ACADEMIE DE PARIS
UNIVERSITE RENE DESCARTES
SCIENCES HUMAINES PARIS V- SORBONNE
THEME:
MASS MEDIA ET IMPERIALISME
.
CUL1'UREL EN AFRIQUE NOIRE:
CAS
DE LA RADIO ET DE LA TÉLÉVISION
EN COTE D'IVOIRE.
1
/)irecteur d~ tlr~s~
Prisenti~ et soutenll~ par :
.-
Il' 1"llreSSeur Lê 'nfANII KIIOI
Monsieur GNEBA Akpal~ Jacob
198!
1
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l!,~
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1
1
1
j
1
J
1j
1
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1
- A MON
PËRE
- A MA
MËRE
- A MON
EPOUSE
- A MON
FILS
AKPALË
GBAKRË
AGENORD
REM E Rel E MEN T S
Tout au long de cette recherche, nous avons béné-
ficié du soutien
actif
et
constant,
des conseils et
de
l'expérience de notre Directeur de thèse, le Professeur
LÊ
THANH KHOI. Nous tenons a l'en remercier et a lui
exprimer
toute notre profonde gratitude pour nous avoir accepté dans
ses cours depuis l'année de Licence.
Nous remercions également les
Professeurs: DUMAZDIER,
Antoine LEON, G. LANGOUET et Louis PORCHER
pour
les remar-
ques qui nous ont permis de découvrir les faiblesses de
no-
tre travail initial; nous leur 50mmes très reconnaissant et
nous leur exprimons notre profonde gratitude.
Nos remerciements vont tout droit vers notre épous~
notre père et notre mère dont le soutien matériel et
moral
nous a permis de mener à bien cette recherche.
NouS remercions notre ami et frère ZAKPA
Komenan
Roland dont le soutien matériel ne nous a également
jamais
fait défaut, ainsi que DAGa Koudou et DJIRIGA Jules, contrI-
buant ainsi au succès de cette thèse.
Nous ne terminerons pas cette liste sans remercier
Melle KOUAME Rose qui a bien voulu, malgré ses charges pro-
fessionnelles, nous apporter son soutien en dactylographiant
ce travail.
Que t~us ceux que nous n'avons pas pu citer ici et
3
qui nous ont aidé, trouvent l'expression de notre profonde
!
1
gratitude.
lifll!1
1
î
- 1 -
1
1
1
s 0 ~1 MAI R E
1
Pages
j
JUSTI~ICATION ••••.•.....•.•..•.•.•••••••••.••••••••••••
11
PROBLEMATIQUE ••••.•••••••..•...•.••••••••••••••••••••••
18
1
DEFINITION DES CONCEPTS ••••.••..••.••••••••••••••••••• ·•
19
1
A -
IMPERIALISME CULTUREL
1
A. 1 -
IN 0 ICA TE URS 0 1 I!~ PERIA LIS:~ ECU LTU REL
f
t
1.1 - La colonisation
1
1. 2 - La forme de l' indépendance
.
20
1
1.3 - Le type d'institution scolaire et universi-
taire
.
23
t
1.4 - La langue officielle et d'enseignement étrangère ..••
25
1
1.5 - Pléthore d'Assistants techniques ou coopérants
31
1
1.6 - Les mass media au service de l'occident et de
la classe dirigeante nationale ....•.........
33
1
1.7 - La classe dirigeante nationale alliée (de
~
classe) de la classe dominante occidentale •.
34
J
1.8 - L'acculturation croissante dans le pays ...•.
35
1
1.9 - L'a 1 i é na t ion cul tu re 11e
.
47
1.10- La domination culturelle
..
48
1
La domination culturelle par la technolo~ie.
55
j
J
• La politique nationale de communication
comme nouveau cha~D de lutte sociale .....•
58
i
1.11- L'influence culturelle
.
62
i
1
A.2 - IMPERIALISME
63
t
2.1 - Définition
2.2 - Or i g i ne du conce pt ..........••........•....•
64
1
Conceptions bourgeoises de l' i~périalisMe
67
ii
1 - Théories socio-économiques
1
1
2.- Théories politiques
.
,
1
4
Conceptions Marxistes de l'impérialisme ...
70
Co nc e pt de cul tu re ......................•.
75
Culture traditionnelle
.
83
1
1.
- 2 -
Pages
. Co 1 ce pt de ci vil i sa t ion
37
B.
- CO~ CEPT DE MASS ~1ED 1A
9a
1 - Définition
2 - 0u'est-ce qu'un medium?
94
3 - TVl)ologie des media...........................
96
J.l
-
Les med i a modernes
97
~J
Les media chauds
b) Les ~edia froids
98
11.4 - La communication dans le milieu traditionnel.
104
11.1 - Co~mlJnication verbale
105
II.2 - Communication instrumentale.........
109
II.3 - Communication gestuelle.............
112
II.4 - Com~unication vestimentaire
114
III.
- Mass media comme instruments de rapport
de dom in a t ion e xte r ne
11')
III.
- ~ass media comme instruments de rapport
,j e dom i na t ion
i nter ne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1~ 8
III.
- Rapport ~ass media - Impérial is~e culturel.
146
- Sur le plan économique
- Sur le plan culturel
- Sur le plan politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
147
IV -
Hypothèses de Recherche
150
V -
Considérations méthodologiques....
152
PREMIERE PARTIE
LES MASS MEDIA EN AFRIQUE NOIRE
155
CHAPITRE 1
SITUATION DES MASS MEDIA EN AFRIQUE
NOIRE AU LENDEMAIN DE L'INDEPENDANCE
156
-
3 -
Pages
- AFRIQUE NOIRE
- Télécommunications publiques
168
- Rôle des télécommunications
169
- Création des télécommunications rurales
171
- Préalables au nouvel ordre mondial des mass
media
173
- Les besoins en Radio et Télévision.
174
- Radiodiffusion par satellite
179
- Le cinéma
180
II.1 - Constat sur le plan international.....
181
2 - Conséquences de ce constat.
184
a) Le droit à l'information
186
b) L'accès à l'information
187
c) Droit à l'information
191
- Dimension individuelle
!
- Dimension communautaire
.
195
- Dimension internationale
.
197
3 - Situation économique de la Côte d'Ivoire.
193
1
- Evolution de l'économie Ivoirienne
2G1
- Fonctionnement de l'économie Ivoi-
1
r;enne
.
204
1
4 - L'Education et la formation
.
212
~
5 - Situation culturelle
.
217
6 - Les mass media........................
218
CHAPITRE II
LES MASS MEDIA EN CÔTE D'IVOIRE
i
A - ASPECT HISTORIQUE
1
1 - La presse écrite
1
2 - La rad i 0 ..........••.........•..........
253
1
3
Le cinéfTIa ..........•....................
255
1t1
1
- 4 -
Pages
B - SITUATION ACTUELLE •....•.•••.•.•••.••....••••.
259
1 - Télécommunications publiques internationa-
les et nationales ..•.....................
260
II - Les systè~es nationaux d'information
- Dans le milieu rural
261
a) Fraternité-Matin
- Consolidation de l'unité nationale.
264
Partici:Ja:ion passive
267
- Particination participante
b) Le cinéma
268
- Dans le milieu rural
270
c) La télévision . " .
. .
276
" " . . . . " " " . "
"
" " " " " "
- Programme
1 - Nouvelles du pays
277
2 - Télé nour tous
278
3 - La coupe nationale du progrès
281
al Affirmation de l'identité
culturelle
28~
b) Intégration nationale
288
Intégration "intéqrante".
289
Intégration désintégrante.
290
c ) Conditions de l'affirmation
de l'identité culturelle et
de l'intégration nationale ..
292
4 - Au village ce soir
294
" " " " " " " " " " " "
La radio
296
- Programme
• Le magazine d'information ...•........
297
· La terre au soleil.
• La coupe nationale du progrès
298
· Les avis et communiqués
Inadéquation entre les besoins et l'utilisation des 'T1ass "1edia
304
- 5 -
Pages
La télévision Educative........................
305
1 - Causes
2 - Finalités du système éducatif télévisuel...
309
3 - Maintenance des récepteurs
311
CHAPITRE III
RELATIONS ENTRE MASS MEDIA ET IMPE-
RIALISME CULTUREL
.
316
A - RELATIONS
a) Su r 1e pla n po 1i t i que
317
b) Sur le plan économique
c) Sur le plan culturel
Dans le domaine des ordinateurs
321
. Dans le domaine des satellites et des
1a nce urs .................•............
322
d) Sur le plan du marché des messages
. Les disques
B - DEPENDANCE nE L/A~RIQUE
323
La Télévision
C - LES AGENCES INTERNATIONALES DE PRESSE
1 - Agence France-Presse (AFP France)
Evolution et histoire.................
326
Equipement, moyens techniques et finan-
cie r s ....................•............
327
2 - Associated Press (A.P. Etats-Unis
d'Amérique)
~oye ns tee hn i que s ......•................
330
3 - Reuter (Grande-Bretagne)
- Reuter Economie service (RES)
- Reuter North America
4 - United Press International .( UPI..New York).
332
a) Historique et évolution
b)
Equipement, Moyens techniques et financiers.
334
- 6 -
Pages
5 - rélé1rafnoie Aqenstvo Sovietskavo
Soyu sa (TAA S URSS)
336
a) Historique et évolution
b) Pr in ci pe s
337
c) ~~ 0 :1 e nste c hIl i que s ...••.............
338
D - REMAR~UES SUR LES AGENCES INTERNATIONALES
DE pqESSE
339
E - PRINCIPAL::S "~ULTINATIONALES DE L/ELECTRmn-
QUE AUDIO-VISUELLE (GRAND PUBLIC)
341
F - INTERVE~TION DES MULTINATIONALES DE L'ELEC-
TRONIQUE DANS L'EDUCATION .a................
345
1 - Les
industries culturelles
2 - Les volontaires de la paix "Peace corps"
347
3 - Les Universités Nord-Américaines
349
G - ~1ASS :,lEDIA AU SERVICE DES GRANDES PUISSANCES
IMPERIALISTES..............................
352
H - CAS DES PAYS
354
a) Socialis:es
- Radio . . . . . . . . . . . . . . • . . . • . . . . . . . . . . . . . .
355
- Té l é vis i an. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
357
b) Euro De oc ci de nt ale
361
c) Eu ra pe 0 rie nt ale ......•..•..........•...
362
d) Asie
e) Afrique Noire...........................
363
- LES SATELLITES DE TELECOMMUNICATIONS
J - CONTENU DES PROGRAMMES DE TELEVISION
36~
K - REACTION DU TIERS-MONDE
370
- 7 -
Pages
DEUX 1Ei1E PART 1E
CHAPITRE IV
ROLES ET Hll=LUENCE DES MASS r1EDIA
SUR LES CULTURES NATIONALES •••.••••••
377
1 - Rôles......................................
378
- Emergence de nouveaux modèles
379
1.1. Rôle de r:'J,.,s':i~ntisation
. . . . . . . . . . . . . .
383
1. 2 . Rôle de transformation sociale . . . . . . . .
384
1. 3. Rôle de force économique . . . . . . . . . . . . . .
386
1. 4. Rôle de force sociale .................
387
1. 5 . Mass media et pouvoirs . .. . .. . . . . . . . . ..
389
II - Influence
des mass media sur les cultures
nationales . . . . . . . . . . . . . . .. ... . . . .. . . . . . . . ..
392
1 - Culture ~ediatisée et non mediatisée ...
397
2 - Culture mediatisée d'élite ou occiden-
t ale ...............•.....•.............
398
3 -
Caractéristiques de la culture mediatisée
403
4 - Culture ~édiatisée comme source d' influ-
ence idéologique de l'impérialisme acciden-
ta l e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • • • . • . . . . . .
4U4
5 - Pratiques de la culture mediatisée •.•.•
406
6 - Culture non '''ediatisé-é
407
III - Mass media: Source d'influence conflictuelle.
411
- Les mass media comme source d'influence
confl ictuelle endogène et exogène........
420
- Influence
sur la politique nationale .•..
428
- Pensées du jour du Président Houphouet-
B o i g n y . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
441
- 8 -
Pages
CHAPITRE V : CRITIQUE DE L'INFORMATION........
461
1 - LI information opère une sélection
462
Z -
La Surinformation...........................
464
3 -
La
sous-information et la désinformation....
468
a)
Sous-information
b)
Désinformation...........................
46Y
c)
Désinformation joyeuse
470
~) Désinformation officielle
e)
Désinformation pernicieuse
471
4 - L'aliénation du destinataire
472
5 - Pour une
information véritable
474
TOM E II
I~FLUENCE DES MASS MEDIA SUK LA POPULAI IO~
CHAPITRE VI : PROGRAMME DES
EMISSIONS ET INFORMATIONS
A - 1 - RADIO
1 -
La grille de programme
481
2 -
Emissions éducatives.................
510
B - TELEVISION...................................
523
- Analyse de contenu de la publ icité
56Y
-
Impact de
la p u b l i c i t é . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
574
CHAPITRE VII: EVALUATION DE L'INFLUENCE DES MASS MEDIA
581
- Enquête sur le t e r r a i n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
582
- Déroulement de
l'enquëte
. • . • . . . . . . . . . . . . . . .
584
-
Pré -e nqu ê te
. . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
584
- 9 -
Pages
II - Influence sur la population urbaine
591
1 - Cinéma
2 - Radio
604
3 - Télévision .......•...•.................
609
III - Influence
des mass media sur la population
ru ra 1e
624
IV - Influence
sur les cultures nationales .....
631
1 - Milieu urbain
633
2 - Milieu rural
639
V - Domination des mass media •.................
642
- Milieu urbain
IV - Influence
culturelle
des coopérants plé-
thoriques sur la société .....•.............
649
1 - Dans le milieu urbain
651
2 - Dans le milieu rural
659
IROISIEME PARTIE
CONSEQUENCES CULTURELLES DES MASS
I\\1EDIA
663
CHAPITRE VIII - ALIENATION CULTURELLE
664
La Rad i 0
• • • • • • • • • . • • • • • • • • • • • • • • • • . • • • • • . •
665
Menace des mass media sur les cultures nationales •.•.
670
- La séduction par les mass media .....•.....
673
- L'école ou vie de pauvre et pensée de riche.
674
a) Mass media et éducation
678
1
- 10 -
Pages
b} Ecote - mass media - éducation tradi-
tionnelle
681
Mass media: Education ou Divertissement? ...
682
Mass media et Education scolaire; de la dua-
lité à la complémentarité?
.........•
684
"Radio-Treichville" : Mass media populaires?
687
La publicité Radio et Télévision
689
- La standardi~ation
des opinions et des goüts.
690
CHAPITRE IX
DOMINATION CULTURELLE : AUTRE FORME D'A-
LIENATION ET D'IMPERIALISME CULTUREL?
693
1 - La Francophonie: autre forme de domination
Cu l tu re l le?
694
II - La Francophonie comme problème de domination
et de politique culturelle?
698
III - La coopération culturelle: autre forme de do-
mination culturelle?
7Gl
1 - Les conventions culturelles proprement
d"ites
703
2 - Les difficultés de cette coopération .....•
706
IV - Transfert de technologies informationnelles
comme moyens de domination culturelle?........
707
1 - Mass media traditionnels et modernes: de
la dualité à la complémentarité •..........
709
2 - Aspects financiers et technologiques
713
a) Aspect financier
b} Aspect technologique...................
714
c) Télévision
717
d} Film...................................
718
- 11 -
Pages
v - Problème de la circulation de l'information. ...
719
- Circulation à sens unique
- Niveau international.......................
723
2 - Circulation verticale .....•.....
724
3 -
Domination du marché.......................
726
4 - Libre circ ulat i on ....••••.....•............
728
PERSPECTIVES
POUR UNE NOUVELL~ PROBLEMAI lOUE D~S MASS
MEDIA OU DE "DESIMPERIALlSAI ION" CULTU-
R~LU: PAR LES MAsS MED lA
.
731
1 - Le Dé ba t
732
1 - Sur le plan politique .••...•.•.•...........
733
2 - Sur le plan financier et technique .•.......
735
- Télécommunication ......•••.•...........•.
736
- L'utilisation des satellites
......, "
.--
.
T~ansport des publicatio~s •..•...•.......
737
- Répartition du spectre des fréquences ....
738
II - La po si t ion de l 1 UN ESCO
739
III - Contraintes linguistiques .•••..................
741
IV - Démocratisation des relations dans les mass media
745
V - POUf un nouveau statut des mass media ..
748
VI - Pour une coopération Inter-Régionale ...••.•...•
752
VII
Pour une Identité culturelle ..••..••...•••••.•.
752
VIII - Pour une Authenticité culturelle •••. ...••. ...•.
757
IX - Pour une nouvelle image de l'Afrique ...•..•. ..•
763
CONCLUS 1ON GENERALE ••••••••••••••••••••••••••••••••••••
767
ANNEXES .....•.•..•..•.•.....•...•..••••....•.•........•
781
-
Il
bis-
. JUS TIF 1 C A T ION
Le choix de ce thème est d'abord d'ordre senti-
mental, donc subjectif, car nous sommes nous même Africain
et subissons l'impérialisme culturel occidental à travers
les mass ~édia modernes.
En effet, l'étude scientifique
de
ce
thème
commencée par Hobson, Lénine, Claude Julien,
Furtado,
Kindelberger, Domenach, Mattelart, Kwamé
~Krumah, Jul ius
K. Nyéréré, Lê Thanh Khôi,
Samir Amin, Abdel Malek,
Babacar Sine et bon nombre de chercheurs et écrivains du
Tiers-Monde, des Etats-Unis et d'Europe, nous a paru diqne
d'être poursuivie.
Cependant, une autre raison objective justifie
cette étude sur les mass ~édia et l'impérialisme :ulturel
en Afrique en général et en Côte d'Ivoire en narticulier,
sans toutefois ignorer le reste du Tiers-~onde
; car denuis
la colonisation jusqu'à nos jours, la domination culturelle
exercée par l'occident sur les anciennes colonies devenues
indépendantes, constitue une préoccupation majeure pour
tout ressortissant du continent Africain au Sud du Sahara,
conscient de son devenir.
Face donc à cette situation devenue désormais
chronique, voire même anachronique, notre but n'est point
d'en faire ici un procès, mais de présenter, d'analyser et
de proposer, toute ambition gardée, un modèle théorique
d'indéoendance culturelle à partir de l'utilisation ration-
nelle des mass média existants
au profit du développement
réel de l'Afrique en f1énéral et de la Côte d' Ivoire en
particul ier.
-
12 -
L'impérialis~e culturel n'est pas, contrairement
à ce que pensent bon nombre d'intellectuels Africains,
uniquement inhérent aux oays occidentaux colonisateurs de
l'A f r i que ~l 0 ire, mai sil est au s s i l i é à l' 0 cc upat ion
Arabe dont l'influence culturelle pèse lourde~ent encore
sur l'avenir du continent.
Les Arabes ont en effet introduit, à travers le
coran et la religion >;l)ïli(]ue surtout, une nO'JVelle cul-
ture en Afrique Noire. Aussi dans les réaions fortement
Islamisées du continent, les individus, après avoir atteint
un deqré élevé d'acculturation, font-ils leur la culture
Arabo-Islamique, et cette situation a atteint un point tel
que la confusion est totale, ne reconnaissant même olus la
moindre différence entre les deux cultures. On pourrait en
d ire a utan t de 1a cu l ~ ure Ch ré t i e nne 0 u 0 cci den t ale .
Mais là n'est pas le oroblème et il faut nuancer. La majorité
de chrétiens et Intellectuels reconnaissent, malqré l'accul-
tu rat ion, que 1a cul tu r e
ch ré t i e nne est é t ra ngère à
l'Afrique. C'est même une évidence quand on jette un regard
sur les ouvrages relatifs à l'acculturation, à l'indépendance
e t à l' i ln pé ria 1 i S fil ecu 1t ure 1s.
Ils e rai t don c jus te que,
dans toute étude sur l'impérialisme culturel, l'accent fat
mis sur celui des Arabes au même titre que c~lui des occi-
...,.~ ..
dentaux, même si cette
influence
Arabe est·sûbt.ile~et-..n;on
perceptible par le commun des mortels. Mais là n'est pas
l'objet de notre étude.
Cette vision des choses ne plaira guère, bien sûr, à tous
ceux qui confondent on ne sait par quelle 9ymnastique
Accultu~ation : c'est l'e~èd~h!e des t~ansformations idéo!ogiques et
technolocriaues qu'un peuç-Ze .JU :m état lait subi~ à un C".4tre, le plus
souvent à pa~tir de la ec?c,:~,:ut~on. (cas de l'AfPique).
- .4 cet ef'let t cf L1:::se .:c· :c,.·:~'r'at Je :5e eycle de Gnéba .~'<ralé Jacob
')') ,r;,""~),)Je
................. t::- ....... I(;;.-.:J..,-'..
1')78
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•
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+'cne
J I
v
~ ~'c-,"""'"'lt""'a-
"-.:.4
""""-
t~ùn.Paris V - So~bcr:ne.
-
13 -
intellectuelle, valeurs traditionnelles Africaines et
valeurs Arabo-Islami~ues. De toute évidence, cette confu-
sion provient en partie du fait que le continent Africain
est occupé par les Arabes dans sa partie Nord. Ainsi parler
de libération culturelle à l'ér(~rd de l'occident uniquef'lent
n'est qu'une gageure.
Les mass ~édia qui envahissent 1 'Afrique ~oire
deDuis la colonisation, ne sont-ils pas les courroies de
tr-ans:1ission des cultures ir1Dortées ? -
le 1 ivre,
- la
presse écrite - la radio, - la télévision, - le cinéma ...
ne reorésentent-ils pas les appareils idéologiques de
l'information de masse aujourd'hui? (1).
Depuis les indéoendances formelles (2) des oays
francophones,
les mass ·média constituent également une
industrie culturelle, des rapports de forces et de rédé-
ploierlent idéologique. Aussi, sont-ils un secteur décisif
de maintien de la nouvelle forf'le de domination impérialiste
à travers des mots d'ordre mystificateurs véhiculés tels
~ue : liberté - libéralisme - dérlocratie occidentale -
!'londe libre etc ...
Ils sont, non seulement comme des fusées
à tête chercheuse détectant des résistances dans le Ti~rs
~onde, mais ils préparent surtout le terrain idéologique,
l'affrontement des classes sociales intra-nationales
(bour~eoisies nationales dirigeantes et la masse diriaée)
et internationales (l'impérialisme du Nord et la masse du
SiJd).
( 2.
- ..",:'DaY'eils idéo loaiaues son t ici tous les mO'jens tech.no !Or;: ~A.eS
(':~lss-média) paY" lèsauels !es c!asses diY'ig~antes "infC';"'2~t"
,;t "foY'ment" la masse.
( ,~. - l'ldépendance fOT'me ne : est :<,:e indépendance octY'Ouée c":(X ;a'js
A.t"Y'icains paY' les puissa'!7.ces :;_~_':âentales tout j,tste ;c:œ J:'oir'
:es gouvernements et des ::~é7:S, ',,:ais l'éconor":e, la 1c '!7.T,e et
~2 développerrzent c:t?tlœe? :·é~,,· ... :c:'!t de l'ex-;"<":J[J::':c'e cC'~_·'::::1!e.
,fans le cas de la ,,'ête':"':~'_'::'2 J,.rtcut.'
-
14 -
En Occident, on tient actuellement beaucoup plus
compte des facteurs socio-cu1ture1s déterminants dans le
processus du développement et dans ses résultats. Or en
Afrique, on continue de penser que c'est la croissance
économi~ue qui est au contraire déterminante. D'ailleurs
Samir Amin l'a très bien montré à propos de la Côte
d'Ivoire en soutenant déjà en 1967 qu'il y avait croissance
sans développement (3) malgré le discours officiel des
autorités de ce pays.
L'accent doit donc être mis sur la notion de
développement endogène intéqré impliquant un orofond souci
de justice sociale et de l'identité culturelle du groupe
ou du pays, c'est-à-dire que l'Afrique doit, malgré son
contact avec le monde occidental, demeurer elle-même et
non imiter consciemment ou inconsciemment l'occident. Nous
y reviendrons plus loin.
Du point de vue théorique, l'homme est au centre
du déve1opoement et celui-ci doit tenir compte de sa tota-
lité; c'est-à-dire la capacité créatrice de 1 'homme, de
ses besoins et aspirations profonds. Ainsi dans les oays
occidentaux, il est de olus en olus question de "qualité
de la vie", mot d'ordre qui traduit bien un malaise inhé-
rent à leur propre civilisation technicienne, voire même
techniciste dont raffole la p1uoat't des classes diriqeantes
Africaines. Mais en réalité, la dichotomie entre les pays
développés et ceux en voie de développement, n'est-elle
pas artificielle ou volontaire?
D'une manière générale, chaque société est tou-
jours en développement, en mutation sociale et poursuit
-,
1
( ~I-
Sk',fIS .J."7in
Le dét'elorrement du cari:c:7.:s",,:,e en Côte d'!'Joire.
.:2. .~."': rJ.:d t
Paris 1J Q' 7.
-
15 -
des objectifs socio-culturels fonction de son niveau de
croissance économique et besoins dictés par son système
de valeurs. Ainsi donc la culture doit être intégrée dans
une totalité de la dynamique sociale.
Sous son anqle du sous-développement, la problé-
matique de la dynamique culturelle du développement amène
à
poser les contradictions et les incohérences des pays en
voie de développement qui, par leur contact avec de
nouveau
mode
de production capitaliste, ont subi une
transformation, une crise profonde. non seulement socio-
culturelle, mais économique.
Cette situation nouvelle engendre chez l'Africain
plusieurs attitudes souvent de résignation. d'amertume
ou d'agressivité dont les aspects fondamentaux sont les
suivants :
1.1. - ASPECT PASSEISTE
C'est un retour aux "sources" conçu comme un
retour au "passé" du point de vue des valeurs culturelles.
idéologiques et éthiques, un oassé ancestral idyllisé.
idéalisé, voire même mythifié ou mystifié.
Cet aspect est généralement la préoccupation de
bon nombre d'intellectuels Africains nostalgiques aux vues
fixistes qui ne croient pas en la dynamique culturelle,
oubliant qu'une culture doit toujours évoluer au contact
d'autres. Mais à dire vrai, ce retour "aux sources· n'est
plus possible. car nul ne peut le reconstituer. c'est même
une regression socio-culturelle. D'ailleurs cette situation
-
Il, Y a en Côte d' Ivoirae :me bowageoisü nationa1-e aréée d parti.r
des détournements des deniers pubtics et de tro!ics dJJ tous ordres.
-
16 -
n'est plus possible, elle est, non seulement ascientifique,
mais elle n'est même olus souhaitable si on veut développer
harmonieusement l'Afrique en situant celle-ci dans ce
vinqtième siècle.
1.2. - ASPECT MODERNISTE ET TECHNOCRATIQUE
Il s'agit ici d'un mimétisme servile de l'Occiden4
en d'autres termes, une attitude Européo-centrique bour-
geoise qui se rencontre chez les thuriférères des régimes
néo-colonialistes, la bourgeoisie burocratico-technocratique
et la oetite bourgoisie nationale, alliés objectifs de la
bourgeoisie occidentale dont ils sont les courroies de
transmission.
En effet, la plupart des classes diriqeantes
d'Afrique bénéficient de la protection militaire des an-
ciennes puissances colonialistes ou d'un nouvel allié à
partir des accords de coopération. Ainsi a-t-on assisté à
la réinstallation en 1964 de Léon M'Ba au Gabon alors que
celui-ci avait été chassé de la Présidence de la République
par le peuple en grève. Mobutu en difficulté au Shaba en
1980, avait également reçu l'aide militaire pour se main-
tenir au pouvoir contre la volonté de la masse, sans
toutefois oublier les différentes répressions dans les
pays tels que:
la Côte d'Ivoire en 1970 dans la région Guébié de Gagnoa
où furent détruits
plusieurs villages;
le Cameroun où l'aide logistique de la France permit
une fois de plus à Ahidjo de venir à bout de l'opposition
de l'Union des populations Camerounaises (U.P.C.).
- 17 -
Ce parapluie Français en Afrique représente
incontestablement une garantie des pouvoirs politiques,
contre le
plus souvent, les intérêts des peuples de ces
pays.
Le modernisme est donc lié, nous semb1e-t-i1,
aux intérêts des occidentaux, A leur culture officialisée
partout en Afrique. Il est également lié aux coopérants
techniques et autres conseillers et Experts dont la mission
est généralement de diffus~r l'idéologie occidentale A
travers: - l'école - la langue française ou anq1alse. ~a
religion chrétienne _le tourisme et1es mass média. Dès
lors
tous ces appareils idéologiques au service de l'occi-
dent permettent la stabilité politique dans certains pays,
l'épanouissement de la culture occidentale devenue unique
culture de référence, dans d'autres, ce sont des coups
d'état A répétition, situation qui pèse lourdement sur
l'avenir culturel, politique et économique du continent.
A partir de cette justification, on peut poser
la problématique suivante.
- 18 -
PROBLEMATIQUE
Depuis la colonisation de la partie subsaha-
rienne du continent africain jusqu'a leur indépendance
formelle pour la plupart de ces pays, écrivains, poètes,
politologues et africanistes galvaudent les termes: négri-
tude, africanité, francophonie, aliénation culturelle,
i mp é ri al i s me cul tu re l, i mp é ri al i s me ...
Il convient d'ajouter a cette panoplie de
concepts, un autre: nouvel ordre mondial de l'information,
en un mot le problème des mass -média dans les rapports
Nord-Sud.
Nous n'avons pas la p réten ti on de fai re ici
l'exégèse de tous ces concepts ; si nous les menti onnons,
c'est pour préciser qu'une problématique ne peut étre
correctement posée que si on prend soin de définir les
concepts intervendnt dans le champ de cette étude.
Notre travail, comme l'indique son titre
Mass, média et Impérialisme Culturel ne se distingue pas
des études relati ves a ce thème. Cependant, pour une
meilleure compréhension de notre étude, nous définirons
d'abord les concepts d'impérialisme culturel, de culture,
d'impérialisme, de mass -média afin d'aboutir au rapport
mas s mé di a et i mpé ri al i s me cul t ure l qui pa raf t é t re le
point cardinal de notre problématique.
Il est vrai que n'lUS aurions dO commencer par la
définition des concepts de culture, d'impérialisme et
d'impérialisme culturel, en un mot, la démarche inverse t
- 19 -
mais la compréhension de notre étude ne serait guère
facile puisqul;l aurait fallu s'attarder sur des déf;ni-
t ion s sec 0 n daire s a van t 1a p ri n ci pal e •
DEFINITION DES CONCEPTS
A - l mp é ria 1i s me cul t ure 1
On peu t dire q ue :
L'imp~riali8me culturel est une volont~
d'un Etat -
d'exploiter -
de
dominer-
d'acculturer et d'ali~ner -
de contr~ler
directement ou indirectement par cla88e
dirigeante nationale interpos~e~ le8 8Y8-
t~me8 ~ducatif et d'information d'un autre
Etat anciennement colonis~ ou non~ 8upp08~
faible 8ur le8 plans ~conomique, culturel et
mi li taire.
Pour mieux appréhender cette définttion~ exa-
minons quelques indicateurs explicatifs de l'impérialis-
me cul t u re 1 •
A. 1. - l n di c a te urs d 1 i mp é ria li s me cul tu re 1
l • 1. - LaC 0 10 ni s at i on
Il n'est plus a démontrer le lien entretenu par
l'impérialisme culturel avec la colonisation et le colonia-
lisme ayant engendré:
la dénaturation de la société, de
la culture et de 1 1 éducation traditionnelles.
On peut alors se poser une questiun nafve
t
- 20 -
La situation d'impérialisme occidental
que vit
la Côte d'Ivoire aurait-elle existé si
ce pays n'avait pas
subi
la colonisation Française? Cette question mérite
de ux réponses
:
a)
La Côte d'Ivoire n'aurait pas connu l'impé-
rialisme culturel à la seule condition qu'elle ne fût pas
en contact avec un autre modèle culturel plus puissant et
mieux élaboré (les cultures ';rabo-Islamique et occidentale).
b)
Cependant, tôt ou tard, avec l'évolution du
monde, la Côte d'Ivoire aurait inévitablement subi
l'impé-
rialisme culturel d'un pays autre que la France. C'est dire
que, compte
tenu du développement économique,social,
culturel et technologique du monde, l'impérialisme culturel
était inévitable.
Mais on peut retenir aussi qu'un pays peut subir
un impérialisme d'un autre sans l'avoir envahi. Les exem-
ples de l'Arabie Saoudite et de l'Iran qui
ont subi
l'impérialisme Américain, sont évidents, c'est dire que la
colonisation ne constitue pas un indicateur absolu
d'impérialisme culturel puisqu'il n'est pas généralisable.
Mais il
représente bien un élément explicatif et déterminant
d'impérialisme culturel en Côte d'Ivoire et dans la grande
majorité des Pays d'Afrique Noire.
Il peut donc étre retenu.
1.2. - La forme de l'indépendance
La forme de l'indépendance semble déterminante
puisque c'est à partir d'elle qu'on peut détecter l'existence
de l' i mp é ri al i s me cul t ure l .
Toutefois deux forme~ se dégagent du concept.
- 21
-
a) Celle octroyée aorès que l'ancienne ouissance
colonisatrice eût soigneusement mis en place une
classe
dirigeante en vue d'assurer la pérennité de la colonisa-
tion sous une forme beaucoûp mJins perceptible. C'est
l'impérial isme par classe dominante nationale
interposée
1
.J
qui sert de relais entre centre et périphérie. Mais
cet
impérial isme indirect peut devenir direct si les intérêts
de la puissance concernée sont menacés. On sort dans ces
conditions de vieux accords de coopération des
tiroirs
permettant à l'ancienne puissance coloniale
d'inter~enir
militairement pour soit-disant rétablir la "léClitimité" du
pouvoir légal
(exemples du Gabon, du Cameroun déjà cités).
Dans ce type d'indépendance, comment un pays qui a, pendant
un siècle durant, dominé un autre, puisse accepter sans
garantie au préalable sûre, d'octroyer l'indépendance?
Un siècle de domination ne constitue-t-il pas des actions
et réactions, interactions, rapports et relations économi-
ques, politiques, culturels et idéologiques d'inégalités
qui ne se détruisent pas en quelques années?
D'ailleurs l 'histoire universelle ne nous rend pas compte
du cas d'une puissance coloniale qui, après un temps court
ou long, a invité de son propre gré, les colonisés pour
leur octroyer grâcieusement leur indépendance.
Ramené à un pays, une classe sociale dominante (celle qui
détient le pouvoir) peut-elle accepter de son propre chef
d'abandonner le pouvoir à une autre dont les objectifs sont
contradictoires?
Ces constatations nous amènent à penser qu'une
indépendance octroyée ne peut pas être réelle bien qu'elle
soit la meill~ure ; meilleure parce qu'elle évite de lourds
sacrifices humains et matériel~. Cependant elle permet de
1
construire facilement un état, f"IIais difficilement une nation
1
dans des pays où le tribal isme et l'éthnisme rival isent de
1
1
1
1
t11l
- 22 -
zèle. Ce faisant ce qui aurait été un préalable (conscien-
tisation et l'unité nationale) avant l'indépendance, devient
un programme déterminant dans le procès de développement
national. Car une nation supoose selon nous, non seulement
un espace ~éographique, mais surtout une histoire commune,
histoire émaillée de luttes communes et accessoirement d'-
une langue nationale. Nous ne voulons pas dire que la lutte
armée pour l'acquisition de l'indépendance est absolument
nécessaire, mais il ya lieu d'avancer qu'il faut absolum-
ment l'éviter au départ, elle ne peut être qu'un recours
u l t i me .
b) Celle acquise à la suite d'une lutte armée
Une lutte armée en~endre également, nous semble-
t-il, une prise de conscience dont l'aboutissement est le
plus souvent l' indépendance réelle; cependant des con-
traintes économiques peuvent empêcher les dirigeants d'ex-
primer clairement leur volonté d'indépendance véritable.
Mais il faut tout de même nuancer: l'Angola et
le Mozambique emploient le Portugais comme lanque officielle,
mais leur dépendance vis-à-vis du Portugal est différente.
1
On peut donc se permettre d'avancer que l' indé-
pendance culturelle est liée au régime politique choisi,
ainsi constate-t-on, dans la plupart des cas que les pays
ayant acquis leur indépendance par la lutte arMée tendent
vers une indépendance culturelle réelle: Vietnam en Asie,
à l'inverse, ceux qui ont acquis l'indépendance par octroi
sur un "plateau d'arqent" sont très souvent sous l'influence
de l'impérial ismê cuiturel de l'ancienne puissance colonia-
le, car avant l'octroi de cette indépendance, l'ancienne
puissance met en place une classe dominante soigneusement
choisie (c'est le cas de la olupart des Pays Francophones
d'Afrique).
- 23 -
Il n'est donc pas étonnant que la Côte d'Ivoire
dont l'indépendance a été octroyée subisse l'impérialisme
culturel de l'ancienn~ puissance colonisatrice.
1.3. - le type d'institution scolaire et universitaire
Il s'agit ici, non seulement de la forme de l'é-
cole, mais surtout du contenu (contenu des programmes et
idéologie véhiculée).
Toute société a le devoir d'éduquer sa proqéni-
ture en ~ue de la pérennisation et du déve10ppem2nt je sa
culture, de sa civilisation, et de son progrès social. En
clair, le système éducatif sert ~ produire et ~ reproduire
ou a développer la société spécifique.
Cependant, c'est ~ ce niveau que la problématique cultu-
relle se complexifie.
Au lendemain de l'indépendance, le pays ne disposait pas
des moyens appropriés pour mettre en place une institution
scolaire non calquée sur celle existante ailleurs. Il fal-
lait donc adopter celle ayant fait ses preuves sous d'au-
tres cieux, c'est-A-dire l'institution scolaire héritée de
la colonisation, d'autant plus que cette dernière formait
déj~ des cadres, même si les formés n'étaient pas nombreux.
le système en soi ne pose pas problème, mais c'est le con-
tenu de 1 'enseigrlem~nt.
En effet, la structure d'un système éducatif peut
être identique A celle d'un autre pays, et le contenu dif-
férent, c'est-A-dire un contenu national, formant des
Ir:è.é'~endance r'éelZe ou vé"f'itabZe : :-·'-?at celle qui per'TTcet au r-::~.a
d'a1.:oir des r'apports d'<~m? cI / :.1~ .:\\?: ?es autl'es ['ays O~t :::<: a-;ti-
nue
le l'appor't rl.ominant-do"":iné.
- 2~ -
nationaux. Elle peut é1alement s'inspirer de 1 'étran~er ou
même être étrangère et for~er des nationaux. Tout déoend
des objectifs qu'on s'est fixés au départ et ~ui peuvent
être nationaux ou étran~ers.
Or. a remplacé par exemple: Jean et Paul Dar Yao
et Ma~adou dans les 1 ivres, ou encore, augmenté les heures
de cours d'histoire et de géooraDhie et introduit la 1 it-
térature Africaine croyant que le cha'lqement de nofT'! et le renfor-
ce~ent des hpures de cours d'histoire résoudr3ient le problème.
En réal Hé
la lutte contre l' i~périal isme cul-
turel réside plutôt dans une prise de conscience réelle du
..:ontenu des programmes, orienté vers l'authenticité et
l'identité de la personnalité Africaine en même temps qu'-
elle puise dans les sciences modernes et universelles en
vue de la promotion d'un dévelopoeme1t endoqène.
Or ce qui semble freiner une modification profonde serait
la parité des diplômes Ivoiriens-Français, ou encore le
~an~ue de documents disponibles relatifs au contenu national
et africain.
Le premier cas peut être résolu, puisqu'-jl n'y a
pas contradiction dans la mesure où la science est univer-
selle. nuant à l'aspect du contenu, il fait partie des con-
naissances universelles, par conséquent il n'y a pas d'ex-
clusion.
Par exemple, le système soviétique est: 3-4-2
et celui de la France
4-4-3 au niveau primaire et secondaire.
C'est-à-dire, que les deux systèmes sont différents au ni-
veau de leur structure, mais cela n'exclut pas une équiva-
lence. La même chose est observée au niveau de l'enseiqne-
ment supérieur entre la France et les Etats-Unis, mais une
équivalence existe.
- 25 -
Dans le second cas, les programMes ne sont pa~
uniformisés au niveau international, par conséquent ces
deux irétextes ne sont pas scientifiquement fondés. Cette
domination de l'institution scolaire n'est autre qu'un im-
périalisme culturel s'exerçant sur la Côte d'Ivoire, mais
qui n'est pas généralisable au niveau du Tiers-Monde. Nous
pouvons donc retenir ce facteur pour l'Afrique.
1.4. - La langue officielle et d'enseiqnement étranqère
Notre objet dans cette étude n'est pas de rejeter
systéMatiquement le Français A l'heure actuelle, mais son
emploi ne devrait pas supprimer ou "déposer aux monuments
aux morts" les langues nationales.
D'ailleurs le linguiste Adam Schaff le souligne
à juste titre:
"Chaque langue aontient en elle, une v~s~on
du ~onde définie, un sahéma ou stéréotype
déterminé de l'intuition du monde et des
~hoses". (4)
plus loin l'auteur poursuit:
"Si Z'iduaation transmet à l'individu humain
des stéréotypes, des valeurs partiaulières,
le langare ou la langue, en tant que média-
teur entre individu et le monde des objets,
agit quant à lui sur Ze aomportement des
1-:om,:es".
(5)
Ainsi donc, le coopérant nanti de sa culture
soutenue par une langue officie11e,un langage, ne peut, si
nous prenons à notre compte l'idée de Schaff, que véhiculer
(.1) - SCfiAFF A. - Langcge et aonnaissanae. P. 233. Ed. Anthropos.
?ap":s 1974.
(.C))
-
Ibid. P. 243.
- 26 -
sa propre vision des choses et du monde, c'est-A-dire le
Franco-Centrisme, ou au mieux l'occidenta1o-centrisme (6).
Cette situation semble normale dans une anormali-
té, car d'une part, l'institution scolaire actuelle n'a
comme référentiel que la culture Francaise ou occidentale.
d'autre part, si cette culture est en adéquation avec ce
milieu, elle est inadaptée pour la majeure partie des Ivoi-
riens, bien que la classe dirigeante en raffole et en soit
"imprégnée".
Cette politique dite de coopération scientifique,
technique et culturelle avec la Côte d'Ivoire ainsi qu'avec
tous les pays Africains Francophones a permis A la France
de mettre en place des organismes appropriés diriqés par
trois ministères
a) Affaire Extérieures
b) Economie
c) Coopération.
La marche de cet apoarei1 complexe est assumée en
fait par onze autres départements ministériels et n1us d'-
une douzaine d'organismes para-publiques de recherches.
a) Affaires Extérieures: La direction générale
des relations scientifiques, culturelles et techniques lO.
G.R.S.C.T.) assure des opérations de coopération dans les
Etats d'Afrique du Nord et d'une manière ponctuelle, avec
environ 90 pays d'Afrique, d'Amérique Latine, d'Asie et du
Moyen-Orient.
(·ï - IL Y a des exceptions : ~ertains assistants techniques aident
sincèrement Les pays A!r:~a:ns . .~lheureU8ement ils sont quaLi-
fiés de
gauche généro:ê."lent et exclus de la Côte d'Ivoire.
- 77 -
Ces relations scientifiques, culturelles et tech-
niques sont toujours à sens unique. C'est la France ~ui
offre ses services et les autres pays (en voie de dévelop-
pement) ne sont que des Assistés chroniques. D'une manière
~énéra1e, il est souvent question de relations bilatérales,
mais en fait, elles sont unilatérales, obéissant à l'ordre
traditionnel dominant-dominé et ne peuvent, de ce fait,
qu'être impérialistes.
b) Economie:
Ce Ministère est chargé entre autres de coordon-
ner l'ensemble de l'aide publique par l'intermédiaire d'un
orqanisme spécial isé : La Caisse Centrale de Coopération
Economique (C.C.e.E.).
Cette C~isse dont l'objectif est d'aider est loin
d'être désintéressée, car l'aide n'est octro~ée qu'à la
seule condition que son uti1 isation soit contrôlée stricte-
ment par l'aidant. C'est dire que les choix en matière de
développement économique, soci 11, Dol itique et culturel
son t con t r ô 1é spa r l' a i dJ nt. r~ ais i 1 f a ut nua nce r. Ce 0 a y s
aid)nt ne peut pas non plus subventionner n' imoorte quel
rrojet ûe prestige non rentable ~our le pays.
Dans ces conditions, le pays aidant ne peut fi-
nancer que les opérations qu'il juge utiles pour lui et
pour la Côte d'Ivoire. Mais les intérêts peuvent-ils coïn-
cider ? Si les intérêts ne coincident pas, c'est le pays
aidé qui doit se plier. 'Cest une évidence.
c) coopération:
Pour assurer les investissemellts et les opéra-
tions très variées faisant appel aux services de prestation
Français les plus divers, le Ministère de la Coopération
- 28 -
dispose d'un fonds d'aide et de Coopération tF.A.C.).
Il assure également pour l'essentiel la coopéra-
tion avec les vingt-cinq Etats d'Afrique Noire, de l'Océan
Indien et de Haïti dans les Caraïbes.
La Coopération octroie des bourses d'études qui
permettent de former des cadres moyens et supérieurs des
pays; cadres indisoensab1es dans le procès de développe-
ment économique, social et culturel. Sur ce plan [}récis,
les bourses ont joué et jouent encore leur rôle de formation
quand on se rend compte aujourd'hui des Professeurs, Méde-
cins et Ingénieurs sortis des Universités et grandes Ecoles
Françaises en service dans leurs pays respectifs.
Par ailleurs, la bourse, bien qu'aidant peut
constituer une domination culturelle, et pour s'en convain-
cre, examinons cette pensée de Ba10us Suzanne
"~es Jtudiants itrangers fcr~Js d notre cul-
:;:tr·?
et nos technirpes.
gri~e::<J; bO'.A.rS23
:~.{
1.'.-.,: ':st,}rq
(It?S
.J.ff'a-ires
_~-:~1"':~J';1"'e3, sont,
~_i.)c·:·:t':~!s 30nt
ren!;2"é.3
(.:~:.;~d
"~:(.i")S pays
!'e0;-e:!tifs.
et 1U'ils ass:t',enr; les respon-
Jaè c· Z~ tés.
les ''lei lleurs a"7bassadeurs des
?rcJ~its français CO"7me de nas ~ithode8 et
le ~rocidés techniques." (~)
En dehors des Ministères, la France dispose de
plusieurs organisations et organismes gouvernementaux ou
non. pour ~a diffusion de la culture et la langue français~
tâche qui incombe à trois grands organismes.
1)
b~_~~~~_ÇQ~i!~_~Q~r_!~_2~f~~~~_~~_1:~~~~~~iQ~
~~_l~_l~~g~~_Er~~ç~i~~ tH.C.D.E.L.F.)
Créé en 1966 par le Général De Gaulle, cet orga-
,- .... ,
l
'
- ê9 -
nisme a pour mission d'établir des liaisons nécessaires
a ve c les 0 r ga n i sm es pr i vé s co mpé t e nt s, n0 t a mm en t en ma t i ère
de coopération culturelle et technique, de susciter ou
d'encourager des schèmes de représentations, d'attitudes
de pensée: philosophiques, pol itiques et sociales qui ne
peuvent pas toujours être en adéquation avec le développe-
~ent réel des pays Africains, car en vingt-cinq années
d'indépendance, l'Afrique est toujours sous-dévelopoée, et
cette situation est en soi une inadéquation de ce qui a
été réal isé.
Ces différents liens sont déterminants dans l 'op-
tion pol itique et le comportement des intellectuels Afri-
cains formés en France, car, le lieu où ils ont étudié
constitue une référence culturelle d'une manière générale.
La plupart des étran~ers formés en France sont
donc des "mass média" ou "appareils idéologi(jues" de la cul-
ture et la langue Françaisesen Afrique, par conséquent, ils
contribuent à l'expansion de l'impérialisme culturel Fran-
çais dans leurs pays respectifs, consciemment ou incons-
ciemment.
2) ~~~g~~S~_~~_Ç22Q~~~!12~_Ç~1!~~~!!~
~!_I~S~~lg~~ (A.C.C.T.)
Cet organisme regroupe pour sa part, depuis 1963,
les Anciens pays de la Communauté Franco-Africaine. Ainsi
l'A.C.C.T. joue-t-elle un rôle très important sur le plan
culturel et pour la diffusion de la langue Française par
l'introduction de la technolo1ie éducationnelle en Afri-
que:
(Côte d'Ivoire, Sénégal et Niger etc ... )
Contrairement aux autres organismes qui sont
- 30 -
uniquement Français, 1 IA.C.C. f. est une création de quatre
pays Francophones du Centre: France, Belgique, Suisse,
Québec, - dont les pays Francophones de la périphérie sont
associés (Afrique, Asie, Caraibes). Il s'agit de façon in-
déniable ici, de la déf~nse de la langue Française à tra-
vers cette coopération.
Les pays Africains membres de cet organisme cau-
tionnent lncontestab1ement l'impérialisme culturel Français
dans la mesure où précisément cette langue est officiali-
sée partout au détriment des langues nationales; clest là
une acceptation consciente ou inconsciente de l'impéria11sme
culturel; alors que le Viet-Nam, membre de cette organi-
sation, possède sa propre langue officielle; et le Français
devrait contribuer à développer les langues nationales.
3)
~~_ÇQ~i!~_I~!~r~~!iQ~~l_g~_l~_~~~g~~
l
E!:~~~~i~~ (C.LL.F.).
Ce Comité dont la création remonte
à
1968, com-
prend à titre personnel. les linguistes d'expression fran-
çaise en provenance dlune quinzaine de pays. Son but nlest
a ut r e que 1a dé f e ns e de 1a 1a ngue f r a nçais e sou s 1e c 0 nt rô 1e
vigilant de la France. Ainsi au 1 ieu de promouvoir les
langues nationales, clest plutôt le Français, langue étran-
gère qui est défendue, c'est donc une fois de plus
une
caution apportée à l'impérialisme culturel.
1
Mais un pays peut utiliser une langue étrangère
sans pour autant être dominé par ce pays étranger. Exemple :
1
Cuba qui emploie l'Espagnol ou le Brésil util isant le por-
tugais ; cependant ni l'Espaqne, ni le Portugal n'exercent
1
un impérial isme culture~ sur ces deux pays du Tiers-Monde.
1
1
1
l
1
1
-
31
-
Par conséquent, la langue ne constitue pas un indicateur
absolu, mais en Afrique, elle est un élément déterminant
d • i mp é ri al i s me cul tu re 1.
l, 5.
-
Pléthore
d'Assistants
Techniques ou Coopérants
La plupart des
Coopérants appelés en France à
tort ou à
raison "Soldats de la Paix" constituent incontes-
tablement des courroies de transmission des modèles
culturels Français, voire occidentaux en Côte d'Ivoire.
Cependant il ya des exceptions, car ceux dont l'idéologie
ne coïncide pas avec celle de l'occident (classe dominante
occidentale), donc avec celle de la classe dominante
nationale, sont hativement qualifiés de "révolutionnaires",
de communis tes ". Ainsi
les Coopérants doi vent-i 1s avoi r
une ligne de conduite unique: Servir les intérêts de la
France et contribuer à son
rayonnement culturel.
D'ailleurs
quelques
jours de stage en France permettent aux futurs
Coopérants, bien choisis
(car il n'est pas normal, et
c'est même
une calamité d'envoyer des communistes (P.C.F.)
"polluer l'atmosphère séreine de la Côte d'Ivoire",
chasse-
gardée de
l'Occident), d'acquérir l'idéologie néo-colonialiste
avant de s'embarquer pour la COte d'Ivoire.
De toute façon,
1e
Il Co co"
qui
pas se r a à t rave rs 1es ma i l 1es se rare mi s à 1a
France sans préavis ou son
contrat ne sera plus renouvelé.
La défense des intérêts Français liés à l'existence
et à la grandeur de la France crée donc un sursaut d'orgeuil.
Cie s t a i n s i qui 0 n de vie n t un bon Co 0 Pé ra nt.
La France a,
de ce
fai t, besoin de cette assis-
tance technique pour di ffuser sa cu1tur~, sa langue,
les-
quelles lui assurent une clientèle locale et fidèle, et
enfin de compte un Empi re Culturel.
-
32 -
Cet Empire est aUSSl
economique.
Il est incontes-
table que les produits
"Fabrication Française" occupent le
ma r ch é 1 v0 i rie n, g r àce jus te me n t à ces Co 0 Pé r an t s qui ne
consomment que Français, beaucoup moins par nécessité que
par snobisme. Au fond,
on appartient à la classe dominante
du pays, même si on es t un peti t contre-maftre éri gé en
ingénieur, instituteur en professeur, ou encore professeur
certi fié ou non éri gé en chargé de cours dans l'ensei gne-
ment supérieur.
L'exemple ce l'Ecole Normale Supérieure
méri te notre attention.
Sur les 180 enseignants Français dans cette
école en 1982, seuls sept appartenaient au corps de l'en-
seignement supérieur en France. On voit bien que les
avantages promotionnels liés aux avantages économiques et
sociaux ne peuvent que susciter inconsciemment ou non le
plu s sou ve n t ce rte s,
une i é 0 log i e
i mpé ria lis t P. •
Mais il Y a lieu de signaler ici que ces Coopérants,
:nêmes sans qualificatiûn rigoureuse,
ont contrib';é
à la
formation
des cadres de ce pays.
L'enseignement primai re
est 1 v0 i rie n n i s é à l aa %, les e con daire à 6a % dan s lie n-
s e mb l e e t à 100 % dan s ce r t ai ne s dis c i pli neste 11e s q ue
l'histoire et la géographie, les sciences de
la nature
etc ... Si
nous consi dérons l'ensei gnement supeneur, le
cas de l'Ecole Normale Supérieure est significatif:
au département des sciences de l'éducation, sur 20 en-
seignants, il n'y a plus, en 1986 qu'un seul
Fr~nçais,
aucun en histoire et géographie etc ....
C'est dire que
cet impérialisme a contribué à former des cadres. Clest,
si nous pouvons nous exprimer ainsi,
1 1 un des aspects
positifs de cet impérialisme - qui essaie de réaliser
après l'indépendance ce qu'il n'a pu faire pendant la
colon i sa t ion.
1
1
-
33
-
Par ai lleurs,
le p rob l ème
rée l que
pose
l'As-
sis tan ceT e c h n i que est a us s i
b i e n cul t u re 1.
c i vil i s a -
tionnel, idéologique qu'économique et développei71ental.
Il
s'agit bien
de
l'assimilation, par les
Ivoiriens,
des
valeurs, goûts,
moeurs, en
un
mot,
de
la culture Française,
voire Occidentale ayant pour corrollaire
:
le
développement
à l' 0 cci de n ta l e e t
l 1 i mp é ri a lis me
cul tu re l,
vo i re
l 1 i nt é-
gr a t i on cul tu re l le.
La Coopération pléthorique n'es t pas nécessai re-
ment
un
indicateur
d'impérialisme
culturel,
car nombreux
sont les
pays
ayant
des
rapports
de coopération
avec
d'autres sans
pour autant les
dominer (les Soviétiques en
Chine avant le
conflit Sino-Soviétique).
De
toute
façon,
les Coopérants quittent dans ce cas
le Days sans faire
in-
tervenir leur ar~ée. Mais la coopération pléthorique est
caractéristique de
l'Afrique Noire.
C'est dire que
la présence massive
des
Coopérants
n'est pas
un indicateur généralisable
dans
le
Tiers-Monde.
J
On
ne peut
donc
le
reteni r que pour l'Afrique Noi re.
1
!
1.6.
-
Les
mass
média au service de
l'occident
1
et de
la classe dirigeante nationale
D'une
manière générale,
les
massmédia (Radio-
Télévision, presse écrite, cinéma etc ... ) appartiennent au
p ay s,
ma i s
leu r
c on te nue s t
loi n d' être na t ion al,
car :
1
-
Les
fi lms sont en
totali té occi dentaux,
(Américains, Français,
Italiens),
le
pays n'en produisant
1
pas.
1
l1
-
La maintenance
des
appareils
revient à
la
·1
France
ainsi
que
la
technologie dont
l'origine est égale-
1
ment Française.
1
!ii1;1
-
34 -
- Les cadres Ivoiriens assurant le fonctionnement de ces mé-
dia ont été ou sont formés en France à l'Institut de 1'Audio-vi~ue1 de
Bry-Sur-Marne après urie formation sommaire au Studio-Ecole de la R.T.l.
d'Abidjan
par des Coopérants.
- Ainsi
les mass média I:lédia ne présentent que la position
politique de la "droite" Française, ce qui n'est quère étonnant dans la
mesure où la classe dominante Ivoirienne a opté pour une Do1iti~u~ de
"druite, Je ce fait, il semble avoir identité de vue entre droite du
~_~tre~roite de la périphérie.
Cet indicateur semble généralisable, car il peut l'être au
niveau du Tiers-Monde. Mais il faut tout de suite retenir que les films
et émissions peuvent être nationaux (véhiculant l'idéologie occidentale
dans la langue nationale) et cela ne modifie en rien la validité de cet
indicateur.
L'indicateur suivant montrera bien cette situation.
1.7. - La classe diriqeante nationale alliée (de c~asse) de la
classe dominante Occidentale.
Il y a lieu de signaler que dans la plupart des pays Afri-
cains francophones, une classe dirigeante a été installée par l'ancienne
puissallce avant d'octroyer l'indépendance. Ainsi cette classe bénéfi-
ciait-elle de la confiance de l'Occident. Mais depuis, bien de choses
ont changé. Certaines Républiques ont connu diverses mésaventures allant
des coups d'Etat aux assassinats des Chefs d'Etat ou de complots avortés.
Cependant, dans cette mouvance pol iticienne, on peut distin-
guer deux types d'alliances.
- Celle qui est faite à l'indépendance et dont nous venons
de parler (cas de la Côte d'Ivoire).
- Celle qui siest faite par la suite.
On aurait pu ajouter une troisième, mais
en réa-
lité,
toutes
ces
alliances
donnent
les
mêmes résultats.
- 35 -
Quoi qu'il en soit, les classes dirigeantes issues de coups
d'Etat font toujours appel à l'ancienne puissance coloniale
en précisant toutefois que tous
les
accords de coopération
seront maintenus, que le pays respectera ses engagements ...
Par moments on parle d'une
vague dignité des populations
concernées ou de l'Afrique.
Mais en fait le statu-quo est
qua s i me n t
re s pe ct é.
r~ê me si, pou r a 'loi r 1e sou t i e n de 1a
pop u1a t i on
on a vance l' i dé~ d 1 i n dép e n dan ce na t ion a le dans
le discours officiel, en réalité la classe dirigeante à son
modèle de
vie et de comportement, sa culture qui est celle
du centre occidental. Bien sûr
il y a lieu de nuancer.
Certains pays dénoncent l'impérialisme Américain tout en
1e f a '10 ris an t con s cie mme n t 0 u i ncon s cie n mme n t (c as d u Bé n i n
ou du Congo), d'autres
tels que la Côte d'Ivoire, le Zaïre
et le Gabon etc ...
acceptent cet impérialisme culturel et
en font une théorie politique que devrait suivre tout pays
en voie de développement selon eux.
1
Par
aille urs,
a uc une
pu i s san ce
0 cci de n ta 1e
ne peu t cul t u re 11 e me n t dom i ne r t 0 ut p ay s de 1a pé r i phé rie
tant que
la classe dirigeante de ce dernier ne se situe
pas dans
un
rapport d'alliance avec cette puissance occi-
dentale.
Ainsi
donc cet indi cateur semble sérieux et
absolu à telle enseigne qu'il y a lieu de nous pencher sur
les différentes approches de l'acculturation.
1. 8.
- LI accu1 turati on croi ssante dans le pays
Cet indicateur semble important et il importe de
l'étudieren détail.
1. 8. 1. -
Le Con ce pt diA cc u l tu rat ion
Le Concept d'Acculturation, bien que de création
1
J
J
.~:!
1lÎ
- 36 -
récente
paraft encore ambigu dans beaucoup d'esprits.
ps y ch 01 0 gue s, Soc i 0 log ue s e t Anthr0!X'locrues
n 'e non t g uère
l a mè me con cep t ion .
Ce concept est
du point de vue sociologique,
pris dans deux approches.
Les sociologues étudient sous
cette dénomination
les processus par lequels l'individu
s'adapte au milieu culturel et se trouve
façonné par lui.
Cependant
peut-on parler d'adaptation dans
le cas où
existe un rapport de dominant-dominé? en d'autres
termes,
une adaptation est-elle possible dans
le cas d'une coloni-
sation ? Il s'agit
de toute évidence, nous semble-t-il
d'une imposition en ce qui
nous concerne.
Qua n tau x ps y ch 0 log ues, ils lac 0 ns i dè re nt co mme
une adaptation culturelle correspondant à un changement de
milieu, de nation, de classe sociale.
Ce changement qui
•.
l
intervient
n'est ~;as uri simple fait de hasard, mais corres-
pond bien à
une
volonté délibérée d'une nation "Supérieure"
sur le plan technologique à s'imposer par la force aux
nations supposées
"arriérées".
Ainsi
donc.
ce terme
diffi-
1
ci le à préciser,
uti lisé depuis près de
70 ans, a accumulé
une profusion
d'associations.
1
1
Les chercheurs Américains, non contents de lui
do nne r plu sie urs sen s, en p ro po sen t b i en a u con t rai re
1
d'au t re s .
Malinowski
refuse
le terme acculturation préconi-
sé par les Nords-Américains.
Il emploie transculturation
qui
lui paraft meilleure; car pour l'auteur, le préfixe
trans signifie aller à travers et désigne bien le passage.
4
1
j
t\\,
1
- 37 -
Il s'agit en effet.
des échanges culturels,
résultats dl un contact étroit entre les populations.
Cette
concepti on se rai t exacte si elle Si adressait a deux sod é-
tés d'égale puissance 00 les contacts s'effectueraient
lib re me nt.
Dia i l leu rs Plu t a rq ue sou 1i gnait a j us te t i t re
que :
"Ce n'est paa
le pied qui prend la forme
de
:l~hassul'e,
maia a'eat la ~hauaaure qui
prend la forme du pied".
(8)
Ici
le colonisateur serait le pied et le colo-
nisé
la chaussure.
Pour Montesquieu:
"Les
loia doivent tellement être prorprea
a 'A. peuple pour lequel elles sont faites,
que a'eat un grand hasard si ael.les d'une
nation peuvent aonvenir d une autre".
(9)
Le terme encul turation proposé par Herskovi ts.
désigne la manière dont un individu acquiert une connais-
sance opératoire, des pratiques et des modes de pensée
tradttionnels de sa propre culture.
Mais face à ces diffi-
cultés pour trouver un terme de contenu universel, vers
1935, une commission fut créée aux U.S.A. sous les auspices
du sodal Science Research Council et proposa la définition
sui vante :
(:3) -
PLUTARQUE aitA par H.
LABOURET.
Colonisation
ao loni a Lia me -
DA ao lonisa ti on
PP. 86-87 Ed.
Larose PaPia 1952.
,
(;/)
-
P.
ALBOU:
l'Aaaulturation - Artiale dans le Bulle-
~in de Payahologie. P.
206;
1954.
- 38 -
"tlc:ezdt:'<r~::C::::r: comproend Les phénomèn.qs qui
roésc(Zte;;t
j"A
contact diroect et contin.u
entl'e
d.e3 Jf'cupes
d'individus
de
cul::.troes
lifféreYi.::,:;3,
élvec des
changements s:A.Dsé-
'7:..ent.3
~':IY!.J :es types cuZturoeZs oroiginaux
~2
l' :,,: '.',,, ::l' 0 ctp e 3 ". (;
En
réalité
cette définition,
fonction
des
don née s
s p é c i fi que me n t eth n 0 - soc i 0 log i que s Amé ri c a i nes,
précise
de plus en plus qu'il
importe
d'étudier les effets
de ce processus,
c'est-à-dire
les
modifications provoquées
par le
contact.
Il
semble
difficile
de preClser ce qui est un
contact
di rect et continu, puisque
nous
convenons
de
l'existence
de
différents
degrés
de proximité et de conti-
nuité dans
les
contacts entre
les
groupes.
Il
faut aussi
distinguer l'acculturation du
changement culturel
dont elle n'est qu'un aspect et de
l'assimi1atio'1 qui
est parfois
une phase
d'acculturation,
mais qui
n'est pas seulement
un phénomène survenart dans
la
présence
des
types
de
contact spécifiés dans
la définition
précitée et ne constitue qu'un aspect du processus
d'accul-
turation.
Nous
constatons bien
après cette définition
que
l'acculturation n'est donc pas
l'assimilation qui
suppose,
non pas
une
certaine égalité entre
les
cultures
en contact, mais
une culture dominante et une
autre
domi-
!
née, pénétrée qui
n'est pas libre
de
choisir les éléments
qu'elle absorbe, ,et dont l'influence
réciproque sur la
1
culture
dominante est négligeable ou nulle.
C'est le cas
!
des
cultures
traditionnelles Africaines pénétrées .
1
.,
i
•
!i
P.
ALBJU :
Opt.
"'," -
_
J
•
::Oà-214.
J
1
l11l
t
1
!ï
- 39 -
Lesser
en 1933 fait une nette distinction entre
acculturation et assimilation. L'acculturation est
selon
1 ui, 1e pro ces sus par 1e que 1 ce r t a i nsas pe c t s des é 1é me nt s
de deux cultures se fondent les uns dans
les autres. Cette
définition se heurte malheureusement à la distinction con-
traire proposée par
E1sie Parson en 1936 ; et pour qui
l'acculturation est un phénomène réciproque.
Pour notre part, une
reciproci té peut-elle
exister 10squ'i1 y a rapport dominant-dominé? Il s'agit
dans
le cas précis de l'Afrique ayant connu une colonisa-
tion culturelle, prélude à un impérialisme culturel
engendrant des conséquences psychologiques, socio-
économiques et culturelles
d'une véritable domination.
1.8.2. - Les Processus de l'Acculturation
L'acculturation reposerait
selon Linton
sur
les mécanismes psychologiques de
l'apprentissage et de
l'oubli, c'est-à-dire sur des bases proprement individuel-
les. Ce qui est appris et oublié, ce sont les éléments
culturels
"culture éléments", parties actuelles ou poten-
tielles de la culture de
la société; chacun d'eux a
di t-i 1, une forme, possède des qua1i tés di rectement obser-
vables et une signification.
Ces mécanismes ont
par ailleurs
de profonds
effets psychologiques sur les membres de la société;
d'une part, ils modifient l'environnement, d'autre part,
1
ils rendent ceux-ci
cri tiques "culture conscience", à
1
!
l'égard des institutions de leur propre société
par un
1
mal ais e 0 u d' i ns a t i s fa c t ion, qui
1e s r end dés i re u x de m0-
'1
}
tJ
1
1§
- 40 -
di fier
le
statu
oua, adoptent tel
ou tel
élément cul ture1
récemment apparu à l'intérieur du groupe
ou provenant de
la culture occidentale.
Les
motifs
les plus divers, sur-
tout de pression, expliquent cette acceptation:
curiosité,
goût de nouveauté, espoir d'un avantage pratique, d'un
grand confort,
d'une efficacité accrue; enfin,
désir de
presti
ge.
Cependant
ce
ne sont pas
tous
les
trai ts
culturels qui
sont adoptés,
du moins
au début, mais seule-
ment quelques-uns,
les
autres étant
repoussés
rrollEntanérœnt.
Il
existerait
comme le souligne M. Bastide.
un
o.rdre d'acceptation ou de
rejet.
En tête,
viendraient
d'abord
les
traits
de culture technique;
armes,
ustensiles,
vêtements,
modes
alimentaires, puis ensuite
les
traits
de
culture économique:
forme
de
la propriété.
D'autres
traits
Culturel",
fion
moins importants
résistant
le plus
méritent notre attention.
Ce sont les
traits
religieux, apparemment
les
plus
difficiles
à
trans-
mettre; mais qui
au fond,
ont facilité
la colonisation
(christianisme
dans
le cas
de
la Côte
d'Ivoire), et aussi
difficiles
à supprimer une
fois
ancrés
dans
l'individu;
tandis que
les
contes
folkloriques
se
répandent plus
rapi-
dement que
les
concepts phi losophiques.
Aussi pouvons-nous
souligner ici
le
rôle
du temps qui
fait accepter tel
trait
et
repousser
tel
autre.
Les objectifs qui
étaient prestige
et
nouveauté perdent de
leur importance à mesure que
le
temps s'écoule;
la durée
variant
selon
les
lieux et
l'assimilation ou le degré d'acculturation étant plus
rapi de
dans
les
vi 11es que
dans
les
campagnes.
Car dans
les
vi 11 e s
1e s
con tac t s son t b eau cou p P 1 us n 0 mb re u x e t
dire c t s
qu'à
la campagne où la
vie semble,
malgré
l'infiltration
étrangère, plus
renfermée.
- 41
-
Lorsque l'emprunt cesse
affirme Malinowski,
la
trans forma ti on commence. Auss i 11 ana lyse du process us iapU-
que-t-el1e
l'examen des mOdifications survenant dans les
connaissances, les atti tudes et le comportement habi tuel
des individus; alors
vient un stade de réflexion qui con-
dui t parfois au rejet du trai t, surtout
dans le cas dl une
incommodi té. Si
les troubles provoqués par l'introduction
de l'élément
culturel sont manifestement plus grand qu'on
en peut retirer (destruction de la structure du groupe) on
constate qu'il est modifié en vue de son réajustement à la
cult u re t rad i t ion ne l lep rée xi s tan te.
1,8.3. - Les différents aspects
de l'acculturation
Les différents chercheurs Anglo-Américains se
sont
dès
l'origine. placés dans
une perspective coloniale
à propos
des interprétations des civilisations. Ces recher-
ches ont négligé
pour la plupart
dlexaminer de façon
systématique.
la situation de contact
bien qu'elles aient
insisté en général sur llexistence de groupes inégaux en
puissance et sur les rapports de domination et de soumis-
sion. On peut se rappeler l'histoire de toute société qui
se fait en fonction d'une présence étrangère et quel que
soit le mécanisme intérieur, l'élément caractéristique est
donc encore la pression dlune puissance extérieure coloni-
satri ce.
La di ve rs i té de s e f fe ts
du co n ta ct s' e xp l i q ue-
rait
selon Joubert
par le degré de fermeture des civili-
1
sations dominées. Ce facteur interne impliqué par la
s t ru c t u re soc i ale d u gr 0 upe, f a v0 ris e rai t lia c cep ta t ion .
1
ou le rejet des traits culturels étrangers. Ce facteur
interne nlest pas déterminant car si
on considére
1
l'Afrique et l'Asie, on se
rend compte que le
degré
~
l
!,]
- 42 -
d'assimilation n'est pas le même. Donc
il nous semble
qu'un facteur soit déterminant:
le degré de développement
de la culture préexistante, (l'écriture surtout).
Le contact direct que l'Europe Occidentale a eu
avec le peuple Africain s'accompagne nécessairement
d'attitudes de domination.
S'il est difficile de découvrir
une s i tua t ion de con tac t 0 ù cha c und e s gr 0 upe s con s i dè re
l'autre comme inférieur, dans ce cas, l'Occident colonisa-
teur qui
détient les pouvoirs:
politique, économique,
militaire soit directement ou par persof'ne interposée
(classe dirigeante nationale),
va s'efforcer d'intervenir
toute fois qu'il y a action intentionnelle sur la culture
traditionnelle en vue de la modifier, de l'anéantir - On
parle alors de transformation culturelle dirigée qui se
pro d ui t qua nd 1e s m0 di fic a t ion s de l' env i r 0n ne me nt soc i a 1
rendent les transformations indispensables à sa survie.
La pression exercée est purement psycho10gi~ue,
e t l'a r me ut i 1i s ée très sou ve n t re 1è ve du p re s t i 9e. Ma i s
malgré tout, l'inefficacité de ces méthodes est apparente.
Il est clair que tous les éléments de la culture qui ne
correspondent pas di rectement à un comportement, sont hors
de la portée des mesures puni ti ves. Ainsi
la violence
fait-elle naftre le ressentiment et accroft la conscience
des différences culturelles.
Ce sont ces attitudes qui
ont en ge n d ré de s si tua t ion s co n f 1i ct ue 11 es en t re a dmi ni s -
1
tration coloniale et les populations autochtones dominées.
Joua ERT : Le fai t co =_-':: -l Z e t se s pro lo nge me n ts. :'e monde
non chrJti~~ Xi -
lJSa - Paris.
-43 -
Il
ne s'agit pas ici d'une conséquence du contact
di rect et continu. Cependant
cette fusion est impossible
en l'absence d'un contact de ce type. Le mécanisme de ce
processus est à
la fois simple et uniforme. Poussé par le
désir de s'identifier au groupe supérieur (colonisateur),
le groupe dominé (colonisé)
lui emprunte certains de ses
éléments.
Cette fusion commence donc par un échange à sens
uni q ue d' é 1é me n t s. Les
fa c te urs d' ut i 1i té et de p re s tige
i mpli q ués dan s t e 1s t r ans fer t s son t 1e s mê me s q ue ce ux qui
jouent dans
tous les cas d'emprunt culturel.
Il en va de
même du processus d'intégration dans la culture réceptrice.
Le résultat devient beaucoup plus
une combinaison d'un
rre1an~, non pas
une simple agrégation d'éléments dont
chacun peut être attaché à l'une et l'autre des cultures
parentes, mais
une chose nouvelle dont bien des traits ne
peuvent ëtre rapportés directement à chacun des deux. Cette
fusion des cultures va s'accompagner d'une fusion de
groupes, le transfert d'éléments correspondra au transfert
progressif d'individus d'une communauté à l'autre. Le
mariage mixte est l'un des moyens les plus efficaces de
fuir le groupe méprisé, dominé, mais il
traduirait aussi
1a ré us site soc i ale.
Une transformati on des atti tudes des membres
du
1
groupe dominé se produit avec le telllfs. S'ils conservent
1
~
l'espoir de se fondre avec l'élément dominant, ils mani-
festent un certain respect de l'occident,
un ardent désir
1
d'acquérir la culture supérieure; mais
lorsque le contact
1
1
i
se prolonge et qu'ils perdent au fur et à mesure cet
i
espoir, ils adoptent une attitude plus critique, voire
même hostile et réactionnelle, inhérente aux déceptions
1
individuelles.
Mais pour comprendre ce problème d'accu1tu-
1
!l
1
,l
,1~l
1
!
- 44 -
ration, il
est important d'étudier les
méthodes
appropriées
par les q ue l les 0 n peu t
mi eux le ce rn e r .
9.4.
- Méthodes
d'études
de l'acculturation
L'analyse
du concept de
l'acculturation nous
révèle deux tendances bien distinctes:
d'une part les
fonc-
tionnalistes et d'autre part les
relationnalistes. Cependant
ces
deux tendances considèrent que toute étude d'accultura-
ti on
doi t p résen te r
de ux caractères essenti e 1s
a) elle doi t être
dynamique;
b) e 11 e
do i t être dia le ct i q ue .
l , 8 ,4 ,1.
- Les
mé th 0 de s
cl as s i q ue s
Le problème posé ici
est l'examen
des
faits
tels
qu'ils se produisent en
ce
moment
sans référence au passé.
Les techniques adéquates sont dans
ces condi tions
celles
de toute
recherche ethnographique.
Nous nous efforcerons
d'organiser les
données
obtenues de manière à en
dégager des schémas œ comportement
individuel,
des normes
de conduite qui
forment
le style
dl une culture et qui
permettront de
di fférencier les deux
civilisations (traditionnelle et moderne).
1,8,4,2. - La méthode historique
1
1
Cette méthode.
selon Bastide
consiste à suivre
toute
l'évolution
des
contacts entre
deux civilisations, à
1
partir du moment où ces
deux civilisations se sont trouvées
•
1
en con tac t
j us qui à l' é P oq ue
a ct ue 1 le.
11li
1
~
l1~1
- 45 -
L'utilisation des. do n née shi s to ri q ue ses t
do n c
une condition sine qua non
Elle donne
de
la profondeur à
nos
travaux, qu'elle place à
l'intersection de plans
di f-
fé re n ts .
5 ' il est prouvé que l'histoire est indispensable,
elle n'est cependant pas suffisante et ne saurait consti-
tuer une
fin en soi.
1 l nous
faudra,
pour que notre recher-
che ai t
un sens, de
toute évi dence,
un cadre
de
référence
préalable, des hypothèses,
un ensemble
de pré-suppositions,
eu égard à
la complexité des phénomènes d'acculturation,
et pour être concret,
d' autres méthodes
doi vent être
prises en
compte.
1.8.5.
-
Les méthodes connexes
Elles sont au nombre de trois:
- lamé th 0 de gé 0 gr ap hi q ue
;
-
la méthode ethno-historique
-
la méthode des
traits
culturels.
l
Elle consiste à étudier les problèmes en les
situant dans
le milieu géographique
car il est évident
que
le degré d'assimilation change suivant les
lieux.
En efffet,
cette méthode doit être liée au milieu
gé 0 g ra phi q ue b i e n sûr, ma i s e l lep re n den co mp te l' h i s toi re
et la culture
basée sur l'écriture- C'est le cas de Mada-
gascar.
Méme oendant l'époque coloniale
ce pays a tou-
jours eu son identité,
ainsi
lors
des examens et concours,
le Malgache pouvait choisir comme seconde
langue,
la
- 46 -
si-enne
alors que les_ Africains. choisissaient l'Anglais,
l'Espagnol,
l'Allemand ou l'Arabe - cela prouve bien que
le degré d'assimilation est différent.
La sociologie étant une science qui étudie les
faits sociaux,
voire une science de l'homme, il est néces-
saire d'associer la méthode historique et la méthode ethno-
logique.
Il ne faut donc pas couper le présent du passé,
la véritable méthode étant la combinaison de ces deux
points de vue qui se corrigent et se complètent l'un et
l'a ut re .
Cette méthode comporte deux formes principales
- l'étude d'un trait culturel particulier
-
l'étude d'une s.ociété marginale à partir d'un
élément déterminé.
Cette méthode insistera à la fois sur l'importance
du mi lieu social interne et celle des représentations col-
le c ti ves .
L'acculturation serait donc
pour nous:
"Toutes
les tranaformati ons id~ologiques
et te ahnologiques les modes de penser~
de sentir et d'agir qu'un peuple suppos~
sup~rieur fait 8"ubir d un autre
"inf~rieurn
eu ~gard d sa sup~riorit~ teahnologique".
- 47 -
L' acculturati on es t donc un i ndi cate ur absol u
d ' i mp é ri a lis me cul t ure l .
l ,9 - Lia lié na t ion cul t ure l l e
~lombreux sont 18S auteurs qui
utilisent à tort
ou à raison le mot aliénation et ce, dans diverses disci-
plines
de sorte que son emploi implique désormais une
confusion dans l'espri t d'hommes non avertis.
Ce souci
de
précision nous amène à circonscrire son champ sémantique.
Aliénation appartient à l'origine au langage
juridique et signifie une cession, et le don ou la vente
de ce que l'on possède à titre de priorité.
Mais les psychiatres lui
donnent un autre sens.
Ils
utilisent plutôt l'expression aliénation mentale pour
désigner le trouble mental
passager ou permanent rendant
l'individu comme étranger à lui-même et à la société où il
est in c ap ab l e de se co n d ui re no rma l e me nt.
Pour les Marxistes, c'est l'état de l'individu
qui, par suite des conditions extérieures (économiques,
politiques, religieuses, culturelles ... ) cesse de s'appar-
teni r, devient esclave des choses" (11'.
C' es t donc dans ce sens que nous uti lisons ce
terme (aliénation), c'est-à-dire esclave de la culture et
de la civilisation occidentales. Dans ces conditions nous
pouvons donner la définition suivante
(11'
.'.fi,~ro-.;:L:b.Jl·C :
P.
23.
Ed.
S N L
378 Paria.
- 48 -
Aliénation, a'est l'état de l'individu (Afri-
aain) qui, par suite de la aolonisation et de
la domination aulturelle, a aes8é de s'appar-
tenir, devenant ainsi esalave de8 Mod~le8 de
aivili8ation et de la aulture oaaidentale (ici
SOU8 l'e!!et des mass-média).
L'aliénation est donc un indicateur absolu d'impé-
rialisme culturel.
10 - La Domination culturelle
10.1. - Origine de la domination culturelle
La Domination culturelle constitue
elle aussi
un
élément constitutif important d'Impérialisme culturel. Voyons
alors ses origines, son contexte et ses modes courants ou ma-
nifestations.
Immanuel Wallerstein retient trois éléments fonda-
mentaux dans l'étude du système contemporain de la domination
culturelle:
1 - Un marché Unique dans lequel on fait des opéra-
tions de rentabilité; le volume des activités de production,
le niveau de spécialisation, les modes de paiement de la main-
d'oeuvre, les biens et services et l'utilité des inventions
technologiques.
2 - Des services de structures étatiques
à deqrés
divers de force.
3 - Appropriation du surplus de main-d'oeuvre
ou
trois tierces au lieu de deux participent au processus d'ex-
ploitation. (12)
(12) Immanuel WALLERSTEIN ~ité par H. Sahiller : aommuni~tion and cultu-
rol domination Inter.ction Arts and Saienaes PreS8 :"l.~ ... , p. 5.
- 49 -
Tout ceci constituant un système comparable à un marché dans
lequel le calcul du profit maximum qui se fait détermine le
volume des activités de production, le degré de spécialisa-
tion, les modes de réMunération de la main-d'oeuvre etc ... et
enfin présence massive des tierces personnes dans le proces-
sus d'exportation. Dès lors
l limoérialisme culturel se com-
rrend à travers ces trois éléments.
Il se déveloroe dans un système mondial où il y a
un seul marché en fonction duquel
les termes et le fonction-
nement sont déterminés.
Les Etats existent bien, mais généralement
leurs
interventions vont au bénéfice des intérêts des classes domi-
nantes dans leurs proores domaines. Ainsi le systèMe est-il
préservé sur le plan national et international.
Les secteurs des communications culturelles du sys-
tème mondial se développent nécessairement en accord avec les
buts et objectifs du système ~énéral. Un grand flot d'infor-
m1tion unidirectionnel partant du centre vers la périphérie
illustre les réal ités du pouvoir
de même que la promotion
d'une langue extérieure imposée (dans notre cas le Français).
On cherche une ascendance rapide de la technoloqie dont l 'u-
tilisation correspond aux besoins des éléments dominants
du
centre.
Il existe un autre facteur non moins complexe qui
affecte la sphère des communications culturelles du système
mondial. Ce sont les retombées de l'information culturelle
qui sont largement déterminées par les
mêmes
iMpératifs
régissant toute la production des biens et services du sys-
tème.
1
~ais l'information culturelle va au-delà de la
1
1
1
1
;
~
- 50 -
consommation personnelle: C'est l'ensemble des situations
idéologi~ues de l'économie du monde capital iste. Elle aide à
sauvel]arder la valeur du système. L'exemple du magazine "Rea-
seris Digest" qui fait la conquête des consciences (esprits)
aux Etats-Unis d'Amérique illustre bien ce que nous venons
d'avancer.
Les multinationales, ces "géêlnts", en grande partie
Américaines
dominent ~lobalement le marché de production et
de distribution des biens et services.
En f i xa nt leu rob j e c tif, cel uide con qué r i r l e 'la r-
ché mondial et de réal iser un profit énorme, ces multifl.~tiona
les se voient obl igées d'influencer et de dominer tous les
espaces de culture et d'information qui les séparent du con-
trôle total de leur environnement national global. Ce phéno-
mène est permanent.
Ainsi chaque établissement commercial a-t-il un
plafond. C'est l'atteinte de ce plafond qui motive les mass
média Américains dans la recherche des marchés étranners et
c'est à partir de cette perspective prédominante que les co~
ditions d'entrée
sont analysées.
READ pense que le processus de pénétration a des
bases économiques. Ainsi plusieurs éléments travaillent-ils
dans le processus :
- Implantation du personnel expatrié
- Formation en affaires à la fois dans les firmes
et les écoles du pays hôte, conçue en vue de fournir des ma-
nagers et des travailleurs locaux (indigènes pour employer
le terme consacré des Américains). pour des compal]nies inter-
nationales.
-
51
-
- L'adoption de l'Anglais comr.1e "langua Franca" du
monde des affaires: ExeMple: Philips, la Compa9nie multi-
nationale Allemande des équipements électriques.
- L'utilisation des compétences et éner~ies pour
la plupart Américaines.
- L'appropriation de la publicité, du sondage et de
la recherche des marchés. (13)
Les résultats de ces diverses relations constituent
une aliénation culturelle dans une société pénétrée (comme la
Côte d'Ivoire). Une fois ce processus d'aliénation amorcé, il
s'étend sur toutes les institutions de la société. Ainsi donc
une ré~ion, une nation se trouvent obligatoirement absorbées
dans le système.
Le concept d'impérialisme culturel décrit mieux au-
jourd'hui l'ensemble des processus à partir desquels une so-
ciété est conduite dans le système moderne, et comment la cou-
che dominante est attirée, pressée, forcée et corrompue à 1 1 -
intérieur de leurs institutions sociales en vue de corresyon-
dre, de promouvoir les valeurs et structures du svstème cen-
tral dominant. Les mass média publ ics sont l'exer.1ple des
en-
treprises opérant dans la pénétration du processus. Ils sont
capturés par le pouvoir dominant. Cela se manifeste largement
dans la commercialisation des diffusions. L'Amérique Latine
(excepté Cuba), est une zone périphérique où la diffusion est
totalement commercialisée et sert entièrement les annonces
des multinationales et les lIindil]ènes ll partenaires (locaux) :
Films etc ...
L'Europe occidentale, partie intégrante de l'écono-
l\\
(1".))
Head cité pal' H.
SCHILL2.':f,
ODt.
::nt.,
r.
1
7
l
j
1
1
.,
1
- 52 -
~ie du monde capitaliste
procède aussi par la co~~ercial i-
sation de ses mass média diffusés. Les pressions économi~ues
~ontrent que la diffusion aoportera le matériel produit
au
centre (USA, Grande-Bretagne, Républ ique Fédérale d'Allemagne,
France etc ... ) ; les imitations commencent chez les "indigè-
nes" les nationaux de la périphérie (industrie, film, etc ... ).
Oirectement ou indirectement
les rendeMents
sont
les mêmes. Le contenu et la manière de la proqram~ation ain-
si adaptés aux conditions locales
entraînent l'adoption de
l'idéologie des principaux centres de l'économie capitaliste.
On peut citer en exemple les produits "Disneyll.
Aussi
le caractère et llorganisation de la forma-
tion et de la Recherche Scientifique au Centre et à la péri-
phérie se doivent-ils de s'adapter en vue de répondre aux
exigences des multinationales.
L'éducation dans les pays capitalistes avancés est
conçue pour produire des "manaqers" (qestionnaires), adminis-
trateurs et des cadres qualifiés pour les Multinationales et
la bureaucratie. Mais si les structures s'avèrent défaillan-
tes, elles se voient installées hors des ré~ions du centre.
Exemple: L'Agence de développement international a installé
des écoles dans les pays du Tiers-Monde à l 'ima~e des écoles
Américaines. Toutes les écoles supérieures de Côte d'Ivoire
sont calquées sur celles de France ...
Parfois, ce qui paraît un acte philantropique de la
part des universités aMéricaines, devient une stratéaie pour
asseoir des centres en dehors des USA et de l'Europe occiden-
ta le.
Exemple: Les écoles de journal isme et de radio-
télévision ont proliféré en Amérique Latine et en Afrique ~oi-
-
53 -
re. La plu~art d'entre elles aident les pays du centre à l'-
information.
Les mêmes multinationales ont internationalisé leur
formation. Exemple: "Haward Business School" qui a des
fi-
lières à Lauzane (Suisse) ; New York University a des activi-
tés de coooération avec "London Business School" affiliée
à
1 1 Uni ver s i t é de Lon dr e set à l' Ecole des Ha utes Et udes corne r -
ciales 3. ,Jouy-en-Josas près de Paris. Ainsi
les nremiers di-
plômés de ces écoles ont-ils été employés rapidement dans les
succursales locales des firmes Américaines. (Ctity Bank, Mor-
gan Guaranty Trust, Irvin~ Trust etc ... ) comme le souligne
Schiller.
Tout ceci nous amène à conclure que la
génération
future de grands gestionnaires seront formés pour vulqariser
les théories et pratiques américaines. Et par transitivité,
dans la mesure où les Africains sont eux aussi formés
dans
les mêmes écoles du centre et celles existantes sur place
mais calquées sur celles du centre, ces cadres vulgarisent
les mêmes théories et pratiques.
On le remarque aussi du niveau de la Radio et de la
télévision.
Exemple: L'exploitation des principes d'exploita-
tion des chaînes S.S.C., O.R.T.F., NBC et CBS qui ont exporté
non seulement leurs structures, mais aussi leur philosophie
d'opération en Afrique Noire, en Asie et en Amérique Latine.
Tou t ce c ire nfor cé par 1e t ra ns fer t du pers 0 nne 1, l a f 0 ma t ion
aux programmes etc ... , en un mot, la spécialisation aux tech-
niques occidentales à outrance.
Lorsque les pays Africains contactent les consultants
Américains ou Européens (pour des salaires exhorbitants) ils
- 54 -
leur fournissent exactement le contenu de la for~ation que
"les Indigènes qualifiésY,
pour utiliser le
terme
,Américain,
reçoivent dans leurs écoles.
Les chercheurs de~ centres de recherches aqissent
en rapport très étroit avec le centre. Une des facettes s'o-
père à travers le tourisme qui représente une chaine puis-
san t e de c 0 mm uni c a t ion. 11 5 e r t à plu sie urs fin s . Au ss i 0 f f re -
t-il des possibil ités de divertissement à noindre frais à la
classe moyenne du centre.
Cette mobil ité géo~raphique donne l'impression d'-
une grande liberté. Au même ~oment le tourisme est une ~ran
de SOlJrce de profit pour les pays du centre qui détiennent le
mono!,ole.
(Hôtel
Ivoire, Hôtel Hilton, etc ... L
Il crée
des
segments d'entreprises dans les pays visés qui demeurent très
dépendantes de lui - (comf'llicité de l'élite locale avec
le
centre). Le touris~e sert à tout vendre dans un pays {peuple,
coutu~es, cérémonies, nourriture, habits etc ... ). Ainsi
la
co~munauté devient elle_même un marché, un oroduit commercia-
l isable (continuation de la monoculture, séoréoatior 81anc-Moi~
Riche-Pauvre etc ... ).
Un autre facteur important, celui de la chute
du
temps. Le processus de développement qui s'étendait sur
des
décennies surgit du jour au lendemain
Exemple
le Zaïre choisi pour le championnat du
monde de Boxe.
A travers cette prat ique, nous percevons 1e lPécanisme
explicite de l'impérialisme culturel contemporain.
le système mondial est le théâtre où les scènes par-
tent du centre vers la périphérie orchestrées par le consen-
- 55 -
tement, la sollicitation des élites locales, soit du centre, de
la semi-périphérie.
Ces élites luttent ardemment pour conduire leurs
peuples et leurs pays dans l'économie du monde capitaliste.
C'est pourquoi il ne faut pas voir ces mécanismes
contemporains de contrôle culturel comme une invasion. D'-
ailleurs Dagnino écrit à juste titre:
"Les effets de la dépendance cultul'elle SUl'
la vie des Latino-Amél'icains ne sont pas la
conséquence d'une invasion étl'angèl'e,mais un
choix effectué pal' la classe dil'i~eante au
nom du développement national. A tl'avel's ce
choix,
la vie et la cultul'e nationales sont
subol'données aux dynamiques du système capi-
taliste, soumettant la cultul'e nationale cl
une fOI'~e d'homogénéisation pOUl' le maintien
du systè~e intel'national .... " (1~).
L'homogénéisation culturelle du ~onde est diriqée
non par une seule nation, mais par un système inté9ré de dif-
férents secteurs nationaux souMis à une for~e spécifique d'-
organisation socio-économique. Au,si est-il if11Dortant de com-
prendre le rôle de collaboration solide des groupes dirigeants
dans les zônes dominées de l'économie du monde capitaliste,
qui apparaît comme une voie ~ sens unique dans ce processus
de pénétration culturelle.
10.2. - La domination culturelle par la tech~olo9ie
Le monde actuel est divisé entre les pays indus-
trialisés relativement riches et les pays non-industrialisés,
pauvres. Le développement économique exerce une influence i~
résistible sur les pays pauvres et leurs leaders. Tout se passe
(14} Dagnino cité pal' H., SC.Z:ILLER : op. cit., p. 16.
- 56 -
à la manière de
l'occident et les media jouent le
rôle
de
stimulant dans ce processus d'exhortation et d'imitation. Ils
incitent les nationaux à suivre la manière de vivre
des so-
ciétés dites développées.
Ils encouragent le changement pour
le modernisme sur tous les plans, se moderniser,
fuire
la
tradition pour adopter le comportement des sociétés
de con-
sommation, fuire les campaqnes pour se réfuaier en ville,
etc ...
Selon Schiller, un ~roupe d'Experts en Sciences
politiques du MIT a émis la théorie suivante:
"Au centre, la théorie décrit le processus de mo-
dernisation en terme de quatre variables:
- l'urbanisation
- l'alphabétisation (instruction)
- l'exposition aux mass média
- la participation
L'urbanisation poussée a réhaussé l'alphabétisa-
tion
~'a1phabétisation poussée a accru l'exposition
aux mass média et ce qui a entraîné une plus
grande participation économique et politique, le
revenu par tête d'habitant, le vote etc ...
C'est évident que les mass média
qui véhiculent
des modèles occidentaux produisent des participants au déve-
loppement à l 1 i mage de 1 1 occ i dent.
D'abord le système tente de s'introduire dans les
sociétés ou organismes traditionnels. Le processus appelé
par les academiciens occidentaux "modernisation" suit en gé-
néral
l'introduction du système économique (affaire, commerc~
finances, etc •.• ),techno1ogique. Les mass média se charqent
de véhiculer le messaqe souhaité.
- 57 -
La technologie telle qu1elle est vue ici~et les
ii
conditions de production sont vues comme normales, naturel-
1
les et non idéologiques. Ceci s'observe par la considération
!
que l'on a pour la technologie lourde. La technolo~ie qui ap-
parait en général neutre et comprise (machinerie lourde' don-
ne l'impression d'être utile a toutes les couches sociales pour
1
des fins diverses.
1
i
Cependant, ce concept de 1 ibre circulation de l' in-
1
formation donne l'impression à tout le monde de participer au
processus
mais qui en réalité n'est qu'un processus a
sens
!
unique pour exercer ou intensifier la domination des pouvoirs
i
tout en intensifiant aussi 1a dépendance des Q1us faibles.
Il est important de reconnaitre que la technologie
des pays capitalistes se prête difficilement au développement
des pays pauvres,aussi est-il essentiel de comprendre (lU'= Cc:!tt2
technologie en elle-même est l'expression des structures ca-
pital isteset des luttes dont elle émerge. La machine
lourde
est conçue à l'image des relations existant entre riches
et
pauvres comme le soul iqne Herbert Schiller.
Raymond Williams explique que l'une des erreurs
consiste a croire que les nouvelles techno10aies sont inven-
tées dans une sphère indépendante et qu'elles peuvent créer
de nouvelles sociétés et de nouvelles conditions humaines.
La réalité historique est di~férente.
L'autre exemple de l'origine socio-po1itique de la
technologie est fourni par les circonstances entourant le
développement des satellites
antitude à instruire, à enri-
chir sur le plan culturel.
Voir Herbert SCHILLER: Opte citée, pp.
48-58.
- 58 -
La technologie de comMunication a été depuis la
fin de la deuxième guerre mondiale conçue. développée et sa-
turée avec l'idée de monopole du capitalisme. Par conséquent
elle est non seulement l'expression de système d ' exp10itation
mais l'extension et l'aMplification de cette exploitation.
L'interaction de la technologie et du caoita1isme
et la présentation de ce rapport comme apolitique méritent
d'être analysées.
Dallas Smythe insiste sur le fait que l'idée que
la technologie est " au tonome" est en elle même " un concept
politique". Si on accepte la technologie comme une tendance
universelle, cela conduit inévitablement le peuple à la con-
sidérer comme quelque chose ~u'i1 subit. dont il n'a pas le
contrôle.
Le facteur principa1
l'introduction de la nouvel-
1
le technologie est la recherche du profit.
"l ' i nsou c i a nce Il des con sé que nces r est e a U}( f rai s de
la société.
10.3. - La politique Nationale de communication
comme nouveau chamo de lutte sociale.
Le domaine moderne de la gestion de l'information
en matière d'éducation. d'icono~raphie et de technologie pose
de nouveaux problèmes aux peuples dominés. aussi bien au cen-
tre dans les pays industrialisés et à la périphérie. que dans
les zones dépendantes. Les pays occidentaux utilisent l'in-
formation à outrance à ces fins (domination).
la lutte des classes s'est érigée de nos jours en
- S9
-
une lutte de communication culturelle et l 'émerQence de la
communication nationale est le reflet de cette éternelle ba-
taille entre les intérêts divergents et la demande dans les
secteurs de l'information culturelle. La bataille (domina-
tion) suit le cheminement courant caractérisé oar les
rap-
ports déveloDpés/sous-dévelopoés, riches/oauvres, blancs!
hommes de couleur. Ainsi le système colonial disparaissant,
survit encore sous d'autres formes de dépendances économi-
que s, pol i t i que set cul t 'J rel les .
LI innovation technologique ne survient oas dans un
espace réduit. Elle est entretenue par le système social qui
l'intègre et la développe A des fins de domination. Le cas
des satell ites aux USA en est un exemple fla~rant : conçus et
créés par le centre le plus agressif du capitalisme Américai~
ils sont organisés dans un système global servant aux fins de
production d'équipement, de corporation électronique, des é-
tablissements militaires et aux organismes commerciaux et pu-
blicitaires.
Un examen des conditions d'introduction de la télé-
vision par cable, de l'ordinateur révèle les mê~es tendances
a ux USA. Les i nfor mat ion s pol i t i que s, les rel a t ion s pub 1 i que s,
les sonda1es d'opinion et toutes les autres activités média-
tisées sont les composantes actuelles de l'effort systémati-
que de manipulation, de persuasion du peuple. L'installation
d'une politique nationale de communication a un côté aussi
bien domestique qu'international. Ainsi les critères de domi-
nation sont-ils util isés à l'intérieur et A l'étranoer.
Les firmes américaines et leurs partenaires"indigè-
nes'/cherchent les marchés et la sécurité par la Maîtrise des
infrastructures de persuasion: les médias.
A l'intérieur du oays (USA) le processus est plus
- 60 -
avancé. Il est vu comme la constante bataille de la classe
dominante sur le plan social.
Il est évident que la structure générale de la com-
munication capitaliste en occident ne peut pas être adaptée
totalement comme un modèle approprié aux sociétés cherchant
la libération culturelle. Bien qu'il soit toujours proposé
par les analystes et chercheurs occidentaux.
Les mass média occidentaux constituent des instru-
ments de modernit~ et de changement social. Résister ~ eux
signifierait une opposition ~ la modernisation, et une adhé-
sion ~ l'ignorance, ~ l'analphabétisme et ~ l'esprit rétro-
grade. Mais en réalité la situation est renversée. L'objec-
tif d'une politique n'est pas simplement d'exclure le maté-
riel, mais d'aider au développement de la conscience.
Le langage constitue' aussi un instruMent de domi-
nation. La perpétuation d'une forme linguistique ou exores-
sion coïncide avec la perpétuation de la domination e11e-
même.
L'usage de la 1anque est ~ double tranchant. Il
peut aussi diminuer le pouvoir.
P. 89 (L'auteur lui-même).
"
la technologie telle que vue peut aussi
constituer un des problèmes cruciaux con-
cernant la création d'une poTitique de commu-
nication autonome, parce que la technologie
interagit avec les autres aspects du déve-
loppement de la conscience ...
De sa création d son introduction,
la tech-
nologie est tenue par la classe dominante,
et ce contrôle influence le caractère,
l'ap-
plication,
l 'utilisation,
les"odifications
précoces et le développement de nouveaux
l
- 61
-
équipements ou processus ... "
n •••
La technologie elle-même n'est pas neu-
tre, c'est un édifice qui porte les marques
d'un ordre social qui l'a produite ... n P. 89
(auteur lui-même)
La politique de communication bien ~ue conçue sur
une base nationale s'avère profondément internationale par
son essence.
Il existe une autre arme puissante pour la classe
dominante, le recours A la spécialisation, au professiona-
1isne qui a graridement amélioré la productivité.
Cette spécialisation a un impact;; psycho1o~ique et
social i~portant. Les cadres qualifiés bénéficient de privi-
1èqes qui les figent dans le confort d'un altruisme (aMour
propre) et d'importance rêvée.
L'élitisme, la spécialisation et le professiona1isIT'e
sont des concepts importants surtout quand les critères de
performance sont basés uniquement sur l'efficacité de la ren-
tabilité. Ils constituent un moyen de dispersion des person-
nes, car ils les limitent A un champ spécifique d'interven-
tion, ce qui les exclut d'une participation significative.
Il s f 0 nt 1a pro mot ion de l' i dé e 111' 0 bje c t i vi té Il rny th e
d ' un
marché de systèmes de communication.
Il n'est pas par conséquent surprenant que les
structures et les systèmes de contrôle des média
soient in-
connu.s dans les écoles de journalisme aux Etats-Unis. Le
professiona1isme fait l'objet d'une attention particulière.
La politique nationale de communication constitue
un terme générique pour la lutte contre la domination socia-
- 62 -
le et culturelle dans toutes ses formes~exercée A l'inté-
rieur du pays et A l'étranger. Elle doit contribuer au déve-
loppement de la conscience dans ce processus de lutte. Par
conséquent, le processus communication-planification cultu-
relle ne doit pas être formulé par des experts et imposé au
reste du peuple comme un don
législatif. (Auteur P. 96)
11 - L'Influence culturelle
On peut définir ce concept comme une action graduel-
le et continue ou un pouvoir qu'exerce un individu sur un au-
tre, ou une autre civilisation ou une culture sur une autre
en vue d'en modifier le comportement, l'orientation ou la
culture. Dans notre cas
l'influence se ressource dans la co-
lonisation et se présente comme la conséquence de celle-ci.
En effet
on ne peut durablement dominer un autre
que si on exerce une influence sur lui t en cela on peut avan-
cer que Influence et domination sont liées.
D'une manière générale, c'est le pouvoir ou l'au-
torité exercée par un homme ou un groupe d'hommes -
par n'im-
porte quels moyens -
sur la conduite des autres
d'une façon
intentionnelle. Il s'agit ici, non plus d'une simple capacit~
d'une influence observable. Cette définition qui paraft clai-
re et opérationnelle puisqu'on peut mesurer chez un sujet!
les changements survenus du fait de l'action de ~, laisse ce-
pendant de côté les aspects inconscients de l'influence et
n'en retient que ce qui est prémédité. Or on ne peut iqnorer
que l'influence s'exerce parfois de façon occulte, presque
magique, sans que les sujets A et B en soient pleinement cons-
cients.
Voi~ Anne-Marie ROCHEBLAVE-5PENLE : Le Pouvoir dénasqué. Col-
lection wJe" Ed.
Unive~sitaires, Paris, pp.
23-24.
- 63 -
L'influence - 1 iée au pouvoir - est définie comme
. ce qui cause des individus ou des groupes ~ dévier d'une voie
de comportement prédite. L'influence se réfère à l'exercice
graduel du pouvoir (exemple: par la persuasion). plutôt qu'à
l'exercice légal et manifeste d'un pouvoir lié à une autorité
formelle. Ainsi donc l'influence exercée peut être consciente
ou i ncon sc i e nte, volon ta ire 0 u i nvolon ta ire, i nd i vi due 11 e ou
collective. Elle précède le plus souvent la domination cultu-
relle, l'aliénation culturelle et l'acculturation. En cela
elle est un élément constitutif de l'impérialisme culturel en
Afrique Noire.
A partir de la connaissance des éléments constitu-
tifs de l'impérialisme culturel, on peut aisément définir le
concept d'impérialisme afin de mieux cerner le contour de
notre thème.
II - IMPERIALISME
1 - Définition
En latin IIImperium ll le mot impérialisme inclut:
- la domination - la dépendance - le pouvoir d'un empereur ou d'un gou-
vernement. Cependant il définit - une méthode - une politique d'un Etat-
l'affirmation d'une recherche de l'extension ou d'expansion territoriale
- le contrôle d'un Etat au-delà de ses frontières naturelles. Mais dans
le cas précis de l'Afrique, la base de cet Impérialisme provient de la
colonisation dont le corollaire est la IIba1kanisation" du continent
(frontières arbitraires et artificie11es)~constitueen soi un impérialis-
me ; car é11e permet un contrôle facile de la part de l'ancienne puissan-
ce colonisatrice ou nouvel allié.
On peut donc retenir que l'ImpérialisMe est uns volonté d'un
Etat - d'exploiter - de dominer - de contrôler et parfois d'occuper un
autre Etat. Ce dernier étant suppcsé .faible SUl" les plans: économique
et militaire.
- 64 -
2 - Origine du concept
Au cours de 1 'histoire, ce concept a eu divers sen~
ainsi exprime-t-i1 des objets hétérogènes. Le Larousse en donne la défi-
nition suivante :
"Opinion favorable au régime impérial.
- Doctrine politique visant d resserer les liens qui
unissent l'Angleterre d ses colonies et l'expansion
de la puissance Britannique.
- Doctrine tendant à l'extension territoriale d'un
état ou d suprématie sur les autres .•• " (1~)
Ce concept est très récent bien que lié à la notion d'empire
qui a lui-même une histoire.
C'est en effet sous la monarchie Française de Juillet qu'-
apparatt ce mot pour désigner les Bonapartistes (type de régime politi-
que impérial). Il prend effectivement un essor particulier en Angleterre
vers les années 1850.
1
t
Il est consacré à Napoléon 1 et à son réQime auto-
cratique et despotique; régime fondé sur le prestige mili-
taire et le "Franco-Centrisme".
Dès 1870, ce terme prend une autre siqnification,
il désigne les liens de la Grande-Bretagne avec son Empire.
Pendant la guerre des Boers (1899-1902) John
Hobson remet en cause la notion d'impérialisme après avoir
assisté comme journaliste, à cette guerre, surtout à cause
de sa violence inhumaine.
(lô) -
BRAILLARD P. et SENARCLENS P.
:
L'impérialisme. Que-
Sais-Je? N° 1816 i p. 3 - Ed. P.U.F.
1979 -
Paris.
Voir le Larousse du XXe siècle publié en IJJl - Paris.
- 65 -
En Europe
cette notion se
répand vers
la fin
du 1ge siècle. Elle désigne l'expansion coloniale Britanni-
que qu'on considère sans doute à tort ou à raison comme une
for me d' u1 t r a - n a t ion a 1 i s me.
0è s 10 r s, e 11e est 1i ée à
toute expansion coloniale.
Dans
la seconde moitié du 19 si~c1e en effet, on
assiste à
un mouvement d'expansion coloniale Européen en
Afrique et en Asie.
En peu de
temps,
la quasi
tota1i té des
terrfS Africaines sont contrôlées par l'Europe.
De leur
côté,
1e sU. S . A. e t 1e J a p 0 n, a·1 0 r sen v0 i e de dé ve 10 ppe -
ment (d'industrialisation) participent de près ou de loin
à ce
vaste mouvement.
Mais en réalité
l'empire colonial Européen
dans sa versi on actuelle
date du 16e si èc1e avec l'occu-
pation de
l'Amérique, et l'établissement des comptoires
en Afrique et en Asie.
Ces Empires sont devenus importants
au 18e siècle
et l'impérialisme militaire l'emporte sur
l'impérialisme territorial ou économique.
Ces nouvelles
a cqui s i t ion sen t rai ne n t
un n0 uve a u na t ion a 1i s me .
En déhors de l'Ethiopie et du Libéria, tou~e
l'Afrique es t passée au début du 20e si èc1e
sous le con-
trôle de l' Europe Occi dentale.
La France domine le Maghreb,
l'Afrique Occiden-
ta 1e etE qua t 0 ri ale (A. 0 . F. e tA. E . F .)
; 1a Gran de-
Bretagne contrôle:
l'Egypte,
le Soudan,
l'Ouganda, la
Somalie,
le Kenya, la Rhodésie et l'Afrique du Sud. En
Afrique Occidentale. elle domine la Côte-d'Or, le Nigéria,
l a Ga rob i e e t laS i e rra - Le 0 ne.
1
i
!
- L'Allemagne possède
le
Togo.
les
colonies du
Sud-Ouest Africain.
l'Afrique Orientale.
- Qua nt à
l a Pet i te Bel g i q ue. e 11 e pas s è de
un e
vaste portion:
le Congo (Léopoldville)
-
le
Rwanda. le
Burundi.
L'Italie occupe
la Lybie.
l'Erythrée et une
portion de
la Somalie.
Cette situation coloniale
va engendrer des
conflits inter-colonialistes
jusqu'en
1914.
A ce
titre
on peut ci ter
la
crise de Fachoda en
1896 entre l'Angle-
terre et la France.
ou entre la France et
l'Allemagne en
1905 à propos
du Maroc.
A cel a i l
faut
ajoute r 1 a course
aux armements entre
les navires Allemands et Anglais;
cause qui
n'est qu'une conséquence
de ce
vaste mouvement
impérialiste et de conquête coloniale.
De
l'autre côté de la planète,
l'impérialisme
Américain se
développe en
1898 dans
les Anti lles et aux
Phi lippines à
la
faveur d'une guerre contre
l'Espagne.
Mais il se heurte à
la fin
du 1ge siècle aux intérêts
Allemands et Anglais en Amérique Latine.
Le
Japon
quant à
lui. s'affirme
de plus en
plus menaçant en Asie.
On assiste
dès
lors à
la guerre
entre
la Russie et le Japon
de 1904 à
1905.
Ces
affrontements entre
grandes puissances
Européennes et l'expansion coloniale ont pour corollaire
-
le
développement de
la civilisation industrielle sans
précédent dans
l'histoire.
Ce progrès
implique
donc de
nouveaux besoins:
mati ères premi ères. énergie. nouvelles
te ch ni q ues de
fa br i ca tian etc...
C' est l' a pp a ri t ion de s
- 67 -
chemins de
fer et des navires à vapeur; ce qui
nécessite
un élargissement de nouveaux marchés.
- Cette nouvelle
civilisation industrielle est aussi
un instrument de con-
quête et de puissance.
Les énormes profits dus au développement indus-
tire l,le s t ra ns for iii a t ion s dus y s t è me de cre dit, 1e
développement des sociétés par action et des
grandes
banques d'affaires et de dépot engendrent une importante
concentration de capitaux qui seront investis de plus en
plus hors de l'Europe.
La même période est caractérisée par une forte
poussée démographique, car de 1850 à 1900, c'est-à-dire
en cinquante ans,
le taux d'accroissement de la poplula-
tion Européenne est d'environ 50 %.
Tous ces
facteurs:
économique, démographiquE:
et technologique
sont aussi
des mani fes tati ons de l'ex-
pansionisme Européen. r·1ais comment l'on a tenté de
définir ce c0 ncept sui vant les di fférentes
tendances
idéologiques?
3. - Conceptions bourgeoises de l'impérialisme
3. 1. - Thé 0 rie s Soc i 0 - Eco nom i q ue s
Hobson est 11 auteur qui
le premier, établi t
1a relation entre le fonctionnement du système économique
et l'impérialisme. Pour l'auteur, le mouvement d'expan-
sion coloniale ne répond pas à une nécessité économique
'loi!' BRAILLARD P.
et de
SE.V.RCLENS P.
(:pt.~ït. PP.
19-25.
- 68 -
globale; mais c'est l'existence d'un surplus de capitaux
disponibles dans
les pays occidentaux qui
constitue le
facteur déterminant de l'impérialisme.
Cette définition
semble vraie, mais elle est insuffisante.
Car l'expansion
coloniale constitue aussi
un facteur déterminant dlimpé-
ri a lis me dans
l a mes ure où 11 occupa ti on des
te rres
cultivables gratuiterr.ent. les matières premières égale-
ment gratuites, créent des capitaux.
Cette expansion
constitue bien une nécessité économique
vitale pour
l'Occident, et dont les corollaires sont incontestablement
les dé b 0 uch é s pou r les pro d ui t s man ufa ct ur é s de l a
Métropole.
Dès lors
et contrai rement à la théorie Hobs,on-
nienne, il y a deux facteurs explicatifs déterminants
d 1 i mp é ria lis me :
- pri mo
l'expansi on coloni ale
- secon do : les urp l us des capi taux di s poni b les.
3. 2. - Thé 0 ri es Pol i t i q ue s
Jean de Ganiage con5idère
dans
le cas de la
Fra n ce que :
"La pr):i::1:J.e
d'expansion colonia:e per>-
"ri::.2}.J ?~ys de
renoncer> momen::a.r;Jment
J
:J.r.e po>:' tique
étr>angèr>e axée sur la
r>e uan:Jhe
•.:'ace à
la puissance alZemande".
( ~ ?
, J 7,1 -
Jean
GA NI AGE
~'=:.:oansion
coloniale
de
la France
1
30:<3"
Za
Je
République
(1871-1J14J.
P.
:]1
-
Ed.
Payot ;
Paris
lJÔ8.
1
(
1
1
- 69 -
La Fra n ce ne pou va i t
e nef f e t
s é ri e us e me n t
songer à la récupération de l'Alsace Lorraine. La politi-
que coloniale constituait donc une sorte de compensation
lui permettant de retrouver son rôle
de grande puissance,
(l'Afrique Occidentale était à elle seule peuplée de 18
mi 11 i ons de sujets Françai s).
Ce processus
de conquête coloniale va entrete-
nir entre
les puissances Européennes
une compétition pour
l'acquisition ~t le contrôle de nouveaux territoires et
de zones d'influence engendrant aussi
un impérialisme.
Dans ces condi tions
l'expansion coloniale répond bien
aux exigences stratégiques. D'ailleurs Gallagher reprend
bien cette idée en ces
termes:
"Le p'li:'!;'~:;'3 ;.~
:'Afrique, après
l.'occupa-
'7~cn!t3 ~',:,:~,;::,; en 1882, ne
répond pas 1
:m a>S.32~r:
;"~':"-pclnsion
col.onial.e,
mais 1
des e.L-~ge".!e3 .ie sécul'i tés".
(! s:
Ain s i l e 5 na t ion a 1i s me s s e mb l e n t être lac a us e
ct e cet te exp ans ion colon i ale.
Tou t e n re s tan t dan s l' 0 P-
tique bourgeoise, nous pouvons avancer que:
l'impéria-
lis me est une con s éq Il e n ce
1
- de
l'expansion coloniale
1
- des
rivalités nationales européennes
1
- des contradictions économiques entre pays
t
cap i ta lis te s .
Cependant
cette analyse est en contradiction
avec l'analyse Léniniste qui
met l'accent sur l'accumula-
tion du capi tal.
Examinons donc ette thèse.
1 : 7 ..... :.LAGH2R et HOaI:,::;]:; ::"._1!1~ ~LF!
an.d the
Victoria.;
:- :: e cf fi ci a l Mi n. d 0 f l mp ,J ri a lis m ;
__. ': ~.~ '1.
;
,'·fi II an P. ';64;
lJel.
- 7U -
3.4. - Conceptions Marxistes de l'Impérialisme
Le con cep t
de l' I mp é ri a 1i s me a use ns Ma r xi s te
a été développé par Lénine dans son ouvrage:
"Impérialis-
me, Stade Suprême du capitalisme", et qui s'inspire
toutefois de ceclui de J. A. Hobson paru en Angleterre et
aux U.S.A. en 1902 sur l'impérialisme et dont nous avons
déjà parlé plus haut.
Lénine veut établir une relation d'équivalence
en t re 1 1 i mp é ri a lis me et 1e cap i ta 1i s me par ve n us cl la
dernière phase de leur développement, c'est-ci-dire celle
de s mon 0 pol es.
L'objectif de Lénine en 1919, est d'expliquer
l'origine du conflit mondial et la trahison d'une partie
de la classe ouvrière de l'Europe cl la veille de la
première guerre mondiale. Aussi explique-t-il
toutes les
conditions objectives et potentialités revolutionnaires
de la situation mondiale en démontrant la nécessité
absolue de la révolution.
D'une manière générale, les Marxistes ~onçoi
vent l'impérialisme comme la conséquence directe du
fonctionnement et de l'évolution du capi talisme et non
comme simple phénomène d'expansion et de conquête.
Dans la thèse Marxiste,
l'impérialisme ne se
résume plus au mouvement d'expansion coloniale de la fin
du 1ge siècle, mais apparaît comme un des phénomènes de
l'évolution du capitalisme. Ainsi donc les analyses
LENINE V.O.l.
-
L'imp~rialisme, stade supr~me du aapita-
lisme.
Ed. Sociales 1971, Paris.
- 71
-
Marxistes ont pour centre de gravité, llétude du dévelop-
pement du système capitaliste et de ses contradictions.
Dans ces condi ti ons, on peut trouver
dans les
causes de 11 i mpéri alisme, deux cadres expl i cati fs
:
1- l;asé sur la tendance à la concentration et
la création de monopoles.
2- Axé sur les
conditions de
réalisation de
la
plus -
val ue .
Le premier cadre explicati f de l'impérialisme
repose ici
sur l'idée de capital
financier; idée mise en
évidence par Rudolf Hilferding et qui est le point central
explicati f de l'impérialisme.
Dans son ouvrage:
ilLe capital
financier ll
l'auteur essaie en effet de
montrer que cette évolution
vers
la concentration est
à tel
point avancée dès
le Ige
siècle que
lion est entré dans
une nouvelle phase du capi-
talisme, c'est-àdire le stade monopoliste.
Ce processus
est donc
renforcé par le
rôle croissant que jouent les
banques aujourdlhui
de plus en plus dans l'économie capi-
taliste.
Dès lors,
les industries sont de plus en plus
dépendantes des banques pour leur fir.ar_Ce!""Cflt.
(1!l)
(19)
-
HILFERDING Rudolf:
Le
capital financier,
P.
490 j
Ed.
Minuit.
Paris
1979.
- 72 -
Pour Boukharine et Lénine,
le capital
financier
définit un stade de l'évolution
du capita1sime caractéri-
sé par le passage de 1 a concurrence au monopole et
n 0 t a mme n t par 1a fus ion ban c aire e t
duc api ta 1 i n dus tri e 1
processus impliquant un contrd1e grandissant de l'indus-
trie pour les milieux de la haute
finance.
(20'
Bien avant, Marx avait déjà montré que la ten-
dance à la concentration était dans
la dynamique de la
co n cu rre n ce cap i ta 1i s te .
Ainsi
donc, la loi
de la concurrence entraîne-
rait que le capital s'accumulât de maniêre inégale dans
les différentes entreprises, ce qui
conduirait à une é1i-
mi na t ion pro g re s s i ve de s plus
fa i b 1es, e t e n ge n d re rai t
nécessai rement une concentration du capi ta1 et une
disparition de la véritable concurrence, c'est ce processus
qui engendre
une tendance à la monopolisation.
Den 0 s
j 0 u rs, 1 a car a ct é ri s t i q ue p re ml e re d u
capitalisme est la concentration
toujours croissante de
la production et du capital:
i l en résulte la fusion des
entreprises
ou l'absorption des petites par les puissantes.
Ce qui entrafne l'accumulation massive de la main-d'oeuvre
dans
les grands
"trusts".
(.'30)
-
BOUKHARINE Nicolas:
L'économie mondiale et
l'impé-
Pialisme.
Esquisse économique; Ed.
Sociales internationales
1928 PaPis:
pp. 68-69.
ft
- 73 -
Pour Lénine, cette transformation de la concur-
rence en monopole
constitue llun des phénomènes les plus
importants
sinon le plus important de l'économie
moderne.
L'auteur ajoute ensuite que: la naissance des
monopoles, conséquence de la concentration de la ~roduc-
,.
tion
est une loi
générale et essentielle du stade
actuel de l'évolution du capitalisme.
Au moment où Lénine exposait cette théorie, il
n'y avait au monde en effet qulune seule société Améri-
caine aux dimensions internationales : La United States
Steel Corporation
qui disposait d'un actif évalué ~
plus de un milliard de Dollars, comme le souligne Enver
Hoxha (?1), alors qu'en 1976, les 500 plus grosses
sociétés Américaines eMployaient près de 17 millions de
personnes représentant plus de 20 % de la force de travf\\il
occupée
fournissant 66 % des produits mis en vente.
1
En Europe Occidentale,notamment
en AlleMagne
Fédérale
13
1
% du total des entreprises concentrent
environ 50 % de la production et 40 % de la main-d'oeuvre.
- En Grande-Bretagne
une cinquantaine de
grands monopoles existe, 9 % de la production d'acier
sont produits par la corporation Britannique d'acier.
- En France~ deux sociétés concentrent dans
leuœ mains les 3/4 de la production d'acier; quatre:
celle de l'automobil~ et quatre autres celle des produits
pétroliers.
(21)
-
ENVER Hoxha:
L'impél'ialisme et
Za l'évoZution
P.
73 - Ed. Norman Béthume - Paris 1979.
- 7~ -
- Au Japon, 10 grandes compagnies sidérurgi-
ques produisent toute la fonte et 3/4 de l'acier.
- Quant aux petites et moyennes entreprises de
ces pays, elles sont ~énéralement sous la tutelle de ces
grands colosses.
Dès lors nous pouvons retenir la définition
Léniniste englobant cinq critères fondamentaux:
L'impérialisme
c'est
1) La concentration de la production et du
capital parvenus à un degré de développement si élevé
qu'elle a créé de monopoles
dont le rôle est décisif
dans la vie économique.
2) La fusion du capital
bancaire et du capital
industriel et création sur la base de ce ca~ital finan-
cier d'une oligarchie financière.
3) L'exportation des capitaux
a la différence
de l'exportation des marchandises
prend une importance
toute particulière.
4) La formation d'unions internationales mono-
polistes des capitalistes se partagent le monde.
5) La fin du partage territorial du globe entre
les plus grandes puissances capitalistes.
Après cette analyse sommaire de l'imoérialisme
d'une manière générale, examinons a présent
l@s corcepts
rle culture et de
civilisation.
- 75 -
IV - CONCEPT DE CULTURE
Pour nous permettre de mieux étudier ce concept
rendu confus par de nombreux auteurs, il
imoorte de l'analy-
ser à partir des vues Européo-centriques, car nombreux sont
les Ivoiriens qui le situent dans ce conctexte.
La culture Française devenue depuis la colonisa-
tion, culture officielle et dominante en Côte d'Ivoire
n'-
est pas sans poser de sérieux problèmes, non seulement à une
partie de l'élite intellectuelle consciente, mais aussi et
surtout au peuple ivoirien.
Durant toute la période coloniale et coloniste, les
manuels scolaires ont sans cesse enseigné et mis en évidence
les origines Gauloises de 1 'Afric~n et l'inexistence d'une
quelconque culture dans ce pays. Toutes ces allégations ten-
dancieuses
savamment orchestrées avaient certes pour but de
justifier la colonisation et l'oeuvre "civil isatrice ll entre-
prises par la France mais une résistance ininterrompue à
cette culture étrangère et étrange
importée de loin s'est
manifestée sous diverses formes avec une volonté permanente.
En effet, ce n'est que tout récemment que des pa-
rents ont accepté de scolariser leurs enfants. D'ailleurs
dans le nord du pays la résistance à l'école se poursuit.
Au Moyen-Age Français, le mot culture a été mal
défini. Ainsi la culture humaniste se confondait-elle avec
la culture arable, l'on cultivait donc son esprit comme son
jardin.
Au XVIIe siècle
1'homme cultivé devient 1•honnête-homme,
c'est-à-dire celui qui possède des notions de tout. C'est une conception
que nous qualifierons de mi-bourgeoise et de mi-aristocratique. Nous
voyons donc l'homme encyclopédique, celui que Montaigne appelle la tête
bien pleine.
- 76 -
Toutes ces définitions conjoncturelles n'ont
fait qu'effleurer le concept. Avec le déve10poement des
sciences humaines depuis la fin du 1ge sièc1e,ethno10l]ues
et sociologues s'attachent ~ étudier les diverses cultu-
res. La notion en apparaft de plus en plus complexe.
Des définitions tendancieuses, sentimentales, nous
passons ~ celles beaucoup plus scientifiques.
Nous pouvons d'abord retenir la conception
Anthropologique de Ty10r
pour qui "la culture est un
ensemble complexe qui comprend: les connaissances, les
croyances, l'art, les idées, les lois, les moeurs, les
coutumes et autres capacités et usages acquis ?ar 1 'homme
en tant qu'il est membre d'une société. (~2)
Cette définition leva la confusion qui existait
jusque-1~, c'est-~-dire l'esprit Européo-centrique de la
culture, sa connotation idéologique de classe et son uni-
versalité n'était plus la seule
car désorm~is, il ya une
culture fonction de chaque groupe tribal, ethnique ou
d'une société. Par conséquent à chaque peuple correspond
bien une culture. Aussi cette définition constitue-t-e11e
le point de départ d'une conscience et d'une nouvelle
probléMatique culturelle.
En d'autres termes
la culture peut être consi-
dérée comme un système relativement intégré d'idées,
d'attitudes, de valeurs, d'assertions éthiques. de moeurs
et de vie, disposés en schémas ou modèles permettant une
certaine stabilité au sein d'une société donnée de sorte
qu'ils influent sur sa conduite et sa structure.
(P,2) - E. B. TYLOR : Primit~e cuZture paru en 1871 d
Londres.
- 77 -
Cependant aujourd'hui encore
des occidentaux
observent avec légèreté les curieuses coutumes, croyances
et Moeurs "exotiques" oubliant certes par ignorance ou
mépris que tout groupe social possède une iMage du monde
et une constellation de valeurs qui peuvent, heureusement
d'ailleurs, différer profondément de celles
des
autres
Sociétés ou groupes ethniques. Par exemple,
le
climat
tropical n'a pas habitué les Africains à se couvrir le
corps en permanence. Ceci a entraTné des interQrétations
diverses
à travers
les films
réalisés
sur l'Afrique.
Aujourd'hui il est courant de rencontrer dans les grands
hôtels et les rues d'Abidjan des Européens
torses nus,
protégés par un simple cache sexe. La raison évoquée est
la chaleur tropicale; alors affirmer qu'avant l'arrivée
des occidentaux en Afrique
il "neigeait", il n'y a qu'un
pas. Et comme l'a démontré Montesquieu
"les principes moraux, les id40logies,
les
croyances religieuses,
les lois dépendent
du lieu, de l'histoire, de la population,
de la tradition héritée, et beaucoup d'-
autres facteurs extérieurs à la nature
fonda~entale de l'homme" (~J;
Par conséquent
vouloir a9précier les valeurs d'un autre
peu~le à partir de ses propres valeurs est un leurre; nous
pouvons même affirmer que c'est une attitude ascientifique.
D'ai11eur Montaiqn~ soulignait bien dans ses
Essais
"que chacun appelle barbarie ce qui n'est
pas de son usage, comme de vray, iZ sem-
ble que nous n'avons d'autre mire de Za
vérité et de Za raison que l'exemple et
idées des opinions et usance du pays où
nous sommes" (2 4) •
':; <~: - (~l) - MONTESQUIEU cité par H. LABOURET: Colonisation - Colonia-
lisme - Décolonisation. P. 87. Ed. Larose 1952 - Paris.
~.
i1
- 78 -
Une autre définition proposée par Guy Rocher re-
tient notre attention; selon l'auteur
"La cuLtu~e est un ensembLe lié de mani~re
de pen8e~, de 3entir et d'agir plus ou
moins :ormarisée qui, étant apprises et
partagées par une pluralité de personnes,
servent, d'une ~ani~re d la foi~ objective
et 8y~bolique, d constituer ces personnes
en une collectivité particuli~re et dis-
tinctq." ".
En examinant cette définition qui semble aussi
complète, on se rend compte que Guy Rocher reprend en par-
tie Durkheim pour qui
"La culture consiste en des mani~res d'agi~
de pense~ et de sentir extérieures d l'in-
div-idu, et doués d'un pouvoir de coercition
qui l'impose d
bi" (2;';).
Rocher pat'le aussi de manière de penser, de sen-
tir et d'agir. Mais son idée est beaucoup plus synthétique
que celle de Tylor et beaucoup moins descriptive et énumé-
rative. Par conséquent
de sa naissance A l'âCJe ajulte,
tout enfant doit avoir un comportement fonction de sa socié-
té globale, de l'espace géographique occupé, de la classe
sociale A laquelle il a~partient.
Cet te dé fin i t ion de Dur khe i mAl 1 i ns ta r de ce11 e
de Tylor, renferme implicitement A la fois: les connais-
sances, les croyances, l'art, le droit, la morale, les cou-
tu~es, les moeurs. Elle est plus explicite que certaines
définitions telles que celles de Hugues de Varine. E~ effe~
1
pour cet auteur,
la culture est un ensemble qui englobe
{:: E: - HOCHER Guy : Introduction à !a Sociologie générale : T 1 - L'ac-
tion sociaLe - P. 111 - Ed. H M H. 1968.
('; 5,: - :;:'RKHEIM E. : Les règres de !a -:éthode sociologique - Ed. P. U. F.
- 79
tout l'homme r au sein d'un environnement total et dans une
continuité ininterrompue qui s'achemine du passé vers l'a-
venir. L'auteur propose encore d'autrps définitions
1- "La culture est l'instrument mis au point
par l'homMe pour satisfaire aux néces-
sités de sa vie".
(~7i
Dans cette définition
l'homme est le sujet de
sa culture, en d'autre termes l'artisan de sa propre cul-
ture. Elle abonde dans le sens que nûus menons notre étude
car toute culture non élaborée par un peuple est pour nous
une acculturation.
2- "La culture est
l'aboutissement de tpois
impulsions :
- Un problème à résoudre
L'enseianement de
la tradition
L'influ~nce d'un facteur innovateur
qui peut être, soit une technique
nouvell~ soit l'apport d'une autre
culture,
le tout étant catalysé par
l ' ~I;~:ic.t::·e ':":fi:,"':::iel1e et soc7:ûe". (2 sJ
Cette dernière définition met en rel ief le pro-
blème qui peut être posé et dent la société doit trouver
une réponse; l'enseignement de la tradition qui passe né-
cessairement par l'éducation formelle ou informelle; l'influence
d'une innovation extérieure. Elle e~t de ce fait
ilssimilation-
niste. Bien sûr on pourrait nous rétorquer qu'une culture
doit être ouverte A d'autres pour créer sa dynamique. Mais
dans le cas qui nous concerne, il r.e s'agit pas d'une vé-
ritable ouverture
mais d'une acculturation dont le résu1-
La culture des a:<:res - P. 167 - E:d. Seuil
1976, ?aris :;;e.
(';~'
- Hugues de VARINE : Opt. Cit.
P.
168.
,
,
i
- 80 ..
tat est l'aliénation culturelle. Cette définition encoura-
ge par cori s éque nt l' a 1i é na t ion cul tu r e 11 e. L' a ute urs e
reprend plus loin en affirmant que:
"tout ce qui est étranger, étrange ou sim-
plenent différent doit être considéré
comne un élément de progrès, à condition
de l'econna'Ître :
!'é~ale valeur de celle3 ~l'opl'es à
chaque culture j
-
le droit à la même considération
pour chaque société, chaque culture j
-
l'apport indispen~abZe de chacun à
l'évolution de l'humanité tout en-
tière" .
Ici une culture ne doit s'imposer aux autres
comme dominante, encore moins exploiter les autres A son
propre et seul profit. Cependant, et nous l'avons mention-
né plus haut, toute culture doit accepter les autres, sus-
citer les échanges culturels, les influences réciproques,
sur une base égalitaire, mais elle ne doit pas dominer et
promouvoir 1l1'anéantissement" des autres au profit d'une
certaine universalité culturelle (occidentale).
La définition de Bronis1aw Malinowski semble ap-
paremment plus concise et totalisante. En effet
pour 1 ,-
auteur
"la culture est un tout indivisible où en-
trent des institutions qui, pour une part
sont autonomes et pour une ~ut~e part com-
muniquent les principes d'intégration,
sont multiples : liens de sang engendrés
par la procréation ; contiguité spaciale
!iée à la coopération j
spécialisation des
activités j
enfin
et surtout, utilisation
- 31
.
du pouvoir dans l'organisation politi-
que" .
. '. ,~
Malinowski utilise ici plusieurs termes qui re-
tiennent notre attention, notamment d'ir.stitution, d'inté-
gration, d'organisation. Selon ses explications,
"Institution" est un concept qui implique un
accord ~utuel sur un ensemble de valeurs traditionnelles
rassemblant les êtres humains.
"L'intégration" doit, à notre avis être prise
dans le sens d'une insertion dans la société spécifique.
"L'organisation" signifie que, pour
accomplir
ses des5ei~s et parvenir à ses fins
quelles
qu'elles
soient, l'homme doit s'orqaniser,mais ici, l'organisation
implique un thème ou une structure bien précise dont les
grandes lignes sont universelles dans la mesure où elles
valent pour tous les groupes organisés. Dans ces conditions
nous pouvons ramener l'organisation à la notion dl institu-
tion, ce qui rend difficile et confuse cette définition.
Aussi Malinowski ramène-t-il sa définition à un inventaire
d'éléments composant la culture lorsqu'il considère cette
culture comme
"cette totalité où entrent les ustensils et
les biens de consommation,
les charges or-
ganiques réglant les divers groupements
sociaux,
!es idées et les arts,
les croyan-
ces et Zes coutumes".
(;W)
Et l'auteur poursuit:
"que l'on envisage une culture tr~s simple
1
i
f
(:; ~)) -
(JO,' -
BRONISLAW MaUnc'-"ski : Une théorie scientifiquB de la
culture - pp. 35-~6 - Ed. F. Maspéro - Paris 1968, 18Jp.
1
f[
l'
f
- 32 -
ou très primitive, ou bien au contraire
une cuZture compZexe très évoZuée, on a af-
faire d un vaste appareiZ pour une part ma-
térieZ,
pour une part humain, et pour une
autre encore spiritueZ, qui permet d Z'horrune
d'affronter Zes probZèmes concrets et précis
qui se posen t d lui".
(:::1)
Ici est reprise en oartie la définition énuméra-
tive de Ty1or. Mais en p1u~
interviennent les biens de
consommation, donc des besoins économiques.
Malinowski s'appuie d'abord sur une théorie de
la cul ture axée sur 1a bioloQie
où l' homme est un corps
humain soumis à la satisfaction de divers besoins organi-
ques, souvent fonction de 1 1 espace et du temps. Quoi qu'il
en soit, il est clair que la satisfaction des besoins élé-
mentaires
ou organiques de l'homme et de la race
constitue
le jeu minimum des conditions auxquelles chaque culture
est soumise. Ainsi donc tous les besoins dictés par le mi-
lieu socio-économique doivent être satisfaits. Ces besoins
nouveaux impliquent inévitablement un nouveau milieu qui
s'inscrit dans la dynamique sociale et culturelle.
Par conséquent
toute culture liée à une société
spécifique est en perpétuelle évolution, elle l'est égale-
ment dans les sociétés pr;mitivesbien que lente dans ce
cas. Mais sous 1 'impulsion d'une culture extérieure domi-
nante, une culture (traditionnelle) peut changer profondé-
ment, voire même "dispara1tre". Avant de proposer un essai
de définition, exam1nons1a culture dans le milieu tradi-
tionnel.
(31)
- BRONISLAW M:zZinotJski : Une théorie scientifique de Za cuZture-
pp. 35-36 - Ed. F. M:zspéro - Puria 1968 ; 183 p.
Voir Guy ROCHER: Introduction d la socioLogie généraZe. Opt. Cit.
pp. 111-113.
- 83 -
Y. - CULTURE TRADITIONNELLE
D'une manière générale, en examinant le sens
premier de ce terme, on se rend bien compte qu'il signifie
une activité de 1 'homme en vue d'une production. D'abord
la culture implique l'idée de culture de champs, donc de
1a terre. Il s'agit d'apporter des modificationsau sol
pour permettre la poussée d'une plante. Mais, si cette ac-
tivité vise une production en vue de la satisfaction des
besoins biologiques, elle vise aussi une augmentation ou
un développement. Aussi cette augmentation exiqe-t-e11e
une amélioration des conditions de vie de la plante con-
cernée. Il faut donc chercher les conditions favorables
pour l'obtention d'un meilleur résultat.
Mais ce résultat ne peut être obtenu sans l'in-
vention et l'imagination. Ainsi la culture fait-elle appel
à la création de l'homme, car l'animal creuse pour manger
les tubercules, se nourrir uniquement, alors que l'homme,
en plus de ses satisfactions biologiques, améliore, grâce
à
la culture, son mil ieu vital, assurant ainsi sa protec-
tion. La culture vise donc à améliorer la vie de l'homme
non seulement au niveau biologique, mais aussi au niveau
matériel.
Vue sous cet angle, Malinowski en donne la défi-
nition suivante:
"Problèmes posés par le besoin nutritif.
par le besoin reproductif, par le besoin
sanitaire. IZe sont résolus
par la création
d'un mi lieu nouveau. secondaire ou artifi-
ciel.
Ce milieu qui n'est autre que la
culture même. doit être perpétuellement
reproduit. entretei.u et gouverné. Il se
crée donc ce qu'on pourrait appeler très
généralement. un nouveau niveau Je ):'e qui
dépend du niveau culturel de
la cC'77":'.mauté,
- 84
du miLieu et du rendement utile du groupe
(052).
Ainsi la culture peut se définir comme la créa-
tion des activités pour se nourrir, s'habiller, se loger,
sep rot è ge r con t rel es i nte mpé rie s (c ha 1e ur, f ro id, plu iè ... ).
La fabrication des objets n'est autre que la satisfaction
des besoins élémentaires, par conséquent, ces objectifs
sont des faits culturels.
Du point de vue pratique, la culture équivaut à
la satisfaction et à la protection de l'homme d'un ordre
différent. C'est ce que Malinowski appelle "impératifs in-
tégrants".
La culture est donc la combinaison des satisfac-
tions biologiques et matérielles d'une part, et d'autre
part, intellectuelles ou spirituelles.
Cependant
la définition de Katoké illustre bien
nos propos :
"c'est La totaLité des éLéments constitutifs
du mode de vie d'une société donnée,
les-
queLs sont le produit des circonstances et
du milieu d un moment et un lieu donnés.
Elle englobe tous les aspects de l'existence
quZ sont le fait de l'homme, qu'ils soient
d'orè.re économique, politique, social, re-
ligieux, artistique. En d'autres termes,
elle est une mani~re de vivre adoptée par
les membres de la société face aux forces
naturelles et surnaturelles qui ont une
influence sur leur existence.- (3~
(,52)
-
MALINOWSKI B. : Une tMor-ie scientifique de la culture. PP. 36
et 37 - Ed. H:1spéro i 1gea paris.
1
(;-)3)
-
KAKOTE : L'impact de ta culture troditionnelle SUl" le devenir
1
de l'A~:que Contemporaine.
i
Voir: V.N.E.S.C.O. = Ré:.m.ion d'Experts sur l'affil"rlrltio1l dB l'iden-
tité eJu,ltureZZe.
1
l
[[
1
1
- 35 -
Tout d'abord
nous pouvons affirmer que toute
culture est fonction de l'espace et du temps. Si aujourd'-
hui on parle de cultures moderne et traditionnelle, :'est
parce qu'il y a eu, A la suite de la colonisation occiden-
tale une culture dominante liée A la domination coloniale
et une autre dominée, aliénée, liée au même facteur exté-
rieur. En France par exemple, le siècle des Lumières a
constitué un bond dans la recherche scientifique par raoport
au Moyen-âge. Aujourd'hui il s'agit de la société de l'é-
lectronique et de l'informatiqu~_
et avec l'avènement de la
cybernétique, bientôt cette société sera traditionna1isée.
Par conséquent, c'est la culture Européenne qui a tradi-
tionnalisé la culture Africaine. C'est donc l'apparition de
la colonisation qui est, dans notre cas, la cause de la
traditionna1ité qui n'est d'ailleurs pas un état normal lié
A une société pr6ci~e, mais A toutes les sociétés. Bien sOr
on nous rétorquera qu'il existe des cultures traditionnel-
les en France, mais ces dernières, même si elles subissent
la "dictature" de la culture dominante, elles ne sont pas
autant méprisées, d'ailleurs elles se développent A côté
de la culture officielle. Chaque région gardant son iden+i-
té dans cette France unitaire.
C'est ce que Babacar Sine appelle la fausse dia-
lectique.
Cependant si cette
dialectique
existe
comme
le pensent les
sociologues bourgeois,
A savoir
que
la
traditionna1ité est un frein A la modernité,
il
s'agit
donc de faire disparaTtre ces obstac1espour
moderniser
l'Afrique. C'est-A-dire, anéantir la culture traditionne1~
le et la remplacer par l'occidental isme. En fait,
la pro-
BABACAR SINE : Impérialis~e et théories sociologiques du
développement.
Ch.
lIEd. Anthropos 1368.
1
"
- BE
-
blématique réelle se situe ailleurs.
Il s'agit du modèle
de développement économique, social et culturel occiden-
tal en opposition avec le modèle existant en Côte
d 1 1va ire. 0è s 1ors 1e dé bat de vie nt c 1air, e t 1a re 1atian
- 110dernité opposée à traditionnalité est fausse. Ces
deux états sont complémentaires dans la mesure où
l'existence de l'urr entraîne celle de l'autre. Ainsi la
relation devient:
[--------i~~l-l-.q-u-e---------------1
Modernité
--------~
traditionnalité
En étendant cette idée aux pays développés et ceux en
voie de développement, l'équation précédente se vérifie
et devient :
impl iquent
Pays développés
pays en voie de
développement
En effet
c'est 11 introduction de cette moder-
nité en Côte d'Ivoire qui a fait des cultures locales,
des cultures traditionnelles (traditionnel opposé à
modernité), bien sûr traditionnal isée par la modernité.
La modernité comprend donc tous les appareils
idéologiques d'aliénation et de domination; par consé-
quent véhicule l'idéologie dominante. Il semble donc
normal d'aborder ce problème sous l'angle dualiste, c'est-
à-dire l'aspect contradictoire des cultures, l'une excluant
les autres, mais aussi il faut le considérer sous -l·'aspect
i1!11
- ~7 -
complémentaire dans le sens où l'une impliqJe les autres.
C'est A partir de lA que nous pouvons définir la culture
traditionnelle Ivoirienne.
