UNIVERSITE NATIONALE DE CÔTE D'IVOIRE
FACULTE DES LETTRES ET
SCIENCES HUMAINES
INSTITUT DE GEOGRAPHIE TROPICALE
N° d ordre
..
THESE DE
TROISIEME CYCLE
ACTIVITES ECONOMIQUES
ET STRUCTURATION DE L'ESPACE
DANS LES SOUS-PREFECTURES
D'ABOISSa ET D'ADIAKE
Par
ESSAN
KODIA
Valentin
Sous la direction du Professeur
D. HAUHOUOT
ASSEYPO
Juin 1986

UNIVERSITE NATIONALE DE CÔTE 0 'IVOIRE
FACULTE DES LETTRES ET
SCIENCES HUMAINl:S
INSTITUT DE GEOGRAPHIE TROPICALE
!\\JO d ordre .....t~.....
THE5E DE TROl51EME CYCLE
ACTIVITES ECONOMIQUES
ET STRUCTURATION DE L'ESPACE
DANS LES SOUS-PREFECTURES
D'ABOISSO ET D'ADIAI<E
Par
ESSAN
KODIA
Valentin
Sous la direction du Professeur
D.
HAUHOUOT
ASSeVPO
THE5E
soutenue le
2B Juin 1986 devant le Jury d'examon
M.
HAUHOUOT
Assoypo
Professeur
M.
DIARRA
Souleymano
(Faculté
du Le11ru.
et Science.
Maitre
do conféroncos
Humaines
d'ABIDJAN)
M.
J. C.
FILLERON
Maitre
do conférences
M.
Serge
CALABRE
( faculttÎ
des
SCi811ClIS
Economiques
Professeur
d'ABIDJAN)

A la m~moire de mon p~re
A tous mes parents
A Jean-Fabrice et Sandrine

.4 FANT
PF:OPOS
L'espace giographique est un espace produit.
Il est
le risultat de diffirents processus parmi lesquels l'iconomie
occHpe un e p lac e pl'ipon d{ran te.
De tous les temps et sous toutes les latitudes, c'est
en luttant pour satisfaire ses besoins d'ordre iconomique que
l'Homme a imprimi de mani~re Za plus significative son espace.
Cette th~se a pour objectif de montrer d travers le
cas du Sanwi,
la place des m~canismes iconomiques dans l'organi-
sation de l'espace.
Elle n'a pas pour ambition de r4soudre tous
les probl~mes giographiques du diveloppement rigional mais
d'analyser l?s riactions et l'ivolution de l'espace ethno-
culturel agni au contact de l'iconomie de march4 et de relever
Zes forces et Zes faiblesses actuelZes de la structure rigionale.
Noua remercions tr~s sinc~rement, le Professeur
HAUHOUOT Asseypo qui nous a proposé le thème de cette étude et
qui en a assuré la direction.
Nous
lui sommes redevable pour
l'int4rêt tl"ès pûrticulier qu 'i l a porti (~ nos tj'avaux,
d notre
personne et pour tout le soutien qu'il nous a apporté dans
l'aboutissement de cette thèse.
Qu'il trouve ici l'expression
de toute notre gratitude.
Nous sommes Y'econ na':ssa ri t
en vers tous les ens eignan ts
de l'Institut de Giographie Tropicale
(I.G.T.)
en particulier
- K.
Abdoulaye SAWADOGO qui nous a fait b4néficier de sa longue
expérience des probZ~mes de d~veloppement agricole en C6te
d'Ivoil'e

- MM.
J.C.
FILLERON, ?EAM-DINH-THIEU,
KOLI-EI Zueli qui ne
nous ont pas ménagé leur temps et leurs conseils chaque fois
que nous les avons sollicités
Nous associons à cette reconnaissance nos amis :
- Jean TAPE EIDI,
KRA Yao notre compagnon des m~ments difficiles
pour leurs encouragements.
- N'GOTTA N'Guessan pour sa collaboration et l'aide appréciable
qu'il nous a appol,tée dans
la relecture de notre texte.
Nous ne saurions oublier notre cousin KOCOGNI WOGNIN
Alphonse,
Directeur des Etudes à l'INA pour sa disponibilité.
Rous remercions toutes les autorités politiques et
administratives du département d'Aboisso,
tous les chefs de
villages et leurs notables et la sympathique et accueillante
populaticn, des Sous-Préfectu2·es d'Aboisso et d'Adiaké,
qui nous
ont facilité notre séjour et notre travail sur le terrain.
Rous pensons particuli~rement à nos amis qui, d'Assinie
cl Ncuamou,
de Ma;fér~ à Krindjabo nous ont tenu compagn~e et
nous ont bénévolement aidé dans la collecte des données.
Nos remerciements vont également aux responsables de
tous Zes services techniques qui nous ont fourni
les informations
nécessaires à la réalisation de cette ~tude en particulier :
-
à
la Direction de la PALMIN~USTRIE à Abidjan
au Directeur du compZexe agro-industriel d'Ehania et à ses
collaborateurs
-
à la Direction Générale de
la SODEPALM et aux responsables du
secteur SODEPALM d'Aboisso
à
la Direction Générale de
Za 5ATMACI à Abidjan et au chef
de zone d'Aboisso

- au chef du centre des pt"ches â 'Adic.ké et à ses coZlaborateul's
-
à la Mairie d'Aboisso
- aux services de la documentation du Minist~re de l'Agriculture,
du Plan,
de
la Chcmbre d'Agriculture.
Nous devons beaucoup à Mme YOHOU Elisabeth pour la
mise en pages de ce dccumant.
No~s lui t~moignons~toute notre
1'e con nais san ce.
Nous remercions le service cartcgraphique de l'Institut
de Géographie Tropicale en particulier KANGA Georges et SANOGO
Soungalo pour leur aide.
Nous ne saurions oublier tous nos parents pour leur
soutien matériel et m01'al,
Honorine pour les sacrifices de tous
genres qu'elle a consentis pour nous.
Merci enfin à tous ceux dent la liste est longue
qui d'une manière ou d'une Qut1'e nov.s ont appol,té leur cô'fiJ!é·iàs
dans
la réalisation de cette thèse.

S 0 1·; ri A IRE
Pages
INTRODUCTION
1. - ERODLEL1AT l QUlLHYPOTHESES DÉ TR:2XAll:.. . . . . . . . . .
2
II.- t-ŒTHODOLOGIE DE RECHERCHE ET D'A:':ALYSE. . . . . . •
11
FRHlI ERE PART lE
LES ELDlENTS COi\\STITUTIFS DU C.\\DRE SPATIAL
CHAPITRE l
: LES nc.'\\l\\EES DU ~lILIEU NATUREL................
30
A.
- UN CLD1AT ET DES SOLS FAVÜ~ES . . . . . . . . . . • . . . . •
30
(, ";.. ' c ,.1 ' .• ~:. ,: ".;'.t,
• ""Ir .. -
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B.
- UN Dm1AINE FORESTIER-1'I,E~ DRAI,l~i':' " .•...•.....
41
1 )
C {-\\ r,/l [ ,
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CHAPITRE II
: UN r,lIL EU :mMAÙ,f:.è SHOPOL
- . . • . • . . . • . . . • • •
53
A.
-
LES GROUPES
53
B.
- REPARTIT]ON ET CO~POSITION
DE LA POPULATION •••••
94
CHA~~IRE III : LES D9~~E~S ECONO~IQUES DE L'ESPACE ..••.••.
124
B.
- LA PECHE: UNE SOURCE DE REVENUS SUBSTA\\TIELS ..•
137
C.
- LES AUTRES ACTIVITES . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . • • • . •
145
LES DO~\\EES DE STRUCTURE DE L'ESPACE.

CHA PIT REl
: LES VOl ES fl E CCi;>1; rJ NIC AT ION ET LES 1\\0 EUDS. . . . . .
1 6 0
A.
-
LES VOIES DE CO~~UNICATION
160
B.
-
LES NOEUDS : pOn~T DE DEPART ET DE LA STRUCTURATION
- - - - -
-
DE L~ SPA CE. . . . . . . . . . . • . . . • . • . . . . . . . . . • . . . . . . . . • . _ 1 Î 1
CHAPITRE I I :
LES CHf\\MPS
204
A.
- LES FACTEURS CONS1 ITUANT L~S CHAMPS..............
204
B.
-
LES MOYENS DE DEPLACEMENT INFLUENCE LA TAILLE
DES CHl\\;.,lPS....... . . • . . . . . • . • . . . • . • . . . . . . . . . . • . • •.
226
TROISIEME PARTIE
LA DYXM1InUE ECONOMIQUE REG IONALE
~----~
- - -
- - - - - - -
CHAPITRE l
LES l\\ŒCAN l SI·IES DE FONeT IONNE>1ENT DE L' ECONmlIE
REGIONALE.....................................
240
A.
-
LES }vIECANI91ES DE PRQDUCTIOl\\ . . . . . . . . . . . • . . . . . • • •
240
B.
- MECAl\\IS!l1ES DE COMj\\lERCIALISATION ET HODE DE
-
-~-
, - - - - - - - - - - - - " _ . _ - - - -
BETRIBYTION ET D'UTILISATION DES REVENUS
287
CHAPITfE II
: LES INTERi\\CTIONS ECO~Wj\\lIQUES ET LES EFFETS IND1!JTS.
315
A.
-
L'ESSOR DES CULTURES D'EXPORTATION ET L'EVOLUTION
---~-------
ru REGIME FONCIER AGNI.
315
B.
-
CO;-..; SEQUENCES DEM0.-0RAJ'H IQU1S ET SO~)O - EC0l'0)\\l1QUE~
DU DEVELOPPH1EJ\\T ECONO:llI QUE. . . . . • . • . . • . . • • . . • • .•
320

C.
- LES PROBLEMES POSES A L' ECO\\O~·l lE REG 1ONAL E.. . . . . . ..
339
D.
-
PERSPECT IVES D' A"Œ\\AGD1ENT ET DE DEVELOPPEl\\1ENT
REG}~NAL .. ' . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . • • . ..
346
LE CAS DU SANWI, LES DONNEES DE L'OBSERVATION
EMPIRI~UE ET CELLES DE LA THEORIE_~PArIALE.
CHAPITRE l
: QUELQUES GRA!\\DS REPERES DE LA PE~\\SEE REGIONALE.
363
A.
-
L'APPROCHE REG IONALE EST ~,L~RQUEE PAR
DJ~UX ÇRANDS
COURANTS • . • . . . . . • . . . . . . . • . • . • . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . .
363
B. - QU'EST-CE-QU'UNE RE~ION ? QUELLE EST LA POSITION DU
SANWI PAR RAPPORT AUX GR.A.?~DS TYPES DE REGIONS?
368
CHAPITRE II
: LE CAS DU SANWI ET LES ENSEIG~EMENTS TIRES DES
- - - - - - _ . _ - - - - - - - - - - - -
MODELE§ DE L'EC000MIE.SPATIALE
374
A.
- RAPPELET C~ITIQllE DJ?_§~A}.:..I..ABLES-ÇLE.PE_S l'·jODEJ.:.-ES
2~L'ECO~OHIE_SP~TIALE ..• .......•.•.............•.
374
B.
- APPLICABILITE DES ENSEIGNEMENTS TIRES DE LA THEORIE
---_.._ - - - - - - - - - _ .__.
.
----~---------------_._---_
.?l\\~T IO:EÇÇNOM J Q~E-~_~L STRUCTUF-E REG IO~:~J::J=: DU S.D.,NWI. 383
C. - PROCES DU DEVELOFPE~ENT
REGIO~AL.
. .. .. .. . .. .. , .. .. .. . .. .. .. ..
393

CO~CLUSION GENErALE.............. . . . . . . . . . . . . . . .
406
PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . •
411
BIBLIOGRAPHIE. . . . . . . . . . • . . . • . . . . . . . • . . • . . • . . . . . . . . . . . . . .•
433
ANNEXES
449
TA BLE DES MATI ERr: S . . . . • . . . . . . . • . • . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . •
471

Fig. 1
CARTE DE SITUATION
- . .
....."'''

_'A .-


- .
.-
....:...
-.-...
.- ....,
......
-
.....

• •
- .

.......
1'!'Ji~ Zone étudiée \\
. - - - - O~;AII
"'&""',QII'
...
.._..... limite d'Etat
limite de Département
r-·-·-fl
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limite de Sous- Prefecture
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1
o
Bondoukou
MIIlékouj<,k'.,O,.::._"",,===_ _- , _ ,
OCEAN ATLANT/OUE
_
o
10km

-
2 -
Les mutations qui affectent l'oe:koumène, sont les
traits marquants de l'humanité. Depuis le Néolithique, l'Homme
dans son effort de production, de co~sommation et d'échange,
est intervenu, d&TIS les différents milieux écologiques. Il les
a organisés suivant ses capacités, sa culture et les techniques
dont il dispose pour en tirer le meilleur parti.
La lutte contre la rareté et la recherche du bien-
être est un processus où ~ nt impliqués aussi bien les pays
avancés que cel'X du Tiers-Monde. Cependant, à la différence
des Etats évolués qui vivent actuellement l'ère post-
in cl u s t i e Il e, 1 a pl u par t de spa y s du Ti ers - 1'1 0 Il d e se ca ra c té r i -
sent par la pr6pondérance de leur agriculture.
Certes, l'essor industriel n'est pas inconnu des
nations en développement.
Il s' cTilplifie même dep:Jis ces der-
nières décennies mais l'agriculture continue de jouer un rôle
de premier plan. En Côte d'I~oire par exemple, c'est plus des
3/4 de la population qui y tirent ses ressources.
La Côte d'Ivoire a :fait du secte·,.lT primaire, la
base de la pro~otion de son développement en raison de la
faiblesse de sa richesse en ressources minér~les.
L'agriculture devait par son èYJ'amisme, contribuer
à l'amélioration du niveau de vie des masses paysannes, déga-
ger des capitaux pour les investissements et fournir enfin,
les bases de l'industrialisation.
L'économie agricole spéculative, n'est somme toute
que très récente. Elle est même exogène. Issue de l'introduc-

-
3 -
tion du café et du cecao vers la fin du 19è siècle par les
puissances colonisatrices, elle n'a pris de l'ampleur qu'après
la deuxième guerre mondiale et surtout, après 1960.
De toutes les régions de la Côte d'Ivoire, le Sud-
Est par sa~ituation géographique,
notamment sa position
dans le proche hinterland du Port d'Abidjan, occupe une place
de choix dans le développement agricole.
Il s'agit en effet d'une reglon depuis longtemps
soumise à différentes initiatives de développement ; de telle
sorte que les transforœat5~ns qui s'y déroulent sont des plus
préoccupantes. Les Sous-Préfectures d'Aboisso et d'Adiaké en
donnent quelques traits caractéristiques.
Situres à l'extrême Sud-Est de la Côte d'Ivoire et
faisant frontière avec la République du Ghana, les Sous-Fré-
fectures d'hboisso et d'Adiaké couvrent au total plus de
5000 Km 2 •
Aire d'extens50n de la forêt dense simpervirente
et du climat équatorial de type attiéen, caractérisé par deux
saisons pluvieuses et deux saisons s~ches de durée et d'inten-
sité inégales, la région étudiée a été et leste le théâtre de
diffusion de nombreuses spéculations agricoles.
Les sols gfnéralement de qualité médiocre (sables
quaternaires, sols ferrallitiques fortement désaturés) ne cons-
tituent pourtant pas une contrainte majeure au dé\\eloppement
de l'agriculture de rente. Le caféier et le cacaoyer ont été
les premiers à y trouver leurs reSSOiJTCes.
Les populations
autochtones
(Agni et lagunaires)
originaires du Ghana et installées entre le 16è et le 18è

- 4 -
si èc1es
von t
à par tir cl e J. eu r \\" j lIa g e 0 rj g :i n e l e t pro fit ri n t
des pistes ouvertes dans la sylve par les exploitants fores-
tiers, essaimer l'espace d'une multitude de campements de
culture. Dès
lors, le caféier et le cacacyer deviennent les
éléments primordiaux d'appropriation individuelle, de mise
en valeur à grande €chelle
des terres et aussi, source de
revenu monétaire pour les paysans.
Ava],t l'introduction du système économique de marché,
les grouf3s humains en présence, \\'ivaient essentiellement de
la cueillette, de la chasse et surtout de la pêche qui aujourd'-
hui encore est une activité d'appoint.
Ils ne cultivaient que quelques vivriers pour
l'autoconsommation. La pratique en vigueur était la culture
itinérante sur brûlis avec de longues jâchères arbustives.
La cellule de production reposait uniquement sur la famille
d'autant plus que les surfaces cultivées étaient très réduites.
Les terres de culture étaient la propriété collec-
tive de la famille ou de ]a tribu. Tout exploitant n'avait
que l'usufruit. Il n'avait ni le droit d'aliéner ni de ven-
dre sa prrcelle. Celle-ci n'était transmise que par héritage.
Aux lendemains de l'Inè'~pendance, le caféier et le
cacaoyer représentaient plus des 2/3 des recettes d' exporta-
tion de la Côte d'Ivoire. Or, depuis 1960 les cours des
matières premières tropicales subissaient d'incessantes
fluctuations sur le marché international. L'économie ivoirien-
ne risquait de s'effondrer dans l'éventualité d'une chute
brutale du prix de ces deux produits. Aussi conscience a été
prise de la nécessité de diversifier les cultures.

- 5 -
On est pas~é alors de Ja monoculture extensive du
café et du cacao, dort les acteurs sont en ~ajorité les
petits planteurs, à de nouvelles spéculations agricoles
telles que le palmier à huile, le cocotier, l'ananas, la
banane, l'hévea ...
Le changement dans le domaine agricole, c'est l'in-
tensification, l'utilisation de plus en plus poussée des
techniques avancées et surtout de couplage agriculture-indus-
trie, soutenu par l'action de diverses sociétés de développe-
ment: PALMINDUSTRIE, SODEPALM, SALCI, SODEFEL, etc ...
Cet élan est marqué dans le Sud-Est ivoirien par la
réalisation de plusieurs complexes agro-jndustriels dont trois
des plus importants dans l'espace étudié. Ce sont d'une part,
les complexes agro-industriels de palmier de Toumanguié et
d'Ehania, d'autre part, le complexe de cocotier d'Assinie.
On assiste aussi à l'intrusion ~assive de la bour-
geoIsIe urbaine, singulièrement des cadres dans l'univers
rural, la terre étant devenue un moyen de fructification des
revenus.
Le passage de l' agricul ture tradiLonnelle,_ archaïque à
une agriculture scientifique et hautement spéculative, o~ sont
injectés d'énormes moyens l~tériels et financiers, pose bien
des problèmes :
- problème d'abord d'ajustement des comportements
et d'adaptation du mon(~e paysan analphabète dans son ensemble,
aux nouvelles exigences techniques et agronomiq1..es de produc-
tion ;

- 6 -
- prc~]ème de l'hétérogénéité des vitesses dans
les processus d'appropriation et de mise en valeur de l'es-
pace et de la tendance à la surimposition des initiatives
capitalistes a~x actions familiales.
En effet, les groupes capitalistes~ détenteurs
de pouvoir politique et économique, mobilisent en très peu de
te;'1ps de vastes étendues de terres qu'ils exploitent de façon
industrielle. Cette appropriation capitaliste
gèle le
foncier et bloque par conséquent le secteur traditionnel qui
pour son maintien, a besoin continuellement de nouvelles
terres de cul~ure.
Consommatrice d'e~Jace, l'activité agro-exportatrice
est aussi grande utilisatrice de m~in-d'oeuvre. De par ses
immenses besoins en force de travail,
l'éconoIT~e agricole a
attiré une foule de travailleurs, généralement Burkinabè
et maliens.
Ces travailleurs étrangers, suppléent au déficit de
bras dans la campagne da à la faiblesse des Jensités démogra-
phiq;les et surtout à la généralisation de la scoladsation et
à l'exode croissant des 8e11 tes autochtones '-ers les villes.
Cette immigration massive de tr~vailleurs a pour
c~nséquence une forte croissance de la population rurale de
prÈ:s de 7 % par an et l,ne ;'e12tive densification de l'espace.
la densité rUTale atteint 25 à 30 habitants au Km 2
contre moins de 10 en 1955. Sur la même r~riode,
le nombre
de villages pzsse d'environ 93 à plus de 140 ct la taille
moyenne de 280 à SOO Jlabitants.

- 7 -
D'un es~'.ce ethna-culturel homogène, fcndé sur son
appartenance à une mfme aire culturelle Akan, caract€risé
par
son centralisme et son ethnocentrisme, on en arrive au bras-
5 age
e t lm i que. C':j men t rÉa gis 5 en t 1 e seo JTi JT;un a u tés lac ale s
jalouses de leurs va:-ours traditionnelles, mais a,ui intègrent
de force, de plus ~n plus d'éléments allog~ncs et étrangers?
On ne Deut étudier les activités agro-exportatrices,
sans réfé;ence aux systèmes et structures de collectes, de
stockage et de commercialisation des produits, ainsi qu'à
l'anT:atllre urbaine qui joue le rôle ,'u commutateur du système
(conomique spatial. En effet il n'existe pas de cloisons
entre eSJ3ce rurGl et espace urbain du fait que la ville
émane de la campagne et la nolarise.
Les rap~)orts villes-campagnes sont mUltifles. La
ville exerce sa tutelle com~frciale et administrative sur le
milieu rural environnant. Elle est aussi le principal centre
d'informé. tian et offre une gamme variée de services aux ru-
raux qui ]a ravitaillent à leur tour en ViVl'CS ct y injectent
une part importnnte de leurs revenus.
Le processus ~e transfert Ces revenus et les hommes
du milieu rural dans les centres urbains sont les D;l;teurs de
la dynamique urbaine. Les principales viUes .",boisso 8t Adiaké
progressent au taux de 4
6 ' et représentent pr~s de 16 %
de la population totale.
Les revenus tirés des é.ctivités écoJ1omL,.:es - plus de
100.000 F par actifs - sont parmi les plus éJevés du .Jays.
Ils
ont permis aux popu]aUons de la régj<)n, 'lout COjOime à celles de
la Basse Côte en général d'améliorer leur c~dre et leur niveau
de vie, et d'investir dans d'autres secteurs d'a,:ti\\-ités,
outre l'habitat urbain, le transport et le CO@Derce.

-
8 -
Les effets cL:ulatifs et induits de la croissance
éconOJ;dque :cont au CC·(,llY des transformations et de la complexi-
fication
de l'espace. Un tel espace exige pour son fonction-
n eHi en t, un 0 p t i In1.1ID d' é qui pen e~j t set d' in f ras t ru c t 1.1 r e d' ace 0 ID -
pagnement du dévelolpement. Cepend2nt, les pouvoirs publics
'le peuvent satisfaire à tous ces besoins dans les proportions
souhaitées.
En ce qui co~cerne la majorité des villages, le
problème d'adduction d'eau, d'électricité, de construction
d'écoles, de centres de santé, d'aires de marc;1é, équipements
indispensab~es à leur promotion reste posé.
Distorsions entre niveau de croissance et seuil
d'équipement et on évolue vers 1.:11 espace bloqué q,-,i pour son
eXf2nsion est obligé de ne compter 3vant tout que sur ses
forces .' lternes. Les populations locales poürraient-elles
assumer cette responsabilité?
Sur le l'Jan écologique, l'emprise des activités
agro-exportatrices a rrofond€ment
entamé le sassif forestier
jadis en équilibre.
Ce illasslf a cedé la place à de nouveaux paysages
imprimés par de vaste ~tendues d: cultu:es industrielles. Il
s'agit pour la plupart, de paysages monospécifiques où domi-
nent l'ordre et la géomCtrie.
Il ré suIte de c (' t te exp (3 n s ion des cul tu r es cl e r e:1 te ,
un "ombre consiGérable de problèmes dont les plus cruci:lux
sont la pénurie de terres et la b2.isse,Je la production :1limen-
laire, la pénurje de,.';in-d'oeuvTe et les r,utations du droit
foncier.

-
9 -
Sous l'infJuer'ce de l'économie moaét2ire, les pay-
sans consacrent de moins en noins de temps et d'espace aux
cultures vivrières qui rentrc-nt également dans les circuits
de commercialisation. L'équilibre Homme-Aliment est rompu
dans les camp&gnes d'où reCC0rs aux marchés urbains pour la
s:ltisfaction d'une partie des 1,e50ins.
La disponibilité en main-d'oeuvre s'est considéra-
blemEnt réduit sous la tension de 1'rS50r économique. Cette
main-d'oeuvre de plus en plus r2re est devenue très exigeante.
Encore pJus,son ~nstabilité bouleverse les mécanismes de pro-
duction dans lesquels elle est un facteur essentiel.
Le foncier a subi a~'si de profondes mutations. La
terre, prGpriété collective et inaliénable dans le régime
couttj;,.icr est deveLue un capital, un élément de spéculation
source de nombreux litigES.
Le reglme ~uccessoral en vigueur stipule qu'à la
mort de tout individu, ses biens meubles et immeubles revien-
nent à son matrilignage. Les enfants du clefunt sont dépossé-
dés de tous les avoirs ~~ leur père et devant cet état de
fait, ont tenl.~3::-JCe à révendiquer au nem de la légitimité des
tc,,;ps r'odernes leur part d'hérit:ge.
Conflit aussi entre autocLtünes et immigrés, provo-
qués par le non respect des clauses coutumières; soit que
ces derniers vrndent les tErres sur lesquelles il n'ont que
1 e cl roi t d' u s CI ~ e, 50 i t :J,U ' ils r e fus en t d e ver sel' les r e cl e van -
ces annuel~es, prétext2nt que la terre n'appartient qu'à celui
qui la cultive, ou qu'ils E~riètent sur le domaine de leur
hôte.

10 -
Une série de teDsior s O,Ul irr;pl iquc:nt des processus
d'arbitrage souvent difficiles à trouver d'a tarit plus que
chaque parti interprête en sa f~~eur les dispositions légales
ou coutumières.
Les contraintes d'am~nageGent d'un espace aussi
chargé sur le plan économique, d'un esrace grevé par des droits
très vivaces sont évidentes. Le tracé d'une route, l'ouverture
de nouveaux lotissements tant urbains que villageois engendrent
des remous à propos des destructions ~e plantations et posent
l'épineux problème des indemnisEtions.
Eu égard à ce q.:i précède le présent travail entend
.,border 4 points essentiels qui rassC'r:lblent les principaux
problèmes précédemment évoqués.
Pl' ef:li è rcmen t
Troisièr~(ent
L'organjs8tion de l'~space et le
fonctionnement de l'économie r(gio-
n.?Je.
Le c~s de l'extrême Sud-Est Ivoirien
et quelques grandes théories de
l'espace g6ographique.

- n -
II.
- };ETH0I10LOGIE DE RECl'Er~CHE
ET j)' A~;j-~LYSE
Le JéveJopP,"n;ent éconor;1jc le procèc"e p&r création,
substitution, {quilibre et c}eséL;uilibre. L'Lomne est au cEntre
de toutes ces trônsfon:13tions.
Les n:utations induites des acU1,'ités €conorniques
sont no~breuses. ~l y en a de directerent visibles dans l'es-
pace; d'autres au cC'ltraire, sont difficilement perceptibles.
L'observation de toutes ces transformations, inplique le
choix de séthodes variées. Le point de départ de cette démar-
che réside dans l'élaboration d'un
canevas théorique, c'est-
à-dire, d'un ensemble de concepts ~ui sous-tendent la réfle-
xion et suiyantes( ,Jels s'of,ère l'analyse (1 es faits ct pro-
cessus identifiables sur le terrain.
A -
POSITION THEORIQUE ET J,~ETHODOLO(IQUE
rE P}~IJ\\'CF)E
__
_ . _ - - - - - - , -
--~_.,._.
....,---_.--------_._---- --~---_._---.--------
La position théorique de l'~nalyse repose sur trois
concepts opératoires que l'on peut admettre comme axiome de
nC,le dé' arche. Ce sent ]cs CO]H.. ,~ptS de diffusionàcs innova-
t~ons, d'interaction et de tr3Dsforrnation.
Les activit{s ~ccnom~ques spéculatives sont
perçu('s COFce v;:;iables nOLlv'::l~es, introduites dans des struc-
tures antérieures 3utarciques, ct qui les perturbent et les
tnmsforillent.
CeSi]))"lO\\2t:ions se d5f{usent lhns le temps et dans
l'espace par l'intcru6diaire de différents canaux de propaga-
tion que sont les sc:istés l~e dévelc:,pe:nent, sociétés de Fiodèle

-
12 -
qui cntraJ;lent dans leur sillage, des individus et des gl"OU-
peso
La vitesse suivant LlC!uelle l' i,novation se prop2.ge
dans le temps et d1ns l'espace est fonction de5 caractéristi-
ques de celle-ci (souplesse, siJ"npJicité teclmiq'le et transmis-
sibilité) et surtout, de la r~ceptivjté du milieu d'accueil.
Le milieu ne réagit pas toujours de façon positive
compte tenu des barrièles culturelles, ~es phén8mènes d'opa-
cité qui bloquent ou ralentissent les mécanismes de diffusion
de l'information.
Dans Je C2S de l'éconoT!iie 8gricole spéc.l1ative, on
est passé du refus cat(gorique des populations locales, de
l'oi1prcssion et la coercition pen,:ant 12 p}18se introd;Jctive
(phase coloniale) ~ l'ouverture puis ~ l'adep' ion ~es inno-
vations grâce à l'effet de dé@onstration.
2. - Les Processus d'interaction
A partir du moment o~ l'innovltion est 3dcJtée, les
indivièus agissent Cl véritables acteurs éc(,nomicFles, n,us
par Ja 1'ec1)e1'che du numéraire et du bien-être. =1 y a alors
cl é c c JJ :"- g e et 1 e s In é C 2 n i s JT e s cl e p' 0 dII C t i 011 s' (': TI, pli fie nt.
Les ;lol;;rrles sont des pToduct,~urs et ont pour capital
la terre dont la localisation est donnée et 2lTiTluable. Seuls
la décision et le comporte~ent des acteurs économiques expli-
quent son utilisation et sa configuration.
Les individus sont des producteurs 82is &ussi Jes
conscrrmateurs.
Ils (changent le~r production avec l'ext€rieur

-
13 -
selo~ la loi au Earch6 (loi de l'offre et de la demande).
Cet échange procure des reyenus monétaires qui leur facili-
tent l'accès au marché des biens de consommation.
L'~ltilisation des l'eyenUS est elle-même fonction de
leur importance quantitative, du d~gré de culture et d'infor-
mation des acteurs et ~e leurs aspirations individuelles et
colJ~ctives.
Les rn6canis~es de production, de consommation et
d'échange créent un chaQpde force économique, parcouru par
des flux de toute nature qui assurent le
fonctionnement
et la dynamique de l'espace.
J .
Processus de transformation
Le jeu combiné des flux
(mati~re, information, homme,
services, capitaux) d'intensité et de direction variables a
~n effet d'entra!nccent sur l'espace q~i,au fur et ~ mesure
que s'exercent les processus cun\\ulatifs, se co'ylexifie.
On passe alors d'un milieu cpâq17e à un espace com-
plexe ou en voie de complexificat~on avec la mise en place
de réseaux efficaces de transport et de con~unication, d'un
~nsemble d'équip~ments collectifs et individuels assurant Je
bien-être des indivi~us.
La uéthodolcgie opérationnelle d'im"stigation com-
porte tL is gr~i11ds volets
- la recherche bibliographique et documentaire
- mét}10dologie d'enquête de terrain
- méthodologie de traitement des informations.

-
14 .-
1.
- ;~, n 2 J \\' S e b j b 1 i 1) ç~ nl1,1,j 0 '-1
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~
~.
_ .
• J
- - - . - - . - -
La recht=orche bibl~·ogrLiphiq'le a consisté d'une part
en la lecture d'un ensemble d'ouvrages de méthodologie et
d'analyse géographique, ~u d€pouillement
des publications et
de thèses allant dans le sens de nos préoccupations.
D'autre part,
il a été proc€dé
à l'inventaire, au
classement et à l'analyse des écrits sur le Sud-Est ivoirien
et sjngulièrerd~nt sur l'éxtr0Ele Sud-Est, cadre géographique
d'étude.
Les recherches o~t 6té orientées vers les Archives
l\\ationales, le },jinistère du Plan, la Direction du Développe-
ment Régional,
l'O.N.P.R.
(Office National de Promotion
Rurale), le B.C.E.T.
(Bureau Central des Etudes Techniques),
le B.E.T.P.A.
(Bureau d'Etudes Techni~ues des Projets Agri-
col es), 1 e sC], a TI: b re s d'.~ L l' i c u J tu r e e t
d' l n dLI S t lie, 1a D ire c -
tion cl s Statistiques et des Enquêtes Rurales au Ministère
je l '/'<:.ricult1.1TC et enfin \\'ers les diffé entes soci5tés de
développemc't intervenant dG~s le :~ud-Est.
J2
(.10Cl.1j~'en:"2tion est ;<Jondante car le Sud-Est a fait
l'objet depuis la p(riode pr~coloniale de différentes études
et rcchercfH:s,u5si bien lJ:is'Loriques, 2nthropologiques que
socio- ~conor;·liques. Ce;enôant, les seurees sont d'i'ltérêt et
3e valeur inégale.
Si les èü::umcnts d'Archivss, d'anthropologie des
peup~es du Sud-E:::t }voirien 50 Sc,·-,t 3ycrés d'une gral1de utili-
té pour ]a connaissance du contexte traditionnel,
i l n'en a pas
-t- d "
1
-
~
.
-
.
e-e
e merre ~our
es etu0es SOClc-cconomlques.

-
15 -
Les étuGes socio-6cono;r;iques panni lesquelles il
convient de citer l'enq~ête SEDES de 1963, n'cnt été utilisées
qu'à titre de sim:Jle l'éférence du :ait de leur ::mcienlleté et
donc l'iffipossjbilité d'utiliser la plupart des données
chiffrées.
Le premier probl~me auquel se heurte tout
clHèrcheuT et singul ièrement
lEl
cl::rcheur en géographie humai-
ne, dan sIe s p:3 )' sen \\' 0 i e è e cl é v e l c, pp cm en tes t l a cl i f fic u l t é
à trou\\"C}' une c:ocumenta-Lion su!tistiqt;e fiable.
Les données statistiq~es, si elles existent sont
le plus souvent in511ffifantes, présentent d'énormes lacunes et
doivent par consé1ucnt, être manipulées avec Ica lCCUP de pru-
dence.
Les donn~es statistiques recherchées so~t de deux
ordo-es
les statistiques économiGues
les stat'stiques dCso;r2phiques.
Les infol'rnat. O}~s s~ 3ti stiques proviennent principale-
ment du recenSCJ:1ent ];atjonal agricole de 1974-1975, des statis-
t i que s a gr i col e s p11 b 1 i é è S C 11 a qi.l e a En {e par l e ill i 11 i S~ ère d e
l'Agriculture et des bilans d'activités de différentes sociétés
opérant dans la ~.. égion é-, udj de (SABfACr, SODEFAL>l, PAU:rNDUSTRIE,
SODEFEL, SALer).
Les j!JfoH1 aticns 2)peJlent quelqèJEs remarques

-
16 -
.- la plupart (~es dC]i1ées sont pub]:i ées de façon
s)'nHJétique pour l'enscl'1ble du département d'Aboisso incluant
] e s ScU 5 - r réf e c t II r e s cl':\\b 0 i s sa, cl' """. cl i ak é e t cl' p, y am é. 0 l', cet t e
dernière est exclue de notre champ
d'investigation et ce
serait l!l1C erT<.~ur que de les réèJire aux circmscriptions
d'Aboisso et d'Adid~(. Djffic.Jlté donc d'utilisation des chif-
fres.
l'une L'an;ere générale, exceptées les données
issues des sociétés de tutelle des cpératioJ's de développement,
les informations ne sont fondées que sur des estimations,
voire des extrapo1atio:.s et doivent être analysées avec recul.
la faiblesse et les lacunes de la documentation
st~tistique obJi~ent le cherch ur à produire ses propres chif-
fres.
Contrairement aux statistiques économiques,
la docurrentation statistique démcgraphique est abondante. Les
prInCIpales sources exploitées sont:
-
Jos recenser!ents é'Ùministratifs de 1979-1980, de
198~-19S5, recensement ~ but élec~oral ;
- le reCEnsc:)~,ent génél'a1 de la poru]8tion ivoirien-
ne de 1975
(Direction S~néra1e de la Statistique)
- le recenSC;T,cnt '\\'ariol e" de 1963 0<'1 répertoire des
localités de Côte d'Ivoire (Direction de la Statis-
tique et Direction Générale de la Santé).;
-
e 11 f :i n,
J e con p t 2 g e a cLn i.., i S t rat i f
ci e l a pop l. 1 a t ion
de 1955.

-
17 -
Ces sources ont été voulues diachroniques afin de
suivre les mouvements de la population. Les données de 1955
ayant servi de base de comparaison et d'analyse d05 progrcs-
s;ons.
Comme les informations économiqu~~, les données
démographiques présentent des faiblesses qui rendent délicate
l'approche de !a population. Les lacunes sont dues ~ plusieurs
raisons. I l importe d'évoquer quelques unes.
- les délais de recensenwnt flarfois trop longs en
faussent les résultats. Un recensement géIléral s'échellonne
sur deux, voire t~ois ann~es et avant la publication des résul-
tats, la situation démographique peut avoir totalement changé.
- Le faible niveau d'instruction et de fOTlllation
des enqL~êteurs, la ml5fiance des populations :'n général anal-
phabètes et qui ne perçoivent pas toujours la portée r6elle
de telles opérations sont également des sources ~e lacunes.
- La dispersion de l'habitat en milinu rural et la
difficulté d'y accéder sont des obstacles qui nécessitent
d'énormes moyens logistiques et humains pour les surmonter.
Or, les ressources sont maigres et ne permettent pas le cas
échéant (1'appréhendel' la réalité démogr.:rphioue d'où les fré-
quentes sous-estimations ou surestimations de population.
En plus des données statistiques, la photographie
aérienne est apparue comme un instrument indispensable dans
l'an:!lyse de la dynamique de l'espace.
c. ~0 Photo~raphie Aérienn~
L'analyse diachronique de couverture aérienne ~ pour
avantage une ;:.(;il1cure appréciation de la vitesse suivant

- 18 -
laquelle l'espace se métamorphose.
L'objectif de la photo-interprétation est d'évaluer
l'emprise des activités humaines sur le milieu physique;
d'évaluer les transformations et l'aff~ctation des terres,
la croissance des villes et villages.
1
1
i~
Sur un cliché pris dans les meilleures conditions
de visibilité et ~ une échelle assez grande, on peut différen-
cier toutes les composantes de l'espace: lieux habités,
routes, pistes et la végétation naturelle des espaces anthro-
1~f
pisés. Il est même possible de reconnaître les types de cul~ure.
La végétation naturelle a généralement un ton plus
sombre que les c 1.amps et jac:lères et présente des frondaisons
en touffes moutOJlnantes ; les parcelles (1e cultures 50"t
beaucoup plus homogènes et ont un relief stt~('éoscopique plus
faible.
A partir de ces cr~tères d'identification, on peut
quantifier par photo-analyse les transformations de l'espace
entre deux instants.
Le prob~ème majeur est l'inexistence entre deux
périodes de prises de vue couvrant l'ensemble de l'espace ou
à défaut,
se recoupant ~ certains endr~its ; ce qui rend dif-
ficile la définition des transect~témoins des transformations
etc 011 f ère pou rIe m0 !TI e nt, moi fi S cl' i'l té r ê t
Zl l a p}1O t 0 - in ter -
prétation.
Les missions utilisées sont
- AOF 1959 208/200 couvrent une partie de la Sous-
Préfecture d'Aboisso. Cette couverture à l'6cllelle de 1/20.000

- 19 -
donnr' l'état de l'espace il y a un peu plus de 20 ans et
pourrait servir de base d'analyse.
Les missions 1\\.0. 1971 - 923/100 - 1 8 S5
; 1\\.0.
1971
923/200 -
1 ~ GO couvrent respectivement la zone littorale
d'Assinie et la région de la lagune Ahy.
Les missions C.I.V. - 045/100 1er février 1973 por-
tant sur la for~t classée d'Ehania ct l.V.C. - 1~-2/100 - 231
~ 235 sur la ville J'Ahoisso.
Outre la recherche bibliographique et documentaire,
l'analyse ~es faits ct processus spatiaux souvent complexes,
requiert un travail de terrain, seul moyen d'obtenir les ren-
seignements les plus objectifs.
2.- Méthodologie d'Enquête de Tcrrai~
Il est t'-ès facile,
en géographie humaine de collec-
tcr des informations, il est très difficile de r6unir des
informations signifjc:atives se rapportant ~l des problèmes
Je
localisation précis (P. HACGET, 1973).
En effet, de la méthodologie ~'enquête, dépend la
fiabilité de ses résultats. Ccci liOUS engage à donner quelques
précisions sur nos méthodes de collecte
de données.
Faute de moyens et de temps pour réaliser une
enquête exhaustive, l'échantillonnage a ét6 retenu pour la
collecte des informations sur le tcrr:"!in. COlllment choisir
un ér~antillon qui représente la globa'it6 de la réalit0
spatiale? Quelles sont les v~ités d'observation et d'ana-
lyse ?

- 20 -
a. LesUnités d'ob:;ervation
Les unités d'observation retenues pour le sondage
sont les cellules d'exploitations agricoles compte tenu du
caract~re rural des activités économiques. Le choix de cette
base, oblige à n'enquêter que sur les villages de culture.
L'espace étudié compte une multitude de villages et cam~e­
ments de taille ct de statut très hétéroclites ct conduit
à expliquer les critères de choix des localités,
donc du
sondage.
1 0
-
Inven' :11re Général
Constat a été fait que les activitCs
économiques ne sont pas uniformémcJlt réparties d3ns l'espace
qu'à côté des zones fortement desservies par les soci~tés
Je développement, subsistent des poches de faible:~se.
Au niveau du rayonnement, seule l:;'f~~de la
SATMACI
(Société pour l 'Assistance TeChn}~~J" - _ ~~':~ernisa­
tian de l' Agricul ture en Côte cl' Tvoire (-?;f.8~,\\dT1:lgt" , ~~,'\\fafé
cc 1 e cac a a ) pOl' t ccli r e c te men t
0 u
i Tl cl i r ~ ~~t\\~~t-S*H"" ~1,i!e s que
l'ensemble des villages. L' influence des\\,:"f!ll'tz~o Jcë;tés de
c1éve loppemen tes t
spa t ia l emen t l imi tée.
·<~.~.r'~rrf\\ /:," ,'.
Cette influence est déterminée par la minimisation
du coat de la distance du centre de traitement aux lieux de
collecte des produits.
Ainsi les plantations villageoises de palmier ne se
développent vêrit8blement ([l'e dans un r3yon de 20 :,:-ilo"ètres
autour des blocs agro-industriels
de Touffi~nguié et d'Ehania.
Celles de cocotier connaissent une large diffusion depuis la
créntion du bloc SODEPALM d'Assinie.

-
21
-
L'emprise SODEPALM, en ce qui concerne le palmier
et le cocotier diminue au fur et h mesure qu'on s'éloigne des
blocs agro-indtlstriels. Les villages ~ proximité du complexe
de Toumanguié comme Koffikro, N'Zikro et Ayenouan etc. SOLt
fortement influencés;par C0111l'e Assouba, Kr;ndjabo situés à
la périphérie de l'aire de rayonnement opTimum, sont marg:ma-
lisé5.
La culture de l'ananas et de la banane poyo est
pratiquée de façon tr~s localisée.
Pour la premi~re, la SODE FEL (Société de Développe-
ment des Fruits ct Légumes) agissant pour le compte de la
SA'.CI-ONO (Société des Ananas de Côte d'Ivo~re, ex Société
Alsacienne de Côte d'Ivoire) déploie une intense activité
d2ns les savanes pr6forcsti~res sur l'axe SAMO-ADIAKE
(Ujimini-Koffikro, Kacoukro, Adiak6)
et autour de Koffikro-
route d'Aboisso.
Quant b la culture de la banane, elJe est l'apanage
de trois principaux centres de cOIL.litioIlnement : Assouba, 13:.I1;:yo,
Aboisso.
Obéissant au concept de diffusion, le premier cri-
t~re d'échantillonnare est la diversité et l'emprise des socié-
tés de d0veloppement.
L'extrême Sud-Est ivoirien s'individualise par sa
situation géographique en bordure de mer et Il3r ses vastes
plans d'eau la::;un2ires qui en L'nt depuis longtemps une rér,ion
privilégiée pour la p0che.
On distingue la nèche cn TI1er pra t lcluée du ('ôté
d'Assinie, Ebotjame,de la pêche en lagune, organi :":e en G.V.C.

-
"?
-
(Groupement ~ Vocation Coopérative) encadrée par la Direc-
tion de la Ivlutualité et de la Coopération et le Centre
Piscicole d'Adiaké.
Au total, on cl~nombre 38 G.V.C. de pêche repartis
dans les villages ceinturant la lagune Aby.
Les pluS importants villages de pêche sont
Village~
Nombre de G.V.C
Etuoboué
C
.J
Akounour: bé
6
Abiaty
Aby
2
Mauricekro
Î
A~~ somL:m
Bodobegni
Total
.
L'acrivi+é de la pGche, jouant un rOle économique
de plus en plus im~ortant, on a jugé indispensable d'en tenir
comDte.
Les autres critères cl'0chantillonnage sont ~'ordre
humain, ethno-culturel ct ~~ministr2tif.
Sur le plan humain, le territoire sc caractérise
par son homo:->~néité culturelle. Les grouI'cs humains (:e base
qui le composert se rapprochent tant par leur langue que par
lcurscoutumes.
Il y a d'une
part le peunlcmcnt Agni recou-
vrant la Sous-Préfecture d'Aboisso et d'autre part, le pcuple-
men t l a gli na ire cl 0 n t I c s l i In i tes C 0 ~. r e sIlo n cl C11 t
~l C l: Il cs
cl e l a
circonscription cl'Adiaké.

Les Agni SANWI sont organisés en quatre noyaux
ethno-politiques ; les noyaux d'Ass01~ba, (1(,' Krindjabo, /\\ffema
et Adjouan-Aby. Quant aux lagunaires, il se subdivisent cn
trois micro-groupes ethniques ; tour b tOUT, les Ehotilé cep-
trés sur Etuoboué, les N'Zima en bordure cles lagunes 'fendo et
E11y jus qu' à 1 ~l fI' 0n t i è r (' du G11 a na) a v e c pou l'ca pit ale T i a po un]
et les Essouma organisés autour d'Assin:ic.
Ces capitales ethno-polit~ques, sièges du pouvoir
royal, exerçaient traditionnellement un rôle de commandement
sur tous les autres foyers de peuplrment qu~ ne sont en réali-
té que de simnles campements de culture, de pêche ou de chasse.
[n p::JYs Akan, n'est considéré comme vill:1ge que toute
localit~ où existe un trône; cependant à 1:1 suite de l'essor
économique et de l'intrusion m:1ss1ve d'élé~ents allogènes et
étrangers, certains campements ont acquis la prépond6rance
démographique ct s'affirment de plus en plus comme centres
autonomes.
Ils ort à leur tête un chef cl10isi par ~es paysans
eux-mômes ct qui les repr6sente aupr~s J~ l'Administration.
L'échantillonnage ~nt~gre :~ critère statut d'autant
plus que les populations des foy~rs et~no-politiques sont les
maîtres des terres ct les au:"res Ge simples concessionnaires.
Les derniers critères de choix sont la taille ct le
dégré d'équipement des localit0s.
Il existe des villages bien
(quipés
('eScoles, ç1;c;pensairc,
Jn::lternitc', marché, centre
d'Etae-Civil ... ), d'autres faiblement ou moyennement dotés.
La dif~6rence
de potentiel est trbs utile dans l'analyse des
systèmes actuels Je relation ct d'orgElnisat~_on de l'espace.
En combinant tous ces crit~res ct en opérant pŒr
choix ~iscrimjnant, dix vill~?es ont Ct6 l"ctenus.

-
24 -
2° - L'6ch2~til1onnagc
Les villages enquêtés sont Aby) Ahigbè'-Koffikro,
Assinie, Assouba, Etuoboué, Kacoukr n , Krindjabo, Maféré,
Nouamol1, Tiapoum.
Le recensement national général ùe 1975 donne pour
ces dix localité~ une popUlation de pJu:.~ de 20 000 habitants)
soit près de 16 % de la population v~ntilés comme suit:
SOO - 1.000
1\\) ouamou
1.000 - 1.500
Etuoboué - Tiapoulll
1.500 -
2.000
J:rinc1 i ",bo - A.by - Assouba
2.000 - 3.000
Assif'.ie - Kacoulcro - !'>laféré
+
3.000
Koffikro
S3chant (lue le nombre moyen d'individus par exploi-
tation est de 10 pour le département d'Abaisso,
il est envisa-
gé d'enquêter ou 1/10 soit 200 exnloitants Dour toucher
environ 2.000 personnes.
Aplès la définition de la taille de l'échantillon,
il fallait résoudre le probl~me ~u choix des exploitants.
Nous aV0ns pensé qu'on pouvait les choisir par
r3pport au tonnage proèuit
CI'
consièérant coJo.;!~c n~tits
planteurs, tous ceux Jont ]a p,'oùuction est inférieure à
5 tonnes et grands exploitants ceux dont la nroduc!ion est
supérieure ~ 5 tonnes.
Mais cette méthode soulevait beaucoup de difficultés.
Il fallait d'abord recenser tous les exploitants, connaître

l!
1f1,f,1
1
Fig. 2
LOCALISATION DES VILLAGES ENQUETES
1
1
"-5-"---- .. __ ,-
..'
.
!
1
\\
i~
\\ \\ o~.:,\\
"-j)
r ~
\\
" -
ABOISSO
........... ._ ..
~'-,
\\,
A"OU~'~ 0
o
Abouliei o
Ni.mi.nl.....
O.enl"'" --·'--.~l'----c.AV.bO~-
'1\\
o
0 Mb •••o
\\
Kou-okro
Amanoukro 0
\\
OAdeau
Koff,kroe
8ttbsdougou ~
OAli"nou.-··-·· -
•• -
.• -
••
Aml.kra
0
Kri.D2jabo
INl'ikroO

OKodiokro
o
"'_.\\
1
\\
Kou.mekrD
1
EoueuebOQ
,i
1
OAvenoua
\\
o MOUV8ssue
1
1
.
..,
r'~~"-'"
Ë~==?fEbOU.
."....

1
." /
"--~o~'~gujé
Lagune
/ Kongodjan
.
......,!-"0"7-----. . 0 Adjouen
/
0 OPI Penl •
Moti ••ikr
Ep.lti~.n
_ .
Aby
°.2jiminikoffikro
kou.coukra
0
'Ab;~lY " _ o. _
__/
-
-1
ADIAkE
~"-::"'•• _.
,
Rj'!'1L'.'J~.q_ •. _ •. - Il _"
1
Gaou •• oukro 0
OCEAN
.
10km
,
- ,
'-
o

Vi liage enquêté
Limite d'Etat
Limite
de Département
Limite
de Sous- Préfecture


-
26 -
la proportion de grands exploitants et de petits planteurs
pour faire un choix judicieux. D'autre part, tous les plan-
teurs nc pr:l.tiquent pas les mêmes spéculations, il est m::llai-
5é de les classer C'n fonction de lC1r pro(luct~on.
QuellC' comparaison pC'ut-on faire entre un exploitant
qui récolte 3 tonnes de café ou de cac~0 et un autre qui récol-
te 40 tonnes d'ananas de co~seTve ?
[u égard à ces difficultés et surtout pour éviter la
su 1)jectivité, les exploitants ont été tirés au sc.::.
Le nombre d'exploitants enquêtés est proportionnel
au poids démographique des vil~ages.
Villages
Nombres ~'exploitnnts
en (Il';""'" (-:; {'
-_._-.:_~-~,--_:::~-,=-..,-'" - - - -
Aby
-: 7
J\\ssinie
? ,.
.... "{
16
1 Q
;
I l
Kaco'.!kro
7'-
... , ~)
Ahigbc>Koffikro
MaférC
2S
Krindj abo
N(~u<,m0u
Hl
Tiapoum
1 5
TOTAL
200
U11 e foi s ces bas e s é ta b lie s > i l
i Hl po rte de cL f i TI i r
les variables d'interpr6tation et d'analyse des nrocessus évo-
qués dans la problématique.
...

-
27 -
Les variables J'analysp sont de
toutes sortes.
Il y
en LI de relativè~~ J 1:1 dynamique (:cs cxploita"tions, aux stru r '-
turcs démographiques,
aux structures socio-0cûnonliques ct aux
structures (l'organisation et (10 rel(~tions de l'espace.
1 0
-
Les dOlInées de structure et _(>~ c0.0j)Qrte-
J'1(y['t (le"
ex"r")lo l"trlt- i O"c
.~_:~- J
,.':'J
..
1
. - i _ _
"L_ _ ~_::.
.
'_
1
Le èyn:1mi sme agricole procèc:e de la cré:1tion,
1
l'extension et la multiplication des p:1rcellas de culture.
!
Dans ce processus, certains éléments 'èont
1
t1'(;5
actifs,
è'autre:~
au contraire retardataires.
Il
importe de cerner en interro-
1
geant les paysans,
les modes d'appropriation des terres,
les
m(c:lnismcs de financelllent dc"s L'xplo:i tations,
les modes (le
t
~
faire v(llo~r et la force de t1'av2il disl'0lliblc. Ces variables
!
pouvant expliquer l'h6térogén{:té Jes vitesscs,partant celles
1
des structures pn1' taille dc~ exploitations.
1
1
Le dynamisme agro-économio.ue dépend du comportement
1
des individus,
comportement lui-lllêJllè conditio~'lé p:ir le dégré
!
de culture ct d'inLorwntion (~es acteurs.
Il cst p:.n conséquent
!t
1
indispensable Jfapr~6h~nJer leurs rapports avec les princi-
r!
paux organes d'animation ct J'encadrement rural,
leur degré
1
!
d'information politique,
les taux d'~coute ra
10.
j
1
1
r
if!1
Le dynamisme éconoll!i(!ue 5! .1CCOI'lp:lgne C; 'UIle dynamique
1
accélérée de Ja population.
L'é1nproche dé)~lOgr,I;)Jüque consiste
!
d'une part ~ analyser la population 0ans ses ~t1'ucturcs ethni-
1
ques,
par sexe et par fige;
le taux d'activité et l~ dur~e
!
1
d'installation.
1
i:,f,i1!1i!
1
\\

-
2S
-
D'autre part, il s'agit de mesurer les densités
~ . '11' a J es, lac r (1 i s S :'l.ll ccc: csv i Il c set v i Il il g cs,
i Y' cl i ces (L ;;
transformations de l'espace.

-
Les structures socio-éconol1licl~eS
._-------_.~----'
- -
Les e"
-·ts i::tc1uits par les opérations
motrices et par le ~oncticnnement de l'6conomie, engendrent
des mutations socio-6ccnomiques profnndes.
Au centre de ces mutations se trouvent les revenus
monétaires dont l'injection J;:>.ns les structures (le consomma-
tion et de production a un effet d'entratncment ~Llr le milieu
I I i TIl po"" t e [1 cet é l>-. i' cl, cl e
. e sur e r I ' i mp 0 r t ~'~ c c c1 c s ressource.>,
les différents nrocessus de formation et leur destiration.
La monétarisation de l'économie, les effets d'ampli-
ficatio11 dJclcnchert des processus nouveaux dont l'amélioration
cl LI ni v eau de vie cl e s po r u 1 a t j 0 n s. L' ha h i t CI t set r élll s f 0 rm e ~,u s s ;
grâce à la capacité accrue de mobilisation des ressources.
Les nrocessus de croissance économique, les effets
cumulatifs de cette croissance peuvent ~tre cernés ~ travers
13. dynamique des équipements
équipements in<l.Lvlduels, équipe-
ments collectifs villageois dont les modes de financement mé-
ritent d'être connus. Quelle cst la part L1e }IFt8t et de:;
collectivités locales dans ln r{nlisation des différents
C:quipcmer.t-s et d.es infr:lstructurcs J';.lccomp:1grH'1'1Cnt?
4° - Les données de structure et de
f 0 n c ti on n eJ!I en t Je l' e s:J) ace
----,---_._---- ._---_ _-
...
_.._---
~e ~onctionnement de l'espace repose sur
l'armature des noeuds. f\\. 'la base de cette arm3~_UTe se trouvent

-
2 ~1 -
les c dInP e !!1 l'nt s cl ecu l tu l' e,
?l
un n i v C' :J U sLl[lêT~eur les viJl;l(!CS
,.>
c en t l' C s e t au S 0 l!1)1l e t
les n G1 e~; u r b Cl in s qU l
j 0 u l'nt 1 e Tcn e (' e
commutatcuT central.
Entre ces nOCLl(~S, existl"1t cles discontinuités
( différence ," éouipl'lllL'nts ct (le services) (lU;
en0cnclrent cles
~
~
...--'
complémentarités desquelles n:1.issent routes sortes de flux
g é né ra l e In l'nt cl l'SC en t r l ' s i n f 6 rie urs ver 5 1 e s ce!' t 1'e 5 S II P { -
rieurs.
Ce s fI ux ou mOUVeTJ1Cn ts peuven t
être appréhendé s
soi c
au départ soit ~ l'arrivée,
pdr le biais Je différents illdicd-
tetlTS géographiques que sont le rayonnement cles étnblissements
scolaires,
la fréquelltation des écoles,
les rrwuvc:!1ents des
populations vers les aires dc marchés et vers les différents
services
(boutiques,
hopitallx,
centre d'Et[tt-Civi1, magasin de
.1·...
vente de produits de tr~LitemeJlt ct de matériel
agricoles ... ).
.
1
Tous ces mouvements sont canalisés par Les rése::nlX
de communication ct de
transport et peuvent ô~Te qu~ntifi6s
Sllr les différentes liaisons
(points d'émission et lü~ux (le
rupture).
Dans cette optique,
les tr3nsporteurs sur 'es liai-
sons
ville-campagne m6ritcnt d'ôtre interrogés.
1\\ l'.c c 11
~ 1 e 1 0 c a Je,
il con vie n t cl' é tu die r
1 1 0 l' g nfi. i -
sa t i on cl c l ' e 5 pa c c a 1.1 t 0 Ul' ci e s c a nl p e 1Ill'nt set :les v i 11 age s cl e
culture
la situatio'l des terres par rapnort aux lieux habi-
tl~·, la distance -
tc''1pS des p13ntiltions au vilJ;-:;3e,
les modes
cle déplacement ct la fréqucnce c~es déplacements.
Ces cliffércntes approches méthodologiques permettront
de cerner les principal1x problèmes évoqués ct de vérifier les
11 y pot h l' ses i s sues cl ire c t e Jn e n t
cIe l ' 011 S c r vat ion cl u t C' l' r al:l ou
des énoncés tl1(~oriqucs contenant ùes ClueSLÎons <lui appellent
des
répoJlses.

PRE~~IERE
Pi~R.TIE
LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU CADRE SPATIAL
1
[

-
30 -
GlAPI l'RE l
LJ~S DONNEES DU ~IILIfrl NATUREL.
Le territoire des Sous-Pr0fectures d'Abaissa et
d'Ad iaké cadre spatial de cette f+ullc>
épouse l ' en ~eIliblc des
traits physiques caractéristiques du SudBst ivoirien.
Par sa sjtu~ltion entre SO S ' e t So 45'
de latitude Nord,
il
bcSnéficie d'lm climat ch:lud
et pJuvie~Jx qui
Llvorise la pra-
tique de l';nboriculturc malgré la m6diocrité des sols.
Cet e l' rit 0 ire r ive ra in·' "
l ' At 1 :Hl t i que s' in cl i v i cl LI :'i -
lise par ses vastes lagunes qUl OCC!'.en! une place de choix
dans la vie de relations ct dont le rôle (ronomique est de
plus cn p~us affirmé.
A.
-
UN CLIMAT ET Dr::S SOLS FAVOR.ABLES A L'ACi.ICULTURE.
Le climat ct les sols présentent plus d'atouts
que de con~raintes pour l'agriculture.
1.- UN CLH1AT CHAUD ET PLUVIEUX.
Le cliJJl1t est Ge type é<1u.:ltorial de
transi_tion
appelé lo~~alcment climat attiécd.
Le clim~t local sc caractérise par l'abondance
des précipitations (plus de 2000 mm de p!uie nar an) par une
forte humidi té il tmosphl::riquc,
pJr des
tcmnCraturcs C:'c'Iées
mais pas excessives et p~lr de [;\\:1)105 a:npli;:t~ùcs t!'n:llques.
Lee ~ ;"':: tes t
r y t h Pl é I: a y ql! a t l'CS :u 5 ons J.' 0 ri g i!l e
pluviom{trique,
de dur6e
inégal~.

-
31
-
On distingue deux sai sons pluv; euses
: la grande ct ~a
l' e t i teS ais 0 n cl c plu i es.
k l
g ra n cl e s <li son p J_ uv i eus e s 1 é t CTl cl
sur près de cinq mois de mar'; il juillet.
La petite saison
sc situe entre septembre et novembre.
1
Entre ces deux périodes Cl.rrosées,
s'intercallent
deux périodes de faible pluviosité ap~c16cs saisons sbches.
1
On distingue cOlllme POUy les 1'~uie5, une grar.dc et
!
une p p t i t e s '~ i son s èc ;le.
!
La grande saison ;.:,ècl1C couvrc les mO:LS de décembre
janvier,
fc~vri_er ct début TI>:~-s, la petj_(e ceux cl'aoüt et scp-
!!
tembre.
1
2 -
Les principau_x factcuy_,s_-_c_l_im0_t_i.!~~,-~.
1
1
f
La moyenne de précipi L~ltioT1S ct des pluies
arrêtée
en 1972 est de ~029 mm 21 la station d'J\\dÜ1ké.
Ces
1
r1uies sont inégalement rép.:lrtics d::1Tl5 l ' ~"Lnéc, Le régime
plu v i 0 mé tri que est cl e t v p e b i: 1Ù cl ale
: cl eux p f: rio des arr osé e s
1
inscrrent cleux 1'6rio(le5 peu pluvieuses.
1
Pour les cinq mois de mars
~I jui}let, correspondant
1
~ la grande saison des pluies, il tombe ~n moyenne plus de
1200 mm d'eau.
Le mois de juin, de loin 'e plus
1
21'1'056
enre-
gistre plus de SOO mm de pluies.
f
~i
Les mois d'o~tobre ct novembre enregIstrent en
!
moyenne plus de 370 mm de pluies.
Les pluies (:'octobre clOlni-
1
nent cette période
(p~us de 200 TIll;:).

1
~
f
1
f
Fig. 3
DIAGRAMME DES PRECIPITATIONS: STATION D'ADIAKE
1
!!
Hauteur de pluie
1
en mm
!
700
!
i
1
1
l
600
;
1
i
,
500
J
r
l
1
400
1
1
il
300
!
1
!
1
200
t
100
1
f
r1
J
F
M
A
M
J
J
A
S
o
N
D
Mois
1
1
!
Source: ASECNA. Moyenne de. précipitation. et de. pluie. arrêtée. e\\1 1972
1
l~
!
1
!
tf.11

Fig. 4
PRECIPITATION ET EVAPORATION A ADIAKE
Précipitations
Evaporation
en mm
en mm
600
180
500
160
,\\
1 \\
1
\\
1
\\
400
1
\\
1
\\
1
\\
1
\\
,
\\
---
,
100
Evaporation
\\
tI'----
\\
300
,,"
\\
\\
,..... ....
- , ' ---
\\
',"
\\ \\! "
1
\\
200
50
100
O~-,.....--'----'---r--""--"ï""--"--r---r---r-...,.-~O
J
A
J
J
A
s
o
N
o

-
34 -
Pour les autre~ mOls,
le terme de s~ison sèche est
utilisé de rn~lI1ière abusive, CH ~~llC'Jn J'lois n'e:.t ent'ièrement
sec.
Le mois de j:lJ1v~cr, le n'oi,)s pluvieux enregistre plus
de 30 mm de pluies.
I-, ' h uln i cl i té a t l!l 0 S 1) 11 (> r ::. Cl u ces t Il::l\\: i 111:l! c r~ TI c: :! n tIC' ":
saisons pluvieuses,
plus cie 9ü
%.
L '}lunliclj trS atmü:~pll(rique
moyenne tourne 8U'::our de 85 'i,.
La quantité de pluie
tombée et surtout sn réparti-
tion C's~ une
cole.
En effet toutes les ul~ntes c~:1tiv6cs dans l'extr0me
Su cl - r'; t
i \\' 0 i r~ e Tl
( caf é,
C a C1 0,
pal mi e r
:1
hui le,
C 0 C 0 t i e r ,
:lnanas, banane)
ont besoin PO,!]' J Ct! l' r'évelo!)!JclHc"t ec pour
assurer une bonne procluctioT',
de moyenn("; pl'J'/iométriques
supérieures ~ 1500 mm.
« Une bon Il e ré par t i 1 ~ 0 n c: e spI u i e ses t j m'~ 0 r t a n~ e CCL
le clféicr, p!:1nte p:onnièrc de l'éconoli!ie ré.r:·;onalc,
a 1; "-;oin
pour sa florai.son,
Je pluies J;; fin novem11;'c ct c1(~l)l.11: dt-embre,
CL
Je celles de févri.er Dour :lssurc r
la for!!i::tb.o'"
des cérises.
L'absence Je l'une Je ces précipitations ou des deux ~ ln fois,
est nréjudiciable ~l la cllf(icul turc»
(Wi\\\\I 1',ONI,
1 ~)02).
Les :!utres éléments du c},imat sont 3llssi, :l:nportants,
méJ.lS
n~oins Lh~tcrl!ljnants que les pluies.
Les tcmp(raturcs sont ('cvées ct constan[cs
tout nu long de l'année.
Ell~s sont comprises entre 2~oC ct
?7°C.
La moyenne annt' ';e est (1(.' 25°7
~\\ la sU~tion d'AcliDké.

- 35 -
Les plus faibles températures sont enregistrées
entre juin et scptemlHe.
Le min:imum se situe en juillet ~!Vec
23°9.
1
off
Les mois les plus chauds correspondent ~ la granJe
i.
saison sèche.
Le maXitll,llTI de chaleur est enregis'::ré en JT1ars,
c'est-~I-diTe en fin de saison sèche.
1
!
f
Ce qui caractérise les températures,
c'est leuT
faible variation clans le temps.
Il
en TC'suIte de tyès faibles
1
amnlituèes thenniouC's saiso];[~.~:rcs et ~nnl'.e2.1es. Celles-c'i
1
sont toujou~s inférieures ~ roc.
!
Les t\\.:11~p6ratures (~()n t
influejlc8es 1':. r I ' ensoleille-
ment.
La è'Jrée de l'ensoleillement varie (;1 moyenne entre
1500 et 2000 heures par an.
Celle-ci pcvt ce,erdant ôtre
fortement réd',: >0 p.:1T les brou' ~ lan1s
très fré-qucnts d3ns
cette région (lU Sud-Est ivoirien.
L'influence des tCll1pér~ltures et de l'ensoleillement,
sur les productions ~gricoles cst indCniab]e.
Les pla11 t (: S t r 0 ~ i c! les c:' une 1I\\:J. Tl i è' r' c .s; é Tl é .,.. ale O!1 t b c -
soin,outre d'unc
bonne pJ'.'viosité,
de Ia:halcu"".
Le caféier
ct IL' c.~~:'oycr, pl<1ntcs trè'~ (16Vcloppées chT'c- le Sud-Est
ivoirien exigent des
temp(raturc~; moyennes cOIwJrises e!1tre
2Lf et 26.2C.
Le caféi~r, surtout la variété robusta,
supporte
mal dC's
t(>TlJnér:l~~ures !;lini..]!l~lles i~lf0rie'.\\rcs ~l 1 So~~,
et des :lJrmJ.i-
tudes jourr.alH~Tes et s:1iso~lJl'lè~n'5 su~)ér~Cl~':~CS 21 SoC.

L':1Jl1naS et :Le palmier sont également (l{,endants
de la chaleur ct surtout de l'ensoleillement. Une Ion 'ue
durée d'ensoleilh~J11ent favorise le développement végétal de
l'ananas et amé.Liore la (lualité des f;·~·its. Les ~W-'1l:t~; pro-
duits pendr1nt la SI', ~so'-' sèche SC:it plus dorés et plus sucrés
que ceux récoltés en temps de pluies.
L'ananas ne supporte
cependant pas les couns de sr'~il qui peuvent d6t~rio~dY les
fruits.
L" palm~er ù huile a besoin quant ~I lui d'c'n moyerme
2000 heures d'ensoleillement pélr an Dour bien produire.
En
plus,
.il lui faut une p:récipitation abo;ld~èntc (plus (101800 mm
/u")
cc un c16ficit hygrGI~étriql1L infériC'l!"" ~l ZO(l mm. A cet
c' g;] rd 1 e cl i TH il t
ré g ion al II e Il rés CI: t c.' (; li e cl e s a t 0 ut:::,.
Les Il r é -
cipi tations annuelles sont toujours supérieurc's ~l l' 6\\'apo-
transp~ration potcnT~ellc.
II. - QEl'~?OLS A 9J!AL T"'E CIU~lIQU~~\\!É])~gC!l:.~
r,y T(~
1\\
l1PopnI~Tr.s
_I\\_:'-:::_-",:-,,:~
~A_J..:
P·TIYSIQUE·S
..
~"-
Bnl\\!:,T~~S
u ......_~_.. ,..•
,
I l ne sera p85 ici Cluestion L~e f:'i:re une étude
~
1
détaillée lie la pédogénè·se d':Le,; le S .. 1Hvi, E,;',.:: ;1,.., donner
t
1
seuleJ11Cnt un aperçu sur l'.:!J.tér:nion
(crni~litiC1t'(' et 1';Jf)ti-
!
tuc.1e agronomiqc:c cles sols.
1
f
!
Les sols ~u S~nwi uDn~rticnncnt au ~roupe des
sols ferralJ i tiques fortement lessivés sousl'orte pluviométrie.
L'abondance (~e l'eau provoque une r,ltén~t:on très intense ct
comp 1 è te des mi n (" raux p r:; HW ire s cl c l a ror.:}~ C-J"(~ 1'e pc, r hyc1r02.y s e
CA. PERRAUD, J071
- J. TRICART, 1974).

lr
- 3ï -
L'hydrolyse,
favor~s6e pJr ~a r~(~ence Je gaz
c a Tb 0 n i q LI C cl ans l' (; .' 1, CJ TTC" l') 0;' cl ~I une mis c e ~l sol u + :i 0 n cl,,:
i
C e r t ai n s
é 1. é !TI en t s c 11 i!TI i 0 u eSt c
1. a roc ;1 C
:
1
1
[
-
Les hases
(K, Na, Ca)
sont llb6rées et entra~n(cs
en solutioTl
; ce qui Ih'rmet leur évacL1~~·:;.on r~!nidc PQ'r }essi-
\\i-
vage dO b l'eau ~'infiltration.
l
f-
t
-
Les minéraux contenant ùes OXyd2:; )Tlétalliques
(fer, [!lumine)
sont aussi attaqués et i l se forme des
hy~lro­
xyc1es métall: oues qui IlPuVent soit s'accumuler ou nlJ.frer.
-
La silice lib(~éc est moins ~obilc et elle se
recombine SU"
place avec l'aJ.umine sous forme de Kaolinite.
Cette altération, qui aboutit ~ 1 ':i.ndivicluali"1.tion
cl ' 0 x y ù e s nt é t a 11 i ct u es,
sou ven t
)1'16 1. an g é s
~l cl e '1' a r g :i.l e le a 0 l. i Il i -
que, permet aussi de libél'er cles éléments C1t!artzC~!X rés',' ue l s
('Il
al10nèance.
Ces sols fer~allitiqucs fortcments lessivés en bases,
restc":L: donc des sols dont la quali.té chi1nique est nté~diocre,
bien que généralement profonds.
Cr.~; sols présente"'t l1T' profi l
qui se caractérise
par l'existence de trois grands types d'horjzons.
-
IIori zan /\\.
: comprenant un 11orizon humifère ('3
faible épaisseur (au plus 3 cm), un horizon de pénétration
11 UTIl .i. f 8 r e cl' é p:ü s s eu r var..i <L b l e
( en m0 )' c n Il e t> 0 Il 5 1) c TIl Sil r les
sah12s tertiaires).
- Horizon B ou horizon d'accl''nulation (lui cst soit
s<:èblcux,
soit sablo-aTgilcux ou ar[~ilo-sabl8ux.

