THESE
POUR
LE
DOCTORAT
de
L'UNIVERSITE DE LA SORBONNE NOUVELLE
PARIS
III
( Arrêté
du 5 jui llet 1984 )
CONSEiL Arme/UN ET MAlGACHE 1
rPOUR l'l:NS!:lGNEh'1[~NT 5UPERlEUn 1
c. ~.,M. E. s. - OUAGADOUGOU 1
:~~~;~/I~; ~~~~ ~l~lN#.~~;:>6° 0.0 000/
. '=J't}0 .00'1-
._'_.,.
LINEAIRE
ADVERBIAL
ET STRUCTURATION
MODALE
EN
ANGLAIS CONTEMPORAIN
Présentée
par
YAO
KOUADIO
Sous la direction de
Monsieur le professeur
HENRI: ADAMCZEWSKI
-' 1986 -

;
j ,
i
A ma mère
A
K.K.N.
j'
l

, .'
Il
Ce que la recherche linguistique
a apporté de plus fondamental au
cours de
la dernière décennie,
c'est la découverte que les énon-
cés réfléchissaient l'activité
structurante des énonciateurs.
"
H.Adamczewski

AVANT -
PROPOS
Nous tenons tout d'abord à
exprimer notre profonde
gratitude envers Monsieur le Professeur Henri Adamczewski,
qui nous a
témoigné de sa confiance en acceptant de diriger
ce travail. En nous suivant pas à pas,
i l a
su pveiller en
nous
le goût de
la recherche.
Ce travail n'aurait
jamais vu
le jour sans ses conseils et ses encouragements.
Nous aimerions aussi remercier vivement Monsieur
Claude Delmas
(Sorbonnne Nouvelle)
pour ses
judicieuses re-
marques. Nous avons
largement tiré profit de ses exposés et
de ses conseils au cours de conversations privées.
Nous pensons également à
tous nos amis du CRELINGUA
(Centre de Recherche en Linguistique Anglaise de
la Sorbonne
Nouvelle) qui nous ont proposé des énoncés au cours de nos
réflexions. Nos remerciements à M.Silué Sassongo pour les
longues heures de travail et
les années d'apprentissage
commun.
Que nos informateurs,
notamment Catherine D.,
Elisa
B.,(Collège Franco-Britannique), Gail B.
et Grace-Anne C.
(Georgetown University, Washington DC.)
soient remerciés.
Nous tenons à
exprimer notre reconnaissance à nos
amis de toujours,
Dr. Paulin Djité et Madame pour leur
soutien constant. Nous n'aurions probablement pas pu faire
de cette recherche ce qu'elle est sans
les travaux,
les
séminaires et
les conférences qu'ils nous ont permis de
suivre à Georgetown University, Washington DC.
(été
1985).
Nous aimerions,
enfin,
remercier notre amie Nazik
Ghazi pour son soutien moral et sa participation active à
la mise en forme de ce travail.

INTRODUCTION

-
5 -
Cette recherche est née d'un besoin,
le
besoin de mieux comprendre ce qui,
dans
la langue,
fait
d'elle ce qu'elle est,
c'est-à-dire un tout systématique.
Cela parait certes ambitieux,
mais somme toute
légitime.
Comment en effet pourrait-on communiquer si tous
les mots
que nous employons devaient signifier la même chose,
et
s ' i l n'y avait pas sous le donné
linguistique brut,
le
linéaire, un travai l
qui témoigne de
la. cohérence interne
de
la langue. Antoine Meillet ne disait-il pas:
" Chaque langue forme un système ou tout
se tient et a un plan d'une merveilleuse
rigueur Il 1
?
Fort de cette conviction,
le linguiste
(au
sens
large)
doit tenter de fournir en tout point de
langue,
toute partie du discours, une explication rationnelle qui
mette au jour cet
aspect systématique. Or,
bien souvent,
les descriptions faites sont très
éloignres du concept
même de système :
taxinomie des parties du discours,
1.
A.Meillet cité par G.Guillaume dans Langage et Science
du langage,
p.285 note 22. Paris Nizet
1973

- 6 -
des
contextes d'emploi;
ptiquetage notionnel etc.
Le domaine particulier des adverbes n'a pas
pchappé à
ces descriptions. I l s'agit pour la plupart,
d'établir une typologie d'adverbes,
de dpterminer en
fonction des critères sémantiques ou syntaxiques si tel
adverbe peut entrer dans telle catégorie d'adverbes ou si
telle notion n'est pas l'expression de tel adverbe.
On ne s'attaque presque pas,
et cela par manque d'outil,
aux
op~rations que les adverbes mettent en oeuvre. Pourtant,
la
catégorisation de ces éléments est voupe à
l'échec puisqu'ils
refusent de se laisser classifier.
Jackendoff disait bien
" The fact
that the category "adverb" has
traditionally been a
catch-all term further
1
confuses the issues
Il
Sous le titre de 111inéaire adverbial et structu-
ration modale" nous ve,ulons avant tout tenter de démontrer
que l'adverbe n'est pas une donnée innocente dont i l faut
dpcrire les divers positionnements dans
le
linéaire, mais
qu'il est sous-tendu par une opération abstraite,
un travail
sous-jacent qui procède de la construction même des énoncés :
la structuration du sens.
L'adverbe dans
le linéaire ne sera
qu'un moyen,
le moyen d'accéder à
la sous-jacence, moteur
1.
Jackendoff R.S.
Semantic Interpretation in Generative
Grammar. MIT 1972, p.47

-
7 -
de la production des énoncés. I l sera vu comme la "trace
visible" d'un"fonctionnement invisible".l
La tâche du lin-
guiste ne consiste-t-elle pas,
comme le note si bien
C.Delmas :
" à reperer dans
le linéaire de
l'énoncé,
la
trace des opérations qui délimitent le do-
maine en question,
i l ne peut faire
l'éco-
nomie de ces opérations sans
lesquelles le
langage ne serait que combinatoire vide.
" 2
La prise en compte de cette structuration abstraite
1
implique nécessairement,
surtout
lorsqu'il s'agit de structu-
1
1
.1
ration modale,
la prise en compte de l'instance structurante •
j
1
J
L'adverbe de modalité Sera vu comme un outil formel dont se
sert l'énonciateur pour régler son activité.
La part de cette
instance est primordiale dans
la régulation du sens ainsi que
le note H.Adamczewski
:
" Ce que la recherche linguistique a apporté
de plus fondamental au cours de la dernière
décennie,
c'est la découverte que les énon-
cés réfléchissaient l'activité structurante
des énonciateurs.
"
J
l,Jo Adamczewski H. Grammaire Linguistique de l'anglais.
Paris, A.Colin 1982 P.l
et p.6
2.Delmas C. Structuration abstraie et Chaine linéaire. Thèse
d'Etat,
Paris III
1985 p.12

-
8
-
Nous voulons également tenter de démontrer
qu'il est possible d'ordonner de manière cohérente les
adverbes en partant,
non pas de
leur diversité typologique,
mais plutôt de leur part dans
le processus de structuration.
L'ordre relevé ne devra pas être artificiel,c'est-à-dire
/
construit par le linguiste pour repondre aux exigences de
sa théorie,
mais doit être dicté par les différents stades
du déroulement de ce processus naturel.
Nous voulons enfin montrer à
travers
l'étude
de quelques adverbes,
qœ la seu le fonction du langage n'est
pas de dire
le réel,
plus exactement, que la structuration --
elle est à distinguer de la prise de parole -- même si elle
peut être déclenchée par la situation discursive,
ne se
conîond pas avec elle.
Cela suppose que l'on admette que le
langage est un processus autonome d'autorégulation, que les
adverbes,
autant qu'ils sont,
ne sont autres que des éléments
1
de
la métalangue naturelle
,
de véritables métaopérateurs qui
décrivent
le fonctionnement de
la langue.
Notre travail reposera sur les principes
généraux auxquels nous venons de faire allusion. Dans
le
chapitre J,
nous affinons ces principes,
nous aiguisons en
quelque sorte les outils en déterminant
le cadre théorique
de notre recherche. Nous présentons
le concept fondamental
1. Voir à
ce sujet
C.Delmas;
Quelques éléments de
la
métalangue naturelle. Thèse de 3ème cycle,Paris III 1980

1
j
1
1
t
- 9 -
d'invariant et ceux qui en sont
les auteurs,
les concepts
de structuration,
de linéarité et de modalité. Puis,
nous
délimitons le champ d'étude,
notre ambition étant de contri-
buer à une étude métaopérationnelle des adverbes,
nous ne
pouvons que nous
limiter à un petit nombre d'entre eux.
C'est dans
le chapitre II que prend véritablement place ce
que nous appelons structuration modale. Après une brève
étude de la part du système modale dans
la structuration
du sens,
nous antamons l'analyse des adverbes de modalité.
Nous prenons
les couples "possibly/probably" et "perhaps/
maybe" comme échantillons représentatifs du système adverbio-
modal.
Le chapitre III sera quant à
lui,le lieu oà
nous abordons
l'étude des concepts fondamentaux d'énonciation
et d'assertion.
Nous tenterons à
travers
les adverbes énoncia-
tifs et assertifs,
de montrer que trop souvent
,
ces concep~s
renvoient plus aux effets physiques
ou à
l'adéquation au
monde réel,
qu'au travail véritable de construction du sens
qu'est
la structuration.
Ce sera également
le lieu de montrer
que l'activité structurante s'inscrit bien dans
la relation
entre l'énonciateur et son énoncé.
Dans le chapitre IV enfin,
nous montrons qu'en
marge du système adverbial Ise dpveloppe un système tout aussi
cohérent qui se combine avec
lui de façon remarquable.
I l sera
question de la négation, des opérateurs qui en sont
l'expression
(
i,!1
1
l
1

-
10 -
et leur portée lorsqu'ils apparaissent avec
les adverbes dans
le linéaire.
Tout au
long de cette recherche,nous aurons
en esprit que dans
la langue,
rien n'est
laissé pour compte,
que les opérations ne sont pas isolées
les unes des autres et
que le linéaire lui même n'est pas innocent -- i l entretient
avec
la structuration sous-jacente une Ri~LATION.

CHAPITRE
l
DU
LINEAIRE
ADVERBIAL
A
LA STRUCTURATION
}'lODALE

,
1i!!
1
,
1
i
1
" Et c'est parce que l'esprit humain en
est capable(imagination et intuition)
qu'il parait l'emporter définitivement
sur toutes les machines qui calculent
ou qui classent mieux que lùi, mais
qui ne peuvent ni imaginer,
ni pres-
sentir.
"
L.de Broglie
Sur les sentiers de la science

-
1 J -
1-
CADRE THEORIQUE ET METHODE
Nous avons entamé cette étude avec l'idée
qu'il n'existe pas de procédure de découverte toute
faite et que les bons résultats dépendent pour la
plupart des bonnes intuitions de départ ou tout sim~
plement de
la chance qu'on a
pu avoir de trouver
l'énoncé adéquat.
Ce que nous noterons cependant,
c'est que toute démarche est fonction non seulement
des objectifs fixés,
mais aussi de
la théorie qui la
guide.
Celle qui a guidé
la nôtre est
la Grammaire
Métaopérationnelle de H. Adamczewski et de C. Delmas.
Elle vise les
opérations métalinguistiques mises en
oeuvre dans
la structuration des énoncés. I l ne s'agit
plus de "gloser" la surface ni même de
la formaliser,
i l s'agit de rechercher dans
le
linéaire les éléments
qui renseignent non seulement sur les opérations de
construction dés énoncés,
mais sur toute l'activité
métalinguistique qui implique directement l'énonciateur.
Nous pensons qu'il n'y a pas plus grande activité méta-
linguistique que celle que mettent en oeuvre les
adverbes de modalité. L'analyse de cette activité est
éclairée par la recherche de notions fondamentales de
la
langue:
les notions d'invariant et de système. L'ap-
plication de telles notions suppose que l'on veuille

-
14 -
ramener l'univers en apparence chaotique des éléments
de surface à
leur système unitaire d'organisation.
Cette démarche a guidé bon nombre d'hommes de science
et de linguistes.
En physique par exemple,
Steven Weinberg
parle de "Vnified theories of elementary particle
interaction".
(Théories unitaires d'interaction entre
particules élémentaires). Des phénomènes physiques en
apparence distincts se voient
"réconciliés". On essaie
de déterminer ce qui,
en sous-jacence ,leur est commun comme
le note S. Weinberg:
"Physicists now invoke four distinct kinds
of
interaction,
or force,
to describe physical
phenomena. According to a new theory,
two
and perhaps three of the forces are seen to
have an underlying identi ty" 1, •
En linguistique,
cette valeur unitaire est
perçue à
travers les travaux de Gustave Guillaume. I l
parle de valeur intime:
"dégager parmi la diversité des sens apparents
une valeur intime qui procéde des
lois mêmes
de la pensée".
1.
Cité dans G. Holton:
L'imagination scientifigue, version
francaise,
Ed. Gallimard,
Paris,
1981,
p.
)2.

,
f
l
t
-
15 -
f
J
1
i
ou de valeur fondamentale:
1
l
"Une forme de langue a,
dans la langue même
1
1
une valeur fondamentale,
unique,
dont
le
t
caractère est de permettre une grande di-
!
versité de valeurs d'emplois qui,
si dif-
~1
férentes soient-elles,
apparemment, ne
l
sont pas en contradiction avec la valeur
1
l
fondamentale existante. On a donc si l'on
f
adopte ce point de vue pour chaque forme
1
,
une valeur de langue première,
et un éven-
tail,
pourrait-on dire,
de valeurs d'em-
i
plois secondes,
obtenues en discours et
toutes réductrices à
la valeur première
1
dont elles constituent une application per-
mise par la valeur de langue première. Il
1
Î
reste à
concevoir ce que peut être cette
t
,0
valeur qui se présente unique dans la lan-
gue mais diverse et multiple dans l'emploi
qu'en fait
le discours"l.
On perçoit clairement la richesse du concept chez H. Adam-
cze"Wski:
"Il ne s'agit ni plus ni moins,
on l'aura compris,
que de la recherche de l'invariant d'où procèdent
tous les effets de sens occasionnels,,2
et chez M.
Ehrmann qui parle de
"Basic meaning" ou de
"lo"West common denomin~tor of aIl the occurrences,,3.
1. Guillaume G.,
Leçons de linguistique de G. Guillaume,
Klincksiek,
Paris,
1948-1949,
Série A,
pp.78-79
2. Adamcze"Wski H., BE + ING dans
la grammaire de l'anglais con-
temporain. Thèse d!Etat,
1978,
p. 9.
3. Ehrmann M. The Meaning of the Modals in Present-Day American
f
if-
English.
La Haye:
Mouton,
1966.
t
ti
!
1

-
16 -
Cette quête de l'invariant nous a amené à re-
cueillir des énoncés naturels
(i.e. en contexte)
en re-
levant les diverses occurrences des adverbes afin d'en
déterminer la valeur unitaire.
Le schéma suivant matéri-
alise cette démarche:
occurrences
diverses

invariant
La recherche d'invariant appelle la notion toute
aussi fondamentale,
de système.
Les deux notions sont en
fait intimement liées.
L'invariant d'une unité n'est pas
seulement opposé aux diverses occurrences ou effets
oc-
casionnels,
i l est également opposé à
la valeur de l'unité
ou des unités voisines de la première. On en arrive à un
système dans
lequel chaque élément tient sa valeur de la
pertinence da sa position par rapport aux éléments concur-
rents du système. Ici encore,
nous citerons Guillaume
(1948 -
1949 Série A):
"les formes verbales du français
constituent tou-
tes ensemble un système fait de positions psy-
chiques diverses et opposables,
et chacune signi-
fiée par l'une des formes de
la conjugaison.
Sous chaque forme,
i l y
aurait ici l'image d'une
position appartenant au système verbal,
à
l'entier

1
-
17 -
f
!1
f
1
syst~matique qu'il constitue. De là, pour la
forme,
une valeur première préexistante à
l'emploi
et à
toute valeur d'emploi qui serait celle gue
la forme reçoit de sa position en système.
De cette valeur dériveraient par permission toutes
valeurs d'emploi,
si diverses soient-elles
"
t1i
!
Le système nous enseigne de ne pas nous fier à
la
notion de synonymie souvent employ~e pour caractériser les
1
adverbes
(cf 3.2. de ce chapitre).
La synonymie stricte
t
indiquerai t
par exe.mp le que l'adverbe "perhaps"
est
le
i
remplaçant direct de "maybe" et signalerait qu'ils respec-
1
1
tent tous
les deux l'~quation "perhaps = maybe"; ce qui est
f
contraire à
l'id~e de système. Il est en effet
difficile de
~
~
f-,1-
concevoir l'existence de deux unit~s ~quivalentes dans un
{
t
système. Si toutefois tel ~tait le cas,
l'une d'elle serait
i
1
forcément rejet~e ou "minimis~e" pour des raisons
de redondance. ,
f
1
r
A côt~ des notions d'invariant et de systèmeJun
autre principe qui a
guid~ notre d~marche est celle d'une
grammaire qui tient compte du filtrage des données "data".
Cette grammaire plus explicative que descriptive part du
filtrage,
c'est-à-dire des op~rations de construction exhi-
bées par les ~noncés pour aboutir aux diverses interprétat-
ions sémantiques. Elle
impose
le schéma suivant:
filtre
Interprétations
Data
(énoncé)
opérations
,
sémantiques
grammaticales
(sens)

-
18 -
Nous évitons ainsi
la démarche descriptive qui part directe-
ment des data au sens.
1
Interpretations
Data
~sémantiques
Cette démarche a
toujours été celle des grammaires tradi-
tionnelles. Ses résultats sont connus:
recueil de notions
non grammaticales,
description truffées d'exceptions etc •••
Nous partageons à cet effet ce
jugement de Michael Lewis:
"There doesn't seem to be much point in present-
ing a
rule which is so riddled with exceptions
and, more pointedly s t i l l ,
those exceptions ought
to suggest to us that the rule is not true at all,,1.
Une autre caractéristique ?e cette grammaire dont
nous nous réclamons est sa nécessaire dimension contrastive.
Toute langue pose la question de l'autre langue. Ignorer
cet aspect c'est perdre de vue
l'immense richesse qu'ap-
porte la contrastivité. Toutefois,
i l
ne sera pas question
d'une contrastivité des éléments de surface. I l n'y a assu-
rément aucun intérêt à
comparer un chaos à un autre. On partira
plutôt des opérations communes aux deux langues et qui se
réalisent différemment dans
le linéaire de chacune d'elles.
Le~héma suivant résume cette démarche:
opération(s)
1. i'1ichael Lewis,
"Grammar Which Helps" EFL Bulletin, Oxford
University Press,
198J,
p.9

,
t
f
-
19 -
!1~
r
,
!
L'une des raisons du choix d'une telle démarche
1
r
repose sur l'idée qu'une opération qui n'est pas rendue de
1
~
fi
façon nette dans la surface d'une
langue L
peut être
1
éclairée par une langue L
ou une langue L
qui
la pré-
2
J
sente de façon plus transparente.
Ces différents points,
présentés du reste assez
brièvement constituent l'essentiel de notre démarche.
Reste cependant, à relever deux points importants. Le pre-
mier, nous le soulignions plus haut,
porte sur le caractère
"naturel" des énoncés du corpus. I l ne s'agit pas de fabriquer
des énoncés ou plutôt des phrases pour valider la théorie
A notre sens, une théorie doit naitre de
l'observation et de
l'analyse des donnée~ naturelles,
sinon elle pêcherait s6re-
ment d'une trop grande "artif'icialité". Nous partageons
donc cette remarque de A.
Culioli:
"Les linguistes continuent à fonder leurs analy-
ses sur une langue a r t i f i c i e l l e : maigres énon-
cés pour jeux logiques pseudo-oraux qui n'est
que de
l'écrit manipulé"l
Un autre argument en faveur de l'énoncé naturel
est son immense richesse. I l a
en effet plus de chances que
l'énoncé fabriqué de contenir des éléments qui trahissent
l'art de sa construction,
sans oublier l'apport non nég-
ligeable du contexte ou de la situation. Nous avons donc
voulu nos énoncés assez larges et tirés de sources variées.
1. Culio li, A.
"A propos des énoncés exclamatifs",
Langue
française,

-
20 -
Sources écrites:
journaux, ouvrages littéraires et lin-
guistiques,
lettres publicitaires, affiches publicitaires.
Sources orales:
pmission BBC (principalement World Service),
émission télévisée TF1.
Le deuxième élément sur lequel nous insistons
porte sur le fait essentiel que "la grammaire d'une langue
1
est affaire d'opérations et d'opérations sur des opérations".
2- LES CONCEPTS DE STRUCTURATION, DE MODALITE ~~
DE LINEARITE.
2. -
1. Structuration et Linéarité.
Les concepts de structuration et de linéarité
dont i l est question dans cette recherche reposent sur l ' i -
dée qu'on ne peut pas se fier à
la successivité des éléments
de surface, qu'il faut pénétrer la sous-jacence du linéaire
pour saisir l'art de construction des énoncés.
"la structuration demeure cette inévitable
sous-jacence qu'il convient de postuler,,2
note C. Delmas. Toutefois,
i l faut
lever dès
le départ
l'équivoque.
"Ne pas se fier" n'est pas synonyme de rejet,
f'
1
1. Adamczewski,H.
Grammaire Linguistique de
l'anglais, A.Colin,!,r;
Paris,
1982, p.
121.
2. Delmas Claude
Structuration abstraite et chaine linéaire,
Thèse d'Etat,
1985, p. 4

-
21
-
bien
au contraire.
I l s'agit d'en saisir le principe
profond pour mieux en expliquer la nature.
En fait,
les
deux notions sont intimement
liées,
l'important est de
rechercher leur rapport plutôt que de s'en tenir au linéaire
le plus banal.
Deux linguistes
ont posé assez clairement le
problème de la linéarité. Nous nous proposons de présenter
brièvement leur apport au problème, puis nous montrerons
comment
l'analyse de la structuration et de ses différentes
étapes peut modifier le linéaire et le sens.
Saussure:
"Les solidarités syntagmatiques".
Saussure pose le prob~e du linéaire en terme de
"rapport" ou de "solidarité"
"D'une part dans
le discours
les mots contractent
entre eux,
en vertu de
leur enchainement,
d~s
rapports fondrs sur le caractère linéaire de la
langue qui exclut
la possibilité de prononcer deux
éléments à
la fois".
1
Ne peut-on pas voir dans
le 'terme "rapport" une préfiguration
de
la notion capitale de RELATION?
Mais i l y a plus:
"un terme n'acquiert sa valeur que parce qu'il
est opposé à
ce qui précède ou ce qui suit,
ou
à
tous
les deux,,2.
Préfiguration également d'une sémantique formelle,
la liga-
ture,
La r-Use en Relation de deux éléments fait sens.
1,2 F. de Saussure:
Cours de
lingu~stique générale, Paris
Payot,
1955,
p.
170.

22
I l Y a
là un travail
qui met en oeuvre à
la fois séman-
tique et syntaxe. On comprend pourquoi pour mieux segmenter,
égrener les éléments de la structure,
les structuralistes
ont dû écarter le sens. Le travail de structuration est au
coeur de la production du sens.
Les programmes de sens "sl"
et "s " d'une unité
"a" et d'une unité
"b" ne retrouvent
2
plus leur individualité après la mise en relation,
mais
sont fondus en un sens SJ né de
la relation.
a
b
Le linéaire n'est pas une donnée innocente et vide,
elle
est sous-tendue par un travail de construction du sens et
de cohésion
• Si
la linéarité saussurienne semble lointaine,
on notera que plus récemment
(1985), C. Delmas a mis l'accent
sur le caractère non naïf du linéaire.
1. Programme de sens,
programme sémique ou sémantique désigne
le contenu d'une unité constitué par l'énonciateur,
contenu
vu comme effectif uniquement en structure. Hors structure,
i l n'y a qu'un "programme" à
réaliser.
~
~'
Nous affinons ce métaterme de
la façon suivante:
!
~
on parlera souvent de "micro-programme" sémique,
sémantique
!
ou de sens,
le programme d'une seule unité; de "macro-pro-
~
gramme",
le programme de deux ou plusieurs unités structurées
i~
~~ ~~~~~~~ ~~=~~~ =~=ir une autre opération de structuration. 1
~w

-
2)
-
"ce s~quentiel, on le voit, ne consiste pas en
une naïve suite d'éléments à
laquelle on peut
ajouter un élément supplémentaire,
comme pour
tenter d'obtenir la phrase la plus longue
( •••• ).
Le linéaire ~ormel n'est pas vide,
i l participe
à
la constitution du sens"l.
Les études de type dérivationnel, dites plus élaborées que
celles qui segmentent
la structure ont,
elles aussi,
~ait
éclater la relation.
S
A
NP
VP
l,
En ce qui nous
concerne,
la Relation (au sens linguistique
1
,
du terme)sera au coeur de notre étude puisqu'il se déroule
autour d'elle toute l'activité métalinguistique de l'énon-
ciateur.
2. l.2.
Tesnière:
la connexion.
Tesnière est certainement le linguiste qui a
le
mieux saisi le dynamisme du linéaire.
"
( ••• ) une phrase du type
"AI~red parle" n'est
pas composée de DEUX éléments:
1er "AI~red", 2è
"parle", mais de TROIS éléments,
1er "AI~red",
2è "parle" et )è la connexion qui
les unit et
sans laquelle i l n'y aurait pas de phrase.
1 ô C. Delmas:
Structuration abstraite
••• ,op.cit., pp. 27-28

- 24 -
Dire qu'une phrase du type
"Alfr~d parle" ne
comporte que deux éléments,
c'est analyser d'une
façon superficielle,
purement morphologique,
et
en négliger l'essentiel qui est
le lien
syntaxique" 1
Sa métaphore du chlorure de sodium est tout à
fait explicite:
"Il en va de m~me en chimie, o~ la combinaison du
chlore Cl et du sodium Na fournit un composé,
le sel de cuisine ou le chlorure de sodium NaCl,
qui est un tout autre corps et qui présente de
tout autres caractèrès que le chlore Cl d'une
part et
le sodium Na d'autre part,,2
Si cette formule était accompagnée d'un commentaire du
chimiste qui en indiquait
le mode
ou la validité elle
correspondrait entièrement à
ce qui nous occupe. La con-
nexion peut ~tre en effet la cible d'une opération.
(1) He had clearly been drinking.
(GLA, p.?)
"clearly" ne porte pas sur "been drinking" mais sur la
connexion,
la relation entre "He" et "be drinking".
"Clearly" dit en quelque sorte le mode de la relation

---
,
le mode de stockage du micro-programme de sens
"He" et
du macro-programme de sens
"been drinking".
La connexion est donc la toile de fond d'une opération
métalinguistique. On découvre là la complexité de la
structuration et la nécessité de délinéariser la chaine.
1,2, Tesnière L.
Eléments de syntaxe structurale, Klincksieck
Paris,
1966,
p.
12.

-
25 -
Nous utilisons le schpma suivant pour matérialiser la
portpe de
l'opérateur ou plus exactement du m~taopérateur
puisqu'il "parle" de la relation,
et
La d61inparisation de
la chaine.
métaopérateur
ou de ses variantes dont principalement
lorsque le métaopérateur ne porte pas directement sur le
noeud de
relation mais sur toute la structure.
Les énoncés
ci-après illustrent ces deux schpmas
:
(1) She said she had been shot in the shoulder
and her husband probably ~ shot to death.
(GO,1984,p.155)
(2) You will not be able to betray more than
a handful of unimportant people.
Probably you will not even betray me.
(IHT 1 Dec.
1984)
En (1)
"probably" parle de "was" qui matérialise
la relation
prédicative. En (2),
i l ne prend pas pour cible le noeud
relationnel mais toute la structure. Sa position en tête
de l'énoncé est témoin de cette dominance.

- 26 -
Tesnière a
saisi
la complexité de
la struc-
turation puisqu'il distingue dans
la syntaxe structurale
deux ordres:
l'ordre structural et
l'ordre
linéaire.
Le
premier est sous-jacent au second et
lui est intimement
lié.
Pour Tesnière,
la relation entre les deux ordres
est capitale dans
la communication:
"parler une
langue,
c'est transformer l'ordre
structural en ordre linéaire,
et inversement,
comprendre une langue,
c'est transformer l'ordre
linéaire en ordre structural"l.
La notion d'ordre est importante aussi bien dans la struc-
turation que dans
le
linéaire qui
la représente. C'est elle
qui "commande" le sens.
2.1.J. Ordres ou étapes de
la structuration et
systèmes de phrase.
Le processus de structuration e:3t fait d'étapes
successives que le linéaire formalise de façon particulière.
Ces étapes correspondent à une entame stnlcturale et à un
dépassement structura 1. Le
passage de l ' ,~ntame au dépasse-
ment répond à un décrochage métastructurel ou plus exacte-
)
ment métaopérationnel. H. Adarnczewski caractérise ces étapes en
termes
de phase
(Phase 1 /
Phase 2).
1. Tesnière L.
Eléments de
••••• ,
op.
cit.,
p.
19.

- 27 -
Examinons ceS deux énoncés:
(1)
( ••• )
en attendant,
le débat est ouvert
entre les partisans présumés et
les pré-
sumés adversaires de la télévision privée.
(TF1
, 28 NOV 1984)
(2) Here, without heat,
they could discuss their
common problems,
agreeing pleasantly or
pleasantly agreeing to differ.
(Enoncé dû à
E. Melcer).
En {1),
la structure N+Adj correspond à
l'étape d'entame;
on "présente" la structure,
on la pose pour la première fois.
Cette "présentation" suppose l'existence d'une quasi-autono-
mie des programmes de sens du nom et de
l'adjectif qui lui
est attaché. Nous sommes en Phase 1.
La reprise
de l'ad-
jectif entraîne un changement dans le statut de la relation.
I l n'y a
plus entame mais rappel gue la structuration a
été
déjà amorcée. Elle a déjà une histoire. Nous sommes en
Phase 2.
Le linéaire matérialise ce passage en Phase 2 en
inversant
l'ordre de présentation des éléments de la struc-
ture.
N + Ad j
;>
Ad j
+ N.
Les deux structures se font miroir.
---~> ....
~~--­
N + Adj
Adj + N
I l n'y a plus autonomie de programmes sémiques mais fusion.
On représentera le passage de la Phase 1 à
la Phase 2 par
le vecteur suivant:

-
28 -
Partisans présumps
N + Adj
2
Présumés adversaires
Adj + N
L'énoncé
(2)présente une alternative dans
le choix
d'un statut.
Cette alternative est suggérée par l'opé-
rateur "or" qui ne change d'ailleurs rien à
l'ordre de
la structuration.
"Agreeing pleasantly" a un statut d'entame
structurale. On peut avancer que l'Adverbe "pleasantly" agit
directement sur les sèmes du verbe "agree" et utiliser la
caractérisation sémantique traditionnelle "d'adverbe de
manière"l.
"Ing" dans ce cas,
immoblise la structure qu'il
domine.
Dans "pleasantly agreeing to differ",
c'est "pleasantly" qui
régit toute
la structure. Il ne s'agit plus de faire un com-
mentaire sur le programme sémique du verbe mais sur la struc-
ture "immobilisée par ING".
1. On est conscient de
l'inadéquation d'une telle métalangue,
mais elle peut servir à
l'explication dans
la mesure où
elle est prise comme effet de sens.

- 29 -
Autrement dit,
.-
"n dé-
la reprise de l'adverbe entralnc·
-
l
l
1 ·
,
.
d t "
t '
.,
On a
ca age que
e
lnealre ren
par une an epOSl 10~··
...
,
l ' '
,
(
)
,
..~·.iion
de la meme maniere que
enonCe
1
une reprc5~~'u
qui rend compte de la mobilité du linéaire adve,~t.l
V + Adv
(to v)
Adv + V to V
-~nt
Il va sans dire que ces différentes phases d~t~~
le sens et qu'une segmentation naïve aurai t
oc~.· ces opé-
rations
fondamentales qui le règlent. Voici ~~. dit
G. Guillaume sur l'importance de
l'ordre:
"On dispose d'un nombre déterminé . .'
rangés
dans un ordre,
ces mots expriment __ ~e mais
--..-.ls en
i l suffit de changer cet ordre poU:'~
expriment une autre toute différe~-~~ bien
qu'i Is n'aient plus de significat:i~:·JJl!tbale.
L'ordre apparaît comme un moyen ir~~nt
t
d'employer le langage"