La culture traditionnelle peut être entre autres
définie comme toute l'éducation que reçoit l'enfant depuis
sa naissance jusqu'A l'âge adulte, dans la cellule fami-
liale et la collectivité, l'apprentissage des métiers et
toute activité qui permettent A l'homme d'être en
équilibre dans sa société A une époque donnée.
Cependant, le concept de culutre est lié à
celui de civilisation, aussi, importe-t-il d'en donner un
apperçu succinct.
VI.
- NOTION
DE CI VI LISATION
On ne peut pas parler de culture sans faire
allusion A la civilisation, tant ces deux notions sont
intimement liées.
D'ailleurs Guy Rocher la définit de la manière
suivante
"La civilisation comprend l'ensemble des
moyens colleùtifs auxquels l'homme peut
recourir pour exercer un contrôle sur
lui-même, pour se grandir intellectuelle-
ment, moralement, spirituellement. Les
arts, la philosophie, la religion, le
droit sont alors des faits de la civili-
sation".
(,:;4)
(J4J
-
ROCHER Guy: Introduction d la sociologie g~n~rale
Tl - P.
109 - Ed. H M H 1969 187 P. Paris.
- 88 -
Nous voyons bien que cette notion implique celle de cultu-
re dans la mesure où elle fait intervenir les connaissance~
l'art, les coutumes (droit) ... Mais dans une seconde défi-
nition, l'auteur précise sa pensée: la civilisation c'est
"l'ensemble des moyens qui servent les fins
utilitaires et matérielles de la vie humai-
ne collective:
la civilisation porte un
caractère rationnel qu'exige le progrès,
des conditions physiques et ~atérielles du
tra7.:a:Z,
de la production, de Za technolo-
. "' - -
g'l,e.
: ... -
Pour Jean Gulfin,
"le terme civilisatior. est souvent employé
comme synonyme de celui de culture. Cepen-
dant, il comporte quelque chose de plus,
ou plutôt il désigne un certain état de
culture considérée comme supérieure et
qui, à n'en pas douter,
l'est.
La culture
devient civilisation lorsqu'elle intègre
deux traits principaux: l'usage de l'é-
criture et le phénomène urbain" (Z r',' • '
La civilisation impliquerait dans ces conditions
non seulement l'écriture mais une concentration humaine
dans les cités. De ce fait, les sociétés sans écriture
n'auraient pas de civilisation. C'est une manière simpliste
d'appréhender ce concept.
Pour notre part, llexistence de culture entraTne
nécessairement la présence d'une civilisation dans la
mesure où cette civilisdtiun représente la superstructure
de la culture.
(35)- ROCHER Guy: Introduction d la sociologie générale
Tl - P.
109 - Ed.
H M H 1969 187 p. Paz-is.
(J6)- GULFIN Jean:
Les 50 mots clés de la socioloaie - P.
22 -
~d. Privat 1972 - 158 p. ~aris.
- 89
Lorsque les sociologues bourgeGis parlent de
civilisation, c'est un concept lié au niveau technique ou
technologique de l'occident. Mais avant d'accéder au
langage des machines (informatique et cybertique), l'oc-
cident est passé successivement par la civilisation du
bronze, du fer, de la machine à vapeur, de l'énergie
électrique, de l'énergie nucléaire, et aujourd'hui de
l'électronique et informatique; et pourtant cet occident
a toujours été présenté comme civilisé, ~e berceau de la
civilisation universelle.
Dire ~ue des peuples ne sont pas civilisés,
c'est reconnatire que ces derniers nlont pas de culture,
non seulement ce terme a une connotation idéologique et
une valeur relative, mais elle nous semble raciste -
Aussi nous trouvons-nous en présence du dualisme tradi-
tionnalité-modernité et c'est la civilisation technicien-
ne qui "barbarise" la civilisation traditionnelle.
Ces généralités nous amènent à la définition
de la culture
Une cuZture est Z'ensembZe des vaZeurs,
des attitudes et comportements moteurs et
cérébreaux nés de Za rencontre de Z'homme,
d'une coZZectivité ou d'une société donnée
avec Za nature et Zes autres peupZes dans
Z'espace et Ze temps.
On peut donc conclure qu'une culture plus riche
ne peut se concevoir que sous une forme pluraliste, dans
laquelle les cultures représentant la diversité du monde
Voir SEAN Mac Bride: Voix muZtipZes un seuL monde. P.
38.
Ed. NEA-UNESCO - Paris 1980.
r11
- 90
sont en relation les unes avec les autres tout en préser-
van t j a 10 use me nt l' 0 ri gin a 1i té de cha c une .
Par ve nua u te r me de ce t te é tu de sur l' i mp é ria-
lisme cul turel, nous pouvons aborder le second concept
qui est les Mass média.
B. - CONCEPT DE MASS MEDIA
Depuis la colonisation, les mass média modernes
ne cessent d'envahir et de se substituer aux mass média
traditionnels dans les sociétés Africaines. Aussi inter-
viennent-ils dans tous les domaines de la vie sociale et
économique, 'dans les relations internationales et
l'éducation. Nous pouvons donc proposer la définition
suivante.
1.
- Dé fi ni ti on
Les mass média sont des informations à grande
écilelle.
Mais cette définition générale ne semble pas
satisfaisante
et
notre définition qui
fera suite à
n0 t re é tu de est 1a sui van te:
On appe Ue mass médi Cl ,
les moyens massi fs
technologiques de
communication et d'in-
formation
véhiculant l'id~ologie dominante.
Dans cette problématique, notre but- nlest pas
d'étudier les mass média et leur évolution au cours de
l'histoire, mais pour comprendre le concept Macluhannien
que nous ne devons pas négliger dans toute étude sur les
Mass média
nous partirons de son étude sur l'imprimérie
pour tirer les premières conséquences sur les sociétés
Européennes, notamment de leur organisation.
Car les
mass
- s, ..
média peuvent constituer un
facteur d'unité nationale
et de
rapprochement des peuples. Selon Macluhan :
":.,' :Dp'1ri Hon:e
Z 'irrprimer-:-q 2St
la
.~~.' ~
!~
Lo.
n'an;; f'J rr:éZ tian des
langues
~~~!''':'lcuLairoe3 (vulgaires en mass média"
On peut donc signaler que le passage de
l'oralité à l'écriture constitue bien le déclin et le
rôle de la mémoire. en même temps qu'elle permet l'assise
définitive d'un alphabet codifié et d'une écriture défini-
tive. C'est aussi
le passage du concret à l'abstrait.
Ce nouveau medium (imprimérie)
va donc transfor-
mer les langues Européennes. et par voie de conséquence
les sociétés.
Si
l'oralité permettait en effet une ethnicisa-
tion de l'Europe dans
la mesure où les manuscrits n'étaient
pas accessibles et ne l'étaient pas à la majoritp de la
population. l'impril1'.érie. quant à elle va engendrer trois
t r ans for mat ion s f 0 n da me n ta les dan s les soc i été s Eur 0 p é e n-
nes
:
- di ffusion des ouvrages et des oeuvres en
grande q uan ti té
- déclin du latin au profit des langues nationa-
les ;
dé ve l 0 PPe me n t pol i t i q ue etc ul t ure 1. nais san ce
d'un na t ion a 1i s me .
-
MACLUHAN
.~!:;'r'sha.ll
La Galaxie
Guter-berg face
à
L'ère
,J:e<1tronique p.
2E5 ;
Ed.
Mane;
Parois
1;:) ô 7.
- n -
La
diffusion
des
livres à
grande échelle susci-
tée par
l';mprimérie engendre
la prolifération
des
ouvrages,
la création
des bib1iothèqeus et des
idées nouvelles en
Europe.
Ainsi
au 15e siècle
on estime
la production de
livres
de 30.000 ou 50.000 éditions à 20 millions d'exem-
1 ·
1 ~ .) )
pal re s.
'.',
.
Au 16e siècle
le nombre
d'éditions passe de
150.000 pour 200 millions d'exemplaires.
C'est dire que
l'imprimérie a permis
de
multiplier en
un siècle
le nom-
bre
d'exemplaires par 10.
Les
résultats
de
ce medium sont
à
cet effet satisfaisants.
Selon Macluhan :
"Le
LilJI'e
~",:::·!'imé a 1me (lCtion
;':<;':;!':':~:"3a
t i'i èe"
" .
l l i n s tau re
don c une
l an g ue n a t ion ale à par tir
de
l' i n s t i tut i on sc 0 la; re e t e n mê me
t2 mp s
fa cil i te 1a
créaction
d'organisations politiques
centralisées. Or en
Afrique Noi re
les
mass
médi a sont bien au contrai re
des
appareils
idéologiques
de
domination
culturelle
dans
la
-
MACLUHAN :
Opt.
Cit.
2.
255.
Voi 2" :
La 2"0 us se.
.1-:' 3 '; ai 2"e
du
l i v 2"e
:
p.
75 -
PUE -
Paris
1.174.
- c; J -
f7:f;SUre OÙ ils ne
véhiculent e'1 grande oartie que l'idéolo-
qie occidentale dans le ~il ieu, idéolooie étranqère à
l'Afrlque (Nous y reviendrons).
Si
nous jetons un
regard sur les sociétés
traditionnelles Africaines au Sud du Sahara, le manque
d'une écriture codifiée et homogénéisée n'a pas permis
une
rée l l e c 0 mm uni c a t ion con tin e nta le, de mê me une ce n t ra lis a-
tion
rée'11e
du pouvoir politico-administratif ou politique,
alors qu'en Europe
l'imprimérie a servi à uniformiser,
a c cé 1é re r e t
di f fus e r à gr ande é che 1 1e l ' i n for mat ion, e n
même temps à la classer, la stocker pour la mettre ulté-
rieurement au service de l'humanité.
Cependant l'introduc-
tion de ces média n'a pas non plus servi à promouvoir une
culture nationale en Afrique, bien au contraire
au lieu
d'assister à
l'avènement d'un nationalisme, c'est la
domination
cul turelle qui
a prévalu et l'apparition d'un
nouvel esprit capitaliste (égoïste).
D'ailleurs Macluhan
souligne bien que:
":.-,=,
Liu!.',]
>.pl·:>; JJen.dr'è
l'inriiviJ:A.czli-
sation~ la. pi'i-:''1~~$(1tion de
l'apprentis-
sage intellecz:;:.e!".'...,
!
Ce nouveau medi um est l'élément déterminant
dans le développement de l'école.
l'imprimérie fait appa-
raitre des
auteurs
jusque là inconnus, anonymés ;
la
diffusion d'ouvrages se multiplie.
Elle devient donc un
instrument de pouvoir, un
instrument du pouvoir politique
malgré les ouvrages pri vés.
Car le ci toyen est désormais
for mé en f 0 n ct ion j 1 uns ch é ma é ta b 1i par 1e pou v0 i r.
Mai s
que si gni fie en
fai t
un medi um ?
- 94 -
B.2. -
Qu'est-ce qu'un medium
Ce terme
ut;lisé de plus en plus aujourd'hui,
en particulier par les journalistes - les politiciens -
1es soc i 01 0gue set - les p é da go gue s . . .. se mb 1e très
diffic;le 4 définir. Mac1uhan a préféré donner un inven-
taire qui rend cette notion de plus en plus difficile et
complexe. Aussi en dénombre-t-il
ving sept. Ce sont:
la parole
1e bicy c 1e t te
1a r a di 0
l'écriture.
l'avion
les armes
les ro ute s
la photographie
les bandes dessinées
les nombres
1a presse
1 ' i mp ri mé ri e
1es vê te me nts
l'a utomobi le
la publicité
le 1ogemen t
1es es tampes
le télégraphe
l'a rge nt
les jeux
le téléphone
1es ho r loge s
1a mac hi ne à éc ri re
le cinéma
1a ro ue
le phonographe
la télévision
Cette pléthore de média ne nous permet guère
d'avoir une définition très nette de cette notion. Aussi
Mac1-uhan s'é10igne .. t-il du sens communément admis.
Il reconnaît d'ailleurs lui-même que le sens de
ce mot est vaste et écrit
"Il faut se rappeler que la d~finition des
m~di a es t large :
elle inclut toute
technologie qui cr~e des
e xte nsi ons du corps et des se ns h umains ~
de l'habillement aux ordinateurs" (41).
Mais dans l'énumération de l'auteur
l'ordina-
teur n'y figure pas. C'est dire que cette liste n'est pas
(41)
-
François HARIET :
Th~se d'Etat d Paris V. P. 125
La p~dago<Jie
de Macluhan :
1978.
- .95 -
limitative et que d'autres média ont été omis.
Cependant
l'avantage de cette définition est
que Macl.uhan part de la parole à l'électronique (télévi-
sion), c'est-à-dire de l'oralité aux techniques les plus
avancées, donc tous les moyens de comltunication de masse
traditionnels et modernes. L'auteur explicite plus loin
sa pensée en ces termes :
"D'1ns
:,ne culture ,~omrr.e la nôtre,
hc.bi tuée
de
lon.gue date
ci tout fragmenter et à
to:ttii viser pour dominer,
i l es t sans
do:A. te 3 !œp re n'ln t
de se
[ai re r:zp pe le r
q:A.'en réaUté et en pratique,
:e
vrai
mes-
sage,
']'est
le medium lui-mêrr.e,
tout
sirrrpler:ent, que
les effets d'un medium sur
l'indi:Jidu ou la société dépen.dent du
cnange."7ent d'écheUe que produit la nouvelle
te:Jhno:ogie,
~haque prolongement; de nous-
r:êr:es
':'ans no tre
uie".
/:'
C' est - à - dire q ue ce n' est pas le c on te n u de s
livres qui explique le comportement des lecteurs, mais la
logique rr.2me du moyen de communication qu'est le livre.
Cette analyse MacLuhanienne mérite qu'on s'y arrëte :
Cette idée est la base de sa théorie et une
hypothèse contraire détruirait sa thèse.
Cependant
de
nombreux exemples nous montrent aussi que le contenu des
livres explique le comportement des lecteurs. Exemple:
le
contenu des
livres a constitué la base de l'acculturation
de sin te 11 e ct ue l s Afric a i ns .
En effet
le livre est captivant, fait découvrir
ce qui est ou non cflnnu, modifie la pensée du lecteur,
-
"-MCLUHAN M.
Pc:œ comprendre
les
média
:'" i t.
P.
24.
-
fJ6
-
enrichit la mémoire et l'imagination, fait remonter dans
le temps .... Dès
lors
le comportement du lecteur peut
changer à partir de la lecture du livre.
Il en va de même
des autres
media.
Il y a
d'après notre enquête un impact
des mass média sur la masse négativement et positivement.
C'est dire que le vrai
message c'est le medium lui-même,
mais en même temps
le contenu véhiculé par ce medium.
Le plus souvent
mass média signifie moyens de
c)mmunication de masse, de diffusion à grande échelle
etc . .. Cep end a nt
n 0 us pou von s re te n i r q ue : me dia sig ni -
fient l'intermédiaire.
Il
faut de suite préciser qu'il
n'est nullement question uniquement d'intermédiaire
te ch n0 l cg i q ue .
Il Y a bien sûr l'idée d'appareil, de technolo-
gie permettant la transmission de l'information, mais il
semblerait que media impliquent une idée beaucoup plus
complexe et même abstraite, voire-même une idéologie
cachée véhiculée par cette technologie informationnelle.
Ils impliquent enfin des moyens massifs de communication
pouvant toucher à la fois
un grand nombre d'individus
disposés sur notre planète.
Pour mieux cerner ce concept
une typologie
sommai re s 1 i mp ose :
B. 3.
- TYpol 0 gi e des Me dia
Cette typologie se si tue à deux ni veaux
1- les medi a modernes :
2- les media traditionnels.
- 07 -
B. 3. 1.
- Les me dia mo de rn es
r~acLuhan les classe en deux grands groupes
a)
les Mé dia cha uds
b)
les Mé dia f ro i ds .
Ces 0 nt:
1a Rad i o.
laT é l é vis ion,
l a Pre s se
écrite, le Cinéma. les Bandes déssinées,
les
livres de
poches .....
Selon Macl.uhan.
"un medium chaud est un medium
qui
délivre des messages dont la lecture ne demande pas un
gros effort au destinaire"
(43l.
L'information y est en quelque sorte prédigérée
et donc
prête à être assimi lée. Cependant si en Occident
ces media crlauds doivent faire partie d'un même groupe, on
remarque par contre en Côte d'Ivoire des sous-groupes
dans l a mes ure où ces me di a ne s'adressent pas au même
public et l'information non toujours prédigérée pour toute
la population.
La télévision et tout ce qui
représente les
médi a chauds s'adressent en pri ori té aux ci tadins ayant
r e ç u lac ult ure 0 cci den ta le.
La masse est donc sélectionnée. Il s'agit bien
d'Ivoiriens
"cultivés". ce qui
implique déjà une notion
de classe sociale puisqu'on ne s'adresse qu'à
la couche
c.
.··!);~~:"~.:iA.Y M.
PeAl'
ce,"pl'Jnil't:?
:25
media:
Opte
Cit.
P.
.J 1.
-
90 -
sociale "supérieure" de
la population. Ainsi
la radio
con s t i tue - t - e 11e un me di um cha ud qui s 1 a dr es s e e f f e c t i ve-
ment à un public plus nombreux en des termes directs.
accessibles à chacun. et de plus. elle a un coût beaucoup
moins élevé que la télévision. Elle nlexiç:e pas d'infras-
tructures spéciales.
Si nous considérons l'exemple d'un village
d'environ
deux mille habitants enfoui
dans la forêt vierge
ou exposé à l'ardent soleil
de la savane. quelques
récepteurs radio suffisent pour informer amplement toute
1a pop u1a t ion. Ce c i nie s t
b i e n sûr
val a b 1e q ue s i l a
langue utilisée est accessible à tout le monde. La langue
est donc déterminante dans la typologie des média. ce que
Mac1.uhan. citoyen d'un pays développé
nlavait pas prévu.
" ...••
~",. -
.'.'
,o,'
) ' -
, > ' ,
•.'
" , o
lA.
' ' : ' '
;"'f!~'se
:.c. ."""", '.... A. "'i
..
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lA.
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·'-l· t·J
_,J
~""__> J :- ~ ;: --: ::.:~ lI";
,. ,~- '17 lIe n d
';,J:~~t2lnenr;l pn1 ::;il' ~'I:m i.-P:":I'>.1nt travail
D2rsonnel"
.'
,
se~on Mac1.uhan.
Mais qu'il s'agisse de media chauds ou froids.
ce qui
importe
clest leur rôle d'intermédiaire. l'idéolo-
gie précise occultée et véhiculée.
Ainsi
derrière le
medium. se trouve le modèle qui est celui
des informateurs
derrière lesquels se trouvent
la classe dirigeante et l'oc-
cident. Il est par conséquent:
une éducation. un moyen
d'éducation ou dlinformation de masse. voire une domina-
t i on cu 1t ure 11 e .
-
MA C L Vii A.ï ,'1.
:p t.
Ci t.
P.
.:1 1 •
- 99 -
La problématique est ici
le rapport entre
l'homme et les média, originalité et spécificités.
Enef f e t
des mil 1ion s d 1 h 0 mme s qui
ne sec 0 n-
naissent pas sont le plus souvent en communication,
ente n de n t e t vo i e n t l a mê rre ch 0 se
au mê me mo me n t (R ad i 0
et Télévision). Mais i 15 ne se rencontrent pas
bien que
par t; c i pan tau mê me s pe c tac le.
D' une man; ère 9é né ra le,
les média permettent en principe à tous
IId'accéder au même
s a v0 i r Il, à l a mê me
"i n for mat ion e t à l a mê me for mat ion Il •
C'est vrai
du point de
vue théorique et macroscopique.
Mais dans
les détails, on se rend vite compte que l'ac-
quisi tion des connaissances est fonction de la culture de
base. Nous ci terons
l'exemple des pièces de théâtre
diffusées par la télévision française en direction de
l'Afrique
l
r
Pour comprendre
"le malade imaginaire ll de
1
1
Molière,
il
faut au préalable avoir étudié cette pièce (lU
lycée pendant le cours
de
li ttérature Française. Elle fai t
l
bien entendu
appel à une époque révolue, à une culture
étrangère à
l'Afrique. L'homme à peine alphabétisé (niveau
1
CEP) se contente des images qui
défilent devant lui sans
toute
fois suivre et comprendre intellectuellement cette
1
pièce.
Toute la population nantie
de Poste téléviseur la
t
suit
mais ne la comprend pas de
la m~me manière. Elle est
donc uni formisée au ni veau du message, mais di fférenciée
quant à sa compréhension dans
la mesure où elle ne réf1ète
pas
la culture du milieu, voire même
les préoccupations
q uoti di ennes.
Le problème de la compréhension du message est
l'un des points centraux de notre
travail et que nous
aborderons
dans
la seconde partie.
1
1
1
,
-
1cc -
En Côte d'Ivoire par exemple, les mass média re-
flètent toujours l'idéologie du pouvoir politique en place.
Mais dans la conception Africaine, le Chef ou le Sage, au-
jourd'hui le Chef de l'Etat ou "Père de la Nation" est
omnicient et omnipotent, dès lors les mass média sont sa
propriété puisqu'il
incarne l'Etat et la Nation, autrefois
la tribu et le clan. Mais c'est ici qlle se pose une fois
de plus un proiJlèflle car l'exercice du pouvoir dans la So-
ciété traditionnelle impl ique que le Chef soit au service
de la population
alors qu'aujourd'hui, c'est la popula-
tion qui est bien au contraire au service du Chef. En effet
dans les sociétés Ivoiriennes aux structures gérontocrati-
ques l iCJnagères patnl inéairps, le chef n'est guère absolu.
Il ~st choisi en fonction de ses qualités morales et hu-
maines - c'est-à-dire que le critère est fondé sur la com-
préhension des problèmes de survie de la collectivité. Or
aujourd'hui
le pouvoir est 1 ié au bagage intellectuel - à
la fortune, surtout dans un pays où environ 80 ~ de la
population est analphabète et pauvre, vivant dans les vil-
lages sans électricité e~ d'dduction d'eau. C'est d'ail leurs
la véritable cause du sous-développement qui fait d'une
minorité au pouvoir des personnes éminemment nantie;~t une
majorité si ngul ièrement pauvre. Ce faisant, le Président Ivoirien
n'a jamais caché son adhésion totale à l'idéologie impérialiste occi-
1
dentale. Pour lui, il faut d'abord manger avant de dénoncer l' impéria-
llsme. "Je ne veux pas partager la misère en Côte d'Ivoire" déclare-t-
!
i l ~u substance.
1
Les Romains diraient "Primum vevere deinde
phi1osophar~.
1
.
. : *
- _'v'"I'te-rendu dt, Conseil ::(],t-:·~·...;..;: ?raternité-;"'utin lu :'enc!redi
'22 AO!Zt 198.3 ; et l'em'ls :-'(:1" ?~ !~::i:o et la télé·J";.3 ...·on ....at:c'1a-
-
1 0 1 -
Mass média signifient moyens technologiques de cO~Jnica
tion de masse pouvant véhiculer soit :
- l'idéologie du milieu ou de la masse, si ces mass média
sont effectivement nationaux
au service de la masse qui les contrôle.
C'est ce qu'on appeile ~n langage capitaliste Ivoirien "le Totalita-
risme ou communisme", car la classe dirigeante est convaincue que la
masse ne doit pas intervenir dans les décisions
si ce nlest que voter
toujours dans le sens voulu par cette classe.
L'idéologie de la classe dominante est le plus souvent
étrangère et acculturationniste. Mais au fond
pourquoi
selon le dis-
cours
officiel, dénoncer la domination économique, politique et cul-
turelle occidentale alors que sans l'occident
la Côte dlIvoire, bien
que peuplée de gens compétents sur le plan scientifique
ne peut exis-
ter? c'est-à-dire que cette classe dirigeante a intériorisé et fdit
intérioriser le complexe dl infériorité congénitale à la loaS:ie Ivoi-
rienne. C'est ce que les experts appelle par éphémisme : la Saqesse
et la maturité politique du Président Ivoirien.
Ainsi donc la défense des intérêts occidentaux
en Côte dlIvoire, à son aliénation et à sa domination cul-
turelles deviennent une qua1 ité, un signe d'intelligence.
Dans ces conditions
11 impérial isme devient nécessaire,
une nécessité vitale, pas pour la majeure partie de la po-
pulation
mais pour la minorité dirigeante complice.
Quant aux média chauds
ils livrent bien sûr des messages
dont 1a 1ecture ne demande pas un gros effort au dest inata i re "culti-
vé'"
éduqué dans le système dloù provient l'information.
----------------
- 102 -
On peut affi rmer ici que
les média chauds ne
sont pas différents des froids si
on tient compte de notre
définition.
De toute évidence
il y a des difficultés de
tous ordres, notamment sociologiques, économiques,
linguistiques et psychologiques qui
rendent la typologie
MAcLuhannienne assez complexe en Afrique.
Cette conception a été suffisamment montrée par
de nombreux auteurs, mais nous ne retiendrons ici que
les
propos de Sami rAmi n
"Aucune
technique n'est neutre dans
la
r-:es ure où elle es t
conç ue dans un en vi ron-
ne"'1ent 4conomique et sacio-cuLtul'eL bien
précis.
Elle est donc porteuse de sch~mes
e!; des mod~les dont
la transposition
··.;::.dZ:<2
il'l'aisonn4e peut engendrer de
graves perturbations".
(:f,
En outre
en refusant le progrès scienti fique de
l'Occident sous prétexte que celui-ci engendre nécessaire-
ment un impérialisme cul turel ou économique, on marginali-
s e rai t lep ay s dan s 1e s ra ppo r t s mo ndia ux. Par con s éq ue n t
l'acquisition de cette technologie informationnelle non
neutre est un mal, mais sans doute un mal nécessaire. Et
comme le souligne à juste titre J.P. Biondi :
''l'''1agine-t-on un instant qu':.m pays pauvre
p:..isse affirmer sa volont4 de d~ve Loppement
dn écartant ce qu'il consid~re~ ou~ comme
_'es
édiles
du d4but du XIXe siècle qui
(-Jè: - Samir A.'>1IN :!i:é pal' J.P.
BlONDI:
Article dans
:: :: 'zi cp i q ue s
-
Au di 0 - vi s ue l e n A fri q ue
.~ :-' 1" i Z 1 9 77 .V 0 10 j
P .
1 3 •
- 103 -
refusaient au cherrrin de
fer
Za
traversée
dB
leur ci t~, rejeter Z 'irrésis tibZe en
retardant du m8rœ coup son équipement,
donc
l'éZevation du niveau de sa popula-
tion".
(;7'
Qua n t l
Bab a car Sf ne. i 1 dép 10 re qui e n Af r i q ue
les informations radiodiffusées en langues dites nationales
ne se réfèrent qu'à des informations purement locales,
c'est-el-dire refusent de
fait à des cultures
traditionnelles
le droit el l'ou'A:!rture sur le monde.
C'est là
di t-i l, que
se pose le
véritable problème de la meilleure adaptation
possible de techniques
rel ati ves à la spéci fi ci té et à
l'identité culturelles dans
la perspective d'un
dévelop-
pement global qui
n'est en
fait qu'une extraversion cultu-
re 11 e. (48)
A partir de ces définitions
on peut examiner
l'existence des mass média dans
le milieu traditionnel
Africain anté-colonial.
Cependant
selon les
définitions
que nous avons proposées et qui sont axées sur les
moyens
technologiques. il semble di ffici le de parler de
véri ta-
bles mass média dans
le milieu traditionnel Africain.
Ainsi
nous ne pouvons
retenir que le
terme
de cor:1l;lunication.
(47)
-
J.P.
BIONDI :
Ibid. P.
13.
(48)
-
BABACAR SINE:
Impérialisme et théories sociologi-
ques du déve loppement.
Ed.
Anthropos :
Ch.
II P.
203 -
Paris 1977.
8.4. - La communication dans
le milieu traditionnel
Toute société éprouve
le besoin naturel
de
communication en déhors de
la parole et la langue. Aussi
crée-t-elle des moyens appropriés pour y répondre .
. ;..
Nous entendons par communications:
une relation
entre
deux ou plusieurs personnes.
Cette relation peut
être de plus i e urs na t ure s, no t a mme nt:
ve rb ale, ge s tue l 1e ,
i ns t r ume n t ale . . .
Dans
la Côte d'Ivoire
traditionnelle
la communi-
cation s'adresse à
un public nombreux ou restreint suivant
le contexte et la sous-région concernée. Bien sûr
l'échelle
est réduite et on ne peut se situer ici qu'au niveau de
deux clans ou tribus et non
au niveau de deux continents
séparés par une grande distance comme
aujourd'hui.
Le moyen d'expression de
la civilisation de
l'oralité est caractérisé par la tradition orale dont les
fonctions sont multiformes.
Cette oralité permet entre
autres de percevoir les sens de la vie et des multiples
rapports avec l'homlTie.
D'une manière générale
la communication sou ..
tient
dans
la Côte d'Ivoire traditionnelle et encore
dans
une certaine mesure aujourd'hui
les
relations
humaines,
de dépendance et d'autorité, d'amour, de travail,
en un mot,
de communication sociale.
Elle situe l'homme
dans son passé, son présent et dans sa sociéte spéci fique
et qui
pe ut être :
-
Instrumentale
(tam- tam,
tambour).
- 1n5 -
verbale
(mode spécifique
de
circuit de
la
parole:
statut de
l'espace, statut du perfor-
mateur,
griot, etc ... ).
-
Vestimentaire
(type
de costume articulé sur
les
classifications socio-hiérarchiques de
la
Société;
codes esthétiques,
culturels et
h i s t 0 ri q ue s ) .
-
Gestuelle
(fonctions
culturelle
et symbolique,
système de
valeurs, de croyance; cosmogonie).
Depuis
la colonisation,
ces
cadres spécifiques
réservés à
la communication -
ces
mass
média, pour utiliser
la terminologie commode aujourd'hui
-
sont de
moins en
f"oif1s
')erçus
; autrement dit,
la presse écrite,
l'audio-
vis'..e1
;
les
mass
média
fonctionnent actuellement comme si
l'.~frique ancienne n'avait jamais forgé ses structures de
cc"~uni cati ons.
A chaque occasion
de
la vie
la communication se
manifeste
dans
les
relations et les
rapports entre indivi-
dus et société, entre monde
visible et monde invisible.
4.1.
-
Communication
verbale
a)
~rQ.Y~!~~~ : Dans cette société basée sur
l'oralité,
les
proverbes interviennent souvent dans
la
cO"':"luni ca ti on.
<,",}rrz
LOl-f r.) 5 E
:":1
~ c '"' ~ ~n { ~ <1. t ion t ri b a ! e PP.
,;' J - :; !
El.
~')!i~'ersitaire8 ld74 -
:;J;!':·2.
~t2S
.........,--r-ES
de
la
cC'mrrJ~(n: '1:::_~~
? P .
: - ~
El.
D'..<'rI 0 J
! J .,' : •
- ,,.. ~ -
Ils
constituent des Jensees présentées sous
une
forme concise et imagée expri"lant des
vérités ou des con-
sei 1s de sagesse fondés sur l'expérience.
Aussi
jouent-i ls
un rôle prépondérant dans
la J'-ise de conscience de
l'adolescent ou de l'adulte, de la place qu l i1 occupe ou
qu'il doit occuper dans
la société. La parole devient
ainsi
l'élément
fondamental et déterminant.
Tout s'articu-
lera essentiellerrent 1utGUr~e l'intégration et de la
prise de conscience e ffecti ve
~u monde extérieur.
b)
Con te s
------
Ils nécessitent toujours
une
grande mobilité
d'esprit pour discerner
sous
leurs
formes
condensées,
t 0 u te l' exp è rie n ce,
l' 0 bs e r vat ion, pou r é val ue r 1e s vé rit és
générales qu'ils expriment et ':lui
s'appliquent à des cas
particuliers.
Aussi
font-ils
toujours intervenir de
manière symbolique des
animaux,
divers
objets ou végétaux
à un
m0 me n t e t à
unI i e u pré c ; s don nés.
Ils con s t i t ue n t
donc
:es
fables
dans
lesquell~s 2/oluent plusieurs acteurs,
jouent un rôle moralisateur dans
la
formation
de l'homme
par conséquent
ils sont, non seulement éducatifs, mais
e n mê rre
tell' psi n for me n t sur l 2 pas s é .
Dans
la communication traditionnelle
le silence
est une expression d'approbation ou de désapprobation
dé gui sée.
I l e xp rime
don c une c Cl 1r.;TI uni c a t ion .
Vc: r
" ' -
_t·.:~~v"yZ traJitionneZle
:;i-':'~;1
. 1: 'l ..·.-!:.:t::œation.
- : ' ~ ::'d
':d
~''d L,zZ :
Par"":s
, , -
ZJ .7 :3 •
r1
1
- 1(J 7
Consi dérées
comme
un cran
dl arrêt. elles
repré-
entent un ensemble de
formules
orales et concises qui
imagent la
vie courante en situant des
faits
ou des
cas
précis donnés.
Elles sont donc éductrices et
forma-
tri ces.
e)
Q~Yi~~!!~~:
Ce sont des
arr.usements
au
cours
desquels les enfants
apprennent à affuter le sens
de
1e urs
observations.
Très
instructives. elles sont ensei-
gnées par 1es
gr and spa r e n t s à
1e u rs
pet i t sen fan t s
1e
soi r
au clair de
lune ou autour du feu.
Di fférents
auteurs
de
la littérature Africaine
ont tendance à considérer que
la
tradition orale constitue
l'ensemble du patrimoine culturel.
Il
n'en est malheureuse-
me nt
rie n.
Bi en
au con t ra i re, en t re nt en
jeu plus i eu rs
facteurs.
Ce que nous
appelons
les
vrais
dépositaires
du
savoir,
du savoir-faire et du savoir-être traditionnels
et les
vrais
détenteurs
du pouvoir politique et religieux.
son t
1es
vie i 1 1 a r ds , l e s n 0 t ab 1es,
1e s
cas te s. gé né ra 1e -
ment supérieures
dans
le
cas
des
régimes monarchiques.
Ces
derniers
jouant aussi
un
très
grand rôle et dont la
mission est de
transmettre
les
traditions
orales.
Mais
dans
le
cadre
de
la
division
traditionnelle
du travail
le
griot représente
un éminent professionnel
de
la parole.
C'est le conteur public,
de devises,
de
généalogies. de
panégyriques et qui
embellit les paroles.
C'est également
l'historien,
géographe,ethnGlogl.€
• reliant le passé ances-
tral
et le
présent. On pourrait l'assimiler aux journalis-
tes
Ivoiriens
d'aujourdlhui
dont la mission est de chanter
f,,
-
108 -
les
louanges et les
lI mérites ll
du Chef de
l'Etat et de
certains
Thuri féraires. du régime poli tique en place.
A côté
de ceux-lA
on trouve
les scientifiques qui
peuvellt
analyser.
ref1échir. en
un mot.
ceux qui
savent.
les
vrais
détenteurs
du pouvoi r
culturel.
Véri table
maître
de
la parole.
le
griot est en
rapport avec
le
verbe. Son sens
premier étant de
reconsti-
tuer ou de
remonter le
cours
du
temps par 1 a parole. AUS'ii
est-il
en
relation avec le passé.
ce qui
lui
confère
le
rô 1e
d' hi s to ri en.
En e f fe t
i 1 fa i t
vi v re e t
re vi v re
1e pas sée t
il est le narrateur de
l'histoire
" un iverselle",
le
détenteur des
récits
relatifs
aux fondations.
aux généalo-
gies taux fai ts et ges tes
des
hommes et des êtres.
Ses
récits
relatent le passé historique
du clan et du
"monde".
de
la tribu et de
la
famille.
des
villes et ces
lil1ages.
Mais
il
y a lieu de considérer deux catégories de griots:
~~_~!i9!_e!9!~~~i~~~~!_~9~~~_~QY~~
9~_~2~~Y~is2!i2~
C'est le
Griot
de naissance suivant les strati-
fications
sociales.
Par conséquent il
n'exerce aucun
autre
métier en
dehors
de
cette
fonction.
Il
chante
les
louanges et exa1 te
l'hèroïsme
des
chefs et des
c13.'1s
comme
nous
l'avons
dit.
Mais il
n'est pas exempt
de
flatterie.
voire même
du mensonge
grossier.
En effet
lors
d'un séjour au Sénégal
er:
J.':179 ,
-
1~j -
un gr i 0 t
no usd e man da uns 0 i r n0 t re nom e t pay s d' 0 ri gin e .
Fort de ces deux éléments, il
chanta nos
louanges, ~ffir
mant même que notre grand père fut
le plus
grand g'.errier
Ivoirien qui
tint tëte aux Blancs ...
Tout ceci
dans le
but de
recevoi r une récompense.
A parti r de cette consta-
tation qui
nlest pas
unique, on peut se demander si
l'histoire que
le griot prétend connaltre est toujours
vérifiée.
Nous ne mettons pas en cause ce qu'il
raconte,
mais ses prestations actuelles paraissent beaucoup plus
douteuses et économiquement intéressées.
~~_griQ~_9SS~~!9ŒŒ~1_f9~~_~2l~~
de communication
C' est c 0 mme l' a f fi r me J e an Loh i s. e, l e hé ra ut ,
le con te ur, l e
fou dur 0 i, le b 0 u f f 0 n, l e co méd i en. (J ') )
Cependant derrière ces caractéristiques, se
trouve
une
véritable communication:
- entre
les hommes-
en t re lep as sée t
lep ré sen t -
lep ré sen t et lia ve n i r.
l l
constitue à maints égards
une bibliothèque, des
archives
du pas s é co mme
le gr i 0 t P ro fe s s ion ne 1. Se ule me n t i l
travaille et n'appartient pas à une caste inférieure
( cas te de g ri 0 t s ) .
B. 4 . -
C0 mm uni c a t ion i ns t r ume n t ale
L 1 i n s t r ume n t i c i, est l e ta m- ta m : sam i s s ion
ou fonction est non seulement la
réjouissance, mais
la
c·ommunication entre personnes. villages ou clans. Aussi
exprime-t-il
à
travers le
langage (tambouriné)
des
con-
- 110 -
naissances. l'histoire. la généalogie .•• On peut en
distinguer plusieurs types: mais il s'agit ici de celui
qui annonce les événements' mineurs ou ma~eur~ d~ la
société. On l'appelle chez les Akan: Attoumgbra. chez
les Krou (Dida) : Tokoukpa
(50)'. Ce tam-tam joue un rôle
capi tal dans 1a communication et l'information de masse.
Sa description est très simple. Il s'agit de deux troncs
d'arbres (tam-tam) jumelés. d'une hauteur dlenviron l,50 m,
recouverts de peau d'animal •
. Son batteur est un spécialiste. donc un homme
initié. car le langage est uniquement destiné aux initiés.
Pour les profanes et les en fan ts. i l s ' agi t tout sinplerœnt
d'une mus i que que 1conq ue • .ais une .usiq~ qui est une vé ri t ab 1e
communication.pour les
W~i~1h
4.2.1. - Tam-tam comme moyen d'information
de mas se
Il n'est joué qulci des rares occasions
et
annonce
- un décès ou autres événements graves
- il invite les gens ci rejoindre le village
po ur causes di ve rse s .
Les messages sont émis sous forme de sons codés.
les initiés les décodent a plus de dix kilomètres. Les
villages voisins qui les reçoi vent servent de relais en
(5,) j -
Tokoukpa : signifie l.itt~ralement en Dida : Tam-tam
Noir~ bombre~ c'est-d-dire le Tam-tam
qui" annonce les ~v~n8ments tristes. Ce
failTant il. n'est jou~ qu'au jour de
gran dB ~ v~ne me n ts .
-
111
-
les répercutant à leur tour sur d'autres, ainsi
de suite,
toute
la tribu est informée.
4.2.2. - Tam-tam comme moyen de communi cati on
Lors des événements funérai res,
le tam-tam
devient le moyen privilégié de communication.
Au début des cérémonies, clest par lui que
chaque famille ou clan est appelé à venir assister aux
funérailles. Ainsi
le chef de famille ou clan répond à
l'appel et prend place avec les siens. Ces formalités
remplies, on passe à la seconde phase qui est la danse.
Le tam-tam appelle à nouveau chaque famille,
mais pour danser, il
faut s'assurer qu'on remplit bien
certaines conditions puisque de nombreuses questions sont
posées, notamment sur l';:lisance
de sa famille, sur ses
vertus guerrières
aussi bien maternelle que pa:erne11e.
Dès
lors
les pas sont fonction
de
toutes ces données.
- Re cul ers i gn i fi e q ue 1e 1i gn age !J a tri 1i né aire
est p ui s san t, don con peu t s' a dos s e r à
l 1 1i
e n re cul a nt,
t 0 ut c 0 mme 0 n peu t a van ce r e n t 0 ute qui é t ude .
- Oanser en allant à gauche et à droite signifie
que respectivement les
familles maternelle et paternelle
sont aisées.
A chaque langage tambouriné, on est tenu de
ré p 0 n d re e n pré ci san t t 0 ute foi s sas i tua t Ion fa mil i ale.
Une autre fami 11e viendra danser à son tour et se sO\\Jmettra
,
aux questions du Tokoukpa.
f
f
· , 2 -
4.2.3.
- Tam-tam comrre ~oyen
de communication
a ve c 1e pas s é .
LI T0 k 0 uk pa"
ra p pelle ici
1e sor i gin e s de cha q ue
famille OtA clan avant la cérémonie. les noms ne sont plus
ceux que connait tout prof~ne. Il s'agit de ceux de
guerre connus des seuls initi>:'S.
Partant
toute cescendance de chaque
famille ou
village est connue,
citée.
Aussi
arrive-t-on à huit géné-
rations et parfois même plus dans
certaines
régions
ethniques, surtout chez les Akan
; chose très difficile
dan s un e soc i été san s é cri t ure.
Par le
langage tambouriné donc, on connait les
liens existant entre
les
fa-:lilles,
les
clans et les
villages.
Ainsi
perrr.et-il
la communication avec le passé,
ce qui
rend '~ttounrtl') ou ~:'~,"['1 sacré. Ce faisant il
n'est strictement réserve qu'aux grands événements. Aucun
enfant et même aucun .)dul~e ",'ont le
droit de le jouer
san s c a us e p ré ci se;
sans
évènement
grave.
B. 5.
- Co mm un i ca t ion se s tue l l e
5. 1. 1.
- Lad ans e c 0 ~ r1e me di um
Aujourd'hui
la danse traditionnelle, à l'instar
des danses
modernes, ne
représente plus malheureusement
qu'un simple moyen de divertissement, donnant lieu à des
rencontres
intil;les,
un
folKlore
tout juste pour satisfaire
la curiosité des
touris~es en mal
d'exotisme.
f
-
1 1 3 -
En
réali té
on peut distinguer plus.ieurs sortes
de danses traditionnelles.
- la danse recréative ou de réjouissance destin-
née a ux j 0 urs de f ê tes pop u1aire s .
- 1a dan s e fun é rai re
la danse scénique ou rituelle.
1. 1.
-
Lad an sere c ré a t i ve 0 u de ré joui s s an ce p 0-
pulaire a lieu à tout moment, notamment le soir au clair
de lune ou les jours de repos. Si
apparemment elle exprime
la joie, évoque les
rencontres intimes et sentimentales,
e 11e f ait a us s i a ppelle plus sou ven tau x pro b 1è me s
socio-économiques (relations des souffrances, les durs
moments des différentes luttes, notar.lment coloniales ... ).
1.2. - La danse de reJouissance réservée aux
jeunes filles
donne
lieu à une chorégraphie et une exté-
riorisation amoureuses, une expression corporelle.
C'est l'occasion rêvée, à travers
les chants mêlés aux
battements des
mains pour se livrer aux déclarations d'in-
tentions d'amour aux jeunes garçons. On pourl"i1it même
affirmer qu'il s'agit de danse d'éducation sexuelle, car
à
t rave rs e 11e, 1e s fil les s' i nit i en tau v0 cab ulai re e t
au comportement féminins. Aussi existe-t-il
unevéritable
communication verbo-gestuelle permettant aux jeunes gens
de connaître et d'évaluer les sentiments que les filles
nourrissent à leur endroit. L'expression et les déclara-
tions d'amour des
filles sont libres, sans
gêne, ce
qu'e l les ne peu ve nt sep e r me t t re en
f J mille.
..
1.3.
- La danse
funéraire est réservée en priorité aux
femmes, surtout celles qui sont âgées, en pays dida
on
- 114 -
l'appelle ITakpa/, chez les B~oulé : INolo/, chez les
Gouro 1 Youne/,
les Beté : ILogbo/. (51), c'est dire
qu'elle existe partout en COte d'Ivoire.
ofin s las oci été1di dal par e xe mp le, ap r ès la na i s-
sance d'un enfant, ce sont les femmes qui
dansent pendant
que les hommes n'expriment leur joie qu'a travers leurs
gestes de générosité à l'égard des danseuses. Après la
mort. elles s~nt toujours présentes a la veillée, près du
corps.
Les chants 4 cette occasion
sont d'abord destinés
aux ancl!tres et autres parents disparus, car dans cette
société
le défunt i ra rejoindre ses ancl!tres dans un
autre vi llage identique 4 cel ui
des vi vants, d'oil il
moura pour- reveni r sous forme d'enfant dans notre monde.
Ce
faisant
le défunt que l'on pleure est un medium poten-
tiel. un commissionnaire servant de
relation entre le
monde des
vivants et celui
des Ancétres (l'au-deU).
B.6. - Communication vestimentaire
6 . 1. - Hab i t s co mme co mmun i ca t ion s 0 ci ale
o' une man i è re gé né ra les ' hab i l 1er est d' ab 0 rd
une nécessité sociale imposée par le climat, surtout en
Europe.
Il existe une variété d'habits, de coûts et
d'importance suivant la catégorie sociale 4 laquelle chaque
(51)
-
DEDY S~ri :
ArticZe non puhZi~ :
la place de
Za
musique dans
la culture et
l'~ducation
Ivoiriennè.
1980; P.
7.
ff1
- 11 5 -
indi vi du appartient. Les.. Jaquettes sont réservées aux
Ambassadeurs, Hinistre!i et autres personnalités, aux
Présidents en Occident.
Le!i professeurs d'université,
les
Avocats, les juges, se vêtent de toges en France dans
l'exercice de leur fonction.
C'est dire que toute société
technocratique
et intellectuelle se distingue par son
hab i l l e me nt.
En Cbte d'Ivoire traditionelle
cette situation
prévaut,
les chefs guerriers, les notables des
vi 11 ages et
tribus, les femmes mariées, les jeunes filles,
les adoles-
ce n t s , l e ses c 1a ve s se dis tin g ue n t par leu r hab i 1 l e me n t.
Selon Jean Lohisse, au Ghana
le statut social,
l'origine et le sexe sont signalés par des motifs spécifi-
ques portés sur les étoffes de soie ou coton.
En Côte d'Ivoire
le
Prince Adingra de
Bondoukou se drapait d'un pagne fabriqué spécialement pour
1 ui et portant son nom.
L'habillement est donc un signe, un signe de
puissance pour les riches, car à partir de lui, on peut
reconnaitre le groupe socio-économique et l'origine
sodale de chaque individu.
Aussi
cet habillement varie-t-il
suivant le statut social et les circonstances.
Il impli-
que non seulement l'expression du pouvoir, mais une commu-
nication.
L'esclave qui
s'habillera comme un chef ou
notable dans la société Akan
sera considéré comme un vul-
gai re i mp 0 s te ur.
- 11h -
Cette différenciation vestimentaire constitue
une co mm uni ca t ion soc i ale
bi e n qu' a uj 0 ur d 1 hui, les t 0 u-
ristes occidentaux achètent n'importe quel pagne pour leur
collection, peu importe la signification sociale et
religieuse de ces habillements.
6.2. - Habits co:-'~e communication avec les
Ancêtres
Certains habits sont un moyen de communication
aussi bien avec le visible que l'invisible et les Ancêtres.
En effet
ce r ta i ne s c é ré mo nie s don ne n t lie u à un
hab i 11 e me n t s pé ci al. no t a mme n tau Zai re 0 ù la peau de
Léopard cons ti tue un vêt e me n t de gra nds j 0 urs pou r les
chefs. Ces vêtements sont accompagnés de parures qui
jouent un grand rôle et don t Jean Lohi sse décri t comme
sui t :
"Le port de certains anneaux r.serv.s aux
cheis se retrouvent .gaZement chez les
Yombes et Zes
D::dng.
Par contre chez les
Kongo,
~es anneaux sont fort r.pandus ;
Zes >:::"':_zb les en portent aux bras,
fabriqu.s
en ~ ..... i ~'!'e et décorés ;
Zes je unes fi Hes de
quali:J peuvent uti Ziser un petit anneau
au. poignet ou chevine ;
Zes
femmes
de haut
rang ae parent d'anneaux de cou, bras et
cheville".
(<J:~'
Aussi
les par'Jr'?s
constituent-elles. comme les
pagnes. un habillement de différenciation entre riche et
pauvre. entre noble et esclave.
U<::
-
LOHI55E JeJ.>'l •
_-1
~ù~mu.ni~ùtion tl'ibaZe.
_~?t. Cit.
p.
65.
fl
-
11 7 -
En Cà te d' l v0 ire
1 ' na bit b 1a ncet 1e cor ps
t!ario1é de kaolin consti tuent un habi llement qui
permet de
communiquer avec les Ancêtres.
7.3.
- Le Masgue comrr.e moyen de communication
Le
ma<;que
a,
dans certaines sociétés Ivoiriennes
~ r' ~
.. p 0 r- tan c e
r- e 1i 9 i e ... :; e
; ~ r, particulier chez les Guère,
Yacouba à l'Ouest,
les Gouro et Baoulé au Centre,
les
Sénoufo au I~ord. Il
représente surtout à l'Ouest une com-
munication entre les hommes et les Ancêtres. Aussi est-il
le dernier recours pour tout litige et toute guerre entre
villages,
tribus et familles. 11ul ne peut et ne doit
contester son
verdict.
Chez les Baoulé
aucune
femme ne doit le voir,
or aujourdhui
ce masque est présenté à la télévision, par
conséquent profané et sans puissance mystique ancestrale.
Après
l'étude sor--maire de la communication Gans
le mi lieu tradi tionne1,
on peut à présent examiner l'in-
troduction des mass média modernes en Afrique Noire au
lendemain de
l'indépendance. ~ais avant de poursuivre
cette étude, on peut faire
les remarques suivantes:
- La communication dans
le milieu traditionnel
a une portée
très
limitée, et cela est "dû aux moyens mis
en jeu pour la réaliser.
- Elle est uniquement basée sur l'oralité, les
instruments sonores
(tam-tam) et les gestes; elle fait
a p pel ci
un
gr 0 upe d' h 0 mme sin i t i é s, se ul s cap ab 1es de
décoder les
messages
transmis. Aussi
implique-t-el1e dans
une certaine mesure de catégcries sociales, c'est-a-dire
ce:..Jx qui
comprennent et les
autres ignorants.
ti
- 118 -
Enftn. le griot qu'on peut assimiler au journa-
ltste. d'aujollrd'h.ui
chantetp comme nous l'avons di l pl us
-
.
haut
les louanges de la classe dirigeante dans le milieu
traditionnel. et il n'est pas étonnant qu'aujourd'hui
il
fasse la même chose. c'est-a-dire se mettre au service
des chefs d'Etats Africains et de leurs Gouvernements.
D'aflleurs cette position des journalistes nous aidera à
élucider notre analyse par la suite.
Dans le milieu traditionnel donc, les mass média
conservent leurs valeur et richesse, jouent un rôle important.
C'est même un processus de conservation, de conversion et
de développement endogène, liant l'individu au groupe. En
cela les mass média représentent
un moyen
d'éducation,
d'information et de formation.
En Côte d'Ivoire
tous les actes accomplis dans
la parole, le tambour, la danse, les masques, les palabres,
l'annonceur public, le conteur, le griot, constituent une
communication de masse, en particulier dans les villages.
Mais depuis l'introduction de nouveaux média àans le pays,
les milieux socio-culturel et économique sont en perpé-
tue 1 cha nge me nt.
Et comme le soul i gne Babacar Si ne :
"Le
lien ombilical qui reliait intrinsèque-
ment nos supports
traditionnels de commu-
nication aux fondements socio-cultul'e ls
Africains, aujoul'd'hui .Jbl'anlés, se brise.
La vrai question qui se pose aujo?-a'J'n.ui
est celle de
fail'e
la part du feu pendant
qu'il en est temps, pal' une politique de
collecte systématique .les acquis de
la
tradition orale . . . . .\\!a:'s SUl'tout J'arti-
culer de
façon aohérer.::e
'A.sage et PI'O"70-
-
, 19 -
tion des. supports
traditionnels de
communication et mattrise conséquente de
nouvelles
technologies".
~~;;).
La problématique est ici
les mass média comme
instruments idéologiques et de rapports de domination:
A - Domination externe
B - Domination interne.
III.A. - MASS ·MEDIA COMME INSTRUMENTS DE RAPPORT
DE DOMINATION EXTERNE
Les pays développés ne dominent-ils pas le cir-
cuit des média aussi bien en amont qu'en aval? Cette
domination ne touche-t-elle pas
l'ensemble des média ou
les y s t è me t r ans na t ion a lac tue l des co mm uni c a t ions ?
C'est-à-dire les Agences de presse internationales, la
radio, la télévision,
les
films,
les revues, les livres
et illustrés à grands tiraqes.
les banques de données et
les entreprises de publicité?
f
~
Cette situation de déséquilibre et de dépendance
n'enqendre-t-elle nas naturellement des forces politiques ayant pour
1
cor 0 l lai rel ' i mpé ria lis me cul t ure l ?
'.
Du point Ge vue quantitatif, ce déséquilibre
est établi par un écart entre le volume d'information
1
1
Î
(53)
-
BABACAR SINE : L'audio-visuel et extral,'ersion aulturelle-I,..••.
Artia!e dans
Ethiopiqu.e - P.
21 -
•
A vri 1 1J 77 ;
n 0 10.
1
r
l
J
f!
t
- 120 -
provenant des pays développés véhiculé
dans ceux en voie
de développement et celui circulant en sens inverse.
Selon l'UNESCO, près de 80 % des informations circulant
dans le monde actuel proviennent des grandes Agences
transnationales qui ne consacrent que 20 a 30 % seulement
de ces informations aux pays en voie de développement,
lesquels représentent néanmoins près de 3/4 de l'humanité.
Cette situation engendre une véritable domina-
tion des pays en voie de développement car les cinq
premières Agences transnationales monopolisent le poten-
tiel matériel et humain, tandis que le tiers des pays en
développement ne dispose jusqu'a nos jours d'aucune agence
nationale de taille internationale.
Ainsi les cinq premières Agences internationales
comptent plus de 500 bureaux; 4.319 correspondants ou
pigistes dans 116 pays, diffusant chacune une moyenne
quotidienne de 1.500.000 a 17.000.000 de mots. Ce sont
- Agence France-Presse (Française)
- Reuter (Anglaise)
- Associated Press (Etats-Unis
)
- United Press International (Etats-Unis )
- Agence Tass (U.R.S.S.).
En Afrique
des pays tels que: la Côte d'Ivoire
- le Sénégal, - le Zaire ...• sont dotés d'une Agence
nationale. Mais ces petites Agences ne tirent leur infor-
mation que des cinq Agences citées plus haut.
Dans ces conditions
le contrôle des Agences
Voi~ BOURGES He~vé : Déco!oniser L'information Ch. l
PP.
23-50
Ed.
Cana 1978 - Paris.
- 121 -
In ter na t ion ale s d' i nfor ma t ion par l' 0 cci den t 0 u pré ci sé-
ment par les pays développés n'engendre-t-il pas ou
n'accentue-t-il pas la dépendance des pays Africains
vis-~-vis d'eux 1
Près de 90 % de la Source d'Information sont
détenues par les Pays développés alor$ que ceux en voie
de développement ne sont pas en mesure de se défendre
adéquatement contre
d'une part, ces émissions étrangères,
d'autre part, la concurrence dans la mesure où la plupart
du temps
elles sont diffusées ~ partir des stations
situées dans les pays dominés.
Quant à la télévision, 45 % des pays non indus-
trialisés en sont dépourvus
et cette situation est
aggravée par la diffusion d'un très grand nombre (si ce
nlest exclusivement), de programmes en provenance des
pays avancés. Une telle lIagressionll sur le plan informa-
tionnel ne favorise-t-elle pas une hégémonie ou un impé-
rial isme ?
Les fondements de cet impérialisme résident
nous semble-t-il
dans sa puissance économique et finan-
cière, industrielle, technologique et scientifique,
réduisant ain5i à la condition de simples consommateurs
des média devenus pour la circonstance, de simples
marchandises (comme le riz), vendues aux pays Africains.
Aussi le contrôle de la circulation de ces média slexerce-
t-il sans aucune entrave sur les transnationales opérant
dans cette région. A cela s'ajoute la maîtrise de la
technologie avancée, c'est-~-dire le système de communica-
tions par satellite.
·/"~·!'::'Y/RGES H.
Opt.
c'it
:
~!:'.
::'5 -
50.
- 122 -
1
;l
Ainsi
chaque jour, chaque heure, tout événement
!
produit dans un pays occidental est transmis immédiatement
au monde par le canal des mass ~édia transnationaux. Au
m~me moment ces pays sont informés aussi par les m~mes
1
,
canaux de tout ce qui se passe A l'étranger, singulière-
ment dans le Tiers-Monde, alors que les habitants de cette
périphérie (Tiers-Monde) ignorent eux-m~mes ce qui se
passe chez eux.
1
Par ailleurs toute l'information, au lieu d'être
!
mise brute A la disposition des masses Africaines, n'est-
elle pas traitée, filtrée, parfois même dénaturée et
teintée de l'idéologie et de la propagande capitaliste des
classes dirigeantes?
En Côte d'Ivoire par exemple, les journalistes
ont atteint un stade d'auto-censure. Ils savent désormais
1
ce qu'ils doivent dire A la population, ce que veut "le
Père de la Nation" - Ainsi
on ne parlera presque jamais
des exactions des Blancs contre les Noirs en République
Sud-Africaine. L'Ivoirien ignore même le racisme aux
Etats-Unis etc ...
De plus pour savoir ce qui se passe au Ghana,
l'Ivoirien doit capter la "Voix de l'Amérique", la "B B C"
ou France-Inter etc ... s'il a toutefois les moyens de
s'acheter un récepteur radio puissant.
Fait encore grave,
ce
qui
est
véhiculé
A
propos de l'Afrique est toujours tendancieux ou caricaturé.
En effet
au moment où ùn multipliait les débats sur la
Père de la Nation:
c'est le Chef de l'Etat Ivoirien? Cela
signifie tout simplement que la Côte d'Ivoire est une fa-
mille et le Président n'est autre que le patriarche que
ses enfants (le peuple) doivent vénérer.
1
f
-
121 -
Pologne Européenne en 1983, une grève de plus d'un mois
avait
lieu en Côte d'Ivoire "pro-capitaliste". Des pro-
fesseurs et leurs familles étaient jetés ~ la rue. Le
pouvoir politique leur reprochait leur audace de s'ëtre
mi s en grève Il ill éga l ement" (bi en sûr après avoi r déposé
officiellement un préavis de grève). Les salaires de tout
le corps enseignant Ivoirien furent suspendus - Pendant
deux mois donc (Avril - Mai 1983), les enseignants Ivoi-
riens subirent une véritable dictature du régime capita-
liste Humanitaire-libéral, II souc ieux des droits de
l'homme', mal heureusement
sous l'oeil attentif de
l'occident, en particulier de la France Socialiste et
Humaniste. Le Chef de l'Etat Ivoirien déclara même que ces
Enseignants seraient remplacés par des homologues Françai~
Canadiens, Belges, et Suisses. Mais malgré cette déclara-
tion délirante, aucun dirigeant des pays cités, ne prit
aucune position, ne fut-ce qu'humanitaire en faveur du
corps enseignant menacé dans son existence.
C'est ce qu'on appelle en langage diplomatique
II pro blèmes
internes ll , mais qui cessent d'être intern~s
lorsque les intérêts des occidentaux sont directement
menacés
ou lorsqu'il s'agit des dissidents des pays de
l'Est. Et comme le soul igne la commission n° 31 de
l'U.N.E.S.C.O. :
"S'il arrive que les journaux des pays
industrialisés évoquent d'une ~anière
obje~tive les problèmes,
les réalisations,
et les aspirations des pays du Tiers-Monde,
~'est qu'il s'agit de suppléments, des
~~~éros spé~iaux exé~utés ~oyennant une
-"":..~ 11 ~
: :
Il J r'1 un é ra t ion"
" ; t1 •
•
.
( - --.r
-
U,'IESCO
:=~~~nication - Commission JO J1 - Paris.
" ,', ~
-
1':' L:
-
Cette attltude ~ontre bien l' indifférer.ce des
pays développés ~ l'égard de l'Afrique en matière d'infor-
mation, surtout si cette information est de nature à ~et
tre en cause des alliés. Ce~endant
cette attitude est la
conséquence des survivances de l'ère coloniale. Les pays
développés ne consacrent-ils pas actuellement une nouvelle
forme de colonisation écono~ique, politique et culturelle,
voire idéologique se manifestant à travers l' interorétation
souvent tendancieuse de l'~'1forlnation
destinée a l':"frique?
N'est-il pas volontairement mis en relief des événe~ents
dont la portée est le plus souvent limitée voire nulle?
L'information
dans la plup~rt des cas, consiste
~ présenter des faits divers, l'extravagance des Chefs d'-
Etat arrivés accidentellement sur la scène pol itique qrâre
~ des coups d'Etat dont les pays développés ne sont oas
étrangers.
Les exemples du ~aréchal-tmpéreur
Bokassa 1er de
Centrafrique ou du Maréchal-Boxeur Idi Amine d'O~g3nda
ct 0 nt
l e c 0 mpo rte men t e t les ,) gis sein e nt S fol kl 0 r' ~ ~ '.. es." é r i -
tent une psychanalyse approfondie.
Oans cette folklorisation des Chefs d'~tats Afri-
cains par les mass média des pays développés, ne s'agirait-
il pas de légitimer et de susciter des craintes injustifiées
ayant pour corollaires des crises économiques et une ins-
tab~lité politique permanente?
Une telle situation ne peut
en effet
::u'e'lgen-
drer une aliénation, une dépendance à tous les niveaux, terrain
propice à l'impérial ;sme des pays développés sous toutes
ses formes. Outre l'influence aliénante
sur les
olans
économique, social et la ~an;pulat;on du trafic interna-
tf1
-
125 -
tional des nouvelles, les pays avancés exercent aussi une
autre forme d'hégémonie sur les institutions des communi-
cations en Afrique.
- En premier lieu
on peut citer la possession
des mass média par l'investissement direct.
- En second lieu
la publ icité fonctionnant
co~~e les transnationales de co~~unication
assurent leurs
revenus en servant en même temps les intérêts des corpora-
tions industrielles et commerciales transnationales? les-
quelles dominent le monde des affaires des pays occidentaux.
- En troisième lieu enfin
cette domination
réside dans l'influence qui s'emploie à anéantir systéma-
tiquement, grâce à des moyens très subtiles, toute prise
de conscience
par 11 intermédiaire des institutions de
propagandes, donc des mass média. Aujourd'hui et plus que
jamais, des mass média et l'école constituent les plus
grands instruments de domination culturelle et d'accultu-
ration sans précédent dans la ~esure où ils véhiculent et
même déversent sur l'Afrique des messages en contradiction
avec ses cultures, ses valeurs morales et spirituelles,
préjudiciables à ses objectifs et efforts de développement
rée l .
Nous le démontrerons plus loin. Mais déjà, nous
pouvons avancer que les mass média
dans la Côte d'Ivoire
d'aujourd'hui, appartiennent au pays (à l'Etat), mais con-
trôlés par l'étranger à partir des coopérants, de l' infor-
mation tirée des Agences internationales, des films et de
la maintenance des appareils. De plus
les cadres techniques
nationaux sont formés en France. Or ces derniers sont
souvent acquis à la cause de l'occident. C'est dire que,
même en l'absence physique des occidentaux, tout s'articule
-
125 -
comme s'ils étaient nrésents, ainsi contrôlent-ils indirecte-
ment par personnes interposées les mass média nationaux.
D'une manière générale, d'importantes inforMa-
tions sont volontairement né~li~ées ou oubl iées au profit
d'autres n'intéressant que les pays avancés. Elles sont
transmises à l'Afrique tandis que les auditeurs et les lec-
teurs n'y trouvent aucun avantagê. Ainsi les nouvelles et
les événements sont relatés en fonction des seuls besoins
des pays développés. En occident
on arrive Même à i~norer
les importantes minorités et communautés étran~ères qui,
malheureusement
ont des besoins différents des leurs en
matière d'information. Ce qui est normal puisque d'un côté
il s'aQit de poursuivre son dév~loppement et de l'autre,
de sortir du sous-déveloopement.
Cette situation paradoxale mérite notre attention.
- D'un côté
on négli~e comme on vient de le voi~
les minorités en occident.
- De l lautre on privilégie la minorité des pays
avancés en Afrique par raoport à la majorité nationale,
c'est ce qui fait d'ailleurs dire à des Français nouvelle-
ment arrivés en Côte d'Ivoire:
"qu'à pa~t quelques émissions d'aitteurs
en F~ançais, on est co~me en F~ance".
C'est une preuve éclatante dlimoérialisme cultu-
rel dans la mesure où clest le modèle culturel étranner
qui est véhiculé.
Ainsi constate-t-on un système de concentration
quasi monopolitique des mass média
entre les mains des
f1
-
1 27
-
pays occidentaux, sin~ul ièrement de la France dans le cas
des pays Francophones, ~ar la classe dirigeante interoosée.
Mais toutes ces anomalies volontaires de caractère aussi
bien politique que conceotue1 sont ma1heureuse~ent aaqra-
vées une fois de plus par les structures juridiques inter-
nationales inadaptées et soi~neusement é1abor~es au orofit
des pays développés.
Dans sa concention actuelle
le droit de la com-
munication se fonde sur des considérations individuelles
au détriment des préoccupations collectives. Cette situa-
tion rend l'application de la législation quelque peu ar-
bitraire
favorisant ainsi les pays déve1op1és qui ne
représentent qu'un petit nombre par rapport à la ~ajorité
des pays du Tiers-Monde. Ce faisant
l'idéologie actuelle
n'a consisté qu'à exalter les droits des professionnels
de cette information, voire d'une minorité d'individus
spécialisés dans cette activité précise. C'est ainsi qu'on
i~nore les préoccupations des collectivités
hors
des
frontières des pays en développement.
D'une manière générale
les spécialistes
de
la
science politique et de l' information affirment
Que l' in-
formation est un droit inhérent à la qua1 ité de tout être
humain, il est donc normal ~ue cette information
soit un
droit naturel pour toute communauté
car chaque être éprouve
le besoin de communiquer avec un autre, ne serait-ce que
pour connaître les autres peuples, créer un environnement
propice à la compréhension et au respect mutuel en v~e de
bâtir une coopération sincère et bénéfique pour tous les
hommes de cette planète.
Cette attitude quelque peu idéa1istevi~olique
la liberté de 1 'infor~ateur, le droit d'accès aux sources
-
i 28 -
d'information
qui ne sont que le corollaire des libertés
d'expression et de l'objectivité, (bien que difficile),
de l'information (nous y reviendrons plus loin).
~ais nous sommes en présence d'une situation
engendrant un instrument de domination entre les mains des
détenteurs de ces média. Ainsi parle-t-on de olus en plus
des droits de l'inforMateur alors qu'on ignore très volon-
tiers les responsabi1 ités et les devoirs ~ l'égard des in-
for:1és, voire même de la masse tout entière. A l'instar
des autres domaines
le droit à l' information est une ins-
titution qui ne profite qU'à ceux qui possèdent les moyens
d'information. Aussi cette situation permet-elle aux gran-
des puissances impérial istes et à leurs entreprises trans-
nationales de transformer ce droit en moyen de domination
au niveau des réseaux d'information.
Ce droit n'est-il pas lié à l'aspect technique
et financier?
Car on ne peut exercer un quelconque pouvoir sur
des appareils sans en maîtriser réellement la technique de
fabrication, la maintenance et assurer le finance~ent.
III.~. - ~ASS MEDIA COMME INSTRUMENTS DE RAPPORTS
DE DOMINATION INTERNE
Les systèmes Dol itiques sont en Afrique, dans la
p1uoart des cas y des réqimes "présidentia1 istes" à démo-
cratie "unanimiste" dont les dirigeants sont eux aussi, à
travers leurs prises de position dans les institutions
internationa1es~des alliés ou des représental"ts de l'im-
f
- 12~ -
péria1isme d~s pays avancés. L'exemple suivant illustre
bien nos propos.
Est-il normal que les dirigeants Ivoiriens dé-
fient tout humanisme en se rangeant aux côtés des occiden-
taux sur le problème de l'apartheid en Afrique du Sud?
Dans la plupart des pays Africains la presse est
la propriété d'Etat. Ainsi
le
quotidien Ivoirien
Fraternité-Matin est dirigé par un membre influent du par-
ti unique PDCI-RDA
(55); troisième personnage du pays
selon la Constitution (Président du Conseil Economique
et
Social). Dès lors
l'information destinée au oays est fil-
trée, la radio et la télévision ne peuvent que ref1èter
l'idéologie officielle de ce Parti Unique au pouvoir, c'est-
~-dire l'idéologie des all iés du centre par classe diriÇleante
interposée. Cette presse reprend fidèlement l'information
véhiculée par la presse du centre en y apportant des cor-
rectifs pour la consommation interne. On assiste donc à la
prolifération d'une sous-information, désinformation
ou
sous-culture génératrice, non seulement d'une prolétarisa-
tion culturelle, mais d'une impéria1isation culturelle par
dirigeants nationaux interposés.
Au départ des pays développés en effet, l'infor-
mation à destination de l'Afrique est filtrée avons-nous
dit. Mais la classe dirigeante 1~ trouve impropre à 1acon-
sommation nationale. Son objectif étant d'imposer d'une
manière subtile
à
travers les mass média~ des goüts et
envies de la société de consommation en même temps qu'elle
dé-conscientise la masse.; car cette masse est constamment
f{;5)
-
PDCI-RDA. ?arati Dén:Jcrotique de Côte d'Il.;t()irae - Rassemblement
~'\\!.""1O'!ruti~:,e /"fraicain. Parati unique au pouvoira depuis l' Indé-
penèa":~e <?n ]Jao. TOUT l'v'Oil'ien natt et "'!eurt
PDCI-RDA.
-
130 -
détournée de ses préoccupations au profit du superflu.
Cette situation constitue de loin un élément ré-
gulateur et stabilisateur des régimes politiques en Afri~ue
et dont le corollaire est l'extraversion culturelle; car
non seulement environ 90 % de la population Africaine sont
illetrés, mais les classes diriqeantes profitent de cette
ignorance pour maintenir cette population dans la médio-
crité caractérisée par des mots d10rdre pol itiques mysti-
ficateurs (pensées du jour que nous analyserons plus loin).
Du point de vue théorique, dans les pays occi-
dentaux, les mass média n'entrent-ils pas dans le système
de relations organiques composant ces sociétés
où
ils
remplissent des fonctions vitales précises,
notamment ou-
blicitaires de sublimation répressives,
suoerstructurel-
les d'intéqration comme le souligne Babacar Sine? (5'5)'
a) La fonction publ icitaire ne servirait-elle
pas de support A la Société de consommation en même temps
qu'elle engendre et dévelopre celle-ci? à savoir:
- rapport des média avec la théorie des besoins;
- rapport des média avec l'écoulement des pro-
duits ;
rôle régulateur des mass média face A la crise
de surproduction ;
leur rôle dans 1 lal iénation du producteur qui
se porte vers des produits non nécessaires et
non indispensables 7
(56)
-
BABACAR SINE.
L'audio-visuel et extp~~:s:on
~~ZtupeZle. Aptic!e da~s ~~hiopique8
Avril 1977 ~o 10 - PP.
~1-~2.
b) La fonction de sublimation répressive est de
Marcuse.
Ici
les mass média ne satisfont-ils pas appa-
remment
par une manipulation de l'imaginaire des masses,
les besoins, voire les exigences de la libido?
c) Enfin la fonction superstructurelle d'inté-
gration n ' a-t-e1 le Das pour objet de faire jouer aux mass
média un rôle bien Drécis, celui de renforcer la base et
d ' i nté') r e r l e c; '11) S ') :~:;
j 1 r~:;
':::
[' é c; eau
des val e urs do r;- j '1 3 ntes ?
Nous pouvons, quant à nuus
avancer que ces
trois fonctions sont respectivement
économiques,
pSjChologiques et idéologi1ues, engendrant des effets bénéfiques ou
néfastes sur les sociétés Africaines d'aujourd'hui et sans
doute de demain si l'Afrique devait maintenir le statu quo.
A la base
les relations de dépendance d'ordre
économique, politique, social et la solidité du système
culturel
peu cohérent engendrent et favorisent à leur
tour l'établissement d'un système d'oppression culturelle
à travers
les mass'lédia et se traduisent par l'imposition
systématique de modèles de vie, de comportements non
spécifiques à l'Afrique, c'est-à-dire non produits par le
mi lieu culturel endogène. Ces !TlQjèles imposés ou non sont ceux
des pays impérialistes et dont les effets répressifs sont
de loin beaucoup plus importants que ceux de l'école colo-
niale ; car ils ne sont plus destinés à une élite
mais à
toute la population
même si celle-ci ne maîtrise pas
toujours le contenu et l'idéologie véhiculée par les mass
média.
En réalité
les mass média, par une manière
subtile
nI influencent et n'exercent-ils pas un pouvoir de
fascination et d'identification sur le peuple Africain?
- 132 -
La colonisation avait déj~ affaibli cu1ture1le-
ment
grâce ~ la balkanisation
la répression et l'accu1-
,turation
l'Afrique. Ce faisant ce continent est devenu
perméable aux idéologies étrangères aliénantes (en
particulier aux modèles occidentaux).
En Afrique Noire
les média obéissent ~ une
logique dualiste. Il y a deux types d'émissions
Locales
et Internationales :
Aussi la Radio et Télévision Ivoiriennes comportent-elles
deux types d'informations.
a) Les émissions dites Locales: sont le plus
souvent en Français et en langues nationales (vernaculai-
res) destinées a la masse rurale analphabète ~ (90 %).
On pourrait apparemment voir l~ la promotion
des langues nationales
mais bien au co~traire il s'agit
de leur fo1klorisation et la transmission d'une sous-
culture, de la propagande de la politique officielle.
b) Les émissions Internationales : sont en
langues Française' et Anglaise'
s'adressant ~ l'élite,
produit de l'école occidentale et aux occidentaux massive-
ment présents dans le pays. Ici l'auditeur ou le télé-
spectateur a une vue d'ensemble sur les problèmes
internationaux.
Oans le premier cas
les émissions sont locali-
sées et localisantes, c'est-A-dire bornées, n'ouvrant
- Les ~erm8S Localisantes et internationalisantes ont été
employés par BABA CAR SINE dans son ouvrage : I~périalis
me et théories sociologiques du développement.
-
133 -
aucune vue sur l'extérieur; dans le second cas
elles
sont internationalisées et internationalisantes, c'est-à-
dire débouchant sur l'extérieur, sur les problèmes
internationaux et nationaux.
Ce dualisme traduit bien les rapports sociaux
et économiques existant dans la société dominée par
l'impérialisme occidental.
D'un côté ceux qui reçoivent des informations
fil t rée s, sur me sur e : ces 0 nt 1e s dom i nés. 0e l ' au t r e ,
ceux qui sont effectivement informés: c'est la classe
dominante alliée à l'impérialisme occidental.
Ces rapports obéissent donc aux classes socia-
les existantes dont souffrent l'Afrique et singul ièrement
la Côte d'Ivoire depuis la colonisation.
~.
Ces rapports non modifiés permettent aussi aux
1
mass·média de remplir leur fonction d'aliénation culturel-
1
le et d'intégration économique dans le système de sous-
développement. Aussi cette intégration est-elle médiatisée
à travers l'existence d'une classe dominante, classe très
sensible aux valeurs diffusées et entretenues par les
ma s s .mé dia.
L'analyse des mass'·m4dia et de l'i~p4rialisme
culturel ne peut donc pas se faire en d4hors de celle des
rapports sociaux d l'int4rieur desquels ils exercent des
fonctions bien d4terminées,
notamment celle d'aliénation
et d'imp4rialis~e, ~ais ils constituent Q~SS~ un pouvoir
idéologique et superstructure du système du sous-
développement.
Dans la mesure où les modèles imposés entraTnent
- 134 -
inévitablement l'acculturation et l'al iénation culturelle,
ils ne sont donc pas neutres idéologiquement. Non seule-
ment ils contribuent ~ la désintégration de la société
traditionnelle africaine, (nouveaux modèles ne traduisant
pas les modes de vie et les comportements qui sont valori-
sés), mais ~ la ré-évaluation ou sur-évaluation culturelle
de l'occident soutenue par les mass ·média.
Sur le plan économique
la bourgeoisie nationale
et la classe dirigeante sont très sensibles aux produits
"Made in France ou Made in England" vantés par la publicité
au détriment des produits locaux.
Dans la loqique qui commande l'ensemble des
relations entre pays développés et pays en voie de déve-
loppement
les média modèlent cu1ture1lement, économique-
ment, socialement et politiquement en vue d'une intéqration
systématique des individus et entretiennent le sous-
développement. Il existe donc une dialectique entre le
système des média dans sa forme actuelle et logique de la
domination impérialiste. Et selon Babacar Sine:
n
Le système des m~dia se d~veloppe tou-
jours au sein de rapports socia~x
déter~inés par les structures éccnomi-
ques du pays. En d'autres termes, dans
un pays politiquement auto-centré,
les
média s'inscrivent toujours dans le
dualisme culturel colonial, qui n'est
que le reflet du dualisme de blocs de
classes sociales".
(57)
Apparemment les média atteingnent les couches
sociales moins défavorisées cu1turellement
mais en
réalité
apparaissent comme des valeurs destinées aux
'.~?)
-
BABACAR SINE:
opte
cit. P.
22.
- 135 -
élites, alliées de classe sociale, complices des valeurs
véhiculées et diffusées du centre vers la périphérie.(58)
Cependant
~i
extérieurement ;1 y a harmonie,
en réalité
les :nass Plédia entraînent un conflit culturel,
voire un choc de cultures (traditionnelles et moderne).
En dépit de l'introduction des mass rtédia dans le
Tiers-Monde et singu1ière~ent en Afrique, on ignore leurs
effets nocifs et bénéfiques sur les moeurs, les mentalités
et les sensibi 1 ïtés. Cependant
nous pouvons retenir qu'ils
véhiculent une culture, un savoir-être, un savoir-faire
étrangers.
Ce faisant
il ne s'agit plus de les adapter a
l'Afrique, mais bien au contraire d'adapter l'Afrique a
eux dans le rapport dominant/dominé ou oppresseur-oppress~
La technique et l'utilisation des média sont en
effet étroitement liées à une culture précise: la culture
occidentale. Ainsi tout appareil ou machine
est en soi
transmetteur de culture. Les aoparei1s a communiquer le
sont beaucoup plus
car non seulement ils diffusent dans
la masse une culture étrangère, mais aussi introduisent
une autre conscience, voire une idéolog;e étrangère, deve-
nant une source de choc culturel. Ce qui sous-entend
l'existence d'une culture dite traditionnelle et d'une
autre dite moderne (importée), véhiculée par les mass·
média. C'est cette dernière qui, moderne, traditionnalise
effectivement la première puisque d'une manière générale
et surtout dans la logique de la sociologie bourgeoise,
modernité implique réussite technique et technologi1ue.
i < -
-
~~ ~entre : c'est l'occident. Cette notion ne paratt pas juste
car elle e:clu les pays socialistes . .~is nous
l'utiUscr:s ici dans la '"Jesure où nous n'étudions
lue t 'Cc(..·:.l2nt.
-
.~<1 :-':riDf!érie
c.J'est!e Tiers-.'4:mœ. Mais il s'agit ici de
l '.4.+-"'ri;:48 •
-
136 -
A l'opposé
la traditionnelle représenterait le
retard économique et culturel. Nous n'engagerons pas ici
le débat: traditionna1ité - modernité déjA étudié par
Babacar Sine. Cependant nous ajouterons que: tradition-
na1ité est une conséquence de la colonisation et de
l'exploitation capitaliste mondiale. Car c'est l'appari-
tion du modèle de civilisation occidentale qui a rendu
traditionnelle la société Africaine; la traditionna1ité
s'appréciant par rapport ~ une autre société de valeurs
différentes. D'ailleurs Ahmadou Mathar M'Bow reprend cette
idée en ces termes :
WEn effet,
la tradition n'est pas forcément
une fatalité déterminante.
Elle appara!t
bien d'avantage comme un régistre où
s'inscrivent les expériences accumulées
au long de l' histoire par :me collectivité.
Elle ne devient négative que lorsque,
sous
l'influence des facteurs historiques ayant
entravé son évolution,
Zas hommes qui
composent cette collectiûité s'immobili-
sent dans la répétition rituelie et figée
des mêmes rapports et des ~ê~es symboles.
c'est seulement quand le $~gne perd sa
signification ,lue la tr"1::::Jn risque de
devenir contemplation :~~c~~!e de soi ...•
••• Il ne s'agit pas de re:user la moder-
nité en tant que telle, ~ais de rejeter
les critères qu'on lui applique et les
voies d'accès qu'on en prepose, et notam-
ment certains choix que ces Joies
impliquent. n ( 5 ;_j)
III.C. - RAPPORT MASS MEDIA - IMPERIALISME CULTUREL
Le rayonnement culturel de l'Occident, en parti-
culier de la France A travers l'Afrique Noire est
,
longuement établi. Ce phénomène est multiforme car il
t
(5J)
-
Ahmadou MATAR M'BOrrl: Article dans E'th:,:'p:;:,es, .v 0 7. !Al
dimension culturelle de Jévelopve~ent.
?
~3·2ô Juillet 1976.
-
)
-
137"-
emprunte tous les canaux de diffusion culturelle, des
plus simples aux plus complexes et sophisti~ués, et qui
affecte la vie culturelle des nations Africaines. Le côté
le plus spectaculaire de cette pénétration est l'omnipré-
sence des produits audio-visuels ou mass média importés
de l'Occident. Cependant cette présence se fait sentir
avec acuité dans bien d'autres domaines: la presse,
1 ' éd i t ion, 1e s mé t h0 des et 1e con te nu de l' en sei qneme nt
d'un nombre croissant de discipl ines, ou encore dans de
nombreux domaines artistiques.
Cette domination extérieure
s'étend également
à des secteurs moins visibles, mais non moins décisifs.
Ce sont les réseaux internationaux de communication repo-
sant désormais sur deux instruments de base: le satellite
et l'ordinateur utilisés comme banque de données. Or ces
domaines (aérospatiale), techniques de pointe
sont des
domaines où l'avance de l'Occident sur 1 'Afrinue est
incontestable. Ainsi l'Occident maintiQnt-il le contrôle
des réseaux à la fois à la source, dans l'espace et aussi
aux points de réception.
Toutes les formes de diffusion culturelle
internationale reposent de plus en plus sur la technoloqie,
ce faisant. l'Occident possède une position confortable
vis-à-vis du continent Africain
et l'écart ne fait que
s'accentuer dans la mesure où aujourd'hui
la détériora-
tion des termes de l'échange aidant, l'Afrique devient de
plus en plus pauvre, donc incapable de maîtriser les
réseaux de communication excessiveme~t chers.
Voir Yves :;:JDES : '-"'
_< ;:~._ ~~.
;',Jû ,:J;;~i."'~r$ :
l ':ppc.œe:: :i';..r;optation
cu!t:œé?:?e Amél'icain.
PP.
7-8.
Ed.
:!'~~çois Maspél'o -
1982 -
Farts.
- 138 -
En effet
s; nous considérons par exemple
les
années 1954 et 1955, le ki logramme de cacao va1ai t 35ù F
1
t.
CFA (7 francs Français), et une tonne de cette matière
première permettait d'acquérir un camion. Or en 1983
le
prix du kilogramme de cacao n'a guère évolué, n
coûte
toujours 350 francs, mais le pri x du
camion a été mul-
tiplié par 100. Il
faut désormais
100 tonnes pour obtenir
un camion qui
coûte 35.000.000 de francs C.F.A.
toutes
taxes comprises, clest ce que les spécialistes de l'écono-
mie politique appellent la détériosation des
termes de
l'échange qui
n'est qu'une autre forme
de domination
économi que.
1
A propos des Etats-Unis, Yves Eudes souli gne
uqu'en fait,
aujourd'hui
l'Amérique s'exporte elle-même,
elle projette pêle-mêle sur le monde ses
formes d'expres-
sion, ses
valeurs
fondamentales, ses symboles les plus fu-
tiles, tous
les signes extérieurs de son mode de vie.
Déj~ l'univers culturel de nombreuses audiences s'en
trouve modifié de façon durable et significative. Le
"modèle" Américain en vient ~ s'imposer ~ ceux qui,dans
chaque pays créent ou transmettent la culture nationale
il
transforme celle-ci
de l'intéri eur et en devient par-
fois
l'un des éléments constitutifs u .... Plus loin,
l'auteur affi rme que:
"dl une part, dans
tous les pays
liés aux Etats-Unis, des groupes sociaux importants
cherchent consciemment l"'américanisation" de leur envi-
ronnement culturel et célèbrent ce processus comme la
seule voie possible pour leur société vers
la modernisa-
t ion e t 1e d é ve 10 p pe me nt. D' a ut re par t , l a dê non ci a t ; 0 n
de 11 uimpéria1isme culturel Américain u et de ses méfai ts
SU"
les sociétés réceptrices cons.titue l'un des grands
axes de tous
les discours idéologiques hostiles ou criti-
Voir Ives EUDES:
Opt.
cit. P. 8.
1
1
- 139 -
que~ a. l'égard de l'action internationale des Etats-Unis".
E~ effet
dans
le cas de la COte-d' Ivoi re
des progrès énormes ont été enrégistrés malgré cet im-
périalisme. Sur le plan culturel, par exemple en vingt
qua tre ans, c' es t-!-di re de 1962 à 1986, 11 e ffecti f des
étudiants! l'université d'Abidjan est passé de 48 à
19.000 étudiants. le salaire du fonctionnaire
de la
catégorie A est également passé de 50.0aO francs à
150.000 francs,
c'est di re que le ni veau
de vie a
augmenté. Ainsi
le modèle Américain, hormis son cortège
de lutte de classes, élève le niveau de vie inàividuel.
Mais malheureusement
on ne peut pas isoler ce modèle
de ses tare s qui
con s t i tue n t ses s t r uct ure s f 0 nda me n ta les -
(domination, exploitatio·n, aliénation, acculturation etc ... )
Cependant on peut, peut-être considérer qu'il s'agit d'un
mal nécessaire qui
ne. doit pas être permanent et devant
prendre fin si
l'Afrique
veut se développer réellement
car les progrès enrégis.trés depuis 26 ans sont probants,
bien sûr, mais
un développent conçu,
pensé ailleurs par
des gens non concernés, extérieurs au mi lieu, peut-i l être
e f fi cac e ? Peu t - 0 n con ce v0 i r und é ve l 0 p pe me n t pou r un
autre en sacd fiant ses propres intérêts? Si
le problème
se pose aujourd'hui, c'est parce qu'il y a eu inaaapta-
tion et exploitation, c'est-à-dire. que l'idéologie du
modèle et les schémas de développement ne con<viennent
pas.
Ain s i
par l e - t - 0 n a uj 0 u rd' hui
d u n0 u ve l 0 r d re é c 0-
nomique international, du nouvel
ordre international
de
la communication etc ...
...
..
D'ailleurs ce dernier thème est devenu depuis
quelques années
une
des principales préoccupatiof\\:; des
grandes organisati"ons internationales où les pays du
- 140 -
•
Tiers-Monde ~ont majoritaire.~, ain~t que des conférences
des pay-s non alignés. lltnstaùrati..on d'un IINouvel Ordre"
international
des mass· média
est. en fait avant tout
une
tentative
destinée
A freiner et 4 contr01er le flot
quasi
unilatéral d'informations et de produits culturels
en provenance des Etats-Uni's, voire de 1 10ccident.
Ce poi nt de vue peut fai re 11 unani mi té
car on
ne peut traiter ce problème en 1 1iso1ant, nlayant de sens
que considéré dans le procès global
de la colonisation et
de 1 1expansion Occidentale dans tous les domaines; ainsi
importe-t-i1 de se placer dans ce cadre précis pour exa-
mi ne r ses mé c an i s me s e t 1e s ma t i vat ion s de ses a ge nt s .
En premier lieu
on peut mentionner la dimen-
sion commerciale du processus, ce qulon avance d ' ai11eurs
souvent pour rendre compte du ph~nomène. En effet les
grandes multinationales occidentales des
diverses indus-
tries cul ture11es de 1 1é1ectronique et de 11 aérospati a le
ont su durant des années, gr~ce 4 leur puissance finan-
cière, à leur avance technologique et 4 leurs alliances,
conquérir les marchés Africains
en les réorganisant en
fonction de leurs intérêts et refaçonner les goûts du
public, créant ainsi
une situation tragiquement irréver-
sible. Aussi est-il indirectement présent sur la scène
culturelle internationale, le monde des affaires gr~ce à
de nombreuses institutions d'enseignement et de recherche,
ainsi que par 1 1intermédiaire des fondations et associa-
tions subventionnées par le secteur pri vé
répandant
dl une manière générale dans
le Tiers-Monde et en parti cu-
lier en Afrique le savoir dont dispose 1 10ccident" en
même temps que ses valeurs et ses méthodes.
Voir Yves EUDES:
Opt. Cit. P. 8.
- '~, -
E1 second
lieu
la dimension le plus souvent
invoquée pour expliquer l'expansion culturelle occidentale
senble beaucoup plus discrète puisque, impalpable. Il
s'agit des
"retombées culturelles" comme l'indique Yves
Eudes
des
activités que ï:iene l'Occident dans les domaines
diplomatique, éconorr.ique et militaire. Situation tragique
que
vivent la plupart des pays d'Afrique Noire qui s'in-
dustrialisent et se f'1'lr1ernisent dans
1e cadre de relations
fi:-,·~_it.:r'es et c()i1i;;'e,':i3;~J :::roites avec
l'Occident. dans
notre cas précis
avec la France. Cette dynamique entraîne
l'adoption par les sociétés en cause des méthodes et des
modèles américains de production et d'administration.
L'èvolution globale des structures de ces sociétés impli-
que également des transformations - dans le sens du
rapprochement avec le modèle occi dental
- de l'envi ronne-
rrent urbain et des pratiques consommatoires, donc des
cO'lportements quotidiens et dans
une certaine mesure
des
pratiques
culturelles. On peut ajouter aussi que la
diffusion de
la
langue Française ou Anglaise comme langue
de t r a va i 1 a de s i mp l i ca tic ns i mp 0 r tan te s au plan cul tu-
rel
comme
le souligne d'
ilieurs Yves Eudt;s.
Cep end a n t ces mé c an i s me s
( s tri ct e me n t corn me r-
ciaux et les évolutions socio-culturelles)
imperceptibles,
insaisissables et incontrëlla::Jles ne nous semblent pas
suffisants pour rendre compte de
l'ensemble, singulière-
me n tau ni ve a u de
l a fin a 1i té 9lob ale.
Lad i me ns ion cul t ure 11e de l' exp ans ion Fra nç ais e
est :.W vaste processus participant pleinement et active-
1
.'lent aLJX objectifs gérlèraUx. q ... alifiés
le plus souvent
f
d'huf11anisme mais qui
poursuivent des buts inavoués fece
à
l'Afrique Noire. La raison fondamentale pour l'exporta-
[
t i :J'~ cul tu re 11e est que 1a c i as s e dom i na n te Fra nça i se est
1
-
, 42 -
hantée
depuis la colonisation
par un projet cohérent et
explicite de domination ou plutôt d'impérialisme culturel,
économique et militaire de ce continent au Sud du Sahara.
C'est donc en tant qu'ancienne puissance colonialiste que
la France ressent le besoin de projeter sa culture nationale
sur l'Afrique. Aussi pouvons-nous penser, au risque de
nous tromper, que ce projet a des implications très ambi-
tieuses. A l'instar de tous les gr~nds pays conquérants
de l'nistoire de
j'humanité, la France n'ignore pas que
toute conquête durable suppose a terT'le l'obtention de
l'a 11é ge a ncede 1a pop u1a t ion G u du moi ns de ses é 1i te s
locales. Or le moyen le plus sûr d'y parvenir est incon-
testablement l'intégration, l'assimilation, l'accultura-
tion, l'aliénation, c'est-à-dire le transfert des valeurs,
des principes, des modes de vie et des formes d'expression
des nouveaux maîtres vers les nouveaux sujets. Même acquise
comme le souligne Yves Eudes:"L'appartenance au groupe
fondé
sur la pratique d'une culture commune fait naître
des liens intimes, irrationnels, intériorisés, infiniment
plus fiables à long terme que la coopér~tion fondée sur
l'intérêt ou sur l'acceptation de principes explicites."
Dès lors
l'expansion
culturelle sous toutes
ses formes apparaît comme un instrument à part entière
pour la conquête, le maintien et l'extension de l'impé-
rialisme culturel.
Aujourdlhui et plus que jamais
cet impérialisme
culturel intervient activement dans presque tous les pays
d'Afrique Noire alliés. Cependant c'est ~ien sûr, sur les
pays ayant choisi le modèle capitaliste de développement
qu l i1 agit de manière la plus spectaculaire et massive,
car c'est là seulement qu'il peut utiliser à la fois le
canal de 1 laide au développement en direction des appa-
-
1·: 3 -
reils d'éducation et d'enseignement, des mass média, les
échanges académiques et professiQnne1s dans un domaine
vaste, la distribution directe et non sollicitée de tous
les produits
informatifs et culturels inimaginables.
Cette situation est la caractéristique de base
même des pays Africains, A savoir: leur insolvabilité
chronique; ce faisant, ils représentent pour les multina-
tionales de
la culture des marchés potentiels. Mais des
facteurs spécifiques internes aux pays Africains existent
et qui se combinent pour favoriser la pénétration cultu-
relle Occidentale.
En effet
dans l'e>t-Afrique Occidentale
Française,
il n'y a que seulement deux pays sur huit qui ne sont
pas dirigés par des militaires, c'est dire que ces pays
sont, non seulement faibles, mais accaparés par des trou-
bles intérieurs pour s'opposer à l'intervention occidentale.
Dans
la plupart des cas
les dirigeants Africains ont
eux-mêmes anéanti
par le truchement des partis uniques
unanimistes toute
e/pression
nationale de qualité et
maintiennent artificielleMent un semblant de vie culturelle
grlce l des produits importés qui s'insta11ent en ma;tre
faute de concurrence. Aussi le sous-développement extrème
de certains pays Africains permet-il parfois à l'Occident
d'implanter ses systèmes d'éducation et de communication
sur des terrains quasiment vierges
rendant son action
,?pt_imale.
A ce phénomène
se rattache la dépendance struc-
turelle
séculaire et dél ibérée des classes dominantes
L'ez-Afrique Occidentale Fpançaise comprend:
la Maurita-
nie,
lB Sdndgal,
le Soudan
(act!.el Mali),
la Guinde,
la
Haute-Voltat
(Bo:.r<ina-Fasso),
le Nigep"
la Cô:e d'Ivoire,
le Dahomey (Bénin).
t
!!11
- 144 -
locales
composées généralement d'élites formées par la
colonisation dont les valeurs. ,es normes sociales, la
pensée ohilosophique, scientifique, politique. l'inspira-
tion artistique se situent en-déhors de leurs propres
sociétés, valeurs en adéquation. avec celles de l'Dccient
où elles ont été formées.
D'une manière 9én~rale l'impérialisme des payS wancés
qui s'exerce sur le continent Africain au Sud du Sahara
dans tous les domaines est inhérent à la colonisation
directe.
Aussi implique-t-il une domination militaire -
économique - politique - et culturelle. En d'autres
termes v une domination totale car tout est lié et chaque
domination implique les autres.
Cette constatation
bien que vraie. n'est guère
généralisable car les Etats-Unis d'Amérique, le plus grand
pays impérialiste du monde Occidental de ce siècle en fait
exception: Cuba et Philippines.
Cette puissance impérialiste n'a pas eu en
effat, à l'instar de la France, la Grande-Bretagne,
l'Espagne et le Portugal, de nombreuses possessions au
cours de son histoire. Cependant
elle a occupé avec une
rare violence des terres Indiennes et presqu' &néanti ces
derniers (Indiens) ; mais cette occupation est différente
de celle des pays Européens en Afrique Noire, exceptée
l'Afrique du Sud.
La Go ld Coas t
:
L'actuel Ghana a acc4d4 et son ind4pendar:ce
en
1957.
La Guinée en
1958
Les aut~es pays F~ancophone8 en 1960.
-
1 4 S -
Ainsi d'un côté
on a "dé-indiennisé" l'Amérique,
de l'autre, malgré la traite des esclaves, le colonialisme
violent et inhumain, une indépendance formelle a été
octroyée à partir de 1957 à tout le continent (exceptée
IIl'Afrique du Sud).
Dans le monde actuel
l'impérial isme ne se
man i f est e plu s
no us sem bl e - t - il, par con tac t di,' e c t et
prolongé des peuples, mais il met désormais en jeu sa
technologie avancée: - les télécommunications - les mul-
tinationales - les mass média (radio, télévision, cinéma,
presse écrite) déterminants dans les choix
politique, économique et culturel des pays d'Afri~ue
Noire. La radio, la télévision et les autres organes de dif-
fusion fabriquent donc des messages: production artistique
ou théâtrale, musique moderne ou ancienne, nouvelle du pays
ou de l'étranger etc ... , messages qui arrosent le champ
social et s'insèrent plus ou moins au hasard
d,-Ins l'esprit
des auditeurs dont les réactions individuelles à ces messages
contribupnt ultérieurement et spéciale~ent chez un certain
nombre d'entre eux à la création d'idées nouvelles, de lieux
communs et de mots clés, d'inventions ou d'oeuvres d'arts,
de révolution ou de prise de position ou de conscience que
constitue
le stade suivant. Aujourd'hui la technologie
avancée de l'occident a retreci la planète; ce faisant
les pays qui n'en possèdent pas ou ne la maîtrisent pas
sont sous-développés, par conséquent le développement passe
désormais par cette technologie.
L'impérialisme ne sous-entend-il pas aussi une
volonté délibérée de domination à tous les niveaux de la
vie soéiale ? N'est-il pas une conséquence logique du
capitalisme qui se manifeste dans ce continent depuis la
colonisation et les fameuses indépendances formelles
jusqu'aujourd'hui?
-
146 -
Sur le plan éconoMique
Les pays occidentaux ont
en effet
besoin pour
satisfaire leur désir de consommation, de domination et
du développement ininterrompu de leurs industries, des
matières premières dont sont détenteurs en majorité, les
pays d'Afrique Noire (pauvres). Pour pérenniser cette
situation dont le contraire serait catastrophique pour
ces pays capitalistes, voire leur déséquilibre organique
et structurel, de nouveaux modes de production et rapports
de production et sociaux ont été imposés aux Africains
(division capitaliste du travail, main-d'oeuvre A bon
marché, classes sociales etc •.. ).
-- Sur le plan culturel
L'occident a introduit sur le continent diffé-
rents apparai1s idéologiques en vue de pérenniser la
situation existante. Ce sont:
- l'école (véhiculant la culture occidentale)
- la religion chrétienne (véhiculant l'idéologie
chrétienne)
- les mass média (véhiculant l'idéologie capita-
liste occidentale) ...
L'introduction par l'occident de ces appareils
idéologiques est loin d'être neutre, A propos de l'école,
la déclaration du Gouverneur Brevié devant le conseil
général de 1 I A.O.F. sou1 igne à juste titre que:
-
147 -
WLe devoip colonial et les n4cessit4s poli-
tiques imposent ci notpe oeuvpe d'4ducation
une doub~e tâche: it s'agit d'une part de
fopmep des cadpes indig~ne8 qui sont des-
tin4s ci devenip nos auxil'tiaipesdans tous
les domaines, et d'assupep t'asc~nsion
d'une 4tite soigneursement choisie ; il
s'agit d'autpe papt. d'4duquep ta masse
poup ta papppocher de nous et tpansfopmep
son genpe de vie •••••
Du point de vue po'titique, il s'agit de
faire connattre aux indig~nes nos inten-
tions de
tes pattachep d teup place, ci la
vie Fpançaise. Au point de vue 4conomique
enfin, it s'agit de pp4papep les ppoduc-
teups et 'tes consommateups de demain w (60).
les premiers cadres intellectuels Africains ou
plus précisément la première intelligentsia de la cQ'oni-
sation fut donc formée à l'école William Ponty. de
médecine, de pharmacie et d'Instituteurs de Dakar pour les
pays francophones de l'Afrique occidentale, C'est justerœnt
à cette intelligentsia que le colonialiste remettra
symboliquement le pouvoir politique en 1960,
Sur le plan politique
Depuis 11 introduction de cette école moderne
occidentale sur le continent Africain
le problème le plus
important et crucial n'est-il pas le transfert du pouvoir
politique. administratif et culturel. en un mot toutes les
responsabilités à l'intelligentsia 1
Ce peuple a malheureusement placé toute sa con-
fiance dans l 'homme instruit à 1'école occidental~.
(,']
- Gouvepneuzo 3REVIE : J.
25 -
Archives nationales de
Papis. Oroganisation et fonctionnement de l'Enseignement en
A.O.F.
f
-
1 p,
-
Lintelligentsi 1
dirons-nous, est en quelque
sorte
le messie, le sauveur qui doit résoudre toutes les
équations politiques, économiques, sociales et culturelles
complexes de l'Afrique. r~ais elle est aussi la fossoyeuse
de sa propre culture, de S3 culture originelle en aidant
directement ou indirectement l'occident à détruire le
patrimoine multimillénaire en moins d'un siècle.
Cependant
~eJ)r~ ~~s prQores contr3dictions
cette intelligentsia ne cherche-t-elle toujours pas, soit
par naïveté, soit par mauvaise foi
les responsabilités
et les causes de l'impérialisme devenu désormais chronique
et même anachronique
en occident? Si au départ
on pou-
vait soutenir cette position, elle n'est plus défendable
aujourd'hui; ces responsabilités incombent en ~ajeure
partie A l'intelligentsia et aux intellectuels formés dans
les célèbres universités et grandes écoles occidentales
et même dans celles de l'Europe de l'Est. Car ce sont eux
aujourd'hui qui occupent les postes politiques, adminis-
tratifs et dans une cert1ine ~esure
enseignent dans les
universités et lycées ...Hri3ins.
L'expansionnisme territorial n'est pas non plus
uni que me nt 1 i é à l'a r ri vé e des Eu r 0 pé en s sur 1e con tin e nt
mais il est aussi
interne et inhérent aux contradictions
internes des sociétés Africaines.
En effet
~ien avant le XXe siècle
ce continent
n'était-il déjà pas parsemé de Royaumes et d'empires su-
pervisés par des féodaux dont le but était éminement
expansionniste? Ainsi ne 3e '3isaient-ils pas la gJerre
pour conquérir plus de territoires, de sujets et d'esclaves
en vue d'accroître leur puissance?
r,1
-
1<19 -
Dès le XVIIe siècle
en effet, le Roi d'Abomey
s'empara du pays voisin des Fons.
Après sa mort
ses
successeurs (Akaba, Agadja, Tégbésou) continuèrent cette
oeuvre exoansionniste. Le Guinéen Samory Touré, le Mal ien
Soundjata Kéita, le Zou10u'Chaca ••• peuvent être cités en
exemple pour leurs activités expansionnistes. Malheureuse-
ment des Africains oublient volontairement ou par mécon-
naissance de leur propre histoire dans leurs critiques de
l'impérialisme que les Européens n'ont fait qu'armer
d'abord certains rois locaux pour mener des luttes infra-
tricides contre leurs propres frères paisibles
tout comme
les chefs d'Etat d'aujourd'hui exploitent eux-mêmes leurs
peuples impuissants. En d'autres termes
les Européens
n'ont fait qu'a améliorer une situation existante en y
introduisant des éléments déterminants:
- l'accumulation du capital - le mode de produc-
tion qui en découle et la division capital iste du travail
engendrant des classes sociales.
Pour attaquer la Kaorta, Bambouk et ensuite
Marina, El Hadj Omar
cet IIhéros ll Africain s'arma de
fusils Anglais. C'est dire que l'expansionnisme territo-
rial existait bien en Afrique avant la colonisation Occi-
dentale. C'est dire enfin que les Africains ont eux-mêmes
affaibli leur pays avant que l'occident ne s'en empare et
ne le colonise par la suite.
La orob1ématique posée, on peut envisager les
hypothèses suivantes.
-
1 S9 -
IV - HYPOTHESES DE RECHERCHE
Hypothèse
Les mass média assument une double fonction de
reproduction culturelle
a)
~~ec~~~~!!~~_~~_!~_~2~!~~!!2~_~~!!~C~!!~
(occidentale dans les oays périphériques)
Caractéristiques et ~anifestations de la domination
culturelle;
Conséquences sur les individus, - de 1 'i~périalisme
culturel sur les comportements locaux:
-
influences négatives
influences positives etc ...
b)
8~eC~9~ç!i2~_Q~_!~_~Q~!~~!iQ~_i~!~~~~_Q~C_l~
renforcement au ~aintien des classes diri-
-----------------------------------------
L'information sélective;
la fonctiùnnarisation des journalistes;
le silence complice sur les questions nationales
la disqualification des masses ou dialogue de sourds
etc ••.
Hypothèse 2 :
Cette double fonction est réalisable grâce à la
complicité et ~ la communauté d'intérêt entre
centre du centre et
centre de la périnhérie
-- Illégitimité des pouvoirs locaux
-
151
-
Communauté d'intérêts économiques
Communauté d'intérêts culturels.
Cependant
cette adéquation n'est pas parfaite
c'est pourquoi la classe dominante:
- sélectionne les dépêchÉs
et les films;
- propose une culture II na tionale" spécifique
pour corri~er les contradictions entre les
modèles occidentaux et les modèles locaux.
Hyoothèse 3 :
L'ambivalence des mass média: instruments de
l'impérialisme ou de la conscientisation
La presse bourgeoise Deut aider à la prise de conscience
nationale et internationale;
Sensibilisation sur les revendications Dolitiques,
sociales et syndicales pour se rapprocher d'avantage du
modèle occidental.
- Pluralisme des partis politiques
- droit de qrève
- démocratisation de l'enseignement et de l'édu-
cation
- contradictions entre classes sociales dominante -
dominée -(lutte de classes)
- contradiction entre discours officiel et
réalités vécues.
Cette dernière hypothèse donne une di~ension
dialectique au processus de domination - prise de conscience
et libération nationaie.
,,
-
152
~ - CO~SIDERATIONS METHODOLOGIQUES
Nous n'avons pu réaliser ce travail que grâce
aux nombreux déplacements effectués dans les villes et
vil13,;es de Côte d'Ivoire, à l'Université de Montréal où
nous ~'Jons séjourné un mois et demi, au colloque sur la
co mm uni ca t ion ,) Bos ton (a ux U. S. A. ), en Fra nce 0 Ù no us
n'avons cessé d'effectuer des voyages d'étude et une
~nnée S3bbatique.
Ce travail fut entrecoupé par nos charges d'en-
seignant
- à l'Ecole Normale Supérieure;
-
à
1 'Institut de Formation Sociale
-
à
l'Institut National de la Jeunesse et des
Sports.
-
à
l'Ecole Nationale de Police
Le souci de mener notre étude avec rigueur nous
a incité à adopter une méthode de travail adéquate. Aussi
avons-nous défini les concepts: mass média, impérialisme
cu 1t U r' e let a na 1ys é ces de ux con cep t sen me t tan t lia c cen t
sur les relations qui les lient; surtout dans les
rapports Occident-Afrique.
Les termes impérialisme culturel et mass média
sont si banalisés qu'il devient nécessaire de donner des
précisions afin d'éviter les confusions chroniques. Depuis
la colonisation en effet, le mot impérialisme est sur
toutes les lèvres en Afrique et sa dénonciation suscite
des ~~Jlaudissements frénétiques. Quant au terme ~ass
média, il est aujourd'hui synonyme de moyen d'endoctrine-
ment et de domination; une analyse approfondie de ces
deux concepts ne peut que contribuer à mieux les
comprendre.
.. 153·
Le cadre de référence de notre étude est
d'une
F
manière générale, l'Afrique Noire au Sud du Sahara et en
par tic u1i e r 1a rad i 0 et
1a té 1é vis ion en Côte d' 1v0 ire.
La " s tabilité" politique et le progrès socio-
économique dans ce pays sont inhérents à l'utilisation que
font les dirigeants, alliés de l'impérialisme occidental
des mass média. Ceux-ci sont, nous semb1e-t-i1
beau-
coup plus des appareils idéologiques que des moyens d'in-
formation ayant pour but de développer harmonieusement
le pays.
Pour mieux appréhender notre étude
force est
de la scinder en quatre parties.
- La première partie intitulée: Problèmes posés
par 1 lut1isation des mass média modernes
comprend trois
chapitres.
Il s'agit d'abord de présenter la situation des
mass média en Afrique Noire dlune manière générale et
particu1 ièrement en Côte d'Ivoire. Ensuite montrer la do-
mination des Agences internationales de presse et la dépen-
dance des Agences nationales Africaines. Enfin
les
influences culturelles positives et négatives qu'exercent
les mass média sur la société, les cultures nationales et
les individus.
- La seconde partie:influence des mass média sur la
société va nous permettre de systématiser les influences,
clest-à-dire voir effectivement
par des enquêtes
comment
l'impérial isme culturel agit sur la société Ivoirienne
dans son ensemble. Elle permet également de vérifier tous
les indicateurs d'impérialisme culturel.
-
1 S:: ..
- La troisième partie intitulée les conséquen-
ces de 1 'utilisation des mass média comprend trois chaoitres
qui nous permettront de tirer les conséquences positives
et négatives des mass média dans le processus de développe-
ment de la Côte d'Ivoire.
- Enfin la quatrième partie nous per~ettra d'ouvrir
des perspectives des mass média en Côte - dl Ivoire.
A partir de cette méthodologie
on peut aise-
ment aborder la première partie de notre travail.
- 1SS -
PREr~IERE
PARTIE
LES
MASS
ME DI A
EN
AFRIQUE
NOl RE
-. -. "'-,.~
'
~.
. 156
CHAPITRE 1.
SITUATION DES MASS MEDIA EN AFRIQUE NOIRE AU LENDEMAIN
DE L'INDEPENDANCE
WLa facon dont un groupe humain utilise le
syst~me de communication et d'information
montre comment il concoit la coexistence
et la sociabil:tq.
:'2 développe~ent est
retardé dès qu'il y ~ stagnation en ma-
ti~re de communication/information et,
inversement,
tout changement dans les
structures de la communication/information
se traduit par un développement des socié-
tés.
Cette symbiose communication/société
met en lumi~re la dimension politique du
probl~me et les relations de cause d
effet entre communication et développement" .
...
- AFRIQUE NOIRE :
Le développement est une totalité par définition.
Aussi est-il: - économique - social - politique - culturel
et communicationnel.
Le sous-développement de l'Afrique engendre donc
des carences dans les moyens d'information. Ce faisant.
prétendre confier le poumon du développement aux mass
média à leur niveau actuel
serait une gageure.
Au lendemain des indépendances en effet. cette
situation a été mise au grand jour. Et selon l'n.N.U .•
un pays est sous-développé (bien que ces chiffres varient
(62)
-
UNESCO : Conférence in te rgouve rneme n ta le. Ytltl:..n J~
22-31 Juillet 1980 p.
3.
- 1~ 7
constamment). lorsque le revenu moyen par tête d'ha~itant
est inférieur ~ 1.400 Dollars par an (63).
Il Y a donc de
degré dans le sous-développement. Exemple: le Tchad et
le Burkina Faso n'ont pas le même degré de sous-
développement que la Côte d'Ivoire ou le Cameroun et le
Gabon. De toute évidence
la notion de revenu moyen par
tête d'~abitant n'est que théorique et mathématique.
cachant toujours les réalités sociales.
En effet
sans nous lancer dans des considéra-
tions économiques poussées. formation que nous n'avons
d'ailleurs pas. on peut considérer le revenu moyen par
tête d'habitant de la manière suivante:
R. M. T. H.
= Revenu national Global
population totale
Or le revenu national global estl 'ensemble de
tout ce qui a été produit par le pays
et qui comprend
entre autres, la répartition sectorielle: - agriculture -
industrie - tertiaire; et la répartition fonctionnne11e.
Ce calcul permet de masquer les réalités sociologiques
car dans les pays en développement
les salaires sont dis-
proportionnels, des plus élevés au très
bas. De plus toute
la population n'est pas effectivement active (chômeurs.
vieux. les élèves et étudiants etc ••• ). Cependant si on
considérait uniquement la population paysanne active et
sa richesse produite, le calcul serait plus exact. Mais ce
nlest malheureusement pas le cas.
(è3)
-
LUCHAIRE Fro~cois
: Z'aide aux pays sous-d~veZopp~s.
Que sais-je ? P. ô. Ed. PUPe
1977 Paris.
1
!i
1
t
t
- 158
Nous voyons bien que cette notion ne peut que
donner une fausse illusion des réalités aux ressortissants
du continent Africain non avertis qui voient a travers les
chiffres des économistes Bourgeois un faux espoir ou une
fausse conscience de soi.
Quant aux mass média, leur pénurie n'affecte
uniquement pas les moins nantis sur le continent, bien au
contraire
tous ces pays concernés souffrent de cette
carence notoire. A part le Nigéria, la quasi totalité des
autres pays ont au plus un quotidien a faible tirage:
PAYS
QUOTIDIENS
NB D'EXEMP.
NB. D'HABIT.
N.Ex/1000
Sénégal
le Sole; 1. •••
40.000 ••••
6.000.000 •••
6,6
Cô te
d'Ivoire .
Fraternité Matin.
50.000~...
8.000.000 ...
6,6
t
r
Ga bon •.....•..•
l'Union •••••
15.000....
1.000.000 .••
15
Mal i
.
Essor........
20.000....
6.200.000 ...
3,2
Dès 1961
en effet l'UNESCO
proposa i t un cri tère de
détermination du sous-développement en matière d'information.
Selon cette organisation
(64)
"Chaque Etat devrait s'efforoer de mettre
d la disposition de ses ressortissants
pour 100 habitants, 10 exemplaires de
quotidiens,5 postes r40epteurs radio,
2 postes tél4viseurs".
(·~·1)
-
SC HRAMM WILBUR : L 'informat ion et le d4ve loppeme nt
national ; P.
68
Ed. Cana
- Nous avons retenu le nombre d'habitants au lendemain
de lind4pendanae.
- 159 .
Cette proposition mérite qu'on s'y arrête. Au
moment où aux Etats-Unis on atteint près de 2 récepteurs
radio par habitant (on le verra plus loin), on ne propose.
que 5 pour 100 habitants. En fait
ces propositions ne
s'adressent qu'aux pays de la périphérie
car ceux du
centre ont déjà largement dépassé ce taux. Ceci dit, pour
accéder à l'information d'une manière adéqaute
il faudrait
- 20 à 30 exemplaires de quotidiens pour 100 ha-
bitants
- 50 postes récepteurs radio pour 100 habitants
- 25 postes téléviseurs pour 100 familles.
D'ailleurs
a partir des propositions de
l'UNESCO, Schramm Wilbur a calculé combien de temps il
faudrait aux pays en voie de développement pour atteindre
ces minima imposés.
Si le rythme de développement était le même
selon l'auteur, les résultats seraient les suivants
"L'Afrique atteindra en L'an 2035 et L'Asie
en 1992,
Le ~hiffre de 10 exempLaires de
quotidien pOl~r 100 habitants" (r'{jJ
Ces chiffres rendent pessimiste l'avenir du
continent. Cependant, même un exemplaire de quotidien par
habitant n'a aucun sens.
En e f f et
lev rai pro bl ème rés ide dan s l' al ph a -
bétisation et la scolarisation, le contenu de ces quotidiens
et non la quantité. De toute évidence
les besoins ~n
quantité
naissent de l'expression de ceux qui sont aptes
a lire et comprendre.
( , -.
. -,
- SCHRAMM WILBUR; Opte
P.68.
-
160 -
Malgré la conclusion de l'étude de l'auteur de
sérieuses difficultés demeurent et sont notamment d'ordre,
non seulement économique mais linguistique, voire cu1turé1.
En Afrique Noire, 18 pays pratiquent l'Anglais;
21 le Français et 4 le Portugais.
La parution des journaux dans ces langues ne
modifient en rien le sous-déve1oppenent dont la chronicité
est liée à l'ana1phatisme et à l'utilisation des langues
étrangères officialisées véhiculant l'idéologie occidentale.
Sur le plan purement interne à chaque pays
Africain
le marché de la presse est bien limité
car la
plupart ont moins de 8.000.000 d'habitants, à peine la
population d'une capitale occidentale; de plus vient
s'ajouter le problème des revenus. Et seuls les salariés
qui ne représentent qu'environ 5 à 6 t de la population
peuvent s'offrir un journal t encore que tous ces salariés
ou fonctionnaires ne puissent pas se le permettre. D'ailleurs
le journal est qua1if.,î,éde luxe pour certaines bourses en
Afrique.
Ainsi Hervé Bourges fait remarquer que:
"L'attitude du public deneure problémati-
que, ce que l'on sait bien toutefoi8,
c'est que la situation est l'inver8e de
celle qui a été décrite par Macluhan :
ici la radio précède souvent la pre8se
écrite et celle-ci loit se tailler 8a
Dlac~e 1:<:'1','$ i':J.n :':<:-:~::.,·~'ui ne l"attend
pas pour- être bien- ou ~al'- informé" (01).
(01)
- Hervé BOURGES: Réflexion sur :e rôle de la pres8e
en Afriq~e - ?e:~e Française e.
f
p.
a.
N°
84
;
F.
27.
1
f
J
f
-
16 1 -
Quant à la population lettrée, elle n'attend
plus de son côté
rien de la presse écrite locale qui ne
véhicule que les mots d'ordre des partis uniques A démo-
cratie unamiste au pouvoir. L'exemple de Fraternité-Matin
mérite notre attention: la vente de ce quotidien Ivoirien
n'est élevée que les lundis ou en période de rencontres
sportives nationales ou internationales.
Il est acheté
par les lettrés pour s'informer des résultats. C'est dire
que la pauvreté du contenu, aucune analyse de la pol itique
aussi bien nationale qu'internationale
n'encourage guère
les lecteurs habitués aux quotidiens denses en information
tels que: le Monde, le New-York time ..•
Mais dans le cas de la Côte d'Ivoire, si cette
presse écrite ne r'pond pas aux normes intellectuelles des
cadres supérieurs de niveau universitaire, ceux qui sont
intellectuellement moins lotis y
trouvent leur compte.
Le niveau langagier et les faits relatés conviennent au
niveau moyen. Clest dire que cette presse, si elle n'est
pas faite pour la minorité suffisamment instruite, elle
fait le bonheur de la majorité sociologique.
C'est ce
qu'on peut avancer à première vue- cependant, entre cette
minorité
et cette majorité relative, existe une véritable
majorité, près de 85 à 90 % de la population qui ne savent
ni 1 ire, ni écrire - On peut donc avancer sans grand risque
que la presse écrite n'atteint qu'une infime
minorité
et les efforts des dirigeants po1it"iques, pour louables
qu' ils soient deviennent quasiment nuls.
Le cas des journalistes est encore problématique.
Leur 1 iberté d'expression est
cornpromise dans la :1esure où
il s son t f 0 nc t i o~~ir e ~, don c 1i é s aux par t i sun i que s. De
plus, l'impression des journaux est la plupart du temps
confiée à des vieilles sociétés coloniales, archaïques
-
162 -
dans la gestion, utilisant du matériel vétuste déjà amorti
en Europe avant d'être mis en service en Afrique Noire;
ce qui implique la médiocrité et le retard dans la fabri-
cation et la distribution.
De plus la qualité de nombreux journalistes est
so••aire. Dans la plupart des cas
on devient journaliste
parce que, dans le premier cycle de l'enseignement secon-
daire
on n'a pas obtenu la myenne annuelle pour passer
en classe supérieure, ou pas été orienté en classe de
seconde des Lycées. Ces journalistes formés sur le tas
ne peuvent qu'obéir aux mots d'ordre des partis "totali-
taires· dans une certaine mesure. Alors que le journalisme
exige non seulement une qualification mais aussi une
indépendance.
Il est vrai que dans l'esprit des dirigeants
la presse doit contribuer au plan de développement- Ainsi
tous ceux qui réalisent cette presse sont concernés. Mais
n'y a-t-il pas là un danger en voulant obliger les journa-
listes à cautionner ni importe quel plan de développement?
Le danger n'est-il pas grand lorsqu'on veut à tout prix
idylliser ce qui est erroné? Ne tendons-nous pas vers une
désinformation, génératrice de sous-développement informa-
tionnel même si aujourd'hui on ne s'en aperçoit
pas?
La suite de notre étude nous l'expliquera.
Toutes ces carences sont bien inhérentes au
sous-développement et engendrent une aliénation à tous
les niveaux, une frustration ; sentiment de frustration
provenant de la différence de l'information et de qualifi-
cation.
(Voir) P~e88e et information en Côte d'Ivoire. UIJPLF
Section Ivoirienne P. Il.
Impression SIl Abidjan 1~?J.
- '63 -
Les moyens techniques et la puissance dont
disposent les pays développés permettent A ceux-ci d'exercer
sur les pays en voie de développement, non seulement une
influence d'ordre économique et techno1o~ique, mais politi-
que, psychologique et sociale. Cette influence peut être directe o~ in-
directe, volontaire ou inconsciente. Toujours est-il qu'elle est plus
ou moins intéressée. (~Ious le r,lontrerons dans la seçonde partie).
Ainsi les pays déve1opoés
maîtres de l'informa-
tion
véhiculent leurs modèles, leurs idéologies dominantes
en accentuant le rapport dominant - dominé; rapport qui
perturbe inévitablement les Africains, leurs cultures, 1eu~
économies et leurs relations internes.
En effet
A travers les films télévisés, c'est
le modèle occidental qui est véhiculé puisque tout film
est lié à une culture spécifique. Clest une évidence
où
le modèle véhicule lui-même une idéologie, un
comportement,
une manière de faire et d'ëtre, de concevoir lavie. Mais
cela n'est p~s toujours vrai, à condition qu'on soit nanti
d'une culture pouvant permettre un discerner.1ent, une ana-
lyse critique. En effet
il n'est pas besoin de ~iter des
noms célèbres, mais ceux qui ont mis en cause des cultures
étrangères sont justement ceux qui ont atteint un dégré de
perfection dans
ces
cultures
contestées.
Ce ne sont pas
les villageois qui théorisent sur l'acculturation, l'alié-
nation et l'impérial isme culturel, mais certains intellec-
tuels
nantis de la culture occidentale. Par conséquent.
l'influence des films n'est pas absolue.
C'est l'aspect idéologique de ces mass média.
1
De plus l'Afrilue n'est pas encore arrivée A pourvoir A
tous ses besoins. Aussi dépend-elle de l'extérieuren cette
1
aatière
tout comme sur les plans économique et politique.
1
1l
1
- '64 -
Dès lors
le rapport dominant-dominé qui régit pays déve-
loppés et pays en voie de développement est respecté.
Ces considérations générales nous amènent A
examiner la I1Bnière dont les mass média ont été introduits
en Côte d'Ivoire par l'occident, en particulier par la
France.
Dans la quasi totalité des pays Africains, le
problème posé concernant les mass média modernes, c'est
la sauvegarde de l'indépendance nationale et l'accentua-
tion de l'intégration culturelle et sociale. Cette
situation
a permis A ces pays de prendre des décisions relatives
aux mass média, le statut et les moyens d'exploitation,
les investissements publics et privés •••
Depuis quelques années
les mass média connais-
sent un développement inappréciable en Europe et en
Amérique du Nord. Cependant
même si l'Afrique bénéficie
de ce développement, il est incontestable que le fossé
séparant pays Développés-Afrique soit toujours grand. Car
les mass média internationaux fonctionnent à sens unique,
c'est-A-dire des pays développés
vers l'Afrique qui, malheu-
reusement ne propose rien. Ce déséquilibre est lié aux
autres, notamment, économiques (détérioration des termes
de l'échange), culturels (dépendance culturelle) etc ....
Mais ses causes semblent nombreuses et nous n'en retien-
drons que quelques unes i d'ailleurs pas fondamentalement
différentes de celles soulignées par l'UNESCO
- Insuffisance des investissements publics et
privés dans le domaine de la communication sociale et des
mass média.
UNESCO : Conféren~e intergouvernemental.
Yaoundé (Cameroun)
22-31 Juillet 1980. P.
3.
- 165 -
- Absence de politiques des mass ·média et de
plans nationaux de développement des mass média à la fois
cohérents et intégrés.
- Absence de programmes spécifiques de recherche
sur le rôle. la nature. les modes d'expression culturelle
et l'audience des massmédia modernes.
- L'insuffisance de la formation de personnel
qualifié.
- Absence de la contribution que les mass ·média
devraient apporter au progrès de l'éducation. des science
et culture. au changement social.
- Absence de convergence des objectifs poursuivis
par les institutions des secteurs privé et public chargés
de l'éducation. de la culture et des mass média.
- Absence de mécanismes susceptibles d'assurer
une coordination adéquate entre les différentes activités
contribuant au développement socio-économique et aux
mass média.
- Enfin
séquelles de la colonisation qui font
que l'Afrique possède les mass· média les moins avancés
du monde.
Si nous considérons l'exemple de la presse
,
écrite.
nous constatons que le tirage des journaux par
rapport à la population est
d'envi.ran. 14 exemplaires
pour 1.000 habitants. contre 64 pour 1.000 habitants en
Asie; 70 pour 1.000 habitants en Amérique Latine et dans
Voir UNESCO - Opt. Cit. p.
4.
- 1CE -
les Caraïbes, et 312 pour 1.000 habitants dans l'ensemble
des pays industrialisés. Ces chiffres montrent bien que
l'Afrique est le continent le moins développé au monde en
mantière de mass média.
Les journaux sont très souvent publiés dans les
capitales où siège le gouvernement et où ont lieu toutes
les activités des pays. Dans le cas du Ghana par exemple,
l'UNESCO rapporte que 87 ~ des lecteurs des journaux
habitent en ville et 13 % dans les zones rurales. C'est
dire déjà que la presse écrite ne concerne beaucoup plus
que les citadins.
Cependant
il y a lieu de reconnaître que la
presse écrite s'est singulièrement développée dans quel-
ques pays où sont édités des journaux en langues Nationales.
Ce sont: - le Mali - le Ghana - le Kénya - la République
Centre Africaine - le Togo - la Tanzanie.
La parution de ces journaux en langues nationales
peut contribuer au développement des cultures nationales
et favoriser une prise de conscience, mais nous semb1e-t-
il, le contenu de cette presse est pauvre, aucune informa-
tion consistante, si ce nlest 1 lidéo10gie du parti unique,
les photos du Chef de l'Etat et membres du gouvernement .••
Dans l'ensemble, on ne peut pas se fier au
nombre d'exemplaires par habitant pour déterminer le nombre
de lecteurs. En Afrique le seul numéro peut être réservé à
3 - 4 - personnes sinon plus, amis de bureau, ou encore à
toute la famille, clest-à-dire toutes les personnes vivant
sous un même toit.
Voir UNESCO - Opt.
Cit.
P.
4.
- 1"67 -
En ce qui concerne les Agences de presse
nationales, durant ces vingt-cinq dernières années, 26 ont
vu le jour. Dans plusieurs pays tels que le Burkina Faso,
le Gabon, le libéria, la lybie et la Somalie, l'UNESCO a
contribué ~ la fondation et au développement de ces
Agences de Presse. le nombre est passé aujourd'hui ~ 33
Agences de Presse, cependant 13 pays du continent n'en
possèdent pas encore.
L'Agence seule ne suffit pas.
Il faut des correspondants dans chaque région du pays et
~ l'étranger, dans le cas contraire, les mass média fonc-
tionnent comme si les Agences des pays concernés n'exis-
taient pas. C'est ce qui se produit en ce moment. Ces
Agences nationales de Presse Africaines ne disposent pas
de correspondants ~ l'intérieur du pays, encore moins dans
les pays voisins. leurs personnel et équipement sont insuf-
fisants pour assurer une collecte exhaustive de l'infor-
mation et la diffusion. les Agences Nationales deviennent
donc en Afrique un instrument de "prestige" et non d'in-
formation; comparables aux usines clés en main sans ingé-
nieurs et techniciens pour les faire fonctionner. Mais fait
encore plus grave, c'est que toutes les Agences de presse
Africaines ont conclu des accords avec plusieurs Agences
internationales et reçoivent ainsi
de ces Agences leur
information. Par conséquent
malgré leurs propres Agences
les Pays Africains dépendent totalement des Agences inter-
nationales, subissant ainsi l'impérialisme Européen lEst et
Ouest) et Nord-Américain
en matière de maS$ média.
Mais au risque de nous repéter
il faut nuancer·
les Agences internationales donnent l'information, mais il
appartient aux journalistes nationaux de la traiter objec-
tivement ou plutôt avec objectivité pour la mettre A la
disposition de leur population.
,
·
~ .-:
-
En effet
il n'est oas aisé pour un pays en
voie de développement d'avoir des correspondants dans le
monde entier, cela exige des dépenses insupportables- Mais
le souhait serait que ce qui est diffusé par les Agences
internationales fQt bien exploité, débarrassé de l'idéo-
logie d'origine- C'est-à-dire l'idéologie des pays
industrialisés de l'occident (dans notre cas).
Après ce survol rapide de la situation des
mass média en Afrique Noire, il
importe de voir rle près
les télécommunications internationales - la radio - la
télévision et le cinéma afin de mieux percevoir cette
situation •
. 1. - TELECOMMUNICATIONS PUBLIQUES
1
Les critères de développement tiennent compte
aujourd'hui du nombre de lignes téléphoniques, du nombre
1
d'appareils par 100 habitants, en un mot, la commu-
nication à l'intérieur et avec l'extérieur. Ils
impliquent
aussi le nombre de récepteurs radio et de télévision par
100 habitants. Plus le nombre sera élevé et plus développé
sera le pays.
En effet
si nous considérons 50 pays Africains,
le réseau total pour bon nombre de ces pays est inférieur
à 5.000 téléphones,
plus de la moitié de ces pays comptent
moins de 20.000 téléphones et il n1y a que 8 seulement
dont le total dépasse 100.000 téléphones (voir tableau
1
1
plus loin en annexe).
stl
.,11
1
Voir J ConféT'ence Afr'i<.!èzir:e .: __-"
-:',~:d·:)·'7·"'I<ni<.!CF:·;'!S :' L T P.7
l
i
N.B.
L'Afrique du Sujet NJ~ti~ ~2 :~nt DGS DGr'tie le notre
i
étude.
11)
j
- 169 -
Ainsi la densité individuelle par pays est de
0,1 et 8,96 dans deux petits états, mais ces micro-Etats
ne sont pas représentatifs. Les statistiques montrent
bien que la pénétration moyenne téléphonique n'excède
guère 0,66 pour cent habitants.
Les chiffres les plus élevés se rencontrent en
Afrique du Nord:
l'Algérie avec 346.400 appareils, le
Maroc avec 216.000, l'Egypte: 473.000. Au Sud du Sahara
la plus importante implantation est de 2,9 pour cent
habitants.
Si nous prenons les pays d'Europe et d'Amérique
du Nord, on se rend bien compte que les chiffres vont de
20 environ jusqu'A plus de 70 téléphones pour cent habi-
tants.
2. - Rôle des télécommunications
Dans toute
société
développée, les télécommuni-
cations jouent différents rôles conduisant au développement
continu, par conséquent au bien-être du citoyen. Ainsi
sont-elles util isées pour aider l'administration, l'ordre
public, les affaires, le commerce et d'autres secteurs.
La spécificité des télécommunications en Afrique,
!
c'est leur concentration dans les capitales et ensuite
1
dans les villes secondaires. Cette lacune grave peut être
1
imputée A l'absence dl infrastructures telles que l'élec-
!
tricité, les routes adéquates et les moyens mis en oeuvre
pour réaliser ces équipements; en un mot le sous-
développement Sous-tendu par les disparités régionales
1
et sous-régionales.
1
1
1
f
1
1
1
1
1
1
,
1i
tr:&i
1:
- 170
-
Par ailleurs la population nia pas ~té inforrn:?e
et
éduquée dans le sens d'utilisation de ces moyens de communi-
cations. Or on ne peut utiliser efficacement ces moyens
de communications que si on est au moins a1phabetisé,
et la masse est justement analphabète, ce qui comp1 ique
les données de ce problème.
L'exode rural qui draine la jeunesse a19habé-
tisée' L:-.. :':c:i'_12 -:crs les grandes villes est 1 ".Jne des
causes de la non utilisation des télécommunications dans
1e mil i eu ru ra 1. Les di r i 9e an t s me t te nt sou ven t en rel i e f
cette situation, mais
en dotant les zones rurales de
cette infrastructure essentielle que sont les télécommu-
nications, ils pourraient contenir tant bien que mal
cette marée humaine qui pose de plus en plus de problèmes
pol itiques, économiques et sociaux (les télécommunications
étant considérées comme la base des mass média).
Elles jouent un rôle d'information. En effet
dans tout développement, il semble claire qu'on ne puisse
en assl.Jr'er le succès qu'avec la participation du pub1 ic
concerné. Par conséquent il faut l'informer de la
nature des plans de développement et des objectifs précis.
Il est vrai, la radio-diffusion et télévision
peuvent servir d'instruments de propagation
d'informa-
tion, mais elles n'assurent malheureusement pas le transfert
de ces informations de retour d'individus ou de groupes
aux responsables de la planification du développement. En
un mot
elles ne créent pas de feed-back. Or les télécommu-
nications permettent de fournir un canal vital pour le
1
flux d'information de retour qui peut aussi inciter les
1
responsables de la planification à changer leurs plans
et leurs stratégies à temps afin d'obtenir de meilleurs
1
résultats.
1
1
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,J-.-.-, .• "
~_ ..,..i.. ••
-
171
-
Elles jouent également un rôle non moins impor-
tant dans l'information diffusée. Si les Africains sont
mal informés sur ce qui se produit quotidiennement sur
leur continent, c'est parce que les télécommunications ne
sont pas développées. Il arrive parfois même quiA l'inté-
rieur d'un pays, 1 linformation ne parvient dans la capitale
que grâce aux passagers venant de 11 intérieur. C'est dire
que de mill iers de personnes ~alades
perdent des fois
leur vie à défaut de communications.
Ce non-développement des télécommunicatioNS
rend difficile l'information diffusée par les mass ·média.
Ainsi en Côte d'Ivoire
l'information relative aux diffé-
rentes manifestations sous-régionales sont diffusées par
la presse écrite avec un retard d'uneou deux semaines, si
ce n'est parfois plus; à la radio-diffusion, un, deux
ou trois jours après. Pour
combler ces lacunes
"il
im-
porte de créer en Afrique des télécommunications
rurales.
1.3. - Création de télécommunications rurales
La création des télécommunications rurales
s'impose de plus en plus en Afrique dans la mesure où
l'isolement géographique, économique et social des régions
entières empêche des populations de prendre une part acti-
ve au développement de leur pays.
Si 1 'union internationale des télécommunications
préconise cette création, il est reconnu aussi que les
services dans les zones rurales ne peuvent pas être renta-
bles financièrement, cependant les retombées et les béné. i-
ces économiques sont de loin inappréciables. Le problème
ne doit donc pas être perçu sous l'angle financier, mais
-
1 72
-
surtout social. Ainsi dans un premler temps, des cabines
peuvent être installées dans les villages de sorte que la
population communique avec l'extérieur et informe les
autorités pol~tiques et administratives des problèmes qui
se posent aux citoyens, notamment sanitaires. Les autori-
tés averties, les malades pourraient être transferés dans
des hôpitaux pour y recevoir des soins. Sur le plan
économique, la popul~ti0n JrQ1~it 1es denrées alimentaires
et les laisse moisir dans les maisons à défaut d'acqué-
reurs
alors qu'au même moment
il y a pénurie dans les
grands centres. Le manque de télécommunications rurales
est donc l'une des causes de la disparité régionale et
sous-régionale
et par extension du sous-développement
de l'Afrique.
Si dans certains pays Africains la création des
télécommunications rurales peut poser des problèmes, en
Côte d'Ivoire
la réalisation peut être facilitée par
l'existence d'une infrastructure technique et économique.
Les pistes rurales sont relative~ent bien entretenues, le
programme d'électrification prévu par le plan 1980-1985
permettra l'équipement des zones rurales. Dès lors
les
télécommunications peuvent être intégrées dans ce plan de
développement rural. Elles peuve'1t aussi être facilitées
grâce aux regroupements des villages entrepris depuis une
décennie. A partir de ce constat pessimiste de la situation
actuelle des mass média et des télécommunications sur tout
le continent Africain, il y a lieu de s'interroger et de
faire des propositions
sans doute théoriques mais qui
peuvent être exploitables. Sur ce plan, la troisième con-
férence Africaine des télécommunications, dans le cadre
de l'union internationale res télécommunications a fait
des propositions intéressantes pour la décennie et il
convient d'en tenir compte et de les complèter. Ces pro-
positions constituent un préalable au nouvel ordre inter-
national des mass média.
-
1 73 -
1.4. - Préa1ab1e~ au nouvel ordre mondial des mass
média
Depuis environ vin~t ans, les responsables poli-
tiques Africains ont repris à leur compte, l'idée chère à
Kwamé Nkrumah dans son célèbre ouvrage "l'Afrique doit
s'unir ll
(67), en négligeant quelque peu
la philosophie
~ui a présidé à la rédaction de cet ouvra~e. Cependant
il
y a lieu de signaler que c'est déjà un grand pas que de
parler d'unité Africaine dans une région où l'impérial isme
s'exerce avec acharnement
car l'Afrique Noire est incon-
testablement le dernier refuge de l'Occident si on se
réfère à la prise de conscience des peuples d'Amérique
Latine et d'Asie qui n'hésitent plus à recourir aux moyens
suprêmes pour leur libération, c'est-à-dire à la lutte
armée.
Ainsi malgré la verbomanie creuse des diriaeants
Africains sur les p1ans:po1itique et économique sous-tendue
par des idéologies singu1 ièrement contradictoires, force
est d'affirmer ici, au risque de nous répéter
que ces
discours ne sont que des somnifères destinés à endormir la
masse Africaine afin de pérenniser le statu quo. Pour
notre part, si les mass média remplissent bien leurs fonc-
tions, les moyens de communications sont développés grâce
aux télécommunications Africaines, c'est-à-dire si les
barrières informationnelles existantes aujourd'hui entre
Etats voisins sont levées, l'unité culturelle, politique
et économique ne pourra que suivre. Aussi
est-il souhai-
table de développer d'une manière cohérente et harmonieuse,
malgré la modicité des moyens dont dispose 1 'Afrique Noir~
-
.-::"'(l''1c!
"/.:':'.:;~·.'·!AH:
l'Afrique doit s':~,,:::!'
:; d .
:'7'1 '1 ù t
1904 Paris.
-
1 74
-
ces télécommunications qui favoriseront à leur tour les
mass média que sont la radio et la télévision.
Pour ce faire,
il est important de définir
- les besoins: urbains et ruraux.
- les objectifs à atteindre.
- les types ~e :Gr~ations en perso~~el.
- gestion
- conception
- entretien
- le genre d'appareils à fabriquer en Afrique
avec les matières disnonibles sur place pour
redulre le
coût.
Enfin
une planification s'impo~e dans la mise
en place et la réalisatiûn d'un programme cohérent. Ceci
1
se situe d'abord au niveau des télécommunications et
j
ensuite
nous verrons les mass média.
]
-- Les besoins
(68)
a) Les besoins en télécommunications se
font sentir de plus en plJS en Afrique. En Côte d'Ivoire
par exemple, la demande en lignes à Abidjan en 1985
était:
- demande résidentielle
. 39.240
- demande administrations
6.350
- demande des entreprises
21.920
JO Confér'ence
.~."·!1:·~'~z··J1t?~f23 :rJ?JcL1'.'U.;in-:_~.:::·_~~s
1981
PP.
70-72.
.. 175 -
- demande analytique + Pet T .......• 69.470
- demande synthétique + P et T •.•••.• 70.480
soit au total
•..•••....••••••••....• 207.460
lignes.
Or la valeur retenue est de 71.130 lignes.
C'est dire qu ' i1 y a 136.330 demandes non satisfaites.
Sans nous 1 ivrer à de c3lcu1s rigoureux, nous
pouvons signaler qu1en 1985, moins de 30 % des demandes
seulement ont été
satisfaites. Sur tout le continent afri-
cain (Etats composant l'O.U.A.). le chiffre de 2.754.798
appareils pour une population de 416.00nOOo d'habitants
est négligeable.
Si nous estimons simplement A 50 % la population
demandant une ligne téléphonique, il faudra: 208 millions
de lignes; et en considérant ce qui existe aujourd'hui
il y a un besoin de
205 .246.212 lignes.
Ce chiffre permettra à l'Afrique de passer de 0.38 (0.66)
A 50 appareils pour 100 habitants, soit 50 % de la popu-
lation.
Cette proposition n'est que théorique et à 11
limite idéaliste lorsqu ' on se refère au développement
social et économique de l'Afrique: - manque de logements
décents - d'électricité - certains
pays du continent
sont A la limite du supportable sur le plan alimentaire -
niveau de vie très bas etc .•. Dans ces conditions
les
té1éconmunications deviennent du luxe, un besoin pour
une catégorie sociale bien précise.
-
1 lE -
b) gesoin en radio et télévision
-----------------------------
1) Radio
-----
La quantité
de récepteurs radio est de
23.025.500. Ce qui représente 6,8 pour cent habitants.
Si dans un premier temps les dirigeants afri-
cains, dans le souci d'informer plus efficacement leur
population, veulent au moins la munir de récepteurs radio
à concurrence de 50 %,
il faudra encore 184.974.500
radio qui représentent
le déficit actuel et pouvant
être traduit en besoin. Cependant au cas où nous vou-
drions atteindre le stade de développement de 70 % d'ap-
pareils au moins comme les pays Européens, il y a un
besoin encore plus grand, mais pour l'heure, si
l'Afrique pouvait atteindre le seuil de 50 ";, un pas
décisif serait fait vers le développement.