Fig. 5
PROFIL DES SOLS FERRALLITIQUES SUR SABLES TERTIAIRES
1
1
!
1
3
A1
humifère
10
A2
lHorizon
Horizon de pénétration humifère
50
..........................................
..........................................
..........................................
..........................................
...........................................
..........................................
..........................................
..........................................
................................
1
"
"" .
............""
"
.
..........................................
.............."."
......"" ""."
.
..........................................
........................................".
...........................................
...........................................
...........................................
...................."
.
...........................................
Horizon sablo-argileux
1
...........................................
:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::
200· 300 cm
..:.:.:.:.:.:.:.:.:~::::::.:::::::::::.::::::::::
....................................
::.:.:.:.:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::
.:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::
::.::::::;::.:.:.:.:.:.:.:.:.:::::.:.:.:.:.:.:.:.: c
:.::::::: :.::::::::::::::::.:.:::::::::::::::::
Horizon d' altération
.:
:.:.:.....•.•.•.•.....•.•..........•.....
..•...........•.........•.........................
::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::
:.:.:.:.:.:.:•••:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.•:.!,.••:.:.:.:.:•
•••••••••••••'J;••••••••••••••••••••• ••••••••••••
.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:::::.:.:.:.:.:
::::::::::::::::::::::::::::::::::::.:.:::::::::::
..........:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.
::::::::::.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:.:::.:.:.:.:.:.:.:
::::::::::::::::::::::::::::::::::.:::::::::::::::
................._._
.

1
t!
- 39 -
1
- II 0 r :i ? 0 n e :
ho riz 0 n (J 1 • ' t 13 rat ion ù c L, r 0 c1~ e -
11\\ ère.
Cet 11 0 riz 0 n C r C' l, ose S l 'r l a roc h e - nl è_q • C' •
1
2 -
Les
_ _ _ tvpes
_:-L_-
. de
sols.
_
~
A première vue,
le pays ~gni de l'Extrôme
1
Sud-Est ivoirien présente deux types de sols: une hJ3.r..dc
!
extension de 5:-:15 ·rern!'litiques fortement désaturés,
inter-
!
rompue:·~:1r une mince b:.l1clc de sols sur ~:·:blcs ql':;irtcrnnil'es
1
1
au sud.
1
1
A l'annlyse,ce petit territoire offre une mosa~que
1
de sols issus de cli~C~rentes rcches-m~res.
1
1
On dist~T'.gue
dans la partie nord,
des sols fcrro111-
tiques sur roches én:ptives et métamoT~)hiql:('c; (granites,
sc]üs-
tes ct roches basiques).
Ce sont en g6nérL.l des sols profonds,
:1 forte terJcur en argj'e, des sols j bonne rétentLon d'cau. Ces
sols
(sur schistes et sur roclles basiques)
ont (~es quali.tés
c hi III Ï( ~ u e S C' LI l' é rie li l' e s a 11 x sols 5 urs a b 1 e s t c~ r t i a .i. l'es (> t sur
sables quarte~nairc~. Ils conviennent ~ la culture ~u caféier,
du cacaoyer,
du palmier:
lw.Lle,
du baTlanier ct
cs vi'/Liers.
La zone méridionale est occupée ~ar 0es sols ferral-
1 i tiques sur s;Jbles t('rtjaiy,.·'~. Ce sont d.es sol~; fortelllent
1
les 5 i v é s.
Il s c 0 III pen sen ~ leu Y' ma U If a i _:~ Gtw lit é c hi il: i que par
1
t
une profonJeur suffi~ammcnt impoTt~':ce pour pn-mettre les cul-
(
tUTCS (~e clféicy, p:::.lm:ieT ~! l1UiIe et de cacaoycr.
Ils convien-
1
ncrt trts bien ~ la culture de l'an:
s,
plante qui nécessi c
1
des sols bien aérés.
1
Les lieux derniers
tYI)CS de so~~; rcnco::1!rés sont les
so~s su~ sahles cOtiers
(quaternaires)
et les sols hydromorphcs.

,
1
l11
f
Fig.6
ESQUISSE PEDOLOGIQUE
GHANA
:~.
1 °eemekr.
1
.A.m~krqo
1 Kofflkro o
8ebadou
Am.ekro
0
go"
IN.linoo ·
.
1
1
1
1
OCEAN
ATLANTIOUE
o
10km
d'apres A. PERRAUD - P. d. la Soucher.
Milieu Naturel de la C.l.
l[
Sols ferrallitiques remaniés indurés
t~~~{~W:r:{}1~
t
f
Sols ferrallitiques appauvris sur sables tertiaires
1
1
:
(........·..·1
............
............
............ Sols ferrallitiques typiques
............
, , , " , .. , ...
1f!
Sols ferrallitiques
remaniés et/ou avec recouvrement
1
1
Sols hydromorphes organo-minéraux
R-?§
Complexe de sols podzoliques et ferrallitiques
1:::::::i::::Ii:::I:::::::::1

- 41 -
Les sols sur sables quaternaires forment une étroite
bande de 1 à 3 km le long du littoral et au pourtour de la
lagune Aby.
Ce sont des sols poreux à nappe phréatique proche
de la surface et à qualité chimique médiocre. Comme culture
industrielle, seul le cocotier y réussit.
Les sols hydromorphes sont beaucoup moins étendus.
On les rencontre dans les vallées et dans les bas-fonds. On
peut y pratiquer la culture du bananier sous réserve d0 drai-
nage.
Les sols du Sanwi, comme tous ceux du Sud-Est ivoi-
rien sont d'une manière générale, des sols pauvres, car for-
tement désaturés. Ils compensent cependant leur pauvreté
chimique par de tr8s bonnes propriétés physiques. Ce sont des
sols profonds, issus d'une forte altération sous climat plu-
vieux,des roches qui forment le sous-sol.
Ces caract:,"istiques physiques associées à une bonne
pluviométrie, donnent naissance à une végétation exubérante.
B. - UN DOMAINE FORESTIER BIEN DRAINE.
Le Sud-Est ivoirien est le domaine de la forêt
équatoriale. Ce milieu bien drainé a été très tôt ouvert à
l'agriculture de plantation.
1.- LES FORMATIONS VEGETALES.
Le milieu végétal
a été très fortement humanisé.
Il est constitué de la forêt dense, de formationshydromorphes
et de savanes incluses.
(ADJANOHOUN ET GUILLAUMET, 1971).

Fig.7
LA VEGETATION DU SUD-EST IVOIRIEN
UN PAYSAGE LARGEMENT HUMANISE
GHANA
OCEAN
o - 10km
~ Forêt marécageuse
Savane incluse affectée à la culture du cocotier et de l'ananas
""..."
..........
ITiliIillill.
..........
..........
.
. Plantations industrielles palmier et cocotier
Forêt et savane littorales soumises à la culture du cocotier
~ Zone d'activités agricoles traditionnelles
Forêt S4mpervirente
Réserve botanique

-
43 -
1 - Une grande extension de forêt fortement
humanisée.
La forêt dense appelée aussi rain-forest est à
l'état de nature une formation fermée et toujours verte; cc
qui lui a valu le nom de forêt dense sempervirente.
C'est une formation stratifiée. On distingue trois
strates principales.
- La strate basse, ou herbacée est peu importante
et parfois inexistante.
- la strate moyenne est arbustive et riche en
espèces végétales atteignant 20 ~ 30 m de haut.
- La troisième strate est dominée par des grands
arbres de 50 ~ 60 m de haut.
Cette forêt est caractérisée par des essences très
recherchées telles que l'Acajou Bassam Khaya ivorensis, l'Azohé
Lophira aZata,
et le Niangon Terrietia utiZis.
Cette sylve a connu une mise en valeur ancienne. La
première bille exportée par Verdier en 1885 y a été coupée.
L'exploitation forestière en ouvrant des pistes dans
ce monde clos, l'a désacralisé et 3 favorisé sa conquête et sa
mise en valeur agricole.
Aujourd'hui, la forêt dense n'existe qu'en quelques
"bocquctaux" de forêts classées et de terres familiales très
jalousement défendues.

1
Fig.8
PROFIL DIAGRAMME DE LA FORET D... ~.~E
50rn
40rn
Haute strate
1
30rn
- - - -
20m
Strate moyenne
Strate bas~e
Source
Richards
P. W. Thil tropicù/ TéJiIl forest 1964
[
1
1
(
1
Jr
1

t!
1
1
-
45 -
1
i-l
Les problèmes inhérents à lu forêt considérée b
juste titre comme premier intrant du développement agricole
1
seront évoqués plus loin.
1~!
1
A côté de la forêt ùense sempervircnte, on distin-
gue ùeux autres types de peuplement végétal, mai.s d'extension
plus faible.
1
1
1
2 -
Les autres formations végétales.
f
Les autres formations végétales sont les forma-
tions hydromorphes et les savanes littorales.
1
r
Les formations hydromorphes sont composées de
!
forêt~ marécageuses et de mangroves.
1
Les forêts marécageuses occupent ln partie septen-
1
trionale du cordon littoral ainsi que les vallées et les
1
bas-fonds. Une espèce végétale prédomine: le palmier
raphia,(GracilZis).
1
Les mangroves s'étendent aux rives basses des
estuaires et des lagunes. C'est une formation monotone peu-
plée d'esp~ces adaptées ~ la vie aquatique. Les espèces les
plus caractéristiques sont
les palétuviers l'avicennia et
le risophora - rucemosa.
La dernière végétation naturelle qu'on rencontre
dans le Sanwi, est une végétation de savanes pTélagunaires. E1J,e
est particulièrem~nt développée sur l'axe Bonoua - Samo -
Adiaké. C'est une formation herbacée que dominent des peu-
plements de rOniers.

-
46 -
,
i
Llorigine de ces savanes est très fortement con-
t1
troversée.
Pour certains, elles sont le résultat de mise
!i
en valeur intensive et très ancienne de la forêt dense,
pour d'autres elles sont des reliques d'épisodes paléocli-
matiques.
II.- HYDROLOGIE DE L'EXTREME SUD-EST IVOIRIEN.
Outre la mer et les lagunes autour desquelles
s'articule le territoire, le pays Sanwi est drniné par un
cours d'eall principal: la Hia qui le traverse du nord au sud
et par de nombreuses rivières.
1 - Les cours d'eau.
La I3ia est un petit cours d'eau long de 300
kilomètres dont la moitié seulement en terre ivoirienne. Elle
prend sa source au Ghana II une altitude de 300 111, pénètre en
Côte d'Ivoire suivant une ùirection norù-est, sud--ouest,
direction qu'elle conserve sur environ 25 kilomètres avant
d'adopter l'orientation nord-sud qu'elle maintient jusqu'h
la lagune Aby où elle se jette (G. ROUGERIE, 1957).
La Bia coule dans une vallée étroite, très profonde
par endroits et de tracé sinueux. SOlI lit est encombré d'obs-
tacles rocheux (planche 1, photo 1 et 2). Elle est entrecol\\pée de
rapides dont les plus importants
nu sud d'Ayamé ont été
aménagés
en barrages hydro-électriques (Ayamé l et II). Tous
ces obstacles rendent la navigation presqu'impossible.
Le cours d'eau a un reglme de type équatorial avec
deux maxima
correspondant aux saisons pluvieuses et deux
minima
calqués sur les saisons sèches.

Fig.9
HYDROGRAIViI.,lE DE LA DIA A BIANOUAN (PONT) EN 1979
Hauteurs
en m.':trcs
D.iùit
en mJ/s
'°1
JOO
9
r~250
8
200
7
\\
~
150
6
5
100
4
50
3
2
10
o
1
1---+
1
1
1
1
JAN
FEV
MAR
AVR
MAI
JUN
JUL
AUT
SEP
OCT
NOV
DEC
SourCB
AnnuairB hydrologiquB dB la CÔt6 d'ivoirB

-
48 -
Le débit moyen de 80 m3 /s tombe vll-dessous de
2m 3 /s entre décembre et mar~ période d'étiage tr~s sévère.
La première période de hautes eaux se situe entre mai et
fin juillet. Le débit atteint alors 150 m3 /s.
On note un étiage secondaire entre août et début
septembre suivi d'une deuxi~me période de llautes eaux qui
dure jusque vers fin novembre. Au cours de cette deuxième
crue la
hauteur d'eau peut monter jUSqU'~l 8 m et le débit
dépasse 200 m3 /s.
La Bia a très peu d'affluents sur sa rive droite
(Songan au Nord dans la Sous-Préfecture d'Ayamé, Temé,
Abioussié et Soumié dans la Sous-Préfecture d'Aboisso).
Sur la rive gauche les affluents sont plus nombreux.
(Ambroran, Koun, Alouba dans la Sous-Préfecture d'Ayamé) et
Tioma dans l'aire qui nous intéresse.
A côté du bassin de la Bia, on note d'autres rivières.
Celles-ci se jettent soit dans la lagune Aby (cas de Eholié
et ses affluents) soit dans la lagune Ehy ou dans la Tanoé
(Ehania-Noé) rivière frontalière qui se jette elle-même dans
la lagune Ehy.
2 - Les lagunes et la mer
Le littoral ivoirien est caractérisé par un
vaste ensemble composite de lagunes,qui s'étend de la fron-
t:i:ère ghanéenne à l'est, à l'Ouest de Grand-Lallou.
Ce système lagunaire est le résultat de mouvements
tectoniques et marins, anciens (J.P. TASTET, 1972).

-
49 -
Les mouvements tectoniques ont donné naissance à des
failles importantes qui semblent ôtre le prolongement sur le
continent des fractures de la dorsale média-Atlantique. Puis
il y a environ 180 000 ans, une regression marine, suivie
5000 ans plus tard d'une importante transgression marine
fait monter la mer deux mètres plus haut que son niveau initial.
Les eaux vont alors inonder les vallées nord-sud et est-ouest
créées par les mouvements tectoniques. Intervient, une nouvelle
regression marine, beaucoup moins importante qui r~mène la
mer à son niveall actuel. Entre temps, les cordons marins se
sont construits isolant aiIlsi lagunes et mer.
b) Le système lagunaire
Il se subdivise en trois sous systèmes
d'ouest en est.
- A l'ouest de Grand-Lahou, les lagunes Tiagba -
Maké, Tadla, Nioumouzou.
- Au centre la lagune Ebrié
- A l'est d'Adiaké, les lagunes Aby, Tenda et Ehy.
Le sous-système lagunaire Aby - Tenda et Ehy, repré-
sente un plan d'eau continu
de 424 km 2 • Il se subdivise en
deux sous-systèmes.
- Le sous-système lagune Tenda - Ehy parallèle à la
côte s'étend sur près de 54 km d'ouest en est.
- Le sous-système lagune Aby estIme
véritable mer inté-
rieure, qui de la passe d'Assinie à la base
du d.:lta de la
Bia s'enfonce sur près de 32 km dans le continent. Sa largeur
varie entre 12 et 16 km. Ses profondeurs de 2 à 3 ru au nord
et à l'ouest, atteignent aiJleurs 5 à la mètres.

Fig. 10
LE SYSTEJI,lE LAGUNAIRE ET SES SU80lVIS10NS
..
:(,'ù:i fi 0 ) :
OAby
ADIAKED
..
..
.. .. .. .. ..
~
1
Nanobaka
LAGUNE.
2
Ngramaïni:'l
. . . "A B y'
3
Esso
~., .
.. .. .. .. .. .. .. ..
. . . . :::::
Ass.omlan O : : : :':5'li D j :
$.. ..
. . . .. ......
..'
.." .. .. .. .. .. ..
"""
~
l;)o~
1
OCEAN
ATLANTIQUE
==--
o
10km
,
.=:J

Fig. 11
CARTE BATHYMETRIQUE SlivlPLlFIEE DE LA LAGUNE
ABY
-----
llu>d o <x<2m
~j 2 < X < Sm
ml 5 < X < l0m
10 < X < 20m
Ç) o~
OCEAN
ATLANTIQ
-----=======~">
U E - - - - - -
~~ ~
=
-----
10Km
===1
-
~
==
,_._,
?:
-
==-.':- =>- _.
J
-
Source

- S2 -
Sur cette vaste éLendue d'eau soufflent des vents
souvent très violents: la hrise de mer venue du sud-oues!,
provoque chaque jour à partir de miJi,
la
houle
qui par
moment empêche la circulation des pirogues.
Cette lagune est également soumise aux crues sai-
sonnières dùnt les conséquences désastreuses ont été heureu-
sement attenllécs depuis l'ouverture de la passe J'Assinie.
Le système lagunaire du Sanwi est relié à la lagune
Ebrié par le cana] J'Assinie.
Ces lagunes constituent un milieu privil€uié
pour
la pêche et jouel1t un rôle ùe premier plan dans la vie de
relations.
Le pays Sanwi bénéficie outre ùe ces immenses lagunes,
d'un rivage maritime qui l'a mis très tôt en relation avec
le monde occidental. Cette situation l i ttorale présente un
Jouble intérêt. En même temps qu'elle permet la pêche, elle
favorise le développement d'activités touristiques modernes.
CONCLUSION DU CrlAPITfΠ1.
Au total le milieu physique comporte beaucoup
d'atouts
un climat chaud ct pluvieux ct des sols profonds
favorable~ à l'agriculture.
Le Sanwi bénéficie aUSSl de vastes lagunes favorables
à la navigation et à la pêche.
C'est dans ce cadre physique sans contrainte majeure
que se sont établies depuis le 18 e siècle et même bien avant,
des populations akan venues du Ghana.

-
S3 -
CHAPITRE II
UN MILIEU HUMAIN COSMOPOLITE
Le milieu humain du Sanwi est très cosmopolite.
Les différents groupes ethniques venus du Ghana, se SOIlt.:
établis par vagues successives ct ont créé un Etat centra-
lisé.
L'objectif du présent chapitre est de montrer
d'une part la spécificité ethno-culturclle
du Sanwi et d'autre
part sa situation démographique à l'heure actuelle.
A. - LES GROUPES HUMAINS.
1.- LES GROUPES ETHNIQUES ET LEUR MISE EN PLACE.
1 - Les groupes ethniques.
Quatre groupes ethniques se partagent le territoire.
Les A&ni représentent
plus de la moitié de la population
autochtone. Ils occupent l'ensemble de la Sous-Préfecture
d'Aboisso et les parties septentrionales de la Sous-Préfec-
ture d'AdiakC. On les retrouve aussi dans la circonscrip-
tion administrative d'Ayamé.
Dans le cadre géographique défini, les Agni sont
organisés en quatre nOYilux ethno-politiqucs : les noyaux
d'Assouba sur les marges occidentales du royaume Sanwi, de
Krindjabo sur le cours inférieur de la Bia, le noyau d'Adjouan
Aby au nord-est ùe la lagune Aby c-t aux portes du pays Ehotilé.
Le dernier groupe est celui des Affema, dans la partie nard-
est du Sanwi avec pour capitale Kouaokro.
En dehors des frontières du Sanwi, on note quelques
établissements agni dont Allos~?o, Yakassé et Nianda situés le

FiO.12
DECOUPAGE CANTONAL
GHANA
,.....
.,~ :\\.
.'- .. : : :'~'.
L=-:~~ Canton Assouba
Canton Appolo
ncrn
Krindjôbo
Essouma
n
Affama
.
Adjouan Aby
.
l[[lJ]
Ehotilé

- 55 -
long de la Comoé et en plein territoire atti6. Ces établis-
sements constituaient les avant-gardcs du temps des conquü-
tcs agni.
L'Agni est traditionnellement cultivateur. Cepen-
dant il reste avant tout un aristocrate-né. Il n'aime pas
les travaux manuels. Il répugne [1 travailler comme manoeuvre
pour le compte d'un Européen ou même pour un compatriote, si
ce n'est qu'occasionnellement et de manière bénévole (G. RüU-
GERIl~,
1959).
Le groupe agni plus puissant a politjquemcnt et
culturellement assimilé les autres groupes ethn1ques.
Les trois autres groupes, occupent les régions
méridionales correspondant approximativeJllcnt à la Sous-
Préfecture d'Adiaké. Il s'agit tour à tour des Ehotilé, des
Essouma et des Appoloniens ou N'Zima.
Les Ehotilé ou Ewoutiré appelés aussi Vetcré par
les premiers européens (TAUXIER, 1932) sont des pêcheurs
très habiles. Soumis à la pression des N'Zima et surtout
des Agni venus du norJ-est, ils se sont retranchés sur les
rives de la lagune Aby.
Les principaux établissements Ehotilé jalonnent
les rives des lagunes Aby et Tendo. Les plus caractéristiques
sont: M'braty, Akounougbé, Abiaty, Assomlan, Eplaman,
Etuessika, Melekoukro et Etuobouè l'actuelle capitale ethno-
politique. L'enseJllble des villages constitue le c:..nton
Ehotilé, l'un des trois que compte la circonscription admi-
nistrative d'Adiaké.

-
56 -
L'aire d'influence essouma) se limite au cordon
littoral à l'Ouest de la Ingune Aby. Elle fait frontière
au nord avec le pays ehotilé, à l'puest avec le pays abouré
de la Sous-Préfecture de Bonoua. A l'est elle est contigUe
au peuplement N'Zima.
Les Essouma forment lin groupe qui ne serait
ni Agni) ni Ehoti16) ni Agoua d'après les traditions orales.
Pour Delafosse, ils constituent une branche agni au même
titre que les Sanwi ou Brafé, les N'Denie et les Annofoué.
En effet, il est très difficile de distinguer aujourd'hui
l'Essouma de ses anciens maîtres agni et surtout de ses voi-
sins appolonicns, tellement les ress~mblances sont profondes
d'un groupe à l'autre.
Les Issouma) (tahlis à Assinie, ont pu bénéficier
du négoce avec les français.
Les N'Zima ou Appoloniens occupent le canton du
même nom. Ils se sont fixés sur le cordon
l~ttoral à l'Est
de la passe d'Assinie et principalement dans l'hinterland
des lagunes Tendo et Ehy. Les principaux villages N'Zima
sont riverains de ces lagunes. Il s'agit de Nouamou, Allan-
gouanou, Assué, N'Zebenou et Tiapoum la capitale ethno-
politique.
Outre ces quatre
groupes, il convient de signaler
l'existence d'une ethnie agou3 qui semblerait ~tre avec les
Ehotilé) les vrais maîtres des terres du Sanwi.
Les Agoua ont été entièrement assimilés par les
Agni et ne forment donc pas d'entité politique. On retrouve
leur trace dans les localités d'Abiaty, Ebakro et même à
Abaissa.

- 57 -
On s'aperçoit donc que ce territoire communément
appelé pays agni du Sud-Est de la Côte d'Ivoire, est en réa-
lité assez diversifié sur le plan humain. La présence agni
n'est effective que dans les régions intérieures. Les parties
méridionales, sont occupées par trois micro-groupes lagu-
naires sur lesquels les Agni ont exercé une profonde domina-
tion politique et culturelle.
Ces populations se sont êtablies, certaines à l'aube
du 16e siècle et probablement un peu avant et d'autres plus
tardivement. Il importe, après avoir exposé
la trame ethno-
politique de l'espace, de montrer comment ce territoire a
été conquis et progressivement mis en valeur.
2 - La mise en place de la population.
L'histoire du peuplement de l'extrême Sud-Est
ivoirien est très peu connue avant le 16e siècle. Avant cette
date, la plupart des auteurs soutiennent que la forêt agni,
comme l'ensemble des forêts ivoiriennes était inhabitée.
Cependant, la découverte de hachett'es en pierre polie" de
polissoirs atteste d'une civilisation lithique que ni les
Agoua, ni les Ehotilé établis vers le 16e siècle n'ont pas connue
en Côte d'Ivoire. On peut donc affirmer avec certitude que
des peuples autres que les groupes aujourd'hui présents ont
autrefois existé.
En effet, les légendes agni, comme celles de tous
les peuples des régions forestières, font mention de petits
hommes aux pieds orientés à l'envers, pouvant se rendre
invisibles et qui vivaient cachés dans la forêt.

-
58 -
Ces mêmes légendes font également état d'hommes
de très grandes tailles, barbus, aux cheveux très longs et
s'abritant dans les grands arbres.
L'imagination très féconde à ce sujet, ne permet pas
de corroborer
les faits ci-dessus révelés et d'établir des
vérités scientifiques. Cependant concernant les hommes nains,
on pourrait penser à un peuplement initial pygmoide
refou-
lé des forêts d'Afrique Centrale et qui par essaimage a pu
atteindre la Côte J'Ivoire.
Ce qui est sOr, c'est qu'au 16e siècle, d'après les
traditions orales et les récits des premiers voyageurs euro-
péens, les Agoua et les Ehotilé étaient déjà installés.
Les Agoua et les Ehotilé, sont les éléments avancés
de l'exode des Akan. Les Akan de Côte d'Ivoire sont originai-
res des régions saheliennes. Après de longues périodes
d'errance, sous la direction des Ashanti, ils arrivent dans
l'Agnuan-gnuan, pays des confins voltaïques et nigeriens et
dont le souvenir est encore vivace dans la mémoire de tout
le peuple akan. C'est là que s'amorce la désintégration du
groupe.
Les Agoua et les Ehotilé ont été les premiers à
partir à la recherche de terres plus riches ct sans doute de
plus d'autonomie. Dans leur mouvement vers l'Ouest, ils
arrivent dans le Sud-Est de la Côte d'Ivoire où ils découvrent
des rivières et des lagunes très poissonneuses et s'y instal-
lent, perdant ainsi tout contact avec leur groupe d'origine
resté au Ghana (TAUXIER, 1932).

Fig. 13
LES PRINCIPAUX SITES HISTORIQUES
l'
1
,(,
1
1
,'.Songan
(
1
1
1
0iO
1
,
1
GHANA
1
1
/
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,
'"
( " '"
1
1
1
1
1
1
.Elosso
1
Koff i kro
1

1

Koutoukro
1
Bafia • •
Kotoka·
1
Dadiesso.
1
Toliesso. Mkpossa
1
• Siman

·N···
lamie1essa
1
Assouba •
Aboulie.
.Mbasso
1
Maféré
K-
k
1
Krindjabo~ YakasstÎ

oua ro
1
Eouessébo.
• Ehian-a
Afiénou.
1
Aliekro.
1
Eboué
1
1
A.~===' .Adjouan
L_ ,
Adiaké.
Toundoumi
Aby
1
eAbiati
,
"
Etuoboué
_ _
_
A ounoug e
_ ~"
Assom;l~an~~~~~~~~k
b'
Assinie
OCEAN
ATLANTIQUE
o
10km
1
1
- - - - - - - - - - - -

- 60 -
Les Agoua se sont d'abord installés à Diby, puis
en suivant le cours de la Bia, ils sont descendus vers le
sud. Ils fondent plusieurs établissements dont les plus
importants sont Aboisso et Aliékro, leur capitale, située
dans le delta de la Bia à quelques kilomètres de la lagune
Aby. Ils ont aussi laissé des traces dans les villages
d'Alloso et Kotoukro cn pays Attié.
Ils se sont organisés en Etat à pouvoir matriacal.
D'après MOUEZY, c'était une femme qui régnait au moment de
l'arrivée des Européens.
Les Ehotilé occupent les terres au nord du territoire
Agoua, et allant de la Soumié au nord à la mer, et depuis le
cours inférieur de la Comoé à l'ouest jusqu'à la frontière
du Ghana. Ils se sont d'abord ïnstallés à Eono, puis à
Monobaha d'oü ils sont partis créer le village d'Etuobouè.
Les Ehotilé seraient sortis de l'eau d'après la
tradition orale. C'est probablement ce qui explique leur
profond attachement à la lagune. Les principaux établissements
Ehotilé sont riverains des lagunes Aby et Tendo.
Ehotilé et Agoua constituaient jusqu'au début du
17e siècle les deux groupes humains présents dans l'espace
d'étude. Ils vivaient une vie relativement paisible dans ce
milieu d'accueil beaucoup plus hospitalier que leur milieu
d'origine. Leur quiétude sera très hèfouée avec l'arrivée de
plus en plus massive de nouveaux éléments avec qui les rap-
ports ont été souvent conflictuels.
Vers 1620, arrivent des migrants N'Zima fuyant leur
groupe d'origine dans l'appolonie en Gold-Coast (Ghana).

- 61
-
Les Ehotilé leur offrent l'hospitalité, mais très tôt les
N'2ima indisposent leurs hôtes. Arrive alors une deuxième
vague de migrants qui aident les Ehotilé à se débarasser des
Appoloniens devenus indésirables. En retour, ils obtiennent
la concession des terres littorales à l'ouest de la passe
d'Assinie.
Ces dernières populations sont les Issiniens, du
noms de leur pays natal Issiny situé près de l'Appolonie. Elles
sont connues aujourd'hui sous le nom de Essouma. Leur capitale
est Assinie où ont séjourné les premiers voyageurs Français.
Les N'2ima après avoir été chassés par les Ehotilé
ont continué leur translation vers l'Ouest. Certains éléments
las des longues marches, se sont fixés à l'embouchure de la
Comoé (Grand-Bassam), d'autres ont continué plus loin et
atteint le fleuve Sassandra.
La paix retrouvée, une fois les N'2ima partie, ne
sera hélas qu'éphémère.
Au milieu du 18e siècle, survient l'exode des Agni.
Il s'agit ici des Agni Brafé (Sanwi) numériquement plus impor-
tants que les groupes précédents et dont l'installation de
force dans ce territoire anciennement occupé provoquera de
nombreux conflits.
Le groupe agni, beaucoup plus dynamique, sera la
plece maîtresse de l'élaboration du pays qui porte aujourd'-
hui son nom (pays agni du Sud-Est de la Côte d'Ivoire).
La confection du pays agni s'étale sur près d'un
siècle de 1740 à 1823.

-
62 -
L'exode des Agni s'intègre aux grandes migrations
akan du 18e siècle. Les Agni sont partis d'Agnuan-gnuan vers
1720 à la suite de rivalités entre le Brafé et le Dankira
ou Danguira.
Les Brafé avaient à leur tête le roi Amalaman Ano.
Le Danguira était commandé par Kagyo Etibou. Les rivalités
entre ces tribus ont pour cause, un adultère commis par l'un
des fils d'Amalaman Ano avec l'une des femmes du roi du
Danguira. Cette faute était passiblè de la peine de mort, mais
compte tenu de la dignité du coupable, Kagyo Etibou, n'exigea
qu'une amende que les Brafé réfusent de verser parce que la
jugeant trop lourde. Les deux parties en arrivent aux armes.
Les Brafé sont vaincus et ne pouvant se résigner à l'esclavage
qu'implique cette défaite, décident de s'expatrier.
Pourchassé par leurs adversaires, ils se dirigent
vers le sud-ollest où le groupe se scinde en deux. Une importante
fraction s'arrête au nord de la rivière Bouègne en Cold Coast.
Le reste du contingent, longeant le cours de la Tanoé, par-
vient à la mer et en suivant le cordon littoral pénètre en
territoire Ehotilé - Essouma dans son mouvement vers l'ouest.
On ne sait pas aujourd'hui ce que sont devenus les membres
de cette branche. Se sont-ils ralliés plus tard à leurs
frères installés plus au nord ?
Le groupe établi sur la Bouègne, reprend sa marche
quelques années après et s'enfonce en pays agoua par Diby. A
cette époque (vers 1750) Diby était beaucoup plus au Nord en
Gold-Coast que le village actuel (MOUEZY, 1953).
Les Brafé soumettent Diby et continuent leurs incur-
sions en direction de l'Ouest et du Sud. Ils observent une
pousse à Siman vers 1750 avant de poursuivre vers le sud-ouest

- 63 -
où ils découvent Aboisso (Ebweso : sur la pierre) et
Aliekro capitale des Agoua. Ils y rencontrent à nouveau les
Agoua qu'ils assujetissent
par les armes. Les Brafé fondent
Krindjabo où s'installe la famille royale.
Une fois les Agoua assimilés, commence l'occupation
effective de leur territoire. Cette occupation est le fait
de cinq grandes familles Agni-Brafé, créatrice du royaume
Sanwi.
Le terme Sanwi viendrait de «
Asanto Kotoko, Kum
apin, apin aboa»
(Les ashanti sont comme les porc-eplc ;
tuez-en mille, mille autres reviendront. Le porc-épic est le
symbole de la fierté des ashanti (MOUEZY, 1953).
Une des cinq familles s'installa à Djandji-Bokasso,
dans la région d'Ayamé. Une deuxième à Assouba, la troisième
à Ehia-nan (ROUGERIE,
1959) et à Eshyakroo (MOUEZY, 1953)
près de Krindjabo.
Deux autres s'établiront respectivement à Kouaokro
dans le canton Affema et à Adjouan-Aby.
Ainsi est né le royaume Sanwi qui s'aggrandira par
les conquêtes et les annexions. Ces conquêtes se font essen-
tiellement vers le Sud.
Maîtres des terres de l'intérieur, les Agni portent
la guerre en pays éhotilé dans la zone des lagunes. Aka Essoin,
Roi des Agni envoie un émissaire pour prier les Ehotilé
d'accepter sa suzeraineté. Les Ehotilé réfusent cette proposi-
tion et aussitôt sont attaqués par les guerriers d'Aka Essoin
qui leur infligèrent une cuissante défaite.

-
64 -
Vaincus, les Ehotilés, évacuent Eono et se trans-
portent dans la région d l Etuossika, fondent le village de
Monobaha, d'où ils iront créer plus tard leur nouvelle capi-
tale Etuoboué. Quelques groupes éhotilé fuient leur pays
pour se refugier dans 11île de Vitré dans la région de Grand-
Bassam.
Poussant leurs conquêtes vers la mer, les Agni
foulent les pays essouma. Les Essouma étaient en lutte avec
les appololiens occupant les terres autour
des lagunes
Tendo et Ehy. Les Agni profitent de ces rivalités pour éten-
dre leur domination sur le territoire essouma. Assinie tombe
en 1832. Le Royaume ,Sanwi atteint sa plus grande extension.
Le 4 Juin 1843, le roi AMATIFOUCAmon N1Douffou roi
du Sanwi) signe un traité de protection avec la France.
Ce traité est d 1une importance capitale, car il
représente le point de départ de l'aventure coloniale, qui
transformera fondamentalement les structures socio-politiques
et économiques du Sanwi.
II.- UNE ORGANISATION SOCIO-POLITIQUE HIERARCHISEE.
Le groupe agni, rappelons-le a été 11 ar tisan de
l'èlaboration du royaume du Sanwi. Par la force des armes,
il a soumis les groupes initialement établis et les a dépouil-
lés de leurs droits sur les terres.
L1Etat ainsi créé présente une profonde homégénéité
culturelle, liée à 11 0r igine commune des ethnies qui le com-
posent et aux mécanismes d 1assimilation.

- 65 -
En effet chacun des groupes présents au Sanwi, a
les mêmes conceptions de l'organisation de la société.
La société akan (nous utiliserons à dessein le terme
agni pour désigner tout le complexe humain du Sanwi) tradi-
tionnelle est organisée suivant le modèle akan ; signe de ses
attaches avec le Ghana. C'est une société très hiérarchisée
aussi bien dans sa structure politique que social.
1 - Une structure politique dominée par la
noblesse.
L'organisation politique du Sanwi est assez
complexe~<Le pays apparait comme un organisme centralisé
dont le pouvoir et l'administration, partant de Krindjabo,
se resolvent à des plans de plus en plus mineurs, aux ni-
veaux successifs des provinces, des villages, puis des famil-
les, chacun de ses éléments étant lui-même structuré en
pyramide, comme le royaume»
(G. ROUGERIE, 1959).
Au sommet de la hiérarchie politique et administra-
tive, il y a l e roi de Krindjabo qui détient l'autorité su-
prême. Il est le symbole de l'unité du pays et de son devenir.
C'est le roi de Krindjabo qui en 1843 a signé le traité met-
tant le Sanwi sous la protection de la France.
Le roi de Krindjabo est le plus noble de tous les
rois du Sanwi. Il est choisi au sein de la famille dont le
chef a guidé les Brafé au moment de l'exode vers le sud-ouest.
Il est assisté d'un conseil permanent de sept membres, issus
de sept quartiers de Krindjabo. Ce sont les chefs de quartiers
suivant: Koumassi, Yakassé, Sanwi, Eboro, Eklobo, Assaoutoua
et Ablotchi.

Fig. 14
CIRCUITS DE, L:AUTORITE POLITIQUE
Blilsgbi central
KRINDJABO
1
1
/1~
Kouakro
Krindjabo
Ehianha
Bs/e'gbi local
œ
œ
œ
III
1/
1
1
I/

1/ A vame
Assoubo
Vakaslé
Sahinan Kpangni
/ /
1 /
m
Œl
/
/
m
/
/
/
/
1
/
/
/
/
/
Koulo
Kpangni
DO
~\\ ~\\
000
000
A\\
Fig.15
CIRCUITS DE L'AUTORITE MILITAIRE
KRINDJADO
]
1
Avamé
Sahinan Kpangni
[!]
Kt1ulo Kpangni
~b
Db
Koulo Sahinan
Fig.16
CIRCUITS DE L:AUTORITE ADMINISTRATIVE
Bélsgbi central
1 KRINDJABO
,
....
\\
"' ... -
\\,
Responsables locaux
,,"
!Î\\
/
.
'gb; et SaMnan Kpangn;J / /
S
/ / œ
"Œl
B
m
16\\( ~ }/~\\ 01\\ ~
Koulo Kpangni
0 6 6 0
œ Be/égbi
- - - - -
Circuit
direct
j
œ Sahinan
Circuit indirect
f

-
67 -
Ce conseil est chargé de régler les affaires cou-
rantes du royaume. Celles plus importantes font intervenir
les autres grands chefs tel le roi deKouaokro (canton Affema).
La structure politique du Sanwi est à la fois mili-
taire et administrative.
Sur le plan administratif le roi de Krindjabo comman-
de aux autres rois qui sont en fait des chefs de provinces.
(Province d'Ayamé, Affema, Ehian-â).
Sur le plan militaire, le territoire du Sanwi est
divisé en trois lieutenances dotées de fonctions bien pré-
cises. On distingue le front ou Attenglé dont le chef réside
à Assouba.
- L'aile gauche Mbesso est sous la direction du
chef du quartier de Yakassé à Krindjabo
- Le commandant de l'aile droite ou Famasso est
établi à Ayamé.
Les villages d'Assouba, d'Adaou, de Mafferé, de
Diby, Bafia et Koffikro-Affema, ainsi que quatre quartiers
de Krindjabo composent le Front.
De l'aile gauche dépendent les localités de Ouessebo
à quelques lieux de Krindjabo, d'Aboulié et Kotoka auxquelles
sont associées tous les établissements agni, essouma, éhotilé
de la zone des lagunes et trois quartiers de Krindjabo.
L'aile droite placée sous le commandement du roi de
Kouaokro comprend tous les villages de la partie septentrionale

Fig. 17
REPARTITION MILITAIRE DES QUARTIERS DE KRINDJABO
vers Aboisso
t
........................
.........................
........................ ..
..
...
.
............................................
..
..
.
.
.............
~n~~~~~:9:~!ëUA : .............
.............
.............
.............
I t
..
........................
........................
........................
........................ ..
.
.
.
.............
.
.
EBÔLÔ .
. . . . . . . . . . • . SANVIN' : : :
. . . . . . . . . . . .
vers
/e dtibarcadere sur /a Bia
wmmm Atingbélé
DBê
SOUTee:
H. Diabate 79B4

Fig. 18
REPARTITION STRATEGIQUE DES RESPONSABLES
ET SURVEILLANCE DU TERRITOIRE
GHANA
OCEAN
A"rLANTIQUE

La capitale: Krindjabo
...
Sahinan
o Kouakro
E:ZJ Territoire sous la surveillance du Sahinan do Fama
[]ID Territoire sous la surveillance du Sahinan d'Atimgbélé
~ Territoire sous la surveillance du Sahinan de Oê
o Territoire sous la surveillance du Bélégbi

-
70 -
du royaume dont Ayamé et Affienou, M'basso, M'Possa, Dadiesso,
Niamienlessa du canton Affema. A cette lieutenance sont asso-
ciées les enclaves agni sur la comoé et le village d'Ayebo
près d'Assouba.
La structuration militaire n'obéit à aucune logique
spatiale. Comment des villages comme Assouba, Diby et Baffia
aussi distants les uns des autres peuvent être regroupés sous
une même lieutenance à un moment historique où les moyens de
transport étaient insuffisants sinon inexistants ? Cet enchevè-
trement dans l'organisation des fronts, procède de la volonté
du pouvoir central d'éviter toute tentative de séparatisme
au sein des différentes entités ethno-politiquesconstitutives
du Sanwi.
Le roi de Krindjabo qui représente le pouvoir central
s'appuie sur ces lieutenants (chefs des fronts) pour maintenir
l'ordre. Il est le gardien des traditions. Il a également la
haute main sur la justice et le foncier.
Il confie par délé-
gation une partie de ses pouvoirs aux chefs de provinces ou
aux lieutenants qui en assurent l'exercice en son nom.
Chefs de provinces et chefs de fronts s'appuient à
leur tour sur les chefs des différents villages relevant de
leur autorité pour faire passer les informations et décisions
émanant du pouvoir central.
Les chefs de villages commandent eux, aux chefs de
familles. Ainsi par niveaux hiérarchiques et par système de
relais, le pouvoir politiqueest exercé, assurant ainsi la
stabilité de l'édifice sanwi.
Enfin il convient de préciser que les chefs des
groupes lagunaires Essouma, Ehotilé et N'Zima ne sont guère

Fig.19
ORGANISATION ADMISTRATIVE
TRADITIONNELLE
t
1
/
\\1
1
/ . . Songan
1
1
1
J
1
1
1
1
1
1
/
/
/
/
GHANA
/
(
J
1
J
1
1
Q Elosso 1
1
Koffikro
g
1
Koutoukro 1

Miassé
Kotokae
e
J
Dadiessoe
1
Biaka
• .
Toliessoe
Mkpossa
1
Aboisso
Siman
e
e
1
"'IA'---s-so-uTb=ial.
*Ebondélé Kan
Abouliée Mbnsjo Niamielessa
1
Aebo Q
*Ebondélé Kpili
el K k 1
Adaou •
J
O .
oua ro
Ebakro
1Yakassel
[;jjjI Maféré
1
Eou~~sébo. *IEhian-a
~Afiénou
1
1
Ahekroe
OSanhounan
Nongoua.
J
1
'ç:-~:::::;;:::~"(*Eboué
1
Eplemanlan
Lagune
*Adjouan
l._,
AdiakéOf---"-----1*Toundoumi
Aby
1
,
bo.~=--------:::7"LJAb iat i
,.
,.
,.
,.
Etoussiké
1 - - - - - - - - A sin·
OCEAN
AT LANT/QUE
o
10km
1
1
~
Source
H. Diabatti 1984
Koulo administré par Ayamé
<:)
Yakassé

Kouakro
*
Ehian-a

Assouba
~
Koulo administré directement par Krindjabo

Fig. 20
EXERCICE DE L'AUTORITE POLITIQUE
GHANA
aCE A N
AT L A NT 1 Q
Sourco
H.
Diabaté
1984
~ Territoire sur lequel s'exerce "autorité du nélégbi de Krindjabo
[JI]] Territoi re sur lequel s'exerce l'autorité du Bôlégbi de Ehian·a
~ Territoire sur lequel s'exerce l'autorité du Oélégbi de Kouakro

- 73 -
associés au pouvoir central. Latitude leur est donnée pour
administrer leur territoire. Ils doivent cependant fidélité
et dévouement au Roi de Krindjabo.
Au total, on remarque que le système politique porte
la marque de la centralisation, le pouvoir lui, n'est pas
exercé de manière absolue.
Le roi est assisté en temps ordinaire du conseil des
chefs de quartier représentant les lieutenants et les chefs
de provinces. En cas de crises ou affaires graves, ce sont
les grands chefs (lieutenants et chefs de provinces) qui
interviennent directement. C'est eux qui assurent l'adminis-
tration du royaume en cas de vacance du pouvoir, désignent
et intronisent le nouveau souverain.
Le roi n'est donc pas élu. Il est choisi dans la
famille régnante. Le pouvoir royal est incarné par le siège,
le trône ou la chaise, symbole de l'autorité et de la puissance.
Il n'y a pas de roi sans trône. Si le personnage du roi est
l'instrument temporaire du pouvoir, le trône lui,perpetue
la préeminence d'une famille régnante.
2 - Une structure sociale pyramidale.
a) Une société hiérarchisée.
La société traditionnelle agni est fortement
hiérarchisée. Cette hiérarchie est fondée sur la naissance,
sur le rang que l'individu occupe dans la société et aussi
sur l'âge.
La structure sociale comprend trois classes
les
nobles, les hommes libres et les esclaves.

- 74 -
Au sommet de la pyramide sociale se trouvent les
nobles. La noblesse est constituée d'abord des membres de la
famille royale, descendants utérins des premiers chefs brafé.
C'est elle qui a la plus haute dignité et est propriétaire
de toutes les terres du Sanwi.
Font également partie de la noblesse, les descendants
utérins des différents chefs de tribu (provinces) et des chefs
de guerre ou des grands guerriers distingués par le souverain.
La noblesse est le tenant des chaises ou nBya" venus
d'Agnuan-gnuan.
En plus du pouvoir politique qu'ils ont, les nobles
accaparaient le pouvoir économique. Cependant ils ne travail-
laient pas eux-mêmes. Ils avaient des serviteurs qui travail-
laient pour eux.
Ces serviteurs étaient soit des esclaves achetés
dans le Nord, soit des personnes gagées par leur famille pour
leurs mauvais agissements.
Les nobles en plus de leurs importants
avoirs en or,
ont fondé leur richesse sur le travail des esclaves. Avec
l'évolution, les captifs se sont affranchis et travaillent
pour leur compte. Ainsi la noblesse jadis très puissante,
accuse aujourd'hui,par rapport à l'ensemble du milieu agni,
un retard dans son évolution matérielle.
Au deuxième
échelon
de la société, on a les hommes
libres, d'origine noble et
ne
dépendant de personne. Cette
classe a été la plus entreprenante dans l'économie de planta-
tions. C'est en son sein qu'on trouve les plus grands plan-
teurs du Sanwi.

-
75 -
Enfin,au bas de l'échelle sociale se trouvent les
esclaves qüi n'ont aucune dignité, mais ont un rôle économi-
que considérable. C'est eux qui assurent l'essentiel des
travaux agricoles: défrichage, entretien des parcelles,
récoltes dont les fruits revenaient au maître.
Tout en travaillant pour leur maître, les captifs
avaient la possibilité de défricher une parcelle de forêt
concedée par celui-ci et la cultiver à leur propre profit.
Ce faisant,
les plus courageux d'entre eux ont pu s'enrichir
et le moment venu racheter leur liberté.
Certains anciens
esclaves à force de volonté et d'entreprise dans l'économie
de spéculation ont pu acquerlr de grandes fortunes et renverser
l'ordre social qui est de moins en moins fondé sur la naissan-
ce. Ces bouleversements générés par l'économie spéculative
seront développés plus loin.
Au total, ces trois classes auxquelles sont conférées
des droits et fonctions différentes assurent la marche poli-
tique, administrative et économique de l'Etat. Les éléments
de ces classes appartiennent à des grandes familles ou tribu
Ce sont ces tribus qui constituent les cellules de
base de la société agni.
b) La tribu,unité de base de l'organisation
sociale.
La tribu est l'unité de base de l'organisation
sociale. Elle rassemble tous les descendants d'une ancêtre
commune, et qui sont rattachés à une même chaise ou "Adya-bia".
C'est ce qu'on appelle la famille utérine.

-
76 -
La tribu se divise en branches ou cours. Chaque cour
est placée sous la direction d'un chef de cour qui est respon-
sable devant l'"afili~ kpangni", le patriarche ayant la haute
autorité sur l'ensemble de la tribu.
Le chef de cour a pour mission de veiller sur la
portion du patrimoine tribal en possession de chacun des élé-
ments de la branche.. Il est le gardien de tous les terrains de
culture, de la réserve forestière et de tous les biens appar-
tenant à la branche (AMON d'Aby, 1958).
Le chef de cour exploitait autrefois le travail de
ses sujets pour produire les richesses qui servaient à entre-
tenir
son monde et à
payer les dettes. Il entretient un
climat de paix, d'entente et de justice entre tous les membres
de la branche qu'il dirige. C'est lui qui est chargé de régler
en premier, les litiges opposant deux ou plusieurs de ses
ressortissants. En cas d'appel, on se réfère au chef de tribu
le patriarche.
Le chef de tribu a toujours été un mâle. Sa fonction
est héréditaire. Il est directement responsable de la branche
aînée. Le patriarche est prêtre, juge, conservateur du patri-
moine tribal et chef politique.
«Il est l'héritier et prêtre de la chaise sacrée ou
"Adya-bia" symbole de l'unité et de la continuité et aussi
sou rce de vie et de prospér i té du groupe> > (J\\i\\'K)N cl' .i\\by, 1958).
"L'Adya-bia" est avec les autres reliques soigneu-
sement conservée dans une maisonnette appelée "Adya-bia Boua"
(maison des chaises).

- 77 -
Une fois par an au moment de la fête des ignames le
patriarche fait des sacrifices,
invoque les ancêtres et les
esprits pour appeler sur tous ses sujets paix et prospérité.
C'est grâce à ses prières et à ses offrandes que les femmes
sont fécondes, que les hommes ont la santé leur permettant
de travailler et d'accroître les ressources de la tribu.
L'Afilié Kpagni arbitre les litiges opposant des mem-
bres de son groupe et répond des actes de chacun de ses sujets.
Ses décisions sont sans appel.
En cas de délits ou autres affaires graves, il peut
exiger des cotisations à tous et naguère gager ou vendre des
personnes ou une partie du patrimoine tribal
pour payer une
lourde dette occasionnée par un des siens. Tout individu gagé
ou vendu par son chef perdait sa qualité d'homme libre.
Enfin le patriarche est le responsable suprême des
terres exploitées par chacune des branches de la tribu;
responsabilité qu'il assume au nom du souverain du Sanwi,
unique maître de toutes les terres.
Le concept de tribu, base de l'organisation de la
société, ne se traduit cependant pas dans l'espace par une
concentration humaine. Il est fondée sur le principe d'authen-
ticité qui impose une filiation de type matrilinéaire; c'est-
a-dire que l'enfant n'hérite pas du père mais de l'oncle ou
du frère utérins. Tout ce qui concerne le patrimoine est
soumis aux règles matrilinéaires.
Au côté de la tribu, il y a la famille (au sens ménage)
qui se constitue par le biais du mariage. Ici c'est le père
qui a la prééminence. Autour de lui se regroupent les femmes,les
filles non encore mariées ou divorcées, les fils non encore auto-

Fig. 21
AUTORITES ADMINISTRATIVES DU KOULO
1
1 Koulo kpangni (Chef de village)
Ebô kpangni
(Chef de quartier)
o
o
\\
o
o
o
o
Afiliê I<pangni
}
11\\
/f\\
/\\\\
~D
Autorités
familiales

000
000
000
Ahoulo kpangni

~
i1f·,
- 79 -
nomes et leurs épouses ainsi que des collatéraux. Cette
unité a un rôle économique très important. Sur le plan de
l'activité humaine, c'est la principale cellule de production
et de consommation.
Si la notion de tribu est abstraite et n'a pas une
grande traduction spatiale, le ménage a une portée géographi-
que indéniable.
Les ménages sont organisés en cours ou "aoulo"
(concessions). Les cours sont groupées en quartier ou "Eboo".
L'ensemble des quartiers forment le village et c'est l'ensem-
ble des villages ayant une origine commune et dépendant tra-
ditionnellement d'une même autorité qui constitue la province
(canton). L'ensemble des provinces forment l'Etat ou royaume
du Sanwi.
On peut donc conclure que si la tribu est la base de
la structure sociale, le ménage (auquel référence sera faite
souvent dans ce travail) est le point de départ de la struc-
turation de l'espace.
3 - Le mariage et le régime successoral
L'étude du mariage et du reglme successoral en
pays agni, est inspirée de l'ouvrage d'AMON d'Aby : «croyan-
ces religieuses et coutumes juridiques des Agni de la Côte
d'Ivoire>?
publié en 1960.
a) Le mariage.
Comme chez la plupart des peuples africains,
le mariage en pays agni, est une étape très importante dans
l'évolution sociale. Un homme quel que soit son âge, s'il

-
80 -
n'est pas marié ou ne l'a jamais été est considéré comme un
enfant. C'est le mariage qui consacre l'âge de la majorité.
Aussi, le souci de tout parent, est de trouver le moment
venu, une épouse à son fils.
L'acte de mariage en pays agni, s'il met en rela-
tion légale un garçon et une fille est avant tout une union
de deux familles. Autrefois, les futurs époux n'étaient
point consultés sur leur union. Celle-ci est décidée par
leurs familles respectives qui avaient aussi le pouvoir de
les divorcer.
Les conditions requises pour contracter un mariage
sont nombreuses (AMON d'Aby, 1960). D'abord le garçon doit
être en mesure d'entretenir sa future épouse. Il doit
- Etre en possession de toutes ses facultés men-
tales, être viril et de bonne moralité.
- Etre sain, c'est-à-dire n'être atteint d'aucune
affection telle que Tuberculose, Lèpre, Epilepsie.
- Pouvoir jurer n'avoir jamais eu de rapports
sexuels avec une parente de celle qu'il désire épouser.
- N'avoir aucun parent utérin vivant, déjà marié
à une proche parente de sa fiancée.
Le mariage est exogamique, c'est-à-dire qu'il inter-
dit ù un homme d'épouser une femme de sa tribu. L'union endo-
game n'est possible que si l'un ou l'autre descend d'une
esclave.

-
81
-
Il est en outre interdit à un homme d'épouser simul-
tanément ou successivement deux ou plusieurs filles ressor-
tissant d'une même tribu.
Est également prohibé, le mariage des cousins con-
sanguins fils et fille de frères utérins, mais l'union de
deux cousins consanguins, fils et fille de frère et soeur
utérins est permis.
La procédure de mariage est longue et coÛteuse.
Après la déclaration d'intention, si les parents de la fille
sont consentants, le prétendant doit verser une dot et offir
des présents à sa future épouse. La dot comprend :
- Le bla-ô'-Kalé : «dette occasionnée par la femmE' ».
Somme d'argent versée par le prétendant pour participer aux
frais d'entretien et d'éducation de celle qu'il désire épou-
ser.
- L'adyia-tila (littéralement action de tenir, de
saisir les pieds) somme d'argent destinée à l'acquisition du
trousseau. Le trousseau de la nouvelle mariée se compose des
habits,de divers objets reçus des parents, des présents
offerts par le mari et des articles achetés par elle-même.
- Le bé-ti sika
(argent de la tête) est la partie
de la dot qui lie la jeune fille et ses parents à la famille
du prétendant et qui confère à ce dernier des droits sur
la fille. Désormais, elle est appelée abufoé c'est-à-dire
mariée et en cas d'infidélité, le postulant peut exiger
l'amende d'adultère.
Le taux de bé-ti sika varie entre deux mille et
sept mille francs. Cet argent peut être transformé par le

-
82 -
père de la jeune fille ou son représentant en un geste sym-
bolique tel la remise d'une bouteille de liqueur appelé
alors bé-ti nzan «
boisson de la tête»
. L'union est scellée.
La dot comprend aussi divers présents dont
- le "couteau" du frère dadié petite somme d'argent
donnée au cadet de la jeune fille.
- Le beni akùlu
cadeau spécial fait à la mère ou
à la tutrice de la jeune fille.
- L'afilié ndyé sac de sel fin destiné à être dis-
tribué à toutes les vieilles femmes de la tribu.
- De nombreuses bouteilles de liqueurs
Une fois toutes ces formalités remplies, le père ou
son représentant fait la publicité du mariage afin que chacun
dans le village sache que telle fille à dater de ce jour
n'est plus blassi c'est-à-dire femme libre.
A partir de ce moment, si la femme ramasse un bien
dans la rue ou qu'elle gagne de l'argent par son travail, ce
bien et cet argent appartiennent à son mari. Les privilèges
que cette union procure ainsi au mari, ont fait dire à cer-
tains que le mariage agni est un achat. Il n'en est évidem-
ment rien.
L'homme n'est jamais propriétaire de sa femme,
il
ne peut la garder indéfiniment contre son gré ou contre la
volonté de sa famille.
Durant le temps du mariage, l'homme utilise les bras
de sa femme pour accroître ses richesses ; en retour il a le

- 83 -
devoir de lui faire des enfants afin de perpétuer sa tribu.
La femme, traditionnellement est une force de travail
indispensable.<~n économie de plantation, c'est elle qui
s'occupe des cultures vivrières et de l'entretien des plan-
tations durant les deux premières années. Le mariage est
donc un moyen pour l'homme d'avoir une main-d'oeuvre perma-
nente et gratuite>~KINDO Bouadi, 1978). C'est ce qui explique
la polygamie. Le nombre de femmes comme celui des enfants
outre leur valeur économique, est signe de prestige social.
Le mariage est d'une grande portée aussi bien au niveau
social qu'économique.
Au niveau social, il a été déjà signalé que c'est
par cette union que s'acquiert l'âge de la majorité. Au
plan économique, en plus de la main-d'oeuvre qu'elle procure,
le mariage donne aux jeunes gens une indépendance économique
vis-à-vis des parents.
b) Le régime successoral.
Le régime successoral agni et d'une manière
générale des peuples akan, est d'ordre matrilinéaire. L'enfant
n'hérite pas du père. Tout ce qui concerne le pouvoir et le
patrimoine est transmis au sein du matrilignage (tribu).
En effet, il faut distinguer la propriété collecti-
ve de la propriété privée quoique les biens détenus par cha-
que membre de la tribu appartiennent ~ la collectivité.
«Font partie du patrimoine collectif (AMON D'Aby,1960)
- la maison des chaises, les trophées, les fétiches
- Les terres, eaux, forêts, mines dans les limites des vil-
lages fondés par la tribu ou dépendant d'elle.

-
84 -
Les habits de cérémonies, les couvertures et pagnes de
toutes sortes hérités des anciens chefs de tribu.
L'or , l'argent , les bijoux
Le montant des redevances versées par les étrangers exploi-
tant une partie du domaine tribal et le bétail.
Cette propriété collective est indivise et inaliénable».
La propriété individuelle est l'ensemble des biens
acquis par chaque homme. C'est à ce niveau que se pose le
problème d'héritage. En cas de décès du père, la ou les
femmes et les enfants, sont dépossédés de tous les biens
qu'ils ont pourtant contribués à créer au profit du frère
cousin ou neveu utérin du défunt.
Voyons de manière pratique le mécanisme de succes-
sion chez les Agni (AMON D'Aby, 1960)
Le tableau présente la tribu de Blewe Aka,
d'Assemien Kpagni et de leur soeur Agnimon qui a quatre
enfants. Trois filles et un garçon. Sur le tableau les femmes
sont représentées par un triangle et les hommes par un cercle.
Les chiffres 1 à 7 indiquent les différentes générations de
la tribu. La plus ancienne génération est celle de Blewé
Aka, d'Assemien Kpagni et d'Agnimon
la plus jeune étant
celle des Akou, Boa, Ama et autres.
Les personnes marquées en noir sont décédées.
Signalons que dans le système, seuls les hommes héritent
des hommes et les femmes des femmes.
Supposons que ANO de la 4e génération meurt, comment
règlera-t-on sa succession ?

" '
'_."."""
~__c~~_~~'A'_~"'__'''''''''"-'''''~'''''''''__''_'''_'_ _ _ _
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. _ .-----~ - - - - - - ' - ' - - . - - . - - - - ' - - - -- .-..- ..------.- .. -
Fig. 22
SYSTEME DE FILIATION MATRILINEAIRE ET MODE DE SUCCESSION

~
Blow' Ak.
A""lm."
A... .
m'" Kp,,""'
Assiè
Do Sexe feminin vivant
.Â. Sexe feminin décédé
0
Source. Amon d' Aby Croyances réligieuses et coutumes
Sexe masculin vivant

juridiques des Agni de la Cote d'Ivoire .
Sexe masculin décédé

,
1
- 86 -
11ii!
- D'abord on recherche tous les frères vivant du
!i
défunt. Comme frère pouvant légitimement héritier, il y a
!1
- KWATI âgé de 60 ans fils de KANGA
1
- KOLIA âgé de 70 ans fils de BA
1
AMAN, 36 ans fils d'AHOU.
i
t~~
KWATI issu de la branche la plus ancienne est
l'héritier légitime. Si pour des raisons de santé, d'incapa-
1
cité morale, ou simple refus, il renonce à la succession,
1
celle-ci revient de plein droit à KOLIA dont la mère est
1
!
plus âgée que celle de AMAN.
l
Si pour diverses raisons, aucun des trois n'a été
1
i
retenu, on descend dans la Se génération.
t
- On recherche alors les neveux vivants du défunt
1t
On note :
:f
- KWAO âgé de 35 ans, fils d'AFFLA
1
- ANOUMAN (38 ans) et KACOU (36 ans) tous deux fils
1
!
de MOYIA.
- KACOU (36 ans), N~OA (33 ans), BLOU (30 ans) tous
fils de TAHIA.
Dans ce cas, le critère fondamental de choix de
l'héritier est le rang d'âge des grand-mères directes des
neveux. On se réfère donc à la 3e génération. On s'aperçoit
dans l'ordre que
- GNIMA décédée est sans postérité parce que
n'ayant eu que des garçons
- KANGA grand'mère directe d'ADJO
- BENIE grand'mère de KWAO
- BA et MANZAN sans postérité.

-
87 -
- AHOU, grand'mère directe de YAO, ANOUMAN, KACOU
AMOA et BLOU.
Les six postulants ont eu pour grand'mère BENIE et
AHOU. BENIE étant plus âgée que AHOU, c'est un de ses petits
fils directs, soit KWAO, ayant en outre toutes les qualités
physiques et morales qui succédera à l'oncle défunt.
Ce régime successoral appelé localement et impropre-
ment "matriacat" est source permanente de conflits entre les
anciens et les jeunes. Les anciens, conservateurs et gardiens
des traditions, soutiennent le maintien à perpétuité d'un sys-
tème qui pendant des siècles a assuré la cohésion du groupe
social et renforcé sa solidarité.
Pour les jeunes, les impératifs des temps modernes
obligent à des réformes. Ils évoquent le fait que les héri-
tiers n'ont jamais participé à la production des biens qu'ils
accaparent et vivant souvent très loin de l'entreprise fami-
liale en ont une connaissance très sommaire et une conscience
relative.
Ils évoquent aussi le sort misérable des enfants
déshérités, qui sans soutien ratent leur vie ou désertent la
campagne posant l'épineux problème de l'exode rural.
Pour toutes ces raisons, les nouvelles générations,
qui sont d'ailleurs celles qui souffrent
de ce régime de
succession estiment dans leur réquisitoire que l'héritage doit
revenir de plein droit aux enfants et non aux cousins et aux
neveux.
En attendant une réforme globale qui abolirait le
système matrilinéaire, certaines personnes ont opté pour des

-
88 -
solutions intermédiaires consistant à la création "d'entre-
prises" au nom de la femme ou des enfants ou dans le partage
des biens entre les deux familles
(la petite famille et la
tribu du défunt).
111.- L'HABITAT.
L'étude de l'habitat a pour premier objectif de
cerner les formes de distribution des établissements humains
et les facteurs qui expliquent cette organisation.
Par ail-
leurs, elle a pour but de présenter les grands traits carac-
téristiques de l'habitat, qu'il s'agisse de l'habitat rural,
de l'habitat urbain ou semi-urbain.
1 - formes de distribution des établissements humains.
L'habitat agni originel est groupé. Les chefs
brafé qui ont guidé l'exode vers l'ouest se sont installés
dès leur arrivée en terre ivoirienne, en des sites bien déter-
minés.
Ils y ont créé des cours royales et les ont érigées
en capitales ethno-politiques. C'est le cas de Krindjabo, de
Kouaokro et d' Assouba.
Autour de ces capitales se sont fixées des popula-
tions importantes. Cette concentration humaine procède du
caractère centralisateur de l'Etat Sanwi, des coutumes àristo-
cratiques et surtout du besoin de sécurité historiquement res-
senti par ces populations qui ont souvent recours à la guerre.
«En effet le peuple sanwi est très attaché à l'habitat
groupé qui présente le double avantage de permettre des com-
munications rapides avec les éléments du groupe et d'assurer
une sécurité collective plus grande» {G. ROUGERIE, 1959).

- 89 -
Bien que grégaire, l'Agni a été améné, guidé par des
besoins d'ordre économique
à se détacher de son groupe d'ori-
gine et à créer des campements de pêche, de chasse ou de
culture. Ces campements, généralement proches du village-
mère constituent la première forme de dispersion de l'habitat
rural.
L'ouverture du pays agni à l'économie de marché, le
développement des cultures industrielles et l'influx alloch-
tone qu'il engendre, ont fondamentalement bouleversé l'organi-
sation traditionnelle de l'habitat. A côté des villages origi-
nels, que les autochtones appellent les vrais villages (ces
termes seront précisés plus loin) prolifèrent, dispersés à
travers le territoire, des campements de
culture. Ces éta-
blissements, au départ provisoires, ont évolué sous le jeu de
l'économie, vers des formes définitives. L'organisation
spatiale de l'habitat actuel est de type groupé avec disper-
sion intercallaire.
2 - Physionomie
de l'habitat.
L'habitat présente deux visages
l'habitat
rural et l'habitat urbain et semi-urbain.
a) L'habitat rural.
L'habitat rural a connu une évolution très
remarquable. Dans la majorité des villages, on est passé de
l'habitat rural précaire, à un habitat amélioré.
Les habitations rurales précaires caractérisent les
campement s de d éfr ic hement ou de front de pionnier. Lrimpression
générale qui sr en dégage est le caractère provisoire, ct non -achevé.

- 90 -
Elles sont construites en matériaux locaux, très périssables
branchages, écorces d'arbres, planches, feuillages.
L'architecture. générale est la case rectangulaire.
Les rares cases rondes rencontrées çà et là sont d'origine
étrangère.
Les murs sont ennervures de raphia, en écorce d'arbre,
enbranchages et quelquefois en banco. Le toit généralement en
double pente est en "papo"
Le papo est un ensemblage de feuilles
de palmier raphia. De telles constructions ne résistent pas
aux intempéries et nécessitent des réparations annuelles
1
après la grande saison de pluie (planche 2, photo 3).
1
!
Ces habitations très sommaires, de mise en valeur,
servent d'abri au planteur et à sa famille et parfois à ses
1
t
manoeuvres pendant les travaux de défrichement.
~
La tendance est à l'amélioration de cesabris de for-
1
tune au cours de la phase de production. Ces transformations
donnent naissance à un type intermédiaire qui est l'habitat
r
rural évolué.
1
f
L'habitat rural évolué se rencontre dans les campe-
t
ments d'exploitation.
1
1
1
Le campement d'exploitation résulte de l'évolution
!
des campements de mise en valeur. Lorsque les premières plan-
{
tations entrent en production, le planteur tout en défrichant
1
,
de nouvelles terres, améliore son habitat primaire pour le
rendre plus habitable et plus fonctionnel.
Les murs en bran-
1
chages sont remplacés par du banco, la toiture de paille par
1
(
de la tôle (planche 2, photo 4).
1
j
1
Î

Fig. 23
SCHEMA DE STRUCTURE DU CAMPEMENT DE CULTURE
~------------
----------
r
1

-
92 -
Le campement d'exploitation, à la différence du cam-
pement de défrichement, est habité en permanence et presqu'-
exclusivement par les manoeuvres
(KINDO Bouadi, 1978).
La "sédentarisation" de la population peut donner
naissance, dans les zones à forte densité démographique, à
de très gros villages.
b) L'habitat urbain et semi-urbain
L'habitat urbain et semi-urbain comme son
nom l'indique est l'apanage des villes et des centres semi-
urbains ou gros bourgs. C'est le stade suprême de l'évolution
de l'habitat rural.
Les maisons sont généralement à cour fermée. Elles
s'ordonnent autour d'une cour de forme rectangulaire. L'ensem-
ble des constructions constitue la concession qui abrite la
grande famille forte de 20 à 30 membres en moyenne.
Dans la plupart des cas, la concession est divisée
en deux cours
le Malanou est réservé aux femmes. La deuxiè-
- - - - -
me cour appelée Midzuanou est celle des hommes. Ces deux
parties de la concession ont des fonctions différentes. Le
Malanou est le lieu de cuisson des aliments et de tous les
commérages.
Il comprend plusieurs cuisines, chaque femme
ayant en principe la sienne.
Il comprend également les
douches réservées aux hommes.
Le Midauanou est formé d'un ensemble de chambres à
coucher, dont celle du chef de famille, de Z'Adjanzid qui
sert de lieu de séjour, de salle à manger de réunion et de
réception ou aussi de chambre mortuaire.

Fig. 24
PLAN DE LA CONCESSION TRADITIONNELLE AGNI
CROQUIS DE L'AUTEUR
Douche
-----,,-C-U-iS-i-ne----t-.-=:J
E;s;noJ~C=U=I=.S=in:=8=::!:!:::C=U=iS=i=n=8==l1
WC
n
MALANOU
CH
.--
---'1
iL--
----.
CH
ADJANZIE
CH
CH
1
CH
MIE ZUANOU
CH
Véranda
CH
CH
Maison
=
du
chef
~
Douche
de
famille
WC
WC
n-

- 93 -
(bis)
On voit donc que contrairement à la cour des femmes
celle des hommes est le dortoir et le lieu des réunions fami-
liales.
Les maisons sont d'allure plus moderne. Elles sont
de taille souvent impressionnante et dépassent l'habitat rural
typique dont les dimensions varient entre 3 et 4 mètres.
Les styles de construction varient du bâtiment qua-
drangulaire en dur, à la luxueuse villa individuelle.
Ces habitations sont parfois électrifiées et bénéfi-
cient de toutes les commodités. Elles traduisent une certaine
aisance matérielle et sont le symbole de la fierté de la po-
pulation (planche 3, photo 6)
Le rêve de tout Agni quelque soit son rang social est
de pouvoir un jour s'offrir une maison en dur. Le temps de
l'habitat sommaire et même en banco semble révolu.
Pour l'Agni du Sanwi, il n'y a pas de différence
entre celui qui n'a pas de maison et la chauve-souris, qui,
pour ses nuits est toujours obligée de demander l'hospitalité
à l'arbre. Ainsi avoir sa maison est sans doute une nécessité,
mais aussi un prestige, une manière d'assurer la postérité.
La maison, comme la plantation est ce qui reste de
matériel et qui témoigne de ce que tel individu n'a pas vécu
inutilement. Elle réflète toute la personnalité des habitants
et l'évolution de leur genre de vie.

-
94 -
B.
- REPARTITION ET COMPOSITION DE LA POPULATION.
Venus de l'est, les groupes humains qui peuplent
le Sanwi,
se sont pendant longtemps cristallisés le long du
cours inférieur de la Eia et autour des lagunes Aby, Tendo
et Ehy.
Aujourd'hui, en parcourant le Sanwi du nord au sud
et de l'ouest en est, hormis les zones marécageuses et quel-
ques îlots de forêts classées,
il est rare de trouver des
espaces vides.
En effet, le passage de l'économie de subsistance à
l'économie de plantation a eu pour conséquence, la ruée des
populations locales vers l'hinterland. Celles-ci ont "essaimé"
leurs établissements d'origine, en suivant les pistes
ouvertes dans la forêt par les exploitants forestiers,
pour
conquérir les terres vacantes.
Le développement de l'économie de rente a engendré
également l'afflux d'éléments allogènes et étrangers dans
l'espace ethno-culturel agni. On a donc affaire à une popu-
lation très cosmopolite où les éléments allogènes et étran-
gers ont tendance à écraser de leur poids les autochtones.
Cette immigration massive est la cause majeure de la densi-
fication de l'espace.
1.- EFFECTIFS ET COMPOSITION DE LA POPULATION.
1 -
Les effectifs de population.
En 1975, la population s'élevait à 120 691 habi-
tants soit
81
% de la population du département d'Aboisso.