,néarité
Si les
concepts de structuration ~', .
sont assez
clairs qu'en est-i l
de la moda li t,: .
,
~ qui
Faut-il la considerer comme une notion supran~.~
J!' inscr'
vient se greffer sur une structure ou au coni ;..."r
1re
toute entière dans
la structuration?
,.Azet,
1977
1. Guillaume G.:
Le problème de l'article,
~~~;-

- JO -
2.2.
Structuration et Nodalité:
La structuration modale.
La raison du choix de
la modalité comme champ
d'étude repose non seulement sur l'extrême complexité du
domaine (Nous faisons
référence
à
l'immense
littérature
linguistique et
logique sur la modalité et
la modalisation
qui existe aujourd'hui),
mais aussi sur notre insatisfac-
tion devant le catalogue de notions. On réfère souvent aux
notions de possible,
de probable, de nécessaire
•••••
comme
s ' i l s'agissait de notions suprastructurelles dont dépendent
les énoncés qui
les contiennent.
Ce point de vue nous est
fourni par la démarche
(souvent de type logique modale)
qui part des notions à
leur expression dans
le linéaire.
Dans notre optique,
le probable,
le nécessaire,
la possibi-
lité,
l'eventualité etc
•••••
se situent du côté des notions
donc du côté du plan référentiel
(cf section suivante ~.J.).
La démarche qui est la nôtre nous renvoie du côté des opéra-
tions modales;
nous parlons donc beaucoup plus de "modalisa-
tion" que de "modalité" puisque ce dernier terme désigne
l'effet de sens.
~xplorer les différents développements du concept
de modalité serait fastidieux et sans doute d'un moindre
intérêt sur le cours de ce travail. Nous nous contenterons
de présenter assez brièvement les études
logiques et linguis-
ques qui se rapprochent le plus du problème de structuration.

-
)1
-
2.2.1.
Le,s foncteurs de J. C. Gardiès.
Après avoir présenté
la
taxinomie tradition-
nelle des modalitps
(modalités alétiques,
déontiques etc ••• )
J.
C. Gardiès
(1981),
en tenant
compte des adverbes, définit
la modalité
comme un "foncteur propositionnel ayant toujours
un argument propositionnel". A partir des exemples du type
(1) Il pleut toujours
(2)
I l se trouve toujours qu'il pleut,
i l construit le rapport sis,
l'argument de
"toujours" étant
la proposition "il pleut",
le foncteur "toujours" muni de son
argument devenant aussi une proposition. Gardiès va étendre
cette analyse à d'autres adverbes et principalement à
ceux
qui portent sur toute la proposition. I l compare:
"Pierre
est gravement malade" à
"Pierre est certainement malade" et
ajoute:
"L'adverbe "certainement" semble devoir porter sur
la proposition "Pierre est malade" en sorte que
nous sommes normalement conduits à une interprp-
tation de
cet adverbe comme foncteur proposition-
nel à un argument propositionnel"l
Ces vues) à quelques degrés près) confirment ce que nous disons
du linéaire et de
la structuration. En effet,
"certainement"
porte sur la proposition mais i l faut préciser son champ d'ap-
plication réel. Nul doute qu'il dit
le mode de stockage du
prédicat
"malade" au sujet
"Pierre",
i l s'applique donc
à
1. Gardiès J.C.:
Tentative d'une définition de
la modalité in
Recherche linguistigue,
n~ VIII, Klincksieck,
Pari s,
nov.
1981.

-
)2
-
,~, interface prédicationne 1" 1 entre S et P. Il quantifie
I l
Il
l'application de
la propriété "malade" à Pierre.
L'expres-
sion "argument propositionnel" ne permet pas de préciser
la cible du modalisateur. En outre,
l'analyse est trop
technique pour montrer que
l'adverbe "certainement"
est
un élément de la métalangue naturelle qui parle de
la con-
nexion. Nous partageons à cet égard ce point de vue de
B.
Russe 1:
"En logique,
les phrases
(ou
les propositions)
sont traitées du point de vue technique,
comme
s ' i l s'agissait de choses,,2.
En linguistique,
on notera l'enjeu de la question
chez Bally et plus récemment chez Culioli.
2.2.2. Le couple mOdus/dictum chez Bally C.
La modalité chez Bally est définie par l'applica-
tion d'un modus sur un dictum.
Le modus est caractérisé par
le jugement du sujet parlant et
le dictum,
ce sur quoi porte
ce jugement
(ce dont on parl"). Bally note ainsi
l'impor-
tance de
la modalité dans une phrase:
1. Le terme est emprunté à C. Delmas;
i l désigne l'espace de
cohésion entre sujet et prédicat. Nous dirons également
Noeud prpdicationnel à
la suite de H. Adamczewski.
2. Russel B:
cité par Perennec M,.
: Illocution et assertion
en allemand, Thèse de Doctorat,
Paris IV,
1979, p.39.

-
33 -
"La modalité est
l'âme même de
la phrase; de même
que la pensée,
elle est constituée essentiellement
par l'opération active du sujet parlant. On ne
peut donc pas attribuer la valeur de phrase à une
énonciation tant qu'on n-l a --pas--découvert- l-'-e-~p-r-t'-S-sion
quelle qu'elle soit de
la modalité".
1
I l Y a
là préfiguration du rôle capital de
l'énonciateur
dans son énoncé et du caractère cognitif de
l'opération de
modalisation (cf l
2.3.). Ce que nous retenons également
chez Bally,
c'est la préfiguration de
la modalisation exter-
ne et de
la modalisation interne. La première concerne l'exté-
riorisation du modus par rapport au dictum:
Je crois que
tu mens
Hodus
Dictum
La seconde,l'incorporation du modus dans le dictum:
f-1odus
1. Le train
alcertainemen~ du retard
Sujet
Dictum
~·Jodus
,
r
Vous arrivez malheureusement trop tard
f - j L-/
- - - ' \\
Sujet
Dictum
1.
Bally C.:
Linguistique générale et
linguistique française,
1944, p.36

-
3'~ -
Deux points méritent cependant d'être précisés
dans ce couple Modus /
Dictum:
la nature du dictum et celle
du couple sujet /
prédicat.
Le dictum demeure dans
le flou
de "ce dont on parle" et ne renvoie pas à une réalité précise.
"Ce dont on parle" ref~re selon nous à un élément du concret
ou un th~me du monde. Même lorsqu'il est défini comme une
représentation mentale traduite sous
la forme d'un sujet et
d'un prédicat,
i l faut encore le préciser à
travers ces termes,
car ils suscitent bien des controverses. Nous n'entrerons pas
ici dans
le débat qui consiste à
rechercher ce qui,
dans le
linéaire constitue un prédicat et ce qui ne
l'est pas. Nous
n'assimilerons pas Sujet et Prédicat à des notions extra-
linguistiques. I l seront pris au sens technique où le prend
H.Adamczewski. Aussi notera-t-on que dans
les énoncps
(3) Peter cornes tonight
(4) Peter may come tonight.
i l n'y a pas de Prédicat dans
(3) puisque nous avons affaire
à un énoncé dans
lequel
les éléments sont autonomes et où
les
"rh~mes intrapropositionnels s'exercent à plein".
(4)
au contraire,
correspond au schéma Sujet JL Prédica t·
(cf
Grammaire linguistique de
l'anglais,
désormais
GLA)
c'est-
à-dire chaque terme de
la relation,
est,
à
travers
le modal,
déterminé comme une entité purement grammaticale dans
laquelle
i l n'y a plus autonomie de rh~mes mais cohésion.

-
'35 -
Dans
"Peter may come tonight",
"come tonight" ne correspond
plus à
:
come + tonight
L.--.1
J
\\
mais à
come tonight
,
\\
En d'autres termes,
le prédicat est une entité
formelle,
un micro ou macroprogramme pr0construit pour servir l'opé-
ration de mise en relation.
Le français nous en donne un
exemple clair à
l'aide de
la modalisation externe puisqu'il
montre que
le sujet est aussi une entité formelle:
(5)
I l se peut que Pierre vienne ce soir
1
\\
1
\\
Le subjonctif marque de façon nette
le caractère pré cons-
truit,
formel de
la relation
S R P.
Nous ne parlerons donc de'~rédicatUque lorsqu'il
y a non seulement cohésion mais prise en compte de la struc-
ture en tant qu'entité formelle.
Nous montrerons que l'énon-
ciateur peut intervenir dans la structuration du prédicat de
la façon suivante:
(6) He has probably left his bag on the train
"Probablylt porte sur "On the train".
L'énonciateur quanti-
fie son applicabilité au reste de
la structure prédicative.
On peut en efTet avoir:
(61)
Tt is probab ly on the train that he has
left his bag.
1. On remarquera que
la dichotomie traditionnelle de propos-
tion principale et proposition subordonnée est inadéquate
puisque c'est
la subordonn?e qui est construite la première
dans l'ordre de
la structuration.
Nous avons
l'orientation
~U..LVLl.1.1'-'t...:.
~l se peut que Pierre vienne ce soir
1
\\
{
]
2
""~::--
_

-
36 -
ou "probably" porte directement sur "on the train". Probably
parle de
la probabilité d'existence d'une cohésion ou plus
précisément,
signale une qu~te de cohésion. La cohésion est
essentielle au prédicat.
L'enfant dans ses premiers pas vers
le langage en a d'ail-
leurs pleine conscience. Nous renvoyons à
la Thèse de Domi-
nique Taulelle dans
laquelle elle montre que
l'enfant reprend
souvent un " bloc" d'éléments promu au rang d'objet
linguis-
tique. On a par exemple:
Adul te:
Tu veux !:1!!..- peti~ peu .-9~pâtes?
...
1
Enfant:
Je ne veux pas / un petit peu de pates.
L'enfant isole le prédicat dont i l a
repéré
la cohésion
interne.
Cette cohésion est souvent occultée par les études
de type sémantique qui font éclater le prédicat.
p
, , /
- - - - - p
cause
/
- - - - P
2
become
/
~
not
alive
1. Dominique Taulelle:
Fonction poétique et fonction métalin-
guistique dans
le langage enfantin. Thèse
de J ème cycle, Paris III,
1982.
l\\lc Cawly,
J. D.
"Lexical Insertion in a
transformational
Grammar without deep structure" in Papers
from the Fourth Regional Meeting of the
Chicago Linguistic Society,
1968.

:37 -
2 • 2 • J.
CU l i 0 lj
lliérarchie et vi spe
I~ concept de modalit~ trouve son raffinement
chez Culioli.
Le terme ne drsigne pas une réalité
carac-
térisée par un seul modus mais
renvoie à une hi~rarchie
de plusieurs modalités.
On parle de modalit~s de premier
ordre ~ui regroupent
les modalités affirmative,
négative,
interrogative,
hypothétique
.; de modalit~s de second
ordre:
le certain,
le probable,
le nécessaire
•••• etc.
Ce que nous
retiendrons
le plus
c'est
la dimension pra-
gmatique de
la modalisation
(mise en oeuvre de relations
intersubjectives).
SIle est vue
sous forme de vis~e
~s vis~e pression (pression sur le sujet) ou S~visée
pure,
etc ••••
Nous parlerons donc de rapport
intersujet
lorsque
les adverbes de modalité
le suggèrent.
Nous aurons
1
j
affaire
la plupart du temps a
ce qu'il
faut bien appeler
.~
ft
la structuration modale
j
1
1
2.2 .'l •
La structuration moda le
1
j
1
Les modaux et
les adverbes de modalité parlent
~l
1
]
des
connexions;
i l s
"quantifient
les probabilités de réa-
lisation de
la soudure prédicationnelle"1
Autrement dit,
ctans
le processus général cie structuration,
i l
faut
distinguer
deux opérations qui
se chevauchent:
une structuration simple
r!':'dlisation ct 'une connexion, d' 1.i])'" ~,ouclure et une structuration
moda le réglage de
la soudu:œ. Le
lin~aire ne permet pas de
1. Adamczewski II.:
CLA,
p.
1Y1

-
J8 -
distinguer l'ordre d'application des deux opérations, la
dernière porte nécessrlirement sur la première et
la déter-
mine avant
la linéarisation.
D'o~ le schéma:
structuration modale
A
structuration simple
linéaire
Quelques exemples suffiront à montrer ce double aspect de
la structuration.
(1)
She has certainly missed her bus
GLA p
1L~1
(2)
Tt was an awkward moment,
for he needed to
compose himself before he could greet Char-
lotte, but he was
clearly waiting to greet
her before he would compose himself.
(KF,
T~IPSP, pS6)
(3) Ce sont vraiment les dernières cartouches,
( ••• )
J'ai ouvert
la sbulc
boîte de
légumes en ré ser-
ve. Heureusement que
la salade du
jardin a
l ' a i r
bonne.
(K entre A et H,
pl,])
La structuration simple met en oeuvre
la connexjoD
du
sujet
"she" et du prédicat
"missed her bus" ou de
"he"
et de
"waiting to greet her" ou encore de
"la salade du
jardin" et de
" l ' a i r bonne".

-
'39 -
La structuration modale,
quant à elle,
quantifie
la connexion.
l<':n (1)
"certainly" dit
les degrés de réalisation de
la con-
nexion;
on a
en Ïrançais:
(1 ,)
i l Y a des
rortes chances qu'elle ait
manqué
son autobus.
J<':n
(~) "clearly" parle aussi de la prédication, il en df"termine
la légi timi tp.
En (J )"heureusement"
porte non pas sur la mise
en relation comme dans
les autres cas,
mais sur la relation
préétablie.
L'énonciateur énonce un jugement positir sur cette
relation qu'il a
préalablement
construit.
La structuration
modale respecte donc
le schéma canonique:
structuration modale
Schéma qui respecte
la délinéarisation de
la chaîne
certainly
missed her

-'~o -
On aura noté
l'importance de l'énonciateur dans
cette acti-
vité et
le caract~re intrins~~uement métalinguistique de la
modalité.
Sn fait,
si nous devons
retenir le concept de moda-
lité,
nous
le d~finirons comme un él~ment de la métalangue
naturelle qui
c~de la présence de l'énonciateur dans son
énoncé
et ~ui parle des connexions.
l a
modalisation quant
à
elle désigne
la métaopération qu'effectue
l'énonciateur
et qui détermine
la capacité réflexive de
la langue,
son
aptitude à parler d'elle même et pas toujours du monde. Elle
engendre ainsi
la npcessité de distinguer deux plans:
un plan référentiel ou notionnel et un plan métalinguistique.
2.J. Plan Référentiel versus Métalinguistique
La conception naîve selon laquelle
le
langage
serait moulé sur les choses du réel est
contrebalancée par
une vision plus nette du fonctionnement du
langage.
En
effet,
i l suffit de prendre
les adverbes du type
" pro bably",
"pos s ibly",
"perhaps",
" maybe"
etc •••• pour se rendre compte
que la langue n'est pas seulement
référence au concret mais
aussi référence à
elle-même.
Un énoncé
comme:
(1)
She has probably missed her bus
n'est pas r~férenci6."Probably"neparle pas du monde extra-
linguistique,
i l parle de la relation,
de
l'opération gram-
maticale de prédication. Sur ce décalage par rapport au réel
nous ci t erons \\<.
Lafont:

"le
langa~e, comme
toute praxis,
pose
l'existence
objective:
l'existence du monde matériel.
L'uni-
vers réel est
le fond
sur lequel i l s'est élevé et
~ue son lonctionnement
exige toujours.
Il ne sau-
rait être dégagé de
la certitude du sens . . . . Mais
rien non plus ne permet de dire que le langage cor-
respond terme a
terme à
la réalité objective,
sans
aucun reste,
ni dans un sens ni dans
l'autre,
comme
la langage n'acguiert son statut propre gue par la
faille dessinée avec
le monde référentiel,
jusqu'à
la représentation de l'objet absent et
jusqu'à la
possibilité de mentir sur cet objet,
nous ne pour-
rons
jamais
le prendre que comme une représentation,
un spectacle substitup au réel,,1
(c'est nous qui
soulignons) •
Il décrit,
ainsi
le mouvement réflexif du
langage:
"le système de
la langue tout entier se décharge
de
la production du sens pour décrire son propre
?
fonctionnement"-.
La modalisétion ne peut être prise que comme une opération
métalinguistique puisqu'elle assure le décrochage d'avec
l'extra linguis tique.
Ce dp crochage
impose
la définition du
concept même d'pnonciateur.
1.
Lafont H.
Le travail et
la langue,
Paris,
Vlammarion,
1978,
2.
Idem t
T).
5 •

-
'~2 -
Nous
le voyons comme une image de sujet parlant
projeté dans son énoncé-.
:~n efi'et, s' il est vrai CJue "le lan-
gage ne peut mentir sur la pr~sence du locuteur au monde"
le
locuteur dans
la
langue Ile saurait être
I.e
Locuteur du monde
puisque
la langue dessine une fai Ile avec
I.e rée 1.
Le ,-Ti';
dans
l.a
Langue est en .fait une donnée de structuration.
Le
"moi" CJui parle et qui dit
"je" est plus proche du concret
que
Le
"je".
Cette distanciation peut être représentée en
discours.
(1)
moi,
~ vais où ça
bouge
(annonce publicitaire)
""loi" marque inchoati vement
la structuration et
"je" si-
gnale du déjà structuré.
C'est au fond
cette raison qui
explique
la contrainte:
(2)*
je, moi vais où ça bouge
"je" est donc une image,
une forme,
ce n'est pas
le sujet
parlant concret.
C. Delmas note a
juste titre:
"Il s'agit avant
tout de structuration plutôt
que d'un renvoi direct à
l'auteur de
l'acte
de parole. On
retrouve
souvent dans
les des-
criptions une conception plus ou moins forma-
lisée,
mais naive du concept d'inonciateur.
Il existe en fait
une échelle de structuration
et
le
",Je" n'est
lui-même CTue
l'expression de
lél structuration la plus éLaborf-e,,1.
1.
Delmas C.
s. A. C. 1l, •
,
P
222.

L'pchellc de structuration nous permet de poser
ù
la suite de C.J)elrnas,
lé!
c!.ichotomie entre ènonciatelu' pr!1-
gmatique
(proche du concret)
Sp et pnonciateur m6talin-
guistique Sm.
Nous ne
l'utiliserons que dans
les cas de
stricte nl~cessité
(cf
les adverbes de type frankly,
honest-
ly
. . • . )
non seulement pour des raisons de
clarté, mais aussi
parce que
les adverbes de modalit~ font plus souvent appel
au Sm que
les adverbes dits de manière.
Heste maintenant à poser la problématique de
l'adverbe et à dire
jusqu'où nous sommes insatisfait devant
les études proposées.
3. PROBLE;'IATIQUE DU LINEAII?E ADVERBIAL
Nous appelons
linfaire adverbial
le lin?aire qui
loge l'adverbe et dont i l
faut
analyser la structuration.
I l pose,
en sous-jacence
,
le problème de portfe de
l'ad-
verbe et sa position en système et
en surface, celui de sa
position par rapport aux autres éléments de
la structure.
En fait,
la position en surface a
été
longuement dpcrite par
les grammaires et
les études
linguistiques,
ce qu'il nous
faut ana lyser c'est
la rnétaopfration qu' irnp lique
l ' adverbE~
et dont
le
lin~aire dispose de pLusieurs manières. On pour-
rait par exemple avoir dans
le linéaire
:

-
!~ I~ -
(1)
Probably John was hurt
(2)
John probably was hurt
())
John was probably hurt
où "probably" en
(1)
régit
la structure prf-dicative dont i l
fvalue
les
chances d'existence,
en
(2)
prend pour cible
le
noeud predicationnel
"was" -
i l s'agit d'r.valuer les degrés
d'applicabilité du prpdicat au
sujet
et en (J)
porte sur
"hurt" dont
i l évalue
la candidature à
la fonction de prédicat.
Une représentation adéquate mettrait en évidence
les difÏérentes
possibilités de délinéarisation.
(2 )
La position que nous adoptons
est due à notre insatisfaction
devant
la taxinomie opérée par
les grammaires et
l'opacité
des dictionnaires dans
la prpsentation des adverbes.
Les
présentations sont faites
pour
la plupart sur une base séman-
tique,
ce qui voile
la dimension formelle des adverbes.
Nous
1. Enoncp s
emprunté s
à
;\\ llerton D. J.
& Crut tenden
:
"I!:nglish
sentence adverbials
their syntax and their intonation
in British English" in
Lingua,
'31~, 1,
197 1f.

p<lrtagoons ~ cet (~g<lrcl ce point oe vue de Thomason R .ll.
et
Stalnaker ILe.
(1~7'3)
"Jt is best
( . . . )
to explain semantic relation-
ship in term of structure rather than in terms
1
of the unanalysed
content of specifie words",
et cet autre de D<=.tnjou-flaux 6: Gary Prieur qui
relève
la
relation entre sens et
fonctionnement
syntaxique
"Hien de systématillue n'est
jamais dit sur
l'articulation entre
le sens d'un adverbe et
son fonctionnement
syntaxique,
ni
sur la
relation d'un adverbe à
la situation du
2
discours
"
Voyons de pLus
près
la taxinomie opérfe et
l'opacité
des dictionnaires.
J.l.
La Taxinomie
Elle a
en gfnéral deux dimensions
une dimension
s~mantique et une dimension syntaxique.
La première classe
les adverbes en terme d'adverbes de manière,
de
lieu,
de quantité,
de modalité
etc •••
Elle prpsente
la
classe d'adverbes
comme un "fourre-tout",
une
"poubelle".
La seconde recense
les difffrentes
positions dans
le
linéaire
puis <lttriblle une ftiquette
a
l'adverbe
selon cette position.
On parle alors de
"sentence adverb",
de
"adjuncts"
(Quirk
(1972),
r • ThOlnason
ILl!.
(~: Stalnaker R.C., liA 5elllantic thE~ory of adverbs"
in Linguistic lnquiry Vol IV
0 ' )
n
'-,
197J,p.202
:'.
Danjou-F laux h Gary Prieur
"Adverbes en -ment",
Lexique 1,
P.U.L.,
p.7

-
J~6 -
Greenbaum
(1969».
~n français on les regroupe selon l'en-
vironnement
syntaxique
"Adv que P",
"P,Adv",
" non ,Adv",
"pas Adv",
"Adv pas" etc . . .
(Borillo
1976). On drosse souvent un tableau dans
le but de
regrouper les adverbes qui
Apparaissent dans
le même contexte
et
ceux qui apparaissent dans un contexte diffrrent.
Notons
i ci
le tableau
que propo se Bori 110 A. 1 (Voir page suivante).
L'intérêt du tableau réside dans
le classement des données
du
linéaire mais i l opacifie plus qu'il n'pclaire
les relations
entre
les adverbes.
"Probablement" et
"peut-être sont classés
comme identiques,
de même que
"sûrement" et
"certainement".
Cela montre en clair que
les données de surface ne sont pas
pertinentes et qu'il faut
chercher ailleurs
les véritables
traits discriminants.
D'ailleurs,
on imagine mal un système
lingujstique qui tolère deux unités strictement équivalentes.
C'est,
au fond,
ce genre de prpsentation qui
a
suscité
l'usage
de synonymies dans
le dictionnaire.
J.2. L'usage des dictionnaires
Transparence ou Opacité?
Pr~occupés par la transparence dans
l'explication
du sens,
Les dictionnaires nous
livrent un catalogue de
1. Dorillo,
A.
"Les adverbes et
la modalisation de
l'Rssertion"
dans
Langue française,
nOJO,
1976,
pp.7!1-79.
Le tableau est une forme rrduite.

(oui) Adv non, Adv
Pas,Adv
Adv pas
Adv
que Adv que pt
P, Adv
probablement
+
-
-
+
+
+
+
peut-être
+
-
-
+
+
+
+
sûrement
+
-
-
+
+
+
+
t'-
certainement
+
-
-
+
+
+
+
évidemment
+
+
-
+
-
+
+
bien sûr
+
+
-
-
-
+
+

'~8 -
termes SUPPOS0S équivalents au terme df-Ïini.
Jl en r 0 sulte
deux types d'effet chez le lecteur-chercheur:
embRrras
devant
la multiplicité des
termes proposés et insatisfac-
tion devant
la circularité
(un terme défini renvoie à un
autre terme qui,
à son tour,
renvoie au premier).
L'opacit p ,
au bout du
compte,
est telle que
le
lecteur,
r~signé, se
contente de
ce qui
lui est ofÏert. Quelques exemples
suffiront à étayer ce que nous avançons.
Les dictionnaires consultés
(dictionnaires unilingues
et bilingues
(voir liste en bibliographie))
présentent en
général,
les adverbes de
la même manière. Pour l'anglais,
un adverbe comme
ncertainly" est défini par "surely" et
l'en-
trée
"surely" nous donne "certainly". Nous avons
le même
schéma pour "evidentlyn
et
"obviously". On représentera cette
circularité de
la Ïaçon suivante:
certainly
surely
evidently
~obviously
~
Nous avons
le même schéma pour les adverbes français mais
la
circularité
s'applique beaucoup plus nettement R d'autres
adverbes,
ce qui,
en remontant
la filière,
donne une reprf.-
sentation architecturale que seul
un ordinateur est à m5me
d'enregistrer.
l'~n voici un exemple (forme réduite)

-"~
certainement
;,certainement
sûrement
:;-..
;::rsûrement <::
~ssurément C
')véri tablement
coup
certainement~~~--------~
incontestablement
videmment
certes
certes
et c ••••

-
']0
-
L'opacité est obtenue dans
le parcours ùe
chaque entr~e.
On comprend dans ces conditions que
le dictionnaire bilingue
réinstaure
la circularité de la façon
la plus complexe et
la
plus opaque.
La circularité dans une
langue A est
rendue par
son opposée dans une
langue H,
chaque tenne ayant
ses
corres-
pondants.
Schématiquement
TI
Représentation architecturale interlingue
de
la circularité opacifiante.
Il ne sera pas question pour nous d'embrasser
toute la classe d'adverbes,
nous tenterons de montrer qu'il
existe une mani~re plus systématique et moins opacifiante
de présenter les adverbes.
I l s'agira d'étudier des micro-
syst~mes (ex. surely/certainly, perhaps/maybe etc ••• ) à
partir des opérations qu'ils mettent en oeuvre dans
le pro-
cessus de structuration.
Cela nécessite une délimitation du
domaine.

-
51
J. 11. Délimitation du domaine
La structuration modale du
linéaire adverbial
suppose un choix dans
le
type d'adverbe car tous n'impliquent
pas cette opération. Farmi
les adverbes de modalit;;(ou moda-
lisateurs)
nous retenons
seulement trois groupes
1)
les adverbes de modalité
(dpsormais
"Adv.mod.")
stricto sensu.
Ce sont
les adverbes du type:
possibly,
probably,
perhaps,
maybe.
2)
les adverbes de modalité énonciatifs
(Adv.mod.Enon.)
ceux du type
frankly,
honestly.
J)
les adverbes de modalitp assertifs
(Adv.mod.Ass.)
ceux du groupe
certainly,
surely,
evidently,
obvious ly.
Cette
liste peut paraître arbitraire puisque des Adv.mod.Ass.
peuvent
jouer le rôle d'adverbe d'énonciation. En fait,
ce
qui importe c'est
la métaopération qui
sous-tend l'emploi
des adverbes et non leur liste.
C.Delmas note à
juste titre
" Une
liste de métaopérateurs serait néfaste
dans
la mesure où elle
laisserait croire que
la métaopération peut être"donnée" dans
le
1
lexique
".
Cette
liste n'a donc de
l'intprêt que dans
la mesure où elle
permet de dl~ limi ter le domaine d'ana lyse.
1.
C.Delmas

-
5:.' -
Au terme de ce chapitre nous voulons
rappeler notre
objectir :
aiguiser les outils,
introduire
l'idée que
la
structuration est
l'essence même de
l'activité productrice
et que
la modalisation s'y inscrit comme une op~ration méta-
linguistique de régulation
commentaire et rpg13ge des
connexions. On imagine le rôle que
jouent
les adverbes qui,
en dehors de
la banale fonction de"modification"
(modifica-
tion de
la phrase,
de
l'adjectif,
d'un autre adverbe etc.)
servent d'outils,
véritables métaopérateurs guantifieurs
de
la structuration abstraite.
Le chapitre suivant met
l'accent
tout d'abord sur le
système des modaux en tant qu'il est au centre de
la structu-
ration modale puis sur les adverbes de modalité pour mettre
au jour leur part dans
l'activit6 métalinguistique de
l'énon-
ciateur.

CliA}lITl{~~ I I
LINEAIH~~ ADVEHBIO-;'lODAL
l;;T STHUCTURATION

" On explique selon qu'on a
su comprendre.
On comprend selon qu'on a su observer.
"
G.Guillaume
Language et science du language

1 -
DU LIN~AIfL~
j\\;ODAL r::T DU CARACT8RE SYSTE,\\lATH~UE
DE LA STRUCTURATION
La liste des études sur les modaux est
telle
qu'on peut s'interroger sur l'opportunité
d'une présen-
tation du système modal dans
ce travail. La raison de ce
choix est donnée
par le fait,
tout naturel,
qu'on ne peut par-
1er
de structuration modale sans parler
des modaux; par
le fait également,
qu'il se développe autour du système mo-
dal
un système
analogue
d'adverbes de modalité.
Ce der-
nier s'accommode du premier d'une manière telle qu'il est
illusoire de parler de
l'un
sans présenter l'autre.
Il suf-
fit d'observer les énoncés
suivants pour s'en rendre compte
(1) They will probably let your navy pass
freely into the Mediterranean.
(2) l
only want to ask you a few questions
that might help -
help,that is,
to
find out
your daughter's murderer.
You've no idea yourself,I suppose,
who i t can possib~y be ?
Les cooccurrences dans le linéaire de
will -
probably et
can -
possibly semblent tout ~ fait naturelles, mais i l est
difficile de rencontrer des occurrences
dans lesquelles"
"can" s'accommode de
"probably" et "will" de
"possibly".
On note la non recevabilité
quasi tangible de
:

-
)6 -
(1')
* They can probably let your navy
pass •••
(2') * You've no ide a yourself ,1 sup-
pose,
who i t will possibly be ?
qu'est-ce qui
justifie cette inacceptabilit~ et l'affinit~
will -
probably et can -possibly ?
Nous r~pondons
à
cette
question dans la section suivante
(2.-1 .3.a). Pour l'instant,
nous voulons souligner l'importan~e d'une analyse du syst~-
me modal dans notre travail.
A côté des études qui mettent en relief le carac-
tère
syst~matique des modaux (Martin Joos (1964),Ehrmann,M.
(1966)
et Langacher,R.(1978)),
nous retenons
celle d'Adam-
czewski,H.(1982 GLA)
sur laquelle va reposer l'essentiel de
notre pr~sentation. Elle rend mieux compte de la structura-
tiO:llaodale,
de la nécessité de délinéariser la chaîne,de
la valeur distinctive de
chaque modal en structure. Voici
un aspect de ce que dit Adamczewski de la délinéarisation
"Nous distinguerons deux plans dans les énon-
cés modalisés
(
et ce quel que soit
le moda-
lisa±eur, un adverbe comme
"manifestement" ou
un modal)
1.
le plan cognitif
(le dictum)
i l s'agit de la proposition abstraite,du
couple prédicatif qui va être soumis à moda-
lisation:
she /
miss her bus

-')7
2.
le plan modal
(le modus)
ce modus -
nous
l'avons vu -
se présente
sous des formes diverses
:
modal,
adverbe,
etc.
Ces deux plnns sont passés au laminoir -
opération qui aplatit cette structure éta-
gée pour aboutir à
la structure linéaire de
surface.
devoir
t
-
tu
avoir faim
must
-
you
J
be hungry "
Quant aux valeurs distinctives en syst~me de chaque modal,
elles sont résumées dans le tableau suivant:
(+ orienté verSl
r:" orienté verS)
l
prédicationJ
l
prédLcation J
,
,
(- inhérent):
shall
:
may
,
,
:
1
!
1
(contingent):-----------------t-----------------
' ?
,
?
'
, " -
,
-
(+ inhérent):
wi 11
:
can
,
,
,
.
~
Nous abrégerons
ces différentes valeurs de la façon sui-
vante
sha 11
(+ 0,
i)
may (- 0,
-i)
\\-li 11
(+ 0, + i)
can
(- 0,
+i)
1.
Adarnczewski,H. GLA,
p.
1i~2
2.
idem, p.
1 47

-
58 -
On aura compris
qu'on est
loin du catalogue tradition-
nel de possibility,
necessity,
capacity,
etc •••
Les traits
(:t 0)
et
(:t i) renvoient
non à une caractérisation p~re-
ment notionnelle,mais à une caractérisation opérationnelle
et à une caractérisation de degré.
La première est l'essen-
ce même de
la structuration modale
:
quantifier les chances
de réalisation de la connexion prédicationnelle,
les chan-
ces
de stockage
des programmes de sens. La seconde porte
détermination de degrés de cohésion et cela en fonction
d'un choix
qu'opère l'énonciateur du modal qui correspond
le mieux à
l'étape de structuration en cours. On distingue
à partir des phases de la structuration deux groupes de mo-
daux :
les modaux inchoactifs
(ou rhématiques)
et ceux qui
indiquent un acquis de relation (ou thématiques).
Les modaux inchoatifs
shall
(+ 0,- il, may(-O,-i)
marquent une entame dans
la structuration modale c'est-à-dire
qu' ils signa lent
une non - congruence entre
sujet et prédi-
cat caractéristique de
l'étape
où i l n' y a pas
encore
(acquis,
de
) relation.
( 1)
(contexte : i<1.~·Iore l,
rentré
soûl chez lui ren-
verse le tirair de fourchettes
et de cuillers.
~jme l'lorel intervient)
fime ;,jore l
'.;hat are you doing,
you drunken fouI?
::. Norel
If you don't
like the way l
do it,you
should do i t yourself. You should get
up,
like other
~~'!:!.e_n_ hR,Y~ _t.~, and

-
'jC)
_
wai t
on me •.••.
t~e M.: Wait on you ? wait on you ?
------------
-----------
M.N.:
l ' I l teach you. You SHALL wait on me
--------------
--------------------
!'lme 11.: Never. l 'd wai t
on a dog at the door
:first.
(U.H. Lawrence,S&L,pp.15-16)
"Shall" signale qu'il n'y a pas
coh~sion entre le sujet "you"
et le
prédicat "wait on me".
Cela est d'autant plus net que
~';me l·l. n'imagine pas l'existence d'une quelconque
relation
entre elle et le pr~dicat qui lui est impos~. Morel n'a,dans
ces conditions
,d'autre solution
que d'utiliser un modal
doublé
d'un accent
fort
qui en dit long
sur son carac-
tère
non acquis,
rhématique. En fait,
l'usage d'un accent
fort repose
sur la discordance
qu'a repéré
l'énonciateur,
d'où l'intention de celui-ci de forcer la prédication. La
menace
ne peut d'ailleurs se faire qu'en cas
de discor-
dance,de "désaccord".
Poser l'~quation "shall = menace"
impliquerait
que l'on noie le trait formel,
discordanciel
dans l'effet de sens.
Dans certains cas,
l'emploi de l'inchoatif
"shall"
est dict~
par l'absence d'un terme
de la relat'ion pr~dica-
tive

Dans le cas
par
exemple d'une qu~te d'instanci-
ation d'un terme de la relation.
(2) A
',-'here' s my dad ?
B
He says he's run away

- 60 -
A
\\~here
ta ?
B
Oh,
l
don't know. He's taken a bundle
in that big blue handkerchief and says
he's not coming back.
A
What shall we do ?
(D.H.
Lawrence,
S & L,p.18)
"~hat will we do ?" est irrecevable du rait m~me qu'il ne
peut exister d'acquis de relation lorsque l'un des ternles
est à instancier. L'interrogation
signale
en plus qu'il
y a qu~te
de structuration.
"Shal.l" est donc tout indiqué
pour supporter cette qu~te.
"'"'lay" remplit la m~me tâche que "shall" :
signaler
que le prédicat n'est pas propriété inhérente du sujet.
(3) Man has places in his heart which do not
yet exist,
and into them enters sufrering
in arder that they may have existence.
(Léon
Bloy, G • G.
1951)
"In arder that"
déclenche le statut rhématique de la
_'e1a-
tian. Il n'y a pas cohésion mais
quête de cohésion. Sont
exclus :
* in arder that they will
* in arder that they can
...
"In arder that", "whatever", "what",
etc •••
sont les types me-
mes de déclencheurs d'inchoatinn -.
Qu'on en juge
(L~) ""hatever the accident may have been, i t
had in no way disturbed the young Lady
and gentleman.
(J .F.B.,p.227)
.
IWill
-- ~Jhatever
the accldent
have been.
can

- - - - - - - - - - - - - . - "
-
- - -
-
61
-
(5) It was her letter that had made him so
cheerful he realized.
She was on his si-
de now,
come what may.
( KI", Ti-IFSF , P • 327 )
Wjll
* Come what \\ can
L'identité d
f
t ·

"
",
"
e
onc lon entre may et .'3!Jall nl' doi t
cependant pas faire croire à une identité stri cte. "?-lay" di t
la non inhérence S/p sans "annoncer la
réalisation de la
prédication"
(GIA,p.148),
on reste en quelque sorte enfermé
dans les limites du possible de la soudure.
"Shall" au con-
traire ne se contente pas de poser la non inhérence S/P,il
annonce
la réalisation de
la ligature. On sort pour ainsi
dire des limi tes du possible comme si "sha 11'' étai t
second
par rapport à Nay dans l'ordre
d'un sous-syst~me qu'il
faut encore postuler à
côté de celui,
plus en
relief,
de
"may -
can". Tout ce que l'on peut avancer c'est qu'il n' y
a
jamais
égalité stricte même lorsqu'il y a
" identité fonc-
tionnelle".
Les modaux thématiques,quant à eux, disent qu'il
y a acquis de relation c'est-à-dire en gros,que le prédicat
est posé comme déjà en rapport avec le sujet.
(6) A
Keep i t safely
B
Of course l
will
C;.A.C.L.,p.3S fî )
-- * of course l shall
(7) His own safety made him feel shame. In a
genuine war an officer ~ always die with
his men and so keep his self-respect.

En (6)
"will" signale que le prédicat "keep i t safely" est
acquis pour "1" énonciateur et sujet grammatical. I l ne peut
en être autrement puisque l'adverbe "of course" marque le ca-
ractère
"tautologique"
de la relation prédicative.
(Sur le
statut particulier de ce type d'adverbe,nous renvoyons au
chapitre III.
J. J.). "Shall" est exclu du fait de la contra-
diction qui existe
entre "accord" et
"discordance".
le prédicat
"Die with his men" fait partie du pro-
gramme sémique de "officer",
i l s'agit de la définition même
de
l'officier.
"Will" et "can" marquent donc une étape avancée de la struc-
turation
modale, mais ils ne sont pas strictement équivalents.
On peut faire
la même remarque comme pour
"Sha 11- May".
Avec r
"can" on reste
dans les
limites du possible de la ré-
alisation prédicationnelle.
";{ill" au contraire indique
un
dépassement
de ces limites puisqu'il
annonce la réalisation
de la soudure. Voici un énoncé tout à fait transparent
:
(8) They say that one ~ never do anything
that can astonish Paris, but l
will.
(TbT, p. 17)
On postulerait aisément que
",.. ill" est second par rapport
à
"can" dans l'annonce de la réalisation de la connexion
prédicationnelle. Tous
les deux sont par contre seconds par
rapport à f·:ay et Sha Il dan~
la quantification de la prédi-
cation. L'énoncé
suivant met
"sha Il'' et
"wi Il''
en concurren-
ce.

(9) As you aIl know,
the American spy Frobi-
her
was arrested berore he could carry
out his evil plans
( ••• ). Ile has made rull
conression or his criminal plots against
the llungarian people. He has thererore
been round guilty and sent to prison ror
twenty years.
Dut other spies
will
come again from
the capitalist
nations or the West which
are trying to start another war. h'ell,we
shall be ready ror them,
as we were ready
ror the spy Frobisher. ~e will try them.
They
will conress
• ~e will rind them
guilty. Dut there will be this one dir-
erence
:
the next American spy whom we
rind guilty or crimes against the Hunga-
rian state we shall hang at once.
(TbT, p. l )
Avec "will",
l'énonciateur marque une certitude quant à
la
relation:
i l
pose
qu'elle est acquise. Nous sommes à une
étape
avancée de la structuration.
"Shall" au contraire
intervient
chaque ~ois
que l'énonciateur a~orce une struc-
turation dirrerente.
"The next •.• "
qui introduit le dernier
"shall" marque clairement l'entame structurale. L'alternance
"shall! ',i 11'' correspond
donc au vecteur structurant
:
I l faut préciser que le vecteur s'articule plus
à
partir

-
b'l -
des traits différentiels qu'à partir des éléments
A
eux-mernes.
Il s'agit de représenter l'abstraction et non les éléments
dans leur mat~rialité. "Shall" et "will" ne diÎÎ~rent que
par le trait
(~ i) • On aura donc
("shall" ayant les traits
(+ 0, -
i)
2
("will" ayant
les traits
(+ 0, + i)
On notera au passage que l'alternance dont i l est question
ici ne rel~ve pas du seul anglais contemporain. ~lle
existait déjà
en moyen-anglais
:
(10) Al shal be thyn right as thou wolt
desyre
(11) Tout sera tien,
strictement selon ton
gré
1.
shal
l
2
wolt
Une analyse approfondie
du vieil et du moyen anglais
1. Crepin,A..
Grammaire Historique de l'anglais,Paris,FUF,p.47

-
ô'j
-
montrerait clairement que le m±cro-syst~me a traversé les
âges et que
seul
les formes ont
changé.
Ce que nous
avançons
là repose
sur l'intuition que les opérations
changent -
si
jamais elles changent -
beaucoup moins vite
que les formes.
Dans tous
les cas,
nous opterions pour
une diachronie qui ne
se préoccupe pas uniquement de la
morphologie
mais,des opérations et des
syst~mes de
relation.
De la même mani~re que
J1 s hall"
et
"will",
"may"
et
"can" peuvent
être mis en concurrence.
( 12)
A
}lay l
have a biscuit,Hum ?
B
Of course dear.
A
Can l
have i t now ?
(GLA,
p.
154)
,'!ay signale une quête de cohésion.
Can intervient pour mar-
quer la cohésion une fois
la relation admise
• Les différents
traits indiquent les deux étapes de
la structuration
modale,
d'où le vecteur:
i
~';ay (- 0, -i)
2
l + i
Can (- 0,
+i)
ou encore
--------~2
quête de cohésion
cohésion
may
can
En rassemblant toutes
les valeurs du syst~me modal sur les

- 66 -
vecteurs successifs
:
vecteurs
portant orientation vers
la prédication et vecteurs portant réalisation de la soudu-
re,
nous aurons le schéma
suivant
2
~
ô
+ 0
may
shall
1
i
+
i
'r i
2 1
2
+
i
can
will
0
+ 0
>2
Nous avons laissé deux éléménts
en suspens,
le
modal
"must" et le "ed". Nous omettons
l'étude de "must"
pour la bonne raison
quYil n'intervient pas directement
dans la correlation
~lodaux - Adverbes de modalité, du moins
dans celle que nous avons choisi
d'analyser.
L'omission ici
ne doit pas laisser entendre qu'il fait
"exception" au mi-
cro-système,
i l s'y inscrit et y
tient une place spécifique
(Nous renvoyons à
l'analyse d'Adamczewski
dans GL\\.).
Le
"ed" quant à
lui n'est pas modal.
I l signale
un décrochage métalinguistique,
décrochage pouvant être dû
à un décalage chronologique ou h un dépassement
de type
présuppositionnel.
Ce que nous noterons en particulier,
c'est

-
h7 -
son inf'luence
sur le modal "may".
8n f'usion avec lui,
may passe du rhématique au thématique.
c~u' on en juge :
l
could s t i l l recall the po or footman
his ears pink with embarassment as he
stood stif'f'y by the front door and pre-
tended not to hear my mother
say:
"Does i t never occur to you that l
may
be tired of' going to Vauxhall and hear-
ing all the aristocratie gossip mongers
of' London society whisper
"There goes "'iark with his blue-blooded
~rench whare
!
Does i t never occur to
you that l
might be tired of' being
ostracised".
(JPB,p.168)
Le passage de la phase
à
la phase 2 est patent. En déca-
lant
"may"
(ou might)
le "ed" indique que la structuration
modale a déjà une histoire métaopérationnelle.
Le linéaire
est ici iconique du vecteur structurant
:
l
may be
l
2
l
might be
Nous avons introduit
le "ed" pour montrer qu'autant
i l
thématise "may'~ autant un adverbe de modalité comme perhaps"
,

J I .
JJ
peut
rhematlser m1eht comme nous
le montrons
dans la sec-
tion sur le couple "perhaps/ maybe':

-
6f; -
Nous avons voulu cette présentation très brève parce
que nous aurons affaire au système modal tout au long de
ce travail,
surtout lorsqu'il s'agira de montrer comment
les Adv .r-lod.
se situent par rapport à
lui. En outre,
des
travaux
très fructueux ont été déjà faits
sur les modaux
pour qu'on s'y
attarde. Il ne reste donc plus qu'à enta-
mer
l'analyse des Adv .~lod. stricto sensu.
Nous débuterons
l'étude de chaque couple par
une brève présentation des
positions d'autres linguistes sur le type d'adverbe(s)
concernées).
2. LINEAIR2 ADVEHBIAL :
ADV .r-lOD. STRICTO SSNSU ET
ST~UCTURATION IlODAL8
2.-1. Possibly! probably
2.-1 .1.
Présentation
Parmi les études faites
sur ces adverbes,
on
note celles de P.~. Schreiber (1971),
R.Jackendoff(1972),
D.J. Allerton et A.
Cr'lttenden (197i~), s. Greenbaum (1969)

-
6~) -
et Irena Bellert
(1977). ~lles situent
, , 1 /
"
en general possibly
et 'probably" dans une classe particulière à
l'intérieur d'une
classification plus large. Dans cette large taxinomie,
cha-
que linguiste s'intéresse
à
deux ou trois classes qu'il
définit selon des critères sémantiques et syntaxiques.
Schreiber par exemple se penche sur deux types d'adverbes
les adverbes évaluatifs
( evaluative adverbs
)
et
les
adverbes de modalité
(modal adverbs)
• I l définit chaque
classe en ces termes
"( ••• ) h-hi le an evaluative adverb presupposes
the positive truth-value of the(surface) pre-
dication with which i t is in construction and
offers an evaluation (value-judgement) of i t ,
a modal adverb assigns a degree of likelihood
(a probable t~~th-value) to the associated
predication ,,1
C'est dans
la dûuxième classe que
l'on retrouve possibly et
"probably" puisqu'ils n'impliquent pas la "valeur de vérité"
de la prédication. Pour marquer la différence entre les deux
classes,
Schreiber propose les énoncés suivants
:
(1).Thurmond probably is extr~cting his pound
of flesh
(:2).Thurmond is extracting his pound of flesh
possibly.
1.
Schreiber,P.A.
"Some constraints on the formation of Eng-
lish sentence adverbs" in Linguistic
In-
9uiry,Vol.II,n~ 1,
1971, p.SS.

-
70 -
( \\ ~ • Hegrettab ly, Thurmond is extracting his
pound of flesh.
~).Thurmond, unfortunately is extracting his
pound of flesh.
Selon son analyse,
"probably" et
"possibly" marquent la
probabilité de la "vérité" de
la prédication alors que
"regrettably","unfortunately" présupposent sa "vérité".
Cette analyse est intéressante dans la mesure où elle
tient compte de
la notion de prédication. C'est en effet,
par rapport à
elle
que se définit
la fonction des adver-
es de modalité en tant qu'éléments participant de
la struc-
turation modale de
l'énoncé.
La notion de
"likelihood" est
également
intéressante lorsqu'elle s'applique à
l'opéra-
tion abstraite de prédication. I l
'faut cependant,
noter
que Schreiber ne va pas
plus
loin dans
l'analyse de la
part des adverbes
de modalité dans cette opération.
Cela
est sans dû à la hantise de ce qu'il faut
bien appeler le
"fantôme"
de la vérité.
ou la fascination du plan référen-
tiel.
Sn fait,
l'objectif de Schreiber
était beaucoup plus
une détermination
de classes d'adverbes qu'une analyse des
opérations abstraites qui sous-tendent celles-ci.
La mise
au jour de ces opérations aurait non seulement permis une
meilleure taxinomie
des
classes mais aussi relevé
la hié-
rarchie entre les éléments de
la même classe. I l faut ajouter

-
71
à
cela
~ue l'analyse des opérations profondes aurait
entraîné
la nécessaire prise en compte de
l~instance
structurante
qu'est
l'énonciateur.
Jackendoff semble avoir perçu l'importance de
cette instance énonciatrice.
Chez lui,
un groupe d'adverbes
expriment l'attitude du "locuteur" vis-à-vis de ce qu'il
énonce,
ce sont
possibly,
probably,
evidently,etc.,un
autre groupe exprime
"some additional information"l
à propos
du sujet,
ce sont:
carefully,cleverly,clumsily,etc . . . • Les
premiers sont dits
"speaker oriented" et
les seconds
subject oriented".
Ces traits sémantiques vont servir de
base
à
la théorie transformationnelle que Jackendoff va
mettre
en place.
Cette théorie est faite
de r~gles de pro-
jection ( projection rules
)
qui associent
le reste de la
phrase à
la lecture
(reading)
dp
l'adverbe.
Les deux classes
d'adverbes se voient
assignées
les r~gles
Pspeaker et
Psubject.
La premip-re dRtermine la
lecture du reste de la
phrase comme ~n argû~ent nécessaire à
la lecture de l'adver-
he.
La seconde,
la lecture
du reste de
la phrasl~ C')!!lrne un
ar~lment pour l'adverbe mais en plus,
i l prend
en compte
le sujet qui
lui est attaché,
comme un autre argument pour
cet adverbe.
Nous n'entrerons pas dans
le détail de cette
théorie,
disons simplement que
les règles de projection
permettent de déterminer la portf~e de l ' adverbe
~ La f1l1rasc
1. Jackendoff,R.S.
Semantic interEretation in generative
Grammar,
~IT,1972 ,p.57.

-
T! -
(3) Probably ;·lax
carefully was
climbing the
walls
sera dérivée comme suit
(a)
}' subject
carefully
CARSF'U L (.\\lax,
c limb (l·Jax, the wa 11 s) )
P speaker
probably
PH()BABU~ (CA:~l~PUL(;';ax,c limb (;'iax,
the walls))).
Sn (a),
l'application de la règle de projection Psubject
;\\ "c3.refu lly Il convertit Il
la phrase minima le et
le sujet en
arguments de
l'adverbe • .En (b)
la règ.le Pspeaker appliquée
à
l'adverbe " pro bably" convertit le reste de la phrase y
compris
"carefully" en
argument de "probably".
De cette analyse nous relevons deux points positifs
.Le premier
porte sur le fait qu'un adverbe comme
"proba-
b ly" fait
appf; l
nU
"locuteur"
(speaker)
,nous dirons
plus
pré cisérnent ;\\ l ' énonciatr·m r'
("probably"trahi t
l r acti vi té
modalisante de
l'énonciateur). Jackendoff introduit ici le
"?peaker" dans une théorie
de type transformationnel,
ce
qui n'a pas ,~té
fait dans
le modèle chomskien. Le second
point est relatif à
la mise au jour de la valeur épistémi-
que de "probably" dans ce genre de construction (à noter
que son antéposition Est iconique de cette valeur).

- 7l -
Ces deux points sont certes intéressants à
signaler,
mais i l faut reconnaître que l'application des règles de
1
projections occulte la structure binaire
de
l'énoncé.
Le
métaop~rateur "-Ing" est par conséquent ignoré. Il est
impossible dans ceS conditions de préciser la cible réelle
de l'adverbe de modalité dans
les énoncés proposés.
On retrouvera également
"possibly" et
"probably"
dans
l'étude de D.J. Allerton et A.
Cruttenden (1974).
Ces
linguistes proposent une classification beaucoup
plus dé-
taillée que celle de Jackendoff.
Ils établissent
6 classes
en fonction de
l'orientation de
l'adverbe. Les adverbes dits
message-oriented
sont du type:
probably,
possibly,certain-
ly,
surprisingly,fortunately etc ••• ;
ceux dits subject-orien-
ted
sont ceux proposés par Jackendoff,
les view-point_orien-
ted
du type:
legally,
scientifically,
etc •• ;
les speaker-
oriented
:
honestly,
îrankly,
etc ••• ;
style-oriented : brief-
ly,literally,etc.; validity-oriented :
broadly,ostensibly,
etc .••
Les message -oriented sont subdivisés en likelihood
possibly,
probably,
certainly etc ••• ;
et en attitudinal :
possibly,fortunately etc . . . .
Ces deux
sous-classes sont
' )
déterminées
à partir de la distinction "factif /
non-factif"'-
Î .
Xous renvovons R la binarité des énoncés en -Ing relevés
par 11.
Ada~cze,..ski (1 ~78) •
2.
Cette distinction est faite sur la base d'une conformité ou
d'une non-conformit~ à
l'état de chose exprimé par l,pnoncé.
;(iparsky J' (.. C ("170)
"Fact" in Semantics de Steinberg and
Jakobovits
C.U.P.,pp.J4S-)69.

_ 7 ,t~ _
de Kiparsky
(1970).
Les premiers sont dits non-îactiîs
parce qu'ils n'impliquent pas
la r~î~renciation
du contenu
du prédicat. Ils portent sur la probabilit~ du message d'où
leur appellation de
"likelihood".
Les seconds, les îactiofs,
renvoient à
la r~alisation concrète du programme sémantique
du prédicat;
r~alisation
considér~e comme un îait que le
locuteur commente. Son commentaire
détermine son position-
nement
subjectiî vis-à-vis
du programme d·e. sens,
d 'Oll le
nom de "attitudinal".
Cette classiîication est certes plus nette,mais elle
ne r~pond pas aux questions
sur la diîîérence îonctionnel-
le entre les él~ments d'une même classe. En outre,
l ' é t i -
quette d'attitudinal peut aussi bien s'appliquer aux adver-
bes
dits
de
"likelihood",
terme qui,
de toute évidence,
mériterait d'être pr~cis~.
La dernière étude que nous présenterons est celle
d'Irena Bellert (1977).
Cette étude est intéressante parce
qu'elle établit des critères distinctiîs,
relève certaines
caractéristiques
s~mantiques des adverbes de modalité et
analyse la diîîérence entre
l'adjectiî et l'adverbe de moda-
lité.
L'examen de tous ces points nous permettra de préciser
un peu plus
la structuration modale qui sous-tend le linéaire
de ces adverbes.
I l convient donc d'accorder à ces points
une attention toute particulière.

-
7') -
a)
-
critères distinctifs et
caract!~ristiques sémantiques.
Le premier critère que relève Irena llellert est celui
de la paraphrase. Toute phrase contenant un adverbe de moda-
lité est paraphrasable en un
énoncé comportant
une proposi-
tion complexe dans
laquelle l'adverbe est une prédication
de
vérité
(predicate of the truth)
• La paraphrase sera une cons-
truction du type :
J::::::::l
(1) I t
true that
s.
(certainIY)
(Irena Bellert,p.342)
Ce critère,
disons-le,
n'est pas des plus heureux puisqu'il
correspond à une manipulation de
la part du linguiste,
manipulàtion
dont
la seule fin est de valider à
tout prix
la définition proposée pour la classe des adverbes de moda-
lit~. Cette définition est libellée de la façon suivante:
"An adverb of this class is the predicate
whose argument is the truth of the proposi-
tion expressed by the respective sentence
(not
the fact,
event,
or state of affairs
denoted by the sentence ,,2
1. Dellert Irena "t{emarks and replies on Semantic and
distri-
butional properties of sentence adverbs" in
Linguistic Inquiry,
Vol.
8,
n~ 2,lS'77,p.3!l~2

-
76 -
l'ar manque d'outil d'analyse,
on noie ainsi
la portée des
adverbes de modalité dans
l'océan
de
la "vérité".
La
vérité,
on ne le dira jamais assez,
est
une notion du
monde,
à ce titre,
elle appartient plus à la logique qu'à
la
grammaire réelle,
celle qui met en oeuvre les opéra-
tions abstraites et
les relations entre les éléments lin-
guistiques.
La paraphrase est certes un
outil, mais on ne peut en tirer
qu'une explication des notions et
la différence qu'elle per-
met
d'établir entre deux
classes d'adverbes
ne nous avance
pas beaucoup. En outre,
fait plus remarquable,
elle produit
un autre type d'énoncé,c'est-à-dire qu'on passe d'une cons-
truction
A à une construction B,
toutes deux identiques ou
supposées telles
au plan sémantique,
mais assurément dif-
férentes au plan des opérations mises en oeuvre dans
leur
structuration. Paraphraser:
(2) John will nrobably come
en
(3) It is probablv true that John will come
c'est passer d'une modalisation de type interne
(prise en
compte d'un terme de
la relation prédicative)
à une modali-
sation
de type externe
(toute la relation devient cible de
l'opération modale).
La différence
entre les deux énonc~s
saute aux yeux. En (2)
"probably" porte sur le programme
sémantique de
"come",
i l évalue en quelque sorte sa candida-
ture à
la fonction de prédicat dans une relation déjà marquée

- 77 -
comme inhérente par "will ll
(Nous y
reviendrons). En (3)
la
cible n'est plus "come"
mais
"truell. La relation prédicati-
ve
"John 1 corne "
est dûment constituée,
on n'évalue plus
le statut relationnel de
l'un des termes,
mais
l'entier
précùnstruit.
La paraphrase ne peut donc être un critère distinctif
véritable puisque non seulement elle est due au linguiste,
mais aussi implique une"différence opérationnelle" non
négligeable.
Le second critère nous semble plus solide parce que
plus naturel
l'interrogation. Selon 1. Bellert,"probably",
"certainly","evidently" ne peuvent apparaitre dans des énon-
cés interrogatifs. On ne peut avoir:
(prObablYj
( 2+) .* {ha s l. John " certainly
corne ?
WilIj
(evldentlY
(1. Bellert,p.344)
La raison de cette inacceptabilité est évoquée comme s u i t :
"~e do not ask questions and at
the same time
evaluate the truth,
or degree of truth of the
1
proposition that is being questioned"
nonne tentative d'explication de
la contrainte observée ici,
mais elle n'est pas très précise.
~n effet, Bellert ne dit pas
Il
1/
pour~uoi la question rejette l'évaluation du degr0e of truth.
1.
lrena Bellert,
op.cit.,p.J44.

-
78 -
i~n outre, elle évacue "pos s ibly" qui, lui) est parfaitement
compatible avec l'interrogation. qu'on en .juge
(5) Of course If he had known Feliks
was
going to kill
Prince Orlov he might have
thrown modesty
to the winds. ~ut how
could he possibly guess that ?
( Vf~l
}'l-J.
,
T!\\'
l ! C'~l)
('.:>
,p. 98)
Cette compatibilité fait de
l'interrogation un critère
beaucoup plus important de distinction non pas entre les
classes d'adverbes mais entre
les éléments d'une même classe.
~uand on a saisi le véritable statut de cette opération, il
est possible de mettre
au jour le r51e de
"possibly" et de
"probably" dans
la structuration moda le de
l'énoncé.
L'interrogation est une opération métalinguistique qui
présuppose
la
relation sur la quelle elle
Jnrte. Dans
(5) ~ill John come?
la relation prédicative "John/come" est présupposée.
C'est
une
~relation primitive'"selon la mé~alangue de A. Culioli.
La question dont
le support iconique est ici
"Will" ne peut
s'appliquer que si
sa cible
(la relation)
est préinstallée.
- - - - - - - - - " - - . . : . . _ - - - " - _.......'--...;;....~--'-...;:;...--.;.;...;..~=-;....;;..~..;;..
, .
Cette relation est
celle qui est décrite dans son schéma
de
lexis.
i\\.
Culioli
:
séminaires de DEA,
'903.

-
7~) -
Cette
prl~construction est capi tale dans la compréhension
de
l' incompatibi li té qui résul te de la mise en rappo rt de
la question et de
l'adverbe de modalité
"probably". Nous
avons déjà vu que dans
l'énoncé
John will probably come
"probably"
portait sur le programme de sens de "come".
L'énonciateur évalue
les chances de
"come" il devenir
"prédicat". Autrement dit,
la construction de
la relation
n'est pas achevé2
puisque la fonction de prédicat est
~~~~:r::~~~.._,i~~. On comprend dans ces condi tions que la
question ne puisse pas porter sur cette relation.
Avec
"possibly"
(5) c'est la relation elle-même qui
est en jeu. I l s'agit de quantifier l'inhérence de
la rela-
tion signalée par "could".
La question trouve ainsi un sup-
port qui
la légitime
~I~~i~ inhénènt quantifié de la
relation prédicative.
Nous affinerons plus
tard l'analyse des rapports
"will-probably" et
"can-possibly",
pour l'instant,
disons
que la compatibilité entre ln question et
"possibly" n'est
pas gratui te.
;'~lle est symptomatique de
l ' apti tude de "pos-
sibly" à quantifier
une relation d" inhérence.
Au niveau
de l'évaluation des
chances de
la prédication,
on opposera
"possibly" à
"probably" tout
comme
"perhaps" s'oppose :J.
"maybe",
puisque dans
ce dernier couple l'interrogation est
compatible
avec
"perhaps" et non avec "maybe". On aurait

-
gO -
donc
(6) Has John perhaps been here before ?
(1. Bellert,p.J~~)
et non
(7) * Has John maybe been here before ?
Cette compatibilité a
amené 1.
Bellert à
rejeter "perhaps"
de la classe des adverbes de modalité.
"Furely modal adverbs do not occur in
questions"l.
: ourtant dans la caractéristirllle sém'Hlti'lue même 'lU 'e 11 p
trouve à
"perhaps" rési(~erlt son trait modal et la justificrJ.-
tion de son rapproche!llent
d'avec
"possibly"
"(Perhaps)carries along an implication that
gives a
suggestion as to a
possible answe!:,,2
(c'est nous qui soulignons)
On ajoutera à
cela la preuve quasi-irréfutable que
fournit
le recours a
la contrastivi tl~.
"}'ossibly" est t'ien souvent
rendu en :français par "peut-être" ou par "c' es 'c
l>OS~3ib'iJ~",
"possiblement" n'existant pas J • Nous réservons
l'analyse de
"peut-être" à
la deuxi~me
partie de ce chapitre. Quant à
1.
et 2.
1. Bellert,
op.
cit.,p.J44.
3. L'inexistence de "possiblement" a une
explication qu'il
faut
tenter de fournir.
On pourrait avancer que
le fran-
çais n'a pas encore enregistrer la métaopérativisation de
"possible" du fait,
sans doute,
de son caract~re
intrin-
s~quement inchoactif (nous
analysons
cette valeur dans
les pages
qui suivent).

-
01
"possiblyjprobably",
disons que
l'interrogation justifie
pleinement leur mise en rapport et donne des indications
sur leur statut m~taop~rationnel. "Possibly"
est plus
porté vers la quantification des propriétés inhérentes et
"probably" vers
l'évaluation du statut de la relation pré-
dicative ou de ses termes.
Le troisième
critère que relève 1. Bellert pour
distinguer la classe des adverbes de modalité et celle
des adverbes évaluatifs est celui de le recevabilité des
premiers dans un environnement hypothétique et de
la con-
trainte sur les derniers dans
cet environnement. Dellert
propose l'énoncé suivant
(8)
If John had not been sick,
probably
certainly
evidently
he would
have done i t .
fortunately
luckly
Selon Bellert,
c'est le caractère
"factuel" des adverbes
évaluatifs
(ils portent
sur un 'létat de chose") qui
entraine
cette inacceptabi l i té puisqu 'i:
va à
l'encontre
de l'hypothèse exprimée par l'énoncé.
Les adverbes de moda-
lité quant à
eux,
sont
acceptables parce qu'ils qualifient
la "vérité" de
la proposition principale et non "l'état de
chose
" que
constitue cette dernière.

-
82 -
L'explication semble aller de soi. Dans notre optique,
un énoncé hypothétique est un énoncé métalinguistique puis-
qu'il n'y a
aucun renvoi au plan référentiel.
Le
"If" sus-
pend la polarité de
la prédication,
or la modalisation sert
q évaluer les chances de réalisation de la
soudure prédica-
tionnelle c'est-à-dire,
en un mot,
qu'elle quantifie
les
degrés de réalisation (pôle +)
ou de non-réalisation (pôle -)
de cette prédication. I l y a donc concordance entre un "If"
qui op~re un décrochage par rapport au réel
(passage au
plan métalinguistique)
et une modalisation qui ne s'applique
qu'une fois
le décrochage effectué. Poussons un peu plus loin
cette analyse.
La construction I f P,Q
présuppose un type
de congruence dans
laquelle
la réalisation de
"P" entraine
de facto
celle de
"':{".
Avec la modalisation,
cette congruence
"F-(~" est dosée
.
Dans
I f P,
probably q
l'énonciateur évalue,
à
l'aide de "probably",
la candidature
de~t à servir de second terme à
la relation interphrastique
marquée par la congruence.
Cette éva luation suppose 'l ue '~ ne
soit pas un acquis même si
la condition P est remplie.
Avec
les adverbes évaluatifs au contraire,
l'énon-
ciat eur se
donne q comme acqui s,
son jugement de va leur ne
pouvant Se faire que sur une relation dûment constituée.
Le
renvoi au plan référentiel s'av~re donc évident. L'énoncia-

-
8'3 -
teur porte un jugement sur le monde.
L'inacceptabilité de
* If
1',
fortunate ly q
résulte
du conflit
entre deux
plans
le plan métalinguistique dont
le véhicule est ici
le métaopérateur "If" et le plan r~férentiel que présuppose
l'emploi de l'adverbe
évaluatif.
P e t 1
ne sont compa-
tibles que s ' i l s sont sur le même plan;
la congruence
qui Ïait de F
la condition d'existence de Q n'est valable
qu'au prix d'un "équi librage"
méta linguistique.
Ce dernier critère semble le plus adéquat dans
la
caractérisation de l'ensemble de
ln classe defO ndverbes c1p
m0rlalit(.
I l faut
toutefois n6ter qu'il ne sera v~ritablement
distinctif
que s ' i l permet de déceler l'invariant de cha-
que adverbe.
Les autres critères devraient également
jouer le même
rôle
car l'invariant
ne peut être saisi qu'au prix d'une
analyse des divers
contextes d'emplois.
Les caractéristiques
sémantiques elles-mêmes
(les paraphrases,
le programme sémi-
que de chaque adverbe)
ne sont pas
aptes à
dévoiler cet
invariant.
Dire de
"probably" qu'il exprime la notion de
probabilité c'est ignorer l'opération abstraite,
unique,
qui
le sous-tend et qui est à
chercher dans
l'articulation
entre syntaxe
et sémantique :
la structuration modale du
sens.

Dans
la détermination des
critères distincti~s,
un autre 61~ment entre en li&ne de compte :
le recours à
une base adjectivale. Il s'agit beaucoup moins de
la d~­
tennination d'un critère distinctiî entre classe qu'une
analyse s~mantico-syntaxique de type transcat~eoriel
passage de l'adverbe de modalité à
l'adjectiî
de modalit~.
Voyons comment,
I.lJellert distingue l'adverbe de modalité
de sa base adjectivale.
b)
-
De la diîî~rence entre adverbes de modalit~
et adjectiîs de modalit~.
De même qu'il ne peut y
avoir correspondance stricte
entre deux op~rateurs, de même i l n'y a pas
synonymie
entre un adverbe tel
que "probably" et son "correspondant"
adjectival
"probable". l . Bellert a
souligné,à juste titre,
que l'adjectiî déri-vé de l'adverbe ne devait recevoir la
même interprétation
spmantique que cette dernière. Selon
elle,
les ~noncés Cl) et (2) sont,
à
tous
points ne vue,diîî6rents
par~e qu'ils ne répondent pas
de
la même manière aux tests
de l'interrogation et de la n6gation
(1) John will probably come.

· sfPOSSib le}
(;~) 1 t
1
that John will come.
probable
Au test de
l'interrogation,
(1)
est négatif et
(2)
positif.
( l ')
* '.li 11 John probably come ?
i t (Possible)
(l)
Is
(probabl~5 that John will come ?
La raison évoquée est
la suivante
"tho
adjective is
a
predicate over an event
rather than the truth of the proposition,and
we can ask a question about
the probability
possibility etc.,
of (the occurrenCe of)
an
event without semantic incoherence"l.
L'événement
dont i l est question est représenté par le "It"
cataphorique qui
le reprend de
la "phrase complément".
Nous
suivrions volontiers Bellert si cet
événement renvoyait \\
"l'événement métalinguistique" :2 que constitue la cataphori-
sation (anaphorisation prospective). Am lieu de cela, nous
avons un renvoi ~ l'événement concret exprimé par le séman-
tisme de
l'énoncé régi.
Cette référence au monde des
choses,
conjuguée avec la valeur de vérité,
rend inaccessible la
justification de la compatibilité de
l'adj~ctif et de l'in-
terrogation .iJ' événement
concret et
la vérité
renvoient tous
1.
J.
Sellert,
Hemarks and Heplies,
0 .
I.H,n~ ~~,
1:,l77,p
2. I l s'agit de l'év6nement
que constitue l'opération abs-
traite,
métalinguistique d'anaphoris<1tion.
Le terme est
emprunté à
Il. Adamczewski
(Bl~ + Ing,p 1~ ) .

- 86 -
deux ;lU plan ré férentie l
or,
de toute évidence,
i l n'est
pas ;Jossible que
"probably" et
"probable" réfèrent au même
plan puisqu'ils ne sont pas équivalents.
I l est donc néces-
saire de trouver une explication
qui se rapprocherait
davantage du système mis en oeuvre dans
l'emploi de ces
modalisateurs.
L'interrogation devient alors un test inté-
ressant.
~n (1)', elle ne peut s'appliquer à une relation
non encore constituée,
le statut prédicationnel de
"come"
étant en cause.
A l'inverse,
elle s'applique parfaitement
à
(2)',
la construction de
la relation n'étant plus en
cause mais
son existence même en tant que
relation orécons-
.
truite.
Au test de
la négation,(l)
répond négativement et
(2) positivement.
Les adjectifs de modalités peuvent avoir
des
correspondants négatifs.
~'mpossible~
I t is.
that John will come.
mprobable
Les raisons évoquées
par Bellert suivent
la logique de son
raisonnement.
On ne peut nier la "vérité" de sa propre
as~ertion, or la négation de la possibilité, de la probabi-
lité d'occurrence d'un événement est tout ~ fait
recevable.
Dans notre opti~ue, de même qu'une relation non construite
ne peut être niée,
de même l'Adv.~~d. qui en est la marque
ne peut l'être. l'ar contre,
lorsqu'elle est construite,la

- 87 -
relation
peut subir un commentaire sur sa validit~.
L'adjectif n~gatif entre alors en
ligne de compte en ser-
vant de pr~dicat sup~rieur ~ l'É'noncé prpconstruit.
luelles
conclusions peut-on tirer ~e l'application
des tests d'interroGation et de n0gation
i{etenons tout d'abord ce Ile d' 1. Be llert
"The semantic difference between sentence
with modal
adverbs and those with modal
adjectives which express one proposition
is related to a difference in the semantic
category of the argument
in the case of
a modal adjective i t is an event or state
of affairs,an extralinguistic entity re-
ferred
to by the respective proposition;
in the case of a modal adverb,
i t is the
truth of the proposition,
a
purely seman-
tic
concep,t.
Bence the occurrence of a
modal adverb gives rise to an additional
metalinguistic proposition"l.
(c'est nous
qui soulignons)
Certes,
i l est difficile
de séparer
du plan réf~-
rentiel,
le concept sémantique
~semantic concept) et
l'entité extralinguistique
(extralinguistic entity),
mais
le besoin de distinguer deux planse~ tout ~
rait
justifié.
En effet,
l'adjectif en général,
de par son incidence,
ap-
partient beaucoup
plus au
plan ~otionnel. JI est sp~cialisp
1.
Irena Dellert,
op.cit.,p.J~6.

-
H8 -
dans
la quantification nes
connexions
spmiques et ries pro-
grélmmes de sens.
L' ~dverb e quant ~
lui,
cons t i tue un df~ pélS-
sement de
l'adjectif nans
l'ordre de
la structuration du
sens.
Il est
plus
formel parce qu'il relève du plan méta-
linRuistique.
C'est
ce d6passement qui a
sans doute amene
P. Cahné ~ caractériser l'adverbe de la façon suivante:
"Celui-ci
(l'adverbe)
caractérise
l'adjectif
et
le verbe
i l possède donc une incidence
externe particulière,
en quelque manière au
second degré,
dans
la mesure
o~ l'adjectif
et
le verbe sont essentiellement définis
par une incidence externe de
premier degré"'.
(Nous
soulignons)
L'adjectif se situerait donc au
"premier degré" de structu-
ration et
l'adverbe au "second degré".
Dans
le
linéaire,les
deux plans peuvent cohabiter et marquer les divers degrps,
les différentes étapes dans
la structuration comme
l'indi-
que
l'pnoncé
suivant
(4) The world's
a
wonderïul
place and wonder-
fu l ly beau t;i.fu 1.
(D. TI.
Lawrence, SX.L, p .,~,!+)
;,e pas sage de
l' (~tape
~ l'étape 2 est marqué de fa~on
iconique.
A
l '.'tape
1,
l'énonciateur quantifie
le prof,Tamme
sémique du no~n "l1lace".
!,'ptape :.::
conserve
l'histoire
1.
Cahné l'ierre,"J'lace,
valeur et adverbialisation de
l'actjectiÏ"
dans
!{evue des
Langues ::/.omanes, n~ 80, 1 ~)72,
pp.
1 17 - 12 t; •

de
l ' é t a p e
la reprise.
Cette reprise est carac-
téristi~ue du d6passement métaop~rationnel de l'adjectif.
L'adjectif et
l'adverbe auront
les positions
suivantes
sur le vecteur
Inar~uant les étapes de la structuration
a wonderful
place
l
' )
,-
wonrlerfully beautiful
I l faut dire un mot du champ d'application de chaque opéra-
teur car i l ne semb le pas 0vident. Dan s I e
linéaire,
la po-
sition de
"wonderfully" peut
faire
croire qu'il s'applique
directement à
l'adjectif "beautiful".
I l n'en est rien.
"\\onderfullY"
commente
la relation entre cet adjebtif et
le nom
"place".
Plus présisé-ment,
i l quantifie
l'application
de
"beautiful" à
"place".
On a vu que
"wonderful" portait
sur le programme sémique de
"place",
"beaut:iful"
joue exac-
tement
le m~me r51e.
Sur un schéma,
nous aurons
a
peu près
ceci
a wonderful place
1
1
quantification d'un programme
sémique
' )
wonderfullv beautiful
(~)
ï
l'
tplace" inférable du contexte
gauche.
commentaire sur la relation
adj-nom,relation th6matique.

90
f,a dif'f'prence entre
les deux opérateurs est nette.
i>' adjec-
tif'.. plus p ortn vers
les programmes sémiques renvoie au monde
extralinguistique;
l'adverbe
quant à lui, davantage porté vers
les relations,
les objets
linguistiques~réf'ère
au plan
métalinguistique. (~uand on a saisi cette dif'f'érence entre
ces deux catégories d'opérateurs,
on n'a plus de dif'f'iculté
~
comprendre ce que
nous avons énanc p à propos de
I t is
probable that John will
come
John will probably come
[,'adjectif'
modal prend pour cible l'ensemble du macropro-
gramme de sens préstocké et l'adverbe modal,
le stockage
même du programme de sens.
Autrement dit,
pour assurer la
modalisation interne,
on a besoin d'un élément plus f'ormel
donc plus métalinguistique,
capable de viser la cohésion in-
terne des constituants de
l'énoncé.
L'adverbe est plus apte
à
accomplir cette tâche,
l'adjectif'
modal ne
quantif'iant
que les programmes pr0stockés et non leur modalité de stoc k -
age

Ce
dernier ne peut servir qu'à la modalisation externe.
:Je
passage en revue de que If1ues études
f'ai tes
sur "pos si b ly" et
"probab ly" nous a permi s
de re lever que
lps
préoccupations
des
linguistes étaient beaucoup plus
la
déterminéltion de classes d'adverbes qu'une véritable analyse
des opérations qui sous-tendent ces éléments. Des adverbes

91
de modBlit~ par exemrle,
on n'a
pas analys~ l'opération
modale qu'ils supposent.
2n outre,
les
crit~res de distinc-
tion
ne
les
rendent pas
de
façon systpmatique.
Enfin,
l'analyse
la plus heureuse fait
trop souvent usage de m~ta-
termes ~ui renvoient beaucoup plus au monde des choses qu'à
1" réalité
grammaticale.
Nous tenterons donc une analyse de
"possibly'
et de
"probably" en tant qu'ils ont une part
non npgligeable
dans
la structuration modale de
l'énoncp
et
confirment
le
fait que la langue est un syst~me bien réglé.
2. -1
' )
. .
'-
Valeur modale,Invariant et Ordre en ~yst~me.

Valeur ~odale.
"Possibly" et
"probably" sont,
parmi
les
adverbes de modalité stricto sensu,
ceux qui
se rapprochent
le plus des modaux.
Ils ont en effet pour fonction de quanti-
"fier les probabilités de réalisation de
la connpxion prédi-
cationnelle et trahissent ainsi
la présence structurante de
l'énonciateur.

- 92 -
Le trait
qui
les distingue des modaux est qu'iLs
se situent
pour ainsi dire a un degrp
supprieur par rapport
"1
eux,c'est-i=t-dire
,
en gros,
qu'ils nC\\lvpnt flu:-lntif:ipr
lp.s
)
élo:nents qui r6r;isspnt
l ' interface
prRdicationnel
le
noeud
"do"
les modaux,
etc •..•••••••
,\\ côté de cette
aptitude
à
déterminer la prédication,
ils peuvent également
parler de
la structuration du prédicat. Voyons
comment
s'exerce cette double fonction modalisante.
a)
Structuration modale des noeuds prédicationnels
* Le noeud do
En posant
la différence entre "possibly" et
"probab ly" et
les modaux
nous
sous-ent{',ndons que
les
derniers ne pouvaient pas prendre pour cible un élément
servant de noeud prédicationnel et que
cette tâche était
réservée aux adverbes. Un exemple suffira
3 étayer ce que
nous avançons.
Un prendra
le cas de la conjonction "may
do" dans
le
linéaire puisqu'elle
fait
croire que
"may"
porte
directement
sur "do".
(1)
A- ~ould you like ta write a
letter to
your ambas sador, ~\\lr [<ace ?

-
9'3 -
B- Certainly
A- You may do so
(1' Gallico,TbT,p.31)
"do"
n'est pas ici
le noeud de
la relation prédicative. Il
a un caractère hybride qui conjugue à
la fois une opération
d'anaphorisation (reprise de
la relation prpdicative anté-
1
rieure)
et
la fonction de prédicat
dans
la relation
"you /
do so".
La valeur de
"may" demeure dans
le marquage
de la relation
dont i l
signale le caractère non-inhérent.
Sa présence dans
l'interface exclut celle de "do".
Au contraire de "may",
"probably" peut prendre
pour cible le noeud
"do". Dans ce cas,
l'énonciateur se
saisit
du lien ~ des finsd'évaluation,de dosage. L'énoncé
suivant montre clairement cette appropriation.
(2' Over in ~edchester we had a case of that
kind
( .•• )
Boy of thirteen.
~anted to kill
someone,
so he killed a
child of nine,pin-
ched a
car,
drove i t seven or eight miles
into a
corpse, ( ••. ). ~;1ind you, we have on ly
his word for that,
he may have gone on daing
i t . Probably did,Found he liked killing
people.
( AG,Hapa,p.6S)
1. C'est sans
doute cette fonction qui a amené
les grammaires
traditionnelles à considérer "do" comme substitut d'un V ou
d'un Vp.
H. Adamczewski a démontré à
juste titre,
qu'il
n'en était rien.
(GLA,
PP.79 -
107).

-
9i~ -
Cela ne suffirait pas de poser que l'nnonciateur srapproprie
le lien "did" pour en évaluer la validité,
i l y
a
ici une
combinaison d'opérations qu'il convient d'analyser par éta-
pee
Dans
l,p.noncé antérieur,
l'énonciateur
quantifie les
probabilités de réalisation de
la soudure prrdicationnelle
"he /
have gone on
doing i t".
";\\lay" signa le une quête de
cohésion,
l'énonciateur
ne disposant pas d'indice explicite
lui permettant de poser qu'il y
a
cohésion.
]Jans l,p.noncé en "probably",
"did" reprend la relation
prédicative régie par "may" non pour
en
évaluer les chances
de réalisation mais Pour en marquer la réalisation.
Il s'a-
git là
de l'un des r51es fondamentaux de
"do"
:
marquer
la prédication réalisée
(c'est en cela
aussi qu'il est
1
saturateur ).
C'est dans
cette opposition "may/did" que
"probabl)'" trouve sa justification et sa valeur modale.
L'énonciateur ayant pos~ dans l~énoncé antérieur qu'il ne
pouvait se prononcer sur la réalisation de
la prédication
est en quelque sorte contraint de moduler ,
de doser le
lien "did" qui en pose la réalisation.
Vovons nn ~uoi "consiète
ce dosage de
"did"."J"ro-
bab ly" t~ai t
passer
"did"
dans
le champ du probable
c'est-R-dire gu'il annonce simplement la réalisation de la
prédication que
"did" matp.rialise. I l la pose comme faisant
1.
I l s'agit de saturation au sens adamczewskien du terme

- 9S -
partie de ce qui est susceptible de se produire.
Or ce
trait cIe
"probably" est en con-flit
avec
le marquage de
la prédication réalisée) signalée par "did" ,
d'où
le dosage
subséquent. Le tableau suivant résume la structuration
modale en "probably".
Annonce de la réalisation
de
la prédication (gli~se­
ment dans
le champ du pro-
bable)
1 probably
1
Sujet
)\\
Frédicat
l'la té ria l i sa tion de
la pré-
dication réalisée
(Indice
de saturation)
On voit
le travail que met
en oeuvre
"probably"
commenter une prédication,
dire qu'une soudure est suscep-
tible de se r~aliser, qu'il y a de fortes
chances
pour qu'elle
le soit.
Un examen de
la cible
"be" dans
l'interface
prpdicatio-
nel
nous
pennettra d'affiner cette valeur métalinguistique.

- 96 -
* Le noeud
be
"be" est un opérateur qui détennine une relation dWinhé-
rence entre le couple
sujet/ prédicat
.
I l signale que le
prédicat est une propriété
intrinsèque du sujet erammati-
cal.
Autrement dit,
une prédication en "be" est une prédi-
cation qui relève une tautologie,
un
aCquis
structurel
puisque le prédicat est par nature un
fait du sujet.
Cet
acquis
peut être remis en question p
plus exactement tempéré
par "probably".
L'énoncé
suivant est assez explicite à
cet
égard
:
(3)- We know he was lying so he could have
been lying aIl
the time.
Of course he could.
Probablv was.
"was" détermine la relation entre
"he" et
"lying
aIl
the
time".
Il sign3le
que
le prédicat nominalisé est une pro-
prié té de "he".
C'est donc par lui que l ' énoncia teur 1)rend-
rait en charge la relation si ce
"was" n'était pas dominé
par "probably".
"J'robably" marque que
l'attribution du
prédicat
"lying aIl the time" en tant l1ue propriété de
"he"
est un
fait relevant du probable.
Autrement dit,
l'attribu-
tion
d'une propriété peut être
vue comme réalisable compte
tenu du rait
même que le prédicat contient dans son pro gram-
me des sèmes qui appartiennent par nature au sujet. De cette

- 97 -
façon,
l'6nonciateur temp~re sa propre assertion.
Sans
"probably",
"was" aurait marqu6 un acquis,
une as-
sertion
trop catégorique du fait
non seulement
du marquaee
de la
propriété intrins~que mais aussi de la nature th~mati-
sante du
"ing".
Le caract~re horizontal du linéaire nous montre la
proximité de "probably" et de
"was".
Cette proximité semble
iconique de
la saisie du noeud
"was", mais i l faut une autre
lecture du linéaire pour mettre au
jour la différence de ni-
veau entre ces deux éléments."Probably " est un métaopérateur,
un outil qui
traduit
un commentaire de
l'énonciateur sur
Sa propre activit 6
structurante.~B~ est, quant à lui, un
opéra teurJ c'est-À. -di re qu' i l marque sans commentaire la
structuration.
La différence entre
opérateur et métaopéra-
teur
est ici très nette. Retenons à cet effet,
la définition
que nous propose C.
Delmas
"Opérateur dans
la mesure où i l n'est plus un
simple mot mais un outil qui permet le travail
de construction du sens
( ••• )
et métaopérateur
dans
la meSure Ol'j i l permet non seu lement de
construire le sens,
~ais aussi de renseigner
sur la structure en question"l.
c'est cette différence de statut qui explique que
"be" puisse
servir de cible ?t
"probably".
La délinéarisation nous donne
le schéma suivant
1.
Claude l);~l.i':AS, Ui;;nough et Assez" in TREi';A 8,
p.SS.