2) Télévision
La quantité de récepteurs T.V. pour ces pays
de l'O.U.A. est de : 2.813.550. Les besoins paraissent
encore plus importants que ceux de la radio
et identi-
ques à ceux du téléphone.
2.1. Besoins
Au niveau des besojns
il ya lieu de sou1i!]ner
qu'ils ne sont pas les mêmes selon qu'il s'agisse du
milieu urbain ou rural. Si en ville
chaque famille se
trouve dans l'obligation de posséder son récepteur radio
- 177
et télévision, sa ligne personnelle, dans les villages
le problème peut être simplifié. D'ailleurs
aucun villa-
geois n'acceptera cette vie fami1 ia1e où la famille
triangulaire (père-mère-enfants) vivant coupée des autres.
Un poste récepteur de télévision peut être installé dans
le centre culturel du village où chacun peut, aux heures
d'émissions suivre, ce qui n'exclut pas des récepteurs
i ndiv i due 1s. De më me 'J~e 1q ue s cab i ne sté 1é pho ni que s peu-
vent desservir le village. D'ailleurs une telle conception
de la télévision ne peut que susciter les discussions et
débats à l'issue des émissions. Ce qui pourrait être
intéressant pour la compréhension de ces émissions.
Ils doivent être de deux ordres: à court et
long termes, mais nous ne parlerons que du court terme
car notre souci est de oroposer des solutions ~ouvant per-
mettre à l'Afrique de sortir de SJ léthargie.
Il s'agit tout d'abord de la satisfaction des
besoins de la masse en vue de sa participation effective
et efficace au développement de l'Afrique. Il faut donc
1 'é qui pe r en con s é que nce, c' est - à - di r e la me t t r e dan s des
conditions telles qu'elle puisse être informée, éduquée,
rééduquée, et subir des transformations sociales. Le dé-
veloppement des télécommunications constitue la pièce
maîtresse sur laquelle reoosent tous les appareils idéo-
logiques de l'information.
1
, ".' r;
-
, , -
Il faut donc étudier chaque pays
bien que tous
se ressemblent et aient les ~ênes besoins
afin de tenir
compte des spécificités et des ressemblances pour définir
un programme commun et cohérent de réalisation et de
développement de ce secteur.
Ce qui implique la création d'un bureau de pla-
nification au niveau ]Çric~:~ ~t en rapport avec les bu-
reaux nationaux et services de télécommunications
nationales et internationales.
Il y a lieu donc de mettre
sur pied
comme le propose la 3e conférence africaine
des télécommunications, un plan directeur
et parra11è-
1ement à la planification du développement, préparer
un plan d'investissement et de besoin en capitaux pour
d'éventuels appuis financiers.
Le plan directeur devra être suivi et au besoin
être corrigé en fonction des ~esoins
afin de se conformer
à la demande croissante des services de télécommunications.
Parallèlement
les plans d' investissement et des plans
continus d'exécution devraient être établ is.
Il
faudra alors déter~iner le type d'assistance
réquise à partir d'une étude approfondie et d'une évalua-
tion des exigences de la population pour chaque adminis-
tration des télécommunications.
b)
~~_~1Y~~~_2~~_C~Ç~g~~~C~_~~~19
et télévisiJn
Lep ri nc i pal 0 bje c tif é tan t l' é qui peme nt de 1a
population en radio et télévision afin qu'elle s'infor~e
aussi bien sur son propre pays que sur les autres régions
- , 79 -
africaine~ et mondiales; il doit être mis à la disposi-
tion de cette popuplation des récepteurs à bon marché eu
égard au niveau de
vie généralement bas de cette popula-
tion. Des appareils fabriqués en occident, voire à
l'étranger ne pourront jamais résoudre ce douloureux
problème,dès lors une nécessité s'impose.
c'est dans un premier temps, le transfert de technologies
en Afrique de sorte que cette demande soit satisfaite. En
second lieu former des africains à diriger et fabriquer
eux-mêmes ces appareils dont le coüt baissera; ainsi les
masses seront servies dans leur grande majorité.
, 5. - Radiodiffusion par satellite
La radiodiffusion
par satellite est une solution
moderne et efficace d'avenir. Elle peut servir à répondre
1
aux besoins nationaux et inter-régionaux de l'Afrique.
On peut distinguer deux types différents de
satell ites.
a) - Celui qui existe déjA et destiné A assurer
des liaisons inter-regionales, internatonales ou intercon-
tinentales entre deux stations terriennes équipées en
conséquence.
b) - Celui qui a une fonction de couverture
pour la réception directe par les usages domestiques des
émissions de radiodiffusion ou de télévision.
1
-
13 Q -
i1
Le premier actuellement en service permet
d'acheminer les communications télégraphiques et télépho-
niques
et de réaliser des échan~es de programmes de
radiodiffusion et de télévision entre le pays et les
or ga n i s me s .
Le second est équipé d'émetteurs pour la diffu-
sion directe. Quelques rares exemplaires sont en exploi-
tation au Canada et en Inde. Cette solution se,ble cou-
teuse mais une comparaison semble aujourd'hui difficile
dans l'état actuel des choses.
Quoiqu'il en soit
l'utilisation de l'un ou
l'autre s'avère nécessaire pour le développement des
télécommunications et des mass média en Afrique Noire .
. 6. - Le cinéma
Selon les chiffres avancés par l'UNESCO, le
nombre de salles de cinéma existant sur le continent
Africain serait de 2.500. L'Afrique produit très peu de
films et sa production se limite aux documentaires, aux
court~ métrages A caractère éducatif et aux actualités.
Cependant
si l'Afrique voulait se lancer dans la produc-
tion cinématographique, elle se heurterait à bien de
problèmes, notamment à l'absence
d'une part de ressources,
•
et d'autre part ~ous les matériels qui proviennent du conti-
nent, exceptés le scénario et les acteurs des films produits
sur place. De plus
les réseaux de distribution sont con-
centrés entre les mains de l'étranger. Et selon l'UNESCO:
Va i r
-
Je con féra e n c e a frai ca i n e des
tél é c ù ..: '") ~l 1; -: _. :: : -: .] '1 S 0[' t .
citée PP.
11 0-111.
1
-
131
-
"La pl't'; :]i':1'7.i8 9artie des réseaux de iis-
trib~tion la~3 l'Afrique dite francophone
est contrôlée par une société privée dont
tout le capital est Français.
En l'absence
de subventions gouvernementales, que les
sociétés Dri)é~3 considèrent comme indis-
pen'](lb!e.3 ;::~-<:' -?'-3tte activité non pr'o/i-
table,
l2-3 f:l":3 distribués ne sont pas
toujoArs ~hO{3i3 à r~rtir des critères
d' ord.re
?A l t~ r'f' l".
. ,')
On voit bien que l '~frique est absente dans ce
1
domaine et qu'elle dépend une fois de plus de l'extérieur.
~]is faisons maintenant le constat sur le plan international.
1
i
1
'.11 - CONSTAT SUR LE PLAN INTERNATfONAL
1
1
Il n'est plus ~ signaler le rôle des mass média
dans l'information aussi bien au niveau national qu'inter-
1
national. Aussi les relations internationales d'aujourd'hui
sont-elles dominées par ces moyens de communications et
d'information de masse de plus en plus sophistiqués. La
transmission de l'information est actuellement instantanée
entre les diverses régions du monde.
Cependant tous les équipements et la technologie
tt
appartiennent aux pays développés de sorte qu'ils contrô-
f
lent à tous points de vue les mass média et l'information
;
sur cette planète. Ainsi dominent-ils à partir de l'infor-
mation
les pays qui ne sont pas en mesure de se suffire
!
économiquement et de s'auto-informer; cette domination
1
engendre naturellement un impérialisme qui s'étend sur le
1
système transnational actuel de télécommunications. les
agences de presse, la radio et la télévision, les revues,
1
les films. les livres. et les illustrés à grands tirages,
i
les ban~ues de données et les entreprises de publicité
1
f
-
UNESCO:
Opt.
c'it.
?
1
l\\1!
- 182 -
etc ... Une telle situation ne peut que créer un déséqui-
bre
lequel fait prendre conscience A ceux qui subissent
et souffrent de cet impérialisme. Cette prise de conscience
en~endre la revendication d'un nouvel ordre mondial de
11 information qui nlest autre que l'interprétation de
l'article 19 de la déclaration universelle des droits de
l'homme de 1 I O.N.U., et le droit de communiquer entre
rltions, entre Etats, entre groupes et entre individus.
Ce qui implique la garantie du droit A être informé, le
droit dl informer, de comp1èter les informations extraver-
ties, et de rectifier celles qui sont inexactes et
erronées, en un mot, il faut une information totale,
exacte et objective. Par conséquent
le nouvel ordre
mondial de 11 information nlest donc que la prise de
conscience des exploités et sous-informés de cette
planète de leur situation
de domination chronique.
Il Y a incontestablement un déséquilibre quanti-
tatif et criard entre le centre et la périphérie. Ce
déséquilibre, loin d'être accidentel ou naturel
relève
de la politique coloniale, colonialiste et impérialiste
jes pays développés qui occupent et pillent systématiquement le
Tiers-Monde depuis quatre siècles. Ce déséquilibre est
aussi dû au rapport dominant-dominé qui régit les rela-
tions internationales actuelles. Comme nous 1 lavons
souligné plus haut, un pays où la population est sous
informée, sous éduquée, non alphabétisée ne peut en aucun
cas se développer. Un peuple sans identité propre, qui
s'ignore, inconscient, ne peut prétendre se développer,
~'):'1"'.!:,~,~~-;;:.1 .'1ASMOUDI : Le nouvel ol'àl'e monàial de l'in-
fOrMation : cr~. cit. UNESCO. ?P. 1-2.
- 133
ce déséqui1 ibre fait suite à une pol itique conçue volon-
tairement pour maintenir la masse d'Afrique Noire dans un
II qhetto ll
ou anachronisme économique, pol itique, cul turel,
social et informationnel; car, et il faut bien le souli-
gner, les pays avancés ont les moyens de sortir l'Afrique
~
de sa léthargie si et seulement s'ils n'occultaient
pas
une idéologie impérialiste outrancière. Ce déséquilibre
1
est donc une nécessité et une volonté des développés. Le
fait que SO ~ des informations circulant dans le monde
proviennent des grandes alences transnationales qui ne
1
consacrent que 20 à 30-; seulement de ces informations aux
pays périphériques, bien que ceux-ci représentent près des
3/4 de 1 Ihumanité, est une volonté indiscutable d'impéria-
lis me.
Ce déséqui1 ibre s'accentue encore beaucoup plus
lorsqu'on se réfère aux statistiques qui montrent bien que
sur les 50 pays membres de l'O.U.A., 1S ne possèdent pas de
récepteurs de télévision, soit 36 % des pays Africains qui
en sont dépourvus
et 45-', des pays en développement l'i-
gnorent.
Cette domination se manifeste par une indifférence rela-
tive constatée par les mass média des paysavancés à l'endroit des
problèmes, des besoins, des préoccupations et des aspira-
tions des pays de la périphérie d'Afrique. Cette attitude basée sur
le développement industriel, cul ture1 et économique, ne
considère les pays en développement que comme de simples
consommateurs de 1 1 infor~ation, une marchandise ou denrée
rare
alors que les agences transnationales opèrent oaisi-
b1ement dans ces pays de la périphérie. Ainsi
dominent-elles
-
184 -
les informations de sorte que tout événement quotidien se
produisant en Afrique est transmis à l'e,(térieur oar le
canal des média transnationaux, de ce fait, leurs P!Jpulatio'1s
sont inforqées de ce qui se passe dans le Tiers-:~onde. Au
même moment, les informations à destination de la périphérie
son t dé na t lJ rée s, t r 0 nqué e s, fil t rée s, te i nté e s de l' i dé0 10-
gie extérieure.
Fait encore plus grave et dramatique, c'est
que l'Ivoirien est informé sur son oajs à o1rtir de Paris,
tout comme le Guinéen à partir de la voix de l'Amérique
le Ghanéen à partir de la BBC à Londres etc ...
On constate donc le déséquil ibre actuel, l'ordre
de l'information, le pouvoir de communication étant concen-
tré et monopol isé par les nations développées. Ainsi
l'information ne peut-elle répondre réellement aux besoins
des
populations de la périphérie d'Afrique dans la mesure où
celle importante est volontairement négl igée au profit de
celle qui n'intéresse pas l'Afrique. C'est d'ailleurs une
diversion entretenue ayant pour corollaire l'abrutissement,
la sous-information, l'aliénation et enfin
l'impérialisme
culturel.
A partir de ce constat, montrons ici quelques
aspects de ce déséquilibre. Ce sont:
- Les liaisons établies depuis longtemps par les
agences d'information et autres réseaux nationaux avec
les agences internationales et avec de nombreuses entre-
prises de communication transnationales.
- Les systèmes de propriété, de production et
de diffusion en matière de technologie de :ommunication.
-
133 -
- Les difficultés que rencontrent les nouveaux
venus sur le marché etc ....
Il est évident aujourd'hui que dans un pays en
voie de développement, les aspects internationaux des
mass ·média existant puissent très souvent influencer
les
aspects nationaux ou locaux, à partir de la technologie
étrangère et le contenu étr3n~~r des programmes. Ces
problèmes qui se posent à la Côte d'Ivoire peuvent être
considérés comme des phénomènes dont l'origine se situe
au niveau international, mais au contrecoup de niveau
intérieur. Les mass média se sont constitués suivant des
modèles très peu en rapport avec les conditions, les aspi-
rations et les besoins nationaux ou locaux
dont les
structures internationales sur lesquelles ils se fondaient
et auxquelles ils étaient reliés ne tenaient pas toujours
grand compte des intérëts nationaux. Ces affirmations
retiennent notre attention :
Des accords signés qarantissent le processus de
la 1ibre circulation de l' information et le développement
du réseau propre de communication. Ceci est facilité par
le
ryth~e
singuilièrelllent rapide des progrès technologiques
en la matière; le pays espérant profiter de l'augmentation
considérable du volume du matériel d'information et d'édu-
cation en vue d'atteindre ou de rattraper les pays
développés. Cependant on constate avec amertume que ce
retard n'ait pas été comblé.
Ce processus comporte la dépendance croissante
du pays par rapport aux vastes réseaux de communication
établis justement par les pays développés qui se situent
à la pointe du progrès dans ce domaine et dont les systèmes
de communication se sont par ailleurs transformés en véri-
tables entreprises multinationales s'occupant Je tous les
-
18G -
aspects des mass média
depuis la presse écrite jusqu'aux
satellites en passant par la radio et la télévision.
D'une manière générale
les objectifs qu'il
im-
porte d'atteindre sur les plans - individuel - local - et
natlonal en vue de créer une société vraiment "éga1itaire:'
où chacun aurait le droit et le devoir de prendre sa part
de responsabil ité
aussi bien au niveau national qu'international
se rai t : "- 1a par tic i pat ion" - l e 1i br e écha nge - le dro i t
à l' information - la démocratisation - le libre accès
à
l'information. Mais examinons tous ces concepts de plus près.
c)
Le droit à l'information
DéjA la déclaration universelle de 1948 mettait
l'accent sur le droit de l'holl111e. Mais ce droit exprime aujourd'hui
de nouveau concept qui n'a été formulé que provisoirement.
La résolution 4.121 adoptée par la conférence gé-
néra le de l'UNESCO à sa 18e session étudie le droit de la cOlTfllunica-
tian, par conséquent aborde le droit à l'information.
Mais le véritable problème posé est d'ordre éco-
nomique et technologique
car il est inhérent A la posses-
sion et à l'utilisation des mass média - s'agissant préci-
sément de la presse écrite, la radio, la télévision et le
cinéma, les dépenses d'infrastructure et de programmation
sont si élevées aujourd'hui que
seules des entreprises
publiques ou privées qui disposent de moyens financiers
suffisants peuvent envisager d'utiliser ces moyens de com-
munication de masse.
En considérant le cas du Canada , son service in-
ternationl
inauguré en 1944
émet maintenant sur ondes cour-
tes en 11 langues.
-
, '27
-
1
î
j
1
Au cours de l'exercice financier 1982-1983, les crédits
accordés par le parlement à Radio-Canada se sont chiffrés à 734,4 mil-
1
li0ns de dollars, soit: 183,6 milliards de francs CFA, somme déjà au-
f
dessus du budget d'un pays en voie de développement d'Afrique, voire
même au-dessus du budget du Togo, Bénin, Niger
pour la même
1
année 1982-1983.
1
Par ailleurs en Afrique
la masse réceptrice de l'informa-
1
1
tion est réleguée au rôle passif sans participer à son élaboration,
1
surtout qu'elle ne maitrise :BS ~e contenu de cette information par
1
~~nque d'outil linguistique (la nasse étant analphabète).
1
Cependant des correctifs peuvent être apportés
il s'agit
1
,
de
1
1
définir une déontologie des mass média sur les plans
1
national et international ;
1
!
limiter les influences néfastes sur les nationales
- substituer au ~onolo~ue un dialogue, passant ainsi des
systèmes verticJux des communications progressivement aux
relations horizontales mieux articulées et plus démocra-
tiques ;
- limiter l'utilisation internationale de certains mass
média afin que les mass média nationaux ne subissent pas
la domination extérieure.
C'est, comme le définit la conférence de l'UNESCO
tenue à San José, "la capacité de l'usager potentiel à uti-
liser de façon réelle et efficace, en tant que récepteur
, ' : 1 '
conférence interr.c .... :'erne,"'!entale sur' les ?olit::::'2s de
:a uo~~u~ication en A:Jr~~.... e Latine et dans la rJ?:~~ des
, ,lI' Cl f b es).
S Cl n J () d é
(~' _' 3 -; .; - .:: i c! a)
1 2 - 2 1 J u i lZ e t
1J ~ é~.
? .
2 l.
~.'j:;SCO.
:
"
1
f,:
f
,.
de 1 1 informa~ion et dans des conditions d'égalité, les
moyens de communication disponibles".
L'accès à 1 'infor~ation suppose donc un certain
rapport d'égalité et non un rapport dominant-dominé car la
dépendance qui nlest en fait qu'un facteur d'impérialisme
permet aux pays développés de dominer ceux en voie de dé-
veloppement, rendant ces derniers i~puissants face à la
technologie étrangère et à l 1 infor~ation non contrôlée
filtrée par les mass média internationaux.
3. Quant à la participation, elle peut être con-
sidérée comme une capacité réelle et effective de l'usager
à devenir ct son tour créateur et à diffuser des messages,
de façon directe ou indirecte. Mais peut-on participer
efficacement sans démocratisation? Si nous considérons la
démocratie au sens de la volonté de la majorité sociologi-
que
deux cas se posent donc dans ces conditions:
a) Sur le plan international
la majorité socio-
logique n'est pas respectée. Les sociétés occidentales
"technicistes" mettent justement la technologie sophisti-
quée au-dessus des dominés (Sociétés du Tiers-Monde). Les
relations internationaïes étant régies justement par cette
technologie, deviennent un moyen de domination et dlimpé-
ria 1 i s me.
b) Sur le plan intérieur, la majorité sociologi-
que (la masse) est soumise à la minorité dirigeante alliée
de classe de l'impérial isme. Le responsable
pol itique du
pays ne déc1are-t-il pas que "la Côte dl Ivoire a choisi
l'occident" ? Par conséquent ia democratie n'est guère res-
pectée aussi bien au niveau international que national.
(Voir schéma page suivante).
1
- 1aJ -
1) Sur le plan International (vue globale).
Domine
Centre
Périphérie
Mais dans cette domination, on ne tient pas compte des
classes sociales aussi bien au centre qulà la périphérie.
2) Sur le plan nation~L
Domine
1
1
Centre de la périphérie
Périphérie Pér-iphériqu
f
r
1
Ici, on tient compte des classes sociales.
i
3) En définitive, en examinant de près le
phénomène de domination, on arrive à la conclusion suivante:
1
i
1
Classe dirigeante
Classe dirigeante
Masse de
du centre
de la périphérie
la ~riphérie
Domination par relais ou transitivité.
1
- 190 -
Mais que constate-t-on du point de vue ~éorique?
Le droit à l'information est lié à d'autres
droits et libertés publiques telles que - la liberté de
presse
- la liberté d'expression - la liberté 1e communi-
cation. Ainsi peut-on l'inscrire désormais, sur le plan
international, dans les droits de l 'homme. Or l'information
ou les nouvelles sont des marchandises
soumises ~ux lois
d 'of f r e e t de lad e man de. Mai s l' i nfor mat ion
selon r~.
Szu1czewski "es t traitée comPle un élément de la communica-
tion interhumaine et dépend des conditions définies par
la forme des relations sociales. Le processus d'informa-
tion s'adapte aux besoins de la vie sociale et aux possi-
bilités organisationnelles ct techniques". (70~ On se
trouve ici en présence du phénomène de la sociabilisation
de l 'inforamtion qui est donc fonction de la forne de
f
l'organisation de la société. D'un côté elle peut être
1
une marchandise, de l'autre, un élément Je la communica-
.:
tion interhumaine, et c'est justement ce second aspect qui
semble positif pour les pays Africains. Cependant ce que
nous venons de voir n'explique pas clairement la situation,
c'est pour quoi il importe de mieux analyser le concept
de droit à 1 linforamtion qui semble représenter la pierre
angulaire du déséquil ibre bien qu'il paraisse idéal iste.
t
•
f
(7))
-
M.
SZULCZ!::~ISX; : _~.c' .!i',)it :l..' 7 , 71O""-:e à .])'~~:<n:quer.
l,...••·
Un point de vue Soaialiste.
~ummis8ion ~~t~~~ationa~e
.
~;:~~~~ des probZJmes de la communicat~:~ ~: 39 -
r
v0 i li co mm -t s s -i 0 n i n t t_~' j'a ': :;:- _~ ': a l t.! li' é : :t .1t.J ,jr! J
....
La aommunication.
Opte
.:;
-
r;é PP.
.........
4-8.
N° 39 -
;..,....1.::; __) •
1
-
1J 1 -
-III-Concept de droit à l'information:
Ce concept comprend trois dimensions
1
Dimension individuelle
2 - Dimension communautaire
3 - Dimension internationale.
1 - Dimension individuelle
Tout individu
membre de sa société doit à ce
titre jouer plusieurs rôles. ce qui lui confère des
droits et des libertés, des devoirs et des responsabili-
tés, si nous nous situons sur le plan de la démocratie
formelle, cette dernière étant inséparable de tous les
autres droits. riais il faut nuancer.
Nia droit au
niveau individuel que celui qui a le pouvoir ou vit dans
son environ en Côte d'Ivoire. Sur le plan international
les responsables politiques liés à l'occident (alliance
de classe)
ou encore
ce droit dépend du degré de
développement industriel, économique et culturel du pays.
Dans ce cas seulement
on peut parler de droit à l'informa-
tion qui compte les composants suivants =
chercher,
co-créer, transmettre et recevoir 11 inforamtion.
Il dépend de plusieurs facteurs, mais nous nlen
retiendrons que quelques-uns:
- 1 1 Aptitude intellectuelle à chercher l'infor-
mation, c'est-à-dire : le niveau culturel, lléducation,
l 'intérêt pour le monde et de ses problèmes.
- la connaissance des langues étrangères, ce qui
lui permet d'avoir accès facile~ent aux sources étrangères.
- 192 -
- l'existence dlun accès égal et juste aux sour-
ces dl information
sans distinction de classe sociale, de
situation ethnique ou de sexe.
- la condition socio-économique correcte
pouvant
donner un niveau de vie approprié et le temps utile
pour
chercher 11 information.
b) Le droit de recevoir l'information:
Il s'agit de l'information que 11 individu devrait
recevoir sans effort particulier; information livrée par
les mass média. Selon K1oskowska,
"les producteurs ne s'occupent pas de ce
qu'ils répandent pourvu 1ue cela leur rap-
Pforte ~ht ~u'ils serati~nt~~eureux( d~ di{:l
,•....••..•.
user;] aKespeare e
~ee~r.oven
;::n3qu
!-
s
••.
sont eux-mêmes plutôt des gens instruits
et cultivés) si seule~ent ils en tiraient
un profit" (, -;
i
Cette pensée nous permet d'avancer que le droit
de recevoir l'information ne doit pas être pour les mass
média
l'occasion de fournir à la population l'information
qui ne soit pas en rapport avec ses préoccupations, mais
au contraire
tenir compte de ses aspirations même si ce
concept parait normatif.
c) Le droit de transmettre l'information
-------~~---------------------------
Selon E. Fromm
WLe droi~ d'exprimer ses pensées, cependQn~
n'a de signification que si nous SOM~es
capables d'avoir des pensées qui nous
soient propres"
.~:!.,:>:~';"'5",~:.4 cité par Jad:J.Jiga PASTEC1.A : ~?t. CitJe ?
2,
.';
.:'J,
~'NESCO.
• . ,
~ ~STECKA
Cpt
,.. 't
l ' "'P .::~n
,. ,::'.::...:: ga .:-.;
: '-'
. l." . D. 0, .... ~ ~ l. •
-
193 -
Le droit à la communication dans la soci·été
d'aujourd'hui comprend deux formes principales
- d'abord
la forme elle-même: comment? ensuite le contenu: quoi?
du processus de transmission. A partir de cette constatation
on peut avancer que les personnes qui communiquent entre
elles ont quelque chose à dire, à se dire ou à montrer,
que 1que ch 0 se qui r e <1 u i e r t l' ad hé s ion de las 0 ci été, con -
forme à ses intérêts fondamentaux. Ce qui revient à dire
que le droit de transmettre l'information est 1 ié au droit
du récepteur, car c'est en fait son existence qui impl ique
celle du premier, c'est une évidence.
Il faut entendre ce terme comme le processus de
participation et d'intéraction de la communication. Il est
également 1 ié - à la participation au processus de la
communication et à la prise de décision - aux autorités
gouvernementales.
Il s'agit pour le ricepteur de participer d'une
manière ou d'une autre à son information.
Face à ce déséquilibre et aux problèmes qui se posent, les
pays Africains peuvent à juste titre hésiter à opter pour
les moyens les plus faciles de corriger le déséquilibre.
Car ils ont adhéré non seulement à la Déclaration univer-
selle des Droits de l'Homme, mais aussi aux accords de
l'UNESCO relatifs à la circulation internationale du
matériel à caractère éducatif, informatif et culturel, et
en partie également à leurs principes et idéologies dans
le domaine de la communication. Cette hésitation mérite
une analyse succinte.
f-.
!
-
'? 4 -
En effet
il y a
au niveau international, d'une
part les intentions nobles et d'autre part les tristes
réalités dans les rapports internationaux. D'un côté les
souhaits guidés surtout par des sentiments humanitaires et
de l'autre, les intérêts ~atérie1s le plus souvent inhu-
mains, égoïstes, sous-tendus par l'instinct de domination.
Ainsi l'adhésion à ces accords et déclarations interna-
tionaux constituent imp1icite~ent l'acceptation des
conséquences néfastes al ién3~~es des signataires. Cepen-
dant il faut nuancer - ces accords et déclarations
n'empêchent pas des nations à exercer leur pleine souve-
raineté nationale et à agir en fonction de leurs intérêts
nationaux. Mais il faut reconnaître que tout pays ne peut
se le permettre eu é9ard au régime politique dans le pays
et les options clairement exprimées de la classe dirigeante.
Par exemple la Côte d'Ivoire "capitaliste ll peut-elle
tenter de se débarrasser de certaines contraintes exté-
rieures, contraintes néfastes pour sa population, mais
1
favorisant la classe dominante? Ici
nous faisons coïnci-
der les intérêts des classes dominantes du centre et de la
périphérie. Les accords et déclarations univer~elles
1
deviennent un prétexte dlimmobilisme complice.
r
t
L'une des raisons déterminantes d'interdir
llentrée du matériel dl infor~ation des pays dévelopf1és Dourrait
être le fait que les professionnels des mass média natio-
naux continuent à se famil iariser, grâce à ce matériel importé,
avec des techniques de production et de présentation plus
performantes, ainsi au fil du temps, peuvent-ils adapter
le style et le contenu de leurs messages aux attitudes et
r
aux préférences du public. ~ais là se pose le problème de
i
l'indépendance du journaliste.
1
En effet
un journaliste- fonctionnaire
ne
1
devant sa promotion socio-économique qu là l'homme pol itique,
-
19S -
vo i re
au par t i pol i t i que un a ni mis te, peu t - i l s 1 exp rime r
objectivement à travers les mass média?, en d'autres termes,
peut-il informer adéquatement sans tenir compte de cet
appareil politique pesant ou s'offrir une certaine liberté
à l'égard de l'occident, en particulier de la France où
il a été formé et d'où provient sa promotion sociale?
La situation des mass ·média en Afrique nous
donne de sérieuses inquiétudes.
Créée à l'époque coloniale dans la plupart des
cas, la radio a fait appel à la technologie et aux méthodes
d'exploitation utilisées dans le pays colonisateur. Ainsi
donc le personnel étranger a été intégré à la Fonction
Publique. Ce personnel a nécessairement influencé la
rad i 0 à un po i nt te 1 que les é mis s ion s Fra nçais e s son t
da ns 1e cas de laC ô te d' l v0 ire, t 0 ut sim p1e me nt "i v0 i -
riennisées" • tout journaliste voulant s'identifier à
celui de Paris ou de Londres. Quant à la télévision
dernière née des mas~ 'média, elle est loin de couvrir
t 0 u t 1e con tin e nt. Sy [TI bol e de pre S t i ge, de m0 dei" ni s me e t
de "réussite économique ll ,
la télévision reste un instru-
ment au service des privilégiés. Ce faisant
plusieurs
pays en sont déporvus. On peut résumer la télévision en
ces termes: malgré les importants capitaux investis
depuis 10 à 20 ans après son inroduction, la télévision
constitue un moyen efficace d'information urbain et
élitiste, voire à la limite, de classe sociale
diffu-
sant des émissions et productions
qénéra1e~ent étrangè-
On s'aperçoit aisément que le fait d'utiliser
une technologie étrangère au niveau des mass média ne
constitue pas un impérialisme culturel. Bien sûr la tech-
nologie véhicule une idéologie liée à celle du pays
-
196 -
concepteur. Mais on peut adapter cette technologie à la
culture nationale, surtout dans le domaine de 11 informa-
tion (technologie étrangère mais des programmes nationaux).
C'est donc au niveau des journalistes de la classe
dominante que se pose le véritable prob1è~e de dépendance
et d'impérialisme chroniques des mass média.
Le déséquilibre en matière des ~ass ~édia est
lié aux rapports dominant-doJTliné fJ'~i régiss::>nt les nations
développées - en voie de développement - cette situation
de déséquilibre ne peut prendre fin qu'avec la modifica-
tion ou la réorganisation de la société concernée car
notre ambition n'est point de proposer de nouvelles
sociétés aux pays développés, mais de montrer que sans
une nouvelle société, le statu quo sera t~~iours o~~ervé
en matière des mass média.
2. - Dimension communautaire
Ce terme (communautaire) couvre ~lusieurs
personnes et unités sociales. Ce sont: - Les associations
(politiques, sociales, professionnelles), les organisations,
les unions, les conseils d'administration locaux (conseil
national) divisés en unités plus petites (ville, district,
village, institution ... ) qui requièrent la participation
naturelle et active aux systèmes de communication et aux
mass média. C'est donc à ce niveau qu'a 1 ieu le véritable
processus de participation et d'interaction:
Cette communication et cette infor~ation commu-
nautaires ne peuvent jouer leur rôle véritable que si ces
petites unités ont leurs propres média qui leur permettent
Voir Con!'éren<Je I,t ..J.p"lationa!d
.;::t'~2l_2 i-:i··~:"·t:). ·:-1-1 _:;é:~r'~~13i'l
1 9 ? 9 •
Op t <J •
C i t.
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.; 0
-
U.'1 E5_' 0 .
-
1 9
-
'
de s'exprimer et aussi de transmettre llinformation.
Mais clest là que réside le problème du plurialisme d'opi-
nion et
des mo~__d~i nformatio~.
En effet la classe dirigeante craint le débat
contradictoire qui ne peut
selon elle, que déboucher
sur le tribalisme et l 'ethnisme dans la mesure où la
nation Ivoirienne n'est ~u'en constr~ction, par consé-
quent il parait difficile pour la population de se
débarrasser de l'esprit tribaliste. Cela semble vrai à
première vue. Il est vrai aussi que pour l'heure, le
problème de classe sociale au sens léniniste ne se pose
pas (c'est-à-dire qu'il nly a de classe sociale que s'il
y a conscience de classe). Dans ces conditions la masse
non consciente de sa situation socio-économique, trans-
fert généralement ses problèmes sur d'autres plans,
notamment mystiques et transcendantaux- Elle ne peut
donc que s'attacher aux ethnies, clans, tribus à défaut
de cadre précis de conscientisation - Mais nous pensons
que la construction de la I~ation Ivoirienne passe nêces-
sairement aussi par la prise de conscience de la masse
d'appartenir à un même pays, à une seule nation. Et le
fait de négliger volontairement cette prise en charge dans
l 'inforarntion, constitue une désinfor,ation, une incommu-
nication, facteurs de sous-développement, par conséquent
facteurs aussi d'impérialisme culturel.
Pour rémédier à cette situation, la démocratisa-
tion des structures médiatiques slavère
donc nécessaire
et indispensable. Mais voyons ce que couvre la dimension
internationale.
3. Dimension internationale:
Selon Jadwiga Pastecka sur le droit de l'homme
à co mmu n i que r :
- 198 -
"ra?:~~''''->'lt;ion, 1u'~l!e soit qntr::? .........?:'Jiius ou en-
tre .....c::; ...J, co~ence par le dia~or~e" (72 bis).
Si aujourd'hui
on parle d'un nouvel ordre de l'information, clest Darce
que cette pensée qui est celle de l'UNESCO
n'est nas apo1iquée dans les
rapports internationaux. ~ais nous montrerons cette situation dans le
sous chapitre "relation entre ~ass nédia et impérial isme culturel".
Cette approche nous amène à d'abord présenter les mass média
en Côte d' Ivoire. Cependant l'::nalyse ne sera claire que si on connait
la situation économique de ce oays ; situation qui permettra de compren-
dre le ra~nort entre économie et mass média
car la dépendance économi-
que peut entraîner la dépendance en matière de communication, par consé-
quent
une domination culturelle.
B -
Situation écono~ique de la Côte d'lvoLre
L'économie Ivoirienne a les mêmes caractéristi~ues que celles
des autres ~ays en voie de dévelo~pement, c'est-à-dire
tournée vers 1,-
extérieur, en particulier vers les oays du centre.
Caractéristique de l'économie Ivoirienne
Au lendemain de l'indépendance du pays, les autorités politi-
ques ont choisi le mode de développement capitaliste par alliance de
classe avec la classe dominante occidentale:
choix sans équivoque de l'Occident
- choix d'industrialisation Dar substitution
- déve10ppenent ~'une infrastructure
le plus souvent en ina-
déquation avec les intérêts du pays. (Tourisme de luxe destiné aux mil-
lionnaires et milliardaires occidentaux, Hôtels SOMptueux inaccessibles
aux Ivoiriens, exceptée la classe diriqeanteJ.
:'c1ir ,··~J.S:.'II ; .\\f. F,":: ._~-:.-: ; '~. JED['L~.U et [A.'1204.=C:::-':- .': 'es "lUltina-
:::"1'!~: .',--. ,,'t "~J !t:.~~·e.11..'.:-'~-~'."-: ~:. ~·:,~td ~?n~1",::::-'1":'·2.JS -8: ~a _~_~"":t2 ~:':'-"oire.
PP.
; -
: 1.': •
~ " :. •
: - . ' ' • ...,.
1..; ......; .": ! ~ : -2 •
- 199 -
- Développement des produits d'exportation à partir de l'a-
griculture (qrandes plantations industrielles privées au détriment des
plantations de produits ivoiriens oouvant être consoMmés par la popula-
tion locale etc ... ).
Cette politique est la base même de la croissance et de 1,-
expansion économique du pays (de 1960 ~ 1970), et rour le quinquennat
(1970-1975) d'environ 7 ~.
A partir de cette politique de croissance économique, la
Côte d'Ivoire représente un espace éco~omique non moins néqli0eable et
intéressant pour les capitalistes occidentaux
et ~our le marché immé-
diat au moment de leur installation et pour la place privilégiée dans un
~arché en pleine expansion.
Un autre point non moins important semble ëtre le code des
investissements et les avanta0es rares sur cette planète accordés aux so-
ciétés occidentales privées.
C'est la loi n° 59-134 du 3 septe~bre 1959 qui ré-
git le code des investissements, c'est-à-dire une loi anté-
rieure ~ l'indépendance (1960).
Peuvent bénéficier des reglmes d'avantaqes consen-
tis par cette loi, toutes les entreprises créées à partir du
11 avril 1958
ou ayant entrepris des extensions après cette
date.
D'une manière fondamentale
ce code des investis-
sements prévoit deux tyres de régimes, mais il y a lieu de
signaler que dans le texte de loi, on CJnstate l'existence
d'un troisième régime fiscal de longue durée
et jusqu'à
présent
aucun investissement n'a bénéficié de ce régime
sans avoir souscrit à une convention d'établissement.
- 2')rJ
-
b/ ~~~-~~!c~eC!~~~_QC!2c!!~ic~~ sont défi-
nies en fonction du secteur. Ce sont :
-
Les entreprises
- de cultures d'exportation et industrielles
- industriel les de préparation et de transfor-
mation.
Mécaniques ou chimiques de productions végétales et
animales locales:
- immobilières
- de recherches pétrolières.
-
Les industries
- de production d'énergie
- minières
- de fabrication et de montage ces articles
et objets de ~randes conso~mation.
Le second groupe est fonction de l'importance
économique et sociale, en d'autres termes, celles qui
concourent à l'exécution de plans de dévelopoement suivant
le décret d'agrément et qui permettent la mise en valeur
du pays.
Ainsi donc
ces entreorises considérées comme
prioritaires
bénéficient de mesure
d'exonération ou
d'allègement fisul. Ces mesures sont
l'exonération quinquennale des impôts sur
les bénéfices industriels et commerciaux, sur les patentes,
les contributions foncières et h taxe des biens de main-morte.
1
t1
- 20'
-
c ) Ces avanta~es rares sur cette planète ne peu-
vent que favoriser l'impérialisme à travers les implanta-
tions d'unités de productions industrielles et de planta-
tions n'exportation. A ces avanta~es non nains négliqeables
il faut ajouter ceux, douaniers sous forme d'exonérations
des droits de douane fiscaux de transaction d'entrée sur:
- les matières oremières importées ~ui entrent
dans la con~osition des Dfoduits finis;
- les matériels de production inportés pendant la
création de l'usine. L'exonération couvre une
période de dix ans.
Si ces dis~ositions permettent aux capitaux du
monde occidental d'affluer en Côte d'Ivoire, elles ne
peu-
vent que favoriser une domination économique du ~ays, nar
conséf)uent 'Jn impérialisf'1e.
111.2. - Evolution de l'écononie Ivoirienne
Il s'agit ici
de partir de la donination économi-
que pour aboutir à 1 'imnérialisme culturel, c'est-à-dire
1
f'1ontrer que l'importance de l'aide et le choix de celui
qui
t
aide détermineront l' inoérial isme culturel. Ainsi allons-
nous partir de la situation économique du pays.
1
J
La situation économique actuelle se ressource dans
t1
l'histoire coloniale. De l'économie de subsistance 1 iée aux
1
sociétés traditionnelles, la colonisation va introduire
un
nouveau ty~e de production et de rapport de production. ~in
1
si peut-on définir les trois étapes par les~uelles l'écono-
!
mie Ivoirienne est oassée.
~f
- La prer.1ière commence avec l' incorooration de 1'-
- 202 -
économie Ivoirienne dans les rapports écononi~ues interna-
tionaux. Aussi la production est-elle organisée en fonction
des marchés extérieurs suivant le modèle d'éconoMie orimaire
extravertie (basée sur l'exportation) : le café, le cacao,
l'ananas et la banane, sans nélJliger le bois 'lui constitue
lui-aussi un produit iMDortant d'exportation. Un tel système
productif ne favorise quère l'amorce d'un processus d'indus-
trialisation tourné vers le marché intérieur. ~" va donc as-
sister ~ une croissance pour la période 1950-1960 de 19,5 ~
l'an (selon les sources de SEDES) et de 7-8 ~ nar an
Dour
Samir AMin.
Les facteurs qui déterminent l'expansion de l'éco-
nOMie des ~lantations sont
- la disponibilité en terre
- la disponibilité en main-d'oeuvre
- la possibil ité de nourrir cette main-d'oeuvre
avec les produits naturels (racines etc ... ~
- l'existence d'un marché extérieur.
La seconde étaoe se situe après l' indérendance ca-
ractérisée par l'apoarition des activités destinées au Mar-
ché intérieur.
C'est l'avènement de certaines industries, le mo-
dèle d'économie extravertie qui ne sera plus l'unique Modèle
de référence en Côte d'Ivoire.
Le passaae de la seconde à la trois~~-e éta~e est
Marqué par la réduction des avantages favorisant les indus-
tries de substitution et des mesures tendant à oriviléQier
les industries d'exoortation.
Dans la troisième étape, on peut souli~ner deux
- 203 -
éléments importants ~ui apparaissent dans la straté~ie de
développeMent.
- Participation :voirienne dans le secteur secon-
daire.
- CofinanceMent des investissements industriels
par des investissements privés, généralement étrangers.
Après avoir situé la structure écononi~ue du payst
il y a lieu d'aborder ~aintenant le fonctionnement à partir
des aides de toutes oriqines et natures (reMboursables et
non remboursables)t la répartition des caoitaux sociaux t les
investissements directs et rapatriement des bénéfices. Ces
paranètres nous montrerons si oui ou non, il y a do~ination
et impérialisme.
f1
1
J
1
1
1
- 20 4 -
111.1. - Fonctionnement de l'Economie Ivoirienne
1 - Evolution des exportations Ivoiriennes par pays
clients (en milliards de Francs CFA)
Tableau
1
i
!
1
PAYS
1960
1964
1968
1972
1974
1976
1977
1
1
i France ....................
19,6
26,7 . 36,2
40,6
76, 1
99, ,
1'35,9
1
1
.
Etats-Unis ................
!l,6
14,9
15,8
19,4
20,6
41,0 1 62,0
Algérie ·..................
3,3
3, 1
1,2
1,0
3,6
3, 1 1 1,4
1
i
1
Pays-Bas ..................
2,3
5,9
1U,0
10,4
45,1
51,4
79,U
1
Ita lie ....................
1,6
5,0
B,7
14,9
2/,6
j6,3
45,2
Allemagne Fédérale ........
1,4
5,4
9,1
15,1
2/,1
28,5
28,1l
!
Sénégal ·..................
1,0
1,0
2, 1
3, 1
7,6
6,6
7, C
i Belgique- Luxembourg
......
0,4
1,5
2,1
3,1
7,6
6,6 1
7, (
1
;
1
1
Royaume-Uni (G.B.) ........
U,3
2,3
3,l
3,~
8,b
15,6
19, f
Espagne ·..................
-
-
-
4,8
10,b
18,5
30,~
1
Japon .....................
-
-
2,j
-
2,~
10,2 1 14,<
Mali ......................
-
-
-
2,3
7,7
8,4
ll,
Haute-Volta ...............
-
-
-
l,4
6,3
8,1
11 ,
(Burk i na Faso)
Grèce 1 ••••••••••••••••••••
-
-
-
1,1
2,0
4,2 . 6,
1
1
Maroc .....................
-
-
-
1,4
4,0
4,3
4,
Yougoslavie ...............
-
-
-
O,b
4,2
3,3
5,
1
U.R.S.S. ..................
-
-
-
1,5
6,0
3,4
5,
1
Source
"4inistère dij Plan de la 'ôte d 1 I v0 i re .
- 205 -
Ce tableau nous montre que sept pays occidentaux ont dominé
les exportations Ivoiriennes. Ce sont:
la France, les Etats-
Unis, les Pays-Bas, l'Italie, l'Allemagne, la Belgique,
le
Luxembourg et le Royaume-Uni
(G.B.J et ce, pendant les huit
premières années de l'indépendance. Mais la France vient en
tête en dix-sept ans. Ce qui signifie que la Côte d' Ivoire
dépend de la France pour son exportation et grosso modo des
autres pays occidentaux. Les pays de l'Europe de l'Est sont
au nombre de deux. Ce sont~la Yougoslavie et 1 'U.R.S.S. Ces
pays ont bénéficié des exportations Ivoiriennes très tard,
c'est-à-dire douze années après l'indépendance. En 1977
ils
totalisaient à eux deux 11,1 milliards de francs CFA. Ce
pou r c e nt age est i nsig nif i a nt de van t 1es pays 0 cci den tau x qu i
eux tota11sent : 377,1 milliards de francs pour la même pé-
ri ode.
1
r
f
f
- 2Q0
3.1. - Evolution des importations Ivoiriennes par pays four-
nisseurs (en milliards de francs CFA).
Tableau 2
,
PAYS
1960
1964 ! 1968
1976
1977
1
1
1972
1974 1
1
1
!
France
20,4
3/,1
38,9 ! 53,9
90,1
111 ,6
169,2
,
i
Sénégal
!
2,5
1,5
1, 8 ~
2,2
4,3
4,5
4,8
1
1 - - - - - -
------ ----y----- -".._---~-_._-
,
,
1
Allemagne Fédérale
1,2
2,6 i
5, 7 i
7,9
14,8
22,0
31,7
1
Etats-Unis
1,°
5,7
4,7
7,0
15,9
23,2
32,7
1
Royaume-Uni (G.B.)
0,6
1,°
1,°
2,3
5,0
9,7
12,9
Pays-Bas
0,6
0,9
\\
3,5 1
5,2
7,7
12,4
18,0
Italie
0,4
1,2
1
3,7 !
6,1
10,3
10,4
14,5
Japon
-
0,3
1,3 i
3,2
8,2
15,8
22,1
i
Nigéria
-
-
- t
3,3
11 ,4
8,0
16,2
,
!
!
Algérie
0,4
0,7
3,4 ;
0,9
1,3
0,8
21,0
Irak
-
-
-
2,7
14, 1
3,1
8,90
1
~elgique-Luxembourg
0,3
1, j !
1,9
3,0
7, 1
7, 1
8,7
1
1
Espagne
-
-
-
0,9
1,6
5,3
9,0
Iran
-
-
-
-
3,5
12,~
5,1
Taîwan
-
-
-
1,6
9,9
4,9
6,5
- , - ' -
- --- ----------
+-------- ,-,~--~
1
U.R.S.S.
-
-
-
0,4
3,4
3,6
2,1
Cameroun
-
-
-
0,7
1,2
3, 1
2,0
i
Suisse
-
- ! -
0,9
1,8
2,8
7,3
1
Gabon
-
-
0,7 1
0,5
0,5
2,4
0,7
- 207 .
Au niveau de l'importatlon, la position Française est ex-
trêmement confortable.
En 1960
elle représentait 20,4 milliards contre
4,6 milliards de francs pour l'ensemble des Days occiden-
taux.
En 1977 elle représente: 169,2 milliards contre
127,53 milliards, ce qui représente
pour 1 'ensenble des
pays occidentaux: 296,73 milliards contre 2,1 ~illiards
pour l'URSS et 14,7 milliards pour les quatre pays d'Afri-
que Noire (Nigéria, Gabon, Cameroun, Sénéqal).
On peut encore affirmer que l'occident et à sa
tête la France, domine les importations Ivoiriennes.
111.2.
Au niveau du tourisme
pour l'année 1976
- - - - - - - - - ' - - - - - - - - - - -
(par national ité).
Tableau 3 :
1- Français
51.530
42,2 0/
2- Américains
.
/ . 743
6 , 3 ~'~
3- Ma 1 i en s ••••••••••••••••••••••
5.461
4,5 %
4 - 1 ta 1 i en s
.
5.440
4,5 "f,
5- Sénéga 1ais
.
3.724
3,1 %
6- Allemands •...................
3.723
3, 1 %
7- Bén i no i s •....................
3.036
3,0 %
8- Anglais ..•...................
J. 411
2,8 %
9- Voltaique (Burkinabè;
.
3. 202
2, 6 o~
10- Togo 1ais
.
2.902
2,4 %
Dans ce domaine
l'occident vient en tête avec
58,9 ~ et dans ce taux
la France représente à elle seule
1
fi
- 208 -
42,20 %. Cette dernière conserve une position do~inante.
Quant aux Africains, ils représentent 15,6 ~ de touristes.
Mais pour mieux cerner le phénomène, il y a lieu de nous
interroger sur les motivations.
111.3. - Motivations des touristes en 1976
Tableau
4 :
Motivations
1974
1975
1976
Evolution 1975/1976
Affaires
36.986
49.219
54.263
+ 10,2 ~
Vacances
38.580
40.353
43.591
+
8,5 >10
Famille
9.791
10.105
12.877
+ 27,4 Jf0
Conférences
4.461
5.946
7.779
+ 30,8 "1,
1
Autres motifs
8.046
3.311
3.J36
+ 66,8 >1:0
l:
f
Ce tableau nous ~ontre trois élé~ents oui ~otiven:
les touristes.
1
En premier lieu il va les affaire$.
Ce qui si-
1
gnifie que les Français sont très actifs dans le rlo~aine des
affeires
;
ils s'intéressent
à
l'éconoaie
du
pays.
1
En second 1 i eu :
les vacances.
En troisiè.e lieu
la famille • A ce
niveau il y a
deux cas.
Présence ~assive des coopérants
Présence massive des hommes d'aff3ires et com-
me r çan t s é t ab 1i sen Côte d 1 1v0 ire.
-
201) -
En quatrième
1ieu ; les <.onférerces. Ce qui signifie
encore que les occidentaux sont très intéressés parles acti-
vités
culturelles
dans
le
pays,
activités qu'ils
contrôle d'ailleurs.
En effet, nous constatons que le tourisme d'affai-
res lié au développement économlque du pays dans son ensem-
ble, croit plus rapidement que le tourisme de loisirs, ce
qui implique aussi la volonté pour les occidentaux de mai-
triser les circuits économiques de ce pays. Cela n'est ~uè
re surprenant
car la classe dirigeante a choisi l 'occident,
ce qui suppose des liens étroits dans tous les secteurs d'-
activitésdu pays avec cet occident.
Dans le domaine touristique donc, on remarque une
absence des autres pays Européens à régime non capitaliste,
cela ne fait que corroborer non seulement le choix de l'oc-
cident, mais surtout
la volonté de l'impérialisme occi-
dental qui considère comme chasse-~ardée
la Côte d' Ivoire
dans le procès du partage du Tiers-Monde en zones d'influ-
ence. Alnsi tout ressortlssant de pays développé n'ignore
plus quels pays d'Afrique qui il doit visiter, où investir
et ou exporter ou importer. Ces tableaux montrent
par con-
séquent
la justesse de la définition léniniste de l' impé-
rialisme qui, après avoir atteint un stade monopoliste, se
partage le monde, dans notre cas, se partage les pays afri-
cains suivant l'option idéologique ou modèle de développe-
ment - (économie libérale ou économie centralisée).
Mais examinons à présent la répartition des aides financiè-
res. Le volume d'aides remboursables et non remboursables
nous permettra d'avoir un aperçu sur la domination économi-
que et l'aliénation, en d'autres termes
sur l'impérialisme
des pays dont ~es aides sont dominantes.
-
L1 C
1
11I.4. - Répartition des aides financières (1960-1974)
(Conventions signées en mill ions de francs CFA).
Le tableau suivant nous montre une fois de plus
l'absence des pays de l'Europe de l'Est dans les aides.
Les aides non remboursables proviennent unique-
ment des organismes des pays du Marché co~mun, par consé-
quent des pays occidentaux d';.:. ~"_:'~.
~~y"".H'
Jo
"
'H~7iIIi<'-"rl;"'::""»+f"tW1f:*'è'
'lv.t>"'';;:<''oI''i,~kii~i.tiêi.''~''''''''''~
Tableau
5
REPARTITION DES AIDES FINANCIERES (1~60-1974)
(conventions signées en millions de francs CFA)
Sources du Ministère du Plan.
Aide non remboursable
FAC
4. 185
77
_l_·085 J-- 1.~Oi5G-~J~-
80
5.~6_1! --~~~j_l.1
universite
2.895
_1_0~T-l-~91I--~----I--46-2-+--2~79t)
1)- .-;
1 .1 . D.
____
15.B15 _+
J.5L
--- -
-
- -
1
375
1.9!:l6 .
l~u_t_r~e~~A~C.:....~.I. P.A.M),
1
1
1
- t - -
--
1
1
1 ---------t-----
__ 20.000
229
'. Aide remboursable
F.LD.
~75
1
5.269
F.A.C.
ê.332
257
e40
C.C.G.E.
3.369
9.595
1
2.689
4.717
1
Emprunts oblige France
2.U40
1.460
4.50U
1
Ita lie
11 .341
9b9
19.970
U.S.A.
418
1.390
8.UOO
1
426
Allemagne
2.793
125
B.I.R.D.
13.165
b.OOO
1
Autres prêts
10.U37
125
otal aide remboursable
1
!l0. 084
14.918
- -
TOTAL
GENERAL
1 56.279
18.689
4.3/3
8.422
23/.1 a
1UO
EN % OU TOTAL
29,88
5,50
23,74
7,88
14,25
6,35
7,00
1,85
3,55
100
N
l''~:>~~~-'~
~"'7"""~~~~""T"""'~__ ~'
1
~I!"_A.
,_
- 212 -
Oans ce secteur
la France domine
FAC
6,49 ~
Université
1,22 "..
F.E.O.
12,23 "'"
ACOI, PAM
1 , 19 ~
Soit un total de 21,13 %.
Le classement par ordre d'importance est le suivant:
III. 5.1. - L'agriculture et l'industrie agr;cole. Cet-
te activité intervient pour 20 milliards de francs CFA. Ce-
pendant ces chiffres méritent des explications: ce secteur
concerne: les produits d'exportation lcafé, cacao, huile
de palme, le caoutchouc, l'ananas, la banane). Il s'agit en
fait des pro~uits nécessaires qui ne peuvent être développés
en Europe, et dans le procès de la division internationale
du travail, ces produits sont complémentaires. Autrement di~
il existe une dépendance de ces produits a l'égard de l'oc-
cident, en particulier de la France.
III. 5.2. - L'éducation et formation. Cette activité
névralgique intervient aussi pour 12,908 milliards de francs
CFA.
En effet
l'éducation et la culture sont les
moyens par lesquels la domination se perpétue
car elles im-
prègnent, acculturent et aliènent l'individu. Elles sont é-
galement des moyens qui lient l'aidant et l'aidé a partlr du
matériel pédagogique et le contenu des programmes, en un mot
le logiciel. L'aide est octroyée sans remboursement pour des
investissements dans des domaines précis de l'éducation. Oès
lors elles sont orientées. Nous 1 lavons vu pour l'enseigne-
ment télévisuel décrié par les enseignants Ivoiriens mais
- 2 13 -
maintenu mordicus pendant dix ans par la classe dirigeante.
Cette aide concerne également les manuels scolaires et les
matériels de laboratoire. Ce qui signifie qu'on impose d'-
une manière subtile des goûts permettant de façonner les
esprits, par conséquent d'orienter le pays vers des abjec-
tif s qu' 0 n lui a s sig ne rai t d' une i:l a ni ère s ubt i 1e .
L'industrie agricole qui touche les paysans repré-
sentant environ 80 % de la population, l'éducation et la
formation sont des secteurs priorit3ires et il est "~r~dl
que la France y lnvestisse (en concédant d'ènormes sacrifi-
ces) pour maintenir le pays sous sa dépendance.
3.5. - Aides re~boursables
L'analyse du tableau nous amène à affirmer que
toutes les aides proviennent des organismes contrôlés par
l'occident. En examinant ces aides
on se rend encore compte
qu'elles sont accordées par les pays occidentaux d'une ma-
nière bilatérale: France, Ital ie, USA, Allemagne Fédérale.
Mais ici se trouve une particularité. Contrairement à l'ai-
de non remboursable axée sur l'industrie agricole, l'éduca-
tion et la formation, l'aide remboursable quant à elle
donne la priorité ~ l'agriculture et à l'industrie agricole
bien sûr, mais aussi au transport avec SO,U84 milliards de
francs, l'EECI (Energie Electrique de Côte d'Ivolre) avec
33,791 milliards de francs; 14,521 milliards de francs
pour le logement et l'urbanisation; 14,918 milliards de
francs pour l'équipement public, l'éducation et la formation
étant reléguées au dernier plan. Ces statistiques montrent
que l'occident s'intéresse
plutôt à l'industrialisation et
l'équipement de la Côte d'Ivoire. D'abord parce que le sec-
teur industriel est hautement rentable pour les capitaux
étrangers, ensuite
l'éducation et la formation sont domi-
nées par la France qui est un pays de l'occident, par consé-
-----._._._---- ----_.'_ .. _--_.,,_.
-
'+
,-,<--~'-,;';'
..",,~
EVOLUTION DE L'AIDE REMHOURSAHLE
'l'..ili1<.llU
6
(en mlllions de francs CFA)
----- _.... --_._.-
, -
Sources
1693
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970
1971 1
1972
1973
1974
1975
TOTAL
1
------~-~----
1
f . A · C •
400
67
2.100
650
13L
50
-
-
j.548
\\
1
147 1
.- _. . _-,,--
------------- i
1---:1
c . r • G• E •
i 1. 414 1 2. 156 2. Y40
1. 101
1.944
4.963
325
2.713
3.950
4.094
4.355
6.700
7.381
51.107
,
---
---
------- ------ -- -T
-->----
l :III! 'unts obl igatolres (Fra)! 1.500
1.725
1.650
1.500
2.000
-
1.200
14.575
1) • ~
·····--l~.O18
- - - - - - - - - '-
- - - - -_._- >----
· fI..
1.613
1.415
68
6.400
1.500
639
5.1UO
140
-
411
19.304
- - -
.-..
-
-------- _.,--_. >- ---
e - - - - - ---~-
-
--
-
-~ .._-----
1 Li 1 i t:
13.U42
1.605
2.124
4.590
1.400
11. 000
-
-
33.761
_._-
........ _-_.
. _ . _ _ _ _ ,
0 ' - ' .
_ _ .• ~ _ _ _ _ _ _ _ •
_ _ _ _
•
- - - -......_ - -
Al l emagne
1
2.000
2. 151
1.070
965
990
3.230
-
10. 142
----
._---
_. _ ... -
-----_.._-_. - ~----- _._---- ~._--_.
-_.
.-
----
1
Aut res
(22
2.778
147
1.612
1.46/
4.791
4.171
7.568
1.390
24.146
1
1
1
!"-----
--
~
. _ - -"'--'---'-'-'.
F.E · F •
---------1
1.669
899
764
275
3.820
2.065
-
~.492
----~----
\\~ . 1 .R.O.
1
50
1.550
4.220
5.127
7.479
4.375
3.620
6.624 23.370
6z.415
_.•. - - .~-
'--
-·-------f
fatal
l6.932
4.016
6.352
2.101
3./50 34.640
7.196
1/.435
21 .425
26. 187 39.752 39.752 226.760
_ _ _ _ _ _ ' -_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ .. _ _ L
_ _ _ _ _ _ _
n
:1
- 21 5
quent il n'y a plus rien à prouver de ce côté, la Côte d'-
lvoire étant acquise à la cause de l'occident.
L'aide' même remboursable
constltue une domina-
tion de ce1ul qUl est aidé. En effet
l'aide suopose un pro-
gramme de réalisation présenté à l'aidant, lequel l'examine,
le corrige au besoin avant d'octroyer l'aide. Ce qUl signi-
fie que le pro]ramme est favorable ou rentable pour l'aidant
d'abord et ensuite oour l'aidé. C'est ce lUl constitue la
domination, l'aliénation et l'acculturation qUl ne sont au-
tres que des éléments constitutifs de 1 'i~oéria1isme écono-
mlque et culturel. Nous ne voulons pas insinuer que l'aide,
quelle que soit sa forme est nécessaire dans la mesure
où
elle permet au pays de se développer, mais ce développement
engendre un impérialisme. La loi est donc simple: Pour sur-
vivre et se développer, il faut subir la domination des dé-
veloppés, dans le cas contraire, c'est le sous-développement
chronique.
Mais il y a aussi un autre danger, c'est celui qui
consiste à rapatrier les bénéfices en occident aorès inves-
tissement, or ces bénéfices réinvestis auraient permis un
développement rapide du pays.
- 216 -
111.6. - Investissements directs et rapatriement
des bénéfices (milliards de francs CFA)
Tableau 7
Investissements
Année
Revenus nets de 1 'investisse-
directs
nets
ment direct
rapatriés
1967
1,6
7,3
1968
3,0
7,5
1969
3,3
8,0
1970
3,5
8,4
1971
4,4
11 ,5
1972
4,7
10,5
1973
11 , 3
17,3
1974
7,9
17,0
Total
44,7
87,5
Le tableau nous montre qu'en huit ans, les inves-
tisse~ents étrangers directs nets sont de 44,7 milliards de
francs CFA et les revenus nets de l'investissement direct
ranatriés sont évalués à 87,5 ~i11 iards dans la même pério-
de. Ces bénéfices nets renrésentent pratiquement le double
des investissements. Autrement dit, il Y a dans le pays
création de richesse, ~ais cette richesse ne profite guère
au pays dans la ~esure ~~, nc~ seulement les bénéfices sont
doublés, le réinvestissement je ces bénéfices aurait permis
un ~éveloDPement,
mais ils SJnt rapatriés.
Il y a là
une
: .1 r- 3 C ': e ri s t i que
:J d r' t i CJ ~ i è .... e
3: e r t a i nspa v s en Val e rj e dé -
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- 217 -
ve10ppement où des investissements quantitatifs fleurissent,
mais où également le sous-développement persiste. C'est ce
cas que Samir Amin a étudié en 1967 à propos de la Côte d'-
Ivoire. Il y a donc crOlssance sans développement, mais il
faut nuancer.
Il j
a un développement lent
car les nationaux
ne bénéficient pas réellement de la croissance. C'est une
domination économique où les investissements ont pour but,
non pas de permettre au pays de se développer, mais de
créer des ricnesses et les bénéfices 3.ussi~ô: rapatriés.
C'est donc un impérial isme dont le but est de ~aintenir le
pays dans une situation de dépendance et de donination éco-
nomique.
A partir de cette étude économique sommaire, on
peut aisément aborder l'aspect culturel de cet impérialisme
en Côte d'Ivoire.
IIL7. - SITUJ'.Trœi Cl:LT'JRELLE nE LA COTE D'IVOIRE
Au risque de nous répéter, nous avons affirmé que
le développement est une total ité , de ce fait
il est éco-
nomique, social, culturel, informationnel. Il y a donc une
1
interdépendance car le développement économique par exemple
~
entraîne le développement culturel.
j
En effet
si un pays se développe, il est clair
que
théoriquement ce développement reja;sse sur le cultu-
rel
(construction des établissements scolaires, équipement
des laboratoires de recherche, formation des formateurs
etc ... ).
Sur le plan social
(construction des hôpitaux, de
dispensaires, des centres de santé, de ~édic~~ents ... ).
Sur le J 13. n i n for 'i] t 1 0 nne 1, (j e v e ':; ::' ::' er11 e n t des
- ~18 -
mass média de plus en plus performants, le taux de récep-
teurs radio et télévision élevé.) En d'autres termes tout
ce qui permet d'informer adéquatement la masse est mis en
jeu.
Mais nous venons de voir le dysfonctionnement de
l'économie Ivoirienne
sous l'emprise de l'extérieur
où
1
les capitaux sont quantitativement investis et les bénéfl-
ces intégra1e~ent rapatriés. Ce qui signifie que ces eff~ts
1
économiques négatifs vont rejair
sur
le
culturel dans
le procès de l'interdépendance entre l'économique et le
culturel. L'examen des tableaux suivants nous aidera à ~ieux
cerner la situation.
1
1
111.8. - Les mass média
j
1
Nous avons montré l'aspect communication des mass
média, l'idéologie véhiculée, l'impact du message sur la
population urbaine et rurale. Il importe donc de parler ici
de 11 importation des programmes étrangers, en particu1 ier
de la France; programmes qui sont soit gratuit,g, soit ache-
tés ou loués. Nous avons volontairement choisi deux pays
qui, nous semb1e-t-il, dépendent beaucoup plus de la France
que les autres
bien que le niveau de vie y soit élevé. Il
s'agit de la Côte d'Ivoire et du Gabon. Ce choix s l exp1ique-
on pourrait penser que
plus un pays se développe. moins
1 ' i!Tl Pé ria 1 i sm e sie xe r ces url u i, 0 r ici
plu s 1e spa ys te n-
tent de se développer et plus l'impérialisme s'accroit -
c'est dire que ce processus semble irréversible dans la
voie choisie, plutôt le type de développement choisi
et
les tableaux suivants le prouvent bien.
'lablœu ,~
Importation des programmes étrangers (Françals) dans trois pays africains
Du 31/12/1977 au 31/05/1978
r
1 . - - - -
- - -
Noml:>re
T.D.
i
Pays
1
d' heures
Do~umen-
D~ama-
Emission~
1
T.G.
1 Variétés
1
1
1
1
1
talres
tlques
pour la Jeu-
1
nesse
Côte dlIvoirel
110h 15
54h 06
1
56h 09
22h 46
58h 50 t 28h 30
'~:rk i-n-d--~-:-sol--b-2-h-2-9--+-1 ---- ;
-
1
62h 29
8h 41
10h 16
41h 10
'2h 14
ToeJO
169h 57
35h 28
1
134h 28
25h 36
59h 36
75h 23
9h 1b
Exemple de programmation hebdomadaire: Côte d'Ivoiret Gabon.
Répartition de la production locale et étrangère en nombre de minutes.
N
~
-.0
Pays
Semaine
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Cote d'Ivo
Loc.
Et.
Loc.
Et.
Loc.
Et.
Loc.
Et.
Loc.
Et.
Loc.
Et.
120 r
9~ 1
L 16 1 105 1
85'
150'
218 1
77'
218 1
97 1
280· ~85'
- - - - - - - - - - ---------_. -
.-- 1
--
Gabon
(Hadlodiff
US'
150'
113 '
117 '
15u'
l~O'
325'
13~1
184 ' ~08'
305' 345'
TèlèViSl~n1
GabonalSe).
- - - - - - - - - -
Source:
Institut national de l'audio-visuel
(INA)t Paris.
T.D.
: à titre onéreux
T.G.
: à titre gratuit.
""""';"l'W>~-_,.",
,,-;;:.-l\\''f?,",,~!'t~~>W~~~:~.'!!'J~~l!l',''''''C;;M'!',J4
4 J .
JM,
•
_
- 220 -
Ces chiffres confirment blen que certaines télé-
visions sont obligées de recourir ~ des programmes gratuits
compte tenu de leurs faibles moyens financiers.
Le second tableau donne le total suivant
1) Côte d'Ivoire
Production locale: 1 J21 minutes
Production étrangère: 804 minutes.
Gabon
Production locale: 1 462 minutes
Production étrangère : ~ 075 minutes.
La domination culturelle, 1 'acculturatlon et cet-
te relation de dépendance sont d'autant plus graves que le
télésoectateur ne voit
des heures durant de grande écoute
que des programmes importés. Ces programmes sont en majori-
té composés de feuilletons, de longs métrages, de dramati-
ques et secondairement de documentaires, de variétés et
émissions des jeunes.
Cette situation peut s'expliquer: - d'une part,
par l'inexistence totale de la production locale dans ces
domaines, d'autre part, les responsables des programmes
pensent satisfaire leur public en diffusant des émissions
d'une bonne qualité au niveau technique
surtout que ces
émissions sont gratuites - ce qui évite des réalisations
locales trop coûteuses et qui rlsqueraient d'ëtre techni-
quement médiocres.
Cette politique
mëme si elle coûte moins chère
aux pays en voie de développement, elle impl ique un impé-
- 7.21 -
rialisme culturel. O'abord il y a impossibil1té de faire
un choix dans la mesure où on ne choisit jamais
ne serait-
ce que par convenance sociale
le cadeau qu'on désire. En-
suite
les propositions d'envoie des émissions ne mention-
nent généralement ~ue les titres avec un résumé succinct
du contenu. Ainsi arrive-t-on parfois à cette aberration où
des émissions sont diffusées sans avoir au préalable été
visionnées à l'avance. On se trouve dans ces conditions de-
vant une interruDtiGn ~r'Jtale de ces ~missions et "exDl i-
cation fournie est tout simplement: "incident technique".
On peut dès lors avancer ~ue les offres gratuites aliènent,
acculturent et entraîne une domination culturelle. par con-
séquent un impérialisme culturel.
Plus le pays se développe (le niveau de vie aug-
mente) et plus les besoins croissent et plus l'impérialisme
s'exerce sur lui.
L'éducation
L'éducation
nous semble-t-il, constitue aussi un
point cardinal de 11 i01périal isme cul turel. AUSS1 cet impé-
rialisme y met-il les moyens nécessaires pour son épanouis-
sement.
Nous avons déjà montré le processus de l'accultu-
ration. de l'aliénation et la domination culturelle. Le
logiciel de tout ceci est l'éducation scolaire et universi-
taire
car c'est par elle que les modèles sont intériori-
sés. Les pays développés ont d'ailleurs compris cette né-
cessité
et 11 semble normal que le taux de coopérants en
cette mat1ère soit plus élevé que dans les autres secteurs.
Nous avons j~ dans les précédents tajleaux qu'au
lendemain de l'indé:endance (1~62 i, l'aide technique fran~aise
- 222 -
représentait 650 non-enseignants contre 640 enseignants.
Dix années plus tard en 1972, on enregistrait une régres-
sion des non-enseignants: 615 contre une augmentation ver-
tigineuse du nombre d'enseignants: 2.462, soit une augmen-
tation de 1.822 Assistants techniques pendant la période
considérée. ~ le
~ableau
de la page suivante nous le mon-
trera).
Le second tableau qUl ne concerne que l'enseiqne-
~ent secondalre géneral, présente un accroissement jusqu'en
1972-1973, soit 1.479. A partir de cette année
il y a dé-
croissance. Cette situatlon est due au fait que l'Ecole
Normale Supérieure a commencé à fonctionner véritablement
~grande école de formation de niveau universitaire).
EVOLUTION DE L'ASSISTANCE TECHNIQUE
Tableau
10
Effectifs des personnels de coop.
1962
1963
1964
1~65
196b
1967
1908
1969
1970
1Y71
197(
19/3
1Y74
1975
Aide technique francaise
-
(! n sei Cj n ,1 n t s
640
757
tU6
994
999 1.144 1.489 1. 737 1. 9()', 1. 99~ i:'.46?~1:'.530 1:'.569 2.564
- non-enseignants
650
604
'J/5
598
5r)Q
571
613
515
SUI
565
615
659
609
596
-------_..
-_.-..
N
_-~."
- - - - - - - " - -
--
N
Total
1. 2~O 1.361 1.411 1.592 1.519 1.715 2.102 2.252 20416roS60 3.077 3.189 3.178 3.160
W
--
-_._-------
--- - -
...- - - - - . - - - - - - - -
- 224 -
ENSEIGNEMENT SECONDAIRE GENERAL
PERSONNELS DANS LES ETABLISSEMENTS PUBLICS (ENSEIGNANTS ET DIRECTIONS)
Tableau
11
Années
Nombre
Agents
Belges Al-
scolaires
étable
C.N.
A.T.F.
temporaire< lemands
TOTAUX
étrangers
~ricains
1967 -68
:
65
89
731
131
1
6~
1.U16 i 0,75
(cr
)
1968-69
68
112
855
162
92
1.231
!
1969-70
68
248
972
242
121
1.583
1
1
1971-72
71
353
1. 197
358
125
2.017
1972-73
73
500
1.479
617
87
2.683
!
1
1973-74
75
743
1.446
800
97
3.086
!~
1974-75
7Y
930
1.358
889
77
3.254
~1
1975-76
!
(Sans EPS
83
755
1.352
810
49
3.026
Sans EPS 1
1Y76-77
84
1.046
1. 310
30H
56
3.220
I l ;
J
197/-78
97
1.3U3
1.327
759
47
3.4J6
"
f
1978-79
106
1.644
1.346
798
19
3.8U7
"
1
197Y-80
114
1.898
1. 355
1. U09
38
4.300
"
!
1
i1.
1Y80-81
114
2.290
1.385
1.216
40
4.931
"
ii'
t
t
1981-82
116
2.954
1.263
1. 158
15
5.390
"
fi
1982-83
116
3.3U6
..
1.206
1.040
15
5.573
J
l
1983-84
11 7
3.930
1. 160
950
15
6.057
Il
l'
,
1'j84-85
118
4.393
999
306
15
6.213
70,70 ~ (Ci
1985-86
118
5.69~
781
714
20
7.208179
~
1
1986-87
'18
6.517
693
702
,
20
7.932 1 8~, 16 ~
1
1
!
!
1
i
i
f
~
f
ï~i1t
- 225 ..
Les besoins en enseignants locaux ont été satis-
faits. D'abord dans les disciplines littéraires (langues au-
tres que le Français). Par contre en Français il
y a toujours
un déficit. C'est que nombreux sont les étudiants Ivoiriens
~ui ont fréquenté les Instituts et Universités du Ghana et
du Libéria
pays frontaliers. C'est-à-dire des Ivoiriens
ayant échappé au contrôle des autorités et à celui de l'an-
cienne pUlssance coloniale.
Ainsi de 1967 à 1987
le nombre de cadres locaux
ne cesse d'augmenter: 89 contre 6.517 en vingt ans. Les au-
tres enseignants des pays développés: Belqes, Allemands et
Américains représentaient en 1967-1968
un effectif de 67 ;
en 1971 : 125 et a décru en 1987, ne représentant plus que
20. Notre explication demeure car
à part les Belges qui
sont recrutés en Sciences Mathématique et Physique, les Alle-
mands et Américains enseignent leurs langues.
Au niveau de l'enseignement technique secondaire,
blen qu'il y ait autant de cadres locaux que de coopérants,
nous avons une fois de plus d'un côté en lettres les Ivoi-
riens et de l'autre en sciences les Assistants techniques.
Mais curieusement
c'est en sciences (mathématiques et phy-
sique) qu'il yale moins de Professeurs nationaux à l'Ecole
Normale Supérieure:
- 2 Ivoiriens en Mathématiques
- 1 Ivoirien en Physique.
Par contre en lettres, tous les départements sont presqu'-
[voirisés.
- 226
.
S~a.lioYl a.u 15 ja.m:i..eJt 116)
UJSEIG.'JMJTS ETABLfSSE.'.IE'JTS PUBLICS
SECONVAIRE TfCHMIQUE - OISCIPLINES PRINCIPALES
Tableau
12
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JO Avril 1985
ENSEIGNEMENT SECONDAIRE GENERAL
ASSISTANCE TECHNIQUE FRANCAISE
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Tableau
13
DISCIPLI~lES
1984/85
Départs:En poste
Recrute
1985/86
1985
:Sept 85
:ment 85
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.
.
.
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Mathématiques
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121
418
69
487
Sciences Physiques
266
67
199
17
216
Maths/Sciences Physiques
87
21
66
7
73
Sciences Naturelles
26
22
4
4
Lettres
65
53
12
~ 2
Environnement
6
4
2
2
Chefs d'établissements
2
2
2
Censeurs/Sous-Directeurs
4
3
3
Hors établissements (personnels
rattachés à l'enseignement
secondai re)
57
16
41
.
41
:(dont 23
: pédagogue')
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.
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.
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1.228
1.052
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747
93
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Déflation 1984
177
- 223 -
C'est donc par les sciences que la C6te 11 :voire est sur-
tout dominé~ - domination qui s'étend aux autres secteurs d'-
activités lindustries, technologies des mass média et des
télécommunications etc.), ce qui entraîne par conséquent un
impériallsme culturel.
Par ailleurs, concernant les autres tableaux, nous
les insérons entre ces pages sans toutefois les commenter,
permettant ainsi au lecteur d'apprécier lui-mème.
1
1
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Tableau
14
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15
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- 233·
IV -
Coût financier
Le tableau suivant montre bien 1 'imoortance de
l'aide Francaise dans l'éducation nationale Ivoirienne.
En effet
le système éducatif est financé en par-
tie par - le PNUDjUNESCO - le FED - autres aides bilatéra-
les et - la France. Parmi ces quatre sources de financemen~
la France à elle seule
intervient pour 2,600.322 mi11 iards
de francs contre 1,073.030 milliards pour l'ensemble des
autres aides en 1971. Et quatre années plus tard
en 1975,
l'intervention Francaise est de
3,775.~01 mil-
liards contre 1,321.494 milliards de francs.
Nous pouvons avancer que l'importance financière
de l'intervention Française rend le pays dépendant. La Côte
d'Ivoire se trouve dans la zone de domination Française,
domination qui est 1 iée à sa croissance et à son développe-
ment
car sans cette aide
tout son avenir serait mis en
cause.
Il est vrai
le pays peut se tourner vers d'autres
protecteurs
mais il faudrait alors modifier ou bouleverser
toutes les structures mises en place. Si par exemple il se
tourne vers les Etats-Unis, c'est d'abord la langue et la
culture américaine, faudrait-il que les dirigeants qui au-
raient cette idée de changement aient le soutien de l'an-
cienne puissance.
Dans le tableau suivant, nous remarquons au niveau des Ser-
vices de l'enseignement Primaire et de l'éducation télévi-
suel
(SEPETV) pratiquement les mêmes sommes en 1975 ; pour
la Cüte d'Ivoire 216,552 mi11 ions contre 213,664 millions
de francs.
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Cette situatlon montre une fois de plus la domination de la
Côte d'Ivoire par l'extérieur.
IV. 1. - Au n ive a u des b0 urs e s d' é tu des à 1 1 Et r an qe r
Nous pouvons dire ici
que de 1970/1971 a 1974/
197~, le nombre est resté constant. C'est en France que les
cadres ont été beaucoup plus formés par rapport aux autres
pays occidentaux: 458 en 197U-71 contre 40
et 455 en 1':::175-
76 contre 70.
La domination est encore totale et il y a une vo-
lonté des responsables Ivoiriens à vouloir envoyer leurs
étudiants en France, une préférence qui coûte cher à la
France et à la Côte d'Ivoire:
- A la France parce qu'elle doit participer finan-
cièrement et intellectuellement à la formation.
- A la Côte dl Ivoire car au lieu de solliciter des
aides ailleurs qu'en France, elle se trouve dans l'obliga-
tion de participer financièrement à la formation de ses étu-
diants.
IV.Z. - Au niveau de l'enseiqnement pub1 ic supérieur
Université.
L'intervention française est une fois de plus con-
sidérable. Mais ici encore le coût est élevé pour la Côte
dt Ivoire - logement, participation aux frais de voyages des
Assistants techniques. Du côté du financement des pays oc-
cidentaux, le coût est également élevé. Le tableau suivant
montre très bien l'importance du coût de financement année-
étudlant par filière.
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-
238
.
Quelle conclusion tirer de ce chapitre relatif au
co Ût de l' i mpé ria 1 i s me cul tu rel ?
L'impérial isme culturel revient excessivement cher
a la France
1ui
se trouve dans l'obligation de supporter
des dépenses exorbitantes pour s'assurer le cpntrô1e de la
Côte d'Ivoire. Bien que nous n'ayons pas pu obtenir le coût
global annuel de l'intervention de la France dans tous les
secteurs de la vie soclo-économique et culturel, nous pou-
vons, a partir des chiffres ci-dessus (tableaux), avancer
qu'il y a incontestablement - domination - acculturation -
aliénation - exploitation - et partage de l'Afrique en zo-
nes d'influence. Dès lors
il y a impérialisme culturel.
Du côté de la Côte d'Ivoire
le choix de la France
et de l'occident qui n'est qu'un choix de classe sociale ou
d1intérêt de classe prouve aussi que le pays subit 11 impé-
rialisme culturel. Mais face a cette situation, que faire?
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(2)
Ile co~pnrtent unlqu~mcnt Il 'or.atlon ~ l'ex,luslon de la rcch~rche (Inst. de rechorche : 421 600 + 47 420 charges 'o.~nes)
(2)
For.atlon dlspenséo ~ l'Unlverslt~
(1)
CoOt unltalro moyen des 5 Irstltuts
(~) R~~Jrtltlon des chargeJ sociales sur la totallt~ des ~tud'ants de l'Université ct de l'E NS.
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1915 /1916
1er Cycl.
Cycle
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1., Crel.
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1
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- 243 -
CHAP 1TRE 11
MASS MEDIA EN COTE D'IvOIRE
1 - ASPECT HISTORIQUE
On peut tout de suite renarquer que ces mass
média sont contemporains de la colonisation, ainsi
ont-ils
été introduits dans le pays différemment et à des époques
~i~n nrécises,
liés 3UX ~écessités socio-économiques, 001 iti-
ques
et culturelles coloniales. C'est d'abord la presse
écrite qui, le 11 septe~bre 1906 ouvre la voie aux autres
~ass média: radio en 1954 - Télévision en 1963.
1.1. - La presse écrite
Le premier ~édium noderne introduit en Côte d'-
Ivoire par le colonisateur Fr~nçais fut donc la nresse écri-
te. Or à cette époque précise, n'existaient dans ce pays qu'-
environ 40 écoles pour neuf cent quatre vingt treize élèves
(993\\. C'est dire que ce nre"ier bi-mensuel de Charles
Gstench et Clément intitulé L3 Côte d'Ivoire, édité à ~assam
ne s'adressait qu'à une minorité d'3utochtones. Ce numéro
spécial
pa"ut à l'occasion de l'inauguration de la gare de
Di~bokro et du Viaduc sur le ~'ZI. Incontestablement
cette
~resse avait pour but d'infor"er plutôt la pODulation Fran-
çaise que les autochto;es qui ne pouvaient à cette épo'lue
l ire un journal
car analphabètes à plus de 99 ~.
Cinquante années rylus tard, c'est-à-dire en 1960,
environ trente journaux ont vu le jour en Côte d' Ivoire
bien
~~e l'existence de la pluDart :ut éphémère, leur tirane
se
,; , - .
, J '
~ ~. '.; _ : .; : ..1.
:. ~)
.:-
- 244 -
situant entre 500 et 3.500 exemo1aires au maxi~um
Dour une
population estimée à 3.500.000 habitants, c'est-à-dire de
0,04 à 1 quotidien pour 100 habitants.
Quoi qu'il en soit
une presse ne peut être neutre
car elle défend toujours l'idéologie et les intérêts d'une
classe bien précise, dominante ou dominée. Dès lors
quels
objectifs s'assignaient-ils ces journaux au cours de l'évolu-
tion de la Côte dl Ivoire? Oue11e était leur Nature?
Tout d'abord
cette presse était réservée à la po-
pulation Européenne et aux quelques rares autochtones lettrés
qui
apoaremment lisaient. mais ne savaient Das lire dans la
plupart des cas. Quand bien même ces Ivoiriens sussent lire,
cette presse ne réf1ètait pas leurs préoccupations et idéolo-
gies, mais celles du conquérant, du colonisateur. Cenendant
à partir de 1944, on arrive à la prise de conscience de l'in-
telligentsia et planteurs Ivoiriens dès la création du R.D.A.
dont les intérêts étaient en contradiction avec ceux du co10-
nia1is~e. En effet
les srands planteurs lettrés et non let-
trés voulaient obtenir une ~rtin d'oeuvre dont seuls
ét1ient
bénéficiaires les planteurs colons. De leur côté les "cadres
indigènes" formés à Dakar et à l'Ecole Pri~aire Suoérieure de
Bin~ervi11e
nlétaient effectivement ni assi~ilés, ni intégrés
à la société Francaise. Ils n'étaient que des indigènes qua-
1 ifiés pour reprendre le terme A~éricain "qua1 if Y indi'Jenous".
D'où contradiction d'intérêts entre les colons et cette caté-
qorie sociale, contradiction
au début, ~ais non
contradictoire une fois les révendications prises
en compte
et satisfaites par les colons. C'est-à-dire que la bour~eoi
sie en for~ation
(planteurs, planteurs-lettrés, et cadres
locaux) voulaient jouer un rôle qui leur était refusé.
Il y ~
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' ) ) 0
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t_ . . . . . _
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~.. 2'")0.t"0n(:eu.r.
f,,~1r11
- 245 -
bien sûr l'information générale et la défense des opinions
et intérêts, mais il s'agit beaucoup plus de ceux des colons.
Regardons dans les détails cette presse.
- la Côte d'Ivoire: Ce journal semble favorable
aux idées colonialistes puisque dans chacun de ses numéros,
il est réclamé une répression de plus en plus sévère contre
la "rebe11ion" indigène.
Son article du 10 août 1907 à propos des Gouro.
illustre bien nos propos.
"On doit en Pinir une bonne fois avec ce
è!:;.f.f à outra~ce
qui nous a coûté assea de
sana et avouer Pranchement Gue toute une ré-
gio~ de la Côte· d'Ivoire d peine connue d'-
ailleurs est en pleine révolte et qu'il est
indispensable d'y envoyer une colonne orga-
nisée sérieusement pour en terminer".
(62)
Aussi cet hebdomadaire ne conteste-t-i1 pas la co-
1
lonisation malgré sa for~e inhumaine et répressive systéma-
tique'. Cependant devant le colonial is~e intransigeant
d ' Angou1vant, il ne donne pas co~plète~ent sa caution et
écrit à propos de la contrainte suivie de ré~ression que
"Je pense-t-on point qu'en sacrifiant quel-
~~as milliers de francs cl la construction
d'écoles,
on Pera de la vraie pénétration
;aci!ique cette fois" ? (63)
- Le Progrès Colonial
: Cet hebdomadaire ne con-
teste
pas
lui
aussi
le
colonialisme
et
la répression
(62)
-
(63'
-
JJI:!AYNEUF R.
La presse en Côte d'Ivoire.
:;'cctarat de 3e Cycle Tl.
Université Paris 1
].]74
;
P.
16.
ANGOUL VANT
GC~~2rneur
de
la Côte d'I~oire en 190?
- 246 -
1j
sanglante. Cependant il dénonce timidement quelques injus-
tices de cette société colonialiste dont sont victimes
les Ivoiriens. Cette attitude quelque peu critique rend
éphémère son existence. Mais une constatation s'impose.
On peut dire a propos de cette presse coloniale,
1
qu'une certaine confusion règne de 1906 a 1931. Et comme
J
le rapporte encore Gui11anneuf :
1
"Toute8 ont un point commun, ette8 80nt en
générat pubtiée8 par un Européen d ta fois
commercant, ptanteur, fore8tier et 80uvent
imprimeur". {~4}
L'origine même de cette presse retient notre
attention
Tout d'abord
elle est coloniale et colonialiste, ainsi
ne peut-elle que défendre ou légitimer le colonialisme.
Ensuite tous les colons ne sont pas nécessairement colo-
nialistes
(55). Car il faut faire une différence entre
colons et colonialistes dont certains sont mêmes "pro-
indigènes" a partir de leur origine politique (socialiste).
Il est néanmoins difficile que
colon et colonialiste
combattent leurs propres intérëts dans la mesure où chacun
trouve dans ces forêts vierges et savanes ce qu'ils n'au-
raient jamais
espéré avoir en métropole. Cependant on peut
souligner l'existence de conflits et règlements de compte
( " -..; )
- GUILLANNEUF : Opte Cit. P.
16.
.- ,
Les cotoniaZistes : sont ceux qui ont une attitude
\\
"
mJprisante et raciste à t'égard de8 Noir8.
- Les cotons : sont en Afrique en tant que Francais
dan8 ~ne cotonie dominée par teur pay&
IZs sont te ptu8 souvent humanistes
conscients ou inconscients.
1
- 247 -
1
entre ces deux catégories de colonisateurs à travers cette
i
presse; en d'autres termes
le transfert du débat pol iti-
J
que français sur le terrain même de la colonisation (en
Côte d'Ivoire), ainsi toutes les tendances sont-elles
1
f
r~:J(é)~ntées :
1
a) ~~~_çQ~~~r~~!~~!:~ : ayant à leur tête Léon
Rouillon et l'Avocat Roger Guérillon
éditeront de 1929
1
j
; j ~ -
; .::-.: 0 u r rie r
de l 1 0Uest - Af r i c a i n
0 Ù
est net t e rn e nt
1
marquée leur adhésion à peine voilée
au fascisme Euro-
!
péen naissant.
b)
~~_!~~2~~ç~_1!~~rQ:2~~QÇ!:~!!g~~_~!_~Qç!~1!-
sante : de Charles Modeste et Zimmermann
-- ---
dont l'hebdomadaire France-Afrique 1932-1935 sera éphémère.
Cette tendance peut être assimilée dans la politique
Française d'aujourd'hui
au "Gaullisme ll • Elle ne condamne
pas la politique colonialiste avec son cortège de répression
inhuilaine et d'exactions, mais voudrait un certain humanisme
dlns les ~apports colonisateurs - colonisés. C'est l'huma-
niS;:1è p(esque chrétien qui signale les méfaits de cette
entreprise
mais en même temps la soutient, ne proposant
aucune solution
de rechange.
c) ~~_!~~~~~Ç~_2~_Q~!:!!_r~2!ç~1: Animée par
Jean Rose, son action est beaucoup plus orientée vers
l'éconorlie - Aussi défend-elle, au lieu des droits de
l 'homme colonisé, plutôt le droit de la propriété du colo~
D'ailleurs les différents journaux que dirige Jean Rose
"1 iJ '1 t " e "':
:: i e n cet te te ndan ce.
- Le bulletin mensuel du groupement Agricole de
la basse Côte d'Ivoire (1931-1932)
- L'indépendant colonial
- Le Deci-De1à (1931-1932)
- Vérité (1932).
Cependant
on peut remarquer la participation de
Guy de Bellet et Roger Rappet aux hebdomadaires suivants
- ~~veni!:_9_e~_Côte d'Ivoire: (1934-1937).
Ce t "a ven i r' il nie 3: '~!l f) i t Î 'Je ce 1u i de s co 1on s et co 10 -
nialistes où aucune oroposition de 1 iberté et d'égalité
élémentaire
entre Ivoiriens et Français
n'est
possible.
- Le Cri du Planteur:
1939 - Cet ~ebdomadaire
s'adresse plutôt aux Planteurs colons et colonialistes
Français.
Il s'agit de la défense de leurs intérêts maté-
riels dans cette Côte d'Ivoire aux dépens de l'intérêt de
l'autochtone Ivoi rien
i rldi genéi s é.
Cependant une autre idée beaucoup plus dangé-
reuse pour 11 Ivoirien est occultée par l'indépendant
colonial et l'ave'lir' de 13. Côte J' Ivoire.
Les titres de cette presse montrent bien l'idée
plus ou moins cachée d'autonomie des Blancs du pays. Bien
sûr
dans cette 3gitation coloniale
l' Ivoirien est
absent, il
ne se~b1e
pas concerné et tout se passe comme
s'il n'avait jamais existé. La garantie de l'autonomie
serait
pour les colons et colonialistes
de voir la Côte
d'Ivoire érigée en département Français au lieu d'une
vague colonie.
ci b~_g~~!ci~~~_!~~9~~~~ : très différente
de la seconde
est animée par Charles ~odeste. Le Progrès
Colonial: 1()::-L)::.l.
- ~J9 -
Le Progrès Colonial combat le communisme,
s'indigne des exactions commises par le colonialisme A
l'égard des indigènes, prône l'ordre. C'est-A-dire une
tendance beaucoup plus libéro-humaniste que socialiste
réelle.
Elle constate ]'oDpression des Noirs
mais ne pro-
pose pas de solution; mieux, elle condamne par ailleurs
tout ce qui peut troubler l'ordre colonial établi. Aussi
s'agit-il dans ces conditions d'un vague paternalisme
teinté rj'''.JillJnisrne r1:... 1 ~S: lui-mêi-:le un colonialis:le dange-
reux dans la mesure où il cautionne en fait le colonialisme.
d) ~~_~~C~!~C~_~~~q~~~~ semble d'inspira-
tion socialiste
bien que les idées soient assez confuses.
Les animateurs sont
incontestablement Roger Rappet et
Zimmermann.
De 1932 à 1933, ils publ ient Trait d'Union, et
de 1936 à 1938, Notre ~oix. Cette dernière presse étant
celle du parti Socialiste (S.F.I.O.) en Côte d'Ivoire.
La presse dont nous venons de parler est celle
des Français en Côte d'Ivoire. Elle a pour objet:
- de légitimer leur présence en Côte d'Ivoire,
- de défendre leurs intérêts, le plus souvent
aux dépens de ceux des Ivoirien~
- de faire entendre leur voix en métropol~
- enfin de préserver les acquis que leur offre
grâcieuse~ent la colonisation et le colonia-
l isme.
Cependant
à cô~é de cette presse
Franco-
centriste qui
ne défend eue les intérêts des Eurooéens,
une autre va apparaitre du côté des Africains.
- 250 -
Ainsi
de 1935-1936
deux journaux
font leur apparition, dirigés par Hamet Sow Télémaque
membre de la Fédération S.F.I.O.
du Sénégal
et même du
Conseil Municipal de St-Louis. Ici encore l'Ivoirien est
absent
même si cette presse défend les intérêts des
Africains en général.
En déhors de ces deux presses destinées à la
population Européenne et partiellement à celle des ~:ri
cains non Ivoiriens, une autre
cette fois-ci
sur
initiative des Ivoiriens
fait son apparition. Mais il
faut tout de suite souligner que cette dernière n'est pas
au début
fondamentalement différente de l'Européenne.
- L'Eclaireur de Côte d'Ivoire: se veut un
journal d'opinion et dlinformation. Créé par Maitre
Kouamé Binzéme et C. J. Vi1asco, ce journal parait en mai
1935.
S I i1
~éfenden dlautres lieux- la population
Ivoirienne, il combat néanmoins les abus des chefs qui
sont les courroies de transmission de l'administration
française
car ces chefs sont la pure création de l'admi-
nistration coloniale.
Le Second Journal Africa créé dix années plus
tard (1946) sera saisi dès sa parution par l'administra-
tion coloniale, saisie faisant suite à une lettre ouverte
aux administrateurs et dénonçant leurs abus ainsi que
ceux du système colonial.
Toujours en 1946 (17 janvier) l'auteur de
l'Eclaireur de Côte d'Ivoire crée un autre Journal:
Pachibo qui deviendra plus tard Le Progressiste, organe du
f
-
251
-
1
1
f~
parti progressiste de Côte d'Ivoire, parti collaboration-
niste
antagoniste du R.D.A.
1
f
Le débat se situe
à travers cette nouvelle
presse, à deux niveaux:
J-l1
- d'un côté les colonial istes et leurs collaborateurs
1
Ivoiriens
de l'autre, les Ivoiriens ~sD;rant au Jro~rès de
1
1 'homme Ivoirien, à son émancipation, à sa liberté.
1
1
1
Ainsi paraissent:
1
1
La vérité en 1949 avec un numéro
L'opinion: fondé par un Libanais
Ensuite: l'Attoungbra qui est malgré tout saisi, son
fondateur étant un journaliste Ivoirien Gô Boni
opposant
au R.D.A.
Du côté du R.D.A., on se contente de 1 ·unique
organe: Le Réveil qui est un organe fédéral
ayant pour
complément le Démocrate en février 1948 et dirigé par
Ouezzin Coulibaly.
Les rédacteurs sont
- Bocoum - Bernard Dadié
- Mathieu Ekra - Koffi Gadeau
qui deviendront des
hommes politiques de premier plan au lendemain de 11 indé-
pendance.
Cet orjane démocratique dirigé et rédigé par
l'intelligentsia de la période coloniale est suspectée par
le P.O.C.I.-R.D.A.
"
- 2.52 -
Du Prey édite en 1956 Le Concorde qui reçoit
des articles de Ouezzin Cou1iba1y, Jean De1afosse, Jacques
Aka, Phil ippe Vacé •••
Ce journal soutient les élections de 1957
du
P.D.C.I.-R.D.A. et ensuite
dispara,t. Au cours de son
congrès de 1956, est décidée la création d'une véritable
presse du parti. : Fraternité-Matin dont le premier numéro
paratt le 24 avril de la même année; sa direction confiée
~ Jean-Baptiste Mokey
et sa rédaction ~ Joachim Bony, la
direction politique revenant ~ Vacé Philippe.
Ce quotidien aura pour but de véhiculer surtout
les mots d'ordre du Parti. On verra par la suite que ce
journal est demeuré l'unique quotidien du pays après
l'indépendance, véhiculant toujours l'idéologie de la
classe dirigeante·
On constate donc que la Côte d'Ivoire n'avait
à
l'indépendance, aucune tradition dans le domaine des mass
média modernes.
1
C'est par la loi
comp1ètée par le décret.
i
respectivement de juin et septembre 1961 qu'est créée
l'Agence Ivoirienne de Presse qui succède ~ l'ancien servi-
ce de rédaction et au bureau de l'Agence France-Presse
installé a Abidjan pendant la colonisation. (66)
Il s'agit d'un établissement public doté de la
personnalité civile et de l'autonomie financière. qui doit
reccuei1lir l'information auprès des Agences Internationa-
les occidentales, en particulier l'Agence· France-Presse,
1
f
Loi nO 61-200 d~ 2 juin 1961 complètée par le
décret nO ô1-2è7 d~ 5 septembre 1961.
1
f1
1
- 253 -
la traiter et la diffuser au niveau de la population. Le
Gouvernement Ivoirien y détenant 55 % des parts du capi-
tal. gien que l'Etat Ivoirien soit majoritaire. cela ne
suffit pas pour qu'il contrôle la presse dans le Pays.
En effet
l'information est co11ectée.auprès
des Agences Internationales de presse occidentales. La
technique est Française (entretien et maintenance aussi).
~n : , : .
~~
louverne~ent ne détient
la majorité qu'appa-
remment
car il y a domination des Agences Internationales
dont dépend l'Agence Ivoirienne de Presse et du pays
chargé de fournir la technologie. Dans ces conditions la
classe dirigeante nationale tient compte de la présence
occidenta1è. en particulier Française dans ses prises de
positions.
- La Radio
Contrairement à la presse écrite. la radio
n'apparait que quelques années avant l'indépendance,
c'est-3-jire en 1954.
Au début. Radio-Abidjan fut une station née
dans le oalais du Gouverneur. Selon 1 'histoire. un mécani-
Clen 'J~l]nt faire une farce au Gouverneur
transmit à
partir d'un é,netteur côtier
une cérémonie qu'organisait
ce dernier. Cependant
il faut reconnaître que des studios
déjà équipés en 1951
émettaient à faible portée.
Aucun Ivoirien ne maîtrisant cette technique
soohis:i1uée à cette époque. les Agents étaient tous
Français de France.
Par la suite
Pierre Schaeffer créa
des st~jios-écoles pour la formation des techniciens et
jourr] li stes dont avait besoin le pays.
- 254 -
C'est enfin
la loi du 31 octobre 1962, comp1è-
tée par le décret du 8 novembre de la même année qui
crée la radiodiffusion-télévision Ivoirienne (R.T.I.) dont
la mission est d'informer, d'éduquer et de distraire la
population du pays. (67
Ce nouveau moyen d'information devient très vite
le plus populaire du pays, car si la presse écrite ne
s'adresse qu'à des lettrés, la radio atteindra bien au
contraire toutes les couches sociales. Aussi paraTt-e11e
beaucoup plus "démocratique" bien qu'elle constitue un
luxe pour le paysan. Cependant, elle comporte un avantage
incontestab1p
car une grande population, voire un village
peut écouter l'information autour d'un seul récepteur
alors que le journal exige l'alphabétisation en Français.
Les sondages de l'Institut Ivoirien d'opinions
publiques (I.I.O.P.) donnent pour l'année 1972
environ
84 % d'auditeurs réguliers à Abidjan et 13 % occasionnels.
C'est dire que douze années après l'indépendance, la radio
est devenue le moyen d'information de masse le plus popn-
laire.
Dans les villes de l'intérieur du pays, on
atteint 86 % à 87 ~ d'auditeurs réguliers et 12 % occasion-
nels.
Bien que le temps imparti aux langues nationales
ne soit pas élevé par rapport à la langue Française, la
radio
ne remplit pas sa mission éducative, mais abreuve
le plus souvent
de musique et de publicité la masse.
Nous y reviendrons.
,','? '
Déc roe t
n ~
.; 2 - 410
du
B nove mb roe
1,) ;; 2.
- 255 -
1.3.
- La Télévision
Clest par le même décret du 8 novembre 1962 que
fut créé ce qu'on peut appeler le dernier des média en
Côte d'Ivoire. Dans un premier temps
il a existé une
chaine diffusant 4 heures d'émissions par jour; mais ne
couvrant que 4/5 du pays.
Contrairement à sa soeur aînée (la radio) qui
pelA t c J. pte r l' i n for- Il a t ion ~ ~ \\ a ide de que l que spi les, 1a
télévision pose plus de problèmes d'adaptation, exiqeant
un environnement urbain: l'électricité.
Ce faisant
elle ne s'adresse qu'aux gens du
milieu urbain
nantis d'une infrastructure moderne, donc
elle est moins accessible. L'inaccessibilité de ce ~edium
rend de plus en plus complexe son utilisation. bien qu'il
représente le type idéal de cOrll1lunication dans la rlesure
où il fait intervenir l 'ima~e et la parole.
La télévision est ici le prolongement de la
presse écrite et de la radio
car il
n'y a aucune diffé-
rence entre ces média au niveau de 11 information. Cela
s'expl ique par le fait que
tOllS
ces mass média sont au
service du Pdrti Politique Unique au pouvoir: le P.D.C.I.-
R.D.A.
- D'ailleurs la co~position de la commission de
contrôle des fi1ms et des
enregistrements sonores à pro-
pos du cinéma retient notre attention.
A.8.
- Le Cinéma
La loi du 5 novembre 1970 fait de la Société
Ivoirienne de Cinéma (S.LC. J, un établissement public
sur 1e plan financier bien que privé. Mais il faut dis-
- 25E -
tinguer deux types de cinéma
- le cinéma commercial où il existe une plus
grande liberté,
- le cinéma non commercial A liberté plus
réduite.
Et comme le fait remarquer Dominique Desouches :
"La S.I.C. e8t le pendant en C5te d'Ivoipe
de l'en tpeppi8e fpan~ai8e de ppesse filmée.
Le8 "aatualité8 Fpan~ai8e8". également
80aiété d'éaonomie mixte dan8 laquelle
l'Etat 8UP le 8eateup du ainéma non aom-
meraial 8'a88ortit d'une aide finanaièpe
dipeate.
De8 8ubvention8 péguZièpe8 du
Mini8tèpe de Z'Infopmation sont aaaopdée8
d la S.I.C.".
(r;~8)
Mais quoi qu'il en soit, il y a une volonté
manifeste des autorités politiques A vouloir contrôler les
films et les enregistrements sonores. Pour s'en convaincr~
examinons la composition de la commission de contrôle:
- le Président de la République
..
- le Garde" des Sceaux, Ministre de la Justice
- le Ministre des Forces Armées
- Le Ministre de l'Education Nationale
- Le Ministre du Travail et des Affaires
Sociales
- Le Ministre de l'Intérieur
- Le Ministre de l'Information
- Le Directeur de la Sûreté Nationale
(~~)
- DESOUCHES Dominique : Infopmation et dé~eZoppement
en Côte d'Ivoipe.
Doatopat de Saience
politique.
JER 11.
Papis 1.
1~J73. P.
36.
- 257 -
- L1Assemblée Nationale
- Le Conseil Economique et Social
- Les Associations Familiales
- Les Associations de Parents d'Elèves
.- Les Pro fe ssi 0 nne 1s de 1a 0i s tri but ion Ci né ma -
tographiqlJe en Côte dl Ivoire.
Pour accorder le visa
les critères retenus sont
les suivants :
bonnes moeurs - protection morale de la jeunesse et
des intérêts nationaux et la sauvegarde de l'ordre
public .~E?)
Par ailleurs
les prises de vue cinématographi-
ques et de son destinés à la diffusion publique sont
"':"-';';;é·g·à~ement contrôlées. Ce qui signifie que le Parti exerce
un contrôle sur le cinéma puisque les membres de cette
commission de contrôle ne sont ~as choisis en fonction de
leur compétence technique et intellectuelle, mais de leur
mil itantisme au sein du Parti~~_,=-
et leur attitude
vis-à-vis de 1lOccident. Prendre en effet position en
faveur de 1 'Occident en exprimant un anti-communisme viscé-
ral
est un critère d'intelligence et de technicité, clest
être apte à occuper nlimporte quel poste de responsabilité.
- 259 -
II. -
SITUATION ACTUELLE
Après ce constat au niveau Africain, nous
n'aurions plus continuer notre étude au niveau national
car la Côte d'Ivoire fait partie de ce continent sub-
saharien.
En effet
au risque de nous repéter, nous
parlons de sous-développement d'une manière générale,
mais si nous considérons certains pays par exemple du
Tiers-Monde, nous nous rendons bien compte que le sous-
développement du Brésil est différent de celui du Tchad
et du Burkina Faso, ou encore celui de l'Argentine dif-
fére
de celui de la Côte dlIvoire etc •••. Au niveau
Africain, la même chose existe.
Il y a des pays en voie
de développement et ceux véritablement sous-développés,
et la Côted'Ivoire se situe dans le premier cas.
Si nous corsidérons ce pays sur le plan des
télécommunications, il est indéniable qulil bénéficie
d'une avance relativement favorable par rapport aux
autres pays. Cependant
cette situation favorable ne met
pas la Côte dl Ivoire à l'abri du
sous-développement,
de la sous-information et de la désinformation chroniques.
Ainsi donc
l'étude des mass média en Côte dlIvoire
permet de mieux approfondir notre travail, c'est d'ailleurs
l'objet central de notre étude.
- ~60 -
1.
-
TELECOMMUNICATIONS PU~LIOUES
INTERNATIONALES
ET NATIONALES
.'.1. - Nombre d'abonnés au téléphone fin 1980
Jusqu'à fin 1980
le pays disposait au total
37.500 lignes téléphoniques principales.
Abidjan (la capitale) représentait 75 ~ des
lignes Drincipa1es et Bouaké 3 ~ (2e ville). On peut déjà
avancer qu'il y a là une domination de la capitale sur le
reste du pays. Cela est dû en partie au fait qu l i1 y a
dans cette ville
une forte colonie d'Européens, environ
50.000 Français.
Le déséquilibre reflète bien la situation
dans le pays
où Abidjan est beaucoup plus développé que
le reste. Clest là l'une des caractéristiques fondamenta-
les du sous-développement des pays Africains.
Le réseau est automati sé à 92 %. A 11 intérieur
du JJjS
la demande téléphonique est de 50 ~ par an et
l':1J':.J~3tisation atteint 70:~ du parc .
. '.2.
- Les systèmes nationaux dlinformation
Il est utilisé en Côte dlIvoire des systèmes
nation)ux de communication, d'information et d'éducation
d'une :anière intensive. Ce sont:
- la presse écrite
- la radio
- la télévision
- le cinéma.
- 261 -
1
j
Mais la large majorité de la population est
rurale
et il s'agit de savoir si ces systèmes nationaux
1
remplissent effectivement leur mission ou s'ils sont
réservés ~ la classe dominante. Ensuite
existe-t-i1 un
feed-back entre les messages écrits et le peuple 1 Enfin.
ces messages ne véhiculent-ils pas une idéologie étrangère
et impérialiste directe ou par personne interposée 1
Pour mieux répondre ~ toutes ces questions, force est de
savoir la formation et le programme en direction du monde
rural, 1 1 impact de ce système sur les différentes popula-
tions, llespace géographique et économique atteint •
. 1.3. - Le milieu rural
a - Fraternité-Matin
----------------
Il nlest pas superflu de souligner que ce quoti-
dien est unique dans le pays et véhicule les mots dlordre,
l'idéologie du parti-état-nation. Il tire ~ (80.000)
quatre-vingt mille exemplaires dont quarante mille
(40.000) sont vendus. Les deux tiers (2/3) sont réservés
~ la population d'Abidjan, soit 33.332 exemplaires.
Les 13.300 exemplaires sont réservés au reste du pays.
- La seconde ville: Bouaké consomme seule
6.000 exemplaires.
- Toutes les autres villes réunies nlen consom-
ment que 7.000 exemplaires. Une constatation s'impose:
Voir:
Etude régionale d'éducation Partie I.
Rappo~t sec-
toriel :;0 7.
République de Côte d'Ivoire - ,\\fr:nistère
du Plan.
Juillet 1976 ; P.
38.
- 262 -
-
Primo: Ce sont les villes qui consomment la quasi
totalité de la presse écrite alors que la population Ivoi-
rienne se trouve en majeure partie A la campagne
dans les
villages.
- Secondo : 80 % de la population ne savent ni lire ni
écrire. Cependant. il faut reconnaître qu'aujourd'hui
il
existe dans chaque vil13ge
un désco1arisé pouvant lire
et expliquer le contenu de cette presse. Ce qui fait sur-
tout défaut, c'est le circuit de distribution qui n'atteint
pas les villages, soit par négligence, soit parce qu'on est
convaincu que les villageois n'achèteront jamais cette
presse. Dès lors la distribution ne se limite qu'aux Chefs-
lieu de départements et sous-préfectures; ainsi. il
n'existe que soixante dix-huit dépositaires pour l'ensemble
du pays. (70)
- Tertio: Fraternité-matin n'est pas conçu pour la popu-
lation rurale
car on n'y trouve pas les préoccupations de
cette catégorie socio-professionne11e.
En effet. cette presse contient quelques articles
d'information sommaire. tout juste pour la consommation
locale sur diverses questions, des pages régionales, les
avis et communiqués (page nécrologique), les activités
du gouvernement et en particu1 ier du chef de l'état, des
nouvelles sport ives.
la langue journalistique: termes peu usités, jargon admi-
nistratif, sigles non expliqués etc ..• en font une presse
d'une minorité assez instruite.
(7.):
-
Etude roégiona?e i'i}ucation.
Farotie l
: Cpt.
Citée
PP.
38-3;).
-
~63 -
La compréhension des articles suppose des con-
nais san ces pré a 1a b1e s
car
ici.
0 n dé ve 10 ppeu ne
s i tua t ion
sans au préalable en faire une analyse rétrospective
complète. Ainsi parlera-t-on du coup d'état en Haute-Volta
sans en analyser ses causes, la situation socio-économique
et politique qui 1 lont engendré. Cet aspect rédactionnel
de la presse montre bien qu'elle ne s'adresse qu'à une
population initiée à l'histoire, géographie etc ... C'est-
à-dire à celle ayant connu les lycées, collèges et
amphithéâtres des universités.
De surcroît Fraternité-Matin est rédigé en
Français, langue non accessible à tout le monde, mais qui
est imposée comme officielle par la classe dominante.
Quoiqu'il en soit, la langue fait la différence entre les
hommes de ce pays, par conséquent accentue la stratifica-
tion sociale en mystifiant ceux qui la maîtrisent et la
manient à merveille ; ~ 1 l inverse, celui qui ne peut même
pas s'informer par ce médium (la presse) par ce qu'il ne
lit et n'écrit le Français, est angoissé et reconnaît
désornais sa place de sous-homme dans cette Côte dl Ivoire
"modernisée ll ou plutôt en modernisation.
Cette presse est loin d'être sollicitée par les
ruraux, car elle ne correspond pas à leurs besoins expri-
més, d'ailleurs ils sont totalement étrangers à elle.
Cependant. ceux qui peuvent lire dans les villages et dont
le niveau intellectuel nlest pas élevé: éprouvent eux
aussi des difficultés. alors que ces difficultés seraient
réduites si la presse était présentée par exemple avec
- une partie illustrée: - images, - dessins, - photogra-
phies pour fixer l'attention de ceux qui sont moyennement
scolarisés.
- 264 ..
Mais comment la classe dirigeante conçoit-elle
le rôle de Fraternité-Matin?
Dans "Presse et informa-
tion en Côte d'Ivoire" on y 1 it
les tâches dévolues a la presse Ivoirienne
"- Consolider et renforcer l'unité nationale:
-
favoriser une participation encore plus
accrue de tous à l'effort de d~veloppement
- infcr~er sur la Côte d'Ivoire at sur
l' .;c;r'1nger, à la fois à l'intérieur
et à l'extérieur;
- répondre aux exigences légiti~es d'un
peuple devenu majeur et pour lequel le
droit à l'information est un droit
fondamentaL .. "
(70 bis).
Analysons la conception des dirigeants.
- Consolidation de l'unité nationale:
Le problème de l'unité nationale semble préoccupant
eu égard a la diversité ethnique. Du point de vue ethnogra-
phique, on dénombre sur toute l'étendue du territoire 68
ethnies pour certains, 72 ethnies pour d'autres. Mais en
réalité, on dénombre 4 grands groupes sur le plan culturel
et linguistique: Akan, Kru, Senoufo et Mandé. En dépit
de la réduction des groupes ethniques a 4, le problème
de l'unité nationale demeure. D'ailleurs le choix de la
langue française comme langue officielle est dû a cette
di versité ethnique.
En effet
les autorités pensent
et elles ont
raison dans un sens
que la rédaction de la presse dans
( 7' )
Presse et i n for w: a t ion en Côte d' Iv 0 ire U. I. J. P. Le F.
bis
Section Ivoirienne. P. 35 ; Ed. S II ; Décembre ld~J.
- 265 -
1
1
une langue léguée par le colonisateur résoudrait le problème
de l'unité nationale. Cette langue est officielle à l'école,
1
dans l'administration et l'information. Mais elle est
1
loin d'être maternelle, et si elle l'était, ce serait au
niveau des cadres et intellectuels qui sont minoritaires.
Cette langue va créer d'autres problèmes, entre autres,
ceux de la différenciation entre lettrés et non lettrés,
ceux qui ~anient à merveille cette langue et ceux moyen-
nement lotis- La langue détermine désormais la place de
chaque Ivoirien dans la société.
Au niveau de l'information, la grande majorité
de la population ne sera pas touchée. Cette information sera
l'affaire d'une minorité. Par conséquent, elle ne privilé-
giera que les lettrés, c'est une évidence.
- Quant à favoriser une participation encore
plus accrue de tous à l'effort de développement, l' initia-
tive semble noble. D'ailleurs
les résultats spectaculaires
enrégistrés par le pays sur le plan socio-économique et
culturel, llont été grâce à la participation de tous. De
toute façon l'objectif de toute autorité politique est de
faire participer sa population au développement de son
pays. Mais le problème réside dans la manière dont les
messages sont transmis et comment se réalise cette parti-
cipation. Les autorités politiques auraient da parler
plutôt de la participation de la masse et qui est une
condition nécessaire pour le développement national ..
D'ailleurs il ne peut en être autrement car, comment
peut-on faire le bonheur des citoyens en dehors dieux?
Comment peut-on décider à la place des gens alors que ce
sont justement ceux-là qui sont concernés au premier chef?
Très souvent des programmes inadaptés aux réalités socio-
culturels et économiques sont établ is et imposés dans les
-
~ I~ ;~
••
projets de développement. C'est ainsi que la mécanisation
de l'agriculture dans les zones forestières revient non
seulement cher, mais elle n'est pas applicable aisement.
En effet depuis l'indépendance, la classe diri-
geante
émerveillée sans
doute par les réalisations socio-
économiques de l'occident, voudrait obtenir ces infrastructures,
malheureusement pas lV0C 'l ~lr~icioati0n du oublie, ~~is
du genre "usines clés en :r1ain", c'est-à-dire avec l'extérieur.
D'abord
toutes ces réal isations procèdent d'un
besoin exprimé, d'une nécessité socio-économique spécifique
aux sociétés concernées et avec la participation du public.
Ensuite un pays ne peut pas tout attendre de l'extérieur.
Cette non participation ne peut qu'accroître la domination
et la dépendance à 1 'éqard des pays développés. Or un
problème constituant un frein à la participation demeure.
C'est la démocratisation. La Côte d'Ivoire a un régime
politique à démocratie unani~iste. C'est-à-dire que
théoriquement il y a una1i~ité autour des décisions et des
grandes options de développeGent.
Vu de l'extérieur, un
tel système peut permettre une participation, mais il n'en
est rien.
Pr i m0
: \\ \\ 1 ' un a n i "l i té;' s e
fa i tau t 0 u r de l a
personne du Chef de l'Etat.
Secondo : i1ui~carne~tout, ainsi son omnipré-
sence pèse sur la vie économique et culturelle du oays.
- Tertio:
Aucun débat contradictoire n'est
toléré. Dans ces conditions, on oeut se poser la question
de savoir à quoi?
pourcuol? et comment? le oublie doit
participer?
- 267 -
La condition cardinale de particioation est
incontestablement la démocratisation qui peut conférer le
droit et l'accès aux mass média ainsi qu'à la vie culturelle
et politique nationale. Cette participation est entendue
comme le rôle joué par les citoyens dans le processus de
développement national. Ainsi constate-t-on deux types de
participation.
1- Participation passive
2- Particioation participante.
1- Participation passive
Dans ce cas précis
le public se désintéresse de
la chose publique puisque les ordres viennent de là-haut,
et qui ne sont pas adaptés, c'est-à-dire ne rentrent pas
dans les préoccupations des citoyens; ces derniers ne
sont pas associés aux décisions en amont. C'est ce qui est
à la base des échecs massifs de la plupart des plans de
développement. Pour notre part, une préparation psycholoqi-
que s'impose avant l'introduction de tout nouveau programme,
car le changement social, la mutation sociale sont
des
facteurs importants dans le passage d'une société tradi-
tionelle à une société moderne.
Il faut donc savoir
vaincre tous les obstacles c'est-à-dire les résistances
au changement; ce faisant,
il y a lieu d'envisager une
autre forme de participation.
2 - Participation participante
,
Il est vrai, les mass média sont contrôlés par
l'Etat, ainsi
les util ise-t-il pour s'adresser aux
citoyens. Dans cette utilisation les citoyens ne sont pas
- 268 -
considérés comme des récepteurs passifs; en d'autres
termes
le "feed-back" s'avère nécessaire. L'information
n'est pas non plus la panacée de quelques privilégiés,
bien au contraire elle est ~ la portée de tQut citoyen sans
discrimination, elle est donc réalisée au profit de la
soc i été. Enef f e t
co:r.rœ nt peu t - 0 n r e fus e r de par tic i pe r
s'il y a une transparence pol itique ? C'est-~-dire si les
pouvoirs publics informent "correctement" leur public
des projets socio-économiques et culturels à réaliser.
On peut avancer que la participation est fonction de la
manière dont la classe dirigeante associe le public.
b - Le cinéma
Le cinéma est
une fois de plus
une communica-
tion de luxe pour le villageois
alors que pour le citadin,
il rentre dans sa vie quotidienne.
L'obctacle technique majeur est le manque
d'infr3structure telle que l'électricité, et sur le plan
communicationnel, les difficultés langagières. Une fois
de plus
le cinéma sera l'affaire de la minorité, toujours
la même qui a eu accès à la culture Occidentale et vivant
dans les villes. Cependant il aurait pu intéresser cette
population à plus d'un titre. D'abord
l'image conforme
à la réalité (bien que cela ne soit pas toujours évident
pour les films étrangers au milieu villagesois) ; ensuite
la communication interne au film suivi par le spectateur
et enfin le Iltrilogue" image - langage - spectateur.
Pour le rural
le cinéma devrait être l'occasion
de comprendre la vie
européenne, sa propre vie et
d'avoir une vision globale du monde. Bien sûr, il y a les
aspects soectacle et fiction, dis tractif, mais il
importe
-
?69 -
aussi de souligner les aspects informationnel et forma-
tionne1. Ainsi lorsque des films du genre
religieux
sont projetés sur les écrans dans les sous-
préfectures, respectivement chrétiens et musulmans vont y
assister en parcourant à pied des longues distances. Clest
dire que ces villageois veulent s' informer sur la réalité
des choses, ce qu'ils ont déjà entendu ou entendent.
Le villageois non scolarisé considère le cinéma
comme une réussite technique inégalable, une curiosité
qui est d' un a ppo rte e r t a in, (n 0 us 1e verrons dan s 1es
résut1ats de notre enquête sur le terrain!.
Cependant
sur le plan purement moral et des
moeurs, le cinéma représente, nous semb1e-t-i1, un puissant
réducteur surtout des adolescents qui sont attirés par
les merveilles des films de "gangsters". Quant aux jeunes
filles, elles vont apprendre
à travers les films, 1 l es-
prit dl indépendance vis-à-vis des parents dès 1 lâge de la
majorité alors qu'en Côte dl Ivoire rurale, cette situation
est i ne 0 nnue. Ces fille s Il ma jeu r e s~, non pré par é e s pou r
affronter la vie moderne, se 1 ivrent à certaines
légèretés dont le couronnement sera inévitablement la
prostitution appelée en France, "le plus vieux métier du
monde", mais inconnue dans la société traditionnelle
Ivoirienne. Les filles appellent cette calamité: "se
dé brou i 11 er".
Le cinéma va instaurer donc des conflits entre
parents et enfants, entre adolescents et la société tels
qu l i1s se présentent en occident. Quoiqu'il en soit ce
sont les adolescents qui sont les plus intéressés par le
cinéma, alors que les parents se méfient de 11 idéologie
véhiculée par ce ~edium, méfiance plutôt ambivalente car
- 270 -
ils veulent le cinéma et en même temps le refusent. Cette
ambivalance est justifiée dans la mesure où il s'agit de
rejeter une culture et une idéologie étrangères, en même
te~ps, on se rend co~pte que l'inaccessibilité du message
,
siginifie l 'étrangeité de celui-ci; donc génératrice
d'un conflit culturel.
L' inaccess:~;' ité du message se situe à plusieurs
niveaux
1
- langue (Française ou Anglaise)
- Trucages (personnes tuées dans un film et qu'on
revoit d<1ns une autre séquence}.
1
- le temps dans les films (une personne qui
nait, grandit et agit en moins d'une heure)
1
[
- les cou~ures des séquences et apoaritions
nouvelles.
Tout ceci ne peut que contribuer à mythifier l 'Occidental~
"le B13nc est diable" .ji~ le raysan.
b.l .. Le milieu urbain
Il Y a lieu de considérer ici~ trois populations
différentes:
- les villaaeois urbanisés
- le prolétariat urbain scolarisé moyennement
- la classe j~minante.
Cette typologie peut
à première vue. paraître
incomoréhensible, mais ~~e différenciation existe dans le
milieu urbain contrair"e-ent au milieu rural où il y a une
relative homogénéité.
- 271
-
a)
le cinéma constitue pour ces derniers un appren-
tissage du milieu urbain, en un mot
une nouvelle vision
du monde
car il s'agit bien de la projection de la vie
Occidentale.
En effet
le cinéma ne véhicule pas en Côte
d'Ivoire
l'idéologie du milieu. Il a de ce fait un rôle
très accu1trationniste et aliénant, clest-A-dire celui
de consommation, A savoir
- appartements et domaines féériques
- environnement de rêve
- un milieu qui nlest pas de cette planète
et pourtant rêvé.
Ce milieu hors de notre planète
constitue un
rêve de tout urbain vivant dans des conditions de salubri-
té anachroniques et chroniques.
Ain s i as pire - t - 0 n
à cet te vie der ê ve bi e n que
convaincu qulon ne l'atteindra jamais dans la mesure où
elle n'existe nulle part
si ce n'est dans l'imaginaire
des cinéastes et autres metteurs en scène. le cinéma
a donc un impact certain sur cette population prolétarisée,
naive et sentimentale, ignorant que sa condition de vie
est inversement proportionnelle A 1 1 accroissement des
richesses de la classe dominante.
Les adolescents de ce milieu, le plus souvent
désco1arisés, donc victimes de la sélection scolaire dont
V:!~Jgecis urbanisés sont ?es ~:Zlageois des villes.
- 272 -
les critères sont purement sociaux, par conséquent
sub-
jectifs, vont être les premiers consommateurs des films
"We ste r ns" du ge nr e "Zorro"
t "S Pe c t rom an" tac te urs a ux-
quels ils vont s'identifier en créant d1ns les faubourgs
populeux d'Abidjan (Abobo, Yopougon, Port-Bouët! P1
des
bandes redoutables de bandits t de "gangsters". La société
morale devient donc une société amorale légale. C'est-à-
dire que ce qui était proscrit au vill~~~
devient une
norr~ de valeur, car les
parents n'exerceront désormais
aucune pression sur leurs enfants "civilisés" qui agissent
comme leurs homologues Occidentaux. Aussi l'al iénation
semble-telle parfaite
car conforme à l'image de l'Occi-
dent civilisateur. Au fond pourquoi pas? puisque
l'objectif est à l'heure de l'accumulation d'argent, peu
importe la manière, l'essentiel étant d'en avoir pour
s'inserrer dans la société Ivoirienne. D'ailleurs
les
films policiers dont la fréquence aussi bien dans les salles
de cinéma qu'à la télévision est grande, prouvent bien
qu'une éducation conçue dans ce sens et encouragée est
volontairement donnée aux adolescents surtout dans les
bas-quartiers.
Parmi cette population, on peut inclure les
étrangers sans profession qui arrivent en Côte dl Ivoire
sans domicile et qui, suivant "ces cours" de filfTls policiers
diffusés par le cinéma;
apprennent-ils le savoir-
faire du "gangstéris me" Occidental.
Ab!} b.) ,
y 0 pou g 0 n,
Pl) !" ~ -.':: ~: { ~_:. ~ ,
;<"1,-,,'!"':t "·::.:t~
_:"Abi,lt..:arr.
- 273
Ils sont eux aussi victimes de la société de
consommation, aspirant fortement à la vie de la société
Occidentale. Le cinéma offre bien un cadre de référence
adéquat.
En effet
1~ cinéma constitue un noyen d' inser-
tion de l'individu dans la société. Mais tout comme ils
lisent la presse sans savoir l ire, ces urbains fréquente-
ront les salles de cinémas sans être capables d'analyser
le film. Aussi.
le cinéma, au lieu d'être un moyen
d'éducation, devient-il uniquement un moyen de distraction,
d'extraversion culturelle; dès lors on imitera ce qui est
vu dans la mesure où le cinéma est sensé projeter la vie
Occidentale; malheureusement on ne retiendra le plus sou-
vent que le côté purement pervers de la civilisation
Occidentale.
Cette population est aussi une grande consomma-
trice des feuilletons AfTléricains du genre "Ma sorcière
bien aimée" et autres feuilletons de fictions qui ne
d2mandent pas au spectateur un effort de réflexion poussée.
Ce choix et cette préférence semblent normaux dans la
mesure où l'analyse d'un film requiert une certaine intel-
1
lectualité au-dessus de la moyenne de la population. Ainsi
peut-on avancer que le cinéma n'est éducatif réellement
que quand :
la population concernée est capable d'analyser
le film projeté
- les films sont culturels ou inspirés du
milieu, ou rentrent dans les préoccuoations
de cette Dopulation.(Nous le montrerons dans l'en-
quête'.
- 274 -
Dans le cas contraire
ils sont distractifs,
a cc u1tu rat ion ni s te set pa r con s éque nt
pe r ver t i s se nt l' homne.
c)
La classe dominante
.------------------
Si dans le f'li1 ieu rural,
le cinéma constitue un
luxe, il n'en va pas de même du milieu urbain et de la
classe dominante qui est nantie d'une culture cultivée.
Aussi considère-t-e11e le cinéma comme une pratique cou-
rante, un phénomène normal, beaucoup plus culturel que
distractif ; surtout les films historiques rappelant la
littérature, 1 'histoire et la géographie de 1 l Occident,
voire du monde entier. Dès lors
le cinéma véhicule
l 'idéo10gie Occidentale en adéquation avec celle de la
classe dominante qui n1ignore pas les mises en scène, les
trucages et le sens profond des messages véhiculés. Pour
exemple: En 1982, du 1er Avril au 15 Juin, le feuilleton
"Dallas" a fait le bonheur de tous les Ivoiriens résidant
dans les villes. Mais parallèlement à sa projection,
l 'ouvrage relatif à ce feuilleton était en vente dans les
librairies. Ainsi était-il facile pour ces Ivoiriens de
comprendre mieux, à partir de la lecture
alors que les
autres (moins lotis intellectuellement et économiquement)
se plaisaient à regarder uniquement les scènes sans réel-
lement comprendre le message. A dire vrai
les réalités
présentées sont généralement celles de la classe cultivée
dans la mesure où c'est effectivement sa culture qui est
véhiculée, à savoir: -l l abondance
- les appartements
et villas somptueux de rêve
- la méchanceté dans les
affaires
- 1 1 attitude et le comportement inhumains des
capital istes à 1 légard des économiquement faibles.
Le cinéma
par son côté ostentatoire et de con-
sommation est bien en arléquation avec la classe dominante
- 275 -
qui achète ou loue les films à l'Occident. Il y a des
films "somnifères" parmi ceux choisis dont le but est de
distraire comme toujours la masse, mais en même temps font
prendre conscience à chacun de son appartenance à une
classe bien précise dans la société; nous pensons aux
films du genre, 1I1es raisins de la vio1ence ll où une socié-
té capitaliste anonyme exproprie les petits paysans et
fermiers aux Etats-Unis, phénomène qui se produit aujour-
d'hui en Côte-d'Ivoire.
Cependant en Côte d'Ivoire, au lieu d'une
société privée, on parle plutôt de l'Etat à qui appartien-
drait toutes
les terres non mises en valeur; paradoxe
dans une société qui se veut capitaliste. Sur cette base
la classe dirigeante s'approprie des mi11 iers d'hectares
de forêt avec des titres fonciers. Ainsi le capital isme
le plus tentaculaire est appliqué au pays dans une légali-
té absolue. Dès qu'il s'agit de 1I1'Etat", tout est "léga1 11
et à la limite
on peut donner l'explication suivante:
Aux U.S.A.
le capital isme est inhumain puisque
des sociétés exproprient des paysans
alors qu'en Côte
d'Ivoire, ce ne sont pas des sociétés, mais IIl'Etat ll , par
conséquent
l'expropriation est "justifiée". Cependant
c'est derrière cet Etat qu'il faut regarder.
D'abord il est - un individu: le chef de l'Etat
- une classe dominante: la bour-
geoisie nationale
- un parti incarné par son
Président: chef de l'Etat.
On voit bien que le cinéma véhicule bien l'idéo-
logie de la classe dominante qui doit être intériorisée
par la classe dominée
et en même temps légitime l'exploi-
- 27E -
tation de la première. A partir de ces constatations
voyons le cas de la télévision.
La chaîne nationale de télévision couvre 80 %
du pays. Cependant le Darc de récepteurs n'est que de
101.000 pour 8.0Ce. JûO d'habitants en 1980. Apparemment
ce taux est élevé
lorsqu'on se réfère à toute l'Afrique
Noire, mais ce chiffre est élevé aussi lorsqu'il s'agit
approximativement du nombre de travailleurs du secteur
secondaire et tertiaire. Ce sont les fonctionnaires, les
employés et les commerçants qui en disposent dans la
plupart des cas. Quant aux ruraux, ils sont une fois de
plus exclus dans la mesure où l'infrastructure adéquate
fait défaut (électricité) et parfois le coût très élevé
pour les bourses noyennes.
Ils doivent donc se soumettre
~ux désirs du maître du village pour en jouir une fois par
semaine lors de l'émission "Télé pour tous" d'une durée
de trente (30) minutes
car ce sont les écoles qui sont
se nsées po s s é de r de s po s te s té l é vis e urs da ns l es vi 11 age s .
Il
importe tout d'abord de souligner que, pour
les classes domiante et moyenne, le récepteur de télévi-
sion fait désormais partie de l'ameublement du salon.
Aussi représente-t-il un signe extérieur d'aisance sociale,
de richesse, de réussite sociale.
c. 1. - Programmes:
Quatre émissions hebdomadaires sont destinées au
monde rural dans ce pays où environ 80 % de la population
est rurale. Ce sont
- 277 .
- Nouvelles du pays.
- Télé pour tous.
- La coupe nationale du progrès.
- Au village ce soir.
c.1,1. - Nouvelles du pays
Cette émission destinée au milieu rural· utilise
douze (12) langues nationales
et a lieu tous les jours de
h
h
19
05 ~ 19
25 mn, soit 20 mn. La tranche horaire par
langue étant de 20 mn. Ces langues sont:
1- Abbey
7- Guéré
2- Baoulé
8- Koulango
3- E'bri~
9- Bété
4- Gouro
10- Mossi
5- Dida
11- Sénoufo
6- Yacouba
12- Dioula.
Deux langues se parta<]ent cette plage horaire
par jour.
Le but de cette
émission est dlinformer en 20 mn
la population concernée sur le plan national et interna-
tional. Clest dire que la télévision nlinforme presque pas
la population
car en si peu de temps aucune analyse dlune
situation précise nlest possible. Elle donne généralement
. les activités du bureau politique, des Ministres et le
- Un bon poste télévise~~ ~c~te en moyenne 300.000 F soit
6.000 F F~ançais.
-
Voi~ Etude ~égionale i'édu~ation Opt. Citée PP.
41-43.
- 27P. -
sport en particulier le1foot-ba11~qui est le sport le plus
populaire du pays. Cependant le fait le plus marquant,
c'est qu'au moment où on informe deux ethnies ou régions
administratives, le reste de la population vit dans l' in-
différence et la non information, attendant son tour au
bout de trois ou quatre jours., Heureusement depuis 1982
le temps d'antenne
est ramené A 45 mn, mais
cela ne change rien dans le contenu.
Ces informations tournantes ne sont pas de
nature A intégrer toute la population
car si nous prenons
l'exemple de la langue Dida qui est programmée les lundi
et jeudi, la population concernée n'est plus informée les
mardi, mercredi, samedi et dimanche. C'est dire qu'elle ne
sait plus ce qui se passe dans son pays, surtout cinq
jours dans la semaine. Ainsi les informations sont-elles
le plus souvent anarchroniques. Mais il faut nuancer. Il
est vrai, la population villageoise n'est pas informée
correctement comme nous venons de le dire
et au risque de
nous repeter, le véritable problème au niveau rural est
l'alphabétisation sans laquelle l'information passe diffi-
cilement. Mais voyons si l'information destinée A ce
milieu est bien reçue. Il s'agit de télé pour tous.
c,2. - Télé pour tous
Cette émission d lieu tous les mercredi de lOh 30
A 21 heure~ soit pendant 30 mn. oar semaine
en langue Fran-
çaise
et dont le but est de montrer quelques éléments
d'une manière sommaire de
_i'
Voir -
Etude Régionale.
Opt.~':·:'O~J ?
42.
- 279 ..
-
la modernisation et l'amélioration du niveau
de vie du monde rural.
-
la
lutte contre
l'exode rural
en favorisant
l'insertion des jeunes dans
leur milieu.
-
la valorisation du
travail
agricole et
manuel.
-
l'information sur
les
structures administra-
tives,
économiques et
pol itiques du
pays,
les problèmes
de société-(délinquance,
violence,
drogue etc .•. )
Le but de cette émission est
plus
généralement
de
donner à tous
les
Ivoiriens
ruraux,
urbains,
jeunes,
adultes,
des
connaissances
de base
pour comprendre,pour
participer effectivement,
librement et activement à
la
réalisation de
ces
activités,
particulièrement dans
les
secteurs
de
l'agriculture,
de
l'élévage,
de
l'entreprise
artisanale etc . . .
soit à
titre
individuel
ou en groupement
coopératif,
comprendre pour acquérir des
comportements
propres à améliorer
les
conditions
sanitaires et sociales
[
(hygiène,
habitat,
organisation
rationnelle
du
travail
~t
(1.........•....
autres),
telle est définie cette émission par les autontés
'.
politiques
du pays.
On peut
dire que
l'émission atteint son
~.•
cible si
on se
réfère
aux
résultats enrègistrés. Plus
du
t
tiers
des
villages
sont aujourd'hui
lotis et d'Où
sortent
i
de
terre
des
logements
décents.
Un effort d'électrifica-
1;
tion s'opère de
jour en
jour,
on atteint aujourd'hui
une
f.•..
école et demi
pour deux
villages
sur l'ensemble du
f
territoire et au Sud-Ouest du
pays à
une école par vlllage,
f
tous
les
vi llages-centre sont dotés
de
dispensaires
ou
f
centres de
santé.
Cela
prouve
bien que
le message passe,
,.
d'ailleurs
les
résultats
le prouvent.
i
!~.
- 280 -
Cependant
ces résultats favorables enrégistrés,
le sont pour plusieurs raisons, notamment, la prise en
charge par des cadres du développement de leurs régions
et villages. A cet effet
il existe aujourd'hui dans
chaque village, sous-prefecture et préfecture, une asso-
ciation de développement économique, social et culturel,
ce qui peut sous-entendre
que le message offi ciel
ne
suffit pas. Ainsi
tout cadre est dans son village: -
médecin - juriste - éducateur - pharmacien etc ... C'est-
à-dire qu'il est sollicité à tous les niveaux de la vie
sociale. Ce sont ceux-là qui constituent les véritables
moteurs
de développement.
- 281 ..
1.4.4. - La Coupe Nationale du Progrès
Elle est aussi réalisée en Français,. bien que
destinée au monde rural. De toute façon le Français est
la langue offi cie11e et tout 1voi rien est sencé l' écri re
e t 1e par1e r co r re ete me nt bi e n qu' env i ro n 90 ~ de 1a popula-.
tian rurale
.1'ignorent. On présente dans cette émission
des blocs culturaux où l'agriculture est mécanisée le
plus souvent, mais on ne demande jamais aux paysans de
poser leurs véri tables prob1 èmes, ceux qu'i 1s rencontrent
to us 1es j 0 urs. Quo i qu' i 1 en so i t, i 1 y a de s Exp e rt s
des bureaux d'étude des pays Occi dentaux travai 11 ant
pour eux et parlant a. leur place après avoir évalué leurs
besoins depuis Paris ou New York. On sait mi!me ce qu'ils
veulent
ou non, ce qu'ils doivent faire ou non étant
assis dans un bureau d'étude à Paris. C'est dire une
fois de plus que cette émission n'atteint pas ses objec-
tifs
car le cliché Français n'est pas nécessairement
1e me i 11e ur pou r l' 1 vo i ri e n e n vo i e de dé ve 10 PPe me nt.
En effet
depuis sa création en 1964, selon les
dirigeants, cette émission ne cesse d'enrégistrer de succès.
Chaque campagne ou édition dure deux ans. Aussi la coupe
nationale du progrès a-t-plle eorellistré
en:
- 1967-1968
400
candi dats.
- 1968-1970
700
candidats.
- 1970-1972
2000
candi dats.
- 1972-1974
2700
candi dats .
1
1974-1976
3366
candi dats (72) •
-
~
t
li
Presse et Information en Côt€
d'Ivoire: cpt. Cit. p. 77.
- 232 ..
Ces chiffres montrent bien que le message passe
entre autorités po1itico-administratives et la population.
Cette émission occupe un temps d'antenne de
30 mn
en Français et dans les langues nationales choisies.
De 1979 à 1981
le nombre de sous-préfectures
r:]nrji~~~n-
était de 125, c'est-à-dire la totalité des
circonscriptions sous-préfectorales du pays, 6.000
exploitants individuels. 800 villages.
L'Etat a distribué plus de 200.000.000 de francs
CFA de prix aux meilleurs paysans en 1976. Cette émission
crée
comme on le voit, une émulation qui met la Côte
d'Ivoire à l'abri de la pénurie alimentaire. Les autorités
atteignent en partie leurs objectifs
mais il faut
nuancer.
~n effet
il y a la satisfaction biologique
(nourriture', mais de nombreux besoins demeurent non
satisfaits: l'identité culturelle, l'authenticité, la
langue de communication, l'affirmation de la personna-
lité Ivoirienne sous-tendue par une culture nationale,
une participation participante elle aussi sous-tendue par
une information réelle sur les problèmes pol itiques aussi
bien nationaux qu'internationaux, en d'autres termes
l'affirmation et la manifestation
d'une indépendance ré11e.
- Mais que recouvrent toutes ces notions?
al - Affirmation de l'identité culturelle
Jans son article "Culture
et développement"
Lê Thành <~ôi 2crit :
_
.
- 283 -
"
en parlant d'identité,
ne fait-on
pas disparattre les différenc8s de
classe sociale, d'ethnie, de sexe,
de localisation urbaine ou rurale,
etc . . .
?".
(7/)
A dire vrai, 111 'identité culturelle ll semble un
terme dramatiquement confus, une confusion volontaire
entretenue par la plupart des chefs d'Etats Africains
pour masquer les réalités nationales. Derrière ces
aopelations
se cachent effectivement les classes sociales,
le tribalisme, la différenciation ruraux-urbains, en
d'autres termes
les rapports de production.
En effet
l'identité culturelle en Afrique ne
pose jamais le problème d'exploitation d'une majorité par
une minorité nationales, d'autres ethnies par une au
pouvoir, mais accentue ses remises en cause des occiden-
taux ou des régimes socialistes de l'Est. C'est le cas
en Côte d'Ivoire où on nie officiellement l'existence
des classes sociales, dans ce cas précis, l'identité
culturelle devient un moyen légitimatoire d'exploitation
de la masse.
Pour notre part
l'affirmation de l'identité
culturelle doit être perçue d'abord comme un facteur de
libération et d'édification nationales et d'autre part,
comme une garantie dans les relations internationales.
Ceci devrait constituer une revendication majeure de la
,
-, :
-Lê Thành KHOI
Article à paraitre dans la Revue
du Tiers-Monde.
Avril-Mai 1984
N° Spécial sur "Culture et
développement".
- 7.84 -
plupart des pays Africains. Mais un autre problème se
pose, clest la manière dont les mass média sont utilisés,
car de cette utilisation dépendent deux considérations:
a) favoriser l'enrichissement culturel, la
cohésion nationale, le progrès de la population, la paix
et la compréhension.
b) au contraire favoriser la division, con-
tribuer à la dégradation des valeurs établies et servir
d'instrument à la domination culturelle.
En fait
il ne suffit pas d'intégrer les métho-
des traditionnelles des mass' média à des systèmes plus
modernes et de renforcer les moyens de diffusion des
messages, mais au contraire il faut tenir compte du conte-
nu du message véhiculé par les mass·média. Selon la
conférence de l'UNESCO sur les politiques de la communica-
tion tenue à Yaoundé :
"Dans un grand nombre de pays en déveLoppe-
ment, que ce soit en Afrique ou aiLLeurs,
La rentabiLité ne sembLe pas correspondre
à cette nécessité d'affirmation de
L'iden-
tité c~!tureLLe. CeLa tient tout d'abord
au ta~t lu/une attention trop ar~~de est
acc~rdée 'aux moyens qui servent à La
transfor~ation
des contenus, par rapport d
La production endogène des messages et des
informations ;
L'anaLyse des ressources
investies dans Les systèmes de communica-
tion fait en effet apparattre une dispro-
portion entre
Les crédits aLLoués aux
~ ." ~ >, • , -'- - . "
, '" - ~
t . 1
t
#
' 4 o
•
aux
e "ecommu1t1,ca"l,ons e
, ' , "
• . < '• •
;'.~ -
' ' ' ' ' ' ,
à
L'é~u:~ement et Les crédits aLlcués d La
coLLeète" et à La préparation des nouvelle~
Voir La Conférence in te r;:ouve l'ne >71en ta Le sur les
;oLitiques
de la communication en A.frique.
