ."d _ _
~~~~_ d_ d.p_n_,-
(G.
Thomann,
1901
129)
En second
lieu,
ce
pouvoir
s'exerca
dans
les
deux
confédérations du
pays
neyo
en
une matière économique décisive
l'-e:·q)ortation de
la - fOl",.:e-
de
tl";:)vai 1 .
Gneba
GbelJgl"é
l"é'Jssi t
~
s'imposer aux
commercants étrangers d'une part,
aux zibognon et aux
cadets des
deux
conf~dérations
d'autre
part,
comme le principal
recruteur de
main-d'oeuvre
les
premiers s'adressaient ~ lui et
exprimaient leurs
offres;
il ~tait une autre sorte de traitan~, le
f our-nt s s eur- de
mai n-d' o auvr-e .
AUpl~ès
des
a'J~res
ziboQnoL!.,
directement ou
par
messager interposé
(Kwi-Dogo,
son bras droit,
a
peut-être jou~
un raIe actif dans cette activité),il n~gociait les
forces disponibles
auprès des aînés,
les accueillait le moment venu
~t les
cédait
aux commercants ; pour ceux-ci,
il é~ait fournisseur
de travail.
Ce
statut lui rapportait des éléments.
Des premiers il
recevait en
contrepartie
une
rémunération
sinon
en
monnaie
de
manilles, du moins en biens manufacturés
: eau-de-vie,
~issus, armes
et munitions,
tabac,
machettes,
verroterie.
Ceux-l~ accroissaient sa
richesse et
renforcaient
son
prestige
politique
de
personnage
prééminent;
le
mot *ing ou roi ne nous paraît pas signifier autre
chose. Mais
nous
ne
savons~ p~s
s ' i l
recevait
des
récompenses
matérielles ou
s ' i l
exigeait,
comme cela paraît compatible avec sa
personnalité,
une
redevance
sous
quelque
forme
une
taxu
de
l~e(~I~lJtement, s or t e
de
d'::'!.f.!.fle
av arrt l' f.HII~(~gi.5 tl"'€~nlent,
payée P;;)l" les
parents,
ou
un
homm;;)ge des travailleurs eux-mêmes ~ la fin de leur
émigrati.on.
Toutefois,
les
bénéfici~ires
de
cette
émigration

.~83
,:ontrôlée, en
pal~ti':uliel~
dans
l~
confédération
des
Kebe,
a,:,:or'daient );)
Gneb.::l
Gbeugl~é
le
crédit d'un g.::lr.::lnt de leur avenir
è,:onomique et
s o c i;;,) 1 ,
d' IJn
père nourricier,
d'un protecteur,
bref
d'lJn ,:hef.
Ce pouvoir
cependant
était
inconsist.::lnt
sous
trois
rapports.
D'abord,
lié
);) la personnalité d'un individu,
il n'av.::lit
pas encore
l'ecu la consécration institutionnelle de la société neyo
dans sa
majorité.
Ensuite,
les moyens dont disposait cet individu
n'étaient pas
~
la
mesure
des
t~ches
d'une
société
qui,
non
seulement devait
assurer
son
administration
et
sa
sécurité
intérieure,
mais encore bient8t affronter la colonisation.
Une garde
personnelle et une bande armée d'esclaves);) tout faire et absolument
fidèles ne
constitùaient pas une force suffisante,
sans compter les
diffictiltés de
l'appr6visi6nnement
en ~rm~set munitions,
soit pa~
la cate
des
Dents,
soit
par
le Libéria.
Enfin,
ce pouvoir était
précaire:
récent,
mis
en place en 1889.
i l
fut doublé,
dès 1893,
IrJJn
autre
p'OIJVOil~,
le
pOIJVOil~
co Lorri e I
francais,
un
pOUVOil~
r.tut,re.ent miew<
al~mé
et
c o ns t amme rrr
appr-ov t s i onné
en
ar-me s
et
nunitions.
L'espl~it
d'indépendan,.::eque
Gneb.a
Gbe'J~:wé
manifesta
':on'tre La
pénétl~at Lon
fl~ancaise
l~évèle
cette i nco ns i stance comme
fr'ii~gi1 i té .
Dès l'origine,
Gneba Gbeugrê s'opposa);) cette pénétration.
Contre les explorations qui
jalonnèrent la dernière décennie du XIXe
siècle, décennie d'exercice de son pouvoir politique,
il protégea le
monopole de
commerce
neyo vers l'intérieur et ce,
par une série de
stratagèmes
:
la dissuasion
<il conseilla au premier explorateur,
le
Lieutenant Arago,
d'avoir);) remonter le fleuve ~ partir de Drewin et
non de
Sass.::lndra),
le refus de porteurs
(il lui accorda avec peine
des hOMmes pour ramener ses bagages de Fresco),
la dissimulation des
pirogues.
Toutes
les
formes
d'hostilité
que
cet
explorateur
rencontra par la suite portèrent la marque de son inspiration et lui
furent comme
de
Juste
imputées
même
s ' i l
ne
les
dicta pas en
réalité,
preuve
qu'il
avait
de
l'influence
ch.::lvirement de la
pirogue d'exploration
(une
attaque
de~ gèris de Missehi,
au rapide
Duli, près
de
Gaulu,
coula
l'embarcation
et
contraignit
l'explor~teur );) redescendre ~ Sassandra,
puis ~ emprunter la voie de
Drewin, gr~ce
~ la boussole d'un agent de la maison Rider),
abandon
de la
pirogue par les pagayeurs
(~ l ' î l e Duga,
les pagayeurs Gbokra
délaissèrent l'explorateur
et
prirent la fuit~, ce qui contraignit
les tirailleurs
sénégalais
~
diriger la pirogue Jusqu'~ Butubré),
tentative d'empoisonnement
(au
village
d'Ohiri,
les
habitants
auraient tenté
d'empoisonner
les
tirailleu~s
pour
arrêter
l'exploration),
refus
de
pagayeurs
(~
Kwati,
en p.::lYs Kwadia,
les
indigènes s'enfuirent
en brousse,
obligeant la mission ~ rebrousser
effectivement chemin),
refus
d'embarcation
(en panne ~ Gahulubrè,
les tir~illeurs s'emparèrent de force d'une pirogue, ce qui entraîn~
une échauffourée,
d'oD
ils
sortirent
heureusement
indemnes
et
rentrèrent ~ 5assandra] .
Gneba Gbeugré
ne
s'opposa
pas
seulement aux tentatives
d'exploration,mais encore,
lorsque les Franc~is voulurent s'établir
comme domination
coloniale,
il
envisagea
selon
la tradition une
l~ésistar.ce al~nl('~'(':>_
1'>_".-
1r;"., fi
.LI,J'I,-,·'
1
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ù15sua~~
p~r
1es K b
(1()
e_e
L

Ce
'
t
proJe':

684
4atteste de
so~
p~triotisme
et
du c.:ldre neyo d.:lns lequel il ~v.:lit
.:ond'J i t
S.:l
politique d'unité;
m.:lis il prouve ~ussi que son pouvoir
n'èt.:lit p.:lS
indiscutable
et que le p~rti de l.:l p.:lix .:lv~it vu Juste
S'JI'"
1 e p
an du r~pport des
forces.
ï
L.:l conjoncture
n'ét.:lit p.:lS f~vor.:lble en effet. Les Gbokr.:l
eux-m@nles et.:lierlt . divisés.
Z.:lgo,
le l"iv.:ll de Grleb.:l Gt:.eIJgl"é,
~""'.:lit
pris le p.:lrti de l'etr.:lnger. Dès le dep.:lrt,
Z.:lgo s'et~it offert pour
congeiller Ar.:lgo,
il .:lV.:lit .:lcheté pour le Fr.:lnC.:lis trois pirogues de
Hissehi,
lorsque
Gneb.:l Gbeugre les lui refus.:l ;
il lui .:lv.:lit fourni
un guide
pour
le cond~ire _ Drewin,
il
lui .:lv.:lit offert des vivres
lorsqu'il fut
de retour ~ S.:lss.:lndr.:l. Un certific.:lt f.:lit ét.:lt de ces
bons services.
Plus t.:lrd,
Z.:lgo .:lccomp.:lgner.:l successivement Pobeguin
jusqu'- KW.:lti
en 1895, G.
Thom.:lnn lors de ses vOY.:lges en 1897 et en
1898. L.:l
suprême
recompense
de
son p.:lrti-pris politique et de s~
coll.:lbor.:ltion confiante
fut
l'.:l~te
p.:lr
lequel
l'.:ldministr.:ltion
coloni.:lle déposa
en
1898
Gneb.:l Gbeugré,
chef n.:lturel des Neyo, et
institu.:l DJené
Zago
·chef
princip.:ll du cercle,
roi du p.:lys~ selon
les termes mêmes de Tho.ann.
(11).
Ainsi se
résolv~ient,
p.:lr
l.:l
force,
politiquement,
les
contr.:ldictions de
la
société
precoloni.:lle.
AIJ p.:lrti dominé de l~
chasse dil"'igeante
revint
la
vi,:toire
p ar-
l.:l fOl"',:e e:·:tel"iel.Jl"e de
l'Et.:lt colonial. Hais l'institution coloni.:lle confirm.:l deux f.:lits de
l'histoire precoloni.:lle.
En
f.:lis.:lnt
du
rival
économique
et
de
l'advers.:lire politique de Gneb.:l Gbeugré le chef princip.:ll du cercle,
le colonis.:lteur
confirme
bien
que
Gneb.:l Gbeugre,
en son temps,
.:l
ètf,
pour
le
p.:lYs
neyo,
un unific~teur, m.:lis un unific.:lteur dont
l'oeuvre d'unifiC.:ltion
politique
.:l été ~rr@tée en chemin. Le terme
etr.gnger.:l
,:et
espa,:e
de
king,
1"'0 i,
sO'JS 1 eque 1 et ait v.:lglJemerlt
identifiée l'unité en construction .:lutour de s~ personn.:llite,
et que
dènigr~it G.
Thom.:ln~,
c'est
sous
ce
même
terme,
p.:lr.:ldox.:llement
restitué ~
DJené
Z.:lgo,
coll.:lbor.:lteur
des
explor.:lteurs
et
chef
coloni~l, qu'et.:lit
reconnu
l'unité
nouvelle,
celle du cercle,
en
voie d'édific~tion
d.:lns
l.:l
colonie
n.:liss.:lnte
.:lutour
de
l'Et.:lt
- -i1l~JLi-al f~";.'Inc.:l i s ..
H.:lis les
moyens
et
le temps que Gneb.:l Gbeugre n'eut p.:lS
pour unifier politiquement l.:l société neyo se trouvèrent reunis d.:lns·
le. p~ssé
dlJ
littor.:ll. Le résultat,
ce fut l.:l chefferie d'Assoko et
son hégémonie mili~.:lire sur l~ région du Sud-Est.

SECTION III
L'HEGEHONIE HILITAIRE D'UNE CHEFFERIE
SUR LA REGION OU SUD-EST AU DEBUT OU XVIIIe 5IECLE
LA CITE-CHEFFERIE ESSUHA SOUS AKA EZANI
Au début
du
XVIIIe siècle,
la cité m~rch~nde d'Assoko se
présent~it du
point
de vue politique comme une chefferie guerrière
dont l'hégémonie
s'exerc~it
sur
les
sociétés environn~ntes de l~
région.
1.
L~
cité
Ol.::lI~,::h;Jnd€~
~t
esclavaQiste
,.:he f f e l~:l~
A l~
suite
des
voy~geurs
fr~ncais, l'historiogr~phie ~
pris l'h~bib.lde
d'~ssimile'~
le
systènle
polii:ique des Essl.lm~ à !~I
royaume et
1 e
pel~SOnrl;:lge
pl~éêm i neni: de ,.::ette 50'': i été ;n un ro i. 'Al~
dans le
l~ng~ge
des
voy~geul~s
dl"
XVIIe et XVIIIe siè'.::les,
orl !r~
saurait logiquement
ni
sociologiquement
dissocier
les notions de
roy~ume, de
roy~uté
et de roi de la notion de l'Et;:lt,
m@me s ' i l ne
se représent~ient pas l'Et~t comme un enjeu des luttes de cl~sse~ et
comme app~reil
spécifique
de contrainte et de coni:rSle sociaux.
Le
système politique
de
1;:l
société
essum~
tient-il
plut8t
de
la
chefferie que
de
l'Et~t
dans
l'acception
~nthropologique
qu'E.
Terr~y, ~
l~
suite
de
G.
B~landier
et
de M. S~lhins,
vient de
repréciser
(1)
Sociétés
~
Etat
et
sociétés
~ chefferie ont en
commun,
outre
une assiette territoriale,
un pouvoir centralisé,
des
institutions politiques
spécialisées,
le
monopole
de
la
force
légitime et l'~lloc~tion d'une p~rtie des ressources de la société à
l'entretien de ce pouvoir et de cette force.
M~is d~ns les premières
urie r-up t ur-e . l"~di,.::~le opposegoljv-el~n.;lnts et~()'Jl,'e'~nês,· '''Ul=',tul''e fondée
sur une
stratification
soci~le
authentique
s~ns
lien
~vec
des
dêtermin~tions biologiques
elle
se traduit par le l~ng~ge de la
supériol"ité des
uns
et
/je
l' infé,~i(:)\\~ité
des
auh"es.
D~ns· les
secondes,
existe
certes
une hiér~rchie entre le lignage du chef et
les ~utres, mais l~ distance entre groupes lignagers forme comme une
"échelle continue"
de
l~
base
~u
soumet de la pyramide,
pour la
r~ison que
le
pouvoir
politique n'est p~s totalement dégagé de la
société,
disons
de
la
société
civile
. L~,
le roi dispose d'une
autonomie étendue,
d'un
pouvoir
plus
grand,
il
est
un maître,
capable d'innover
;
ici,
le
chef.
garant
de
l~ coutume,
m~nque
d'~utonomie, son pouvoir est f~ible.
En ce
sens
le
sytème
eSSUOIa
était un Etat.
O~ns cette
société stratifiée
en
cl~sses
comme
nous
le verrons bient8t,
il
exist~it une
distanc~entre les gouvernants et les gouvernés; dans
les ordres
idéologique
et
économique.
Mais
cet
Et~t,
d'assis~
territoriale exigu~,
était faible par son appareil de contrainte et
pauvre économiquement
parlant.
Si,
abandonnant
un
point
de vue
antérieur,
neus
le caractérisons néanmoins comme chefferie c'est au

fle6
sens où
l'entend
Jacques
pour
qui
chefferie et royaume sont des
Etats que Lque
soit
leul~
taille,
<19"?0
105>.
Lc i ,
urie
même
catégorie -
nanaq
-
unifie les deux statuts ~u n~ture identique du
roi et du prince.
Dès l~
structure
politique
de
référence,
celle
de l~
commun~uté originaire
des
immigrants,
un matrilignage fournissait
les pl~inces,
c ' était
le
m';ltl~iligT'l;:..lge
des
Aniab'Zl,
d'ai)
naq'Jit le
conducteur de la migration
: Zena
(2).
Successeur de Zena,
Aka Ezani
-
Akassini
ou
Akassigni des textes -
avait une prééminence d'abord
sociale:
sa
résidence
se
signalait
dans l'espace de l'habitat.
C'était un
palais,
demeure ~ étage de qualité,
supéreure aux autres
demeures sinon
par
ses
matériaux,
du moins par ses dimensions,
sa
stl~uct'Jl~e et sa populati.on,
comme nClUS l'avons VIJ.
Dans cette
résidence
vivaient
en
1692
une
vingtaine
d·êpouses dont
q'Jatre
étaient
mor-t e s
(Tibierge,
1935
: 67).
Cett€~
prééMinence était
politique
: chef d'AduMa.
le plus grand des cinq
Quar~iers d'Assoko
en
1701 -
Epidia,
Socobrê.
EguenYé,
Sumba -
Aka
Ezani dominait
sur
tous les ,:hefs de quartiers de 1.;) t.:~.;)pitale,
SU1~
tous les
,:hefs des comm'JT.es vill;:..lgeoises et à fortiol~i SIJl~' tous les
régi~seurs des hameaux d'esclaves.
Ce pouvoir politique se trouvait cependant limité.
Oe même
que des
assemblées
d'hommes ayant atteint la majorité contr81aient
les conseils
de
quartier
et
les autorités en charge des intérêts
locaux,
de
même
un Conseil supérieur contr8lait le ~hef. La classe
compradore et des représentants de la classe p~ysanne composaient ce
conseil.
On
y
trouve,
d'une part les aînés de la lignée du chef et
.les brembi,
les
notabilités
de
la richesse;
on y trouve d'autre
part le
lampo,
leader des guerriers,
Jeunes gens d'origine franche
et l'ofnon,
devin
et
pontife,
représentant le savoir,
élu par la
classe compradore,
en
charges
des
cultes et de la santé publics,
nourri et
entretenu
aux
frais
du
peuple,
caution idéologique et
religieuse de
tous les actes du Conseil
(4).
Conseil législatif qui
siégeait-également comme tl~ibun':;'ll pClIJ1~ les aff_aires tant c i v i Le s que
politiques,
ce
conseil
avait
une compétence qui s'~tendait ~ tous
les domaines
renseignements
et
sécurité,
diplomatie,
commerce
extérieur et guerre,
Justice,
santé et cultes public~. Libérés de la
production par
l'esclavage,
les
membres du Conseil disposaient de
"grand loisir"
pour se réunir régulièrement et délibérer sur toutes
les questions
sans
exclusive.
Universelles quant ~ leur objet,
ces
délibérations étaient extrêmement longues,
quant ~ leur durée,
p~rce
que les
débats
restaient
très
libres,
trop
libres de l'avis de
Loyer,
d'une
liberté
dont
jouissaient
même
les
escl~ves.
Au
contraire,
les
résolutions
qUl
concluaient
ces débats publics et
ouverts portaient
la
marque
du
secret
absolu,
secret
dont
la
violation était punie de la peine de mort
(5).
Au sein
du
Conseil,
un cabinet restreint se composait du
chef,
de
son frère purné,
de leur neveu et de deux ou trois membres
étrangers au matrilignage princier.
Mais si par ses dispositions la classé compradore imposaIt
ainsi son
contra le
au
chef,
un personnage garda la prépondérance
d':lrIs '::e
'::ontl~ale
l'Q.fniL1}.
Cl~édité
p.:oll~
l€:'
peuple
dlJ
p ouvo i r

68?
thaumaturgique qui
~pp~rtient
ailleurs au roi,
garant du climat et
de l~
prospérité
(6),
sa présence physique était nécessaire ~ tous
les conseils.
flalade,
il
était
tenu
informé
dans
le détail. de
l'objet du
conseil
et,
par
son
avis,
ratifiait les actes de cet
éminent organisme politique.
Car le chef
p_U~
r~wn
~.~r_
W"~
r~.n
.n~r_pr_ndr. cl ..... r . .
1 ~ .1':.u-t:'
....'n ..
c a n • • n e . m . n e "
(Loyer,
1935 : 218)
Autant que
son
pouvoir
politique,
ses
ressources
économiques de
chef
étaient
limitées.
Nous lui connaissons certes
deux ou
trois
prérogatives
d'un
certain rapport:
le monopole du
commerce des
~rmes
et
de
l'or,
les
prestations saisonnières du
peuple lors
des
récoltes
ou
moissons.
Alors
que
les
esclaves
personnels devaient
au
chef
une
ou
deux
jours
de
travail
hebdo.adaires,
c'était
~
la masse du peuple <hommes et femmes)
qui
revenait le
travail
de
récolte
et de Moisson. Mais les moissons,
tout considérables
qu'elles
étaient,
ne
suffisaient
pas
~
l'entretien de
la
fanlille.
D'abm~d, les .oissonneul~s l~e'.::evaient .~)
titre de
remerciement ou de rémunér~tion suivant un principe encore
en vigueur
aujourd'hui,
le
tiers
de
leur
récolte
;
le chef ne
gardait que les deux tiers de la récolte de mais, de riz ou du mil
;
enslJi te,
il
devait
l' é'.::hangel~ co n t r-e la or-oduc t t on d' autres ç._l~em~:i
pour préserver
~
ses
terres leur fécondité
; enfin il achetait au
marché des
fruits
(bananes)
et
des
ignames
pour
compléter ses
reSSOUl~,.::es.
En outre,
lorsqu'on considère les revenus officiels,
ceux
que la
société
lui
consentait
de droit,
ils frappent d'abord par
leur caractère
irrégulier
butin
de guerre, taxes et amendes de
justice, cadeaux offerts par les marchands européens,
droits d'accès
~ la
société
des
ç.rembi.
Irréguliers,
leur montant apparaissent
ensuite totalement
indéterminés
sauf
le
droit
d'accès
~
la
"guilde" des
bl~f~nlbi
et
la
ta:·a? de .iu s t i ce fi:<êe respe,.::tivement .!l
huit écus
d'or
(24
livres),
la valeur des autres revenus pouvait
varier considérablement ; des amendes les Juges ne recevaient que le
tiers ou
la
moitié.
Enfin,
seuls les prélèvements sur les cadeaux,
les confiscations
et
les
taxes
de
justice demeuraient acquis au
chef,
les autres revenus devaient être et étaient redistribués,
soit
entre les
combattants
(même
si
le
chef
conservait
une
part
impol~tante) (7),
soit
entl~e
Le s
jlJges
(8),
soit entl~e les bl~emQ.i
(9) •
A quelles
fins
étaient institutionnellement affectés ces
maigres revenus
?
A
des
dépenses
de
politique
extérieure
réceptions des légats étrangers,
entretien des alliances
(10)
; dans
le domaine
de
la
politique
intérieure,
~
des
dépenses d'ordre
militaire:
entretien
d'instructeurs
(11),
frais de guerre
(12),
honneurs dus
aux
guerriers
morts
(13)
et ~ des dépenses d'ordre
social
pensions
s~éciales allouées ~ des prostituées officielles
(14)
qui
devaient être prob}blement des escl~ves comme en eSte d'or
(15),
r~ch~ts
des
not~bles
tombés
en
c~ptivité ou extinction de
leurs dettes
(16).

6ElB
QIJe
le
pouvo i r-
du
Chef
des
Essum~ fût réduit d~ns son
~pp~reil de
contr~inte,
c'ét~it le jugement définitif du Révérend-
Père Loyer.
Critique
~
l'ég~rd
de
l~
c~tégorie de roy~ume dont
l'us~ge lui
p~r~iss~it
~busif,
celui-ci
n'~ vu d'~utre fondement
r~el ~u
pouvoir
d'Ak~
E=~ni
et
de son lign~ge que l~ possession
d'escl~ves ~rmés (17).
"L.
po .........o::l ....
.
..: o.... p .....
1 ...
...
c .., . .
d _
d • • ob.~ • • • "c.~
m.~_
~our
1 . _
er_mb::l
ou
C_p~h.r_.
~1
.ur_~~
d _
1 .
p_~n.
_
1 . _
r . d .... ~r • •
. ....r
~o .... ~
.·~1.
~vo~a_~~
d y
b~_n
d _
1 _
..... 1:" r
__
.......:t.__ _auv_n1:'
_u_~~~_r
d _ _
.~~.~r_• • ~~n
d _
p~11_r
d a n _
1 _
d • • arc:lt-.
1 # 0 . . -
_~ 1._ ._c1 .. v __ qu·~1. po ••• d_n~··
(Loyer,
1935
169)
Sur l~
cité,
l'escl~v~ge
eut
une
triple
conséquence
politique.
Loyer
vient
d' indiquer
l~
première
équilibre
et
consolid~tion des
forces
compos~nt
le
systèm~
de
l~ chefferie.
Maître de
l~
plus
gr~nde
m~sse d'escl~ves ~rmés,
le chef pouv~it
préserver son
pouvoir
"constitutionnel",
il ne pouv~it étendre s~
donlin~tion ~IJ
dépens de ses pa i r-s ,
les ~utl"'es bt:...~.!!tb:L memb r-e s de l~
cl~sse compr~dore.
De même,
individuellement ~utonome en r~ison des
e s c Lave s qlJe
,:h~cIJn
po s s de i r
et ar-ma i t ,
les bl"'eml:l.!. '.:onsitituèl"'ent
é
collectivement un
effic~ce
contre-pouvoir
~u
chef,
m~is
ils ne
pouY~ient m~tériellement
le
destituer,
même
s ' i l s
en
ven~ient
idéologiquement à
former
l'impossible projet.
P~r l~ l'escl~v~ge ~
été un
facteur
de
cohésion
de
l~
cl~sse
des m~îtres, cohésion
nécess~ire ~ l~ domination de cl~sse. N' im~ginons pas cette cohésion
mécanique.
Que
le
Chef
Ak~
Ez~ni en fût un ~rtis~n volontariste,
Tibierge l'affirme
en
1692
lorsqu'il
évoque s~ "bonne conduite ~
emp€h:hel"'
les divisions darrs ses tel"'l"'es"
(1935
é>{~)
(18).
Hais équilibrer
et
consolider,
c'est en d'~utres termes
servir de
moyens,
jouer le raIe d'org~nes. On peut voir d'abord en
ces escl~ves
un signe de l~ ré~lité du pouvoir soci~l et politique.
En effet,
ils
constituèrent
~vec l'or et l'orchestre des t~mbours
~ne compos~nte
de
l'hérit~ge
que
le
nouve~u chef recueill~it en
accéd~nt à S~ fonction
(19)
le nombre d'escl~ves marqu~it ~insi le
r~ng d~ns l~ hiér~rchie socia-politique.
Leur fonction conservatrice
~pparaît cepend~nt
dans
trois
matières
de politique intérieure
sécurité,
justice,
r~ligion.
Cent
~
cent-cinqu~nte
esclaves
du
m~trilign~ge formaient
la
garde
p~rsonnelle
à
l~ résidence d'Aka
E=~ni. Les
uns,
sag~ie j
la m~in et s~bre ~ la ceinture,
assuraient

l~ sentinelle
~
l'entrée
du
p~lais, nuit et Jour,
p~r roulement,
deux ~
deux
;
d'autres,
une cinqu~nt~ine environ,
de fusils et de
sabres ~rmés,
honoraient
et
protège~ient
le chef ~u cours de ses
dépl~cements;
les
fils
du
chef
ét~ient
ég~lement protégés R~r
quelques g~rdes
d'autres
esclaves
formaient
la
haie
pour
accueillir les
lég~ts
étrangers,
comme ce fut le cas le samedi 21
juin 1692
sur
le
littor~l en l'honneur du Sieur Tibierge,
ou le 9
juillet 1701, dans la troisième enceinte du palais,
~ l'entrée de l~
s~lle d'audience,
en l'honneur du chevalier D~mon (20).
Agents de
la
sécurité
des
hommes publics,
les escl~ves
étaient aussi
des
auxiliaires
de
justice.
C'ét~it un escl~~e du
palais,
porte-canne
d'un
jour,
qui
dev~it
citer
les
~ccusés ~
compar~ître ~u
tribunal
;
en
cas
d'exécution d'un prisonnier de
guel~re ,;:o'Jp~ble
de
teT)tat.~ve d'év':Jsion et co ndamnë ~ mor-t , c ' était
encore un
esclave
du
palais,
retribué
de
huit
écus
d'or,
qui
désignait de
Manière
rituelle,
parmi les hommes libres,
le ou les
ex~cuteurs des
hautes
oeuvres
(21).
Enfin
nous
~vons
~illeurs
exaMiné le
raie
religieux des esclaves comme objets d'immol~tion ~
diverses occ~sions
il suffit seulement d'~jouter que fossoyeurs,
ils offici~ient
en
même
temps
comme
croque-morts,
év~cu~nt
et
inhUMant Les défunts
<Loyer,
1935
: 212).
Hais instruments
de
conservation
de
l'ordre
politico-
religieux dont
ils
se
trouv~ient
être les victimes,
le~ escl~ves
furent ~ussi comme guerriers et v~lets dans les guerres,
instruments
de s~ suprém~tie extérieure.
Comme le
commerce
auquel elle ét~it intimement ~ssociée,
la guerre
a
occupé
en
effet
une
place
import~nte, même si les
ten~nts et
les aboutiss~nts de toutes les guerres soutenues p~r les
Essum~ nous
échappent
l~rgement. Ce qu'on peut nommer l~ structure
militaire de
l~
société
s'~n~lyse
en
trois
compos~ntes
une
composante socio-culturelle,
une
compos~nte
socio-économique,
une
composante technologique.
La première
composante
de
cette
structure
était
l'organis~tion des
groupes
d'~ge
et l~ formation milit~ire liée ~
leur constitution.
L~ société essuma ne disposait pas d'armée,
force
~utonome et
perm~nente
de
combat.
S'y
substituaient les groupes
d'~ge com~osés
des
hommes
adultes,
sains,
libres et,
en majorité,
des es,.::l;'Jves
lelJl~S
l~esponsables
s' ~ppel~ient
.!.à.').!.e,Q.,
En
c a s
d'extrême nécessité,
exceptionnellement,
les
g~rcons
mineurs
de
quinze ~ dix-huit pouv~ient, semble-t-il,
être mobilisés
(22).
A ces
groupes d'~ge
des
hommes
libres,
il
f~ut
adjoindre
p~rmi
les
escl~ves que
ch~que brembl possédait ceux qu'il armait. En temps de
guerre le
chef
et
ses
p~rents
armaient
par
exemple tous leurs
escl~ves m~les et v~lides.
A combien évaluer cette force de citoyens-guerriers ? Je~n
Godot chiffre les combatt~nts de dix-huit b vingt-deux ans mobilisés
d~ns la
seule ville d'Assoko en 1701 ~ 12 000 hommes
(23).
Tibierge

le fix~it en 1792 ~~ b~s mot ~ 1 200.
Nous ~vons dit les raisons qui
militent en
fave~r d~ chiffre proposé par Loyer ~ la date de 1703
2000 hommes (24).
Ce q~i
fais~it
des
membres
des
gro~pes
d'~ge
des
guerriers,
c'est
q~e
tr~s
t8t,
ils
recevaient
semble-t-il
une
formation systém~tique
d~ns
l~ discipline et d~ns le m~niement des
armes.
Des instr~cte~rs seraient affectés,
confirmant la th~se selon
laq~elle la
pratiq~e
de
l~ guerre ét~it une ~ffaire trop sérieuse
pour être laissée au hasard d'une éd~cation s~r le tas.
Voi,~i e n
quels
tel~mes
Godot
le
apprentiss~ge,
celui de
l' al~me ~ felJ
(25).
-OtL.a1:'.....
c _ _
( .... n
d _
1 - . . r c
_"t:"
d _
1 . . . . . . . . "' ... :t._> ~
: L 1 .
_1:'
m"n,.
...
1 ..
c a c h _
d _
1~
vUe
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1 _ u r .
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C _ _ on"t:"
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~r_ • . mGuYG~._.
Tra'~p_ _
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b 1 . n c
_ n
b.~~r~
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d _ _
1 _ u r t i .
O . . r • •
1 .
q .....
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n o u _
.rr~v.m
E~ __ ~n~.
1 _ _
T r o u p . _
~ur_nt
p_nd~n~
hu~~
JC3ur_
c . c h _ .
d_n_ d_. brou••• ~11 •• _n y .~~_nd~nt 1 __
d • .~., ... :l.1:'_ te
Le
résultat
de
cette
formation dans
la culture app~raît
s~r trois
plans.
Au
point de v~e technique,
les Essuma ~vaient la
rép~tation d'excellents
tireurs
et
leur
service
de
m~intenance
faisait
l'admir~tion de Loyer.
u C .
q ...... :l1
....
", . . :l n . . .
.,t.=.1
:l._.
c~"J
r."t:"
• p ...... _ . "
C~6) .
Qu~nt j
elle.
l'organis~tion d~ comb~t s'ordonnait sur la
structure politique
des statuts.
C'est que le chef,
son frère et un
neveu ,
figIJ1~;:)ient
"lès
';:'::'lpi.t.::li.nes"
pr-Lnc t p aux
des glJ€~I~l~i€~I~S, les
bl~embi de~i
"1:i.el.Jten':::lT"It~5"
~2:7).
En
signes de l~e'.::onn;;)iss;;)n/.::e et de
pureté,
ils
port~ient
des pagnes bl;;)ncs et leurs femmes des
pagnes

691
r~y~S de
bl~nc
et de noir
(28). S~bre, s~g~ie, fusil ét~ient leurs
armes.
Les
accompagnaient
d'une
p~rt
les
esclaves - ordonnances
port~nt leurs boucliers "de cuir de boeuf couvert de peau de tigre",
et d'autre
part
les tambourineurs faisant résonner lès tambours
atugblan et
les
enfants jOIJant à hIe-tête des 01 i fants.
Les Q..l.:'elllb i
et leurs
hommes
se
rangeaient sous la bannière des capitaines et,
lorsqu'il était
présent,
sous
celle
du
chef,
capit~ine général
donnant des
ordres.
Deux
formes
principales de combat étaient de
rigueur;
la
citation
précédente
de
Godot
identifie
l'une,
l'embuscade;
elle mettait en oeuvre le fusil.
L'autre est le corps
à corps;
en se prbtégeant p~r son bouclier,
le capitaine général se
battait ~
coups
de sabre, de couteau ou de sagaie jusqu'à ce qu'un
camp se
rendît.
Alors le combat cessait sur le champ (29).
Dans le
cas de
la
fuite
d'un
camp,
la
paix
pouvait
être négociée p~r
"--~- -i' ë'n'frèmise d' IJn médiate'Jr.
Au point
de
vue
moral,
le
sérieux
de
l~
formation
Militaire,
l~ qu~lité de l'armement,
la ~iscipline de l'organisation
et l'exemple
de
chefs
"intrépides
et
vaillants" sur le champ de
bataille encour~geaient
les guerriers ~ la tenacité, à
l'abnégation
et à
l'héro~sme.
Les
Essum~
étaient
réputés "bons soldats"
(30)
selon Tibierge,
"fort
bell iqueu:<"
(31)
pOIJr
Damon,
"les
p Lus
aguerris de tous les Nègres de la Cate d'or",
aux yeux de Loyer;
un
collier de
dents
humains
symbolisant
le
nombre
d'ennemis
tués
signalait les plus valeureux (32).
La deuxi~me
composante
de
la
structure
militaire
se
trouvait être
le financement de la guerre assumée par l'association
des quarante
ou
cinquante hommes riches ~u chiffre de 1701 -
1703.
En compétition économique entre eux,
les hommes riches av~ient comme
classe sociale
un
intérêt
commun,
la
préservation
du
système
politique,
ce
que
Loyer
nomme
la
conservation publique. Dans la
guerre,
une
des
occasions
de
cette
conservation.
ils
devaient
engager trois sortes de moyens logistiques
: des vivres que pour une
large part
les
Essuma
ne
produisaient
p~s
mais achetaient,
des
pirogues pour
le
transport
~
longue distance sur la lagune ou la
mer, et
enfin
les
armes et les munitions.
Le statut d'homme riche
impliquait pour
le
brembi
la capacité d'armer,
de tr~nsporter, de
nourrir et
de
diriger ses dépendants m~les et adultes ;
il suppose
par conséquent
l~
possession de greniers ~ riz,
de greniers ~ ma~s
et de
greniers
~
mil, sinon de greniers d' ign~mes et d'un maga~in
d'armes,
tels
qu'on
en
trouvera
au
XIXe
siècle chez les hommes
riches Ab@,
Kweni,
Alladian ou Neye.
Bien qu'cn n'en puisse indiquer
des chiffres,
il
est
vraisemblable
que
les
stocks
les
plus
importants fussent ceux du chef Aka Ezani.
La troisième
composante
de
la
structure
militaire
consistait en armes.
Qu'il s'agît des armeS de fabrication africaine
(sabre,
sagaie,
couteau),
ou
qu'il s'agît des armes de provenance
européenne
(fusil,
mousquet,
pierrier,
pierres et poudre ~ fusil),
trois propriétés
en ftrent les éléments d'une vraie structure.
Nous
en avons
e:-:;:Jmi.né
une
la
qu.ollité
du' 5€~I~v:i':::e
de maint(~n';'l1·,/:::e"

admirable aux
yeux
de
Loyer.
La
deuxième
propriété
reste
la
permanence de
l'~pprovisionnement.
Depuis
le
XVIIe si~cle ob les
Essuma introduisirent
en
masse
les
armes
à
feu
dans
l'espace
méridional de
la eSte d'Ivoire,
les armes n'ont eu cessé d'affluer.
~es sources
européennes
qui les fournissaient ne s'épuisaient pas.
Au contraire vive était la concurrence entre Hollandais et Anglais ;
celle-ci donnait
l'avantage aux Anglais au début du XVIIIe siècle:
la demande massive avait b~issé le prix.
En 1702,
douze carabines et
mousquets hollandais
valaient
~
Elmina
deux
onces d'or,
soit le
tiers du
prix
de
1682
(33).
L'industrie
métallurgique
allait
connaître un
grand
essor,
en
Hollande
et
en
Angleterre
en
particulier,
pour
la
production
des
fusils et de la poudre
(34).
~/approvisionnement florissait
de la part des navires interlopes en
activité sur
cette
cSte
sans
monopole
qu'était
la cS te essuma.
Corréla~ivement, l'or
de
l'Aowin
qui servait à acquérir ces armes
abondait-en pa~s essuma par~e que la production du sel qui servait à
l'ache~er ne
discontinuait
pas.
Des
m@mes
sources
inépuisables
provenaient en
m~.e
temps
le
fer nécessaire et indispensable aux
forgerons locaux,
sinon
du
pays
essuma,
du moins des sociétés de
l'hinterland, pour fabriquer des armes traditionnelles.
Enfin,
approvisionnement continu et maintenance de qualité
ne suffisaient pas,
il fallait u~e Quan~ité iMportante de ces armes,
une quantité
nécessaire
~ un peuple sur le pied de guerre.
Si tous
les brembi
achetaient
les
barres
de
fer,
seul le chef,
nOUS le
savons,
importait
et
revendait les armes et les munitions.
Lorsque
la recherche
saura
chiffrer
l~
quantité
d'armes et de munitions
importée par
les
deux
ports
maritimes de la cité d'Assoko,
entre
1700 et
1725,
restera
à
chiffrer le stock propre du pays essuma.
Conlpte r e nu
du
nombr-e
pr-obab Le
de
,:onlbattants
. l'etenu,
il
est
raisonnable de
supposer
au
bas
mot
le même chiffre de fusils au
début du
XVIIIe siècle:
2 000.
En 1701,
à
la suite d'une menace de
guerre entre
Essuma
et
Eotilé,
le
chef
Aka
Ezani
demanda
au
Chevalier Damon
et
obtint
130
fusils,
600
livres de poudre,
un
nombre indéterminé
de balles ~ mousquets et de balles ~ fusils.
Les
Essuma alors prétendaient ne disposer que de fusils hollandais
(35).
Avec la structure militaire que voilà,
la chefferie essuma
établit sur
les
sociétés
de
la
région,
non
pas
une hégémonie
politique,
mais une hégémonie militaire.
Une hégémonie politique est
une suprématie
par
occupation
de
territoire,
domination exercée
directement sur
ses habitants et exploitation effectuée au bénéfice
du peuple
dominateur.
Or une politique d'expansion était irréaliste
: les
colonisables
les plus proches,
les Eotilé et les Campa,
tout
fragiles qu'ils
étaient,
parce
que
sous-peuplés
et
sans armes,
nourrissaient les
Essuma,
les premiers des produits de leur pêche,
les seconds
des
produits
de
leur
agriculture
une
nécessité
éconoMique par
conséquent s'y opposait.
Irréaliste,
cette politique
S'avérait aussi
in~~plicable
les Eotilé étaient invicibles sur la
lagune que
Loyer
a~simile ~ "leur forteresse,
leur rempart",
comme
les Essuma étaient invl~ible5 sur la terre ferme
(36).
Enfin

in~pplic~ble,
~et~e
poli~iq~e
app~r~iss~it
dangereuse.
Dans
la
g~erre d'expansion
i l
y
a
de~x
risq~es
a~
moins:
sur le pl~n
politiq~e, risque de voir le pouvoir du chef,
devenu chef de g~erre,
s'accroître au
détriment
de
la
cl~sse
dominante
;
sur le plan
social,
risq~e
de
révolte
et
de
f~ite
des esclaves,
sinon leur
militarisation dans
~n
Etat
naissant,
p~isq~e
la population des
ingénus n'ét~it
p~s
assez
nombreuse
pour se passer d'eux dans la
guerre,
Plut6t
que l'hégémonie politique,
la chefferie régna sur la
région en
imposant
le
respect absol~ de ses armes
: une hégémonie
militaire.
On
le
voit aux ennemis contre lesquels elle dirigea ses
forces,
les enjeux et les résultats des guerres.
A vrai dire,
peu de documents éclairent les tenants et les
aboutissants de
ces
conflits armés.
Entre 1692 et 1703,
les textes
_ font nlention
de
qlJatl~e
".guerl~es"
effe,.::t1Jées
: gIJel~l~e co n t r-e les
Alle,
gIJel~l~e
,.::ontl~e
les
Ab'Jga,
gIJel~l"e co n t r-e
les
1I<1... .;:)kw~"
(1701),
guerre contre
les
Hollandais
(1702).
Ajoutons
les trois guerres
potentielles:
deMande
d'une
couve r-t ur-e
militail"'e
en 1692
(37),
menace de
guerre
en~re Essuma et Eotile en 1701
(38),
projet d'une
attaq~e fr~n~o-essuMa ~on~re la mine d'or d~ "petit royaume de Do~a"
(39).
Des
deux
preMières
guerres,
no~s
ne
savons
rien sur les
circonstances, rien
sur
la
d~te
des
hostilités,
rien
sur
les
conditions d'arr~t
;
~e
la
troisième
no~s ne connaissons que le
résultat global
rien
sur
les circonstances dans lesquelles une"
querelle vieille
de pl~sieurs décennies s'était réveillée et venait
d'@tre vidée
seule
avait
des
contours
rel~tivement précis l~
dernière guerre,
celle
menée
contre
les
Holl~ndais
: outre les
circonst~nces et l~ date des hostilités,
nous voyons comment se sont
déroulés les combats,
q~elles en f~rent l'issue et les conditions de
paix. S'Jppléons aux la."~'Jnes de la do cume rrr a r t o n pal" des hypothèses.
Trois principaux
enjeux
nous par~issent avoir motivé les
guerres soutenues
par
les
Essuma
l'indépendance
de
la cité-
- --cbe_ffel"'ie €~t
ce Lle
de
ses alliés
( e n Je ux politiq'Jes),
la S~kIJI"'ité
des voies,
la
possession de l'or et la liberté du commerce
(enjeux
économiques),
l'im~ge d'invincibilité
(enjeu idéologique).
Cette notion
d'indépendance
est
~ entendre relativement
aux menaces qui pouvaient venir des peuples de la CSte d'or d'oÙ les
Essuma avaient
émigré
et
~
celles
des
peuples
de
la
région
lagunaire.
C'est
pour
la
consolider
que
le
chef
négocie
la
construction de
forts
avec les Français.
Dès 1687 -
1688,
Du Casse
Mentionne ce projet politique (40),
En 1701
Daman
signa avec Aka Ezani un tr~ité dont quatre
articles mettaient
en place les conditions de réalisation du projet
; terrain
offert
pour
un
ou
plusieurs forts,
autorisation de la
coupe du
bois,
~utorisation de l'utilisation des pirogues et de la
main-d'oeuvre nécess,ire
è
la
construction
des
établissements,
concours militaire français en cas d'attaque armée contre les Essuma
(41). AIJ
momen t
de s o n e:·:é''::IJt :i(Jn,
et p-!ll""~e qlJ€:!
1e PI"O j et ;;'lYa i t é t é
formé ~ l'insu des Eotile, maîtres éminents du territoire habité par
les Essuma,
les Eotile,
forts de le~rs droits traditionnels, prirent

d'assaut le
ch~ntier
les Franc~is durent dissimuler et le projet
et leur
arsenal
militaire
;
l~ situation men~c~it de dégénérer en
guerre.
Bien ~visé, DaMon se désolid~ris~ des Essuma,
négocia ~vec
les autorités éotilé,
les soudoyant pour obtenir l'e~sentiel, c'est-
à-dire l~ paix,
l'~utorisation de construire et le bois néces~aire ~
lar:onstl~lJI.::tion.
En s/~ssur~rit
l/~lli~nce
politique
et
milit~ire
des
Francais,
l~
cité-chefferie devint une puissance dens l~ région des
Lagunes Abi,
Ebrié
et Lahu et,
de f~con générale,
de tout l'espace
économique littoral
du
Sud-Est.
D'autres
commun~utés
pouvaient
requérir son
alliance politique et son aide milit~ire. Tibierge fut
témoin de deux de ces requêtes le mercredi 25 Juin 1692
(42).
Au delà
du
territoire
dotilé
et
Comp~,
les
guerres
poul~suivil~enF des· enjefJxin,.::onnusen
des
tel~l~itoil~es diffi,.::iles
aujourd'hui ~
identifier
~
l'Est
tel~l~itoil~e
Alle,
';}IJ
N01~d
terri~oire Abuga.
Un dernier territoire que Ray.
A.
Ke~ situe à mi-
parcours de
la e.i~ contrôlerait La p r-oduc t i o n de l'O1~ du lêgEHld.:lil~e
Egban;
entl~e
l' Ankobr.:l
et
La
Bi.:l,
Alle sel~~it Ellen,
IJn l~id"'le
4:f!n'tre afJrifère,al.J
SIJd
de
l'Aowin
(43).
SibJés dcn s
urie l~égion
ninière et
sur
les
voies
de
commerce,
ces pays suscitèrent des
,g~Jerres dont l' enjelJ,
peut-on le s upp o s e r . ét~i t
d'abor'd é,.::onomiq'Je.
O~ns l'att~que
p~ogrammé
par
le
second traité franco-essuma,
cet
enjeu ét~it sans ~mbigu~té. Certes,
l' identific.:ltion du p~ys de DoUa
reste difficile sinon f~nt.:lisiste. Sur la c.:lrte des sites importants
du b~ssin
du
Tano
(44).
Ray A.
Ke~ n'en fait pas mention;
on ne
connait p~s
non
plus
les
"forts
hautes montagnes" qui pouv~ient
l'entoure~. M~is
le
projet avait de l~ rigueur et de l~ cl~rté. Du
point de
vue
des forces:
du cSté franC.:Iis,
2 000 hommes.
60 ou 80
barques pl~tes
port~nt
six canons p~r b~rque ; du cSté essuma,
des
pirogues et des hommes en nombre indéterminé.
L'obJectif:
descente,
lors de
la marée,
sur DoU.:I pour "obliger les habitants à se retirer
dans les
mont.:lgnes
et
p~r ce même moyen s'emparer de cette mine".
Donc occupation
et
m~in
mise sur les richesses minières,
dont les
conquérants espèraient
un
gr.:lnd
revenu.
Une seule difficulté
:
l~
conserv~tion de
la
mine,
éloignée
de cinq lieues de l~ mer,
soit
environ de
vingt-deux
kilomètres.
Le prix à p~yer p~rut lourd;
il
f~ll.ait, à
la mine,
édifier un fort et installer des troupes,
et,
il
fallait sur
la cSte,
deux ou trois navires pour garder l'embouchure
de la
l~gune
(45).
Heureusement pour DoUa,
le projet ne se réalisa
pas.
Il ~rrive
qu'enjeu
politique
et
enjeu
économique
se
conjuguent comme
ce
fut
le
cas
dans l'att.:lque holl~ndaise du 13
novembre 1702.
En s~uvant leurs ~11ié5 francais du Fort Saint-Louis,
1.:1 classe
dirige~nte
essuma
défendit
un
principe
cher
aux
compradores africains
l~
liberté
de
commercer ~vec toutes les
nations.
Après
s'être
emparé
du ch~teau Saint-Georges d'Elmina en
1637, après
avoir
tenté sans succès de chasser de la eSte d'Or les
Anglais,
voici que le, Hollandais,
ayant r6u5si à évincer Portugais,
Bl"~TtltJebol_l1~geois·et
Fp.:lTIl;.::.lis
d(~ '.~ett€~ Côte d' Ol~ ~1 l'Est de la Tano,
dè,;:idèl'eTlt de (jélogel~ les FI~.~HI(:ais dE' 1;.'1 Côte Ouest.

rSle ~u
moins
égal, sinon supérieur j
celui de l~ destruction.
Des
vagues de
captifs
provinrent
des
~gressions contre les
"Esiep du
pays Kwakwa".
Godot fait mention de quatorze c~ptives échues ~ Amon,
neveu d'Aka
Ezani
(48).
Aniaba
le
Joli
ser~it un prisonnier de
guerre, selon
Tibierge.
Enfin
les
Hollandais
l~issèren~
sur le
littoral onze
prisonniers
qui
furent
rachetés.
Un troisième type
d'éléments s'~joute
enfin
~ux rdsultats des guerres:
ce furent la
renommée et
la
terreur.
Ces guerres conduites tous azimuts et qui
~boutirent toutes,
semble-t-il,
~ la victoire,
ne consolidèrent p~s
seulement l~
réputation
d'invicibilité
des guerriers essuma et de
leurs capit~ines,
elles
les
rendirent
redout~bles
~
tous leurs
voisins,
sem~nt
la
terreur
le
mot est de Loyer
(49)
-
jusqu'~
l'intérieur de la forêt.
Cette suprém~tie militaire ne sera rabattue
que p~r l'armée.anyi-sanvi.
C'est en pre~ant ~ tort une hégémonie de
caractère militaire pour une hégémonie politique que Ray A.Ke~ ~ cru
devoi I~ distendre
l'Asoka
QJ!@!! de
1;'1 Tano jusqu'al.J Comoê.
Lov er- est
pourt~nt formel sur ce point:
"Il n'a d~ns sa dépend~nce qu'environ
dix ou
douze villages pl~cés proche de la mer ou d~ns les Isles que
forment la rivière"
(50).
Il

1
CHAPITRE
XII
LA
STRUCTURE
DE
CLASSES :
LES VARIANTES DE L1ESCLAVAGE DU SVSTEME LIGNAGER
SVSTEME
ESCLAVAGISTE
SECTION 1
LES DIVERSES VARIANTES DE L'ESCLAVAGE
DANS LE SVSTEME LIGNAGER
SECTION II
UN SVSTEME ESCLAVAGISTE INACHEVE FONDE
SUR L'AGRICULTURE DE SUBSISTANCE
LA SOCIETE NEVO
SECTION III
UN SVSTEME ESCLAVAGISTE ACHEVE FONDE
SUR L'INDUSTRIE DE SEL : LA CITE MARCHANDE
ESSIjM~i D' ASSO 1(0

1. La variante l
:
Q.~. §.Q.'~ i ê t ès
de
eetits
1~J'oer·iét.::lil~e.§. d'es,.:l.::lves soit
J. i.!.'11 i. t.P-s d;;)ns
Ù...â.e.:ll.sQ.
@..!.
lf:!.
? tl~ u.: b_ll~ e sa'.:: i .::lI e. .<B e t g..:..,
~~b;;)n), soi t
gjss~~ipé2. 9.AD~ L~ut~ lq §ociété (Kw~di~ et
~Qtile) .
.» EH ~-')J.e.-~_~
~.;!.~.
~3. ~.L9~j,g.t_~. P.3l t l~ i..1.i n é ~ i r-e b e t ~ qui. I.l t i l i. s_~
1 e..§. es,.: l~_ ~I))-'l!.~ i Tt§.t:.l:!d!llents sem i - fon •.::t i onne 1 ~;
La soc~été bete, présente, è la fin du XIXe siècle,
trois
c.::lr~ctéristiques principales.
La
première
est
que
l'escl~vage;;)
divisé cette
société
en
deux secteurs,
un secteur méridional s~ns
esclavage et
un
secteur
septentrional et orient;;)l OÙ le phénomène
des~etits propriét;;)ires a induit une différenci.::ltion sociale .
.::l -
Y.!:!.
5e•.:telJl~
di. f f él~en •.:i é
Le secteur
du
Sud-Ouest
(Guideko/Bobwe/Lobwe)
de
la
société bete,
décrite
par G.Thomann en 190~, particip.::lit depuis le
XVIIIe siècle sinon .::lU commerce soudanais des produits .::lrtis~n~ux du
moins.::lu
commerce
atl.::lntique
d'escl.::lves. Hais sauf les ~rmes, les
outils de
trav.::lil
et
les
vêtements,
les
effets
de ce commerce
étaient négligeables.
Peuples
de
ch.::lsseurs,
de
cueilleurs
et
d'.::lgriculteurs de
subsistance,
ces
peuples
sont
qU.::llifiés
de
up;;)uvres" p;;)r
r.::lpport,
d'une part ;;)UX Neyo et d';;)utre p~rt aux Bete
septentrionaux du
BogUe,
du
Gbalo
et
du Zêblé et ;;)UX Kweni.
Ils
logeaient d;;)ns
des maisons de même type,
mais beaucoup plus petites
que celles
des
premiers.
Des seconds ils n'.::lvaient ni le dyn.::lmisme
commercial,
ni
l'habileté
artisanale,
ni
la richesse en produits
d'exportation
(1;;)
cola),
en bét~il et en p;;)gnes. Aussi bien aucune
différenciation socio-économique
significative
ne
distingu~it les
not;;)bles du
reste
du
peuple.
Deux espèces de notables émergeaient
~].o.ts :__ le
guel~l~iel~ <KaneQnOTt),
r-az z i eur- et pOIJl~voyelJl~ d' es •z Lave s ,
espè,.::e La plus .::ln;.::ierine, dont \\'!;;'lTv:I;;} E,.\\st le pr-o t o evpe , et le ,'::oIJl~tie1'
<perp;;)Qnon),
relais
sur
les
pistes
de traite et que représentent
Logbo,
Anohi et Gogui,
respectivement chefs de Subre,
de Brizabwo et
de Goguibwo
;
pionnier
de
la
production
et
du
commerce
du
caoutchouc,
S~bo,
le chef d'un des vill~ges du Guezrêblé,
était une
variante du
perpagnon.
Or trois éléments compos~ient la fortune,
si
l'on peut dire,
de ces notables:
en f.::lit d'armes,. c'est le fusil
et
le cotrt e au
(9.!;'1~é), pOIJl~ vêtelllent~5 et p ar ur-e s , ,.::e sorlt des pagnes de
médiocre qualité,
des perles,
des coquilles, des morceaux de clJivre
et de
fer
;
comme
anim~ux
domestiques,
il y a
les moutons et la
volaille.
Tout
polygyne
qu'il
fut
vraisemblablement,-
W.::lnda,
le
v~ill;z\\T1t gl.Jel~l~iel~
l~éplJté
"1~i,=h(·?
tl~ait;nnt
et
•.:hef
p u t s a an t ? ,
ne
tr~nchait pas
dans
ce
paysage
socl~l. On ne le conn.::lît pas comme
pOssesseur d'esclaves.
Pour
tout
vêtement,
il
portait
comme la
plupart de
ses
conc~toyens une étroite peau de singe ; des chaînes
charge.::lient ses
ép;Z\\l.Jles.
Même le fusil
n'était p~s son privilège en
t.::lnt que
chef
le
8
février,
~ans le Sokolo,
Thomann dénombra
environ quatre
cents
guerriers armés de fusils.
Plut6t que dans la
chasse et
l'agriculture,
c'est
dans la razzia qu'il faut voir les

700
commencements d'une
e~ploita~ion des agriculteurs d'autres vill~ges
par les
guerriers.
Mais
cette
esquisse,
née
de la traite et du
merce avec
le
Soudan
et le Libéria,
n'avait pas encore produit
:~:ffets matériels tangibles dans les relations sociales efttre ceux-
ri et
ceux-l~. C'est le contraire qui s'est produit dans le secteur
;eptentrional ob
le
commerce reposait sur une production locale et
rapportait des esclaves.
Entre ce
secteur sans esclavage et le secteur ~ esclavage
du Gbalo
et
du
Zêblé,
s'étendait
un
espace
intermédiaire
qui
participait bien
par
la
production
de
noix
de
cola ~ l'espace
soudanais,
mais
qui,
parce
que
les
autochtones
eux-mêmes
ne
collectaient pas
et
ne
vendaient pas les produits sur les marchés
lointains,
est
resté
extérieur ~ une partie des conséquences de ce
commerce,
par exemple l'esclavage.
b -
Un secteur sePtentrional 9iffére~cié
La deuxièMe
caractéristique de la société bete,
c'est que
de la
multiplication
des petits propriétaires d'esclaves a résulté
une différenciation sociale en deux grandes couches.
La couche
supérieure,
couche
m~joritaire,
composée
essentiellement de
personnes
libres,
comprend deux fractions,
dont
la séparation
sera
plus
accusée
ailleurs,
et
qui
comporte une
stratification globale
entre
sexes
la
première
fraction
que
forment les
chefs
de lignages, et leurs grandes épouses,
constitue
la fraction riche:
les leka9noa.
Contrôlant les groupes domestiques
et polygyniques,
s'appropriant les dots,
les guerriers,
les devins,
les "pères
de
la
terre",
fondateurs
ou
héritiers
des marchés,
promoteurs du
commerce
de cola,
relais du commerce entre savane et
cSte atlantique
<perpaQnoa),
contr8laient
le
pouvoir
politique,
enjeu de
leur
rivalité
économique.
On
percoit chez eux,
mais en
volume limité,
certains
des
signes
extérieur~
de
richesse
que
portent les
couches
supérieures
ailleurs
vêtements
<pagnes de
cotonnade tissés),
parures
(ivoire,
perles,
cuivre,
0 5 ) ,
gros
bétail,
accumulation
d'épouses,
armes
~
feu,
greniers de vivres
(riz,
taro et ignames), de deux ~ dix esclaves au plus.
La seconde
fraction comprend la plupart des cadets,
leurs
épouses et
les
esclaves
rédimés
<exemple le prêtre Dagui Séri de
Lobia,
en
pays
Zêble).
Bien qu'on la dise pauvre,
nous verrons en
quel sens,
elle retire de la redistribution du surproduit les mêmes
avantages sociaux
et
économiques essentiels
: épouses,
instruments
de travail,
armes,
vêtements,
couverture
de
dettes et de santé,
assurance d'obsèques dignes.
Dans la société politique,
le collectif
des guel~l~iel~~i
q...~t'1l) pal~tageait le c orrt r-ê l.e du pOUVOil~, Enfin cm ne
trouve pas
une
idéologie justifiant l'hétérogénéité entre les deux
fractions,
puisque
leJ
pauvres
avaient
droit
d'être
riches
et
pouvaient le
devenir
et
puisque,
par
le
courage guerrier et la
richesse,
des gouvernés accédaient ~ la fonction de gouvernants.

701
Ce n'est
p~s
Dier
les
contr~dictions
entre
l'une
et
l'autre fraction
et" les luttes qui les révèlent ou les résolvent.
A
preuve les
ac~usations
de.sorceller~e entre aînés et c~det~, c?mme
celle,
rapportée par Zunon ~nonbo (1978:107),
dont Zoku ~beuly, a la
mort de
son
frère
Zoku Tapê,
chargea son neveu Tiebro Yê Séri,
et
que dénoncèrent
comme
arbitraire
et injuste l'opinion publique et
son guide
idéologique,
le
devin
Séri
Tade.
A preuve encore les
crises de
confiance
entre
maîtres
et
esclaves
comme
celle qui
entraîna le
suicide
et
le
meurtre
de
l'esclave-monture de Gbl~
<TapegUhe) .
La véritable
couche
inférieure
se
compose
des groupes
d'exploi~és parmi
lesquels les femmes occupent,
ici comme ailleurs,
la position
la
plus
basse
: autrichtones célibataires,
femmes s~n5
enfants, esclaves.
La troisième
caractéristique
de
cette structure soci~le
réside dans
les
déterminations
de
cette couche. C'est une couche
.inoritaire dont
les
esclaves
constituent
les
révélateurs.
En
.ajorit~ sans
conjoints,
ceux-ci
avaient peu ou pas d'enfants.
Si
des di fférences
se,::ondai l~es
dist i ngl.Jent
les
grolJpes
comp o s arrt s
(statut politique,
degré
d'exploitation,
plus
forte
chez
les
esclaves,
ces
étrangers,
que chez les autochtones>,
le statut dans
l'ordre idéologique
paraît
si
dominant
et
si
décisif
pour
la
conscience sociale
qu'il
occulte
l'exploitation.
D'un
eSté,
se
rapportant aux
ingénus,
une idéologie de disqualification attribue
les incapacités
sociales
soit
aux
sujets
eux-mêmes,
soit
~ l~
malveillance irréductible
et
extérieure
des sorciers.
Quand on ne
les suppose
pas
victimes de leurs propres parénts,
les femmes sans
enfants,
par
exemple,
sont
soupconnées
d'avoir fait un trafic de
leurs organes
génitaux
ou de leurs enfants avec d'autres consoeurs
ou confrères
au
sabbat
de
la
sorcellerie.
De l'autre eSté,
une
idéologie de
l'exclusion,
au
coeur
même
de
l'annexion
~
la
~al·entèle, jlJstifie
l' altél~~té
et
l' infél~iol~ité
ab s o Lue s
des
escl~ves, moyens
de
production
et ~ussi moyens de prestige social
qui fonctionnent comme des dons et des dots.

-----_.._.------- ..-._.. - - --- -----_._-.. _-.._--.--------
__.. .•l,-
,--~_.
;;
2. La variante
11
pes â.9,=iêtés.
de
peti tâ
E~l.:.Q.eJ.:j.:..~.t~i.r~§. d' E:t~1j!~~..2.
:àV_~-';;'
en.~l.;lves de
gl~ands
1 iqn.;l9.~?_ Pl~OP1~ iét.;Ü l~es ..:... ~été
.;lcê
et so.=iét~ pd ..îtJkt:!,!.
-» E~i§l.m.P.!...~
de
J. q
là_Q•.:: i ~t~ m.;ltl~ il i né.:::l i l:e Ç>d j 'JI'.l~'J oi.!
les. ~=l.;lv~
li_ont
ge~
i rrs t r-ume nt s
Q.!llf.!.!_f-Q,!I': t ion n e 1 s.
D.:::Ins d'.:::Iutres sociétés,
~ 1.:::1 même époque~
.:::lU contr.:::lire,
1.:::1
majorité des lign.:::lges dispos.:::lient d'escl.:::lves,
comme l'ont révélé les
six vill.:::lges
odJukru
témoins.
Toutefois,
il s'.;Jgiss.:::lit,
comme chez
les· 8ete
septe~trion.:::lux et orient.:::lux, de petite propriété de deux ~
dix escl.:::lves.
Or,
d.:::lns ce p.:::lys.:::lge soci.:::ll et historique,
il y .:::Iv.:::Iit
une minorité
de
lign.:::lges
encl.:::lvés
d.;lns
lesquels,
les escl.:::lves,
plus nombreux
et
ten.:::lnt
un rale de producteurs prépondérants,
ont
instauré des
rapports
de
production
proprement
escl.:::lv.:::Igistes.:::lu
regard desquels
les
r.;Jpports
de production lign.:::lgers sont devenus
'secondaires.
Tels
sont
les
lign.:::lges que nous qU.:::llifions de gr.:::lnd~·
lignages propriétaires d'esclaves ou lignages escl.:::lvagistes.
.
A p.:::lrtir
de
quel nombre d'escl.:::lves un lign.:::lge est-il dit
esclav.:::lgiste en
ce
sens?
Ori.;l vu les tr.:::lditions indigènes elles-
mImes chiffrer
les
possessions
qui
désign.;lient
les individus .;lU
titre de
riche.
Ces chiffres,
arbitraires d'une sociétés ~ l'.:::Iutre
et, d.;lns 1.:::1 même société,
p.;lrfois d'une fédération ~ l'.;lutre,
voire,
dans la
même
fédération,
d'un vill.:::lge ~ l'autre,
sont rel.;Jtifs .:::lU
niveau génér.:::ll
de
1.:::1
richesse sociale,
qui dépend elle-même de 1.:::1
productivité du
trav.:::lil
soc i.:::l 1
~
l'époque déterminée,
du surplus
extrait de
·l'.;Jgriculture,
de
la
ch.:::lsse
ou
de
1.:::1
pêche
et du
commerce.
H.:::Iis,
~
chaque fois que le nombre des esclaves en ~ge de
trav.:::Iiller -
or
tous
l'ét.;lient
dès
huit
~
dix .:::Ins -
excède le
chiffre correspond.:::lnt
des
femmes
et
des
hommes
libres
de
la
ccimnllJn~utéde l~ésif,ÙHICf~ p.:::ltl~ilo'=.;Jle, on peut légitimenH~nt, penS(Jns-
nous,
tenir
le segment du lign.:::lge ou le lignage pour escl.:::lv.:::lgiste -
Or,
f.;Jute de statistiques précises sur la tot.:::llité des hommes et des
femmes des
communautés
de résidence,
les données fr.:::lgment.:::lires des
table.;Jux d'hommes
riches,
rel.:::ltives .:::lUX épouses et .:::lUX enf.:::lnts des
seuls chefs de lign.:::lge permettent des hypothèses de trav.:::lil.
Escl.;Jv.;Jgistes en
ce
sens
ét.;Jient
les
segments
de
p.;Jtrilignage ou
les
patrilign.:::lges
Kweni
de
plus
de
cinqu.:::lnte
esclaves,
les
hommes accumul.;lnt le m.:::lximum de femmes qu'une société
1 igrl.:::lgèl~e de
1 a
z o ne
pOt
ac cumu 1 el~
p a t r- i.l i gn':.lge du !.r:.Q';;.i!.t::L de
e.:::lndi.:::lhi,
Bognon-bi-Hirihe,
époux
de
30
femmes
et
maître de 60
escl"lves,
p':.ltl~ili.gn'::'lçJE~
du
.t.rêzjln
de Guni."lrd.,
L.::.lo-bi-Tl~O, p o Lv qv ne
.:::I1Jl< 38
femmes et m'::'l'ïtl~e de 90 e s c Lave s ,
p;'.'ltl~ilign.:::lge du t:I~~;;;.~.",1.!:!, FIJ..::.l-
bi-e.::.llo,
marié
~
1~
femmes
et
prcpriét.::.lire
de
80
esclaves.
Escl.:::lv.;lgistes de
même'
les
p..::.ltrilign.:::lges abê possesseurs de trente
es,=l.:::lves de HC>l~iê (~t df.~ Cf.~dÜ : p.::ltl~ili./JT·I·:::l~V~ OI:obQ_~Q-d.j.fL
di.l~i-::Jé p;;'ll~
OdJ.::.lpo Deci,
époux de 12 femmes,
père de 22 enfants,
et maître de 30
es,:l.:::lves,
j:>-:ltTiJ.i.gn;:'ll]f.~ 8..ffi,.5l dont ét.::li,t I.~h,~f IÙJ.::'ldi.c> Lk p e , Ill~.ll~ié ,~.l 1~)

:t"
703
femmes,
père
de plus de 60 enf~nts et propr1et~ire de 30 escl~ves ;
nO'JS 'supposons
d~rlS
'~es
c as
qlJe
'l~
t:>lIJp~l't
des fils et filles
et~ient pr~productifs
et
cert~ines
des
épouses
dispensées
d'ac~ivit~s productives.
Escl~v~gistes les m~trilign~ges od.iukru de
plus de
vingt
escl~ves
des
vill~ges d'Arm@b@ et d'Aklodj-A et B,
d~ns une
.société
o~ l'~ccumul~tion des femmes pr~sente une densité
plus faible
que
d~ns
les
sociétés p~trilin~~ires bete et kweni
;
matrilignage YuYu-l~
d'Otch
Veble Adangba, crédité de 3 épouses et
de 60
escl~ves, matrilignage Missabo-la dont ~tait chef Kpami Esso,
~poux de
5
femmes
et maître de 20 esclaves, matrilignage Vanka-la
dirigé par
Breswe,
polygyne ~ 7 ~pou$es et propriétaire de plus de
:0 esclaves ; avec 60 esclaves les m~tl'ilignages de Mbaw de Dibrm et
d' Oga de
e·od'J,
dorlt
nOIJS
igrlol"ohS
nlalhelJre'Jsement le rlonlbl"e des
~poYses, devaient
vr~isemblablement appartenir
~ la catégorie des
lignages esclavagistes.
Lorsqu'on examine
la
str~tific~tion
interne
de
ces
li~nages, on
constate
~
quel
point les notions indigènes etaient
r~~uctrices. Elles
ne
font
nul
cas
des
escl~ves,
quand
elles
opposen~ les
riches
et
les
pauvres, ce qui nous ramène ~u fameux
par.ado:<e du
p~l"ent
pauvre. Sont di tes pa'Jvres les pel"sonrles 1 ib,"es
qui, d~poYrvYes des moyens d'accès institutionnel au titre de riche,
po~sèdent né~nmoins
le
droit
,
cette promotion. L'homme libre et
pauvre fait
donc
partie
de la même catégorie logique et politique
d'hum~ins que
l'homme
libre
et
riche.
Quant
,
l'escl~ve,
l~
classification l'exclut des catégol"ies de riche et de pauvre en tant
~ue celles-ci
tr~itent
d'~ctes
économiques insépar~bles du statut
politique. Valeur
d'échange
~
l'origine,
valeur
d'usage
qui
fonctionne comme
moyen
de
production
et de reproduction,
tout se
p~sse comme
si
la
lutte que l'esclave mène en genéral s~ns succès
pour ~ccéder
~u
statut d'une personne plénière, s'assimilait ~ une
lutte pour
le
statut
du
"pauvre".
Cette
vue
idéologique de la
richesse et
de
l~
pauvreté
inspire
un
double
découp~ge' de l~
soci~té. On peut se représenter deux couches différenciées : une des
hommes }ibres
subdivisée
en riches et p~IJvres et une des esclaves.
Telle ét~it
la strIJ'.:bJI"I;LSE!';I:md~~I"~_de}~so,.:iété bete,
telle ét~it
l~ structure
principale
des
sociétés
bdJukru,
kweni,
'~ll~di~n,
kw~di~ et
~b@.
Loin
d'être
tot~lement
inex~cte,
cette
cl~ssific~tion, pour
la
structure
secondaire
dont
nous
nous
occupons, occulte
le
double clivage socio-économique qlJe cette vue
tr~hit:
clivage
entre ingénus et esclaves, clivage entre ingénus.
Trois cl~sses,
nous
senlble-t-il, se dessinent en f a i t ;
une cl~sse
superieure, celle
des
négociants,
hommes
riches
et
hommes
de
pouvoir,
une
classe
inférieure,
celle
des
esclaves
séparés des
moyens de
production
et
instruments
omnifonctionnels
des
commun~utés, et
une
classe
intermédi~ire, celle des cadets et des
escl~ves rédimes,
plus
ou
moins agents de commerce au service des
négoci~nts. Considérons ici l'exemple de la société odJukru.
a - La ,.:lasse
J
F'1"Opl"iétai l"es d!esclaves,
polygynes
contrSlant
un
des
groupes plus
ou
moins
import~nts de dé~end~nts directs,
d'alliés,
voire de
clients
les
négociants
se distinguent comme promoteurs
d'éch~nge p~r
la'
place
qu'ils
occupaient
d~ns
les
rése~ux
du

lCI::"
COMMerce ~ long'..Je di stan•ce . S' Y 1~€~tl~ouveT'Jt de s c e ndarrt s de fond;;'lt€nl\\~s
desvill~ges
(wus-es-êl) 1
guerriers,
devins,
hommes
nouve~ux,
princip~lement des
chef~
d~
lign~ge
~t
leurs
gr~ndes
é~ous~s,
b~n~fiCl~nt de
l'explolt~tl0n
11gn~gere
et
de
l'explolt~tlon
esclav~giste, ~vec
ou s~ns ressource tribut~ire. Outre lesescl~ves
êt les
.pouses,
la
cl~sse
dispose des signes de reconn~iss~nce :
~roupe~ux de
bovins
et
d'ovic~pridés, greniers,
maison sp~cieuse,
armes ~
feu,
obsèques
gr~ndioses
m~gnifiées
p~r
l'immol~tion
d'escl~ve. La
richesse
f~it
des
négoci~nts
nécess~irement
des
dignitaires ~u
pl~n
socto-politique,
des Grands hommes,
selon les
Odjukr'u,
entité
~ Laque Ll e cor-r-e s oo nd au s s i
le mor ~bê vift-vi.. F'~l~nli
les cl~sses
d'~ge,
l~
classe
d/~ge
l~égnante,
celle qui détient
l'au~orité suprême,
était toujours une cl~sse de Grands hommes dont
la cl~sse
des m~chettes exécut~ient les décisions.
Elle contrale l~
guerre comme
la
paix
du point de vue idéologique
(ratification et
b4nédiction des hostilités>, du point de Vue économique
(protection
·des -.archés·,
~pprovisionnement en~rmes et en munitions, p~iement
des rancons),
du
point
de vue politique (conclusion de la paix et
des pactes de non-agression>.
On ne
peut
nier
une conscience de soi ~ cette classe.
A
l'échelle de
la
société, voire de l~ l~égion la notion de négociant
ne désigne
pas seuleMent un groupe soci~l et les pr~tiques qui font
sa spécificité
et
son
unité,
cette
cl~sse
~ inventé un mode de
reproduction et
une
barrière
c'est
le
recrutement
et
l~
consécr~tion de
nouve~ux
membres
par la fête de la fortune,
c'est
l'impératif c~t.gorique
de
l'immol~tion
fun.raire
d'esclaves.
Premiers interlocuteurs
des explor~teurs fr~nc~is (Mb~w de Dibrm et
Hat~fw@ de
Tukpa
en
pays
odJukru),
ces négociants donneront les
premiers ~dvers~ires de l~ pénétr~tion coloni~le.
Tot~lement différenciés
des
négoci~nts,
les
escl~ves
~·.::ënst'itùent l~
c La s s e prod'J/:::tive-pl~in/.:::ip~le,
d':..ms l' ;;,lgl~i/':::l..lltur'e. la
ch~sse,l~ cueillette et le service domestique,
sinon le commerce et
l'~rtis~n~t. Moyen
de
production,
moyen de prestige,
vou~ ~ le cas
éché~nt.
l~
stérilisation symbolique et •
l~ glorific~tion,
c'est
l~ classe
l~
plus
exploitée.
Son
homogénéité
réside dans cette
exploit~tion, dans
son
extr~néité
ethno-culturelle,
d~ns
sor
inclusion et
sa
subordination
politiques
et
dans l'idéologie de
l'~ltérité qui
sanctionne
s~
différence.
L~
principale
couche,
domiciliée g~néralement
dans
les
campements,
. t a i t
affecté

l'~griculture de
subsist~nce,
au
service
domestique
et
au
gardiennage du bét~il, Ici et 1.,
la condition des hommes était plus
valorisée que
celle
des
femmes,
sauf lorsque la contubernie et le
m~riage les
~vaient
promues.
Tout
révèle
que
glob~lement cette
cl~sSe ne
s'est
pas
résignée

sa situ~tion, même si la révolte
collective a
été
une
exception.
Evasions
multiples
~près
la
colonis~tion, délits 'd'adultères
très sévèrement punis,
tentatives
~ meIJrtr€~,
I.:::es pl~ote<.:;t"ltj.ans
~ltt€~:;tent l' ant8gonisme j.nhél~ent ~.l '..ITI
système où maîtres et esclaves ne se confond~ient pas.

'--'~'-T,7-~~'--'- ---
.:-
Cette cl~sse est composite,
compren~nt personnes libres et
esclaves rédimés
qu t
ont
fenlmes
et
pal'fois
en f an t s .
TOIJt
en
particip~nt ~
l'agriculture
et
~ l~ cueillette,
elle occup~it une
,place centrale
dans
l'~rtisanat
et
dans
le commerce auquel elle
fourniss~it ses
~gents.
Exploitée
p~r
les
négociants,
elle
b~n~ficiait de
l'exploitation
dont
le
gros
des
esclaves
était
l'objet. Ses
c crrt r-ad i c t Lo na intel'nes l'eposent SIJI"' son hétér'ogénéité
sociale (les
personnes libres comme fils ou neveux naturels étaient
les héritiers légitimes des sièges ou des trésors des lignages>,
sur
ses di f fér'en,.::es
de
statlJt
po 1 i t i (l'Je
(les
personnes 1 i bres c omme
autochtones avaient
l~
citoyenneté
pléni~re,
les
escl~ves
sauf
exception, une
citoyenneté ~mputée), sur leur statut idéologique
(~
i'idéologie qui,
derri~r~
les
distinctions eritre riche et p~uvre,
grand et
petit
homme,
réaffirmait
l'homogénéité
de
toutes
les
personnes libres,
s'oppose l'idéologie de l'escl~v~ge qui postule la
spécificité des
esclaves
en
fais~nt
primer
leur
c~r~ctère
d'instrument sur
celui
de
personne>.
De ces contradictions et des
luttes qu'elles
ont
induites
nous
trouvons tr~ces Jusque d~ns la
société contemporaine.

706
3.
La variante III
:
Des ~to'.::iêtés
de
eetits
er:.Q.I~Tiétail~es
d'es,;:I;;.lVes
§tv~!;_
en,;:l·:t't..g§, de
~.;Q[ll!!!.!::!..~_~. flÉ_,.::la_~SllJisj:es -'- la sO';:iétê, !~"1.~.l:Li_ ~tt
!.~ so'.:iété alladi.SlI..!.
.,. E:'@nlelji
1..:.EnloKw~
~t
ge.
e.o,.9o-Lad..J.S!.
da!L~
la
§.Q.,.:iét~
a lla.9ian
Nous nommons
communes
esclavagistes
les
villages
souverains qui,
au sein de sociétés encore lignagères,
dominées par
la petite
propriété
d'esclaves se caractérisent par une production
dans laquelle
les
esclaves occupent Une place et Jouent un raie de
producteurs prépondérants.
Si
le secteur septentrional de la société
.kweni a
,,::oMpté
pt~obablemer,t· de
-t'e-rle-!t--".:onlnl'JneS,
,;:ependarlt del.J:·~
co••unes de
la
société alladian sur lesquelles notre documentation
est précise illustreront ce cas:
c'est Emokwa
(Jacqueville)
et Bodo-
Ladja <Grand-Jacques).
Dans •.:ette s t r-uc rur-e se'.:ondail~e de la s o •.:i.été
alladian, nOl.lS
disting'Jons comme d;;lrls le e as odJUK1"IJ,
t r-o i s
•c Las s e s
: one
classe
supérieure,
celle
des
négociants
compradores,
une
cl·asse inférieure,
celle
des
e s c 1.'!Ives,
ftlanoe'Jvt~es du c omme r c e et
i'n'Sltru.ent"s oMnifonctionnels,
et
une
classe
intel~médiail~E':.'
d'extract"ion libre
et
d'extraction
servile,
celle des pêcheurs et
agents de commerce.
a -
La
'.::1 asse
sueêd.eIJl~€i
_ Jes D~9o';:i;lTIt~ ~1l1eJ..::.JQQJ:~"L..
ahandjl~ê-bo
La classe
des
grands
propriétaires
d'esclaves
qui
composent ces
COMmunes
a
pour
particularité d'être Une classe de
négociants compradores,
c'est-~-dire
associés et soumis au capital
marchand étranger,
le
capital
européen.
En
constituent le noyau
dominant les
descendants
des
lignages fondateurs qui détenaient le
pouvoir politique
Neuba
Diakotie,
du
matrilignage
des Bodo ~
LadJa,
Adje
Bonny,
du
matrilignage
des
Mambê ~ Emokwa.
Vient la
,,::ou'.::he élargie
des
hommes r t che s
-
r,kUi -qui ont donné les pl~euves
de leur
puissance
économique
et
ont
recu la consécration socio-
politique.
Chefs
de
lignages,
grands
polygynes,
possesseurs
de
troupeaux et
d'awoba,
logés
dans
des
maisons
~
étage de style
moderne,
les
uns
et
le~
~utres
vivaient
de
trois
sortes
de
ressources:
d'abord
les
t~xes
imposées
~ux
navires et à
leurs
équip~ges et
les
commissions
versées pour l'activité de courtier,
ensuite les
prestations
auxquelles
fils
et neveux étaient soumis
d~ns le
c~dre
des
rapports
lign~gers,
enfin
l'exploitation des
escl~ves. Tiennent
étroitement
de
ces de~x couches,
d'une part le
groupe des
brindre-wron,
élites des neveux ou des fils de femmes en
g~ge, préposés ~ la succession des chefs de lignage, et d'autre part
le groupe
de
grandes épouses
(exemple celle de Neuba de Bodo-LadJa
que décrit Fleuriot de Langle).
Libérés totalement de la production,
les négo,~iants
s'apP,.liqu;:)ient
<'ll.m
;Jffail~es politiq'Jes : politique
des échanges
avec
les
Européens
et
les
Africains ~ontinentaux,
politique matrimoniale
de
leur
lignage
sur
le
littoral
et
le
continent,
politique des relations avec
les autres communes et de
l~
commune elle-même.

707
La ~ons~ien~e
de
soi
de
cette classe n'est pas lisible
seulement dans
le
mode
de
re~rutement qui apparente celle-~i aux
classes supérieures
odJukru
et
abê,
elle s'est manifestée tout au
long de
la
seconde
moitié
du
XIXe siècle dans les luttes menées
Gu~our de
la
Lagune
Ebrié ~ontre les tentatives des Francais pour
dépouiller les
peuples
~8tiers du monopole du ~ommer~e. On peut en
voir un
autre
indicateur
dans
le
se~ours qu'AdJe Bonny d'Emokwa
apporta en
1890
aux
autorités de Bodo-LadJa,
lorsque les Francais
at~aquèrent et
bombardèrent
cette
~ommune
en
lui infligeant une
amende de 25.000 F.
Des ~ontradictions
naturellement
ont
travaillé
cette
classe. Elles
opposaient
entre
eux
d'une
part
les
lignages
(Bombro/Bodo '~ont\\~e
Avar"e-Kitr"ava Jll E?odo-LadJ.:l?
et d' ~\\'.It\\~€~ pa\\~t les
villages <Emokwa
~on~re
Ladja) .
Les
rivalités
économiques,
explicites dans
la
politique
des hameaux et la multiplication des
mariages avaient
pour
enjeu
le
pouvoir politique.
En ce sens,
le
secours de
Bonny
~
Hbwa
DJragu
de
Bodo-LadJa et qui aboutit au
transfert de
pouvoir
de
LadJa
Jll
Emokwa
et
Jll l'extension de ce
pouvoir sur
l'ethnie
n·atteste
pas
seulement
l'alliance
des
fractions de
classe
dans
une
crise
d'origine
étrangère,
elle
confirme sur
le plan politique une suprématie é~onomique avan~ée de
la ~ommune
esclavagiste
d"EMokwa sur la ~ommune de Bodo-LadJa,
et,
dans ~ette ~ommune d' Emokwa,
la suprématie du matrilignage Mambê sur
le matrilignage Kaku.
b -
L;;.\\
ç:lasse
j. nférie'J1:.~
__ }e..§. ~.?,~l~LY..fL~..:.. m:~::lV\\:g.?. dlJ
~!l\\mf~\\~'~e
La classe
inférieure
dont
l'exploitation a
Joué un raie
capital dans
le développement de la ~lasse ~ompradore est celle des
esclaves en
tant que manoeuvres du ~ommerce. Sa fraction principale
était celle
des
hameaux
en
saison
sè~he,
elle
assumait
le
transport des produits entre le continent et le littoral
; en saison
des pliJie-s et en sa i son sè'.::he,e Ile p our-vova i t
1es '~OIJ\\~S des maîtl~es
en biens de subsistance (vivres, gibier,
vin de palme ou de raphia) .
Au village,
dans
les
cours
des maîtres,
la fraction secondaire Jll
laquelle il faut Joindre les gagés subvenait .:lUX t~ches domestiques,
Jll la
fabrication de sel,
au gardiennage du troupeau,
~ la garde des
magasins et
aux
opér.:ltions
d'embarquement
et
de
débarquement.
Instrument omnifonctionnel,
elle
donnait
d'une part des forces de
reproduction aux maîtres selon différents modes et, d'autre part des
objets aux
immolations
funéraires.
Evasions et crises de confiance
attestent que
cette
condition
n'était
pas
de
tout
repos
et
totalement acceptée.
Entre ces
deux
premières classes se trouvent la majorité
des cadets et les escl~ves rédimés <régisseurs des hameaux, chefs de
la milice~ avec
leurs compagnes,
femmes unies en concubinat).
A eux
la production
principale
<la
pêche
en
haute
mer,
l'artisanat,
l'agriculture)
et
la
direction des échanges en tant qu'~gents. Ils
bénéfici~ient de
l'exploit~tion de
la
classe
inférieure en même

708
t~pS q'.J'ils
subiss.;:lient
ew·:
au s s i
l'e:·:ploit;;Jtion.
Une
'4~férenci.;)tion se'~ond.;:lil~e
SIJpel~pOse
i.,~i
êg"illenlent les Ld br-e s
aux
e:.:~l~ves, les
pr'emiel~s,
pr'éposés
~
1;;)
suc':ession
des
,:hefs de
'ljgnage,
bënéfi,:i;;mt
d'un
st<!ltUt
pol i tiqlJe
et
so,:io-ê,:ononlique
.üptt'r i elJl~ .
O.;)ns 1.;)
société
neyo,
c'est cette structure de cl.;)sses,
secondaire en
pays
odJukru,
.::Ibê,
kweni
et
.;:lll.;:ldian,
que
nous
~rolJvons domin;;Jnte,
m;;Jis en quelque sorte in.;)chevêe.

"t/'A ......d'...
te,
st.
~~~.t~r;:·-~if~~~~,~
,,_,..;:..::r..-,L-."--;",,-"""'-
"
......,....IIII!I_-'---------w-.1J.1<.,~ ......-~---.....~-'--
J'.
-
7(J9
SECTION
II
UN SVSTEME ESCLAVAGISTE INACHEVE
LA SOCIETE NEVO
Trois cl~sses
structurent
la
société
neyo:
une cl~sse
sup~rieure de
négoci~nts
compr~dores,
une
cl~sse
inférieure
d'escl~ves ~gricoles
et
entre
les deux,
une cl~sse intermédi~ire,
celle des· p~ys~ns-ouvriers migr~nts.
1. L~
cl~sse
perp;lQnOa
Ce~te classe
comprend deux couches.
L~ premlere est celle
des chefs
des
patrilignages
que
symbolisent Gneb~ Beugré,
Ni~dre
Grah, Gui ta-Moni,
Kri fo
et
Ojene
Z~go
(Bokr'ê).
Diodiome
GI~;Jh
(Kadrokpa).
Awura
dit
Brake
(B~ss~),
Derl~i
Beugré
(Niega).
Constituent l~
deuxièMe
couche les puînés et les hommes de m~in de
ces chefs, étroitement associés ~ux ~ctivités des premiers
: un Bidi-
kri, qui
Jou~ ce raIe ~uprès de son oncleKah ~v~ntde le·rempl~cer
~ s~
mort
~ la tête de l~ m~ison Rider,
un Kwi Dogo,
le br~s droit
de Gneba
Beugré.
A
l'une
et
à
l'autre couches se r~tt~chent les
grandes épouses,
gardiennes
des
greniers
et ~dministratrices des
colonies d'escl~ves.
Dêux
fonctions
unissent cett~ cl~sse : d'une
part,
le contrale des producteurs
(femmes,
escl~ves, enf;lnts)
et des
moyens de
production
(terres,
e~ux, pirogues,
~rmes ~ feu,
~rgent),
d'autre p~rt, l~ préserv~tion du monopole du commerce qui s'effectue
entre le
système
c~pit~liste
européen et les systèmes lign~ger et
tribut~ire ;lfric~ins.
Qes l~eSSOIJI",.::es
de
s ix
r..roverl~n':::es· - ·~ssl_n~~ieft-t--- ~,~
reproduction en t~nt que cl~sse : le surproduit de l'agriculture des
h~me~ux. les
prest~tions
des
fils
et
des
neveux
d~ns le cadre
lign~ger, les
revenus
des
émigr~nts,
les
produits des exactions
commises sur
l~
popul~tion, les commissions et les pots de vin des
m~rch;lnds européens.
On r-e t r-ouve
,.::hez
1 es
ee~:e.:=l.9..D.9..i!.
1 es
mêmes
modes
d'identific~tion qu'en
pays
~lladian
les
nombreuses ~lli~nces
conclues ~vec
les
peuples de ~'hinterl~nd, la soumission ~ tr~vers
les f;lctoreries ~ des c~pit~listes europ6ens,
les gr~ndes réceptions
où l~ gin coule ~ flot.
Si on ne leur connaît ni les demeures v~stes
de type
p~l~ti~l,
ni
les fêtes de la richesse caractéristiques des
classes dirige~ntes
abê et ~ll~dian, les hommes riches neyo ~vaient
pour les
singul;lriser,
un
mode
de
glorification
fondé
sur les
5 1J r n oms
nlultiples
)e ~-:.i~i~_!l..U.~. En définitive,
,:'est La '.::ons,:ien,:e
de l'unité,
et
de
la 5upériorit6 de cette classe que les Neya,
en
génér~l, ~ffichent à l'égard des peuples de l'hinterl~nd, lorsqu'ils
les tr~itent non seulement de peuples pauvres et barbares aux moeurs
violentes,
mais
encore
"de
peuples
d'esclaves,
c'est-~-dire de
peuples fournisseurs
d'esclaves,
ce
qui
est
vrai,
et de peuples
condamnés ~
servir sous la domination et l'exploitation,
ce qui est
el~l~oné .
'"..;a.
'.

,l'
710
L~ domin~tion
de
cette
cl~sse
et
l'effic~cité
de son
oeuvre d'exploit~tion
n'ont
p~s
été s~ns difficulté comme nous le
verrons'
propos
des ~utres cl~sses. Elles ne purent être ~ssurées
que par
l~
surveill~nce
des h~me~ux ,
l~quelle ét~ient commis les
gr~ndes épouses
et
les régisseurs,
p~r des s~nctions plus ou moins
sévàres'
l'ég~rd
des délinqu~nts de délits sociaux
(adultères)
et
de délits
économiques
(appropri~tion du produit du tr~vail) et p~r
un contrale sévère de l'émigration de l~ m~in-d/oeuvre.
Hais l'unité de cette cl~sse n'est p~s allée non plus sans
contradictions.
L~
rivalité économique -
celle qui vise,
~u-del~ de
l/Ek~h~nge, ';:..lSSIJl'el~ alJ:{ e..el~pa9no.!f! l'~PP1'Opl~i~tion d'une p l u-s gl~~nde
masse de
forces
productives
ét~it
un moment et un moyen de l~
str~'Fégie politiq'Je,
IJn
instrlJment" de l'hégémonie po I r t t que . A'Jssi.
bien ~-t-elle
opposé
d'abord
les fl~a,.=tions ethniq'Jes
:
les ~.;bok@
(de S~ssandra) 1
m~îtres
du fle'Jve,
et les Kebe
(dlJ gl~oupe Dl'ew i n) ,
m~îtres du
littoral
occident~l,
voie
de
pass~ge
des
b~teaux
m~rch~nds. Elle ~ opposé ensuite les villages:
les guerres internes
à la
confédération
des
Gbokr~
en furent une illustl~~tion. Elle a
'opposé enfin les lign~ges et les i~dividualités dirigeantes de ceux-
ci. Là
ob
l~
contr~diction
économique
est
en
même
temps
contr~diction politique,
la lutte pour l'hégéMonie dev~it se dénouer
sur le terr~in politique.
L~ colonis~tion .a précipité le temps de ce
dénouement pour
la
classe
compr~dore de la fin du XIXe siècle.
La'
fr~ction l~
plus
engagée
politiquement,
celle de Gneb~ Beugré,
a
pris, en
l~
circonst~nce,
le
parti
de l'indépend~nce du Nihiri,
p~rti correspond~nt
~ux
exigences
du
monopole
du commerce et de
l'autonomie économique,
en s'attaqu~nt ouvertement ~ l~ pénétration
franc~ise. En
décel~nt
dans
l~
fr~ction
adverse,
celle de Djené
Z~go, une
fr~ction
dont les intérêts converge~ient ~vec les leurs,
les Franc~is ont tr~nché par la force en faveur de Djêné Zago.
Or,
qui
dit
force
en
un
lieu
énonce
dialectiquement
faiblesse en un ~utre lieu.
Parmi les racines de cette f~iblesse, il
ya~
nOIJS
semble-t-i l,entr'e alJtres,
l' ét~t de développement df~ 1.;)
cl~sse des escl~ves ~gricoles.
2.
L-7,!.
'.= l-illi§...~.
j. n f ~l' i elJl'e
_ !_~~ e s c 1 ~ves 1 ~91",-i ,::u1 t~!::!.r:...Si df.~
subsistaD~ ~ ~QYYQ
L'homogénéité relative
de
cette classe réside dans trois
ordres de
critères.
Des
critères
d'ordre
m~tériel
ay~nt des
h~bit~ts sép~rés
de
ceux
des
m~îtres,
la
plupart
des escl~ves
étaient relégués
dans l'~griculture, princip~lement de subsistance.
Des critères
d'ordre
culturel
: d'ethnies étr~ngères tous,
ils ne
partage~ient p~s
directement les coutumes neyo,
même si la majorité
d'entre-eux,
les
Bete,
conservait
une
p~renté
linguistique
et
culturelle avec les Neyo,
et même si la formation sociale neyo était
indivisible,
en
son lointain ~mont, de leurs origines. Des critères
d'ordre idéologico-pol\\tique
:
exclusion et domin~tion politiques,
déché~nce idéologique
et
m~~ale
~ccomp~gnent et
p~rfont
cette
homogénéité sociale.

--~
~.
,7
71.1
Ce n'est p~s que cette cl~s5e ne conn~isse l~ division,
~u
'è·ontr~ire. L~
nlul tipl i,.::i té
des
miilîtr'es et des l''ésiden''::~s ''::l''ée une
premièr'e di vision
d' or-dr-e
so,.::io-mc)l"phologiq'Je.
L~
di vel"S i té
des
origines ethniques
et des cultures en i;ljoute une deuxième,
~tténuée
~eulement, 1.
ob
les
h~me~ux bénéficient d'un regroupement • b~se
linguistique.
On
peut voir enfin d'~utres divisions entre les Bete,
ethnie prépondériilnte,
et
les
~utres
escl~ves,
entre les hommes,
groupe toujours et p~rtout domin~nts, et les femmes,
enfin entre les
chefs officiels
de
h~meiilux
et le reste des escl~ves. Et l'on doit
ajouter les
effets du p~tern~lisme qui veut ~tt~cher les escl~ves •
la personne
des
m~îtres
s~ns
que
les
discrimin~tions ne soient
totalement ~bolies.
Ces divisions étiilient ~~~ezfortes ~ l~ fin du XIXe siècle
et iilU
début
du
XXe
siècle
pour
empêcher
l'~PPiilrition
d'une
conscience unitiilire
de
cette
cl~sse
productive
princip~le.
Les
luttes qu'attestent
des indices sont ou individuelles ou.loc~les et
restent circonscrites
b
l'ordre soci~l (CiilS des ~dultères ~vec les
,épouses des
maîtres>,

l'ordre
économique
(exemples
de vol ou
d' appf'Opl" i, iiltion du
prod'.Ji t
du
tl"~v::li1) ,
et
J!l
l' or-dr-e sVmbo 1 i que
(présomption de
sorcellerie>.
Les r~res formes de lutte politique,
les évasions,
ont
été
également
individuelles
ou limitées ~ des
groupes restreints.
L~
conscience
collective
dont
nous
avons
connaiss~nce p~riilît
~insi
loc~le et circonstancielle,
limitée ~ un
groupe domestique
ou ~ une commune.
La révolte,
survenue. Lateko b
la suite
d'une
guerre,
atteste
bien le c~r~ctère ~ntagoniste des
rapports entre
maîtres
et
escl~ves,
mais ni elle ni aucune autre
re.uction ,.::olle,.::tive
n'ont
débol"dé
le
vilhlge
pOIJl"
~tteirldl"e!::!.!l
9bini,.
fortiori
une
confédér~tion.
Il eut fallu l'~ction de la
longue durée
pour
éroder
ces
divisions
En
~ttend~nt,
entre ces
esclaves et
leurs
maîtres
Jouait
un
groupe
tampon
:
les Bete,
fraction majoritaire
des
hameaux,
app~rentés aux Nevo sur le plan
ethnique et
socio-culturel.
Economiquement
exploités,
ils
p_-9.rJ:i'.::ip.;lient.iqéologiqIJement. d"Jne
,.::el"taine
manièl"e. la ,'::IJlbJl"e
des maîtl"es.
S'ils
ne
tr'oIJv~ient
pas
dans
le·s·
,"e-lations
de
production de fortes raisons de se révolter,
l~ l~ngue et la culture
leur en
donn~ient
quelques
unes
pour
fraterniser avec les Nevo.
Actions de
la
longue
durée,
c'est-~-dire
jeu
des
facteurs
d'homogénéisation qu'étaient
par
exemple
la
miscégénation,
l'extension du
newole,
la langue des Nevo,
les échanges commerciaux
et l' exp arrs Lo n
des
mêmes
habi t ude s
de
co ns omma t t on ,
,::.eut-êtl"e
l'influence des
esclaves
migrants.
Le
temps
qui
a
manqué
~
l'institution pour
se
consolider,
c'est le même temps qui a manqué
également.
Gneba
Gbeugré,
l'unificateur.
En tout c~s,
f~iblesses
dans le combat des escliilves eux-mêmes pour liil rédemption,
sinon pour
l'affr~nchissement, ces
divisions
constituèrent une faiblesse pour
l~ société
politique
dont
les
esclaves formaient des instruments
armés en cas de défense.
J.
3.
L;zj c l a-llillt i n tel" nIé d j. ';'1 i X:g .; L~~..2. r:~-:!..Y.s ';'lT·I_~.J.Y-'" i. e r:s.!. V.l.t.9X'..:'1J"1 t s_
Entre ces
deux classes nettement antagonistes,
une classe
est intermédiaire,
une cl~~se productive secondaire.