- 95 -
Tableau n°
Effectifs et répartition de la p~~lation.
Population 1975
Population 1985
-
Rurale
Urbaine
Totale
Rurale
Urbaine
Totale
ABOISsa
61 340
14 272
75 612
60 675
16 765
77 440
ADIAKE
39 116
5 963
45 079
40 516
4 954
45 470
TOTALE
·100 45f
2n 235
120 691
101 191
21 719
122 910
-
%
1 00
82,3
1 7 , 7
100
R3,2
16,R
Source
Recens~lent national 1975 et recensement administratif des Sous-
Préfectures d'Aboisso et d'Adiaké
La circonscription administrative d'Aboisso totalisait 75 h1~
habitants contre 45 079 pour Adiaké, soit respectivement 62,7
%
ct 37,3 %.
En 1985 la population totale était de 122 910 per-
sonnes dont 77 440 à Aboisso et 45 470 à Adiaké.
Entre 1975 et 1985, l'effectif démographique s'est
accru en taux brut de
1,8
% soit une progression de moins
0,5 % par an ce qui est de loin inférieur au taux enregistré
entre 1965 et 1975.
Sur la période 1965 à 1975 la population est passée
de 66 800 habitants à 120 691, soit une progression brute de
80,6% et un taux de croissance annuelle de plus de 6 %.
La population est ~ dominante rurale. En 1985 les
ruraux représentaient 82,3 % des effectifs et les citadins seu-
lement 17,7 %.

- 96 -
Entre 1975 et 1985, la population rurale a chut6 en
valeur relative par rapport à la population urbaine qui est
pass6e de 16,8
% en 1975 à 17,7 % en 1985. C'est le résultat
de l'exode, surtout de l'émigration scolaire vers les villes.
On remarque aussi que la Sous-Préfecture d'Aboisso
est au niveau r6gional plus urbanisée que celle d'Adiaké. Le
taux d'urbanisation y atteint 21,6 % en 1985 contre 10,9 % à
Adiaké.
Présentation faite des effectifs, analysons maintenant
les structures démographiques : structure ethnique, par sexes
et par âges.
2 - Composition de la population.
a) Structure ethnique et nationalité.
La population régionale est très hétérogène.
Au peuplement initial s'est ajoutée depuis l'6poque précolo-
niale, une foule d'immigrants allogènes et étrangers.
Etudier la structure démographique de la population
régionale n'est pas tâche aisée parce qu'on ne dispose pas
d'informations détaillées sur l'origine des habitants et sur-
tout sur les structures par âge
et par sexe.
L'enquête par sondage effectuée en 1983 dans le
cadre de ce travail a pour but de suppléer les insuffisances des
différents recensements; or ici aussi le sondage n'a port6 que
sur la population rurale et plus encore, une bonne partie de
la main-d'oeuvre ne vivant pas sous le même toit que les chefs
d'exploitation
n'a pu être récensée. Pour toutes ces raisons,

-
97 -
les données qui seront exposées ici, et l'analyse qui en sera
faite n'ont qu'une valeur indicative.
Suivant l'origine géographique de la population
résidente les autochtones représentent d'après notre enquête
de 1983, environ 50 % de la population totale de la région.
L'autre moitié est constituéepar les allochtones ivoiriens
et étrangers.
Les autochtones sont les Agni-Sanwi, les Ehotilé,
les Essouma et les N'Zima. Les Agni sont les plus nombreux,
ils représentent près de la moitié de la population locale.
Quant aux allochtones, ce sont des immigrés ivoiriens (Baoulé,
Dioula, Bété, Attié, Wobé, Gouro, Abouré, etc ... ) et des non
ivoiriens (Burkinabé,
Maliens, Ghanéens, Togolais, Béninois,
Nigériens, etc ... ).
La région du Sanwi avec un taux d'immigration de
près de 50 % a l'un des chiffres les plus élevés de la Côte
d'Ivoire. On est tenté alors de se poser la question de savoir
pourquoi cette intrusion massive d'allogènes?
Les causes sont multiples
Depuis la période précoloniale, surtout depuis la
création du comptoir d'Assinie, le Sanwi était une plaque tour-
nante ùu commerce caravanier en direction du Nord. Les commer-
çants soudanais appelés communément Dioula, poussés par leur
sens inné du commerce, vont descendre jusqu'en Basse Côte
d'Ivoire pour céder leurs marchandises (fer, tissus) et empor-
ter des produits tels que la cola, l'or et le sel très prisés
sur les marchés du Nord.

Fig.25
LES ROUTES COMMERCIALES DU SANVIN
"
l
,
r
\\
1
(
\\
\\
.
,
'.
l
,
o
1
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.....
1
1
1
~
,.
1
1
1
Assinl8
f
OCEAN
ATLANTIQUE
o
10km
1 _
1
f
Sourcfl' H. Diabaté 1984
Routes commerciales

- 99 -
Le développement du commerce en direction du Nord
a favorisé la naissance le long de la piste caravanière de
nombreux petits villages-relais où les commerçants ambulants
s'arrêtent plus ou moins longuement. Certains ont fini par
s'y fixer définitivement. C'est la génèse de l'implantation
étrangère.
Dans la période coloniale, l'exploitation forestière,
puis le développement des cultures industrielles ont attiré
une abondante main-d'oeuvre extra-régionale. Ce sont d'une
part les Wobè, les Yacouba, les Gouro originaires du l'ouest
et du centre-ouest de la Côte dJIvoire, et réputés rudes bu-
cherons, d'autre part, les ressortissants voltaïques et maliens.
L'importation de la main-d'oeuvre étrangère a été très massive
depuis la création du SIAMO (Syndicat Interprofessionnel pour
l'Acheminement de la Main-d'Oeuvre) en 1946.
A ces deux groupes,
il faut ajouter les Baoulé, les
Attié, les Bété, les voisins Abouré qui se sont énormément
infiltrés dans l'espace agni.
L'intrusion des Attié remonte à 1919. Venus de la
reglon d'Adzopé pour récolter le caoutchouc dans la forêt,
ils
créèrent quelques plantations de cacao. Trouvant que les terres
du Sanwi étaient préférables à celles de leur village d'origine,
ils décidèrent de rester (DUPIRE, 1960).
Les premiers éléments baoulé, n'arrivèrent
que vers 1927. D'abord manoeuvres chez les pianteurs
autochtones, ils eurent des concessions de terres qui leur
permirent de devenir d'habiles exploitants agricoles. Une
fois établis,
ils furent suivis par d'autres compatriotes.

- 100 -
Ainsi furent créés de nombreux campements étrangers
qui avec le temps, sont devenus de très gros villages.
On peut citer Kacoukro sur l'axe Samo-Adiaké,
N'Zikro, Ayenoua, Béniakré, Brahimakro et Ahigbè-Koffikro
dans le canton Assouba.
Le village de Ahigbè-Koffikro par exemple a été fondé
vers 1908 par un togolais venu extraire du caoutchouc. Ses
compatriotes qui l'avaient accompagné rassemblèrent leurs habi-
tations autour de la sienne. Puis vers 1923, l'essor de la culture
du café et du cacao draina de nombreux allogènes (Agni Moro-
foué de Bongouanou, Baoulé de Bouaké,
Béoumi, Tiébissou,
Yacouba, Wobè, Dioula, Gouro, Attié et Mossi) qui après avoir
servi quelques années comme manoeuvres agricoles obtinrent
du chef Togolais, l'autorisation de défricher une parcelle de
forêt pour créer leurs propres plantations (DUPIRE, 1960).
De quelques dizaines d'habitants au début du siècle,
le village de Koffikro atteint 728 habitants en 1955, 1 280
en 1963 et plus de 4000 habitants en 1975.
Cette intrusion des allogènes et des étrangers dans
le pays Sanwi a été facilitée par l'exode agni vers le Gold
Coast de 1913 à 1917. Cette période correspond à la première
guerre mondiale et surtout à la recrudescence des travaux
forcés. La population autochtone fuyant le recrutement mili-
taire et les durs travaux forcés, s'est refugiée pendant
cinq ans en Gold Coast (Ghana) où le travail forcé n'était
pas pratiqué et où le recrutement des soldats se faisait sur
la base du volontariat.

- 101 -
En émigrant au Ghana, les Agni ont laissé derrière
eux un vide qui profita aux étrangers. Ceux-ci purent alors
s'installer librement. Lorsque les Agni revinrent vers 1918,
une bonne partie de leurs terres était déjà occupée. Cette
forte présence étrangère commença à irriter le peuple agni,
mais le roi de Krindjabo, aurait conseillé à ses sujets de
laisser aux immigrants les terres qu'ils occupent, compte
tenu du relatif vide démographique du Sanwi (DUPIRE, 1960).
La population du Sanwi a de tous les temps eu des
relations très étroites avec la Ghana. Celles-ci se manifes-
tent à l'occasion des décès et surtout à travers les échanges
commerciaux facilités par l'important système lagunaire. Cette
situation frontalière et surtout l'origine ghanéenne des grou-
pes ethniques de base occasionnent de l'établissement de nom-
breux Ghanéens qui une fois la frontière traversée retrouvent
facilement des parents.
L'immigration amorcée depuis la période précoloniale
s'est poursuivie et même amplifiée après l'Indépendance de la
Côte d'Ivoire avec l'intensification des cultures industrielles
et surtout avec l'implantation de grandes unités agro-indus-
trielles consommatrices de main-d'oeuvre (Blocs agro-industriels
de palmier de Toumanguié, d'Ehania et Bloc agro-industriel de
cocotier d'Assinie).
En 1953 la population fixée dans la subdivision
d'Aboisso se composait de la manière suivante (DUPIRE, 1960
recensement administratif 1953)

- 102 -
Origine
Nombre
Pourcentage
Autochtones
16 640
68 %
Allochtones ivoiriens
4 193
17 %
Etrangers
3 581
15 %
Total
24 414
100 %
La population install€e
dans la Sous-Pr€fecture
d'Aboisso d'après le recensement administratif de 1970 se
structurait comme suit:
Origine
Nombre
Autochtones
14 609
47 I!-0
Allochtones ivoiriens
8 541
28 I!-0
Etrangers
7 823
25 %
Total
30 973
100 Qo
En 1985, le recensement administratif de la Sous-
1
Préfecture d'Aboisso a donn€
les chiffres suivants
Origine
Nombre
Pourcentage
Autochtones
44 130
57 %
Etrangers
33 310
43 I!-0
Total
77 440
100 %
De ces donn€es
on peut tirer les conclusions sui-
vantes
- la part des autochtones dans la population totale
a diminué. Elle est pass€e
de 68 % en 1953 à 47 % en 1970 et
57 % d'après le recensement administratif de 1985 ; tandis que

[
1
- 103 -
1
1
,!!
celle des immigrants augmentait sensiblement, passant de 32 %
en 1953 à 53 % en 1970 et se situe à 43 % en 1985.
1
!
1
1
- Si l'immigration est dans l'ensemble forte, on
!
remarque une accélération de l'implantation étrangère depuis
1964. De 15 % en 1955, le pourcentage d'étrangers par rapport
1
!
à la population totale est passé à 16,2 % en 1964 pour attein-
1
t
dre 25 % en 1970. Le recensement administratif de 1985 ne fait
f
[
pas de distinction entre les étrangers et les allogènes ivoi-
t
riens ; il est donc impossible de donner la part exacte des non-
i
1
Ivoiriens dans la population de la Sous-Préfecture d'Aboisso.
~'
~
Y-a-t-il eu depuis 1970 des changements? Nous pensons qu'il
1:
\\'
i
n'y a pas eu de changements très appréciables et qu'au moins
!
~!
le 1/4 de la population actuelle est constitué d'étrangers.
\\
f
Au total, aujourd'hui pour les deux Sous-Préfectures
étudiées, les autochtones représentent 52,5 % de la population
totale et les étrangers (non-Ivoiriens et allogènes ivoiriens)
47,5 %. Près d'un homme sur deux est extérieur au Sanwi alors
que pour l'ensemble de la zone forestière on a 1,5 autochtone
pour un allochtone.
Tableau nO 2
Population en 1985
par Sous-Préfecture
Autochtones
Etrangers
Total
Nombre
%
Nombre
%
Nombre
%
ABaISSa
44 130
57
33 310
43
77 440
100
ADIAKE
20 462
45
25 008
55
45 470
100
TOTAL
64 592
52,5
58 318
47,5 122 910
100 --

- 104 -
b) Répartition par sexe et par âge
de la population.
L'analyse de la structure par âge
et par
sexe
de la population est fondée sur les résultats du sondage
effectué en 1983 auprès des habitants de dix villages-cibles
(cf. partie méthodolugiqueJ.ll s'agit uniquement de la population
rurale, les citadins n'ayant pas été recensés dans l'enquête.
L'analyse des données démographiques, quand on sait
les insuffisances de l'Etat civil en pays sous-développé et
particulièrement en milieu rural, n'a qu'une valeur indicative.
Le recensement a porté sur 1 561
individus : 805
hommes et 756 femmes. Les hommes représentent 51,5 % des
effectifs et les femmes 48,5 %. Il Y a donc un équilibre rela-
tif des deux sexes. Le sex-ratio est de 106 hommes pour 100
femmes. Ce qui est proche du chiffre du recensement de 1975 :
116 hommes pour 100 femmes.
De l'analyse de la pyramide des âges de la popula-
tion rurale il ressort que :
- La population est très jeune. Les jeunes de moins
de 20 ans représentent 61,7 % des effectifs enquêtés dont
52,7 % de moins de 15 ans.
- Le groupe d'âges de 20 à 59 c'est-à-dire les
adultes constitue 31,4 % des effectifs et les personnes âgées
de 60 ans et plus 6,5 %.
La grande jeunesse de la population se reflète dans
la pyramide des âges qui a une base très large.

- 105 -
Tableau n°
3
Structure par âge
et par sexe
de la
population rurale.
Tranches
Masculin
Feminin
Total
%
d'âges
o -
4
133
1 13
246
1 5, 7
5 -
9
190
1 53
343
22
10 -
14
129
106
235
1 5
15 -
19
72
67
139
9
20 -
24
39
39
78
5
25 -
29
15
38
53
3,4
30 -
34
16
52
68
4,3
35 -
39
16
45
61
3,9
40 -
44
21
54
75
4,8
45 -
49
27
33
60
3,8
!
50 -
54
26
30
56
3,5
55 -
59
32
11
43
2, 7
60 -
64
28
7
35
2,2
65 -
69
32
3
35
2,2
70 -
74
16
3
19
1 ,2
75 -
79
6
0
6
0,4
80 +
7
2
9
0,5
Total
805
756
1561
%
51 ,5
48,5
100
Source
Sondage 1983.
Assouba - Krindjabo - Mafféré, Tiapoum
Nouamou - Etuobouè - Assinie - Kacoukro
Ahigbè-Kroffikro - Aby.

Fig. 26
PYRAMIDE DES AGES DE
LA POPULATION RURALE
HOMMES
51.6%
FEMMES
48.6%
81
79
74
69
64
59
54
49
44
39
34
29
24
19
14
9
4
0
%14
12
10
8
6
4
2
0
0
2
4
6
8
10
12
14 %
Source: Enquête par sondage

- 107 -
La prépondérance de la classe d'âge de moins ·de
20 ans, s'explique par l'effort de scolarisation en milieu
rural, qui maintient sur place, la majorité des enfants du
niveau primaire et d'autre part par le retour au village de
certains jeunes descolarisés.
Dans le groupe d'âge de 20 à 39 ans, on note un défi-
cit d'hommes.
Ce déficit s'explique par l'exode rural qui touche
essentiellement la population masculine d'entre 20 et 39 ans.
Le rapport de masculinité dans cette tranche d'âges
est de 49 hommes pour 100 femmes. La proportion d'hommes par
rapport aux femmes est très faible ; ce qui ne manquera pas de
poser des problèmes de main-d'oeuvre quand on se place dans
l'optique économique~
A la base de tous les mécanismes de production, il y
a les bras, c'est-à-dire la force de travail. Or ce sont les
adultes de 20 à 59 ans qui constituent véritablement la force
productive, qui font défaut. Cette insuffisance de bras aura
donc une incidence négative sur la production.
Au-delà de 59 ans, on note une écrasante majorité
d'hommes
91 hommes pour 15 femmes soit un sex-ratio de 606 %.
Si l'on prend pour actives les personnes d'entre 20
et 59, on s'aperçoit que plus des 2/3 de la population sont
improductifs.
La pyramide des âges de la population prise dans
sa globalité, ne permet pas de saisir les nuances locales.

- 108 -
Aussi avons-nous jugé bon à titre comparatif de construire
la pyramide de Krindjabo et de Ahigbè-Koffifro (sur la route
d'Aboisso).
Le premier village est assez homogène. On y rencon-
tre très peu d'étrangers, tandis que le second est presqu'exclu-
sivement peuplé d'allogènes.
La structure par âge
et par sexe
des deux locali-
tés présentent un trait commun: l'importance des jeunes de
moins de 20 ans (plus de 60 % de la population).
Les deux pyramides présentent un déficit à la base
dans la tranche de 0 à 4 ans. Ce déficit est
dû à la mortalité
qui frappe essentiellement les enfants de moins d'un an. Dans
cette tranche on constate un déséquilibre entre les sexes. Le
sex-ratio est de 136 hommes pour 100 femmes à Koffikro et de
200 % à Krindjabo.
Ce déséquilibre du sex-ratio serait-il imputable à
la surnatalité masculine ou au contraire à une surmortalité
féminine ?
Hormis ces points communs, la pyramide des âges
des deux localités présente
de profondes divergences. Celle
de Koffikro est assez régulière de la base au sommet. Les
jeunes de moins de 20 ans ont une proportion de 63 %. Les
hommes sont dominants. Le rapport hommes-femmes est de lSl %
contre 115 % à Krindjabo.
Le groupe d'âges de 20 à S9 ans représente 30,7 %
des effectifs 3 Krindjabo et 32,3 % à Koffikro.

Fig. 27
STRUCTURE DEMOGRAPHIQUE D'UN VILLAGE HOMOGENE
KRINDJABO
HOMMES
50.6 %
FEMMES
49.4%
79
74
69
64
59
54
49
44
39
34
29
24
19
14
9
4
0
% 15 14
12
10
8
6
4
2
0
0
2
4
6
8
10
12
1415%
Source:
Enquête
par sondage.
Krindjabo
1982

Fig. 28
STRUCTURE DEMOGRAPHIQUE D'UN
VILLAGE A
DOMINANTE ETRANGERS
KOfflKRO
HOMMES: 66'"
fEMMES: 44 "
84
79
74
69
64
59
54
49
44
39
34
29
24
19
14
9
4
0
"14
12
10
8
6
4
2
0
0
2
4
6
8
10
12
14"
Source: Enquête par sondage. Koffikro

- 111 -
Dans cette tranche, la pyramide de Koffikro affiche
un équilibre relatif des deux sexes (100 hommes pour 70 femmes).
alors que celle de Krindjabo présente du côté des hommes une
échancrure entre 24 et 34 ans. Le rapport de masculinité entre
20 et 59 ans est de 57 % à Krindjabo.
Le déficit d'hommes est plus accentué à Krindjabo à
cause de l'émigration qui touche les hommes; surtout ceux
d'entre 20 et 34 ans.
Les hommes partent et laissent sur place les femmes .
La prépondérance des femmes peut s'expliquer aussi par la poly-
gamie qui est un facteur important de maintien des femmes à la
campagne. Un seul homme peut épouser deux à trois femmes.
C'est cette dernière raison qui explique l'excédent
de personnes de sexe
féminin
dans la tranche de 20 à 59 ans
à Koffikro.
Logiquement, on devrait avoir plus d'hommes que de
femmes car Koffikro est un village d'accueil et au risque de
se repéter ce sont les hommes qui immigrent. C'est le contraire
qui se réalise ; le nombre de femmes est relativement plus
important que le nombre d'hommes. Cela procède de ce que les
migrants une fois établis, pour des besoins de main-d'oeuvre
épousent généralement plusieurs femmes.
La proportion de vieillards (60 ans et plus) dans
les deux villages dépassent 5 % avec un excédent d'hommes. Le
rapport est de 7 hommes pour une femme à Krindjabo et de 15
il Koffikro.
Au total, l'analyse de la structure par âge
et par
sexe
de la population du Sanwi, montre que celle-ci à l'instar

- 112 -
de la population ivoirienne est très jeune. Les adultes ont
un pourcentage assez faible.
Dans la tranche d'âge
des adultes, on note un
déficit du côté des hommes. Ce déficit est plus important dans
les villages homogènes (villages à dominante autochtones) que
dans les villages peuplés d'allogènes et d'étrangers.
D'une manière générale, la force de travail locale
s'avère très insuffisante.
II.- DENSITES ET CARTOGRAPHIE DE LA POPULATION.
L'économie de plantation extensive, ne supporte
pas des densités démographiques trop élevées. Cette étude a
pour objectif non seulement de saisir les faits de répartition
mais surtout de mettre l'accent sur la cartographie de la
population.
- Problèmes de la cartographie des densités
de la population.
La cartographie classique des densités consiste
en un simple rapport entre une unité de surface administrative
(le canton ct la Sous-Préfecture en général) et la population
résidente. Une telle cartographie revient à concentrer toute
la population sur cette unité de surface, rendant ainsi la
répartition très homogène. Ce qui est loin de la réalité.
On sait que la répartition spatiale d'une population
n'est jamais homogène, qu'à côté de zones de fortes pressions
démographiques peuvent subsister des poches vides. A cet égard,

- 113 -
la cartographie classique, si elle ne manque pas d'intérêt à
l'échelle d'un pays ou d'une région, s'avère insuffisante au
niveau d'une unité de surface comme le canton ou la Sous-
Préfecture. A l'intérieur d'une même unité administrative,
la méthode classique gomme tous les contrastes.
En vue de confectionner des cartes beaucoup plus
précises, différentes méthodes ont été expérimentées, parmi
lesquelles, la technique d'élaboration des cartes par isolignes.
Cette dernière méthode dont nous nous sommes inspiré a déjà
été utilisée par J. P. DUCHEMIN dans le cadre de l'Atlas de
Côte d'Ivoire et par J. C. ARNAUD et J. C. PILLERON pour la
cartographie de la population du Nord-Ouest de la Côte d'Ivoire.
En quoi consiste-t-elle ?
Sur un fond de carte tàpographique au 1/200 OOOe, on
repère la population de chaque village. Ensuite, on fait un
carroyage régulier de 4 cm de côté soit 8 km sur le terrain.
Après le maillage, on construit une cible; un cercle
de 4 cm de rayon. Le choix du cercle comme cible est dicté
par
le fait que de toutes les surfaces de pavage, seul le cercle
ne privilégie aucune direction.
Pour le choix du rayon, on pense que la distance de
8 km est le rayonnement optimal d'un village dans un système où
les moyens de déplacement sont limités.
Une fois la cible construite, on calcule les points
de densité en procédant de la manière suivante :

- 114 -
on place le centre de la cible sur chaque intersec-
tion du carroyage et on totalise la population contenue dans
le cercle. On divise le chiffre trouvé par 200, superficie de
la cible; ce qui donne le chiffre de densité sur 200 km2. On
affecte ce chiffre à l'intersection du maillage.
Il convient de signaler que pour la carte des den-
sités rurales, il faut éliminer la population urbaine. Ainsi
pour Aboisso et Adiaké, respectivement une fraction de 20 et
40 % de la population a été considérée comme agricole. En
Afrique et d'une manière générale dans le Tiers-Monde les
villes vivant exclusivement d'activités non-agricoles sont rares.
Par déplacements successifs, on obtient un semi-
régulier et équidistant de points à partir desquels on peut
tracer des courbes d'égales densités ou isolignes.
La carte des densités rurales par isolignes est
très expressive car elle met en relief à l'échelle d'une même
unité administrative, les variations de l'occupation humaine
de l'espace.
Celle des Sous-Préfectures d'Aboisso et d'Adiaké
présente un peuplement fort contrasté où se juxtaposent des
zones faiblement peuplées et des zones à forte charge démo-
graphique.
2 - Analyse de la carte des densités et de la
répartition de la population.
L'examen de la carte revèle que la zone à l'ouest
de la lagune Aby est plus peuplée que la partie orientale.

Fig. 29
CARTE DE DENSITE DE LA POPULATION EN 1975
GHANA
1
!#i
1
t
t,
1
,
r
1
OCEAN
ATLANTIQUE
o
10km
[?2l Moins de 10 habitants au km2
~ De 10 à 30
~ De 30 à &0
• Plusde&0

-
116 -
Dans la partie occidentale, hormis la poche de
faiblesse apparente au nord et la zone littorale, presque tout
1ete r rit 0 ire a des den s i tés su Pé rie ure s à 20 hab i tan t s a u km 2 .
Un secteur de très fortes densités supérieures à 80 habitants
au km2 se détache le long de la route d'Aboisso.
La marge occidentale du Sanwi, d'accès plus facile
a été pendant longtemps le principal foyer d'immigration, d'où
son extrême densification.
Dans la partie orientale, on note un chapelet de
densités élevées autour des lagunes Aby, Tendo et Ehy. On remar-
que également des noyaux de fort peuplement autour de Mafferé
et de Kouaokro dans le canton Affema. Les densi tés sont supé-
rieures à 30 habitants au km2.
Ces zones relativement peuplées enserrent trois
importants foyers de faibles densités.
- Le premier foyer se situe à l'extrême sud-est,
le long de la frontière ghanéenne. Cette partie du territoire
du Sanwi est excentrique. C'est un véritable cul de sac,
d'accès difficile et de surcroit occupé
par d'immenses maré-
cages.
Cette marginalité et surtout l'importance des marais,
milieu répulsif pour l'Agni en particulier et l'Akan en général,
sont les causes de ce vide démographique. Depuis le cours infé-
rieur de la Tanoé jusqu'aux environs de Kouaokro, les densités
sont inférieures à 5 habitants au km2.
- Le second foyer se rencontre au nord-est d'Aboisso
et se prolonge vers Diby et Koffikro-Affema dans les confins
nord-est du Sanwi.

Fig. 30
COURBE CUMULATIVE DE LA DENSITE
DE LA POPULATION RURALE
'" d'espace
100
75
50
::::
.'.
.;.
25
0l...-.-r---...---....----.....-----r--"""r"""-........-
...........-__._-..........-
........---1
o
10
20
30
40
50
60
70
. 80
90
100
110
120 Hab.! km2

- 118 -
De moins de 5 habitants au km2, la densité augmente
progressivement pour atteindre 20 à 30 habitants au km2 autour
de Diby, Koffikro et Baffia.
- Le dernier noyau de faible occupation enfin, est
l'apanage de l'hinterland immédiat des lagunes Aby, Tendo dans
la région d'Etuoboué et d'Akounougbé.
Au total,la courbe cumulative des densités de la
population rurale révèle que
- 35 % de l'espace a des densités inférieures à
5 habitants au km2.
50 % des densités sont inférieures ou égales à
12 habitants au km2.
- 75 % de l'espace,
des densités soit inférieures
ou égales à 40 habitants au km2.
1
- Les densités supérieures à 50 habitants au km2
1
ne représentent que 18 % de l'espace.
Si l'on essaie d'appréhender les variations par
canton d'après la carte des densités par isolignes, on se rend
compte que le canton assouba et le canton éhotilé sont les
plus peuplés.
La courbe cumulative des densités rurales du canton
assouba fait apparaître que:
- 50 % de l'espace a des densités inférieures ou
égales à 26 habitants au km2.

Fig. 31
COURBE CUMULATIVE DE LA DENSITE DE LA POPULATION
CANTON ASSOUBA
CANTON KRINDJABO
'J(, d'espace
" d'espace
100
75 -t::::::::::::::::::::::::::;:;:::;:;:::;:;:::::::::::::::::::::::::::::::y
L.
75
50 ~:;:::;:;:::::::::::::::::::::::::::::j'
J.
50
25
25
QI
i
i
,
,
i
i l ,
i
,
i
1
o
0 1
1
o
..
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
110
120
in
,...in
-.'
i
i
J
i
j
i
j
Hab./km2

- 120 -
- 75 % des densités sont inférieures ou égales à
50 habitants au km2.
- 25 % de l'espace est occupé par des densités supé-
rieures à 50 habitants au km2.
Dans le canton éhotilé les chiffres sont presque
identiques.
- 50 % de l'espace a des densités inférieures ou
égales à 25 habitants au km2.
- 75 % des densités sont inférieures ou égales à 50
habitants au km2.
- Les densités supérieures à 50 habitants au Km2
occupent 25 % de l'espace.
Le canton le moins peuplé est le canton appolo où

- 50 % de l'espace a des densités inférieures ou
égales à 8 habitants au km2
- 75 % des densités inférieures ou égales à 30 habi-
tants au km2
12 % de l'espace a des densités supérieures à 50
hahitants au km2.
Ensuite vient le canton
essouma dont la courbe
cumulative des densités révèle que

Fig. 32
COURBE CUMULATIVE DE LA DENSITE DE LA POPULATION
CANTON AFFEMA
CANTON APPOLO
% d'espace
'" d'espace
100
100
75
75
50
50 I{:~:
':.:.:•..
j(
25
25
o 1
i
1
i
i
i
1
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i
i
1
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O~
o
1
i
1
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i
i
i
i
i
1
10
20
30
40
50,
60
70
80
90
100
110
120
Hab.lkm2
''l'-.".....,,_..+_..,',._-,,,'..,,,,,..... ,....,,.. -,'~.•'"''''''~--- .. ,"""'.....,.~.,.,-~-...,_".,~,.,.."._ .. ""'- ._. "._

- 122 -
- 50 % des densités sont inférieures ou égales à
8 habitants au km2.
- 75 % de l'espace a des de.nsi tés inférieures ou
égales à 23 habitants au km 2 •
7 % de l'espace a des densités supérieures à 50
habitants au km2.
L'analyse de la carte du peuplement du Sanwi fait
ressortir les nuances de l'occupation de l'espace. Certaines
portions du territoire comme lescantons essouba et éhotilé
ont atteint des densités critiques, tandis que d'autres comme
le canton appolo restent assez faiblement peuplés.
La carte de peuplement met en exergue le rôle des
lagunes et des autres voies de communication dans la fixation
de la population dans ce milieu forestier.
Lorsqu'on
superpose
les cartes de localisation de
la population, de densités et celle des axes de communication,
on se rend compte de l'établissement préférentiel des habitants
autour des lagunes et des principales pistes de liaison.
Au total, la cartographie des densi tés met en évi-
dence le poids des rapports Homme - Espace.
La densité régionale globale d'environ 30 habitants
approche déjà le seuil critique. Certains secteurs du territoire
ont déjà dépassé le seuil tolérable qui en économie de planta-
tion avec des méthodes traditionnelles, se situerait entre 35
à 40 habitants au km2. C'est le cas des cantons assouba, krin-
djabo et éhotilé qui ont des densités de l'ordre de 40 habitants
au km2.

-
123 -
Il en résulte une forte saturation foncière peu
favorable au maintien et au développement de l'agriculture de
plantation.
CONCLUSION DU CHAPITRE II.
La population du Sanwi est très cosmopolite. Au peu-
plement initial échelonné sur le 16e siècle et le 18e siècle, s'est
ajouté depuis le 1ge siècle une foule d'immigrants allogènes
et étrangers attirés d'abord par l'économie de traite puis par
l'économie de plantation.
L'immigration massive étroitement liée à l'essor
économique a pour effet l'accroissement des densités rurales
avec pour conséquence l'aggravation des tensions sur les terres.
L'origine géographique des habitants revèle que
plus de 50 % de la population est constituée d'allogènes ivoi-
riens et d'étrangers.
La structure par âge et par sexe de la population
montre un équilibre relatif des deux sexes, une prépondérance
de jeunes de moins de 20 ans et un déficit d'adultes. Le défi-
cit d'adultes mâles pose le problème de force de travail au
regard de la production.
Après examen des composantes physiques et humaines,
il importe 8 présent d'étudier les activités économiques qui
sont au coeur de la transformation de l'espace. Cela est
d'autant indispensable que c'est en luttant contre la rareté
et donc pour la satisfaction des hesoins économiques que les
hommes structurent l'espace.

-
124 -
CHAPITRE III
LES DONNEES ECONOMIQUES DE L'ESPACE.
Les peuples du Sanwi, comme leurs voisins de la
zone forestière, pratiquaient avant la pénétration française,
la chasse, la pêche et l'agriculture dans le cadre d'une éco-
nomie autarcique dont l'objectif était de procurer les moyens
de subsistance.
Le contact avec l'Occident et la transformation des
habitudes de consommation qui s'en est suivie, a engendré
l'économie de marché. On est passé tour à tour de l'économie
de subsistance, au système de traite fondé sur l'exportation
des produits tels que l'huile de palme, les palmistes, le
caoutchouc naturel et le bois, à l'économie de plantation
basée sur le café et le cacao.
A l'Indépendance, le café et le cacao représentaient
plus de 7S % des exportations de la Côte d'Ivoire. Pour éviter
la trop grande dépendance de l'économie nationale de ces deux
produits, de grandes opérations de diversification furent
entreprises. Ces actions s'appuient sur les potentialités
agronomiques régionales.
En ce qui concerne la zone forestière,
le Sanwi avec
ses complexes agro-industriels de palmier, de cocotier et plu-
sieurs autres spéculations agricoles, présente une image
d'ensemble des différentes initiatives de développement.
La grande majorité de la population vit de ces
activités agricoles. Les activités non-agricoles ont un poids
relativement faible.

- 125 -
A.- LES ACTIVITES AGRICOLES OU DE BASE.
Les activités agricoles sont diversifiées mais le
café et le cacao restent prépondérants.
I.- LES PRINCIPALES CULTURES INDUSTRIELLES.
1 - Le café et le cacao
les anciennes cultures
marchandes.
Le caféier et le cacaoyer (planche 4) ont
été introduits en Côte d'Ivoire par VERDIER. La première plan-
tation de caféier fut créée en 1880 par lui à Elima, en bor-
dure de la lagune Aby.'~es plants Coffee Liberica, lui ont été
fournis par son frère alors consul de France à Monrovia. Les
superficies plantées à Elima étaient de 500 ha en 1882"(DIAN
Boni, 1982).
Suivant l'exemple de VERDIER et de son associé DE
BRETIGNIERE, quelques autochtones de la région d'Elima créèrent
un peu plus tard, des plantations. Quelques européens en firent
autant.
La culture du cacaoyer débuta un peu plus tard,
après l'échec des caféiers d'Elima. La première initiative
date de 1888 à Elima. Comme pour le caféier, elle est du res-
sort de VERDIER et de DE BRETIGNIERE.
C'est donc à partir d'Elima que ces deux cultures
se sont propagées dans l'espace ivoirien. Au début du ZOe
siècle, des exploitations caféières sont établies à Noé Cà la
frontière ghanéenne) et à l'ouest de la lagune Aby et autour
d'Aboisso.

- 126 -
En 1979, les surfaces plantés en café et en cacao
étaient respectivement de 45 000 ha et de 20 000 ha, soit au
total 26,1 % de la surface agricole utile (SAU).
Avec environ 65 000 ha, le verger caféier-cacaoyer
des deux Sous-Préfectures étudiées représente 2,8 % du verger
national. En 1979 la superficie totale plantée en caféiers et
cacaoyers en Côte d'Ivoire, s'élevait à 2 308 500 ha dont
946 500 ha pour la cacao et 1 362 000 ha pour le café.
Au niveau spatial, exceptée la zone littorale (zone
des sables quaternaires impropres à la culture du caféier et
du cacaoyer) ces deux cultures se rencontrent partout. Cepen-
dant, les cantons Assouba, Affema et Appolonien semblent les
plus touchés.
Dans l'ensemble, le matériel végétal a vieilli. Sui-
vant l'âge du verger, on constate que pr~s de 33 \\ des surfaces
ont été plantées avant 1960. Au total plus de la moitié des
plantations a plus de 15 à 30 ans d'âge.
Depuis quelques années, sur initiatives de la SATMACI
(Société d'Assistance Technique pour la Modernisation de l'Agri-
culture en Côte d'Ivoire), quelques 8 500 ha de cacaoyer ont
été créés à partir des clones hybrides à haut rendement.
Concernant le caféier l'opération de rajeunissement
a porté sur 3 900 ha. Cette opération consiste à remplacer
l'ancien verger Robusta par des clones plus productives sélec-
tionnées par l'IFCC (Institut Français pour le Café et le
Cacao).

- 127 -
Contrairement à certains pays, en l'occurence
d'Amérique Latine où les activités agricoles sont dominées
par les grands propriétaires "latifundiaires"., la cul ture du
caféier et du cacaoyer est ici entre les mains de paysans
individuels. La production est de type familial.
La production enregistrée au cours de la campagne
1980-1981 est de 6 385,636 tonnes de cacao et de 27 648,043
tonnes de café; soit environ 6 % de la production nationale
de café et de cacao.
Tableau n° 4:
Etat récapi tula t if des tonnages café-cacao
commercialisés pendant cinq campagnes dans
les Sous-Préfectures d'Aboisso et d'Adiaké.
ABaISSa
ADIAKE
TOTAL
CAMPAGNES
Cacao
Café
Cacao
Café
Cacao
Café
1980/81
583,683
19198,055
55Cl,953
8449,988
6385,636
27648,043
1981/82
4027,198
10161,472
1642,668
6309,961
5669,866
16471,433
1982/83
3493,650
14124,527
420,769
8076,495
3914,419
22201,022
1983/84
10983,008
7943,012
1077 ,694
1775,257
12060,702
9718,269
1984/85
9751,604
13898,784
2795,151
2795,151
12546,755
16693,935
TOTAL
34090,143
65325,850
6487,235
27406,852
40577 ,378
92732,702
Source
Ministère de l'Agriculture. Inspection Régionale
des produits agricoles du Sud - Abidjan.
En 1983-1984, le tonnage produit s'élevait à 12060,702
tonnes pour le cacao et à 9718,269 tonnes pour le café.
On remarque que la production de café a baissé de
plus de la moitié par rapport à la campagne précédente. Cette

- 128 -
baisse s'explique par la sécheresse et les feux de brousse
de 1983-1984 qui ont eu une incidence négative sur les pro-
ductions agricoles.
Il est cependant à noter que contrairement à la pro-
duction caféière qui a connu une chute importante, on a enre-
gistré une augmentation spectaculaire de la production cacao-
yère au moment où les conditions climatiques s'avéraient les
moins avantageuses. Au cours de la camapagne 1983-1984, on
a commercialisé 12 060,702 tonnes de cacao contre 3 914,419
tonnes en 1982-1983 ; soit une augmentation de plus de 300 %
Cette accélération de la production serait-elle due
à l'entrée en production de la grande partie des parcelles
encadrée par la SATMACI ou au contraire à un apport extérieur?
En 1984-1985 la production était de 16 693,935 tonnes
de café et de 12 546,755 tonnes de cacao; ce qui confirme
sans doute l'effort de production interne.
A ces deux cultures pionnleres se sont ajoutées
depuis l'Indépendance, des cultures de diversification.
2 - Les nouvelles cultures industrielles.
Les nouvelles cultures industrielles sont de
deux types. Il y a d'une part les cultures industrielles
pérennes (Palmier et cocotier et l'hévéa qui commence timide-
ment à s'inserrerdans les finages villageois) et d'autre
part, les plantes annuelles (bananier et ananas).

Fig. 33
LOCALISATION DES ACTIVITES AGRO-INDUSTRIELLES
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GHANA
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.......... s
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OCEAN
ATLANTIOUE
1 km
Usine
Cocoteraie
Palmeraie
Bananeraie
Ananas
*
Conditionnement de la banane

- 130 -
a) Le palmier et le cocotier.
Commencé au lendemain de l'Indépendance, le
plan palmier suivi quelques années plus tard du plan cocotier,
devait être le fer de lance de la politique de diversification.
L'opération palmier qui est de loin la plus importan-
te porte sur 106 963 ha dont 52 902 appartiennent à la PALMIN-
DUSTRIE,
37 902 ha aux planteurs villageois et 17 059 ha
aux capitalistes privés.
Quant au cocotier, il couvrait en 1979,30 596 ha
dont 10 202 en plantations villageoises, 19 303 ha en planta-
tions industrielles et 1 091 ha détenus par l'IRHO (Institut·
de Recherche pour les Huiles et les oléagineux).
La région du Sanwi abrite deux des neuf ensembles
agro-industriels de palmier créés depuis 1960 et un ensemble
agro-industriel de cocotier.
Qu'est-ce-qu'un ensemble agro-industriel ?
Il s'agit d'un bloc agro-industriel composé comme
son nom l'indique d'une plantation industrielle et d'une ou
plusieurs usines de traitement, au pourtour duquel se déve-
loppent des plantations villageoises.
Les plantations villageoises de palmier
se sont
développées autour de deux blocs : le bloc de Ehania et de
Toumanguié .
. Le bloc agro-industriel de Toumanguié créé en 1962
sur la forêt classée du même nom s'étend sur 3281 ha (planche 5).

- 131 -
La couronne villageoise associée au bloc couvre 5 219 ha
répartis en deux secteurs: Toumanguié 2 816 ha et Adiaké
2 403 ha (Le secteur villageois de Toumanguié étant à cheval
sur les Sous-Préfectures d'Aboisso, d'Adiaké et de Bonoua,
les surfaces intéressant la zone d'étude sont estimées à
4 561 ha).
L'ensemble agro-industriel de Toumanguié a produit
en 1980,99 629 tonnes de régimes: 41 763 tonnes en planta-
tions industrielles et 57 866 tonnes en plantations villa-
geoises (planche 6, photo 10) pour 19 972 tonnes d'huile
de palme et 4 744 tonnes de palmistes .
. Le deuxième bloc, celui d'Ehania créé en 1966 sur
la forêt classée d'Ehania fait 12 159 ha d'un seul tenant.
Son secteur villageois couvre une superficie de 5 193,56 ha
repartis entre 1 229 planteurs. Cette unité agro-industrielle
d'Ehania comprend trois huileries:
- Une huilerie centrale d'une capacité de 40 T/heure.
- Deux huileries annexes de 30 T/heure chacune.
Les trois usines ont traité en 1980, 227 022 tonnes de régimes
de palme (197 927 tonnes en plantations industrielles et
29 095 Tonnes en plantations villageoises) pour une produc-
tion de 48 812 tonnes d'huile de palme et 10 440 tonnes de
palmistes.
La culture du cocotier a une très forte emprise sur
la zone littorale. Elle se fait également en plantation indus-
trielle et villageoise.
La plantation industrielle localisée dans la reglon
d'Assinie s'étend sur 2 881 ha. L'IRHO détient dans cette
région 177 ha en plantations privées.

- 132 -
Le secteur familial porte sur 2 856 ha. Au total
toutes les plantations ont produit en 1980, 9 062 tonnes
de coprah et 33 616 000 noix de coco.
b)
La banane et l'ananas
Traditionnellement le bananier était cultivé pour
l'autoconsommation. Il faisait partie de l'ensemble des vi-
vriers cultivés en association avec le caféier et le cacaoyer.
La variété plantée était le bananier plantain.
Ce n'est qu'en 1955 que la région du Sanwi se lance
dans la culture de la variété Poyo qu'on appelle communément
banane douce.
Les précipitations importantes et bien réparties sur
l'année associées aux bons sols sur granite et granodiorite
favorisent le développement de cette spéculation.
1
1
Les plantations se rencontrent autour d'Aboisso
f
(planche 6, photo 11). Les superficies plantées (superficie
1
en production) étaient estimées en 1979 à 987 ha soit 8,8 %
de la bananerie ivoirienne.
1
1
En 1979, 11 842 tonnes de banane ont été conditionnées
r
soit 9,9 % de la production ivoirienne.
1
1
i
t
La production del'ananas se réalise quant à elle
i
sous deux formes. On distingue l'ananas de conserve et
t
l'ananas frais en vue de l'exportation.
t
,
1
!
1

- 133 -
La culture de l'ananas de conserve est pratiquée
par des paysans régroupés en coopératives. Les coopératives
de production sont encadrées par la SaDEFEL (Société pour le
Développement des Fruits et Légumes) pour le compte de la
SALCI-aNa (Société des Ananas de la Côte d'Ivoire sise à aNa
Sous-Préfecture de Bonoua).
Les surfaces cultivées étaient en 1979 d'environ
500 ha répartis
entre deux secteurs: le secteur de N'Zikro-
Aboisso et celui de Adiaké-Kacoukro et Djimini-Koffikro qui
est de loin le plus important. Il représente plus de 80 % des
surfaces cultivées en ananas des deux Sous-Préfectures étudiées.
L'importance du secteur Kacoukro-Adiaké, éloigné de
l'usine de traitement s'explique par les facilités de défri-
chement offertes par le milieu ; il correspond en effet à
une vaste zone de savanes prélagunaires.
La culture de l'ananas de conserve en milieu villa-
geois a connu ces dernières années de très graves difficultés.
Celles-ci sont attestées par le recul des superficies plantées.
Dans la zone de l'Est-Comoé d'une manière générale~ les sur-
faces plantées ont diminué
de 15 % entre 1975 et 1976
(1 194 ha en 1975 contre 1 013 ha en 1976). Des efforts sont
actuellement faits pour la relance de cette activité.
Les surfaces réservées à l'ananas frais connaissent
à la différence de l'ananas de conserve, une progression
rapide sous l'impulsion de très gros planteurs localisés à
Kacoukro et Adiaké. Elles se chiffraient en 1979 à 300 ha
dont 100 ha en récolte ce qui représente environ 2 % des
superficies récoltées en Côte d'Ivoire.

-
134 -
Les superficies cultivées actuellement peuvent être
estimées à plus de 500 ha avec une production de l'ordre de
6 500 tonnes.
Au total les nouvelles cultures industrielles
occupent environ 5 à 6 % de la surface agricole utile totale.
II.- LES CULTURES VIVRIERES.
Les cultures vivrières sont très diversifiées.
Il y a les tubercules, la banane plantain, les céréales et
les fruits et légumes.
1 - Les tubercules et la banane plantain.
Les tubercules et la banane plantain consti-
tuent la base de l'alimentation de l'Agni.
Les
principaux tubercules sont le manioc, le taro
et l'igname qui fait l'objet d'un culte annuel: la fête
des ignames.
Excepté le manioc qui est pratiqué sur des surfaces
unispécifiques parce que très envahissant, les autres vivriers
se cultivent généralement en association avec les jeunes
plants de caféier
ou de cacaoyer au cours des deux premières
années.

- 135 -
Tableau n° 5
Situation des quatre principales
productions vivrières en 1980
(estimation d'après les statistiques
agricoles)
BANANE
IGNAME
MANIOC
TARO
PLANTAIN
SURFACES
25 000
900
6 000
5 500
RECOLTEES
PRODUCTION
35 000
5 500
53 000
2 500
EN TONNES
En 1980 les surfaces vivrières étaient estimées à
25 000 ha pour la banane plantain, à 900 ha pour l'igname et
le manioc et le taro respectivement à 6 000 et 5 500 ha.
La production s'élevait en 1980 à environ 53 000 T
pour la manioc, 35 000 T pour la banane plantain et à 5 500 T
pour l'igname. Celle du taro était de 2 500 tonnes.
2 - Les céréales.
1
f
Les céréales produites au Sanwi sont le mais
et le riz.
1
La riziculture est pratiquée dans les bas-fonds. La
production est très insignifiante au regard des immenses
1
potentialités. Elle est essentiellement le fait des "étran-
!
gers" originaires des savanes du nord.
t
f
En 1980 environ 3 500 ha de mais ont été cultivés
pour une production d'entre 1 500 et 2000 tonnes. Le riz
couvrait quant à lui environ 1000 ha. La quantité récoltée
peut être évaluée à 1000 tonnes de paddy.

-
136
-
3 - Les fruits et légumes
Il est impossible d'apprécier le niveau de la
production fruitière et légumière faute de statistiques. Les
fruits et légumes les plus courants au Sanwi sont l'avocat, les
oranges, les mangues, les aubergines, les piments
et la tomate.
Les arbres fruitiers ne font pas l'objet de culture
spéciale. Ils sont soit disseminésdans les caféiers ou les
cacaoyers, soit pratiqués en culture de case comme c'est sou-
vent le cas pour les légumes.
La production maraîchaire moderne (carotte, salade,
persil) reste peu importante. Elle se limite aux environs
immédiats d'Aboisso.
Au regard des cultures industrielles, la production
vivrière reste faible. Certes les statistiques agricoles ne
prennent pas souvent en compte les quantités autoconsommées,
mais en comparant les superficies couvertes par les cultures
vivrières et les cultures industrielles, on se rend compte du
net désequilibre en faveur des dernières. Environ plus de 70 %
des superficies cultivées sont occupées par les cultures
d'exportation contre moins de 30 % pour le vivrier.
Les cultures vivrières jadis destinées à l'auto-
subsistance, s'inserrent de nos jours dans les circuits
commerciaux, tout comme la pêche dont le produit fait
l'objet d'un commerce très fructueux.

- 137 -
B. - LA PECHE
UNE SOURCE DE REVENUS SUBSTANTIELS.
L'activité de pêche est principalement localisée
dans la Sous-Préfecture d'Adiaké. Il y a deux types de pêche
la pêche lagunaire et la pêche artisanale maritime.
I.- LA PECHE LAGUNAIRE.
La Sous-Préfecture d'Adiaké, défavorisée au plan
des sols (sols marécageux dont les marais de N'Ganda-N'Ganda<
et de la Tanoé, sables quaternaires très pauvres) semble rat-
traper cette injustice de la nature par la présence en son
sein d'un vaste plan d'eau couvrant 41 000 hectares
et qui en fait une zone privilégiée pour la pêche.
La pêche lagunaire, source de revenus substantiels
pour la population résidente, connaît un réel progrès depuis
1978, date d'organisation des pêcheurs en coopératives.
1 - ~a pêche organisée.
La pêche organIsee est le fait de 38 G.V.C.
(Groupement à Vocation Coopérative) de pêche dont 20 sont
légalement constitués et 18 en voie de régularisation et
7 groupements informels.
Depuis le 19 décembre 1982 est créée une union des
G.V.C. Celle-ci
regroupe toutes les coopératives de pêche
et a un capital de 1,9 million
de Francs CFA.
Les coopératives de pêche sont créées sur initiative
du centre de pêche d'Adiaké en collaboration avec la Direction
de la Mutualité et de la Coopération (D.~r.C.) et l'ONPR
(Office National de Promotion Rurale).

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Fig. 34
LOCALISATION DES VILLAGES DE PECHE
EN LAGUNE ABY,TENDO,EHY
Epiéfé "F--:=:"~
Erokoan
°Betlhéem
7
7
Aby
-:l.Abiati
Boussoukro
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OCEAN
ATLANTIQUE
..............
Kéiouabo
Sékondi
1=0. __
1Qkm
.........

- 139 -
Le centre de pêche créé depuis 1966 a pour mission
de développer et de moderniser la pêche en lagune Aby. Il
est chargé en outre d'organiser les pêcheurs en G.V.C.; de
leur fournir l'assistance technique et de contrôler la pro-
duction.
Chaque coopérative comprend 7 à 18 membres, exclu-
sivement des autochtones.
Les principaux groupes ethniques pratiquant la pêche
sont les Ehotilé et les N'Zima. Les Essouma qui à l'origine
étaient pêcheurs au même titre que les Ehotilé se sont progres-
sivement détournés de cette activité après les contactsfruc-
tueux qu'ils eurent avec les commerçants navigateurs de
l'époque précoloniale.
La pêche ne demeure pour eux qu'une activité d'ap-
point.
Les Agni
étaient eux des "terriens" (ROUGERIE, 1959)
et échangeaient leurs produits agricoles contre le poisson
pêché par les Ehotilé qui restèrent très attachés à la lagune.
Trois villages agni implantés en bordure de la lagune
font cependant exception à la règle. Il s'agit d'Eboué, d'Aby
et de Mowa où les Agni s'initièrent à la pêche.
La pêche comme l'a souligné H. BERRON
(1979) est pratiquée dans le Sanwi comme activité secondaire.
La majorité des coopérateurs sont des planteurs-pêcheurs.
Ils ne vont en lagune qu'à la fin des travaux champêtres.

Tableau nO 6
Tonnage et valeur des produits pêchés et débarqués sur le marché
d'Adiaké en 1980 par espèce importante et par mois.
ESPECES
ETHMALOSES
TILAPIA
CHRYSICHTHIS
ELOPS
MELANGES
TOTAL
MOIS
P. en kg
P. 1000
P en kg
P. 1000
P.en kg
P. 1000
P.en kg
P. 1000 P. -en kg
P.l000
P. en kg
P. 1000
Janvier
51. 647
2.641
91. 317
31. 981
3.264
1.029
2.048
574
21.125
4.561
169.401
40.786
Février
149.169
14.899
77 •311
16.636
17.785
6.420
4.523
1.282
26.154
5.967
C
274.942
45.204
-.:t
,.....
Mars
47.473
11.057
6.958
2.231
6.283
3.369
10 .046
2.668
17.318
3.866
88.062
16.090
Avril
206.641
28.362
7.859
2.932
6.956
2.501
2.167
588
29.641
6.676
253.264
41.920
Mai
29.899
3.589
8.228
3.078
1.801
4.622
595
232
18.008
5.498
68.531
17.019
Juin
49.846
8.920
5.550
2.113
7.357
2.300
6.106
1.650
25.707
8.035
94.573
23.018
Juillet
58.993
8.432
6.421
2.549
11.658
3.609
1.546
412
10.484
2.987
89.072
17.989
AoUt
48.330
6.934
6.746
2.303
23.023
6.944
3.993
1. 117
19.794
4.592
101. 886
21.890
Septembre
39.804
5.797
6.560
2. 121
19.471
6.318
2.481
685
42.368
11. 229
110.686
26.150
Octobre
42.023
6.314
8.322
2.734
21.633
6.505
497
136
61.630
14.253
134.105
29.942
Novembre
309.051
43.648
4.872
1. 725
410.616
129.904
2.190
527
28.264
7.279
754.993
183.083
Décembre
43.553
6.433
8.418
2.866
32.257
10.257
1.523
384
39.805
10.214
125.556
30.157
Total
1.076.429
140.786
238.570
73.269
572.105
183.781
37.714
10.255
340.299
85.157
2.265.118
493.248
Source
Centre des pêches d'Adiaké

Tableau na
7
Tonnage et valeur des produits débarqués et contrôlés
mois par mois. Année 1983.
POIDS ET VALEUR DES PRODUITS DEBARQUES EN 1983
ETHMALOSES
TILAPIA
CHRYSICHTHYS
ELOPS
DIVERS
TOTAUX
POIDS
VALEUR
POIDS
VALEUR
POIDS
VALEUR
POIDS
VALEUR
POIDS
VALEUR
POIDS
VALEUR
EN KG
EN 1000
EN KG EN 1000
EN KG EN 1000
EN KG EN 1000
EN KG
EN 1000
EN KG
EN 1000
JANVIER
21 362
7 797
3 280
961
4 808
5 634
-
-
5 805
3 703
35 255
18 095
FEVRIER
177 711
64 864
5 529
1 619
3 682
4 315
-
-
9 475
6 045
196 397
76 843
MARS
15 527
5 667
7 772
2 277
3 024
3 544
-
-
11 067
7 060
37 390
18 548
AVRIL
13 028
4 755
4272
1 251
1 811
2 122
-
-
9 478
6 046
28 589
14 174
<::t
MAI
19 394
7 078
5 791
1 989
2 668
3 126
-
-
6 953
4 436
35 806
16 629
JUIN
14 416
5 261
2 215
648
2 661
3 118
-
-
7 021
4 479
26 313
13 506
JUILLET
37 592
13 721
2 834
830
2 868
3 361
-
-
11 735
7 486
55 029
25 398
AOUT
53 010
19 348
4 630
1 356
2 220
2 601
-
-
8 560
5 461
68 420
28 766
SEPTEMBRE
54 974
20 065
5 415
1 586
2 143
2 251
-
-
5 982
3 816
65 514
27 978
OCTOBRE
47 676
17 401
7 822
2 291
2 845
3 334
-
-
7 663
4 888
66 006
27 914
NOVEMBRE
33 380
12 183
5 170
1 514
1 889
2 213
-
-
9 703
6 190
50 142
22 100
DECEMBR~
47 597
17 372
6 678
1 956
1 906
2 213
-
-
8 243
5 259
64 424
26 820
TOTAUX
535 667
195 512
62 405
18 278
32 525
38 112
-
-
101 685
64 869
732 285
316 771
Source
Centre des pêches d'Adiaké

- 142 -
Cette activité n'est exercée en plein temps que par
quelques individus qui ne possèdent pas ou qui ont insuffi-
samment de plantations de cocotiers, de palmiers à huile ou
de caféiers toujours plus rémunératrices.
Au cours de l'année 1980, 2 265,118 tonnes de pois-
son ont été débarqués et vendus sur le marché d'Adiaké pour
une recette de 493,248 millions de Francs.
En 1983, seulement 732,285 tonnes de poisson ont été
débarqués à Adiaké pour une valeur de 316,771 millions de francs.
Les prises restent en majorité le hareng des lagunes
ethmaZosa fimbpiata
qui représente plus de 70 % en poids du
poisson commercialisé sur le marché d'Adiaké.
Le hareng des lagunes est une espèce qui se déplace en
banc et offre de ce fait une bonne prise aux filets tournants.
Il se prête plus facilement au fumage et
entre" par consé-
quent dans le commerce de poisson avec les régions éloignées
des lagunes.
L'activité des pêcheurs individuels est moins impor-
tante mais porte sur des espèces très recherchées.
2 - La pêche individuelle.
La pêche artisanale individuelle est surtout
pratiquée par les allogènes en majorité des Bozo originaires
du Mali.
Le matériel de pêche est très archaïque et très som-
maire. Chaque pêcheur dispose d'une petite pirogue d'une

-
143 -
pagaie. Les instruments de capture sont généralement les
lignes à hameçons multiples, les filets maillants ou les
éperviers (planche 7).
Les principales captures sont les Tilapia, les Elops
et les Chrisichtys, poissons très prisés sur le marché de con-
sommation.
Les pêcheurs, du moins ceux du rivage d'Adiaké livrent
leur production chaque matin au centre de pêche. Celle-ci est
vendue sur-le-champ , à la pesée, aux acheteurs résida.nt à
Adiaké ou venus des villages et campements environnants.
II.- LA PECHE ARTISANALE MARITIME.
La pêche maritime est pratiquée par des étrangers
dont les campements jalonnent le littoral. Elle subit les
difficultés d'un milieu marin très mouvementé.
1 - Les conditions physiques.
La pêche artisanale en mer est négativement
influencée par le phénomène de la barre. Le phénomène de la
barre très caractéristique du golfe de Guinée, résulte de
l'étroitesse du plateau continental (18 à 35 km au large de
la Côte d'Ivoire) qui empêche un déroulement normal de la
houle (H. BERRON, 1979).
Dans le golfe de Guinée, les eaux de surface
(jusqu'à 100 - 150 m environ) ont une température constamment
élevée favorable au développement de la vie. Mais leur ferti-
lité est moindre que celles créés par les courants des Cana
ries et les courants de Benguela au Nord et au Sud de l'équa-
teur.

-
144 -
De janvier à avril les eaux de surface au large de
la Côte d'Ivoire, se refroidissent et s'enrichissent au con-
tact des courants d'upwelling (rémontée d'eau froide). Entre
juillet et septembre, ces courants d'upwelling s'amplifient
et peuvent abaisser la température des eaux de surface jus-
qu'à 19°C au mois d'août.
La richesse des eaux enphytoplanctons et en zooplanc-
tons atteint son maximum au large de la Côte d'Ivoire.
La situation change d'octobre à janvier: une baisse
des vents de mousson entraîne un arrêt des courants d'upwelling
et un retour aux eaux chaudes, peu salées et moins riches.
Les périodes de bonnes pêches coincident généralement
avec la remontée des eaux froides (juillet - septembre).
Les poissons que l'on retrouve en plus grand
nombre sont les ombrines Pseudotolithus sp, la Fritura
otepepca aupita,
les pageots pagellus coupei, les capitaines
Galeoides polydactylus,
les carpes rouges et blanches
Lut,janus sp et lomadasys SQ,
les plats - plats
Micl'OtOY'Yx
chY'YsuY'us 1 les soles cynoglossus sp, les Raies Raia miY'atelus .
et les macho irons TY'achysuY'us gambiensis
2 - Les conditions humaines et techniques.
Les pêcheurs en mer sont pour la plupart des
Ghanéens, des Togolais et des Béninois. Leurs campements
distincts des villages "autochtones" sont situés le long de
la mer. On peut citer: Ebotian, Mabianha, Latebofikro, Amis-
siakro, Korobo, Afforenou, Akpagnin.

-
145
-
POI.r mleux affronter la houle, ils se sont orga-
nisés en équipes. Chaque équipe comprend une dizaine de
personnes et dispose d'une grande pirogue parfois motorisée.
Les autres équipements utilisés sont la senne de
plage, les lignes et les palangres. Tout ce matériel est
généralement financé par de riches parents restés au pays.
Les pêcheurs y retournent tous les ans ou tous les deux ans
pour partager les revenus de leur activité.
La pêche et l'agriculture, sont les piliers de
l'économie régionale. Elles font vivre plus des 3/4 de la
population.
C. - LES AUTRES ACTIVITES.
Les autres activités occupent moins de personnes
mais ont un rôle important dans la dynamique économique régio-
nale. Elles concernent la fonction publique et les services,
le tourisme, l'artisanat et le commerce.
1.- LES EMPLOIS DE LA FONCTION PUBLIQUE ET LES
ACTIVITES TOURISTIQUES.
D'après les données fournies par le service de la
solde, 900 fonctionnaires et agents de l'Etat serviraient
dans les Sous-Préfectures d'Aboisso et d'Adiaké.
1 -
Les emplois de la Fonction Publique.
La Sous-Préfecture d'Aboisso, qui abrite le
chef-lieu de Préfecture, siège de plusieurs services à carac-
tère régional a une large avance sur celle d'Adiaké. Elle
totalise 678 employés contre seulement 222 pour Adiaké.

- 146 -
Au niveau de la reglon sud (région sud comprend
les départements d'Abengourou, Aboisso, Adzopé, Agboville,
Divo, Abidjan moins la zone "BAB" Bingerville, Abidjan et
Bassam) les circonscriptions d'Aboisso et d'Adiaké avec res-
pectivement 9,2 et 5 emplois modernes pour 1000 habitants en
1975 apparaissent comme des Sous-Préfectures à fort taux de
fonctionnaires. Ensemble elles enregistrent une moyenne de
7,5%0supérieure à la moyenne départementale qui est de
6,5 0/00 et à celle de la région sud qui s'élève à 5,6 0/00.
Les 900 eJuployés de la Fonction Publique ont perçu
en 1975 un salaire net de 498 millions de Francs CFA, soit
un salaire mensuel moyen de 55 300 F CFA par tête. Le salaire
mensuel moyen de la région sud n'est que 46 400 F CFA.
.
2 - Les activités touristiques.
Depuis 1970, la Côte d'Ivoire a fait un effort
remarquable en matière d'équipements touristiques. Cet effort
s'inscrit dans la nouvelle orientation politique engagée pen-
dant la deuxième décennie de développement et voulant faire
du tourisme la deuxième industrie.
Un ministère est créé à cet effet qui a pour mission
de développer ce secteur d'activité.
En 1970 la Côte d'Ivoire n'avait que 83 établisse-
ments hôteliers
pour la plupart concentrés à Abidjan. En 1976
le pays comptait 131 hôtels pour une capacité de 4 800 cham-
bres contre seulement 1 877 en 1970.
S'intégrant au programme de développement et d'amé-
nagement touristique, la région d'Assinie à 80 km d'Abidjan,

Fig. 35
LOCALISATION DU COMPLEXE TOURISTIQUE
080ngo
~~}/\\\\] Zone du complexe touristique
...
LAGUNE
'.
A B Y
CanaLd ""Iss;nie
o
Assuéfoùi
Ngatakro
Moamé
o
E
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"
'Jers
'. '" .•.•
"
Paletuv
'....•.....: : : : Méd~r~an8e
Q
lqkm
d'après BERRON

- 148 -
de par la qualité rémarquable de son
site (site balnéaire
avec des grandes plages de sables fins, ensoleillées et
plantées de cocotiers avec en arrière de la mer, la lagune)
a bénéficié de près du 1/3 des investissements réalisés
dans ce secteur en Côte d'Ivoire de 1970 à 1974.
C'est en 1971 que le complexe touristique d'Assinie,
deuxième "fleuron" de l'équipem'ent touristique après l'Hôtel
Ivoire a été créé (J. DIENOT, 1981). Ce complexe devait per-
mettre de restructurer ce secteur littoral, peu peuplé et en
marge de l'essor économique de l'extrême sud-est ivoirien.
Le plan d'aménagement prévoyait pour 1980 la cons-
truction de 10 réceptifs. Ce qui représente 5 500 lits capa-
bles d'accueillir 114 000 touristes, soit 38 % des touristes
en visite en Côte d'Ivoire.
A ce jour, 1 300 lits seulement ont été réalisés.
Ils se répartissent entre trois réceptifs.
- La SITOUR (60 lits) et l'Hôtel des Paletuviers
(600 lits) à Assouindé.
- Le Club Méditerranée à 3 km à l'est d'Assouindé
avec une capacité de 640 lits.
«Les réceptifs construits sont de types "village-
vacances". "Le village-vacances" se distingue de l'hôtel
traditionnel car, en plus de l'hébergement et de la restau-
ration, il fournit sur place, à sa clientèle des loisirs
et une animation qui constitue une base rentable de son
activité»
(J.
DIENOT 1981).

- 149 -
L'ensemble des réceptifs a nécessité un investis-
sement de 2,97 milliards de francs répartis de la manière
suivante
- SITOUR
.
30 millions
- PALETUVIERS
.
1 108 millions
- CLUB MEDITERRANEE
.
1 832 millions.
A cela il faut ajouter les investissements en
infrastructure de base (route, ponts, débarcadère, réseau
téléphonique et adduction d'eau, villages employés) dont le
coût global s'élève à 1 846 millions de francs CFA.
Le complexe d'Assinie a accueilli en 1976 17 766
touristes soit 7,9 % de la clientèle ivoirienne. En 1979,
14 236 touristes ont visité Assinie. On remarque une baisse
de 19,8 % entre 1976 et 1977, témoignant ainsi des difficul-
tés de l'activité
touristique en Côte d'Ivoire.
Le nombre de nuités a également chuté passant de
78 835 en 1976 à 69 538 en 1977.
L'ensemble des réceptifs a réalisé d'après les esti-
mations de Josy DIENOT un chiffre d'affaires de 695 millions
en 1977 (ce chiffre peut-être près d'un milliard en 1979).
La masse salariale versée est évaluée en 1978 à
299,4 Millions de F CFA dont 145,4 millions aux 364 employés
africains (298 ivoiriens) et 154 millions aux 86 expatriés.
On remarque le déséquilibre flagrant entre les
salaires versés aux africains et ceux octroyés aux européens.
Un employé africain a un salaire moyen de 66 000 F contre
près de 300 000 F CFA pour l'européen.

-
150 -
L'activité touristique n'a certes pas ~u tous les
effets structurants escomptés, mais a permis au moins de
désenclaver la région d'Assinie et surtout de créer un véri-
table pôle qui pourrait à long terme apporter un souffle
novateur à la dynamique régionale. L'existence déjà d'un
petit commerce autour d'Assinie, la présence d'un certain
nombre d'artisans sont des indicateurs qui permettent
d'envisager l'avenir avec espoir.
II.- LE SECTEUR INFORMEL
ARTISANAT, COMMERCE
ET SERVICES.
L'ensemble des entreprises n'employant aucun sala-
rié échappe au contrôle de l'Office National de la Formation
Professionnelle (O.N.F.P.).
Le manque de statistiques associé à la grande dis-
persion des activités informelles dans l'espace, rendent
leur étude malaisée.
La documentation très maigre sur ce sujet, en ajoute
à la difficulté. Au niveau du milieu rural et des centres
semi-urbains, une seule source d'information est disponible.
Il s'agit de la publication du Ministère du plan relative
aux activités non-agricoles dans la zone sud et datant de
1975.
En ce qui concerne les centres de plus de 10 000
habitants aucune étude systématique des activités n'a encore
été entreprise. La documentation de base pour appréhender
les activités en milieu urbain, demeure les rapports d'enquê-
tes annexés aux études des plans directeurs d'urbanisme.

- 151 -
1 - Les activités informelles en milieu rural.
D'après l'enquête sur les activités non-agricoles
3 655 chefs de ménage ont une activité artisanale et 5 786
exercent dans le commerce et les services dans l'ensemble
régional sud (département d'Abidjan exclu)
; soit 13 chefs
de ménage exerçant une activité indépendante pour 1000 habitants.
Cette moyenne est très inférieure à celle du dépar-
dement d'Aboisso qui est de 24 0/00 (11 dans l'artisanat et
13 dans le commerce/services).
Le secteur informel est très hétéroclite. On y
dénombre tous les petits métiers.
Les commerçants au nombre 1 337 sont les plus nom-
breux. On les rencontre partout dans les campagnes qui offrent
les services de première nécessité aux ruraux.
C'est par exemple le petit boutiquier du village,
(planche 8), la commerçante nago (originaire du Nigéria) ou
le vendeur dioula, parcourant toutes les pistes forestières
la "boutique" sur la tête ou attachée derrière la bicyclette
et dont les providentielles visites au campement provoquent
des attroupements. Ces visites intéressent particulièrement
les ménagères; telle voulant s'offrir un morceau de savon,
telle épouse du fil de tresse, telle autre du poisson fumé
et des oignons ; tout cela sous le regard intéressé des en-
fants avides de friandises.
On a pu aussi recenser des maçons (168) des répara-
teurs auto (203), des tailleurs (91) des menuisiers (39) des
artisans boulangers, des transporteurs et des restaurateurs.

- 152 -
Au total on a dénombré pour le département d'Aboisso,
2 869 artisans et chefs de ménage ayant une activité de com-
merce et services (1 285 artisans et 1 584 dans le secteur
commerce et services). Si on répartit ce chiffre sur les
trois Sous-Préfectures constitutives du département d'Aboisso,
on peut estimer pour la zone étudiée à environ 1 800 à 2 000,
le nombre des chefs de ménages exerçant une activité infor-
melle en milieu rural ce qui représente une population de
plus de 6 000 habitants.
2 - Les activités informelles en milieu urbain
et semi-urbain.
En Côte d'Ivoire et d'une manière générale
dans les villes du Tiers-Monde, ce sont les petits métiers
appelés communément activités informelles qui font vivre la
grande majorité des citadins.
Les villes du Sanwi ne font pas exception à la
règle, à en juger par l'importance des emplois non-agricoles.
Tableau n°
8:
Villes de - 10 000 habitants, effectif des
chefs de ménages exerçant une activité
non-agricole.
ADIAKE
AYAME
Total
Total
Total
Total
ménages
population
ménages
population
ARTISANAT
230
1 066
116
365
COMMERCE ET
312
1 512
195
551
SERVICES
SALARIES
252
1 317
560
1 424
Source
Ministère du Plan: les activités non-agricoles
dans la zone sud 1975.

- 153 -
En 1975 on dénombrait à Adiaké 542 chefs de ménages
exerçant une activité artisanale ou de commerce et services
(230 artisans dont 114 pêcheurs et 312 dans le commerce et
les services) pour une population qui ne dépassait pas alors
5.000 habitants, soit une moyenne de 114 pour 1000 habitants.
Pour la ville d'Aboisso, on peut avoir une idée de
l'ordre de grandeur des activités informelles en évoquant les
recettes communales constituées pour la grande part de droits
et rédevances provenant de ces activités.
Le droit de place sur le marché varie de 50 à 200F
par jour, le droit de stationnement à la gare routière est de
2.000 F par mois pour les voitures légères et les taxis et de
2 500 F par mois pour les cars. Les patentes de boutiques
installées dans la ville s'élèvent à 2000 F/mois, la taxe
d'abattage des animaux à 600 F par porc et mouton et à 2000 F
par tête de boeuf.
L'ensemble de ces rédevances a produit pour la
période allant du 1/1/82 au 21/6/82, la somme totale de
94 388 750 f CFA (ville d'Aboisso Plan Directeur d'Urbanisme.
Décembre 1982. UPA - ACA Formation).
Cette somme ne peut servir que d'indicateur pour
les activités répertoriées. Or il est certain que de nombreux
petits métiers non sédentaires échappent au contrôle des réce-
veurs municipaux.
La structure des emplois informels est presqu'iden-
tique à celle du milieu rural. Les activités de commerce et
de services sont prépondérantes. Elles desservent aussi bien
la population urbaine résidente que celle des campagnes envi-
ronnantes.