Yaoundé 22-31 •.::.4:!!et 1980.
PP.
21-24 -
UNESCO.
- 285-
cl la p~oduction des p~og~ammes cultu~els.
b~ef cl tout ce qui ent~e dans la notion de
logiciel ou Wsoft~a~e". Il s'ensuit· le
plus souvent ou bien que l'efficacité des
syst~mes est ~éduite pa~ ce qu'ils ~estent
insuffisamment utilisés ou bien que la
c~éation des syst~mes mode~nes de communi-
cation est automatiquement suivie d'une
winondation W de p~og~ammes impo~tés. avec
les ~isques d'aliénation cultu~elle que
cela compo~te. Les syst~mes mode~nes de
diffusion ;e~~ent donc It~e pleinement
utilisés sans pou~ autant se~vi~ au ~enfo~
cement ou à l'affirmation de l'identité
cultu~ellew'74).
Si pour se développer dans l'harmonie, une culture doit
être ouverte aux autres
et en même temps éviter son
asphixie ou atrophie, par contre
l'importation massive
des programmes de l'étranger aboutit le plus souvent à une
domination ou soumission culturelle. De plus l'intégration
nationale dépend en partie de la politique linguistique et
du développement (surtout du contenu) des mass·média
nationaux. Ainsi depuis l'accession de la Côte d'Ivoire à
son indépendance, la classe dirigeante est hantée par
cette idée d'intégration nationale. Mais la réalisation de
celle-ci pose des problèmes:
- Impossibilité de communiquer rapidement aussi
bien par le téléphone, par la radiodiffusion que télévi-
sion et satellite avec d'abord tous les pays du continent
et ensuite
avec le reste du monde.
- Difficulté de communication au niveau national
entre ethnies et différentes régions et sous-régions du
pays.
- Confé~ence de Yac~~dé
opt. cit.
P.
21.
- 286 .
- Manque d'échanges socio-cu1ture1s entre dif-
férents groupes. Ce dernier point est une conséquence du
manque de langue nationale et officielle
car seul le
Français est officialisé et si on ne le parle pas, la
communication devient difficile voire inexistante. Par
conséquent l'identité nationale implique une langue
nationale. Bien sûr, dans notre cas
le Français peut
jouer ce rôle
car il ne s'agit pas non plus d'une langue
nationale qui véhiculerait l'idéologie étrangère au même
titre que la langue importée. Mais le vrai problème c'est
l'intégration nationale d'une part, et 1 'harmonie sociale,
culturelle et ethnique d'autre part.
En effet
on peut considérer deux types de
valeurs et normes liées aux deux types d'identité J il Y"l
- l'identité nationale ou de la communauté ayant
ses valeurs propres, ses traditions, ses normes. Mais dans
l'identité nationale se trouvent différentes identités
liées aux différentes ethnies
qui sont encouragées et
favorisées. En Côte d'Ivoire Républicaine
par exemple
les mass
média présentent l'intronisation des Rois dans
les groupes Akan , c'est dire qu'il existe bien une iden-
tité particulière à chaque ethnie
- l'identité ethnique ou plutôt tribale ayant
ses valeurs spécifiques, langue, religion etc ..• qui sont
respectées.
Dès lors
l'identité se situe à deux niveaux
- individuel - et collectif; - comportements particuliers
et attitudes nationales.
- 287 -
D'une manière générale, la pléthore d'ethnies ou
tribus est enrichissante sur le plan culturel
car seule
la synthèse de ces diverses cultures peut constituer
l'identité culturelle nationale. On serait alors à l'aube
d'une véritable nation Ivoirienne se ressourçant dans les
différentes traditions ethniques en dégageant une langue
commune officialisée et nationale, langue à la fois véhi-
cule de la communication et des mass média
et ensuite
élément du patrimoine culturel.
Cette richesse linguistique et culturelle du
pays suscite non seulement un respect du pluralisme lin-
guistique, mais implique l'adaptation des mass· média aux
différentes aires linguistiques. C'est bien sûr coûteux
du point de vue financier, mais cette adaptation offre des
avantages aux masses rurales qui sont touchées, notamment
par l'information affective à tous les niveaux de la
société. Or pour l'heure
seules sont utilisées les lan-
gues étrangères dans les mass média. Ainsi les programmes
radiodiffusés et télévisés, les grands journaux utilisent
le Fr~nçais qui est destiné aux seules élites. Ce qui en-
trafne un déséquilibre creusant le fossé entre la Culture
élitiste et les cultures populaires. Ainsi donc la politi-
que linguistique est de loin le problème central de la
formation de la politique des mass· média en Côte d'Ivoire.
Seules donc les langues nationales sont les véritables
véhicules des cultures
dans leur expression authentique
car elles représentent incontestablement les instruments
d'éducation permanente et des adultes. Ces langues sont un
préalable pour l'affirmation de l'identité culturelle.
D'ailleurs nos vue~ vont dans le sens de l'UNESCO. Selon
~ette organisation:
Conférence intergouvernementale sur les politiques de la
communication en Afrique. Opte
Citée pp.
22-23.
~~,
. ,"
• ~ ••',
'J~~
-
288 -
WOutre le plan decennal pour l'étude syst4-
matique de la tradition orale et la
promotion des langues Africaines comme
véhicules de aultuJ-e et instruments d'édu-
aation permanente, approuvé par laaonférrence
générale, l'organisation a lancé le pJ-ojet
wHorizon 2000 w, destiné d enaourager Zes
Etats membr~s d définir une stratégie con-
cernant l'utilisation des langues Africaines
aomme moyens d~ aommuniaation, stratégie
qui pe~~ettrait d aes langues de devenir,
avant la fin du sièale, des instruments
d'aaquisition des aonnaissanaes et des
teahniques modernes w•
D'ailleurs certains ouvrages de 1 IUNESCO sont publiés dans
les langues Africaines, en Swahili depuis 1978 (courrier
de l'UNESCO). la langue constitue incontestablement un
facteur d'intégration nationale. Dans le cas contraire
on
assiste à une aliénation, acculturation et domination cul-
turelles, par conséquent à un impérialisme culturel. Ainsi
au lieu d'affirmer son identité
on affirme celle des
autres ou encore on s'affirme à travers les autres.
Tous les pays africains éprouvent un réel besoin
d'intégrat~on nationale, c'est-à-dire que toute la popula-
tion doit être adaptée aux structures politiques, économi-
ques, sociales et culturelles étatiques. Car le désir de
cette intégration se ressource d1abord dans l'histoire de
l'Afrique, il est même idéo'logique, ensuite celui inhérent
aux réalités coloniales.
En effet
les frontières héritées de la coloni-
sation sont
avons-nous dit, arbitraires, ainsi des tribus
ou groupes ethniques sont à cheval sur deux ou trois pays
- 289 -
différents. C'est le cas des Malinké qui se rencontrent
en Côte d'Ivoire, au Mali et en Guinée. Les Akan se ren-
contr3nt aussi au Ghana, au Togo et en Côte d'Ivoire.
Cette situation de peuples dispersés pose un problème,
notamment celui de l'Unité nationale. Les exemples
suivants nous aideraient A mieux comprendre:
1. L' Ag nid uSa nwi 0 u ~ e l ' In dé nié (C ôte d 1 l vo i re ;
se sent beaucoup plus proche du Ghanéen que du Dida, Bété
ou ~è, pourtant du même pays aujoud'hui.
2. Le Malinké se sens beaucoup proche du
Guinéen que de l'Agni, le Baoulé etc .•.
Du point de vue théorique
il faut considérer deux types
d'intégration, ce qui nous amène à utiliser les néologis-
mes suivants: - Intégration "intégrante" - intégration
" dés i nt é gra n te " .
1.
Intégration "intégrante" ou intégrationniste
Les frontières héritées de la colonisation sont
une réalité qu'on ne peut plus ignorer sous peine de tom-
ber dans un vulgaire ethnisme ou tribalisme. Ces espaces
géographiques bien délimités,
on se doit d'en faire des
Etats et des Nations. Si historiquement des liens unis-
saient des clans ou familles, depuis la colonisation
d'autres liens ont été tissés. La consol idation de ces
Etats ou la transformation des fédérations ethniques en
Nation telle que la Côte d'Ivoire
suscite un processus
d'intégration ou une intégration intégrante, voire inté-
grationniste.
- 290 -
Dans la mesure où communication, mass média et
vie en commun sont intimement 1 iés, on peut déjA penser
qu'un échange réciproque renforcé et plus dynamique de
communication
et d'information
entre les habitants de la
reglon ne sera pas
selon l'UNESCO, l'effet A long terme
d'une intégration préalable, mais bien une de ses raisons
principales: c'est cette volonté d'atteindre ou de réali-
ser 1 1 unité nationale dans les frontières héritées de la
colonisation que nous appelons Intégration-Intégrante.
Les massmédia doivent donc incorporer les indi-
vidus à la société, les intégrer à tous les niveaux
de la
famille, du village, de la région A la Nation
et ensuite
sur le plan international. A partir de lA, on peut savoir
si un pays se développe ou non.
Il se développe générale-
ment dans 1 Iharmonie si son intégration intégrante se
poursuit - (absence de guerres tribales, ethniques, trou-
bles répétés liés au tribalisme etc ... )-
Cette intégration doit avoir comme support de
communication une langue nationale. ~ais là aussi
se
posent beaucoup de problèmes, notamment ceux du choix de
la langue dans les pays, telle que la Côte d'Ivoire où 68
langues ou parlers coexistent. On est tenté de choisir la
langue de celui qui dirige le pays. Ce qui représente
d'abord une acculturation endogène et ensuite une domina-
tion ethnique et culturelle. Dans ces conditions un
consensus s'impose autour des langues.
2.- Intégration désintéqrante :
----
-
- - - -
Ce néologisme signifie tout simplement une inté-
gration qui, au lieu de converger vers l'unité nationale,
divise ou crée des entagonismes et guerres tribales,
-
Z91
-
ethniques
etc .... Cette situation est généralement la
recherche d'une identité spécifique, contestation des
frontières coloniales arbitraires. Cette singularité qua-
lifiée d'Identité repose donc sur les origines: ethniques,
cultures communes. Cle~t ce que nous appelons l'intéaration
désintégrante.
Mais les conflits se situent 3 deux niveaux
- niveau national
- niveau international.
- Au niveau national
il s'agit de problèmes de
rivalités ethniques, le plus souvent les autres ethnies ne
sont pas suffisamment ou pas du tout représentées dans les
instances dirigeantes. De plus
on constate une domination
le plus souvent économique ou politique. Situation qui
entraîne une attitude réactionnelle.
- Au niveau international
on tait les contra-
dictions ethniques et même de classes sociales pour ne
s'attaquer qu'à un seul ennemi, l'étranger ou le colonisa-
teur qui exerce alors une domination, voire un irlpéria1isme
sur le pays concerné. Dans ces conditions le combat contre
1 'occupant constitue un moyen d'intégration en taisant les
contradictions internes, mais ces contradictions seront
ravivées une fois l'indépendance acquise. Ainsi donc
pour
se libérer de la domination extérieure, l'intégration
nationale s'avère nécessaire, elle est même indispensable.
Mais elle ne doit pas perdre de vue l'alliance de classe
de la classe dirigeante avec les puissances impérialistes,
par con s é que nt
1a 1u t te de c 1as se 5. Cet te i nt é grat ion do it
contribuer à promouvoir le développement national, dans le
cas contraire
elle permet le contrôle du pays par 1 l impé-
- 232 .,
rial isme culturel.
C/- CONDITIONS DE L'AFFIRMATION DE L'IDENTITE CULTURELLE
ET DE L'INTEGRATION NATIONALE
Nous savons aujourd'hui que dans la promotion de
la conscience culturelle
les technologies éducationnelles
et communicationnelles jouent un rôle important. Dans ces
conditions leur intégration aux mass média ne pe~ qœ
con tri bue r Ali a f f i r mat ion de l' ide nt it écu 1t ure 11e con s i s-
tant A intégrer
dans l'intérêt de la masse
ces technolo-
gies s lesquelles doivent viser A approfondir le sentiment
national s A expliquer les objectifs nationaux de dévelop-
pement
en même temps elles doivent servir de relais
entre le passé et le présents ce qui constitue une
préservation des traditions. Mais un autre facteur très
important dans la prise de conscience de l'identité est
l'utilisation de la langue maternelle ou la langue
nationale.
1 - Langue nationale: facteur d'affirmation de
l'identité culturelle et de l'intégration
nationale?
Tou t Ps y ch 01 0 gue no us con fi r me r a que l' en fan t
apprend mieux dans sa langue maternelle que dans une autre.
Ainsi facilite-t-elle l'accès A la connaissance. Au niveau
des adultes
la langue est un facteur qui confère à l'in-
dividu une identités le sentiment d'appartenir A un groupe
dlfférent de l'autres A un autre peuple différent.
-
293
-
A ce titre elle constitue un important instrument ou
moyen de développement endogène
dans la mesure où elle
permet une participation effective de tous les habitants
du pays. Cela se justifie puisque la barrière linguistique
(le Français) est vaincue
dans ce cas.
Quoi qu'il en soit
les autorités politiques du
pays sont conscientes de cette situation, c'est ainsi
qulelles envoient toujours des délégués dans les villages
expliquer leur politique en langues nationales, non seule-
ment pour toucher toute la population
mais pour mieux
faire assimiler les messages gouvernementaux. Ainsi pour
les besoins politiques
les langues nationales sont réva-
10risées, mais au niveau culturel
elles sont dépassées,
on nlen tient même pas CO~~lTJte dans la communication officielle.
2 - Mise en place d'une véritable politique de
f
la communication et des mass média.
f
J
Les aspects de la politique culturelle nationale
doivent être intégrés dans cette nouvelle politique, ce
1
qui implique également l'épineux problème linguistique
f
dans les priorités ro1itiques.
1
Nous savons que les pays Africains s'ignorent sur
r
le plan culturel
exceptée la musique qui s'introduit par-
tout
mais on ne peut pas continuer à danser en négligeant
1
l'art, les moeurs, les lois, les religions, les modes de
pensée ... , en un mot, 11
culture
de soi et des autres.
1
~
Ainsi donc
le développement des massmédia et de la
communication au niveau des pays, régions ou sous-régions
i
peut accélérer le processus dléchanges, contribuer à une
meilleure compréhension et à un enrichissement mutuel
!!
1
r1
- 294 -
entre ces peuples. Car il
ne slagit pas de connaître la
culture de l'occidental situé à des mill iers de kilomètres
alors qulon ignore celle du voisin immédiat. Bien sQr
on
pourrait nous rétorquer que ces pays Africains sont au
même niveau de développement
puisqu'ils ne sont pas
industrialisés. Mais d'autres
valeurs développantes
n'existent-elles pas en déhors du développement techno-
logique? Ce développement se limiterait-il
uniquement
aux ordinateurs et à la télématique? Quoi qulil en soit
tout développement national devrait entraîner la
participation du public
par conséquent entraîner la
dimension humaine.
1.4.5. - Au village ce soir
Cette émission culturelle a généralement lieu
dans une langue nationale (parmi
les 12 utilisées).
Elle
reprend les mêmes thèmes que Télé pour tous
mais ici,
on ajoute l'aspect comique.
Il s'agit grosso modo de
poser les problèmes de la société
en particulier des
conséquences du changement soci·al .ov plutôt. de transfor-
mation sociale. On se retrouve toujours en présence du
même problème d'inaccessibi lité à l'information dans le
mi lieu rural.
Cependant, il est incontestable que cette télé-
vision soit accessible au milieu rural, cette "machine"
à images
immédiates
beaucoup plus proche de la vie
humaine
car elle permet de v0; r l'image vivante de ceux
qu'on connaît, de
rapprocher les hommes et les pays, voire
les :ontinents.
Elle semble a cet égard préférable. au
cinéma qui
projette des images dont les personnages sont
inconnus
lointains, voire même étrangers.
- 295
-
1
En dépit de cette préférence
les
ruraux ne
peuvent dans
leur large majorité
s'offrir des
récepteurs
de
télévision pour des
raisons
d'ordre économique et
infrastructurel.
~ès ~ors
ils
se
ruent sur les
récepteurs
radio qui
par leur coüt bas et exigeant une
infrastructure
simple
sont d'un abord beaucoup plus
facile.
Mais
revenons à
l'idée du r"1essage que
veut faire passer la
classe
dirigeante
:1
t"')/ers
cette
émission.
Il
s'3git
comme nous
l'avons
di t
du changement soci al
ou pl utôt
les
difficultés
du changenent social.
En e f f e t
t 0 us
1es
an t h r 0 polo gue s a f ri ca ni s te s
ont brillamment décrit ou étudié
les sociétés Africaines.
Mais
depuis
ces années
rêvées
les
sociétés ont subi
et
nec e s 5 e n t
des u b i r l' i n f 1 ue n ce
de
1a cult u re
0 cci den ta l e
et malgré cette
dynamique extérieure,
des
résistances
persistent dans
la
rresure
où
les
villages existent ainsi
que
la
vie
communautaire,
les
rapports entre les membres
de
ces communautés
"'è"'e
si
les
structures subissent incon-
testablement des
transf'Jrmations.
Le
villageois authentique à qui
la vie actuelle
n'offre
aucune possibilité d'épanouissement,
de créativité
et enfin
d'intégration effective
dans
la société nouvelle
~u fait qu'il
soit 3n31~~abète se sent frustré.
~ussi re-
~rette-t-ll sa vie ancestrale ~ui lui orocurait une oerson-
nalité dans
sa
société
néme si
à travers
son enfant.
il
bénéflcie des
bienfaits de
la modernité.
rout cadre sUJérieur d'origine villageoise a
d'une
manière générale
des
liens
étroits avec sa famille,
son
village et sa
région.
La construction d'écoles,
des
villages, en
un mot l'urbanisation
des
villages est due
- 296 -
au cadres avons-nous di t. De pl us dans un pays où 1 a
grande majorité ne vit que de l'agriculture d'exportation
(c'est-A-di re une récolte chaque année), les fami lles
éprouvent des di ff; cul tés A
mener une vie décente (se
nourrir) pendant les périodes creuses
et clest justement
aux cadres que revient la charge d'aider financièrement
leurs parents. Mais qu'en est-il de la radio?
I. S. - La Radio
Le nombre exact de postes radio n'est pas facile A
détenniner car le ministère de l'économie l'ignore lui-même,
encore moins nous. Cette situation est due à la contre-
bande des vendeurs de rues.
Cependant les statistiques de
l'U.I .T. donnent 2,9 pour
100 habitants, soit 29 pour 1.000 habitants. Il existerait
donc dans
l'ensemble du pays
350.000
récepteurs selon
les statistiques nationales et 210.000 récepteurs selon
1 ' U. 1 . T.. Quo i qu' i 1 e n soi t o n ne sa u ra j amai s 1e chi f f re
exact
si ce nlest une estimation.
nettement supérieure au
chi f f re a van c é du fa i t de 1a con t re ban de.
N0 us pou von s
situer le taux ci au moins 15 ou 25 % aujourd'hui.
1.5.1. - Programme
A l'instar de la télévision
la radio diffuse un
certain nombre de programmes destinés au monde rural.
Voir:
Etude r~gionaZe Opt. Cit.
PP.
44-45.
u. I.J.P.L.F. : Section Ivoirienne Opt. Cit. P. 7ô.
- '-97 -
1
- Le magazine d'information. la Terre au soleil. la Coupe
nationale du progrès. les Avis et
Communiqués.
1.5.2. - Le magazine d'information
C'est une émission diffusée en langues nationa-
les sur la pre mi ère cha; ne na t; 0 nale to us
1e s j 0 urs de
h
h
15
05 a la
45. Ici.
treize langues se partagent les
tranches horaires par semaine (dans les mêmes langues qu'a
la télévision). sauf pour l'Abbey et l'Attié qui ont cha-
cune.
un temps d'antenne de 40 minutes par semaine. Cette
émission consiste a donner des informations aussi bien
nationales qu'internationales. de musique nationale
et
ensuite les avis et communiqués pendant l'émission.
1.5.3. - La Terre au soleil
Magazine relatif au reportage effectué dans le
cadre de la coupe nationale du progrès
et qui a lieu dans
la langue ou a été enregistrée l'émission
tous les ven-
h
h
dredis de 21
05 à 22 .
C'est un reportage concernant strictement les
planteurs qui ne suivent malheureusement pas cette émission.
Au moment où il a par exemple lieu en Abbey, toutes les
a ut re sethnie sne sui ven t
plu s, l' Ab bey é tan t l a l a ngue
d'une ethnie. On aurait
dans ces conditions. pensé a une
décentralisation de la radio en la régionalisant. Ainsi à
ces heures précises
chaque région suivrait la même émis-
si"n dans sa langue locale. Mais malheureusement ce n'est
pas l e cas. etc haque foi s qui 0 nt lie u ces é mis s ion s
Voi ~ : op t. Ci t P.
4 5 .
- 298 ..
localisées, c'est un vide créé au niveau des autres régions.
Il faut donc a tten dre son tou r une foi s par moi s ou
davan-
tage pour être informé, surtout nous
di rons
pour être sous-
informé
car ces informations localisées ne concernent
que les fai ts di vers.
1.5.4. -
La Coupe ~lationa1e du Progrès
(lest une émission quotidienne en Français qui a
h
h
lieu de 6
30 à 6
45 mn, mais destinée au monde rural.
Par
conséquent quelque noble que soit l'idée
cette émission
n'atteint pas aussi son auditoire.
Cependant elle informe sur
la manière dont les paysans
doivent réaliser leurs plantations ou champs, mais
la
langue utilisée constitue un frein à la compréhension du
message.
C'est en fait une émission destinée aux fonction-
naires et comrœrçants - paysans plutôt qu'aux vrais paysans.
1.5.5.
-
Les Avis et Communiqués
Emission se situant généralement aux heures
d'information en langues nationales
alors qu'elle a lieu
h
en Français trois fois par jour, le matin de 7
05 mn à
h
h
h
7
30 mn,
l'après-midi
de 13
05 à 13
30 mn, et dans
h
h
1a soi rée : de 18
45 mn à lS
59 mn.
Le but de cette
émission est d'informer sur les examens et concours
administratifs, Sur les différentes réunions sous-régiona-
les et régionales, sur la nécrologie.
Peut-on
à partir de cette
présentation des
massmédia dans
le milieu rural.
affirmer qu'ils jouent
oui ou non
un rôle dans
l'éducation et l'information?
- 299 -
Incontestablement
parmi
les messages diffusés
par les mass média et destinés aux ruraux
certains ont
une finalité éducative certaine, mais malheureusement
c'e,t la manière dont procèdent ceux ayant la charge de
forr:er cette population qui est inadéquate.
Examinons cette situation d'une manière critique.
1-6. - Remarques sur les émissions destinées au monde rural.
Cette presse d'information et de formation des-
tinée au monde paysan
est éditée par le ministère de
l'agriculture et diffusée deux fois par trimestre par ses
soins. Rédigée en Français pour des paysans analphabètes.
Si
le ministère choisissait dans chaque village
un lettré (déscolarisé)
rémunéré
chargé d'expliquer
le contenu du journal aux villageois, les buts éducation-
nels et informationnels seraient atteints.
Malheureusement
le '"'1inistère compte sur 'es services des instituteurs des
villages pour véhiculer le contenu et le message.
D'abord
ces instituteurs des villages ne communiquent généralement
avec les paysans qu'en
Français, ce qui
ne change rien et
ne f3Ci lite pas la communication
et ensuite
le ministère
initiateur de ce programme ne leur accorde aucune indemnité.
De plus
l'idéologie capitaliste ne permet pas aux citoyens
de bonne volonté de se dépenser ou se sacri fier sans contre-
partie dans la mesure où l'objectif de la classe dominante
est l'enrichissement à outrance. dans ces conditions
c'est la fin
de l'esprit de sacrifice pour tous.
La compréhension du journal pose au départ un
prcDI::"1e résidant dans son inaccessibilité à un déscolari-
2
sé jtj niveau du CM
ou de la classe de 6e.
Ensuite
la
l
1
rédaction manque
de
rigueur et
de clarté puisque
le
message diffusé est condensé
et enfin,
l'emploi
des
graphismes et des photographies
s'adressant beaucoup plus
aux personnes suffisa;nment
lettrées qu'à
celles qui
sont
limi tées
intellectuellement.
Les
buts
de cette presse ne sont pas atteints
dan s
l a me sure
0 Ù
1e pub lie au que l
i l e s t
sen s é s' a d re s s e r
n'est pas
celui
qui
reçoit effectivement
le ;nessage.
Cela
peut aussi
s'expliquer par
le
fait que
~out dirigeant
politique ou haut-fonctionnaire est planteur,
ce faisant
cette presse s'adresse en
réalité à cette catégorie
sociale sous
le couvert une
fois
de
plus
des pauvres
paysans
tout juste pour avoir bonne conscience et donner
une
image
d'ailleurs
non conforme
aux réalités à
l'extérieur
du pays.
Quant à
télé pour tous
une
fois
de plus
diffusée
en
Français serait
tradui te en
langues
nationales par des
villageois
déscolarisés,
mais
pour des
raisons
déjà évoquées,
on
fait confiance à des
instituteurs ètrangers
aux villageois
et qui
de plus
s'en
desintéressent.
Si
les autorités
voulaient effective'1ent attein-
dre
le
public visé, une
régionalisation eût été nécessaire.
Ainsi
le
journaliste
aurait expliqué et commenté directement
dans
la langue
le message serait bien enregistré par
chaque villageois.
('est dire que
l'instituteur n'est pas
la solution.
La
médiation entre
ruraux et émission
devrait
selon
le
projet de
"Télé pour tous", être
assuré~ par les
instituteurs
volontaires
environ
1.500 au
cours
de
l'année
1975-1976.
~"ais ces maîtres
rencontrent généralelYent
- ~o, -
des
difficultés
langagières et en
fin
de compte
les
villageois
refusent
de
participer aux
débats avec inter-
prètes, ce qui
rend
les
rapports
distants.
Cependant
les
thèmes
étudiés sont dignes
d'inté-
rê t
-
la
télévision éducative
-
le système coopératif
-
l'alimentation de
l'enfant
-
la carte
d'identité
l'eau et les maladies propagées par l'eau
-
l 1 hab i t atm 0 de r ne
-
l'épargne.
Tels
sont
les
thèmes
traités en
1982 et qui
sont
repris
chaque année.
Des sujets
d'une
telle importance
devraient être suivis
àe
débats
dans
les
vi llages
afin
de
permettre à
la population
de participer effectivement."r
on
pense qU2
lil passivité permet une intériorisation
faci-
l e , c'est apparemment vrai,
mais
l'intériorisation n'est
facilitée que par la participation.
Fondamentalement
cette émission
devrait être
animée par des
instituteurs, c'est possible, mais
l'erreur des
autorités
provient du fait que:
-
ces
instituteurs sont souvent
des
fonctionnai-
res,
par conséquen t
cons; àérés comme
extérieurs
au vi 11 a-
ge, à
la
communication et préoccupation'
des
villageois.
-
ne
parlant pas
généralement
la
langue
locale
la communication
devient
difficile,
aussi
ont-ils
recours
aux
interprétes qui
ne ma1trisent
pas
les
termes
techniques,
•1
j
- 302 -
tout comme les instituteurs eux-mêmes, d'où confusion
dans la traduction et découragement des villageois.
Les messages s'inscrivent toujours
dans un cadre
intellectuel
et on peut les appeler:
"Messages urbains
(rythme, sémiologie de
l'image, spatio-tempora1ité du
d -
) Il
ecoupage.. .
.
- Les structures et les rapports sociaux du vi llage ne
sont pas de nature à favoriser la discussion de groupe. En
effet
dans ce milieu
les relations obéissent le plus
souvent à une hiérarchie. Les vieux sont sensés tout savoir.
Or
ici
l'éducateur
est le jeune du village (interprête)
et les vieux ne peuvent en aucun cas admettre cette si tua-
tion.
De plus cette manière d'agir ne Pî0f1Eut donc vas'1'assimi1a-
tion du message.
L'impact de cette émission sur le monde rural
est quasiment nul
car cette émission s'adresse beaucoup
plu s a ux 1e t t ré s qui
son t sen 5 é s être ce s ci ta di ns que
ru ra ux .
Pour la coupe nationale du progrès
il s'agit
bien d'une opération ayant pour but d'apporter des informa-
tions sur 1 1 agricultrure
fondées sur l'émulation à
partir
d'un concours au niveau des exploitants agricoles, donc
paysans avons-nous dit.
Mais malheureusement
cette émission n'atteint
pas elle aussi ses objectifs. Le villageois sans aide
d'une banque telle que la B.N.D.A.
ne peut avoir, aidée
uniquement de son épouse
une exploitation agricole viable,
1
f,
- 303 -
surtout que les enfants sont aujourd'hui presque tous
scolarisés.
Cette opération s'adresse donc aux hauts-
f 0 net ion naire set di ri ge a nt s pol i t i que s sou s l e cou ver t
des pare nt s vil l age 0 i s .
l l ne s 1 agi t don c pas de mon 0 cul t u re
mai s d' une exp loi ta -
tion rationnelle diversifiée: Elevage, pisciculture,
plantations bien entretenues qui exigent des moyens
financiers considérables; en d'autres termes
des exploi-
tations de type industriel, donc mécanisées, les fermes
exigeant
des visites constantes des vétérinaires. Dès
lors
c'est le fils
fonctionnai re
ou le frère
ou encore
le cousin qui obtient le crédit bancaire et développe donc
par personne interposée l'exploitation agricole moderne.
Une fois de plus
il ne s'agit pas d'une émulation vérita-
b l e e n t re pay san s
mai s d' u n vé rit a b le" co mbat" dé l 0 Ya l ;
d'un côté celui qui dispose de tous
les moyens matériels
techniques et finènciers, et de l'autre
celui qui n'uti-
lise que sa force de travail. A ce niveau
les résultats
des exp loi ta t ion sne peu ven t que re f l è ter les cl a s ses
sociales en présence.
les vrais planteurs ou paysans
étant aussi
les Hauts-Fonctionnaires ou hommes politiques,
les villageois étant une fois de plus relégués à l'exploi-
tation agricole de subsistance ancestrale.
En vantant les grandes exploitations agricoles,
c'est l'idéologie occidentale qui est imposée. il s'agit
de toute évidence de constituer deux classes: nantie et
démunie sur le modèle Occi denta 1. Ce qui prouve que ce que
nous considérons
comme anormal
dans le fonctionnement des
mass médi a nationaux est. en
fai t voulu et suit une logique
"normale"dans le procès des stratifications sociales.
- 304
1.6.
Inadéquation entre les besoins et l'utili-
sation des Mass Média:
La premlere constatation qu'on peut faire, c'est
que la "Terre au soleil" ne parvient pas au public concerné,
de plus
la défectuosité
langaqière et rédactionnelle rend
assez difficile l'accès au message.
IITélé pour tous" qui
~e'lrait, comme son nom ,'indique
s'adresser à tous
les
Ivoiriens
n'est en fait destinée qU'à la minorité non
concernée. Cependant
les besoins exprimés de la popula-
tion rural e, c'est le contenu du message devant se rappor-
ter aux travaux agricoles, à la santé, à la nutrition et à
l'habitat.
C'est ce que voudraient sans doute faire
les
autorités politico-administratives, mais elles sont
victimes de leur propre idéologie, leur propre classe
sociale.
Elles ne peuvent en aucun cas ruraliser l'infor-
mation et la formation
ouisqu'en
définitive ces mass
:nédia sont à leur service, dès
lors
leur attitude
devient consciente et préméditée.
Les ruraux
à
l'instar des autres groupes socio-
professionnels
ne devraient pas subir
mais particioer a
l 'élabor~tion des émlssions. La véritable ému1ation r~si
j .; n t
e f .;: e c t i ve'l e n t dans leur Dar tic i pat ion et n0 n da '1 s
leur oassivité face à ce 'lui
leur est exposé. I\\insi arrive-t-
on à l 'accessibil ité au ~essage ayant un double objectif:
- Information
- Formation.
Après analyse des mass -média dans
le mi lieu
S'Jrtout rural, on peut faire la constatation suivante
- 385 -
- La domination des Mass média par une langue
étrangère (Français) est un impérialisme culturel
évident.
- Le fait de projeter la société paysanne
Occidentale en milieu rural
Ivoirien constitue
non
seulement un facteur d'acculturation
mais d'impérialisme
cultrel
rural.
- Le fait pour ces mass·média de véhiculer
l'idéologie capitaliste en milieu rural
est un signe
incontestable de domination culturel le, donc d'impéria-
lisme culturel.
- Enfin
le fait de véhiculer l'idéologie
capitaliste par la classe dominante interposée est aussi
un impérialisme culturel Occidental. En d'autres termes
les Mass ~édia sont au service de l' Impérialisme Culturel
Occidental.
1
1
~
Mais cet impérialisme culturel
ne s'est pas
1
limité a ce cas étudié; les mass média
(télévision) ont
été
introduits dans le système éducatif
Ivoirien pendant
1
dix années, examinons donc ce système.
1.7.
- La Télévision Educative
1.
Causes
Dans son plan 1967-1970
le gouvernement Ivoi-
rien mettait en relief les carences de l'enseignement
traditionnel et les difficultés de sa diffusion
surtout
la diffusion d'une éducation fondamentale.
Ainsi
le plan
1971-1975 précisait-il que "le développement économique
- 306 -
et soc i a l do i t ë t r e sou s - t,! ndu par une pol i t i que de pro m0 -
tion et de formation de
ressources humaines".
(7S::
Le souci d'atteindre à la fois
le maximum
d'élèves et de former des maîtres capables s'imposait.
C'est ainsi que furent mis sur pied les moyens audio-
visuels devant permettre
la diffusion des modèles visuels
et sonores considérés comme effic3ces Déd3jogiquement.
Ils devaient également permettre aux maîtres de
bénéficier
des leçons dispensées par des professeurs dans le cadre de
l'uniformisation des programmes.
Le rendement du système
s'améliorerait grâce à la concentration technologique et
à l'encadrement des professeurs confirmés.
C'est ce
qu'affirmaient les autorités politiques
du pays pour asseoir une technologie qui occultait en fait
r
r
des problèmes politiques et financiers.
Sur le plan poli-
F
li
tique, il
fallait uniformiser les connaissances afin
f1l-
d'éviter que chaque maître donnât aux élèves des explica-
I
tions qui
ne cadreraient pas avec la Dolitique du pays
dan s l a mes ure 0 Ù 0 n vou lai t u Il e s col a ris a t ion à l 00 .~.
Ce qui
voulait dire que tous les enfants passeraient entre
"
les mains des maîtres
dont l'idéologie
serait
lIgarantiell.
Par exemple:
tous les enfants issus du
télévisuel
pensent sans exeption que le
?r,::siœnt I-iouphouët
t
Boign1 est le Grand Libérateur de toute l'Afrique, voire
de tous les
Noirs.
Sur le plan économique
Houphouët vou-
lait à tout prix mettre sur pied sa société de consommation
et le système télévisuel
devait soutenir ces objectifs.
Oans les phrases
formulées
par l'enseignement télévisuel t
r ... ~~' \\
Rej'0 l' me _:. ~
~' é II ~i ,,},~Z :: :. ) 1'1 t.;~ t
';: ': ,_' . ': :. _~... ::.; J h r; 0 ! 0 g {, que.
L'exp21"):~":»~' Iuù~:'I:~:-"'!'~.;'Jp!)-~~}~:: :.~_.:-~-;" :~rr :'.~dsemblée
IVativ~_~~'~' ~c
lt"-:~'-~ ..;'~,
;: ...'.
-
30?
-
l'enfant apprend à apprécier la belle vie, la société
de consommation.
I/? (-/ Ci. ,;n; ,1 ").zl:.! h ete l'
une b eUe v 0 -: :::t f' ~ .
lao
~orz3~f'uit ou habite une bel~e ~aison.
lOY/an '1]J:ète un joLi
costume .•. "
Or il existe aujourd'hui
une école et demi en moyenne
pour deux villages, donc les enfants du milieu rural
sont
plus nombreux que ceux de la ville et inculquer de telles
idées de consommation consti tue un danger pour l'avenir
culturel
du pays; car elles font accepter à l'Ivoirien
l'impérialisme culturel de l'Occident.
Sur le plan financier
l'éducation télévisuel
permet aux autorités politiques par personnes interposées
(hommes d'affaires et autres "bricoleurs") de se "remplir"
les poches.
En effet
tout le pays n'est pas électrifié,
par conséquent les récepteurs de
télévision fonctionnent
grâce aux accumulateurs. L'entretien est réservé à des
gens qui
en ont le monopole, des gens choisis qui
r"Je sont
en fait que des représentants des hommes politiques.
Dans
ces conditions
fabricants
de récepteurs de télévision et
représentants
Ivoiriens se garnissent bien les poches
sous le fallacieux prétexte d'efficacité
pédagogique.
Les autorités politiques n'ignoraient pas que
cet enseignement déboucherait sur un inévitable échec
scolaire des enfants
car tous les responsables, y compris
le Ministre responsable de ce département, refusaient
l'enseignement télévisuel à leurs enfants.
Ils préféraient
les inscrire dans des institutions privées telles que:
Jean Mermoz,
la Farandole, Notre Dame des Apôtres, etc ...
à
Abidjan
où
la scolarité revient à 450.000 F, neuf mille
-
308
.
francs Français en moyenne; surtout dans un pays où des
nationaux ne perçoivent que
( )0.000 F) trente
mille francs
par mois, soit
360.000F
CFA par an.
c'est-à-dire moins
que
les
f rai s des col a rit é an nue 11 e de
lie nfan t
du nanti.
Cette situation obéit bien à
la division de la
société en deux classes. Ainsi
une catégorie d'enfants
reçoi t une cu lture cul ti vée de base et l'autre une
culture médiocre. si tuation qui
Joi t
se perpétuer et per-
pétuer la société de classes dans sa composition actuel le.
Au point de vue du rendement pédagogique
l'échec a été
total
selon les enseignants; on lisait dans les copies
des élèves "Je vai
zo marché"
rapportaient des Maîtres
dans leur refus de poursuivre cette expérience télévisuel-
le.
Cependant
il
y a un aspect positif.
C'est que les
enfants du
télévisuel
sont très éveillés, s'expriment en
Français très bien
(mais l'écrivent très mal).
Si
pour la classe
dominante
cet enseignement
a v ait pou rob jet d e for mer des \\\\ 0 rat e urs"
qui
sel i v r e -
raient constamment à une verbomanie
ostentatoire
alors
les objectifs ont été atteints.
Mais si
elle s'atten~aient
à 1a for mat ion c om p 1 è te die nfan t s qui
sus sen t 1 ire et
écrire, alors
l'échec a été total.
Quoi
qu'il
en soit
le fait de supprimer cette école
télévisuelle en 1980,
c'est- à-dire
après
dix années de fonctionnement,prouve
à notre avis que
les dirigeants politiques n'ont pas eu de
satisfaction sur le plan culturel.
J. ~~~~oa~ Farandole~ Notre :~~2 ~~s ApJtres sont Jes
Et~blissements Frivés Fr~r.~~~s.
-
309 -
2 - Finalités du système éducatif télévisuel
Selon les finalités assignées au systê••
éducatif par les autorités politiques. il s'agit de
don ne r 0 u plu ta t de dé ve l 0 ppe r l' es prit d' i nit fat f ve et
le goOt de l'action.
- S'assurer une éducation, un enseignement et une forma-
tion fondée sur les objectifs nationaux de développement
et de réaliser l'intégration sociale et culturelle des
citoyens tant dans la communauté nationale que dans les
grands courants de civilisation "universelle".
-L'enseignement général aurait pour but de "donner une
éducation scientifique. technologique, littéraire. artfs-
t i que. ph ys i que e t s p0 r t ive perm e t tan t
à l' é l è ve et à
l'étudiant de comprendre les phénomènes du monde actuel
et des' adapte r à l' évol ut ion con tin ue de l a te ch n0 log; e
afin de maîtriser le milieu dans lequel il est appelé à
vivre ..
Il doit associer étroitement le travail manuel
et pratique au travai l intellectuel. (article 16 de la
loi) .
Cependant
la loi portant réforme de l'ensemble
du système éducatif en COte d'Ivoire n'a été votêe qu'en
Août 1977, par conséquent
six années après son démarrage.
c'est dire que le "one man system" fonctionne très bien
da ns ce pays.
Voir:
Projet de
loi: opte cit~e. p.
B.
One man system : syst2~e pe~so~nel~ système autocratique.
- 310 '
L'application du système télévisuel six années
avant qU'il ne soit adopté par l'Assemblée
Nationale
explique bien que les objectifs n'étaient pas
comme nous
t
l'avons dit plus haut, uniquement pédagogiques mais: po-
litiques, économiques et culturels.
L'année suivante
dans son message a la nation
t
a l'occasion des fêtes anniversaires de l'indépendance (6
Août 1972) le Président Houphouët a tiré lui-même la son-
nette d'alarme en ces termes:
"Quets que soient tes efforts faits jusqu'-
ici en matière tétévisuette en particutie~
it est sage de reconnattre que notre sys-
tème d'enseignement est d'un poids finan-
cier trop tourd pour tes résuttats qu'it
remporte et qu'it s'est dévetoppé ptus
souvent en marge de ta croissance économi-
que qu'it n'y a contribué.
N'ayant pas as-
suré jusqu'ici ta tiaison suffisante entre
ta fonction de production et ta fonction
de formation,
it répond toujours mat aux
beso~ns prioritaires d'un pays Africain en
voie de dévetoppement comme te nôtre". (78)
C'était déjà un constat d'échec
mais
au lieu
t
d'arrêter cette expérience. on la poursuit dans
la mesure
où ceux qui ont mis ce système sur pied ne sùnt pas concer-
nés, c'est-à-dire que
leurs enfants
ne fréquentent
pas
ce système éducatif. Cependant il procure de l'argent t
c'est une source de profit et d'abrutissement des enfants
issus de milieux sociaux déshérités.
1'7,'.1
_
HOUPHOUET 50I']NY -
Message à ta na+.ion : ô Août
1972.
3.
Maintenance des
récepteurs
Bi en que les
récepteurs fussent const rui ts
suivant des
normes particulières à des
fins éducatives
les pannes
étaient fréquentes.
Aussi
un contrat a-t-il
été
signé avec une Société Ivoi rienne spécialement créée:
La compagnie Africaine de Télévision (CATEL) pour les
installations et leur vëri fication périodique.
C'est cette fameuse société qui entretient tous
les
récepteurs
et au cours
de l'année
1976-1977
les véhicu-
les de la CATEL ont parcouru environ un million de
kilomètres à
travers le pays. Mais malheureusement nous
n'avons pas
les chiffres exacts en ce qui
concerne les
moyens mis en jeu -
(ceux-ci
relevant du secret d'état).
En 197 1- 1 972
i 1 y a vait 44 7 c 1 as ses
to t al i san t
20.500 élèves. Et en 1977-1978
l'effectif est passé à
425.289 élèves
pour 10.063 classes.
Ce qui
revient à
10.063 postes
récepteurs
et si
l'unité est de
(1Jü.OOU
francs)
cent mille francs en moyenne, il
faut compter un
milliard soixante trois millions francs CFA (1.063.000.000 F).
or dan s cha que cl as ses e t ro ü Il e un mai t re - f 0 nct ion na i re .
C'est dire que cet enseignement revient cher si on ajoute
toutes les charges
(énergie électrique,
relais de
trans-
mission des
images,
la production des émissions, les
téléviseurs et les enseignants dans les classes). Ce
système éducatif va aliéner le pays puisqu'il
faut trouver
les moyens
financiers
ailleurs
en occident. Dès lors
l'impérialisme va à son tour s'exercer sur le pays
à
travers le système éducati f.
(Vai r page sui vante).
-
31 2 -
L'extension du système télévisuel
a favorisé un
accroissement des effectifs des élèves
et etes Ql;\\itres
De 1971-1972
l'effectif total
scolaire (tradi-
tionnel et télévisuel) est passé de 415.000 à 675.000 en
1977-1978.
Les effectifs des "")itr~s er. hrmation sont
passés de 800 en 1968-1969 à environ 2.000 en 1977-
1978.
On pourrait penser que cette augmentation de
l'effectif élèves, maîtres et cl asses est due à l'ensei-
gnement télévisuel
comme tel, mais il
n'en est rien. C'est
tout simplement parce que
les pays occidentaux (la France,
l a Be l g i que et l e Ca nad a plu s l' UNE SCO)
0 n t
con sen t ide s
aides à la Côte d'Ivoire, aides qui
par leur importance
ont fa cil i tél 1 0 u ver t ure den 0 uv e l les cl as ses et l e re cru-
tement de plus d'élèves.
PNUD-UNESCO , UNICEF,
BIRD
, FRA~CE
, CANADA,
ITALIE.
La participation de
la Côte d'Ivoire étant la plus impor-
tante du fait du fonctionnement.
En jépit de notre bonne
volonté
les chiffres ne nous ont pas été communiqués.
Cependant
on peut remarquer l'importance de
l'assistance technique
surtout Française
pour la
formatlon des maîtres.
7 "
1
(
(
i
'
2::L1::~st'i~7~le$, .~J":"C!'·~
,~
... , .. :.. ~_._:::::, __--~~
c:t
-inno·~ations
tee ;: ri i q èt es.
A n n e ."C e
.-,
? -.'.
? ,.- 7 •
-
31 3 -
Les aides extérieures (occident) sont
- assistance technique.
- aide financière
- équipement
- production
-
f 0 rm a tic n .
participent à l'évaluation externe du programme
la
Gr and e - Br et a gne, 1es U. S . A., 1a Be 1gi que.
On peut donc dire que les aides extérieures couvrent tout
le programme, car la production des documents, la forma-
tion, la fourniture en appareils, l'aide financière,
assorties d'assistance technique, constituent les moyens
~
mis en jeu pour le fonctionnnement de l'éducation Té1é-
f
visuelle; moyens provenant uniquement des pays occidentaux
et les organismes internationaux contrôlés généralement
par ces Days.
- 314 -
Tableau
25
Tableau des aides extérieures. (78)
Organismes
Représentant en
Application
intervenant
Côte d' 1vo ire.
M. MUNIER coodinateur des
Assistance technique
PNLlB-UNESCO
aides étrangères: con-
(20) et équipement pOUl
tr6le du personnel
l'ENI. et complexe
UNESCO (experts et con-
télévisuel.
su ltants de longue durée).
,
Pas d'assistance en
Aide financière et
;
1
UNICEF
personnel.
fourniture d'équipement
pour la formation des
maîtres (CAFOP) Staqe
d'information et de re
cyclage.
M. ACKRA YAO Directeur du
Financement pour la
BIRD
projet BIRD au Ministère
construction du com-
de l'éducation nationale.
plexe définitif et de
nouveaux CAFOP.
"
i
M. VUARCHEX conseiller
Assistance technique
!
FRANCE :
du secrétaire d'état
(Aide en oersonnel : 60
(secrétariat
coordinateur de l'aide
pour la production. 23
d'état aux
Francaise et responsable
pour la formation ENI.
affaires
des personnels d'assis-
CAFOP) et fourniture
étrangères) .
tance technique.
1 d'équipement.
M. BELZILE : conseiller
Assistance technique
CANADA
technique, coordinateur
(7). et fourniture de
de l'aide Canadienne.
matériel pour la pro-
i
duction des supports
imprimés.
1
Fourniture d'équipe-
ITALIE
ment électronique
pour la formation de
personnels techniques
(studio-école RTl)
1
1
1
i
,'-;'
- Institut national de l'audio-visuel: Etude comparée: Octobre
1975 ; p. 168. Neuf expérienaes de télévision éducative dans
le monde.
r
- 315 -
Ces aides sont bien des indicateurs d'impéria-
lisme culturel en Côte d'Ivoire, impérialisme exercé par
ces pays
sur la Côte d'Ivoire.
Car une aide n'est jamais neutre, elle est
toujours assortie de conditions politiques qui orientent
le comportement de la classe dirigeante, par conséquent
la politique intérieure et extérieure du p3jS.
*
*
*
*
*
*
*
*
*
*
A l'heure actuelle
il y a incontestablement un
déséquilibre entre pays développés et l 'Afrique ~oire au
niveau des massmédia.
D'abord ce déséquilibre est inhérent
à la colonisation - ensuite
il est également inhérent au
sous-développerner,t chronique dans lequel le conti nent
végète.
La domination des mass média par l'occident
leur
aliénation et l'acculturation que nous connaissons aujour-
d'hui, s'inscrivent bien dans la logique des rapports
dominants-dominés qui
régissent les relations I~ord-Sud.
Quoi qu'il en soit
celui qui possède les capitaux et la
technologie
contrôle inévitablement les massmédia car,
ceux-ci fonctionnent à base de finance (argent), c'est-à-
dire que sans ces moyens, les mass ·média ne peuven~
non
seulement pas exister
mais fonctionner.
Cette conclusion partielle nous anène à étudier
les relations entre Impérialisme-Agencés internationales
d'information et ~ass média.
-
316 -
CP'."DITRE III
'- RELATION ENTRE MASS MEDIA ET IMPERIALISME CULTUREL
~ous nous proposons dans ce chapitre
de montrer
la relation existant entre les massmédia et l'Impérialisme
culturel, le rôle des grandes Agences internationales
dl information.
Cette relation ainsi que ces rôles sont d'abord
fonction de l'importance des moyens techniques et financiers
mis en jeu ; moyens dont tout pays en développement ne peut disposer
malgré ses ambitions de se doter d'une technologie informationnelle.
(Nous le montrerons à propos de la surinformation.)
En effet
l'information brute distribuée dans le
monde aujourd'hui provient des cinq (5) Agences Eurooéennes
et Etatsuniennes. C'est dire que les mass··média constituent
non seulement un pouvoir de domination politique
mais
culturelle; en un mot
un Impérialisme. Ainsi n'est-il
pas surorenant que la paternité de ces ~ass média revienn2
aux pays riches,
aux anciennes puissances et nouvelles
ouisque nous voyons para'tr~. su~ la scène informationnelle
la puissante Agence Soviétique: "TASS".
Les pays développés, par l'intermédiaire de
puissants moyens techniques et financiers dont ils disoo-
sent, exercent une influence déterminante sur les pays en
voie de développement. Cette influence semble totale dans
la mesure où elle est pol itique, économique, techno109ique,
psychoTogique, sociale et culturelle, directe ou indirecte,
consciente ou inconsciente, avouée ou inavouée. Il serait
donc intéressant d'examiner ces influences.
-
j 17 -
Dans la mesure où les pays en voie de développe-
ment tirent leur information des grandes Agences interna-
tionales, ils subissent l'influence totale de ces grandes
puissances. On peut apparemment, bien sûr dire que
l'information est neutre, mais en réalité
elle est
idéologique. Exemple:
les pays développés donnent une
image idy11 ique de la démocratie et des valeurs culturelles
de l'Occident, que les pays en développement doivent
imiter. Cependant ce qui est véhiculé n'est en fait qu'une
fausse image occultant les vrais problèmes de classes
sociales posés par cette société occidentale et son cortè-
ge de rapports dominants-dominés
qui régissent les relations
internationales (Nord-Sud).
Les pays en développement sont souvent très pau-
vres à un point tel que certains n'assurent iê~e pas
correctement les rémunérations de leurs fonctionnaires.
Dans ces conditions
il est exclu de penser à la création
d'une quelconque agence nationale d'information du type
!
de celles dominant le monde. Des oays conme la Côte
d'Ivoire, le Sénégal ... ont de petites Agences nationales
1
de presse (AIP et APS)
qui ne tirent leur information
1
que des cinq Agences internationales, ce qui constitue
1
1
incontestablement une dépendance chronique.
!
1
t!
~
t
L'influence culturelle est liée à celles déjà
,
citées, à" savoir: politique et économique. Etre informé
1
•~
f
1
lf
- 31 3 -
par d'autres
implique généralement une dépendance
car
les accords de coopération qui lient les pays développés à
ceux en voie de développement ne sont pas ponctuels mais
globaux. Cependant
dans la mesure où ces accords obéis-
sent à la dualité dominant-dominé, il est clair que cette
situation se retrouve aussi dans le domaine de l'informa-
tion internationale. de plus cette information est somme
toute liée aux préocc~pations de chaque pays
bien qu'in-
ternationale. Ainsi donc elle est donnée en fonction des
intérêts du pays sur le plan international et ensuite
en
fonction de la politique intérieure de chaque pays. Dès
lors
ce qui est destiné aux Etats-Unis et à l'Europe n'in-
téresse pas généralement les Africains. Mais il faut nuan-
cer. Les préoccupations des Occidentaux sont souvent en
adéquation avec celles des classes dirigeantes nationales
de la plupart des pays Africains. On peut donc dire qu'il
y a adéquation entre préoccupations des Occidentaux et
celles de ces Africains; puisque la minorité dlrigeante est
dans les faits
la majorité
bien que minorité sociologique
et c'est sa position ou ses vues qui sont dominantes. Dès
lors.
on peut avancer que les modèles des grandes puis-
sances sont ceux des classes dirigeantes Africaines (~o
dèle culturel: même culture, modèle consommatoire, style
de vie). Aussi les imposent-ils à leur population comme
modèles de référence. C'est ce qu'on appelle abusivement
modernité
comme si la traditionna1ité était anti-moderniste
ou anti-déve10ppement.
Il y a là une double agression, celle des grandes
puissances et celle des diriqeants nationaux, et qui
se
manifeste de plusieurs manières
nouvelles - mode - mo-
dèles
- idéologies - mentalité
totalement
étrangers
imposés
par les
canaux des agences internationales
de
publicité, d'émissions Radlo et Télévision ... ,
le
plus
souvent inadaptées à l'Afrique mais adaptées
à la
classe
1
- 319
~
dirigeante Africaine.
Au niveau de l'information et des rapports
économico-po1itiques, on constate toujours une apparition
de la dualité dominant-dominé dont le corollaire est iné-
vitablement une aliénation dans les rapports pays
développés-pays en voie de développement.
Sur le marché des programmes de télévision
contrôlé par les pays développés, s'ajoute la domination
des programmes quotidiens et en direct diffusés par
satellites; situation qui se remarque encore sur le plan
de la production cinématographique malgré une concurrence
Japonaise et de Hong-Kong sans toutefois oublier la con-
currence Egyptienne
jusqu'à ces dernières années discrète,
mais qui est de plus en plus vive. Quoi qu'il en soit, ces
~ass ~édia impliquent des moyens financiers non supportables par les
pays en voie de développement d'Afrique. (Les chiffres d'affaires des
Agences internationales, nous le confirmerons plus loin.)
Un autre phénomène retient bien notre attention:
c'est l'impérialisme transitif ou par relais. Celui des
Etats-Unis s~exerçant sur l'Europe Occidental.e.-.·oet ensuite
celui de l'Europe sur l'Afrique.
Nous ne voulons pas démontrer ici l'exclusivité
de 11 impérial isme des Etats-Unis sur l'Europe, mais
d'analyser le phénomène nouveau dans la domination de
l'Europe Occidentale exercée sur l'Afrique.
En effet cette situation comMence à partir de
la fin de la seconde guerre mondiale o~ les U.S.A. propo-
sent un plan connu sous le nom de plan ~arshall
(le 5 juin
1947.). A travers ce plan de reconstruction de 1'Europe
- 320 .'
les objectifs dAS Américains sont clairs
- la soumission des pays de l 'Euro~e Occidentale
sur les pl~ns économique et politique
- l'obtention pour les U.S.A. des débouchés
commerciaux
- c(~dtiGn des conditions dlun bloc politico-
militaire et économique face au bloc des oays de l'Europe
de l'Est, en particulier de l'U.R.S.S.
;
- neutralisation du militarisme Allemand nais-
sant en incluant celle-ci (l'Allemagne) dans le bloc
Occidental.
L'adoption de ce plan par 16 Etats en Avril
1948,
qui sera en vigueur jusqu'en 1952 , constitue un
début de la domination Américaine, bien sûr, on ne peut
en aucun cas comparer cette situation à celle qui prévaut
en Afrique, mais clest tout de même un phénomène nouveau
dans l'histoire des nations Européennes.
Ainsi donc
ce phénomène amorcé voici bientôt
37 ans persiste, bien qu'officiellement il ait, après 5
ans pris fin. De toute évidence
le processus ne pouvait
pas s'arrêter brusquement. Ce problème est dlailleurs
d'actualité avec les fusées Américaines en Europe Occiden-
tale face aux fusées Russes. Mais là nlest pas notre
problème, seulement
cet exemple nous permet de voir que
les rapports de dominant-dominé existent même s'ils sont
Il s'agit ici ~e :'Allemagne Fdddrale.
- 321
-
discrets, et ce sont ces rapports que nous constatons
dans le domaine des mass média. Cependant il faut nuancer.
La domination n'implique oas nécessairement un Impérialis-
me culturel. Examinons le cas de la France vis-à-vis des
Etats-Unis.
En effet
François Mariet fait remarquer dans
son article que la France imoorte la totalité de ses
~aQnetophones ; 34
de ses radio-récetJteurs
(79).
- Dans le domaine de la machine à écrire, aucune
entreprise Française n'existe; I.B.M. ayant le contrôle
en partie des nouvelles générations des machines
selon
toujours 1 l auteur.
- Dans le domaine de la télévision, nombre de
ces appareils sont bien ~ontés en France dans des tubes
d'importation Japonaise
les petits écrans étant exclusi-
vement fournis encore par les Japonais, ainsi que les
ter~inaux d'ordinateurs.
- Dans le domaine des composants électroniques,
les U.S.A. dominent une fois de plus avec 50 % du marché
~ondia1. environ 6 ~ pour la France 36 % pour les circuits
intégrés
ce qui signifie que la France dépend pour 2/3
de 11 étranger.
- Domaine des ordinateurs: Seulement 15 ~ des
matériels utilisés proviennent des firmes Françaises,
notamment C. 1.1. Honey'~ell-Bu11 qui est une fusion avec
une firme Américaine.
-
,',LJ..PI:'T?
:Îl't:~·' <3 ;;-:2 _~>,3ée : Mass-média et IdéoZcgie. Voie
_::!),:P:.'.;',:"__
~·.~:··:!~t- Août lû81. l'los 221-222. ??1~"'1-110.
- 322-
- Dans le domaine des satellites et des lanc~urs :
En 1963 et en 1976
la France participait respectivement
pour 6 ~ et 5,4 % au système Intelsat, organisme regrou-
pant cent un pays pour le lancement des satellites de
télécommunications. Là encore dominent les U.S.A. par
l'intermédiaire de la COMSAT qui détient 61 % en 1963
30,5"; en 1967.
Pour le lanceur
et les satellites
la France
dépend des U.S.A. et de l'U.R.S.S. (entraînement des Cos-
monautes Français en U.R.S.S., exoérience survenue à
l'aide de lanceurs Soviétiques). Ainsi Intelsat et Inters-
poutnick sont-ils une chasse gardée des deux super
ouissances que sont les U.S.A. et l'U.R.S.S .. Mais on
vient d'assister au succès d'Ariane à la base de Courou en
Guyane (19 Octobre 1983), ce qui modifie les rapports dans
le domaine des satellites et des lanceurs.
- Sur
le plan du marché des messages: La dépen-
dan cee s t t r ès net te, d 1 une p a l' t des pays 0cci den tau x vis-
~-vis des U.S.A., et d'autre part, des pays Socialistes ~
l'égard de l'U.R.S.S ..
a) L' importance des fi 1ms Améri ca i ns en
France est inhérente aux négociations des accords Blum-
Byrnes d'après guerre, du 28 mai 1946 ; 29,32 ~ de films
Américains nécessairement imposés à la France.
Phonogram (Philps) :
17 %
1
Polydor-DGG (Allemagne)
17 %
1
CBS (USA)
15%
f
f
1
i,
- 323 -
ReA (USA)
1a o~
WEA (USA)
10 %
Pathé-Marconi (GB)
8 o~
g - DEPENDANCE DE L'AFRIQUE NOIRE
Chaque puissance contrôle ses anciennes posses-
sions devenues indépendantes. Ainsi
la SO~IRAD, après
avoir passé des accords avec le Gabon, contrôle une
station Radio AFRICA l Moyabi-Station diffusant des é~is
sons en langue Française et qui peuvent être captées
depuis le Sénégal jusqu'au Zaïre en passant par tous les
autres pays de l'ex-A.O.F. et de l'A.E.F.
La Télévision:
14 pays reçoivent 15 mn/jour d'informa-
tion sélectionnée et acheminée
soit par satellites, soit
par bandes enregistrées envoyées par avion de Paris. Et
pour mieux comprendre ce souci impérialiste
en matière de
massmédia
il y a lieu de souligner la politique d'inter-
vention de la France dans le Tiers-Monde
en particulier
en Afrique Noire.
C'est le 8 0 plan de développement économique et
social de 1981-1985
dans son Doint UN du programme
d'action prioritaire n° 12
intitulé
"Accroître la
présence de la France dans le Monde" que doit être recher-
chée la dernière forme d'impérialisme en Afrique Noire.
La politique d'intervention Française en Afrique dans le
domaine culturel n'est pas une simple improvisation
mais
elle procède d'une étude minutieuse dont l'origine est
incontestablement impérialiste.
- 324 -
Dans le point UN du programme d'action priori-
taire du 8° plan, on y trouve les idées qui déterminent
l'impérialisme culturel Français.
- "Accro!tre la diffusion de nos produits
culturels dans les états francophones
et dans les autres pays.
A~~r~i3sement du potentiel de diffusion
radiophonique et allongement des program-
mes internationaux.
- Amélioration de nos échanges avec l'ex-
térieur en matidre de télévision (expor-
tation et diffusion de programmes,
doublage, assistance technique, formation
d'étrangers au métier de l'audiovisuel,
création de téléthèques
d l'étranger.
Développement de l'exportation du film
Français (sous titrage, cinémathdques d
l'étranger)"
(<'J.
Ce programme mérite quelques remarques:
L1accroissement de la diffusion des produits
culturels Français dans les Etats Africains Francophones
est une réalité impérialiste. Il y a d'abord la formation
des cadres qui a lieu généralement au centre de l'audio-
visuel de Bry-sur-Marne. Ensuite
les produits culturels
Français sont intériorisés par ces cadres
soit par
acculturation, soit par aliénation culturelle.
bien qu'il
y ait des exceptions. La formation reçue par les Africains
dans cet institut fait d'eux des relais ou courroies de
transmission de l'impérialisme culturel Français en véhi-
culant 1 lidéo1ogie occidentale à travers la technique et
la formation technologique acquises.
(RU) -
8° plan;
nO 12. Programme d'action prioritaire
1981-1985 République de Côte d'Ivoire.
- 325 -
Cependant
peut-on éviter cet impérialisme
dans l'état actuel du développement de l'Afrique? Pour
l'heure
l'Afrique
ne possedant pas les moyens finan-
ciers et le savoir-faire
est obligée de subir cette
domination si elle veut sortir du sous-développement.
En effet
si ces cadres n' éta i en t pa s
fo rmes en France,
ils le seraient dans d'autres pays développés et subi-
raient la même influence - permettre de les former en
Afrique pose encore le problème financier pouvant
permettre de créer les infrastructures adéquates- Mais
nous venons de voir l'exemple de la France qui, dépen-
dant des Etats-Unis et du Japon dans bién de domaines
de l' é1ect ro"n i que
affi rme pou rtan t son indépendance et
son identité culturelles. On peut alors avancer l'hypo-
thèse de la langue et de la culture élaborées. En effet
ce pays est culturellement présent dans le" monde, de
plus il a atteint un développement économique qui le
place parmi les pays industrialisés du monde occidental.
Dès lors· une dépendance vis-à-vis d'un autre pays dans
un domaine précis n'entraine aucun impérialisme culturel.
Mais s'agissant de l'Afrique et en particul ier
de la COte d'Ivoire, sans langue officielle écrite, ne
communiquant que par la langue d'autrui, de surcro,t non
industrialisée, n'ayant aucune culture. officialisée dans
le monde, ne peut que subir 11 impérial isme culturel des
autres.
A partir de ces constatati0ns générales, exami-
nons le cas des Agences internaionales de presse.
C - LES AGENCES INTERNATIONALES DE PRESSE
C.I. - L'AGENCE FRANCE PRESSE - (A.F.P.- France]
- 326 .
C.I.1. - Evolution et Histoire
Cette agence porte ce nom depuis le 30 septembre
1944, mais elle n'a fait que prendre le relais de l'agence
Avas
remontant ainsi A 1835. C'est donc la première en
date de toutes les agences mondiales d'information. L'A.F.P.
a progressivement mis en place un réseau de bureaux et de
correspondants à l'étranger. Ainsi e3t-~11e présente dans
167 pays et territoires avec 108 bureaux. Les informations
sont dstribuées dans 152 pays en Français, Anglais, Espagnol,
Allemand, Portugais et Arabe. Dans certains pays
elle
distribue directement ses nouvelles par le canal des
bulletins rédigés sur place par les collaborateurs de
l'agence A partir de l'information reçue du siège. Mais
après l'indépendance des pays Africains, l'A.F.P. leur a
cédé son matériel, ses locaux et dans la plupart ds cas,
ses rédacteurs. Le correspondant n'est plus qu'un corres-
pondant chargé de couvrir l'actual ité du pays dans lequel
il réside.
En oute l'information transite par Paris. Dans
ces conditions :
- les 13 bureaux de province
- les 108 bureaux de l'étranger
- les correspondants
envoient leurs dépêches A Paris où elles sont triées,
éventuellement raccourcies ou réécrites en fonction des
besoins de la clientèle.
- 327 -
Sur les 108 bureaux de l'étranger, l'A.F.P.
compte 42 pays Africains
(81).
- 2 pays et l'O.N.U. en Amérique du Nord
- 20 pays en Amérique Latine
- 18 e n P. 5 i (~
- 19 au Proche-Orier·t
- 26 en Europe
- 2
en Océanie.
1.2.- L'équipement, moyens techniques et financiers
L'A.F.P. utilise;
- 2.500 téléscripteurs, 358 baies de réception
télégraphiques, 10 baies de réception radiographiques;
47 terminaux de visualisation; 50 imprimantes; 25 émet-
teurs ; 40 fréquences; 30 antennes d'émissions; 34
transmetteurs télégraphiques; II rÉcepteurs ~élépho
tographi~ues ; 80 télex; 40 ordinateurs.
( V0 i r' e.'J "1''1 i S 3 ion
~ n : .; l' na t ion ale d' é tu d e des p ~ 0 b Lème s de la
. "..... ~.:. ',[:.1" .':_'-:-~::':':Jhie l
-
UNESCO -
N° 13.
Ab:ijan,
ALge~, Antanana ~ivo, Daka~,
Da~ ~s Salem, Djibouti, Johanesbou~g,
Kinshasa,
Lagos,
Le Cai~e, Lo~é, Luanda,
.\\fon.!'Jvia,
Nai~obi, N'Djaména-;Niamey,
.'J- :. :.z "< (] hot t,
Rab a t ,
Tu n i s ,
Ya 0 ~ n dé..
clueu
des ~Cl'l'~3pondants du siège et des (]o~~espondants
! !,,',]'(X j
:
...; --,,':':.z,
Addis-Abeba,
Bamako,
5issau,
B~a2
::;aville,
'~'~::_-':JU, F~eeto1.Jn, Lib~eviLle, Lusaka,
Maputo,
O:tagc_i]~gou, Salisbu~y.
- 128 -
I.3. - Les moyens techniques
Triple réseau de transmission.
- Transmission par téléscripteurs cables
- Transmission par radiotélescripteurs
- Transmission par satellite.
I.4. - Les Transmissions:
a)
léJ_~~~0y_~e~r_s~~1~ (faisceau hertzien, fil,
cable coaxial, cable sous-marin).
135.000 Kms de cables
450 heures de transmissions par jour
1.350.000 mots par jour.
b) ~~~iQ!~!~ç~ç~i~!~~~~ : (Liaison en ondes
décamétriques).
320 heures de transmission par jour
960.000 mots par jour
365 heures de transmissions
1.100.000 mots par jour
En France: 42 points de distribution
4.500 kms
50 photos par jour.
- 329 -
C.II. - ASSOCIATED PRESS. (A.P.) Etats-Unis d'Amérique
II.1. - Principale source dlinformation de la
presse Américaine, l'A.P. représente une très grande orga-
nisation aux ramifications internationales complexes.
1
Créee en 1849
l'A.P. accorde une place de
choix aux nouvelles de Washington et de l'étranger.
Durant le premier tiers du 20e siècle
trois
agences Européennes ont dominé la diffusion internationale
de l'information, il s'agit de :
- l'A.F.P. pour la France
- Reuter pour la Grande-Bretagne
Wolff pour l'Allema9ne.
Devant cette situation
lIA.P. va s'attaquer à
ce monopole Européen en 1902 avec la création d'un service
par cable pour répondre aux demandes venant de Cuba,
d'Amérique centrale et des Philippines.
En
1977
son service international diffusait des
informations et photographies dans tout le monde habité.
Les circuits s'étendaient à toutes les régions du globe
sauf l'Arctique et l'Antarctique
et comprenaient aux
U.S.A. même 500 stations émettrices et 800 stations récep-
trices. A la fin de 1977
on comptait 3.400 station de
radio-télévisions affiliées à 11 A.P.
Voir comMission internation.ùle d'.}::-.:'.;? -'les problèmes de
ta
commisssion.
Monographie
l
-
,Il:;
7::: -:~!
Zù P.
4 â
la ?
7.
- 330 -
Un autre service de commentaires parlés et de
reportages sonores destinés à complèter les dépêches._
créé
en 1974
desservait 540 de ces stations membres de la
coopérative.
II. 2. - Moyens techniques
L'associated press siest toujours placée à
l'avant-garde de l'appl ication des techniques modernes de
pointe. Aussi lui doit-on
La création en 1875 du premier circuit télé-
graphique loué à titre permanent.
- Le passage dès 1914 de la transmission en
morceau téléscripteur à la transmission des
images par fil en 1935
et création du premier
réseau international permanent de téléphoto-
graphie en Amérique du Nord et en Europe.
- La création de moyens de transmission permet
d'automatiser la composition typographique.
- La tabulation et la transmission à une vitesse
supérieure à 1.000 mots à la minute, de sta-
tistiques financières en vue de la composition
automatique.
- La création à partir de 1971
d'un grand
réseau de rédaction et de mise en forme d'in-
formations sur écran cathodique (C.T.R.).
Voir aommiasion ~~t2rnationale d'itude des ~r~bl~mes de la
- 331 -
La mise en service d'un récepteur phototélé-
graphique en 1973 appelé Laserphoto en Améri-
que du Nord et connu dans les autres pays sous
le nom de Laserfax.
En 1977
mise en service d'un ordinateur
équipé drun matériel spécial qui commande
électroniquement certaines tâches jusqu'alors
assurées en laboratoire.
- Par la suite l'A.P. a obtenu des transmissions
d'ordinateur à ordinateur à une vitesse voi-
sine de 56.000 mots par minute. Un circuit
Nord-Américain transmet couramment à une
cadence dlenviron 9.600 mots par minute.
III. - REUTER. (Grande-Bretagne).
Née en 1851
Reuter ne collecte pas les nouvel-
les nationales contrairement aux autres agences, cependant
elle joue le rôle d'agence internationale; les nouvelles
nationales étant abandonnées à la Press association of
London. Elle fournit les nouvelles générales, sportives et
politiques aux autres journaux et média dans le monde.
Clest au département de Reuters World Service (R.W.S.)
que revient cette tâche.
111.1. - Reuter Economie Service (R.E.S.) donne les nou-
velles et les cours du marché au milieu d'affaires dans le
monde enti2r (finances, matières premières, l'industrie et
le commerce).
111.2. - Reuter North America: Les activités de la com-
pagnie sont assurées aux Etats-Unis et au Canada par
Reuters North America (R.N.A.).
.-
332
-
Répartition par région des pays recevant les
services de Reuter en 1977, tableau fourni par l'UNESCO
Afrique...................................
40
Europe...................................
28
Proche-Or i en t
21
A s i e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
19
Amérique Latine
15
Caraïbes...................
15
Pac i fi qu e ..................••............
6
Amérique du Nord.........................
3
soit un total de 147 pays couverts.
Ordinateurs: L'agence utilise des ordinateurs centraux et
mini ordinateurs satellites. Pendant une journée
l'Auto-
matic Data exchange reçoit on moyenne environ 700.000 mots
et en débite 1.500.000.
Sur le plan financier
le chiffre d'affaires de
Reut.er était en 1976 de 41.921.000 livres sterlings.
C.
IV. - UNITED PRESS INTERNATIONAL (U.P.1. NEW YORK)
IV. I. - Historique et évolution
Née
le 21 Juin 1907
sous le nom de United Press
Association, U.P.I. est la seule grande Agence de presse
du monde qui appartienne à des particuliers.
Voir :].--orzission
internaticrza!2
~'.l+;:tde des prCiblèrr:es d.e la
-..?c.7·~---::'''::.'.1tion nO 15.
Monogl',r::;::-:?
III.
UNESCO.
-
333
-
L'idée principale de E.W. scripps
fondateur de
cet te Age nce é ta i t '1 ue les
no uve 11 es de v rai e nt ê t r e c 0 mm u -
niquées à tout éditeur qui les demandait et était en
mesure de les payer
sans qu'entrent en jeu des intérêts
compétitifs. Selon l'auteur
l'information devait circuler
librement.
Pour :"'er'ler à bien son idée
U.P.I. posa deux
nouveaux principes lesquels devaient régir l'opération
des Agences de presse.
1°) - Un organisme d'information pouvait
recueill ir les nouvelles mondiales de
manière indépendante.
2') Tout journal
d'où qu'il füt.
pouvait
acheter ces nouvelles.
Les correspondants accèdent aux rapports de 122
agences de presse nationales et pr;vées très facilement
dans 108 pays et territoires et envoient plus d'un million
et demi de mots par jour sur un réseau de cables réservés
de télétypes d'une longueur de près de 4 millions de kilo-
mètres.
Par ailleurs Reuter
la plus grande agence éco-
nomique mondiale
distribue des informations financières
et commerciales aux princioJ1es compagnies dans 80 pays,
distribue 11.000 cours en provenance de 38 bourses
et
ceci
dans plus de 20 pays.
U.VESCO
Op t.
-..,: -
PP.
149-150.
1
1
- 334
Elle
est aussi la principale ,actionnaire de Visnews
qui est une agence de films pour la télévision
fournis-
sant à 154 organismes de télévision dans 83 pays.
111.3. - Equipement, moyens techniques et financiers
U P 1 dispose du réseau de communications le
plus dense du monde
comprenant les lignes de communica-
tions suivantes:
-- Trans-Atlantic -Pacific. TATPAC)
reliant Londres,
1
Montréal, Sydney et Hong-Kong à Tokyo, comportant des
1
branches vers New York, Singapour et Auckland.
1
-- Réseau Europlex : faisant le tour de l'Europe en re-
r
liant Londres, Paris, Génève, Francfort, La Haye et
f
Bruxelles, avec deux branches: l'une de Paris vers Madrid
f
et l'autre de Génève vers Milan et Rome.
Réseau Uniplex fonctionnant aux Etats-Unis et reliant
quelques 1.600 villes.
Réseau New York - Zurich - Londres (NYZLO) reliant
Londres à New York via Zurich.
Ainsi donc U.P.I. devient la première Agence de
press de l'Amérique du Nord à servir les journaux d'Europe
d'Amérique du Sud et d'Extrême-Orient. Aussi ouvrait-elle
dans ces régions
des bureaux et y récrutait ou y envoyait
des hommes qu'elle chargeait de la transmission des nou-
velles de manière objective et en se gardant de toute
tendance politique ou gouvernementale. Dans ces donditions
ioi~ commission internationale d'étude des p~oblème8 de la
communication. Monog~aphie III - nO 15 UNESCO PP. 111
113.
- 335 -
Reuter qui dominait alors la scène Européenne en 1912
lui
proposa un accord de coopération, proposition qu'elle
déclina de peur de se subordonner à cette agence. En 1914
sa clientèle avait doublé.
En 1929
U.P.I. servait donc 1.170 journaux dans
45 pays et territoires.
IV.2. - Equipement et technologie:
Un grand bon en avant dans le domaine de l'au-
tomatisation a été fait au début des années 1960 avec
l'utilisation des ordinateurs pour recueillir, grouper et
établir des listes de valeurs boursières selon le système
du té1écomposeur.
Une technique fut mise au point avec l'ordina-
teur pour convertir les majuscules des transmissions
habituelles en signaux de té1écomposeur. Ce qui permit à
U.P.I. de créer de nouveaux services de télécomposeur sans
supporter des frais d'un personnel supplémentaire et nou-
veaux circuits.
Information storage and Retrieva1
: (IS & R)
.
C'est la méthode électronique util isée pour
recueillir, rediger et diffuser les nouvelles et informa-
tions. Les circuits comportent ici des canaux de photos
d'actualité fonctionnant indépenda~ment dans chaque zone,
cependant _ ils peuvent être reliés les
uns
aux autres de
manière A constituer un unique circuit mondial lorsque le
besoin se fait sentir. Le prix de revient de ce système a
-
33G .
été de 12 mi l l ion s de dol l ars env i r 0 n. Soi t 300 mil l ion s
de francs CFA. Il peut traiter jusqu'à 15 millions de mots
par jour.
Satellites
Depuis un certain temps
les services U.P.I.
sont transmis par satell ite, cependant cette technique
s'avère inéfficace eu égard à son coût très élevé. Pour
remédier à cette situation
des expériences ont été tentées
avec succès au début de 1977 avec des stations de recep-
tion au sol comprenant de petites antennes concaves.
Ainsi
toutes les nouvelles sont transmises par dépêches,
le
service est à grande vitesse .. Data News, les photos d'actua-
lité et les circuits phoniques peuvent être reçus sur un
unique récepteur de six pieds de diamètre.
IV.3. - Moyens financiers
En 1978.
les recettes de UPI dépassaient 75 mil-
lions de dollars
soit 1 milliard 875 millions de francs
CFA.
C.v. - TELEGRAFNOIE AGENSTVO SOVIETSKAVO SOYUSA (Tass :
URSS).
V.I. - Historique et évolution
Tass est la benjamine des cinq agences interna-
tionales dominant l'information mondiale.
- 337 -
Dès la prise du pouvoir par les Soviets
l'un
des premiers arrêtés signé par Lénine fut celui du conseil
des commissaires du peuple relatif ~ l'Agence télégraphi-
que de Pétrograd , ce dernier devient ainsi l'organe
central d'information contrôlé par le conseil des
commissaires du peuple.
Une fusion de l'agence télégraphique de
Pétrograd avec le bureau de presse sous le contrôle du
comité exécutif central de toute la Russie fut décidée
en Juin 1918. Trois mois plus tard
cette nouvelle agence
prit le nom d'Agence télégraphique Russe (TOSTA). Cependant
la formation de l'U.R.S.S. devait entra1ner une réorgani-
sation du service d'information du pays. Ainsi fut fondée
par décret du Présidium du comité central exécutif de
l'U.R.S.S. le 10 juillet 1925
l'Agence de l'Union
Soviétique TASS.
V.2. - Principes de l'Agence TASS
Ces principes sont les suivants
- L'information doit servir l'intérêt de l'Etat,
les intérêts du peuple tout entier.
~·.'l ESC 0 :
Cp t .
Ci t.
PP.
1 J g -140.
e
(
1
i•
- 338 -
- Llinformation doit être précise et véridique,
elle doit être fondée sur les faits réels.
- L'information doit être rapide, actuelle
et
d'une grande portée sociale.
- Enfin
l'information doit être brève, intéres-
sante
et atteindre une haute qualité professionnelle.
En dépit du désir d'accélérer la transmission des informa-
tions l'Agence Tass veille à en assurer la véracité, la
précision et la justification. De ce fait
l'Agence ne
publie aucune information non vérifiée
qui soit fondée
sur des bruits et des conjonctures
ou provenant d'une
source non contrôlée.
Nous pouvons retenir un autre principe non moins important,
clest la sélection minutieuse de l'information en fonction
de leur importance et de leur valeur d'actualité. De ce
fait
on ne choisit que les faits les plus importants.
Depuis la décolonisation
l'Agence renforce ses
liens avec les pays étrangers, car avec des représentants
dans 40 pays en 1955
elle compte aujourd'hui 40 bureaux
et 61 correspondants individuels dans 110 pays.
Toutes les nouvelles sont transmises par télé-
scripteurs aux journaux. Ainsi
un important volume
d'information est traité par le service (pays socialistes),
Américain, Européen, Asiatique, Africain et Moyen-Oriental.
Moyens techniques
Sur le plan intérieur
Moscou est relié aux capi-
tales de toutes les Républiques de lIU.R.S.S. et à de
- 339 -
nombreuses villes par des lignes phototé1égraphiques.
Aujourd'hui les photos sont transmises directement à par-
tir des cosmodromes de Baikonour qui est centre de
commande des vols spaciaux. Ce faisant
l'utilisation
d 1 insta11ation des communications spatiales s'avère
~
nécessaire
Toujours à l'intérieur du pays
l'existence
d'un réseau de 2 chaines de téléscripteurs avec retour
favorise la couverture de 300 villes, soit environ
300.000 kms. de 1ignes.
Sur le plan international. des lignes de télé-
scripteurs avec retour relient l'Agence à 28 pays du monde
entier. Ainsi la longueur totale du réseau international
est supérieure
à
150.000 kms ; 25 stations d'émission radio
diffusent les informations en 6 langues étrangères: soit
550 heures de programme par jour (90) ; 50 pays reçoivent
les transmissions de radio par télétype. Le service des
communications représentant la plus importante section
car il emploie le tiers du personnel de l'agence.
D - REMARQUES SUR LES AGENCES INTERNATIONALES DE PRESSE
Les Agences des pays Occidentaux sont des ban-
ques de données distribuant des informations à toute la
presse. Mais ces informations peuvent être différentes
suivant 1 'opinion et l'idéologie du journaliste
ou de la
presse concernée. De plus
ces Agences sont privées, ce
qui ne garantit pas forcément leur objectivité
car le
secteur privé peut intervenir directement ou indirectement
dans un sens ou dans l'autre. Par contre le problème se
situe au niveau de la presse écrite, ses ma~s média
radiodiffusés et télévisés où interviennent effectivement
les {déo1ogies que doit intérioriser la masse; idéologies
-
340 ..
de la classe dominante, par conséquent
occidentale dans
le cas de la plupart des pays Africains et singulièrement
de la Côte d'Ivoire
alors qu'en France la presse écrite
véhicule généralement l'idéologie d'un parti politique ou
d'un groupe précis: (l'humanité, le figaro, etc ••• ).
quant à l'Agence TASS, elle est loin d'avoir
les mêmes caractéristiques que les autres Agences Occiden-
tales.
- Elle est d'abord une propriété de l'Etat
Soviétique, par conséquent gérée par des fonctionnaires de
l'Etat.
- Les nouvelles sont donc contrôlées par le
Parti.
- De plus elle est une banque de données.
L'étatisation de l'Agence oriente nécessaire-
ment les informations dans le sens de l'Etat soviétique
qui en assume les charges financières. C'est le ~odèle que
bon nombre de pays Africains imitent abusivement alors
qu'ils ne sont pas dans les mêmes conditions (régime poli-
tique).
En effet en Côte d'Ivoire
il s'agit d'un parti
autocratique qui s'identifie à son président, lui-même au-
dessus du parti. Ainsi
la masse n'a-t-elle rien à dire;
cependant on lui fait dire ce qu'on voudrait qu'elle dise.
Ce parti· bien que de "massell théoriquement, ne l'est pas
en pratique, car la masse est embrigadée et n'a aucun
moyen d'expression Dar les mass média; ceux-ci étant con-
trôlés par la classe dirigeante ayant généralement les
mêmes intérêts de classe que son homologue de l'Occident,
comme nous l'avons :ontré dans les précédentes pages.
- 341 -
E - PRINCIPALES MULTINATIONALES DE L'ELECTRONIQUE
AUDIO-VISUELLE (GRAND-PUBLIC)
Le tableau suivant ~ous montre que le Ja~on vient
en tëte avec sept (7) firmes. Ce sont: Matoushita, Sony,
Sanyo, Toshiba, Hitashi, pioneer et Sharp.dont le chiffre
d'affaire est de 11.900 millions de Dollars Américains en
1978.
1
- Les Pays-Bas viennent en seconde position avec
1
une firme (Philips) dont ie chiffre d'affaire
est de 4.530
millons de Dollars.
- Les U.S.A. arrivent en troisième position avec
six (6) firmes: RCA, Zenith, GTE Sylvania, General Electri~
ITT , Rockwell. Soit un chiffre d'affaire
de 2.580 mill ions
de Dollars.
- La R.F.A. OCCUDe la quatrième position (4) avec
trois firmes et un chiffre d'affaire
de ?.390 mill ions de
Dollars. ce sont: Grunding, Telefunken, BlanDunkt.
- La G.B. se classe cinquième avec deux (2\\ fir-
mes: Thorn et Rank, dont le chiffre d'affaire
est de 950
millions de Dollars.
- La France occupe la sixième place avec la firme
Thomson-Brandt et un chiffre d'affaire de 660 millions de
Dollars.
Ces chiffres reflètent les réalités économi~ues du
monde occidental. Il s'aQit bien des pays les plus indus-
trialisés de cette partie du ~onde qui contrôle
effective-
ment l'électronique qrand-oublic de la planète, ces ~ultina
tionales dont la domination est incontestable.
- 342 -
?rincipales multinationales de l'électronique audio-
visuelle grand-public.
Tableau 26
- -re.A. audio-
Part du CA de
Firmes
Nationalité
1
visuel en 1978
l'audio-visuel
(millions de $)
dans le CA total
1
1
;
i
!
1
1- Philips
Pays-Bas
4.530
30 %
2- Matsushita
Japon
4.300
43 %
3- Sony
Japon
2.050
85 %
4- Sanyo
Japon
1~ 480
49 %
5- Toshiba
Japon
1.380
24 %
6- Hitashi
Japon
1.300
env.
14 %
7- RCA
U.S.A.
1
1.20U
env.
18 %
8- Grunding
R.F.A.
1. 140
92 %
9- Zénith
U.S.A.
980
100 %
10- Pioneer
Japon
936
100 %
11- GTE Sylvania
U.S.A.
870
env.
10 %
12- General Elec,:,
U.S.A.
780
4 %
tric
13- AEG-Telefunke
R.F.A.
700
env.
12 %
1
i
- 343 -
[
14- Thomson-Brandt 1 France
660
13 %
1
15- Thorn
! G.B.
650
33 o~
i
16- Blaupunkt (R.
R. F.fI..
550
11,5 %
Bosch)
17- Sharp
Japon
460
35 "
i
18- IH
U.S.A.
400
2,5 0/,
1
19- Rockwell
U.S.A.
350
6 %
1
~
20- Rank
G.B.
300
34 ~
1
1
(
1
1
!
1
t
t
1
1
f
l
1
P.
F'LICHY
:
!.es
: .... d.1lstr'ies
de
l'i"naginair'e
:
Gr'enoble,
Pr'CS-
ses
Uni~er'sita~r28 de Gr'enobles,
19S0, p.
~08.
l
1
1
fi
- 344 -
Ta bl ea u
27
Concentration de la production de télévision
dans les pays capitalistes industriels (1975~
Pays
Firmes
! Taux de con-
1
centration
Matsushita, Sony, Hitashi, Toshiba et
Japon
80 à 90 %
Sanyo
U.S.A.
Zen ith, RCA, Matsushita, Philips
70 à 80 %
Grunding, Philips, AEG, Telefunken
Allemagne
60 01,u
Nordmendl
Angleterre
Thorn, Electrical, Philips, Rank
75 %
Pays-Bas
Philips.
100 "1,0
Résumé de
la page 2C3.
- 345 -
F - INTERVENTION DES MULTINATIONALES DE L'ELECTRONIQUE
DM!S L' EDUCAT ION
1 - LES INDUSTRIES CULTURELLES
Les Etats-Unis ont baotisé leurs fir~es é1ectroni-
r; '.J e s
d u no ru "E 0 CO M", c'e s t - à - d ; r e un nom i s sud e de ux terme s
"Education and communication". C'est donc leur nouvelle ac-
tivité dans le domaine de l'éducation. Activité qu'encourage
le gouvernement fédéral des Etats-Unis dans cette nouvelle
voie de recherche de nouveaux profits. Ainsi donc le Dépar-
te men t de 1a Dé f en s e a - t - i 1 pré con i s é 1a cr é a t ion du Il pro j ec t
Aristot1e", c'est-à-dire "Annua1 ~eview and Information Sym-
posium of the Techno1oqy of Training
1earninq and Education"
qui est supervisé par la National Security Industriel Asso-
ciation. Dans ces conditions, l'application des techniques
et méthodes industrielles et militaires devenait iné1'Jctab1e.
L' EDCOM renferme l'ensemble des services intéres-
sant non seulement la transmission des messaqes
à travers
les canaux de l'éducation formelle (enseignements priMaire,
secondaire, supérieur)
mais aussi les canaux de formation
oarticu1ière (entreprises, gouvernements, associations pro-
fessionnelles)
ainsi que les canaux de formation permanen-
te ou de perfectionnement (développement de l'enfant, promo-
tion personnelle, éducation civique ..• ), les canaux généraux
(revues, matériaux de référence etc ... ).
La production de matériel éducatif suit la logique
de l'internationalisation, ce qui garantit des profits nota-
b1es.
Exemples
les textes et bandes ~aqnétiques pro-
- 346 -
duits par Mc Graw-Hill ont été traduits dans diverses lan-
gues
Chinois s Francais, Allemand, Portugais, Espa~nol et
même: Malais s Nyanja et Ton9a.
A la faveur dlun accord conclu entre les autorités
Brésiliennes et la Hc Graw-Hill en 1967, le matériel éduca-
tif par cette firme AMéricaine fut rendu obligatoire A tous
les niveaux de llenseilJnement Brésil ien.
Le tableau suivant nous montre la répartition du
Budget de lIU.S.A.LO. pour le développement de lléducation
et des ressources humaines.
Tab 1eau
20
Réqions
1977
1978
Afrique
18 s S
27,2
Asie
23 s 6
21
Amérique Latine
68 s S
20
Moyen-Orient
2 s S
13 s 6
Programmes internationaux
9,3
13,8
L'exemple donné par A. Mattelard dans son ouvrage:
Mu 1tin a t ion ale set Sys t èMe s de co mm uni ca t ion ses t si qnif i ca tif
Source : USAID "Subconmission to the conr~~ss" Fy 1978
p~(b l:- shed by USAID ; Washington De.
- 347 -
Les textes scolaires distribués qratuitement aux
enfants latino-américains de troisième année de l'enseigne-
~ent primaire en 1969
mentionnaient ceci:
"Les Indiens vivaient là où il y avait de
l'or. ~ais ils n'en connaissaient oas la va-
leur.
L'Espagnol vint à la recherche de cet
or.
Les Indiens lui montrèrent où il se
trouvait.
Pour les remercier,
l'Espagnol ap-
pr~tn~ Indiens a lire et a .ic:rire. Il leur
apprit ~~38i à croire en un seul Dieu. Les
Indiens à leur tour le remercièrent en se
mettant à son service.
Ils vivaient heureux
dans leurs villages, recueillant l'or et
cultivant la terre. Mais d'autres Espa~nols
vinrent et attaquèrent le peuple. Les I~iens
s ' enfuiren t".
Ce chef-d'oeuvre 1 ittéraire et historique se passe
de commentaire. Ainsi fait-on passer 1 'idéo1oqie tendant ~
justifier et légitimer la domination et l'impérialisme cul-
turel. Mais le contenu des manuels ne suffit pas
et il y a
un autre moyen plus efficace pour véhiculer 1 'idéo1o~ie do-
Minatrice : ce sont les volontaires de la paix "Peace Corps".
II - LES VOLONTAIRES DE LA PAIX "PEACE CORPS".
Cet organisme a été créé par Kennedy en 1961
au
lendemain des indépendances des pays Africains. Cet orQanis-
me a été investi de deux Missions:
1- Il s'agit pour ces volontaires de la Daix "d ' -
aider les nations moins déve10Dpées ~ satisfaire leurs
be-
soins en main-d'oeuvre qualifiée.
2- Les Peace corps doivent "promouvoir une Meil-
leure compréhension du peuple américain au Drès des peuples
assistés".
- 348 -
Ces deux missions dévolues aux peace corps Méritent
notre attention. La promotion d'une meilleure compréhension
du peuple américain auprès des peuples assistés prend le
sens
d'une assistance technique
à devenir enseiqnants des tradi-
tions de la civilisation et des pratiques américaines; en un
mot à véhiculer la culture et 1 'idéo1oqie américaines.
Par ailleurs les ~eace corps
propagandistes incon-
testés des Etats-Unis d'Améri~ue
font désormais oartie de la
panoplie et de l'arsenal américain dont l'objectif est la
conquête des esprits à travers la planète; par la propagation
de la culture, du Ikno\\'l-how" (savoir vivre) américain, dans
le souci d'affirmer leur efficacité aux yeux des populations
locales.
1
Tableau ~
Répartition réQiona1e des Peace corps en 1979
,
Régions
Volontaires
Afrique
Kenya, Sierra-Leone,
2.400
Ghana, Zaïre, Libéria
Afrique du Nord (Moyen-
585
Népal, Maroc, runisie.
Orient, Asie du Sud.)
Extrême-Orï ent,
1.736
Fidji s Philippines s
Pacifique
Malaisie, Corée du Sud.
Colombie, Equateur, Honduras
Amérique Latine
2. 138
Guatemala, Barbades, San-
Salvador.
Le tableau Montre bien l'importance que les Etats-
Unis accordent à l'Afrique dans leur volonté de domination
(2.400) peace corps. Ensuite vient l'Amérique Latine
avec
2.138 peace corps. L'Extrême-Orient suit avec 1.736 et la der-
nière place est occupée par l'Afrique du ~ord avec SAS peace
- 349 -
corps. Ce tableau reflète bien la volonté de l'occident à
contrôler l'Afrique au sud du Sahara. Mais les universités
jouent également un grand rôle.
III - LES UNIVERSITES NORD-AMERICAI~ES
Les Universités Américaines sont très actives dans
l'utilisation des technolo~ies audio-visuelles issues des en-
treprises de leur pays d'ori~ine. Aussi ont-elles oris
en
char~e la formation et le recyclaqe des "moniteurs", c'est-à-
dire des enseignants destinés à devenir auxiliaires de la té-
lévision et de la radio dans le procès de modernisation des
systèmes éducatifs des pays ayant accepté cette forme d'in-
ter'lef\\tion. D'ailleurs un professeur l'je l'Université rte
Toronto définit les ;ndustries culturelles de la manière sui-
vante :
"C'est un nouveau secteur de l'économie mo-
derne, essentiellement développé dans les
pays industrialisés d'Europe et des Etats-
Unis d'Amérique" (82).
Dès lors on a l'impression que tout se passe comme
s'il y avait une répartition des tâches à l"échelle interna-
tionale entre deux tyoes de pays: - d'un côté les produc-
teurs de. biens culturels (les pays développés) et de l'autre,
ceux qui reçoivent ces biens culturels (pays en développement
ou pays de petite dimension). Cette situation a permis au
Directeur Général de l'UNESCO M. M'BOW de faire la déclara-
tion suivante à la conférence sur les politiques culturelles
relatives à l'Amérique Latine à Bogota en 1978.
(8~) - A. BRETON: Introduction d une économie libérale de
la culture - in Les Industries culturelles. op. cit.,
p.
36.
Voir Y. EUDES : La conquête des Esprits. Op t. cit. ;Jp. 717-178
.'1ATTELART A. opt. cit. pp. 355-356.
.~.
it
- 350 -
"Les moyens de communication de masse qui
sont devenu8 le8 8Uppopt8 e88entiel8 de la
diffu8ion cultupelle, tpansmettent de8 me8-
sages qui ne sont pas cultupellement neu-
tpes."
Ces messages réflétant la pensée, les valeurs, en d'autres
termes la vision du monde de ceux qui diffusent ces messages.
En fait
le fait de "bombarder" un peuple des valeurs et
moeurs exoqènes, ce oeuple finit toujours par intérioriser
cette culture
même si l'intériorisation n'est pas totale.
Une autre définition proposée par A. Girard (char-
qé de cours ~ l'Université Panthéon-Sorbonne) retient notre
attention. Selon l'auteur:
"Il Y a industpie cultupelle pap les techni-
ques industpielles.
Le livpe est le plus an-
cien de ces ppoduits,
le disque (qui se dé-
veloppe papidement),
le film de télévision
(qui a le plus gpand public). Le film
de
cinéma et la peppoduction d'apt constituent
des mapchés depuis plusieups décennies.
Des
nouveaux ppoduits industpiels vont intepve-
nip DPochainement sup le mapché de la cultupe
et.y' jouep un pôle massif:
ie vidéo-disque
pap e:emple.
La padio-télévision est inclue
dans les industpies cultupelles dans la me-
supe où son
fonctionnement est commandé pap
les cpitèpes' industpiels et commepciaux plu-
tôt que cultupels." (83)
La définition de l'auteur parait beaucou~ plus
descriptive qu'explicative et H. Schiller souliqne ~ juste
titre:
"Sup ce globe toujoups plus petit, toutes les
sociétés, toutes les cultupes sont ennagées
dans ~ne inévitable compétition poup la ppé-
éminence et la supvie.
Celle8 qui façonnepont
(83)
Télévision, enjeux sans fpontièpes : cité pap A. .~TTELART. J.M.
PIE!1ME. opt. cit.; p. 20.
- 351
-
le monde de demain seront celles qui peuvent
projeter leur image (exercer une
influence
prédominante et un contrôle d longue portée W
(84).
Si nous voulons que nos valeurs et notre style de vie triomphent, nous
so~s condamnés à entrer en compétition avec d'autres cultures et d'au-
tres centres de pouvoir. Ce qui ne paraît pas une chose facile Dour 1'-
Afri~ue et seules les entreprises multinationales dont l'arsenal crois-
sant d'affaires basées à l'étranger travaille pour l'occident vinqt qua-
tre heures sur vingt-iquatre. Elles ne transmettent !Jas uniquement les
méthodes des entreprises américaines, mais aussi les styles et concepts
juridiques, la façon de communiquer, les idées de mobilité, une nouvelle
manière de considérer les arts et lettres propres à la civilisation oc-
cidentale.
Nous voyons bien que dans cette course, l'Afrique est lami-
née au dé~art. Et les propositions occidentales en matière de communica-
tion sont une fois de plus un piège dans lequel l'Africain tombera tou-
jours. Toute tentative socialiste dans le domaine de l'information
devient de toute évidence
un défi à la liberté. Le secteur privé étant
,
la qarantie. Par conséquent
toute société qui aspire à la liberté doit
choisir le modèle occidental de communication obéissant à ces quatre
critères :
- libre flux de l'information
- internationalisme en matière de diffusion des produits
culturel s
- neutralité du divertissement
- non-ingérence de l'état dans le domaine de l'information.
Ces principes nous paraissent ceux par lesquels les sociétés de média
pénètrent et contrôlent les marchés et les média de la périphérie (ou
locaux) •
A partir de cette analyse
on peut voir maintenant comment
les mass média sont au service des puissances impérialistes.
(34.' 2C'.=tILLER H.
: Les mécanisl"7es ::e ?a domination culturelle.
- 352 -
G - MASS MEDIA AU SERVICE DES GRANDES PUISSANCES
1MPER 1ALI STES
Depuis quelques années
la propriété des média
dans les pays Occidentaux
tend de plus en plus a se
concentrer a l'instar des autres industries du monde
capitaliste. Aussi assiste-t-on a une diversification des
investissements dans certaines firmes avec de nouveaux
moyens de communication engendrant de vastes ensembles que
nous appellerons mu1ti-média.
L'intervention d'investissements dans le Tiers-
Monde, voire dans le Monde entier
en provenance surtout
de l'Amérique du Nord et de l'Europe Occidentale influence
inévitablement et d'une manière considérable les pays
Africains. Il faut reconnaître que les média imprimés tels
que: - les journaux - les livres •.• demeurent propriété
privée en Afrique et singulièrement contrôlés par l'Etat
dans le cas de la Côte d'Ivoire (le seul quotidien
" Fra ter nit é - i~ atin é tan t 1e po rte - par ole e t 1a cou r roi e de
transmission des mots d'ordre du Parti") (~5\\.
Quant aux mass ·média électroniques
ils sont
exclusivement (dans la majorité des casl
propriété de
l'Etat. l36)
Ils sont aujourd'hui une véritable industrie
d'information s'inscrivant dans un rapport dialectique ~nterre
dominant-dominé.
(~;
- Fra~ernité-Matin : bien que priv~, est contrôLé par
L'Etat .
.'·!él:a .i? ectroniq'.A.es étant ici : La ."!?adio et La Télévision.
- 353 -
Il s'agit de la production en grande quantité
d'information en vue de la formation, de l'information et
de la distraction du public
et qui occultent malheureusement
les
idéologies des grandes puissances capitalistes et socialistes dans
la mesure où il y a dépendance de ces média.
Au niveau des distractions: celles-ci sont réalisées par
et pour des sociétés orécises, par conséquent
tiennent
compte de la culture et de l'environnement d'0rigine ; or
leur transposition en Afrique, voire en Côte d'Ivoire,
est incontestablement une inadaptation. De plus toute
distraction n'est pas neutre idéologiquement. L'exemple de
la musique montre bien l'existence de plusieurs tyoes
et
chaque classe sociale reconnaît-elle son type. La grande
musique (classique) est généralement destinée à la classe
dominante
alors que certaines telles que le "jazz", le
" Reg gae", etc..., son t rés e r vée s à 1a ca t ég0 rie soc i ale,
souvent dominée, bien que cela ne soit pas absolu. Aux
USA
le jazz a été pendant lon~temps considéré comme une
musique de Nègre
alors qu'en Afrique
la musique classi-
que est aussi considérée comme celle de la classe diri-
geante
et l'aimer, c'est appartenir ou aspirer faussement
à
la classe dominante, par conséquent à chaque classe sa
distraction.
Cette situation pose la problématique même du
droit à l'information car d'une manière générale ou idéa-
liste, informer ne devrait pas signifier endoctriner ou
accu1 turer
bien au contraire
cet acte devant
-
constituer
à mettre à la disposition de la masse toutes les informa-
tions non teintées d'idéologie orécise. C'est sans doute
faire preuve d'un idéalisme excessif ou naïf de rotre part,
car les mass média ne peuvent en fait obéir qu'au rapport
dominant-dominé qui régit les deux sociétés : d~veloppées
et Africaines.
-
3S4 -
L'on pourrait nous rétorquer que depuis bientôt
vingt quatre ans
l'Afrique contrôle les institutions de
ses média
et ceux-ci n'appartiennent plus
dans bien des
cas aux sociétés transnationales. C'est un fait. Mais
l'Afrique est débitrice exclusive de l'Occident en ce qui
concerne la circulation de matériaux d'information et de
distraction, en un mot: le logiciel. Cette situation se
fait sentir surtout au niveau technologique (transfert de
tee hn0 l 0 <J i e ), v0 ire 'i U -1 a t é rie l, l' i mit a t ion des m0 dè les
professionnels et institutionnels en vigueur dans les pays
industriàlisés. Une telle situation ne peut qu'exercer une
profonde influence sur la nature des structures des jeunes
média d'Afrique Noire.
q -
CAS DES PAYS SOCIALISTES
Dans les pays Socialistes industrialisés
l'éta-
tisation des mass média n'est plus à démontrer. La diffé-
rence observée se situe au niveau de la transnationalisa-
tion effective des média dans le cas des pays Occidentaux
et la nationalisation dans celui des pays Socialistes.
D'ailleurs Rita Cruise O'Brien précise bien et à juste
titre:
"Ji
~':"!:::,.]t!':e des mass-média dans ~a
soc~iti Gcc~ientale cherche cl justifier
légiti-:er l'objectif national,
tel qu'il
est Jéf~ni
par les
leaders politiques,
~ais so~ :~fl~ence n'est pas répandue dans
le ''70n,:e:1':1Ce cl un réseau'1'/ondial ~e
~écan:2~2~ ie co~mercialisation".
-
Rita CRUISE O'3?;~~ : A qui appartiennent ~a8 ~édia
de ''1 a s se
?
Co ''7 ''7 :" 2 S :.' "!
: n te r n a t ion a le
d' é tu i e :!es
~YJ"0'7~",,,,,
tJ L v
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v
n046
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•
\\-'.....
-' """ J
='a""''"s
_ '
L - v
•
- 355 -
L'influence de l'Occident sur les mass média
est présentée comme une défense du marché mondial ou comme
la volonté de la libre circulation de l'information. Cette
argumentation fallacieuse en ce qui concerne l'idéo1oqie
occultée.
aurait pour objet de légitimer l'impérialisme
Occi-
dental en Afrique Noire. Mais examinons de près les
différents média internationaux.
1 - RADIO ET TELEVISION
Par leurs nature et portée, ces mass média
exercent incontestablement un impact certain~ réel et
potentiel sur les individus, les sociétés, voire les
nations où ils existent. Leur rôle est différent de celui
des media imprimés, ainsi n'est-il donc pas étonnant que
les gouvernements et les hommes politiques s'intéressent
A eux au premier chef.
1 - LA RADIO
La radio A destination de l'étranger est dans
bien de cas
soumise A la gestion directe de l'Etat. Par
son Ampleur
elle est très souvent, voire même toujours
l'instrument de propagande de la politique officielle des
pays, ce qui lui confère un rôle culturel et politique
international. Au niveau mondial. se1onfUNESCO, il existe
un milliard de récepteurs, soit UN pour quatre habitants
de la terre
car sa simplicité et sa technique A la por-
tée de chaque individu
le rend pratiquement universel,
nevenant le medium le plus utilisé. Il atteint dans les
Voir Hervé BOURGES : Opt.
cit.
: pp. 32-49.
- 350 -
oays développés UN récepteur par personne, parfois même
plus; mais le taux mondial se trouve modifié à cause des
pays en voie de développement, environ UN pour dix-huit
habitants en Afrique et un pour treize habitants en Asie.
Parmi les pays développés
les USA viennent en tête avec
autant d'émetteurs radio que tous les pays en développe-
ment réunis. C'est dire que, hormis le déséquilibre
habituel
développés - en développement, il y a cette fois
les Etats-Unis et les autres dans ce domaine.
Aujourd1hui aucun autre medium,
en déhors de la radio ne
peut toucher autant de populations sur le plan interna-
tional. D'ailleurs les chiffres suivants le montrent
bien: 96).
Tableau 30
1965
1970
1974
Radio
82.847
85.703
73.369
(milliers)
Transistors
!
2.504
7.745
12.454
(milliers)
1
i
,
On voit bi~n sur ce tableau la progression cons-
tante des média, en rarticulier les transistors qui ont
sextuplé en neuf ans.
Au niveau pratique
la radio peut être facile-
ment utilisée pour atteindre n'importe quelle région de
la planète et surtout dans les langues Occidentales
officielles et parfois nationales.
loir
Hervé
BO~·.~;::S
ODt.
~:it.
P.
13.
-
357 -
Contrairement aux autres média, la radio peut
être facilement mise au service des peuples Africains dans
la mesure où la confection de son programme nlest pas
complexe. Cependant par cette Radio
la masse Africaine
subit une acculturation 3 travers les modèles des pays avancés,
préétablis, stéréotypés. (Nous y reviendrons plus loin).
II - LA TELEVISIO~
Incontestablement
la télévision est l'invention
de l'homme de ces dernières décennies et qui a contribué à
son changement profond. Son impact sur les plans: poli-
tique, économique, social et culturel est inappréciable,
bien que jusqu'à ce jour
aucune étude approfondie n'ait
été faite à cet effet.
Selon Hervé Bourges: plus de trois cent cin-
quante millions de récepteurs existent dans le monde. Les
U.S.A., le Japon et l'U.R.S.S. disposent à eux trois
olus de la moitié du nontre total.
a)
~~e~r~!~!Q~_~~~_r~~~e~~~r~_~~_~~!~Y!~!Q~~
~~~~_1~_~Q~9~_~~_Q~r_~Q~~!~~~~: (en milliers)
-
358 -
Ta b l eau ]-1:
( ~3 8 )
1
1
Pays
Nombre de télévisons
1
%
1
1
Amérique
145.166
40,30 %
Europe
166.380
46,20 Ofi'
,.\\ sie
40.075
-,
1
11 • 10 :
1
1
~e
5.523
1 ,50 0(~
Afrique
2.830
0,80 0110
Tableau
32
Amérique
;
1
Pays
Nombre de télévisions
0(,
Etats-Unis
117.000
80,60 Of..~
Canada
7.705
5,30 0(~
- - -
Autres
20.461
14
0(
0
Total
145.166
100
Of
10
1
- BOURGES Her'vé
Jéco:cniser' l'infor'~ation
D.
15;
Ed.
:ana ;
19?8.
- He r' v é BOU RGES' .) Dt.
.' : t.
P.
3 5 •
- 35 0 -
Tableau 3~
Europe.
1
U.R.S.S.
52.514
1
31 ,60 %
France
14.162
8,50 %
Italie
12.078
7,30 010
_.
_.--
--_.. __.
Allemagne (RFA)
19.226
11 ,60 %
Royaume-Uni
17.936
10,80 %
Pays Europe de liE s t
20.960
12,60 %
Au t re s pays
29.508
17,60 %
Total
166.384
100
%
Ta b1eau
34
Af r ; que ('~ 0 i
1
1
1
Pays
i
Nbre de Télév;s;ons
%
1
Afrique du Nord
1 .819
64,30 %
Afrique Noire (moins Afri-
481
17
%
que du Sud et l;mbabwé)
Afrique du Sud et
530
18,70 %
Zimbabwé
Total
~
2.830
100
%
1
- 360 -
Tableau 35:
Asie-Océanie
,
Japon
26.827
1
58,80 cl,
..
•.Australie
4.700
10 ,30 01.0
Corée
2.563
5,60 ·;1?
._-
--~._--~-----
---~
Au t re s pays
1
11 .508
25,30
1
)
Total
45.598
'00
01
"
Sur les 156 pays existant dans le monde, 116 seulerœnt sont en
mesure de télédiffuser un programme. Parmi eux
seuls 60
diffusent en couleur suivant les trois procédés en vigueur:
PAL; N.T.S.C.
; SECAM.
Ta ble a u 36
r
Nombre de oays
Nombre de aays diffu-
diffusant en couleur
sant en couleur suivant
le procédé :
PAL
TSe
SEC:AM
1
Monde
60
31
15
14
Asie
14
9
3
2
Océanie
2
2
-
-
Afrique
8
5
-
3
Europe
23
14
-
9
Amérique
13
1
, 2
-
(Sud et Nord)
Vo~r BOURGES H.
Opt.
Cit.
P.
36.
-
3S1
-
J
- FEU 1LLETONS ET FILMS DE LmlG METRAGE
1. Les U.S.A. exportent également en direction de
l'Extrême Orient et de l'Asie de l'Est autant de feuille-
tons et de films qu'en Amérique Latine: 33 ~ dans chaque
cas; 10 % au Proche-Orient et en Afrique. Soit un Jolume
total des exportations des U.S.A. de l'ordre de 200.000
heures.
1 - EUROPE OCCIDENTALE
2. Le Royaume-Uni
vient en tête
et second après
les U.S.A. parmi les plus grands distributeurs de program-
mes de télévision avec 30.000 heures d'émission exportée
par la BBC et l' ITV. Ce sont: les pays du commonwelth et
l'ancien Empire:
Inde, Afrique Anglophone qui reçoivent
les exportations des oeuvres de fiction et de divertisse-
ment.
3. La France vient en seconde position derrière le
Royaume Uni et en troisième derrière les U.S.A. avec une
exportation de 20.000 heures.
Ces heures sont distribuées suivant deux régimes
différents :
- cul turel
- commercial.
Les deux-tiers des exportations culturelles et
commericales sont destinées aux pays Francophones d'Afri-
:'c ::.!' :3 0 URe E lI.. Op t.
Ci t.
?? .
.5 ,;' - 46 .
- 36~ -
que, au nombre de neuf: - Zaïre - Tunisie - Côte d'Ivoire
- Maroc - Algérie - Madagascar - Gabon - Mauritanie
-
Bur~ina Faso
Le Liban et l'Iran occupant la seconde place
dans ces exportations Françaises. (~l s'agit de l'Iran
avant la révolution Islamique).
4. L'Italie: La RAI qui se classe en 4e posi-
tion en Europe pour l'exportation des proqrammes : 4.000
heures, se préoccupe particulièrement du Moyen-Orient et
de l'Afrique.
5. La République Fédérale d'Allemagne: La tota-
l ité de ses chaines exoortent à l'étranger entre 5.000 et
6.000 heures; soit plus du 1/3 en direction de l'Amérique
Latine; 1/3 en Asie; 1/5 en Afrique, principalement en
Tunisie, au Ghana, en Egyote, au Nigéria, au Soudan, au
Con~o.
II - EUROPE ORIENTAl.E
On ne tiendra pas co~pte ici de ces pays dans la
mesure où les échanges s'effectuent à l'intérieur; les
pays socialistes exportant très peu, moins de 1.000 heures,
respectivement pour l'U.R.S.S. et la R.D.A .. Ces programmes
concernent surtout les divertissements.
III - ASIE
1. Le Japon exporte oeu, soit: 1.500 A 2.000
heures oour la chaine NHK. Mais son influence ~Iexerce
- 363 -
surtout sur la vente des réceoteurs télé et de l'Assis-
tance technique.
2. OUdnt 3 la Chine ~oDu1aire, elle en produit
mais son exportation est nulle, sa production se limitant
aux infor~ations.
:v - :~J:'~E NOIRE. Ses exportations sont pres-
que nulles, par conséquent. dépend exclusiveMent de
l'extérieur (Occident)
aussi bien au niveau des émissions
que du matériel et du personnel.
-- Enfin au niveau des organismes internationaux d'échan-
ges
de proCjraë1ëleS, il y a l'Eurovision pour l'Europe
Occidentale; l'Intervision pour l'Europe de l'Est. On
peut dire ~ue derrière ces appe11ation~ se cache un Impé-
rialisme. En effet il ne s'agit pas d'organismes'd'échanges
de programmes
ëlais d'Organismes IMPOSANT des proqrammes ;
cet "échange" s'effectuant à sens uniqt.;e.
Si
sur les 2.500 émissions T.V. en direction de l'Amérique
Lat i ne env 0 y ées par l' Eu r 0 vis ion p:>ur n'en cerce/air que 50 :
l'Afrique n'envoie
malgré tout ce qu'elle reçoit, RIEN.
K- LES SATELLITES DE TELECOMMUNICATIONS
A la conférence de Génève en 1977
on a posé les
b~ses tendant à Jrévenir les abus dans l'utilisation anar-
chique des satel1 ites et de l'espace extra-atrlosphérique
qui sont la conséquence du déséquilibre affectant le
système de communication actuel. Mais pour l'heure tout se
passe com~e si 3ucune démarche n'a été effectuée.
- 3G4 -
Se 1on l'UNESCO
"Si on totaZise dans les satellites
,
nationa~x ~é~onautiq~es, ma~itimes, ~ili
1
tai~es, 2x?é~imentaux, ~éf1ionaux spécialisés
Pr):({' L:; :il.JcuT'7T'7Unications et >·::~:~'>;;.:8,:t:f.;
qui 30n~ 8n 3e~vice dans les années 1380,
le no~b{'e total des 3ystèmes est actuelle-
~ent co-;~~s ent~e 60 et 70, sans ~aZen
tisse ~e ~ ::'e la tendance à la p~oli.~émtion
{'aD~d.>3 :.-".J J'1tellites"
(,"'.
Depuis la première génération des satellites
Te1estar et Re1ay (1962-1974), la transmission oasse
1
nécessairement par les chaînes nationales régionales pour
1
i
faciliter le contrôle. De 1974-1985
c'est la seconde
1
génération avec laquelle un mode de transmissions directes
1
à réception communautaire doit se développer. Dès 1985
ce
1
sera le tour de la troisième <1énération .. où les possibilités
1
de réceotion individuelle deviendront une réalité concrète.
1
Il a été déterminé qu'à l'an 2.000, la demande
1
orévue en communication spatiale
si on considère la capa-
cité du satellite Inte1sat V qui est le dernier fTlodè~e
technique des satellites actuels, il faudrait 1620 de ce
1
type pour répondre à la demande mondiale d'ici l'an 2.000.
~
Or les 3/4 des équipements sont actuellement
Américains
et l'URSS venant en tête pour le reste. Il y a
là l'hégémonie des oays industrialisés. ayant à leur tête
les Etats-Unis .
•
1
Ast~ain SAN?IA;O : ~écla~ation p~épa~ée po~~ Zes
audiences su~ :e2 ~{'0f1~amMes spatiaux inte{'~a
tionaux de
la 5,.::.:;-:!C'TlMission de
la Chamb~e_-:es
~eD~ésentan1;s .7.22 ::.).
su~ la Science et ~22
a r ? l i c a t ion s 2 :' :: :- :' ::,< s.
P •
1 5
;
1 7 .'.fa i
2.~ 7 3 .
-
365
-
A partir de ce constat
peut-on parler d'échan-
ges ou de libre-échanqe ou encore d'égalité au niveau des
mass média?
On voit bien que l'Afrique est absente en ce
qui concerne les émissions, les programmes et les satelli-
tes, cette absence ne peut que la rendre dépendante
~~~~lement de ceux ~ui Jossèdent tous les moyens techniques
et technologiques constituant aujourd'hui des instruments
d' impérial isme culturel.
Si on tient compte des études faites Dar Hulten
pour la situation en 1970, il Y a les 3/4 des circuits de
télévision ayant leurs terminaux aux USA qui totalisent
avec l'Europe de l 'Ouest les9/10 des circuits. Au niveau
du trafic total, 85 à 90 ~ s'effectuent entre les Etats-
Unis et l'Europe, des USA à Porto-Rico, des USA aux Iles
Hawaï. Ce qui signifie que l'Occident a le monopole absolu
des mass média sur le plan mondial.
- L - CONTENU DES PROGRAMMES DE TELEVISION
Les programmes non idéologiquement neutres
contribuent à l'intériorisation des modèles extérieurs.
En effet
les éMissions, les films et feuille-
tons recouvrent des réalités en adéquation avec les socié-
tés occidentales, mais ces réalités appliquées a l 'AfriQu~
il s'agit bien d'une acculturation puisque les modèles
sont étrangers, donc en inadéquation avec le milieu tradi-
tionnel
; cependant ces modèles sont bien ceux de la
classe dirigeante
car c'est Dar elle qu'ils sont véhiculés.
C'est elle qui les choisit.
- 3f~ -
Les films "westerns" à travers lesquels sont
mises en relief: la ruse, la co~bativité et la suoériori-
té de 11 homme "Blanc" face à l'Indien absurde. méritent
notre attention.
Dans ce sous-chapitre, il slagit pour nous de
montrer du point de vue théorique 11 impérial isme A
travers les films, mais un chapitre sera consacré A cet
ef~et ainsi qu1une analyse de contenu dans la 2e partie.
Pour nous permettre de mieux percevoir ces
"westerns". il Y a lieu de les classer en deux groupes
bien distincts
- conflits entre Blancs-Indiens - conflits
entre Blancs.
a)
:~~~!~r~~:_r~l~!if~_~~~_SQŒfli!~_êl~ŒS~:
1
Indiens.
Ils ont incontestablement pour but de légitimer
la présence Européenne sur cette terre Indienne
à des
milliers de kilomètres de 1 1 Europe
au nom de la "civili-
sation universelle"
, terme qui contient une connotation
idéologique outrancière de domination et dl impérialisme.
A travers donc ce type de "Western", il slagit
pour les Cinéastes de montrer la combativité, la supério-
r i té et 1 1 i nte 11 i ge nce de 1 1 homme B1an c •
A l'inverse
l'Indien "Sauvage", "Archaïque"
vivant dans une société éminemT"Er.t
fixiste ou statique,
voire même "ANTI-dynamico-proqressiste", est Dar conséquent
voué à une disparition certaine et normale au nom de la
"civilisation universelle". Ces films posent en clair deux
problèmes en Afrique.
-
367
-
- Primo: La 1éqitimation de la orésence.
non
seulement physique.
mais culturelle, civi1isationne11e,
économique et politique, en d'autres termes la Drésence
effective et définitive de l'Européen en Amérique. De
toute façon cette présence obéit à l'ordre mondial basé
sur le rapoort Dominant-dominé régissant les relations
internationales. La morale étant de soumettre ~ vie
des
peuples, voire leur anéantissement progressif au nom de
"cette civilisation universelle".
- Secondo : La mise en garde des pays dominés de
la volonté et de la oossibilité des Européens d'anéantir
tous ceux qui oseraient mettre en doute leur capacité de
destruction
toujours au nom de l'universa1 ité de leurs
culture et civilisation.
Fort heureuse~ent aujourd'hui
cette imaqe de
l'Europe souffre de sclérose; de plus il y a des contra-
dictions entre les Eurooéens eux-mêmes (Ouest-Est). Ainsi
l'éviction des colosses Américains par le "Petit Viet-Nam"
et surtout l'indépendance chèrement acquise par la Guinée
Bissau, le Mozambique, l'Angola, donne-t-el1e une lueur
d'espoir et de courage aux dominés. Ce qui était donc
possible hier
ne peut plus l'être de la même manière.
Bien sûr
il ya une nouvelle forme d'impérialisme qui
donne les mêmes résultats, mais la violence constatée dans
les Westerns doit être désormais exclue. Elle est par
contre remplacée par la "coooération" plus subtile que la
brutalité historique.
(Nous y reviendrons.)
b)
~~~~!~rŒ~~_r~1~!!f~_~~~_ÇQŒfli!~_~Œ~Q9~Œ~~:
(~~!C~_~l~~~~)
Le problème se~ble ici assez complexe
mais on
-
368 -
peut le réduire à trois cas
- L'Amérique est une terre où toutes les
national ités Européennes se sont rencontrées; cette si-
tuation a engendré une certaine différenciation des
nationalités et des conflits mis en scène par les cinéas-
tes. Ces luttes relèvent bien des conflits de nationalités
et de classes soci3le5.
Il Y a l'aspect ~rossier où le plus fort s'impose
au faible aussi bien ohysiquement qu'économiquement. Cette
situation est une logique du phénomène de domination où le
plus faible doit se soumettre ou "disparaître" devant le
plus fort.
Les conflits sont ici beaucoup plus individuels
que de classes. D'ailleurs la société Américaine est cons-
truite sur cette dualité dominant-dominé. D'une manière
générale
les dominés sont les minorités de couleurs et
les dominants: les Européens. Ainsi se trouve-t-on en
présence d'un racisme lié à la classe dominante Blanche.
r~ ais cel a ne sig nif i e pas a bsen c e de con f lit sen t rel e.s
nationalités Euro~éennes. Examinons maintenant les feuil-
letons qui véhiculent aussi l'idéologie Occidentale moderne.
Les feuilletons
Les feuilletons policiers du genre
"Briqade
criminelle, Police Story, l'Homme qui valait 6 millions de
dollars; Police d'Etat ... " pour ne citer que ceux-là,
peignent très bien la société de consommation occidentale
dont les caractéristiques néqatives sont
incontestablement:
- la délinquance juvénile et adulte
- le banditisme
-
369 -
- le "gangstérisme"
- 11 instinct vénal etc ...
En Côte d'Ivoire où existe une écrasante majori-
té de pauvres, une jeunesse exoloitée, en chômage; plus
de 4.500 diplômés de l'enseignement supérieur en 1983, de
tels feuilletons ne peuvent qu'être admirés et intériorisés.
Aujourd'hui
il Y a en moyenne un cambriolage ou
vol à main armée par jour le plus souvent suivi de meurtre
à Abidjan.
Quant aux vols de sacs de femmes, il n'est pas
possible de les comptabiliser tant ils sont nombreux et
fréquents.
Les mass média contribuent donc à faire rêver
cette jeunesse oasive
en proie à toute idéolo~ie perverse,
à une propansion à
la facilité, situation admise et en-
couragée par la classe dirigeante, estimant toutefois
normal "qu'un pays est dit développé quand le taux de
banditis01e est élevé". C'est là une théorie qui mérite une
th~se spéciale.
Ce fallacieux orétexte occulte en fait une im-
puiss3nce face à l'évolution dangereuse de la Côte d'Ivoire.
1. Les autorités politiques ne maîtrisent plus
le développement anarchique du pays. De plus elles pensent
ou confondent perversion et évolution. Ayant donc choisi
11 impérialisme qui accroît leurs richesses,
les dirigeants
Ivoiriens admettent les conséquences de ce choix.
2. Les feuilletons constituent un somnifère qui
apaise la douleur socio-économi~ue de la masse ou des in-
tellectuels chômeurs, esoérant devenir riches par tous les
" :; 7 ü -
moyens. Aussi permettent-ils de rêver par procuration et
de consommer par transfert.
3. Enfin
ces feuilletons permettent à ceux qui
oeuvent refléchir de subir le "diktat" des mass média.
Ainsi
au lieu de proposer des feuilletons liés au milieu
socio-culturel Ivoirien, on transporte consta~~en~ la
masse sous d'autres cieux, ce qui l'aliène, 1 '3CCj'ture et
en fin de compte. exerce un impérialisme culturel sur
cet te mas se
qui con s0 fTl me par p ro c urat ion e t j 0 ui t par
transfert.
Ces différents constats vont pousser certains
dirigeants du Tiers-Monde à réagir.
M - REACTION DU TIERS-MONDE
Le constat du déséquil ibre évident qui caracté-
rise la structure internationale des mass média incite à
admettre la nécessité de nouveaux rapports entre dévelop-
pés et en voie de développement, donc une conception
beaucoup plus juste de ces rapports. C'est ce que les
Experts de 1iONU appellent: "Le Nouvel ordre inter- n 3tional
de l'information ll •
Cette lutte est menée par les pays non alignés
qui ont déjà obtenu des résultats, bien qu'assez fTlinces.
Cependant
en janvier 1975
ils ont créé un pool des
Agences de presse des pays non alignés.
Sur l'ensemble des pays du Tiers-Monde
des
problèmes existent en ce qui concerne le fond et la forme
des rapports à instaurer.
-
371
-
Divergences
Sud-Sud: entre pays en voie de développement
- Sud-Nord: entre oays en dévelopDe~ent et pays
développés
- Nord-Nord: entre pays développés à régimes
politiques différents.
D'une manière qénérale
ces diver~ences sont
inhérentes aux différents discours ou régimes politiques
ou encore idéologiques politiques
aussi bien au Nord
qu'au Sud. Ceci suscite 1 'apparition des thèses contradic-
toires au nombre de trois
selon Francis Balle. Il ne peut
en être autrement puisque sur le plan idéologique
le
capitalisme est 1 'anti-thèse du Marxisme
et dans le
Tiers-Monde
ces deux idéologies s'affrontent. Bien sûr il
y a ceux qui se veulent Nationalistes et authentiques.
Mais dans la pratique de ces derniers
il y a toujours en
toile de fond les deux idéologies.
Première thèse
(pays modérés)
Selon Francis Balle
"C'est celle q~2 iiveloppent les gouverne-
~ents des pa~s ~aloux de leur indipendance
culturelle au ~o~ns en paroles, de retrou-
ver leur identi~i culturelle" (J2 1
Cette thèse serait vérifiée si on se situait au
niveau d'un développe~ent culturel réel et authentique,
c'est-à-dire de l'identité et de l'authenticité culturelles
?:-:r .-:::.~:'~E F. .Wdias et :)oc:'.Jti : ??
<:"';-.395. Ed . .',fontc;,réstien 1930;
Paris.
- 5ALLE F. Cpt.
- 372 -
du pays concerné
telles que nous les avons définies.
En effet
les informations en provenance des
pays développés ne sont guères neutres idéologiquement et
leur consommation dans les pays non industrialisés ne peut
que constituer une al iénation et une dépendance, voire une
acculturation. Car 11 information est liée à la personnal i-
té du journaliste, à ses sensations pïopres, parfois à son
idéologie et aux préoccupations du pays dont il est issu.
Ces informations étrangères, en dehors des informateurs na-
tionaux peuvent en principe modifier le comportement de
ceux qui les reçoivent, soit positivement ou négativement.
Ainsi le nouvel ordre mondial de l'information qu'on vou-
drait instaurer doit être précédé avant tout du nouvel or-
dre culturel international
sinon être son complémentaire.
Cette position
pour louable qu'elle soit
oc-
culte une inquiétude de la part des classes dominantes na-
tionales qui préfèrent maintenir leur masse dans le sous-
développement chronique sur le plan informationnel, ce qui
constitue un facteur de stabilité politique
même si cela
sous-développe leur pays, l'essentiel étant le pouvoir qui
procure des milliards de francs dans les banques Occidentales.
En effet
si un citoyen nlest pas informé adéquatement,
comment peut-il savoir ce qui se passe chez le voisin étran-
ger ?
Comment peut-il revendiquer ses droits et devoirs? Incon-
testablement. la sous-information engendre l'obscurantisme
et sur le plan politique
il est facile d'exploiter un non
informé qu'un informé.
Par exemple, rn occident
on connait le plus souvent la
situation économique de chaque président avant de prendre fonction. Or
ici
personne ne peut se préoccuper de cet aspect. L'essentiel est de
devenir riche en quelque mois en pillant les deniers publics, et ceux,
ils sont rares, qui en parlant sont considérés convne des aigris.
- 373 -
Deuxième thèse
(pays de tendance révolutionnaire)
(Ethiopie)
"La décolonisation complète de Z'information passe
par l'instauration d'un régir:e ;:œo;!Y'essiste" (:'':.'.
Du point de vue théorique
cette thèse serait juste si elle favorisait
l'appropriation par l'Etat des moyens d'information
mais à la condi-
tion que ces mass média fussent effectivement au service de la majori-
té sociologique et non d'une minorité, fût-elle nantie. L'exem-
ple de nombreux pays Africains est loin d'ètre encourageant.
D'abord la légitimité des pouvoirs politiques: si on con-
sidère par exemple le cas du Bénin
pays se voulant révolu-
tionnaire, certes beaucoup plus par sa verbomanie que par
sa pratique révolutionnaire
où la classe dirigeante a ac-
cédé au pouvoir à l'issue d'un coup d'état militaire, on
peut alors se poser maintes questions, notamment - pour
quoi la masse n'a-t-elle pas été associée à la prise du
pouvoir
puisque. c'est en son nom et pour elle que ce coup
d'état a été réalisé? Un pouvoir pris dans ces conditions
peut-il être populaire? Autant de questions dont les ré-
ponses ne mil itent pas en faveur des II par tis uniques de
masse" en Afrique noire; ainc;i la nationalisation des
mass média ne peut que favoriser des minorités d'activis-
tes assoifés de pouvoir.Ces minorités sont toujours soutenues
par une puissance impérialiste puisque le soutien populai-
re fait tragiquement défaut. La classe dirigeante devient
par là-même
agent d'une puissance impérial iste à défaut
de soutien populaire. Il faut donc chercher une protectio~
un parapluie, le plus souvent à l'Est ou à l'Ouest.
On peut être d'accord avec cette thèse à condi-
tion que les classes sociales disparaissent effectivement
sans leur substituer de nouvelles. De plus la classe diri-
geante doit être l'émanation de la masse et non d'une éli-
te intellectuelle ou mil itaire issue d'un coup d'état qui
transforme au bout de quelques mois, des caporaux et ser-
gents en GENERAUX ou MARECHAUX à -n- étoiles.
- !.:tis .~a,"":'::."!l..-' _-_~.:::-.-~/. ~f(:ss n:él:a
,': •• ~:œc? Ze ; Al'-
t::cZe ,~r.s ":o-~·L,"X'.!ti:·c". "ol.
.",' ::~"'l~-'L: ?aris.
" 7 1
-
~ f ~
-
Troisième thèse lnationalistes)
C'est la dénonciation des impérialismes de tous
les pays: capitalistes et social istes par des Opposants
aux dirigeants, le plus SJ~vent lnstallés et soutenus par
ces pays impérial istes alliés.
Ici est remise ~n cause la légitimité des gou-
.' ": r' n e 11: e nt')
Jin S i
'l ue ~',- -' -: .: cri sie des pa y sin dus tri a lis é s
capital istes ou social ist~s. Cette thèse peut aussi se
concevoir. En effet
les indépendances acquises de diver-
ses manières en Afrlque, on a
certes
avec naiveté pensé
que ces pays assumeraient effectivement leurs responsabili-
tés historiques. Mais au colonial isme s'est substitué le
néo-colonialisme et l'il'1oérialisme , et quoi qu'il en soit
il est clair que le sous-développement est dû au développe-
ment des pays développés (ces deux états étant complémen-
taires).
A travers ces trois thèses donc
on retrouve le
débat chronique Est-Ouest 1nplifié dans le Tiprs-Monde,
singulièrement en Afrique ~oire , opposition liée aux rap-
ports de mode de productlon dans ces deux idéologies anta-
gonistes.
Cependant ces trois thèses peuvent être ramenées à deux
dans la mesure où la prel'1ière et la troisième se rejoignent;
et un schéma nous aideralt à mieux percevoir ce que nous
venons d'avancer.
: - ..' ...Jt: •
- 37'--
l
- de tendance socialiste
ETAT
ou capitaliste.
Authenticité
Progressisme
Nationalisme
Socialisme
Occidentalisme
Nationalisme
Impéri al i sme
Social isme
o
o
1
1
Authenticité n'inclut pas les impérialismes: Est-Ouest.
Elle implique donc le nationalisme; par conséquent les
deux thèses en présence sont:
1
1
AUTHENTICITE
------------..
NATIONALISME
1
1
i
~
PROGRESSISME
-----------..
SOCIALISME
1
1
1
ii
1
1
t
~1
Jt
- 376 -
Cependant
qu'il s'agisse de la première thèse ou de la
seconde,
l'enjeu paraît être le contrôle des mass média
par l'Etat. On arrive donc à la situation des pays tels
que:
- la Côte d'Ivoire
- le Bénin
- la Guinée ... où
les mass média sont strictement contrôlés par la classe
dirigeante alliée toujours à l''Juest ou à l'Est dont elle
véhicule l'idéologie.
Ces constats montrent bien que
- l'Afrique Noi re est absente de la scène infor-
mationnelle eu égard à son sous-développement technologi-
que, économique et culturel
lié à son héritage culturel
cdlonial qu'il
traîne depuis vingt cinq ans.
- les divergences autour de ce débat ne tiennent
pas compte réellement de l'information de la masse. Il
s'agit bien au contraire d'une lutte pour le pouvoir afin
de légitimer la domination d'une classe alliée à une
puissance impérialiste.
- chaque classe veut contrôler les mass··média
pour assurer sa survie puisque c'est par eux qu'est mani-
pu l ée l a ma s se.
A partir de ces différents conflits
examinons
les
rôles et i nfl uences des mass médi a sur les cul tures
nationales.
- 377 -
~API TRE IV
RO LE SET 1NFl UE NCE S DE S MAS S fv1E DI A
SUR LES CUL TURES NATI ONAlES
-
378 -
1. - RO LES
Le problème central que posent les mass ·média,
c'est celui du développement de l'Afrique en général et de
la Côte d'Ivoire en particulier
car
nous semble-t-il, les
mass média ont la lourde responsabilité de l'évolution de
ce continent dans tous les domaines, c'est-à-dire de le
faire passer d'un état A (non développé) à un état B (déve-
loppé) , mais il faut encore nuancer.
En effet
du point de vue théorique
l'Afrique
est sous-développée par rapport à l'occident, c'est-à-dire
que c'est toujours par rapport à une société donnée qu'une
autre est ou; ou non développée. Mais ce développement
doit être total, par conséquent
multiforme: - social
- culturel - politique - économique - informationnel. Or il
se trouve que le développement impl ique dans l'Afrique
d'aujourd'hui et singulièrement en Côte d'Ivoire, la dimen-
sion économique et accessoirement la dimension culturelle
endogène.
Notre souci
dans ce troisième chapitre de notre
étude
est de mettre l'accent sur quelques problèmes que
pose l'introduction des mass média en Côte d'Ivoire et
ensuite les rôles que peuvent jouer ces mass·média dans le
processus du développement du pays.
Ainsi constate-t-on que les mass média sont présents dans
tous les projets, plans et stratégies des organismes étati-
ques ou non étatiques
à savoir: l'éducation, la protection
maternelle, la nutrition, la régulation des naissances,
l'agriculture, la santé, l'industrie, etc ...
Depuis l'indépendance
une strat(gie de dévelop-
pement a été mise en place par les autorités politiques du
pays avec l'ancienne puissance colonisatrice
et avant
- 37S -
dlaborder le rôle des mass média dont l'objet est de soute-
nir cette stratégie, il importe de faire un petit détour
en examinant tous les moyens constituant le processus de
développement national. Mais un constat connu du commun
des mortels montre que les modèles de développement ont
connu diverses mésaventures, en un mot un échec çA et lA.
Bien sûr
on ne peut pas comparer l'Afrique anté-co1onia1e
et post-coloniale, mais le développement attendu ne siest
pas réalisé. Faut-il conclure hâtivement que les mass
média n'ont pas soutenu le développement? Peut-on trans-
poser intégralement un modèle de développement d'un pays
donné A un autre sans tenir compte des spécificités géo-
graphiques, historiques et culturelles de chaque pays?
Ces deux questions vont nous permettre d'aborder notre
étude par l'aspect théorique. Mais examinons d'abord
comment sont apparus de nouveaux modèles ?
- Emergence de nouveaux modèles
On comprend aujourd'hui aisément que l'environne-
~ent économique qui a favorisé le développement des Etats-
Unis et de l'Europe occidentale
n'est pas le même en
Afrique. Cependant
la composante essentielle - l'indus-
trialisation de la production - est évidemment quelque
chose qui doit intervenir dans tout plan de développement
s; une soc i été ve ut réa 1i se r 1e r ê ve m0 der ne, lia mé 1i0 rat ion
de son sort mais on ne sait ni à quel stade, ni a quel
ryth~e, co~me le souligne Wilbur Schramm.
Si nous regardons de près l'évolution des
Etats-Unis, en particulier leur modèle, nous nous rendons
• • ,.~ 1
. ".;: ~' •• '1
3sn -
compte qu'une révolution agricole a précédé la révolution
industrielle. Ce qui frappe l'imagination, c'est que le
rythme de développement qu'on impose à l'Afrique pour son
changement est vertigineux. L'Amérique du Nord et l'Europe
ont mis trois cents ans (300 ans) pour passer du stade de
la civilisation agricole à celui de la civilisation indus-
tire11e. On a pensé que l'Afrique pouvait
en vingt cinq
ans (25 ans) parvenir au stade des pays développés. Il
s'agit en fait d'imiter ou de ~;jquer le modèle
extérieur
de développement en Côte d'Ivoire.
La seconde différence vient du fait que, quand
les Etats-Unis se développaient, des terres cultivables
étaient à la disposition de chaque fermier. Bien sûr des
pays comme la Côte d'Ivoire se trouvent dans cette situa-
tion, mais la détérioration des termes de l'échange
appauvrit les paysans Africains. D'un côté les Américains
fixaient le prix de leurs propres productions, de l'autre,
ce sont toujours les pays développés aujourd'hui qui
fixent le prix des productions des autres à leur guise. Au
niveau de toute l'Afrique
le problème se complexifie
puisque toutes les terres ne sont pas cultivables et des
paysans sont réduits à l'exode vers les autres pays
(Mau rit a nie n, Bu r ki na bé, Mal i env ers 1a Côte d' l v0 ire ) .
Parlant des Etats-Unis
Wilbur Schramm écrit:
"L'existence de terres disponibles pour la
propriété indi~iduelle, le petit nombre de
propriétaires,
l'abondance des ressources
naturelles néce32aires à l'industrie et un
syst~me de cc~-e~cialisation qui favorisait
la ,-,po(~:I.C?"';~·:o>!,
~ous ces
facteurs ont créé
une" 3 ~ :::w v :: C!! _',~ :'0 u r mi II a'i en t les po s s i bi-
lités d'entrepre!!dre et où les efforts
trouvaient na::treller'1ent
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: . -
l
'f"
. .
·
380 -
compte qulune révolution agricole a précédé la révolution
industrielle. Ce qui frappe 1 l imagination, clest que le
rythme de développement qu10n impose à 1 1Afrique pour son
changement est vertigineux. L'Amérique du Nord et 11 Europe
ont mis trois cents ans (300 ans) pour passer du stade de
la civilisation agricole à celui de la civilisation indus-
tirelle. On a pensé que 1 1Afrique pouvait
en vingt cinq
ans (25 ans) parvenir au stade des pays développés.
Il
s'agit en fait d'imiter ou de plaquer le modèle
extérieur
de développement en Côte d'Ivoire.
La seconde différence vient du fait que, quand
les Etats-Unis se développaient, des terres cultivables
étaient à la disposition de chaque fermier. Bien sûr des
pays comme la Côte dl Ivoire se trouvent dans cette situa-
tion, mais la détérioration des termes de 1 1échange
appauvrit les paysans Africains. D'un côté les Américains
fixaient le prix de leurs propres productions, de 1 l autre,
ce sont toujours les pays développés aujourd'hui qui
fixent le prix des productions des autres à leur guise. Au
niveau de toute 1 1Afrique
le problèm2 se complexifie
puisque toutes les terres ne sont pas cultivables et des
paysans sont réduits à 1 1exode vers les autres pays
( Mau rit anie n, Bur ki na bé, Mal i env ers 1a Côte d 1 l v0 ire ) .
Parlant des Etats-Unis
Wilbur SClramm écrit:
"L'existence de terres disponibles pour la
propriété individuelle,
le petit nombre de
propriétaires,
l'abondance des ressources
naturelles nécessaires à l'industrie et un
système de commercialisation qui favorisait
la ?roductivité,
tous ces facteurs ont créé
une situation o~ fourmillaient les possibi-
lités d'entreprendre et où les efforts
trouvaien.t n.at'.A.reLlement
leur l>~ 'ûT'Pense". «':'
;,; .