712
Intermédi~ire, elle
l'est
d'~bord
p~r
l'origine
contr~dictoire de
ses
membres
rel~tivement ~uKpremières cl~sses.
D'un cat~,
des
personnes
libres,
de
sexe
m~sculin
et
de sexe
féminin,
dont be~ucoup, filles,
fils et puîn~s, sont des p~rents des
chefs des
lign~ges; de l'~utre cSté, des escl~ves de sexe m~sculin
et de sexe féminin.
Hais interm~di~ire, cette cl~sse l'est ~ussi p~r
son triple
~ncr~ge
dans
les
r~pports
de
production
m~rch~nds,
lign~gers et
esclav~gistes.
Ce sont les c~dets p~rents, les c~dets
apparent~s et
les
esclaves
de
bon ~loi qui,
p~ys~ns ~ l'origine,
émigraie.nt '~omme OIJV1~ iel~s tempOl~~il"es,
puis l~edeven~ient p avs ans , en
attend~nt la
saison
et
l'occ~sion
de
reémigrer.
H~is
pays~ns
tempor~ires, les ouvriers migr~nts pouv~ient, s'ils ne p@ch~ient p~s
ou ne
chass~ient
p~s,
~ccomp~gner les femmes et les enf~nts, d~ns
____les...t~,~hes~gl~i,~oles
qu i
êt~ient
les
leIJl~s.
Cette
fon'~tion de
prodl.lctelJl~S se'.::ond~il~e5, é·~h'Je ~ ses menlbres, l~~sidi;jr..t t.ilj~.~ vill~ges,
voi~~ les
premiers critères de l'homog~néité de cette cl~sse. Ainsi
par la
doub Le
''::OOpél~~tion
(JI.I' apport"~ient" les
fenlmes d' une p.::Irt et
les ouvriers migr~nts d'~utre part,
les esclaves ~gricoles n'ét~ient­
ils pas
les
producteurs
exclusifs de l'agriculture vivrière,
leur
. fonct"ion se
tl""ol.lvai t-elle
rel~tivisée
,.::' est en ,.::e sens que nolJS
caractérisons l~ société esclavagiste neyo comme in~chevée.
Le delJxiènle
c r t tère,
''::l~i tère
d' or-dr-e
s oc i o-rp o Ld tiq'Je,
c 'est l'~ccès ~u déb~t politique. Les escl~ves-ouvriers tempor~ires
qui r~pport~ient
un revenu ~ leurs m~îtres se trouv~ient tot~lement
rédim~s p~r l'émigr~tion, p~r l~ vie s~l~riale et p~r l'octroi d'une
compagne.
Ainsi pouv~ient-ils ~voir p~rt,non seulement ~ l~ guerre,
mais encore
~
l'~ssemblée
politique
de
toutes
les
instances:
lign~ge, qIJ.;JI~tiel~,
vill~ge, sinon 9,bini. Tl"oisième ''::l~itèl~e, '.~l~itèl~e
idéologique:
~
cette
classe
vill~geoise (comme d'autres cl~sses
sont dites
urb~ines,
mut~lis
mut~ndis),
classe
dont be~ucoup de
membres m~les portent la distinction d'~voir navigu~, d'avoir visité
des villes loint~ines et de participer déj~ ~ un mode de vie future,
un sentiment
était
commun et domin~nt, le sentiment de supériorité
-- -- sur--les
es,.::laves
•cu l t t v atelJ\\~s
des
h~meaIJ~<
et, dans une '.::el~t.;Jine
mesure,
des négoci~nts qui n'ont pas connu l'~v~nture.
Cette contradiction,
sous
l~
couleur
culturelle,
est
ég~lement soci~le
et économique.
Ces
"évolués" de l~ première heure
constitu~ient une
~utre
cl~sse
d'~lli~s
pour
les
c.;Jpitalistes
europ~ens;
~
ch~que
migration,
par les biens domestiques qu'ils
ramenaient,
ils
deven~ient,
pour
un
temps,
plus riches que leurs
~înés, Jusqu'~ ce que prestations et distributions ostent~toires les
eussent rétablis
d.;Jns
leur
médiocrité
antérieure.
En même temps
qu'instruments de
la consolid~tion du pouvoir des chefs de lignage,
s'ils étaient
soumis
comm~
ils
l'ét~ient
en
g~nér~l,
ils
représent~ient un
double
danger.
Au pl~n soci~l et économique,
ils
pouvaient se
soust1~ail~e
pUl~ement
et sinlplement ~ l' e~'q)loit~tion :
les émigr~nts
qui ne revenaient pas régulièrement s'inscrivent dans
ce cas
d'autres,
Jla
majorité,
semble-t-il,
limit~ient
cette
exploitation,
en
dépens~nt
une
p~rtie
de
leurs revenus avant de
rejoindre les
f.;Jmilles.
Au plan politique,
ils pouv~ient jouer par
conscience de classe,
~ déplacer le pouvoir ~ux m~ins d'un des leurs

ï13
OU d'un
~iné, leur meilleur ~llid ; aucun f~it dans l'état actuel de
l~ documentation,
n'~tteste cette évolution du système politique. Ce
qui est
cert~in,
c'est que cette cl~sse est restée bénéfici~ire de
la domination et de l'exploitation dont les agriculteurs des h~me~ux
étaient l'objet.
Derrière cette
homogénéité
cepend~nt
les contr~dictions
internes n'ont
pas
été
moins
réelle.
On
retrouve,
atténuée ou
camouflée mais
incontest~b1e,
la
division
politique
entre
autochtones et
étrangers,
dans
l~quelle
se
c~che
~
peine
l'OPposition 1ibres/escl~ves.
C'est
que,
derrière
l'~ccès
~ux
femmes,
soit p~r versement de dot,
soit p~r séduction et générosité,
cet ~ccès
qui n'est qu'un mode de l~ riv~lité économique et sociale
en un
terr~in
"libér~l:,
il
y a l~ succession ~ la chefferie des
lign~ges, c'est-.-dire
l'~ccès
au
pouvoir économique et politique
dont le
terrain est et doit resté réservé.
On retrouve ég~lement la
division entre
hommes et femmes,
naturellement. Reste vrai pourtant
que ces
divisions
n'ét~ient
p~s
~ussi
fortes,
les
éléments
d'homogénéité l'eMport~nt sur les facteurs de division.
C'est ce qui
explique qu'au moment de l'abolition de l'esclay~ge, les hame~ux ont
volé si
l'on
peut
dire
en écl~ts, ~lors que, même dépeuplés,
les
vill~ges ont survécu.

,., -r__:~,:~,.o:r •.",,,,,,,,,,.-,,,••
,.,,,,,.-:~_.,,,,~
''.-l''~'''''''-,,
~._' ..,~~ .
.'"
SECTION
III
UN SVSTEME ESCLAVAGISTE ACHEVE :
LA CITE HARCHANDE
ESSUMA
D'ASSOKO
Au XVIIIe
siècle
dej~,
1~ cité m~rch~nde essum~ d'Assoko
offrait l~
même
structure de cl~sse trip~rtite, m~is une structure
achevée en
tant
que
structure escl~v~giste, une structure dont le
---=-"'-'--~o~C1fiIJ"e5t' p~\\~tiellenleT..t'r:tiffê\\~en-t : ~IJ sommet de La st\\~~tifi,.::~tion
soci~le une
cl~sse
de négoci~nts compr~dores, ~u b~s de l'êchelle,
une cl~sse
exclusive
d'escl~ves-saliniers et. entre les deux,
une
classe de pays~ns en voie de prolétaris~tion, qu~lifiês de p~uvres.
Qu~tres couches composent cette cl~sse. L~ premlére est la
couche des
~înês
du matrilign~ge détenteur du pouvoir politique et
grands propriét~ires d'escl~ves :
le chef Ak~ Ez~ni, son frère Ni~m­
key et leur neveu Amon : la deuxième est celle du clergé,
représenté
par l'ofnon,
et
responsable de l' inst~nce idéologique dans la cité
'; vient
le collège des babumet.
les ~nciens, c'est-~-dire les chefs
de mat\\~ilignages
vient
la
" g IJilde"
des
b\\~en\\bi, ,=olle'.::tif des
hom~es riches
qui
incluent
des
cadets
sociaux
d'élite.
La
prdéminence des
deux
premières
couches
était
indivisiblement
économique et
politique.
ALors
que
le
reste
de
la
classe
se
reproduis~it par
l'exploitation
lign~gère
et
l'exploit~tion
esclavagiste,
le
,.::het et ]:'ofncm. bénéfit:::i~ient du tl~ibIJt, tI quo i
le
chef ajoutait
les
commissions
et
les
pots
de vin des march~nds
européens.
L'homogénéité de
cette
classe
réside
dans
la m~îtrise
qu'elle ~ des conditions de la production.
P~rmi ces conditions dont
elle détenait
le privilège se retrouvent les facteurs de production
<terres,
embarcations,
femmes
et
esclaves),
et
les
facteurs de
reproduction
<or,
bétail,
ar~es
~
feu).
On
percoit aussi cette
homogénéité dans
son niveau de vie élevé
: apparition de maisons de
bambou recouvertes
de
terre
et
peintes
<quatre ou cinq étaient tI
étage tI
Assoko),
pagnes
de
cotonnades
et de soie,
couvre-chefs,
bracelets d'ivoire,
de
cuivre
ou
d'Dr,
nourriture
variée
et
~bondante <d'ignames,
de riz,
de bananes,
de viande et de poisson),
eau-de-vie et vin de palme.
La conscience de soi de cette classe s'est manifestée sous
plusieurs formes.
Le
rituel
d'élection
et
de
consécration
de
nouve eux b\\~emt~_t,
,.:omme'
mode de 1;;.\\ pol i tiq'Je .,:Ie l~eC\\~IJt€~nwnt
s o c ie L,
c'est encore
les
intérêts
de
la
classe
que le groupe dtrigeant
protégeait en les assimilant tI ceux du peuple essuma.
lucide sur
i
;

le triple
h~ndic~p originaire de ce peuple - défaite ~ntérieure sur
le territoire de l~ Cate d'Or,
immigr~tion de fraîche d~te et sous
popul~tion -
le
g'~oupe dirigeant, en ~ccord avec toute la classe,
Mit sa
clairvoyance
et son habileté ~ réussir une politique de bon
yoisinage avec
les
Eotile
et
les
Comp~
qui
lui
assurait
l~
subsistance et l'autonomie;
dans la région il réussit une politique
d'hégémonie militaire
qui
lui préservait la sécurité des routes de
commerce et la paix.
Tel fut,
croyons-nous,
l'enjeu de sa diplomatie
avec la
France.
Cette double politique - d'indépendance économique
et d'hégémonie
militaire - dont le but était la consolidation de la
cité marchande
et esclav~giste, politique qui ne pouvait fructifier
que si
la classe rest.it unie au dehors et maintenait sa cohésion ~
l'intérieur, cette
double
politique
perdura
Jusque
sous
le
protectorat anyi-sanvi.
2. La classe jnférieure _ les esclaves saliniers,
akata
Avant les
esclaves
agricoles
de
Nihiri,
avant
les
.anoeuvres du
commerce
de l'huile sous la domination alladian,
les
saliniers de
la cité eSSUMa constituaient la classe antagoniste des
négociants compr~dores.
Producteurs,
les
saliniers furent en même
temps transporteurs
av~nt de jouer un raIe de bras armés au service
de la
société
politique
en
cas
de
conflit.
Leur
homogénéité
objective non
seulement
repose
sur des critères socio-économiques
<séparation résidentielle,
combinaison de la petite ~griculture, de
la petite
pêche
et
de
la
petite
chasse
de subsistance avec la
fabric~tion exclusive
et
intensive
de sel>,
non seulement sur des
critères socio-politiques
<subordination absolue et ~xclusion de l~
société politique,
instruments
militaires
des
chefs de lign~ge),
m~is encore
elle
repose
sur
des
critères
socio-culturelles
<extr~néité ethno-culturelle,
habit~tions
de bambou sans mobilier,
v@tements d'écorce
ou
de r~phia, tête nue,
représent~tion qui fait
d'eux un
compos~nt de la richesse et un moyen de l~ puissance et de
l~ félicité
humaine> .
H~lgré
la
division
ethno-linguistique
vl"'aisembl~ble, malg'"'é
l'appartenarJl.~esQ';ia~_~_;ndive,"'s m::lît'"'es et La
division se/=orldai re ent,"'e /:hefs de han,eaw·~ et ,"'este des es/.::I.::ivéS; -mr
peut supposer,
en
raison
de
la
proximité
des
h~meaux
et leur
permanence depuis deux décennies au moins,
une conscience de soi qui
dép~sse, le
nive~u
local
d'une
appartenance
lignagère
ou
d'un
hameau.
Aucun
fait· n'en
porte
témoignage en temps de paix.
Comme
dans les
~utres
sociétés,
un
siècle
plus
tard, c'est une crise
politique d'origine
externe
qui
lui
permit,
semble-t-il,
de se
manifester. On
ne
lui
connaît
jusqu'~lors
que
des
~ctes
de
résistance individuelle et sporadique
(évasion,
désobéissance., ,>
Sous cette
classe
intermédiaire
deux couches de sources
différentes
: des personnes libres des deux sexes et les esclaves de
maison. Ces derniersJparticipent du statut de leurs maîtres ~vec des
conditions rel~tiveMent
différenciées
: milice du chef,
concubines,
"'-'!SZ -

- " 7'.llnep.èS_
..
CH
èjidji~.c;;:;•. ~•• :;;';;';;~~.S;~;':;"Q__· ,.~:~_._.",_,.
"".....
'
"-,,. . . . -
"'If"
~:....,.. ,_...~ .......
,7
7U)
domestiques.
Deux
tr~its
les
distinguent
exclus
du
pouvoir
politique,
ils
conn~issent,
en dépit de la b~ssesse de leur st~tut
social,
une
sécurité
m~térielle.
Mais si elles partagent avec les
esclaves la
petite
~griculture, l'extraction et le commerce de vin
de palme,
les person~es l~bres et.pauvres .(a~uinQompue = gueux) ont
au contr~ire
une
sItuatIon
sQcl~le
precaIre,
compte
tenu
des
exigences politiques
et
culturelles de la cité marchande.
Pire que
la p.:n'Jvr-etê,
e' es t-J!)-,j i re 1 ~ co nd i t i on de ,:eIJN qu i possèdent pelJ de
moyens matérielles
d'existence
p.:nr
rapport .:nux brembi,
Loyer voit
dans leur
condition la misère,
c'est-~-dire un m.:nnque du nécessaire
: manque
du
nécessaire en subsist~nce ("
Le reste des Nègres de ce
royaume sont
très
gueux
et
misérables
Ils meurent de f.:nim la
plup.:nrt du
tems ... "),
manque
du nécessaire en vêtement
(ils n'ont
pas "une
p.:nigne
pour
se couvrir,
ni proprement autre chose que ce
que les Brembis veulent bien qu'ils ayent")
(1935:203).
Cette mis~re'
n'est p.:ns
seuleMent l'effet indirect de l'escl~v.:nge (qui discrêdite
le tr.:nv.:nil
.:nrtisanal
de
la
fabrication
de
sel,
source
d'enrichisseMent>,
ni
le
résult.:nt des facteurs d'ordre matériel et
socio-culturel
<insuffisance
de
bonnes
terres pour l'.:ngriculture,
ignorance et
préjugé
contre
l~
pêche), elle s'explique aussi p.:nr
l'exploit.:ntion dont les cadets soci~ux ét.:nient l'objet d~ns le petit
commerce d·huile
et de vin de p.:nlme,
dans le régime de la dette,
et
d~ns le
co.merce
à
longye
dist~nce. Nous nommons prolét~ire~, au
sens propre,
ceux de ces cadets que l~ f~im oblige~it, écrit Loyer,
· ' d .
"t:r.""-I.::L11.r
p o u r
. _ a 1 . v . _
p_rp."t:u_1.~
ch~x
~ __
fi.~g"_ur.1
p o u r
.vo~r
d _
quo~ v~vr_·
(1935
203)
Il f~ut,
nous
semble-t-il,
~ttribuer
~
l'idéologie
lignagère et
~
l' idéologie
ethnique
l'effic~cité
de
cette
exploitation.
Car nous ne conn~{ssons qu'une seule forme de la lutte
de ces
p.:nuvres
~'est
la
dissimul~tion
ou l~ ruse que ceux-ci
pratiquaient pour ~rotéger~leurs petites ép.:nrgnes contre l~ r~pacité
des bl~embi <Loyer,
1935 : 203).
··e' ._-t: .... n_
<I~ ""dn, 1. r ....' t : l a n
.~
:l,,,",:ln::L_.n't:
p1...,_
r:l-=:h._
q •..••
:1. 1. ..
o q u . n d
Cln
1 . _
. p p . 1 1 "
. n
1. . '•.1,-
1.ur'Q.....
e',i;L nspmpcëI',I..
q".I:I.
V ..... T
c:t ..
J>.:I,r,.
1or.qu·~1• • n
on't:.
On
paurro:l.~
~~:lr.
q u .
1 .
p . u p 1 .
a u
m_m.
1 . _
p.~~'t:_
C.~~h.r
urcl~o.~·~
q y . 1 q ' _• • _
. _ p . c . _
d .
r.~_an.
ob.:I. • • • • •
n- .. : l _ .
1
~1
",:1. "'..1)-4:
1935
166),..

CHAPITRE
XIII
LA SIGNIFICATION DE LA CROISSANCE DE L'ESCLAVAGE
AU
XIXe
5IECLE
ECONOMIE
ET
GUERRE
SECTION
l
CONJONCTURE ECONOMIQUE ET STRUCTURES
SOCIALES
SECTION II
GUERRES DE SAVANE,
GUERRES SAMORIENNES

Le pl~oblème
Les analyses que nous venons de conduire ~ termes d~ns_ les
prél::édents ,::hapitl~es
laissent
::Ipp~l~.:lîtl~e
delJH
faits
m.:l~LeIJl~s. En
premier lieu,
l'esclavage,
peu étendu et,
sauf l'exception essuma,
de peu
de volume dans la zone forestière au début du XVIIIe siècle,
connaît ~
la
fin
du
XIXe
siècle,
plus
d'un
demi-siècle après
l'abolition intern.:ltionale
de 1::1 tr.:lite,
une eHtension géographique
et sociologique
bien
mise
en
évidence dans la section IV du CH.V
cons.:lcrée au bilan.
En second lieu,- entre régions,
entre sociétés de
la même
région,
le
volume
des escl.:lves est inégal.
Quelle est la
signification historique et sociologique de ces faits?
,Problème d' or-dr-e
h t s t or-Lque ,
,::ette
cr-o t s s ance
de
l'esclavage résulte
de
l.:l
conjonction
de
deu~
circonstances
ind~pendan~es. Au
cours
du
XIXe
siècle,
le
développement
des
productions d'export~~ion
induisit
dans
la
zone
forestière
et
li~torale un
essor
économique
et social qui,
pour être entretenu,
nécessitai~ des
forces
de
trav.:lil
et
de reproduction que ni
les
lignages ni
les sociétés forestières n'étaient en mesure de fournir,
au Mo.ent
voulu.
En
même temps cet essor avait rendu possible une
accuœul.:l~ion de
richesses
et p~r conséquent des moyens de paiement
et d'échange
indispensables
~ l'~ppropriation de ces forces.
Telle
est l.:l première circonstance.
Par.:lllèlement ~ cette circonstance,
au
cours de
la
même
période,
dans
l~
zone
soud.:lnienne,
une crise
agitait les
Etats .:lfricains qui,
non seulement s'affront.:lient entre
eux pour
l'hégémonie
politique
ou/et
idéologique,
mais
encore
affrontaient déj~
l'impérialisme
coloni.:ll de l'Europe.
Cette crise"
entr.:lina le
dér.:lcinement· de
gr~ndes
masses
hum.:lines
qui
furent
versées sur
les marchés.
Histoire économique
(accumulation inég.:lle)
et géographie
économique
(proximité ou ~loignement de la sources de
production)
se
conjuguent
pour
rendre
compte de la croiss.:lnce de
cette popul.:ltion
servile
et de son inégale rép.:lrtition.
En faisant
un retour
sur
les
conditions de commerce qui ouvrent l'~nalyse du
prOJ:ès. de -prodlJt::tion
d' .e.s.'.:l~\\'..es,_ m)IJsr.jgl!.l.Q_f1!:'J~el~ons.'::ette hypothèse
de la
con.jonc t r cn
des
c I r-c orrs t a nc e s
SC)US
Le s
thènles:·'é,:onq.!!li.e. et
guel~l~es

719
~
SECTION
1
CONJONCTURE ECONOMIQUE ET STRUCTURES SOCIALES
1.1.
D~ns' l~ l~égion l;.lgun~il~e et littol~~lel !dI!. pl~enliel~
f';'l~t~!: d' essor é'~ononli9.!::!..E.! et so,:i~l ..:..
l~ el~o-::l~tion
-::le l' hui le et des ~m~n-::les de p-~lnle.
Pour l'historien
A.G.
Hopkins
(1),
on le s~it,
l'économie
-::lu commerce
légitime,
le
commerce
-::le l'huile -::le p~lme,
m~rque ~u
XIXe . siè'~le,
une
l~uptIJl~e tot~le ~ve,~ lecp~ssé ;~PO:i.ILt de -::Iép~rt -::le
l'histoire économique
moderne -::le l'Afrique occi-::lent~le, elle est l~
base de
l'impérialisme
qui s'emp~re de cette p~rtie de l'Afrique ~.
la fin
du
siècle.
Cette
thèse doit être nU~ncée pOU1~ l~ zone que
nous étudions.
En effet,
ici,
le m~rché de l'huile de p~lme qui n~ît
au XIXe siècle est un nouveau m~rché, distinct p~r son extr~néité et
'son échelle
du
.~rché
ré9ion~1 en ~ctivité d~ns l~ cité m~rch~nde
d'Asoko au
début
du
XVIIIe
siècle
;
il ~mplifie un processus de
développement dont
les prémisses ét~ient en pl~ce depuis un siècle.
Si les échanges avec l'Europe amorcent un ~utre tourn~nt, l~ b~se de
l'impéri~lisme s'instaure
lorsque,
forts
de
leurs
moyens
de
circulation et
de
stockage,
achetant
directement ~ux producteurs
dans les
lagunes
et sur les fleuves par leurs maisons de commerce,
les Européens,
ici
Anglais
et Fr;.lncais,
ont substitué au monopole
des courtiers
africain~
leur
propre et puissant monopole,
brisant
ainsi
les
circuits
commerciaux
tra-::litionnels
des
"économies"
aIJto,:htones.
Au sens économiques,
où Francois Perroux y voit
(2) •
le développement
appar~ît
ici,
~
l'aube du XVIIIe siècle,
sur un
plan régional,
~ partir du pays éotilé-essuma,
gr~ce ~ la production
et au
commerce
du
sel et de l'huile de palme.
Au XIXe siècle,
non
seulement ce
processus
s'élargit,
mais encore on le voit combiner
ses effets avec ceux de la production et du commerce de l'or issu du
pays bawle
p~rallèlement, dans le Centre-Ouest,
l~ production et
le commerce
de
la
noix
de cola combinent aussi leurs effets avec
ceux de
l'or bawle.
Revenons donc sur ces productions d'exportation
et sur
leurs
effets.
En négligeant le sel dont la production était
~ncienne, nous
traiterons de l'huile de p~lme et de la noix de col~
qui ont
porté
les
plus grandes promesses de prospérité,
sans bien
entendu oublier
de
faire
allusion
~
l'or
qui
a
fait de cette
période, au
sens
réel
et
au
sens
métaphorique,
un ~ge d'or d~
l'esclavage pour une large partie de la zone que nous considérons.
Jusqu'~ la
fin
du
XVIIIe
siècle,
la végétation palmier
sous ses trois espèces n'avait procuré ses ressources principalement
qu ' alJlo: él~onomies
et
aux
cu l t ur-e s
l.o c a l e s
-
Le l~i:)ni.el~ - ~~gJ':':=!..~_?.2:!~!.

aethiopium -
population
des savanes,
donnait ~ la construction des
maisons ses
stipes,
è
l'alimentation
ses fruits et son vin.
Plus
gdnérew·:,
le
b amb ou
l:3p..tl,ia yinifel~!f:t -
popu La t Lon des mal~é''::;:.lges,
fOIJl~nissait ses felJilles ~ la co nf e c't i o n des toittJl~eS, des nattes et
des paniers,
ses
branches
~
l'érection
des
palissades,
de
la
charpente et des murs des maisons,
son vin ~ l'alimentation. Pour la
pêche,
des
filets
et
des cordes étaient extraits des nervures des
feuilles,
et
les
lamelles
'des
branches
servaient
~
tisser les
pêcheries fixes
que
Loyer
décrivait au XVIIIe siècle en termes de
labyrinthes chez
les
Eotile
(1935
180>.
Mai~
l'espèce
économiquement la
plus avantageuse,
l'arbre en quelque sorte divin,
analogue au
baobab
des pays de savane et du sahel est le palmier ~
hu Ll e -
elaeis
ÇJIJj•.n.g~!L~.s.
D' abor-d , '::elui-,~i l~ésel~ve beau,~oup plus
1!T1
effet
~la
s_qbsistan'~e
la gl~aine, l'amande,
l'huile,
le sel
végétal,
le vin,
la J~a,~ine dlJ bOIJl~geon tèl~"linal,
les' ,~hampigncms qui
poussent sur
le
tronc
décomposé
et
la
larve
d'un coléoptère -
l~hyn,.:hoPho~:Y§. f el~I~IJQ i nelJS
-
que l'on nonlnle ver de pa 1mi e r , Errs u i te,
~ l'instar
du
raphia,
il
procure
une ressource ~ l'esthétique
tandis que
celui-ci
donne des fils ~ la confection des tissus,
les
amandes de
palmier
livre
une
huile
qui
ser~
de
pommade et de
brillantine. Enfin
l'éclairage
domestique
e~
public
repose
sur
l'huile de palme,
les branches e~ les rafles,
tandis que l'artisanat
tire des
feuilles
divers produits
: hottes,
paniers,
barrages pour
la pêche,
couvertures pour les maisons.
Populations des
forêts,
le
palmier
~
huile,
dans les
limites des ter~es apprivoisées, appartenait aux lignages, cependant
que le
r8nier
et
le
bambou
occupaient les terres
commerciales,
c'est-.-dire la savane pour le premier et les marais pour le second.
Jusqu'~ la
fin
du
XVIIIe
siècle,
seuls quatre produits de cette
végétation faisaient
l'objet
de commerce,
à un degré plus ou moins
élevé:
le tissu de raphia,
le ver de palmier,
le vin et l'huile de
palme.
Dans
le
champ
de
notre
étude,
ce
commerce avait lieu à
l'échelle locale,
au moins dans la cité d'Assoko,
entre Africains et
secondairement avec
les
Européens
de passage.
A cette époque et à
cette échelle
déJ~,
la production et le ~ommer~e étaient notables,
au moins
pour
l'huile
et
le
vin de palm.
A propos de ce dernier
produit,
la
compétition
paraissait
vive
pour l'appropriation des
palmiers,
et
Loyer
observ~t une certaine spécialisation du travail
comme il en était pour la fabrication du sel.
Or,
dans
le premier tiers du XIXe siècle, consécutivement
à
l'abolition
de
la
~raite
négrière,
la
demande
européenne de
l'huile de
palme,
pour
les
besoins
de
l'industrie,
était sans
commune mesure
a~ec
les
demandes domestiques africaines,
cent ans
plus t6t.
Elle
fut
transmise
aux
producteurs
par
les
peuples
c8tiers,
anciens
intermédiaires
entre
Européens
et
continentaux
africains,
pour
le
commerce
de
l'ivoire,
des
peaux,
du bois de
teinture,
de
l'or,
des
esclaves.
Jusqu'à la fin du siècle,
av~nt
d'être dessaisis
de
leur
monopole,
ces peuples cBtiers rempliront

léur Yoc~tion en assum~nt l'export~tion de l'huile et des ~m~ndes de
p~lme en bénéfici~nt des av~nt~ge$ de cette conjoncture. S~IJf le c~s
des courtiers-pl"'odIJ'~te'Jrs qu ' êt~ient-):) une f~ible ê,~helle .les Neyo,
1. structure et le fonctionnement de ce commerce restent pour
14essentiel ceux que nous conn~issons entre AII~di~n et OdJukru.
'4:
"
En ~ttend~nt
les
précisions
d'une
histoire êconomique,
quelques chiffres
donnent une idée de l'exp~nsion r~pides, continue
et croissante
de
'~e
comn'el"·'~e.
En
1819,
dans Notes 2.D. Bfr'i,~:::t,
G.
Robertson estim~it
à
quelques
diz~ines de tonnes les expo,~tations
annuelles de
tOIJtes les rades de la ,~8te ivoi,~ienne (e.e'~eby, e.~ss~,
Sassandr~, Lahu,
Grand-J~cques, Petit et Gr~nd-B~ss~m, Assinie)
: 40
~onnes de
riz,
49
tonnes
d'ivoire,
3470
onces
d'or,
60 tonnes
- ;''''lj'''::ht-li-Ie de. palme ,----non compris les p e aux ,
le bêt~i 1 et l~ gomme . Cinq
ports export~iennt
~lors
l'huile
en quantité croiss~nte : c'ét~i~
Cape Laho~
<Grand-Lahu> ,
J~ck L~ho~
(Bodo-L~dj~ ou Gr~nd-J~cques),
Jack Jack
<Emokwa ou Jacqueville) ,
Piquininy-B~ss~m
(Petit-B~ss~m),
Grand-Bassa....
Or dl" Milieu à
l~ fin du siè,.=le,
pOIJ'~ les s au l s g'~~nds
ports alladian
Grand-J~cques
et Jacqueville -
cette exportation
. atteint des chiffres considêr~bles.
En 1862,
le
capit~ine
de
génie
Gouri~u observa quatre
n~vires angl~is
en
rade
à
Grand-Jacques
et estim~ le volume des
export~tions de
ce port ):) 5760 tonneaux et pour les trois ou qu~tre
aut~es ports entre 8 et 10.000 tonneaux
(5).
En 1867,
au dire de Fleuriot de Langle
(1868,
XIX:
390),
trente deux
navires ch~rgeaient encore cinq mille tonnes d'huile,
):)
raison de
300 F l~ tonne, soit pour 1.500.000 F. En avril 1885,
Ch.
Bour,
Comm~nd~nt
particulier des Etablissements Fr~ncais de la CSte
d'or,
indiqu~it
le
chiffre
de
douze
~ quinze n~vires mouillés ~
Gr~nd-J~cques et Jacqueville pour qu~tre ou cinq mois ; et le volume
des export~tion
s'élèver~it ~ 5.000 tonnes d'huile
(6).
Tandis qu'):)
p~rtir d'octobre de la même ~nnée,
le prix du Kru d'huile
(1
Kru = 9
--~l-lons =
42
l.ittl~es)
170mb~it
#l G'~-~lrId-B;;)ssam de 50 ):) 'tO,
pl.lis en
décembre):)
30
m~nilles
(1
m~nille
-
30 centimes),
les Alladian
pratiquaient l'ancien
prix
de
50
manilles
et voyaient prospérer
leurs affaires en 1885 et 1886,
en absorbant une gr~nde partie de l~
production des Odjukru et des Kyaman.
Pour 1889,
les estimations que
r~pporte Binger (7) créditaient ces ports d'une t~entaine de navires
;
les Alladian réaliseraient,
):) l'exportation et ):) l'importation,
un
chiffre d'affaires
d'environ
dix millions de francs d~ns lequel la
part doit
être faite):) d'autres produits que l'huile et les amandes
de palme,
c'est-):)-dire ):) l'ivoire,
au bois de teinture,
):) l'or,
et ):)
la gomme.
1.2.
Q3lI!.§.
le Centl~e-Oue2t.L. ~l:~ ~;!g!~~:·(t~.m~. fa!.;.t~1!.!:. ~Lf! L.:"~.Q.)':
~konomigue .:.. 1 a !!.Qi N. gg. ~;J21..:';l
Ce fut
~
l ' même époque que s'intensifiait la production
et le
commerce
de
la
noix
de
cola entre la fo~êt et la savane,
notamment entre
les
p~ys
bete
et
kweni.
H~bitat des Kono et des
Guerze
(Guinée),
des
Bete,
des Wê et des Gan
(CSte d'Ivoire),
des
Ashante
(Ghana),
la forêt mésophile où tombent entre 1100 mm et 1300
~m d'eau de pluie porte, on le sait, les densit~s les plu~ fortes du
peuplement de
Kol~tier
avec
deux
cycles
de
production par an -:
décembre-avril et
octobre-novembre,
l'arbre donne trois espèces de

no l :~
1 ;:) no t x 1::- l,) n '=. h (-?
(~:~g~U!. !:!..Ltt~t~}),
l .:'1 no i:-: l~ 0 Ug e
(~:~g..l.:). :::lt~.~:J.~.Li. r:!:)_t "-:1.)
et
l;J
no i. x
r-o s éE~
(~.';SÜ.~!. E~i':!.LLt~!.!!:!.),
'-::IU\\:~ les pr-o du c t e ur' s mé l ~lnge;c:} i f.~n t
aUX autres
pour
l~
vente.
De
même
les cabosses sont de volumes
différents:
les petites contiennent une noix,
les moyenn~s de cinq
~ neuf
noix,
les grosses de dix ~ vingt noix.
Les noix elles-mêmes,
il
f;c:}ut
y
revenir,
contiennent
deux
alc~loides,
stimul~nts
du
e:

1<::
1 -
,
_ .
_
O:j
_
-
- .,
0
+
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'=. 0 €.! U l~ t
I ;.1
k o l .::.1 17 :i. n f.~ •
L ;'1 ~;;'Ql_!p_ Dl- t i!:!.~ l~ e n f f~ 1~ me de u n 3;)
quatre pOU1~
...~en t
~h.?
t=';:.l f é i n!:.~
(·?t
un
peu
de théobl~omi nf?
L.:.') ~:~o 1..:'::!.
acumin~ta renferme
de 1,5
O
~ 3,6 pour cent de caféine et 0,02 ~ 0,09
~;:--:;e~1t
d f~
thé 0 b l~ 0 min (~. 1._ (.?!5 no i :.: n'.;] gis 5 f? n t
p.:;] s
s e u lem (= nt 5 u r- 1;)
fatigue,
la
faim
et
la
soif,
elles sont créditées de propriétés
médicales en
particulier
contre
les
céphalées
et
l'impuissance
5e:-:twllE~ (8).
Nous avons ;c:}dmis l'hypothèse vraisembl;c:}ble de Zunon Gnombo
qui place
au
XVIIIe siècle la n8iss~nce du commerce dans la région
~e D~lo~
en l'associant 8U Kweni D;c:}lu et ~ sa mère.
Les géné~logies
complémentaires de fondateurs de marchés que nous avons fournis dans
1 e c h api t l~ e
l 1
te n ..:h:~ n t
,~.1
1 ·~l
l' e n f or- ..=. f~ l~ .
Tou t e of Cli s r
i 1
l' f.~ S "\\:: e
indéniable que,
du
XVIIIe
au
début
du XIXe siècle,
ce commerce
p;;)l~a·ît Lo c e l a s
f:~t
r n s iq nif La n c ,
f~lUtf.~ d'un pu i s s an t
nl~ll~t:hé
.;
l.e s
ë
Malinké s'approvisionnaient
régulièrement ~ d'autres sources et les
usages culturels
de
la
col;c:)
l'emport;c:}ient
chez
les Beta sur S~
valeur d'échange.
Les traditions
forestières
ne
lui
attribuaient
qu'un
intérêt esthétique
et
religieux,
~ la rigueur.
De son extrait,
les
chefs de
lignage
bete
coloraient
en
rouge,
couleur
de
s;c:}ng et
symbole de la vie ..
les masques qu'auparavant ils peignaient en noir,
couleur de
1;c:}
nuit
et
symbole
du
mal.
Femmes
et
~rtistes se
peignaient de
la
même
couleur
rouge
pour attirer et séduire.
la
fonction médicale de l~ noix n'était pas totalement inconnue
cette
dernière entrait
dans
le vin de palme,
soit comme condiment pour en
rehausser
la s~veur, SOlt comme stinlulant ~n cas d'extrême f~tigue.
Or voici
qu'au
tournant
du
milieu
du XIXe siècle,
par
l'intermédiaire des
Kweni,
la
demande soud;c:}nienne de noix de col~
conféra une
importance économique décisive ~ ce fruit.
Comme relais
d'échange de
ce produit,
les marchés qui se mirent en pl~ce ;c:}u Nord
du p av s
Kweni,
en
·.'inl~f.~nt.'::1 sr:? multipliel~
e n tel~l~itoil'l':~
bet(·:~ P()I.Jl~
f~vori5er le
commerce.
Pend~nt
des
décennies,
~
partir
du Ori
(Guiberwa),
Nekedi
(Ouragahio)..
du
Praguli
et
du
Gona,
dans
la
r~gion Kweni
de
Sinfra,
BogUhe et Yokolo,
dans l~ région actuelle
d' Issia,
des
masses
de
noix
de
cola
devaient être cueillies et
exportées vers les sociét6s m;c:}ndé.
Presque p~s
de
données
chiffrèes
qui
permettent
une
est i ni a t i o ri S .".1 t i s f .'.01 i !;; .:] nl.:" f? du v DIu III (.~ d ('1 5
e:< r::- 0 r- t .:'.1 t· i o n s .
1..' h i s t D l' i (:.~ fi d f..! S
échanges,
Zunon
Gnombo,
~ r8ison de contester les st~tistiques (9)
de l'administration
coloniale,
données
que
le
contexte
rend~it
aléatoires
<1'imp8t sur la Kola stimulait la clandestinité),
données
p~rtielles (seuls
les
Dyu18
en tant qu'ethnie et cl~sse pouvaient
dé'=.l;Jl'el~ lel-'l~~;
·.;~~n1::(,:~~;
tOl..lt
c'n
1:>l-·.:~ltlt.:" ..I~.1nt
l~l
fl~~l'-'r:J;,~)}
d()flnf~I'.~:;
Q 1~ i en t é (25
( P '.J i s q t..I (.?
1.:.,\\ .::; -: h i ff l' (.?::; f ","' :::, tJIII (~ ft t .:.'l i 1- E'~;; d (\\'"t :.:.1 i (o~ n t
~5 l ~J fi if: :1. e )' 1e
Pl'ogl~è~; t.:if..!::;
"-~ch.".ln~:!E~~::.
~;.lIJ<:;
.1.;.'.)
p'.li:<
·:~o.l.nnl;,l1(·:~). r'D'-'l~ l€~ ::;''.''.11. I);:·,lu.'.l ::.11..1
- - - - - ---:- - -- --=-:--r::-------
_
.,

723
dec'J't de
.j':lnviel~
1912:
21
tonnes
: p o u r
les s i « moi s de t r e i r e de
1913;
99.323
kg.
H~is
si
les export~tions r~elles des premieres
~nnees de
l~
coloni5~'tion exc.d~ien't vr~lsembl~blement les données
des st~tistiques
~dministr~tives,
et
si
les
chiffres
officiels
doivent @tl~e
r-e v i s
s
J::l l~ h~'Jsse,
les estim.::ltions de l'.::llj'teIJI~ lui-·
é
même méritent ~u contr~ire d'être corrigées J::l l~ b.::lisse.
En effet,
j
r~ison de
trois ~pouses-commerC.::lntes <bid~ngw.::l) et de qu~tre filles
celib~t~ires <yulugwie,
5ing.
yulugU)
pour
ch~cun des vingt-sept
yill~ges du
Zêble,
soit
81
+
108 = 189 commerc~ntes, J::l r~ison de
trois porteurs
en
moyenne
p~r commerc~nte, et qu~tre dépl~cements
p~r mois
pend~nt
sept mois ~vec une ch.::lrge p.::lr personne de vingt J::l
vingt-cinq kilogr~mmes
de
col.::l,
il
p.::lrvient
J::l l~ conclusion que
70.600 kg
de
noix
êt~ient
exportés
p~r
mois
et 494.200 tonnes
~nnuellement. Et
ce
n'ét~it
IJ::l
que "volume moyen" d'export~tion,
compte non
tenu
des fluctu~tions de l~ production ~ l~ fin du XIXe
s i e c Le .
Les présuppos.s
so~iologiques des différents v~ri;:;)bles ne
sont p~s
vérifiés.
N'en prenons que deux pour notre .::lrgument~tion.
D'~bord le
commerce
de,
l'êpoque
antê-coloni~le
~t~it un f~it de
groupe domin.::lnt,
ici comme .::lilleurs,
non un f.::lit de m.::lsse.
L'.::l~teur
retient p~r
vill~ge
un chiffre de commerc~ntes qui est fonction du
nombre de
lign~ges
trois
ou
qU.::ltre -
dont se compos~ient les
vill.::lges bete
(de
l~
région,
oublie-t'-il
de
préciser).
C'est
impliquer l'idée
que l.::l m.::ljorité des lign.::lges êt.::lit eng.::lgée d.::lns le
'~ommel~'~e. Cette
hY'J:·othèse est vl"~isembl~ble, si f.OIJS c omp r-e no n s p.::ll~
cette proposition
que tous les lign.::lges peu ou prou s'aff.::lir.::lient ~
'l.3..;.,"';~tJeillette des
fIOÜ:
et ~ leul" vente aux c omme r-c an't e s du vill.::lge
o IJ 'i~d' .::l i 11 e IJ l~ S •
E Il e
est
i n f 0 n d é e ,
s' i 1 f .::lIJ t
e fit end l~ e p .::lI" 1 ~ q IJ e ,
d.:)ns l~ nl~jol"itê de s
lign~.~es de ,:h.::lq'Je vill~.;e,
les ':JI~.:lndes èpo'Jses
et les gr~ndes c~dettes c~lib~t~ires s'~donn.::lient J::l l~ cueillette ou
tr~nsport et
J::l
l.::l
vente
des
noix
sur
les m~rchés Kweni.
N'ont
pr.::ltiqué le
comme~ce que les femmes d'élite des groupes p~triloc~ux
êconomiquements forts,
c'est-~-dire
d'.::lbord
polygyniques
qui
contr81aient de
nombreux
dèpend~nts
et
ensuite
possesseurs,
b
-l~-ol~i.~ine,
de v-llstes kol~ter~ies.
D'autre p~rt
le
temps
du
commerce ~nte-coloni~l ~t~it,
compte tenu
de
l'êt~t'
des. voies
de
communic.::ltion,
des
moyens
techniques et
des
h~bitudes so~i~les et culturelles, un temps lent
et non· p.::lS le temps r.::lpide que l'~uteur suppose.
Si
l.::l récolte dure
un ou deux jours ~u plus,
s ' i l f~ut une journée de d~c.::lboss.::lge et de
tremp~ge, puis
une
sem.::line,
soit sept jours,
de sêch~ge, ~v~nt le
tri et
l'emb~ll~ge,
l~
prèp~r~tion
~ur~
pris neuf ou dix jours.
Comment une
commerc~nte
pouv~it-elle
~lors,
d.::lns ces conditions,
hormis les
~utres ~lê~s de l'entreprise (production toujours ég~le,
dist;:;)nce,
f~cilitê
d'écoulement sur le m.::lrch~, mo'tif de s~nté .... ),
effectuer qu~tre
dépl.::lcements
p~r
mois
?
Elle
ne
le
pouv.:lit
pr~tiquement P.::ls.'
Les ,:tüffl"es plI"oposes tombent p~l~ ,:onséq'Jent;;, 1;:;) mot r i ë
;
l~ production p~r~ît plus modeste. Les commerç~ntes d'élite n'ont pu
réussir qlj'en
mobilis~nt
plus de porteuses,
qu~nd c'ét.:lit possible
et en
SJob5tin~nt sur l~ longue durée.
L'.::lccumul~tion en bref .::l été
sensible p~r r~pport .:lU sec'teur méridion.::ll,
m~is f;:;)lb1e rel~tivement
aux p~ys Kweni.
L~ dQcument~tion de l'historien en donne 1.::l mesure.

724
LeS hommes riches de l~ région de D~lo~ posséd~ient en moyenne
5 ~ 40 p~gnes <Zoku Gbeuli,
réputé le plus riche:
plus
de 50)
2
~ 50 têtes de bovins
10 à
50 têtes d'ovins
5 ~l Hl p~quets de ~.J.9.!:!.
2 à
5 flJsi 1·:;
3
à
t~ femmes
Ajoutons ~
l'énumér~tion quelques exceptions:
Gble T~pê de Keibl~,
100 têtes de bovins;
Goro Goze de Keibl~, 30 fusils
;
T~pê Lokpole
de
Keibl~,
20
fusils
Zuzu~ Goze de Zepreguhe et Logbo K~fu de
TapegUhe,
30
femmes ch~cun
et Gble T~pê et T~pê Lokpole de Keibl~,
12 femmes ch~cun.
1. 3.
[).:;ms
le
'~entl~e ,
é'~onomi qlJe _
l ' Ol~
Depuis le
XVIIIe
siècle,
l'ét~blissement des Anyi-B~wle
~vait f~vorisé
des
éch~nges
divers
d'ordre économique,
soci~l et
culturel entre
les
sociétés
lignagères et les nouvelle form~tions
so~iales tribut~ires.
M~is
entre
1830
et
1850,
l'ouverture des
gisements ~urifères de l~ région de Kokumbo donn~ ~ ces éch~nges une
impulsion d'une
~utre
~mpleur
qui
rend
intelligibles
cert~ines
~volutions des
sociétés
l~gun~ires
et préforestières.
Je~n-Pierre
Chauve~u ~
qui nous devons des éléments de l'hi~toire économique de
cette région
dég~ge
trois
c~r~ctéristiques
~
cette conjoncture.
O'~bord, l~
m~in
d'oeuvre indispens~ble ~ l~ mise en v~leur de ces
gisements nécessit~,
nous
l'~vons
dit
d~ns
le
Ch. III,
une
immigr~tion continue d'origine p~n-b~wle. Vers 1820
les Ngb~n, les
Saafwe,
les
A~tu
1835
les F~~fwe ; 1870 : les Warebo et les
Nzikpri.
Et
lorsque cette immigr~tion interne s'~vér~ insuffis~nte,
les prospecteurs
recruterent
des
étr~ngers,
en
p~rticulier
des
escl~ves pour
des t8ches d~ngereuses au fonds des mines.
Ensuite la
mise en v~leur des mines ~ccrut l~ m~sse d'or produite p~r les Bawle
-
i
l~
c r r-cu l:nt i on en dl~~în;.'.l une p~l~t i e en d i re,~t i o n du Sud l
,:hez 1es
All~di~n et
les
Odjukru
en
p~rticulier,
une
~utre
p~rtie
en
direction de
l'Ouest,
chez les Did~,
les Gben et les Kweni.
Enfin,
~vec l'or
g~gnèrent
le
m~rché
extérieur
les produits ~rtis~n~ux
induits de ce développement:
bijoux de l'orfèvrerie des A~tu et des
Nzikpri,
p~gnes
de
l'industrie Aitu et W~rebo. Se rép~ndit d~ns le
même mouvement,
outre les us~ges de l'or,
l' idéologie ~ssociée à ces
IJsages.
Ces productions
entr~înèrent
u~e
première
génér~tion
d'effets directs
sur
les
conditions
et
les
instruments
de
production.
En
premier
lieu,
pour
produire
plus,
il
devint
nécessaire de
disposer de vastes étendues de forêts à palmiers ou à
kol~tiers.
Ce
fut
la
~ourse à l'~ppropriation de nouvelles forêts
dans ce
qui
était
encore
la forêt primai~e, nommée forêt noire
kl~o9Q~ bete,
21.t~
.!:-!;:X:
ad .iu kr-u .
En
pays
bete,
l.:.'l
f on ...:t ion
d0~
découvreurs attribuée
aux
ch~sseurs
retrouv~ un nouvel éclat.
Les
patrilign~ges en
tirèrent
parti
pour
agrandir
leurs patrimoines
fonciers.
C'est
de
cette
époque
que
d~te, semble-t-il,
~près la
rép~rtition qui a accomplagné la fondation des villages, la seconde

.------_..~_.
..,.,._-~".",._-
qr~nde distribution fond~mentale de terres entre les p~trilignages
~'~bord en
territoire
du
Zêble
et
du
Gb~lo (D~lo~), ensuite en
territoire du BogUhe,
du Yokolo,
du Dri,
du Nekedi
(Issi~ et G~gno~)
en territoire
Proguli
et
Gon~
(Sinfr~). Aînés de nombreux c~dets
ch~sseurs, les
fond~teurs
de marché devinrent ~insi possesseurs de
forêts ~ kol~tiers.
C'est ~
l~
même
époque que survient la crise du système
p~triliné~ire odjukru,
lorsque
les
m~trilignages cherchèrent ~ se
donner ~ussi
pour
leur p~rt une b~se foncière ~déqu~te, les femmes
inspir~nt l~
délimit~tion
de
nouvelles p~lmer~ies ~u nom de leurs
frères et
de
leurs
fils.
L~
preuve historique que cette seconde
d istl~ ibl.Jtion fond.:l ..ent~ le
fut
une
e omp t
é
i, t ion
lElpl~e
ent.l~e
m~trilign~ges d'une
p~rt,
entre
p~trilign~ges
et
m~trilign~ges
d'.:lutre p.:lrt,
c'est
le nom
d arbre de guerre,
c~sus belli,
~r-ikn,
~ppliquè ~u
p.:llmier,
l'enjeu
des
luttes.
Mais qui dit nou~elles
for@ts de
palmiers dit insépar~blement étendues de p~lmiers n~ins ~
~ '} pOI~tée
des
fe.Mes pOUI~ l~ f"Jt.ri,~~tion de l' huile et ètend'.1es de
~I'.:lnds p~lmiers
inal~'~essibles al.J:< fenlmes et que les hommes dev~ient
grimper pour
récolter
les
fruits.
Quelles innov~tions techniques
s'imposèrent et furent
réalisées?
En deuxiè.e
lieu,
pour
produire d~vantage, l'innovation
devint nécess~ire
dans
l'outill~ge
et
dans
l'or9anis~tion
du
tr~v~il. En
p~ys
bete,
en
même
temps
que
la
production et le
commerce de
col~
marquaient
une
nouvelle
division
soci~le
du
tr~v.:lil, cette
~ctivité présentait trois c~ractéristiques dont deux
restent traditionnelles.
Oans la société m~linké ainsi que Y.
Person
en ~
présenté les structures
(10),
comme d~ns la société haus~ dont
P.
L 0 v e j o y .:l fa i t
l' h i s toi l~ e
d ':'HI S
C~ l~ ~ van S
0 of
k 0 1 ~
(1 1),
La P l~ a t i q I.Je
de ce commerce ~pparten~it ~ une classe d'hommes.
Ici,
d~ns l~ société lign~gère bete,
~omme d~ns la société
Kweni,
elle
ét~it
une
aff~ire
des
femmes
libérées des servitudes
f.:
domestiqt.1es.
Hais
.3
p~l~t ,.:e l~erlvel~sement des
l'ôles,
l'ol~g~nis.::Jti'.:)n 'i
d •.1 t r av a t I
obéit
au
modèle
de
la
COopél~~tlo::>n
tr~di.tionnelle
coopération restreinte
~u
segment
du
lign~ge
ou
~u
lign.:lge,
coopér~tion élargie
~u
quartier
ou ~u vill"Jge,
s ' i l y ~
lieu.
Une
seule nouveauté
peut-être
le
rôle
dévolu
~ux enf~nts d~ns l~
cueillette massive
des
fruits
du
kolatier
en
pleine
forêt.
Ti~.:lditionnels au s s t
l' instl~'.JflH?nt et le mode de '':'.1eillette,
quand il
y
en
~.
Ce
fut toujours
le grimper ~ m~ins nues,
~e
fut toujours
l~
cueillette èg.:llement ~ m~ins nues ou ce fut
le g~ul~ge ~ distance.
Chez les
Odjukru,
~u
contr~ire.
le
progrès
m~rque un
r~nversement en
sens contraire,
puisque nous passons d'un procès et
d'une technique féminins ~ un procès et une tecr,nique m~sculins. Les
rjes'~l~iptions de
c e s
ted-,niq'.1es .~~I.1' ont La i s s
e s
.~ o r opo s
d(·?s peuples
é
lagun~ires successivement
Loyer
(1935
185).
le C"Jpit~ine de génie
Gouri~u (23.10.1862>
et
l'Amir~l
Fleuriot de Langle
(1868,
XVII
388)
donnent une
idée de cette évolution.
L~ tt~·:::ltjition
odj'.1h~u
','eut en efff:~t /J'.1' ~
l~
fin d'.1 XVIIIe
siè'.:le,
la
fabl-i,~~tion
de
l'hui.le
fGt,
'~OOlme
elle l'est l~estee
en"'~OI~e d a n s
'~"?I~t-:lines
l~égion5
jusq •.1' ~
l' (~P'-:-I'1'.1e
c o Lc n ta Le ,
une
pratique des
femmes.
Celles-~i
utilisaient
pour
la
cuisson des
']1~.OIines de
p~IOles,
des
j~l~l~(=S
de
dimension
move rme
f~t PQU1~
le
t:·'~o·y·.::Jge le
nlol~t:"iel~
e 1.:
le
oiLo r. ~ o i me n r ,
J.rn=lges
d' instl~ument (j'.1i

.'
...
,,"'
noUS semblent
décrire
l'outill~ge
d'un
~ge
pré-moderne
(12).
La
n4cessité de
produire
en plus grande quantité amena ~ masculiniser
d'abord la
récolte
des
noix de p~lme. Nous ne croyons pas q~e les
Odjukru apprirent
seulement
au
début du XIXe siècle ~ grimper aux
palmiers et
~
extraire les régimes ~vec la serpe.
En supposant que
l'extraction du
vin
de palme s'effectuait chez tous les lagunaires
au haut
de
l'arbre
avec
probablement
l'échelle comme les Essum8
devaient savoir
le
faire
au XVIIIe siècle,
les OdJukru n'eurent ~
inventer et
apprendre
probablement,
s ' i l s l'ignoraient absolument,
que 1 a
,.::e i ntlJI"'e
de I"'Ot i n -
kpeb -
qu i
supp 1 ée ~ l' éd"le 11 e
pOlJI"' 1 es
grands palmiers
et
la
percussion
l~ncée
de
la
serpe
ou de la
machette pour l'éradication du régime de noix de palme.
--·Darts--·l&~~-même
pl"'o'.::eSSIJS'
de
tl"'ansfol"'mation te,.::hniq'Je,
d€~
nouveaux instruments
vinrent
j
remplacer
les
anciens
et
les
opérations furent
améliorées.
Au
début du XVIIIe siècle,
Loyer ne
nous dit
rien
sur
le
mode
de
cueillette
de~ noix, qu'il nomme
corosses.
Mais
une
fois
celle-ci suffisamment fermentées et après
leur cuisson,
les Essuma en remplissaient un grand mortier de bois,
"une ,'::IJVe
dlJ
plus
g'"'os
tl"'on''::
d' .=.ll"'bl"'e
I;JlJ' i.ls ou t s s errt tl"'OUV~~l"'''.
Ensuite,
ils
s'armaient
de pilons et,
en équipe,
pilaient ces noix
jusqu'~ ce
que
noyaux
et pulpes s'en fussent dét~chés. Enfin,
ils
versaient de
l'eau chaude sur la composition sans cesser de brasser
;
après avoir incliné le mortier et évacué les noyaux et les fibres,
ils r-e cue i Ll a i errt
l' huile
"qui p.~)l"'aît pur-e et nette" dans de gl"'ands
pots pour ~ller la vendre au marchd.
.
Du procès de fabrication ~u XIXe siècle,
nous sommes mieux
informés,
et
nous
savons
la
technique
déJ~
plus évoluée.
Si
le
procès de
travail
était
de
bout en bout lignager,
la coopération
villageoise intervenait
néanmoins
~
une
phaie
décisive
des
opérations.
On retrouve la division des t~ches sociales et sexuelles
déj~ décrite
~
propos
des
Kyaman.
Aux hommes du lignage,
fils et
neveux,
la
cueillette
des
régimes
de noix;
aux femmes,
épouses,
soeurs célibataires et filles,
le ramassage et 1. transport Jusqu'au
campement.
C'était
alors
que dans des grandes Jarres de confection
ahizi,
les
OdJukru
de
Tukpa,
en
1862,
effectuaient une première
cuisson des noix et les laissaient ~ la fermentation plusieurs Jours
durant.
Suivait
la
phase
de
coopération villageoise.
A l'aide de
pilons de mil,
le broyage consommait la séparation des noyaux et des
pulpes.
Ensuite,
les
noyaux mis de eSté par les femmes,
les pulpes
subissaient dans
un
chaudron
une
seconde cui.sson dans l'eau.
Une
partie de
l'huile
surnageait et était recueillie.
Enfin les pulpes
passaierit dans
un
pressoir végétal -
"un linge ou une natte" selon
Goul"'ialJ,
"IJn
sac "
e n
fibl~e~; Végét.~l<; p o ur' FlelJI"'iot de Langlf? -
q'Je
les producteurs
tordaient
et
retardaient
pour
en
extraire
la
quantité restante
d'huile.
Le
résidu
jeté,
lès ~mandes de palme
étaient concassées
~
la
main
par
les
femmes
et
les palmistes
reccueilli5.
L~coopér~tion villageoise
~u
moment
décisif était
é'.::ononli.que en
de ux
~HIS
d"HI~;
une
dlJl~ée
1 imi tée,
urie
joul~né.::~
généralement,
l'ouvrage se trouvait entièrement exécuté quelle qu'en
fat
l'importance
les
coopérateurs,
nourris
sur
le
tas,
bénéficiaient plus
tard
d'une aide réciproque,
le moment venu;
en
outre,
le
savoir-faire de haut niveau qui caractérisait les adultes
éduqués fournissait un produit d'excellente qualité.
M.::, i s
pOI.!I"'
pr o d Ij i )~ €'
d ".1 1,1·~l n t "l-::J(~ ,
€~n
t r-o i s i. ème
lieu,
C€~
n'était pas
seulement
des condItions d'ardre m.:)tél~iel et
t e -:~ h n i (l'J i;?

_ . ,
.
.
~W"àf'M"6*.;,Ji!tê"M«it6tÙi_$W'*Y·i..Giii.:.,..."
_ _
«~'<
~ .
_ _ . . . fi ""*.t~~1·""'''''''';·'; ''-'" e-; " ....,..'», "".,.
7~~7
qui devinrent
nécessaires,
devinrent nécessaires simultanément des
conditions d'ordre
social.
Dans
les lignages,
la cohésion d'abord
s'imposait. Elle
signifie
dans
la
région
productrice de Kola au
moins deux
choses
importantes
aucune grande crise de confiance
avec la
principale
épouse,
agent du commerce et administratrice du
grenier,
paix
avec
les
cadets.
Il
est difficile d'appréhender ~
travers les
traditions
le climat des relations domestiques ~ cette
époque. La
grande épouse avait besoin de liberté d'initiative et de
mouvement pour
faire
fructifier
son
activité
et pour asseoir le
prestige social
de
son mari,
s ' i l est vrai que la femme pratiquait
le commerce
"pour
faire
de
son
mari
un
homme",
C'est dans ce
contexte, supposons-nous,
que furent rapportées ~ leur avantage les
sanctions qui
frappaient
l'infidélité.
A la place de la réparation
pour une
première
infidélité
(poulet et ca~ri, s~ l'~poux était un
homme du
commun,
poulet
et
fille
vierge,
si
l'époux
était un
guerrier) et
à
la
place du ch~timent de la seconde infidélité,
en
tout et
pour
tout
une
unique
réparation
leur fut infligée
: un
poulet blanc (13).
Nous supposons de même que les chefs des lignages
dont les
épouses
réussirent
dans le commerce,
réalisèrent la paix
intérieure en
assurant,
gr~ce
aux
mariages,
l'émancipation
des
cadets ..
Oans la
région
productrice
d'huile
de
palme,
chez les
OdJukru matrilinéaires,
l'exigence
de
cohésion impliquait dans la
relation de
l'épouse,
une assurance principale:
le bénéfice,
pour
le fils
encore
dépendant
de son père,
d'une initiation digne,
aux
frais de
laquelle
son travail a contribué.
Par rapport aux fils et
aux neveux
utérins,
la
cohésion
lignagère
était
subordonnée au
premier mariage
dont
l'oncle maternel pouvait avancer la dot,
mais
que le père avait devoir de conduire rituellement jusqu'~ terme.
Seuls en
effet
les
cadets
d'un
lignage
unis
étaient
mobilisables,
dans
la
nouvelle
conjoncture économique,
~ des fins
communautaires.
Seuls
ils
étaient ardents ~ conquérir de nouvelles
for@ts,
~ les entretenir,
~ les défend~e, au beseinpar les armes.
Hais autant
que
de
cohésion,
les lignages avaient aussi
besoin de
population.
Cette
population
était
d'autant
plus
indispensable que
les
saisons
de
production
d'huile
et de cola
coincidaient avec
les
saisons décisives de L'agriculture vivrière.
Plus il
y
avait
de
bras,
plus
équilibré
était la division des
t~ches, plus
l'efficacité
était
assurée
dans
l'une
et
l'autre
productions.
Comment mieux peupler les lignages?
Quatre principaux
moyens pouvaient
y
conduire.
Eliminons
le premier de ces moyens,
l'adrogation,
par
trop
exceptionnelle
et
de rendement infime.
le
mariage polygynique constituait le deuxième moyen.
Sa forme la moins
économique était
le
mariage
ou
le
mariage polygynique en régime
matrilinéaire:
non
seulement
le surproduit du travail des cadets
parents se trouvait réparti entre le patrilignage et le matrilignage
du père
d'une part e~ le matrilignage de l~ mère d'autre part,
mais
encore la
part du lion reven~it en d~finitiYe au matrilign~ge de la
mè r-e ,
NOIJS
'l
vo vo ns
l~
c aus e
d' o r dr-e Si.TU'.:tIJl~~~l qui e xp I i que la
faible polygynie des hommes riches dans les sociétés matriliné~ire5.
Sur quinze
hommes parmi
les plus riches connus des pays alladian et
odjukru de
la
fin
du XIXe siècle et du dèbut du XXe siècle,
seuls
t l~ (J i 5
d i ';j po S '::.1 it? n t
de p Lu S
de d 1:-: é p (J l.J ~3 e !5
:
(, d J E'
I?, Clfi n y d Em
J
0 kwa
: 2 5 ,
Ette Gbongro d'Emokwa 13,
Kabi Awiyo d'AklodJ
12.
Pour un total de
QS épouses,
le taux de polygynie est de 6,33 épouses par homme
très
\\- l ,:.hr:' ,

'728
Plus écoDomique
~pp~r~ît le m~ri~ge polygynique en régime
p~triliné~ire. Ici,
en
effet,
le surproduit du tr~v~il des c~dets
n'ét~it rép~rti
qu'entre
les
deux p~trilign~ges, celui du père et
celui de l~ m~re, le premier s'~ppropri~nt l~ plus gr~nde p~rt. Ici,
une c~use
structuelle
symétrique
Joue
en f~veur d'une plus forte
polygynie p~r
homme
riche.
Sur quinze hommes parmi les plus riches
identifiés en p~ys kweni et bete ~ l~ fin du XIXe siècle et ~u début
~u XXe si~cle,
l~ majorité possède plus de dix épouses,
un seul en ~
neuf <Seri
Diro de B~hoan, D~lo~). Pour un tot~l de 329 épouses,
le
~~ux de
polygynie
est
de
21,93,
soit 22 épouses p~r hommes très
riches, c'est-'-dire trois fois plus qu'en société m~triliné~ire.
Troisième moyen
le
s~l~riat.
Au
sens propre,
il est
subordonné.
l~
n~ture
et
au niYe~u de la production.
Les femmes
bete et
kweni
utilis~rent
des enfants pour la récolte des noix de
cola en
les
rémunérant,
nous
l'avons vu,

l'opér~tion.
Les Neyo
employèrent des
Godié

l~ fabrication de l'huile suivant le même
mode.
Nous
n'avons
aucun témoignage de ce type de rel~tion dans le
système économique odJukru.
C'est donc dans les échanges commerciaux
où son
effi,=~,=ité é,=onon\\ique ét~it r-e co nnu que cette l~€~l~tion s'est
développée en concurrence avec l'esclavage avant d'être éliminée p~r
ce dernier.
Qu~trième
moyen
l'acquisition
de
c~ptifs
et
d'esclave~. Comme l'adrogation,
la capture de prisonniers de guerre,
~Yec ce qu'elle suppose de risques et de coOts,
ét~it une entreprise
exceptionnelle et
de
modeste
rendement.
Quant

l'acquisition
A'esclave,
solution a combien économique qui intègre tous les ~utres
Moyens,
elle ét~it ~sslJJetti .=!l deu:< ,,:onditions alJ moi ns
: du '=ôté de
l'acquéreur,
une ~ccumulation préalable de moyens de p~iement, et du
cSté du vendeur ou du "marché",
une offre importante.
M~is daY~nt~ge
que l~ production au sens étroit,
c'est le
commerce qui
eut besoin de manoeuvres pour le transport des noix de
col~, de
l'huile
et
des
~mandes
de p~lme. Sociologiquement,
les
courtiers disposaient
des mêmes mov e ns que ·les pr-oduc t e ur s ~ve'': les
mêmes limites,
chez les p~triliné~ires, les Kweni,
et les Gban,
les
Kwadia et
les
Neyo,
~utant
que
les Bete
: les dépend~nts nés de
m~ri~ges polygyniques.
Une différence cepend~nt chez les Neye
: les
cadets parents,
en
s'engageant dans l~ navig~tion, diminuaient les
forces mobilis~bles
dans
l'économie
générale,
l~ production et ~
fortiori
le
commerce
continent~l.
Chez
les
m~trilinéaires
qui
disposaient p~r
mariage
de
moins
de
dépendants
lignagers
en
proportion ~bsolue
mais
aussi
relativement
aux
besoins
et

l'ampleur des export~tions, le sal~ri~t s'imposa.
Les exportateurs
devaient rel~yer les, producteurs odJukru
et ky~man,
nous
l'ayons
vu,
pour
tr~nsporter
l'huile
de
l'hinterl~nd ~ux
déb~rcadères
lagun~ires,
p~r
exemple
~
Dibrm
<D~bu), puis
des
débarcardères
continent~ux
~ux
débarcardères
littoraux et aux navi~es. Ici de même,
les gr~ndes s~isons de tr~ite
se c 0 n f 0 TId'::J i t:~n t
.!l V e ..:~ l (~S ~; ~ i SOl'I 5
dé,= i s i.ve s dei' ~ g l~ i '1 U 1 t ur- e v i:v l~ i è l~ e
et de la pêche.
Entre les exigences de l'économie m~rchande (ampleur
et rythmes
des
export~tions),
les
erg~nis~tions
lignagères
s'avérèrent insuffis~ntes.
Dès
le
milieu
du
XIXe
siècle,
et
prob~blement beaucoup
plus
t8t,
les All~dian recrutèrent une main-
d' oe uvr-e salal'ié~~
KI~Um'ôln-Ne'lo,
qUf?
nous
désignons
"I{l'U"
entl~e
qUillemets,
pour f~ire bref.
Economique pendant la première phase de

L
729
cet essor
économique,
cette
main-d'oeuvre
vi te
elle-mênle
insuffisante.
La
main-di oeuvre
servile
lui
'~On'~'JI~I"en,.::e pu i s
l' él imi ne!"';;).
Comparons les
revenus
des
commercants
et
ceux
des
producteurs en
prenant
l'exemple des Alladian et des OdJukru.
Sans
beaucoUP de pertes,
de facon régulière,
un lignage populeux pouvait,
selon Eg Niamba MèledJ de GbadJn,
fabriquer l'huile à trois reprises
entre Janvier
et
mai,
à
trois reprises également entre Juillet et
décembre,
en
produisant entre 6 et 8 fats en grande saison sèche et
6 . n
petite saison sèche où les palmiers donnent moins.
A raison de
6 à
8 fats x 3, soit 18 ~ 24 fats pour la grande saison s~che et de
6 x
3,
soit
18
fats pour l~ petite saison sèche,
il disposait en
-:-:::"-~--fa62d'Une
somme· de--250 F K-(24 ... 18)
= 10.500 F.
S'JI" c i nq ans,
régulièrement,
le
lignage
pouvait
gagner 12.500 F ~ une époque où
les esclaves
valaient
au
plus
300
F l'unité.
En 1862,
selon les
éléments chiffrés
laissés par le C~pitaine Gouriau,
chacun des huit
célèbres négociants
alladian
transportait par ses trente pirogues,
chargées de
deux
tonneaux,
5.780 tonneaux,
soit au bas mot,
2.000
~onneaux. A
raison
de
250
F par tonneau,
il exportait au minimum
pour 250
x
2000 = 500.000 F et au maximum 250 F x 5780 ; 1.445.000
F.
En
supposant
que
le
dizième
seulement
de ces ressources lui
reviennent,
il
gagnait
entre
50.000
F
et
141.500
F,
ce
qui
représentait le
quintuple
du revenu d'un chef de lignage odJukru à
la m@me
époque.
Tout
se
passe
comme
si,
lorsqu'on va du centre
fQrestier producteur
~
la
périphérie
de
la
zone,
des
peuples
producteur~ aux
peuples courtiers,
les revenus allaient croissants,
dans la
région
lagunai re,
dans
1 f~
r appo r t;
de 1 ~ 5. On pelJt en
inférer que
les
peuples
courtiers,
avec
plus
de
moyens
d'accumulation,
étaient
plus
riches,
les
Alladian
plus
que les
OdJukru,
les Neyo plus que les Bete,
les Kweni plus que les Bete.
L~
est le premier facteur fondamental
d'inégalité.
A cette
exigence
de
main-d'oeuvre étrangère au lignage,
eH:igence 1 imitée
chez
-le-s· --J.J-J'"I-S.,
illiJuité_e__ chez
d' aut r-e s ,
la
production d'exportation
ajouta
une
autre génération d'effets.
En
devenant de
plus
en
plus
riches,
les peuples producteurs et les
peuples exportateurs
devinrent
des débouchés de produit manufactu-
rés et
des
centres d'innovation culturelle.
Débouchés des produits
de l'industrie
européenne
(instruments
de production,
produits de
Luxe ,.::omnle
les
tiss'Js,
la
boisson,
le
taba,.:: ... ),
ils f ur-e n t
un
débouché des
produits
de
l'industrie et de l'art des Bawle et des
Kweni
: pagnes tissés ~ la main,
bijoux en or et en ivoire,
masques.
Ainsi Abê,
Odjukru
et
Alladian étaient dans le Sud-Est ce que les
Kweni,
les
Bete,
les Gban et les Neyo-Kwadia étaient dans l'Ouest.
Ce fut l'époque o~ les hommes riches inventèrent chez les OdJukru et
restaurèrent chez
les
Alladian
et
les
Abê
un
nouveau
mode de
reconnaissance de
l'homme
riche.
Les Essuma voulaient que le riche
fat consacré
avant
d'avoir
b
posséder
~e5 esclaves.
Dorénavant,
l'escl~ve entrait
d~n~ le code de la notabilité comme signifiant de
la richesse
suprême,
servant
~ évaluer celle-ci dans la vie,
et ~
exalter celle-l~ d~ns la mort.
~
Cette m~in-d'oeuvre
étrangère,
cette
masse
de biens de
prestige, cette
nouvelle
marque de l~ richesse que la zone n'était
plus en
mesure
de
fournir
~llait
provenir
de
la
savane.
Une
circonstance dev~it
la
procurer,
circonstance que nous connaissons
déJ~.
m~i5 d'une tout autre dimension:
la guerre.

73D
SECTION
II
GUERRES DE SAVANE,
GUERRES
SAHORIENNES
4, c.1)~ot\\c.+U~ ~~\\;hqt1(. ct ~ù€nt •
Il f~udr~it
remonter
~ux
guerres
loint~ines
dont
les
effets se
sont peu ou prou f~it sentir d~ns l~ forêt ~u XIXe siècle
: d~ns
le
Soud~n
nigérien,
guerres de l'Et~t b~mb~r~ de Ségu,
en
p~rticulier de Tyèfolo ~ Ali en p~ss~nt p~r M~s~l~ Demba
(1827-1862)
. d~ns
le Soud~n centr~l, guerres des Et~ts h~ws~ nés de l~ réforme
de Il s ma n
D~n
Fodio t
en
parti'';:'.,l iel~ l'Et.:lt de Sokoto ave c MIJh~m~d
Bello
<1817-1837),
guerre de l'hégémonisme Zerm.:l de Kosom B~bpuky~ ~
Mory Ture
(1854-1892).
Il n'y
~
pas lieu. D'une p~rt, en effet,
les éléments de
l.:l popul.:ltion
servile
origin.:lires de ces esp.:lces -
Hw.:ls~,
B~mb.:lr.:l,
Toucouleures -
n'ont
Jamais
composé
des
groupes
numériquement
signific.:ltifs. D'autre
part,
nous ne disposons p.:lS des mêmes moyens
pour v.:llider
l'hypothè~e
d'une rel.:ltion de C.:luse ~ effet entre ces
secousses politiques
et
les
données
de
notre document.:ltion.
Ces
escl.:lves pourr~ient
être
~ussi
bien des captifs de guerre que des
excommuniés à l'origine.
Il n'en
est
p.:lS
de
même des hégémonies loc.:lles que les
chefs milit~ires
m.:llinké et zerm.:l ont mises en pl.:lce au XIXe siècle
.:lU détriment des peuples sénufo : d.:lns le Nord-Ouest,
l'hégémonie de
Mari -
Ulé
-
Sisé d~ns le Morielodugu/KonY.:ln (1825-1882),
celle de
V.:lk~b.:l Ture d.:lns le K.:lb.:ls~r.:ln.:l <1830-1876),
celle de Mori Ture
<1885-
1892).
Ce
sont
cepend~nt les guerres s.:lmoriennes qui donnèrent une
.:lmpleur S.:lns
précédent
~ux
dépl~cements
des
papul.:ltions d~ns l~
S.:lvane et l~ forêt ivoirienne.
Avec s~
gr~nde
érudition
mandingue,
Yves Persan
(14)
.:l
retr~cé comment,
entre
1861
et 1883,
sur le Haut-Niger,
~utour de
Biss.:lndugu,
S.:lmori
. Ture,
commerc~nt,
puis
chef milit.:lire,
mit en
pl.:lce un
Et~t impéri~l, riv~l de l'Et~t b~mb~r~ de Ségu.
C'ét~it un
Etat ~
b.:lse
homogène
t~nt
sur
le
pl~n ethnique que sur le pl.:ln
économique et
idéologique.
Un
peuple domin~nt ; les M.:llinke ; une
activité essentielle
le
commerce
entre la cSte et l.:l forêt,
l.:l
forêt et
l.:l
s~v~ne
; une religion du livre au moins entre 1885 et
1888
l'islam.
C'était
un
Et.:lt
centralisé,
organisé en régions
milit.:lires .:lvec
pour
force
une
.:lrmée
puissante
et
moderne
de
cavaliers et
de
fantassins:
les sofas.
A peine cet empire établi,
Samori rencontr~
les
Fr~ncais
qui
le
harcélèrent
jusqu'~
1.:l
destruction de
l'édifice
en
.:lvril 1891.
L'historien ~ c~r~ctérisé
les années
1891-1898
comme
".:lnnées des sursis"
au sens o~ le F.:l~m.:l
les mit
~
profit
poUr
fonder
dans
la savane de l'Est,
en terre
i va i l' i e nne ,
1 e
NIJUVe 1
Empi r e .
Le s
deIJ:-:
'':,,-Ip i t;,l1 es,
t~Vë1Y-i
SIJl~ 1 e
M;;'ll~;E.l'_le ~
l' OUE:~st
et
p;;'lbakal...:.-!.
.~
l'Est,
~;€~I'()nt, è ,.:e ''::l~ér..IJs'':IJl.e de
l'empire,
les homologues de Bissandugu.
Or relativement
~
1'~s5iette
de
l'empire
cette région
était un
lieu
des
contraires.
Sauf
les hégémonies m~linké, et les
l~f.lY;:.l'.Imes ab r-onz' ku I ;;.mgo ,
~~al~tout
df.~ f.;
~; o c i ri té~;
:1. i '.::Jn;;'I~J~~l~f.~S
€~t
des

~hefferies fondées sur une ~griculture de céré~les et de tubercules.
Partout l'hétérogénéité
ethnique
M~linké'
l'Ouest,
Senufo ~u
Centre,
Lobi,
Kul~ngo
et Abron ~ l'Est,
D~n,
Kweni,
B~wle, Anno ~u
Sud.
P~rtout
la
diversité
culturelle des l~ngues et des croyances
religieuses.
Des
contraires,
c'est-~-dire
des
obstacles
avec
lesquels il
fallait
passer
des
compromis,
lorsqu'ils
étaient
concili~nts, procurant des vivres,
approvisionnant en armes,
ouvrant
les routes
de
commerce,
des obstacles qu' il
f~llait lever par les
armes,
quand
ils
p~raissaient
irréductibles et ~sphyxiants. Enfin
relativement ~
la révolution diula dont l'empire ét~it l'instrument
et la consécration,
le Nouvel Empire ét~it l'ère de l~ destruction.
S~uf les
peuples
forestiers
par
l'essentiel,
des
affrontements plus-ou moins sangl~ntsopposèrentlessof~s s~moriens
~ des
fr~ctions de tous les autres peuples,
quand ce n'était pas aux
peuples entiers
(Ojiaini,
Abron).
R~ppelons les plus connus.
Le rpreaier obs t ac Le flJt me l a nke , de façon inattendlJ.
Si en
effe~, Man9b@-A.~du
r~llia
le
Kabasarana
~ Samori,
V~kuru Bamb~,
, gendre de
Uakaba
Ture
fut
sécession
et érigea p~r l~ guerre une
hégémonie q~i
s'étendait
du H~u oriental au Worodugu
(Séguéla),
en
incluant le
N~fana-Ba
€t
les
Senufo du Noolu.
Il sera poursuivi,
combattu,
vaincu
en
janvier 1892 et décapité avec tous ses parents
m~les et ses fils.
Le deuxième
obstacle
vint des Kweni ou Guro,
des Mwan et
des Uan.
Comme les Wenmembo et les Wê-Semeyê,
les premiers subirent
dans les régions de Vavua et de Zenula
(Grufla)
des r~ids destinés ~
leur extorquer
des
vivres,
mais qui rencontrèrent l'insuccès chez
les N~tti
et
les Ny~n~gon. Asile des réfugiés du Kanyéné,
Kun~iri,
la capit~le
des
U~n,
fut
pris,
les
notables
mass~crés
et
la
popul~tion déportée
en
1893.
De
même,
au début de 1894,
tous les
villages mwan
dont
Sukurugb~n
furent
détruits
et
l~ population
également déportée.
Jusqu'en Juin 1898,
ces men~ces ne cessèrent de
planer sur
ces c~pit~les reconstruites gr~ce ~ l'inflexible énergie
des chefs
comme
Trik~
Bomiso
(Kun~~ri)
et
Zaulé
Origbwé
(SIJkUl~ugban) .
Le troisième
et
le
plus
rude
obst~cle
fut d'origine
senufo.
Avant
S~mori,
Mori
Ture
de
Marab~dyass~,
le
marchand
d'escl~ves Zerm~
et
sa
b~nde ~vaient, en juillet 1886,
écr~sé les
T~gwana du
Sud
"en
vend~nt ses nombreux c~ptifs ~ux Bawlé"(1975 :
1582),
mais
ils échouèrent en territoire des Ojimini
(1886-1887)
et
chez les
T~gwana
du
Nord.
Mais
quand
survint
Samori,
s~uf le
ralliement des
Senufo de Korhogo avec Pelefogho,
les autres peuples
Senufo se
révélèrent
intraitables,
opposant une volonté farouche ~
la rage
de domination du monarque.
A Bafeletu et F~dy~dugu, dans le
Gbato sous
colonis~tion
bambara,
ce fut l'intervention personnelle
du F~ama
qui parut nécessaire pour réduire la résistance en Juillet
1893.
Même
résist~nc~ des Senufo du Nyéné et du F~l~na qu'il fallut
briser en
1894
pour
s'~ssurer
en
même
temps que des vivres les
routes d'accès
aux
m~rchés des chevaux.
Env~hi en juillet 1894,
le
Ojimini résist~
héroiquement jusqu'~ l~ chute de Nyéméné,
de Sok~la
et du
Kpana
une chute qui tr~nsforma le pays en un désert,
selon
l' im~ge apocalyptique
de l'historien.
En 1895,
ce fut l' inv~sion du
Tagwan~ du
Nard
malgré
l~
résistance,
prise
de
Kabl~kaa et

d~portation de
la
population
~
DaDakala,
chute de Nanbanakaa et
d~portation de
la
population
de
Kyembine au DJimini.
Lorsque les
sofas en
vinrent
enf~n
~
attaquer cette forteresse de la société
s.nufo,
les
Pallak~,
ennemis
irréducttbles de l'Etat de Kong,
ils
~chouèrent devant
Kimbala
et
Kalakala.
Il
leur
fallut,
pour se
venger de
cette
défaite,
saisir et déporter les Tagwana de Nyangbo
et de
Nyèkèrèkaa.
Dans le même temps,
comme si la résistance senufo
ne pouv~it
accorder
un
répit ~ l'acharnement des dominateurs,
une
r~volte des Fodonon et des Kopruo insurgés contre les percepteurs de
tribut en
nature les défia encore,
révolte 'qui ne fut vaincue qu'au
mois de mars 1896.
Si le
GonJa
occidental
(seconde moitié de décembre 1895)
et Kong
(juillet
1897)
furent
soumis
sans résistance armée,
les
de-rnier's ob s t ac Les
SIJr
les
routes
de
,.::ommer,.::e
de
Djenné et de
Kumassi -
Abron,
Kulango,
Ty~fo - to~bèrent ~ la suite de luttes :
80nduku en
octobre
1895,
Buna
le
6
décembre
1895
et Numudaga
<faubourg de
Bobo-Dioulasso),
le 18 mai 1897. Ce fut à
l'assaut de
cette dernière
localité,
dans le Gwiriko,
qu'un fils de Samori fut
abattu et que, se portant en première ligne,
le Faama lui-même reçut
u~e balle
dans
la
Jambe
droite.
Or,
Kong une fois détruit,
les
femmes,
les enfants et les Jeunes gens furent déportés au DJimini .
.<. Le~ (t>t\\S(~(.t\\le.~ ~Lov"\\0m;PL\\e~,
On ne
,,:onnaît
pas le voÎIJme de la population déportée de
1891 ~
1898.
Ce
sera,
en complément de l'histoire politique,
l'un
des objets
d'une économie politique ou d'une histoire économique de
l'empire samorien.
Mais
le
résultat
des affrontements,
~e fut, ~
,.:ôté de
l'enrôlement
des
Jeunes
gens
dans l'armée,
à
,.::ô'tè de la
co Ion i s e't t o n , sinon
du
repe'Jplement
du
DJimini,
la mi s e SIJl~ les
marchés de
grandes
masses
d'hommes,
de
femmes
et
d'enfants en
échange de
vivres,
d'armes
et
de
munitions.
Dans les limites du
territoire ivoirien
de l'empire,
de nombreux marchés ont fonctionné
: à
l'Ouest,
marchés du secteur dan-kweni,
déjà évoqués dans le Ch.
IV;
au
Centre,
marchés
du secteur bawle
(Marabadyassa,
Minambo,
Diyabo,
Kotyakofikro ... )
~
l'Est,
marchés
du secteur ano-anyi
(Grumania).
Les
marchés
du
secteur
central
restèrent
le
plus
importants pour
les
premIeres
années de forte offre,
c'est-à-dire
1894-1895 pendant lesquelles bJiminj et Tagwana subirent invasion et
déportation et

Bonduku
et
Buna
furent soumis. L'historien de
Samori a
donc
raison
de
souligner la place et le rôle du secteur
bawle
(1975
: 1744)
(15).
"Les échanges commerciaux qui se déroulaient dans ce
cadre écrit-il,
ne
furent
marqués
par
aucun incid2nt
avant 1898.
Ils étaient pratiqués soit parles Samoriens
des garnisons
voisines
soit
par
les
dyula envoyés en
mission par
Samori ou l'un de ses Kèlètigi.
Les célèbres
pagnes des
Baulé
ne jou~ient aucun raIe dans ce négoce,
car il
n'avaient
pas
de
place
dans
la
civilisation
mand i ng.
Les J
tl~ans-ù,.:t i o ns
du
p r em i el~
type
pOl~taient
exclusivement sur
les
vivres
qui
manquaient
aux
Samoriens,
des
ch~vres,
du riz.
et surtout ces ign-ùmes,
dont la
culture intensive faisait la richesse des Baulé.
Celles du
second type partaient sur les fusils,
rarement
è
tir
rapide,
et
sur
l~
po~dre que recherchaient les
acheteurs de
l'Almami.
Ces
~rmes ven~ient bien entendu
des comptoi~s
franC8is
de
l~
Cate,'
selon une filière
d'intermédiaires établis not-ùmment ~ Tiassalé et Toumodi.
Au prix
de
péages
élev~s, ceux-ci
laissaient cependant
les Samoriens descendr~ j
la mer,
comme cette