-
154 -
CONCLUSION DU CHAPITRE III.
Premier foyer d'expérimentation et de diffusion
du café et du cacao en Côte d'Ivoire, le Sanwi a été après
l'Indépendance, le théâtre d'opérationsagro-industrielles
intégrées, de grande envergure, qui en font un espace à
très forte charge économique.
Le poids économique de la reglon est attesté par
la diversité de ses productions agricoles d'exportations et
surtout par les scores de production.
Au total l'agriculture est le principal pilier de
l'économie régionale; cependant la pêche connait un essor
récent et constitue une source de revenus substantiels pour
les populations.
La création sur le littoral d'Assinie de villages
de vacances très modernes, favorise le tourisme balnéaire
mais pour l'instant, l'impact du tourisme sur le milieu
local est très faible.

-
155 -
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Le développement économique amorcé depuis l'époque
coloniale et amplifié après l'Indépendance de la Côte d'Ivoire,
fait de la région de l'extrême Sud-Est, cadre spatial
de cette étude, une région à forte charge économique.
Cet essor
économique essentiellement fondé sur les
activités primaires a été possible grâce à un milieu naturel
assez généreux.
Ce milieu présente plus d'atouts que de contraintes:
sols de qualité chimique généralement médiocre mais profonds,
un climat chaud et pluvieux favorable à l'agriculture, vaste
plan d'eau lagunaire et un rivage marin qui se prêtent à la
pêche.
Ces atouts ont depuis longtemps &té exploités par
les hommes qui installés par vagues successives depuis au
moins le 16e siècle ont créé un état centralisé auquel il
a fallu assurer les moyens d'existence.
Dans le système économique traditionnel, très fai-
blement ouvert sur l'extérieur, l'emprise de l'Homme sur le
milieu était faible d'autant plus que les besoins étaient
limités.
Le passage de l'économie traditionnelle à l'économie
de marché au contact de l'Occident, est générateur de change-
ments qui ont fondamentalement bouleversé le paysage naturel
et humain de la région.

- 156 -
Partout, sur presque toutes les terres exploita-
bles, la végétation naturelle a cédé la place à de nouveaux
paysages de plantations de caféier, de cacaoyer, de palmier
que Pierre GOUROU appelle paysages dérivés.
L'emprise des cultures d'exportation est telle
qu'aujourd'hui, l'équilibre alimentaire traditionnellement
assuré au sein des cellules familiales de production et con-
sommation, est rompu. Très peu d'espace et de temps sont con-
sacrés aux cultures vivrières. Et pourtant le nombre de
bouches à nourrir, du fait de l'immigration massive engren-
drée par les besoins de main-d'oeuvre, a augmenté.
Faudrait-il compter sur les marchés urbains pour
combler ce déficit alimentaire qui s'accentue au fil du
temps ? Cette solution ne parait pas raisonnable dans un
milieu de paysans. Il serait souhaitable de concilier agri-
culture d'exportation et agriculture vivrière car l'une et
l'autre sont sources de revenus monétaires.
La compétition pour la production, l'afflux massif
d'allogènes attirés par le dynamisme économique, ont pour
conséquences, le noyautage de l'espace et sa relative densi-
fication.
Avec une densité globale de près de 30 habitants
au km2, l'espace étudié se situe au-dessus de la moyenne
de la zone forestière ivoirienne qui est de 25 habitants
au km2 d'après le recensement de 1975.
Dans certaines parties du territoire d'analyse, la
densité approche le seuil critique. C'est le cas du canton
Assouba.

- 157 -
En effet en système d'agriculture itinérante qui
pour se maintenir a continuellement besoin de terres, les
tensions hommes-terre commencent à devenir critique entre
35 et 40 habitants au km2.
Quel sera l'avenir de l'économie régionale quand
on sait que beaucoup de planteurs ne créent plus de planta-
tion
faute d'espace et qu'une bonne partie du verger est
vieille de plus de vingt ans ?
Ce blocage ne risque-t-il pas d'influencer à la baisse
le niveau de vie des masses rurales qui a atteint un seuil
appréciable? L'espoir est permis avec l'introduction des
nouvelles cultures industrielles et les actions qu'entreprend
la SATMACI en vue de régénérer le verger caféier et cacaoyer.
Espoir oui, mais somme toute mitigé car pour se
maintenir cette agriculture a aussi besoin de bras or la
force de travail endogène fait cruellement défaut suite à la
scolarisation et à l'exode des adultes. L'immigration pourra-
t-elle soutenir à perpétuité la demande de main-d'oeuvre?
On ne peut répondre qu'avec des réserves au vue de
ce qui se passe actuellement. La main-d'oeuvre est devenue
rare, chère et très exigeante. Elle est également instable.
Le statut de
manoeuvre
agricole n'étant qu'une étape
transitoire vers le statut d'exploitant agricole.
La plupart des anciens manoeuvres sont aujourd'hui
des exploitants, parfois de très grands exploitants et concur-
rencent les autochtones qui ont souvent des difficultés à trou-
ver les bras pour travailler sur leurs plantations.

-
158 -
Enfin dans une reglon où près de la moitié du
peuplement est allogène, n'y a-t-il pas de risque de pom-
page trop grand des richesses produites vers d'autres
régions? La réponse à cette question ne pourra être donnée
que plus loin dans l'analyse des revenus et de leur utili-
sation.

DEUXIEME PARTIE
LES DONNEES DE STRUCTURE DE L'ESPACE

-
159 -
La premlere partie de ce travail s'est attachée
à identifier et à décrire les éléments constitutifs du
cadre spatial. Elle s'est donc située au niveau de la trame
spatiale. Or entre les différents éléments du système spatial,
il existe des relations. Celles-ci s'opèrent par le biais
des réseaux de communication. Ce sont eux qui canalisent les
flux, eux-mêmes émis à partir des pôles.
Le deuxième volet de cette étude se propose d'in-
sister sur les éléments qui structurent l'espace: les voies de
communication, les noeuds et les réseaux.

- 160 -
CHAPITRE l
LES VOIES DE COMMUNICATION ET LES NOEUDS.
La reglon du Sanwi est structurée par un réseau
dense de voies de communication terrestre que complètent
des liaisons lagunaires. L'ensemble de ces voies dessert
une multitude de noeuds d'importance variable.
A. - LES VOIES DE CO~WUNICATION
Le système de communication s'appuie sur un éche-
veau de voies terrestres et sur les plans d'eau lagunaire.
1.- UN RESEAU TERRESTRE DENSE MAIS A VIABILITE REDUITE
Le réseau routier s'organise autour d'un pôle
principal, Aboisso et d'un centre secondaire, Adiaké. Il est
composé de voies hiérarchisées. On distingue d'une part les
routes principales et d'autre part,les routes secondaires et
un maillage assez serré de pistes rurales.
1 - Les routes principales
La région du Sanwi a bénéficié depuis l'indé-
pendance du pays, de l'effort national d'amélioration de
l'infrastructure routière. La réalisation de grandes opéra-
tions agro-industrielles, nécessitait un tel effort permet-
tant d'évacuer dans les conditions optimales les principaux
produits d'exportation.
Ainsi, depuis 1969, l'axe Bonoua-Aboisso long
d'une soixantaine de kilomètres a été bitumé. Le revêtement
de cette liaison constitue un réel motif de satisfaction
pour les populations du Sanwi. Il permet de relier Abidjan en