-
3['1
-
Le modèle de développement des Etats-Unis est dû
en partie aux conditions favorables que nous venons de
citer. Mais s'agissant de la Côte d'Ivoire
les premières
places lui reviennent dans la production du café et du
cacao depuis quelques années sur le plan mondial. On aurait
pensé à la situation des Etats-Unis, c'est-à-dire que les
Ivoiriens seraient devenus riches. Mais c'est là que se
Dose un cert3i n nambre de oroblèmes.
a) Il Y a double exploitation de la masse paysan-
ne. Dia b0 r d les pu i s san ces
et r anqère s ,
ete nsui tel a cl asse
dirigeante nationale.
En effet
la détérioration des termes de
l'échange
est le fait des puissances impérialistes qui achètent à des
prix imposés aux pays en voie de développement leurs
matières premières (café, cacao, bois, etc ... ).
b) Les e con d a s pe c tes t lie xplo i ta t ion de l a ma sse
paysanne par la classe diriqeante. Ainsi
le kilogramme de
café
est payé à 350 F CFA et revendu à 3.000 F CFA sur le
marché international par la classe dirigeante. On voit
bien que le développement de l'agriculture est loin de
favoriser le bien-être de la masse
et pdr conséquent, pro-
mouvoir un développement industriel.
Le dernier aspect de ce modèle occidental réside
dans l'existence d'un ressentiment hérité du passé colonial.
Dans un premier temps.
les programmes d'assistance technique
de tous ordres ont donné l'impression de tirer de nombreux
avantages de cette coopération
à partir de projets cons-
truits autour de technologies avancées ayant besoin d'être
expérimentées.
100
F' c.' ? A = '2 .:: _:'2" a n (f;~a {s
,., = ?
3.000 F' = 60 F.
l
1
!
- 38? -
Cependant le Droblème réel de développement ne con-
siste pas en un modèle unique de développement appliqué ou
adopté oar
tous les pays du Tiers-Monde
mais plutôt des
modèles fonction de chaque pays et de chaque pODulation ,
c'est-à-dire des modèles nationaux
établis par chaque
nation
fondés sur une compréhension approfondie des
besoins nationaux et prévoyant un rythme de croissance
adapté aux possibilités et facil itant la perception propre
de ses objectifs par le pays lui-même
comme le souligne
encore Wilburn Schramm.
A l'instar du pédagogue qui dirait: IIdites-moi le type
d'homme que vous voulez éduquer et je vous dirai quel type
de pédagogie utilisé ll
on peut
i\\ussi dire, en matière de
développement II que ll e sorte de pays voulez-vous développer,
et vous aurez le modèle équivalent ll • Clest la manière fon-
damentale de voir le problème du dével,oppement.
Selon encore Wilburn Schramm
"!"..c ..:_:,'~.; ~):!{~~jental
n'est plus 3.é30rmais
con3iiéré comme adapté aux exigences
actuelles du Tiers-Monde.
Un ~od~le de
dévelo~Je~ent unique ne correspond sans
doute ~às à tous les pays en dé~eloppement
etct:a;:<e DallS a le droit et l:l "!."'22Donsabi-
lité i;adopt~r le type de moà2Ze ~~i
farait le mieux à même de réaliser le
genre de développement dont il a besoin.
Pour ~esurer la réussite du développement,
il faut s'en tenir à un indicateur quel-
qu'il soit qui est considéré par le pays
intéressé comme satisfaisant (car peu de
pays 30nt satisfaits de l'indicateur que
con d : :: : :, e leP!l B) " •
.' •
Voir Wilburn SCHRAMM : Jpt.
cit.
PP.
8-9.
',Ii
-
Wilburn SC.=iF..:'.',!.\\! : opt.
cit.
P.
9.
- 383 -
En effet
qu'il
s'agisse d'activités économiques
et du procès d'élaboration des décisions
llaccent doit
être mis sur l'initiative locale. sur le secteur agricole
ou rural. sur les techniques. sur un fort coefficient de
capital
et sur la mobilisation des
ressources
locales et
des capacités
de la population servant de base à la cons-
t ru c t ion e t à l 1 U t il; s a t ion de
re s sou r ces i ndus tri e lie s .
Tout ceci
mi lite en faveur du développement endogène.
c'est-à-dire un développement qui
part de l'intérieur et
non un modèle importé de l'extérieur. un modèle inadapté.
A partir de ce petit détour sur le développement. on peut
voi r les di fférents
rôles que peuvent effecti vement jouer
les mass ·média dans le processus de développement endogène.
Ces rôles sont nombreux.
mais nous n'en retiendront que
cinq
(5) qui
nous semblent importants.
1.1. - Rôle de conscientisation
Il est très courant d'entendre ça et là des hommes
politiques
dire que:
tel
individu ou tel autre groupe d'in-
dividus est ou non conforme aux normes préétablies ou encore
con t rai re à ce qui 0 n a t te nd de lui.
La conscientisation nlest pas
une propagande.
encore moi ns
un endoctri nement comme le pensent ces hommes
politiques. mais elle est liée aux diverses informations
que reçoit l'individu. aussi
bien
Sur son pays. ses diffi-
cultés. les propositions en vue de
résoudre ses problèmes
et de se prendre effectivement en charge
que sur les autres
pays et les autres populations. Le discours officiel
reproche
à 11 Ivoi rien son manque
de conscience nationale. le respect
de la chose publique. C'est en partie vrai
mais peut-il
e n être a ut re me nt?
- 384 -
Pour notre part
la conscientisation doit être
un processus conduisant à la réalisation de soi, au res-
pect de sa culture ainsi que celles des autres, à l'abné-
gation dans les services rendus à la nation. C'est
peut-être un idéalisme naïf
mais dans un pays SOU5-
développé
à parti unique unanimiste et à fort taux
d'analphabètes, la classe dirigeante constitue le modèle
de référence. Or que constate-t-on ?
- une consommation ostentatoire de cette classe entraînant
l'utilisation des deniers publics aux fins personnelles.
D'où les diverses rumeurs faisant état de détournements
massives, mais tues par les mass média. C'est ce que le
discours officiel qualifie d'erreur de gestion dont le
résultat est l'avènement de jeunes mill iardaires en
Francs CFA, et qui deviennent les thuriferaires du régime
politique en place. Mais les mass média ont aussi un rôle
de transformation sociale.
1.2 - Rôle de transformation sociale
La radio et la télévision constituent à l'heure
actuelle les moyens de communications de masse en Côte
d'Ivoire, voire même en Afrique.
Ils diffusent non seule-
ment des items culturels, des informations provenant du
monde entier, mais la caractéristique essentielle réside
dans la diffusion de l'idéologie dominante et étrangère.
Il y a lieu de faire une différence entre l'information et
la culture véhiculées bien qu'à la limite, cette séparation
semble difficile. Pour notre part
l'information constitue
des faits actuels et passagers, ne se situant uniquement
que d~ns le temps. Par exemple: toutes les chaînes de
télévision et radio déverseront des informations relatives
aux élections présidentielles aux Etats-Unis et en France,
-
385 -
mais une fois cette période passée, personne n'en reDar1e-
ra
si ce n'est pour les lier à d'autres événements de
même nature. Il faut aussi reconnaître que dans le temps,
les informations peuvent devenir culturelles si elles s'-
inscrivent dans un cadre historique.
Quant à la culture
elle semble permanente, c'est
ce qui reste et meuble le cerveau
et constitue en même
temps l'équilibre de l'homme et de la société. Mais la
problématique est ici ce que veulent ceux qui ont instauré
ces" mass média, l'usage que l'on en fait, l'idéologie oc-
cultée. En d'au~res termes
l'importance de ces mass média
dans le développement de la Côte d' Ivoire.
Si dans le milieu traditionnel Ivoirien, culture
et éducation étaient confondues, aujourd'hui
il existe
une différence
car la culture actuelle ressemble à une
"m0 saï que"
don t 1a car a c té ris t i que pr i nc i pal e est l' ex i s -
tence de deux classes sociales.
L'une alimentée par les mass média, c'est la
masse dominée. Et comme le souligne Abraham A. Moles:
"~a masse est arrosée pal' ceux-ci, immergée
Jans un flux continu de ~essage de toute
?i~~e, de tout Dropos, ~a~3 digérant sans
effort et sans durée, des :ragments de
~onnaissances disparates, perpétuellement
soumis à l'oubli.
La culture y prend un
caractère statique et passif"
(915).
A côté de cette masse existe une couche dirigeante ou cou-
che d'intellectuels, elle aussi "immergée dans le flux de
la culture mosaïque, mais qui y réagit d'une façon diffé-
rente". (~7)
Elle se sert ou absorbe les éléments qui
- Abrah~~ A. ~!OLES : La radio - télévision au service de la pro-
'~otion socic-culturelle. COTT!!Unications N° ? ; 1966. P. 2.
,r;"~· ~
D
~
----""'1......
_.
~.
- 386 -
lui sont proposés pour les transformer en d'autres messa-
ges
destinés à la diffusion par les mass média. Et nous
serons d'accord avec l'auteur pour avancer que les modes
de communications de masse, radio et télévision surtout,
constituent le lien entre cette société intellectuelle et
la masse du champ social. En d'autres termes
les mass
média constituent le trait-d'union entre la classe diri-
geante et la masse.
c'est la situation verticale. Mais ils servent
aussi de trait-d'union entre les membres de la même classe
sociale: (dominante-dominante, dominée-dominée). C'est
l'aspect horizontal des mass média, c'est-à-dire la mise
en relation des éléments d'une même classe sociale. Ce
faisant les mass média peuvent constituer une force écono-
mique.
1.3 - Rôle de force économique
Dans leurs structures aussi bien que dans leurs
contenus et formes, les mass média sont inté~rés dans le
système d'information de sorte qu'ils dépendent de l'écono-
mie. A ce titre les mass média constituent aujourd'hui une
importante force
économique
et
déterminante
dans
le
développement. Si en Europe occidentale et aux U.S.A.
une
usine ou unité industrielle peut être implantée à n'importe
quel endroit, en Côte d'Ivoire
le problème de la communi-
cation se pose avec acuité. Une unité de production ne peut
exister sans être en contact avec l'extérieur. Le déplace-
ment de personnel qu'elle implique doit communiquer avec
l'extérieur
et en mê~e temps permettre. grâce aux commu-
nications modernes
nationales et internationales
les
mouvements des individus. Une communi~ation
téléphonique
ou radio-diffusée empêche de parcourir des dizaines, voire
des milliers de kilomètres. La révolution industrielle est
- 387 -
antérieure aux mass média modernes
mais en Afrique t indus-
tries et mass média sont synchrones t ce faisant ils doivent
par leurs actions d'information t d'incitation t de prise de
conscience et d'éducation t soutenir l'industrie et cette
dernière doit elle aussi contribuer à étendre et améliorer
les mass media. Cette inter-dépendance est un corollaire
au développement total de llhomme et du pays
car ces
mass ~édia accroîtront l~ r~~t~bilité à partir de la forma-
tion continue qui ils peuvent opérer t améliorer le rendement
à partir de
la prise de conscience et enfin promouvoir
llauto-consommation. Ainsi les mass ·média peuvent-ils jouer
un rôle de force sociale.
1.4 - Rôle de force sociale
En observant les résultats aliénants ou accultu-
rationnistes de la société Ivoirienne actuelle t on peut
conclure hâtivement que les mass média ont pour fonction
de créer une société étrangère au pays. Cette conclusion
se justifie. Mais si nous Jrenons en compte les transfor-
mations
sociales positives qui peuvent s'opérer en utilisant
rationnellemen~ et objectivement ces mass médiat nous nous
rendons bien compte que leurs fonctions sont salutaires
pour 11 Ivoirien. La place qu'ils occupent dans le système
pol itique et sa convergence avec les structures sociales t
éducationnelles et culturelles est déterminante dans le
développement global du pays
dans la mesure où ils peuvent
amener la société à opérer des choix ou à retenir des
objectifs et des priorités erronées conduisant à lladoption
dl infrastructures inutiles t jes innovations techniques ou
des dépenses somptueuses ne correspondant à aucun besoin
réel de développement. Les mass média ne doivent donc pas
ëtre étudiés isolement. mais liés au contraire à tout ce
qui concoure au développement d'un payst clest-à-dire liés
- 338 -
à la société, à l'économie, à la culture, à la politique.
Pendant longtemps
on a reproché aux mass média de dispen-
ser une sous-culture, par conséquent d'abrutir les indi-
vidus, d'accroître la paresse à la lecture, d'aliéner
l'homme. Clest un fait que nous ne devons pas ignorer
d'autant
plus qu'en Côte d'Ivoire
ils engendrent dans la
masse une dégradation des moeurs sous le fallacieux
prétexte de modernisme, transportent les individus
constamment à l'étranger (occident) sauf en Côte d'Ivoire,
aliènent
aussi bien la jeunesse que la population adulte.
Mais ils peuvent permettre à l'être social de se réaliser
pleinement.
En effet
si jusqu'alors les fonctions des mass
média ont été négatives
cela est uniquement dû aux
objectifs erronés et d'endoctriment que leur ont assignés
les autorités politiques. Mais nous pensons qu'ils repré-
sentent une force sociale certaine qui peut engendrer: la
liberté de la presse, la liberté et le droit à l'informa-
tion, le droit d'être éduqué, la suppression des classes
sociales, la liberté de s'auto-déterminer. Une bonne
uti1 isation des mass média peut contraindre les pouvoirs
publics à démocratiser un régime autocratique, tout comme
une mauvaise utilisation de ces moyens d'information de
masse entraîne aujourd'hui le sous-développement culturel
et 11 inconscience de la population
(98).
Ces quatre
rôles que jouent les mass média
permettront un développement total, réel et intégré, et
autocentré de la Côte d'Ivoire. Car aujourd'hui
ils sont
-
Nous const~2rons la orise de conscience au sens
.'1a r x i ste :i:i
ter.''7 e,
c " est - à - d ire qlA. ' : t n' y a de
conscien:Je
;:te
s' i l Y a conscience .:e !utte de
ulasses.
- 389 -
omniprésents dans la société, dans la vie de chaque jour
et leur utilisation rationnelle ne peut que déclancher le
processus de conscientisation, de participation et de moti-
vation, prélude aux transformations sociales et à l'avènement
de la victoire sur le sous-développement chronique. Cette
victoire ne pourra être totale que si un nouvel ordre
mondial de 11 information est créé. Mais pour l'heure
examinons les conséquences pour ces média.
I1.6 -
Mass média et pouvoirs
Tous les organismes étatiques ou non, les partis
politiques, les syndicats, les groupements confessionnels
ou professionnel s etc ... constituent dans notre monde
actuel autant de force et de puissance. Tous ces organismes
émettent et transmettent des informations qui peuvent
tendre vers l'amélioration de la qualité de la vie, le bien,
être social, l'équilibre socio-économique et spirituel.
Mais ce que nous venons d'avancer est-il absolument vrai en
Côte dl Ivoire?
Sur le plan politique: les Douvoirs politiques ont ici
la charge exclusive d'informer, c'est-à-dire
informent
l 'opinion, la maîtrisent ou la manipulent. Cette opinion
devrait-elle aussi constituer un pouvoir ou contre-pouvoir
du pouvoir politique. Mais il nlen est rien. Cette opinion
est soumise à la passivité dans la mesure où le parti
unique est omniprésent et son unanimisme ne laisse aucune
possibilité d'expression de vue contraire. Elle devient
par le jeu de sa maîtrise ou de sa ~aniDulation. un facteur stabilisa-
teur de 1'ordre établi. Mais en est-il de même sur les autres plans?
Voir ;:'''!.1n MACBRIDE
:
opt.
cit.
,t'. 143-144.
-
3~O -
-
Sur le plan socio-économique
Les réseaux de vulgarisation, les organismes
nationaux, dans les villages diffusent, bien entendu sur
des questions d'intérêt public en vue de former des attitu-
des et de créer des motivations. Sur ce plan précisément
i 1 Y a un" f eed - bac k" pu i s que 1e sin for mat ion s vé hic u1é e s
sont bien intériorisées par les villageois, notamment dans
1e dom a i ne de lia g r i cul t ure,
pla ç an t a i n s i l a Côte dl l vo i re
au premier rang dans la production du café et cacao au
niveau mondial.
Sur le plan culturel
Les mass média atteignent aujourd'hui toute la
société Ivoirienne; et·selon Sean Mac Bride:
"Si n~ceasaire qu'elle soit,
la cc~~unica
tion institutionnalisée présente pourtant
des dangers.
Elle peut être utilisée pour
manipu!ar l'opinion,
pour officialiser
l'in!cl"--:ation,
pouY"
Y'~:pc' '.>~'
!-3S
sources
de
l'C~!oY'mation ; elZe peut ~us3i abuser
des principes du secret ou de
la "sécurité"
en dissCrr,ulant des faits"
L'utilisation des mass média est fonction des
objectifs qulon voudrait atteindre:
- Ils peuvent former l'esprit critique et persua-
der 1 lindividu à partir des informations appropriées
exemple:
les revendications syndicales et les grèves en
occident.
( .
'
. '.}..' , - Sean MAC BRr:;:; : opte ,:,it. P. 144 .
- 391
-
- Ils peuvent contribuer à l'asservissement des
dominés par les dominants, renforcer des intérêts indivi-
duels étroits ou favoriser l'intérêt porté à des problèmes
collectifs, humaniser les rapports sociaux.
Les massmédia constituent donc en eux-mêmes
un pouvoir qui
peut contribuer à la transformation de la
société ou 1 a rendre apathique.
Slil existe dans le monde de systèmes d'informa-
tion gouvernementaux qui respectent le pluralisme des
opinions, cela n'est pas le cas ici
àu on abuse de son
monopole, condamnant et empêchant toute déviation par
rapport aux valeurs et à 1 1 idéo1ogie politique imposées,
étouffant les opinions contraires et portant atteinte au
respect des intérêts individuels.
On ne peut pas contrôler le contenu des mass·
médi a et en même temps respecter 1 es droits de 11 i ndi vi du
en particulier sur le droit au désaccord, de la libre
pensée et expression.
Nous terminerons ce paragraphe par cette réflexion
de Sean MacBride à propos de la communication:
":'e~~ stratégies de développement devraient
incorporel' des politiq"Ues de la communica-
tion conformes au diagr.ostic des besoins
ainsi qu'à la conception et
à la mise en
oeuvre des priorités retenues.
Dans ce
contexte,
la communi~ation doit être
considérée comme un .Jli3,'"'7ent fondamental
Ju dé'JeZoppement,
"Ur:
::e3teur qui permet
d'assurer une parti3ipation politique réelle
à la prise de décision,
une base d'informa-
tion centrale pour la iêfinition des grandes
options et un instr"U'"':enr;; favor-:sant la prise
•
_2
. ]
. . é
cons3~ence ~es pr:or:t
s
na t .
l
"
~ona es
.
-
392 -
I I I -
INFLUENCES DES r~ASS MEDIA SUR LES CULTURES
NATIONALES.
".-- : , :
:
; 11~, ' i "~.r"o r'r-:<l ti ù n
·le s
,n;~ "7tJrg 3 ou de s
j!>.J:(?~J J':A.ne sociét4, empêcher la libre
!·:{'.""A.!ltion de
l'information,
instaurer
:," .'j3!;,}rore de
c'Jmmunication à sens unique,
.~~ ':~?:J~i,Jt~r l'information ou les communi-
';-;::)(;J
:-lue
~t!'7')onopole soit public ou
•
1
" . 1 _
~" ..._,.,_ ..;
tY2f5.)o!)_:~"J~
::A. syst~me
' " ! '
',.,.,C
j -='
>.1 J.;)..! i é r..J Cl 'A. i âo nr:.e l'a nai s sance
;,':2 ('.jpression culturelle au sens le plus
..,,:<
,:iveau international,
ces ,'"?êmes causes
::i{')~:("3ent les rrlêmes effets" ::, j).
La problématique Culture-Information nous amène
à con s t a ter lie x i ste nce d 1 une
né 9a t ion,
vo i re lad est ru c -
tion des
valeurs et de l'identité culturelles de la C6te
d'Ivoire.
Les causes sont:
- l a pub l ici té - las tan d a rd i sa t ion de s 0 pin ion s e t de s
goûts - la diffusion pratiquement universelle de Iilodèles
de vie dépersonnalisés et conformistes - enfin
la manipu-
lation des consciences et de l'information
constituant
ainsi
un frein au développement endogène du pays, non
développement dont le corollaire est incontestablement
l 1 i mp é ria lis me cul tu re l .
Dan s ce cha pit re
no us
ne no us l ivre ro ns 9 uère
à
une th no ce nt ris me des ue t
ma i s no usd é gage ro ns les
gélléral ités
cul turell es communes à tout 1 e pays
(mal gré
ses 68 ethnies), sur les
plans de l'organisation:
-sociale,
- économique, - politique et - culturelle .
.~!ùCHT.4R '::.:-;·s :
Interlction entre cu~tÀ!'e et
commu-
'!:.'
ti~·;:.
'~'':!:ssion ir::eI'nationa!e i'';-;ude des
pPv
. '""":","",
,0:"
~~ ..!vmmuni·:!ation nO 70; ?
3.
UNESCO
?l P
(3.
-
3~3 -
Les influences cul turell es peuvent être appréhen-
dées de deux manières:
- pen dan t l a co l 0 ni sa t ion et lié po que co l 0 nia l e
- après l'indépendance.
Ainsi l es réa c t iJ n5 des Af rie a i ns se 5 it ue nt -
ell es dl abord avant l' indépendance et ensui te au l endemai n
de 11 indépendance
bien qu'il
faill e nuancer.
Lt!s mass· média util isés ici
sont incontestable-
ment les l ivres et le cinéma, les mass média électroniques
nt ayant attei nt l a Côte d' Ivoi re que
vers 1953.
D'après Lilyan Kesteloot
"Les Noi!'3~'..è...-·rique ont cré/ a7A. CC'A.rs des
sifJc[t2s
~'._~."? ~J.-;LiJiOr!3J 'ies 80C1:.1:.33,
;'"83
i~ i t t.J }7(;:; :~ :'.' J -) t
,.~·2.3 .~ ~ t S
~e :- :: -:; :: ~ ~~ i : i -
tI
• •
,
sat ion ..-if!'::': l i ne
cl maf'q '.ié d.e
iJ.;c': i ': ":'él é-
bile
les "1anières de
penseT',
de
sent:'r et
d'agi Y' de s
,'le g T'O -A fT'i cai ns. . .•
c:-:
L. i
a
montT'é
(à
l'Africain) en lui ense:'g-r.:;'Y'.t,
pOUT' mieux :e
dorniYleT', (l'l'il
n"~~"l~~ Iu'une
ci vi Zi s ,~1.:: : _~;~ ?~ ..: ",f~~I, l ~ : .} .{ !).-; ~" ~ ,l.:.!} >~: .:; ;::è
-:." :,
è i -
vi li sat ie >;~u to Il t . ..
L'Afriq:.<e
::':'(lnt
l'aT'T'ivée
des
3~_u;cs
n'était a~so~ument pas sous-déveZoppée •••
L'idée
du .'/JgT'e baT'baT'e est
une inven-:;ion
d' EuY'O[J e"
1
1 )
KE5TELOOT
Lilycln.
:
..è..;;r;,;wLcgie
,Vegro-Africa.:Y;~.
PanoT'ama cT'itiq ...... e les prosateurs, poètes 2t
dT'amatuT'ges NoiT'S
du
20e
siècZe. P.
81.
21.
MaT'about UniveT'sit2-ïerviers.
-
394
-
Au risque de
nous répêter, la colonisation ayant pour
corollaire l'impérialisme
fut la même partout
malgre
quelques légères différences, notamment:
l e so ucid 1 i nt é g ra t ion à lamé t ro po l e po ur
les Français
- l e dé ve 1a p pene n t 'ô é par" é des Ang1 ais
- la
répression systématique des Portugais
- le racisme primaire des Belges.
Ces d i f f é re nt e sac t ion son t don né à lIA f ri c ai n
une certaine image du colonisateur
la supériorité incon-
testabl e sur l es pl ans:
technique
• technologique (l'arme
à
fe u a uta ma t i q ue ) .
Nombreux sont les auteurs ayant décrit et peint
la colonisation tant semble préoccupant ce sujet
puisqu'-
il
détermine
non seulement l'avenir de tout le continent
Africain
mais surtout l'avenir de toute l'humanité dans
les rapports internationaux, l'Afrique étant incontesta-
b1 e me nt a u co e u r d u dé bat i nter na t ion al.
iv1ais pourquoi exercer une influence culturelle
sur l'Afrique? On peut trouver une première explication
dans l'image raciste de Montesquieu. Selon l'auteur:
"Otz ne
peu t
met: 1'e
.1-: n s
Z' i dé e q ue Die u
qui est
un êtJ'e "';l'JS sage~ ait mis une âme~
S:t1'tL~l{t :(,re
C:,' ':':c.:
.:"':·3
dans un corps tout
noir . . . ~ il esc;
:r-.pcssibZe que
nous suppo-
sions que
ces Jens
là soient des
hommes~
parce que si
r;C:tS
:es supposions des
hommes~
on commencerai:
j
croire que nous
ne sorr:mes
p ,1S
,10 1U3 - "lê r:e 3
.• ;; !'.J ';; i e ns"
(Z':' 1 •
. .
. ' -'·fl.VT2SQUJEU
_~"': s
Chapitœ V~ ~iuY'e .\\,.
-
395 -
Une telle infériorisation ne pouvait qu'engendrer dans
l'immédiat un complexe d'infériorité dont la conséquence
est la négation de soi, de sa culture, prélude à l'accul-
turation, à l'aliénation culturelle et à l'impérialisme
cul ture1 .
En effet
dès qu'il
est dénié à toute une race
une âme identique à celle des autres
pooulations ou races,
tous les comportements et abus deviennent possibles. Dès
l 0 r s
l a pré sen ce 0cci den ta 1 e se jus tif i e e n Af ri q ue
No i re, pré sen c e do nt 1 e co ro 11 aire est l' i mp é ria 1 i s me cul-
ture1
qui, par la même occasion est lui aussi légitimé.
De son côté Erikson H. Erik, dans son ouvrage
"Enfance et Société" écrit:
"POUl' chacun des deux l'aceS
on l'etl'OUVel'a
I
L'identité suivante:
-
clail'
- pl'0pl'e
- intelligent - b:an~
_ .]:~ ~ .~'
_ ?~ cr ~ ~ _ 1: .... -; !'.~ ". :' 1 "
Cet te vis ion de l' Af ri c ai n par 1 1 0 cci de nta 1 a
pré val u dur a nt qua t re s i è c 1e set mê me dure a uj 0 u rd 1 hui e nco re .
De toute évidence
personne ne peut soumettre ou asservi r
une autre en lui
reconnaissant
une valeur culturelle, une
civilisation supérieure ou même des qualités.
Ce racisme
primaire qui
ne repose sur aucun fondement scientifique et
théorique est avant tout une auto-défense pour l'occident.
L'exemple de l'Afrique du Sud illustre bien nos propos. Du
point de vue théorique
ce racisme est avant tout
culturel
avant d'être économique. Le complexe de supériorité vient
1
1
-
ERI~SOJ n. El'ik : Enfance et société. P. lô5. Ed.
Del~aehaux et NiescLé Neuchatel 19Ôô.
1
1
1
1
1
f,
-
395
-
de la réussite technique et technologique de l'Occident
liée
à sa culture, à la maitrise
de l'énergie, de la
matière, de son raisonnement Cartésien.
Dans ces conditions
non seul ement cette cul ture technolo-
gique séduit l'Africain, mais ce dernier se rend lui-même
compte de son retard,
retard qu'il
i ntériori se.
Cet tes upé rio rit é n'e st
f 0 ndée que sur un
ra pp 0 r t
de force à un moment donné de l'histoire de l'humanité.
Cependant
nous n'entrerons pas dans les considérations
des auteurs Africains tels que: Kwame Nkrumah et Cheikh
Anta Diop qui ont montré effectivement qulà un moment donné
de l'histoire universelle, les Noirs ont eu la civilisation
la plus avancée (Egypte Pharaonique). Mais ce que nous
constatons aujourd'hui, c'est que l'habitant de ce conti-
nent au sud du Sahara n'a pas été capable de maîtriser
l'énergie, l'atome, la machine à vapeur, et tout le débat
tourne autour de ces inventions qui caractérisent la civi-
lis a t ion du XXe si è c1e.
Bi en sûr 1 1 ho spi t a 1 it é et 1 a
pharmacopée, l'éducation et la culture ont bien leur place
dans la culture universelle, mais l'Afrique a été colonisée,
néo-colonisée et subit 11 influence
extérieure; situa-
tion qui
dure depuis le XVIe siècle. Aussi pouvons-nous
avancer sans grand risque que tout Noir est congénitale-
ment traumatisé; traumatisme dont l'origine est l'esclavage,
le colonialisme et l'impérialisme culturel. Pour notre part
l'Africain ne devrait pas se contenter d'une verbomanie
creuse ou se cantonner dans un racisme à rebour, mais de
situer le débat au niveau des rapports de classes sociales
(dominant-dominé), l'une des voies pouvant permettre d'abord
de comprendre et ensuit~ de combattre l'impérialisme sous
to ute s ses fo rme s .
Voir Cr.eikh Anta DIOP: Ar.:J!'ioPiM des Civilisations .'lc';res : Mythe
,)è(
vJl'1~1;2 histop7:q~J.e. ~d. ?~"}senee Africùin.e, ]Jo? [-:J.r":·s.
1
-
397 -
D' une man i è re g é né ra 1e
1 e colon i s a t e ur vie nt,
pour l'Africain, imposer un nouvel
ordre: social, écono-
mique
et culturel, en d'autres termes non seulement il
vi e nt t ra ns fo rme r 1 a so ci été, mai s 1 a soumettre. Ainsi
malgré les bienfaits de la civilisation technicienne
visibles aujourd'hui, le villageois surtout préfère sa
société tradi tionne11 e qui 1 ui offre une garanti e, une
pers 0 nna 1 i té, un rô lep ré c i s, al 0 r s que dan s celle a c cul -
t u rat ion n i ste 0 u e n mo der ni s a t ion, i 1 n' est qu' u t i 1 i s é ,
ignorant même le coût officiel
de
sa production agricole,
il
est exploité.
Cependant
depuis l'introduction des mass média
électroniques dans le pays
on assiste à un phénomène
nouveau qui
mérite notre attention:
c'est la différencia-
tion des cultures:
- traditionnelle (non médiatisée) et
moderne
(médiatisée).
1- Cultures:
médiatisée et non médiatisée.
Parler de culturEs
médiatisée
et non médiatisée,
c'est-à-dire celles de la classe dirigeante et de la
cl asse di ri gée en Côte d' 1 voi re parait paradoxal
et même
injurieux quand on sait que le "credo" y est:
valeurs
culturelles nationales, promotion de la culture nationale .•.•
en d'autres termes tous les néologismes rassurants, vidés
de 1 eur contenu étymologique.
En effet
il
s'agit d'une culture de référence,
de l'élite, donc cultivée, médiatisée e~ une autre sous-
développée et non médiatisée officiellement, mais incon-
tes ta b1 e:1 e nt 1 a plu s pop u1 aire.
1
1
!f
1
,
- 393 -
Oans les généralités nous avons défini
la
cul tu re
,or a u j 0 u rd' hui
l 1 ide nt i fic a t ion 0 u las i tua t ion
réelle de la Côte d'Ivoire semble dramatiquement probléma-
t i que.
0 è s l 0 r s i l
i mp0 rte de dé fin i r l a na t u re et l e
type de société. Pour la classe dirigeante
il
s'agit bien
d' un p a y sin dép end a nt. Thé 0 ri que me nt cet t e dé fin i t ion est
vraie
mais en réal ité, l'existence d'une
nation implique
en pri"ciJe une
conscience nationale collective,
une
cul ture commune;
ce qui
n'est pas le cas.
La CULTURE NATIONALE ou celle de l'élite
serait
de
to ute é vi de ncel a cul tu re 0cci de nt ale
l vo i rie nni sée ,
c' est-a-di re
repri se en compte par l a cl asse domi nante
nationale, il
s'agit donc bien d'un Impérialisme culturel
par nationaux interposés.
II.2- CULTURE MEDIATISEE, D'ELITE OU OCCIDENTALE
Cet te cul t ure est i nt i r.e ï'e n t lié e à 1a s i tua t ion
socio-économi que de l a cl as se di ri geante et de l' él i te,
par conséquent
fonction de la place précise dans le pro-
cès du rapport
de mode de production. Ell e fai t par
conséquent sui te à l a cul ture reçue au cours
du cursus
scolaire et universitaire.
Ainsi
peut-elle
être liee à
la situation économique
dans la mesure où
des liens
étroits existent entre le culturel
et l'économique; on peut.
sans grand risque· avancer l'existence au niveau des pays,
d'une Culture des pays riches et celle des pays pauvres.
Mais c'est a ce niveau que
réside l'ambiguïté
et analy-
ser ce problème sous cet angle, c'est l'escamoter,
cependant cette situation mérité des expl ications.
- 399 -
Péri ph é ri e
/
1
c,
Soient Cl et C2
de ux ce rcl es
concentriques
repré-
sentant respectivement:
- l es pays ri ches et
Ce n t re
- les p ay spa u v re s
;
chaque cercl e ayant
u n ce nt re et une
péri ph é ri e.
Vu
de l a péri phéri e
l a cul ture du centre du
centre est homogène.
C'est vrai
si on ne tient pas compte
des classes sociales. Mais il
existe dans ce centre une
pé ri ph é rie :
(0 u v rie r s, e ITI plo y é s, pet i t spa y san s ... ) do n t
la culture est différente de celle de la classe domiante
;
les mo'dèl es cul turel s étant i nco ntestabl eme nt ceux de
cette classe et devant être
véhiculés par les ;;}ass média.
Ainsi
leur acquisition devient une condition sine qua non
d'insertion dans la société dominante ou en modernisation
d'Afrique.
Il y a différenciation culturelle au niveau
de chaque cercle avec une forme d'impérial isme culturel
endogène
(cultures du riche et celle du pauvre). A la
périphérie
les deux classes distinctes n'ont pas la même
culture
et c'est le modèle de la classe dominante qui
est
médiatisé.
En effet
on peut grosso modo avancer que la
culture dominante du centre du centre
et celle du centre
de la périphérie sont équivalantes.
De même les deux cul-
tures périphériques (périphérie du centre et périphérie de
la périphérie) sont également équivalentes.
Voil" : HOGGART R. La c:t: ~:û'e .::i pù'Avr'e. =:d. :.[inuit 197.- , ~::..... s.
f
1
J
t
- 400
-
Dès lors
ce qui
intervient, c'est la classe
sociale, par conséquent le rapport
de production dans
les
deux sociétés.
Il
faut
tout de
même
nuancer:
l a cl asse
dominante de la périphérie doit le plus
souvent sa survie
au parapluie de celle du centre, e11e subit donc le
diktat de cette dernière.
A = Cul tu re
du ce nt re
B = Cul tu re sy n-
crétique to l é-
réé.
A
B
C
C = cul tu re popu-
laire ou cE la
péri ph é ri e .
Dans son ouvrage sur la
"culture
des autres"
Hugues
de Varine considère pour sa part
trois cercles
concentriques caractérisant l a cul ture
:
- La haute
culture qui
se situe au centre des
cercles, c'est-à-dire celle dont les gens ont les moyens.
C'est la
véritable culture cultivée
respectant les subti-
lités de la langue, les goûts, l'idéologie aristocratique,
bourgeoi se ou capital iste. Toutes l es autres cul tures
étant appréciées par référence à cette dernière:
- musi-
que
- production littéraire
- artistiques.
-
audio-
culturelle
- les comportements
des
hommes
- leurs
manières d'agir
-
de
raisonner
-
d'être . . . .
Voir Hu.gues
de
VAHINE:
La CA.[tui'':;
::,,3 Autres.
PP.
119-122
Ed.
S2A.i~
:.}?~..
-
401
-
On est en présence
non seulement d'un impéria-
li sme cul ture1
mais dl un ethno-centri sme cul ture1
car
comment peut-on concevoir qui une personne appartenant à
une s ph è re cul t u re 11 e bi en pré ci s e p ui s s e - t - e 11 e a do pte r
une autre (étrangère) comme référentielle? Peut-on alors
parler d'objectivité ou de coopération culturelle ou en-
core de culture nationale? On ne peut au mieux que parler
diE uro péo - ce n tri s me 0 u d' 0cci de nt a10 - c en tri s me qui
est
loi n d' être 0 bj e ct; fou sc; en t; f; q ue. Et lie xe mp 1 e sui van t
no us a i de rai t à m,i eux co mp re nd re
L'Ivoirien qui
n'apprécie pas la Joconde n'est
pas à priori
cultivé. A l'inverse
s'il
apprécie le Masque
Guéré
il
n'est pas non plus cultivé pour la classe .domi-
ante
puisque ce masque ne fait pas partie des valeurs
de la culture cultivée, alors que la Joconde fait partie
des valeurs de référence permettant de classifier les
,...
individus ou les nations
et une autre non contr6lée et
codifiée par ceux que nous qualifierons
d'Arbitres des
go Ût set de s val eu rs uni ve rs al i sée s .
Dès lors
le jour où l'artisan
Guéré appréciera
la Joconde, il
sera lui aussi
"cultivé"
à l'inverse
si
le cultivé apprécie le masque Guéré, il
ya deux possibi-
1 it és
:
1 - C'est parce qu'il
aura subi
une acculturation
s'il
appartient à la classe dominante, ou une désaliéna-
tion s'il
est membre de la classe dominante Ivoirienne.
Guéré
Ethnie de l'ouest de la Côte d'Ivoire~ appartenant
au grù :.p8 K-ROU.
- 402 -
2 - C' es t par go ût sans do ute d' e xo t i s me 0 u parc e
qu'il y aurait derrière
les aspects économique et commer-
ci al.
En second lieu
il y a ce que Varine appelle "les éléments
culturels tolérés". Ces éléments sont en effet
tolérés
s'ils sont rentables économiquement et politiquement pour
la classe dominante. On remarque le plus souvent au niveau
ce la musique que les masses populaires ivoiriennes appré-
cient beaucoup pl us la musique dite "Ivoirienne" par
rapport à celle du genre: Guy Béart, Jacques Brel,
~~ i re i l leM a t hie u. . .
De toute évidence
si les paroles sont en lan-
gues nationales, la musique est généralement une copie
conforme de la "Pop-Music" ou des
"Blues" Noirs Américains
déjà codi fiés par l'Occident. De pl us cette musique ne met
aucunement en cause l'idéologie Occidentale
bien au con-
traire, elle contribue à son renforcement par une tendance
de pl us en pl us accrue à l a di straction et aux rencontres
intimes sentimentales. Elle
égaye
également les "Bof tes
de nuit" qui
ne sont qu'un produit de la culture importée.
Enfin les maisons Françaises d'impression des disques
con t rô l e nt ce ma r c hé s uf fis a mme n t lue rat if. Mê me sic e t t e
musique est Ivoirienne
l'utilisation qui
en est faite est
étrangère,
c'est ce qui expl ique cette tol érance dont
les fondements
sont économiques, le renforcement ou la
st a b i lit é de lac ul tu re i ï.l P0 r té e .
Hugues de Vari ne cons i dère enfi n qui autour du
" no ya Il cul tu re l p ro t ég é et sac ra lis é par lac as t e élue
se
- 403 -
trouve le cercle de l'intolérance". Cette intolérance peut
être considérée comme toutes les cultures en opposition
avec la culture de référence
ou tout ce qui ne comprend
pas ou ne veut pas comprendre ceux qui déterminent les
critères de la culture dominante "universalisée".
Examinons à présent les caractéristiques de
cette culture.
III.2
- Caractéristiques de la culture médiatisée
Cette culture est étrangère
car elle est occi-
dentale par définition. Aussi est-elle autoritaire, con-
traingnante puisqu'elle est d'abord liée à la colonisation
et ensuite au pouvoir technocratique et économique national.
De plu s e 11 e est sté ré 0 t YPée
da ns l a me su r e 0 Ù e l l e obéit
à des normes et principes universalisés.
Pour exemple
- Il Y a une manière de manger, de se tenir à
table, de marcher ... Il n'est pas rare d'entendre qu'un
individu n'est pas correct dans un milieu officiel ou
mondain, ou qu'un tel n'a pas respecté le protocole.
D'ailleurs certains
mass média Occidentaux n'hésitent pas
à
caricaturer le comportement de quelques chefs d'Etat
Africains. Ainsi lors des obsèques du Général de Gaulle,
l'Empéreur Bokassa 1er de Centrafrique en treillis et en
larmes, fut longuement présenté par la télévision Françai-
se
à sa descente d'avion.
Un chef d'Etat versant des
larmes, c'est insolite.
Cette culture qui est celle des livres, de la
technologie, de la science, en d'autres termes la culture
diffusée à l'échelle planétaire est avant tout idéologique
(véhiculant l'idéologie occidentale à travers le monde, en
-
404 -
particulier
l'Afrique).
L'Afrique est une fois de plus
absente à ce rendez-vous cul ture1
pl anétai re
, d' ail1 eurs
ce n'est pas étonnant car la valeur d'une culture est
aujo.urd'hui
fonction du développement tecnnique, technolo-
gique et scientifique, donc du développement surtout
éco nomi q ue.
I I I
-
LA CULTURE MEDIATISEE COMME SOURCE D'INFLUENCE
IDEOLOGIQUE DE L' IMPERIALISME OCCIDENTAL:
La Côte d'Ivoire a choisi le modèle de développe-
ment capitaliste, il
n'est donc pas aisé de dissocier les
pouvoirs:
- économique - pol itique
- cul turel
tant il s
sont to us 1 i és.
- L'économie agit sur le politique et le cultu-
rel
- Le po 1 i t i q ue agi t sur l ecu l tu re l e t lié co no -
mi que
;
- Le culturel
agit
sur le politique et l'écono-
mi q ue
;
tout ceci
engendrant des actions
et réactions réciproques.
A dire vrai
le plus
déterminant aujourd'hui,
c ' est l' é co no mi que pu i s q ue 1 a vé rit ab 1 e i ndép end a ncep a s se
nécessairement
nous en sommes sûr, par le contrôle de
l'économie du pays. Or le pouvoir politique implique au-
jourd'hui la culture du milieu dominant ou acculturationniste
sinon les intérêts de ce milieu ne seraient plus
garantis.
La
vraie problématique est par contre culturelle
car t 0 u tes 1 est ra ns for mat ion s que
s ubit lep a y sne p ro -
viennent pas
comme nous l'avons dit, d'une transformation
interne à la société
mais d'une force
6co"c:1;que et
- 405
-
culturelle extérieure.
Pour les autorités politiques Ivoiriennes
le
problème culturel vu sous l'angle de la mise en valeur
des cultures nationales
est dépassé. Le plus important
pour elles étant l'économie. Apparemment cela semble
exact car "mieux vaut nourrir sa population que de la sen-
sibiliser sur son patri~oine culturel
ou le développement
de sa culture, surtout si on est convaincu que la culture
proposée
n'est qu'une acculturation et une aliénation
culturelle . .
La culture est en effet une totalité, c'est
l'âme d'un peuple, le produit des expériences quotidiennes,
la manière de faire et d'être, en cela
elle constitue
l'équilibre d'une société.
Aujourd'hui il existe des créateurs, des conser-
vateurs, des administrateurs de la culture, mais toutes
ces personnes sont elles-mêmes acculturées et leurs
actions ne sont tournées que vers l'extérieur
alors qu'ils
sont des nationaux. A ce sujet Hugues de Varine écrit à
j!
juste titre:
!
1
"Par~i Zas consdquences de ce prccassus, on
trouve notamment :
1
- la mise à sens unique de tous les moyens
de co~munication sociale, du sommet qui
sait,
vers la base qui reçoit.
- la s~Jcialisat~on des individus se fait
suivan~ leux catdgories : les technic~ens
1
qui rJso!vent tous les probl~~es ;osds par
1
la vie ~oderne et fournissent des solutions
1
fabriq~ées, et les administrds O~ usagers
!
qui reçoivent ces solutions.
~
- le passJge de
la notion de créa:~on pour
1
f
1
1
f
1
1
~
- 405 -
un usa g e ,
d ce II e
de p ro duc t ion pou r
:0'2 e
co nso mma t io n f t ' : ; ; ,1 •
On vient de voir que la culture médiatisée ap-
partient à la classe
dirigeante, c'est-à-dire au pouvoir
politique qui
seul
la contrôle et la codifie.
Examinons comment cette culture est pratiquée.
1 1 . 5.
- P rat i q ue s de 1 a cul t ure méd i a t i sée
La culture d'élite est
diamètra1ement opposée a
celle de la masse. La première
perçoit la
dernière
comme:
grossière,sauvage,
barbare,
non technicienne,
fixiste ...
Pour illustrer nos propos,
nous parlerons de la civilisa-
tion des moeurs afin de montrer 1 e comportement de l' homme
éduqué dans
sa
vie quotidienne.
Dans son ouvrage intitulé
"La civilisation des
moeurs",
Norbert Elias écrit:
liA
table il
faut StE servir d'une assiette,
-
d'un couteau,
d'une
fourchette,
d ' une cui LLè re ,
-
d'un
verre" (:
Or l' usage
de la simple fourchette ne
date c;ue
du I6e siècle en Europe
bien que
connue
à Byzance vers
le ge siècle;
peut-on donc dire que
les
Romains antérieurs
à la pratique de la fourchette et la table bien faite
1
n'étaient
ni
civilisés,
ni
cultivés?
La
culture devant s'exprimer dans
tous
les actes
quotidiens,
des efforts
sont déployés pour permettre à
Hugues de Vanne: Opt. Cit. P. 81.
1
ELIAS N. La civn:sùtioYl
P.
1.58
Uvy ;
]J13.
1
1
f
- 407 -
lié lit e de lia s sim i 1er et de l a fa i re as sim i 1er à 1 a mas se.
Il
ne s'agit pas simplement d'avoir le service
cité ci-dessus sur la table pêle-mêle
mais le plus impor-
tant étant de l'ordonner suivant des règles particulières
c'est ce qu'on qualifie dans le langage bourgeois:
de
SAVOIR-VIVRE qui
est un signe extérieur de culture.
C'est un art que les épouses des Directeurs
Centraux, Ambassadeurs, Ministres ... vont apprendre dans
les famillles Françaises ou écoles spécialisées, car à
cha q ue cl as ses a cul tu re .
Cie s t cet t ecu l t u re qua l i fié e des a v0 i r - vivre qui
es t di f fus é eau sei n de l a mas s e po ur c rée r e n e 11 e un
instinct de faux bourgeois, une fausse conscience de soi.
l l l . 6 -
Cul t u re no n mé dia t i sée
C'est
par définition celle que
nous qualifions
de culture villageoise
liée à la pratique quotidienne
traditionnelle, au milieu Ivoirien n'appartenant pas à la
classe dominante.
Elle est aussi l'extraversion de la
cul ture de l' él i te. La cul ture de la catégo ri e soci al e
analphabète
vivant dans des conditions villageoises, com-
munautaires, ne peut qu'être renvoyée au passé qui
lui-
même est dépassé. Ainsi cette culture ne peut en aucun cas
être diffusée par les mass media
car
grossière, tradi-
l
tionnelle .et ancestrale. D'ailleurs les propos de ~lattélart
mé rit e nt no t re a t t e n t ion
1
t
"Au cours
de ce
redéD:o::2ment des systèmes
t
Je êomm'A.nil!'ltion,
:"2 ?):<,--'oir s'avère
é gal e men t è! il P a b l e
J. e p ra po sel' et de mena -
gel' des
."'!odèles Je
"':,"~.}entralisation" de
1
1
1
1
- 408 -
l~ c~lture et de l'informaiton de masse.
Toutefois il ne les promeut qu'à condition
1~e cette autre façon n'entre pas en rup-
~~rq avec le mod~le dominant d'organisation
;gr:icale des midia."
Ainsi donc
la culture non médiatisée serait l'anti-thèse ou
l'épiphénomène de la culture de 1 lélite. D'où sa folklori-
sation, sa caricature par les massmédia. Cela peut
paraître contradictoire puisqu'au départ
nous avons
qualifié cette culture de non médiatisée. Cependant lors-
que les mass média en rendent compte, clest en termes
d'inadaptation, des modèles à ne pas intérioriser. car
ancestraux
alors que la culture d'élite parait le modèle
universel
lI a dmis ll
par tout le monde. A partir de ce qui
précède, on peut faire les remarques suivantes
- Accentuation des classes sociales à partir de
leur différenciation. Ainsi tout est mis en oeuvre par la
classe dominante pour maintenir le statu quo
à partir du
strict contrôle des mass média dont le but est de péren-
niser cette division de la société en mystifiant les Uns
et folklorisant les Autres.
- Les mass média engendrent tout d'abord
la néga-
tion de la culture traditionnelle et ensuite détruisent
systématiquement les valeurs et l'identité culturelles
réelles de la Côte d'Ivoire dans leur utilisation actuel-
le , les goûts, les opinions étant standardisés par la
classe dominante.
En effet
cette négation réside dans le fait que
les mass média ignorent volontairement l'existence de la
Ar''':and·:.:''_-:::~.4RT et .\\fichèle ,\\fATT~;"A:q7' : De l'usage
!ed ~ii~a an temps de crise.
Ed . .4la~n ~OREAU.
1)79
;
?::!'is.
- 40<; -
culture traditionnelle. Cependant
s'ils en tiennent
compte, clest comme nous l'avons déjà dit,de la caricaturer,
iccentuer
le
sentiment d'une culture en contradiction
avec la société en modernisation. Clest ainsi qulon pré-
sente souvent à la radio et à la télévision des débats sur
la po1ygynie considérée comme négation de tout progrès
social, ignorant certes que cette pratique est inhérente à
un mode de production de la société traditionnelle, par
conséquent
répond bien au fonctionnement, à l'exigence de
cette société.
Et comme nous l'avons exp1 iqué dans notre thèse
de troisième cycle, cette pratique avait pour objet de
résoudre des problèmes sociaux dans la mesure où la
société traditionnelle ne connaissait pas, sur le plan
moral ~
j
la prostitution. - les épouses clandestines
1
appelées "Maîtresses",
1
- les batards etc ....
1
Ce faisant
toute fille devait se marier, le
célibat des femmes étant proscrit.
1
1
Ainsi les modèles de vie sont-ils dépersonnali-
1
sés et rendus conformistes malgré la résistance dlune par-
1
tie de la masse. Il sien suit la dégradation de 1 1 esprit
!
critique pour ceux qui en ont les capacités et aptitudes
dans la mesure où les consciences sont quotidiennement
1
manipulées. Pourtant
les caractéristiques profondes de la
culture Occidentale
clest justement cet esprit critique
1
et le débat contradictoire. D'ailleurs le multipartisme,
même
1
Si il
nlest pas 1 1 expression d'une démocratie vérita-
ble et totale permet à chaque citoyen de s'exprimer en
1
1
1
principe à travers son parti.
Par ailleurs,
ces mass nédia qui reviennent très
cher en matériels et en personnel, au 1 ieu d'être au ser-
vice du développement endogène, sont au contraire 11 ins-
trument de manipulation de la masse. Cette situation
engendre une négation de la culture autochtone
car ces
média sont en perpétuel coni'lit 1/':C les réalités du
milieu social. Et quoi qu'en pensent les utilisateurs, la
manipulation des consciences ne peut qu'entraver le déve-
loppement harmonieux du pays.
Aucun peuple ne peut se développer et slépanouir
si sa conscience est continuellement violée.
Nous donnons apparemment l'impression de ne pas
apprécier la présence des mass media
moderne~
en Côte
d'Ivoire
mais il n'en est rien. Le vrai problème posé,
c'est que tout en mettant en cause l'usage de ces média
dans leur forme actuelle, une lutte soit menée pour une
distribution équitable de leurs avantages.
1
Les conséquences ne sont pas uniquement négati-
1
1
ves
mais tout dépend de la manière dont sont utilisés
!
1
ces mass média. Malgré leurs fonctions d'endoctrinement et
1
1
de viol des consciences, ils jouent un rôle dans le
procès de développement, permettant à 1 'homme d'être en
f
contact avec les autres hommes situés à des distances
1
très éloignées.
Il n'y a plus lieu de se déplacer pour
conna,tre les autres, les mass média les rapprochent. Mais
1
voyons comment les mass média deviennent un instrument de
Î
domination de la classe dirigeante
à partir des mass
f
média comme sources dl; nfl uer-ces cul turelles.
ft
f
1
(
l1
f
- 411
-
IV -
MASS MEDIA
SOURCE
D'INFLUENCE CONFLICTUELLE?
Depuis l'indépendance de la Côte d'Ivoire
les
mass média, en particulier la Radio et la Télévision cou-
vrent la quasi totalité des activités du pays. On a même
i nt ro d ui t 1 a tél é vis ion dan s l' e nsei gne me nt p r i mai re
pendant la ans.
Ces massmédia, à partir de leur contrôle
total
de l'information.
"agressent" la société dans sa
globalité. Cette agression coniporte évidemment des effets
- sur les mentalités.
- les
sensibilités
- la mémoire
- l'éducation
- les rapports et relations interpersonnels
- 1 e s mo e urs
, e n un mo t
sur t 0 ut e 1 a cul t ure t rad i t ion-
ne11e. Bien sûr nous
ne pouvons
guère évaluer pour l'heure
tous ces effets, mais à travers les comportements des
Ivoiriens,
nous pouvons déceler aujourd'hui
l'existence
d ' une a cc u1 t ur a t ion e t d' une a 1 i é na t ion cul t ure 11 e par
ces ma s s mé dia.
En effet
il
est aujourd'hui
inconcevable que
l'information sui ve
des canaux autres que ceux des mass
média modernes, ce serait même une
régression sociale. Ce
n'est donc pas de la technologie dont il
s'agit
mais de
l' uti1 isation idéologique qu'on en fait. Quoiqu'il en
soit
les mass média peuvent être
du point de vue techni-
que, produits du milieu et véhiculer l'idéologie de la
cl asse domi nante ou étrangère, par conséquent
ce n'est
9 uè re l' 0 ri gin e de 1 a t e c h ni que qui
est mis e e n cau se.
Par ailleurs l'introduction des mass média nia
pas été P ro 9 re s si ve.
an a mê me l' i mp re s si 0 n qui 0 n a vo u1 u
imiter les autres pays en particulier les pays avancés
sans une préparation préalable de l'environnement récep-
teur, en d'autres
termes, on ignore le public auquel
l'information est destinée.
-
41 2 -
Nous l'avons montré, la premlere conséquence des
mass média en Europe a été le développement des langues
nationales, le nationalisme, c'est-à-dire tout ce qui con-
court à l'avènement d'une conscience nationale. Or curieu-
sement au lieu de cela, on enregistre le contraire,
c'est-à-dire le développement d'une culture étrangère et
l'absence d'un nationalisme.
Si en Europe Occidentale et aux Etats-Unis les
mass média ont progressivement évolué en tenant compte de
leur milieu culturel, et développant celui-ci également,
ce n'est pas le cas pour l'Afrique Noire.
Ces machines à sons et images sont intimement
1 iées à une culture dont l'objectif est
~ntre autres de
véhiculer les modèles culturels étrangers considérés comme
universels.
Elles sont culturelles dans la mesure où elles
sont les produits d'une culture et qu'elles font toujours
référence à cette culture dominante précise: la culture
étrangère.
Elles constituent aujourd'hui et de plus en plu~
des moyens privilégiés par lesquels tous les messages
destinés au publ ic sont transmis. En cela
on peut .soul i-
gnar qu'elles exercent un véritable impérialisme culturel
sur la masse Ivoirienne par la classe dirigeante interoo-
sée qui les a introduites dans le pays.
Ainsi donc
la possession des postes récepteurs
radio ou téléviseur implique parfois un impérialisme de
celui qui l'a fabriqué; la technique constituant incon-
testablement une domination et une dépendance vis-à-vis du
-
41 3 -
constructeur. On peut en premier lieu citer 1 1 Apparei1 :
et si l'Ivoirien le manipule sanS en connaître le procédé
de fabrication ou sa technique, il se heurte au problème
de la maintenance et des piè~es détachées de rechange,
surtout dans le cas des appareils sophistiqués de trans-
mission et d'émission-réception pour lesquels des équipes
de coopérants sont prêtes à intervenir sur place en Côte
dl Ivoire. Non seulement ils reviennent cher au pays, mais
le fait que le fonctionnement de la machine soit lié à ces
personnes étrangères constitue aussi un impérialisme cul-
turel. Cependant
il faut signaler que ce cas n'intéresse
que la télévision qui exige des moyens techniques beaucoup
plus complexes au niveau de l'émission et de la réception,
surtout que la Côte d'Ivoire reçoit par satellite de
télécommunications internationales
les émissions.
Le problème de la technique constitue bien un élément
déterminant de notre problématique, par conséquent
un
préalable pour la suite de notre étude.
En effet selon le discours officiel : les mass
média ne constituent pas un problème en soi, clest une technique
parmi tant d'autres, ne nous concern<lnt que par le messa0~"
ce serait donc dieux et non du mécanisme qu l i1 convien-
drait de s'inquièter.
Llo bjet den 0 t r e t r a vail est l' é t ude du me s sa 9e ,
1
les conditions de sa production, son contenu, les milieux,
socio-po1 itique et économico-cu1ture1 dàns lesquels ils
1
1
s'insèrent. Mais nous pouvons aussi poser le problème
t
t
t
inverse
à
savoir la structure même de 1 l appareil, donc
t,
l'aspect purement technique.
1
f
Cette dernière considération a poussé Ivan
l
rr
1
r
414 -
1
1
Illich à affirmer que
"La radio peut itre un excellent instrument
de communica~{on et d'apprentissage,
mais
la télé~i3ic~ ne saurait, en aucun cas,
devenir un outil convivial; elle s'éloi-
gne des gens,
les paralyse, les dé-respon-
sabilise en les agglutinant, spectateurs
passifs, autour d'un rôle centralisateur
et captateur ; sa structure et les liens
Ti { ?'7. Y''' t :-:-: :' :; e ':: t
for c é r'7 e n t a!i x mi t r e .]
Jtruct~reJ ie ~cnopole et d'aliJnaticn :
- trusts,
- bureaucraties d'Etat,
- corpo-
ration spécialisée - en font un instrument
nocif, quel qu'en soit le message"
i'::"' .
Quant à Jean-Marie Domenach
il suggère que
"L'on retienne cette question préalable,
le
souci de ne ?as trancher trop vite,
de ne
pas apporter d'emblée
la solution politique
ou te~nique, ~a:s de tenir cOff.pte de l'en-
semble des facteur~ et d'abord de la nature
particulière d'un outillage technique qui
peut servir les aliénations,
les impéria-
lismes,
les 2ictatures,
tout comme la
création art:stioue et la libération
politique."
.
Cette suggestion peut être vraie si nous nous
trouvons dans un pays où les chaînes privées de télévision
ou de radio sont possibles. Or ddns le cas qui nous
concerne
c'est l'Etat-Nation-Parti qui contrôle ces mass
média. D'ailleurs l'un des membres du comité exécutif du
bureau politique déclarait lors d'une tournée dans les
quartiers d'Abidjan que:
"
..,
1 _
Ivan ILLICH : ci té par J • M." DOMENJ.: CH : Artic le
dans Ethiopiques ; n J ;
Audiovisuel en Afrique,
p.
39,
1977.
J.M.
DO"EJACH : Cpt.
:it.
P.
39.
1
f
ï
- 415 -
"Rot~e peuple n'est pas ~û~ pou~ accepte~
n'impo~te quelle info~~ation. Il faut
sélectionne~ ce qu'on doit lui donne~" rz,~~))
Ainsi donc
les rnass média concourent à l'aliénation de la
masse
car ils n'ont ?as pour objet d'informer totalement ou d'éduquer,
mais de désinformer, de sous-informer et d'entretenir le sous-dévelop-
pement culturel. U!ous le montrerons plus loin à propos de la désinfor-
mation.)
L1influence culturelle suppose dans notre cas la
présence de deux cultures dont l'une se situerait en de~rs
de la sphère de progrès technique, c'est la traditionnel-
le
et l'autre représentant le modèle universel. On ne
peut plus s'éterniser sur ce débat. Quoi qu'il en soit
les pays Européens ont connu ce dualisme aux 1ge et 20e
siècles. Et fort de cette expérience
ils auraient dû et
pu comprendre l'importance de ce probl ème qu i se pose
aujourd'hui dans la plupart des pays Africains, minant et
déstabilisant les structures et équilibres ancestraux. La
hantise de cette déstabilisation engendre une anxiété et
une incertitude pour l 'ave~ir.
En réalité
le problème de l'impérialisme cultu-
rel est contemporain de l'occupation par la France de la
Côte d'Ivoire. Or certains cadres et intellectuels certes
naïfs
ont cru
ainsi que leur population,
que l'accession du
i
pays à l'indépendance marquerait la fin de l'impérialisme
1
!~'
culturel, oubliant toutefois que la situation actuelle
est beaucoup plus subtile, dangereuse, menaçant quotidien-
1
!
nement l'Ivoirien dans son existence culturelle; situation
1
qui ne doit plus être en principe imputable à l'extérieur.
f
î
1
(7
•.
-
J. K.
BA.VNY :
Décla~ation à Cocody,
lo~s de la
t
•
tou~née du bu~eau politique : ~a~s 1982.
!'
~-
1
1·
r:
~
1·
f
(
1
1
-
L11E -
Cependant
ce confl it cul turel
ne devrait pas sous-
entendre simp1 ement l' introduction des techniques dans une
culture traditionnelle non préparée à elles mais surtout
comme 1 a domi nation d'une cul ture par une autre, une cultu-
re marqinalisée, en anéanti~sement
; la conquête n'est plus violente
mais plutôt une entreprise de séduction ou de mystification par les
mass média, une con~uête ~ar matraquage idéologique.
Ces rnassmedi a cJnsti tuent une al iénation dans
l a mesure où
il s se présentent comme él ément de prestige
pol itique et non de développement national. "lais en fait
peut-on être sûr et certain qu'ils
ne propagent pas des
mythes et besoins exprimés ou non, des mental ités, des
attitudes étrangères,
négation du milieu traditionnel
Ivoirien?
Les modèles de société et de vie
étranqers
véhiculés par les mass média
(film, fiction, publicité ... ),
ne peuvent qu'engendrer l'idéologie dessociétés de con-
sommation.
La vie co mmuna ut aire e t sas 0 1 i da rit é agi s san tes 0 n t
désormais en train d'être
remplacées par l'individualisme,
chacun en face de son récepteur en compagnie de sa famille
( père - mère
- en fan t s ) .
Cette attitude étrange et étrangère est incontesta-
bl e me n t lié e à lIa c cul t u rat ion et à lia lié na t ion cul t u re l -
le par les mass média.
Le modèle idéal
de
vie se réduisant aux somptueux
appartements ou villas superbes fleuries et la famille
tri angul ai re se dép1 açant par une l uxi euse voi ture
"kilométrique" ne
relevant que de la science fiction et
- 41 7 -
d'un milieu de rêve. En d'autres termes un bien-être
infini vers lequel tendrait l'occidentalisme. La recherche
de cette société de rêve qui n'existe nulle part
au
~onde
si ce n'est dans l'imaginaire des cinéastes
"Hollywoodiens" constitue une aliénation et un impérialis-
me culturel car le
souhait de l'Ivoirien devant son petit
écran étant d'atteindre ce bonheur imaginaire. Ce faisant
il faut suivre ce modèle de développement à l 'Occidentale
.1algré
ses tares, son inadaptation que la classe dominante
trouve nécessaire.
Aussi nous objectera-t-on que la société tradi-
tionnelle aurait tôt ou tard disparu sous l'effet de la
modernité. Mais là ne se situe pas le débat. Pour notre
part
une culture, ne fut-ce que traditionnelle ne peut
pas à tous points de vue être négative; des aspects
positifs y existant sans doute. Or ce que nous constatons
aujourd'hui, c'est la négation et l'anéantissement pro-
1
gressif de la culture non médiatisée. Et comme le souligne
1
,
encore et à juste titre Domenach :
t
1
"Cependant en accentuant un te~ps de loisir,
1
i
un espace ~e rêve qui pouvaient être
meublds a~tre~ent, l'audio-visuel ne joue-
1
1
t-il pas :<:'1 !'ôle anesthdsique - .j'ai envie
de dii'e .,:,::::.z'?asique - car i.l er':;;.i_~;:2 Zes
1
,
gens de prenire conscience de leur dirilic-
1
tion,
de ce diracinement culturel qui
!
!
prépare et accompagne le déracinement
f
géographique.
La téldvision est donc
1
beaucoup redoutable que la radio,
non
seule~ent Do~r des raisons matérielles,
1
topo logi :;:ie s, mai s e l le andan ti t
la ..t"ar:ille
africaine et ~et face d face chque fc~ille
[
triangu:~~~a 2vec Z'image".
(~~
i
1
f
!
-
J.
1
;\\-1.
DOM E,v ACH
~'
? .
.; 2.
i~f
1
~
1
- 41 g -
La radio et la télévision constituent dans un
sens des instruments "d'assassinat" des cultures orales et
rurales bien que cela ne soit pas le point de vue de
l'auteur s'agissant du Québec. Il prend llexemple du
Québec entouré par plus de deux cent millions d'Anglopho-
nes. Si au départ (il y a trente ans), 74 % des Québecois
étaient A la campagne, aujourd1hui la situation s'est
renversée. Il y a en effet 75 ~ de cette population
résidant dans les villes. Et selon toujours Domenach, la
survie de sa culture réside dan~ le~ média et l'audio-
visuel.
Cette situation Québecoise paraît normale dans
la mesure où ce sont des Français installés dans cette
province de l'Amérique du Nord avec leur cul ture entrete-
nue par des livres, des films ... Bien entendu, nous avons
ici deux cultures écrites, d'égale valeur: Française et
Anglaise. Peu importe le nombre d'individus entourant le
Québec. Cependant
s'agissant de l'Afrique
le problème
est totalement différent.
- Primo: Le Québec nia pas été colonisé par un
autre pays et par conséquent nia pas subi la même domina-
tion que les Africains.
1
1
- Secondo : La langue Française est une langue
1
!
officielle et les philosophes Français sont assez connus
,fi
!
outre atlantique.
- Tertio: Les Québecois sont des Français
1
d'origine, par conséquent il y a un lien ombilical qui les
f
relie culturellement A la France malgré la domination
1
économique Anglophone.
ti
-
t 19 -
Alors que l'Ivoirien n'est qu'un colonisé, son
lien avec la France n'est que de dominant-dominé. Sa cul-
ture est considérée comme négation de tout progrès
technique, technologique, économique et social. Par con-
séquent
il est dominé à tous les niveaux, en d'autres
termes
il est aliéné et subit l'impérialisme culturel
extérieur.
D'ailleurs Jean Rouch souligne bien
et à juste
titre que
"La Je3tr~ation des savoir ancestraux est
l'une ies causes de la faim au Sahel;
le
moment v~ent où l'on comprendra que la
culture ancestrale rec~le des techniques
qui ;e~;ent €tre
profitables au d.veloppe-
ment
?~e ~'imitation m~caniques des tech-
n i q :! e 3 'J ~ "] ide n ta les." (11 1)
Le problème crucial qui se pose à la Côte
d'Ivoire aujourd'hui est celui de sa survie culturelle.
Les mass média occidentaux sensibilisent les
peuples du Tiers-Monde en présentant une vision apocalyp-
tique et la faim dans les pays sous-développés et en voie
de développement. Ces propos relèvent en fait de la
situation conflictuelle en ce qui concerne la nouvelle
conception du développement économique et social.
En Côte d'Ivoire anté-co1onia1e
la faim n'a
jamais existé aussi bien dans les régions forestières que
celles de savanes. Tous les témoignages s'accordent d ' ai1-
leurs sur ce point (historiens et transmission orale).
(Jll! -
Entretien a~ea ;Gan ROUCH et S.
MOATI : Recherche,
p éda g 0 gi e e t
~':t::: :(r e. N°l 5, Jan vie r
1 J 75.
1
1
- 420 -
ct est l' introduction de l a monnaie qui a engendré l'occu-
pation de grands espaces
(plantations
industrielles de
café, cacao, hévéa ... ),l'exploitation du bois pour
l'occident,
Cette situation
impl ique aujourd'hui
de
sérieux problèmes hydrologiques
(modi fication du cycl e
pluvial), par conséquent,
une sécheresse jusque là incon-
nue.
Or la télévision
vante les
richesses du pays
inhé-
rentes au déboisement ab!jsif et la destruction systématique
des f 0 rê t s.
0e plu s
l a mé ca ni sa t ion dan s l' a 9 ri cul t ure
u t i lis é e e n 0 cci den t
pou r ma x i mis e r lare nt a b il i t é P0 s e
de sérieux problèmes en Côte d'Ivoire
forestière.
D'ailleurs
cette mécanisation, par son coût élevé
n'est
pas
accessible aux paysans.
D'où le monopole des
moyens
de production par l es
sociétés pri vées et l a cl asse
dirigeante.
Les mass média
font
dans
leur information
état de
la modernisation dans
l'agriculture en opposition
aux pratiques
culturales
traditionnelles.
Cet t e mo de r ni sa t ion i nad a p té e est au s si
une
source contlictuelle ~ntr:utorités pol itico-admi ni strati ves et
paysans,
un
refus
d'une
modernité coûteuse,
de
plus
elle
impl ique
une maintenance liée aux techniciens
qui
ne sont
pas
sur pla ce.
Dia i l leu rs
l' e xe mp l e de l a t é l é vis ion
scolaire
illustre
bien leur inquiétude.
l112)
ti -
Les
mass
média corr.me source
d'influence
conflictuelle
endogène
Si
jusque 1 à
nous
n'avons
consi déré que 1 es
deux
cl asses fondamental ement opposées
(domi nante-domi née), il
....
?~1 :d' :.1 :Jlévi.;ior. sc--olaire, !oI'Sq'A.':me panne a lieu, les
·':·'.'cc·S
.::",;:.:'ent atter.l~'e 3-4 sen.nY".es et parfois P::A.S ,H'c.znt
rh:?
:<;.03
!';-parateurs rIe viennent d.:::~·.:mr.er.
-
421
-
importe à présent de situer notre analyse au niveau beau-
coup plus
restreint afin de détecter les
influences
qu'engendrent l'intégration ou la désintégration du
citoyen dans sa société (Ivoirienne).
Sur 1e pla n cul t u re 1 : 1 es mas s mé dia i nt ro du i -
sent dans le milieu rural
!ln tri1inguisme
- langues
nationales
- langue étrangère
(Français)
- l'image elle-même
(dans le cas du télévisuel)
co ns t i tue
un l an gage é t ra nge r.
Le rythme des images, les symboles
visuels, le paysage et
le décor constituent, dans les programmes importés
une
nouvelle vision des
choses.
différente de celles du milieu
soc i ale nvi ro nna nt.
Au niveau de la population ayant subi
la déper-
dition scolaire très tôt et dont le nombre
s'accroit très
rapidement dans les quartiers
populaires des villes et
moins
dans les villages,
non seulement elle ne dispose
pas des aptitudes
intellectuelles pour appréhender les
nuances
des media mais
pense comprendre.
(Les enquêtes sur
le terrain le montrent très
bien). Quoi qu'il
en soit
les
mass media constituent des moyens de distraction, d'occu-
pation et non d'éducation et de
réflexion pour cette
population
qui,
il
faut
le signaler, intériorise plus
facilement le côté pervers
des
mass rédia,
s'enfermant dans
l'univers de
rêve
vers
lequel
elle voudrait tendre.
bien
que se rendant le plus
souvent compte de ses illusions.
Au niveau de la catégorie sociale charnière se
1
1
,!
- 422 -
situant entre la classe dominante et celle dominée, exis-
tent deux tendances:
1 1 U ne as pire à 1 a cl as s e do min a nt e
- l' a ut re a u s ta t u q uo .
La première qui
soutient le reglme politique dans sa ver-
sion actuelle,
est L.ne granlle consommatrice de feuilletons,
d'émissions
radio-diffusées
(les enquêtes le montrent plus
loin).
La seconde partie de cette catégorie charnière n'est pas
elle aussi
à l'abri
des effets des mass média, elle en
consomme
mais
raisonnablement, donc d'une manière sélec-
tive. C'est la couche dans laquelle se situe la majorité
des enseignants.
Enfin la catégorie supeneure
(po1itico-administrative et
dirigeante) se trouve à la base de l'introduction et de
l'importation des mass média étrangers qui
constituent un
somni fère et un api um du peupl e.
DI une part
il Y a ceux
qui
programment et contrôlent les mass média en accord
avec l'impérialisme occidental, et dlautre part ceux subis-
sant les effets consciemment ou inconsciemment. Il ya donc
au niveau du discours officiel
adéquation entre classe
d i r i ge a n tee t
mas s mé dia dan s l a me sure 0 Ù 1 e s mo dê1e s
véhiculés sont ceux de la classe nantie ou intellectuelle.
Bien sûr il ya à la longue extraversion culturelle, mais
Cette situation ne signifie pas absence de contradiction
cul ture11 e
car une cul ture étrangère à une société donnée
ne peut être intériorisée ou être acceptée sans résistance.
1
j
1
1
1
1
1
~
- 423 -
Sous les effets
de
llacculturation
des
contra-
dictions
naissent à plusieurs
niveaux:
familial,
économi-
que,
religieux et culturel. ...
Mais
nous
ne
nous
situerons
volontairement qu'au niveau de
la
famille
ici,
constituant
l a bas e de l a s 0 ci été t rad i t ion n e l le,
vo i re de t 0 ut e
société.
Ainsi
la première contradiction se situe-t-·::l1e
au niveau de
l'éducation. En effet
le souci
de tout
parent étant d'éduquer sa progéni ture
en vue
de l'intégrer
dans
la société spécifique
le
père ou la mère
non éduquée
dans
la culture occidentale nlest plus
en mesure
d'opérer
cet t e i n té 9 rat ion pou r son e n fan t.
Lat â che é duc a t ive
re-
vient désormais aux mass
média et à l'école.
Dans
ces
con-
dit ion s
lie n fan t
do nt 1er é f é re nt i el
cul tu re l e s t
occidental
va
renier sa propre culture; bein sûr
ce
n'est
pas le cas
de
tous
les
enfants.
C'est la principale contra-
diction dans
la
famille
(parents-enfant). La conception
de l a fa mil l e de vie n t
cet te fa mil l e t ria n9 ulai re 0 cci Gè nt ale
idyllique
père-mère-enfants
diffusée par les
mass
média.
Le problème posé par les
conflits
culturels
doit
être étudié
par des
personnes réellement concernées
dans
deux axes apparemment contradi ctoi res,
mais
liés
et
(Jrn-
pl é me n ta i re s .
- Le premier consiste à
mettre
réellement les
mass média au service de
la culture
populaire,
de la for-
matiQn de la conscience nationale,
voire de la classe
soc i 0 log i que me n t
ma j 0 rit aire,
vé rit a b les
p i lie r s
d u
développement national,
ce qui
implique la culture du
milieu en adéquation avec ce milieu sans
toutefois
prôner
1
1
1
1
- 424 -
une culture
renfermée sur elle-mème et n'utilisant les
él éments cul turel s étrangers que pour so n développement
ha r rr.o nie u x .
Les
mass ,nédia constituent un instrument extra-
ordinaire de communication pouvant exprimer tout ce qui
est traduit par l a cul ture autnen:ique et permettre sa
compréhension. Car il
semble
urgent de sauver l'authenti-
cité face à la profession des modèles extérieurs
stéréo-
typés qui
risquent d'enfermer la culture traditionnelle
dans le folklore ou objets de musées. Cest en fait à
partir de là
seulement que les mass média constitueront
un facteur de développement réel
et d'unité nationale.
A premlere
vue
on peut considérer que les mass
média sont facteurs
déterminants d'unité nationale, surtout
en Côte d'Ivoire où existe une multitude d'ethnies.
Mais
cela suppose aussi
une utilisation
rationnelle de ces
lTIass média dans
un esprit national
axé sur un développement
endogène, débarrassé de tout sectarisme au niveau national,
et de la manipulation de la masse à des
fins
d ' exp1oita-
t ion pers 0 nne 11 e 0 u po 1 i t i que.
A la veille de l'indépendance du pays
une
véritable unité nationale existait autour du P.D.C.L/R.D.A.
a p r ès lié 1 i min a t ion des a ut re spa r t i s qui
ses 0 nt
r a 11 i é s
à cep a rt i
va i nq ue ur.
Cependant dès
1961, c'est-à-dire environ un an
après l'inrlépendance, bien que le discours officiel
fit
sans cesse état d'une vague unité et d'une
intégration
- 425 -
nationales, on assista bien au contrai re à un ethnocen-
trisme, un régionalisme, voire même un tribalisme au plan
national.
Cette situation est d'abord due à la dissolution
de la jeunesse du parti: J.R.D.A.C.I. (11J),
car cette
jeunesse prise en main par la nouvelle Intelligentsia et
les intellectuels ayant terminé leurs études en France,
commençait à contester la politique éconorr.ique et cultu-
relle léguée par la colonisation. Cest ainsi qulon assista
au rattachement de chaque jeune à son ethnie, clest-à,:,dire
que chacun ne pouvant militer sur le plan politique qu'avec
les membres de son ethnie, ce qui
mettait en arrière plan,
la lutte des classes sociales. Car l'objectif de la classe
di r i ge a nt e é t ait i ncon tes t a b 1e me n t l' é va c uat ion de 1 a
1 utte des cl asses et les contradi ctions au sei n de 1a
société Ivoirienne en modernisation.
La politique d'ethnicisation qui
nlest en fait qu'une
regression sociale, est exaltée par les mass média en
termes trompeurs de "retour aux sources".
Dl ai11eurs des
films sont projetés à la télévision et repris à la radio,
où on montre un cadre administratif, politique ou intellec-
tuel
descendant de sa somptueuse voi ture dans son village
pour participer aux réunions. Clest ce qu'on appelle
"intégrer son mi1ieu ll •
Il
s'agit ici d'une intégration,
non pas dans le milieu national, mais dans son ethnie, avec
f
pour toile de fond, la négation de l'unité nationale.
1
- JRDACI
. Jeunesse du RassembZ2ment Démocratique
1
~
Africain de Côte d'Ivoire.
1
j
1
!
1
1
- 426 -
Ainsi
des associations régionales et sous-
régionales, voire villageoises sont créées par des gens
pour soit disant, développer leurs régions. Apparemment
l'idée paraît noble. Mais c'est une occasion Dour des ca-
dres obscurs de se faire connaître à travers les média dans
la rubrique des lI av is et communiqués ll • Chacun se régionali-
se au lieu de se nationaliser. Les problèmes sont donc per-
çus par rapport à la réqion et à l'ethnie, la tribu et non
à la nation
Ivoirienne.
Si cette situation permet le II ve detariat" de
l'intelligentsia douteuse car le choix des responsables po-
litiques et mêmes administratifs est basé sur ce critère,
cette tribalisation, dans la mesure où elle est la négation
de l'esprit national, contribue à maintenir ad aeternam
l'impérialisme culturel, (les modèles étrangers étant ceux
admis par toutes les ethnies, car ce sont ces modèles qui
sont pratiquement imposés).
Notre but n'est point de condamner systématique-
ment des actions régionales, mais elles sont néfastes dans
leur forme actuelle; et les mass média, au lieu de montrer
les inconvénients de cette politique telle qu'elle est vé-
cue par la masse, ils encouragent cette pratique qui cons-
titue la négation de l'unité nationale.
Rubrique des avis et ~onmuniquis :
les annonces Daraissant
dans
la presse icrite et audio-visuelle.
Yamoussoukro est le ~il?age natal du Chef de l'Etat, cons-
truit avec les deniers publics sans qu'un budget soit voti.
Par leur efficacité
les mass -média sont incon-
testablement de puissants :rOjens d'acquisition et de
l é 9i t i mat ion du pou v0 i r pol i t i que. Au s s i perme t te n t - ils
l'eÂercice et l'expression de la puissance. Leur rôle
(mécanisme et contenu) aide les classes dirigeante et
dom i na nt e à
te ni r e n mai n l' i '1 P0 r tan t a p pare i l de p ris e
de J8sition ainsi
que les
jj-:Jles culturels et politiques
du pays. En cela ils sont également en rapport avec
l ' i rlp é ria lis me cul tu rel
,~ t r 3 nge r
p ui s que lac ul tu r e
qu'ils véhiculent est extérieure au pays.
Al' i ns ta r de ce ux des a u t re spay s Af rie a i ns ,
les dirigeants Ivoiriens continuent d'exercer une autorité
di recte sur ces mass média, poursuivant ainsi
des objectifs
precls, à savoir:
- le maintien de la stabilité politique
- de llordre socio- économique et culturel
établi
dans le
pays
ce qui
représente pour eux,
un impératif dans le
procès de développement national. Enfin le contrôle des
mass média constitue
au niveau de
l'unité nationale pré-
caire,
un écran contre les dissidents politiques, en un
mo t, les 0 p po san t s a u r é 9i me pol i t i que·
Il y a donc lieu de
reconnaître leur
JrObilisation
pour 11 action du gouvernement qui
vise, non seulement à
diffuser une information "essentielle" filtrée,
mais
surtout à soutenir ses efforts pour le changement social
et ses discours politiques. Dès lors ils ne sont plus au
service de la masse, mais au service du politique pour sa
pol i t i que. 0e van t ce con s ta t,on peu t s' i n te r ro gers ur
les
raisons
qui
ont présidé au choix de l'Occident au
f
lendemain de
l'indépendance.
1
ft
l
r!
[
- t:28 -
7 -
rnf 1I...ence S S u r l a pol i t i gue Nac ion ale
Le choix de l'occident semble évident à maints
égards. D'abord l'Ivoirien n'a pas connu de guerre de libé-
ration nationale, par conséquent
sa conscience nationale
n'est pas
très aiguë. En effet
la lutte de libêration
permet une prise de conscience de la réalité nationale
car
elle atténue les clivages et les barrières ethniques
cians
la rnes'Jre où
tout se cristalilisegènéralement autour d'un
parti
ayant son idéologie claire ou parfois floue
bien
que cel a ne soi t pas toujours vrai. Les exemples que nous
offrent l'Angola et le Zimbabwé montrent que l'unité est
difficile à réaliser. Cependant on peut dire que seule une
idéologie claire soutenue par une lutte armée peut permet-
tre la réalisation de l'unité comme nous le montre le
Vi etnam
uni fi é aujourd' hui.
La Côte d'Ivoire a été conçue par l'ancienne
puissance colonisatrice à l'instar de la plupart d'ancien-
nes colonies
Françaises d'Afrique
pour demeurer
après son
indépendance, dans son giron, ce qui garantit les intérêts
et ~aintient au pouvoir la classe dirigeante, en un mot, le
statu quo.
Le système éducatif colonial
persiste aujourd'hui
encore quand bien même
il aurait subi
des correctifs ou
a ddit ifs a uni ve a u des man ue l s s col aire sen vi gue ur. Ce
qu'on remarque cependant, c'est surtout le degré élevé
d'acculturation malgré cette réforme.
Acculturés, les
Ivoiriens le sont dans
leur grande majorité
et cette
-
Lt2g -
s i tua t ion con s t i tue u n f a ete u r der a p p ro che men t a ve c
l'Occident
et l'impérialisme culturel.
L1 i nt ro duc t ion du mo de de p ro du ct ion cap i ta lis te
qui
s'est
par la suite enraciné dans la pratique quoti-
die nne e t 1 e s me nt a 1 i tés
des
i n div i dus
con s t i tue a us s i un
au t r e fa ete u r non mo i ns né g1 i ge a b l e e t i mp0 r tan t dan s l e
ch 0 i x de l' 0 c ci de nt.
En effet
à la veille de
l'indépendance formelle
en 1960, une élite politique était prête pour assurer la
relève de l'administration coloniale. Cette élite formée à
l'école \\Ji11iam ponty de Dakar et à l'E.P.S.
(Ecole Pri-
maire Supérieure de Bingervil1e) s'était déjà intégrée cl
1 1économie de type Occidental, et il n'est pas étonnant
qu'elle constitue aujourd'hui
la classe dirigeante nantie
du pays parmi
laquelle se
recrutent les milliardaires en
francs C.F.A .. L'objectif de cette élite n'était pas d'ac-
céder à 11 indépendance pour réorganiser l a société
Ivoirienne désorganisée par la colonisation, mais de
profiter des structures
mises
en place pour accéder à la
place du colon d'hier, aux honneurs qui
lui étaient refusés
et à accentuer les classes sociales. Dès lors
le choix de
1 1 0 cci den t de ven ait une con dit ion sin e qua non
Il 0 lA r
l a
réalisation de cet objectif.
Les transformations sociales successives subies
par l'Ivoirien constituent.
d'une manière générale, les
-
i130
-
principales causes du choix du modèle de développement à
l'occidentale. D'ailleurs il
ne pouvait en être autrement
au
lendemain de l'indépendance
car l'Ivoirien
sous-
développé cul turellement et politiquement ainsi
qu'écono-
miquement
n'avait pour seule référence que la France,
donc l'occident, en d'autres termes
il
ne connaissait que
l ' uni que s y s t è me pol i t i que dan s l e que l
i l
vi va i t,
les
autres méconnus
étant "mauvais et nocifs".
L'utilisation des mass média tend donc à légiti-
me r ce ch 0 i x e n fa i san t f ide l' exp loi ta t ion cap i ta lis te
et de l'impérialisme culturel dont est victime la masse
Ivoirienne. Ainsi
la politique et le politique seront lar-
gement influencés par ces mass média à un point tel que 1",
masse qui
ne
reçoit d'information que celle qui
lui
est
proposée, n'a aucun référentiel
si ce ne sont les manipu-
lations et l'information extravertie
de la classe diri-
ge a n te. r1 ais en fa i t
que 11 es son t les
rai son s é vo q uée spa r
les autorités politiques du pays à travers les mass média?
A son cinquième congrès ordinaire de 1965
c'est-
à-dire le premier après l'indépendance
le P.O.C.I. a placé
à
la tête de ses objectifs l'unité politique
comme préala-
ble au développement harmonieux du pays. Cet objectif
implique également l'unité nationale. Le parti
unique
devient donc l'élément essentiel
de la réalisation de
l'unité nationale.
En effet
de
l'analyse faite par les dirigeants
1
de ce parti
il
ressort qu'il n'existe pas de divergences
1
1
f
i
f
1
!
-
~ 31
-
d'idées dans les nations pauvres. D'ailleurs Houphouët-
Boigny le déclarait déjà avant l'indépendance.
"Po:œ
lifférentes raisons nos sociétés
tra-
di tionneL[es
ne connaissaient pas de
pr%ndes différences entre
[es fortunes
et [es positions des individus".
(114).
Cet te déc l a rat ion mé rit e qu' 0 n s' y a r ré te. 1 l
est vrai
que dans certaines réqions
de l a Côte dl 1 voi re
il
n'existait pas de classes sociales. Mais ·l'auteur oublie
que depuis l'introduction de l'économie monétaire capita-
liste, les rapports entre individus ont été modifiés. Dans
l'Afrique traditionnelle
il
nly avait pas de
milliardaires
côtoyant des hommes singulièrement démunis, se contentant
à défaut de mieux de salaires physiologiques. Selon son
idée
il faut évacuer la lutte de classe
et la seule
lutte à mener doit être celle contre la pauvreté et le
sous-développement; oubliant inconsciemment ou consciem-
ment que la pauvreté et le sous-développement généralisés
sont la conséquence de l'exploitation capitaliste et.je
l a détérioration des termes de l'échange entre Nord et Sud.
Vunité nationale devient donc unanimisme national où se
cô toi e nt les i nt é rê t s dive r 9e a n t s, lad i vis ion de l a
société en deux classes dominante-dominée, ce qui est d'ail-
leurs une logique du capitalisme et de l'impérialisme puis-
que l'un et l'autre ne peuvent s'épanouir que dans l'exploitation.
Ce parti n'a jamais déterminé son idéoloqie pré-
cise.
Sa
doctrine
est
singul ièrpment
fondée
sur
le
• ~ 1:
-
1,ll:J
""'on '·'e's'~..::-;"M"~;.., ., -:- '"1nA
v
c
.ff!
,,-, :.,.L~-."~ •
19~5 ; pp. 54-55. Ed. :ê2ciale de
_~'!'(!: ~ l)ni t d .::·c"':: ~::: 0.
,>ir éga!e":ent :'c'~r!~)~<e ,"ESOUCHES ; apt. eit. :J. 139.
- 432 -
pragmatisme et le dialogue, doctrine que reprennent d'ail-
leurs régulièrement les mass média dans leurs éditions
quoti di ennes.
Clest une théorie permettant au chef de l'Etat
rj'3:Jpliquer au pays
une politique autocratique. Ainsi
le
pays "navi gue à vue".
Les dési rs et les dé1 ires dl un
individu deviennent réalités. Les intérêts particuliers
sont conçus comme intérêts nationaux; ici
la réflexion
n'est plus permise, clest ce qu'on appelle "formules
dogmatiques et idéologiques toutes faites".
Dans ces
conditions
le chef du parti qui
fait officiellement état
de ses
richesses à la radio et à la télévision.
ne peut
que jeter le pays dans les bras de ses alliés de classe
Occidentaux. Ainsi
donc le pragmatisme n'est qulune
manière permettant de voiler les réalités sociales, en
même temps, il permet de manipuler les consciences de la
masse (nous le verrons à travers les pensées du jour).
Tou t dia b0 rd
0 n peu t
rem a rq uer que l e dia log ue
met en présence deux individus ou deux nations,
et la ca-
ractéristique principale réside dans la capacité pour
chaque partie à communiquer. Dans ces conditions peut-il
exister un dialogue entre dominant et dominé? Le dialogue
à l'Ivoirienne obéit à des principes précis:
Toute mani-
festation de mécontentement est considérëe comme une
atteinte à
l'unité nationale. une désobéissance au parti
et à son chef, le vénéré Président Houphouët Boigny. Une
telle conception de la vie politique du pays ne peut que
..."' =' ::. ci t . PP.
1 J 9 -1 50.
1
1
-
433 -
f a v0 ris e r 1a r è pre s s ion des è l é me nt s con s cie n t s , l e plu s
souvent
les
intellectuels consi dérès comme IIAgents ll des
puissances étrangères.
(Il s'agit des pays de l'Europe de
l ' Est à 1e IJ r t è t e :
l' Uni 0 n S0 vi é t i q ,-' e) .
Sur le plan international
le dialogue permet au
chef de l'Etat d'avoir des
relations avec les régimes
les
plus
racistes d'Afrique:
l'Afrique du Sud et la Rhodésie
d'hier, et de contribuer d
l'éclatel~ent des autres pays
Africains. L'exemple du Biafra illustre bien nos propos.
Led i a log uen' est e n f ait qu' u n mo yen pou r l a
cl asse di ri geante pou r :
- maintenir l'unité nationale précaire à travers
l'unanimisme
- prendre des positions anti-Africaines contre
la volonté de la masse Ivoi rienne
- soumettre l a masse à l' i ;,péri al i sme Occi dental
à
t r a ver s 1e s y s t è me è duc a tif, lac 0 0 pé rat ion e t 1e s mas s .
média.
Considérés dans
leurs dimensions - sociale -
économique - culturelle,
les mass média ont incontestable-
ment des effets,
des influences politiques comme nous
venons de le voir. Ces influences impliquent des interac-
tions qui
peuvent être réciproques.
La dynamique socio-po1itique, économique et
cul turelle de ces mass médi a rési dent bi en dans l'idéologie
véhiculée.
Ils peuvent constituer:
- ~34 -
- une force politique
- des opinions politiques
- des instruments de manipulation politique.
Mais il est évident que tout ceci soit isolé si
on ne 1 1 inscrit pas dans un rapport bien déterminé qui
régit la société Ivoirienne d'aujourd'hui. Quoiqu ' i1 en
soit. les
liens culturels de la classe dirigeante avec
1 1 i mp é ria 1i s me 0 cci den t ale nt rai ne nt des re 1a t ion s de
dépendance en chaine.
Ce faisant,
les influences des mass
média sur la politique nationale ont incontestablement
des implications internationales dans le rapport dominant ...
dominé, par conséquent,
ce qui est vécu sur le plan
national
a des liens étroits avec 1 1 0ccident (division
du pays en deux blocs sociaux:
nanti-démuni
rapport
dominant-dominé; informé-désinformé ... ).
8 - Force politique
Le pouvoir des mass média est inappréciable en
Côte d'Ivoire de sorte qulil
offre
au public une image
populaire. Ce pouvoir est d1autant plus incontestable que
le politique et lladministratif ont pris en main tousces
mo yen s dl i n f 0 rm a ti 0 n de mas s e du pays:
rad i 0, tél é vis ion,
presse écrite.
Si
aux Etats-Unis et en France, pour ne citer que
ces deux pays, les mass médi a mettent par moments à nu les
injustices sociales,
en façonnant l'opin;on publique ou en
incitant à la prise de position politique, en Côte d'Ivoire
ils contribuent bien au contraire à extravertir les
faits
ou cacher la réalité. Si
dans ces pays sus-cités les média
-
435 -
agressent pratiquement les dirigeants corrompus, ici
ils
chantent au contraire leurs
louanges, les déifient et en
un mot, les immortalisent malgré le manque de
rigueur dans
l age s t ion, les
fa l s i fic at ion s e t lie xt r a ver s ion des
fa i ts .
Ainsi
donc les mass -média constituent-ils un
pouvoi r complémentai re puissant pour l a classe domi nante,
limitant, transformant et déformant l'information et
extravertissant les problèmes:
- politique
- économique
et social qui
devraient permettre une prise de conscience
de chaque citoyen. Quoiqu'il en soit
il ne pouvait en
être autrement. Les fonctions
des média ne sont ni infor-
mationnelles,
ni formationnelles en Côte d'Ivoire, bien au contraire,
leurs objectifs sont le maintien de la masse dans l 'iqnorance afin de
perpétuer le statu quo, voire la pérennisation du pouvoir de la classe
dominante.
Clest une condition sine qua non
de stabilité politique.
9 - Les opinions politiques
Il y a toujours
dans une soci été comme celle
que nous étudions
une ambiguïté en ce qui
concerne le
rôle et les changements d'attitudes politiques
relatifs
aux mass ·média.
La classe dominante se veut dlabord capitaliste,
donc désire une société stratifiée en classes sociales
très marquées. Les mass ·média strictement contrôlés par
cette classe dominante
ne peuvent opérer que verticale-
me nt e t à sen sun i q ue, c' est - à - dire de ha u t e n bas et non
ho riz 0 nt ale me nt et de bas e n ha ut. La ra di 0 e t 1 a tél é vi -
sion qui
sont notre champ d'étude
sont, au risque de nous
ré p é ter, u ne p ro p ri été ex c lus ive de l' Et a t
; et qua nQ 0 n
sai t que cet Etat ne se rédui t qU'à une seule personne
(le Président de la République et du parti
unique), on se
rend bien compte
et on comprend aisément le culte de
la peronnalité, la déification qui
prennent une irrportante
pla ce dan s les pro gr a mme s .
D'ailleurs le chef de l'Etat ne cache pas sa
s upré mat i e e t son ab sol ut i s me l 0 r s qu' i l
déc lare
"
..
"
)
. ~ ~ ..:
."
~'
Autrement dit, il est au-dessus de tout, même
des institutions. Le rôle des mass média se réduit donc
à justifier ou légitimer le système politique et son
fonctionnement.
Ai nsi
contribuent-ils aux renforcement et main-
tien du statu quo
qu'ils ménagent
bien que
par moIrents
i l y ait des nua nces dan s c e r t a i ne sem 1 s s ion s 0 Ù 0 n don'n"e
l'impression d'une objectivité et d'une démocratic-ation.
h
L'exemple des samedis j
vingt et une heure
(21 ) mérite
no t re a t te nt ion. Enef f et
t 0 us 1es s a me dis à cet te heu r e
une émission intitulée:
"comment ça va ?" met parfois à
nu dans un style boufon
les abus de certains hauts-
fonctionnaires et les irrégularités de la société:
la
manière dont procèdent ces fonctionnai res pour détourner
les deniers publics, - la corruption des agents de l'Etat
etc .... Cette émission a
semble-til, un impact certain
sur la masse dont le niveau culturel
est moyen.
Mais ce qui
est exposé
est connu malheureuseIrent
de tout le monde, surtout lorsqu'on sait que cette situa-
Déclaration
faite
?lr "~"_'~PHOUET-BOIGNY lors
du
?e
Con g r è s
cf èt
P. D . C. [ .
~
i
. : : .
•
"-1.
1 A b i Jj a n e n ~ d:3 J •
- 437 -
tion existe effectivement et leurs auteurs non jamais
inquiétés ou punis. Ce qu'on peut reteni r, c'est que l'or-
ganisateur de cette émission travaille pour le
renforcerœnt
de l'ordre établi,
la stabilité politique. D'ailleurs,
dans le cas contrai re, cette émission n'aurait pas vu le
jour. En d'autres
termes
on pense sans doute avec
naïveté
que ce sont des Agents de l'Etat qui sont mis en cause et
la disparition de ces derniers améliorera la société ou le
système politique. C'est voir le problème d'une manière
si mp lis te .
"Le social s'explique toujours par le social"
dis e nt les soc i 0 log ues. Aut re me nt dit, t 0 utes ces i r r é 9u-
larités dans la gestion ont bien leurs racines profondes
dans le système politique et la société
dont les corol-
lai re s son t lac 0 r ru pt ion, l a p ro pen s ion à l a fa cil i té,
l'exploitation de la masse par la classe dirigeante et
l'instinct singulièrement vénal
de cette dernière. C'est
là une première preuve évidente des massr.Jédia comme
instruments idéologiques au service du politique, c'est-
à-dire, permettre à des irresponsables de folkloriser les
réalités sociales profondes en empêchant toutefois une
prise de conscience réelle.
La concentration des pouvoi rs entre l es mai ns
d'une minorité accroit d'une manière considérable la puis-
sance de ceux qui
contrôlent effectivement les mass' média.
Ainsi
les organigrammes se sont succédés au ministère de
l'information
où les directions générales et centrales
sont confiées à des personnes, non point en fonction de
leur capacité intellectuelle, mais surtout à partir de
leur aptitu~e à collaborer av~c le pouvoir politique;
collaboration qui
implique la non réflexion et l'extraver-
sion systématique de l'inforamtion. C'est ce que les
journalistes appellent eux-mémes l'auto-censure.
- 438 -
Dans ces conditions le contrôle des média parait
total et absolu dans la mesure où ces personnes responsa-
bil isées ne peuvent en aucun cas mettre en cause les mots
d'ordre du parti ou effectuer des analyses objectives de
peur de perdre le poste non mérité occupé accidentellement.
Cette conception des choses a sans doute des aspects
politiques "positifs"
puisque la stabilité est assurée i
cependant
l'aspect négatif réside surtout dans le fait
fju'une réelle infor11ation n'est pas donnée à la masse et
cette sous-information est aussi cause du sous-développement.
Au fond
comment une masse non informée
dont l'acuité
visuelle ne dépasse guère les préoccupations matérielles
quotidiennes
peut-elle transcender les problèmes nationaux
et internationaux? comment peut-on évoluer harmonieuse-
ment si on ignore ce qui se passe chez le voisin? Sur
quels référentiels peut-on se fonder pour comparer ou
évaluer sa propre évolution? Autant de questions qui se
posent et dont nous essayerons de proposer des solutions
dans la dernière partie de notre travail. Cependant
le
"ghetto" sous-informationnel dans lequel se trouve la
Côte dl Ivoire engendre aussi des résultats en contradic-
tion avec ce qu'attend la classe dominante.
En effet
la masse éprouve actuellement quelques
difficultés à déterminer si les points de vue exprimés par
les massmédia
sont objectifs ou reflètent les vues offi-
cielles, masquant alors les réalités pour ne satisfaire
que les intérêts de classes des dirigeants. Ainsi
si des
informations objectives étaient communiquées à la masse
aujourd'hui
elle les accueillerait avec réserve. C'est
dire que si les massmédia constituent un instrument poli-
tique déterminant, à la longue
ils peuvent oroduire des
effets contraires de ceux attendus. Cette situation trouve
son explication dans le vécu quotidien et ses réalités
- <139 -
concrètes extravertis par les mass média. A ce propos
on
prendra deux exemples très significatifs illustrant bien
nos propos.
1") Exemple:
En Février-Mars 1982
les étudiants de l'Univer-
sité d'Abidjan et des grandes écoles, dans le souci d'une
information totale
de~andèrent à un professeur de pronon-
cer
dans un amphithéâtre de l'université
une conférence
sur un thème d'actualité dans le pays et que les massmédia
n'expliquaient pas clairement: "Jeunesse et politique".
D'abord cette conférence fut supprimée par les dirigeants
politiques inquiets. La réaction des étudiants fut
immédiate, une grève illimitéé des cours
et le soutien
des professeurs nt! tardit.
pasnon plus. Ensuite la contre-
réaction des dirigeants se fit violente. Ma;s ayant à leur
disposition les massmédia (radio, télévision et presse
écrite), les autorités sortirent va;nqueursà l'issue de
cette épreuve de force. Elles organisèrent des "meeting"
de soutien au chef de l'Etat à partir de simples déforma-
tions des réalités, faisant croire à la population
"Qu'une FC:~~~~ d'étudiants, manipulés par
r;'il3 7 ;'{e3
.~ '':"><stes, ennemis du pe'A.;;Ze,
;Jout"",:1.3 :::,~!' .;~;:adafi,
ont tenté de dé-
stabili32r :~ solide régime
politique
afin d'i~trc~uire dans ce pays paisible Za
misère et Ze désordre qui sévissent
a i II e urs" .
' ~. ..,...,...
Tous les mass média reprenaient en choeur comme
par enchantement ces nouvelles en éditions spéciales. La
déformation des faits a finalement eu raison du méconten-
Déclaration ch :':"'c.~:< ,;,olitique du PDCI-RDA du 15
F'.Jvrier US:.: j
'.::
:'':;:J,
télévision et presse écl'ite.
- 440 -
tement des étudiants et enseignants coupés de la populatio~
bien que ce mécontentement soit justifié.
2V Exemple:
A la rentrée universitaire 1981-1982
suite ~ la
contestation de certains élèves, relative ~ leur orienta-
tion scolaire injuste
basée uniquement sur les classes
sociales, 'Jn débat eut lieu à la télévision et à la radio
avec la participation des élèves concernés qui montrèrent
le dysfonctionnement de la société Ivoirienne, du système
éducatif, et l'idéologie de classe occultée par cette
orientation scolaire. Non seulement l'organisateur de ce
débat fut convoqué par les dirigeants politiques pour ex-
plication, mais devant cette image d'injustice flagrante
du système pol itique, un second débat obligatoire fut or-
ganisé et l'élève particul ièrement violent lors du précé-
dent débat fut contraint de démentir ce qu'il avait déjà
dit. On a néanmoins compris qu'il y avait là
une situation
anormale
et que les dernières déclarations de l'élève
étaient dictées par le pouvoir p0l itique , d'ailleurs une
bourse fut octroyée à titre exceptionnel à cet élève pour
poursuivre ses études en France.
Que peut-on retenir de ces deux exemples? La
classe dirigeante n'admet pas le débat contradictoire et
le principe est très simple: "vous êtes avec nous et vous
êtes pour nous
ou vous n'êtes pas avec nous et vous êtes
contre nous". Cette manière très particulière de présenter
les problèmes politiques
ne peut qu'engendrer une unifor-
mité superficielle dans les vues. Ainsi
il ne s'agit pas
de'penser par soi, mais de penser ce qui est pensé par le
politique. C'est
nous semble-t-il, la base de toute opi-
nion pol itique dans ce pays. C'est ce que véhiculent aussi
les mass média chargés de diffuser les mots d'ordre du
parti.
- 441
-
Les dé me n t i s s p e c tac u1 aire s
re p été s peu ven t
contribuer effectivement à maintenir la stabilité poli-
tique
mais en réalité
ils
lIfragi1isentll le régime poli-
tique qui
est contraint de se justifier à la r:loindre
occasion et à user des méthodes coerci ti ves. Les mass
média demeurent donc des instruments politiques.
Dans un pays à parti
unique et à dé mo c rat i e
unanimiste.
les mass média ne peuvent
en 9é ne ra 1
Cl ue
constituer des instruments politiques pour le maintien
de 1 'ord re é t ab 1i .
En effet
le pouvoir politique. par l'intermé-
diai re des mass -média
adresse des messages.
notamment
des mots d'ordre politique. idéologique. social. c'est-à-
di re
sans 1 utte de cl asse ouverte. même si
cette pai x
semble précaire et occulte des
réalités conflictuelles.
Ces messages se traduisent par des pensées du jour du chef
de l'Etat et du parti
unique,
répétees
régulièrement
avant
chaque émission radiodiffusée et télévisée et écrites à
la première page du quotidien unique
lIFraternite-r·1atinll.
Mais ces pensées du jour à caractère moralisateur.
mobilisateur et manipu1atoire constituent bien un instrurœnt
par lequel
le Président fait véhiculer son idéologie.
10 - Quelques pensées
du jour du Président Houphouët-
Boigny: Année 1982 :
Pensée 1 :
"IZ est t'::T'PJ,
grand temps q:<e
_"::lc!un Cl
tous
les
niveaux,
s'interroge:
Ai-je fait,
bi<3;: .-'~:':. pc'.).r ·...on
pays
ce que je dQis
?"
(
1
1
) ,
l
,
[
,
-1
...,
r..,
Samedi,
limanche
ô-? .\\!ars
1982 .
•::l·_~"";";~H:ité-.\\!atin;
\\
_
•
.r
J mi s si.) '1. ra di 0
et
t t3 ! J .
f1
t
f1lr
- 442 -
Pensée 2 :
"TO:it
.J-:;r~ ){1JZnt .]:n>~<2tte terr'e ~
besoin de
vivr'e.
Cette "';o~~r'ance 'lU?' est la mienne,
'1
été
bénéfiq ue pour' mon Pr1.y:::".
. ! ' - .
Ce s de ux pen sée s mé ri te nt
no t re a t te nt ion : En
clair
le chef de l'Etat demande que chacun fasse
le bilan
à
son nive au.
Sic h a c u n a e f f e c t ive me n t f ait ce qu' i 1
devrait faire.
Cette pensée parait
à
première vue noble,
surtout lorsqu'elle
vie'lt ,:u premier responsable du pays.
On peut aussi
dire que
la question n'est pas
bien posée. Il
aurait été préférable de dire:
Ai-je fait
ce qu'il
m'a été derr.andé de faire? C'est le vrai sens
de
la pensée
car on ne fait pas
dans ce pays
ce qu'on
croi t être bon, mais ce que 1 a classe di rigeante trouve
bon pour sa politique et c'est cette idée qui
devient
bonne pour tout le pays.
La seconde pensée met en relief la sacralité de
la vie
à
partir de la tolérance sans
doute traditionnelle.
Cependant
l'auteur semble ignorer que les
nouveaux
rapports
de production instaurés par la colonisation et maintenus
par lui-même excluent désormais les sentiments et l'huma-
nisme. On ne peut pas exploiter la masse
ou autrui
et
parler de sentiments, c'est une évidence. On ne peut au
mieux parler que de paternalisme qui
constitue, non seule-
ment une légitimation de celui
~ui exploite
mais un mépris
voilé et une hypocrisie. Il
ne s'agit donc pas de vivre
démuni, al i éné, en so us -homme, mai s de
vi vre pl ei neme nt
comme les autres, non exploité, non méprisé, libre d'ex-
1
primer ses opinions et non l'exécution des ordres
sans
----- - - - - - - - - - - - - -
1
1
(
'!
1 ....
1
,
_
_
- J
IJ-OJ-LJ83.
fi
f-fl!
f1
f
- ~43 -
réfléchir et sous la contrainte de la classe dominante.
D'ailleurs
la pensée suivante est beaucoup plus explicite
à ce sujet.
Pe ns ée 3 :
"L'Ivoirien est l1::ztional-iste.
Ce n'est pas
un
19i ~'lt e Ul'.
I~ gal'de toujOUl'S le cal-me des hommes fOl'ts
e t
~e 3 oS ns
de
~a meSUl'e. Il- se l'especte et sait l'espectel'.
.f.:;
-)q~<::; ~n tout cas Dal'lel' ries
!'-'--:{y>1~ens dignes de ce w)"'!
-::; C
~ ~<:" .; Q n C ~ é gi 0 n" .
Dan s cet tep e ns ée
lia ut e u r fa i t une net te di f f é-
rence entre nationalisme et agitation.
Ce qui semble
à
première vue vraie. Cependant
bien qu'il affirme que l'Ivoi-
rien est nationaliste, tous les Africains
reconnaissent
que seule la Côte dlIvoire est le pays où les nationaux ne
sont pas nationalistes collectivement. Nous
ne disons pas
que cette mentali té n'existe pas au ni veau i ndi vi duel.
D1ailleurs selon les statistiques officielles, un tiers de
la population est étranger.
Les
tableaux suivants le montrent bien à propos
de la région du Sud-Ouest du pays
(mouvement migratoire
dan s l'a 9 ri cul tu re ) .
Tableau 37
1
PERIODE DE BAS E
IVOIRIENS
ETRANGERS
ENSEr.BLE
1960-65
8,7 %
9,6 %
8,9 %
1965-1970
14,9 %
13,9 %
14,7 %
1960-1970
Il,8 %
11 ,8 %
11,8 %
1970-Ma rs 19/2
13,6 %
29,8 %
17,6 %
_:;'l'atel'ni té-Matin des
27-23 .\\-tal'S
1982.
::r-issions mdio té ld lJisées. Pe>:sée trons mise avant chcq ue
J~ssion. Pensée du JOUl' è.e .::'2 ~~x HOUPHOUET-InIGNY.
- 444 -
Sur la base des taux d'accroissement ci-dessus,
on a évalué le nombre d'immigrants à l'horizon 1985.
~ypothèse moyenne: base 60-70 = croissance ~oyenne. (120)
Tableau 38-
1
l Val RI ENS
ETRAN GE RS
fOOE MBlE
1
1
1
- - - - -
1975
486--[
1
22.349
7.
137
i
29.
1980
39 . 035
12 . 466
5I. 501
1
L1985
68.
182
2I. 773
89. 955
---l
Hypothèse forte:
base 65-70 = croissance forte
Tableau
39
1
1
1
1975
25 . 624
7. 833
33. 457
1
!
-
1
1980
5i. 3 15
15 . 015
66. 330
1
1
1985
10 2. 764
28. 784
131. 548
1
l
Quoiqu' i l en soi t tout pays qui
veut se dévelop-
1
1
per harmonieusement. consc;entiser
sa
masse.
recouvrer sa
1
-
Pf'Qj6'C
de
déveZoppement rUl'a: :nr;égré de
la
:"~J{c"! Sud-Ouest P. D9.
Ropp:-'r':
?r>in,]ipal
:,:i,!istère
1
ci:<
i.J '.-''; : op p e me nt
ru l'a Z .
l J:3 ~ •
1
1
f
f
f
~
!
~.
,
'1
- 445 -
dignité, son authenticité et son identité est obligé d'ëtre
quelque peu nationaliste.
Il ne s'agit pas bien sûr des
nationalismes
totalitaristes ou exclusifs, mais
l'affirma-
tion de son identité (culturelle, politique). Cependant le
vrai
problème réside dans ce que
l'auteur appelle "un
agi tateur".
Ici
l'agi tateur semble ëtre l' homme non soumis,
celui qui
met en cause
l'ordre établi, le discours officiel,
en un mot
cel ui
qui
ne
voi t pas
la :lê'-e cnose que la
classe dominante.
Ceci
dit
l'auteur affirme que
l'Ivoirien
nie s t pas
un agi ta t e ur.
C' est e n som me une man i è re t r è s
spécieuse de lui
adresser des compliments pour son immo-
bilisme déconcertant.
son ignorance chronique de l'exploitation
dont il est l'objet
et enfin
l'insoucianr:c. qu'il manifeste
maglré la manipulation,
le mensonge
depuis bientôt vingt
qua t re ans.
Lorsque l'auteur affi rme que l'Ivoi rien se
res-
oe c tee t sai t
re s pe c ter., C' est t 0 ut sim p lem e nt
une man i è re
très subtile de l'encourager dans son attitude passive,
le
respect de l'ordre établi,
des stratifications sociales et
leu r i n t é rio rat ion
, c 0 mp0 rte me nt s qui
con tri bue ntau
--
,.-
----
maintien de l'impérialisme culturel
dans le pays.
Enef f e t c 0 n t rai re me nt au Sé né gal,
au T0 go 0 u
au Benin où le problème ethnique se pose avec moins
d'acuité,
l'existence de la Côte d'Ivoire est problématique.
Le
problème ne se situe pas ici
au niveau de
la pléthore
die t h nie s
mai s plu tôt des
di f f é re ntes cult ure s dia mé t ra -
l e me nt 0 p p0 s ée s .
Par e xe mp l e A u j 0 ur d ' hui
l e Gr i 0 t
a fa i t son
appar i t ion sur las c è ne pol i t i que.
Les ~, a lin k é e t Man dé qui
s'adonnent à cette pratique sont devenus des hommes politiques
de p re mie r pla n dan s lep ays.
Cep end a nt les
pop u lat ion s de
- 446 -
l'Ouest (Kru) au système gérontocratique patrilinéai re,
c'est-à-dire sans état centralisé
où existe une égalité
à
l a nais san ce, ne sere t ra uve nt plu s dan s les y s t è me
pol i t i q ue
actuel. Le groupe Akan au pouvoir centralisé (monarchiste)
où existent des esclaves et les
nobles, fait fonctionner la République de Côte d'Ivoire
comme un Royaume, le "Président-Roi" devant être vénéré de
t 0 us.
Une tel les i tu.) t i Cl n nJ t ion ale ne peu t qu' e n 9end re r
la manipulation des consciences
des citoyens afin qu'existe
cette nation. En un mot
considérer les gens comme non
mû rs .
Les t a t u quo qui
con s ;st e à man i p u1er l a mas s e
et à la désinformer ou sous-informer devient une nécessité
précaire de vie en commun, l'existence de la nation
Ivoirienne.
Dans le même ordre d'idée
cette stabilité
métastable (où les
rivalités
tribales existent, mais non les
conflits de classes sociales), profitent à la classe
di ri geante.
Chaque ethnie est fi ère et heureuse de voi r
un de ses membres occuper un important poste politique,
c' est don c lie th nie qui
i mport e e t
non lac las ses 0 ci ale-
Ai ns i es t évacuée la l ut te des classes.
Pensée du 4 :
On peut servir
son coeur". Il.',?
Cette pensée.
toujours
ré:pétée à la vei lle et au lendemai n
des nominations
des cadres à des postes de
responsabilité
ad min i s t rat i ve 0 u pol i t i que, a pou r but de mai nt e ni r l e
statu quo' chacun devant se contenter du poste occupé,
: 1 ;; 1 !
- ~47 -
donc de son statut dans la société. Or nous sommes en
régime démocratique où les statuts ne sont pas fi xés à 1 a
naissance
contrairement à la société aristocratique.
En effet
le tribalisme et le népotisme sont le
lot de 1 a classe di ri geante.
Aussi
nomme-t-on : parents,
amis et connaissances à des postes de
responsabilités
non
pas parce que ces derniers sont compétents, mais simple-
ment à cause des liens qui
les unissent à tel ou tel
homme politique. Pour atténuer ou enrayer des mécontente-
ments éventuels des nationaux, cette pensée idéo1ogiqueIœnt
très fixiste
ne peut que contribuer à maintenir l'ordre
établi.
Pensée du jour 5 :
"Les
dé3":!'iY'es
d'a:/. qu'ils
viennent
32!'ont sanctionnés
dans
:'iY'.t~Y'êt de la paix, préalable
j
,;out développement harr-:on~~:,.::". (.:'<
'loi1à une pensée très claire prévenant tout Ivoirien qui
aurait encore unE
vé1éité révolutionnaire; (révolution
étant consi dérée comme dési r de changement ou dl évo1 ution
de 1a soc i été) .
Il slagit en effet de la répression de tout
"désordre"
ou plutôt de toute contestation de la situa-
tion: socio-économique, politique et culturelle
d'où
qu'elle vienne; ce qui signifie que
toute manifestation
ou tout débat contradictoire engendrant des
réactions de
réprobation seront sévèrement punis. L'auteur n'envisage
même pas le cas d'une réaction légitime, (quoi que le terme
- .- .~ .
-
Fraternit~-Matin:1:. ~7-12-1982.
- 448 -
soit lui-même idéologique). Le problème pose 1C1, c'est
la volonté de la classe dirigenate à maintenir son ordre
socio-culturel et économico-politique établi
depuis la
colonisation; c'est donc la défense de l'impérialisrr.e
culturel qui
implique ici
la paix.
~ais en creusant un peu plus
on peut se
rje:'1ander -;'il
n'} a pas
de conditions préalables à llexis-
tence de la paix.
Celle-ci
peut-elle exister - sans
justice
sociale - sans
une égalité entre
les citoyens - lorsqu1une
minorité exploite la majorité - lorsque certains pays
étrangers dominent d'autres et les exploitent- lorsqu'on
cac heau xci t 0 yen s leu r s d ro i t s é l é me nt aire sou 0 n les
bafoue? En un mot lorsque la masse nia aucune possibilité de
s' exp ri me r lib re me nt ?
En effet
on se
réfère le plus souvent au manque
de mâturité de la population
ou encore on affirme que les
Days développés ont connu cette situation.
Clest vrai.
Mais
doit-on
nécessai rement passer par les di fférentes
étapes
de développement de ces pays? Faut-il que le pays connaisse
une
révolution analogue à celle de 1789 en France avant
d'appliquer une démocratie ne serait-ce que parlemantaire
ou le multipartisme?
Pensée cu jour 6 :
"J'ai
toujoul's eu con:~:'ance en L'homme;t
eal' ~out évobe. S"3:A:s !es imbéciles ne
changent pas"
'~r,
- ?::'.l';2l'nitJ-Macin
Ju 30-12-1:132.
- ~~9 -
Cet tep e nsée s' a dr e s s eau x c a dre set i ntel l e c-
tuels qui ont toujours
gardé leur distance vis-à-vis
du
parti
unique bien que tout Ivoi rien soit et naisse PDCI/
RDA. Pour l'auteur
tout opposant qui
ne change pas,
c'est-
à-dire qui
ne rejoindrait pas les
rangs du parti
serait
imbécile.
Mais fait curieux, il
ne conçoit pas aussi
que
le militant politique
de son parti ouisse changer
dan 5 1e 5 e nS con t rai re.
Quo i qui i 1 e n soi t
1 1 Û na ni mis me
politique, même s'il
occulte de
fausses
réalités
de
la
situation,
semble nécessaire pour le maintien de l'ordre impérialiste
culturel établi
dans la mesure où il maintient le statu quo.
Pensée du jour 7 :
"<;',:;zi pleine confiance en vous . .4vec
~'-1iie de D1~e'A, je ,iemeurer':zi ')otre guide.
_':; J':: ~
~:.:J 3:! O",:?! :111.0 "13 fi!.2 =-'3 s ; t sûrs et
':J:iS
Ja:1nerons
[a partie ::fonT:; ~ 'enjeu est
'cotre avenir". ( l ' ;
Pensée 8 :
":";;
,;;:ien aboie
mais
la car:;',)(1'>:!c? p,·sse.
_~ :!aravane du bonheur de l'homme Ivoirien
passera" (12;5).
La popul3.tion est donc mobilisée pour le futur
et
DoUr atteindre ce stade de "bonheuro pour l'homJT1e
Ivoirien,
on lui
demande sa fidélité, sa loyauté envers son guide
" é cl air é de to uj 0 u rs ". C' est une
fo i s de plus lac ra i n te
du "désordre"
donc de la réaction de la masse.
Cette
crainte
suscite toujours
un discours et un mot d'ordre légitimatoires
qui
légitiment par là~même l'impérialisme culturel Occiœntal.
!~';
-
Fraterni:~-.'-!atin du 14 Juil[et lJ32
Pe ns ée 9
1
•
•
d
.
~I.- ')i"e,
ans ma V1.e,
~u chantage. J'ai
.
.
.
rp ? 1~ :. .;
:.
":
? -;.;
l :.;' . ;
~,~.J Y'
/ ~~;.J
'1',{ t ~ e 3
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l~--3.JP-3,~}:: ~<:
'~.'J7:-,)-r;.]"7:~.
P'lf)'!:J
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J.',: I~ r3
cl ,r: S ,
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') i e
de
;;)3
}:(~:~ /"Z:';:-<i"3,
f'~.'Ji" de l71a
~onàition
;'g
P J.}j .'J' >', .,: ~ ? 'Z i" [q
f;e
(! e
'1:-< e .j e 3 ai 3
.-J:;
r.i2
__'~3
,:>.~ J.-3
(lt3S.3ena
au
DL?A.S
p:ro.-"'ond
Cette pensée est
toujours
diffusée au mois
de
sep te mb re à
lie n d ro i t
de spay san s,
c' est - à - dire au mo me nt
où ceux-ci
récoltent et vendent leurs
produits.
Lia u te u r f ait c ro i re
a u x p ay san s qu' i les t
de s
leu rs
lui
au s s i
( p ro p i ré ta i re
de
mil lie rs
d' he ct a re s)
et
cie s t
l à que sep 0 s e l e pro b l ème
car i l
nie s t pas
cul t i -
vateur comme
les
autres.
En effet
malgré la transformation sociale qu'a
subi
le
paysan Ivoirien,
ce
dernier est toujours demeuré
au stade
de
la productivité artisanale puisqu'il
n'a pas
les
moyens
nécessai res
pour moderniser son exploitation.
Or
le
"paysan-président"
dispose
de
tous
les
moyens
financiers
et techniques
lui
permettant d' avoi r des exploi tations
agricoles
industrielles.
D'ailleurs
le
café est décortiqué
sur ses
champs
ainsi
que
l'a~anas qui y est aussi mis en
boite.
C'est dire qu'entre
les
paysans
villageois et lui,
la
comparaison ou l'association
n'est guère possible.
Le
fait
de se proclamer paysan tout haut peut
être
un stimulant permettant à
chacun sa projection dans
le
futur.
Car si
le paysan-Président est
riche,
nous
le
- 451
-
seront aussi
en tant que mambres de la même corporation.
C'est donc une pensée mobilisatrice comme toutes les
au t re s, mai s a us sim a ni p u lat 0 i re .
1983
Pensée 10
'.......
en3eign(1·~t3
1>p~~:~
'1~{e 3:Jit
~.A. /~!OA ... ~A.l'
de
leur peau.
~>.e ;;ersonne ne']OJ'Pt;;e JAr
mo i
pou r as si.] :; e r ::""1) u i s san t '1 u 14301' ci re ",' ~' -
Devant les difficultés
économiques inhérentes
aux détournements
des
deniers publics par certains
fonc-
tionnaires, hommes politiques non jamais punis, des
décisions ont été prises à l'endroit des enseignants qui
jusque-là, étaient logés par l'Etat;
le corps habillé
faisant exception.
(Militaire. police, gendarme, douani~r).
La
décision de ne plus loger les enseigna,"~s a
sus ci té un mal ô i se.
Et co mme t 0 uj 0 u rs
0 n me t
e n g a r de
ces enseignants en leur faisant comprendre qu'on les
res-
pecte
et qu'en retour ils devront aussi
respecter l'ordre
é ta b li. Le non
re s pee t
dus ta t u quo est a pp e l é dés 0 rd re
dans ce cas précis
lequel serait réprimé.
Pe ns ée
Il
"Le
vrai bonheur,
:.In
le
l'apprécie que
lorsqu'on
l'a ?erJu.
Faisons en sorte :j'!A.e
nous
n'ayons ,f:J."7r:.is cl
le perdre,
r:;ais
'<A.
contraire cl
: '1.]:!1 Qttre,
sans
cesse ;Jar le
'
t~avail dans
:1 --:'·:·3~~~pline dC.'1S ~(:l .:3):~ia-
Y'ité
et
la fl'Q~er.... ::té". ,2'"
•
-
Opt. Ci tée. Lundi 19 Mars U33.
I}pt. Ci tée : Mardi 15 .··.\\:lm : ~;i<' - et lt! Zee!' :::'.c3Dt2~i;re
....
-';::"
',1
..... .- .
...'
J
,
!
t
1
r
!!
-
452 -
Pou r 1 tau te u r l e peu pl e 1 vo i rie n vit son bon-
heur avec sa présence aux affai res
de 1 1 Etat et son
regllœ.
r·1ais si
le peuple 1 1 en1evait, il
regretterait ce
"bonheur
perdu".
Dans ces conditions il
met une fois
de plus
1 1 accent sur la discipline,
la fraternité et même
la
solidarité dans
un pays où désormais
"chacun pour soi et
Dieu pour tous".
Il est évident que le peuple Ivoirien à qui on
a t 0 uj 0 urs dit qui i 1 est 1e plu s heu re ux e n Af r i que li 0 i re
finisse par intérioriser ces propos.
De plus il
nia pas
un autre point de
repère pour effectuer une comparaison.
Dès lors n'ayant aucun autre exemple, il
finit par croire
au "bonheur" dont on lui
parle, dont il
nlen jouit pas et
q IJ Ion 1 ui a t tri bue.
Pe ns ée 12
"Conna'Ître
l'33
ciiffieu>:;,ffs ~st
un premier
, .
,
D:_lS
.Ylt:C)c::J~;.l',,!'}·~ 0
·~!1)
._~'j
~_~«>-lr
t.,(3S
apres
.
.
:J,:J:iY'
LeJ
J :!!H~\\');'=:-.
~'.
'10 t rc::
po è< LJO!: i' • •./..3
,,;' j
,::.;. i'czi ~
pO:Ar nu.
part
de
toutes
mes
fep.","''; • .~!ais
vous devez
bien comprendre que
Le: ,;:œ:.?ès qui
est.1
notre portp>? ne P-9!<::
:)~):~i' cl-9 ma seu~e
a c t ion ". (~', ,; .
Il
s'agit de mobiliser toujours
la masse
pour
le
futur,
prometteur, et de
rêve. Pour ce faire
une aide
de tous les citoyens s'avère nécessaire.
Ces quelques
pensées du jour que
nous
venons
de
voi r ont deux objecti fs
bien différents
(1:?9.1
-
Opt.
Cit,Je
:
MaY'di
15 :'1ars
19:33 -.::t;
le
1er
Sep t e mb re
1 9 8 2 .
-
453 -
- Primo:
La
légitimation du pouvoir et de
la
politique
ainsi
que
des hommes en place.
Secondo
:
Promesse
dl un aveni r mei lleur si
on
reste sage
sans
changer l'ordre établi
ou mieux. si
on
ne
transforme pas
la société existante.
Mais
'à
ces
deux points
precls. s'ajoute un
t ro i s i ème qui
pré pare
les
con sei en ces env ue
de
l a p ri se
de
nouvelles
décisions.
Pour cela nous
allons
regarder
quelques pensées
du
jour à
la
vei lle
des élections-Prési-
dentielle
-
législative ... municipale.
(1980).
Pe ns ée
13
"Les
Ivoiriens
sont assez intelligents pour
ne pas
:zccepter les cris
de haine. Ils ont
~onf:'ar:]e en moi. J'ai confiance en eux"
-
,
, .
Pe ns ée
14
"J e
1'13 p ;:; e
cl ai re me nt u r:e
fa i sen co 1'13,
que
la Cô,;e
d'Ivoi re a choisi
la voie du libé-
raZi.3T:7e
et qu'elle s'y maintiendra.
Devrai-
je repéter,
une fois
encore, qu 'e lZe
n'entend pas
cependant devenir une
foiroe
d'errrpcigne et
laisser le champ
libre aux
'77argoul:ns
de tout acabit ?" (:<~1/.
Pensée
15
"Tant que
le pays
me
fera confiance, et si
ma santé me
le permet,
je resterai à mon
pas te.
:'a Prési de nce de
la Rép ub liq ue
n'est p:zs
une
fin en soi,
mais un moyen
pour 3ervir le peuple".
(132)
( 1';:
-
(1 <' 1 )
-
Opt.'itée :
18-19 Octobre
1979.
(
1 '/ ".
,~
..:. '..
-
Opt.
Citée:
1)
Décembre
1979 .
- 451', -
Ces
trois pensées du jour traduisent bien l'at-
mosphère du moment.
Elles préparent le congrès
du PDCI-
~ D~ (1 e 7e du ge n re ), e t l' 0 pin ion pub 1i que fa i t é t a t de
l'âge avancé d' Houphouët-Boi 9ny pour demeure r e nco re à 1a
Pré,idence de
la République.
Ce faisant il
met l'accent
sur la confiance
réciproque indépendamment de la 1égitima-
ti on sans cesse du pouvoi r.
A parti r de toutes ces pensées dont nous
n'avons énuméré que quinze sur environ deux cents, il
s'agit d'une mobilisation de la masse en vue de la pérenni-
sation de la société capitaliste instaurée par la coloni-
sation et soutenue par la classe dirigeante. Dès lors
on
se trouve en présence de deux situations complémentaires.
- Primo: La classe dominante manipule la niasse
à
travers les mots d'ordre de ce type. Par conséquent la
manipulation dont le corollaire est la domination
est
endogène
car ceux qui
dominent sont des nationaux.
- Secondo :
Depuis l'indépendance de la Côte
d'Ivoire, l'impérialisme n'intervient plus directement.
Cette intervention se fait par contre par personne inter-
Dosée (classe dirigeante interposée).
Dans ces conditions,
on se
trouve en présence d'un impérialisme
relais dans
l ' i nf 1 uen cep 01 i t i q ue .
LA MA~IPULATION
POLITIQUE
Le sous-développement informationnel
a le plus
souvent comme conséquences:
- le parti
unique a démocratie unanimiste
- 1 a r ép re s s ion pol i t i que e t mil i t aire œ 1a mas se
dans
les pays en voie de développement.
- 455 -
L'unipartisme en Afrique a déjà fait l'objet de
multiples études,ici
nous
nous situerons uniquement en
Côte dl Ivoire, et la compréhension de ce phénomène réside
effectivement, non seulement dans
la colonisation
mais
surtout dans l'organisation sociale traditionnelle.
En effet
médecin Africain, par conséquent
éli-
te de la colonisation,
de surcroit chef de canton, le chef
de l'Etat Ivoi ri en ne pouvai t
guère souffri r
au lendemain
de l'indépendance, alun multipartisme contradictoire
qui
lui
aurait été
à maints égards
fatal. Ainsi a-t-il
adopté les caractéristiques de la société traditionnelle
dont il est issu où :
- La gérontocratie nladmet pas la contradiction,
surtout des plus jeunes.
- La société Akan dont il
est issu
est forte-
ment centralisatrice (monarchiste), avons-nous déjà dit,
ainsi. existe une confusion entre le statut du chef de l'Etat
et celui
du Roi.
- La politique libérale d'exploitation des
masses
populaires choisie.
ne pouvait avoir l'adhésion
totale de tous
les citoyens, dloù in;position et discours
1é gi t i mat 0 i re s de 1a cl as s e do mi na nte.
Ces di fférentes concepti ons se superposent à
celles d'un Etat moderne de type Dcci dental en créant un
syncrétisme qui
est le parti
unique dont le corollaire
est l' un an i mi s me
et 1e p ri nci pal
fo nde me nt cul tu re 1 ~ l e
dialogue à
l'ivoirienne qui
consiste à organiser des
- 455 -
réunions
publiques où
n'interviennent que des individus
soigneusement choisis afin que leurs
interventions soient
en adéquation avec le discours officiel.
De fait
ce qu'on
qualifie de dialogue à l'Ivoirienne n'est qu'un monologue
qui
légitime le pouvoir de la classe dominante.
Aborder tout problème dans
le sens
du discours
officiel
constitue incontestablement un signe "d'intelli-
gence" et de
"capacité intellectuelle".
Par Conséquent
tout Ivoirien qui
se veut homme de
valeur doit raisonner
en fonction de
la politique du PDCI-RDA et s'y conforrr.er.
A l'inverse
ceux qui sont animés
d'esprit critique sont
"drogués" de Moscou, "déstabil isateurs" du régime, ennemis
du Il p e IJ p l e"e t
"e n t re te nus par Kha da fi" .
Les mass rr.édia sont chargés d'exécuter cette
basse besogne d'intoxication et d'endoctrinement. Si
ces
f 0 n c t ion s des mas s ni é dia p e r me t te n t à lac las s e dom i na n te
de maintenir la masse dans
l'ignorance, elles ont pour
con s é que nce i né vit ab l e :
- 1 a pas s i vit é
- l e dés i n té re s -
sement à la chose publique,
donc au développecent total
du pays.
Le parti
unique
(PDCI-RDA)
dans sa forme actuelle
est une extraversion politique.
En e ffe t
1e 1i b é ra 1 i s me i mp l i q ue lie nt re p ri se
privée, l'exploitation de l'homme par l'homme, donc diver-
sité d'opinions en fonction des
diverses stratifications,
notamment des
deux classes antagonistes existantes
f
( do min a n te - do m; née) .
1
t
Du point de
vue théorique le parti
unique qui
est l'émanation de la classe dominée, est un produit de la
- 457 -
révolution de 1917 en Russie.
Ce parti
du peuple a une
organisation telle qu'en principe
clest la volonté de la
t
classe ouvrière (dominée) qui est transmise de bas en
haut
et la décision venant de haut vers le bas pour ap-
t
plication.
Ces deux situations exposées
voyons l'anachronisrre
t
du part i
uni que dan sun ré gi me dit cap i ta lis tel i b é ra l .
Malgré l'intoxication de la masse par les mass
c;édia
plusieurs constatations s'imposent.
t
- Le parti
n'est pas celui
de la masse
donc il
t
est étranger et imposé à elle. A l'origine en effet
le
PDCI-RDA
dérivé du syndicat Agricole Africain de 1944 t
est une
réaction de la bourgeoisie autochtone contre le
colonialisme. Ce qui signifie que si
à
un moment donné
i l y a e u con fl i t
d' i nt é rê t s de cl as ses t
une foi s ce t
incident clos
l'alliance était inévitable.
C'est ce qui
t
s ' est p ro dui t.
- Ce parti qui
a donné l'illusion à la masse
d 1 être son é man a t ion ne pOU vait plu s sec 0 upe r de cet t e
dernière d'où l'intoxication
la manipulation
l'extra-
t
t
t
version des faits et son maintien dans le sous-développerrent
informationnel
dans le ghetto de la désinformation poli-
t
t i q ue ch ro ni que.
- On ne peut pas
indéfiniment exploiter une popu-
1
lation
sans que celle-ci
ne réagisse
d'où la répression
t
et sa légitimation.
- En fin
0 n ne
peu t pas vivre dan sun e soc i été
con cu r re ncie l les ans
dé bat con t rad i c toi re
e t don ne r
l'impression au peuple que ce qu'on lui
propose émane de
1 ui .
- 458 -
'loi 1à au tan t de con s t a t at ion s qui
son t à 1'ori gi ne
de l'appropriation des mass média par la classe dominante.
Sur 1e pla n i nte r na t ion a 1
1e cap i ta 1 i s me est
dans
13 p1u;Jart des cas
internationaliste
et dans la
me sure 0 Ù 1e s cap i tau x son t sa" pat ri e Il, 0 n peu t b i e n se
rendre compte que
leur protection est aussi
internationale.
Ai nsi
la Cote dl Ivoi re est
toujours
dans
les
organisations internationales, dans
le camp de l'impérialisme
occidental, même lorsqu'il s'agit de l'Afrique du Sud.
Pour enrayer les contradictions
tmasse-dirigeants),
les autorités politiques ont recours à la répression sys-
tématique de toute vé1éité révolutionnaire,
répression
toujours
légitimée par les mass média
car tout mouvement
contestataire, qu'il soit de gauche ou II neu tre ll est
toujours
attribué à l'Union Soviétique et à Khadafi
,l'Ivoirien
étant
par définition "absurde ll ,
lIincapab1e de
réfléchir
o u de con tes ter Il san sin te r ven t ion e x té rie u re .
- Ré Pre s s ion pol i t i gue :
Un parti
unique non effectivement issu de la
masse et fondé sur l'intoxication,
l'extraversion de l'in-
formation et la manipulation politique est obligé toujours
de
réprimer la masse pour se maintenir.
Cette répression est
." - Culturelle, dans la mesure où on oblige tous
les citoyens à adopter la culture dominante officielle qui
es t
de s urcroi t étrangère.
- 459 -
1
- Economique, car il y a imposition du rapport
de mode de production capitaliste, base culturelle et éco-
nomique des sociétés Occidentales.
- Po1iti~, puisqu'on ne permet pas au citoyen
de choisir le
régime politique en adéquation avec sa classe
sociale et ses opinions spécifiques.
Autrerre'lt dit, la répression est une conséquence
de 1 1 impopu1arité du
régime politique, son refus, qui
se
traduisent malheureusement par la dictature de la classe
do mi na nte.
Les plus féroces
répressions que les dominants
aient exercées sur le pays, après celles
de la colonisation
da t en t de 1a péri 0 de a 11 an t de 1962 à
1966 et de
1970.
1962-1966:
Devant l'inquiétude due à la poussée
des
jeunes cadres intellectuels et universitaires formés
en Europe Occidentale, particulièrement en France aux
1
,
affaires,
une
répression systématique s'abattit sur le
1
pays. Ainsi
plus de cinq cents de ces jeunes furent victi-
i
me s d' une man i pu 1 at ion pol i t i q ue co n du i san t à 1eu r e mp ri -
sonnement dans le village de Yamoussoukro, torturés par
f1
des
me r c é nair es,
1e plu s sou ven tan cie ns I~ a z i s don t 1e but
fut incontestab1emerc le Il lavage
systématique de
cerveau ll •
Si
aujourd'hui
le chef C;e l'Etat semble minimiser cette
1
~
répression prétextant qu' i l
a été trompé, il
faut
reconnaf-
tre l'existence d'une opposition réelle de ces jeunes
1
cadres, anciens membres de la fédération des Etudiants
t'f
d'Afrique ,"loire en France (FEANF)
de tendance ~larxisante
et de l'Union Générale des Etudiants de Côte d'Ivoire en
France (UGECI)
de tendance progressiste et anti-irrpérialiste.
_ ~L'O _
Tous
les mass média demandèrent des exécussions
exemplaires contre ces
"Ennemis du peuple", les
"comploteurs".
Cependant cinq années plJS tard, sans enquête préalable
alors que les
déténus avaient "écrit et signé" Ge leurs
propres mains
des
"aveux"
accablants, le chef de l'Etat
déclara lors
du conseil
'l3tiona1
de
1976 qu'il n'y avait
jamais eu de complot con':re le
chef de l'Etat.
Cependant
les mass média obser'ver.::'·,: un silence complice
alors
qu'il
leur appartenait de relever cette machination ayant
entraîné la perte des vies humaines
(l'Avocat E. Boka).
Lia 1 i é na t ion cul tu re 11 e et l' ut i lis a t ion de s
mass média comme instruments idéologiques
du pouvoir poli-
tique
sont intimement liées et on peut même dire qu'elles
sont comp1émentai res. Dans sa structure actuelle,
la Côte
d'Ivoi re
aliénée
ne peut se développer harmonieusement.
Aussi
ne peut-elle accéder à une indépendance réelle.
Cette indépendFce ne peut exister si - on fait
fi
d'une information
,-èe"e - on
ne se ressource pas dans
la tradition sur le plan culturel. Ce qui
suppose dec; mass
média au service de
la majorité sociologique et réponàant
aux aspirations
de cette dernière.
Sil es 0 b j e ct ifs pol i t i que sne son t pas cl aire -
ment définis avec la participation effective àe la masse.
a 10 r s 1es mas s mé dia ne peu ven t
c 0 mme cie s t 1e cas
aujourd'hui, que véhiculer une information extravertie,
une dés i n for mat ion e t une sou s - cul tu re sou s - dé ve 10 ppan tes
facteurs
du sous-développement économique, social et
cul tu re 1. Mai s l' i n for mat ion ne po s e - t - e l lep as e l l e - mê me
de problèmes?
-
(01
-
CH;\\.~ l TREv
CRITI~UE DE L'INFORMATION.
Nous
venons de montrer diverses
influences
(positives et négatives) des mass média aussi bien en
Côte d'Ivoire qu'en Afrique Noire et la domination des
grandes Agences de presse internationales. Le déséquilibre
entre Nord-Sud en général et pays développés-Afrique
:lo i re est é v i de nt en part i cul i e r - c'e 5 t - Cl - dire d' un
côté i l Y a sur i nfor mat ion e t une i nfor mat ion co mp l è te,
de l'autre:
désinformation, sous-information.
L'analyse de ces deux aspects de l'information nous
permettra de mieux comprendre le sens
réel
des mass ·média
avant d'aborder la seconde partie qui
nous
fera
découvrir
comment la population Ivoirienne est influencée par les
messages en provenance de l'extérieur
et comment ces
messages sont intériorisés ou rejetés.
Nous avons par ailleurs défini l'information à
grande échelle
mais sans avoir expl iqué réellement les
notions d'information,
de communication, de transmission
qui
posent de problème de compréhension.
Enef f e t o n peu t
di r e qu' i l Y a i nfor ma t ion
lorsqu'il y a un message produit, transmis et compris par
un des tinatai re sans que cel ui -ci
donne
nécessai rement
une réponse- Alors .que la communication impl ique une
émissTon et réponse d'une manière générale, par conséquent
il
existe dans ce cas
un IIfeed-back ll •
Du point de vue conceptuel
donc, une information
peut déboucher sur une réponse, mais c'est là un cas'
particulier. L'information peut alors ëtre confondue avec
les média, c'est-à-di re les supports matériels
conti ngents
qui
véhiculent actuellement les messages, comme le
souligne Blaise Lempen -
(133). On l'a vu, les media
sont le produit d'un contexte technologique, économique,
culturel et politique temporaire alors que le phénomène
de l'information est permanent et plus général. Dès
lors
il est indépendant des supports matériels qui
le
véhiculent. Si nous prenons l'exemple d'un concert de
musique, celui-ci est pOt"teur de nombreuses inforr:1ations
en termes de langage musical, mais est-ce pour autant
que l'orchestre est considéré comme un media? La
mus i que l' est, mai spa s l' 0 r che s t re. A par tir de cet te
constatation, ne peut-on pas dire que l'information
o père une s é l ec t ion ?
1. - L'information opère une sélection
Selon Lempen
"La pPise de conscience -1
:-:!q:<el?,g
1
, .
f
.
, ,
1-
-z..n ormat-z..on prOC2C:6
.>~
~:'_-A:
.;:-.~'!'
"
to ta lit é
àu ré el.
s~ --,", 'c
'.~ ;'_' ',' : 0: ,
elle serait àépour:J:A.2
.:,,; .;.,,;r:d,
~' ~!·;pùl't;ù.nt
et
l'accessoire
le duraD~e et l.'éphémère
l
y
étant inàistinctement :'"'.êlés. (1 .. ;
Le journaliste est avant tout
un homme doté
de ses opinions: pol itique, rel igieuse, idéologique etc ...
qui orientent le plus souvent le sens de son information.