-
9b -
S
F
l
1
[~e lationVth~matique
s
/
p
:::
he
/
lying all the time
inférable du contexte.
I l faut noter que toute proximité entre "probably" et
"be" dans
le linéaire n'entraîne pas de facto que
"be" devien-
ne
la cible de
"probably". Lorsque ce dernier se trouve à
droite de
"be",
sa cible devient
le prédicat
comme
l'indi-
que
l'énoncé
suivant:
(4) When
he had caught his breath he took off
histopcoat and the stolen livery coat and
gingerly touched his wounds. They hurt
l i -
ke the devil,
which he thought was proba-
bly a good sign,
for i f they had been very
grave they would
have been numb.
Ce qui est en cause ici c'est
le statut prédicationnel de
"a good sign" et non
te noeud
"be"
(Nous renvoyons à
notre analyse
du prédicat comme cible du modalisateur )
l,a valeur modale de "probably" relevée ici,
éclaire
aussi celle de "possibly" car ces deux métaopérateurs sont

- 99 -
assez voisins.
"Possibly"
peut ~uantiÏier aussi
la relation.
Son aÏÏinitp avec le modal
"can" et
l'opérateur "not" est
telle qu'on le trouve rarement
en concurrence avec
"be".
L'fnoncp que nous proposons ici rel~ve d'un échange inter-
locutiÏ.
(5) A
But l
would remind you,
my Ïriend,
that
I t was
to me that ~iss Lawson
presented Bob not
to you.
B
Possibly,( •.• ) But you're not real-
ly any good with a dog.
You don't
understand dog psychology.
"l'ossibly" trahit
la présence de
l'énonciateur et porte
évaluation de
"was". En Ïait,
la structure de
l'énoncé ne
présente pas de Ïaçon nette
le noeud "was" cible de "possi-
bly",
ce schpma
éclaircit
la situation.
image de P
1 not
to you]
,~a glo~ suivante montre
que c'est bien "was" qui est au
coeur de la relation entre to me P /
not to you
I t was to me that Y,
i t was not
to you
"}, 0 s s i b l Y "
signale que la relation d'inhérence entre les
deux termes est de
l'ordre du possible c'est-8-dire
qu'elle

-
100 -
reste dans
les
limites de validité déterminées par l'énonci-
ateur A.
La contrastivité
aide à mieux percevoir la valeur
moda le de
"possib ly".
-, l
est souvent rendu en Îrançais
par "peut-être" COmme l'indique la traduction des énoncés
suivants
:
(6) A
He had a good lot oÎ money in his
barrk account.
Faid in cash,it had been.
Nothing to
show where i t came Îrom.
That was suspicious in itselÎ.
B
Fossibly
pinchoo Îrom ?ullerton,
Har-
rison and Leadbetter ?
c.~G .Hapa, p. 60)
( 6) ,
Peut-être de
l'argent volé aux notaires?
(7)
He could
not remember how many sessions
there had been. The whole process seemed
to stretch out over ;, long,
indeÎini te
time -
weeks possibly -
and ~he inter-
vals between the se~sions might sometimes
have been days,
sometimes only an hour
or two.
Le processus tout entier semblait s'éten-
dre sur un temps
long,
indéfini,des S0-
maines peut-être et
les intervalles entre les
séances pouvaient avoir étp,parfois des
jours,
parfois une ou deux heures seule-
ment.
(Trad.,
p.
J6E)

-
101
Ces tr8ductions sont rév61atrices de
la valeur modale

Il
A
1\\
de "posslbly". Peut-etre,
on le sait,
peut traduire "may"
et trahir de façon
flagrante
l'intervention de
l 'c"nonci-
ateur.
Ces énoncés empruntés à
la G;h\\ sont assez explicites
(8)
She may be pretty but she's a very poor
typist.
(9) Dr ,'iar\\:: Lach lander may hp vprv younrr, shp
said bluÎÎly,but he's
as
capable as a general
practitionner as lIve come accross in
in thirty years'
nursing.
(8)'~11e est peut-~tre jolie mais c'est une
piètre dactylo.
(9)'Le Dr f.I.L.
est peut-~tre très jeune mais
c'est un
généraliste aussi
capable que
tous ceux qu'il m'a été donné de rencontrer
dans
les trente années de ma carrière d'in-
firmière.
Ce détour
interlingue est éclairant,
les
traductions de
"possibly" et de
"may"
se rejoignent en "peut-~tre", ce qui
en dit
long sur leur similarité.
J.P.Sueur soulignait à
juste titre,
que:
"le comportement des adverbes de modalité est
( •.• )
identique à
celui des verbes pouvoir
et devoir lors~u'ils reçoivent
leur inter-
' t
t '
' .
t"
,,1
prp a
lon eplS pml~ue
.
1. Sueur .l.P.,
"(~uantiÎicateurs et modalités" in Langages,n~ '~f\\,
Didier Larousse,
J'aris,1977,p.t'.S.

-
102
-
"possibly" est proche de
"may" dans
la
détermination du
domaine du possible.
I l s'agit pour l'énonciateur de s8isir
une relation ou un programme de sens
comme une hypothèse
possible parmi d'autres.
Cet eîÏet de sens est engendrp
par une opérati on plus abstraite qui cons ist e
à ne I~..:.'1S
annoncer ln soudure prédicationne Ile et ;\\ maintenir 18 re la-
tion
ou 1e
programme de sens dans
les
l.imites du r"81isable.
, , '
,
.~
enonce
(7), pour ne prendre que lui, nous donne une irl0e
claire de ce
'naintien
(lu
programme de sens dans
les
limites du possible.
Rappelons-le:
the whole process seemed to
stretch out over
a
long,
indeîinite time -wee~s nossibly-
W\\'ieeks" est pris comme pouvant appartenir au champ tempore l
ouvert par "a long,
indeîini te time".
I l est pri s
comme
une d:îinition possible de ce terme.
"Fossibly" participe de toute évidence de
la structuration
modnLe.
Ce tour d'horizon nous a
permis de relever la capacité
de
"probably" et de
"T)ossibly" à quantiÏier les éléments qui
marquent
la soudure pr6dicationnelle. Dien entendu,
nous
n'avons pas pass4 en revue tous
les 61éments,
notre propos
dans cette section ()tant uniquement
de démontrer qu'en tant
que porteurs de valeur modale,
ils parlent de la soudure

-
101 -
prrdicationnelle.
Gn d'autres termes,ce sont des éléments de la
métalangue naturelle,
des
"connecteurs de connexions",
c'est-à-dire qu'au dessus de
la structuration "simple"
,
,.
,1
Il
l'
,
marquée par des operateurs tels que do,
be etc •••
se deve-
loppe une structuration plus :complex:e dont" possibly" et
"probably" sont
les outi ls.
Le soudure prédicationnelle n'est pas la seule
que concerne cette structuration modale.
Le prédicat peut
subir cette opération.
b)
Structuration modale du prédicat.
L'énonciateur peut commenter le prédicat,
plus
précisément,
i l peut en
pvaluer la structuration interne
des éléments.
yrenons
les énoncés
suivants
(1)
He
leaned against a
tree.
lie was exhausted
by his short sprint.
~hen he had caught his
breath he took off his topcoat and the sto-
len livery coat and gingerly touched his
wounds. They hurt
like the evil,
which he
thought was probably a
good sign p ••••
( \\-'~
.\\. 1', T'In'::;'"
..
r
r , p •
>
L.'
105)
(1 ,) 811es lui faisaient un mal de chien, ce
qui devait être plutôt bon signe p •••
(Y. TI.
p.8S)

(2)
He will treat me as a
child. 1 know l'm
probably frightfully naive,
but 1'11 never
be anything else unless l
learn.
(2')
Je sais que
je suis sans doute affreusement
naïve,
mais
je le resterai toujours,
n
moins
de m'instruire.
( Y .
B.
,p.200)
(3)
Richards,
you start with the envelope. I t
was nrohablv bOlle;ht sinp-ly,
so a
shop aS-
sistant might remember the sale.
Slle a
snrement ~t~ achet~e ~ l'unit~,
aussi le vendeur s'en rappellera-t-il.
(y •TI • , P • 1 80 )
"probably"_parle du prédicat,
de la relation entre les
termes de ce prédicat. En (1),
i l quantifie
les
chances
d'aPl-,lication de "C:ood" ;\\ "sign",
c'est-~-dire des chances dé-
structuration du macro-nrogramme sémantillue
"good sign".
Schi;matiquement on rOlnperai t
le
linéaire de
la façon suivante
1 prOb~lY 1
structuration modale.
good
\\
sign
1
1
structuration d'un macro-programme
de sens.
On assiste

à
la structuration modale d'une structuration

-
10':> -
de notion,
le pr~dicat devant ~tre une notion,
une entit~
dûment constituée.
Le français
choisit une voie ~ui priviloeie la précons-
truction
de la notion plutôt que sa construction. On op-
posera ainsi
ce devait ~tre plutôt bon sicne
')
ce clevai t
être plutôt tIn bon signe
Les " noncrs
(':)
et
(3) participent de la même ofJ/'ration
de structuration
modale du prédicat.
':0
C~), l' cna nciateur
évalue l'application
de
l'adverbe
"rrightfully" à
l'adjectif
"naive". Probably porte donc sur la relation entre
les deux
termes du prédicat.
Schématiquement
probably
.\\
1\\
!
.
1
\\
0
rrightf U lty
nai Vl
).
l rob~b ly di t
les degrés de validit0 rie
la quantixication
du prof,-ramme srmique de
"naïve".
Tl
dit ~u'il y
a ries chan-
ces
'lue
le c:>ror;ramme sémantiC]ue soit valnble et sous-ent~
par la m~me occasion C]u'il peut ne pas l'~tre. S'est en cela

106 -
que
"l'robably" 0st un outi l
mt;taline-uistique.
I l assure
une ob l itéra tion du r'" el,
suspend la con formi tr
?1.
l ' r~ tat
de chose exprimé par la structure.
verbe
"bought" est déterminé par l'adverbe
"singly".
Cette
spécification du programme verbal est évaluée,
modalis('e.
Cet exemple nous donne
l'occasion de parler de l'orien-
tation
de
la structuration.
Elle va ~e
la
gauche vers
la
droite, c'est-~-dire dans
l'ordre
d'occurrence des éléments
dans
le
linéaire.
"Singly" 'lui apparaît en seconde
position
limite
le programme sémique de
"bought".
C'est, <lU
fond, cet-
te
limitation qui fait
l'objet
du commentaire modal.isant
de l'énonciateur.
'~e français
est R cet effet,
très
transparent puis~u'il
exhihe un opérateur qui en dit
long sur l'orientation de
la structuration.
achetée a
l'unité
Il Ali
on le sait
(nous renvoyons
ici ~\\ :\\cla'nc7C'\\\\'éiki
1~}7f;
et
lS~E~'!) est un indice de rhématicit0 nar rRpport ~ "de".
A ce titre,
i l assure
l'inchoactiml de
la structuration
1
et
l'oriente
vers
la gauche
On peut
le considérer comme un
1.
Il.\\''
est opposé à
"de" dans
l'ordre ne
la structuration d'aIl
l
t
~
~
eS vec eurs
a
d e .
?\\oter
les exemples de li. i\\dar'lcze'vski
i l s'est refusé à
signer /
i l a
refusé de signer.

-
l0?
-
tenseur qui attire
le pro~rAmme verbnl vers
"1'unit6" qui
la limite.
L'opération moriale sous-tendue par "sûrement"
consiste
alors à dire la validité de cette
limitation.
La structuration mariale du prédicat peut s'ef-
fectuer à
partir d'une succession de structurations simples.
Dans
ce cas,
parce que plus métalinguistique, elle s'applique en
. dernier ressort.
('~ ) F
What's he
like ?
C
\\~ho ?
F'
Lord I.a Iden
C
Papa? \\,'ell •.•
l
think Papa is probably a
terribly
good man
l". But ?
C
He ",ill treat me as a
child.
(KF,T~FSP, p.24J)
La première opération porte structuration du programme
sémique "man" par
l'appréciatif "good",
la seconde porte
quantification par "terribly" de
l'application de
"good"
i'l
"man" et
la dernière,
l'évaluation de
l'incidence de
"terribly".
On aurait de façon schématique
is probably a
terribly good man
1
~l
'--.
t 3
1

108 -
I l s'agit
de
pr~dicat en construction donc de nature
rhématique.
"A"
justifie ce statut inchoactif du prédicat.
La structuration modale peut s'exercer sur un prédi-
cat dûment constitu~ où i l n'y a
plus construction d'une
cohésion
mais cohésion sémique. Nous renvoyons au prédi-
cat qui a
déj~
subi une opération métalinguistique
la
nominalisation.
(5) ,Joe was argumentative and a little exci-
ted,
as i f he had been drinking.
Ella
had nrobnblv
" ' - - - _ . - 6 -
be8il
_ _ ,
.._
....._ _'-==--_---=...::....;.;:.:...::.;.::..
~
buvin.rr hill rlrin.\\;:s.v:i.r-
ginia kne,v that she did,
just 8.S she
kne", that Blla came to the Olive Branch
to
see ,Joe.
(DB +
Ing,
p. 645)
"Probab ly" éva lue
le prédicat nominalis~, plus exactement
son assertion.
I l s'agit de doser l'8.ssertion qu'implique
la nominalisation en -Ing. H.
\\damczewski écrivait tr~s
justement
"l'assertion peut être tempérée par
une mo-
dalité ou un énoncé
supérieur adéquat,,1
Xous proposons
le schéma suivant pour repr~senter la
structuration mod8.Le du
!lr~dicat en -Ine •
._- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
1.
11.
:\\damcze,vski,
u·~ + Ing dans
la Grammaire de l'anglais
contemporain,

-
109 -
structuration rnoclate
de la n6minRtisation
\\bUY - him + drinks l
structure bloquée(+ TH)
~ous n'avons donné jusqu'ici que des exemples avec
"probably";
"possibly" participe
lui aussi de
la struc-
turation
modale du prédicat.
Nous nous
contenterons de
proposer les énoncés suivants
(6) Feliks would have to find work. He was
educated,
so he could at
least be a
clerk,
possibly better.
( V'<'
i\\..J..,
'T\\I~P
.10
t P . 171)
(7) Tn the past there \\.,ras something vaguely
referred to as
"the public" or the American
public. Possibly out of careless laneuaee
habits,
the existence of this
"public" en-
couraged the notion that i t was concerned
\\Vith "public matters".
(
l H T , ) e c l { , l l )g!l)
Il s'agit dans
les deux cas,
de
la structuration du programme
de sens et de sa prise en compte en t~nt que candidat possible
~ ta fonction de prédicat.

-
110 -
Nous
espérons avoir suffisamment montré que
"possibly" et
"probably" participent de la structuration
modale du sens. Reste maintenant à analyser leur invariant
et
leur position sur le vecteur structurant.
') 0
Invariant et ordre en système
La recherche de
l'invariant
nous impose une
brève observation des effets de sens et des traductions pos-
sibles de ces deux métaopérateurs en français.
Les effets
de sens peuvent guider cette recherche.
a)
Effets de sens et correspondants français de
"possibly " et
"probably".
~ous avons soumis
au jugement de locuteurs natifs
l
anglais
des énoncés pris en contexte puis effectué des com-
mutations.
Nous
livrons ici le r§sumé de
leur r~flexion.
1)' abord,
voici quelques énoncés proposés
(1)
(Contexte:
on frappe à
la porte à une
heure tardive)
I.~ho ~ i t
possibly be ?
---------------------------------
1. Il s'agit de deux locuteurs natifs anglais ayant une ex[)éri-
ence d'enseignernent de leur langue:
Gatherine Davies,
Eliza
Barker,
Collège
~ranco-Dritannique, janvier 1985

-
1 1 1
-* Who can it probably be ?
(2)
(Cont exte :
l'allocutaire cherche une
chambre
on l'envoie tenter sa chance
au Bell ~nd Dragon)
Try the 3ell and Dragon,
the porter an-
swered pointine down the road. They mieht
take you in.
( G LA , P • 1 62 )
-
They might possibly take you in
-*They might probab!y take you in
(3) For the first time she considered
?reddie
as a possible husband for herself. Tt was
unthinkable.
For the first
time she considered Freddie
as a probable husband for herselî.
I~n (1), les locuteurs ont rejeté l'énoncé en "probab ly"
parce qu'il supposerait que le
"speaker"
sache ou uuisse
deviner qui frappe h la porte,
ce qui rendrait
la question
a.bsurde. En (2),
le locuteur émet des réserv~ avec "possibly".
"Probably" pa.r contre suppose
un certain degré de certitu~~,
ce qui est compatible avec le contexte puisque, visiblement,
le locuteur ne peut savoir si
son interlocuteur serait n.ccep-
té. En (3),
nos informateurs ont tous
r8pondu
flu'avec
"probable"
le locuteur regardait
"husbanct" é!.~Lde~""'y:'~lJ2&.
plus favorables,
i l est un peu plus sûr qu'avec "possible".
Hésumons ces réflexions dans un tableau

-
112
-
opérateurs
effets de sens
doute
po s s i b l( e ) (y)
rpserve de
la part du
locuteur
faible
certitude
certitude
plus grande
probabl(e)(y)
~
~point de vue plus Îavo-
rable du
locuteur
De l'examen de ces effets de sens/transparaît une opposition
assez nette entre
ceS deux opérateurs.
Cette opposition sé-
mantique ne signifie pas pour autant qu'ils sont
antonymi-
ques.
Cela montre une fois de plus qu'il ne faut
pas de-
meurer
au niveau des effets.
On retrouve ces effets de sens dans
le programme
sémantique des correspondants français de "possibly" et
"probably". Rassemblons-les simplement dans un tableÇl.u :
1
peut-être
/robablement
P055iblY~P055ible
prObablY~~n5 doute
pouvoJ..r
\\surement
(il se peut
vraissembla-
que)
etc ••
blement
On peut à ce stade prévoir la position de "possibly"
1. Ces correspondants sont donnés
soit par le Harrap's EnF,lish
and French Dictionary,
soit par les énoncés tirés d'ouvrages
traduits en français.

-
11 J -
par rapport à "probably",
mais i l est évident qu'une déduc-
tion de cette position à partir des effets pourrait induire
en erreur. Il faudrait rechercher ailleurs
leur différence.
Greenbaum la perçoit au niveau de
leur polarité
"Possibly
and probably are not antonyms,
but they are
at different positions in a
gradience
of po lari ty" 1 •
Cela semble évident.Toujours est-il qu'il
faut d~t8rminer
ce gradiant.
Le recours à
la source
adjectivale peut aider
dans une certaine mesure à
la mise au
jour de
l'invariant
et de la position sur le vecteur de
la structuration modale.
b)
L'éclairage de
la source adjectivale.
"Pof"sible" s'oppose à "probable" comme "possibly" à
"probably". Nous avons recours à eux parce qu'ils subissent
une contrainte de leur environnement
linéaire qui nous per-
met de les discriminer. Cet énoncé montre assez clairement
cette
contrainte :
(1)
Time has once again shown that no one can
occupy a
lann against
the will of its
people.
1. Greenbaum J S.,
Studies in
adverbial usage,
Longrnan,
1969,p.
p.
151.

_
1 1 l~
It is in the best interest of Israel to
leave
Lebanon as soon as possible and let the people
of Lebanon decide their own future.
De toute évidence on ne peut avoir
* as soon as probable.
La raison réside dans
le caractère inchoati f'
de "as soon
as" •
effet,
"as soon as" marque l'entame de
la structura-
tion
i l renvoie à une
limite temporelle à
partir de laquel-
le
l'énonciateur commence son activité structurante."Possible"
signale à
la fois un enîennement dans cette limite et un
renvoie au
plan référentiel.
En clair,
i l renvoie à
la limite
temporelle à partir de laquell~_~~~~~nise en oeuvre la capaci-
té du sujet
à réaliser les termes du prédicat.
"Probable" est d'un autre ordre;
i l marque
une étape plus
avancée dans
la structuration. C'est ce qui explique son
incompatibilité avec le marqueur d'inchoation
"as soon as".
Le français est tout aussi explicite dans
le marquage
de cette inchoaction
Dès que possible
* Dès que probable
L'enfermernent
dans
la limite temporelle peut s'effec-
tuer en sens inverse.
Cette limi te est a lors en.fermée 8.
l'intérieur d'un champ de validité où vont s'exercer les
tennes
de l'énoncé.
L'énoncé
suivant corrobore ce que nous

-
11 5 -
avançons
(2)
She had had to kiss the Queen's hand.
That
part of ceremony had now
been dispensed
with,
presumably to save time.
I t made the
court seem like a
factory for turnine out
the maximum number of debutantes in the
shortes~ssible tim~~
PŒ, TIIFSF, p. 87.)
"possible" délimite le champ du
possible et l'opéra-
teur "shortest"
appliqué à
"time"
situe ce dernier dans
ce champ.
Les gloses suivantes peuvent être utiles à
la
compréhension de l'opération impliquée
Le délai
le plus bref possible
Le délai
le plus bref dans
les limites du
possible.
)n représentera cette structuration de progralnme sémique de
la façon suivante :
limite du
possible
temps im=/,/
pliqué
(time)
vecteur
de structuration modale mise en oeuvre
par
"possible"
(indiquant
l'enfermement
du programme sémique "time" dans
les li-
mites du
possible)

-
1 16 -
La sp~cificit~ de "possible" ~ quantifier un programme
sémique en l'enfermant dans
le champ
du possible est carac-
t~ristique de son aptitude à mettre en oeuvre des progr~n~es
proches
du concret.
Cela suppose
une "distanciation" de
la
part de
l'~nonciateur vis-à-vis de cette structuration,puis-
qu'il n'est pas maître des données ~nonciatives, d'où l'ef-
fet de sens de doute entrevu par nos informateurs pour "pos-
sibly".
"Probable" marque au contraire
la présence de
l'énonci-
ateur.
L'énoncé suivant nous semble très explicite
(3)
Doesn't anybody know who the probable
candidates are ?
..
On perçoit un surplus de sens dans
la quantification du pro-
gramme
s~mique qui n'existe pas avec "possible". Les "pro-
bable
candidates" sont les candidats
qui ont
les meilleures
chances,
les candidats
de premier plan. En un mot,
l'énonci-
ateur
intervient directement dans
la structuration du pro-
gramme de sens,
i l y ajoute une nuance subjective. I l semble
plus
triomphaliste et maîtrise plus la destinée du programme
sémique.
Les
"probable
candidates" sont en quelque sorte
ceux qui ont
d6passé
les limites du possible.
"Probable"
décrit donc,
non pas un enfermement mais une extpriorité,
le
dépassement d'une
limite, d'où
le vecteur
seuil

1 17 -
C'est,
sans ntil doute,
ce dépassement qui
explique l'incompa-
tibilit~ avec l'inchoatif
"as soon as". On est à une autre
étape de la structuration
modale
:
possible
2
l (
probable
-< c::::---
L'intuition
du locuteur natif sur le regard plus ou
moins favorable de l'énonciateur avec
"probable" dans
l'énoncé
(4) For the first time she considered Freddie
as a possible husband for herself
~
as a probable husband for herslef
trouve ici Sa pleine justification.
Le recours à
l'adjectif
nous ouvre les voies
d'acc~s au statut métaopérationnel de "possibly" et de
"probably". I l n'y a,
au fond,
plus rien à démontrer puis-
qu'il
suffit de se reporter à un niveau
supérieur par rap-
port à
l'adjectif pour retrouver les mêmes opérations et
les
mêmes vecteurs


-
118 -
lFossibly
c)
dépassement des
limites du possible
l'robably
"Probably" marque une attitude plus triomphaliste de
la part de
l'énonciateur. Cette attitude est caractéristique
du dépassement métaopérationnel que suppose cet opérateur.
Plusieurs facteurs
légitiment ce statut de
" probably".
Le premier facteur est celui de
l'apport de son
programme sémantique.
I l apparaît ~ssez nettement que le
probable naît du possible/c'est-à-dire que tout ce qui est
probable tient du possible;
l'inverse n'est pas forcément
vrai.
Ces deux champs sémantiques ne sont pas antagonistes
(en opposition stricte) mais décrivent une opposition dans
laquelle le probable constitue une évolution par rapport à
l'autre. En termesguillaumiens, "possibly" décrirait le do-
maine du "puissanciel" et
"probably"celui de
l'''après puis-
sanciel".
L'expression dans
le
linéaire de
ces notions est
aussi rendue par l ' oppo si tion
1/ can
/
wi 11'' que H. Adamczewski 1
a
très
justement mis au jour en proposant
l'énoncé:
(1)
If anythine can go wrong,
i t will
(GLA,p.148)
auquel on ajoutera :
(2)
"In summer,
\\....hen the days are
long,
Perhaps you'll understand the song"
"In Auturnn,
when the
leaves are bro\\.n
I~~~_E~~_~~~_!~~_~~~_~~!!~_!!_~~~~"
"1 will,
i f l
can remember i t so long",said
Alice
(Looking-Class,p.164)
1.
H. Ada.mcze'-.'ski,
GLA,
p.l~8

-
119 -
"Possibly" est à
rapprocher de
"can" et
"probably" de
"will".
Ce rapprochement est d'autant plus sensible que tout
comme
"probably"
,
"will" possède une valeur en plus:
son
orientation vers la soudure prédicationnelle. Au fond,
l'op-
posi tion "can /
wi 11'' corrobore davantage ce que nous disions
des notions du possible et du probable.
"Can" et
"will"
partagent
un même trait,
le trait
( + inhérence)
tout com-
me le probable tient
du possible,
mais
"will"
constitue
un dépassement de
"can~. Sch~matiquement on aurait:
': "'4:1:-------
'vi 11
can
probably
possibly
ou
2~
1
C
,vi 11
Ecao
probably
possibly
Ce microsystème est réglé de telle sorte que des
combi-
naisons du type "will /
possibly" ou "can /
probably" sont
impossibles
(nous renvoyons à
l'analyse détaillée de cette
contrainte à
notre section sur la combinaison avec les
modaux) •

-.--
Le second
facteur qui
l~gitime le d~passement
des limites du possible, donc
l'emploi de
"probably",
est
l'apport des données contextuelles.
Le caractère explicite
du contexte
justifie de
plein droit
l'attitude triomphaliste de
l'énonciateur qui
peut dominer en toute
quiétude
la structure.
(1) ~atts, l
want you and
your lads to spend
a
l i t t l e money in the East end. The man is
~~~~=!_=~~!~~~~r Russian, so he's probably
an anarchist
( ••• ),
but donit count on i t
(KF, T~lFSP, p. 218)
(li)
•••• L'individu est E~~~~~~_~~~!~~~~~~~!
russe,
sans doute un anarchiste( ••• ),
mais
ne nous en tenons pas à des suppositions.
(Trad. p. 180)
(2) You will have heard rumors of the existence
of the Drotherhood. ~~_~~~~! you have for-
med your own picture of i t . You have ima-
gined
,
probably,
a huge underworld of
conspirators meeting secretly in cellars
( ••• ) recognizing one another by codewords
or by special movement of the hand.
( GO, 1 98-4, p • 155)
(2')
§~~~_~~~!~ vous êtes-vous form~ une image
qui vous est personnelle. Vous avez pro-
bablement imaginé une puissante organisa-
tion clandestine de conspirateurs
( Trad. de A. Audiberti)

Le contexte gauche fournit un indice remarquable
qui
l~gitime "probably". En (1), "possibly" n'aurait pas ~t~
justifi~ puisque "almost certainly" indique à l'avance,
que l'~nonciateur maltrise en ~uelque sorte les donn~es de
l'~valuation du pr~dicat.: "L'individu est presque certai-
nement russe donc selon
toute vra:i.ssemblance,
i l y a de
fortes
chances
qu'il soit
un anarchiste".
Autant de
gloses que l'on pourrait
proposer pour expliquer ce d~pas-
sement
m~talinguistique.
En (2),
"no doubt" exclut
"possibly".
Ce qui nous semble
tout à fait naturel quand on pense à
l'effet de sens,
le dou-
te,
produit par ce dernier.
"No doubt" repr~sente iconique-
ment la n~gation du doute. C'est ce qui explique l'emploi
Il
Il
,
de probably et par consequent
le passage à
la phase dans
laquelle l'~nonciateur a une plus grande maltrise de la
structlre.
Le contexte droit peut également fournir une justi-
fication précise du d~passement m~taop~rationnel.
(3) A.
Charles probably would do anything for
money
D.
!~~ __~~!~_~~_!!!~~!~~~,
l
see,about
your future brother-in-law.
(A.C. Dumwit,
p.23J)
L'énoncé de B justilie retrospectivement la modalisation
en "probably".
"You have no illusions" pose que l'énonciateur
A maltrise
la relation malgré
l'emploi qu'il fait de~probably~

-
122 -
pour tempérer l'assertion impliquée par " wou ld".
"Possibly"
aurait été incompatible
avec
"would" et n'aurait pas suscité
la réaction
de B parce qu'il sous-entendrait que A n'a pas
la maîtrise de sa structuration.
Le troisième f'acteur qui
légitime
le dppassement
métaopérationnel est
la co-présence dans
le
linéaire des
deux métaôpérateurs.Cette cooccurrence est assez rare.
L'énoncé
suivant est emprunté à Greenbaum,S.:
(l~) Early wi tness and later observation indi-
cate there was no civilians in the battle
zone during,
the hours of' combat and that
the estimated 300 civilians now in Kuneitra
returned to their homes as the whole Drux
population
returned to its villages,
af'ter
the ceasef'ire.
Possibly,
but one can hope with reason
not probably,
there could have been 50 more
civilians casualties in damaged private cars
and isolated buildings along some ~ajor roads
in West Jordan and the main Gaza road.
(G.S.,
S.A.U.,p.116)
Le
linéaire enregistre iconiquement
les différentes étapes
de
la structuration modale.
"Fossibly" indique un enferme-
ment dans
les
limites du possible.
Nous sommes à
l'?tape
première de
la structuration.
"Probably" marque le dépassement
des
limites du possible,
nous passons à
l'étape
seconde.

-
12') -
Greenbaurn a proposé un autre énoncé pour la contrepartie
adjectivale
(5) It's nôt that i t ' s possible that he will
beeome a
teacher
i t ' s rather that i t ' s
probable he will become a
teacher.
Ce n'est pas la première 6tape
de la structuration qu'il
faut retenir mais la seconde car c'est elle qui convient le
plus à
cette
soudure prédicationnelle.Slle en annonce la
réalisation.
J~s schémas suivants matérialisent
la successivité de
la
structuration modale dans
le linéaire
l1J
possibly,
but ••
1
2
probably
W
I t is not that i t ' s possible ••••
I t is rather that
2
4J
It is probab le •••••••
"It is rather" permet à la fois d'écarter l'étape inchoativE'
et d'introduire la se~onde étape
d'o~ le découpage du vecteur.
Le français contemporain n'ayant pas d'équivalent
direct à
"po8sibly" a
recours à
"peut-être". Cette langue
n'a pas enregistré le dépassement métaopérationnel de
l'adjectif "possible".

-
12'~ -
Moignet G.
s'est particuli~rement pench4 sur
cet aspect de la langue française.
I l définit deux plans
dans lesquels
s'effectue l'adverbialisation de l'adjectif
un plan spatial et un plan temporel. L'adverbialisation est
une "aptitude s6mantique" de l'adjectif
à
"transcender
le plan spatial"
et à passer au plan temporel. Devenu
adverbe,
l'adjectif qui a une incidence du premier degré,
a maintenant une incidence du second degré.
Le blocage de
l'adverbialisation de
"possible" viendrait
du fait qu'il est
le transformé du verbe "pouvoir" qui rel~ve
du plan spatial. Autrement dit,
"possible" fait d4jà partie
du plan temporel, on ne peut donc pas
réintégrer dans ce
plan en l'adverbialisant. C'est alors qu'intervient "peut-être"
qui est aussi un transformé de
"pouvoir" et qui prend le relais
de "possible" lorsqu'il faut passer à une incidence de second
degré. Moignet G. propose le tab leau
suivant:
Plan temporel
Plan spatial
incidence du
premier degré
possible
pouvoir
,
incidence du
7
second degré
peut-être
(possiblement)
(jugé inconvenant)
Dans notre optique,
"peut-être" relève du plan métalin-
guistique c'est-à-dire qu'il marque une cOupure entre le plan
référentie l (cIu' i l
soit d'ordre spatial ou temporel) et
le plan
métalinguistique. Sa position sur ce tableau est d'ailleurs

-
125 -
assez révélatrice. I l est à
cheval sur les deux plans.
"Possible"
,
quant ~ lui,
rel~ve du plan r~f~rentiel.
I l confine la prédication dans
les limites du r~alisable
c'est-à-dire,au fond,qu'il demeure intrinsèquement rh6matique.
Sa métaop~rativisation, son aptitude à opérer au plan m~ta-
linguistique,
n'a pas lieu non seulement ~ cause de ce
statut, mais aussi parce que
la langue a déjà enregistré
un outil capable de prendre le relais.
,\\. côté des notions de "virtue 1" et d' "actue 1" qu 'uti lise
Moignet pour justifier
les ~nonc8s
(6) possible qu'il vienne
(7) peut-être qu'il viendra
1
nous proposerons "absence"
et
"pr~sence" de l'énonciateur.
Voyons d'abord ce que dit
~oignet G. (1963)
"En r~alité, l'obstacle à l'adverbialisation
r~side dans la notion même de virtualit~ que
signifie "possible".
Cet adjectif implique,
en effet,
une virtualit8 dont
l'adverbe
"peut-être" est exempt
:
à preuve sa construc-
tion avec
le subjonctif:
possible qu'il vien-
ne,
contrastant avec
la construction indicati-
ve actualisée:
peut-être qu'il viendra. Un
seuil s'intercale entre les deux termes. Or,
1.
I l s'agit d'un abus de langage. L'énonciateur n'est
jamais
absent.
Nous voulons parler de
i'~nonciateur m~talinguisti­
que.

si
L'adverbialisation exige,
de
l'adjectiî,
une aptitude s0mantique à
intégrer l'univers
temps à
l'univers-espace -
ce que dénonce
l'origine adjective de
l'adverbe en -ment-
i l îBut,
pour s'adverbialiser,
qu'un adjectiî
impliquant une notion temporelle signiîie
au moins du temps actuel,
et non du temps
virtuel plus rebelle à
se spatialiser"l.
Si nous retenons Les métaterrnes de >loignet,
le "virtuel"
correspond à
ce que
l'énonciateur n'a pas encore saisi,
d'où
son absence
(On Se rappelle que
"possible" exprime un doute
à travers
"possibly",
selon les intuitions de nos inîorma-
teurs).
~'''actuel'' correspond, quant à lui,
à
l'actuel de
l'pnonciateur,
à sa saisie de la structure purement métalin-
guistique. ~ous ne pouvons donc
considérer "peut-être" que
comme un dépassement de
"possible" puisque dans
ces énoncés
i l signale une dominance de
l'énonciateur.
De
"Possible" ~'l "peut-être" nous avons un système de
relais donc d'échange entre plan réîérentiel et plan méta-
linguistique. Nous retrouverons notre vecteur qui,cette
îois,
marque
nettnment
du trans cBtl~gorie l (Adj_Adv. ) .
possible
plan réîprentiel
l peut-être
plan m0talinguistique
Prenant
le relAis de
"possible", "peut-être" va
At
A
~
P
II l'
,1
jouer le role d'entwne ~ cote de probablement,possiblement
~tant jugé inconvenant.
1 . : ;oignet, G. : ";~' incidence de l'adverbe et
l ' adverbia l i sation
de
l'adjectiî" Travaux de
linF,uistiClueet de littérature.I,
1()6'3,
p.
12~j.

1::' 7 -
suivant montre
l'alternnnce
"peut-être"/
"probab l c"lent"
(;'
:;t si
ln prrsence des (Sens avec (lui
,je me
trouve
continuait,
si
je (levais,
non pas
,;,.; 1
im ::' l ','
l
- -
syncope
?
oui
probablement
(1.1,
CONN OU , p. 116)
"Peut-être" marque
une inchoa tjan
dans
l'~valuation
du programme sémantique "une simple syncope".
L'?nonciateur
propoSe ce programme.
Lorsqu'il est reconnu comme valide -
ce que signale le
"oui" -
on passe
à
"probablement" puisque
l'?nonciateur a dp.sonmais
un indice formel
qui
l~gitime
son évaluation.
Cet ordre dans
la structuration modale est rendu iconiquement
par le linéaire
:
peut-être une simple syncope
1probablement
tue
conc lure de cette recherche de
l'invariant de
l'ordre en système de ces métaopérateurs ?
"~~'ossibly" signale un enfermement clans
les
limites du possible.
'-:uantifiant
la prrdication,
i l l'enferme dans
les
limites du
possible de sa réalisation.
~~n
ce sens,
i l
constitue une

1:~ 8
-
étape inchoactive dans
la structuration modale.
Jl
s'oppose
de
ce
Îait ;}
"probably" qui
signale un dépassement des
limites
du pos~ible. C'est ce dépassement
qui
justifie
l'attitude
triomphaliste de
l'pnonciateur.
C'est
éf';21ement
lui qui
suggère
la nuance assertive que marque
l'orientation vers
la
validation de
la prédication.
l~este mainte.nant il analyser la combinaison adverbes de
modalité
-
modaux
ct
les
contr'~~ LtC',:, subséquentes.

I~! 9 -
2.-1
~
.-' .
le système modal dans
le
linéaire.
"Possibly" et
"probably" se combinent de façon
remarquable avec le système modal.
Cela ne peut surprendre
quand on pense que sémantiquement
les modaux sont aussi
l'expression du possible et du probable. Aussi
semble-t-il
évident de mettre en présence
:
can j
could
will; would
+ possibly
+ probably
mayjmight
shalljshould
expression du possible
expression du probable
Certes,
l'appartenance de ces métaop~rateurs au même champ
sémantique est évidente, mais elle ne peut être la seule
justification possiblt de
l'affinité entre d'une part,"can"
"may" et "possibly",
d'autre part entre
"will","shall" et
"probably". C'est au niveau des métaopprateurs et de leur
signification fonnelle qu'il faut
rechercher la source du
possible et du probable. H.
Adamczewski disait h
juste titre
"les traces des métaopéra.teurs ont une signi-
fication formelle h partir de
laquelle on va
1
déduire le sens."
1. H.
Adamczewski,
Séminaire de D~A, 24 mai 1985.

-
130 -
C'est au niveau s~mantico-formel que les
justi.fications
semb lent moins évidentes. CO':Hnent, en effet,
exp liq uer
l ' incornpatibi l i des couples
"can probably", "'''i Il possibly"
lorsque
les éléments de cha~ue couple cooccurrent dans
le
m~me interface pr~dicationnel ?
a)
Can -
will /
possibly -
probably
!~a combinaison la plus naturelle est celle des couples
"can- possibly" et
"wi Il-probably".
,\\ussi avons-nous très
souvent des énoncés du type
:
(1)
T fell into the sea when we were coming
back from one of the islands. Tt had got
rather rough and the sailors always say
"jurnp" and 0 f
course,
they say jump whf.n
tl1.e thing' s
a t
i ts
rurthes t
point ,,,hic:h ma-
kes i t come right for you,but you don't think
that can possibly happen and sa you dither
and you lose your nerve and you
jump.
(2)
( ••• ) If they get it they will probably
let
your navy pass .freely into the !'!edi-
terranean
:.'affinité "can-possibly" s'explique par le fait
que ces éléments
partagent
tous deux le m~rnE' trait sf>mantico-for:nel.
"Can" a
le trait
( + i)
le prédicat étant considér~ comme une pro-
pri6té du sujet,
et
le trait
(
-
0),
i l n'annonce pas
la

-
1 J 1
soudure prédicationnelle.
"Possibly" partage
lI'! trait
(- 0)
puisqu' i l marque un enf'ermerrwnt dans
les
limi tes du possib le.
Cet enfennement est caractéristique du fait que
l'~nonciateur
ne
maîtrise pas
les donnpes de réalisation de
la prédication.
~'effet r€sultant
du trait
( -
0)
est
la nature déficitaire
de possibly
que nous avons d~j\\ notée.
0n
n'aura pas tout rpsolu
en posant que
l'affinité
1
naît d'un partage de trait.
L'effet d'intensification
nÇsul-
tant de
la combinaison dérive de
ce 'lue
"possibly" agit comme
un vecteur qui demeure enfermé dans
les
limites du possible
déterminées par "can".
L'affinité
"will-probably" s'explique f5galement par
une identité de t r a i t . ~ill est mar'lué
des
traits
(+O,+i)
"Frobably" partage ce dernier trait puisqu'il annonce
lui
aussi
la prédication. En plus de ce trait,
i l se présente
comme tln vecteur qui dépasse
les
limites d'inhérence établies
par "",ill". I l résulte de cette combinaison un dosage de la
force de cohésion du modal.
On résumera ainsi
les différents
traits
'lui
jus t i -
fient
ces affinités
1. Pour
Greenbaum S. ( 196:;)
"1'os 5ib ly" (~st un intensifieur
quand i l cooccurre avec can ou could dans
"certains envi-
ronnements" .

1 T2
-
T
,
cnn (- 0,
,
)."
1
wi l l
(+ 0, + i)
~05sibly (-O~+ enrermement)
probably(+O,+dépassement)
On co:nprend Clue
les combinaisons can-probably et 'vi ll-pos-
sibly soient quasiment inexistantes. On comprend également
que Greenbaum
(196S1)
n'ait
pas été
en mesure d'expliquer
cette contrainte.
~a description
du linéaire si elle n'est
sous-tendue par une analyse des opérations sous-jacentes
demeure toujours une descriptiofl de surface.
Les propriétés
sémantico-formelles que nous relevons
permettent d'expliquer
la contrainte dans
les énoncés proposés par Greenbaum :
(3) l
asked whether they could possibly leave
early
(~) If they can possibly leave early, they will
do so.
(3')* l asked whether they could probably leave
early.
(h')* If they can probably leave early, they
will do.
(S.G.,S.A.V.,pp.148-149)
(3) peut être glosé de la raçon suivante :
Je demande si
le prfdicat
"leave early" est
est dans
les
limites du champ d'inhérence
du sujet "he".
,\\utrement dit,
ce qui est en cause c' pst
l ' enfermement
la
possibilité pour le prpdicat d'appartenir intrinsèquement au

-
13'3 -
sujet.
"rrob~bly" ne peut jouer Cl
rôle puisqu'il annonce
en quelque sorte
l'appartenance.
I l y
a donc opposition
de traits
could ou can
(-,0, + i)
probably
(+ 0, + dépassement)
* could probably
C'est ce conflit qui explique cette r~action du locuteur
natif devant
l'énoncp
(5)* He \\vill possibly go to Paris
tomorro\\"
""'ill" est
"affirmatif" et"possibly"exprime un "doute"l
Cette opposition dans
les effets naît de
l'opposition des
traits
sémantico-formels.
will
(
+ 0,
+ i)
possibly
(
o , + enf.)
* will possibly
La langue est,de toute évidence,
un système
harmonieux,
structurellement bien réglé. Le linguiste ne découvre cette
harmonie que
lorsqu'il prend
la peine d'entrer sous
le
liné-
aire. Ainsi pourra-t-il proposer une analyse plus cohPren~e
o'pnoIlcé qUl,en apparence s'écarte du système.
Il pvitera de
ce fait de recourir ~ la notion d'exception. Un énoncp comme
(5) The quickest \\vay would he to shoot herself.
She thought she could probabbly load a
gun
ano fire i t
she had seen i t done innume-
rable times
1.
Catherine Davies,
College franco-Britannique,janvier 1985.

1 J'l
-
(6)
~lle pensa qu'elle saurait probablmement
charger un
fusil
et t i r e r :
elle
l'avait
vu faire d'innombrables fois.
(Trad.
Y. Baudry)
ne peut
constituer une exception.
Une fois
de plus,
le
recours ~ la contrastivit~ se r?v~le ncicessaire à
la saisie
de
la structuration abstrai te. "Can (+ed)" est
traduit par
"savoi r"
et non prlr "pouvoi rIt .
~pouvoir
can _ _ _ _ _ _
savoir
"Pouvoir" régit une relation pr~dicative intrins~quement
inhérente,
le prédicat 6tant noté
comme faisant partie de
la définition même du sujet.
"Savoir",quant à
lui,
établit
une relation à
caract~re extrins~gue.
Le prédicat n'est pas
forcément
une propriété du sujet. Autrement dit,
"pouvoir"
inscrit
la prédication dans
les
limites de
la possibilité
et
"savoir"
signale une extériorité par rapport à
ces
limi-
tes.
On comprend donc qu'il y ait affinité
entre
"savoir" et
"probablement" et
par conséquent entre
"could"
(saurait)
et
"probably" qui signale un dépassement des
limites du possible.
1.
Il Y
a de toute évidence,
une diffrrence métaof1 p ratio;li1elle
entre pouvoir et savoir qu'il
faudra
creuser comme
l ' a fait
G.
Naude
pour savoir
et
connai tre cf. Tr?'~~j,L\\ 8.

-
1 '35
-
Il
l'
t
,
Voyons maintenant comment possibly et 'probably'
s'accommodent des autres modaux.
b)
2:ay -
Shall /
possibly -
probably
On n'aura plus de difficulté
à
expliquer les
combinaisons naturelles may-possibly et shall-probably.
L'aÎÎinitp naît
non seulement du
programme de sens de cha-
que m~taop~rateur ,mais aussi de
leurs traits formels.
(1) A-
You thiru< we may possibly encounter
more windmills on that route?
B-
They have more important things
to
tnillk a-oou t
than us
(GG,!n,
p. 1 1 :1 )
Did l
hear something about your earn-
ing your own living?
B-
Yes
A-
What is i t ,
th en ?
B-
I t ' s
just that J'm going to a
Îarming
College for three months and l
shall
probably be kept on as a teacher there.
T)
..
( .
.!"l.
Lawrence,
S~\\.L, p. 12 1 )

-
1J6 -
l~lay" a les traits (- 0,- i), "pos s ibly" part~ee le
trait
(-Cl)
et ':Jilin:' en:
'''':ic8tion
c1ans
les
limites clu
possible.
-_a combinaison cr~e un efret d'intensification.
Au contraire de
Il;·jay'','' .3ha 11'' a
les trai ts
(-i, +0) •
Probably partage le trait
(+0) et élar~it en quelque sorte
le trait discordanciel de
" s hall"
,
d'oll
le dosage subspquent.
L'identit( de trait rormel est ~ la bese rte l'incompa
tibilité may-probahly.
Sn effet,
un énoncé du type:
(3)* ne may probably leave tom_rrow
est irrecevable. I l y
a opposition de
tra~ts. L'énonciateur
,-e peut à
la fois
anonncer
la soudure prédicationnelle
(trait
(+0) de probably) et indiquer qu'i l ne l'annonce pas
(trait
( -0) de may).
Une autre raison
qui
tient de
la
logique naturelle
de
la langue et qui est
liée à
l ' opposi tion de trai ts pe:nnet
d'expliquer cette incompatibiti{;e.
"~"lay;; s::Lg'uale UHe Llue\\;e
oe L:U ...... .:>:.Lu" ur "probably"
signale un dosage de
la rorce de
cohésion des opérateurs sur lesqueŒ
i l porte. De toute 0vi-
dence
,
on ne peut
doser une
force de cohésion qui n'existe
pas encore
• ,\\vec
"sha 11''
I.e
dosaee est possible puisque
les deux métaopérateurs sont orientrs vers
la prédication.
"l'robably'' dans ce cas trouve un support
convenahle il son
statut. Gn contact
i l
D':-
;'8S
ce support.
Traits

137 -
s~mantico-formels et force de coh?sion sont intimement li?s.
Si tout
se tient
c'est
bien parce qu'une
logique
nature lle
demeure dans
l'architectur8 de
lél
ln.neue.
c'est cette
logique naturell~ qui ?tablit
la
contrainte dans
la combinaison
"shall
(s'JOuld)
-
possibly".
Nous n'avons pas rencontré ct 'énonc(~
Oll
";Jossibly" (.tait sous
la dorninance de
"shall".
Celui que nous avons
propos(~ n.
nos infor1JRteurs aprf~s manipulation n 8té
jugé
peu naturel.
(~) You should consult a specialist
(GL\\,
p.16S)
(5) You should probRhly consult a specialist
(6) ? You should possibly consult a specialist
L'opposiLioll Lieb traits
(+0) de
";:"ha~l", \\-D) de possibly
ex~liquerait ce caract~re peu naturel ~e la combinaison.
Nous
avons passé
en revue
toutes
les
combinaisons
possibles de possibly et de
probably avec
le
syst~me des
modaux
can-vii Il-may-shall.
j·:este maintenant
?1
rrsumer ces
combinaisons
pour en mieux montrer la systématicité. Un

(- i)
:nay
/ S h r t l l
1
___ probablY~~
l___ possibly!---~
cau
Wl l l
--1
.,
(
2
\\ +
:l;
--~-----------...;
On conclura
cette an8.1yse de
"possibly" et de
"probably" en relevant
le
cacactère systpmatülue des opéra t-
ions de
structuration "]0dale des (~nonc<~s. Cette systématici-

transparaî t
non seulement à
travers
les modaux 'nais aussi
à travers
les modalisateurs qui
s'accommodent de ceux-ci.
La
conclusion qui
s'impose est
celle qui
porte
sur l'aspect
non-solitaire de
la métaopération.
Une structuration modale
en possibly et probahly suppose un parallèle avec une struc-
turation modale en perhaps et maybe.
possibly
/
perhaps
probably
/
maybe
Ce parallèle,
on s'en cloute,
n'est pas gratuit puisque,
à
bien des égards,
i l
relève une
identité ~e tr8.its car8.ct(-
ri~tiques
positionnement sur
le vecteur,
possibilit?
pour
possibly rt
perhRps d'apparnître dans
un "noncé interrogatiî,
traduction en "peut-être" de
ces deux opprateurs,
etc . . .
Cette similitude métRopérationnellc impose une
analyse df.tai llée de
lR pnrt de
"perhaps"
et
"H1Ryhe" dans
la
structuration moclR le
(lu sens.
1.
Ce tableau est
lRrgement
in5p:ir'~ de celui de "
:\\darnczewski,
... j

G~,\\, p.l'i7.

-
139 -
S'il existe des quantifieurs des
chances de r?ali-
sation
de
la prédication,
c'est
bien " perhaps" et son
homologue "maybe".
Leur particularité réside
en ce que,
au contraire de
"pos s ibly" et de
"probably",
ils n'ont pas
le trait
(: orientation vers
la soudure prédicationnelle).
Plus exactement,
ils signalent que l'pnonciateur ne prend
pas position dans
l'évaluation de
la réalisation de
la pr?-
dication.
On reste suspendu
entre le marteau et
l'enclum~
c'est-à-dire entre un pôle "-" et un pôle
"+" caractéristi-
ques de
la réalisation
ou de
la non-réalisation de
la rela-
tion prédicative. Cette réflexion de Ruskin (1866)
résume
l'ptat
d'esprit de celui à qui
l'on soumettrait un trop
plein de " perhaps"
" ,\\'e can mal<e ourselv,-'!s uncomÎortable to any
1
extent with "perhaps""

Nous nous proposons
dans un premier temps de
présenter ces modalisateurs,
leur statut métaopérationnel
et leurs équivalents dans
les langues
autres que l'anglais.
Dans un deuxi~me temps,
nous analyserons tour à tour le
système de phases qu' i Is dr; cri vent au cours de
l ' éva luation
des
chances de
réalisation de
la prédication,
leurs cibles
et
leur positionnemment dans
le linéaire.
1. Ruskin,cité dans The Oxford English Dictionary.

l ',()
Des
0tudes
faites
sur
ces
opérateurs, nous
avons
retenu
ce lle de ;;.
F'erennec Clui
a
ana lysé
le
co rrespondant
allemand
[le
"perhaps"
et
"maybe",du point
de
vue des
actes
. 11
t '
.
1
l
ocu
lonnalres

J'erennec
isole
les
propriétés
(valables
aussi
bien pour
l'anglais ~ue
pour
le
français)
sppcifiques
au rnorJalisateur
"vieLLeicht"
avant
d'analyser sa valeur
illocutionnaire.
Ces
propriptés
sont
les
suivantes
"veilleicht"
n'est
ni
prodicable
ni
ppith(;tisable
et
i l
n'existe
pas
rI' ac1,-jecti f
ou
de
substantif
lui
correppondant.
Ce dernier
t r a i t
est d'une
importance
certaine
puisqu'il
met
au
jour
le
statut
formel
cle
"perhaps"(peut-être).
C'est
le
"mot vide"
par excellence,
par opposition
~, "possibly"
"probably", "certainly"
[lont
le
programme
sémique
renvoie
aux notioYls
de
"nossible",
"]')robable"
et
de
"certitude".
Se lon ;'1.
erennec,
"vie L ] C'icht" marquerai t
un
re fus
d'assertion puis~u'en énonçant
(1)
jJeter ",irl]
vielleicht kommen
"le
locuteur r~:fuse cl' eneacer sa responsabi l i té
sur
la v(~ri té de
"}'eter "l-Jirc1
kommen"
sur
ln
r/~11it/ du nroc~~s C'xpri'né prir la proposition
?
fajt
'1u'it
V
a i t
ou
non
procès"-.
1.
;".
l
erennec
lllocution et
assertion en allemand,
Th~se,
~lrj 51 V,
1 ~J7~:1 •
n.
: ;; l •

\\'i (' Llcicht
suspendrait donc
1:'1 Vel leur i llocutoire
d'assertion de
l'rnonc n • I l s'agit de
"mettre l ' a llocutp dans
l ' 01) -, igation de croire
1
à
la v'~ri t{ (le .5on énonc/ ,. ' .
Nous avons cl/ j?1_ noto.'
notre r{~tic(~nce ':u;)nt
l'adoption de
lé'!
notion
de valeur de vprité.
Nous n'aclh0rons
donc pas 3
la thèse de }'erennec. Toutefois,
nous
le suivrons
pour les remarques
suivantes
-
avpc viel'cicht i l n'y a
pas d'acte illocutoire(au
sens searlien du tC'rl()e)
puisque
le
locuteur reÏuse d'asserter
le contenu de son énonce,
-
la porté e du modus
"vie lleic ht"
fai t
que
"}Jeter
wird kornmen" perd sa qualité de
"dictum" puisqu'il n'est
pas
"globa lement rèférenci~::2 •
Cette dernière remarque con"firme ce que nous avons
déjà
dit du
"dictum".
Ce n'est
sans nul doute qu'un méta-
terme qui,
non seulement opacifie toute forme de cohesion
intra-~noncé, mais
aussi
co lle directement
l ' énonc,~ au
monde rpfrrentiel.
Or,
i l y a
tout un travail
une structu-
ration
abstraite,
modale qui
sous-tend
le
lin~aire adverbial
et fjui ne peut être ana lysé à
coups de
"modus"
c-'t
de
"di ctum".
1. P e r e nn e c j';.,
op.
c i t .,
p. 1 6 2
2.Jbidem

1 :~2
Dans
(2)
Pierre est peut-être venu
"peut-être" quant ifie le
sto ck age du prûdi cat
"venu Il dans
le sujet "Pierre".
I l permet de suspendre
la
prrdication
dans
l'interface de deux domaines correspondnnt à la réali-
sation et 3
ln non-r?alisation de
la'~oudure prédicationnell~l.
Cette suspension entraîne un décrochage par rapport au réel
et le passage au plan mûtalinguistique.
Le schéma suivant
représente
la suspension de
la prédication
non-réalisation
de
la soudure
La prédominance du plan métalin~listique nous permet
d'avancer que "perhaps"
,"maybe" et
leurs
correspondants dans
d'autres
langues sont de ces m~taopérateurs (des m~taprax~mes
(Lafont R.
197~)) par lesquels la langue se détourne de son
activité
communicatrice,
"rèférenciatrice" pour ne renvoyer
qu'à elle-même,
au travail qu'elle effectue en
son sein.
Ces métaopérateurs parlent de
la structuration,
des rnodalitps
cie stockage des programmes de sens.
La langue devient un outil
1.
Le terme est de ;-1.
!\\damcze\\vski.

pour elle-même,
elle se
contemple dan:3
le :niroir qu'elle
Se
construit c'est-à-dire
qu'à mesure que se dpveloppe
l ' acti vi tt..S structurante,
les P léments comme
"perhaps",
1
"maybe" etc ••• vont
servir
"d'idée regardante"
,
de commen-
taire
métalinguistique qui en assure
le bon .fonctionnement.
Ces éléments n'existent pas seulement en anglais,
en .français ou en allemand;
une
langue comme le baoulé en
exhibe au moins deux dans son linéaire.
Kous opposerons
ces
lonnes dans un tableau
avant d'en analyser le fonctionnement.
a~lais
baoulé
français
allemand
perhaps
sE.. ••• O
_ _ _ _ _
~peut-être
Vieneicht[
maybe
k~llé....
~
On constatera l'extrême transparence de
l'anglais
et du baoulé qui exhibent dans
le linéaire deux traces,contraire-
2
ment au français
et à
l'allemand qui n'en ont qu'une.
}1ais,
i l s'agit plus d'une mise en présence pure et simple d'élé-
ments formels que d'une contrastivité véritable.
La véritable
contrastivité ne peut se faire qu'au niveau des opérations
sous-jacentes. Toutefois,
la manière de présenter les formes
doit être symptomatique d'une théorie.
La mise en parallèle
de
"Perhaps/St ••• O" et
"maybe/kél~" n'est pas innocente, elle
nous signale déjà comment deux langues en apparence totalement
1.
Le terme est de Gustave Guillaume.
2.
Cela ne signifie pas que ces
langues sont
totalement opaques,
elles auront tout
simplement recours à
d'autres opérateurs
pour suppléer le manque.

floiE,nfes
l'une de
l'autre vont
raneer dans
le
lin0~ire
des outils ~ui, nous
le verrons,
trahissent des niveaux
diff~rents de structuration.
Nous proposons d'entamer l'analyse par le statut
de
"perhaps" dans
lR quantification des chances de
la prpdi-
cation.
:2.-:2.2.
"l'erhars" et
le df;ficit dans
la ~uantificatil)n
des
chances de la rrpdication~
a)
L'interrogation,
une opération 8 valeur
discriminante
Kous avons not~ une incompatibilit~ entre
l'interrogation et
le modalisateur "maybe"
lorsque ce
dernier prend pour cible l'interface pr6 dicationnel.
Cette
inco!Jlpatibi l i té rlisparaî t
lors~ue "per~taps"
prend
le rf) la i s
de son homologue.
~es (nonc(s (1) et (1) soumis ~ des locu-
teurs britanniques ont ptt
syst/nlati<[l.JPment
rejett~S n l':lr ..
que les mêmes (noncr, s
en "flCrrJRrS" sont
jugr s
acceptab les,
naturels
( 1 ) * i ias John~L~~ been here be fore?
C2) * i ~ave YOll mayùe rni sunrlers tood the C"jues tian ?
(J)
11as John perhaps been l:wre he ff)rC' ?

(4) Have you perhaps misunderstood the question?
A quoi peut-on attribuer ce rejet de
"maybe" ?
L'hypothèse qui nous semble
la plus
justifiée est assu-
rément
le caractère prpsuppositionnel de
l'interrogation.
Cette opération
présuppose la relation cible de
la question
or "maybe" semble supposer une plus grande connaissance de
la validité de cette relation.
Autrement dit,
"maybe"
pré-
suppose en quelque sorte la validité du
lien. On ne peut,
de toute évidence,
à
la fois
s'interroger sur la validité
d'une relation et en poser la validité.
I l est à noter que
la présupposition inscrite en
"maybe" n'est pas de m~me nature que celle de l'interrogation.
Avec "maybe",
elle est plus
liée à
l'opération modale c'est-
à-dire à
l'évaluation des chances de
la prédication.
"Maybe" présuppose
que
l'énonciateur a un ~upplément de
connaissance quant à
la validité du lien.
Ce supplément de
connaissance explique qu'il y
ait une plus grande maîtrise
de l'évaluation de
la prédication. L'interR'gation
quant
à
elle,
présuppose simplement
l'existence du
lien. En clair,
on ne peut interroger que sur ce qui existe déjà.
A partir de ce qui vient d'~tre posé,
on comprend aisé-
ment
le statut de
"perhaps".
Ce n'est pas un indice de présup-
position puisqu'il
est compatible avec
l'interrogation.
1. Ces énoncés ont été construits par nous dans
l'unique but de
mieux servir la manipulation.
Des énoncés plus naturels con-
firmeront
l'hypothèse pour laquelle i l s ont été construits.

1 'IG
-
L'énonciateur se contente d'fvaluer la pr~dication sans Rucune
conn,li fi sance préa lab le de
ln val idi té de ce lle-ci • "Perhaps"
ma!'que
donc un "déÏicit"l
dans
la quantification prédicatjpn-
lfc·li('
c'l,
·'II<.lyue" une plus grande maîtrise.
Les énoncés
sui-
vants
confirment bien ce que nous avançons ici
(5) Nick ..as thinking." She said,
' l ' d prefer
to
see him remain in Paris'
and 'he ..on't
let anything stop him getting ..hat he .. ants'.
Did Jimmy perhaps ..ant
Suzy,
and .. as Suzy
perhaps half conscious of his desire oÏ a
young strong man ..ho al.. ays got ..hat he .. an-
ted ?
(P. Gallico,
TbT,
p.21)
(6) l'1ay l
perhaps have another glass of Malaga?
Sitting in the sun in that broken do..n
car
had made me very thirsty.
(
G G,
NQ,
p.17)
(5) et (6) seraient, en effet, irrécevables avec "maybe". En
(5),
l'énonciateur se pose des questions sur la valid~té de
la relation prédicative.
"i'laybe" aurait
laissé supposer qu'el-
le est déjà valide puisque
l'énonciateur aurait une plus gran-
de maîtrise de
la quantification compte tenu des données de
validité qu'il possèderait. Or i l n'en a
justement aucune
maîtrise d'où
l'intérêt de
la question.
"Perhaps" correspond
donc bien à
ce qu'il
faut pour évaluer la prédication.
Le
linéaire présente de façon iconique le champ de dominance
de chaque opérateur.
"Ferhaps"
évalue
la relation primitive
1.
Le terme est de C.
Delmas.

Sujet-prédicat. I l a une valeur épistémique puisqu'il domine
toute
la relation en prenant pour cible l'interface prédica-
tionnel.
Le noeud
"did" est antéposé pour mieux servir de
cible à
la question.
I l s'ensuit une délinéarisation que nous
mat6riallserons par le schéma suivant
Dans
l'énoncé
(6),
les mêmes raisons expliquent
le
rejet de
"maybe", mais cette fois
le noeud prédicationnel
est
le modal
"may" qui,
on le verra par la suite,
est
très
proche de
"maybe". t-'Iay,on le sait,signale une incompatibilité/
une quête de cohésion entre
le sujet et
le prédicat.
La ques-
tion ici,
est d'ailleurs iconique de cette quête.
"Perhaps"
se trouve pleinement
justifié.
L'énonciateur n'a aucune
maî trise
des données de va lidi té de
la prédi ca tion.
"i'laybe"
aurait supposé que
la cohésion ait été déjà engagée or i l y
a quête,
d'où
l'inacceptabilité subséquente.

-
1 ;~~;
-
(7)* May] maybe have another glass of malaga?
Avec
"perhaps" par contre,
nous retrouvons
le même cas de
figure que celui
énoncé précédemment
:
"perhaps"
évalue ce qui serait
la
relation primitive de la
métalangue de A.
Culioli. I l affectionne donc
la première mise
en relation.
C'est au fond,
ce trait qui sera responsable du
statut
méta lingui stiqu€,
de
"Perhaps".
N'an~icipons pas,
contentons-nous pour l'instant
de relever cette réflexion d'un locuteur britannique.
I l s'agit de
juger de
l'acceptabilité de
lténoncé suivant où
"maybe" est commuté avec
"perhaps".
(8)
\\\\'a lden to Thomson
Do you want a
cocktail?
Thomson -
No
thank you.
Walden
Perhaps a
glass of sherry ?
Thomson
Yes please.
(KF, TMFSP,p.265)

-1 ;~9 -
Pour ce
locuteur,
"maybe" aurait
laiss~ supposer que Thomson
avai t
au préa lable
l'intention de consommer du "sherry" ou
que connaissant son interlocuteur, Walden réit~rait sa pro-
position
après s'être rappelé que celui-ci avait un faible
pour cette liqueur 1. Cette r~flexion ~claire lA rtJ rr~rence
fonctionnelle
entre
"perhaps
" et
"maybe" même si aucun
~l~ment
du contexte ne
justifie ce que ce
locuteur avance.
"Perhaps" est bel et bien d~ficitaire par rapport à
"maybe"
puisque
l'~nonciateur ne maîtrise pas les donn~es. Dans cet
~nonc~, il suggère les termes
du prédicat,
sans insinuation,
sans
connotation,
bref,
i l suggère tout court.
Les ~l~ments de la structure pr~dicative peuvent
servir d'indice de mise en relief du caractère d~ficitaire
de "perhaps". I l s'agit non seulement de
l'interrogation
qui
justifie son emploi mais aussi du pr~dicat qui lui sert
de cible.
Ce pr~dicat est en effet une notion introduite
inchoat i ·".-"ment
puisqu'elle est d~termin~e par l'op~rateur
rh~matique "a". Il ne pouvait en être
autrement
compte tenu
"
"
du contexte:
Thomson
vient de refuser le cocktail
qui
lui
est propos~; on passe a une nouvelle proposition."The" n'au-
rait pas ~t~ possible
dans ce contexte.
Perhaps a glass of sherry ?
*
Perhaps the glass of sherry ?
1. I l s'agit d'une réflexion de E. Barker,
notre informatrice.

15° -
Perhaps introduit bel et bien
du rhématique.
Son affinité
avec
la relation prédicative primitive tient de ce statut.
Cela est tout aussi valable même
lorsque cette relation
prédicative est tronquœc'est-à-dire
lorsque ses termes
sont inférables du contexte gauche comme
l'indique
l'énoncé
(8).
La délinéarisation donne
le schéma suivant
Do
perhaps
/ (95 )
Il convient,
pour clore ce paragraphe,
de rappeler
la valeur disciminante de
l'interrogation. Elle permet par
son affinité
avec
"perhaps"
et son incompatibilité avec
"maybe" de mettre au
jour les traits caractéristiques de ces
modalisateurs.
"Perhaps
" est rattaché à
la relation primiti-
ve,
à sa première mention.
I l
l'~value, la suspend purement
et simplement entre
le domaine de non-validité et le domaine
de validité.
Cette suspension légitime
la question qui peut
désormais s'appliquer
aisément.
Schématiquement,
on aurait
ù
peu près
ceci

-
1 51
-
-
"Va lidi té
+ validité
"Maybe" suspend lui aussi
la relation prédicative mais avec
une tendance à
privilégier
le pôle de validité. La question
devient dans ce cas superflue.
De tout ceci,
nous retiendrons deux effets de sens:
"perhaps" imp lique de
la neutra l i té,
de
l' impartia l i té dans
l'évaluation de
la prédication et
"maybe" de
la partialité
due à
son cacactère présuppositionnel.
Ce sont peut-être ces
effets qui ont suscité cette remarque de Greenbaum :
""Haybe" is highly colloquial and casual,but
Perhaps seems suitable equally in spoken and
written english"l
Il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives
sur la différence métaopérationnelle
entre ces modalisateurs
car l'interrogation n'est pas
la seule donnée discriminante.
La situation
ou le contexte Peut
justifier l'emploi de
"perhaps".
1. S. Greenbaum,
Studies in adverbial usage, p. 19l~.

1 '):.:
-
b)
Données
situationnelles ou contextuelles légiti-
mant
la modalisation par "perhaps".
La situation du discours peut contraindre l'énoncia-
teur ~ une position neutre dans
l'évaluation de la validité
du programme de sens qu'il structure. Dans
certains cas,
la
contrainte est telle que poser "maybe" c'est en quelque sorte
se trahir en admettant
les termes de l'énoncé.
L'énoncé suivant
en
est un exemple
:
(1)
(Contexte:
B,
journaliste accusé d'espion-
nage est conduit ~ A pour être torturé. B
proteste)
A
"Oh, yes,
you are Mr Race,
the American
spy ".
B
Let's get something
quite clear from the
start,
( ••• )
!~~~_~~!_~_~Er~_!~~_~_E~E~E=
ter.
l
came ta Hungary ta get a
story for
my newspaper. Perhaps l
did not do i t the
right way,
but we do things
like that in
America.
(P. Gallico,
TbT,p.)l)
Dire "maybe" c'est
d'une certaine façon admettre
la
validité
de l'énonce négatif,
or i l s'agit
justement de se
défendre en minimisant
les termes de cet énoncé qui engage
la responsabilité de
l'énonciateur.
La modulation neutre du
programme de sens permet
de
justifier le rejet de
la notion

-
15J -
"spy" pos~e dans le contexte gauche.
"Perhaps" ~value donc
un programme de sens sans pr~validation, la situation d'auto-
déÏense imposant d'~viter toute pr~supposition.
L'~nonc~ (2) est un cas dans lequel l'~nonciateur n'a
pas la maîtrise de
la validit~ des termes de l'énoncé p
compte tenu de ce que l ' o n sait
du sujet.
(2)
(Contexte:
le journaliste accus~ d'espion-
nage a reconnu
les Ïai ts devant
ll~ tri 1111-
nal. Ses amis,
convaincus de son innocence,
émettent des hypothèses sur cet aveu sur-
prenant
)
A
Perhaps he conÏessed in order to protect
someone.
B
Yes,
perhapS(a). You're another oÏ the
pperhapslb)
boy.
(P. Gallico,TbT,
p.3)
A se contente d'avancer une hypothèse ne sachant rien de
ce qui a pu motiver l'aveu de son ami. De toute évidence,
i l
ne pouvait employer un "maybe" qui aurait pos~
cette hypothèse
comme plus
justiÏi~e du fait de ce qu'il sait du sujet. Il
modalise donc de façon neutre
le programme s~mantique qu'il
structure.
La r~ponse de B en dit
long sur la neutralité
choisie par l'énonciateur. Nous ne pouvons d'ailleurs passer
sous silence le travail m~talinguistique effectu4 par B.
En (a),
i l y a relance,
plus exactement,
reprise du
modalisateur. En (b),
on passe à un autre plan en changeant

15~
le statut catégoriel du modalisateur :
l'adverbe devient
adjecti~ c'est-à-dire qu'il est utilisé comme quantifieur
du programme sémique du nom.
Ce transfert
"forcé"
(on se
rappelle que "perhaps" n'a pas de correspondant adjectival)
s'accompagne
de guillemets qui agissent
comme des indices
modaux,
des commentaires de
l'opération de transcatégorisation.
Il nous faut préciser la nature de
la donnée situation-
nelle qui
légitime l'emploi du modalisateur. I l s'agit d'indi-
ce contextuel ou situationnel qui détermine l'énonciateur dans
son choix du modalisateur.
La donnée situationnelle peut être
entendue aussi au sens de
l'ensemble de connaissances extra-
linguistiques que possède l'énonciateur
et qui conditionnent
son choix. Bien entendu,
cet ensemble de connaissances peut
ne pas être explicite parce que relevant d'un contexte loin-
tain
mais i l demeure en sous-jncence. Dans les cas oà i l est
explicite,
i l n'est substituable en aucune façon à
la m~ta-
opération,
i l n'en est tout au plus
que
le déclencheur.
L'exemple que nous donne H. Adamczewski vient bien à propos
'pour justifier le caractère déclencheur de
la situation
discursive. Il s'agit de
la thématisation en "-ing" d'un
énoncé du type
(3) Who's been opening the window ?
(H.A.,BE + INC)
La ïenêtre n'est pas ouverte au moment de
l'énonciation mais

des feuilles
traînent
sur le plancher du bureau. Cet indice
situationnel a d~clench~
l'op~ration en " ing" qui en retour
y
réfère
anaphoriquement.
La situation est quasi-identique avec "perhaps" et
"maybe" sauf que dans
ces cas,
l'anaphorisation n'est pas
aussi nette. Les énoncés suivants
nous aideront à affiner
la pertinence de
la donnée situationnelle.
(4)
(Contexte:
sur une carte postale que nous
a expédiée notre correspondant après deux
longs mois de silence,
était imprimé)
Perhaps you're wondering why you haven't
heard from me in a while,
l've been hiberna-
ting
(carte postale)
(5)
(contexte:
A suit B depuis deux jours. Vient
le moment où i l décide de
lui parler)
A
"}laybe you know me,
l 'm Harry Jones
"
B
l
said l
didn't
know him.
l
pushed a flat
tin of cigarettes at him.
(R.C.,
Bisleep,
p.151)
Dans
l'énoncé
(4), l'imprimeur de la carte postale a
choisi
"perhaps" parce qu'il est clair que
les deux corres-
pondants sont éloignés
l'un de
l'autre;
par conséquent,
i l
n'est pas possible que
l'expéditeur sache ou imagine le re-
cepteur dans
la situation signalée par les termes de l'énoncé
Le choix de "maybe" aurait
laiss6 supposer que
l'énonciateur
(ici,
l'émetteur qui prend en charge le contenu de
l'énoncé)

156
a un supplément de connaissance
quant à
la validité de
la
propriété attribuée au sujet,
or i l ne s'agit que d'une
simple supposition.
L'énoncé
(5) semble plus explicite, l'énonciateur a des
raisons d'évaluer pour ainsi dire positivement la prédication.
Sur cet énoncé,
on retiendra
cette réflexion d'un locuteur
anglais. Un individu connu de tous
(une vedette ou un prési-
dent de la République par exemple)
ne dirait pas dans
cette
situation:
"perhaps you know me". Autrement dit,
le choix
de "maybe" est fonction de la connaissance que
l'énonciateur
a de
la validité du programme de sens construit.
La différence
que nous relevons,
répétons-le,
est sous-tendue par la conception selon laquelle une langue
forme un tout systématique. I l ne peut par conséquent y avoir
franche synonymie entre deux métaopérateurs. Le contrflÎre au-
rait remis en cause le concept même de système.
Ce que dit C. Delmas corrobore notre analyse de "perhaps"
et
"maybe". Pour lui,
"maybe"
suppose une "interprétation
plus triomphaliste" et
"perhaps" une "interprétation plus
circonspecte"l.
Cette différence infime est due à
la différence
de statut c'est-à-dire ~ la fois au positionnement sur le
vecteur et au degré d'adhésion subséquente de l'énonciateur
vis-à-vis de
la validit~ de la relation prédicative.
1. C. Delmas,
Structuration abstraite et chaîne linéaire p Thèse
d'~tat, Paris III, 1985, p.622.

1';7
-
Il convient maintenant d'analyser de plus pr~s "maybe"
avant de le situer sur le vecteur.
2.-2.3.
"Maybe" et
la
maîtrise de
la quantiîication des
chances de
la prédication.
A pa r t i r de ce qui a
été dit de
"perhaps",
on sai-
sira
aisément
le caract~re présuppositionnel de "maybe".
Reprenons
l'énoncé déjà proposé
et
le texte dans
lequel
i l s'inscrit
(1)
(Contexte:
A suit B depuis deux jours. Vient
le moment où i l dé~ide
de lui parler.)
a) A
"l"laybe you kno ..... me", l ' m Harry Jones".
B
l
said l
didn't know him.
l
pushed a
îlat tin oî cigarettes at him •••
(suite du texte
:
A donne à B des inîormations
sup une bande de traîiquants •. B doute visi-
blement de
la îiabilité de ces inîormations)
b)
A
Maybe you don't believe me.
c,d)
B
Maybe l
don't,
and maybe l
do. And then
e)
again mavbe l
haven't bothered to make
my mind up.( .•• ) You have been Îollowing
mp around for a
couple oî days,
like a
Î8110w trying to pick up a girl and Inck-
î)
j l l g
t:111~ last inch or nIH'VP. '\\iaybl,' Y01J are

g)
selling insurance. Maybe you knew a fellow
h)
called Joe Brody. That's a
lot of maybes,
but 1 ••••
"Maybe" (a),
nous
l'avons vu,
présuppose que
l'énonciateur a
un supplément de connaissance
lui permettant d'évaluer ef-
ficacement
le programme de sens qu'il construit. En fait,
au moment de sa structuration le programme de sens est en
quelque sorte déjà engagé. On notera que ce
"pré-engagement"
est dG au statut thématique du verbe
"know". Nous renvoyons
ici à
l'étude de G. Naude qui souligne le caractère hybride
de
"know" rendu en français par
savoir ou connaître
.._____ savoir
know..-----
~connaître
"savoir" est rhématique et
"connaître" thématique puisque
ce dernier "présuppose l'existence de son objet" alors que le
1
premier
"ne
la prl~suppose pas"
• De toute évidence,
"know"
dans notre énoncé serait traduit par son pôle thématique de
la façon suivante :
(l)'(a). Peut-être me connaissez-vous,
je
m'appelle Harry Jones.
Ce pôle thématique semble concorder avec
le choix du modali-
sateur "maybe".
En d'autres termes,
le statut thématique du
verbe suscite la présence d'un opérateur qui serait un indice
de thématicité.
1. G. Naude,
" "Know" savoir et connaître" in TREMA 8, Paris III,
UER des pays anglophones,
198J,pp.1J5-14J.

-
1 S~ -
Pour en venir au contexte,
nous dirons que
"maybe(b)"
est pleinement
justifié.
L'énonciateur A a
repéré dans
la
si!uation des indices
pouvant légitimer sa négation du
lien prédicationnel. Il maîtrise donc
les données énoncia-
tives.
"Perhaps" aurait semblé quelque peu absurde.
La réponse de B vient confirmer ce que pensait A
et qui a suscité
son choix de
"maybe". Visiblement, B ne
le croit pas,
d'o~ son itération d'un ensemble de "maybe".
Cette itération a pour seule finalité
le rejet du modalisa-
teur dont l'emploi est attribué à A. Nous avons affaire à
une véritable comptabilité dans
la structuration modale
du linéaire discursif. A force d'itération la langue a
fini par figer l'opérateur. On constate alors une remontée
vers
le niveau le plus élaboré de
la structuration, le ni-
veau de la nominalisation,de la création
des notions.
Le
métaopérateur
indice de thématicité,car c'est bien le
statut de "maybe", devient un nom,
c'est-à-dire une unité
ayant un contenu notioruwl. Nous proposons ici un schéma
qui rend compte.de la successivité dans
la trancatégorisa-
tion,
la remontée vers le niveau notionnel.

,Go -
Niveau notionnel
h
maybe -s
nom + pluriel
g
f
e
d
!;'
;
c
1\\i
1
b
maybe
adverbe
Niveau métalinguistique
successivité dans
la transcatégorisation
du métaopérateur
maybe.
On notera que
la pluralisation de
la nouvelle notion
est iconique de
l'itération.
La comptabilité aboutit à la
totalisation.
Cette m~me comptabilité s'effectue aussi avec "perhaps"
mais cette fois,
le changement de statut s'est fait de
l'adverbe à
l'adjectif. On est remonté d'un cran dans
la
métaopération.
(2)
A
Perhaps he confessed in order to protect
someone.
B
Yes,
perhaps. You're another of the
"perhaps" boys.
(TbT,p.J)
Cette remontée successive vers
le notionnel nous permet de
poser l'hypothèse d'une hiérarchie dans
l'organisation des

161
1
}
i
l
f,
mots du di6cours~n part
du moins formel
(niveau notionnel)
1
1
au plus formel
(niveau métalinguistique)
en passant par le
!~
plus ou moins formel.
Dans
le schéma suivant,
nous noterons
seulement
les éléments qui intéressent notre analyse.
1
,
Niveau notionnel
,;;.N;..;o;..;m.;.;....
..;...._;.;.;.maybes
1
11
vecteur
de métalinguis-
ad.iectif
"perhaps"+ Nom
/
1
ticité
1
i
!
\\
2
adverbe
maybe
"per :laps"
!
Niveau métalinguistigue
!i~.
J
1
i
Le vecteur
correspond
à
la descente vers
le
~
niveau métalinguistique, métaopérationnel plus exactement.
Le
v~cteur 2
~ 1 le parcours inverse.
Le nom et
l'adverbe se
situent aux antipodes de chaque niveau. Quant à
l'adjectif,
i l se situe à une étape supérieure dans
la structuration
.Par
rapport au nom,
et à une étape inférieure par rapport à
L'adverbe.
Comme dit Lafont,
l'adverbe est "en chemin de nomi-
nation métapraxémique"l. A l'aide d'une notion comme la proba-
bilité,
i l est possible de représenter les dirférentes étapes
de
l'activité métalinguistique de la façon suivante:
1. R.
Lafont,
Le travail et
la langue,
p.
151

162
-
1~:[
i!!
probability
!!t
1
probable
~.
probable
probably
Dans notre exemple,
le changement catégoriel
s'ef-
fectuant à
contre-courant
(de
l'adverbe au nom),
i l nécessite
une opération capable d'assurer l'ascension.
Cette tâche
semble être
toute dévolue à
l'itération.
Reste maintenant à
signaler que
la comptabilité
peut Se faire sans changement catégoriel et sans qu'il y ait
tendance à
la totalisation.
Le texte suivant nous donne un
aspect de cette comptabilité dont
l'effet de sens est un
passage en revue d'hypothèses diverses.
())
SO perhaps l
am writing a
transposed autobio-
graphy;
perhaps l
now live in one of the hou-
~ l broug~:t into the fiction;
perhaps Charles
is myself disguised. Perhaps i t is only a ga-
me. Modern women like Sarah exist,
and l
have
never understood them. Or perhaps l
am trying
to pass o:fï' a
concea led book of essays on you.
Instead of chapter headings,
perhaps l
should
have written
'On the Horizontality of Existen-
ce' ( ••• )
(JF,
FLW,Ch. XIII)
1. Nous renvoyons au
(Ch. II.2.-1.)
pour l'analyse du vecteur
probable
~ probably.

1
-
16J -
1ii
f~~t
On le voit,
avec
"perhaps" la comptabilité n'est pas
ï1
sous-tendue de présupposé portant sur la validité de
l'énoncé,
1
~
f
l'énonciateur se contente d'évaluer le programme de sens, la
relation thématisée en "-ing" ou modalisée en "should".
1
"Maybe",quant à
lui,
comptabilise avec une présupposition
1
wndant à
la prévalidation du
lien ou du programme sémanti-
que en jeu.
1
1
!
C'est
le moment
de noter que
la situation n'est
pas la seule donnée qui
justifie la modalisation par "maybe",
le contexte peut fournir une explication
tout aussi claire.
Les énoncés suivants
nous en donnent
la preuve,:
(3) Catfish
-how did this fish get its name ?
Nobody knows for sure. Maybe i t ' s because
the fish has whiskers,
like a
cat. The cat-
!~~~_~~~~_~~~~~_~_~~~~_~!_E~~~~~~_~~~~~
~~~~-~~~~~!.
(C.
Delrrl(ls,
S-A-C-L.,p.191)
(4)
That's true enough. And That's why l'm
saying maybe l've misjudged her. And i f so,
l'm sorry.
(A.G.
,Hapa,
p.53)
Dans
l'énoncé
(3)
le contexte droit
justifie pleinement
la présence de
"maybe". Le poisson a des
"whiskers" et en
plus i l émet
"a kind of purring sound when caught" c'est
toutes valables gu'il a
sans doute reçu
ce nom.
"Perhaps" aurait supposé que
l'pnonciateur n'adhère