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p r o c _ . _ u .
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«~VO~C~
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1 · • • p~c.
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q Y . 1 q u . _ ' ma~.,
M._._
y n _
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r.~uo~.-
.11og~'~..
~~~._~~
~'-rup~~~n
_ u r
1 _ u r _
~_rr_.6
~Gnd~.
q u e
1 . .
ngUV._UH
vQ~.~n.
qu~
oecup.~en~
1eu~
~ron~~~re
c~u
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o~4ru~_,~~
d _ _
c_pt~~.
e n
.~orm_
qu_n~~~.
_~
~
d _ _
pr~H
~r • •
bG • •
L _ _
8 _ u 1 .
~~r~r_n~
1 _
m_~11_ur
p~r~~
d _
~_.
~~rcon_~_nc_.
_H~r_ord~nu~r_. _~,
_n
p e u
d'~'~'~.__ ,
1 e u r .
v~11_ge_
L._
.·emp1~ren~
d'~nnombr_b1_.
Kmng.
m~1
u • • ~m~1"_.
.qu~1~bre.
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1 _ u r
_ac~.~.
G11_~.n~
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1 _ y r _
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~~~'''C;J'-~.r•• ''
(15)

73t~
Hais s~uf
l~
proximité
des
~h~mps de b~t~ille les plus
s~uf
l~
proportion
des
dér~cinés
Senufo des dernières
règne
de S~mori, tous les peuples préforestiers jouèrent
~vec l~
même
effic~cité
les
mêmes
raIes
que
les
B~wle,
raIe
d'utilis~teurs bien souligné p~r l'historien,
raIe de revendeurs que
celui-ci ~
négligé.
Comme
les
B~wle
et en même temps qu'eux les
Kweni ~ccueillirent une m~sse énorme d'esclaves de diverses origines
que la
prox{mité
et
les
cours
mett~ient ~ leur portée. Les uns,
libérés p~r
l'~rmée
puis
l'~dministr~tion
coloni~lei reg~gnèrent
leur p~ys ;
les ~utres furent ~nnexés ~ux lign~ges et grossirent les
vill~ges b~wle, kweni,
d~n et anno.
Les S~lverte-M~rmier ont cal~ulé
que l~
proportion
des descend~nts directs d!~s~l~ves ~eprésente en
1962-196t~ p l ua
de 20 /. de La population _tot~le de '::el~tains vill~ges
de l~
région
nord
de
Bouaké et de plus de 30 /. dans les vill~ges
centres des
chefferies traditionnelles
(16).
P~r hypothèse,
on peut
~ttribuer la
même
tendance
forte
~ la proportion des descend~nts
d'esclaves chez
les
Kweni
du
Nord.
On se r~ppelle que A.
Oelus ~
trouvé en
1958 ~u villagE de Ouonefla dans l'Ouest du pays Kweni 25
/. de des~endants d'escl~ves <Ch.
X,
Section II).
Un troisième groupe
~ été revendu vers le centre forestier et le Sud.
Les originaires de
l~ s~vane
que
nous
identifions
dans le centre forestier chez les
Bete,
les
Kwadia,
les
Abê
et
sur
le
littor~l all~di~n et neyo
représentent le
reste
des
filtrages
successifs
que
les peuples
intermédi~ires ont
opérés,
les
ultimes
produits
des
reventes
~uxquelles les
différents
rel~is
ont procédé ~près absorption des
éléments de
leur
choix.
Il
est logique que d~ns l'axe du secteur
b~wle la
population senufo,
~ l'~rrivée, fOt plus considérable dans
le Sud-Est lagun~ire et littor~l que d~ns le Sud-Ouest et représente
plus de
la
moitié
de
l~
population glob~le des es~laves en pays
od.Juk r-u •
Mais lorsqu'on
corrèle
cette population avec l'évolution
de l~
stl~'.JctIJl~e
d' ~ge
od Jukr-u
;.) 1~.fin--dIJ
XIXe sièJ.::le,
on r r-cuve
confirmation de
trois
hypothèses.
En
premier lieu,
la croissance
r~pide du
nombre
des
esclaves
correspond
bien
aux
guerres qui
enflammaient la
sav~ne,
singulièrement aux guerres s~moriennes qui
pour le
Nouvel
Empire,
ont
dér~ciné
l~
plus
gr~nde
m~sse
de
personnes d'ethriie
senufo.
En deuxième lieu,
ont payé le plus lourd
tribut les
classe d'~ge (Tab.
19 A/B et 20 A/B,
Fig.
15 et 16)
nées
1874 et 1898,
qui ~vaient entre 1 et 26 ans,
not~mment les
jeunes de
8 ~
16 ans.
En troisième lieu,
~près les jeunes nés en 1898 et ceux
que leurs
mères
portaient
entre
1898
et
1906,
la grande source
d'esclaves pour les peuples forestiers tarit avec la fin de l'empire
s~morien. Peut-être
sans ces secousses politiques de la savane,
les
sociétés lignagères
de
la
zone forestière,
prospèrent comme elles
l'étaient de plus en plus,
armées comme elles l'ét~ient, se 5er~ient
~pproYisionnées d'une
manière
ou d'une autre p~r les guerres et le
commerce.
Mais
comm~
ce
processus
pratiquement
n'av8it
j~m~is
discontinué,
nous ~ pouvons tenir pour certain que le facteur décisif
de l'accroissement
spectacul~ire
du
volume
des
esclaves dans l~
forêt reste
bien
celui-l~
le
choc
tragique
de Samori et des
p~~up 1. e s
ma I i. n V. é
t~t
s e nu fa
de
"Côt~~
d' 1: vo i. l~e ..
d,,-ln~;
1. t~ ':: onte:·:te
historique de
~'impérialisme.

CONCLUSION
GENERALE
-
- ---~

Oémontrer que
l'esclavage
en
vigueur
dans les sociétés
lignagères de la C8te d'Ivoire forestière ~ l'époque ante-c~loniale,
telles que
la
do cume n t e t Lo n
histol~iodictiq'Je
et la do cume n t a t i on
historiographique permettent de les recomposer du XVIIIe au début du
XXe siècle,
constitue
bien
un véritable esclavage,
voil~ la thèse
que nous entendions soutenir d~ns cette étude.
Au terme
de
notre
investigation,
trois constats majeurs
s'imposent.
En
premier
lieu,
une fois admis un concept univoque de
l'esclavage,
ce
que
nous somme maintenant fondé ~ nommer esclavage
lignager apparaît,
en
tant
qu'esclavage,
comme
un
système
de
réification absolue des personnes faites esclaves.
En deuxième lieu,
en tan:t
qu ' es,:lavage
irt-t-e.~f?-~.lIJ.)4-so,:iétés fondées- SIJl~ --les r-appor-t s
de production
lignagers,
i l
ne présente pas p.:nrtout la même
forme
,.:om,me on
pOIJl~l~ait
po3l~
pl~éj'Jgê
s'y
;!Itt'endl~e; loin de La .
Il est
.:nussi polymorphe,
historiquement
et sociologiquement.
~n troisième
lieu,
cet
esclo3vo3ge,
do3ns
l'unité
et 103 diversité de ses formes,
est U~
lieu
car.:nctérisé
de
la
détermin.:ntion qu'opère l'ordre de
l' id"'~lQlo9ique da ns
les s oc iétés 1 ign'ilgè\\~es.
Il nO'JS f'ilut donc c 1 or-e
ce tr.:nv~il
en
soulignant
successivement
ces
trois
points
d.:nns
lesquels se
résume
l'acquis essentiel de cette investig'iltion,
dans
l.:n mesure
où des propositions qui
rebondissent comme des hypothèses
appelant de nouvelles recherches ne concluent que par antiphrase.
1.
L' es,.:lavage J.i9'H.lgel~,- sn sy<.:}tème de r~hfic.:ntion
o3bsoltJe
Un systènle.
Pour les
épistémologues,
103
notion
de
système peut se
rapporter soit ~ une construction conceptuelle,
un modèle,
destiné à
rendre intelligible
une
part
du
réel,
soit
~
une
formo3tion
êlémento3il~e de
l;:)l~é;:)lité el-l-e-même. Ce-tte équivo,:ité opposer dans _
le yoc'ilbulaire
de
Ludwig
Von
Bertalanffy
(1),
le système réel au
système conceptuel dont 103 science est une sous-classe.
Do3ns l'un et
l'autre c.:ns,
la
notion
désigne
un
ensemble
dont
les
éléments
interdépendants forment
un
tout
organique.
Retenu
ici
do3ns
l'il
première acception,
le
système est une formation historique,
douée
de
le complexité de toute form'iltion.
Ici,
comme
'ililleurs,
l'esclavage
comme
système relève,
selon nous,
du
c'ildre théorique incontournable,
légué p'ilr Aristote,
l'Aristote d'o3v'ilnt
la mét'ilphorisation socio-politique de l'esclave,
théOl~ i c ien de
l' 0 i It..o~
et
comp 1 été
I=..~l~
Kal~ 1 M,ùn~.
D'J s e co nd ,
1 es
concepts d''ilpproprio3tion
march.:nnde et d'exploitation rendent compte
de
la
genèse
et de
l.:n nature du rapport d'esclavage;
les concepts
d'apparten'ilnce et
d'instrument
du premier définissent le statut de
l'esclave dans
l'ordr.
de
l'être et sa
fonction.
Genèse historique
et structure
interne confirment ce cadre théorique,
en attestant
la
cohérence du système.
';.:""(..,

Depuis le
XVIIIe
siècle,
époque
~
l~quelle
leur
identific~tion est
vr~isembl~ble, les peuples de l~ zone forestière
nouèrent des
rel~tions
org~niques
nouvelles,
mode
d'intégr~tion
progressive et plus ou moins ~ccentuée d~ns les formes de l'économie
. march~nde,
d'une p~rt avec l'Europe et ~vec le reste de l'Afrique de
l'Ouest,
d'autre
part
entre
eux.
Entre
la zone forestière et la
savane et
~
l'intérieur
de
la
zone
forestière,
moyennant
des
monn~ies spécifiques,
des
groupes de négoci~nts éch~nge~ient parmi
d'~utres produits
de
prestige
des
captifs
de
guerre
et
des
excommuniés.
Les
guerres
d'exp~nsion
samorienne,
consécutives au
défi
impérialiste,
intensifièrent
ce
commerce
~
la
fin du XIXe
siècle,
jusqu'~
ce que la colonis~tion en définitive vînt sonner le
. gl~s de
l'indépendance
des .soc~étés
forestières,
le
gl~s de l~
traite et le gl~s de l'institution elie-même.
H~is d~ns
sa
structure
interne,
le
système

de ce
pl~()Y~eSSlJs historique.
intplique
p ar t ou t
la
diffél~en,.::i;.')tion et La
str~tific~tion entre
deux
c~tégories
irréductibles
de personnes,
r~connaissables ~ leurs origines sociales et è
leurs st~tuts,
: d'un
cSté,
des
personnes
n~es
libres,
les
ingénus,
m~îtres
~ titre
individuel et
collectif,
de
l'~utre cSté, des personnes achetées,
les eSf.::laves.
Un système de réification absolue.
La relation
essentielle entre ces deux catégories se veut
une relation
totalitaire
s'exerçant
dans
toutes les sphères, .sur
tous les
esclaves,
sauf exception,
toute la vie,
et revêtant toutes
les formes.
Procréation,
production,
domination politique,
création
culturelle,
idéologie,
voil~ les différentes sphères.
La première et
la deuxième
appartiennent
~
l'espace
domestique et lignager
;
la
troisième et
l~
quatrième s'inscrivent dans l'espace du village ou
de la
confédération
des
villages
la cinquième sphère,
sous un
l~?'ppOl~tJ e nve loppe_
les
au t r-e s
ou erlf.~Ol~e corrs t i tue leul· 1 i en,
ma i s
sous un
au t r-e
l~appOl~t
elle
(~st
comme
l' c')'e'.::umène '-êi(j tout(~S les
sphères cohabitent d'une certaine facon.
En ces
divers sphères s'exercent quatre grandes formes de
réification au
moins,
les
esclaves
étant
traités
comme
des
instruments de
la reproduction des maîtres,
de leurs lignages et de
la société,
"simple
condition
inorg~nique et naturelle" ainsi que
l'écrit Marx
dans
les
Formen
(~rundriss~
l
1980
:
426).
Dans la
pl·emièl~e Fo r me ,
1·:;)
fOl~me
s oc t a I e ,
l'es,.::lave
est
bien un simple
organe dont
la
fonction
reproductrice
peut
être
arbitrairement
stérilisée ou
presque
par certains groupes patrilinéaires,
limitée
au minimum
par
d'autres groupes ~ travers les processus de collage
et de
contubernie,
ou
draînée
vers
l'élargissement
et
la
perpétuation des
matrilignages.
Dans
la
deuxième forme,
la forme
techno-économique,
l;esclave
figure
comme un outil de production;
condamné au
zèle,
toute sa vie,
il reste l'exploit~ absolu,
celui è
qui éch8ppe en termes de consomm~tion vestimentaire,
de consommation
alimentaire,
consomm:;)tion de soins de santé ou de biens rituels,
une
gr~nde p~rtie
du produit de son tr~vail, ~ moins qu'il ne bénéficie
d'un foyer propre et ne compte beaucoup d'enfants.

"738
Exclu ~bsolument
du
contrale du pouvoir,
comme l'~tteste l'exemple
des cl~sses
d'~ge,
l'escl~Ye
sert
d'instrument de d~ux m~nières.
O~ns les moyens de contr~inte et de défense où 5~ p1~ce est limitée,
il guerroie qu~nd enfin une ~rme lui est offerte.
M~is ~u bout de 1~
guerre,
le
s~crifice
dont
il
peut
être
l~
m~tière devient une
procédure d'inst~ur~tion
d'une
p~ix
forte.
Instrument d'~lli~nce
politique,
le
s~crifice
de l'escl~ve sert ég~lement ~ l~ péd~gogie
o u ,
l'~ction
de
gr~ce religieuse.
Or,
ces s~crifices constituent
diverses mod~lités
de
1~
qu~trième forme de réific~tion, l~ forme
symbolique. Celle-ci
comporte
en
outre,
une mod~lité médi~tique :
l'escl~Ye ~ssume
l~ fonction soit de support d'un nom signific~tif,
soit de c1~iron ou kokob~, ch~nt~nt les 10u~nges de son m~ître. D~ns
l~ mod~lité
ob1~tiYe,
l'esc1~Ye,
objet
de
don m~gnifique, entre
commebi en- de
p r-es tige d~ns l~ c omp o s i t i on de 1 ~ dot.
Enfin,
méd i ~
et don
ne
sont
p~s
les
seuls
instruments
de
glorific~tion,
l'immol~tion funér~ire de 1lesc1~Ye, p~rfois son immol~tion festive,
en constituent d'~utres espèces tr~giques.
Tel est
le
système
d'escl~v~ge
un composé de formes
soci~les et
économiques
de
réific~tion
et
de
formes
politico-
idéologiques.
L'hypothèse
de
K~rl
M~rx
rel~tiye

l'omnifonctionn~lité de l'escl~Ye lign~ger ~pp~r~ît vérifiée ici.
M~is ce
que
M~rx
ne
pouv~it
p~5 s~voir, c'est que cet
esc1~y~ge 1ign~ger
n'est
p~s uniforme d~ns l~ ré~lité historique;
~u contr~ire il est multiforme.
Tr-o i s types
de
combinaison de ces formes de réific~tion,
trois types
de
form~tion
~u
moins
résultent de l'escl~v~ge d~ns
notre ch~mp d'étude.
Le pl"emier'
type
se
présente comme plJ1"'ement 1 i gTI~ger .: Il
s'~git de celui des sociétés où,
peu nombreux d~ns les lign~ges, les
esc1~ves ~ssument
une
fonction
économique
insignifi~nte.
Telles
étaient les
sociétés
gb~n,
bete et kw~di~.
Y dominent les formes
symboliques de réific~tion des esc1~Yes. L' idéologie,
~ seule fin de
consolider 1~
subordin~tion des escl~Yes et de leurs descend~nts, y
1~;;lyiYe en
effet
le
sentinlent
d(~
l'identité
"ethnique" et de 1~
pureté 1ign~gère
que
l'~ssimi1~tion
des
esclaves
peu
ou
prou
altère.
Elle
r~viYe
ég~lement
le
sentiment
de
l~ liberté comme
ingénuité ou
noblesse,
priyi1ège
des
autochtones p~r r~pport aux
étrangers ~bsolus.
Le deuxième type de formation introduit un sytème nouYe~u,
le système
proprement
escl~vagiste,
~u
sens économique.
Dans les
sociétés de
ce
type,
les esclaves relativement nombreux,
occupent
'.:omnH~ '.~ 1 ;)~;;se s oc i ~ 1e dom i née une p 1.'OlC(:~ d(·? pl~()dIJ'.:teIJl~!;
Pl~~~p(Jrldél~anb;.
Formes sociales
et
économiques
de réiiic~tion et formes politico-
idéologiques semblent
ici
s'équilibrer.
L' idéologie
ex~lte
l~
richesse dont
les
esclaves
sont
une
composante
essentielle.
Détenteurs de
la
richesse
et
détenteurs
du pouvoir politique se
confondent comme c:asse domin~nte. Telles étaient ~ un degré rel~tif
la société
neyo
et,
~
un
degrè
absolu l~ CIté-chefferie essum~
d' n~;s;oko.

-,',.,
739
Le troisième
type
de
form~tion
figure
un
type
intermédi~ire entre
le
premier
et
le
deuxième
types.
D~ns les
sociétés de
ce type ob s'opère l~ str~tific~tion entre une minorité
de gr~nds
propriét~ires
d'escl~ves
et
une
m~jorité
de
petits
propriét~ires d'esclaves
et
des
lign~ges
s~ns
escl~ves,
ob
coexistent p~r
conséquent
un système de production escl~v~giste et
système de production lignager,
dominent plut8t des formes
politico-
idéologiques de
réific~tion. En outre, sauf la société odJukru d~ns
l~quelle l'org~nisation
des
classes
d'Sge règlemente
l'~ccès ~ la
domination,
le pouvoir partout échoit aux lignages et hommes riches.
Telles étaient les sociétés ab@,
kweni et alladian.
A ces-krois
types est-commun un t r a i t :
la permanence et
l'égale importance de l~ fonction idéologique de l'esclav~ge. Qu'est-
,~e a dil~e ?
3 .
L' e~;,~l'1lv~t.:le 1 it.:lnagel~ sn 1 ie.!::!, et ~ i.llustl~'::ltj._prl d(~
l.ü détel~mination de l'idéolot.:lique
Cette ét~de
atteste
qu~tre
f~its. En premier lieu, elle
n'atteste pas
seulement l'existence d'une époque ~nte-esclavagiste,
où l' histOl~i,::ité
de
l'es.::lavage,
elle ~tteste J' ~ntél:.tQ..l_--j.té d'une
idéologie de
l'esclav~ge par r~pport ~ l'institution.
Avant
l~ mise
en place dans la zone,
puis plus tard d~ns les différentes sociétés,
d~ns le
sill~ge des échanges,
l'esclav~ge ét~it reconnu,
identifié,
refusé,
~v~nt
d'être
~ccepté.
Aux
peuples
qui
vendaient
s~ns
acheter,
il
fallut
une mentalité préparée et prête pour accueillir
l' inst~urati.on de l'esclav~ge. Cette dynamique préparatoire e~plique
la durée
qui sépare cette instauration entre deux sociétés proches,
par exemple
la société neyo,
qui pratiqu~it l'institution depuis le
XVIIIe siècle
et
la
société bete qui
Jusqu'au XXe siècle,
pour le
sècteur méridional
(Subre),
demeura étranger ~ celle-ci.
L'étude atteste,
en
deuxième
lieu,
une ~utre relation,
de structure,
celle-l~
dans son ét~blissement, l'institution est
~ mise
§li!.
OeIJV1"e
de
l'idéologie,
elle l"éalise en IJn s e n s
d arrs
"l'économie politique"
appliquée
les idées que les ingénus se font
des esclaves.
Anthropony~ie
servile,
exclusion ou intégration dans
les r~pports
de procré~tion, sacrifices funéraires sont des moments
de cette
concrétis~tion
de l' idéologie.
L~ conception nég~tive que
les m~îtres
se
font
des
esclaves et qui tend t
l'emporter sur la
ccinception positive trouve
l~ une de ses c~uses.
En t r-o i s i €~m(~_
1 i el.J,
'~ett(~
étude attes te la ~.~Jl:_~.i.:L:~_t::lS~.Q df~
l'idéologie.'!:J
l' r n s t r t u t i o n .
En'~ol~e
que
,.::~?tt,;:)
SIJl~..':i,"'/~n'~f?
c omme
souvenir présente un intérêt hi5toriogr~phique, l' idéologie ~pparaît
cependant et
surtout comme une idéologie de caractère politiq'Je,
un
recours des
ncstalgi~ue5,
arme
symbolique
dans
le-
iji~ :aurs des
IIJ t tes p l~ é sen tes,
':;11~ m(-? l~ é ;.':l'.~ t: i o n n ;.'li r-e ,
s':i]' e 1""1 0:':" ~ë' t,
,:1 " In (-':.
q I.J:i.
r- fi ::; ur- 'J i t
contre les avancées démocratiqu0s J0
l~ 50ciété politique.

. .- -
·. . . .Ml.<r!'·'H~~
.....~.·';---~~'M~:M··ôtt'"Hatiiét-êt~'~~··&"W-w1\\..;~-<.:;".K..."'"\\I··IIIii1l
. " 'i'N~._ •. . ',
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1'7_..
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_,;'~tCft'tc WC'tr.rOt"',
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Cette
étud8
atte3te,
en
quatrième
lieu,
que pour les
sociétés choisies
comme
témoins
de
l'institution,
le
rapport
d' e!:; c l '::1 v a g e f~ s t
p e l~ c U e
'.:: o mmf~ 1..1 n
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Tl
i'." ',',
i'?'~5 'l'.' .::d n ','; I ,
nous 1 e s avo n s , du r-app orr entl~e
."lî.rt~!O;;; :::.~I·:
.. ::;!.:." .."
;;;D;:~i;:.llJ:·:'.
Nous av o n s
l.~.l un f;:.lit de cu Lt ur e ,
.'.11..1
~,: 'n~=
o~ i l
c.:::lr.:::lctdrise
un
type
de structure sociale dans une hi toire
d.~tel~nlinêe. Or-,
dans c e s
cleu:.:, C::1S,
If:·! rappo r:
':loci.;:,l1
. ::rl.::I;'.lmi.'~nt:,ll ;,•.::i
est moins
un
rapport
économiqu.
qui n'e~~
~
pas comme t~l qu'un
l~ app orrt de tyP€~ i dt'~Cll o~ i i'.ll:~.
Dans 1'/·:·:.:: ',r,,::.l,:~
i::
,":::q::·'r···:::("!·:
i:·'T... h~~?
~ltnés
f:,'t
':<:ldets,
les
;:'. !~~"Ill i er-s ,
:::r.n1'l·'5.:::lb lf~s
de·:;
l :i. 'J'Ï1.:.'.'I~JE"·5 ,
n' .:?ni.:Tet i ennént p a s .:::lve,.: les
sAcondl
leurs
~épend~nts, des relations ~conomiques d'exploit.:::ltion,
m.:;:li s i l s
dé .....eloppent des l~e lat ions ~o~ltl~;,:j•.~tIJelles,
au s e n s que nous
avons ~
la
notion
de contrat social,
rel.:::ltions liées ~ l'histoire
passée
(histoire généalogique)
et à
l'histoire à venir
(la str.:::ltégie
de conservation
et de développement du lignage).
Ce contrat les lie
non seulement
d.:::lns le présent mais aussi dans le futur,
lorsque les
cadets à
leur
tour
deviendront
des
aîn~s
en
dépit
de leur
c.:::lr.:::lctère hiér.:::lrchique,
les
relations
sont
des
rel.:::ltions
contr.:::lctuelles ininterrompues
dans toute l'histoire des lign.:::lges et
leur rupture r.:::ldic.:::lle entr.:::lîne ipso facto la fin des lign.:::lges.
Des différents
aspects
qui
constituent
la
n.:::lture
du
contr.:::lt social,
c'est
l'.:::lspect
id~ologique qui est détermin.:::lnt en
dernière inst.:::lnce,
parce
que
la fonction du contrat,
nous l'avons
dit,
ét.:::lit de perpétuer une histoire socio-culturelle en définiss.:::lnt
un ensemble c~hérent d'oblig.:::ltions réciproques qui eng.:::lgent ch.:::lcune
des parties
contr.:::lct.:::lntes.·
S.:::lns
le
moins
du
monde négliger les
détermin.:::ltions de
c.:::lr.:::lctère
économique,
force
est
de
mettre un
;;:),.:: •.::ent p.:::ll~ti'':-I.lJ.ieJ~
S.Ul~
les détel~min.:;)tions de '':.::Jl~.:::l,.:tèl~e idéologique
pour .:::lut.:::lnt
que
d.:::lns
l.:::l
plup~rt des sociétés étudii~~, cell~s~ci
l'emportent nettement
sur
celles-là.
Ce
n'est
p.:::lS seulement les
r.:::lpports .:::lînés/c.:::ldets
que
les fondements idéologiques que sont les
principes contr.:::lctuels sont déterminants,
il en est .:::linsi de même en
ce qui
concerne le fonctionnement des rapports escl.:::lv.:::lgistes où les
fondements symboliques
et
par
conséquent
idéologiques
sont
déterminants p.:::lr r.:::lpport .:::lUX fondements économiques de l'i.nstitution
l'an.:::llyse
du
phénomène
dans
la
plupart
des
sociétés
l·.:::l
suffisamment montré,
nous semble-il.
Cette détermin.:::ltion
s'exerce
en quatre lieux.
Le premier
lieu de
cette
détermin.:::ltion
est
l'ontologie
de
la
personne de
l'esclave:
personne-chose,
frappée
d'infirmité absolue,
sinon de
perversité essentielle.
Le deuxième est la rel.:::ltion d'homme ~ homme
l'.:::lpp~rtenance
al~
m.:::lître
dont
il
est objet de puissance et de
glorification. D.:::lns
l.:::l
relation
~u
groupe
des
autres
hommes,
troisième lieu,
est
déterminé son statut inférieur d'ancien c.:::lptif
01..1 excommunié
et
d'être
hum~in
acheté.
Enfin,
la relation ~ la
société glob.:::lle
est
le
quatrième
liel.l
de détermination ultime
:
p~r l/extr~néité fon~~ment~le
,
l'e~cl~ve!
étr~nger ~u lign~ge,
a l~
terre,
au
cosmos
des
maîtres,
~pp~r8ît comme
l'homme d'8illeurs,
donc l'homme impur.
.
fi

L'efficace de
cette
détermination
multidimensionnelle
,;:' est d' abol~d
la définition de l' e s c l ave dans son êtl~e, un êtl~e qui
est sans rapport avec le système économique,
c'est ensuite l~mépris
ou le
dédain
de
ce
qu'il
peut apporter au lignage,
attitude qui
conduit ~
une
réévaluation,
lorsque
l'esclave
est
utile,
ou
lorsqu'il se
révolte,
c'est
la
distance
~ laquelle on le tient,
toujours sous
le
rapport
de
l'être,
lorsqu'il
est
rédimé
ou
affranchi,
alors
même que le rapport social d'esclavage a été aboli
ou tout simplement altéré. Fant6mes de cet être,
traces de ce mépris
ou de
ce
dédain,
et
mimes de cette distance sont enCore,
dans la
société contemporaine,
les
preuves
de
cette
détermination
de
l'idéologique.
En somme,
comme
système
de
réification absolue,
o~ les
esclaves ont
pour
propri~té d'être omnifonctionnels,
comme système
polymorphe oD s'impose la détermination par l'idéologie,
l'esclavage
lign~ger est
aussi
complexe
que
les
formes connues d'esclavage.
Voil~ pourquoi,
selon nous,
il n~ relève pas d'un autre concept que
l'esclavage d'une
société
esclavagiste
la
référence ~ la cité
marchande essuma nous autorise è
l'affirmer.
Mais pour avoir accès ~
l'authenticité et
~
la complexité de cet esclavage,
une seule voie
nous paraît
juste
l'analyse
globale,
qui
est
proprement
anthropologie.
Telle
est
en
tout
cas,
notre
premier conseil au
chercheur qui,
pour réexaminer nos conclusions,
veut bien reprendre
le chemin
de
l'enquête
dans
les sociétés lignagères d'Afrique,
~
commencer par ses zones forestières et littorales.

é"'_~""''''''''''''''''''''''''''-''''''' ~.;;c.=:"""'iilF"""""""""_''"'''~"''''''-'''''~-~
,
,
1
ECOLE
DES
HAUTES
ETUDES
EN
SCIENCES
SOCIALÈS \\
------------------------
L'ESCLAVAGE
DANS
LES
SOCIETES
LIGNAGERES
D'AFRIQUE
NOIRE.
EXEMPLE
DE
LA
COTE
0 'IVOIRE
PRECOLONIALE :
1700 -
1920
TOME
I I I
T H E
S
E
POUR LE DOCTORAT D'ETAT ES-LETTRES ET SCIENCES HUMAINES,
PRESENTEE ET SOUTENUE
Le
30
Juin
1988
-
~---'_."'-- ....... ,~.-._"--,,
PAR Harris MEMEL- OWNSE!l Ar-rUC.41N ET MALGACHE
,. POÛ~ t'ENSéiGNE:.JlENT SUPERIEUR
c. A. I\\t E. S. -
OUAGADOUGOU
1Arrivée --15 ·jUtN .1.q9S
,
\\ Enregisi;-~
no_~~~~~.~
SOU5
..•~ ~ 0.
Sous l~ direction de
Monsieur
Marc AUGE
Dire~teur
d'études ~ l'E.H.E.S.S.
/

1'IG··.··.
lR'J d
lU _ _'lIIIllIJ'fiil7T
UlIIT•••
ll . . ._ _. .
r_"~ïI1iflt;t""'_.IfiIII"'iI.'!1'SK1i1·
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nw
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(27)
HEGEL, G.W,F,
1987 , op.
cit.,
p.71
·Car un
véritable
Etat
et
un
vêritab1e gouvernement
d'Etat ne
se prod~isent que qu.nnd i l y a ~ne différence
de classe.
q~and
la richesse et la pa~vretê deviennent
très grandes
et
qu' .npp.nr.ni:t"
IJrle ,:orldi tiorl telle qu'url
grand no.bre
de
personnes
ne ;p;ui'Ssent 'pllJS satisfair'e
leurs besoins COR,me ils en avaiemtitt::oIJ't:IJRle·...
-
1975,
op ci t .• 220-~S .'
(28)
HEGEL, G.W.F,
1975 ,
II Je p.;)r~ie -
I:ŒlI::e sei.::tiorl
,

745
(29)
HEGEL,
G.W.F.
1987 : op. cit.
42-43
"A la base de\\l\\état
patriarcal se
tro~ve
la
famille
qui
développe
consciemment la
première
moralité concrète à laq~elle
s'ajoute comme
seconde
l'Etat. L'état patriarcal
est
un état
de
transition,
la famille y est déJ~ devenue
une tribu
o~
~n peuple et le lien a donc cessé d'@tre
un lien
d'amour
et
de
confiance
pour
devenir
une
relation de service".
(30)
HEGEL, G.W.F.
1987 op. cit.
-
p.
75-80
"L'Afrique
proprement
dite,
aussi
loin que remonte
l'histoire, est
restée
fermée,
sans lien avec le res~e
du monde
c'est le pays de l'or, replié sur lui-mime,
le pays
de
l'enf~nt
q~i au-del~ du Jour de l'histoire
consciente est
enveloppé
dans
la
couleur noire de la
nlJlt. S'il
est
ainsi fe'~mé, cela tient non se'Jlelllent ~
sa nature
tropicale,
mais
essentiellement
à
sa
constitution géographique" ...
"Le caractère particulier de l'Afrique est difficile ~
saisir parce
qu'il nous faut renoncer ici à ce qui chez
nous se
M@le
à toute représentation,
Q la catégorie du
général. Ce
qui
caractérise
les
nègres,
c'est
préciséMent que
le~r
conscience
n'en
est
pas encore
arrivée à
l'int~ition
de
quelque
objectivité
ferme,
comme par
exe.ple Dieu, La Loi, où l'ho••e se tiendrait
avec sa
volonté,
en
ayant
l'intuition de son @tre. A
cette différence
entre
IIJi-m@Me
co.me individu et son
universalité essentielle,
l'Africain,
dans
son
unité
concentrée et
indifférenciée,
n'est pas encore parvenu
d'o~ il
suit
que
la connaissance d'un Etre absolu qui
serait par
rapport
au
moi
quelque
chose d'autre, de
supérieur, Manque ici totalement ... n
(31) HE~EL, G.W.F. a- 1987 : op. cit. p.79-80
"Là-dessus
nous
laissons
l'Afrique
pour
n'en plus
faire Mention par la s~ite. Car ce n'est pas une partie
dlJ monde
historique,
elle' ne
Montre ni mO'Jvement rd
développe.ent ... •
b- 1987 : op. cit. 68-69
-
"Nous
avons
assurén,ent
des
renseignements
sur
l'Amérique et
sa
civilisation, notamMent s~r le Mexique
et le
Pérou,
mais
ils
disent
simplement
que
cette
civilisation était
entièrement
naturelle et qu'elle d~t
s'effondrer quand
l'esp,~it
s'en
approcha.
L'Amérique
s'est toujours montrée et se Montre encm~e impIJissante a'J
point de
vue physique et moral. Car les indigènes,
après
que les Européens V eurent abordé, ont SUCCOMbé peu à peu
<;lIJ sOIJffle de l'activité europèenne. Oans les rêpubliq'Jes
de l'Amérique
du
Nord,
tous
les
citoyens
sont
des
descend~lTtts d' EIJ,~~eens
alJ:<quels ne pUl~ent se
M@ler les
anciens habitants
du
pays
qui
flJrent
au
contraire
refoulés. Assurement les indigènes ont reçu des Européens

---,.

_11-
-
LW •
LA
2~
cert~ins ~rts
entre ~utre celui de boire de l'e~~-de-vie
qui eut
sur
eux
un
effet
dés~~treux. D~ns le su~ les
indigènes furent
tr~ités
bien
plus
brutalement
et
employés ~
des
durs
tr~v~ux
~usquels
leurs forces ne
pouvaient guère
suffire.
L~
m~nsuétude et le m~nque de
spont~néité, l'humilité et une soumission r~mp~nte vis-~ -
vis du
créole et dav~nt~ge encore de l'Européen, tel est
le car~ct~re
princip~l
des
Améric~ins
et
il
f~udr~
longtemps ~v~nt
que
les
Européens
p~rviennent
' l e u r
donner un
peu
de
dignité personnelle. L'infériorité de
ces individus
,
tous
ég~rds,
même
pour la t~ille, s~
montre en
tout
;
seules
les
tribus
tout
,
f~it
méridion~les en
P~t~gonie
sont des n~tures plus fortes,
mais encore
tout
~
fait
d~ns
l'état
naturel
de
grossièreté et
de
barb~rie.
Qu~nd
les
jésuites et le
clergé catholique
voulurent
habituer les Indiens ~ leur
civilis~tion et
aux
moeurs
de l'Europe (comme on sait,
ils ont
eu
un Et~t ~u P~r~gu~y, des couvents ~u Mexique
et en C~lifornie), ils se rendirent ~u milieu d'eux,
leur
prescrivant, comme
~
des
mineurs,
les tr~v~ux du jour
qu'ils ~ccept~ient,
m~lgré
leur
p~resse coutumière, de
l'~utorité des
Pères.
Ces
prescriptions (même à minuit
une cloche
dev~it leur r~ppeler leurs devoirs conjug~ux)
ont très
Justement
eu
pour
rés~lt~t
d'éveiller
des
besoins,
les mobiles de l'activité de l'homme en général.
L~ f~iblesse
du
car~ctère
améric~in
fut
une
des
principales raisons
pour
~mener les nègres en Amérique,
pour faire exécuter les travaux par les forces de ceux-ci
; car
les
nègres accueillent bien Alieux l~ civilis~tion
européenne que les Indiens et un voy~geur ~ngl~is ~ donné
des exemples de nègres devenlJs d'habiles ecclési~stiques,
médecins, etc ... (un nègre a le premier découvert l'emploi
du quinquina)
alors qu'il ne connait qu'un seul indigène
qui soit
p~rvenu
à
étudier,
m~is qui mourut d'ailleurs
bientSt,
pour ~voir ~bu$é de l'e~u-de-vie. A l~ f~ible$se
de
l'organis~tion hum~ine en Amérique s'~ssocie encore le
m~nqlJe d'organes
absollJs
gl~~k~e
auxque s pelJt se fonder
ï
une puiss~nce
~ssise,
à
savoir le m~nque de chevaux, de
fer,
moyens
qui contribuèrent tout p~rticulièrement à la
déf~ite des Améric~in$u.
(32) a/
CAZENEUVE, Je~n : 1967. L'~thnologie, Encyclopédie Laroùsse
de poche, Libr~irie L~rousse, P~ris.
b/ LOWIE,
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Tl~~itê
de
sQ,.::iol09ie
pl~imitive,
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E.
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137, F·~l~is.
(33)
POIRIEr-: ,
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1974.
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revue et
corrigée
Que
s~is-je
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nO
1338,
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1
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CLASTRES,
P i el~l~e
1974. La ~o'':: i ete s..orl1~Te EUlt. Re,.::hel~,.::hes
d'an'thropologie politique.
Les Editions de Minuit,
Paris,
p.
170.

747
(35)
CLASTRES,
Pierre: 1974. La société contre l'Etat,
recherches
d'anthropologie politique.
Les Editions de Minuit,
Paris
~h.
XI
p.170.
MQuest-~e
qui fait que dans une société
primitive,
l'êconomie
n'est ~as politique? Cela tient,
on le
voit,
~
ce que l'é~onomie n'y fonctionne pas de
manière autonome.
On
pourrait
dire
qu'en ce sens les
sociétés primitives
sont des sociétés sans économie ~ar
refus de l'êconomie".
(36)
BAUORILLARD
Jean
1973.
Le
miroir
de
la
production Qg
illusion critique
du
matérialisme
historique,
2e
ed.
Casterman, Paris.
p.38
"Il
n'y
a
pas
de
mode
de
produ~tion ni de production dans les sociétés primitives,
il n' y a pas de diale.:tiqIJe d;;lns les sociétés primitives,
il n'y a pas d'inconscient dans les sociétés primitives".
(37)
HONTAGU
Ashley
1974.
Les
premiers
8ges de l'homme. ~es
peuples priaitifs
des
origines ~ nos jours. traduit de
l'anglais par
André
LeglJebe et Andrée Libois, Marabout
Université 57, Gerard et Cie, Verviers, Belgique p.
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(38)
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(39)
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(40)
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(41)
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(42)
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sçi,n';es des, sociétés priaitives ?
Collection Le point de la question, Editions E.P .. Denoel,
Paris -
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(45)
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1958.
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Librairie Plon, Paris.

~E
748
(46)
al CLASTRES,
P.
1974 : 170.
\\
bl GODELIER,
M.
1973
31,
Ho,~izon,
Trajets
nHnr:dste5!it!:!.
anthroPologie, Librairie Francois Maspero, Paris
"Par la
logique m@me de ses conditions de développement,
l'histoire est
apparue
comme
la
connaissance
et
la
science de
la
civilisation
(identifiée
à
quelques
exceptions près,
dont
la
Chine,
avec
l'Occident)
et
l'anthropologie comme
la
connaissance des barbares,
des
sauvages ou
des
populations européennes attardées à des
stades inf~rieurs de la civilisation (1973 : 31)"
.
(47)
BENVENISTE, Emi le ; 1969. Le vo'.:abIJlair'e ~ insti tlJtions indo-
europeennes. Tome 1 et II.
Les Editions de Minuit,
Paris.
(48)
Encyclopédie de l'Islam, 1960, 2è édition. To.e 1.
E.J. Brill,
Leyde/G.P. "aisonneuve, Paris.
p. 25 ~
-ABD est
en arabe, à toute ~poque, le terme courant pour
'"esclave'"
(dans
,:e sens,
le pllJriel le pl'JS fréq'Jent est
'abid;
le
coran
a· toutefois,
XXIV,
32,
'ibad)
plus
pr~cis~ment pour
"esclave
m~le",
la "femme esclave" se
disant Il
~
(pl.
illlà). Les dew< vo':ables appa,~tiennent
au vieux
fonds sémitique;
l'hébreu biblique les emploie
dans le
a@ae
sens.
L'arabe
classique exprime en outre
l'idée
d'-esclave-,
au
singulier des deux genres et au
collectif, ~
l'aide
du
généri~ue
rakik,
qui
n'est
d'ailleurs pas
dans le Coran.
CellJi-ci, en r-evanche , IJse
volontiers ~~
terMe rakaba,
proprement ACOU, nuque", et,
plus souvent
encore,
de
la
périphrase
m~
malakat
aYmanukum (-hUM>,
u c e
que vos
(leurs) droites possèdent"
; à
cette
formule
se
rattache le abd mamluk,
XVI,
75,
qu'il convient
de
traduire
par:
"esclave, objet (lui-
m@me) de propriété". De là,
sans doute,
le développement,
dans la
langue classique,
de mamlûk substantivé, dans le
sens d'-esclave'"
(plus tard,
aussi,
d' "ancien esclave").
Au cours
de
l'histoire
de
la
langue,
une
fortune
variable a
é~é
réservée,
comme
en
d'autres
parlers
hUMains, â
des
euphéaisn,es signi fiant au jlJste "g.:n,"con,
fille- ou
·serviteur, servante":
f.:nt~ (fêm.
: fat~t) qui
figure dans le Coran, GhlJ18m pour- "esclave m8le", d,plh"iya
pour -fe••e
esclave",
tOIJS
deuH
très
réparld'Js,
wasîf
surtout pour
l'hOMMe
(le
fém.
wasîfa existe aussi>,
et
kh3diM surto'Jt
pOI.Jr la femme
(également pou," "eIJrIIJqIJe"),
qui ont
tous
deux fini pal" ~voluer, dans ':e,~tains pays,
vers le sens de -nègre,
négresse",
On a de plus,
parfois,
~, qui signi fie ,proprement
Il ,.:apt if Il •
L'abst'raït' -esclavage" se dit rikk,
Ou se rend alJ moyen
d'un dérivé
de
' . d
tel
que
'ubûdiyya.
Le "maît'~e"
l
s'appelle sayvid
; on le nomme aussi
"patron"
(maw15) ou
encore, dans
la langue d'J dl~oit, "propriétail~e" (RI~Hik).
Le c'O"tl~"Ii.T'e
d" escl~ve,
"t-.omn,e
ou
fe • •e
de cond i tiorl
libl~f''', se dit hurr
Cfê• .
b~::!.rr;;).

•........_--------------_......_----,_.__.~,-----------
749
Le tlJrc
a ,
pour- rendre "es c l "llve" ,
klJl O'J kQle,e~ des
terntes entpr'Jntés
.;)IJ
pers.;)n
: bende,
O'J 3lI l' "llr.;:lbe ": . es i t..
(a9~r),
gul.;)m
(9hul~.) pour le m.;)s-:ulin,
cariye
(dJ~riya)
et h.;)l"llvik
(khal~'ik,
proprement
"créatures")
pour le
féminin,
Le pers"lln,
outre bende,
dit aussi 9hul~m pour le
m.;)sculin,
et keniz pour le féminin"
(1960 : 25),
(49)
BERTHELOT
Andt"é
1S6!L
~ '~rarlde en,::Y,:lopédie,
i r,ventai l"e
r.;)isonné des
Sciences,
des
Lettres et des Arts par une
société de savants et de gens de Lettres,
Société .;)nonyme
de l"ll Gr.;)nde en-:yclopédie,
H.
L"llmir"llult et Cie,
Editeurs,
F'.;)ris.
(50)
R05ENTHAL,
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IOUDINE,
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(sous la direction de)
: 1977.
Petit dictionnaire
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(fac
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(51)
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1961.
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2è édition,
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<52)
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Abrégé d'histoire 'Jnivet"selle,
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traduit
du
russe sous 1.;) direction de Mireille
LIJkosevici'Js. Les
Edi1:ions
du
Progrès Moscou,
U. R. S. S.
Liv.
l,
ch.I, p.13. -Si jusque-là au cours des -:ollisions
entre tribus
les
prisonniers
étaient massacrés ou plus
ral"enlerlt admis
dan-s
le
clan,
on
en
faisait déjà des
esclaves.
On
assistait
à
la
n"lliss.;)nce
de l'esclavage
primitif ou
patriarcal,
un
des
premiers indices de la
désagrég::ttion du règiae de la .::omllt'Jna'Jté printitive".
(54)
CLAUSEWITZ,
C.;)rl
Von
:
1955.
Oe
1.;)
Querre.
Tr.;)duction
intégr.;)le de l'alleaand par Denise NAVILLE,
Les Editions
de Min'Jit,
Paris. La guerre "n'est pas selJlenlent IJn a,::te
politique mais
un
véritable
instrlJnlent politiq'Je,
une
poursuite de-s
rela1:ions
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une réalis.;)tion de
celles-ci par d'~es .oyens· (1955,
67).
<55)
MAO
TSE
TOUNG
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Tonte
1, Editiorls
en
langues
é~rangères,
Pékirl
1=•• 200.
"L.;)
g'Jerre q'Ji
a co.-eneé avec l ' appari tion de la propt~iété
pt~ivée et
des
classes
es-t
la fOI~lDe sl.Jpr@me de l'Jtte 1
pour résoudre,
à
une
é1:ape
déterminée
de
leur
développement,
les
contradictions
existant
entre
les
,::lasses,
les na1:ions" les Etats,
les blocs politiq'Jes",
(56)
NAHON,
Gél'.;)l~tj
19C..
ILes
Hèbre'JN,
Edi tians
Se'Ji l,
Co Il (~/~t i on "Le Temws1Jl'lJi -:ourt''',
32,
F' .;)t~ i S
~-, '.

!!zam..
mn
750
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Paris.
(58)
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(59)
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(60)
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PIERRE ET THUILLIER '';'JY : 1978.
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!i!!.:!.
~
siècle,
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Littérature,
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Universalis
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S.A.,
1968,
Vol.
6,
1976
445-450.
(69)
al
FUSTEL
DE
COULANGES
1963, L~ Cité anti9u~. Librairie
H;;).~hette, Pa-l~is, Liv.
1, Ch.
1,
p. 9
"Mais dans
l'antiquité,
on
croyait
si fermement qu'un
homme vivait l~, qu'on ne manquait Jamais d'enterrer avec
IIJi des
objets dont on s'JPpos;;:lit q'J'il aV;;:lit besoin, des
vêtements,
des
vases, des ;;)rmes. On rép;;)nd;;)it du vin sur
sa tombe pour étancher sa soif,
on y placait des aliments
pour apaiser
sa
faiM.
On
égorgeait des chevaux et des
esclaves dans
la
pensée
que ces êtres .nfermés ;;:lvec le
mOI~t l~~
sel~vil~.:.lient
dans
le
tonlbe;;)IJ ,:omme ils avaient
fait pendant
sa
vie. Après la prise de Troie,
les Grecs
vont retourner
dans
leur
pays;
chacun d'eux emmène sa
belle captive
;
mais
Achille,
qui
est sous la terre,
l~é,.:l;;)me sa l.:apttJI~e aus s t ,
et on IIJi donne F'ol'y':-:ène".

751
b/
MIREAUX,
Emile
1954.
La
vie
quotidienne
~
temps
d' Honlère, Librairie Ha•.:hette. Par'is p.
141.
"La désob~issance
et
l'infid~lité peuvent,
il est vrai
@tre réprimées
sans pitié. Cal~ le maitre a droit de vie
et de
mort
sur
l'esclave.
Ulysse
fait
sauvagement
mutiler le chevrier Melantheus et pendre séance tenante,
après sa
victoire,
les
douze
servantes
(entendez
esclaves), qui
ont
bafoué l'autol~ité de Pénélope et de
l'intendance et forniqué avec les prétendants".
c/
FINLEV,
M.I.
: 1978. Le ~onde d'UlYsse, nouvelle édition
revue et
augmentée,
traduit
de
l'anglais
par Claude
Vernant.
Blanc
et
Monique Alexandre, Francois Maspero,
.Petite C~llection 44. Paris. p.3-4.
(70)
DE
VRIES,
-Jan
1977.
La
religion
~ celtes traduit de
l'allemand par
L.
Jospin.
Payot,
Paris,
Ch.V.
Les
s acr-I fices.
(71)
CESAR,
VI: 19;
TACITE, 1967
XXV
A.M. WERGELAND, 1916
33.
(72)
a/ NIEBOER,
H.J.
1900 : le P"
Ch.
II,
paragraphes 2, 3
b/ AVERKIEVA, U-P.
1966 : 101.
(73)
NIEBOER H.J.
1900
le p., Ch.
II,
paragraphes 4,
14.
(74)
a/
AVERKIEVA,
U-P.
1966, Ch.,
VIII,
The "without rights·
position of slaves.
b/ DE VRIES,
Jan:
1977 : 231.
(75)
a/
AVERKIEV~,
U.P.
1966,
Ch. VIII, The "without rights"
position of slaves.
b/ FI NLEV ,
Hoses,
1
1978,
70 Il Le tra i tenlent I~éservé aw<
es,.:l~.·<'!."s seAlble
évide...ent
p Lus
" p a t r i a r ,.:a) ': que ,.:ehJi
des esclaves
dans
les
plantations,
tel
que
nous
l'imaginons d'après
le
modèle
commun.
Eumée,
esclave
favori,
avait
nl@me
eu
la
possibilité
d'acquérir
un
es •.:lave pOIJl~
llJi -na@.e.
Certes,
une
dOIJzai ne de femmes
es •.:laves·furent
pendues
lors
du
carnage qlJi suivit le
retour victorieux
d'Ulysse.
Mais c'est seulement le mode
d'exécution qui
distingue
leur sort de celui des nobles
prétendants,
lesquels
Moururent,
eux,
par
l'arc et la
lan.~e" .
(76)
FINLEV,
Moses,
1
1978
70
DE VRIES,
1977
230

752
(77)
al
DE VRIES, Jan:
1977 : 230.
Ici,
en réalité,
il s'a~it, à
notre connaissance,
de captifs de guerre.
"Hais ce n\\est
pas seulement ~ la guerre que les Celtes faisaient preuve
d'une grande
cruauté. On nous apprend plusieurs manières
de mettre
~ mort un @tre humairl. A propos du sacrifice ~
Esus,
les
Scolies
de Berne rapportent qu'on pendait les
gens ~
des
arbres
jusqu'~
ce
que
leurs
membres
se
détachassent. Strabon
raconte
que
les
Celtes
avaient
coutume de
tuer
des
hommes
~
coups de flèche ou d'en
crucifier dans
leurs
temples.
Il
y ajoute une méthode
particulièrement cruelle
de sacrifice : ils faisaient de
grandes boîtes
de
paille
et de bois, y jetaient tout~s
sortes d'animaux
sau~ages
et
d'@tres
humains
et
y
mettaient le feu".
bl
FINLEY, Hoses 1. 1978
70:
(78)
al
KAJDAN, A.
"La société primitive", in DIAKOV ~ KOVALOV,
1963:
57
"L'esclave
était
privé
de droits et sa vie
n'avait aucune
valeur.
On en faisait des hécatombes aux
funérailles des
chefs.
L'officier
de
marine
russe G.
Davydo~,
qui
a
séjourné
dans l'Alaska au début du XIXè
siècle,
raconte
que pendant ces cérémonies funèbres,
les
Indiens faisaient
danser leurs esclaves et leur tiraient
dessus ~
l'arc,
tandis que les enfants les fr~ppaient ~
coups de lance. On tuait les esclaves en construisant une
Maison neuve,
et ~ l'avènement du chef; le cannibalisme
était également pratiqué".
b/
DE VRIES, Jan. 1977 : 230.
(79)
cf.
GENOVESE,
Eugène,
D.I
1976. ~ world the Slaves ~ade,
Vintage Books, New York. On paternalism p. 4 à 7
"The Old
South, black and white, created a historica~ly
unique kind
of
paternalist society. To insist upon the
centrality of
class
relations
as
manifested
in
paternalism 1s
no~
to slight the inherent racism or to
deny ~he
intalerable
contradictions
at
the
heart of
paternalism itself.
Imamu
Amiri
Baraka
captures
the
tragic irony
of
paternalist
social
relations when he
writes that
slavery
"was,
most
of
all,
a
paternal
institution" and
yet
refers to "the filthy paternalism
and cruelty
of
slavery."
Southern
paternalism,
like
eve,"y other
paternalism,
ha·d
little
to
do
with Ole
Massa's ostensible
benevolence,
kindness,
and
good
cheer.
It
grew
out
of the ~ecessity to discipline and
morally Justify
a
system
of
exploitation.
It
did
encourage ki ndness
and affe,~tion, bl.Jt i t simul taneolJsly
encouraged cruelty
and
hatred.
The racial distinction
between .aster and slave heightened the tension inherent
in an unjust social order.

_.
753
\\
A p~tern~lisnl
~ccepted by both m~sters ~nd sl~ves -
but
with r~dic~lly
different
interpret~tions
- ~fforded ~
fr~gile bridge
~cross
the
intoler~ble
contr~dictions
Inherent in
~
society
b~$ed
on
r~cism, sl~very, ~nd
cl~ss exploit~tion
th~t
h~d
to
depend on the willing
reproduction ~nd
productivity
of
its victims. For the
sl~ve-holders p~ternalism
represented
~n
~ttempt
to
overcome the
fund~mental contradiction in slavery : the
impossibility of
the
slaves'
ever becoming the things
they were
supposed· to
be,
Paternalism
defined
the
involunt~ry l~bor
of
the sl~ves as a legitimate return
to their
m~sters for protection and direction. But,
the
masters'
need
to
see their slaves ~s acquiescent hum~n
beings constituted
a
mor~l
victory
for
the
sl~ves
themselves. Paternalism's
insistence
upon
mutu~l
oblig~tions -duties,
responsibilities,
~nd
ultimately
even rights -implicitly recognized the sl~ves' humanity.
Wherever patern~lism
exists,
it
undermines solid~rity
~mong the
oppressed
by
linking them ~s individuals to
their oppressors.
A
lord
<master,
padrone,
patron,
padron, patr~o)
functions
as
a
direct
provider
~nd
pl"ote,.::tol' to
ea,.::h
individ'Jal
or fami ly, as weIl as to
the community
as
a
whole. The slaves of the Old South'
displ~yed impressive
solidarity
and
collective
resist~nce to
their
masters,
but
in
~
web
of
patern~listic relationships
their
action
tended
to
'become defensive
and
to
aim
at
protecting
the
individuals against
aggression and abuse ;
it could not
readily p~ss
into
an
effective we~pon for liber~tion.
Bla~k leaders, especially the preachers, won lôy~lty ~nd
respect ~nd
fought
heroically
to defend their people.
But despite
their
will
and considerable ability, the y
cOIJld not
le~d
their people over to the att~ck ag~inst
the paternalist ideology itself.
Thus, the slaves, by aceepting a paternalistic ethos ~nd
legitimizing class
rule.' developed their MoSt powerful
defense ~gainst
~he dehu.anization inlplicit in slavery.
Southern paternalis.
.ay have reinforced r~cism ~s weIl
~s cl~ss
exploitation,
but it ~lso unwittingly invited
its victims
to
fashion their own Interpretation of the
soci~l order it was intended to justify. And the sl~ves,
dr~\\~ing on
a religion ~hat was supposed to ~ssure their
coropli~nce and docili~y, rejected the essence of sl~very
cy 01~O Je,.::ting
their
own
riqhts
and
val'Je
as
hlJm~n
b~'ir,gs."
AN,
A.
1963
57.

754
(81)
al
VERNANT,
Jean-Pierre,
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b~ origines de la pensée
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Un€~ i ntrodIJ,.:t i on ~
1elJl~ vie
et

1e'Jr
~ensée
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Edition
revue et
corrigée, traduit
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l'anglais
par
Monique
Alexandre
(1971). Francois Haspero. Paris.
(82)
Odys~
XXI,
212-215
Ulysse
s' .;)dressant
~
E'Jnlée, esclave
porcher et Philoetios, esclave chef bouvier : "Si quelque
jour un
dieu
jette
sous
ma
vengeance
les
nobles
prétendants, Je
vous
marie tous deux,
Je vous donne des
biens,
je
vous
b~tis
une
maison près de la mienne et,
pour moi, désormais vous êtes les amis,
les frères de mon
fils
(TéléMaque)·.
(93)
FUSTEL
DE
COULANGES: 1963.
liv.
II eh.VIII 93.
·Une famille
se compose d'un père, d'une mère, d'enfants, d'esclaves-.
(84)
FINLEV,
H.I.
1978.
eh.3
p.68-69.
"La maison patriarcale
l'oikos, était
le
centre
autour
duquel·
la
vie
s'organisait, d'ob
dépendaient
non
seulement
la
satisfaction des
besoins
matériels,
y
compris
la
sécurité, mais
aussi les normes et les valeurs ethiques,
les occupations,
les obligations et les responsabilités,
les liens sociaux et les rapports avec les dieux. L'oikos
n'était pas
simplement la famille i
elle comprenait tous
les gens
de la maison avec leurs biens i
de l~ vient que
l'économie (de
la
forme
latinisée
oecus),
l'art
d'administrer un
oikos, signifiait exploiter un domaine,
et non réussir à maintenir la paix dans la famille".
(85)
DUCHET Michèle: 1971. Anthropologie et Histoire ~u siècle des
Lumières, Buffon, Voltaire, Rousseau, Helvétius, Diderot,
Francois Haspero, Paris.
(86)
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Claude
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L'esclavaQe
en
Afrique
précoloniale, Francois Maspero,
Paris.
(87)
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MEILLASSOUX,
Claude
1975.
Intl~oduction
p.12
-La
Convention de
1892
CK.16,15)
passée
avec cinq chefs du
Cercle de Saint-Loui;, ouvrait la voie ~ la suppression de
l'esclavage par
un
artifice de vocabulaire: l'article 5
pl~ê'.:isai t q'.Je
"les
capti fs
de
traite seront considérés
,.:omme '.:aptifs
de
•.:ase
( ... ) J
lesquels
ne sont pas des
es·.:laves mais
des servi tel.Jl~S ,.:onlnle ce'.J;{ dont il est parlé
aux chapitres 24 et 25 du livre de Dieu·,


I" l ttmP '

=.__
m
~
755
bl
FAIDHERBE:
(in D. Bo~che,
1968:68:
"En Afriq~e l'esclave
de même
race
q~e
son
maître,
vivant
et se no~rrissant
généralement comme
lui,
est simplement un serviteur o~ un
ouvrier à vie et héréditaire".
(88)
BOUCHE, Denise: 1968, p.73
(89)
Te:<te
édi té
so~s
le
ti tl~e
: b.!l système pol i tiqlJe de
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t. XXXXVII/3 p.357.
(94)
al
TACITE : 1967, 85 XXIV
"Un seul genre
de spectacle et le
même dans
toutes leurs réunions
; des jeunes gens nus,
qui s'en
font ~n Jeu,
se jettent
d'un saut
au .ilie~
des glaives
et
des framées
menacantes.
L'exercice a
fait naître
l'art, ~a beauté, mais sans idée de
profit
o~ de
récompense.
De cet ébat, si téméraire cependant,
le prix
est le plaisir
des spectate~rs. Les dés, chose
étonnante,
sont
pour
eux,
~ffaire
sérieuse

ils
s'appliq~ent ~
jeun,
b ce point égarés par le gain
O~
1;:., pCi'1:e
'=l1.J€~J
losqu'ils n'ont plus '~ierl, ils mettent en

".

'.
756
Jeu
pour
un dernier et suprême coup,
leur libertd
et
leur personne.
Le
v~incu
~ccepte
une
servitude
volont~ire : plus Jeune peut-@tre ou plus robuste,
il se
l~isse lier
et
vendre.
Telle est
dans une folie leur
obstination
; ils appellent cela garder s~ foi.
De ces
sortes d'escl~ves, ils se
défont
p~r le commerce, pour
se lib~rer eux ~ussi de la honte de
la victoire".
bl COHEN
A.
1977.
Le
Taln"Jd,
tr~dlJit de l'angl~is par-
J~cques Harty,
Pavot, Paris. P. 255
"La possession d'un
escl~ve païen
ét~it
également
réglée par
l~ loi.
On
l'~cquiert
après
l'avoir
recherché,
ou
sur rédaction
d'un contrat, ou par service de f~itM.
(95)
WESTERHANN,
William,
L.
: 1955,2:
MThere is no example of
enslavement of
self-sale
because
of
debt
in the two
epics.
It
is
probable,
however,
th~t
this
old
institution
had
alre~dy
established itself
~mong
the
Greek tribes.
The Phoenicians twice ~ppe~r as tr~ders in
sl~ves, the
Taphians
twiée.
51~ves eaptured ~bout Troy
were sold
to
the Islands of San~s ~nd Imbros ~s weIl as
to Lemnos.
Only two cases occur
in which
the
purehase
priee of
slaves. is
given,
both involving females.
The
difference in
priee
in these two eases m~y be expl~ined
in the
first
instance
byevaluation
at the source,
i.
e.
upon
the war front,
~nd by eventual
sale priee upon
delivery
at
a
distant
Island
in
the
second
case.
MIliade:
7,475
; 23,705 ; 24,753
Odyssée: 14,297 ;
14,452 ; 15,427-28 ; 15,473-493.
(96)
al
WE5TERHANN, W.L.
: 1955 : 2
"For p~incely households such
as the
palace
of Alcinous
and that
of
Odysseus fifty
fem~le slaves
sees
to
have
i"epresented
the stand~I"1j
number.
indefinite
references occur to male sl~ves owned
by Odysseus
but their number w~s certainly not l~rge.
Definitely
known
are
only
Eumaeus, the swineherd,
~nlj
Dolius, the
l~tter
.~rried
to ~ 5icilian wom~n who was
also apparently
a
slave. Confirmatory evidence upon the
relatively s.all
nu.ber
of slaves in the Homeric periolj
is to
be
found in the neg~tive observation
th~t slaves
do not
appear as body savants (thel"apontes> and mil i tal"y
attendants of
the
fighting men i
that slave
de~lers do
not appear
in
the
epics
that there is no wholesale
raiding for
slaves; and that
even the common labors of
agriculture and
herding ar-e s'Jpplied in'.::or.side,"able ,:.;)'''t
by hired l;)bor".
b/ AVERKIEVA,
U.P.
1966 : 77-81
"Concerning the number of
slaves belonging
to the Indians there exists a diversity
of evidence.
Simpson
reports
that among
the
Tlingit
slaves constituted
1/3 of the population. This figure is
an ex-!:'''eme exaggeration. Neal" el" to the t'''IJth i sM,;: Leod' s
conclusion, b;)sed
on
~
cenSU$ carried out between 1836
and 1846,
according
to which the number of sl~ves ~monQ
the population
varied from 1/7 among the Tlingit to 1/26
amang the
sauthern
kwakiutl.
According to
the d~ta of

757
SP1"'0;)t,
,.::i ted by He Leods,
sl;)ves m;)de UP;)
quarter of
the
pop'Jl;)tion
on
the
nOl'thwest ''::O;)st.
This
\\;)lso
e:~;)gge,';)tes the
number
of
slaves, which varied
from
t\\'ibe
to
tl"ibe
and
;)150
W;)S
different at different
periods
of
time
within
a
single
tribe.
Undoubtedly
immediately after
a
raid
for slaves
their
number was
larger than it was some time after it".
(97)
TACITE
1967.
XXV
"Quant aux autres esclaves,
ils ne les
emploient
pas
comme
nous
er.
leur
distribuant
des
fonctions d~termin~es
: chacun gouverne sa demeure,
ses
penates. Le maître impose IJne certaine redevance en blé,
en b~tail en ~toffes, comme ~ un fermier:
l'esclave n'a
d'autres
obligations.
Les autres
t~ches
~
la maison
appa,"'tiennent ~ la fe.IDe et .3U:< enfants".
(98)
CUOQ,
Joseph
,
1975.
Recueil des sources arabes concernant
l'Afrique occidentale
du Xlllè gy XVlè siècle (Bilad al
SIJd;)n) ,
Editions
du Centre National
de
1;)
Re,.::her,.::he
Scientifique, Paris.
Selon
les
auteurs
;)rabes,
ces
pop'Jlations
salJvages
OIJ
arri~r~es
(l,nIJhnl;)lCin)
se
caract~risent
non
seulement
par leur
nudité et leurs
moeurs étranges
<ido19trie,
anthropoph;)gie),
mais
surtout par l'absence de loi.
Tels paraissent:
1. Au IXè siècle:
Les marawiyyGn (al -
VA -
KüBI,
mort en 891)
*' 17
Ils
<les habit"ants du pays de Zawîla)
eHpo"tent des
escl;)ves
sad~n
(pris)
parmi
les
MîriyyCin,
les
ZaghawiyyGn
(Zagh3wa>,
les marawiyyGn et autres tribus
sGd3n de
leur voisinage,
les rêduisant en captivit~. On
m'a rapport~
que des rois
des sGd3n
vendent ainsi des
sGd~n sans raison
et sans
(le
motif)
de
la guerre.
2. Au XIè siècle :
Les
R.
m3gh
(7)
les Hamadj,
les Ghatha (SAlO b. AHMAD
SAlO,
1029-1970>
* 165 bis ...

.'t
165 b i s :
"QU.:lT'It au:·~ autl~es
peuples non mentionnés 1,::i
dans cette
catégorie
(de nations) 1
ils sont ~ l'image
de ces
derniers
(peuples)
même
si
leur
place
est
diff~rente et
leur
rang
est
autre.
Car,
tous
p~r~icipent ~
ce
que nous avons d~Jà indiqué ~ savoir
"-lU' J!.!5
n"Jsent
~·as d~? l e ur-
intelliqen'~e p01J1~ juger
les
choses et
qu'ils
ne se sont pas exercés à
la pratique
de
la
phi losophie,
bi.':?rl
que lem~ pop.l..lation soi t
gens
orJes vi Iles et q'Je,
.~ l' i n .... "~\\~se des gens de la '::."Jmpa9ne,
ils ne
se
soient
jamais soustraits,
Qu'ils soient de
l·Orient ou
de
l'Occident,
du
Nord ou du Sud,
à
une
organisation pol i tiq'Je
monii.H~~~hlq'~ - ~ h?ôJi-
~9'.Jverne.ent ni
i:)
urre La i
div i ne pO'Jr les régentel~. Ne
viv~nt J:)
l'é'::al~t
d'un
tel
or-dr-e
h'.J.ain
et
ne
se
$oustraient ~
cet
ordre
de
la
raison
que ceux qui
r~s.ident" alJ 5ahar'3 O'J h ab i tent dans des coins p e r-du s
ou
~e"5 déserts
retirés,
comme
les
R • •~9h (?)
che:: les
Be4ja,
les
Hallladj de Ghj,'}n;;) ou les '~ha"tha' des Zand,j ou
autres individus semblables".
3. Au XII~ si~cle :
'1/ Les A.i.a
(31-ZUHRI,
mo r r
entre 1154-61).
lf
189.
Oe
,.:ette région
on e:':pol~te les es •.:laves
(l~akîld
daJ Sahara.
Les
gens
de
Ghj1]na,
en effet,
nlènent des
caMpagnes dans
le
pays
des
B~rbara,
des
Arnîma
et
s'eRiparent des habitants comme on faisait e'Jtrefois,
du
teMpS ai) e'J:~-m@mes éteient p a
e ns ,
ï
Lf.?S Alftî.. a
sont
une
tl~iblJ de s
DJin~w.:l h.:lcit"iJnt SUI~ le
rivage de
la
Grande
Mer
~
l'ouest;
ils Suivent la
religion des
MadjQs.
A
cause
de
leur
paganisme,
personne ne
se
rend
che::
eux
et on n'importe aucun
{)rod'Jit •.:hez
elj)·L
Ils s'hebilleni: de pealJl< de mouton.
Ils ont
beaucoup. de miel.
Ils h.:lbitent dans les sables
;
ils
n'ont
pas
de
maisons
en
dur mais des tentes
fai tes ave•.:: la végét.::ltion du désel~t.
Les habitants
de
Gh~n~
les
raz:ient
chaque .::lnnèe
tant8t ils
ont
le
dessus,
t.::lntSt
ils ne l'ont p.::ls.
Cette population
n'a
p."Js
de fer.
Ils combattent avec
des
j'3velots
en
ébène.
Aussi
les
gens
de
Gh~n;;)
1 ' e"p'o'~tent- ils 5'Jl~
"~'J:-: ,
c ar-
ils ,~omt\\attent ave c des
épées ou des lan~es. L'esclave de che:: eux court ~ pied
plus vite qu'un coursier pur-sang.
,..
207
Pal'mi
les
villes
((I~?
,.:ette
se'.:tion,
il y.:;)
Mallal
(ou
HalaI).
Gh~na, Tîrekka
(ou Tîrka),
Mad~sa!
Sëlghm~r.::l, l;hîy~h'.3, Gh,:::ld~J~ 1 ;
S~1ma ",~:mda.
{M'3l.!.?! H
!L.<;}
'v"ii.lle
de H,:..)ll:oll,
q'Ji
est d;:lns
le P"..)'IS .:Ies L;:'IOll;;IOl,
-:1
'!1ëji'~l 'é'tè .entionr,ée ,.:i.··-des·,;;us
;
,:'est IJne ville p e t i t e ,
~::I(l)illllme' \\!..1n qros t-DIJrg,
"i.olfl<;;
r'€~n\\p;JI~ts, <5'élev<lnt SIJI' un

759
gens de
Mallal
se
mettent
l~,
à
l'abri,
~n
cas
d'attaques par
les
autres Sad~n. Leur alimentati~n en
eau vient
d'une
source
qui murmure sans arrêt et qui
J a i l l i t de
la
Montagne
située au sud
(de la ville)
1"1l!iiIU en est salJM31:re,
elle n'est point de bon goCit.
fA :i."G11t11Pst
de
la
ville,
à
par·ti\\~
de
la
SOUl",.::e
/lfr"a.llilllentation en
ealJ jusqu'à l'endroit où le r-u t s s e au
I1"ellaCOntre le
Nî l,
i l
Y
a
de nombr-eux peup 1es Sad~n,
_.lIS. ne portant rien (comme v@tenlents) ; ils se marient
S'iIIRS
do't"
et
sans contt"at.
De tOIJS les hommes ils sont
a~ pl~s
prolifiques.
Ils
possèdent
chameaux
et
'~mèYres, ils
vivent
de' laitage et mangent
le poisson
ç.H'" i l s ont
p@oehê
et
l.al
cha i 1"
de
chamealJ sê,.::hêe al"
!5(!XlD.Cl!:'ii.I~
Les gens
des
pays
voisins y
font des captifs en tous
teaps par
toutes
sortes
de
stratag@mes
;
ils
les
emaènent dans
leur
pays
et les vendent aux mal",.::hands
par lots.
Il
en
part chaque année vers le Maghrib un
nollbre .::onsidêrable.
TOIJS
.::eIJl<
du
pays
des
Lanllam
portent une
•.::icatrice
au vis<'lge,
faite au feu
: c ' est
pOJJr et.JX une ....n~q'Je distinti v e ,
comme nOIJS
l'avons déjà
i r,diq...Ié plus hatJt.
De la
ville
de
Mallal à
celle de Gh~na la Grande,
on
co..pte envil"on
douze étapes,
dans des sables
(p.21>
et
~n terrain rouge peu consistant;
pas d'eau ici.
b/ (al -
IDRISI, 1100 -
1166).
*
214.
().e
la
ville
de
Ghal"bîl,
dans
la dil"e,.::tion de
l'ouest,
jIJsqu'~
Ghîy3ra,
i l
y
a
onze
Jour-née s . La
.... ille de
Ghîy8ra
est
SIJl"
le
bor-d du Nîl
;
elle est
entourée d'un
fossé.
Elle
est
très
peuplée.
Sa
population est courageuse et industrieuse.
Ils razzient
le pays
des Lamlatl,
y font des ,::.;)ptifs qu'ils emmènent
pour les
vendre
aux marchands de Gh~na. Entre Ghîy3ra
et le
territoire
des
Lamlam
i l
y
a
13 étapes.
Ils
:~~=~:~td~:.~~~~~~U:~~f!·~f~·~~~~~~:a~:r~~,~~,i~~~~T),~,~:~!~~~
leur butin.
Ils
retournent
ensuite
dans
leur pays,
ellunenar.t ce
q'Je
Dieu
lelJr a
a,::,::ol"dé en ,::apti 'fs p ar-m i
les Laltl ......
cl Les nOMades
(al-IDRISI,
1100-1166).
*
239.
Oans
ces
déserts
se
trouvent
des nomades qui
parcourent les
pl ai nes,
font
p.::lîtl"e leuI'$ tl"OIJpeaw-(,
t'O",lt .alen'tour e't ;nIJ loin.
Ils n'ont pas de demelJl"e
fü:e
ni de
lieu de résidence sur un tel"ritoil"e.
Ils passent
t''.Jl'lJt'
leur
't"e.ps
en
'tranShIJnlan,::e
et
en dépla,.::enler,ts
CG,1lI-tinuels .. sans
'toutefois
dép.::l5Sel"·
Le ur s
limites OIJ

760
quitter
leur
territoire.
Ils
ne se mêlent point ~ux
~utres. Ils
n'ont
p~s
confi~nce
en
ceux
qui
les
entourent.
Ch~cun
se
tient sur ses g~rdes et ne pense
qu'~ soi
suivant l~ mesure de ses Moyens.
Les gens des
villes voisines,
qui
sont
de
leur
race,
volent les
enf~~ts ~e
ces
populations
nomades
qui
habitent le
d':~s.el·"..
I L-::;
e.,lèvf.!nt c e s '·:·~r,f;;H.ts ·je r.'J i t,
les emmènent
(p.llO)
dan~
leur
pays,
les tiennent cachés un temps,
p'Jis les
vendent b vil p r i « a'.J:-: mùr.::hands qui ·v iennent
chez eux.
Ceux-ci
les
expédient
vers le M~ghrib ~l­
Aks3'.
Ch~que
~nnée
c'est
un
n08bre
inc~lcul~ble
d'individus qui sont ~insi vendus. Ce proc~dé,
que nous
venons de
r~pporte~,
de
voler
des
enf~nts est d'un
'Js~ge cour-arrt et ~(~'.::epté ,j'7)nS le p-3Ys des SG~n. On n' y
voit mê~e ~ucun m~l.
(Ces SGd~n)
sont de tous les hommes les plus corrompus et
les plus
~donnés
~
la
procréation. Ce sont les plus
pourvus de
tous en fils et en filles.
Il est bien r~re
de trouver
chez
eux
une femme qui ne soit suivie
de
qu~tre ou
cinq
enfants.
Leur vie est comme celle des
bêtes.
Ils
ne prêtent ~ttention ~ rien des~ff~ires de
ce monde,
si
ce
n'est
au
m~nger
et aux femmes. En
dehors de cel~, rien ne mérite leur attention.
4. Au XIIIè s i
c Le
:
è
al
Les T~kn~ (V~kGt 1179-1229),
·lf
311
<Derrière
le roy~ume de Alma)
il V a un peuple des
SGd~n du nom de T~kn~. Ils sont nus,
comme les h~bit~nts
de 'Alwa ;
ils ne portent aucun vêtement et se déplacent
~insi. Qu~nd
cert~ins
d'entre
eux
sont emmenés comme
captifs d~ns les p~ys des musulm~ns, on doit les obliger
~ se
couvrir
ou
~
se
vêtir,
sans
quoi
ils ne s'y
décider~ient point
et
ne
le
feraient p~s ...
D~ns leur
p~ys l'or pousse.
C'est là que le Nîl se divise.
Au-del~
des sources du Nil,
ce sont les ténèbres.
bl
Les L~nll~m (IBN S~)' ro 1::~08/121t.'~-1286).
*
340
Le souver~in (de Takrur)
fait des c~ptifs p~rmi les
L~ml~m, qui h~bitent la brousse.
D/~près les livres,
ils
ont une
vill~,
qui
est
plutBt
un vill~ge, du nom de
HlJw~ih. Ils
ont
li!!
urie
ma r s o n
de fétid-Ies
(g~k~t1~..il~)
c'est-~-dire
d'idoles.
La
position
de cette ville est
sur l'Océ~n à 6° lat.
Les. ~.~_dî. le_a. D.i~!~.~...1... L~_~ (L~L::U~~:::!.;;.~tLc. ~J. ;L~:~s ~~.!'/;:,)l~î
<IBN S~~ ID,
120B/1214-1286)
i(.
352 Le l~c est entouré,
de tous eStés,
de peuples SOd~n,
gens insoumis
et idol~tres, Ce sont des anthropoph~ges,
Les plus connus de ces peuples sont les suiv~nts :
l'
-
les
B~di
se trouvent,
avec d'autres peuples,
sur la
rive nord.
Leur
ville
porte
leur
nom;
le Nîl de
Gh~na sort en dessous d'elle.
Leur territoire s'étend
~ 1.1 t 0 l.JI~
d f~
1 E' IJ l~
v i. Il ...~
;



761
Les
Dj~bî
sont
les
voislns
occident~ux
des
précédents. Eux
se
liment
les
dents.
A l~ mort de
l'un d'entre
eux,
ils
envoient son c~d~vre ~ leurs
voisins qui le m~ngent et ceux-ci
font de même ;
-
Les An~k~z~r sont sur
l~ rive méridion~le du l~c
-
Les
K~warî,
qui
ont
donné leur nom ~u l~c,
sont ~
l'est.
5.
Au XIVè siècle
Les O~mdaM et les Sf~kis (AI-DIMASKI,
mort en 3127)
*
408
Fin
-
Les terrains de p~rcours des Lamlam sont ~u
Sud de la rivière de Gh~na j
,:e'.J:·: de Ki)gh~ vers le sl.Jd-
ouest;
,:eux des 8adj
.~,
des Tamîm
et des Oamdam sont
encore en
dessous
de
ces derniers,
plus au sud,
vers
l'équateur et
au-del~.
A
l'ouest
des
parcours
des
Tamîn,
il
y
a
ceux
des
Sf~kis,
qui
sont des gens
sauvages pour
la
plup~rt
et
sans religion;
c'est ~
peine s ' i l s
savent
s' e:·:primel~.
Ce' sont les gens les
pb.Js pl~oches
de l' ani/ll~l. L' Ls Laru est p ar-ve nu dans e e s
régions et s'infiltre jusqu'è l'intérieur.
(99)
POl~tl.Jrais (Diogo GOMes fin
XVè
5 iè,:le
; O.
F;;)d-.e,:o
Pereira,
1506-1508
;
Valentim Fern~ndes, 1506-1510)
Hollandais
(Pietel~ de H"lI~eeS, 1601
j
1602,
1617 et 1650
j
C,,
Oapper,
1686)
Angl~is
(.J.Ogilby,
1670
j
.J.
Bal~bot, 1732,
.J.
Atkins,
1735,
.J.
C001~Y,
1807,
G.
SMith,
1851)
; Francais
(O'Elbée,
1669,
J.
Barbot 1678-
1679 N.
'Jilla'.Jlt,
1670
j
<....'1"",.
des M-31~,:hais, 1730>.
<100>
e.RASIO,
MonuMer.ta
Missional~ia Afl~ican~_, Vol.
III.,
1953
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p.
93
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Librairie orientaliste Paul Geuthner S.A.,
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Société Franç~ise
d'Histoire d'O•.Jtl~e-Mel~ et Libl~.:.lirie L'Hal~nlattan, Papis.
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Cla'.Jde
1975.
L' es,:L:lVa~e
en
Afl~iqlJe
Précoloniale. François
Maspero,
P~ris. Sont du lot les
communications de
Edmond et Suzanne Bernus
(1),
Pierre
Bernus
(2),
André
Bourgeot
(3).
Cl.
Meillassoux
(7),
Marc Augé
(14),
Francaise
Héritier
(15),
Pierre
Philippe Rey
(16),
Pierre Bonnafè
(17)
(103)
MIERS,
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Slavel~Y in Afl~i,:~,
Historical and
Anthropoligical
Perspectives,
The
University of
Wisconsin
Pl~ess,
Madison,
London.
,Chapitre l
Intro~uction
~It is nut our ~im ta comp~re
African
~Slavery"
with
recent
W~stern
or indeed ~ny
ott"oc~r fo'~nl
of
"slavel-',''',
N01~
1S
OIJI~
"lin!
to
find "l

s
763
de leurs familles qu'ils engendreront dans votre p~ys ;
et ils
seront
votre
propri~té. Vous les laisseréz en
héritage à
vos enfants après vous,
comme une propriété
;
vous les garderez comme escl~ve5 a perpétuit~, Mais à
t·~gard de
vos
frères,
les ehfan~s d'Isra~l, aucun de
vous he domi nel'.::l ave,:: dlJl'eté sur son -frère".
(10ft» COHEN A~. 1977 : 254
b b .
~tre
"astreint
~ lever les pieds de son maître,
~
lui aettre
ses
sandales,
à porter des vases pOIJl~ l'Ji
dans la
maison
des
bains,

lui
pr@ter app'Ji pOIJl'
IIK)n~er un
escal iel~,
OIJ
à
le
~ransporte'~
d ..ms
une
li~ière. IJT.
fauteuil
OIJ une chaise .a portelJl~S,
tOIJtes
dhoses que les es,~laves font pour leurs .aîtl~e$".
,.
(109) HOMERE OdYssée: XVII,
322-323, cf.
Iliade ~I. 450-463.
(110)
U~E.AHO, AH.
:
1916
p.26 -
"The
condition of the slave under Germanie law
_av be condensed into sentences such as these :
1. The slave is an article of proper~v
2. The slave has no personal rights
3. His existence is vested in that of his master
4. Aside from his relation to his "'aster, the slave has
no place in Society".
p.33 -
"The slave has no personal rights,
i,e.,
(a)
he is no equal
;
<b> he cannot de fend himself
(c)
the
difference
between
him
and
the
freeman is
enOrmOIJS
;
(d>
for
whatever
he may be inclined or be,supposed to
assume he can be peremptorily punished.
'
<111>
al
'REY,
Pierre-Philippe:
1975,
"L'es,::l~vage lignagel" d"lez
les Tsangui,
les Puni et les KIJni dlJ Congo-Bl~azzaville,
Sa place
dans
le
système
d'ensemble des rapports de
prodlJt.::tion",
in
ClalJde
MeillassolJ:<
L'es'.:::laval.:1e ~
Afrique précoloniale,
Henri
Maspéro,
Paris.
Pour
',l''','1IUttfur, le "terme' ,d', aBC l,aM.~t e$:tE.tMlli;t~~~~,,;s y"".:'~êt i ql-4,e .
·Ce divorce entre le statut d'ésclave et la r~alité des
rapports s oc t aux
et
notamment
des
r-app or-t s
de
prod'.lctiorl est
d' ai llelJI~S
pl'ésent
dans bien d' aIJtl~e~;
soci~tés africaines
et
on
en
a
senti
l'effet dans
nOMbre d' eNposé~; pl~é,.:éderlts. Sans dOIJte conv i ertdl~.:I i.t- il
d',appliql.Jel~ ,:;)ve,.:::
IJrl
pe'J
moins
de
dé s i nvo l t-ur-e
que
l'ethnolo~ie ne
l'a
fait
jIJS/.:I'J'~
présent ,.:e ,::orl,:ept
d·e~f~lavage ,:;)IJ:<
so,.:::iétés
.:Ifl~i':aines,
le 1.:l:dsDle dont
f,aiit pre'Jve
l~J
tl~adition
ethnologiq'Je
à
,:e
slJjet
'L."OllIt'traste I.:lJl~ i eusemerlt
ave c
1 es
pl~é'::aIJtions e x r r- êmes
PTii:ses depuis
longteDlps
pOJJr
appliqlJel~
à
d' ,:;)IJtl~es
œ-iI"lt"illins afri':.:lins
le '::on'.:ept <'je féodalisme q'Ji n' ~~5t
potII1I-itant' pas plus
fragi le.
L.::a prirtcipale .:Imbi tion de c e
'5émim..-:llire doit
~b~e
d'<:llier à
conb~e-,.:::olJl~ant de ,.:ette
ltIraqjfiltion.
en
'=olllmenc~;;)nt
~ p.réciser et' à diffèl~er,,:iel~
les oCon!cepts
}~eCOIJVel~ts
par
le
ter.e
syncl~éti que
lllI"pscI8va.]e"
<1975
:
528)

• i
.±tëU't'e

764
bl PIAULT M~rc Henri,
1975.
"Captifs du pouvoir et pouvoir\\des
captifs·,
in
Cl.
Meill.;)ssou:·::
L/es,~lav.;)ge ~ A'fr-igue
~êcoloniale,
Henri Maspéro,
Paris.
-La question est
dès .aintenant
p05ée,
l'esclavage
est-il
une notion
couverture,
introduisant
la
con~usion
dans l'analyse
hist-oriq'Je des r-appor-t s
so'.::iaux, e't
cette confusion ne
r~vèle-t-elle
pas
une
fois
de
plus
l'impérialisme
scientifique
occidental
qui cons'truit l'objet
de son
observation ~
l'image de l'expérience dont il est issu
7- <1975
323)
c1 SAtUR
A.in
1975.
Inlpél'ialisllle e't théories socioloQiq'Jes
du dêveloppelllent,
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B.':)bakar
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'::'1
spe,;: i. f i ..;:
ffJl~Rlof expIai tat"ion. M·rj ,;:)
number of
characteristics
which
distinguish
i t fr~~

Ut ,
zwsu
765
o1:her
forllIs
of
e:·:ploitation.
First,
s Lave s
wel~e
property.
As
individu;:)ls
they
were
owned
;:)nd while
J
they were
also
re':::ognized
;:)s
hum;:)n
beings,
theil~
f'.Jn.da.ental '.::h;:)r;:) •.::tel~ i s t t c
w;:)s
th;:)t
tt-Iey
wel~e
colltllllodities. Slaves
wel~e
outsidel~s
by
ol~igin,
who
lacked kinship
ties
;:)nd
who
had
been
denied their
heritage thl~O'..Jgh
jl..JdÎl.~i;:)1
or-
othel~
s;:)n,:tions.
The
relationship between
slave
;:)nd
master w;:)s ultim;:)tely
!>ased on
coer-câon ,
re;:)lized
initially
thl~OIJgh
the
original, often
violent,
act
of
ensl;:)vement
;:)nd
.aintained thereafter through the threat and occ;:)sion;:)l
institution of
physic;:)l
force.
Slaves were completely
at the
disposaI
of
their masters.
The labor power of
slaves could
be
used
however
desired
even their
sexuality and,
by
extension,
their
reproductive
capacities were
not tt-Ieil~s by l~ight. F"inally,
.:::hildl~en
who were
barn
ta sl;:)ves inherited slave status unless
specifie provisions
were
made
ta
amelior;:)te
th;:)t
statIJs." p.
11.
b/
1983
TransforMation in ~1;:).... el~Y a histOl~Y of sl;:)ver'l in
Africa,
African 5tudies Series 0°36,
p.l

766
PREHIERE
PARTIE
CHAPITRE
1
SECTION
1
(1)
FINLEY,
Moses,
1.
1973.
The
Ar...~ittI!.i
E,.::onomv,
iapression 1975. Chatto ~nd Windus,
London.
:
1975.
L'é,.::ononL'Î.e
~n•.::ienne,
ta~~duit
de
l'anglais p~r
Max Peter Higgs.
Les E~itions de Minuit,
P,aris.
(2)
FIHLEY.
Moses,
1.
: 1960/1968. SI;::}vel~Y in elassi'::.::ll AntiQuitv.
Views .and
Conb"'oversies, l~epl~inted ",i th s'.Jpplements ta
bibliography 1968,
Heffer.
C~mbridge. Barnes and Noble
New York.
(3)
ARI5TOTE :
-
1962.
b.st
Pol i tique,
nouvelle
tr~dl.J,.::tion
ave,.::
introduction, notes
et
index par Je~n Tricot,
tomes 1 et II, Librairie philosophique J. Vrin,
f"al"'is.
-
1972.
Ethique
l Nicoma9ue, nouvelle traduction avec
introduction,
notes
et
index par Jean Tricot,
3è édition,
J.
Vrin,
P~ris.
ARISTOTE
Politique,
texte
établi
et
traduit
p.ar
Jean
Aubonnet,
Edition Les Belles Lettres Paris.
1968
Livl~es 1 et II.
1971
tome II, première p.::lrtie, Livres III et IV
1973
tome II,
deuxième partie,
Livres V et VI.
ARISTOTE:
1968.
Economique,
te:-:te tl~;:..lduit
et annoté p.;;>r Andl~é
W.;;>rbelle, Edition "Les Belles Lettres", Paris.
ARISTOTE
1978.
Ethique
l
Eudème,
introduction,
tr~duction
notes et
indices p~r Vi.;;>nney Decarie,
avec la
collabor~tion de
Renée Houde Sauvé,
Librairie
J. Vrin.
Paris et les Presses de l'Université
de Montréal,
Montré;::}l.
(4)
WEIL,
R.ayalond
1960.
81~:Lstot~
~_t]" histoil~e, Ess.;;>i SU1~ 1;;)
"Politique", Librairie C.
Klincksieck,
Paris.
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LEFEVRE,
Charles
1972.
~:n.::.
l.:..Pvol,..ution d' Al~istote en
~y,.::holo9i.~., Editions
de
l ' l nst i tut
SlJpél~ieur' ;;1-;
Phi losopt"lie,
Louv;::}in.
b/
NUYENS,
f\\~i'..lrll=o:i.s
1 9 7 3 .
\\;;.~.•g.~~...';?J.~J..!j. a-'l
de
J3.!. e5 Y..~ h 0 1 0 ~g.
d' Al~istot~_! ouvr~ge
traduit
du
NéerlJ!lndais,
Eljitions de
l' Institut
Supél~ielJl"'
de F't"lilosophie,
LOIJVJ!li TI.

767
r "~
, ,C:> ..
:a/
lL€!urs"
Pierl~~
:
1975.
L,;} ~h~(~o'.Jver"te
Q~~ la ~ie _ Al~istote,
Coll ect ion s av o i l'.
He r-man ,
f"~r is ..
b.l PE:LŒI:;l:U~_ F'iel~l~e :
1982.
ba '.::lassifi'':.:ltion des Anihl.:lu>~ ,:hez
Ari s.!"otQ. = ?>t·:li:;l-!.:t
d€t
1;;)
b-ioloqie
et
..mi té d~
J.-.:lF1stotélis,!le_ -So,.::iété
d"Edition
Les
Belles
lettres,
P.:lris.
(7)
CQ'~'~IQ~~IS.
Georges
D.
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La théorie des révolutions
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Libl';;)ipie
générale
de
droit
e't de
.i':JlrisprlJden,.::e R.
F'i.:hon et R.
O-Jrand Ar.lzias,
P;;)ris.
W:'i~l,.
K<'H'l
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la dire'::tioT. de LOtJis-Hem~i P.:ll~i':js) t.
1
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ir~rëhLstç:Jï .1:'~~.
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4,
f!.I!.!"I-olles
Li ttêl'ai l'es d~
l' Uni Vf~l'sisté
Q~
Besanço'l,
1 ~~8,
t.e s
Belles Lettres,
Paris.
(44) BOURRIOT Félix : voi l' note 29
: p. 218-219.
-Le ~r~v~il
dans
les
mines
du
Laurion
ét~it
incontestablement le
plus
pénible.
Les
mineurs
étaient parfois
obligés
de
descendre
par
des

770
échelles
d~ns
des
puits c~rrés, de 1,90 m de .cSté
(et même
moins),
profonds
de
50
~
60
m i l s
port~ient une
l~mpe
~
huile,
un
m~rte~u
et
une
pointerolle
ou
un pic.
D'autres étaient chargés de
p~niers en
sparterie
ou en cuir. Tous s'engage~ient
ensuite d~ns
un lacis de galeries ha~tes de 0,60 m ~
l m,
longues
~e
plusieurs centaines de mètres,
qui
.ontent ou descendent.
Une fois
~ pied d'oeuvre.
les
~ineurs att~qu~ient
le
gisement qui n'av~it parfois
que quelques
centimètres
d'ép~isseur,
leurs
COMpagnons rempliss~ient
les
paniers,
les plac~ient
sur leurs épaules et se recroquevillaient le long des
galeries étroites
pour
~tteindre
le
puits,
o~ un
treuil permettait
de
hisser
les charges de minerai
Jusqu'~u jour.
Le
soutènement
ét~it
des
plus
som_aires. Dans
les
poches
de
minerai
les
plus
hautes,
on
laissait
slJbsister,
par pl~t'h:aution, des
piliers que
des
entrepreneurs
cupides
~tt~qu~ient
parfois au
mépris
des règlements.
Indispensable,
vu
l'exiguité des
g~leries,
le nombre des tr~vailleurs
et l'usage
de
l~mpes
fumeuses,
l'~ér~tion
ét~it
difficile ~ réaliser
: .on reliait entre eux plusie~rs
galeries et pl~sieurs puits
et on allum~it
un gr~nd
feux au
fond
d'un
de
ceux-ci
;
l'~ir
ch~ud
s'élev~nt,
une
aspiration se produis~it aux
~utres
orifices, . un
cour~nt
d'~ir
cheminait
ainsi
le
long des
couloirs
souterr~ins.
En
dépit de cette
ingéniosité,
les mineurs respir~ient un air lourd
et
m~lsain.
Et
pourt~nt,
ils
rest~ient
dix heures ~
leur poste
de
fond
l'huile
de leur
lampe ét~it
dosée pour
qu'ils puissent p~sser
ce laps
de temps
sous terre~
Ils
ét~ient
rel~yés
p~r
une
autre
équipe,
c~r
le
tr~v~il se poursuiv~it nuit et jour,
et après
dix
heures
de
repos,
ils redescend~ient
~ nouveau.
Pourtant, des
hommes libres s'imposaient
ce dur
labeur
d~ns
l'espoir
d'un
enrichissement
rapide. Et
les
escl~ves qui
formaient le plus clair
de la main-d'oeuvre
ne se révoltaient pas.
Quelques
uns étaient
ench~înés,
beaucoup
désertèrent
s~ns
doute
qu~nd
les
Sparti~tes,
installés
en
413
~
Oécelu,. les incit.àrent à s' enfuil~. Mais en dehor's de
ces
cas
~xceptionnels,
tous
travaillaient
~vec
résignation,
certains
même
étaient
fiers
de
proclamer leurs t~lents
de mineurs",
(45) e.ERHARDT,
.Jean
1972.
"Al~i stote ",
in
t!i-stoi l~g.
9.g
1:::'1.
Philosophie
sous
la
direction de F.
Chatelet,
La
Philosophie pa~enne
du XIè siècle avant J.C,
au IIIè
siècle après J.C.,
Librairie Hachette,
Paris.
p.165.
(46)
WERNEr"
Chal~ 1 es
p.
122-129.
<47> ARISTOTE
1953. La MétaPhYsi._'3.!:!.~,
nc uv e l Le édition,
entièl~e-'
ment refondue,
avec
commentaire,
par
Jean Tricot,
tOMes 1
et
II,
Librairie
phi.lo50phique
J.
Vrin.
P.aris.

dt
ê
t fi"
"'"1.'.'
V ' "
,"
771
,48)
FINLEV,
"-1.
(edi t"ed
by)
: 1974 St"udies in an,~ient" so'~iety,
Rout"ledge and Kegairl Pa'JI, London and Bost"on. p.32
-1. ses aeMbres do Lve nt; êb~e des ho••es libres
;
2. ils
doivent avoir un projet co••un,
si grand ou
si petit soit-il,
de brève ou longue durée;
3. ils
doivent
avoir
quelque
chose
en
commun ~
partager, un
lieu,
des
biens,
un
culte,
des
repas,
le
désir
de bien-vivre, des charges,
des
souffrances ;
4.
il doit y avoir ent"re eux,
la philia <par conven-
tion, Mais
de
façon
inadéquate
t"raduit"
par
-aMit"ié M ) ,
la
réciprocit"é
en d'aut"res t"ermes et"
le dikaion,
que
pour
@t"re
siaple nous pouvons
rëdlJire ~
l' "équi té Il
d;;nls
leurs
relations
Mutuelles. Visiblement",
nul
terme
simple
ne
rendra le
spect"re
des konôniai. Aux niveaux les
plus élevés
IIcommunaut"éll
convien~
d'habit"ude ;
aux niveaux
les plus bas,
c'est" "associat"ion",
~
condit"ion qu'on
garde
~
l'esp~it
les élément"s
d'équit"é,
de réciprocit"é et de projet commun".
(49)
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!:..st Politiq'Je, Li v r e VII, 2, 1324 b - 30-41 ...
"La plupart"
des
hommes semblent" penser que l'art de
gouverner despotiquement
est l'art de l'homme d'Etat
et
cet"t"e
sort"e
de gouvernement"
que
chaque peuple
déclare injuste
et"
désavantageux
pour lui-Même,
il
ne rougit
pas
de l'exercicer envers les autres,
car
si,
dans
les
affaires
qui
les
intéressent
personnellement,
les
hommes
réclament une
aUtorité
respect"ueuse de
l~ justice,
dans les relations
avec
les autres ils n'ont aucun souci de ce qui est Juste.
Kl!lh."(:'-est
'l~
IJne
posit-ion~""J'1~'''j.'.)lU'I.R._~5'~~:7i''i2*.­
d'admettre
que
c'est
la
nature
elle-même
qui
dist"ingue ent"re
l'être dest"iné ~ subir
une autorité
despot"ique et
l'être
qui n'y est" pas destiné,
avec
cet"t"e conséquence
que
s ' i l en est ainsi,
on ne doit
pas s'efforcer
de
soumet"tre indifféremment" tous les
hommes ~
un pouvoir despotique
, mais seulement ceux
qui y
sont
nat"urellement prédisposés pas plus qu'on
n'a le
droit
de
poursuivre
des êt"res humains ~ la
chasse pour
pourvoir
à
un fe~tin ou ~ un sacrifice,
mais seulement le gibier propr~ ~ ces usages, c'e~t-~-
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(S2~
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Monda
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.} a/ PLATON : Politique,
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134-4 a /
1344 b 11
"Tl'O i s .:hoses
sont
~ co ns idé"el' dans l'es';: 1 ave
: 1 e
tr~v~il.
le ch~timent et la nourriture.
La nourriture
(l'Ji n€~
s' ;;l,;:·:ompagne
ni
de ,;:h~tintent ni de tl~avail,
engendre l'insolence.
D'un
autre
~Sté,
ac~abler
l'esclave de
travail
et de sévices s~ns le nourrir,
c'est l'opprimer et lui enlever toute sa force.
Il ne
reste donc
qu'à
lui
fournir à
Id fois du travail et
IJne nOIJI-ritlj\\-e
slJffisante.
En
effet.
il
est

773
iœpossible de commander ceux qu'on ne salarie ~a$, et
le salaire
d'un
esclave
est
constitué
~ar
sa
nourriture.
Il
en
est
~
ce~
êgard comme chez les
'3.IUIt"res hOM.es,
qui
deviennent
phJ5
nléchants que nd
letlJ'r
bonne
condu i te
n' entraîne
pour-
el.Jl~
a'J'~'Jn
.:l".l'an.t-age. et"
que
le v t ce et la vertu sont également
~~Jrvus de
sanction
ainsi
en
est-il avec les
s~rv-iteurs. A'Jssi
le
maîtl~e
doi t-i 1
exel~cel~
'Jne
surveillance sur
ses
esclaves,
et
n'accorder
ses
Ribêralités et
ses
tolérances
en
tout
genre
que
suivant leur mérite,
qu'il s'agisse de nourriture,
de
V@te-ents, de
loisirs
ou de ch3ti.ents
: en théorie
CODœe
en - pra~ique on ~rendra ~our Modèle le médecin,
~ /lVUli
on
laisse
la
fa'~'Jltè de prescrir'e le remède
conNeft~ble, t"out
en
ne
~erdant
pas
de vue que la
fllQtn"ll"i'b..tre n'a
rien de '~OnlmIJn avec un l'enlède du fait
qu-elle es~ d'un usage continuel-. p.25-26.
(65)
ARISTOTE: Pol. VIII, 2, 1337 b 7-21.
Tome II.
-·Parai les activités 'Jtiles de ,;:et't'e sorte les jeunes
gens ne
part'iciperont'
q'J' ~ celles q'Ji ne fer'ont ~as
·de celui
qui
s' y 1 ivre un @t're sordide et grossiel'.
Or on
doit' regarder .,::omftle sOl~dide tO'Jte t~,~he, a'JSS i
bien que
t'out
art
et
toute discipline,
qui a ~our
effet' de rendre les hommes libres impropres ~ l'usage
et' à
la
prat'ique de la vertu,
soit dans leur corps,
soit' dans
leur
~me,
soit
dans
leur intelligence.
C'est' pourquoi
tous
les
arts
de
ce
genre
qui
entraînent' pour
le
corps
une disposition vicieuse,
nous les
traitons
de
sordides,
et
nous en disons
aut'ant' des
besognes
salariées,
car
ils
privent
l'esprit' de
t'out
loisir
et
de tout'e élévation. Et
.@Me dans le domaine des sciences libérales,
bien que
";.usqu'à un
certain point il ne soit pas indigne d' un
ba••e libre
de
s' adonnel~ ~ cel~t'aines d'ent're elles,
cependant' s' y
livl'er
ave'~
excès
d' une
facon trop
approfondie 1
,;:' est
s' exposel~
aux
';:onséq'Jen'~es
do_a'Jeables dont' nous venons de parler.
Il Y a a'JSS i
une grande différence suivant le but qu'on se propose
~.
cl
l ' · t . . . . .
'
. . .
, ~,·\\1• •11dS .
.... ~~L~,""S~~dJil·,~"C?~J
.
-"";-'~:'!'A,'l~'''''''''''''''''''' v-:".,
.
,
_
. . . . . . . EM....~.~.,
~
.--qiln"'ff·<>~:-~;-
il n'y a
l~ rien d'indigne d'un homme libre;
mais si
la M@.e act'iorl est ac.~omp1 ie pour- d' alJtl~es personnes,
on paraît'ra souvent agir en mercenaire et' en esclave.
Quoiqu'il en
soit,
les
disci~lines
présentement
répandues,
ainsi
que
nous
l'avons
dit
plus haut,
penchent' dans ces deux directions".
p.555-556.
(66) a/
KO.JE\\1E,Alexandre
: 1972.
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la phi losophi e
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III
: 546- 555
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R.
1960, XI B
~;;

774
,;/ TRICOT,
.J.
:
Pol.
VII 7,
1327 b,
29 ; VII,
0,
1329 .:1 26.
(67)
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341.
(73)
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Editions
Albin Michel,
P.:Iris.
b/ WILSON,
Edw.:Ird
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1979.
L'humaine
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Ess~i
de
so':.iobiologie,
tl~3duit
de
l'ameri.:ain
p.:Ir Editions
Stock-Monde ouvert,
Paris.
(74)
FOX,
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1976.
AnthropoloQie
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traduit
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l'~nglais par Perrine HUMBLET et Marcelle 5TROOBANT5,
Editions complexe,
P.:Iris.
p.
16.
(75)
CHRI5TEN,
Yves
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1979
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(76)
Radic.:ll
scientists,
Science
for
the
People
(Et.:lts-Unis
d'Amérique)
et
Service
of ideology Group of British
society for Social Responsability
<Grande Bret-:lgne) .
(77)
AUSTIN
Mi,.:hel
et VIDAL-NAQUET,
EconOMie et So,;iétès 1
en Gl~ê'.:e
ancienne,
A.
Colin,
P.:Iris p.
208-210.
"Av.:lnt les
es,;l~ves
_
les feMmes...
"Les Atheniens
étaient parfaitement
conscients
du F.:Iit que femmes
et escl.:lves,
S-:lns
être
sur le M@Me rang,
form.:lient
deux c~tégories
inférieures
de
1.:1 popul~tion.
O.:lns
les récits
mythiques qu'ils ont inventes ~ propos de
l'~pp~rition de
l'escl~vage, ce n'est p~s le tr::.lvail
! ;,
"
...•;
f
~ \\ .!~ ,,~h- «
.... ~' ... _~
.~ ~.
j.
_ ' ' ' ' ' ' - ; <
_
~
__
_
~
_ ,
~ -
.. ~ - ..

~...~

775
des
ho• •",s
qui
Dr'€kède
le tl~;:)v.ail des esclaves mais
~::eh"ï. des
fen,r'-:-3.