Dans le cas de la COte d'Ivoire ou de la plupart des pays
Africains, le journaliste épouse par contrainte l' idéolo-
gi e du par t i uni que san s y c ro ire lep lus sou ven t - 0 n
(~.::~~) - LEMPEN Blaise: Information et pouvoir: p. 34.
Ed .
l ' Age d' Homm e La 'A. san n e 1 9 8 0 .
- 463 -
le voit souvent dans les conversations privées avec
des jou rnal i s tes qui
affi rme nt
ne pas êt re d' acco rd t
mais ils sont obligés d'écrire certains articles pour
avoi r un sal ai re - cependant il faut consi dérer ce cas
comme particulier à l'Afrique.
Enef f e t
l 1 i nf 0 rm a t ion é car tel e plu s sou ven t
certains faits
met en valeur d'autres
compose une
t
t
valeur particulière de la réalité, ne prend en compte
ou en considération que la part de la réalité qui
néces-
site u n p ro ces sus de mis e e n co mmu net don t les ys t ème
pol itique accepte l'émergence.
Au niveau des récepteurs de l'information exis-
tent plusieurs problèmes
notamment:
linguistiques et
culturels et la sélection s'opère justement à ce niveau.
L 1 i nf 0 rm at ion
mê mes i e l l e est l a mê meau de par t de
l'informateur,
elle est différente à la réception et
fonction du degré de culturalité des individus.
Exemple
"les ouvriers Français de l'usine Renault sont en grève".
Pour comprendre le sen.i de cette information il
faut
savoir:
le sens d'une grève-
- l a portée d'une grève-
- pourquoi
cette grève etc ....
Or pour se poser ces questions
le bagage intellectuel
doit déjà dépasser la moyenne
si on situe la moyenne
au niveau du certificat d'études primaires. Si on ne
comprend pas le Français
le problème ne se pose même
pas puisqu'il s'agit d'un dialoglJe de sourds. Mais il
faut nuancer. Que veut-on susciter chez le récepteur?
Il Y a deux réponses :
- c+G4 -
1 - 0 n i nf 0 rm e pou r que l' i ndiv i dus a che
simplement qu'en France il y a des grèves
très souvent.
La réaction est que les Français ne sont pas disciplinés.
Au 1 i e u de t r av ai 1 1e r, ils se que re 11 e nt.
C' est 1 a
récupération politique dans laquelle s'inscrit la large
l1ajorité de la population.
2 - On informe pour que
l'individu, après avoir
intériorisé l'information, l'analyse et modifie son
comportement, ses prises de position- C'est
nous
sem b 1e - t - i 1 1e v rai
sen s de 1 1 i nf 0 rm a t ion. Mai s i l y a
e ncore
ré cu pé rat ion pol i t i que. 0 n dit dan s ce cas
" no us
nia von spa s 1es mê mes p ro b 1ème s que 1es Fra nç ais". Quo i
qui i 1 e n soi t
1 a di f f é r e n ce qui
s' 0 père est t 0 u j 0 urs
récupérée.
Examinons le cas sui V1 nt:
2. - La surinformation
Incontestablement
les pays développés sont
surinformés.
(Voir le tableau suivant)
:
En effet
si
nous considérons
les messages qui
sont adressés aux ressortissants des pays développés
on
co ns ta te ~ue cette i nformat ion est 1i ée à 1eur stade de déve la p-
pement dans 1 a mesure où ils possèdent tous les moyens
sophistiqués médiatiques.
, r: r
-
'1 l ) )
-
Ta b 1eau
40
élévision
chai nes
ou stations
" - - - . - - - - - - - - - 6 - - - - - - - - - - - - - - - _ _ . - - - - - -
_
Canada
fonctionnent généralement
70
24 h/24 h •
rEtats-UniS
715
l1énéralement fonctionne
/
J 24 heures sur 24 heures.
1 - - - - - - - - - - -
l - - - - - - - -
Fra nce
5
fonctionnent jusqu'à
2 heures.
Tableau
41
Radio
Stations
Ca n a_d_a
1
Pri vées: 300 s ta t ion s
l
I---_E_t_a_t_s_-_u_n_i_s_ _
5 • 878 .
Ta b 1eau
42
En Côte d'Ivoire
Tél év i s ion
1 chaine
1 seconde chaine- ne fonctionnantl')as tous
les jours
Radio
2 chai nes
'lationale
- internationale
- 466 -
C'est-à-dire que les informations excèdent l'utile,
le nécessaire. Cette situation engendre plusieurs incon-
venients :
- Plus les gens consacrent de temps aux mass
média (à la lecture de la presse, à l'audition des émissions
radiophoniques et à l'assistance à celles de la télévision,
moins ils disposent de loisirs pour converser avec leurs
p ro che s ).
Ile sté" ide n t qu' 0 n se r et," 0 uvee n pré sen ce
d'une incommunication au niveau de la famille et des
p ro che s, un r e pli
co nt i nue l sur soi
0 ub li", nt
les au t r es.
La surinformation provient de ce que les mass
média déversent sur nous ou nous parlent quotidiennement
d'un grand nombre d'évènements et de faits le plus souvent
de nature différente. C'est-à-dire
des doses d'informa-
tions politique, culturelle,
économique, sportive et relatives
aux faits
divers. C'est d'ailleurs sur cette position que
s ' est a l i g née l a p re s s e é cri te.
Le destinatai re écoute, lit ou regarde-t-i l les
mêmes émissions?
D'une manière générale
le récepteur
de toutes ces informations sélectionne les sujets qui
l'intéressent. En fonction du niveau culturel et d'intérêt
parfois professionnnel, éthique etc ... l'auditeur ou le
téléspectateur écoutera ou regardera telle ou telle émission.
Ce qui signifie que
malgré l'abondance des informations, un
c" 0 i x s' 0 Pé re ra.
Mai s cet te ab 0 ndan cede s t i mu l i
dés 0 rie nt e l ' i ndiv i due t con t re les que l s l 1 i ndiv i du
parvient mal à se défendre.
Cependant la surinformation Gl.:i fait la "joie"
des pays développés
ne consiste pas dans la détention par
chacun de connaissances excessives nécessairement. Mais
- ~57 -
l'excès peut-il exister en matière de connaissance? Le
p ro b l ème n' est don c pas l a p l é t h0 re d' i nfor mat ion 5 (2,; ue.:i ,
mais comment arriver à progresser
correctement sur la
voie de
la connaissance. Exemples:
Comment un ouvrier moyennement scolarisé peut-i l
comprendre les évènements qui
se produisent à Abidjan, à
Ouagadougou, à Libreville, à r~exico ... alors que sa culture
géographique ne lui
per~et pas de situer tous ces pays
e t
t 0 u tes ces vil les ? Ces i nf 0 rm a t ion s d é r 0 u te n t plu s
qu'elles n'enseignent, elles suscitent le déploiement
d ' uni magi naire plu s qu' e l les nef a v0 ris e nt las ais i e du
monde réel. Apparemment donc
elles sont égalitarisantes
mais en réalité
elles augmentent la distance séparant
lep ubl i c pré a l ab lem e n tin f 0 rm é de cel ui qui
ne l' est
pas, c' est - à - dire les i ns t ru i t s e t les no n i ns t r ui t s .
Cependant nous pouvons être d'accord avec Denis Huisman
pou r dire que :
11 L Cl
8 ~(t·-~ -.~ ..-.. ) !'}~ at i 0 rz
; ! ' ...!~; r;
,} f.~.t--;.z t;~
} >. ,~'
Dot.?- ;, ~ :_~ -; ~- . ~..
A _en .J .,::' ._~.j ,! / ;' Î: ~ -) (] ,_~ ~~
~ ~
4'
eeluii"",
~'affeeti/~ elle enuor:;jf'.':;
"l'oràinateur pSYèhique"~ l'inhi[e
inte:l,J::::uellement et
détermine S':l
dé ri 1) e :3:< 1" l' i magi "1 :i re ".
(1 ,: ,c:
La suri nformation n'est donc pas l'idéal
mais
elle permet une variété d'informations profitables à ce ux
qui sont mieux lotis intellectuellement.
~'~~communication
PP.
89-90
::'-i. ~~br'<lil'ie P;zilosophiq:<t9 •...
ïrein
.;~ pZaee de
la Sorbonne Par"':s
1985.
- 408 -
3. - La sous-information et la désinformation
a) Sous-information
Nous entendons par sous-information, l'insuffisance notoi-
re volontaire ou involontaire d'information. En d'autres termes ce
qui se produit dans les pays en voie de développement d'Afrique Noire
où l'information constitue une denrée rare.
Si la surinformation représente des aspects négatifs, la
désinformation accentue le sous-développement intellectuel et culturel.
D'un coté il y a incommunication parce que le récepteur est accaparé
par la pléthore d'informations, de l'autre il y a aussi incommunica~
tion parce que l'individu, sous-informé n'a rien A dire, A communi-
quer. Aussi va-t-i1 s'accrocher aux faits divers et médisances ou au-
tres informations diverses non contrôlables qui lui permettent de
s'exprimer. Cette médiocrité et la rareté de l'information seront in-
contestablement génératrices de sous-développement culturel. Au fond
comment peut-on se développer et se hisser au niveau supérieur de la
culture si on ignore le nécessaire, le minimum? Cependant
l'avantage
de cette sous-information réside incontestablement dans la stabilité
politique, la "paix" sociale dans la mesure où la grande majorité de
la population vit dans l'ignorance de ses droits et devoirs. Mais c'-
est aussi la négation des droits de 1'homme définis par l'O.N.U. et
l'UNESCO - bien que tous les pays indépendants d'Afrique
Noire aient souscrit à la charte de ces organisations in-
ternationales. Et comme le souligne Vo1koff ~~adimir
"Partieuli~renent effieaaes dans cet asser-
vissement des esprits,
les journaux, d'a~
tant plus redoutables qu'ils "ont toutes
les apparences de la bonne foi et de l'ob-
j e e t i vit é" (1:3~').
Volkoff VLADIMIR : ~a désinformation. Ar~e de
guerre.
Ed.
Julliard/l'Age d'homme Paris 1986.
- 469 -
b)
Désinformation
Il s'agit ici d'une information non objective
teintée d'une idéologie particulière. Le plus souvent
celle de la classe dominante dans le cas de l'Afrique
Noire où le débat contradictoire est inexistant. t~ais
pourquoi cette désinformation?
El lep eut sep rés en ter sou s dive r ses f 0 rm e s
mai s no us nie n re t i end r 0 ns que ci nq as pe c t s :
- D'abord les motivations de la désinformation
La première motivation est incontestablement
la crainte. Il s'agit de tout mettre en oeuvre pour neu-
traliser les informations en provenance d'ailleurs, c1est-
à - di r e cel les qui
é cha ppen t à l a p re S sen a t ion ale
.
- [lest la peur non seulement de déplaire à
la
classe dirigeante, mais aussi de ne pas rélater certaines
réalités sur le pays; ce qui
pourrait mettre en périle
l'existence d'un
équilibre métastable existant.
- Les idéologies et les
pal-tisaneries étroites
P,J US S e Il tau s s i à lad ésin f 0 rm a t ion -
Selon Joseph Folliet
"La motivation la D~:tS ']:lrieuse du mensc>nge,
c ' est l a fa b u lat ion à L:l que U e do n ne n t
lie u
certaines affaires rétentissantes ou
certaines brandes crises.
Chez quelques-uns,
elle es t
cyniquement consciente et s'appa-
rente à la mystification;
r1
- 470 -
relati~e~ent sincère pour d'autres, eZZe provient de
la l4g~retd ; elle peut itre aussi pZeine~ent incons-
ciente" (137).
":;-':;:.3 :g thème de ~, infoT'.'"'1Qtion spectacle, la mise en
3~€ne l'eMPorte sur la réalité, le vrai se conforme
d des T'€gles
fausses".
(138)
Cette désinformation représente une variété politique de la
mystification. En Côte d' Ivoire, elle constitue en des tournées d'hommes
politiques, tournées au cours desquelles on tente vaine~ent d'expliquer à
l'Ivoirien qu'il est le plus heureux d'Afrique. On !Jeut dire que 1 'habi-
tant de ce pays
favorisé par la nature
a beaucoup moins de problèmes
socio-économiques, c'est vrai. Mais
c'est qu'il est loin d'être ce qu'il
devrait être. C'est-à-dire que le fossé entre lui et la classe diri~eante
est très grand
à un point tel qu'il se demande s'il n'y a pas deux mon-
des Clui se côtoient dans le pays: "Les surdéveloppés et les sous-déve-
loppés" ; ceux qui conSOrmlent de l'eau minérale (Evian) et ceux Qui
s'abreuvent dans les rivières polluées si elles ne sont oas taries.
La désinformation joyeuse n'est que la conséquence d'une do-
mination endogène et dont le but est de légitimer la classe dominante.
Ainsi permet-elle à l'Ivoirien moyen d'oublier ou de combattre même
la
lutte de classe en faisant coïncider ses intérêts avec ceux de la classe
dirigeante.
En effet
au moment où le kilogramme de cacao coûtait
2.000F
CFA (40 F Français) sur le marché mondial, le planteur ne percevait que
200 F (4 F le kilogramme), aujourd'hui une campagne violente est menée
contre les pays développés après l'effondrement du prix de cette matière
première. Ainsi l'Ivoirien pense que son malheur vient des pays dévelop-
pés alors que c'est la classe diri~eante qui est son véritable bourreau.
Elle tend
d'une manière générale à servir un homme, une po-
litique, une collectivité ou une idéologie.
(13? ; -
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'1::'7'
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J 1
t:ùn. p. :2C'; - :-i. ~'h.ronique Sociale de Fronce - 327 p. - 1964.
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[J":(:~' :-0 .::.'4~.\\./:'-:1·.~ _.... : .:' J~!at~fes ..:-,:.z:(sses ';Vi(.:'2":L"es .! ?a téZévision.
'.
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:~:? '.bi
!~J,7 : -
..,~
- 1171
-
Elle s'opère par le silence, par omission,
ces deux él éments constituant une certaine forme de
communication comme nous l'avons vu dans
le milieu tradi-
tionnel. Elle s'opère
•
aussi
par le "bourrage de crâne"
\\
pendant les périodes
de crise politique ou le plus souvent
on polarise la masse sur des faits
divers ou sportifs.
En Côte d'Ivoire on organise le plus souvent des
rencontres
de "boxe ou de foot-b1ll "3'/t:'C ~ntrées gratui tes 'bffertes"
par le Chef de
l'Etat, ainsi
les problèmes politiques
posés sont évacués, l a masse omni bul ée par ces rencontres
sporti ves.
e)- Désinformation pernicieuse
--------------------------
Elle lance généralement des
flèches
de tout bois,
colmate tous
les bruits
divers sans vérification, llessen-
tiel
étant de nuire à l'adversaire, c1est-à-dire qu'elle
a généralement pour but le règlement de compte. Ainsi
lo'rs-
qu'on veut ~vincer
un homme politique, ceux qui
sont
p ro che s duc h e f
de l' Et at ses e r ven t de cet t e dés i nfor ma -
tion pernicieuse.
Exe mp l e :
EnI 985, six mo i s a van t les é l e ct ion s
en vue du
renouvell ement des di fférentes i ns ti tutions du
pays, la presse Ivoi ri enne s' acha rna contre une personnalité
de premier plan:
le Secrétaire Général
de la Section du
Parti et Deputé-Maire de la ville dlAbidjan. Ce dernier
fut contrai nt de fui r le pays
et après l es élections, il
rentra en Côte-d'Ivoire
en compagnie du chef de l'Etat
t ro i s moi sap r è s ces é l e c t ion s.
Et
jus qu' à présen tau cune
explication n'a été donnée au sujet de cette personnalité
qua l i fié e
j a dis
de" ban dit des gr and s che min s, es c ro c
notoire etc ... ". Le silence qui
constitue une information
permet aujourd'hui
à
chaque Ivoi rien de conclure qu'il
s'agit d'un règlement de compte.
-
472
-
4.
- L'aliénation
du destinataire
Le fait de faire passer une information d'une
source à un des ti natai re pose toujours probl ème,
notamment
celui
d'adoption sans lequel
le sujet à 1nformer demeure
incompris et sans incidence réelle. Mais cette informa-
tion doit tenir compte du niveau cultlJrel
des deux points:
dép a rt (A) e t
arr i vé e (B). Cep end a nt
dan s l e cas qui
nous
concerne, le destinaL1ire B ,=st considéré, non comme
la finalité du Drocessus de l'information, mais comme
un intermédiaire par lequel
il
est possible d'impo~er un
message et de
le fai re passer dans une soci été donnée
(l'A f r i que ) .
Le destinataire
ne participe plus activement au processus,
il
disparaît en tant qu'élément autonome et essentiel
de
cep ro ces sus. Lare lat ion d' i nf 0 rm a t ion est de ce fa i t
faussée.
Dans ces conditions
il subit une aliénation.
Dans l'organisation sociale, si
l'individu n'est
pas habitué à jouer un rôle actif et à être consultè, à
par tic i p e r co mm e c' est l e cas lep lus sou ven t,
l' a lié na t ion
est bien supportée. L'information et surtout son rapport
avec elle
sont quelque chose de nouveau, quelque chose
aux poss ibi lités cachées. L'a li énation es t de pl us
a c cep t ée par ce que l' i ndiv i du i gn0 re que
l' i nfor mat ion
pourrait donner lieu à une véritable communication.
(feed-back).
L'individu attend malheureusement du système
d'information, d'abord une information, ensuite une évasion,
un divertissement, un spectacle, et tout ceci
lui
donne
l'impression de tout savoir alors qu'en fait
il
ne sait
ri en.
- 473 -
Et co mme les 0 ul i 9 ne Le mp en
"L'infor'mat1~)n ,l~ ''71,:;.;e rz',; i.e massif
q'!A.e
l'il:-.!t~
.~.? ,_l'J;:'';}~'''''·';r::"--),,.
_~::Ja
r?7e33age3.
E~~e e.jf-;, ;Jlf'
z'--
-<l'J,),
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(j'un p~~it ':"Jre~~ _~.;; P!1')j·-:::.Jd1~Onne~3 SUi~
lequel
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;:i' '1 :L:: ?:':{ '.JO i rs
p 0 ~ i r; iq ue
~ ~ .; '~:J Ylc.) rr;1~ 7.._~ 0.3 f' .
Plus loi n 11 auteur poursui t
"Le sys tème
de
l'information ne
fonctionne
q:œ si
les
indivii:A.:Ut4s sont niées
en
tant que teLles,
que s ' i l est fait abstrac-
tion de
leurs
traits spécifiques; dans
C8S
conditions,
le r-:essage standardisé
peut avoir l'incidenee requise pour
r8nto:biZiser ~e sifs<;;ème,
cal' Za personnalité
-.:.' 8
: h l Cl 'A. 0:~ ". (1 ~ ') i â:{
;1 ' ~: t; -: ~ 1' :' i 2 nt pas pou r
':~ ·~:o.~'iI'7~';!.'J ~,_
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ou moin.s profcn1de 32L:Jn
~a plus ou
"'7oins
grande ,.!ohésion so.!i·ûe ou la plèts
OCt
rr,oins
grande in:fgra;;io'1. de
l'individu
.:
! I~l
l}O L l e (~ ti ~,'1~ ~ ,_~ " •
on peu t don c con cl u re que l 1 ; nfor mat ion f 0 nc-
tionne parce qu'il
nly a pas communication, parce qu'au
sei n de lare lat ion dl i nfor ma t ion, l e de s tin a ta i re se
trouve dans une situation de sujétion.
( 1 .5 ;,') -
LEMP EN :
:3.
Op t .
(.]it.Je p.
3 ~ .
( ? l!))
- lb i d
p •
- ~74 -
A partir de tout ce que
nous
venons
de voir,
une v é rit a b l e i n f 0 rm a t ion peu t - e l l e e x i ste r
?
5.
- Pou r une
i nf 0 rm a t ion v é rit a b l e
Une telle
information doit être objective
mais
là se
pose encore
un problème
car l'objectivité est aujour-
d'hui
fonction
des
vues
cjes
différents
groupes, donc
entachée d'idéologie partisane.
L'objectivité est alors
soumise à
l'esprits
dans
ces
conditions elle devient
vérité.
Or la
vérité du point de vue scientifique part
des
hypothèses
qui
sont ensuite vérifiées.
Peut-on alors
transposer cette vérité sur le plan de l'information?
Ce qu'on peut et doit
réclamer de
l'informateur
c'est la
véracité des
faits,
qu'il
n'affirme
rien de faux
et ne présente
rien de douteux
comme certain s il
doit
évi ter de
fai re
interférer des
convi ctions
propres ou son
idéologie sur l'information.
Ce qu'on
demande donc aux
mass
média
c'est leur impartialité qui
est en fait diffi-
cile
mais
vers
laquelle il
faudrait pourtant tendre.
On pourrait
er;visager une objectivité qui
consiste
à
livrer des
informations
brutes s séparées de leur contexte
où
tout est mis sur le même plans
sans ordre et hiérarchie
-
ce serai t
l' idéal
mais
cette
neutral i té de façade
recouvre
généralement des
intérêts
commerciaux ou visées
politiques.
Face à ces
difficultés
comment concevoir la
rœilleure
infonnation?
C'est celle qui
livre au publ ic ou plus
concrète-
ment aux divers
publics
le plus
de vérité
(véracité)
possible
t>-~ PJ éAivf
,
C',.
x:,.• ~.,,\\
." /~
'\\'''7~\\
ACADEMIE DE PARIS
'.• (-~ ~~.
..
\\
.
,
,,"
0
UNIVERSITE RENE DESCARTES<,lir'mentSÙ9io" .
SCIENCES HUMAINES PARIS V· SOR80NN'~
MASS MEDIA ET IMPERIALISME
.
CUL1~UREL EN AFRIQUE NOIRE:
CAS
~
~
DE LA RADIO ET DE LA TELEVISION
EN COTE D'IVOIRE.
TOME II
/)irc('(cur cie ("~.'ie
Présentée et soutenue par:
~
I.e Profcsscur Lê THANII KIIO[
. Monsieur GNEBA Akpalé Jacob
19A'
- 476 -
TOM E II
- 477 -
DEUXIEME
PARTIE
INFLUENCE DES
MASS
MEDIA
SUR
LA
POPULATION
- 478 -
CHAPITRE VI
PROGRAMME DES EMISSIONS ET INFORMATIONS
. ~...'
•
- 479 -
A-
RADIO
1 -
La grille des programmes
2 -
Contenu des emissions
Contenu dl une émission hebdomadai re
3 -
Fonction de llinformation
4 -
Les thèmes
5
Les avis et communiqués
6 -
Les sports
7
Les magazines des jeunes
8 -
Emissions d'éducation
9 -
Emissions chrétiennes et rr.usulmanes
10 -
Emissions didactiques
I l -
Emis s ion s de dis t ra ct ion
12 -
Destinatai res des émissions
Les publics
- Langages.
13 -
Les thèmes et leur impact culturel
a)
Economiques
- L' a grie u1 t u re
- L'épargne
- Les i n ve s t i s seme nt s soc i a ux
- Le to u ri s me
- Led é ve 10 PPe me nt ré gion al
et des villases.
b) Politiques
- Actions dlHouphouët-Boigny
- Le PDCI-RDA
- Le Préfet ou le Sous-Préfet
- Comment affronter la conjoncture?
- Le service public.
c) Socio-culturels
- Education et formation
- Le nouvel Ivoirien
- La femme
- L'homme
- Hygiène et Santé
- Nouvelle famille Ivoirienne
- Mariage; divorce; famille
moderne.
- Jeunesse, exode rural
- Histoire des peuples des
régions
- Le sport.
d) Finalités de llinformation
- Cul turelle
- Educative
- Politique.
A.I. - LA GRILLE DE PROGRAMME:
(Du 4 Au 11 Juillet 1983)
Pour des raisons méthodologiques, nous n'analyse-
rons que le contenu d'une semaine d'émissions radio: la
semaine du lundi 4 juillet au dimanche 10 juillet 1983.
1
Pendant cette semaine, nous a·vons enregistré toutes
les émissions de 6 h 00 à Oh 00, ce qui nous a permis de
chronometrer et d'analyser le contenu.
1.1. - Information
Temps d'antenne hebdomadaire
Matin
de 6 h à 12h
Soir
de 12 h à 24 h - Mais de 1S h OS à 19 h , les
deux chaînes fonctionnent parallèlement.
Soit: 210 heures/semaine d'émissions
- 1h 3S I /Jour
-
9 H 55 / Semaine
5h 32 1 /sema ine
2,52 %
25 1 /jour
175 1 / sema i ne .... 1,43 %
Lundi
3D'
Samedi
30 1
Dimanche·
3 heures
4h/sema i ne
1,90 %
- Publ icité
---------
6h 51/semaine
3,28 %
Les informations peuvent être classées en deux
groupes
- Information du jour (journal parlé)
- Avis et communiqués; Radio-messages; sports;
publicité, qui représentent une information non systématisée.
Si nous considérons ces deux types d'information,
le temps d'antenne représente: 26 h OS'
12,38 %
Cependant
il existe des informations en langues
nationales et Anglaises.
Langues Nationales: - 4h/jour
- 24 h/semaine (cette émission n'ayant
pas lieu le dimanche).
Soit
11,42 ~
L'Anglais
occupe un temps d'antenne hebdomadaire de
5h 06 1 • Soit: 2,38 %.
1.2. - Emissions éducatives
On peut également classer ces émissions en deux
groupes
a) Celles destinées à la population urbaine.
- D'une manière générale
- Destinées aux femmes du milieu urbain.
b) Celles destinées exclusivement aux ruraux en langues
nationales.
- 483 -
Cette émission comprend, du lundi au vendredi
- Histoire et tradition
- Lettre du jour
- Appel dans un service
- Une page de langue
- Autoportrait.
Samedi: Connaissance de la Côte dlIvoire
soi t un t el ps d 1 antenne he bdom a dair e de 3h 38 1 •••• 1, 66 %
Economiques et sociales
- Dites nous Docteur
- Le métier du jour
Temps hebdomadaire d'antenne:
h
3
20
1,52 %
Exclusivement féminines
- Entre nous Mesdames
- La récette du jour
Temps hebdomadaire d1antenne : 65 1
0,47 c;
- La coupe nationale du progrès:
h
1
30'
•••••.••.•.......
1,71
~&
- Connais-tu mon beau pays?
Cette émission a lieu trois fois par semaine
du lundi au mercredi et couvre un temps hebdomadaire
- 484 -
d'antenne
2h 52 1 soit
1,38 c;.
1.3. - Emissions musicales
Du lundi à vendredi
Réveillez-vous en musique
- Discothèque Ivoirienne
- Ce que dit la chanson Ivoirienne
- Zénith
- A la table de Zénith
- Disque de l'auditeur
- Chanson pour enfants
Jazz en 1 iberté
Samedi
- Bon week-end
Harmonies, douceur de vivre
- Top Ivoire Hit Parade
- Antenne soir
- Le bal de la radio
Dimanche
- Gai dimanche
- Le super disque
- Le club du dimanche
- Sports et dimanche en Côte dlIvoire
Le temps d'antenne consacré à la musique repr~
sente: 24 h 12' soit: 11,42 %
- 485 -
1.4. - Magazines
Temps d'antenne hebdomadaire
3h ••••••••• 1,42%
1.5. - Emissions religieuses
- Musulmane: Jeudi
soit .... 0,23
1.6. - Chrétiennes
Dimanche: - Catholique: 6h 30 à 7h 00 = 3D'
Acclamez le Seigneur soit: 0,39 %
Protestante
8 h 30 à 9 h 00 = 3D'
Dieu est avec nous soit: 0,30
%
Temps d'antenne total est de : 1h 30 1 •
1.7. - Emissions sportives
Du lundi à dimanche
4h 58 1 •••••••••••••• 2,38%
Les Autres émissions
Ces diverses émissions représentent un temps
dlantenne hebdomadaire de 26 h 00
12,38 %.
A.II - LES EMISSIONS
On peut classer ces émissions en trois groupes
l - Information
II - Education
III - Distraction.
-,-- -- --' . ..:... .....:..
. --
-
-.
_o.
- 486 -
Cependant
on a voulu donner à chaque soir de la
semaine
sa spécificité.
Ainsi
la soirée du lundi est consacrée au sport
- la soirée du mardi réservée à 1 1 hi s to ire
- la soirée du mercredi · littéraire et
·
policière
1a soirée du jeudi .. religieuse et musi-
cale.
- 1a soirée du vendredi · meilleure con-
· na i ssance du pays
- la soirée du samedi: sportive
- la soirée du dimanche
religieuse et de
vériété.
II.1. - Information
Cette émission comprend :
l'information gene-
ra1e proprement dite, les magazines, les avis et communiqués,
les documentaires.
L'information peut donc être classée, comme on
vient de le voir en quatre sous-groupes; mais nous élimi-
nerons celle relative aux avis et communiqués axée sur la
nécrologie, les avis de pertes et divers, car leur contenu
n'implique pas un impérialisme culturel. Il reste donc
trois types d'information.
II.2. - Information Générale
Elle comprend:
- L'information sur l'Afrique (Pays membres de
l'O.U.A.)
1
',.4 '~.
_
_'
- 487 -
- Moyen-Orient, en particulier le Liban et
Israël, Iran-Irak.
Europe : Est et Ouest moins la France
- France
- Côte d'Ivoire.
a) b~~frig~~ : (pays membres de l'O.U.A.)
Pour la semaine choisie, le Tchad domine l'ac-
tualité Africaine.
- Pour aider les troupes d'Hissène Habré: 250
militaires Zaïrois au secours des Forces gouvernementales.
- Teh a d- Ni gé ria : Lee 0 nf 1i t f r 0 nta 1i e r est reg1é.
- L'Egypte accroît son aide militaire aux FANT.
- L'armée nationale met l'accent sur la défense
des régions-Est.
- De violents combats se déroulent au Nord-Est.
- Les combats continuent au Nord-Est du pays
- Sauver le Tchad
- La contre-offensive des FANT a commencé.
- Les FANT auraient repris l'initiative des com-
bats à Oum Chalouba.
Le conflit Tchadien pose en clair la problémati-
que de l'existence des Etats Africains anciennes colonies
Françaises.
Il nlest plus besoin de rappeler les frontières
arbitraires léguées par la colonisation, les rivalités
ethniques ravivées par l'ancienne puissance en fonction de
ses intérêts.
f
- 188
-
Mais une fois de plus
la Côte d'Ivoire qui
n'échappe pas à cette situation
pre nd po s i t ion en f 0 net i on
de l'Occident, en particulier de la France dans cette
guerre civile du Tchad.
Notre but n'est pas d'apprécier la position
Française qui est aussi celle de la Côte d'Ivoire, mais de
montrer effectivement que l'idéologie Occidentale a tou-
jours été celle véhiculée par les mass média Ivoiriens.
Aussi la radio
ainsi que les autres média soulignent-ils
avec fo rce :
"Les combats font rage au Tchad.
L'intégri-
té territoriale de cette ancienne colonie
Française d'Afrique Equatoriale est une
fois de plus menacée.
Paris conscient de
la gravité de la situa-
tion a décidé de fournir des armes au
gouvernement légal de N'Djamena mais se
refuse à intervenir directement dans ce
conf?,i t" .
Intervention qui ne tardera pas
puisque, un mois plus tard,
la France envoya au Tchad ses légionnaires et autres spé-
cialistes des guerres coloniales. Plus loin
l'information
continue:
"Si les pays épris de paix et de justice
ont salué le soutien logistique que Paris
accorde à N'Djamena,
ils ne comprennent
pas que
la France accepte de courir le
risGue de voir ce matériel tomber aux mains
des "rebelles qui ne se battent que pour
ass~rer la partition du Tchad.
La France pour sauver le Tchad doit aller
jusqu'au bout de son soutien à Hissène
Habré qui pose les vrais problèmes de ce
pays à savoir l'intégrité territoriale,
l'unité Nationale et la prospérité pour
- 489 -
tout ~e pays ... "
U41J.
Le Tchad fait partie des pays singulièrement
pauvres du Tiers-Monde et qui assure difficilement le
salaire de ses fonctionnaires, un pays qui cannait la fami-
ne, mais qui reçoit
à la place des céréales, des canons et
des munitions pour que le Tchadien tue le Tchadien. Clest
s~"s doute un nouvel humanisme, mais qui ressemble aux
pratiques de l'impérialisme.
En réalité· la position de la Cate d'Ivoire qui
nlest pas insolite en Matière de politique étgranqère,
obéit bien au rapport impérialiste où le centre de la
périphérie et le centre du centre ont les m~mes intérêts.
Ici
les intérêts sont les suivants:
- Pour la France
il s'agit de conserver son
empire colonial de jadis, la Francophonie qui nlest autre
qu1un impérialisme culturel.
- Quant à la Côte d'Ivoire et aux autres pays
dits libéraux ou modérés
le oarapluie Français est néces-
saire au maintien du statu quo qui n'est autre que la sur-
vie de la culture Française et des intérêts Occidentaux en
Afrique.
Ainsi choisira-t-on entre deux responsables
politiques Africains, celui qui est apte à défendre la cul-
ture et ies intérêts Occidentaux, situation que vit le
T~had où Hissène Habré, ancien étudiant en droit à
l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonnne, semble par rapport
à Goukouni Weddeye de formation Arabe,
le meilleur garant
de la présence Française au Tchad .
. --:~
- Radio-Té~évision et :,resse écrite du 7 Jui!:et 1983.
- 490
-
Ainsi Hissène Habré bénéficiant de l'aide Occi-
dentale, c'est "normal", car cette aide est un devoir et
droit impérial iste faisant suite aux accords de coopéra-
tion.
Cependant
le fait que Goukouni Weddeye ait
sollicité l'aide de la Lybie est une anormalité, c'est ce
qui est qualifié d'intérvention de puissance étrangère, ce
qui signifie en clair que la présence Française en parti-
culier au Tchad et en général dans les anciennes colonies
semble normale. Clest dire que, dans la logique de
l'impérialisme culturel Français, le partage du Tiers-Monde
entre puissances, l laide d'une nation autre que l'occident
en Afrique Francophone
devient une immiscion dans les
affaires intérieures du pays. La Lybie ayant une frontière
commune avec le Tchad
bien qu'Arabe est un membre de
l'organisation de l IUnité Africaine
alors que la France,
membre de l'OTAN et de la CEE, située de surcroît en
Europe, devrait être
pour notre part, considérée comme
étrangère par rapport à llAfrirjue. C'est là une position
purement naive, mais qui permet de s'interroger sur
l'idéologie impérialiste avec son cortège d'injustice et
d'" a l log i s me Il •
Les autres pays Africains
- Afrique Australe
Au cours de la semaine
on a parlé de l'Afrique
Australe deux fois.
- Le lundi 4 et le samedi 9 au 10 juil-
let 1983.
"Nouvelles menaces de Prétoria à Maseru" en
citant lIA.F.P. ilLe Gouvernement de Prétoria a brandi la
- 491 -
menace de représailles économiques - voire militaires -
contre le Lesotho si ce dernier ne cesse pas ses "accusa-
tions sans fondement" contre l'Afrique du Sud, dans une
lettre du Ministre Sud-Africain des Affaires Etrangères,
M. Rocloff "Pik" Botha, adressée au conseil de sécurité
des Nations-Unies.
"Cette lettre
qui a été rendue publ ique hier,
survient alors que les relations entre l'Afrique du Sud et
le petit Royaume se sont considérablement détériorées, en
dépit d'une rencontr2 bilatérale ayant conclu à la néces-
sité du rétablissement de liens de bon voisinage, le 3
juin dernier. M. Botha y déclare que le premier Ministre
Lesothan, le chef Leabua Jonathan. ne devra pas être sur-
pris si l'Afrique du Sud adopte les "sanctions appropriées"
pour éliminer les sanctuaires "terroristes"· dont llimplan-
tation
selon lui, aurait déjà été permise au Lesotho."
"En décembre dernier
une centaine de soldats
t
Sud-Africains avaient tué 42 personnes à Maseru
lors d'un
raid-éclair dirigé
selon Prétoria, contre les bases du
congrès National Africain (ANC Mouvement anti-Apartheid).
L'opération avait été
condamnée à l'unanimité par le conseil
de sécurité)."
"M. Botha avertit également M. Jonathan qu li l ne
devra pas s'étonner d'éventuels retards à la frontière
commune
slil continue d'affirmer que son pays est en état
de gue r r e con t reliA f r i que duS ud. (1 42 )"
Apparemment
on pourrait croire que les mass
média Ivoiriens informent sur les événements ou olus préci-
(142'
-
Information du
lundi 4 Juillet 1983 -
(Fraternit~
Matin; ?adio et T~l~vision Ivoirien~es).
- 492 -
sément sur l'apartheid en Afrique
du Sud.
~lais il n'en est
rien.
Le
contenu de
cette dépêche
de
lIA.F.P.
n'engage pas
les
autorités
Ivoiriennes à
l'égard des
Racistes Sud-
Africains encore moins
vis-à-vis
des
Africains.
En effet.
la Côte
d'Ivoi re a prôné de tout
temps
la
reconnaissance
du
régime
raciste
de
l'Afrique
du Sud et
n'eut été l'O.U.A.,
un ambassadeur Ivoirien serait dèjà à
Prétoria
en faisant
fi
des souffrances endurées par les
Africains
de
ce pays.
(lest
dire que
la classe
dirigeante
s'aligne
une
fois
de plus sur celle
de
l'Occident.
D'ail-
leurs
malgré la non
reconnaissance sur le plan politique
de
l' a part h e id,
i l ex i ste
de s
re lat ion s
co mme r c i ale sen t re
ces
deux pays.
Ainsi
n'est-il
pas
rare
de
voir dans
les
super-marchés
d'Abidjan
les
produits
Sud-Africains.
Au
fond
il ne pouvait en être autrement puisque les puissances occiden-
tales entretiennent de bonnes relations avec ce régime raciste.
En effet
les occidentaux peuvent aujourd'hui
et
plus que jamais
modifier le
comportement des
racistes
Sud-
Af rie a i ns s ion s e
réf è re à ce qui
s' est p ro du i t e n 19 83 ci
Grenade où
les
Américains ont envahi
ce petit pays et
i ns t a l l é u n ré g i me à leu r
dé vot ion 0 u e n core s ion p re n d l e
cas
récent
de
la Lybie
bombardée
par les mêmes
Américains.
Quant
au second point abordé, il
concerne
l'Angola:
"Jean-Marie
Kakou a présenté ses
lettres
de
créances.
Il
s'agit donc
de
représentation diplomatique,
sans intérêt
part i cul i e r .
-
Intenses
activités
diplomatiaues pour débloquer
la crise
Libanaise.
- 4S3"-
-
Israël:
Flagrant délit de
viol à 86 ans.
"Un
vieil1ard.âgé de 86 ans, de la maison de
retraite d'Affou-
la (Basse Galilée), a été pris en flagrant délit de viol
sur la personne d'une autre pensionnaire âgée elle-même
de 83 ans".
- Un redéploiement de l'armée
Israélienne de
plus en plus envisagée.
- Dissidence au sein du Fatah. Une bataille
parait imminente dans la Bekaa.
Liban:
La perspective du retrait des
troupes
Israéliennes inquiète
le gouvernement.
-
Retrait des forces étrangères du Liban négatif
pour la mission Shu1tz.
- Après l'échec de
la mission Shu1tz : Risques
de partition du Liban entre Syriens et Israéliens.
Irak
Irak - Egy pte
vers
l'amélioration des
re 1a t ion s .
Iran
Les banques
àevront se conformer a la loi
Islamique.
Au cours de cette semaine
l'information sur le
Moyen-Orient nia pas dominé l'actualité.
Cette attitude à
l
l'égard de cette partie du monde s'explique par le fait
que les pays Arabes sont impliqués
dans cette guerre et
1
Israël a été sanctionné par l'O.U.A.
(rupture des
relations
diplomatiques). Bien que par moments les massmédia donnent
pêle-mêle la position Occidentale, en particulier
Française,
les
journalistes restent prudents sur ce problème du con-
flit Israé10-Arabe.
1
li
Ain si
pou r é va c ue r 1es v rai s p ro b 1ème s,on se
livre à la
relation des faits
divers
du genre flagrant
délit de viol
à 86 ans, violence exercée sur une vieille
femme de 83 ans, comme si
cette information, bien qu'inso-
lite, intéressait les Ivoiriens.
Quant à l' Iran et l'Irak,
les journal istes qui
ont pendant longtemps été des admirateurs de
l'Iran du
Sha, se trouvent embarassés. Même si
l'Iran prône l'inté-
grisme musulman du moyen-âge, ce qui
devrait plaire à tous
les musulmans
du pays, on s'aligne
sur la position offi-
cielle Française
en donnant intégralement l'enregistrement
de France-Inter. Au cours du journal
télévisé, ce sont les
fil ms
réa 1i s é s sur l' Ira n par 1 a Fra nce qui
se ro nt p ro jet é s
avec les commentaires des journa1ites Français. Cependant
on peut retenir aussi que les autorités
Ivoiriennes n'ap-
précient pas l'éviction des
responsables poli tiques
étrangers, même si
ceu<-ci sont de gauche, encore moins
ce ux de d ro i te 0 u mo na rch i s te s .
L'Irak pose encore plus
de problèmes bien que
bé né fic i a nt de l' a ide mil i t aire Fra nç ais e.
Ici, 0 n 1ivre à
la masse les enregistrements sonores
aussi
bien à la radio
qU'à la télévision, en se limitant strictement aux commen-
taires de Radio-France internationale et de FR3.
c)
Est-Ouest
---------
Le chanêe1ier Kohl en visite de 3 jours à
Moscou.
(dépêche de Reuter).
-
ilLe chancelier Ouest-Allemand Helmut Kohl
a
l'intention de se présenter aujourd'hui à
Mos cou comme 1 1 homme de 1 a mo dérati on, sans
1ai s se r plane r cependant aup rès de ses i nte r-
- 495 -
locuteurs soviétiques, le moindre doute sur
son soutien à la politique de défense de
l'O.T.A.N. II .
- Le chancelier Kohl à r~oscou (A.F.P.).
Il f a u te
dia c cor d à Ge nè ve, n0 usd é plo i e ro ns les
fusées
Pershing".
- M.
Ko hl
à Mo s co u :
"Pou r sui v re l e dia log ue à un ni ve au é lev é Il
(A.F.P.)
- And ro po vin vit é à Bon n.
Ni succès ni échec.
- Euromissiles
IIBonn ne dramatise pas la menace Soviétique ll •
- Le voyage de Kohl à Moscou:
IIMal gré l es menaces Russes, les Améri cai ns
c ro i e nt à l a po s s i bi lit é dl und i al 0 gue Il
(A.F.P.).
Telle est l'information livrée à la Côte d'Ivoire
par les mass :nedia
nationaux qui
reprennent intégralement
la position officielle Française sans y ajouter aucun
commentai re.
Les
j 0 u r n al i ste s l vo i rie ns re fus e nt dé lib é ré me nt,
sans doute par peur d'être suspendus de leur fonction
d'aborder les sujets
de la politique internationale Est-
Ouest.
D'ailleurs les autorités politiques se gardent aussi
de les aborder. r~ais la position officielle Française
semble être celle de
la Côte d'Ivoire,
la défense de
l'Occident dans ce débat.
d) ~~~_e~l~_~~!Qe~~~~_!!1Q!~~_!~_f!~~f~
: (~~!2e~
Dcci dentale)
Certaines villes menacées
- 496 -
de pé nu ri e die au.
~~~9~ : Un oiseau contraint un Boeing 737
à se poser.
§!~s:~:~~e~9!)~
Discussions sur la CEE et
l ' OT AN.
~~lgig~~ : Les Ministres des Affai res Etran-
gère s à Bru xe l les.
" Ré g1er les p ro bl ème s fin a ncie rs " .
§!~!'9~:~!~!~9~~ : La peine de mort rétablie.
~2~9!~~ : Prix record pour une commode
Loui s XVI.
(490 millions de francs CFA).
Espion Soviétique condamné à trente mois de
prison.
On voit bien que la part réservée aux pays Euro-
péens est très limitée, voire même insignifiante. De plus,
elle ne concerne que les faits
divers n'intéressant pas la
Côte d'Ivoire, à part llinformation financière sur la CEE
à Bru xe l les.
2. Pays Européens de l'Est:
U. R. S . S .
"Offensi ve contre l'obscurantisme
re l i gi eux"
cette information unique
est celle livrée par les mass
média en une semaine. C'est dire qu'il y a un silence total
sur tout ce qui
se passe dans ce pays. Cependant. si on en
parle, c'est pour présenter les discidents dans le cas de
- 497 -
1 1 U. R. S . S . t
0 U 1e s g r è ve sen Pol 0 g ne, e ncore que 1e s a u t 0 -
ri tés pol i tiques Ivoi ri ennes ai ent demandé 1 a suspension
de l' i n fo rma t ion sur 1es g rè ve s Po 10 n ais e s lors que 1es
enseignants nationaux se sont mis en grève
(Avril-Mai).
2.
La France
Ç:t~!i~f!l~ : 70° tour de France (large diffusion).
L'étape du jour, les classements
(3e étape:
Roubaix Valenciennes).
Terrorisme
La tension monte à nouveau en
Co rs e .
- Pou r rés 0 r ber 1e dé fic i t
co mme r c i al" 1 1 a usté -
rité étendue jusqu'à fin 1984.
(A.F.P.)
- La ro us sep 0 urra i t cha nge r de mai ns .
- Cy c 1 i s me
70 J
tour de
France; 4° étape.
- Les classements du jour et général
Les p ri x e t 1es p ri me s .
Les cols où tout se jouera.
-
Un des
fils
du Président Senghor décédé.
- Cyclisme
5° étape du tour de
France.
couverture complète des
résultats.
-
Cy c 1 i s me
: 6.J é t a pe .
- Tab1 e ronde sur 11 aveni r de 1 a Nouvelle
Cal e do nie.
Apparamment
la part dlinformation sur la France
semble moi ns importante
mai s i l
faut ajoute r 1es
réuni ons
1
et les interviews d'hommes politiques de 1 0pposition en
- 498 -
France, notamment de Jacques Chirac qui occupe une place
de choix dans les programmes
des mass media.
La France
vient donc en seconde position après
la Côte d'Ivoire
du point de vue de l'importance de l'in-
fo rma t ion.
C. N. U. C. E. 0 . : fin de l a 6e con f é re nc e à
-----------
Belgrade:
Echec cuisant.
- ~~~.:.!.:.ç.:.~.:.~. : Secours dl urgence aux réfugiés
Ougandais. 40.000 Jeunes Handicapés chaque
a n né e en rai son de l a pau v re té.
ê~ Qg ~~ _!!1Q Q9i ~ l ~
12,2 milliards
pour
l 1 h é vé a cul t u re .
Ces quatre informations
représentent l a part des
organismes internationaux au cours de la semaine choisie.
5. ~ ~ ~!!1~!'!.g ~~ : U. S. A., Ca na da e t Am é ri que
Latine.
Le New-York Times:
"Les dettes
du Tiers-Monde
Une menace pour l'économie mondiale.
6. Ail leu rs
dan s l e mo n de
Philippines:
"La Marijuana finance les
Maquisards Communistes".
Au cours
de
la semaine considérée, aucune infor-
mation relative à l'Asie,
des autres pays de l'Europe de
- 499 -
llEst nia paru.
Si
on a parlé des Philippines
c'est pour
t
tout simplement signaler que la Marijuana finance
des com-
munistes
considérés en Côte dl Ivoire
comme ennemis de la
Soci été.
Après
llinformation dans le monde
examinons à
présent ce qui
se passe au niveau national.
Lundi 4 Jui llet
Opération coup de poing:
11510 raflés
di man che.
16 re p ris
de jus tic e .
-
I. N. J. S.
Il Les
pre mi ers p ro fe s se u rs
licenciés.
Ils sont 21 à avoir été
enti èrement fo rmés à Abi dj an.
- Lazeni
Coulibaly aux 48 nouvelles
sages-femmes.
IIExercez votre métier
a ve c co ns ci en ce Il •
- Ecole des
Douanes:
19 Agents
de cons-
tatation et 80 préposés ont reçu leurs
di plômés.
- Dî ne r - Gal a de l a jeu nec h am b re
économique.
- Di mb 0 k ro : La pop ulat ion déc idée à
par tic i p e r au dé ve l 0 p pe me nt. Lia pp e l à
l'Union.
- Sinfra
22 millions pour l'exercice
1983.
- Guiglo : Conseil
municipal:
l'auto-
suffisance alimentai re au centre des
débats.
-
Village d'anciens lépreux:
IIDuquesne
Cremone ll sur la voie de la prospérité.
- 8 milliards pour le bitumage du tronçon
Abobo-Alépé.
J
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
-
- 500 -
- Sports
Foot-ba11
Campagne Coca-cola en faveur
des E1éphanteaux.
Un chèque de
24 millions
remis au ~linistres
des
spo rts.
Mardi
5 Juillet
- Houphouët-Mitterrand à 1 l E1ysée.
ilLe chef de 11 Etat et les Prési dents Eyadema
et Kountché ont participé à un déjeuner de
travai 1.
Les examens à l'Université: Les résultats.
- Eboulement de terrain:
Le village de Banco
me na cé.
- Transports:
"Les taxis ne doivent pas quitter
les limites de la commune d'Abidjan.
- Une collision fait cinq blessés graves sur le
Boulevard du Général
De Gaulle (près de
1 1 aq ua ri um) .
Dans nos départements
- Agbovi11e
Pour plus
d'efficacité 68 GVC
fusionnent.
- San-Pedro: Jeune chambre économique:
"4 0
convention locale les 9 et 10 Juillet".
Tiassa1é
: En présence de Mr. Auguste Denise
IIUne foule nombreuse a assisté à l'inhumation
de Bas i 1e 0i ait h " .
- Cacao
: Pour une mei 11eure défense des pri x
mondiaux. Les producteurs se concertent à
Do ua 1a .
- 501
-
- Sports:
Rugby:
Des responsables décorés et
les meilleurs clubs récompensés.
Foot-ball
Résultats
des rencontres.
Bo xe
Championnat d'Afrique.
~1e r cre di
6 J ui l let
Opération coup de po.:!...!!...9
"Les Abidjanais
reprennent confiance".
- Education Nationale:
" Mr . Bal l a Ké i t a a ux pro fe s se urs de l 1 l . N. J . S. Il
" Hon nê te té i ntel l e c tue l l e e t Mil i tan t i s me ,
maitresmots de notre politique ll •
Gardiennage:
"Trop de risques, peu d1argent".
- Cam pa gne o. S . E. R. : l e re s pe c t des feu x tri co-
lors.
- Syndicat des chauffeurs de taxis:
"Le Président recommande la prudence aux auto-
mo bi lis te s " .
- Les e xa me ns à l 1 uni ve rs i té na t ion ale.
"Des
résultats corrects dans llensemble".
- Safari
dans le parc de la Comoé.
Dans nos dépa rte me nts
- Séguél a : "Le Député-Mai re prêche llautosuffi-
san ce a lime nt aire " .
Kani
"Le cent re de santé manq ue de médi-
came nt s " .
- 502 -
- Bouaké
M.
Coulibaly Penafa élu Président de
l'OLMo
IIAux assises de Bouaké: Accusé de meurtre,
Mamadou Ouattara prend la fuite ll •
- Aboisso
IIPour un plat de foutou de manioc,
il tue son père".
- Adzopé
Recrudescence du banditisme.
- San-Pedro
15 ans après, le port.
- Sports
Rencontre avec M.
Chafic Kachtaban
(foot-ball).
"Je ne peux plus continuer tout seul".
- Au fil
des
films:
Pa ci fi ste sou te r ro ri s te s ? à l 1 1vo i re.
- Ess ai Auto
La 505 peugeot SR familiale
ilLe confort dans la sécurité".
Jeudi
7 Juillet:
Vacances scol ai res pour 11 étranger, mais aussi
la découverte du pays profond.
Faits divers
Le chef de "gang" déclare à la police:
ilLe
fr ui t du but i n est de s tin é à fa i re lib é re r.
nos complices en détention ll •
la vie dans les quartiers: Port-Bouët : Ille marché trans-
féré derrière la poste'J•
Dans les départements
Touba : "Carrefour de la drogue ll
Un champ de canabis détruit.
59 Kg
de chanvre indien saisis.
- 503 -
Dan a né
"L ' UNESKA, un mouvement de jeunesse dynamique".
Bouaké
Opération "Portes ouvertes" de la base aérienne.
Un
vif succès.
Aboisso
B.N.D.A.
:
152 millions
de prêts aux planteurs.
L.I.S.
: La section locale installée.
Di vo
Spéculation sur la viande de boucherie.
San-Pe dro
15 an s ap rès .
Spo rt s
Sur le pl an national.
Commerce:
Le séjour de la mission
Ivoirienne en Italie
Il Re dy n a mi se r
l a co 0 p é rat ion Il •
Du 11 au 12 Juillet:
Des hommes d1affaires
Co rée ns à Ab i dj an.
Economie
PME et marchés publics
"Responsabiliser les entrepreneurs dans leur
gestion".
Bourse des valeurs
d'Abidjan.
Ven d re di
8 j ui 1 1e t
Opérations ~de poi~
Le bilan
"
2.507 personnes l'aflées
- 62 i ndi vi dus connus au
fichier central".
Echanges parlementai res : Des Députés Français chez nous.
Faits divers:
Le 18e bureau de poste de la ville ~is en
se rv i ce hie r à Tre i ch vil le.
P.M.E.
-
Petites
et Moyer:"'.es
Entreprises.
C.H.H.
-
Centre
Hospita:~er 2égionaL.
- 504 -
Ramadan
Aujourdlhui
la nuit du destin.
"Prières et recueillement dans toutes les mos-
quées ce soir".
Bouaké
Chute brutale du cheptel
avicole.
Un bébé monstre est né au C.H.R.
Odienné
Le
jardin d'enfants a besoin de
renforcer son
e nc a d re me nt.
Divo
Seule salle de spectacle de la ville.
"Pourquoi
le " c inéma Yacouba Sylla" a-t-il
fe rmé ses po rtes ? Il
Al épé
Le nouveau pont
Une technique de pointe.
San - Pe d ro :
15 ans a p r ès.
1
~or!2
Championnat national
de "foot-ball".
To ub a
Des parents
toujours
rebelles à l a scolarisation.
1
Sa me die t
Di man che 9 e t
10 j ui l let :
Résultats scolaires:
Institut de formation sociale de
Co co dy.
La coopération au centre
des
débats entre Députés
Ivoî-
riens et Français.
OSER
Ac c i de nt s de lac i r cul a t ion :
19 tué s e t 880
b les s é sen mo i nsen 1982 par ra pport à 198 1 .
Op é rat ion cou p de po i n 9
Il Ce
nie s t pas fin i Il •
E.M.P.T.
:
Déclaration du Ministre de la défense Banny.
ilLe commandement, clest dl abord 11 art de servi r".
Baccalauréat: Le premier tour aurait été satisfaisant
dans l'ensemble.
San s - Pe d ra
15 ans
ap rès .
Korhogo
Aff aire s j u di ci a Lr es.
t1
-
505 -
Katiola
Un nouveau bureau de 11 Associ ation des femmes
Ivoiriennes installé.
Aboisso
11 volontai res
Améri cai ns parti cipent à une
campagne sanitaire.
Jacqueville : Ouverture officielle dlune agence BICIC1.
Act i vi tés de l a jeu ne ch a mb re é co no mi q ue .
Sp 0 rt s
Championnat national
de foot-ball.
Cyclisme:
tour de Côte dl Ivoire du 27 juillet
au 7 Aoû t.
Telle est l'information nationale livrée par
les mass média au cours de la semaine du 4 au 10 juillet
1983
et qui appelle les
remarques suivantes: - Les
faits
divers sont dominants: L'opération It coup de poing".
Ces t une 0 pé ra t ion mi lit a ro - pol ici ère de s tin ée à ra f 1erh
tout individu en déhors de son domicile le soir (Vers 20 ),
et conduit au camp de la gendarmerie pour une vérifica-
tion dlidentité ; les forces
de l'ordre espérant ainsi
dépister les délinquants,
repris de justice et autres
"gangsters".
Il est vrai, la population Ivoirienne est
traumatisée par les agressions
repétées aussi bien de jour
que de nuit, suivies parfois de meurtres, et il s'agit pour
les autorités de rétablir la sécurité. Mais c'est là que
se pose le problème d'organisation et de choix politiques.
La Côte dl Ivoi re es t l' un des pays au mon de où
la corruption a atteint un niveau très élevé. Ainsi obtient-
on toute pièce d'identité, de nationalité, ou passeport
par cette pratique. On ignore même le nombre de non Ivoiriens
B.I.C.I.C.I.
- Banque Internationale pour le Commerce
et l'Industrie de C~te d'IVoire.
- 506 -
dans le pays, car quelques billets de banque suffisent
pou r t rave rs e r les f r 0 nt i ère s, mê me lia é ro port i nt e r na-
tional d'Abidjan.
Dans ces conditions le chômage galopant
devient dramatique.
La contrebande, le trafic des stupéfiants, les
vols à main armée ne sont que des pratiques véhivulées par
les films policiers.
Ces pratiques sont liées à lloption
politique capitaliste choisie par la classe dominante
Ivoirienne qui
les considèrent normales dans le procès du
développement capitaliste. Mais il y a là une ambivalence.
- Le banditisme inquiète la classe dominante à
cause de l'insécurité qu'il
crée dans le pays.
- Lac las s e dom i na nt e ne ve u t pas mo n t re r son
incapacité à résoudre ce problème et à protéger les
citoyens.
D'où sa réaction brutale spectaculaire.
Devant cette situation, -il
faut trouver des
coupables, et ce sont rTl3.1heureusement les non
Ivoiriens,
IIresponsablesll de ces agressions. Ainsi parmi
les malfai-
teurs arrêtés dans l a semai ne
ne fi gure aucun Ivoi rien
comme toujours il s'agit de Voltaïques et de Maliens.
L'origine de ce problème est d'abord colonial
lié aux frontières
artificielles créées par le colonisa-
teur , ai nsi
les habi tants
de part et dl autre dl une
fronti ère se sentent toujours apparteni r à l a même tribu.
Ddns ce cas
il
semble difficile de parler de nation et
de nationalité. Ensuite
il
règne dans le pays une pauvre-
té qui
côtoie la richesse, le résultat ne peut être que
le banditisme, autre forme de partage des
richesses.
Dia i l leu rs les ban dit s l e déc lare nt t 0 ut h a ut, sur t 0 ut les
- 507 -
Burkinabés.
IINous avons contribué à l a création des
ri chesses dans ce pays et il est normal que nous prenions
no t re part Il •
Cette façon de poser le probl ème du banditisme
mé rit e n0 t re a t te nt ion.
En e f f e t
les Bur ki na bé son t
t 0 u-
jours été utiliés comme main-d'oeuvre à bon marché pour
le développement des plantations aussi
bien individuelles
qui i n dus tri e l les, a ve c uns a lai re i n f é rie ur au s a lai re
physiologique. Or
loin de son pays, venu à la recherche
de l'argent en Côte dl Ivoi re, non intégré par cette
soci été (car on y a un statut soci al i nféri eur), l'unique
voie semble être le banditisme qui permet un enrichisse-
ment rapide, même si
les
risques sont importants.
D'ailleurs
les média (Télévision et cinéma)
le présentent régulièrerrent
dans le cas des Etats-Unis,
IItemple du capitalisme ll •
Le banditisme
dans ce cas précis
est réaction-
nel, obéissant au rapport de mode de production capitaliste
(exploiteurs-exploités).
Dans ces conditions
il est lié
à
llimpérialisme culturel occidental, car les sociétés
tr-aditionnelles Ivoiriennes anté-coloniales n'ont jamais
co n nu ce t te si tua t ion.
Quant au développement économique et soci al
des
régions de l'intérieur, il
suit toujours le schéma occi-
dental. Le développement de San Pedro second port dlAbidjan
a retenu l'attention des journalistes.
Il s'agit du dévelop-
pement du port. bien sûr, mais surtout de l'infrastructure
touristique, pas pour la plupart des
Ivoiriens dont le
salaire physiologique ne permet pas ce luxe, mais de
11 Européen
qui
a les moyens de Si assurer ce pl aisi r cher
sou s dia ut re s cie ux.
- 508 -
Mais depuis
deux ans
l'accent est mis sur le
développement des cultures vivrières, ce qui constitue
un
réajustement de la politique agricole de la"classe
dirigeante qui se rend compte sans doute de sa perdition.
Autrement dit, il Y a quelques fois des divergences entre
Centre du centre et Centre de la périphérie à propos des
décisions qui
peuvent entrafner des troubles socio-
économiques de nature à renverser le système politique mis
en place.
Cette divergence ne peut s'inscrire que dans un
cadre des intérêts socio-économiques et politiques contra-
dictoires à un moment donné de l'évolution du pays.
Mais ces divergences "accidentelles" n'impliquent pas
nécessairement une remise en cause fondamentale des ontions
politiques.
Il
s'agit de
remplacer une culture d'exportation
par
celle de consommation locale et les rapports au niveau
national sont toujours les mêmes. Car si
nous examinons
cette situation, nous nous
rendons compte que la classe
dominante siest convertie dans
cette activité qui
llenrichit
alors que les vrais paysans sont toujours au stade de
subsistance, c'est-à-di re produisent tout juste pour survi-
vre - Cest-à-dire que certains produisent pour vendre à
l'extérieur et dl autres pour leur autoconsommation.
b. 1. 2. - Les e con d th ème con ce r ne l 1 i nse r t ion
------------------------------------
2~~_2~~~Ql~r!~~~_2~~~_1~~r_y!11~9~·
Apparemment
le
retour de cette catégorie de "a
population dans le milieu d'origine est une décision
louable, les autorités politiques ont officiellement
promis
une aide matérielle à tous ceux qui
accepteraient
de s 1 y co n fo rme r.
- 509 -
Par ailleurs
llinformation ne
revèle pas l'om-
niprésence de la politique dans la vie quotidienne de
11 Ivoi rien, clest apparemment vrai,
Mais l a période
choisie pour notre analyse coïncide avec l'absence du
chef de l'Etat du pays
en vacances en Europe (France et
Suisse). On peut donc avancer qu'il y avait des vacances
sur le plan politique.
Par contre les mois
d'Avril et Mai
ont été dominés par d'intenses activités politiques, les
enseionants
nationaux ayant déclenché une grève"illimitée'l
des cours.
Durant donc cette période, l'information fut
dominée par des
communiqués et la lecture des motions de
soutiens des sous-sections du parti à son chef, contre les
"déstabilisateurs amis de Khadafi",
Ainsi
a-t-on entendu
ou lu:
"Réquisition : Ceux qui
n'auront pas
répondu à
cet ordre dans trois jours seront révoqués".
"Halte à la démagogie" des enseignants
"La subversion ne passera pas".
"?-leeting politique au stade Houphouët-Boigny.
Un spectacle éblouissant vu du ciel ".
l143) Tous ces
slogans dont le but est de maintenir la classe dirigeante
au pouvoir pérennise également l'impérialisme culturel
occidental
dans le pays.
Cependant au cours de la semaine enquêtée, la
présence politique du chef de l'Etat et du parti siest
manifestée à travers la pensée du jour du Président comme
nous l'avons déjà signalé, ces pensées s'inscrivant dans
lléducation politique.
'71'T"J) - Inforrmtion mcliêdijfusée-;;t tt?=~~"'>d2 et puhliée par la prusse
Frate mi té- Mlti n du ve rzô'e cf: L ,-:,,~,,~ ~ 198.3.
- 510 -
III - EMISSION EDUCATIVE
E11 e co mp re n d
a) La pensée
du
jour
b) L'émission de sensibilisation au travers de
laquelle est recherchée l'adoption de certains comporte-
ments (accu1turationnistes)
par la répétition ou les
commentaires
en axant l'information sur un thème précis
appropri é.
c) L'émission didactique et explicative dont
1 1 aboutissement est incontestablement l'acquisition d'un
s a vo i r e t
d' uns a vo i r- f aire.
Cette pensée du jour du chef de l'Etat joue ici
un
rôle d'éducation politique
car le PDCI-RDA
est struc-
turé sur le modèle d'un parti
Marxiste, c'est-à-dire du
village, quartier ou de l'usine jusqu'au bureau politique
en passant par les
di fférents
secrétai res et dé1 égués
re s p0 ns ab 1es.
Il
n'est donc pas
superflu
de
reprendre les
pensées
du jour de
la semai ne :
Lundi 4 Juillet:
"N'oublions pas sUY'tout que,
sans
cheY'cheY'
à cY'éeY' un système autaY'cique qui seY'ait
une
chimèY'e,
nous
devons
faiY'e en sOY'te
d'essayeY' de satisfaiY'e
au
maximum nos
pY'opY'es besoins et de
donneY' un maiimum
de
valeuY' ajoutée aux pY'oduits que nous
exp oY'tons ".
- 511
-
Mardi
5 jui llet :
La pensée précédente a été reprise.
Me r c re di
6 j ui l let :
"C'est un phi losophe Allemand qui dit qu'on
ne peut vivre sans nuire
Si
cette pensde
reflète une rdali té éterne ZZe~ l'homme
doit tâcher d'agir en nuisant le moins
p os s i b le 1/ •
Jeudi
7 juillet:
"Pays
Zibre et libdral~ le nôtre est large-
ment ouvert à l 'extél'ieur~ par sa nature~
par inclination et par raison.
Il demeurera
donc~ ce qu'il est~ accueillant et frater-
nel à tous ceux qui
font du respect de
notre inddpendance politique et dconomique
leur règle d'action en Côte
d'Ivoire".
Ven dre di
8 j u i l let
La pensée du jour des 4 et 5 jui llet
a été re p ris e .
Samedi 9 dimanche
10 juillet:
"Tous
les ddsordres
d'où qu'ils viennent~
seront sanctionnés dans
l'intérêt de
la
paix~ préalab le à tout déve loppement har-
monieux" .
Ces pensées
du jour de l a semai ne peuvent être
ramenées à deux:
-
Celles du lundi, Mardi et Vendredi expriment
l a mê me idée.
Celles de Mercredi et Samedi, également expri-
me nt l a même idée.
Oans les premleres, l'option politique du chef
de l'Etat est clairement exprimée;
l'option capitaliste
- 512 -
qui
admet l'impérialisme occidental, clest ce qu'il
appelle ouverture sur l'extérieur.
Qua ntau x sec 0 ndes, e l 1e s exp rime nt 1 a volon t é
de la classe dirigeante de ne pas céder ou plutôt tolérer
le débat contradictoire appelé "désordre ll •
Ils 1 agi t bi end 1 une éd uc at ion pol i t i que
car
tout responsable à quelque niveau qu'il soit, s'inspire
de ces pensées du jour.
Ainsi tout individu qui se veut
militant du PDCI-RDA,
doit-il toujours citer ces pensées
du jour dans ses allocutions ou discours.
Elle est axée sur les impératifs de développement
national.
Il s'agit
de la coupe nationale du progrès
- de la terre au soleil
du magazine des jeunes
- des microgrammes en Français et langues
nationales
- de l' air du te mp s
- du magazine féminin "votre magazine Madame",
Sensibilisation reli~euse
- Catholique
- P rotes tante
- Musulmane.
-
513 -
C' est une sen b i 1 i s a t ion a u dé ve 10 ppe me nt roo de r re
c'est-à-di re 11 adoption du modèle de développement occidental
choisi.
Le thème est pour la semaine, l'autosuffisance
alimentaire:
les produits
vivriers.
Nous ne pouvons parler ici que d'une rééducation
des paysans.
En effet
de la période coloniale à 1980
la
classe dirigeante a orienté les paysans vers l'agriculture
d ' exp 0 rt at ion (c a cao, caf é, h é vé a, par 1mi e r à hui 1e ,
coton etc ... ) au~dépens des cultures vivrières considé-
rées jadis
comme traditionnelles
ne rapportant pas
suffisamment dlargent. Ainsi
donc
des forêts
classées par
le colonisateur ont été déclassées dans le but
soit
disant de développement é:(onomique. Le déboisement systé-
matique de ces forêts a conduit à l'avancée du désert en
Côte d'Ivoire, par conséquent à la pénurie de terres
cultivables.
Ce développement de type occidental
conduit aujour-
d'hui
donc aux constatations suivantes:
-
Inadaptation du développement axé sur l'ex-
portation, et s l i1 procure de l'argent, il
ne peut
qu'aliéner l'Ivoirien qui
ne dépend plus que des
aléas de
la détérioration des termes
de l'échange imposée par les
pays développés, dloù son aspect impérialiste.
- Ce développement n'est pas endogène
car
imposé de 1 1 extérieur et non axé sur l'auto-suffisance
alimentaire, condition nécessaire '(\\'indépendance alimen-
t aire.
Ile st do nc une con s éq ue nce de 1 1 i mp é ri al i s me
des
pays
développés qui ont orienté l'agriculture vers l'exportation au
détriment des cultures pouvant servir à la consommation locale.
- 514· -
Cependant
le système éducatif hérité de la
colonisation prépare à l'Université, aux grandes écoles
et non au milieu villageois.
Par conséquent
il se pose
le problème dlinadaptation ou plutôt lladéquation école-
milieu traditionnel.
En effet
tout enfant qui
fréquente 11 école
aspire à une carrière de cadre supérieur dans l'adminis-
tration publique ou privée, et un échec scolaire constitue
pour ce dernier une frustration.
Du côté des parents
le retour de leur enfant
au vi llage consti tue un échec et une perte dl argent,
surtout dans un pays où les enfants doivent acheter des
uni f 0 rm e set des fou r nit u re s s col aire s. Mai s i l y a lie u
de nua nce r ici
:
- Au Nor d e tau Nor d- 0 uest du pay s
les pare nt s
opposent encore une résistance farouche à la scolarisa-
tion de
leurs enfants à 11 école moderne.
Dia i l leu r s l 1 l ns pe ct e u r de
l' Ens e i gne me nt
pri mai re de Touba décl are ceci
:
liA
Touba
des parents
toujours
rebe~~es
J
à la scolarisation ll (144).
- Dans le reste du pays
le problème semble
différent.
Les parents attendent, les jours des inscrip-
tions, à partir de quatre heuresdu matin
s'ils veulent
a b te ni r une pla ce hy pot hé t i que. cr est dire que chaque
famille, dans cette partie du pays mise sur l'école pour
':;4) -
FrateY'nité-Matin J
?:::.dio et Télévision nati:rr:.ale
c:u ven d re di 8 - 0 7- 19 8 J .
-
S 15 -
l'avenir de son enfant, l'avenir étant ici, le diplôme
Universitaire.
Ici
l'acculturation est admise, on est
donc en présence d'une aliénation.
Dans ces condi tions
le
retour à 1 a terre est
un t ri pl e é ch e c :
- échec pour l'enfant
- échec pour les parents
- échec pour la classe dirigeante qui
maintient
un système scolaire inadapté; mais il y a évidemment des
diplômés dont les privilèges sont maintenus, ce qui est
loi n d' être un é che c .
b . 2. - Lat erre a u sol e i 1
Cette émission est proche de celle de la coupe
n at ion ale du p ro gr ès
dan s ses 0 b je ct ifs.
Elle a évoqué au cours
de la semaine, les pro-
blèmes administratifs.1économiques, sociaux et culturels
de la Sous-Préfecture de Touba
à
travers les interven-
tions
du Sous-Préfet
- du Secrétai re général
de 1 a
sous-Section locale du PDCI-RDA ... de quelques
anciens et
notables.
L'histoire de la région a été retracée confor-
mément à la tradition orale en langue locale et traduite
en Français.
c) ~~_~~g~~i~~_9~~_1~~~~~ : concerne lli nser-
tion d'un jeune déscolarisé dans son 'rillage
après
avoir
passé rapidement en revue
les problèmes qui
se posent à
la jeunesse d'aujourd'hui
(chômages, délinquance).
- J16 _
c
d) ~!~ micro
OYrte duré
------e!Q9!!mmes
,
e au COurs d
-. --
Sont des é '
d ordre du part'
esquelles Sont
d'
mlsSions de
l
ou des
1
lffusés d
nationales
d
s ogans en F r '
es mots
Ont le but
.
ançalS et
généralement
est de sensibl"l'
en hngues
SUr les p
b
1ser la
transformat'
ro lèmes de d-
POPulation
10n SOcial
eveloppement
e.
0 U
de
- EXOde rural.
du
h •
re to Ur à 1
c Omage .. utilisation d
. a terre. dangers
production.
f
es engra1s et maximisation de la
f
f
e) Ma 1] azi ne fé mi ni n . Ils 1
' t
d
•• il •••••• -_.......
•
agl
e la femme
l
sco1arhêe et non villageoise qui doit veiller au fonc·
J
tionnement du foyer (- économie domestique - équilibre du
1
salai re, des aliments, - risques courus par les enfants -
S01gner es enfants qu'à l'hôpital et non
ne fa; re
1
•
1
un mot,
,
1
s agl t de 1a femme mode rni sée,
au \\J,,'\\'\\age) en '1ie
soal originel. Clest là encore une
U
cou?êe de sond\\m~\\'\\él\\at\\OCulturell~,;
facteur d'impéria-
autre forme
~ais \\la lieu de nuancer.
1ture1 .
.
1'\\ sme CU
t
'\\ '\\S 1 agi t pas de re fus e r lep r 0 9 r è s
t.
ef f e .
l'\\
cHie, car ce serait là une regression
- . ne OC
~ a me de c'
1 " e
nt pas e xcl ure l' au t re. A v rai
de \\
,
1 u"
,ale. t-\\a's
t\\qicale en Côte d'Ivoire, certains
SO.C
dans la p~a. e o:ale) conseillent des patients
d' re ,
dé CI n
-
d cins (me
_ ~
t~nelle. Ce qui signifie qu'il
me e
a. \\ a
soi9ner
"té'$ de ces deux types de medécine
à s e l éme nt ar'
"
\\J
a cam\\>
coey.,
J
do'\\'Jent
elleS
-~
- 517 -
1.
Islamique:
Depuis 1975, une offensive
est menée en vue de lllslamisation massive des
Ivoiriens.
Cela suppose évidemment qu'il
faille donner une image
moderniste à 11 Islam moyennageux, et c'est ce que les
Musulmans s'emploient à réaliser à travers les mass ·média:
Les th ème s son t
: - l Ils l am e t l a f e mme
- 11 Islam et l'éducation.
On tente vainement de montrer que l'Islam
respecte le droi t de la ferr.me qui
devient l'égale de
11 ho mme .
L'Islam promeut une égalité au niveau de l'édu-
c at ion ; ce qui est mal heu re use me nt con t rai re à l' i ma ge
fournie par certains pays
Islamiques où la femme est
enfermée à la maison, voilée, destinée uniquement aux
maternités, mais fort heureusement, cette tendance est
en trai n de se modi fi er.
Pou r l 1 heu re
lIe nsei g ne me nt
dis pen s é par
l'Islam se résume à la connaissance du Coran conduisant
au "maraboutage" et non à une formation scientifique
véritable.
Il s'agit bien dlune acculturation et dlune
aliénation religieuse, négation de toute scientificité.
On peut cependant nous
rétorquer que certains pays Isla-
miquesont enregistré un développement économique social
et culturel. C'est vrai; mais ils llont été sous l'effet
de l'acculturation et de l'aliénation culturelle occiden-
- 518 -
tale. Dans ce cas l'Afrique Noire ou principalement la
Côte d'Ivoire s'exposerait à une double aliénation cultu-
relle et acculturation.
- Primo: celles de l'occident.
- Seconda
celles du Moyen-Orient (pays Arabes~
Clest ce que vit d1ailleurs une partie de la
population.
Emission Catholique
Son thème de la semaine a été: - l'amour du
prochain, l légalité entre les hommes, la justice qui
relève des valeurs spirituelles. Nous pouvons même ajou-
ter que ces valeurs sont liées à toute société dans la
majorité des cas.
En effet
bien qu10n présente aujourd'hui le
missionnaire com,ne cet homme qui a vécu dans des condi-
tions sociales et sanitaires difficiles aussi bien dans la
forêt que
dans la savane, il a le plus souvent
oeuvré dans
lloptique colonialiste, puisque lié à cette colonisation
occidentale. Or comme le souligne H. Labouret
"A l'origine le fait colonial se traduit
par une migration hu~aine temporaire ou
définitive,
provoquée par le danger,
la
curiosité,
le besoin d'occuper des terres
nouvelles, de se procurer par la violence
ou le trafic de
1'7 -':CJ'Arriture ou
J/:]7itres
utilités." A ces débu~s, c'est san~ con-
teste une entreprise dépourvue de scrupu-
les, parfo~s entachée de tromperie et de
contrainte.
Dans le passé,
elle a trop
souvent préludé à l'exploitation injuste
et brutale de régions enti~res en re!ou-
- 519 -
lant, asservissant, décimant ou massacrant
les habitants"
(145).
En effet
pourquoi les missionnaires catholi-
ques n'ont-ils pas de la colonisation à l'indépendance
oeuvré pour l'égal ité entre les hommes Blancs - Jaunes -
Rouges et Noires?
Pourquoi ont-ils considéré comme un fait établi
l'inégalité raciale qui a prévalu pendant quatre siècles?
La religion çatholique est incontestablement
acculturationniste et aliénante, contribuant à alléger la
douleur socio-économique en se substituant ainsi à une
institution protectrice des pauvres, luttant contre les
"injustices"alors qu'en fait, elle admet l'inégalité entre
les hommes (inégalité raciale et de fortune ... ).Vu sous
cet angle, la religion est un élément d'impérialisme cul-
tu re 1 .
L'émission protestante a aussi développé le
thème: Dieu est avec nous. Ce Dieu est sans doute avec
les Ivoiriens depuis l'indépendance en 1960, car avant
cette date, il ignorait le peuple Ivoirien. Elle s'inscrit
également dans la même optique que la religion catholique.
Les émissions didactiques:
Elles comprennent:
Des leçons d'Anglais: dialogues entre les mem-
bres d'une famille Anglaise, entrecoupés d'exnlications en
-.
(145)
-
Henri LA20U~ET : Colonisation - colonialisme - Dé-
colonisation. PP. 6-7 Ed. Larose 1952
Paris.
- 520 -
Français pour la bonne compréhension ou assimilation du
vocabulaire et de la grammaire.
Mémoire d'un continent
Cette émission retrace la vie des Noirs de la
diaspora; d'un illustre Africain du continent, disparu
ou vivant: Soundjata Kéita, Chaka, Béhanzin etc ...
On peut retenir aussi les thèmes suivants dont
la portée didactique est incontestable
- L'agriculture
- Les investissements sociaux
- L'épargne
- Le tourisme
Les problèmes généraux des régions.
- Formation et éducation
- La femme moderne
- Santé hyqiène
- L'exode rural
- Histoire et peuplement des régions
- Les problèmes de la famille: mariage, code
civil, famille traditionnelle.
c)
Ib~~~~_c~2!if~_~_1~_~i~_~Qli~ig~~_~~_~Q~iQi~
trative :
- L'unité nationale autour d'Houphou~t-Boigny
- Le PDCI-RDA.
- :,21
-
- La politique de dialogue
- Le service public et la nécessité du travail.
Ce s t hème s s 1 i nsc r ive nt bi end ans l e ca dr e de 14·
transformation sociale qui est, dans la sociologie de
développement (bourgeois), la condition nécessaire de
développement économique social et culturel, mais qui
n'est qu'une copie conforme des étapes du n;odè1e de déve-
loppement des pays avancés.
IV - EMISSION DISTRACTIVE
Cette émission est essentiellement composée de
programmes musicaux.
- Musique de variété
- variétés Françaises
- Nord-Américaines et
Anglaises.
- Musique "Pop" et "Rock and Roll".
- Musique Cubaine et Sud-Américaine.
- Musique de Jazz
- Musique classique
- Musique folklorique Ivoirienne.
- Musique Afro-Cubaine (adaptation Ivoirienne
et autres.
- Autres musiques non identifiées.
- Animation de programme et commentaires sur
les disques.
A cette émission, on peut ajouter
les émissions: - historiques
- jeux radiophoniques.
· 522 -
- Matches de football.
- Théâtre radiophonique.
- Pièce policière.
En effet, la musique Ivoirienne qui n'est qu'-
une adaptation de la musique cubaine dans la plupart des
cas, véhicule les contes, légendes et sentinents d'amour.
Cependant quelques original ités subsistent. Nous pensons
à Ernesto Djédjé et le IIZigribiti ll qui est une musique
traditionnelle Bété.
Cependant
chaque chanteur s'exprime dans sa
langue nationale, ce faisant, la popu1ation'a tendance à
apprécier uniquement la musique et non les paroles de la
chanson dans la mesure où elles ne touchent qu1une ethnie
sur soixante huit.
Mais Desouches fait remarquer que
"[gS
chansons du comvositeup Ivoirien
Amédée Pierre témoignent d'authentiques
valeurs poétiques et du désir d'exprimer
les états d'âme de l'Africain face aux
prob l ème s posés par le déve loppemen t". (148)
Il est à noter que les distractions musicales
ne sont pas accessibles à toute la population; même celle
employant une langue national~ ou Française. Mais on
remarque aujourd'hui la propansion d'une musique syncriti-
que même si les artistes oensent composer une ~usique
Ivoirienne, et comme le syncrétisme est un résultat de
1 l accu1turation, il y a incontestablement un impérialisme
culturel en matière musicale.
(146)
-
DESOUCHES
ort.
cit.
P.
382.
- 523 -
Emission Sportive :
Si l 'on examine attentivement ce qui se passe
aujourd'hui en Côte d'Ivoire en matière sportive, on se
rend bien compte
ou plutôt on a l'impression que l'Ivoi-
rien ignorait cette activité. Ainsi ne rencontre-t-on que
les sports importés tels que:
- Football - cyclisme - hand-ball - basket-ball - rugby -
patinage artistique
boxe - ten~is - ping-pong - course
automobile .••
Ces sports importés d'Europe.
requièrent des
conseillers techniques ou entraîneurs, des coopérants,
ainsi le simple sport dont le but est l'entretien de la
santé du corps, par conséquent de la santé mentale, est
devenue une affaire d'argent
que ne peuvent pratiquer
que ceux qui ont les moyens, pas physiques
mais finan-
ciers. On le remarque au niveau des compétitions interna-
tionales où dominent les oays développés et si un pays du
Tiers-Monde se fait remarquer, clest grâce aux firmes
internationales implantées dans le pays ou au prix de
sacrifices excessifs (budget national). Le sport constitue
une acculturation et une aliénation. L'impérialisme cultu-
rel s'exerce bien dans ce domaine.
B - LA TELEVISION
Nous nlavons pu retenir la même semaine qu'à la
radio
car un enregistrement simultané des émissions radio
télévision s'est avéré difficile. Ainsi avons-nous choisi
la semaine suivante, c'est-à-dire celle du lundi 11 au
- 524 -
dimanche 17 juillet 1983. quoi qulil en soit
les émis-
sions radiodiffusées sont les mêlnes que celles télévisées
ou reproduites par le quotidien Fraternité-Matin. Par
cOllséquent la même semaine d'émission radio et télévision,
n'aurait pas donné des résultats assez significatifs au
niveau de l'information.
B.I. - GRILLE DE PROGRAMME HEBDOMADAIRE DE LA TELEVISION
Lundi 11 Juillet
12 h 30 - En direct de Bouaké
13 h 00 - Au rendez-vous de 13 h
13 h 30 - Arrêt des émissions de la mi-journée
18 h 30 - Flash télex
18 h 35 - Nouvelles du pays en Attié et Bété
19 h 30 - Le club des petits. Kum Kum, aujourd'hui le
coll ier
20 h 00 - Télé Actualité soir
20 h 30 - Feuilleton
Lettres volées 3ème éoisode
21 h 05 - Télé-Sports
22 h 05 - Questions actuelles. La publicité pour
qui? et pour quoi?
OOh 05 - Le journal
OOh 35 - Fin des émissions.
Mardi 12 Juillet
12 h 30 - Akodi ?
13 h 00 - Au rendez-vous de 13 h
13 h 30 - Arrêt des émissions
18 h 30 - Flash Télex
18 h 35 - Nouvelles du ~ays en Attié et Bété
19 h 30 - Le club des petits. Kum kum aujourd'hui
l'étudiant
- 525 -
20 h 00 - Télé-Actualité soir
20 h 35 - Avec vous Madame
21 h 05 - Feuilleton: le chevalier des Grieux
et Manon Lescaut
22 h 00 - African Show: Jimmy Hyacinthe
23 h 00 - Le Journal
23 h 30 - Fin des émissions.
Mer~redi 13 Juillet:
12 h 30 - Akodi ?
13 h 00 - Info 13 h 00
13 h 30
Arrêt des émissions
18 h 30 - Flash
18 h 35 - Nouvelles du pays en Abbey et Dioula
19 h 30 - Le club des petits: kum kum aujour
d'hui Saurus le Gouard
20 h 00 - Télé-Actualité soir. Eco 20 h 00
20 h 35 - Télé pour tous. Post-Primaire II
21 h 05 - Cinéma. Long métrage: La planète sau-
vage
22 h 40 - L'invité de la semaine. Le Dr B. Claver
parle de Psychiatrie
23 h 40 - Le Journal
OOh 10 - Fin des émissions.
Jeudi 14 Juillet
12 h 30 - Akodi ?
13 h 00 - Info 13 h 00
13 h 30 - Arrêt des émissions
17h 40 - Feuilleton . L'homme à la valise
18 h 30 - Flash Télex
18 h 35 - Nouvelles du Pays en Ebrié et Gouro
- S2S -
- Simple propos
Le club des peti cs
kum kum aujour-
d'hui la Neige
20 h 00 - Télé-Actualité soir
20 h 35 - Jeux télévisés: Embarquement immédiat
21 h 35 - Au Théâtre ce soir: La foire aux
sentif'lents
22 h 50 - Le Journal
23 h 20 - Fin des émissions.
Vendredi 15 Juillet:
12 h 30 - Akodi ?
13 h 00 - Info 13 h 00
13 h 30
Arrêt des émissions
18 h 35 - Nouvelles du pays en Guéré et Koulango
19 h 30
Le club des petits: kum kum aujour-
d'hui Grotto, le Magicien
20 h 00 - Télé-Actualité soir
20 h 35 - Feuilleton: La dynastie des Forsyte.
Propriétaire.
21 h 25 - Le temps du sDort
22 h 40 - Le Journùl
23 h 10 - Fin des émissions
Samedi 16 Juillet
12 h 30 - Super Show
13h 00 - Info 13h 00
13h 40 - Appelez-Moi Léa
13h 55 - Feuilleton Dickie-Roi ( 4 )
14h 45 - Artistes ~n he rbe
14 h 55 - Fla s h sur une commune
15h 10 - Sports et Jeux
-- - -- -~~- --~~~--:-:--~ya
...---~--
-
:115 -
d) ~~~_!!1!~r~e.!~9r~'!l!!lEl~ : sont des émissions de".
courte
durée
au cours desquelles sont
diffusés des mots
d'ordre
du parti
ou des
slogans en Français et en
langues
nationales
dont le but est
de sensibiliser la population
généralement sur les problèmes
de
développement ou de
transformation sociale.
-
Exode
rural
-
retour à la terre -
dangers
du chômage -
utilisation
des engrais et maximisation
de
la
production.
e) ~~9~~!'l~_f~!!li!1i~ : Il s'agit de la femme
scolarisée et non villageoise qui
doit veiller au fonc-
tionnement du foyer (- économie domestique - équilibre
du
salaire,
des
aliments, -
risques
courus par les enfants
-
ne
faire
soigner les enfants qu'à l'hôpital et non
au village) en un mot, il
s'agit de
la femme modernisée,
coupée
de son milieu social originel.
C'est là encore
une
autre
forme
d'aliénation
culturelle;
facteur d1impéria-
1i s me
cul tu re 1.
Mai s i l Y a lie u de
nua n ce r.
Enef f e t
i l ne s 1 agi t
pas
de
re fus e r lep r 0 g r ès
de
la medécine occidentale,
car ce serait là
une
regression
sociale.
Mais
l'une ne doit pas exclure l'autre.
A vrai
dire,
dans
la pratique medicale en Côte d'Ivoire,
certains
medécins
(medécine occidentale) conseillent des patients
à se soigner à la traditionnelle.
Ce qui
signifie qulil
y a complémentarité à propos
de
ces
deux types
de medécine
elles
doivent coexister.
- 527 -
15 h 45 - Appelez-Moi Léo
16 h la - Visiteurs du Samedi
16 h 35 - Musique d'une époque
16 h 45
Dessins animés
17 h 00 - 3 ré POIl ses pou r une i ma 9e
17h la
Feuilleton: Super Jaimie
aujour-
d'hui méditation
18 h 00
Merci Lc.o
18 h 1a - La vedette surprise
18 h 30 - Flash Télex
18 h 35 - Nouvelles du pays en Moré et Sénoufo
h
19
30 - Le club des petits
kum kum . petit
père
20 h 00
Week-end Actualités
20 h 35
Senson Reçoit
22 h 25 - Feuilleton
Un shériff à Ne\\'i York
23 h 15 - Le Journal
23 h 45 - Ciné-Nuit
Long Métrage
Les Nerfs
à vif
OOh 30 - Fin des émissions.
Dimanche 17 Juillet:
11 h 45 - Emission religieuse
Catholique
12 h 30 - Le nouveau dimanche avec Thomas Makaya
13 h 00 - 13 h 13 h 40
13 h 40
Kaleidoscùpe
13 h 50 - Qui êtes-vous ? Antoinette Didi ?
14 h 35 - Feuilleton
Western
La grande Vallée
15 h 25
Nouveau dimanche
15h 50 - Aerobic
16 h 00 - Sport
17 h 00 - Un moment de bonne humeur
17 h 15 - Nouveau dimanche
-
528 -
17 h 40 - Aérobic
17h 50 - En direct avec Mory Kanté
18 h 50 - Kaleidoscope
19 h 00 - Feuilleton
Jason King
19 h 50 - Nouveau dimanche
20 h 00 - Dimanche magazine
20 h 35 - Sport Panorama
20 h 50 - Feuilleton . La part des ténèbres ( 9 )
21 h 50 - Cinéma
Long métrage
Robert et
Robert
22h 50 - Le Journal
23 h 00 - Fin des émissions.
8.2. - Temps d'antennes par émission:
Temps d'antenne hebdomadaire
1) Information
El l e cOin pre nd
- Rendez-vous de 13 h .
- Flash télex.
- Télé-actualité soir.
- Télé-sports.
- Le journal.
h
- Info 13 .
- Nouvelles du pays.
soit 36,62 % du temps d'antenne hebdomadaire.
Ce t te
information concerne uniquement.
- Rendez-vous de 13 h
- 529 -
- Flash télex.
- Actualité soir.
- Le journal.
- Info 13 h .
dont le temps d'antenne hebdomadaire est de 20 % du temps
total.
2 - Nouvelles du pays (Information en langue nationale)
9,48 % du temps d'antenne hebdomadaire.
3 - Sports: 6,89 % du temps d'antenne hebdomadaire
tota l .
II - EMISSION EDUCATIVE
Le temps d'antenne de cette émission représente
8,19 % du total hebdomadaire.
Elle comprend:
- Questions actuelles
120'
Avec vous Madame
3D'
Télé pour tous
3D'
- L'invité de la semaine:60'
- Emission religieuse
catholique, protes-
tante 45 1
soit 4h 45'
III - EMISSION DISTRACTIVE
(Temps hebdomadaire)
Elle comprend:
- En direct de Bouaké
3D'
- 53n -
- Le club des petits
3h
- Feuilletons
gh 30 1 soit: lG,37 %
du temps total
d'antenne.
- African show
GO I
- Cinéma
l h 3D'
- Akodi
Zh
Au théâtre ce soir
1h 3D'
- Comment ça va
20 1
- Benson reçoit
2h 25 1
- Tanti Léo, appelez-moi Léo,
Marci Léo, visiteurs du samedi
2h 25 1
- Jeux télévisés
GO'
- La vedette surprise:
20'
- Kaleidoscope
20 1
- Aérobic
la'
Soit: 26h hebdomadaires
44,82 % de
temps
d'antenne.
B.3. - Contenu des émissions
- Information générale
Cette information que n0US qualifions de généra-
le est celle qui est donnée régulièrement à des heures
fixes de la journée et représentant 20 % du temps total
d'antenne.
- La part réservée à la Côte d'Ivoire est infim~
environ 30 % du temps d'information.
- Elle résume 1 'information radiodiffusée en
insistant sur les activités gouvernementales ou étatiques
et les faits divers.
- 531 -
La France occupe une place de choix
cal' elle
envoie régulièrement des informations filmées qUi sont
projetées aussitôt, environ 10 % du temps dl information.
Le reste de temps est réparti entre les autres pays
Européens, les Etats-Unis, l'Amérique Latine, le Canada,
le Proche-Orient les autres pays de l'O.U.A., l'O.N.U. et
ses organismes spécialisés.
On tait ici volontairement l'information rela-
tive aux pays communistes. Cependant depuis bientôt trois
mois, l'information en provenance de la Chine populaire
est fou r nie. E11e con ce r ne 1a Il 1i bé r a1i s at i 0 nll dur é 9i me
politique; tout juste pour montrer que le communisme a
échoué en Chine, par conséquent
il n'est qu'utopie.
Les thèmes des journaux dlinformation
Les nouvelles Ivoiriennes concernent les résul-
tatSscolaires de fin d'année, les vacances scolaires,
les relations de la Côte dl Ivoire avec les autres pays,
les activités des membres du gouvernement, des Préfets
et Sous-Préfets, du Chef de l'Etat, ainsi que les visites
des personnalités étrangères en Côte d'Ivoire
et les
problèmes de l'autosuffisance alimentaire.
Lundi 11 et mardi 12 juillet 1983 :
- Tchad
Abéché repris: IILa ville tombée aux mains des
rebelles a été libérée hier
par les FANT.
- Editorial
IISauver le Tchad et l'Afrique ll •
- 532 -
- Nigéria
"Réunions publ iques interdites dans 11 Etat
d'Oyo".
- Sénégal
"Pas de vacances pour le gouvernement ll •
- Ramadan: IIDemain la fête".
- Le Ministre Balla Kéita aux 600 nouveaux en-
seignants du secondaire.
"S oyez vigilants, luttez contre la haine et
le tribal isme".
Environnement: Les effets des programmes de développement
sur la vallée du Bandama étudiés.
"Du 11 au 23 juillet semaine sur l'impact
environnemental".
O.S.E.R. La campagne sur le respect des feux tricolores.
"Les Abidjanais réclament des sanctions contre
les automobilistes indisciplinés ll •
Ordre du Mérite: 20 Assistants techniques Français
décorés.
Dans les départements :
Bouaké: Promouvoir le tourisme national dans
le centre.
Abaissa
Riz: la vente du pady entravée par
les difficultés de transport.
Tiassalé
Les cadres de Broubrou décidés à re-
dynamiser les activités socio-
économiques.
Divo
Hold-up.
"Les bandits prennent des paquets de
correspondance pour de l' argent ll •
- 533 -
Sikensi
Journée politique de la fête des écoles.
IIL'histoire du PDCI racontée par M. Ekra Mathieu ll •
Guiglo
Fête d~s écoles. "Des journées enrichissantes".
Sports
Foot-ball: Le Ministre Fologo recevant les
juniors A et B.
IIS oyez prêts pour 1984".
Championnat national: "Résultats du dimanche".
France
IIFrance-Iran"
Nouvelle étape dans la dégrada-
tion des relations.
Fil mac cam pa 9na n t les comme nta i re s •
Opposition néo-Gaulliste
- Jacques Chirac aoprouve l'action du qouverne-
ment Français vis-à-vis du Tchad.
Film accompagnant les déclarations de Jacques
Chirac.
Cyclisme: 70e tour de France en image et classement.
Proche-Orient :
Dissidence au sein du Fath.
"Vers une médiation Soviétique".
Liban
"L'armée Israélienne a évacué la région de
Beyrouth-Est".
Ces deux nouvelles sont fournies oar l'Aqence
Reuter.
Pays de l'Est:
U.R.S.S.
"Un mariaCje sur trois échoue".
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cl t r.> n s P. i ~j Il a 'j t
C"juitte
- 535 -
- L'institut biblique a fêté sa 11e promo-
tion.
Niankaramadougou : - Cérémonie de ristournes:
114 millions de francs pour huit
G.V.C. II •
Bouaké
Drogue: 60.000 co~primés dans une valise.
5.400 m de tissus volés.
Abengourou : Conseil municipal :
II cons truction d'un grand marché et de deux
complexes culturel et sportifll.
Bin-Nouyé
Belles journées de retrouvailles des ensei-
gnants.
Sports
Foot-ball
rencontres nationales.
Cyclisme: 70e tour de France. (en image) et classement.
La 6e C.N.U.C.E.D. à Belgrade.
IIPour un nouvel él an de la coopération interna-
tionale. La Côte_d'Ivoire porte-parole du
groupe des 1177 11 Il.
Le rendez-vous manqué de Belqrade.
L'O.C.D.E. prévoit une aggravation du chômage
cette année.
Liban
- Vague d'attentats anti-Israéliens
- La crise entre la Syrie et 1 'O.L.P. Des obsta-
cles à la médiation Soviétique.
- 536 -
Est-Ouest
Moscou toujours opposé au déploiement des
missiles.
Jeudi 14 Juillet
Tchad
La genèse des conflits: Les causes du drame, du
début de l'indépendance à nos jours.
MEECI : La nouvelle équipe.
Opération coup de poing: 8 quartiers ratissés, 533 per-
sonnes raflées dont 24 connues
au fichier central de la police.
Banques de développement
liSe doter de personnel hautement qual ifié".
Ç!:~2i!_~~!:iSQI~ : Dynamiser l'activité bancaire en milieu
rural.
Le centre Niqérian d'information. Un
lieu de rencontre et d'échanqe.
Dans les départements :
Bonoua
2e session ordinaire du conseil municipal.
IIS a tisfaction générale pour le travail accompli".
Bouaké
Profitant d'une mise en liberté provisoire,
Konan Kouadio disparaît.
Dimbokro : Tournée du Sous-Préfet.
M.E.E.C.I.
: Mouvement des Etudiants et Elèves de Côte
d'Ivoire.
Mouvement estudi,::ntin du PDCI-RDA.
- 537 -
Guiglo : Santé: la maternité est renouée.
Korhogo : Remise de ristournes/Plus de 5 millions au
G.V.C. des éleveurs de Gbonkaha.
Sports
Foot-ball.
Proche-Orient: L'ambassade de la Lybie en Jordanie
après sa défection.
"J'ai reçu des Fonds de Kadhafi pour
diviser 1IO.L.P.".
Dissidence au sein du Fatah
"Yacer Arafat renouvelle ses accusations contre
la Syrie".
Liban
Des blindés Israéliens font mouvement vers le Sud.
R.F.A.
La vague de chaleur fait dix morts.
C.E.E.
Aide de 31 mi 11 iards 500 mill ions de francs CFA à
14 pays du Tiers-Monde.
d) F.A.O
Pénurie alimentaire dans certains
-- ---
pays de l'Afrique.
France
Tour de France en image et classe-
------
men t.
Des trésors renfermés dans la tombe
d'un seigneur féodal.
-
538 -
Vendredi 15 Juillet
Tchad
Les troupes de Goukouni battent en retraite.
- La lutte pour la survie de l'Etat.
Afrique Australe
Neuf pays menacés par Prétoria.
Addis-Abeba : Le Bureau de l'O.U.A. se réunit.
- Bac, BEPC, Probatoire: les résultats.
- Coopération Ivoiro-Canadienne :
La zone Nord du Pays bientôt reboisée.
- Fêtes nationales: - Les 116 ans du Canada célébrés à
Abidjan.
- Les Américains ont fêté le 207e
anniversaire de l'indépendance.
Dans les départements
Katiola : Visite technique du Secrétaire d'Etat à l'Agri-
culture.
Des mesures en faveur des paysans.
Bouaké
Reboisement
1.210 Arbres plantés à Kahankro.
La fête du Ramadan à l'intérieur
Bouaké, Odienné, Divo, Séguéla.
Boundiali : Conseil municipal: Priorité à l'éducation
civi~ue et politique des citoyens.
Sports
Foot-ball.
- 539 -
i
1
l
Liban: Bientôt un redéploiement des forces Israéliennes.
Syrie-OLP : Moscou se refuse à prendre part.
70e tour de France en image et
classement.
Samedi 16 et Dimanche 17 Juillet
Tchad
Les FANT poursuivent la contre-offensive en direc-
tion de Faya-Largeau.
Mali
Pour une réconciliation nationale.
Centre des métiers de l'électricité de Bingerville.
Le Ministre Battesti au,< 22 junes de la promotion sortante:
"Vous avez tout pour réussir votre vie".
- Aux assises d'Abidjan: Aveuglé par la jalousie
Il blesse son beau-frère et tue un innocent à la place
de son demi-frère.
Pour la Tabaski : des moutons à bon marché.
Dans les départements :
Abengourou : Face à la mévente du café:
le Ministre Bra Kanon exhorte les planteurs
à renforcer la quali~é.
Séguéla
Coton: Plus de 38 millions de ristournes aux
paysans.
- 540 -
Odienné : Deux nouveaux cars pour la région.
Bouaké : Deux contre bandiers arrêtés avec 20 cartons de
vêtements.
Sports
Championnat national de foot-ball.
Liban
Retrait des forces Israéliennes.
ilLe Président Gemayel a ratifié l'accord hier.
d) ~~rQQ~. Norvège: Le 22 juil'let dernier
S.M. Le Roi Olav V a fêté ses 80 ans.
Grèce-USA
Démantèlement des bases Américaines dans
cinq ans.
C.E.E.
Agriculture.
"La communauté risque de ne plus pouvoir financer
son budget".
France
Terrorisme.
"Attento.t à l'aéroport d'Orly. Bilan 4 morts et
21 blessés."
70e tour de France (en image) et classement.
Le contenu de l'information télévisée de la
semaine mérite quelques remarques.
- Au ni'!eau de l'Afrique moins la Côte d'Ivoire:
Le Tchad domine cette informa~;on. Mais il faut reconnaî-
tre que ce qui se passe dans ce pays intéresse la Côte
d'Ivoire.
Primo: La télévision présente une image de
ruines de guerre entre Tchad;en~ ce que la Côte d'Ivoire
f
1
- 541
-
doi t évi te r,
et l es commentai res sont a ri entés dans
ce sens.
Seconda: La France doit, d'ans la logique de
llimpérialisme culturel, préserver la francophonie en
intervenant militairement pour, soit disant protéger la
légitimité dlHissène Habré et l'intégrité territoriale du
Tch ad.
Ce conflit qui, au départ était cel ui
de
personnes (fils de chefs), est devenu culturel: culture
française et culture Arabo-Islamique, et la France ne
pouvait pas être absente de ce débat, ainsi que la Côte
dl Ivoire qui est la défenseuse de lli~éolo9ie
occidentale
sur ce continent.
Quant à l'information nationale, elle est axée
sur les fa i t s dive rs e t les déc l a rat ion s de s me mb re s du
Gouvernement.
En effet, s'agissant des
faits
divers, on cons-
tate surtout le trafic de la drogue et du banditisme.
Ce trafic nlest-il pas la conséquence,incontestablement
un apprentissage de cette pratique véhiculée par les mass·
mé di a ?
D'abord c'est une question de choix de modèle
de société. La Côte d'Ivoire qui se veut capitaliste,
donc agent de l'impérialisme occidental, doit assumer les
pratiques de cette société.
Une société de ce type est
s t rat i fié e
(n a nt i e e t dému nie ).
Le ban dit i s me e t 1e t r a fic
deviennent des moyens pour les démunis, sans qualification de s'enri-
chir.
Ceci
s'explique encore par le fait que ceux qui ont des
- 542 -
responsabilités
politiques et administratives pillent
impunément les
caisses de l'Etat. On peut donc avancer
que cette pratique relève de l'impérialisme culturel.
Cette crise de conscience n'est en fait qu'une crise de
société mal
maîtrisée où règne une injustice sociale.
Les port, en part i cul i e r l e Il f 0 0 t - bal 1 Il P re nd
une place prépondérante dans l'information générale et
cela s l exp1ique : - Une majorité d'Ivoiriens aime ce
sport et cette information devient en même temps une dis-
traction. Les autorités politiques ont donc intérêt à
divertir la masse au lieu de l'informer effectivement.
Dlailleurs les journalistes prennent soin d'informer la
popu1 ati on
avant chaque rencontre de IIfoot-ba11 11 tél évi-
sée, q ue cie st Il g râ ce à 1 a bi en ve i l 1a nce de son Exce 11 en ce
Monsieur le Président de la République Félix Houphouët-
Boigny que celle-ci est télévisée". Dans ces conditions
la
masse qui oublie que clest son argent qui
est uti lisé
pour la transmission de cette rencontre, remercie toujours
son Prési dent. On voi t bien que l a classe domi nante uti 1 ise
très bien les mass médi a pour se mai nteni r au pouvoi r, par
conséquent
de maintenir le statu quo, c'est-à-dire l'im-
pé ria 1i s me cul tu re 1 .
Le Proche-Orient
La télévision présente toujours l'image de
désolation, de
ruines du Liban jadis prospère, où le com-
merce fleurissait et les "buldings" poussaient comme des
chapignons. Aussi
prend-on soin de comparer le Liban
-
543 -
d'hier
à
celui d'aujourd'hui pOlir mettre en garde les
Ivoiriens contre toute guerre, interne fut-elle, car elle
n'épargne aucun quartier, même les plus modestes.
Le Libanais qui tue le Libanais
est pour la
masse une image affreuse qui lui permet, bien que nous
n'ayons pas enquêté à ce sujet, de dire que nuus sommes
bien chez nous en Côte d'Ivoire où règnent~la Daix et le dia10gue~
- Les pays Social istes
A part quelques fois l'Union Soviétique et tout
récemment la Chine, il n'y a aucune information sur
les
pays de l'Est.
"Moscou toujours opposé au déploiement des
missiles".
Cet te i nfor mat ion est tir ée de l'A gen ce Re ut et', san s co m-
mentaires des journal istes Ivoiriens, ce qui signifie que
la Côte d'Ivoire prend à son compte, la position de
l'Europe Occidentale favorable au déploiement des missi-
les Américains en Europe.
La seconde information de la semaine
"U.R.S.S. : Un mariage sur trois échoue/l.
Le journaliste Ivoirien donn~ les résultats d'une
enquête du sociologue Soviétique Ryouri I:ov sans tirer de
conclusion. Ainsi l'Ivoirien pense-t-il qu'il y a beaucoup
plus de divorces en URSS que partout dans le monde
et la
conclusion qu'on est tenté de tirer, c'est qu'en pays
socialiste, le taux de divorces est très élevé. Ce qui peut
encourager le régime libéral Ivoirien où le taux de divorces
- 544 -
semblerait bas, ce qui n'est pas démontré puisque, nom-
breux sont les mariages coutumiers, non enregistrés
officiellement en Côte d'Ivoire. Dans ces conditions, les
statistiques paraissent difficiles à établir.
- Quant à la Chine populaire, elle est négligée,
il s'agit de faits divers.
liSes trésors renfermés dans la tombe d'un sei-
gneur féodal".
Apparemment ce fait historique ou archéologique
n'a pas d'importance, mais pour la classe dirigeante qui
aspire à cette vie de seigneur, une telle information a
sa piace. Elle montre bien que ce que vit la Côte d'Ivoire
a existé ailleurs.
L'Europe de l'Ouest moins la France
Il s'agit des faits divers en évitant toute fois
les véritables problèmes politiques dans ces pays où exis-
tent des conflits sociaux permanents.
Ainsi le journaliste a-t-il livré à la population
Ivoirienne, qUé le 2 juillet: S.M. le Roi Olov V a fêté
ses 80 ans; la vague de chaleur fait 10 morts en
Allemagne Fédérale.
Cependant, la CEE retient toujours l'attention
du journaliste lorsqu'elle octroie des aides ou prêts aux
pays en voie dp. développement. Exemple: "Aide de 31 mil-
liards 500 millions de francs CFA à 14 pays du Tiers-
Monde.
- 545 -
La France
Elle occupe une place de choix dans l'infor-
mation générale.
- L'opposition actuelle retient toujours l'at-
tention du jouna1iste. Ainsi, a-t-on été informé de ~a
déclaration de Jacques Chirac sur la politique Tchadienne
de la France, politique qu l i1 soutient malgré son
opposition. D'ailleurs il ne pouvait en être autrement,
car l'impérial isme culturel Français n'obéit à aucune
couleur politique (gauche ou droite), l'essentiel étant le
maintien de la Francophonie et tout ce qui concourt à la
maintenir effectivement en Afrique Noire.
2 - Nouvelles du pays
Contrairement à l'information générale en langue
française, celle, en langues nationales désinforme le plus.
D'abord elle consacre les trois quarts de son temps
d'antenne à la musique traditionnelle de la région con-
cernée. Il s'agit beaucoup plus d'une émission éducative
musicale qu'informative. Ensuite, l'information proprement
dite se limite aux activités du ChEf de l'Etat
et des
membres du gouvernement, aux sports, l'information sur le
Pape Jean-Paul
II, la paix et le dialogue.
Ce journal n'est pas l'émanation du journaliste
qui présente l'information, mais relève d'une équipe
spéciale qui le rédige en Français pour chaque journaliste
qui le traduit directement en langue nationale. Cette
information s'adressant directement aux villageois, doit
aborder les faits divers et informer le moins possible en
dénaturant et présentant la politique Ivoirienne comme
celle qui promeut le développement national, le bonheur du
citoyen. L'exemple suivant nous aiderait à mieux comprendre.
- 546 -
Après la suppression de l'enseignement télévi-
suel en 1981, au cours du conseil des M)nistres qui
suivit, le responsable du département de la jeunesse, des
sports et de 1 léducation populaire demanda au conseil la
possibilité d'utiliser l'infrastructure du télévisuel
pour la formation des ruraux. La réponse du chef de l'Etat
fut claire, sans équivoque:
"Vous voulez former la masse pour quoi
faire
? Vous a-t-elle demandé' de la for-
mer? Laissez ma masse tranquille".
Cette position du Président
de la Réoublique
montre bien que l'objectif des mass média en langues
nationales n'est pas destinée à informer les ruraux
mais
tout simplement à les utiliser comme instrument de sa
politique, constituant ainsi des éléments stabilisateurs
pour
le
maintien
de
leur
propre
sous-développement
culturel.
Les sports Français occupent également une
place de choix.
La premlere explication serait que les Français
dont le nombre avoisine les 50.000 doivent s'informer sur
ce qui se passe chez eux. Mais cette argumentation ne doit
pas être retenue, car en dehors des coups d'Etat ou de
calamité, ni l'Algérie, ni le Maroc, ni encore moins
1 IAfrique Noire Francophone, ne sont quotidiennement pro-
grammés à la télévision Française, malgré ses
cino
chaînes. Dans ces conditions l'explication doit résider
ailleurs, dans le rapport dominant-dominé qui ré~it le
Nord et le Sud.
- 547 -
Ainsi ce qui se produit en France doit consti-
tuer des modèles pour la Côte d'Ivoire, même en matière
des sports.
Feuilletons
On a enregistré 10 feuilletons pour la semaine
choisie.
Lundi: 20 h 35 à 21 h 05
Lettres volées
3ème épisode:
IIEtienne Boireau est très inquiet, agité et un
peu trop attentionné envers ses voisins du village.
Les P.T.T. viennent de convoquer tous les des-
tinataires des lettres volées depuis 15 ans, pour leur
distribuer leurs courrier~.une file
indienne se forme au
guichet. Les commentaires vont bon train ll • Telle est
l 'histoire mise en scène dans ce feuilleton et qui est
d'actualité en Côte d'Ivoire où existe un véritable
réseau de fonctionnaires de moralité doOteuse.
Si ce feuilleton para't quelque peu bouffon, il
a un caractère moralisateur. Cependant, dans la mesure où
la France représente une référence pour la Côte d'Ivoire,
ce feuilleton peut être interprêté d'une autre manière~
du genre
IILes lettres disparaissent aussi en France ll •
- 548 -
Sans
connaître réellement le message ou l'idéo-
logie que véhicule ce feuilleton, on peut dire qu'il
a
incontestablement un caractère moralisateur
et on pour-
t
rait le classer dans
les films éducatifs.
Ma rdi
Le chevalier des Grieux et Manon Lescaut.
liEn 1731 sortai t en France un l ivre qui
fi t grand
bruit.
Non seulement parce qu ' i1 racontait la vie d'une femme
licencieuse, mais parce que son auteur était un ecclésiasti-
que, l'Abbé Prévost. LIAbbé Prévost rencontre un convoi
de
filles déportées qulon expédie en Louisiane.
Un jeune homme
suit le convoi
depuis Paris essayant de soustraire sa bien-
aimée à ce pitoyable cortège avant qu'il
parvienne au port
d'embarquement de ces malheureuses femmes
vers les Amériques.
Mais l'amoureux n'a pas en poche suffisamment d'argent pour
soudoyer les gardes".
C'est un feuilleton qui
pose un problème humain
et surtout de classe sociale. La séparation pour toujours
dl avec celle qui on aime et incapable de trouver une solution
à défaut d'argent.
L'idée véhiculée ici, c'est que sans argent
rien nlest possible. C'est
à première
vue vrai. Mais si
t
l'argent peut rendre maints services, il
ne suffit pas -
Dia ut re s é l é me nt sin ter vie n ne nt, 1a volon té, l e cou ra ge, 1a
détermination que
l'argent ne peut
remplacer.
h
h
Jeudi
: 17
40 à 18
30
Llhomme à la valise
"M. Chester est un richissime vieillard cloué
dans un fauteuil
roulant.
Il
a trois enfants dont une
fi lle Jeanne et deux garçons
ambi tieux et avi des d'argent,
- 549 -
qui font tout pour écarter Jeanne de la famille et sont
pressés de voir leur père partir dans l'autre monde.
Quand celui-ci meurt subitement, les deux frères ont
l'ingénieuse idée de lui substituer un acteur imitateur.
Ainsi pour tout le monde, le vieux Chester est vivant et
encore capable d'écrire un testament en leur faveur.
Chester était un peintre, un de ses tableaux
vendu aux enchères va irriter sa fille Jeanne et l'amener
à engager Mc Guill
pour éclairer le mystère qui entoure
son père.
L'idée essentielle de ce feuilleton tourne au-
tour de l'argent, comment él iminer la soeur pour que la
part d'héritage de chacun soit importante. Ce faisant,
les deux frères trouvent des solutions. Mais un justicier
est engagé par cette soeur pour démasquer les frères.
C'est ce qu'on rencontre couramment dans la société Occi-
dentale où tous les rapports sociaux
sont touiours sous-
tendus par 11 argent.
Vendredi: 20 h 35 à 21 h 25
La Dynastie des Forsyte
L'attitude de Philippe Bossinet pour un vrai
Forsyte, a quelque chose d'insultant, d'arrogant, de ven-
geur. Il manque totalement de politesse. L'important
c'est qu'il soit un très bon architecte. Or justement
l 'un des membres de la famille veut construire une maison
et choisit Philippe comme architecte. Celui-ci recommande
un terrain de 8.000 livres situé en pleine campagne à
Robert Hills. Personne n'est supposé être au courant. En
fait, l'information circule vite et Anne la doyenne, met
- 550 -
r
1
tout le monde en garde: "Construire est très dangereux".
Anne ne se porte pas bien, elle est sur son lit de
1
malade.
1
1
Ce feuilleton relate la vie et le comportement
des familles aristocratiques Londonniennes auxquelles
aspire la classe dirigeante nationale. Il s'inscrit bien
1
dans sa logique, sa culture.
~1
Samedi: 22 h 25 à 23 h 15
1
Un Shériff à New York
1
Mc Cloud, shériff du nouveau-Mexique, est envo~
1
à New York pour s'initier aux techniques les plus élabo-
~:'
rées d'investigation policière. Issu du milieu rural, Mc
1
Cloud doit affronter les problèmes de la grande cité.
Il
t
parle lentement, mais son esprit est rapide et il apporte
r
dans son travail un regard neuf plein d'humour.
Ce feuilleton met en scène une situation que
vivent bon nombre d'enfants de milieu modestes au contact
f
des grandes cités, de leur travail où ils doivent s'impo-
ser, répondant ainsi
t
à l'idée capitaliste selon laquelle tout indivi-
du peut réussir s l i1 le désire et s'il est surtout intelligent, ce qui
t
n'est pas du tout vérifié en Afrique où la politique est omniprésente.
f
t
Dimanche
1
Feuilleton Western: La Grande Vallée
1
~1
Vieil ami défunt père Bark1ey qu'il a d'ailleurs
i
secouru dans le temps, Handy trottait sur sa mule en tra-
t1
r!,
f1
- 551
-
versant un champ d'oranges et ne put s'empêcher dlen
cueillir. Surpris par des coups de feu de sommation il
riposte et blesse 1 lun de ses deux agresseurs. ~uelques
minutes après l'un des fils Barkley qui passait par là
le reconnaît.
En fait cette orangeraie qui vaut 8.000 dollards
est un sujet de litige ... Tous les ouvriers refusent d'y
travailler alors que les oranges sont mûres. La justice
ne pourra trancher que dans les 6 mois ... Que faut-il
faire? Cradok qui prétend avoir des droits sur une par-
tie des terres de l'orangeraie refuse toute discussion et
menace de tuer tout homme qui y mettrait les pieds.
c'est l'éternel problème qui caractérise un
type de films Western Américains où sont posés les pro-
blèmes de conflits de terres et le plus souvent, le
Shériff, contrôlé par un bandit de la région ne facilite
pas généralement la recherche d'une solution satisfai-
sante.
Ces conflits de terres s'inscrivent bien dans
une logique capitaliste où le plus fort dépossède le plus
faible.
Nous venons de présenter des feuilletons d'une
semaine. Mais en 1982, pendant trois mois, la Côte
d'Ivoire a connu un feuilleton qui a obtenu un succès
exceptionnel; même slil nia pas été programmé pendant la
semaine étudiée, il importe d'en parler puisqu'il met en
relief l'esprit capitaliste et impérialiste Américain.
- 552 -
Le feui 11 eton IIDall as Il
L'année 1982 a été, si on se permet d' uti liser
le langage journalistique:
III 'année de Dallas ll en Côte
d'Ivoire, tant ce feuilleton de David Jacobs a occupé les
foyers et familles
durant quatre mois. C'est dire qulil
a
eu un succès sans précédent dans l'opinion publique, car
tantôt il constitue un divertissement, tantôt un sujet de
réflexion relatif à la société capitaliste, en particu-
lier la société Américaine et on peut présumer que la
classe dirigeante nationale aspire et considère comme une
société de référence
ce type d'organisation sociale.
Ce feuilleton met en scène des aspects de la
vie quotidienne Américaine auxquels des téléspectateurs
s'identifient ou voudraient s'identifier pour créer des
1
1
fortunes à partir de
la corruption, llélimination du plus
t
~
faible par le plus fort, le banditisme, en un mot
cet
1
!
égoïsme inhumain qu'incarne llacteur principal
du film
•
f
appelé J.R. Ewing. A travers ce feuilleton
on découvre
f
1 a vi e et les di ri geants actuels.
1
l
En effet
IIDallas ll retient l'attention de près
de 300 millions de personnes réparties dans 57 pays
se-
lon 11 arti cle de Niang Abdoul aye. Cependant le Japon a
censuré quelques séquences ainsi que la télévision
Française. Quant à la télévision Ivoirienne, elle a pro-
1
jeté intégralement ce feuilleton y compris les séquences
r
1
~
relati ves au viol
de Sue Elen. Cette projection s'est
poursuivie dès le 7 Janvier 1983, ce qui
explique l'im-
r
t
portance que la télévision Ivoirienne a accordée d ce
feuilleton.
ri
1
1
1
t
,
- 553 -
Mais comment les téléspectateurs Ivoiriens ont
perçu les principaux acteurs ainsi que le film?
l - PERCEPTION DES ACTEURS
- J.R. a été considéré avec naiveté et sentimentalis-
me comme un vulgaire sadique, capable de tuer pour réussi~
infidèle notoire
D~r une catégorie de téléspectateurs,
une autre, bien au contraire, le considère comme 1 'homme
d'affaires exemplaire, avocat des situations d~ffici1es.
- Bobby
: est pour certains, le mari idéal, pour
d'autres, un mari naïf, plein d'illusion et de manque
d'expérience.
- Sue Elen: est traitée de femme alcoolique, faible
de caractère, qui siest résignée pendant longtemps.
- Pamela : jugée comme une femme idéale.
- Lucy: jugée comme une femme très indépendante.
Ces diverses appréciations méritent notre
attention.
Selon l'esprit capital iste : "Les affaires sont les af-
faires"
; c'est-à-dire qu'en clair
il n'existe pas de
sentiments dans les affaires, ou dans la manière de s'en-
richir
et J.R. Ewing incarne bien cet homme d'affaires
- égocentrique - inhumain - très peu scrupuleux dont le
souci est de s'enrichir, devenant maître des situations,
même les plus difficiles. Ainsi donc
le goût de l'argent,
de puissance ou d'esprit impérialiste l'emportent sur les
relations humaines et 12S considérations familiales.
c'est la société telle que la voudrait sans doute la clas-
se dirigeante dans le processus de capitalisation de la
Côte d'Ivoire.
- 554 -
En effet
toute société ou tout système politi-
que a ses aspects négatifs et positifs.
Or les appréciations de certains Ivoiriens sont
empreintes de sentimentalisme, ce qui veut dire qu'il~
apprécient le film dans un contexte moral africain au lieu
de le situer dans l'optique capitaliste où règne une con-
currence sans mercie et où le plus faible est "mangé" par
le plus fort, où llhomme est ennemi
de l'homme.
On peut alors se demander si les Ivoiriens ont
réellement compris les principes élémentaires du capita-
lisme (nous parlons surtout de ceux qui confondent sen-
timents et affectivité familiale avec les affaires).
Quant aux appréciations portées contre Sue Elen
tendant à affirmer qu'elle est alcoolique sans aucune
autre explication, est une erreure très grave de jugement.
Cette créature fait malheureusement partie des femmes qui,
bien que capitalistes Américaines, ont encore ce sentiment
d'amour pour un homme et qui se sentent frustrées en
compagnie d1un époux dont le comportement cynique consti-
tue une frustration. Clest justement pour sans doute
dominer cette situation que Sue Elen consomme démesure-
ment llalcool qui évacue momentanément les soucis
et le
chagrin d1amour. On le constate fréquemment d'ailleurs
dans les sociétés où des personnes éprouvant maintes
difficultés économiques sociales et psychologiques
sladonnent à 1 lalcool. Tout homme (garçon ou femme
oeut
'
conduire autrui à recourir à une substance toxicomanogène
qui apparaît alors comme une thérapeutique procurant une
illusion momentanée de bonheur perdu dans la réalité. A
partir de ces constatations, examinons les points de vue
des Abidjanais et Abidjanaises de toutes les catégùries sociales.
- 555 -
Nous tenons à preclser qu'il s'agit bien d'une
enquête menée par les journalistes de l'unique quotidien
du pays auprès de la population Abidjanaise ; ce qui
signifie que nous ne garantissant pas sa scientificité
absolue.
ilLe Feuilleton IIDALLAS II Les Abidjanais
regard critique
sur la société d'aujourd1hui"
A - Position des cadres moyens :
1 - Mlle Adonis Marcelle (Secrétaire)
"Dallas est un bon film
tr~s actuel.
C'est
une réalité quotidienn~ on y est confronté
C'est un problè~e v.niversel en tout lieu
et en tout tenps.
I! est possible de
rencontrer les mênes types du film dans
la
société".
2 - Mlle. Yed ~el Emilie (Secrétaire)
"Le film en lui-même me pla-ît,
on y est
confronté à diverses situations.
On peut y
voir comment la vie est dans une grande
famille et comment faire
pour réussir . . .
J'adore
Bobby na~3 sa femme exagère en lui
rendant la vie dif:icile.
Le Père Ewing a
un parti pris.
Il donne
trop de pouvoir à
J.R ..
Ce qui est encore source de discorde
dans
la famille.
Cependant,
malgré ces
défauts.
J.R.
se retrouve partout".
3 - Mme Dingué Anne (Secrétaire)
"Je
n'ai jamais raté un
feuilleton de
Dallas,
ma préférée c'est la petite Lucie.
Le film reflète trop de réalité:
i l y a
J.R.
dans beaucoup de
foyers.
Bobby est le
mari idéal
: et il sait apprécier les
choses à leur juste valeur",
- 556 -
4 - Mlle Marcelline (Secrétaire)
"J'adore DALLAS, cela soulève tous les
problèmes familiaux dans la vie courante.
Pamela incarne la bonne épouse.
Bobby est
plus près de la réalité que J.H.
On
attend avec impatience le retour de
Dallas".
5 - Kengne :
"Dallas est un film que l'on ne devrait
pas visionner dans les pays en voie de
développement.
Cependant j'aime Dallas,
mais la compréhension n'est pas à la por-
tée de tout le monde. En somme Dallas
c'est l'écrasement du plus faible par le
plus fort".
6 - Mme Aka Justine (Assistante sociale)
f
r
"Beaucoup d'enfants se sont blessés en vou-
lant voler comme spectroman, donc i l y a
lieu de leur expliquer les films.
De même
que Dallas qui fait
l'élogue du mal".
1
r
7 - Mme Kanté Mariame (Assistante sociale)
f
"Le cas de Sue Helen n'est qu'un avertisse-
ment aux hommes".
1
~f
8 - Victor Adom (Technicien R.T.I)
t
,
"Dallas est un très bon feuilleton qui
pourrait me permettre avec les enseigne-
ments que j'en tire de fonder un foyer
solide du fait qu'il est une étape de
l'école de
la vie, i l est une transposi-
r
tion de faits réels sur l'écran. Mon
t
préféré,
c'est Bobby".
ti
9 - Touré Boa (p et T)
1
"J'admire J.H.
à cause de son courage,
i l
1
- 557 -
trouve une solution à tout mais il
existe un petit J.R.
en nous.
Les gens
sont antipathiques à J.R.
parce ~u'ils
voient leur vraie nature que
la société
maintient voilée
Il Y a vZus des
J.R.
que des Bobby".
10 - M. Ouraga (Postel
2001)
"Pour ~oi Dallas,
c'est la sociiti Q~ nous
vi vons, en sorte le miroir de 1, nous -'?ême s
sans narcissisme.
Ce qui me fait le plus
mal, c'est que je n'ai assisté à certains
feuilletons".
11 - Attayi Gilles (Etudiant)
"J'adore J.R.
peut-être du fait que je fais
des études commerciales,
et pour moi, i l
est le prototype de l'homme d'affaires
parfait.
Car en affaires,
il n'existe pas
de sentiments."
Ces premleres appréciations du feuilleton
"Dallas" montrent la manière dont il
a été perçu par des
Ivoiriens, surtout par rapoort à leur propre société.
Lorsque certains affirment qulil y a des J.R. en Côte
d'Ivoire, ils disent en clair que le comportement affai-
riste et inhumain de celui-ci se rencontre de plus en plus
dans le pays
de sorte qu'aujourd'hui, pour l'homme de la
rue, les J.R.
Ivoiriens, ce sont: les membres de la clas-
se dirigeante qui s'enrichissent en exploitant la masse,
en pillant les deniers publics et transferant tous ces
fonds dans les banques Occidentales, en particulier en
Suisse. Ainsi le Chef dlEtat qui a publiquement affirmé
que tout homme sérieux ne doit pas conserver son argent en
Côte d'Ivoire
est considéré comme le J.R. national. Ainsi
les Maires élus en 1980 sont eux aussi appelés J.R. des
communes. On a donc celui de Bouaké, de Korhogo, d'Abidjan
etc.
- 558 -
Ce qui signifie que l'objectif de la classe
dirigeante à vouloir
imprégner l'Ivoirien de l'esprit
Américain en introduisant ce feuilleton dans
le pays.,
n'aurait totalement pas été atteint. Le souci
d'identifi-
cation aux acteurs a eu un effet inverse sur la population.
Des femmes ont même reconnu ou i denti fé le comportement
d' i nfi dél i té de leur époux à cel ui
de J. R.
Même s'ils n'ont pas compris la philosophie du
capitalisme Américain, c'est-à-dire:
un régime dont le
moteur est l a recherche du profi t créé par l'exp1oi tation
de la force de travail des prolétaires, donc de l'enri-
chissement d'une classe qui
s'embourgeoise aux dépens
d'une autre, l'aspect inhumain lié au profit maximum ne
leur a pas échappé. Ils se rappellent l'humanisme de la
société traditionnelle,
l'entraide et la solidarité qui,
aujourd'hui
n'existent plus et dont ils subissent les
effets néfastes.
Par contre
il
est incontpstab1e que ceux qui
aspi rent à cette vi e appréci ent réellement cette société
OÙ,
co mme J. R., 1e plu s for t é c ras e 1e plu s f ai b1e. C' est
ce qu'on appelle en clair les affaires. Clest le cas de
l ' é t udia nt e n co mme r ce qui
s e v0 i t dé j à, san s do ut e
homme d'affaires parfait. Cest dire qu'incontestablement,
J . R.
a uni mp a ct po s i tif et né gatif sur 1es ca d re s JlX)yens.
B
Au ni veau des cadres supéri eurs
12 - Ko ua k0 u i j 1 gue 5 san Fra nç 0 i s (S0 ci 0 log ue )
"La famille
Ewing n'a d'unité 4ue par le
sang",
et i l poursuit:
"Du point de vue
impact sJciologique,
Dallas
est le reflet
de la société r.zoderne,
le cadre et
le genre
- 559 -
de vie confortable où tournent les per-
sonnages ...
d'où Dallas est un feuilleton
didacti~ue parce qu'il montre les diffé-
rentes facettes de la société à travers
cine
fa."'?ille.
Les personnages sont le
reflet de ce que nous pouvons rencontrer
dans notre civilisation d'homme . . . J.R.
ne rencontre aucune difficulté pour assou-
vir ses desseins:
c'est le prototype du
"Busnessman" avec son corollaire machiavé-
Zi0ue,
3n
face de
lui
le benjamin des
2wing Dobby recherchant un idéal d'amour
filial et conjugal.
Avec eux Sue Helen
tirai llée en tre un mari absen t
et cynique,
et à ces côtés figure
Pamela qui vit un
véritable drame entre sa famille d'origine
et sa famille conjugale,
elle est aussi en
butte à des probl&mes congénitaux .. . ".
13 - Mamadou Coulibaly (Sociologue). Directeur
des relations extérieures Air Afrique.
"Le côté didactique du film s'adresse à une
élite morale.
"La population était trop accrochée à Dallas,
cela s'explique du fait
~ue certains y
'Joient le proJection d' :~x-mêmes dans une
société en pleine m~ta~~on. Il faudrait
remarquer que ce feuilleton est tr&s Amé-
ricanisé,
l'[voirien est tr&s occidentali-
sé contrairement à beaucoup d'Africains;
d'où certaines de nos valeurs sont
faussées ...
Les enfants pensent a~ssi que le film se
réalise à travers le personnage déphasé de
J.R.
d'où en plus de
l'explication que
l'on doit leur fournir sur Dallas,
ils
doivent savoir que Dallas est une invita-
tion à la réflexion.
c'est pour nous expliquer les réalités du
~onde "'?oderne eue de~x couches sociales
s'affrontent: -en quelque sorte c'est une
jungle organisée.
Nous vivons Dallas dans
notre vie quotidienne".
Voir Fpaterni~é-Matin du 24 septembre 1982.
L'enqu6te du
jour:
Dallas ?P.
4-5.
- 560 -
14 - Traoré Aly (Economiste)
"Dallas est tr~s intiressant ;
la ~ajoriti
des télispectateurs y trouvent leur comv-
te
;
il distrait en regroupant toute
la-
famille,
ceci est un éliment très positif.
Pour bien cerner Dallas,
il faudrait en
faire une analyse sociologi~ue et iconomi-
que.
Ecor..:~:i.-_!uen;e!n.-t, c:'est :!?'~e r~.:-:~~'3.e ~~ar:IiZZe
dont la fortune
a été bâtie sur la corrup-
tion et le banditisme: J.R.
est l'élément
représentatif de cette sociité avec tous
ses maux,
le gangs t érisme en tre au tres.
15 - Mamadou Coulibaly (Directeur des
relations extérieures Air Afrique).
"Dallas du voint de vue techniaue est une
belle réalisation,
mais sur le plan moral
il est nocif po~r des jeunes ~~tions comme
la nôtre.
Il est dangereux de présenter
J.R.
comme une vedette dans un contexte où
la criminalité et
la délinauance juvénile
sont aalovantes.
Dallas met e~ exeraue
le
mauva~s c~ti de la sociéti. Si an d~man
dait
l'avis des gens j'aurais retiré
volontiers Dallas de
la ciné~athèque de la
R.T.I.
;
J.R.
ne trouve son plaisir que
quand il a fait un coup fumant à ses con-
currents,
même au détriment de
leur vie.
Christine
n'est pas un exer"p!e d.u .+"ait
qu'elle prend son beau-frère pour amant.
J'attends de Dallas une
suite Dlus morale
que la premi~re série . . . . .
Dallas a un côté didactiaue qui
s'adresse à une élite morale ... ".
16 - Docteur Abhé (Médecin chef hôoital
psychiatrlque de Bingerville l
"L'analyse de
chaque personnage a des in-
fluences
sur la société.
Si on regarde en
surface on dira que
les Ivoiriens ne sont
pas ~ûrs pour aller jusqu'2 :~iter la
famille
Ewing qui a bâti sa .~aY't,me sur
les crimes et autres vices de
:a sociét~ ..
- 561
-
17 - Faustin Kouamé (Juriste criminologue,
Assistant à la Fac~lté de Droit de
l 'Université Nationale).
Après une analyse qui rejoint celle des autres
cadres supérieurs l'auteur concl ut à l a fi n de ses propos:
"Ils sont si ~~~breux cu'il serait de vai-
ne préten~icn de
les exposer tous.
Il est
cependant certain que
la série "Dallas"
présente
l'hOMme dans
les différentes
manifestations de
son essence et la
société COMme une machine complexe et
infernale.
Au niveau clinique et du point
de vue de
la relation interpersonnelle,
"Dallas" montre deux aspects du comporte-
ment humain.
De même qu'il est possible
d'organiser les rapports en société sur
une base d'hypocrisie,
de médisance et
d'indifférence effective, il est possible
de vivre,
plus difficilement cependant,
en faisant de
la vérité objective une
vertu.
Triste est de constater que
la
cohorte d'ypocrites sont plus nombreux
que
les apôtres de
la vérité.
Le c!e?lxis'--:e enseignement cette f"o'~s-ci
au niveau social,
c'est que Dallas montre
bien comment les pouvoirs financiers et
politique peuvent infléchir le fonctionne-
ment régulier de certains services publics
(notamment ceux de
la police et de
la
justice) ~i~e dans un état ayant une
longue expérience de
séparation des trois
pouvoirs.
Enfin et surtout,
à travers
le person-
nage Cliff 3arnes,
Dallas montre que la
société est :ort complexe et qu'il vaut
mieux être d2~ocrate qu'autre chose ~ais
en miMe "':;w~::s,
Te
technOCl1 ate doit a;pren-
dre,
sans se iépouiller, à composer aJec
les autres Douvoirs".
Fraternité-Matin
Samedi 2.5 dimanche
26 septernhre 1953. P.
6.
- 562 -
Avant de poursuivre notre étude sur ce feuille-
to n,on peu t
f aire q ue 1q ue s
re ma rq ue s
:
- Les
cadres supérieurs perçoivent le danger
que comporte Dallas, la propagation de
l'idéologie qu'il
occulte.
Ils pensent sans doute avec naïveté que c'est un
hasard si ce feuilleton a été choisi
pour être projeté
en Côte d'Ivoire.
Mais
les autorités
politiques font elles
aussi
preuve
d'une
naïveté déconcertante lorsqu'elles
pensent que
les effets d'un tel
feui 11 eton sur 1a masse
ne pouvaient pas être dialectiques
(effets positifs et
né g a tif s ).
5 i
1e s
c a d re s s uPé rie urs
re 9 re t te n t 1 a di f f u-
sion de Dallas en Côte d'Ivoire,
leur attitude
ne semble
pas juste puisqu'il
faut
justement permettre à la masse
de connaître effecti vement les
tares
de
1a soci été capi-
ta1iste de consommation qui
est la négation de l'homme en
tant qU'être
vi vant, 1 a négation des sentiments dans les
affaires et parfois-même l'élimination physique du
concurrent., p ri vi 1égi ant ai ns i
lia rgent et 1 1 0 ri gi ne
sociale (des
nantis
et bourgeois).
L'idéologie que véhicule en partie Dallas,
clest de montrer aux Ivoiriens que les
sentiments et
l'affectivité familiale
doivent être dépassés.
Les
affai-
res passent avant la famille
de sang et la famille
d'alliance
(épouses), seules
vertus qui
résistaient encore
dans
les
forêts et savanes
dlAfrique et qui
doi vent
disparaître si
on veut s'occidentaliser. L'Occidenta1isme
et l'impérialisme
ne concevant la société que dans le
rapport dl argent,
rapport de
domi nant-domi né
et vou1oi r
analyser ce feuilleton à partir d'une société traditionnelle
sans
luttes de classes
serait une erreur, surtout une
erre u r d 1 i n co mpré he ns ion dus y s t ème cap i t a 1 i ste e t une
-
563 -
erreur d'interprétation de 1 'histoire des hom~es et de la
colonisation.
En effet
aucune société au monde nia été colo-
nisée sans violents affrontements. L'impérialisme, même
s'il présente aujourd'hui un nouveau visage de II pa ix tl ,
derrière se trouvent les intrigues de politiques politi-
cienne, des coups dlEtat à répétition qui éliminent par
moments des responsables politiques valables pour 11 Afrique
et les peuples du continent en soutenant des chefs d'Etat
à la solde de l'étranger. C'est cette personna1 ité
qu'incarne J.R., cynique, inhumain, prêt à éliminer en
particulier les plus faibles ou à les soumettre. C'est ce
que nous constatons entre les sociétés développées et
celles en voie de développement où les unes sont soumises
au bon vouloir des autres, et exploitées faisant fi de
toute morale (147).
Dallas s'inscrit, du point de vue théorique,
dans l'optique capitaliste que voudrait instaurer la
classe dirigeante, mais dont les effets n'ont pas répondu
à l'attente de cette classe
en particu1 ier l' inte1l i-
gentsia extérieure à la couche dirigeante politique.
Quant à la masse moyennement scolarisée, elle
n'a pas bien perçu la philosophie du film, car ignorant
le régime politique qui régit le pays. Elle a perçu les
effets, mais ne les situe pas dans le rapport de produc-
tion et le changement social qui s'opère depuis la coloni-
sation.
( 147)
-
La morale ne semble pas universelle car ce que les peuples
subissant l'impérialisme considèrent comme ~o~ale n'est pas
celle des pays impérialistes ; par consé~Âent ce terme
s'inscrit lui aussi dans un rapport dominant-dominé.
-
564 -
Publicité
La radio et télévision
Radio
Lundi
1h 06
Mardi
1h 11
Mercredi
1h 11
Jeudi
1h 09
Vendredi
1h 11
Samedi
1h 03
Total hebdomadaire
6h 51 sur 126 heures soit
5,55 % du temps d'antenne.
La publicité occupe
environ 5,55 % du temps
d'antenne hebdomadaire, mais le problème réside surtout
dans le type de produits proposés et leur origine.
Types de produits
1 - Alimentaires
Nescafé
Nescao
Firme Suisse
Nestlé
2 - Boissons
- Schweppes
- Orangina
Firmes Américaines
- Golden orange
.Coca cola
- Bières Fl ag
Firmes Françaises
- Bières Solibra
- 565 -
3 - Cigarettes
- Marlboro
Fine
Firmes Anglaises
- Golden club
- Gauloises
Firmes Françaises
- Gitane
4 - Cuisine
- Riz Uncle Benis (Américaine)
- Tanti oignon
(Française)
- Cube Maggi
- Jumbo cube
(Italiennes)
- Huile Dinor
(Francaises)
5 - Savons
- PharlllafJ ur
(Française)
Idéal
"
- Trituraf
- Adora (Francaise)
Lavibel
Il
- Blohorn
- BF 8
(Francaise, mais
- Panthère
rachetée par une
firme Anglaise de-
puis 1983)
- Cosmivoir
(Firme Ivoirienne).
6 - Ustensiles
- Ivoiral
(Firme Francaise)
- 565 -
7 - Crèmes .
- Fresh
- Rexona
(Firme Anglaise)
- Lotus
- Mixa
Firmes Francaises
- Nivea
8 - Automobile
- Peugeot
Firme Francaise
- Renault
- Toyota
Firmes Japonaises
- Datsun
9 - Banques
- B.I.A.O. (Francaise
ancienne banque de
l'Afrique de l'Ouest B.A.O.)
10 - Parfums:
- Old Spice
Firmes Américaines
- Sinthony
La liste de ces produits mérite notre attention.
Il existe en Côte d'Ivoire des petites et
moyennes entreprises qui auraient pu proposer leurs pro-
duits à la consommation du public. Mais là apparaît le
vrai problème de l'impérialisme
En effet
la classe dirigeante a choisi pour le
pays
le modèle de développement capitaliste, ce qui
implique la loi de la jungle où le plus fort IImangell le
- 567 -
plus faible, livrant une concurrence âpre où les petites
entreprises sont de plus en plus condamnées à disparaître
au profit des multinationales. De plus la publicité dont
le coût est très élevé
n'est pas accessible aux petites
entreprises.
Coûts de la publicité à la Radio et à la Télévision
1 - Radio
Tarif au 1er Octobre 1983 (du lundi au
samedi)
(159)
Tableau '4J
Tranches
titre des émissions
1 tarifs
Code
30 11
45 11
60 11
Horaires
correspondantes
1
1
A
6h05-7 hOO
Joyeux réveil-bonne
: 58000
166000
76000
journée
:
1
7h05-81l 00
1
B
l'
"
"
34000
'44000
51000
1
,
!
1
----+
,
C
8h04-9 hOO
"
"
"
; 30000
i35000
141000
!
1
1
i
1
0
11 h05-12 h
: Zénith-le magazine de
28000
i35000
40000
, la mi-journée
j
l
j
1
E
12h05-13 h
1
"
"
"
. 48000
\\56000
66000
1
i
1
1
i
!
1
;
i53000
i
F
13h05-14h
Il
Il
Il
: 42000
1
62000
1
,
!