-
16', -
pas à ces arguments qu'il Ïournit pourtant comme preuves.
Le contexte gauche de l'~nonc~ (4) est tr~s explicite au
plan présuppositionnel.
"That's why l'm saying Il pr~suppose
le
lien qu'il introduit.
"lng" est
justement
la trace de
cette présupposition par conséquent du passage au plan
métalinguistique. En effet,
i l
lie l'énoncé à sa droite et
immobilise "maybe" dans
la structure
formant ainsi un
macroprogramme préconstruit.
ing + maybe + l've + misjudged + her
1
macroprogramme préconstruit.
"Perhaps"
aurait en quelque sorte,
refusé de se laisser lier
puisqu'il poserait pour la premi~re fois
la relation prédica-
tive "l've misjudged her". Or,
le contexte gauche et surtout
le verbe "say" signalent le caract~re préconstruit de la
relation.
La contrastivité avec
le français peut éclaircir ce
que nous
avançons ici.
Nous avons signalé
le caract~re quelque peu opaque
du français,
qui,
ne possédant pas deux matéopérateurs,
se
contentait du seul "peut-être".
En fait,
cette langue a une
raçon
particulière à
elle d'exhiber dans
le linéaire ses
opérations proÏondes. L'énoncé suivant montre de raçon très
nette deux manières de Ïormalisor la modalisation
qui
correspondent à deux étapes dirf~rentes de la structuration.

1
-
165 -
1
!t
\\
(5) "Les rumeurs convergent. ~~~~_!s~r_~~!_~~~!.
t
Assassiné parce qu'il devenait gênant à se
1
promener ainsi depuis quatre mois de par
1
!
le monde,
avec son ~~~~!~~_~~E~~~!!_~~~~
1
!~_~~~~ ( ... ). Mort parce que les "puis-
sants" qu'il aurait menac~s ou voulu faire
chanter auraient pay~ des hommes du milieu
pour l'abattre
( ••• )
Peut-être bien que Jean Kay est mort.
Peut-être bien qu'il avait ainsi qu'on le
1
pr~tend un dossier de
90 pièces
( ••• ).
Peut-être bien qu'on peut vraiment s'en pro-
1
curer une copie pour 500 millions ou
1 mil-
1
liard de francs anciens,
selon qu'on est
bon n~gociateur. A l'inverse, peut-être
gue Jean Kay est vivant,
qu'il n'a jamais
1
eu le dossier.
(Le Honde)
L'~nonc~ parle de lui-même. Les trois occurrences de
1
"peut-être
bien que
" sont ~clairées par les donn~es du
f
contexte gauche. I l y a
reprise,
donc passage au plan méta-
i
linguistique.
"Bien" est
justement le métaopérateur qui
1
trahit ce passage puisqu'il marque
le caractère saturé de
ti
l'énoncé régi. On se référera aux études
faites par J.P.
.
1
B arrOlS
et H. Adamczewski pour saisir toute
la portée de
!t
ce métaopérateur dans
la grammaire du français.
On prendra
f
t
1. J. P. Barrois,
"Etude du fonctionnement de
"Dien" . . . " dans
1
Contrastes,
n~ J,
1982.
J
Etude de quelques métaopérateurs français
1
f
et anglais,
Paris III,
J è cycle 1980.
,

-
166 -
quelques exemples pour montrer la valeur thématisante de
"Bien"
:
(6) On achève bien les chevaux /they shoot
horses,don't
they ?
(7) Ce train s'arrête bien à Chantilly?
(H. Adamczewski, T. du CRELINGUA,p.28)
(8) Bien gue
je
le connaisse depuis 20 ans,
i l
n'est pas_mon ami.
(Bourquin,
B.B.B.,p.59)
"Bienol siena le le caractère présupposé de
la re lation. En (6)
et
(7) il prend pour cible la relation qu'on s'est auparavant
donnée comme existante. On comparera
ce tra~n s'arrête bien à Chantilly?
à
ce train s'arrête à Chantilly?
PBien~ on le voit, ne peut s'attaquer à une cible que si
cette dernière est déjà installée. On schématisera (6) de
la raçon suivante
:
b~en
1
\\
t
achève
o
l
les chevaux
relation prp.construite
macro~progralmlle de
sens

-
1 ()7 -
On comprendra aisément avec cette valeur purement gram-
maticale que
la concession1que l'on attribue à
"bien que"
n'est qu'un effet de sens. En plus,
"Dien que" ne constitue
pas une unité autonome.
Il s'agit de
"Bien" +
"gue".
"Que"
installe
la cible que "bien" vise. Dans
(8) donc,
l'énoncia-
teur se donne
l'énoncé
en "que" comme existant c'est-à-dire
comme acquis. On aura en gros
le connais
n'est pas mon
ami.
Tout comme "bien que",
"peut-~tre bien que" est également
en pièces détachées) chaque terme effectuant
la tâche spéci-
fique qui est
la sienne.
"Que" installe
la cible dont "bien"
souligne le caractère saturé.
Ce m~me "bien" devient à son
tour la cible d 'un "pèllL-('t:r(~" modalisateur servant à
évaluer la validité d'une prédication.
1.
Pour
le d~tail de CP t)'pe rie construct.l" on,
nous renvoyons
n G. n~ lé che l l P-
th (, s e
en
cou r s •

16~ -
pelJ.t-être
Kay est mort
En opposant
les trois occurrences deUpeut-être bien
l' "II
.
A
Il
que a
l'lnverse.
peut-etre que.
on découvre
l'extrême
aisance avec laquelle la langue dévoile son organisation
systématique intime.
On s'attaquera d'abord ~ "~ l'inverse".
C'est
la maté-
rialisation iconique du changement d'orientation dans
la
structuration
discursive. Du thématique on passe au rhématique.
"Bien" a disparu puisqu'on amorce la nouvelle relation
"Jean Kay est vivant".
"Peut-être" tout seul est bien un
indice de rhématicité
puisqu'il évalue une cible nouvelle.
peut-être
que
RH
1
peut-être bien que
TH
"Peut-être bien que" correspondrait bien ~ "Maybe"
et
"peut-être" ~ "perhaps".

169 -
Convaincu de
la teneur de cette nuance inîime,
nous ne pouvons que remettre en cause la traduction de
l'énoncé suivant qui) selon nous,ne rend pas
justice à
la
métaopération :
(9) Charlotte gave in and went up to her room.
l
suppose l
should be îlattered about Fred-
die,
she thought,
as she took oîî her dresse
Why can't l
get interested in any oî these
young men? Maybe l'm
just not ready îor
aIl that yet. At the moment there's too
much else to occupy my mind.
(KF,
THFSP,p.292)
Le Traducteur a proposé ceci
Pourquoi aucun de ces
jeunes gens ne
m'intéresse-t-il vraiment? Peut-être
ne suis-je pas aSSez mûre ?
Cette traduction ne rend pas
la présupposition investie dans
l'énoncé contenant
"maybe" et qui se trouve
justiîiée par
l'énoncé suivant. Nous proposons
la traduction suivante
-
Pourquoi aucun de ces
jeunes gens ne
m 'intéresse-t-il vraiment?
Peut-être
bien gue
je ne suis pas encore prête.
!~~E_~~_~~~~~~_~~_E~~~~~~E~~!_~~_~~_~~~~~!·
Bien souvent,
les traductions proposées occultent
les
opérations sous-jacentes.
La raison en est certainement la
prise en compte globale du sens à partir de
l'observation

t
170
-
1
,
~
des données superîicielles
(au sens de surface). Or,
nul
doute que ce sont
les opérations dont
le
linéaire trahit
l'existence
qui
construisent
le sens. Une traduction
de type métalinguistique,
celle qui rend
justice aux méta-
opéra tions,
permet trai tune p lus grande fidé li té
au texte
cible.
Ce détour dans
la sous-jacence du français nous
permet de mieux appréhender la position de
chaque métaopéra-
teur sur le vecteur phase 1 /
phase 2
2.-2.4. Perhaps Phase 1 /
Maybe Phase 2
"Perhaps" est de phase 1 par rapport à
"maybe" c'est-à-dire qu'il marque inchoactivement l'évalua-
tion
des
chances de
la réalisation de
la prédication.
L' énoncia teur moda lise sans préconception.
"r-laybe" au
contraire,
est de phase 2 puisqu'il signale une prévalida-
tian. La mise en parallèle avec
le français
nous donne le
schéma suivant
Perhaps
/
peut-être
phase 1
Haybe
/
peut-être bien Lhase 2

J 71
-
Au plan de
la structuration,
"perhaps" représente
la pre-
mière étape,
l'entame dans l'ordre de cette opération et
"maybe"
l'étape la plus avanc(.e. Cn peut très :facilement
mettre au jour cet ordre en système. Que l'on compare:
(10) No one knows what happened on these ancient
people. Perhaps,
the climate grew drier.
(S.A.C.L.,p.622)
(11)
I t is not clear to me,
however,
whyadjec-
tives such as hard and :fast should be in
this category. Perhaps a more enlighted
:featur~ analysis o:f the
lexical categories
will shed some light on this question.
(Ibidem)
(12) A car or a book maybe,
but l'm not
lending
you money :for :food.
(Ibidem)
(1)) Oh that, naturally. Just the usual -old
!~!~~_~~_~~~~!~~~_~~_~~~!_r~~~~_~~E~=!:_~~
maybe a hit -
and -
run motoriste
Dans
les énoncés
(10)
et
(11),
"perhaps" introduit un
programme de sens. Sa position (il sert de prémisse à
la
structure)
est iconique de
l'inchoation
dans
la structurat-
ion modale du programme de sens. Dans les énoncps
(12)
et
(lJ) par contre,
"maybe intervient dans une comptabilité
sémantico-syntaxique. Examinons de plus près l'pnoncp
(13).
L'opérateur
"or" est
la trace de
la comptabilité qu'opère
l'énonciateur.
"maybe" vient commenter le terme ultime du

1
172
-
1
!
1
!
calcul. Autrement dit,
i l intervient pour clore une structu-
1
1
ration d~j~ amorc~e. On pourrait sch~mati~er cette comptabi-
t
lit~ de la façon suivante :
v
or
or
Y
or
Maybe
z
L....I
L-J
L..J
o
2
3
+ TH.
''l'Jaybe'' parle de Z,
i l
le pr~sente non seulement comme l'un
des candidats pouvant participer à
la constitution de la
coh~sion
structurale mais aussi
comme un candidat potentiel
à
la structure d~jà mise en place. Z est, de toute évidence,
thématique.
Il faudra
noter que
la comptabi li té .commence véri tab le-
ment au niveau 2. Un calcul n'est effectivement calcul que
lorsqu'on
commence à prendre
en compte un deuxième terme.
"Perhaps" de l'exemple suivant commente de façon
nette ce
début de comptabilité.
(14)
For a moment Feliks was tempted to go away
and do some more thinking,
or perhaps more
reconnaissance,
but he was
tooclose to Orlow
now.
(KI",
Ti'WSP,
p.209)
A partir
du 2 ème terme
on engage la comptabilité
y
or
perhaps
L..J
RH.
o

-
173 -
"~'laybe" serait irrecevab le dans
cette structure compte
tenu de ce qu'il vient d'être posé.
Cet énoncé
le montre
beaucoup plus clairement
:
(15)
( ••• ) that span may be the instant associ-
Dted with the production oÏ the morpheme
itselÏ,
as in the gestural use in(2J),
or
the perhaps interminable period indicated
in (24).
(C. Delmas,S.A.C.L.,p.616)
on n'aurait pas pu avoir
(15)'*
or the maybe interminable period indicated
in (24).
Nous trouvons deux raisons essentielles à
cette inacceptabili-
té.
La première est celle déjà évoquée et qui s'explique par le
Ïait que
"maybe" ne peut constituer l'entame de
la comptabili-
té.
La deuxième
relève de son incapacité
à
évaluer un pro-
gramme ou une connexion sémique lorsque
l'une ou l'autre
n'a pas
"d'histoire métalinguistique"
(il n'a pas Ïait l'objet
d'une premi ère ment ion).
"!-1aybe"
semble plus, spécialisé dans
l'évaluation de la construction des relations prédicatives.
En ce sens,
i l est beaucoup
plus métalinguistique
que
"perhaps" qui évalue
la constitution des programmes ou
des connexions sémiques.
Cette opération est plus proche du
concret puisqu'elle règle
les notions.

1 7'~ -
1
1
f,
La position secor..de de
"maybe" sur le vecteur est
t
1
f
due à
la composition même de ce métaopérateur.
Cette composi-
tion
on s'en doute,
est essentielle à
la compréhension de
son statut thématique.Prenons
les pnoncés
1
i
1
(16) Hind that child,
he may be deaf
1
(17)
"This is part of the continuing war against
t
the British that will go on until they get
!
out of Ulster". That may be. Dut
last week's
attacks only seemed to stiffen the resolve
of Bri tish and Irish leaders not
f;()
t;'i ve in
to the IRA.
(Newsweek March 11,1985)
( 18)
A
So he ran away
B
He started to run away,
maybe. With this
girl t-1ona.
(R C, Bisleep,p.154)
"Hay"
on le sait,
signale une quête de cohésion et vise
la réalisation de la soudure prédicationnelle. Sa cible est
donc ici
le noeud
"be". Cette cible n'est pas atteinte puis-
qu'il y a quête
("be" n'est pour ainsi dire que dans
le col-
limateur de "may"). Une fois
la cible atteinte,
i l s'effectue
.;.u.;.n.;;..;;.e---"...
j _o_i_n---"t_u_r_e_9""",""u_l_'---.;e_n
__e_s---"t_ _i_c_o_n;.;l;;.·q~u_e.;. • De" may b e" à
"m a y b e" 0 n
passe du radical
a
l'épistémique c'est-à-dire au fond qu'on
progresse dans
l'ordre métaopérationnel. A l'f.tape
la plus
évoluée de
la structuration modale,
on constate un changement

-
17') -
dans
le statut du noeud,
i l quitte
la Îorme notionnelle,
ne servant plus de cible
au modal.
Les schp.mas suivants
parlent d'eux-mêmes.
He may be deaÎ
' )
<-
l Haybe he is deaÎ
-------------~>
2
La ligature,
la repr~sentation iconique de la
cible atteinte n'est pas
le seul Îait de
l'anglais.
Le rran-
çais marque cette jointure par un trait d'union qui en dit
long sur le degré de
coh~sion entre "peut" et "être". De
ce
point de vue,
"peut-être" constitue un d~passement méta-
opérationnel de "peut être" 1
peut être
peut-être
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - f
1. Sur le statut particulier du trait d'union,nous renvoyons
~,
li,
à
Silué S.
,
Thèse en cours.
1
f

176 -
!t,
Le baoul~ ne semble pas rormaliser ce d~passement
1
1
puisqu'il opère à
l'aide d'un seul métaopérateur à
la fois
pour "may" et
" maybe",
i l
s'agit de
"k~l(", opérateur essen-
1
tiellement épistémique
t
!
He rnay be deaf'
!f
et
Maybe he is deaT
seront rendus par :
(19) K[lE
~
wu
man
ase
peut-itre/ il/voir/pas/à terre
peut-itre qu'il
est
sourd
Cela
n'empêche pas
l'opérateur discontinu "SE ••• O" de venir
au secours de
"kt lE", non pour signifier "may" ou "maybe" mais
"perhaps".
Ce métaopérateur
mprite une attention particulière
puisqu'il est
la conjonction de deux opérateurs qui se parta-
gent
la position préface et postface du linéaire baoulé.
D.
Cresseils et N. Kouadio
attribuent à
"SE"
le sens de
'
"peut-être" et classent
"0" comme une particule de ponctuat-
ion.
La traduction mot à mot qu'ils proposent est assez
explicite
:
( 20)
S f.
to-li
tanni
6
2
peut-être/ e lle/ acheter-ace/pagne/ ponct-/
elle a peut-être acheté un pagne
perhaps she
bought
a
loin-cloth
1. D. Cresseils,
~. Kouadio
:-Ilescription phonologique et Gram-
maticale d'un parler baoulé,I/A,
Université Nationale de Cote-d'I-
voire,
'977.
2. Pour ces auteurs,l'opérateur "-li" est
la marque de l'aspect.
Nous n'adoptons pas
cette métalangue mais nous conservons
l'abréviation "-ace" dans
les traductions plot à mot parce
qu'elle ne concerne pas directement notre analyse.

177 -
(21 )
St.
Kofi
b::-(-li
6
peut-être 1 Kofi 1 venir-
1 ponct-I
Koîi est peut-être venu
Perhaps
Kofi has
come
Deux remarques s'imposent.
La première porte sur l'opérateur
"S~lt. Tout seul,il a une valeur disjonctive ou conditionnel-
le comme le
"si" français.
C'est sa conjonction avec "0" qui
engendre le sens "peut-être". L'énoncé suivant,
proposé par
ces linguistes eux-même~montre
que
"S~" tout seul est loin
de renvoyer à
"peut-être".
(22)
SE
a

i
~'
ba
s i l toi 1 dire/ lui/, ill venirl
Si
tu
lui
dis
, il viendra
If
you
tell him,
He will come
"SE" ne peut être à
la fois
"si" et
"peut-être",
nous ne
pouvons donc suivre ces linguistes dans
leur conclusion
qu'ils énoncent de la façon suivante
"Il y
a un emploi de
la particule
6 qui présente
des caractéristiques particulières
son associ-
ation avec
la morphème
St:
"peut-être,
si, qui
lui, apparaît toujours en début d'énoncé.
Ce mor-
phème
SE
peut fonctionner comme conjonction,
c'est-à-dire marquer la combinaison de deux pro-
positions en une phrase complexe. I l apparaît
en tête de la première proposition et peut se
A
1
A
suffire à
lui-meme ou bien apparaltre en associ-
.
ation avec
la particule::>
placée à
la fin de
la première proposition'~C'est nous qui soulignons).

17S -
I~n fai t,
la va leur .fonctionne lle de SE. réside dans
la
suspension
de
la polarité de
la prpdication.
C'est cette
suspension qui a
cr~é la con.fusion puisque "peut-~tre" lui
aussi suspend de
la m~me manière la pr~dication
La deuxième remarque
porte sur la particule
"::>". Elle
n'est pas une simple marque de ponctuation. Les énoncés sui-
vants
nous aideront
à éclairer cet opérateur :
(23) a) .fà
tanni
/ b) .fà
tanni
6
prends/pagne
prends/pagne/ponet
prends un pagne
n'oublie pas de prendre
un pagne
(24) a) Ko.fi .::>
/
b) Ko.fi a
0
2
Ko.fi/
c'est
Ko.fi/
c'est/ ponet.
C'est Ko.fi
C'est bien Ko.fi.
"0" a été traduit par "n'oublie pas de" et par "bien". I l
a
,
de toute évidence,
quelque chose à voir avec
la prédi-
cation. I l en marque
la réalisation et
joue le rôle de satu-
rateur au sens où l'entend H. Adamczewski. On comprend à
partir de cette valeur métaopérationnelle,
le
con.flit qui
s'impose dans
la conjonction SE. ••• O.
"0" marque la réalisa.-
tion rie
la prédication que S[
suspend. Une .fois de plus
la
la ngue
nou s
livre un aspect de sa logique interne. D'un côté,
on pose
la r~alisation de
la prédication,
de
l'autre,
on la
suspend.
La premibre opération es~ un préalable à
la seconde.
1.
Nous maintenons pour l'tnstant
le métaterme de ponctuation
(ponct-)
2.
La cooccurrence de .:>
et
a trans.forme ~
en
a

179 -
I l résulte de cette conrrontation
l~effet de
sens de supposi-
tion •
d'hypothèse
SE.
Ko.fi
a
0
C'est peut-être Kofi
1
On en arrive
a l ' ordre en système de
ItS t •.• Olt
et de
Itke.lé lt •
"Ke.1E. 1t
est assertif,
i l traduit à
la .fois
Itmust assertif lt2
et~maybe~ Par lui, l'~nonciateur ne se
contente pas d'évaluer la validité de
la prédication,
i l y
adhère positivement,ce qui,
au niveau des efrets est rendu
par une suggestion
(26) k E.lé
Kofi a
0
peut-être bien que c'est Kofi
Maybe Kofi did.
1.
Ces énoncés sont tirés du corpus de D. Cresseils et N.Kouadio.1
2.
ItNust lt est rendu en Baoulé par deux formes correspondant l'unei
à
la valeur pragmatique,
l'autre à
la valeur assertive
1
~
pragmatique
rata
!
must
~\\
< assertif
k'i: lE
t
~
i
exemples
ir·
1.
You must stay in bed
i,
, -
l
rata
kt ::> ka
:",u
~1
/il/convenir/que/toi/rester/toi/lit-article/sur
- r
2. You must
be hungry
Kt.1E
awo
ku
)'
modal/ .faim/tuer/ toi.

1
lt)O
-
tt
1
Au contraire de
"k~ H. ",
"S t.
••• 0" n'est pas assertif.
L'énonciateur se contente de suspendre
la prédication dans
l'interface du pôle + ou du pôle -.
I l n'y a
aucune donnée
pouvant
justiïier une assertion quelconque. De ce poinr de
vue,
"St:
••• 0" est à
rapprocher de
"perhaps"
puisqu'il est
lui aussi déficitaire dans
la maîtrise de
l'évaluation de
la prédication. On retrouve donc
les positions suivantes
sur le. vecteur
S€
••• 0
perhaps
2
maybe
Cette incursion dans
le baoulé nous a permis de
mettre au
jour la similarité des deux langues dans
l'ordre
de
la structuration modale.
Cet ordre en système peut être
rendu de façon iconique par le linéaire.
L'énoncé suivant
trahit cette iconicité.
(27) And l
thought weIl,
perhaps she's had a
t i f f with them
and likely as not that will
blow over,
so maybe she'll tear this up and
make another Will or codicil aïter all.
On s'attaquera d'abord à
so
l'anaphoriquë par essence.
I l rappelle que
la structuration a
été déjà amorcée.
Cette
antériorité
justifie pleinement
la modalisation par "maybe"

t
1 b 1
1
"Perhaps,
par contre,
éva lue inchoati vement
la
pr0oication
première.
ISn Îai t,
" 5 0 "
permet de passer au rang supérieur
dans la structuration c'est-à-dire de
la phase
1 à
la phase ')
,- .
I l a un caractère hybride
:
A
en meme temps qu'il rappelle
La
prédi ca tion prend ère rnodu l( p
illChoucti veOlent
~,ll' "perltalJs", i 1.
renvoie à
la seconde prédication modulée cette Îois par
"maybe". On peut en déduire qu'il sert de pont entre ces
deux modalisateurs situés chacùn sur un pôle du vecteur:
she's had
.
2
she '11 t ear .••••. , •
Toute commutation est impossible dans
ce cas puisqu'il y a
contrainte dans
l'ordre en système.
L'énoncé suivant nous permettra de clore ce chapitre
sur le positionnement de
ces modalisateurs sur le vecteur
(28)
(Contexte
:
le Îermier menace
le conducteur
de tracteur qui veut raser sa Îerme.
Ce der-
nier lui Îait cOI:lllrenure qu' i l a
reçu des
ordres)

1E2
-
"You're wrong. He got his orders
from the
bank. The bank told him
: 'Clear those people
out,
or i t ' s your job'.
"Ive '-1 there' s
a
president of the bank. There' s
a board of directors. J ' l l
f i l l up the magazi-
ne oÏ the rifle and go into the bank". The dri-
ver said
"Fellow was telling me the bank gets
orders
Ïrom the Bast. The orders were,
make
the
land show profit,
or We'll close you up.
"~ut where does
i t
stop ? '';ho can we shoot ?
l
don't aim to starve to
death before J kill
the man that's starving me".
"J c1on't know. Perhaps
there's nobody to shoot.
l\\1aybe
the thing i sn' t
men at a 11 .;·laybe, like you
said,
the property is doing i t . Anyway J
told
you my orders".
(Enonc~ da à Mustapha)
Nous avons
affaire au même cas de figure."Perhaps"
introduit
le pr~dicat "nobody" qui est ensuite repris en
"The thing" dans une relationIX'~dicative rpgie par "maybe".
Le sch~ma suivant
rend compte de cette successivit~ dans
la structuration modale
Perhaps
there's
no body •••••
r-iaybe
the thing . . . . • .
r!
,·jaybe
the property ••••••.•

I l est temps maintenant de passer à
l'analyse
des diverses
cibles de
"perhaps" et
"maybe". D'ores et
déjà,
i l est clair que ces adverbes
ne sont pas de simples
consti tuants de phrase. }Ia 19ré
leur posi tion souvent
"pfiri-
phérique"
(Quirk,R.,1972)
par rapport à
la structure phras-
tique,
i l s jouent un rôle important dans
l'évaluation de la
structuration des énoncés.
2.-2 .5.
Cibles diverses de
"perhaps
" et
"maybe"
a)
Les énoncés thématiques en BE + Ing
H. Adamczewski a
rendu justice aux énoncés
1
thématisés en -Ing
en soulignant
notamment
le
rôle que
peuvent
jouer
les adverbes de modalitp. On retiendra ici
l 'exemp le qu' i l
donne de
l'adverbe
"a lways".
Cet
adverbe a
une
double nature comme le montrent
ŒS
énoncés suivants
:
(1) He always smokes a
cigar aLter dinner
(2) He is always smoki:r.!.B: cigars
"Always" de
l'énoncé
(1) est un adverbe de fréquence qui itère
"after dinner". On note la propriété du sujet
"He" à
allumer
un cigare "régülièrement après
dîner".
Ce lui de
l ' (,~noncé
1. 8 t,; + lnf': dans
La grammaire de
l'anglais conternporai n, Paris
Champion,
1978
et aussi Grammaire Linguistigue de
l'anglais,
Paris,A.Colin,
198;~ •

(2)
est un adverbe de modalité portant,
non plus sur le
terme
"after dinner" mais
sur le
lien prédicationnel
"is".
"Always" itèrE'
ce
lien,
i l se trouve donc décalé par rap-
port à
la suite
linéaire.
"Ile" -
smoking cigars".
"lng"
a
servi à
constituer
un macroprogramme de sens
(smoke +
cigars),
d'où
le
caractère binaire de
l'énoncé.
La délinéa-
risation donne
le schéma suivant
a lways
/
smoke -
ing-
La traduction française est très explicite
I l .fume toujours
un cigare
après dîner
I l n'arrête pas de .fumer des
cigares
"Perhaps" et
"maybe" fonctionnent de
la même. façon sui-
vélnt leur
statut spécifique,
mais ils ont une valeur essen-
tiellement modale
(J) l
am perhaps trespassing here -:!:!_~~, l
must
apologise.
J
am a
stranger in this part 01
the world.
1
only arrived yesterday
(AG,
lTapa,p.81)

(4) l
don't want anything more to do with him
orMinnie,
Iif{osemary said. l'laYbe l 'm being
unfair,
but l
don't want to
take even the
slightest chance where the baby's safety
is concerned.
(BE +
lng,
p.
405
)
Dans les deux cas,
la relation prp.dicative est rp.gie par
l'énonciateur,
mais
la cible de chaque métaopérateur est
différente.
En (3),
"perhaps" porte sur l'opérateur "am" qui assure
la ligature
sujet-prédicat nominalisé. I l s'agit,
pour
l'énonciateur,
d"évaluer rhématiquement une relation immobi-
lisée donc promue au rang d'objet métalinguistique.
"If so"
montre bien ce caractère rhématique de
l'application de
"perhaps" sur la relation puisqu'il y réfère anaphoriquement
en quantifiant
la validité de la prédication posée.
En (4),
"maybe" porte sur tout
l'énoncé.
Le contexte
gë,uche
et même celui de droite
justifient pleinement son
choix et par conséquent
le passage au plan métalinguistique.
L'énonciateur n'évalue plus rhématiquement
la relation binaire
mais i l en signale le caractère acquis.
On peut rendre compte de
la portée de chaque métaopéra-
teur à
l'aide des schémas suivants

lH6
-
Un fait mérite d'être signalé dans
l'p.noncp
(4). La
corr41ation Il maybe --- but
Il
éclaire toute la stratégie
discursive mise en oeuvre par l'énonciateur. Dans Maybe,P
but
Q,
l'fnonciateur se donne P pour acquis mais
lui oppose
un Q à
l'aide de
"but u dont
l'une des
caractéristiques est de
marquer une rupture dRns
la c()h'~si()n discusive. Il s'6tablit
une discordance interphrastique.
En poussant l'analyse un peu plus
loin,
on s'aperçoit
que ce qui est en jeu,
c'est l'assertion qu'opère
l'énoncia-
teur des deux termes de
la relation. On se souvient que
l'im-
mobilisation de
la relation prédicative est effectuée à des
fins d'assertion.
lIj'vJaybe U module ici
l'assertion de la rela-
tion III /
be-ing unfair ll • La traduction f~n français nous donne
une idée plus nette de cette opération.
~Je suis injuste
1
peut-être,
1
r mais
1
asser;ion
modulation

107 -
L'énonciateur s'approprie
la relation,
puis module,
~value
cette appropriation.
En fait r
la suspension de
la polarit~
de
la relation s'effectue ici
par le prisme de
l'opération
d'appropriation.
Sn modalisant
l'Anonciateur
so saisi de
la
relation
A partir de cette acception,
on pourrait
tenter
la construction d'un schéma général pour les énoncés binaires
(en -lng)
régis par un modalisateur.
Sm
modulation
~modulation
acquis
relation
Nous avons posé que dans
la corrélation
"maybe P --- but Q~
"but impliquait une rupture dans
la
chaine discursive.
Cet opérateur peut introduire "perhaps"
puisque,
marqant
la rupture,le deuxième énoncé
est pos~ rhé-
matiquement c'est-à-dire comme
l'entame d'une nouvelle struc-
turation.
Dans ce cas,
ce n'est plus
le statut de
la relation
qui est en jou mais son insertion dans
la structure discursive
comme
le signale
l'~noncé suivant

180 -
(.5) Are you, l
wonder,
the architect ?
Uut perhaps l'm guessing wrong
(A.C.
Hapa,p.81)
Lorsqu' i l Y a
né€;a t inn,
elle s' app lique né cessaire-
ment sur le lien "be" puisque
les
termes de
la relation prô-
dicative ont été immobilisés a
cet effet. Dans ce cas,l'ad-
verbe
"perhaps" prendra pour cible cette négation
(6) It is perhaps not surprising that there
are more applicants for
~nglish literature
tha.l j<~ngeneering.
(GLA,p.J17)
Dans
le
linéaire "not" est de façon iconique dans
le champ de
dominance de
"perhaps",
ce qui,
une fois
la délinéarisation
effectuée,
donne
la représentation suivante
perhaps
It /
surprising +

I l nous
faut
conclure cette citude
sur le rapport
adverbes de modalitci/relations th~matiques en -Ing en notant
que
ces modalisateurs affectionnent
l'interface prcidication-
nel qu'ils
soient d6ca16s ou pas en position préface ou
postface. Ils prendront pour cible tout ~16ment servant de
noeud à
la relation pr~dicative. cette "affinit~ relation-
nelle" indique le caractère m~talinguistique de ces adverbes.
On verra dans
les pages suivantes qu'un modal,
pour peu
qu'il serve de noeud à
la relation,
peut devenir la cible de
l'adverbe
de modalit~. Toutefois,
le contraire peut se pro-
duire,
l'adverbe peut tomber sous
la dominance du modal.
Nous conjuguons ici ces deux aspects de
la structuration
modale.
b)
Le
noeud modal.
Les ~nonc~s suivants sont un exemple de dominance
mutuelle entre adverbes de modalit~ et modaux:
(1) Father Quixote returned
to
the bishop in
a
troubled state of mind,
carrying with him
a half-bottle of malaga.
He was glad when
the bishop accepted a
glass and then a
se-
cond one.
Perhaps the drink might confuse
his
tastebuds.
( G G, ;·.IQ,
p. 1 G)

1<)0
-
!
1
(2)
] f
the ~layor began to quote l\\larx to him
Father
lleribert Jone might perhaps prove
1
useful in reply.
Anyway i t was a
smatl
!!
book
\\vhich fitted easi ly into a
pockBt.
( GG ,
Wl ,
p.!~ J )
1
Dans
l'énoncé
(1),
c'est
le noeud
"might" qui est en cause.
1
Il s'agit d'évaluer la présupposition qu'il v~hicule et qui
1
serait
la r~alisation de la ligature "drink" -
"confuse his
!
tastebuds"."Perhaps" porte donc sur "might"
"~'laybe" aurai t
f
1
~t~ incongru du fait de la redondance qui naitrait de la
t;
conjonction de deux présuppositions
celle de~maybe~ èt celle
f
f!~
du modal
en "ed" décrocheur.
Dans
l'énonc~ (2) au contraire, "perhaps" est sous la domi-
nance du modal. On a
l'impression qu'il est int~gré à
"might".
Bn fait,
cette intégration
au programme sémi!.que
de might
est faite
dans
le dessein de
rouvrir le champ des possibles
pr~alablement ferm~ par le "ed"l. Ceci est d'autant plus net
que "perhaps" es t
un indice de rhéma tici té. "JI.1aybe" aurai t é t é
impossible dans ce contexte.
Les deux énoncés
recevront
les
représentations suivantes
perhaps
1 •
"May" signale une quête de cohésion,
il
"taisse ouvert
le
champ des possibles
«(~LA, p. ](;2), might "fel'me ce champ"
compte tenu du caractère prèsuppositionnel du "ed".