vo t c i
delJx exemples de c e s
,l~é·:its
: l~'..n
extl~':Jit
':l'Hêl~odote,
l';:)IJtre
d'un
com.i que ,
conlC'!:!'IIlI(H.n~a i, T. d'~"';" t s t op ha ne .
A. LES f"Eir~E'i Q_~_~lr:. ~';:;: t.:E. ~_ES F'ELASGE5.
Les ?él"Yi-';<,::; -::.'.'~n' r,r ét.? .:h.::assés de l'Attique par- les
Çll':hé-f1Iiens.
;) ocn ,;r"::llt ou non,
je ne p'Jis Rle p r-ono nc er-
St.f.t"'
'!:e po i nt ,
m,lis
5eulement r-appor-t er-
,=e que l'on en
dit. Hécatée fils d' Hégésandl~os dit dans ses r~é.=its que
ce f'u1: injusteMent. QIJand les Athéniens, dit-il,
virent
le
territoire
situé
au pied
de
l'Hymette,
qu'ils
avaient donné
comme lieu de résidence
aux Pélasges en
salaire de la construction
du
Mur qui entourait jadis
l"Acropole, lorsqu~ils
virent
ce terroir bien cultivé
alo'll'"S qu" i l
étai t
auparavant
mauvais
et sans v a Le ur-
....uc...ne.
ils
en co ncur-errt
de l'envie et le
désir les
prit de
recouvrer
cette
terre; ainsi chassèrent-ils
les Pélasges
sans alléguer
d'autre raison.
Mais les
Athéniens disent
au contraire qu'ils ont
eu pour les
chasser de justes raisons ; car les Pélasges,
installés
au pied
de l'Hymette,
s'en servaient comme
d'une base
pour les
insulter
ainsi
qu'il
va
être
dit.
R~~lière.ent,
leurs
femmes et leurs enfants allaient
chercher de l'eau à la fontaine aux Neuf Bouches
;
en
ce temps-là, en effet, tout comme les autres Grecs,
ils
n'avaient pas encore d'esclaves domestiques
<oikétai)
;
or, à chaqun
de leurs passages,
ils étaient
outragés
par les
Pélasges
avec insolence et mépris. Et cela ne
leur suffit pas
; b la fin ils en vinrent
à comploter
une entreprise
dangereuse
et furent pris Sur le fait.
Eux-m@mes -
les
Athéniens
auraient fait preuve de
bien meilleures
qualités
que
les
Pélasges
;
alors
qu'ils étaient
en
droit
de
les
tuer puisqu'ils les
avaient pris en train de comploter,
ils ne le voulurent
pas .ais
les invitèrent
à quitter le pays. Ayant fui,
les Pélasges
occupèrent
divers
établissements,
et
nota••ent Lemnos.
Voici
ce
qu'a raconté Hécatée
et
voil~ ce que disent les Athéniens.
HEROOOTE, VI,137
_,.,.~ ~._
":"~,'j"'''i'"; i\\""'i~·~.li.
.'
> ' .
' .
•.
..'
'..
. .." . . . . . - •• ' ••
ce temps-là personne n'avait d'esclave, de Manès
ou de
Sékis,
mais les femmes devaient s'imposer tout
le travail
de
la
maison.
Ce
sont elles qui, dès
l'aube; devaient
moudre
le
grain
: elles faisaient
résonner le village du bruit de leurs meules".
PHERECRATE, Les Sauvages.
(78) FINLEV,
Moses
l
: 1978. Le monde d'Ulysse,
Nouvelle
édition
revue
et augmentée,
traduit de l'anglais
par
Cl~de
Vernant-Blanc
et
Monique Alexandre, Francois Maspero,
P.aris. p. 71.
(79) G~RLAN,
Yvon
1972.
~a
Guerre
dans l'antiquité, Editions
Fernand Nathan,
Paris.
"A condition d'avoir satisfait
aux obligations
religieuses
consécutives à l~ fin des

-
776
opèrations,
et
en
l'absence de tout accord préalable
limitant les
conséq~ences de la dè~aite, le vainq~e~r,
pa~ le
siMple
fait de la victoire,
Jouissait,
s~r les
produits de
la conqu~te, du droit de propriété le pl~s
absolu et le plus imprescriptible qui fût- ~.45.
:'J}
ARISTOTE,
1976 : Anthropologie.
p.
17.
CHAPITRE
1
SECTION I I
.
(1)
HOUNTONDJI, Paulin JoachiM : 1977.
"La fin du nkrl.J1D;:,hisme et 1;:,
. Ô »
(re)naissance de
Nkl~'.Jmah",
in
S'.Jr
1;:,
"Phi losophie
africaine-,
Critiq~e
de l'ethno-~hilosophie, Francois
Maspero, Paris. Ch. 6
: 171-187.
(2)
NKRUMAH,
Kwamé
1964. Con§ciencisn\\. PhilosoPhY and Ideology
~ De-coloniz;:,tion
and
Development,
vith Partic~lar Reference to the African
Revol~tion, Heinemann, London
• 1969.
Conscien'.:isllle
nouve l Le édition l~eV'Je et
corrigée, P;:,naf,
London.
• 1965.
b!.
Cons..:ierl•.:isnle.
Philosophie
et
idéologie
POUl'
la décolonisation
et le
développenlent
~
~
référence
Particulière ~
1;:,
Révol~tion africaine,
trad~it de
l'anglais
par
L.
Jospin,
Payot, Paris.
· 1976.
Le
Cons •.:ien,.:isn,e.
Tr-aduc t t on
reVIJe
d'après l'édition
anglaise
de 1969, par
Starr et
Mathieu
Howlet,
Editions
Présence Africaine, Paris.
(3)
NKRUMAH, Kwa.é : 1973. The str~ggle contin~es,
Six
pamphlets,
panafBooks Limited, London.
p. 79.
·A~jourd'hui, l'expression "socialisme afric;:,in" semble
EL :LJi1$(J,~~été af,~i'.:ai ne traditionnelle étai t
hùmaniste" et
èÙe semble e:<p'''imer " J n e " " " " ' ; ; - ,
esprit. Une
telle
conception
d~
socialisme
fétiche de 1;:, société africaine comm~nautaire. Mais une
société africaine
idylliq~e
et
sans
classes
(dans
laquelle il
n'y a~rait ni riches ni pauvres>
jouissant
d'une sérénité
de
drogué
est
certainement
une
simplification facile,
il
n'y
a
aucune
preuve
historique ni
m@me
anthropologique
qu'une
telle
société ait J;:,mais existé.
Je crains que les
réalités
de la société africaine
n'aient été
un tant
soit'~eu
plus sordides"
<traduction de P.J. HOUNTONDJI>.
<4> NKRUMAH, Kwa81é : -
1970. Clas~ stl~JJg.9.k in Af'~ï'.:a, F'anaf Books
Ltd, London.
-
1972. La lutte Qg~ classes en Afrique,
traduit par Marie-Aide Bah Diop,
Editions Présence Africaine,' Paris,
p.14-15.

777
( 5)
NKRUMAH,
Kwamé
1957.
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Aytobiography Kwame NKRUMAH,
Thomas Nelson,
and SOYS Ltd,
London.
1960.
Aytobiographie de Kwaώ NKRUMAH,
tradyit de l'anglais par Charles L.
Patterson,
Editions Présence Afri-
caine,
Paris.
(6)
NKRUMAH,
Kwamé
1973-a. Towards colonial freedo.
(written in 1945 ,
First published in
1962). Panaf Books Ltd,
London.
(7)
NKRUMAH,
Kwanlé
1963. Africa Must unite,
Heinemann Publisher~i
London.
1964. L'Afrique
doit
s".Jnir,
Tradui~, de
l'anglais par L. Jospin,
Pavot, Paris.
(8)
NKRUMAH,
KwaMé
1965.
Neo-colonialisM,
The
Las~-5tage of
Imperalism,
Nelson, London.
1973-b.Le n~o-colonialisme~ dernier stade
de l'impérialisme.
traduction fran-
caise ~~ Editions Présence Afri-
,:aine.
Pal~is.
(9)
NKF:UMAH,
Kwamè
_
1974. Handbook of Revol'.Jtionnar'l Warfare.
A
9'.Jide of
the
A\\'ft\\ed
Phase of the Afl'ican Revolution,
Firs~ printed in 1968, panaf Books Ltd,
London. p.24.
(10)
NKRUMAH,
Kwamé
1974.
Ch.
I I
24-25
"The nation
must
be
freed
from
colonialism"
is a
universally a':'~epted
l'ally i ng
cry
whose inf l'Jence is
heightened by
the f.Ol,:t that the agents of colonialism,
exploiting
the
territory
from within,
are there for
evel~vbody to
see.
It
is
therefOl~e
the people
as a
whole who
revoIt
and
struggle
as
a
Nnation-class·
against colonial oppression,
and win
independence-,
(11)
IKOKU,
Samuel G.
(Juli'JS Sago)
1971.
Le Ghana de Nkrumah
Autopsie de
la 1ère RèP'.Jbliq'.Je
<1957-1966),
traduit de
l'anglais par Yves Benot,
Librairie Francois Haspero.
(12)
NKRUMAH,
Kwamè
1961.
l
speak
of freedonl.
A stateMent of
African Ideolo9Y,
Heinemann
Publishers,
London
and
Frederick Praeger,
New-York.
(13)
NKRUMAH,
KW.::lmé
1973-,:
83.
"It
is
the elimination of
fancifulness
from socialist action that makes socialism
scientific. Ta syppose that there are tribal,
national,
or racial
socialisms
is
to
abandon
objectivi~y
in
favo'.Jr of ch.::ll.Jvinism".
(14)
NKRUMAH,
Kwamè
1973.
"1..Jt.at 1 Mean b v Positive A,:tion",
in The
struQQle continues,
Panaf Books Ltd,
London.
p.5.
• ,<.'
.""
"
.

'
. J5.

L
m
,
';";. I~ "
778
, •.,
NKRUMAH.
K"a-é'
1972.
A:donls
of
Kwa..ë
Nkr'.Jnlar.,
Fl~èedom
Figh'te-rs·
Edition,
First
p'.Iblished in 1967,' reprinted
in 1972,. ?.:ln"1f Books,
Ltd,
London.
-Revol'Jtion:=Jr·, w;;»rf.:lre is logical,
inevi t.:lble answel~ to
the poli~ical,
economic and social situation in Africa
tod.;:ay. Eit:her
we fight together now 1
or we wi 11
ea,:h
fail in
~Jrn unaided and alone ta the
colletive blows
of iltperalisDi .
•••• The people·s armed struggle. the
hightest form of
political action is a revolutionary catalyst in the neo-
colonialis~ situation u •
p.117-119.
(16) OKOHBA
OTSHUOIEftA.
Paul
ALBERT
1973.
-La philosophie et
1- idéologie chez
Nkrl.lmah"
in Revl.le Prësen,:e Afl-i,:aine
n-05.
1er
triMestre
nouvelle série bilingue,
106-112.
L·~eur voit trois rapports en effet:
-
a/
un
rapport
d'opposition.
·une
coupure"
<la
philosophie comme
"apologie
th~orique
doit être
entendue ici dans le sens d' une transnl'.Itation,
une
transf'or.at'ion ,
une
nouvelle
concepb.lalisation")

-
b/ un rapport' de d~duction (une philosophie Il remplit
cet'~e f'onction
idëologique
quand
elle
prend la
f'or.e d'une phi losophie pol i tique 01.1 nlol~ale")
;
-
c/
un
rapport'
de
cOl~l~espondan,:e
(E:<emple
la
aonadologie leibniziennequi
n'est
pour r ant; pas
une philosophie
politique
correspond
~
une
théorie pol i tico-sol:iale,
à
1.1 ne
dênlO':I~.:ltie
capitaliste et
individualiste étant donné que les
.anades de Leibniz sont indépendantes les unes des
au~es, chacune a'.Itosuffisante pour- développel~ son
individ'Jai i té. )
-La philosophie et l'idéologie diffèrent p.:ll~ lel.ll~S
Yisées.Alors que ~a première est une réflexion sur
laexpérience humaine globale,la seconde un système
d- idées (n'ayant
pas
une
vaLeur-
rigol.ll~e'.Isenlent
philosophique 01.1 scientifique)incit.:lnt ~ l'.:lction.
Mais si
elles diffèrent p.:lr leurs visées et leurs
_i.....~~!~~::?~ ......
cet aspect
idéologique tout comme l~idéologie est
un instrument
pour
renforcer
l'ordre
soci.:ll.
Ainsi le
r.:lpport
fondament.:ll
qu'ét.:lblit Nkrum.:lh
entre la
philosophie
et
l'idéologie
(s.:lns
l~s
confondre)
est un rapport instrument.:ll.
( 7 )
NKRUMAH,
KW.:lm~
1965. Ch.
IV : 128
"Strictement
parl.:lnt,
l'affirm.:ltion de
la seule r~.:llité de l.:l m~tière est un
athéisme,
C.:lr le
p.:l~théisme
.:lussi
est
une
v.:lriété
d'athéisme.
Bien
que
profondément
enr.:lciné d~ns
le
M~térialisme, le consciencisme n'est pas nécess~ireMent
athée- .

779
\\
<lB) MARX, Karl : 1965. Oeuvres =Eçonomie ~ : 770.
·S'il es~
d'une
d'impor~~nce décisive pour l'entende-
men~ de
la valeur en général de ne voir en elle qu'une
siMple ~o~gula~ion
de temps de ~r~vail, que du tr&v~il
réalise,
il es~ d'une
égale importance pour l'entende-
ment de
la
plus-v~lue
de la comprendre
comme simple
coagula~ion de temps de travail extra, comme du surtr~­
vail réalisé.
Les différentes formes économiques revê-
tues par
la société,
l'esclavage,
par exemple, et le
salaria~, ne
se
distinguent
que par
le mode dont ce
surtravail
est
iMposé
et
extorqué
au
producteur
i ••édiat, à l'ouvrier".
<i9}. HOPKINS,
Keith
1978.'
Con9IJe\\~ors' and slaves, So'.:iologi'.::~l
Studies in
Roman History, Vol. 1, CaMbridge University
Press, Ca.bridge, London, New-Vork,
Melbourne II:101.
Table II.1. The population of five slave societies.
Estima~ed
Es~iIl\\a~ed
Slaves
~s
a
to~al
nlJmber
proportion
of
popula~ion
of sl~ves
the popui~tion
<'000,000>
('000,000)
(aboIJt)
Athens
C.400 BC
(02) *
(Q.06)
30 x
Roman Italy
225 BC
(4)
(0.6>
15 :Y.
31 BC
(5-6)
(2)
35 x
8'~azil
1800
3
1
33 :Y.
1850
8
2.5
30 7.
USA, Southern s~~tes
1820
1.5
33 "
4
.
33 7.
.
_ . .~.~,.)~rijf'~"'~lM1%":·'tlt]rJ.lI""'j.".\\.i~-et:~'~~.lr~JlJl~
CIJba
1804
0.5
0.18
28 x
1861
1.4
0.4
30 7.
* Figures in parentheses indic~tes a consider~ble degree of doubt
(20)
'~AGE,
.Jean: 1971. Le~ '.::l~sses_ so,.::i~les d~ns l' en\\pi\\~e \\~on\\~in,
P~yot, P~ris. Ile P~rtie : ch.
III.
(21)
~/
Due.y,
Georges
: 1962. ~ê''::Q.!!.Q].'ie
\\~IJ\\~ale
et
JOl a
vie des
. campagnes d.:trls
~' 0,.::,.:: ir.l~nt
nu:Lq.iJ?val,
Tome r,
et II,
Aubier P~ris, Tome II
: 462-500.
b/ GOUREVITCH,
A.
: 1976.
"L'Europe occident~le du IXè ~u Xlè
siè,.::le",
in
Ht s t o i.r-e
du
Moven-Age, ~r~dIJit du r-us s e
par O.
et
V.
T~t;;)l~inoff,
(1964),
Les Editions du
Progrès,
Moscou, U.R.S.S.
Ch.
IV : 95-108.

, " E
F
730
(22)
HAQUET,
Ja~ques
1970.
Pouvoir
et
So,:iét'é
2!l
A'f'''~I.Ne,
Colle~tion
l'Univers
des
conn~iss~n~es,
Libr~irie
Ha,:hette, Paris.
(23)
GODELIER,
Maurice
1973.
Horizon,
trajets
m~r:<istes
~
anthropolo9ie, Francois Maspero,
P~ris.
(24) a/
COULANGES,
Fustel
de
: 1963.
La cité ~nti9ue.
Libr~irie
Hachette,
P~ris.
b/ BENVENISTE,
Emile
1969.
Le voc~bulaire des institutions
indo-européennes :
1.
Economie, parenté, société.
2.
Pouvoir,
droi~,
religion,
Les
Editions de Minuit,
Paris.
(25) a/
IBN KHALDUN:
1968. Dis~ours ~ l'Histoire universelle,
Al
Huqu~ddima, Traduc~ion
nouvelle, préface et notes p~r
Vin~ent Monteil,
Seconde
édition revue,
Tomes 1,2,3,
Sindb~d, P~ris. Tome l, Ch. 2 ; Tome II : 665.
b/ NAHON,
Gér~rd
1963. Les HébrelJH,
Colle,:~ion Le ten,ps qu t
COIJ,..t
n032
Editions du Seuil,
P~ris. p.38.
(26)
VANDERMEERSCH,
Léon
1977.
.W~ngd~o
OIJ
L~
voie
,"oyale.
Re~he,"d·les ~
l'esp,~it
des
instibJtions
de
!..s!.
Chine ~rch~ique
Tome
l,
Structures
culturelles et
structures f~mili~les,
Ecole
francaise
d'Extrême
Orient,
P~ris. Ch.
IV
: 153.
(27)
HEERS:
1974.
Le cl~n f~mili~l ~ Moven-AQe,
P.U.F.; Paris.
(28)
BALANDIER,
Georges
1978. L'~nthropologie Politique,
(1967)
3è édition,
P. U. r "
F'~,~ i s .
(29)
AUGE,
H~r~
: 1977.
F·oIJvoi,"s
d€t
vie,
POIJVOil"S
de
nlo,..t,
Introd'J,:tion!à
~
~nth'''opologie
de l~ rép,"ession,
Fl~mmarion Paris.
"C'est
bien
p~rce
que
l'idéologie est toujours
,.,~~-,."~QlandIJPOIJVOi''',. p~'~':eqIJ'il n'.ya pas.plus de
........,.'II...........UIL..•'"·*'~l!lb501tr'i'qtJeJill'd.,'~~_.îl,.1.11'J_9iiI.I.ti};"w""+~~,~;jl*lj
p~rce que
les
r~pports
de cl~sse
ne
sont qu'une
modalité des
rapports
de
pouvoir
qu'il
n'y a nul
besoin d'opposer
sur
ce
point
Marx
.~
Durkheim:
l'idéologie lignagère,
l'idéologie
chrétienne
ou
l'idéologie
de
la
consommation
se
veulent toutes
totalitaires;
elles
ont
toutes voulu soumettre l~
figure individuelle
~
l~
figure soci~le, p~rler ~u
singulier/pluriel,
ruser
avec
le nom propre
~u nom
du sens
commun
;
il
Y
a
donc bien une structure
idéologique d~ns
toute
form~tion soci~le ; m~is les
contr~intes qui
s'expriment
d~ns et p~r l'idéologie
sont inég~les
d'une
société
~
l'~utre
et
~
l'intérieur d'une
même
société. A l'intérieur d'une
même société
il
n'y a pas de pl~ce pour une contre-
idéologie ~
strictement
parler
mais
pour
des
déplacements idéologiques qui tr~duisent à
l~ fois la
pression des
réprimés
et
les
nouvelles
ébauches
r~pressives ;
les snobismes et les conduites

7131
d'inversi6n n~
sont
pas
des
ruses
mécaniques
du
pouvoir, mais
des figures provisoires et défensi~es de
la domination où peut se lire aussi la contestation des
dOMinés. C'est
en
tous
les
sens
que
l'idéologie
dominante est
celle
de
tous
;
ainsi
l'inégale
systématisation des
contraintes
t~.Qigne
a
la
fois
d'une inégale
insertion
dans
l'ensemble
et
de
la
possibilité
d'une
lutte
pour la prise de ~onscience,
1.::1 prise de p ar-o Le et la prise du pouvoir.
Il n' y a pas
opposition entre
la lutte des classes et l'affirmation
individuelle:
la
première
est
la
condition
de la
seconde et
la
seconde
le sens de la première.
Nul ne-
peut contester
~
personne
son
exigence immédi~te et
absolue de sens et d'existence :l·histoire et
la lutte
des classes
meurent
avec
chaque
individu; mais
la
liberté passe
pa\\~
l'égalité; personne ne peut exiger
le sens
sans
récuser
le
pouvoir.
c'est-à-dire, au
bout du
compte
(et
quoi
qu·en disent les nantis de
l'insularité individuelle), sans le revendiquer"
( 206-
207) .
(30)
a/
HOUNTONDJI,
Paulin
J.
1977.
·Vrai et ~aux pluraliSMe in
Sur la
philosophie
africaine-,
Francois
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Paris, Ch.8 : 219-238.
b/ SINE, Babakar : 1975.
Impérialisme et théories sociologiques
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Editions
Anthropos-Idep.
Paris-
IIème partie,
ch. III
: Les n~tionalismes culturels au
service de l'impérialisme p. 245-285.
c/ GUISSE,
Voussouph
Mbargane : 1979. Philosophie, culture et
devenir
social
~
Afrique
noire,
Les
Nouvelles
Editions Africaines,
Dakar-Abidjan-Lomé.
II.8
Le
nationalisme culturel
en
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noire,
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(31) NKRUMAH,
Kwamé : 1972. Ch.5 : 32-34.
(32) BOVON,
Jacques:
1958.
Naissance ~ Etat africain, Le Ghana.
La Gold
Coast
de la colonisation
i
l'indépendance,
.
Librairie Armand
Colin,
Paris Ch, Analyse sociologique
~
1•• ,;,
.•
:·~~'''';'''~:'F;~~''kt••~*.'''''''![(t••lr'r.'''.~W••l_.I~
. , ' • •
<

5
r'F_~;
"i')
782
\\
CHAPITRE
l
: SECTION
III
i l )
MARX.
Kar 1
1968.
Let"tl"e
~
KIJgel.an. Lettre du 28 dek:embl" e
1862. Editioh Anthropos. Paris.
CZ) Ho'.Js
pensons
en
p;nrtü~ulier
à
Jean-Baptiste
SAY
<Tl";nité
d'~conoMie politique
1803.
~al.ann-Levy.
Paris, 1972,
Ch. XIX. Des eolonies et de leurs produits> et à J.C.-L.
515HONDE de
515HONDI,
<Nouveaux
principes
d'éeonomie
politique 2Y
de
la
riehesse ~ ~ rapports ~ la
population. 1819.
3e édition. Editions Jeheber, Genève-
Paris. 1951. To.es 1 et II. TroisièMe Livre. Ch. IV : De
l·exploitation servile).
Karl.
: Hanuscrits de 1857 =1858 -Grundrisse N , Editions
sociales, Paris,
Tome 1. Nous le citerons sous le nom
de Gryndrisse 1. QY. li.
1980 : 428, 430.
-Chez les
tribus
pastorales noDades. la COMMune est en
fait consta.ment unie, sous for.e de soci~té .igratrice,
de caraYa~e, de horde, et les for.es de do.ination et de
subordination se
d.veloppement
~ par~ir des conditions
de ce
lIode
de
vie. Ce qu'on s'approprie et reproduit,
c'est en
fait
ici
seulement
le
troupeau
et
nOn la
terre;
laquelle
cependant
est
toujours
utilisée
collectivement ~
titre
temporaire, dans tous les 'lieux
ob l'on
séjourne.
Le
seul
obstacle que la communauté
peut rencontrer
dans
ses
rapports
aux
conditions
naturelles de
prodUction
en
tant
qu'elles
sont
les
siennes -
c'est~b-dire
~
la
terre -
(si nous passons
tout de
suite d'un bond aux peuples sédentaires), c'est
une autre
cOllllunaut.
qui
la revendique déJ~ comme son
corps inorganique
_
elle. C'est pourquoi la guerre est
un des
travaux
les
plus
originels
de chacune de ces
cOllmunautés naturelles,
tant
pour
maintenir
que pour
acqu.rir la
propri.t••
(Nous pouvons ici, en fait,
nous
contenter de
parler
de
la
propriété originelle de la
"':~".
n.~ure~:e..n: ~~l:~·":O::~::"· :~~~l~
·:w·",g:;jl,"• • •
temps la
propriété
des p~turages qu'ils traversent. En
g'nfral, dans
la propriété du terroir est incluse celle
de ses
produits
organiques.)
"Si
l'homme,
en
tant
qu'accessoire organique
du
terroir,
est
conquis ~vec
lui,
il
est
conquis
comme
l'une des ~onditions de la
production, et
c'est. ainsi que naissent" l'esclavage et
le servage
qui
bientSt
falsifient
et
modifient
les
forMes originelles
de
toute-s
lesco~munautés et
deviennent mime leur base. N

'. . .
ft

-La condi t"ion
fonda.entale
de
l:a
iP-roprie-t'e basée sur
1" en~i tê tribale
<en laquelle àl l ' (Ol1"ifg:i ,Ylte se dissout' la
eo_uneu'tt!U - savoir. @t"re .eaob.";e .ft ,!1.i8 '!',rioo';' prive de
propriêt~ la
t"ribu
~trangère ~~~tqwise !pa~ la 'tribu~ la
tribu sou.ise, et la place elle-~me Icl&lm5 les condi~ions

783
inorgeniques de
ss
reproduction,
que
ls
communsutê
eonsi~re COMMe
les siennes.
L'esclavsge et le servage
De
SO~,
par
conséquent,
que
des
développements
ul~êrieurs de
la
propriété
basée
sur
ls
structure
~ribel•• Ils modifient nécesssirement toutes les fornles
de ce~
propriété.
C'est
dans
la
forme
ssiatique
qu'ils peuvent
le
moins
le faire.
Dsns l'unité suto-
subsis~.n~e de
la
manufacture et de l'agriculture sur
laquelle cette
forme repose,
la conqu@te n'est pas une
condi~lon aussi
nécessaire
que

o~
la propriété
fonel.re.
l'agriculture
prédominent
exclusivement.
D·~ part;
comme
su sein de cette forme l'individu
singulier ne
devient
JaMais
propriét.:ni re,
niais
seul_n~ pos~sseur,
il
est
au
fond
lIJi-lll@me
la
propriê~, l'escl.:nve
de
cette
chose à
l'intérieur de
laquelle existe
l'unité
de
la
commune,
et
ici
l'esclavage n'abolit
pas
les conditions du travail ni
ne -adifie le rapport essentiel".
(4)
Grundrisse ~ 1980 : 430.
(5)
"ARX,
K.,
L'iddologie
sllemande,
Oeuvres
III
Philosophie,
Edi~i~ns Gallimard, Paris, p. 1063-1064.
(6)
a/
ENGELS,
F.
983
: L' origi ne SJ!. lA fP.Jnli Ile! s!. lP.J pl"opriétê
priv4e ~ SJ!. l'Etat, Trsduction de Jeanne Stern, revue
par Claude Mainfroy,
Editions Sociales, PP.Jris,
p.131.
b/ MARX,
K.~
Le Capital,
1965 : Oeuvres Economie 1. p.994.
(7)
"ARX,
K.,
1965
: Lettre à P.V.
Annenkov, Oeuvres Economie l,
Editions Gallimard,
Paris,
p.1446.
(8)
"ARX,
K., 1965 : "is~re de l.=.l phi losophie, OelJvres E'~or.onli.e .L
Editions Gallimard,
Paris p.81.
<,)
ENGELS,
F.,
1975
b!!
situ."lt:ilJr.:i!l 1:1 ':~l"lssq l~JborielJs€~ sn
Ar.al~terre, Traduction
et
notes
p.=.lr
Gilbert B.=.ldi.=.l et
.Je.=.ln Frédéric, Editions Sociales,
P.=.lris,
p.122-12~.
.
-~.'
':·_~~é"i"~êl:)n'oblf~~-·~.~
Edl~ions G.=.lllim.=.lrd,P.=.lris,
p.165.
(t1)
MADEL,
Henri,
1983 : Marx tt le s.=.llariat, Le Sy'.:onlol"e, F'.:ll"is.
(12) Le C.=.lpit.=.ll, 1965, Oeuvres Economie 1. p.991-992.
(13) Le Capit.:ll,
1965, Oeuvres Economie l, p.957 - 959.
(14) ENGELS,
F.,
1975 : 150 -
154.
(15) MARX,
K.,
1971
: 211-215,
lJ.D. ch.:npitl"e irlêdit du C.=.lpi t.::l l , Union
Générale des Editeurs,
Paris.

784
\\
(16) Gryndriss. l,
1980 : 265
Ils on~
cess~ d'@~re des esclaves. non pour devenir des
ouvriers salariés,
mais des paysans se suffisant ~ eux-
.@Mes, ~r~vaillant
~ou~
jus~e
pour
leur consomma~ion
personnelle. Face
~
eux, le capital n'exis~e pas comme
capital, p~rce
qu'en
général
la
richesse
devenue
autonome n'existe
que
par
le
~avail forcé immédia~,
l'esclavage, ou
bien par le travafl forcé médiatisé,
le
travail salarié.
Face
au
travail
forcé
immédiat,
la
richesse ne
se
pr~sente
pas en tant que capital, mais
comme rapport
de domination; c·est pourquoi aussi, sur
la base
de
ce
~revail
forc~
n·est
reproduit que le
rapport de dOMination, pour lequel la richesse elle-mime
n'a que valeur de Jouissance. non de richesse proprement
dite, rapport
qui,
par
conséquent. ne peut Jamais non
plus creer l'industrie universelle.CHous reviendrons sur
ce rapport entre esclavage et travail salerié.)"
(17)
Le
Capital,
1965
1222,
Oeuvres
Economie
l,
Editions
Gallimard, Paris.
(18) Le
Capital,
1968,
oeuvres,
Economie ~ Editions Gallimard,
Paris. p. 1268 - 1269.
(19) ENGELS, F., 1975 : 119.
(20) KARX,
K.,le
Capital,
1965,
Oeuvres,
EconOMie
l,
Editions
Gallimard, Paris. p.1080.
(21~ ENGELS, F., 1975 : 229-231.
(22) MARX,
K.,
1971 : 211-212, Yu chapitre inedit gy CaPital, Union
Génerale des Editeurs, Paris.
(23) ~X,
Kt, 1965, Salaire, prix et plus-value, Oeuvres, Economie
1, Edi~ions Gallimard, Paris. p~509.
(24) a/ Gryndrisse l, 1980 : 403-404.
··I-r.~?'~X;;;-·'·!··I('.r---·-1971-·~:~2i!~ji:I~.iBl,tj',,~~~
• • (I'.~
Gênérale des Edi~eurs,. Paris.
.
_.
(25) MARX,
K.,
Le
capital,
1965,
Oeuvres
Economie
l, Editions
Gallimard, Paris. p.1035.
"Dans le
servage,
ecrit Marx au Livre 1 du Capital,
le
travail du
corvéable pour lui-mime et son travail forcé
pour le
seigneur sont nettement séparés l'Un de l'autre
p~r le
temps et l'espace, Dans le syst~me esclavagiste,
l~ partie
mime
de
la Journée ob l'esclave ne fait que
remplacer la valeur de ses subsistances, ob il travaille
donc erl
fait
pour
lui-mIMe,
ne
semble
@tre
que du
travail pour
son
propriétaire.
'fOllJ-t son travai l
revIt
l~apparence de travail non pay~. C"e'St IJinverse dans le

'ï~.
'.
785
tr~v~il salarié
: m@m~ le surtravail ou travail non payé
rev@t l'~pp~rence
de
travail
payé.
L~
le rap~~rt de
proprirlté dissimule
le
travail
~e l'esclave pour lui-
même,
ici
le
rapport
monétaire
dissimule
le travail
gratuit du salariê pour son capitaliste-,
(~~l.)
ENGELS,
F.
1971
: Anti-DUhr'in9,
Trad'Jctian d'Emile Bottigelli,
3e édition revue,
Editions Sociales, Paris, p.177.
!27) a/ BAZIN, Jean,
-
1975
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Francois Haspéro, Paris,
p.135-181.
-
1992
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Archives
Contemporaines,
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bl t1EILLASSOUX, Cla~de,
-
199"
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l'esclavage
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L'esclavage ~ Afrique précoloniale,
Francois Haspéro, Paris, p.389 -
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cl HEILLASSOUX, Claude,
-
198 ..
:
128 -
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;.'~+·~~':~~-l~·')';":i;~").~:,; ~" ,~i~~'·'i~ot;~~ :~,.~ .':_"'-',.>~:~Wr:/~·.,-;~., t~)': --;,~- ,.,;~
(29) Anti-OUhring,
1971 : 385.
(30)
al Gryndrisse l,
1980 : 32.
bl Econo.ie !l, 1968 : 383.
(31) al
BORDET, Harcel,
1969 : Précis d'histoire romaine, Librairie
Armand Colin, Collection U, Paris, p.88.
bl Anti-OUhring,
1971
: 189.
(32) L'origine de ~ famille,
1983
166.

786
(33) Grundrisse ~, 1980 : 77.
·Oans le
troc le plus pri.i~if, qu~nd on ech~nge
deux marchandises
l'une
contre
l'~utre,
on
commence par
poser
c~~
d'elles
egale à un
signe qui
exprime
leur
valeur
d'échange,
par
exe~ple chez
certains
nègres'
des
côtes
de
l'Afrique occidentale,
elles = x barres. Une des
deuK march41ndises
= 1 barre, l'autre :1 2 barres.
C'est dens
ce
rapport
qu'on
les
échange.
On
co.mence par MétaMorphoser . .n~8leMent et dans de
langage les
Marchandises
en barres avant de les
échanger l'une
con~re
l'autre.
Av~nt
de
les
échanger, on
les
évalue
e~,
pour le faire.
il
faut les
situer
dans
des'
rapport
numériques
réciproques déterMinés.
P'our
pouvoir les mettre
dans ce
genre
de
rappar~s
nu.ériques
et
les
rendre cO.Mensurables, il ~aut qu'elles recoivent
la mIme
dénomination
(unité).
<La
barre
ne
pos.~de d'existence
qu'imaginaire, tout comme en
général un
rappor~
ne
saurait
acquérir
d'incarnation particulière,
.~re
lui-mIme
individualisé ~
son
tour
que
par
une
abstraction.) Pour
compenser,
au
moment
de
l'fchange.
l'excédent d'une valeur par rapport
à
l'autre,
pour
équilibrer
la
balance,
un
paiement en
numéraire est indispensable, dans le
troc le plus primitif tout COmme dans le commerce
international actuel".
(34)
Grundrisse l, 1980 : 428-429.
(35)
GAGE,
Jean,
1971 : ~ çlasses sociales dlns l'empire romain,
Pavot, Paris, p. 194-195.
·oe nombreux
esclaves
travaillèrent
dans
les
tlches de
secrétariat,
de
COMptabilité,
de
traduc1:.ion (du
latin
en
grec
ou
vice-versa,
etc.).
Il
était
difficile
de ne pas mettre des
.. ,.. "
·.ffra.nchis dans
les
postesMoy~...s e t
d'ordre
/''''é~rlJ~;?qlt• •~{•.''.dtft''I'Ctl. .au....__lJll..rj. ._;.~#1~t.'"f'4,.,-t.....
choisir parmi
ceUK
qui
avaient
uri' patron
personnel. L'affranchi impérial apparait ainsi de
lui-m@me;
un
escl~ve
du Prince, affranchi par
lui et
gardé
dans
ses
services.
L'Aygusti
Libertus se
distingue
vite
des
affranchis des
particuliers, par
sa
psVchologie autant que par
sa situation
de
f~it.
Très
vite
aussi
il V~
donner embrage
aux
représentants
des
classes
supérieur,s, aUl<
sén'.lteurs surtout. Les preMiers
scandales éclateront
sous
Claude et rebondiront
sous Néron.
Qu'est-il
arrivé
de nouveau depuis
AIJguste ? - Le pllJS '.SolJvent Grecs d' origine e~ de
formation,
subtils
et
assez instruits, très au-

787
dessus
de
la moyenne de cul~ure de beauâo~~ des
siMples hOMMes
libres
du
~eaps,
les
plus
entreprenants des
affranchis
de
la
maison
iMperiale se
sont
approchés
de la confiance du
Maître en
profitant
de
ses
faiblesses
de
caractère et
de
ses
caprices
de Moeurs (ainsi
pour le
remariage
de
Clat.lde
.après la chute de
Hessaline;
ainsi
pour
les
liaisons
et
les
fantaisies thé3trales
de
Néron).
Ils
se
sont
enrichis au
point
de pouvoir corrompre, parfois
de narguer
le train de vie difficile auquel sont
réduits d'authentiques
reJe~ons de la nobilitas.
Par des
aoyens
assur4.en~ peu scrupuleux ; mais
les Malversations
étaien~
difficiles
~ saisir,
.. Justement parce
que,
le
plus
souvent,
les
interlts dont
ils avaient Joué étaient choses du
seul Prince!
A
un de.i-si~cle de distance,
Pline le
..Jeune
dira
avec
une ironie vibrante,
dans une
de ses Lettres fa.ili~res, sont dégoOts
devant les
honneurs que le 5,enat de Cl.aIJde avait
cru devoir
conférer ~ Pallas ; .~ il l'exprime ~
propos du
tOMbeau
de
ce
personn.age.
Un
procurateur de
Claude, de ..... origine, se m.ari&
plusieurs fois
richeaent,
la troisième avec une
princesse Juive
de
la
maison
d'Hérode ! - Ces
souples personnages,
qui
paraissent, malgré des
aventures comme.
celles-l~,
préfigurer
les
eunuques de
la
future
Constantinople,
ont
naturellement fait
partout
propagande
pour
l'eMpereur, n'ay.ant
de
fortune
et de puissance
qu'_ travers
le
progrès
de
ses
pouvoirs
;
propagande rebours,
certes,
pour l'aristocratie
sénatoriale. Pline
le ..Jeune loue TraJant d'avoir
écarté ces influences, et de les avoir remplacées
par des
-a.is-
; ces a.ici principis sont assez
vite deyenus
une categorie; l'expression tend b
deyenir titre, et elle sera en effet continuee au
deuxièMe siècle
par
celui
de
comes,
dès lors
officiel, bientat presque nobiliaire-.
1"'Mm• • •'.,·' \\(.t'~WJ!..' ••'~lr._II~II!'ti'''~}~~~i~;?~.'···n
..._
••tIi,~1;'-,11
,
(36) Anti-DUhrin9, 1971 : 209-209.
.
'"
(37) "ARX,
K., 1965, Hisère de la philosophie, Oeuvres, Economie l,
Editions Gallimard, Paris, p.80-81.
(38) Grundrisse l, 1980 : 163, 403.
(39) SEVE,
Lucien,
1984,
5trycturalisme
et
dialectigue,
Hessidor/Editions Sociales, p. 193-258.


788
CHAPITRE
II
------,----
SECTION 1
~
LA BASE GEOGRAPHIQUE DU CHAMP
LA ZONE
FORESTIERE
(1)
a/
A~las
~ Côte d'Ivoire, 1971 Hini.~~re du Plan, Université
d'AbidJan <IGT), ORSTOH.
b/ ROUGERIE,
Gabriel
1982,
La
~.
d'Ivoire,
Presses
Universitaires de
France,
Collec~ion
Que
Saïs-Je
?
Se
édition, Paris.
cl AVENARD, J.H. ELDIH, H. et al. 1971. ~ .11ieu naturel de l~
~ d'Ivoire, Mémoires ORSTOH ~O, ORSTOH. Paris.
(2)
~
CLERICI, André,
<Sous la direcTion de H.) 1962, Histoire de
~ CôTe
d'Ivoire, Ministère de l·Eduea~lon Nationale, CEDA,
AbidJan.
Ob' LOUCOU,
Jean-Noël, 1984, Histoire ~ là Côte d'Ivoire, Tome
1 :
~ formation des peuples, CEDA, ~bidJan.
(3) GIRARD, G. et al., 1971, Apercu sur les régimes hydrologiques in
~ .i11ey
natyrel ~ 'li CôTe d'Ivoire, MéMOires ORSTOM noSa,
Paris, p.132.
(4) GUILLAUHET,
J.L.,
et ADJANOHOUN, E., 1971, La végét.ution de 1.u
Côte d'Ivoire
in
Le
milieu
neturel
9!1 a Côte d'Ivoire,
~lres ORSTOM n050, Paris p. 1!7-219.
(5) TAGIHI, B., 1971, Géologie, Atl,s ~ Côte d'Ivoire, A2.
(6) ROUGERIE, G., 1963 : 39
~.,(ii".~'~«"S!SnlJ,:';'.I.I_.
_ _Jl,·";~;;"';~j·'·~~I'lt••l.~"II
(8) ROUGERIE, G.,
1982 : 32.

-------------------------"4
789
SECTION
II -
LE CHAMP EN TANT QUE PERIODE : 1700 ~ 1920
::)
a/ WONDJI, Christophe,
1963.
L~ pénétr~tion ~ ~ Côte d'Ivoire
occidentale de
1890
~
1919.
Diplôme d'Etudes Supérieures
d'Histoire, Session de m~i~ Sorbonne.
b/ BONV,
Joechi.,
1980. bg Côte d'Ivoire SOY5 13 colonisation
Frene.ise e~
~
prélyde
~
l'émancipation.
1920
-
1947.
Genèse d-une
nation.
Thèse de Doctorat d'Etat ès-Lettres et
. Sciences Hu.aines,
Université
P~ris
l, Pantheon-Sorbonne.
Introduc'tion.
c/ KIPRE,
Pierre, 1981, Les villes coloniales ~ Côte d'Ivoire
econo.ie ~
societe
(1893 ~ ~). Thèse de Doctorat d'Etat
ès Lettres.
Université
de Paris VII,
U.E.R. de Geographie-
His~oire et Sciences de la société. Tomes 1,11,111.
(2)
a/
BONI
DIAN_
1970.
Le
pays ~kyé (Côte d'Ivoire). Etude de
l'eco~ie agricole.
Ann~les
de
l'Universite
d'Abidjan,
Serie G.To. . 2. Fascicule 1. Géographie.
b/ NGUESSAN.
Marguerite,
née
NDA,
1980.
Les
coutumes
M'trimoni.les ~
~
~
~
~
d'Ivoire,
Thèse
-de
Doctorat de
3è.e
cycle,
Université
de
Paris
V
René
Descarte., Sciences Hum~ines, Sorbonne.
(3)
a/ DELAFOSSE, Haurice,
1902. Coutumes des Agni du Baoule in ~
cgytymes indigènes
de
l~ Côte d'Ivoire, par F.J. clozel et
Roger Villa.ur,
Augustin CHALLAMEL,
Editeur, Paris, p.l07.
b/SALVERTE-HARHIER,
Ph.
et
M.A.,
1962,
1964. Les étapes du
peuple.en't. in
~
peyplement,
Etude
régionale de Bouaké,
République de Côte d'Ivoire,
Mirdstère du plan.
c/ -
LOUCOU.
Jean-Noël
et
F.
LIGIER,
1977. bg reine POKOU,
f'ond.trice gy, royalJme b~oIJlê, NEA, - Dakar, Abidjan.
~].*îfll!l.......'• •MO.»j~1984 Hi.totaP,,!.I,,~'~,.'~'~'tt'IÎ"!I''~.b!I_!til.·~"~.,",:."'!'It.,.~tt.
o,k, i
Tome 1 : Id. form:!tion des peuples, CEDA, AbidJlJn.
(4)
WONDJI,
Christophe,
1981.
L'histoire
dans
les
societés
lignagères de la Côte d'Ivoire forestière,
in ~ sol,
la Parole
et l' es;rit,
.él.anges
en
hon'm~ge
~
RlJyn,ond
H.a'Jny,
Société
Francaise d'Histoire d'Outre-Mer,
P~ri5, p.321-351.
(5)
GNAHOA
UGEHI, 85 ans environ,
P~trilign~ge de Brikayo, village
de Seriyo
(.anciennement
D~koyo), dikpi ':;bP.11ebwo,
('';agnoa),
le
23-26 Juillet 1975.
'
(6)
HUTO
ANE,
n'
vers 1890,
N~n~n, p~trilignage des Mori@yl At@,
Gbatra, p.ays Hori@ru (Agboville),
le 4 mai 1975.
(7)
ZUNON
GNOBO Julien,
1981, Les ê,:hanges d~ns g
region ~ Daloa
gy miliey
gy ~ siècle ~ 1936. Thèse de Doctorat de 3e cycle
d'Histoire, Université
de
Paris
XII,
U.E.R.
de Géographie,
Histoire et Sciences de la société.

790
C8>
DAVIDSON.
Basil,
1965,
~ Afrique. les ann~es d'ép~ebve ~
l'Afrique. Traduit
de
l'anglais
par
Pierre
Vid'!lud, Presses
Universitaires de Fran~e, Paris, p.67.
(9)
GODOT
Je-an.
1704,
Rel-'!l't'ion. . . .
Manuscrits
franc:ais
de
la
Biblioth~que nationale de Paris, Tome l Côte 13380 (p.1-218).
Tome IICôte 13391 <p.219-313).
(9)
LOVER
Godefrov,
Rev.-Père, 1714, Relation •••• in Paul Roussier
19J~. Etablisse.ent
d' Issiny.
1687-1702,
Librairie
Larose,
Paris.
SECTION
III -
LE CHAMP COMME FORMATION SOCIALE
L'UNITE DES SOCIETES ET LE TERRAIN
DES SOCIETES-TEMOINS
.---------------------------------------------------
(1)
RICHARO-~O,
19~6.
Afrique
Occiden~ale
Francaise,
3e
Edition, Revue, Editions Berger-Levrault, Paris, p.71.
(2)
al DELAFOSSE, H. 1993 : 406,
IILes
8.9n!
ne
sont
pas
des geants comme certaines
tribus du
Senegal ni des hercules comme les Dahomeens.
Leur taille
varie
entre l,6~m et 1,80. et ils se font
remarqu.r plutôt par le peu de saillie de leurs muscles
que ~ar
leur
rotonditê.
Hais
leur
corps
est
bien
proportionne, ils
sont
agiles
et gracieux dans leurs
.ouv. .ents, ont
l'oeil
vif
et
brillant,
d'une
incontestable beauté.
Leurs dents son~ d'un. blancheur
fciatante, gr~ce
au
soin
qu'ils
ont
de les frotter
const••••nt avec
un
petit
b~ton d'un bois spécial au
pays qui,
outre
qu'il
les
nettoie,
les
emp@~he de
Jaunir et
de
se
gater,
et
fortifie
les
gencives.
t~t'jlj.,liIIiIti!
,r'c ...
...rl,.:t.i:~n.\\~,,·.~~~w=:tl••,.~..;J(.t:_.I·~,~~;~ttl
Le~ l.vres sont grosses s'!lns exagération et le vis'!lge
.
n'.st point
prognathe. Le front est généralement droit
et haut, le nez l~rge, mais non dpaté. 8eeucoup d'Bani,
surtout vus de profil, ont des physionoMies tout ~ fait
européennes. Peut-@tre
est-ce
l~
une
des CGuses qui
feisaient considêrer
les
Paï-Pi-Bri
co.me des hommes
blJDncs.
On
prêtend
que
les
.~rins
donnèrent
le
nom
d'Apollonie ~
la
partie
de 18 cô~e qui s'étend entre
Asstnie et
Axim
~
~JDuse
de la be~d des 2em.a, ses
habi~ants, qui sont de rJDce a9ni~
d'ai
p~rld
plus
h~ut de leur couleur: elle est en
g4ndral
d'un
beau' bronze,
plus
souvent
clair
que
foncê. C'est
~
peu
près
la
couleur de 1. sta~ue de

791
Diderot
sur
le
boulevard
Saint-Gerftluin.
LOl"sqlJe le
soleil donne
sur
leur
peau,
elle semble prendrè une
eoloration d'un rouge superbe.
Hais
ici
je
dois
reparler
des
Okin
et de leurs
earac~ère5 sp~ci~ux.
Les Okin sont plus petits que les
~ proprement
dits,
ils sont aussi plus trapus, ont
les auscles
plus forts,
les forMes pl'.Js robl.Jstes ; ils
sont d'un
noir
plus
foncé,
leurs
l~vres
sont plus
grosses, leur t@te plus ronde. Les vrais Agni sont plus
grands, plus
~légants de formes et plus maigres ; leur
eouleur est plus claire,
leurs l~vres sont plus minces,
leur nez
plus
d6tach~
;
la
t@te
est
généralement
.11ip~iqUe et légèrement aplatie aux tempes.
Il
en
est
parMi
eux
qui
ont la peau tout ~ fait
el.ire, presque
de
la
couleur de celle d'un Européen
hal. par
la
mer
et
le soleil des tropiques. Ce sont
g.ndr.l. .ent des
hommes
qui touchent _ la quarantaine
ou l'on~
d~pass~e
ceci
donnerait
raison
au P~re
Loyer, un
Missionnaire
de la fin du XVIIe si~cle, qui
prétend que
les
89n!
deviennent
moins
noirs
en
vieillissant-.
b/ CROSSON, 1898. L'ethnographie de la Côte d'Ivoire.
- 1898 •
: 96-97.
-
1898 b : 111.
·Com•• l'Agni,
l'Attié
est
de
taille moyenne,
la
tlte peu
volumineuse,
mais
assez allongée et amincie
vers le
bas, présente une ressemblance lointainte avec
ces figures
au
type égyptien sculpt.es sur les cannes
et l.s portes fabriqufes dans le pays.
Peu corpulent,
assez
médiocrememnt
musclé
et
charpentf, l'Attié
est en gén.ral peu vigoureux. Quend
on l'e.ploie comme porteur,
il est presqu'impossible de
lui faire porter plus de 15 kilog.
La f . . . . .ttié participe des caractères physiques ci-
de.sus, avec
des lèvres plus grosses peut-@tre, un nez
plus fcrasf,
des
Jambes plus courtes et tombant droit
stJr la cheville sans le moindre souci de la courbe . . . . .
....En résumé, il y a une certaine ressemblance physique
. '
é~~i.'\\i"'''",;~f<i;,,_·'!t'''
'••~,R~J:_.,•.!W.IÙ_I.'~~
.
e-:
..
'~i'B!W~"""e)(tr'mes .accordés
b
la
chevelure; par contre,
l'Atti~ diff~re nettement de l'
Ebrif.
L'Ebrié
est
grend,
fortement musclé et charpenté;
il a
les
fpaules
larges,
les pectoreux volumineux et
saillants, le
buste
bien
proportionné
l'ensemble
s'harmonise parfaitement
et
décèle
une
anatomie
superbe. La
figure
est,
elle
aussi,
nettement
caract'risée:
le
profil
est enguleux,
les pommettes
saillantes,
le
menton
trianguleire;
la figure est en
quelque sorte toute en os ; 1 e front est
très ·fuYJ!lnt ;
enfin, la dolicocéphalie est très accusée.
En
un
mot,
il
n'y
a
J!lucun
trait commun, aucun
rapproche.ent possible entre l'Attiê et l'
Ebriê",
IL-
~

793
(12)
NIANGORAN-BOUAH,
G.,
: 1969 •
. '.3)
MEMEL-FOTE,
H.
:
1980 !:&.. système politique ~ LodJo'Jkrq'J. Un.
90~iété lignagère
à
classes
d'Ige
(CSte d' Ivo1re) 1
Présence Afri~aine. Paris, 1ère p~~tle, Ch. 1.
" Ç )
eROSSON.
C~pitaine,
1897 : 96.
(15)
CHAUVEAU,
P.J.
et
RICHARD.
J.
: 1983 : 38. Bodiba ~ ~
d'Ivoire.
Atlas
des
structures
agraires
au Sud du
Sahara 19. Editions ORSTOH, Paris.
(16)
HURDOCK,
George Peter, 1972. De la struçture sociale. Tr8~~i~
de l'américain
par
Sylvie
Laroche
et
Hes.t~
Giacometti, Payot, Paris.
(17)
LOWIE,
Robert
1936
Traité
de
sociologie
pri.itiY2~
Traduction d'E, Mélraux, Editions Pavot, Paris, Ch. 6.
(18)
SCHWARTZ, A.,
1971
: 113-114.
(19)
al
GIRARD, J.,
1967 : Dynamique ~ la société ouobd ~i. . .
de l'Institut
Fonda.ental
d'Afrique
noire, 7&. ~~~
DAKAR.
bl GNONSOA,
Angèle,
(Hme)
1976 : Orgarlis.ation gy pq'Jvoir en
~ lt!,
Conférence
pronon/:fe
aux Journées Culturelle.,
"Connaissance de
l'Ouest",
le
27
avril
1976. Abidjan,
(inédit)
Le m.asque = 91ahi. Le grand masque ou masque-Juge
=dJiglahi ; le masque-guerrier = têhéglahi
cl KOTCHV-NGUESSAN,
Barthélémy,
1983
Eléments cultyrels ~
forme. ~. représentltion
~ Afrique Noire ~ l'exemple Q&
11 eSte
d'Ivoire
Thèse
e
Doctorat
d'Etat ès Lettre. -
Université de
Paris VIII -
VINCENNES, Saint-Denis. ~ ~
Littérat'Jre FranCl!lise,
Tome
II,
1ère
Partie,
C!t.I. 'Lt1I![.
p.629-646.
dl WONOJI
Christophe,
1984: Les masques ~friçains 2t 1eyrs
.J~ji(~;;.;.~i;~,jlw~.Ii~~f,tfé1"e,:!'::epro.non,~é~;
~,.,2 ma..,r..
J.
11
1.98 ~
' ..
~
,.~. . 1., ..,.'!;t"' .. "'~~~~~\\;ii_••
(20)
Oorv,n
arbitre les conflits - Dj@ se produit b l'occasion
des obsèques
des
grands
hommes.
des
épidêmies, o.'Jdes
rdJouissances, ou de l'initiation.
(21)
al
ALTUSSER,
LO'Jis
et
BALIBAR,
Etienne,
1975
: Lire!.!t
Capi tl!ll li, Françoi. H8spero,
P.::lris, p.
94-1;00.
bl
e.AL l BAR, E.
1974 : ili.S. ét•..tdes gy, maté,..i ali sn,. hi'S'ttlr igue,
#
Fr.::lncois Haspero, Paris,
p.115.
(22)
GRUNDRISSE l
1980
362.
(23)
r,RUNDRISSE l
1980
432.

794
(24)
GRUNORISSE I
: 1980 : 432 .
ML'unit4
originelle
d'une forme p~rticulière de l~
communeuté (tribu> et de la propriété sur la neture qui
s'y rattache,
ou
encore
le
rapport
~ux
conditions
objectives de
l~
production
en
t~nt
qu'existence
naturelle, en
tant
qu'existence
objective,
de
l'individu singuliel~, aédiatisée par la commune,
-cette
unité qui,
pour
une
part, apparaît comme la forme de
propriété particuli~r~
~ sa ré.lité vivante dans un
!!Sl!12. de
erodlJ,~tion
lui-ma.nle
déterminé,
mode
q'Ji
8pparaît autant
comnu!
cOMportement des individlJs dans
1ft. rl!tppor~s
qu'ils
ont
entre
eu:·:
qlJe
,.:omme
le'Jr
comportement actif
et déterminé dans le rapport qu'ils
ont' avec
la
nat=UI~e
inorganiqlJe,
nlode
de
travai 1
ddtermin4 (qui
est
toujours travail faMilial,
souvent
trav8il coeaunal>.
La
communauté
elle-.@.e
apparaît
co."e la
pre.iè,.e
grande
force productive; selon le
type partieulier
des
conditions
de
production
(par
exemple, 41ev8ge,
culture
du
sol>,
on
voit
se
d4velopper un
mode
de
production
par~iculier et des
forces productives
particulières,
tant
subjectives,
apparaissant' comMe
partic'Jlarités
propres
~IJX
individus,' qu'obJectives Il •
(25) FOSSAERT,
R.,
1977
158 La société Tome 2. Les structures
4conomigyes , Editions du Seuil, Paris.
(26)
SALHINS,
Harshall,
1976
Age de pierre.
~ge d'~bon~ance,
traduit de
l'anglais
par
Tina
Jolas,
Editions
Gallimard, Paris, Ch.
II,
III.
(27)
BONTE,
Pierre,
1977
105,
Classes
et
parenté
dans les
sociétés segmentaires, Dialectiques N°21.
(28)
a/
REY, Pierre-Philippe,
1971
: Colonialisme
néocolonialisme
d
f i transition ~ c!pialisme. Exemple de la uComilog- ~I.J
Congo-Sazzaville, Fr~ncoisMaspero, Paris.
b/ .JEWSIEWICKI,
Boguail,
1981: Lineage mode of prodI.J,.:tion ;
social inequalities
in
Eq'Jatori~1
Central
Af\\~ica in
Modes Qi
Produçtion
in
Africa,
The Precoloni~l E\\~a,
SAGE Publications,
Inc. Beverly Hills, California.
(29)
TERRAY, Emmanuel.
1969
b& MarxisMe dev.;)nt les so-.::iétés -Primi tives" ::.
DelJx études, Franl;:ois M.ospe\\~o, Paris.
1977
135-143, De l/e~ploit~tion
: éléments d'un bilan
au~ocritique,
Oi.;)le,.::tig'Jes N°21.
(30)
GRUNDRISSE l
1980
15.
(31)
.0/ SAHLINS,
M.
1976
122-125.
b/ MEILLASSOUX,
Cl.
1975:
59. Femmes,
greniers et c~pit~ux,
Librairie Francois Maspéro,
P~ris.

795
<-;2)
I)UNI';LAS
1939.
[·.:.:ln5
1.=-1. FOl~êt de
1.:1 Côt~ d'Ivoil~~::, Coutu~le5
et
~gel~.!"'2 ':1:~~~ f~~~!c"'_, Ed i t i o fi Lar-os e , P.::Iri s, p. 53 .
.
-La
~~n~it~
moyenne
de 1.:1 population ét.:1nt 8,3 .:1U
".il.)'i'l~:;'~'·"'-"
'>l\\',-i:'
::~jTl':; 1.') Subdivision d' 15si.:1,
,:el.::l f'~it
'.Jf,e
'S'~a~ .~.>:"
lI"='\\"':r",c
d·'?
douze
r,e..:::t.::Jres
pOIJ\\~
,:ttaque
l-",t· t ~ .!"'I·
~2J~
GRUNDRISS~ 1
(34)
Une
arMe de guerre et de prestige djidjini9bre -
était
faite d'argile,
de
latérite et de Miel ~uits au feu -
GUEZE TAPE
Gaston,
chef,
Gossèdodua ;
NIZAORE Pierre,
Grogbeu.
OEPIE
L.:1bo,
Boda,
à
Gossa,
Gbalwan-Nord
(Daloa).
le 9
Juillet 1973.
(35)
GO
Ga~riel,
chef de village,
AKA GO Albert,
KOSSU GO,
ZARAGA Jean,
COZE
Albert,
Zalihwan,
Oipke
Guépié
(D.::Iloa),
le 26 août 1972.
(36)
TAUXIER, L.,
1924 : 244.
(37)
VOGBAHI
Gaston,
80 .::Ins environ,
Zebra,
Logbalwan (Oaloa>,
le
1er septeMbre 1972.
(38)
TAUXIER,
L.,
1924: 135-136.
NEGRES GOURO ET GAGOU,
Librairie
Orientaliste Paul Geuthner,
Paris.
(39)
TERRAV,
Enllnanuel,
1969
: 282.
L'organisation so,:i.;:)le des
Dida de
Côte
d'Ivoi re,
Anr.ales
de
l' Univel~sité
d'Abidjan Serie
F,
Tome
l,
Fas~i~ule
2,
Ethnosoeiologie.
(40)
ORSO DECI,
Rev.
Paste'Jl~, Agboville,
le 't .j'Jillet 1977.
(~1)
HIANGORAN-BOUAH.
G.,
1965
: '
49.
Les
Aboure,
une so~iété
lagunaire de
Côte
d'Ivoire,
Annales
de l'Université
d'Abidjan,
Lettres
et
Scien~es
Humaines,
Université
d'Abidjan.
(42)
ARON,
Raymond,
1962
F'ai;{ et gl.Jel~l~e erltre nations,
C-nlnlann-
.J~.~Î,.,4::• •ft\\.1iI'k;~ar~S,- Ch .Vlet,,,X~~Mîl'••l_._IJ*~'l_',,,,
(43)
BOUTHOUL,
Gaston,
1970
: Traité de polémologie -
So c i o Lo ç ie
des guerres,
Nouvelle
Edition,
Payot,
F'ar- i s
1 ntrod'J.:tion.
<44>
KoEH?EN,
A.,
1956:
160.
Le F'l'::lrJto::~Ul" rJI:;:i.·I~, EbJdes Ebul~néeTHI€~S
V, publiés
p~r
J,-L.
Tournier,
Institut
français
d'Afrique noir~. Centre de C8te d'Ivoire.
<45>
MAQUET,
Jacque~,
-
1 '7.52
: Di·.:t iOTln;:) i re des ..:: i 'Ji. 1 i sa t ions. .?fl~ i '::.::'1 i nE.'::,
~::'
1;,'
:, ; " .
P.ar i s
p.
116.
-
1966
: L~5 .~i·/ilis.=ttio[,-~ noil'es,
M;'1:
. .::,.,.
!.!"',:''';:';':~"i.!'''''~:'..
r-
r- . 16.

796
(46)
DELAFOSSE, M.,
-
1901
: Ess.ai de manuel de 1<:1 l<:1n9I.Je .a9ni,
.J.
Anr.h'è,
P;:)l"i s .
-
1904
Voc<:Ibulaires
comParatifs
de plvs de 60 langues ~
dialectes Parlés
~
1<:1
Côte
d'Ivoire
et
dans
les
rèQions limitrophes,
Ernest Lerovx,
Editeur,
Paris.
<47>
GREEN~.ERG,
.J.H.,
1980 :
Classific.3tion des langues d' Af,"iqIJe,
i TI Histoire
9énèro:tle
de
l'Afl"ique
l ,
.Jeune
Afriql.Je/Stock/Unesco,
Paris, CH.
12
: 333.
(48)
AUGE,
tt.arc,
1975 :
Théorie des pOI.Jvoi'''s et idèologie Hel"mann,
Paris.

797
DEUXIEHE
PARTIE
CHAPITRE III
SECTION
1
----------------------------
(1) MORIN,
Edgar: 1980. L'unidualitê de l'ho••e in PhilosoPher Les
interrogations contempor~ines,
Ma~ériau:<
pour
un
enseignement, sous
la
direction
de
Christian
Delacampagne et
Robert
Haggiori,
II N~ture et culture,
41-49, Librairie Arthème Fayard, Paris.
(2) THOHAS,
Louis-Vincent
1981.
"Le
pluralisme coherent de la
notion de
personne
en
Afrique noire traditionnelle" ;
Actes ~
Colloqye
International
sur
MLa
notion
de
personne en
Afrique
noire-,
Paris 11-17 Octobre 1971,
p.387-420, Editions
du
Centre National de la Recherche
Scientifique, Paris.
·On peut
affirmer,
sans
crainte
de
paradoxe, que la
personnalité du Noir est composee d'un corps, d'une Ime,
d'un totem
et
d'une
pluralite de noms.
Il serait bien
difficile de
savoir
lequel
de
ces
quatre
elements
possède un
rôle
prépondérant.
En
réalité,
chacun
represente ~ sa facon un aspect de l'individu:
le corps
est la forme somatique;
l'Ime,
la donnée métaphysique;
le totem,
l'elément
cosmologique
;
le
nom - qui les
resume tous
avec
force et concision -
l'aspect social,
pour ne
pas
dire
sociologique"
(p.397).
Il
faut
remlDrquer :

Que telle est la notion de la personne non seulement
du Noir mais encore d~ tout homme selon le Noir ;
2° Qu'il
y
a
une
hiérarchie
interne
des
élements
constitutifs de
la personne differente sans doute selon
les sociétes ou familles de sociétes.
(3) AUGE,
Harc
: 1981. Sorciers noirs et diables blancs, La notion
de personne,
les
croyances
~
la
sorcellerie et leur
évolution dans
les
societes
lagunaires
de basse Câte
d'Ivoire (AlladilDn
et
Ebriê)
Actes
gy
Colloqye
.
.. ".
..
. ~@I.l.. sur
"LlD
notion
de
personne
en Afrique
.~"'ilf,,.:~~,,·"14,..,;:"'*'~. ._ ......ll........."7f1.'~ ;"'"1Mal18'.~"~.?",~.,.;H!.
Centre NationlDl de la Recherche Scientifique~ Pa~is.-
(4) DOZON,
J.L.
1985.
~ sociéte ~ - Côte d'Ivoire, ORSTOM-
KARTHALA, Paris.
"Le double se décompose en deux types de puissance ou de
force:
l'une,
malefique,
qui
confère
sa
capacite
d' lIttllque au
dJIJI;!Jy,
le
vr'J,
l'a'Jtre, bénéfique, qui
désigne sa
capacite
de
défense
: cette puissance est
elle-mIme divisée
en
d'UN categories : la première est
innee et
se' nomme
,t@me,
la
seconde
est acquise et
s'appelle ~
(le
Kyyebe9non
ayant
pour
t~che
de
préparer l' l.!s.eJ2.),
soit
une miHtiJre composée de plantes
et de petites pierres qui sert ~ la fois à percevoir les
choses cachées et ~ pl"otegel~ les d Jud Ju " (p. 230). Le 9Y!!.Q

798
for't es't celui q'.Ji,
ayant " m;gngé"-le sexe de son fils et
·conso••é" les
seins de sa fille, dd'trui't par une, so,"te
de suicide
sa propre lignée,
le ddveloppe.ent des'liens
agna'tiques" (p. 230-231> .
(5) UOHDJr~ Christophe, Historien,
juillet 1985.
(6) A"ON
D~ABV : 1960. Croyances religieuses ~ cou'tu.es Juridiques
des Agni
de
la Côte d'Ivoire, Editions Larose, Paris.
Trois él~ments
composent
l'homme
le corps (~>,
destructible,
l'~me
(Ik,l,>
im.ortelle et le double de
1-3.e (woa-woe>,
proprement
l'o.bre que Nmangent" les
sorciers.
(7) TIEROU_
Alphonsè
1977.
~
nom
africain gy ~ langage des
tradi'tions, G.P.'
Haisonneuve e't Larose, Paris. L'auteur
rév~le chez
les
Ouehon (Win ion) 5ep~ espèces de noms
:
le patronyme,
le
matronyme,
le no. aniaique (lié ~ la
croyance à
la
réincarnation>,
le surno., le prénom,
le
no. dso'térique
(code et obJet d'un chaix collectif>,
le
gnenegbanene (terme intraduisible>.
(8) a/
PAULHE_ Denise: 1962. Une sociête ~ e8~e d-Ivoire. ~ ~
aujourd'hui, Les Bete, Mouton et Ca, Paris -
La Haye Ch.
VIII. 142.
b/ HOLAS,
Bohumil
1968.
L'image
gy
monde
Presse
Universitaire de France, Paris. p. 67.
c/ HOLAS,
Bohumil
1980.
Trpditions
~, Editions Fernand
Nathan, Paris. p. 290.
(9) a>
TAUXIER,
Louis
1924.
Nègres
';oIJro!lI. Cigou,
Librairie
Orientaliste Paul
Geuthner,
Paris.
Les
interdits ont
plusieurs origines : père, mère,
individu chez les Gagou
et les Gouro du Sud, tribu, village
patriclln, individu
l
chez les Gouro du Nord.
p.145, 183, 223, 256.
b) HALlOUIN,
C.
: 1947. Géographie humaine de la subdivision de
Oaloa, Bulletin
~
l'IFAN,
tome
IX, nO 1-4, p.18-55,
Dakar.
"Les
interdits
d'ordre
alimentaire
ont
deux
.O••r.&'T~f#~'~:~:~~.::;~tat~:!!·t~'~~"'"~~·~>":::~~~~:~.:_~H'
a da
la vie ~ un de ces animaux ; certains fruits mimes
peuvent Itre
frappés
d'interdit
(cas
d'un
indigène
pourtant êvoluê
qui
a
touJours
refusé
de manger des
bananes, prétext;gnt
que
s ' i l
;grr;gche
une b;gnane ~ un
rêgime, cela
entraîne
~
brève
échéance
la mort d'un
membre d.
sa
famille>
;
les
predictions
des
bons
sorciers : p;gr divination ceux-ci conseillent ~ certains
de ne
pas
manger soit des coqs, soit des poulets, soit
de l'élép~ant,
etc...
ou
mime
de boire du bangui. Ce
sont les
esprits
des
ancltres
qui
ont
pris
cet'te
dêcis10n et
la
transmettent
par
l·in~er.êdi~ire du
sorcier. Si
le
descendant passe ou~re e~ aange ou boit
ce qui
l'Ji
oSl
ëtê
défendu,
la
_or't
plJni roSl
sa
désobéissan,;:e"
(48-49>.

799
c) NIANGORAN-BOUAH,
Georges
: 1964. b!l division gy, tentps et !.!l
çalltndrier rituel
des
peuples
lagyna1 res
',9.!.
Côte
d-Ivgire,
Institut
d'Ethnologie,
Husée
de
l'Homme,
Travaux et
Hémoires
LXVIII,
Paris.
Les
Abl
et
les
OdJukru n'ont
pas
de notion de se.aine faste et néfaste
C~ les
Aburé
(Huhien),
les Akyê (Abia),
les Mbato et
les I(y.u.an ou Ebrié
(Ahan. Aho).
ils n'ont qu' IJn Jour pal"
seaaine consacré
aux
cérémonies
religieuses : ~ pour
les Ab~,
Lis pour les OdjuKru. C'est un jour de repos où
~~es les activités productives res~ent interdites.
III -
p. 3-9.
d) HOLAS_
B.
1968.
L'iMage
du
.onde
bété,
Presses
Universitaires de
France,
Paris. Outre la tradition
lignegère et
la
divina~i'on. hlc~ivi~ct
spécialisée des
sa~i.rs ou des interMédieirès en~r. les ancltres et les
dlvini~.s) Quxquelles
fait
allusion Hallouin,
l'auteur
indique une
source individuelle à l'interdit ou 9b~9bJ.
·O-autres personnes, predisposees aux visions hallucina-
~oires, peuvent
apprendre
l'objet
de leur interdit en
assisTan~ ~ un miracle de la nature : elles entendent un
ani. .l_ un arbre, une pierre qui parlen~,ou rencontrent
un atTe
Mystérieux
qui
leur tien~ un discours et leur
donne des conseils.
Les Betê sont convaincus que le respect du totem leur
garanti~ le
bonheur
matériel,
un mariage fécond et de
bonnes récoltes
des plantations ;
ils redoutent en mime
te.ps les
sanctions au cas d'une éventuelle infraction,
qui se manifestent alors par la maladie, par un accident
de chasse et mime par la mort y
(p.39).
e) HEMEL-FOTE,
Harris,
1980.
On
trouve
chez les OdJukru des
interdits spécifiques
aux
villages,
lies
aux
cultes
publies (:
242),
aux
patriclans
(:
230,237),
aux
individus (: 234). Ces interdits sonT de divers ordres:
sexuel, vestimentaire, alimentaire, religieux.
f )
NGUESSAN,
Marguerite (Mme) 1980 : Les coytumesmatrimoniales
~ ~ Ab@ ~ Côte d'Ivoire, Thèse pour le Doctorat de
;~$~._l'.~1~~*"~:~~~bCili~:~,.;,"'i
•.i'(i.';:.:'
(la) AUGE,
Harc,
1968
Temps et Sociétés
: le cas de la société
alladian, Cahiers
ORSTOH, Série Sciences Humaines, Vol.
V,
n03, Paris.
(11) HEHEL-FOTE,
Harris,
1977
Ethnie
et Histoire. A propos de
l ' hi.toire cul tlJrelle
des
OdJukru,
KASA
BVA
KASA,
8ulle~in de
l'Institut
d'Ethno-Sociologie,
n07,
Uni'versitf d'Abidjan.
(12) ZADI,
ZAHOUROU 8ernard~
1974
Rites funéraires et intégration
na"anale du
pays
bété
sud,
Ann.ples
s!!. l'Université
d·@bidJan, S~rie 0, Lettres, tome 7. '

800
(13) LA5HE.
Lauren~
<Rev.
Pasteur)
1971
: Croyances et coutumes
adioukrou, Bylletin
~
Liaison
Ethno-Soçioio9ie-
Lingyistigye n Ol, eURO, Université d'AbidJan.
(1~) HOLAS, Bohumil, 1975 : ~ Gagou, son portrait çulturel, Presses
Universitaires de France, Paris. Page 165.
(15) A rapprocher de Niangoran-Bouah, G.
lorsqu'il écrit:
-Les Ab@ ignorent l'origine des six Jours de la semaine
e~ ne
se
rappellent
aucune
légende ayant un rapport
avec la division de la semaine en six Jours. Seulement,
ils on~
une
curieuse
expression
qui-semble avoir un
eer~ain rapport
avec
la
naissance
du
Christ : "Ofo
Avôsô Jasi -
1 i ttéra 1 ement
: -l'oeuf de 0 i e'J tombé S'JI"
la ~erre-.
De quel oeuf de Dieu et de quelle partie de
la ~erre
s'igit-il
?
La question reste sans réponse.
Ce~e allusion
est employée pour ~raduire l'expression
francaise MOepuis
que
le monde es~ monde M (1964 : 66-
67).
Inforaa~ion de
eOKA
HENE
de
Houtcho,
Agboville, 13 Juillet
1973.
(16) BRULY,
eOUA8RE Frederic, 1958-1964:
Oeyvres inédites.
Autant
qu'en e.porte le vent" L'origine de l'existence (p.4>.
(17) A
la figure de Haïe <Subré-Oaloa) et à celle de Zikaï
(Gagnoa>
correspond la
figure
Kruman
et
8akwe
de
l'héroïne
Popoouli
<B.Holas,
1980 :.170-180>.
(18) BISSA,
Revue de Littfrature orale, N° 4, Décembre 1976, Groupe
de Recherche
sur la Tradition Orale, Université de eôte
d'Ivoire.
(19)
UONDJI.
Chris~ophe,
1976
: OogbowradJi refait le monde ou le
probl_.e de la renaissance dans le conte bêtê,
in BISSA
N°4.
(20)
Remarques
sur une interprétation
~t~t'.~c"~tl~.. ~,<\\~~••~~;iîi&lll~~:&~~.,~

TI ln sn
7~
801
CHAPITRE III - SECTION
II
cl) BRULV, BOUABRE Frederic, ethnologue bete, indique un ~utre terme
synony.e : dodow
(ZepregUhé,
50us-pr~fecture de D~lo~ 16
,J'J'iIlet 1970).
Sibri S~krë, un nonagénaire de T~pegUhe,
dans l~ m~me région, confirme cet eMploi le 19 H~i 1977.
Le parler
septentrionJ!ll
du
8ete
aurai t-i l
un
terme
différent ou
synonyme
du
parler
.éridional
?
Aux
linguistes de trJ!lncher.
(2) al
8AHBA,
Hohamed
Sekou,
1975
Tiassale
et
~ sommerce
pr~solonial S4r
le
~as-8andJ!lma,
"~.oire
de
Ha~trise
d'His~oire, Université
de
Paris Pan~hèon-50rbonne. Les
E10.win distingue
trois
types de servi~eurs <akw§) pJ!lr
opposi~ion à
l'homme
libre
(ngw§sefwe)
: le captif de
guerre, alomwe,
acquis par la force des armes,
l'esclave
<k~9a) acquis
pJ!lr
achat,
et
le
gage
(aobafwe).
"L'aobafwe ou homme de dette est une personne que l'on a
acquise après
avoir
remboursé une det~e contractée par
lui Mais
devenue insolvable.
Il deYien~ alors une sorte
de propriete
de
celui qui a payé cette dette. Hais,
il
recouvrera sa
liberte
dès
que
ses
parents
auront
remboursé la contrevaleur de se qui est dO.
Il arrive
souvent
que l'aobafwe s'intègre si bien ~ SJ!l
famille d'adoption
qu'au
remboursement de l'J!lrgent dO,
il refuse
de
retourner dJ!lns sa m"vre. Cela est surtout
fréquent chez les femmes et les enfants"
<p.58).
bl ETIENNE
Pierre,
1968
"Les
BJ!loulé
et le temps",
C,hiers
QRSTOH. Série Sciences Humaines,
Vol.
V, n03, Paris.
"Nous laisserons
de
cS té
le commerce des captifs pour
nous intéresser
seulement
~
la
.i5e
en
gage
des
personnes. CJ!lr,
si
le
captif
es~
seule.en~
une
marchJ!lndise, une
vJ!lleur
d'échange,
les
80W,
I l !
<personnes mises
en
gage)
pJ!lrticîpent de deux univers,
d' une part,
de celui des nt.archJ!lndises et, d' J!lutre p.art,
de celui
des
personnes,
des
Itres
sociJ!luX
qui sont
d.Hir:tisclB:ec: 1. U .. ".
. ' .
··.f·'.'
.l'~'''~'''''''·'''·'··'''''''''i.,,,.
a _ _ o'-- -."
. .
·1·
. . ...
" "·"
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• .,-
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e e· _~Ij• •
r ..,-- / H"S'<
""1I0c .. u)(-
U . '''_·.t*,''··
/VqP;-0?P..f
.,
cours de
leur
existence
<grendir,
se marier,
avoir des
enfants et
puis
ddcéder)
indépendamment de leur statut
d'aow,. Autrement dit,
l'J!lQWJ!l relève,
et de l.a stratégie
éconolliqlJe (mJ!lnipulation
des biens),
et de la stratégie
mJ!ltrimoniJ!lle
(mJ!lnipulation des personnes)
(1).
(1) Toutefois.
~ moins d'@tre destiné .au commerce avec TiassJ!llé. le
CJ!lptif,
une fois .ar-quis p.ar une fJ!lmille,
s'y tt'ouye .assez rapideaent
intégré et
est
appelé
~
assu~er
des
rôles
qui
ne
sont
pas
spécifiques de
l.a
situJ!ltion
de
CJ!lptivitê -
J!lvec la réserve qU-il
peut @tre
immolé
~
l'occJ!lsion
des
funér.ailles
d'un
personnage
important.

802
Cette double appartenance explique en partie les ~ontra­
di,.::tions insl.Jr",ont.ables
de
l ' .;JxiolRatique de la, IIHse en
gage chez les Baoulé.
En effet, nous avons toujours suscité des discussions
très vives
parmi
nos
informateurs
et
sans jamais
obtenir de
réponse cohérente et définitive - toutes les
fois que
nous
posions des questions sur les conditions
du rach~t
d'une
personne
mise
en
gage
et,
le
cas
échéant, de ses enfants.
En principe. tout gage, qu·il .·agisse d'une personne
au d·un
objet,
peut
@tre
rédi~ par le gageur ou ses
héritiers à
n'iMporte quel .o.ent~ Le détenteur du gage
n·a' pas le droit de le vendre, ni "ae de l'.utiliser lui-
M@me. si,
par
exeMple, l'objet gagé est un pagne ; c~r
il doit
le
rendre dans l'état dans lequel il lui a été
aonfié;
s ' i l s · a g i t d'une personne. il ne peut pas la
Maltraiter,
la
vendre
ou
l'immoler
à
l'occasion
de
funérailles (2).
Si le détenteur du gage est lui-mOme .b
court, il
doit
aller
presen~er
le
gage
à
son
propritftaire et
lui deMander. au de le reprendre, et de
payer sa
dette,
ou
de lui donner l·autorisation de le
Mettre en
gage

son tour ; il dai~ aussi désigner le
nouveau gagiste.
Si
le
premier
gageur
ne
peut
pas
rèdimer son
gage,
il est obligé de donner son accord ;
toutefois,
il
peut
décider
de
l'identité
du nouveau
gagiste.
On le
voit,
tant
qu'il s'agit d'objets,
les choses
restent encor~ assez simples. Hais tout se complique d~s
qu'il s'agit
de personnes. Déjà, à la premi~re question
: est-ce
qu'une
personne mise en gage peut se raaheter
elle-mOme ? -
les uns répondent par l'affirmative et les
autres par
la
négative.
Aj~ns que les partisans de
l'auto-rachat étaient
touJOUl''S
."ilft5
nOMbreux que les
autres. Ces
derniers
invoquaient
le
principe
selon
lequel l'aowa
travaille
pour le gagiste et que tout le
béntffice de
son
travail
doit
revenir à celui-ci. Les
partisa~~ de . ~:autre
thèse dis~ient d'abord qu'un aowa
"'ii:'Y"':~~'~f!~t~u~i,~'7;;~~::~:=:~:~,;,~~r"'~!i!~II'~(.rf"'··-_~'f.·l
et non
pas
son
travail
(c'est-à-dire
~a
force
de
travail) et
que le gagiste n'avait pas plus le droit de
bénéficier du
travail
de l'~ qu'il n'avait le droit
de porter
les
p~gnes
g~gés
auprès de lui. La seconde
question soulevait
des
contro-verses
encore
plus
complexes.
Il
s'agissait de savoir à qui reven~ient les
enfants d'une ~ ~ lorsque celle -ci était rachetée.
Les uns dis~ient qu'ils revenaient ~ug.. giste et, tantôt
ils invoquaient
le
premier
principe
Mentionné
à
l'instant (tout
le
bénéfice
de
l'aowa
revient
au
gagiste), tantôt ils se rêféraie~t .~J principe en
(2) Lorsq'.Je l' aow§ est malade, il faut prëvenir S'a l'illIIille qui vient
le soigner.
S'il
meurt, on se livre à l'inter~atoire du cadavre,
et Si il
appert
que
le
gagiste (ou quelqu"ll.lIm. œ S1ll -faMille) .el une
p~rt de responsabilité dans le décès, ce dernier se~~ obligé d'offir
des sacrifices souvent onéreux.
.

803
en fon~tion
duquel
le
gage
doit
@tre
rend~. ~ son
·propri~taire" dans
l'état
dans
lequel
il ava~t ét~
re.is au
gagiste.
D'a~tres, en revanche, disaient q~e
le gageur pouvait eMmener les enfants avec le~r mère et
se référ~ient
~u
principe
en
fonction
~~q~el c'est
seuleMent la
personne
qui
est gagëe, et non point sa
capaci tè de
prod'J,.::tion
ou
de
reproduction. 0' alJtres
disaient Q~e
le
gage~r
pouvait
prendre
a~ssi
les
enfants ~
~ondition
de
payer
davantage.
D'a~tres,
enfin, préconisaient
des
solutions
de
partage;
les
enfants ayant
d~Job
"grandi" restant a'J gagiste et les
enfants en bas-Sge partent avec leur Mère (1).
Que les
8aoule manifestent Moins d'aisance ~ manier
les personnes dans· le cadre de le Mise en gage q~e dans
celui de
la
stratégie
matriMoniale, dans le cadre d~
rapport Marchand
que
dans celui du rapport personnel,
ne renvoie
pas
seulement
ob
la nature ambivalente de
l'aowa, mais
aussi,
ob ~ne certaine maladresse en face
des situations
q~i relèvent de l'économie marchande et
de profit"
(33-34>.
(3) LAHBLIN.
H.,
1902
: "Coutumes des Alladians",
in Les Co~t~mes
indigènes ~
~
Côt@
d'Ivoire, part F.J. Clozel et R.
Villaaur, Augustin
Challamel, Editeur, Paris Livre III,
ch.
l
: 397-401.
"Le mari
ne peut disposer de sa femme po~r la mettre en
gage d'un
prèt
si
elle est saisie par ~n créancier
pour une
dette
du mari, celui-ci doit la faire libérer
iM.ediatement"
(p.397).
Elle
appartient
ob
un
autre
Matrilign.age.
"Le père ne peut disposer de son enfant, si la femme est
libre, pour
le
mettre
en
gage
et en faire un captif
t'etIporaire.
Il
a
le
droit de le faire lorsqlJe la n,ère
1K~ une
esclave
qu' il
a
épousée"
(p. 399), ca," alors
l'enfant a
le
double statut de fils et de neveu, ou de
fille et
de
nièce.
Seul
l'oncle
maternel a droit de
Mettre en
gage son neveu mime mariR, et sa propre soeur
: il
est
responsable
de
leurs
dettes
(p.400).
En
. . . .n'j. .~'.j
AC.'~..1...-l_"';OOI.:.;_._,llJ/[J1a.'\\PtNoI~r D
gage les enfants quils ont adoptés.
(4)
THOttANN, Georges, 1902 :
"ColJtumes des Kroumen de Sassand,"a",
i ri
Les Coutumes
indigènes
de
l !
Côte
d'Ivoire par F.J.
Clozel et
R.
Villamur,
Augustin
Challamel,
Editeur,
Paris, Livre IV, ch.
[
499.
(1)
Le
statut
m.atrimonial de la femme n'intervient pas dans cette
pro,.::édure. Si
elle
est
veuve
OIJ
divorcée,
son
,"etoIJI" criez ses
parents nI!
pose
a1JCIJn problll!me. Si elle est Ill-".ll"i.~~ <;iorl 1~f.·!h:>IJ1~ p.:~l.It
inaugurer un
p~D~essus de divorce.
En effet, si ~u bo~t de quelques
tenlpS 050n
~'(J~!J;),!:ne vient p~s la rt'h::lamer,
elle se •.::onsid~~l"el"~ t:omIlH~
divor.cée.

--
-------------------------------
804
(5)
AUBIN, 1902,
"Cout-'Jllles des Adiol~I~OIJIt, in Les COIJtumes indigènes
de la
Cô1:'e
d'Ivoire,
p~r
F. J.
Clozel et R.
Vi !\\lanlIJr,
Augus~in ChallaMel. Editeur, Paris, Livre III. ch.
II.
'"Les droits
de
garde,
de surveillance et de correction
app8r~iennent au père,
m~is la mère est touJours consul-
t~e si
la
d~cision
~ prendre revit un caractère d'une
certaine gravit-é (mise en gage, mariage, etc ... >.
Les
enfan~s (les filles principalement> peuvent @tre
donn~es en gage, en garantie d'une det-te que les parents
n'on~ pu
payer. Cette mise en gage n'a lieu que dans la
~rlbu •••e
;
il est rare,
bien que le fait se pr~sente
parfois, de
voir
les
parents
donner leurs enfants en
gage ~
des indig~nes d'autres tribus. S'ils se trouvent
n. pas pouvoir payer une dette contract~e dans une autre
~ibu, ils
donnent leurs enfants en gage ~ quelqu'un de
leur connaissance
dans
leur
propre tribu, et celui-ci
paie la de~~e.
Qu-und
le p~re remet son enf.gnt en gage,
il fi:<e avec
le cr~ancier
la
date
~
laquelle
il
pourra venir le
retirer. Pendant
ce temps,
le créancier se charge de la
subsis~.nce de
l'enfant,
mais
le
p~re
pourvoit
fréque••ent ~
son h.obillement. Le Jour convenu,
le père
re••t
la
50• • •
au cr~ancier qui restitue l'enfant sans
réclaMer aucune
indemnit~
de
nourriture.
Si
le père
1ais.e passer - la date fi:<~e, ce qui arrive fréquemment,
le créancier
peut
lui
réclamer
une
indemnité
de
nourriture pour
la
période
e:<cédant
celle
convenue.
Cette indemnité ne dépasse Jamais 5 ~ 8 francs par mois.
Le créancier
se fait egalement rembourser la valeur des
pagnes et obJets qu'il a remis a l'enfant si le père n'a
pas assure son h-ubillement.
Cette mise en gage est la source de nombreux palabres
très coap1iques,
car il arrive souvent que le cr~ancier
vend l'enfant
qui lui a ~té donne en gage, ce dont il a
le droit
a condition
de
le
restituer
quand le père
désire se
liberer
envers lui. Quand ce sont des femmes
qui ont· été
mises
en
gage,
le creancier les marie et
percoitla
dot
pour se couvrir de la somme qui lui est
IfiilI'D,.!s~...•.H'<,~J!;' .-
.. -.•~,
l ,
ft'
eriU'de dt'm nO
!
montant de
cette
dot.
Dans ces sortes de mariages,
le
fiancé a
parfois consulté les parents de la femme,mais
il se
dispense souvent de cette formalite et le mariage
n'en e.t pas moins valable,
le cr~ancier etant devenu le
mattre de la femme et pouvant en disposer a sa guise.
Très
souvent
le crê.gncier se marie lui-mime avec la
femme ou la donne ~ un de ses enfants ; dans ce cas,
il
agit a~ec
le
père
comme
s'il avait recu la dot d'un
tiers, et
en
fait
~tat
dans
le
règlement de leurs
cOllpt'es. QIJ.ond
ces
sortes de mari.oges ont ete concllJs
sans le
consentement
des parents de la femme,
ceu:<-ci
peuvent' n'en
pas
tenil~
'~onlpte
,
la
femnle
et
ses
enfan~s, s ' i l
y
a
lieu,
retournent alors chez leurs
paren'ts qui remboul~sent ;;,)IJ m;;,)l"i la dot qu'il .g versée,

805
Il
Y
a
souvent beaucoup de ma~vaise foi de la part
des Adiokrou,
tant
ddbiteurs
q~e cré~nciers, dans ce
genre de
palabres. Ainsi,
il n'est pas rare de voir ~n
père laisser sa fille en gage pendant pl~5ieurs années,
cette fille
se
marie, ~ des enfants ; le père vient ~
Mourir et
ses
héritiers
entament
des
palabres très
compliq~és pour
rentrer
en
possession de la femme et
surtout des enfants de cette femme, s ' i l s'y trouve des
filles dont ils tirent toujours un bon parti.
Les
enfants
peuvent @tre
.is en g~ge dès leur plus
tendre jeunesse,
c'est-~-dire
dès
qu'ils
n'ont plus
besoin des
soins
de leur mère, mais ,le cas est rare ;
c'est vers
1'8ge
de
14 ans seulement que les parents
les placent en gage.
Il
faut
remarquer,
toutefois,
que
les
parents
hésitent toujours
beaucoup
avant d'en arriver l~.
Ils
préfèrent donner
en
9~ge un de leurs boys ou captifs,
et ils en demandent m@me ~ leurs parents, s'ils ne sont
pas assez riches pour en avoir, afin de conserver leurs
enfants (440-441)".
(6)
LAHBLIN, H.,
1902 : 419.
(7)
OIBI,
LASH
Abraham,
classe d'8ge ni9bessi, Oibrm, 23 Octobre
1978.
(S>
L'ethnographie classique décrit l'institlJtion en termes de rapt
et d'enlèvement, Des auteurs comme C.
Hallouin y voient,
Q tort â notre avis, un mariage de vol
(1947:33).
(9)
SCHWARTZ,
Alfred,
1971
Tradition
~
changements dans la
socidté gydrê, Hé.oire ORSTOH n052, ORSTOH Paris p.134.
(10) LAHBLIN,
H.,
1902,
op.
cit.
IICOIJtlJnleS des Alla<Han ll ,
in Les
coytymes indigènes de Côte d'Ivoire.
_-J~.I..l·I•.•iI~~1·!~~-':o~~·~·~1~~-:·é;~~~:iQPnt»ti.~~!'
plaît, moyennant
paiement,
alors
m@me
qu'elle
est
mariée. L'homme
plante une épingle dans les cheveux de
cette femme
en
lui
déclarant
que désormais elle est
sienne et n'appartient plus ~ son mari; Q partir de ce
moment,
elle
le
suit
et
ne
rentre
pas au domicile
conJugal.
Celui
qui
use
de cette coutume doit,
en m@me temps
qu'il se rend ainsi possesseur de la fem~e, informer le
mari de
ce
qu'il
a
fait.
Le mari n'a aucun recours
contre lui
et
ne
peut
que s'incliner devant l'acte,
mais il
a
le
droit
de faire payer ~ cet individu la
somme qu'il lui plaît de fixer.
Il est évident qu'il en

806
profi 'te pour se f .. i Nt p.eyer une for'te somme : e'll~ peut
..11er de
100
ob
200
pJ!lquets
de
.anillell
et'" m@me
dav.n'tage. Celui
qui
a
pris
la fe••• ne peut Jamais
refuser de payer la somme fixëe.
Dans
le
cas ob 11 refuserJ!lit,
le lIari à le droit de
reprendre l~
fea.e et d'exiger en outre le paiement de
la so••e
qu'il
a
fixëe comme inde.nitë.
(1902 : 398-
399)-.
(11)
PAULHE, Denise. 1962 : 86-97.
(12)
TERRAY,
E••anuel.
1969
: L'organisation sociale des Dida ~
Côte d'Ivoire, Annales de l'Universi'té d'Abidjan, Sërie
F E'thnosociologie, Tome l, FJ!lscicule 2. p.171.
(13)
a/ AKRE, ABU, 95 ans, pa'trilignage Suëdé ;
b/ KOFFI,
André, 66 ans, patrilignJ!lge ~é, chef de cJ!lnton
Abudé Handëkë,
16 Avril 1975.
(14)
GNOPRU,
LIBRE
Gabriel,
67
J!lns
patrilignage Cnëprëbuo,
Kwati, le 10 ddce.bre 1976.
(15)
SERI,
ZUZUA, Jean, 61 ans, patrilignJ!lge Kdbda, Labia (Daloa),
le 10 ;:IoQt 1974.
On peut
toutefois
se poser la question de savoir si la
catëgorie ne s'applique pas originairement aux personnes
ëgarëes et
appropriëes
par
les
chasseurs,
-la guerre
ëtant, une
forme de chasse dont les humains constituent
l'obJet.
(16)
DOZON,
J.P.,
1985: ~ soc1ëtg ~ ~ Côte d'Ivoire, ORSrOH,
KarthJ!lla, Paris, p. 186-187.
(17)
a/
THOHAHN,
G., 1905,
-Les prisonniers faits Jadis dans les
guerres entre
tribus
nëyau
n'étaient
pas
rëduitll en
esclavage;
s'ils
n'étaient
pas tués pJ!lr vengeance on
les rendait - à
leurs
parents
contre
une rancon ou en
êchJ!lnge d'autres individus".
p.172 •
•·..·.I.•!lUN.~.......·.~.
··0~"-'.•.~•.tlnJ. O:llt!fJ•••.•I.J.U.......
'. 1·1I·_·"1S1""~')1;'·tf~i9'~t~·~ Organlution et
évolytion ~
villJ!lges J!lllJ!ldi,n, Hémoires ORSrOM n034 -
ORSrOH, Paris.
(18)
SOTO
TEHüELE,
80 ans environ, pJ!ltrilignJ!lge Lessiri, chef du
village, Lessiri I,
Vakolo (Dakuya), Subrë le 5 dëcembre
1976,

------------
.
''
807
;,?)
CHAUVEAU,
J.P.,
1979
Notes
~
l'his~oire ëçonomigue et
sot: i;:,1 ~ 9~
1"1
~gion
de
KokuMbo
<Baoylë-SIJI';l,
Côte
?'JvQir:2l,.. Centre
OR5rOH
de
Pettt-BJDSSGM,
AbidJan,
:)F.,'~ ~i')M. ;:.;:..
t 52-1~3.
,.)
lIR!,
I~hef de ... i.ll"ge. Oahop.u (Gagnoa), le 28 Janvier 1982.
(22)
NGUESSAN AVIT, 69 ans ;
GNANKPO GRAH , 67 ans ;
KAKU BAWA
65
ans,
~ous les trois du patrilignage Lipoyo,
Lipoyo. Gbokr~
(Sassandra>,
le
27 avril
1977.
CHAPITRE
III -
SECTION
III
---------------------
(1)
WONDJI, Ch., 1972 : 33.
(2)
al DUNGLAS, E., 1939 : 19 ,
bl DOZON, J.-P., 1985 ch. IV ;
cl GUDE
KREAHI, Jean, 66 ans, patrilignage B,d,ewyru.u,
Kpada, Guibuo (Subr.>, le 2 décembre 1976 ;
dl DAGRO, Maurice, 60 ans, patrilignage Gy9ys ;
el LAGO
KOFFI
Etienne,
68
ans
patrilignege Krëboyo, Grand-
Zatry, Gbobwo <Subrë>,
le 14 d~cembre 1976 .
. (3)
HEILLASSOUX,
Claude, 1964 : 176-185, Selon qu'il repose sur la
parent4 et l'alliance. DU sur le voisinage, on distingue
le ~
faMilial
du
Q2
communal.
Mais l'un et l'autre
mobilisent les
cadets sociaux au bënEHice des autorit~s
lignagères traditionnelles.
'.
",",' " H L e b l , l , est un. __
IlIII_Jt•••,1...... ,',' , ,'.,'" ' ,
.
,
.
des parties
en
cause
et
accessible
aux
individus
Jouissant d'un statut inférieur, descendants de familles
~tr8ng~res ou
cGptives,
ou
segments mineurs, dont les
intër@ts s'ëcartent de ceux du lignage principal".
(4)
HEHEL-FOTE,
Harris,
1980
133-134: L'yfyl est une mise en
commun des
forces de.travail que constituent le$ Jeunes
classes d'~ge
soit
au
bénëfice
des
a~nës,
$oit
au
b~n,ëfice de
leurs
propres
membres.
"Jeune, 1.0 ,:lasse
d'~ge est
une
reserve de forces de travail, ecrivions-
nous. Lorsqu'elle
loue
ses bras ~ un membre quelconque
de la
societe
pour
des
travGux
de
cDnstruction, de
~ransport, de
défrichage,
de plantation DU de récolte,
elle pratique
l'uful.
En principe,
le locataire est un
membre de
la
classe
d'~ge
ou
d'une
classe
d'~ge

808
sup~rieure. La lo~ation se paie eft argent, en nature,
ou
en servi~es. . Dans tous les cas, ua rep.as sur l'. ~JDS est
offert aux travailleurs, pour la Journ4e.
Par
le
système de l'yfyl, les Jeunes 58 ~onstituent
un capital
d'argent et, auprès des vieux, uncapitJDl de
services qui
les
secourt
dans
leurs
difficultes
(Maladies, mJDriJDge,
adultère).
Ce fonds commun est une
garantie materielle et sociale _ la classe d'Ige". En ce
sens, l'yful
apparait
CO.Me
une
for.e de cooperation
inter.ediaire entre le bo et le ~lalQ des Kweni.
(5)
POLANYI,
Karl,
al
1975
-Traders
and t~de-, in Aneient
Civilization ~
Trade,
edited
by
JereMY A.
SABLOFF
and
C.C. LAHBERG-
KARLOVSKV, A.
Sdhaol
of
American
Research Book,
University
of
New
Mexico Press, Albuquerque, p.133 •
bl 1975
"L'dconoMie
en
tant
que
procès
institutionnel!••· , in
Les
systèmes
gconqMigues ~
l'histoire
et dans
a thdorie.
Librairie
Larousse,
Paris, p.250.
cl 1977
The
Livelihood
of
Han, edited by
Harry W. PERSON, AcadeMie Press, New-
York -San
Francisco
London,
Chapitre 8,
p.81.
(6)
MARX, K., 1980 : Grundrisse l
: 37, 95, 162, 164.
(7)
OUPRE, Georges, 1972 :
MLe commerce entre sociétes lignagères :
les N.%abi dans la traite à 14'1 fin du XIXe siècle (Gabon -
Congo)· in
Clhier.
d'Etudes Africaines, 48 - HOIJtori et
Co. VolUMe XII, 4e Cahier.
(8)
Les
textes
font
etat
d'un
cadealJ
Africains venant
commercer
à
toute n~gociJDtion
c'est le
~ Antilles,
Bulletin
'de
l'IFAN,
T 40 Sdrie e, n02,
1978). Le
père
Loyer
l'dvoque
sous
l'orthographe de
d8she, ~
la
côte
des Graines, Royaume de Sestre (1702
Voyege d'Issini in Paul Roussier,
p. 148, 168).
(9)
POLANVI, Karl,
al 1975
b, p.255.
bl 1977
Ch.
9
"Honey ObJects and Honey
Uses", p.97.
(10) AHSELLE,
.Jean-Loup
1977.
b.n
Né90,;iants
~
~
s'!)vane,
Edi~ions Anthropos. Introduction p. 19.
(11) MARX, Karl.
1980 : Grundrisse !
: 102 - 103.
9
-L' argent" ne
na~t"
pas
par
convention,
p.as
p 11.J5 q'Je
l'E~at". Il naît" de facon toute naturelle de l'ëchange et

809
dans r~change,
il
en
est 1.1n produit. e. l' ol"i9ine, 1"9
aarchandise qui servirG d'~rgent - c'est-è-dire qui ser~
.chang~e non
p~5
en
t~nt
qu'objet
de
besoin\\ et de
conso_Mation, Mais
pour
@tre ~chan9~e à nouveau contre
d·~utres Mar~handi5es - est celle qui s'~chGnge le plus,
qui a
le
plus '~Ol.Jl"S en t~nt qu ' objet de besoin; celle
que- l'on
pe'Jt donc le p us sQrement êch~nger de nOIJve~IJ
ï
oeontreo d' ;;l1Jt'res
m.<lr,~h~ndises
p~rticlJlières
qui
repr~sente donc
dans
l'org~nis~tion
soci~le donnée l~
richesse «par excellence», qui est objet de l'offre et
de la
de_Gnde
les pllJS génér~les et possède une valelJr
d'usage particulière.
Ainsi
le
sel,
les
pe~ux,
le
Wt"ail,
les
escl~ves.
En
fai t,
une telle n\\archandise
correspondant, dans
s~
configuration
particulière
de
.erchandise, daYant~ge
~
elle-m@me
en tant que v~leur
d·échange (dom.age
que
l'on
ne
puisse
pas
rendre
correct"ement, en allem~nd, la différence entre denrée et
Parchandise) que
les
autres
.arch~ndises.
C'est
l'utilité particulière
de
la
m.nrchandise, comme objet'
particulier de consommation (peaux), ou comme instrument
l •••diat de
production
(escl~ve), qui lui confère d~ns
ce cas le sce.au de l'argent".
(12)
POLANYI. Karl, 1975 : 257.
"EUNIER,
Roger,
1976
Formes
de
l~
circulation,
in
L'anthropologie économigue,
çoyrants ~ problèmes, sous
la direction
de
Francois
Pouillon,
Francois H~spero,
Paris, p.117-145.
CHAPITRE
IV
SECTION
1
(1)
"SERVET,
Jean-Michel
"Ordre sauv~ge et p~léom~rch~nd", d~ns
"S,yvages ~
ens:ayvJi)gé15
i
AnalY15e,
-Epistémologie,
~ I Kon~~!b ..... MoiIr151geO,no19,
Presses
_il_.._._~'+'~~'~f<f!.-" ~t5~••,:rm'VIÎ"'~
(2)
HOPKINS,
A.
G.
1973.
An EcoDomiç History of West Africy,
LODg_an Group Ltd, London.
F055AERT,
Robert
1977.
b.sl
15och1té : Tome 1 : Une théorie
générale, Tome
2
Les structures économiques, Seuil,
P~ris. CH. IX-XIII.
(4)
DELUZ,
Ariane
Réflexion sur l~ fonction politique chez des
i.lamisé15 et
des animistes
(Malinké, Si~, ~Jro) de Côte
d'Ivoire, dans L'Homme. Revue francaise d'~nthropolo9ie.
Volume XIII, HCHLXXIII, c~hier 1-2.

810
(5)
sI SALVERTE-MARMIER, Ch. et M.-A., de :
-
196~ ~ . Les êtapes d~ pe~plement dans ~ peuplement -
Et~de rêgionale de Bouak~, 1962-1964. Tome 1,
Ministère d~ Plan.
-
~
~
L' ol"ganisation
Socisle
des
Bao~lê,
les
rapports entre
les
sexes.
~
peyplement,
Bo~akê, Et~de régionale de Bo~ské. 1962-1964,
Tome 1, Ministére d~ Plsn.
-
1978
Bas-Bsndsma
erécolonial.
Une
eontribution
~
l'ét~de historiq~e
des
populations
d-,prés les
!oyrçes orales. Tome 1 et 2. Thé.e de Ooetorat de
3e Cycle, UER d'Histoire, Univer!it~ de Pari. I.
dl CHAUVEAU, .Jean-Piere : 1979 -
I<okymbo !.I. U
région, BaolJlé-
~ Cste
d'Ivoire,
notes
d'histoire
économiqye
!.I.
!oçisle. Centre ORSTOM de Petit-B••••m, AbidJan.
(6) Village de ZEBRA, Bete-Logbaloan (Oaloa), le 1er septembre 1972
Informateurs: 1. Lor~gnon Logbo L~on, chef de village;
2. Yogbshi Gaston, 80 ans environ;
3. Lor~gnon Logbo Emile, 72 ans environ;
4. 8l~ Zoko Freneois, 70 ans environ;
5. OlJdolJ l';ouelé Louis, 79 ans environ;
6. Zoku Dodo Haurice, 79 ans environ;
Interpr@te : George Diemé Tap@.
(7)
BONI I<omlan et TOTO KadJa,
Tyasalé, le 29 déceMbre 1979.
(8)
cf. 6.

(9)
CURTIN,
Philip,
FEIERHAN,
Steven
et
Alii
1978 African
History. Longman Gro~p Limited, London p. 369.
(10)
VERDIER,
A.
: 1897 Trente-~inq années ~ lutte ~ colonies.
Librairie Africaine et Coloniale, Paris. V : 66.
(11)
SCHNAPPER,
Bernard
1961.
~
Politiqye
et
le
Co••er~e
fr,ne'i' dans
~ Golfe ~ Gyinêe ~ 1838 ~!§Zl. Mouton
et Co, Paris -
p.121-128.
(12)
al ROBERTSON, G.A.
: 1819
Notes 2n Afriça ; P~rticul3ry Those
parts whiçh are sityated between ~ Verd and ~ River
\\
Congo. Printed
for
Sherwood,
Neelv_
end
Jones,
'Paterno.ter Row., London - p. 88-92.

811
bol' AOMS.
John
Captai n
1970.
Ske~ches
Made
QIJri·ng Ten
Voyeges ta Africa. Published by Hurs~. Robinson, and Co.
London Ch. l, p. 2 -
5.
cl' BOUET-WILLAUMEZ,
E.
1978. Co.~erce ~ ~raite des Noirs
aux çôtes
occident~les
g'Afrigue.
1er
Janvier
1848,
Sla~kine Reprints,
Genêve. Ch. v.
(13)
LEIGHTON
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1856.
Wes~ern A~rica ~ its historY,
ODndi~ion and prospects. J. and Y. Harper Editions, New-
York p. 144.
(14)
ATCER.
Paul
1962
~ France sn Côt'e d· Ivoire de 1843 ~
1893.yUniversit~
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des
Lettres
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Sciences HUMaines.
Publications
de
la
Section
d·His~oire. n02, Dakar.
(15)
al'
THOHANN, Georges: 1901. A la Côte d·lvoire, la Sassandra.
N°6 Oc~obre
des
Renseignements coloniaux et Documents,
SuppleMent au Bulletin du COMite de l-Afrigue Francaise.
p.15~
bl' GAUBE.
Cl.
1901.
Etuge
~ la Côte d'Ivoire, Augustin
Challe.el, Editeur,
Librairie
Haritiae
e~
Coloniale,
Paris. Ile Partie fconomique. p.28-53.
(16)
HECQUARD,
Hyecinthe
1855.
.Voyage
sur
la
Côte
!Î. dans
l'1nt'rieyr ~
l'Afrique
Occidentale.
Imprimerie
de
Bfnard et Compagnie, Paris. p.79-80.
-Les Marchandises
les
plus
propres
au
commerce
d'Assinie et
du Grend-Bassam sont le tabac, les cotons
blancs, la
poudre,
les
fusils
Longwine,
les fusils
Towers, les mouchoirs romals,
les .ouehoirs Tom Coffee,
di~o ••dres
faux,
les
indiennes,
le
.adapolam,
le
rhoume;
le corail nOl,2,3,4 et 5 ; le faux corail, le
geniêvre, etc.
A
ces
marchandises
il faut ajouter des limene~s de
••rt 'jr,i;:_~";":''';~J.'-'~'. ..
..ui- -
larges, raies
de
mime
couleur et d'Un pouce environ.
Les indiennes doivent @tre legères et de couleurs vives
i
les
siamoises,
~ raies Jaunes, rouges et bleues. Le
corail ainsi
que
les
cornalines sont très recherches
par les
marchands
d'or
de
l'interieur.
Les
plus
appr'cides de
ces
pierres
sont
les
longues formant
l'olive.
En
fait
de
verroteries,
celles
que les indigènes
demandent de
preference, sont: le galet, le plus gros
possible, rouge et blanc,
les Mosaïques. le faux corail

812
cerise.
le
grena~
rouge
e~
blanc, le pe~it cris~al
bleu,
le
cristal
~lDillê,
les
pé..és pl.Q~s, le. bocks
rouges et
bleus,
les olive~~es serpen~, le niref e~ de
grosses verroteries bleues opaques.
L'eau-de-vie
doi~
arriver
en
blDrils
de
qU.Qran~e
litres, elle
se
vend en moyenne 90 cen~imes le li~re,
c'est-~-dire sept
li~res
pour
un lDcque~ d'or. A ~ou~
cela il
faut
GJou~er
des
blDgue~tes
de
cuivre, des
.iroirs, des
cou~eaux
communs, des dames-Jeannes,
des
parapluies de
coton, des verres, des chapeaux noirs e~
surtout de la poudre anglaise, dite poudre de ~rai~e.
Vingt t@t'es de tabac représen~en~ un acquet d'or,
soi~
Une valeur de ••••••••••••• III •• III 1 •
6 F ..
Une pièce,
cot'on
blanc •••.......
1
acquet 1/2 soi~
9 ..
Cinq
ki1og.
poudre
••••••..•....
3

..
18
Fusils Longwine
•••••••••••.•....
3

Il
18 "
..
Id
Tawers
••••••••••••••••
2

1/2
15 Il
III
III
• •
III
..
..
Qinze Mouchoirs
ro.a1s
•••.•.....
1
6
Il
..
..
..
Id. TOM
coffee
•••••••••••.......
1
6
Douze Madras
faux
••••••••.....•.
2

1/2
"
15 "
Trois brasses
indiennes
••.•.....
1

..
6
••
..
Trois brasses
Madapo1aa
••..•...•
1

..
6
..
Deux ./Rhou.e
• • • •• • • • • • • • • . . • . . •
1

..
6
..
Corail n01 •• III Ill"
III I l l '
III
III III
III
Ill • • • •
I l l '
I l l "
2
onces
1/2
..
..
..
n02 •••••••••••••••••••••••
2
..
n03
I l
III
'" • •
III

III

III

III
III
III

III



14-
acque~s'
••
84
..
..
..
n04 •••••••••••••••••••••••
10
Il
60

nO' .....••.•..••••••••....
..
8
Il
Il
48
Faux corail
cerise
••••••.•..•...
10
francs
la
m.ane
Caisse de genièvre .•••••••••.••.
2
.acquet's
soi~
12 F
Tel est le co....erce du Grand-Bass.am, qui, comme Je l'ai
dit plus
hau~.
est
appelé,
Je crois, _ prendre plus
tard une grande -extension".
ZONON
GN080,
J.
: 1981. Les éch.anges dans la région ~ Oalo.n
gy miliey
~ XIXe siècle 2 ~. Thèse pour le Doctorat
de 3e
cycle
d'Histoire.
Universi~ê
de Paris VII. Ile
.S_fliJlij
__
. . . . .
"~~-.,-,,~ "c'"
~~~ ••, -'"o' ,,_
~
lj"~' .~."."
-
(18)
KAKE, Avi~, Chef de canton Kebe (Sassandra>, Lateko,
le 23 mai
1975.
(19)
AHON
O'ABV,
F.J.
19'1.
b2
Ca~e
d'Ivoire
~ la ci~é
,frtclDipe, Edition
Larousse, P.aris. Appendice p.178-179
: Acte
de
Concession
des
terri~oires
nécesslDires
à
l'êt,blissement d'un
comp~oir
fortifié
~ Oabou (le 10
Oc~obre 18'3).
(20)
Ce~~e
version
de
la
~radi~ion recueillie en 1951 ayprès de
FOTE-HEHEL Pierre
de
HopoyeM
classe
d'Ige: Nigbessi
K,ta;
.'trilignage·: Logbo-18 : pa~rili9nage Edjreku,