1
1
G
19h05-20 h
Ivoire-sport-apéritif
42000
53000
62000
,
1
!
,
concert
H
Apérit if -concert
l
55000
: 59000
68000
N.B. Le prix est en Francs C.F.A. 1F CFA = 0,05 F F.
1.000 F C.F.A.
= 20 Francs Français.
- 558 -
Tableau 44
Dimanche
1
6h05-6 h30
Joyeux réveil
24000
131000
33000
1
i
J
12h05-13h
Zénith-le magazine 35000
43000
52000
1
de la mi-journée
!
:
1
i
1
15h05-19 h
1
K
"
166000
"
58000
76000
1
~
i
i
1
L 19h05-20 h
i Appéritif-concert
42000
53000
62000
,
i
!
M 20 h30-21 h
Il
".11
48000
i 56000
"66000
i
1
2 - Télévision: Tarif au 1er Octobre 1983.
3 Tranches de 9 minutes au total par jour
Tranche N° 1
19 h 30 après les informations en langues
nationales.
19 h . Le dimanche avant le feuilleton.
Tableau
45
Durée
10' ,
15' 1
20 l'
25' ,
30 11
35' 1
40 l'
45' 1
50 11
1
Prix
94000 135000 172000 209000 242000 275000 303000 3300013680001
1
1
1
55 11 = 375000
60 l' = 396000
Tranche N° 2 Avant les informations de 20 h .
Tranche N° 3 après les informations de 20 h .
- 569 -
Ta bl ea u
46
Durée
10' 1
15' ,
20' ,
25' 1
30' 1 1 35 11
40 l'
45' 1
50 11
Prix
127000 182000 242000 292000 352000 396000 436000 497000 520000
)
55"
= 559000
60"
= 595000
Analyse de contenu de la publicité
1 - Produits alimentaires (à la télévision)
Il est aujourd'hui reconnu que dans plusieurs
pays Africains parmi lesquels figure la Côte d'Ivoire,
le problème alimentaire est loin de se poser. Par contre
ce qu'ont constaté les nutritionnistes, c'est le manque
d'équilibre dans les repas et surtout leur cuisson exces-
sive avant consommation.
En Côte d'Ivoire la terre fertile existe, prête
à fournir des denrées alimentaires,
la publicité ne
devrait donc plus vanter les produits alimentaires impor-
tés II ma de in U.S.A. ou made in France ll mais au contraire
orienter son effort vers la consommation des produits
nationaux. Mais pour llheure ce n'est pas le cas.
1) Uncle
Benis (Riz)
: Temps d'antenne
40'1
par jour.
Ce riz (st une production d'une firme Américai-
ne. L'emballage de cette denrée retient notre attention:
- une famille Noire
élégamment habillée, déguste ce riz
· - 570 -
qui ne II co ll e ll jamais. La présence publicitaire ne présente
également cette famille, devant une table superbement
dressée et garnie, dans un jardin fleuri, dans la cour
d'une somptueuse maison de campagne; environnement qui
ne peut que susciter l'appetit.
2)
Cube Maggi, Jumbo-cube
Ce sont des produits présentés sous-forme de
petits cubes qui serviraient à obtenir des plats savoureux.
Par cette publicité
les firmes Italiennes font
une percée sur le plan alimentaire qui est aussi une pra-
tique culturelle en Côte d'Ivoire. Hormis les cubes Maggi
et Jumbo-cubes qui se dissolvent dans les sauces dont
raffoleraient
les Ivoiriens, les Macaronis "Panzani ll
sont aussi Italiens,
donc étrangers à la pratique culi-
naire Ivoirienne. Il s'agit d'une acculturation alimentaire,
une affaire commerciale. C1es"t un produit venant d'un pays
développé, donc certifié) par conséquent "me illeur et équi-
libré ll •
On voit généralement à travers cette publicité,
une promotion sociale de l'Ivoirien, c1est ce qu'elle
appelle le "développement de 11 Ivoirien ll . Mais là se
posent deux problèmes: - Ceux qui peuvent s'offrir le
IIPanzani ll et les autres denrées
étranqères
sont cons-
cients d'appartenir à cette caste d'Ivoiriens ayant réussi
leur insertion dans la Côte d'Ivoire IInouvelle". Par
contre les autres se sentiront frustrés, puisqu'incapa-
bles de suivre "l'évolution du paysll , ils sont par
conséquent frustrés.
'",
- 571
-
Quant aux fameux cubes "magiciens" comme les ap-
pellent les ménagères, leur introduction dans la cuisine
nlest
qu'une mystification et un matracage publicitaire.
Et comme nous l'a signifié un responsable "d'Ivoire-média",
la publicité a multiplié au moins par 30 la vente de ces
produits. Malheureusement des chiffres ne nous ont pas
été fournis. Cependant nous remarquons que ces cubes ont
pénétré de nombreux foyers Ivoiriens. C'est à croire que
les sauces des ménagères "anté-coloniales-" ou anté-cube
maggi étaient démunies de toute saveur. Pour notre part,
le vrai problème se situe au niveau du matracage publi-
citaire de ces produits étrangers qui deviennent au fur
et à mesure des pratiques courantes, acculturant et
aliénant la population.
La séquence publicitaire de 15"
présente une
Ivoirienne utilisant ces cubes dans une sauce en cuisson
qu'elle goûte par la suite en criant: "c'est bon". C'est
l'image qui incite sans doute les ménagères à acheter ces
cubes "magiciens".
3) Nescafé, Nescao, Nestlé (Firme Suisse)
La Côte d'Ivoire est aujourd'hui le premier
pays producteur de cacao et le 2ème pour le café. Ainsi
la première préoccupation eût été une industrie nationale
de transformation de ces matières premières par l'Etat
Ivoirien. Or c'est à une firme Suisse qu'est revenue
l'exclusivité de cette transformation (Nestlé). C'est le
type de transfert de technologie qui ne profite pas au
pays sous-développé dans la mesure où il s'agit tout sim-
plement d'un changement pure et simple de lieu pour
l'usine qui demeure à tous points de vue
étrangère.
- 572 -
La séquence publicitaire de 40 11 par jour
présente une famille réduite de trois enfants, à table,
dans une belle villa somptueuse,
prenant le petit
déjeuner (le père habillé en costume avec cravate, la
mère en robe de grande marque Française). Le petit déjeu-
ner comportant: outre le Nescafé et le Nest1é, des
tartines au beurre et à la confiture; quelle famille
idéale? Clest la famille Occidentale parfaite. L'idée à
véhiculer, clest le petit déjeuner nécessaire tous les
matins. Mais derrière cette image
se cache le modèle de
société. Cependant, pourquoi ne présenterait-on pas une
famille paysanne prenant le petit déjeuner le matin avant
de regagner le champ ou la plantation? ou encore une
famille d'ouvriers ou d'employés, de commerce ou de bureau
avant le travail? Il est évident que ce qu'on souhaite
véhiculer, clest le modèle de vie occidental, modèle de
référence qui est celui de la classe dirigeante nationale.
car tout modèle est idéologique. De plus cette séquence
ne présente que la haute société occidentale, ignorant
volontairement, sans doute par idéologie l 'e~istence d'uœ
classe correspondante en Côte d'Ivoire (celle des ouvriers
et paysans). Par cette publicité on veut faire tendre
l'Ivoirien vers la société idéale occidentale de rêve.
4) Crèmes de beauté et parfums
Ces crèmes et parfums sont des produits des
firmes Américaines, Anglaises et Françaises.
Les différentes séquences présentent des femmes,
toujours de la haute société. On peut ici dire que cette
publicité s'adresse beaucoup plus à la classe dirigeante
qu'à la classe populaire. Il s'agit de produits de beauté
- 573 -
permettant de ressembler aux homologues occidentales:
cheveux défrisés, peau douce et brillante, parfois chan-
geant de teint, les lèvres et les pommettes rougies; ce
qui est loin de la femme de la masse Ivoirienne. Mais là
encore se pose un problème, celui de la femme belle.
Faut-il alors croire en l'inexistence de la belle femme
dans la société anté-coloniale ?
Du point de vue théorique, toute société, tradi-
tionnelle ou moder~e se fait une image de la femme belle,
aussi met-elle à la disposition de cette dernière des
produits appropriés pour la mise en relief de sa beauté.
Or aujourd'hui, selon la publicité, le critère de beauté
est celui de l'Occident. Ainsi les produits de beauté
occidentaux sont universal isés y compris les goûts. Il ne
peut en être autrement puisque ces produits sont certi-
fiés par l'occident, par conséquent représentent le
modèle de beauté. Au fond
pourquoi pas? car il nlest
pas "normal" d'utiliser aujourd'hui les produits villa-
geois qui "indigénalisent, anachronisent" la femme
Ivoirienne. De toute évidence, à chaque société son modèle
de consommation et de vie, sa
culture, ses appréciations
des valeurs, et la société Ivoirienne actuelle ne peut
donc pas échapper à ce théorème.
L'exemple de l'élection de "Miss Côte d'Ivoire ll
retient notre attention. Les critères de beauté sont ceux
retenus en Occident. car ce peuple représente une certaine
morphologie. Or "la Miss" Côte d'Ivoire, malgré sa morpho-
logie différente, est jugée par rapport à ces critères
occidentaux. Ces critères standardisés de beauté qui ne
constituent qulune assimilation culturelle semblent un non
sens. LI Ivoirienne devra donc ressembler à la Suédoise, à
la Française etc ... sinon elle ne remplira pas les condi-
tions universelles de beauté.
- 574 -
D'ailleurs les propos de Henri Mendras et Michel Forsé,
dans leur ouvrage sur le changement social soulignent bien
au début du Chapitre 2 -
"La nature para~t conditionner très forte-
ment les conditions de vie et les Dossibi-
lités techniques des sociétés rura!es.
Pourtant les historiens ont clairement
montré que chaque civilisation 83; ;~rtev.se
de techniques et d'un genre de vie qu'elle
essaie d'utiliser et de respecter quelque
soit le milieu naturel où elle s'implan-.
te : elle ne voit dans les ressources du
milieu que celles qu'elle sait utiliser".
(148).
4 - Impact de la publicité
IIIvoire-Média ll fournit des statistiques ~tableau
de bord pour agents commerciaux) très discutables, car n'o-
béissant à aucune méthodologie rigoureuse. Les résultats
sont incontestablement publicitaires puisqu'ils ont pour
but uniquement d'inciter les firmes à réaliser la publicité.
Ces statistiques sont en contradictions avec les
nôtres et cela appelle des explications
Nous avons voulu réaliser un travail scientifi-
que, ce faisant nous avons choisi un échantillon reflétant
toutes les couches sociales des villes et villages enquêtés.
De plus
nous ne nourrissons aucune ambition pu-
blicitaire. Ce faisant nous avons clairement exposé notre
méthodologie, aussi pensons-nous que l'impact n'est pas aus-
(148)
-
M.
MENDRAS et M.
FORSE : Le changement soc~~Z. Ed.
Armand Colin.
Collection U. p.
39.
-
575 -
si grand que le croient les spécialistes d'Ivoire-Média
car l'accès aux média (télévision) est difficile. Cepen-
dant
il faut nuancer, la classe dirigeante qui se veut
occidentale, méprisant tout ce qui est national est effec-
tivement touchée dans une grande proportion. Ce qui est
présenté par la publicité est son modèle de société, par
conséquent en adéquation avec ses objectifs de développe-
ment et si l'échantillon est choisi uniquement dans ce mi-
lieu, les résultats d ' lvolre-Média sont conformes.
D'ailleurs lorsque IIIvoire-Média ll affirme que
linos média atteignent les meilleurs c'ibles Ivoiriennes ll ,
il s'agit de la catégorie d'individus appartenant à la
classe qui peut effectivement consommer. Par conséquent
ces statistiques ne représentent plus la société Ivoirien-
ne: mais une société Ivoirienne.
1
f
- 575 -
Tableau de bord pour Agents commerciaux
Ivoire Média
liNos Média et supports atteignent les meilleurs cibles
Ivoiriennes".
1
Tableau
417
, - - - - - - - - - , - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Traits généraux ou
Radio
Télévision
1
caractéri stiques
, - - - - - - - - - - \\ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - +
- A pouvoir d'achat
Profil des publics
- Jeune
élevé.
- masculin
- jeune
- Abidjanais
- masculin
- instruit et
- Abidjana i s
- A pouvoir dl achat
i
- instruit.
,
élevé.
t
1
Habitude dlécoute
- 88 %des personnes
- 91 % des personnes in 1
terrogées ont déclaré
1 ou
de 1ecture.
interrogées ont
1
1
!
1'habitude d'écou-
avoir 1'habitude de
ter la radio en
regarder la télé en
semaine.
semaine de façon
régulière.
- 67 % le font régu-
- 73 %de façon régu-
1i èrement to us 1es jo urs 1i ère.
ou presque. La radio _ 82 ~ des foyers sont
touche 2 personnes/3
équipés de poste
télé en 1982.
Public régulier
- 67 %ensemble
- 91 % Ensemble
- 80 %secondaire et
87 %études secondai-
sup.
res et sup.
- 79 %ont reçu un
- 86 %secondaires ina-
enseignement second;
chevés
inachevé
_ 85 % jeunes
18- 24
- 76 % des hommes
- 84 %cadres-empl.
- 75 %des cadres et
_ 77 % jeunes 25-29
empl.
- 76 %des hommes
- 71 % jeunes 18-29ans
_ 71 % jeunes 30-39ans - 74 %Abidjanais
-----~-~~~~---=-----
- 577 -
- 70 %Jeunes 25-29ans
73 % Ouvre Spécial.
- 69 %ouvriers Spé.
70 % autres urbains inté.
- 68 ~ ont reçu 1 en-
68 %femmes, jeunes 30-
seignenent Drim.
39 ans et gens
service ou manoeuvre
- 63 % sont des manoeu
vres et gens de sere
63 % commerç.Artis.
- 59 ~ adultes 40-59ans 59 % adultes 40-54.
54
des femmes
-1
47 % non scolarisés.
- 45 % non scolarisés
Ta ble au 49
Traits generaux ou
Fraternité-Matin
caractéristiques
Cinéma
- jeunes de 18-29 ans
Abidjanais
- instruits
masculin
masculin
jeune
résidant de la
niveau instruction se-
capitale
condaire ou universi-
taire.
Pouvoir d'achat moyen
ou élevé.
Habitude d' éoute
36 %déclarant avoir
62 % de la population
ou de 1ecture
1'habitude d'aller
adulte urbaine se dé-
au cinéma en semaina clarent lecteurs de F.M.
14 %de façon régu-
46 %considérés lecteurs
lière 2 à 3/semaine.
réguliers.
16 % lecteurs occasion.
- 14 's ensemble
28 %ensemble
45 % cadres-employés
- 25 % des jeunes 18-
24 ans
36 % des hOlilmes
- 21 % second. inach.
33 %adultes 30-39 ans
- 20 %gens service
33 % Abidjanais.
et manoeuvres.
32 % jeunes 25-29 ans
- 18 %des jeunes
28 % jeunes 18-24 ans
25-29 ans
- 573 -
Publics réguliers
- 17 % des hommes
25 %des inactifs
- 16 % des Abidjanais
23 %ouvre Spécial.
- 15 %cadres-employés
20 % serv/manoeuvre.
commerçants-artisans
19 %autres urbains
- 14 % enseigne Prim.
et 40-54 ans.
- 13 % Ouvriers spécial.
18 % 55 ans et plus
et enseigne second.
17 % des femmes
et supérieurs.
- 12 % autres urbains
- 10 % des femmes
- 7 % des jeunes 30-
39 ans.
- 579 -
Ta bl eau 5(T
Publicité
l .
Radio
Télévision
globale
1,
95 % secondaires inachevés
99 % études second. et sup. i
94 %ont fait études sup.
98 % études second. inach. :
93 % jeunes 18-24 ans et
96 % cadres et employés de \\
des hommes à travers
jeunes de 18-24 ans.
la C.I.
92 % ouvriers spécialisés
93 %ouvriers spécialisés
Abidjanais
Abidjanais et jeunes
30-39 ans
91 % Cadres et employés
inst. primaire, gens
92 %des hommes et des
serv. manoeuv.
jeunes de 25-29 ans.
90 %études primaires
86 % commerç.-artisants
88 % des gens de service
82 % adultes 40-54 ans
manoeuv. et femmes.
80 % les autres urbains
85 % commerçants, artisans
de l'intérieur
et urbains de l'inté.
73 % les non salariés
81 % adultes de 40-54 ans
63 % vieux de 55 ans et
77 % des non salariés
plus.
73 ~ des vieux de 55 ans
et plus.
Emissions
1) journal parlé 29 ~0
1) journaux télévisés 35 %
2) variétés musical. 23~~
2) le club des petits 30 %
3) Djambo djambo
18 "
3) les films 30 %
4) Zénith
17 'f.
4) comment çà va?
23 %
/0
5) ce soir au village 21 %
6) grand débat
19 %
7) théâtre chez nous
17 %
8) émissions sportives 13%
Impact maximum
6hOO-7 h 30
19h 30-21 h
Un décrochage dans
Taux d'impact maximum télé
l'écoute se produit
avec un point au moment
entre 9h et 12 h.
du journal de 20 h.
Ap~èS 12h et jusqu'à
20 , le taux d'écoute
tend à se stabiliser.
- 580 -
Tableau
51
Publicité
Cinéma
Fraternité--Matin
globale
Ensemble 36 %
56 % secondaires inachevés
70 % des hommes
52 %des jeunes de 18-24ans
54 % reçu études second.
inachevées.
45 %des jeunes de 25-29ans
49 %cadres et employés
44 %cadres et employés
39 % des jeunes de 18-
42 % de s hOI1Tl1e s
24 ans.
41 % secondaires et supé.
31 % reçu études prim.
40 %des Abidjanais.
30 % des femmes
38 % service et manoeuvres
26 % des jeunes de 30-
37 % ouvriers spécialisés
39 ans
31 %des jeunes de 30-39ans
24 % des jeunes de 25-
et enseigne primaire
39 ans
29 %autres villes inté.
17 % commerçants et artis.
28 % artisans, commerçants
14 % reçu des études
second. et supé.
27 %des femmes.
NouS pouvons conclure sans grand risque que la publicité
joue un r6le dans la promotion des produits surtout importés
car les
fabrications locales nlont pas droit de cité, une fois de plus à la
télévision. D'ailleurs, nous venons de voir que le coût de cette publi-
cité est si élevée qu'elle ne permet guère à tout artisan national de
s'y aventurer. Ainsi
seuls ont droit à la télévision
les produits
des firmes internationales, ce qui instaure une fois de plus une domi-
nation et permet à l'impérialisme d'être absolu dans ce domaine. Mais
n'y a-t-il pas lieu d'évaluer l'influence de ces mass ~édia ?
- 581
-
CHAPITRE
VII
EVALUATION DE L'INFLUENCE DES MASS MEDIA
- 582 -
A.I - ENQUETE SUR LE TERRAIN
Le souci d'objectivité nous amène à effectuer
des enquêtes, non seulement pour soutenir notre étude
théorique, mais aussi et surtout pour plus de clarté et
de sérieux de notre travail. Ce faisant, une méthodologie
s'impose pour l'étude de l'impérialisme culturel, l'im-
pact des mass média sur l"Ivoirien, car nous nous adressons
à tous les milieux sociaux du pays: urbain et rural.
Dans le milieu rural, on ne peut appliquer que
des interviews individuels ou de groupe dans la mesure où
les gens ne savent pas lire. Par contre dans le milieu
urbain, des questionnaires écrits sont beaucoup plus ora-
tiques, car ils facilitent les réponses (nous nlavons pas
eu à nous entretenir longtemps avec cette population, ce
qui a permis un gain de temps)
; de plus ces
questionnaires
sont anonymes, par conséquent, permettent une libre
expression.
Dans le premier cas (interview individuelle),
l'enquêté se confie plus facilement alors que dans le
sec 0 nd cas (i nt e r vie w de gr 0 upe ), i 1 y a t r è s sou ven t des
rivalités, chacun voulant donner ses opinions en contes-
tant toutefois celles des autres. Or l'individu oris
isolément exprime ses convictions profondes, alors qu'en
groupe, des personnes qui auraient pu s'exprimer préfèrent
s'absténir. D'ailleurs ceci fait partie de l'éducation
traditionnelle où dans un milieu (groupe), clest le vieux
où l'aîné qui prend la parole: le cadet ne pouvant s'ex-
primer qu'avec l'autorisation de l'adulte.
La population rurale ne s'ouvre à l'enquêteur
que si elle se rend compte que ce dernier est ces siens.
-
583 -
Clest ainsi que nous avons entendu, au cours de
notre enquête, certains villageois nous dire: " nous nous
livrons à vous parce que vous êtes notre fils, nous le
constatons à travers votre comportement, et vous semblez
connaître nos coutumes". Ces propos que nous n'entendrons
pas en déhors de la région Dida d'où nous sommes origi-
naire (Divo-lakota), font suite à notre recherche en
doctorat de troisième cycle où nous avons étudié "l'édu-
cation traditionnelle Dida face à l'acculturation".
Cette méfiance envers celui qu'on ne connait pas
est aussi due au fait que de plus en plus, l'extraversion
des coutumes n'est pas de nature à plaire aux villageois.
Par ailleurs, nous avons, par moments dû tenir
compte du comportement des individus dans les villages et
villes dans nos analyses. Cela peut, à première vue
paraître ascientifique, mais nous pensons que le comporte-
ment des individus est en adéquation avec leur milieu.
Bien sûr, des gens peuvent avoir une fausse conscience
dieux-mêmes, mais nous ne tenons compte ici que de la
situation générale.
Notre but est de montrer, à travers les réponses
aux questionnaires, la manière dont l'Afrique est dominée,
en particulier la Côte d'Ivoire, ou encore le processus
d'impérialisation des mass ·média que prétend contrôler la
classe dominante nationale. Il est vrai qu'apparemment les
mass -média sont contrôlés par les dirigeants politiques
Ivoiriens, mais en réalité, clest un contrôle relais, et
en définitive, clest l'occident qui contrôle les mass·
média nationaux par classe sociale dominante nationale
interposée.
- 584 -
1 - Déroulement de l'enquête
Au cours de notre enquête, de nombreuses diffi-
cultés sérieuses sont apparues, liées à la conduite même
de l'interview de groupe, mais nous n'avons retenu que
trois :
- La première vient du fait que le groupe a
probablement eu des réactions de défense. Le thème proposé
ayant un impact affectif sur ce groupe, celui-ci a eu
tendance à se solidariser, faisant bloc, s'éprouvant comme
réalité collective.
- La sedonde difficulté vient de ce que l'univers
collectif du groupe n'existe que pour ses membres. Et corne
le souligne Mucchielli :
"Plus le groupe est coalescent, c'est-à-dire
il a une unité, plus il marque ses membres
d'une empreinte co~mune, plus il a son
langage, ses modes dr réaction,
ses signes
de connivences, ses allusions secrètes,
ses souvenirs identiques,
plus
l'intervie-
weur étranger se sent dépaysé,
plus il lui
est difficile de comprendre exactement les
significations que le groupe exprime" (140
- La troisième difficulté vient enfin du fait
que les membres du groupe n'ont pas forcément déjà réflé-
chi à leur vécu collectif, tout comme l'affectivité indi-
viduelle, sont d'abord une réalité réfléchie. Le plus
souvent, ces personnes que nous avons réuni s pour l'inter-
view de groupe n'ont jamais réfléchi sur le thème qui leur
a été proposé, quoique celui-ci les concerne i~timement en
tant que membre du groupe.
(JL'1) - H. MUCCHIELLI : Interview de groupe. P. 8. Ed. Sociales de
France.
- 585 -
Ainsi nous a-t-il semblé que les personnes
niaient pensé qulelles formaient un groupe particulier
ayant des réactions affectlves communes. Nous constatons
donc que faire intervenir le groupe sur son vécu collectif
nlest guère facile.
Llenquête s'est, par ailleurs déroulée dans des
conditions extrêmement difficiles.
Si au niveau de la collecte des informations et
des données
un Européen peut allègrement réunir tous les
t
documents nécessaires, surtout confidentiels dans les
Ministères et Services officiels
il nlen va pas de même
t
du chercheur Ivoirien que nous sommes et qui rencontrons
les pires difficultés aussi bien auprès des conseillers
techniques coopérants que de responsables nationaux.
Dlabord il règne dans ce pays une peur et suspicion ~
tous les niveaux:
- Aucun responsable administratif ne livre des
documents et informations
de peur sans doute dlêtre im-
t
pliqué dans une affaire de f1divulgationll de IIsecretsll qui
constituent une "atteinte à la stabilité fl du régime poli-
tique en place. Cette population interviewée nous a
demandé si les renseignements niant pas pour but dlécrire
contre le "Vieux fl (150). Quant aux conseillers techniques
Francais
ils suspectent tout chercheur national qui est
t
sans doute en opposition
dans la majeure partie des cas,
t
avec leurs intérêts. Cette situation semble justifiée
surtout dans une société à parti unique unanimiste. Pour
(lsd
-
Vieux : est le no~ de : HOUPHOUET-BOIGNY ; nom qui
pY'end sc: 3:-:li'ce dans
la mentalité tY'adi-
tionneZZè ~fY'icaine.
-
586
-
exemple, après une attente de deux mois, nous n'avons pas
été reçu par le Ministre de l'Information pour obtenir:
le budget et : la répartition des dépenses de son départe-
ment.
D'abord tous les Chefs de service n'ont pas voulu
nous fournir les documents, ensuite le Ministre lui-même a
refusé implicitement de nous recevoir.
2 - Buts du questionnaire
Le questionnaire a pour but de connaître le
degré de conformité, d'acceptabilité ou de rejet des
valeurs, et de la culture occidentales, à partir de la
prolifération des mass ·média modernes.
Il a encore pour but de connaître l'impact de
11 impérial isme culturel occidental à travers les mass -média.
Aussi vise-t-il non seulement une simple description quan-
titative et qualitative de l'impérialisme culturel, mais
il tente de faire le diagnostic de la situation antérieure
et présente, et de rechercher une explication profonde
étendue et quantifiée.
Il s'agit de préciser l'objectif de la recherche,
c'est-à-dire ce que nous voulons décrire ou mesurer, défi-
nir ce que nous retenons. Mais il faut aussi écarter un
certain nombre de problèmes, c'est-à-dire assigner des
limites à l'enquête.
3 - Techniques de notre enguête
Nous avons adopté une technique dont le but est
d'organiser un rapport de communication réelle verbale
- 587 -
entre enquêté et enquêteur afin de permettre de recueillir
des informations précises ; ce faisant, nous avons choisi
l'interview orale et le questionnaire écrit. Aussi avons-
nous préparé cette enquête à l'avance dans un minimum de
temps afin d'obtenir les renseignements les plus nombreux
et significatifs. Notre préoccupation a été :
- de traduire les objectifs de l'enquête en
questions particulières
- d'adapter le questionnaire aux sujets à inter-
vi ewer
d'en informer l'enquêteur afin qu'il puisse
exposer clairement les questions aux personnes
soumises à l'interview et inciter le sujet
enquêté à communiquer, sans blocage, les ren-
seignements espérés de lui sans toutefois
l' i nfl uencer.
Cette interview sociologique est une interview-
entretien " sys tématisée" présentant un certain nombre de
caractères qui conditionnent sa technique d'utilisation.
Il s'est agi pournotre part de créer en premier lieu, une
relation sociale et psychsociologique entre les interviewés
et nous, dans laquelle les rôles sont inversibles.
L'interviewa constitué un entretien également
organisé dont les résultats ont permis une exploitation
systématique au moment de l'enquête. Ce faisant, il a
fallu une préenquête.
Voira GRAWITZ M.
:
Méthodes des sciences sociales
:
P.
5 ?2.
Ed.
Dalloz 19?4 Parais.
- 588 -
4 - Pré-enquête
Nous nous sommes permis d'essayer sur un échan-
tillon réduit les instruments prévus dans l'enquête. Au
départ, nous avions des doutes sur l'objectivité des
réponses eu égard à l'environnement politique existant.
Aussi
avons-nous cru bon d'explorer de façon très limitée
la vérification de nos hypothèses et d'aboutir ainsi à la
précision définitive des objets.
5 - Rapport entre intervieweur et interviewés
Notre première tâche a été d,'abord de vaincre
le système défensif de notre population qui constitue un
réflexe naturel d'auto-défense résultant du contact et
des opinions réciproques sur leurs tâche et personnalité.
Pour ce faire, des explications ont été fournies, les
objectifs à atteindre tout en indiquant les raisons ayant
entraîné notre enquête.
Ici, nous avons insisté sur la dégradation des
cul tures traditionnelles sous l'effet des mass"média, par
conséquent, effectuer des recherches pour les mettre à la
disposition des jeunes générations, constituerait la sur-
vie culturelle de l'Afrique. Une telle argumentation n'a
fait que susciter un anthousiasme dans les villages enquê-
tés, contrairement à la méfiance du début.
La seconde tâche a été l'util isation au mieux
des facteurs positifs qui ont incliné le sujet à répondre.
Ces facteurs étant
- Primo
le réflexe de politesse
suscité
par
notre attitude.
- 589 -
- Secondo
le désir d'influencer et de parler
qui incite et inspire beaucoup de
personnes.
La troisième tâche a été la recherche et l 'ob-
tention des réponses complètes. Aussi avons-nous rencontré
des réponses incomplètes et obscures. Et à chaque fois,
nous avons exigé l'explication de ces réponses tout en
respectant scrupuleusement la non directivité. Ce qui
nous a permis de poser des questions du genre :
Pouvez-vous parler et donner davantage de préci-
sions sur ce point?
6 - Echantillon
L'enquête porte sur un échantillon de 1.400
personnes, hommes et femmes d'âge allant de 20 à 40 ans et
plus, répartis comme suit
Département d'Abidjan:
600 personnes : 300 femmes et 300 garçons dans
la ville d'Abidjan.
400 personnes : 200 femmes et 200 garçons dans
les villages de la circonscription sous-
préfectorale d'Abidjan.
Département de Bouaké
Ville de Bouaké: 100 personnes dont 50 femmes
Hommes
5 Médecins
10 Ingénieurs de toutes formations
15 Professeurs de lycées et collè~es
- 590 -
20 Autres fonctionnaires et cadres
de niveaux supérieurs.
Femmes
10 femmes de niveau supérieur
40 femmes dont le niveau se situe entre le
certificat d'études primaires et la
classe terminale des lycées.
Sous-Préfecture de Bouaké: 100 villageois dont 50 femmes,
tous analphabètes.
Départements de Divo et Lakota
Ville de Divo
50 personnes (25 hommes et 25 femmes)
Hommes
2 Médecins
2 Ingénieurs
2 Juges
10 Professeurs de lycées et collèges
9 Autres fonctionnaires et cadres du
niveau supérieur.
Femmes
5 du niveau supérieur
20 du niveau avoisinant ou se situant entre
le CEP
et le BAC.
f
Ville de Lakota
Nous avons choisi un échantillon identi-
1
que.
Dans le milieu rural:
1
Divo (Sous-Préfecture)
50 oersonnes (25 femmes et 25
hommes) toutes analphabètes.
Lakota (Sous-Préfecture) : même proportion.
1
1
1
1
1
- 591
-
Nous tenons à signaler que notre population
c 0 mpre nd uni que men t 1e s l v0 i rie ns de nais san cee t cet
sans toutefois nous livrer à une xénophobie primaire.
Mais nous l'avons fait pour olus de cohérence dans les
réponses.
II
-
l'l~'-\\jENCE SUR LA POPUL:~;IO:l
URBAINE
1 - Cinéma
Le questionnaire a pour but de mesurer l'impact
des mass média (Cinéma, radio et télévision) sur la popu-
lation urbaine.
Ville d'Abidjan; Bouaké, Divo-Lakota
Question n° 1
Fréquentez-vous les salles de cinéma?
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
- Une fois par semaine au
moins
5
8
10
Une fois pa r mois au
moins
15
20
22
- quelque fois
30
38
40
Pour des films précis
45
30
22
- Jamais
4
2
2
- Ne répondent pas
1
2
4
Ainsi 5 % de la population Abidjanaise fréquen-
tent une fois par semaine au moins les salles de cinéma.
Voir
::A:er'Y'e FOUGEYROLLAS : .'·Jodernisation é!.es hommes. L'exempte du
~J~égal : PP. 48-116. Ed. Flamarion Paris 1967.
- 592 -
Ce pourcentage paraît bas par rapport à l'ensemble; il
est dû, nous semb1e-t-i1
au fait que les habitants des
grandes villes ont d'autres lieux de fréquentation, entre
autres
le théâtre, les bibliothèques, les rencontres et
réunions mondaines, et les "boites de nuit". Mais il faut
insister sur le fait que la ville d'Abidjan est truffée
de délinquants
et cette situation empêche bon nombre de
citoyens de sortir le soir.
Les re s tau ra nt s Af r i ca i nsap pel é s Il ma qui s Il (150)
retiennent beaucoup ceux qui sortent le soir.
Cependant ce taux très bas des personnes fré-
quentant les salles de cinéma est aussi dû à la qualité
médiocre des films, exceptés bien sûr quelques-uns conve-
nables projetés dans des salles telles que: Hôtel Ivoire
1e Pla zad u Pla te a u (1 51 ), cie st - à - di r e dan s des qua r t i er s
fréquentés par la haute société Ivoirienne, les coopérants
et les touristes.
A Bouaké ainsi qu'à Divo et Lakota, le taux
semble élevé par rapport à Abidjan. Dans ces villes de
l'intérieur du pays, le cinéma, malgré la médiocrité des
films, constitue un lieu privilégié de fréquentation. D'une
part, plus il y a de variétés de distractions dans la
(150)
- Maquis est une appelZation qui montre bien Ze peu
de respect que les Ivoiriens ont d'eux-mêmes.
Prendre ses repas dans ces restaurants équivaut à
une souffrance comparable à celle que vivent ceux
qui sont en lutte armée (maquis).
("151)
-
Cindmas non accessibles à n'importe quel citoyen.
C'est une véritable ségrégation économique qui y
est pratiquée prix très élevé pour des revenus
moyens).
-
593
-
ville, moins le cinéma est fréquenté, d'autre part, plus
la population a un niveau intellectuel élevé, moins elle
fréquente les salles de cinéma, la lecture prenant le pas
sur les sorties fréquentes.
La courbe est presque respectée si on considère
le pourcentage de ceux qui fréquentent une fois par mois
au moins les salles de cinéma. De 15 ~ à Abidjan, on
passe à 20 % à Bouaké et 21 % à Divo-Lakota, ce qui peut
signifier que les salles de cinéma sont fréquentées pour
changer "d'air" comme 1 'ont si bien souligné des enquêtés.
Par ailleurs ceux que l'on voit quelquefois au
cinéma sont plus nombreux : de 30 % à 38 %. Cette situa-
tion vérifie bien les première et deuxième réponses et œm-
prend bien l'aspect distractif du cinéma pour la popula-
tion ayant un niveau intellectuel supérieur ou égal au
baccalauréat.
Le cinéma apporte beaucoup moins sur le plan
culturel que la radio, la télévision et la presse écrite,
sans toutefois oublier la lecture. Parmi ces intellectuels
se trouvent des professeurs, et autres responsables admi-
nistratifs et politiques qui préfèrent la lecture des
journaux ou les débats radiodiffusés ou télévisés. Mais
ils fréquentent les salles de cinéma pour des films précis
dont ils ont entendu parler à travers les massmédia ou
des films historiques tels que: Waterloo, sur la guerre
39-45, (révolution Française) etc ... En d'autres termes
les hommes d'un niveau culturel élevé fréquentent les
salles de cinéma, non pas pour découvrir des films quel-
conques, mais pour se rémémorer ce qu'ils ont appris à
l'école et à l'université ou lu. C'est d'ailleurs la
- 594 -
différence entre cette couche sociale et celle "inférieu-
re" dont nous parlerons plus loin.
~nfin ceux qui ont donné la dernière réponse
"Jamais", sont très peu nombreux. Cependant les réponses
sont significatives. Le pourcentage est beaucoup plus
élevé à Abidjan que dans les villes moyennes.
Si à Abidjan il y a une diversité de lieux de
fréquentation, à l'intérieur du pays
les théâtres sont
rares, il n'y a aucune salle à Divo et Lakota
bien que,
paradoxalement.
la coupe nationale de théâtre du pays
soit détenue par Divo depuis bientôt cinq ans.
Enfin ceux qui ne répondent pas. Après un en-
tretien verbal avec quelques-uns, nous nous sommes rendu
compte qu'il s'agit plutôt d'une indifférence.
Mais à Divo et Lakota.
il y a un arrière goût
d'amertume de la part des jeunes cadres, produits du sys-
tème politique Ivoirien. Après avoir étudié à l'Université
Nationale d'Abidjan, ces cadres se sentent frustrés de se
retrouver dans les villes "mortes" de l'intérieur où les
salles de cinéma ne donnent pas toutes les garanties de
propreté. Si cette argumentation est en contradiction avec
le taux élevé de personnes fréquentant le cinéma, c'est
parce qu'il n'y a pas de choix.
Du lundi au vendredi soir, il n'y a que le cinéma qui soit
la communication de masse extérieure au domicile. Mais
quels sont les films qui intéressent la population con-
cernée ?
- 595 -
Question n° 2
Pourquoi fréquentez-vous le cinéma?
Réponse
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
Dans un but cu1-
27
25
18
23,33 %
ture1
Dans un but de
91
41
52
41 ,33 %
distraction
1
,
Dans un but édu-
25
19
17
28,33 %
catit
fi
Autres réponses
17
15
13
15
%
i
Ne répondent pas
0
0
0
0
Les réponses à cette question montrent bien que le
cinéma constitue pour les enquêtés. une distraction, aussi
le pourcentage se situe-t-i1 à Abidjan autour de 31 %, à
Bouaké 41 % et à Divo-Lakota 52 %. Cela s'explique par le
fait que le cinéma a constitué pendant longtemps le lieu
oD
on riait (films comiques}, oD on voyait les Westerns déployer
leur talent de tireurs et de cavaliers. C'est ce qui a été
pendant longtemps présenté en Afrique.
Cependant avec l'évolution du cinéma, on assiste
aujourd'hui à un cinéma qui pose de véritables problèmes
socio-po1itiques (films présentant les différents conflits,
les guerres de libération) et il n'est pas étonnant qu'on
fr
-
596
-
ait dans l'ensemble un pourcentage de 28,33 qui considèrent
le cinéma comme un lieu d'éducation.
Environ 23,33 ~ de la population considèrent aus-
si que le cinéma joue un rôle culturel, sans doute à tra.vers
les films qui font découvrir les moeurs, les coutumes et le
mode de vie de certains peuples qu'on ne ~eut pas approcher
parce que, situés loin de la Côte d'Ivoire. Ce rapproche-
ment des autres constitue un élément culturel et éducatif
déterminent dans la mesure où il
enraye les préjuqés favo-
rables ou défavorables sur les autres. Mais tout
n'est pas
parfait; les films peuvent aussi favoriser les préjugés à
partir de l'idéologie qu'ils Deuvent véhiculer ou véhicu-
lent.
En effet
les films tournés sur l'Afrique pour
retracer la pénétration Européenne ou sur l'Amérique, mon-
trent toujours l'Africain ou l'Indien fixiste, arrièré,
nanti d'une culture anti-évolutionniste, sans toutefois
montrer que dans ces cultures, on pouvait y trouver des
éléments positifs car scientifiquement, tout ne peut pas
être négatif.
Les autres réponses sont du genre: c'est tou-
jours la même chose qu'on présente. On n'apprend rien de
bon etc ... Ce qui peut vouloir dire que ces enquêtés ne
trouvent pas au cinéma ce qu'ils auraient voulu. Mais pour
en savoir plus
nous avons posé la question suivante.
- 597 -
Question n° 3.
Les films de quelle nationalité préférez-vous?
Réponses
Origine
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
Française
34
28
27
29,66
Américaine
36
32
30
32,66
Arabe
6
3
2
3,66
Indienne
1
8
5
4,66
Pas de préférence
15
18
20
17,66
ne répondent pas
24
11
16
17
On se rend aisément compte que la préférence
est en faveur des films occidentaux (Français et Améri-
cains)
fréquemment projetés (95 %).
A Abidjan
34 % des personnes interrogées pré-
fèrent les films d'origine française, et 36 % les films
d'origine Américaine. Ces pourcentages suivent bien une
logique. D'une manière générale, 1/3 de la population
concernée a étudié ou suivi de stages de perfectionnement
en France. Or les films projetés sur les écrans en Côte
d'Ivoire
sont ceux déjà vus en France et beaucoup préfè-
rent ne pas se déranger pour revoir les mêmes images. De
plus les films Français destinés à la Côte d'Ivoire sont:
comiques, sentimentaux .•• ; l'Ivoirien de ce niveau, même
s'il n'a pas connu l'exagone, et bien qu'acculturé, veut
voir autre chose que les films de Fernand Rénaud, Bourvil,
Fernandel etc ••. C'est ce qui fait d'ailleurs le succès
des films Américains qui sont d'action, (policiers), et
de fiction. Le cinéma Américain retient l'attention des
Ivoiriens dans la mesure où ceux-ci font une projection de
leur propre société, alors que les films comiques et
- 598 -
sentimentaux sont considérés comme dépassés.
Dans
cette
société de plus en plus occidentalisée, des
Ivoiriens
veulent voir jusqu10ù ira la Côte d'Ivoire dans son pro-
cessus
de modernisation, veulent savoi r, à
travers
les
films
américains qui
mettent en scène le développement et
la modernité outre-Atlantique,
ce que deviendront leurs
enfants.
Clest cette angoisse que
nous
avons
constatée
malheureusement lorsque nous
avons
abordé le prob1 ème du
cinéma et 1 1 0rigine d'es
films.
A 1 1intérieur du pays,
nous
avons
aussi
constaté
le même problème. Les
rapports sont respectés
dans les
réponses.
Cependant.
il y a lieu de souligner que
les
films
d'origine Arabe sont vus
généralement par les Isla-
misés. Aussi sommes-nous tenté de
croire que 1 l accu1tura-
tian arabo-is1amique est de
loin plus importante que celle
de 1 1 0ccident dans le milieu Islamisé.
C1est un débat
idéologique que nous
ne voulons pas engager ici,
mais,
un
fait est certain, depuis
1975 il y a une offensive
Islamique en Côte d'Ivoire, 85 % des
journalistes de la
télévision, 65 % des journalistes de la radiodiffusion et
50 % des journalistes de la presse écrite sont musulmans.
De ce fai t
les mass médi a véhi culent aussi
indirectement 1 1idéo10gie islamique.
Par exemple:
les
fêtes
du Ramadan,
de la Tabaski
et autres
fêtes
mineures Arabes
sont amplifiées au niveau national à
un point tel qulon a
1 1 i mp re s s ion
dl être e n Arab i e - Sa a u dit e
(1 e s mas s mé dia é tan t
occupés ces jours là par des débats autour de 1 I Is1am).
Ainsi 1 'inf1uence cu1türe11e Arabo-Is1amique Sl-
exerce-t-e11e profondément sur la Côte d'Ivoire, bien sûr,
moins que celle de 1 10ccident sur le plan national.
- 599 -
Les films indiens constituent
une curiosité
puisque le pourcentage est très
faible
1 % à Abidjan.
Nous avons
voulu savoir beaucoup plus les
raisons et il
semblerait que les films
d'origine Indienne n'aient rien
à apprendre à l'Ivoi rien
si
ce n'est qu'une curiosi té
ethnographique.
En effét
les films d'origine Indienne ne sont pas en adé-
quation avec l'idéologie et la culture occidentale reçues oar l 'Ivoi-
ri en. Dès lors
il-ne voi t pas concrètement ce que peuvent lui appor-
ter ces films d'un pays sous-développé. Au risque de nous 'répéter,
l'Ivoirien fait une projection de sa société, ainsi la société Indien-
ne qui se cherche et cherche: à sortir du sous-développement
ne
constitue pas uri modèle à suivre ; de plus les mass média présentent
souvent une image aopocalyptique de l'Inde.
En dépi t des indépendances
de l a pl upart des pays
d'Afrique,
la présence de
l'ancienne puissance colonisa-
trice est certaine; présence qui
se manifeste à travers la
langue de communication, la littérature et philosophie
occidentale, l'institution s-::olaire et universitaire,
les
modèles de développement économique- Une telle situation
ne peut
en aucun cas s'enrayer du jour au lendemain,
ainsi
les échanges sont toujours
à sens unique et vertical
c'est-à-dire de l'ex-puissance vers l'ex-colonie
et non
des échanges horizontaux (entre pays en voie de dévelop-
pement).
Il est évident que les mentalités suivent ce
schéma tracé
c'est-à-dire le choix de l'occident.
Dans
ces conditions, il est clair que les
Ivoiriens choisissent
toujours
les films occidentaux
qui, pensent-ils sans
doute, leur
seraient utiles dans le procès du dévelop-
pement national.
Enfin sur l'ensemble des personnes
intér-
ro g és, 17.66 % a f firme nt ne pas a vo i r de pré f é re n ce et
17 % n'ont donné aucune
réponse. On pourrai t à P remi ère
- 600 -
vue dire qu'ils ne s'intéressent pratiquement pas au cinéma.
Mais il faut nuancer. Il y a dans ce pays, une catégorie
d'intellectuels qui ont choisi leur camp. Ils affirment ou
clament tout haut: "Nous ne nous mêlons à rien, l'essentiel
est qu'on nous laisse vivre tranquillement ll • C'est une atti-
tude qui peut se concevoir, mais qui est danqereuse puisqu'-
elle soutient indirectement l'ordre établi, le statu quo.
Aussi pouvons-nous affirmer que derrière cette attitude pas-
sive se cache une idéolo~ie de classe. Il s'agit de person-
nes dont les intérêts ne sont pas en contradiction avec ceux
de la classe dominante, dans le cas contraire, ils réagi-
raient et changeraient d'attitude. L'exemple des Magistrats
et Médecins retient notre attention. En 1983, au moment
où
les Enseignants du supérieur étaient en grève, les ~édecins
et Magistrats demeuraient sans réaction, mais lorsqu'il
s'est agi de leur supprimer la gratuité des logements, ils
ont déposé immédiatement un préavis de grève. C'est dire
qu'une fois les intérêts en jeu, chacun prend position.
Mais il y a lieu de savoir pourquoi cette préférence.
Question ne 4
Pourquoi préférez-vous les films de ces différentes
nationalités?
Réponses
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
Parce qu'on est
36
32
32
33,33 %
habitué
Parce que ces fi1m~
38
35
28
33,66 %
~r~~lent be~~coup
Parce qu'il s'agit
5
10
14
9,66 %
de la culture arabe
- 601 -
Parce qu 1 il Si agit
7
8
13
9,33 %
d'une autre culture
Autres réponses
1a
5
6
7,00 %
Pas de réponses.
4
10
7
7,00 %
Les 36 % des e nquê tés dl':' bi djan est i men t qu' ils son t hab itués
à
regarder les films des nationalités choisies. Cela se jus-
tifie dans la mesure où il y a un choix dans cette métropole
où les salles de cinéma sont relativement nombreuses par
rapport à l'intérieur du pays. Cela prouve aussi que l'ac-
culturation semble beaucoup plus grande dans la 9rande ville
que dans les petites. Par contre 38 % pensent que les films
de certaines national ités sont plus concrets. Si 36 % des
enquêtés d'Abidjan font un choix sentimental, 38 choisissent
ce qu'ils préfèrent, c'est-à-dire les films beaucoup plus
concrets. A l' intérieur du pays le pourcentage décroît:
35 % à Bouaké et 28 % à Divo-Lakota. Ce qui prouve que
la
préférence est moindre dans ces villes
car le choix est
également moindre du fait de manque de diversité de films
consécutive
à la pénurie de salles de cinéma. C'est d'ail-
1eu r s l' une des car a c t é ris t ; que s des pays env 0 i e de dé ve -
loppement, c'est-à-dire la capitale relativement développée
par
rapport
à
l'arrière-pays. Nous
remarquons
ensuite
que
les
autres
réponses et pas de réponses sont respectivement
de 7 % à 7 %, soit au total 14 %, ce qui représente un pourcentage non
négligeable.
Pour en savoir plus, nous avons posé la question suivante
Question n° 5
Quel genre de films préférez-vous?
Cette question a pour but de mesurer le degré d'accultura-
tion de la population concernée.
Réponses:
- 602 -
Ge n re
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
Action, poli ci er, Ves tern
70
75
80
75
Senti me nt al
10
12
14
12
Comi que
5
8
4
5,66
Dramat i que
6
3
2
3,66
Pas de préférence
8
1
0
3
Ne répondent pas
10
1
a
3,66
Le pourcentage des films du genre
action,
policier, western et fiction est très élevé. Dans l'ensem-
b1e:
75 % de la population interrogée préfèrent ces films.
Sur le plan idéologique
ces films
retiennent
notre attention.
- Les westerns
mal gré leur côté bouffon, sont en
partie liés aux problèmes de la colonisation.
Ils relatent
la manière dont les Européens ont colonisé le Nouveau
monde, "anéanti" les
Indiens pour s'emparer de leurs terres
et enfin de s'installer, de slenrichir afin de dominer
aujourdlhui
la planète. Mais i l existe incontestablement
des westerns anti-racistes, malheureusement ceux-là sont
moins nombreux. Quelque soit l'esprit du film, clest tou-
jours 1 a j usti ce qui
11 emporte.
- Les films policiers retracent le comportement
de la société occidentale à laquelle la Côte d'Ivoire "aspire ll
ou plutôt la classe dirigeante aspire. Il s'agit de la non
i nt é gr at ion de sin div i dus app e 1és Il ban dit sou dé 1i nqua nt s Il
dans la société capitaliste dont ils sont les produits. La
population e~quêtée s'intéresse à ce genre de films qui sont
une projection de la Société Ivoirienne en II cap ita1isation ll ;
d'ailleurs le banditisrre galopant montre déjà cette C<Ste dl Ivoire de
1 1an 2000. Les réponses obéissent bien à une logique, c'est la cOll1Jré-
hension de la future Société Ivoirienne à travers la Société
- 603 -
occidentale dlaujourdlhui. Clest une simple projection à
partir de ce qui existe en occident.
Quant au genre de films sentimentaux s ils sont
vus beaucoup plus à 1 lintérieur du pays qulà Abidjan.
Nous pouvons mettre cette situation sur le
comote de l'absence de choix dans les villes secondaires.
Les cinémas sont peu nombreux dans ces vi11es s ce faisants
la population se contente des films qulon lui présente
alors qu'à Abidjan il yale choix s les films comiques et
dramatiques nlattirent pas la population concernée: 11 %
à Abidjan et Bouaké; 6 % à Divo et Lakota et dans l'en-
semble : 9 s32 %. Nous pensons que nleût été le manque de
nombreuses salles de cinémas ce pourcentage serait tou-
jours bas.
Dlune manière générale
les films dramatiques
projetés en Côte d'Ivoire relatent les comportements de
la société occidentale. Bien sûrs la population aurait dû
sly intéresser. Mais
ces films exigent un effort intel-
lectuel soutenus surtout des sentiments qui semblent
constituer des soucis supplémentaires dans un pays où
chacun cherche à survivre. Quoiqu'il en soit
la popula-
tion d'un niveau culturel au-dessus de la moyenne
résiste
plus à l'acculturation que celle qui a un niveau nettement
insuffisant. Ainsi celui qui a eu accès à la culture
occidentale et perçu les contradictions de cel1e-ci s la
met beaucoup plus en cause que celui qui l'ignore. Cette
prise de conscience n'est malheureusement pas collectives
elle est individuelle et dépend du degré de conscientisa-
tion s de maturité et d'engagements surtcut un engagement
politiques au côté de la masse dominée.
- 604 -
Ceux qui n'ont pas de préférence et ne répondent
pas sont nombreux à Abidjan: 18 %, alors qu'à Bouaké ils
ne sont que 2 % et 0 % à Divo-Lakota. L'indifférence de la
population d'Abidjan semble logique puisque la variété of-
ferte ne leur permet pas de prendre réellement conscience
du genre de films souhaités.
Si la population Douvait opérer un choix, les ré-
ponses seî3ient sans doute différentes à l'instar de celles
d'Abidjan.
2 - La Radio
Tout Ivoirien a pu remarquer la vitesse vertigi-
neuse avec laquelle les informations relatives aussi bien
aux événements nationaux que mondiaux se répandaient dans
les quartiers populaires d'Abidjan. Ces informations sont
dues à la radiodiffusion de plus en plus utilisée, surtout
après l'accession du pays à l'indépendance (1960). Mais
voyons son impact sur la population à partir des questions,
réponses et leurs analyses. Milieu urbain.
Question n° 6
Ecoutez-vous la radio?
Il s'agit d'évaluer ici le degré d'aliénation de la population.
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
Ecoutent la radio
88
90
94
90,66
N'écoutent pas
10
7
5
1
7,33
1
Ne répondent pas
2
3
1
1
2
1
1
- 605 -
Contrairement aux salles de cinéma fréquentées par
une population peu nombreuse, car elles exigent les déplace-
ments et l'argent, la radio une fois achetée est installée à
la maison, voire même au chevet du lit, de ce fait
elle est
beaucoup plus écoutée. Aussi attire-:-elle en moyenne 90,66%
d'auditeurs; à Abidjan 88 % ; à Boua~é 90 % et 94 % à Divo-
Lakota. Ces réponses montrent bien que la radio a un impact
certain sur la population. Mais examinons si les Ivoiriens
écoutent les informations radiodiff~3ées.
Ces réponses nous amènent à poser la question suivante.
Question n° 7
Pourquoi écoutez-vous la radio?
Réponses
Abidjan
Bouaké
Di lJo-Lakota ~ Ensemble
C'est l'unique moyen
d'information d'au-
90
92
93
91 ,66
jourd'hui
i--
1
Pour l' émi ssion musi-
4
6
7
5,56
cale
Autres réponses
6
2
0
2,66
Ne répondent pas
a
a
0
0
Aujourd'hui
la radio est devenue un moyen très
puissant d'information. En effet
dans une société de type
moderne
où l'information nlest véhiculée que par les mass
média, l'écoute radiophonique devient indispensable. C'est
donc par elle que toutes les idéologies d'aliénation, d'ac-
cul tu rat ion et de do r.l i na t ion son t é =ale men t véhic ul é as. Ces
- 606 -
idéologies peuvent
directement ou par classe dirigeante na-
tionale
être diffusées par la radio. C'est tout l'ensemble
de ces idéologies qui entraîne ce qulon appelle couramment
le changement social auquel est exposé le peuple des pays
en voie de développement. Comme nous l'avons déjà dit, à
Abidjan les personnes sont mieux informées que celles de
l'arrière pays puisque toutes les activités s'y déroulent
et les informations circulent beaucoup plus de bouche à
oreille ou par téléphone pour les cadres d'un certain niveau
socio-économique.
Les 92 % et 93 % des enquêtés de l'arrière pays
considèrent eux aussi que la radio constitue un moyen pri-
vilégié d'information dans la société d'aujourd'hui. Ces
pourcentages sont beaucoup plus élevés 1U'à Abidjan et cela
peut s'expliquer par l'éloignement de ces enquêtés du centre
de décision.
L'ensemble de la population enquêtée écoute bien
les informations, qu'il slagisse de celle d'Abidjan, Bouaké
ou Divo-Lakota, le pourcentage est très élevé. Le taux est encore beau-
coup plus élevé à l'intérieur du pays qu'à Abidjan. C'est que
contrai-
rement à ce qu'on pourrait croire, les nouvelles circulent très vite au
niveau de la population enquêtée composée de cadres supérieurs et moyens.
Ces personnes possèdent déjà le téléphone de sorte qu'à chaque nouvelle
(insolite), on alerte les amis et ainsi de suite. De plus plusieurs ca-
dres sont constamment en mission hors du pays
surtout en occident, dès
lors l'information circulte toujours dans la capitale et l'écoute de la
radio parait limitée par rapport à l'intérieur du pays.
Il nlest donc pas étonnant que l'écoute soit éle-
vée à l'intérieur du pays. Car la population enquêtée pré-
fère éCJuter la radio ou lire, ne sachant quel endroit fré-
quenter le soir, surtout à Divo-Lakota qui sont des villes
"mortes" où n'existe aucune infrastructure de distraction.
- 607 -
Quoiqu'il en soit. au niveau quantitatif
la pOQulation
écoute les inforpations à 89,33 ~ en moyenne, et sans Dour l'instant
nous occuoer des effets
nous pouvons dire que leur imOQct est grand.
La question suivante nous permettra de mieux situer l'importance de
la radio.
Question n° 8
En quelles langues écoutez-vous l'information?
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
En langues Nationales
3
8
8
4,00
En Français
90
91
91
90,6
Pas de réponses
7
1
1
3,00
La population enquêtée écoute très peu l'infor-
mation en langues nationales. Réponses en contradiction
avec le désir de voir ces langues se développer. Contra-
di ct ion é gal e me nt en t rel e dis cou r s 0 f fic i e l e t l a réa lité.
Mais il se pose un problème de fond. Nous l'avons déjà
montré, 11 Ivoirien considère l'information en langues
nationales comme sous-information, destinée à des fins de
propagande politique du parti unique, relatant strictement
les actions du chef de l'Etat et Président du Parti
ou au
mieux la générosité de l'Occident pacifiste qui "octroie
sans contrepartie" des aides au Tiers-Monde. Ces informa-
tions "sur mesure" destinées à la populati~~ rurale ne
peuvent qu'être rejetées par ceux qui désirent s'informer
réellement et correctement.
Le pourcentage de ceux qui écoutent l' informa-
tion en Français est très élevé, 90,66 % en moyenne et il
ne peut en être autrement. Les rudiments d'information
sur le plan national et international sont fournis en
- 608 -
Français, ainsi que les décisions politiques. Même si ces
informations ne sont pas totales, elles donnent une indi-
cation
et à partir d'elles, chacun cherche des informations
adéquates dans les autres stations. Ce qui exp1i~ue
d'ailleurs le goût des Ivoiriens à écouter les radio
étrangères (Radio-Moscou, Pékin, USA, BBC, France
Inter
Allemagne etc ... ). Ceux qui ne répondent pas sont négli-
geables (3 %) en moyenne. Ils font partie de ceux qui
refusent pour des raisons personnelles les informations,
car disent-ils, elles ne font que leur créer des problèmes
inutiles à partir de la réflexion qu'elles suscitent
alors que la situation est catastrophique.
Nous voyons bien qu'il n'y a pas de choix au
niveau de la langue. L'atrophie des langues nationales au
profit de la langue Française omniprésente est un signe
d'impérialisme culturel. On peut dire qu'il s'agit d'une ..
stratégie mise en place pour anéantir à long terme, la
culture traditionnelle avec la complicité de la classe
dirigeante. De toute évidence
au moment où des universi-
taires refléchissent au problème d'une langue nationale,
la nécessité semble de moins en moins se faire sentir.
D'abord la scolarisation à 100 % souhaitée par les auto-
rités politiques l'exige. Ensuite la nouvelle génération
s'exprime de moins en moins dans une langue nationale.
En effet. si les villages se vident d'une
manière continue, et si la scolarisation atteint effecti-
vement le seuil de 100 %, alors
il est clair qu'on
assistera au désintérêt d'une langue nationale, à moins
qu'un changement n'intervienne et qui donnerait une
conscience nationale débouchant sur l'authenticité et
l'identité culturelles de l'Ivoirien.
- 609 -
Le vrai problème réside dans la différenciation
du contenu de l'information. D'un côté (lanlJues nationales:
il y a sous-information doublée d'une folk1orisation et
extraversion des faits - de l'autre une sur-infornation
(bien sûr par rapport à la première). Ce faisant
on ne
peut que privilégier l'information en Francais, légitimant
ainsi certes par nécessité ou par inconscience, 1 'i~pé
ria1isme culturel en Côte d'Ivoire.
Après la radio
on peut voir si la télévision
donne les mêmes résultats.
3 - La télévision
La place importante qu'occupe la télévision en
Côte d'Ivoire n'est plus à démontrer, surtout dans le
milieu urbain
bien que relative par rapport à la radio.
Et n'eussent été son coût élevé et l'infrastructure par-
ticulière qu'elle exige, la télévision serait l'un des
média 1e pl us pop u1air e du pays , car e 11 e a 1lie l 'on lité à
l'image, d ' ail1eurs nous 1 1 avons déjà montré.
En effet
si toutes les familles urbaines ne
possèdent pas cette télévision, il nlest pas exclu ~ue
ceux qui en sont démunis assistent aux émissions chez des
voisins. D'ailleurs le soir aux heures des émissions
on
voit des enfants, des adultes se ruer aux fenêtres des
maisons où se trouve cette boîte "magique" à images par-
lantes. Aujourd'hui un salon nlest plus complètement
meublé s'il ne contient pas le poste téléviseur. Mais
voyons comment. à travers quelques questions
les émissions
télévisées agissent
ainsi que 1 'impéria1isme culturel sur
la population du pays.
-
610 -
La télévision nous intéresse à plus d'un titre
dans la mesure où elle participe étroitement de la vie
quotidienne surtout des familles. Cependant c'est le rôle
qu'elle joue exactement qui pose problème si on se réfère
à la déclaration de Bresson, ancien Directeur de l'O.R.T.F.
"La tdLdvision ne doit Das donner d'd-
missions qui puissq~~ ~riter ci disc~s
sion sur Le Dlan dB :a ~oraLe".
et il poursuit
parce que :
"La tdLdvision sera toujours sous ma
direction un spectacLe famiLiaL
(161).
Si nous prenons à notre compte l'idée de l'auteur, la té-
lévision ne doit pas être éducatrice mais distractrice,
ne permettant pas de réfléchir après les émissions. Pour
notre part, le téléspectateur ne doit pas être un indivi-
du qu'on arrache à son milieu et à ses habitudes. Au con-
traire la télévision est devenue l'une de ses plus chères
habitudes. Son mode de vie, son cadre de vie, son rythme
de vie ont été modifiés par la télévision dans la vie do-
mestique, comme le fait remarquer à juste titre Guy
Gauthier. Il est donc claire que le matracage quotidien
des émissions de télévision finissent naturellement par
transformer les individus, les familles. Mais cherchons à
savoir si les Ivoiriens regardent la télévision.
(151)
-
BRESSON citd par Guy GAUTHIER,
Philippe PILARD.
TdLévision passive,
tdLévision active.
p. 18. Ed.
Tema communication,
1972,
Paris.
- 611 -
Les réponses de ceux qui ne regardent jamais la
télévision sont aussi significatives. A Abidjan 2 % alors
qu'on enregistre 0 % ~ Bouaké et Divo-Lakota. En effet
à
Abidjan les activités de certaines personnes interrogées
sont telles qu'elles n'ont pratiquement pas le temps de re-
garder la télévision, elles sont presque toujours au dehors,
ce qui n'est pas le cas dans les autres villes. Pour en sa-
voir plus, nous avons posé la question suivante ; ~ais
on
peut déjà affirmer qu'il y a aliénation par les mass média.
Question n° 10
Po urq uo i rega rde z-vou s régu 1i èreme nt 1a télévi sion ?
Réponses
Abi djan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
Pour Si informer
30
27
28
28,33
Pour les variétés
28
32
31
30,33
musicales
Pour les films et
36
38
36
36,66
feui 11 etons
Pour les débats
2
1
2
1,66
Autres réponses
4
2
3
3,66
Ne répondent pas
a
a
a
a
36,66 % des enquêtés regardent régulièrement la té-
lévision pour les films et feuilletons, alors que seulement
- 612 -
28,33 %, pour l'information et 30,33 % les variétés musica-
les. Des remarques s'imposent:
1 - La radio et la télévision fournissent les mê-
mes informations ainsi que l'unique quotidien du pays. De
plus l'acquisition du quotidien pour les responsables de
services administratifs et des cadres supérieurs est obli-
gatoire. Dans ces conditions, la lecture du quotidien fait
un double emploi avec les autres mass média. Par contre
les films et les feuilletons suscitent l'intérêt des enquê~
tés. Nombreux sont les enquêtés qui s'informent par la presse
étrangère. Aussi la télévision devient-elle un moyen de dis-
traction. Mais derrière cette distraction se cache une réa-
lité accu1turationniste. C'est la langue qui véhicule la
culture occidentale.
2 - Pour cette caté~orie sociale enquêtée, la té-
lévision joue beaucoup plus un rôle culturel qu'information-
nel. Cette population s'informe beaucoup plus ailleurs qu'à
la télévision qui, nous semble-t-il
désinforme ou sous-
informe (cela a déjà été montré).
3 - Les nouvelles sont anachroniques et il est
courant d'entendre des Qens dire devant leurs petits écrans
"on le sait déjà".
Par ailleurs 30,66 % d'enquêtés préfèrent les va-
riétés musicales. Ce qui signifie que la télévision a beau-
coup plus un rôle distractif qu'informationnel. Dès lors
elle aliène.
Question n° 11
Cette question est relative à l'accultura-
tion par la lanque francaise.
En quelles langues voudriez-vous écouter les in-
formations télévisées?
- 613 -
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
França i s
88
87
86,50
87,16
Langues Nationales
10
13
12
11 ,66
Ne répondent pas
2
0
1,50
1, 16
La population interrogée voudrait s'informer en
Français (environ 87,16 %, contre 11,16 % en langues na~
tionales) dans la mesure où c'est la langue officielle im-
posée.
En effet
la nroqrammation des émissions en lan-
,
-
gues nationales ne permettrait pas à chacun de suivre dans
sa langue maternelle s'il le voulait. Ces émissions ont
lieu entre 19 heures et 19 n 30 durant toute la semaine
excepté le Dimanche. Ce qui signifie que le temps imparti
est quasiment nul
(insignifiant). Le Français devient dans
ces conditions une nécessité informationnelle.
Quoiqu'il en soit
il y a dans ce pays
une lan-
gue et une vue des choses imposées par la classe dirigeante
ou par la France par classe dirigeante interposée, dès lors
il y a un véritable impérialisme culturel à travers la lan-
gue.
- 614 -
Question n° 12
Pourquoi voudriez-vous écouter les informations
télévisées en Français?
Réponses
-1
1
Abidjan
Bouaké
Oivo-Lakota
Ensemble
Parce que l'informa-
tion semble complète
68
71
70
69,66 %
en Francais
-
Parce qu Ion nia pas
26
20
23
23
%
le choix
Autres réponses
6
9
7
7,33 01.'0
Ne donnent oas de
0
0
0
0
réponses
,
Incontestablement
la population enquêtée soutient
que l'information en Français semble "complète". En effet
et nous l lavons signalé, il n'y a qu'en Français que l'in-
formation fasse le tour d'horizon sommaire. Elle est inter-
nationa1isante en Français et localisante en 1anque nationale.
Cette domination de la langue Française dans les mass ~édia
est uni mpé ria 1 i sm e dan s 1a mes ure 0 ù i l ~I a i Pl DOS i t ion. Ce t
i~périalisme entraîne une rési~nation de la part des enquê-
tJs ~ui nlont pas le choix s'ils veulent slinformer. La loi
est simple: si vous voulez vous informer et com~uniquer,
utilisez le Français, dans le cas contraire, vous ne le
- 615 -
serez pas. En cela- la télévision
à llinstar des autres mass
média
est elle aussi un instrument de 11 impérialisme culturel.
A partir de cette constatation on peut voire com-
ment les enquêtés perçoivent la modernité.
Question n° 13
Il est courant de dire que la Côte d'Ivoire et les
autres pays indépendants
d'Afrique doivent se moderniser.
Comment voyez-vous cette modernisation?
Cette question a pour objet de donner l'image de la Moderni-
sation et de l'avenir.
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
L'industrialisation
45
31
28
34,66 %
L'urbanisation
21
26
32
26,33 %
Education et formation
18
20
21
19,66 %
professionnelle
Elevation du niveau
10
12
13
11,66 %
de vie
Développement et méca-
4
8
5
5,66 %
nisation de llagr.
Autres réponses
2
3
1
2
%
Ne répondent pas
0
0
0
0
Les réponses sont significatives et obéissent à
une logique. Les enquêtés ont choisi la Modernité qui passe
- 616 -
par l' industrial isation, l'urbanisation, l'éducation et la
formation professionnelle, l'élevation du niveau de vie et
enfin le développement et la mécanisation de l'agriculture
- cela est d'autant plus logique
que la question s'adres-
se au milieu urbain. Les 34,66 ~ des enquêtés donnent la
priorité à l'industrialisation quand on conna,t la dure
réalité du chômage. Le pourcentage est beaucoup plus élevé
à Ab i djan 0 ù lep rob 1ème de l' emplo i se po se a ve cac ui té.
Ue plus
les intellectuels n'ignorent pas que le dévelop-
pement passe aussi par l'industrialisation qui permet la
transformation des matières premières, évitant ainsi le
douloureux problème de la détérioration des termes de 1 ,-
échange. Cette attitude est la négation implicite ou le
refus de la domination économique qui est par voie de con-
séquence, le refus aussi de la domination culturelle. Car
un pays industrialisé
possédant de surcro,t les matière~
premières, peut se développer en prenant en charge son
système éducatif (financer les études de Sa jeunesse;
équiper les laboratoires de ses universités, promouvoir la
recherche scientifique etc ... ). Mais cela suffit-il? Les
exemples que nous offrent les expériences de l'agriculture
nous Drouvent malheureusement le contraire.
En effet
au moment où le café et le CaCaO va-
laient soixante (60) francs Français le kilogramme sur le
marché mondial vers les années 1970, les paysans ne perce-
vaient que quatre (4) francs le kilogramme, la différence
déposée à la caisse de stabilisation non budgétisée - c'est-
à-dire que les paysans sont exploités. Dans ces conditions
si l'industrialisation doit obéir au même processus
elle
ne pourra que bénéficier à la même classe dirigeante.
Du point de vue théorique
l'industrialisltion
doit contribuer au développement rural et viser, non seule-
ment les conditions rurales au sens économique strict, mais
- t 17- .
aussi le développement social et économique équilibré de
zones ou de régions données, en parti cul ier l'util isation
optimale des ressources locales et une plus large réparti-
tion des avantages de ce développement. Ce qui suppose une
réorganisation des priorités de ce développement. L'attein-
te de ce but doit ëtre inspiré par les besoins de la majo-
rité sociologique vivant en déhors des grands centres ur-
bains dans une pauvreté relative pour une bonne partie. Si
l 'on considère les estimations de la banque mondiale et en
prenant comme étalon de mesure de moins d'un tiers de la
moyenne nationale, environ 40 % de la population vivent
dans une pauvreté relative et 80 % vivent à la
campagne
(mil ieu rural).
Ainsi donc les besoins essentiels du milieu rural peuvent-
ils se présenter comme suit:
- amélioration de l'alimentation et de la nutri-
tion
- propreté de li eau
- habillement suffisant
- logements décents
- éducation
- soins et santé minimum.
Ce sont pour nous
les retombées de l'industria-
lisation, c'est-à-dire l'amélioration du cadre et du niveau
de vie que la population enquêtée qualifie d'industriali-
sation dans sa réponse.
L'urbanisation que souhaitent les enquêtés s'ins-
crit bien dans une logique comme nous l'avons dit plus haut.
Le développement étant une totalité par défini-
tion, c'est-à-dire
économique, social, culturel, informa-
- 618 -
tionne1, l'industrialisation doit entraîner 1 'urbanisation,
l'éducation, l'é1evation du niveau de vie-et les pourcenta-
1
ges des autres réponses 26,33 %, 19,66 % et 11,66 ~ dans
l'ensemble
montrent bien la logique.
Question n° t4
Qu'est-ce qui vous p1ait le plus dans le mode de
vie occidental ? Le but de cette question est de donner une
opinion sur les valeurs occidentales.
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
',Gaingde l'économie (temps,
20
16
18
18
épargne)
GoUt du dévelopt lntellect.
esp.rjt de curiosité, esprit
10
14
20
14,66
.,
I~
Savoir-vivre
5
9
6
6,66
Esprit de famille
14
15
11
13,33
Liberté de pensée, démocra-
18
10
13
13,33
tie
,
Conscience profess i onne11 e
12
12
y
11
Respect de la chose pub1i-
16
18
20
18
que
Autres réponses
5
6
3
4,66
Ne répondent pas
a
0
a
u
A cette question 20 % ont mis en rel ief le sens de
l'économie (temps, épargne) dans le mode de vie occidental.
C'est en quelque sorte une rationna1isation de la vie liée à
1 'organisation sociale du monde occidental
où on ne compte
- 619 -
que sur soi-même. De plus le milieu s'y prête puisque la
notion de famille n'est pas vaste mais très restrictive:
Père-mère-enfants, ces derniers partant du foyer dès leur
majorité.
Chez l'occidental donc, la famille triangulaire
implique une indépendance à l'égard d'autrui, voire même à
l'égard des parents. Nous pouvons avancer sans grand risque
que dans la société africaine
l'individu intègre sa famil-
le et son clan alors qu'en occident
l'individu intègre sa
société globale.
La réponse (20 % à Abidjan) semble logique puisque la vie
est désormais calquée sur le mode de vie occidental, ainsi
les individus sont beaucoup plus acculturés à Abidjan qu'à
l'intérieur du pays.
En effet à Bouaké et à Divo-Lakota
le pourcenta-
ge est respectivement de 16 % à 18 %, soit en moyenne 18 %
pour l'ensemble. A l'intérieur du pays. les gens sont plus
près du milieu traditionnel qu'à Abidjan
et les pourcenta-
ges sont logiques.
Les enquêtés mil itent est en faveur de la liberté de
penser et de la démocratie, et Abidjan en tête avec 18 %,
Bouaké 10 % et 13 ~ pour Divo-Lakota.
Il Y a à Abidjan beaucoup plus de brassages d'-
hommes aux cultures différentes. A1nsi la population occi-
dentale y est beaucoup plus élevée qu'à la campagne.
Le respect de la chose publique requiert en
moyenne 18 % , pourcentage identique à celui du sens de
l'économie.
-
620 .
Cette qual ité est appreclee par les enquêtés qui
la 1ient à l'occident et à la démocratie, c'est-à-dire au
fonctionnement de leurs institutions.
En Côte d'Ivoire les scandales financiers sont
tellement courants qu'ils sont entrés dans les moeurs. Ain-
si donc les enquêtés, en se prononçant pour le respect de
la chose publique
choisissent une valeur cardinale propre
à l'occident dans l'état actuel des choses.
L'esprit de famille prête à confusion ici
car il
y a les familles africaine et occidentale.
La Société africaine est à la fois admirée et su-
bie. Or aujourd'hui la famille se réduit au couple. L'homme
vit pour sa femme et ses enfants, et tout est fonction dp
ce couple.
Les Européens subviennent beaucoup plus aux be-
soins de leurs enfants, de la famille restreinte qU'à ceux
des autres. Clest la volonté du ménage occidental de former
une entité, cherchant toujours un avenir pour les enfants.
Le pourcentage est élevé à Abidjan et à Bouaké,
respectivement 14 % et 15 %, alors qu'à Divo-Lakota qui sont
des petites villes, le pourcentage est bas. C'est que dans
les grandes villes conçues sur le modèle occidental, la no-
tion de famille est aussi occidentale eu égard aux problèmes
sociaux engendrés par cette société en occidentalisation.
Par contre dans les petites villes l'individualisme des
grands ensembles n'existe pas. Tous les fonctionnaires se
connaissent et se côtoient. Les femmes se côtoient égale-
ment, la vie est en quelque sorte communautaire
et 1 'occi-
dentalisme est dans ce cas
atténué. Ceci montre que la do-
mination culturelle et l'acculturation sont beaucoup
plus
- G21
-
accentuées dans les grandes vi lles qui constituent de grands
ensembles que dans les petites villes où à la campagne. A
partir de là
examinons les traditions de la vie africaine
auxquelles les enluêtés sont le ~lus attachés.
Question nU 15
Quelles sont les traditions de la vie africaine
auxquelles vous êtes le plus attachés?
Le but de cette question est de donner une opi-
nion sur les valeurs africaines.
Réponses
Abidjan
Bouaké IDivo-Lakota Ensemble
L'esprit communautaire
20
25
40
28,33
Le respect des aînés
18
21
20
19,66
1
L1esprit religieux
14
13
14
13,66
L'éducation des enfants
13
13
7
11
Les bonnes manières
13
11
6
10
Les fêtes traditionnelles
11
8
4
7,66
Le patrimoine culturel
7
6
J
5,33
Autres réponses
3
3
1
2,33
Ne répondent pas
0
0
5
1 ,66
Cette question nous révèle que 28,33 % des enquê-
- 622 -
tés sont attachés à l'esprit communautaire. Cela est dû au
fait que les personnes intéressées sont généralement d'o-
rigine villageoise.
En effet
l'esprit communautaire est considéré
comme une des caractéristiques fondamentales de la person-
nalité socio-culturelle africaine, aussi les enquêtés l'ap-
prouvent-ils explicitement. Ici l'esprit communautaire sous-
entend: - l'hospitalité - la solidarité - la générosité -
la famille africaine élargie - l'influence du groupe sur
l'individu - absence de clivage social.
Cependant à Abidjan moins qu'à l'intérieur, l'es-
prit communautaire perd du terrain: 20 % à Abidjan, et
25 % à Bouaké la seconde ville. Cela peut être dû aux pro-
blèmes sociaux que rencontrent les enquêtés (logement exi-
gus, vie chère). Quant à Divo-Lakota qui sont de petites
villes où la vie est relativement facile et l'espace assez
grand, l'esprit communautaire y est ancré. Cela signifie
que le mode de vie imposé dans les grandes villes compara-
bles à celle d'outre-méditerrannée
engendre les ~ê~es pro-
blèmes sociaux et économiques. Il y a donc aliénation et
acculturation évidentes.
Le respect des aînés qui est celui de la géronto-
cratie requiert 19,66 % des voix des enquêtés.
En effet
les générations d'intellectuels actuels
sont en majorité issues de l'école coloniale
à la pédagogie tradition-
nelle qui ne permet pas l'épanouissement de l'enfant. Cette pédagogie
est rencontrée dans le milieu traditionnel africain. Il est donc normal
que les produits de ces deux pédagogies imprégnantes s'observent chez
ces intellectuels, à savoir le respect de la gérontocratie, de l'ordre
établi puisque le débat contradictoire n'a pas été cultivé.
- 623
D'ailleurs 1 'es~rit religieux est également observé: 13,66 %
Qu'on réside à Abidjan, Bouaké ou Divo-Lakota, l'esprit religieux est
vivace dans la même proportion 14 %, 13 %, 14 %. Dans une société à parti
unique unanimiste où la population est soumise à ce parti, la re1iqion
devient un recours ultime. Elle est une ~octrine qui aide dans la condui-
te de la vie. Ainsi l 'homme croît en quelque chose Dour s'équilibrer,
pour apaiser la pesanteur socio-économique. Les dimanches, les émissions
religieuses envahissent la télévision et la radio, le titre "Dieu avec
nous" est d'ailleurs significatif. Dieu est avec l'Ivoirien dans ses pro-
blèmes sociaux et la classe dominante se sert justement ~e la religion
comme élément stabilisateur de la société, tout co~e les Missionnaires
se sont servis de la même religion pour faciliter la colonisation de
l'Afrique.
L'éducation des enfants: 11 %, les bonnes manières: 10 %
et les fêtes traditionnelles se situent presque dans les mêmes propor-
tions. Mais clest surtout à Abidjan que ces problèmes se font sentir le
plus.
Dans les grandes villes où les brassages des peuples est im-
portant
les enfants sont beaucoup exposés à la perversion de la
socié-
té de consommation. De plus
les influences néfastes de la vie moderne
(mode, touristes étrangers et autres) attirent ces adolescents. C'est
nous semble-t-i1, ce qui explique le souci des bonnes manières, de l'é-
ducation et des fêtes traditionnelles initiatiques, ré~u1atrices de la
société. Ce qui signifie que les adultes craignent l'influence de la so-
ciété dans laquelle ils vivent eux-mêmes, société qu'ils ne maîtrisent
plus.
Question na 16
Pourquoi êtes-vous attachés à ces traditions de la vie afri-
caine?
_ 624_
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
Parce qu'elles relèvent
31
35
33
33
%
de la culture africaine
Parce qu'elles maintien
nent l'esr>rit rie solida-
27
30
28
28,33 %
rité.
Parce qu'elles intègrent
l'individu dans sa socié
35
18
20
24,33 %
té (à partir de l'éduca-
tion traditionnelle).
Autres réponses
10
11
14
11,66 %
Ne répondent pas
4
6
5
5,00 %
Ces pourcentages montrent qu'il y a incontestablement résis-
tance au changement et à la culture occidentale malgré les apparences
trompeuses.
33 % des enquêtés sont attachés aux traditions africaines parce qu'elles
relèvent de la culture traditionnelle.
Cette attitude peut se concevoir dans la mesure où l'éduca-
tion traditionnelle est imprégnante, prenant l'homme en charqe dans tou-
tes ses dimensions. Il faut aussi reconnaître que les en1uêtés sont gé-
néralement issus de familles villa~eoises ce qui peut justifier cette
réponse.
38,33 % d'enquêtés estiment que les traditions africaines
maintiennent l'esprit de solidarité. Cela nous amène à considérer l'exem-
ple des funérailles
et de la céréMOnie de naissance.
En effet
pendant les funérailles
les condoléances consti-
-
625
-
tuent un soutien à la famille endeuillée. Les amis et connaissances ex-
priment leurs gratitudes par des dons divers, surtout en argent
pour
permettre d'élever les enfants et d'aider les parents. Pendant les céré-
monies de baptême, on donne encore des dons à la mère et au père
pour
leur permettre de sloccuper Ge leur enfant. Il est normal que de telles
valeurs demeurent en dépit de l'acculturation par les mass Média
qui
présentent les couronnes de fleurs pendant les obsèques. L'es-
prit de solidarité représente donc une valeur cardinale
africaine.
35 % des enquêtés d'Abidjan vivent concrètement
les effets de la nouvelle société (société en modernisation)
par rapport à la population de l'arrière-pays. A Abidjan
le
taux de la délinquance est nlus élevé qu'à l'intérieur du
pays. D'abord il y a un plus 0rand brassa~e des populations
ensuite la vie y est déshu~anisée. On se préoccupe
souvent
très peu des enfants. La famille triangulaire favorise l'i-
solement des enfants Clui cherchent l'affection dans les
groupes de jeunes incontrôlables
alors qu'à l'intérieur du
pays
les personnes se connaissent plus ou moins. Cette vie
n'est pas loin de la vie co~~unautaire qui intè~re tous les
enfants. Nous pouvons conclure ~u'il y a impérialisme puis-
qu'il y a refus de la culture occidentale oourtant iMposée
comme référence.
III - INFLUENCE DES ~ASS ~EDIA SUR LA POPULATION
RURALE
Le faible niveau de vie de la po~ulation rurale,
le manque d'équipe~ent et d'infrastructure
en particulier
l'électricité
et les téléco~~unications, eMDêchent certains
mass média d'atteindre cette population. Aussi le cinéma et
la télévision n'attei~nent-ils nas les villageois
qui
ne
peuvent en profiter que lorsqu'ils se rendent en ville chez
un
parent
fonctionnaire
ou
employé
de
bureau.
Ces
-
1)2t;
-
mass ~édia sont donc des produits de luxe, non accessibles
a la masse rurale. Cependant la seule source d'information
à sa portée est le récepteur radio
qui, autrefois cher
innonde aujourd'hui les villages grâce au Japon et à la
contrebande des Sénégalais, Nigérians, Maliens qui les
achètent dans les pays frontaliers de la Côte d'Ivoire
moins cher. pour ensuite les revendre.
Il Y a lieu, au risque de nous répéter
de
signaler que le nombre de postes récepteurs télévision et
radio est supérieur à celui donné par les statistiques
officielles de l'O.U.A. et du Ministère de l'information
du fait de cette contrebande (voir annexes).
En effet
nul ne peut savoir exactement le nom-
bre de postes radio existant dans ce pays, les chiffres
officiels doivent être multipliés par deux ou trois
si
ce n'est plus, car le coût élevé dans les magasins ne
permet pas à la masse de s'y approvisionner. Aussi cette
masse s'approvisionne-t-e11e au II marc hé noir ll auprès des
~archands embu1ants exempts de taxes de toute nature, ce
fa~sant, ils vendent moins cher, la moitié du prix des
magasins. Les moins nantis qui expriment le besoin de
s'informer sur les événements locaux n'hésitent pas à
acheter ces postes de moyenne portée alimentés
par quatre
ou six piles qu'on trouve facilement sur le marché national,
surtout qu'elles sont de fabrication locale. Notre enquête
dans le milieu rural ne portera donc que sur le récepteur
radio.
Voir la quatrième partie: Statistiques de
l'O.U.A.
Sur
le nombre de radio et de télévisions en Côte d'I~oire.
-
627
-
Question n° 17
Ecoutez-vous la radio?
Cette question permet de vérifier l'aliénation de
la masse paysanne par les mass média (Radio).
Réponses
Abidjan
80urtké
Divo-Lakota
Ensef'lble
Oui
89
90
90
89,66
Non
12
8
6
8,66
Sans réponses
9
2
3
4,66
Ainsi en moyenne 89,66 % des enquêtés écoutent la
radio. Dans les villages
la radio constitue le seul moyen
d'information et de distraction (musique) - Hormis les
émissions en langue Française qui occupent la majeure nar-
tie de l'antenne, les villa~eois écoutent bien les émissions
religieuses, la musi~ue, etc ... Clest incontestablement un
signe évident d'aliénation culturelle, par conséquent une
forme de drogue indispensable.
Question n° 18
Pourquoi écoutez-vous la radio?
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
Parce que c'est le mo-
yen privi~éqié pour
67
82
85
78
s' informer
Pour écouter la musi1ue
21
10
8
13
- 628
Autres réponses
16
6
4
8,66
Ne répondent pas
6
2
3
3,66
78 % des enquêtés considèrent la radio comme un
moyen privilégié d'information aujourd'hui. Il y a lieu de
reconnaître que la Côte d'Ivoire subit un changement social
sous les effets de l'école et des mass média et des situa-
tions conflictuelles se situent à tous les niveaux: - pa-
rents analphabètes- enfants scolarisés
- adultes scolari-
sés et adultes analphabètes. Les moyens de communication
traditionnels (tam-tam et qriot) se rarifient, cédant la
place aux mass média modernes. Il n'est donc pas étonnant
que 78 % des enquêtés acceptent. impuissants
cette nouvel-
le forme de communication (radio). Aussi constitue-t-elle
une domination dans la mesure où elle s'impose de l'exté:-
rieur.
Question n° 19
A quels mOMents écoutez-vous la radio?
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
A tous moments
50
65
66
63,66
Aux heures de travail
25
20
20
21 ,66
Aux heures
de repos
1a
12
13
11 ,66
Sans réponses
5
~
...
1
3
Les 63,66 ~Ia de l a population enquêtée écoutent , a radio à
tous mOMents.
-
629'
-
En effet
dans les villages
dès six heures du
matin. les postes radio fonctionnent chez ceux qui en sont
pourvus. Ceux qui ne se rendent pas aux champs
l'écoute-
ront tant que dureront les émissions. Parfois
des
personnes dorment avant la lin des émissions et se réveil-
lent aux émissions du lendemain sans interruption. C'est
dire que des postes radio fonctionnent vingt quatre
heures sur vingt qu~tr~
dans la mesure où elles font
désormais partie intégrante de la vie du villageois.
Dans le milieu rural
les hommes vivent en
groupe sous les apatames ou arbres à palabres. Dès lors
les conversations sy tiennent et les jeux s'y déroulent.
Autrefois
tout ceci était soutenu par les pleurs et les
cris des enfants jouant à proximité. Aujourd'hui ces
enfants fréquentent l'école du matin au soir
et les
parents n'ont plus cet environnement qui est désormais
remplacé par la radio dont la fonction est entre autres
de combler ce vide. Ils sont eux aussi aliénés par les
mass média.
D'une manière générale, la radio peut être
considérée comme une véritable compagne
et malgré la
langue étrange qu'elle véhicule
les villageois ne tien-
nent pas toujours compte du contenu du message puisqu'ils
ne le comprennent toujours pas; cependant
ils écoutent
surtout la musique. Par conséquent
la radio devient un
instrument de divertissement qui égaye l'envi ronnement,
remplaçant ainsi les chants des oiseaux. les tam-tams et
la musique vivante envoûtante.
Par ailleurs
21,66 % des personnes interrogée3
écoutent la radio pendant les heures de travail.
- 630 -
En effet
autrefois, les paysans travai 11 aient
en groupe et les chants constituaient un stimulant. Au-
jourd'hui chaque paysan travaille seul
et la radio joue
désormais ce rôle de stimulant qui
fait défaut. Clest
ainsi que le travailleur agricole écoute la musique
h
diffusée entre gh et 11
tous les jours, sur son champ,
sauf le dimanche.
Une émission intitulée "N'DJAMO NIDJAMO" tra-
v ail l 0 nsen mus i que
i l lus t re bi en ces ré p0 nses. Cet te
émission est consacrée au travailleur
surtout du secteur
secondaire. Mais le travailleur rural
bien que ne com-
prenant pas le contenu, préfère la musique qui
le soutient
dans son effort sur le lieu de travail.
1l n ' y a
en 0 ut re q ue se u1e me nt Il, 66 % de s
enquêtés qui écoutent la radio aux heures de
repos. Ce
pourcentage s'explique par le fait que les populations
rurales n'écoutent la radio dans leur langue que deux fois
par semaine (30 m-inutes) et en déhors de ces quelques
minutes, ils
n'entendent que le Français.
Dès lors ils
n ' 0 n t pas d' heu re s pré c i ses d1 é co ute .
V'Jyons à présent si
les villageois écoutent les
au t re s rad ion at ion ale s .
Que st i on nO 19
Ecoutez-vous les stations des radio étrangères?
Il slagit de montrer l'impact des émissions
é t ra ngère s sur l a mas se.
.. 631
Réponses
Abidjan
Bouak~
Div 0 -Lakota
Ensemble
Oui
15
12
13
13 • 3 3
Non
82
«36
85
84.33
Sans réponses
3
2
3
2.66
Les stations étrangères sont très peu écoutées.
en moyenne 13,33 % seulement de la population s'intéres-
sent à ces stations. Ce pourcentage appelle deux consi-
dérations :
1. Les récepteurs radio sont g~néralement d'une
faible portée.
2.
Les enquêtés préfèrent ~couter Radio-Abidjan
qui, de temps en temps leur livre des informations de
leur niveau. sur le pays. Quoiqu'il en soit
en déhors
des informations qui sont locales
tout le reste respecte
le cliché des radio occidentales. Par conséquent
ils
suivent Radio-France par la radio interposée. De plus
il
y a
s'agissant des radio occidentales
le niveau du
vocabulaire non accessible à celui qui parle le Français
de Treichville (152)
et toutes ces considérations empê-
chent réellement la masse d'écouter les stations étrangè-
res (occidentales) ; ceci nous amènent à savoir le genre
d'émission que préfèrent nos enquêt~s. ~ais on peut
retenir que les obstacles financiers et linguistiques
limitent l'impact des émissions étrangères.
(:;:'2)
-
Le Français de Treichvitte est un Français tz-'Di-
quement Ivoirien,
Sans artictes, parté pap l~<
poputation non scotarisée ou très peu scotarisée.
Ce Français influence même te Français aca:1é":ique
utitisé.
- 632.
-
Question n° 20
Pourquoi n'écoutez-vous pas les stations de radio étrangères?
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
Parce que je ne comprend
83
89
94
88,66
pas les autres langues.
En attendant les nouvel-
10
14
4
9,33
les en langue nationale
Autres réponses
6
4
2
4
Ne répondent pas
1
3
a
2
83,66 % des enquêtés n'écoutent pas les stations de radio é-
trangères. Cela s'expli~ue par le fait qu'ils ignorent les autres langue~
même le Francais.
Quant aux 9,33 % qui écoutent les autres stations, ils affi~
ment le faire en attendant l 'heure d'écoute dans leur lan~ue nationale.
Ce qui si~nifie qu'ils n'éprouvent aucun intérêt à écouter les stations
de radio étrangères. Il ne s'a~it pas là d'un refus
mais d'une iqnoranc~
une écoute dans une langue imposée.
IV - INFLUENCE SUR LES CULTURES NATIONALES
Les questions vont porter sur le comportement, la mentatlit~
les habitudes, de consommation ostentatoire, la cuisine, l'habillement,
l'art, quelques coutumes, l'éducation, la santé, les croyances religieu-
ses ..• ; en d'autres termes, sur la culture actuelle de la Côte d'Ivoire
en acculturation.
Nous considérons toujours les deux milieux
urbain et rural,
car la transformation sociale est beaucoup plus accentuée dans le milieu
- 63.'j -
urbain. Cela peut s'expliquer par le fait que les populations urbaines
ne sont pas homogènes
dans la mesure où elles subissent plusieurs in-
fluences extérieures et internes (153). L'influence externe est de loin
supérieure. Cependant
les mass média brisent aujourd'hui toute résis-
tance au changement social
par leur publicité, leur idéo10~ie de séduc-
tion à travers les modèles de consommation proposés
et enfin le modèle
de vie
et de comportement. La paix sociale que les mass média entre-
tiennent en Côte d'Ivoire permet à l'i~péria1isme occidental de se con-
solider et de se perpétuer.
Par ailleurs
la population enquêtée aime écouter les émis-
sions éducatives. Il faut tout de suite souligner qu'ici, il s'aqit des
émissions relatives au problème éducationnel d'abord et ensuite celles
qui éduquent directement.
Depuis l'introduction de la télévision éducative dans le
système scolaire, l'inquiétude des familles aussi bien urbaines que ru-
rales est grande. Chaque citoyen se pose la question du devenir de son
enfant. Et malgré les résultats catastrophiques
ce sujet est tabou.
Heureusement
après des débats dans la presse écrite
une
décision a été prise en 1981 lors d'un conseil national
pour sUDprimer cette télévision éducative d la satisfaction
de toute la population, sauf pour quelques nantis qui ti-
raient profit de cette situation scandaleuse.
Les informations sur l'éducation sont une préoc-
cupation permanente des populations rurales dans la mesure
où elles ne peuvent plus assurer
elles-mêmes, l'éducation
de leurs progénitures puisqu'elles sont en dehors du systè-
me éducatif actuel.
Les 24 % des enquêtés aiment les émissions reli-
gieuses. En effet
la religion joue un rôle stabi1is~teur
dans un pays sous-développé comme la Côte d'Ivoire. Les
émissions rel igieuses constituent un moment d'évasion
et
de concentration, r,loment au cours duquel tous les problèmes
us.: - :,::-~'pnes .3i~!ni.~'[ent iC!i, 1 'i':-'~:'.e"!ce des autroes pays a.+-"roicains
,;ë:
,'xterones : Z' ~nf7:wn:"'e ~c7i-=c!:::ale.
-
634
-
matériels et moraux sont transcendés. On communique avec
un monde irréel, idéal puisqu'aujourd'hui
il n'existe
plus de religion Africaine organisée pouvant sécuriser
l 1 i ndiv i du.
Dia i l leu r s
c e vide re l i gi eux s e fa i t sen tir
lorsqu'on se réfère aux multiples sectes existant en
Côte d' Ivo'j re. du genre: Assemblée de Dieu, Témoins
de
Jéhova, Mahi cari, qui
connaît, etc ...
En effet
la population urbaine (de l'enfance à
50 ans et même plus) s'habille aujourd'hui à l'occidentale.
C'est di re que l a transformation sur le planvestimentai re
est totale. Nous y revi endrons. Cependant
il y a lieu
d'avancer que
la transformation sociale s'est effecti-
vement opérée dans le mi lieu urbai n et les rési stances
qui ont lieu çà et là sont sporadiques. La véritable résis-
tance nia lieu que dans
le milieu rural
surtout au
niveau religieux, car la religion est un phénomène
transcendantal, donc liée à la philosophie de l'au-delà.
Ce qui
pose d'ailleurs la problématique de l'existence
de 11 homme Noi r.
La transformation sur le plan économique
s'est déjà opérée largement au niveau du
mode
de produc-
tion et de la division capitaliste du travail. Mais
voyons en détail toutes
ces transformations:
1 - Mi lie u urb ai n
Au ni veau de la fami lle
Si
nous condi dérons le mariage qui est l a base
de
la famille
nous
voyons
de plus en plus que la mono-
gynie est officialisée et adoptée en principe à partir
du code civil. Seule est reconnue officiellement donc la
monogynie. Cependant les générations qui sont actuellement
dans la vie active sont plus ou moins issues de foyers
polygyniques, c'est le premier problème qui se pose aux
générations actuelles. Bien sûr
on est loin du milieu
villageois où les bras constituaient un apport non
négligeable sur le plan économique; plus on avait de
femmes, plus les enfants étaient nombreux et mieux était
florissante l'économie familiale ou clanique.
!Jans
le
milieu urbain
les hommes préfèrent
la monogynie
pour deux raisons:
a) Les conditions de vie imposées, à savoir les
logements d'une, deux, trois ou au maximum cinq pièces
ne permettent pas d'abriter plusieurs personnes, par
conséquent limitent le nombre dlépouses à une
ainsi que
le nombre d'enfants. De plus
les enfants
rentables dans
le milieu traditionnel dans la mesure où ils étaient
productifs, sont aujourd'hui exclusivement à la charge
des parents. Il faut les scolariser, or cette scolarisa-
tion revient actuellement cher, c'est ce qui freine
quelque peu la poussée démographique dans le milieu
urbain. Mais il y a lieu de nuancer. La limitation des
naissances se fait
d'une manière générale au niveau de
la couche sociale dirigeante. Cependant
au niveau de la
masse
cette limitation nlest pas respectée malgré les
problèmes sociaux qui sont le lot de tous. En d'autres
termes s'il y a une légère acalmie au niveau de la proli-
fération des femmes et des enfants, c'est dû principale-
me ntau ma dè 1e d('\\ vie 0 cci den t al
i mp0 s é par lia ncie nne
puissance colonisatrice. Ce qui constitue une accultura-
tion
facteur d'impérialisme culturel
bien que cela
ne soit pas absolu.
- 636
b)
Il yale code ci vi l qui
ne reconnaît que
le mariage célébré devant le Maire ou une autorité admi-
nistrative. Une union non célébrée dans ces conditions
ne permet pas à l'épouse d'hériter légalement du mari.
Ainsi
donc chaque intellectuel se conforme à cette
règle, ce qui
ne signifie pas que la polygynie nlexiste
plus.
En effet
et nous le verrons plus tard dans
les questionnaires, bon nombre de mariés légaux ont dans
des quartiers de la ville
des épouses appelées IIMaîtresses".
Au niveau traditionnel. ce sont des mariages dans la
mesure où le plus souvent
ces Messieurs remplissent
toutes les conditions requises dans ce milieu. Nous ne
parlerons pas d'atavisme
mais sur le plan psychologique.
la po1ygynie est une réalité Africaine
malgré son inter-
diction.
D'ailleurs après vingt quatres années de souve-
raineté nationale, même des femmes occidentalisées sont
aujourd'hui
d'acclJrd pour affirmer qu l i1
faut légaliser
la polygynie afin que les époux assument leur ~'esponsabi
lité e f f e ct ive me n t.
Que s t ion n° 2 1
Préferez-vous la monogynie instaurée par les
autorités politiques au lendemain de l'indépendance?
Cette question est relative à l'assimilation
des normes soci ales acci dentales.
-
637 -
/
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
Préfèrént la
monogynie
60
57
52
56,33
Contre la monogynie
25
20
21
22
Autres réponses
13
20
22
18,33
Ne répondent pas
2
3
5
3,33
Ainsi 60 % de la population d'Abidjan, 57 % de
celle de Bouaké, 52 % de celle de Divo et Lakota, soit en
moyenne 56,33 % d'enquêtés préfèrent la monogynie.
D'après les différents pourcentages
nous voyons bien
qu'ils sont fonction:
de l'importance des villes. Les
grandes villes comme Abidjan
offrent généralement très
peu de facilité aux familles pléthoriques. Pour exemple
le loyer est excessivement cher à Abidjan alors que dans
les villes de l'intérieur
il est abordable
ainsi que
l'alimentation. Dès lors.
les hommes préfèrent malgré
tout la vie polyginique. Mais ils sont malheureusement
retelluS par le code civil. lependant
sur le plan psycho-
logique
les hommes préfèrent la po1ygynie, d'ailleurs les
20 % et 21 % des enquêtés des villes moyennes l'attestent
bien. Les autres réponses représentent 18,33 % des enquê-
tés. Elles sont du genre: nous nlavons pas le choix
et
sommes obligés d'accepter la monogynie.
surtout pour des
raisons socio-économiques. Mais il y a lieu de signaler
aussi que cette forme de mariage crée de sérieux problèmes
sociaux
notamment les nombreux enfants non reconnus par
leur père déjà marié. Cependant pour mieux cerner le
problème
il faut poser la question suivante.
Question n° 22 :
Pourquoi préférez-vous la monogynie ?
_ 638-
_
Cette question est ouverte et nous avons
retenu
-
vol ontai rement des
réponses qui
réflètent la position
générale des enquêtés.
Réponses
Abi dj an
Bouaké
Divo-Lakota
En s e mb 1e
Par ce qui e 11 e est
facile en vi 1 1e
38
30
27
31 t 66
Parce que Cl es t
mo de rne
42
37
38
39
Au t res
réponses
18
27
30
21 66
t
Ne
répondent pas
2
6
5
4,33
Les
réponses
"parce qu'elle est faci le en vi lle"
prouvent bien que clest un
choix involontaire
dû au type
d'habitat et mode de vie imposés par la classe dirigeante.
De plus
ce choix est dû au Code Civil
Ivoirien qui
ne
reconnaît que
le mariage officié par un officier de
llEtat Civil.
Quant aux réponses
"parce que clest mod~rne" t
elles obéissent bien au souci
d'imitation. Mais en fait
derrière cette attitude
se cache une amertume.
Car la
génération actuelle,
même si elle a acquis les connaissan-
ces scientifiques et humaines occidentales
demeure plus
t
ou moi ns attachée à son mi 1 ieu
du moi ns
i l s 1 agi t
de
celle qui
n'appartient pas à la classe dominante
car
dans
ce cas
le problème se pose d'une manière différente.
Les plus
acculturés étant incontestablement ceux qui
appartiennent à la classe dirigeante, ce sont eux qui
imitent servilement la société occidentale dans laquelle
ils
trouvent l'application de leurs comportement et
désir de
domination, en un mot la domination culturelle
interne même si
celle-ci est endogène.
- 639
-
Mais la question suivante nous aiderait à mieux
comprendre la suite.
Question na 23
Il Y a deux types de familles
Occidental et
Traditionnel. Lequel préférez-vous?
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
Type occidental
39
38
38,50
38,50
Type traditionnel
38,50
38
40
38,50
Autres réponses
12
16
10
9,33
Les premières réponses sont presqu'identiques
avoisinant 38,50 % pour la fa~i11e de type occidental.
Mais il y a lieu de souligner que cette question touche
directement un élément des fondements culturels de la
société traditionnelle et vaille que vaille, chaque cadre
supérieur est attaché à sa famille, à son village, à son
clan et à sa tribu. Ainsi intervient-il lorsque le besoin
se fait sentir. Apparemment les cadres éprouvent des dif-
ficultés sur le plan financier. Mais en réalité
ils
estiment que leur intervention est un devoir et en défini-
tive
un service social parallèle.
Quant à ceux qui sont en faveur de la famille
de type traditionnel, leurs réponses sont identiques à
celles données par ceux qui préfèrent la famille de type
occidental. Apparemment c'est un choix, mais un choix
ambivalent, ne respectant pas réellement. les normes de la
famille occidentale. Malgré donc ce choix, la population
enquêtée reconnaît qu'il n'y a pas de changement puisqu'-
-
640,-
elle intervient toujours au niveau du village, du clan,
de la tribu.
Cependant
le paradoxe, clest que la classe
dirigeante qui est en principe en faveur de la famille
de type occidental
observe une attitude contraire.
D'abord au niveau des communiqués
les mass-média font
largement échos des décès qui concernent la famille
étendue, le clan et la tribu. C'est ce qu'on appelle en
Côte d'Ivoire
des funérailles télévisées. De plus, on ne
confie des fonctions précises qu'aux personnes de la
famille, clan et tribu. C'est là que réside malheureuse-
ment la contradiction car ,1 y a inadéquation entre le
discours et la réalité. C'est même un élément stabilisa-
teur de la politique menée par la classe dominante.
A partir de l'attitude des enquêtés du milieu
urbain, il importe de s'adresser au milieu rural pour en
savoir plus.
2 - Milieu rural
Tous les anthropologues africanistes ont bril-
lamment décrit les sociétés Africaines, leur fonctionne-
ment. Mais depuis ces années tant rêvées, ces sociétés
ont subi et ne cessent de subir l'influence de la culture
occidentale
et malgré cette dynamique extérieure, des
résistances persistent dans la mesure oD les villages
existent ainsi que la vie en communauté, les relations et
rapports entre les membres de ces communautés. Même si
les structures subissent incontestablement des transfor-
matiors.
_ 641
.
Le villageois authentique à qui
la vie actuelle
n'offre aucune possibilité d'épanouissement, de créativité
et enfin d'intégration effective dans la société nouvelle.
se sent frustré. Aussi
regrette-t-il sa vie
ancestrale
qui
lui
procurait une personnalité dans sa société
même si, à travers son enfant. il bénéfi cie des bienfai ts
de la modernité.
Tout cadre supeneur d'origine villageoise a,
d'une manière générale
des liens étroits avec sa famille,
son village et sa région. La construction d'écoles, des
vi llages, en un mot 11 urbanisation des villages est due
aux cadres.
De plus dans
un pays où 1 a grande majo ri té
ne vit que de llagriculture d'exportation (c'est-à-dire
une année avant de produi re), les fami lles éprouvent des
di ffi cul tés à mener une vi e décente
(se nourri r) pendant
les périodes creuses
et clest justement aux cadres que
revient la charge dlaider financièrement leurs parents.
Question n° 24
0uelles sont les ri1.isons de votre préf~rence
Dour 1a Dolyqynie ?
Réponses
S/Préfecture
S/Préfecture
S/Préfecture
Ensem-
dlll.bidjan
Bouaké
Divo-l.akota
ble
Nombreuses descen-
87
S7
98
94
dance
Autres réfJo'lses
10
2
0,5
4,166
Ne répondent pas
3
1,5
1,~33
-
642
Les réponses sont en faveur de la thèse de la
famille nombreuse. Pour le villageois, avoir plusieurs
enfants, c'est
non seulement un indicateur d'aisance, de
richesse, mais de respect, de l'homme accompli, l'homme
qui a réussi dans la Société. D'ailleurs un proverbe Dida
dit bien que :
"La richesse d'une famille
se mesure par
! ~J ': - :- 2"
ci' è 11 Ùm t siG. :; S
ce t t e fa mil le" .
Autrement dit la polygynie s'explique aussi à
partir de cette idée. Plus on aura de femmes plus les
enfants seront nombreux et plus sera respectée la famille.
Malgré donc l'idéologie occidentale tendant à
limiter les naissances pour soit disant résoudre les
problèmes de la faim, le villageois Ivoirien n'a pas la
même conception. La famille pléthorique est incontestable-
ment une norme de valeur fondamentale:
- économique: nombreux bras pour produire la
nourriture (plantations).
- chasse et pêche - etc ...
Ceci est bien en adéquation avec une vie commu-
nautaire villageoise.
Au-delà de ce ~ue nous venons d'avancer
on
peut ajouter l'orgueil mascul in traditionnel qui veut que
l'on ait plusieurs épouses pour certes prouver une cer-
taine virilité.
-
643
-
v - DO MIN ATION 0ES ~lA SS r~ E0l A
- Milieu urbain
Question n° 25 :
Pensez-vous que les mass média véhiculent des
modes de pensée étrangers? Lesquels?
Il s'agit ici de montrer la domination cultu-
relle occidentale.
Réponses :
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
Véhiculent des modes
de pensée étrangers
Américains Européens
90
89
89,5
99,5
Ne véhiculent pas
cette pensée
2
1 ,50
7,5
2, 16
Ne répondent pas
8
9,50
7,5
8,33
Ces réponses sont significatives. La population
enquêtée estime bien que les mass-média véhiculent une
idéologie étrangère, en particulier l'idéologie Francaise
puisque la présence Française se fait sentir toujours dans
le pays ma l gré l' indépendance.
Il s'agit en effet d'une population faisant
partie de l'élite intellectuelle et il n'est pas étonnant
qu'elle donne de telles réponses. Par ailleurs
même s'il
existe une ambivalence au niveau du comportement d'une
partie de la population enquêtée, il y a tout de même une
remise en cause de l'individu acculturé. Cette accultura-
tion représente la négation de l'être Africain. Mais la
614 -
prise de conscience est en définitive, la négation de
cette négation de l'être Africain. C'est là l'affirmation
de soi, l'affirmation de son authenticité Africaine. La
réponse de la population enquêtée est donc en adéquation
avec nos propos.
La question posée ne semble pas claire puisque
chacun peut comprendre le terme idéologie à sa manière
et pour disciper cette inquiétude
nous avons posé la
question suivante.
Question n° 26 (question ouverte)
Pouvez-vous citer un cas précis de domination
étrangère ?
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
Langue
Française
40
41
40
40,33
Les films étrangers
35
45
47
42,33
Les coopérants
pléthoriques
10
9
9
9,33
La technologie
10
1
1
4,66
Autres réponses
5
4
3
4
Ne répondent pas
0
0
0
0
Ainsi environ 40,33 % de la population enquêtée
estime que la langue Française est un cas précis d'idéolo-
gie étrangère véhiculée par les mass média:
Dans son ouvrage "Peau Noire Masques Blancs",
Frantz Fanon souligne bien que:
_
645
_
"Parler une langue, c'est être à m~ne
d'employer une certaine sy~taxe, posséder
la morphologie de telle ou telle langue,
mais c'est surtout assumer une culture,
supporter le poids d'une civilisation"
(~~;
La connaissance de cette langue, son utilisation
comme langue officielle détermine le comportement, la
perception du monde et des choses. Dès lors
elle exerce
incontestablement une domination sur la population enquê-
tée
dans la mesure où elle al iène également les individus.
Cep~ndant
si le pourcentage est faible par
rapport à celui relatif aux films retraçant le mode de vie
occidentale et respectivement 40,33 % et 42,33 %, cela est
dû au fait que les gens pensent que la langue française
est à l'heure actuelle un mal nécessaire à défaut de lan-
gue nationale unique.
Ainsi donc l'idéologie étrangère s'exprime beau-
coup plus
selon la population enquêtée
à travers les
films. Quoiqu'il en soit
le film véhicule une idéologie,
dès lors
il véhicule la culture de ceux qui llont produit.
Environ 9,33 % considèrent la technologie comme
véhicule d'une idéologie étrangère. Cette position semble
vraie même si elle ne recueille pas la majorité des
réponses.
En effet
toute technologie est conçue en fonc-
tion d'une société'
et c'est par la suite qu'on l'adapte
aux autres. Si nous considérons l'exemple banal
de la
voiture, elle est conçue pour une famille restreinte;
1
...,
-
• \\
1 _':'r.
-
Prantz PANON
Peau Noire ~asques Blancs P.
30 -
Ed.
Points 1952.
-
6';6
-
4 places c'est-à-dire: - le père - la mère et un ou trois
enfants au maximum. De toute évidence
la technologie a
ses normes au départ et c'est à la personne qui l'utilise
que revient le devoir de s'adapter à elle. La radio et la
télévision ont leur domaine d~ fonctionnement lié à
l'idéologie de ceux qui les ont produites. Pour exemple
La radio est conçue pour capter certaines stations; la
télévision l'est aussi pour des chaînes précises. C'est
dire qu'elles sont destinées à des fonctions bien précises.
Quant aux coopérants pléthoriques, 4,66 % le
constatent. Il est clair que toute formation entraîne une
déformation, c'est-à-dire que l'acquisition d'une culture
implique nécessairement une acculturation.
Pour notre part
dans la mesure où les mass-
média sont contrôlés
comme nous l'avons démontré, par la
classe dirigeante qui, elle-même dominée par l'impérialis-
me occidental, il semble évident que l'idéologie étrangère
soit véhiculée. Mais il faut nuancer.
La classe dominante nationale n'est pas passive.
Elle est très active
dans la mesure où elle sert de
courroie de transmission de la culture occidentale, cul-
ture qu'elle impose à la limite sous le fallacieux
prétexte de modernité.
Mais examinons le cas où les mass média jouent
ou non leur rôle éducatif.
Question n J 27
Pensez-vous que les mass média jouent leur rôle
éducatif?
-
647 - .
Par cette question nous voulons savoir le rôle
exact des maS5 ·média.
Réponses :
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
Jouent leur rôle
35
30
31
28,66
Ne jouent pas leur
rôle
55
60
59
61 ,33
Ne répondent pas
1a
1a
10
10
Dans l'ensemble
28,66 % de la population enquê-
tée jugent que les mass média jouent leur rôle.
Les 61,33 % de la population enquêtée d'Abidjan
estiment que les mass média ne jouent pas leur rôle
alors
que le taux est plus élevé à Bouaké et Divo-Lakota, res-
pectivement 60 et 59 %. Cette situation peut être comprise
de plusieurs manières.
- A Abidjan la population vit dans un milieu en
adéquation avec les mass média.
- Dans les villes de l'intérieur
la vie semble
plus traditionnelle qu'à Abidjan
et la population concer-
née constate l'inadéquation.
- La population d'Abidjan est beaucoup plus
acculturée que celle de 11 intérieur et cette situation
s'observe au niveau de la manière dont se fait la récep-
tion des informations diffusées.
La seconde réponse (ne jouent pas leur rôle)
fait donc apparaitre un taux élevé: 61,33 ~~ dans l'ensem-
-
648-
b1e. Mais à Abidjan
le taux est faible 55 % par rapport
aux villes de l'intérieur. Ces réponses obéissent bien à
la logique déjà observée.
Il semble normal que la population enquêtée qui
est près de la population paysanne estime dans sa majorité
que les mass média ne jouent pas leur rôle véritable
c'est-à-dire le rôle éducatif. Mais une ambiguité de~eure
en ce qui concerne la notion de rôle. Ce faisant nous
avons posé la question suivante pour avoir plus de préci-
sions.
Questions n° 23
:
QQeb;
sont les rôles effectivement joués
par
les
mass média ?
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
Rôle d'information
40
60
62
54
Rôle de distraction
30
20
17
23,33
Rôle de formation
25
15
20
20,33
Autre3 réoonses
5
4
4
4,66
Ne répondent pas
0
0
1
0,33
Les réponses font apparaître un besoin accru en
information dans les villes de l'intérieur qu là Abidjan;
respectivement 62 % à Divo-Lakota, 60 % à Bouaké et seule-
ment 40 % à Abidjan. Cette situation semble normale car
la population Abidjanaise qui se trouve sur les lieux où
se prennent toutes les décisions est le plus souvent of-
ficieusement informée, soit par bouche à oreille, soit par
les responsables politiques, quand on connaît l'étendue de
- 649
la famille africaine. Quant au rôle de distraction que
jouent les mass média
les enquêtés l'estiment important.
Cette attitude prouve bien que les émissions de distrac-
tion dominent les programmes et c'est ce qui exolique le
sens des réponses.
Les 20,33 % de ceux qui considèrent que les
mass média jouent un rôle de formation représentent un
taux beaucoup moins élevé par rapport aux deux autres
déjà analysés.
C'est à Abidjan que le besoin de formation se
fait senti)'. Cela semble normal car toutes les activités
des secteurs secondaire et tertiaire
s'y déroulent. Dans
ces conditions les besoins en formation continue et ini-
tiale se font sentir avec acuité.
Parvenu au terme de cette enquête dont le but
est de vérifier nos constatations sur les mass média et
l'impérialisme culturel
nous pouvons faire
les quelques
observations suivantes :
- L'impact de la culture occidentale est beau-
coup plus important à Abidjan que dans les villes de
l' intérieur du pays.
- Les villageois préfèrent dans l'ensemble la
vie traditionnelle qui constitue un facteur d'équilibre.
Cependant
ils ne rejettent pas le système éducatif moder-
ne qui est la base de toute réussite sociale de nos jours.
La culture occident~le véhiculée par les mass
média, la manipulation politique, la sous-information, ne
font que contribuer au renforcement de 11 impérial isme
cul tu rel e t à une a lié na t ion san s pré cé den t dan s l 1 hi sto i re •
- 650
Les résultats de cette enquête doivent nous
permettre de poser une nouvelle problématique des mass
média
si nous souhaitons que la Côte d'Ivoire~ voire
toute l'Afrique sorte de cette réserve dans laquelle
elle est placée depuis plus d'un siècle.
De nombreux chercheurs se sont penchés sur cette
question culturelle mais malheureusement
le problème de
fond demeure toujours celui de l'autodétermination du
peuple, son libre choix de ses dirigeants en vue d'une
pol itique se ressourçant dans la tradition et ayant pour
toile de fond~ l'authenticité. Par conséquent la démocra-
tie véritable (basée sur la volonté de la majorité socio-
logique non manipulée) est un préalable à la nouvelle
problématique des mass média dans le développement de la
Côte d'Ivoi re.
VI - INFLUENCE CUL TURELLE DES COOPERANTS PLETHORIQUES
SUR LA SOCIETE
Du point de vue académique
on peut dire que
les coopérants techniques Français sont des professeurs,
Ingénieurs, Techniciens, Médecins~ Pharmac;ens~ etc ...
envoyés en Côte dl Ivoire à la demande de cette dernière
autrement dit
l'Assistance technique est une nécessité
vitale pour le pays. Malheureusement le problème ne se
pose pas souvent en ces termes. Aussi peut-on classer ces
coopérants en quatre groupes:
1- Coopérants sollicités par la Côte d'Ivoire
(accord entre gouvernement)
2- Coopérants sollicitant eux-mêmes la Côte
d' l vo i re (co nt ra t s 10 ca ux )
-
651
animés du souci d'apporter leur connaissance au pays, ce
qui
ne veut pas dire qulils n'aiment pas eux aussi
le
C.F.A .• Mais ceux-ci ont un emploi
stable en France et
peuvent y retourner a tous moments. Clest le cas des
professeurs titulaires des lycées, de l'enseignement supé-
rieur et des Administrateurs civils ou encore de techniciens
qui
peuvent à leur retour de 1 a Côte dl Ivoi re obteni rune
place dans le privé ou dans la fonction publique.
3- Les demandeurs d'emploi
le plus souvent non
qual ifiés ou de qua1 ification
douteuse
qui vont tenter
soit disant leur chance en Côte d'Ivoire. Ce sont les
faiseurs de CFA.
4- Les coopérants d'autres pays Africains
de
nationalité Française, que nous qualifierons de mercenai-
res intellectuels au risque d'être excessif, car ce qui
les intéresse, clest le CFA et non une aide apportée au
pays frère qui est la Côte d'Ivoire.
Cet i nsti nct parti cul i èr"ement venal 1es cantonne
dans une position opportuniste.
- Pour percevoir les primes et autres facilités
réservées aux coopéra nts, ils ne rai sonnent pas en Afri-
ca i ns. Mai s l 0 r s que 1es cri t i que s son t p ro f é rée s a l ' en -
droit des coopérants Blancs, ils deviennent Africains.
Mais pour l'Ivoirien moyen
le coopérant c'est
tout Européen ou Américain. Dans ce groupe
il
exclut les
autres Africains
car il
ne conçoit pas que la Côte
d'Ivoire ait pu demander aux autres pays Africains des
cadres pour voler a son secours alors que ceux-la viennent
des pays plus sous-développés que le sien (selon le dis-
cours offi ciel
di ffusé par 1 es mass médi a).
- 652
Les coopérants sont donc, hormis ceux que nous
avons cités plus haut, aussi les hommes d'affaires, les
commerçants etc ••• C'est au fond juste puisque chacun
aide la Côte d'Ivoire à sa manière
même si c'est dans le
cadre d'activité privée.
Cette présentation sommaire des coopérants nous
amène à poser des questions dont les réponses seront sans
doute en adéquation avec l'idée que l'Ivoirien se fait de
ces coopérants.
1 - Dans le milieu urbain
Questions nO~9
Quelles doivent être
selon vous
les compé-
tences d'un coopérant par rapport au cadre Ivoirien?
(question fermée).
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakoka
Ensemble
Le coopérant doit être
- Plus compétent que
11 l vo i ren
90,50
89
90
89,83
- Aussi compétent
que 1'Ivoiren
9
la
la
9,66
Ne répondent pas
0,50
1
a
0,50
Les réponses sont très caractéristiques et tra-
duisent bien le sentiment des cadres et Intellectuels
Ivoiriens.
Au risque de nous tromper
le coopérant ou
- 55~
-
Assistant technique est un ressortissant d'un pays techno-
logiquement avancé qui vient dans un pays sous-développé
ou en voie de déve10pppement
mettre ses connaissances au
service de ce dernier. Ce qui signifie qu'il doit appor-
ter un certain savoir et savoir-faire au pays. Or que
constate-t-on le plus souvent? Nombreux sont les coopé-
rants qui sont de véritables demandeurs d'emploi en Côte
d'Ivoire
et l'exemple des professeurs Ivoiriens sortis
de l'Ecole Normale Supérieure d'Abidjan illustre bien nos
propos.
En 1982, étaient sortis de cette école:
49 - Professeurs des sciences naturelles
49 - Professeurs d'histoire et géographie
79 - Professeurs d'Anglais etc •••
Mais. des coopérants occupaient ces postes
par
conséquent, il fallait attendre la fin de leur contrat
pour recruter ces professeurs. On peut donc dire qu'il ne
s'agit plus d'Assistance technique
mais bien d'assistance
sociale à laquelle se livre le pays. Cet exemple nlest
malheureusement pas unique
et il n'est pas étonnant que
89,83 % d'enquêtés pensent qu'un coopérant doit être plus
compétent qu'un national, dansle cas contraire, sa pré-
sence devient inutile
par conséquent il doit être plus
qualifié que l'Ivoirien.
Si nous considérons un second exemple qui est
le recrutement des enseignants du Supérieur, il est exigé
depuis quatre ans aux nationaux:
Au minimum le Doctorat de 3e cycle même s l i1s
sont agrégés des Lycées
et aux coopérants :
-
654 -
- L1agrégation des lycées, le C.A.P.E.S. ou le
D.E.A.
Il
est à noter que les diplômes des nationaux sont le plus
so uvent obtenus dans l es Uni versi tés Françai ses, c' est-à-
dire ayant la même valeur que ceux des coopérants.
De plus. le salaire du coopérant tehnique est
de ux foi set de mi cel uide l 1 l v0 i rie. san s to ut e foi s
oublier des avantages spéciaux (voyage en France chaque
année, prime de dépaysement ... ).
Il y a là une nouvelle forme de colonisation,
c'est-à-dire néocolonialisme. Avant l'indépendance.
l'Ivoirien percevait toujours moins que le colon Français
à diplôme égal. Mais aujourd' hui
à diplôme supérieur
llIvoirien a un salaire inférieur. L'infériorisation du
national
s'inscrit bien dans le rapport dominant-dominé
sur le plan intellectuel. La valeur du diplôme est donc
fonction de la nationalité de l'individu. L'Africain de
nationalité Française bénéficie des mêmes avantages que
llEuropéen, c'est dire que les primes de dépaysement et
au t re s son t lié e s à l a na t ion al i té.
(L eMa1i en 0 u l e
Nigérien habitué au rude climat du Sahel
de plus de 40°
à l'ombre
d
droit. en tant que de nationalité Française,
aux primes de dépaysement en Côte dl Ivoi re où l a tempéra-
ture ne dépasse guère 30° à l'ombre.
La position des enquêtés parait claire. Si les
coopérants sont mieux rémunérés que les Ivoiriens à tra-
vail
égal
et à
qualification inférieure
cela nlest
pl us normal. Il s doi vent être pl us compétents. Cette
réponse que nous qualifions de na;ve ne tiLnt pas compte
des rapports internationaux régissant le monde. Malheu-
reusement
les enquêtés oubient certes que les coopérants
_
655 _
représentent l'occident, une culture, une puissance et
peu
importe la qualification. D'ailleurs la qualification
ou l'intelligence est fonction de la nationalité en Côte
d'Ivoire. Cette attitude répond bien aux réalités de cette
société. Ainsi tout responsable politique ou administratif
national est toujours qualifié d'intelligent ou de compé-
tent. Dans le cas contraire
le rapport dominant-dominé ne
serait plus respecté.
L'impérialisme culturel à travers les coopérants
doit donc s'accompagner de domination sur les plans: ma-
tériel, culturel (même si cela n'est pas évident).
Question
n° -3D:
Les coopérants véhiculent-ils une idéologie? Si
oui, laquelle?
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
Véhiculent l'idéo-
logie de leur pays
98
99
99
98,66
Ne véhiculent pas
l'idéologie de leurs
pays
o
o
o
o
Ne répondent pas
2
1
1
1,33
Tous les en1uêtés s'accordent à dire que les
coopérants
véhiculent une idéologie étrangère, celle de
leurs pays respectifs.
De toute façon
il ne peut en être autreme~t.
Malgré l'indépendance de la Côte d'Ivoire
le coopérant
se comporte autant ou nains comme le colon d'hier. Il
- 656
habite toujours les quartiers réservés, sa langue est
officialisée, sa culture est adoptée et il contribue au
renforcement de cette culture. Son modèle de consommation
est envié. uans ces conditions
il est en soi un modèle
de l'occident, il est un medium, donc
il véhicule
l'idéologie occidentale.
L'impérialisme culturel étant difficile à défi-
nir
nous avons proposé la définition suite aux indica-
teurs
et partant, posé la question 3uivante :
Question n° 31
Pensez-vous que la Côte d'Ivoire subit l'impé-
rialisme culturel?
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-lakota
Ensemble
Oui
98
86
80
88
Non
2
8
7
5,66
Ne répondent pas
a
6
13
6,33
Les réponses, bien qu'allant dans le même sens,
on peut dire qu'à Abidjan la capitale, la population subit
beaucoup plus l'impérialisme culturel occidental qu'à
11 intérieur du pays.
- les coopérants sont beaucoup plus nombreux à
Abidjan qU'à l'intérieur du pays.
- Le modèle de consommation occidental est très
visible
à Abidjan et discret à l'intérieur du pays.
- 657 -
- La langue Française est omniprésente
alors
qu'en déhors d'Abidjan
elle est relativement moins utili-
sée (dans les villages, les langues nationales servent de
communication intérieure).
C'est dire que la population enquêtée a effecti-
vement compris la définition proposée puisqu'elle a décelé
cet impérialisme culturel que bon nombre d'intellectuels
confondent très souvent avec la modernité.
Si les enquêtés ont donné les réponses ci-dessu~
pour en savoir plus
nous leur avons posé la question
suivante beaucoup plus précise:
Question n° 32
La Côte d'Ivoire subit l'impérialisme culturel
de quels pays? Citez les pays par ordre décroissant.
Réponses
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ensemble
France
80
85
86
83,66
U.S.A.
1a
4
4
6
Angleterre
4
2
1
2,33
Allemagne Fédérale
3
2
1
2
Pays Arabes
2
6
7
5
Japon
1
1
1
1
Une fois de plus
les réponses paraissent clai-
res. 83,66 % d'enquêtés pensent que la Côte d'Ivoire subit
l'impérialisme culturel Français. Il ne pouvait en être
autrement
car la présence Française se sent à tous les
niveaux
(coopérants, culture, technologie ... ).
- 658
Seul ement 6 % voi ent 11 impéri al i sme cul turel
Am é ri c a in. Ce bas pou r c e nt age par a ; t
no rm al
car 0 n r e n -
contre rarement l'Américain en Côte d'Ivoire, de plus
sa langue est secondai re dans l'enseignement.
Cependant
si
nous avions enqlJêté sur l'impérialisme économique, nous
aurions sans doute obtenu des réponses di fférentes.
Dans
le domaine culturel
les Etats-Unis sont discrets, ils se
rendent sans doute compte de leur retard dans cette région
en la matière. Par contre
leur bataille se situe surtout
au niveau économique. De toute évidence
la France à elle
se ul e ne peu t pas sa t i s fa ire laC ôte dl l vo i re sur lep l an
économique, d'oO coopération entre impérialistes occiden-
taux. Mais dans le domaine cul turel
l a France conserve
le monopole
etc 1 est à el l e que r e vie nt i mpli ci t emen t
l e
droit de diffuser llidéologie occidentale. Quant aux autres
pay s d e liE u ro pe 0 cci den t ale
leu r pré sen cee s t dis c r è t e ,
env i ro n 2 % pou r l a Gra nd e Br et ag ne e t liA l lem ag ne
Fédérale respectivement.
Les pays Arabes viennent en 3e position avec en
moyenne 5 % des enquêtés.
Une présence très remarquée des
Arab e sne sem blep a sin a pe r ç ue par l are l i g ion l s l am i que
et le sens des affaires
(économie et commerce) la présence
Arabe constitue un medium, un1l11odèle qui est diffusé ilm-
plicitement dans la Société. C'est l'esprit des Affaires
qui est l' und e s piliers
duc api t a lis me, par con s é que nt
f 0 n t s ubi r à laCôte d1 l v0 ire une i nf lue ncep arS y ro -
Libanais la corruption, le sens très prononcé de l'inté-
rêt personnel
et de trafics de toutes sortes, notamment
le trafic d'influence.
Pour le Japon
nous avons pensé que l es réponses
ti ennent surtout compte de l a présence dans le pays
:
des voitures, récepteurs radio et autres gadgets vendus
dans les rues d'Abidjan et à l'intérieur. Ces articles
- 1559 -
peuvent représenter un impéri al i sme cul turel
dans la
mesure où toute technique véhicule une idéologie précise,
celle de celui qui a conçu cette technique.
2 - Dans le milieu rural
Nous avons eu de sérieuses difficultés pour
di fférencier le coopérant du commerçant t llArabe de
l'Européen. l'Américain du Français. Les enquêtes nous
ayant fait remarquer qu'ils étaient tous des Blancs. De
pl us
nous nous sommes heurtés aux défini tions de 11 i déolo-
gie, du profi l du coopérant et autres. Les réponses sont
souvent, c'est l a même chose. Ce sont tous des Bl ancs qui
nous dominent toujours alors qulon est indépendant.
Qu'appelle-t-on indépendance? etc ....
Pour éviter donc des réponses confuses
nous
nous sommes limité au milieu urbain dans cette partie sur
l'impérialisme culturel. De toute évidence
la réaction
des villageois explique bien qu1ils subissent cet impé-
rialisme
et clest ce qui crée la confusion dans les
concepts. Pour eux
les Bl ancs les dominent. Mais nous
avons tout de même tenu à poser une question précise:
Question nO 33 :
Les dirigeants politiques du pays sont-ils avec
vous ou avec les Bl ancs ?
- 660 -
Réponses
S/Préfecture
S/Préfecture
S/Préfecture
Ensemble
Abidjan
Bouaké
Divo-Lakota
Ne sont pas avec
nous
68
57
80
68,33
Sont avec nous
22
33
10
21 ,66
Autres réponses
8
9
4
7
Ne répondent pas
7
-
1
6
3
Les paysans voient toujours les dirigeants
comme alliés des Blancs
dans la mesure où ce sont eux qui
ont pris la place du colon. Mais dans la décolonisation.
il faut reconnaître que le villageois subit toujours une
classe dirigeante (hier coloniale, aujourd'hui nationale).
Les réponses semblent respecter une certaine réalité,
clest la réalité de classe sociale. Le villageois n'ignore
pas son appartenance à une classe sociale désormais. C'est
pour cela qu'il estime que le dirigeant n'est pas avec lui.
Quant à ceux qui pensent que les dirigeants sont près
dieux, leurs réponses occultent le tribal isme. Car clest
dans une région précise que le pourcentage est élevé; la
région ethnique du chef de l'Etat, d'où est issue une
grande partie des dirigeants du pays.
Ces réponses résument en fait toutes les ques-
tions que nous aurions pu poser
- Dire que les dirigeants sont loin d'eux
signifie une différence de culture, de comportement, de
modèle de consommation, jonc des gens étrangers à leur
milieu.
- Ces réponses prouvent aussi que cette classe
,.
- 661
-
sociale dirigeante domine:
et comme elle est l'alliée de
l'occident
on peut avancer qu'elle sert de relais à llim-
péria1isme culturel
occidental.
Et clest ce que,
nous
semble-t-il
les villageois qualifient de Noir-Blanc.
C'est-à-dire noir de peau
mais
Blanc sur le plan
i~éol~
log i que
:
+
+
+
+
+
+
Parvenu à la fin de cette enquête, on peut
tirer une conclusion partielle.
Incontestablement
la Côte dlIvoire subit
un
impérialisme culturel
de lloccident
en particulier de la
France.
Si
les intellectuels perçoivent cet impérialis-
me t
au contrai re il
entraîne au ni veau des
vi 11 ageoi sune
confusion inhérente à une di fférenci ation entre ce qui ils
étaient hier sous
la colonisation Française et aujourd ' hui
indépendants.
Ainsi
le lien entre colonialisme-colonisation
indépendance est tel
que le villageois ne peut que confon-
dre.
Cette confusion est
un i ndi cateur suppl émentai re de
11 ex i stence de 11 i mpéri al i sme cul turel .
Llintellectuel
perçoit bien llimpérialisme cul-
turel
car il
si tue 11 évol uti on du pays à troi s ni veaux.
-
anté-colonial-colonial
et post-colonial
alors que le
villageois ne considère que deux niveaux:
anté-et-
co 10 nia l .
- 662 -
Le premier pensait qu'au lendemain de l'indé-
pendance
il y aurait de modifications notables
or il
se
t
trouve que l'indépendance de la Côte d'Ivoire a été
octroyée
et dans ces conditions. elle ne pouvait qu'en-
gendrer un impéri ali sme cul turel .
De plus l'institution scolaire étant presqu'-
identique à celle ayant existé pendant la colonisation,
ne peut que contribuer à former des gens acculturés et
aliénés, négation de leur être, corollaire de l'impéria-
lisme culturel.
Le nombre élevé de
coopérants
dan s tous les
services publics et prlves t les mass média utilisés à
des fins de manipulation et d'endoctrinement politique,
sont de sérieux indicateurs d'impérialisme culturel.
Dès lors. on peut sans grand risque conclure que la Côte
d'Ivoire subit l'impérialisme culturel occidental.
Mais
un tel
travail
serait inachevé si on
ne tirait pas les conséquences de toutes ces infl uences.
Ceci
nous amène à la troisème partie de notre étude.
- 663 -
TROISIEME
PARTIE
:
CONSEQUENCES
CULTURELLES
DES MASS
MEDIA
-
664
-
CHAPITRE VIII
: ,l\\LIE~IATION CULTURELLE
L'aliénation culturelle, politique, économique
et sociale de la Côte dl Ivoire est liée à la colonisation
Française avons-nous dit.
- Au niveau éducationnel
: c'est l'institution de
la langue Francaise com~e langue officielle, la création
d'écoles étrangères ::lU aays, clest-à-dire
qui ne tie:--.::ent ras
compte du mi lieu soc i o-cu l tu re 1.
- Au niveau social
: Organisation sociale fondée
sur le modèle Européen, conduisant à la désintégration de la
société traditionnelle et instauration de nouveaux rapports sociaux,
division de la société en deux classes : nantie et démunie.
- Sur le plan économique: l'instauration de l'é-
conomie capitaliste, avec de
nouveaux rapports de produc-
tion ayant pour corollaire, la lutte des classes.
- Sur le plan Dol itique : le choix de l'Occident
qui nlest qu'une conséauence de la colonisation, car le co-
lonisateur, avant d'octroyer l'indépendance, a soigneusement
préparé des dirigeants qulil manipule à sa guise et qui font sa politi-
que au détriment de la masse; clest-à-dire protégeant les intérêts de
l'extérieur.
En e f f et, las; tua t ion a lié na nte que vit l ' 1vo i rien
n'est-elle pas entretenue par les mass média qui accentuent
la dépendance et 11 impérial isme culturel occidental? L'exem-
ple suivant nous a;der::l 3 ~ieux comprendre. Mais
il
faut
tout de suite signaler qu'il ne slagit pas pour llheure d'-
une nouvelle analyse de contenu des programmes des mass
média; notre souci étant ici le temps d'antenne réservé aux
différentes langues utilisées: - le Francais, - l'Anglais,
- et les langues nationales, ce qui nous permettra
d'évaluer le
- 665 -
degré dlaliénation par les mass média.
1 - Radio
A 1 a rad i 0, de 15 heu re s à 18 heu r e s 59 l , l e s
deux chaînes (nationale et internationale) fonctionnent
~
parallelement, ce qui
signifie que le temps d1antenne
pendant cette pl age horai re est double.
En effet, 4 heures par jour de temps dl antenne
réservé aux langues nationales sur 24 heures paraissent à
première vue convenables. Mais chaque langue ne couvre que
15 1
par jour de temps d'antenne, ce qui
représente une
part infime. On constate également le même phénomène à
1 a tél évi sion où 1es deux 1 angues national es programmées
occupent 55 1 30 11
du temps imparti.
Le Français (langue officielle) et l'Anglais
occupent à ell es seul es 21 h 37 1 par jour dl antenne. Ce
constat montre bien l'existence dlimpérialisme culturel
à
travers
les
mass
l1lédia.
Car
il
est
évident
que
1 a compréhension dl un texte ou dl un message exige 11 ap-
prentissage de la langue utilisée; la langue véhiculant
des schèmes préci s 1 iés au contexte socio-pol i tique du
pays. 1 ncontestabl ement l a fréquence des val eurs et modè-
1 es occi dentaux véhi cul és à travers 1 a 1 angue peut favori-
ser une situation d'aliénation consécutive à llimpérialisme
cul turel.
Lion nous
rétorquera que le Français constitue
un fa ete ur dl i nt é g rat ion et dl uni té na t ion ale . Ce rt es à
première vue, on peut 11 admettre ou même 11 accepter sans
réserve, mais en réalité, au lieu de l'unité nationale
recherchée et souhaitée, c'est une division de la société
- ~65 -
qui est constatée. D'un côté ceux qui comprennent le
Français l'écrivent bien et maîtrisent toutes ses nuances;
de l'autre, ceux qui l'ignorent. la minorité la maniant à
mervei1 est correctement informée, d'ai1l2urs elle est
proche de la classe dirigeante. Quant aux analphabètes,
ils sont les moins informés et à défaut de compréhension,
ils s'accrochent à la publicité et aux rencontres sporti-
ves si ce ne sont pas les faits divers faciles à intériori-
ser. le Français demeure donc, mù1gré l'indépendanc~,
l'instrument idéologique par lequel les modèles
étran-
gers sont véhi cu 1és ; car l' apprent i ssage d'une 1angue
implique, surtout au niveau scolaire, l'acquisition de la
littérature, la philosophie, en un mot la culture du pays
qui en a la paternité. Autrement dit, la langue véhicule
les modèles: - économique - politique - religieux et -
culturel de l'ancienne puissance coloniale. Intervenant
donc à tous les niveaux de la vie, elle relègue les lan-
gues nationales à l'arrière plan. Ainsi l ' a1 iénation
culturelle suit bien un chemin consistant à 'copier, nimer,
"singer" les valeurs culturelles étrangères;
aussi
rejoint-elle 1 'accu1turation qui n'est autre qu'une nou-
velle phase ou un processus débouchant directement sur
1 'a1iénation culturelle, véritable menace au même titre
que le génocide et l'ethnocide culturels.
le problème de l'a1iénation culturelle est
d'autant plus complexe qu'i1 mérite une étude approfondie.
Ce faisant, on peut la considérer sous deux formes:
- comme soumission culturelle
- comme résultats d'un processus éducationnel
(milieu social pauvre, pensée de riche).
-
la soumission touche en premier lieu les él ites intel-
- 557 -
lectuelles ayant intériorisé
au cours de leur formation
universitaire
ou
scolaire
la
culture
étrangère.
Mais
il
faut
nuancer.
L'intériorisation
est
loin
d'être parfaite ou totale. Une partie de ces élites, bien
qu'ayant intériorisé cette culture
étran~ère
en parti-
culier Francaise, se sert de cette dernière en vue du
développement de sa propre culture.
Notre vue paraîtra sans doute normative; mais
la Côte d'Ivoire ne peut en aucun cas protéger toute seule
sa culture, il faut donc l'inscrire dans une dynamique
culturelle et sociale africaine. Ce qui supposerait que
la "désaliénation" actuellement souhaitée
pass~t néces-
sairement par le développement des cultures Africaines en
vue de dégager des modèles communs, voie par laquelle
l'Afrique peut résister face à la culture
extérieure
aliénante et acculturationniste, en d1autres termes
à
l'impérialisme culturel.
Dans le cas contraire
l'Afrique s'exposerait à
deux dangers :
- Primo: les cultures traditionnelles seront à
long terme détruites dans ce processus d'aliénation et
d'acculturation. C1est ce que nous appellerons la destruc-
tion par la participation.
- Secondo : elles seront détruites si elles ne
s'ouvrent pas. C'est la destruction par la séparation.
Ces deux points retiennent notre attention à plus
d'un titre: on ne peut participer ou s'ouvrir aux autres
cultures que si sa propre culture dispose des fondements
solides: - langue écrite (culture traditionnelle ne
- 5~8 -
s'ouvrant sur l'extérieur que pour des emprunts). Ensuite
la non ouverture de sa culture constitue un isolement,
terrain propice à sa destruction systématique. Dans ces
conditions que faire?
Deux solutions s'imposent, mais
notre choix
ira vers la seconde.
1) La premlere serait de tendance conservatrice,
donc réactionnaire, beaucoup plus ethnocentriste au sens
ethniciste du terme, 00 ne sont considérés que la tribu,
le clan, comme cadre de référence culturelle.
2) La second~ beaucoup plus globalisante et dyna-
miste s'oriente vers un panafricanisme ou afro-centrisme.
Mais si cette dernière solution semble de loin
meilleure, elle est par contre difficile à réaliser
car
les occidentaux, par leur diverses actions
entendent
maintenir l'Afrique dans les limites tracées
et ensuite,
une telle politique culturelle afro-centriste ne peut que
maintenir tous ces micro-états-nations sous l'impérialisme
culturel actuel, c'est-à-dire le statu qU). Cette solution
est en fait difficile à réaliser car aucun chef d'Etat
africain ne peut changer fondamentalement les structures
de sa politique culturelle qui compromettrait son maintien
au oouvoir
lorsqu'on sait justement que le pouvoir poli-
tique dans cette partie du monde est une source sans
précédant d'enrichissement, d'embourgeoisement.
Dans ce panafricanisme culturel, malheureusement
l'Afrique n'apportera rien bien qu'elle ait à proposer au
monde
son modèle. Car ses valeurs ont été pendant longtemps
Voi~ A~ticle de : Den~ 07A?A-LAKIDI : PP.