191
111
1
La traduction française nous donne une idée de
la supéri-
!
1
oritp du modal dans
(2)
puisque
le
traducteur a
tout
simple-
1
ment omis
l'équivalent de
IIperhapsll.
1
!
(2)'
Si
le Maire se mettait
a
lui citer Marx,
le p~re Heribert Jone pourrait fournir une
riposte utile.
(Traduction de R.Louit,p.42)
La traduction de
l'énoncé
(1)
mérite plus d'attention.
(1)'
Peut-être
le vin émousserait-il ses
papilles.
(Traduction de R.Louit,p.16)
Au contraire de
l'anglais qui utilise un modal en bonne et
due forme,
le français
fait appel à des outils formels qui
ne trahissent pas moins l'opération métalinguistique. "Peut-
être" porte sur le "H" du virtuel,trace de
la cohésion
non-réalisée et
le
liAIT" qui marque un décalage métaopéra-
tionnel.
teut-c__l_e_v_i_n__é_Il_,_o_u_s_s_e__-_y
_-..... AlT- ilses papilles
I l convient de souligner une fois de plus que
la
cible de
l'adverbe de modalit4,
surtout
lorsqu'elle est un
modal,
nous impose une délinéarisation qui met ~n cause le
découpage du
linéaire en Th~me, Ph~me et Hh~me. Ce découpage

1 'j.'2
-
que propose J .l\\l.

;!,
nous 5emb le
trop rigide
et ne
ti.ent
pas
compte du fai t
qll(~
l(~ moda lisateur peut
prenùl'e pour
cible
le modal.
On ne
peut ranger l'adverbe de modalité
dans
le Rhème
conHne i l
le
fai t
pour
t 1 pnoncé suivant
1
its pourraient manifestement se prononcer
Est-il possible de gloser cet enonc0 en
"ils pourraient se prononce:L de façon manifeste" ?
Assurément pas,
autrement,
on gloserait
l'énoncf
(4) Il avait manifestement bu
en
"il avait
bu de façon manifeste".
Le modal
"pourrait"
parle du stockage du prédicat
"se pronon-
cerl!
dans
le sujet
"ils",
c'est ce stockaee qui
fait
t'objet
du commentaire rendu par "manifestement".
L8
cibte de
cet
adverbe est,
de toute évidence,
te verbe modal.
1.
J.:'-!.
ZI<;HB,
"Les occurrences ph~matiques, rhématiques et thém8-
tiques des archilexèmes
"modaux li dans
Recherches
Lineuistigues
VJJ1,Ktincksieck,Paris,1981,p.88

-
l~)j -
Les cas de dominance adverbiale sont multiples en anglais,
nous nous contenterons d'en énumérer quelques uns
(j) There was silence between mother and son. Hrs
,\\10 re l
waited for him to speak,
but he said
no more.
At
last she said "'''ell, go to bed,
my son •• You' 11 feel better in the morning
and maybe you'..!l know better
( D.H. Lawrence, S&L.,p.J.t-8)
(4)
A
And what will you do
now?
l3
1
don' t
kno'" .- go on,
l
suppose.
Perhaps l
shall soon go abroad.
(D.H.
Lawrence,
S & L.,p.122)
(5) Well, he thought, what is to be done ?
l
must begin to prepare her for the news,at
least. Perhaps 1
should tell her that l
am
her father
(10', TI'1F'SP, p. ]27)
(6) She had arranged to meet Feliks the day after
tomorrow,
same place,
same time. What would
he say when she turned up emptyhanded ?
~ould he despise her for failing ?
No,
he
was not
like that.
TIe would be terribly dis-
appointed.
Perhaps he would be able to think
of another way to find out where Aleks was.'
( K 1<' , T~"WS P , P • J 1 1 )

La liste est
longue,
nous
retiendrons
seulement
L'(~noncé (6), parce que la portr~() de "pprhaps" rn(~rite d'~tre
sp,i'ci fiue
compte
tenu
du caractère
particllLi.f~r du pr(~dicat
li,';
par
le noeud modal.
I l s'agi t
Il' un
pn~d i ca t
comp texe
compose d'une
relation
primaire
"sujet-to-prédicat"l
sujet de
cette relation étant omis pour cause de redondance,
et du reste de prédicat
constitué du
fameux
"be able" que
la traduction range dans
La classe des
modaux.
I l n'est
plus
à démontrer
qu'il est
loin d'être un modal.
Proposons
tout
d~ même quelques arguments.
Selon la rigueur du syst~me modal,
deux modaux ne peuvent
apparaître dans
le même
interEace pr~dicationnel. Il est impos-
sible d'avoir:
will
shall
can
may
He
swim
woulrl
could
might
De même
l'opôration "to"
ne peut apparaître avec
les modaux
* Ile
will
to
s\\\\'im
*
should tu
*
may
to
Or,
on
Le voit,
"would" apP?lrait avec
"he abLe" Cjui
lui-même est suivi de
"to"
(woulel be able
to).
11 est
clair
1.
Nous
renvoyons
à
l'éturle de Il.
Adamczewski du
triplet 16,
to.
ing
dans
la GLA.

1 q 5
!
1
1
!
qu'il n'appartient pas au
système modal.
La notion de capa-
1
1
cit6 qu'il exprime ne peut en aucun cas en faire un modal.
f
A cela,
on ajoutera que
"be able"to" no
peut Âtre consid0ré
comme uno seule entité puisque sa composition même indique
J
1
le contraire.
"Be" est bien l'opérateur qui re lève
l'inhérence
ii\\'
f
d'une propriété d'un
sujet,
"to"
la trace
formelle de
la
!
f
ligature
sujet- prédicat.
1
On comprend tout
le parti que
l'on peut
tirer d'une
telle démarche.
Celle-ci
permet d'éclairer de façon précise
la portée du modalisateur "perhaps". Non seulement i l porte
sur le noeud modal dont i l évalue
la validité,
mais aussi,
renvoie par "ricochet" à
l ' op(~rateur l'to'~ On remarquera que
l'absence de
"to" et de
la notion verbale aurait remis en
cause
l'existence de
la relation prédicative modalisée en
tI
"
,
,
would.
Schematisons cette port~e de
"perhaps"
a-
Schéma du prédicat complexe
I{elation S-to-P imbriquée
1
)1
He "'OU Id
he
able
(He
to
-
think .••
_ _ _ _ _ _ _1
prédicat complexe
b-
Sch~ma de la port~e du modalisateur
Perhaps
île
able
think •••
L

-
1'}6 -
Nous avons mis
"would" et
"to" sur le m&me plan puisqu'ils
ont en commun d'assurer la ligature
sujet-prédicat.
La dernière cible
que nous retenons dans cette
analyse des modalisateurs
"perhaps" et
"maybe" est
l'accent
fort
sur le noeud prédicationnel, quelle que soit
la nature
de ce noeud. Nous verrons qu'il faudra
préciser dans
quelle
mesure un élément suprasegmental peut &tre pris en
compte dans
la structuration modale.
c)
L'accent fort
Le problème qui se pose d'entrée de
jeu est celui
de
la nature de
la cible de
l'accent.
Analysant le statut des énoncés en "do" (cf GLA) ,
H.
Adamczewski proposait
l'énoncé suivant
(1)
I
invited her down
here,
but got a
telegram
saying
that she was going
back to Yrance.'
Perhaps she
'did go
back to France. We don't
know.
(GLA,p.87)

-
197 -
L'accent porte Sur le noeud prédicationnel
"did" qui sature
toute la relation.
Le contexte gauche
justifie de plein droit
cette saturation.
Puisqu'il y
a
reprise de
la relation,
l'énon-
ciateur ne peut insister que sur l'élément
situé au coeur
de cette relation.
En fait,
en prenant pour cible le noeud
"do",
l'accent
(le "stress")
porte sur l'ensemble de
l'énoncé,
i l Se situe donc au plan métalinguistique.
La structuration
s'accompagne de l'intervention directe de
l'énonciateur qui
domine
tout
l'énoncé. On sait que
le modalisateur Se situe
lui aussi
au plan
métalinguistique puisque sen incidence
sur le noeud de relation entraîne un
décrochage par rapport
au plan référentiel. Que peut
donc être sa cible?
De toute évidence,
i l porte sur l'accent fort.
I l ne
peut en être autrement puisque le faire porter uniquement sur
"did" signifierait que
l'accent porte sur lui,or ce n'est
pas
"perhaps" qui est accentué.
"Perhaps" pennet donc de
moduler l'accent fort que
l'énonciateur installe
sur le
noeud
"did". Nous avons affaire à
un cas o~ l'accent
devient à
la fois outil de structuration et objet structuré.
Pour mieux fixer
les cibles de
chaque métaopérateur (Nous
démontrerons dans
les pages qui suivent,
que
l'accent n'est
autre qu'un métaopérateur),
nous reprendrons tout simplement
1
les schémas de H.
Adamczewski
:
1. H. Adamczewski, GLA,pp.87-88.

-
198 -
1.
She
'did go back to France
accent
t'ort
2.
Perhaps
she tlid go back to France
perhaps
accent fort
Did
I l faut noter que seul "perhaps'/ convient
à
la modulation'
de
l'accent
fort.
"Maybe" semble rendre irrecevable son
application
au noeud. Cette intuition se
justifie si
l'on
pense au fait
que
l'accent fort
tend à
poser la validité

t
-
199 -
t1
1
1
1
1
du lien • On songe à
la traduction en français de
"She
'did
go back to
France"
1
1
(2)
Elle est effectivement retournée en France
!
où la valeur polémique de "effectivement" traduit tout
le
poids de
l'accent fort.
"l'-laybe" supposerait une p lus grande
maîtrise de la validité de la prédication,
or l'accent
indique justement que l'énonciateur pose cette
validité et
prend en charge
la prédication. I l y
aurait
là un
conflit
incommode au systèm~. A cela s'ajoute le fait,
bien évident,
que le contexte drvit
(we don't know)
signale que l'énoncia-
teur n'a aucune maîtrise dans
l~ modulation,
l'évaluation
de l'accent
fort porté
sur le lien prédicationnel. Peut-
être est-ce trop tôt
pour poser que l'accent fort
est de
nature rhématique ?
Dans tous
les cas,
son affinité avec
"perhaps" qui,
lui est
un indice de rhématicité,en dit
long sur son statut métaopé-
rationnel.
Un autre énoncé étaie ce que nous avançons
ici
(3) He looked surprised.
'Is that i t ?
he said.
1s that why you've done these awful things?
1s that what Feliks is trying to achieve ?
Perhaps He'will understand,
she thought

-
200 -
"yes
"
she said.
She went on enthusiastical-
ly :
"Fe liks a lso \\vants a
revo lution in Russia-
even You might think that
could be a good
1
thing
(KY,
T:-'l{<'SP,p.371)
Le contexte permet de comprendre l'enthousiasme de
"she"
et par conséquent
l'accent qu'elle fait porter sur le noeud
modal
"will". I l s'agit d'une scène
du roman de
Ken Follet,
"L'homme de Saint Petersburg".
La fillette explique à
son
père les raisons qui l'ont amenée
à aider le terroriste.
Le
père montre
quelques signes de compréhension.
Les signes
exprimés dans
les questions qu'il pose
justifient non seule-
ment
le choix du modal
"will" qui exprime
une inhérence
entre
le prédicat
" understand" et le sujet
"He", mais aussi
l'accent fort qui quantifie ce modal.
"Perhaps" , quant à
lui,
porte sur l'accent. On pourrait en fait,
approfondir l'étude
de chaque cible en avançant que sans
l'accent, "Perhaps" por-
terait
tout
naturellement sur "will". Le
"stress" agit en
quelque sorte
comme une
lanterne qui éclaire
la cible du
modalisateur.
On aura le même schéma que ceux proposés plus
haut
:
1.
"\\{i 11'' est écrit en let~res majuscules dans le texte pour
noter qu'il est accentué.

-
201
La traduction française
qui nous est proposée est très
explicite
Peut-être va-t-il comprendre,
pensa-t-elle
1
avec
joie.
Le français n'a pas choisi de mettre un accent
mais
l ' opéra-
teur "va" qui a,
i.ndubitablement une valeur modale,
en tient
2
lieu
• I l a été décalé en tête de
l'énoncé pour mieux servir
de cible à
"peut-être". Nous proposons
le même type de
schéma :
Peut-être
I l est probable que sans
l'accent sur "wi llll, le traduc-
teur sensible aux mécanismes subtiles du système
linguistique
aurait traduit
l'énoncé par
(5) Peut-être comprendra-t-il
éliminant ainsi
le modal
"va" qui rend l'opération
sous-ja-
cente à
l'accent fort.
1.
La traduction est de Yvonne Baudry,
8d. R.
Laffont,
Paris.
2.
"Va" ici nta pas sa valeur référentielle de verbe
"aller",
i l a
ét~ "réinvesti" à des fins métalinguistiques. Son fonc-
tionnement est à
rapprocher désormais du "will" anglais.

1
-
:?(V
-
1~
1
1
1
Nous avons avancé que
l'affinité de
l'accent et de
"perhaps" ' t a i t
liée au caract~re rhématique de ce dernier.
Il est temps de démontrer que
l'accent est un opérateur rhé-
matique de plein droit et que
"perhaps"
n'est qu'un indice
de rhématicité de rang supérieur.
Il suffira pour cela de
recourir aux langues qui structurent l'accent par un "réamé-
nagement" du linéaire.
2.-2.6. Mobilité dans
le
linéaire et accentuation
a) Mobilité dans le linéaire espagnol
Dans san p.tude sur les adverbes et
les expressions
1
modales
en anglais et en espagnol,
E.
Zierer faisait
rem ar-
quer que
la traduction espagnole de l'énoncé:
Perhaps John will come
entraînait une inversion dans
l'ordre du positionnement du
sujet "Juan" et du prédicat "venga" selon que
l'accent ang-
lais parte sur "come" ou sur "John". Ainsi
(1)
Perhaps John will
'come
sera-t~il traduit
par:
(1')
Quiz!s Juan venga
1.
Zierer ~rnesto, liA note on Adverbs and modal Expressions
in l':nglish and Spanish" in Lengua,ie y
cien-
cias
,
n~ 37,
1970, Trujillo Peru,pp.26-29.

-
:'O'J -
1
1~!l
et
(2)
Perhaps
'John will come
1
1
par
"
f
( 'l') Q .
,
...
,Ulzas
venga Juan
1
,
1
f
G.
Zierer en arrive à
la détermination de deux
valeurs
1
I-
selon que
le sujet est à gauche ou à droite du pr6dicat. Voi-
ci
les termes
de son analyse
Ii,t
" That part of the sentence that expresses the
~
reality of the situation is called the basic
i
value and the part to which the modal expression
refers,
the determining value.
In the Spanish
sentence
(1 ')
the basic value is represented
1
by the subject
"Juan" and the determining va-
lue by the predicate "venga". In sentence
(2')
i
the two values have been inverted :
the basic
ti
value in the Spanish version is now "venga",
i!
and the determining value,
"Juan" "
1
t
Certes 1 cette des cription semb le pertinente, mai s deux
problèmes restent en suspens.
Le problème
du statut de
la
relation prédicative et celui de
la portée du modalisateur
"quizàs" chaque fois qu'il y
a
inversion.
Ces deux problèmes,
on s'en doute,
sont étroitement liés.
Dans
l'énoncé
(1)
l'accent porte sur le prédicat "come".C'est
ici que transparaît toute
la portée métalinguistique de
l'ac-
cent.
Il porte
sur l'élément candidat à
la prédication. Autre-
mont dit,
i l pointe à
l'élément rhématigue,
ici le noyau verbal
"come",
noyau Sans
lequel
i l n'existerait pas de relation.

-
20'~ -
En d'autres termes,
l'énonciateur construit inchoacti-
vement
le relation prédicative en insistant sur le caract~re
"nouveau" du prédicat.
Le rnodalisateur "perhaps" Va de toute
évidence porter sur l'accent
qui se présente comme
le voyant
rouge qui 6claire la cible.
L'énonciateur ~value la candida-
ture de "come" à
la prédication.
Ces schémas maté ria lisent
la portée de chaque métaopérateur :
perhaps
John
will
come
ou
Perhaps
acquis
+
Rhématique
2
Le sujet est un acquis
pour l'(~nonciateur, seU le la re la tion
et le prédicat sont concernés par la marque rhématisante de
l'accent et de "perhaps".
L'espagnol structure
l'accent de
la version anglaise
en postposant
le prédicat "venga". Dans la métalangue <1(>
r
1
r

- ::05 -
ment dit,
c'est
l'application
du prédicat au sujet qui est
en cause. Dans ce cas,
"qUiz~s" évalue le prédicat "venga"
puisque
l'énonciateur ,
en l'extraposant peut mieux juger
de son sto ckage dans
",Juan". Schémat iquement,
on aurai t
à
peu près ceci
Juan
Relation
1
acquis
+
Rh
t
2
1
1
i
On peut déjà observer que dans
le
linéaire
l'espagnol
privilégie à droite l'élément rhématigue.
1
Dans l'énoncé
(2)
"perhaps
'John will come",
c'est le
t
sujet qui est
la cible de
l'accent. Il s'agit d'isoler "John",
fi
de
le retenir comme la seule entité pouvant exercer la fonction
sujet dans
la relation préétablie.
I~ relation est prpsupposée,
1
~
ce qui n'est pas
le cas dans
le premier énoncé. Ici,
elle
t
est acquise 1 thématique.
1
f
Relation P
1
1
acquis
+
TH.
2

-
206 -
1
Cette opération métalinguistique consistant à
1
isoler un élément de son ensemble structurel pour accentua-
t
tion et à des fins d'évaluation est rendue en espagnol par
une opération toute aussi métalinguistique,
l'extraposition.
1
L'élément rhématique
"Juan" est projeté vers
la droite.
Ce
1
décalage permet un dépassement métalinguistique de
la rela-
l
tion prédicative. }<~n guise de représentation,nous aurons
1
1
1
Juan
!
1
1
TH
RH
i
lt,
2
f1
En tenant compte
du statut de
la relation prédicative,
i l
est possible de situer les énoncés espagnols sur le vecteur
phase
1 1 phase 2. Dans l'énoncé (1'),
la relation est mention-
née pour la première fois,
on est
dans
la phase
1 de la
structuration. Dans
l'énoncé
(2'),
au contraire,
cette étape
est franchie,
puisque
la relation est acquise
,
Phase
1
quizas
Juan
venga
l
,
Phase 2
quizas
venga
.Juan

t~
-
207 -
,
i
1
!J,
1
1t!
Cette mobilité dans
le linéaire semble caractéristique
1
de
l'espagnol. D. Bolinger (1965)
a
proposé une analyse
·i
intéressante de
(3) Juan canta
('4). Canta Juan
en voici
les termes
:
,,( ••• ) in "canta
Juan" i t is primarily "Juan
that narrows
"canta" -
starting off with "canta"
the speaker suggests an action that anyone
might be doing,
hence sorne such situation as a
concret where several persons have been singing
and i t now cornes John's turn. The
"canta" is
general and "Juan" is restrictive. On the other
hand "Juan canta" suggests possible activities
for John
-
he sings for a
living rather
than
1
\\"ri tes or weaves"

I l S'agit,
à peu de choses près,
des mêmes opérations dans
les énoncés soulignés plus haut. Dans
l'ordre de
la structu-
ration,
"Juan" de
(3) est un acquis. C'est le posé à partir
duquel
on va créer une relation prédicative.
La suggestion
de Bolinger est intéressante puisqu'elle pose que
"canta" a
une valeur contrastive.
C'est
le statut prédicationnel de
"canta" qui est en cause. On l'extrapose pour mieux juger
de
son aptitude à entrer en
relation avec le
sujet dRjà
1. D.
Bo linger,
"Linear modifi cation",
l"orms of l':ngli sh,
Tokyo Bokou Pub lishing Company, 1965

-
~) 08 -
pos~. Ce dont il est question plus pr~cis~ment, c'est le
degré de cohésion entre un sujet posé et un pr~dicat que
l'on pose. L'espagnol n'exhibe pas en surface la trace de
cette cohésion constituée inchoactivement. Tout
le contraire
de
l'anglais dont
le linéaire est saturépar un "sn trace ico-
nique du marquage de
la coh~sion.
(5) John sing~
L'énonc~ (4) marque une seconde étape dans la
st~ucturation. Cette fois
c'est
"Juan" qui est en cause,
plus
pr~cis~ment son aptitude à servir de sujet à la relation pré-
dicative pr~construite. Nous sommes au plan m~talinguistique
o~ l'~nonciateur
isole,
"bloque" le sujet à droite pour
mieux
juger de sa candidature à
la fonction de sujet. Au
contraire de
l'énonc~ (3) o~ toute la relation était en cause,
on passe à un autre plan dans lequel le d~placement de "Juan"
à droite, suppose que
la relation change de statut. Nous re-
trouvons
le vecteur Phase 1 Phase 2.
Ce schéma mat~rialise
ce vecteur et les différents statuts des relations
:
(l}-----c~~~~-
phase
0uan
";
-------
'-
---'
Relation en construction
phase
2
cJ~ )
0
canta)
Juan
1
J
1
L
~1
Relation pr~construite

-
209
-
Nous venons de mettre en relief,
du moins nous
l'esp~rons,la nature rh~matique de l'accent et son aptitude
à ~clairer la cible
d'un modalisateur comme "perhaps". Nous
avons également vu qu'une langue comme l'espagnol rend compte
de l'accent par une postposition de l'élément cible.
Cette
mobilité dans
le linéaire
(ce cinétisme'
vers
la droite)
détermine le statut rhématique ou thématique de
la relation
selon qu'elle concerne ou non l'opération. Une incursion
dans
l'allemand nous permettra de mieux renforcer notre thèse
sur la nature rhématique de l'accent.
b) De la nature rhématique de l'accent en allemand
L'étude de N.Perennec consacrée à
l'énoncé
" Er hat
das Problem praktisch gelost
" relève deux sens dLfférents
selon que l'opérateur "praktisch"est accentué ou non.
a)
Lorsque
Vpraktisch"n'est pas accentué,il est commutable
avec " so gut wie,
fast" qui exprime le "degré de réali.i.
sation de la matière de l'énoncé
". Dans
ce cas,
l'énon-
cé est traduit en français par:
i l a
pratiquement résolu le problème
b)
Lorsque praktish est accentué
,
i l devient un adjectif
, . Terme emprunté à G. Guillaume.
' ) .
' -
M. Perennec "Aperçu sur la modalisation de l'pnoncé
allemand ~

-
210 -
opposé à
"theoretish".
L'énoncé
sera donc traduit par
i l a
trouvé une solution pratique au problème
Regroupons ces énoncés et
leur traduction pour mieux visu-
aliser leur différence sémantico-formelle
:
( 1 )
Er hat das Problem praktis.
gelost
( 1 ' )
i l a pratiquement résolu le problème
(2)
Er hat das Problem
' praktis.
gelost
(2 ' ) i l a trouvé une solution pratique au problème
En (1),
praktisch se prése nte comme un moda lisateur qui
quantifie le degré de réalisation de
la soudure prédication-
nelle. I l est de toute évidence,
épistémique puisqu'il commente
tout
l'énoncé.
Y~t~
~r hat das problem gelost~
Nous nous situons bel et bien dans le plan métalinguistique
où tout renvoi au plan référentiel est aboli au profit d'une
dominance de l'énonciateur.
Dans
l'énoncé
(2),
l'accent inverse le statut de "praktisÇh",
de métaopérateur,
i l devient opérateur c'est-à-dire qu'il
opère au plan notionnel
(donc référentiel)
en délimitant le

1
-
211
-
f
programme sémique de
la notion nominale.
L'accent bloque,
tasse l'opérateur dans
le linéaire. On aurait une représen-
tation du type
:
Er
hat das Problem
praktischl ge lost 1
délimitation du programme
sémique
Un autre fait important à signaler est
le 'statut catégoriel
de "praktisch".D'adverbe/il est devenu adjectif sans change-
ment morphologique,
ce qui,
notons
le au passage,
remet en
cause
le découpage traditionnel des mots du discours
en
adverbe,
adjectif,
etc. Toujours est-il que
le passage de
l'adverbe à
l'adjectif s'accompagne d'un changement de plan.
Le français marque assez clairement
ce changement à
l'aide
du préfixe "-ment".
plan métalinguistique
Adv.-
ment
plan référentiel
l Adj.- ~
Nul
doute que
l'accent est de nature rhématique puis-
qu'il assure
la transformation de
l'adverbe
en adjecti.f.

t
-
212
-
1
!
1
1
l,
I l est donc responsable,
au plan de
la structuration, de la
création d'un opérateur chargé de délimiter la notion. L'ab-
sence de l'accent marque
une étape supérieure,
l'opérateur
devient un outil par lequel l'énonciateur quantifie la réali-
sation de la prédication. Nous retrouvons
notre vecteur :
praktisch +
acent
= pratique + ~
2
1praktis::h+ ~
= pratique + - ment
I l est maintenant clair qu'on ne peut plus considérer
l'accent comme un phénomène participant uniquement de l'acti-
vité paralinguistique d'émission des énoncés mais bien
au
contraire,
qu'il s'inscrit de plein droit dans
leur structu-
ration abstraite. Puisqu'il y a
changement de sens,
i l y a
réglage
du sens.
La réalisation phonique ne peut être
dissociée de la structuration du "signifié" comme semble le
dire ici M. Perennec
"Le comportement dans
la chiine de nombreux mo-
dalisateurs comme Vielleicht,
( ••• ) et l'exis-
tence de phrases
ambiguës comme par exemple
"er hat das Problem praktish gelost" montrent la
nécessité de séparer nettement deux plans du lan-
1
gage gui ne 8e recouvrent pas :
celui de la chaine 1
~
signi~iante! de la réalisation phonique d'une
part,
et celui du signifié,
celui de la struc-
ture abstraite d'autre part".

-
213 -
La chaîne signi~iante participe bel et bien de la structura-
tion abstraite. Une langue comme l'espagnol,
on l ' a vu,
rend
compte de
l'accent par une structuration qui réordonne le li-
néaire. A la suite de ce qui vient d'être
démontré en alle-
mand,
i l nous paraît tout à
~ait justi~ié de conclure que la
chaîne signi~iante est aussi une opération métalinguistique.
Au terme de
ce chapitre,
nous aimerions souligner
la parenté
métaopérationnelle des Adv.Mod. stricto sensu que
nous avons tenté
d'analyser.
"Possibly"
dit
le maintien de la prédication dans
les limites du possible de sa réalisation. En ce sens,
i l est
dé~icitaire par rapport à "probably" qui,
lui,
annonce la
réalisation de la soudure prédicationnelle.
Ce dé~icit est
également
le ~ait de "perhaps" qui,
au contraire, de "maybe",
indique que l'énonciateur ne maîtrise pas les données de
quanti~ication des chances de prédication.
Ce que nous tenions à mettre en relie~, c'est le
~ait qu'il se développe à cô~é du système modal proprement dit
un système similaire d'adverbes. Nous opposons volontiers
"possibly -perhaps
/
probably -
maybe" à
"may-shall/can-will".
Chaque groupe occupe
une position spéci~ique sur le vecteur
structurant :

2
possibly I-------.,.~ 1
probably
perhaps
maybe
2
may
I---------~> ,:::
shall
l
Cette représentation confirme le fait,
désormais acquis, que
la langue est un système de micro-systèmes.
A côté de cette architecture,
nous noterons un point
important :
la structuration modale ne porte
pas uniquement
sur les relations,
elle concerne
aussi la chaine signifiante.
Loin d'être un élément "physique"
hors de l'organisation
grammaticale interne de l'énoncé,
l'accent est,
au contraire,
un opérateur rhématique
qui règle le sens. L'exemple de
l'espagnol
dans
la
deuxième
section de ce chapitre nous
a permis de mesurer l'ampleur
de
la question. Cette langue
structure l'accent en réaménageant le linéaire.
Le chapitre qui va suivre n'est pas en marge
de
notre propos
même s ' i l y est question d'adverbes énonciatifs
et assertifs. C'est
justement le lieu de
préciser que l'énonci-
ation c'est aussi de la structuration
et
que l'assertion
s'inscrit
de plein droit dans
cette activité métalinguistique.

CHAPITRE III
LINEAIRE ADVERBIAL
ADVERBES DE MODALITE
ASSERTIFS ET ENONCIATIFS

t
1
!i!fil
»
On n'est plus au stade de la
nomination des concepts, mais
à celui de leur utilisation
métalinguistique.
»
H.Adamczewski

-
217 -
1. -
ADVERBES DE MODALITE ENONCIATIFS ET LE CONC8PT
D ' }<:;NONCIATI ON
1.1. Le concept d'énonciation
Le concept d'pnonciation mérite d'être précisé avant
l'analyse des opérations qui en sont l'expression. C'est
en effet suivant
le statut que lui donnent linguistes et
philosophes du langage que ces adverbes reçoivent leur
traitement. En fait,
i l s'agira pour nous beaucoup plus
d'une prise de position par rapport à
la multiplicité
de sens attribués au concept qu'à une définition stricto-
sensu de celui-ci. Nous partageons d'entrée de jeu cette
inquiétude de H.Parret
:
"L'énonciation est un pseudo-concept,
un concept bricolé,
un paralogisme, un
1
horizon d'inquiétude."
Nous nous proposons de résumer en quelques mots les
différentes définitions.
Chez E.Benveniste,
l'énonciation est
la "mise en fonc-
tionnement de la langue" par un sujet. C'est elle qui régit
les relations intersubjectives.
Chez Bakhtine,
i l s'agit de
l'activité d'un sujet considpré comme instance sociale de
production. Searle pose l'énonciation comme un acte illocu-
tionnaire. Ducrot la définit comme le surgissement de l'énoncé,
plus précisément comme I1l'événement historique que constitue
1. H.Parret,
Langage nO 70,
198) p.9

-
218 -
par elle m~me l'apparition d'un 'nonc' " 1
Chez Culioli on parle d'op'rations cognitives et langagières
qui participent de la production de l"nonc';op'rations
e:f:fectu'es en :fonction des donn'es situationnelles et
contextuelles.
Nous nous situons dans le sillage de ceux qui parlent
d'op'rations et surtout dans celui de H.Adamczewski.En e:f:fet,
H.Adamczewski et C.Delmas parlent beaucoup plus de structura-
2
tion que d"nonciation pour des raisons :fort pertinentes.
La prise de parole en tant qu'acte d'terminant le
surgissement de l"nonc' est un acte quasi-kyn'sique,
paralinguistique.Elle est assimilable à un geste de la main
pour signi:fier "au-revoir".R'duire l"nonciation à cette
activit' c'est se condamner à ne voir de la langue qu'un
instrument social.Se limiter à l'activit' d'un sujet
extralinguistique c'est aussi r'duire la production des
'noncés à sa simple mani:festation .Nous partageons ce point
de vue de C.Delmas :
"( ••• )
l"nonciation ,ce n'est pas seulement
"l'homme dans la langue"
: i l ne s'agit point
seulement "d'identif'ier" ni de "dé:finir ( ••• )
par la situation contingente de parlant et par
l'individualité distinctive dans la communauté".
Il s'agit aussi, quand i l y
a
commentaire sur la
structure, opération métalinguistique, de montrer
que l'énonciateur n'est plus substance, mais f'or-
me,c'est-à-dire qu'au sein de l'énoncé,tel ou tel
1- O.Ducrot,
"L"nonciation" dans le suppl'ment de l'Encyclo-
paedia Universalise
2- Toute mauvaise interpretation du concept de structuration
n'est imputable qu'à nous seul.

-
219 -
symbolisme donnera un statut formel à la
source de la validit' de l'assertion"'.
Certes,la prise de parole est inscrite dans le processus
g'n'ral de production de l'énonc',mais elle n'est pas au
coeur de cette production.Elle n'en est,tout au plus ,que
le véhicule.lci doit prendre place tout le poids s'mantique
que l'on peut accorder au mot production. Produire un énoncé
c'est avant tout,:,construire ,
structurer du sens. C'est
construire des "relations,,2,prendre ces relations pour cible
d'opérations métalinguistiques.Bref,le linéaire n'est que
la trace visible des opérations invisibles qui sont au coeur
de la production. Ignorer ce travail dans lequel les "méta-
praxèmes"Jprennent pour cibleiles"praxèmes" et leur connexion,
c'est ne voir qu'un seul aspect du fonctionnement des adverbes
comme "frankly, "hone s t 1YIl •••
Une brève~exploration de quelques 'tudes faites sur ces
adverbes nous montrera le statut qu'ils reçoivent dans les
diff'rentes conceptions de l"nonciation.
,- C.Delmas, Structuratioll abstraite et chaine lin'eaire.
Thèse d'Etat,
1985 p145.
2- ilLe mot"relation"est au coeur de la grammaire anglaise "
H.Adamczewski,GLA p9
J- R.Lafont, Le travail et la langue, Flammarion,
1978.

1
-
220 -
1
!
1. 2. Brève exploration des études sur les adverbes d'énonciationt
1
,f
rï1
1.-2.1. Le débat entre les tenants de la théorie de la struc1
t-
ture profonde sémantico-syntaxique et ceux des actes!
de langage.
r
Il s'agit d'analyser le type de relation qu' i l ya entre
l'adverbe et le reste de la phrase dans des énoncés du genre:
(1) Frankly,what are the chances of our getting
there on time ?
(2) Frankly, he wrote them about it
A partir de la conception selon laquelle tout énoncé déèlaratif
est sou&tendupar une structure profonde contenant .un verbe
performatif du type Dire(J.Ross1970),on a développé l'idée
que les adverbes tels que"frankly,
"honestly" -etc.,sont
inscrits dans une hyperphrase(hypersentence)
(Sadock 1969).
Dans ces hyperphrases les adverbes sont des adverbes de
"
"manière"qui"modi:(ient le verbe profond. D'où leur nom de
"permanner",
c'est-à-dire des performatifs de manière. Les
énoncés (l)et (2) recevront les interpretations suivantes:
(1)' l
ask you to tell me frankly,what are
the chances of our getting there on time
(2)' l
am telling you frankly that he wrote
them about i t

-
2:~ 1 -
Les tenants d'une telle démarche :J.Ross,Greenbaum,Schriber
pour ne citer que ces trois linguistes,trouvent une justifica-
tion à leur analyse avec un énoncé contenant un verbe perfor-
matif.
(3) Frankly,I promise to help you
"Frankly~selon eux,ne se rapporte pas au verbe performatif
"promise".Il ne s'agit pas de
(3)' l promise frankly to help you
mais plutôt de
(3)"
l
tell you frankly that l
promise to
help you
Cette argumentation ne semble pas satisfaire Mittwoch(1977)
qui propose que l'on trouve une connexion l?gique entre
l'adverbe ou le modifieur adverbial et la phrase.
A.Davison cite cette proposition de Mittwoch :
" (a) Find a
logical connection between the
meanings of the two
clauses •••
(b) or as second best, find a logical connec-
tion between the meaning of the adverbial
clause and the preparatory or sincerity
condition of the speech act made by uttering
the main clause"l.
1. Mittwoch, A.
,
"How to refer to one's own words
:
speechact
modifying
adverbials and the performative
hypothesis",
in Journal of Linguistics 1J,
1977,
cité par A. Davison in CLF n~ J,p. 60.

-
222
-
Le débat chez les pragmaticiens tourne autour des
notions de condition de vérité(truth condition) et de
félicité(felicity). On tente d'interpr~ter (Boer et Lycan
cités par A.Davison)
la phrase en terme de
conditions
de vérité et son préfixe. (adverbe ou locution adverbiale)
en terme de
conditions de félicité ou de non-félicité.
Cette subdivision est née de l'idée dUe à Austin que les
actes illocutionnaires ne pouvaient être évalués en terme
de vérité ou de fausseté.Or un adverbe comme"frankly" a,
selon eux,pour fonction de modifier l'acte de parole
(speech act). Les tenants de l'illocutoire créent au bout
du compte un paradoxe dont
ils ne peuvent s o r t i r . Selon eux,
l'adverbe ne modifie pas le contenu
de la proposition mais
1 t acte de parole. Pourtant i l nt indique pas'.. de force
illocutionnaire comme tout acte de parole~ Quand on sait
que la force illocutionnaire est l'âme même de l'acte,
on se demande ce que peut être la fonction réelle de ces
adverbes et
locutions adverbiales. Citant Boer et Lycan
(1977) A.Davison relève ici le paradoxe que nous soulignons.
Après les énoncés r
(1) Frankly, what are
the chancesof our
getting there on time ?
(4) It was literally covered with gold and
jewels
(5) In conclusion, much research is needed on
this vitally interesting topic

-
22) -
Boer et Lycan posent
le problème en ces termes
" They are assumed to be modifiers of the speech
act,
yet are not part of i t . So they cannot be
interpreted either in terms of truth conditions,
like propositional contents,
nor in terms of
illocutionary force.
Yet clearly they contribute
to the sum total of meaning which is conveyed
linguistically by these sentences.
( ••• ) If the
adverbials were omitted,
the meaning of the
sentence would be somewhat different. As they
stand,
(1)
is a request for an answering statement
phrased in frank
terms,
(4)
is a
statement which
may be literally true,
(5) is a statement made
in conclusion"l.
Le paradoxe est bien relevé mais nous ne pouvons suivre ces
linguistes dans leur conclusion pour des raisons évidentes.
Dans l'énoncé
(1),
"frankly" n'est vu qu'à travers son pro-
gramme sémique,
or pour nous,
"frankly" en tant que "mot
servile",2 opérateur métalinguistique,
joue un rôle qui
transcende son contenu. Dans
l'énoncé
(4), parler de vérité
c'est poser, une fois de plus,le problème de la conformité
au réel.
Certes,
"literally" par opposition à
"frankly"
renvoie beaucoup plus au premier étage de la structuration,
faisant ainsi penser à un rapport direct avec le monde des
1.
A.Davison,
Cahier de linguistique française nO) p.6h
2. Terme emprunté à M.Santurette au CHELINGUA du 19-d0c.
1984

-
22h -
choses, mais l'opération ,elle, reste purement linguistique.
Il s'agit de limiter le programme de sens de "covered", tout
au moins, d'en préciser le paquet sémique. Dire en (5) que
"in conclusion" renvoie à un " s tatement made in conclusion"
ne nous renseigne pas sur l'opération qu'il sous-tend."In
conclusion~'a une fonction métalinguistique au sens de Jakobson
et, est un élément de la métalangue naturelle au sens de
1
C.Delmas
• Cet opérateur et même ce métaopérateur puisqu'il
nous renseigne sur l'opération faite,se présente à nous
comme un signal de clôture des structurations successives
du linéaire discursif. Son rôle,on s'en dout~ n'est pas
aussi simple. En même temps qu'il signale que l'énoncé qü'il
préface est une forme réduite des énoncés antérieurs,il
en pose la congruence. La notion de déduction appliquée
à l ' énoncé-:qui contient ce
métaopérateur serait un bon
effet de sens pour justifier cette congruence.
Nous n'avons pas analysé Ifrankly".Nous n'anticiperons
pas
.On se contentera d'avancer pour le moment que "frankly"
assure la validité du message à transmettre et
constitue un
élément de la métalangue naturelle qui commente le code. Cette
double valeur,nous le verrons,
correspond à deux étages dans
l'opération métalinguistique régissant la production de
l'énoncé.
1- C.Delmas ,
Quelques éléments de la métalangue naturelle
Thèse )ème cycle,
Paris III 1980

- 225 -
Une autre remarque que l'on pourrait faire et qui
s'oppose cette fois à l'hypothèse d'un énoncé performatif
profond (an underlying performative utterance) est celle
qui concerne l'existence en surface de cet énoncé profond.
Des énoncés comme :
(6) l
tell you t'rank.ly that :I don't believe a
word of i t
(G.Leech,p7J)
(7) They had not rea.lly lied to her,except by
omission;besides,insofar as deceit was
involved,they deceived themselves almost
as much as they had deceived her.And Papa
had spoken frankly to her,against his
evident inclinations.
(KF,tmfsp,p227)
"1 tell you" et "Papa had spoken" correspondent à des
énoncés que l'on postule comme étant des performatifs

profonds.Ils sont ici bien présen~s en surface.L'hypo-
!
i~l
thèse d'un performatif profond ne peut donc pas s'appli-
quer à ce type d'énoncés. L Cargument invers e qui consi s te-
1
l
t
rai t
à poser que l ' existence en-~surface d'un verbe tel"
1
que "tell" ou "speak" permet le postulat d'un performatif
1
!
profond dans le cas où l'adverbe est seul en préface de
l~li
l'énoncé ne nous semble pas pertinent.Ces verbes ne sont
1
(
pas innocents.Ils présupposent nécessairement la relation
,
rt
qu'ils introduisent.Ce sont- des verbes de "Dire"au sens de
tf'
la définition que lui donnait H. Adamczewski,
i l y
a quelques
~'
f
années déjà!
Ce Dire est différent de celui que Ducrot définit
1
,
îi
1. H. Adamczewski opposait le Faire et le Dire pour ~r0parer le
if
terrain aux outils beaucoup plus puissants que sont la Phase 1
et la Phase 2,
"Le FAIRE et le DIRE" in Theoritical Approaches 1
in Applied Linguistics, Bruxelles, Paris, Didier,
1976.
!
1~1
1

-
226 -
de la façon suivante :
" ( ••• ) i l s'agit de ce qui, dans le sens d'un
~nonc~ (dans le "dit") concerne l'apparition
de cet ~nonc~ (son "dire")"l.
(Nous soulignons)
Le Dire
auquel
nous
faisons allusion e~1; une opération
métalinguistique par laquelle l'énonciateur prend en charge,
s'approprie une relation ou un programme de sens.Ce Dire
métalinguistique s'oppose au Faire qui,lui,est structurant.
Ces verbes relèvent du Dire puisqu'ils supposent une prise
en charge de l'énonciataur de la relation préconstruite.
La relation Verbe de Dire IAdverbe s'inscrit dans ce rapport
entre l'énonciateur et la relation prédicative.
Toute tentative de reconciliation de l'hypothèse performa-
tive et de l'analyse pragmatique doit tenir compte de
l'opération effectuée par l'énonciateur, qu'il introduise
ou pas un verbe de Dire dans l'énoncé supérieur.
G.Leech tente une
,r~conciliation mais elle ne nous semble
pas suffisante. Après les énoncés:
(6)' l
don't believe a word of it,frankly
(6) l
tell you frankly that l
don't believe
a word of' i t ,
i l pose que l'existence de "I tell you" n'imptique pas que
1. O. Ducrot,
Le dire et le dit, éd. de Minuit,
Paris,
1984,
Avant-propos, p.
1.

- 227 -
tout énoncé non-performatif(explicite) est sous-tendu par
,
un performatif profond. Il propose en ces termes de recon-
cilier analyse pragmatique et hypothèse performative.
,,( ••• ) This argument
does not necessarily
support the view that aIl overt non-performati-
ves have an underlying performative clause,
i t
can be reconciled with the pragmatic analysis
i f we merely accept the hypothesis of an un-
derlying performative utterance in cases where
there are overt signaIs to that effect"l.
Les signaux dont i l parle sont du type:
"I say frankly",
"putting i t bluntly","frankjy speaking",
"to put i t mildly" •••
L'hypothèse d'un performatif profond ne met pas en relief
l'opération métalinguistique. De plus,la valeur pragmatique
des adverbes resten"; à préciser.
1.-2.2. L'analyse de O. Ducrot
L'analyse des adverbes "franchement",sincèrement"etc.,
de O.Ducrot est dictée par~ conception générale de l'énoncé
1- Leech G.N.
"Natural language as metalanguage" in
Pragmatics and beyond 5,Amsterdam 1980, pJ)

-
22R -
et de l'énonciation.
L'énoncé selon lui,
est une occurrence
particulière de phrase(s). La phrase est définie comme une
"entité abstraite" isolée par le linguiste pour les besoins
de son analyse. L'énonciation quant à
elle,
sera dpfinie
de la façon suivante
" De l'énoncé et de
la phrase,
i l faut encore
distinguer l'énonciation. C'est l'événement
historique
que constitue.
par elle-même.
l'ap-
parition d'un énoncé.
( ... )
Ainsi comprise comme surgissement d'un pnonc~
l'énonciation ne doit pas être confondue avec
l'activité
linguistique,
c'est-à-dire avec
l'ensemble des mouvements articulatoires, de
processus intellectuels, de calcul de fins de
moyens,
qui a amené
le locuteur à produire son
énoncé. Alors que cette activité,
étudiée par la
psycholinguistique,
est préalable à
l'énoncé,
l'énonciation en est contemporaine:
elle est
l'existence même de l'énoncé"l.
(C'est nous qui soulignons)
L'énonciation ainsi définie,
Ducrot part de l'hypothèse
que chaque énoncé contient des éléments de son énonciation.
~
!
,
---~
1. O. Ducrot,
"L'pnonciation " in Encyclopedia Universalis
!!
II. Adamczewski nous faisait
remarquer la gravité du malenten- ~f
du que suggère l'attribution à
la psycholinguistique du tra-
vail de structuration des énoncés,
voire même de toutes les
opérations cognitives.
Ces opérations sont pourtant au coeur
1
de l'énonciation
et constituent le véritable champ de la
1
,
linguistique, du moins,
celle qui s'occupe des opérations
~
langagières.

- 229 -
I l faut tenir compte de ces 616ments si l'on veut saisir
l'essentiel du sens de l'6nonc6.Parmi eux figurent
les adverbes "sincèrement ,"franchement"etc.,placés en tête
de phrase.Dans l'exemple qu'il donne:
(1) Sincèrement ce restaurant est exccl 1.ollt
"sincèrement" porterait sur l'énonciation de "ce restaurant
est excellent". Nous ne pouvons suivre Ducrot dans cette
démarche. En effet,on peut se demander comment "sincèrement",
partie intégrante de l'énoncé, pourrait porter sur un acte
quasi-extralinguistique tel le surgissement de cet énoncé.
Dire 6galement qu'il porte sur "l'acte illocutionnaire
d'affirmation"l
accompli avec l'énoncé c'est opacifier
l'opération qui sous-tend son emploi. En outre,on ne peut
percevoir la relation qui lie l'adverbe au reste de l'énoncé
Or
i l Y a bien une relation puisque :
(2)
C~ restaurant est excellent
est différent de
Sincèrement ce restaurant est excellent.
Il faut également noter que ces adverbes sont des op6rateurs
de la langue et à ce titre, ils
participent de la structura-
tion des énoncés et du réglage du sens. O.Ducrot a d'ailleurs
perçu leur appartenance à
la grammaire interne de la langue.
1- O.Ducrot, op.cit. PS31

-
2JO -
" On conclura que la possibilité d'un emploi
énonciatif des adverbes n'est pas surajoutée
à
la langue, mais elle est déjà prévue dans
son organisation grammaticale interne"l.
Cette prise de conscience est peut-être l'une des raisons
qui ont amené le revirement de Ducrot vis-à-vis de la théorie
des actes illocutoires. En effet, dans son récent
ouvrage
(Le Dire et le Dit,
1984), i l propose de dépasser l'acte
illocutoire
" Tout mon effort dans les textes de la deuxième
partie vise au contraire à dépasser la notion
d'acte illocutoire.
( ••• );
j'essaie -
c'est l'objet des deux der-
niers
chapitres -
de découvrir
dans
le sens
des énoncés un commentaire de l'énonciation
1
f
beaucoup plus fondamental que celui qui s'expri-
me dans
l'accomplissement d'actes illocutoires.
Ceux-ci apparaissent comme un phénomène second
2
dérivé à partir d'un~ réalité plus profonde"

Malheureusement,
les adverbes censés exprimer un commentaire
de l'énonciation dans l'énoncé sont dits qualifiant "le fait
de dire"J. Or,
le Dire, nous l'avons vu,
concerne "l'appari-
tion de l'énoncé".
1. O. Ducrot, op.cit., p.5J1.
2. O. Ducrot,
Le Dire et le Dit,Ed. de Minuit,Paris,1984,
avant-propos, p. 2
J. idem,
p.85,
en note.

2Jl
Cette brève prpsentation faite,
tentons maintenant une
analyse du travail effectué dans
l'emploi de ces adverbes.
1.3.
La Phase
1 de la structuration et la dimension pragmatique
des adverbes
I l convient avant tout de justifier la place des adverbes
d'énonciation dans notre travail.
Ces adverbes ne sont pas des modalisateurs au sens fort
du terme. Ils ne quantifient pas
les chances de réalisation
de la prédication. Que l'on compare:
(1)
-
We know now he was
lying as he could have
been lying all the time.
Of course he could. Probably was.
(2) A
She was assured by me that what l
had
carried out was the exact carrying out
of her instructions and imagination
and ideas.
TI
-
And was i t ?
A
Do you ask me that seriously ?
TI
-
No. No.
Frankly l
do not
( AC. Hapa,
p.8J)

-
232
-
En (1),
c'est le noeud prédicationnel
"was" qui est en cause.
L'énonciateur pvalue les chances d'existence de la relation
prédicative,
relation dont l'importance est mise en relief
par l'absence dans
le linéaire des termoosujet et prédicat
"Frankly" quant à
lui ne vise pas les
chances de réalisation
de la prédication,
i l ?arle des moyens de faire admettre la
prédication réalisée. A ce titre,
i l se trouve forcément
décalé par rapport à la relation prédicationnelle. Nous
ne sommes plus au niveau de la production en tant que cons-
truction de programme de sens,
mais au niveau du commentaire
sur le produit. N'anticipons pas. Disons simplement que la
position de "frankly" à
la préface de
l'énoncé n'est pas in-
nocente. On détermine à
l'avance les
limites d'acceptabilité,
de validité de la prédication. L'établissement de ces limites
présuppose la validité même de
la prédication. On se référera
à
l'inacceptabilité d'un énoncé où coexisteraient "frankly"
et
"probably"
( 1 ' ) * Frankly her husband was "probab ly" in
the bar
(2')* Frankly l
probably do note

-
2 33 -
"probably" se trouve,
pour ainsi dire,
à
l'interface de deux
pôles correspondants à
la réalisation et à
la non-rpalisation
de la prédication. En considérant chaque pôle comme un domai-
ne de validité ou de non-validité,
on posera que
"probably"
déplace la prédication dans leur interface :
-
réalisation
+ réalisation
domaine de non
domaine de
validité
validité
Cette suspension à
l'interpôle du "+" ou du "_If entraîne un
décrochage par rapport au réel. "Probably" es t,
on le sait, un
métaopérateur qui marque une "oblitération'"
du plan référentiel.
"Frankly" présuppose
l'existence d'un domaine parti-
culier. Dire "Frankly" c'est vouloir faire admettre une pré-
dication que
l'on suppose valide.
Contrairement à
"probably" ,
on se trouve à un pôle précis
- -- --
validité
validité
~.-. - - - - - . - ~~"";'-------"
Frankly a donc un caractère "factif"
(Kiparski
1970).
, . I l s'agit de ce que C. Delmas a appelé
"négation métalinguis-
tique". Nous pensons que cette expression peut faire penser
à
la négation tout court,qui est,
somme toute,
aussi métalin-
guistique. Nous proposons donc
"oblitération métalinguistique"
pour désigner la même réalité.

On est proche de
l'extralinguistique,
d'où
la valeur
"quasi pragmatique de "frankly".
Cependant, cette valeur
n'est ni
unique ni
univoque.
La délimitation de
la zone de
validité
entraîne nécessairement
la délimitation d'une
frontière métalinguistique.
Cette frontière va faire de
"frankly" un opérateur à
la fois pragmatique et métalinguis-
tique.
L'intégration de ces opérateurs à
l'ensemble de
notre travail se justifie par leur
position frontière entre
le linguistique et
le référentiel. Elle se
justifie d'autant
plus
que notre objectif est de mettre
à nu les opérations
qui sous-tendent
le
linéaire. Or,
i l n'existe pas d'opération
isolée puisque tout se tient.
La structuration -des énoncés
est continue dans sa successivité. Son point de départ,
d'entame
(phase 1), est toujours plus proche de l'extralinguis-
tique du fait de son caractère pragmatique:
établissement
d'une relation entre les protagonistes du discours.
Voyons comment s'exerce cette dimension pragmatique
en examinant
les adverbes
"fr~nkly", "honestly" et ceux du
type "hereby",
"thereby" qui sont souvent utilisés comme
preuves de performativité.

- 2J5 -
1.-J.1. Les adverbes de type "frankly",
"honestly"
•••
La dimension pragmatique de ces adverbes a,
en général,
été perçue par les
linguistes comme R.Jackendoff(1972) et D.J.
Allerton & A.Cruttenden(1974). Ces auteurs proposent une
"orientation" pour les adverbes.
"Frankly" et "Honestly"
sont dits "speaker-oriented" (Jackendoff) ou "speaker-
listener-oriented" (Allerton et Cruttenden) c'est-à-dire,
qu'ils expriment l'attitude du "speaker" vis-à-vis de son
énoncé. Ces adverbes sont opposés à
ceux,
tels que "careful-
ly",
"clumsi ly", "cleverly" etc.,
qui donnent une information
1
supplémentaire sur le sujet.
Chez Allerton et Cruttenden,
"frankly" et "honestly" etc.,
renvoient non seulement à
l'attitude du locuteur, mais aussi à
l'interlocuteur. Il
s'agit,
en des termes plus clairs, de moduler le message pour
qu'il soit perçu d'une certaine manière. Le terme de "speaker-
listener-oriented" révèle la valeur dont i l est question ici.
"Frank ly " ,
"honestly",
etc ••• ,
ont une dimension pragmatique
non pas au sens de l'expression des notions telles que la
franchise et l'honnêteté, mais au sens où ils mettent en
oeuvre une relation intersubjective.
1. L'expression est de R.S.Jackendoff,
Semantic Interpretation
in Generative Grammar. r-lIT,
1972,
p.57 :
" express sorne
additional information about the subject".

-
2)6 -
Ces énoncés montrent bien que l'énonciateur pragma-
tique s'adresse directement au co-énonciateur.
(1) Honestly, you're too particular
about your clothes!
(2) Je t'assure,
tu es trop difficile
pour tes habits.
(Enoncés dus à C. Delmas,
S.A.C.L.
p 623)
(3) It is clear that you suspect either
Theresa or Charles of having a hand
in Miss Arundell's death.
( ••• ) Your mention of exhumation
was,
a mere device to see what reaction you would
get. Have you ,
in actual fact,
taken any
steps towards getting a home office order
of exhumation ?
B : I will be frank with you. As yet l
have
note
(AG, Dumwit
P, 233)
L'énonciateur
pragmatique s'adresse directement au
coénonciateur dans le but de lui faire admettre la validité
ou la légitimité de son message."Honestly",
"je t'assure" et
"1 will be frank with you" jouent, dans
l'échange,
le rôle
d'attaque, d'entame discursive.
Cette fonction intersubjective,
i l faut bien le
reconnaître,
est subordonnée au travail sous-jacent de struc-
turation qui détermine le rapport de l'énonciateur à son
énoncé. Ce travail est d'une importance capitale puisque

-
237 -
c'est par lui que If6nonciateur cr4e le sens et oriente
l'échange. Nous prendrons donc ces adverbes et expressions
comme des éléments qui alimentent la stratégie discursive
de l'énonciateur,
stratégie inscrite dans un rapport à
l'énoncé qu'il structure. L'énoncé suivant marque clairement
ce rapport
:
(4)
Cher lecteur,
Certaines personnes qui vont recevoir cette
offre spéciale ne répondront pas. Franchement,
cela m'étonne et m'attriste. Je ne comprends
pas que l'on puisse laisser passer des avan-
tages
qui sont offerts avec la seule inten-
tion de faire plaisir.
(Lettre pub.,
B.U.)
"Franchement" parle de l'énoncé "cela m'étonne et m'attriste".
L'énonciateur prend position vis-à-vis du message en
déterminant la façon dont i l désim qu' i 1 soit perçu par
le co-énonciateur,
ici le lecteur. I l s'agit métaphorique-
ment de signer le message pour mieux le faire comprendre.
On le voit,
"franchement" ne renvoie pas simplement à un
acte de parole. L'énonciateur délimite un domaine de validité
qu'il impose au co-énonciateur.

-
2J8 -
(5) A: You made this?
B: Yeso
A:
I t is very beautiful,
somehow one
feels i t is always rather unusual
when something beautiful is made
in -
weIl,
frankly,
what is a dull
part of the English landscape.
(AG,
Hapa,
p 83).
(6) Je ne vous cacherai pas mon étonnement
de voir un tel enchantement dans ce
que ,je nommerai en toute .franclJise
un
t
paysage bien médiocre.
(Traduction
p85).
L'énonciate~r entend faire passer ce qui est pour lui un
acquis.
Le message,
ici "la médiocrité du paysage" s'accompagne
d'un commentaire visant à
en assurer la conformité au ré~l •.
Ce schéma très simple résume la situation.
Sp
Sp
message
"

- 239 -
Examinons encore quelques énoncés:
0) Peut-être pensez-vous que notre offre
vous engage de façon irréversible, que
le~ cadeaux et les avantages que nous
vous offrons sont de peu d'intérêt •••
ou que sais-je encore?
Sincèrement
i l n'en est rien. Il vous
L
suffit de parcourir le dépliant ci-joint
pour mesurer au contraire tout l'intérêt
d'ouvrages tels que les Grands Atlas
Universalise
(Lettre Pub. Encyclo-Univ.)
(8) A: l 'm sorry. Forgive me. Mick told me
to come and see you as soon as l
got
here. l
thought l
was being clever.
:·.B: Honestly, l
don' t
know why you news-
paper people don't come straight to
us instead of interfering with
all
our people and risking spoiling every-
thing. We've always tried to help,you
as much as we can.
(P. Gallico, TbT, p 61)
L'opération de validation est nette. Nous avons l'impression
d'un jeu de couleurs. L'énonciateur choisit une
couleur à
donner
au message en fonction du degré de validité à déter-
1
miner . Le choix de la couleur dépend à la fois de la qualité
du message et de la façon dont i l aimerait qu'il soit perçu.
Le programme sémantique de chaque
adverbe joue un rôle impor-
tant dans la transmission du message et surtout dans la déter-
mination du rapport "qualité-prix".
1. Il s'agit là de la conception "tachiste" de H.Adamczewski
de ce type de modalisateur.