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Fie, 36
CARTE DES ROUTES
Route bitumée'
GHANA
Route en terre
PIste améliorée
----,:-..~-_.._~
-
.....
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f-
Piste ordinaire
,
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..........
-,'
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,,
/
".
"
""-
~~~
OCEAN
ATLANTIQUE
9 _ _ 19km
~

- 162 -
moins de deux heures. Jadis, la durée moyenne du
voyage sur la distance Abidjan-Aboisso longue de 110 km
était de 4 à 5 heures.
Entre 1980-1981, deux autres axes ont été revêtus.
Il s'agit des liaisons Samo-Adiaké et Samo-Assinie. Les deux
tronçons ont été raccordés à la Nationale A 100 au niveau de
Samo.
Cet effort d'amélioration du réseau routier, s'est
poursuIvI en 1983 et 1984 par la réalisation de l'autoroute
d'Accra. L'ouverture de cette autoroute, constitue sans doute,
la plus importante réalisation d'infrastructure de liaison.
Le tracé de cette voie qu~ du côté ivoirie~ relie
Aboisso à Noé, a désenclavé le territoire frontalier à l'Est
de la lagune Aby ; à long terme, il permettra à Aboisso
de jouer un rôle économique et administratif accru.
La situation d'Aboisso, en fait un point de pas-
sage obligé pour atteindre :
- Les localités du Nord du pays Sanwi
Ayamé,
Bianouan
- Les grandes plantations d'Ehania
- La capitale historique, Krindjabo et les villages
de la rive Est de la lagune Aby.
- Enfin le Ghana.
Cette situation d'étape obligatoire s'observe à
la gare routière d'Aboisso d'où partent les principales
lignes de Taxis-brousse qui desservent les villages.

Tableau n° 9
Le Réseau routier officiel
Routes en terre
Routes bitumées
Voirie urbaine
en Km
en Km
Total
Bitumée
Km
Km
A
B
C
CN*
A
B
C
CN
Secteur Abaissa
71
488
98
8
665
t")
\\0
Secteur Mafféré
50
252
49
44
385
Secteur
85
51
156
292
Sahounkro
206
781
205
142
8
1 .342
Total Km
1 . 192
A = Routes de catégorie A
*CN = Routes non classées
Source
Service départemental des Travaux
Publics Abaissa

- 164
Au total, l'espace étudié bénéficie de 142 km de
routes bitumées. Celles-ci constituent l'épine dorsale du
réseau de communication de cette région au climat pluvieux,
aux sols érodibles, où la cirulation des hommes et des mar-
chandises n'est pas toujours aisée à cause du mauvais état
des pistes.
2 - Les routes secondaires et les pistes.
Les routes secondaires sont des routes en terre
carossables toute l'année. On les classe en deux grandes
catégories: B - route de bonne viabilité, C - routes à via-
bilité moyenne. Les principales liaisons sont
Aboisso
Ayamé, longue d'environ 22 km
Aboisso
Mafferé, 35 km
Aboisso
Frambo, 85 km
Le kilométrage de routes en terre de catégories B
et C, s'élève respectivement à 206 et 781 kilomètres.
Outre les routes B et C, on a 205 km de routes non
classées mais entretenues par le service départemental des
Travaux Publics et des Transports.
Au total le réseau de routes secondaires est long
de 1 192 kilomètres
Au dessous de ce réseau de routes secondaires, on
note un écheveau de pistes rurales.
Les pistes rurales comprennent les pistes partiel-
lement améliorées et donc carrossables toute l'année et des
pistes saisonnières.

-
165 -
Les statistiques des Travaux Publics et des Trans-
ports ne précisent pas la longueur du réseau de pistes ru-
rales
néanmoins avec le curvimètre, nous avons pu mésurer
environ 1000 km.
Ces 1000 km ajoutés aux routes secondaires et aux
routes bitumées font du Sanwi l'une des régions les mieux
desservies de la Côte d'Ivoire.
Cette amélioration de la desserte routière procède
de l'essor des activités agro-exportatrices et singulièrement
de la culture du palmier à huile dont la diffusion en milieu
villageois a favorisé l'ouverture de pistes de collecte.
Le problème qui se pose actuellement, c'est l'amé-
lioration de la qualité du réseau car une grande partie des
pistes est impraticable pendant la saison des pluies.
II.- LE RESEAU LAGUNAIRE
UN SYSTEME DE LIAISON
PEU COUTEUX.
Les vastes plans d'eau lagunaire sont un milieu
ouvert à la vie de relation.
Au moment où le réseau terrestre n'était pas suf-
fisamment développé, les lagunes étaient le moyen privilégié
de transport des marchandises et de liaison entre les villa-
ges riverains.
1 - La lagune, un milieu ouvert à la vie de relation.
Les voies d'eau navigables sont constituées par
le système lagunaire Aby - Tendo - Ehy, relié à la lagune
Ebrié par le canal d'Assinie.

Fig. 37
SYSTEME DE LIAISON LAGUNAIRE
AbidJ"an
••
vers
Mafere
~
vers
Ligne existante
'\\.
.".-.
~~~?
••••••••••
Ligne Abidjan-Ghana
,
Route principale
~~~~~~~~~~~~~.;Eboue,
- - - -
Route secondaire
1
----
.
, .
ver. Abidjan
,=-
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L AGU N E
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1
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ADIAKEp
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Ngulémo
A
\\
.,...,....

Jh..iapo~~AMBO
owa
~
-..•
~
Jewi-Wharf
o
10km--OCEAN
ATLANTIQUE
==-

- 167 -
Le canal, long de 48 km, suit sur 17,5 km de son
tracé, la rivière d'Assinie. Inauguré en 1957, il devait
permettre de drainer vers le nouveau port d'Abidjan un maxi-
mum de trafic.
La navigation fluviale est presque inexistante. Le
principal cours d'eau la Bia, n'est navigable que sur 22 km,
du delta à la ville d'Aboisso.
Ces plans d'eau ont historiquement joué un rôle
de premier plan dans le transport des marchandises et dans
la vie de relations.
La lagune Aby et ses annexes furent très tôt utili-
sées par les commerçants navigateurs européens. Les produits
de traite (caoutchouc, café, cacao, bois) étaient acheminés
à la rade foraine d'Assinie par la lagune. La maison Verdier
qui avait installé près d'Elima, d'importantes plantations
de caféiers, expédiait ses productions vers le débarcadère
d'Assinie par barges tractées par des petits remorqueurs à
vapeur.
Une part importante du trafic de la route commer-
ciale Bondoukou-Aboisso descendait également par la Bia et
atteignait Adiaké par voie lagunaire. Puis d'Adiaké, les mar-
chandises étaient convoyées par route jusqu'à Impérié près
de Bonoua où des bateaux en service sur la comoé les achemi-
naient à Grand-Bassam.
A une date plus récente, au moment de la construc-
tion des barrages d'Ayamé l et Ayamé II, 35000 tonnes de
matériaux ont transité par le complexe canal d'Assinie - lagune
Aby - Port fluvial d'Aboisso.

- 168 -
Ce réseau drainait également à cette époque environ
4000 tonnes de café et cacao, 25000 tonnes de bois en grumes
en direction d'Abidjan.
Malgré l'amélioration des transports terrestres, le
trafic lagunaire n'a pas disparu. Le réseau lagunaire demeure
l'un des moyens de communication les plus utilisés par les
populations riveraines des lagunes Aby - Tendo - Ehy.
2 - Les principales liaisons
a) Les liaisons locales
Les liaisons locales étaient jadis au nom-
bre de trois, mais deux ont été supprimées faute de passagers.
il s'agit des lignes Adiaké - Abiaty - Aby - Eboué et Adiaké -
Assinie - Maffia.
La seule ligne restante, part d'Adiaké et dessert
de nombreux villages à l'Est de la langue Aby dont Etuoboué
Akounougbè, Mowa-Tiapoum et Frambo.
Neuf pétrolettes (autrefois 18) exploitent cette
ligne. Chaque matin une pinasse quitte le débarcadère de
Frambo en partance pour Adiaké. Une autre quitte Adiaké vers
11 heures pour Frambo. Suivant le nombre d'escales, le voya-
ge dure 7 à 10 heures.
Les pétrolettes appartiennent à des villageois. Ce
sont des embarcations assez sommaires, en bois d'environ 10
à 12 m de long et d'environ 3 m d'envergure. Des bancs,
disposés dans la coque servent de sièges aux passagers. Les
installations sont complétées la plupart du temps par un
toit où sont empilés les bagages.

- 169 -
Une analyse de H. BERRON (1979) donne une idée
du trafic lagunaire sur la liaison Adiaké-Frambo.
Au cours d'une période de 16 jours, il a été comp-
té au débarcadère d'Etuoboué, 279 personnes embarquant ou
débarquant, soit une moyenne de 17 passagers par jour pour
les quatre pétrolettes qui faisaient alors quotidiennement
escale à Etuoboué. La plupart de ces mouvements se font
vers Adiaké, seulement 24 % du trafic était dirigé vers l'Est.
(Akounougbè, Mowa, Assué etc).
Henri BERRON signale également la fluctuation du
trafic en fonction des circonstances (achat de poissons, funé-
railles, fêtes) et la prépondérance des voyageurs de sexe
masculin (65 % des passagers).
Il nous a été donné de vérifier cette fluctuation.
Le mercredi, jour de marché à Adiaké, on enregistre près
d'une dizaine d'embarcations au débarcadère. Les autres jours
de la semaine, la moyenne est d'une pétrolette.
Cette liaison locale est doublée de deux lignes
inter-régionales.
b) Les lignes inter-régionales.
Elles comportent deux liaisons essentielles
- Grand-Bassam - Assinie
- Abidjan - Ghana.
La liaison Bassam-Assinie, longue d'une cinquantaine
de kilomètres, est exploitée par 6 à 8 pinasses. Chaque matin,
une embarcation est affretée dans le sens Bassam-Assinie, une
autre en sens inverse. Le voyage dure 6 à 8 heures.

- 170 -
Depuis le bitumage de l'axe routier Samo-Assinie,
le trafic sur le canal d'Assinie a chuté dans des proportions
considérables. Les voyageurs préfèrent gagner du temps en
empruntant les mini-cars qui assurent le transport entre
Assinie et la ville de Grand-Bassam.
De plus, le manque d'entretien du canal, ne
permet pas la circulation de navires à fort tirant d'eau; ce
qui a provoqué le déclin du trafic de marchandises. Actuelle-
ment, le trafic du canal d'Assinie se résume à quelques
pinasses et aux bateaux de plaisance en rapport avec le tou-
risme balnéaire d'Assinie.
La ligne Abidjan-Ghana jadis très active connaît
aussi un ralentissement de son activité. Elle part d'Abidjan
longe la partie orientale de la lagune Ebrié, passe par le
canal d'Assinie et rejoint les lagunes Aby, Tendo et Ehy qui
fait frontière avec le Ghana.
Six pétrolettes assuraient régulièrement le trans-
port des personnes et des marchandises en direction de ce pays.
Les passagers sont en majorité des pêcheurs ghanéens, togolais
ou beninois travaillant en Côte d'Ivoire et des commerçants
étrangers qui vendent ici des alcools, des pagnes et m~me des
armes. Ces commerçants importent en retour des biens manufac-
turés qui n'existent pas dans leur pays d'origine.
H. BERRON soulignait en 1979 le caractère lucratif
de ce trafic en indiquant, qu'un transporteur peut gagner en
période faste de 500.000 à 550.000 F CFA par voyage alors que
ses frais de carburant ne dépasse pas 20.000 F CFA. Il est
cependant sOr que le développement des transports terrestres,
surtout l'ouverture récente de l'autoroute d'Accra, portera
un coup fatal à cette ligne.

- 171 -
Au terme de l'analyse des réseaux, on s'aperçoit
que voies terrestres et voies lagunaires sont complémentaires
dans le Sanwi. Le transport lagunaire, même s'il ne connaît
plus son dynamisme d'antan, demeure un moyen de communication
indispensable pour le chapelet de villages riverains des lagunes.
Réseaux lagunaires et réseaux terrestres structurent
l'espace. Ils canalisent des flux de nature et d'importance
variables. Ces flux ont pour point de départ les noeuds qui
se trouvent sur ces réseaux.
B. - LES NOEUDS : POINT DE DEPART DE LA STRUCTURATION
DE L'ESPACE.
De même que l'étude des mouvements implique l'ana-
lyse des réseaux, l'étude des réseaux amène à considérer les
noeuds qui se trouvent sur ces réseaux.
Le mot "noeud" désigne les points de jonction ou
sommet de réseau et en tant que tel, il inclut une foule de
notions telles que pôles, villes, places centrales, hameaux,
groupements de population CP. HAGGET, 1973). En un mot les
noeuds sont l'ensemble des localités d'une région ou d'un
espace donné . Celles-ci se différencient par leur taille,
leur
statut et leur fonction.
1.- L'AR}~TURE URBAINE REGIONALE.
L'armature urbaine régionale comprend des noeuds
traditionnels, généralement des capitales ethno-politiques
et des noeuds récents dont l'existence est liée à l'activité
économique.

- 172 -
1 - Les noeuds traditionnels
Les noeuds traditionnels sont de deux sortes:
On distingue d'une part les villages, d'autre part les campe-
ments.
a) Le concept de village en pays agni
En pays agni, le terme village ou Koulo
s'appliquait exclusivement au chef-lieu ou siège de la tribu.
Une localité aussi petite soit-elle mais qui abrite une cour
royale, ou les chaises tribales bya peut être qualifiée de
village.
A l'opposé, un centre de taille plus importante
mais qui n'a pas ces attributs est appelé Nammoué ou campement.
Les Nammoué sont des campements de culture, de
pêche ou de chasse créés à partir du village-mère. Il existe
des relations de dépendance entre les Nammoué qui ne possèdent
aucune dignité et les villages au sens noble du terme.
Les campements sont des centres d'exploitation et
de production. Traditionnellement, l'Agni n'y passe qu~une
petite partie de son temps. Le village au contraire est le
centre de ses intérêts matériels et moraux. Il est le lieu
de résidence principal, et donc le lieu de consommation des
richesses.
Foyer de toutes les réunions politiques et fami-
liales, le village est aussi le lieu où on enterre les morts,
le lieu de toutes les célébrations rituelles. L'Agni y atta-
che beaucoup d'affectivité.

Fig. 38
STRUCTURATIONS POLITIQUES TRADITIONNELLE
ET MODERNE
DE .L'ESPACE
Chef-lieu de département
li] Commune
r··--··--..
, ""'",

Chef-lieu de. sous_prefec_
1
rKoWk..Aff.m.
-,
ture. Commune
1

Chef.lieu de canton, centre
1
fédératif traditionnel et
V· C. M.
1
1
1
e Chef.lieu de canton et
1
V· C· M.
Ch~f.lieu de canton et
---
V. R.
V. C. M. (village c ..ntre mo.
derne 1
o V.R. 1village rattaché 1
_
~ Relation de type tradi.
Djimini
tionnel (suz..erainete 1
Koffikro
)
_ _-.,•• Relation de type mo-
, /
derne
/ "
~
Assinie
o
5
10km
1
1
1

- 174 -
A titre d'exemple, au Sanwi, on dit encore en pen-
sant à Krindjabo «Min-ka - KouLo»
c'est-à-dire je vais au
village alors qu'on se trouve déjà dans une grosse aggloméra-
tion, dans un autre village (AMON D'Aby, 1958).
Dans le système traditionnel, ce n'est pas la taille
d'un centre qui détermine son rang. Celui-ci est conféré par
son ancienneté, ses fonctions politiques, sociales et réligieu-
ses.
b) La hiérarchie traditionnelle des noeuds.
Au sommet de l'armature traditionnelle, se
place Krindjabo, capitale du royaume Sanwi. Tout agni inter-
rogé à ce sujet vous dira que Krindjabo commande à tous les
autres villages.
Il est inutile de revenir sur la place de Krindjabo
dans l'organisation politique du Sanwi (cf. Première partie
Chapitre II). Tout partait de Krindjabo et tout y aboutissait.
Au deuxième rang de la hiérarchie, se situent toutes
les localités ayant délégation de pouvoir. On pourrait citer
les chefs-lieux de lieutenances ou de provinces. Ce sont :
Kouaokro, Assouba et Aby dont le rôle était la surveillance
des villages Ehotilé et N'Zima riverains des lagunes. A ces
chefs-lieux de lieutenances, s'ajoutent les capitales ethno-
politiques: Etuoboué (Ehotilé), Tiapoum (N'Zima), Assinie
CEssouma) .
Après ces centres, viennent certaines localités,
remarquables de par leur ancienneté (c'est le cas des villages
Agoua, Aliekro, Aboisso, Diby) ou de par le rôle discret mais
foodamental qu'elles jouent dans l'organisation pol i tique tradi tion-

Fig. 39
DES NŒUDS
TRADIl-,ONNELLE
LA HIERARCHIE
KRINDJABO
Capitale du Royaume San""i
de lieutenances
Chef-lieux
et capitales ethnopolitiques
,,rJ
Villages d6rhféa
de Pèche.
Campements
chasse. Culture

- 176 -
nelle. C'est le cas d'Adaou, petit village du canton Assouba,
qui est le gardien du trône et des dépouilles royales, bour-
reau et exécuteur du roi, organisateur de la danse guerrlere
fokwé et des rites d'intronisation du roi du Sanwi (M. DUPIRE,
196 0) .
Au bas
de la pyramide, on dénombre les campements
de pêche, de chasse et de culture, de création plus récente,
et qui ne possèdent aucune fonction politique et religieuse.
Dans la structure antérieure, ce n'est ni Aboisso,
actuellement chef-lieu de Préfecture, ni Adiaké, chef-lieu de
Sous-Préfecture qui détenait le pouvoir de commandement. Cepen-
dant, le passage de la chefferie traditionnelle à la chefferie
administrative, a provoqué le transfert du pouvoir de décision
dans les nouveaux centres administratifs. Le concept de village
a en outre évolué. On appelle aujourd'hui village, tout lieu
habité qu'il s'agisse d'un hameau, d'un village ou même d'une
ville moderne.
2 - Une armature actuelle dominée par Aboisso
a) Le nombre et la taille des localités
Le réseau urbain actuel comprend environ
140 localités dont la taille varie entre 30 et 20.000 habi-
tants.
La distribution des localités suivant leur taille
fait apparaître au sommet, la ville d'Aboisso dont la popula-
tion est estimée à 20.000 habitants. Ensuite vient Adiaké
dont la population se chiffre à plus de 6000 personnes en 1985.
Au-dessous de ces deux pôles, on note une série
de gros villages dont la taille se situe entre 500 et 5000

Fig. 40
ORGANISATION DE t ARMATURE URBAINE ACTUELLE
Chef-lieu de Préfecture
ABaiSSa
de Sous- Préfecture
centres
Villages
satellites
(Pays rural )

~"...._~* ........".:.i.~"<,-.-.~.~;..·...-~~"",,«,,.;,,-"::,,,.,,,, .....;>l·,,,.,,I,',,,,' "~.~.-,·",_d<"'·,'i.,~ ....~,-.-i __",",,,"""'.;"':'JI<','-l,"_"""';·'·.'-"'-';~'·~·_:''''''·~''''-'''''''''~''-'W;''''.''''''''"_'''''''''''''''''''~~'~'~'''''''''~'~~'_-~7~"·~"'._"-'._"~-",-~'--"~-
Tableau n°
10
Distribution des localités suivant leur taille
(Population 1975)
- 200
200 à 500
500 à 1000
1000 à2000
2000à 3000
3000 à50GO
+
5000
Total
Valeur
Nombre
35
36
30
30
4
3
2
140
absolue
de
localités
%
25
25,7
21 ,4
21 ,4
2,8
2 , 1
1 ,4
100
00
r---
,.....
Totale
4209
12 303
22 293
41 040
9 150
11 461
20 235
120 691
Popula tior.
%
3,5
10 , 2
18,5
34
7,6
9,5
16, 7
100
Source
recensement national 1975
"''''~~_'''~'. "'.~,_ ',. .-__"., "C',"·P>,.'., :'~__ " .;c. '. ,.~?."."~••"",,;. """"~h''''''"'';-''o')l'l,'':'''''_~_'~.;t'.,•.••"_~,,,""." ~:~ -.". -:~,~~,<,~"~,...,~",Pt',,,!"'';--'\\''~'''-~''~?'.''·''''"·'''''·:1'' .,..•_"'....,.,,~ 'U
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f"41
LOCALISATION ET TAILLE DES VI:"LAGES EN 1975
GHANA
n
~
,.". l.,
.
.,
TAIUE DES VlUAGES
~
",,.~
."" ,.
15000 Mbit.u
!
-- --.
...~,
.00lt

/
3000

;"
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(éI100 .!j
\\
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JAbou',
.... ",/.
S....
londoukou
Mtlftoukro
....
....
....
Et.,.,.••,
bo11am
OCEAN
ATLANTIQUE
i;I
19km

- 180 -
habitants. Ces gros bourgs représentent 47,7 % des localités
de l'espace étudié.
Dans cette tranche, les localités d'entre 500 à 2000
habitants sont les plus nombreuses. Elles constituent 89,S %
de l'effectif, contre seulement 10,5 % pour les villages
compris entre 2000 et 5000 habitants.
Les localités de 500 à 5000 habitants, abritent
69,77 % de la population totale; 18,47 % dans les centres
de 500 à 1000, 34 % dans ceux compris entre 1000 et 2000
personnes, et 17,3 % dans les villages de 2000 à 5000 habi-
tants.
Au bas de la hiérarchie, apparaît un semis de petits
villages dont la taille ne dépasse pas 500 habitants
50,7 %
des localités ont moins de 500 habitants. Ils abritent 13,7 %
des effectifs démographiques.
Le réseau urbain actuel est composé de deux centres
urbains qui exercent un pouvoir de commandement sur les
centres semi-urbains qui à leur tou~ commandent aux centres
ruraux.
b) Les centres urbains.
En Côte d'Ivoire, le seuil numérique à par-
tir duquel on a une ville a été fixé par le planificateur
à 4000 habitants. Peut être considérée comme ville, toute
agglomération ayant au moins 4000 habitants.
Si l'on s'en tient à ce critère statistique,
trois localités peuvent être qualifiées de centres urbains.
Il s'agit d'Aboisso qui avait 14 272 habitants en 1975 et

- 181 -
dont la population est estimée à près de 20.000 habitants
actuellement. Outre Aboisso, on peut noter Adiaké, 5.963 habi-
tants en 1975 et Ahigbé-Koffikro 4.630 âmes à la même date.
Le critère numérique s'avère insuffisant en ce sens
qu'il y a de gros bourgs de plus de 4.000 habitants qui ne
sont pas classés comme villes et qU'à l'opposé des centres
de moindre importance démographique sont classés comme telles.
D'autres critères sont pris en compte dans la taxo-
nomie.
Le critère primordial est la fonction administrative.
Est considéré comme ville, tout chef-lieu de Sous-Préfecture.
En plus de ses fonctions administratives, le chef-lieu de
Sous-Préfecture abrite un certain nombre de services à por-
tée locale ou régionale.
En combinant les critères, on s'aperçoit que seules
Aboisso et Adiaké ont le statut de ville. Ahigbé-Koffikro,
malgré son volume démographique n'a aucune fonction qui per-
mette de l'ériger en centre urbain.
c) Les centres semi-urbains
Les centres semi-urbains ou semi-ruraux, cons-
tituent le deuxième maillon du réseau urbain actuel. Ce sont
des localités à mi-chemin de la ville et du village. Ils se
caractérisent par une relative importance démographique
(leur taille est généralement supérieure à 500 habitants) et
par la présence en leur sein d'un minimum d'équipements col-
lectifs à portée locale. Ils se caractérisent aussi par un
embryon d'activités non-agricoles. Le planificateur les

- 182 -
appelle villages-centres car ils polarisent un ensemble de
villages satellites.
Le village-centre est un élément important de la
structuration de l'espace.
En effet on avait constaté, qu'il n'existait pas
en Côte d'Ivoire, une échelle intermédiaire entre la ville
et le village.
Les villes généralement chefs-lieux de Préfecture ou
de Sous-Préfecture, bénéficient d'investissements publics qui
leur permettent de s'équiper tandis que les villages, compte
tenu de leur dispersion et de leur manque d'organisation sont
presque dépourvus de tout. Ce déséquilibre ville-campagne
favorise l'exode rural.
Les pouvoirs publics ont pris conscience de cette
disparité et mènent actuellement une politique de modernisa-
tion des villages et des campagnes. Cette politique de moder-
nisation consiste à doter le milieu rural d'un minimum
d'équipements socio-culturels assurant le bien-être de la
population.
Le problème est que l'Etat ne dispose pas de moyens
lui permettant d'équiper tous les villages. Un choix s'impose
si l'on ne veut pas saupoudrer les investissements publics
dans ce semis indifférencié de peuplement. Mais sur quelles
bases retenir les villages à équiper ?
Le planificateur a retenu quatre critères fonda-
mentaux (J. B. BASSENE, 1971).

- 183 -
Le village à moderniser doit:
- avoir une position centrale par rapport au reste des vil-
lages
avoir une certaine taille (supérieure à 500 habitants dans
la mesure du possible, le plus gros village, s'il satisfait
aux autres conditions est idéal)
être en situation de carrefour et facilement accessible;
- avoir un équipement préexistant (marché, dispensaire, etc)
qui constitue déjà un facteur de polarisation et d'attrac-
tion.
A ces facteurs objectifs, s'ajoutent des critères
subjectifs tels que l'ancienneté et le statut du village. La
structuration doit prendre en compte la qualité de village-
éminent, chef-lieu de groupe ethnique ou de canton, dans la
mesure où la chefferie demeure encore une réalité vivante
et un facteur de cohésion sociale.
La finalité de la structuration du milieu rural
est d'aider les paysans à organiser rationnellement leur
cadre de vie. Au lieu que la promotion du monde rural soit le
fait du hasard, de la conjoncture historique et présente, ou
de tous les facteurs accidentels ou providentiels (générosité
des sols, richessesnaturelles, dynamisme des populations,
sens de l'initiative) l'on voudrait à partir d'une connais-
sance approfondie de la terre et des hommes, essayer de pro-
mouvoir, avec les facteurs locaux de progrès, une modernisa-
tion qui échappe à toute improvisation et à toute contingence.
(J.B. BASSENE, 1971).
Pour ce faire, une méthodologie appropriée doit
être mise en oeuvre.

-
184 -
Celle-ci consiste d'abord en une approche analyti-
que permettant de cerner les données naturelles et humaines,
base de l'économie, mais aussi les facteurs de cloisonnement
de l'espace (relief, hydrographie, limites administratives,
limites de groupes ethniques).
D'autre part, il s'agit de faire l'inventaire de
l'infrastructure économique (marché, boutiques, agro-industies
etc), de l'infrastructure de communication,
(réseau hirarchisé
de routes et de pistes, système lagunaire), de l'infrastructure
administrative et socio-culturelle (école, dispensaire, mater-
nité, hopital), tous facteurs de cohésion, de liaison et de
relation qui engendrent les échanges.
L'approche synthétique, combinant les différentes
données de l'inventaire, permet de dégager les points forts
du peuplement. Ces points forts sont des villages qui détien-
nent déjà un pouvoir structurant et qui peuvent jouer le rôle
de pôles. C'est l'ensemble de ces localités qu'on appelle
villages-centres.
Après la détermination de ces points forts, on pro-
cède à la délimitation des ~s ruraux, groupe de villages et
campements polarisés par le village-centre. Les villages du
pays rural se situent généralement dans un rayon de 15 km,
distance moyenne que peut parcourir chaque jour dans un seul
sens un paysan pour aller bénéficier des équipements collectifs
implantés dans le village-centre.
Dans la zone étudiée, on dénombre actuellement 24
villages-centres, desservant autant de pays ruraux constitués
par des villages de rang inférieur.

..
Fig.42
CARTE DE STRUCTURATION
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GHANA
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OCEAN
1p~k~m~================~::::::!..____

Chef
lieu
administratif

Village
centre
o
Village
rattaché

-
186 -
Les principaux villages-centres sont pour la Sous-
Préfecture d'Aboisso : ABY, AKAKRO, ABOULIE, DIBY, AHIGBE-
KOFFIKRO, EHANIA, MAFFERE, KOUAOKRO, KOHOUROU, KRINDJABO,
KOFFIKRO-AFFEMA, TOLIESSO, TOUMANGUIE-SODEPALM.
Pour la Sous-Préfecture d'Adiaké, ce sont: ASSINIE,
DJIMINI-KOFFIKRO, ASSOMLAN, ETUOBOUE, KACOUKRO, N'GUIEME,
TIAPOUM, FRAMBO, MALAMALAKRO, NOUAMOU et ADIAKE.
II.- PLACE DES CENTRES URBAINS ET SEMI-URBAINS
DANS L'ORGANISATION DE L'ESPACE.
Entre les centres urbains, les centres semi-urbains
et les campements, il existe une différence de potentiel. Le
potentiel, ce n'est pas (seulement) la taille de l'aggloméra-
tion, mais la différence d'équipements et de services entre
les noeuds.
S'il est vrai qu'il existe une relation entre la
taille des localités et le nombre d'opportunités, cette rela-
tion on le verra, n'est pas systématique. Des centres de
taille inférieure peuvent avoir des équipements et des servi-
ces supérieurs à des localités de plus grande taille.
D'une manière générale, on remarque que les villes
sont dans l'armature urbaine, mieux équipées que les villages-
centres et les centres ruraux.
1 - Les villes et l'organi~ation d~ l'~~pace
l'exemple d'Aboisso.
a) Historique de la ville.
Le site d'Aboisso, Yè-bouè-so (sur la pierre
en agni) était à l'origine occupé par les Agoua qui les premiers

- 187 -
fondèrent leur village sur une colline en pente douce sur la
rive droite de la Bia.
Jusqu'au milieu du 19è siècle, ce village occupait
une place secondaire dans l'organisation spatiale du Sanwi.
L'établissement des commerçants européens à partir
du milieu du 19è siècle fit d'Aboisso un important centre
d'activité. Treich-Laplène décrit ce qu'il vit en ces termes:
« ... La première étape est Aboisso, dernier village fréquenté
par les Européens et situé sur la rivière Bia. Il y a en cet
endroit des chutes qui
interdisent aux embarcations de remon-
ter plus haut. Le terrain est quelque peu montueux, le site de
la rivière très pittoresque. Aux chutes d'Aboisso se fait une
pêche des plus importantes, tant pour le ravitaillement des
villages que pour le trafic. Aboisso dont la population s'élève
à 4 ou 500 âmes, est un centre de commerce des plus actifs ;
c'est là aussi que les factoreries européennes livrent aux
habitants leurs marchandises ... »
(Treich-Laplène
Révue de
Géographie
1895, in H. BERRON, 1979).
En 1896, Clozel décrit le village comme étant composé
de cases alignées le long de 2 ou 3 rues parallèles à la Bia,
qui se développe ensuite assez rapidement, et prit peu à peu
les caractères d'une toute petite ville. En 1896, Aboisso est
érigée en chef-lieu de cercle au détriment d'Assinie-Maffia.
L'essor des activités commerciales et un peu plus tard de
l'économie de plantations fit d'Aboisso l'un des plus impor-
tants comptoirs de la Côte d'Ivoire.
De nombreux étrangers (Sénégalais, Bambara, Appolo-
niens) vinrent s'installer, ainsi que d'importantes maisons de

- 188 -
commerce entre 1900 et 1913. Mais après 1913, l'activité com-
merciale déclina, suite à l'effondrement des cours du caout-
chouc naturel, qui alimentait en grande partie le commerce
avec Aboisso, et au progrès du chemin de fer qui détourna la
quasi totalité du trafic caravanier entre Bondoukou et Aboisso.
La destruction par la mer du comptoir d'Assinieen 1931, prin-
cipal débouché d'Aboisso sur la mer, plongea la ville dans
la léthargie.
La cité, ne connut un regain d'activité, qu'avec la
mise en service du canal d'Assinie et avec la construction
des barrages hydroélectriques d'Ayamé l et II entre 1957 et
1959. Ce nouvel élan, ne sera cependant que très éphémère.
La tentative de sécession manifestée à l'Indépendance par
le Sanwi freina le développement de la ville d'Aboisso.
Erigée en chef-lieu de Sous-Préfecture par le Dé-
cret 61-16 du 3 Janvier 1961, puis en chef-lieu de Départe-
ment par la loi 241 du 5 Juin 1969, Aboisso est depuis 1980,
une commune de plein exercice (planche n° 11, photo N° 20 - 21).
b)Les fonctions de la ville actuelle
Chef-lieu de Département, Commune de plein
exercice, la ville d'Aboisso, se distingue aujourd'hui par la
primauté de sa fonction de commandement.
L'organisation administrative est pyramidale. Au som-
met, se trouve le Préfet qui représente le pouvoir central.
Il a sous son autorité, les Sous-Préfets d'Adiaké, d'Ayamé
et le Sous-Préfet central d'Aboisso qui sont les courroies
de transmission entre le gouvernement et les populations
locales.

- 189 -
La fonction de commandement est attestée par le
fait que c'est à Aboisso que se tiennent toutes les réunions
d'information, de concertation et de sensibilisation à carac-
tère régional.
Outre sa fonction administrative et politique, la
ville abrite des services administratifs spécialisés, lui
permettant de jouer son rôle de métropole régional. On pour-
rait citer entre autres, la Direction départementale de la
Construction et de l'Urbanisme, la Direction départementale
des Travaux Publics, les services spécialisés du Ministère
de l'Agriculture et des Eaux et Forêts, la perception, la
Justice.
Centre administratif et politique, Aboisso a aussi
une fonction scolaire et sanitaire.
Il existe dans la ville, deux jardins d'enfants
dont un public et l'autre privé (village SOS), huit écoles
primaires et trois établissements secondaires (un lycée de
2100 élèves avec internat mixte, un C.E.G. de 904 places
et un collège privé de 400 élèves).
Dans le domaine de la formation professionnelle, un
CAFOP supérieur (Centre d'Animation et de Formation Pédagogi-
que) assure la formation des Instituteurs.
Au total la population scolaire représente plus du
tiers de la population urbaine.
Au niveau de la Santé et de l'Hygiène, Aboisso est
dotée d'un H6pital, d'une maternité, d'un dispensaire, d'un
centre de santé rural et d'une pharmacie. Avec une moyenne

- 190 -
d'environ 170 habitants pour un lit d'hopital et 4800 habi-
tants pour un Médecin, elle fait figure de ville assez bien
équipée.
Des localités plus importantes telles que Bouaké et
Daloa ne sont pas aussi bien desservies. A Bouaké par exemple,
on a environ 560 habitants par lit et près de 8000 personnes
pour un Médecin. A Daloa, les chiffres sont respectivement de
370 pour un lit d'hopital et 6000 pour un Médecin.
Les équipements sanitaires desservent en plus de la
population urbaine résidente, les habitants des campagnes.
C'est à Aboisso que sont évacués les cas graves dépassant la
compétence du dispensaire rural. C'est également à Aboisso
que les parturientes des villages non équipés de maternité
se rendent.
Centre scolaire et sanitair~ l'agglomération d'Aboisso
est aussi un centre de services pour les ruraux.
Aboisso, de par sa situation est un centre de tran-
sit essentiel pour la région de l'extrême Sud-Est ivoirien.
C'est un point d'éclatement et de redistribution des biens,
des services et des hommes entre Abidjan et la région. Cette
situation de ville-relais a favorisé le développement des
commerces et des services.
Au niveau du commerce, plusieurs grands magasins y
sont implantés. La plupart appartiennent à des Libanais.
Certaines sont des succursales des sociétés comme la Coti-
voirienne, Chaine-Avion (SCOA), Sideco, Socabia et Wangler.

Fig.43
1: ARMATURE URBAINE ET LE SYSTEME DE RELATION DE L' ESPACE
Ville
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(i)
(ê}
(i)
Ci}
Campements
Relation réciproque
o Relation interne
... --+
Relation très faible

-
192 -
Ces services commerciaux occupent une place de
choix dans le dynamisme économique régional. Ils offrent
une gamme variée d'articles qu'on ne retrouve pas facile-
ment en milieu rural. Aussi c'est en ville que les popula-
tions des villages et des campements trouveront satisfaction
à la plupart de leurs besoins.
Les ruraux viennent en ville pour se ravitailler
en produits manufacturés (tissus, pagnes, vêtements) en biens
de consommation durables (Radio, Télévision, Bicyclettes,
refrigirateur etc ... ) qui reviennent moins chers achetés à
Aboisso qu'à Abidjan, et pour l'achat en gros ou demi-gros
de produits alimentaires (riz, huile ... ).
Ces mouvements centripètes s'opposent aux mouvements
centrifuges qui s'opèrent de la ville vers la campagne.
Dans le premier cas, ce sont les consommateurs-
acheteurs ou tous ceux qui d6sirent céder quelque chose qui
solliciten~ le marché urbain.
Dans le second cas, on assiste à des déplacements
soit quotidiens, soit hebdomadaires de commerçants-vendeurs
vers la campagne. On pourrait citer, certaines maisons de
commerce implantées à Aboisso (SOCOBIA, SODIBO) dont les
camions charg6s de marchandises diverses se rendent dans les
villages le jour du marché pour réaliser des affaires.
Au plan financier, trois banques sont représentées
à Aboisso, qui offrent leur service à toute la région. Ce
sont :
- la S.G.B.C.I.
(Société Générale de Banques en
Côte d'Ivoire) ouverte en 1974 et dont le nombre de clients

- 193 -
se chiffrait au 23 Juillet 1982 à 2548. Cette agence a réa-
lisé au 23/07/82 un chiffre d'affairesde 26.700.000 F CFA.
- La B.N.D.A.(Banque Nationale pour le Développement
Agricole) ouverte en 1975 et dont le chiffre d'affaires était
de 600 millions de crédit et de 150 millions de dépôt au
6 AoQt 1982.
- La B.I.C.I.C.I.
(Banque Internationale pour le com-
merce et l'Industrie en Côte d'Ivoire) dont l'agence a ouvert
ses portes le 16 Novembre 1982. Le nombre de clientsau 6 AoQt
était de 308.
Ces établissements financiers desservent d'une part
la population urbaine résidente, et d'autre part celle du
milieu rural. La majorité des fonctionnaires en poste à
Aboisso ont leur compte dans une de ces banques. La plupart
des fonctionnaires (Instituteurs, personnel de santé, agents
de l'agriculture) qui opèrent dans les villages y perçoivent
leur salaire.
Les paysans y épargent leur excédent monétaire et en
retour bénéficient de prêts.
Il aurait été plus intéressant de connaître la répar-
tition de la clientèle de ces trois banques, suivant le milieu
d'habitat (milieu rural et milieu urbain) pour mieux apprécier
les flux monétaires entre la ville et la campagne.
La ville est enfin un centre d'encadrement agricole
et d'animation rurale.

- 194 -
L'encadrement rural est menée par la SATMACI
(Sociêtê d'Assistance Technique pour la Modernisation de
l'Agriculture en Côte d'Ivoire) crêée en 1958 et représentée
à Aboisso par un bureau dont l'action dépasse les limites du
département.
De toutes les sociétés de développement, la SATMACI
est sans doute, celle qui s'est le mieux illustrée par l'ef-
ficacité de son action en direction du monde rural. Elle mène
actuellement une action à trois niveaux :
Elle s'occupe de la régénération caféière
et cacao-
yère, de l'extension des parcelles ainsi que de l'encadrement
des cultures vivrières en zone forestière.
Pour assurer sa mission, la SATMACI dispose à Aboisso
d'un centre d'approvisionnement, où les planteurs peuvent se
procurer des machines atomiseurs pour les traitements anti-
capsides, des engrais, des insecticides, des herbicides et
divers matériels agricoles.
La SATMACI exerce en outre, une influence directe
sur le milieu rural par son assistance technique, financière
et matérielle
aux planteurs.
L'assistance. technique est assurée par des conseillers
ruraux repartis dans différents secteurs d'encadrement. Chaque
secteur, est constitué par un ensemble de villages et de cam-
pements animés par un agent de l'agriculture.
Les principaux secteurs sont : Assouba, Kohourou,
N'Zikro, Kacoukro-limite, Beniakré, Eboué, Aby, Melekoubro,
Edjambo, Mafféré. L'ensemble des secteurs forme la zone qui
est dirigée par un chef de zone habitant Aboisso.

-
195 -
Le chef de zone, reçoit les directives du ~1inistè-
re de l'Agriculture ou de la Direction de la SATMACr à Abidjan,
les transmet aux agents sous son autorité. Ces derniers à
leur tour les répercutent au niveau des paysans. Le
feed-
back, suit le même canevas.
La ville, vu l'influence qu'elle exerce sur le
milieu rural environnant, est l'élément fondamental de l'orga-
nisation de l'espace. Par analogie au réseau téléphonique,
elle apparait dans le système économique spatial, comme un
commutateur central où s'opère un nombre considérable de
transactions.
Capitale administrative du Sanwi, la ville d'Aboisso
a un rôle de commandement sur toutes les localités du dépar-
tement. Elle est également le principal marché où se rencon-
trent acquéreurs et vendeurs. Elle est aussi un centre de
services multiples qui polarisent le milieu rural.
2 - Place des ~entres semi-urbains dans la
hiérarchie fonctionnelle
Les centres semi-urbains sont des relais
indispensables entre la ville et la campagne.
Ce sont des villages généralement lotis, caractéri-
sés par une relative concentration humaine (taille superIeure
ft 500 habitants)
et bénéficiant d'un minimum d'équipements
collectifs et de services de première nécessité. Comme la
ville, les centres semi-urbains, exercent diverses fonctions
qu'il importe d'analyser.

- 196 -
Tableau n° 11
Liste des dix équipements de base du village-centre.
(FRAR)
.
SECTEUR
VILLAGE CENTRE
AUTRES VILLAGES
V 1 école de 6 classes pour 1.500 hab1tants
- 1 école de 3 classes pour
750 habittants
ENSEIGNEMENT/
- 1 jardin d'enfants
-......
logement de maître/classe
---- 1
2
- 1 d1spensa1re par pays rural
-
~
1 poste de
- 1 matérnité de 11 lits/ 15 à 20.000 habts
secourisme
~~ centre d'accueil du centre de santé
Dépot de médicaments
3
~
Logement du personnel sanitaire
- Aménagement des pistes reliant les villages
4
COMMUNICATION .-~- au village centre
Réfection ou construction de ponts et ponceaux
- Aménagement gare routière
• Un ou plusieurs points d'eau équipée dans chaque vil-
~ lage (1 par village de 100 à 900 habts, et un point
5
HYDRAULIQUE ____
d'eau supplémentaire par tranche de 600 habts au-delà
-- de 900)
1
~.Adduction d'eau, avec borne-fontaine.
6
ENERGIE
- Groupe électrogène ou branchement réseau
- Centre d'Etat Civil
7
ADMINISTRATION
- Centre de distribution rurale des PTT
-
- Aménagerr.ent de la plateforme des nouveaux villages
8
EDILITE
- Lotissement, aménagement de nouvelles rues
-
- Assainissement, lavoir, latrines
- Matériel agricole collectif
AGRICULTURE
- Regroupement et remembrement de parcelles
- Petits aménagements hydro-agricoles
ELEVAGE
- Abattoir, boucherie
PISCICULTURE
- Aménagement d'étangs piscicoles
- Marché couvert
- Hangars de stoc-
9
COMMERCE ------ Boutique type PAC et logement
kage coor.
- Bureau et magasins de coopératives
Camion de village
FORMATION
- Centre de formation agricole et artisanalE
DES ADULTES
- Centre d'alphabétisation.
- Centre socio-culturel polyvalent
CULTURE
- Salle de réu-
10
ET LO l SIRS ____~ Foyer de la femme
nion
- Foyer de jeunes
- Terrain de
- Terrain de sport aménagé
sport

-
197 -
a) La fonction de résidence
La fonction principale des centre semi-
urbains dans l'armature urbaine régionale est la fonction
de résidence. C'est le lieu de rappeler que l'aristocratie
agni, aime beaucoup plus vivre en ville et au village qu'en
campagne. Le campement est pour lui, un lieu de résidence
secondaire. Il n'y passe traditionnellement et même aujourd'-
hui qu'une petite partie de son
temps.
La plupart des planteurs interrogés lors des recher-
ches sur le terrain, vont le matin travailler dans leur campe-
ment et reviennent au village le soir.
Ces mouvements pendulaires, concernent essentielle-
ment les paysans dont les campements ne sont pas situés à
plus de 10 km. Ils intéressent aussi, certains planteurs dont
les champs sont situés à des distances plus grandes mais qui
bénéficient de moyens de déplacement autonomes (bicyclettes,
velomoteurs et voitures personnelles).
En général, le campement n'est habité en permanence
que par les manoeuvres. Le propriétaire ne s'y rend que pério-
diquement au moment des défrichements et pendant les récoltes.
Le reste du temps, l'Agni le passe dans son village
natal. Cette attitude explique le groupement de l'habitat en
gros villages et l'amélioration constante du bâtis dans ces
centres semi-urbains.
C'est dans son village natal que l'Agni réalise
d'abord ses premiers investissements:
(construction de maisons,
participation au financement des ouvrages collectifs).

- 198 -
Les besoins nés de la vie communautaire, ont favori-
sé dans ces localités, l'éclosion d'un embryon de services
non-agricoles à portée locale.
b) Les centres semi-urbains : marché local et
centre secondaire de services.
Les centres semi-urbains abritent des marchés
soit quotidiens, soit hebdomadaires. On y rencontre des activi-
tés informelles (commerçants détaillants, micro-détaillants,
artisans) et des boutiques modernes genre chaîne-avion et PAC
(Programme d'Action Commerciale
dont les activités ont offi-
ciellement cessé, mais dont les magasins continuent pour la
plupart leur activité).
Ces pôles sont en outre dotés d'écoles, d'équipements
socio-culturels (église, mosquée, foyer de jeunes etc ... ) et
sur le plan sanitaire, de dispensaire, de maternité et parfois
même de PMI (Protection Maternelle et Infantile). Tous ces
équipements ont d'abord un rôle endogène. Ils assurent le
bien-être des résidents en leur offrant sur place un minimum
de services de première nécessité. Ainsi, ceux-ci n'auront
pas à tout moment à solliciter la ville.
Par exemple, pour acheter un ou deux litres de pétrole,
un morceau de savon ou des allumettes, le paysan de Mafféré
ou de Krindjabo, n'a pas besoin de se rendre à Aboisso.
Il peut
s'adresser au petit vendeur dioula de son quartier
ou à l'une des boutiques de sa cité pour s'en procurer.
A une échelle un peu plus grande, ces équipements
desservent les habitants des villages et campagnes moins bien

-
199 -
équIpes. Les populations d'un pays rural, sollicitent le
marché du village-centre pour leurs petits achats ; ce qui
leur évite les longs parcours répétitifs jusqu'à Aboisso ou
à Adiaké. Ce faisant, elles luttent contre la désutilité et
la déséconomie de la distance.
En effet, la distance est perte de temps et d'ar-
gent, c'est pourquoi autant que faire se peut, les acteurs
économiques, cherchent à réduire la fréquence de leurs dépla-
cements et à acheter le plus près possible de leur lieu
d'habitation.
Les habitants des centres semi-urbains ou des campa-
gnes, ne se rendent en ville que lorsqu'ils ont beaucoup de
choses à acheter et quand les achats portent sur d'assez
grandes quantités de marchandises (sacs de riz, fût de pétrole,
casiers de boissons etc.) ou pour l'achat d'articles rares
(matériels agricoles, pièces de réchange , produits pharmaceu-
tiques).
Enfin, certains centres semi-urbains sont des foyers
secondaires d'Etat-Civil.
La décentralisation administrative, operee par
l'érection de certains villages en bureaux secondaires d'Etat
Civil, réduit considérablement les longs déplacements de la
campagne vers la ville suscités par les déclarations des
naissances et l'établissement des actes d'Etat Civil.
Des agents d'Etat Civil installés à Aby, Ahigbè-
Koffikro, Assinie, Ayenouan, Ebouè, Etuobouè, Frambo, Krin-
djabo, Mafféré, N'Zikro, sont chargés de l'enregistrement des

-
200 -
déclarations et de la transmission au bureau de Sous-Préfec-
ture. Les intéressés, après un délai d'une semaine à un mois
peuvent repasser au bureau de la section d'Etat Civil pour
le retrait de leur pièce.
CONCLUSION DU CHAPITRE l
Il apparaît au terme de cette analyse que les voies
de communication et les noeuds qui s'organisent en réseau sont
la pièce maîtresse de l'organisation de l'espace.
Tous les mouvements qui structurent le territoire
ont pour point de départ les noeuds. Ils résultent de la dif-
férence d'opportunités entre les différents pôles de réseau
urbain et sont canalisés par les voies de communication.
Au sommet du réseau, se situe la ville d'Aboisso qui
grâce à ses équipements administratifs, .à l'importance de ses
services publics et de ses services commerciaux et services
rares, rayonne sur tout l'espace du Sanwi.
Aboisso, commande aux chefs-lieux de Sous-Préfecture
(Adiaké, Ayamé) qui à leur tour polarisent les villages de la
circonscription administrative.
Malgré l'opposition sociologique entre la paysan-
nerie et les classes urbaines, il existe entre les villes et
les campagnes proches, des liens très étroits de complémenta-
rité qui sont le support des relations régionales.
Les villes offrent leurs services à la campagne,
mais dépendent d'elle pour leur approvisionnement en produits
agricoles.

=ig.44
LE RESEAU URBAIN ET LA FORMATION DES ESPACES POLARISES
CENTRES URBAINS
Chefs· lieux administratifs
1
1
1
1
1
1
/
1
"
1
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1
"
1
1
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1 /
\\
1
Il
\\ 1
V
\\ 1
CENTRES SEMI- URBAINS
Vi liages centres
CENTRES ELEMENTAIRES
Campements et villages satellites
Extr.it d. P. CI.".1 , Géogr.phi. Economiqu.
(.d.pt. J

Fig.45
PRINCIPE DE STRUCTURATION DE 1: ESPACE
LES PÔLES
• • •

LE
RESEAU
LE
TE4tRllOIRE
LES
CHAMPS

-
203 -
Les rapports au sein de l'espace, s'organisent
de manière hiérarchique des centres élémentaires (campements)
vers les villages centres semi-urbains, puis de ce niveau
médian vers les pôles supérieurs que sont les chefs-lieux
de Sous-Préfecture
et de Préfecture . Ainsi se dessinent
des aires d'influence, elles aussi hiérarchisées, et emboi-
tées les unes dans les autres. C'est ce que Paul ClavaI
appelle la pyramide d'espaces polarisés.

- 204 -
CHAPITRE II
LES CHAMPS.
Les flux qui structurent l'espace, ne se produi-
sent pas le long d'une ligne à une dimension, mais sur une
surface à deux dimensions (P. HAGGET, 1973). L'interaction
entre mouvements et surface crée un champ
de force appelé
en géographie humaine aire d'influence ou champ.
A. - LES FACTEURS CONSTITUANT LES CHAMPS.
Le concept de champ, résulte de l'interaction entre
un centre et sa périphérie. Les facteurs qui sont à l'origine
de la constitution des champs sont de diverses natures. Un
équipement de services, une ville, un village-centre et ses
équipements exercent une attraction sur une population éta~
blie dans un espace donné. Cette aire d'attraction constitue
le champ.
1.- LES CHEFS-LIEUX ADMINISTRATIFS, LES VILLAGES-CENTRES
ET LEURS EQUIPEMENTS POLARISENT L'ESPACE.
Les chefs-lieux administratifs, les villages-centres
sont le SIege d'équipements et de services plus ou moins
variés qui influencent les espaces adjacents.
1 - Rôle des chefs-lieux administratifs
et de leurs équipements.
Les populations du milieu rural entretiennent
des rapports constants avec les chefs-lieux administratifs
qu'elles sollicitent pour la satisfaction de la plupart de

- 205 -
leurs besoins. Besoins de transactions, besoins sanitaires,
opérations bancaires etc ...
Ces relations villes-campagnes sont d'autant plus
fréquentes qu'il existe, comme il a été déjà signalé, une
disparité flagrante entre les chefs-lieux administratifs
et le reste des localités de la circonscription.
Les chefs-lieux administratifs, bénéficient d'une
gamme plus ou moins complète d'équipements de services qui
n'existent pas dans la campagne. Ils sont par exemple le
siège du bureau de Sous-Préfecture, de gendarmerie et de
police. Ils abritent les hOpitaux,des pharmacies et des bou-
tiques diverses et des aires importantes de marché.
Ces fonctions multiples confèrent aux chefs-lieux
administratifs, le statut de commutateur central. Ce sont les
chefs-lieux de Préfecture et de Sous-Préfecture qui organi-
sent la grande partie des mouvements.
Si l'on prend pour cas la ville d'Aboisso, l'orga-
nisation en étoile du réseau routier qui se ramifie au fur
et à mesure qu'on s'éloigne, atteste de la position centrale
de la ville par rapport à l'ensemble des localités du dépar-
tement.
Aboisso est le point de passage obligé pour attein-
dre Ayamé et Bianouan au Nord du pays Sanwi, pour joindre les
localités de l'Est (Mafferé, Kouaokro) ainsi que celle du
Sud-Est (Tiapoum, Frambo).

- 206 -
La position centrale de la ville se reflète aussi
à travers la gare routière où convergent les principales
lignes de desserte rurale.
- Ligne Aboisso-Mafféré qui se ramifie ensuite vers
Kouaokro
Kotoka et Djemissikro.
- Abaissa
- Krindjabo
Abaissa - Frambo
Abaissa
Kotoagnoan - Noé
Abaissa - Adjouan - Aby
Abaissa - Mowa
Abaissa - Akounougbé
Abaissa - Ayamé - Bianouan.
La structuration du réseau de transport et l'in-
tensité des flux qui y circulent sont les indications géogra-
phiques de grand intérêt pour appréhender l'aire d'influence
d'un centre.
Une enquête effectuée par l'Unité Pédagogique
d'Architecture, dans le cadre de l'élaboration du plan direc-
teur d'urbanisme de la ville d'Abaissa, révèle que quoditien-
nement, il y a dans les deux sens, en direction des localités
du Nord (Ayamé-Bianouan) de 500 à 1000 voyageurs et en direc-
tion de l'Est et du Sud-Est (Mafféré, Tiapoum, Frambo) entre
500 et 1000 passagers.
Ces chiffres nous situent sur l'importance du
trafic interne et confirme le statut de "métropole régionale"
de la ville d'Abaissa.
L'attraction qu'Abaissa exerce sur son environne-
ment est cependant dégressive avec la distance.

- 207 -
Une enquête auprès du syndicat local des transports
terrestres, montre que l'intensité du trafic diminue avec la
distance. Par exemple entre Aboisso et Krindjabo, 5 à 10
véhicules en moyenne sont affrêtés quotidiennement. Sachant
qu'un véhicule transporte en moyenne 8 personnes, c'est
entre 80 à 160 passagers qui se déplacent chaque jour dans
les deux sens.
L'importance du trafic entre le chef-lieu de dépar-
tement et la capitale historique du Sanwi, s'explique par la
faible distance qui les sépare (une dizaine de kilomètres)
et par le coût relativement faible du transport (250 F CFA)
qui autorise des mouvements assez fréquents en direction de
la ville.
A l'opposé des localités comme Akounougbè, Kotoagnoan-
Noé, situées à près de 80 à 90 km d'Aboisso, entretiennent des
relations assez distendues avec la ville à cause du coût de
transport élevé (1.400 F CFA) et du mauvais état des pistes.
Le flux quotidien de voyageurs est inférieur à 30
personnes dans les deux sens sur chaque liaison.
On s'aperçoit à l'analyse que la ville d'Aboisso
grâce à sa position de ville-relais, son statut de chef-lieu
de Préfecture, ses équipements de services exerce une
influence régionale. Son champ
recouvre donc l'ensemble
des localités du département.
2 - Rôle des villages-centres et de leurs équipements.
Comme les chefs-lieux administratifs, les vil-
lages-centres à un niveau inférieur créent des champs.

- 208 -
Le village-centre anime dans un rayon de 15 km
des flux liés à la scolarisation, aux transactions et aux
besoins sanitaires.
En effet, la plupart des enfants de la campagne,
fréquentent l'école du village-centre. C'est également dans
le village-centre que les populations des campagnes font leurs
petits achats ou se rendent pour des soins élémentaires de
santé.
Les villages-centres sont généralement des gares,
c'est-à-dire le point de ralliement où les habitants des cam-
pements désirant se rendre en ville attendent le taxi-brousse.
Les relations de dépendance qui existent entre le
village-centre et les villages satellites, créent une aire
d'influence plus ou moins concentrique qui constitue un sous-
espace polarisé.
Le pays rural d'un village-centre est un champ
qui recouvre une autre réalité géographique souvent mal per-
çue. Il s'agit en fait d'un regroupement de finages villageois.
Dans la nouvelle esquisse de structuration du milieu
rural, 22 pays ruraux ont été créés: 11 pays ruraux et une
commune dans la Sous-Préfecture d'Aboisso et 11 dans celle
d'Adiaké.
Voyons la structure de quelques pays ruraux.
- Le pays rural de Krindjabo comprend : les villages
d'Amoinbro, Ebakro, Alièkro, Ehian, Epienou, Ehouessebo,
Kassikro, Kokotilé-Anvo, Kodjakro.

- 209 -
- Le pays rural de Kouaokro
Aboul ié, Affienou,
M'possan, M'Gbasso, Niamienlessa.
Le pays rural d'Etuoboué
Abiaty, Elima,
Akounougbè, Dahomey, M'Biatty.
- Le pays rural d'Assinie - Maffia: Ebotiamé,
Assouindé-village, Mabiaha, Mandjian, Angboudjou, Essokperety,
Kouacoukro-Iagune - Ono - Marna - Akpagnin.
- Le pays rural de Malamalakro : Gaoussoukro, Attiekro,
Allakro, Yao Akakro, Noé, Nougoua, Saykro.
Outre ces 22 pays ruraux, il convient de signaler
que les villages agro-industriels de Toumanguié et d'Ehania
ne sont rattachés à aucun village-centre. Le bloc agro-
industriel constitue donc un pays rural particulier.
Villages-satellites, villages-centres, chefs-lieux
administratifs correspondent à des niveaux différents d'équi-
pements et de services.
Les villages-satellites sont très peu ou pas équipés,
les villages-centres abritent des services de première néces-
sité, des services courants, les chefs-lieux administratifs,
une gamme de services variés et de services rares.
Cette différence de potentiel, occasionne dans un
système économique d'échange, des mouvements des centres infé-
rieurs vers les centres supérieurs; de sorte qu'autour de
chaque noeud
du réseau urbain gravite une aire d'influence
plus ou moins étendue.

-
210 -
Dans le système économique régional, en plus des
centres administratifs et des villages-centres, les aires de
marché créent des champs.
II.- PLACE DES MARCHES DANS LA CONSTITUTION DES CHAMPS.
Les marchés déclenchent des flux de personnes et de
marchandises dont la portée variable dans l'espace, permet de
déterminer leur aire d'influence.
On distingue deux types de marchés
des marchés à
vocation régionale et des marchés locaux.
1 - Les marchés régionaux
le casd'Adiaké.
Le marché d'Adiaké, est le plus important de la
zone étudiée par l'ampleur des flux qu'il déclenche chaque
mercredi.
Une enquête par sondage effectuée le mercredi 15
àofit 1984 nous fixe sur son aire d'influence.
Trente personnes ont été interrogées. Il s'agissait
d'appréhender leur lieu de provenance, les motifs de leur
déplacement, la fréquence des mouvements et enfin les modes
de déplacement.
Le résultat du sondage révèle que le champ
du
marché dépasse largement les limites de la Sous-Préfecture
et même du département d'Aboisso.
Les trente personnes enquêtées se repartissent
selon
les origines_géographiques suivantes
1
,

- 211 -
- Sous-Préfecture d'Adiaké 8 soit 26 % de l'effectif
- Sous-Préfecture d'Aboisso 4
13,3 % de l'effectif
Sous-Préfecture de Bonoua 7
23,3 %
- Grand-Bassam ville 6 personnes soit 20 , de
l'effectif
- Abidjan 4 ; 13,3 % des enquêtés
- Bongouanou 1
soit 3,3 % de l'effectif.
On s'aperçoit
à l'analyse des chiffres que respec-
tivement 73,3 % et 60,1 % des mouvements sont extérieurs à la
Sous-Préfecture d'Adiaké et au département d'Aboisso.
it
Au niveau de la circonscription d'Adiaké, les per-
t
f
sonnes dénombrées dans le sondage sont originaires de Kacou-
1
t1
kro (6,6 %), Aboutou (6,6 %), Anga (3,3 %) et Adiaké et
f
environ (6,6 %).
ît
1
,
Hors de la circonscription~ dans le département,
r!
les flux proviennent essentiellement d'Aboisso, Niamienlessa,
i,
et d'Ahigbé-Koffikro.
t
!
La Sous-Préfecture de Bonoua, la ville de Grand-
Bassam, d'Abidjan et de Bongouanou animent 60 % des mouve-
1
1
ments vers le marché.
1
!
L'importance des flux en direction d'Adiaké est
1
!
liée à la commercialisation du poisson pêché dans les lagu-
1
nes Aby: Tendo, Ehy.
1
r
Depuis la veille des jours de marché, arrivent à
!
Adiaké des pétrolettes et des pirogues chargées de femmes
t
et de paniers de poissons, alors ~ue les taxis-brousse amènent
f
1

1
r'
"
- 212 -
par la route les acheteurs grossistes venant des villes et
des villages voisins (H. BERRON) 1979).
Henri BERRON a également montré en étudiant la com-
mercialisation du poisson que, l'influence du marché d'Adiaké
dépasse les l imi tes rég ional es.
(vo i r des t ina t ions des flux),
Tableau n°
1 2
Provenance du poisson vendu au marché
d'Adiaké le mercredi 4 avril 1973 (H. BERRON)
Provenance
Nombre de femmes
Nonilire de paniers
Assomlan
40
68
Melekoukro
17
37
Ehoussou
19
36
Anga
9
15
Etuessike
8
15
Abiaty
2
3
Aby
4
1 2
Assinie
26
63
Egbehi
6
14
Angbodjou
2
4
Eplemlan
8
12
Epiefé
1
1
Bianou
4
8
Mauricekro
7
9
Ebouindo
2
2
Potoplo
3
4
Bindobagnin
12
25
Elima
3
9
Total
173
337

- 213 -
Le tableau ci-dessus montre que le marché d'Adiaké
draine les vendeuses de la partie occidentale du littoral
d'Assinie, celles des villages situés de part jet d'autre
d'Adiaké, ainsi que~elles d'Aby, Elima, Abiaty et Etuoboué
sur la rive orientale de la lagune Aby.
Les flux les plus importants proviennent d'Assomlan,
d'Assinie, d'Ehoussou et de Melekoukro.
Le 4 avril 1973, sur les 173 femmes-vendeuses recen-
sées, 23,12 % sont venuesd'Assomlan, 15 % d'Assinie, 10,98 %
d'Ehoussou, 9,8 , de Melekoukro. Au total 58,9 % des vendeu-
ses viennent de ces 4 villages.
Concernant la quantité de poisson vendu, sur les
337 paniers enregistrés, 68 sont partis d'Assomlan, 63
d'Assinie, 37 de Mélékoukro, 36 d'Ehousou, 25 de Bindobegnin,
soit respectivement 20,17 %, 18,69 %, 10,68 % et 7,4 % des
flux de poisson en destination du marché.
Le poisson mis en vente sur le marché est acheté
par des mareyeurs qui le
redistribuent en brousse et dans
les villes parfois éloignées.

- 214 -
Tableau nO 13
Destination du poisson vendu sur le marché
d'Adiaké le 4 avril 1973 (H. BERRON)
Destination
Nombre d'Acheteurs
%
Nombre de paniers(~) %
Aboisso
15
1 2: 5
6
33,1
Bongo
4
3,3
6
2
1
1
Ono
2
1 ,6
13
4,5
1
Bonoua
2
1 , 6
5
1 , 7
1
Larabia
9
7 , 5
9
3 ~ 1
f.j
Assé
2
1 .,6
3
1
!!
Koffikro
16
13 3
16
5,5
r
1
Kacoukro
8
6 6
8
2,7
,-
1
!
Djemini-Koffikro
11
9 1
22
7,6
Sodepalm-Toumangnie
9
7 , 5
12
4 , 1
Kongodjan
3
2,5
3
1
N'Zikro
20
16,6
26
8,9
Abobo-Gare
1
0,8
6
2
Adzopé
1
0,8
3
1
Bouaké
1
0,8
6
2
Grand-Bassam
1 2
10
30
10,3
1
Abidjan
4
3,3
26
8,9
t
TOTAL
120
100
290
100
1
i
1
1
~ L'unité panier équivaut à environ 50 kg de poisson
1
1
Sur les 120 acheteurs recensés par H. Berron, 12
venaient de Grand-Bassam, 4 d'Abidjan, 1 d'Abobo-Gare, 1
d'Adzopé et 1 de Bouaké; soit au total 15,7 ~ des acheteurs.
1
Ce sont les flux de moyenne à longue portée.
1
1
1
i
t

- 215 -
Les flux de faible portée sont les plus importants
84,3 % des acheteurs viennent de l'Est-Comoé c'est-à-dire de
la Sous-Préfecture de Bonoua et du Département d'Aboisso. Plus
des 2/3 des acheteurs sont originaires de la zone étudiée prin-
cipalement d'Aboisso ville, N'Zikro, Koffikro,Djemini-Koffikro
et kacoukro.
L'analyse de la destination du poisson fait ressor-
tir que près des 2/3 des poissons commercialisés restent dans
la zone étudiée où ils approvisionnent les marchés de détail
et surtout celui d'Aboisso ville.
Environ le 1/4 (24,2 %) du poisson vendu est destiné
au marché urbain d'Abidjan, d'Abobo-Gare, d'Adzopé et de Bouaké,
12 % aux marchés de détail de la Sous-Préfecture de Bonoua.
Les ventes de poisson assurent au marché d'Adiaké
un grand rayonnement. Il s'agit d'un produit dont la consomma-
tion augmente aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain.
Fumé, il est facilement transportable et est à l'abri des
avaries et donc supporte les dé.placements sur de longues
distances.
L'attractivité du marché s'explique aussi par le
fait que historiquement, Adiaké était la principale place où
se rencontraient terriens et lagunaires de l'Est-Comoé pour
échanger leurs marchandises.
Cette complémentarité entre lagunaires et terriens
a été déjà étudiée par Gabriel ROUGERIE en 1959.
Les terriens qui sont des agriculteurs, apportaient
et apportent aujourd'hui encore, des produits agricoles (banane,

-
216 -
manioc, taro, igname, graines) qu'ils vendent pour se procurer
du poisson et des articles manufacturés.
Le développement de l'économie de plantation qui a
drainé dans ce territoire du Sud-Est ivoirien, une foule de
manoeuvres agricoles et accentué la spécialisation des tâches,
a davantage renforcé cette complémentarité entre terriens et
lagunaires. A côté des marchés à vocation régionale, il existe
des marchés de dimensions plus modestes et dont l'influence se
limite le plus souvent au sous-groupe ethnique.
2 - Les marchés locaux
On dénombre plusieurs marchés locaux qui drai-
nent hebdomadairement des marchands, des visiteurs et des
acheteurs.
La plupart de ces marchés ont un faible rayonnement
moins de 20 km. Quelques uns comme Ahigbé-Koffikro,Tiapoum ont un
rayonnement moyen de l'ordre de 20 â 30 km.
Il serait fastidieux d'étudier tous les marchés
locaux, raison pour laquelle deux seulement ont été retenus.
t
Il s'agit du marché de Mowa et d'Eboué. Pourquoi avons-nous
t11
retenu ces marchés à titre d'exemple?
!
!11
Mowa a été choisi parce que aprês Adiaké, c'est le
f
plus important marché de poisson. C'est un marché hebdomadaire
f1
qui se tient le dimanche et offre par conséquent des possibi-
i
l
1
lités de fréquentation plus grandes.
i
Quant
1
à Eboué, c'est un marché bihebdomadaire repré-
!
sentatif des petits marchés locaux du Sanwi.C'est un marché
1
f
jadis três important mais dont les activités ont considérable-
1
t
ment baissé
à la suite du déclin de la pêche dans le village.

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Tableau nO 14
LES MARCHES LOCAUX
Rayonnement et périodicité
Rayonnement en km
Périodicité
MARCHE
+
30
20 -
30
-
20
Hebdomadaire
Bihebdomadaire
Ahigbè-Koffikro
x
Jeudi
Akounougbé
x
Vendredi
r--
.....
N
Béniakré
x
Vendredi
Eboué
x
-
Lundi - Jeudi
Frambo
Mercredi - Dimanche
Mowa
x
Dimanche
N'Guiémé
x
Dimanche
Nouamou
Mercredi
Tiapoum
x
Mercredi

- 218 -
Eboué est actuellement un marché de détail qui
ravitaille les populations résidentes et celles du milieu
rural environnant en poisson et en articles manufacturés.
a) Le marché de Mowa.
Le marché de Mowa tire son dynamisme de la
commercialisation du poisson. Il est ravitaillé en grande par-
tie par les vendeuses ghanéennes en provenance principalement
de Half-Assinie et par des vendeuses d'Assinie-Maffia, d'Af-
forenou et d'Assokpeketi.
Un comptage fait au marché de Mowa le dimanche 15
septembre 1985 a permis de dénombrer 251 paniers de poissons
apportés par 143 femmes qui ont emprunté 31 pétrolettes. Un
peu plus de la moitié des paniers commercialisés (51,4 %)
provient du Ghana.
Le reste des paniers (un panier équivaut à 50 kg
en moyenne) soit 122 paniers (48,6 %) provient de 15 villages
lagunaires de la Sous-Préfecture d'Adiaké. Ce sont par ordre
d'importance Afforenou 26 paniers soit 10,3 % des paniers
vendus sur le marché, Assokpeketi 8,3 %, Assinie-Maffia 6 %,
Mandjian 3,6 %, Marna 3,6 % etc ..•
Le marché de Mowa approvlslonne en grande partie
les villages du canton Affema (Mafféré, Koffikro-Affema,
Baffia), les villages d'Adjouan, d'Aby et çeux du complexe
agro-industriel d'Ehania. Il ravitaille dans une faible pro-
portion la ville d'Abidjan. On n'a pa~~u rencontrer un 'aché-
teur venu d'Abidjan.

Tableau n01S : Provenance du poisson vendu au marché de ~towa le dimanche 15 septembre 1985
Provenance
Mode de locomotion
Nombre de femmes
%
Nombre de paniers
%
Half-Assinie
8 pétrolettes
46
32, 1
90
Fassou
2
"
1 2
8,4
24
35,9\\
9,5
M'Pe-Assomon
1 pétrolette
4
2,8
8
3,2
51,4
Anotchi
1
"
1
0,7
2
0,8
Autres
1
"
6
4,2
5
1 ,9
Assinie-Maffia
2
6
4,2
15
5,9
Assouindé
1
1
0,7
5
1 ,9
ûI
,.....
Afforenou
3
16
11 ,2
26
10,3
N
Eboko
1
5
3,5
8
3,2
Mandjan
1 pétrolette
11
7,7
9
3,5
Akakro
"
1
0,7
1
0,4
Dahomey
"
1
0,7
1
0,4
Kacoukro-Iagune
"
6
4,2
7
2,7 148,6
Assokpeketi
2 pétrolettes
9
6,3
21
8,3
N'Guiemé
Pétrolettes
1
0,7
3
1 ,2
Ingnangami
"
1
0,7
1
0,4
Angboudjou
"
4
2,8
8
3,2
M'Braty
"
2
1 ,4
2
0,8
Marna
"
7
4,9
9
3,5
Elloué
"
3
2 , 1
6
2,3
Total
31 pétrolettes
143 femmes
100
251 paniers 100
Source
enquête de l'auteur

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Tableau nO 16
Destination du poisson vendu sur le marché de MOWA le ,dimanche.1 5 septembre 1985·
Mode de
Nombre
Destination
Nombre de
locomotion
d'acheteurs
Cl0
paniers
%
N'Gbessan
Voiture
3
1 2
3
6, 1
Baffia
Voiture
1
4
6
12,2
Koffikro-Affema
Voiture
2
8
4
8,2
Maffere
Voiture
8
32
16
32,6
Gnamienlessa
"
1
4
2
4, 1
o
N
Affienou
"
1
4
2
4,1
N
Ehania-Palm
"
2
8
4
8,2
Adjouan
"
2
8
4
8,2
Aby
"
1
4
2
4, 1
Aboisso
"
1
4
1
2
Abidjan
"
1
4
2
4, 1
Toliesso
"
1
4
1
2
Akakro
"
1
4
2
4, 1
Total
8 Voitures
25
100
49
100
Source
Enquête de l'auteur

Filll·48
PROVENANCE ET OESTINATION OU POISSON SUR LES MARCHES
GHANA
0- ADtAKE DE MOWA ET O"EBOUE
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S- "
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"
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Adime
OCEAN
o
10km
Marché
ADIAKE
MOWA
ESOUE
Nombre de paniers
Provenance
Destination
Lundi
,0
D..
0
Plu. cie 20
0
11
• 20

0
jo.. cie marché
o
l:l.
....
D..
o
t:.
0
8
à 10

0
o
"
0
l
à
5

- 222 -
Huitmini-cars de transport ont chargé au marché de Mowa le
dimanche 15 septembre 1985, 49 paniers de poissons achetés
par 25 femmes (Planche 15, Photo 28).
Les principales
destinations du poisson acheté sont: Mafféré 32,6 \\ des
paniers, Baffia 12,2 \\, Koffikro-Affema 8,2 \\; Adjouan 8,2 \\
Ehania-Palmindustrie 8,2 \\.
On remarque en excluant Abidjan,que les relations
que Mowa entretient avec son environnement sont des relations
de proche voisinage.
b) Le marché d'Eboué.
Le marché d'Eboué a lieu deux fois par
semaine: lundi et jeudi. Il est moins important que celui
de Mowa.
D'après une enquête de Henri BERRON, le lundi 2
avril 1973, 44 femmes ont fréquenté le marché. Elles ont mis
en vente 71 paniers de poisson provenant presqu'en totalité
des villages d'Aby, d'Abiaty et de Bianou.
Une enquête que nous avons effectuée au marché
d'Eboué le jeudi 12 septembre 1985, revèle la baisse de
l'activité du marché.
Le 12 septembre 1985 seulement 19 vendeuses de pois-
son ont fréquenté le marché. Elles ont vendu 39 paniers de
poisson. Le poisson provient essentiellement de Tiapoum
(26,9 \\ des paniers), d'Aby (20,5 \\), d'Abiaty (20,5 \\) et
de Ehoumakro (20,5 \\)

Tableau nO 17
Provenance du poisson vendu au marchê d'Ebouê
le jeudi 12 septembre 19~5.
Provenance
~bde de locomotion
Nombre de femmes
~
Nombre de paniers
%
Aby
1 voiture
3
1 5, 7
8
20,5
Adjouan
1 voiture - 1 à pied
2
10,5
2
5, 1
l")
Abiaty
1 voiture
4
21
8
20,5
N
N
. Ehoumankro
1 voiture + 2 pirogues
3
1 5, 7
8
20,5
Tiapoum
1 voiture + 1 pirogue
5
26,3
10,5
26,9
Sangbosso
1 pirogue
1
5,2
0,5
1 ,2
Bianou
1 pirogue
1
5,2
2
5 , 1
5 voitures
Total
5 pirogues
19
100
39
10O
1 à ~ ied
Source
Enquête effectuêe le 12 septembre 1985 au marchê

Tableau nO 18
Destination du poisson vendu sur le marché d'Eboué
le jeudi 12 septembre 1985.
Destination
Mbde de locomition
Nombre d'acheteurs
%
Quantité de poisson acheté
Kassikro
2 vélo, 1à pied
3
17 , 6
Auto-consommation
Ehania
2 vélos
2
11 , 7
"
Etubeti
3 à pied
3
17,6
"
-::t
N
Adjouan
1 vélo
1
5,8
"
N
Konkodjan
1 Moto
1
5,8
"
Aby
pirogue
1
5,8
"
Mouyassué
2 ?"pied
2
11 , 7
"
Anvo
1 vélo
1
5,8
"
Baffia
1 voiture
1
5,8
2 paniers
Mafféré
2 vé los
2
11 , 7
Auto-consommation
9 vélos et moto
1 voiture
Total
17
100
Environ 4 paniers
6 à pied
1 pirogue
Source
enquête effectuée au marché le 12 septembre 1985
'~~
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- 225 -
Le marché d'Eboué faiblement approvisionné en pois-
son n'intéresse pas les acheteurs grossistes; un seul gros-
siste venu de Baffia y a acheté 2 paniers de poisson.
La majorité des acheteurs sont de micro-détaillants
qui achètent juste ce qu'il faut pour nourrir une famille
pendant 3 à 7 jours.
Les acheteurs se repartissent dans un rayon de
20 km autour du marché. La plupart fréquentent le marché une
fois par semaine. Sur 17 clients enquêtés, 12 soit 70,3 %
sont venus de Kassikro, Ehania-Palmindustrie, Etubeti,
Mouyassué et Mafféré. Le déplacement se fait essentiellement
à vélo et moto
(52,9 %) et à pied (35,3 %). Les autres
moyens d'accès au marché sont la pirogue (5,5 %) et la voi-
ture (5,5 %).
Sur le marché le 12 septembre 1985, on a dénombré
151 types de vendeurs. La vente de poisson, de condiment et
fruits, de féculents (manioc, banane) représente respective-
ment 33,7 %, 23,2 % et 11,9 % du commerce rencontré sur le
marché.
On rencontre aussi des vendeuses de mets préparés
13,9 %, des vendeuses d'articles vestimentaires 7,3 % ; de la
quincaillerie 1,3 %, de la droguerie 1,9 % et divers autres
types de commerce.

- 226 -
Tableau nO 19 : Types de commerces rencontrés au marché
d'Eboué.
Nombre
Pourcentage
Type de commerce
Articles vestimentaires
1 1
7,3
Quincaillerie
2
1 ,3
Droguerie
3
1 , 9
Mets préparés
21
13,9
Poisson et crabe
S1
33,7
Condiments + fruits
3S
23,2
Banane + manioc
18
11 ,9
Vente de médicaments
2
1 ,3
Autres
8
5,3
Total
1S1
100
Source
Enquête effectuée au marché d'Eboué le jeudi
12 septembre 1985.
B. - LES MOYENS DE DEPLACEMENT INFLUENCE LA TAILLE DES CHAt·lPS.
La taille d'un champ varie en fonction d'un nombre
considérable de facteurs dont la nature des biens et services
le coût de transport et les facilités offertes pour les dépla-
cements.

- 227 -
I.- LES MOYENS ET LES MODES DE DEPLACB~ENT.
Le vélomoteur, la bicyclette, l'automobile, la
pirogue et la pétrolette jouent un grand rôle dans les rela-
tions inter-villageoises et entre les villages et les chefs-
lieux de Sous-Préfectures.
1 - La part de la marche et de la voiture
a) la marche
La marche constituait avec la pirogue, les
moyens de locomotion traditionnels. La part de la marche dans
les mouvements a considérablement diminué avec l'avènement des
moyens plus souples et plus rapides de déplacement.
L'enquête effectuée au marché d'Adiaké le 15 août
1984, revèle que seulement 3,3 % des mouvements vers le
marché se font à pied.
La marche comme l'a montré ALOKO N'Guessan
(1979)
intéresse beaucoup plus les femmes que les hommes et surtout
les relations à courte distance.
L'organisation régionale du système de transport
polarisé
par les chefs-lieux de Sous-Préfecture, rend diffi-
cile les communications entre les villages. Beaucoup de pistes
carossables ne sont pas desservies par les taxis-brousse ; et
si les hommes dans les zones non desservies peuvent disposer
de bicyclette et vélomoteur pour leu~déplacements, les femmes
n' y ont pas accès. De ce fait le moyen tout indiqué pour elles
à l'occasion des marchés est la marche.

- 228 -
b) La voiture.
La voiture tient une place de plus en plus
prépondérante dans les relations entre les villages et les
chefs-lieux administratifs et dans les liaisons à longue
distance.
Au marché d'Adiaké le 15 août 1984, le sondage
revèle que 73,33 % des déplacements se font en taxi-brousse
ou en voiture personnelle (planche 13, photo 24).
Les taxis-brousse jouent un grand rôle dans le
transport des hommes surtout des marchandises en direction de
l'aire de vente.
Ils desservent les villages situés le long
des principales lignes de transport, ainsi que les populations
de certains villages enclavés qui,
la veille du jour du
marché convoyent à pied leurs marchandises jusqu'à la grande
route,pour effectuer ensuite le reste du trajet en voiture.
La part de la voiture dans les relations intra-
zonales et dans les relations avec l'extérieur, déjà considé-
ra~les, ira~en augmentant avec la densification des pistes et
leur amélioration.
Pour l'instant cependant, une bonne pariie des
relations inter-villageoises s'effectuent soit
à
bicyclette
ou vélomoteur, soit en pirogue ou pétrolette
en ce qui con-
cerne les villages lagunaires.

- 229 -
c) Place de la bicyclette et du vélomoteur
dans le système de relation.
La bicyclette et le vélomoteur assurent
20 % des flux de personnes à l'occasion des marchés. Ce sont
des moyens de locomotion assez souples et peu coûteux, qui
assurent une large autonomie de mouvement à leurs proprié-
taires (planche 13, photo 25).
Nous avons vu que certaines routes carossables ne
sont pas desservies par les voitures et même sur les pistes
parcourues par les taxis-brousse, les liaisons ne sont pas
régulières de sorte, la bicyclette s'avère indispensable pour
les distances relativement longues.
d) Part de la pirogue ~t de pétrolettes
dans les mouvements.
La lagune Aby, dans sa direction Nord-Sud
constitue une barrière naturelle qui tronque le réseau rou-
tier Ouest-Est dans la moitié Sud du territoire étudié; mais
aussi un trait d'union entre les villages riverains.
Plus haut, il a été montré l'importance du réseau
lagunaire dans le système régional de communication.
La part du transport lagunaire dans les relations
avec le marché d'Adiaké n'a pu être appréhendée à sa juste
mesure lors du sondage. Seulement 3,3 % des déplacements vers
Adiaké le jour du marché ont été faits en pirogues ou pétro-
lettes. Il s'agit là d'une sous-estimation quand on sait, que
la quasi-totalité du poisson commercialisé au marché est
transporté par voie lagunaire.

-
230 -
Henri BERRON (1973) a montré que presque toute la
quantité de poisson rejoint les marchés en utilisant les voies
lagunaires où,pétrolettes, canots à moteur et pirogues permet-
tent des liaisons avec chaque campement de pêche aussi petit
et éloigné soit-il (planche 14, photo 26).
L'étude des modes et moyens de déplacements, est
d'une utilité indéniable car l'espace économique, comme montré
en filigrane dans l'exposé est fondé sur un faisceau de rela-
tions.
L'accroissement de la mobilité des hommes et des
biens, intensifie les échanges et partant, influence la taille
des champs.
II. - ESSAI DE DETERMINATION D' UN CHAMP
L'AIRE D'INFLUENCE DU MARCHE D'ADIAKE.
Un champ
se définit par plusieurs critères: sa
taille, son intensité, sa forme et ses discontinuités (André
DAUPHINE, 1979). Il est cependant difficile de définir une
aire d'influence par des limites absolues; c'est pourquoi
les géographes préfèrent au champ
potentiel, le concept de
champ
moyen.
1 - Technique d' étUde de l'aîre cl 'influence
du marché d'Acliaké.
Il existe plusieurs techniques d'étude des
champs
- théoriques
- Mathématiques
- Empiriques.

- 231 -
Dans le cadre de cette étude, c'est la méthode
empirique qui a été utilisée. Elle a consisté en l'observa-
tion sur le terrain, des flux de personnes et des marchandi-
ses vers le marché, en nous fondant sur le postulat que le
champ
résulte de l'interaction entre un point (pôle, marché,
un équipement de services) et sa périphérie.
Les flux vers le marché sont caractérisés par une
certaine constance. Ils ont lieu chaque mercredi.
L'enquête que nous avons effectuée au marché et
dont une partie des résultats a été exposée plus haut dans
l'étude du marché régional d'Adiaké, situe les lieux de prove-
nance des flux et circonscrit théoriquement l'aire influencée
par le marché.
Comme les mouvements s'estompent avec la distance,
il a paru indispensable de mettre en évidence l'aire d'inten-
sité optimale de flux qui pourrait alors coincider avec le
champ
moyen de marché.
Pour cela, sur un fond de carte, plusieurs cercles
concentriques de rayon 20 - 40 - 60 et 120 km ont été tracés.
Il s'agissait d'apprécier les flux en rapport avec la distance
au marché.
Cette demarche a révélé que 39,7 % des mouvements
sont compris dans un rayon inférieur à 20 km ; 62,8 % dans un
rayon de 40 km ; 82,8 % en dessous de 60 km. Entre 60 et 120 km
les flux se réduisent à 13,3 % et à seulement 3,3 % au-delà
de 120 km.

- 232 -
A partir des données brutes de H. BERRON concer-
nant la destination du poi~son vendu au marché d'Adiaké, la
même démarche a été effectuée. Elle révèle aussi une dimi-
nution quantitative des flux avec la distance.
Tableau n° 20 : Relation entre la distance et les flux
~ 0 - 20 20 - 40 40 - 60 60 - 120 + 120
. flux en ~. en km ..
. . .
Flux humains
64,3
19
10
3,3
2,4
Flux de poisson
34
41 ,3
10,3
8,9
5
Moyenne de
1 , 2
5,2
2,5
4,3
5
paniers/acheteur
- Source: Sondage effectué le mercredi 15 aoOt 1985
Le tableau ci-dessus montre que
- 64,7 ~ des acheteurs habitent dans un rayon de
20 km au marché
- 19 ~ entre 20 et 40 km (Aboisso - Bonoua)
- 10 ~ entre 40 et 60 km (Bassam)
- 3,3 ~ entre 60 et 120 km (Abidjan)
- 2,4 ~ au-delà de 120 km (Abobo-Gare, Adzopé,
Bouaké) .
On s'aperçoit aussi que 75,3 % de la quantité de
poisson acheté restent dans un rayon de 40 km et que seulement
2,4 ~ des paniers vendus vont au-delà de 120 km.

Fig. 47
RELATION ENTRE LA DISTANCE ET LES flUX AU MARCHE O'AOIAKE
GHANA
- - 10km
1
Aire de forte intensité de flux ( moins de 20km)
Aire de moyenne intensité (de 20 à 40km)
Aire de faible

intensite ( de 4 O à aO-km)
D Aire de très faible

intensite (plus de aOkm)

-
234 -
En se fondant sur ces observations, on peut déter-
miner avec le plus de certitude possible le champ
moyen
du marché d'Adiaké.
2 - Le champ
moyen du marché d'Adiaké
L'approche des flux a révélé que le champ
potentiel ou maximal du marché d'Adiaké est très étendu.
Il atteint les régions d'Adzopé, de Bongouanou et même de
Bouaké au Centre de la Côte d'Ivoire.
Quand on sait qu'un champ
est caractérisé par sa
concentration et son intensité, il importe de rechercher le
champ
moyen qui coincide avec l'aire optimum des mouvements.
VANCE (1962) a montré en étudiant les champs commer-
ciaux dans la région de la baie de SAN-FRANCISCO aux USA, que
17 % des clients des centres commerciaux venaient de dis-
tances supérieures à dix milles; la moitié habitait à
moins de trois milles. Le champ
potentiel des centres de
commerce est assez vaste alors que le champ
moyen est très
petit.
Dans le cas d'Adiaké, la mesure de l'intensité des
flux, démontre que le champ
moyen est très petit par rapport
à l'aire d'influence potentielle. Il est compris dans un
rayon de 40 km au marché.
Cette aire correspond en effet à une zone de concen-
tration des mouvements. Elle abrite respectivement 83,7 %
et 75,3 % des flux humains et des flux de poissons.

-
235 -
Dans l'espace, le champ
moyen du marché d'Adiaké
englobe les localités de Bonoua, Ono, Aboisso-Kacoukro.
CONCLUSION DU CHAPITRE II.
L'espace économique est structuré par le réseau de
communication, les pôles autour desquels gravitent des aires
d'influence ou champs.
Les facteurs constituant les champs sont d'une
part les marchés qui attirent chaque semaine une foule
d'acheteurs et de vendeurs et d'autre part, les centres
urbains et semi-urbains.
L'attraction qu'exercent les marchés est fonction
de leur importance, de la nature des produits qui y sont
vendus et des facilités de liaison. Ainsi le marché
d'Adiaké facilement accessible et bien approvisionné en
poisson fumé, produit à forte demande exerce une influence
qui dépasse le cadre régional. Il est cependant difficile
de mesurer le champ absolu des marchés. On a donc recours
au champ moyen qui correspond à l'aire de diffusion qui
exprime une certaine continuité et une certaine densité des
flux.
Le pouvoir attractif que les villes et les centres
semi-urbains exercent sur leur environnement est fonction du
niveau d'équipements et des services offerts. Les centres
supérieurs de l'armature, généralement mieux équipés et
bénéficiant de services rares attirent les populations des
centres inférieurs.

-
236 -
Comme l'armature urbaine est hiérarchisée,
les aires d'influence qui en dérivent sont aussi hiérar-
chisées. Les champs s'embattent les uns dans les autres
en forme de pyramide d'espaces polarisés.

- 237 -
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIEo
La deuxième partie de cette étude, ayant admis
que ce sont les liaisons de différente nature existant entre
les éléments de la trame spatiale qui structurent l'espace
a essayé de démontrer ce point de vue.
Il ressort après analyse que l'espace régional
est structuré par plusieurs éléments d'importance variable.
En premier lieu, il y a l'administration du terri-
toire qui organise le cadre dans lequel se déroule la vie
régionale. La structuration administrative du territoire est
guidée par le souci de rapprocher l'administration et les
services des masses rurales. Elle explique la création des
villag3~'ccntres qui correspondent à un niveau intermédiaire
de décisions et d'équipements dont la finalité est de réduire
la trop grande disparité entre le milieu rural et le milieu
urbain.
L'espace est structuré, d'autre part par les équi-
pements et les services qui occasionnent des mouvements répé-
titifs, base de la formation des réseaux et des noeuds. Les
voies de communication et les noeuds sont les pièces maî-
tresses de l'aménagement régional car ils sont les supports
des rélations et des échanges qu'entretiennent les acteurs
économiques.
Enfin l'activité commerciale,principalement les
marchés périodiques engendrent des flux plus ou moins intenses,
de portée et de direction variables et qui créent des champs,
ont un effet structurant indéniable.

- 238 -
Au total au terme de cette seconde partie, on
voit se dessiner un espace plus transparent et donc favorable
à l'économie de marché qui nécessite une rapide circulation
de l'information, des hommes, des biens et des marchandises.

TROISIEME PARTIE
LA DYNAMIQUE ECONOMIQUE REGIONALE

-
239 -
Après avoir fait l'inventaire des activités
économiques et analysé
leurs effets structurants, il
importe à présent de chercher à comprendre les mécanismes
qui soutendent la croissance économique.
A la base de la dynamique économique, se trouvent
d'une part les mécanismes de production où sont engagés des
individus, mais aussi des groupes capitalistes ainsi que
des acteurs macro-économiques dont le rôle est discret mais
essentiel dans le processus de croissance. D'autre part, il
y a les mécanismes de commercialisation, de rétribution et
d'utilisation des revenus
qui injectés dans l'espace sont
le moteur des transformations.

-
240 -
CHAPITRE l
LES MECANISMES DE FONCTIONNEMENT DE
L'ECONOMIE REGIONALE.
L'économie régionale s'articule autour de trois
mécanismes fondamentaux:
la production des richesses,
leur distribution et la consommation.
A. - LES MECANISMES DE PRODUCTION.
La production des richesses est le point de
départ de la croissance économique. Plusieurs acteurs y
participent 8 des degrés divers.
I.- ROLE DES EXPLOITANTS INDIVIDUELS.
Le système agricole est essentiellement fondé sur
des exploitations de type
familial gérées par des paysans
individuels.
Posséder une parcelle de forêt est pour tout
exploitant agricole, la première condition pour l'ouverture