, . - --
-TRFn
&
7
SIm_w." 7757755",
813
fils
direct
du
susnommé
et
père
de l'.guteIJr,- .a eté
confir.é le
25
Octobre
1978
p.ar
NOME VEDAGNE '~GNERO
Alphonse de
Tukpa,
cl.gsse
d'3ge
~
Kata
patrilignage E~r~bu
;
matrilignage
EdJm-l,.
Le
c~pit~ine Co~~i~~ d~ns son rapport du 23 octobre 1862 le
donn,-üt pour
L.:o fils
d'J .=hef Hat.afw@,
~ tort.
(21)
KAKU
ECHIG8AN.
Louis.
Emokwl!l
(Jl!lcqueville>,
le 17 décembre
1975.
(22)
LANGLE,
Fl. de : 1867. Inspection générale. Etat politique et
co••ercial des
Etablissements
de
la Côte d'Or,
N°579.
1er Bureau.
6e Direction,
Ministère de la Marine et des
Colonies. Division
Navale
des
Côtes
Occidentales
d'Afrique. Extrait
rec;:1J ;:JI.! 2e e·IJrI!aIJ le 28 Janvier 1868
N°19 (p.4>.
(23)
Le sp~ciMen Gban a ~t~ observe ~ Tonl.a en compagnie et dans la
delleure de
notre
collègue
ZOU KOU
Nguessan,
Maître-
Assistant de
Géographie
à
l'Ecole
Normale Supérieure
d·AbidJan.
(24)
EVSSERIC,.J.
: 1899. RaPPort ~ ~ mission sçientifique ~ ~
Côte d'Ivoire,
I.prillerie Nationale, Paris.
(25)
BOUET-VILLAUMEZ,
èOMte Edouard
: 1848. Oescription nauti9IJe ~
!J!. ~
occidentale d'Afr'iQIJe çon,prise entre ~ Sénégal
!.t:. l'Egu,teur,
cOlllnen,.:ée
e n
1839 (-?t: -17t7~I~mirt ..::.h:~ ~:Hr 1845,
Imprimerie Royale-Paris.
(26)
LAOURANTIE,
A.
1943.
En
eSte
d'Ivoire.
Au pays béte de
Gagnoa, Bevu! Géographique des PYrénées ~ dlJ Sud-OlJest,
Editeur Edouard
Priv~t,
Toulouse,
et
Henri
Oidier,
P;:Jris. p.112.
(27)
ANORE-MOUSSO,
Michel,
de
LovidJO,
pays
Abev@,
85
ans,
patrilignage OkwadJ@
;
Interprète : KOFFI KAKU Alfred,
chef de
village
;
le
18
avril 1975. Sous-pr~fecture
d' Agboville •
• ll'll.61.'I_~"'·r•.'j~•••I·I1,I''''_''.M!iil!~~",*'- ·("~t
(29)
AUGE, M.grc : 1975. Th~orie ~ pouvoirs 2t idéologie. Etyde ~
~ tn Côte d'Ivoire. Hermann,
P~ris, Ch. VI.
(30)
al
LAFARGUE,
Fern~nd : 1976. Reli~ion. M§gie. Sorcellerie des
AbidJi tn
Côte
d'Ivoire.
Nouvelles
Editions Latines,
Paris. Ch.
II.
b/ HEMEL-FOTE,
Harris:
1980 : 237,
253.
(31)
WONOJI,
Christophe, Historien,
P;:Jris,
Juillet 1982.
(32)
SIBRI,
SAKRE
Baillard, 90 ~n$ et Hme.
l(~flJ '~IJeissIJ, 70 ans
TapegUhe, groupe Subwo
(Oaloa>,
le 2 septembre 1972.