-
2'~0 -
Le choix d'un ttfranklytt ou d'un "honestly" sera par
exemple,
forc~ment diff~rent
d'un "oddly" ou d'un "unfor-
tunatelytt qui censure le produit fini.
Dans tous
les cas,
ce qu'il faut retenir de cet
aspect des Adv. Mod.~non. ,
c'est
l'attitude pragmatique de
l'~nonciateur vis-à-vis du message à transmettre. ~xaminons
maintenant les adverbes du type
"hereby","thereby" qui sont
dits pragmatiques da fait de leur valeur performative.
1.-3.2. Les adverbes du type "hereby","thereby" •••
Les ~tudes pragmatiques souvent utilisent "hereby
et "thereby" comme preuve du caractère performatif des ~nonc~s
qui
les contiennerrtet de leur aptitude à véhiculer une certaine
force illocutionnaire. Voici ce que dit G. N. Leech de "hereby"
~hereto", "herewith" :
"They mean "by this" or "by means
(virtue of this
utterance)" such an interpretation makes the
adverb an overt marker of the fact that a per-
formative utterance describes itself as being
used as the means of conveying a particular
communicative force and content"l.
1. G.N. Leech, Pragmatics & Beyond 5, Amsterdam John Benjamins
B.V.,
1980,
p.68.

lf,i1,
1
Pour nous,
le caractère informatif d'un énoncé est lip à
la
t
Phase 1
• Le célébre énoncé des pragmaticiens
t
(1) Je promets de venir
1
fi
n'échappe pas à l'analyse faite ici. _Certes,
dire "je promets
1
de venir" c'est faire une promesse, mais i l faut reconnaître
f
que la promesse n'est pas une notion grammaticale. Pour nous,
1
"je promets" présente,
introduit en discours l'objet
linguis-
t
i
tique qu'il régit, que cet objet soit une notion verbale
comme "venir" ou tout un pnoncé.
"Je promets" d~signe, pointe
1
i
à
"venir,
tout comme "hereby" pointe à
l'élément qui
lui sert
i
!t
de cible. On notera au passage que dire
"je promets" ce n'est
1
!
!
pas toujours
"promettre". Dans :un énoncé du type
j
.~
f
(2)
Si tu fais ça,
je te promets que tu iras
en prison
(Enoncé dû à
Charaudeau,
sémi-
naire de B.Pottier,
1984)
oûdms
l'extralinguistique,
l'action que l'interlocuteur
est supposée effectuer ne concerne en rien le locuteur et
o~ ce dernier ne représente aucune autorité. Ainsi perçu;
"je promets" n'est qu'op4rateur de dire
(au sens métalin-
guistique), un outi l
qui.-_exhibe un programme de sens.
Les adverbes
"hereby" ,
"thereby " présentent
les mêmes
caractéristiques :

(3) l
hereby bow to you. It is only you the
representatives of. the Palestinian people
that decide i f l
go or i f l
stay
(I.H.T.)
(4) Cohesion occurs where the interpretation
of some element in the discourse is dependent
on that of another. The one presupposes the
other,
in the sense that i t cannot be effec-
tively decoded except be recourse to i t .
Wh en this happens,
a
relation of cohesion
is set up,
and the two elements,
the presup-
l?osing and the presupposed,
are THEHEBY at
last potentially integrated into a texte
(H.& Hasan 1976)
"Hereby" a
ceci de sp~cial qu'il sert de"pont"entre l'extra-
linguistique et
le linguistique.
extra linguistique
linguistique
i l permet,
en tant qu'entité
linguistique,
de renvoyer au
concret.
"1 hereby bow to you" pourrait tr~s bien ~tre suivi
d'un geste dans la situation de discours.
Bn plus de cette
valeur
concrétisante,
i l marque inchoativement
la struc-

-
24J -
turation. Inchoation de structuration et concrptude extra-
linguistique sont donc intimement liés.
"Hereby" a un fonctionnement homologue à
celui de
"this"
:
(5)
This is to certify that Harold J.H..S. is
registered as a pharmaceutical chemist and
is a member of the Pharmaceutical Society
of Great Britain.
President
signature.
(6)
This is to certify that the candidate named
above was examined for the First Certificate
in English and qualified for the award of a
certificate grade a Vice-Chancelor
(C.Delmas,
SACL)
(7) This account is now due and can be paid at
any Sweb shop.
(GLA,
p.222)
Tout en marquant
l'origine de
la structuration "this" renvoie
à un élément concret.
C.Delmas a mis au jour cette opération:
"Le problème de This est,
certes,
complexe:
i l
s'agit d'une structuration abstraite qui par
son caractère hybride,
n'exclut pas des effets
cie référence à valeur concT?tisante.
"This"
constitue inchoativement
la structuration
déictique.
"
1
(C~est nous qui soulignons)
1.
C. Delmas,
Structuration abstraite et chaine linéaire,
1985, p •.? J;'

- 244 -
Tout comme "this",
"hereby" est un op6rateur rh~matique, mais
ce dernier est plus complexe. I l est la composition de "here"
et 'de
"by".
"JIere" suppose une opération de localisation
1
origine.
"By" signale un "parcours" , u n
retour vers l'ori-
gine.
"Hereby" détermine un point de départ et renvoie de
façon circulaire à
ce point. I l s'agit de ramener un élément
linguistique à son référent pris pour origine. C'est ce re-
tour vers
le repère origine qui assure le renvoi à
l'extra-
linguistique.
Sp
C extralinguistique ~ linguistiQU0
La performativité est
liée au renvoi à la concrétude
de la notion exprimée dans
l'acte de parole.
"Je promets de ••• ~
s'analyserait de la
même façon:
Sp
'~----e-x-p-r-e-s-s-l-'o-n-s--l-i-n-g-u-i-s-t-i-q-u-e-S)
0romessG
Le point commun entre ces énoncés est le marquage de
l'origine de la structuration
et l'établissement d'une cer-
taine conformité au monde des choses.
1.
Le terme "parcours" utilisé ici n'est pas IG "parcours"
de la métalangue de A.
Culioli; i l s'agit d'un aller et
retour entre les éléments linguistiques et
leurs référents.

"Thereby" est second par rapport à "hereby". Les deux
opérateurs représentent des vecteurs dif'f'érents.
"hereby"
marque l'origine de la structuration,
"thereby" désigne
une origine préconstruite. On pourrait représenter ces
vecteurs de l~ f'açon suivante
J
- -
hereby
Phase 1
l thereby
Phase 2
-
l
hereby conf'irm receipt of' the above
mentioned goods
- ( ••• ) When this happens,
a rel:ltion of' cohesion
is set up,
and the two elements,( ••• ) are
thereby at last potentially integrated into
a texte
Que "thereby" soit un indice de Phase 2 ne nous étonne guère.
"Thereby" c'est bien "there + by", or "there" est un TH-
1
c'est-à-dire un"anaphorique par essence"
par opposition
au
WH- qui,
lui,
sont en attente d'instanciation.
1- H.Adamczewski, GLA pJ24

"There" renvoie à une connexion antérieure,
i l fixe cette
connexion comme origine que "by" ramène vers une autre
connexion.
o
there
G'---....,~~ thereby ~
l by
On comprend le rô.le important que va jouer "thereby" dans
la cohésion intradiscursive. Il permet d'établir que la
validité de l'énoncé P est
une condition nécessaire ~ celle
de Q. Cette relation inter-énoncé est "glosable" en :
When P thereby Q
"Thereby" n'est pas un performatif comme "hereby" puisqu'il
est destiné à
jouer ce rôle formel intradiscursif. De
"hGreby" à "thereby" on sent .le décalage de l'extralinguis-
tique au métalinguistique •
---'--~-=----------::~-:--------
linguistique
métalinguistique
1
2

1r
f
1
1
i!
On ne sera plus surpris de le trouver dans un
1
environnement présuppositionnel
1
(8 ) l
think i t is highly likely that one might
be interested in "what S meant by saying so
and so" without thereby being interested in
"what S meant by slamming the door".
(MT,
Saying,p.40)
(
8')
Je pense qu'il est très possible qu'on
puisse s'intéresser à
"ce que S laissait
entendre en disant ceci ou cela" sans
9,!!'on s'intéresse par là-même à
"ce que
S voulant montrer en claquant la porte".
Traduction métalinguistique très révélatrice.
"Without"
(sans que ••• ) présuppose le lien qui suit.
"Thereby" qui
est inscrit dans
l'pnoncé présupposé,
relie ce dernier à
l'énoncé antérieur pris pour origine:
Q
t
W_1_Ot_h_O_u_t_ _~
"Hereby" et "thereby" ont un fonctionnement analogue
à "this/that", en français à
"ceci/cela","ici/là","voici/voilà".
Voici quelques exemples de ces micro-systèmes

-
248 -
(9) To obtain drugs doctors often deal among
themselves. Personal contacts with suppliers
both inside and outside Poland are very im-
portant.
"In!!::!!.§. way or THAT,
l
always ob-
tain a particular drug",
says Doctor G.
(H l,y K,
11. 82 )
(10)
Acheter ~, pas cela
(pub)
(11) Revenez ici dans un instant pour voir si
je
suis encore là
(H.Z.ENS,Abidjan 17.12.81)
(12) Je vais vous donner une réponse à ma question.
La voici
:
le Parti recherche le pouvoir pour
le pouvoir,
exclusivement pour le pouvoir.
(GO, 1984)
(1 J) A
Garçon,
un demi
!
B
Voilà,
voilà •••••
j'arrive
(P. Robert)
Par ces él{ments,
la langue montre qu'elle comptabilise
ces opérations. La proximité ou l'éloignement ne sont que des
notions du monde.(11)
en est un exemple palpable :
"là" ne
renvoie pas à une distance plus grande par rapport à
"ici"
qui serait le lieu où se trouve le locuteur.
"Là" dit que
la structure a déjà une histoire,
i l renvoie à
l'origine de
cette opération. La même explication est valable pour (9)
et
(10). En (12)
"voici" présente une structure. En (1J)
"voilà" n'est autre qu'un commentaire dont
le but est d'indi-
quer un acquis structural,
"voici" est,
dans ce cas,
exclu.

- 249 -
La comptabilité s'accompagne donc d'un
commentaire sur le
passé des opérations.
Que "hereby" et "thereby" soient tous deux considé-
rés comme des performatifs,
ceci ne nous semble pas tout à fait
justifié puisque "thereby" renvoie à un autre ordre dis-
cursif.
Cela est cependant vrai de
"hereby" qui pose une
entame, donc une proximité référentielle. En ce sens,
i l
est comparable à
"frankly" et "honestly" dans leur dimension
pragmatique puisqu'ils renvoient tous à des instances extra-
linguistiques.
Reste maintenant à examiner l'autre dimension de
ces modalisateurs,
à déterminer leur relation avec l'énoncé
qui les contient et
l'opération qui les sous-tend.
1 .-4. L,'enveloppe métalinguistique et les limites de validité
du programme de sens.
Le problème que s'étaient posé certains linguistes
était,
nous l'avons vu,
celui de la relation entre l'adverbe
et l'énoncé qui le contient. I l est évident que
le linéaire
ne nous fournit pas d'indication précise sur cette relation.

-
250 -
Appeler l'adverbe "disjunct"
(Greenbaum,1969; Quirk,et al,
1972)
c'est-à-dire un élément situé à
la périphérie de
l'énoncé,
ne nous dit pas grand-chose sur ce rapport AdvjReste
de l'énoncé. I l faudra donc chercher dans
l'opération abstrai-
te de structuration ce qui
justifie ce rapport.
1.-4.1. L'autonomie relative des programmes préstructurés.
L'une des questions que
l'on peut se poser serait
de savoir si
l'adverbe prend pour cible l'autre terme de
l'énoncé. On conviendra aisément que ce type d'adverbe ne
porte ni sur la relation prédicative ni sur l'un des termes
de cette relation.
t
l
(1)
Sincèrement,
cn restaurant est excellent.
l,
r
(O. Ducrot
)
1
(2) Honestly,
l'm quite fond of her.
[
(Allerton et Cruttenden)
J
"Sincèrement" ne s'applique pas à
"excellent",
pas plus que
b
1
i
"honestly" à
"quite fond of her". On constate une autonomie

dans
la structuration
de "ce restaurant est excellent" et
1
de
''l'm quite fond of her". I l y
a
formation de macro-programmes i
1
!

-
251
!!
,i~
de sens à partir de la fusion de micro-programmes.
Cette
if
structuration est primitive par rapport à celle qui met en
!t
oeuvre l'adverbe. On ne peut
dire "sinc~rement , P" sans
f
avoir préconstruit
ou prpconçu
P. Cependant,
l'autonomie
1
dans la construction de P n'est que relative puisqu'il y a
contrainte dans
l'ordre de la structuration.
L'adverbe vise
cette préconstruction. L'énonciateur,
à
travers lui,
justifie
la pré construction du programme en déterminant
un domaine
de validité. La relation entre l'adverbe et l'énoncé serait
marquée par une parenthèse invisible, une limite de validité
qui couvre en quelque sorte,
le
produit fini d'une structu-
ration. Nous proposons d'appeler mét&phoriquement cette li-
mite enveloppe abstraite ou métalinguistique.
1.-4.2. L'enveloppe métalinguistique.
I l s'agit d'une limite,
d'une parenth~se invisible
créée à
partir d'un commentaire sur du préconstruit. L'énon-
ciateur détermine les
limites de validité pour mieux faire
admettre le programme de sens de l'énoncé.
Cette enveloppe
porte l'adresse personnelle de
l'énonciateur
(reflet de sa
subjectivité). La structuration d'un énoncé avec ce type
d'adverbe s'opère de la façon suivante:

-
252
-
choix des
structuration des
J Projet de sens l~ micro-programmes
> micro-programmes
de sens
de sens
2
J
choix de
5
l'enveloppe
du Dire
Positionnement
- - - 7
dans
le linéaire
- - - : ; >
discursif
macro-programme
4
préstructuré
6
L'adverbe prend pour cible le produit d'une structuration.
On enveloppe ce produit pour mieux le prot~ger contre toute
éventuelle attaque. Dire "sincèrement, P ",
c'est parer à
une hypothétique mise en question de la validit~ de P.
C'est mettre entre parenthèse,
envelopper le r~sultat d'un
travail.
La métaphore de la lettre que nous propose
C.Delmas est intpressante à plus d'un titre.
" On pourrait parler d'un premier stade au
cours duquel on écrit une
lettre, puis du
stade de l'enveloppe,
et enfin celui de
l'adresse sur l'enveloppe.
La lettre cor-
respond à
la construction du programme
sémique,
l'ellipsoïde à l'enveloppe.
L'adresse concerne
le travail subséquent
qui est
lip à
l'enveloppe. Avec Do
le
1
travail se limite à
l'enveloppe.
"
1. C.Delmas,
S.A.C.L. p.J68

- 253 -
Avec "franchement",sincèrement",
"frankly" dans les
énoncés suivants:
( 1 )
Cher
lecteur,
Certaines personnes qui vont recevoir cette
offre spéciale ne repondront pas.
Franchement cela m'étonne et m'attriste.
Je ne comprends pas que l'on puisse
laisser passer des avantages qui sont
offerts avec la seule intention de
faire plaisir.
(Lettre Pub. E.U.)
(2) Peut-être pensez-vous que notre offre
vous engage de façon irréversible, que
les cadeaux et les avantages que nous
vous offrons sont de peu d'intérêt
•••
ou que sais-je encore"? Sincèrement, i l
n'en est rien.
I l vous suffit de
parcourir le dépliant ci-joint pour
mésurer au contraire tout l'intérêt
d'ouvrage tels que les Grands Atlas
Universalise
(Lettre Pub. E.U.)
(3) l
was very up front with Marty says Goldberg.
"When we started shooting, l
told him l
don't
think the film was very exciting ( ••• )
"
"Frankly, Narty l
think the film is fIat"
(IHT.
14 Dec. 1984)

la lettre correspond à
la structuration des programmes de
sens "cela m'étonne et m'attriste",
"il n'en est rien",
"Marty l
think the film is fIat";
l'enveloppe,
à
la
parenthèse invisible servant à
la protection du programme
construit. L'adresse renvoie à
la subjectivité même de
l'énonciateur,
subjectivité exprimée en terme de franchise,
de sincérité.
C'est,
au fond,
cette espèce d'enveloppe métalinguisti-
que qui constitue un invariant pour les adverbes dits
d'énonciation.
Ces derniers diffèrent par leur programme
sémique.
Invariant
Programmes sémiques
Enveloppe métalinguistique
frankly
(franchise)
établissant les limites
I~~
hcnestly
(honnêteté)
de validité de P
sincerely (sincérité)
etc.
Se limiter à
l'acte de parole,
c'est-à-dire finalement à
l'émission de l'énoncé c'est perdre de vue cette valeur
unique. Se limiter également à
la valeur pragmatique c'est
ignorer que sous les relations intersubjectives i l y a une
opération beaucoup plus fondamentale qui participe de la
structuration des énoncés. Si la "langue est un système où
tout se tient",
tout élément doit être analysé en fonction

- 255 -
de ses relations en système.
Frankly par exemple doit être perçu comme un dépassement
de sa base adjectiva le "frank ~'
(6) l will be frank with you. As yet l
have not
(A.G. Dunwit,p.2J3)
(7) Frankly, as yet, l
have note
frank
l
2
frankly
Pour saisir ce sy~tème mis en jeu par la langue, i l faut
aller au delà des contenus sémantiques des unités. Tout doit
étre sujet à question.
L'éno'ncé suivant va nous permettre de renforcer
l'hy.pothèse de l'enveloppe:métalinguistique.
(8) Le premier point fondamental à régler
est le problème des différentiels

Nous ne pouvons pas continuer à faire
l'autr~che. Le second est la moralité:
"il faut sincèrement accorder nos actes à
nos discours '!
(Le monie du JO Oct,
84)

- 256 -
Le modal,
prend pour cible la relation entre "sinc~rement"
et le prédicat "accorder nos actes à nos discours". Il
s'agit de délimiter un champ de validité pour le prédicat,
de lui attribuer une enveloppe. A l'aide du modal l'énon-
ciateur force une congruence entre le programme de sens du
prédicat et une limite de validité supposée inexistante ou
non encore atteinte.
"Il faut" prend donc pour cible
l'enveloppe,
la limite de validité. Cette limite est
l'interface entre l'adverbeet le reste de l'énoncé.
1il faut r
sincèrement
accorder
La position dans
la linéaire met en relief les différentes
facettes de la délimitation du champ
de validité.
1.-4.3. Mobilité dans le linéaire.
Le positionnement dans le linéaire est fonction de la
primauté d'un terme de l'énoncé sur l'autre. On distinguera
trois positions principales: ~a préface,
l'interface et la
postface.
En position de préface, on a une mise en relief du programme
sémique de l'adverbe comme pour attirer l'attention du co-énon-
citeur sur la façon i l doit prendre ce qui va suivre.

-
257 -
Il Y a mise en avant de l'enveloppe métalinguistique. On
prédétermine le champ de validité de l'énoncé qui suit. La
préface est caractérisée de la façon suivante : dans un cas,
elle est marquée par une pause
(1) Frankly, he is wrong
dans l'autre,
elle ne l'est pas
(2)-Do you ask me that seriously ?
-No. No. Frankly l
do not
La pause permet de décaler l'adverbe et de ce fait,lui
autorise une plus grande autonomie sémantique. L'enveloppe
métalinguistique est hors du champ de l'énoncé qu'elle délimite.
L'adverbe peut alors être considéré comme le seul représentant
1
d'un énoncé tronqué, d'où le schéma :
1
\\
1
\\
1
1
1
,
~
2
1
ou encore
frankly
Lorsque l'adverbe préface l'énoncé, i l le contraint à une
validité préétablie. Il y a primauté du domaine de validité.
1. Ces représentations ellipsoïdales sont emprunt~es à C. Delmas.

-
258 -
Le schéma suivant montre la réduction du champ de validité •
...
.---- ----
----
---
validité déterminée et
.....
J
"
aCfl'.li5Ü
pour l'énonciteur
- -
2
1
-
<:
Le bout de l'entonnoir représente le domaine de validité
déterminé.
Cette opération est toujours seconde dans l'ordre
de la structuration, même si le linéaire nous montre le
contraire.C'était donc à
juste titre que H~ Adamczewski insis-
tait sur la nécessité de "délinéariser"l
la~chaîne.
Lorsque la prérace n'est pas marquée d'une pause,
l'adverbe n'est plus autonome. L'enveloppe métalinguistique
est intégrée au champ de l'énoncé. L'adverbe ne peut plus
être considéré comme le représentant d'un énoncé tronqué.
n
rrankly
Un autre schéma pour mieux rendre compte de la successivité
des opérations métalinguistiques dans l'énoncé
(2).
1- H.Adamczewski,GLA p.140

- 259 -
1
f
r-
i'
î
1f
"P'rankly" porte sur l'application de la négation du noeud "do".
1
~
!
Il s'agit de convaincre l'interlocuteur de
la légitimité de
1
cette négation.
1
,
f!
~n position d'interface, l'adverbe est directement
t,
appliqué au noeud de relation.
(3) He is frankly wrong
La limite de validité est établie en cours de structuration.
I l Y a apport sémique à
la struc'ture d'ensemble.
En postface,
la situation
est comparable à celle
de la préface mais cette fois) i l y a primauté de l'énoncé
régi, donc primauté du message à
transmettre.
(4) He wrote them about it frankly.
La mise en relief du programme de sens de l'énoncé peut
être soumise à un jugement éventuel de
la part du co-
énonciateur,
jugement pouvant remettre en cause la validité
du programme. Le champ de l'énoncé est donc ouvert. Nous
nous trouvons à
l'entrée de l'entonnoir. La position post-
face de l'adverbe est la matérialisation quasi-iconique de
la réduction de champ.
Validité
validité déterminée.
non déterminée

- -------.1
~-~-
- 260 -
1
A partir de 2,1'énoncé se trouve pour ainsi dire protégé,
!~
validé. Plus le domaine déterminé est réduit plus la validité
1
est grande. L'enveloppe métalinguistique est mise après le
travail de structuration de l'énoncé.
1
I l convient de résumer brièvement ce que nous avons
1
avancé jusqu'ici sur les adverbes "frankly" ,
"honestly" •••
1
!
avant de poursuivre notre analyse. Nous avons vu que ce
!
!
type d'adverbe avait en gros,
deux fonctions. Une fonction
qui met en oeuvre les rapports intersujets. Dans ce cas,
1
!
i l s'agit d'une stratégie discursive consistant à rechercher
i,
f
l'adhésmn
de l'interlocuteur.
i
L'autre fonction beaucoup plus formelle cette fois,
est celle
1
qui est déterminée par l'opération abstraite, métalinguistique,
de délimitation d'un champ de validité pour l'énoncé. Sur
~1!
~
ce double aspect des adverbes,
nous portage ons ~ette con-
clusion de C. Delmas:
"Nous disposons de'deux classes, qui sem61ent
se répartir deux points différents du linéaire •.
f
Ou bien nous sommes dans une étape pragmatique :
[
l'énonciateur spécifie au destinataire l'emploi
de la prédication et
l'adverbe renvoie,dans une
t
certaine mesure,
à
la concrétude de l'énoncia-
1
tion. Ou bien nous avons une étape plus synta-
1
!
,
xique,
l'adverbe établit un interface avec le
t
prédicat.
1
r!i
1. C. Delmas, S.A.C.L., p. 627.
1
1
1
ir,
~
1
t

- 261
-
La délimitation d'un domaine de validité peut âtre
faite de façon indirecte par quantification d'un programme
sémique d'un verbe de "Dire".
1 .5. La relation Verbe de Dire/Adverbe.
Nous avons déjà avancé que les verbes de DDire"
n'étaient pas innocents, Ce ne sont pas de simples con-
stituants d'énoncé. Ils présupposent chacun dans sa spé-
cificité le
lien prédicationnel qu'ils introduisent. Dans
les énoncés suivants:
(1) l
tell you frankly that l
don't believe
a word of i t .
(2) They had not really liedto her,
except
by omission, besides, insofar as deceit
was involved,
they deceived themselves
almost as much as they had deceived her.
And papa had spoken frankly to her,
against
his evident inclinations.
(KF, TMFSP, P 227)
(3) "You're late" Kiril said
''l'm sorry" she replied insincerely
t
1
(KF, TMFSP,
P 167)
[
(4) "Sir, pouvez-vous guérir la maladie?"
t
"Actuellement non," repondit franchement
r
le medecin.
"Nais j'espère en avoir bientôt
!
les moyens".
(K. A
entre
H,
p 78)
1
!r
1
~
1
r
l!
!

-
262
"Tell","spoken","replied" contiennent dans leur programme de
sens des indices métalinguistiques portant production d'un
énoncé.
"Dire" quelque chose
suppose que ce quelque chose
soit exprimé en énoncé.
"Tell renvoie donc à un pnoncé pr{s
tructuré. En (1)
i l régit "1 don't believe a word or it"."Spo-
ken" réfère à une prédication dont
la paternité est attribuée au
sujet grammatical "papa".
"Replied"
(ou "répondit") inscrit la
'prédication qu'il introduit dans un système d'échanges inter-
discursiDs.ll s'agit donc de verbes renvoyant à
l'activité
métalinguistique
de
l'énonciateur. Selon leu~ spécificité
dans l'expression de cette activité i l est possible d'établir
un axe signalant divers degrés de métalinguisticité. On
aurait une zone de degré
1 dans laquelle le verbe renverrait
à
l'activité paralinguistique d'émission de l'énoncé. "La
zone de degré 2 serait celle dans laquelle le verbe n'est
plus qu'un outil formel servant à
signaler le statut des
programmes préstockés. On aurait
schématiquement:
2
+
métalinguistique
l 1 métalinguistique
Cet axe,
on le voit,
correspond au système de Phase que
décrit l'ordre de la structuration des énoncés. Dans la
Phase 1 on aurait un verbe comme "speak" qui renverrait
à
l'activité mise en jeu dans la prise de parole et,
pour
respecter le système,
un verbe comme "tell" par opposition
à
"say" qui lui,
est de Phase 2. Nous y reviendrons.

- 263 -
Pour l'heure, disons que ":frankly" ,
"sincerely" ou d'autres
adverbes participent d'une opération sur le programme sémique
du verbe de "Dire".
"Dire" "1 tell you :frankly that P"
c'est donner une couleur au programme sémique de tell,
c'est
pour reprendre notre métalangue,
1"envelopper,
lui délimiter
un champ de validité. En :fait,
la véritable cible de cette
délimitation est l'énoncé régi puisqu'il est présupposé par
"tell". ~'énonciateur passe donc
par le prisme d'un pro-
gramme sémique pour établir un domaine de validité pour son
énoncé.
:frankly
believe a

1
Il convient de souligner que cette traversée du pro-

gramme sémique n'est possible que grâce à
l'a:f:finité existant
1:
t
entre le verbe "tell" et l'adverbe- ":frankly". Ils partagent
f
,
1
l'appartenance à l'ordre 1 de la structuration.
"Frankly"
1
l
serait incompatible avec "say" dans ce type d'énoncé.
!!
(5) * l
say :frankly (to you)
that l
don't
1
believe a word o:f i t .
1
1
Cette incongruité nous permet ici de tenter une analyse du
t1
microsystème qui sous-tend "say" et "tell". Nous partirons
~!
1
de l'article de Michael Taylor
qui souligne une distinction
1
!
1
1- Michael Taylor,
"Saying"
Adam ~lickiewicz University, Poznan.
1

- 264 -
intéressante.
DSay " renverrait selon lui, au:
"language
use" et "tell" au "language content". Son analyse part
des énoncés du type:
(6)
(Contsxt:
Employer to employee)
A:"There's something I want to say to you.
B:
"There is something I want 10 ~ you.
(7) (Context: Forman passing instructions to
workers on a building site).
A: * "Say (to them)
they can go home early
today" •
B:
"Tell them they can go home early today.
(8)
(Context: Marketing manager talks to his
secretary).
A:
"Tell them we're having problems with
deliveries".
B:
"Say we're having problems with deliveries.
Selon M.. Taylor, A de (6) renvoie au locuteur et Bau
message. Le contexte de (7) nécessite un verbe qui porte sur
le message d'où l'inacceptabilité df A. En (8)
le manager a
le choix entre: utiliser sa sécretaire comme simple messager
ou lui laisser le soin d'assumer le message.
Cette analyse est pertinente
"à certains égards mais nous
pensons qu'il ~aut aller plus en pro~ondeur pour découvrir
le système sous jacent à ces éléments qui ne sont autres que
des métaopérateurs.
"Say" est une unité beaucoup plus ~ormelle que "tell". Il
suppose un dépassement,un passage du plan sémantique au plan
~ormel
• "Tell" par contre,est plus chargé sémantiquement
f
l
l
!
1

- 265 -
et participe de la structuration des programmes de sens.
La présence de -to" en A (6' est
iconique du décalage au
plan métalinguistique de "say".
"'1'0" on le sait, est
"la trace d'une opération de dépassement
( ••• ) et du passage
au plan métalinguistique" 1 or "say" déclenche ce métaopérateur.•
On ne peut dire:
*There's something I want to say you.
"Tell" au contraire est parfaitement en concordance avec ce
vide qui est
iconique d'une localisation.
L'inverse est impossible.
*To tell to you;
on ne peut promouvoir au rang métalinguistique, une unité
qui, par essence,
sert de pont entre le paralinguistique
et le linguistique.
On retrouve ici, dans ces deux expressions du "Dire",
le
système de phase de H. Adamczewski.
say
l to
phase 2
tell
phase 1
Il nous faut préciser que le système de phase iC.i n'est pas
dù à
l'opposition '/J/to mais aux statuts mêmes de "say" et
"tell".
"Say" s'accommode d'un "to" qui lui sert d'instrument
de promotion de l'objet au plan métalinguistique. "Tell" par
contre n'a pas besoin de ce relais puisqu'il se situe déjà
sur le même Plan. que l'objet. Nous avons un cas patent où les
1- H. Adamczewski,
GLA p 18.

- 266 -
éléments dits "mots pleins"lparce qu'ayant un contenu séman- .
tique,
s'inscrivent harmonieusement dans le système linguis-
tique en s'accommodant des "mots vides".
L'inacceptabilité de l'énoncé 7A est liée à l'incapacité
de "say" à struturer du sens. Rappelons l'énoncé 7.
A :
*say(to them) they cao go home early today
B
Tell them they cao go home early today
La fonction de "say" est puremen:t métalinguistique parce qu'elle
consiste à mettre entre parenthèses,plus présicément entre
guillemets une structure préconstruite. Or,
i l s'agit ici
beaucoup plus de structurer du sens que de mettre entre guille-
mets du préstructuré.
"Say" forme "faible" n'est pas apte
à effectuer ce travail qui ne relève pas de sa compétence.
L'énoncé 8 est intéressant à plus d'un titre. Il montre le
degré d'adhésion de l'énonciateur à son énoncé.
A
Tell them we are having problems with
deliveries
B
say we're having problems with deliveries
nire Ac' est demander au co-énonciateur qu' i l prenne sur lui.
de structurer le sens; plus précisément qu'il prenne en
charge l'assertion qui lui est proposée. Il y a donc quête
de connivence. Dire B par contre,
c'est ne laisser au
coénonciateur aucune respon~abilité quant à l'assertion de
l'énoncé.
"Say" signale une quête d'itération d'un programme
préstructuré. Avec "tell" cette quête est orientée vers la
1- Métatermes empruntés à L.Tesnière

- 267 -
structuration du contenu.
On remarque ici une similarité fonctionnelle interlingue.
"Say" et "tell" rappellent "sé" et "kan" du Baoulé (langue
de Côte-d'Ivoire). L'énoncé suivant nous permettra d'introduire
cette similarité.
(9) (Contexte: A, fils ainé impose à son jeune
frère de demander à leur mère un gâteau.
A sait que par le biais du plus jeune la
mère ne peut refuser)
A
:
Sé Mami awo kun mi
Say Mami l ' m hungry
dis/maman/faim/tuer/moi
(dis maman j'ai faim)
B : Mami awo kun mi
Hami l'm hungry
maman/faim/tuer/moi
(maman j ' a i faim)
On n'aurait p~s pu avoir dans ce contexte
(10) * Kan Mami awo kun mi
tell mami l
am hungry
puisqu'il s'agit de réitérer un programme de sens préconstruit.
La reprise suppose un changement de statut donc un passage
au plan métalinguistique.
"Kan" ne peut assurer ce passage
puisqu'il a pour vocation de marquer la Phase 1 de la struc-
turation, phase dans laquelle une certaine liberté est accordée
au sujet de l'énoncé,
ici au co-énonciateur. On retrouve le
vecteur orienté de 1 à 2
l 2 sé say
1
kan
tell

-
268 -
"kan" met au jour toute la responsabilité accordée au
co-énonciateur.
(11)
(Contexte: A pose une fausse question)
A :
J
si lika nga Kofi f i ' n ?
Tu/sais/endroit/ce /Ko~i/vient-art.1
(Sais-tu d'où vient Kofi ?
)
B :
Cf-C~ ~ klé mi
non/dis/montre /moi
(non dis-le moi)
No. Tell me
( 12) Kan klé be kt
e nan vie man domi\\n t i
----
dis/montre /leur/que/nous/ne/finir/pas/orange-art/
cueillir
(dis-leur que nous n'avons pas fini de cueillir
les oranges)
Tell them we haven't fini shed gathering the
oranges
(13) sé be kE e nan vie man domi'n t i
dis/leur/que/nous/ne/finir/pas/orange-art/cueillir
(dis-leur que nous n'avons pas fini de cueillir
les oranges)
Say we haven't finished gathering the oranges
En (11),
"k1é" est revé1ateur de la liberté accordée au
sujet.
"Kan k1é mi"c'est, mot à mot "dis-montre - moi". On
intime au co-énonciateur à la fois la mention et la prise
en charge de la structuration du programme de sens.
1- Le rôle du "'n" est plus important que celui d'un
banal article. Nous pensons qu'il s'agit d'un saturateur.
I l sera analysé dans d'autres travaux.Nous conservons pour
l'instant le terme "article" (-art.)

-
269 -
"Klé" est un opérateur qui renvoie inchoativement à la struc-
turation. Il est une espèce de "déictique" verbal. A ce titre,
i l entre en conflit avec "sé" qui signale la réitération
d'une structure préconstruite.
"Sé klé be kt. " est donc irré-
cevable.
"Sé be k(
"
(1)
en revanche est acceptable puisqu'il
n'y a plus que référence au plan métalinguistique.
"kan bé k~ Il
est absurde à cause du conflit des plans. On aurait donc un
schéma parallèle à II say to x /
tell x Il avec la différence
que c'est lelltell" baoulé,
le "kan" qui déclenche un opérateur
de Phase 1.
Anglais
say
Baoulé

tell
kan klé
Cette incursion dans le Baoulé pe:nnet d'éclairer le
fonctionnement de ce pan de la grammaire anglaise. Il faudrait
un autre travail pour rendre compte de l'organisation en
système des verbes de Dire dans les langues naturelles, mais
une thèse c'est aussi des portes qu'on ouvre.
Il convient donc ,pour revenir à notre analyse des
adverbes d'énonciation,
de voir comment ils s'accommodent du
système des verbes II say " et "tell".
Nous avons vu que "tell" autorisait une plus grande
ouverture, une plus grande liberté au co-énonciateur quant
à
la validité de l'énoncé régi" et que II say " au contraire

270
ne lui
laissait aucune ouverture puisqu'au plan métalinguis-
tique l'énonciateur est le seul maître du
jeu. Nous pensons
que c'est autour de ces traits distinctifs que s'nrganisent
les adverbes.
La conclusion de Michael Taylor sur l'affinité
entre "say",
"tell" et les adverbes est intéressante mais
elle mérite d'~tre précisée. Michael Taylor pose:
"If "say" focuses on language use
(on how we
utter things),
while "tell" focuses on langua-
ge content
(on what our utterances refer to),
then we shall expect to find
"say",
rather
than "tell",
collocated with adverbials des-
cribing manner utterance" 1.
Pour étayer cette hypothèse,
i l analyse les énoncés suivants
(14) A
He never said anything naturally
B
He never said anything,
naturally
C
*? He never told me anything naturally
D
He never told me anything,
naturally
Il déduit de ces oppositions que
"(14)c is arguably discordant, because "tell"
focuses on the content rather than the manner
2
of utterance"
Nous ne pouvons nous satisfaire de cette conclusion.
"Natu-
rally" est un commentaire qui suppose une prise en charge du
programme de sens de "tell". Or,
"tell" est déjà en lui m~~e
1.
H.Taylor,
"Saying",
Hickiewicz University,
Pozmin. p.J5
2. Idem. p.J5

-
271
-
un commentaire puisqu'il dit quelque chose du sujet. Il y a
donc un débordement incommode au système. Pour que l'énoncé
soit acceptable i l ~audrait que l'adverbe sorte du champ
d'application de "tell",
c'est-à-dire qu'il n'y ait plus
apport sémique sur l'ensemble de l'énoncé. Dans les énoncés
(14A) et (14B) au contraire, que "naturally" constitue un
apport sémique à "said" seul ou qu'il porte sur l'ensemble
de l'énoncé ne crée aucune absurdité.
"Say" n'implique pas
un commentaire de la part du sujet,
i l agit comme une ~orme
vide que "naturally" instancie. L'a~~inité entre "say" et
"naturally" est due à
ce caractère "~aible': cIe "say" qui,
en relation avec"naturally" crée en quelque sorte, un
équilibrage sémique.
say naturally
* tell naturally
On notera que cet équilibrage est ~onction du statut de
l'adverbe."Naturally" rappelle les adverbes du type :.
evidently, obviously etc., qui signalent le caractère
tautologique des énoncés qui les contiennent. Contrairement
à
"~rankly",
"naturally" ne délimite pas de ch~p de validité
pour l'énoncé,d'où son a~~inité avec "say" et l'incongruïté
de la relation "say /
~rankly" dans :
(15)*1 l
say ~rankly that I don't trust
him
Le caractère quasi-per~ormati~ de "~rankly" et sa capacité
de déterminer un champ de validité ne l'autorise pas à entrer

-
272 -
en relation avec un élément ne se situant pas sur le même
plan. Nous n'adhérons pas à
la thèse de Taylor M. qui
énonce que
" "Say" has J.'tself'· an a tt'J.tu d
' f
e-marquJ.ng 'unc t '10n
and thus cannot be used to report an utterance
that is already attitudinally marked"l.
"Say" dans notre optique est plus f'ormel que "tell" qui
implique une plus grande adhésion de la part de l'énonciateur.
"Tell" est donc plus "attitudinally marked"que "say". Les
exemples relevant du discours rapporté que donne Taylor M.
lui-même,
conf'orte notre position.
(16) A
1{e shall surely get help bef'ore night-
f'all
B * He said that they would surely get
he lp bef'ore nightf'al'.
C
He said that they would certainly
get help bef'ore nightfall
ij
1
"Surely", nous le démontrons ailleurs,
suppose une plus f'orte
adhésion de l'énonciateur que "certainly"2. L'énonciateur
1
ne peut rapporter l'énoncé d'autrui et signaler par la même
occasion qu'il est de lui. D'où l'inacceptabilité de (16B).
1.
N. Taylor, op. cit., p.)7
2. Cette forte adhésion n'empêche pas que "surely" soit plus d~­
ficitaire que "certainly" dans la structuration modale de
l'assertion. Nous renvoyons à la section) : Adv.Jltod.Ass. et
assertion métalinguistique.

-
273 -
1
1
\\
"ce :rtainly", au contrai~e, nuance la relation rapportée. A ce
1
titre,
i l semble plus proche de "probably","possiblY".L'adhésion
1
l
de l'énonciâteur étant
moins forte,
"certainly" peut apparai-
r
1
1
tre avec "said".
~
I l nous faut conclure cette section en relevant la
double valeur des adverbes d'énonciation~ "Frankly" ,
"honestly"
mettent en oeuvre les relations intersubjectives. l'énoncia-
teur pragmatique est en quête de consensus sur la validité
supposée
acquise.
Il tente donc de faire admettre son
message en assurant le co-énonciateur de sa sincérité, de sa
franchise etc. Nous sommes proche
des notions. Sous les
notions,
l'opération participant de la structuration et
régissant la relation entre l'adverbe et le reste de l'énoncé:
la délimitation d'un champ de validité. I l s'agit d'envelopper
1
le produit d'un travail avant la mise sur le "marché
du sens"

C'est cette opération qui détermine la relation entre l'adverbe
et l'énoncé qui le contient,
opération dont le linéaire rend
compte au mieux de ses possibilités par le positionnement
en préface,
interface et postface.
La section suivante traite d'un problème crucial:
la na-
ture du concept d'assertion,
la valeur assertive des modalisa-
teurs.
Les concepts d'énonciation et d'assertion appartiennent
tous deux à
l'activité structurante, d'où la nécessité de les
circonscrire et cela d'autant plus que certains Adv.Mod.
semblent
spécialisés dans le marquage de chaque concept.
1- R.J~font, Le travail et la langue , Flammarion,
Paris 1978

- 274 -
2 -
ADV.MOD. ASSERTIFS ET ASSERTION METALINGUISTIQUE.
Cette section se rixe un triple objectir :
Montrer que la conception univoque de
l'adéquation entre
le linguistique et
l'extralinguistique a
conduit à
considérer
l'assertion comme une
opération du monde des choses; qu'elle
s'inscrit
plutôt dans un rapport particulier entre l'~nonci­
ateur,
seul maître de
la structuration et son énoncé.;
Montrer ,
ensuite, que
les adverbes assertifs sont des
métaopérateurs qui,
tout en assurant la validité de la rela-
tion ou d'un élément de la structure,
légitiment l'activité
assertorique de
l'énonciateur;
Montrer,
enrin, qu'en dehors de
leur programme sémique,
les
Adv.Mod.Ass.
rorment des micro-systèmes dont
la succeS-
sivité correspond aux dirrérentes étapes de la structuration.
2.-1. Quelques remarques à propos du concept d'assertion
L'assertion est certainement
l'un des concepts les
plus vieux de
la logique,
de
la philosophie du langage et de
la linguistique. En montrer l'~volution à travers les âges
depuis Aristote,
Port-Royal etc •• ,
serait sûrement une étude
passionnante mais quelque peu en deçà de notre propos. Nous

- 275 -
voulons tout simplement rappeler brièvement comment à par-
t i r des études
logico.-grammaticales anciennes le concept
a été considéré sous un aspect particulier par philosophes
du langage et
linguistes.
Che~ Aristote et Port-Royal,
l'assertion est une
"affirmation",
un "jugement" qui marque
l'attribution d'une
i\\
qualité à un sujet. Dans une proposition,c'est le verbe qui
i
1
signifie l'affirmation. Aussi dans
"la terre est ronde",
i
"est" exprime-t-il l'assertion,c'est-à-dire la liaisOn entre
le sujet et
le prédicat.
On s'arrêtera à
cette conception très simple en
notant
qu'elle préfigure la structuration
mais pas l'asser-
tion. En outre,
on reconnaît aujourd'hui
que les énoncés de
type déclaratif peuvent comporter une marque explicite d'as-
sertion telle "bel et bien" dans une prop0sition comme "la
terre est bel et bien ronde".
Un aspect important de cette conception concerne
la nature du
jugement. I l s'agit d'un jugement sur la vérité
ou la fausseté
de la proposition assertive.
Ce sont ces no-
tions qui,
en traversant
les âges vont amener les philosophes
du langage à poser le problème du statut des énoncés du type
"je promets de
venir" ou "je déclare la séance ouverte".
1
!l11le
t
f1~

- 276 -
Ces ~noncés
ne pouvant être
ni vrais ni faux,
les philosophes,
notamment Austin et Searle, ont proposé
une distinction entre
énoncés performatifs
et énoncés
constatifs.
Les premiers sont déterminps en rerme de condi-
tions
de félicité(appropriateness of use)et les seconds en
terme de vérité ou de fausseté.
A partir
de cette opposition,
on saisit
le virage que va prendre
la notion d'assertion.
Elle sera considérée comme un acte
illocutoire au même titre
que la promesse,
l'ordre,
etc. p qui sont engendrés par les
performatifs. Toutefois,
elle reste toujours valable des
énoncés constatifs ou des propositions non performatives
où elle marque l'engagement du locuteur vis-à-vis
de la
vérité. En plus de cette répartition des tâches, Austin et
Searle établissent des conditions de succès de l'assertion
et des actes en général. Austin parle
de sincérité et
Searle
de la nécessité de supposer que l'auditeur ignore
ce que lui apprend le locuteur.
Que dire de ces différentes approches de l'assertion?
L'assertion est une notion associée à un acte paralinguistique
et à
l'adéquation avec
le monde référentiel. Posée de la sorte,
on croirait à une conclusion tirée trop hâtivement,
mais ce
que dit
Grice confirme notre position

- 277 -
"Si le locuteur assume la responsabilit~ de son
~noncé, c'est qu'il le croit vrai; et s ' i l
croit vrai son ~nonc~, c'est que le contenu
exprim~ est un procès r~el"l
Ceci est
le prototype même du discours sur le r~el. Que
dire alors du mensonge? Un mensonge peut
très bien être
une assertion,
le locuteur peut rort bien en assumer
la
responsabilit~. Nous n'en dirons pas plus, notre propos n'est
pas de reprocher à
la philosophie du langage d'avoir consid~r~
l'assertion
comme une notion philosophique, nous voulons
montrer que cette conception a influencé
la linguistique
qui,
au lieu de situer l'assertion dans
le travail de struc-
turation,va attribuer à
tout ~noncé déclaratif une valeur
assertive.
2
John Ross
par exemple, propose,
à partir de l'ana-
lyse
de Austin, que les ~nonc~s constat ifs soient considér~s
comme des performatifs implicites et qu'ils soient dériv~s
d'une structure profonde contenant un perrormatif comme verbe
principal. Ainsi,
à
l'image de :
"I order you to go","prices
slumped",
d~rivd au d~part en :
1.
Grice cit~ par Perennec M.
Illocution
et assertion en
allemand, p. 95.
2. John R. Ross,
"On declarative sentences" in Jacob and Rosen-
baum,
1970.

-
278 -
/~
NP
VP
p ices
slumped
recevra une représentation beaucoup plus abstraite du type
+ performative
you
+ communication
+ linguistic
priees
+ declarative
Autrement dit,
tout énoncé constatif est une assertion au
même titre que les performatifs.
Une critique intéressante de la proposition de Ross a été
faite par Michelle Gillian\\ mais elle reste malheureusement
trop attachée aux actes de parole. Voici un aspect de cette
critique
Les énoncés
contenant des adverbes du genre "ob-
viously"," u nderstandably","naturally" etc ••• constituent des
1. Gillian Michelle,
"Obviously l
concede ••• ;
performatives and
sentence adverbs" in Papers from the Tenth
Regional Heeting,
Chicago Linguistic Society
1974,pp .4J6-1~1~5.

- 279 -
contre-exemples à
la conception de Ross selon laquelle le
verbe performatif
est un prédicat supérieur. Dans des énoncés
comme
(1) Obviously l
concede that l've lost the elec-
tian
(2) Obviously, He went home
la relation entre l'adverbe et l'acte performatif de "conce-
ding" est différente de celle qui
existe entre "obviously"
et
l'énoncé non performatif "he went home". En (2)"obviously"
s'applique à une phrase ayant une valeur de vérité alors qu'en
(1)
i l porte
sur une phrase qui ne peut être considérée qu'en
terme de ses conditions de félicité.
L'énoncé
le plus proche
de (1) serait
(3) qui contient un non-performatif et qui
"might bE! said in a context where,
for example,
the sp~aker is in the process of writing a sta-
tement indicating his concessions"'.
(3) Obviously l am conceding that l
lost the
election.
En d'autres termes,
"obviously" permet de rejeter l'hypothèse
d'un performatif supérieur puisqu'il s'applique à un énoncé
auquel on peut attribuer une valeur de vérité.
L'adverbe devient
ainsi un critère de distinction important) mais i l est noyé
1. Gillian Michelle,
op.
cit.,p. 437.

-
280 -
dans
des notions qui n'ont pas grand'chose à voir avec le
travail structurant de
l'énonciateur. Un examen de ce tra-
vail aurait permis d'expliquer la nature de la relation
en
(3) et de déterminer l'opération d'assertion que véhi-
cule l'adverbe assertif. Nous y
reviendrons.
Notons pour
l'instant que la référence à
l'extralinguistique constitue
un frein à
la saisie de la
véritable
nature de l'assertion.
Même le grand linguiste E. Benveniste n'a pu s'empêcher d'éta-
blir cette relation univoque
:
"Une assertion finie,
du fait même qu'elle est
une assertion,
implique référence de l'énoncé
à un ordre différent, qui est de l'ordre de
la réalité. A la relation grammaticale qui
unit les membres de l'énoncé s'ajoute impli-
citement un "cela est" qui relie l'agencement
linguistique au système de la réalité"l.
Danf, notre optique,
lorsqu'il y a assertion véritable,
le renvoi à
la réalité est aboli ou plus exactement,randu
accessoire,
au profit d'une activité beaucoup plus abstraite
plus métalinguistique et qui s'inscrit dans un rapport
d'énoncé à énonciateur. Nous
proposons
l'expression
"asser-
tion métalinguistique tl pour l'isoler de celle que nous venons
de présenter.
1. Benvenis te
Problèmes de lineuistigue générale
l,Paris,
Ga llimard,
1966, p. 154.

-
281
-
2.-2. De l'assertion métalinguistique
L'idée nous est venue des travaux de H.
Adamczewski
et de la nécessité de préciser la notion pour mieux apprécier
le rôle métaopérationnel des adverbes assertifs.
1
Analysant les énoncés en Uing",
H.
Adamczewski
op-
posait les énoncés suivants
:
(1) John is mowing his lawn
(2) John mows his lawn (every Sunday)
(3) John has been washing his car
(4 ) John has washed his car
En (2)
et
(4), on ne peut parler d'assertion puisqu'on a
affaire à un énoncé du type FAIRE où nJohn" est un sujet auto-
nome de plein droit et où s'exerce le mécanisme de la transi-
tivité.
8n (1)
et
(3) au contraire, le ~ujet n'est plus auto-
nome,
nous avons affaire à un
énQncé du type DIRE,
un énoncé
a
~
binaire régi par l'énonciateur. Voyons ce que nous dit H.
i
;R

Adamczewski
:
1
l
t
"On comprend dès
lors que l'on puisse dire que
i
!,
dans les énoncés en BE -Ing le sujet parlant
1
tient les deux termes de
la relation seul res-
1
ponsable de
la fonction SUJET et PREDICAT. Dans
1
1
ce type d'énoncé,
l'énonciateur règne sans par-
l
l
tage et le sujet de l'énoncé n'est qu'un simple
1.
On renvoie ici à
la thèse
sur BE + Ing et à
la communica-
tion au colloque de Neuch~tel (1975)
"Le Faire et le Dire
1
!
dans la grammaire de l'anglais".
[
1
1
f
1
1

-
282 -
objet de discours dont le sujet parlant pré-
dique quelque chose".
De l'assertion,
H. Adamczewski
notait
"l'assertion est incompatible avec la présence
d'un sujet grammatical jouissant de l'autonomie
et donc de
la pleine puissance
( •••• )
d
U
-
Inspector Gregg has been asking ~or you est
( ••• ) une assertion
le locuteur y prend
en charge la relation dont i l est seul à
connaître l'existence,
puisqu'il en a été
témoin" • 1
On retiendra deux points importants dans cette analyse :
Tout énoncé déclaratif' n'est pas asserté,
l'assertion est
marquée par une présence quasi-concrète de l'énonciateur qui
se
porte garant de la validité de la relation.
Cette pré_
sence
"as sertorique" peut
être marquée par des adverbes
tels que "of' course","indeed",
"evidently","really","certainlyll
etc •••
Ces adverbes sont asserti~s pour la bonne raison qu'en
disant la validité d'une
ligature,
ils marquent nécessairement
le statut thématique de
la relation.
Cette af~inité entre Adv.Mod.As~ et relations thématiques
sera rendue dans le linéaire sous la forme d'une co-présence:
Adv
+
ing
Adv
+
do
1. H. Adamczewski,
Le FAIRE et le DIRS,pp.6-8.

-
28) -
Adv
+
~lément ou relation reprise
Adv
+
environnement thématique
Adv
+
modaux thématiques
Nous nous pencherons sur ces cas d'affinité. I l va sans
dire qu'il existe une foule de cas
parmi
lesquels on note
l'ordre dans
le linéaire et
le marquage d'une congruence
entre programme sémique.
Les exemples suivants nous per-
mettront
de présenter très brièvement ces deux derniers cas
(1)
Jacques Chirac est décidément un habile homme
(A.
Lancri,p.118)
(2) We thundered through the French and German
countryside. The Danube,
really is blue.
(JPB, p.
94)
En (1)
,
l'énonciateur opère une inversion pour mieux s'ap-
proprier la relation nominal.,).
L'adverbe assertif ne pouvant
s'appliquer que sur
du thématique,
l'ordre inverse qui mar-
que la quasi-autonomie des constituants de la relation serait
incongru puisqu'on ne verrait pas la cible de
l'adverbe. I l
y
a assertion métalinguistique,
l'énonciateur en inversant
l'ordre du linéaire mobilise à
son propre compte la structure.
Cette prise en charge est fonction de
la justesse du repérage
"Jacques Chirac" ="homme habile fi. L'adverbe quantifie le degré
d'assertivit~,de prise en charge de l'énonciateur.

-
284 -
L'assertion dans l'énoncé
(2) n'est pas aussi évidente
que dans l'énoncé
(1).
"Really" s'applique à
la relation
entre "Danube" et "blue". L'énonciateur a repérp une congruence
entre les deux programmes sémiques.
La tâche de
"really" est
d'en dire
le degré. I l y a également assertion métalinguis-
tique puisque l'énonciateur se porte garant de la congruence
en marquant
le haut degré de validité.
Ces deux exemples
nous montrent un aspect de la comple-
xité de l'assertion dont i l est question ici. I l ne s'agit ni
d~une
relation de type pragmatique entre un énonciateur
concret qui pose une "affirmation", qui donne une information
sur le monde et son énoncé, ni d'un énonciâteur qui accomplit
un acte,
i l s'agit d'une
opération formelle
portant appropri-
ation d'une relation à des fins multiples.Nous y reviendro'ns·
C'est ici que cette réflexion de Claude Delmas prend tout son
poids
" i l s'agit ( ••• )
lorsqu'il y
a
opération'méta-
linguistique, de montrer que l'énonciateur
n'est plus substance mais forme,
c'est-à-dire
qu'au sein de l'énoncé tel ou tel symbolisme
donnera un statut formel à
la source
de
l'assertion"' •
1. Delmas Clauàe, Quelques éléments de la métalangue naturelle,
Thèse de 3 è cycle, Paris III,
1980,p.70.

285
Ainsi perçue,
l'assertion métalinguistique ne peut
exister dans
les performatifs du type
(])
l
pronounce you man and wife
(l~) l ca 11 this ship "Windsor Cast le"
où l'énonciateur,
nécessairement sujet de
l'énoncé,
est
une instance pragmatique,
un agent qui use de ses pouvoirs.
L'opération rormelle d'appropriation n'y a pas
cours. H.
Adamczewski disait à
juste t i t r e :
" Quoi de plus normal que ces verbes,
qui
renvoient au DIRE
lexicalement parlant,
aient
une valeur perrormative lorsqu'ils sont utili-
sés dans un type de relation où le sujet gram-
matical est un sujet autonome et de pleine
puissance,
c'est-à-dire dans une relation de
1
type dynamique appartenant au FAIRE"

Cette mise au point étant raite,
on peut maintenant analyser
le type d'arfinité existant entre l'adverbe assertir et la rela.-
tion ;
la valeur métaopérationnelle et
la part de l'adverbe
dans
l'assertion.
1.
H. Adamczewski,
Le FAIRE et
le DIRE,
p.10.

- 286 -
2.-). Adv.Mod.,statut de
la relation et assertion métalinguis-
tique
2.-).1. Les déclencheurs du statut de la relation
L'une des caractéristiques
principales des
Adv.Mod.Ass.
est non seulement
de dire
la validité d'une
ligature, mais aussi et surtout d'en marquer le caractère
tautologique. Aussi,
servant de commentaires métalinguistiques,
déclenchent-ils le statut thématique de la relation dont
les
traces dans
le linéaire seront
"Ing" et
"do"
(pour ne ci ter
qu'eux).
Ces déclencheurs sont multiples,
nous n'en retiendrons
que quelques uns
1
r~
i:
f
!1!1!
a)
L'Adv.Mod.Ass. et
la relation en Ing
i1
1
~i!
I l s'agit
d'adverbes du genre "obviously" ,
!
"evidently",
"clearly", "of course" dans les énoncés du genre
1
!
i
(1) When he says the
"newsies" don't completely
î
understand what the broadcast world is about
•t
he is obviously commenting on journalism's
!
reluctance to
confront the extraordinary
1
change that
journalism itself has created
in subjecting the country to total media sa-
turation.
(IHT Dec 1~,1984)

287
(2) The first
person was a warder with a
low
brow and distinctly menacing manner. He wrote
Paul's name in the
"Body Receipt Book" with
sorne
difficulty and then conducted him to
a
celle He had evidently been reading the
papers.
-"Rather different from the Ritz Hotel,eh ?
(BE + Ing,p.644)
(3) It was an awkward moment, for he needed to
compose himself before he could greet Char-
lotte, but he was clearly waiting to greet
here before he would compose himself
(KF, Tt-IFSP, p. 56)
(4)
Chris said your acting was useless!
But he was being ironie of course
!
(S.A.C .L.,p.'29)
Ces
adverbes déclenchent
le statut de
la relation
c'est-à-dire qu'ils constituent un commentaire qui ne peut
s'exercer que si la relation est promue au rang d'objet m~ta-
linguistique.
"Ing" assure le passage
de
la structure au
plan métalinguistique'
C'est par lui que
l'énonciateur maî-
trise
les termes de
la relation pour mieux se l'approprier,
pour mieux en affirmer la validité.
L'adverbe devient alors
la
marque explicite de
l'assertion puisqu'il signale que
l'~nonciateur
mobilise à
son compte
toute la relation en
marquant son caractère évident,
tautologique. On notera que
rien ne se fait
au hasard,
l'assertion par l'Adv.Mod. ne
1.
Pour plus de d~tails sur la valeur m~taopérationnelle de Ing
nous renvoyons à
la Thèse d'Etat de H. Adamczewski, BE + Ing
dans
la Grammaire de
l'anglais contemporain.