d'une plantation. C'est le début d'une longue entreprise
dont la
réussi te
est fonction non seulement des disponibi-
lités foncières, mais aussi et surtout des moyens matériels
et humains que le planteur peut injecter dans la mise en
valeur.
1 - Les modalités d'accès à la terre.
Les modalités d'accès à la terre sont diverses.
Elles varient dans le temps et en fonction du statut des
exploitants.

- 241 -
Au d~but de l'économie de plantation, la forêt
était disponible, les densités humaines ~tal".nnt f
~
'-'
. a "bl
l
es
par conséquent l'appropriation était facile.
Les chefs d'exploitations, principalement les
autochtones se sont librement appropriés des superficies
importantes de forêt. Les exploitants ayant une famille
nombreuse donc beaucoup de bras ont historiquement immobi-
lisé de grandes parcelles.
Cette modalité
d'accès à la terre est la plus
courante dans cette région de vieilles plantations. Les pre-
miers planteurs autochtones qui se sont lancés dans l'occu-
pation de la forêt, ont pu, en se fondant sur la conception
traditionnelle du droit foncier selon laquelle la terre e~t
un don de Dieu et chacun pouvait en user selon ses besoins,
prendre possession de grandes surfaces au nom de leur matri-
lignage.
Tableau nO 21 : Modalité d'accès à la terre
Appropriation
Don et
Location
1
Total
sans
héritage
Achat
contrepartie
Autochtones
27
96
3
126
Allogènes
ivoiriens
4
22
16
42
Etrangers
1
11
16
28
Total
32
129
3S
196
%
16,3
65,8
17 ,8
100
Source
Enquête personnelle de l'auteur.

- 242 -
Si les planteurs autochtones ont accès gratuitement
~ la terre, il n'en est pas de même pour les étrangers qui
même en période d'abondance doivent obtenir l'autorisation des
maîtres de terre avant de prendre possession de quelle que fo-
rêt que ce soit. Cette modalité qui n'est pas une vente
s'accompagne de la remise de menus cadeaux aux chefs des
villages hôtes.
Deux autres modalités d'accession au patrimoine
foncier sont les dons ct les héritages.
Un pbre de famille, en considération des services
que lui a rendu un fils peut lui céder une portion de terre
pour la création d'une plantation. De même qu'un oncle mater-
ne]
peut de son vivant octroyer à son neveu, si celui-ci
en fait la demande, une fraction de forêt pour une mise en
valeur. La plantation de l'oncle et du neveu ne font-elles
pas partie du patrimoine collectif du matrilignage?
Ces formes de cession
sont des legs et ne font
l'objet d'aucune compensation financière.
La majorité des exploitants étrangers a pu s'ins-
taller grâce à ces dons. Ce sont pour la plupart d'anciens
employés agricoles qui, après un certain temps passé chez un
employeur autochtone, ont reçu à titre de reconnaissance, et
aussi pour s'assurer les services d'autres manoeuvres, une
concession de terrain en vue de la création d'une plantation.
Cette cession de forêt s'est pratiquée également
entre étrangers sans que dans la plupart des cas les maîtres
de terres furent avertis.

- 243 -
C'est le cas par exemple à Ahigbé-Koffikro où
le fondateur du village, un Togolais a fait d'importantes
concessions foncières à ses compatriotes et aux autres
étrangers venus lui demander l'hospitalité.
Dans la deuxième phase, la forêt commençant à dis-
paraître, la terre est devenue un objet de transaction. On
ne peut y accéder que par achat ou location. Cette modalité
intéresse les étrangers dont la plupart ont pu s'installer
grâce à l'achat ou à la location d'une fraction de forêt ou
de jachère, ou grâce à l'achat à un autre étranger (les ventes
de plantations sont très rares chez les autochtones) rentrant
définitivement au pays, d'une plantation et d'une réserve
foncière atténante.
Enfin il convient de signaler une dernière modalité
moins courante, mais qui a permis à certains étrangers et à
certains jeunes de s'installer en tant qu'exploitant agricole.
Elle consiste pour un propriétaire de forêt,
n'ayant pas les moyens de sa mise en valeur, à la céder 0 qui
pourra l'exploiter, moyennant un partage au 1/3 des planta-
tions créées: 1/3 pour le propriétaire du terrain et 2/3
pour celui qui la fait valoir.
Au total 16,3 % des exploitants enquêtés ont
acquis librement leur
terre, 65,8 % par don et héritage,
17,8 % par achat ou location.
2 - Structure des exploitations agricoles
L'exploitation agricole s'entend de toute terre
utilisée entièrement ou en partie pour la production agricole
et qu~ considérée comme unité technique est exploitée par une

-
244 -
personne seule ou accompagnée d'autres personnes, indépendam-
ment du titre de possession, du mode juridique, de la taille
ou de l'emplacement.
(F.A.O.).
L'exploitation est en effet, une entreprise agricole
o~ travaillent hommes, femmes, enfants, propriétaires et
employés suivant une spécialisation des tfiches (KINDO Bouadi,
1979).
a) Carnctéristiques d'ensemble des exploit~­
tions.
Les exploitations agricoles sont de type
familial restreint. Elles comprennent en moyenne 10 personnes
dont 4,6 actifs (2,5 actifs natifs et 2,1 actifs étrangers) (1).
Les exploitations sont de taille variable. Les plus
petites n'atteignent pas deux hectares alors que les plus
grandes dépassent cinquante hectares. La majorité des exploi-
tations ont moins de 10 hectares.
Les entreprises agricoles, exceptée, la zone des
sables quaternaires exclusivement réservée au cocotier, sont
rarement spécialisées. Elles juxtaposent généralement diffé-
rentes parcelles de cultures: parcelles de caféiers, de cacao-
yers, de palmiers à huile etc ...
Le caféier et le cacaoyer restent cependant les deux
cultures dominantes.
(1) Ces chiffres sont extraits du recensement national agricole et con-
cernent le département d'Abaissa.

- 245 -
Le système de tenure des terres, le système de
transmission du patrimoine, ne favorisent pas l'accèes des
jeunes à la terre. Encore plus, en dessous de 30 ans, les
jeunes gens n'ont généralement pas suffisamment de moyens
pour créer leur propre plantation. L'âge optimal pour la
création d'une exploitation agricole se situe entre 30 et
49 ans.
Notre sondage révèle aussi que 65,5 % des exploi-
tants sont des autochtones, 14 % des allogènes ivoiriens et
19,5 % des étrangers.
Ces chiffres se rapprochent dans une certaine mesure
de ceux du recensement national agricole, suivant lequel
59,8 % des chefs d'exploitation établis dans le département
d'Aboisso sont des Akan, 4,5 % des lagunaires, 4,2 % des Mandé,
2,6 % des Voltaïques (Burkinabé) et 27 % d'origines diverses.
Le recensement national agricole présente quelques
lacunes car il ne précise pas le pourcentage des natifs
(autochtones) dans la population akan et lagunaires, non plus
celui des chefs d'exploitation étrangers. Il ne nous est pas
possible d'affirmer que les 64,3 % des chefs d'exploitation
akan et lagunaires sont tous des autochtones. Ce qui est sOr
c'est qu'au moins le 1/3 des exploitants ne sont pas des
natifs de la région.
D'après le recensement national agricole, 53 % des
chefs d'exploitation sont installés avant 1960, 10,7 % entre
1960-1969 et 36,3 % après 1969.
La majorité des chefs d'exploitation sont mariés à
une ou plusieurs femmes.
1
t
l

- 246 -
Enfin, la majorité des chefs d'exploitation
sont
d'âges avancés, sont des analphabètes et se sont installés
depuis plus de 20 ans. On constate que le potentiel travail
des exploitations augmente avec le recours à la main-J'oeuvre
étrangère.
b) Caractéristiques socio-démographiques
des exploitants.
D'après notre enquête socio-économique, 71,5 %
des chefs d'exploitation
sont âgés de 50 ans et plus, dont 14 %
de plus de 69 ans. Seulement 1 % des exploitants ont un âge
inférieur ~ 30 ans et 27,5 % entre 30 et 49 ans.
Ces chiffres comparés à ceux du recensement national
agricole de 1976 présentent des divergences; suivant le recen-
sement national agricole, 42,9 % des chefs d'exploitation
sont
âgés de plus de 50 ans; 5,1
\\ des exploitants ont moins de
30 ans et 52 \\ entre 30 et 49 ans.
Tableau n° 22
Age des chefs d'exploitation
20 - 29
30 - 39
40 - 49
50 - 69
70 +
Total
------.
Nombre
2
15
40
115
28
200
~~
1
7,5
20
57,5
14
100
Source: enquête personnelle de l'auteur.
Malgré ces divergences, une remarque s'impose dans un
cas comme dans l'autre : tr~s peu de jeunes ont acc~s à la terre.
Celle-ci est la propriété quasi-exclusive de personnes âgées
qui la mettent en valeur généralement avec l'aide Je leurs
enfants.

- 247 -
Tableau n°
23
Origine des exploitants
Autres
Ivoiriens
Voltaïques
Maliens
Total
africains
1
Nombre
161
22
13
4
200
(l0
80,5
11
6,5
2
100
Source
enquête personnelle de l'auteur
Tableau n° 24 : Origine géographique des exploi tants.
Allogènes
Autochtones
Etrangers
Total
Ivoiriens
Nombre
133
28
39
200
%
66,5
14
19,5
100
Source
enquête personnelle de l'auteur

- 248 -
Dans les sociétés rurales africaines, la femme
représente une force de travail inestimable. En économie de
plantation, c'est elle qui, en s'occupant de son champ de
vivriers, entretient indirectement la plantation pendant les
deux premières années. C'est ce qui explique que les exploi-
tants se marient ~ volonté ~ plusieurs femmes pour bénéficier
de leurs bras et plus tard de ceux de leur nombreuse progéni-
ture.
Sur un échantillon de 200 exploitants, les statisti-
ques révèlent que 93,S % sont mariés et 6,5 % sont des céli-
bataires, des divorcés et des veufs.
Les planteurs mariés sont ~ 54,S % monogames et ~
39 % polygames.
Parmi les polygames, 27 % sont mariés à deux femmes,
9 % à trois femmes et 3 % à plus de trois.
L'indice de polygamie varie selon l'âge de l'époux
et selon son origine.
On remarque que l'indice de polygamie le plus élevé
se situe dans la classe d'âge de plus de sa ans.
Les autochtones sont moins polygames que les allo-
gènes et les étrangers.
Chez les allogènes et les étrangers, l'indice moyen
de polygamie avoisine 2 alors qu'il ne dépasse pas 1,S chez
les autochtones.
L'Agni est moins polygame parce que la force de tra-
vail de la femme est moins indispensable aujourd'hui.

Tableau n° 25
Situation matrimoniale des exploitants.
Situation
e famille
Nombre
Célibataire
Marié
Divorcé
Veuf
Total
%
d'épouses
1
1
0
6
-
5
--+-:
1 3
6,5
1
-
109
1
-
109
54,5
Cl
o::t
N
2
-
54
-
-
54
27
3
-
18
-
-
18
9
+ 3
-
6
-
-
6
3
I-
I
Total
6
187
5
2
200
%
3
93,5
2 ,5
1
100
1
1
1
Source
enquête personnelle de l'auteur

- 250 -
Nous sommes dans une reglon de vieilles plantations
où le recours à la main-d'oeuvre étrangère est presque systé-
matique. Aucune femme agni ne participe aux travaux de récol-
te de café, de nettoyage des plantations jugés trop avili-
sants, même par les hommes, alors que sa compagne malienne
ou voltaïque, matchette à la main, panier sur la tête parti-
cipe autant que l'homme à la production.
Pour les étrangers, avoir plusieurs femmes est
toujours un moyen de s'assurer des bras et partant une cer-
taine autonomie de la production.
Enfin il convient de signaler que les exploitants
enquêtés sont en majorité analphabètes: 88,5 % d'entre eux
n'ont jamais été à l'école, 10,5 % ont le niveau primaire
et 1 % le niveau secondaire.
Les paysans lettrés sont soit des descolarisés
qui ont accepté de retourner à la terre, soit des fonctionnai-
res à la
retraite qui meublent leurs vieux jours en créant
une entreprise agricole, ou des "planteurs du dimanche"
(des citadins fonctionnaires pour qui la terre est un moyen
de fructification des revenus).
c) La taille des exploitations et les besoins
en main-d'oeuvre.
SUT
193 planteurs ayant déclaré leur super-
ficie, la distribution par taille des exploitations est la
suivante
21 ,2 % ont moins de 5 ha
- 21 ,2 o.li ont entre 5 et 10 ha
- 35,7 % entre 1 0 et 20 ha

Tableau n026
Structure des exploitations agricoles
1
Taille (ha)
- 5 ha
5 - 10
10 - 15
15 - 20
20 - 30
30 - 50
50 +
Total
Exploitation
Nombre
41
41
40
29
22
1 3
7
193
l.f)
('.1
%
21 ,2
21 ,2
20,7
15
1 1 ,4
6,7
3,6
100
Source
enquête personnelle de l'auteur.

- 252 -
- 18,1 % entre 20 et 50 ha
3,6 \\ des exploitants ont 50ha et plus.
La distribution par taille, fait apparaître un
très grand écart entre la plus petite exploitation et la
plus grande. L'écart est de 1 à 76 hectares.
Les exploitations de moins de 5 ha ont une super-
ficie moyenne de 2,97 ha, celles de 5 à 10 ha, une moyenne
de 6,37 ha. Les exploitations de 10 ~ 20 ha et de 20 à 50 ha
ont respectivement une superficie moyenne de 14,42 ha et
27,55 ha. Quant à celles de 50 ha et plus, leur superficie
moyenne s'élève à 57,71 hectares.
La superficie moyenne de l'ensemble des exploita-
tions est de 14,62 hectares.
Les surfaces cultivées varient en fonction de
l'origine des exploitants. La superficie moyenne des exploi-
tations est de 16,58 ha pour les autochtones, de 12,99 ha
pour les allogènes ivoiriens et de 9,39 ha pour les étrangers.
Au total les autochtones cultivent 74 % des super-
ficies mises en valeur, les allogènes ivoiriens 13,34 % et
les étrangers 12,64 %.
Cette variation pourrait s'expliquer par les con-
ditions différentielles d'accès à la terre des différents
groupes.
Comme dit plus haut, le potentiel travail des
exploitants augmente avec le recours à la main-d'oeuvre étran-
gère.

"
l'
Tableau n° 27
Superficie cultivée par type d'exploitants
~
loitation
Superficie totale
Superficie moyenne
Pourcentage
Nombre
Statut
(ha)
(ha)
superficie
exploitants
Autochtones
125
2 089,5
16,58
74
~
U1
N
Allogènes-ivoiriens
29
376,87
12 ,99
13,34
Etrangers
38
356,97
9,39
12 ,64
TOTAL
193
2 823, 1
14,62
100
Source
enquête
personnelle
de l'auteur.

1
1
- 254 -
1
i
1
t
~.
Tableau n° 28
Distribution de la main-d'oeuvre
[
par exploitation
tl
~ a
1 - 2
3 - 5
6 - la
> la
Total
!
Exploit.
f
Nombre
1
dl exploi tations
52
79
47
16
6
200
l
~0
26
39,5
23,5
8
3
100
Source
enquête personnelle de l'auteur.
Sur un échantillon de 200 exploitations, on remar-
que que seulement 26 , n'emploient pas de manoeuvres; 39,5 ,
~mploient entre 1 ~ 2 manoeuvres
23,5' entre 3 à 5 et 3 ,
plus de la manoeuvres.
Les besoins en main-d'oeuvre varient avec la taille
Jes exploitations.
- Les exploitations de moins de 5 ha utilisent en
moyenne 1 employé.
Celles de 5 à la ha:
1,4
manoeuvres en moyenne.
- Les exploitations de la à 20 ha et 20 ~ 50 ha
emploient respectivement 2,8 et 4,2 manoeuvres en moyenne.
- Celles de 50 ha et plus utilisent en moyenne 11,5
manoeuvres.
Le nombre moyen de manoeuvres est de 2,7 par
exploitation.

Tableau n°
29
Relation entre taille des exploitations et le besoin
en main-d'oeuvre.
Superficie
! Superficie
Moyenne mai.'l-
Superficie
Nombre
l\\ombre total
totale
moyenne
d' oeuvn~/exploita
ha
d'exploitations
manoeuvres
(ha)
(ha)
tion
Moins de 5
41
121,83
2,97
41
1
5 à 10
41
261,23
6,37
60
1 ,4
l.f')
l.f')
N
la à 20
66
951,93
14,42
186
2 ,8
20 à 50
35
964,46
27,55
150
4,2
1 Plus de
50
7
474
67 ,71
81
11 , 5
1
TOTAL
190
2 773,45
14,59
518
2 , 7
Source
enquête personnelle de l'auteur.

- 256 -
3 - Place de la main-d'oeuvre et les form~s
de salariat agricole.
La main-d'oeuvre familiale sur laquelle repo-
sait la production, s'est avérée rapidement insuffisante avec
l'essor de l'économie de plantation; de sorte que le recours
à la force de travail extérieur à l'unité domestique est
devenu une nécessité vitale pour la quasi totalité des exploi-
tations agricoles.
a) Origine et durée de séjour de la main-d'oeuvre.
La main-d'oeuvre employée est à 98,1 %
d'origine étrangère. Elle est à dominante malienne et voltaï-
que (Burkinabé).
Les Maliens et les Voltaïques représentent près de
60 % de la force de travail étrangère. Ensuite viennent les
Togolais - Béninois 23,9 %, les Ghanéens 12,5 %, les Nigériens
et autres Africains 1,7 %.
La main-d'oeuvre d'origine ivoirienne est insigni-
fiante
1,9 % du total.
L'une des caractéristiques majeures de cette main-
d'oeuvre étrangère est son instabilité. La durée de séjour
est en moyenne d'un an.
Il ressort de l'enquôte que 58,S % des ouvriers
agricoles ont une stabilité inférieure ou égale à un an et
41,S % un temps de séjour supérieur à un an.
Chaque année les exploitants sont en majorité con-
frontés au problème de renouvellement de leur force de travail.

Tableau n° 30
Origine et durée de séjour de la main-d'oeuvre
~ Ivoiriens Maliens
TogJlais
Total
VoltaiCiues
Gha..'1éens
Nigeriens
1
Autres
Béninois
%
Stabilité
<
1 an
-
21
151
77
55
6
-
310
-
58,5
r---
U1
('-1
>
1 an
10
11
135
50
1 1
2
1
220
41 ,5
Total
10
32
286
12;'
66
8
1
,
530
%
1 ,9
6
53,9
1 2 ,5
23,9
1 ,5
0,2
100
1
1
1
Source
Enquête personnelle de l'auteur.

-
258 -
L'instabilité de la main-d'oeuvre influence les
systèmes de contrat.
b) Les formes de salariat agricole
Différents systèmes de contrat lient les
planteurs et les manoeuvres.
La premlere forme est le salariat agricole qui au
Sanwi intéresse particulièrement les manoeuvres ghanéens,
togolais et béninois.
Le manoeuvre est payé forfaitairement au prorata du
nombre de mois pour lesquels il a travaillé pour son employeur.
La rémunération du travail est fixée d'un commun accord avec
le manoeuvre. Elle varie entre 7000 et 10 000 F par mois
payable en une seule fois après la traite ou en plusieurs
tranches au cours de l'année.
Le manoeuvre est logé et nourri par son employeur.
Il est l'homme à tout faire. Il participe au défrichement, au
nettoyage des plantations, à la récolte, à l'entretien des
champs de vivriers etc ...
Dans cette catégorie, il convient de distinguer les
salariés permanents qui demeurent une ou plusieurs années au
service d'un planteur, de ceux employés saisonnièrement au
cours des grands travaux agricoles.
Dans l'année, presque tous les planteurs sollici-
tent les services de manoeuvres contractuels pour l'exécution
d'un travail précis : par exemple le nettoyage d'une parcelle.
Le travail est remunéré à la tâche après discussion entre
employeur et employé. Le coût des services est payé dans

- 259 -
certains cas immédiatement après l'exécution de la tâche,
dans d'autres au moment de la traite.
Le travail peut être effectué en équipe. La nour-
riture,et dans le cas d'un travailleur non résident
le
logement, sont aux frais de l'employeur.
Il Y a aussi le travail à la journée où les manoeu-
vres après s'être acquités d'une tâche ponctuelle, reçoivent
une rémunération journalière sans autre avantage.
Tableau na 31
Statut de la main-d'oeuvre.
1 Abougnon
Aboussan
Annuel
Mensuel
Autres
Total
Nombre
164
87
159
11 0
8
528
Il0
31
16,4
30,1
20,8
1 ,5
100
1
Source
enquête personnelle de l'auteur.
Enfin la forme de contrat, de loin la plus répandue
est le "métayage" qui consiste en un partage au 1/3 (aboussan)
ou ~ la moitié (abougnon) de la récolte.
Cc système est utilisé sur les anciennes cultures
d'exportations et principalement sur les exploitations
caféières qui
exigent
beaucoup de tr:wail.
Dans le cas de"l' abougnon'; la récole est partagée
en deux parts égales entre le propriétaire et l'employé

- 260 -
tandis que dans 'i'aboussan~ le manoeuvre reçoit le 1/3 et
les 2/3 reviennent au planteur.
Le "métayer" a à sa charge son logement et sa nour-
riture, mais dans certains cas, il peut être logé par le pro-
priétaire sur l'exploitation et recevoir de celui-ci une
portion de jachère pour son champ vivrier.
Il se doit de nettoyer la plantation qui lui est
confiée avant et après la récolte, d'assurer la récolte et
le séchage du café ou du cacao suivant les cas. Pendant ce
temps, le propriétaire, s'il dispose encore de terres, conti-
nue d'étendre l'exploitation en mettant en culture de
nouvelles parcelles qu'il entretiendra jusqu'à l'entrée en
production avant de les confier à d'autres métayers.
L'analyse du statut de la main-d'oeuvre révèle
que 31 % des manoeuvres sont régis par le contrat Abougnon,
16,4 % sont les Aboussan, 30,1 % sont des manoeuvres annuels,
20,8 % sont payés au mois et 1,S % sous formes diverses.
On remarque à travers ces chiffres une évolution
sensible des clauses du contrat de travail.
Le partage au 1/3 jadis très courant est de moins
en moins accepté des manoeuvres, au profit de l'abougnon qui
se généralise surtout sur les exploitations caféières. Paral-
lèlement se développent de nouveaux systèmes de contrat : sala-
riat mensuel et salariat annuel"qui deviennent prépondérants.
Cette évolution résulte de la rareté de la force
de travail et surtout de la prise de conscience des manoeuvres
du rôle fondamental
qu'ils jouent dans l'expansion économique.
Cette prise de conscience est la raison de leur exigence.

- 261 -
Les exploitants individuels liés à la force de
travail par des contrats divers jouent un rôle prépondé-
rant dans la production, mais il importe aussi d'analyser
celui non moins important des groupes capitalistes engagés
dans les mêmes mécanismes.
II.- ROLE DES GROUPES CAPITALISTES
Faible avant l'indépendance, le rôle des sociétés
capitalistes dans le développement de l'agriculture ivoirienne
s'accentua après 1960 avec la diversification des cultures
décidée par le Gouvernement pour consolider les bases d'une
économie agricole jusqu'ici trop dépendante du café et du
cacao.
Ainsi parallèlement au secteur villageois, des
sociétés de type capitalistes privées ou mixtes firent
irruption dans le milieu rural, de même que des sociétés
d'Etat créées pour développer une culture donnée.
Dans la zone qui nous intéresse, le groupe SODEPALM
créé en novembre 1963 avec pour mission de développer le
palmier à huile et le cocotier opère depuis les premières
années qui ont suivi l'Indépendance.
1 - Génèse et structure du groupe SODEPLAM.
La SODEPALM a été créée par décret 63-463
du 7 novembre 1963, mais le plan palmier avait démarré dès
1962 sur financement BSIE (Budget Spécial d'Investissement
et d'Equipement) consolidé en 1963 par une convention FED
(Fond Européen de Développement) portant sur la réalisation
de 2500 ha de plantations villageoises de palmier et 2 200 ha

- 262 -
de plantations industrielles à Eloka et Toumanguié où deux
usines devaient être construites sur financement partiel FED.
Par la suite ce financement a été complèté par un
prêt de la Caisse Autonome d'Amortissement (C.A.A.).
Fin 1963 la SODEPALM prend en main les opérations
palmiers qui avaient été amorcées par la SATMACI.
A partir de 1964, des négociations conduites par le
Ministère des Finances et du Plan avec le FED aboutissent à
la signature d'une convention (FED 331~CI) autorisant l'affec-
tation de 80 % des aides à la diversification des cultures
allouées à la Côte d'Ivoire par la convention de Yaoundé pour
la réalisation de 32 000 ha de palmeraies sélectionnées en
dix blocs agro-industriels.
L'assise financière assurée, les programmes sont
exécutés rapidement et fin 1967, 21 000 ha de plantations
industrielles et près de 9 000 ha de plantations villageoises
sont réalisés.
Grâce à leur succès les plantations villageoises
bénéficient dès 1967 d'un prêt de la Cai$se Centrale de
Coopération Economique (C.C.C.E.) pour la création de 3 000 ha
réalisés la même année.
Les deux premières huileries sont mises en service
à Eloka en 1968 et à Toumanguié en 1969.
Parallèlement au déroulement du programme palmier,
les négociations ont lieu sur les structures.

- 263 -
Pour les opérations d'industrialisation et de
commercialisation, l'insertion des intérêts privés est
prévue.
Participent aux négociation~ la Banque Internatio-
nale pour le Redressement et le Développement (BIRD) , la
Banque Européenne d'Investissement (B.E.I.) et la C.C.C.E.
dont le concours est sollicité pour la réalisation de
12 000 hectares de palmier (4.000 ha de palmier pour complèter
la plantation industrielle d'Ehania)et 6 500 ha de planta-
tions de cocotier dont 3 500 en plantations industrielles
et 3000 ha en plantations villageoises
Ces négociations aboutissent en 1969 à la mise en
place des structures de groupe SODEPALM. Celui-ci comporte
trois sociétés.
- SODEPALM : Société d'Etat propriétaire des planta-
tions industrielles et qui a en charge les opérations palmier
et cocotier en milieu villageois.
- PALMINDUSTRIE : société d'économie mixte avec
72 % de capitaux de l'Etat, propriétaire des huileries de
palme, mais sans activité directe de gestion.
- PALMIVOIRE : Société d'économie mixte (40 % d'Etat)
chargée de la gestion des plantations industrielles et des
huileries. PALMIVOIRE assure aussi la commercialisation des
produits.
Cette structure fonctionna de manière satisfaisante
jusqu'à la fin de 1974.

- 264 -
Fin 1974, le plan palmier est devenu majeur
83 000 ha de plantations de palmier et de cocotier sur un
programme financé de 90.000 ha sont réalisés.
Ce chiffre se
ventile
de la manière suivante :
- 68 000 ha de palmier dont 41 000 en plantations
industrielles et 27 000 ha en plantations villageoises.
- 15 000 ha de cocotier: 10 000 ha en plantations
industrielles et 5 000 ha en plantations villageoises.
Fin 1974, 9 des 11 huileries prévues sont déjà
construites.
Entre 1975 - 1976, le Gouvernement décide de res-
tructurer le groupe SODEPALM, car il s'est avéré que l'apport
du secteur privé n'ait pas entièrement répondu à l'attente
en ce qui concerne la politique de commercialisation et
de stabilisation des prix.
L'Etat a alors racheté les actions détenues par
le secteur privé. La société PALMIVOIRE est dissoute. La com-
mercialisation des produits est confiée à la Caisse de Stabi-
lisation. La société PALMINDUSTRIE est transformée en société
d'Etat.
En 1978,à la suite de la modification des structures
juridiques des plans Palmier et Cocotier, l'objet de la
PALMINDUSTRIE est ainsi défini :
- Gestion des plantations industrielles de palmier
et de cocotier et de la collecte des produits de ces planta-
tions;

- 265 -
- Encadrement et tollecte de la totalité des
produits issus des plantations villageoises de palmi~r et
cocotier.
- Industrialisation des produits oléagineux et des
corps gras et éventuellement prise de participation dans
d'autres sociétés.
La SODEPALM ne joue désormais qu'un rôle d'anima-
tion rurale.
Au total, fin 1978 : 88 862 ha de palmier (50 960 ha
en plantations industrielles et 37 902 ha en plantations
villageoises intéressant 8582 planteurs) et 28 366 ha de
cocotier dont 19 114 ha en plantations industrielles et
9 252 ha en plantations villageoises intéressant 2 263 plan-
teurs sont réalisés.
2 - Le groupe SODEPLAM : une action dualiste
soutenue par de lourds investissements.
La stratégie d'intervention du Groupe SODEPALM
(aujourd'hui PALMINDUSTRIE) en milieu rural est dualiste.
Elle se fonde sur la complémentarité entre secteur étatique
et secteur villageois.
Cette stratégie répond à un double impératif écono-
mique et social. Les plantations industrielles assurent un
ravitaillement régulier des usines en graines de palme et
garantissent donc l'équilibre économique de l'opération agro-
industrielle. L'assise économique du projet étant assurée par
les plantations industrielles, l'intégration du secteur villa-
geois donne au projet sa dimension social en terme de dévelop-
pement.

- 266 -
a) La dynamique du secteur industriel régional.
Le secteur industriel comporte 15 340 hectares
de palmier et 2 881 hectares de cocotier réalisés entre 1962
et 1977.
Comme le disait Pierre Georges en 1970, un pay-
sage ne peut être étudié et classé dans une typologie géo-
graphique qu'en considération de tous les éléments invisibles
qui lui donnent un sens.
Les éléments invisibles dans le développement agro-
industriel, c'est bien entendu la politique gouvernementale,
mais surtout un important programme d'investissement au ni-
veau de la région étudiée, qu'il importe de cerner pour
comprendre la dynamique agro-industrielle.
La réalisation des plantations industrielles de
Toumanguié, Ehania et d'Assinie, a nécessité un investisse-
ment global de 4.945.845.147 F CFA.
Le financement des opérations a été possible grâce
à des prêts consentis par diverses institutions financières
et grâce à l'effort de l'Etat ivoirien à travers le BSIE
(Budget Spécial d'Investissement et d'Equipement).
Voyons les immobilisations de fonds par unités
agro-industrielles et par source de financement.
* le bloc de Toumanguié.
Les 3 231 ha de palmier plantés entre 1962 et
1968 à Toumanguié ont coOté au total 888.307.888 F CFA.

Tableau nO 32
Superficies des plantations de palmier par source de financement et
par unités (superficie en ha)
< 64
65
66
67
68 .
69
70
'71
'72
73
74 .
75 '
76
77
Total
1
FED 183
776
224
1000
Z~
~5 FED 331
967
826
261
2054
:JC::J
0
BSIE
177
177
E-<
Total
953
1191
826
261
3231
l'-
- -
\\0
N
FED 331
-
-
917 1210
1393
1986
513
-
344
6363
<
BIRD/CCCE
-
-
-
-
1000
500
1069
1014
417
4000
1-1
~ BIRD 1036
-
-
1091
165
350
143
1749
~
Autofinancement
47
47
Total
917 1210
2393
2486
1582
1014
808
-
1091
165
350
143
12159
Total général
953
1191
1743 1210
2654
2486
1582
1014
808
-
1091
165
350
143
15390
Source
PALMINDUSTRIE

- 268 -
La premlere parcelle (177 ha) a été ouverte en
1962 sur financement BSIE d'un montant de 63.346.757 F CFA
et le reste de l'opération grâce à deux conventions de prêts
FED (FED 183 et FED 331) portant sur la réalisation de 3.054 ha
entre 1963 et 1968 (cf tableau ci-dessous).
Tableau n° 33
Bloc agro-industriel de Toumanguié : Evolution
des superficies plantées et valeur des
immobilisations.
Superficie
Date d'entrée
Valeur d'origine
Année
plantée
en production
F CFA
1962
177
1966
63 346 757
1963
277
1967
84 272 347
1964
499
1968
131 644 535
1965
1 191
1969
315 718 484
1966
826
1970
222 333 475
1968
261
1971
70 992 290
Total
3 231
-
888 307 888
Source : PALMINDUSTRIE
* Le bloc d'Ehania.
La plantation industrielle d'Ehania d'une super-
ficie de 12 159 ha a nécessité un effort financier s'élévant
à 3 004 351
076 F CFA échelonné sur 11 ans.
L'opération a débuté en 1966 sur financement FED
(FED 331) qui a permis de planter entre 1966 et 1972, 6363 ha.
Entre 1968 et 1972, l'entreprise a été consolidée
par une nouvelle convention de prêt BIRD/CCCE portant sur la

1
- 269 -
1
1
Tableau n° 34
Bloc agro-industriel d'Ehania :
!1
Evolution des superficies plantées et
1
valeur des immobilisations.
!fi
"
!
!!
Superficie plan-
Date d'entrée
Valeur d'origine
i
Année
tée (ha)
en production
en F CFA
!1!!
1966
917
1970
226 463 679
1967
1 210
1971
270 398 088
1968
2 393
1972
528 079 937
1969
2 486
1973
540 290 145
1970
1 582
1974
374 339 339
1971
1 014
1975
218 189 935
1972
808
1975
179 039 279
1974
1 156
1977
396 745 788
1975
165
1978
60 563 800
1976
350
1979
136 273 867
1977
143
1980
34 067 117
Total
12 159
-
3 004 351 076
Source
PALMINDUSTRIE
Tableau n035:
Bloc agro-industriel d'Assinie : Evolution
des surfaces plantées et valeurs des
immobilisations.
Superficie Date d'en-
Valeur
Amortissement
Valeur
plantée
trée en
d'origine
cumulé 84
résiduelle
Année
ha
production
FCFA
F CFA
F CFA
1967
200
1974
86 190 155
30 884 805
65 306 350
1968
1 020
1975
363 763 437
114 973 203
238 790 234
1971
500
1976
173 664 901
40 421 810
133 143 091
1972
717
1977
260 497 350
60 882 715
199 714 635
1973
444
1978
179 070 340
35 814 068
143 256 272
Total
2 881
-
1 053 186 183
282 976 601
770 209 582
Source
PALMINDUSTRIE

- 270 -
réalisation de 4.000 ha. Les superficies cumulées attei-
gnaient déjà 10 000 ha fin 1972.
En 1972, les premières parcelles étant arrivées à
maturité, 47 ha ont été plantés sur autofinancement.
Enfin de 1974 à 1977 la plantation s'est aggrandie
de 1 749 ha grâce à un financement BIRD (BIRD 1036)
; ce qui
porte la superficie cumulée à 12 159 ha.
(cf tableau 32 ).
* Le bloc industriel
de cocotier d'Assinie
Le bloc d'Assinie a été presqu'entièrement finan-
cé par la BIRD et la CCCE.
Les premières parcelles (200 ha) ont été plantées
en 1967 sur financement de la CCCE d'un montant de
86 190 155 F CFA. L'année suivante, une convention de prêt
BIRD (BIRD 613) et CCCE finançait 1000 ha. Parallèlement
20 autres hectares sont créés sur le prêt BSIE.
Tableau n°
36:
Bloc agro-industriel de cocotier d'Assinie
Evolution des superficies par source de
financement.
< 69
70
71
72
73
Total
CCCE
200
-
-
-
-
200
BSIE
20
-
-
-
-
20
BIRD 613/CCCE
1 000
-
-
-
-
1 000
BIRD 760
-
-
500
717
444
1 661
Total
1 220
-
500
717
444
'2 881
Source
PALMINDUSTRIE

- 271 -
~i1~
1
-
t
~
En 1969, la superficie plantée atteignait 1 220 ha.
1
i
Entre 1971 et 1973, une nouvelle convention BIRD (BIRD 760)
!,
favorisa l'extension de 1661 ha portant ainsi la superficie
du bloc à 2 881 hectares.
Au plan financier, la plantation industrielle de
cocotier d'Assinie a mobilisé de 1967 à 1973, un investissant
global de 1 053 186 183 F CFA (Cf. Tableau 35).
Ces agro- industries sont des opérations de grande
envergure dont la dynamique rapide est soutenue par un effort
financier colossal où sont impliqués différents bailleurs de
fonds.
Ces puissants vecteurs d'innovation
comme
les appelle le Professeur HAUHOUOT Asseypo, ont un effet
d'entraînement sur le milieu paysan.
b) Le secteur villageois
Les premières plantations villageoises
de palmier (88,76 ha) ont été créées dès 1962 dans le secteur
de Toumanguié en même temps que les premières parcelles indus-
trielles.
En 1963, un deuxième secteur villageois est ouvert
à Adiaké, qui débuta timidement avec 1,98 hectare.
Les surfaces plantées augmentent rapidement à partir
de 1963. En 1970, le secteur de Toumanguié atteignait
1 337,53 ha et celui d'Adiaké 1 229,2 ha. Les superficies

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- 272-
-.
Tableau n' 37 :
Evolution des surfaces planties en plantations villageoises
de palmier par secteur.
62
63
64
65
66
1
67
68
69
70
71
1
72
73
74
75
76
77
78
Total fin
ToumanguH
.88,75
40,51
133,84
123,10
236,34
154,66
215,07
122,38
222,87
230,29
299,42
342,95
300,57
50,03
255,00
15,17
-
2830,9
ADUleE
-
1,98
43,76
117,9 4
125,77
164,65
300,54
230,39
108,65
136,42
278,68
321,04
277,50
51,69
245,04
-
-
2403,1
E.HANIA
-
-
-
-
56,45
198,82
290,98
275,37
203,43
101,43
139,66
152,64
535,84
372,76 1185,54
930,54
750
5193,5
Total
88,76
42,49
177,60
240, U
418,56
518,13
806,59
628,14
534, 95 1
468,14
717,76
816,63
1113,91
474,48 1685,58
945,71
750
10427,~
SouTce
PALMINDUSTRIE
~

11i!!
- 273 -
1
,
1
,
!
cumulées passent respectivement à,2 830,96 ha et
2 403,15 ha en 1978.
1
f
tf
Dans l'ensemble, la couronne villageoise du bloc
!
agro-industriel de Toumanguié s'élevait en 1978, à 5 234,11 ha
1
(dont environ 3 337 ha dans la zone d'étude).
"
r
f
f
Les statistiques les plus récentes font état de
5 415 ha de palmier en rapport pour 1 474 planteurs soit
3,67 ha par planteur et de 1 046 ha non en rapport correspon-
1i
dant à 732 planteurs.
r
i1
i~
,
Le troisième secteur villageois, celui d'Ehania a
1fi
enregistré au moment de sa création en 1966, la candidature de
f
35 paysans qui ont ensemble planté 56,45 hectares.
~
r
?,
~~
En 1970, le nombre de planteurs s'élevait à 362
i
pour une superficie correspondante de 1 025,65 hectares. En
1
1978, les surfaces plantées cumulaient à 5 193,56 ha au béné-
~
m
,
fice de 1 229 planteurs soit une moyenne de 4,22 ha par pay-

san
(cf Tableau n° 37).
Depuis 1980/81, de nouvelles parcelles ont été
plantées portant les superficies à 5 831 ha en rapport pour
1 354 adhérents et 2 161 ha non en production pour 732 plan-
teurs.
Au total, les superficies plantées pour les trois
secteurs villageois (Toumanguié, Adiaké, Ehania) se chiffrent
actuellement à 11 246 ha en production pour 2 828 planteurs
adhérents et à 2 400 ha de jeunes plants pour 1 464 villageois.
Comme pour le secteur industriel, l'essor du secteur
villageois procède de lourds financements consentis par les

- 274 -
institutions financières déjà citées et liées au groupe
SODEPALM par un contrat de prêt.
Pour se rendre compte de l'importance des capitaux
mis en oeuvre, des estimations ont été faites sur la base du
coût moyen de réalisation d'un hectare de plantation villa-
geoise.
En ce qui concerne le palmier à huile, jusqu'à fin
1976, le prix de revient d'un hectare était de 143 800 F repar-
tis de la manière suivante :
A - Aides non remboursables
1 - Mise en place des plants •......
10 400 F
2
Encadrement
.
31 700 F
3
Frais généraux . . . . . . . • . . . . . . . . .
14 200 F
4
Frais de gestion
.
3 200 F
5 - Conseils techniques ..•.•.......
2 000 F
6
Cadas trage
.
4 300 F
Total
.
65 800 F
B - Aides remboursables
1
Coût des plantes ......•....... '.
35 000 F
2 - Fourniture d'engrais et de
produits phytosanitaires .•.....
23 000 F
Ta ta 1
.
58 000 F
C - Avances remboursables
1 - Crédits en espèces pour le dé-
frichement
.
8 000 F

- 275 -
2 - Crédit en espèces pour
l'en t r et i en
.
12 000 F
--------~---
Total
.
20 000 F
TOTAL GENERAL .....
143 800 F
La part remboursable par le planteur est donc de
78 000 F par ha, remboursée sans intérêt avec un différé de
7 ans.
Sur la base de 143 800 F par hectare, on peut chif-
frer à 1 255 641 468 F CFA le coOt de réalisation des 8 731,86 ha
de palmier cumulés en 1976.
Après 1976, avec le nouveau programme, les prêts
consentis par la PALMINDUSTRIE s'élevaient à 180 000 F par hec-
tare remboursé par le planteur à raison de 2 francs le Kg de
régime à compter de la septième année jusqu'à épuisement de
la dette.
Sachant que 4 914,14 ha de plantations villageoises
de palmier ont été réalisés après 1976, on peut estimer le
coOt à 884 545 200 F ; soit au total un investissement de
2 140 185 668 F CFA pour le programme palmier villageois au
niveau régional.
Le programme cocotier villageois a porté sur 2 616 ha
à Assinie - Adiaké et Elima.

- 276 -
Tableau n° 38
Superficie des plantations villageoises
de cocotier par source de financement.
Total
BIFD 613-CCCE
BIRD 760
FER-CDC
ha
Assinie
402
576
-
978
Adiaké
291
841
261
1 393
Elima
-
245
-
245
Total
693
1 662
261
2 616
ha
Source
PALMINDUSTRIE
Sachant que le prix de revient de l'hectare de
cocotier villageois est de 315 000 F CFA dont un apport per-
sonnel de 70 700 F du planteur, on estime à environ 691 670 400 F
le financement consenti par la SODEPALM pour la réalisation
des 2 616 hectares.
Au total le programme palmier et cocotier villageois
a englouti une somme de 2 831 857 068 F CFA.
En définitive on s'aperçoit qu'à la différence de
la culture du caféier et du cacaoyer fondée sur des initia-
tives de paysans individuels, le plan palmier et cocotier
procède d'initiative capitaliste dont le succès découle de ce
qu'elle a su étroitement associer l'intérBt de l'Etat et celui
de la masse paysanne.

- 277 -
111.- LES AGENTS MACRO-ECONOMIQUES
UN ROLE
DISCRET MAIS EFFICACE.
La place que la géographie économique classique
accorde aux agents macro-économiques en tant qu'agent de la
dynamique économique n'est pas évidente. Or dans le fonction-
nement du système économique, et précisément en ce qui concerne
nos économies rurales, il existe des agents qui n'interviennent
pas directement en tant que producteurs mais dont le rôle bien
que discret est essentiel dans la croissance économique. Ces
agents sont de diverses natures.
- Les services d'encadrement et d'assistance
technique.
Trois services techniques participent très étroi-
tement au développement régional. Il s'agit de la SATMACI et
de la SODEPALM pour les productions agricoles et du Centre
des pêches d'Adiaké en ce qui concerne les activités de pêche.
a) La SATMACI et la SODEPALM
un rôle promoteur indéniable.
La SATMACI chargée de l'encadrement et de la
modernisation de la culture du caféier et du cacaoyer, la
SODEPALM, responsable du palmier à huile, sont les principaux
artisans du succès de ces trois spéculations.
L'action de la SATMACI auprès des paysans se situe
à
deux niveaux :
- L'assistance technique
- l'organisation des planteurs en G.V.C. et l'enca-
drement et l'animation de ces coopératives.

- 278 -
Au niveau technique, les longues campagnes de sensi-
bilisation et de démonstration effectuées en milieu rural ont
favorisé un changement progressif de la mentalité des plan-
teurs qui ont pour la plupart compris la nécessité de traiter
leurs plantations contre les capsides par exemple.
Pour la majorité des paysans agni, traiter ses cacao-
yers contre les parasites, ne signifie plus perdre son temps
en soignant des arbres mais un moyen de maintenir et d'accroî-
tre la production.
Outre cette lutte contre les maladies du cacaoyer
(swollen shoot, maladie des rameaux qui après le Ghana avait
atteint une grande partie des plantations du sud-est et de
l'est ivoirien, parasites du cacaoyer) la SATMACr éclaire les
paysans sur les nouvelles méthodes de culture du cacaoyer et
du caféier, sur l'opportunité de régénérer les vieilles plan-
tations de caféiers et de cacaoyers en les remplaçant par de
nouvelles variétés de café et de cacao plus productives.
L'action de régénération et d'extension a permis de
planter sur l'ensemble du département d'Aboisso entre 1971 et
1979, 12 722 ha de cacaoyers correspondant à 1 283 planteurs
et 5 408 ha de caféiers sélectionnés (DIAN Boni, 1982).
Outre l'assistance technique dont l'objectif princi-
pal est le passage progressif de la culture extensive à la
culture intensive, la SATMACr incite les planteurs à se regrou-
per en G.V.C.
(Groupement à Vocation Coopérative) afin de béné-
ficier de l'aide de l'Etat, de s'approvisionner plus aisément
en matériel agricole et de tirer profit des avantages liées
à la commercialisation de leurs produits.

-
279 -
La SATMACI en collaboration avec la DMC (Direction
de la Mutualité et de la Coopération) participe à la formation
et à l'animation des coopératives. Il s'agit en effet d'orga-
niser les masses paysannes, de les éduquer et de les amener
au fur et à mesure du développement, à se prendre eux-mêmes
en charge.
A l'instar de la SATMACI, la SODEPALM est à la base
du succès de la culture du palmier à huile en milieu villageois.
Certes le palmier à huile n'est pas inconnu dans
l'espace de vie traditionnel de l'Agni, mais sa culture systé-
matique est une innovation récente.
La diffusion de cette innovation en millieu villa-
geois, réquérait de nouveaux comportements, de nouveaux gestes
que le paysan agni ne maîtrisait pas et risquait de compro-
mettre les chances de réussite de l'opération.
Les agents de la SODEPALM, présents sur le terrain
aux côtés des planteurs leur ont enseigné les techniques de
préparation des parcelles, de piquetage, de mise en place des
plants, les techniques d'épandage d'engrais. En plus de ces
prestations la SODEPALM offrait son soutien logistique pour
le transport des plants, des engrais, allégeant ainsi la
tâche des planteurs de palmier.
L'efficacité de l'assistance technique de la SODEPALM
est indiscutable car actuellement pour les opérations de replan-
tation et d'extension, les planteurs de la région d'Aboisso,
sans assistance, sont capables de mener de bout en bout toutes
les actions relatives à la culture du palmier.

-
280 -
L'effort de ces structures en matière d'encadrement
et d'assistance technique a contribué à la formation d'une
classe de planteurs ouverts au progrès et de plus en plus
capables de maîtriser les mécanismes de production.
Au niveau de la pêche, des efforts sont également
faits par le centre des pêches en vue de la promotion de la
production halieutique.
b) Rôle du centre des pêches d'Adiaké.
Le centre des pêches d'Adiaké, sous tutelle
du Ministère du Développement Rural a pour mission de moder-
niser la pêche artisanale dans la lagune Aby et annexes.
Il est chargé d'une part de la constitution et de
l'animation des G.V.C. de pêche et d'autre part de contrôler
les débarquements de poissons, d'établir quelques statistiques
et de faire appliquer la règlementation en matière de pêche.
Le premier volet de l'action du centre n'est pas aisé,
en raison de la réticence du milieu obstinément attaché à ses
pratiques ancestrales, mais qu'il faut convaincre et orienter
vers des nouvelles techniques plus performantes de pêche.
Malgré la difficulté de sa mission, le centre à tra-
vers de multiples tournées de sensibilisation est parvenu à
constituer 38 G.V.C. de pêche et s'attèle à régulariser la
situation de 7 groupements informels.
Ces G.V.C. une fois créés, bénéficient de l'appui
technique de la DMC (Direction de la Mutualité et de la Coopé-
ration) et du soutien financier de la BNDA (Banque Nationale
pour le Développement Agricole).

-
281
-
Le centre aide les pêcheurs en majorité analphabètes
à accomplir auprès des différents services (Sous-Préfecture
d'Adiaké, BNDA d'Aboisso ou d'Abidjan) diverses formalités
administratives auxquelles ils sont peu habitués.
En outre, dans sa tâche d'assistance technique, le
centre initie les pêcheurs au maniement et à l'entretien des
engins nouvellement acquis. Il intervient aussi par l'intermé-
diaire de son mécanicien spécialisé dans la réparation des
moteurs marins pour aider les pêcheurs confrontés à des pannes
de moteur.
Les responsables du centre sont souvent sollicités
pour arbitrer les litiges entre les pêcheurs ; particulière-
ment entre les autochtones utilisant les grands filets et
les pêcheurs allogènes (Bozos) pratiquant la pêche à la ligne
aux hameçons multiples. D'après les pêcheurs aux grands filets,
les hameçons gènent énormément l'évolution de la pêche.
Chaque fois que le filet est pris, il faut de lon-
gues heures, parfois une journée entière pour ôter les hame-
çons, rafistoler les parties endommagées avant de pouvoir
reprendre le travail. Pour ces raisons, les autochtones ont
pris la décision de chasser les Bozos de la région.
L'arbitrage du centre des pêches et des autorités
politiques de la région a permis d'éviter le pire, mais la
coexistence de ces deux communautés avec des méthodes de
pêche différentes ne semble pas toujours pacifique.
2 - Rôle des services administratifs.
Différents services administratifs régionaux ont
un rôle en milieu rural.

- 282 -
On peut citer les services d'administration terri-
toriale, les services de police et de gendarmerie, les ser-
vices judiciaires et des eaux et forêts.
a) Les Préfets et Sous-Préfets
premiers
animateurs du milieu rural.
Les responsables administratifs (Préfet et
Sous-Préfet) sont le trait d'union entre le pouvoir central
et les populations de leur circonscription. Le Préfet et le
Sous-Préfet outre leurs charges administratives, ont pour
mission de répercuter au niveau des masses rurales, les mots
d'ordre du Parti et du Gouvernement, de renseigner les paysans
sur les grandes orientations de la politique économique du
pays. Ils doivent aussi veiller à la mise en application de
toutes les recommandations du Gouvernement.
Les autorités administratives, qui à travers les
tournées de concertation, d'information et de sensibilisation
incitent les paysans à la production, à l'épargne et à une
utilisation plus rationnelle de leurs revenus, sont des cata-
lyseurs dont le rôle mérite d'être mis en relief dans toutes
les études régionales.
b) Les services de l'ordre et de la justice.
Les services de l'ordre et de la justice sont
des services qui n'interviennent pas dans la production, mais
qui fixent des cadres règlementaires où s'opèrent les trans-
formations économiques.
En effet, produire des biens
suppose au préalable
la fixation des règles de conduite pour tous et d'une sécuri-
té assurée à tous.
f
~,

,
-
283 -
Les forces de police et de gendarmerie, en tant
qu'institutions de maintien de l'ordre, assurent la protection
des hommes et de leurs biens: la sécurité, facteur indispen-
sable de progrès. L'établissement à Ehania en plein milieu de
la campagne d'une brigade de gendarmerie en est le témoignage
le plus plausible.
Dans le domaine de la loi, la justice garantit dans
ce système économique de compétition, les intérêts des parti-
culiers et protège les individus.
La section du Tribunal d'Aboisso est saisie pour
arbitrer lorsque le tribunal coutumier n'a pas trouvé un ter-
rain d'entente dans les conflits fonciers opposant les paysans.
Ainsi donc comme le signale P. CLAVAL en 1976, en
dehors des systèmes autarciques où chacun vit de ce qu'il
récolte, il n'est C••• ) pas de vie économique sans ordre pu-
blic, sans loi, sans tribunaux pour juger les conflits entre
particuliers et sans administration. La dynamique économique
suppose outre les mécanismes de production, un encadrement
administratif efficace.
3 - Les institutions financières et de crédit :
Des agents macro-économiques qui peuvent peser
sur l'équilibre général.
L'activité économique moderne qu'il s'agisse des
activités agricoles ou industrielles, exige de nos jours des
capitaux plus ou moins importants, dont la disponibilité ou
la non disponibilité peut influencer les équilibres économiques.

-
284 -
A ce titre lorsqu'on étudie les mécanismes qui struc-
turent l'espace, il est indispensable d'intégrer les organismes
pourvoyeurs de fonds, dont le rôle est au coeur de la croissance.
Comment pourrait-on expliquer la dynamique du program-
me palmier et cocotier au niveau de la région d'Aboisso sans
référence aux différentes institutions financières dont les
prêts ont permis de réaliser les blocs agro-industriels et de
financer les plantations villageoises ?
Comment pourrait-on comprendre aussi le dynamisme des
G.V.C. de pêche en lagune Aby sans rechercher les forces sous-
jacentes ?
Chaque G.V.C. de pêche dispose d'une embarcation moto-
risée, d'un ou de deux filets et d'autres petits instruments
de travail. Le coût assez élevé de ces équipements est prohi-
bitif pour les pêcheurs individuels ou même regroupés en coo-
pérative .
Cependant la coopérative a l'avantage d'offrir un
cadre juridique lui permettant de bénéficier des prêts des
organismes bancaires, principalement de la BNDA.
La BNDA (Banque Nationale pour le Développement Agri-
cole) est un établissement bancaire d'intérêt national créé
par la loi nO 68-08 du 6 janvier 1968. Elle a vocation de con-
tribuer à la promotion du développement agricole, en apportant
son concours pour la réalisation de tout projet qui participe
au développement :
- Spéculations agricoles, animales ou forestières
- Pêche
- Artisanat rural.

- 285 -
Elle accorde à cet effet différents prêts bancaires
tels que .
- Les prêts de faisance - valoir (P.F.S) réservés
au financement des besoins courants d'exploitation (engrais,
semences, produits de défense des cultures, carburant, outil
1ages) et d'autre part à l'entretien des exploitations déjà
en production.
- Prêts de soudure (P.S.) accordés aux planteurs
regroupés en G.V.C. ou dans des groupements informels et
tirant la totalité de leur ressource de l'agriculture.
- Prêt d'Investissement et d'Equipement (P.I.E.)
1-
sentis pour l'acquisition du cheptel vif, pour la modernisa-
tion, l'aménagement et la construction de bâtiments d'exp1oi
tation et pour la réalisation de nouvelles plantations etc ..
Tableau n° 39
. Evolution des crédits BNDA aux G.V.C. en
Côte d'Ivoire (Montant en 1000 F CFA)
Exercices
Nombre de G.V.C.
Montant du crédit
1978 - 1979
753
1 176 734
1979 - 1980
1 351
3 122 991
1980 - 1981
1 584
5 596 363
1981 - 1982
3 013
8 013 900
Source. Statistiques agricoles 1982.
Le crédit BNDA est donc un crédit promotionnel
visant l'auto-développement des paysans.

- 286 -
Pour financer l'activité de pêche en lagune Aby, la
BNDA a mis par exemple en place depuis mai 1979, une opération
test d'octroi de prêts à un taux de participation bien étudié
(10 % seulement d'apport personnel) aux G.V.C. de la région.
Entre mai 1979 et août 1981, 20 prêts ont été consen-
tis à 20 G.V.C. représentant un engagement total de 69 250 000 F
CFA. La part exigible aux bénéficiaires s'élevant à 10 070 000 F
CFA.
Ces prêts ont servi au financement à raison de 90 %
du coût total des équipements : embarcation, moteurs, filets
de pêche.
La BNDA a en outre consenti le 1er septembre 1982
lors de la réouverture de la pêche (la pêche en lagune Aby a
été interdite le 1er mars 1982) un refinancement de 6 380 000 F
au bénéfice de 16 G.V.C.
L'échéance de remboursement des prêts accordés par
la BNDA est de 12 à 15 trimestres après un délai de grâce
variant de 6 à 12 mois.
Le taux d'intérêt appliqué était de 8 % par an jus-
qu'en 1980 et depuis cette date, il est passé à 10,5 % par
an.
Le rôle promoteur du milieu rural par la BNDA est
exprIme dans un rapport du centre des pêches d'Adiaké en ces
termes«S'il est vrai que le système de regroupement des pê-
cheurs en G.V.C. est un facteur de promotion, d'accroissement
de la productivité par l'utilisation rationnelle des engins

-
287 -
collectifs et en bref de l'organisation même de la pêche, il
demeure tout aussi vrai que sans assistance financière adé-
quate pour acquérir ce matériel, cette conviction première
n'est qu'illusoire pour le paysan».
Les mécanismes de production des biens sont des méca-
nismes complexes, résultant du jeu des acteurs individuels
engagés dans la lutte contre la rareté, des groupes capitalistes
et des agents macro-économiques dont le rôle bien que diffici-
lement perceptible, est très efficace dans la production.
La production des richesses est certes la base de la
croissance économique, mais pas le niveau exclusif du fonction-
nement de l'économie. Après avoir produit, il faut vendre et
acquérir des revenus qui permettront d'accéder aux biens de
consommation.
B. - MECANISMES DE COMMERCIALISATION ET MODE DE RETRIBUTION
ET D'UTILISATION DES REVENUS.
Les mécanismes de commercialisation et de rétribution
sont le deuxième volet de l'activité économique.
1.- LES STRUCTURES DE COLLECTE ET LES PRINCIPAUX
CIRCUITS DE COMMERCIALISATION.
Les structure de collecte et les circuits de commer-
cialisation varient d'un produit à l'autre. Le circuit de com-
mercialisation du café et du cacao est sans doute le plus
complexe par le nombre des acteurs qui y interviennent et
par l'importance des capitaux engagés.

Fig. 48
CIRCUIT TRADITIONNEL
NOUVEAU CIRCUIT DU CAFE
DU CAFE ET DU CACAO
1PLANTATIONS CAMPEMENTS 1
1PLANTATIONS CAMPEMENTS 1
Il .J 1
'II
1
1
VILLAGES
G V C
TRAITANTS
1
1
VILLAGES
GVC
TRAITANTS
1
DECORTIQUERIES
CONTROLE
1
ABIDJAN
ABIDJAN
USINES
CSSPPA
EXPORTATEURS
USINES
CSSPPA
EXPORTATEURS
Il

Il
MARCHE INTERNATIONAL
MARCHE INTERNATIONAL
CEE
URSS
USA
JAPON
AFRIQUE
CEE
URSS
USA
JAPON
AFRIQUE
EUROPE
EST
- Produitsbruts
t·:iiiii.>
.,
..... ,
Produits finis
lUIII III II[»
Capitaux
111111111" 11111>
1nformat ion
Source:
DIAN Boni 1982

- 289 -
1 - Le circuit de commercialisation du café
et du cacao.
La commercialisation du café et du cacao ou la
traite est la période la plus mouvementée de l'année dans les
régions cacaoyères et caféières de Côte d'Ivoire. La traite
s'étale sur trois ou quatre mois de décembre à février-mars
"Pendant trois ou quatre mois, les campagnes connaissent une
animation peu habituelle qui se traduit par une circulation
monétaire exceptionnelle. La "traite" signifie pour le plan-
teur, l'entrée en quelques semaines et en une seule fois des
produits de son travail de l'année et la possibilité d'effec-
tuer des dépenses indispensables (paiement des ouvriers, satis-
faction des besoins domestiques etc ... ) et de réaliser quel-
ques proj ets" (DIAN Boni, 1982).
Jusqu'en 1979, le café et le cacao avaient le même
et unique circuit de commercialisation. Depuis cette date, la
généralisation des décortiqueries industrielles a engendré le
dédoublement du circuit.
a) Le circuit du cacao.
Le cacao, récolté, concassé, fermenté, est
séché au soleil. Lorsque le produit est suffisamment sec, le
planteur s'adresse à son acheteur pour avoir des sacs (sacs
de jute) où le produjt sera stocké. Si le planteur est membre
d'un G.V.C., c'est la coopérative qu'il sollicite pour l'octroi
des sacs.
Le produit mis en sac est acheté dans les campements
de production ou dans les villages. Les quantités achetées par
chaque traitant, sont emmagasignées soit dans le bureau du G.V.C.

- 290 -
lorsque le traitant est de la coopérative, soit dans le vil-
lage où habite le traitant ou dans le chef-lieu de Sous-
Préfecture.
Lorsque le stock est suffisant pour faire le plein
d'un camion, le traitant après obtention de la lettre de voi-
ture est autorisé à acheminer son produit sur Abidjan.
Une fois à Abidjan, dans le magasin de l'exportateur,
le cacao est contrôlé par le service du contrôle du condition-
nement et à nouveau séché pour réduire au strict minimum le
taux d'humidité (ce taux ne doit pas dépasser 6 %) avant
l'exportation.
b) Le nouveau circuit du café.
Depuis l'avènement des usines de décorticage,
le café est acheté en cerises séchées.
Le traitant livre les quantités achetées directement
à l'usine UNICAFE d'Assouba. L'usine assure le décorticage, le
tri électronique, le conditionnement et la mise en sacs. Ces
sacs une fois sortis de l'usine sont prêts à l'exportation.
Le nouveau système de commercialisation malgré les
nombreux avantages qu'il offre aux planteurs (gain de temps,
moins de fatigue) ne semble pas faire l'unanimité de ceux-ci.
Les planteurs y voient un manque à gagner.
En effet avant la création des décortiqueries indus-
trielles, le café décortiqué de manière artisanale et trié à la
main était acheté à 300 F le kilogramme au planteur. Avec
l'innovation le prix d'achat en céri~es a été fixé à 150 F
et porté à l'heure actuelle à 190 F le kilo.

- 291 -
Tel paysan nous disait récolter 5 tonnes de café et
réaliser un chiffre d'affaires de 1 500 000 F au temps où le
café était vendu décortiqué, mais depuis la création de l'usine
d'Assouba, ce chiffre d'affaires a sensiblement chuté malgré
la constance de sa production.
Les traitants en particulier les G.V.C. qui prennent
une part de plus en plus active dans la commercialisation du
café et du cacao, se plaignent du pont bascule utilisé pour
peser les livraisons à l'usine. La quantité de récolte achetée
aux planteurs perd souvent de son poids au repesage à l'usine
alors que les responsables de l'UNICAFE d'Assouba soutiennent
faire leur travail sans tricherie.
Ces distorsions résultent de ce que l'innovation que
constitue la décortiquerie industrielle a été introduite de
façon trop brutale sans qu'on ait pris soins de sensibiliser
les planteurs et même de leur faire des démonstrations car le
monde paysan
ne croit qu'après avoir vu.
c) Rôle de plus en plus accru des G.V.C. dans
la commercialisation du café et du cacao.
L'action coopérative initiée par la DMC (Direc-
tion de la Mutualité et de la Coopération
du Ministère de
l'Agriculture) en collaboration avec la SATMACI a pour objec-
tif d'amener les producteurs à vendre directement leurs pro-
duits aux exportateurs sans passer par les intermédiaires
parfois sans scrupule.
Pour la campagne 1982-1983, 56 coopératives regroupant
3 857 adhérents ont commercialisé 10 651,196 tonnes de café
et 1 403,039 tonnes de cacao. Elles ont réalisé un chiffre
d'affaires global de 2 113 225 061 F et ont obtenu 115 083 428 F
CFA de prime. Au cours de la campagne 1984-1985, 60 G.V.C. ont

Tableau nO 40
Tonnages café - cacao commercialisés par les G.V.C.
au cours de la campagne 1984 - 1985.
TON N AGE
Nombre
Commissions
-Chiffre d'affaires
de GVC
obtenues
Café
Cacao
Total
F CFA
F CFA
N
en
N
ABOISSO
37
8 588,926
2 -91 7 , 932
11
506,858
2 871 029 547
144 909 102
ADIAKE
23
2 638,181
477,527
3 115,708
694 385 929
29011403
TOTAL
60
11 227,107
3 395,459
14 622,566
3 565 415 476
173 920 505
Source
SAT~~CI Direction Régionale Sud - Zone 17 Aboisso.

- 293 -
commercialisé 14 622,566 tonnes et ont réalisé un chiffre
d'affaires s'élevant à 3 565 415 476 F et ont obtenu
173 920 506 F de commission. Le chiffre d'affaire a augmenté
de 68,7 % entre 1983-1985 et les primes de 51,1 %.
Ces commissions permettent aux coopératives de
s'équiper et de financer la réalisation d'un certain nombre
d'équipements collectifs.
2 - Circuits de commercialisation des produits
oléagineux.
A la différence du café et du cacao, la commer-
cialisation des régimes de palme et des noix de coco et du
coprah s'étale sur toute l'année.
Les ventes sont bi-hebdomadaires ou mensuelles. On
distingue un circuit pour les régimes de palme et un autre
pour les noix de coco et le coprah (cf DIAN Boni, 1982).
a) Le circuit des régimes de palme.
Le circuit de commercialisation des régimes
de palme est très élémentaire.
La production des plantations industrielles et vil-
lageoises est collectée et industrialisée par la PALMINDUSTRIE.
La production villageoise est collectée et comptabi-
lisée bord champ par l'équipe de ramassage et livrée à
l'huilerie dont dépend le secteur villageois.

-
294 -
A la fin de chaque mois la PALMINDUSTRIE procède en
fonction du poids cumulé, à la rétribution des planteurs après
avoir préalablement déduit les sommes correspondant au rembour-
sement des prêts.
Le palmier à huile est acheté à 19 F le kg de régime
en 1985.
Après la transformation industrielle, l'huile de pal-
me est achéminée par camions citernes à Abidjan où elle est
stockée avant d'être vendue par la CSSPPA (Caisse de Stabili-
sation et de Soutien des Prix des Produits Agricoles).
b) Le circuit des noix de coco et du coprah.
Les produits du cocotier empruntent deux
filières
la filière des noix et celle du coprah.
Le circuit du coprah est de loin le plus important.
Les noix une fois arrivées en maturation, sont récoltées, con-
cassées et mises au four. Sous l'action de la chaleur l'amande
se détache de la coke. C'est le coprah qui après quelque temps
de passage au soleil est mis en sac
et vendu à la PALMINDUS-
TRIE selon les mêmes principes que les régimes de palme.
Le prix d'achat au producteur est fixé depuis 1977
à 70 F le kg de coprah grade l et à 60 F le kg de coprah
grade II. Ces prix restent inchangés en 1986.
Le coco est également vendu en noix directement à
l'usine de la PALMINDUSTRIE d'Assinie. La noix est achetée
à 21 F au producteur.
Il revient dans ce cas à la PALMINDUS-
TRIE d'en extraire mécaniquement le coprah.

- 295 -
Le circuit de commercialisation malgré ses avantages
(gain de temps, économie de fatigue) ne semble pas attirer
les planteurs qui le trouvent moins rémunérateur que la
filière du coprah.
Il convient de signaler que les planteurs de coco-
tier de la région étudiée principalement ceux des villages
situés à l'est
de la lagune Aby (Etuoboué, Nouamou, Frambo,
Tiapoum) éprouvent d'énormes difficultés à commercialiser
leur coprah.
Le système de collecte depuis la restructuration du
groupe SODEPALM et la prise en main de la collecte par la
PALMINDUSTRIE ne semble pas donner entière satisfaction.
3 - Les circuits de commercialisation de la
banane et de l'ananas.
a) La banane et l'ananas frais.
La commercialisation des bananes et des ana-
nas frais est assurée directement par les planteurs eux-mêmes
regroupés au sein de la Cofruitel (Coopération des Fruits et
Légumes).
Cette structure a fonctionné de manière satisfaisan-
te jusqu'en 1984 où elle a montré des faiblesses qui ont été
la cause de sa dissolution et de son remplacement début 1985
par des coopératives régionales.
Après la récolte les fruits sont conditionnés puis
achéminés rapidement au port d'Abidjan pour l'exportation.

- 296 -
Les planteurs ne sont remunérés qu'après déduction de tous
les frais de commercialisation assurés par la coopérative à
laquelle ils sont affiliés (coût de frêt, de douanes et
divers frais de transport et de communication).
b) L'ananas de conserve.
Les fruits produits par les planteurs sont
ramassés aux abords des champs par le service de collecte et
livrés à l'usine de la SALer à Ono.
Le planteur n'est rétribué qu'après défalcation du
coût des sous-traitants nécessaires à la production (engrais,
produits phytosanitaires etc ... ).
4 - Le circuit de commercialisation du poisson.
La commercialisation du poisson constitue l'acti-
vité la plus importante en aval de la production. Pêché par
les hommes individuellement ou organisés en coopératives, le
poisson est commercialisé par les femmes.
La distribution du produit de la pêche se fait sous
deux formes : poisson frais ou poisson fumé.
a) La commercialisation du poisson frais.
Les ventes de poissons frais portent sur des
espèces très recherchés et très prisées : tilapia, chrysichtys
et elops.
Les prises des pêcheurs allogènes sont commerciali-
sées à la pesée au centre des pêches d'Adiaké chaque matin

- 297 -
(planche 18 - photo 35) tandis que celles des autochtones sont
livrées aux femmes qui les acheminent vers les principaux lieux
de vente.
Les vendeuses d'Adiaké participent activement au com-
merce du poisson frais. De par leur situation géographique et
les moments des débarquements (tôt le matin), elles ont la
possibilité d'achéminer le produit frais vers les marchés de
Bonoua, de Grand-Bassam et même d'Abidjan.
Le circuit de commercialisation du poisson frais est
encore très peu développé par manque de structure de conserva-
tion. De ce fait la plus grande partie des ventes porte actuel-
lement sur le poisson fumé.
b) La commercialisation du poisson fumé.
Le fumage et la commercialisation du poisson
est une activité très importante par le nombre de profession-
nels qui y prennent part.
En 1979, les enquêteursdu centre des pêches ont recensé
dans sa villages touchés par les activités de pêche, 8 445
fumoirs.
Le poisson est vendu au moment du débarquement soit
aux épouses des pêcheurs, soit aux fumeuses d'Adiaké.
Les ventes s'effectuent à la plage à bord des pirogues
ou sur des lieux de vente convenus et aménagés à cet effet.
Les femmes au moment du débarquement, accourent de
toute part, chacune avec une grande cuvette à la main et toutes

Fig. 49
CIRCUIT DE DISTRIBUTION DU POISSON
1
1
,
--.........
Circuit habituel
-
- . .
Circuit peu fréquent

- 299 -
disposées à prendre une certaine quantité de poisson. Un pê-
cheur chargé de la vente contrôle et compte en même temps que
chaque cliente, le nombre de cuvettes emportées.
Le prix d'achat est fixé à la cuvette mais varie en
fonction de l'offre.
Après l'achat, on procède au tri du produit. Les pois-
sons de même espèce sont mis en tas en attendant les opérations
de fumage. L'espèce dominante est l'ethmalose.
Le fumage s'effectue dans les villages et campements
de pêche à l'air libre et pour une durée plus ou moins longue
selon les espèces. Les installations de fumage restent très
rudimentaires car les tentatives de modernisation entreprises
dans les années 1960 ont échouées.
Les poissons bien fumés sont ensuite rangés avec art dans
de grands paniers qui seront vendus sur les marchés locaux
(Adiaké, Mohoua, Eboué etc.) ou sur les marchés urbains de
Bonoua, Bassam et Abidjan.
Le développement des activités de pêche ne peut se
faire sans une meilleure organisation en aval du circuit de com-
mercialisationpourune meilleure rentabilisation de celles-ci.
Dans la perspective de ce développement, une cité de
fumage a été construite à Adiaké par la Direction des pêches
maritimes et lagunaires. Celle-ci comporte un magasin de stoc-
kage de 10 chambres destinées à l'entreposage du poisson fumé.
Malheureusement, il sert actuellement plutôt de dortoir aussi
bien aux pêcheurs qu'aux fumeuses d'Adiaké.

-
300 -
Le regroupement des fumeuses dispersées auparavant
dans les différents quartiers sur une même aire a permis d'as-
sainir la ville et surtout a facilité le contrOle des produits
frais débarqués et traités sur la cité de fumage.
Le souci actuel de la Direction de la Mutualité et de
la Coopération (D.M.C.) et du centre des pêches est de mettre
en place des G.V.C. de fumeuses et de rechercher des marchés
plus rémunérateurs afin d'éviter les intermédiaires qui quelle
que soit leur position tirent plus profit de la revente du pois-
son.
II.- LES REVENUS AUX PLANTEURS LES PLUS ELEVES
DE LA COTE D'IVOIRE.
La commercialisation des principaux produits est
générateur de revenu monétaire assez important aux paysans.
1 - Les difficultés d'approche des revenus
monétaires en milieu rural.
Les difficultés d'approche des revenus en milieu
rural en Côte d'Ivoire ont été signalées par le Professeur DIAN
Boni (DIAN Boni, 1982). Les raisons de ces difficultés sont
multiples mais nous n'allons retenir que l'essentiel.
Les planteurs africains d'une manière générale, con-
trairement à leurs homologues des pays développés, sont anal-
phabètes et ne tiennent pas de compte d'exploitation.
Ne tenant pas de comptabilité, il leur est difficile
de fournir des renseignements très fiables lorsqu'ils sont

- 301 -
soumis à l'enquête. Le planteur ignore souvent le tonnage
recolté, le montant des revenus obtenus et les dépenses
effeétuées pour le compte de l'exploitation.
On sait en outre l'attitude de certains grands
planteurs à sous-estimer leurs revenus et à l'opposé, celle
de planteurs modestes qui peut-être par désir de paraître
déclarent des revenus qu'ils n'ont jamais touchés.
Pour ces raisons les revenus que nous allons avan-
cés à partir des calculs ne sont que des approximations qui
doivent être confrontés à d'autres sources.
2 - La méthode de calcul de revenu monétaire
paysan
La méthode a consisté à identifier les exploi-
tations en fonction des principales cultures pratiquées, des
tonnages récoltés et des dépenses effectuées pour la production.
En comptabilisant les récoltes au prix d'achat sur
le marché (prix 1983) et en défalquant les coûts d'exploita-
tion, on obtient le revenu net du planteur.
Prenons quelques exemples.
Mr. J. N. de Tiapoum a récolté les tonnages suivants
Ca f é . . . . . . . . . . .
1 , 5 tonne
Cacao . . . . . . . . . .
0,5 tonne
Palmier à huile
36 tonnes
Coprah .........
1
tonne

- 302 -
Le revenu brut est de
Vente
de café ...............
1500 kg x 150 F
=
225 000 F
Vente de cacao . . . . . . . . . . . . . . . .
500 kg x 300 F
=
150 000 F
Vente de régime de palme (36000 kg x 15) - (72000)= 468 000 F
Vente de coprah . . . . . . . . . . . . . . .
1000 kg x 70 f
=
70 000 F
Revenu bru t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
=
913 000 F
Ce planteur emploie deux salariés mensuels payés
à 15 000 F chacun soit dans l'année 360 000 F.
Il a dépensé
pour divers frais d'exploitation une somme de 48 000 F. Le
coût total d'exploitation est de 408 000 F. Son revenu net
est estimé à SOS 000 F.
Monsieur K.B.A. d'Assinie lui ne cultive que du coco-
tier. Il produit tous les 4 mois 12 tonnes de coprah soit
36 tonnes par an.
La vente du coprah lui rapporte 36 000 'kg x 70 f =
2 520 000 F.
Il emploie 5 manoeuvres payés à 90 000 F l'an
chacun soit 450 000 F de frais de main-d'oeuvre. Pour l'ex-
ploitation, d'autres petits frais ont occasionné des dépenses
s'élevant à 100.000 F.
Au total les frais d'exploitation sont de 550 000 F
Le revenu net de Monsieur K.B.A. est de 1 970 000 F
3 - Des revenus élevés mais des écarts considérables.
Le revenu moyen net, d'anrès nos estimations
s'élève à 812 750 F par exploitant, soit 133 237 F par habi-
tant agricole en 1983.

Tableau n° 41
Distribution des revenus (millier de francs)
- 100
100-300
300-500
500-1000
1000-1500
1500-2000
2000-3000
3000-5000
+ 5000
Total
Nombre
15
42
46
57
16
5
11
4
4
200
t ' )
o
t ' )
%
7,5
21
23
28,5
8
2,5
5,5
2
2
100
Source
enquête personnelle de l'auteur.
---

- 304 -
La région d'Aboisso vient en tête des revenus moné-
taires agricoles (revenu du secteur traditionnel ne prenant
pas en compte le chiffre d'affaires du secteur industriel)
avec 107 400 F en 1979 d'après l'analyse régionale des comptes
économiques. Les autres départements du Sud-Est : Abengourou,
Abidjan, Adzopé viennent derrière avec des chiffres respectifs
de 94 900 F, 58 600 F et 54 260 F.
Le revenu monétaire par tête du département a connu
une progression rapide. Il est passé de 32 200 F en 1965 à
68 100 F en 1975 pour atteindre 107 000 F en 1979 soit un
taux de progression annuelle de 9 % sur la période 1965 - 1979.
En tenant compte de ce taux, sur la base de 107 000 F en 1979,
le revenu monétaire agricole par tête peut se chiffrer en
1983 à 151 039 F, ce qui n'est pas loin des données de notre
enquête.
Le revenu moyen de 812 750 F que nous avancions
plus haut ne doit pas faire perdre de vue les écarts considé-
rables existants entre les planteurs. Les plus petits gagnent
moins de 100 000 F alors que les plus grands réalisent jus-
qu'à plus de la Millions de francs de revenus.
La distribution statistique des revenus révèle que
51,5 % des planteurs gagnent moins de 500 000 F, 28,5 % entre
500 000 et 1 000 000 F et 20 % plus d'un million de francs.
Le revenu médian par calcul d'interpolation (1)
s'élève à 486 956,52 F c'est-à-dire que 50 % des exploitants
(1) Le calcul d'{nterpolation
utilise la formule suivante
borne inférieure + intervalle de classe(O 5 _ fréquence cumulée à la
fréquence relative
b'orne inférieure)

Fig. 5(,
LES REVENUS MONETAIRES AGRICOLES
DU SECTEUR TRADITIONNEL PAR TETE D'HABITANT
...--__..-----------------------r-----:...------------------.-----.
BURKINA - FASO
GUINEE
LIBERIA
OCEAN
ATLANTIQUE
_..
•:
Source 1 An.ly.e Région./e de. Cpte. Economique. , 1978
. • Plus de 100000 francs de revenu en 1979
~ _De 50000 à 100000
D De 20000 à 50000
[Z] Moins de 20000

-
306 -
ont des revenus inférieurs à ce chiffre et 50 % des revenus
supérieurs.
Les revenus tirés des activités sont diversement
utilisés par les paysans.
III :- DES REVENUS EN GRANDE PARTIE ENGAGES DANS LES
DEPENSES DE PRESTIGE
Le planteur agni du Sanwi à l'instar de son cousin
du N'Dénean et du Djuablin, comme le soulignait KIND0 Bouadi
en 1978, n'utilise pas ses revenus de manière rationnelle.
S'il existe des dépenses indispensables, certaines par contre
relèvent du pur prestige.
1 - Les dépenses courantes
Les dépenses courantes sont destinées à la
satisfaction des besoins de la famille : nourriture, vêtements,
santé.
a) L'achat de nourriture de plus en plus
pesant dans le budget familial.
Les frais occasionnés par l'achat de vivre
représentent une part très importante des dépenses familiales
dans cette région de "vieilles plantations" où la part de
l'autoconsommation dans l'alimentation du ménage est de plus
en plus réduite.
En effet, la plupart des exploitants ne disposent
plus de réserves forestières leur permettant de cultiver des

-
307 -
vivriers surtout la banane plantain et l'igname, base de
l'alimentation des Agni.
En agriculture traditionnelle, ces vivriers ne don-
nent de bons résultats que sur des sols nouvellement défrichés,
or la forêt est de plus en plus rare. Pour preuve 54,5 % des
exploitants enquêtés n'ont plus une petite portion de forêt.
Seul le manioc peu exigeant est cultivé sur les ja-
chères ou surIes vieilles plantations reprises. Il représente
à lui seul 43,9 % des superficies occupées par les vivriers.
On sait que l'Agni ne mange le manioc que pilé en association
avec la banane (Foutou), or il n'en cultive pas dans ses
champs. Dans le cas où il en cultive, l'éloignement de ses
plantations de son village
où il réside presqu'en permanence
ne permet pas un approvisionnement régulier.
En plus le gibier base de son alimentation carnée
a presqu'entièrement disparu suite au recul de la forêt et
aux destructions massives.
Les ménages dans leur quasi-totalité sont contraints
de s'adresser au marché pour la satisfaction d'une bonne par-
tie de leurs besoins alimentaires.
Sachant qu'un chef de famille nourrit en moyenne
8 à 10 personnes, c'est près de 1/5 de ses revenus qui est
annuellement consacré à la nourriture.

- 308 -
b) Les frais de santé et les dépenses pour
l' habillement.
Le chef de ménage se doit d'assurer les frais
de santé des membres de sa famille et parfois de contribuer à
soigner certains membres de lignage gravement malades.
Les frais de santé sont cependant très faibles en
comparaison des dépenses pour l'habillement.
La civilisation agni étant une civilisation d'ap-
parat, les revenus sont en grande partie engagés dans une con-
sommation ostentatoire.
La traite qui coïncide avec les fêtes de fin d'année
est l'occasion pour les planteurs d'habiller leurs enfants et
d'offrir des beaux pagnes (wax hollandais) et des bijoux à
leurs épouses car en pays agni l'homme est aussi jugé à tra-
vers ses fils et ses femmes.
Les planteurs s'offrent à eux-mêmes de grands pagnes
"kita" rayonnant de couleur, des bijoux en or, tous biens thé-
saurisés et constitutifs du patrimoine familial exposés dans
les occasions solennelles ou à l'occasion d'un décès.
Cette économie de prestige caractérise surtout les
grands planteurs. Jean Marc GASTELLU parle dans le Moronou
"d'économie de trésor" qui selon lui est" une organisation
orientée vers une accumulation de bien afin de garantir l'auto-
nomie d'une cellule familiale après la disparition de son
chef"
. (J. H. GASTELLU) 1981)

-
309 -
Cette économie de prestige n'est que la survivance
d'une économie traditionnelle fondée sur l'accumulation de
l'or.
2 - Les dépenses occasionnelles.
a) Les frais de scolarité.
La majorité des chefs de famille doivent
faire face aux frais de scolarité de leurs enfants fréquentant
les écoles primaires et secondaires.
Les dépenses scolaires sont de différentes natures :
achat de fournitures, habillement, argent de poche et verse-
ment des frais de scolarité des enfants renvoyés des établis-
sements publics et poursuivant leurs études dans le privé.
Eu égard au nombre d'enfants scolarisés par famille
(60,5 % des planteurs ont entre 1 et 5, 16,5 % entre 6 et 10
et 1,5 % plus de 10) ce sont des dizaines voire des centaines
de milliers
de francs que les parents doivent payer chaque
année pour l'éducation de l~urs enfants. A ces différentes
,dépenses s'ajoutent les dépenses rituelles.
b) Les dépenses rituelles.
La traite est généralement choisie par les
planteurs pour adorer leurs fétiches, remercier toutes les
divinités protectrices et qui ont assuré une bonne récolte.
Des sacrifices parfois très chers sont faits en
l'honneur des génies. On achète des boissons: Gin, Whisky et
surtout du Rhum pour les libations. On immole des poulets,
des moutons pour le festin.

- 310 -
Au nombre des dépenses rituelles, figurent celles
occasionnées par les cérémonies funéraires et les mariages.
Concernant les décès, la solidarité sociale veut
que toute personne en deuil trouve assistance auprès des
autres membres de la communauté villageoise et même tribale.
Ainsi, tout individu exception faite des enfants, doit par-
ticiper physiquement, moralement et surtout financièrement
aux obsèques.
Pour enterrer le mort, on offre de l'argent et sui-
vant les liens entre soit et le défunt, des pagnes, des draps,
des tissus servant de linceul.
La famille éplorée a le devoir d'offrir à manger et
à boire à tous ceux qui sont venus compatir à sa douleur, prin~
cipalement aux groupes de danses sollicités pour l'animation
des funérailles.
A la fin des funérailles, on immole des animaux: .moutons,
boeufs, volailles qui seront préparés et servis à tout le
village.
Toutes ces cérémonies sont à l'origine de dépenses
importantes qui amoindrissent le budget des planteurs.
La vente des productions caféières et cacaoyères
sont aussi l'occasion pour le planteur d'épouser une nouvelle
femme ou de marier leurs fils ayant atteint l'âge du mariage.
3 - L'amélioration du cadre de vie et la partici-
pation au financement des ouvrages collectifs.
Dans la première partie au chapitre concernant
l'habitat, nous écrivions que le rêve de tout Agni est de

- 311 -
posséder une maison en dur. Partant, le planteur lorsque ses
revenus le lui permettent, prend la décision de construire
une maison moderne dans son village. La réalisation du projet
est
étalée sur plusieurs années
car le planteur doit faire
face à plusieurs besoins à la fois.
Outre leurs charges familiales, les chefs de ména-
ges participent au financement d'équipementssocio-culturels
ou économiques d'intérêt collectif. Des cotisations sont
levées aux paysans qui serviront à la construction de l'école
du dispensaire, de la maternité, du chateau-d'eau ou du
centre culturel du village.
4 - Les dépenses pour l'exploitation
Les dépenses pour l'exploitation concernent
essentiellement les frais de main-d'oeuvre. Hormis le verse-
ment des salaires des ouvriers auquel sont assujetis tous les
planteurs, du moins la grande majorité, rares sont les exploi-
tants qui réalisent de grands investissements destinés à amé-
liorer les rendements, équiper l'exploitation et assurer
ainsi sa rentabilité. La logique paysanne veut que l'argent
tiré de la plantation soit d'abord utilisé à d'autres fins,
les besoins de l'exploitation ne viendront qu'après.
Seuls quelques planteurs ont compris quel~'argent
appelle l'argent"et consacrent une partie de leur avoir pour
l'achat d'équipements agricoles; tronçonneuses,
atomiseurs,
produits phytosanitaires, carburant etc ...
C'est le cas de quelques planteurs d'ananas frais
de Kacoukro-Adiaké qui possèdent chacun un tracteur, une citer-
ne, un à deux camions de 10 tonnes, une machine pour le trai-
tement phytosanitaire et une voiture personnelle.

-
312 -
Ces planteurs, il importe de le signaler, n'ont
jamais été à l'école, mais sont aujourd'hui le prototype
du paysan moderne.
5 - L'épargne et les investissements productifs
non agricoles.
a) L'épargne.
Les paysans d'une manière générale et en par-
ticulier le paysan agni épargnent très peu. Après les dépenses
somptuaires engagées pendant l'euphorie de la traite, le
planteur agni se retrouve très vite démuni.
«A peine enrichi, le planteur agni, redevient pau-
vre et est obligé de s'endetter» (KINDO Bouadi, 1978).
Comme la cigale dans les fables de la Fontaine, à la
différence qu'il n'a pas chanté et dansé toute l'année, mais
a trop dépensé dans l'ivresse de la traite, le planteur agni
n'hésitera pas à s'adresser aux usuriers, aux acheteurs de
produits pour des avances, au besoin hypothéquer sa planta-
tion ou une parcelle de terre pour survivre pendant la pério-
de de soudure.
Seuls les planteurs de palmiers recevant des salai-
res mensuels suffisants, et quelques chefs de familles pré-
voyants échappent à cette situation.
La faiblesse, sinon l'inexistence de l'épargne ne
favorise pas la réalisation d'investissements productifs non
agricoles.

-
313 -
b) Les investissements dans les secteurs
d'activité autres que l'agriculture.
Les exploitants qui ont pu économiser quelque
chose investissent dans des activités non agricoles.
Les principaux domaines d'investissement sont
l'immobilier, le commerce et le transport.
Au titre de la spéculation immobilière, 6,5 % des
chefs d'exploitation
enquêtés ont construit une maison ou une
villa soit au chef-lieu de Sous-Préfecture ou de Préfecture
(Adiaké - Abaissa) et 12 % dans d'autres villes (Bassam - Abidjan).
Il convient de signaler que d'une manière générale,
la part des allogènes est dominante dans ces réalisations.
Tableau n°
42
Nombre d'exploitants ayant investi dans
l'immobilier et lieu d'investissement.
Village
Métropole régionale
Ailleurs
1
Nombre
%
Nombre
%
Nombre
%
97
48,5
13
6,5
24
12
Source: Enquête de l'auteur.
CONCLUSION DU CHAPITRE 1.
L'effort de diversification des cultures entrepris
depuis l'indépendance assure à la région d'Abaissa le revenu

- 314 -
monétaire agricole par tête le plus élevé de la Côte d'Ivoire.
Ces sommes importantes sont cependant utilisées de
manière peu rationnelle. Si tous les planteurs doivent faire
face à des dépenses obligatoires, beaucoup de dépenses somp-
tuaires ne sont faites que pour des raisons de prestige.
Celles-ci
grèvent
son budget de sorte que deux à trois mois
après la traite, le paysan agni se retrouve appauvri et se voit
obligé de s'endetter pour survivre. Il ne nous a pas été possi-
ble cependant de quantifier les sommes dépensées pour rendre
compte de ce qui reste entre les mains du planteur- après les
différents frais.
Il s'avère que l'épargne reste dérisoire malgré le
niveau élevé des revenus et ne permet pas d'injection suffi-
sante d'argent dans d'autres activités productives, or on sait
qu'une croissance sans effets cumulatifs ne peut induire le
développement. Les impulsions motrices des activités agro-
exportatrices après la phase de décollage demeurent faibles et
ne favorisent pas l'amplification régionale des effets de
croissance.

- 316 -
suprême. Ce Dieu transcendant, inaccessible aux hommes se
manifeste à travers des Divinités secondaires auxquelles il