814
(33)
THOHANN, George...
:01 !2Q1
A
1:0
Côte
d'Ivoire. La Sassandra. Supplem~nt au
Bulletin stY.
COllite
2.!. l'Afrigye froDnc.jJise,Octobre
1901, n06 des Renseigne.ents Coloniaux et Documents.
p.132.
bl 1905
Ess~1 ~ H~nuel de ~ langue néoulé p~rlde dans la
partie occidentale
de
la
Côte
d'Ivoire.
Ernest
Leroux, Editeur Paris. p.183.
(34)
al NIANGORAN-BOUAH, Georges : 1964. ~ division gy temps et ~
calendrier rituel . ~
peuPles
la9unaires'~ ~ Côte
d'Ivoire. Institut
d'Ethnologie.
Musée
de
l'Hamme,
Paris, p.126 •
. . - bl DAKPE ZAHI D'Ahorokpa, 16 Avril 1977. Selon ~es tra~itions,
les Neyo
echangeaient avec les Avikam et les Alladian
des pirogues et des esclaves cantre de l'or et, semble-
t-il, des pagnes.
(35)
POBEGUIN,
Ch.
1898.
Notes
sur
la Côte d'Ivoire,
région
co.prise depuis
Grand-Lahou
Jusqu'au
Cavally
(Republique de Libéria), dans Bylletin ~ ~ Société de
Géographie;
redige
avec le concours de la section de
Publication par
les
secrétaires .de
la
Commission
Centrale. Septième
serie.
Tome
dix-neuvieme,
annee·
1898. Sociëte de Geographie, Paris.
(36)
SIEUR
D'ELBEE
: 1669. Journal du voyage aux Isles et dans la
Coste de
Guinëe
in Relation 2.!. ~ qui s'est passe ~
~ Amfrigue
par J. de Clodore, Tome II, chez Clouzier,
Paris. 1671 : 367. L'indication de D'Elbee que confirme
John Barbot
(1732
143)
doit permettre de corriger
l'affirmation de Henri Labouret ~ propos de l'extension
des cauris
dans
le
Golfe
de Guinee. L'echange et le
commerce dans
les erchipels du Pacifique et en Afrique
tropic.ale.
in
Histoire
2Y. Comn"rce par Jel.:qlJeS LacolJI"
Gayet. Tome
III,
Livre
1.
Ch.I ~ VI. Editions SPID.
Paris.
(38)
Or.
LAS NET
1898.
Contribution
~ la géographie medicale.
Mission du
Baoule. Annales d'hygiène coloniale (Avril,
Hai, Juin).

_.'4,_.t2j.tf...\\'...
- - - - - - - - - - - - - - - - - - . - - - -_ _ ' " _
. .
J
·tr".......w.~~"'.:J"~'W'AWI~~~'..._.:..,..•.
- - - - -
'I.;~
915
(39)
O'OLLONE: 1901. De ~ Côte d'Ivoire s!y. Soudan et ~ III GIJinêe.
Librairie Hachette et Cie, Paris.
,

Tout
homme
a
besoin
d'une femMe et d'un fusil.
Le
fu~il ê~ant
l~unité
monêtaire,
pwisqu'il
permet
d'achet~r les
~oeufs et par ewx les femmes,
~hacun doit
donc arriver
~
s'en
procurer
pendant sa vie un gr~nd
nOMbre.
Ils son~ apportés ~ la c5te
par les Européens :
com...nt, sans
qu'a'.JctJn
ho,.",e
d' une
triblJ
plJisse
traverser la
tribu suivante, s'en trouve-t-il entre les
Mains de
~
les
hommes
de
l'intérieur?
Voici de
quelle facon le~ cho~es se passent
Un ho••e
de
la
côte
achète
des
fusils
dans une
factorerie et
va
le~ vendre dans la tribu voisine ; le
nouvel acquéreur
procède
de
mIMe
avec
la
peuplade
suivante en
pr~levant
un
léger
bénéfice, et ainsi de
suite. ~ais
généralement
les
choses
vont
moins
simplement : le vendeur ne trouve personne en état de le
payer COMptant.
Alors
il
vend
~
crédit,
le
nouvel
acqu~reur revend
de
.@.e,
et cela continue Jusqu'~ ce
qu'il se
trouve
un
ho••e
en
état
de
payer.
La
marchandise d'échange,
boeuf
ou
mouton, suit alors la
route en sens inverse ; chacun des vendeurs attendait le
retour de son débiteur dans la propre case de celui-ci :
une fois
payé,
i l
s'en retourne chez lui et il paie ~
son tour
son
créancier. Souvent avant qU'un fusil soit
vendu comptant,
il
a
traversé diK tribus : dix hommes
l'ont acheté
et
revendu,
et attendent patiemment leur
paiement hors de chez eux, quelquefois pendant plus d'un
an.
Il
est procédé de mIme avec les marchandises qui en
sens inverse
s'en
vont
~
la
eSte,
c'est-~-dire les
boeufs, les moutons,
les captifs.
La
plupart
des
gens
connus
com.e
riches font un
double trafic.
Il~
achètent
~
crédit
~
la fois des
fusils au
Sud et des bestiaux au Nord, et les revendent
aussitSt en
se gardant bien de payer leurs créanciers :
en reculant
leurs
payements
et
en
pressant
leurs
rentrees,
ils
bénéficient
d'une
sorte d'escompte,
ils
.br,. ,d..e. 1.~.U.r~..'.' . ' . '.1'.'.•
?? ' ......
.. -
,
. . " '/~"'ttr' 1""=.,,,
~
vendre par avance un boeuf qu'ils n'ont pas,
mais qu'ils
espèrent
acheter
avec
des
fusils qu'ils
n'ont pas
non
plus,
et
avec le produit de la vente à
engager une nouvelle affaire.
L'esprit des indigènes exercé b ces combinaisons leur
a fait
decouvrir
une foule de procedés qui ressemblent
tout b
fait
~
ceUK
de
la
banque. Ainsi Sa, gr~ce à
l'ivoire des
ëlëphants
tues
par son frère Kianido, et
qui lui appartient par droit d'ainesse, est un v~ritable
ban~uier:
il fait une foule d'operations de crédit, et
il a
dans
plusieurs
tribus
des intermédiaires et des
!!PJ":CIJ,"'Sa 1 es .

817
c.1 NIANGORAN-BOUAH,
G.
:
1973
:
7-28.
Prob1~n'es\\ qe
la
reeherehe.n
milieu
de tradition orale, ~ ~ ~,
n Ol, D'c.embre
1973.
Institut
d'Ethnosoc.io10gie,
Universite d'AbidJan.
(42)
BARBOT,
Jean
1678-1679.
Journal d'un voyage de traite en
Guin'e, ~
Cayenne
et
aux Antilles, pr~sent., publie et
annote par
Gabriel
Dibien,
Harce1
De1afosse
et
Guy
Thi1mans, dans
le
Bulletin
22
l'Institut
Fond,ment,l
d'Afrique Noire,
Tome 40, Avril 1978, n02. Universite de
Dakar.
p.275.
(43)
CLOZEl.., F.J. et VILLAHUR, R.
al 1902.
~
Coytymes indi9~nes ~ lA eSte d'Ivoire.
Documents, Augustin
Cha11ame1,
Editeur,
Librairie Haritime
et
Coloniale,
Paris
p.
394, 437.
bl 1902 op cit. p.445.
(44)
LABAT,
J.B.
1730.
VoYage
gy Chevalier
des H,rc.h.uis !.Il
Gyinde,
Isles
voisins
~
~
Cayenne, 1725, 1726, 1727
p.195.
(45)
KWAO BOTCHI,
p.utri1ignage Betchiedi, marie, ay.unt un enfant en
1910, GuessidJI,
groupe Khos, 21 .uvri1 1975.
Interpr~te
: le chef de LovidJ@,
KOFFI KWAKU Alfred.
(46)
al
BELLEFOND,
Vi11.uut
de
1669.
Be1.ution· ~
Costes
d'Afriqye, appel'es Guinte. Chez Denys Thierry, Paris ••
"Il se
trouve par toutes ces costes quantit. de boeufs,
eh'vres, chevreux et coehSs, dont ils font gr.und m.urch',
un bo.uf
ne
valant pas plus d'une douz.uine de c.oOte.uux
de Vingt-sols, et le chêvreui1 de mesme ll
(p.176).
Fait .uncien,
cet
e1evage
bovin
etait
aussi
un fait
continu dans
le teMps puisque mention en est f.uite dans
le r'cit du voyage du Chevalier des H.urchais (1725-1727)
que rapporte J~B. Lab.ut en 1730 .
• \\t7(JÎ~"'I~·_ _.J2}.
tb.!. Co.ust
Q.f.
Gyi ne"
Fran k
Cas. .und CO. Ltd. London;
r Ô

Letter XII
(1702).
(47)
La
premi~re
mention de l'elevage important de bovins en pays
odJukru se
trouve
chez
F1euriot
de
L.ung1e
d.uns ses
Croisieres ~ la CSte d'Afrique 1868, Ch. XVIII, page 385
in Id.
I,g,yJ:,
gy
Monde
;
il est en effet qlJestion IIdes
troupe.uux de Ket.ucre- que l'auteur croit Itre un village
situ' entre
Dêbrimou
(Dibrm) et Acr.diou (Ak10dJ)
;
le
village inter."dteire
en
ces deux loc.ulitês ~ l'.poque
devait @tre
plutat
Arm@b@.
La
seconde mention de cet
'levage se
trouve
dens les rapports coloniaux francais


cr _ex .R
818
du XIXe si~~le, en perti~ulier ~elui portent sur l'ennee
1898. Dens
le
supplement
n 04 du Bulletin 2.Y. Cgmlte a
l'Afriqye Frene.i!' de Fevrier 1899, F.J. CLOZEL, publie
La Situ.tion
A~tuelle et l'Avenir de la CSte d'Ivoire;
il Y signale que le~er~le de Dabou est le plus ri~he en
bovins d. toute la partie boisee de la ~olonie et evalue
~ pros
de
2.000
t'tes
de
~heptel
posseddes par les
.uJto~htones•
(48)
al PERROT, Claude-Hël~ne
: 1978.
"Or, ri~he.se et pouvoir ~hez
les Anyi-Ndenye aux XVIIIe et XIXe .io~les". in L'or dans
les so~iëtës
Akan,
Joyrn,l
~
Afri~,nistes, Tome 48.
F.s~i~ule 1. So~iëtê de. Afri~.nistes, Paris.
bl CHAUVEAU, Jeen-Pierre : 1978.
"Contribution ~ la Geogr.phie
historiqu.d.
l'or
en
pays b.wlë (CSte d'Ivoire)", in
L'or d.ns
les
So~iëtës Aken, Joyrn,l des Afri~,nistes,
Tome 48. F.s~i~ule 1. So~iëte des Afri~anistes. P.ris.
(49)
Trois
tëmoign.ges
de ~ette peur : ~elui de Villeut de BELLE-
FOND _
1.
p.ge 183 de .on ré~it (1669); ~elui de Jean
BARBOT relatif
prë~i.ëment
.ux h.bitant. de Kotrohu, ~
1. frontière entre Kru et Ak.n : "Les Neigres de Coetroe
sont extrO.'Ment
~r.intifs. En voi~y un exemple: un de
nos tonnelier.
ay.nt
p.r
h.zard remué son t.illefonds
d'un bord
du
v.i.seeu
~ l'.utre, dix ~ douze Neigres,
qui estoient .ur nostre piebord se Jettèrent in~ontinent
~ 1. mer et apr~. avoir g.gné leur. ~.nnot., qu'ils font
tenir esloignë• . du
v.is.e.u,
il. s'ëloignèrent de nous
au plus
viste, et qui d.ns ~e tems leur eust in.ultë de
m.ni~re ou
d'autre, la ~oste d'en-b•• en e.toit .vertie
en moins
de
24
heures
par une ~ertainne intelligen~e
qu'il. ont
de
lieu
en
lieu et ~onsëquement ruineroit
vo.tre ~o••er~e p.r 1• •uite.
Ils ne
p.uvent
non plu. souffrir t~nt de Bl.n~• •utour
d'eux, d. sorte que pour faire la traite plus f,~ilement
dans un vai.se.u o~ il y • un gr.nd équip.ge, il en f.ut
tenir les
deux
tiers en b.s, et surtout ne point feire
p.roistre .u~une
.rme
offencive
et
p'rtiçyli~rement
~""fÇ"i~_I.II_·.n".'"""",
•.rllt_.!~
Crainte des
.rmes
~
feu
et grand ~ommer~e d'ivoire ~
l'Oue.t, ~ommer~e
de ~e• •rmes et d'un peu d'e.~leve. ~
l'E.t, _
B••••m
et A.sini en l'o~~urren~e, Je,n BARBOT
fit ~ette
double
expërien~e ~ontradi~toire entre le 26
et le
29
Dë~embre
1678. En 1727, G. SMITH retrouva 1.
mIme peur
~ S••••ndre (Noyyeay vgY'ge ~ Guinée, 1751 :
210-228).
(50)
REY, Pierre-Philippe: 1971. Cglonialisme, nêo-~olgnialisme et
transition !.Y.
ç,Pit,lisme.
Exemple
de l, "Comilog" "J
Congo-e.zz4Yille. ME~onomie
et so~ialismell 15. Francois
"aspe:ro.. Paris.

819
<51>
THOMANN, G.
: 1903. De la Côt'e d'Ivoire au Soud~n fran~~is. L8
l'fi •• ion Tnomann.
8yll.tin
gy Cornitf ~ l'Afri9ye Fran-
c,ise, Cn.I ~ V, R.nseignements Coloniaux, 1903 n Ol, n04
et' n05.
<52)
LANGLE,
Fleuriot'
de
1868.
"Croisi~res
b
18
Côt'e
de
l'AfriqIJe" d.ons bJl Is!Y.!:. Q.Y. Monde.
..
Je
me
rends, b t'ravers des rues nont'eu.ement' sal •• ,
~n.z Br.bio,
le
t'rait'ant'
qui ét'.oit' le plu• •n rapport'
av.~ nou..
Brebio
.st' grand, il a le front' élevé, il 8
dan. les
grande.
~irconst'Gn~es
le
~hef
couvert' d'un
~napeau d'dvlque
qui
s'est' ég.ore _ Odbrimou, Dieu sait'
d'oâ?
Il
est'
borgne,
et'
son
unique oeil est' plein
d'arrogQn~e. 58
~ase
est'
medio~re,
et' n'est' pas à la
naut'eur de
l'import'.on~e
qu'il veut' se donner. Sa femme
et' ses
enfant'.
~ourent'
cnercner
des siéges : je fais
apport'er le
panier qui ~ont'enait' le deJeuner, et', après
avoir mange de bon appet'it', nous par~ouron. le village.
Le
bruit'
d'une
mu.ique enragee nous at't'ire vers un
quart'ier t'r~s-pit't'oresque,

de grand. arbres donnent'
de l'ombre
et'
une
frai~neur que l'on ne ren~ont're p.o,
ailleurs :
nous respirons ave~ set'isfa~t'ion ~et't'e brise
qui t'empère l'at'mosphère embrasée.
Les
musiciens
redoublent'
leur t'apage à not're vue :
le. flOt'es ou ~ornes d'ivoire donnent' leur .on rauque et'
font' penser
à
l'olif.ont'
de Roland i les t'.ombours font'
rage.
Je
m'appro~ne
pour
voir
1.0 raison de t'out' ce
vacarme, et' Je vois un ami, Numba, le t'rait'ant' d'AlindJ.o
des J.~k.-Ja~k.,
dont'
le
ri~ne
embonpoint'
reluit' au
.oleil. Un
pet'it' cnapeau, genre mou, lui couvre le ~hef
; ,es doigt's sont' ~nargé' d'anneaux d'or. Il .0 une pagne
des plus .éduisant'es, o~ les couleurs les plus bigarrdes
figurent t'out' un arc-en-ciel.
Sil<
ou
sept
de ses femmes .ont a.sises sur la m@me
ligne que
lui
leurs
oreilles
se dêforment' sou. le
'.9..,' .'
.' . '
,
~
1I.1 n".UMIIJJ.IIJtltl
.1mb."
1 I o ' g 0.-' racel'et's pesant
~nacun dix
ou
douze
onces
leur cou et' leur poit'rine
sont' ornés de '':011 1ers .
Ce luxe-nous rappelle que nous sommes à la ~8t'e d'Or.
La mosa~que ma~ie dans ~es bijoux ses couleur. bigarrées
au bleu
du
lapis-lazuli,
qui
vaut' .on poids d'or. La
favorit'e porte
un collier de dent's de t'igre,
longues de
qu.ot're à
cinq
cent'imèt'res
; mais le vil phosphat'e qui
servait au carnassier _ broyer ,a proie ~est transformé
en or,
grO~e
à l'n.obiletê des orf~vres de Baourê
(voy.
p.39S). Les
chevilles
de ses pieds sont' ornées ave~ le
mIme soin.
On
dir8it' 1.0 Sun.omit'o ~ l~ ro~her~he ~e son
bien-aimê. Bien
dell
yeux
enviaient
le
so\\"t de ,::ett'e
noire favorite aux colliers d'or.

820
Un
~bri
fait
~ux
frais
de
quelques
branè'hages
entrel~c~s et
couvert,
comme
le reste des c~ses, d'un
toit de
feuilles de palmes tressées, abrite les trésors
de Numba contenus d~ns de grands coffres.
Toute
cette
eKhibition
avait
pour but d'appeler la
foule,
qui
erre
autour
de
cet auvent. Les b~gues, les
pend~nts d'oreille,
la chevelure bien ret~pee des femmes,
l'huile de
p~lme
qui donne ~ leurs membres le vernis du
bronze,
le
petit
ch~pe~u
mou
de Numba, s~ large panse
bien rebondie,
f~isaient
naitre
bien des désirs ; bien
des aud~cieux
espéraient
atteindre
un
Jour
~ ce luxe
désire. Ce
n'etait
pas
après
tout
l'étalage
d'une
opulence insolente,
mais
l'invit~tion au travail assidu
et honnlte,
un appel fait ~ l'huile.
Je
m'~rrltai
pour
observer
ce
m,rché. De temps en
temps des
groupes
affairés,
vitus
de
haillons
qui
contr~staient ~vec le luxe du traitant, s'~pprochaient du
comptoir;
c'étaient les courtiers m~rrons qui vendaient
~ découvert.
Leurs
offres
ëtaient-elles ~cceptees, les
Croum~nes tir~ient
aussitôt
des
c~isses l~ quantité de
pi~ces d'étoffe, de fusils,
de barils de poudre convenue.
Numb~ pouvait
comptait
~ bref délai sur un ou plusieurs
tonne~uK d'huile,
et
les
heureux qui ~vaient trouvé du
crédit enlevaient prestement leurs av~nces. Les march~nds
de Bristol
pouvaient
compter
sur un retour assuré, car
c'ét~ient eux qui faisaient,
en définitive, ces ~vance.".
(Ch. XVIII
: 386).
(53)
GHIDE
KREAHI
Jean,
66
ans, 'patrilignage Badaewrua et KREBO
KPALU, 60
ans,
patrilignage
Dabeewry"
village
Kpada
(Subre), Guibwo,
le 2 décembre 1976 •
. (54)
KWAO
BOTCHI
de
Guessidj@
(voir
note 45). TCHIHU DJODRO de
GWABO, patrilignage
des Vgcho, né vers 1880. Interprete
: L~urent
Akosso
Kokola,
élève ~u Collège Technique ;
Gwabo,
le 15 avril 1975 •
• 1"·'t··~~'·~~::~~~u:~~·~~:tts·~'-=~'!!RfI,nr;g·~~:r:~~'..~.
nOie, Novembre
1974. Hinistère de l'Education N~tionale.
Centre Nationale
de
la
Recherche
Scientifique. Centre
d'Etudes de
Géographie
Tropicale, Domaine Universitaire
de Bordeaux. Talence (France). Ch. III.
(56)
CLOZEL,
F.-J. et VILLAHUR,
Roger
1902. Les coytumes indigè-
nes ~
la
Côte
d'Ivoire. Augustin Challamel, Editeur,
Pa,"is. p. 416.
(57)
DAPPER,
Olfert
1686
277.
DesçriPtion
de
l' Af'''iqIJe.
Wolfgang, Waesberge,
Boom
& Van Someren, H. OC LXXXVI,
Amst'erdam.

-=-=>,_...=,.-',...""...=._=--~_..""- ...~.,.w.~;.:::::-~~.;;;;............
_~_'"'ka.'hlliii·ôlO'fiiiisiii'","'ei""••3~;.iiiis..~"';_,~-.~~Ii;"_~!a~+)t'~
. . . . etj t' "'titn-' _~It 'rW'gdtriU.j5rÜi.U?JjMli~~:
.
.~
821
<58)
HECQUARD,
H.
: 1955. Voy.pge SIJr a çôte tt dans l' intêriè\\tr a
l'Afrique Occident.ple.
Imprimerie de Bênard et Compagnie
Paris.
"Le commerce
est
appelê
~ une extension considêrGblei
surtout dans
le Grand-BGssGm, parfaitement connu depuis
l'exploration que
le
lieutenant de veisseau Cournet en
fit,
en
1949,
Jusqu'au
Cap Lahou, c'est-~-dire sur un
espace de
40
à
45
lieues. C'est dans ces parages que
l'on recueille
le
plus
d'huile
de
palme,
et
cette
rêcolte tend chaque annee à s'accroitre. Les villages de
la rive
droite ne produisent que peu de chose, mais ils
servent d'entrepôts
et
n'ont
d'autre industrie que le
courtage. Ceux
de
la
rive
gauche.
ou
du
continent
cultivent le
palmier
à
huile et possedent un peu d'or
qu'ils vont
traiter
dans
l'intêrieur. Autrefois, pour
vendre leurs produits, ces peuplades êtaient obligêes de
passer sur
la
rive droite, o~ ils payaient un droit de
transit aux
courtiers,
avant
d'embarquer ces produits
sur des
pirogues
pour franchir la barre et .e rendre à
bord des
navires
troqueurs. Si la pirogue chavirait en
allant, une partie, quelquefois mime toute l'hui~e êtait
perdue; si au contraire l'accident survenait au retour,
c'êtaient le.
marchandises
qui se trouvaient avariêes,
et souvent,
pour
ne
pas rendre la valeur de ce qu'ils
avaient recu,
les
courtiers
sim~laient
un
sinistre,
inconvênients auxquels
se
Joignait
pour les marchands
celui de
ne
pouvoir
choisir
eux-mImes
leurs
marchandises".
(p.77-78).
(59)
Des
quatre
guerres
officielles
qui
ont
opposé
les
deux
,
confed'rations Gbokra
<ou
Bokra)
et Kêbê,
la derniere
a portê s~r le monopole du commerce fluvial.
Un
moment
les
Kêbê
font
des
Gbokra
leurs
interm'diaires pour
évite'~ les difficultés d'acces ~ la
main-d'oeuvre servile.
Or
les
Gbokr.
en
tirerent un
grand ben.fice
au
d'triment
des
Keb'.
Ces
derniers
voulurent se
passer
de ces intermediaires pour acc'der
&~?~.~*F"';~jÇ"y.~;~~~I~~"~!~;~~~~'~~''P''~~':
.•• H.
exigeant en retour les frais de naufrage des pirogues de
transit. Refus
des Gbokra. Le chef Kebé se prévalant du
droit sur la mer (1),
interdit aux voiliers d'accoster à
Sassandra et
les
laissait
faire
escale
~
VAGROKPA
<Ahorokpa-Dagbego) •
Dans
ce
conflit,
les Batelebre II
<village Guezeko
ayant pour
chef
Badere) avaient pris le parti des Keb'
et recu
consigne
de
veiller
~
cet
interdit
à
la
frontiere de la confêdération. Le village voisin Blihiri
<Kpakl'dJ'> faï.ait partie des Gbokra.

z
822
Or
un
voilier
GOLE,
correspondGnt
de
LABhEKO
(Nukruhiri, commercant
Gabedagbe)
arrive
pour
embGrquer des
mGrchGndises
de GbGtërabra. TAGNON AHIPO
de Blihiri
qui
tente
d'embarquer
Gussi
ses
denraes
rencontre l'opposition
de Badere et SGisit BiGle Ako de
,::et in,::ident.
Une
tentative
de
re~onciliation se
trGnsforme en
guerre à
BGtërabrë,
pGree que Zadigra tue pGr a~cident
Klee Keb4,
ressortissGnt
du
villGge
de LGbleko eomme
lui. La
guerre
sourit
d'Gbord GUX GbokrG qui prennent
Lableko. Une
tentative
destinëe
~
prendre
VEDIEKO
ëehoue,
le ~hef guerrier DJENE ZAGO s'ëtGnt ëgarë qUGtre
Jours dans la forOt.
L'intervention
des villGges neutres - VAGROKPA (chef
KOKOBU
DOGBO)
et NIEGA (ehef : DALI GBOGRE) -
permet
de ~on~lure
lG
pai~ Le premier ~hef demande la pGix ~
Kebë pour
Gbokra,
le
se~ond
~hef la demande ~ Gbokra
pour Keb4. Ainsi G ëtd ~onclue lG pGix ordinaire".
(Kakë Avit,
de Lateko, chef de ~anton, patrilignage des
Kokor,-Vo, na
vers
1912
; Zahi Emmanuel, employê ~ la
Sous-Prëfe~ture, interprète ; Lateko,
le 26 avril 1977).
Un ~ertGin
GragbGyru de Niega, et son on~le GNEBA BLEO,
d'VAGROKPA ont
atê les premiers ~ rencontrer le voilier
(CLOVIS 7).
BLEO
aurait
donne
sa
fille,
LEBE,
au
capitaine. Dans la version initiale que donne Kake Avit,
la relGtion
d' ene e
.b
neveu
n'est:
p.:ns
€n:plil~itê.?
ï
CLateka, 23
mai
1975).
En tout C~S, cet évènement sert
de justific~tion.
(60)
TERRAV,
Emmanuel
1969.
L'or9ênisstion sociale des ~ de
eSte d'Ivoire,
Annales de l'Universite d'Abidjan, Série
FT,
r , FlOS'::.:
·~fi!I!Ml1tHEL·",;rOTet-~~'_.I_·II:'j"j·"Ii""'i._""""_._.i4î'~
philosophie pratique
des
AfricJDins,
Paris,
Prê.en,,;;e' " - , . l "
Africaine, n053,
3è trimestre.

823
(62)
ABUOE-Manddké,
le
16
avril 1975.
Interprète: AWO G~b~iel
;
informateurs
AKRE
ABU,
patrilignage
Bwede, 95 ans
environ, doyen d'~ge i
KOFFI Andre,
patrilignage Bwedê,
Chef de
canton,
64
~ns
;
OIOMPO
OKAN
Benoit,
patrilignage Bwedé, notable, 63 ans.
"Un homme
de Binao, Vao,
habitait Mandeke,
chez Kwassi
Awihe (~
An9am!-Bosso).
Pour
epouser
la
fille de
Awihe, sa
fiancee,
il n'avait plus d'argent et ne put
en trouver
chez
ses
frères ~ Binao. Il demande ~ son
futur be~u-père de lui indiquer un riche chez qui il se
ferait aob.p
pOIJr
avoir de quo t se marier.
"Tu conne t s
ceux qui
dans
le village tuent les élephants", repond
le beau.
Vao
rejoint kwamelan Obro et lui demande de payer la
"dot" de la femme,
il accepte de gager s~ vie auprès de
lui, d'@tre
son
~'
Ayant
reçu
l'argent,
il alla
chercher ses
parents
et
vint
se
marier.
Il demande
ensuite ~
son
beau-père
des palmiers dont le vin lui
rapporterait de
quoi
se
racheter.
"Mes palmiers sont
Jeunes,
va
voir
celui
qui t'a aide ~ te marier",
lui
repondit le beau-père.
Kwamelan Bru lui offre dix-neuf palmiers. Un Jour,
il
decida d'emporter
toutes
les
J~rres
de vin de p~lme
chez lui.
Surpris
par
les
femmes
en
route,
il fut
denonce.
Les envoyes de Kwamelan le poursuivirent, mais
Kwadi,
le
premier arriva ~ un campement de Binao où il
fut pris,
moleste
et dans la m@lee,
fut tue par un de
ses compatriotes.
La nouvelle arriva vite ~ Binao. Les
Binao surprirent le blesse,
le tuèrent et l'emmenèrent.
Ils prirent sa peau et en firent un tambour.
Les
KroblJ
partirent
'en
ref)resai lles.
Kwamel~n BrlJ
tira le
premier coup de feu et tua sept personnes dans
une foule en f@te.
Les
Binao
se
preparèrent
·et
un
Jour
de f@te de
l'Igname, ~ttaquèrent
les Krobu (Mandeke). La première
. .'. rr7i~c~fii~ .•
. . .
p,n1).. ··.·tue~"-<'~:fI~'"
,f
. u". fi 11 e '. OSWI N
'.~<?SM~fi""(tTU'f'i·
. .. . - " ' n · ' ' ' .
'M8r if§i
··"'~i".'ê··,..,wt-Mti'd++:;q'ëi'7JMF;f·~tJ1
ils emportèrent
sa t@te.
Ils s'assemblèrent ensuite au
bord de
la
rivière
Vobo.
Bwa Atta, une femme
Krobu,
revenant de la rivière,
reçut des coups de fusils,
sans
dommage,
parce
qu'elle
invoquait
la
rivière.
Elle
annonça la
nouvelle
et
alerta
le village.
Les Krobu
ripostèrent ; Kokobutua le chef de Botindé ;
les Binao
furent repousses.
OkumodJè
et
Vao Ndri les suivirent
Jusqu'~ Binao.
OkumodJè
tua
encore
un
9blem9bi
et
défonça le grand tambour.
"Vous ~avez vendu le bandJi,
voici la Jarre", dit-il sur le tambour.

824
Invitês
pur les Binao,
les gens d'Offa (AbO,
so~s le
Gblem9bi Sumru
Gbegrê)
intervinrent.
Au
bord
de
Afltnyzobrê (Rivière-du-Chat>,
après
êahange
de deux
Jeunes filles
parêes
(~) on donna raison ~ Abudê et
on partagea
un
ahat
qu'on
enterra.
A~clamation,
serrements des
mains des ahefs,
Kwamelan Obro, du aStê
Abudê et Koffi Atrekpa du cStd Binao".
(63)
A -
PAULME, Denise :
al 1960.
Le guerrier
: sa p1aae dans une pensêe afriaaine
hier et
au Jour-d ' hlJi,
.JoIJl"n.:a1
~
Psychologie
Norm.:a1e ~
P.:atho109i9ue. LVIIe .:annêe,
1960, PUF,
Paris.
p.279-282.
bl 1962.
Une soçietê ~ CSte d'Ivoil"e hier ~ alJJolJrd' hlJi:
les Bete.
Mouton
et
Co,
1-La
Haye.
Paris,
MCMLXII. Ch.VII. Chasseurs et Guerriers p.132.
B -
MEILLASSOUX, Cl.
1964 : 240.
(64)
GHIDE
KREAHI,
village
de
Kpada,
pays Guibwo (Subrê> ,
le 2
dêcembre 1976.
(65)
.:al BARBOT, Jean
1678 : 269.
bl BARBOT,
John
: 1732. a description 2i coasts of North ~
Soyth Gyine, and of Ethiopia Infel"ior, vu1garly Angola :
Being A new and Accurate Account of the Western Maritime
Countries of Africa. p.141.
cl OAPPER, O.
: 1686 : 277.
(66)
Mr
N. . . . :
1719.
Voyages
J!'lljx Côtes ~ f~IJinêe et !.Il Onlêri9ye
Amsterdam,
Etienne Roger,
Marchand Libraire.
"
L'auteur relate
1 iexpêrienae
faite
~
Sestre-Crou sur
l'actuelle cS~e 1ibêrienne : "Cependant de tous ceux qui
vinrent ~
notre
bord
aucun
n'y
voulut monter que le
Capitaine n'eut
premièrement
fait puiser un seau d'eau
.4<,._"," ié,·~~~~.':M'd.I.lff.!lP;.J""";wi~·.·i..
;i.1M4~II'",e '.~fti.<'-
•... '.. "..:.;
",... . ~~,.. .."
t.te,
ni en eut frottê les yelJx. et ensu te'son"vis~gé.Un
des prinaipaux
Nègres
en
fit
autant.
Après
cette
aêrêmonie,
ils
vinrent tOIJ'5 .lJJ bOl"d ;
. . . . " <p.97>.
Ici,
comme on
le
voit,
le geste pour ahaque partenaire est
rêpêtê'par
trois
fois sur la t@te, se continue sur les
yeu~ et s'aahève par le visage.
CSte Bibliothèque Nationale, Paris: 8003n 10.
(67)
MEMEL-FOTE, Harris,
1980 : 382.
li
(68)
KOKOHU NGBESSO, patri1ignage Anl~, 70 ans et EBE MAHO,
Amoro,
85 ans; OfforudJ@ CAgboville>,
le 24 septembre 1975.

" . ' .....
_
. . .
, • • 'Lf'!.,.
, _ . . . . . ". . . . . . . . . . .:"
<.
825
(69)
Supplément
su
81Jlletin
mL
Comité
s1I. l'AfriglJe FrQne;tAise -
Jsnvier 1903 : 13
"Nous pGrttmes
le 20 février.
Je lsissai ~ Diocrui qui
retournait sur
ses
pas
le soin de rapatrier trois de
mes NdYGU
qui
ne
pouvaient
Gller
plus
loin
et me
suppliaient de
les sbsndonner l~. Pour les protfger et
nous prémunir
nous-mimes
contre
une
trahison de bon
Wanda,
l'interprète
Abley,
cédant
sux sollicitations
des Néyau inquiets, exigea de WGnda l'fchange véritable
du sang.
Chacun
d'euK tint le bras droit de l'autre ~
hsuteur du
coude.
On
fit
une
incision
sur chGque
poignet et
on
se
lécha
réciproquement
le
ssng qui
coulsit.
<Inutile d'ajouter qùe Je n'intervins pas dans
cette cérémonie)".
(70)
KWATI,
<Subre)
le
10
décembre 1976 : Kwadjo BabG Henri, 69
sns, patrilignage
Gad,yo,
doyen d'Ige et Gnopru Libré
Gabriel, 68 ans, patrilignGge Gneprebwo.
(71)
La plupart des éldments de ce symbolisme nous ont été procurée
par Christophe WONDJI, Historien, Paris, Juillet 1982.
(72)
WONDJI,
Christophe, Historien. A ce mythe,
il fsut rapprocher
la légende du village Kru-Krepo de Nienokwe relatée psr
D'OLLONE <1901
:75). A un festin de viande d'éléphsnt,
le village
repoussa
une
vieille
femme,
sauf un seul
homme, WORO
;
la
nuit,
cette
femme vint sviser son
bienfaiteur d'Gvoir
~
s'éloigner svec ss famille.
Une
pluie de pierres ensevelit le village formant le Nieno-
kwe et
Woro, de l'autre cS té des DWO, devint la souche
de la tribu Craoro.
(73)
BOLO-BI-KWAHI, Historien, Paris, 1983.
(74)
KOURIGA
GNANKOURI,
AdJoussou,
patrilignage
Diswerè
DJetchililié, Gnagbodugnoa, pays Guebié <Gagnoa),
le 15
décembre 1979.
(75)
AKPA AKHEL, Luc (Classe
odJon9bs ; patrilignage:
.l".;""~":·:
.::~~ô~t~1 ;.,
O'rft:·'N;~t~\\tiR~~.:'~ ••fj~-~
d'~ge:
Hb,die
QdJongba
petrilignsge
EdJreky
;
mstriligneg, Otobro-l,
;
prédicatrice
de
ls
mIme
église). Tous
deuK
avsient
exerce
la
profession
missionnaire en
pays
sbl
et ont rspporte ce mythe au
retour ~
Hopoyem,
<confédération
Bobor, Dsbu)
; nous
l'avons recueilli
en
1968,
~
l'occssion
de
ls
préparation d'une compétition culturelle de l'Union des
Jeunesses Protestantes
Méthodistes
<U.J.P.H.)
et des
enqulte. de
traditions orales sur l'Hospitslité, thème
du concours.

826
(76)
LABARTHE, P.
: 1803. Voyage ~ la ~ de G~inée QY Des~ription
des Côtes
d'AfriqlJe
dep'Jis le Cap Tagl"irl jIJSqIJ' alJ Cap
de Lopez-r':;onzalves
;
,::l"lez Debr-av , Libl"aire ;
l ' AIJ~eIJl"
; Bossange, Masson et Besson,
A Paris.
p.222-226.
(77)
HUTTON
WILLIAM
1832. NOIJvealJ voYage sn Afl"iqlJe Q.!d. Des,::rip-
~ générale
de
l'intérie~r de l'Afri9~e, trad~it de
l'anglais, Chez to~s les libraires et mar~hands de no~­
vea~tés, Paris. p.38.
Le mardi
10 févriel" 1739, i;.) 14h, dans le .JolJrnal de !s.
traite des
Noirs
(présenté
et
commenté
par
Jehan
Mo~snier, Editions de Paris,
1957). DAM Jo~lin é~rit de
Ja~ques.Laho~ (Bodo-Ladja)
q~e
"~'est
~n endroit q~i
n'est reconnaissable q~e lorsq~e les Nègres font d~ fe~
en signe de tl"ai te i;.) fai l"e".
(.J.
MO'Jsnier,
1957 : 80>.
(78)
SMITH,
Guillaume:
1751. NouvealJ voYage de G'Jinée, Tl"adlJit de
l'anglais. Chez Durand et Pissot,
Paris,
1ère Partie.
(79)
GNOPRU LEBRE,
Kwati
(S~bré), le 10 décembre 1976.
(80)
a/
GODOT, Jean.
1704 : 103. Les de~x je~nes Francais,
l'~n de
Paris et
l'a~tre
de St. Malo qui en 1701 avaient déjà
fait un
séJo~r
de
sept
ans
au
pays
des
Ess~ma
"parlaient la langye comme les originaires n •
b/ LOVER,
in
ROUSSIER
: 1935 : 158.
(81)
DELAFOSSE,
Maurice
: 1893 (p.416).
"Les Agni
(PAI-PRI-BRI)",
L'AnthropoloQie IV.
Une
condition
q~i
facilite
le
commerce est
l'aptit~de
des
Agni
i;.)
assimiler
les
lang~es étrangères. To~s, a~ moins s~r la côte, pal"lent
o~tre le~r
propre
lang~e,
le
CrolJ
o~ le Grebo ; et
bea~coup parlent
le
bousman.
En outre, Neyo,
Avikam,
Essuma et
Nzema
parlent co~ramment un mauvais anglais
et ~e, depuis le XVIIe siè~le .

827
CHAPITRE IV
SECTION
II
\\
(1)
DIGRE
OHOU,
Okududj@,
80 ans environ
<Abev@,
Agboville>
le 21
avril 1975.
(2)
VAPI
NTE,
patrilignage
H~doko,
89
ans
environ,
Agwahin
<Horieru, Agboville),
le 20 juillet 1973.
(3)
a)
OLLONE
<Hission Hostains d'),
1901
: Bien qu'ils soient peu
nombreux, d'après l'auteur,
les esclaves sont attestés,
avec les
modalités du commerce qui les produit
(p.a5),
attestés aussi
leurs
origines
et
leur statut social
(p. aO-81> •
b)
CLOZEL,
F.J.
et
VILLAHUR,
1902
op.
cit.
Livre IV,
Chapitre II,
Richard
<Lt)
"Coutumes des Kroumen du
Cavally"
<recueillies
par Richard et présentées par le
Capitaine POURCHOT), p.
507-531.
c )
REPIQUET,
Jules
1903.
Le
Bas
Cavally
franc~ais
i
renseignements coloniaux,
Supplément
au
BIJlletin
dlJ
Conlitti de l'Ah-igue fl"~TJ(;aise de Novenlbl"e, nO 11
(p. 27'7-
292) .
d)
CRUDELI,
.Joseph
<Dr.>,
191'~ : Colonie de la Côte ~'Ivoil"e.
Çel"cle dlJ
Bas
Cavally.
:i!!:!
point ~ vqe politig'Je et
écononligue, !::!.§.
et
::.gySIJ!l!?_~'
Imprimerie
PalJl Duporrt ,
Paris.
Au chapitre IV
:
Renseignements ethnoQraphigues,
l'auteur examine l'his-
toire locale
de l'esclavage,
les sources des esclaves,
le sort
présumé
des captifs de guerre qui ne sont pas
tombés en
esclavage et nie catégoriquement la thèse de
l'esclavage accepté parce qU'amène (p.76-78).
(4)
VAN
CASSEL,
C.
1901:
"La Haute Côte d'Ivoire occidentale".
Extl"ai t
du
BIJlleti n
dlJ
HIJsélJnl
d' Histoi l"e natIJN~lle.
Paris. L'auteur
estime ~ environ 20.000 prisonniers de
Samory tombés en escl~vage dans les sociétés lignagères
de la
région
de
Touba
et
d e · Han
<Ch.7,
l'anthropophagie);
ils
entraient comme biens dans la
1~~~.~1~.JtII1••,_Pl'''_ri.o''i.al.-.1·4dl~t·~_')
. •C''"~~ilfd._
amendes Judiciaires
<ch.
12).
Bien
que
les
femmes
pussent connaître
une
certaine
rédemption
gr~ce
au
mariage avec
des
libres,
la
condition
générale des
esclaves étaient peu enviable.
"La co nd'i tion
des
,.:apti fs
est
aggravée
,::hez
les
peuplades anthropophages
ils
sont
toujours
des
~mployés que le maître nourrit et protège,
les traitant
plus ou
moins
bien,
suivant son caractère,
mais sont,
en outre,
menacés
d'une
mort
prématurée 'autant que
barbare
quand les cultures sont finies,
~ l'occasion

828
d'une
f@te,
il n:est pas rare de le~ décimer, pour que
leur chair
serve
aux
repas
donnés en l'honne4r d'un
mort ou
d'une
victoire.
Nous
avons remarqué\\~e les
captifs changeaient
plus
souvent
de
maître
dans la
for@t que dans les pays du Nord i
les échanges dont ils
sont l'objet
pour
des
fusils,
des
bestiaux
ou des
pagnes, paraissent
tr~s fréquents
(ch.l0>",
Le manioc
est leul~
nourriture
habituelle,
alors que les hommes
libres préf~rent
le
riz et la banane,
le manioc étant
le recours en cas de disette (ch.
5>,
(5)
TERRAY,
Enlmanl.Jel.
1969
L' ol~9anis.;}tion so,:iale des Dida de
Côte d' Ivoi l~e,
p. 279-280.
Les esclaves font pal~tie de
la société à
l'Est comme à
l'Ouest du pays Dida.
(6).
Enqu@te~ à
Duzaroko
le
2
AoQt
1973 aupr~s de Bosse Tchimu
Joseph,
chef
de village, Api Anze et Gbogbru Okobe i
à
Penda le
3 Août 1973 auprès de Georges Sokora (lignage
Ebelebo>. Prosper
Badia Bessi
(lignage Semini>, Joseph

Amatcha Zogru
(lignage
Semini>,
chef
de
village et
Isaac Lowe Toto
(lignage Eladebo>.
(7)
SCHWARTZ, A.
1971
: Ch.
III,
B,
144.
(8)
al
DREVFUS,
Camille, 1898 : a la Côte d'Ivoire, six mois
dans l'Attié 1Yn Transvaal français>, Société française
d'Editions d'Art,
Pal~is.
L'auteur évoque les esclaves
sous les
termes ambigus de captifs et de boys ~ propos
de la
main-d'oeuvre
des
mines
(p.181
et
187,
par
exemple>,
du
portage
(p.167> et des sacrifices humains
(p.124,
162, 163).
bl
CROSSON,
Capitaine
de
génie,
membre
de
la Mission
Houdaille,
1898 : "L'ethnographie de la Côte d'Ivoire",
Renseignements coloniaux
nOl0,
Supplément au Bulletin
~ Comité
~
l'Afrique
Française
de
1898. L'auteur
signale l'existence des esclaves en analysant la compo-
sition de
la
so,:iété
attié,
(p.112> et en signalant
l'existeTlce de
sacl~ifi':es humaa ns ,
(p.117 et 118> tant
chez les Attié que chez les Hbato.
~,~",,,,,••••,.,.,."~> '~"., ,.~'I.IJI!._l_~
e.l.Jlletins' et';' H~'ft\\blres de i.;) So,:iété d' Anth'ropoio~ie'dè"""',' ' , ' - ,,' '
Paris,
Séance du 7 décembre i P.399 - 413.
(9)
NIANGORAN-BOUAH,
Geol~ges,
1965
Les
AboUl~él
Y.!J.g,
50': iété
Laql.JTI;'!lire de
Côte
d' Ivoil~e,
f~nnales
de l'Université
d'Abidjan,
Lettres
et
Sciences
Humaines
1,
Centre
d'Edition et
de
Diffusion
africaines,
Abidjan,
p.37-
171. Le
chapitre III,
dans la II~me Partie comp~rte un
pal~agl~J;,lp.he sl.Jr
l' es,:lave : K;:.}h~.D. (p. 79-80>.
"Est Kahan
toute personne
achetée...
~n
rencontre
rarement
d'esclaves de
sexe
masculin,
les Abouré n'achetaient
que des
jeunes
femmes,
d~ns
le seul but d'accroître
1el.Jl~ de s':: endaTI'':E'.','" ,

829
(10)
VEROEAUX,
Fr~ncois,
1981
L'~ïzi
pluriel. Chronique d'une
éthnie l,9unêire
ge
Côte
9'Ivoire.
Thèse
pour
le
Doctor~t de 3è cycle, Ecole des H~utes Etudes. Sc~ences
Soci~les, P~ris, Ch~pitre l, Section 4
<.57>.
(11)
~I
POBEGUIN,
Ch~rles
Henri,
1897 : Notes sur les lagunes de
Grand-Lahou,
de
Fresco
et
les
rivières
B~nd~m~
et
Yocoboué,
Bulletin
de
l~
Société de Géogr~phie, VIIè
série,
Tome XVIII,
Société de Géogr~phie, P~ris.
Sont précisés
les routes du commerce d'escl~ves (113),
le mode
d'acquisition
de
ces
derniers
("leé
trois
quarts des
march~ndises
vendues ou éch~ngées, surtout
le gin,
sont
consommées
dans
le
pays
; une faible
partie v~
dans
l'intérieur
et
sert
génér~lement
~
acheter de
la
poterie,
des
p~gnes
indigènes
et
principalement des
femmes
ou
de
jeunes esclaves qui
viennent grossir
l~
f~mille
du
propriét~ire et lui
f~ire des
tr~v~illelJl"'s"> (p.116).
Le rôle des es,:l~ves
d~ns l~
production
<p.l1S),
"dans
l~
tr~nsformation
génétique de
l'ethnie
~vik~m, voire ~ll~di~n (p.117>,
d~ns les r~glements des conflits judiciaires (p.118)
et
leur place dans la mort
(p.119>.
bl POBEGUIN,
Ch~rles Henri,
1898 : 'Notes sur la Côte d'Ivoire,
région comprise
depuis
Gr~nd-Lahou
jusqu'au
Cav~lly
(RépubliqlJe de Libél~i~), e.IJlletin de la Société de ~éo­
graPhie, VIlè
Série,
Tome XIX,
Société de Géogr~phie,
P~ris, p.328-334.
L'escl~vage
est repéré aux vill~ges
Godiê de D~guire et Buico.
.:1 CLOZEL F. J. e.t VILLAMUR Roger,
1902 : Les coutumes indigènes
de'l~ Côte d'Ivoire, Augustin Challamel, Editeur, P~ris,
Livre III,
Chapitre
III
: N.Ribes Coutumes des Brigans
(cercle de Lahou>, p.451-478.
dl GUIGNARD,
Lieutenant,
1904:
R~pport sur l~ c~ptivité d~ns
le cercle de L~hou. Archives N~tionales Rue des Francs-
Bourgeois, P~ris,
Fonds
~ncien
de
l'AOF,
Salle
Microfilms série
K -
Escl~v~ge et trav~il 200 MI 1191-
1195 K 21 Bobine 5.
(13)
DUNGLAS,
E.
1930,
I
8.
(14)
BALU
BUAGNON Maurice, 65 ~ns, Chef de village et TETEHI DIGBEU
Etienne,
Interprête
Dodo
Séri Albert,
Ins~ituteur,
<Daloa)
le, 22 aoGt 1972.
(1~) THOMANN,
Georges,
1903
De
l~ Cste d'Ivoire ~u Soud~n
fr;;lnl~ais, Bulletin
9..!,J.
Comité
de l'Afl"'ique FI~;:.lrI(~".'ti.se.,
Supplémentde janvier,
RenseigneMents
coloniaux
nOl
Chapitre III.
Pays
de Guidêko. Les e~té pauvres p.8 :
-N'ayant aucune industrie,i9noran~ les produits de leur

830
sol susceptibles
d'être
l'objet
d'un
commerce,
ils
n'~v~ient ~v~nt
de commencer ~ récolter le c~outchouc,
~ucune ~utre
ressource
pour
se procurer les ~rticles
européens dont
ils ont ~bsolument besoin,
l~ poudre et
les fusils,
que
le
tr~fic
des
esclaves.
Pour
se
procurer des
c~ptifs
ils ét~ient obligés de'guerroyer
erltl~e elJN,
OIJ
de
s~isil" d~rls lelJl" pr-opr-e f~i\\li\\lle les
individus qu'ils ne ten~ient p~s ~ conserver, les femmes
infidèles, les jeunes
gens
turbulents,
etc.
Souvent,
chose encore
plus
~bominable,
ils
vend~ient
les
vieill~rds sous
prétexte
que
ces
derniers n'~v~ient
plus que
peu
de temps ~ vivre. Enfin on ~ même vu, et
je suis
cert~in
de
l~
sincérité
des
témoign~ges
recueillis,
des
Bêté couverts de dettes et const~mment
tr~c~ssés p~r
leur
cré~ncier,se
remettre
entre
ses
m~ins en
lui
dis~nt de les vendre pour se dédomm~ger.
Qu~nd un indigèn~ est réduit ~ cette pénible extrémité,
il ~rrive
souvent
que
s~
mère ou son vieuN père lui
disent:
«je
suis ~gé,
le terme de mon existence est
proche,
vends-moi
pour t'~ffranchir, 'il f~ut mieux que
toi qui es jeune,
tu restes dans le pays».
Il
ne
f~ut
pas
s'étonner,
outre 'mesure, de cette
résignation ou
même
de
cette
indifférence
pour
l'esclav~ge qui
pousse,
quelquefois,
les individus de
cette r~ce qui ont perdu leur récolte ou leurs armes en
jou~nt ~vec
des
cam~r~des
~u Jeu des c~uries ~ Jouer
leur propre
personne
et
leur
liberté
contre
l~
restitution de leurs biens".
(16)
LAMBLIN,
AUBIN
et G.
THOMANN,
1902,
in Les coutumes indigènes
de Côte d'Ivoire par CLOZEL et VILLAMUR.
(17)
NGESSAN
AVIT,
KOKU
BAWA,
GNAKPO GRAH,
tous trois du lign~ge
LokPo,
Lipoyo, groupe Gbokrê,
le 27 ~vril 1977.
(18)
ZEGBEHI
IGBO
Joseph,
83
ans environ,
p~trilign~ge KopegOhe,
~rl,.:ien combattant
,.::l~sse
1916,
rllJnlél"O nlatl~i''::I.Jle 6832,
Gb~w~, B~légühê, le 21 m~i 1977.
(19)
KIPRE
BLABO
Alexis,
80
ans,
p~trilignage Gn~horewa, ancien
combatt~nt, 1915-1934, Adjud~nt, numêro m~tricule 55174
i
Gbobwo-Zabwo,
le 19 m~i 1978 .

'._l1Ii!Af~~~~l~ft_.
.""'.JMft"'W'.""''*••
(20)
ZADI
LIBI,
p~trilign~ge
Gokuyonru~,
KUGNON
I_
TCHETCHE,' ,"
patrilign~ge
Lid~bwo,
tous
deux
83
~ns
environ,
Gbekeyo,
Guia
(G~gnoa), le 13 novembre 1975.
(21)
GNAHOA
UGEHI,
87
~ns
environ,
patrilignage Brek~Yo DAKOYO
(~ppelé
~ujourd'hui
Seriyo).
Gb~lebwo (Gagno~), le 23
.iI.J i 11 et 197 5 .

831
(22) BALU
ZIKI,
86
ans
environ,
chef de canton, Okruyo,Z~kobwo
(S'Jbr'e),
le 11 décenlbre 1976.
(23) OWRI
BUGI,
Henri,
67 ans environ,
Bazia,
Vekoa,
Issia,
le 27
juillet 1973.
(24)
DODO
ZAHURU,
85
ans
enviroTI,
patrilignage
DibriQUhe,
Korekiprea, BogUhe (Issia>,
le 31 juillet 1973.
(25) GAOU
DABO,
SATCHI
GUEDE,
SERIAM KPANE Jean,
61 ans environ,
tous trois du patrilignage UPOVO,
Upoyo; Kagnanan,
le 11
dé•.::enlbre 1976.
(26) BADA
MADU,
Bernard,
66.
ans
environ, patrilignage Gnapoewa,
Kpakozoa,
Gbalewa (Subre),
le 22 novembre 1976.
(27) DAGRO,
Maurice,
60
ans, patrilignage GU9wa,
chef de "tribu",
LAGO KOFFI
Etienne,
68
ans
environ,
patrilignage
Kreboyo, chef
de
Quartier, Grand-Zatry, Zatroa,
Gbobwo
(Subre),
le 14· décembre 1976.
(28)
a/
TAUXIER,
L.,
1924'
Nègres Gouro et Gagou,
Librairie
Orientaliste Paul Geuthner, Paris, pp.194 - 240.
b/
MEILLASSOUX,
Cl.,
1964
Anthr'opol09ie Economig'Je des
Gouro de Côte d'Ivoire, Mouton, Paris, La Haye, Ch.VIII.
(29) NEHI
MONGO,
patrilignag~
Koffinwe,
Tchegba (Umé) ,
le 6 aoGt
1978.
(30) NGESSAN Barthélémy, 65 ans environ,
patrilignage Vanda, chef de
village, LA LE
KPLE Albert, 69 ans environ, patrilignage
Babonuin, Sakahuo (Umé) ,
le 7 aoGt 1978.
(31) MALINOWSKI,
B,
1980
Trois
essais
~ la vie sociale des
Primitifs, Petite
Bibliothèque
Payot,
106
Boulevard
Saint-Germain, 75006 PARIS,
pp. 40-43.
"Les prescriptions
de
la
loi diffèrent de toutes les
autres en
ce
Qu'elles
sont ressenties et considérées
. ·1lIilIIlIIlliiI.o'l····"·_. . . .··.'~~~~·~revendic'!l-
..tAi4!t.t.IMWJ"Gm~~~f\\1tpt~f·0ieÜr"·
,"",>' 'i1J,,;ti;.tIjill~'
sanction,
non
de
simples mobiles psychologiques,
mais
d'un mécanisme
social
défini,
possédant un pouvoir de
contrainte, reposant,
ainsi
que
nous le savons déjà,
sur le
principe de la dépendance réciproque,
stipulant
l'équivalence des
services
réciproques et établissant
entre les
différentes
réciprocités
des
rapports aux
combinaisons multiples".
"Il résulte
de
tout ce que nous venons de dire que la
législation primitive
ne
se compose pas uniquement ou
principalement d'injonctions
d'ordre
négatif
et
que
toute~ les
lois
des
primitifs
ne
sont pas des lois
péT!ales -.

832
"Les lois"civiles",
les lois positives,
qui gouvernent
toutes les
ph~ses de l~- vie tl~ib~le, se composent donc
d' IJn ensemble
d'obligations
impérieuses,
consiv::lél"ées
comme des
droits p~r une partie,
comme des,devoirs p~r
l'~utre, m~intenues
en vigueur p~r un méc~nisme spéci-
fique de
réciprocité
et
de
publicité,
inhérent à
l~
structure même
de
l~ société. Ces prescriptions de l~
loi civile
possèdent
une
cert~ine él~sticité et leur
~pplic~tion comporte
une
cert~ine
l~titude.
Elle ne
punissent p~s
seulement
les
m~nquements ~ux devoirs,
m~is ~ccordent
aussi
des
récompenses à ceux qui s'en
~cquittent ~u-delà des limites prescrites. Leur effic~­
cit~ ~
s~
source
d~ns l'~ppr~ci~tion r~tionnelle des
c~uses et
effets
p~r les indigènes,
~insi que d~ns un
cert~in nombre
de
sentiments
personnels et soci~ux :
~mbition,
v~nit~,
orgueil,
désir de se f~ire v~loir en
ét~l~nt ses
mérites,
et ~ussi ~tt~chement, ~mitié, dé-
vouement et loy~uté envers les parents".
"L~ lég~lité
représente
plutôt
un
~spect
de l~ vie
trib~le, un
des
côtés
de
s~
structure,
et
non un
,ensemble de
dispositions
indépend~ntes,
un méc~nisme
soci~l exist~nt pour lui-même".
(32)
CLOZEL,' F ..Jo,
VILLAMUR, R.,
1902 : LesCo'JtlJnles indigènes de l~
~ d'Ivoi re,
A'JglJsti n Ch~ll~mel,
Edi telJl" , F'~l"is.
(33) EYSSERIC,
.J.,
1899 : R~pport §.!:!.!:. sns mission s,~ientifiglJe !A 1.;:,
Côte d'Ivoil"e,
Inlprinlel"ie N;ntion~le, F'~ris, p.85.
(34)
RUA
BADU,
69
~ns
enviroT',
p;ntrilign~ge
Zuzw;nm~,
ancien
comb;ntt~nt cl~sse 1927, C;npor~l, m;ntricule 20 839
ZADI SERI,
59 ~ns, p~trilign;nge Gb~dJid;n ;
ZOZO LOGBO,
59
~ns,
p;ntrilign;nge
Dre9ro~,
Pitizo~,
L~zo~
(Subre),
le 24 novembre 1976.
35) ORSO
DECI
(P~steur),
p~trilign~ge
Orosowodjè,
Cechi
(groupe
Tchoffo),
Agboville le 3 ~vril 1975.
(38)
TAUXIER,
L.,
1924
137.
(39)
TAUXIER,
L.,
1924
198.
(40)
ORSO DECI,
cf.
35.
(41)
MEMEL-FOTE,
Har-r-t s ,
1980 : Le système e.9.l..itiQ'Je r.:l~ ~_odJQ.!::!kI"OIJ,
Présence Afl"ic~ine -
NEA, p.
246.
,

833
(42)
GNAHOA
UGEHI,
87 ~ns, p~trilign~ge Brek~vo, Seriyo
(~ncienne
~ppell~tion D~koyo),
Gb~lebwo
(G~gno~), le 23 J~~llet
1975.
(43)
RUA BADU, ZAOI SERI,
ZOZO.LOGBO. cf. 34.
(44)
GBANBU-BI-ASSALE, 85 ~ns environ, p~trilign~ge Sukut~, Ougb~fla
(Um~), le 04 ~oOt 1978.
(45)
KWAO
e.OTCHI,
95
~ns
environ,
petrilign~ge
Betchiedi,
G'Jessiguie,
Khos
(Agboville) ,
le 21 ~vril 1975.
(46)
GONWU
BLEGNON,
"76
~ns
environ,
p~trilign~ge GodekP~, Urep~
(G~gno~), le 16 septembre 1978.
(47)
BOTE
TEHüELE,
80
~ns
environ,
p~trilign~ge Lessiri,
chef de
vill~ge, Lessiri
l,
YAKOLO
<Subre),
le
25 novembre
1976.
(48)
TAUXIER, L.,
1924
: 160, 198, 246.
(49)
TAUXIER, L.,
1924
173, 253.
(50)
CALLE,
Bertr~nd,
62
ans
environ,
chef
de
village,
BRO LOWRI, 80 ~ns environ,
Kibwo
(O~lo~), le 05 septembre 1972.
(51)
TAUXIER, L.,
1924 : 137, 198.
(52)
GONWU BLEGNON, cf. 46.
(53)
0000 ZAHURU, 85 ans environ,
p~trilignage OibrigUhe, . Korekipra,
BogUhe <Issia),
le 31
Juillet 1973.
(54)
THOHANN,
G.,
1901
A
l~ Cste d'Ivoire,
La S~ss~ndr~",
in
Renseignenlents co Lon i aux et dO':IJRlents,
n06, e.IJlletin dlJ
Comité de l'AfriqlJe Fr;;mc~ise.
"Un homme
de
Bokr~ ét~it ~llé au Godiéco pour acheter
un esclave ~ l~ tribu de Groguédounion.
Les indig~nes
de
cette tribu n'av~ient aucun captif ~
~,~,- _."~.:.1,,:,~ -·4:.~~~~~;';'~:l·';~:~;~~ ..~::t.tf.~.~:;~~;i~4J' ~~"f$~.
...
garantle un
Jeune enf~nt nommé Koudou, qUl deva't~tre
.
libéré d~s que l'escl~ve ser~it remis ~ l'~cheteur. Les
~nnées se
p~ssèrent,
Koudou
gr~ndit,
se
m~ri~
~
Sass~ndra et
qu~nd,
trop
t~rd,
ses
compatriotes le
rachet~renten
~Men~nt
l'esclave
qu'ils dev~ient, il
refusa de les suivre et rest~ d~ns le p~ys de Bokr~. Ce
fut lui
qui
fond~
la
tribu
de
Koudouyo
ou
Gro9uédounion,
~
l~quelle epp~rtient Z~go, chef ~ctuel
du pays.
On donne
encore
~
cette
~~mille le nom de Grounioua
(hommes dlJ
m~r~is).
Cela tient ~ ce qu'un indi9~ne de
Koudouyo,
ét~nt
allé
~ la chasse,
s'embourba d~ns les

834
.~r~is
et fut obligé pour sauver sa vie de grimper sur
le haut
d'un
palmier et d'yr~5ter Jusqu'~ ce que des
gens de Sassandra vinssent lui pr@ter secoursl Ceux qui
le tr'oIJvèr'ent
dans ,.:ette position l'idi,.:ule dOhn'èl"ent à
la famille le surnom de ~rounioualf. p.
131.
(55)
ZUNON GNOBO, J.,
1978
"Pouvoir politique traditionnel en p~ys
bété",
in
GOOO-GOOO,
Bulletin de l'I.H.A.A.A.
n03,
p.
116.
(56)
~.AZIN,
J.,
TERRAY,
E.,
1982 : f.~IJerl"es de lignages et I.JIJerres
d' ét~ts !Ut
AfriQ'Je,
Edi tiofls
des
Al',.:hives
Contemporaines,
Avant-propos.
(57)
~EHEL-FOTE, Harris,
1980, Ch.
VIII.
(98)
MEILLASSOUX, Cl.
1964, Ch.
IX.
(59)
MEILLASSOUX, Cl.
1964, Ch.
IX.
(60)
MEHEL-FOTE,
Harris,
1980, Ch. VIII.
(61)
DOZON,
J.-P.,
1985: La Société ~ _ Côte d'Ivoire,
ORSTOH-
KARTHALA,
Paris, p.
190.
(62)
GNAHOA UGEHI, cf.
21,
le 9 août 1973.
(63)
BOTE TEHüELE, cf. 46,
le 5 décembre 1976.
(64)
0000 ZAHURU cf.
53.
(65)
Archives Nationales de Côte d'Ivoire,
Série S. Sous-Série 12 S,
XIII- 46
37/244,
Rapport n0365 du 30 août 1908, du
chef de
poste de Béréby à Monsieur l'Administrateur du
Cercle du Cavally (ancienne CSte/Série S)
: Rapport sur
l'escl~vage de la région de Béréby.
If • • • La
seule
or1g1ne
des
esclaves
paraît
@tre
la
guerre. Dans
les
luttes
auxquelles
s~
livraient
~utrefois les
tribus,
tous
les
prisonniers adultes,
ho~mes ou
femmes,
étaient
réduits
en captivité. Les
~."..''''''''~,'
~--~'..,~
i%\\~~~".C.!&E.a,.tld~~r,:e.
,,~.
';'e
'.:
de
..,.v.en,
.. ~..,. i.e.n. t..
.p.~s." .. ~s.'': 1aves.
; . i l.s.
S' .....•.
,
"
. .
,,'., 'traité~~~~':~'~~~~;~~~\\~~~fi~';~"-"~'
et pouvaient
plus
tard
se
marier
librement.
Au
contraire,
les
adultes ne pouvaient de leur vie sortir
de l'esclavage ni se marier qu'entre captifs.
Leurs m~îtres ne conservaient auprès d'eux que ceux qui
accept~ient leur
nouvelle
condition
et
sembl~ient
devoir devenir
de
bons
tr~v~illeurs. Tous les autres
étaient emMenés
dans
un
pays
voisins o~ ils étaient
vendus. Les
acquéreurs
opéraient
~
leur
tour
une

835
séle,=tion
et
allaient
vendre
plus
loin les captifs
qu ' ils ne
voulaient pas garder ~ ieur service. L~ prix
or'dinaire d'un
esclave
était de deux ou trois fu~ils,
un bar'i 1
de
poudre,
quelques
pièces
d'étoffe,
une
caisse de gin et du tabac".
(66)
OLI BETO, 60 ans,
patrilignage Zoreayo,
et OSSUM Jean,
65 ans,
ancien militaire
classe
1931,
numéro matricule 57457,
Koziayo l,
groupe
Mayo,
Dakuya
(Subre),
le 4 décembre
1975.
(67)
THOMANN,
G.,
1905 : Essai de nlarluel de la larl91Je néo'Jlé pal"lée
dans la
Partie o,=,=identale de la Côte d'Ivoi r'e,
Ernest
Leroux,
Editeur,
Paris,
p.172.
"Les prisonniers
faits
jadis
dans
les guerres entre
tl"iblJS neya'J n'étaient pas réd'Jits er. esclavage ; s'ils
n'étaient pas tués par vengeance on les rendait ~ leurs
parents contre
rancon
ou
en
échange
d'autres
i nd rv t dus " .
(68)
NANA
BAHI Joseph,
56 ans environ,
patrilignage Brizebwa, ZOGBO
ZUZUKO, 65
ans
environ,
patrilignage Zegbra,
chef du
village,
Brizebwa,
le 22 mai 1977.
(69)
GNAHOA
UGEHI,
cf. 62,
le 2 août 1973.
(70)
GNAHOA
UGEHI,
cf. 62,
le 2 août 1973.
(71)
THOMANN, G.,
1901, Ch.
VII,
pp.142 -
143.
(72)
KWADJO BABA, Henri, 69 ans,
patrilignage GadalQ i
GNOPRU LIBRE,
Gabriel,
68 ans,
patrilignage Gneprebwo,
Kwati
Kwadia (Subre),
le 10 décembre 1976.
(73)
THOMANN,
G.,
1903 et 1907.
(74)
AKA
SIE
Salomon,
classe d'~ge Bodjl, matrilignage des Don9ba-
la, Mopoyen, gl"OIJpe Bobor (Dab'J),
le 12 jlJillet 1973.
(75)
GHUOE KREAHI Jean, 65 ans i
~9 ·I(PAq.! Lambe~tf" 6Q_ arls , Kpada (Gu i bwo) , SIJbl"e.
(76)
ESSO
LA~MB~~, "NdjrOnlan, matrilignage des ~~:~~~t:"'~~~~(;:~"',<i~~'<••n"~*1
groupe Bobor
(Dabu),
le 1 mai 1983.

8~56
CHAPITRE
IV
SECTION
III
...
(1)
TERRAY,
E.,
1982
"Réflexions sur la formation du prix des
esclaves ~
l'intérieur
de
l'Afrique
de
l'Ouest
précolonial",
.JolJrnal
des Afr'i-.:anistes,
Tonie 52,
fasc.
1 -
2,
Paris,
p.119.
(2)
LANGLE,
Fleuriot
de,
1868
Croisières ~ la Côte d'Afrique,
in Le !.f!Y.r.. dlJ Monde,
Ct"..
XV III.
CHAPITRE
IV
SECTION
IV
(1)
Archives
de
la
Sous-Préfecture
de Daloa -
Documents -
Carte
semi-régulière,
A.O.F.,
B.29
XVIIIe
Côte
d'Ivoire
1/200.000 -
Références
Points astronomiques de Mr.
Fauchon,
Capitaine
1924.
Dressée
par
le
Service
Géographique de
l'A.~
~ Dakar sous la direction du
Commandant Martoflfle,
2e t i ''';.:Ige prov i so i re 1927.
(2)
THOMANN,
G.,
1905 : 501.
(3)
Mission THOMANN -
Bassin du Sassandra,
Supplément au Bulletin du
Conli té 9.!t l'Afl"ig'Je FI"af,cai se ,
nO d' aVI"i 1 1903.
(4)
Archives Nationales Franc~ises, Rue des Francs-Bourgeois, Paris -
Côte d'Ivoire -
Dossier 22 G.12 -
Microfilm 200 M 1107 -
Recensement 1904.
(5)
AUGE, M.,
Archives manuscrites.
(6)
KAKU
ECHIGBAN
Louis,
92
ans,
matrilignage:
Gbongbro Gbata, .
Emkwa,
Jacqueville,
le 12 j;.:lnvier 1976.
lIlIi.~i.""'I.jUjS__.~·..neien<eOthbe""_••I.l.,.t.I.~~œ:.li'#I~iP~*,., .
8 septembre 1972.
(8)
Il
Y
a
en
effet un décalage d'une année entre l'initiation ~
Dibrm et
~
Bobor.
Aujourd'hui
encore
lorsqu'une
promotion subit
l'initi~tion ~ Dibrm,
son homologue l~
subit une
année
après.
Ce
décalage est une trace de
l'organisation de
la
guerre
~ l'époque précoloniale.
Remal"qlJons qlJe
les lJ1.!?'.Jtu ,::te la '.:onfédé,"ation de e'ObOI~
q'Ji habi teflt
dans
l'Est
du
pays,
en,::lavés pa'~mi les
Dibrm accomplissent
leur
initiation en même temps que
les Dibl"m.

837
CHAPITRE
V
SECTION
1
...
(1)
~I
MEMEL-FOTE,
H~rris,
1985 :
"A propos de l'escl~v~ge sur l~
Côte Ivoirienne
du
XVe
~IJ XVIIe siècle",
.JoIJ1~n~l dE".:1t
Africanistes,
55 (1 -
2), pp.
247 -
260.
bl
MEMEL-FOTE,
Harris,
1986
"L'escl~v~ge
sur
l~
CSte
ivoirienne du XVe au XVIIe siècle : f~its et problèmes"
(à paraître> .
(2)
DJAMAN ATCHO, m~trilignage
VeY~ne-l~,
AVO
DJEDJ, matrilignage AYebl-l~, tous deux de la cl~sse d'Sge
des obodJlu, AklodJ-B,
le 24 février 1977.
(3)'
D'ELBEE,
1669
: Journ~l de voy~ge ~ux Isles, d~ns l~ Coste de
Guynée,
in
Relation
p~r
J. de Clodore, Tome l,
chez Clouzier,
P~ris
Microfiche
114
11
(2,46)
Bibliothèque N~tion~le P~ris, p. 367.
(4)
LOVER,
in ROUSSIER,
1935 : 179.
( 5)
YAPI
NTE,
p~trili9n~ge
Mudoko,
89
~ns
environ,
Agw~hin
(Moriêru, Agboville> ,
le 20 Juillet 1973.
(6)
LORUGNON LOGBO, chef du vill~ge,
YOGBAHI Gaston,
sa
ans
environ,
Zebr~, Logb~loan (Dalo~>, le
1er septembre 1972.
(7)
RODNEY,
W~lter,
1966
"Afric~n
Sl~very and other forms of
soci~l oppression
on
the
upper
guinea
Coast in the
context of
the
atl~ntic sl~ve -
Tr~de",
in ~ourn~l of
African History, VII, 3, pp. 431'- 443.
(8)
LOVER,
in ROUSSIER,
1935
204
209.
(9)
DAMON,
in ROUSSIER,
1935
77.
(10)
LOVER,
in ROUSSIER,
1935
225.
"_itlJOYEiR .'i;1\\i?RtYS:iI.IIU• • • ·'.IB..tl. . . . . . ", ;,: , ",', ".""
.~~,;t!'. . . ._~,~lI..~.~_'1I}\\~
BOUET, A.,
1949
38 i
LARTIGUE,
1851: 340 -
372.
(12) HOlAS,
~.. ,
1980
Tr~ditions Kl~OIJ, Fel~n~nd N~th~n, septième
p ar r t e ,
p. 372.
(13) lOVER,
in ROUSSIER,
1935
225 -
226.
,"

838
(14)
~I LARTIGUE,
1851
: 340 ;
\\
bl PAULME,
Denise,
.
l
d
\\ .
- 1960
"Le
guerrIer,
sa
p ace
ans
une
pensee
~fri,=~ine,
hier' .et alJ .iour-d ' hlJi ",
in .JoIJ,"na l de
Psychologie norm~le
et
Pathologique,
n03,
P~ris, Juillet -Septembre.
- 1962
~
société
de
Côte
d'Ivoire
hier
et
~IJjolJl"d' hlJi .:.. les e.été,
,=h~pitre VII.
cl HOLAS, B., 1980 : 371.
(15)
MEMEL-FOTE, H~rris,
1980 : 355.
(16)
PAULME, Denise, 1960;
1962
kf.
14).
(17} HEGEL,
G.
W.
F.,
1970
Lecons
~
la
philosoPhie
d~
l'histoire, tr~duit
p~r
J.
Gibelin,

édition, 2è
tir~ge, Libr~irie J.Vrin,
Paris:
Introduction.
(18) ~I
MAERTENS,
j .
Th,
1979: RitoloQig'Jes 2. ::. Le jelJ dlJ n,o,..t,
Aubier Mont~igne, Paris,
pp. 20 -
26 ;
bl VILLENEUVE,
R.,
1979: Les cannib~les, Collection en m~rge
de l'histoire, Pygmalion, P~ris.
(19)
~I
CUOQ,
Joseph
M.,
1975
Recueil
des
sources
~rabes
concern~nt l'Afrigue
Occidentale
du
VIlle
~
XVIe
siècle, Editions
du
Centre
N~tional
de l~ Recherche
Scientifique,
15, Qu~i An~tole Francè - 75700, Paris
<MASUDI, p.61
;
AL BAKRI,
p.163
;
IBN SAlO,
p.203 ;
AL DIMASHKI, p.241
j
AL HARRANI, p.249
IBN BATTUTA,
p.313;
IBN
KHALDUN, p.358).
bl SCHWE r NFURTH ,
'';eorges,
1875
AIJ
coelJr
de
l'A fI"" i qlJe
Libr~irie H~chette
et Comp~gnie, P~ris, Ch. XII~ XIII,
Tome II, pp.
15-16 : Les Niams-Niams.
cl A
propos
des
Odjukru
et des Ahizi
(Fi. de LANGLE,
1868,
XVIII
j
BINGER,
1892
: Du Niger ~ Qolfe de Guinée,
H~chette, P~ris,
Tome II,
p.332>, des Akyé <TOMMASINI,
II_ N"b'jwl~914~:~~","~!!.~I:U...aa!lt.. . . . .....
r,:Ttft~~~di"Ant·
• • • •_~W
CASSEL, M.C.,
1901
E:<tl"ait
du
BIJlletir. du MuselJm
d'histoire naturelle,
P~ris,
pp.
10 -
11), des Krumen
<Dr CRUDELI
Joseph,
1914
Cercle
du
Bas-CavallY,
p.76), des

<VIARD, R.,
1934 : Les Guérés
peuple de
t
l~ for@t .:.. Etude d'une sociét~ primitive, pp.
76 - 78).
(20) STADEN,
Hans,
1979
Nus,
féroces et anthropophages ::. 1557,
Editions A.M.
M~t~ilié,
37,
rue Froidevaux, Paris 14e.

839
(21) HOSTAINS-D'OLLONE, 1901
: De ~~ Côte d'Ivoire gy Soudan et ~ l~
Guinee, 3e
édition,
Librairie
H~chette et_Comp~9nie,
Paris.
(22) CRUDELI, J. 1914, p.78 ; VIARO, R,
1934, p.78.
(23) Le
gr~nd
frère
du
C~pit~ine
ZEZE,
vill~ge
L09w~t~,
près
Gbayoto, sous-préfecture
Ur~g~yo, témoigne que d~ns s~
jeunesse un criminel, récidiviste d'adultère, ~ subi ce
supplice.
Il
cri~it
qu'il ne recommencerait plus m~is
gr~ce ne
lui
~
p~s
été
f~ite.
R~pporté p~r l'Abbe
~onif~ce Ziri, Urep~, le 16 septembre 1978.
(24)
TAUXIER,
1924: 137.
(25)
Il
en était ~insi chez les Abouré : "L'infidélité de l~ femme
d'un simple
h~bitant
n'entra~ne
p~s
de
9r~ves
inconvénients pour
elle
: m~is si c'est la femme d'un
chef, elle
est
cousue
d~ns
un
sac
et
Jetée
~ la
rivière"
(BOUET, A.,
1849 : 39).
(26)
Ainsi
procédaient
les
OdJukru,
et
probablement
d'~utres
peuples.
(27)
Pasteur ORSO DECI, Agboville,
le 3 ~vril 1975.
(28)
TAPE
SEON,
chef
de
"tribu",
FALEDIGUE
Bernard,
chef
de
village, ZEZELEKPAHI
Prosper, 80 ~ns environ, G~moni~,
Zobo (Dalo~), le 4 septembre 1972 i
YOW GBEL Bé~trice,
Matrilignage Esso-l~,
cl~sse
d'~ge
des Sêt@, Mopoyem
(Dabu),
le 26 octobre 1978.
(29)
NEHI
MONGO,
p~trilignage
Koffinwé,
Tchègb~, Umé, le 6 ~oGt
1978.
(30)
LOYER,
in ROUSSIER,
1935 : 206.
(31)
Pasteur ORSO DECI, Agboville,
le 3 avril 1975.
(32)
TATCHI
BOSSE, Valua, Zikobwo (Gagnoa),
le 4 décembre 1975.
_~.).C)lf"~~9E)Q-rjt_2im•••I.;.:'-'~ff'.;"<'-~h"'~i~_';'~"i ,,;l~~~~j
(34)
TCHIMU
EKISSI,
p~trilign~ge Ekissi, 95 ans environ,
Gb~ndjê,
Tchoffo, Agboville le 14 ~vril 1975.
(35)
LAGO
ONE
Jacques, 80 ~nsenviron, ZAHIRI SERI Emile, 70 ~ns
environ, LORUGNON
HIBO P~scal, 63 ans environ, chef de
village de
Z~hia,
ZOKUNADJI Bernard, 60 ~ns environ,
Kéibla, Bézébwo
(D~loa), l~ 1er septembre 1972.
(36)
GNAHOA UGEHI, Sél~iyo,
(G~grlo~)
le 12 novembr-e 1975.

840
(37)
TAUXIER,
1924
: 137.
(38)
HOSTAINS-D'OllONE,
1901
\\
(39)
ABOlE
DJONGBA, 81 ans environ,
BEHU EDI,
66 ans environ,
to~s
deux du patrilign~ge Edidjêleu,
Lapo,
(Agboville) ,
le 7
nl'Sli 1976.
(40)
MEMEl-FOTE,
Harr'is,
1980 : 255.
(41)
MEMEl-FOTE,
H'SIrris,
1986 (~ p'Sll"'SIître> .
(42)
lOVER,
in ROUSSIER,
1935
225-227,
(43)
lOYER,
in ROUSSIER,
1935
(44)
'.iODOT Je'Sln,
1704, Tome II, p.287
(45)
KEA,
R'SIY
A.,
1982: SettlenleTlts,
Tl"'SIde,
'SInd F'olities in tl"le
Seventeenth:
Centurv
Gold
CO'Slst,
The Johns Hopkin~
University Press,
Baltimore 'SInd London,
p.74.
(46)
KEA, R'SIY A.,
1982 : 222.
"The merch'Slnts
and brokers of the ports m'Slintained and
active tr'Slde
at
the
ports west of Assini and e'Slst of
the Volta.
Axim
traders,
for example,
traded at Cape
Lahou an
other
towns
on
the
Kwakwa
coast.
Theil"
purchases included
elephants
tails,
ivory,
textiles,
produce, and
redwood
these
items were retailed at
Axim and
other Gold Coast towns,
The Kwakwa goods were
exchanged for
gold,
aggrey
beads,
ardra cloths, 'SInd
European imported
merchandises.
Elmina merch~nts also
traded on
the Kwakwa coast.
According t~ a 1548 report
the y even
traveled
as for as the Grain CO'Slst in order
to buy
~laves.
During
the
sixteenth ans seventeenth
centuries Kwakwa
merchants
maintained
an
important
trade at
C~pe
Appolonia,
Axim,
Cape
three
points,
Shama, Elmina
and
Little
Komenda.
This
tr'Slde
was
conducted between September and May".
~.
..... i7)<;;i'i~·,~~~1?4...,.,19..5..~ , ..: t10nIJnle~lta .Missional"ia. Afl"i'~an'Sl'... V.O.l.'JAle II..1....
-:tJli4IMI!l~~V'i'~~~- ..1~
,.........i~.~~a~eo.~?4~)~~p.~,;~~
... ...'
. '
les gens
qUl'
habl tent
depl.Ji 51.-' . . . . .
. ' . l·..~~..'t~,,!,:if"'-",1
jusqu'aux environs d'AxiAl n'acceptent p'SlS d'~toffes
et
n'ont pas
d'or,
mais ils ont be'Slucoup d'ivoire qu'ils
donnent pour
des m~nilles, des perles de porcelaine a
quequa e
creio
que
pOl"
couril
et je sais de f'Slcon
certaine qu'on en importe be'Slucoup,
parce qu'il y 'SI de
l'ivoire en
si
grande
abond'Slnce
et si bon Al'Slrché e
m~is comprando
0
avec
les choses que j'ai dites,
et
avec 0
aparelho qu'on emporte sur le petit bateau pour
pénétrer dans
les
rivières
qui
coulent
~ans cette
région;
il
Y ~ l~ ~ne population qui est notre amie

841
et
q~i
par
elle-même
est
p~cifiq~e
ils
ont
l'habit~de de se rendre ~ Axim comme je les ai v~s moi-
nl@nle pOIJr
vendl"e
1elJl"
i va il"e
et
d' alJtl"es
pet i tes
choses, comme
des
peaux de lézards et des vandas q~i
sont des
bandes de coton d'~n o~ de~x empans, que les
nat~rels et
les
blancs
le~r
achètent,
les nat~rels
po~r se
vêtir,
et
les
blancs
po~r les revendre a~
moment opport~n.
Les
nègres
mettent
les
pea~x nos
cabos de
le~rs
punhaes,
et
sur les sagaies,
sur la
partie par laquelle on les tient pour les lancer ;
ils
apportent ~ncore des esclaves ~ vendre et ceux-ci sont
d'ordinaire très bons". (p.93).
(48)
DAPPER,
O"
1686
Description
de
l'Afrigue,
p.277 -
Les
al",.::hives de
l' O.W. I.C.
(Cie
Néel".
des
Indes
0,.::,.::.)
signalent des
mo~vements
de
bateaux
négriers sur la
''::ôte Kwakwa
(O,.::t.
1646) et ~ Assi ni
(.Janv.
1647). Vi f
Da91"e9isters zsn
,",et
kasteel
SAO
JORGE
DA
HINA
(Elmina), Aan
De Goudkust
(1645 ~ 1647). Uitgegen door
K. RATELBAND,
S. GRAVENHAGE,
HARTINUS NIJHOFF,
1953 :
248 et 293- 94,
tr.
fr.
orale du Prof. BaesJou.
(49)
BARBOT,
Jean,
uJournal d'un voyage de traite en Guinée,
~
Cayenne et
a~
Antilles
en
1678
-
1679, 39 fig."
in
81Jlletin de
l'Institut
Fondanlental
d'Afrig'Je
Noire,
S~rie 8,
Sciences
H~main~s, Tome 40,
n02 Avril 1978 :
235 - 395.
(50~
PERSON,
Yves,
1969
"Colporteurs et Co~rtiers", in SAHORY,
Tome l, Chapitre III,
IFAN-Dakar,
pp.l04-105.
(51)
DE
LA
FOSSE,
E~stache, 1520 :
"Voyage ~ la Côte Occidentale
d'Afriq~e en
Port~gal
et
en
Espagne
(1479-1480)",
p'Jblié par R.
FOUCHE DELf?OSE, RevlJe Hispanig'Je IV,
1897'
: 174-201
(p~.180-187) ; PEREIRA,
Duarte Pacheco,
1505-
1508:
Esmeraldo' de
SitlJ Orbis,
tradlJit du POl"tlJgais
par R.
Hauny,
Centro
de Est~dos da G~ine Portuguesa,
n019, Bissau,
1956 : 105-109.
(52),
D'ELBEE,
1669 : 367 ; BARBOT,
Jean,
1678 : 271-276 ; TIEHERGE,
in ROUSSIER,
1935: 60-62 ; LOYER, in ROUSSIER,
1935 :
~"; .1;i;'·
155~,PAHONdtin ~QYSS!-Slll",J_935 ,: ,,79.
"
/~f'·";·~i'~~.'Jj.~'~~'~1f.~},q ,'4"',t;, ~""t:.ll.j!it.".
(53)
HEHEL-FOTE,
Harris,
1990:
1ère Partie, Chapitre IV,
p.l08 ;
, ,
IIème Partie,
Chapitre
II,
p.128; ADJEI ADU Joseph,
matrilignage Loho~-la,
patrilignage
OboQ~,
Aklodj-
Agbaille,
le 24 février 1977.
(54)
A
propos
des
AUron
ou proto-Alladian/Avikam : LAMBLIN, H.,
1902:
"CoutlJnleS
des
Alladians"
irl
CLOZEL F ..J.
et
VILLAMUf, R.
Les
''::oIJbJmes.
i rldig~mes
d~.
.!1!
Côte
,
d'Ivoire, Livre. III, Chapitre I,
p.403 : AUGE,
M.,
1969
: 37.

842
(55)
ESSIS GRAH de GblJgbo, nl.:lh'i,.=l.:m ~'.:ldi-l.:l, p.:lh'i..=l.:ln Lil-.pess-.:lf,
..=lasse d' JJlge
Bodjl
K.:lt::t, GblJgbo
<D.:lb'J), le 18 '.jl)illet
1972.
(56)
BOUSCAVROL,
R.,
"Notes
SIJr
le pelJple ébrié" in e.ul1etin 2!!
IFAN
t. H 1.
(57)
KEA,
A.
Ray,'
1971
"Firearms .:lnd W.:lrf.:lre on the Gold .:lnd
Sl.:lve CO.:lsts
from
the
Sixteenth
to
the
Nirieteeth
Centuries",
i TI
JOU1"TI.:l1
of
Afri''=.:lTI
History,
12, n02
pp.185-213.
(58)
PEREIRA, DU.:lrte Pacheco,
1506-1508 : 115.
"Jusqu'~ m.:linten.:lnt
nous
ignorons
s'il
y
.:l
l~
un
..=ommer..=e quelconque ...
.......
Du rio de L.:lguo.:l à 7 lieues .:lU delà s'é..=helonnent le
long de la ..=ôte 7 vill.:lges très peuplés et ..=es vill.:lges
s'étendent du début jusqu'à l.:l fin de ..=es 7 ou e lieues
; la
..=ôte
est
en dire..=tion Est-Ouest et est toute de
plage formée
d'un
s.:lble rouge~tre e~ le p.:lys est très
boisé. Le
long de cette terre tout est profond de 30 ~
40 br.:lsses
m.:lis
a
2 lieues .:lU l.:lrge l.:l mer est moins
profonde. Les
Nègres
de
..=ette
..=ôte
sont
de gr.:lnds
p@..=heurs et
possèdent des pirogues .:lve..= des ..=hJJlte.:lux ~
l'.:lvant;
ils
ont
des
"=.:lpu..=hons ..=omme des voiles et
vont nus
et son idolJJltres : nous les .:lppelons Beicudos
et là
on ne f.:lit pas de ..=ommer..=e. Ce sont de m.:luv.:lises
gens" •
(59)
SNELGRAVE, C.:lptain Willi.:lm, 1971 : ft ~ .:l..=..=ount of Guine.:l .:lnd
the Slave-Trade, Book II, pp.157-159. Traduction,
in L.:l
tr§ite des
Noirs
gy
siè..=le des bumières (Témoignages
des négriers),
présent.:ltion
p.:lr
I. et J.L. VISSIERE,
Editions A.H. Métailié, P.:lris, pp. 49-50.
(60)
LOVER,
in ROUSSIER,
1935
219.
(61)
DAMON,
in ROUSSIER,
1935
104 .
• •_MW• • •"V_~.·'~".Wj~t.t.:,.~~;i"fl~I,..~~«c..,".:' .
«)
'i"na'de
la
Tral te
~ 'flh~' 't'!f,'
par MOUSNIER
Jeh.:ln,
1957, Editions de Paris
p.13.
(63)
THOMANN, G., 1901
131.
(64)
THOMANN, G., 1902
496.
(65)
SMITH,
G.,
1751
NOIJve.:l'J
vo'/.:lge
de G'Jinée, •.=he: DURANT,
.:l'J '~l"i ffon, PISSOT, Paris, pp. 221-222 .

r-
(66)
CURTIN,
P.O"
1969 : The Atlanti,: Slave Trade ::. 8. CenSlJs, The
Universi'y of Wisconsin Press - Madison, M~lwaUk~e, and-
London; JONES, A. and JOHNSON. M.,
1980 :
"Sla~es from
the
Windward
Coast".·
in .Jo'Jrnal of Afl"ican History,
21,
i,
tpp . 17-34), Cambridge University Press, p.19.
(67)
JONES, A.,
JOHNSON, M., 1980 cf. 66,
p.25.
(68)
JONES, A., JOHNSON, M., 1980 cf.
66, p.28.
(69)
POSTHA,
J.,
1975,
The
Origin of African Slaves : The Dutch
Activities on
the Guinea Coast,
1675-1795,
in Race ~nd
SlaverY iD.
lli
Western
Hemisphere
_
Quantitative
Stydies, Princeton University Press, p.33.
(70)
POSTHA, J.
1975 : cf.- 69, p. 49.
(71)
LABARTHE, P"
1803
VOYage !A la Côte de GIJi née, pp. 225-229.
(72)
LABARTHE, P.,
1803
cf.,71
p.227.
1
(73) Hr.
N...
, 1719 : Voyages aux Côtes de Guinée et !.!!. Amél"i9'Je,
J:I
Amsterdam,
Etienne
~oger,
Marchand
libraire,
Bibliothèque Nationale de Paris,
Cote 8°-03-n-10,
Commerce d'esclaves J:I Lahu (p.l09).
"Le lendemain,
Je
descendis
avec
un commis de bonne
heure ~
terre
pour
commencer
notre
traitte,
nous
trouv8mes les Nègres assembl~s dans une case ouverte de
tous côtés
et
seulement
couverte
par
dessus
; ils
étaient bien
au
nombre
de
quatre vingt ou cent tout
autour assis
sur
des
nattes.
Je
fus
charmé
de la
manière dont
ils se comportèrent. Le Roi était dans le
milieu d'un
rang.
il
y
avait la place d'un homme de
chaque cSté
qui était vuide pour toute distinction. Le
Roi parla d'abord fort brièvement, après quoi celui qui
était ~
sa
droite
commenca J:I parler, et tous ensuite
l'un après
l'autre
jusques
J:I celui qui était le plus
près du
Roi
J:I
sa
gauche,
sans
que
jamais
l'un
interrompît l'autre.
Le
Roi
seulement
disait
quelquefois un mot J:I celui qui parlait .
. ··;·~~~~d.~_HIl.l!t.'tïtilli.~• •_'4" ;.1
sagesse (car
je ne puis m'emp@cher d'appeler ainsi une
conduite si
retenue)
parmi
des gens qui n'ont aucune
éducation;
vous
auriés
entendu
tomber une épingle.
Quand ils
eurent
achevé
leur
conférence
le
Roi et
quelques uns
vinren~
J:I nous;
les autres s'en furent.
Ils nous demandèrent d'abord le Dachis <, •. > Comme nous
savions cette
coutume,
nous avons aporté avec nous un
Barril de
quatre ou cinq pintes d'eau de vie, et un de
dix livres de poudre;
l'un et l'autre furent très bien
reçus, et le Roi nous fit présent de six Poules et d'un
Cabrit. Nous
arr@t~mes, qu'ils mèneront les Esclaves J:I

bord
pour
@tre
achetés,
et
qu'ils
y prendront nos
Marchandises. Les
cinq et six premiers jours, cela fut
~ merveille
nous
traitt~me5 environ cent cinquante
noirs;
mais
ayant
après
cela resté deux jou~s sans
rien faire,
nous
lev~mes
l'ancre,
et vinmes m6uiller
devant 'OrouXn où il ne se passa rien d'extraordinaire."
<74>
al
METTAS,
Jean, 1978 : Répertoire des e:~péditions nég'''ières
francaises 2Y.
XVIIIe
siè,:le,
T.
l, Nantes, édité pa'"
Serge DAGET,
Société
Francaise d'Histoire d'Outre-Mer
et Librairie Orientaliste, Paul Geuthner S.A., Paris.
bl METTAS,
Jean,
1984: Repertoire des expéditions négrières
françaises ~
XVIIIe
siècle,
T. II,
F'o,..ts alJtres qlJe
Nantes, Société francaise d'histoire d'Outre-Mer.
<7~>
Il s'agit de Le Coeur ~ Oaloa, de Rubino ~ Agboville, de Eudes
et Le
Voas
~
Oabu (Kpandah, chez les Oboru), pour ne
citer que
ceIJx-l~.
Can'ille O,"eyfI.Js,
<dans: a. la Côte
d'Ivoire ~
aill
~
dans
l'Attié,
1898,
Société
francaise d'Editions
d'Art,
F'aris), témoigne pour les
deux derniers
cas
~Les Boubourys livrèrent les soi-
disant auteurs
de
l'attentat
au
nombre
de
dix qui
furent livrés
aux
Jack-Jack
et
décapités i
mais des
gens bien
informés
prétendent
que
les
otages ainsi
remis n'étaient
que
des
captifs
dont
la
vie
leur
importait peu.
.
Ils restituèrent aussi les restes d'Eudes et de Le Voas
i
on
reconnut la t@te d'Eudes ~ une dent aurifiée dont
on connaissait
l'existence et le 20 Mars 1899 on fit ~
ces ~uelques
ossements, des funérailles solennelles au
pied du
fort
de
Dabou.
Il sera permis de trouver la
réparation insuffisante"
(pp. 202-204>,
(76)
LARTIGUE,
1851,
"Rapport sur les comptoirs de Grand-Bassam et
d'Assinie~, in
Revue
Coloniale,

Série,
Tome III,
O,:tobre :
"Etant ~
Krinjaboo,
ob nous nous étions rendus pour
la troque,
nous fOmes éveillés en sursaut au milieu de
~"n~~e';:: bruit forMi:~~~~:L~~
village, et
l~, en effet, nous assistames au spectacle
le plus étrange
et le plus douloureux,
Toute
la
population
était
assemblée autour du roi
Amatifou:
un
homme
convaincu
d'avoir entretenu des
relations adultères
avec
l'une des femmes de ce chef,
allait subir
le
dernier supplice. Le malheureux avait
les mains
et
les
pieds
liés
i
sa bouche avait été
bourrée d'herbes
sèches
et son visage était enveloppé
de feuilles
de
bananiers
dans
lesquelles
on
avait
pratiqué de
petits trous ~ la hauteur des narines pour

prévenir
l'asphyxie.
Derrière le patient était creusée
la fosse
o~
il allait être enseveli vivant,' après le$
horribles formalités en usage en pareille circon~tance.
Les
personnages
marquants,
en
tête
desquels
Marchaient les plus $gés,
apostrophèrent tour ~ tour le
coupable en
lui
reprochant
durement
son crime ;
ils
l'accablaient d'anathèmes
et
d'imprécations,
qui
se
terminaient invariablement par un coup de pied en signe
de mépris.
Lorsque le patient eut subi cette longue torture, des
choeurs de
femmes
entonnèrent
des chants lugubres au
bruit discordant
du
tam-tam
j
puis
~
ce
vacarme
infernal succéda
un
silence de mort, et,
sur un signe
du roi,
le malheureux fut précipité dans la fosse,
que
la foule
frénétique
et
sauvage
combla
aussitat en
poussant d'horribles hurlements.
Ce drame
barbare
se
termina
par
des
danses
désordonnées sur
la
tombe
même
du
supplicié; ces
danses se
prolongèrent
Jusqu'au
lever
du soleil. Je
renonce ~
décrire
le caractère de férocité qu'offrait
cette scène
atroce,
~
laquelle
la cOIJlelJr noh'e des
acteurs, rendue plus l~epoussante encore par de bizarres
tatouages, donnait
l'aspect
sinistre
d'un cortège de
démons. Amatifou
seul était silencieux et impassible j
ses yeux
ne
se détachaient point de la femme adultère
assise ~
ses
pieds,
~
laquelle il avait,
malgré son
crime, conservé toute son affection"
(pp.338-339).
(77)
GRONWU
BLEGNON,
76 ans environ,
patrilignage Godekpa,
Urepa,
(Gagnoa)
le 16 septembre 1978.
(78)
ESSIS
GRAH,
cf. 55,
le 9 Juillet 1975.
(79)
ADJEI
ADU
Joseph,
matriclan
Lohoï-la,
classe d'$ge ~
odjon9ba, Aklodj-B,
(Agbaille,
Dab'J),
le
24 février
1977.
(82)
TERRAV,
E.,
1984: Une histoire du roYaume Abron dlJ Gvaman =
Des origines ~ la conq'_lêtq. '::olon~ - Tonle II, F'al~is.
(83)
HEMEL-FOTE, H. 1980, Chapitre II.
S'agissant de Kpass,la tradition rapporte en effet que
le pre~ier
entrant
qui
naquit
dans le nouveau site,
T@tchi Di9b@, ét.:;)it un Bodjl,
né entre 1838 et 1850.
(84)
ORSO DECI, PastelJr,
(,:.: f . 31) .
D'après une
tradition,
les ancêtres auraient rencontré
des Kweni
ou
Guro
parmi
lesquels
ils auraient f~it

846
be;.)'Jcoup
d'esclJDves.
L' eHpl'ess i on
demeure
d;.)ns
1;.)
l;.)ng lJe :
"Suis-je
ton
GIJro"?
PO!Jl'
signifier
: ton
es,:lJDve
<glelige) ?
\\
(85)
KOFFI
AKPROA
Emm;.)nuel,
6S
;.)ns
environ,
p;.)trilign;.)ge
Kp;.)t;.)bwebo,
KWAHE
KOFFI,
R;.)ymond,
76
;.)ns
environ,
p;.)trilignage Etiso, Ti;.)ss;.)lé,
le 28 décembre 1979
(86)
CHAUVEAU,
J.P.
1979,
Notes
i.Y.!:.
l'histoil"e
é,:onomiq,IJe
et
soci;.)le de
la
région
de
Kokumbo
Œ;.)oIJlé-SIJd 1
Côte
d'Ivoire),ORSTOM,
Abidj;.)n
;
1980
"Agricultur;.)l
Production JDnd
soci;.)l
form;.)tion:
The B;.)ule Region of
Toumodi -
Kokumbo in Historic;.)l Perspective" in
Pe;.)s;.)nts in
Afric;.)
Historic;.)l
;.)nd
Contempor';')I"Y
PersPectives, S;.)ge Public;.)tions, Beverly Hills, London,
p.143;
MEMEL-FOTE,
H.
"L;.)
problém~tique
de
1;.)
formation soci;.)le bawlé"
<à p;.)r~ître).
(87)
KWADIO
KWASSI
Félix,
59
ans,
patrilign;.)ge L;.)9rot;.), chef de
village ;
Antoine KASSIA-BI-ZAN,
65 ans, patrilign;.)ge Kw;.)ssizra, chef de
l' êgl i se cathol iqlJe ;
Francois KASSIA-BI-AKA, patrilignage Kw;.)ssizra~ chef de Gabi~ ;
KWADIO KWAHE
Albert,
patrilignage
Brot;.), Président du Comité
PDCI, village de Ougbafla <Umé) , le 16 janvier 1980.
(88)
KOKO-BI-GUEHE, 61 ans, patrilignage 009;.), ,:hef de vill;.)ge ;
HAHAOU KONATE, 68 ans, patrilignage Sabi;.) ;
-DJASSA-BI-KWASSI, 67 ans, patrilignage Z;.)ndjê
KWASSI-BI-SOFI, 56 ans, patrilignage Boga i
HOUISSA-BI-BAFFO,
57 ans, patriilignage S;.)bia
village de Zangue (U.é) , le 16 j;.)nvier 1980.
CHAPITRE
V - SECTION
II
(1)
FONDS
ANCIEN de l'AOF, Dakar K lS/AOF
Captivité et esclav;.)ge 1900- 1903 - L~ttre circul;.)ire du
1er Février 1901.
~RtT:"'C~U4~(~':-'~~-l';,_M~
<1900-1945), Editions
p.85.
(3)
e.OUTILLIER,
J.L.,
1968:
"Les captifs en A.O.F.
<1903-1905)",
in Bulletin de l'IFAN, T.
XXX, série B, n02, p.522.
(4)
Archives,
rue
Oudinot, Paris - Côte d'Ivoire XIV, Dossier 3 -
Main d'oeuvre 1869-1897
Esclav;.)ge et tr;.)ite.
<S)
,:f.
(4).