- 288 -
s'effectue que si l'énonciateur possède des indices situation-
nels ou contextuels légitimant
son opération,ou tout simple-
ment
s ' i l estime que le coénonciateur ne peut
remettre la
prédication en cause vu qu'elle va de soi. En (1) par
exemple,lorsque "he" accomplit le programme indiqué,
i l va
de soi
qu'il s'inscrit pleinement dans
le programme construit
par l'énonciateur. L'énoncé précédent est ainsi utilisé comme
tremplin à
l'opération de dépassement. On retrouve cette
même opération
en (2) mais cette fois,
c'est l'énoncé de
droite
qui
justifie
le dépassement et la prise en charge
de la relation. Dans
l'énoncé
(J) la relation est sous le
contrôle
de l'énonciateur,
sa validité ne dépend que de lui
seul puisqu'il
tire la justification à
son assertion dans
la situation discursive.
Les éléments de cette justification
ne sont pas fournis dans le linéaire discursif. Dans
(4), la
conjonction de "Ing" ,
de "of course" et de l'exclamation
exprime toute la saturation
de
la relation et par conséquent
son haut degré d'assertivité. Cette accumulation de métaopé-
rations s'inscrit dans
la stratégie discursive de l'énoncia-
teur qui veut modifier les termes de la relation précédente.
La traduction française est très révélatrice
(5) Christ a dit que tu jouaIs de façon abominable!
mais c'était de l'ironie voyons

- 289 -
La portée de l'adverbe devient évidente quand on
pense que toute la structure est reprise par l'énonciateur.
Le linéaire nous donne une successivité d'éléments qui ne
correspond pas à
l'ordre de production,
d'où la nécessité
d'une délinéarisation :
/
prédicat
Ing
Cette délinéarisation n'est pas seulement valable pour
l'anrlais,
le français présente le même ordre de production.
Dans l'énoncé suivant:
(6) Dans ce type de régime,
la milice et,
der-
rière elle,
la police politique ne sont pas
seulement un rouage,
un instrument parmi
d'autres,
mais l'un des deux piliers du
pouvoir,
l'autre étant évidemment
l'inf-
luence soviétigue
)
(Le Monde du JO oct. 84)
"évidemment" ne porte pas sur "influence politique" comme
semble l'indiquer
sa place dans le lin2aire,
i l porte sur

-
290 -
la jointure prédicationnelle et domine par conséquent toute
la structure.
l'autre /
être-ant
l ' i n f
luence soviétique
On peut à
ce stade tenter d'exposer les conditions néces-
saires à
l'existenGe de l'assertion métalinguistique. La
première condition serait que
la
relation soit thématique
ou perçue comme telle par l'énonciateur.
La seconde porterait
sur l'existence d'un indice de quelque ordre qu'il soit,justi-
fiant et/ ou codifiant
la présence de
l'énonciateur.
La
troisième serait, évidemment} la m~taopération de prise en
charge, d'appropriation de la relation à des fins métalinguis-
tiques ou stratégiques. Bien entendu,
i l existe d'autres
conditions parmi
lesquelles la nécessaire existence de deux
instances énonciatrices responsables de toute l'activité de
communication. Nous ne nous situons pas à
ce niveau. Ce qui
est en oeuvre dans l'assertion c'est
l'opération de prise en
charge effectuée au cours de
la structuration de l'énoncé.

-
291
-
La condition de nécessaire thématisation de
la relation
n'est pas
en conflit
avec le type d'énoncé proposé par
Gillian Michelle. I l s'agissait d'énoncés du genre:
(7) Obviously 1 concede that lIve lost the
election
(8) Obviously,
he went home
A première vue,
i l s constituent des contre-exemples à
la
condition de thématicité mais i l s sont trop pauvres pour ren-
dre compte de
la métaopération sous-tendue par l'emploi des
adverbes.
Cette pauvreté occulte une valeur importante des
Adv.Mod.Ass.,
le marquage de la cohésion
intradiscursive.
C'est en effet dans
la détermination des relations interpro-
positionnelles que s'inscrit la thématicité.
Ces énoncés
seraient suivis d'un "since" qu'ils seraient tout à
fait
recevables. Gillian en est d'ailleurs consciente puisqu'elle
propose,quelques pages plus loin.:
(9) Obviously 1 concede that lIve lost the
election since my opponent already has a
majority
(10) Obviously he went home, since his car isn't
here
1
"Since",
on le sait,
est un indice de thématicité
c'est-à-dire
1.
On renvoie ici à
l'étude de H. Adamczewski sur "since" et sa
contre-partie française
"puisque".~Puisque~est opposé à "par-
ce que" tout comme "since" s'oppose à
"because" ou à
"for".
1
1
1

-
292 -
1
qu'il introduit une justification avec préconstruction. Il
t1
permet
ici de
légitimer lJemploi de "obviously". Dans la
relation entre Obviously Sl/ since S2'
le repérage préalable
1
de S2 permet
à
l'énonciateur d'affirmer
le statut tautolo-
1
gique
de Sl. L'assertion métalinguistique ne s'exerce plus
au niveau de la relation prédicative mais au niveau de la
1
relation interpropositionnelle. La prise en charge de Sl
f
n'est possible que grâce à
la préexistence de S2. Bien
entendu,
i l existe entre Sl
et S2 une congruence sans laquelle
toute assertion et toute cohésion n'est concevable. Gillian
a noté une contrainte dans le rapport Sl/ S2
mais les
raisons évoquées restent trop proches du monde
des notions.
Pour nous,
l'inacceptabilité de
(11)
est due à une cohésion
mal entretenue,
plus exactement à une discordance entre Sl
(11)* Obviously l
concede the election,
since
l'm writting my concession speech.
S2 n'est pas une justification pour Sl
faute de congruence.
"Since" doit fournir l'explication de Sl
et par conséquent
justifier l'application de "obviously" à Sl.
Ce détour critique
étant fait,
on peut conclure que
la présence de l'Adv.Mod.Ass.,
commentaire métalinguistique,
déclenche le statut thématique de la relation et que le
même type d'opération existe au niveau discursif où la présence

-
293 -
de
l'adverbe doit être justifiée par un élément à
caractère
thématique comme "since". Voyons maintenant le rapport entre
l'Adv.i'lod.Ass.
et l'opérateur "do v •
b)
Adv.
+
do
Comme
"Ing",
"Do" est ce remarquable opérateur
qui sert de support à
l'activité assertorique de
l'énonciateur.
En effet,
des deux énoncés
(1)
l
know him
(2)
l
do know him
seul
(2)
est assertif.
(1)
donne une information,
l'énoncia-
1
1
teur (pragmatique) parle de ce qu'il sait d'un
élément du
1
monde. En dehors de
l'information sur le monde,(2)
livre
une information sur l'état de
la relation et renseigne sur
1
~
l'activité
de
l'énonciateur (métalinguistique).
Ce dernier
l
i
se porte garant de la validité de
la relation,
i l asserte.
Une preuve palpable du caractère assertif de
l'énonc6 en "do"
1
est rendue par la traduction en allemand de cet opérateur.
L'allemand utilise une unit6 qui cumule à
la fois
"oui" et
"bien",
l'un marquant
l'a cceptation de
la re lat ion et
l'autre
1
!
sa saturation.
!
1
,

1
- 294 -
t
1

!
l
nid you really,
really
C
Wirklich ?
Hust du wirk-
and truly see a murder ?
lich und wahrhaftig einen
1
Hord gesehen
f1
i
D
Of course she didn't
D
naturlich nicht. Red
1;
Don't say silly things
nicht so alberness Zeug
l
1
A
l
did See a murder
A
lch hab'
aber einen Mord
1
l
did.
l
did.
l
did.
gesehen. Jawohl.Jawohl.
Jawohl.
"Ja" renvoie à
"oui" et "wohl"
à
"bien".
L'pnonciateur
t'
1;,
â
construi t
son énonce
sur du saturé.
i
Ce parallèle avec
l'allemand
montre de façon très nette
1
la valeur métaopérationnelle de
"do"
: marquer la réalisation
de
la prédication en signalant sa saturation.
1
i
A côté de
"do",
les Adv.r-1od. renseignent aussi sur le
1
statut de
la relation.
1
(3) l
really know him
1
"reallyll' signale non seulement que
le prédicat
"know him" est
déjà
vrai du sujet l, mais aussi que
l'énonciateur prend en
1
charge la relation.
Cette ressemhlance métaopérationnelle ne
!
peut toutefois susciter une conclusion portant sur une quel-
!1
conque équivalence des deux termes.
"Do" est,
en fait,
de
1
!
type relationnel,
c'est-à-dire qu'il est
la matérialisation
f
de la relation prédicative.
L'Adv.Mod.
est au contraire le
!
quantifieur de
la relation. On n'est donc pas surpris de voir
1
1
1
1
1
1

-
295 -
un "really" ou un "or course" porter sur "do".
Cette quantification est
justifiable par le fait que
l'énonciateur juge "do" insuffisant pour porter l'assertion
ou encore par le fait que l'appropriation de la relation à
des fins métalinguistiques ou stratégiques ne s'effectue ef-
ficacement
que si
l'Adv.Mod.
trouve un support matérialisant
la soudure prédicationnelle. Aussi aura-t-on des énoncés du
type :
( 4)
A
l
don't think they believed what Joyce
was saying. They thought she WaS making
up things.
B
Did you think that too ?
A
Well,
l
did really
(AC,Hapa,
p.I~6)
(5)
You knew her,
didn't you ?
But
of course you did
(S.A.C.L.,p.J77)
(6)
A
l
don't know i f you remember Mrs Oliver?
B
oh,
of course l
do
(S.A.C.L.,p.J7J)
Dans
l'énoncé
(4) "1 do" tout seul aurait signifié une
acceptation pure et simple de la relation.
En rapport avec
"really",
l'acceptation est portée
au degré
le plus haut.Il y a
quantification de
l'assertion,
donc totale prise en charge
de
la relation
proposée
dans
l'interrogation. On notera que

11
- 296 -
1
dans
l'ornre des métaopérations,
"really" ne peut s'appliquer
à vide,
i l faut que sa cible,
le noeud
prédicationnel ait
été préalablemebt fixée.
Cet ordre relève une fois de plus
de la logique naturelle qui guide
le processus de structu-
ration.
Le linéaire de
(4) est iconique de cet ordre.
Les énoncés
(5) et (6) présentent en gros les mêmes
caractéristiques.
"Did" et "d6" signalent que la relation
est saturée.
"Of course" pennet de renforcer cette saturation
en présentant
les liens comme tautologiques.
En fait,
l'application de "of course" déclenche la thématisa-
tion
du lien puisqu'en tant que aommentaire métalinguistique
i l ne peut porter que sur du décroché. C'est dans ce sens
que les Adv.Mod. Ass. nous apparaissent comme des déclencheurs
du statut de la relation. Il va sans dire que cette caractéris-
tique leur confère la possibilité de dominer la structure qui
les porte d'où le schéma:
déclencheur
lien thématique
indice de saturation
Le français,
nous
l'avons vu, utilisera dans ce cas un
"Qu-" décaleur.
Je ne sais pas si vous vous souvenez de
Madame Oliver .

- 297 -
B
Bien sûr que
je me souviens
"Que" permet de Îixer,
d'immobiliser la cible de "bien sûr".
On aura un schéma du même genre,:
bien sûr
L'énonciateur peut,
tout comme nous
l'avons vu
pour "ing",
justiÎier son assertion. Il peut introduire
explicitement un métaopérateur qui par système d'écho va
légitimer l'application de l'Adv.Mod. au lien "do",
jus t i -
Îiant ainsi son appropriation.
L'énoncé suivant parle de
lui-même
:
(8) A
\\~ e 11, my
lad
( ••• ) We thought you'd
never come
D
Oh,
l'd come
C
Dut you look well
TI
Well,
oÎ course 1 do,
~~~_!~~!_!~~
~~~:!:~~L~~~~
(DH
Lawrence, S8cL, p. 28)
"Nmv
that" fait (~cho ~l "oÎ course" et introduit une justiÎi-
cation à
son application au lien. Il peut être traduit en

- 29i -
français
par "puisque".
Cette traduction métalinguistique
est très révélatrice
:
Bien sûr,
puisque je rentre à
la maison
Dans cette étude des déclencheurs du statut de
la
relation,
une question est restée en suspend. En effet,
qu'est-ce qui dans l ' Adv .l'lod .As s. suscite
la modification
dans le statut de la relation?
En d'autres
termes,qu'est-ce
qui,dans
leur nature détermine leur part dans
la métaopération ?
c)
Nature des Adv.Mod.Ass.
Les Adv.Mod.Ass.
sont par nature des indices
de
thématicité c'est-à-dire qu'il est inscrit dans
leur programme
sémique même,
les unités de sens qui appellent une relation
thématique. Que l'on pense à
"of course",
"evid~ntly", "ob-
viously"
"clearly",
etc. Ils renvoient tous
sémantiquement
à
ce gui est pvident,
ce gui saute aux yeux,
ce gui va de soi,
ce qui, pour tout dire,
est DEJA manifeste.
Ce programme
sémantique va guider l'adverbe dans
le marquage de
la méta-
opération et détenniner l'énonciateur dans
le choix de
l'élé-
ment à
asserter.

- 299 -
1
!l!~fi1
En fait,
on ne peut asserter,
prendre en charge,
se porter
1
garant de
la validité
d'une relation que si et seulement si
1
l'on possède des indices clairs
justifiant l'existence de la
!
!
1
~
validité. Autrement dit,
si
l'énonciateur asserte la validité
d'une structure
c'est qu'elle est Déjà
évidente pour lui.
1
Or les Adv.Mod cités plus haut disent dès
leur programme
!f
sémique
que
la validité de la relation qu'ils quantifient v,a
i
de soi. On comprend alors
qu'ils déclenchent le statut de
if
la relation.
f
Au plan formel,
i l n'est pas impossible de trouver des
~
~
traces qui expliquent
le statut métaopérationnel des Adv.Mod.
Ass ••
La traduction française de "of course" par exemple met
1
au jour la conjonction de "bien" et d'un autre opérateur.
1
1
A
And l
couldn't make my own living.
B
Of course, you could
1
A
l've been trained for nothing
B
Train yourself
(KF, TMFSP,
p.246)
( 10)
A
Et
je ne pourrai pas gagner ma vie
B
Bien sûr gue si,
vous le pourrez
!
A
Je n'ai rien appris
B
Formez-vous vous~même
(Trad. de Y.B.,p.202)
(11)
"The inspector made
a
lot of difficulties.
l
really think he suspected us of sorne improper
purpose".
"WeIl of course he did"
(
JJ>
B, P • 1 37 )

1
-
JOO -
(12)
L'inspecteur a
fait beaucoup de difficultés.
Je crois bien
qu'il nous soupçonnait d'a-
voir des intentions circonvenantes.
1
,
Bien entendu,
c'est tout naturel.
1
l1
1
bien sûr
1
of course
1
<= entendu
La construction de l'effet de sens d'évidence est rendue
1
par la quantification,
l ' itération de "sûr"
ou de "entendu".
On retrouve déjà à
ce niveau restreint,
l'image de la méta-
1
~
opération effectuée sur la relation prédicative. Pour que
1
le métaopérateur "bien" puisse ~tre mis en oeuvre, i l lui
faut
une cible déjà fixée,
une cible qui signale un acquis
t
f
structurel.
"Sûr" et "entendu" ne font pas exception
à
cette logiqt..e naturelle."Sûr" est un élément modal qui dpter-
1
,
mine le caractère valide,
acquis
d'une ligature,
c'est un
reste de structure prédicative du type:
"je suis sûr que".
"Bien" itère "sûr" et la conjonction des deux donne une locu-
tion
adverbiale
à
caractère assertif.
"Bien sûr" a des
variantes
-du type:
"pour sûr",
"sûr pour sttr".
L'itération
du modal produit une réflexivit~
("bien" et
"sûr" signalent
chacun la pr~sence de l'~nonciateur) dans l'activit6 métalin-
guistiql1e,
reflexivité dont le corollaire est l'abolition
du réel. Nous partageons -à cet p.gard,
cette remarque de

-
)01
-
G.Bourquin
"
( ••• )
l'it~ration impose le passage par le
prisme de la subjectivit~ et des jugements.
Subjectivité ou faut-il dire r~flexivité
au double sens
(propre et figuré)
de ce terme?
jeu de miroirs aussi,
dédoublement fictif d'un
concept qui reste un; multiplication de
lieux
d'où
l'objet réel est absent,
mais où son ima-
ge
( ie. sa pr~sence fictive sa re-pr~sentation)
devient manipulable,
modalisable"l.
"Entendu",
quant à
lui,
est
l'expression d'un
acquis relationnel.
C'est _le reste d'une relation dans
laquelle i l était prédicat. I l s'agit de relation du type?:
i l est entendu que ••••
j ' a i entenriu ••••
où "entendu" n'est plus une notion à
l'état pur mais une
notion DEJA marquée par la relation.
C'est du DEJA structuré.
"Bien" quantifie du thématique d'où le d~passement subséquent
et la valeur assertive de la locution adverbiale "bien entendu".
Voici un énoncé dans
lequel l'échange entre énoncia-
teurs est une discussion sur le statut acqUis,
tautologique
de la relation. C'est
"bien sOr" qui est en j e u :
(1)) A
Au fait,
vous venez de parler èe fiche
de ma ladie •••
B
Bien sOr
1.
Bourquin G.,"Les opérations
linguistiques sous-jacentes aux
emplois de Bon,
Bien et Beau en Français" in
1
Studia linguistica )7,1,
198),p.61.
1
!i
il

-
)02 -
A
Comment ça bien sûr ?
B
Un cabinet médical qui se respecte tient
un fichier,
avec une fiche pour chacun de
seS clients. Vous le savez bien.
(K,
A entre
H, p.148)
Par la question,
A semble ne pas percevoir la raison du
dépassement effectué par B. B justifie sa réponse en faisant
remarquer que la re la tion "Cabinet médica 1/ fichier" est dé jà
un acquis non seulement pour lui)mais aussi pour A.
Ce qui vient d'~tre dit de "bien sûr" et de " bien
entendu" nous permet d'approcher l'invariant de
"of course"
signaler qu'une relation$t non seulement acquise mais qu'elle
est prise en charge par l'énonciateur.
Cet invariant semble
commun aux adverbes
"evidently",
"obviously",
"clearly" mais
nous monrrons
dans l'analyse
des micro-systèmes qu'il est
possible de les départager.
Nous avons vu que dans sa traduction française
"of
course" contient un élément qui assure le dépassement structu-
rel.
N'ayant pas d'indice aussi explicite que
"bien", on esti-
mera
que
le dépassement est assuré par la morphologie de
l'adverbe.
Les suffixes
"_1y " et
"-ment"
(pour
le français)
seront responsables du dépassement catégoriel mais aussi du
dppassement métaopérationnel.
La nature
des Adv.Mod.As~ étant éclaircie, du moins
nOuS
l'espérons,
on comprend mieux qu'ils déclenchent le statut
de la relation et qu'ils aient des affinités avec les éléments
repris.

-
JO) -
2.-J.2.
Les Adv.i'lod.
et
les pléments repris
Parmi
les élements repris,
on note bien évidemment
la relation prédicative.
La relation
proposée dans
la plupart
des cas par un tnonciateur A est reprise par un énonciateur B
à des fins d'assertion,
c'est-à-dire que ce dernier 11accepte
tout
court ou l'accepte en notant bien qu'elle va de soi.
(1)
He has much experience in all demonic arts.
lIe has indeed;
and found a witch last year
(2)
"And the
'wabe'
is the grass plot round a
sundial,
l
suppose?
" sa id Alice,
surprised
at her own ingenuity.
Of course i t is.
I t ' s called
'wabe'
you know,
because i t goes a
long way before i t ,
and a
long way behind i t .
(Looking Glass,p.16o)
What on earth are you wearing ?
Let George take i t from you.
1 ~ s_ 'C.e!'y_we"E.
B
Of course i t ' s wet. I t ' s very wet'out
(A C. ,Hapa, p. 18)
Nous avons,
encore une fois,
la preuve
qu'une relation que
l'on pose
pour
la première fois ne peut faire
l'objet d'une
assertion.
l~ reprise d'une relation déjà pos6e en modifie
le statut et permet le jugement assertorique de
l'énonciateur
L'a l ternance "rhpmatique
th '
t · "
.
L
---".".
ema lque est malntenue.
,e

-
J04 -
sch~ma suivant sn rend compte :
SIn
j'asserte cette relation
l
Sp
s
H
P
s
P
~
HH
TH
Les traductions françaises de
(2)
et
(3) en disent long sur le
statut th~matique de la relation reprise et sur le caractère
m~talinguistique de l'assertion.
(2')
"
'Et l'allouinde'
c~est,je le suppose,
l'allée qui mène au cadran solaire 7" dit
Alice,
surprise de sa propre ing~niosit~.
"Cela va de soi" On l'appelle allouinde,
( ••• ) parce qu'elle s'allonge loin devant
le cadran solaire et loin derrière lui.
(Looking Glass,p.161)
(J') A
De quoi diable êtes-vous affubl~e ?
Laissez GeorgEs vous en débarrasser
vous ruisselez ma parole
!
B
Le contraire serait ~tonnant puisqu'il
pleut
(Trad. de Durivaux C.,
p.22)
Ces traductions parlent d'elles-mêmes. On notera simplement

-
JOS -
qu'en
(2')
"ceci va de soi" est irricevable du fait de
l'acquis
relationnel. De même
"parce que" est exclu en (J').
En dehors de la relation
les éléments repris et
assertés peuvent
être de nature diverse
:
un noeud prédica-
t i f nié,
un modal,
une structure préconstuite etc •••
Nous proposons
seulement trois énoncés en guise d'exemple
~
(4) A
l
don't know what you
mean-by "glory"
B
Of course, you don't.
Till l
tell you.
l
meant
'there's a nice knock-down ar-
gument
for you'
(Looking Glass,p.1S6)
(S) A :
"My name is Alice, but •••• "
B
It is a stupid name enough !"
( ••• )
What does i t mean ?
A
Must a name mean something ?
B
Of course i t must,
my name means the shape l
am
(Looking Glass,p.1SO)
(6) WeIl, !_~~_~~~!~~~~_~_~~r_~~~~_~~_~~!_~~~~~~:
as my uncle Bud, who was a
travelling sales-
man when he could pry himself
away from his
porch swing and gin fizzes
long enough to
travel,
used to complain.
-Yes,
indeed,
a boy sure do get around
(E.M. Still & yet,p.80)
(4) met en oeuvre les successivités
métaopérationnelles sui-
vantes :
fixation du lien "do",
négation du lien ,
proposition
du lien nié,
reprise et assertion par "of course".

-
)06 -
ce qui parait évident,
tautologique,
c'est la négation
du lien. La successivité métaopérationnelle nous montre
qu'un lien thématique peut être réinvesti rhématiquement
puis repris pour être asserté.
Le schéma suivant
(de
(4))
rend compte de cette successivité et met en relief l'extrême
systématicité du travail
structurant des énonciateurs dans
une situation interlocutive.
1 .construction d'une relation
J:: l know 2.saturation de la relation
[~ l do know
Sa
RH
l ~
0
know
).négation de
la relation
thématique
4.assertion de la relation
thématique ni0e.
Sb
TH
L'énoncé
(6)présente la m&me successivité.
"1 declare"
qui est performatif,
donc rhématique,
est doté d'un "do" qui
en signale. le statut thématique.
Cette nouvelle relation de-
vient rhématique lorsqu'elle est proposée pour une quête de
confirmation. Quand elle est
faite,
la
confirmation porte
sur du thématique.
Ce qui est tout naturel puisqu'on ne peut
confirmer que ce qui est valide
ou supposé tel. On e.n a pour
preuve la structure quasi inerte
(puisque reprise en totalité)
sur lequel porte
"indeed" •

t
-
)07
-
t,!
1~~,f
f
RH
l
do declare,
a boy sure do get around
t
1
TH
Yes,
indeed,
a boy sure do get around
1~t1r
L'énoncé
(5) quant à lui, présente un cas de reprise du
l1
modal "must". La pression exercée sur le sujet grammatir.al
,
~
t
est présentée comme tout à fait naturelle.
1
i1
Nous n'avons retenu de
la reprise que trois exemples,
î
t
i l va sans dire qu'il existe plusieurs énoncés dans
lesquels
t~
relations et éléments de strcuture sont repris pour le même
r
1
dessein :
assurer le passage au plan métalinguistique afin
de permettre l'assertion. La reprise se présente ainsi comme
!~
un instrument précieux non seulement pour l'énonciateur, mais
1
~
aussi pour le linguiste en quête de toute trace infime de
it
structuration. Elle permet de mettre en relief l'affinité
que
les Adv.Mod.Ass.
entretiennent avec la thématicité. Cette
1
i
affinité avec le thématique permet de prévoir,
en présence
du système modal,
le type de modal avec lequel ils vont entrer
1
en relation.
ii
1
2.
4. Les Adv.Mod.Ass. et les modaux
1
!
Nous avons affaire aux cas où le modal est
la cible
1
de
l'Adv.Mod.Ass. Nous partons de
l'hypothèse développée plus

-
J08 -
haut
et qui pose que l'assertion ne s'exerce que sur du
thématique. On ne peut asserter une
relation
qui n'existe
pas encore. De ce point de vue,
l'Adv.Mod.Ass. ne pourra
porter que sur un modal thématique. Rappelons les traits
distinctifs
des modaux
<Will (. 0, + i)
Modaux thématiques
can
(- 0,
+ i)
rnay
(- 0,
i)
Modaux rhématiques < shall(. 0, - il
"Of course"
,
pour ne prendre que lui,
est prédisposé à
ne porter que sur "can" et "will". Examinons
les énoncés
suivants :
(1) You don't think people are saying
"It's not the Same aS when the Sandersons
were here"
Of course someone will be saying that,
they
always do
! But only sorne stick-in-the rnud.
(BE + Ing,p.524)
(2) A
Keep i t safely
B
Of course,
1 liil.l
(S.A.C.L.,p.J58)
(3) Of course you ~ go to London if you want to.
(JPB,p.15 8 )
(4) Hay l
use your typewri ter ?
Of course you can
(GLA, p. 154)

-
309 -
"Shall" en (1)
et
(2)
est irr~cevable
(1')* Of course someone shall be saying that,
they
always do
(2')* Keep i t safely
Of course l
shall
De m~me "may" est contradictoire en (3) et (4)
(3')* Of course you may go to
London i f you want to
(l~')* l'1ay l use your typewriter ?
Of course you may.
"'''i 11",
on le sai t, marque un acquis relationnel c' est-à-
dire qu'il détermine une congruence entre sujet
et prédicat.
Il signale à
la base une acceptation de
la part de
l'énoncia-
teur. On comprend alors
que
"of course" puisse porter sur
lui pour en indiquer le caract~re tautologique.
"Sha11"
au contraire,
détermine l'inchoaction de
la structuration modale
I l est,
de toute évidence,
impossible d'asserter une relation
qui n'existe pas encore.
La m~rne explication est valable pour "can" et "may".
Comment,
en effet,
asserter une relation
en "may" c'est-à-
dire une relation non encore tiss~e ?
La logique naturelle de
la
langue anglaise impose Clue ne soi t
assertable qu'une rela-
tion prédicative thématique marquée par "can~
La contradic-
tion Clue nous notons vient du fait que
"may" signale une quête

-
)10
-
de cohésion et ne peut être
la cible d'un Adv.Mod.Ass. qui,
par nature,
renvoie à de l'acquis. Cette difïérence de statut
entre l'Adv.Mod.Ass. et le modal
rhpmatique guide la struc-
turation
et engendre,
dans un pchange du type
(4), une
contrainte sur le choix du modal cible de
l'assertion.
Cette
contrainte s'exerce même lorsque le modal seul est utilisé
comme réponse totale à une question. Aussi dans l'énoncé
suivant "of course" ne fait-il pas écho à
"may" mais
à
II can ll.
(5) A
IIIt was a splendid foundation for a nego-
ciation. I
believe I
might be able to
bring i t off. 1I What a
triumph that would
be
!
B
May I
take i t then,
that you'll do i t ?
A
Of course.
IICan ll n'étant pas donné dans
le linéaire,
la présence de
lI o f
course" seule suffit
pour qu'on en déduise l'existence.
I l serait faux de croir(, que
l'Adv.Mod.renvoie au modal "may"
puisqu'il s'agit,justement,de montrer qu'il y a acceptation de
la relation proposée dans
la question.
1I0f course" présuppose
r'can ll et non "may" même. si
le linéaire semble créer un écho
avec ce dernier. On aura compris qu'il s'agit d'un écho fic-
t i f dû au fait que
II may " et "can" forment un micro-système
dans
lequel la présence de l'un présuppose celle de
l'autre.
L'énoncé suivant est assez explicite à
cet pgard

-
)11
-
(6) A : May 1 have biscuit,Mum ?
B
Of course, dear
A
Can 1 have i t now ?
(GLA,
p.154)
A a rep~r~ en "of course" l'expression d'un acquis op~r~
par B de
la relation
qu'il propose. Ce repérage lui permet
de passer à
"Can" dans
la reprise. On peut ajouter en d'au-
tres termes qu'il y
a dans
"of course"
les indices m~taopéra-
tionnels d'un "can" potentiel que A exploite ici. I l assure
le passage en phase 2.
may
of course
2
can
IL nous faut maintenant noter que
la contrainte dans
le rapport l'Adv .j\\iJod .Ass /
modaux rhématiques" n'est e ffecti ve
qu'en pr~sence de modaux nus,
c'~st-à-dire,non dotés d'un
"ed". En effet,
l'Adv.r-lod.Ass semble s'accommoder d'un "might"
dans
les énoncés
ci-après
:
(7) Albert felt the identity of the murderer was
to be discovered very soon. He knew i t wasn't
old Uncle Ben.
He thought i t couldn't be
Peter or young Hary. Of course i t might have
been that curious chap Burton. He Just didn't
know, yet,
something told him.

-
)12
-
(8) A
We have a
more Asian viewpoint
than you--
our bullying neighbour is Turkey,
not
Germany
B
They might be allies
A
They might
indeed.
( KF,
T;'1.FS P f P • 67 )
"Ed" signale un acquis
compte tenu du dpcalage chronologique
ou présuppositionnel.
C'est sur cet acquis que
l'énonciateur
construi t
son assertion.
"Of course
i t
may ••• " et
"they may
indeed" seraient contradictoires du
fait même que
les deux
adverbes présupposent
un dépassement
métaopérationnel.
La portée de
l'adverbe est ici,
de toute évidence,
le décaleur
métalinguistique
"l.i;d".
of course
/
have
Cette br~ve analyse de l'affinité entre le théma-
tique et
les Adv .:-lod .Assertifs nous permet de tirer la conc-
lusion,
désormais éVidente,
que
l'assertion ne
peut être une
~
l
1
1
!';
1
~
!

-
J1J -
une activité
liÉ'e à
la
référenciation. Asserter) ce n'est
pas simplement poser une affirmation ou indiquer une confor-
mité
référentielle. Asserter, c'est se porter
garant de
la
validité,
de
l'authenticitp d'une relation.
Cela ne peut s'exercer que par le filtrage dû au seul énoncia-
teur.Ce filtrage
entraîne un décrochage par rapport au plan
référentiel.
Las Adverbes assertifs sont,
dans cette activité
métalinguistique,
de véritables outils de modulation.
La modu-
lation
de
l'assertion suppose une graduation,
un ordre en
syst~me qui se refl~te dans l'organisation des Ad~.Mod.Ass.
Nous consacrons cette derni~re section
à
l'analyse de
cet
ordre en syst~me.
1
!!
t
2.
5. Quelques micro-syst~mes d'Adv.Mod.Ass
Î!
2.-5.1. Surely 1 Certainly
Nous retenons
ces deux adverbes non seulement
par-
ce qu'ils
forment un micro-système mais aussi parce qu'ils
semblent être les assertifs les plus proches des modalisateurs
stricto-sensu.

-
314 -
Dire que "surely" et
"certainly" forment un micro-
système c'est poser à
priori que
l'on ne se satisfait pas de
la synonymie qu'impose le lexicographe.
Le linguiste doit
proposer plus d'explication s ' i l veut explorer le système
d'une langue. La notion même de système
ne tolère pas de
synonymie stricte.
Contrairement à
ce que peut penser le lexicographe,
certaines
intuitions
de
locuteur natif
d'une
langue peuvent
parfois aider à
la saisie de nuances,
infimes certes, mais
déterminantes pour le linguiste, même si ces nuances sont de
l'ordre des effets de sens. Aussi une petite enquête auprès de
, 1
l '
'1'
d
'
t '
locuteurs nat:l.fs
a-t-el e reve e
es nuances seman :I.ques.que
nous résumons de la façon suivante :
surely
certitude moindre
existence d'une petite idée
de doute
certainly
certitude plus grande
A c8té de ces effets de sens plus larges,nous avons des
effets particuliers dûs au contexte. Ainsi dans
les énoncos
suivants,"certainly" est dit exprimer "quelque chose
d'inévi-
table" •
(1)
This was
the beginning of his education to
~uiLt, in which, with his resistance lowered
by being tired and by the attacks of his
..../ ....

-
315 -
nerves,
and his mind and judgement weakened
by injections,
he was brought slowly but
certainly along
the path where he could no
longer
distinguish morally between the ac-
tions of a
paid spy and his own purpose •••
(P. Gallico,TbT,p.50)
(2)
Step by step he led him to believe that he
had intended to be a
spy and saboteur against
the interest of a foreign government to the
adavantage of his own :
for the secrets he
would have managed to get out of the Com-
munists i f he had been
successful would
certainly have gone to the United states
Government,
as Jimmy knew very welle
Les
locuteurs natifs donnent
" s 1 ow l y but surely" plus
naturel
mais notent que
" s 1 ow l y but certainly" renforce
l'idée de quelque chose d'inévitable,
d'inéluctable.
On relève donc,
dès les effets de sens,
le caractère
déficitaire de
"surely" par rapport à
" certainly". C'est cette
"faiblesse" de
"surely" qui
le rend inapte à
servir de réponse
totale à une question. Tous les
informateurs ont rejeté les
commutations opérées dans les énoncés du genre
:
(3 ) A
You know my proFession?
B
Certainly.
( A. C. , Dumw i t , p .2 J 1 )
*
Sure l.y
(4)
A
Hay l
have this dance,
Lady Charlotte ?
lJ
Certainly,
my Lord. (KF,T~IFSP,p. 139)
*
Surely, my Lord.

-
)16 -
A l'inverse,
i l semble naturel de poser que c'est la trop
grande "force" de "certainly" qui
l'empêche de prendre le
relai de "surely" dans un énoncp-
comme:
(5) Must you waste so much time questionning
that computer?
Surely, you're not s t i l l
concerned over what
Colonel Deering may
have thought about finding us together ?
(S.A.C.L.,p.57 2 )
(5')* Certainly,
you're not s t i l l concerned ••••
Ces contraintes montrent déjà que la notion de synonymie sert
souvent de tremplin à
l'opacification. Au plan purement séman-
tique,
"certainly" est,
plus que "surely" ,
l'expression de
la plénitude de la notion de certitude. Si l'on avait à
graduer cette notion,
on situerait certainement "certainly"
au degré
le plus élevé et "surely" au degré inférieur. Il
est possible de rencontrer des énoncés dans
lesquels est quan-
tif'ié
le programme sémique de "certainly;
exprimant ainsi
la plénitude de la certitude. Que l'on juge:
(6) There is nothing that we know more certainly
in this world,
than that we know nothing ~­
tainly of the other but what we are taught by
Gad himself.
(0 • I~. D. )
(7) You ought not to speak 50 certainly about it
La commutation avec "surely" engendrerait des absurdit(~s.
Au plan formel,
on notera que "surely" est plus déîici-
taire puisqu'il narque l'entame dans
la modulation,
plus

-
)17 -
exactement,
la structuration modale de l'asertion.
Ce déîi-
cit est mis en relier par son incapacitp à
marquer la satu-
ration de la relation et par conséquent à
servir
de rpponse
absolue à une question.
"Certainly" au contraire,
signale
le statut tautologique de la relation.
La traduction en
rrançais de
l'exemple suivant est tout à
îait transparente
(8) You allow
me?
Certainly.
Vous permettez ?
Comment donc
( US-!i'j"D)
.. J.
.~,.J
Un "mais bien sGr"
aurait tout aussi bien rendu la saturation
de
la relation qui est ,de toute évidence matérialisée par
"donc". On signalera au passage que toutes les traductions
donnent
"surely" et "certainly" pour synonymes en leur attri-
buant p~le-m~le :
sGrement,
assurément,
à
coup snr, bien snr
certainement etc •••
La contrainte imposée à
"surely" devrait
inspirer une plus grande systématicité dans
la traduction.
Cette contrainte n'est d'ailleurs pas
le îait du seul "surely",
"certainly" est irrecevable dans les questions du type
:
Surely you are not going to
leave us ?
Surely we have met before ?
(IISFED)
(9')* Certainly you are not going to
leave us ?
(10')*Certainly we have
met berore ?
Nous avons là une preuve supplémentaire du caractère dérici-

-
)18 -
taire de "surely".
Le doute normalement sous-jacent à une
question explique l'incongruité produite par l'introduction
d'un élément marquant un haut degré de certitude.
I l convient de noter que
"surely" n'est pas seulement
défici taire,
i l est premier par rapJX>rt à
"certainly". La
source adjectivale permet d'étayer cette affirmation.
En effet,
on entend souvent
I t ' s sure and certain
•••
et non
*It's certain and sure ••••
Cette contrainte dans le linéaire est symptomatique de l'ordre
en syst~me des deux opérateurs. La position premi~re de "sure"
correspond à
sa position sur le vecteur structurant. L'iconi-
cité du linéaire est patente.
C'est ici que
la notion de
déficit
prend tout son poids.
L'adjonction de "certain" à
"sure" est faite dans
le but de combler un manque,
co qui
est tout à
fait naturel puisque la complémentation sémique
présuppose l'existence d'une carence.
Cette clarté de la
sO""Jrce adjectivale n'est malheureusement pas aussi trans-
parente dans
le linéaire adverbial. I l est néanmoins possible
de trouver une
justification dans
la corrélation avec les
éléments du
linéaire immédiat de
l'adverbe. Ainsi,
on comp-
rend
mieux l'affinité
"surely-still" dans
l'énoncé
(5) et
1
l'incongruité
de
(5'). "Still", on le sait,
est de nature
1.
Nous renvoyons au travail de
E. Metcer "Still and Tet a sa-
lient micro-sytem in English Grammar".

-
)19 -
J
1
rhématique par rapport à
"yet",
ce qui rend possibte
1.
1
j
l'affinit8
"surely -
still" puisque "certainly" aurait
indiqué une certitude
plus grande et marquer par conséquent
1
j;
~
le statut thématique de
la relation. Or,
cette relation est
t
~
déjà marqu6e du sceaU de la rhématicité
(cf. still)
f1
f
f
Une autre justification au dépassement métaopération-

nel signalé par "certainly", est rendue par sa non-combinabi-
lité avec l'opérateur "enough". Greenbawn (1969) n'a fait
que relever la contrainte :
1
surely
+
enough
*
1
certainly + enough
i
i1
sans fournir d'explication. Notre hypoth~se portant sur la
plénitude aussi bien sémantique
que métaopérationnel de
"certainly" permet de régler la question. Si l'on adhère
à l a fonction de "enough" définie par Schreiber (1971) comme
1
suit
f
tl
" The function of the adjunct "enough" in these
1
cases is to provide a degree of validity suf-
1
ficient to aSsure that associated predication
:
1
is a true statement"

J
t1
1
On peut conclure aisément que la quantification du degrp
1
1
de validité n'est possible qu'en cas de non plénitude, de défi-
l
ci t . L'ana lyse de C. DEUIAS sur "EnoUgh + N vs
'\\ + enough"
t
peut aider
à
la compréhension du tableau "Adv + enough"
!
t1!
qui,
i l raut
le noter,
ne
recouvre pas tous les Adv.Mod.
r
"Sorne constraints on the formation of English
1.
Schreiber P.A.
1
~:n~~n~~7~~verbsll in Linguistic Inquiry,Vol II f

-
320 -
C. Delmas relève l'inacceptabilité de
(11)* That fellow has enough cheek for money
enough imprudence
enough conceit
et note
fort
justement
"Les propriétés telles que
cheek, conceit,
impru-
dence impliquent que quelle que soit leur quanti-
té,
celle-ci est automatiquement interpretée com-
me un excès"l.
"Certainly" possède de toute évidence, cette m~me caractéris-
tique qui fai~ qu'il n'est plus possible de quantifier un
excès. La quantification de "surely" e s t ,
au contraire,
acceptable du fait de son caractère déficitaire.
La contrainte relévée ici,
nous permet de formuler
une vue globale sur les propriétés métaopérationnelles de
l'équation "Adv. + enough". Comme l'a montré C. Delmas,
l'équation
"Enough + N"
est relayée, lorsqu'il y a pas-
sage
au plan métalinguistique,
par "N + enough" d'où le
tableau:
Enough
+
N
l
2
N
+
enough
Ce relais n'existe pas avec 'Adv. + enough"puisque la classe
Adv. regroupe un ensemble de mptaopérateurs c'est-à-dire
un
1. Delmas Claude,
"Enough" et "Assez".
TREMA 8,198J,p.95.

-
J21
-
ensemble d'unités appartenant déjà au plan métalinguistique.
On ne peut donc obtenir le schéma inverse de :
Adv
+
enough
2 E E - - - - -
*
enough + Adv.
-------?> 2
Ce qu'il convient de noter,
c'est la quasi-relativité des
potentialités
du système de phases dans une opposition
intra~atégorielle. A l'intérieur de la catégorie Adv. supposée
en phase 2 dans son rapport avec enough, i l est impossible
d'avoir deux éléments participant de l'alternance phase 1 ---.
phase 2. Le tableau suivant résume cette relativité de phases •.
Adv
.J ~
enough
2 ~
i
1
surely
l
+
enough
2
certainly
+
Un autre argument
en faveur du statut second de
"certainly" nous est fourni par le métaopérateur "almost".
Les informateurs ont rejeté
la commutation de "surely" dans
les énoncés (11) et
(12)
(11)
Watts,
l
want you and your lads to spend
a
little money in the East End. The man is

-
)22 -
almost certainly russian,
so he's probably
an anarchist and Jewish, but don't count on
i t .
(KF, TMFSP,p.218)
(11')* The man is almost surely russian
(12)
Germany will attack France, almost cer-
tainly. The question is, will we come to
the aid o~ France ?
(KF, TMFSP)
(12')* Germany will attack France almost surely
La. contrainte, cette ~ois, s'exerce sur. "surely" et cela
nous amène
à rechercher la di~~érence entre "enough" et
"almost". On notera le caractère hybride de "enough" qui,
selon sa position (à droite ou à gauche du nom,
par exemple)
dans le linéaire décrit une entame structurale ou un dépas-
sement structurel. "Almost" est, au contraire, essentiellement
métaopérationnel,
c'est-à-dire qu'il marque une opération
qui décroche la structure. ·'Almost" s'oppose à
"np.arly" tout
comme "certainly" s'oppose à
"surely". C. Delmas
relevait leur di~~érence après des énoncés
comme
(1))
Our cat understands everything
he's almost human
(1)')* Our cat understands everything
he is nearly human
(S.A.C.L.,p.94)
"nearly est une appr~ciation qui reste dans le
constituti~ orienté vers le primiti~. En ~ait,
..../ ....

-
J2J -
notionnellement la félinité et l'humanité
connaîtraient une équivalence sémique :
ce
qui va à
l'encontre de l'intuition. Almost
au contraire ne dit pas qu'un chat est un
homme,
i l ne s'agit que de dire métaphori-
1
que"
C'est ce caractère métaopérationnel de "almost" qui impose
une contrainte dans le choix d'un élément du couple "surely/
certainly". On comprend alors l'affinité
"almost -
certainly"
puisque "almost" ne peut porter que sur
un élément qui indi-
que
par nature un dépassement. L'impossibilité
"*almost -
surely"
naît, de toute évidence, de l'incapacité de "almost"
de quantifier un élément qui marque une entame dans la struc-
turation. Cette incongruité ne signifie pas pour autant que
l'affinité
"nearly-surely" est prévisible.
"Nearly" est
trop proche du concret pour entrer en relation avec des uni-
tés qui représentent un jugement de l'énonciateur.
Le français possède un seul opérateur
en lieu
et place de "nearly" et "almost~ mais la contrainte est tou-
jours respectée :
(14)
L'individu est presque certainement russe.
(14')* L'individu est presque sûrement russe.
On conlura
cette brève étude de "surely" et "certainly" en
notant qu~ils forment bien un micro-système dont les caracté-
ristiques sont mises en relief non
seulement par des intui-
tions sur les effets de sens, mais aussi et surtout, par leur
1. Delmas C.,
S.A.C.L.,p.94.

1
-
)24 -
combinabilité dans le linéaire avec des éléments à nature
plus ou moins métaopérationnelle. Ces adverbes montrent
bien, tout comme nous allons le voir pour "obviously/ evi-
dently", que la langue
dégage à tous les niveaux des traits
de sa systématicité.
2.-5.2. Obviously /
evidently
On ne peut,
ici encore,
se contenter de la
synonymie même si les deux opérateurs sont sémiquement assez
proches. Leur différence se situe dans la modulation (quanti-
fication de degré et maîtrise des données) de l'assertion.
L'énoncé suivant nous permet d'introduire cette différence
(1)
(Contexte
Feliks l'anarchiste russe s'est
présenté à Lydia sous le nom de Levin. In-
terrogée,
cette dernière est obligée de dé-
crire
Feliks)
What was Levin like ?
The question unsettled Lydia.For a moment
she had been thinking of "Levin" as un un-
known assassin ; now she was forced to des-
cribe Feliks.
'Oh ••• tall,
thin, with dark hair,about my
age,
obviously Russian; a nice face
,
rather
lined •••••
(KF, TMFSP, p.20J)

-)25 -
"Evidently" dans ce contexte aurait signit'ié que l'énoncia-
teur " est sûr" que le sUjet est russe, or cela entre en
contradiction avec l'intention de voiler son identité.
L'assertion de la relation sujet be Russian ne pouvait donc
être modulée que
par "obviously" qui se présente comme moins
polémique.
En t'ait,
"Obviously" présente la relation comme
une conclusion logique qui tient de la description alors que
"evidently" aurait indiqué une conclusion dont l'énonciateur
serait le seul auteur.
Le t'rançais utilise une t'ormule qui rend bien "obviously"
Oh ••• grand et mince,
avec des cheveux
t'oncés,
environ mon âge,l'air très russe,
un visage t'in,
assez ridé ••••
(Y. Baudry,p.168)
"Avoir l ' a i r " traduit la "t'aiblesse"
dans l'attitude de
l'énonciateur,
son incapacité
à dire la cont'ormité du sujet
à
la propriété "russe". On assiste à un double décrochage por-
tant sur la cont'ormi té rét'érentielle et la prise en char'ge de
la relation.
"Evidently" aurait entraîné un décrochage du réel
uniquement puisqu'il engage plus l'énonciateur dans son as-
sertion.
Ce plus grand degré d'engagement peut être exprimé
dans un énoncé comme :
(2)
(Contexte :
des agents de police à
la recher-
che d'un terroriste)

J
1
-
32 6 -
i
[
1
A
Are you having the place watched ?
B
Surreptitiously. One of my men has already
moved into the basement room as a tenant.
Incidentally, he found a glass rod of the
---------------------------
kindused in Chemistry laboratories.
-----------------------------------
Evidently Feliks made up his nitroglycerine
right there in the sink.
(KF, ~tFSP, p.268)
L'énonciateur peut s'engager entièrement dans l'assertion
puisqu'il a repéré dans la situation des indices légitimant
son opération. Il y a un dépassement dans la modulation de
l'assertion qui n'existe pas avec "obviously". La traduction
française est assez révélatrice :
(2')
Il a trouvé par hasard un agitateur de
verre, du type en usage dans les laboratoi-
res de chimie. De toute évidence,
Feliks a
fabriqué sa nitroglycérine là-bas dans
l'évier.
En fait,
le français possède un micro-système similaire
dans lequel
"à l'évidence" traduit "obviously" et "de toute
évidence!',
"evidently". Il est plus transparent ici que
l'anglais puisqu'il présente le micro-système "à/de" qui en
dit long sur le statut des deux locutions."A l'évidence" si-
gnale une évocation du caractère
tautologique de la structure
qu'il régit, et "de toute évidence" une totalisation. La totali-
sation est rendue Jar l'opérateur "tout" ( pour plus de détai Is

t
1
-
J27 -
1
1
1
t
nous renvoyons à la thèse de A. Lancri),
responsable à
1
la fois du dépassement et .de la quantification qui entraîne
i
une forte adhésion de l'énonciateur.
lj
On opposera ainsi aisément les deux micro-systèmes que
les deux langues mettent en oeuvre :
1
obviously
/
à l'évidence
2
evidently
/
de toute évidence
Nous n'en dirons pas plus, nous releverons simplement
que "obviously" dit qu'une relation "va de soi", qu'elle
,"
entre dans l'ordre logique de la structuration de l'énoncé.
"Evidently",quant à
lui, ne dit pas simplement qu'une rela-
tion
va de soi,
i l dit
aussi que l'énonciateur est le seul
responsable du statut de la relation. En d'autres termes,
"obviously"
signale un jugement partagé, admis par tous ou
suppo'é tel,
alors que "evidently"
constitue un jugement
dépendant de l'énonciateur seul. Son caractère polémique
naît de cette maîtrise de l'énonciateur du statut tautologi-
que
de la relation.
Cette opposition, on s'en doute,
n'est pas la seule
à mettre en évidence la successivité métaopérationnelle, tout
un ensemble d'adverbes assertifs participent
du même processus.

-
328 -
Nous en noterons seulement quelques uns.
2.-5.3. Autres éléments en successivité métaopérationnelle.
On aura une fois de plus recours au français pour
montrer les successivités que l'assertion de la relation
met en oeuvre. On retiendra uniquement
la structure:
oui
+
Adv ( yes + Adv ). Il en existe bien d'autres.
La première successivité que nous relevons est rendue
par "oui" et "si". "Oui" marque l'acceptation pure et simple
de la relation alors que "si" signale en plus que la relation
est déjà un acquis pour l'énonciateur. Il suffit de tenter
une commutation de "oui" et de "si" dans
les énoncés suivants
pour saisir le dépassement métaopérationnel de "si" et le
caractère déficitaire de "oui" :
(1)- N'avez-vous pas, par hasard, ma chère enfant,
en cheminant à travers bois,
rencontré des
soldats ?
Si
(Looking Gras5,p.171)
Oui
(2)
Es-tu allé à
la réception?
Oui
* Si

-
329 -
Les inacceptabilités sont justifiées quand on pense au statut
donné
à
la relation qui fait l'objet de la question. En (1),
l'interro-négation remet en cause la relation dont le rétablis-
sement nécessite un métaopérateur.
"Si" restitue la validité
de la relation mise en cause par cette pseudo-négation.
"Oui"
ne restitue pas la validité de la relation, i l la pose, qu'elle
soit négative ou pas. Aussi aurait-il posé la validité de la
pseudo- négation plutôt que de restituer la relation mise
en cause.
En (2),
i l s'agit de valider la relation proposée,"si"
est irrecevable puisqu'il aurait supposé que le coénonciateur
a
présenté une relation "mise en cause". I l est naturellement
polémique à cause,
justeme~t, de son statut thématique. C'est
cette valeur qui lui donne d'être régi par un adverbe plus
métalinguistique que lui :
(3 ) A
Et
je ne pourrai pas gagner ma vie
.
..
B . Bien sur que si, vous le pourrez !
(Y • Baudry,p.202)
..
'*
Bien sur que oui
Nous l'avons déjà noté,
"Bien sûr" dit que l'élément sur
lequel i l porte est essentiellement thématique,
"Oui" qui
est rhématique est donc exclu.
L'anglais a une façon particulière de rendre le
dépassement que marque "si". Il comble le déficit de "yes"
par un saturateur ou un adverbe approprié.

-
JJO -
(4)-Did you happen to meet any soldiers,my dear,
as you came through the wood ?
-Yes l
did
"Yes" indique une acceptation de la relation et "1 did"
une saturation de cette relation
• I l :faut noter que la
saturation présuppose une acceptation préalable,
ce qui
explique que "1 did" puisse servir de réponse à une question
1
1
sans :forcément le support explicite de "yes".
"Yes" et "1
1
did" sont orientés de la :façon suivante :
!!l'
1
l
Yes
~
j
i!~l
2
l
did
<!::
J
i
L'Adv.Mod.Ass.
joue le m~me rôle que "1 did"
1
,~
,
t
t
Yes
o:f
course
1
1
1
l
Yes
indeed
î.1
1
1
La deuxième successivité que nous relevons met en oeuvre
1
l'adverbe
":forcément". Une étude
intéressante de cet adverbe
1
_a_é_t_e_'_:f_a_i_t_e_p_a_r_D_a_n_J_"O_U_-_F_l_a_u_X
__
N_._e_t__
G_a_ry_-_p_r_i_e_u_r_M_._N_._<_1_9_8_1_)_1_.
:,'
1. Danjou-Flaux N. & Gary-Prieur "Forcément, ou le recours à la
:force dans
le Discours" in
1
Modèles linguistigues, Tome III
1
Fascicule 1,
1981.
1
1

-
JJ1 -
Nous nous proposons de signaler ici les points qui
nous
semblent
moins
nets et ceux qui sont au contraire assez
pertinents.
Ces auteurs proposent des paraphrases pour expliciter
le sens de l'adverbe, paraphrases néés
de l'idée que
"forcément"
est un
indice des rapports
intersubjectifs. En
voici quelques unes
(5)- Nous allions forcément au pas
:lInou S étions forcés d'aller au pas"
(6)- Tu vas à la réunion 7
~ Forcément !
="Oui,
je suis forcé d'y aller"
On reconnaîtra une fois de plus que la paraphrase est un
artéfact qui
ne rend pas toujours l'opération, ni même le sens
exprimé.
"Oui, puisqu'elle
me passionne" aurait tout aussi
bien servi que la paraphrase de
(5). En dehors des rapports
intersujets
"forcément" a une valeur plus formelle qui
l'inscrit dans la successivité métaopérationnelle. Il est
par exemple plus évolué que "oui".
(7)-
1
Est-ce que tu iras 7
Oui
Forcément
"Forcément" correspond à l'équation
: oui + saturation.
L'énonciateur ne se contente pas d'accepter la relation, i l
dit
en plus qu'elle s'impose, qu'elle va de soi.
1.
L'énoncé est_de Danjou-Flaux et Gary-Prieur.

1
f
-
))2
-
1
c'est ici que l'analyse de ces auteurs devient pertinente
car sans le savoir,
ils évoquent la nature thématique de
1
"forcément". Après les énoncés:
1
(8)
Vous devez obligatoirement présenter votre
f
passeport.
(9)
Vous devez forcément présenter votre passe-
1
port.
1
1
ils proposent l'analyse suivante
"(9) et non(8) sous-entend une raison particulière
à cette contrainte,
et que le locuteur est en
mesure de l'expliquer. Autrement dit,
(8) énonce
une sorte de règle administrative valable pour
tous et qui n'appelle ni complément d'informa-
tion ni discussion,
(9), par contre, présente
la contrainte imposée comme résultant d'une
situation particulière et necessitant de ce
fait une explication
par exemple :
(9' )
(9), puisgue vous êtes étranger
(9") : (9), puisgu'on vous le demande
(9"'): (9),puisgue vous venez d'un pays de
de l'Ouest"
(C'est nous qui soulignonlJ le "puisque")
"Forcément" n'est possible que lorsq"u'il
y a préconstruction
ou présupposition. "Obligatoirement" n'implique pas de pré-
structuration puisqu'il est rhématique.
Obligatoirement
1
R
+
RH
Forcément
1
R
+
TH

- JJJ -
Il n'est plus besoin de chercher
davantage de justifications
à
l'ordre qui sous-entend la quantification de la contrainte.
Cet ordre s'impose de lui même:
1
1Obligatoirement
2
Forcément
On n'en dira pas plus. Notons pour conclure cette
section qu'une analyse totale du système adverbial d'une
langue montrerait une représentation architecturale qui
matérialiserait toutes les successivités. Tout le système
pourrait ainsi être enregistré
sur o~dinateur et serait
d'une utilité certaine au lexicographe
et à l'enseignant.
N'allons pas si loin,
disons simplement que l'erreur de la
tradition vient de la classification des données du chaos
et non des relations.
Une analyse des relations entr~
adverbes en tant qu'elles sont le
fait d'une activité
abstrai te méta~inguistique aurait relevé les micro-systèmes
suivants :
1
~)
2
anglais
surely
certainly
obviously
evidently
yes
l
did
(ou Adv.Mod.Ass.)
français
sûrement
certainement
à
l'évidence
de toute évidence
oui
si
oui
forcément
~b.ligatoirement
forcément

l
-
JJ4 -
1
i1
l
La tâche du linguiste
revient à rechercher tous
i
les points,
tous les éléments qui mettent en relier la
1
cohérence,
la systématicité de la langue. Cette cohérence
ne peut être saisie, du moins croyons-nous, qu'au prix
d'une
analyse du travail sous-jacent. Ce travail a,
comme nous
venons de le voir dans ce chapitre, plusieurs racettes,
soit
i l renvoie à
la structuration d'un produit structuré
( enve-
lope métalinguistique),
soit
i l consiste à déterminer le
degré de prise en charge de l'énonciateur.
Dans
le chapitre suivant, nous examinons une
autre racette de ce travail de régulation du sens. L'adverbe
et les opérateurs de négation se combinent dans le linéaire
et i l nous semble tout ~ fait indiqué de tenter de montrer
que cette combinaison tient aussi de la cohérence du travail
dont nous parlons.