a délégué tous ses droits. Ainsi, dans la cosmogonie agni,
les eaux comme les terres sont la propriété des Mmusm
(Génies) par l'entremise desquels Dieu communique avec les
hommes.
La terre est, par essence un bien sacré. Aucun
homme quel que soit son rang social ne pouvait occuper une
parcelle de territoire sans avoir préalablement obtenu
l'accord des divinités locales.
L'occupation de toute nouvelle terre s'accompagne
de rites destinés à sceller le pacte entre l'individu ou le
groupe qui désire s'installer sur une partie du domaine et
les divinités du sol. On s'adresse aux génies pour solliciter
leur autorisation. Les Dieux révèlent alors leurs noms, leurs
commandements, les lieux réservés à leur culte, le jour où le
travail de la terre doit être interdit, la nature et la quan-
tité des animaux et les objets exigés pour leurs sacrifices,
les époques de ces sacrifices et parfois le nom à donner au
premier village (Amon d'Aby, 1960).
En contre-partie des offrandes, les dieux accordent
à l'individu ou au groupe l'autorisation de s'installer,' la
bénédiction et les assurent de leur protection.
Le pacte ainsi agree précise les liens qui vont
désormais unir les premiers occupants au nouveau territoire.

-
317 -
2 - Ce pacte produit un effet juridique
Le premier occupant obtient par délégation
des dieux, pour lui et pour toute sa tribu, un droit de
propriété sur toutes les terres explorées par ses chasseurs
et reconnues comme n'appartenant pas à une collectivité
déjà existante (Amon d'Aby, 1960).
Celui-ci devient maître de terre et sacrificateur
des divinités. Sa tribu devient par le droit du premier occu-
pant la tribu éminente et c'est en son sein que seront choi-
sis les chefs traditionnels et les prêtres.
Le maître de terre est le garant, l'administrateur
du patrimoine foncier. C'est lui qui distribue les terres aux
différents membres de la famille suivant leur besoin.
L'établissement de toute personne étrangère à la
lignée sur une partie du domaine tribal est soumis à l'agré-
ment du chef de terre et à la présentation d'offrandes aux
génies. Toute transgression de ces règles constitue une at-
teinte grave pouvant attirer la colère des esprits.
3 - Une tenure des terres collective.
Le système de tenure des terres repose sur
quelques idées force dont les points essentiels ont été
exposés dans la première partie de ce travail.
Le souverain du Sanwi a la haute main sur toutes
les terres mais dans la mesure où la cellule de base de la
société est le lignage, l'unité foncière véritable est la

-
318 -
terre familiale placée sous l'autorité du chef de lignage.
La terre est donc la propriété collective du lignage.
Chaque membre de la famille n'a sur la terre
qu'il cultive qu'un droit d'usage. Il ne peut en aucun cas
aliéner la parcelle qu'il cultive. Même le chef de lignage
en tant que gardien du domaine tribal
ne peut céder une
portion de ce patrimoine collectif à une personne étrangère
sans l'accord de tous les membres du lignage. Toute conces-
sion faite à leur insu est nulle.
On peut en outre concéder de la terre à un non Agni
qu'àcertaines conditions. Il faudrait qu'il ait
- longuement vécu dans le village
- épousé une fille agni.
Ces terres sont concédées en usufruit pour les
cultures vivrières et ne peuvent être aliénées.
C'est sur cette toile de fond qu'interviendra
l'économie de plantation qui va fondamentalement bouleverser
le régime foncier traditionnel.
II.- EVOLUTION DU REGIME FONCIER
Avec le développement de l'agriculture de planta-
tion, la terre est devenue un bien matériel, une source de
richesse.

- 319 -
1 - La terre un bien rare faisant l'objet
de spéculation.
L'agriculture de plantation a valorisé la terre.
Celle-ci est désormais un capital, un bien rare qui fait
l'objet de multiples spéculations. Sa valeur vénale l'emporte
sur le côté sacré. On peut la louer et même la vendre à des
non-autochtones ; ce qui est contraire à la tradition.
Certes, autrefois le chef suprême pouvait autoriser
l'usage de terres pour une durée indéterminée au profit
d'étrangers qui lui demandent l'hospitalité, mais de telles
concessions n'étaient pas des ventes, même si dans la plupart
des cas elles s'accompagnent de versement de somme d'argent
ou d'autres dons. Cette
contrepartie
selon les Agni consti-
tue le N'za~ c'est-à-dire la boisson et ne saurait être consi-
dérée comme A88iè goua ou prix d'achat de la terre. L'accepta-
tion pour un chef de groupe de somme ou objets remis en tant
que prix d'acquisition du domaine dont il a la garde serait
une forfaiture et l'acte de vente nul. L'acceptation de ces
mêmes objets en tant que" boisson" est parfaitement conforme
à la coutume, même si l'occupation du terrain concédé est
présumée être de longue durée (Amon d'Aby, 1960).
Ce passage souligne le caractère inaliénable de la
terre dans le système antérieur et la volonté affirmée des
gardiens du domaine à sauvegarder le patrimoine foncier col-
lectif.
L'essor de l'activité agro-exportatrice favorisera
l'infiltration d'allogèneset d'étrangers qui s'installent soit
clandestinement sur les terres lignagères, ou en accord avec
des maîtres de terres sans scrupule auxquels ils versent

- 320 -
d'importantes sommes d'argent. Il n'est pas rare que le
chef de terre ou de simples sujets concèdent moyennant de
fortes contreparties financières, une même parcelle à plu-
sieurs acquéreurs. Ces actes de vente malhonnêtes aboutis-
sent généralement à des querelles parfois sanglantes.
2 - La transformation du système de tenure
des terres.
L'expansion des cultures pérennes a transformé
le simple droit d'usage sur le sol en droit de propriété
individuelle. A la notion de souveraineté collective sur les
terres s'est surimposée la notion capitaliste de propriété
privée.
L'affirmation du droit de propriété individuelle au
détriment de la souveraineté collective a engendré des Inega-
lités dans les rapports Homme - Terre. Désormais toute terre
mise en valeur par un individu constitue sa propriété privée.
L'introduction de cette idée de propriété individuelle a per-
mis la constitution par certains planteurs très entreprenants
de vastes domaines en dehors des terres lignagères.
B.- CONSEQUENCES DEMOGRAPHIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES
DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE.
Le développement économique a aussi engendré des
mutations au plan démographique et socio-économique.

- 321 -
1.- CONSEQUENCE DEMOGRAPHIQUE
DE L'ESSOR ECONOMIQUE.
La croissance économique a provoqué une immigra-
tion massive avec pour conséquence l'accélération du rythme
de croissance démographique et la transformation de la trame
humaine du Sanwi.
1) Une démographie à éV61ution rapide
La population est passée de 27 047 habitants en
1955 à 56 532 en 1963 et à 118 600 en 1975. Le recensement
administratif de 1985 donne le chiffre de 122 910 habitants.
De 1955 à 1963 la population s'est accrue en volume
de 29.485 habitants soit un taux de progression annuel d'envi-
ron 9 %. Depuis 1963 le rythme de croissance tourne autour
de 7 % par an.
Cette évolution rapide de la population est essen-
tiellement le fait de l'immigration.
Les migrants, comme signalé au chapitre II de la
premlere partie sont d'origines diverses.Ce sont en majorité
des populations agricoles venues des zones forestières et
des savanes de Côte d'Ivoire (Akyé, Gouro, Bété, Wobé,
Yacouba, Baoulé, Dioula) et des ressortissants des territoires
étrangers principalement du Burkina-Faso,
du Mali, du Togo,
du Benin et du Ghana.
Cette immigration agricole accélère la croissance de
la population rurale avec pour conséquence la densification de
l'espace telle que analysé dans la première partie.

Fig.51
CARTE DES TAUX D'ACCROISSEMENT DE LA POPULATION
DE 1955 ,. 1975
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·...
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OCEAN
ATLANTIQUE
o
10km
D Moins de 100%
[J De 100 à 200%
[TI De 200 à 500%
·
.
·
.
·
.
·
. De 500 à 1000%
Plus de 1000%

-
323 -
La carte de l'évolution de la population rurale de
1955 à 1975 révèle que l'accroissement de la population n'est
pas partout homogène. D'une manière générale on remarque que
les zones les plus anciennement occupées ont les taux d'accrois-
sement les moins élevés.
Il en est ainsi des marges de la lagune Aby et de
la partie méridionale du canton Affema (secteur compris entre
Mafféré, Kouaokro, Toliesso, Baffia). Le taux d'accroissement
varie de moins de 50 % à 200 % dans ces secteurs.
Les taux les plus élevés se rencontrent sur les
marges occidentales des Sous-Préfectures d'Aboisso et d'Adiaké
et à l'est de la lagune Aby dans le canton appolonien. On y
relève des valeurs allant de 500 à plus de 1000 % entre
1955 et 1975.
Hormis ces zones de faibles et forts accroissements,
le reste de l'espace a des taux moyens variant de 200 à 500 %.
2 - Une population cosmopolite et
peu intégrée
L'immigration a profondément remanié le paysage
humain du Sanwi. D'un espace ethno-culturel de base, on est
arrivé à un territoire cosmopolite où la proportion d'étran-
gers dépasse aujourd'hui celle des autochtones.
Cette population cosmopolite ne constitue cependant
pas un creuset. Il y a une juxtaposition des différentes com-
munautés mais non une véritable intégration.
Dans l'espace, se lit une sorte de ségrégation
ethnique qui se traduit dans les~illages Agni par la forma-

- 324 -
tion de quartiers allogènes (quartier Dioula) et dans les
villages et campements d'allogènes par la création de quar-
tiersà affinité linguistique. On peut citer le cas de Bakro
près d'Assouba, village créé au début du ZOe siècle par des
migrants attirés par les spéculations économiques. Dans ce
village vivent trois groupes ethniques occupant chacun un
quartier bien distinct : quartier Baoulé, Dioula et quartier
Akyé.
Dans les villages agni, les étrangers principalement
les "Dioula" jugés de "sauvages, de malpropres" sont margina-
lisés.
Ce manque d'intégration se perçoit aussi au niveau
des relations sociales. Ainsi les mariages entre Dioula et
femme agni sont mal vus par les communautés locales dont le
système de filiation matrilinéaire s'oppose à celui des étran-
gers d'essence patrilinéaire.
D'après DUPIRE (1960) le noeud du problème dàns les
mariages mixtes réside dans la position religieuse de l'épouse.
Son mari s'efforce de la convertir à l'islam en lui faisant re-
marquer que cet acte religieux, lui donnera droit à hériter de
son mari la part que lui réserve le droit coranique. Sa
famille par contre exige qu'elle ne se convertisse pas pour
des raisons essentiellement sociales, sa conversion entraî-
nant sa "dioulatisation" et celle de ses filles qui ayant
ainsi toutes chances d'épouser des Dioula ne pourront plus
perpétuer leur lignage maternel.
Ces oppositions d'ordre religieux, le mépris de
l'Agni des valeurs étrangères bien que n'étant pas xénophobe

- 325 -
sont autant de facteurs qui ne militent pas pour une intégra-
tion des communautés en présence.
II.- CONSEQUENCES SOCIO-ECONOMIQUES DE L'ECONOMIE
DE PLANTATION.
L'économie marchande à base agricole a modifié ici
comme partout ailleurs en Basse Côte d'Ivoire les relations
au sein des groupes et l'ordre social traditionnel.
- L'économie monétaire cultive l'individualisme.
Le développement de l'économie monétaire en
cultivant l'individualisme, a affaibli les rapports socio-
économiques entre les membres de la famille.
Dans le système économique traditionnel, la famille
était la principale unité de production et de consommation ..
Chaque cellule familiale avait une capacité interne d'auto-
reproduction car tous ses membres travaillaient pour alimen-
ter le budget domestique.
Les richesses produites étaient confiées au chef de
famille. Une partie était destinée aux besoins courants de la
famille;
l'autre thésaurisée et transmise de génération en
génération. Cette structure qui concentrait les richesses
entre les mains de quelques chefs de famille excluait toute
possibilité d'enrichissement individuel et constituait un
facteur d'équilibre social et d'égalité économique (KINDO
Bouadi, 1978).
Dans le système traditionnel, l'enfant n'avait
aucune autonomie par rapport à son père qui est le gardien

-
326 -
de sa spiritualité. Les fils restaient soumis à leur père et
acceptaient volontiers de travailler pour l'augmentation de
la fortune paternelle. C'estpourquoidit-o~l'enfant est
source de richesse.
Producteurs de richesse, les enfants se contentaient
de peu de chose car leurs besoins étaient~très limités.
Dans le nouvel ordre économique, le gain du numé-
raire est une nécessité vitale pour tous, pour faire face aux
besoins sans cesse croissants. La plantation offre: la possi-'
.
.
bilité à chacun d'avoir de l'argent, les enfants qui autrefois
constituaient la force de travail, une fois mariés quittent
le campement de leur père pour chercher à voler de leurs Tro-
pres ailes.
Cette volonté d'affranchissement est d'autant plus
renforcée que le mode de transmission matrilinéaire de l'héri-
tage lèse les enfants.
L'incapacité des structures traditionnelles à pro-
mouvoir le bonheur des enfants, face aux exigences de l'éco-
nomie moderne, a entraîné, la recherche de la part de ceux-ci
d'un bonheur individuel avec pour effet l'éclatement des
cellules traditionnelles de reproduction.
Cet éclatement constitue une perte de bras pour les
chefs de famille. Ceux-ci généralement d'âge avancé sont
obligés devant le fait accompli de recourir à la main-d'oeuvre
extérieure.

- 327 -
Le recours à la force de travail extérieure est
d'autant plus accentuée que les systèmes de solidarité et
d'entraide en vigueur dans la société traditionnelle ont
disparu au profit du salariat agricole.
2 - L'économie monétaire génératrice d'un
nouvel ordre social.
Le processus d'enrichissement des planteurs a
bouleversé l'ordre social établi.
L'économie de plantation en offrant la possibilité
à chacun quel que soit son rang social de sortir de l'anonymat
par son travail, a fait naître une nouvelle hiérarchie sociale.
Celle-ci est fondée non plus sur la naissance, ni sur les
avoirs en or mais sur l'argent. Kindo Bouadi écrivait en 1978
que "" l'économie de plantation a enrichi les Agni sans dis-
crimination sociale. La richesse appartient aux plus entre-
prenantset ce ne sont pas toujours les plus vénérables qui
sont les plus fortunés ... "".
Il renchérit pour dire que très souvent ce sont des
personnes d'origine modeste, voire même des fils d'esclaves
qui possèdent les plus belles plantations. Cela est d'autant
plus vrai que traditionnellement les nobles ne travaillaient
pas. Ce sont les esclaves qui travaillaient pour eux. Avec
l'évolution les esclaves se sont affranchis~t la noblesse qui ne
pouvait plus disposer du fruit de leur travail a vu sa richesse
s'aménuiser.
Dans la société actuelle, on parle moins de nobles,
d'esclaves ou de fils d'esclaves, que de grands et petits
planteurs. Dans tous les villages, les riches planteurs sont

-
328 -
cités en exemple. Ils possèdent de belles maisons, et
s'habillent somptueusement.
L'influence de ces riches
planteurs a sapé
l'autorité de la noblesse et des chefs traditionnels. Ils ne
détiennent certes pas le pouvoir politique mais jouent un
rôle de premier plan à tous les niveaux de la vie sociale.
Ce sont eux qui ont droit à la parole pendant les grandes
concertations. C'est à eux qu'on demande des avances pour le
financement de certains équipements collectifs ou pour l'orga-
nisation des réceptions. Ce sont ces nouveaux riches qui
président les organisations à caractère villageois ou politique
responsables de groupe de danse, de coopératives villageoises,
membres du conseil de Sous-Préfecture, etc ...
Génératrice d'un nouvel ordre social, l'économie
monétaire a permis une meilleure organisation de l'espace
rural.
111.- EXPANSION ECONOMIQUE ET ORGANISATION
DU MILIEU RURAL.
Le développement économique très précoce a eu une
incidence positive sur les structures de l'espace à savoir
le réseau de communication, l'habitat et les équipements
collectifs villageois.
1 - La dynamique économique et la transformation
du réseau routier.
L'ampleur de l'activité agro-exportatrice,
l'action des sociétésagro-industrielles ont considérablement

-
329 -
densifié le réseau de desserte. La région étudiée est au ni-
veau de l'infrastructure de liaison, l'une des mieux desser-
vie de la Côte d'Ivoire.
Cependant des efforts restent encore à faire au ni-
veau de l'entretien des routes principalement des pistes rurales
afin de faciliter les rapports entre les villages-centres et
les villages satellites d'une part et d'autre part de permettre
un libre accès aux zones de production et une rapide évacua-
tion des productions vers les lieux de vente et de consomma-
tion.
2 - Les processus d'enrichissement des planteurs
et l'amélioration de l'habitat.
L'amélioration de l'habitat sous toutes ses
formes est l'une des conséquences les plus visibles du pro-
grès économique.
Ces mutations ont été analysées au chapitre II de
la première partie de cette étude. Il ne sera donc plus ques-
tion ici de traiter les caractéristiques de cette évolution.
L'objectif visé à présent est de montrer que la transforma-
tion de l'habitat est le résultat de la croissance.
Il a déjà été dit que si l'Agni engage une grande
partie de ses revenus dans des dépenses de prestige, sa volon-
té de paraître lui
impose lorsqu'il a les moyens de se cons-
truire une maison moderne.

- 330 -
L'amélioration de l'habitat en pays Sanwi a
commencé vers les années cinquante et peut-être même un peu
avant. Usant d'importants revenus monétaires tirés des plan-
tations vers les années 1952-1953, les premiers planteurs
ont pris l'initiative de moderniser leur habitat.
Les vieilles cases en paille ont été remplacées
par des maisons en banco recouvertes de tôles et même par
des constructions en dur.
Ces initiatives ponctuelles ont eu un effet double de
neige après l'Indépendance. A partir des années 1960, on
assiste à une généralisation des "maisons en tôles" et un peu
plus tard des constructions en dur.
L'effort des planteurs agni en matière d'habitat
fait la fierté de la région. Des villages comme Krindjabo,
Assouba, Mafferé comptent plus de 75 , d'habitations moder-
nes. Parallèlement à ces initiatives de modernisation de
l'habitat, plusieurs villages sont lotis.
En 1970 la région ne comptait que 7 villages lotis
soit 4 % de l'effectif total des villages. En 1983, le nombre
est passé à 53 soit 37,8 % du total des localités qui sont
touchées par le lotissement exigé comme préalable à l'quipe-
ment des villages.
3 - Développement économique et équipement du
milieu rural.
Le développement économique s'accompagne de
besoins nouveaux. Chaque village désire posséder son école,
son dispensaire, une série d'équipements participant de la

- 331 -
promotion sociale et dont le financement est assuré en
grande partie par les villageois eux-mêmes.
a) Le financement des équipements
L'expansion économique a créé un esprit
d'émulation entre les villages. Cet esprit conduit les popu-
lations résidentes à consacrer une partie de leurs revenus
au financement d'infrastructures socio-culturelles d'intérêt
collectif (Planche 17).
De 1974 à 1983, 213.727.640 F CFA ont été investis
dans le programme FRAR (Fonds Régionaux d'Aménagement Rural)
pour la réalisation d'équipements collectifs dans les diffé-
rents villages. L'apport financier des populations locales
s'élève à 157.026.240 F CFA soit 73,5 % du montant global.
Le concours de l'Etat se chiffre sur la période à 56.701.400 F
ce qui représente 26,5 % du coût total du financement.
Dans l'espace, la sous-préfecture d'Adiaké a bénéfi-
cié de 1974 à 1983 de 135.552.800 F de financement, celle
d'Aboisso de 60.399.140 F, soit respectivement 63,4 % et
36,6 % des investissements globaux.
La contribution des populations cumule à 46.664.375 F
dans la Sous-Préfecture d'Aboisso et à 96.627.100 F à Adiaké
soit une participation respective de 77,26 % et 71,3 %.
Toutes ces sommes ont permis de lotir les villages,
de construire des écoles, des logements de maître, des équi-
pements sanitaires et socio-culturels.

- 332 -
b) Bilan des équipements
Ce bilan se propose de faire l'inventaire
des localités équipées par types d'équipements entre 1970 et
1983. Cette analyse diachronique permettra de mieux saisir
l'importance des transformations.
Si l'on exclut les chefs-lieux de Sous-Préfectures
qui ne réquièrent pas les mêmes équipements que les villages,
pour ne tenir compte que du milieu rural, les remarques sui-
vantes s'imposent.
En 1983, 50,7 % des localités (70 villages) étaient
dotés d'une école primaire contre 49 soit 33,7 % en 1970.
Le nombre de villages équIpes est passé de 12 à 20
ce qui représente 6,7 % et 14,3 % des localités entre 1970 et
1983. Au total en 1983, on a environ une école pour deux
villages contre une pour près de trois en 1970.
Toujours sur le plan sanitaire, on avait en 1970
une maternité pour 58 villages, car seulement 3 localités
bénéficiaient de cet équipement. En 1983, 14 villages étaient
dotés de maternité soit une maternité pour environ 10 villages.
Au niveau del'électrification villageoise, en 1970
3 villages sur 175 recensés avaient l'électricité. En 1983
on atteint le chiffre de 17 villages.
Concernant les ouvrages hydrauliques, en 1970 aucun
village n'avait de l'eau couranté, dix par contre avaient des
puits équipés. En 1983, respectivement 7 et 60 localités
bénéficiaient de ces équipements.
1
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Fig, 52
CARTE DES EQUIPEMENTS EN MiliEU RURAL
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Lotissement
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Puits

- 334 -
Le nombre de villages ayant un marché couvert est
passé de 0 en 1970 à 20 en 1983. Au total 14,5 % des localités
de la zone étudiée ont un marché couvert.
Enfin en 1983, un centre secondaire d'Etat Civil
est implanté dans 33 villages desservant en moyenne 4 locali-
tés contre une desserte moyenne d'un centre d'Etat Civil
pour 5 villages en 1970.
L'inventaire des équipements par localité, fait
apparaître des écarts considérables entre les villages ;
écarts liés à la taille des localités, mais surtout à leur
statut.
On s'aperçoit d'une manière générale que les villa-
ges autochtones principalement les capitales ethno-politiques
sont mieux équipés que les localités ayant rang de campements
et les villages à dominante allogènes.
Les localités relativement bien équipées sont outre
Aboisso et Adiaké, Mafféré, Krindjabo, Aby, Eboué, Assouba,
Adjouan dans la Sous-Préfecture d'Aboisso et Tiapoum, Etuoboué,
Nouamou, Akounougbè, Frambo dans la Sous-Préfecture d'Adiaké.
A ces villages on peut associer ceux des blocs
agro-industriels d'Ehania et de Toumanguié.
Les localités ayant un niveau d'équipement moyen
sont au nombre de 11. Ce sont: Kouaokro, Diby, Koffikro-
Affima, Aboulié, Toliesso, Ayebo, Adaou-Kohourou, Ahigbè-
Koffikro, Ayenouan et Assinie.
Hormis ces centres, l'ensemble des villages est
très peu équipé.

- 335 -
c) La carte des épaisseurs économiques
comparées.
La carte des épaisseurs économiques compa-
rées a pour objectif de traduire au niveau de la région les
disparités d'équipements.
Elle a été établie à l'aide d'une matrice de pré-
sence - absence construite à partir d'une grille comportant
les dix équipements suivants
- Lotissement
- Ecole primaire
- Dispensaire
- Maternité
- Ouvrage hydraulique
- Marché couvert
- Centre d'Etat Civil
- Boutiques modernes
- Hangar de stockage.
Pour chaque localité de l'espace étudié, tout équi-
pement présent est affecté de la note 1 et tout équipement
n'existant pas est noté O.
Le total des notes donne un score d'équipements par
village. Ce score qui varie de 0 à 10 est inscrit sur un fond
de carte à l'emplacement géographique des villages. Puis sui-
vant la méthode de l'élaboration des cartes de densités expli-
quée au chapitre II de la première partie, mais avec la seule
différence que la somme des scores des villages pris dans la
cible de 200 km2 n'est pas rapportée à la surface, mais au

-
336 -
nombre de villages englobés, des isolignes ont été tracées.
Pour le tracé des isolignes, des tranches de va-
leurs ont été définies.
Il a été retenu comme très fort le score de plus
de 40 et très faible celui de moins de 5.
L'analyse de la carte des épaisseurs économiques
différenciées fait apparaître des sous-espaces à forte charge
économique, mais aussi des poches de faiblesses.
Trois grandes poches oe faiblesses se détachent sur
la carte. Il s'agit:
- De la zone frontalière faiblement occupée à l'extrême
sud-est
- Du secteur de la Soumié (cours d'eau) au nord-ouest de la
Sous-Préfecture d'Aboisso, zone correspondant a un front
pionnier d'occupation récente.
- Du secteur au nord-est d'Aboisso enserré grosso-modo entre
la route Aboisso - Mafféré - Diby et la Sous-Préfecture
d'Ayamé au nord.
A côté de ces 3 principales zones, on peut remar-
quer deux îlots de faible épaisseur économique; l'un à
l'èst de la lagune Aby et l'autre à l'ouest d'Assinie.
Les sous-espaces à forte charge économique corres-
pondent d'une manière générale aux zones fortement peuplées
et de mise en valeur ancienne. On distingue :

Fig. 53
CARTE DES EPAISSEURS ECONOMIQUES COMPAREES
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Moyen.
D
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~ Faible
~
Très faible
D

-
338 -
- Le secteur à l'buest de la lagune Aby comprenant
une grande partie du canton Assouba et du canton Ehotilé,
avec des noyaux de très fortes épaisseurs autour d'Aboisso,
Assouba, Adaou et autour d'Adiaké.
- A l'est de la lagune Aby, une ceinture de forte
épaisseur autour des lagunes Aby
Tendo - Ehy.
- Au nord, le long de l'axe Eboué - Mafféré - Tolies-
so - Kouaokro.
En dehors des sous-espaces mentionnés, tout le
reste du territoire a une charge économique moyenne.
Quelles conclusions peut-on tirer de l'analyse de
cette carte ?
On observe une relation assez étroite entrele réseau
de communication et la charge économique de l'espace. Les
secteurs les mieux desservis sont les plus développés. D'autre
part, on note une relation entre l'ancienneté de l'occupation,
la densité démographique et la charge économique. A titre
d'exemple les marges de lagunes Aby - Tendo - Ehy anciennement
occupées, le canton Assouba fortement peuplé ont de fortes
épaisseurs économiques.
L'activité économique a eu des effets induits remar-
quables mais
par son ampleur, elle a secrété des problèmes
qui constituent des facteurs limants de la dynamique régionale.

-
339 -
1
1
C. - LES PROBLEMES POSES A L'ECONOMIE REGIONALE
1
1
L'économie régionale est confrontée à une série de
problèmes dont le manque de terre et de force de travail
1
d'une part et d'autre part, le vieillissement du verger
1
caféier - cacaoyer.
1
1
I.- LES PROBLEMES CLE
DE L'ECONOMIE DE PLANTATIONS
1
!
a~
!
,
La pénurie de main-d'oeuvre et de terre sont à
1
l'heure actuelle des contraintes majeures pour l'économie
agricole.
1 - Le problème de la main-d'oeuvre
L'approvisionnement en main-d'oeuvre est de plus
en plus difficile suite à la généralisation de l'économie de
plantation et à l'augmentation des superficies cultivées qui
ont entraîné un déséquilibre entre le potentiel travail et
les besoins.
Ce déséquilibre est accentué par l'accélération de
la scolarisation et l'exode des jeunes vers les villes.
La scolarisation massive des enfants et l'exode
rural créent un vide autour des chefs d'exploitation et ren-
force la dépendance vis-à-vis de la force de travail extra-
familiale.
Jadis en surnombre, la main-d'oeuvre étrangère est
actuellement déficitaire et si la tendance se renforce, le
système économique régional pourrait être remis en cause. Doré-
navant des force-s nouvelles 's' avèrent nécessaIres pour le maintien

- 340 -
de l'économie de plantation. Le retour des jeunes à la cam-
pagne est une condition essentielle pourvu que celle-ci
leur offre les moyens de leur épanouissement.
2 - Le problème de terre .
La pénurie de terre de culture
est un frein à
l'activité agro-exportatrice.
Les défrichements massifs et désordonnés opérés par
les planteurs aussi bien autochtones qu'étrangers, la mobili-
sation de vastes étendues de terrains par les ensembles agro-
industriels ont pour conséquence la disparition quasi-totale
du patrimoine forestier.
Le problème de terre
se pose avec acuité, pour la
grande maj or i té des planteur s. Sur 200 explo i tan ts enquêté s,
109 (soit 54,5 %) n'ont plus de forêt et partant ne peuvent
plus créer de nouvelles plantations; 35 % ont entre 1 et 10 ha
de réserves et 10,5 % plus de 10 ha.
Le manque de forêt explique le ralentissement du
rythme de création des plantations. En effet 60,5 % des
exploitants interrogés ne font plus de nouveaux défrichements.
Quand on sait que l'agriculture de plantation avec
des méthodes encore archaïques a continuellement besoin
d'espace pour se maintenir, on peut prévoir les ménaces q"ui pla-
nent sur l'économie régionale qui risque de s'effondrer des
suites du vieillissement du verger.

- 341 -
II.- LE DANGER DU VIEILLISSEMENT DU VERGER
CAFEIER - CACAOYER.
Malgré l'effort de diversification des cultures,
l'activité économique reste très dépendante du café et du
cacao. Or l'enquête effectuée en 1983 révèle que plus de
55 % du verger cacaoyer et caféier a plus de 15 ans d'âge.
Pour prévenir la chute de la production la SATMACI a lancé
depuis 1971 un vaste programme de reconversion variétale et
de restauration des vieilles plantations.
1 - La reconversion variétale ou le passage
à l'intensif.
Le principal volet de l'action de la SATMACI en
faveur du caféier et du cacaoyer a consisté depuis 1971 en la
mise en place d'un verger moderne à base d'hybrides à haut
rendement.
a) La reconversion caféière
La reconversion variétale caféière a démarré
en 1972 avec la réalisation de 96 ha dans la Sous-Préfecture
d'Aboisso et de 9 ha dans celle d'Adiaké.
Les superficies plantées cumulaient en 1982 à
4082,5 ha à Aboisso et à 2240 ha à Adiaké soit au total
6325,5 ha réalisés dans la zone étudiée. Ce chiffre représente
80 % du verger caféier moderne du département d'Aboisso et
environ 29 % des surfaces plantées dans la Direction Régionale
d'Abidjan
(la Direction Régionale d'Abidjan comprend les
Départements d'Abidjan, d'Adzopé, d'Agboville et d'Aboisso).
i
l

- 342 -
Au total les résultats atteints restent relativement
faibles. Les planteurs n'ont pas manifesté un grand engouement
pour le "nouveau-café" qui d'après eux nécessite trop de travail.
b) L'extension cacaoyère hybride
Le programme d'extension cacaoyère hybride
lancé en 1971 a connu plus de succès que le caféier.
De 1971 à 1982, 12 209 ha ont été plantés dont
8068 ha dans la Sous-Préfecture d'Aboisso et 4 141 ha dans
la circonscription administrative d'Adiaké.
Ce succès procède de l'assistance plus étroite de
la SATMACr et des primes d'incitation octroyées aux planteurs
de cacao.
Les 2/3 du personnel d'encadrement s'occupent de
la culture du cacao. En outre, la SATMACI fournit gratuitement
aux planteurs les sachets plastiques, les semences sélection-
nées et leur offre des facilités pour l'achat du matériel
agricole et des produits phytosanitaires.
La prime de 60.000 F à l'hectare payable en deux
tranches aux planteurs de cacao est un stimulant qui explique
la plus large adhésion de ceux-ci au programme d'extension du
cacoyer.
Pour bénéficier de cette somme le planteur doit
cependant remplir les conditions suivantes:
- Appartenir à un groupement encadré par la SATMACr
- Avoir une parcelle en zone clim~tique favorable

- Respecter le calendrier agricole
- Utiliser les semences hybrides de l'I.F.C.C.
- Avoir une densité d'au moins 1200 plants vivants
à l'hectare.
L'engouement des paysans pour le cacaoyer hybride
est tel que depuis l'arrêt officiel des opérations d'extension
en 1982, des planteurs individuels s'adressent à la SATMACr
pour obtenir des semences en vue de réaliser des plantations.
Le deuxième volet de la mission de la SATMACI est
la restauration des vieilles plantations.
2 - La restauration des vieilles plantations :
maintenir et augmenter la production sans créer
de nouvelles parcelles.
a) La régénération caféière
La régénération caféière a pour objectif de
recéper toutes les plantations vieilles de 8 à 15 ans afin de
maintenir et même d'augmenter la production sans avoir à créer
de nouvelles parcelles.
Le recépage assure un meilleur rendement : on passe
de 200 kg à plus de 400 kg à l'hectare après le recépage.
Cette opération consiste à couper entre Janvier et
Mars toutes les vieilles tiges de caféier pour ne garder sur
chaque pied qu'une tige appelée tire-sève.
Entre Mars et Juin on procède à la sélection des
rejets. On supprime les maigres PoUY ne conserver que cinq
tiges.

- 344 -
Un an après on coupe le tire-sève qui assurait une
récolte substantielle aux paysans, afin de permettre aux jeunes
pousses de croître rapidement. Pour accélérer la reconstitu-
tion de la plantation recépée 100 kg d'urée sont donnés par
la SATMACr à l'hectare.
Une prime d'incitation est versée aux planteurs par
la SATMACr : une prime en nature d'un montant de 25.000 F à
l'hectare donnée sous forme de matériel agricole (scie égoine,
secatteur, aldrine etc ... ) et une prime en espèce de 40.000 F
par hectare payée en deux tranches de 20.000 F.
L'attribution des primes est fondée sur des critères
préalablement définis: la plantation doit comporter une den-
sité de plants acceptable (entre 1000 et 1200 plants à l'hec-
tare) et avoir un état sanitaire satisfaisant.
Au total sur un objectif de 5430 ha à recéper entre
1980 et 1985 dans le département d'Aboisso, 3230 ha ont été
touchés dont 2323 ha dans la zone étudiée. L'objectif a donc été
atteint à 59,5 %. Les planteurs ayant recépé leur plantation
ont reçu pour les Sous-Préfecturesd'Aboisso et d'Adiaké, une
prime globale de 38.710.000 F entre 1980 et 1983.
b) La restauration cacaoyère.
L'opération restauration cacaoyère, a pour
but de freiner la dégradation des plantations en production
du fait de l'attaque d'insectes ravageurs responsables d'une
perte annuelle estimée à 30 % de la production.

- 345 -
Pour optimiser ces pertes, des traitements phyto-
sanitaires sont recommandés par la SATMACr sur la totalité
de la cacaoyère traditionnelle en production et sur les plan-
tations modernes à base d'hybrides de plus de 2 ans d'âge.
Deux traitements à deux passages obligatoires de
28 jours d'intervalle sont conseillés dans l'année. Le premier
traitement devrait se faire entre Juillet - Août - Septembre
et le deuxième de Décembre à Janvier.
Pour l'ensemble du département l'objectif est de
traiter annuellement 7000 ha repartis de la manière suivante
- Aboisso
4 500 ha
- Adiaké
1 500 ha
Ayamé
1 000 ha
En 1983, cet objectif,d'après les rapports SATMACr
a été atteint à 31 % au premier traitement et à environ 5 %
au deuxième.
Les écarts seraient dûs d'une part au manque de
moyens financiers nécessaires à l'achat des produits phyto-
sanitaires et du matériel agricole et d'autre part à l'âge
avancé de la majorité des exploitants qui ne disposant pas
d'une main-d'oeuvre permanente, n'a~rivent pas à traiter les
parcelles aux bons moments.
Malgré les difficultés rencontrées, l'action de la
SATMACr a permis à la région d'Aboisso de maintenir et même
d'accroître le niveau de sa production caféière et cacaoyère.
Les perspectives de développement économique pré-
voient un vaste programme d'aménagement régional.

- 346 -
D. - PERSPECTIVES D'AMENAGEMENT ET DE DEVELOPPEMENT REGIONAL.
Les perspectives d'aménagement et de développement
économique s'articulent autour de plusieurs axes:
- l'extension de nouvelles cultures industrielles
- le développement des cultures vivrières
- le développement de la pisciculture et de l'aqua-
culture
- l'aménagement touristique.
1.- LA NECESSITE D'EXTENSION DE NOUVELLES CULTURES
INDUSTRIELLES ET DU DEVELOPPEMENT DES VIVRIERS
La nécessité de maintenir un niveau élevé de revenus
aux paysans, et d'éviter les distorsions trop grandes entre
la monoculture du caféier et du cacaoyer et les autres spécu-
lations, implique une diffusion plus large de nouvelles cul-
tures d'exportation et un effort accru en faveur des cultures
vivrières.
1 - L'extension des nouvelles cultures d'exportation.
Le programme d'extension des nouvelles cultures
industrielles est essentiellement axé sur le palmier à huile.
Le programme palmier porte sur la replantation des
vieilles parcelles et l'extension des surfaces cultivées. Il
comporte deux volets :
- la replantation des plantations industrielles
- la replantation et l'extension des plantations
villageoises.

- 347 -
Le premier volet du proj et a démarré en 1982 et
devrait aboutir avant 1990 à la replantation de la totalité
du bloc de Toumanguié plus une extension de 500 ha, et avant
1998 à la régénération de 11 960 ha à Ehania.
Au niveau familial, le programme de replantation et
d'extension envisage pour 1995 la réalisation de 7 382 ha de
palmeraie villageoise autour du bloc de Toumanguié et de
14 047 ha autour d'Ehania.
La superficie des plantations villageoises sera portée
à 21 429 ha et concernera beaucoup plus de planteurs qu'à
l'heure actuelle.
En ce qui concerne le cocotier, aucun programme
officiel n'est mis en oeuvre mais les initiatives individuelles
ne manquent pas. Elles sont d'ailleurs à encourager vu le cours
favorable dont bénéficie le coprah.
Enfin, la région d'Aboisso pourrait bénéficier du plan
hévéicole villageois lancé par la SAPH (Société Africaine des
plantatïonsd'hévéa) depuis ces dernières années.
Le relatif éloignement de l'usine de traitement
situé à Bongo (Sous-Préfecture de Bonoua) n'est pas un facteur
limitant car le latex n'est pas un produit vite p~rissable et
se transporte aisément.
Le problème fondamental se pose au niveau de la
sensibilisation des paysans qui ignorent tout
.de
la culture
de l'hévéa.

- 348 -
2 - Le développement des cultures vivrières
un impératif.
Le développement des cultures vivrières s'impose
pour assurer dans des proportions acceptables, l'autoconsom-
mation des populations rurales afin de réduire l'achat de
vivres et ensuite de dégager des surplus qui commercialisés
procurent des revenus aussi importants que les cultures d'ex-
portation.
Quelles cultures encourager?
Tout ce qui peut
pousser mais principalement le manioc, le mais et le riz,
actuellement encadrés par la SODEPALM.
Le manioc est une culture peu exigeante qui pourrait
être développée sur les friches. En 1984 la SODEPALM a enca-
dré un G.V.C. de 32 paysans qui ont planté 60 ha. L'expérience
n'a pas été poursuivie en 1985 parce que le problème d'écou-
lement du manioc produit n'a pas été résolu. Le marché local
n'étant pas très rentable, il faudrait trouver un marché
extérieur. Là aussi se pose le problème de coût trop élevé
des frais de transport des lieux de production au marché
d'Abidjan.
Malgré ces contraintes la SODEPALM ne désespère pas.
Un ambitieux programme de développement de la culture du
manioc entrera bientôt dans la phase d'exécution. Ce programme
prévoit la réalisation d'un centre de bouturage à Krindjabo
sur un terrain de 60 ha cédé par les villageois ainsi que la
construction d'un centre d'essai agronomique.
La SODEPALM a en outre encadré 119 paysans inscrits
dans 12 G.V.C. et qui ont réalisé au cours de la campagne

--·349 -
1984 - 1985 112 ha de mais sur un objectif de 600 ha.
L'écart est dû d'après les responsables reglonaux
de la SODEPALM aux difficultés d'approvisionnement en semen-
ce et non au manque de motivations chez les planteurs.
Le volet le plus important de l'action en faveur des
vivriers
porte sur le développement de la riziculture.
La riziculture bénéficie de conditions extrêmement
avantageuses. La pluviométrie est bonne. Il existe une multi-
tude de bas-fonds drainés en permanence qui pourraient être
aménagés grâce à l'aide de l'Etat.
Au cours de la campagne 1984-1985, 2 419 ha de riz
pluvial ont été semés : 1 636 ha dans la circonscription
d'Aboisso et 783 ha dans la
Sous-Préfecture d'Adiaké. Cette
superficie correspond à 1 100 planteurs affiliés à 52 G.V.C.
Pour le riz irrigué sur un objectif de 418 ha, 141 ha
ont été réalisés par 94 paysans.
La SODEPALM mène dans le cadre de la politique de
l'autosuffisance alimentaire, une vaste campagne de vulgari-
sation de la riziculture irriguée.
L'objectif poursuivi estde former des riziculteurs
de métier, de motoriser la culture et de produire du riz en
deux cycles annuels.
Dans cette optique, d'énormes sacrifices sont con-
sentis par l'Etat en vue de l'aménagement des bas-fonds
(planche 20, photos 38 - 39).

- 350 -
L'aide financière de l'Etat s'élève à près de
763.000 F pour un hectare de bas-fond
aménagé. Ces ressour-
ces sont utilisées de la manière suivante :
358.000 F au titre de subvention aux études topo-
graphiques, pédologiques et la construction d'ouvrage.
- 405 000 F d'aide à l'aménagement du bas-fond.
(défrichement, abattage, tronçonnage, débardage, planage, con-
fection des diguettes achat et fonctionnement du monoculteur
et de
la batteuse, aide en espèce).
De 1983 à 1985, 26 bas-fonds ont été viabilisés
couvrant une superficie de 426 ha.
Chaque bas-fond
aménagé s'étend en moyenne sur
15 ha d'un seul tenant et correspond à un groupement à voca-
tion coopérative ; ce qui autorise la motorisation.
(Planche
21).
Le CIMA (Centre Ivoirien de Mécanisation Agricole)
qui travaille en étroite collaboration avec la SODEPALM
initie les riziculteurs à l'utilisation des motoculteurs et
des batteuses.
Un motoculteur est prévu pour un bas-fond
d'au
moins 10 ha. Actuellement 11 sont installés.
Les perspectives de développement de la riziculture
sont bonnes.
Il est réconfortant de savoir que les autoch-
tones qui jadis négligeaient la culture du riz, s'intéressent
de plus en plus nombreux à cette spéculation.

- 351 -
La riziculture est aussi rémunératrice, sinon plus
rémunératrice que le café ou le cacao. A titre de comparaison,
le riz irrigué(Planche 22, photo 42) avec un rendement de
2 à 3 tonnes à l'hectare, rapporte en deux cycles de produc-
tion entre 320.000
à 480.000 F au prix d'achat de 80 F le
kilogramme de paddy bord champ
contre 190.000 F en mono-
culture extensive de café avec un rendement moyen de SOO kg/ha.
La riziculture est très rentable et pourrait inté-
resser les jeunes agriculteurs désireux de retourner à la
terre ou des planteurs confrontés à la pénurie de forêt.
II.- LES AUTRES PROJETS D'AMENAGEMENT
Les autres projets d'aménagement sont axés sur la
pisciculture, l'aquaculture lagunaire et le développement
du tourisme.
1 - L'aquaculture et la pisciculture.
D'énormes possibilités existent pour les acti-
vités aquicoles et piscicoles, mais sont à peine exploitées.
a) L'aquaculture
La région dispose de potentialités naturelles
favorables à l'aquaculture (424 km2 de lagune). Mais pour
l'instant, on ne note que quelques initiatives isolées encore
au stade du balbutiement faute de tradition.
L'on se penche actuellement sur les conditions tech-
niques,humaines et économiques de promotion de l'aquaculture
en lagune Aby.

- 352 -
Dans la perspective à moyen terme, la production
aquicole pourrait venir en renfort à l'activité de pêche et
participer ainsi à l'effort d'autosuffisance en protéines
animales.
L'aquaculture,il convient de le signaler fournit
aujourd'hui en chine, les 2/3 de la production nationale de
poisson.
b) La pisciculture
un début prometteur.
La pisciculture connait un début prometteur.
Il existe au niveau de la région d'Aboisso une multitude de
bas-fonds et de rivières aménageables.
Le centre piscicole d'Aboisso qui travaille sous
l'égide du PNUD (Programme des Nations-lmies pour le Dévelop-
pement) et de la FAO (Organisation des Nations-Unies pour
l'Agriculture et l'Alimentation) encadre actuellement 368
pisciculteurs.
Ces 368 pisciculteurs ont créé 469 étangs couvrant
une superficie totale de 22,473 hectares.
Le ravitaillement en alevins est gratuitement
assuré par 13 étangs de reproduction situés à Aboisso et
l'approvisionnement en nourriture par le Centre PNUD-FAO de
Bouaké.
L'espèce de poisson vulgarisé est le Tilapia
Nilotica qui dans des conditions normales de croissance
est commercialisable au bout de 6 mois à un an.
Le centre piscicole vise un double objectif

-
353 -
- créer dans un premier temps des étangs d'auto-
consommation au niveau des paysans.
- pouvoir commercialiser ensuite grâce à des
grands producteurs et à des G.V.C. de pisciculture.
2 - Les projets d'aménagement touristique
Le plan de développement touristique prévoit
l'aménagement du littoral d'Assinie et de la lagune Aby.
a) L'aménagement du cordon littoral.
Le programme d'aménagement du littoral
d'Assinie prévoyait la construction d'un complexe de 5 500
lits destiné à accueillir environ 144.000 touristes par an.
Le plan établi par le Bureau National d'Etudes
Techniques du Développement(BNETD) définissait sur 17 km de
cordon littoral compris entre le village d'Assinie et le
campement d'Assouindé, trois zones d'aménagements:
- La première zone correspond au secteur ouest du
cordon littoral. Elle s'étend sur 7 km et abrite trois des
quatre
réceptifs
h6teliers (H6tel Les Palétuviers, la
Sitour, le Club Méditerranée). Le quatrième réceptif d'une
capacité de 600 lits dont la fin des travaux était prévu
pour 1983 n'est pas encore réalisé.
- La deuxième zone correspond au secteur centre de
l'espace d'aménagement, secteur très sensible qui devrait
être conservé.

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- 355 -
Enfin dans la troisième zone à l'ouest, il est
prévu la construction de 6 réceptifs d'une capacité de
600 lits chacun soit au total 3 600 lits.
Les réceptifs seraient de type traditionnel
à la
différence des villages-vacances d'Assouindé. Ils ne devraient
assurer que l'hébergement et la restauration. Une zone d'ani-
mation abritant des équipements collectifs de loisirs serait
aménagé à l'extérieur des hôtels. Elle desservira l'ensemble
des 6 réceptifs permettant ainsi de réduire le coût des in-
vestissements.
Le complexe d'animation comporterait un port-marina,
un centre récréatif et sportif, des magasins et des services,
un village artisanal, un zoo etc ... Il serait étroitement
intégré au village d'Assinie.
Les travaux d'aménagement de cette zone devraient
être terminés depuis 1980 mais la mauvaise conjoncture écono-
mique et les difficultés que connaît le tourisme ivoirien
obligeant à plus de prudence dans la mise en place d'équipe-
ments nécessitant de lourds investissements ont poussé à
différer la réalisation.
b) L'aménagement des lagunes
De grandes possibilités d'aménagements
touristiques sont offertes par le système lagunaire en parti-
culier la lagune Aby bien protégée des courants marins et située
au nord du complexe littoral.
1
1
L'aménagement de la lagune Aby prévoit la création
de cinq bases nautiques dont les plus importantes seront
1
!
celles d'Assinie, de Monobaha et Ekpata.
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1
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Fig. 55
L: AMENAGEMENT DES LAGUNES: LES BASES NAUTIQUES
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Etuoboué
o Assomlan
o
Akounougbé
liB Esso
Boslon Alsoun
OCEAN
ATLANT/OUE
o
'km
o Seconde zone du projet d'amenagement du littoral Est
@
Base de navigation
---~~
.. Circuits de navigation a créer ( balisage)

-
35T'-
Les visiteurs pourront à volonté pratiquer la plan-
che à voile, le ski nautique, la navigation à voile et des
promenades à la découverte des principales îles : île
Monobaha, île Niamoan et l'île Napoléon qui évoque l'alliance
d'Assinie à la France dont le Roi Louis XIV accueillit un
des "dignes" représentants en la personne du Prince ANIABA.
Le baptême de ce dernier fut parrainé par le Roi
de France qui lui confera ensuite le grade de capitaine des
mousquétaires.
Les touristes pourront découvrir enfin la grande
île Esso aux paysages verdoyants et pittoresques.
L'aménagement des lagunes envisage aussi l'utilisa-
tion de quelques villages ou campements installés sur le
pourtour de la lagune Aby comme points d'appui de la naviga-
tion de plaisance. C'est le cas d'Akounougbè, d'Assomlan
(HAUHOUOT, 1978; DIENOT, 1981).
L'aménagement touristique de la lagune intéressera
environ 50.000 personnes.
Au total le vaste projet de développement du tou-
risme dont la première phase n'est pas achevée, devrait
permettre à terme de réduire le déséquilibre démographique
et économique entre la zone li ttorale défavorisée sur le plan
agricole et la partie septentrionale de l'espace étudiée où
l'emprise des activités agro-exportatrices est très forte.
CONCLUSION DU CHAPITRE II.
Le développement selon Jean-Claude' PERRIN s'accompa-
gne toujours d'effet de changement de structures.

-
358 -
L'essor économique a eu des effets induits remar-
quables, perceptibles au niveau des structures foncières, au
niveau socio-économique et de l'organisation du milieu rural.
Le développement de l'économie de plantation a con-
féré à la terre une valeur marchande et transformé le système
de tenure collective des terres en un droit de propriété
individuelle d'où l'émiettement du patrimoine foncier.
Il a aussi engendré des bouleversements au sein
de la société.
Un ordre" social nouveau fondé sur l'argent s'impose
à l'ordre traditionnel basé sur la noblesse du sang.
On assiste aussi à l'éclatement des cellules fami-
liales d'auto-reproduction et à leur affaiblissement sous le
poids de l'individualisme. De nouvelles structures de repro-
duction très dépendantes de la force de travail étrangère
ont vu le jour.
Hormis ces aspects que l'on peut juger de négatifs.
les revenus élevés tirés des activités ont favorisé la
modernisation de l'habitat et permis aux planteurs de con-
tribuer largement au financement des équipements collectifs.
Au niveau de l'équipement des villages, un effort
notoire a été fait mais les besoins sont loin d'être entiè-
rement satisfaits. Plusieurs villages attendent d'être
lotis, électrifiés et d'être dotés de tous les équipements
participant du bien-être des hommes

- ~59-
L'économie régionale dans son fonctionnement, se
doit de faire face à des problèmes de plus en plus aigus:
insuffisance et chereté de la main-d'oeuvre, pénurie de
terre avec pour conséquence un risque de blocage du système
agricole, vieillissement du verger.
Toutes ces difficultés impliquent de nouvelles
attitudes, de nouvelles actions pour faire face
à la
perspective d'un développement économique harmonieux.

-
360 -
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE.
La dynamique économique procède de l'action des
hommes et des groupes en lutte contre la rareté et tirant
l'essentiel de leurs richesses dans l'exploitation des possi-
bilités offertes par la nature.
L'approche de cette dynamique s'articule autour de
trois pôles : production, commercialisation, rétribution et
utilisation des revenus.
Au niveau de la production, il nous a été d'abord
donné de mettre en relief le rôle prépondérant des exploita-
tions familiales, d'analyser les mécanismes d'appropriation
foncière et de mise en valeur de terres, puis le rôle des
groupes capitalistes intégrés à charge de promouvoir des
spéculations de dernière génération.
Les groupes capitalistes bénéficiant d'appui finan-
cier, technique et matériel de premier ordre, ont une vitesse
d'exécution supérieure aux entreprises familiales généralement
dépourvues de moyens et dont la réussite dépend uniquement de
la persévérance du promotteur.
Le deuxième volet de l'analyse s'est attaché aux
circuits de commercialisation qui varient selon les produits.
Un interêt particulier a été accordé aux circuits de commer-
cialisation du café et du cacao qui sont de loin les plus
importants par le nombre d'acteurs qui y participent et par
l'importance des ressources drainées.
Les revenus tirés des activités sont les plus élevés
de la Côte d'Ivoire mais sont en grande partie consacrés à

-
361
-
des dépenses de prestige. Somme toute, ils ont permis aux
planteurs d'améliorer leur cadre de vie et de participer à
la réalisation d'ouvrages d'intérêt collectif. C'est là
l'aspect le plus positif de l'expansion économique.
L'économie de plantation consommatrice d'espace a
fondamentalement bouleversé les rapports Homme - Terre et con-
sidérablement réduit les disponibilités foncières. Elle a
aussi engendré un déficit de main-d'oeuvre, d'où le risque à
long terme de blocage de l'agriculture de plantation qui néces-
site une rapide adaptation pour faire face à la situation.
Les conséquences sociales de l'économie monétaire
sont nombreuses. La puissance de l'argent a généré un nouvel
ordre social, la recherche du bien-être individuel au détri-
ment des systèmes traditionnels d'entraide et de solidarité.
Les processus de rémaniement physionomique et struc-
turel opérés par l'économie ont abouti dans le temps à la
formation d'un espace plus transparent.
Au total la transformation de l'espace résulte du
fonctionnement de l'économie. Si les mécanismes économiques
sont au centre de la transformation de l'espace, il est iné-
luctable que l'organisation de celui-ci obéit aux grands
principes de l'économie spatiale.

QUATRIEME PARTIE
LE CAS SANWI~ LES DONNEES DE L'OBSERVATION EMPIRIQUE
ET CELLES DE LA THEORIE SPATIALE

-
362 -
La région est de nos jours l'objet de préoccupa-
tion aussi bien des géographes que des économistes et autres
spécialistes des sciences de la société et de l'espace.
Malgré l'intérêt qu'on lui porte, l'approche régio-
nale est très controversée tant il est difficile de définir de
manière satisfaisante ce qu'est la région. Ce que les diffé-
rents chercheurs s'intéressant à l'espace semblent unanimément
admettre, est que la région est le point de départ de l'organi-
sation des ensembles territoriaux.
La dernière partie de notre travail, après avoir
rappelé
les grands courants de la pensée régionale, se propo-
se, fort des enseignements des modèles de l'économie spatiale,
de confronter la réalité régionale aux données de la théorie
et de rendre compte des adéquations ou des inadéquations qui
existent entre les modèles et la réalité observable sur le
terrain.

-
363 -
CHAPITRE l
: - QUELQUES GRANDS REPERES DE LA PENSEE REGIONALE
Le concept de région a fait couler beaucoup d'encre
depuis ces trois dernières décennies. Il importe donc de
faire le point sur la question régionale à travers la pensée
géographique et de s'interroger sur le niveau de l'organisa-
tion régionale du Sanwi.
A. - L'APPROCHE REGIONALE EST MARQUEE PAR
DEUX GRANDES ETAPES.
La pensée régionale est marquée par deux grandes
étapes :
- la période d'avant la deuxième guerre mondiale
caractérisée par la primauté accordée aux données du milieu
naturel dans les études régionales ;
- la période d'après guerre commencée vers les
années 1950 où le poids des facteurs humains et
surtout de
l'économie, l'emporte dans le principe de régionalisation.
1.- UNE PREMIERE PERIODE MARQUEE PAR LA PREPONDERANCE
DES FACTEURS PHYSIQUES.
La pensée régionale avant la deuxième guerre mondiale
recherchait l'unité de la région à travers les aspects phy-
siques et naturels du milieu. Deux phases peuvent être dis-
tinguées.
1 - La phase de la région bassin fluvial
En France dès 1752, l'impératif d'une meilleure
organisation des aires administratives conduit J. BUACHE à
proposer le bassin fluvial comme base de découpage régional.

-
364 -
La régionalisation consisterait alors à définir
des unités délimitées par le réseau hydrographique. Pour
J BUACHE, ce critère de différenciation et de classification
spatiale peut s'appliquer à toute la surface de la terre;
car exceptés les déserts chauds et les déserts froids, toute
portion de l'espace terrestre appartient à un bassin fluvial.
La région bassin fluvial est fondée sur le principe
d'unité et non d'homogénéité comme la région naturelle.
2 - Le concept de région naturelle
Le concept de région naturelle a vu le jour à
la fin du 19è siècle. Ses tenants sont A. DEMANGEON, R
BLANCHARD, HEBERTSON et surtout L. GALLOIS dont l'apport métho-
dologique est très appréciable.
Les adeptes de ce courant de pensée n'ignoraient pas
systématiquement les données de la géographie humaine mais
accordaient la prééminence au relief, au climat, à la végé-
tation et au sol dans la délimitation et l'analyse régionale.
Ainsi L. GALLOIS recommande que c'est dans la nature même
qu'il faut rechercher le principe de toute division géogra-
phique (in Dauphine, 1979).
Contrairement à la région
bassin fluvial, la région naturelle est multivariée car
elle résulte de la combinaison de plusieurs critères physi-
ques. Elle conserve une caractéristique essentielle celle
de l'homogénéité.
Peut donc être taxée de région naturelle,
toute aire plus ou moins étendue qui se différencie des
espaces adjacents, soit par le relief, le climat, la végéta-
tion, soit par la géologie et les sols.

- 365 -
II.- L'EVOLUTION DE LA PENSEE REGIONALE APRES
LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE.
L'approche régionale après la deuxième guerre
mondiale est fortement influencée par les travaux des écono-
mistes qui int~grent de plus en plus la dimension spatiale
dans leurs analyses, et surtout par la négation du concept
de région considéré comme un mythe par de nombreux géogra-
phes français.
1 - La rencontre de la géographie régionale
et de l'économie.
La science économique restée longtemps aspatiale
découvre la région après la deuxième guerre mondiale. C'est
un tournant très important qui marque la rencontre entre la
géographie et l'économie.
L'espace considéré depuis par les économistes comme
un simple cadre, un support dénué de toute signification
profonde devient une réalité économique. Les travaux sur
l'économie régionale se multiplient dès lors.
En France, F. PERROUX (1955),J. R. BOUDEVILLE
(1968) et C. PONSART (1967) pour ne citer que ceux-là, ini-
tiaient les recherches sur la polarisation spatiale. Les
études sur la formation des voies, des noeuds et des réseaux
révêtent un intérêt particulier.
La région n'apparaît plus comme un cadre physique
seulement, mais un espace structuré par un ensemble d'éléments
en combinaisons dynamiques résultant du jeu de l'économie.

- 366 -
Les récents travaux de J.C. PERRIN (1974) illus-
trent brillamment ce point de vue. Pour J.C. PERRIN l'analyse
régionale ne doit pas se limiter au concept d'espace -
support, au traitement des indices statistiques, pour
s'intéresser davantage aux effets d'entraînement des struc-
tures de l'économie sur l'espace. Le but visé est d'arriver
à proposer un modèle général du développement régional.
A travers l'évolution de la pensée géographique, on
s'aperçoit
que la région se personnalise non seulement par
ses traits
physiques mais aussi par les faits humains et par
l'économie. Ainsi personnalisée, elle peut se distinguer des
autres régions du monde et être rangée dans un type permet-
tant ainsi un classement mondial des diverses sortes de con-
trées (A. MEYNIER, 1969).
Au moment même où les économistes s'intéressent à
la région, de nombreux géographes surtout français, rejettent
l'approche régionale car selon eux, les mécanismes économi-
ques agissent à l'échelle nationale où à l'échelle locale
mais n'ont pas de prise au niveau régional.
2 - La polémique de l'analyse régionale.
La région est-elle oui ou non une réalité observable ?
Les positions vis-à-vis de cette interrogation sont
très contradictoires.
A. REYNAUD (1974) soulignait les ambiguités de la
notion de région. Cette ambiguité pousse certains géographes
dont B. KAYSER et M. SANTOS (1971) à réfuter l'existence de
la région et par conséquent l'utilité
de la démarche régio-
nale.

-
367
-
BEAUJEU - GARNIER (1971) parlait du mythe de la
région tant les réalités
auxquelles
elle correspond
pour les uns et pour les autres sont variables.
La région d'après BEAUJEU-GARNIER peut tantôt
désigner une vaste étendue de terre (exemple des régions
tempérées), tantôt une surface très réduite (exemple de la
circonscription administrative). Partant de ces imprécisions
dans le concept de région, elle recommande l'abandon du
terme (de région).
PRESTON (1954) écrivait que la région est un concept
intellectuel, une entité pour la pensée créée par le choix
de certaines caractéristiques importantes pour un problème
régional. C'est la notion de région simple concept comme
se le demandait P. CLAVAL en 1984. La région n'est-elle pas
d'abord et surtout une catégorie créée par l'esprit des
hommes pour mettre l'ordre dans ce qu'ils observent?
A. DAUPHINE 1979 épouse l'idée de la reglon simple
concept intellectuel mais rejette l'idée d'abandon du thème
région.
A l'opposé de ce courant qui nie le bien-fondé de
l'analyse régionale, R. BRUNET (1972) affirme que la région
est une réalité observable. P. DUMOLARD (1975) abonde dans
le même sens en soutenant que
«la région est une réalité
observable à plusieurs échelles»
. Certains économistes
dont P. BEAUCHET partagent ce point de vue en affirmant
l'existence des structures régionales.
Cette controverse, explique la difficulté de défi-
nition du terme région et l'inévitable parti pris pour qui
adopte l'approche régionale.

-
368 -
B.- QU'EST CE QU'UNE REGION? QUELLE EST LA POSITION DU
SANWI PAR RAPPORT AUX GRANDS TYPES DE REGIONS ?
Après le rappel de la polémique suscité par
l'approche régionale, polémique inhérente à
l'imprécision
de la définition du terme, il nous faut tenter de cerner la
région, de lui donner un contenu qui l'identifie ou la
différencie des autres régions du monde.
I.- LA REGION
UNE REALITE BIEN DIFFICILE A DEFINIR.
Le mot région désigne généralement une portion
quelconque de l'espace terrestre, mettant en relation des
faits physiques et des faits humains qui la personnalisent
et la
distinguent des autres contrées CA. MEYNIER, 1969).
1 - Une diversité de définitions de la région.
Le terme reglon est d'usage courant dans les
milieux populaires. Il est très utilisé par les hommes poli-
tiques, les administrateurs et les spécialistes des sciences
humaines et sociales. Mais chacun en fonction de ses préoc-
cupations donne un contenu en relation avec ce qu'il appré-
hende.
En Côte d'Ivoire seulement on peut noter une multi-
plicité de définitions du terme région, chacune recouvrant une
réalité très différente. L'espace ivoirien est divisé d'abord
en deux régions biogéographiques : région forestière au Sud
et région des savanes au Centre et au Nord.
En terme d'aménagement, on entend parler de Région
Nord-Est et de Région Nord attardée par rapport à la Région
Sud.

- 369 -
Le Département voire la Sous-Préfecture est assimi-
lée à la région. Des organisations villageoises ou cantonales
se réclament associations régionales de développement. Cette
multiplicité de conceptions explique
la difficulté à" don-
ner une définition satisfaisante de la région.
Certains auteurs ont essayé de définir la région
par ses traits physiques.
Pour W.L.G.JOERG (inDEAUJEU-GARNIER 1971), la reglon
est :
«une étendue dont les conditions physiques sont homo-
gènes » . D'autres comme MAX SORRE assimilent la région à la
notion de paysage: «
la région est l'aire d'extension d'un
paysage»
(M. SORRE, 1957). Beaucoup d'autres auteurs pen-
sent que cette définition est incomplète car la région
résulte de la combinaison des facteurs physiques et humains.
La région est «
une étendue à l'intérieur de laquelle
la combinaison due à l'environnement et à la démographie ont
créé une homogénéité de structures économiques et sociales»
CT. J. WOOFTER in BEAUJEU-GARNI ER 1971).
L'association des géographes américains réunie à
l'occasion du cinquantième anniversaire du mouvement donne la
définition suivante: « la région est une étendue de quelque
taille que ce soit, qui offre les mêmes critères spécifiques
et se distingue des espaces environnants par une espèce par-
ticulière de combinaisons de traits formant un complexe
inscrit dans l'espace ... Tout fragment de la surface est une
région, s'il est homogène en terme de groupement».
Quelle que soit la définition, un point fait l'una-
nimité des auteurs: c'est le principe de l'homogénéité;
homogénéité physique ou humaine. La région est une portion de
l'espace terrestre qui se distingue nettement des espaces
voisins.

-
370 -
2 - Quels sont les critères de différenciation
des régions.
Plusieurs critères permettent de distinguer les
régions. Ils y a des facteurs physiques, des facteurs d'ordre
historique des faits humains, économiques, politiques et
même des critères psychologiques.
D'après l'encyclopédie Universalis, le régionalisme
trouve sa force dans la juxtaposition de deux composantes
l'aspiration d'une communauté d'intérêt et l'aspiration,à
la gestion de ses intérêts. La civilisation de masse étant
peu propice à l'autarcie, les individus ont tendance à cher-
cher leur identité sociologique au niveau d'une circonscrip-
tion matériellement perceptible
et cela par la reconnaissan-
ce du lien qui les unit à ceux qui partagent leur destin
sur le même territoire.
Le régionalisme comporte donc une base marérielle,
mais aussi des aspects immatériels qui ne peuvent être sai-
sis que dans la conscience des individus.
Pour nous, si la reglon est d'abord un concept opé-
ratoire, elle a aussi une dimension objective appréhendable
à différentes échelles. La taille de la région, les aspects
matériels directement perceptibles ou dimension objective,
importent autant que les aspects cachés ou dimension subjec-
tive. Le régionalisme n'est-il
pas l'expression d'une cons-
cience collective, ne traduit-il pas les aspirations d'une
communauté sur un territoire donné?
A ce titre le sanwi qui s'individualise au plan
administratif et qui se singularise par l'affirmation très
poussée de la conscience collective héritée de l'histoire com-

-
371 -
mune des peuples et par l'importance de l'activité agro-
industrielle (en parlant de la région d'Aboisso, ne pense-t-
on pas spontanément au complexe agro-industriel d'Ehania ?)
peut être qualifié de région. Mais celui-ci n'est en fait
qu'un sous-espace de l'ensemble régional du Sud-Est ivoirien.
Si le Sanwi est une région, dans quelle catégorie
sp~tiale peut-on le classer ?
II.
-.LE SANWI ET LA TAXONOMIE REGIONALE.
Les théoriciens de l'analyse régionale ont reconnu
trois grands types de régions
- la région homogène
- la région fonctionnelle ou polarisée
- la reglon anisothropique qui n'est ni homogène,
ni polariée. Nous n'allons insister que SUT les deux premiers
types.
1 - Caractéristiques de la reglon homogène
et de la région fonctionnelle.
Les principales articulations spatiales s'indivi-
dualisent par des caractéristiques propres.
a - La région homogène.
La reglon homogène est une aire caractéri-
sée par l'uniformité des traits physiques et par l'uniformité
des aspects de mise en valeur.
J. BEAUJEU-GARNIER distingue trois ~ormes d'homogé-
néité

- 371 - bis
- Une homogénéité globale qui résulte de la surim-
position d'activités humaines unifiantes sur un cadre physi-
que homogène.
- Une homogénéité relative ou partielle où un
élément important domine toutes les autres composantes de
l'espace: exemple de l'Amazonie forestière ou du vieux Sud
des Etats-Unis dominé par la culture du coton.
- L'homogénéité recurrente obtenue par la juxtapo-
sition d'unités élémentaires qui se ressemblent.
Les reglons
homogènes obéissent à des lois communes.
Elles sont en équilibre stationnaire
très rarement en équi-
libre dynamique qui est dO à des flux CA. DAUPHINE, 1979).
Les flux étant généralement dissymétriques provoquent d'après
Dauphine la formation des hiérarchies et détruisent l'homo-
généité.
Dans les reglons homogènes, d'une manière générale,
le déterminisme naturel l'emporte sur les actions humaines,
sur le jeu de l'économie. C'est le contraire des régions fonc-
tionnelles.
b - La région fonctionnelle ou région polarisée.
La reglon polarisée ou fonctionnelle est
d'essence économique. Elle est structurée par des flux liés
aux relations qui se tissent entre agents économiques com-
plémentaires.
La polarisation économique et spatiale a été l'objet
de nombreux travaux dont les études de F. PERROUX et de J. R.
BOUDEVILLE sur les pôles de croissance.

- 372 -
F. PERROUX parle de la polarisation spatiale dans
les termes suivants
« l a croissance du marché dans l'es-
pace, quand elle vient de la mise en communication de pôles
industriels et plus généralement de pôles d'activités terri-
torialement agglomérés, est tout le contraire d'une croissan-
ce également repartie; elle s'opère par concentration de
moyens en des points de croissance dans l'espace d'où irra-
dient
ensuite des faisceaux d'échanges».
La région fonctionnelle est une région animée par
des flux qui créent un champ
de force. Elle s'articule
autour d'une armature urbaine hiérarchisée, desservie par
un réseau de communication assez fin.
2 - A quel niveau de l'organisation régionale
se trouve le Sanwi ?
Le Sanwi est au stade de l'organisation régio-
nale, une région fonctionnelle en formation.
En effet, nous sommes dans un territoire où l'écono-
mie de plantation
a engendré de profondes mutations. C'est
l'activité économique qui est l'élément central de la struc-
turation de l'espace.
L'intégration de la région à l'économie marchande
héritée de la colonisation a permis le passage d'un espace
ethnoculturel fortement conditionné par l'opacité du milieu
et où les hommes vivaient en situation de relative autarcie
à un territoire de plus en plus complexe et donc plus fonc-
tionnel.
Les besoins liés à l'économie de m~rché ; besoins
de production, de consommation et d'échange ont favorisé
l'émergence d'une armature urbaine reliée par un réseau

-
373 -
très dense de voiesde communication où circulent des flux de
nature diverse.
C'est l'amorce d'installation de la trans-
parence indispensable au développement de l'espace.
CONCLUSION DU CHAPITRE l
L'approche régionale à travers
la
pensée géographi-
que
est marquée par deux grands courants :
- Un courant environnementaliste qui accorde le pri-
mat aux données du milieu naturel dans la délimitation et
l'analyse régionale.
Un courant économiste pour qui c'est l'activité
économique qui donne un contenu véritable à la région.
Malgré la contreverse qu'elle suscite, la reglon est
une réalité observable à différentes échelles. En fonction
des composantes majeures qui les caractérisent, on a pu distin-
guer des régions homogènes, des régions polarisées appelées
aussi régions fonctionnelles.
Le Sanwi fait partie de ce dernier type car après
analyse il ressort que ce n'est plus la nature qui individua-
lise ce territoire mais l'économie. Cette région fonctionnell~
est cependant à un stade transitoire de son organisation. On
y note un début de hiérarchisation des noeuds et des réseaux
qui à l'avenir feront du sanwi un espace entièrement fonction-
nel.

-
374 -
CHAPITRE II
- LE CAS DU SANWI ET LES ENSEIGNEMENTS
TIRES DES MODELES DE L'ECONOMIE SPATIALE.
La géographie économique du moins l'économie spatiale
a fait l'objet de divers modèles qui se présentent universels.
Ce chapitre se propose d'abord de rappeler et de discuter
les points forts qui fondent les théories spatio-économiques
et ensuite de confronter les données de la théorie à la
réalité de la structure régionale
afin de rendre compte des
adéquations ou des inadéquations pouvant exister entre les
modèles et l'observation du terrain.
A.- RAPPEL ET CRITIQUE DES VARIABLES-CLE DES MODELES
DE L'ECONOMIE SPATIALE.
Les principaux modèles de l'économie spatiale qu'il
s'agisse du modèle de localisation des activités agricoles
de Von Thünen, des modèles de localisation industrielle de
Weber et des services de Christaller et Losch postulent que
l'espace est structuré par les activités économiques en fonc-
tion des contraintes de la distance;et que les acteurs écono-
miques quelle que soit leur nature sont rationnels et c'est
de cette rationnalité que découle les différences d'introduc-
tion de la distance-désutilité dans le processus de production
économique.
l. - LA PROBLEMATIQUE DE LA DISTANCE DANS LES
ECONOMIES MODERNES
Dans les économies autarciques, le problème de la
distance ne se pose pas, mais en économie d'échange, concur-
rentielle, où dans l'espace les pôles de production, la vente
de consommation ne sont pas nécessairemen~ confondus, la

- 375 -
distance devient une réalité économique. Les acteurs écono-
miques cherchent toujours à la minimiser.
1 - Le problème de la distance dans le modèle de
la rente économique de Von Thünen
J.H.V. Thünen
(1826) a réflechi sur la meilleure
manière d'assurer la rentabilité de sa ferme dans le contexte
d'une économie de marché, libérale dont l'objectif est de
maximiser le profit.
La théorie de V. Thünen s'est forgée sur un certain
nombre de postulats.
Il est parti.de l'idée d'une ville-marché isolée
qu'il faut ravitailler en produits agricoles. Cette ville est
située dans une plaine homogène où l'on circule avec la même
difficulté dans toutes les directions.
Pour Von Thünen, l'utilisation du sol s'organise en
fonction du coOt du transport et de la valeur de la production.
Thünen s'est rendu compte que la rente économique c'est-à-dire
le bénéfice que réalise l'exploitant après le paiement de
tous les frais de production y compris le transport diminuait
avec la distance et s'annule à partir d'un certain seuil.
La meilleure façon de rentabiliser l'exploitation
est de tenir compte du coOt du transport et de la nature des
produits dans l'affectation des parcelles de cultures autour
de la ville marché.
Pour Thünen, les terres les plus proches du marché
seront consacrées aux produits pondéreux dont le transport
coOte très cher et aux produits périssables comme les maraî-

Fig. 56
RENTE ECONOM IQUE ET DISTANCE
Rente
économique
,
Seuil maximum
1
1
1
Distance
o
Fig. 57
OPTIMISATION DES CULTURES
Rente
économique
SELON VON THÜNEN
1
1;-_
A
_' - -_ _ 1
.1
Distance
o
16km
44km
~
...._--------..v~--------#
B
. .



Elevage.





Fig. 58
ORGANISATION
. .
. . SPATIALE DE LA THEORIE
• DE VON THÜNEN
· .
00
. .
· ..
ln Dauphiné 7979
· .
. .
· .'
. .
. . .

-
377 -
chers dont le transport sur de longues distances occasionnerait
de lourdes pertes. Les parcelles les plus éloignées dans un
rayon de 100 km seront affectées à l'élévage extensif.
La théorie de Thünen aboutit à une organisation en
autéoles des cultures autour de la ville-marché. Le modèle de
la rente économique de Thünen a fait l'objet de critiques
parfois sévères dont les plus pertinentes ont trait à la non-
existence de l'Etat isolé où les échanges ne se font que dans
une ville unique et de la plaine homogène dans laquelle il se
place.
Il parait invraisemblable
de trouver dans un rayon
de 100 km, une plaine qui soit homogène au plan topographique,
et de la fertilité des sols. Ce qui brouille le modèle.
Malgré ses lacunes, le modèle de Von Thünen offre
une base très importante dans l'approche des localisations des
activités agricoles. Il insiste sur la déséconomie de la dis-
tance que l'on retrouve d'ailleurs dans d'autres modèles dont
celui de Weber.
2 - La distance source de déséconomie pour
l'activité industrielle.
Le modèle de localisation des activités indus-
trielles a été formulé par Weber. Pour Weber, le problème
consiste à vuchercher la meilleure implantation pour rentabi-
liser une usine.
L'usine est consommatrice de matières premières, de
source d'énergie et a besoin d'un marché pour la vente des
produits fabriqués. Ces trois pôles n'étant pas confondus, il
se pose le problème de transport.

- 378 -
Weber admet comme Thünen que les frais de transport
augmentent avec la distance et influencent négativement la
rentabilité de l'entreprise. Il faut donc jouer sur le fac-
teur distance-coat à l'optimum. L'endroit le mieux indiqué
pour construire l'usine serait d'après Weber, le centre de
gravité du triangle défini par les trois pôles (gîtes de ma-
tières premières, source d'énergie et marché) dans le cas
où ces trois facteurs sont d'égale importance pour l'usine.
Dans le cas où la matière première est difficile
à transporter, alors que l'énergie est facilement transporta-
ble, le site de l'usine se rapprochera du gisement de matière
première et vice versa dans le cas contraire.
Si le produit fabriqué est plus pondéreux que la
matière première et la source d'énergie nécessaires
à sa
fabrication, c'est le marché qui attire l'industrie afin de
diminuer les frais de transport dans le coat de la production.
Le modèle de Weber ne s'applique que dans les écono-
mies libérales de marché,car dans les régimes dirigistes les
décisions politiques peuvent influencer la localisation des
industries. Par exemple la nécessité de mise en valeur d'une
région attardée incitera les pouvoirs publiques à y entrepren-
dre des aménagements sans tenir forcément compte des calculs
économiques.
La lIDcalisation des industries intègre multiple
autres facteurs dont la présence d'usines livrant des pro-
duits intermédiaires, une bonne infrastructure de communica-
tion, la possibilité de disposer d'une main-d'oeuvre qualifiée
assez bon marché, qui favorisent les économies externes (avan-
tages que procurent l'environnement). Qu'en-est-il du modèle
agro-industriel régional? Réponse à cette interrogation sera
donnée au paragraphe suivant.

-
379 -
3 - Le problème de la distance dans le modèle
de localisation des services de Christaller
et de Losch.
Christaller et Losch ont étudié dans le cas des
activités de services, les décisions prises par les presta-
teurs de services qui auraient une clientèle uniformément
répartie dans une plaine homogène.
Ici ce sont les clients qui se déplacent vers les
services. L'importance des services demandé~ est fonction de
la distance au marché. Sur les longues distances, les dépenses
en transport augmentent par conséquent la quantité de services
demandée diminue. Au-délà d'une distance maximale, les ache-
teurs ne répondent plus parce que les prix dépassent le pla-
fond qu'ils acceptent de payer. La demande s'annule.
Pour Christaller et Losch, la solution pour intéres-
ser les clients est de réduire la distance à parcourir
à l'optimum. Ils proposent donc une répartition régulière
des centres de services dans l'espace et un découpage hexago-
nal
qui optimise le coat des déplacements (pertes de temps,
d'argent, d'énergie ... )
Les recherches de Chritaller et Losch ont abouti
au
modèle des places centrales d'après lequel l'espace s'organise
en fonction des services et donc des marchés. C'est la portée
limite des services qui met en évidence la disposition régu-
lière et hiérarchisée des centres (marché).
La théorie des places centrales a fait l'objet com-
me les précédentes de critiques très sévères. D'abord l'es-
pace n'est pas uniquement structuré en fonction des besoins

- 380 -
de service. Il l'est pour des motifs socio-culturels et des
motifs politiques.
D'autre part, un territoire n'est jamais parfaite-
ment homogène sur le plan physique et humain. Des aspérités
naturelles existent ainsi que des zones vides à côté de zones
à forte densité qui brouillent le schéma du pavage hexagonal
de l'espace. En outre les décisions prises par les acheteurs
ne sont pas dans tous les cas fondées sur la rationalité éco-
nomique comme le postulent les modèles spatio-économiques
(nous reviendrons sur le problème de la rationalité). Ce
n'est pas parce qu'une ville est proche qu'elle attire for-
cément plus de clients. Ceux-ci ont la possibilité de se
déplacer dans un contexte où les transports sont développés,
vers des marchés éloignés, si ces derniers offrent une gamme
plus variée de services. La fréquentation des marchés résul-
te de raisons affectives et psychologiques.
Malgré les faiblesses qu'il présente, le modèle de
places centrales de Christaller et Lësch nous éclaire dans
la recherche de l'ordre qui préside à l'organisation de
l'espace. Il explique la mise en place des réseaux hiérar-
chisés de noeuds. Au niveau du Sanwi, la structuration du
milieu rural n'obéit-elle pas à la théorie des places cen-
trales
En définitive, toutes les théories spatio-économiques
(Thünen - Weber - Christaller et Lësch) révèlent qu'en écono-
mie libérale de marché, la distance est source de désécono·,
mies. Pour cela, les acteurs économiques qui sont censés
f
être parfaitement rationnels chercheront à minimiser le coat
~.
de la distance dans toutes leurs décisions.
l
r!,
f
\\

-
381
-
II. - LE POSTULAT DE LA RATIONALITE DES ACTEURS
ECONOMIQUES ET SES LIMITES
Toutes les théories des penseurs Allemands se fon-
dent sur le principe que les acteurs économiques sont par-
faitement informés et que les décisions qu'ils prennent
sont toujours rationnelles.
1 - Les acteurs économiques sont totalement
rationnels dans leur comportement.
En théorie, les acteurs économiques sont des
sortes d'homo-économicus c'est-à-dire des hommes libres,
dénués de toute sensibilité. Ayant une parfaite connaissance
des problèmes qui leur sont posés, capables de faire des
évaluations, les décisions auxquelles ils parviennent sont
les plus satisfaisantes.
Les acteurs économiques, guidés par le seul instinct
du profit, choisissent en toutes circonstances les solutions
les plus avantageuses. Aussi chercheront-ils dans n'importe
quelle situation à parvenir à leur but en empruntant le plus
court chemin afin de minimiser les pertes de temps, d'énergie
et d'argent liées aux longs déplacements.
Ainsi le fermier dans la théorie de la rente écono-
mique de Von Thünen aura pour objectif de minimiser les frais
de transport dans le coût final de la production livrée au
marché afin d'une part de soutenir la concurrence et d'autre
part de réaliser des bénéfices. Les acheteurs ôpteraient,
parce qu'ils sont rationnels, pour les marchés les plus pro-
ches qui leur permettent de réaliser des économies de dépla-
cemen t.

- 382 -
Pour les théoriciens de l'économie spatiale, ce
sont ces ajustements des décisions par les mécanismes du
marché qui expliquent les faits de répartition et de locali-
sation des activités et qui guident l'organisation de l'es-
pace.
Si les décisions sont rationnelles, l'organisation
de l'espace qui en découle ne peut qu'être rationnelle. Les
modèles spatio-économiques ne posent pas le problème de
l'information. Celle-ci est disponible et accessible à tous.
Dans la réalité on sait que les acteurs économiques
surtout en pays sous-développés où l'information circule très
difficilement, ne sont jamais suffisamment informés partant
leurs décisions ne peuvent être totalement rationnelles.
2 - Le problème de l'information et le passage du
postulat de la rationalité totale à la rationa-
lité limitée.
Le développement de la théorie de l'information
vers les années 1960 et son intégration dans les analyses des
décisions et des comportements a revelé les limites de la
rationalité. On est passé alors de la théorie de la rationa-
lité totale à la rationalité optimisante. Pour P. CLAVAL (1984)
l'homme rationnel est naturellement et en toutes circonstances
un optimiseur. Il recherche toujours l'alternative optimale.
Devant un choix qu'JI ne peut satisfaire à 100 %, il se con-
tentera de la satisfaction à 80 % jugé comme seuil acceptable.
Par la suite, les analystes des décisions et des
comportements (béhavioristes) ont démontré que la rationalité
des acteurs économiques est limitée. Ceux-ci fttant générale-
ment influencés par le milieu de vie et par des perceptions
individuelles des réalités.

-
383 -
Si la rationalité des acteurs économiques n'est pas
totale, l'organisation de l'espace qui résulte de leurs acti-
vités, procède non seulement des rationalités économiques,