14-15.
Pou~ une
~oncepticn Afri~~ine ie :'11ucation. Pe~spectives ; Vol. X;
n 7 1 ;
lJ~J ; UJ~S;:.
- 669 -
et le sont encore, "indigénisées", folklorisées,
considé-
rées comme ascientifiques ; en d'autres termes, une
culture débouchant directement sur les musées où elle est
enfermée de peur qu'elle ne gêne la culture
européenne
universalisée et de référence. A ce sujet
la pensée de
Mazrui Al i mérite notre attention. Selon l'auteur:
"Le ddveloppement en Afrique devrait tendre
::" "':n?i.7cJniser" ce qui est étranger,
idéaliser ce qui est indigène,
nationali-
ser ce qui relève des particularismes et
valoriser ce qui est Africain".
(155)
En effet
une telle conception de la culture
relèv~ d'un racisme primaire à rebour. C'est une conception
réactionnelle inhérente à la ré-évaluation de la culture
européenne
en Afrique. depuis près d'un siècle. Elle con-
duit l'Africain vers un nationalisme et un chauvinisme
rétrogrades.
Il ne s'agit donc pas d'idéaliser, de sur-
évaluer n'importe quelle valeur ou idéologie parce qu'elle
serait Africaine, mais il y a lieu de récenser celles qui
peuvent contribuer au développement de l'Afrique.
D'ailleurs Ali Mazrui le fait remarquer encore à
juste titre à propos de l'enseignement:
"L'enseignement dispensé dans
les pays peu
développés devrait creuser davantage le
passé pour y retrouver les traces de la
culture locale et s'orienter plus rdsolu-
ment vers l'avenir grâce aux sciences
exactes et naturelles. Ainsi l'influence
du monde développd sur l'enseignement uni-
"t?Y'sitaire des sciences h:u,:aines en
.<"'l</;ue
),'l'ait dirdniJ..er.
:;n revanche,
l'action des pays développés en ce qui
concerne les sciences exactes et naturelles
(!;-z.'
-
AU .tL4ZF:UI : :.'7-tltural engineering and natA:on-bulding in Est
Africa : P. XVI; Illinois ; North Western University press ;
1972.
- 670 -
devrait continuer d'€tre
accueillie f2~c~a
blement, encore que de manière plus sé:~c
tive".
(156)
A partir de ces constatations
on peut examiner
la menace des mass média sur les cultures nationales.
B - MENACE DES MASS 'MEDIA SUR LES CULTURES NATIONALES
La principale conséquence de l'impérialisme
culturel c'est l'eth nocide technétronique dont le corollaire
est incontestablement:
- l'étouffement culturel, c'est-à-dire le refus
de la diversité, le racisme culturel, l'aliénation
culturelle, l'acculturation, les mass média dans leur
forme actuelle.
Apparemment
le terme " e thnocide" parait excessif,
mais c'est de cela qu'il s'agit malheureusement car Jn
peuple sans langue, ne s'exprimant et ne communiquant que
grâce à la langue d'autrui ne peut s'affirmer culturelle-
ment. Bien sûr
on affirme aujourd'hui de plus en plus que
(1S--:)
-
Idem:
P.
XVI.
P.
CLASTRES:
"De l'ethnocide", in : L'Homme,
XIV (3-~)
Juillet-Décembre 1974 ;
pp.
101-110.
Dans cet article, CLASTRES écrit ceci :
"S~ Ze
terme de génocide renvoie d l'idée de "race" et d :2 ~c:o~
té d'extermination d'une minorité raciale,
eg~'{~ 3.'~<-y~>'
de fait
signe non pas vers Za :1estruct~on
!:<:~,3:::"_é
_- ,_'
hommes ... , mais vers la destruction de leur culture;
c'est-d-dire que le génocide assassine les peuples i~~3
leur corps,
tandis que l'ethnocide les tue dans !e~r
esprit.
- 671 -
la langue nlest pas déterminante dans le procès de déve-
loppement social, économique et culturel de la Côte
.
d'Ivoire. Mais est-on sûr et certain que la langue et la
culture
étrangères sont idéologiquement neutres? Une
domination réelle s'exerce sur la destinée de la Côte
d'Ivoire et sur son avenir au nom de la civilisation, du
Ildéveloppement ll et du Ilprogrès", une domination qui est
morale, intellectuelle et technologique.
En effet
la voie qui conduit vers cette des-
truction méthodiGue, scientifique passe nécessairement par
la destruction de la culture et de la langue nationales,
par la déformation de son histoire, l'intériorisation d'un
complexe d'infériorité et 1I1'assassinat ll de son esprit
créateur. Aussi cette domination s'attaque-t-elle d'abord
A la culture nationale et à son avenir avant d'atteindre
l'ethnocide qui n'est qu'une autre forme de génocide.
Cet ethnocide se ressource dans la période
coloniale de l'Afrique et qui date d'au moins quatre
siècles. Il procède
de
manière générale d'une forme
totalitaire d'intégration économique, sociale et culturel-
le, ce qui a to~jours été le propre de la civilisation
occidentale. L'ethnocide se confond volontairement avec la
civilisation, l'émancipation, l'intégration ou assimilation.
Dans ces conditions
il devient une nécessité humanitaire
pour l'Occident qui se croit lIinvesti d'une mission ll histo-
rique civilisatrice. Cette pensée est bien illustrée par la
déclaration de Richard Molard cité par Abdou Moumouni
:
",iuoi qu'-il en
soit,
""'":é,];:c1::t
ùu bon,
J~(~tout
peut-etre bon,
le Blanc civilisé et civili-
1ateur a,
dans
la plupart des cas commencé
par persuader le Noir que c'est une humi-
liation d'être Noir, c:~'-:7 nl~J a de C~·:·;··2c:t':on
1
B 1
r'
1
" + ' .
t
f ' t
7'
':[Ue &a
&ancrze.
~
unan:-·~1.-/e
es
a" e
~a-
aessus.
- 672 -
(Mes parents sont sauvages vous dit
l'évolué lui-même s'il a le courage, chose
rare, d'évoquer devant un Blanc le souvenir
d'origines tenues pour honteuses).
Et l'au-
teur poursuit:
"Il est entendu que le N~gre est sauvage,
parfois anthropophage,
le plus souvent
docile comme un chien fidèle ; somme toute
méprisable et méprisé, nu, sans écriture,
incapable d'inventer quelque chose d'aussi
simple que la roue, quoi que ce soit qui
tourne,
inapte à se défendre efficacement.
Il rit
quand. on
lui montre une fermeture
éclair; il appelle manière de Blanc tout
ce qui marque le civilisé. Bref, être Noir
est une tare"
(157).
L'usage aujourd'hui des termes de barbarie, de
sauvagerie pour définir ou caractériser les cultures
diverses de la périphérie, occulte l'idée d'un retard
culturel, générateur de racisme culturel.
En effet
le refus de l'Occident à considérer
les autres cultures, en d'autres termes
sa volonté d'ex-
primer un ethnocentrisme
est en réalité ce refus de la
diversité des cultures.
1 - Le racisme culturel
C'est l'expression de la supériorité de la cultu-
re
du colonisateur dont le but est
de légitimer la domination
des pays occupés. Cette supériorité constitue une autre
facette de la surévaluation de ses valeurs propres, rédui-
sant ou niant par là-même les valeurs des autres. Le
racisme culturel est donc la négation et la dévaluation
des autres cultures qui sont par là-même indigénéisées.
(
A
-
_
- Richard MOLARD cité ~ar Abdou MOUMOUNI ; Education
en Afrique.
PP.
63-êJ.
Rd.
Maspéro:
1958.
- h73 -
On peut ~ême avancer que cette domination est endoqène dans
la mesure où elle est intériorisée ~ar ceux-là mêmes qui
sont les porte-paroles de la masse, elle est donc durable.
Il y a en effet dans le concept d'aliénation, l'état de
soumission d'un individu ou d'un groupe d'individus à une
culture étrangère considérée comme supérieure, ce qui les
rend esclaves de cette culture, en même temps, la négation
de leur être culturel ou idéologique originel.
Ce phénomène renforce de ce fait
la dépendance
liée au sous-développement. La dépendance des élites est
inhérente à l'adoption de nouveaux modèles culturels ina~
daptés aux conditions socio-économiques et culturelles
difficilement assimilables par la grande partie de la
population. Ainsi la mauvaise maîtrise de l'école et des
mass média
joue un rôle important dans le procès d'alié-
nation culturelle.
2 - La Séduction par les Mass média:
De plus en plus
la vitesse étonnante avec
laquelle les mass·média transmettent les messaqes est la
cause du processus de création des besoins nouveaux à
tous les niveaux, qu'il
s'agisse des jeux, loisirs, habil-
lement etc ... Aussi les mass ~édia perturbent-ils le
développement économique et social dans sa globalité,
accentue la dépendance.
En effet
aujourd'hui
grâce aux mass ~édia
(Télévision et r3dio) toute personne vivant en Côte d'Ivoire
peut regarder ou écouter les mêmes émissions qu1un Américain,
Français ou Japonnais. Mais ce sont généralement les cou-
ches sociales privilé~iées qui sont les plus touchées par
les modèles culturels étrangers standardisés. Cette aptitude
- 67~ -
à accepter ce qui vient d'ailleurs est inhérente à la
culture héritée de llécole coloniale et e~suite par l'éco-
le dont 11 idéologie est: vie de pauvre et pensée de riche.
Pendant la colonisation la culture occidentale a
toujours été présentée comme une culture idéale, le modèle
le plus parfait, inversement les cultures nationales
étaient indigénisées, frappées de stérilité, d'impuissanc~
simplement reniées. Cependant il faut reconnaître que la
culture occidentale offre aux yeux de la masse
un statut
social élevé, un prestige, "l 'homme qui vit ou se comporte
comme le B1anc,II en d'autres termes
la culture occidentale
est source de respectabilité et de réussite sociale. Et ne
peuvent bénéficier de cette situation IIheureuse" que les
élites aliénés et acculturés. Ainsi tentent-elles d'impo-
ser cette culture dominante à la masse, pas pour en jouir
comme elles
mais pour mieux dominer cette masse qui ne
maîtrisera jamais l'idéologie et la philosophie de l'occi-
dent, elle ne pourra au mieux que se limiter le olus
souvent qu'aux valeurs oerverses ou singer celles qui
séduisent, celles qui sont apoarentes, les autres réservées
aux élites. Mais malheureusement ce sont ces valeurs
superficielles qui sont le plus souvent difficiles à
enrayer.
3 - L'école ou vie de pauvre et pensée de riche
Le système éducatif Ivoirien hérité de la colo-
nisation pérennise toujours l'imprégnation, les mentalités
d'attitudes et de valeurs étran~ères. Nous ne oensons pas
qulil y ait lieu de le démontrer ici
car cet héritage
colonial est évident. L'école dans sa forme "coloniale"
actuelle ne sert qu'à former des enfants "étrangers" à leur
proore société, à leur propre culture. Ainsi donc
l'école
- 675 -
actuelle modelée à
l'image du système étranger
a une fonc-
tion aliénante, c'est-à-dire qu'elle apprend à penser riche
et à vivre pauvre, permettant uniquement à une minorité de
bénéficier de cette école sans problèmes.
Il
s'agit
d'être
façonné
par une
cul ture étrangère et de quitter l' éco1 e
en ignorant les problèmes
réels
de sa propre société. Ainsi
constate-t-on des enfants en Afrique
qui
continuent
d'étudier la géographie, l'histoire et la littérature des
pays de leurs
anciennes puissances colonisatrices, conti-
nuant de ce fait à être façonnés
par une culture étrangère
et à quitter leurs
écoles en ignorant les problèmes de
leur propre société.
Cette attitude peut paraître déplora-
ble.
Cependant il
faut
nuancer.
En effet en Côte dl Ivoi re,
depuis
1983, 1 es auto-
rités politiques parlent de plus en plus
d'école nouvelle.
Cette idée est louable.
Mais dans l'enseignement primaire,
si
nos ancêtres
ne sont plus
Gaulois, on assiste à une
inflation de héros
nationaux où
chaque responsable politi-
que
donne sa biographie personnelle,
biographie que les
élèves doivent apprendre.
Ainsi
pour obtenir le Certificat
d'études primaires,
l'é1ève doit connaître:
- les grands militants ayant à leur tête le
chef de l' Etat-
- la signification du PDCI-RDA
- le Comité Exécutif du Bureau politique
- l es
noms
des prési dents - de l' Assemb1 ée
Nationale -
du Conseil
économique et social
-
de la Cour Suprême - et le Grand Chancelier de l'ordre
national, tous
des
grands
militants, même si
le Président
de l'Assemblée nationale était élève en 1944 et celui
de
la Cour suprême honorable fonctionnaire Français
(Procureur
de la République Française aux Antilles et en Afrique
- 575 -
Equatoriale Française). Ainsi
est-on passé d'un excès à
l'autre. Le discours pol i tique prend désormai s 1 e pas sur
la connaissance scientifique. On ne peut lire une copie
d'étudiant sans référence à une pensée du jour du Chef
de l'Etat. C'est dire que "l'idéologie" du PDCI-RDA qui
est - la paix - le pragmatisme - le dialogue est intério-
risée par une partie des élèves et étudiants dont le seul
référentiel
est 1 a Côte dl Ivoi re
- Bien sûr
une autre
partie rejette
cette idéologie.
Il
est vrai
la classe
dominante veut réécrire l'histoire de la Côte d'Ivoire
avec un personnage central
"Houphouët-Boigny" qui
représente
i nco ntestab1 ement l'un; té du pays. Mai s peut-on écri re
scientifiquement sa propre histoire? Le fait de s'illustrer
ou de vouloir à tout prix s'immortaliser n'est-il
pas un
moyen sûr pour disparaltre après sa mort? Pour l' heure
des
étudi ants et é1 èves scrutent les
pensées du jour qui
1 eur
permettent d'obtenir un diplôme.
Si
nous militons en faveur d'une école Ivoirienne
axée sur les
réalités nationales et Africaines, la connais-
sance des autres pays
(Europe, Asie, Amérique) peut aider
11 Afrique à se situer, à réaj uster ses vues à parti r de
l'histoire des autres afin d'éviter les mêmes erreurs.
Mais
quittons le plan national
pour nous
situer au niveau de
l a do mi na t ion.
La domination que subit la Côte dl Ivoire sur les
pl ans
économique et politique s'accompagne naturellement
d'une domination culturelle.
En effet
le Français,
langue étrangère, est
utilisée dans tous les domaines
(scolaire et Universitaire,
recherche et admini5tratif).
Cette langue de l'ancienne
pu i s san ce co l 0 nia 1e, ut; lis é e vo 1 0 n ta i re me n t 0 u i nvo l 0 n-
tai rement
rel ègue aujo urd l hui
au derni er pl an ou asphisxie
- 677 -
les l anguesnational es. Ai nsi
Si i mprègne-t-on
des val eurs,
normes, moeurs, en un mot, de la culture étrangère avec
ses modes de pensée, ses valeurs matérielles, morales et
spirituelles, ses modèles consommatoires.
Il
s'agit de
copier, de "s inger ll les valeurs culturelles occidentales
standardi sées. C'est le chemi n qui condui t i ncontestabl e-
ment à 11 al iénation cul turell e.
Il exi ste une autre forme aussi
dangereuse que
l'aliénation culturelle, c'est l'acculturation.
Cette acculturation peut être comparée à un
ethnocide, liée à lllenvahissement ou occupation culturel-
le des sociétés occidentales et dont la pratique pédagogi-
que est incontestablement le matraquage constant des
messages publicitaires incitant les pauvres à la
consommation et aux habitudes consommatoi res
étranaères.
Cette consommation pouvant être réelle pour les nanties,
par procuration - de produits insaisissables ou inaccessibles
- le pl us souvent non nécessai res et qui
accroi ssent la
f rus t rat ion de l a gr and e ma j 0 rit é de l a pop ulat ion mo i ns
nantie. Les mass média doivent être à la base
selon nous,
de cette situation, car ils constituent l'un des appareils
idéologiques dont se sert 11 état pour al iéner et acculturer.
Bien sûr il y a d'autres appareils idéologiques mais nous
ne
retiendrons que llécole
et les mass média.
On voit bien que cette domination culturelle est
multiforme. Elle est:
un ethnocide, un génocide, un
raci sme, un ethnocentrisme. Cependant si nous général i sons
ce phénomène, il
nly a pas lieu dloublier que les plus
aliénés et acculturés sont la plupart des élites (cadres,
intellectuels etc ... ).
- 678 -
C - MASS-MEDIA ET EDUCATION
Depuis 1960, on assiste au développement des
mass média en Côte d'Ivoire. et cette situation pose une
nouvelle problématique de l'éducation et de la culture. le
développement de ces média arrivent justement au moment où
le pays est confronté au problème d'éducation d'un type
nouveau, 1 ivresque et à celle traditionnelle fondée sur
l'oralité. Ainsi vont-ils jouer un rôle imoortant dans cette
éducation
en apparaissant comme créateurs d'un milieu
d'éducation, par conséquent
créent la dualité mass· média-
éducation. Il est évident qu'une telle dualité im~rime à
l'éducation des formes nouvelles.
- Au niveau des adultes
cette situation donne
l'impression d'une véritable information "totale" dans la
mesure où le volume d'information déversé sur la mas~e est
très important.
- Au niveau des jeunes, les informations nonnées
uniquement par les parents et le maître vont être dépassées.
Les jeunes recevront toutes les informations au même titre
que les adultes. Ainsi se trouve-t-on désormais en
présence
d'un nouveau milieu social apparemment sans secret
à cause
des massmédia
mais où ce qui est livré à la consommation
est loin d'être idéologiquement neutre. Car si on pense
que l'information véhiculée, par son abondance, semble
objective et neutre, elle est en fait sélectionnée pour la
consommation locale
et son impact correspondra toujours
aux résultats escomptés, quoinue cela ne soit [1as :ou~Jurs vrai.
Voir
article de DIEUSEIDE 3enri : Communication et éducation.
Pe rSpec ti ve s ; Vol X ; n:J l PP. 43-49. UNESCO; 1980.
- 679 -
En effet
nous avons déjà montré que l' informa-
tion était filtrée en Côte d'Ivoire avant d'être livrée à
la masse (cf déclaration de Konan Banny). Mais si une
grande majorité de la population la reçoit sans réagir,
une autre la consomme avec réserve ou réagit purement et
simplement en la contestant. Cette dernière ne l'anprécie
pas quantitativement, mais qualitativement, elle l'analyse
et au besoin la refuse. C'est d'ailleurs normal car l'in-
tellectuel habitué aux débats contradictoires apprécie
toujours en fonction des données antérieures, présentes
et futures. C'est celui-là qui est qualifié en Côte
d'Ivoire,
d'opposant
politique dans le processus d'unifor-
misation et de consommation irréfléchie. Cet intellectuel
est aussi présenté par la classe dominante cornille
Marxiste
ou
révolutionnaire en lui appliquant ainsi des équations
absurdes telles que:
Ana 1y se préa 1a b1e a va nt d' a_9i_~~_~__ ~epo?~~~_ poli!2.~_
ou
Réfléchir en fonction de sa culture = révolutionnaire ou
------_
_--
. . . ~----------
_._-
-- --................'- ..-._---_ .. _.,.~---- ~~~...
Marxi ste
Aliénation inconditionnelle
= développement total.
----~~ ---_._- -
. -
_.'
--_.__
-_._~-
.._-"----
.~----------
( 1 58)
Ainsi le savoir livré par les mass média devrait
donc, selon la classe dominante intérieure et extérieure,
être intériorisé sans discernement.
Face à ce savoir abondant, pêle-mêle et déversé
au jour le jour sur la masse, l'intellectuel classique
d'hier est dépassé et même scandalisé.
(158)
-
Ici déveZoppe~ent total est synonyme de développe-
ment imposé var Z'~~cile~=.
1
,g
- 680 -
De plus, ces informations sont brèves, hétérogè-
nes, superficielles, sensationnelles, mais dont la
fréquence est grande à un point tel qu'on se demande s'il
ne slagit pas en définitive d'un abrutissement volontaire
de la masse. Et comme le souligne Henri Dieuzeide :
"La communication de masse lamine le varti-
cularisme des groupes et renforce
te~
stiY'é'Jtypes".
(1-'5,0)
Et plus loin il ajoute:
"Elle semble conduire à une certaine stan-
dardisation intellectuelle".
U-:~';'
Ce qui est posé, clest en fait la problématique
même des mass média et des éduqués, c'est-à-dire Mass Média
et public. Il s'agit de savoir si, au niveau éducationnel,
on maîtrise aisément ces mass média. Au risque de nous
répéter, nous sommes ici en présence d'une double triade:
- Information
- éducation - distraction
famille.
- Ecole Moderne - Mass média - éducation traditionnelle.
a) La première triade met au grand jour les
possibles fonctions de l'école, de la famille et des mass
média eux-mêmes. Jusqu'à un passé très récent, l'école
était "l'unique" lieu d'acquisition des connaissances à
travers les livres surtout. C'est elle qui véhiculait les
valeurs collectives oermettant ainsi l'intégration sociale
de l'individu.
US9)
-
(lr~(); - DIEUZEIDE Henri: Communication et éduca-
tion : Articles dans Perspecti~~2 ; Vol X;
N° l,
P.
46
;
UNESCO 1980.
-
681
-
A elle
s'ajoutait la famille ayant reçu cette
éducation scolaire; ce faisant, il y avait complémenta-
rité famille - école. Or aujourd'hui l'omniprésence des
mass média modifie profondément cette harmonie. Mais pour
l'Ivoirien les résultats aliénants sont les mêmes (école
ou mass média).
Si l'école représente un instrument d'aliénation
à long terme du fait qu'elle soit un processus,
les mass
média eux. le sont à court, moyen et long termes. Non
seulement ils agissent immédiatement sans presqu'une
différenciation A1phabète-Ana1phabète, mais leurs inter-
ventions à répétition finissent par avoir un impact certain
sur les plus traditionna1istes de la société Ivoirienne.Et
sous le prétexte fallacieux de modernisme, ils aliènent
surtout la population jeune très vulnérable
non enracinée
dans les valeurs culturelles traditionnelles. Ainsi donc,
non seulement l'éducation traditionnelle doit affronter
l lécole en inadé4uation avec le milieu, mais aussi lutter
contre les mass média sous leur forme actuelle. Il s'agit
en fait d'une triade au lieu d'une dualité Ecole - Mass
média et éducation traditionnelle.
A l'école fondée sur des valeurs d'ordre, des
programmes cohérents d'effort soutenu, de compétition, des
connaissances scientifiques, et les mass ·média directs,
répétés, (véhiculant l'idéologie étrangère
à travers la
musique, les films, la publicité, et même l'information)
soumis à l'actualité, prêts à idylliser l'occident, slop-
pos~ une culture traditionrtelle ne permettant plus l' inté-
gration de l'individu dans sa société. Ainsi l'aliénation
devient-elle un mal nécessaire, un moyen d'intégration sociale.
- 582 -
Cependant, on peut penser à plusieurs solutions
pour rémédier à cette situation.
- C'est de confier aux mass· :nédia l'apport des
connaissances (connaissances étant ici toute la culture
scolaire et universitaire) immédiates sans toute fois les
substituer à l'école classique.
- L'école se chargeant de la transmission des
connaissances scientifiques et technologiques. Les mass
média pourront comp1èter ici l'école.
- L'éducation traditionnelle, quant à elle
se
chargerait de la transmission des valeurs du milieu.
Mais là encore, on arriverait à une atrophie des
valeurs traditionnelles dans la mesure où les mass média
ont une fréquence beaucoup plus grande que l'école et
l'éducation traditionnelle.
Il
importe donc d'intégrer la traditionna1ité et
l'école dans les mass média, ce qui atténuerait les effets
de l'aliénation. Mais les mass média ne favorisent-ils
surtout pas le divertissement au lieu de l'éducation?
D - MA SS MEDIA
EDUCATION OU DIVERTISSEMENT?
De par leur nature
les mass média. ont été
beaucoup plus considérés com~e instruments de divertisse-
ment que d'éducation, ainsi, leur emploi dans l'éducation
scolaire n'a pas suscité d'anthousiasme. Mais il faut
toute fois signaler qu l i1 y a dans un premier temps:
- E·83 -
- opposition systématique entre éducation scolaire et
mass· média; dans la mesure où la première se veut éduca-
trice et les seconds: distractifs, divertissements
(divertissement pris dans le sens de plaisir immédiat). La
dualité s'accentue lorsqu'on veut définir les critères de
ces deux processus.
- Le divertissement est perçu comme procurant un
plaisir immédiat et sur le champ, ce faisant
il n'est pas
enraciné dans la mémoire, clest une source de plaisir le
plus souvent éphémère.
- L'éducation scolaire persiste quant à elle,
dans la mémoire, elle modèle l 'homme, lui donne les outils
indispensables d'analyse, une culture et une formation.
Cela ne veut pas dire que les mass média n'aient pas un
impact certain sur l'individu; bien au contraire, leur
impact est aussi déterminant, surtout dû à la répétition
et à l'immédiateté des faits qui rendent leur influence
séduisante, leur portée très ~rande, ~algré le désordre
dans lequel ils présentent et les faits et l'incohérence
volontaire ou involontaire qui caractérisent effectivement
ces média. Mais au bout de tout ceci
se trouvent: l'in-
formation, la formation, l'éducation, la motivation, la
socialisation de l'homme; fonctions que lléducation
scolaire et les mass média doivent développer en commun,
et qui impliquent leur complémentarité, celle-ci étant en
même temps une dualité.
- 584 -
E - MASS MEDIA ET EDUCATION SCOLAIRE
DE LA DUALITE
A LA COMPLEMENTARITE?
On vient de voir que l'école et les mass média
remplissent les mêmes fonctions, et dans un pays comme la
Côte d'Ivoire, la complémentarité devrait être évidente.
En effet
si en Occident les mass média échap-
pent au contrôle strict des pouvoirs publics et l'école
dans une certaine mesure (établissements privés) ou la
privatisation est l'une des caractéristiques du monde
occidental. en Côte d'Ivoire, bien qu'on exalte l'esprit
capitaliste, c'est la concentration des mass média entre
les mains de la classe dirigeante, du pouvoir d'état. Dès
lors ils ne peuvent que véhiculer, comme nous l'avons dit,
l'idéologie de cette classe liée au capitalisme occidental.
D'abord il y a uniformité au niveau des contenus de tous
les mass
media (presse écrite, radio, télévision) dont les
différents administrateurs et responsables de rédaction
sont nommés par le parti-Etat-Nation.
L'institution scolaire n'échappe pas elle aussi
à cet esprit (totalitariste)
; mais chaque enseignant dans
sa classe, commente les textes ou dispense son cours en
fonction de ses convictions idéologiques malgré des rappels
à
l'ordre sporadiques de ce dernier par la classe dominante.
Nous pensons que l'échec de la télévision sco-
laire en Côte d'Ivoire est dû en partie à ce contrôle
totalisant en contradiction avec les enseignants, sans
toute fois négliger l'aspect financier insupportable pour
un pays en voie de développement.
- 685 -
La complémentarité doit donc impliquer plusieurs
conditions
sans lesguelles on ne peut aboutir qu'à une consécration
ou légitimation d'un processus travaillant contre les
intérêts de la classe dominante. Pour éviter cette situa-
tion, l'école et les mass·média doivent collaborer, c1est-
à-dire: journalistes et professeurs en vue de l'élaboration
des programmes cohérents centrés sur l'identité culturelle,
l'authenticité et la désaliénation de la
population. C'est à
partir de là que peut se poser le problème de la complé-
mentarité.
Cependant. la situation actuelle ne permet pas
cette complémentarité "néfaste" pour la classe dominante
et ses alliés
car ce serait travailler contre leurs
propres intérêts. La complémentarité s'inscrit donc dans
une problématique de libération nationale et Africaine,
contraire à l'aliénation culturelle.
Exemple de comolémentarité Mass média - éducation
scolaire
L'alphabétisation audio-visuelle:
"U~e personne peut être considérée comme
v~suellement alphabète lorsqu'elle a qcquis
un ensemble d'aptitudes visuelles grâce à
des expériences de vision et de perception
et qu'elle est à même de distinguer dans
son environnement et d'interprêter des
actions,
objets,
schémas et symboles
d'ordre visuel.
C'est l'utilisation créa-
tive de ces aptitudes que l'alphabète
visuel est à même de comprendre et de
communiquer.
L'appréciation des capacités
visuelles d'autrui accroit l'agrément de
la communication visuelle"
(160).
(160) - Gillia SELLAR : Projet primedia ; p.
2 ;
Perth,
Western Australia Education DeDŒr't-
me n t
1979.
- 686 -
Ainsi la définition communément acceptée par la
majorité d'éducateurs engloberait l'étude des symboles,
des supports d'information, du langage non verbal, des
canaux de communication et des incidences sur le comporte-
ment humain (161). L'alphabétisation audio-visuelle
impliquerait donc l'éducation dans laquelle rentrerait
cette définition. Ce qui signifie que les symboles doivent
être en adéquation avec ceux du milieu, c'est-a-dire qu'ils
doivent tenir compte de l'environnement. Ce qui est loin
d'être le cas aujourd'hui. Malheureusement
les symboles,
le~ actions et les aptitudes visuelles sont étrangers au
mil i eu. 0è s 10 r s
a uni veau éd uc a tif rée 1, cie s t les ta tu
quo. Cette complémentarité fait donc défaut; car le plus
intéressant
serait que les mass média fussent le prolonge-
ment de l'école et réciproquelT'.ent, l'alphabétisation étant
l'application
de ces deux processus qui peuvent entrer
simultanément
ou parallèlement en jeu.
Par ailleurs
le pouvoir que les mass média
peuvent exercer sur le développement économique, social et
culturel, ne peut qu'inquiècer les enseignants et tout
individu membre de la classe dominée. Cette inquiétude ne
peut pas être justifiée puisque, sur le plan mondial, la
production des livres a doublé au moment où on connait
une explosion des mass média au cours de ces dix dernières
années. Autrement dit
le développement des mass -média
n'empêche pas celui du livre par exemple. Bien au contraire,
ils favorisent les autres média. L'un des avantages de la
Radio et de la télévision résident dans la rapidité avec
laquelle ils véhiculent l'information, car 9/10 de s~c')nr'?s
suffisent à une émission relayée par satellite pour faire
( : :' :. - DONALD P. El II : Les deA.X "':C",,-.-:8S de l' élève : Artic le dans
~
Pers ec+"·"e~ "0 1
X N° 1
D
54·
TI"-~~) 1,':);1,1
P
1;"",-"
v i -
f.....
J
J
....
f_,
V.f'L':;_~
..:..t,...J~
ic:r - Ana Maria SANDI : Opt. Citée : Information de masse et éduca-
tion du conjïit à la coopération: PP. 57-58.
- $87 -
le tour de la terre. Au même moment
on se rend compte de
l'écart entre la campagne et la ville où la population
rurale est soumise à l'information destinée aux urbains.
Dès lors le problème ne se situe plus uniquement au
niveau des média, c'est-à-dire des canaux et des méthodes,
en un mot la forme, mais surtout au niveau du contenu et
de l'adéquation du contenu avec le milieu. Ainsi pour des
raisons d'intérêts politiques de classe, les contenus
sont acculturationnistes, par conséquent
étranqers,
situation qui ne peut que favoriser une aliénation cultu-
re 11 e.
Cependant
on peut avancer aussi que le dévelop-
pement socio-économique et culturel de la Côte d'Ivoire
dépend de la manière dont sont utilisés les mass média.
Face à cette situation, se développent d'autres
média appelés 1I1 ' école parallèle ll ou IIRadio-Treichville ll •
F - "RADIO-TREICHVILLE"
MAS S MED 1A POPULA 1RES ~
Nous appelons "Radio-Treichville ll
:
tous les
bruits, les tracts syndicaux et politiques, l'information
parallèle à 11 information officielle, en d'autres termes,
toute l'information véhiculée en dehors parallèlement à
l'information officielle.
En effet
dans un pays où l 'infor~ation est
strictement contrôlée oar le oarti unique, cette "radio ll
semble la principale source d'information parallèle. D'une
part. elle sert de ballon d'essai aux hommes politiques en
diffusant volontairement des informations dans la masse,
attend les réactions de celle-ci avant de prendre certaines
- 688 -
mesures le plus
souvent impopulaires, d'autre part
la
masse diffuse des informations de sources diverses incon-
trôlables, alimentant ainsi
les foyers
des quartiers
populaires et populeux des grandes villes, voire des villages.
Ces i nfor mat ion son t
p ris une a mp 1 e u r t e 1 l e
qu'elles ont relégué au second plan l'information offi-
cielle. Clest que
celle qui
est officielle filtrée par le
parti
unique
n'attire plus désormais la masse.
Du poi nt de vue théorique, cette mani ère d' i n-
former correspond bien aux réal ités de la société tradition-
nelle, où est le plus
souvent véhiculée de bouche à oreille
l'information peu importe la véracité ou la scientificité
de celle-ci. Cependant son efficacité réside dans le
pessimisme qu'elle
nourrit chez la masse.
Hormis l'aspect
communication traditionnelle Africaine, le chef de l'Etat
Ivoi rien qui
fut affil ié au parti
communi ste françai s de
1946 à 1952, a appris à observer la di.scression des cellules
de travail
de ce parti. Ainsi
toutes les séances de travail
où sont prises les décisions importantes sont inaccessibles
à l'extérieur;
mêmes les séances de l'Assemblée Nationale.
C'est dire qu'une telle manière de concevoir la vie
publique et politique du pays ne peut que faciliter l'expansion
de cette "Radio-Treichville".
L'aspect aliénant de cette "Radio" réside dans
le fait qu'elle est devenue indispensable,
non' seulement
pour la masse soucieuse de s'informer adéquatement " un ique
source d'information (véritable)", mais la classe dirigeante
a besoin de cette
"Radio" pour tester ses futures décisions
politiques. Ainsi
pouvons-nous avancer sans
grand risque
--~----- - - - - -
Radio Treichville n'est pas une radio,
mais
tous
les bruits
et informations de bouche à oreille des auartiers popu!eux.
- 689 -
que cette IIRadio ll est avant tout au servi ce de 1 a cl asse
dirigeante et qui, par conséquent devient son apparei1
idéologique ou instrument de manipulation politique.
En dehors de cette manipulation, les mass média
nec 0 ns t i tue nt - ils pas des i n s t r ume n t s i dé 0 log i que s de
mani pu1 ation pol i tique au servi ce de 1 a cl asse di ri geante
nationale et de l'impérialisme culturel occidental?
End éhors de cet te al i é n at ion par 1es mas s méd i a
ne peut-on pas retenir la publicité comme une aliénation
rédoutab1e ?
G - LA PUBLICITE
RADIO ET TELEVISION
Dans les pays capitalistes développés à grandes
productions de produits diversifiés, la publicité joue un
rôle important. C'est à travers elle que les différents
articles sont portés à la cO:1naissance du public, en même
temps elle permet aux i ndustri es de se 1 i vrer une concur-
rence sans mercie dans la distribution de la production.
D' a i11 eu rs 1es pro p0 s de E.
Eme ry, P. H. Au 1 t et W. K. Age e
dans
leur ouvrage:
"Mass média" retiennent notre attention.
"Notre aptitude à produire des biens et de
services est devenue si grande que la pro-
duction n'est plus notre principale
préoccupation, cornrœ c'est encore le cas
dans la plupart des autres pays. C'est au
contraire i Za distribution que re vie nt ZCl
tâche essentielle d'assumer un ha~ç "iveau
d'emploi et la prospérité générale.
Zt la
distribution des biens et des services,
dépe nd, po ur une grande part de l' uti lis a-
- 690 -.
tian efficace de la publicité par le biais
des divers
média".
(lê2/'
Ces propos
nous
permettent d'affirmer que la
publicité n'est destinée qu'aux pays développés. Or il
semble que cette publicité ait curieusement envahi
les
mass média
Ivoiriens.
Est-ce-à-dire que ce pays a atteint
un stade de développement
tel
que la
publicité soit
devenue
nécessaire? A cette question
nous pouvons répondre
par la négative
car la Côte
d'Ivoire se situe dans
la
zone des
pays en voie de développement, par conséquent il
ne devrait pas y exister une
publicité intense.
Or elle y
existe.
Clest que
dans
les
pays en voie de développement.
la publicité
joue un autre
rôle:
celui
d'impérialisme.
En effet
cette publicité produite de l'exterieur
impose les modèles et goûts qui
façonnent les mentalités
des auditeurs et téléspectateurs.
Cette imposition exogène
n'est que
l'illustration de l'impérialisme culturel, la
standardisation des opinions et des
goûts qui
ne sont que
des
conséquences de l'aliénation et de la domination
culturelles.
- La standardisation des opinions
et des
90ûts
Elle est inhérente à l'existence de l'interac-
tion entre
culture et massmédia.
Mais pour mieux déterminer
cet t e i n ter a ct ion,
for cee s t
d e d é fin i r 1 a cul t u re
co mme
la volonté de
l'homn;e et tout ce qu'il
met en oeuvre ou
fait pour améliorer aussi
bien sa vie matérielle que sa
vie spirituelle. On peut donc entrevoir déjà le rôle des
mass
médi a dans 1 a cul ture et comment cul ture et mass·
(1']~)
-
E.
Et-1ERY; ?H.
Ault;
W.K.
AGEE :
l,'ass-média
p.
lE~~ 2_.:.
;~;nil(~n'_~-:?i]
Act:-t..;;/:.--es
,:'E,
j
1976 Paris.
- f;91
-
rr:édia influent l'une sur les autres.
Un développement culturel est inconcevable
Jujourd'hui sans
mass ·média et rr:ême sans le langage
en
tant que principal
rr.oyen de corr:munication et d'inforrr:ation.
Dès lors, sans
langage, le développement culturel qui
com-
prend des éléments aussi divers que la science, la techno-
logie, les
valeurs culturelles
(esthétique, morale et
autres expressions de la pensée abstraite) est
inconcevable.
Les
mass·rr.édia corrompent le goût du public,
influencent son appréciation des valeurs culturelles
et
finalement les avilissent.
Ils sont utilisés pour diffuser
une information
exacte ou mensongère, ou encore la pro-
pagande de ceux qui
veulent se maintenir au pouvoir, ou
J
renverser un ordre social
établi.
Enfin
ils sont utilises
pour détruire ou construire, pour vendre ou acheter.
En effet
le développement technique actuel
permet aux habitants de la Côte d'Ivoire de connaître
cie
chez eux, des événerr.ents qui
se sont
ou sont produits à
une très grande distance de leurs frontières, assistant
ainsi au moment précis où
ils se produisent.
On peut, à partir de cette constatation avancer
que les mass média sont un moyen puissant d'influence sur
les habitudes, les goûts et les mentalités des millions
d' hommes dans 1 e monde, pénétrant 1 es couches 1 es plus
profondes du tissu social
et de la culture.
Les
habitudes de consommation des sociétés occi-
dentales
se propagent aujourd'hui en Côte d'Ivoire et dans
- G92 -
toute 1 1Afrique grâce à la publicité en particulier.
Les
mentalités, les appétis des populations d'Abidjan et des
autres grandes villes de 11 intérieur du pays sont en train
de subir une transformation très
rapide et tendent à
prendre exemple sur le consumérisme des pays riches selon
les
propres termes de t10chtar Lubis.
Ces mentalités exogènes et ces appétis étranges sont
11 anti -thèse de la cul ture
et des
produi ts tradi tionne1 s.
E11 es re 1 è 9 ue nt en a r ri ère pla n 1 es val eu rs soc i ale s e t
culturelles
sans oublier les valeurs éthiques. Cette
volonté d'universalisation ou d'occidentalisation des
valeurs et goûts est contrôlée par la classe dirigeante
nationale interposée a travers les massmédia, dépersonna-
lisant aussi
les modèles de vie, les comportements du
mi 1 i eu a mb i a n t
et 1 es cul tu re s na t ion ale s .
t·lais la domination culturelle n'est-elle pas
une autre forme
d'al iénation et dl impérialisme culturel s ?
- 693 -
CHAPITRE
IX
LA DOMINATION CULTURELLE : AUTRE FORME
D'ALIENATION ET D'IMPERIALISME CULTURELS?
Au lendemain de
l'indépendance,
on siest
rendu
compte que
l'ancienne
puissance n'avait pas accompli
sa
mission "émancipatrice" qu'elle s'était assignée à l'égard
des peuples Africains.
Cette situation va se faire
sentir
avec acuité dans
l'enseignement aussi
bien primaire,·
secondai re que supéri eur et sur l es pl ans
: économi que
et social.
Or durant la période coloniale
l'émancipation
a servi
de
prétexte pour justifier la domination politique,
économique et culturelle de l'Afrique.
Curieusement,
malgré
une présence de plus
d1un siècle, cette colonisation peut
se flater d'avoir laissé
derrière elle
environ 90 % d'anal-
ohabètes, quelques établissements d'enseignements primaires et secon-
daires,
une seule
université à Dakar, aucune école
d'Ingénieur
digne de ce nom,
des
taudis,
des populations
affamées et
une minorité de
dirigeants riches
et suralimentés.
qui souffrent
de
tension a1tériel1e.
oe van t ce vi de
cet tes i tua t ion vas e pou r sui v re
les ys t ème ë duc a tif i n s tau ré par lac 0 l 0 ni sa t ion pou r
en t re au t re
se rv i r ses
i nt é ré t s, se ra pou r sui vi
au s si
bien dans
sa forme que
dans son contenu
surtout avec la même
langue comme
véhicule linguistique d'enseignement dans
les
é ta b lis seme n t s
pré - s col aire s,
s col air e s e t uni ver s i t aire s .
Le colonisateur en principe parti. le ~irigp.~rt ~+ricain
va prendre à son compte sa langue.
sa culture et défendre
à
corps et âme ce patrimoine étr-.inger à
travers
la Franco-
~~~. D'ailleurs Jean-Louis Calvet
écrit à juste titre:
-694.-
"En fait,
l'Afrique est quantitativement
encore moins
francophone que ne l'était
l'exagone lors de la l'évolution de 1789.
Mais elle se trouve qualitativement,
dans
le même statut que l'exagone à cette épo-
que:
francophone paT' la grâce du discours
officiel et de quelques décrets"
(lèS).
Si
nous prenons à notre compte cette pensée de
l'auteur,
nous pouvons
une fois de plus
sans vouloir nous
répéter, soutenir nos arguments des chapitres précédents
que tout se réalise selon la volonté de la classe diri-
geante ; à coup de décrets et de lois
la population n'étant
que spectatrice de cette situation qui
la
dépasse. Dans
le cas de la Côte dl Ivoire
cette pratique est désormais
intégrée aux moeurs socio-politiques. Lorsque le parti a
décidé, personne d'autre ne peut dire le contraire; c'est
ce qu'on appelle aux bords des lagunes Ebrié : le dialogue
à 11 l v0 i rie nne par ab usd e l a ngag e 0 IJ par é p hé mis me .
f
Mais le problème de la langue de l'ancienne puissance
l
colonisatrice va être systématisée à travers une nouvelle
1
forme d'organisation connue sous le nom de la Francophonie.
1
!!1
l - LA FRA~JCOPHONIE
AUTRE FORME DE DOMINATION CULTURELLE?
1
i
i
Le problème posé par la francophonie, c'est
comment maintenir la langue Française, ses opinions domi-
1
na n te sac qui ses an t é rie u re me nt, end 1 au t re s t e rm e s
co mme n t
1
1
l a pé re n ni se r .
i
i
-
::'.4~ ïZ~ Jean-Louis.
Linguis tique et coLonia Lisme.
P.
218 Ed.
Pay 0 t
-
Pa ri s
1974.
- 695 -
Cette idée de Francophonie, d'une communauté
linguistique
a été proposée par Léopold Sédar Senghor,
ancien président de
la République du Sénégal, mais
de
Nationalité Française et agrégé de grammaire
des Lycées
Français;
idée
lancée
vers
les années 60
au lendemain
des indépendances
et reprise aujourd'hui
par la plupart
des
chefs
d'Etat Africains.
Ainsi
se sont créés çà et là
des organismes
francophones
à caractère
régional
et inter-
n:'ttiJn:ll
regroupant les anciennes
colonies
Françaises
plus
le Canada, la Belgique et la Suisse.
Mais
pourquoi
cette idée de Francophoni e ? On peut
sans
grand ri sque
avancer que Senghor était le mieux placé pour défendre
la
langue Française.
-
D'abord le premier agrégé de Lycées Français en pleine
période coloniale
il
fut présenté comme
le plus
brillant
s u jet diA f ri que
don t
lia ven i r rés i da i t
dan s
l e ma nie me n t
avec aisance de cette langue. Pour preuve il
fait désormais
partie des
"immortels" de France,
"l'académie Française".
-
Ensui te
on peut di re qu'un Intellectuel
noyé Jans
une
colonie d' anal phabètes
aux cul tures
di verses et di fféren-
tes
de celle de l'occident
ne peut briller et transcender
en déhors
de
sa culture étrangère
reçue.
D'où la nécessité
pour lui
de convaincre ses collègues chefs
d'Etat d créer
cet organisme
de défense de la langue
Française, devenant
par là-mème,
la négation des cultures
et langues nationales
au profit de la francophonie.
Ainsi
à l'O.N.U., plus
de
47 pays sollicitent leur documentation en langue Française,
dans ces conditions
pourquoi
développer les
langues
nationales?
- 696 -
Cette francophonie devient 11 anti-thèse du
développement des langues nationales.
Dlailleurs Balous
souligne à juste titre:
liOn mesure
la
nécessité de POUl'3A.i;1'e une
action systématique d'enseignement,
si nous
ne voulons pas perdre le bénéfiéJe :'es
efforts entrepris et des moyens mis en
oeuvre jusqu'ici et si nous ne
~o~:ons pas
avoir éJes pays
(Afr1~-::'1ins) bQ;n:i::;!' ians
un aut:l'e
c!aT:7p :ingui3t~que
'Jè/.
l''::;:;;_::;'3!'
dans la multiplicité effarante des
dialectes locaux" (1 rJ4,' •
Il
s'agit incontestablement de tout mettre en
oeuvre afin d'éviter qu'une autre puissance ne
slintroduise
sur un terrain déjà occupé culturellement. On peut donc
a van ce r que l a do mi na t ion cul tu r e 11 e qu i est un é l é Ir. en t
constitutif de l'impérialisme culturel est une politique
concertée des puissances industrielles à diviser les pays
duT i ers - Mo nde e n Z 0 ne s dl i n fl ue nce.
Nous voyons bien que cette lI ac tion systématique" a ces
objectifs bien définis par le Haut comité de la langue
Française en ces termes:
''Faire du français
la langue d'èi.s'J.']e 1es
100
à
150 mi:lions
de
frQi'zc!ophon-2':;
/'-:l,:;"e:,3"
en Afrique et en Asie,
dans zu'!
~:8:;i de
vi ng tans"
(1 l"~ 5) .
Dès lors
l'effort que déploie la France dans le
domaine de la langue se justifie. Cet effort concerne les
( 1 6 4)
-
BA L0 US :
Op t .
Ci t.
p.
18 0 •
(165)
-
BALOUS:
Opt.
Cit.
p.
180.
- G97 -
mo yen s mas s ifs de lia udi 0 - vis ue l dan s l' en sei 9ne me nt,
effort appelé aide au développement ou coopération. Cette
pol itique culturelle est une fois de plus définie par
Balous en ces termes
"La politique d'aide culturelle pratiqu~e
dans cette partie du monde,
c'est-à-dire
en Afrique,
doit être continu~e sans relâ-
che,
en mettant sans doute davantage
['accent 2:il'
['JJ'!~,~~~O~ des masses P21' ~ea
méthodes audio-visuelles;
en particulier,
pour la partie de la classe d'âge entre
12
et 25 ans, qui n'a pas pua II e r
à l' ~ co -
le ... "
(18à).
Il
faut reconnaître effectivement qu'à ce sujet
des expériences ont été tentées à la radiodiffusion et té-
lévision en Afrique
notamment en Côte dl Ivoire et au
Niger (Télé-Niger). En Côte d'Ivoire l'expérience a été
gé né ra lis é e en i ns t i tua n t 1 a tél é vis ion s col aire, 1a rad i 0
et tél évi sion éducati ves au Cameroun.
Mais avant de montrer que la Francophonie est un
problème politique
il
importe de terminer ce paragraphe
par cette citation de Balous
:
"C'est li,
en AfY'iqué.?, vhs que partout ail-
leurs,
q~e doit J~r~ r;2cZ~ment utiZis~ un
proc~dé technique a ~CI. ,'7lesure de notre ère
le lancement d'un satellite g~o-stationnaire
de t~lécommunication destin~ à l'éducation
et à la formation technique accel~r~e des
jeunes non scolarisés et des adultes par
les moyens de la
t~Zé1)isionl/ (l67).
(166)
-
BALOUS : Opt.
Cit.
p.
180.
( 1 6 7)
-
BA LOU S
0 pt.
Ci t.
p.
1 8 2 .
- 598 -
II - LA FRANCOPHONIE COMME PROBLEME DE DOMINATION
ET DE POLITIQUE CULTURELLE?
"Le meilleur outil trouv. dans les d.com-
bres du r.gime colonial,
cet outil qu'-
est la langue Française".
(168)
Ainsi exalte Léopold Sédar Senghor à propos de la
langue Française et de la Francophonie. Et lui emboîtant le
pas, Habib Bourguiba réclamait à son tour un Commonwealth à
la francaise, une sorte de communauté qui respecte les sou-
ve ra i ne tés de cha c une t har mon i sel e s e f for t s de tous Il l169 ).
Ces deux points de vue montrent qu'apparemment
l'idée de
Francophonie prend sa source dans les chefs d'Etat afri-
cains. Mais en France
l'entreprise se heurtait à une ré-
sistance
des officiels
car selon Bourgi, De Gaule
refu-
sait de prononcer le mot francophonie. Refus qui se tradui-
ra par une acceptation après son voyage au Québec. Avant
donc d'atteindre ce résultat
de nombreuses rencontres in-
formelles se concrétisèrent par la création d'orqanismes à
caractères privé ou public: Association
Internationale
des parlementaires de langue et de culture françaises le 18
Mai
1967 à Luxembourg; ensuite les bases de l'Agence de
coopération culturelle et technique furent jetées en 1970.
Au moment où l'on parlait de la Francophonie, il n'y avait
environ que 10 % seulement des populations africaines qui
connaissaient la langue française. Alors
on peut se deman-
der les raisons du rassemblement de 200 millions de franco-
phones répartis dans le monde: Amérique, CaraTbes, Afrique,
Asie et bien sûr l'Europe.
- L.S. SENGHOR
Esprit : nO spécial de novembre 1962.
Sur le Français,
langue vivante.
- H.
BOURGUIBA
Visite olficielle à Dakar, en 1965.
Déclaration.
- 699 -
La
pro blé mat i que de
l 1 ut i lis a t ion dl une l a ng ue
é t ra ngère
dan s lac omm uni c a t ion
e t
dan s lie n sei g ne me n t e n
Afrique
Noire ne peut être clairement définie si on ne se
réfère
pas
au passé colonial;
car cette colonisation se
proposait dlétouffer ou d'asphixier les langues nationales.
Divers argumentsont 2~': utilisés pour démontrer qui il
ne
s'agissait pas de
langues Africaines. mais de dialectes;
de plus,
ils étaient pléthoriques,
leur incapacité ou
inaptitude
à rendre compte des
progrès techniques et tech-
nologiques, en un mot, du langage
scientifique, en faisait
des dialectes.
Mais on oublie qu'aujourd'hui, les termes
techniques
sont utilisés dans toutes les langues et que
l'Afrique pouvait
en faire autant.
En dépit de ces argumentations que rien ne justi-
fie,
les
indépendances politiques nlont pas remis en cause
la langue
Française
bien au contraire elle est devenue
officielle et langue
d'enseignement, cela confirme c€
qui
était reproché aux 1 angues
nationales. Autrement dit
le
fait
de ne pas mener une pol i tique de 1 angues national es
systématique
signifie l'acceptation implicite ou explicite
de la domination cultiJ(elle extérieure.
Mais
pourquoi
cette situation?
-
D'abord
cette langue étrangère confère un
statut social
supérieur.
En effet
clest la langue de la
réussite sociale.
Cette langue
n'est parlée que par les
élites:
l'élite intellectuelle
les
dirigeants et oppo-
sants
politiques,
et accessoirement très
mal
parlée par la
masse
(dans les usines,
au
marché et autres
lieux publics).
- 700 -
Ensuite elle est devenue une langue de communi-
cation aussi
bien nationale qulinternationale dans les
pays Afri cains Francophones.
Dans ces conditions
on peut dire que la franco-
phonie est un problème politique dans la mesure où elle
permet à des millions de' gens extérieurs à l'exagone dlëtre
liés à la France
le plus
souvent politiquement bien que
cel a ne soi t pas t 0 U j 0 urs
vrai.
[vI ais
sin 0 use x ami n0 n s l a
situation pol itique de ces pays
ceux-ci sont très iiés
dans leur grande majorité à l'ancienne puissance dont on a
hérité la langue, se prononçant
dans les grandes institu-
tions internationales dans son sens
s'alignant ainsi sur
sa politique. Mais fort heureusement certains pays prennent
leur distance, ce sont ceux qui sont qualifiés de révolu-
t ion na i re sou den a t ion a lis tes.
Auni ve a u cul t u re 1
1 a f r a nco p ho nie pe r met à l a
France de
contrôler directement ou indirectement par per-
sonne interposée
les cultures nationales à partir de la
l an gue qui
se r t de co mm uni c a t ion e t de vé hic ul eau s ys t ème
éducatif.
Mais cette langue et culture étrangères sont
soutenues par des moyens très puissants de communication
de masse:
les mass média
al imentés aujourd' hui
par des
messages divers en provenance justement des pays dorr.inants.
Ces mass média ont néanmoins deux aspects contradictoires:
- moyens de III avage de cerveau ll dl al iénation et dl accul tu-
ration de toutes sortes - instruments privilégiés d'éduca-
tion et de résistance aux divers messages en provenance des
pays développés.
En effet
les messages conçus à dessein dans les
pays développés constituent le lavage de cerveau dans la
- 701
-
mesure où ils n'ont aucun rapport avec les réalités Afri-
caines.
Cependant
quan~
les mass média traitent des as-
pects de la vie sociale et culturelle, agissent souvent
dans un sens socialement positif et progressiste, rôle qui
selon Schramm
est dans la plupart du temps tempéré par le
contrôle politique s'exerçant strictement sur eux.
Le fait pour la classe dirigeante de contrôler
les mass media ne permet pas de jouer un rôle fondamental
dans la résistance culturelle contre l'invasion persistante
et massive des messages en provenance de l'occident.
Cependant les mass média peuvent être source du
meilleur comme du pire selon la manière dont ils sont uti-
lisés.
Qu'en est-il donc de la coopération?
II~ - LA COOPERATION CULTURELLE: AUTRE FORME
DE DOMINATION CULTURELLE?
Au lendemain des indépendances
la coopération
ou l'assistance technique constituait les nouveaux débou-
chés pour les jeunes Européens et Nord-Américains.
Elle
permettait d'assurer leur retraite en 10 ans. Mais
depuis
quelques années, avec l'avènement des socialistes au pou-
voir en France, le nombre de ces coopérants décroît d'an-
née en année, environ 800 chaque année dans le cas de la
Côte d'Ivoire et ce, depuis 1982.
Du point de vue théorique
Bourgi écrit
"On dé vine l'importance de cette forMe
- 702 -
d'aide dans des pays où le Français est
proclamé lange officielle, et l'intérêt
qu'y portent les responsables Français,
conscients de l'impact extraordinaire du
facteur culturel dans les immenses terri-
toires issus de
l'ancien Empire.
Les pays africains eux-mêmes, dont l'ob-
jectif ultime est d'assurer un niveau de
vie décent,
n'ignorent pas le caractère
prioritaire de l'enseignement et de la
culture qui constituent à n'en pas douter,
un in~e3tissement productif au ~i~e titre
que les investissements agricoles et in-
dustriels.
Une telle action nécessite ce-
pendant d'énormes moyens financiers aux-
quels ne peuvent faire face
les seules
ressources nationa les" (] 70) .
La coopération culturelle représente donc une en-
tité, un mal nécessaire si les pays Africains veulent se
développer. Donc
une nécessité d1appel aux aides extérieures
et bien entendu a. l'aide de l'ancienne puissance colonisa-
trice en premier lieu, et en second lieu
des autres pays
développés. Cependant il faut faire une distinction entre
ces types de rapports au nombre de deux dans ce domaine pré-
c i s .
a) Accords de coopération culturelle:
Ces accords ont trait à la coopération dans les
domaines des enseignements: primaire, secondaire, et ceux
des échanges culturels proprements dits.
b) les autres accords portent essentiellement sur
l'enseignement supérieur et la recherche scientifique.
Cette coopération est le plus souvent bilatérale,
(170)
- Albert BOURGI : La politique française de coopéra-
tion en Afrique.
P.
117.
~i. NEA.
Abidjan 1979.
- 703 -
ce qui rend effectivement dépendant
les pays y ayant sous-
crit. Mais dans cette coopération
il y a lieu de souligner
les conventions culturelles proprement dites~
111.1. - Les conventions culturelles proprements dites
Ces conventions prévoient:
- la création de bibliothèques et centres cultu-
rels
- l'octroi de bourses, l'organisation de voyages
et échanges divers dans les domaines artistiques, littérai-
res et sportifs ;
- la fourniture de matériels éducatifs, livres,
périodiques, journaux, matériels audio-visuels. Le tableau
suivant nous montre l'évolution de l'assistance technique
e n Côte d' 1v0 ire pen dan t t r e i ze ans (1 3). Cet a b1eau 'm 0 n t r e
un taux d'accroissement de 900,62 % pour ces treize années.
Ce qui signifie qu'il y a une volonté manifeste pour l'an-
cienne puissance de contrôler l'enseignement, c'est-à-dire
la culture du pays. Cette volonté de choisir le secteur
culturel montre bien une fois le désir d'impérialisme cultu-
rel Français.
Par contre un taux de décroissance s'observe en
treize (13) années. Les - 8,30 % représentent la diminution
des non-enseignants.
En effet
ces résul tats prouvent que l'ancienne
puissance coloniale a plutôt choisi le secteur qui condi-
tionne l'avenir du pays. Mais il faut nuancer. Les disci-
plines littéraires sont moins contrôlées que les scientifi-
ques car. et nous l'avons dit
l' industrial isation qui est
un prélude au développement économique, social et culturel,
passe
pour être efficace
par la formation des scientifiques.
Tableau
52
EVOLUTION DE L'ASSISTANCE TECHNIQUE
!
Effectifs des personnels de coopération
1962
1963
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970
1971
1972 . 1973
1974
1975
--------
--
-- ---
--
Aide technique française
1
1
-
Ensei gnants .............................
640
757
836
994
999 1 144 1 489 1 737 1 969 1 995 2 462 2 530 2 569 2 564
- Non enseignants .................•.......
650
604
575
598
580
571
613
515
507
565
615
659
6D9
596
1
1
i
Sous-total .....
1 290 1 361 1 411 1 592 1 579 1 715 2 102 2 252 2 476 2 560 3 U77 3 189 3 178 3 160
,-
Canada ....................................
-
-
3
12
19
26
36
45
60
64
60
95
63
50
,
!
P.N.U.D. (Nations Unies) ..................
15
21
10
18
24
35
45
70
74
71
98
76
77
86
!
--
--
---
Autres volontaires 2 •••••••••••••••••••••••
50
50
60
70
150
160
190
210
23Y
271
379
3~3
268
215
,
1
_ 0 - __-- . ,__._...____.. '_
- -
- 0
---
. _ - ~
1
i
i
......
i
TOT A L
1 355 1 432 1 484 1 692 1 772 1 936 2 373 2577 2 849 2 966 3 614 3 688 3 586 3 511
1
r Aide française en %du total •••••••••.•.•. 95,2 95,0 95,0 94,0 89,1 88,5 88,5 87,3 86,9 86,3 85,1 86,5 80,6 9D,0
1
1. Financée seulement en partie par la France depuis 1966 (prise en charge totale par la France au paravant).
2. Essentiellement: volontaires hollandais et allemands; Peace Corps; A.F.V.P. (France) ; S.U.C.O. (Service universi-
taire
canadien outre-mer).
'-l
Cl
+:>
Henri BOURGOIN et Philippe GUILHAUME : Côte d'Ivoire Economie et Société, p. 160.
6(i.
Stok, [Jpis 1979.
,~.,,~,.,,'"
"M"'.
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'"tt""""'"'
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....-,,·,""·."0.,......,.~,... .._·.,,..=...'-':"'~""""-"";?"'''~''''''''''''J'.''''',.y,,~._., . ....-,~r~" .......,'~..~....,.......-"'{'.......',~~".'?"!""~....n,........~""Y',,~..,.I<I'."" ~_,.,.,..,,.,,.... ..........""',,.:.............-_ _._.
,•.~_ .•_.
_
- 705 -
Par conséquent c'est à ce niveau que le déficit s'observe
(Mathématiques, Physiciens, Ingénieurs de haut niveau ..• ).
Dans cette logique
la France continue à prendre en charge
certaines catégories de coopérants
à savoir les enseignants
de 1 'Université ou des techniciens de haut niveau mis à la
disposition par les organismes de recherche fondamentale
ou appliquée.
Les Enseignants représentent 80 % des agents de la coopé-
ration directe
alors que le nombre des agents administra-
tifs et techniques
qui sont pour l'essentiel des person-
nels relevant de l'agriculture, de l'élevage et des Eaux
et Forêts est en regression depuis 1973.
On assiste à une nouvelle orientation beaucoup
plus qualitative que quantitative. Ces coopérants contrô-
lent non seulement l'enseignement
mais prennent de plus en
plus d'importance dans l'orientation générale du pays. Car
prodiguer des conseils à un responsable politique ou admi-
nistratif, ou encore enseigner, c'est implicitement indiquer
ses propres vues, son savoir-faire propre, le savoir-faire
de son pays d'origine. Ainsi aliène-t-on et acculture-t-on
le pays et en fin de compte, on le domine culturellement à
partir de cette coopération.
La domination culturelle est incontestablement
l'une des causes de l'impérialisme culturel. La coopération
culturelle et la francophonie instituées depuis l'indépen-
dance
sont
non seulement des véhicules culturels
mais
des moyens de pérennisation de cette domination culturelle.
La pratique de cette domination réside dans les
modèles de société et de développement économique,social et
'loir Henri GOURGOIN et Philippe GUILHAUME, op. cit., pp. 159-160.
- 706 -
culturel. Ainsi donc ces stéréotypes ou schémas inadaptés
transposés en Afrique ne sont pas congruants au milieu so-
cial qui devient étranger à ces importations. De plus
imi-
ter uniquement sans créer soi-même ses propres moyens de déve-
loppement culturel et scientifique
grâce à sa propre langue, ne pourra
que renforcer la dépendance culturelle persistante.
111.2. - Les difficultés de cette coopération
La coopération avec l'ancienne puissance a une double
préoccupation
- d'une part
assumer une part de responsabilité à l'égard
de l'ancien Empire en octroyant l'aide matérielle et culturelle néces-
saire à la réalisation des objectifs de progrès socio-économique et cul-
turel .
- d'autre part, conserver une place privilégiée dans la vie
politique, économique, sociale et culturelle de nouveaux Etats indépen-
dants. Ainsi à la domination directe va se substituer une autre domina-
tion indirecte, une nouvelle forme d'influence
certes diffuse
mais
aussi sinon plus efficace que la précédente.
Cette coopération poursuit deux objectifs apparemment con-
tradictoire~
mais au foncl'non contradictoires puisqu'ils sont liés
dans les domaines où la France apporte son aide, voue à l'échec tous les
efforts de définition d'une politique mise au service d'une indépendance
réelle et avant tout.
_ économique des anciens territoires d'Outre-Mer
comme le souligne Bourgi.
Au niveau des conventions culturelles proprement dite~ même
si dans le fonr
l'idée est noble, on ne peut s'empêcher d'avoir quel-
ques inquiétudes.
Tout ce que les conventions culturelles proprement dites
préVolent
sont à sens unique, c'est-à-dire de la France vers l'Afrique.
Voir A. BOURGI
La ?o!itique française de coopération en Afrique.
cp. c: t. t p. 13 .
- 707 -
or il s'agit d'une coopération bilatérale. Et justement cette bi1atéra-
lité souffre de domination et de dépendance
car il s'agit bien d'une
assistance chronique dans tous les domaines. Nous consacrerons un cha-
pitre au coût de cet impérialisme culturel
mais déjà nous pouvons af-
firmer que la part de l'Afrique à l'endroit des pays développés et
principalement de la France est nulle.
IV - TRANSFERT DE TECHNOLOGIES INFORMATIONNELLES COMME MOYENS
DE DOMINATION CULTURELLE?
"L'émancipation et le développement des moyens nationaux
d'information font partie intégrante de la lutte générale pour l'indé-
pendance politique, économique et sociale de la grande majorité des
pays du monde, à qui on ne doit pas refuser le droit à informer et à
être informés de façon objective et correcte. L'indépendance en matière
de sources d'information est aussi importante que l'indépendance tech-
nique, puisque la dépendance dans le domaine de l'information entraîne
à son tour un retard de la croissance pol itique et économique". (171)
"Transfert de techno10gies" est un thème qui fait
couler
depuis l'accession des pays africains à leur indé-
pendance
beaucoup d'encre.
Ces pays non développés puisque non équlpes sur
le plan technologique doivent acquérir cette technologie de
l'étranger
en particulier des pays aussi bien de l'est que de
1 'Ouest ou anciennes puissances colonisatrices.
Il s'agit en fait de faire passer les technolo-
gies dont a besoin l'Afrique, des pays avancés vers ce con-
tinent. Mais c'est là que le problème se complexifie
car
le terme "Transfert de technologies" peut ëtre vu sous deux
aspects différents:
(171)
-
M.
BOGDAN Osolnik : Objectifs et strQti~~es d'un
nouvel ordre international de la COr1":>.,:-:.:::ztion.
NU 32 p.
1 -
UNESCO.
- 7G8 -
1 - Transfert de technologi es ne s'accompagnant
le plus souvent d'aucun transfert de connaissances scien-
tifiques et techniques des technologies concernées. C'est-
à-di re non accompagnées du savoi r-fai re , les technol ogi es
transférées se limitant uniquement au "faire ll
,
ainsi le
savoir-faire gardé
ailleurs, l'Afrique devenant alors
un simple terrain d'expérimentation et de production des
technologi es non· testées dans l es pays d' ori gi ne.
La technologie, même éducative n'en fait guère
exception, car la maintenance et toutes les pièces déta-
chées proviennent des pays développés, ce ~ui implioue un
investissement supplémentaire.
Ainsi l'Afrique devient-elle un champ d'investis-
sement et de chaînes de mantage sous licence des pièces
importées de ,'étranqer. Les usines " c lés" en main ne
peuvent qu'engendrer une domi nation puisque
non lT.aîtrisées
par les autochtones Africains.
De plus elles sont coûteuses
véhic ul a n t un mo dè l e de t r a v ail
e t d1 0 r ga ni s a t ion s pé c i f i -
ques aux pays développés, rar conséquent
elles sont accultura-
tionnistes et impliquent une domination économique et
culturelle.
Ce type de transfert non fondé sur un savoi r_fai re
des autochtones
n'est en
~utre qu'une mystification
s cie nt i fi que 0 u i dé 0 log i que
dan s l a me sure 0 Ù i l i n s tau re
un complexe d'infériorité de l' afri cain et de supériori té
de lie x té rie ur.
2 - Le transfert de technologies s'accompagnant
du savoi r et du savoi r-fai re. Dans ce cas préci s i l
ne
s'agit plus "d'usines clés en main" mais où l'autochtone
peut maîtriser cette technologie. C'est ce que nous pou-
- 709 -
vons qualifier de transfert réel de technologies, transfert
réel parce qui il contri bue au développement réel
du pays;
ici c e dé ve 10 p pe me n tes t
rée 1 car i 1 n' i mpli que pas
nécessairement une domination technique et technologique.
Cet t ete ch no log i e nie s t pas i n t ro du i tes u r un
terrain vierge, par conséquent va induire un conflit cultu-
rel. Nous allons alors considérer la dualité massmédia
modernes et mass média traditionnels.
1 - Mass média traditionnels et modernes
de la dualité à la complémentarité,,!
Dans 1 e processus de transfert de techno1 ogi es
des mass média, il est clair que l'idéologie occultée soit
le remplacement des massmédia traditionnels dans la meSUfe
où
indigénéisés, ils ne II r épondent ll pas aux exigences de
la société Ivoirienne en modernisation. Cela s'explique
aiséme"nt
car
au lieu de promouvoir leur développement,
on les remplace par les nouveaux. C'est 11 aspect dualiste
qui
implique que les mass média traditionnels sont
opposés
aux modernes. Ce débat nous satisfait puisqu'il occulte
une idéologie de domination et d'acculturation, voire
d1 i mp é ri a lis me cul tu re l .
A di re vrai.
la technologi e moderne des mass
média doit avoir pour rôle;
non pas de remplacer les canaux
traditionnels
mais de faciliter l'ensemble des massmédia
(tradi tionnels et modernes), en permettant dl él argi r et
d'accélérer les échanges d'informations entre les
personnes
ou les nations.
Il
faut donc envisager qu'en matière de
transfert de technologies informationnelles
la vraie poli-
tique consisterait à consulter d'abJrd le pays destinataire
et à lui
fournir la technologie la plus appropriée à ses
- 71 0 -
besoins
réels, ce qui
suppose que des nationaux comprennent
leur fonctionnement, en un mot
les maîtrisent.
Cette question doi t être envisagée par rapport
au rôle que les mass média sont appelés à jouer cians la
Société Ivoirienne.
La technologie moderne ne slapplique pas au maté-
ri el
mais
bien au contrai re aux composantes intellectuelles
et à la manière dont on les utilise. Ce terme doit être
considéré dans
son sens le plus large, global, car il en-
globe la formation des professionnels des mass média,
c'est-à-dire en fait
les utilisateurs de la technologie
informationnelle, les programmes
(les
programmes de radio-
diffusion et de télévision, les films etc ... ). Dans ces
conditions, le transfert de cette technologie ou plus
précisément son importation, ne soulève -t-il pas la ques-
tion primordiale de son impact sur la Société globale et
1
les personnes, en l'occurrence le douloureux problème de
1 1 ide n t i té cul tu re l l e Af rie a i ne, v0 ire l v0 i rie n ne?
En effet
dans les pays
en voi e de développement
et singulièrement en Côte d'Ivoire qui
cOIi;porte une forte
proportion des composantes intellectuelles importées des
p ay s
dé ve 10 pPé s,on 0 bs e r'J e dé j à des e ff e t s né fa ste s de
cette technologie informationnelle.
car les valeurs étran-
gères qui
sont loin d'être les meilleures
ayant très peu
de rapport avec les
réalités de la Société Ivoirienne où
ell es sont di ffusées
prennent de plus en plus d'imoortance.
Cependant
même Ë:rangère
cette technologie
informationnelle peut avoi r des effets bénéfiques sur la
société Ivoirienne et les p.~ r son nes.
- 711
-
Elle peut mettre en évidence les valeurs cultu-
relles Ivoiriennes en stimulant l'esprit créateur populaire
ete n don na nt l a p0 s s i bi lit é des e man i f est e r ; par
e xe Ill> le:
par la musique, la danse,
le théâtre, la poésie, le chant
dans les
langues nationales. Ainsi se mettrait-elle au service
de la population en enrichissant le contenu même des mass
média.
Il serait donc souhaitable que les capacités endo-
gènes des mass média fussent développées par l'amélioration
au préalable de la production nationale de programmes et de
messages de nature à être diffusés par l'intermédiaire du
matériel
fourni
par l a technologie inforlT.ationnelle
lroderne.
Nous ne cesserons jamais de ré~éter
que
toute cul ture
nationale
ne doit pas se refermer sur elle-même, elle doit s'ouvrir
aux autres. Dans cette optique, les mass média
doivent
avant tout s'atteler à la tâche fondamentale consist3nt à
créer
l'unité nationale ainsi qU'à dissiper des craintes au sujet
de la structure nationale du gouvernement et de la trans-
formation des modes de vie et des valeurs culturelles. Ce
fai sant l es mas s médi a, même d' 0 ri gi ne étrangère
doi vent
avoir un rôle de libération et de contrepoids à l'égard du
recours aux prati ques et croyances tradi tionnell es et
aider l a population à renouveler et enrichir ses modes de
vie, ses a spi rat ion s e t son ide nt i té. Dan sun pa y s co mme
la Côte d'Ivoire où cohabitent tant bien que mal
diverses
ethnies
les mass média doivent jouer le rôle
d'intégration
na t ion ale,
(n 0 us con sac re ro nsun cha pit re â cet e f f et) .
Pou rat te i nd re u n tel 0 b je ct i f
des p ro f es s ion -
ne 1s des mas s mé dia
0 n s e rai t
te nt é de p ro po s e r qu' e l l e
eût lieu dans la régior.
à tous les niveaux et sous toutes
ses formes.
Ce serai t l' idéal
rTiai s est-on sûr que cette
formation ne serait pas
récupérée par les hommes politi-
que s à leu r p ro fit dan s l e con te nu des p ro g r a!T, me s ? Par
exemple,
n'eut été 1 a vi gi lance des enseignants du supé-
- 712 -
rieur, l'enseignement en Côte d'Ivoire aurait été ascien-
tifique. Selon le Resposable de l'Eduation Nationale et de
la Recherche Scientifique
depuis Octobre 1983, "un
pied dedans un pied dehors, dehors". Cest-à-dire que tout
enseignant qui
ni épouserai t pas 11 i déologi e du parti
unique au pouvoir: serait exclu de l'enseignement. C'est
dire que la formation sur place est nécessaire mais à
condition que les étudiants ne subissent pas unendoctrinement
qui
les conduirait à défendre des individus au pouvoir au
lie u de l 1 i nt é r ê t
gé né r a1. 0 n pou rra i t no us
ré t 0 rq uer que
la formation à llétranger comporte également des inconvé-
nients. Clest vrai. Mais dans le cas de la France où la
formation donne un esprit critique, le fOl'Jmé peut par la
suite se situer par rapport à sa société, surtout qu'il
peut avoir contact avec toutes les littératures aux idéolo-
gies contraires et contradictoires, ce qui
nlest pas le cas
en Côte dlIvoire où llacquisition de certains ouvrages le
plus
souvent sont interdits,
mais
circulant librement
en Europe, exige des "acrobaties" inhabituelles. Par
exemple un ouvrage hautement scientifique comme celui du
Professeur S1mir Amin "le développement du capitalisme en
Côte dlIvoire" a été interdit alors qu'il
démontrait qulil
y avai t croissance sans développement dans ce pays.
ouvrage
qui aurait pu constituer un manuel
de base de réflexions
aux étudiants
Ivoi ri ens en Sci ences Economi ques.
Par ailleurs
on peut souhaiter que le transfert
des technologies modernes, notamment des composantes intel-
lectuelles se fasse avec circonscription afin dléviter de
bouleverser trop radicalement les modes de communication
tradi tionnels.
Voir Rapport
de
ta
Conférence
de
KUALA LUMPUR
du A au
14
Février 1979.
PP.
10-20.
UNESCO.
- 713 -
A parti r de ces di verses consi dérati ons, on peut
voir les aspects-financiers-technologiques.
2 - Aspects financiers et technologiques
Cet aspect est de loin le plus important.
car
c'est lui qui
détermine les rapports entre individus et
e nt re na t ion s a uj 0 u rd 1 hui. Que peu t - 0 n e xi ge r 0 u que 1
droit a-t-on si on"ne peut pas assurer l'existence de
sa
population?
A di re vrai ~ la dépendance technologique est très
souvent le produit d'une dépendance économique.
En effet
les sources de financement étrangères imposent le plus
souvent les produits d'un fabricant ou d'une nation
finançant
plutôt que d'une autre, ainsi arrive-t-on à imposer une
technologie;
trop souvent celle dont le pays a le moins
besoin.
Cette situation entraine le fait suivant: sacri-
fie r a u pro fit dia ut re s p rio rit és 1e s mas s mé dia e t 1ç.
comr'gication - le plus souvent c'est le monde rural qui
est négligé
dans ce cas.
A propos de cette domi nati on fi nanci ère, on peut
affirmer que l'ancienne puissance colonisatrice doit assu-
mer cette entière responsabilité pour plusieurs
raisons,
GO t ~ ..~ ~ rit
1a s i tu a t i on a c tue 11e ay a nt é té hé ri t é e cl e 1a
colonisation. Par conséquent
dans le cas de la Côte
d'Ivoire.
la France devra assumer ses
responsabilités his-
toriques et non présenter cette aide comme une oeuvre de
l
- 713.-
(bis)
1
}
1
f
charité. C'est ce que nous appellerons une juste restitution.
1
C' est e n f ait und ro i t e t
un
devoir
du
colonisateur
à
l'égard du colonisé.
Cependant
l' Afri que
ne doi t pas attendre l'ai de
extérieure toujours hypothétique et hypothéquée
car comme
nous l'avons dit plus haut, les
rapports internationaux
n'obéissent à aucune morale,
mais ils sont établis sur la
force du plus fort à soumettre
le moins loti
économique-
ment.
Dans ces conditions:
l'Afrique devra compter sur
elle-même si
elle veut modifier l'ordre économique et
informationnel qui
régit le monde actuel.
D'ailleurs la conférence intergouvernementale sur
les politiques de la communication en Afrique
tenue à
Yaoundé du 22 au 31 Juillet 1980
a, dans son rapport
final
fait la proposition suivante:
"La création d'un
fonds spécial pour le développement des communications qui
serait appuyé par certaines organisations intergouvernemen-
ta les mai s qui
de v rai t être lep ri nci pal
ab 0 ut i 55 e me nt d' u n
effort financier de la part des pays Africains eux-mêmes". (172)
Ce tte recommandati on fai t sui te à ce 11 e de
l'OUA.
lors de sa conférence des chefs d'Etat et de gou-
vernement tenue à Freetown
en Jui llet de l a même année.
"Création d'un fonds africain pour la promotion
de la culture" et qu'il
pourrait être envisagé d'élargir
les objectifs d'un tel
fonds pour qu'ils puissent répondre
aux nécessi tés du domai ne des communi cati ons.
(172)
-
Voi l' Confél'ence de
Yao undé
Op t.
Ci t.
D
2;]
-
UNESCO.
- 714 -
On voit bien que ce problème constitue une
préoccupation des responsables politiques Africains,
mais
o n peu t une foi s de plu s c rai nd re qui i 1 ne s' agi s sel à
que des résolutions comme tant d'autres enfermées dans
les
ti roi rs des bureaux cl i mati sés des Chefs dl Etat Afri cai ns.
Mais derrière cet aspect:. se posent de véritables problèmes
technologiques.
L'aspect technologique est aussi
important
car
de 1ui
dép end
1e dé ve 10 p pe me nt é con 0 mi que, soc i ale t
culturel, voire la réussite des pays Africains.
Pour évi ter de dénaturer l'envi ronnement physique
et sociologique, il
faut d'abord promouvoir une technologie
endogène, c'est-à-dire. qui
tiendrait beaucoup compte des
réalités nationales.
Ce qui
implique le transfert progres-
sif de la technologie afin d'éviter une rupture brutale et
la dépendance technologique. Ce faisant
une étude systé-
matique des avantages et des inconvénients s'impose pour
la détermination de chaque option technologique - c'est -
à - dire é t u die r 1es pro b 1 ème s d' h a r mo ni sa t ion pou r l a
fabrication à grande échelle des équipements destinés
surtout aux masses rurales
(radio portatives à bas prix,
télévision piles et secteur etc ... ). Le vrai
problème est
de parvenir à une adaptation et à une maîtrise progressive
de ces mass médi a
sans exc1 ure ceux de poi nte tels que:
la télématique, les satellites de communication. Ceci
doit
permettre de mettre
tout en oeuvre afin d'intég'er tech-
no log i e mo de r ne et mas s III é dia t rad i t ion ne 1s. Cet as p ect
permettra de servi r les intérêts de l' indépendance
nationale et non pas de mettre au service de l'accroisse-
me nt
de 1a dép end a nceg r â ce à une i ITI P0 r t at ion non
mait ri s ée
- 715 -
de la technologie informationnelle. Mais ce souhait ne
pourra être réalisé que si
les pays Africains, singuliè-
rement pauvres pour la plupart
s'associent pour réaliser
ce t objecti f.
3 - Structures des mass média
D'une manière gënérale~ la structure des mass-
média est déterminée par les fonctions qu'ils jouent dans
la société. Ainsi cet aspect devrait être du ressort du
p ay s con ce r né.
On peut
d'une façon
na;ve affirmer que. le rôle
des mass média est d'informer la population d'un pays de
la politique du gouvernement et le gouvernement ou les
di ri geants doi vent attendre la réacti on de cette popul a-
tion.
Les mass ·média ont donc des effets réciproques.
Du
gouvernement vers la population et de la population vers
le gouvernement.
Ainsi
le rôle important de la radio serait
d'abord de toucher la majorité des habitants des zones
rurales; quant à la presse rurale: elle ne devrait pas
être négligée dans
la mesure où la large majorité des
habitants du pays sont ruraux. L'orientation des média
vers le rural
implique un nouveau profil
du journaliste.
Ce faisant
la création de nouvelles écoles de journalisme
doivent introduire dans la formation
des cours spéciaux
Voir Conférenee
-le Youndé
:
Opt.
cit.
P.
19 -
UNESCO.
716 -
de journal i sme rural.
Autrement di t
structures
des mass
média et formation de
nouveaux journalistes sont liées.
Cette situation implique une analyse opprofondie
des
tendances
relatives
aux structures
des mass
média.
En dépit des petites agences nationales
de presse
existantes en Afrique et les
nouvelles
diffusions
relati-
vement satisfaisantes,
de sérieux problèmes
demeurent:
ce
sont :
la faible
circulation de la plupart
des
jour-
naux
- les
difficultés
de la transmission
des carac-
tères par téléscripteurs,
-
la pluralité des
langues et l'insuffisance
relative
des systèmes
de télécommunication.
Tous ces
facteurs
entravent le développement des
agences
de presse aussi
bien au niveau national
que
les
échanges à
l'intérieur du pays ou de la région avec les
a u t r e spa r t i es de l' Af ri que 0 u d u mo nde.
Dans
la plupart des pays Africains et particu-
lièrement en Côte d'Ivoire
les services
de
radiodiffusion
sont di rectement gérés par 11 Etat
et il
faut
reconnaître
- 717 -
que depuis l'indépendance, il ya eu une amélioration
notable au niveau de la technique. Ainsi la quasi totalité
de la population est touchée
mais des difficultés existent
au niveau de la langue. En effet, les langues nationales
choisies (12) occupent un temps d'antenne très réduit
alors que le reste du temps est réservé à l'émission en
langue Française ou Anglaise or environ 80 % de la popula-
tion ne s'expriment pas dans ces langues.
c) Télévision
Contrairement à son aînée (radio), la télévision
pose quelques problèmes, notamment: techniques, infra-
structurels, environnementaux ou culturels etc ...
- Problèmes infrastructurels : la télévision
exige une infrastructure telle que l'énergie électrique
pour son fonctionnement, énergie qui ne se trouve pas qéné-
ralement
hors des principales villes.
- Culturels ou environnementaux
Si l'immédia-
teté de 11 image
liant
image-geste-parole constitue un
avantage, il se pose le problème de son accessibilité.
surtout lorsqu'il s'agit des films ou images projetés.
Par exemple, les décors (paysages) étrangers différents de
ceux de la Côte d'Ivoire, de toute façon cet environnement
est lié à une culture précise, il s'agit des cultures des
pays où ont été réalisés ces films.
,
"~'r7f/r':::ncr-:
l:ntcr'J
:(7)C?2h >"'.:;,:tale
sur
les
pol'iti;-.,.ê,c;
:',j.
~,:
'o":"'unication
8n
Aci",
~c;.:;n Océanie.
Kuala
Lur:::;AÏ'
(Malaisie)
5-14 Février 1979.
PP.
19-21 -
UNESCO.
-
- 718 -
d) Film
Dans ce domaine
beuacoup de pays du Tiers-Monde
ont fait un grand pas, sauf l'Afrique Noire. L1UNESCO rap-
porte que IIl es deux plus grands producteurs de films du
monde.
réalisant chacun environ 400 longs métrages par an.
sont des pays d'Asie: l'Inde et le Japon ll • Selon toujours
la même source
on pourrait citer Hong-Kong, la République
de Corée, la République Populaire Démocratique de Corée et
les Philippines. Il y a quelques années
la République
Populaire de Chine atteignait 500 films par an.
La production des films détermine la position de
chaque nation vis-A-vis de l'extérieur sur le plan culturel.
D'ailleurs ces pays cités ci-dessus ont chacun une langue
nationale et officielle, ce qui n'est pas le cas en
Afrique
Noire.
Le transfert de technologies informationnelles
Al' i ns t a r des au t r est r ans fer t s de te c hno log i es, est un ma1
nécessaire si on considère
le développement auquel
il
contribue.
Cependant
ces technologies transférées sont très
souvent inadéq~ates. Elles exigent peu de main-d1oeuvre
alors que le pays intéressé a besoin de créer de nouveaux
emplois. ce qui entraine un chômage dans ce jeune pays.
même si la rentabilité de ces technologies est quadruplée.
Ces technologies étrangères compromettent la mise en valeur
des ressources d'un savoir-faire local reposant sur des
valeurs et des techniques endogènes. Alors que faire?
Il faut consommer modérément les technolc~'~s étrangères
et intégrer les technologies traditionnelles aux modernes. Seule cette
manière de faire peut désaliéner et désacculturer la Société Ivoirienne.
j.
1
Mais la circulation de l'information nlest-elle pas un
1
problème en soi ?
1
1
1
,
1
v - PROBLEME DE LA CIRCULATION DE L' INFORMATION
Le problème central de la circulation de l'in-
formation. est inhérent aux défauts de déséquilibre, de
domination des pays développés etc .... Cette situation
amène les pays du Tiers-Monde à utiliser des néolocnsmes tels
que: - liberté de l'information - circulation équilibrée
de l'information - libre circulation de l'information -
nouvel ordre international de l'information - libre accès
aux média - etc .... Tout ceci est lié au princioe fonda-
mental de la liberté d'opinion et d'expression - selon
Sean MacBride :
"Si cette libeY'té est un dY'oit de l'individu.,
en Y'evanche,
la libeY'té de
l'infoY'mation
compoY'te à la fois un aspect individuel et
un aspect collectif, elle a pY'is des pY'O-
pOY'tions plus vastes en veY'tu de la diveY'-
sification et du développement des moyens
de
la communication de masse.
La tY'anspo-
sition de la libeY'té d'expY'ession au
domaine de la stY'uctuY'e modeY'ne de la
communication pose inévitablement de
nouvelles questions et fait sUY'giY' de
nouveaux pY'ob l ème s" .
( 17;:;)
Ces questions sont nombreuses
mais nous n'en
retiendrons que quatre :
1- Circulation à sens unique
2- Circulation verticale
3- Domination du marché
4- Libre circulation.
1 - Circulation à sens unique
Nous avons montré dans la première partie que
(]7:5)- Sean l'JACBRIDE : Voix rrrultiples Un seul Monde.
P. 1ô9 Documen-
tation FY'ançaise Nouvelles Editions ::'_:"ricaines - UVESCO. 1980.
- 720 -
les Agences Internationales de presse dominent l'informa-
tion. Aussi cette information part-elle toujours des pays
développés vers ceux en voie de développement. Elle se
réalise donc à sens unique. Ainsi les produits culturels,
les messages, les proqrammes, les nouvelles vont des
puissants
vers les sous-développés, et sur le plan
national, de ceux qui détiennent le pouvoir vers ceux qui
nlen possèdent pas
et enfin, de ceux qui ont les moyens
techniques et financiers vers ceux qui en sont privés ou
qui sont démunis.
Cette situation est inhérente à la colonisation
et aux survivances de l'ère coloniale. En effet
l'Afrique
a pendant cette période reçu son information de l'ancienne
puissance, de plus l'infrastructure archaïque existante
héritée de la colonisation fait encore partie de la pano-
pl ie des IIgagetsll désuets qui encombrent les salles sur-
chauffées ou climatisées des studios des Radio et Télévisio~
Il y a lieu de signaler aussi que ces pays Africains pris
individuellement
ne retiennent pas l'attention des grandes
puissances.
Ce désintéressement à l'Afrique mérite notre
attention.
a) Comment peut-on s'occuper de ~icros états
dont les chefs ont été placés par les grandes puissances
pour protéger leurs intérêts économiques et culturels?
b) Pourquoi
les
grandes
Duissances
slintéressent
souvent
aux
petits pays qui prennent
leur indépendance vis-à-vis dIeux? Dans le premier cas,
v0 ù' Se Cl. n "lA Ci3 RIDE : 0 pt. ci t . PP. L' d - 1 9 :3 •
- 721 -
les
pays
développés
n'attendent
rien
de
ces
pays dominés prêts à recevoir des ordres, à imiter leurs
maîtres. Dans le second cas, on jette tous les anathèmes
sur ces petits pays " re be11es ll qui au fond, ne cherchent
le plus souvent qu'~ affirmer leurs authenticité et iden-
tité culturelles, suivre un modèle de développement
différent de celui qui est généralement proposé "gracement"
par 1e s Exp e r t s du F. M. I. 0 u aut r e sor ga ni s mes
spé ci a1i sés
dans les programmes de développement du Tiers-Monde.
Même ~ l'intérieur des pays Africains les affinités 1 in-
guistiques léguées par les anciennes puissances ne permet-
tent pas une communication inter-états. D'ailleurs Sean
MacBride le souligne à juste titre:
"Les liens historiques entre les anciennes
puissances coloniales et leurs possessions
d'autrefois créent une sélection, au
niveau cl la fois des choix rédactionnels
des journaux et de l'intérêt des lecteurs;
le Zimbcbwé est un sujet important dans la
presse britannique tandis que la presse
Française consacre beaucoup plus de colon-
nes cl la République Centrafricaine".
Et
plus loin l'auteur écrit encore que "Les
liens entre les pays en développement,
encore cl peine établis, sont encore une
survi vance de l'ancienne période coloniale;
les média du Kenya s'intéressent plus cl la
Tanzanie qu'au Zaire et ceux du Niger
davantage aux pays Francophones voisins
qu'au Nigéria.
Le courant en sens unique
est aussi évident dans les Amériquss, où
la position dominante des Etats-Unis dans
la vie économique et politique de la région
se réflète dans l'importance donnée par
les média de
l'Amérique Latine aux nouvel-
Zes
de ce pays"
(1 7 ;
•
(77:)
-
Sean .'vf.ACBRIDE
orto
cit.
P.
130.
1
- 722 -
1
~i
1.'.'·
.
li
1
Dans ces conditions il y a deux remarques qui
s'imposent:
- la circulation se fait toujours du Nord vers
le Sud
- elle se fait éqalement en fonction des aires
culturelles.
Mais ceci nlest pas exclusif, cette pratique
obéissant aux rapports traditionnels Nord-Sud, les messa-
ges et valeurs des mass ·média du Nord sont reçus par ceux
du Sud. Le schéma suivant nous aidera a mieux comprendre.
- 723 -
Niveau international
NORD
Anglophones 1------ Francophones _ _ _1 Pays social istes
SUD
- -
v
t - - - - - - - - \\
-
1
Pays anglophone s
Pays Francophones
Pays Anqlophones et
(tendance
capi ta-
(tendance capita- l--- Francophones sociali-
liste)
liste)
sants
1
1
Afrique de l'Ouest l
1
Afrique Centra le J
1 Afrique Australe '
1
1
1
.. .- --
1
..--
1
A. F .
A. F •
1A.F. 1 -~---- -.r-
--L____--- ----------,_.---------
..
- -
----~~
JI A. A.
~I A.A. 1
-_.------~
A.F.
- Afrique FranC0~~one.
A.A.
= Afrique Anglophone.
- 724 -
La premlere des causes de cette situation est
que les journaux Africains ou les informations radiodiffu-
sées et télévisées sont teintées d'idéologie des partis
politiques unanimistes. Par conséquent. véhiculent des
informations qui relèvent plutôt de l'idéologie politique
spécifique que de véritables informations. Dans ces condi-
tions les pays développés n'ont rien à prendre à ce niveau.
On peut; dans ce cas précis avancer aussi que c'est la
médiocrité de 11 information en Afrique qui est l'une des
causes de cette circulation à sens unique, c'est-à-dire
des pays développés vers ceux en voie de développement
d'Afrique. Autrement dit~ l'information à sens unique est
complémentaire de l'impérial isme
actuel.
La seconde cause est que les réseaux internes
pour la collecte et la diffusion des nouvelles sont
non
seulement médiocres. mais insuffisants. Les correspondants
dans les pays étrangers sont rares:
le plus souvent non
permanents s'ils existent. d'où leur dépendance des agences
internationales de presse. Une telle situation ne peut
qu'engendrer une ~irculation à sens unique et verticale.
2 - Circulation verticale
Ce type de circulation a lieu de haut vers le
bas, c'est-à-dire des pays développés vers ceux en voie de
développement.
Pour les raisons déjà évoquées, notamment:
- idéologiques, infrastructure11es, financières, les infor-
mations circulant en sens vertical obéissent au même ordr~
rapport Nord-Sud ou déve1op~és en voie de développement.
C'est ce qui se produit sur le plan international.
- 725 -
Mais sur le plan national
l'information se
produit du haut (classe dominante) vers le bas (classe
dominée).
En effet l'information est contrôlée avons-nous
déjà dit, par la classe dominante. ce faisant celle-ci la
manipule à sa guise. Oe plus il n'y a aucune possibilité
actuellement qui permette à la classe sociale inférieure
de s'exprimer ou de se faire entendre. Il v a donc absence
de feed-back.
Qulil s'agisse de l'information sur le plan
international ou national, l'information circule verticale-
ment (de haut vers le bas) ; circulation qui est, pour
employer le langage mathématique: transitive; et le
schéma suivant nous éclairera mieux.
P • D.
C.D.
M.
rays
1----->1
développés
Classe dirigeantel
~)IMassel
----"
------------/
P• 0 • -----..) C. o. -1>alors P.O.--9 M.
or
C. O. - - ) M.
_,
~' J~ Y' 0' BR L~ ,/
- 726 -
3 - Domination du marché
Selon les stastiques de l'UNESCO environ
33 millions de mots sont transmis chaque jour par les cinq
grandes Agences internationales. Mais en définitive
ces
Agences demeurent concentrées dans les pays développés. Le
marché des nouvelles internationales est maintenant quasi-
ment entre les mains de ces grandes Agences du fait de la
concentration et de l'expansion. Ainsi développent-elles
leur influence économique, politique et culturelle dans le
reste du monde, en particulier en Afrique Noire.
-
Caractéristiques de la domination du I.:arché
- b~_e~~~i~~~_~~~~~~~~!~~ig~~ des mass
média en Europe et en Amérique du Nord, c'est leur type de
propriété privée ~ ils sont la propriété de grands groupes
ou chaines de presse, et appartiennent à de puissants
hommes d'affaires; en France à Hersant et en Allemagne à
Springer.
- b~_~~SQQ2~_S~~~~~~~!~~!g~~ : C'est la
concentration croissante entre les mains de quelques grou-
pes des mass média (Radio et Télévision) et la presse
écrite. En France.
le groupe Hachette contrôle le monopole
de la diffusion (avec l'édition et llexportation) grâce à
la Nouvelle Messagerie de la presse parisienne (N.M.P.P.).
- b~_~~Qi~i~~~_s~~~s~~~i~~!g~~ : C'est que
l'ensemble de cette presse est la très forte dépendance
par rapport à la publicité commerciale; publicité qui
assure la rentabilité pour les journaux et pour les annon-
ceurs, tels que: les théâtres, les cinémas, les hôtels et
les restaurants, les agences immobilières
sur le plan local.
1
- 727 -
1
Tous les pays développés ont
concentré dans
leurs mains
la presse. Cette situation a permis ~ quel-
ques puissants banquiers de contrôler la presse, soit
matériellement, soit financièrement
et ensuite cette
concentration va créer et propager des modèles stéréotypés
de consommation à grand renfort d~ publicité commerciale
c'est ce qui renforce la Dosition des groupes dominants.
Dans les pays socialistes,
le problème se pose
autrement. La structure méme de l'économie exige que la
presse soit exclusivement sous le contrôle du parti unique
au pouvoir. Ainsi certains Ministères disposent de quoti-
diens spécifiques (agriculture, d~fense, sport etc ... ).
La publicité n'a pas ici les mêmes fonctions;
elle a pour but de servir le commerce de l'Etat aussi bien
à
l'intérieur qu'à l'extérieur de ses frontières. Cepen-
dant la presse des pays socialistes est largement répandue
à diverses occasions (foires, rencontres, conférences,
etc ... ) .
Oans les pays du Tiers-Monde, en particulier en
Afrique, la propriété de la Presse varie d'un pays ~ un
autre, suivant le système politique en vigueur et les
liens du pays avec les anciennes puissances coloniales.
Ainsi certains ont choisi le modèle soviétique et d'autres
la formule occidentale. Mais
qu'il s'agisse du choix du
modèle soviétique ou occidental, la caractéristique fonda-
mentale des mass média en Afrique est la dépendance de
l'information en provenance exclusivement des grandes
Agences internationales de ~(esse.
Quant à la publicité
elle est aussi au service des firmes ou établissements
étranqers.
- 728 -
Les caractéristiques des mass média en Afrique,
vont permettre à la pub1 icité
étrangère
d'avoir des
débouchés supplémentaires pour augmenter ses ressources et
introduire des marchandises en Afrique Noire. Cette publi-
cité étrangère fait également vivre les journaux locaux.
L'information des rays Africnins
dominée par la publicité
et les nouvelles le plus souvent vidées de leur contenu
mais sensationne11es
véhicule des messages pour encouraaer
t
la consommation d'objets d1importation (fromage 1I1a vache
qui rit ll ,
voiture Renault, lame gi1ette etc ... ) qui ne
sont que des produits étrangers. Mais malgré cette situa-
tion~ l'information circu1e-t-e11e librement?
4 - Libre circulation
Qu'entendons-nous d'abord par circulation de
l'information? Il s'agit, nous semb1e-t-i1 de l'échange
de nouvelles d'une part, et d'autre part, de l'échange de
produits culturels tels que les disques, les livres, les
arts plastiques, la musique
la diffusion des information~
t
résultats des recherches scientifiques, nouvelles techno-
logies etc ...
Ainsi donc le problème de la libre circulation
de l'information se ressource dans la période historique
de la domination coloniale, dont 1 'héritage est incontes-
tablement :
- insuffisances des infrastructures des communi-
cations, e11es-mémes liées aux - insuffisances économique~
des tarifs trop élevés, - l'isolement géographique etc ...
Face à cette situation la circulation de l'information
devient donc très limitée. Cependant
on peut situer cette
- 729 -
situation à trois niveaux
Le déséquil ibre existe. et nous l'avons dit dans
le sens Nord-Sud et Est-Ouest. Dans le premier cas
le
problème d'infrastructures se pose, dans le second cas,
le problème paraît beaucoup plus idéologique que technolo-
gique
car ces deux blocs (Est-Ouest) disposent de tous
le~ moyens sophistiqués pour assurer une communication
parfaite. Revenons au premier cas, il s'agit d'une situa-
tion normale (bien qu'anormale) qui traduit bien la logique
des rapports internationaux
donc les rapports impérialis-
tes.
Il Y a d'abord la pauvreté de l'Afrique et en-
suite 1 limage dévalorisante de cette Afrique vis-à-vis des
populations de~ pays développés. L'information reçue sur
le plan international est de loin importante par rapport à
celle des autres réqions du continent. C'est là aussi une
logique du système impérialiste.
L'absence de la libre circulation de l'informa-
tion n'est pas nécessairement inhérente aux problèmes
technologiques; ceux-ci sont beaucoup plus politiques.
C'est là aussi u~e conséquence de la dépendance.
Voir la conférence de l'UNESCO tenue du 22-31 Juillet
1;] 8 f) à
Ya]:ln dé?? .
~ :1 - 25.
- 730 -
L'inexistence d'une circulation relativement
satisfaisante des mass média résulte de l'insuffisance des
moyens de télécommunications dans les pays Africains (man-
que de téléphones, manque de relais, télex, radiodiffusion
à ondes courtes etc .... ).
Cette insuffisance est également due aux moyens
financiers qui engendrent aussi le manque de personnel
(correspondants à l'étranger) pour la collecte, le traite-
ment et la diffusion de 11 information à travers le pays
concerné, hors de ses frontières.
Cette insuffisance enfin, ne peut que favoriser
l'impérialisme culturel
étranger
à
travers les agen-
ces nationales de presse, la radio et la télévision qui ne
véhiculent que les modèles idéologiquement t1 c hargés tl non
neutres de l'extérieur.
Mais examinons maintenant le coat de cet impé-
rialisme et voyons par ordre d'importance les pays qui
exercent l'impérialisme sur la Côte d'Ivoire.
- 731
-
P ERS PEe T 1 V E
POUR UNE NOUVELLE PROBLE~1ATIQUE DES MASS·f'1EDIA
OU DE "DESIMPERIALISATIONûCULTURELLE PAR LES
~1ASS MED lA
- 732 -
1 - LE DEBAT
C'est autour du Nouvel ordre mondial de l'Infor-
mation et la manière dont on doit l'installer que tourne
le débat. Ce qui signifie qu'il fait face au déséquilibre
entre Nord et Sud régissant les relations entre pays
développés et pays en voie de développement. Mais en quoi
consiste t-~e ce nouvel ordre mondial de l'Information?
quel est son contenu ?
On peut.
de prime abord
dire que le nouvel
ordre mondial de l'information implique une réadaptation
véritable; car cette situation se ressource dans la lon-
gue histoire coloniale, par conséquent, elle est un proces-
cus qui doit se situer à trois niveaux: - national -
régional - international.
En effet,
il s'agit d'un besoin clairement
exprlme par les pays en voie de développement, un désir
d'instaurer un nouveau raooort fondé sur l'égal ité dont le
corollaire est la libre circulation de l'information,
l'équilibre entre Nord et Sud- tel que le recommande la
charte de l'O.N.U. en ce qui concerne la souveraineté et
l'intégrité territoriale des Etats. Ce nouvel ordre est
donc fondé sur des principes démocratiques tendant à réa-
juster ou corriger le déséquilbre existant entre développés
et en voie de développement. Un
tel objectif
pour louable
qu'il soit, ne peut être réalisé sans qu'on prenne en
compte des actions dont le but serait de corriger, de com-
bler les lacunes, d'opérer un rééquilibrage des rapports
anciens. Le débat doit donc se situer sur trois plans
- politique - financier et technique - juridique.
Voir Mustapha MASMOUDI : Le nouvel cr~re mondial de l'In-
formation.
PP.
11-24
;
nO 31 -
UN2SCO Paris.
-
733 -
1.1. - Sur le plan politique:
Il s'agit ici d'éliminer l 'héritage colonial en
matière des mass média. Ce faisant
une nouvelle défini-
tion de la politique de l'information, son rôle, ses
actions à entreprendre aux différents niveaux de la
rédaction, la collecte, la sélection et la diffusion de
l'information, sans toutefois oublier l'aspect social et
non de marchandise de cette information, doivent être
systématiquement menés.
C'est au niveau de ces pays que se pose le
véritable problème de déséquilibre et qui est dramatique
et tragique.
En effet
comme nous l lavons montré au cours de
notre étude, on se soucie beaucoup moins de l'information
réelle de la population que de sa manipulation. Ainsi
donc
l'instauration du nouvel ordre internation~l de
l'information suppose: - la définition des politiques
claires des mass média nécessaires au développement socio-
économique et culturel de chaque pays; politiques qui
doivent consister en des échanges permanents de programmes
d'information horizontale aux plans régional et sous-
régional - l'instauration des moyens favorisant la libre
circulation de l'information et le renforcement de l'as-
sistance aux pays en voie de développement par ceux
développés - démocratisation des moyens et structures
d'information ainsi que la sensibilisation des média in-
ternationaux sur le déséquilibre persistant.
- 734 -
Il s'agit d'attirer l'attention de l'opinion
publ ique sur les actions menées par les pays non alignés
en mettant en relief l'interdépendance de plus en plus
évidente de différentes nations de cette planète. Ce qui
suppose la modification de l'ordre impérial iste régissant
le monde en pays déveloopés et ceux en voie de développe-
ment. Car jusqu'à ce jour
malgré les appels de l'UNESCO,
l'opinion publique des pays développés continue d'ignorer
l'écart croissant entre eux et les pays démunis en adop-
tant à~Wt égard une attitude d'indifférence. Ainsi
le
problème posé, c'est d'aider à la décolonisation de
l'information par une approche plus objective en tenant
compte des aspirations et des préoccupations des peuples
en d~veloppement
et en évitant une incitation à la haine,
à la discrimination raciale, confessionnelle, politique ou
toute autre forme de racisme.
A ce niveau
plusieurs problèmes se posent,
notamment le transfert de technologies informationnelles,
l'aide aux pays en voie de développement
une assistance
effective et efficace.
En effet~
le transfert de technologies doit être
la forme de transfert que nous avons proposé dans les cha-
pitres précédents, à savoir le savoir-faire et non les
us~nes clés en main - une aide aoportée aux pays en déve-
loppement, une aide dénudée de toute domination et
d'impérialisme culturel, ce qui suppose des dons qui
n'hypothèquent pas l'avenir des pays concernés car
comme
le souligne Lê Thànk Khôi
:
- 735 -
"le don n'est jamais gratuit pour le béné-
ficiaire
; en effet, il fournit des
services au personnel de la coopération
{transfert,
logement} entretient et fait
fonctionner les bâtiments et les installa-
tions ; ces dépenses récurrente3 atteipnent
souvent plus de la moitié du coût de
l'investissement". {1'(5}.
Enfin llassistance technique devra être effecti-
vement au service du pays en développement et non cet
agent par llintermédiaire duquel sont favorisés des marchés
et contractés des ooérations et des commandes. D'ailleurs
Balous souligne à juste titre:
"une assistance technique cl la radiodiffu-
sion-télévision Tunisienne a entratné des
commandes de matériel pour les émetteurs
de télévision" (176) .
En effet
les grandes entreprises occidentales
implantées dans le Tiers-Monde, singulièrement en Afrique
Noire
ont intérêt à ce que persistent les relations
privilégiées entre la terre d'accueil et leur pays d'orioine.
Ainsi les chefs d'entreprises désirent ou souhaitent cette
assistance ou coopération culturelle et technique
surtout
de la langue. qui assurent une clientèle locale certaine
et dévouée. Mais examinons ce qui se passe sur le ~lan
financier et technique.
1.2. - Sur le plan Financier et Technique:
Les actions dont nous avons parlé plus haut ne
(l/f; - Lê Thành KHor : L'industrie de l'enseigneme~t : P. 340. Ed .
.v.inuit. 1967. Paris.
- 3ALOUS Suzar;ne
l'action culturelle de la Frances dans le
~onde : P. 176 Ed. P.U.P. 1970.
- 736' -
peuvent concrètement se rédliser que si nous ccnsidérons
les structures techniques d'une manière globale sur le
plan international. A partir de ces considérations, on
peut retenir comme lia fait l'UNESCO, cinq points impor-
tants, à savoir: - les télécommunications - l 'utilisation
des satellites - répartition du spectre des fréquences -
Transport des publications - transfert de technologies
seule la satisfaction de tous ces points énumérés peut
rétablir l'équilibre entre pays développés et pays en voie
de développement.
2.1.
- Télécommunications
Il importe de reconsidérer la situation de
déséquilibre actuel. Pour cela il faut - lutter en faveur
de l'abaissement des tarifs de communication entre pays
développés et pays développés d'une part, et d'autre part
entre pays en développement - réviser la tarification en
vigueur actuellement afin de ne pas pénaliser injustement
les sous-développés - favoriser l'implantation des liai-
sons directes entre pays développés et en voie de
développement.
2.2.
- L1utilisation des satellites
Bodgan Osolnik écrit:
"La radiodiffusion par satellite devra
respecter la uouveraineté et l'égalité de
tous les Etats ...
L'utilisation de la ra-
diodiffusion par satellites pour la libre
circulation de l'information a pour objet
d'assurer une diffusion aussi large que
Voir MASMOUDI Musta~ha
opt.
cit.
PP.
22-24.
- 737 -
possible, parmi les peuples du monde, des
nouvelles de tous les pays, développés et
en voie de développement ... Les programmes
culturels,
tout en favorisant l'enrichisse-
ment de toutes les cultures devraient
respecter le caractère distractif,
la
valeur et la dignité de chacune d'elle,
et
le d~oit qu'ont tous les pays et peuples de
préserver leur culture comme élément de
patrimoine commun de l'humanité".
(1??)
Si nous prenons à notre compte cette idée de
l'auteur qui pose le vrai problème de l'utilisation des
satellites, ces derniers doivent être considérés comme un
moyen pour alléger certaines activités des télécommunica-
tions. Aussi doivent-ils servir dans la diffusion des
programmes radio et télévision en conférant un rôle pré-
pondérant aux pays en développement.
2.3. - Transport des publications
Il faut promouvoir ici l'échange entre pays en
développement et pays développés. C'est 11 idéal
mais là
se pose encore le problème de la presse Africaine inféodée
à l'Etat et sa médiocrité rédactionnelle. Quoiqu'il en
soit, on se heurterait à un refus implicite des responsa-
bles politiques même si apparemment ils donnent l'impres-
sion d'adhérer à cette idée; d'ailleurs les censures de
certains journaux Français et même des censures ponctuelles
des journaux autorisés ne peuvent que nous confiner dans
une réserve quant à l'échange de l'information entre pays.
Par conséquent. ce problème est lié à la conception
africaine de la politique, conception unanimiste qui ne
peut permettre une information objective et totale.
(l77
- Bodgan OSOLNIK
objectifs et stratégies d'un nouvel ordre
international de ta communication. Problèmes des communica-
tions nO 32 - P. J - UNESCO Paris.
-
738 -
2.4. - Répartition du spectre des fréquences
La démocratisation à ce niveau
se pose. Il
s'agit d'une redistribution équitable de la source du
spectre en éliminant le statu quo actuel, ce qui implique
une répartition équitable entre toutes les nations et le
maintient en ce qui concerne les bandes 1, 2, 3, 4 et 5
de télévision pour les régions II et III, et le statut
actuel. Cependant la révision des plans de canaux de télé-
vision établis à Stockholm en 1961 et à Genève en 1963 en
vue d'un nouvel équilibrage s'avère nécessaire.
2.5. - Transfert de technologies
Un chapitre a été consacré à cet effet
mais il
faut insister sur la modification de l'esprit qui régit
ce transfert. ainsi ne seront transférés que le savoir et
le savoir-faire.
1.3. - Sur le plan juridique
Le problème posé est la nouvelle définition du
droit de la communication; car il est impensable d'avoir
une justice dans les massmédia internationaux sans droits
dans le domaine de la communication. Ce qui implique le
sens réel de 11 information. Pour notre part
11 information
doit être considérée comme un bien social et non comme un
produit matériel ou une marchandise.
Si nous admettons cette idée, tous les pays auront droit
au même titre à llinfonnation devenue un patrimoine de toute l'huma-
nité. Ce qui implique: - l'équité et 1légalité - le droit d'accès
aux sources et une déontologie Drofessionnelle. Mais face à tous ces
problèmes
quelle est la position de l'U.N.E.S.C.O.
- 739 -
II - LA POSITION DE L'U.N.E.S.C.O.
A la fondation de l'UNESCO en 1945, les Etats-
Un·is membres se déclaraient à assurer:
"- la libre poursuite de la vérité objective et
le libre échange des idées et des connaissances".
(178)
Ils ont en outre dé~idé de
"- développer et multipli.er les relations
entre leurs peuples en vue de se mieux comprendre et d'ac-
quérir une connaissance plus précise et plus vraie de leurs
coutumes respectives". (179)
Plus loin la convention souligne
"L'organisation favorise-la connaissance et la
compréhension mutuelle des nations en prêtant son concours
aux organes d'information des masses; elle recommande
à
cet effet
tels accords internationaux qu'elle juge utiles
pour faciliter la libre circulation des idées
par le mot
et par l'image" (180).
Tels sont entre autres
les objectifs que s'est assignée
l'organisation des Nations-Unis pour la science et la
culture. Cette organisation doit également jouer un rôle
conceptuel, opérationnel et rormatif.
De tels objectifs doivent exclure - en premier
lieu, le transfert de formation dans sa forme actuelle.
(173;
-
(279)
-
(l8D)
-
Conférence intergouve:..'nementale
sur les politiques de
la co~~unica
tion en Afrique: Yaoundé 22-31 hilZet
1980 ; PP. 54-55 - UNESCO Paris.
- 74.0 -
D'ailleurs le directeur général de cette organisation
écrit :
"Résoudre les problèmes de la communicatio~
ne saurait Sl3 ramener à effectuer des
transferts de technologies ou une redis-
tribution de ressources, même si ces
transferts et cette redistribution consti-
tuent des éléments importants d'un nouvel
ordre économique mondial de l'inForma-
tion ... " (181).
Pour l'UNESCO donc.
la solution semble beaucoup
plus liée à la sauvegarde de toutes les libertés fondamen-
tales, ainsi qu'à un réaménagement des rapports de la
communication au savoir, à l'argent et finalement au
pouvoir, en considérant le respect de l'identité cultu-
relle de chacun, de la libre détermination de chaque
comnlunauté. en fonction des besoins impérieux de partici-
pation, de progrès et de compréhension mutuelle.
La position de l'UNESCO nous semble idéal iste
car la modification des rapports (Nord-Sud) dans le
domaine de l'information doit, pour notre part entraîner
ceux des autres domaines. notamment économique, politique
et juridique.
Peut-on exiger une égalité au niveau de l'information
alors qu'on ne maîtrise pas les agence5 qui les fournis-
sent? Peut-on exiger la liberté ou la démocratisation de
l'information alors que, par manque de moyens financiers,
on ne maîtrise pas la technologie, on ne produit rien, et
enfin 0'1 dépend exclusivement de l'extérieur? D'ailleurs
Masmoudi Mustapha écrit à juste titre:
(L<)
-
Ibid. p. ;;;5.
- 741
-
"
L'~~atauration d'un nouvel ordre de
l'information apparatt comme le corollaire
indispensable du nouveel ordre économique
international" (192).
Par conséquent le débat se situe d'abord au niveau de
i 'ONU et ensuite ~el'UNESCO, et le déblocage d'une situa-
tion entraîne inévitablement l'autre (nous l'avons déjà
montré).
III - CONTRAINTES LINGUISTIQUES
Le problème des langues nationales est l'un des
problèmes centraux que pose le développement des mass
média et de la communication en général en Afrique Noire
et en particulier en Côte d'Ivoire.
En effet
sur 3.500 langues utilisées dans le
monde entier, il y a en Afrique 1200. parmi lesquelles
certaines d'entre elles telles que le Swahili, le Ouolof
et le Haoussa sont util isées dans de vastes régions englo-
bant différentes nations
comme le souligne la commission
générale de l'UNESCO présidée par Sean MacBride. Clest
dire que la communication pose problème au niveau hori-
zontal, c'est-à-dire entre Africains de même pays et de
pays différents. Mais l'utilisation d'une langue étrangère
a deux types de conséquences :
a) con s éque nces à cou r t
te rme
b) conséquences à long terme.
, ...
~..
'.
- MASMOUDI Mustapha
opt.
cit.
P.
25.
- 742 -
Dans son ouvrage langues et politiques de lan~ues
en Afrique Noire, Alphâ Ibrâh1ma Sow souligne
comme
conséquences :
a) - Séparation entre groupes sociaux d'après
l'âae et la classe et sur le plan géo-
Jr'r:?;:~r:.:'2 (ville et c_-:mpagne).
b)- Constitution d'une élite éduquée réu-
nissant des membres de différentes
communautés linguistiques indigènes.
c)- Affaiblissement et altération ode la
langue étrangère à mesure qu'on descend
l'échelle sociale et qu'on s'éloigne
des centres d'instruction.
d)- Mobilité professionnelle accrue à l'in-
térieur du pays,
effaçant les frontières
entre les langues indigènes.
e)- Nécessité de réviser le statut des
langues indigènes dans
l'enseignement
enfin,
éventuellement, de favoriser un
bilinguisme précoce.
f.!- E;f,:'ets
J8rturbateurs sur les str:,/]-';ures
c~~t~Y'e~les indigènes.
g) - po ss ibi lit é d'une ré sis tance naticna!iste
ou idéologique de
la population.
a)- Unité sociale et politique,
dans la
mesure où elle peut être forgée par la
communauté de langue.
b)- Viabilité accrue de
la nation au ~lan
in ter".ê::">:Jnal.
c)-. Perte de couleur et de saveur locales
dans la vie du pays.
d)- Evolution de
la langue adoptée aussi
bien ê::te l;;;s langues vernaculaires.
-
743-
e)-Changement intéressant la conscience
nationale du pays et peut-itre sa
position sur ~ 'éc7,iouier international"
(13';
On se rend bien compte que les conséquences
permettent de poser le problème de choix d'une langue.
En effet.
il ne s'agit pas d'abord de choix
volontairr
mais d'un fait accompli. Dans le cas de la
Côte d'Ivoire et d'ailleurs dans la plupart des pays Fran-
cophones, un choix volontaire d'une langue n1était pas
possible. On ne pouvait utiliser que ce qui était legué
par la colonisation dans la mesure où les langues
nationales avaient systématiquement été re1eguées au
dernier plan.
Si nous examinons les conséquences
surtout à
long terme, nous nous rendons compte de l'existence d'un
impérialisme. Nous l'avons d'ailleurs démontré; la langue
étrangère - acculture - aliène.
Apparemment
on peut dire aussi que les effets
bénéfiques l'emportent Sur les négatifs à long terme, mais
il n'en est rien.
La langue d'emprunt (Français) réalise llunité politi-
que
et
sociale. C'est vrai, mais
rr:enace l l affirma-
tian de l'identité et de l'authenticité culturelles, et
fait disparaître les cultures minoritaires indigènes,
c'est-à-dire une certaine variété de richesse culturelle.
-- La langue étrangère officialisée facilite la communica-
tion sur le plan national; mais elle crée en même temps
(lé':;,
-
Alphâ Ibrâhûna SOW : Langues et politiques de langues en
Afrique Noire. P. 59 Ed. Nubia/T).'lESCO 1977.
..
744 -
des clivages sociaux entre ceux qui
la maîtrisent et ceux
qui
l 1 i g no r e nt; cl i vag es soc i a u x pou van t set rad ui re e n
véritables classes sociales.
s'inscrivant dans un rapport
dominant-dominé.
D'ailleurs Sean MacBride souligne à juste titre
que
"La multiplicité des
langues~ dont chacune
est l'incarnation de
longues
traditions~
tradui t
la ri chess e et la dive rsi té cul-
ture l les
du monde." (183)
Face dont à ce dialogue de sourds
que faire?
Bea uco up de l an gue s de vro nt être ut i lis ée sen
Afrique, dans
l'enseignement et la Recherche, dans les
pub l i c a t ion s. Cel a est po s s i bles ion sere f è re à
l 'U.R.S.S. qui emploie 89 langues.
L1utilisation des langues
nationales. bien que
di f f i ci l e co ns t i tue un fa c te u r d 1 i ndép end a nce cul tu re 11 e ,
bi e n sûr.
re lat i ve
car:
les mass média intéressent toute la population,
par conséquent chacun a, quelle que soit sa culture
droit
à l'information.
le développement réel
implique une communication
à
l aque l l e les l a ngue s na t ion ale s pou r ro nt
ré p 0 nd re etc...
(183)
-
Sean 1f1ACBRIDE:
opt.
cit.
P.
60.
- 745 -
IV - DEMOCRATISATION DES RELATIONS DANS LES MASS ·MEDIA
La modification des relations internationales
entre le Nord et le Sud et l'instauration d'un nouvel
ordre international des mass média
entraîneront un boule-
versement total dans les relations internes entre les
acteurs participant au processus des mass média, change-
ments représentant une condition préalable à la démocrati-
sation des mass média internationaux.
Incontestablement
la découverte de nouvelles
techniques des mass média conduisent au développement des
systèmes toujours plus grands et à une centralisation plus
accentuée de ces systèmes. Ainsi au niveau individuel
l'individu subit une aliénation croissante.
Il est éviden~
dans le cas d'une concentration poussée des moyens de
communication
que le nombre de ceux qui prennent les
décisions inhérentes aux activités des mass média
soit de
plus en plus restreint.
tandis que leur influence sur la
vie humaine accroit régulièrement.
Selon Bogdan Osolnik
"Le syst~me pour manipuler la pens~e de
l'homme fonctionne de telle façon qu'un
individu contemporain, avec sa "libert~"
devient souvent le prisonnier de concep-
tions ~trang~res du monde, car elles lui
sont impos~es de
façon constante et
syst~matique." (185).
Voir objectifs et strat~gies d'un nouvel ordre inter-
national de la communication.
Commission nO 32 U.N.E.S.C.O.
Pa rl. s - PP.
11-14.
(185r BOGDAN Osoînik :
Some Problvms concerning interna-
tional communication ... Papers of the symposium on
"Mass-medias and International Undestanding ;
LjublJana,
1968".
- 746 -
En dépit de cette affirmation de l'auteur
nous
estimons que les massmédia doivent contribuer à la démo-
cratisation de la vie sociale
à la transformation
qualitative du monde, aux solutions des problèmes menaçant
l'existence même de l'Humanité. Mais c'est ici que se
pose un problème aux solutions contradictoires.
Peut-on alors faire co;ncider la structure et
les activités des média avec la nécessité de la démocrati-
sation de la vie sociale, l'affirmation des droits de
l'homme et le rôle actif de l'individu dans le procès de
prise de décision?
L'UNESCO retient les droits suivants
liberté de pensée et d'expression
- droit à être informé des questions publiques
- droit d'accès aux média
protection de la vie privée
- droit de réponse en cas d'insulte
ou d'atta-
que injustifiée contre la réputation d'un
individu
- droit d'association pour fonder des journaux
ou d'autres organes d'information etc . . . . (186~.
Si nous admettons la démocratisation des rela-
tions sociales, de nouveaux droits peuvent s'ajouter à
ceux énumérés par l'U.N.E.S.C.O.
Il ne s'agira plus du droit à être informé
simplement, mais - le droit d'être informé de toutes les
questions aussi bien économiques, sociales et politiques,
culturelles qu'informationnelles. C'est-à-dire que tout
(" -.'
-
:-:OGDAN Osolnik
opt.
eit.
P.
13.
- 747 -
citoyen informé de cette manière est apte ~ se prendre en
charge. D'une manière générale, les pays du Tiers-Monde
réclament la démocratisation des massmédia, c'est bien,
mais cela ne peut que permettre de philosopher sans
toutefois trouver une vraie solution dans la mesure où en
Afrique Noire, le problème de démocratie politique, écono-
mique et culturelle se pose. L'unanimisme politique venant
du haut vers le bas (de la classe dirigeante vers celle
dirigée), ne
peut qu'instaurer des rapports dominants-
dominés au niveau national.
Au niveau des pays développés (occidentaux), la
concentration des média est particulièrement grande,
entra'nant le monopole de grands "trusts".
La démocratisation dans ce cas exige une décen-
tralisation et une démonopolisation. On peut dire que le
problème de la démocratisation des mass ·média est universel.
La solution réside d'abord:
dans la démocratisation de la société
avec
la pluralité de pensée et de conceotion de la vie dans les
Etats Africains.
- la décentralisation et la démonopolisation de
ces mass média dans les sociétés occidentales.
Or dans le cas de l'Afrique la non démocratisa-
tion est un facteur de stabilité politique et de survie
des régimes en place. De l'autre côté (Occident), la mono-
polisation et la concentration des mass média entre les
mains de quelques-uns, fait partie dela logique
économiqu~
de base du système capitaliste. On arrive donc à un dialogue
de sourds. Une solution est-elle p~ssible dans ce cas?
- 748 -
v - POUR UN NOUVEAU STATUT DES MASS MEDIA
Nous avons ~YWté.. l'appartenance des mass média à
l'état dans des pays'ct~JU.c.ain~à Jtég-Ûne. c.ctpLtcttL~te.. Le~ oJtgctl'l.-Wme~
de télévision sont ainsi placés sous l'autorité du Ministère
de l'Information, lequel décide seul des investissements à
effectuer et procède au recrutement de tout personnel admi-
nistratif, rédactionnel et technique, en un mot
le fonc-
tionnaire.
Cette situation s'explique apparemment: - motifs
d'ordre économique (nécessité de moyens financiers dont seul
l'Etat disposerait) - d'ordre technique (limitation du nom-
bre de longueurs' d'onde)
- cul ture1 (garant i e de l' i ndépen-
dance, développement des particularités nationales.) etc •••
Par exemple au Gabon. existent deux chaînes de télévision:
- l'une placée sous l'autorité directe du chef de l'Etat et
- llautre, sous la tutelle du Ministre de l'information. En
Côte d'Ivoire
il y a aussi deux chaînes. mais placées sous
l'autorité du Ministre de l'Information, de la Culture, de
la Jeunesse et des Sports. En dépit de ces différentes chaî-
nes, la situation est toujours la même; le contrôle des
mass média par l'Etat.
Théoriquement: les objectifs que les autorités a-
fricaines s'assignent en matière des mass média sont:
- oeuvrer pour le développement économique,
- faire participer les populations à l'édification
nationale,
- promouvoir la culture nationale et traduire les
~spirations des populations,
- contribuer à la suppression des dichotomies zo-
nes-urbaines-zones rurales, masses-élites etc ..•
- 749 -
A partir de ces objectifs clairement définis, on
peut
aujourd'hui s'interroger sur l'efficacité des struc-
tures qui régissent les mass média depuis leur introduction
en Afrique.
Il est évident
en dépit des réserves que suscite
le contrôle étatique au plan de l'information eu égard à
leurs implications politiques: et souhaitable que ces mass
média fussent contrôlés par l'Etat. Mais faut-il encore que
les dirigeants politiques prennent conscience de la prise
en charge que cela leur impose. La concentration excessive
entre les mains d'une poignée de capitalistes, n'est pas
non plus la solution; puisqu'on assiste à la loi du capi-
tal, donc
au diktat de quelques individus en occident. Il
faudrait
dès lors. que l'Etat contrôlât ces mass média,
mais ils ne devront plus être conçus à partir de la capita-
le
de sorte qu'une importante partie de la population se
trouve marginalisée et que leurs aspirations et leur vécu
quotidien soient complètement ignorés.
Mais nous pouvons proposer la solution suivante:
- l'assouplissement de ce mode de fonctionnement
qui paraît donc nécessaire pour l'heure.
- une décentralisation progressive grâce à la
création des stations régionales ayant une certaine autono-
mie au niveau de la programmation doit être encouragée. Ce
qui entraînerait une intéqration plus rapide
surtout si
ces stations recouraient aux langues nationales en vue de
l'établissement de la communication sociale.
Mais la publicité peut être un moyen.
En effet
les budgets nationaux ne suffisent pas
pour financer les programmes corrects des émissions. Cer-
- 75Q -
tains pays tels que: le Kenya, le Nigéria, le Gabon et la
République Centrafricaine l'ont déjà compris. Quant à la
Côte d'Ivoire: elle hésite. Mais cette publicité sélective
taccessible aux firmes et produits étrangers) dans le cas
de la Côte d'Ivoire n'est pas non plus une solution souhai-
table.
Cette publicité doit d'abord privilégier l'arti-
sanat et les petites unités de production locales, ensuite
donner la possibilité aux grandes firmes internationales de
se produire. C'est
nous semble-t-il
la condition qui puis-
se permettre à la publicité de remplir sa mission et en mê-
me temps financer la radio et la télévision.
U'ailleurs le tableau suivant nous montre bien l'audience
de la télévision.
En effet
depuis leur introduction en Afrique
les mass média modernes ont envahi toutes les couches so-
ciales, même le milieu analphabète: 20 % ; et si 79 % de
cette catégorie écoutent occasionnellement ou jamais
cela
peut s'expliquer par l'inaccessibilité de la télévision
pour les raisons déjà évoquées. Cependant si toutes les fa-
milles Ivoiriennes en disposaient, nous pensons que le
pourcentage d'écoute serait beaucoup plus élevé.
La publicité pourrait alors toucher plus de per-
sonnes et son impact beaucoup plus grand; ce qui augmente-
rait les revenus dont la conséquence serait incontestable-
ment l'autonomie de gestion et l'indépendance de ces mass
média et des journal istes jusqu1à ce jour fonctionnaires.
- 751
-
L'AUDIENCE DE LA TELEVISION
Tableau
53
DANS KUIT CAPITALES D'AFRIQUE FRANCOPHONE(l)
AUDITEURS
AUDaEURS
ECOtrrENT
TYPE
!l'AUDITEURS
REGULIERS
OCCAS'tON-
RAREMENT
TOT A L
NELS
OU JAMAIS
ENSEMBLE
%
38
19
43
100
SEXE
- -
- HOlllllll!l
%
41
20
39
100
- FellllDel
%
35
16
49
100
PROFESSION
- Agriculteurs
%
29
-
11
100
- Ouvriers
%
35
21
44
100
- Manoeuvres, personnel de service
%
20
24
56
100
- Chauffeurs
%
27
la
63
100
- COlllllll!rçants, artisans
%
24
17
59
100
- Employés, cadres moyens
%
37
19
44
100
- Cadres sup~rieurs
%
70
5
25
100
- Enseignants
%
45
20
35
100
- E1èves, ~tudiants
%
47
18
35
100
- Ménagères
%
34
15
51
100
- Icactifs, chôtreurs
%
28
27
45
100
NIVEAU D'INSTRUCTION
- Non scolarisés
%
20
7
73
100
- PrilllAire incomplet
%
27
18
55
100
- Prilll4i re complet
%
30
22
48
100
- Secondaire incomplet
%
40
19
41
100
- Secondaire complet
%
48
16
36
100
- Supérieur
%
52
18
30
100
1
.
Auditeurs réguliers
tous les jours ou plusieurs fois par semaine
Auditeurs occasionnels
au moins deux ou trois fois par mois
---------------------------------
(l) Source: MARCOMER.
S.A.
- 752 -
VI - POUR UNE COOPERATION INTER-REGIONALE
Depuis quelques années le problème de coopéra-
tion entre pays Africains et ceux du Tiers-Monde se pose,
entraînant même la création d'organismes tels que:
lIURTNA, la PANA, le PANAFTEL, ~ 'ACCE, l'AACTTI, la
CRE PLA etc ..... L'objectif de ces différents organismes
est d'associer différents organismes privés ou publics
tendant à développer les moyens de communication et la
circulation des messages.
Mais ces organisations devraient avoir pour
toile de fond.
l'unité Africaine. Or cette unité ne peut
se réaliser dans cette diversité de régimes politiques ou
- certains pays cautionnent l'impérialisme aussi bien
politique, économique que culturel et informationnel,
d1autres au contraire le condamnent. Cette contradiction
n1est pas de nature à favoriser une ~oopération entre
pays Africains, coopération qui devrait porter, comme le
fait remarquer l~UNESCO
sur les points suivants:
- échange d'informations et d'expériences
- recherche scientifique et technique
- documentation
- formation de personnels spécialisés
- mise en chantier d'industries électroniques
- production et échange de messages et de pro-
grammes
- collecte et distribution de nouvelles
- fabrication de supports (films, bandes etc ... )
création de réseaux de télécommunication
- 753 -
- stimulation de la création littéraire et
artistique et promotion des industries cul-
turelles.
(H~6)
Cependant
pour louables que soient ces propo-
sitions
rien ne pourra se réaliser sans aides extérieures
effectives. Pour preuve, une union africaine des agences
de presse a été créée dès 1962, mais faute de ressources,
elle nia pu faire grand-chose.
En 196~.
les chefs d'Etat de 1 1 QUA ont approuvé
le principe de la création d'une agence dlinformation
régionale, mais ce nlest qu'au cours des dernières années
qu'une impulsion a été donnée à ce projet (conseil inter-
gouvernemental de 11 information en Afrique) créant
1 1 Agence de presse panafricaine (PANA) en 1979.
Hormis le douloureux problème financier, il y a
l'obstacle politique de loin le plus important. Les chefs
d'Etat Africains sont habitués aux louanges de leur jour-
nalistes-fonctionnaires, ce faisant
ils ne peuvent
admettre ou souffrir des critiques dlune presse d'un Etat
voisin, cela constituerait un incident diplomatique. Une
telle coopération basée sur les louanges où le journaliste
n'est qulun thuriféraire du régime
en place ne peut pas
faciliter une coopération véritable où s'échangeraient
des informations sur chaque pays. Ce qui suppose que les
mass média ne soient plus contrôlés par l'Etat et que le
journaliste jouisse d'une liberté dlinformer et non d'en-
doctriner.
Il s'agit là d'une profonde remise en cause de
la société Africaine où le dirigeant est devenu le rouveau
colon.
(lad) -
Conférence intergou:-·q.!'':2-''t;,:-::ùle sur les politiques de !Al
corrurrunication en Afr~:.A.e. :"2oundé 22-31 Juillet 1980 ; p. 49.
-
754 -
Sur le plan international. le problème se
complexifie. Il faut reconnaître que 11 information est en
partie fournie par les Agences internationales de presse,
mais il s'agit de la manière dont elle est exploitée par
la classe dirigeante nationale. Même les images filmées
en provenance de FR3 sont découpées afin de les rendre
aptes à la consommation de l'Ivoirien, aussi lors des
récents événements d'Haiti, la séquence qui montrait la
profanation des restes de Duvalier a-t-elle été ·présentée sans
f .
doute par inadvertance et à l'édition télévisée suivante,
elle a été censurée. ainsi que les déclarations des per-
sonnes se sentant libérées du joug de Duvalier. C'est ce
qu'on appelle en Côte d'Ivoire la haine dans les autr-es pays et
dont l'Ivoirien est étranger parce qu l i1 1 l ignore.
En dépit de tout ceci; 1 IIdentité culturelle ne
serait-elle pas la voie qui mènerait l'Afrique à sa véri-
table indépendance?
VII - POUR UNE IDENTITE CULTURELLE
Le problème de l'Identité culturelle mis en
chantier dès 1975 après celui de l'authenticité est incon-
testablement le point de rencontre de plusieurs sciences,
notamment: - la Sociologie - l'Histoire: - la Philosophie
- l'Ethnologie, etc .•..
Du point de vue théorique
toute pensée philoso-
phique naît en rapport avec une société donnée. C'est pour
mettre de l'ordre dans la société ou résoudre une crise.
Sans ~oas lancer dans un débat sur la philosophie. nous
pouvons dire que Marx intervient au 1ge siècle dans le
champ philosophique en Europe avec 1 lindustrialisation où
- 755 -
les enfants obl igés de travailler
ne vivent plus leur
enfance. où l'exploitation de l'homme par l'homme s'accen-
tue
et où les villages se dépeuplent au profit des villes
etc ... Marx va donc penser la crise et trouver une solution.
En Afrique, après la traite des Noirs et la colo-
nis~tion, il y a une crise politique, économique et
culturelle. Cette situation ayant existé, on s'est interrogé
sur ce qulon a fait pour mériter ce sort.
La premi~re forme d'identité, c'est l'affirma-
tion de la personnalité Africaine face au colon Blanc;
c'est-à-dire l'identité du Noir face à l'identité du Blanc.
La revendication d'identité est donc une réponse à une
situation de domination, donc à une volonté de rupture.
La première question qu'on peut se poser est la suivante
Est-ce que l'état actuel n'est pas une forme
occidentale dans laquelle nous entrons?
On se leurre parce qu'on n'a pas interrogé
suffisamment les formes qu'on veut rétablir, restituer
(philosophie, histoire, écriture .•• ). Ce n'est pas le
peuple Africain qui siest posé la question comme manquant
de ceci ou de cela (sociologie, culture, architecture .•.. ),
mais c'est l'occident qui lui a infligé ces complexes. Si
on dépasse ceci et on rentre dans son questionnement, on
entre dans son jeu, dans le jeu de son questionnement. Ce
n'est donc pas dans les réponses qu'il y a mystification,
mais dans les questions qu'on pose.
On peut dire que l'identité culturelle n'existe
pas, car il n'y a pas deux objets strictement identiques.
- 756 -
La recherche de l'identité noire africaine,
c'est le rôle de celui qui voudrait être le noir qu'on a
voulu qu'il soit. Il faut donc penser llidentité en fonc-
tion d'une non identité
car c'est A partir de la que nous
nous sentons non identique à l'autre que nous cherchons le
retour aux sources.
A partir de là
on peut voir comment un individu
peut fonder une identité: Côte d'Ivoire avec Houphouët
Boigny, le Zaïre avec Mobutu etc ••• Il slagit d'un travail
de réécriture de l 'histoire, de rature consistant A ins-
taurer du mythe dans sa propre histoire; cela entraîne
aussi la non identité qui est bafouée, réprimée.
La question de l'Africain nlest plus d'être ou
d'être aliéné ou acculturé; mais comment assume-t-on
cette aliénation? Est-ce qu'on sien charge pour avancer
ou le porte-t-on comme un fardeau qui nous empêche
d'avancer?
L'identité culturelle revit aujourd'hui ure
forme politique ou politicienne dans la mesure où elle
émane des hommes politiques. Cette identité culturelle
est avant tout politique. car sous le culturel
est in-
jectée une idéologie politique. En cela. elle est un
slogan mystificateur au service de la classe dirigeante,
masquant ainsi les vrais problèmes de classe sociale. Sous
sa forme actuelle, l'identité culturelle ne peut que noyer
la population dans un suivisme politique, devenant ainsi
la négation de ses propres intérêts. Il s'agit donc de
repenser l'identité culturel le qui soit l'émanation de la
masse. Mais l'identité culturelle est liée A l'authenticité.
-
757 -
VI l l -
POUR UNE AUTHENTICITE CULTURELLE
Le mot Authenticité est de plus en plus,
depuis
quelques années galvaudé singulièrement par des Chefs
d'Etat Africains dont le peuple réagit contre l'accultura-
tion et la politique impérialiste occidentale.
D'origine grecque "authenticos", ce mot viendrait
lui-même d'un autre terme " au thentès" qui peut se définir
comme sui t :
- Primo:
authentès signifie qui
agit de 1ui-
même, donc i l s'agit d'une action individuelle exercée par
1 ' i n di vi du 1 ui - mê me .
Seconda:
ce mot signifie: qui
prend l'ini-
tiative de, c'est-à-dire le premier à agir ou à proposer
être 1e p re mi e r à p ra p0 s e r .
- Tertio:
Authentès si gni fie aussi qui
fai t
~e1que chose par lui-même.
Il s'agit donc bien d'un travail
accompli
sans
!1
aide extérieure, travail
individuel.
1
i1
,
~i
Si on voit ce mot sous cet angle uniquement,
!!,
il est en contradiction avec l'authenticité culturelle car
la culture ne doit pas être fermée à une influence exté-
ri eu re
; e 1 1e do i t être a u con t rai re 0 'J '/ e rt eau x au t re s .
Mais c'est là que
réside le débat. L'ouverture ne doit pas
être une acculturation: encore moi ns un impéri alisme culturel.
- 758 -
On peut voi r à travers
ce terme!
l' idée d'auto-
nomie, une
volonté garantissant la première conception,
voire
la conception originale.
L'authenticité ne serait-elle pas les caracté-
ristiques originelles
de l'individu,
d'une société, d'un
peuple? Dans ces conditions
ce terme ne s'opposerait-il
pas aux influences extérieures entraînant un mimétisme,
une fal si fi cati on,
l'usage de faux?
Lad é fin i t ion qui end 0 n ne Mo but u, Pré s ide n t
du Zaï re ,
mérite notre attention.
"Authenticité est une prise de conscience
du peupZe Zϔrois
de recouY"Z-r à ses sources
propres
de chercher Za
vaZeur de ses Ancê-
tres afin d'en apprécier ceZZes qui
contri-
buent à son déveZoppement harmonieux et
natureZ.
C 'es t
Ze
refus
du peup Ze Zai"rois
d'épous:]Y'/)'):]!<gZement Zes idéoZog1~es
impOl't2-'3S.~"2st Z'ù.ffil'mation de
:';;:;''11''''8
Zù.i"rois ou :i.e L 'homme
tout court,
l.à o:~ i Z
est,
teZ qu'iZ est avec ses structures
mentaZes et sociaZes propres.
Le recours à
Z'authenticité n'est pas un nationaUsme
étroit,
un retour aveugZe au passé,
mais
i l est r:n
],;ntl'aire,
un instrument
~-'3 ';Jaix
entre Zes néltions,
une condition d'existence
entre
Zes peupZes,
une pZate-forme pour Za
coopération entre
Zes
Etats.
Cal' Z'authen-
ticité est non seuZement une connaissélnce
approfondie de sa propre cuZture,
mais
'loi r
-
Larousse étymologie et historique: Ed. Larousse 12:;~
Péllis.
- BaiUey A. Dictionnaire Grec-Fronçais Ed. Rachète Paris.
- 759 "-
aussi un resp ec t
du p atri moi ne cul t ure l
d'a u t rui" (1 f3 ? ).
Cette conception pour louable qu'elle soit
occulte un désordre politique auquel
Mobutu doit fai re
face en permanence.
Ain s i
do nc.
pou r a vo i r les 0 ut i e n pop ulai re
i l
débaptisa le pays qui
devint le Zaire ainsi que le fleuve
Con go e t l a mo n na i e. Cel a cr éa
bi en sûr un na t ion a lis me
sans précédent dans le pays de "trois Z".
Mais que s'est-
il
réellement passé?
L'authenticité s'est traduite tout simplement
par des changements de noms
- noms chrétiens remplacés par ceux des Ancêtres.
Mais Mobutu est lui-même chrétien et communie régulière-
ment à l'église catholique;
- par des changements d'habi tudes vestimentai res
léguées par la Belgique; cependant il se vêt du pantalon
et de la chemise Européens tout en cond~mnant le costume
avec cravate;
- aux réceptions officielles. on doit verser
pour les Ancêtres!
un peu du contenu du verre de champagne
Français etc .... Il est vrai que dans le milieu tradition-
nel, lors des cérémonies
le vieux verse le premier verre
pré c é r:: é de p ri è re s pou r les Ancêtre s .
- Discours du Président mBUTU aux Nations le 4 Octobre 19 ?J~
?i té par lë Thanh Môi .; Article non encore pub lié :
]~lture et développement 1383.
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