(6)
ROBERDEAU,
H.
Rapport du 12 Février 1900 (n0709)
adressé ~
Monsieur le
Ministre
des
Colonies,
relatif \\ ~
la
répression de
l'es~lavage.
Ar~hives, Rue Oudinot,
Côte
d'Ivoire XIV-2.
(7)
Ar~hives,
Rue
Oudinot,
Paris
- Côte d'Ivoire XIV,2,
nOl15 -
Lahou,
le 5 février 1898.
(8)
FONDS
ANCIEN
de
l'AOF
- Série K 21, Côte d'Ivoire,
Ar~hives
Nationales de
Fran~e,
Rue
des
Fran~s-Bourgeois
Rapport du
Lieutenant-Gouverneur
~
Monsieur
le
Gouverneur-Général de
l'AOF ~ Goré, Bingerville,
le 30
Mai 1904 - 200 MI,
Bobine 5.
(9)'
FONDS
ANCIEN
de l'AOF, Archives Nationales de France, Rue des
Francs-Bourgeois, série
K
21, Côte d'Ivoire - 200 MI,
Bob Lne 5.
(la)
BINGER,
Le
Capitaine,
1892
Du Niger gy golfe de Guinée,
par le
pa Vs de Kong et le Mossi -
Librairie Hachette et
Compagnie, Paris.
(11)
FONDS ANCIEN de l'AOF,
K 15 : Lettre datée du 15 mars 1899, du
Lieutenant-Gouverneur pal~
intérim du Soudan,
le Colonel
Vi~ard au Gouverneur-Gênéral du Sénégal.
(12)
FONDS
ANCIEN
de
l'AOF,
K
15
G2
Côte
d'Ivoire.
Rapport
politique du Lieutenant-Gouverneur, d'août 1903.
(13)
FONDS
ANCIEN
de
l'AOF,
K
15 G2 Côte d'Ivoire -
Rapport du
Lieutenant-Gouverneur pal~ intérim au Gouverneur-Général,
Bingerville, 6 septembre 1903.
(14)
SURET-CANALE, Jean,
1964 : 87.
(15)
Rapport
n020
date
du 29 .JIJil1et 1908,
dlJ LielJtènant LAURE,NT
sur l'esclavage
dans
la
région
de
Man.
Archives
Nationales de
Côte
d'Ivoire,
Série S,
SOUS-Sél~ie 12 S
XIII-46 - 37/244
(an~ienne Côte/Série S)
: Rapports sur
_ _llf~• •~..g.,de';K1908 .. et 1~P;~~,W&••:"II" •.'~_ij._1;~c}'.
(16)
Archives Nationales de Côte d'Ivoire.
(17)
FONDS ANCIEN DE L'AOF,
K 15, 1900-1093.
Lettre circulaire
de
PONTY
datée du 11 Octobre 1900 ~
Messieurs les Administrateurs et Commandants des Cer~les
dans les
Territoires
de
la
Sénégambie
et
du Niger,
rappelant un arrêté du Gouverneur du Soudan Francais
(17
Mai 1895) contre le tr~fic mais resté lettre morte.
1
(18)
KIF'RE,
F'iel~l~e,
1981
: Les vi l ~~..â. '~oloniales de Côte d' Ivoi l~e -
EconoOl i e. et
SO':i.ét~,
_LU!9~
!&
1940>, Thèse de Doc t o r e t
d'Etat - Université de Paris VII.

848
f
(19)
LEGBEOJI
AKA,
B
- C,
1986 : E'~ole Pl'oteshlnte et, So,~iété
dans la
Côte
d' Ivoire
'~oloniale
C19S
de la, Ré9i.Q!!.
Ec,~lésiastiqIJe de
'019boIJ
(1924-1944)
Thèse
pOIJl'
le
Ooctorat 3e
cycle - Ecole des Hautes Etudes en Sciences
Sociales. UER de Géographie - Histoire et Sciences de la
société. Tome III. p.691.
(20)
Archives Nationales de Côte d'Ivoire (cf.15).
,
.
";·~""'·"ô,?!;;·,,j#~ji~~l'I.::.~,;1'(~;,.. ,...",' "';"S ·!·1\\"""":\\Hi"';'~îilljl~*~f\\",Ii;i~~,t",~~.jJi.*_~~~'",
...."

849
TROI5IEHE
PARTIE
\\
CHAPITRE
VI - SECTION
I
(1)
ESSIS
GRAH,
,.::lasse d' ~ge : Bod-il ~, matl"i,.::lan : Badi-Ia,
patriclan:
Likpesaf
i
LASMBRO
AMARI, classe d'~ge :
S@t@ odJongba,
matriclan
Badi-Ia, patri'.::lan
M@td",
Kapr,
Gbugbo
(Dabu),
le 18 juillet 1972.
(2)
DAGBA ABOKO,
80 ans environ,
patriclan Tchiyo ;
NIAKPA KRAGNON,
Kadayo
(Gbokra> , Sassandra le 19 avril 1977.
(3)
GANBU-BI-ASSALE, 85 ans environ,
patrilignage Suk'Jta,
D'~bafla,
Ume,
le 6 août 1978.
(4)
NCHO
AKUBE AMA,
OkudJ~,
le 19 Juillet 1973 ;
MBOSHO
KOMENAN, 85 ans environ,
patrilignage : Tano ;
ASSI ARODJE,
85 ans environ,
patrilignage N9ata, Bodj@,
groupe
Mori@ru (Agboville) ,
le 25 juin 1977.
(5)
AKRE
ABU,
90 ans environ,
patrilignage : Bw~d~, Abud~-Mand~k~,
(Agboville) ,
le 17 avril 1975.
(6)
KPALELUO,
Justin,
58
ans,
patrilignage
Lo9bavo,
chef
de
village.
VABA DEGBA,
57 ans, patrilignage : L09bayo
(Subr~), village de
Logbayo,
le 9 d~cembre 1976.
KWADJO BADA, Henri, 69 ans environ,
patrilignage : Gadayo ;
GNOPRU LIBRE,
Gabriel,
68
ans
environ,
patrilignage
Gn~pr~buo, Kwati
(Subré),
le la d~cembre 1976.

850
CHAPITRE
VI
SECTION
II
\\
(1)
MEILLAS50UX
Claude,
1960 "Essai d'interprétation du phénomène
économique dans
les
sociétés
traditionnelles d'auto-
s'Jbsist~lrIce", in
TerrlOlins
et
théories,
Editions
Anthropos, Paris,
1977 p.29.
(2)
ABELE5,
Marc et COLLARD ChlOlntal,
(Etudes réunies et présentées
par)
1985
!3.9.L.
pO'Jvoir ~ so,.::iété sn Afr'i91Je noir'e,
KARTHALA,
Paris
Presses
de l'Université de Montréal,
Montréal,
Introduction.
(3)
AUGE
Marc
,
1969 b "Statut, pouvoir et richesse : relations
lignagères,
relation
de
dépendance
et
rapports
de
production dans
la société alladian".
Cahier d'Etudes
Africaines 35
Volume IX 3e Cahier Editions Mouton et
t
Cie, Paris -
La Haye p.468.
(4)
AUGE
Marc,
1969
a
Le rivage alladian, orqanisation et
révolution de
village alladian,
Mémoires
ORSTOM n034,
OR5TOM,
Paris p.142.
-
1969 b : 467.
(5)
REY
Pierre-Phi~ippe,
1969
"Articulation
des
modes
de
dépendance et
des
modes
de
reproduction
dans deux
sociétés lign~gères",
Cahiers d'Etydes Africaines 35,
Volume IX,
3e cahier. Editions Mouton et Cie,
Paris -
La HlOlye p.421.
(6)
a/ DUPRE Georges et REY Pierre-Philippe,
1969 b "Réflexions sur
la pertinence
d'une théorie de .l'histoire des écharlges
Il, Cahier's
InternlOltionayx
~ 50,.::iol09ie, VOllJnle XLVI,
Cahier double,
nouvelle Série,
16e année Janvier-Juin,
Presses Universitaires de France, Paris, p.133-162.
b/ REY
Pierre-Philippe,
1980
: Les concepts de l'anthropoloqie
êconomig'Je nlar:<iste
Critig'Je
et
nlise!à l'épl"elJVe,
Thèse de
Doctorat
ès
Lettres,
Académie
de
Paris,
Université René Descartes,
Faculté de Lettre,
Tome 1 et
II
Paris.
li.J'lI_'*Q~.i._.J~;~li~~;~"~~"_'.'~.t
....,~·:.·,· c•
(7)
REY
Pierre-Philippe,
1985 : "Productibnet cbntre-rêvolution",
~ of
pl"od'Jctiorl
::. The Challenge Q.i Afl"i'.::a,
Edi ted
by B.
Jewsiewicki
with
J.
Létourneau, Editions Jafi
Press, Ste-Foy, Canada. p.
138.
-La domination
qu'ils
(les
maîtres)
instituent
restent jusqu'~
~uJourd'hui
sous
des
formes
transformées
<les
différents
types
d'unités
domestiques qui
caractérisent
chaque
mode
de
production)
le fondement de toute société civile et de
tout Etat,
donc
de
toute domination de classe.
Dans
les modes
de
production non lignagers,
la domination
lignagère n'est
pas
abolie
mais
dépassée"
(1985:
139) .

851
(8)
REV
Pierre-Philippe}
1911 _:
ÇoloDi~lisme!
néo-colonialisme et
transition ~
capitalisme,
Exemele~ ~ «Comilo9»
S!.Y. Congo-e.ra:;:;avi Ile,
Francois
Haspero,
Par'Ï-sv
Ière
Partie p. 56-57.
\\ \\
a -
uLa
guerre apparaît ainsi comme le complement de
l'·échange ;
elle
agit
dans
IJn domaine délimité par
l'échange lui-m@me
et
elle
ne ~eut pas transgresser
les limites
imposées par lui
j
elle apparaît comme un
!-f
épisode, un
moyen
de
réaJuster le système d'échange
1
lorsque ses
contradictions
deviennent
trop
vives ;
1
mais elle
n'apparaît
pas
du ~out comme le phénomène
dominant, celui
par
lequel
se
définiraient
j
essentiellement les groupes."
(p.56).
1;
b -
uOn comprend déj~ mieux ce qu'est le mode dominant
d'extorsion et
sur
quoi
il
repose: un échange sur
fond d'hostilité,
reposant
slJr' l'unité
réelle
des
aînés entre
eux, camouflée,derrière les apparences de
l'hostilité qui affecte en théorie les groupes en leur
entier (ainé
et
cadets
d'un
groupe
contre aîné et
cadets de
l'autre)
; cette unité réelle des aînés est
la source
de
leur puissance,
faceQ l'atomisation de
leurs dépendants
j
e1'le
fait
de
chaque
aîné
le
.édiateur obligé
dans
toute
tr~nsaction
entre deux
groupes j
et c'est ~ travers les contraintes imposées
par une
telle. str'Jcture qlJe s' accompl i t
le procès de
reproduction et notamment la circulation des hommes et
des femmes
d'un
groupe
~
l'autre,
qui
assure
la
continuité dans
le
temps
des ~nités' de production."
(p.57> •
(9)
REV Pierre-Philippe,
a/ 1977
Contradictions de classe dans les sociétés
lignagères,
iD Dialectiques, n 021 p.128-132.
b/ 1990 : 163-187.
(10)
REV Pierre-Philippe, 1960, Tome II
j
1977 : 130-132.
(11)
TERRAV
sociétés
paris -II
• •MM~c.,.;.,•..9;.ci;~I• .t.·Jü
seglllentai res et 1 ignagères p: 93:':'173";'"
<12)
TERRA V Emman'Je 1 }
al 1977
"Oe
l'exploitation
-Eléments
d'un bilan
autocritique", Oialectiques n 021.
bl 1979
"Classes,
surtravail,
impérialisme",
Communisme, Nouvelle
série,
N°4,
2e
trimestre,
I.M.P.O., Paris.
(13) TERRAV
Emmanuel,
1979
: "Classe, surtravail,
impériali~me",
CO••l.lnisme, NOIJvelle
ser1e,
n04,
2e
tri nlt~stl~e,
I.H.P.O. Paris, P.51-53.

852
-Dans le mode production lignager, par exemple, on
peut regarder
les
femmes,
les
Jeunes,
ou
telle
catégorie de
gens
occupant dans le système dè\\p~renté
une pla':e
détel"mi née,
,:onlnle ':onsti tu.ant des ,:ra5SeS ;
Mais toute
communauté
concrète,
quelle
qu'en
soit
l'échelle, y est traversée par des différences d'~ge et
de sexe, et y comprend diverses catégories de parents ;
ces différenciations pe~vent servil~ de base ~ pl~sie~rs
types de
regroupements
classes d'~ge, associations
féminines, etc
mais
a~cune
comm~na~té a~tonome ne
pe~t @tre
b~tie
sur
ces
re9ro~pements.
En
ce
q~i
concerne les
sexes,
la
division
du
travail
physiologiq~e et
économiq~e -
crée entre e~x des liens
de complénlentari té assez éb~oits poU\\~ qu'au'':-'Jn des deu:<
gro~pes ne
puisse
se
concevoir l~i-m@me en dehors et
indépendamment de
l'a~tre,
ni
se
fixer comme b~t la
liq~idation de
l'autre
gro~pe. En ce qui 'concerne les
différences d'~ge,
le
fonctionnement
normal
de
la
société amène certains a~ moins des cadets ~ devenir ~n
jour ~ leur tour des exploite~rs : l'espoir d'une telle
promotion réduit inévitablement l'acuité des conflits.
Quant aux c~tégories de parenté, si Ego est exploité en
tant que
fils,
neveu
~térin
ou
co~sin
croisé
matrilatéral,
il
est
nécessairement
et
du m@me coup
exploiteur en
tant
que père, oncle maternel o~ cousin
croisé patrilatéral.
Ceci
ne signifie pas q~e le mode
de production
lignager
ignore
les contradictions, et
que les classes qu'il implique ne sont pas antagonistes
: on
le
verra,
les querelles liées ~ la dévolution de
l'héritage et
des
privilèges
sociaux·
qui
l'accompagnent, ou
aux
accusations
de
sorc~llerie,
peuvent très
légitimement
@tre interprétées comme des
conflits de
classes. Hais les traits évoqués plus ha~t
emp@chent ces
classes
les
femmes,
les jeunes,
les
fils ou
les
neveux
.de prendre conscience d'elles-
mêmes en
tant que classes, de s'organiser et d'agir en
tant que
classes,
de
proposer
collectivement
une
réorganisation de
la société conforme ~ leurs intérêts
de classe
les conflits qui les opposent ~ la classe
dominante restent en général localisés ~ l'intérieur de
~.1ié~'~~r'::<:.c~,~9u~7f~..,unau·,
as
..,'" ~". ~~.
• • • • • • • i~
- .
pour prod~ire un affrontement généralisé ~ l'échelle de
la société globale,
On comprend dès lors pourquoi la présence de classes au
sein d~ mode de production lignager ne s'accompagne pas
de celle
d'un
Etat,
c'est-~-dire
d'une
institution
spécialisée b~tie par la classe dominante pOUl~ garantir
la reproduction de l'exploitation des classes donlinées.
Pour qu'il
y
ait
Etat,
autrement
dit
appareil
relativement centralisé
de répression et d'oppression,
il faut
que
le~ antagonismes de classe se manifestent
comme tels. dégagés des autres antagonismes, et

853
débordent les
limites
des
communautés
loc~les pour
donner lieu
à des conflits d'ensemble. On comprend de
m@me pourquoi
les contr~dictions de classe inh~rentes
~u mode
de
production lignager ne peuvent conduire à
une révolution,
au
renversement d'une cl~sse p~r une
~utre, à
l~
conqu@te
du
pouvoir
p~r une cl~sse ~u
détriment d'une
~utre,
et
à
une
tr~n5formation en
conséquence des
r~pports
sociauH.
Le dép~ssement de
ces contr~dictions
ne
peut
.venir
que
d'un
développement interne
des
forces
productives
entraînant une
mut~tion
des rapports de production -
p~r exemplé à tr~vers l'introduction de l'escl~vage ou
la sép~r~tion
croissante
entre
lign~ges
nobles.
et
lignages plébéiens -
ou d'une intervention extérieure,
liée à
l'~ction d'un autre mode de production."
(1979
: 51-53).
(14)
MEILLASSOUX
Cl~ude,
1975
Femmes,
grenie,"s
,.::api tau:<,
François M~spero, Pa'''is.
(15)
DOZON
Jean-Pierre,
1985
op c i t,
p. 232.
(16)
MEILLASSOUX Cl~ude,
1975
1-5.
(17)
DOZON Jean-Pierre,
1985 : 141.
<'l8)
SAHLINS,
Marshall
al 1968
"L' é,.::or,omie trib~le" in Un dom~irle contesté
~ l'~nthropologie économique,
par
Maurice
GODELIER,
1974
Ecole
Pratique
des
H~utes
Etudes
(VIe
section)
and
Mouton
and
Co.
P~ris -La Haye,
p.
238-239.
bl 1972
Age de pi e,","e , J!}ge d' ~bond~n'.::e, L' écorlonl i e
des Sociétés
primitives
;
traduit
de
l'anglais p~r Tina Jolas,
Editions Gallimard
1976, Paris p.139.
"Qu'il n'v
a
p~s
d'indigents
s~ns terres
dans les
so'.::iétés
p'''imitives est une loi é,"ononliqIJe..
Sans doute
peut-il
y
avoir
expropriation,
mais
_- ..... ··dii:I1iÎ.Ujî_"'U~~faÇ~~~Jl~8~"~ ••II.IIWWC~on:#;L1J'h;-,,~.I.rr.!-t1
........'.
.
'. "illlme;- has~rd
cr-ue l
e~' guerre par exen,ple, et non
pas condition
systématique de l'organisation soci~le.
Les peuples
primitifs
ont
inventé bien des m~nières
d'ex~lter l'homme
au-dessus
de
ses semblables.
M~is
l'emprise du
producteur
sur
ses
propres
moyens
économiques interdit
le
recours
à
l~
plus
contraignante de
toutes
celles
attestées
dans
l'histoire:
le
contrale
exclusif
des
moyens
économiques par quelques-uns qui,
de ce fait,
tiennent
tous les autres ~ merci.
Dans les sociétés primitives,
le jeu
politique
se joue au-delà de la production,
~
un niveau
supérieur,
avec
des
gages
tels
que
la
nourriture ou
autres
produits
ouvrés
;
en
-- l' occurrer.-.::e,-le·geste le pl'Js-habile,
comme aussi le

854
droit de
propl~iété
le
pl'JS
'::onvoité,
est '~elui de
prodijuer ses biens."
\\.
(19)
TE5TART Al~in,
'.
~/ 1985
247.
On peut r~pprocher de cette thèse l~
position de Pierre BONTE, 1977 "Classes
et p~renté
dans
les
sociétés
segmentaires" in
Dialectiques
n021.
Te~·:te p.
112
"L' app.:)l~ition de
r-appor-t s
d'e:<ploitation
n' entl~aîne
pas mécaniquement
la
domin~nce
d'une
structure
de
classe;
d'autres conditions doivent être réunies qui
assurent cette
dominance.
L'esclavage
domestique se
développe sans
que
la
société
ne
se
constitue en
classes antagonistes
dans cert~ines limites seulement
qui sont les limites de l'accumul~tion domestique dans
cette structure
des
rapports
de
production.
5i le
nombre d'esclaves
croît
au-delà,
diverses modalités
limiteront cette
croissance.
Ce
peut
être
la
conséquence de
l'affranchissement
qui
réintègre
l'esclave dans
la position d'un producteur domestique
alJtonome.
Chez
1 es
l~ it::hes
élevelJl~S
l~geybat,
1 es
esclaves peuvent être dotés d'un troupeau dont ils ont
-
eux et leur famille -
la charge sans que ne s'exerce
le contr81e
du
maître
sur leur force de travail.
On
s'~chemine alors
vers
d'autres formes d'exploitation
du travail caractérisées par l'exploitation tributaire
du surplus de la production domestique".
b/ 1976
: 183.
"Reste qu'en
se
livrant
à
l'exploitation
sous
le
couvert d'une
théorie
normative
de
la réciprocité,
l'économie politique
primitive
ne se distingue guère
de ses
oeuvres,
car
partout
dans
le
monde,
la
"catégorie indigène"
de
l'exploitation
est
la
l~ée i pr-ee i té" .
(22)
GODELIER
Maurice,
1984
L'ü1éel
et
le matêl~iel
Pensée,
écononlies,
sociétés.
Librairie Arthème Fayard,
Paris,
p.210.
(23)
GODELIER
Maurice,
1965
La
notion de "mode de production
asiatiqIJe".Les Temp~5 ~.~~.r..r.:.rJQÊ., rlo228,
mai 1965 p.2008.
(24)
GODELIER
M;jlJl"ice,
1973
ti9l:.L~
tl~;j.iets" mar':dstes
~
anthropolo9i~. Francois Maspero p.154-158.
(25)
GODELIER
M.::lIJ1~ice,
1982
b:1!.
E~_rod!;:I,::t.LQL!.
des ~;l~';.lrJds t!clmmes,
Pouvoir et
domination
m~sculine
che~
les B.::lruya de
Nouvelle Guinée,
Librairie Arthème Fayard,
Paris.

855
(26)
GODELIER M~urice, 1982
: op cit,
p.225.
(27)
DUNGLAS
E.
1939
51
D~ns
l~ Forêt de l~ CSte d'Ivoire.
COI.Jt'.Jmes et Moeul~s des Bété,
Lar-o s e
-
F'~l~is.
"C'est ~u
moment de s~ nubilité,
ou d~ns les ~nnées
qui suivent,
que
le Jeune homme éch~ppe ~ l~ tutelle
p~ternelle de son chef de foyer p~r l'ém~ncip~tion.
Cette ém~ncip~tion
consiste
uniquement
d~ns
le
m~ri~ge, qui
f~it du Jeune homme un chef de foyer.
Il ~rrive
pourt~nt, d~ns les f~milles, que cert~ins
hommes ne
se m~l~ient j~"u<1is, p orn: des c au s e s
d i ve r s e s
:
l~ideur
repouss~nte,
infirmité
perm~nente,
difformité,
f~iblesse
d'esprit,
épilepsie,
etc.,
qui
rebutent les fi~ncées éventuelles.
En plus,
le chef de
f~mille .ne
tient"-
p~s
outl~e
meSI.Jl~e
~
m~l~iel~
c e s
individus t~rés,
de
cr~inte
de
voir leurs t~res se
tr~nsmettre hérédit~irement.
Ils
ne peuvent pourt~nt
p~s demeurer toute leur vie sous l~ tutelle du chef de
foyer.
Le
chef
de
f~mille,
ne
voul~nt p~s voir se
tr~nsmettre leurs t~res, et désir~nt d'un ~utre eSté
éviter le reproche,
qu' ils pourr~ient lui ~dresser, de
ne p~s ~voir voulu les ét~blir, -
ce qui risquer~it de
les
inciter
~
quitter
l~
f~mille,

ils peuvent
encore tr~v~iller,
pour
se
f~ire ~dopter ~illeurs, -
se tire
d'~ff~ire
de
l~
m~nière suiv~nte :
il
leur
procure une fi~ncée dont il p~ie ou promet de p~yer l~
dot.
L~
fi~ncée refuse bient8t de consentir ~u m~ri~ge
et choisit
un
~utre membre de l~ f~mille. Désormais,
le tour
est
Joué,
et
le chef de f~mille n'~ plus ~
cr~indre le
reproche qui pourr~it lui @tre f~it de ne
p~s ~voir cherché ~ m~rier ces individus.
Ce
simul~cre
de fi~nc~illes
constitue
pour eux l'ém~ncip~tion. Ne
pouv~nt fonder
un
foyer,
ils seront ~ttribués ~ l'un
d'eux,
~
leur
choix,
et ils pourront le quitter pour
v i vr e
daris
IJn
~utre
foyel~ de l~ f~mille. Le ,.:hef de
foyer n'~
~ucune
~utorité
sur eux ;
c~r ils ne sont
chez lui
qu' «en
subsist~nce»,
comme
disent
les
milit~il~es. "
CHAPITRE VI - SECTION
III
(1)
Ep~tre de P~ul ~ux Ephésiens. 2 : 8.
"C~r c'est
p~r
l~
grSce
que vous êtes s~uvés, p~r le
moyen de
l~ foi.
Et cel~ ne vient p~s de vous,
c'est le
don de Die I.J . "
(2)
e.ONY,
.J0 ~ ,.:h i m,
1967
10 Une
i nsti b.Jt i on l~e 1 ~t i ve'::l 1;:] ;; e;;JU te
d~ns l~
société
Bêtê
1 e
b~9non" ,
i fi
E'.IJ Il et l_D.
d' infOl~m~tiofi et
ge
1 i.::] i son
des
1 f!.§ti b.Jt~
~~~_E t.t.!..~.9._-=­
Socioloqi~ ~~
9~
~';éo~J..e.t-.ie
TI~Opi:.:~l@., 2,
Ur. i v e r-s rte
d'Abidj';lfl,. p.2 ...

B!i6
(3)
WONoJI,
Christophe,
~I 1979
"Le
bagnon
,~tH?:: 1 es f.?été",
in CoJ:.l. O!J~_~"t ~~.:!.!:.
b.i ttél~;.)b"!l~e et
Esthét i ':lue
r!Q_91~O-;'1j"1~i~..~inti,
Les NOIJve Il es
Editions
Africaines,
Abidjan -
o.:.:lkal~, p.87.
bl 1986
"La b.'Olgnon et
l' ':;ll~t"..
i TI (_.:;.l.. ~.:rl.'Olnson. E~.9.ey'''!§j.l~e
sn çôt~ d' IV9il~!t, F'l~ésen{=('? Afl~i{=-!line, p.(~2.
(4)
al
MEMEL-FOTE,
H;.ar-r t s ,
1967
"La
v i s i on
..jlJ b e au d-!lns
la
'=UltIJl~e négl~o-a·fl~i':.:.:line",
in Colloque §.!::!I:. l'~~t
bl.~':'R-
1er Festival
mondial
des
Arts
Nègres.
(o.:;.lkar,
1- 24
avril
1966)
Rapports,
Tome l,
Présence Africaine,
p.
47.
bl BOONE,
Sylvi.:;.l
Ar- d Y n ,
1986:
r ~~.!D..l.?_ fLt F ~~n~.i.Di...D.Q. ~~e ':'l~ t Y.. L'l
Mende Ë!l~t,
Y-!lle University Press,
New Haven and London.
(5)
KOTCHY-NGUESSAN,
EL,
1983
f:lé~liLnt5 ~;-'J~tIJl~els ~t fC)l~m€~.§. 9&
~1~êsentatioTi en
fHl~iqlJ.fl
f.iQ..!.l:.!1.'- !-' f?;·~emPl_fl ge la ~~jite
~lY..9-ir·€.L
Thèse
de
[)O;~tCll~'::lt
d'Etat.
Urd.vel~5ité
d'Abidjan.
(6)
SERI,
1986
"Vel~s une définition de l'rh~t che z
les ~?été
:
le
Mythe
de
Sl~è lé",
in L·:;) ch arrs o n e.QEu 1.:;) i l~e ft!:!. Çi.3te
d'Ivoire,
Présence Africaine,
pp.
36 -
41.
(7)
AGU A
oADE,
Emile,
Chef
de
village,
(Sassandra),
le 19 avril
1977.
(8)
KWAo..JO
KRAMBO,
patl~ i l ignage
:
K\\oI;.)~..J.Q.,
90 ans envi r-o n ,
Y;:ldjo,
Moriêru,
Agboville le 30 Juin 1977.
(9)
TORO
GNORO,
9t~
ans,
patl~ilign.:lge ~~bel.J]:..i, Gbe'Jliville,
Zegl:'.o
Galebawa
(Daloa),
le 16 aoGt 1974.
o o:
GNAMBA
ESSO,
classe
d'~ge
:
2f.~tf} a1,i ar!.:1f..a,
p.:ltl~ il i grlage
:
Ewusu;
matrilignage
t-l..:~J).!.D.~:.L :: f~odè-l ;l,
Kp':;.lTId;;l, 0;:'1 bu ,
le 4
janvier 1985.
(11)
BONI
KOTCHY,
80 ans environ,
patrilignage
Affi~) Gd.-Moriê,
Agboville,
le 20
juillet 1';'73.
(12)
KANGA
KWADIO,
80 .=.ms e nv i r-o n .
patl~ili'::Jn,:'lge Ilf...f.iil,
Gd.-Mol~H~,
Agboville,
le 20
Juillet: 19"7:3.
(13)
BOKR
MENE,
90 ans environ,
Mutchc,
le
18 Juillet 1973.
l'

(15)
AGBE DIGBE,
Francois,
78 ~ns,
patrilign~ge
BOKA
VEI,
Mario,
77
ans,
patrilignage
Mbgru ..
Hgboville,
le
I e r-
juillet: 1977.
( 16)
TCHEI-II
Andl~é ,
1979.
<1 7)
BI
LAFARGUE,
F 6n~n;;:lrId,
1976
:
[~J i 9 i 0.D..I... !!!.~.i..P~_ ?ol~':e 11 €~l~ i e des
Abidji ~
h?t~
9.~yoi~~, Nouvelles Editions Latines,
F';;:Il~i5, ~~e P;;'ll~tie, Ch.
2,
(~ ..
(p. 199) .
bl
MEMEL-FOTE,
H.,
1980
:
253.

CHtiF' l TF-:E:
') II
SECTION
r
(1)
EKIssr
DOFFU,
66
<:lTIS,
p~ tI~ i 1. i. 9n':.l9f.~
: f..t:'.I/.:.b..L
Gb.:;.md j é ,
T'::hof'fo,
~~gl:H)ville ..
le lf.; av r-i I 1975.
(2)
NCl-fO
OFUMU,
85 ans environ,
p~trilignage
~Qbanu~, Attobro,
groupe Moriêru,
Agboville,
le 18 juillet 1973.
(3)
BONI
KOTCHV,
80
a n s ,
p;::ltl~:i.lign':.lgf.~
A+:fi;::) ,
Gd'-'Mt')l~iê,
Agboville,
ItL~ 20
jl-lill t? t
1973 ;
YAPI NTE,
89
;::)ns,
patrilignage
Mudoko,
Agwahin,
groupe
Mori@ru,
Agboville,
le 20 juillet 1973.
(4)
KWAD.JO BABA, He nr i , -!19 <:lOS,
p;:jtl~i1.ign;:)ge ~;où:-la'!Q,
GNOPRU LIBRE, G~briel, 68 ans,
patrilignage
: Gneprébuo,
Kw;::)ti,
Subre,
le 10 décembre 1976.
(5)
Docteur
NIAGNE,
Ivoirien,
en stage à
l'HSpit;::)l Cochin,
Service
d'Urologie,
juin 1987,
ParIs.
(6)
MEILLASSOUX,
Cl.,
19133
"Fem'::lle
Sl.;)vel~""",
in
WOnH~r!
Q!!.Q
SlaverY,
The University of Wisconsin Press,
p.49.
CHAPIH:E
VII
SECTION I I
(1)
M~l~:':'
Kal~l,
1965
: Oel.Jy"~::, r::,:orlomie 1.1. e.ibliothèq'Je de 1.::::1
Pléiade,
G.;)llim~rd, XXIV,
p.1419.
ENGELS,
1971
Anti-DijhriTl9
(M.E.
Dijhl~ing
BOIJlevel~se
la
s c i ence) ,
Editions soci~le5, Paris, p.189.
(3)
KAKU
ECHIGBAN,
Lou i s ,
92
<':Ins e nv i r-o n ,
Rlatrilignage gbo.!!.9.t:I"O
Gbata,
Emkwoa,
J~cqueville, le 12 janvier 1976
ORSO DECI,
(Pasteur), Agbovil1e,
le 3 avril 1975 ;
TCHI"U DJOD.JRO,
90
~ns
environ,
p~trilign~ge
Vacho
GW~bD,
groupe Tchoffo,
Rgbovil12,
le
15 avril 1975.
(4)
de 1~ rue Oudinot,
Paris -
eSte d'Ivoire XIV,
Dossier
M~in d'oeuvre 1889-1897.
Esclavage et traite.
(5)
MOUSNIER,
R.,
1969
"Le s
(<Ckdl'es»
n. in Hiél'i;}I~,.;J:!...~g.l'!. ~l.:
,.::lasses sq.~;..iiLl~~?_,
Te:-:tes
l-è'J:nis
P.a1A~
Rogel~
CORNU
et
.Janina LAGNEAU,
Librairie Armand Colin. P~ris. p.IIS.
(1:,)
NCHO TEH!,
80 arrs e nv i ro n ,
r··')tl~ili9nage Mv;avtrfii.,n•., fi';!besse,
gl'Ql.lp~~
Abevê,
Agboville,
le 30 avril 1975.

B6ü
(7)
DOZON 1
-J • -P . ,
1985:
La Sa',: 1,-~tt~i t~.étt:t. __ çôte d 'J,,-vo Ü.:§. Of,S TOM --
KARTHALA,
Paris,
p.166.
(8)
GUEZE
TAPE,
Gaston,
55 ans ,
p';ltl~iU.gT""..l~Je
: go..?sèdcldl..llt ;
NIZAORE Pierre,
66
ans,
patrilignage
Groabeu,
village de
Gossa,
dik~ Djété9Uhe
<DalC)~I), le 9
juillet 1973
A KF'LA KOYO,
P i el~l~e ,
patl~ il i gn.7.lge
A~.2.i)h.Q_9t:_Q.,
Ri m-7.l kud •.i ê
L,
gr'oup~~
Tchoffo,
Agboville,
le 4 avril
1975.
(9)
lADURANTIE,
A.,
1943
"En
eSte
d'Ivoire.
Au pays bété de
Gagna;;)",
in
Revue
Qéo.2raRtÜ..~~::!.!~. ~G"t!?. tz.l~é!~::L~1"~ ~tt ,:l!.-:!. ~~.!:!.Q,::
Ouest,
Tome
XIV,
Fascicule
2
3,
Edouard
Pl~ivat 1
Toulouse -
Henri Didier,
Paris,
p.122.
(10)
MEMEL-FOTE,
H~rris, 1980 : 276.
(1.1>
THOMmm,
1901.
:
(12)
TAUXIER,
1924
:
123,
151.
(13)
LOYER,
in ROUSSIER,
1935
:
199.
"Pour le peu qu'il y a
de vaches domestiques,
les Nègres
de ce
païs n'en profitent point,
les
laissant inutiles,
faute d'en scavoir tirer
le
lait,
dont elles abondent,
~
cause des
bons
p~turages aD elles sont perpétuellement
jusqu'au ventre.
Ils
les
mangent
lorsque la fantaisie
leur en
prend pourvG que
les bêtes féroces
ne
les ayent
p".lS pr·êvenIJs".
(14)
LABAT,
Père J.P., 1730
204.
(15)
CLOZEL,
F.-.j.,
1899
"La
situation économique de la Cate
d' Lvo i r-e :' ,
in
Supplément
au
~'I..lI.Jetin
Q!:!
Comité
de
l'Afrique Française,
n04
-
Renseignements Coloniaux et
Do'.:umer,ts,
p. 66 .
(6)
KWAD,JO
KRAMe.O,
85 ans e nv i r-o n ,
patl~ilign;;'l.;)€~
:
1<'-!.:ll~l.jq, Y-"ldjo,
le 30 juin 1977
;
ORSO DECI,
Pasteur,
Agboville,
le 4
juillet 1977
;
GUEZE
TAPE.
Gaston,
55 ~ns, patrilignage
:
Gossèdodua
NIZAORE
Pierre,
66 ans,
patri 1 i gmlge
:
~~l~o(~beu
DEP 1 E
LAGO,
59 ans,
patl~ il i gn;ll'.Je
:
P-.q!J~. ;
YOf,O AHIPO,
67
ans,
patl~ilignag€~
Ii1.::1..r:.iL
(;055,7.),
t,;1i.k~~l~..
DjétégUhé
(D~lo~), le 7
juillet 1973.
<l7)
KAKU
ECHIGBAN,
Louis,
c f :
(3),
le 12 .i a nv i e r
1976.
(18)
TOTO
GNORO,
94
ans,
p~trilignage
Zegbo,
Galebawa,
le 16 aoGt 1974.
09;,
ORSO
C'ECI,
Pa5teIJ1~, Agbovi.lle,
le l~ .iu i Ll et 1977.

LEROI-GOURHAN,
André,
1945
e t
1 9'73
t1 i li ~ e t :t~.~.: ~!.!!..:i.::l!d.g 5 ,
Editions Albin Michel,
Paris:
VII,
p.140-141.
(21)
al LOYER,
in ROUSSIER,
1935
:
171 et 177
;
bl
LABAT,
1 e
F'èl~e
.J • B. ,
1730
YO"y'.:)Qe§.
dl:!. Crle..Y3J..l..:L~..!:. ::;m.~~
ttARCHA 1 S ~.!. Gu lilé~_ .!.§_t~~. VCl i sj._1'}1i. ft:t ~ ~~~~.!l!:!!~.L. 1'725,
1726,
1727,
chez
Saugrain l'Aîné,
Paris.
(22)
Les
variétés
de
pagnes
Dané
Sofu
e.lenin
Buhunin
Sownl.Jnin
1<.:) mi
Koyanin
SOY1~ i
Dahonin
Banyabia
e.i-3dahon
Gl-3hl.ll<orf~
Pr-opr-e
K'.Jli kod~
Oagbeni
Dl~isonèkol~ê
GIJdu
Bia
d' apl~es
:
LOABIFUA P-3scal,
55 ans,
ancien combattant
GWEBI TRA André
;
FUABI GUEHI Pierre
5EHIBI ZAN
Victor
Bandiahi,
Kuhon
(Daloa),
le 8 septembre
1972.
(23)
TAUXIER,
LO'Jis,
192t~ : 154,
191,
~~11,
230,
232.
(24)
OMON
Maurice,
82
ans,
p-3tl~i 1 ign-3ge
:
Tchoffo,
Agboville,
le 2 mai
1975.
(25)
KOKOHU NGBESSO,
patrilignage
8moro,
OfforudJê,
groupe Abevê,
Agboville,
le 24 septembre 1975.
(26)
KAKU
ECHIGBAN,
Louis,
cf.
(3).
(27)
ADU
LASM
dit SOGBE,
classe d'~ge
OabiJ.
(29)
BEKE
MEL,
Victor,
classe d'~ge : BodJI-Kata,
nlatl~ i li gn.;;lge
:
LOYu-I-3,
p a t r-il i gnage
: B.9.Q_~.9b-3·f
;
DJOMBO AGNIMEL,
Paul,
classe
d'~ge
matl~ilign.;)ge
yebl=J-3;
p;::)tl~ilign-3,]e
-A
(Orogaf),
Oabu,
le 23 février 1977.
(29)
THOMANN,
1903
"A Lazo,
comme dans
les villages précédents,
il n'y
a
pas
de
bétail.
Les indigènes sont dans
le
dénuement le
plus
complet,
quoique
les inépuisables
ressources de la forêt restent partout les mêmes.
C'est
pourquoi
j'ai
voulu
réunir
sous
l'épithète
de
l'
~pauvres" tous
les
habitants du Guidèko,
du Boboué et
du Loboué,
par
apposition
-3UX
Bèté
plus
riches du
BagUé,
du
B~lo et du Zèblé,
dont
j'aur~i l'occasion de
parler dans les chapitres 5uiv-3nts.

o « ,.,
'••J"••J':••
Sales et
vêtus,
pour
la plup~rt d'une simple pe~u de
singe,
les
gens
de
Lazo
~u
vis~ge
déformé
p~r le
t~tou~ge, aux
cheveux
tressés
en
n~ttes
minces qui
retombent sur les
joues ~ l'exception d'une tresse plus
grosse plantée
comme une corne sur
le sommet du front,
ne possèdent
pour
tout bien qu'un coute~u, un j~velot
ou le long fusil
de tr~ite orné de clous de t~pissier."
(pp.
10-11).
(30)
AUGE,
M;:..n-e ,
1989
b.§t
l~ i":'''':3J.92.
êlJ ~ dia n. ::. 0 l~ 9 ;;:1rI i s ;;) t i.QIl et
évollJtiélrl ge s
v:iJ:...l ':~~5
i;! I l ~g i .::,l..D.,
Ol~S tom,
F'~l~ i s ,
pp.
145-158.
(31)
ORSO DECI,
P~steur, Agboville,
le 4 Juillet 1977.
(32)
GUEZE
TAPE,
Gaston,
55 ~ns,
patrilign~ge : Gossèdodu~
NIZAORE Piel~l~e, 66 ~ns, p~tl~ilign~ge : 1';1~o2Q.~ i
DEPIE LAGO,
59 ~ns,
p~tl~ilign~ge : !?·q.~~2 ;
VORO AH IF'°,
67
a ns ,
p~tl~ilign~ge
:r~'::!.éq"
Goss~,
DjétégUhé
(D~loa), le 7
juillet 1973.
(33)
AUGE,
M;:Jl~I::,
1969:
,::f.
(30),
pp.
1~i3-154.
CHAPITRE VII -
SECTION
III
(1)
GEORGES,
Piel~l~e,
1974
:
9i,.::tionn'àil~e d~ l~ Géol.:ll~~phie.. ,
Pl~ess~~s
Universit~ires de Fr~nce, Paris
:
"Forme de
groupement
élément~ire
des
h~bit~tions
rur~les, qui
se
pl~ce
entre
le
vill~ge
et
la ferme
isolée d~ns
l~
hiér~rchie des formes d'habitat ...
D~ns
une considér~tion
dyn~mique
de
l'h~bit~t
rural,
le
hame~u peut
être
une
forme
de
p~ssage
de l'h~bit~t
dispersé à
l'h~bitat groupé p~r accroissement du nombre
des
f~milles
autour
d'un noy~u élémentaire initi~l, ou
au contr~ire
le
résultat
d'un
app~uvrissement
déMographique et
d'une
concentration des services dans
une c~mp~9ne en voie de dépeuplement".
p.223.
(2)
Me.~)N Edou~l~d, 90 errs , m;.')tl~ilign;,)g~~
: 9kli?:!.!L
anc i e n comb a t t an r
AKAD.JE .J.;jmes,
60 ans envi r on ,
m~tl~ i 1 ign~ge
:
KCIVi
;
LAGAGBO AHIKPA,
78 ~ns,
matrilign~ge : Ahavê
;
D.JIFŒ .Jo n e s ,
67
arrs ,
rn~tl~ili.gn';lge
f19.Q..!:!.9..9..D.
,~.l
AV;:Jgu
(.J~I::queville),
le 26 avr-f I
19?5
,.
1.
I<pokpo NdJuê Gbehiri
~
Anjat~kpo
3.
Nzuenu~
4-.
Anlo~m~n
5.
DjukudJuku
6.
Nyoboam~n
-
7.
Gbava
8.
Koyo Am~n
9.
Oboha
10.
Sassako
Il.
Begnini
12.
Lobot,::haman
13.
Lokobu~ Levri
14.
Ankatro 1
15.
Ankatro
II
16.
Nd,ienl.

-v.
(3)
SEPI
VESS0,
Mathi~s,
m~trilignage
NH~tl.J
_ . _ .__..... 1
(J~cqueville), le 16 février
1976
:
C~nlpements
1.
Dugl'u-Aman
2.
Fl'~cu -Aman
4.
Dj~ku-Am~n
5.
Koko M~nkohu
Ut)
NGr~ATCHE
AleNi s ,
m~tl'i lign.:lge ; I.f.LI-.~~t
MBWA
AHUI
.Je an ,
96 arrs ,
nl~tl'i 1 ign~ge
r:~rLg.Q~on..::::' I?odo L~dj~
(J~cqueville), le 16 février 1976
1.
S i ",~son
2.
Kedj~m~n
3.
BeSS;;)Ol~lrI
4.
Kr-ud Jo
5.
N~ns;;)m~n
6.
~.IJ~bi
7.
Lez/J-fim~n
8.
A'y'~m flJtrJ
9.
V.:lmbo
10.
Djèk~m~n
11. NOl'O~ji
12.
AgandjissaOl~n.

-
-'"1,
864
(5)
BIATCHON
Clément,
75
~ns,
matr' i 1 i gn~ge
~; \\Add~h
(J~~queYille), le 22 ~vril 1976 :
Voici les noms des c~mpeMents :
M~trilign~ge propriét~ire
e.~s~mtJ
Gozê
Ev@son
"
N~ngo Am~n
"
Etchi.bi aman
(ou DjukudJuku, ou Sopi ~m~n)
Il
Anzal@zi
"
Net,.::h@
"
Dagri ~Man
"
Gozogo
"
Ahik~ kro
DJabroAlé'
"
(6)
TIBIERGE,
in ROUSSIER,
1935 :
58-60.
Lundy 23 juin 1692.
"Après ~voir
veu
Ag~ssigny,
Bang~
et
les
autres
capessaires et
leur
avoir
recommandé
les
commis qui
doivent rester
chez
eux;
je me suis mis dans un canot
pour de9cend~e
la
rivière afin de me rendre au bord de
la mer
pour retourner à bord i
le capitaine Banga m'est
venu ~onduire
~u
bord
de
la rivière ~vec beaucoup de
démonstr~tion d'~mitié, Vam~qu~y s'est mis ~vec moy dans
le canot,
nous avons descendu le long de la rivière j
l~
pluye ét~nt
venue
en abond~nce nous ~vons esté obligés
de mettre
pied
à
terre
à
un c~rbet qui ~ppartient ~
V~m~quay oD demeurent quantité de ses captifs qui y font
du sel i ce c~rbet se nomme Seripr~n.
L~ pluye
ayant cessé nous avons continué de descendre
l~ rivière
environ
une
lieue
de la mer nous ~vons
trouvé un
autre
c~rbet
nommé
Brindrasse situé sur le
bord de l~ rivière."
Mel",::redy 25.
La mer
~
esté
si grosse tout le jour qlJe les canots
n'ont pu
venir'
à
bor-d , Il est mOl~t ,.::e m~ti n IJn de nos
charpentiers nommé Je~n du H~lde ~près ~voir esté malade-
, _
pendant un mois d'une fièvre continue .

UlilllllJ.il\\'("f:":;L~__.~~.~u.,l,\\j~••••MJ_N~ec,.I,_liil ...b~~('e yfi.s~:"~ e~;f:;':'\\tF"'1''%'1~.~q
mOlS de
novembre,
decembre,
Janvier et fevrler,
la mer
. . .
est beaucoup
plus
belle
dans
ce
tems
l~
que
d~ns
d'~utres parce que le vent est ordinairement de l~ terre
et petit,
et
que d~ns les autres tems les vents estant
presque toujours
de
la
mer
et
fort
grands,
la
grossissent beaucoup
et
rendent
la
barre
presque
impraticable;
il
Y
a
trois
lunes de pluye qui sont
celles de
may,
Juin
et juillet,
après quoy les pluyes
et~nt cessées
les
nègres
travaillent ~ semer le petit
mil et
le
ris dont ils font une récolte p8r an et deux
~
récoltes de gros mil,
l'une au mois de Juillet et

B6~i
l'~utre.:::lu
mois
de
m.:::lrs.
Le
mois
le plus
f~cheux de
l'~nnée pour les pluyes,
les grands vents,
les grains et
le tonnerre est le mois d'8vril
:
il
fit un coup de vent
au mois
d'avril
dernier
qui emporta le comptoir de la
Comp.:::lgni e" .
(7)
MEMEL-FOTE,
Harris,
1986
(~ paraître) .
(8)
TIBIERGE,
in ROUSSIER,
1935
: 64.
(9)
Bibliothèque
Nationale de Paris,
Département Cartes et Plans,
Région Afrique de l'Ouest,
Portefeuille 113,
Division 3,
Plan Rivière Issiny,
Jobet M.20.
(10)
KEA,
f~ay A.,
1982
: 13éi
et 143.
"At the end of the seventeenth century and the beginning
of the
eighteenth
century the ruling triumvirat of the
Assini Polit y
h~d
between
2,200
~nd 2,400 slaves who
served as their soldiers"(p,
136),
(l1)
TIBIERGE,
in ROUSSIER,
1935
: 64.
DAMON,
in ROUSSIER,
1935
: 77.
GODOT,
J.,
1704,
Tome II,
pp.
132,
204,
~~70,
LOVER,
in ROUSSIER,
1935
189.
(12)
LOVER,
in ROUSSIER,
1935
189.
"Le royaume
d'Abassam n'est éloigné de Takuechué que de
dix ou
douze
lieu~s
nori
plus
que
quantité d'autres
petites Seigneuries,
qui ~ proprement parler ne sont que
quelques hameaux,

les
forts
et les plus riches se
sont rendus
les
maitres,
et y dominent sur les autres.
Chacun de ses peuples a son chef,
qu'ils appellent entre-
eux Capitaine,
mais
depuis
qu'ils
fréquentent
les
Européans et
que
même quelques uns d'entre-eux sont de
retour des
Cours
de l'Europe,
où on les ~voit conduits
pour leur
apprendre
~ se conformer ~ nos m.:::lnières,
ils
ont poussé
leur
ambition
démesurée
jusqu'~
se f~ire
aussi appeler Rois,
quoique le plus souvent ~ peine leur
Royaume peut-il
fournir
quatre
mille ames,
tel qu'est
celui-ci,
qui
dans une extrémité pressante trouverait à
peine deux mille combattans,
y compris les esclaves".
(13)
LOVER,
in ROUSSIER,
1935
: 208,
220.
".,.,
les
peuples Veterez nous ~yant déclaré la guerre,
ceux d'Assoco s'intéressèrent pour nous,
et entre-autres
le Capitaine
Emond
vint avec tous ses esclaves,
Qui se
montaient bien
~
cinq
ou
six cents,
~vec quantité de
Brembis ou
C~pchères
envoyez de la part du Roi,
qui se
mirent en
devoir
de
faire
la
guerre aux Veterez nos
ennemis".
(p.208) . . . .
,"
"Cha,.::un de c e s Génél~':,lIJ;< qui comm ando n t
tOUjOU1~S p':)l~ '1,7Cl '..l!:;
leurs gens,
~vec
cette
subordination cependant que
le
Roi donne ses ordres lorsqu'il est présent,
et Y~moké er,
son
absen,::e,
PE",Ft
bien ,:,::Ivoi!' e nv i r-o n ..c i nq 0'-1
s i«
cen"":':;
es,.:: 1 aves '".
(p . 2:~C)) ,
LOVER,
in ROUSSIER,
1935

(15)
LOYER,
in ROUSSIER,
1935
:L81.
(16)
LOYER,
in ROUSSIER,
1935
J.1:12,
:LB/'.
(17)
NGUESSAN
AVIT,
85 ~n$
;
GNAPO GRAH,
83 ~ns ;
KUKU BAWA,
82
ans
environ,
tous
trois
du patrilignage
:
LipoYo,
vill~ge
de
Lipoyo,
Gbokrê
(S;;}~;;S;.'lndl~a),
le 27
avr- il
1977.
(18 )
Ff\\EGBO
LEGrŒ,
69 ans,
patrilignage
: 1)..!:!J'.J.:-~2 ,
Missahi
(Sass''!lndl~ a),
1 e
21
a·"l~·i 1 1977.
GNENnBO GUE,
137 ans ,
p a t r- il i gn,,19f~
: ij.~.D.~l!.:!.'LQ. j
DAKPE NOUMA,
Fr~ncois,
64 ans,
patrilign~ge
(S~ss~ndra), le 28 ~vril 1977.
(20)
idenl
(21)
GNAMB' ESSO LASMe.RO,
'.= 1 ~sse d' lilge
: Nd j l:Q.!!tilll, m~tl~ il i gn;:..lge
:
<. . . ),
Ti~h~,
le 1er mars
1983 et le 20 j~nvier 1984.
(22)
Cette
m~ison
de
pierres inachevée de 2m environ de haut,
7m
environ de
l~rge,
que
nous ~vons visitée le 4 Janvier
1985 en
comp~gnie
de
notre
cousin
AGB'ESSO
G~ston
<classe d'~ge
Sêtê
K~ta) reste un monument de cette
riche époque de commerce.
(23)
KAKU ECHIGBAN LOIJis,
'::f.
(3),
le 17 r.Ié,.=enlbN~ 1975.
(24)
AUGE,
Marc,
1975
"Les
faiseurs
d'ombre.
Servitude
et
s t r-uc t ur-e lign~gel~e
d arrs
la
so,.=iété
a Ll ad i an ? ,
in
L.' es,.=l~v~ge ~
Afriq'J.
pl~t:k:Q.1oni.~ll~, Fr-e nc o i s
M~spero,
Pal~is,
p. 455.
(25)
La
tr~dition
de
Bodo-L~dj~
veut
que ce soit les dieux des
religions tr~ditionnelles
et
leurs
totems
qui
aient
interdit
l~
f~brication
de
sel
~u
village
cf.
Inform~teurs note
(4).
A Avagu,
~u contr~ire, ce sont les conflits ~utour du bois de
chauffage qui ont motivé le déplacement des gens hors du
village et la création des campements
: cf.
Inform~teurs
note
(2).
THOMANN,
1902
501.
"(~ue Igues ,.:hefs
i ntell i gents
ont
réussi cependant,
en
intéressant leurs
c~ptifs,
~
les
employer
~
des
exploitations d'ac~jou ou de c.:::lDIJt.:ho'J':: Il •
l'
(27)
AGUA DADE,
Emile,
chef de village,
Ahorokpa
(Sassandra),
le 16
.:lVI~ il
1977.
cm GOUF:IAU,
C;:..lpitaine
de
gérde,
1B6,='
,ti~~:.:t
~
l.g_2.
~t~.bl issements
fl~~J'I(::.~is
.je
!..~.
~{.~~ ~r Ol~
(23.10.1862),
Do cume nt a r t on de l~ DIvision N;;)v'::d..e, :i1\\,())s;sier Ae,
VCll.
1 -
Archives de l~ M~rlne, Vin~enne5. Fr~~~e.

CHnPITri:E
VIII
SECTION 1
(1)
'v'EBlEN ,
Trror-s te in,
1970
!t!!iOl~i.~
g~
1;;) ~.!:'.lsse df:? l (J i S ~.r:.,
traduit de l'anglais par louis Evrard,
Gallimard,
p.27.
lOYER,
in Roussier,
1935
:
165 -
169,
204 -
206,
~~17 -
218.
(3)
MARX,
K'::'ll~ l,
1968
:
Oeuvl~es -- F:.~:onon.l i es- II,
Ed i t ions G;,) Il i ma r d ,
F' i:) l~ i 5 1
p.• 327 1
(4)
EKISSI
DOFFU, 66 ans environ,
Tchoffo
(Agboville),
le 29 avril
1975 ;
DUPIRE,
Marguerite,
1960 "Planteurs autochtones et étrangers en
e,;;)sse-C(3te d' Lvo i r-e
ol~ient.;üe",
in l;tudes é~)l~néen:nes,
VIII,
Direction
de
la
Recherche Scientifique
Ministère de
l'Education
Nation;;)le de 1;;) République de
CSte d'Ivoire -Abidjan.
( 5)
THOMANN,
1903
11-12.
(6)
REY-HUlMAN,
Di;;)na,
1978
"l'or
et
les
différenciations
soci;;)les dans
l'Anno,
ou
1;;)
cré;;)tion
de
l'espace
politique de l'Anno",
in Journal des Af l2..1(:·W..!.1~:t ~:? ~L T. 'te
-
F;;)s,.:.
L,
p.71.
(7)
HOlAS,
B.,
196f:l
: b..:_im.;l.Q!:l du m.Q.!!9..~ ~été, F'l~esses LJniVf.~l~~;it'::'lil~es
de Fr;;)nce,
F';;)ris,
p.156-178.
(8)
SIBRI
SAKRE,
95 ;;)ns,
T;;JpegUhe,
groupe Sobwo
(Daloa),
le 10 m;;)i
1977.
(9)
SEPI
VESSO,
matrilignage
9ku;;)n,
Hbokru
(J;;Jcqueville)
le 20
févl~iel~ 1976.
(10)
KUKUA
AYE,
7 e'.l
ans/
Wireyo,
Godè,
le 26 mai
1975.
(11)
ZEZE
ARAHULU
DUGBOLU
DJEDJE,
Bakayo, Subré,
le 21
Juillet
1970.
Enquête
collective
de
la
cl;;)s5e
d'~ge
des
?gl!:!~~
~; 0 '-'~; 1 a
direction du Député Dé Lambert,
Sé;;)nce du 1 l
III .:::ll~ <;
1;;' ô';.:' ,
Cinéma Le Capitole,
Oabu.
(13)
-
KO r-;: 1::
ZIeUI,
75 ans envil~on, p.;)tl~ili'Jn;;)ge Gbl~ano~:J.0.t!.Q.., Zob i a ,
BQgUhé,
le 27 Juillet 1973.
-
l<ëBe.EN
n .
d~'lrI':5
Il le
p 1 antelJl~ no} l~ Il
(in EtlJde?_ ÇJ"!:lEILil..~~_!"1.!"1~S,
j6
I n-sr i t u t
Fr anc e i s
d' j:.)fl~iqu~
Noire,
Centl'e
(If~
(~;3te
d'Ivoire,
1956,
p.116)
a
~oYligné
~ette rel~tion de
dett€~ r.:-er·pl::-~tuelle d'H:?=~ les ~tê :
< < .. ,
Un li~Jn.:::lge devient POI-t~ tOI.J.iours le dèbit~~UI' d'lJn
~)tJtl'f~ li.gn;:)~Je 101~SqU' un de srs .eabres er-ouse une j'-~'-'ne
-Fi 11;' ;J " i CI i na i l~e
de
,::e çelTtier.
R~'':3Ir·i"t'J Ions
1 ':~ i
tous
':e~, p;:.lI~~ment5 l~edev;;)bles \\ t·- pre.ier~"Jl li."~lj I.CJ1·~JII_I'-:~ 1.,':)
.ie'.Jne
fill':'~
est
pl~'::;miset.;.. l·.aU"t.:rf~
·""ill.:::Jqe.
;~,'.:\\Ij'v·,~!r.t
1
- .
;l
ill:

.
~t.:

ét~nt
encore enf~nt ;
ensuite les paiements ~ terme du
p r- i :.( nup t i ;.'31
qu i
Pl?uv~?nt
5 ' éterldl~e SU1~
de nomb r-e u s
s
ë
~nnées ;
les paiements en cas d'offense ~ la femme ou ~
sa
f~mille
;
le paiement
lorsqu'elle meurt elle-même;
enfin les
paiements
lorsque ses enfants et
les enf~nts
de ses enfants meurent »,
CHAP 1 TF.:E
ln 1 1
SECTION
I I
0 )
ORSO
DECI,
Pasteur,
62
~ns,
patrilign~ge
Agboville,
le 3
~vl~il 19"75.
(2)
DIGBE,
patl~ilignage
El~vi
et
BOKA
VEI
(Mme),
p~tl~ilign~ge : Mbél'ifl,
Mgbl~U (Agboville),
Le i e r-
j u i l l e t
1977.
(3)
AKRE
ABOU,
95 -
100
·:HIS
e nv ir-o n ,
patrilign.:.ge
:
~.:..!=!êt::!.Q. AblJl:1€~
Mandéké
(Sous-Préfecture d'Agboville),
le 17 ~vril 1975.
(4)
AKAD.JE
'JFU
Clément,
85
;:JrIS
envil~on, m;:Jtl~ilignage : !i~.!lV;)è,
AdJakuté,
Jacqueville,
le 24 avril
1976.
(5)
LAT
MEMEL,
e.;;ll'thélémy,
nl;ntl~ilign;;lge : 8ka P.'I'a-:i:.Q,
c La s s e d'~ge
:
Bad';l
OdjonQba,
Ol'gb~f (D.übu),
le 10 mar-s
19i'7.
(6)
ADU
LA5M di t
SOGBE,
c Las s e d' ;\\ge tL:lQbesi-p-.o_Il.!.:~lI.!., t~l~mêbê (O;:Jbu),
le 22 février 1977.
Cette version
est
renforcée ~ Dibrm par celle de deux
gl'ands tl'~d i t i or.n i 5 tes
de
'.:: 1 as s e
mbol:!!l.:':ll!.,
ND·J0 K
AGNERO NOMEL
(Quartier
Yên
Ikn
êw,
m~trilignage des
LoQbo-la)
et
KOKO
(Qu~rtier
Esr,
matrilign~ge
des
!LonQb;:.l-la ?)
que nous avoris
intel~'~ogés en 19~)7.
(7)
AD.JEI
ADU,
.Jo s e p h ,
c l o s s e
d'~'Je St~tê-Od,ion~1b~,
matl~ilignage
LohoJ:-l~,
patl~ili.gna.;)e
OQo9 1J ,
Bane
([);;lI::".I>,
le
2~3
j~nvif:?l' 1985.
(8)
EG
NIAMBA MELEDJ,
cl~sse d'~ge
!?od,j 1 B~go,
Gb~d,j TI <D-:lbu),
1 e
14 Rl~i 1977.
(9)
LAT
MEMEL. F..>.al~thélélll·/
('~f,
s».
<lO~
EG NIAMBA MELED..J
(do.
El).
(11)
BE KE
MEL
Vi c t o r- ,
Rlatl~ i l i ';Inaçw
L.q,Y.::J. "-l,
8~.2.!;:.i!i. , I.~ 1 a ~5 s ~? ~j 1 ~~ 'J~::'
: !~:..g.9 ,i 1 - 1<..;) t ~_ .
D.JOHBO AGNIMEL
F'~lul,
m;:'ltl~iJ.ign;:J~J€~
Vf.~bl-la, p.~ltl~ i 1. i C-.ln;·.lfJe
b.~J;~!'~ t . '.: les s e
d' ~i}ge
2.êt~-Od.l.:.qr.!.9.!::,2.J
nk l 0 d .i - 0 l~ D g.3 f l'
(Oabu),
le
23
fév,~i.el- 197ï'.
ESCHL I MANN
..1 • F' . ,
1 ')8 ~i
01 L()1~~5WJP.
l'homme sème
1.:')
1Il0,-t ..-'he::
l'animal
et
le
végétal",
i n
!5::J <:'3:1_
t:.:f31·
.~S.i:!.~.~.::~...
nO/"
Institut d'Ethna-Sociologie,
Abid,j;,)J'I,
p. 7<1.
(13)
111.

CHAPITRE
\\.IIII
SECTION
III
(2)
ESSO
LASMBRO,
~l~sse
Nd,iroman,
Tiaha
(D~bu), le 1er m~rs
1983.
(3)
DUBU-BI-VAME, 67 ~ns, ~hef de village;
YA-BI-GOGONE, 62 ~ns,
GONATE,
le
10 septembre 1972.
(4)
ORSO
DECI, Pasteur, Agboville,
le 4
juillet 1977.
(5)
SIBRI
SAKRI,
91 ~ns,
T~pegUhe,
le 6
juillet 1973,
ZEGBEHI IGBO
Joseph,
83
ans environ,
patrilignage
Gabwa, 8alegUhe
(D~lo~), le 21
mai 1977.
(6)
BOLU
BOZUA,
Fr~ncois,
72
ans,
patrilign~ge
ZepregUhe (Daloa),
le 22 mai 1977.
(7)
DUPIRE
et BOUTILLIER, 1958 : 29.
(8)
ZEGBEHI: IGBO Jeseph
(~f. 5).
SERI GROZO
est
le
gl'':;lrId-p~'~l~e
de
l' ITtfOl~mateul~
ZEGBEHI ICP..O
-Jo s ep h ,
CHAPITRE
VIII
SECTION H'
(1)
~I NIAMGORAN-BOUAH,
G.
1965
Les
Abul~é,
in
f1nn;;J 1 es
d'Abidj~n, EthnoSDciologie.
1969
Les
Ebl~ i é ,
in
fI.!)n':;l ]~.§.
de
f' Uni~~l~sitti
d' Ab i d ,i ~ n ,
5 é l~ i e
F,
I
-- F'a s c . 1 Ethnoso~iologie.
hl e.0 N1
Be l~ n "i.~ d ,
1 969
: l-::.~ s .f...ql!..';.!:..ÜH!..~. li!.~oJ:..9..gi ~e~; gg_~ !': 1':;1~ =~
.
d'~,""es' Mémoil~e
de
Maîtl~i!H:?,
Université
de Toulouse,
Fa~ulté des Lettres.
,.:1 AUGE
M.,
1969 : Ch.
7.
AUGER M.,
1975 ~
: Ch.
I.
dl VERDEAUX,
1978 : 68.
(2)
;:)1 PAULME',
O ... :
1971
: (:;',...~~5..2.~gl ~~_t i:t~.~.2Q·;j·_::\\1..t'j:..QJ1.i~ d' ~2~. ~m 8_f.!::j..:J!.:!.f.~.
de .!...:..2.:;:Lest,
Rf:?,.::hel~d·H:~~'3
e n
S •.: t e nc o s
Huma i nes,
35,
Libr;:)irie Plon,
Paris.
b/ MEMEL- 10TE:! H., 1~;>80 : glo::~ F'.::.ll't.i.€~.
(3)
KOTCHY-NGUESS~N, 8. 1 1903 (Th,~~:;€~;'.
(l't,
t
(1.. )
AKf~LA KOYO F'i~'~I~e, p.;:)i.:Tili~.)n':'1q~:? : O.:2..:'5..9.t!9.9t:!.L F.:im.:i.lkud ..i e , T'.:hoffo
(Agbov;i Ile;',
le Le ;J'"'' il 1'<''':),
~::;f~~
".jl;
~4

870
,
( ~-
J,
BOUET, Auguste,
1849.
(il)
GODOT,.J.
170't,
Tome .I r
: ~~53.
-::lI GODOT,
J.
1704,
Tome II
: 254 -
255.
bf
LOVEFi:
in
Roussier 1935
: 215 -
confirme les immolations
consécutives aux expéditions mllitaires.
(8)
GODOT,
J.
1704,
Tome II
255 -
2~)6,
(9)
AMON D'AB"", F ..J.
1960
27.
"L'usage imposé
par
une
traduction
erronée
de
l'expression "élwé-lié"
veut
qu'on
dise
"fête
des
ign-::lmes" au
lieu
de "fête de l'igname".
On ne fête en
réalité qu'une
seule
variété d'igname,
l'élwé-Kpa,
ou
~igname vraie"
~
l'exclusion
de tout autre.
C'est de
celle-l~ qu'on
n'est
pas
autorisé ~ manger avant les
cérémonies qui
font
l'objet
de
la fête,
et qui sans
être la
meilleure
des
ignames est regardée comme une
chose sacrée.
Le proverbe le dit d'ailleurs très bien:
"e·é liJim.;) elwé-a,
bé di !:!(:II.JKU.':.
(10)
AMON D'ABY, F.J.,
1960
: 32.
(11)
DAKFi:E·:
NUMA,
patl~ilignage
: Kukwa~L
ô4 arrs ,
1?·;:Jssa
(S;;'lssandl~a),
le 28 avril 1977.
(12)
NGRATCHE Alexis,
M-::Itrilignage
Towê,
Bodo Ladja,
le 16 février
1976.
( 3 )
KAKU
ECHIGBAN,
Louis,
62 ans,
matrilignage
: ~bonQbro-Gbota,
Emokwa
(J-::I~queville),
le 22 avril 1976.
(1~»
un
MEMEL e.al~thêléftly,
c la s s e
: !;?o-1JJ-=9d.:,LQ.!l9.ba, nVJtl~ilignage
Aka Bl~-::I-l-::l,
OI~gbaf(Dabu),
l~? 10 mar-s 1979.
BREGU d'Or~GBAF,
matrilign-::lge : L09bo-l;:J.,
c la s s e d'~ge
: ~êt~,
.~l
Mopoyem le 7 m-::li 1977.
(16)
LOYER,
in Roussier,
1935
210.
(17)
GODOT,
J.,
1704,
Tome II
294 -
:95
:
"Quand quelqu'un
meurt
on
tue
des
Esclaves
qu'on
enterre avec luy,
l'on enterre aussi de la poudre d'or,
de p-::ligne
et autres choses pour servir -::lU mort disent~
ils en
l'-::Iutre
monde
ou ils cravent que le corps vi~
s-::Ins j-::lM-::Iis
mourir.
Ce n'est que les plus -::Iffectionnés
des Escl-::lves qu'on tUe et même souvent ils se b-::lttent ~
qui sera
fait nlOIJ1~il~, Le pl"'::~tlli';:~l" POIH" allel~ en 1'.~JlJtl"e
!'
monde av e c
let.Jl~
nl-::litl"e.
On en tij,=, selon la ".:pJalité de
,:eII.JY qui
est mor t . S'Y' ,.::'est '.1ft I.~ap;.~her on en ttJe t r-o is
qu' on entel"'~~ ave c l uv dan s
1;] Ill(:<m~ fosse.
on tUe -::Iusisy
24 boeufs p
r
reg~ler ceux qui
~s5i5tent -::lUX
~

C?1
funérailles.
toutte
la ville y va avec leurs armes,
ils
font plusieurs
descharges
de
mousquetteire le long du
voyage sur le corps du deffunt,
chaque parent est obligé
de donner
de
la
poudre d'or au deffunt pour l'ayder a
faire le
voyage
qu'il
fait
quand
il
est
mort dans
l'autre monde qu'ils croient être de six semaines".
(18)
TAUXIER,
L.,
1924
: 208.
(-
(19)
NCHO
ATUBE
AMA,
p a t r-i 1 igna~Je
::>assa
- _ ... _ ..
1
68
(Agboville),
1 e
3D
m.;)I~S 1978.
(20)
ORSO
DECI,
Pasteur,
Agboville,
le 4
juillet 1977.
(21)
DELAFOSSE,
Maurice,
1900 :
558-559.
L'auteur d~crit les soins donnés aux ~adaYres des chefs
par les
Bawlé
pour
les rapprocher de la momification
êgyptieTlm~ :
"Généralement,
on ouvre l'.;)bdomen après le décès,
on
retire les
intestins,
on les lave .;)vec du vin de palme
ou de
l'.;)lcool
européen,
puis·
on
introduit dans la
cavité abdominale de l'alcool et du sel, on replace les
intestins et
on
recoud.
Puis
on
bouche
tous
les
orifices avec
des
tampons
de
coton
et,
dans
les
familles riches,
avec
de la poudre d'or.
Quelquefois,
on étend
des plaques d'or sur la bouche,
les yeux,
les
oreilles et
les
narines
;
puis on pare le cadavre de
ses bijoux,
on le recouvre d'un pagne et on le laisse,
couché sur la natte où il est mort.
Pendant
les
trois
premières semaines,
il se dégage
une odeur
nauséabonde
~ laquelle on remédie tant bien
que mal,
en
brûlant
alentour
des
herbes
~
fumée
odorante.
Ensu'~~
l'odeur
s'atténue
pour disparaître
bientat tout
~
f.;)it:
la corruption,
sous l'influence
de l'air
~~
de la chaleur,
a cessé pour faire place ~
la dessiccation,
et
au
bout de deux mois,
sans autre
préparation,
sans
qu'il soit besoin de bandelettes,
le
cadavre présente
absolument
l'aspect
bien
connu des
momies égyptiennes.
J'ai
été
~
même
d'étudier
ces
transformations lors
du
décès de Nyango-Kouassi,
chef
de Toumodi,
qui
est
resté
exposé
sept mois dans la
chambre mortuaire avant l'enterrement."
(22)
AD.JEI
ADU Joseph d'Aklodj-Agbaille,
Bohn
(Dabu),
le
1985.
(23)
EKISSI
DOFFU,
bb ans,
patl~ilignagt;~ : Eb.!:J,:=h.L
GbandJé,
T,:hoffo
(Agboville),
le 29 av r i l
1975.
(2(~l> EKISSI
DOFFU : ,:=f.
(23).
(25)
ORSO DECI,
Pasteur,
Agboville,
le 29 avril 1975 .

(26)
Les
t.a t t ns
font
1::1 d t s t t nc t t o n entl~e tloÉti3!,
v i c t i me o'ffel~te
::lUX dieux
comme
offr~nde
expi~toire pour apaiser
leur
courroux et
yictima,
victime offerte en remerciement de
faveul~s r-e cue s ,
A.
Er-nouf et A.
Meillet,
:1.939
:
~U.,:=ti_onn;:..lil~e
ét .... molo9iquf~
dt!
1"-1
J.'''!.fl9.!::!.~.
l.:'i!.t:u:!.!È. -
Ha s t o a r-e
des mots,
Libl~.::Jil~ie C.
Klincksieck,
P;:,ll~is/nnthony
rÜd",
1987:
Di,:=+:ionn;;)il~~~ des
anti9uité~5
!.:'..2m.il.Jnes
et
:::we,:9ues,
traduit de
l'angl.::Jis
sous
la
direction de M.
Chenel,
Editions Henri Veynier,
Paris,
(27)
EI<ISSr DOFFU
:
.•:=f.
(23).
(28)
YEDAGNERO
Alphonse,
c Las s e
d' glge
: ~.L~..!.~. !$llt;;L
matl~ili.';JnaçJe
EdJm-la,
Tupa,
Mopoyem,
le 25 octobre 1978.
(29)
ASSONGO
OEGBO,
70
ans,
p.::Jtrilignage
(Agbovi lle),
le 18 jui l1et H'73 ,
EKISSI DOFFU
:
cf.
(23).
YEDAGNERO Alphonse:
cf.
(28).
(30)
BONI
KOTCHY,
80 ans environ,
patrilign::lge
8ffi~, Grand-Moriê
(Agboville),
le 20
juillet 1973,
(3:1.)
ASSONGO DEGBO : ,:=f.
(29).
ESSE
KAKU Paul,
Grand-Mori@
(Agboville),
le 18 juillet 1973.
(32)
NCHO
ATLJP.E
AMA,
patl~i lignage : r.11~.2..:~1_-j~:.Q.~Q.,
Oll..ud.ié
(Agbovi !le) ,
le 19 juill~t 1973.
(33)
YEDAGNERO Alpt'Ionse,
:
,:=f,
(28).
(34)
AS~)ONGO DEGBO : c f ,
(29).
(35)
GNANBU-BI-ASSALE,
85
ans
enviroT'l,
patrilignage
~:!.kut:"l,
Dugbafla fUmé),
le 4 -:.loGt 19lB.
(36)
ORSO '.)[121,
f'asttl~, tigboville, lf.~ 't ..iuillet 1977',
..

CHAPITRE
IX
SECTION
I
(1)
;;lI .JANKELEVITCH, Vl;;ldinlir,
1977
:
b!::l. ~.Ll=2.rt.
Fl;;'tmm;;ll~ion,
Edi.t€~Ul~,
P;;lris.
Cf. L;;l notion d'oecumenicité de la mort -
"L'évènement oecuménique
de 1;;) mort,
oecuménique p;;lrce
qu'il arrive
en tous lieux
et ~ tout le monde,
9;;lrde
mystérieusement
pour
ch;;)cun
un
car;;)ctère
intime et
personnel, un
c;;lr;;lctère décousu et qui ne concerne que
l'intéressé
; ce destin oecumenique reste inexplicable-
ment un m;;llheIJl~ pl~ivé." (p . 28).
bl MORIN,
Edgar,
1970
:
~lme ~~t l:~. ~IOI~t ..
Editions du Seuil,
Paris.
cl RUFFIE,
J;;lcques,
1980
Le ~H"',l;L~ et la. m.Ql~t_, Editions Odile
J;;lcob, Seuil,
Paris.
(2)
;;lI
ZIEGLER,
Jean,
1975
Se'Jil, F·;;ll~is.
bl SAUVY
Alfred,
1977
Co.Gt
~t ~~l.et:!.!:. 9!,i 1. a y i~_ hU~lqi.n.~.
Herm-EInn, P;;ll~ i s,
13 ..
L'inég;;)lité sociale devant 1;;l
mOl~t .
(3)
al THOMAS,
Louis-Vincent,
-
1968
: Cing ess;;lis §.!dl: 1:1 nlol~t. ;:..l+·I~i~:.::.li.I!.~,
Un i ve r s i t é
de Dak-EIr;
Public-Eitions
de
l;;l
Faculté
des
Lettres et
Sciences
Hum;;)ines,
Philosophie et
Sciences Soci-EIles N°3.
D;;lkar.
-
1975
Anthropolo9ie de ].~"l ~.lOI~t, p;;)yo·t,
F';;lI~j,S.
-
1977
sous
la
direction de Louis-Vincent THOMAS,
Bel~n;;ll~d ROUSSET,
Tr- i nh
',Jan
THf~()
L;.l,
'lIOI~t
;;luJourd'hui,
Editions Anthropos,
Paris.
-
1985
Rites
(Je
ft)OI~t
pou.':
1~1
e.:=.li1:~ 1.~0}, ~~~.Y3~D.ts,
Librairie Arthème Fayard,
P;;lris,
bl ARIES,
Philippe,
-
1 97 5
~ s S ;;l i s 5 IJ l~ l':"t" i f:.Ltf:U:.!:~ ,:Jg 1:~, ~.m!,'..t. ~t_f.~ 9-S,:::.t..9J~ rLt.
9!::!. MOVen
8.92.
:\\1 D11Ji. "iO!:l!.:2.' Ed i r t o ns ~1u ~:,euil,
f'.:::ll'is.
-
1977
: L' h~ PL't..an.t 1":::1 ~.Lql~t,
~:.eu i 1...
F·.~\\l~ is ,
':/ e.AUDRILLARD,
.Je.;} n ,
1 9 76
: !:: ' é!,;,t!.::l r.!.~i~_ §..:iJ).!t::.Q..U ..:..]~)g ~? t
!.:f:I.. m.f.l r' t ,
Bibliothèque des
Sciences
Hum;;'tines.
Editions
Ga Il im.:::ll'd .
dl
GNOLI,
G et VEF'Nf.,NT .J. -F'"
(Cjous 1.::.1 dil'el.:tion dE~)
19B2
: ~1
ft) 0)' t , l e s
!lH2.\\.:.' t !i
9a nli .1!::::!_ î?_Q~;j:.!:tt~t~.. J!.!'s~j,..~~!.r15~ 5_ ,
C~mbridge University
Pr8ss and Editions de la
Maison des Sciences de l'Homme,
Paris,

THOMAS,
Louis-Vincent,
1982
:
b~~1 ~.~9Tt. :'!:!JJ.:i,.:.:::lir:~~_ -
Idéc)lo~Üe
fun é l~ a i l~ e. d €~ J"':"f1fJ~j.':;I~.f~ t!f.!.iJ~.!L
Pa y (J t,
P.:,w i. 5 •
bl
THOMAS,
Lou i s-l"Ii n,.:ent ,
1980:
Lf?
t.:~a(j.::::lVI~e. Df? 1"" !;'i ()_! oq i e !i!
l' ;::lrIthl~O.eO1ot.:! i f.t.
Ed i t i o n s comp 1f:~:':€~,
el~I-,:·:e Il es .
,.:1
HAERTENS,
.Je;:lTI-Thiel~I~~',
1979
!i.i:tftl o 9.i.9.u e s L_ l-& ,i~~'J du
ftIOI~t. Aubiel~ Mont;li.;}ne r
F·;;'ll~is.
(5)
al
CRUDELI,
.Joseph
<Dl~),
1914
B2-Bl~
Ço!}mi~ 9~ l~ Côte
d' Ivoil~e.. Cel~,.:l~t
!=l'J
~~~l§_-:_~~f:L~!-Ü..!.:;L
uu
point
de
vue
politique et
économique,
us
et
coutumes.
Imprimerie
Paul DUPONT,
Paris,
l'atteste pour les Krumen
"Quiconque meurt de vieillesse ou des suites de m""ladie
est considéré
«avoir
mené une existence dig~e ~ tous
égards»
et,
par conséquent
«s'être bien conduit»
sa
vie durant.
Il est alors pourvu,
dans sa tombe,
de riz
mélangé ~
de
l'huile
de palme.
De l'eau,
parfois du
gin, est
Mis
~
sa
disposition.
Sur le
tumulus
est
également placé
un pot en terre
contenant du riz.
Un
membre de
la famille est chargé de
renouveler le riz
qui,
pour
@tre dévoré par les oiseaux et les insectes,
n'en est
pas
moins
considéré
comme ayant
servi
~
l'alimentation du défunt.
La mort .::::lccidentelle est,
au contraire,
l'indice
d'une existence
non
exempte
de reproches.
Je dois en
excepter les victimes de la guerre.
La mort accidentelle est parfois due ~ la colère
du fétiche.
Le
17
Juillet
1911,
se noyait,
dans la
barre de
Tabou,
un
indigène
dont
le
cadavre était
ramené sur
la plage deux Jours après.
L'un des assis -
tants fit
alors
connaître que le noyé lui avait,
cinq
jOUI~S ;llJr,aravant,
de,:lal~é que,
gl~:;]':e ~ 1;;) pu i s s ance de
son fétiche,
il allait pouvoir le faire mourir.
Chacun
de reconnaître
aussit8t,
comme
cause
du
décès,
la
colère du fétiche.
ET! effet,
.::.:a
1;;) l~emise de celui-,:i,
l' a':qlJ'él~eUI~
prend l'engagement
de
ne pas ""ttenter .::.:a 1;;) vie de son
senlblable, ~ moins de n'être personnellement eT! d;;)nger.
La violation
de
cette promesse,
ainsi le veut la tra-
dition qu'une
certaine
co~ncidence
renforce
plus
encore,
entraîne 1"" mort du p""rjure.
O;;)ns le
C;;)S
de mort ;;)ccidentelle,
le défunt est
Jeté tout
nu
dans
une
fosse.
Les
p~rents pourront
pleurer,
m;;)is il n'y aura pas de libBtions ;
le tam-tam
ne l~ésonnera
pas.
AU':lJne nour-r-i tl.Jl~~~ ~o..?_t ~~ol~tell!. ne lui
s e r-a donnée.
Cette dérogation
~
la
coutume a pour objet de
punir l'individu.
A
la
suite de cette sorte d'expia-
tion,
le
défunt,
au moment de sa réincarnation,
;lppa-
r""îtra doué de qualités meilleures.
En une
seyle
circonstance,
le
défunt
est
condamné.::.:a
l'éternelle mort.
Le
cés se présente
peur

\\3:;' 5
tout
individu tué d'un ~oup de feu p~r un ~h~sseur que
les ~pparence5
ont trempé.
Une telle mort est ~onsidé­
rée ~omme la punition d'une vie fort mépris~ble.
Dans ~e
cas,
point de sépulture.
L~ vi~time est
placée dans
la position assise
entre
deux cloisonne-
ments de
fromager
(Ericdendron>.
Un cert~in dispositif
est en
u5~ge
pour
mettre
le
cadavre
~
l'abri des
fauves.
On
place
devant
lui
et ~u-dessus de la tête
d'énormes piquets.
Les
uns
sent
~ppuyés
~ontre
le
tronc,
les ~utres sont fi~hés en terre.
Je ne
saurais
manquer
de dire qu'une pareille
sépulture est
réservée à tout féti~heur. Je n'ai pu en
discerner la c~use. J'~jouter~i néanmoins que l~ priv~­
tion de
sépulture,
l'absence
de fêtes
funér~ires, le
m~nque de
nourriture
n'entraînent
nullement,
pour le
féticheul~ défunt,
le l~ejet d arrs l' étel~nité.
L'emplacement du
tombeau
est déterminé par les
circonst~nces qui ont amené la mort.
Le plus
souvent,
la fosse est creusée non loin
du vill~ge
quand le décès est survenu «~ l~ suite des
pr~tiques de
sorcellerie»,
disons de mort naturelle.
Le corps est enterré la tête vers l'Occident,
les pieds
III l'Orient.
L' homme nleul~t-il
nCl')'é,
le
c adavr-e
est,
au
contraire,
enterré
sur
les bords de la rivière ou sur
le littoral
de
la mer.
Agir différemment exposerait ~
la fureur
des
flots
ou
à
la violence des crues.
L~
rivière déborder~it,
un
r~z
de
m~rée se produirait,
r~menant ainsi
le
c~d~vre
qu'on
aur~it
voulu
leur
~l~r;;'l,.::hel~ .
Le s~crifice
d'un
boeuf
pourrait
apaiser
le
courroux des flots.
H~is, qu'~ la suite d'un retard,
un
~ccident nouve~u
survienne,
l~
f~mille
n'hésiter~it
nullement ~
décl~rer
respons~ble celle qui,
au mépris
de la tr~dition, ~urait provoqué l~ colère des e~ux.
Il
naîtr~it, de ce fait,
un pal~bre des plus sérieux.
Celui qui;
d~ns l~ brousse,
sur les
rives
d'un
fleuve au
sur
le
bord de la mer,
découvre un cadavre
reçoit de
l~
f~mille
une
poule
et
une
5ubst~nce
blanch~tre, simple
résidu
de
champignon
qui
a pour
effet de conjurer le mauv~is sort dG ~ l~ découverte du
c~d~vre. Elle empêche l'individu d'avoir co~st~mment l~
vision du spectacle peu réjouissant d'un corps en décom-
po s Lt i o n . Il
bV AUGE,
M.,
1975
Jhéel~i~ des. e..9I.JVOil~S et idéologie. Lt!Lde. d~
~_ ~ h~~.!~_ d' IV(.Jil~ll -
Hel~nl~nn,
F'~l~is.
OREO
DECI
F'~steul~ ,
~,.
'_1 ...1
-".lTIS,
Agboville,
le 4
juillet 1977.
,
( ...
1 •
Louis-Vin<:ent,
19B5
FUtes de!!!.Q.tl,
Libl~~il~ie Al~thème
F~ya\\~d, F'al~i5.
"Nous proposons ~e néologisme pour souligner l~ volonté
de mettre
en
scene une image profondément représenta-
tive du
défunt
dans
un
cadre
qui rend compte de la
solennité et de la gravité de la situation.

876
D~n5 les
sociétés
traditionnelles
où l~ mort est une
~ff~ire publique
qui
eng~ge
toute
l~
commun~uté,
l'exposition du mort au milieu
de
l'~ssist~nce est une
règle ~
peu
près génér~le. Allongé sur une n~tte, sur
un l i t
de
p~rade
ou
dans un cercueil,
pl~cé dans
l~
maison mortu~ire,
dans
une
case spéci~le ou en plein
air,
parfois
accroché au faîte d'un arbre ou hissé sur
un échafaud,
il
lui arrive au besoin de présider lui-
même ses funérailles.
Les modalités varient suivant
les
lieux et
les
croyances mais
il
figure
le plus souvent
en grand
apparat,
nanti
de
tous
les
symboles
qui
l~appellent sa ·foTII.:tion s oc a a Le ? •
(r::••
155).
(8)
THOMAS, Louis-Vincent,
1985
:
148.
(9)
GUEDE LUE Gaston,
chef de village,
65 ans
;
IGBO GBOMENE Albert,
70 ans;
SERI GUEDE
r.:ober.. t,
57 .:::lns,
Keibla,
gl~ol.Jpe e.ezebwo
Waloa),
le
20 m;;:li
19"77.
<la)
BOTE
TEHüELE,
chef
de
village
Lessiri
l,
Yakolo,
OakUya,
Subl~e ,
le 25 novembre 1976.
(11)
TAUXIER,
1924:
2!.\\9.
( 12)
LARTIGUE,
(Capit;;}iTl€~) 1851
: 363-364.
R;;:lpport sur les comptoirs
de Grand-Bassam
et
d'Assinie.
in
Revue
Çoloniale,
O,.:tobl~e 1851.
(13)
MEMEL-FOTE,
1980
: 337.
(14 )
BOTE
TEHüELE,
BD
ans
environ,
chef de village,
Y;;:lkolo,
Dakuy.:::l (Subre),
le 25 novembre 1976.
(15)
AGBE
DIGBE,
Francois,
patrilignage:
Elevi,
doyen d'~ge des
hommes.
BOKA YEI,
Marie,
doyenne
d'~ge des
femmes,
Mboru
("Mgbru"),
Agboville,
le 1el~ jl.Jillet 1977.
<l6)
GANe.U-BI-ASSALE,
dr.>yen
du vill;;:lge,
Dugbafla
(Ulllé),
le (~ aoGt
1978.
(17)
CLOZEL,
F.J.,
et VILLAMUR.
R.,
1902
: 467,
516.
(18)
Mme
NCHO ATUBE AMA d'Okudjè
(Agboville),
p;;:ltrilign.:nge
le :m m.:::ll~S 1 cn8.
(19)
NCHO
ASSI,
doyen
dl.!
vill.ag€~,
E?;;),.:on
(Akur..é),
le 1.9
jl.li.llet
19713.
(20)
NCHO
A551
;
AKIAPO
ALLATIN,
Emile,
chef de vill;;)ge depuis
1953
NGUESSAN
YAPO,
adjoint ~u chef! Afferi,
le 20
juillet
1978
KABIE
KOBON Francois,
;;)ncien chef du vil13ge,
Asseudji
(A'Her'i>,
le ::~O juillet 19713.