mais aussi des facteurs subjectifs et parfois même aléatoires.
B.- APPLICABILITE DES ENSEIGNEMENTS TIRES DE LA THEORIE
SPATIO-ECONOMIÇUE A LA STRUCTURE REGIONALE DU SANWI.
L'essai de vérification des hypothèses et de leur
applicabilité tournera autour de deux
objectifs :
- les activités agro-exportatrices et la question
de la distance et de la rente économique ;
- le niveau des services et de la formation des
réseaux.
1. - LA QUESTION DES ACTIVITES AGRO-EXPORTATRICES
ET LA RENTE ECONOMIQUE.
La localisation des activités agro-exportatrices,
intègre-t-elle ou non le facteur distance ? Voyons le cas du
café et du cacao puis celui des agro-industries de palmier.
1 -
Le café et le cacao : deux spéculations
"ubiquistes" non soumises aux contraintes
économiques de localisation.
Il a été vu à travers le modèle de Von Thünen
que la distance est un facteur limitant pour les exploitants
si ceux-ci doivent supporter les frais de transport de leurs
produits depuis le lieu de production jusqu'au marché.
En ce qui concerne le café et le cacao, le producteur
ou l'acheteur n'a pas à souffrir lui-même des frais de trans-

-
384 -
fert. L'Etat intervient pour garantir un prix unique à tous
les producteurs quelle que soit leur situation géographique.
D'autre part, l'Etat intervient dans la collecte des produits
en remboursant aux acheteurs les frais de transport des lieux
d'achat au lieu d'exportation.
La politique mise en oeuvre par la puissance politi-
que donne toute latitude aux producteurs à s'installer par-
tout où les conditions de milieu naturel sont favorables.
Le facteur distance ne constitue pas une crainte
pour les exploitants et les acheteurs d'autant plus que
l'intervention de l'Etat fausse le libre jeu de l'économie
dans lequel se situe la théorie de la rente économique.
Il est certain. que si les pouvoirs publics ne con-
trôlaient
pas les mécanismes de collecte et de commerciali-
sation, la culture du caféier et du cacaoyer n'aurai~pas
connu une si large diffusion dans l'espace. Elle serait
limitée à quelque distance du port d'Abidjan ou de San-Pédro
pour la majorité des petits exploitants qui auraient du mal à
réaliser des bénéfices après paiement du coQt de production
et des frais de transport.
Si la culture du caféier et du cacaoyer paraît délo-
calisée, au niveau des producteurs, il est inéluctable que
la mise en place de l'habitat intercallaire soit une réponse
consciente au problème de la distance et de la communication.
En effet, la recherche de terre a pnussé certains
exploitants à s'éloigner de leur village. Lorsque la distance
à parcourir chaque jour du village à l'exploitation excède
5 km, dans un système où les déplacements se font à pied, le
planteur perd beaucoup de temps et d'énergie. Pour lutter

- 385 -
contre cette désutilité, cette déséconomie de la distance,
on assiste à la création de campements de culture où les
exploitants résident au moment des travaux.
Au niveau du sanwi, bien que le caféier et le cacaoyer
soient
"ubiquistes", la distribution de l' habi tat, en rela-
tion étroite avec la dynamique de l'occupation et de mise en
valeur du territoire obéit dans ses grands traits au problème
de la distance et du transport.
2 - Les théories spatio-économiques et le modèle
agro-industriel du SANWI
La localisation des agro-industries de palmier
dans l'espace étudié ne rélève pas du hasard. Elle intègre
le facteur distance et communication avec la ville d'Abidjan
qui est le principal marché des huiles extraites.
La reglon du Sanwi et d'une manière générale l'ex-
trême Sud-Est ivoirien doit la précocité de son développement
agro-industriel,à la présence à une centaine de kilomètres, de
la ville d'Abidjan et de son port en eau profonde.
Abidjan est le principal marché de consommation des
huiles extraites en Côte d'Ivoire et le lieu d'exportation
du surplus non consommé. Les liaisons entre Abidjan et le
Sanwi sont bonnes et la distance d'environ 100 km permet
d'optimiser les coûts de transfert des huiles et de renta-
biliser l'entreprise agro-industrielle.
Les avantages de localisation ont joué en faveur du
Sanwi qui autrement ferait figure de région marginalisée à
l'instar du Sud-Ouest ivoirien avant le programme
ARSO

- 386 -
(Aménagement de la région Sud-Ouest) avec l'ouverture du
port de SAN-PEDRO.
Au niveau de la structuration des ensembles agro-
industriels, la désutilité
et la déséconomie de la distance
sont clairement exprimées par la nécessité de limiter les
plantations villageoises de palmier dans un rayon de 20 km
autour de l'usine de traitement.
L'objectif du plan palmier est d'obtenir un produit
de qualité, de garantir un prix d'achat
attractif
et un prix
de vente
compétitif.
La qualité du produit dépend du temps écoulé entre
la coupe du régime de palme et sa stérilisation. Un délai
maximum de 24 h est toleré. Passé ce délai, le taux d'acidi-
té des huiles augmente. Au plan technique, pour que l'usine
soit rentable, il faudrait une capacité minimum de 20 tonnes
de régimes/heure qui permette de traiter tous les régimes
dans les limites horaires exigées.
Dans ce contexte, un trop grand éloignement des plan-
tations villageoises de l'unité agro-industrielle, poserait
des problèmes. Par contre leur concentration assure non seu-
lement les normes de qualité, mais réduit les frais de trans-
port (les regimes de palme étant très pondéreux) et permet
par conséquent de payer un prix d'achat rémunérateur aux pro-
ducteurs et de fixer un prix de vente compétitif sur le marché
international.
Au total, la stratégie capitaliste du plan palmier
s'accorde aux modèles de la rente économique et de localisa-
tion des activités industrielles parce qu'elle se situe

- 387 -
dans un contexte beaucoup plus libéral que dans le cas du
caféier et du cacaoyer.
II.- LE PRINCIPE DE LA CENTRALITE ET LA FORMATION
DES RESEAUX.
La région fonctionnelle ou reglon polarisée s'orga-
nise autour de noeuds hiérarchisés qui facilitent la vie de
relations. Elle trouve son origine empirique dans l'observa-
tion du rayonnement des villes et dans l'existence d'une
constellation de satellites qui remonte du village à la métro-
pole régionale (J. R. BOUDEVILLE, 1968).
1 - Les besoins de services et la mise en
place des réseaux
La structuration de la région fonctionnelle est
dictée par l'économie des transactions.
Les acteurs économiques diversement localisés dans
l'espace éprouvent un besoin constant de communiquer pour
échanger ou solliciter des services qu'ils ne trouvent pas
sur place. Dans un semis d'habitat, la nécessité de transac-
tion aboutirait à la mise en place d'un réseau complexe de
ligne de désir (la ligne de désir est le trajet déssiné en
ligne droite entre les points d'origine et les points de desti-
nation des mouvements de personnes et des biens. P. CLAVAL, 1976).
Prenons un territoire qui comprend seulement vingt
localités. La mise en relation directe de ces vingt pôles
implique 190 liaisons différentes (les liaisons sont calcu-
lées à partir de la formule suivante
(N - l)N ; N étant le
2
nombre de localités à joindre).

Fig. 59
LE RESEAU URBAIN ET LE SYSTEME DE POLARISATION
~\\
,
\\
\\
1
\\
1
\\
1
\\
~
\\
\\
\\
\\
\\
....
\\
........... \\
.......
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1
1
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\\
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\\
...

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1
\\
..........
1
\\
.....
1
1
1
."-
\\
..... .........
J
• Ville
• Centre semi-u"rbain (villages centres)

Centre
élémentaire
(villages satellites)

-
389 -
Pour un espace de 100 localités, le nombre de liai-
sons s'élève à 4950 ; ce qui n'est pas du tout pratique.
L'ordre spatial veut qu'il y ait dans le semis
d'habitat un point fort qui organise les mouvements et les
échanges. Le point fort peut être la grande ville régionale.
Mais ce commutateur central risque d'exploser s'il est trop
sollicité. Il faut donc ériger des centres de deuxième ordre
qui d'une part optimisent le coQt des déplacements et qui déc
gestionnent le
centre principal. C'est sur ce principe que
s'organise le réseau urbain qui anime la vie économique et
sociale.
La structuration de l'espace régional reproduit dans
ses grandes lignes, le modèle théorique des places centrales
de Christaller et Lësch suivant les trois principes de mar-
ché de transport et d'administration.
Au sommet de la hiérarchie il y a Aboisso puis Adiaké
en dessous desquels se trouvent les villages-centres qui po-
larisent les villages satellites. Chaque niveau de hiérarchie
correspond en principe à un niveau de services et d'équipe-
ments.
Les équipements entrant dans le quotidien des habi-
tants rayonnent sur un espace plus réduit. Tandis que les ser-
vices et équipements rares qui ont une grande portée se
localisent dans le chef-lieu de Préfecture ou de Sous-Préfec-
ture. Il y a une sorte d'emboîtement de l'espace correspon-
dant à l'emboîtement des équipements. La finalité d'une telle
structuration est d'optimiser le coQt du financement des
infrastructures d'intérêt collectif et une meilleure maîtrise
de l'aménagement du territoire.

- 390 -
2 - Un réseau urbain organisé sur le modèle de
places centrales mais qui fonctionne de
manière insatisfaisante.
L'armature urbaine régionale fonctionne de
manière insatisfaisante pour un certain nombre de raisons.
a) La dynamique d'Aboisso reste faible
La ville d'Aboisso chef-lieu de département
a du mal à jouer son rôle de métropole régionale.
Malgré sa preemInence administrative, Aboisso est
perçue de par son histoire comme un élément étranger qui
s'est surimposé à l'ordre ethnoculturel traditionnel. Aboisso
est en effet une ville coloniale créée pour les besoins de
l'économie de traite. C'était une plaque tournante du com-
merce caravanier.
En 1903 l'administration coloniale quitte Assinie -
Maffia et s'établit à Aboisso au détriment de la capitale
historique du Sanwi (Krindjabo) dont le souverain réfuse la
cohabitation avec les colons.
Poste administratif colonial et marché de vente des
produits européens importés et d'achat des produits de trai-
te, la ville d'Aboisso connut un rapide développement.
De 1900 à 1913, de nombreux étrangers s'y installè-
rent. Mais en 1913 l'effondrement des cours mondiaux du caout-
chouc,principale récolte des indigènes et la création de
la ligne de chemin de fer qui détrOna la piste caravanière
(Aboisso - Bondoukou) précipitèrent la ville dans la léthar-
gie. Depuis Aboisso ne s'est jamais véritablement relevée.

- 391 -
En 1950 G. ROUGERIE parlait de la localité en ces termes;
«Aujourd'hui Aboisso est une ville isolée dans le Sud-Est
et n'a plus qu'une importance locale ».
Ce constat est
d'actualité car aujourd'hui, nous l'avons déjà signalé, la
fonction de la ville se résume à son rôle d'intermédiaire et
de prestation de services.
Les principales activités qui font vivre la ville
et son environnement rural sont de surcroît le fait d'étran-
gers à la région.
La ville d'Aboisso piétine de fait du manque d'acti-
vités économiques suffisamment puissantes capables d'effets,
d'entrainement sur son développement.
L'expérience a prouvé que dans nos pays en voie de
développement, les villes ne doivent pas pour l'essentiel,
leur essor à l'industrialisation, mais à l'économie de plan-
tation.
La plupart des villes moyennes et des petites villes
de la Côte d'Ivoire doivent leur dynamisme à l'injection
d'importants revenus tirés des activités agricoles. La campa-
gne finance l'expansion urbaine.
Au niveau du Sanwi, Aboisso
souffre de l'inexistence en son sein d'activités industrielles,
mais aussi de sa très faible intégration au modèle agricole
de développement régional.
Toutes les activités économiques sont localisées
dans l'arrière pays rural qui enregistre l'essentiel des flux
financiers qui sont dans l'ensemble très faiblement réinvestis
dans le chef-lieu de département.
Les
difficultés
que connaît Aboisso aujourd'hui
ont leur racine dans l'histoire. Dès l'époque coloniale, il

-
392
-
y a eu rejet par les populations agni, avec à leur tête le
Roi de Krindjabo de l'ordre nouveau qui allait créer pour des
intérêts autres que ceux des autochtones, une localité tour-
née vers l'extérieur.
Au niveau des consciences, la ville d'Aboisso a été
marginalisée au profit des entités villageoises où les popula-
tions Agni réalisent jusqu'aujourd'hui les principaux équi-
pements. Cette distance psychologique trouble les données de
la théorie spatio-économique et ne milite pas en faveur de
la cohésion du réseau urbain régional.
b) Adiaké une micro-ville victime
de sa situation.
La ville d'Adiaké a un faible poids démogra-
phique et économique. En dehors du Mercredi jour de marché,
elle fait figure de ville morte.
La situation d'Adiaké qui est séparée de la grande
partie de son territoire par la lagune Aby, participe à son
essouflement.
La plupart des villages de la rive-Est de la lagune
Aby administrativement commandés par Adiaké, échappent en fait
à son influence. C'est le cas par exemple de Nouamou,
Frambo,
Tiapoum qui du point de vue des rélations économiques sont
tournés vers Aboisso. On s'aperçoit que l'organisation admi-
nistrative du territoire, ne correspond pas aux besoins des tran-
sactions. Certains villages sont très excentrés par rapport
au chef-lieu de Sous-Préfecture ce qui rend les relations
difficiles.

-
393 -
D'autre part, le manque de liaison directe fait
que Adiaké échappe au niveau commercial et des services à
l'attraction d'Aboisso. Adiaké est beaucoup plus tournée
vers Bonoua et Grand-Bassam.
c) Les villages-centres ont un pouvoir de
desserte assez faible.
Dans l'organisation actuelle de l'espace,
l'équipement de la plupart des villages-centres est au stade
liminaire et ne les autorise pas à jouer véritablement le rôle
centre-relais dans la hiérarchie fonctionnelle.
Les populations des villages continuent de solliciter
les centres urbains pour la satisfaction d'une part importante
de leurs besoins élémentaires.
Au total la dynamique régionale bien que s'appuyant
sur un réseau hiérarchisé de noeuds manque de cohésion du fait
du faible poids économique
des entités urbaines qui en théo-
rie joueraient le rôle de commutateur central et du fait de
la faible dotation de la plupart des villages-centres en équi-
pements de services et surtout de l'inadaptation de l'infras-
tructure de liaison à l'armature urbaine.
C.- PROCES DU DEVELOPPEMENT REGIONAL.
Au terme de cette étude ayant pour cadre le premier
foyer de diffusion de l'innovation plantation, il convient
de jeter un regard critique sur le modèle de développement
régional afin d'en
déceler
les faiblesses et les insuffi-
sances.

-
394 -
I. - UNE ECONOMIE DYNAMIQUE MAIS QUI PRESENTE
DES FAIBLESSES.
Le Sanwi fait partie des reglons les plus dynami-
ques de la Côte d'Ivoire certes, mais la structure économi-
que régionale présente des faiblesses à plusieurs niveaux.
- Manque de concertation dans la stratégie d'inter-
vention des sociétés de développement en place.
- Manque de relation harmonique entre agriculture
d'exportation et secteur vivrier.
- Enfin l'insuffisante internalisation des effets
de la croissance économique.
1 - Disharmonie de la stratégie des différents
vecteurs d'innovation.
L'objectif poursuivi par l'Etat à travers les
vecteurs d'innovation (Société de développement) est d'amé-
liorer les conditions techniques de production, d'élever le
niveau de vie des masses rurales en diversifiant leurs
sources de revenus.
Les sociétés de développement opérant en milieu
rural doivent agir de concert pour atteindre l'objectif com-
mun qui est la promotion du paysannat. Dans un espace comme
le Sanwi, l'intervention de plusieurs structures de dévelop-
pement constitue un atout véritable pour réaliser cet
objectif. Sur le terrain, il est cependant à déplorer le man-
que de coordination dans l'action de ces structures. Dans
certains secteurs du territoire où toutes les sociétés de
promotion sont présentes (cas de l'axe SAMO-ADIAKE où opèrent
la SODEFEL, la PALMINDUSTRIE, la SATI~~CI), les initiatives
semblent beaucoup plus concurrentes qu'elles ne se complètent.

-
395 -
Pendant que la SATMACI prône le recepage, la
restauration des vieilles parcelles de cultures, la SODEFEL
''fait la court"aux paysans pour bailler les terres en vue de
la culture de l'ananas. Les paysans généralement d'âge
avancé et ne disposant pas de bras pour traduire dans les
faits les conseils de la SATMACI optent souvent pour la
rente foncière.
Sur le terrain~ chaque structure clame les vertus
de sa mission, les avantages que les paysans peuvent en
tirer, mais en mettant en exergue les
tares
et les insuf-
fisances de telle autre. Qui croire? A quel "saint" se
vouer ? Le paysan devient dans ce contexte généralement un
touche à tout. Mais comme il n'a pas une force de travail
endogène suffisante ou parce qu'il ne dispose pas d'assez
de temps pour se consacrer à toutes les cultures, le plan-
teur du Sanwi fera appel à la main-d'oeuvre étrangère.
Il
n'arrive pas à respecter dans la majorité des cas, les
normes techniques de production.
Il se pose à notre avis un problème de pilotage
du système agricole et surtout la définition d'un seuil de
diversification au-dessus duquel apparaissent des désordres.
2 - Manque d'harmonie entre secteur exportateur
et secteur vivrier.
L'activité agro·exportatrice considérée pendant
longtemps comme la seule capable d'injecter dans les ména-
ges des revenus monétaires importants a hénéficié de toutes

- 396 -
les faveurs de la puissance publique au point qu'on est
arrivé à une situation de déséouilibre
,
entre les cultures
d'exportations et le secteur vivrier.
L'économie de plantation a certes accéleré les
mécanismes de croissance et de progrès mais a engendré le
déclin de la production vivrière. La conséquence est à l'heure
actuelle l'augmentation des dépenses pour l'achat de vivre et
dont dé la diminution de la capacité d'amplification des acti-
vités agro-exportatrices.
3 - Un essor éco~omique notoire aux effets
insuffisamment internalisés.
L'essor économique au regard des indices sta-
tistiques de production et de revenu est remarquable . Mais
en terme de développement, les effets de cette forte crois-
sance ne sont pas assez internalisés.
La région du Sanwi est victime de fuite importante
de capitaux vers l'extérieur.
Cette fuite est liée au recours à une main-
d'oeuvre pléthorique d'origine étrangère qui accapare et
exporte une partie des revenus tirés des activités et aussi
à la présence d'un nombre considérable d'exploitants allo-
gènes (60,5 % d'exploitants allogènes dont 33 % d'allogènes
ivoiriens et 27,5 % d'étrangers) qui "rapatrient" l'essentiel
des ressources dans leur région d'origine.
Cet aspect du problème de développement régional
échappe le plus souvent à l'observateur non averti. Celui-ci

- 397 -
se fonde sur les scores de production, sur les revenus
globaux distribués pour situer le dégré d'évolution d'une
région par rapport à telle autre. Dans l'approche régionale,
l'analyse des effets de pompage, de fuite permet de rendre
compte dans un cas comme le Sanwi que la croissance écono-
mique n'est pas totalement
autocentrée pour promouvoir un
développement proportionnel (à l'essor économique).
Les effets de croissance sont peu
amplifiés. Or
pour qu'il y ait développement, il faudrait que les effets
de croissance déclenchés par les activités de base (activi-
tés exportatrices capables d'injecter des flux monétaires
importants dans les ménages et les entreprises) se diffu-
sent et s'amplifient par la réinjection d'une partie de
ressources dans d'autres activités productrices de revenus
entraînant ainsi une croissance cumulative.
Dans le cas du sanwi
on s'aperçoit que les proces-
sus cumulatifs sont faibles et lents pour une série ùe raisons
- les fuites importantes de ressources déjà signa-
lées
- la faiblesse de l'épargne surtout au niveau de
la population autochtone qui engage trop de dépenses de
prestige
- la faiblesse des investissements créateurs
d'emplois et multiplicateurs de revenus qui augmenteraient
la capacité d'auto-amplification de la croissance économique.
Serait-on tenté de dire qu'il y a eu croissance
sans développement? Nous ne saurions répondre par l'affir-
mative; nous dirons plutôt que la vitesse du développement
ne suit pas l'essor économique.

- 398 -
II.- PORTEE DES VARIABLES COMPORTEMENTALES DANS
L'EXPLICATION DE LA STRUCTURE REGIONALE.
Dans l'étude des relations spatiales et des formes
qui en dérivent, on s'est rendu compte qu'au-delà du quoi,
voire du comment, il faille s'intéresser au pourquoi des
choses.
(J.
B. RACINE, 1981). Dans la recherche du pourquoi,
des inférences aux variables comportementales permettent de
comprendre et d'expliquer de manière globale les processus
de transformation de l'espace.
1 - Pouvoir explicatif des effets d'attitude
et de comportement.
La réceptivité des gens face aux innovations
accélère les mécanismes de changement et de progrès. Au con-
traire, les atti tudes négatives sont sources de blocage.
a) L'attitude des Agni face à l'économie
de plantation.
Le passage de l'agriculture de subsistance
à l'agriculture marchande n'a pas posé grand problème.
Après la phase de coercition pendant l'époque colo-
niale, les populations ont adhéré massivement à la culture du
café et du cacao après s'être rendues compte des richesses moné-
taires que l'on peut en tirer.
L'engouement manifesté favorise dès lors une
rapide diffusion de ces deux spéculations qui devinrent la
principale force de reproduction des ménage~.

- 399 -
Après l'indépendance, cette expansion s'est pour-
suivie avec l'introduction des cultures de diversification.
Dans l'ensemble l'attitude des Agni face à l'inno-
vation "-plantation" a été positive; ce qui a favorisé les
mécanismes de croissance. Mais l'enjeu du progrès nécessite
une adaptation rapide et continue des acteurs économiques
(les ménages) aux techniques nouvelles de production qui per-
mettent d'accroître les rendements et une utilisation ration-
nelle des fruits de la croissance. A ce niveau, la vitesse
d'adaptation aux exigences nouvelles est lente. Certains
aspects des comportements individuels ou collectifs sont
source de blocage et ne favorisent pas le plein épanouisse-
men t.
b) Le poids du tamis culturel dans les
perceptions et les comportements.
Les schémas mentaux, les effets d'attitude
influencés par la culture agni expliquent beaucoup de situa-
tions de faiblesse.
Malgré les efforts de sensibilisation à une meil-
leure utilisation des revenus, on constate aujourd'hui encore
que l'Agni continue à détruire une partie de ses ressources
dans des dépenses de prestige à l'occasion des funérailles
et des fêtes rituelles ou dans l'achat d'articles vestimen-
taires coGteux.
Ce modèle de consommation ostentatoire, reflet de
société d'apparat où chacun veut se montrer le plus capable,
élucide le "comportement anti-économique".des Agni.

-
400 -
L'importance des dépenses de prestige nous l'avons
déjà signalé reduit les possibilités d'épargne et d'investis-
sements productifs; ce qui affaiblit l'économie régionale.
Les schémas mentaux, les effets d'attitude expli-
quent en grande partie le déséquilibre entre agriculture
d'exportation et agriculture vivrière.
Dans la société, les cultures vivrières sont consi-
dérées comme des cultures de seconde zone, dévolues au sexe
faible.
La division sociale des tâches impose à l'homme le
défrichement, le brûlis, la mise en place des plants de
caféier ou de cacaoyer. Il revient à la femme toutes les opé-
rations relatives aux vivriers (semis, sarclage, récolte et
transport au village).
L'igname raconte-t-on en pays agni réussit mieux
lorsqu'elle est cultivée demains de femmes car celles-ci
sont source de fertilité. De telles perceptions ont fini par
associer les cultures vivrières à la femme et les cultures
de rente à l'homme.
Dans une société phallocratique, il est avilissant
pour l'homme de pratiquer du vivrier parce que c'est féminin
et aussi parce que, n'est pas planteur celui qui ne cultive
que l'igname ou le manioc. Or la femme n'a aucun droit sur
la terre. Ce sont les hommes qui en assurent la gestion et la
mise en valeur et qui affectent à leur guise les terres aux
cultures nouvelles considérées comme nobles et seules capa-
bles d'assurer des revenus monétaires élevés.

- 401 -
Les cas sont légions où le tamis ethno-culturel
freine les mécanismes de changement. Au total l'approche
du développement régional implique une plus large informa-
tion de la structure afin de modifier les aspects négatifs
des perceptions et des comportements générateurs de blocage.
2 - Quelle place l'information et l'éducation
occupent dans la dynamique du changement?
Le développement comme l'écrivait J. C. PERRIN
en 1974 procède de déséquilibres successifs. Il consiste à
détruire ou à transformer l'ordre ancien en vue de créer
un nouvel ordre générateur de progrès. Dans cette perspec-
tive, l'information n'est sans doute pas une panacée, mais
participe en tant qu'énergie régulatrice des élans et des
comportements à la
vitesse des changements.
Dans la reglon du Sanwi, au plan opérationnel beau-
coup a été fait en matière de sensibilisation et d'éducation
des masses.
Au niveau de l'information technique, les struc-
tures existantes ont donné dans l'ensemble des résultats
encourageants. Leur action mérite d'être poursuivie et même
amplifiée.
Des structures comme la SAn1ACI,
la SODEFEL, le
Centre de Pêche jouent un grand rôle dans la constitution et
l'animation des G.V.C. Il est toutefois à noter le manque
d'esprit coopératif chez une frange importante de paysans.
Un accent particulier devrait être mis sur la nécessité de
se regrouper et surtout sur la gestion coopérative car beau-
coup de responsables de G.V.C. savent peu de'chose en
\\

-
402 -
techniques financières, commerciales et administratives;
ce qui empêche un bon fonctionnement du mouvement coopératif.
Au plan de la sensibilisation la MUDESPA (Mutuelle
pour le Développement Economique et Social de la Préfecture
d'Aboisso) créée depuis 1970 et qui a des antennes dans
chacune des trois Sous-Préfectures du Département est un
canal privilégié mais ne joue pas totalement son rôle moteur.
La dynamisation de cette haute structure de promo-
tion, sa prise en considération des réalités régional~s (la
région d'Aboisso a une population très cosmopolite partant
toute action en faveur du monde rural doit tenir compte de
cette diversité et en associant chaque groupe ethnique à la
prise de décisions et à leur exécution) permettrait davantage
sa participation à la sensibilisation des populations en vue
d'une nouvelle conception des moeurs indispensables à la
promotion du développement.
CONCLUSION DU CHArITE II
La confrontation de la réalité à la théorie
spatio-économique et du développement régional révèle que si
le poids de l'histoire n'est pas négligeable, c'est l'écono-
mie qui est le moteur de l'architecture actuelle de l'espace.
Si l'économie joue un rôle déterminant dans
l'organisation de l'espace, il est évident que l'ordre
spatial obéit aux grands principes de celle~ci : principe
de production, d'échange et de consommation au centre desquels
se trouve le problème de transport et de communication.

- 403 -
Les impératifs économiques transparaissent dans
la localisation de l'activité agro-industrielle fortement
influencée par les contraintes de la distance et surtout
dans la hiérarchie des noeuds.
Au total le jeu de l'économie à travers le temps a
abouti à la formation d'un espace plus transparent mais con-
fronté à quelques difficultés de fonctionnement.
~
1
1

-
404 -
CONCLUSION DE LA QUATRIEME PARTIE
La diversité des conceptions rend difficile toute
tentative de définition de la région. Si l'on considère
comme région toute aire quelle que soit sa taille qui
s'individualise
par
un certain nombre de critères qui la
différencient des espaces adjacents, le Sanwi est bien une
région.
Si le Sanwi ne se distingue pas fondamentalement
des autres régions du Sud-Est ivoirien au plan naturel, au
plan économique, il est au moins une réalité administrative
et une réalité historique.
Les processus de remaniement structurel amorcés
depuis l'époque coloniale grâce à l'économie de plantation,
en font un espace fonctionnel. Cet espace se situe à l'heure
actuelle dans une phase transitoire de son évolution.
Cette phase de mutation se caractérise par un
certain nombre d'insuffisances dans la structure régionale.
- Absence dans l'armature urbaine de noyaux suffi-
samment puissants qui organisent la campagne environnante.
- Une mauvaise articulation du réseau de communica-
tion qui ne favorise pas la cohésion de l'espace.
- Un déséquilibre trop grand entre l'activité agro-
exportatrice et la production vivrière.
- Une insuffisante internalisation des effets de la
croissance économique.
ft
l

-
405 -
Dans la perspective d'une meilleure maîtrise de
l'aménagement régional, le renforcement de l'armature ur-
baine et surtout une organisation plus fine des liaisons
ville-campagne sont à envisager. D'autre part, les aspects
négatifs du tamis culturel mériteraient d'être corrigés par
une large information des masses rurales.
i
1

- 406 -
CONCLUSION GENERALE
La métamorphose de la Basse Côte et singulièrement
le Sud-Est ivoirien dont fait partie la région d'Aboisso,
est le résultat d'une série de processus induits du passage
de l'économie traditionnelle de subsistance au système écono-
mique de marché essentiellement fondé sur les cultures de
rente.
Le Sud-Est ivoirien parsa situation géographique
et sa proximité du Port d'Abidjan possède tous les atouts
et de ce fait a été le théâtre depuis l'époque coloniale de
différentes initiatives de développement qui lui confèrent
un statut particulier.
La diversité des activités économiques: monoculture
du caféier et du cacaoyer basée sur des exploitations fami-
liales, implantation après l'Indépendance de grands ensembles
agro-industriels intégrés et l'essor récent des activités de
pêche, font du Sanwi l'une des premières régions économiques
de la Côte d'Ivoire.
Cette forte expansion a été possible grâce à
l'apport d'une main-d'oeuvre nombreuse d'origine étrangère,
liée aux exploitants généralement d'âge avancé par divers
1
1
1
systèmes de contrat et d'autre part, grâce à l'action de nom-
1
breux opérateurs macro-économiques qui interviennent soit
directement ou indirectement dans les mécanismes de l'éco-
1
1
nomie.
1
J
1
\\

-
407
-
Cet essor économique a eu des effets induits
remarquables.
Sous l'influence de l'économie de plantation, la
terre propriété collective et inaliénable dans le régime
coutumier est devenue un bien de première nécessité. Son
appropriation et sa mise en valeur font l'objet de spécula-
tions diverses qui engendrent souvent des tensions et des
heurts entre les autochtones au sujet de la délimitation des
finages et surtout entre les communautés autochtones et
allogènes.
Ces tensions et ces heurts découlent de l'absence
de cadastre rural et l'imprécision de la législation foncière
où s'opposent droit coutumier et droit moderne.
L'expansion des activités agro-exportatrices a pour
conséquence aussi le bouleversement des structures familiales
de reproduction auxquelles se surimposent des exploitations
industrielles utilisatrices de main-d'oeuvre salariée
d'origine étrangère.
Le recours généralisé à la main-d'oeuvre extérieure
favorise l'émergence de cellules autonomes de production et
cultive l'individualisme au dépend de la solidarité tradition-
nelle des membres de la famille et du groupe dans le travail.
Désormais l'exploitant agni peut difficilement compter sur
ses fils qui ayant pris conscience de l'anachronisme d'une
structure sociale contraignante mais incapable de leur garan-
tir l'avenir, cherchent très tôt leur indépendance économique.
La recherche de l'autonomie pqusse les jeunes à
l'exode rural qui, associé à la généralisation de la scolari-
sation vide la campagne de sa force active.

- 408 -
Les besoins en force de travail ont été depuis
longtemps satisfaits grâce à l'immigration. Cette arrivée
massive d'éléments étrangers provoque l'accélération du
rythme de croissance démographique et le brassage de la
population. Cependant, l'ampleur des activités économiques
rend de plus en plus hypothétique la satisfaction de ces
besoins. Les disponibilités sont réduites et la main-d'oeuvre
de plus en plus exigeante pose le problème de l'avenir de
l'économie agricole.
L'âge avancé des exploitants, restés très attachés
aux techniques traditionnelles de production, le caractère
saisonnier de la main-d'oeuvre qui annihile l'effort de
structures d'encadrement dont l'action de formation s'avère
être un perpétuel récommencement sont des obstacles aux pro-
cessus de réaménagement économique.
Recourra-t-on à la mécanisation pour surmonter ces
écueils ? Quels en sont les voies et moyens ?
L'ancienneté du développement en dépit de la fai-
blesse des processus cumulatifs donne au Sanwi une avance
considérable se traduisant par l'importance des revenus moné-
taires : plus de 100.000 F par tête contre moins de 50.000 F
pour l'homme du Nord de la Côte d'Ivoire
permettant ainsi
aux populations d'améliorer sensiblement leur cadre et leur
niveau de vie.
Au plan du développement régional, le Sanwi occupe
une position privilégiée, mais cela ne doit pas cacher les
faiblesses internes. La plupart des villages sont sous-équi-
pés. Nous osons espérer que la participation de l'Etat au
programme FRAR qui est passée de 15 % à près de 40 %

-
409 -
encouragera la population locale à plus d'effort pour la
satisfaction des besoins latents.
La confrontation de la réalité à la théorie spatio-
économique et du développement a permis de rélever quelques
insuffisances dont la faiblesse générale de l'épargne, l'im-
portance des dépenses de prestige qui ralentissent la capa-
cité d'auto-amplification des activités pilotes.
Par ailleurs, on note un déséquilibre flagrant entre
les cultures vivrières et les cultures d'exportation et un
certain vieillissement de l'économie de plantation, mais la
région n'a pas atteint la phase d'induration et d'essouffle-
ment comme c'est le cas dans certains espaces de vieilles
plantations.
Dans la perspective de restructuration de l'économie,
des actions sont actuellement entreprises ou envisagées pour
résoudre ce déséquilibre et maintenir le niveau de croissance
régionale. Dans cet élan, un meilleur pilotage des interactions
économiques s'impose pour éviter les contradictions pouvant
découler de la présence sur un même espace de plusieurs grands
vecteurs d'innovations.
Enfin, une restructuration administrative et un ren-
forcement de l'armature urbaine s'avèrent nécessaires dans
l'impératif du rapprochement de l'administration et des servi-
ces des masses rurales et dans l'optique d'un meilleur fonc-
tionnement du système spatio-économique régional.
Le projet de réorganisation administrative de la Sous-
Préfecture d'Aboisso, ferait d'abord de Mafféré le chef-lieu
d'une nouvelle circonscription administrative ; car de tous
les villages, c'est le mieux construit et celui qui possède

-
410 -
déjà quelques services décentralisés. Politiquement, cette
approche pourrait cependant susciter le mécontentement des
populations du chef-lieu de canton : Kouaokro.
Par la suite, une autre Sous-Préfecture pourrait
être créée autour d'Adjouan ou d'Aby.
La circonscription d'Adiaké nécessiterait aussi un
découpage avec la création de deux nouvelles Sous-Préfectures
centrées sur Tiapoum et Etuoboué.
Ces aménagements pourraient être d'une grande portée
car qui veut maîtriser le développement régional doit maîtri-
ser le réseau urbain qui l'anime.

PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES

411
Planche
o
n
Photo
o
n
La Bia à Aboisso
Photo n°
2
La Bia aaus le sens de l'écoulement.
Un lit étroit et très empierré.

412
Planche
o
n
2
...
.. : .
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"r ....., ..
:...:..~;.~
Photo nO
3
L'habitat rural agni est caractérisé par la
forme rectangulaire. Ici une case rurale en
banco avec la toiture en papo .
..ljIJ-
1
Photo
o
n
4
L'évolution de l'habitat rural: la toiture
en papo est remplacée par de la tôle.

-
413 -
Planche
o
n
3
Photo
o
n
5
Une autre phase de l'évolution de l'habitat
rural : les murs sont en banco crepi, la
toiture en tôle ondulée.
Photo n°
6
Dernier stade de l'évolution de l'habitat
rural. La maison en dur couverte de tôles.
C'est le signe de l'enrichissement des plan-
teurs.

~ 414 -
Planche

4
'1
~
• "
.
'
..
1 _
.
,
'
Pho to
nO
7
Une
caféière
en
production.
Photo

8
Une
Jeune
cacaoyère

415
Planche n°
5
1
~ ,.A
, t
1
Photo n ° 9
Une vue de la palmeraie de Toumanguié.

-
416
Planche n°
6
Photo n°
10
Vue d'une palm raie villageoise. Au premier
plan, une parcelle nouvellement plantée.
Photo n°
11
Une bananeraie
près
d'Abaissa.
1

-
417 -
Planche nO
7
Photo nO
12
Des embarcations de pêche sur la berge à
Adiaké.
Photo n°
13
Des pêcheurs Bozo appâtant leurs lignes à
hameçons multiples.

418
Planche n°
8
Photo
o
n
1 4
Le petit commerce de détail animé par les
allochtones.
Photo nO
15
Une dépot
de bière à Ebouè.

419
Planche
o
n
9
Photo
o
n
1 6
La route nationale Abidjan-Aboisso vue de
N'Zikro.
Photo
nO
17
La nouvelle route Samo - Adiaké traverse la
ville d'Adiaké.

420
Planche
o
n
10
Photo
o
n
1 8
Le débarcadaire d'Adiaké, véritable tête de
pont de la navigation lagunaire.
Photo
o
n
1 9
Au débarcadaire d'Adiaké
l'heure d'embar-
quement.

421
Planche
o
n
1 1
Photo
o
n
20
Abaissa : une ville
victime de son site
très mouvementé.
Photo
o
n
21
La
garE'
routière
d'Abaissa.

- 422 -
Planche n°
12
Photo

22
La vente des produits Vlvrlers au marché
d'Adiaké.
Photo n°
23
Un chargement de po~sson à destination
d'Aboisso.

1

-
423 -
Planche n°
13
~hoto
o
n
24
Une camionnette bachée chargeant des paniers
de poisson au marché d'Adiaké
Photo nO
25
Les cycles et les cyclomoteurs jouent un
grand rôle dans les déplacements en milieu
rural.

-
424 -
Planche n°
14
Photo nO
26
Le débarcadaire de Mowa. Les pinasses, un
moyen privilégié d'accès au marché de Mowa
? l "
Photo nO
27
Le marché de Mowa le dimanche. Remarquez
L'affluence.

-
425 -
Planche n°
15
Photo n°
28
Le départ du marché de Mowa : des paniers de
poissons en train d'être chargés sur deux
mini-cars.
Photo n Q
29
La complémentarité entre lagunaires et ter-
riens. Les pinasses venues du Ghana chargées
de poissons repartent après le marché chargées
de produits vivriers.
.

-
426 -
Planche
nO
16
Photo n°
30
Une vendeuse dt articles manufacturés au marché
de Mowa.
Photo n ° 31
La vente de friperie au marché de Mowa •

-
427
-
Planche n°
17
Photo n°
32
Le marché d'Eboué
un jour ordinaire.
Photo n ° 33
L'école primaire publique d'Eboué

428
Planche n " 18
Photo n° 34
L'ancien marché d'Adiaké transformé en
magasin de stockage de poisson fumé.
Photo n°
35
Au centre des pêches d'Adiaké le matin
la vente de poisson frais à la pésée.

-
429 -
Planche n°
19
Photo nO
36
La maison de l'Union des ~.V.C. de pêche
à Adiaké.
Photo n°
37
Comme l'indique l'écriteau, le camion de
l'Union des G.V.C. de pêche d'Adiaké.

-
430
-
Planette nO
20
Photo
o
n
38
Vue d'un bas-fond non-aménagé: une végéta-
tion
hydromorphe dominée par le palmier
raphia.
Photo n°
39
Un bas-fond aménagé pour la riziculture.
Au premier plan un agent de la SODEPALM don-
nant des conseils à un jeune riziculteur
près d'un motoculteur.

-
431
PlanchE" n°
21
Photo n°
40
Un des plus importants bas-fonds aménagés
près de Bakro.
Photo n°
41
Le rôle des enfants est déterminant dans la
riziculture. Ici un jeune garçon chassant
les oiseaux dans une parcelle en maturation
à droite. A gauche une parcelle nouvellement
semée.

-
432
Planche nO
2Z
Photo n°
42
Au premier plan.du riz en maturation
à
l'arrière plan, un champ de vivriers.
Photo
o
n
43
Achat de riz dans un campement dioula.

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TAUXIER CL)
Religion, moeurs et coutumes des Agni de la
Côte d'Ivoire CIndenié, Sanwi).
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VILLAMAR CR.) DELAFOSSE CM):
Les coutumes agni, rédigées et codifiées
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A. Challamel, Paris, 1904, 174 p.
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MINISTERE DU PLAN
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MINISTERE DU PLAN
Etude socio-économique de la Région sud-est.
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MINISTERE DU PLAN
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Département
café et cacao. Abidjan.
MINISTERE DE L'AGRICULTURE:
Recensement National de l'Agriculture.
Tl èt T2, Abidjan, 1976.
MINISTERE DE L'AGRICeLTURE :
PALMINDUSTRIE - Rapports annuels - Abidjan.
MINISTERE DU DEVELOPPEMENT RURAL :
SODEPALM : Rapports annuels - Abidjan.

ANNE X E S

- 449 -
S/P D'ABOISSO
STRUCTURATION DU MILIEU RURAL
PEUPLEMENT
EQUI PF.MENT
- ENCADREMENT
Enseignelllent
Santé

Hydrau-
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Primaire
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246 142 388
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68193
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1
6
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X
X
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6
104
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X
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X
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6
182 132 314
X
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X
X
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1
6
176
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X
X
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X
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X
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X
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6
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96 223
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Ehania
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1
29
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Villages non
VI- VII- VIII
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rattachés
V IV- V V - V VI

SIP D'ADIAICE
STRUCTURATION DU MILIEU RURAL -
450
PEUPLEMENT
EQUIPEMENT
- ENCADREMENT
Enseignement
Santé
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Hydrau-
Socio-
Marché Boutique
Primaire
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X
X

- 4S 1 -
Il
UNIVERSITE D'ABIDJAN
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INSTITUT DE GEOGRAPHIE
Date de l'enquête .•
~
~
-
TROPICALE
. ObservatIons
Village:
N° d'ordre
ECONO~~1E DE PLANTATI ON
Nom du chef d'p-xploltation
Age
Llea de naIssance
EthnIe
NatIonal ité :
SituatIon de fami Ile
~1arlé r:J CélIbataIre 0
rlivorcé 0
Veuf 0
Nombre de femmes :
Nombre d'enfants à charge:
-~--
-~----
Depuis quand êtes-vous installé Ici?
Que cultivez-vous?
Café 0
Cacao 0
Palmier à hui le 0
Cocotier 0
ananas D
Banane 0
Autres 0
En quel le année avez-vous créé votre premIère plantatIon?
Avez-vous reçu do l'aide d'un p~rcnt pour cette création? Oui r=:l
Non , : ,
Naturo de l 'a ide : Argent 0
Forêt 0.
Plant~tlon
o
Créez-vous des plantatIons tous les ans?
Oui D.
Non
o
Si non pourquoi n'en créez-vous pas tous les Qns ?
Depuis quand avez-vous cessé de créer des plantatIons?
Avez-vous des réserves de forêts?
Ou i 0
Non:O
Où sont-el les situées?
Superficie
\\
--------
Avez-vous des jachères?
Oui r==J
Non
U
Pour quel genre de culture?
Quelle est la superfIcie totale de votre proprIété?

- 452 -
('
:Année de création: Anné de création:
CULTURES
: de la première
de la dernière:
Superficie
Superficie
Parce Ile
Parce Ile
.
1nIt iale
actue' 1e
.
.
.
.
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Café
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Cacao
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Pa Imier
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~
_
Cocotier
~----------------------~-----------------~-----------------~----------------~--------------
Autres préci ses
SI vous cultivez de l'ananas et la banane Poyo, quelles en sont les superficies
respectives ?
Ananas
ha
- - - - - -
Banane
ha
------
En plus des cultures Industrielles, cultivez-vous du vivriers?
Oui n
Non 0
Quel le superficie couvrent-Ils en moyenne? :
Banane ----- Igname -----
Manioc ---~-
Maïs
Condiments ---
Autres
les surfaces que vous réservez aux vivriers ont-el les
: diminué ~ ~ugmenté r=:J
Pourquoi ?
les plant~tions que vous exploitez sont-el les le fruit de votre propre travail?
OulO
l'Jon 0
Avez-vous hérité des plantations de vos parents disparus ?
Votre père ? 0
Votre oncle 7.0
\\
Votre frère ? D
Autres parents ? 0
Quel le est l'Importance de cet héritage dans l'ensemble de votre propriété?
Avez-vous des campements ?
Oui 0
Non
0
SI Oui, combien?
Où sont-Ils situés

..
-
453 -
Les campements sont-i Is éloignés ou rapprochés du vi liage?
A quel le dtstance sc trouvent-Ils?
AI lez-vous souvent au campement?
Oui 0
Non
0
Comment rendez-vous du vi 1 rage au campement?
à pied CJ
en camion ou voiture personnelle 0
à vélo ou moto ~
An t~xi-brousse r::J.
Avez-vous des manoeuvres ?
Combien sont-i Is ?
Rémunération
:~ .... b
~1ANOEUVRES
: 0 · · ,.;Situat.:Nature:Stabi-:Sté'!tut:
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I",-,m re
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Tempo ra 1res
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·
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.
.
.
----------------------------,
. ,
. .
Permanents
--------------------------~------~-------~------7--------------------~------~------:
Observ~tions
Avez-vous des problèmes de main-d'oeuvre?
Oui O·
Non c:J
A quel le période de l'année avez-vous ces problèmes?
Pour quels trnvaux avez-vous de problèmes de Main-d'ceuvre ?
- défrichement c::l
Entretien
0
Recolte 0
Etes-vous aidé par des membres de votro famll 10 ?
Oui t:=l
Non
r:J
lesquels?
Vous aident-Ils en permanence?
Occi'ls\\ionnollement ?
Pratiquez-vous l'entrnide avec des ~mis ?
Oui 0
Non
0
PourquoI ?

- 454 -
QUESTIONNAIRE
PROBLEMES FONCIERS
Selon vous~ à qui appartiennent les terres du vi liage?
- à tout le monde
c===J
- aux prem iers occupants I l
y a-t-Il un chef de terre ?
Ou;
CJ
Non
CJ
Quelle est s~ fonction?
Peut-on disposer de la terre comme on veut?
Oui 0
NonO
Comment avez-vous acquis vos terres?
achat Cl
don 0
héritage CJ
contre partie Cl
autres CJ
Que représente la terre pour vous?
un bien ?
o
un hér; tage ?
o
Peut-on prêter la terre à un étranger?
Oui
0
Non
o
Pour combien de temps prête t-~n la terre?
Peut-on vendre la terre?
Oui
r==J
Non
o
Pourquoi ?
Les querel les au sujet des terres sont-el les fréquentes?
o u i D
Non 0
Comment règle t-on les 1itiges ?
Certaines de vos parcel les ont-elles déjà fait l'objet de de~+ruction ?
Oui
c=I
Non
0
Si oui, qu'avez-vous réclamer en retour?
Avez-vous obtenu une indemnisation?
Oui
0
Non
0

-
455
PRODUCTION - CO~~1ERCIALISATION ET DEST:NATION DES REVENUS
Combien récoltez-vous de (tonnes)
- café
- caCélO
- palmier à hui le
- de coco (noix) ou tonnes coprah)
chaque année ?
Qui achète vos prudults ? (café, cacao, coco)
- les libanais?
des particuliers ivoiriens?
- des maisons de ~~rrnerce ?
lesquelles?
- des G.V.C. ?
Appartenel~VOUs à un G.V.C. ?
Depuis à-t-i 1 été créé?
Pourquoi ?
Quelle est la culture qui vous rôpporte 18 plus chaque année?
Au total, combien gagnez-vous pôr ôn ?
Quel le est la part destinée à la main-d'oeuvre?
La part à vos aides?
Après le pôrt~ge, c~mbien vous reste t-i 1 p0ur vous même?
Que faites-vous avec cet argont ?
Quel les sont les dépenses ImDortantes que vous faites en une année?
Avez-vous construit des maisons modornes peur vous et votre fami 1 le ?
Ou i r::::J
Non .D
Ccmbion ?
Où ces mnisons ont-el los Âté construites?
En quel 10 année ont-el les été construites?
Coût ?
Avez-vous amélioré votre habitat à la cëlmp~gne ?

- 456 -
Avez-vous des maisons en location?
Oui
CI
Non
Cl
SI oui combien en avez-vous et où s~nt-el les situées?
Comment avez-vous financé ces réal iSJtlons ?
- Argent de vos rl."mtatlons seulement? e::t
- Argent de vos r1antations plus crédit bancaire?
c=::l
- Emrrunt à un ami?
c::J
Avez-vous Investis dans d'autres activités tel les que
-
1 e commerce ?
0
-
1e transport?
0
- Combien de voitures avez-vous?
Participez-vous au financemont de tr~v?ux d'intérêt collectif?
lesquels?
Avez-vous senti une amÂli()r~tion de vos conditions de vie depuis l'indépendance?
Oui
0
Non
0
Selon vous, quels sont I~s ch~n0ements imrortants intervonus dans vntre vie?
Avez-vous l'impression de vivre r1us aisemont qu'il y ~ 10 à 20 ans?
Oui
0
Non t
1
Justifiez votre ré~cnsG.

-
457 -
ENQUETE SUR LE COMPORTEr1ENT DES PLANTEURS VIS A VIS DES SOC 1ETES DE
DEVELOPPE~,1ENT ET D' ENCADREr...,ENT
Nom du village :
Indemnité du planteur
Savez-vous lire et écrire?
Oui o
Non
o
Si oui votre niveau d'instruction?
Primaire
Cl
Seconda 1re
0
Supérieur
0
L'exploitant
s'exprime t-ll en français ?
Couramment
0
Assez-bien
0
Pas
0
Outre le français, citez trois langues nationales que vous parlez
---------- ---------
Avez-vous un poste radio?
Oui c=l
Non 0
Sui oui quel les sont les émissions que vous avez l'habitude de suivre?
Pourquoi ?
Conna issez-vous l'existence des sociétés su i vantes :
Pas du tout
un peu
Très bien
SATMACI :
0
0
0
SODEPALM :
0
0
D
SOOEFEL :
0
1:=J
0

- 458 -
QUEST IONS S j ADKESSfl,H A0X PLAi~TEU;~S DE CMT 1ERS ET LE c.'\\cr\\C'~'Er'~
,Appartenez-vous à un groupement de la SATMACI ?
Oui 0
Non
Cl
SI oui, depuis quand ?
Connaissez-vous les nouve Iles techniques de culture SAn~ACI ?
Oui 0
Non 0
Connaissez-vous les nouve Iles plantes hybrides de la SAn~ACI ?
OuiO Non 0
Si oui, en avez-vous plantées ?
Superficie en cacaoyer hybride
~
__
Superf Icle en café ier hybri de
_
Qui vous a ravitai 1lé en plante?
o
La SATMACI ?
Un autre planteur? r===J
Conment jugez-vous 1es nouve Iles plantes SATMAC 1 ?
Mei Ileures
o
o
1nfér ieu res
Comptez-vous en planter encore?
OuI
0
Non
0
Traitez-vous vos plantations contre les capsides?
Oui
0
Non
0
Combien de fois par an ?
Pourquoi ?
Avez-vous entend~ parlez de la régénération cacaoyère et caféière?
Oui [.=1
Non 0
Avez-vous régénéré vos plantations?
Ou i J
J
NonO
Superficie en cacaoyer régénérée
Superficie en caféier régénérée
Etes-vous satisfait de l'encadrement de la SATMACI ?
OuI 0

-
459 -
• Qu'attendez-vous de la SATMACI ?
- encadrement renforcé
l
action renforcée sur les primes de ~ récépage
t====l
- une plus grande souplesse pour l'achat des produits et matériels
agricoles
[=::J
QUESTIONS S'ADRESSANT AUX PLANTEURS SODEPALM
y a-t~l+ un encadreur SODEPALM dans votre vi liage?
Oui
c=J.
Non CJ
Combien de fois recevez-vous la visite des agents de la SOOEPALM ?
Par an ?
A quel le période viennent-i Is ?
Arrive-t-II que vos récoltes ne soient pas collectées?
Ou i r=J
Non t=J
A quel le période de l'année les produits ne sont pas collectés?
Que faites-vous des produits non collectés?
Avez-vous des manques à gagner importants ?
Qu'appréciez-vous dans l'action de la SODEPALM ?
Que reprochez-vous à la SOOEPALM ?
Souhaitez-vous planter de nouvel les parcel les?
Ou i'
t
~lon 0
Pourquoi ?
Etes-vous satisfait de 1faction SODEPAUv1 en mi 1ieu vi f lageois ?
Très satisfait
Satisfait
Peu satisfait
Non satisfait

Nom du village :
Nom du Chef d'exploitation
R E C ENS E MEN T
..
Ethnie
~
Nom et Prénans
Age
Sexe
T
Fi 1iation
Présent
Absent
ProfessIon
Lreu rés i dence
Observati ons
1
)
.~
~
1
1
"'j
6
7
J
)
' )
1
2

- 461 -
LISTE DES FIGURES
Pages
Fig.
1
Carte de localisation
.
1
Fig.
2
Carte de localisation des villages enquêtés
.
25
Fig.
3
Diagramme des précipitations
station d'Adiaké ...
32
Fig.
4
Précipitation et évaporation à Adiaké .•.•...••••.•
33
Fig.
5
Profil des sols ferrallitiques sur sables ter-
tiaires...
.. . . ..
. ..
. .. .
38
Fig.
6
Esquisse pédologique
.
4f.'
Fig.
7
La végétation du Sud-Est ivoirien . un paysage
largement humanisé
.
42
Fig.
8
Profil diagramme de la forêt dense
.
44
Fig.
9
Hydrogramme de la Bia à Bianouan (Pont) en 1979 ...
47
Fig. la
Le système lagunaire et ses subdivisions
.
50
Fig. 11
Carte bathymétrique simplifiée de la lagune Aby ...
51
Fig. 12
Découpage cantonal . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . .
54
Fig. 13
Les principaux sites historiques
.
59
Fig. 14
Circuits de l'autorité politique
.
66
Fig. 15
Circuits de l'autorité militaire ..........•.......
66
Fig. 16
Circuits de l'autorité administrative
.
66
Fig. 17
Répartition militaire des quartiers de Krindjabo ..
68
Fig. 18
Répartition stratégique des responsables et
surveillance du territoire .....................•..
69
Fig. 19
Organisation administrative traditionnelle
.
71
Fig. 2a
Exercice _de l'au tori té pol i tique
"
.
72
Fig. 21
Autorités administratives du Koulo (village)
.
78
Fig. 22
Système de filiation matrilinéaire et mode de
successIon
'
.
85

- 462 -
Fig. 23
Schéma de structure du campement de culture •...•.
Fig. 24
Plan de la concession traditionnelle agni
"
Fig. 25
Les routes commerciales du"Sanwi
.
Fig. 26
Pyramide des âges de la population rurale
.
Fig. 27
Structure démographique d'un village homogène
CKrindj abo)
.
Fig. 28
Structure démographique d'un village à dominante
étrangers Ahigbè-Koffikro . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . .
Fig. 29
Carte de densidé de la population en 1975 ...•.•..
Fig. 30
Courbe cumulative de la densité de la population
rurale
.
Fig. 31
Coube
cumulative de la densité de la population
Canton Assouba et canton Krindjabo .•...........••
Fig. 32
Courbe cumulative de la densité de la population.
Canton Afféma et canton Appolo .•.....•...........
Fig. 33
Localisation des activités agro-industrielles ....
Fig. 34
Localisation des villages de pêche en lagune Aby-
Tenda et Ehy . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . • . . . . . . . •
Fig. 35
Localisation du complexe touristique .•.•......•..
Fig. 36
Carte des routes
.
Fig. 37
Système de liaison lagunaire ..........•..........
Fig. 38
Structurations politique "traditionnelle et"
moderne
.
Fig. 39
Hiérarchie traditionnelle des noeuds .........•..•
Fig. 40
L'organisation de l'armature urbaine actuelle •...
Fig. 41
Localisation et taille des villages en 1975 .••...
Fig. 42
Carte de structuration .....•..........•..........
Fig. 43
L'armature urbaine et le système de relation de
l'espace
.

- 463 -
Pages
Fig. 44
Le réseau urbain et la formation des espaces
p o l a r i s é s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
201
Fig. 45
Principe de structuration de l'espace...........
202
Fig. 46
Provenance et destination du poisson vendu sur les
marchés d'Adiaké, de Mowa et d'Eboué............
221
Fig. 47
Relation entre la distance et les flux au marché
d'Adiaké........................................
233
Fig. 48
Circuit traditionnel du café et du cacao, nou-
veau circuit du café..
288
Fi g. 49
Circuit de distribution du poisson..............
298
Fig. 50
Les revenus monétaires agricoles du secteur tra-
ditionnel par tête d'habitant..
305
Fig. 51
Carte des taux d'accroissement de la population
de 1955 à 1975 . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . • . . • • . . . . . . .
322
Fig. 52
Equipements du milieu rural........
333
Fig. 53
Cartes des épaisseurs économiques comparées.....
337
Fig. 54
Programme d'aménagement touristique: la deuxiè-
me zone du projet....
354
Fig. 55
L'aménagement des lagunes: les bases nautiques.
356
Fig. 56
Rente économique et distance........
376
Fig. 57
Optimisation des cultures selon VON THUNEN......
376
Fig. 58
Organisationspatiale de la théorie de VON THUNEN..
376
Fig. 59
Le réseau urbain et le système de polarisation..
388

- 464 -
LISTE DES TABLEAUX
pages
Tableau nO
1
Effectifs et répartition de la population....
95
2
Population en 1985 par Sous-Préfecture
103
3
Structure par âge et par sexe de la
population rurale..... ....•.. ..... •.•.
105
4
Etat récapitulatif des tonnages café-
cacao commercialisés pendant cinq
campagnes dans les Sous-Préfectures
d'Aboisso et d'Adiaké .....•..........•
127
5
Situation des quatres principales
cul tures vivrières en 1980 .........•..
135
6
Tonnage et valeur des produits pêchés
et débarqués sur le marché d'Adiaké
en 1980 par espèce importante et par
mois...................................................................
140
7
Tonnage et valeur des produis débarqués
et contrôlés mois par mois. Année 1983
141
8
Villes de - 10000 habitants, effectif
des chefs de ménages exerçant une
activité non-agricole . • . . . . . . . . . . . . . . .
152
9
Le réseau routier officiel .....•......
163
10
Distribution des localités suivant
leur taille...................................................
178
11
Liste des dix équipements de base du
village-centre...............................................
196
12
Provenance du poisson vendu au marché
d'Adiaké le mercredi 4 avril 1973.....
212
13
Destination du poisson vendu au marché
d'Adiaké le 4 avril 1973..............
214

- 465 -
Pages
Tableau n° 14
Les marchés locaux : rayonnement et
périodicité
217
15
Provenance du poisson vendu au marché
de Mowa le dimanche 15 septembre 1985.
219
16
Destination du poisson vendu au marché
de Mowa le dimanche 15 septembre 1985.
220
1 7
Provenance du poisson vendu au marché
d'Eboué le jeudi 12 septembre 1985 ....
223
18
Destination du poisson vendu sur le
marché d'Eboué le jeudi 12 septembre
1985 •••.... .,. . • . • . • • • . . • . . . . • . • . . . . . • .
224
19
Types de commerces rencontrés au mar-
ché d'Eboué
.
226
20
Relation entre la distance en les flux
232
21
Modalité d'accès à la terre
.
241
22
Age des chefs d'exploitations
.
246
23
Origine des exploitants
.
247
24
Origine géographique des exploitants ..
247
25
Situation matrimoniale des exploitants
249
26
Structure des exploitations agricoles.
251
27
Superficie cultivée par type d'exploi-
tants.................................
253
28
Distribution de la main-d'oeuvre par
exploitation..........................
254
29
Relation entre taille des exploitations
besoin en main-d'oeuvre
.
255
30
Origine et durée de séjour de la main-
d'oeuvre..............................
257
31
. Statut de la main-d'oeuvre............
259
32
Superficies des plantations de palmier
par source de financement et par unités
267

-
46 '6 -
Pages
Tableau n° 33
Bloc agro-industriel de Toumanguié :
évolution des superficies plantées et
valeur des immobilisations . .......•...
268
34
Bloc agro-industriel d'Ehania : évolu-
tion des superficies plantées et valeur
des immobilisations ..•...... ..........
269
3S
Bloc agro-industriel d'Assinie : évolu-
tion des surfaces plantées et valeur
des immobilisations .. ........•........
269
36
Bloc agro-industriel de cocotier
d'Assinie : évolution des superficies
par source de financement ...••........
270
37
Evolution des superficies plantées en
plantations villageoises de palmier
par secteur............................
272
38
Superficie des plantations villageoises
de cocotier par source de financement.
276
39
Evolution des crédits BNDA aux G.Y.C.
en Côte d'Ivoire......................
285
40
Tonnages café-cacao commercialisés par
les G.Y.C. au
ours de la campagne
1984 - 1985. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
292
41
Distribution des revenus (millier de
francs).. ... . .. .. . .. . ... . . . . . . ... . . . . .
303
42
Nombre d'exploitants ayant investis
dans l'immobilier et lieu d'investis-
sement................................
313

- 467 -
LISTE DES PHOTOS
Pages
Photo n°
1
La Bia à Abaissa
.
411
Photo n°
2
La Bia dans le sens de l'écoulement. Un lit
étroit et très empierré .•.•............•...
411
Photo n°
3
L'habitat rural agni est caractérisé par la
forme rectangulaire. Ici une case rurale en
banco avec la toi ture en papo
.
412
Photo n°
4
L'évolution de l'habitat rural. la toiture
en papo est remplacée par de la tôle .•.....
412
Photo n°
5
Une autre phase de l'évolution de l'habitat
rural . les murs sont en banco crepi, la
toiture en tôle ondulée •...................
413
Photo n°
6
Dernier stade de l'évolution de l'habitat
rural. La maison en dur couverte de tôles
C'est le signe de l'enrichissement des
planteurs..................................
413
Photo n°
7
Une caféière en production .•...............
414
Photo n°
8
Une jeune cacaoyère . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . .
414
Photo n°
9
Une vue de la palmeraie de Toumanguié ..••..
415
Photo n° 10
Vue d'une palmeraie villageoise. Au premier
plan, une parcelle nouvellement plantée ....
416
Photo n° 11
Une bananeraie près d'Aboisso .....•........
416
Photo n° 12
Des embarcations de pêche sur la berge à
Adiaké
417
Photo n° 13
Des pêcheurs Bozo appâtant leurs lignes à
hameçons multiples....
417
Photo n° 14
Le petit commerce de détail animé par les
allochtones
". . . . . . . . .
418

- 468
Pages
Photo n° 15
Un dépot de bière à Eboué........
418
Photo n° 16
La route nationale Abidjan-Aboisso vue
de N'Zikro................................
419
Photo n° 17
La nouvelle route Samo-Adiaké traverse
la ville d'Adiaké.........................
419
Photo n° 18
Le débarcadaire d'Adiaké, véritable tête
de pont de la navigation lagunaire
.
420
Photo n° 19
Au débarcadaire d'Adiaké : l'heure d'embar-
quement...................................
420
Photo n° 20
Aboisso : une ville victime de son site
très mouvementé...........................
421
Photo n° 21
La gare routière d'Aboisso
.
421
Photo n° 22
La vente des produits vivriers au
marché d'Adiaké...........................
422
Photo n° 23
Un chargement de poisson à destination
d'Abaissa.................................
422
Photo n° 24
Une camionnette bachée chargeant des pa-
niers de poisson au marché d'Adiaké
.
423
Photo n° 25
Les cycles et les cyclomoteurs jouent un
grand rôle dans les déplacements en milieu
rural. .. . .. . . . . . . .. .. . . . . .. .. . . . . .. . . . .. . .
423
Photo n° 26
Le débarcadaire de Mowa. Les pinasses, un
moyen privilégié d'accès au marché de Mowa
424
Photo n° 27
Le marché de Mowa le dimanche. Remarquez
l'affluence...............................
424
Photo n° 28
Le départ du marché de Mowa : des paniers
de poissons en train d'être chargés sur
deux mini-cars
425

- 469 -
Pages
Photo n° 29
La complémentarité entre lagunaires et
terriens. Les pinasses venues du Ghana
chargées de poissons repartent après le
marché chargées de produits vivriers
.
425
Photo n° 30
Une vendeuse d'articles manufacturés au
ma rc hé de Mowa............................
426
Photo n° 31
La vente de friperie au marché de Mowa ....
426
Photo n° 32
Le marché d'Eboué un jour ordinaire
.
427
Photo n° 33
L'école primaine publique d'Eboué
.
427
Photo n° 34
L'ancien marché d'Adiaké transformé en
magasin de stockage de poisson fumé.......
428
Photo n° 35
Au centre des pêches d'Adiaké le matin:
la vente de poisson frais à la pésée
.
428
Photo n° 36
La maison de l'Union des G.V.C. de pêche
à Adiaké..................................
429
Photo n° 37
Comme l'indique l'écriteau, le camion de
l'Union des G.V.C. de pêche d'Adiaké
.
429
Photo n° 38
Vue d'un bas-fond non aménagé : une vege-
tation hydromorphe dominée par le palmier
raphia. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
430
Photo n° 39
Un bas-fond aménagé pour la riziculture.
Au premier plan un agent de la SODEPALM
donnant des conseils à un jeune riziculteur
près d'un motoculteur
430
Photo n° 40
Un des plus importants bas-fonds aménagés
près de Bakro.............................
431
Photo n° 41
Le rôle des enfants est déterminant dans la
riziculture. Ici un jeune garçon chassant
les oiseaux dans une parcelle en maturation
à droite. A gauche une parcelle nouvellement
5 em ee. • . . . . . • . • . • . • . . • • • . . . • . . . • • • • • . • . • • ••
4 3 1

-
470 -
Pages
Photo nO 42
Au premier plan, du riz en maturation
à l'arrière plan, un champ de vivriers ...
432
Photo n° 43
Achat de riz dans un campement dl· ul
o
a ••••
432

TABLE DES MATIERES

- 471 -
Pages
AVANT-PROPOS . . . . . . . . . . . • . • • . . . . • . . • . . • • . . . . . . . . . . •
II
SOMMAIRE . • • . . . . . • • • • . . . • . . . • . • . • . . . . . . . . . • • . . . . . • •
VI
PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES DE TRAVAIL
.
Z
PREMIERE PARTIE
LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU CADRE SPATIAL.
CHAPITRE l : LES DONNEES DU MILIEU NATUREL
.
30
A. - UN CLIMAT ET DES SOLS FAVORABLES A L'AGRI-
CUL TURE . . • . . . . . • . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
30
1.- UN CLIMAT CHAUD ET PLUVIEUX
.
30
1 - Caractéristiques générales
.
30
Z - Les principaux facteurs climatiques ..
31
a) Les précipitations et l'humidi-
té atmosphérique
.
31
b) Les températures et l'ensoleil-
lement
.
34
II.- DES SOLS A QUALITE CHIMIQUE MEDIOCRE
MAIS A PROPRIETES PHYSIQUES BONNES
.
36
1 - L'altération ferrallitique
.
36
Z - Les types de sols
.
39
B. - UN DOMAINE FORESTIER BIEN DRAINE
.
41
1. - LES FORMATIONS VEGETALES
.
41
1 - Une grande extension de forêt for-
tement humanisée
.
43
2 - Les autres formations végétales ..... '
45
II.- HYDROLOGIE DE L'EXTREME SUD-EST IVOIRIEN
46
1 - Les cours d'eau
.
46

- 472 -
Pages
2 - Les lagunes et la mer...
48
a) Génèse..................................
48
b) Le système lagunaire........
49
CHAPITRE II : UN MILIEU HUMAIN COSMOPOLITE...............
53
A. - LES GROUPES HUMAINS.................................
53
1.- LES GROUPES ETHNIQUES ET LEUR MISE EN PLACE.....
53
1 - Les groupes ethniques..
53
2 - La mise en place de population.............
57
II.- UNE ORGANISATION SOCIO-POLITIQUE HIERARCHISEE...
64
1 - Une structure politique dominée par la
noblesse. .. .. .. .. .. . ... .. . .. .. .. .. . .. ... ...
65
2 - Une structure sociale piramidale...........
73
a) Une société hiérarchisée.................
73
b) La tribu, unité de base de l'organisation
sociale..................................
75
3 - Le mariage et le régime successoral........
79
a) Le marIage...............................
79
b) Le régime successoral... ... ..... .... .....
83
l l l . -
L' HAB l TAT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
88
1 - Formes de distribution des établissements
humains
88
2 - Physionomie de l'habitat.............. .....
89
a) L' hab i ta t
ru raI. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
89
b) L'habitat urbain et semi-urbain..........
92
B. - REPARTITION ET COMPOSITION DE LA POPULATION.........
94
1.- EFFECTIFS ET COMPOSITION DE LA POPULATION.... ...
94
1 - Les effectifs de population....
94
2 - Composition de la population...............
96
a) Structure ethnique et nationalité........
96

- 473 -
Pages
b) Répartition par sexe et par âge de
la population..........................
104
II.- DENSITES ET CARTOGRAPHIE
DE LA POPULATION....
112-
- Problèmes de la cartographie des densités
de la population..........................
112
2 - Analyse de la carte des densités et de la
répartition de la population..............
114
CHAPITRE III : LES DONNEES ECONOMIQUES DE L'ESPACE.....
124
A.- LES ACTIVITES AGRICOLES OU DE BASE.................
125
1.- LES PRINCIPALES CULTRES INDUSTRIELLES.........
125
1 -" Le café et le cacao : les anciennes cul-
tures marchandes..........................
125
2 - Les nouvelles cultures industrielles......
128
a) Le palmier et le cocotier...............
130
b) La banane et l'ananas......
132
II.- LES CULTURES VIVRIERES.....
134
1 - Les tubercules et la banane plantain......
134
2 - Les c é r é a l e s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
135
3 - Les fruits et les légumes...
136
B.- LA PECHE: UNE SOURCE DE REVENUS SUBSTANTIELS......
137
1.- LA PECHE LAGUNAIRE............................
137
1 - La pêche organIsee........................
137
2 - La pêche individuelle..
142
II.- LA PECHE ARTISANALE MATITIME..................
143
1 - Les conditions physiques......
143
2 - Les conditions humaines et techniques.....
144
C. - LES AUTRES ACTIVITES..............................
145
1.- LES EMPLOIS DE LA FONCTION PUBLIQUE ET LES
ACTIVITES TOURISTIqUES........
145

-
-
- - - - -
- - - - - - - -
- 474 -
Pages
1 - Les emplois de la Fonction Publique
.
145
2 - Les activités touristiques
.
146
II.- LE SECTEUR INFORMEL: ARTISANAT, CO~IERCE ET
SERVI CES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1sa
1 - Les activités informelles en milieu rural...
151
2 - Les activités informelles en milieu urbain
et semi-urbain..............................
152
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE..........................
155
DEUXIEME PARTIE
LES DONNEES DE STRUCTURE DE L'ESPACE
CHAPITRE I : LES VOIES DE COMMUNICATION ET LES NOEUDS.....
160
A. - LES VOIES DE COMMUNICATION...........................
160
1.- UN RESEAU TERRESTRE DENSE MAIS A VIABILITE REDUITE
160
1 - Les routes principales......................
160
2 - Les routes secondaires et les pistes........
164
IL- LE RESEAU LAGUNAIRE : UN SYSTEME DE LIAISON
PEU COUT EUX • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
165
1 - La lagune un milieu ouvert à la vie de
relation
,
165
2 - Les principales liaisons....................
168
a) Les liaisons locales......................
168
b) Les liaisons inter-régionales.............
169
B. - LES NOEUDS : POINT DE DEPART DE LA STRUCTURATION
DE L'ESPACE..........................................
171
I.- L'ARMATURE URBAINE REGIONALE.
171
1 - Les noeuds traditionnels....................
172
a) Le concept de village en pays agni........
172
b) La hiérarchie traditionnelle des noeuds...
174

-
475 -
Pages
2 - Une annature actuelle dominée par Aboisso..
176
a) Le nombre et la taille des loca
l i t é s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
176
b) Les centres urbains...............
180
c) Les centres semi-urbains..........
181
II.- PLACE DES CENTRES URBAINS ET SEMI-URBAINS
DANS L'ORGANISATION DE L'ESPACE...
186
1 - Les villes et l'organisation de
l'espace: l'exemple d'Aboisso.......
186
a) Historique de la ville............
186
b) Les fonctions de la ville
actuel-
1 e
.
188
2 - Place des centres semi-urbains dans
la hiérarchie fonctionnelle
.
195
a) La fonction résidence
.
197
b) Les centres semi-urbains : marché
local et centre secondaire de
services
.
198
CHAPITRE II : LES CHAMPS..........................
204
A. - LES FACTEURS CONSTITUANT LES CHAMPS...
204
1.- LES CHEFS-LIEUX ADMINISTRATIFS, LES
VILLAGES-CENTRES. ET LEURS EQUIPEMENTS
POLARISENT L'ESPACE......................
204
1 - Rôle des chefs-lieux administratifs
et de leurs équipements..............
204
2 - Rôle des villages-centres et de leurs
équipements...
207

- 476 -
Pages
II.- PLACE DES MARCHES DANS LA CONSTITUTION
DES CHAMPS ... l i t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
210
1 - Les marchés régionaux: le cas d'Adiaké
210
2 - Les marchés locaux....
216
a) Le marché de Mowa...
218
b) Le marché d'Eboué.
222
B. - LES MOYENS DE DEPLACEMENT INFLUENCE
LA
TAILLE DES CHAMPS..................
226
1.- LES MOYENS ET LES MODES DE DEPLACEMENT...
227
1 - La part de la marche et de la voiture
227
a) La marche.........................
227
b) La voiture.....
228
c) Place de la bicyclette et du vélo-
moteur dans le système de relation.
229
c) Part de la pirogue et des pétrolet-
tes dans les mouvements...........
229
II.- ESSAI DE DETERMINATION D'UN CHAMP:
L'AIRE D'INFLUENCE DU MARCHE D'ADIAKE...
230
- Technique d'étude de l'aire d'influen-
ce du marché d'Adiaké.........
230
2 - Le champ moyen du marché d'Adiaké.
234
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE......
237
TROISIEME PARTIE
LA DYNAMIQUE ECONOMIQUE REGIONALE
CHAPITRE l : LES MECANISMES DE FONCTIONNEMENT DE
L'ECONOMIE REGIONALE
.
240

- 477 -
Pages
A. - LES MECANISMES DE PRODUCTION..................
240
1.- ROLE DES EXPLOITANTS INDIVIDUELS..........
240
1 - Les modalités d'accès à la terre......
240
2 - Structure des exploitations agricoles.
243
a) Caractéristique d'ensemble des
exploitations......................
244
b) Caractéristiques socio-démographi-
ques des exploitants...............
246
c) La taille des exploitations et les
besoins en main-d'oeuvre...........
250
3 - Place de la main-d'oeuvre et les for-
mes de salariat agricole..............
256
a) Origine et durée de séjour de la
main-d'oeuvre.....
256
b) Les formes de salariat agricole....
258
II.- ROLE DES GROUPES CAPITALISTES.............
261
1 - Génèse et structure du groupe SODEPALM
261
2 - Le groupe SODEPALM : une action dualis-
te soutenue par de lourds investisse-
ments.................................
265
a) La dynamique du secteur industriel
régional. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
266
b) Le secteur villageois.,
,
271
111.- LES AGENTS MACRO-ECONOMIQUES: UN ROLE
DISCRET MAIS EFFICACE.....................
277
1 - Les services d'encadrement et d'assis-
tance technique.
277
a) La SATMACI et la SODEPALM : un
rôle promoteur....
277
b) Rôle du centre des pêches d'Adiaké.
280

- 478 -
Pages
2 - Rôle des services administratifs.. ....
281
a) Les Préfets et
Sous-Préfets : pre-
miers animateurs du milieu rural...
282
b) Les services de l'ordre et de la
justice............................
282
3 - Les institutions financières et de cré-
dit: des agents macro-économiques qui
peuvent pèser sur l'équilibre général.
283
B. - MECANISMES DE CO~~ERCIALISATION
ET MODE DE
RETRIBUTION ET D'UTILISATION DES REVENUS......
287
1.- LES STRUCTURES DE COLLECTE ET LES PRINCI-
PAUX CIRCUITS DE COMMERCIALISATION........
287
1 - Le circuit de commercialisation du
café et du cacao. ........•......
289
a) Le circuit du cacao................
289
b) Le nouveau circuit du café..... ....
290
c) Rôle de plus en plus accru des
G.V.C. dans la commercialisation
du café et du cacao................
291
2 - Circuits de commercialisation de pro-
duits oléagineux......................
293
a) Le circuit des régimes de palme....
293
b) Le circuit des noix et du coprah...
294
3 - Les circuits de commercialisation de
la banane et de l'ananas..............
295
a) La banane et l'ananas frais........
295
b) L'ananas de conserve...............
296
4 - Le circuit de commercialisation du
.
.
pOIsson. .. . . . . . .. .. . . ... . . . .. ... . . . . . .
296

- 479 -
Pages
a) La commercialisation du poisson frais.
296
b) La commercialisation du poisson fumé.
297
II.- LES REVENUS AUX PLANTEURS LES PLUS ELEVES DE
LA COTE D'IVOIRE............................
300
1 - Les difficultés d'approche des revenus
monétaires en milieu ruraL.............
300
2 - La méthode de calcul du revenu monétaire paysan.
301
3 - Des revenus élevés mais des écarts
considérables. . .. .. . .. ... . . . . . . . . . ... ...
302
111.- DES REVENUS EN GRANDE PARTIE ENGAGES DANS
LES DEPENSES DE PRESTIGE....................
306
1 - Les dépenses courantes..................
306
a) L'achat de nourriture de plus en plus
pesant dans le budget familial.......
306
b) Les frais de santé et les dépenses
pour l'habillement...................
308
2 - Les dépenses occasionnelles.............
309
a) Les frais de scolarité...............
309
b) Les dépenses ri tuelles...... .. ..•. .•.
309
3 - L'amélioration du cadre de vie et la par-
ticipation au financement des ouvrages
c o l l e c t i f s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
310
4 - Les dépenses pour l'exploitation........
311
5 - L'épargne et les investissement produc-
tifs non agricoles.
.....•.........
312
a)
L'épargne...........................
312
b) Les investissements dans les secteurs
d'activité autres que l'agriculture...
313

-
480 -
Pages
CHAPITRE II
LES INTERACTIONS ECONOMIQUES ET LES
EFFETS INDUITS
.
315
A. - L'ESSOR DES CULTURES D'EXPORTATION ET L'EVO-
LUTION DU REGIME FONCIER AGNI.
.
315
1.- LE REGIME FONCIER TRADITIONNEL
.
315
1 - La terre un bien
~
sacre."""",,""""""""" "
315
2 - Ce pacte produit un effet juridique
.
317
3 - Une tenure des terres collective
.
317
II.- EVOLUTION DU REGIME FONCIER
.
318
1 - La terre un bien rare faisant l'objet
de spéculation....
319
2 - La transformation du système de tenure
des terres.""",,"""""""""""""""""""""""
320
B. - CONSEQUENCES DEMOGRAPHIQUES ET SOCIO-ECONOMI-
QUES DU DEVELOPPEMENT ECONOMIqUE..............
320
1.- CONSEQUENCE DEMOGRAPHIQUE DE L'ESSOR ECO-
NOMIQUE" " """ """ """""""""" """ "" "" "" """" """"
321
1 - Une démographie à évolution rapide....
321
2 - Une population cosmopolite et peu
intégrée."""",,""""""""""""""""""""""""
323
II.- CONSEQUENCES SOCIO-ECONOMIQUES DE L'ECONO-
MIE DE PLANTATION.
325
- L'économie monétaire cultive l'indi-
vidualisme."""",,""""""""""""""""""""""
325
2 - L'économie monétaire génératrice d'un
nouvel ordre social...................
327
111.- EXPANSION ECONOMIQUE ET ORGANISATION DU
MILIEU RURAL..............................
328

- 481 -
Pages
1 - La dynamique économique et la trans-
formation du réseau routier..........
328
2 - Les processus d'enrichissement des
planteurs et l'amélioration de l'ha-
bitat....
329
3 - Développement économique et équipe-
ment du milieu rural.................
330
a) Le financement des équipements....
331
b) Bilan des équipements.............
332
c) La carte des épaisseurs économi-
ques comparées................. ...
335
C. - LES PROBLEMES POSES A L'ECONOMIE REGIONALE...
339
1.- LES PROBLEMES CLE DE L'ECONOMIE DE
PLANTAT ION ....................••........
339
1 - Le problème de la main-d'oeuvre......
339
2 - Le problème de terre........
340
II.- LE DANGER DU VIEILLISSEMENT DU VERGER
CAFEIER-CACAOyER.................... .....
341
1 - La reconversion variétale ou le pas-
sage â l'intensif..... .........••••.•
341
a) La reconversion caféière..........
341
b) L'extension cacaoyère hybride.. ...
342
2 - La restauration des vieilles planta-
tions : maintenir et augmenter la
production sans créer de nouvelles
parcelles..
343
a) La régénération caféière..........
343
b) La restauration cacaoyère.........
344

- 482 -
Pages
D. - PERSPECTIVES D'AMENAGEMENT ET DE DEVELOPPEMENT
REGIONAL • . . . • . . . • • • . . • . . . . • . . . • • . . . . • • . • • • . • .
346
1.- LA NECESSITE D'EXTENSION DES NOUVELLES
CULTURES INDUSTRIELLES ET DU DEVELOPPEMENT
DES VIVRIERS........ . .. . ... ..... ... .... ...
346
1 -
L'extension des nouvelles cultures
d'exportation...........
346
2 - Le développement des cultures
vivrières: un impératif................
348
II.- LES AUTRES PROJETS D'AMENAGEMENT....... ...
351
1 - L'aquaculture et la pisciculture......
351
a) L'aquaculture......................
351
b) La pisciculture: un début prometteur
352
2 - Les projets d'aménagement touristique.
353
a) L'aménagement du cordon littoral...
353
b) L'aménagement des lagunes..
355
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE..................
360
QUATRIEME PARTIE
LE CAS DU SANWI: LES DONNEES DE L'OBSERVATION
EMPIRIQUE ET CELLES DE LA THEORIE SPATIALE
CHAPITRE l : QUELQUES GRANDS REPERES DE LA PENSEE
REGIONALE.............................
363
A. - L'APPROCHE REGIONALE EST MARQUEE PAR DEUX
GRANDES ETAPES................................
363
1.- UNE PREMIERE PERIODE MARQUEE PAR LA PREPON-
DERANCE DES FACTEURS PHYSIQUES..
363

- 483 -
Pages
1 - La phase de la région bassin fluvial
363
2
Le concept de région naturelle......
364
II.- L'EVOLUTION DE LA PENSEE REGIONALE APRES
LA DEUXIEME GUERRE..
365
1 - La rencontre de la géographie régio-
nale et de l'économie...
365
2 - La polémique de l'analyse régionale.
366
B. - QU'EST-CE-QU'UNE REGION? QUELLE EST LA
POSITION DU SANWI PAR RAPPORT AUX GRANDS
TYPES DE REGIONS?..
368
1.- LA REGION, UNE REALITE BIEN DIFFICILE
A DEFINIR...............................
368
1 - Une diversité de définition de la
.
~
reglon. ... . .. . .. . ... . . . .. ... . .. .. . . .
368
2 - Quels sont les critères de différen-
ciation des régions ?..............
370
II.- LE SANWI ET LA TAXONOMIE REGIONALE......
371
1 - Caractéristiques de la région homo-
gène et de la région fonctionnelle..
371
a) La région homogène...
371
b) La région fonctionnelle ou région
polarisée
.
371 bis
2 - A quel niveau de l'organisation
régionale se trouve le Sanwi ? .....
372
CHAPITRE II
LE CAS DU SANWI ET LES ENSEIGNEMENTS
TIRES DES MODELES DE L'ECONOMIE
SPATIALE...........................
374

- 484 -
Pages
A. - RAPPEL ET CRITIQUE DES VARIABLES-CLE DES MODELES
DE L'ECONOMIE SPATIALE..........................
374
1.- LA PROBLEMATIQUE DE LA DISTANCE DANS LES
ECONOMIES MODERNES.
..•........••.•...•
374
1 - Le problème de la distance dans le modè-
le de la rente économique de Von Thünen.
375
2 - La distance source de déséconomie pour
l'activité industrielle.................
377
3 - Le problème de la distance dans le modèle
de localisation des service&. de Christaller
et de Losch.............................
379
II.- LE POSTULAT DE LA RATIONALITE DES ACTEURS
ECONOMIQUES ET SES LIMITES..................
381
1 -
Les acteurs économiques sont totalement
rationnels dans leur comportement.... ...
381
2 - Le problème de l'information et le passa-
ge du postulat de la rationalité totale
à la rationalité limitée........... .....
382
B. - APPLICABILITE DES ENSEIGNEMENTS TIRES DE LA THEORIE
SPATIO-ECONOMIQUE A LA STRUCTURE REGIONALE
Dil SANW l • . • • • • • • . . • . . • • . . . • • • • . • • • . • • • • • • • • • • • • .
38 3
1.- LA QUESTION DES ACTIVITES AGRO-EXPORTATRICES
ET LA RENTE ECONOMIqUE.................. ..•.
383
1 -
Le café et le cacao : deux spéculations
"ubiquistes" non soumises aux contrain-
tes économiques de localisation.........
383

- - 485 -
Pages
2 - Les théories spatio-économiques et le mo-
dèle agro-industriel du Sanwi............
385
II.- LE PRINCIPE DE LA CENTRALITE ET LA FORMATION
DES RESEAUX..................................
387
1 - Les besoins de services et la mise en
place des
~
reseaux
.
387
2 - Un réseau urbain organisé sur le modèle
des places centrales mais qui fonctionne
de manière insatisfaisante...............
390
a) La dynamique d'Aboisso reste faible...
390
b) Adiaké une micro-ville victime de sa
situation.............................
392
c) Les villages-centres ont un pouvoir de
desserte assez faible
.
393
f
C. - PROCES DU DEVELOPPEMENT REGIONAL
.
393
1
1.- UNE ECONOMIE DYNAMIQUE MAIS QUI PRESENTE DES
FAIBLESSES
.
394
1 - Disharmonie de la stratégie des diffé-
rents vecteurs d'innovation
~
1
394
l
2 - Manque d'harmonie entre secteur exporta-
teur et secteur vivrier
.
395
1
3 - Un essor économique notoire aux effets
insuffisamment internalisés
396
II.- PORTEE DES VARIABLES COMPORTEMENTALES DANS
L'BXPLICATION DE LA STRUCTURE REGIONALE......
398
1 - Pouvoir explicatif des effets d'attitude
et de comportement.......
398
a) L'attitude des Agni face à l'économie
de plantation..... .. . .. ... . .. . . . . .. ...
398

-
486 -
Pages
b) Le poids du tamis culturel dans les
perceptions et les comportements......
399
2 - Quelle place l'information et l'éducation
occupent dans la dynamique du changement?
401
CONCLUSION DE LA QUATRIEME PARTIE............
404
.. '.
;
, .
CONCLUSION GENERALE
'. !-- • .- .""-_ ••,_ •••••••••
406
"\\
r
"'" l '.'~ ~1
\\,
,

PLANCHES PHOTOGRAPHIqUES
~ . . :;.-.-y~~_. t •• '.... ••• •
411
/ : i
BIBLIOHRAPHIE
~'
,.•...'..........
433
.
_ /
ANNEXES: Liste des figures, tableaux et photos.
449
TABLE DES MATIERES ....................................
471

UNIVERSITE NATIONALE
DE COTE D'IVOIRE
FACULTE DES LETTRES
& SCIENCES Hm4AINES
THESE DE DOCTORAT 3eme CYCLE
ESSAN Kodia Valentin
Vu et Approuvé
II.b"d·
,{\\
1
J an )' 1e . . 6
. . Juin
. . . . . 1986
. . l) • • • " • 0 CIl • • •
LE DOYEN DE LA FACULTE DES LETTRES
ET SCIENCES H~.INES
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~rtÂÛHOUOT Asseypo
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Vu et Permis d'imprimer
Ab ·d'a
1
10 Juin 1986
.
1
J n,
e ..... O.D ••••••••••
LE RECTEUR DE L'UNIVERSITE D'ABIDJAN