,:)..,-;
.11
1
(21)
NGUESSAN
AVIT,
p~b~ili/]n;!l~F~ : b:..:.Lr:~o'lo
j
GNAKF'O Gf<AH,
patl~ilign;::)g€~
l-::.1P.Ç1.1:S.t (~i~ss;nndl~':.l),
le 27 ;;\\Vl~il
1977.
(22)
EISCHLIMAN,
.Je-nn-F'~ul,
198~i,
~".f~.
f.~.2D.i
dev~nt
1:::t
!n.9_r t .,
K~rth~l-n,
F'~ris,
p.165.
(23)
ORSO
DECI,
Révérend Pasteur,
Agboville,
le 4 Juillet·1977.
(24)
SERI
ZUZUA,
Je~n,
L~bia
(Daloa).
le 10 ~QOt 1974.
(25)
ADJEI
ADU,
Joseph,
d'Aklodj-Agbaille,
Mcipoyem
(Dabu),
le 13
févl~iel~ 1975.
( 2 b )
DO UGLAS
M~ l~ y,
198 1,
Q.~i 1.~1 f:.LŒ~Li·l..J..!.~t!':~....!.. ~~~L~.§d... ~!:. J. e..2 rlCl t i-..Q.D.§. i~
eo 11 ut i on~.!.
d~~_
t ~.t:.Q.!d.
Tl~.Ol,jU i t
de l' .::lng 1 ~ i S p ar- Anne
Guerin.
François Maspero,
Paris,
ch.b
: 128 -
129.
(27)
DOUGLAS M-nry,
1981
138.
(28)
DOUGLAS Mary,
1981
14'~ -
1~i3.
(29)
BOLU
ZIKI,
86
ans,
chef
de
canton,
Okruyo
(Subre),
le 11
dé';:embl~e 1976.
(30)
al TORO
GNORO,
Gbeuliville
(Daloa),
le lb aoOt 1974.
bl MADU TAPE,
Albert,
Niamayo
(Dalo~), le 13 septembre 1974.
(31)
Ae.UTU
KPAD.JA
MEL,
Y.::lss~.lkp-ndjf.~b,
ti9.D.9.!..,!--la,
c 1 ~ s s e !lflQ...L!. ~
Mopoyem
(Dabu),
li;? 5 .i arrv i e r- 1985.
CHAPITf\\:E
IX
':iECTION
I I
(1)
CRUDEL L,
.Joseph
(Dl~),
191 i~
ç~.9..1:g.!:~Ü~_ 9.ft 1.;) Cêite ~!':.L~.9i. c.~ -
Cel~,;:le dlJ
~~~s::J:~:Ë:tY...z1.LtY-
?.~:J..
f..~.Q_LDt
~je
yue. poJ._i-!,i'Jue ~t
è,;:0 n 0 ni tl-!..EL.. !:I..5.
~~.1::.
~;~.9.!:J...t.!;:!.!l1!::~.!.L
I mp r- i me r- i€~
P ~ '-'1 [)IJ P 0 nt,
F'~ris : p.78.
"Les captifs
de
case
proviennent
des
captifs
d' ~,;:hat .
La tribu des Panions,
au nord-ouest du Voubou,
est
l~ triste pourvoyeuse.
Le
sort
de
ces
c~ptifs
peut ne point paraître
nI~lheureux. Le
gîte
et le couvert,
dirions-nous,
leur
sont ~ss'-'rés.
Ils doivent tr~vailler au profit de leur
nl~îtl~e. Ils .i ()U i!5 ~:j (-? nt· d' I.HI(·::- (~€·~r' t .;) i ne 1 i t.er·té et peuvent
contr~cter mari~ge.
1
Je
crois
pouvoir
~éclarer
cependant
que
la
captivité est plutdt subie qu'acceptée.

Après
l'incendie
du
village de Bibi,
tribu des
Oubis,
~rrivait
~
Tabou,
en décembre 1910,
un captif
qui n'avait
pas hésité ~ fuir la communauté du chef de
village,
son maître.
Un
trait
de
moeurs
fixera
mieux
encore
mon
hypothèse.
Le
libre
parcours
du
domaine
territorial
des
diverses tribus
n'est
pas
admis dans le Cercle,
sauf
d~ns les régions c8tières
(?).
Quiconque
ne connaît pas le dialecte de la tribu
qu'il traverse est,
s~ns merci,
mis ~ mort.
Sa qualité
d'étr~nger reconnue,
tout
lui est refusé.
Le malheu-
reux voyageur
quitte
alors
le village inhospitalier
et,
peu
après,
il est abattu d'un coup de feu dirigé
par un
indigène embusqué.
Cette coutume barbare sévit
dans toute
sa
rigueur chez les Soropoués,
~ l'est de
Patokla et au nord-est de la tribu des Doubouious.
Nous
comprendrons
ainsi que les captifs d'achat
de langue,
de
moeurs totalement différentes de celles
des diverses
peuplades habitant le Cavally connaissant
le sort qui leur serait réservé,
en cas de fuite,
aient
préféré et préfèrent la servitude ~ la mort.
Leurs descendants
devenant
captifs
de case ont
pris la
langue
et
les
moeurs
de
leurs
maîtres.
Originaires de
la
tribu,
la captivité pour eux cesse
;j'être.
Dès lors,
aucune
idée de fuite ne germe en leur
esp'''i t.
Voilà comment la captivité,
péniblement subie par
le père,
est acceptée s~ns répugnance par le fils.
Il e:dste ~ Tab o u un village dit de «Libe,..té».
L'existence nouvelle
menée
p~r
les
captifs
d'achat
libérés ne
fait
nullement
regretter ~ ceux-ci la vie
qu'ils ont abandonnée. "(1914
: 78).
(2)
MHHZ,
Sidney,
1981
"'Je,"s une h t s t o i r-e af,"o-améri'.:::ai ne Il,
in
Es,.::lave ::. fa,:teur de p,"o1!:!.'.::tiQ!.!. :: l'é,:onomie pol i tique
1ft l'esclavage,
sous
la
di ,"e,:tion
de
S.
HINTZ,
Traduction de J.
Rou~h, Dunad,
Paris.
"On aura
beau
faire:
une fois les révoltes armées,
les empoisonnements,
les incendies de champs de canne,
les aYOr~eMen~s et les automutila~ions dament recensés,
c'est toute
l'idée
de résistance qui doit être revue.
Cette réinterprétation
a
en
fait
commencé
dans des
études récentes
sur
le marronnage,
la vie des captifs
sur les
plantations
p~
l'analyse
des révoltes,
tant
réussies qu'avortées.
Ces études permettent de définir
les différentes
formes de résistance ;
toutes -
depuis
la révolte immédiate,
ouverte et spontanée des esclaves
nouvellement débarqués
jus~u'aux
innonbrables
techniques de
résistance clandestine employées par les
individus ou
les
groupes
supposent
des degrés DU
paliers divers
d'adaptation
aux
exigences
de l~ vie
quotidienne en
captivité.
Comme
nous le verrons,
les
multiples facettes
de
la
résist~nce montrent que les
~sclaves savaient fort b1en ~pprendre, interpréter,

879
imiter,
tromper,
flatter,
et par-dessus tout évaluer la
situation,
faire des plans et s'organiser. En reconn~is­
sant enfin ces capacités,
nous pourrons mieux comprendre
les divers modes de répression et,
qui plus est,
le rap-
port extrêmement complexe qui lie pensée et action,
dans
des conditions d'extrême répression.
On part souvent des
circonstances contemporaines
pour,
par analogie,
insis-
ter sur
les faits de résistance violents des Noirs ; on
oublie ainsi que le racisme contemporain, si odieux soit-
il,
permet
aux
victimes de réagir plus diversement que
ce ne
fut
le
cas pour les esclaves.
Toussaint Louver-
ture,
cocher
fidèle
qui
aida son maître ~ fuir 5aint-
Domingue,
fut
aussi le chef légendaire de la Révolution
ha~tienne:
les deux épisodes font au même titre partie
de l'Histoire.
En saisissant la personnalité globale de
Toussaint dans
toute sa complexité,
nous ne nous inter-
disons pas d'apprécier ~ sa juste valeur son raIe histo-
rique. L'homme,
comme tout un chacun,
avait ses doutes
et ses contr~dictions ; nous ne pouvons que l'en admirer
davantage,
et comprendre ainsi plus profondément le pro-
cessus historique
dont il faisait partie. Autre exemple
: Dallas
affirme que,
lors de la promesse de paix faite
par les
planteurs en 1739,
Cudjoe,
un chef marron de la
Jama~que, se
Jeta
aux
pieds du Colonel Guthrie et lui
demanda pardon. L'anecdote est peut-être pure invention.
5i elle
est
vraie,
il faut pour la Juger tenir compte
des combats
remarquables menés par Cudjoe dans des con-
ditions extrêmement difficiles et du traité conquis arme
au poing par ses hommes et lui-même.
Les exclaves
vivaient
dans
divers milieux qui tous
avaient leur spécificité;
de ce fait l'histoire
de la
résistance s'emboîte
dans
celle,
plus
vaste,
de
la
traite et de l'esclavage.
Combien d'esclaves fraîchement
inlportés grossissaient
la
population
captive locale ?
Quelle
était la proportion africains/créoles?
Hommes/
femmes?
Y avait-il des affranchis noirs ~ proximité et
si oui,
quel était leur statut?
Autant de facteurs qui
ont contribué
à
forger
les
divers
cadres de vie des
esclaves ainsi Que la substance et l'intensité
de
leur
résistance.
L'historien de
la r~sistance noire doit notel~ dès le
départ que
les
esclaves,
comme tous les êtres humains,
étaient pressés
par
toutes
les nécessités de la vie
:
dormir,
aimer,
manger, expliquer,
comprendre,
survivre.
Le poids écrasant de l'existence quotidienne était peut-
être alourdi
encore
par
la cruauté et l'arbitraire de
l'esclavagisme au
Nouveau Monde,
mais de toute facon il
ne se
faisait aucunement oublier. C'est ainsi par exem-
ple que,
selon Debbasch,
la plupart des esclaves qui au
XVIIIe siècle
s'échappaient
des
colonies
francaises
d'Amérique etaient
tout simplement poussés par la faim.
Les fugitifs vivaient aux crochets des esclaves restés ~

8BO
l~ pl~nt~tion,
et Debb~sch trouve assez d'exemples de ce
genre de pr~tique pour p~rler de
«p~r~sitisme»
direct.
Il est
fort difficile de Juger des effets glob~ux d'une
telle rébellion.
Il est certain que les év~dés représen-
t~ient un
d~nger réel et import~nt pour les pl~nteurs :
ils défi~ient
leur
~utorité,
réduis~ient
leur
m~in­
d'oeuvre,
et
donn~ient
courage
et espoir ~ux escl~ves
restés en
~rrière.
Qui plus est,
les fugitifs cré~ient
souvent des communautés en dehors du système esclavagis-
t e ;
nouveaux héros,
ils allaient parfois jusqu'~ pren-
dre les ~rmes contre la société blanche. on trouvait des
commun~utés de
fugitifs
dans les
jungles du Brésil,
du
Surinam et
de
la
Guyane
Francaise,
~ l~ Jam~~que, ~
Cub~, ~
5~int-Domingue
et ailleurs;
elles survécurent
parfois sur
plusieurs
génér~tions, puis furent détrui-
tes,
ou
plus
ou
moins englobées d~ns l~ vie n~tion~le
après la
révolution
(comme en Ha~ti> ou l'ém~ncipation
(comme à
la Jama~que).
Tous ces
épisodes
palpitants
ne s~ur~ient pourtant
faire oublier l'existence d'autres modes de résist~nce -
subtilement tissés,
p~rfois,
~u
sein
même
du régime
escl~vagiste. Nous
s~vons
m~lheureusement
fort peu de
choses sur
le
vécu des esclaves,
mais de bonnes études
historiques
(p~r
exemple
Bauer et B~uer, ou P~tterson>
ont tenté de démêler le complexe écheveau émotionnel des
c~ptifs ~
l'~ide
de
récits d'ex-escl~ves (par exemple
R~~ick, ou
Barnet)
et
d'ouvrages historiques généraux
datant de
l'ère
esclavagiste.
Répétons un point essen-
tiel
: l'escl~vagisme au Nouveau Monde ét~it aussi varié
que complexe ; non seulement le c~dre écologique,
écono-
mique et
social
était bien spécifique à ch~que société
escl~v~giste et
~
chaque
époque,
m~is les commun~utés
d'esclaves elles-mêmes
ét~ient
loin
d'être homogènes,
que ce
soit
en
termes
de
personn~lité, de stabilité
émotive,
ou des sentiments qu'elles nourriss~ient envers
le système."
(1981
:
76-78).
(3)
HEGEL,
G.W.F.
1939
:
~::.:~ eh~'·lql\\;~!191.9gie 9_~ ).' ESel~i.!., Tr aduc t i o n
de Je;,ul
Hyppolite.
Editions Montaigne,
P~ris Tome I-IV
A.
(4)
CAMUS,
Albel~t,
19c!>5:
L't...:>nlnlf1 l~évolté, in Es~ais, E?iblic>'t.7hèque
de la Pléiade,
Editions Gallim~rd, P~ris, p.
423.
(5)
EG
NIAMBA
MELEDJ
et
NIAMBA MEMEL,
Classe
:
P..od..J.l,
GbadJn
(D~bu), le 13 ma i
:l.9T7.
(7)
DAGP..A
ABOKO,
r-. a tl~ i 1 i 9 rt~:l~] E? : I.~.!:l.:t\\~~ (? t NIA~RA KRAGNON, p~trili -
gn~gf~
,~ n ~ Qt:.§fl.i~ ,
Ka dr-o k p a ,
(Sassandra> ,
le 19 avril
1977.

881
(8)
UYA
r~GUESSAN,
e··:ll~the l emy,
patl~ il i gnage
: r and.~..
56
a n s ,
..:he f de
village depuis 1977
et
LALE KPLE,
Albert,
patrilignage
: Babonuin,
60
~ns,
Secrétaire
du Comité du PDCI-RDA
depuis 1960,
Sakad~ (Umé),
le 7 ~oOt 1978.
(9)
EG
NIAMBA MELEDJ et NIAMBA MEMEL,
Qbodjl~,
Gb~djn
(D~bu),
le 13
m~i 1977.
( 10)
ABU TU
I<PAD.J A
MEL,
'1" a s s a kp-Ad.j eb 1
Mo!:!.2!:~.:: l.~ ,
c l ~ s s e
Mopoyem,
le 5 j~nvier 1985.
(11)
GBOHUN
BOZA, p~trilign~ge
: Ureyo,
doyen d'~ge et NAMANE DUBLE
Al bel~t ,
p.~tl~ il i gn~ge
Boql.Jl~eo~,
..... i ll.~ge
..je Ul~e'y'o,
groupe Z~to~, p~ys Gbobwo
(Subré),
le 9 décembre 1976.
(12)
DAGBA
ABOKO
et
NIAKPA,
KRAGNON,
K~drokp~
(S~ssandr~),
le 19
~\\ll~il
1977.'
(13)
GANBU-BI-ASSALE,
environ
85 ~ns,
p.::ltrilign~ge
d'Sge,
Dugb.::lfl.::l (Ume),
le 5 .::I(JOt 1978.
(14)
YEDi=tGNERO
All=.hon·:;e,
de
Tukp e ,
Sbl~ut.U,
Edj-lOl,
<sêtê K~t~, .';.l
Mopoyem
(D.::Ibu),
le 25 octobre 1978.
(15)
BONI
KOTCHV,
p~trilign.::lge
Affia,
80
ans
;
KANGA KWADIO,
patrilign.::lge:
Affi.::l,
80
~ns;
NIAMIEN DEGBE, Affi.::l,
N~n.::ln, 66
~ns,
Gr.::lnd-Moriê
(Agbovllle> ,
le 20 juillet
1973.
(16)
BOKA MENE,
90 ~ns, ~ Mutcho
(Agboville),
le 18 juillet 1973.
(17)
NGUESSAN
AVIT,
70
ans;
GNAKPO GRAH,
67 .::Ins et KUKU BAWA,
68
~ns,
p.::ltrilignage
LipoYo,
vill~qe
de
Lipoyo,
co~fédération Gbokrê
(S.::lss~ndra), le 27 avril 1977.
(18)
KAKE
AVIT,
p.::ltrilignage
KokOl~;;,)yo-Wi\\~e"'o,
..:he f de rc arrt o n ,
L.::lteko
(Sass.::lndra),
le 26 avril 1977.
(19)
AKPLA
KOVO
P.::Iul,
p.::ltrilign.::lge:
Assoho9bo,
Rim.::lkudJè,
groupe
Tchoffo
(Agboville),
le 4 avril 1975.
(20)
EG NIAMBA MELEDJ,
BadJI,
GbadJn
(D~bu), le 14 m~i 1977.
(21)
GUEDE
BOGOHE
Jules,
chef
de
village
GUEDE SERI Louis,
BARGOHE GNOLEBA
Gilbert,
Gbetit~pe~,
p.::lys
Logro~n
(D~lo.::l),
le 24 aoOt 1972.
(22)
DUHOF:E
M~Ul~ i e:e ,
7 5
a n s
e nv i r-o n r
p;;,)t\\~ i 1. i 9n.~":;;'?
IgJ?oqbl~.Ol,
K0 l~ e 1'.1 d i a ,
9 l~ 0 U P e
Dua t· \\o,1·Ü
<I ':;':;i a),
1 e
3 1
..i '..l i l let 1973 .
(23)
KI..JA'=. SI
E'. AE'.A
Gi l bel~t ,
pat\\~ 11 i ';1 n.Olo;;Je
: B1~I:lJ~E~c.!.'
:30
·Ol ns e riv i r-o n r
Ar~djê
(Agbaville) ,
le 26 septembre 1975.
(24)
TeH 1MU
D.J OD.j RO.
p.;)tl~ i l i .;rnage
V~~':ho,
': l ~s se .-:1' ::5ge t:!.i.:Jbessj....
Gwabo,
groupe Tchoffo
(Agboville) ,
le 1S avril 1975.

<:~ s:, Cql.U
BUAGNON
M.:.'lud. '':~?,
d-t(? f
d(·" ..... r Ll ëlge,
65 ;;ms,
TET!::!··!"
. I GecI.J
Etif:~nne ..
Bl.,~,
91"'()I..JP(~
(~t:.'::.ll(J~ln
(C
·.;:).~I).
(26)
OWRI BUGUI Henri de Bazia,
r ::;~;:: '.
(27)
ANDf\\:E
MUSSO
Mid'p'"
p".ll.,: i"Jn:;.loJ('~
:
~Jkl.l.:.ld.iê,
85
;:m~::,
Lovidjf.~,
'Jl"CiI:;
;:'I!::.F'·'P
(niJbo:::o'.'il1~;~),
le
i e
;.:l..... r i I
1975.
(28)
P.IA"::. :1"10 .J~.~:'.\\ n •..e.olj::. I~ i s t e ,
P;:.l tl~ i 1 i~] n;;),]e
N.::ln;nn,
?S an s ,
MO~.SO NCHO IYLt:'(~ï·t,
58 an s ,
81~;;.I fl,J,
gl~O'Jr-.e M01~ i êl~U
(Agboville),
le 19 juillet 1973.
<29:'
elJlletin
du ~.Qmité de l' Afl~i~~_ fl~;:,}n<::;;.Iise
tome XXIII,
oc t obr-e
1913 Supplément
au
Bulletin,
N°l0
Renseignements
coloniaux et Documents p.341-346.
(30)
NCHO A5SI,
m~tricl;nn Aholi~, 80 .::lns environ,
doyen d'~ge, Bacon
(Akupe),
le 19 juillet 1978. Selon cet inform.::lteur,
ANO
Y.::lpo-G.::l ét;nit
un
riche
polygyne
<8
épouses)
et
propriét;nire de
nombreux escl;:,}ves dont 9 identifiés
<6
femmes +
3
hommes)
Sunguru,
Achien,
Iya,
M;nnt;nye,
Tênê,
Ndj.::l-Bi.::ln
(F).
Nchué,
KW.::ldjo et Nsièpo
(H).
Après
l'abolition,
1;;.1
plup.::lrt de ces escl.::lves se sont éV.::ldés
vers le
p.::lYS ébrié,
en particulier Achien s'est rendue
~ Adi.::lpoto OÙ un frère de l'inform.::lteur l'.::l retrouvée;
ses enf.::lnts
r.::lMenés sont rep.::lrtis rejoindre leur mère.
Ce fut
un des enf.::lnts qui .::l trouvé l'.::lrgent nécess.::lire
pour faire
f.::lire
le
vOY.::lge
~
son
frère.
D';nutres
escl;nves se
ser.::lient
ég.::lrés
dans
d'.::lutres
vill.::lges
KY.::lM.::ln ou ébl~ié.
(31)
EG NIAMBA MELED.J,
r·od...i.l,
Gb.::ldjn
(D.::lbu),
le 13 m.::li 197:'.
(32)
E5SI5
GRAH
et
LASMBRO
AMARI
Théodore,
Gbugbo
(D~bu), le 24
octobre 1975.
Pour le service Milit.::lire,
furent désignds
par-
les
m.::lt\\~ilign.::lges de ux e s c Lave s
: Yedess AdlJ
<~'.::ld:i:..::.
1'::'1) 1
OMON
Sié
(DJewe-Yei--l'::'l)
et
UfI
hôte Ahizi,
Bêkê
N;;.Indw.::l.
Le
premier et le dernier réussirent ~ s'év.::lder.
Nous supposons
qu'ils
ne
furent p.::lS les seuls dans ce
I~.;:]S •
(33)
AD.JEI ADU -Jo s ep h LO'{oï-l;n,
Obo91J, 5etê oqjoflQb.:n, Ml ClI·Ù:..,
r~kl()d.i­
Agb.::lille
(D.::lbu),
le 24 février 1977 ..
(34)
E5S0H LA5MP.-F'O,
tL1..JJ:..Q.!l.\\~fI"
Ti .::lh.::l
(O;nbu),
1 e
1 mar-s 1983.
(35)
UYR
NGUESSAN B~rth~leMY et LALE KPLE Albeft, Sak.::ld.::l,
Ume,
le 7
.:;)oGt 197D.
(36)
VAP 1
NTE,
89
;n n s
env i r-o n ,
p.:;)tl~ il i gn.::lge
~::!2.9_ts.!.,
~ig''''';;ltü fi,
MoriêrlJ,
Agboville,
le 8
juillet 1973.
(37)
EKISSr
D0FFU,
~6
ans,
p.::ltrilign.::lge: Obuchi,
Gt:..;,lnd,jf~, CJr·Cl'-lp ..~
Tchoffo,
Agboville.
le 16 .::lvril 1975.

883
(3B)
e.OUCHE
Denise,
1968
Les vill.;:lQes de
libel~té er. Afl~ig!J('~ noil~e
francaise,
1887-1910,
Mouton
et Cie and Ecole Pratique
~es Hautes Etudes, Paris - La Haye, p.15e.
(39)
BOUCHE
Denise,
1968
Ch.
II
(p.63),
Ch.
IV
(p.84-86),
Ch.
1.,)
(p.158),
Ch.
XI,,'.
(l~0)
FFŒUND .Ju l d e n ,
1978 UtoPie et vi..Q.1:_~,
Editions Mal~':el FUvi.èl~€~
et Cie,
Paris,
Ch.
II.p.129.
(41)
V0 ...1
GBEL
Béatrice
d~ Mopoyem, matrilignage
Li C1besso..-lit,
ou
Esso-la,
patl~i 1 ignage
EKu,
c lasse
5êtf~
~ag<?.,.
Abidjan,
le 23 août 1978.
(42)
ADU
LASM
di t
SO'Jbê,
NiQbessi
I=.onl.;:ll).,
AI~nlêbê
(O.'::I(\\IJ),
le 22
fév\\~iel~ 1977.
(43)
DIEH
LA5M,
Eleb-low,
Badi-la,
tJi9bessi
Kat.::.l.. ,
Dibl~m
W8bu) ,
le
23 o c t obr-e 1978.
(44)
DIBI LASM de Dibrm,
le 23 octobre 1978.
(45)
TETEHI
DIGBEU Etienne,
73 ans,
patrilignage
Ze9behi~ l, 81a,
groupe Gbetibwo,
pays Gbalewa
(Daloa),
le 2 aoGt 19"78.
(46)
5IBRI
SAKRE,
environ
95
ans,
IBO
BLE Robert,
NANUHU GUEDE
Jacques,
70
ans,
ancien
militaire de la classe 1929,
n042278,
Gbla,
Tapeguhé,
groupe
Subwo,
pays
des
Gb.;:llowan
(O.;:lloa),
le 19 mai
1977.
(47)
Ef<ISSI
DOFFU
de
Gbandjê,
66
ans,
~1gbovi Ile,
le 16 avril
1975.
(48)
KAKE
AVIT,
63
ans,
chef de c.;:Inton,
patrilignage
'.•Ii I~e'(o, LatdKo,
Sassandra,
le 23 mai
1975.
(49)
KANT,
1986 Fondements de la:~taphVsi/
..l'.Je des moeul~s, Tr-aduc tLo n
nouve Il e
p ar-
Vi CtOI~ De 1 bos,
L i bl~a i I~ i e De 1;;.lgl~.:lV€~,
P ~.II~ i s .
(50)
LADURANTIE A ,
1943
:
109.
(51)
CHAUVEAU,
J.-P.
et DOZON,
J.-P.
1985
Colonisation,
économie
de plantation
et
société
civile en CS te d'Ivoire,
in
c.':.1hie 1- s QP STOM ISe l~ i El S,~ i EH! ,~t.?_ ti U.!!I.::.ll.!liL~_l.. ~~.QJ,-~_ x.:.~1. !:!...0...1,
Anthropologie et histoire,
Editions de
l'OR5TOM,
1985
:
63-80.
(52)
a/ LOUCOU,
Jean-ND~l,
-
1976
Les
premler~s
élections
de
1945 en C8te
d' Lvo i r-e ,
Ann.::.l..L~_'!?_
~lil l' U~'li\\~tr_?_Lt.~~. {J.~_8.t:.L:J..i..:2!.L
S€~I~ie
1
(Histc)il~e),
», rv.
-
1977
Aux origines du Parti
Démocr~tique de la C8te
d 1 I '.10 i I~ E:~,
8.!l.':!.~ l t~_~_
~!:t. 1.:'.!J.!:!.i~~e r.li.L~~.g. (;t)~.t~.~._-:;L.UL!:t ,
Sel~ie
l
(H'i s t-o i r-o r ,
TDm(.~ l,!.

884
bl GBAGBO,
L;nIJl~€mt,
1~82
E,::onomi.fci
et ÉP'::: i. été ~ J ~.l y€~ tJ 1 €t
9€:~
l' indéeend~nce (1940-1960),
Edi tirJrl5
L' Har-ma r t an ,
P;:..Il~ i s .
,:::1 AMONO.JI,
M;nl~':::el,
1984 tiolJeho!.:Jet-BoignY., ~t 1;;:1 ~(.;te d' IVClj~T€t,
L' t~r~~_ g~.!)f? J:..g.9..~rlde ,
K;:)l~th~l~,
F';;:Il~is.
dl AMOND.JI,
M;nl~':::e i ,
1986
Cqh~
!=l' 1 vo i l~~_
::. !-e eQC 1 §.:t 1 ~l vj,ii
eoliti~:lYJ.? dl! 19{~tt.!i! 198~, Editions LJH~I~lllatt;;:ln, F';!ll~is.
(53)
SIBRI
5AKRE,
Baillard,
environ
91
~ns,
Mme KAFU GUEIS5U,
71
~ns,
WALl
GBRA
Robert,
chef
de "tribu" 51 ;nns,
LAGO
TAPE G~ston,
T;npegUhe
(Dalo;n),
le 6
juillet 1973.
Interprête T;npê
Seri
Léon,
Directeur
de
l'Ecole
Prim;nire Publique.
<54)
AKA
SIE
Salomon,
dit
WAW EINWRIN,. p~trilign~ge
m~tl~ i 1 ign~ge
:
Donab;n-l~,
cl~sse
d'~ge
Mopc>yem
<O;;,)bl,J),
le
12 juillet 1973.
(55)
FLEUR lOT
DE
LANGLE,
1868,
XVII
EG NIAMBA MELEDJ, Gb~djn
(D~bu),
le
14 m~i 1977 -
VEDAGNERO Alphonse de Tukp~,
Mopoyem le
25
octobre
1978
ADJEI
ADU
Joseph,
d'Aklodj-Agbaille,
Bohne,
le 23 j~nvier 1985.
(56)
KORE
ZIKI,
75
ans environ,
p~trilign~ge : GbranogUhe,
~ncien
président du
tribl,Jn~1
coutumier,
Zobi~, p~ys BogUhé,
155;.a ,
le 27 juillet 1973.
<57> OlMI
SOKPRI
Jean,
chef
de
"tribu"
,
5ERELE ZADI, chef de
Ni.;)m.;)yo, GUEHI
SAHIRI Bern~rd, chef de G~dw~n, G~dw~n,
groupe ZurugUhe,
O~lo~,
le 28 ~oat 1972.
(58)
TORO
GNORO,
94 ;;:Ins, Gbeuliville,
groupe G~leb~w~, Dalo~, le 16
~oOt :L 97(~ .
(59)
TATCHI
BOSSE,
Valua,
groupe
Zikobwo
(G~gno~), le 4 novembre
1975, Le
"neveu" don~ il s'~git se nomme Alexis Thierry
LEBE,
du p~trilignage du chef de c~nton.

B85
Q~ATRIEME
PARTIE
LES
EFFETS
DE
L'ESCLAVAGE
ET LA SIGNIFICATION O-E SA CROISSANCE ~~U XIXe SIECLE
CHAPITRE X
(1)
LEVI-STRAUSS,
Cl.:lude,
19133
R~ce
et
culture,
éloiQné,
Libr.:lirie Plon,
F';,}I~j.S, Ch.
1.
(2)
DUPIRE,
M.
BOUTILLIER
.J . -L . ,
1958:
Le pav~_ .:l,jiOIJkl~OU et g
p.:llmer.:lie,
L'homme
d'Outl~f~-Mel~,
N°4
OR'.:>TVR,
F..:;r:t~~--
p .25.
SECTION
l
(3)
LOVEJOY,
P.:lul,
E.
<Edi tor) ,
1981
:
The IdeoloQV of Sl.:lVel'V i ft
Afr i ss. SAGE PUBLICATIONS, Bevery Hills, London.
(4)
SARTRE, Je.:ln~P.:lul,
1943 : L'êtl~e et le né.:lnt. Ess.:li d'ontoloqie
phénoménol09igue,
Edition Gallim.:lrd,
P.:lris,
Ille P.:lrtie
IV : 307.
(5)
SARTRE, J.-P.,
op. cit , 1943
(6)
SARTRE, J.-P., op.
cit.,
1943
336.
(7)
BOLOGNE,
.Je':Jn-Claude,
1986
Histoj.l~e de l.:l pude'Jr, Olivier'
Orb.:ld, Collection H.:lchette,
Pluriel,
Paris.
(8)
SARTRE, J.-P., op. cit.,
1943 : 337.
"L.:l fierté,
elle,
n'exclut
p.:lS
l.:l honte originelle.
C'est même
sur
le terr.:lin de l.:l honte fondamentale ou
honte d'être objet qu'elle s'édifie.
C'est un sentiment
ambigu:
dans
la
fierté,
je
reconn.:lis .:lutrui comme
sujet p.:lr
qui
l'objectivité vient ~ mon être,
m.:lis Je
Me reconnais
en
outre
comme
respons.:lble
de
mon
objectité;
Je
mets ~jaccent sur ma responsabilité et
je
l'.:lssume.
En
un
sens
la
fierté est donc d'abord
rèsign.:ltion:
pOI.Jl'
êtl~e fiel" ~t.J~tl'e ,.:el.:l,
il f.:lut que
je Ille sois d'abol~d l~ési'Jné ;:..1 ~:L.JLt.'.:.:f~ que ce La , I l s'.:lgit
,.
donc d'une
première
réaction ~ la honte et c'est déJ~
une ré.:lction
de
fuite
et
de mauvaise foi,
car,
S.:lns
cesser de
tenir
autrui
pour
sujet,
j'ess.:lye
de me
saisir comme
affec~ant Au~rUl
par mon objectité. En un
mot i l
y
a
deu);(
attit'Jtj;E·s:.'lI..Itl·H~:rltiques
: '~elle p ar-
l"lq'.Jell(~ jere,:ol1lnais H'.Jtl'i.d. "':'C')lnrme Ip ~i'I.Jjet P;;}l' q'.Ji
je

f:l86
viens
~
l'objectité
c'est
l~
honte
;
celle par
laquelle je
me
s~isis
comme
le projet libre par qui
Al.Jt1~ui. vie-nt
~
l' €~tl~e-al.ltl~ui
c:' est
l' ol~g'_lei 1 0'.1
af'fil~m~tion de ma libel~té en f."l'.::e d' AI.ltl~ui-obj~t."
(9)
MARX.
K.,
1982:
Oe•.lVl~eS III F'hi.lqsophl:~, Editions Gallimal~d,
F'~'ll~is, p.
3:35.
vers O.,
mars 1843.
"Je voyage
présentement
en
Hollande.
Comme Je le
co rrs t a t e
d' apl~ès
la
pl~esse
l o c a l e
et
fl~ancaise,
l' AIl e m;;v:J ne s'es t
en f on,:ée
dans
1 e
bOU1~b i er
et s' y
enfonce toujours
plus.
Je
vous
assure que sans même
ressentir le
moindre
orgueil
nation~l,
on
épouve
pourtant un
sentiment
de
honte
nationale,
même
en
Hollande.
Comparé
au
plus
grand Allemand,
le moindre
Hollandais est
encore
un
citoyen.
Et
que
dire des
j'_lgements des
êtl~angel~s s'.w le gouvel~nenlent p r-us s t e n
!
Il règne
une unanimité effrayante,
personne n'est plus
dupe de ce système et de sa nature simplette.
Ainsi,
la
nouvelle école
a
tout
de m~me servi ~ quelque chose.
L'habit de
parade
du
libéralisme
est
tombé,
et le
despotisme le
plus
répugnant
se dresse dans tbute sa
nudité ~ la vue du monde entier.
Et ,:ela
aussi
est
une l~évélation, bien qu ' en sens
inverse.
C'est
une
vérité
qui
nous apprend,
en tout
cas,
~
connaître
le
vide
de
notre
patriotisme,
la
difformité de
notre
Etat,
et
~ nous voiler la face.
Vous me
regardez
en souriant et vous dites
:
la belle
affaire!
Ce
n'est point par honte que l'on fait une
révolution.
Je
.réponds
la
honte
est
déj~
une
révolution;
elle
est
vraiment
l~
victoire
de
la
Révolution francaise sur le patriotisme allemand qui en
a triomr~é
en
1813.
La honte est une sorte de colère,
la colère
rentrée.
Et
si
toute
une
nation
avait
réellement honte,
elle
serait
comme
le
lion qui se
ram~sse sur
lui-même
pour
bondir.
Même la honte,
Je
l'avoue,
n'existe
pas
encore
en
Allemagne;
bien au
contr~ire, ces misérables sont toujours patriotes."
(10)
ORSO DECI,
Agboville,
le 3 avril 1975.
(11)
GUSDORF,
Georges,
1986
La
p~l~ole,
ge
édition,
F'l~esse
Universitaire de France,
(1952),
F'~l~is.
'.

887
(1)
MEHEL-FOTE, H.,
1977:
"L.:nl:o~tal~dise", in Ess.:n~ ~ le~; Soleils
des Indêpendan~§~,
N.E.A.,
Collection
L.:n
Gir.:nfe,
Abidj.:nn.
p.53-65.
(2)
DELUZ, Ari.:nne,
1982 : L'air de 1.:n c.::llomnie -
L'esclav.::lge et son
hérit.:nge chez
les
Gouro
(CSte d'Ivoire)
-
in SYmboles
et so,.::iétê en f.Hricl1Je -
Contl~ibIJti.ons ~ l' .:nnttwopologie
cognitive de l'Afrique Noire.
Ethnologic.:n Helvetica,
V,
e.erne p. 25-44
,.::f.:I. 978
Fêmi ni n noc t ur-ne ,
in La
n.:ntte et
l.!t
m<':lnQIJÜH::,
les c ar-ne t s d' A'fl~iqIJe de t r-o i s
ethnologues,
Mercure
de
France,
P~ris, p.185 - 286 ;
1984:
Qui a trahi Badiegoro ? Un chat de BoliJ sur l.:n
conquête fl~an(;:;;,)is€~ en pays gOI_Il~O, Côte d' Lvo i r-e , !.ienèv_~­
Afrique-Geneva-Africa,
Vol.
XXII,
N°2.
(3)
Rapport
N°47C
du
6
novembre 1931 du Commandant de Cercle de
D.:nlo.:n in
Rapports
sur l'esclavage Archives N.:ntion.:nles
Côte d' Ivoil~e, Sed.e S, SOIJs-Série 12 S,
XIII-4l1-37/2'~4
(.:nncienne Cote,
Série S).
(4)
DELUZ, A.,
1964
451 -
452.
1970
176.
(5)
LEGBED.J I-AKA~
B.
Ch.,
1986 : f.,.::ole f'l~otestante et Société, d';'lTISi
la ~
d' Ivoil~e
!;glord;.:l1e
~.§.
de
l§l.
13égion
Ecclésiasti~~ d~
9-~~.~. 1924-1944. Thèse de 3e cycle,
Ecoles des
Hautes
Etudes en Sciences Soci.:nles,
Paris,
Tome II,
Ch.
l, Section II.
(6)
AUGE,
M.:nrc,
Temps et société,
le cas de la société .:nlladi.:nn,
in Cahiers ORSTOM,
S~iences
hum.:nines,
Vol.
V, n03,
1968
71.
(7)
DELUZ, A., cf. 2.
CHAPITRE
XI
SECTIO~~
l
(1)
MEMEL-FOTE,
H.,
1980
(2)
ZUNON
GNOBO,
1978
Pouvoir
politique traditionnel en pays
bete, Go'Lq,
g,odg.,
1'10
3)
Bulletin de l'IHAAA,
Université
N.:ntionale d'Abidj~n,
l'
(3)
AUGE,
M;;'ll~'':: ,
19é19
227
-
:.~ 3 (;, !::..~t t iS..f.:l9Jl ~],J -:log} -:1 r!. ,
OR5TOM,
nO
ORS TOM,
F'.='ll' i s,
(4)
LAT MEMEL.
B~rthélémy)
Orgb~f
(D~bu),
le 10 mars 1977.

888
CHAPITRE
XI
SECTION
II
(1)
AGWA DADE, Enlile, Chef
Ahol~
1
0 kp a
(S;;)ssandr'-!l) , le 19 avr- il 1977;
NGUESSAN AVIT,
KUJ<U E?AWA, Lipoyo (SFlssFlnt.:h~a) , le 27 ;;)Vl~ il 1977.
(2)
THOMANN G
1901
124.
t
1
1905
170.
C~)
THOMANN f.~ 1 1
1901
131.
(l~ )
THO MANN ,~.::1, ,
1901
132-133.
(5 )
THOMANN ,(; a ,
1901
125.
1903
182.
(6)
THOMANN r'; • 1 1905
106.
(7)
THO MANN ,~. 1
1901
134.
1905
188.
(8)
THOMANN (~. , 1901
122.
(9)
THOMANN ,,; 1 1 1902
503 - 505.
(10)
KAKE AVIT, VictOl~ , L;;)teko (S;;)ss;;)n~h~;;) , ]J~ "'",'"
.:... ..J
mai
1975.
(11.)
THOMANN r':; • , 1901 : 134.
l'

BB9
CH~)P 1 TRE
XI
SECTION
III
(1)
.;)/
f.?ALANDIEI':.
Bnthropologie
eolitique,
412
édition
Quadrige,
Presses
Universitaires
de
F l~ ;;:) n •.:: e ,
r-' .;) l~ i 5 •
b/ TERRAY,
E.,1985
Sociétés segment;;:)ires,
chefferies,
Et~ts
:
.7.)•z qu i s
et
or-ob 1èmes
in
t!.Qde
0 f
F.·l~oduction .;
The
Ch;;)ll~ftge
of
tlf,~i •.::.;)_,
Edited by
B.
Jewsiewieki
with
J.
Létourne~u, Editions
Safi Press,
Ste-Foy,
C.;)nada.
p.
106 -
115.
Thèse,
P;;)rtie
l,
Introduction.
(2)
~/ LOYER,
in ROUSSIER,
1935
187.
bl DH~e.ATE
H.
1984.
Le S;;)nnv j.n.
!dI!. l~oY.;)!:!.!lle
.::)kart ge. .Li:!. ~..>3t~
~'Ivoire
(1701-1901).
Sources
or;;)les et
histoires.
Thèse
de
Doctor;;)t
d'Etat ès
Lettres et
Sciences hum;;)ines,
Université
de P~ris 1.
UER Histoire,
Vol.I.
(3)
;;)/ LOYER,
in ROUSSIER,
1935 : 162-164.
b/ TIBIERGE,
in ROUSSIER,
1935
53.
(4)
;;)/ TIBIERGE,
in ROUSSIER,
1935
65;
b/ LOYER,
in ROUSSIER,
1935 : 165-169,
205-217.
(5 )
LOYER,
in ROUSSIER,
1935
165-166.
(6)
LOYER,
in ROUSSIER,
1935
218.
"Cet Ofnon
est
l'unique pr@tre,
si
l'on peut se servir
de ce terme,
qui soit dans
l'état.
~on emploi princip;;)l
est de
f~ire les grandes fétiches publiques et on
l'~p­
pelle s;;)ns y
m.;)nquer ~ tous
les conseils du Roi,
qui
ne
peut rien
faire
ni
rien entreprendre dans l ' é t a t 5;;)nS
son consentement.
S'il est malade,
on l'envoye avertir
de ce qui
se traite au conseil et
lui demande son avis,
et quand il
fait des vents froids,
qu'il pleut extraor-
dj.n.:;.li,~ement, ou
quril
tonne,
le peuple ''::l~ie qu ' on l'a
l.;)issé m.;)nquer
de
quelque
chose,
et pour lors chacun
lui envoye
de
l'or,
ou
d'autres
présens
selon ses
moyens. Il
(7)
LOYER,
in ROUSSIER,
1935
220.
(8)
LOYER,
in ROUSSIER,
1935
20S.
(9)
LOYEF~,
in F~OU~;SIEF~,. :I.93~i
20~L
Le droit
est
versé
au chef
;
mais nous supposons que
c ' éta i t
un l~':?··/enl..l 1.:0 lle ...~t if des
Il mal~ •charrds "
c omme
'.: es t
1
le cas
dans
toutes
les
fêtes de
la fortune dans
l~ re-
gion
lagun~ire ~u moins aux XIX et XXe stècles.

890
(10)
LOYER,
in ROUSSIEFl:,
1935
167.
(11)
GODOT,
1704,
Tome I I :
267 -
269.
(12)
al LOYER,
in ROUSSIER,
1935 : 167.
bl GODOT,
1704,
Tome II
: 223.
(13)
GODOT,
1704,
Tome II
297.
(l{~)
GODOT,
1704,
Tome II
278 -
~~80.
(15)
DAF'F'ER,
1686:
299.
(16)
LOYER,
in ROUSSIER,
1935
167.
(17)
LOYER,
in ROUSSIER,
1935
220.
(18)
TIBIERGE,
in ROUSSIEf<, 1935 : 64.
(19)
al GODOT,
1704,
Tome II
: 291 - 294 ;
bl LOYER,
in ROUSSIER,
1935
: 169 -
170.
(20)
al GODOT,
Jean,
1704,
Tome II
: 227 - 230,
284
bl LOYER,
in ROUSSIER,
1935
: 160 -
165.
(21)
LOYER,
in ROUSSIER,
1935 : 205 -
208.
(22)
GODOT,
Jean,
1704,
Tome II
269.
(23)
GODOT, Jean,
1704,
Tome II
204.
(24)
LOYER,
in ROUSSIER,
1935
: 189.
(25)
GODOT,
Jean,
1704,
Tome II
: 268 - 269.
(26)
LOYER,
in ROUSSIER,
1935
219.
(27)
LOYER, in ROUSSIER,
1935
220.
(28)
GODOT, .Jean, 1 ~JOl~ ,
Tome II
:
269.
(29)
LOYER,
in F:.:0USS 1 ER,
1935
220.
(30)
DAMON,
in F:OUSS 1EF<,
1935
77.
(31)
TIBIEI;:GE,
in f:.:0USSIER,
1935 : 6{~.
LOYER,
in ROUSSIER,
1935
: 209.
(33)
'JAN DfiN7ZIG ft.,
19fJO : 15H -
159.
(34)
.!ll fCA.
KEA,
1.971
: 196--1.99 i
bl E.
BOUET-VILLAUMEZ,
1975 : 97
I~ 1
.J.
E.
IN r KOf;~ r ,
1. <;> 7 C)
:
é'3.

B91
(35)
DAMON,
in ROUSSIER,
1935
97.
(36)
LOVER, in ROUSSIER,
1935
179.
(37)
TIBIERGE,
in ROUSSIER,
1935
: 64.
(38)
DAMON,
in ROUSSIER,
1935
: 97.
(39)
GODOT,
Je~n,
1704, Tome l
: 272 -
284.
(40)
DU CASSE,
in ROUSSIER,
1935
: 31 .
... . "Les nègres témoignant un extrême désir d'avoir une
forteresse qui puisse les g~r~ntir contre leurs ennemis
pour s'y réfugier lorsqu'ils sont pressés."
(41)
DAMON,
in ROUSSIER,
1935
.., i.
:
1 u .
(42)
TIBIERGE,
in ROUSSIER,
1935:
64-65;
"Pend~nt le
tems que J'~y demeuré chez luy,
J'y ay veu
deux c~pit~ines
des
terres
voisines qui venoient luy
dem~nder s~
protection contre d'~utres peuples.
Je ju-
ge~y p~r
l~
qu~ntité
des hommes que j'~y veu d~ns sa
terre qu'il pouroit bien mettre sur pied une ~rmée bien
plus considérable
que celle dont j'~y p~rlé ci dessus,
mais les guerres qu'il a eu jusques ~ présent n'ont pas
esté assez
de
conséquence
pour
l'obliger ~ lever de
plus gr~ndes forces et que celles l~ ont suffi pour luy
faire avoir r~ison de ses ennemis."
(43)
RAY A.
KEA, 1982
(44)
RAV A.
KEA,
1982
75.
(45)
GODOT,
Jean,
1704 Tome l
: 212-214.
(46)
~/ DAN VANTZIG A.,
1980 : 56-66,
b/ LOVER, in ROUSSIER,
1935
: 221-225.
(47)
LOYER, in ROUSSIER 1935 : 188.
(48)
GODOT,
Je~n,
1704, Tome II
: 267.
(49)
LOVER, in ROU551ER,
1935
(50)
LOVER, in F\\:OLJ55 r Er;:.,
1 ~73 5
i ae ,

892
CHAPITRE
XIII -
SECTION
1
------------~---------------
(1)
HOPKINS,
A.G.
1975
fm E'~OD.Q.!lli,~ Histor:Y of West Afl~i':;;l.
Third Edition Longm~n Group Ltd.
London.
Ch. IV.
(2)
THINES,
G
et
LEMPEREUR,
A.
1975,
Dictionn.;)il~e génél~;:)l des
S,,::ien'~ HUOl;:)i nes,
Editions
Universit;:)ires,
P;:)ris,
p.273,
(3)
LOYER,
in Roussier,
1935
:
185
(4)
ROe.ERTSON,
G.,
1819 Notes on 8·fl~i,.;i!. .i... P;:)I~ti':IJl;:)I~'i
those. p';:)rtes
whi,::h!i!!:.!l
si tlJ;:)ted
r.-e:t\\'!.QS'.:..!~
~~.p'e
Yel~d Z!,nd th~ f\\i vel~
Congo.
Printed
for
Sherwood,
Neely,
;:)nd
Jones,
P;:)ternoster row.
London.
Ch,
XX
:
360-362.
(5)
GOURIAU,
C;:)p.,
1862
"R;:)PP'Ol~t ~!Jl~ les Et;:)bl i ssements fl~;:)rl(;;:)is
de 13. C8tQ, d' Ol~.
1862,
Do cume rrt de
1;:) Division N;:)v.;lle
BB4 1621,
Dossier AB.
Vol,l,
(6)
AUGE,
M.,
1969
:
46.
(7)
BERGER,
1892
:
338.
(8)
LOVE.JOY,
P~IJI E.,
1980 C;:)l~;:)v;:)n$ of:. Kol~ :: TtL~ H;:)IJ~. Kol;:) Tr ade .
1700-1900 Ahm;:)du
Bello
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Z;:)ri.;) ,
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-JuLi e n , 1981. Les g'.::t"I;;'l.!!.qe~ d;;)ns 1;:) l~égion de 0;:)10;:)
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Thèse de OO,:tOl~.;)t de
3è cycle,
Université de P;:)ris VII,
UER de Géogr;:)phie,
Histoire et Sciences de la Société.
Ch.
VII-B-2
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237-
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Tome
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IX-e,
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199.
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F'ERS 0 N •
Y , ,
1 97 5 ,
5;:) Ol 0 ,~ i ,
T (J me
I I ,
Memoi l~~S deI' l TIS t i bJ t
Fond~ment~l d'Afrique Noire N D89,
IFAN -
DAKAR.
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l l t ''!' ,
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MARMIER,
Ph.
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M-A,
1962-1964:
Les
étapes dl.' peup 1ement.
f. tu d e ,~ é 9 i a na I e
9..!?L
!~:S.?..!).~~.!~.~~. ,
To III €"
1 ,
Lf.~ p e up Leme nr ,
République de
CSte
d'Ivoire,
Minstére d IJ Pl;:) n ,
p. 50-
52.

893
CONCLUSION
GENERALE
1 / ·
(1)
:;JI
r.ERTALANFFV,
Ludwig
von,
1973,
T"'~orle. génél~.:ile. Q~.?_
SYstènles,
Tr-adu i t;
de
l' '::'lrIg1ais
p;:.ll~
.Je.~.IrI Benoîst CI"I;;'lbl~ol,
Dunod,
P~ris, Préf:;Jce ~ l'Edition Penguin IX, et Ch.B.
bl GERN, Je:;Jn-Pierre,
1988,
"Systèmes socio-économique" in
SCHWART,
El~i,~
et
a L,
L':."l
l~évolution
des.
sYstènles
,Une
introduction ~
l'~pproche
systémique,
Edition
Delv~l,
Cousset (Fribourg).
Suisse,
p.177-191.
(2)
~rundrisse l
. 1980 : 426.
,.

TABLE
DES
MAT:J:E~ES

TOM E
l
ZNTRODUCTZON
1. LA CRITIQUE DE LA PROBLEMATIQUE ACTUELLE
2
1.1. La négligence générale de la que~tion :
sa signification historique
.
2
1.1.1. Les formes de cette négligence
.
1.1.2. La signification de cette négligence
.
3
al La disqtJal ifi'.2ation épisténlologiq'Je globale
des sociétés sans Etat associée ~ l'impéria-
lisme colonial
,
,
,
3
1
bl La conception ambigu~ de l'esclavage
.
8
1.2. La vision idéaliste de la question
.
13
1.2.1. La nature de cette vision
.
13
1.2.2.
La signifi~ation de cette vision. t. 1 •• 1 •••• Il •••
20
1.2.2.1. Le paternalisme assimilationniste
: exemple
de la '';rè,.:e homèl""iq'Je. 1 ••••• ,.1 •••••••••••••••
20
1.2.2.2.
Les avatars de l'humanisme. 1. l' •••••••••••••••
23
2. UNE NOUVELLE PROBLEMATIQUE
2.1.
La genèse du projet .. 1 ••••••• , ••• 1 ••••••••••••••••
25
2.2.
La double -justiitcaticin du projet
'-1 • • • • • • • • • 1 " "
26
2.3.
Nature et articulation de la problématique
.
35
2.4.
Les grands axes de l'analyse .. ,
.
36
,f

895
PREHZERE
P A R i Z E
QUESTION
DE
METHODE
LES· OPTIONS
PRELIMINAIRES
Pages
CHAPITRE
1
UN CONCEPT UNIVOQUE D'ESCLAVAGE BON A PENSER
L'IDENTITE ET L'UNIVERSALITE D'UN OBJET:
DE LA PHILOSOPHIE A L'ANTHROPOLOGIE SCIENTIFIQUE •.
41
Sec~ion
1
Le concep~ philosophique e~ sa .é~aphore. L'escla-
vage co••e rela~ion de proprié~é e~ d'appar~enance
Aris~o~e 384-322 av. J. C. • • . . . . . . . . . • . . • • . • . . . • . . •
43
1 -
Les relations esclavagistes dans la
soci~t~ de la Grèce classique
(Ve et IVe
si è,.: 1 e) • . . . . . . . . . . . . . . . . .
45
1
• • •
1
1
• • • •
l
,
• • •
1

1.
La sociét~ de la Grèce classique
.
45
2.
Les r~pports escl~v~gistes.. I l ' ' ' ' ' l' •••• 1 ••••••••••
47
2.1.
Les notions d'esclave et d'escl~vage" 1., •••• Il •••
48
2.2.
Les maîtl~es d'esclaves."
.. 1 ••• , •••••• 1 l , ••• 1 ••• , •
49
2.3.
Les esclaves . • . . . . . . • . . . . . , , . . • . . . .
52
1
• • • •
1
• • •
1
• • • • •
al Leur-s origines
,.
52
1
• • • • •
1 1
• • • • •
, '

b/ La population servile
.
54
cl Le rôle des esclaves
l
' 1 "
1
• • • • • • • • • •
,
56
-
les esclaves producteurs de biens mat~riels..
56
-
les esclaves producteurs de services
.
57
2.4.
Les contradictions entre maîtres et escl~ves ... I l '
58
II - Le cadre logique de la théorie de
l'esclavage:
la philosophie politique
de la cité
<polis)
.
60
1.
La cit~ comme concept philosophique
.
60
2.
La cit~ comme projet de société
.
63
III -
La th~orie de l'escl~vage : d'un concept
philosophique ~ sa métaphore...
67
1.
la rel~tion d'esclav~ge dans l'histoire.............
68
2.
L~ relation d'esclavage comme concept:
nature et
fon,:tion de l ' e s c l a v e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
68

Pages
2.1.
L'esclave comme or9an6n d~ns "l'économie" ou
administration du domaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
68
2.2.
L'esclave comme organon dans l'économie "politique"
01-1
la ,.::ité
" . " . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
73
3.
La relation d'esclavage entre sociétés en tant que
métaphore
:
le peuple esclave ou organon collectif
d-ans l'ê,.::onon,ie n,ondi;:)le •.. , . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . • . . . .
76
4.
La relation d'esclavage comme communauté d'intérêt
et anlitiê
" " . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
79
5.
Les fondements de l ' e s c l a v a g e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
80
IV -
Critique de la théorie aristotélicienne...
81
1.
Actualité de la théorie:
convergence avec les postu-
lats épistémologiques et les implications idéologi-
ques de 1;:) sociobiologie . . . . , .. , . . .
81
1

















2.
V~leur de connaissance
1......
82
2.1.
Une méth~de i d é o l o g i q u e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
83
2.2.
Une thèse falJsse de l' innéitê . • . . . . . . . • . . . • . . . • . . . .
83
2.3.
Une thèse falJsse de la primitivitê . . . . . . . . . . . . . . . . .
84
2.4.
Une thèse falJsse de la ,.:on,mIJnaIJté d'intér@t . . . . . . . .
84
2.5.
En bref,
IJn ,.:on'.:ept de philosophie so,.: i o-bi 0 1 ogi que
de l' es,.:lav.age,
non IJn . ,:on,.:ept d'anth,"opologie
s,.::ienti fiq'Je •..
85
1
• • • • • • •
1



























3.
Théorie fausse,
idéologie politique et lutte de
,.::lasses
t
• • • • • • • • • • • • • • • • •
1.' • •
85
4.
Valeur de connaissance:
un legs de problèmes et des
potentialités s c i e n t i f i q u e s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
87
Section
I I
La .~taphore philosophique et la vision id~olo­
gique de l'histoire africaine.
L'esclavage co.me
relation d'une in~g.alit~ sociale:
KWAHE NKRUHAH 1909 -
1972...... . . . . . . • . . . . • . . . .
89
1 -
Les obj~ctifs de la révolution socialiste
er, A f ,... i ql.J el. , 1 l , 1 • , •.•• 1 1 ••••••••••• , • • • • • •
91
1.
Deux données p r é a l a b l e s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
91
2.
Le pr-o Je t
de so(:i.étê
:
les t r-o i s
obje,~tifs...........
92

Pages
2.1.
Premier obJectif:
la lib~ration...
!il2
2.2.
Deuxième obJectif:
l'unité africaine..............
93
2.3.
Troisi~me obJectif:
le socialisme..
94
3.
Les moyens d'atteindre ces objecti~s.,...............
95
3.1.
Premier type de moyen:
les organisations..........
95
3.2.
Deuxi~me type de moyen:
les formes d'action.......
96
3.3.
Troisième type de moyen:
l'idéologie
~...
97
4.
Les fondements philosophiques:
le consciencisme.... .
97
4.1.
La philosophie:
son concept et sa double fonction
idéologique
97
1
• • • • • • • • • • • • • • • •
,
• •
1

4.2.
Problématique et pales de la théorie.........
98
II -
La théorie de l'esclavage,
fondement
universel de la révolution socialiste.....
99
1. Une théorie de source européenne......................
99
2.
Une théol~ie nlatél~ialiste. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
100
3.
Une théorie socio-politique de l'inégalité............
101
4.
Une morphologie historique de l'inégalité.............
102
III - La théorie du communalisme
: l'antithèse
et la préhistoire de l'esclavage..........
106
1.
Premier présupposé: un matérialisme dynamiste........
106
2. Second présupposé:
un humanisme éthique..............
107
3.
L' essen'~e 1,j1.J ,=omml.JTlal i snle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
107
IV - Le culturalisme de la spécificité,
une
idéologie de l'histoire africaine.........
110
V -
Convergence entre la théorie de KWAME
NKRUMAH et la théorie d'Aristote..........
115
l'

1398
Section III
Pages
Un concept d'anthropologie scientifique.
L'esclavage CO.Me relation d'appropriation
Marchande et d'appartenance .- Karl MARX 1818-
1883............................................
117
1. Le vérit~ble escl~v~ge
; c~r~ctéristiques et formes..
118
1.1. Le concept idéologique..............................
118
1.2. Le concept scientifiqué
128
.
2.
L'économie escl~v~giste : st~des et formes............
130
2.1.
Question de d é f i n i t i o n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
131
2.2.
Les formes successives de l'économfe escl~vagiste...
133
al Une ère ante-escl~v~giste et sans cl~sse soci~le.
133
bl Le premier st~de ; le système d'escl~v~ge
patl"'ial""~.al.....••••••
133
1
• • • • •
1
• • •
,
• • • • • • • • • • •
1
• •
1


cl Le de~xième stade ; le système esclav~9iste
ant Lque , ..
135
1
• • • • • •
,
• • • • • • • • • • • • • • •
,
• • • • • • • • • • • •
1


dl Le troisième st~de ; le système escl~v~9iste
évoll.lé. . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . .
135
CONCLUSION
, . , ,
,
,
1 • • • • • •
, • • • • • • • ' 1 ' •
,

137
CHAPITRE
II
UN CHAMP OU SE DONNENT DES SOCIETES DE MEME FORME.
139
Section 1
La base géographique du chaMp:
la zone forestière..
140
1. Les raisons d'une délimit~tion........................
140
2.
L~ zone forestière
sa divel~sité
l '
1
• • • • • • •
l '
141
3. La zone forestière
sorl IJni té
,
, .. ,
1
144
Section
II
Le cha.p en tant que période : 1700 à 1920.
1. En 1920,
la colonisation met fin ~ l'indépend~nce des
so,;:iétés 1 ign.:lgèl~es. ,
, . .
14él
2.
Le XVIIIe siècle est d'abord le moment des dernières
restructurations des sociétés lignagères de la forêt..
147

899
Pages
3. Le XVIIIe sii'lcle est ensui te un ,.'epère histor'iodb.::-
;
tique essentiel
,
,
" .
3.1. PreMière preuve : l~ mémoire géné~logique des
1 i gnages. • • • • • • • • • • . . . .
147
t









1

..








,






3.2. Deuxième preuve : l~ mémoire topologique des
villages . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , . . .
149
3.3. Troisii'lMe preuve
l~ mémoire politique des peuples.
3.4. QuatrièMe preuve
l~ mémoire économique des
sociétés
,
, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
151
3.5. Le XVIIIe sii'lcle est enfin un repère historiogr~-
ph i que ••••••••••••••.•••• _•••• , •.••
1 53
1
• • • • • • •
.-
• • • • • •
,


Sec'tion III
Le cha8p en 'tan't que for.a'tion sociale :
1· uni 't4 des soci4't4s ••••••••••••••••••••••••••••••••
155
1. L~ diversité multiforme
.
155
2.
L'un i té, • • • • • . • • • . . . . . • • . . . . . . . . . . . . . . . . . • . • . • • • • • . . . .
157
2.1. Premier élément et f~cteur d'unité:
le processus de peuplement
.
157
2.2. Deuxii'lme élément et f~cteur d'unité:
les structures soci~les
.
159
2.2.1. Les structures soci~les comme commlJn~utés à b~se
généelogique : le lign~ge et le cl~n
.
159
2.2.2. Les structures soci~les comme commun~utés
poli-
tiques territori~les
.
161
al Le vill~ge : ~gglomér~tion de lign~ges hiér~r­
chisés, première commun~utê politique
territoriale
.
161
Ji:
bl La fédération
de villages : agglomération de
11
vill~ges hiêr~rchisês, seconde commun~utê politi-
qlJe terri tori.ale
1
1
• • • •
,
• • • • • • • •
1
I I I
1
1
1
163
2.2.3. Les structures soci~les comme commun~utês politi-
ques non territori~les.. 1 •••• 11 ••• 1 1 1 1 Il l' l' 1. Il.1
163
2.3. Troisième élément et f~cteur d'unité:
les r~pports
de production lign~gers
.
163
2.3.1. Question de définition.
Le déb~t rel~tif au
mode
de prod'Jction. l , • 1 •••••••••• 1 1 1 1 ••••• 1 1 1 1 • 1 •••• 1 ••
164
~I L'hypothèse du mode de production commun~utaire
165
bl L'hypothèse du mode de production dosmestique ..
165
cl L'hypothèse du mode de production lign~ger.....
167
o

900
Pages
2.3.2. Le mode de production lignager,
mode dominant dans
la zone forestière
,
t
• • • •
,
• • • • • • • •
l ' .
172
2.4. Quatrième élément et facteur d'unité:
les rapports
de gOIJyel"nenlerlt .. ·
177
1
• • • • •
,
• • • • • • •
1

1
2.5.
Cinquième élément et facteur d'unité:
les bases
I~IJI tIJl"'~lles.•..•..• , . . • . • . . . . .
179
1

t

1
Sec~ion
IV
Dans le chaMp d~li.i~é~ un ~errain d~enqu@~e plus
li.i~~ de neuf soci~~~s : ~~.oins... . . . . • . . . . . . • . • . . .
181

901
Pages
DEUXXEME
PARTXE
LES PROCES DE PRODUCTION D'ESCLAVE
NATURE, FORHES ET APERCU HISTORIQUE
CHA·PITRE
III
LA
NATURE
Sect'ion
1
186
La aat'ière du procès: la· personne selon les
id~ologies des soci4t'~s considér~es.................
189
1.
L'@tre humain co••e personne..........................
189
2. L'@tre humain comme membre d'une société..............
193
3.
L'@tre humain comme h i s t o i r e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
193
3.1. L'ontogénèse : histoire de l'avènement de l'individu
194
3.2. La sociogénèse : histoire de l'avènement de la
société ht.Jnlai ne
t





















195
3.3. La palingénésie:
la renaissance d'une société
dêtrl.Jite
197
t
• •
, . ,
• • • • • • • • • • •
, . . .
Sect'ion
Il
L'esclave selon les logiques des sociét'~s
consi d'rdes. . • . • • • • • . . . . . • . . . . . . . • . . . . • . . • . . • . . . . . . .
199
1.
La personne en gage: objet d'une dette contractée....
199
2.
Le captif: objet d'une dette cl~êée ou imposée........
203
3.
La personne-marchandise:
objet d'éch~nge commel~cial..
207
3.1. Les définitions des informateurs donnent l'illusion
de l'.Jr.ivo,.=itê . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . " . . . . . .
208
al Dans le domaine bete-neyo.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
208
b/ Dans le domaine ab@, ....
208
I I
• • • • • •
"
• • • •
,
• • •
1
1
1 " ' 1 '
cl Dans le domaine alladian.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
209
dl Dans le domaine odjlJkru
, . . . . . . . . . . . . . . . . .
209
Section III
la sp~cifici~~ du procès de produc~ion...
212
1. Les acteurs de l'échange commercial:
promotteurs,
~gerlts et n'anOeIJVreS, ...
212
t
• • •
,
,
• • • • • • •
t

1
1
• •
1
• •
1
1
1
1
l
,
1
1

902
2.
La principale modalité de l'échange commercial:
le détour ou la clandestinité.................... . . . . .
217
3.
Les instruments de l'échange commercial
:
les forMes de monnaie traditionnelle.......
218
CHAPITRE
IV
LES FORMES ET RESULTATS DU PROCES
220
Section
1
Les conditions générales du co••erce du XVIIIe
1
au XXe si~cle•••••••••.••..• "•••.•••••••••••••••••••.••
223
1
1.
Les conditions externes:
les articulations des
!
sociétés lignagères et des espaces économiques de
l'Afrique occidentale
, ~
Il..
223
1.1. Côté espace économiql~e soudanais....................
224
1.2. eSté espace ~conomique akan. 1 Il •••••• Il l' •••• ' Il Il..
226
al Un centre commercial du XVIIIe siècle: Assoko...
227
bl Un centre commercial du XIXe siècle
: Tyasale....
228
1.3. Côté espace économique a t l a n t i q u e . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
229
2. Les ~onditions internes
235
1
• • • • • • • • • • • • • • •
I l . 1
2.1.
Les conditions économiques et sociales..............
235
2.1.1.
Les richesses
I·initi~les"
Il....
235
2.1.2.
Les éqt.Jipements., ••..•
240
1

,

























2.1.2.1. L'équipement de nature matérielle
al Les appareils de conservation et de trans-
240
transport
:
-
cas du sel.
240
l
,
,





























-
cas de la noix de cola ... Il................
241
-
cas de l'huile et des amandes de palme.....
241
-
cas des escl~ves
,
, .. "
242
bl Les moyens de transport
~..........
243
,:.1 Les ;.)rn'es
, , .. ,
245
1
• • • • • • • • • • •
1
• • •
,



2.1.2.2.
L'équipement de nature symbolique
247
al Les pouvoirs de d é f e n s e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
247
bl Les pouvoirs de capter la chance.............
248
2.1.3.
Les voies et lieu:< d'échange.
249
1 .
,
• • • •
1
• • •
1 1
• • • • •
' . .
2.1.3.1,
La mer . . . , . . . , . ,
250
1

,

,
1
• •
1
1

,
• • • •
,
• • • •
,
• • •
1
1





2,1.3.2.
Les l.ag IJ n e s , ...
250
1

,
,
l
,
1
• • •
1

t
1

1
1
• •
1
1

1

1
1
1

l
,
• •
1

903
Pages
2 . 1 . 3 . 3.
Les fI e'Jves
"
.. ,
,
251
1

l
,
1

,

,
• • • • • • • • • •
al L'Agneby
: A9bo .::les Abê 1
EHetd-, OlJ 'Bias des
Odj'.Jkl"IJ •.•. , , • . • . . . • • . . . 1 • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
251
bl Le Bandama
: pJita selon les OdJukru et
Alladian,
VIJ
des Kweni.......................
252
cl Le Sa$sandra : Ibo des Bete,
GneAl~ des Neyo
et Kwadia
'. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
252
2.1.3.4.
Les pistes
. . . .
252
t
• • • • • • •
,
• • •
1




















al Les pistes côtiers ..
253
1
• • • • • •
1

















bl Les pistes du pays abê.
.
254
cl Les pistes du pays odJukru...................
255
dl Les pistes du pays b e t e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
255
el Les pistes d~ pays'kweni
; . . . . . . . .
256
2.1.4. Les moyens d'échange
Il....
256
2.1.4.1. La nature matérielle de ces monnaies......
256
2.1.4.1.1. Les monnaies secondaires
256
al Les monnaies secondaires anciennes
perles d'aigri et coquillages..............
257
bl Les monnaies secondaires récentes
:
boeufs,
sel,
cola
, .. , ..
257
I l
I l . .
2.1.4.2. Les monnaies principales
.... 1 1.' ••••••••••• Il..
259
al Le fIJsil.....................................
259
bl L' Ol~. • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
260
cl La nlanille
t .
261
1
• • • • •
, . . . . . . . . . . . . .
2.1.4.3. Les aires d'usage de ces monnaies.........
263
2.1.4.3.1. Les aires de dominance. 1"
,.,1......... ...•...
263
2.1.4.3.2. Les aires d'interférence
.
264
2.1.4.4. Signification de cette spécialisation
géographiq'Je ••••
264
1
• • •
1

1
• • • • •
1



















2.1.5. Les chaînes d'échange •...•...•
266
1
• • • • • • • • • • • • • • • •
, . ,
2.1.6. La rémunération des services..............
268
2.2. Les conditions politico-religieuses.................
270
2.2.1. Les souverainetés territoriales:
le contr8le
des voies de communication et du trafic...... . . . . .
270
2.2.2. Les ;:)lliaTII~es""I'III"IIIIIII"""'I"I""""
272
2.2.2.1. Les alliances du premier groupe:
les alliances
de paix ~omme facteurs de sécurité commerciale..
272
al Les alliances de paix f~ibles
272
1
, . . . . . .
bl Les alliances de paix f o r t e s . . . . . . . . . . . . . . . . .
273

904
Pages
2.2.2.2.
Les ~lli~nces du deuxième genre:
les ~lli~nces
de g'..lerl~e
274
1
l
,
• • •
,
• • • • • • • • • • • •
1
• • •
1

1
• • •
1

1
• • •
,

1

2.2.2.3.
Les ~lli~nces du troisième genre:
les ~lli~nces
de l.::onlnlel""/~e•••••••••••••••
274
1
1
• •
t

1
1

1
2.2.2.3.1.
Les ~lli~nces de commerce t~ibles.............
275
~I Entre équip~ges d'éch~ngistes ~fric~ins
et équip~ges de n~vires m~rch~nds euro-
péens des rites qu'évoquent Neyo et
AII~di~n nou~ient ces ~lli~nces............
275
bl Entl~e 1 ign~ges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
276
cl Entre groupes
loc~ux .. t l' •• 1 ••• 1"
• • • 1 . . . .
276
2.2.2.3.2.
Les alli~nces de commerce fortes..............
277
2.2.3.
Les inviolabilités imprescriptibles..............
277
~I L'inviol~bilité ~bsolue des femmes........
280
bl L'inviolabilité rel~tive des étrangers....
281
2.3.
Les conditions de communication....................
282
2.3.1. La communic~tion non-linguistique.................
282
.al Le langage gest'Jel ..
282
1
• • • • • • • • •
,

1
1
• •
1
1
1
• •
1
l
,



b/ Le signal d'.appel . . .
282
1
• • • • • •
1
• •
1
• • • • •
'
• • • • •
1 . . . .
cl L~ télécommunic~tion t~mbourinée. . .. .. .
283
2.3.2.
La communication l i n g u i s t i q u e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
283
al Sur l~ c8te
: bilinguisme ~fricain-européen
~vec prédomin~nce de l'anglais.................
283
bl Dans les sociétés forestières:
le bilinguisme
inte''''';:)fl'''i/~airt
284
l '
• •
1
• • • • • • • • •
1
• • • • •
1

,
• • • • • •
1
• • •
t
Section
II
Les forMes du procès dans la seconde Moitié du XIXe
siècle
1.
L.. e
p''''o/~ès de ver.te
286
1
1
• • •
1
• •
l
,
1
• • • • • •
,
• • •
l
,

l
,

1
• • • •
1
1

1
1.1.
Le procès endogène:
la vente excommunicatoire......
286
1.1.1. L'espace où dominent les excommunications.........
286
1.1.2. Les motivations....
287
1 .1 .3.
Les mo d e I i tés tM' e)·(':olllml.lTü,:~tion. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
297
1.1.3.1.
L.:l de,:ision
297
al Cas des i n n o c e n t s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
297
cl C.:lS des dél i nquarrts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
298
1.1.3.2.
L<.I
299

905
Pages
1.1.3.3.
L-:l livraison . . . .
300
a
I l
• • •
1
1.2.
Le procès exogène:
l-:l vente préd~toire.............
302
1.2.1.
Les motiviations
al Cas des captifs faits dans les guerres.........
302
bl Cas des c-:lptifs f~its d~ns les r~zzi~s.........
302
1.2.2.
Les mode I i tés de verrt e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
306
2.
Le p\\~ol=ès d' .;]I::t".at •• , ••••••.•
1 1 •••••••••••••
1 •
307
1

,

1

t
• •
2.1.
L'esp~ce où dominent les ~chats;....................
307
2.2.
Les nlotivations.
307
l '
,
• • • • • • • • •
1 . 1
• • • • •
'
• • • • • • • • •
, . . . . . .
2.3.
Les modalités d ' a c q u i s i t i o n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
313
-:lI La prise de possession avec violence.............
313
bl La prise de possession avec amadouement..........
314
Sec"tion
III
Le prix des esclaves
1.
Eléménts pour l'établissement d'une structure des prix
316
2.
Hypothèses pour expliquer les vari-:ltions de prix......
343
2.1.
La v-:lri-:ltion deg prix dans l'esp-:lce.................
343
2.2.
L-:l v-:lri-:ltion des prix selon le s e x e . . . . . . . . . . . . . . . . .
344
2.3.
L-:l v-:lri-:ltion des prix selon l'~ge...................
345
2.4.
L-:l Y-:lri-:ltion des prix selon le moment historique....
346
Sec"tion IV
Un bilan du procès
1. Le produit des ventes
.
347
2.
Le pr-odu i t
des ~ch-:lts........... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
357
2.1.
Première c-:lractéristique de la population servile:
une importance,
~ l'échelle de ces sociétés,
relativement forte dans la région c8tière et lagu-
naire et dans la région s-:lvanière..
357
AI Dans la région cStière et lagunaire
357
al C~s de l~ société neyo.
.
.. ..
357
bl Cas de la société all~di~n....................
360
cl C~s de la société odjukru.. . . . . . .. . ... . .. . .. . .
361

1
1
,1
Pages
BI G~ns l~ région s~v~ni~re : c~s de l~ société
f
kweni
, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
362
CI Un cas d'exception
: l~ société bete d~ns le
1
cent'~e forestier................. . . . . . . . . . . . . . . . .
362
1
2.2.
De~xième c~r~ctéristiq~e de l~ popul~tion servile:
1
une pop~l~tion à domin~nte m~sculine..... . . . . . . . . . . .
363
2.3.
Troisième car~cté,~istiq~e de cette popul~tion : des
origines à prépondérance so~d~nienne d~ns les
1
sociétés de s~vane, de forêt et de l~gune, à prépon-
dér~nce forestière dans les sociétés cati~res et
'.: i l""~'Jn,-l.ag'~n.a i '''''e • . • . . . . • •
364
1
• • • • • • • • • •
1
• • • • • • • • • • •
1



1
1
AI Les origines à prépondér~nce soud~nienne
mandé et gur
al Des escl~ves à prépondér~nce m~ndé
:
li3 société bete . . . .
364
1
1

1
• • • • • •
1

1

,
1
1
• • • • • • • •
Il

bl Des esclaves à prépondér~nce gur
:
li3 soci~té odJukru ...
364
1
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
I l
I l
cl Des esclaves à prépondér~nce gur-m~ndé :
la société kweni.". l , , •••••• , ••••• 1 • t • • • • • • • •
367
BI Les origines à prépondér~nce Kru :
al Des escl~ve5 à prépondér~nce bete
les sociétés neyo et kw~dia...................
367
bl Des esclaves à prépondér~nce did~
:
la société ~ll~dian...........................
368
3.2.4.
Q~atrièMe carac~éristique de cette popul~tion :
je~ne,
là où elle est à m~jorité m~ndé et gur,
cette pop~lation est ad~lte, là où elle se tro~ve
à prépondér~nce kru
, . . . . . . . . . . . .
369
AI Une pop~lation adulte à prêpondér~nce Kru :
les sociétés bete et neyo-kw~di~...............
369
BI Une pop~l~tion je~ne : exemple de l~ société
od Jukr u •••... , • . . . . .
370
1
• • • •
1
• •
1
• •
1

1
1












CHAPITRE
V
UN APERCU HISTORIQUE DU PROCES
375
Section
l
La genèse des for. es du procès
376
1,
Les ~ntécédents
,
.
• • • • •
,

1
• •
1
• • • • •
377
1.1,
Les ~ntécédents du procès de vente
l~ mise ~ mort
et l' e x i 1
.
377

907
Pages
1.1.1. L~ mise ~ mort
a/ Première forme de mise ~ mort;
l'exécution
des c ap t Lf s . . . . . • , .•..••••• " .
378
b/ Seconde forme de mise ~ mort
l' e:·(rk:ut ion
des dé 1 i pqlJants
.
3713
1.1.2.
Lie :.:i l . . . .
381
1
1






1
1.2.
Les antécédents du procès d'achat;
le gage,
l'otage,
l~ captivité
.
2.
Les phases de l'évolution
.
2.1.
La première phase; exemple des sociétés littorales
et l'ilgunail~es
, . . . . . . .
385
2.1.1.
La période antérieure au XVIIIe siècle
ancienneté et extension
386
1
1
• • • • • •
1

1
2.1.2.
La période 1701 -
1870 : permanence et expansion
relatives des procès .. Il Il •• 1.' •• ' l' •• ' •••• , . . . .
386
2.2.
La deuxième phase.
Exemple des sociétés du centre
fOl~estier'".
389
l
,

,
,
• • •
1
t
1
• • • • • • • • •
1
• •
,
1
1
• •
1

1

1
• • • • • •
1
2.3.
La troisième phase.
Exemple des sociétés de l'Ouest
forestier:
cas de la société b e t e . . . . . . . . . . . . . . . . . .
401
Sec'tion
II
La fin de l'esclavage.
402
1.
Un objectif str~tégique de la doctrine coloni'ille .... ,
403
2.
L'Etat colonial et les t~ches de dissolution ...
412
2.1.
L'~bolition juridico-politique de l~ tr~ite ;
le décret du 12 décembre 1 9 0 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
412
2.2.
L'action répressive................
414
., .,
_ , . . . J I
La politique économique et sociale.
{~ 14
3.
Après 1920
: restes d'esclavagisme.
Des incapacités
sociales irréductibles
,.,
,
,
" . .
417
,

908
TOME
II
TROI5IEME
PARTIE
LES ESCLAVES DANS LA SOCIETE
OU
EXPLOITES ABSOLUS ET IHSTRUMENTS DE GLORIFICATION
Pages
CHAPITRE
VI
CE QUE INFERIORITE SOCIALE STATUTAIRE VEUT ICI DIRE
Section
1
L'introdu~tion,
un rituel de spécification
1.
La l~tJptIJr~e ~ve': le pJ:1ssé
, ,
423
1
l
,
• • •
1
• • • •
,
t

1

2.
L'annexion à
l~ parent~le.............................
425
3.
L'infériorisation radicale: la dation d~ no~veau nom
425
~/ Le Tlonl-rê/:' i t . ...•.
429
1
• • •
1
• • • • • • • • • • • • •
1
1

1










bl Le
n a m - d é f i . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
430
,::.1 Le n o m - i d e n t i t é . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
431
Section
II
Un statut social inférieur
433
1.
Premi~re caractéristique:
la nature contradictoire
de le~r être de personne-obJet.........
434
2. De~xième c~r~ctéristique : le paradoxe d~ parent
p.::l'JV1"'e • • • • • .
435
f i l '
,
• • •
1
• • •
1
• • •
l
,

,
• •
l
,
1

1
3.
Troisi~me c~ractéristique : l'objet d'exploitation....
436
3.1.
Thèse de l'exploitation et des classes sociales.....
436
al Cas des sociétés lignagères marquées par la
traite
: classe des aînés et classe des cadets
G.
DUpl'~ ct F'. Ph.
f':ey
{1967 -
1980> . . . . . . . . . " . . .
436
bl Cas des
sociétés lignagères préservées de l~
traite
: classe des femmes et classe des hommes
Cl.
Meill~ssoux (1975),
J.P. Oozan
(1985)........
439
3.2.
TI"lè~se de l'e::plol'ta'tion sans c Le s s e
: M. S~,..tlins
(19.">8),
n.
Te<;t~l~t
<l9B5) . . • . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . .
44(J
3.3.
Thèse niant et l'exploitation et les classes socia-
l e s :
M.
Godelier
(1965 -
1982)
,
, ..

Pages
Se,~tion
III
Les T'édemptions
les exceptions qui confirment
la T'ègle.
(';·48
1.
Les
fondements de
l~ rédemption.
448
2.
Les modalités de
l~ rédemption ..
453
2.1.
La promotion ~u rang de
l'homme du commun
453
al Suivant le critère du savoir....
453
bl SIJ i v arrt 1 e '':1" i tèl"e du COIJ1";;)ge. . . . . . . . . . . .
454
c 1 SIJ i va n t
L e
CI" i t è 1" e clel·;) b e ~ IJ té. ..
4 5 5
dl Suivant le critère de la compétence technique..
455
el Suivant une synthè~e de critère esthétique et
de '':l"itel"e te'.:t-.nique...........................
456
2.2.
La promotion ~u rang de chef
al Un chef de lignage ..
457
bl Un chef de village ..
459
CHAPITRE
VII
LES EXPLOITES
MOVENS
DE PROCREATION ET
DE PRODUCTION.
462
Se.~tion
1
Les moyens de procréation.
464
1.
La procréation:
un chaix des acteurs sociaux.......
464
al Premier choix:
la procréation refusée
, .
465
bl Deuxième choix:
la procréation limitée
, . . . .
465
cl Troisième choix
:
la procréation comme priorité..
467
2.
La première fonction de ces unions
1 e
l~P"OSS i seme nt
démographique des lignages
.
471
2.1.
La constitution des
lignées dépendantes........
472
2.2.
Le partage des reproducteurs ;;)vec les lignages alliés
473
3.
La seconde fo r, ..:tion de c e s
un ions
des
1 i gnages
,
.
473
Section
I I
Les moyens de production:
les producteurs d'a point
1.
Les conditions socl~le5 de la production ..
1 . 1.
Le 1 o.;} i s
,
.
l.t-/6
P-3ges

1.2.
L' i ns t r-ume n r
1 i ngtJistiqIJE' . . . .
(~78
t
1
• • • •
1.3.
L'~ppropri~tion des savoirs loc~ux.
480
2. Le procès de production
.
2.1.
L' inégal ~ccès aux ~ctivités productives et aux
instr'l.JRlents de tl~.:lv~il....
't81
2.2.
L~ rép~rtition soci~le des t~ches ..
482
2.2.1.
L~ n.:lture sexuelle des t~ches.
483
al Dans la ,.:hasse... . . . . . . . . . .
. , . . . . . . . .
483
bl D~ns l.:l p~che .. ,-. . ..
. . . . . . . . . . . . . . . . .
484
cl Dans l'élevage......
.
, . . . . .
485
dl D.:lns l.:l ,~uei llette. .
. . . . . . .
486
el Dans l'agriculture..
487
Les principes d'utilis~tion des escl~ves.,
2.3.
Les Modalités du travail s er v i le
.
490
2.4.
La sous-conSOMMation des produits du tr~v~il........
492
2.4.1.
Une consoMm~tion qu~lit~tivement inférieure.......
493
.:lI L'h.:lbit.:ltion
, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
493
bl Le vêtement
, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
493
cl L' .:lliRlent~tion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
495
2.4.2.
Une consommation quantitativement faible..
496
~I La consommation alimentaire.,..................
496
bl Les dépenses de santé......
498
cl Les dépenses de mariage ... , . , . . . . . . . . . . . . . . . . . .
499
dl Les dépenses pour les rituels de promotion.... .
499
Sect'ion
III
Les .oyens de product'ion
les product'eurs
prépondérant's.
502
1. Condition sociale essentielle de production:
le haRlealJ.
Définition et typologie
.
502 .
1.1.
Le hameau indIJst\\~iel
e:-:emple essl.Jma . . . ·
. · .
503
1.2,
Le hame au agl~i'.:ole
e:·a?mpl e neyo . .
. ·
· . .
508
1. 3.
Le h.::lmealJ ni a l~ c h and
e xe mp l e
;;;'lll.::Jdian. . , ·.... ·....
515
2.
Le procès de travail.
517
2.1.
Les s~liniers : l.::l f.::Jbrication Je sel,
517
2.2.
Les cultivateurs
: l/~griculture de subsistance.....
518
{.
2.3.
Les tr~nsporteurs
T'Jlme.
.521
1
..'fl;

9li
Pages
CHAPITRE
VIII
5;~4
LES INSTRUMENTS DE GLORIFICATION
Sec~ion
l
La richesse e~ l'Ideal de la gloire
de l'accu-
.ulation ~ la magnificence.
1.
L.::l ri'.="',esse
525
1
• •
1
1
• •
1

1
l
,

.::lI L' homme" rb:he ':Oftlme l".onul\\e- qt;.l i
.::l:t'teint l'.::l,:,:oRlP 1 i s-
sement soci.::l1 et hum.;)in........
525
c omme complexe des choses ...
526
cl L.::l richesse comme v.::lleur ...
534
2.
L' id~al de l.::l gloire
.
534
Sec~ion
II
L'accu.ulation
os~en~a~oire
542
1. L'.::lccumu1.::ltion ostent.;)toire de l'ivoire ou l'in.::lu-
glJr.::ltioTI de l' ord'Iestl~e d' 01 i f.::lnts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
543
1.1. L.::l titul.::lriS.::ltion de l'osukopwe ~buré
.
543
1.2. La tit'Jl.::ll"is.::ltioTI du vievi .;)bê : gJi-T~fê........
544
2.
L'.::lccumul.::ltion ostent.::ltoire de l'or ..
548
2.1.
La tibJI.::lris.::ltion du bl~embi. eSSIJma
:
l ' ac qu i s t t t cn
du droit de posséder des escl.::lves ..
548
3. L'accumul.::ltion ostent.;)toire d'esclaves ou l.::l
titIJl.::lris.::ltion du 9breR~ od Juk r-u : :'i:'l..n2Q.::lndji-il"i..
554
3.1. Un rituel Médico-religieux de 1.;) bonne fortune créé
par les classes d'~ge commerçantes du XIXe siècle.
554
3.2. Le déroulement du r i t u e l . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
557
3.2.1. Les esclaves:
une condition détermin.;)nte d'.::lccès
;::a'J
1'" i t'Je 1 . , . . .
557
1
l
,
1
1

,
1
1

1
• • • •
1
1

1
l
,

1
1
1
1

1
• •
l
,
1
1

,
,
3.2.2.
Le temps économico-politiq'Je de l/ét~l~ge et de la
dispens.::ltion des l"i,::l"lesses, . . . . . . . . . . . . . . . . . .
561
;;JI Df~ l'~It.~qIJittement
du pl"(~mi"fJl" dl"oit
(~_gb) .?l 1;::)
fix.;)tion du c~lendrier. ,
,.,
.
..
562

Pages
bl
L'ouverture du r i t u e l :
le premier b~nquet et
1.;) ''''etr~aite . . . .
~.
563
1
• • • • • • • •
"
• • • •
'
• •
l '
• • • •
,
• •
1 "
c.I La
jOIJl~née du Gl~and Abl~i OIJ lêf-9bêl
:
le de'J:·{iè,ne banJ:I'Jet ..
563
1
• • • • • •
1 " 1 '
l '
1 "
1
• • • • •
1 .
1
dl La
journée du Petit abri -
lêf-likekli
(Bobor)
01.1
Abl~i de l~ '~IJe -
êdj~nl-J.êf
<Dibl~nl)
la l~ê'.:eptiorl faite J:l la c l as s e
d' ~ge. . . . . . . . . . .
565
3.2.3.
Le temps mêdico-religieux de
l ' o n c t i o n . . . . . . . . . . . .
565
~I De l;,') pN~nliel~e o nc t Lon J:l la ,.:onfe'.:~Aon du
c o l l i e r :
a n g b a n d J i - i r i . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
565
bl De
l~ seconde onction J:l la suspension du
co l Lf e r- : ;;m9bandji-esp:!9.......................
566
Section
III
L'oblation
ostentatoire
572
1.
Un témoignage d'hospitalité ou d'amitié entre pairs...
572
2.
Un témoignage de munificence manifesté par un supé-
rieur è
l'égard d'Un i n f é r i e u r . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
573
2.1..
L'esclave comme cade~u de m~riage ..
573
al De
l' ëp oux l!l l' épol-lse
.
573
bl Du père aU fils ou J:l la fille
.
573
cl Du beau-père au beau-fils
.
574
2.2.
L'esclave comme c~de~u d'émancip~tion. . . .
574
3.
Un homm~ge de l'inférieur ~u supérieur et bienf~iteur.
575
al Du be~u-fils ~u beau-pere
.
575
bl De
l'esclave J:l son m~ître
.
575
Section
IV
L'imMolation
ostentatoire
576
1,
L'immolation d'utilité publique . . .
576
1 .1.
La
leçon de cboa e s
:
l'e
fokw~ ;;.lbê.
577
1 . :.~.
Les
of fl~an;jes
l~el i~1ieuses
,
.
581
al l'offr;;.lnde au dieu protecteur de
la cité.
581
bl
L'offl~ande ~IJ dieu de l'agl"i'':'.Jlt'Jl"e
:
1;;)
fête
de
l' i gn.::lme .. 1 1 •••••••• , ••••••••••••••••••••• , , • • • • •
581
cl L'offrande ~u dieu d'eau:
le culte du Bandama...
584

913
Pages
2.
L' immol~tion ostent~toire
.
586
2.1.
Les circonstances
.
586
2.1.1.
L~ fête de l~ m~ternité.
586
1
2.1.2.
L'in~ugur~tion d'un orchestre de t~mbour
1
êtêkpl~ê OIJ ~têkplê
.
587
1
2.1.3.
Les obsèques des personn~ges éminents
.
587
1
2.2 Le processu. d~immel~t~on
.
592
2.2.1.
Les prélimin~ires. . . . • . . . . . . . . . . . . . .
592
2.2.2.
L.:J mise ~ n'or't
, .. ,
1
• • • • • • • • •
1
• •
,
• •
,
• • • •
592
:.:lI Les opêr;:]te'Jl"'s
1
• • • •
1
• • • • • • • • • •
1
• •
1

1
• • •
594
bl Les procédures
:
immol~tion ~u féminin et
i"lmol~tion '::lI.J fIl~scIJlin . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
594
cl L~ co-inhuM~tion du dignit~ire et de l'escl~ve.
596
Après
l~ mise ~ Mort et la co-inhum~tion :
1 ~ plJl~ if i c a t i on,
w~t@-lie...~ ,.;)bê
.
598
2.3.
L'immolation ostatentoire de la gloire ~ l'apothéose
599
CHAPITRE
IX
DEUX CONTRE-EPREUVES DE L'INFERIORITE STATUTAIRE
DES
ESCLAVES
601
Section
1
Les déchets sociaux:
l'insignifiance dans la .ort.
602
1.
La hiérarchie statut.;)ire des personnes libres dans les
J
systènles
fl.Jr.é'.... a i i... es. 1 ..... ,. """
1
• • • • • •
1
, . ,
"
• • • •
1
1 .
603
-1,
1.1.
Les petites-morts:
les non-êtres soci.;)ux.
603
-}.
f
1.2.
Les morts e:{~eptionnelles : les déchus ... 1
604
·f
1,3.
Les morts ordin.;)ires
:
les personnes plénières ..
604
1.4.
Les gr~ndes morts
les digni tai l~es
,
.
(,09
il
2.
Les déchets sociaux
exclus des systèmes funér.;)ires.
~
L~ procédure sui-génèris de leur évacuation,.
609

, ~
2,1.
L.;) forme ~b50lue d'évacuation
.
61()
al L'~bandon sans sépulture
.
;
61?
bl
L' inhumatlon sonlm~il~e
.
61:-3
615
IJévacu~tion
.
615
i

Pages
Section
II
Les résistances
le refus de la déshumanisation dans
la vie.
623
1. Les formes de résistance.
625
1.1. La forme civile de résistance......
625
1.1.1. Les transgressions dans l'ordre sexuel:
exemple de l'adultère......... ... ... . . . . . . . . . . . . . .
625
1.1.2. Les transgressions d'ordre économique
exemple de l'appropriation du produit du travail..
627
1.1.3. Les transgressions de caractère politico-religieux.
629
a/ Le cri.e de lèse-autorité............
629
b/ Le partage d'Un privil~ge.....
630
1.1.4. Les transgressions de caractère global:
la fuite.
630
A/ De l'époque précoloniale à
1907.
630
a/ Le .arronnage.......
631
b/ Les fuites vers le pays natal. .•.
631
B/ L'ère de l'abolition juridico-politique de
l'esclavage.
633
a/ Le retour au pays natal ...•• ~....... . • . . . . . .
634
b/ L'émigration vers la v i l l e . . . . . . . . . . •.. . . . . .
636
1.2. La for.e violente de résistance.
638
1 .2. 1.
Le .eur'tre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
639
a/ Par le p01son..................................
639
b/ Par le f e r . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
640
c./ Par le -feu.....................................
641
1.2.2.
La rt:!bellion
1....... .
..
641
1 .3.
La for.e aMbiguë
643
1









..

























2.
Les sanc"tions.
649
1
• • • • •
l
,
• • • •
1
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
t




2.1. Dans les sociétés d'esclavage:
la répression.......
649
2.1.1.
Q'Jelques cas d'ilDp,Jissance........................
649
2.1.2. En gt:!néral,
l' exc~s
1

1
1
• • • • • • • • • • • •
1
Il
Il
,
649
a/ La ven'te
649
Il
Il
Il
..
b/ La lIlIise à
1IlI0rt
.
650
2.2.
Dans les sociétés d'origine:
la f@te du rapatrié
ou f@te de la 1 ibération. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . .
652

915
Pages
QUATRIEME
PARTIE
LES EFFETS DE L'ESCLAVAGE ET LA SIGNIFICATION DE SA CROISSANCE
AU
XIXe 5IECLE
CHAPITRE
X
UNE NOUVELLE IDEOLOGIE DE L'INFERIORITE
L'IDEOLOGIE DE L'ESCLAVAGE.
655
Section
1
L'infériorité de l'esclave:
la honte majeure
660
1.
De l~ honte de f~ire ou d'avoir ~ la honte d'être.....
660
2.
Thème de la personne-chose............................
662
3.
Thème ontologique de l'infirmité absolue..............
663
4.
Thème éthique du danger absolu. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
665
5.
Thème économique du déchet..... .
..
666
Section
II
L'idéologie de la batardise ou de l'hérédité de la
honte - Exe.ple de la tradition kweni
668
CHAPITRE
XI
DES MODIFICATIONS POLITIQUES INSIGNIFIANTES AUX
NOUVELLES HEGEMONIES.
672
Section
1
Des .odifications insignifiantes dans la plupart des
systèmes politiques.
673
l,
L' identité des qu~tre princip~ux systèmes politiques..
673
2.
Les deIJ~'~ n'odific~tion5 de statl.lt politiqtJe dJes~l~ves :
limites et significatiOns
,
, . . . . . . . . . . . . . .
674

,
Section
Il
!;
L'h~g~.onie politique d'un lignage sur la soci~t~
neyo : la tentative du Kekeyo Gneba Gbeugre de
j
Bo k r@. . • • . • • • • • • • .. • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
678
1. De la suprématie sur Bokr@ (Sassandra)
~ l'hégémonie
1
sur la confédération des Gbokra
.
678
f
2.
De l'hégémonie sur la confédération des Gbokra ~ la
1,
tent~tive d'hégémonie sur la société neyo
.
680
1
;
1
1
i!
Section
III
L'hégéMonie Militaire d'une chefferie sur la région
du Sud-Est au début du XVIIIe siècle :
la cité-chefferie eSSUMa sous Aka Ezani
685
1. La cité marchande et esclavagiste d'Assoko
:
tJrle
,.::hefferie .•••••
685
Il • • • • •
1
1



























2.
L'hégémonie militaire sur l~ région lagunaire.........
692
~/ Les enje'J>: des gIJer'""es •••••••
693
1

1
• • •
1
1
1
1
1
1

1

1

1

1
1

b/ Les '''ês-JI tats
695
1
1

1
• • • •
1
• •
1
• • • • •
1
• •
1

1

,

1
1



CHAPITRE
XII
LA STRUCTURE DE CLASSES : LES VARIANTES DE
L'ESCLAVAGE DU SYSTEME LIGNAGER AU SYSTEME
ESCLAVAGISTE.
SECTION
l
LES VARIANTES DE L'ESCLAVAGE DANS LE SVSTEME LIGNAGER
698
1. La variante
1
699
Des sociétés de petits propriétaires
d'esclaves,
soit limités dans l'espace et la structure
sociale
(Bete,
Gban) , soit disséminés dans toute la
. société
(Kwadia et Eotilé) .Exemple de la société Bete.
al Un secteur méridional sans escl~vage et
peu di fférencié
, , . . . .
699
bl Un secteur septentrion~l différencié .... ,
700

2.
La v-:lri-:lnte
II
Des
SO~letes ae
petits propriét~ires
d'ES~I-:lVES avec en~laYes de g~ands lignages pro-
p r .i é t ;;) i I~ e S
5 a ...: i. é t e
,;) b ",? ~? t
S 0 ..: 1 è t é
0 d ..1U k l~ U •
al La classe supériEure
~I~ï II.,!. . . . . . . , , . • • . • . .
-:n -1
1
".,,10';
b/
L-:l cl~sse
inferieure
m-:ldg
.
704
~I La cl-:lsse
in~ermédiaire
es,: 1 .~ 'v'e s
I~ è d i nI é s . . . . . . . ,
705
3.
La v~ri-:lnte
III
706
Des sociétés de petits propriétaires
1
d'esclaves ave~ enclaves de communes esclavagistes
la so~iéte kweni et
la société alladlan.
al La classe superIeure
les négociants,
compradores:
-:lhand.irê-bo
.
706
bl L-:l ~lasse
inférieure
maneouvres du commerce
707
cl La classe in~ermediaire..
707
Section
II
Un système esclavagiste in~chevè : la société neyo
709
1.
La classe supérieure
les nègoci~nts compradores,
pel~pagnoa. . . ..
,
.
709
2.
La classe inférieure
les escl-:lyes,
agriculteurs de
subsistance:
QoYuo ..
710
3.
La classe intermédiaire
les paysans-ouvriers
mi·;ll~ants. '.'
.
711
Section
III
Un
système esclavagiste achevé
la cité œ~rch~nde
Essl.Jm-3 d'Assoko.
714-
1:.1- '?mb.t
.
71~
L~ classe
inférleure
715
~<JIJ 1 n-QornF'ue .
715

918
Pages
CHAPITRE
XIII
LA SIGNIFICATION DE CROISSANCE DE L'ESCLAVAGE
AU XIXe SIECLE
ECONOHIE
ET
GUERRE
717
Sec'tion
1
La conjonc'ture éconoMique e't les s'truc'tures sociales
719
1.
De~ la pl~oduJ1ti on alJ '~onlnler"'.::e~L' •.. 't , , '.' •••••••• , • , ••• ,
719
1.1.
Dans la région lagunaire et littorale,
un premier
facteur d'essor économique et social:
la production
de l'huile et des amandes de palme.,
,
, .. ,
719
1.2,
Oans le Centre-Ouest,
un deuxième facteur de l'essor
é,.::onomique
:
la no i x de ''::0 la .. , . , . . . . . , . . . . . . . . . . . . .
721
1,3.
Oans
le Centre,
un troisième facteur de l'essor
ê~orlc)n'i ql.Je
:
l' Ol~, •
724
1
• • • • • • • • • • • •
1
1

1
1
• • • • • • •
1







Sec'tion
II
Guerres
de
savane,
guerres
saMoriennes
730
1.
Conjoncture politique et guerre
, . . . . . . . . . . .
730
2.
Les ~onsêquences êcorlomiques . . . . l""
, .. 11............
732
CONCLUSION
GENERALE
1.
L'esclavage lignager,
un système de réific~tion absolue
736
2.
L'esclavage lignager,
un esclavage multiforme..........
738
3.
L'esclavage lignager,
un lieu et une illustration
de 1,,", dé tel~nl i nat i on pal~ l' i déc 1 O~] i que . . .. .. .. .. .. .. . . . .
739

'7'}9
TOM E
III
A
REFERENCES
ET
NOTES
BIBLIOGRAPHIQUES
B
TABLE
DES
MATIERES
1

ECOLE
DES
HAUTES
ETUDES
EN
SCIENCES
SOCIALES
L'ESCLAVAGE
DANS
LES
SOCIETES
LIGNA~ERES
D'AFRIQUE
NOIRE
EXEMPLE DE LA corE D'IVOIRE PRECOLONIALE
1"700 -
1920
TOME
IV
THE S E
POUR LE DOCTORAT D'ETAT ES-LETTRES ET SCIENCES HUMAINES,
PRESENTEE ET SOUTENUE Le 30 Juin 1988
F-'Af;: Harris MEHEL-FOTE
_ _ _-...:..-.,...-~=-_._"-.
-1
CONSEt ArmCAIN ET MALGACHE \\
POUR l':::NSElGNEN\\[:Nl sur~rm:UR \\,
M E c: _
OUAGJ\\DOUGOU ;
C. A.
. .::1.
"
toi
Y95
.
Arrivé.e .: 1·5 ~J~.h~.1
. '.',~ ',.i' .1 ;:."
,
' . " n
#n n c ':J.)M9
,dil~e(~tiC)n dr=.'
Enr8g: s"tre SOU...
, t J ' t.l tJ
\\ .-.".-._;;-."-~." .
Mons i eUl'
Har •.: AUI';E
DIrecteur d'~tudes ~ l'E.H.E.5.S.
Paris,
Juin
1988

--------
B
X
B
L
X
0
G
R
A
P
H
X
E

m"
920
SOU R CES
SOURCES
ORALES
B
SOURCES
IMPRIMEES
E T U DES
II -
ETUDES.
HISTOIRE DES IDEES
THEORIE DES SOCIETES LIGNAGERES
III -
ETUDES.
HISTOIRE DES IDEES
THEORIE DE L'ESCLAVAGE
IV -
ETUDES.
HISTOIRE ECONOMIQUE, SOCIALE
ET POLITIQUE
COMMERCE
ET
ESCLAVAGE
V
·ETUDES.
LES SOCIETES LIGNAGERES-TEHOINS

LES
SOURCES
A.
SOURCES
ORALES
1 -
Informateurs
ABE, ABUDE et AKVE
NOMS
Lignages
Villages & Chef-lieux
de sous-préfecture
ABOLE
D,JONGP-.A
Ed i .:1 .i f~:I. (.~I..r
Lap o
(Agbovi Ile)
AGf.E
DI GBE FI~.::.lrl(~C) i s
1::1"'-)··;i
Mgbru
(Agboville)
AKELE
ARA Geol~ge$
1....a·f 0 no n
Wat"tin
(Agbovillei
AssE:i.Ja.H
tAff~;'-- -
...---
8 ·, c
t
"
, ...
~7j Kr .':IF'O
ALLATn! Enli le
1369
AKPLA
KOVO Pierre
Assohogba
~Unl.:lkud.iê II (Agboville)
80..!;.
AKRE
ABU
Buèdé
~~budè-M~ndèké
Il
AMAN
AKICHI ,J-Pierre
Beu
Montézo
(Alépé)
802
ANDRE
MUSSO Michel
0ku~d.jê
Lovidjê
(Agboville)
882
ANE
BOSCHO ,J-B.
Ar~fu
Sedjê
· __(a~ovi Ile)
~mE
ND,JA
Djêhi
F~I.Jb i no
(Rub ino) -
ANGUI
Hilaire
Affia
Mor'iê
(Agboville)
AF'PIA
BOKA
Ood.iê l
W~hin
(Agboville)
849
ASSI
ARODJE
Ngata
BodJê
(Agboville)
ASSONGO DEGe.O
Aifia
Gr~nd-Moriê (Agboville)
840
BEHU
EDI
Edidjêleu
Lapo
(Agboville)
856
BOKA
MENE
Mutcho
(Agboville)
857
e.OKA
VEI Ma\\~ie (Mme) Mbel~ i ê
Mbg\\~'.J
(Agbovi Ile)
859
e.ONI
KOTCHV
A·Hi.:::.
Gd-Moriê
(Agboville)
827
DIf~RE
OHU
Ok.l..lk.udjê
LovidJê
(Agboville)
DIOMPO OKAN e.enoi·t
Buédé
AblJ~è-M~ndèkè
Il
Ee.E
MAHO
':-iIllOI~O
OfforlJdjê
(Agboville)
871
EKISSI
DOFFU
Ebu,.~hi
Gband.iê
(Agbovi Ile)
872
ESSE
KAIOJ
P.:IIJI
RimakudJê
(Agboville)
876
KAEHE
KOe.ON Fr-anc o i s BIo.'afan
AsselJdJi
(Afferi)
856
KANGA
KI./ADIO
A·fùa
Gd-Moriê
(Agboville)
806
KOFFI
Andl~è
~.I.Jédé
AblJdè-M~ndéké
Il
861
KOKOHU
NGe.ESSO
(.imOl~o
OfforudJê
(Agboville)
KI./.;.),j
85t.
KWAD·JO
I<RAMBO
l. 0
Y.:Idjo
(Agboville)
1333
KWAO
BOrCHI
r·ét,:h i éd i
GuessidJê
(Agboville)
8131
KWASSI
e.Ae·A Gilbel~t
Bl~ubl~l.J
AradJê
(Agbovillei
MOSSO
NCHO L~mbel~t
(.:Il~.;.) ·fIJ
Cedjê
(Agboville>
7139
MUTO
ANE
MC)l~ i êyê Atê
Gbatr~
(Agboville)
881
NIAMIEN DEGBE
r~'Hi-!l
Gd-Mol~iê
(Agbovi Ll e )
876
NCHO
A55I
j::'ol ia
E?·~'.:on
(Akupé)
NCHO
ATIN Alphonse
Ol{u,::t.iêleu
MOI~iê
(Agbovi Ile)
-, ,·,
8 "
NCHO
ATUBE AMA
(Mme)
~'1ss-=:t
Okud.jê
(Agboville)
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(Agboville)
.:l.J ..
NCHO
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Attobl~O
:359
NCHO
TEHI
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Gbesse
(Agbovi lle)
B61
OMON M.:IIJ \\~ i c e
Mpodi
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(F~ub i no)
OF'ON')N KANGA
flff:i. .;.)
Gd-Mol~H~
(agboville)
B:.?;2
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DECI
()l~n 50\\.1001 j!~
Ced'ü
(Rubino)
OSSEIN
BONI
O(;)t.Dl~l.J
f\\~IJbi no
(f.:ub i no)
i3~)9
TCHIMU D..JOD...IRO
V-=j'.~ho
Gw~bo
(Agbovi Ll e )
:3:"!.9
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Gb~rld.jê
(Agbovillei
YACHO MUrO Pierre
F: i 9 b e u
t,,/ahin
tAgboville)
VAf'I
NTE
M'J.1oV..o
Agwattin
(Agbovi Ll e )

..
"
2
Informateurs
ALLADIAN
B62
AKADJE
James
Kovi
Avagu
(Jacqueville>
B6B
AKADJE
VRI
Mambê
AdJakuté
<Jacqueville)
AlE
PETE MathIeu
Okwan-Gangu
Mbokru
(Jacqueville)
ATAINA Piel~l~e
1).;oRP:lrI-T,:hok() ndj,;lll..u"té
(.Ja,,-:qup-ville)
BANAN
Adrien
Kovi
Avagu
(Jacqueville)
1364
BLACHON NGUESSAN ~lément
Gazê
Addah
(Jacqueville)
BODJUI
VESSO Mathieu
Gnaman
Addah
(Jacq~eville)
BOD,JUI
VESSO He nr r
Bodo
Gd-.Ja ..:~r.:Quevll.Le)
862
D.JIRE
-Jo naa
1::r1Q.ttg()r"....------~tJu
(.Ja,.:queville)
836
KAI(U
ECHIGe.AN Louis-'K::lku
.Ja,.::queville
(.J;:),.:queville)
862
LAGAGBO
AHIKPA
Ahavê
Avagu
(Jacqueville)
862
MBAN Edouard
Okwan
Avagu
(Jacqueville)
863
MBWA
AHUI Jean
Adongon
Gd-Jacques
(Jacqueville)
1363
NGRATCHE
Alexis
Towê
Gd-.Jacque5
(Jacqueville)
NEBA BUTCHUE
Pierre
Afiedo
Gd-Jacques
(Jacqueville)
863
SEPI VESSO Mathias
Nlêtu
Mbokru
(Jacqueville)
3 -
Informateurs
8ETE
831
BADA
MAOU Bernard
Gnapoewa
Gbalewa
(Subre)
829
BALU BUAGNON Maurice
Vadebre Zegbehia Bla
<Daloa)
831
BALlI
ZIKI
Balu
Okruyo
(Subre)
8iH
BARGüHE GNOLEBA Gilbert Tapêseria
(?)
Gbetitapea
<Oaloa)
806
BOTO TEHüLE
Lessiri
Vakolo
(Subre)
831
OAGRO H.:l'.Jl~ i i.-:e
Gugwa
Gd-Zatry
(Subre)
860
OEPIE
LAGO
Bada
Gossa
(Oaloa)
88 /1'
DIMI
SOKPRI Jean
Gnaore Madu
Gadwan
(O.:lloa)
833
0000
ZAHURIJ
DibrigUhe
Korekiprea
(I55ia)
867
DII;BORU O.JEO.JE
Vusoerua
Bakayo
(Subre)
88l
OOWRE Mauri.:e
Igbogbra
Koredidia
(Issia>
839
FALEOIGUE
Bernard
Gbowrê
(?)
Gamonia
(Oaloa)
831
GADU
DABO
Upoyo
Up0,:/o
(Subl~e)
881
GBOHUN BOZA
Ureyo
Ureyo
(Subre)
833
GONWU
BLEGN()N
Godekpa
Urepa
(Gagnoa)
789
GNAHOA
UGEHI
Brikayo
Seriyo
(Gagnoa)
8131
GUEOE BOGUHE Jules
Digbaprua(?)
Gbetitapea
(Daloa)
881
GUEOE SERI Louis
Ta~êbolia (?)
"
GUEHI CALLE Bernard
Guehi Gbete
Kibwo
(Oaloa)
88(~
GUEHI 5AHIRI Bern~rd
Huereka
Gadwan
(Daloa)
860
GUEZE TAPE Gaston
Gassèdodua
Gossa
(Daloa)
B07
GUIDE
KREAHI Jean
B.:ld.:lewurua
Kpad.:l
(Subre)
876
IGBO GBOMENE Albert
K(·?ibla
(D'a l o a)
813
KAFU GUE ISSU
(Hme)
T.::lpegUhe
<Da10a)
830
KIPRE BLABO Alexis
Gnar.ol~ewa
Gbobwo-Z;;Jt:.loJo
8i)7
KOfŒ
ZIKI
Gbl~anogijhé
825
KOURIGA GNANKOURI A.
Oia\\oJel~è
Gnagbodl.Jgnoa
(Gagnoa)
Djatd-.i 1 i l ié
"3 /1'9
KPALELUO
Justin
Logbayo
KREBO
KPALIJ Lambert
Kp:::)I:"J.:l
(Subl~e)
8:~5
KUGNON
TCHETCHE
Lidabwo
Gbekeyo
(Gagnoa)
KW
B07
LACO
KOFFI Etienne
Kl~éboyo
Gd-Zatl~y
(Subre)
LRCO TAPE Gaston
1r"-lpegUhE'
(o;;.}loa)
884
839
LAGO
ONE Jacques
!Keiola
(Oaloa)
LORUGHON HIBO Pascal
Zahia
(O.::lloa)

923
807
LORUGNON ZIRI Gaston
D"!lhop.::l
(Gagnoa)
8'77
MA OU
TAPE Albert
Ni.::lnl.::lYo
(D;;)lo"!!)
8B1
NAMANE DUBLE
Bogur'eo.:rt
Ul~eyo
. (SIJbl~e)
835
NANA
BAHI Joseph
e.l~i zebw"!!
e.l~i zebw.::l
860
NIZAORE Piel~l~e
Gl~ogbel.J
D..iétégUhe
835
OLI BETO
O.::lKUY"!l
(SlJbl~e )
831
URI
BUGI Hem~i
Veko"!!
s s t a)
(
ï
1332
RUA
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F'iti:::o"!!
(51.
_
'11
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<D"!!loa)
884
SERELE ZADI
<Daloa)
876
SERI
GUEDE Robert
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1< e i b 1 .::l
Salo,
SERI ZUZUA .Je"!ln
KéJ;\\-ê-ti-
L.::lbia
(D.':)lo"!l)
f:J13
SIBRI 5AKRE BaU ~pd -i.-;bl.~
T"!!pegUrle
<O"!!lo"!l)
839
TAPE
SEON
G"!!lb"!lkong
G"!lnloni"!l
<Oaloa>
884
TATCHI BOSSE
V"!llua
(Gagnoa)
883
TETEHI DIGBEU Etienne
Zegbehi"!!
e:l"!l
<Oaloa)
B57
TCHEHI
AndN~
Gui ber'w"!!
((~ a 9 no.e
TIVOLI
LORUGNON
GIJehi Gbete
Kibwo
<Oalo"!!)
856
TORO GNORO
Gbeuli
Gbeuliville (Da l o a)
884
WALl I~BRA Robel't
T"!lpegUhe
<Da loa)
849
VAt?A
DE Gt?A
Logb;)yo
Logbayo
(S'Jbl'e)
837
VOGe.AHI G"!lston
Logb"!llo.~n
<Oaloa)
860
VORO
AHIPO
T.~dea
DJétègUhe
<D"!l 1 0;::)
VORO
DEBEGOHE
KOI~ea
Kibwo
(D;;)lo"!l)
832
ZADI
SERI
Gb;;.H1.ji da
Pi t(zo.~
(SIJbr'e)
839
ZAHIRI SERI Emile
Keibl"!l
<O;::)loa)
830
ZEGBEHI IGBO Joseph
KopegUhe
B"!llegUhe
<D"!llo;;)
839
ZE~ELEKPAHI Prosper
Galbar..ong
G<'lmoni"!!
<Dalo"!!)
839
ZIRI
Bonif"!l•.:e
Urepa
(G.;Jgno"!!)
839
ZOKU
NADJI Bernard
Keibl.~
(O"-110a)
ZOBOGUHE CBOGO
(Mme)
LoboguigIJi.:l
<O.::I10a)
832
ZOZO
LOGBO
Piti:::o"!!
( Subl~e)
4 -
Inform"!lteurs
GBAN et KWEHI
ALALI-BI-AKA
(UllIe)
ecce-er -KW~~SSI
BUSSI-BI-GUMe.O
O.JetIJnt;::)
Nianl,Jfl:ol
(Ume)
846
DJASSA-BI-KWASSI
Z.;.md.iê
Z"!!nd.iê
(Ume)
869
DUB/J-f?I-'..)AME
Gon"!!té
<Ume)
861
FUA-BI-GUEHI Pierre
I<IJr.on
W,,'l1 oa)
849
G~)t·H?U-P.o 1 -~1S 5ALE
SI..1 kl.Jt ,)
D'Jgbafl"!l
O.Jme)
861
GWE-E?oI-TRA Andr'é
Kuhon
Gf.REGUHE -f. 1-Huhe
Nand"!!na
Beg"!!fl"!!
(UnIe)
846
HOUISSA-BI-BAFFO
S.;)bi·':)
Zand,iê
(Ume)
846
KASSIA-BI-AKA François '(I...I~S s i Zl~;:3
G"!!bia
..
(Ume)
KASSIA-BI-ZAN Antoine
"
"
Il
KOI<O-BI-GUEHE
Dag,'!I
Z"!!nd.jê
"
"
KWADIO KWA551
Félix
L ..':lgl~ota
D'Jgbafla
..
"
Il
KWADIO
KWAME
Albert
Bl~ot.~
Il
KWASSI-BI-SOFI
Baga
Z"!!nd,Jê
831
LALE
KPLE Alber~
Bab(Jnl.Ji n
Sakii.lr.uo
(Unw)
861
LOA-BI-FUA
Pasc~l
KIJhon
846
M~~MADU
K()N~~TE
Z.~ndjê
845
MANGONE
BEWIN Gabriel
Be.=:lna
(Ume)
831
NEHI
MONGI)
I<of t"i. nwe
T•.::hegba
(IJme)
NGUESSAN Barthélémy
V.,md.::l
SJ;lK"!!huo
<Ume)

861
SEHI-BI-ZAN
V i c t o r
~..;m d ra t"li
Kunon
(0.;:)10.;:)
8 i,S
TRf.)-E? 1 -GO 1
G.;:)br i~? l
E?eg.'!)fl;;)
(0;:) 10;;])
869
"t'A-EH -GOGONE
Gon;:)té
YAO-BI-KAKU
SIJkut=:l
Ni;;.lf!uf"l.'!)
(Ume)
845
ZAH~~N KALU
EdolJ.'!ll'd
Beg.;)f1;;)
(Ume)
836
ZOA-el-FUA
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KIJrlon
(0.;:) 1 0;;)
6
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r f1f~nlatel.Jl'-s~- KWAOIAe~ NEVV
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856
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(S;;)S s .;:)ndl~.;:))
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(SIJbl~e)
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866
GNENAeO GUE
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GNEe.A
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Batrebre I I
Il
835
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(S".'.lS sandl~.;)
Ge.EUGRE
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Il
807
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(SlJbl~e)
KUKUA AVE Chl~istophe
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(Sass".'.lndr';;I)
KUKU EH~WA
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Lipoyo
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807
NGUESSAN
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..
1.
810
TOTO KAOJA
839
VOW GBEL 8éatrice (MMe)
Esso-la
Mopoyell
<Oabu>

926
B.
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,.I,>;i~;;'.:J;.tlCRAYEHHAGEi ;;ART 1NUS NI.J HQRf,§;,,,,,,,1 ~'~'~;""'JJ!?-ldlJ,:t;io n
-francaise orale du F'ro·f .. Bè19s:fbti.;~{';'~jf,'~~~>;·-.:J'·:::.'Jnit'"
2.2 Biblio~que Nationale, P~ris.
GODOT. ,Jean
1'J'tK.. Relatior, e:·:.:I,~te de ~ 9.!:!.1 s'est passé d::lrIs le
voyage du prince !'1f1~!:L~a, !:':oy 9' Eissinie ~ 1.:1 cos~
4.11" or ~ affriql.Je Q~ les Moe'J'''s.
COlJtlJn,eS,
Rel iqions
~~ .anière de vivl~~ Q~ différentes n~tions ~ ~IJssy

~ desçription ~ pl'Jsie'.Jr's eA'l!.
et villes t;;:mt ~
L'affri9ye,
~ ~sie gue ~ L'améri9ue.
Cote 13380,
To~e l
eote 13381, Tome II.
\\
b/ Oépartement des Cartes et Plans.
Po~tefeuille 113,
Division 3 H20
2.3
Archives Nationales de France -
Section Outre-Mer
a/ Rue des Francs-Bourgeois,
Paris
Fonds ancien de l'AOF
*> 200
HI
1191 -
1195
Séries K 15 G2
Captivité
et esclavage
K 16 Bobine 4 Questionnaire sur l'esclavage
K 17
"
4 De la traite de l'esclavage
et de sa suppression
I l
K 21
5
Cô~e d'Ivoire rapports sur
la '.::aptivité
*> 200 HI 1107 Côte d'Ivoire : Dossier 22 G 12
RecenseMent de la population de 1904
b/ Rue Oudinot, Paris -
- Côte d'Ivoire XIII et XIV.
Dossier 3
Hain d'oeuvre 1 Esclav~ge et traite
2.4
Nationales dé Côte d'Ivoire
Série
S, Sous-Série 12s
XIII-46 -
37/244
(ancienne cote, ·Série 5>
Rapports sur l'esclavage de 1908 .à 1931
2.5 Arc~ives ~es Sous-Préfectures: Buaflé, Daloa, Subrê,
3
-
Périodiques. revues
3.1
American
Anthropologist.
'"l
..,
__1 • .:..
Annales Littéraires de l'Université de Besancon,
Centre de Recherches d'histoire ~ncienne, 1972, 1974.
3.3
Annales d'hygiène coloniale.
'"1'
1
.... '1"
Annales de l'Université d'AbidJan,
Sél~ie Lettl~es.
3.5
BISSA, Revue de Littérature orale,
GRTO, Université
d'Abidjan.
3.6
Bulletin du Comité de l'Afriqué Franc~ise (BCAF>.
3.7
Bulletin de l'Institut Fondamerytal d'Afrique noire.
3.8
Bulletin de la Société de Géographie.
". 3.9 "Bulletin,de,,,,1'i1~i"'j~§~hnCl7:So,:iologie-Ling'Jistique. ,"
3. :LO Bulletins et HéMoires de la So,:iétê d'anthropoÎogie_
de F'al~is.
3.11 COnlmlJn i snle
3.12 Cahiers d'Etudes Africaines.
3.13 C~hiel~s ORSTOH, Série S,.::ien,.::es HIJIll"!li ries.
3.14 Diale~tiques
3.15 Ethnologica Helvetica.
3.16 EtlJljes éblJl~néennes, IFAN,
Cerltl~e"'de Côte d'Ivoire.
3.17 Genève Afrique - Geneva Africa.
9

_..
a L
-

-~---------~--------------..--,...~
928
3.18 GOOO GODO,
Bulletin de l'IHAAA,
Universitê N~tion~le
d'Abidjan
3.19 HOMlle (L' >
3.20 Journal des Afri~anistes.
\\
3.21 Journsl of African History.
2.22 KASA 8YA KASA, Bulletin de l'Institut d' Ethnosociologie,
Universitê d'Abidjan.
3.23 Les Temps modernes.
3.24 Revue ~oloniale.
'.
3.25 Revue de Littêrature et d' Esthêtique nê9ro-~fricaines.
"
'3.26 Revue la Pensêe
(168/171/173>.
3.27 Revue Prêsence Africaine
3.28 Tour du l'tonde
(Le>
4 - R4ci~s de voyage
4.1
A~rigue occiden~ale, la ~ d'Ivoire co.prise.
• Avan~ le XVIIIe siècle
BAR80T Jean:
1678-1679.
Journal d~un voyage
de b-aite en ':;uinêe,
à Cayenrle et aux Antilles,
prêsente,
publie et ennotê p ...r
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1687-1702, Librairie Larose,
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931

XVIIIe siècle
"-
LOYER Godefroy,
Rev.-Père
: 1714.
Relation du voyage d'J ~oVaume
d'IssYr,Y.
~ d'Ol~. païs de G.Jinée!t!!. Afl~i9'Je. La
Description du Païs,
les Inclinations,
les Moeurs et
la Religion des habitants:
avec ce qui s'y est passé
de· plus remarquable dans l'établissement que les
Francais y ont fait.
Le tout exactement reccueilli sur
les lieux p~r le R.Père Godefroy LOYER.
Préfet
Apostol iqlJe des Miss iorls des FF.
PI~@,:he'Jrs .o1J}: Côtes
de Guinée en Afrique,
Religieux du Couvent de Bonne-
Nouvelle de Rennes en Bretagne.
Enrichie de figures en
taille douce.
A Paris chez Arnould SENEUZE et chez
Jean-Raoul MOREL, 1714 Avec Approbations et Privilège
du Roi,
in Paul Roussier 1935,
Etablissement d'Issinv
1687-1702, Librairie L~rose, Paris.
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VIle série,
Tome XVIII,
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Paris.
-
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région comprise
depuis Grand-Lahou Jusqu'au Cavally
(République de
Libéria)",
e.IJlletin de J.a So.~iétê de Géo<'lr~phie, VIlle
série,
Tome XIX,
Société de Géographie Paris.
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XXe siècle
' "
BILLY 1
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."'::'i't%~~~~:'+"~\\"';Z;'{~);:~rj!::~~d4A'OF1 SO':'iét4Îs- des H1ss~~ry,s<:,$~~~-!-:q!.,!~s Pal~is
0;
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..,~ ..~' ',:~'-- ~ ::"
~
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,
oiJ èdmiFé'-de'l'f'rf'r19ue. t..tf,J'rtc-nfs!. oem~i f 9 ô o . '
-
1900 b : ML' ethnographie de la Cate d'Ivoire~
<s'Ji te) , Rerlseigrlf~RleT'lts co Lon t aux rloô, S'Jpplémertt :!!!:!.
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F'a,~is.
,

m
&Mi.....
1If:RU!2LXiEGIiIM'l1I
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,,_.
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propriétaire dl1lns le système du trl1lv;;}il Sl1lns
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~D. i~ 8 t ~ :1' ( ....:_.~.~....::.
:--, ::.\\ ï IH".1 ï'1 l'"
::. ".iï' ·i. :;; ,
DO LJ GL A~;
h .:',,'
.IS'F: 1..
Wl li!. .'2S~.~)...J.J.".Jr..::z::..z., ~:;.i~.!!.u-n.:;: I.W l§. ri0 t j. 0 n ~ de
e.9J..!!:!.!..!..2.n cd: ::!f:.t. :r-':~1.!~:~I~.:!.· Tr .~ d IJ i t dC? l'.::l n9 l .:) i 5 Par- I~ ri n e
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TABLE
DES
MATIERES
DES
CARTES~
FIGURES
ET
TABLEAUX

C A R T E S
\\
N'.Jmèros
Intitulès
Pages
1
Les sociétés lignagères de l~ forêt
155/156
(XIXe sie.::le)
II
L~ géogr~phie
des
Monnaies
263/264
III
Les
établissements
eSSUMa
504/505
(début XVIIIe siècle)
l'J
Pl~n de la Rivière d' ISSINV,
506/507
par le second matelot
JOBET 1701
V
Les hame~ux d'escl~ves de LATEKO en pays neyo
511/512
VI
Les h.:lMeaux d' es.~l.::lves de HISSEHI en f:.ays neyo
Il
'JII
Les hameal.J:< d'es,.:laves de KAOROKPA et AHOROKPA 512/513
en p..;)ys neyo
VIII
Les hameaux d'esclaves d'EHOKWA en p..;)ys
a 11..;).1i;;:m
516/517

-
959
F:J:GURES
NtolMéros
Inti t'olIés
Pages
1
Géné~logie de GHIDE KREAHI
:
p~trilign~ge des Badeawrua,
Chef de
~tribu",
Kp~d~ (Subre),
le 1.12.1976
2
Géné~logie de SERI BADA de Pitigo~ l,
"
Chef de c~nton, dikpe Lazo~ (Subre),
le 1.12.1976
3
Arbl"e gér,é~l':Jgiq'.Ie de GNAHOA UGEHI,
Ser'iyo
149/150
(Subre),
le 24.7.1975
4
'~énéalogie du Ghe.in OPONOH KANGA de MOI' H~,
150/151
en p~ys Ab@
(H9bovillei,
le 1.5.1975
Arbre géné~logique de TVEBOLO ZOKU
152/153
et descendance de KWI DALO
Une pirogue de traitant
243/244
'7
Arnles
i
246/247
a
Al'mes
(s'.Ii te)
"
Les Monnaies
260/261
10
Les types de scarification
365/366
11
M~tl'ilign~ge des LOGBOK-LA ;je MO~'O';lenl (O~bu )
472/473
..
12
M~trilign~ge des LOGBO-LA de Mopoyem
(D~bu)
13
M~tl'ilign~ge des HELVEDEI-LA de Mopo"/enl (O~b'J)
Il
..
14
M~trilignage des OTOBRO-LA de Mopoyem
(D~bu)
15
Représentation gr~phique de la popul~tion
374/375
des es.~laves de 13 v i ll.~ges odj'Jkru en
fonction des classes d'~ges
16
Représentation graphiq'Je ·~e La ç":Jp'Jlation
374/375
des es.::l.aves de 5 vi 11·;)ges odjukru p er- se~·:e
en fonction (les classes ,j'5jge
17
Maison faMiliale akyé
477/478
18
H~ison familil3lle kweni,
villa-:Je rJe ZANO..JE,
chef de cour : GUIE
19
M~ison faMiliale bete~ type kveni,
DIKPE ZEDI
478/479
(village Bahopa)
20
Habitation ab@ du type dje.ele
478/';'79
21
Les sépul hJres
~)Sl7/598
GïtinéaLogie ~"e GIEBA BEUGRE"
,patri 1 igrlage
680/681
des Ket.@vo Gbokre
'('S;::JlsSan·-.l>l'a)

TABLEAUX
N....éro
Intitulés
Pages
1
Pop...lation ~omp~rée des es~l~ve$ ~ ATHENE5
~ SPARTE,
et en BEOTIE
55
2
T~ble~u ~omparé des généalogies d'inform~teurs
148
3
Les composantes de l~ personne
190
Les localisations des fonctions psychiques
191
5
Les premières .aisons du ~o••erce
les lieux d'établissement
232
6
Les produits exportés ~u XIXe siècle
233
7
L~'S produits i.por"tés "'J XIXe siè.:le
234
e
Origines de cinq négociants bete
237
9
Origines de huit négociants alladi~n
238
10
Equivalences ivoire/fusils en pays bete
r i n XIXe siè,.:le
265
l1-A
Dots ~ll~dian, odJukru,
neyo et ab@
289
11-8
'.:':·11\\~.osi tion et voll.lme des do1:s bete
l1-C
composition et vol~me des dots kweni
(28)
290
11-0
(O!1lposi tion et vollJIl,e des do"ts> gban
291
12
T~bleau COMparé des "transgressions et peines,
293
D~rtiellement inspiré de L.
Tauxier
fin XIXe siècle -
début XXe siècle
12-A
Ae.E
"
12-B
[l·ETE
"
12-C
K\\~'EN1
294
.L ~~ -D
G11.(:' 1'1
Il
13
·~~bl~~u comparé des prix des esclaves et
317
,.,' :Jutl~es nl.:::li~'.:rlandj. ses au
XIXe s i.è c Le
0~ début du XXe siècle
;.,
i~O'': iété neyo
317/318
8
Société alladian
319/3:~2
1-'
SOll:iétê od.iukr- •.J
323/32't
L'
.-
';;.ot;::iété at.ê
324,/3':~8
Sa'.: i été bete
32B/339
E.l Région
Subre
32}3/33G
E.2 Région
Gagnoa
331/332
E.3 Région Issia
333/335
E.4 Région Dalaa
33b/339

F - Société kweni-gb~n
340/342
F.l f\\:êgion SI.ld
340
F.2 Réglon Centre
341
F .3 Région N01'd
341
G - ,:f. F:êgion Oan
342
14-A
Tableau de vente~ d'excommuniés effectuées
348
en territoire abê. Localités l ~ IX.
14-A
Tableau de vente~ d'excommuniés effectuées
349
en territoire abê
(suite et fin).
Localites X ~ XI.
14-B
Ventes
effe,:tl.lées en tel'l'itoil'e bete
3~U
Lo,:alitès 1 ~ V.
l~-B
Ventes effectl.lêes en tel'l"i toi l"e bete
351
(suite). Localités VI ~ IX.
llit-B
Ventes effectuées en territoire bete
352
<suite>. Localités X ~ XVI
14--B
Ventes effectuées en territoire bete
353
(suite>. Localités XVII ~ XXIII
Ventes effectuées en territoire cete
354
(suite). Localites XXIV ~ XXXI
Ventes effectlJêes en tel'l'itoil'e cete
355
(suite et fin).
Localités XXXII ~ XXXIV
15
Tableau de la population servile des hameaux
358
ne vo
Tableau comparé de la population masculine et
363
fê.inine identifiée dar.s les rll.Jit so,:iétès
fin XIXe siècle /
début XXe siècle
Analyse par ethnie de la population servlle
365
de GBUf;e.O (DabIJ)
18
Rêpar~ition e~hnique des esclaves dans les
368
haMeaux de six villages neyo
19-A
Population partielle des esclaves de treize
371
villages odjukru,
T~bleau de segmentation par classe dJ~ge et
par sexe
de 1858 ~ 1906
19-8
Population p;;)l'tielle des e s c l ave s de treize
372
vill;;)ges odjukru.
Segmentation p;;)r cl;;)sse d'~ge/et pourcent;;)ges
2D-H
f'op ....iillon ~ot;;)le des eSI:l.:.lv€~s d(~ c inq
373
vi lIages od.iIJI'Y;.Jo--_
S~gnH?nt;;jti':m p::n' '.~J..".'IS:;t.~·.~€~ €~t P;;)l' 5e~:e
~

20-B
Pop'-Ilation totalf~ des es,~la'les de c t nq villages
373
od.iuk r-u .
Segmentation par classe d'~ge, sexe et
pOIJI~,.=errt ages
21-A
Slaves taken frDm the Wi~d~~I'a Coast by
392
English Ships
Additional sOlJrces cited by ClJrtin in
393
"Measuring the Atlantic Slave tradeR
Curtin's estimates
Il
22
Slaves taken from the Windward Coast by
394
F\\~en'.=I'", Ships
Sources cited by Curtin
Il
Curtin's
estimates
Il
23
Tableau cOMparé des estiMations annuelles
395
d'esclaves exportables de la Windward Coast
d'après une source francaise de 1760 ou 1770.
24
Regional origins of the DlJtch slave trade.
396
1675-1795
25
Chiffres d'esclaves exportés ~ Lahu entre
398
1709 et 1750 selon met tas 1 et II
26
E:·~e.'J=.les Alladüln-Odjukl~IJ de na.s d· esclaves
427
eMpruntés selon la règle 1
27
E~·{emples Alladian-i)d.jIJkl~IJ de no.s d· esclaves
428
empruntés selon la règle I I
2B
Tableau comparé indicatif de la situation
conjugale des esclaves d~ns les sociétes
patrilineaires
<A) et les sociétés matrilinéaires
(8)
29
Table'3lJ ,.=oMparé en pOlJr'.=enta.ges des '..nions entre
471
so•.=iètès patril inéaires et so•.:iét"és _atri l inéai\\~e~
30
Tableau analytique de 63 unions d'es~laves dans
471
6 villages odjukru
31
TablealJ '.=oll\\p;:1\\~è des plantes cultivees au;-{ XVI I l
488
et XIXe s H~,=les
oz,.,
'-'''-
Tableau comparé des variétés de pagnes en pays
494
ab@,
alladian et odjukrlJ
oz.
l'
.......
E:<elltples de régisse'-lrs des h31..e,;:uJl~': d"es..:: laves en
513
pays neyo
34
COMposition et voluœe de la richesse Kueni. Gban,
530
Bet"e et Kwadia
1
~igonenlJ/Fwa Kwe~i
530
II:t'd~egbi gb.:ln
531
I I !
Lek.:lgno.:l bete/kw~dia
531/5:n

w....,.;...•. ,
963
35
Composition et volume de la richesse de vievi
547
Abê et Krobu
36
Co,,,posi tion et voluftle de la richesse de nklJi
552/553
AIl.:ldi.:lTl
37
Composition et volume de la richesse
568/5l0
d' egbreabi Od.jul',l~u
38
T.:lble~1.J de défunts glorieux et des im.olations
589
d/es~laYes qui ont .:lccompagné leurs obs~ques
1 -
Soci~t~s gban,
kweni,
odjukru
58~
1 l
-
So•.=iétés od.iukr-u , .;)bê.
590/591

E R R
A
T
A
&
A
O D E
N
0
A

,.

~;;.;••L.:
..~,·~..·
~
. 964
ERRATA
ET
ADDENDA
============:======
P'::lges
Alinê.:l5
Ligrles
NOUVe.:lUH te:-: tes
1
3
18
lil~e
Co nFuc i u's ~ lielJ de
: Co nfi c i u-s
4
2
B
lire
de religion vérit.:lble,
point.
5
1
10
lil~e
I~ester,t j'Js"ti,.::i.:lbles ~ lie'J ge
:
I~edev.:lbles
6
1
20
Li r e
: tOIJt 'Jtilit.:lil~e qu'il est !a!:!. lieu
de
: q'J'il soit
11
5
5
1 i l~e : un ;;.'l'.::te :§!!d. 1 i eu de
: une ;;.'l/.::te
18
1
12
l i r e : et do ne une sinlple .:Irl.:llogie ~ lielJ
de
: l'.~n"'llc>gie
...
28
.;;.
15
lire : les préoccup;;.'ltions ~ 11~J de :
le~
Occup;;.'ltions des ;;.'lristocr;;.'lties régnantes
29
3
4-
l i r e :
les $-G4c~iétés ligr'.:Igèl~es du littol~;;.'ll
~ lieu de
: de littoral
3
B
lire : ont apporté,
p.:lr
les Sommes des
coutumes indigènes et les enquêtes
.:Idministr.:ltives sur 1.:1 "c~ptivité"
JO
:L
1
l i r e ; Pourtant,
~ l'occ;;)sion de ces trois
.:l'J 1 ielJ de;
qIJ.:Itl~e
32
2
15
lire : ~J;;)nt ~ l'escl;;)ve êtr;;)nger ~ lieu
de
: l'escl.:lv.:lge
33
":1
...
15
1 il~e ; .J. L.
W;;}tson,
1980
~ lie':!. de
:
Wateson
3
8
lire
R. Ghirshm.:ln reconnaît au concept
34
3
17
lil~e
IJse pl~é,.::iséAlent ~ Jieq de :
pl~é/':: i semerlt
36:
5
1
lire : Tout inscrit qu'il est dans un
contexte historique ouest-afric.:Iin,
37
3
20
1 ï"re
: comme I~e f us ,je dés human i sato i on
~
li elJ de
I~e fut
38
1
12
l i r e : et dans l'histoire ouest-.:Ifric.:line
~ lieu de
: régionale
44
2
2
lire : elle a renouvelé les moyens
d' ;;)n~lysE:~
~"~. li§'..!d ::le:
d' ;;)n.:llysel~
2
18
lire
; les m.:lgistrats chargés des finances
(les nlétl~()rlomes) ~2d .Lieu ge
Le s ;
percepteurs,
les trésoriers
lire
:
Popul~tion comparée des escl.:lves
~ Athènes,
~ Sp.:ll~te, et en Béotie :'a!d li.~
de : Boét i !:~
56
1
7
Li r e
: '.::(~S lO.OOO qui co ns e nt Lr-errt ~.!d l.ie'J
1~ : consententent
3
5
1 i r-e
: 1 1 V -1 les f Ij i t El Si,
·F 0 l' ni €:.' s
2.!=t 1.1 f:? u. g.~
fOI~me
6
11
lil~e
:
np:.li.,:-
.'n/.èOI~e
e Lle o c cup e

Q65
82
il
2
lil:'e
: des tl".eses
,iustifi,':.:ltl"i,,:es
thèses
de l'innéité,
thèse de la primitivitè.
thèse de la communauté d' intérê~.
.
Il
2
5
li,"e
: cor.t r-e d' ~)IJtl"es fOIJI"miliè,"es ~lli ]'.i..~!J
de
: d'aut'"e
fou,"mi 1 iè'"es
84
~.
..>
6
lil"e:
de ,"e'.:ouv,"e," l-!l libe,"té :'i!!:! li~!:!. de
r-e couvr- i '"
88
1
5
lire
: En second
lieu,
les problèmes
iMpl it.::i tes.
1
9
IÜ'e
: Tel
le f..',"oblème de l'histoil"e !i!!:!.
lieu de
tel
3
2
lire
: Etroitement dépendant de la
preMière,
il explicite la relation
. . . . ,
4
6
l i r e :
Quand
ils s o rrr dormé s ,
~ lieu de
donns
93
3
4
l i r e :
l'actuelle Organisation de l'Unite
Afri~aine !i!!:!. lie'J de:
de Unité
3
17
lire :
Mais cette unité de droit presuppose
a'.Jssi ,.::onlnle forld mininlal :!!!:!. lieu 9Jt
minimuM
94
1
2
lire
: needs and characteristics of African
civilisation
the same times satisfies
aIl the conditions
95
4-
13
l i r e :
qui s'est révélée ~ lieu de
:
,~è·"élé
102
7
4
lire
11.Jtte féro •.:e et implacable ~ lieu
de : i.p 1 i '.:a b 1e
103
1
3
lire
: .:ltteignent r.m deg,"e ma:dmal.
§!.!::!.
1 ieu de:
m;!l:·:irnIJrn
107
~
lire
:
perlsee ,.:I"I,"êtienne au lieu ge
"-
6
l'eschatologie chrétienne
113
1
11
lire : et des Etats
internes
"au Monde
noir- !!:!. lieu de:
al.J Monde noi r
115
4
l i r e :
l'inégalite principale se confond
avec l'a5s l.Jjettissement gy, 1 ie'.! de
la
sujétion
116
3
13
l i r e :
Enfin,
en niant les
inégalité5 dans
les sociétés lignagères.
d'une facon
absolue pour toutes
les époques,
sans
nu~nce. Nkrumah nous offre une vision
erronée . . .
"117
1
10
lire : Or au cours de cette entreprise
"tllèorique,
au lieu de
~ dans cette
ent:reprise
1 '"") 7
"- ...
3
7
lire = •... 5i
six he~res de travail -
3 F
';'"epreSf?fttent le p.1I'i~r:: jool"nal iel" i!.!::!. Li~
de
'Si,
,"ep,"es:e'T:.te

124
1
6
lire
: de l~ les m~l~dies ~ssociées ~ cette
vie:
phtisie,
s''::~I~l~tine, typh'Js ...
~
.;Lieu de
: sphtisie,
128
2
3
lire
L'esclave ne tr~v~ille que
d'être libre ~insi que le sentiment
129
!
12
l'un vend et l' ~utre ~d"lète Q!J. 1 i elJ
l' ~,.::r-,ète
130
2
7
lire
: On l i t d~ns Un ch~pitre inédit du
C~pit~l l'opposition entre monotonie et
mobilité,
formes économiques p~rticulières
de l'~ntinomie entre b~rb~rie et
,.::ivilisation.
135
1
15
lire
: L~ différenci~tion économique des
COMMunautés gentilices et l'~nt~gonisme
entre Membres de la gens,
créent une
nouvelle division en cl~sses ~ lielJ de
de •.::lasse
138
1
11
lire
: ~lors m@me que M~rx nous par~ît
~Yoir rigoureusement r~ison de qu~lifier
~insi tOIJt système é,.::onoAliqIJe et non tOIJte
é,.::onoMique
1
18
lire : ch~cune des formes désignées ~ lielJ
de
: désignée
139
lire : Dans le chaMp délimité,
un terr~in
d'enqu@te plus liMité de huit sociétés
1 ignagè\\~es-temoi ns ~ 1 ie'J de
: nelJf
140
3
I l
lire
: Depuis,
sociétés de s~vane et
sociétes de forêt ont suivi des
dêveloppen,ents ê,.::onomiq'Jes diffél~entsJ ~
lie4.J de
: différent.
143
3
14
l i r e :
les sols indifférenciés possèdent
'Jne Moyenne ,.::apa,.::i té ~ 1 ielJ de
indifférenciées possède
147
3
3
lire : ont été ~ la suite de Yves Person
suf~isa••ent.
~ lieu de
; ont été
suffisa••erlt ..
150
13
lire
L'informateur Oponon Kanga est fils
de 8ed@ Oponon
CFig.4)
~~ lielJ ~
(Fig.!)
153
3
1
lire : 4. Le XVIIIe siècle est enfin un
repère historiographique ~ lieu g~ : 3.5.
155
1
lire
_ le cha.p en tant que formation
sociale:
l'unïtê des societes
<Carte 1)
156
3
li,.-·(?- " l"eoselnble nlande -
q'Ji apP;:lI~tient .'-1 w·:
D;.l'.,
n)lI.J~: 1<loIeToi ou GIJrO,
a'.J~< 1~/an, ;]IJ:-: Man8,
aG
~~n et ~ux Gban ou Gagu ;

967
157
3
10
lire
: en terme culturel une civilis~tion,
dont les diverses sociétés rèprésentent des
figIJl~e·s. !f!!::! lieq !dl'! : des v~l~iêtés .
158
1
14
(1il~e
: Akl~ê, .. )
~ li.~IJ ge Akl~i
"7
....
12
le v(J'r'~geIJl~ 'Jill~IJt de Bellefond ~.!d. !.i..~-! de
:
le compil~teur
159
2
5
lire
: des commun~utés politiques ~ lie'~ Q~
: des commun~utés politique
4
16
lire
: et la f~mille étendue ou le segment
de 1 igfl~ge
162
4
2
1 i l~e
bu~ buo
.
. = ceux de ou gens de
5
2
1 i l~e
le lien de fili~tion ~ lieu de
:
le
1 ielJ
6
1 i l~e
le 1 iefl de fOf.dation
(~ l ielJ ge
:
lieu de
... )
emporte en même temps,
~u moins
~ux origines
. . . .
6
8
1 i l~e
: p~p~ = p~tl~ i 1 ign~ge d~ns un glo
~u
lieu de
: 910 ou gbeu
172
10
lire
: Ce mode de production est proprement
de type ",:olle,.::tiviste" !i!!::!. ~ r-Ie
proprement "collectiviste"
175
2
2
lire
: économiquement signific~tifs ni
pOIJI~. . ..
n i
pOIJl~ :§lY. 1 i elJ de
: si
176
:2
6
lire
:
Il découle de ces ~ccords que l~
"maison" est un lieu de coopération entre
lign~ges ; ou plut8t le lieu privilégié o~
des chefs de lign~ge mettent ~ la
disposition d'un autre lign~ge ~ mi-temps
généralement une p~rtie de leurs forces de
tr~v~il féminin;
l'épouse,
en effet,
a
comme aides ses nièces,
ses soeurs,
s~ mère
et ses t~f.tes.
13
lire
(budu des Bete,
el des Odjukru)
23
lil~e : C'est la pr-oduc t i on dtJ pl~od'J,:te'JI~ en
t~nt que mari et père mobilisant fils,
filles et épouses.
Ensuite dans la même
saison (et non dans le même temps)
..
c'est
la production du producteur en tant que
frère,
fils ou neveu,
cadet d'une cour
(gbeu
des Bete-Subwo,
gbugn des Odjukru)
30
lire
: les chefs de
"cours" participent
par f o i s
(;:1 1J. .Lie'J
ge
: r..al~foil~S)
..
c.' est l.~
pra~uctiDn des producteurs en tant que
,::.;}dE!ts du lign.:lge
(!f!!::!. lielJ de
:
la
production de l'homme)
li
1
6
lire
: La tradition des Bete septentrionaux
~::! li el:! ~:.!g :
1 a tl~ad i t i o n bete
180
2
'7~'"
.... /
lire
: Ainsi c8tiers
. . . .

l~gunaires et
cGtiers du littoral oriental p~rticipaient
au culte du dieu d'eau anyi Tanoe.

961-3
193
3
5
fermer l~ p~renthèse ~près
mlê en newole,
did~-godié, bete orient~l)
194
2
15
1 i '''e
: d' une pe'''sonne au 1 ieu de
d' une
p ar-s onrre
195
4
6
lil"e
: témoin,
l' el"l"~n'~e pl"éslJmêe,
:!!!::!. lieu
de:
l'err~nce,
197
7
2
lire
: G~honon DJu,
le fils de l~ c~ptive
<gueu-wron = femme c~ptive) = DSgbawr~dJi.
198
3
10
1 ire
: d' une p ar-t ,
i 1 ~'~'~epte
(:!!!d.
1 i elJ de
occupe)
l~ supplique que lui ~dresse le
monstre de ne point enfoncer son gbr~lo, . . .
et" d' ~IJ+:l"e p ar-t ,
i 1 .::l'~cepte
<~IJ 1 i~ ge
occupe)
le serment de g~rder ce secret,
4
9
l i r e :
les t"enlps du s avo i r- p~l"t~gê.
les !a!d
lielJ de
:
le temps du S~VOil" distl"iblJé ~IJ
plus gr~nd nombre.
200
4
19
fermer
l~ p~renthèse ~
. . . . l'~bolition de
l' es,~l~v~ge) .
201
3
6
lire
: V~pi Nte d'Agw~hin (Agboville)
cite
deux gy lie'~ ge
: d'Ageoville
205
1
2
lire
: Robert ~ versé l~ compens~tion
m.atrimoni~le alJ pel"e de Yohu ~u lielJ de
de
Yahu
212
1
16
lire
: une monn~ie uni fonctionnelle ou
plurifonctionnelle.
1
l i r e :
Que l'éch~nge, en son ~cception
so,~iologique, s o i t
une l"el~tion :\\l!d .li~ de
est"
222
3
5
l i r e :
mode de reproduction,
elle n'a p~s
'~onst"ituè au lieu de
: '~onsititlJl'~ Lc i
223
1
1
lire
: De 1700 è
1920,
période
cont"r~dictoire par la croiss.ance,
puis le
long déclin de l~ traite négrière
atlantiq'Je . . .
9
l i r e :
au Sud,
l'esp~ce atlantique dont
étaient co-anim~teurs .avec les brembi,
les
PerpaQrlo~
.
225
2
3
lire
: d~tée seulement du XIXe siècle,
~u
moins dans ses formes les mesures connues
qu ' Lns taur-e n r ...
Il
13
lire
: Or,
très peu producteurs plut8t que
non pr-o duc t eur s
de ,:e frui t,
..
JO
Il
17
lire
:
le conditionnement et le transport
des territoires bete-gban du Sud ~u Nord du
pays Kwer.i,
du pays sans nl~l",:hé du moins ~u
1 ie l}, 1;'1..~_ ::lU <:;'Jd ~u p~ys
Kweni,
~IJ N01"d,
226
1
11re
ne circulaient que du Sud vers le
N01"~j .~IJ. li~~~::!. ~.~ : puis du Sud ver-s le N01"d

227
l i r e :
sur le Bandama,
Awia
;
sur la Comoé,
At.:1fo'. ru ,
§l..!d 1 ield. de
:
le Conloé
1
lire
: Assoko,
nous
le savons par ~\\
Diabaté,
est le nom originel . . .
228
2
1
l i r e :
Le renom de Tyasalé,
bourg-capit~le
de l'Etat elomwin
~ lielJ de
fornlation
elonlwir.
230
1
4
l i r e :
cette huile remplaca avantageusement
les .;waisses animales alJ
1 ielJ de
: gl"aines
3
24
lil"e
(1856:144)
(13)
tl"adlJit pal" l'.:;)IJteul"
231
1
11
lire
Jean Vernet,
1869.
Suivit la création
3
7
lire
deverllJe S(J..:ieté Coloniale en 1883 §!1!.
1 iet.. de
:
1983
232
lire
: Les premières maisons du commerce
les lie'.m d' ~t.::lb~ issen,ents ~ 1 ielJ de
les preMières maisons
•..
et cites
d'établissement.
233
lire dans le Tableau 6
~ Or
:
le signe
§!1!. lie'J de
:
+,
(,.:al" les Neyo,
Avikam,
~odiê, Legré,
Alladian)
n'etaient pas
exportateurs d'or.
234
3
lire
:
viennent,
en presque dernière
position,
mais croissants,
les biens de
prodtJ.~tion ne nlet;nu:<)
237
2
7
lire
: comme celui des Bawle,
l'appropriation ~Qsol'Je de la descendance.
§!1!. lieu de
:
absollJt
240
1
7
l i r e :
La femme.
enjeu de compétition,
n'est-
ce pas un signe et un facteur de paix ?
H'e..-t:-,.:e pas un pa•.:te de non-agress ion
. . . ?
3
8
lire-:
retoul" du neveu de l1atafw@ qui .:;)JJ'''ait
sêjot.Jrné erl Fl".::lnl.:e,
selon le ,.:apitaine de
génie GO'J'''ialJ,
retolJl~ dlJ fi ls . . .
242
S
5
lire
ligotant,
~ lieu de
:
ligottant
246
17
lire
odjukru:
andi,
kuklJgbê,
kekre,
gyeridjobo,
brê-sign.
2SS
1
l i r e :
Pistes
(.;lU
p l ur-Le I
.;lU
Lte'J de _:
piste
singulier)
2S7
1
1
l i r e : Monnaies .:1ttestëes dans
1.:1 zone §!.!d.
lieu 4!t : '''ègion sont d' une pa,~t les
coquï.l1 ages. .
258
3
3
1 ire .
le sel
~!:! 1 leu de
sel jou.ait d i ve r s
l~ôle'5
.

970
259
1
l i r e :
écrit Cl.
Meillassoux,
~ propos des
Kweni,
les Son
262
6
4
263
2
6
lire
se trouvent incorporées enfin la
société kweni,
la société gban et, . . .
265
lir'e dans le TablealJ 10:
Upoyo §l!d )oie'.! de
: Upayo
267
6
11
l i r e :
Le glolowri lancait un appel . . .
et
pl'o'~édait
aux ê,~hanges 2!:!. 1 iel.! 9.€.
:
pl'o,:::ède
268
4
10
fer.er la parenth~se après
:
les fruits
entiers de quelques colatiers)
269
1
5
lire
: Fleuriot de Langle en 1868 confirme
!2!::!. lieu
de
:
1867
283
7
5
l i r e :
le moyen de p.::lssage d' une pl'ovin/~e
:à!:! 1 ie'J de
:
l'égion d' é,,:h':mges ~ l' autl'e.
287
1
7
lire
290
lire
Composition et volume des dots bete
~ 1 ielJ de
: de dots bete
293
Lire dans le Table~u 12 : bastonnade ~ lieu
1ft ; baston.:lde
297
3
5
l i r e :
l'excommunic.:ltion se Justifie p.::lr le
caractère absolument d.::lngereux du coup.::lble
2!:!. lieu 1~ : la dangerosité absolue
300
7
5
1 ire
: Dans l' e:·:emple de Dib,~nl que l~appol~te
Fleuriot de Langle en 1868 ~ lieu de 1867
(da~e oÙ i l était a Oibrm)
348
lire au Tableau t4-~ : Table.::lu de ventes
~·exco••uniês effe~tuêes en territoire abê
~ lieu ~ : ef~ec~ifs ab@
352
1 il~e dans le Tableau 14-8 IJn dé.~al age .:le 3
,,:hiffres dans le rtf.J.erot.::lge des
lo.:::ali"tès
X. GUGUHE. a~J li~1J de XII. Ainsi:
XI.
HU(WAHIO,
XII..ZEZAHI'O,
XIII.
GOLIAHIO,
XI'" .
GRA'~BEU ,
:XJ~ ~ ~ZOe.I A •
XVI.
ZIKIBWO.
·l(;~II . .Z·OGBA,
XVIII.
Br,OMA,
XIX.
KOREKIPREI1I.,)O(,.
:KOREDIDIA,
XXI.
KOREBUO,
XXII .. ~I~AVO,
XXIII.
GBETITAF'EA,
)::U.'J. BLA.
XX'lJI..
1I(·:~RiE;A.
XXVI.
ZEBRA,
XXVII.
L4}B.Gf;UIGUIA,
X)('!J'DT[.
'Kn~WO, XXIX. GOSSA 1
xxx. TAPEGUHE" lt:n:n: .. :OOOf'A GAGNOA, XXXII.
l'i'i-))fl](l))·,MüHE 1
XXX[ '[[.. 1fl'~UlllZU" XXXIV.
NIA Krn.

91J.
359
1
1
1 il"'e
:
1 es nel.d·
(s;:lns
"Sil)
1
1 i l~e:
et"l·;)'~I.JrI
~ ). ie;.; de
360
1
2
lil~e : une moyenne de treize e s c Lave s ~
1 i et! de
: e:·:': Lave s
7
B
lir'e
en 1867 ~ lielJ de : ve r s 186?
361
3
1
362
2
11
lil~e
e..;:I']n(lfI·-bi-Hil~ihê, ~ lieu de
Bi l-.i l~ i hê
363
lire : Table~u comp~ré p.;:lrtiel de 1.;:1
population servile identifiée p.;:lr sexe des
huit sociétés
(fin XIXe/début XXe siècle>.
364
l i r e :
2.3.
Troisième caractéristique .. ,et
des lagunes ~ lie,-I de de lagune
368
lir'e dans le TiElbieiEl1J 18 : '';ulikiEldiEI ~ lie'J
ge:
GIJi 1 i k~d~
369
lire
: Ou XVIIIe iElU XIXe siècles,
comme on
ViEl le vo rr- .;:IIJ T.;:Ible.;:lIJ 25,
!!!:!. lieu de
: on
l'iE1 VIJ
382
4
5
l i r e :
le même qui .;:Icco.pagne l'exécution
de~ g'Jerl~iel~s ~l::!. lie'J de
: que iEI,:coMpiElgne
385
1
14
1 ire
: l' ·;)mende de deIJ:·t benda et denli !!!:!.
lie'.! de
: demie
3
lire : AV.;:Int les Neyo-Kebe . . . . dont nous
"!llions évoquer bientSt le miEllt"leur collectif
~ ~ de
: avo ns ~:?voquer
386
2
13
1 i l"e
:
'Jru~ période où,
si UIssiny" existait
':o...... e piElYs des EssuMa,
"Assinie" n'existai •.
piElS erl'.::OI~e comme iElgg10Mération
4
2
lire
: Les l~gunes ....
vers liEI fin du XVIIe
siè,:le
.;:IIJ lielJ de ; XVIIIe siècle
6
lire
les Ohib•.ro et les '';nangbia)
a'J
lie'J de
:
et let les Grangbia
387
3
5
lire
Aux XVe et XVIe siècles
389
3
27
lire
cette nouvelle espèce de dépendants,
au lieu de
: dépend~nte
391
6
7
lire
: ent~e 1720-1760 pour les exportations
fr.;:lnC.;:Iises et entre 1655-1780 pour les
exportations 8nglaises.
Notons que sur la
eSte ivoirienne les exportations appareaaent
élevées de la fin du XVIIe siècle se
rapport~ient vraisemblable.ent davantage au
segment oriental de ce~te cSte. qui va du
pays
avikam au pays essu.a.

972
399
2
8
l i r e :
A'J XIXe siè.~le, les urre s 2!d. li€~u ge
les uns accompagnèrent l~ déportation
401
2
29
lil~e : nu milieu du XIXe siÈ~.~le S!!d. lieu de
~~u XIXe siè •.:le
406
1
2
lire
:
les armes autres que les ~rmes ~
sile:~ :'!!:!. lie'J ~ : ~ siler
408
2
13
lil~e : les so,.:iétés de la zone.
:a!d liE!!:!. ~
de la ré'Jior•.
410
3
11
1 ire
: d·'!JrIs les bass i ns
de 1.3 (;onm~
~'':
lieu de
: du Comoé

"
14
lire : elle paraît d~ns la basse-Comoè ~
lieu de
:
le bas-Co.oê

4
9
l i r e :
de G.
Thomann,
chez qui
l'idé~lisation de la société neyo devient
une arme idéologico-politique contre l~
société capitaliste
:
414
2
lire
: Nous rencontrerons des faits qui
la
dènlentent :'!!:!. 1 ieu de
: qui la délllor.tl~er.t pal~
421
1
24
1 i l~e
:
(,.:e ser'a
l'objet du Ch.
VI
:'!!:!. l ie'J de
: du premier chapitre>, cette condition
générale d'exploités absolus
(ce sera
l'objet du eh.
VI I~ ~ de
: dewdème
chapitre),
la condition universelle
diinstruments de glorification
(c'est
l'objet du Ch.
VIII ~ lieu de troisième
chapitre)
et les contre-épreuves de cette
infériorité,
c'est-~-dire l'insignifiance
dans la mort et les résistances,
(objet du
I~h .
IX :~ li e!1. de.d'J qtJatl~i ème ,.:hap i tl~e) .
424
1
lire
: L~ où l'acc4eil était formalisé -
les
Bete-Logroan le no••e atoprire -

.~
13
lire
: coritre la .~lêdiction que proféraient
les parents ~ lieu de : par les parents

"
14
l i r e :
Tantôt il s'~~it d'une opération
d'aveu~lement intellectuel :'!!:!. lieu de
d'ave'Jglément
425
2
8
lire
devenu familier et totalement digne
de confiance,
il recev~it du maître,
~ titre
e:..:,.:eptior.nel,
I..In fl-lsil ...
~ lieu de
: le
maître,
~ titre exceptionnel,
lui offrait . . .
426
1
1 i '~e
N~;(JrI;;'l
(F)
sen'.Jfo
SlY. lieu. de
: Ns~~ha
l'
..._.
..,
L ?"7
,;;.
6
Tab Le au 26 ~. lieu de
: 25
434
3
5
lire
et sur laquelle nous reviendrons dans
le '.:hapitl~e X au lieu de
: XI

<.... ""..
435
12
1 i l"e
e:·q:.\\I"eSS ions ,j ur- idi ques
<p lUI" i e l
!k1.!:!.
1 ifü!. de
:
si ngul iel")
439
1
14
l i r e :
soit p~r l'escl~v~ge, soit p~r la
stl"ati fi,::~tion 2!:!. 1 ieu de
:
soit 1.;)
stl"~ti fication
1
10
445
3
4
lil"e
:
no t r-e
p r opo s
( ~ lieu ~ : pr-opr-o s )
:
l'idée que l ' ~'.~te fond~teul" (~ 1 ieu de
mond~telJl")


12
lire
:
qui
restent unis à
leurs parents
(~u
plul"iel)


20
l i r e :
les enfants devenus ~dultes ~dhèrent
~u contr~t politico-religieux du lign~ge du
père d'une p~rt et au p~cte socio-politique
du père avec
le
li9n~ge de l~ mère d'~utre
p;)rt ;)1.1 liel.l de
:
p~,::te so,::io-politique


23
lire
:
êt~bli entre membres
(au pluriel)
d'une même
"société"
449
2
6
1 i,"e
incestes
(~u pluriel)
450
1
3
li'''e
La tr~nquillitê. ~ lieu de
tl"~nqui1 i té
452
18
lire
:
d'~utre part les masques,
peut-être
i mpol"tê's
~.!:!. lieu de
; les m~sques peut êt,"e impo,"tës
"
4
4
lil"e
l' un et l' ~utl"e ~ lieu Q~ :
l' ~utl"es
453
1
7
lire
Cet orchestre p~ssa ~u doyen d'~ge
des TI.::hiyo,
~! lieu de
;
~u dov e n d/un des
457
5
l
1 i l"e
:
En
1701 ,::e fut.
..
du ,::hef du
matI" i 1 i.:;;Jn~ge 5!~ 1 i eu de
de m~tl" i 1 ign~ge
460
4
1
1 ire
: t.:iuedê-le-Noir s!.y. ~ de
:
GI.ledê-~u­
Teint-Nai,"
461
1
14
lire
;
requis et rémunéré ou simplement
réquisitionné p~r les autorités officielles
!a!:!. ].i eu .-::le
:
t.:~onlm~nd i té p~'''.
465
1
10
1 i '''e
:
la femme unie une contuberne
~ 1 ie.!='.
rJe
:
co n t I..JI:'. e '" na
466
5
1 i l"e
: C\\"le:= e'JX 1
I.~O Il ages,
':0 n tube '" nies
i!!:!.
lieu de
:
concubinats et mariages.
cas
de
,.::ontube,"ni.e ê.!..J. lieu de
co ncub t na t
i:l MO'''iê,
.....,.
470
.:.:...
lire
;
et
ê.!:!. fieu de
e et

471
2
11
1 i '''e
: 40 '.~ontube'''r,ies
~ 1 ieu de
(~Qrlcubina r s
\\
477
ô
7
1 i '''e
( ... ngb;;)fd~ des Od,jukl"lJ)
~ 1 ielJ de
: de Od';'Jkru
481
4
6
lire
l~ petite pêche qui est 1;;) pêche d~ns
les rivières ou l~ pêche ~vec des techniques
'sinlples
482
3
22
lire
: que l~ répartition des t~ches et l~
sous-consomm~tion ont prolongée et
~'.:='.:=entl.Jee,
:a!::!. 1 i el.J de
: a ~,:,:entuee.
487
3
9
l i r e :
l'état des choses au début du XVIIIe
siècle et ~ l~
fin du XIXe siècle.
~ lie'J
1!lt:
l-:l fin
,.90
3
12
lire : ce qui est nécess;;)ire pour
l' ent,"etien ~ ~ de : ent,"etierlt
491
3
9
l i r e :
Lowes Krebu d'Aklodj-A, en p-:lYS
od.iukr-u
i

Il
19
li,"e
(mat'''iligr'-:lge des N-:lnméi-l-:l)
!E!!:!. lie'J
de
N.~mnei-l;;)
2.
7
lire
Le fait est là : ~ lieu de
le fait
1;;)

25
lire
esclaves collés et esclaves
·.:=ontuber'nes il!::!. 1 ieu ~ : liés p-:l'" un
'.:on/.~'_lbin.;.'t

3
9
lire
: La mesure de cette sous-consomm~tion
2!:!. 1 ielJ de.:
mesu'''e de
493
2
3
1 i re
: A.jol.Jtons ,.:e,:::i
: ,:::omnle nloyen
...
·~IJ
lieu de
: ceci comme Moyen, ..

4
2
li,"e
: L.
T.::lu:de,",
en 1924,
les e u t " . ,":lU
1 ie'J de:
T~lJl·:ie'" les e'Jt
49~
1
2
lire
~u T~ble~u 32 : Tableau comp.;)ré des
variétés de p-:lgnes ~ lieu de
de la
..
variété
2
14
lire : il y ~ lieu de discerner les habits
s e Lo n le statut 50':i.31 ... gy lieu de
: les
r-'-:lt:. i. t;;:) t s


16
lire
: tablier de pe-:lu de singe (.::lU
singulü"l")
495
15
Kukê
(Pelmatochromis),
497
lire
Dans l'hypothèse des coll.::lges et des
contubernies,
formes majoritaires d'unions
~g Li.-.-,~. ~ : des corrcub t nats

975
499
2
lire
: subissaient le coll~ge et l~
co n t ub cr-n r e , deu:·: fOI'ntes d' un i o ns ~~:! liel.J de
le concubin~t
\\
503
5
4
504
3
11
lire
: Tout l~isse supposer cepend~nt que
i!.~ 1 iel.J. ~1~ : s uppo s er- que
Il
4-
19
l i r e :
attesté vers 1678-79 comme on l'~ vu
ave l':: ,J.
B.::II'bot.
505
2
e
lire
: une ~ctivitè de st~tut féminin,
destinée ~ pourvoir
Il
4-
l i r e :
enfin ~ l~ perm~nence de l'~ctivité
s.::llinièrt.~,
Il
5
3
1 i l'e
1692
:a!d. 1 iel.l de:
1602
506
1
2
lire
1.::1
notion de ville OÙ l'on identifie
un p.::lI.::lis,
un lieu des supplices, un port et
un m';:ll~l.::hé s' .::1 pp 1 ique J:) l' ~gglonH:h-~tion...
"

5
l i r e :
"une espèl.::e de ville"
(1923
:
160),
p;nr r~pport peut-être ~ux villes m~ritimes
et ~ux villes fortifiées.
Il
"
15
lire
: P~r ordre d'import~nce. . . . , nous
~vons,
hormis Assoko . . . . Ch~loupr~
Il
3
3
1 i t'e
de 1 a Contoé
S!!:!. ~ de
: du Comoé
513
Li I"e .::1;:.Il"t~;; li~ T~t:.le;;)l.J 33
Bete-Nekedi
1 ie :!. (J~
:
I;?ete-Nekedie
'
4-
5
l i r e :
matrilignage des Loyu-l.::l dont Tenou
ét.üit lf? ,.::hef,
h.::lme;;)I.J que dil~ige~it :a!d. li.el.J
1e : èt;,Ji
516
3
B
lil'e
: Le fait est que d~ns la dernièt-e .. :2!:!
lieu d~ : ~.le la dernière
517
6
13
fermer la parenthèse après
fibres de
p a Lm i e r-)
521
3
"1'
~
lil~e
: elle':; ne sont cl.Jltivées al.J liel.l de
1.::1.11 t i v i vées
5",r:-
.:... ...
2
27
1 i l'e
523
1
6
lil'~?
1.~.1
fin;'Jlité:'lu liel.l de
5.::1
f:i n;:;l 1. :i. t: f~
526
1
13
l i r e :
L'homme riche apparaît ainsi
. . . . son
accomplissement social et hUM.::Iin M;;)xim.::ll.
5 7 "1'
v~
lire
dans
le Table.::lu 34
:
~ la lettre W
f11..11\\l·:'I'O
:.5:.'.\\
I)'-lt·l.:!
M;;)co au
li.e!::!. de
: M;;)mbo
;.1 ,j Cl '..II:: f~ r-
1. -:.1
I f!..~ t t l' e
?'~..l_ tl!=!.!.!lt:. l' t.L.. L< tH';'1 cti .::l

976
535
1
1
lil~e : qu,:;uld ,.:ette étendue est nlarquée :a!d
U~. 1~';
1lj;·.1I~,~hée positivenlent d' un gl~and
èl~l;;)t,
flOIJS av o ns <lffail~e ~ 1:01 gloi\\re
538
1
27
1 i l~e
for his Good conduct on board ~ ~
de
:
bl~O.;:u~d
2
13
542
..
3
")
...
1 i l~e
La revue . . .
de notre propos.
Si
N
21
li l~e
du sous-entendu et de
l'allusion
545
4
4
lire
ét~ient, les Krobu y
insistent,
formellement exclus
~ liel.J de
: ét<lient les Krobus,
exclus
547
lil~e d.;:ms le T.;)ble.;)IJ 35
:
nO 7,
8
yoba.
2.!:..:- p;lgnes et effa(~e:::: : or,
pagne sous Koffo
Akpena
550
:2
10
lire
:
vins de palme complémentaires
(au
pltJl~iel ~ lieu de
:
'31J singulie\\"'
551
1
6
l i r e :
De l'aIJh~e ,.::ôte,
:àY. lieu de
de m@me
côté
558
1
1
.;:)I.J 1 ielJ de
prêtent
...
566
,.::..
11
lire
:
Avec un duvet pris au ventre du
p01J l'et à!::!. 1 i elJ 1!t : QIJ l'::OIJ
567
1
9
lire
:
droit aux honneurs du collège des
hommes l~i'.::hes et 3:l cet or-che s rr-e ~ lielJ de
: de cet orchestre
..
2
2
lil~e
:
,.::omme l.::ellJi du bl~emt.i essI.JM.:t,
~ lie•.J
de
•.::elIJi
t·l~embi eSSIJma
573
4
1
l i r e :
Yavo Ehinon
" ' ,
patrilignage des
Ossodjê-NGossé,
toujours en p.;)ys ab~ a
offert une escl;lve . . .
592
..
1
12
lil~e ; .:11..1 vill.:lge et de 1.;) '.::()Ul~ à
la nlaison
Il
17
lire
;
nous emprunterons toutefois le
ma:-:imum de dét.;)il
i!.!1 lieu 1ft : n\\a:dmun
....
597
....
10
l i r e :
et I.Jn nlètl~e et denli 2.!=!. lielJ ~:
dem it.~
4-
9
l i r e :
O.;)ns
l'un et~'.;)utre figures
(au
p l.ur i e I )
599
1
9
lire
:
animal domestique de
la zone
fOI~estièl~e :211. Lie!:t Q!t. : dome s t i que de la
f()I~Pt

977
4
7
lire
: un prestige qui les distinguait
(au
si ngul ier-)
600
1
10
lil~e : .:onfil~n\\e-t-elle en l'.:;).~tu;;)lisf-lnt le
nlythe de Z::lkolo.
605
3
3
lire
: des lign;;)ges endeuillés ;;)U lielJ de
endlJillês
5
lire ; Ils apport;;)ient des
contributions . . . . , en vivres,
en vol~ille et
en petit bét.:lil
(ovins, ':.:lprirls)...
.:lU lieu
de:
(ovins,
c apr-r ns ,
volaille) ..
60S
2
3
lire
: les éch.:lnges et les
destl~u,:tions. . . . . volume m.:l)·:imal
~.!l J. ielJ de
:
vo IlJllle RI;;) x i Rl'-!'"
611
1
21
lire : Joseph et sa soeur adoptive,
~ AklodJ-
Agb.:lille
(O;;)Cu), avaient-ils,
~ lieu de
;;)v.3i tent-i 15
613
2
lire
: d;;)ns les contreforts des gr;;)nds
fl~o"'agel~s.
(:2!:!. 1 ieu de
; formagel~s)
Telle
ét;;)it la pr;;)tique des Bete-Gb;;)lowan,
telle
êt:;)it 1·:;) pl~ati':J1Je des Akyé .... :!!d 1ielJ de
: et des AkVê
61S
2
4
1 i l~e
: KIJI",:~.eil~e pour GIJli l
et GIJli II
(~
lieu ~ : Kukplire)
. . . .
KIJkl~akpo II ;à!:!. ~
de
KUKurakpo ... Kukr~kpo III ~ lieu de
ou OklJkl~.:lkpo
622
3
5
lire : l~ mise en lumière dans le Ille
Cha,:.i tre
~ 1 i~ de
: le IVe Chapi tl~e
626
1
3 -
"7
l i r e :
Certès,
les normes sociales ....
entretinsent ... et que les compagnes
demeurassent ~~ lieu de :
entretinssent ... demeur~ssent
632
1
lire : dans Un passé récent (1898 b
IHD
alJ lieu de:
(1898:
118)
634
6
lire ; revint avec son fils Kanon Lago .:lU
dos
(21)
~~ lieu de
: son fils K.
636
2
5
lil1e : e.ouaflé ~ lielJ de : de BOIJfla
u
6
lire : Tyasalé figurent parmi les principaux
,:entres d' .;,),~,.::uei 1 du SIJd. ?!!:!. 1 ie~l::!. de
: du
Sud-Est.
643
'..,.
..:...
19
lire : Ainsi Buico conquit-il son
indëperldan.:e ~ lieu de : co nqu t t
son

;r
..P
7
l i r e : Sa portée théorique s'en trouve
di.in'Jee ~ lielJ de : s'en b~olJve d im i nue r
645
'5i
:LO
lire : Les circonstances qui les motivent
.ius'!:: i fient
cette interprétation. !!!!J. Jj.~!d ~.2.
i rd:eq:.r'ét::ltop.
1

978
..
7
lire
: un prestlge qui les distingu~it (~u
sinqIJliel~>
600
1
10
lire
: ~onfirme-t-elle en 1'~ctu~lts~nt le
mythe de Z~kolo.
.sos
3
lire
: des lign~ges endeuillés ~ lieu de
enduillés
Il
Il
5
lire : Ils ~pport~ient des
contributions . . . . , en vivres,
en volaille et
en petit bét~il (ovins, caprins)...
~~ lieu
de:
(o v i ns ,
tc ap r Lns ,
voh:lille) ...
608
2
3
li~e
les è~h~nges et les
des rr-u •c r r o ns . . . . . volUMe .a~ün'al
~ l ie'J ~
:
vo l'olAu? nl.;):·d Rll.Jm
611
1
21
lire : Joseph et S~ soeur adoptive, ~ AklodJ-
Agbaille
(D~bU),
~vaient-ils, ~ Jiel.J ~
~v.aitent-ils
613
2
lire : dans les contreforts des grands
froRlagel~s.
(~~ lieu de
:
fOI~Alagel~s)
Telle
ét~it la pr~tique des Bete-Gbalowan,
telle
était la pl~atlque des Akyé . . . . ~ lie'J de
: et t:les AI'.·.,..é
615
4
lire : K'ol~:peil~e pour- G'Jli I
et '~Iolli II
(~
1 ie'J t:le
:
KI.Jk.plil~e)
....
K'olkl~akpo I I ~ lielol
de
t(lolkl.Jl~al'.po ...
Kukrakpo I I I !!!::!. l ie'ol de
Olol O"',-,kl~<-lkpo
622
3
5
li~e
: la mise en lumière dans le Ille
Ch....lpitre
~.!"'. Jieu de : le IVe ehapitl~e
626
1
3 -
7
l i r e :
Certes,
les normes sociales . . . .
entretinsent
...
et que les compagnes
dellteUl~assent ~u lieu de
:
entretînssent., .demeur~ssent
632
1
~
lire : dans un passé récent (1898 b
118)
:!!:! lieu :12.:
<1898:
118)
634
6
lire : revint avec san fils Kanon Lago au
dos (21)
~d lie~ de : son fils K.
636
5
li'~e
: ~.ouaflé !!!::!. lieu de : de E?oIJfla

5
6
lire
: Tyasalé figurent parmi les principaux
..::entl~es d' ~'':'':lJei.l du SIJd.
~ lieu de
: du
5 1.Jd - Es t .
6~3
19
lire
: Ainsi Buieo conquit-il son
indépend.:::ll"t •.::e ~ lieu ge ; conqur r son

3
7
l i r e : Sa portée théorique s'en trouve
di.in'Jée ~d !Jeu de : s' en t r-ouve d i mi nue r-
645
s
10
lir~
: Les circonstances qui les motivent
.;l.ls1:ifiErot
I:ette interprétation.
~ lieu ~~
:i. TI "::o~ l'T- \\" é ":: .~ t op .

9BU
692
1
4
l i r e :
les armes ~ feu dans l'espace
mél~idion~l de
l-!l zone fOI~estièl~e §!.!:! ~ de
: de la Côte d'Ivoire,
5
lire
importait et revendait les armes
m.:::.lnl.Jfa,~tul~ées
693
1
6
Très important,
lire
: dans un Etat en
développement ~.!d lieu de
: naissant,
'7
-'
22
lil~e : dont les conquél~ants espéraient ~
lieu de
: espèl~aient
695
1
9
li'~e
il l~éitel~a ,:ette méthode,
§!.!:! lieu
de
il réiter.:::.l,
cette méthode
696
1
16
l i r e : Ray A.
Kea a cru devoir distendre
l' Hsoko-':Jftlan de l.g Tano
jusqu' ~ la Comoe. ~
1 ieu de
: .ius qu ' au Conloe
697
lire : La structure de classes
: les
v~riantes de l'escl-!lvage du système lignager
au système esclavagiste
~ lieu de
lignager système es~lavagiste
698
3
lire : soit djsséminés d.gns toute la société
<Kwadia)
2Y lieu de
(Kwadia,
Eotile>
699
1
4-
li'~e : dans tout!? la SQ':iété
(Kw·~dia) :'a!:!
11~.J .-:te:
(I<wadia,
E()tile)
701
1
l i r e :
entraîna le suicide de l'esclave Kafu
Blê rédimè dès l'époque précoloniale ~ Gbla
('f;.1f·egUhe,
D.:::.lo.;.1)
~.!::!. J i~.!d Q.~ : le sUl':ide
et le meurtre de l'escl.:::.lve monture de ~bla.
2
1 j l~e
femmes ,:adette's s ans enf.gnts ~ .Lie'::!.
~~ :
femmes sans enfants
707
4
3
1 i '~e
f eAlmes ':ontubel~nes au 1 i eu de
unies
en conoubi nat
709
lire ~'de Gneba Gbeugré,
un Zaqui,
l'adjoint
du chef Akla du Grand-Drewin et un Butu le
neveu de ce dernIer.
710
'"
...
21
l i r e :
celle de Djenê 2ago et de Zaqui,
le
courtier-interprète.
71:::
9
lil~e : nlut::.ltis Rltlt;;lndis ~.IJ. lie!::!. de.
mu ta Lr s
nU.Jt.;.1ndi s
l'
;'14
li,
lir~ : Dans le l~itl.J(;d d' éle,~tiorl
~-:! lieu Q!l
Le rituel

':i;j l.
716
1
9
lipe
. moyens m~tériels
::!~~. :
ftl.:.li":ér·i".:lllef:;
\\
:71C
1
1
1 i )"0::,.'
:
Le::;
'!)n~)l·,'ses.
J!l te)"me da'ns Q!d 1 ieu
~. :
tel'Ill€~S
.,
720
3
l i r e : et le bambou occupaient les tepres
,::,:oIllRl'Jn.e)lss,
:J.!;'{ Lie'",- .:.Ie
: c cmme r c i.=:l les ,
14
: et L.ove)" ob s e r-ve urre '.:e)·tair,e Q!d lielJ
ot.SfH·\\... ~\\t
721
1
2
lipe
: en assumant l'exportation de l'huile
et .jes ."lm.=:lt-..:jes df~ p.=:llme et en bénéfi,.:i ;)nt Q!d
lieu de:
de palme en bénéficiant

4
9
lire
d
Kr u = 9 g·'!Illons == 42 litl"es ~
..
lielJ de
: 42 littres
5
l i r e :
1.2.
Dans le Centre-Ouest,
un
deuxième facteur de l'essor économique et
soci;;)!
: 1 a noi H de ,':01.:1
§!.!:!. ~ ~
l'eSSaI"
éC':lnomiq'Je
'722
4
"'7
,
lire : Pend~nt des décennies,
~ partir du
Dpi
(Guiberwa)et Nekedi ... du BogUhe et du
Yo ko Lo ,
723
2
15
l i r e :
les grandes cadettes célibataires
s'adonnaient .'::l la cue r llette ou alJ tl"anSpOI"t
~ l tau de
: ou tl"anspol"t
724
3
l i r e :
1.3.
Dans le Centre,
un troisième
facteur de l'es50p économique et social
l' 01" !2!l 1 :i.~lt~J. de l' essaI" é'~onomiq'Je
4
11
1 i r e
:
:lr')'~~s
la répartition qui a accompagné
·:lU
liel.J ~1.~
'!l'':'.:omp 1 agné
726
3
13
lire
"un s ac " en 'fibl"es végét.:lles ~.lI.:! Lie..!::!.
de
:
fl,b,"es végétal s
~...,,~
":'
~
,- ";';' .."
...
-.1
lire
l'exigence de cohésion .impliquait
d~ns l~ relation ~ l'épouse,
une ~ssur~nce
~ l Ü~IJ de
:
de
l ' épo'Jse
728
1
10
lire
- soit 22 épouses par homme très riche
..
...
(.=}IJ
singuLü:·)")
~ liEt!d QIJ PII.JI"iel
.::.
15
lire
: solution 8 combien économique qui
int~9re tous les ~utres moyens,
elle ét~it
.ass'-J.iettie~_!:!. liel.J 1.~ : asslJjetti
Il
4-
12
li.'-e
::
'lUO;:~ nOliS désignons
"KI"u" ent"l"s
gui1.1enH?tS'OII,,1 lieu de
: qlJi llemets
.,.
...
11
lü',~~ : le 11.'] ... ;}ge p.ol.J.... ~it g;~gne)·
52.S00 F s1.~l
li~~"~_ ':!~.
12.500 F

730
.t
'.'.\\
....
lit~
;
Il ri' 'l .:.\\ p.;lS
lieu,
~.!l lieu d"i. : Tou,=oule'Jl~eS
731
2
1
lire
: S~uf
les peuples forestiers,
pour
..
l'essentiel,
~ !ie'J de : p~r l'essentiel
3
-r
.J
lire
: gendre de V~k~ba Ture fit sécession
..
:r;lU
!j,~ gf?
:
flJt
4
2
l i l~e
: CIJmllle les Wen1llembo et les Wê-Semyê il!::!.
li e'.J de
:
5enH~y!f:!
733
3
3
lil~e
Ils '1end~ien-t g~né\\~.:llenlent :a!::!. lieu de
verld\\~aient

..
4
l il~e
.Les hommes pris au .:ours de
le'Jl~S
?:!!::!.
Il elJ d e :
-!lU
':O'JS
734
1
17
lil~e : On se l~;)ppelle 'lue A. Del'Jz·~
:a!::!.
1 ieu de
: Del'Js

.-,
....
1 ....
lire
les sociétés li9n~9ères de la zone
forestière,
prospères co••e
elles l'ét;)ient
:a!.! 1 ielJ de:
pl~ospèl~ent
736
4
....
lire
:
légué par Aristote,
théoricien de
l'oikos,
l'Aristote d'avant la
méthaphoris;)tion socio-politique et
internationale de l'esclave,
cadre perdu de
V'J pai" des philosophes co••e
Nkl~Um;)h,
mais
c~dre enrichi,
co.plété par K;)rl Marx.
Oe ce
dernie'~, •...
73ï
1
10
lii"e
: des groupes de negoci;)nts
échange~ient . . .
des excommuniés,
malS sans
que
jusqu'au XXe siècle,
1;) totalité de
cette zone tomb~t sous l'emprise de
l'esclavage,
ce qui
justifierait la théorie
nkl~I.Jll\\..;)hi·:;te, A,~is seulement pOIJl~ une pél~iode
déterMinée de
l'histoire de certaines
sn,.:iètes llgnagè'~es, alJ aoins SOIJS le
r~pport éconoMi~J~.
..
1
Il'~e :
l\\ans ·=es divel~5es 5phèl~es
au lieu 1.~
:
En ces divers sphères
..
15
lire
:
de o:~orlSOftUllati on de SOlns de santé
:a!::!.
1 ie•.J de
:
(~OnSOlt\\nlat ton de soins
1
16
lire
immolation funér;)ire et parfois
i. • •olat'ion festive
~u .Lie!::!. f)e
l · i ••ola~ion de l·esclave ...
et son
i • •':llat'ioro

738
2
Li r e
: -!lIJ sens é,.:cmonliq'Je éh~oi t
~.!:!.!..:i:2.!::!. 9.2.
~u sens éconoMique.
-r
....
l i r e :
3.
L'esclavage lignager
un lieu et
une illIJst"\\~~",:::,;,,,'1 de la détel~mination
idéologir.IlJe
!!J.!::!. lieu de
: de l'idéologique
Il
Il
2
l i r e :
l'existence d'une époque ante -
esclavagiste et par conséquent l'historicité
d€:~ l'es,.:lav::lge ..
!i!Y. lielJ de
: ou
l'historicité de l'escl-!lY-!lge
740
2
lil~e
;
U.,-S pl~emiel~s ...
n' erltl~etiennent pas
d~!;:.Q.l~d ave,.": les so?,,:of.ds -!lIJ
lieu de
:
..
..
n'entretiennent pas aYe~
4 -
5
lire
; mais ils développent des relations
contractuelles au sens que nous avons
,.:onfér'é .:11 1.3 notion de ,.:ontl"'at
~ lieu de
..
: que nous avons ~ la notion
.
J
10
l i r e :
Ce n'est pas seulement dans les
..
r-appor-t s :::!.!d. l i~!:! de
: seulenlent les l"'apPol~ts

12
lire
: mais encore il en est ainsi de
même.
. ?lIJ 1 Ïfill d€i
il en est ai ns i
741
2
3
lire
oÙ s'impose la détermination par
l'idéologio::llJe
§l!d 1 iet.J de
: par l'idéologie
,-

Pages
N°s
"742
(8)
l i l~e :
in {.,les t
tHI~ i ca Sl..!,.,J.. Li elJ dtl
Iolest
~I tr'1 ,~.~
'.
743
(10)
1 i l~e
;
Con ·h,c i us i!!::! .J....i.~1J de
:
Conf t c i IJS
Il
( 13)
.:ll
Li r e
:
STEVEi'llS,
Wi.l1iam
:
1904.
TI-le Slave
in
t!..istOl~'t'~_ Hi.s ~()l:l:.Q!i§' §!!!...1 !::lis EmaQ'.::iJ:';:}t' ion ,
The religicus
tract Society,
London.
Il
( 14)
.al
l i r e
Inc.
New-York,
C~mden
..
(1!);t
.::1/
1 i l~e
:
M()del~n El~a :'à!.:!. 1 i eu de
:
mo de r-n .::Il~ea
746
i:l la 4e ligne
lil~e : tl~;lValJ:·~ alJ:·:quels ~.!d Ulll!. d~. :
ausqlJels
Il
(34)
l i l~e : L.::I ?..ft!~.J tH:é ~ontl~e l ' Etat ~ 1 i~!.:!. de
'~ontre Et;:}t:
750
(58)
Il
(68)
l i r e
Ghirshman,
R., Encyclop.::Iedia
IJnivers.::llis Fl~;Jn'::e, :f!.!.:!. lieu de
En.~v.=lop-'!Iedia ...
751
(69)
bl
Il
liN?
"'el~nant·-Enan''::~.!d lie~ de
Vel~n.::lnt
e.l.~n.~
..
(70)
bl
1 il~e
:
~ESt:IF(.
:L 904
:
IJ1 : 16-19.
LA GlIERf'~E dEtâ
Gaules,
texte établi
et tr.::lduit par L.A,
Const.::lns,
lZe tirage,
Editions
"Les Belles
Lettres",
Paris.
Tome
1
Liv.I-IV,
Tome I I
:
Liv.V-VIII
..
(7U
1 i l~e
:
.'l/
rti''::ITE,
19~,/' :
XXI".'.
b.;~. 1~~gJ:.!llanie,
te:·:te ét.;:)bli
et tr.::lduit p;Jr J;JcqlJes Perret,
troisième
tirage,
Editions
"Les Belles Lettres",
P;Jris.
"
b/
WERGELAND,
A.M. 1916 : 33
755
(90)
.::1/
lire
:
Sl.;:)very
in China Durning the former
Han dyn.::lst'l
(lof'
N;;:)tIJ1~;:;l1 History ~ liel.l
de
:
DU1~ning
o·f N..::ItIJ1~el history
Il
(91:1
1 ire
:
Lertt.:':nl-':m :~l!l .!i..ê..!.:!. de
:
Lend-Inl.~n
"
(94)
a/
l i r e :
"Un seul genre ... leurs réunions
des
jel.lnes ~.!d J...!.fl!l rt.~.
lel.ll~S l~éunions ; des
jeunes
75b
(95)
lire
:
1 l i .;:).::1
:7-11..1.
li~'-t 9~_
I l i.~de .;
Od')'s'sev
:~!::! ;l i e!.:!. .je
Odyssée
(96)
al
l i l"e
:
I ndE~ of:i. T1:i. t,,= l~e·f el~~?T"I(:es . , .
.::lU
l ~ el.l :-h:~
:
inde fin i t E~
"
lle
ligne
lire
:
appf~-':ll~ :;)$ b ob v s e r-v an t s
~u lielJ de
savants
;
in '.::cm5idel~.;:)ble
9u.. lieu de
i ncons i df.~r'~b 1 e

759
(3)
rr
~
~liné~, 2e ligne lire
: toutes sortes de strat~gèmes
.!..t!i~.! f!!t : s tl' ~.l t ::-l'J ê mes
Il
"
7e
ligne lipe : m.~:l1"'que distin,.::tive ~IJ .lieu\\,je : IJne
marque distintiv~
Il
t.~
~linéa, 2e ligne l i r e :
dans des sables et un terr~in
lielJ de
: dans des s~bles (p.21).
761
(yB)
5.
li.1'e
nlQI't en 1327 Q!d. 1 ielJ de
3127
Il
(99)
1 i l'e
F'1J1'i:"IJg;;.li s i!!d. ). i elJ 11t : F'OI'tIJI'::l i s
Il
<103>
:'f!.!::l_ l i eu 42,
<l 03)
l i l'e :
Il
(103)
~/
MIERS and KOPYTOFF ...
b/
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1980.
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tiSÜm
.::Int:!
n'h'i,~an
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SAGE Publication,
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s laver... tD. A·t·l~ i ''::.::1, Afri,.::an StlJlj ies Sel' i es
1"1"36, p.l.
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1983 WOllh?n m'ct Slavel'" in Afl~i ..::a,
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(edi tey by)
1985 Sl~ves ~lrId
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"·olt...e
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Volume II The Servile State.
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1985 Les tl'aites
r!!~9r:iel~"'s 2.I!. 8-fI'iqIJe,
Edi tians K.::l\\~tr..:::lla,
P.::Il~ as .
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l'e~~l~vage, .Presses Universitaires de
Fr~n~e. CQlle~tion Pra~iques théoriques,
F'art 5 •
763
( liJB>
lire :
-3streint à laver les pieds ~ lieu
de:
à
lever les pieds
764
<LU:.)
lire : Harcel Riviere ~ lieu de
Riv'iève
765
<1:1.7)
b/
lù'e
:
Tl'.:msfO\\~.at"ions in Slavel'V. 8. b.i~LtQ..!:Y..
ôJI( slav~r''l !..!!. Afri.~a.
Afl~ic.:::lI"I
St"IJ,jies 5el~ies
n~36. ~ambridge University Press,
~ambridge,
LQndol"a.
New- ....ror-k ,
New'-Rochelle, Mell=,o'Jl~ne,
5id~V. au lieu de
:
Tr~nsforMatian
197B.
lire
Ethiq'Je à Eudè.e . . . notes et t nde x ~1!.
lie~. ~e : notes et indi~es

7 7
0,
(6)
a/
1 i.l~e
He r-m.a n
01
Hl)
~J/
lire
Primitive,
Arch.aic ..
Al~ c t-..=:â c
76B
(20)
lil~e
: 1968 : 32-33,
!-.a /:ite ql~e'.-:'3IJel
Editions Albin Michel,
P.aris.
769
(32)
1 i l~e
: d' .a~.l~ès Démosthène !â!.!d 1 iel.l de
Démosthènes
770
24e ligne
lil~e
: on .allunli'lit un gl~.and feu !â!.!d lielJ d~
'.ln graTld fel.J:·~
771
(5U
6e ligne
1 i l~e
: de l' e:{el~':er :!!:!. li elJ de
de
l ' e}·:er.~i cel~ ..
774
(67)
'.=,;
lire : ~reek Theories of Slavery ... Views ..
.a1J
lieu de : Greet Theorries ..• Viens
..
(71)
lire : Collections Philosophes ~ lieu de
~olle~tions philosophiques
775
(77)
23 ligne
1 i l~e
: à ,~h.a':lJn de lelJl~S passo:lges !â!.!d ~ de
:
à
'~hagun
776
(2)
lire : 1969. ConsciencisM, 2th edition,
Panaf Books, London. au lieu de
";ons~ien,~is.e, nouvelle edition reVIJe et
,~,:)'~ri9èe.
"
(3;'
Li l~e : P::.m.af Books Limi ted ~!:!. 1 ie'.l .je
p.::m.:lf BOIJks ...
777
(5)
NKfWMAH,
I(w.::lmè
: lir~ : 1957. Ghani'l.
AlJtobioql~;:lptW Kw;}.~ê
NKRUMAH,
ThOMas Nelson and Sons Ltd,
London.
au. lielJ .je :'3rtd SOI.JS
..
(9)
Panaf Books ~ lieu de : panaf Books
..
(l1)
1 il~~
Fr~ncois Haspero, P~ris.
778
05>
lire
The ~ollective blows ~ lieu de:
the
.:olletive blo~s
..
(16)
cl alinéa 2
l i r e :
tout co••e
l'idéologie qui est IJn
instr~.ent ~ liel.J ~ :
l'idéologie est
1 ü~'e
:
"Ur;;:ai et' If·.au}·~ phJral i sme" i Te SIJl~ 1 ;;,1.
ph i IOSOE-h i t?'af'~ i·,~'i i fil~.
(1)
lire
Lt?'th"o;?;:i,'.b !Kugelaan ~ lieu de
:
Lettl~e
, "l')
1 i
\\
- J ,
...
i~e
T -:lMe ][ lf~·t[1
~
la 4e ligne lire
les for~es.•. se d.veloppent ~ partir
alJ ]. iog~! :;:Ie::;e ,[Uè;'W~:u.OP'IP.eaent'
783
(5 )
Lt re
Edlt.ll ùJ) ,nr:s; ~!:!!. 1~.te".u
~~oe
: Editil~aTtS
(6)
1 il'??
l .:~;' n"!." ;~~.!;:!. il:. 'ri. Î~.II ~~i~t.
: 983

784
(16)
"Ils ont . . . . .
:735
(271
bl
1 i I~e
1
\\
9/13
:~!~J. ]'J..2!.J. dt?
198 ..
(28)
'.:1
1 i I~e
1 978 ~. l.ifi!d :22.
198 ..
786
(35,
1 i I~e
dormer- ombl~!;Jge ~::!. lieu de
do nne r
embl~-!lge
7j37
.':1
l.'Ol 33e li.;,ne
lil~e : Pline le .,Jeune loue Tr!;J.j!;Jn S!.!::!. .lieu d~
: TI~!;JJ!;Jnt
789
(1)
~ lieu d~
(1,
!;JI
l i r e :
!;JI WONDJI,
Christophe,
1963.
b/ GQI<U 'lAPE,
19"77.
HistrJil~e du B!;JS-S!;J5S-!lndl~!;J de 1893 ~
199Q (Les ~~.~..f.oI.J.t§. de l' j.osl~e co l o n t e Le ) .
Thèse
de Doctorat de 3è Cycle (Histoire),
Université de Paris 1.
cl BONY,
JO!;Jchim,
1980
.
dl KIPRE,
Pierre,
1981
.
..
(3)
al DELAFOSSE,
M;;jurice ...
lire
p ar- F . .J.
Clozel ~ lie '::!,
de
: F ..J.'':: 1 oze 1
.::lIJ lieu d~
(4-;'
1 i I~e
(4)
.::lI PERSON,
Yves,
-
1963
"Cl.::lsses
d'Ige et chronologie" in
L.::lti tq,jes,
l~eVIJe de l' Asso,.::i.::ltion des
Anciens Elèves de l'Ecole N.::ltion.::lle de l.::l
France d'Outre-Mer, Spécial. p.68-83.
~1969 "En quête d'une chronologie ivoirienne" in
:rhe Hi~;;tol~i.;)rl iI!. Tr'..:opic.::ll At·I~it::.::l
(1964;
Reprinted,
edited with !;Jn Introduction by
J.::ln V.::lnsin!;J, R;;jymond Mauny,
L.V.
Thom.::ls,
Oxford University Press,
London/Ib;;jd-!ln/Accr;;j.
bl WONDJI,
Christophe,
1981.

(5~
GNAHOft UGEHI,
dikpë ~ lielJ de
: dikpi

(7)
ZUNONGNOeO, Julien : lire
F'':::lI~ i s
)(1 I
791
.j
l.::l 1De 1 igne
lil~e : è.Lèq.:;mts .-:le fOl~nle :i!!::!. lieu 1..~_
élég.::lnts de formes
"
(2)
bl CROSSON, Capitaine de gènie,
membre de l~ mission
Houd.::lille 1900 "L'ethnogr!;Jphie de l;;j eSte
d' Lvo i r-e ? •
Il

1 '700.:;)
F: e n 5 !~I.!j.!:!.~~.m.f~.D t =.'- ';'9..1 0 r:d..;)ul:!. fJ0 5.
~.!..Jf.:2.11ii.,!!.~1t ~
Zl~ Bu l 1eJ~L!:!. ::~.I::I ~_Q_~.Lttg. ~ ~'rl f I~ i !:l1J e [j:~_fJ.G§..i.?-,g_
~jt:t ma i.:.. J:.2.Q.!1.:..
"
1 .; 1) 0 b
Rer!.§.f'" ~.8D.§~.n.).~i.!~.!:.Ë.~ ~;!;.?.lQ_I!..!.ill:!li fi 0 I.~ fuJ.e..eJ é ni ~nt 5
i!.~,,1_ ~IJL!gt~:.r.) ~tlJ Ç_9..!~U. h~. g~_ .~' n{l~i91!.~ FI~.::l_ncaijie
'i~. ~!!l..i:_!:!. J..Y.n Q..

988
.. .a 1~ 6e 1igne 1i l'e : un~? l'es·,;e..blan'~e loint.:::.1ine ~ l ielJ Q~
une ressembl.:::.lnce lointainte
(3)
.~ l a 1 De 1 ign*? 1 i l'e
:
<'1
,::édé et pend en deul'(
fl~-'!l'rlges 2.!:!.
1 i~.!.! de
:
pr'f?n.-::/
Il
);}
l~ 15e et l6e ligne lire
:
comme celles des hommes
.•.
;;)iguës il!:!. lieu, :::te
:
,:.:omnle celle
•... '!ligUes
792
(4)
1900 ~
: 97 ~ lieu de : 1898:97
Il
( 5)
1 i l'e
e.j i ted by .J. F . Aden.j 'J': l
J1.!! l i ell ~
.J.F .H.
de A.i .;:l',.' i
..
(8)
l i r e :
liA 1.:::.1 eSte d'Ivoire:
L-'!l S~ss-'!lndr.:::.l",
Renseignements Coloniaux n06,
, ..
Supplément
-'!lIJ ~ullet:i.D. du l'::omité de l'Afl'ique fl';;)rl(~;;)ise
d' O.:.:tobl'e 1901.
793
(14)
liN~
1900 -'!l
:
96 ~ lieu de :
1897
:96

(19i
,:.:/
1 i l'e
Thèse de OO.:.:i:ol"at S!!:! 1 ieu de
:
Thèse e
DO,:.:tOI';:)t
794
(28)
al
lil'e
:
Colonialisme,
nêo,:.:oloni-'!llisnle et:.
tl'ansition :?!.!d ,~apitalisRle.
E:·'emple . . . .
Congo-
e.I'.:lZZaVllle :'iJ.!d ~iel.J de
:
Capialisllle.,.
Congo-
e·a=zavi Ile
795
(35)
l i r e
Dipkë :?!.!d lieu de
: Dikpe
797
(4)
lire
DOZON,
.Jean-Pierre .~I.J 1 ieu de
.J. L.
798
ê.!"! 1 i ""'Id de
(7)
l i l'e
al TIEROU,
Alphonse:
1977., ..
b/ BiHWf1N
KIF'RE Ednu?
L985.
Mutation des D..9.!ll§' ~fl':i,..~:':;;:'I..illi_.:..
L'e:<emP!.!?.. ~ete 1~ Côte d' I .... o i r-e . Les
Nouvelles Editions Africaines,
Abidjan/Dakar/Lomé.
805
(7)
lire
:
OrBI LASM Abraham ~ lieu de
orer ,
LASM
.~~.
806
(10) 2e aliné.:::.l,
lé ligne,
lire
:
le Mari a
le droit :?!.!d lieu de
:
le mari
~ le droit
..
(14)
1 i l'e
GNOF'RU LIBRE ....u
1 iel.J de
:
GNOF'FW,
L.Ie.RE
•..
(15)
l i l'e
SEfU ZUZ..!.JA §lY. 1 iel.J de
:
SEFU,
ZUZUA
JI
1 i l'e
la guerre étant une forme de chasse ~y
l..i.g.!::!. d~:
l~ guerre èt~nt,
807
C2'O>
..
l i l'e [WU!... V eUm~.RE §lU. 1 ieu de,
:
e~~UL V,
BüUne-FŒ
"
(22)
Li r-e
/(UI<U E'oI:IW., ::!.!::!. lielJ.. de:
I<AKU
(2)
<:./
l i l'e
:
GH l DE KREAH l ,
,Je~n :a!::!. 1j.e..y 1.~ : GUDE
810
(5)
·~I /
Li r e
:
CI-lfll.Jt)EAU,
Je~Ift-F'iel~l'e ;;)IJ liel.J ~1!t
..1 O::':::Irt-F' i e'l'e

989
810
(6)
AIJ lielJ 1!! 1-:;) liste des in'fol'nlateIJI'S dlJ
village de Zebra lire
:
al
DIABATE Hefll'iette.
E,I84
;
Le Sannvi'n,
!dI!.
roy~unle ~kaQ de l~ Côte d'Ivoire
(1701-1901),
Vol.
1
Sources orales et histoire,
Thèse de
Doctor~t d'Et~t ès Lettres et Sciences,
UER
d'Histoire,
Université Paris l,
p.385.
bl
FINLEV,
Moses,
l
: 1981. ES/.::l~vage ;:.lTIti9ue et
idéologie Moderne,
trad.
franc.
de Denise
Fourgous.
Les Editions de Minuit,
Paris,
Ch.2
: 110.
812
3e alinéa
~ la ligne 13 et 14
Corail n Ol et Corail n 02 sans
conver-s aen
818
(50)
lire : Congo-Brazzaville ~ lieu de
Congo-
Baz::aville
82~
(66)
lire
8° 03-n-l0 ~ lieu de : 8003n 10
825
(69)
lire
une trahison du bon Wanda ~ lieu de:
une trahison de bon Wanda
826
(79)
lire
GNOPRU LIBRE alJ lielJ de : GNOPRU LEBRE

(81)
Paï-Pi-Bri ~ lieu de : PAI-PRI-BRI
827
(3)
,.::1
lire
RenseigneMents ~ lieu de
ren5eignf~n'ents
829
( l 0 )
lire : Ecole des Hautes Etudes en Sciences
Sociales
...
Section 4
Cp. 57)
alJ lieu de:
Ecole des Hautes Etudes Sciences Sociales ...
Se'~tion 4
(.57) .
.- (l4)
11"e:
inteq:.l'ète 2Y. ~ de : inte,'pl'ête i
village de 81a,
(Daloa)
au lieu de
(Oaloa)
830
(17)
lire
groupe Gbokr@ (Sassandra),

(18)
lire
831
(25)
lire
(Subre),
le 11 déceMbre 1976
832
(34)
lire
patrilignage
ZuzuaMa au lieu de
Z'JZWaMa
833
(44)
lire : GANBU-BI-A5SALE au lieu de
GBANBU-
BI-A5SALE
lire
"'-
(53)
Korekiprea .~ lieu de : Korekipra
834
(65)
lire
(an,.::ienne Co't'e",,' §!Y 1 iel" de
; Côte

835
(72)
1 i l~e
:
KI.um.J o BADA
§!!! 1 ielJ
Q§'_ ;
KIl/AD.) 0 BABA
et GT,e(:.reblJo :~!:!. .1 ie'J~e
:
GTlepreblolo
..
(74)
1 i l~e
..
<75>
I~I-! 1 DE I<REAI-! 1
ill:!. lieu ge : GUDE
836
(6)
Enh'Jklol.:l :!!~:!. l feu de
;
Emkw.;)
837
(6)
Lire
Vill.:lge de ZEBRA,
Bete-Logbalo~n
<Daloa),
le 1er septembre 1972
1 nf Ol~nl.:lteurs
1.
LORUGNON
LOGBO Léon,
chef de village
2.
YOGBAHI Gaston,
80 ans environ
;
3.
LORUGNON
LOGBO Emile,
72 ans environ
4. BLE ZOKO Francois, 70 ans environ;
5.
DUDU GUELE Louis,
79 ans environ;
6.
ZOKU 0000 Maurice, 79 ans environ ;
Interp.r@te
George Oiemé Tapê.
~ lieu de
; 'lillage de ZEBRA •... page 810
840
(46)
l i r e
:
mainteine<l an ac~ive trade
at
eape Lahou .;}nd other ~ 1 tel" de
and ac t i ve
t r ...de
•••.
an other towns
841
(47)
Traduction communiquée par E.
Terray
842
(56)
lire
BOUSCAYROL 1
R.
:
1949.
"Notes SI.JI~ le
peuple éb\\'ié"
ir. e·ulletin de l' IFAN.
Tome XI
:a!:! 1 i eu de
;
t
:.~ l
845
<77>
l i r e
GONWU BLEGHOH
~ lieu de GRONWU
..
(80)
(Daloa\\ •
e·e.:lf"la
u
(83~
lil~e
;
le pl~emiel~ enfant :!.!:! lief.J de
eT,tl~ant
847
( 5 )
lire
(an..::ieT1lTJe 'Cote .... )
~ lie... de
Côte
850
(4)
l i r e
Le l~iva•.J'€! ••• et: è'\\."'Olution des
villages -~1l1::t.1iÎ.;'u"
:!!:!. lie'I.iI de ': r~vol'.Jtion
de vill-3ges
..
(7)
l i r e
: Editions Safi IPress,
~ .lieu de
Jafi Press
852 à
la preMière ligne lire
:
"Oans le mode "dm.> 1PI'odl-lction :~ lieu
~e Mode f~!:Qi!~:!!'(:t i·o T.
853
<l8)
a/
1 ire ..:... ~'t '!jio:Y..!:.Q.D. ~.!. on)"
au lieu de
and
t'iouton:ll1ld ((:..:» '.
85~
(5)
l i r e
::
llJ.lll'ùli-',"',e1"siit'é de if'..il.l\\rlÎ.'S 'VIII--'V1ÏiJlfcet".nes,
S.::ainoit-·Il:!'eml:B. ;;;;-- IJEiF.(~ 'de lU:Utttêr,!)''ture iFlr-a11u;a i se •
859
(t~ )
l i r e
IKM~lIJi.J.I'O !P.,m.U~j:~ ~ ilù(:Elf!J ,ge:
I!I.~A
..
('r "
~. f .:
l i r e
tEIIMlllk.',lil'il §}'.!.-!!. [1. i(E!iU! !ltlP: IEnrkw.ll)'lD
860
(
)
1"iNi)) 1
117, 130aull :QJii€U
de
1901

862
], j. \\~e
AUGE ..
M.:.J\\~''::
:
1960 au lieu de,
1989
863
( . \\
'1-,
Mf!. l,Hi AHUl
..Jean 1
86 an s
~.!::!. i ieu de
865
.
(12)
9;a ligne
l i r e
:
les Européens ~ lieu de
les
EUI~opèans
866
D~)KF'E NUMA ~ l ie'.1 de
: NOUMA
86i'
<8;.
Subwo
(l)..;)loa)
~ 1 ielJ de
:
Sobwo
Il
(13)
KORE ZIKI
~ lieu ge
ZIGUI
868
..
. -r'
1. .s )
1 ü~e
Buedé OIJ Bwede,
Abude-Mandeke~,.1 1 ie'J
de
:
~.uèdé,
Abude Mi'lndeke
869
(6)
1 i'~e
(1)
869
a/
l i r e
NIANGORAN-BOUAH
a'J lieu de
:
NIAMGORAN -BOUAH
bl
l i r e :
des classes d'~ge ~ lieu de
c Las ae s d' ~ges
,~/
l i r e
AUGE M.
~ lieu de
:
AUGER
d/
l i r e
VEROEAUX,
F., au lieu ge : VEROEAUX,
870
(l1)
1 i '~e
D~iKF'E NUMA al:!. 1 ielJ de
:
DAKf,E
I l
( 13)
li\\~e
quar-r t er- ':;bl")ng'~o-f~b;:.)t;:l ;::'lu" .!ielJ de
Gbon'Jbi~o-·Gbot.::l
Il
US)
871
<1.9)
l i "e
872
(35)
li,~e
GANe.U--I?I-~iS.SI·iLE
!'JIJ .!.i.~!:!. ge
GNANBU-
BI-ASSALE
(3)
873
bl
l i r e :
Essais sur
l'histoire
...
en Occident
au lieu de
:
en occident
('":'\\
~
l i r e ..:.. innonlbl~ables
~ lie.... de
inr.onbl~.::Ibles
879
(,;,11 i nea
2)
lire
880
(6)
:381
02)
1 ire
NUWF'rt
l(r';~AGNON ':;'ll_~ li..~.~.J. 9..~
NIAKF'A,
KRAGNON
..
(2:-: )

992
883
(38)
l i r e :
MOI.Jton et Cie,
E,.:ole F'r'atique ..
§l!d.
li~ de
: Mouton et Cie ~nd
"
(46)
1 i r'e
nl~tr' i '':1.1 1 e 42278 !!!.Y. 1 i el.J de
nO
884
(53)
l i r'e
l nter'pd~te ~ lli.!:!. 9.!.
l nter'pr'@te
e86
(9)
8e ligne
l i I"'e
on ëpr-ouve !!!.!:! lieu df;l
on êpouve
e89
(1)
b/
l il"'e
.Jewsiewit.:ki ~ lieu de : .Jews iewiek i
"
(2)
b/
lil"'e
Sources or~les et histoil"'e ~u lie..!:!, de
:
histoil"'es
892
(4)
..
<7:'
lire
Bi Tige'"' !!!:! ~ de
: BERGER
Il
(16)
lire
SALVERTE-MARMIER !!!.!:! liel.J de
:
MARMIER
893
(1)
b/
lire
in SCHWARZ !!!.!:! ~ 9.!. : SCHWART
896
Se,.:ti on II
lire
l"'el;;)tioTI d'iTlég.3litê so,.:iale ~ lieu
de
;
relation d'une
inêg~lité sociale
lir'e
: huit 5o,.:iêtés lign-!lgèl"'es-ténloiTis 2Y.
lieu dE-! f.!.ft!::,f so,.:iétês-ten,oiTIS.
905
~ l~ ligne 1.2.1
ll.l"'e
Le s
llloti·.'~tioTis .:ll:! lieu_ :1~ : Les
mot i v i;;:tt i o ns
909 Chapit~e VII
l i r e
:
L<?s e:<p loi. tés a 1::.':; 0 lus ~ .1 i e~J. ~tft
Les e:<ploité;;;
913 ~ l~ ligne 2.3
lil"'e
:
L'inlnlo1ation ostent.;)toil"'e Sl.!::!. lje!::l. g.~
:
':Jsta·tt:~T1toi l"'e
916
Chapitre XII
lipe:
-iBns
to:)l.Jt.?
l~ siJt::iétê
(1('... .::.1,ji,::l:·
2.~d.
l if~'.J de
;
(K'...'.=.ldi::l et Eoti l è~
917
3. a/
lire
les négo,.::ii:lTlts ,.:onlpl"'adol"'es :'a!d .1ielJ ~
:
nêgoci;;:tnts,
~onlpradores,
3.
b./
l i Pli?
1ll·~:lI'IO~?'..I·.ll"'€>S (:lu ,.::onlnlel"',.::e
;
9\\o/qD.::t:~:)
1. i ': e
_ L 'ft S ~lf.!..i.f...!·..:~::'i~.:~.J.Q.D. Q~~. L~l '.::!:9..L2~!.:.:~.r).:;g. g.~~.
!~ es,~ 1..i1.Y..:T:!:J~~'~. :'i:!.~:!. ~(;J~~;g., §J....§.~;1."t ~:!.!::!. L!.~.~:~. ':!.~.
1.:::l
sLqnific~tl0n
~e croi558nce
5E~::t.:-:ion
l
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l i r e :
l'0ssor économique et soci~l
1.::.1
production et
l~ tr~n5forM;;:ttion de l'or
Il
l i r e
:
Les conséquences économiques et
sO~~1.31es

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