1
1
f
~.
t
1
t
1
i
lfl1
1
1
fi
CHAPITRE IV
LINEAIRE ADVERBIAL,
STRUCTURATION MODALE
ET
NEGATION

1
f
Il
Language is the main instrument
of man's refusaI to accept the
world as i t is.
Il
G.Steiner
1

-
JJ7 -
Ce chapitre comporte deux étapes correspondant chacune
aux deux objectifs principaux que nous lui assignons.
Dans la première étape nous montrons qu'à côté du
système adverbio-modal s'organise un système tout aussi cohé-
rent :
celui des opérateurs de négation.
Nous montrerons
notamment que le triplet "no-not-never" constitue dans la
structuration, des couples de micro-systèmes "no-not","no-never"
1
"not-never".
1
Cette étape constitue en quelque sorte une introduc-
tion
à
la seconde dans laquelle nous montrons qu'une opération
1~
comme la négatdon n'est pas
étrangère au système adverbial
de l'anglais et du français et qu'au contraire,
tout un pan
de la structuration adverbio-modale s'en accommode parfaitement.
La question que nous tenterons d'examiner concerne prlncipale-
ment, quand i l y a co-présence d'un modalisat~ur e~ d'un
opérateur de négation dans le linéaire,
la portée de l'un
sur l'autre. Cet examen nous permettra de mettre au jour cer-
taines affinités entre les opérateurs eux-mêmes et ce qu'il
conviendra de nommer la "structuration modale de la négation".
1
1

-
338 -
i
1
1.
SYSTEME DES OPERATEURS DE NEGATION
1
!
1
1
Une brève présentation des formes
(des opérateurs) est
f
,
nécessaire à
l'analyse des micro-systèmes d'autantqutil y a
une remarquable similarité entre certaines langues de la
1
t
famille indo-européenne. Nous tenterons dans cette présenta-
f
tion de relever cette similarité et de montrer qu'elle est
symptomatique du caractère universel de l'opération de
1
négation.
1. 1. Une similarité formelle interlingue
L'examen des langues comme l'anglais,
l'allemand,
le
français,
l'espagnol et le polonais'révèle un système à
trois opérateurs comportant chacun la le~:re ~ de ~égation.
anglais
no
not
never
allemand
nein
nicht
nie
français
non
~e ••• pas
~e ••• jamais
espagnol
no
no
~unca
polonais
nie
nie
nidgy
Cette similarité morphologique renforce, dès la surface,
l'idée de universalité de l'opération (des opérations dirons-
nous) sous-jacente. Nous avons affaire ici à un cas dans

~
!
1
i
-
JJ9 -
1
!
lequel la contrastivité banale est une préfiguration de l'uni-
1
1
cité de la négation. Bien entendu,
l'opération n'est perçue
t
1
l
que par le dépassement de la simple comparaison des formes
"f
!
Un autre point de ressemblance entre ces langues est
ft
,
rendu par le caractère hybride des opérateurs dont "ne"er" est
1
,
un
échantillon. Dans un contexte qui reste à déterminer,
f
f
"never" cède le pas à sa contre-partie positive "ever". Les
l1
langues citées
ici ont toutes un opérateur ayant un pôle
opposé comme le montre le tableau
ci-dessous :
1
f~f
t
!!
pôle -
pôle +
anglais
never
ever
1
allemand
nie(mals)
je (mals)
1
f
français
ne ••• jamais
jamais
1
\\
espagnol
nunca
jamas
!
polonais
nidgy
kiedy
[
1
f
l
Quelques énoncés tirés du dictionnaire corroborent
la
1
/.
t
division pôle -/pôle + opérée ici. Il s'agit uniquement
f1
d'exemples allemands ,polonais et espagnols,
ceux de l'anglais
r
et du français feront
l'objet d'une étude plus détaillée.
r
1
1. Notre propos ici n'est pas d'analyser tous les opérateurs
de négation dans les langues citées. Il faudra toute une
thèse pour cerner la question. Nous voulons tout simplement
1
signaler cette ressemblance formelle.
l
r~..

-
Jl~O -
1
1
1
t
~
allemand
(-)
Niemals wurde ein Geheimnis besser gewahrt
l
Jamais secret ne fut mieux gardé
(+ )
Hat man 12 so (et) was geschen ?
A-t-on jamais vu chose pareille ?
polonais
(-)
Nigdy jej nie widziat
[
(
I l ne l ' a jamais vu
1
(+)
Jesli kiedykolwiek go spotkasz
l
51" · "
1
t
1
Jama1s vous
e rencon rez •••••
espagnol
(-)
Yo nunca he venido a Paris
Je ne suis jamais venu à Paris
(+)
As
jamAs
hoido un gallo cantar ?
Avez-vous
jamais entendu un coq chanter ?
t
Ces exemples, quoique pris in vitro,
laissent transpa-
!
i
raitre
le type de
métaopération lié
à
l'usage de ces opéra-
1
teurs:
préstructuration,
présupposition.
Ces concepts seront
f
au
coeur de
l'analyse de
"never"~ pour le moment,
on
l
f
conclura
cette -présentation
des formes pa~ l'idée qu'à
f
la surface i l n' y a pas que des différences. A travers les
langues, une même opération peut avoir des traces dont
la
1
morphologie trahit son universalité.
1
I l convient maintenant d'examiner les caractéristi-
ques systématiques de ces opérateurs.
!
1. Dictionnaire français-allemand,
Larousse
Grand Dictionnaire français-polonais,
Ed. d'Etat,
Varsovie,
198::' •
ltl

-
Jl~ 1 -
1. 2. ,:.:N:..::o:...-_ _...;n=o;..:t:...-_......;:n=e..;;v..;;e:;.;r:..
1.-2.1. No -
not
Ces opérateurs de négation forment un micro-système
qu'il
faut mettre au jour. Les études proposées
(Klima (1964),
Jackendo:ff (1969), Ratie ~1ichel(1979)) ont mis l'accent beau-
coup plus sur leur portée
(scope) que sur leur organisation
en système. On parle de négation de phrase et de négation de
constituant. Formalisant la notion de "scope",Klima proposait
l'analyse suivante de "not".:
" A single independant
negative element, whose
simplest reflex is "not" is found to account
for sentence negation,
its scope is the whole
sentence but because that element is mobile
and capable of fusing with other elements
(for example nobody ),
its ultimate position
and form have great lati tud('~ ••• Il 1 •
Certes
le développement de la notion de portée dans son
ensemble est assez pertinent, mais
nous ne pouvons suivre
Klima
dans
le postulat d'une mobilité de
II no t ll qui engendre-
rait
la ligature II nobody ll. Nous pensons que II no ll et II no t ll
constituent deux opérateurs dIfférents. Les énoncés que propose
Klima nous semblent contenir leur diff6rence :
1
- - - - - - - - - - - - - 1
1. Klima E.
IINegation in English Il in Structure of language :
1
Reading in the philosophy of language. Edited by
t
J. Fodor and Katz,
Englewood Cliffs,
N.J.,1964.
~
t~
fl
il

-
342 -
(1) Publishers don't accept suggestions and
neither do writers
(2) No rain fell and neither did any snow
En (1)
"not" nie le noeud pr~dicationnel "do", il a donc
une valeur épistémique.
"No" ne peut nier le noeud prédication-
nel. I l n'a pas
la "puissance m~taopérat1onnelle" lui permet-
tant d'accéder à
la relation. On ne peut avoir:
(1 ,)* publishers do no accept suggestions
Le rôle fondamental
de "no" réside dans la négation des
programmes sémiques. Ce à quoi
"not" n'a pas accès.
(2')* Not rain fell and neither did any snow.
Or,
la quanLification des programmes sémiques ou des notions
on le sait,
est dpvolue aux opérateurs de phase 1. Avec "no"
dans l'énoncé
(2),
i l Y a déficit
par rapport à
la métaopéra-
1:ion. Autrement dit,
"no" serait en système ,moins formelle
que "not". Voici des énoncés dans lesquels "no" nie en bloque
des programmes sémiques
:
(3)
l
don't think that's what Jimmy meant,Mitch.
Everybody knows that we don!t go into a
story as deeply as we do in America,
and l
think the Frobisher case is no exception.
(P. Gallico, TbT,p.2)

-
J4J -
(4) A
Well
look here
!
a big yellow butterfly !
l t ' s unusual to see one this time of year
unless of course, he flew up from Brasil •••
1'11 bet that's i t . They do that sometimes
you know ••• They fly up from Brasil and
they •••
B
This is no butterfly ••• This is a potato
chip
( S.A.C L.)
(5) "Do l understand what ? l'm no Sherlock Holmes
you know. l'm your doctor.
( S.A.C.L.,p.J09)
Dans ces ~nonc~s, l'utilisation de "not" aurait entraln~
1
t
l'~mergence dans le lin~aire d'un op~rateur suppl~mentaire :
t
"a" ou "any". L'inexistence de ces opérateurs avec "no" corrobore
!
le déficit dont
nous parlons. En fait,
i l est tout à fait
(
pertinent de noter que le point de départ de la structuration
est de caractère notionnel,
et que "no" matérialise ce point.
On comprend alors que ce soit
lui qui ait été désigné par la
t
langue pour servir de réponse à une question
polaire:
(6) A
Shall l
stay here
1
?
1
B
:
No
1
En réponse à
la question,
"no" fait
écho à
"shall" dont i l
1
nie en bloc le programme s~mique, t~che que ne peut accomplir
f
"not" du fait de son caractère formel.
1
1
i
i1
1
1
t

/ '14
/
1~
)44 -
f
On comprend ~galement que ce soit "no" et non "not" qui
1
ait été désigné pour former "nobody" contrairement à ce que
1
Klima laissait
entendre.
La ligature "no-body" n'est que
la représentation iconique de la négation de programme sémique.
"Not" est de toute évidence d'un autre ordre que "No".
(
f
Dans l'énoncé suivant o~ "no" n'est pas admis, H. Adamczewski
~
1
souligne l'affinit~ de "not" au
thématique
t
(7) l
am not answering questions'.
1l
On peut dès à présent conclure aisément au caractère rhématique
t
F
de "no" et à
celui,
thématique, de "not". En effet,
"no" cons-
fi
t i tue une entame dans· la structuration négative.
"Not" sou ligne
1
que la structuration a déjà une "histoire linguistique". D'o~
f
r
l'ordre en système et
la position sur le vecteur structurant:
l
no
1
i~
2
l not
1
~
Ce~ ordre en système peut être représenté par le linéaire
t
de façon quasi-iconique comme le montrent les énoncés ci-dessus
1
t
(8) A
Can l
sit down ?
t
B
No, you cannot. We aren't
friends yet
1
i
(P. Gallico, TbT,
p. 47)
f
r
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 1
, . GLA,p.25 6 •
1
•t1
1
t
f
ii
1
1
1
l

-
J45 -
1
1
1
(9) Is it a cancer? l
say,
is i t a
cancer? She
J
cried.
"No. Of course not
!
"
Don't be foolish "
( ••• ) But they knew that
1~t
was i t .
(S.A.C.L.,p.J08)
1
t1
(10) The audience included Andres Segovia- ~, not
1
that Andres Segovia, but his eIder son,
a
ir
successful painter
who lives in Paris
i
(5.A.C.L. ,p.255)
1
" No
" constitue pour l"~noncitteur un ~l~ment de censure
de premier ordre.
"Not" signale un dépassement métaopérationnel.
1
C'est ce statut qui l'autorise à prendre pour cible
le modal
can
dans
(8). On notera
une fois de plus l'extrême iconicité
!f
dont le linéaire fait preuve par moment. I l exhibe d'abord
t
1
"can", puis
"not" et enfin
la ligature qui matérialise la
!
,
cible atteinte. Une délin~arisation n'est dans ce cas pas
!
nécessaire mais elle peut aider à
la compréhension de la
1
t
successivité des opérations
t!
2
~
1
1
~
~
ti
Dans l'énoncé
(9),
c'est
"not" qui devient la
i
1
cible d'un commentaire de la part de l'pnonciateur."Of course",
f
on l'a vu,
a
pour caractéristique essentielle de signaler le
~tatut tautologique
des élpments qu'il prend
pour cible.
L'affirmation du statut tautol~gique d'un ~lément suppose une

promotion préalable de cet élément au plan thématique,
d'où
l'emploi de "not" apr~s "of course".
En français,
on aurait dans ce cas
un "que" qui mar-
querait
le passage au plan du thématique,
le décalage méta-
opérationnel.
(9') Non, bien sûr que non
On notera que "non," n'a pas
le même statut que "non2"
puisqu'il
y
a itération.
Les schémas ci-apr~s mettent
en
présenee les deux syst~mes linguistiques :
..
bien sur
Qu
2
2
, t
, i
no
non
Dans l'énoncé
(10),
le passage du rhématique au thémati-
1
f
que est tout aussi net. Dans un premier temps,
la négation du
!
nom que l'on introduit
pour la premi~re fois en discours
nécessite l'utilisation d'un opérateur indice de rhématicité
d'où
l'emploi de "no". Dans un deuxi~me temps,
la négation
du nom repris anaphoriquement
(réinvesti) ne peut se faire
qu'à l'aide du " no t" indice de thématicitf..
L'ordre inverse
n'est pas recevable.

- Jl-n -
* not, no that Andres Segovia
Il nous faut noter que cet ordre en système n'est pas
spécifique
à
l'anglais contemporain. Le vieil anglais semble
l ,
'
,
A C '
1
t
l
t '
l
aVOlr prevu.
.
repln
no e que
a par lCU e
"ne"
était
souvent renforcée
par "nat",
ce qui,
à notre sens,
préfigure
le passage
phase 1 /phase 2 puisque
le renforcement d'une
unité présuppose l'existence
préalable de cette unité. En
outre,
le linéaire vieil-anglais rend iconiquement compte de
ce passage :
(11) Ne have l
nat twelf pens withnne myn hold
"Je n'ai douze sous en ma possession"
(12) Ne of Swiche japes wol l
nat be shriven,
stomak ne conscience ne knowe. l
noo.
"Telles balivernes ne veux confesser;
entrailles conscience,
je ne connais".
Ces énoncés
marquent l'ordre en système qu'on représentera
volontiers à
l'aide du vecteur
1
ne
2
nat
En plus de l'iconicité du linéaire deux autres points soutien-
nent cette organisation en système.
Le
premier
porte
1. Crepin André, Grammaire historique deI 'anglais ,PUF,Paris,1978

-
JI~8 -
sur
la
possibilité
pour
"ne" de s'associer à d'autres
éléments
nis
-.- ne is
nath
-
ne hath
tout comme "no" s'associe à
"thing",
"body",
etc •••
nobody
~thing
Le second point concerne
la disparition progresseive de "ne".
I l peut s'agir d'une métaopérativisation c'est-à-dire
d'une
perte de poids sémique qui transforme "ne" en un outil de plus
en plus formel,
oMtil qui disparaît du linpaire,
n'ayant plus
de fonction.
Ce phénomène est comparable à la subduction dont
parle Gustave Guillaume.
De même qu'en vieil-anglais
"ne" est renforcé par
"nat"
ou d'autres éléments de négation,
de même "no" peut être
renforcé par "never". Ce qui nous donne un autre micro-système.
1.-2.2.
No -
never
On ne s'attardera pas
sur ces métaopprateurs,
quelques pnoncés suffiront à montrer qu'il s'agit bien d'un
micro-sytème comparable à celui que nous venons d'analyser.

-
Jl~9 -
(1)
Will you come vith me ?
~,
never
(2)
-
Here l've brought you sorne
oranges,
and
sorne chocolate for children ( ••• )
No,
you never said thank you for anything
in your life,
did you ?
"
"Never" comporte dans son pro,gramme sémique une nuance
de sens qui trahit la présence de l'énonciateur. Il constitue
en lui-même un commentaire c'est-à-dire une unité métalinguis-
tique qui parle de la relation. Ce statut métaopérationnel lui
c6nf~re la position seconde en syst~me par rapport à
"no", qui
lui,
ne fait que nier en
bloque la relation.
"Never" a,
en
fait,
un caract~re hybride qui justifie sa
pQ~ition seconde
sur le vecteur. En plus de la nuance de sens,
i l peut jouer le
r81e assigné à
"no".
( 1 ' )
Will you come vith me ?
No.
( 1 ")
Will you come vith me ?
Never.
I l peut également occuper la position seconde par rapport à
"no" dans l'ordre de la négation. Aussi,l'énoncp suivant
est-il irrecevable
(2')* never, you ~ said thank you for anything'
in your life,
did you ?
Ce que nous appelons nuance de sens est lié à
la méta-
opération qui sous-tend "never". L'espagnol nous
livre un

-
350 -
aspect de cette op'ration par l'entremise de "YAn
( 3) .•. how afraid he was of never finding a cure
(4)
cuanto miedro sentia de no tener ya remedio.
(S.A.C.L.,
p.
119)
"Never" est rendu par le couple "no-YA" marquant à la
fois
négation
et itération. I l faut toutefois noter que
c'est beaucoup moins l'itération qui constitue la métaopération
suppos'e par "never" que le marquage d'un acquis relationnel.
1
.

" I I
C. Delmas
rapprocha1t a
cet effet "YA" de
BE + Ing
en
proposant les énoncés
(5) l'm coming
(6) i Ya voy !
Ya signale donc un DEJA de la relation? Ce DEJA contenu
dans "never" qui permet à l"nonciateur
d'exprimer s'miquement
l'infinitude de
la n's-ation,
n'existe pas avec "no".
"No"
marque l'entame de la structuration n'gative et "never" la
prorogation de la structuration DEJA entamée.
j no
2
never
Nous affinerons le statut m'talinguistique de "never"
à
la suite de l'étude du couple "not-never"
1. C. Delmas, communication du CRELINGUA 23 avril 1984.

-
351
-
1.-2.3.
Not -
never
La différence de statut entre "not" et
"never"
n'est pas à
chercher dans un premier temps,
dans l'axe liné-
aire comme c'était le cas des autres couples, mais dans un
axe de type paradigmatique. S'interroger sur la substituabiiité
des métaopérateurs peut fournir des renseignements intéressants.
C. Charreyre
(1984)1
a proposé une étude
qui mérite d'être
notée. A partir de la substitution de "never" à
"not" dans
l'énoncé
"
(Contexte :
Esme,
51
ans,
a toujours vécu dans
l'ombre de sa mère. Celle-ci morte,
elle fait
table rase).
Very deliberately and calmly she went out of
the room and climbed the stairs,
and went into
her mother's room. The light from the street
lamp immediately outside the window shone a
pale triangle of light down onto the white
runner on the dressing table,
the white lining
of the curtains and the smooth white cover of
the bed. Everything had gone. Ber mother might
never have been here. Esme had been very anxi-
ous not to hoard reminders and so,
the very
day after the funeral ••• She had ruthlessly em-
ptied the room of her mother.
1. Charreyre:
"Might
(have-en) 1 c'était comme si" in Cahiers
Charles V,
Université de Paris VII,
1984

-
352 -
(2)
i l
ne restait plus rien.
Comme si sa mère
n'avait jamais
vécu dans cette pièce.
(3) cette chambre aurait
(fort bien /
tout aussi
bien )
pu
ne jamais avoir étp celle de sa
mère.
i l tire la conclusion suivante
"Remplacer NEVER par NOT en (8)
conduirait à cons-
1
truire
une valeur réferentielle absurde dans la
situation
évoquée
l'hypothèse mirage implique-
rait
que la mère est dans la pièce et que la
fille ignore sciemment sa présence.
* Her mother might not have been here
* C'était comme si sa mère n'était pas là"l.
Autrement dit,
"not" crée une certaine conformité
au réel.
"Never",
au contraire,
entraine un décrochage, une oblitération
du r6el. Cela est d'autant plus
net que "never" constitue un
commentaire de l'énonciateur.
Certes,
on adhérera à
cette autre
conclusion de Charreyre, mais
2
on reconnaitra que la valeur de "never" dppasse le parcours

"
Là où "not" marque
un simple constat de non-
actualisation de la source,
"never" lui,
recons-
truit
le parcours sur la classe des variétés des
traces possibles".
I l Y a plus que le parcours
"never" est la matérialisation
d'un acquis relationnel sur lequel se construit
le sémantisme
d'infinitude.
1. Charreyre,
op. cit.,
p.52.
2. I l s'agit du parcours de la métalangue de A. Culioli.

1
- 353 -
1
1
f:
,
!
La contrastivité peut, une fois de plus, aider à
lf
saisir les différents statuts de "not" et de " never '''.
f
f
L'opposition entre ces deux métaopérateurs existe,
en
~~..
l
effet, en français à travers
"ne ••• pas" et
"ne •••
jamais" •
Le témoignage de l'énoncé suivant est éloquent
!1l
(4) A
"A lors Naman
l
r
A
-Alors, voilà
t
B
1
-Tu t'ennuies ? ~~ ~E~E!~ ~ ~~~~~~~E ?
r
!
A
-Oh,
tu ~'as jamais ~~~~~~~E_E~E!~~
!
,i
"Ne ••• pas" s' app lique à une 5 tru dure dont les terme 5 ont des pro-
t
de sens distinct. L'ordre
grammes
Verbe + Adverbe maté ria-
i
lise l'autonomie sémique de chaque terme,
autonomie qui est
1
t
symptomatique du caractère "informatif" de la structure. Il
!
n'y a donc pas cohésion entre V et Adv.,
i l y a plutôt
quête
1f1
de cohésion.
L'énonciateur interroge sur la possibilité de
f
t
,
f
nier la relation rhématique "parle + beaucoup".
"Ne ••• pas"
r
est de toute évidence, l'opérateur spéc±alisé dans la négation
ti
de ce type de relation.
i~
1
~
Jne . . . . pasl"
f
t
1
!
,
V
GJ
A_d_V
_ _
t-
i
relation rhématique
!
1
•i
Au contraire de "ne
••• pas" ,
"ne
••• jamais" va s'appliquer
1
,
à une structure ayant déjà une histoire métalinguistique. La
rl
reprise de la relation
antérieure entraîne
une inversion

-
354 -
dans la structure
+
)
devient
1 Adv
I l n' y a plus autonomie des programmes sémiques mais rusion,
rormation d'un macroprogFamme.
"Ne
•••
jamais" s'applique
à un
"bloc" préstructuré,
c'est un indice de thématicité.
ne jamais
=--:1L-.----,
IAdv
vi
macroprogramme de sens
structure thématique
L'application de chaque métaopérateur correspond bien à
l'ordre de la structuration négative:
je ne parle pas beaucoup ?
2
r tu n'as jamais beaucoup parlé
On comparera ce micro-système à
celui de l'anglais:
I
do~ talk much ?
You never talk much.
Un autre argument en raveur du statut thématique de
"never" serait sa combinabilité avec les opérateurs "almost"

-
355 -
et "nearly". Dans le linéaire "almost" peut apparaître avec
"never". Ce n'est pas le cas de "nearly".
(5)
l
never
swear ••• weIl,
almost never
(S.A.C.L.,p.98)
(5')* l
never swear ••• well,
nearly never
Deux raisons justifient cette contrainte "nearly-never".
1
D'abord "nearly" assure une conformité référentielle
et
constitue une entame structurale par rapport à "almost" qui
relève du plan métalinguistique. L'énoncé suivant dans lequel
les deux éléments apparaissent ensemble montre
que l'ordre
en système est strictement
respecté:
(6)
Now l
mustn't write any more nonsense.
l ' m sure nobody to read this would ever
imagine l
was an almost nearly grown up
girl
( S.A.C.L.,p.99)
I l Y a fixation préalable de "nearly" qui assure la
conformité
de la structure nominale au réel,
à
l'état de
chose, puis l'itération de cette structure par "almost" en-
traîne une oblitération de cet état de chose. L'ordre inverse
est absurde du fait de l'impossibilité de décrocher la struc-
ture avant d'en marquer la conformité.
almost
nearly
~ .....: - - - - - -
1. Nous renvoyons aux études
de H. Adamczewski :
cours de DEA
et communications,
et à celles de C. Delmas notamment S.A.C.L.
pp. 93-102.

1
1
l
-
)56 -
1
~
!
1
* nearly
almost
--------~
1
2
1
1
La deuxième
raison de cette contrainte "nearly-never"
,
s"nonc~ d'elle-mame. "Never", de par sa nature (il
contient
!
une nuance de sens
qui fait de lui un commentaire de l'énonci-
1
ateur) renvoie au plan m'talinguistique. On ne peut, de
toute 'vidence, ramener au plan du
concret un 'l'ment, qui
1
1
par e.ssence nie le réel.
"Almost" est par contre, acceptable
1
[
1
puisqu'il relève pour ainsi dire
du mame plan que "never".
i!
1
Nous nous proposions
d'affiner le st~tut métalinguis-
if
tique de "never" lorsque nous formulions l'hypothèse que "never"
1
contenait
un
DEJA.
"Never" v'hicule une
notion importante
r
t'
la présupposition. I l faut ici lever toute équivoque. I l ne
!!
s'agit pas de pr'supposition au sens g'néralement admis et
i1
qui est souvent
r'sumé dans l'expression:
"le roi de France
~!!
est chauve" présupposant qu'
"il existe un roi de France'!. I l
1
t
;
s'agit beaucoup plus de préstructuration c'est-à-dire en gros
i
ï
que "never" va s'appliquer à une relation ou un programme de
1
!
sens pr'alablement structuré.
!
Un cas intéressant de la présupposition dont nous
parlons est donné par l'antéposition de "never". On sait que
l'antéposition est 'troitement liée à
la présupposition. Elle
met donc en relief le DEJA contenu dans "never".

-
357 -
(7) never had a rafle been treated
so seriously
before
( GLA,p.99)
La. relation "a rafle /
been treated ••• " est présupposé. On ne
voit d'ailleurs pas comment cela pourrait être autrement puis-
qu'il s'agit
de renforcer la validité de la relation. La. con-
jonction de "never" et de "so" confirme pleinement ce désir
de l'énonciateur. On note en outre la stratégie utilisée par ce
dernier
pour
renforcer la validité du lien: une pseudo-
~
négation. Une relation non prêsupposée ne peut subir tout ce
{
f
1
travail métalinguistique.
t
1
1
Le
linéaire enregistre ce travail sous-jacent d'une
façon particuli~re :
le décalage à gauche de "never" provoque
1
!
également le décalage à gauche de l'élément qui lui sert de
1
cible et qui n'est autre que le noeud prédicationnel.
1
Le français semble ici plus transparent que l'anglais
puisqu'il p-xhibe dans le linéaire un indice explicite de pré-
1
r
supposition.
(8) Jamais
tombola n'avait été traitée avec au-
tant de sérieux.
1
(9) Jamais Président de la République allemande
1
!
~'avait été élu, pour son premier mandat, avec
une telle majorité •••
(Le Nonde 1/07/84)
(10) Jamais sans doute,
le CNP
ne s'était réuni
dans des conditions aussi dramatiques ••••
(Le Monde 23-11-84)
"Ne" est la marque explicite de la présupposition, plus
exactement, de la saturation de la relation. C'est au fond,

-
358 -
i
1
1
cette valeur métaopérationnelle qui détermine son existence
l
1
dans l'énoncé. On ne peut le considérer comme un simple
,.
~
"explétif". En fait,
si on l'examine de plus près, on se rend
1
compte que son rôle réside plus
dans la saturation que dans
l
1
f
le marquage de la négation malgré son apparition fréquente
1
J
avec d'autres opérateurs en morphème discontinu: ne ••• pas,
1
ne ••• plus, ne
•••
jamais. A cet
examen nous trouvons
1
!
deux arguments:
le premier porte sur la possibilité pour
"ne" de demeurer seul dans l'énoncé. Dans ce cas,
l'énoncé est
1
forcément à caractère anaphorique du présuppositionnel. Il
1
s'agit d'énoncés régis par les verbes
du type:
craindre, évi-
t
ter,
empêcher,
etc •• ou les expressions da genre,:
avant que,
1
!.
à moins
que,
sans que,
etc~ qui sont, de toute évidence, des
déclencheurs de présupposition.
(11)
les pompiers craignaient que le feu ne gagnât
les habitations
(GLA,p.94)
Le deuxième argument porte sur l'omission du "ne" par
1
l'enfant au cours de son acquisition progres~ve
des faits de
langue.
o. TAULELLE a montré que l'enfant qui n'a pas
encore
maîtrisé les mécanismes de la négation cons.truisait des "blocs"
1
1
sémantiques
puis niait l'ensemble
à
l'aide de "pas". L'exemple
1
1
qu'elle propose nous semble
bien à propos :
1. Nous renvoyons ici à la thèse de Dominique TAULELLE sur la
1
"Fonction poé:tique et :fonction métalinguistique dans le langage 1
enfantin", Paris III,
1982, p. )47.
1
1
l
1

-
359 -
(12) (Contexte: MI veut rester 'veill', l'adulte
ne le veut pas )
. Adulte
oh non
NI
C'est pas /
oh non
"Ne" n'6tant pas encore maitris~, est omis. "Pas" à lui seul
suffit à nier le "b~oc" repris.
Autrement dit,
seul "pas","plus", ou "jamais" portent
la n'gation. On 'mettra donc l'hypothèse que la n'gation
n'existant pas
sans pr'supposition,
"Ne" marque cette pr'-
supposition et "jamais" seul nie la relation. H. A damczewski
posait à
juste t i t r e :
"Il est universellement admis que ne ••• pas cons-
titue une sorte de morphème discontinu qui ajou-
te le sens n'gatif à
la proposition positive.
Pourtant le comportement de "ne" ne laisse pas
d'être assez troublant puisque,
lorsqu'il ap-
parait sans son compè-re "pas",
i l n'a nullement
le Sens n'gatif, bien au contraire"l.
Nous pensons que même lorsqu'il y a n'gation,il n'est pas n'gatif
2
du tout,
i l conserve sa valeur m'taop'rationnelle sur laquelle
,
.
t
1
, . t
bl
'
t
l'J
.
Il
1
s appu1en
es ver1 a
es nega eurs.
ama1S par exemp e ne
s'opère guère que sur du pr'suppos' et "ne" lui sert de support.
On pourrait représenter sa port'e dans l"xemple (2) par le
sch'ma
ci-dessous
1.
Adamczewski, H.
, GLA,
p.94.
2.
Quand i l y a n'gation "ne" est un indice de présupposition
à
valeur discordancielle.

-
360 -
indice de présupposition
noeud prédicationnel
/été traitée avec
relation présupposée
autant de sérieux
"Jamais" porte sur l'ensemble de l'énoncé en s'appuyant
sur le "ne" qui,
lui, détermine le statut présuppositionnel
de la relation. Ce schéma est valable pour les énoncés()
et
(4). La portée de "jamais" est d'autant plus nette qu'elle
est en tête de la structure. Il faut toutefois noter qu'i~
1
peut y avoir variation dans la portée, surtout lorsqu'il n'y
1
a pas antéposition.
1
f
(5) Il ne ferait jamais cela
1
Ce qui est en cause c'est la virtualité de la soudure.
1
"Jamais" porte sur la trace formelle du virtuel de la soudure
[
prédicationnelle,
"ne" demeure support de la présupposition
i
et marqueur de discordance.
1
i
i
1
1
~
1 /
faire cel
1
.il

-
)61
-
Lorsque "ne" est absent de la structure,
la présupposition
est rendue par l'ordre dans la structuration.
(6) froid, moi? jamais 1
(pub
Damart)
L'énonciateur se donne la cible pour acquise avant de la nier.
L'ordre inverse engendre des absurdités.
(7)* Jamais moi froid
Cette contrastivité avec le français nous permet de
mesurer toute la complexité de "never" et de la métaopération
qu'il implique. D'une manière ou d'une autre,
i l s'applique
à une structure préstructurée. Même lorsq~'il porte sur un
opérateur ce dernier doit marquer une préconstruction. C'est
1
le cas par exemple de
"again" dans l'énoncé suivant:
(8) A : You are the one who wri~es murder stories
aren't you ?
B
Yes.
A
We ought to have made you do something con-
nected with murders. Have a murder at the
party tonight and make
people solve i t .
B
No thank you, never again.
A
What do you mean never again ?
B
Well'!_~!~_~~~2' and it didn't turn out
much of a success.

-
)62
-
"Again" est un op~rateur et m3me un m6taop~rateur puisqu'en
plus
de l'it6ration,
i l renseigne sur le statut de la relation
qu'il. itère. I l Signale que la relation a déjà une histoire
et qu'il s'agit de la r6ifier, de la r6investir.
"Never"
permet de rejeter la seconde phase de l'op~ration, le second
investissement. I l porte donc sur un élément qui marque le
statut "non nouveau" de la relation.
La just ification de ce
statut est donnée par "1 did once".
Le recours au français nous fournit une preuve intéres-
sante du statut thématique de la cible de "never".
(9) non merci, plus jamais.
"Jamais" porte sur "plus" contrairement à
ce que pourrait
:faire penser le lin~aire. "Plus" en lui-m3me est un indice
1
de pr6suppositioD. I l est,
sans conteste, un ~lément de la
m6talalgUe naturelle. I l dit qu'il y a eu relation et que cette
1
relation
n'est plus à refaire. En :fait, i l est int6ressant de
r
le comparer à
son compère "pas" pour montrer que la langue
f
:forme bien un système de micro-systèmes. Des 6noncés aussi
1
simpl.es que
1
!
(10) Pierre ne vient pas
1.
(11) Pierre ne vient plus
permettent
de montrer le caractère second de "plus" par rap-
port à
"pas".
"Ne
••• pas" pose tout simplement qu'il n'y a
pas de relation entre le sujet et le prédicat. Certes,
la n~ga-
tion de la relation pr6dicative présuppose la préstructuration,
plus exactement, la pr6conception de la relation, mais elle ne

-
J6) -
dit pas qu'il y .a eu relation. La présupposition est
simple-
ment programmatique,
l'énonciateur
ne fait qu'envisager la
relation,
i l dit qu'il
"a été question de Pierre et de venir".
"Ne •• plus" par contre, présuppose une
ligature antérieure
et renvoie
à une seconde mise en re lat ion qui est rejetée.
L'énonciateur ne dit pas qu'il est question de "Pierre" et de
"venir" mais que "Pierre est déjà venu", que cette relation
constitue un acquis structurel à partir duquel sera construite
la négation de la relance. D'où la position seconde de "ne
plus" sur le vecteur:
1
Jne pas
2
ne plus
"Ne ••• jamais", quant à
lui, vient élargir le micro-système.
Le fait de porter sur "plus"
dans
(9) en détermine le
caractère plus métalinguistique
• Ce statut lui est en fait,
conféré non seulement par le commentaire qu'il constitue, mais
par son programme de sens qui fait de lui un tenseur prorogeant
à
l'infini la négation de la relation. L'infinitude excède, de
toute évidence,
une deuxième mention. Ce qui nous donne un
système où se relaient les micro-systèmes
1
ne pas
l
2
ne plus
plus
- - - " - - - - - - i : "
'1 ne
2
ne jamais

-
)64 -
On pourrait représenter ce système de relais vectoriel
par
une "linéarisation" :
pas
plus
jamais
~----~,
2
2
A côté
du sytème français,
on aurait un système équiva-
lent
en
anglais dans
lequel "not" serait accompagné d'un
"again".
not
not again
never
~,
1
2
1
2
C'est au fond le statut de tenseur à l'infini de "never"
qui a amené
la tradition à
lui trouver une valeur temporelle.
liN
" .
. f .
. t "
t
ever s1gn1 1era1
no
at
any time". C,ala semble assez
pertinent à vu d'oeil,
encore qu'il faut définir la notion de
"time". Nous ne pouvons à ce propos suivre Quirk lorsqu'il
détermine la valeur temporelle de "never" par la présence dans
l'énoncé d'un adverbe de temps. Qu'on en juge
" ex.
: you will never catch the train tonight
The pre~ence of an adverbial referring
to a spe-
cifie future time such as tonight rules out the
temporal meaning of never"l.
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 1
1. Quirk R.
A Grammar of contemporary English,
p.456.
fi
1
!
•t

-
)65 -
Si "never" a une valeur temporelle,
elle est à
chercher du
côté de la métaopération. I l ne peut s'agir dans
tous les
cas du marquage
d'un "time" qui date le monde extralinguis-
tique. Si "never"
est un dateur,
i l est plus pe'rtinent de
dire qu'il date la négation de la relation ou des programmes
de sens. Là encore,
i l ~aut nuancer l'hypothèse puisque
dater signi~ie imposer une limite temporelle. Or "never"
abolit toute limite
du ~ait de la tension à
l'in~ini que
suggère
son programme de sens. Ce qui est au ~ond intéres-
sant
à analyser,
c'est beaucoup plus son statut métaopération-
nel,
sa valeur en système et sa part dans le réglage du sens.
Ce qui vient d'être dit de "never" ne signi~ie
pas qu'il sera toujours
au sommet de l'échelle de la méta-
linguisticité. L'énonciateur peut l'utiliser pour une struc-
turation à valeur inchoactive. Voici un énoncé où la position
de ~ever"
.dans le linéaire détennine les di~~érents stades
de la structuration :
( 12) A
Let me out, l
say.
B
Apologise. And vow never to bully again.
For l
am not joking, there are adders there
A
please,
let me out now.
B
Vow.
A
AlI right, l
vow.
B
Vow to never bully again
A
l
vow
B
say i t
.
A
l
vow to never bully again •
( S • A • C • L.,
p • 6 ) 1 )

!
t
1
-
J66 -
tf
ii;
1
"Never" conserve sa valeur métaopérationnelle puisque
1
1
"again" lui sert de cible mais l'ensemble de la structure
1
!
est rhématique. L'énonciateur présente la structuration.
l
Cette présentation
est suivie d'un isolement de "never"
1
t.
l
visant à en assurer l'autonomie sémique. La reprise entraine
k
î
un réaménagement du linéaire.
"Never" passe à droite de "to"
indiquant ainsi iconiquement le dépassement métaopérationnel
1
de toute la structure. Il n'y a plus autonomie sémique mais
1
,
i
cohésion.
1

J
1
Que tirer de cette brève étude de "never" ?
î
Deux choses. La présupposition est une opération métalin-
1
guistique inscrite dans la logique naturelle de la langue
1
et non fabriquée par le linguiste.
"Never" est un métaopéra-
1
teur qui,
en même temps qu'il nie une relation ou un programme
1
de sens, renseigne sur son statut
présuppositionnel,
thémati-
~
que. Son programme sémique signale une tension à
l'infini qui
le classe en tête du système des opérateurs de négation.
1
!
1
On résumera ainsi ce système d'opérateurs en insis-
f
tant
une fois de plus sur l'extrême cohérence de l'organisa-
tion interne de la langue.
1
!
1
no
t
no
not
t
2
! not never never
1
!
t
[
1
f
t~

1
l
-
)67 -
t
i
t~
!
1
Reste maintenant à analyser la combinaison dans le liné-
t
~.
aire de ces opérateurs avec les adverbes de modalité. Il va
!
se poser~ deux
problèmes:
celui de la portée de l'opéra-
1
1
teur de négation ou de l'adverbe et celui de l'affinité
li-'
~
"can -not -- possib ly'.
1
!t
Î
ti1
2.
• CO~œINAISON Adv. Mod. et OPERATEURS De NEGATION
i,
2.-1 • • Portée de l'opérateur de Négation et Portée de
l'Adv. Mod.
a) Still /
yet
+
NEG.
Une étude pertinente de
E. Melcer (1984).
Le problème de la portée de l'opérateur de négation et de
l'adverbe a été clairement perçu par E. Melcer. Analysant le
fi
"
micro-système Still/yet,elle relevait les occurrences du type
Not yet,
Not
•••yet,
s t i l l not et not s t i l l .
Dans le premier couple (not-yet),
"yet" peut servir de
i
cible
~ "no~". Dans ce cas, l'op'pation mise en oeuvre est
1
ce1le de la limitation de la négation. Le linéaire en rend
(
compte par la proximité "not + yet"
qui est iconique de l'ordre
1
1. Melcer E.,
Still and Yet
a salient micro-sytem in English
grammar, Maltrise, Sorbonne Nouvelle Paris III,
f
1984.
1
l
l

,
1
i
-
368 -
!f
f
l
des opérations:
1 er, négation ; 2ème,
limitation.
1
l
A l'inverse, dans le deuxième couple (Not ••• yet),
"yet"
1
f-
I
ne limite pas la négation puisqu'il porte sur toute la struc-
ture prédicative. L'iconicité du linéaire est cette ~ois ren-
1
due par la position extrastructurelle de ftyet". L'énoncé
i
suivant regroupe les deux couples :
fli,
(1)
" l've had
another vision" said the mystical
1
homicide.
~
" But 1 don't yet know guite what i t potends.
No doubt 1 shall be told ( ••• ) Then 1 woke up.
1 don't know the meaning of i t yet, but 1 ~eel
the hand of the Lord is hanging over this
1
prison.
!
(Still & yet, p. 57)
!
Une bonne délinéarisation permet de ~ixer la portée
de
1
1
"not" et celle de "yet".
1
1
1
f
1.
Not - yet
~
tt1t
1
f
1
1
1
l
1
1
1
i

- 369 -
2.
Not •••• yet
E. Melcer
fait remarquer que "not" n'est pas le seul op'ra-
teur à se combiner avec "yet",
" never" apparàit avec lui de
la même manière dans le lin'aire.
(2)
l've
neyerknown a
literay review succeed yet
(3) -How do you manage your plots? ( ••• )
-l'm always getting mixed up myself.
l've never yet succeeded in producing a plot
without at least six major howlers
(Still & yet, p.58)
lf
INeverl
~
Ineverl

1ft
-
370 -
i
1
1
,
1
,
Dans les couples en "Still" (still not- not still),
t
t1
le problème de portée reste le même mais i l y a une différence
f!
dans la cible de chaque métaopérateur. Avec "Sti 11 not"
t,
~
l'énonciateur "pro;roge" la négation par l'intermédiaire de
l
1
"still". On aurait en français:
"continuer à ne pas". Avec
"Not still",
"not" nie la prorogation de la relation ou du
programme de sens du prédicat dans lequel s'insère "still".
La construction parallèle en français serait :"ne pas continuer
,
l'
a.
Les énoncés proposés par E. Melcer sont tout à fait
explicites:
(4)
Was she coming to Baghdad?
l've no idea ( ••• ) Or shall we say -Is-
since as yet there
is no,
reason to believe
1
she isn't s t i l l alive.
1
..... since as yet there 's no reason to
r
believe
she is s t i l l not alive
(4) et (l~') montrent l'importance des combinaisons "not-sti Il''
1
et "still-not" et leur apport dans la construction du sens.
1
(4) signifie qu'il n'y a pas de raison de croire qu'elle n'est
pas toujours vivante.
(4') signifie tout ~e contraire de (4) :
1
"elle continue d'être morte".
1
.
On aura pour chaque sens les représentations suivantes
1
i
1
l
1
l!
r!
~t
l;
1
1
!
~
l

-
371
-
1
!
1
not s t i l l
s t i l l not
1
!!
!
i~
she is alive
L'opération en "still" dans "still not" ressemble
à une opération modale visant la validité d'une relation niée.
On pourrait dans ce sens dire de "still" qu'il a une valeur
modale. E. Melcer note à
juste titre
:
"Still acts as a modaliser vhich aims at the
non-existence of the relation :
the negation
cornes first and is then prorogated. Which is
another vay of saying,
there is s t i l l negation"l
On peut prévoir
à parti:' de ce constat,
le rô le que
jouent les Adv.Mod. dans
la modalisation de la négation. On
peut également penser à
l'opération inverse qui consiste à
nier
l'opération modale.
Nous avons rassembler ces deux modes de structuration
sous les expressions :
structuration modale de la négation et
négation de la structuration modale. On notera que
ces expres-
sions
ne sont qu'un abus de langage parce que la négation est,
d'une certaine manière,
une opération modale, mais nous les
maintenons pour les besoins de l'analyse.
1. E. Melcer,
op.cit.,p.61.
t
1
1
i
1

iJ
-
372 -
1
,
1
1
1
,
!
b)
Structuration modale de la négation et négation
1
~-
de la structuration modale
i
1
I l Y a structuration modale de la négation lorsque
1
f
t
l'Adv.Mod. partageant avec l'opérateur de négation le même
1
interface prédicationnel, porte sur lui et en évalue les
1
!
degrés de validité. En voici quelques exemples:
!
i~1î1
(1) One can have likely murderers anywhere, or
i
shall I
say unlikely murderers, but never-
1
f
theless murderers. Because murderers are not
1
prone to be suspected. There is probably not
1
very much evidence against them, •••
(Hapa, p.35)
(2)
If we had these bloody things,
1
t
We could calI ourselves independent in nuc-
!
lear weapons, which we're not,
and which
1
"
we're probably never going to be
1
(GIA, p. 331)
1
1
En (1)
"probably" porte sur "not". I l s'agit d'évaluer
1
les degrés de validité de la négation de la relation prédicati-
1
t
ve. Plus précisément,
l'énonciateur quantifie l'application
de la négation à la ligature. I l la dose,
la rend moins caté-
1
gorique. On parlera en anglais de "weak negation"
{négation
[
faible).
En (2) nous avons la même opération. La force d'application
1
~
de "never" est atténuée sous l'effet de la quantification en
lf
"probably" •
1
f
1
1
1
1.
1

.. , "._ .. , ..
.
.,........~~c~_
~ . " " , ,
-
J7J -
Dans les deux cas,
"probably" domine l'opérateur de
négation qui,
lUi-même,
régit le lien prédicationnel.Toute-
fois,
l'ordre logique d'application des
opérations est la
suivante : négation du noeud puis dosage de cette négation
L'ordre inverse est inconcevable du fait même qu'on ne peut
quantifier une cible qui n'est pas. On obtiendra,
en délinéa-
risant la chaîne,
les schémas :
!f
f1
1 probably[
1
1
~
tneverl
1
i
1
!
1
!
1t!
i
Therejvery much
!
~
evidence
1
1
!
1
La preuve palpable de la dominance de "probably" sur "not"
!~
est fournie par l'isolement
des deux éléments du reste de la
!i
structure.
1
1
1
(J)
If i t goes off now, Walden thought, will i t
kill us at this distance?
probably note
(TMFSP,p.21J)

1
l
t
!
!,
1
1
1
(4)
Papa seemed distrated, but he whirled her
around the rloor expertly. She wondered
1
~
whether she looked radiant,
like Hama.
Probably not
1
!
(TMFSP, p. 1 J9 )
J!1i
Le rrançais enregistre de la même manière la quantirication
de la négation et l'isolement des métaopérateurs dans le
1
i
linéaire.
!
i
!
(J')
Si elle explose maintenant, pensa Walden,
1
1
nous tuera-t-elle à cette distance?
!
Probablement pas.
f
(Trad. Y.B.)
1
(4')
~
Elle se demanda si elle avai<t l ' a i r radieux,
comme sa mère. Probablement .~
f1
(Trad. Y. B • )
1
On notera que "probably" est pris ici comme
échantillon
~
représentatir des
modalisateurs stricto sensu. Les autres ad-
1
verbes rendent compte de la même structuration modale de la
i!,
négation. Avec les Assertirs par exemple,
l'énonciateur
f
f
s'approprie, prend en charge la négation du noeud. Il s'agit
1
~
en général, pour ces cas, d'un échange interlocutir.
(5) A : You knew perrectly weIl that that will
was valid in law and that nothing could
!f,
be done about i t .
~
B
You think that is the case ?
[
.'
A :
.!. .?J.!.l_ ~0.E_~o.?!, Hr Poirot.
/:
B
No, Dr Donaldson, you are certainly not
1
f
a rool.
(Dumwi t, p. 2 J2 )
1
1
ti

-
375 -
(6)
B :
Of course you don't -
t i l l I
tell you.
(Looking Glass,p.156)
En (5)
"certainly" quantifie la validité de la négation dû.
lien. Cette quantification a pour corollaire la confirmation
de la relation préalablement niée. I l en résulte l'assertion
d'une négation thématique puisqu'elle est déjà fournie par
l'énonciateur A.
(6) met en oeuvre la même thématicité, mais cette fois,
i l
y a plus que la confirmation. "Of course" dit que la négation
proposée va de soi. Les opérations sont effectuées dans l'ordre
suivant :
(énonciateur A )
fixation du lien "do" et négation
de ce lien ;
(énonciateur B) reprise du lien
nié et marquage
de son caractère tautologique.
(5) et (6)
recevront i:es
représentations
ci-après
(5)
(6)
J of courseI
f
Jnotl
Inot[
,
Know

-
376 -
I l nous faut insister sur le fait que les Adv.Mod.
quantifient par essence les opérateurs de négation qui
sont thématiques. On imagine mal le contraire puisqu'ils
sont par nature des commentaires de l'énonciateur.
On a donc
of course
not
et non
* of course no ,
lorsque l'opérateur de négation est sous la dominance directe
1
J
~,
de l ' Adv.Mod.
Les cas dans lesquels "no" rhématique apparaît
1
1
avec l'Adv.Mod. sont ceux marqués
d'une
pause et où la
!i~.
cible
de l'adverbe est omise.
1
i
1
1
Far exemple
No.
of course
La cible de "of course" étant nécessairement thématique
on
aurait:
No.
Of course not
1
comme dans l'énoncé
naturel:
1
1
(7) - It is a cancer?
1 say
i
•;
Is i t a cancer?
she cried
1
t
No. Of course Not!
l
Don't be foolish "
( ••• ) But
1
They knew that was i t
1
~
(S.A.C.L.,p.308 )
i
f
La structuration modale de la négation telle que
nous venons de la mettre en relief consiste donc à évaluer
les degrés de négation du noeud prédicationnel, à en confirmer
la validité ou à en marquer le caractère tautologique. L'opéra-
tion contraire peut se produire c'est-à-dire que la modalisation
peut être la cible de la négation.
I l y a dans ce cas,
refus

- 377 -
d'évaluer la réalisation de la prédication. Par exemple
(8)
Then he stood there for five,
ten
fifteen
seconds at least,
staring like an idiot,
unable to believe, not daring to believe
what he saw before him. It couldn't be true
not possibly !
( CEMEl'AQ,p.12)
"Not" nie "possibly". Il Y a refus de considérer la prédica-
tion comme étant dans les limites du possible de sa réalisat-
ion.
"Possibly", on le sait-} (cf. Chap. 2),
assure une certaine
conformité référentielle qui lui confère une position première
par rapport à
"probably". Sa négation entraîne de facto un
rejet de la conformité"
au réel.
Le français est assez transparent à cet égard :
(8') non, pas possible!
ce n'est pas vrai
Cette négation de la modalisati0n n'est pas réalisable avec
"probably" compte tenu de sa position seconde sur le vecteur
de la structuration modale.
* not probably
Impossible de nier un élément qui nie par essence le réel.
Voici deux exemples de même nature avec
l'assertif
!-'rea lly"
(9)
The last time l
saw one of these was in the
United States last year
-
hundred of them. As a matter of fact,
l've
never really known the difference between a

1
-
378 -
1
~
1
~1!
1
l
pumpkin and a vegetable marrow what's this
1
one ?
(Hapa, p.5)
(10) A : At the beginning ? Or is that too conven-
tional a way o~ acting?
B
l
don't
know when the beginning was.
Not really. It could have been a long time
ago you know.
(Hapa, p.
19)'
L'énonciateur nie l'application de really à
la relation
prédicative. En d'autres termes,
i l signale qu'il ne lui est
pas possible
d'assurer la validité de la prédication.Il résulte
de cette position de l'énonciateur une oblitération du réel.
(9) et (10) recevront la représentation
ci-dessous
Cette négation de "really" semble tenir uniquement du ~ait
que dans le linéaire "really" est non seulement proche de "not")
mais i l est situé immédiatement à
sa droite. Il su~~it qu'il y
ait "distanciation" ou que "really" soit à gauche de "not" pour
que l'on
passe d'une négation de la structuration modale à
la
structuration modale de la négation. Dans les énoncés suivants

- 379 -
(1 1) A
The motives seem somewhat complex,
If l
may say so.
B
No,
Not
complex really. But so simple
that they are very difficult to see
clearly.
(Hapa,
p. 172 )
(12) You know,
l
really can't
believe that Louise Llewellyn Smithe wrote
that Codicil
(Hapa,
p.107)
l'extraposition de "really" en (11)
l'exclut du champ d'appli-
cation de "not " • Il en r~sulte une dominance de "really" de
toute la structure ni~e.
pans l'~noncé (12) l'antéposition de "really" fait que
"not" tombe directement
dans son champ d'applicati.on. L'~non-
ciateur quantifie la validité de la négation du modal "can".
On relève donc trois types de structure selon qu'il
s'agisse de structuration modale de la négation ou de négation
de la structuration modale. En guise d'exemple,
on appliquera
ces structures à
l'énonc~ (11)=
(not •••• really)
(11)
not complex really
(really
not
)
( 1 1") rea lly not complex
(not really
)
(11") not really complex
(11")
est l'expression d'une négation de la structuration moda-
le :
refus de quantifier la validité de "complex".
"Really" est
pour ainsi dire radical. On aurait en français:

-
)80 -
pas vraiment complexe
qui est à peu près équivalent sémantiquement à
pas très complexe.
(11')
, quant à lui,
est l'expression d'une structuration
modale de la négation : quantification des degrés de validité
de l'appl.ication de la négation à
"complex".Le français don-
nerait :
vraiment pas complexe
sémantiquement rapprochable de :
pas complexe
du tout
Dans
(11),
l'énonciateur quantifie les degrés de validité
d'une structure dans laquelle "complex" est déjà nié.
"Really"
est dans ce cas,
plus enclin àjou er un rôle interphrastique.
On aurait également en français
:
pas complexe vraiment
soit en gros
pas complexe en réalité
(ou réellement)
Chaque structure aura la représentation ci-après
(1 1 )
( 11')
~ / complex

-
381 -
A partir de ce qui vient d'être dit, i l est possible
d'établir
que les structures suivantes correspondent aux
deux aspects de la combinaison Adv.Mod. et opérateurs de
négation :
Adv.Mod.
NEG
L+--l
structuration modale de
la négation
NEG
Adv. Mod
+_l·
négation de la structura-
tion modale
Ces structures ne sont pas le seul fait de
l'anglais,
le français en rend compte de façon
tout aussi transparente.
Qu'on en juge:
(13) Je
a'ai aucune sympathie pour lui,
seulement
de l'intérêt, pas de s~mpathie
Je ne l'aime vraiment pas.
(Le Figaro Mag. 5 janv. 85)
(14) Je ne me·su~s jamais sentie aussi libre.
Ça n'était pas vraiment un coup.
(En (13)
"vraiment" renforce,
intensifie la validité de la
négation
ce qui entraine le rejet total de la relation.
Dans (14) au contraire,
"vraiment" tombe sous le coup de la

- 382 -
négation et en atténue la charge négative. La relation n'est
plus totalement rejetée,
sa validité est simplement réduite.
La glose suivante rend compte de cette réduction :
" 9a n'était pas vraiment un coup, mais un coup
tout dé même"
Cette double structure semble assez simple,mais elle
se révèle souvent très complexe. Nous avons trouvé un exemple
,.
" ,1
"
dans
lequel les
structures Adv.Mod. + NEG,
NEG + Adv.Mod.
sont rendus
dans le linéaire)mais où l'adverbe dose la négat-
ion
et
ne lui sert pas de cible.
(1~) Le ministère de la sécurité sociale y a
envoyé deux commissaires pour protéger le
candidat de ••••••
car j~nais peut-être cam-
pagne électorale n'a été aussi tendue.
(RF Radio,
1984)
(16) Vrai? faux?
l'affrontement entre les tenants
de la télévision intégrante et ceux de la té-
lévision éparpillée occupera énormément,
je le
crois,
nos années quatre-vingt-dix.
Ce débat,
posé sommairement ici,
ne sera peut-être ja-
1
l
mais exprimé en clair.
(Le Nouvel übs 13-1-84)
r
Dans l'énoncé
(15)
"jamais" topicalisé a tout le poids de son
lt
programme sémique, mais i l est dosé par "peut-être". L'ordre
d'appartition ne signifie pas que "peut-être" est la cible de
1
1
1
!

-
J8J -
t!jamais". Cet adverbe qui,
par nature,
suspend la prédication,
ne peut subir de négation. On ne peut avo~r : "*pas peut-~tre~
Le :français a
souvent recours
à la :forme "pas :forcément"
(Danjou-Flaux,1981) qui renvoie du reste,
à
"peut-~tre" et
non
à "pas peut-~tre" du :fait de l'absurdité d'une telle :forme
(nous y reviendrons).
"p
t ' "
Il
eu -etre porte donc
directement sur "jamais" dont i l
atténue la charge sémantique. L'e:f:fet de sens résultant de cette
quanti:fication naît de ce que "jamais" est pris comme une
hypothèse.
,
Dans
(16),
"Peut-~ire" parle de la validité de la relation
1
niée, i l domine donc toute la structure. "Jamais" n'est pas pris
tout seul comme hypothèse"c'eet toute la structure qui est concernée
Les représentations ci-dessous éclairoissent cette nuance
dans la portée de "peut-~tre".
(15)
aussi
exprimé
clair
Nous soulignions le recours à la :forme "pas :forcément".

-
384 -
Danjou-Flaux & Gary Prieur notent qu'il y a une sorte de
symétrie
formelle entre:
pas forcément
et
forcément pas
dont le·corollaire est l'expression d'une "sorte de gradation
dans la négation". A l'aide de l'énonc~ (16) ils proposent
l'analyse suivante
(17) Marie a une certaine image de l'homme idéal,
et Pierre ne représente pas forcément •••••
forcément pas tous les aspects de cette
image •••••
"le premier énoncé
(Pierre ne représente pas
forcément)
laissait à
la propo~ition
"Pierre représente tous les aspects " une
chance d'~tre vraie, que lui
enl~ve le
second (Pierre ne représente forcément pas)"l.
La notion de vérité mise à part,
l'analyse est intéressante.
Avec "Pas forcément"
la relation n'est pas totalement niée.
"Forcément pas" au contraire ach~ve de rejeter la validité de
la relation. Ne peut-on pas voir là,
l'ordre ou le syst~me
de phases
qui a toujours caractérisé la structuration ?
"Pas forcément" marque de toute évidence une entame dans
la négation du lien. Cela est d'autant plus pertinent que
"forcément" lim1.te la charge sémique de "pas". Avec "forcément
1. Danjou-Flaux & Gary Prieur "Forcément ou le recours à
la force
dans le discours" Mod~les Linguis-
tigues, Tome III, Fasc.l,Lille,1981
p .. 99.

l
f
!
(
-
)85 -
1
ti
tt
pas", on passe à une seconde étape dans laquelle la négation
1
entamée vient à son terme.
Loin de l'atténuer, ":forcément" ren:force
1
la négation •
Les
deux structures se situent bien à chaque
f
f
pôle du vecteur.
~!
f
t
f
pas :forcément
~
2
! :forcément Pas
1
Ce que nous appelons négation de
la structuration
1
,.
i
modale n'est autre que l'étape première dans la négation et
1
,.
l
la structuration
modale de la négation
la seconde étap.e.
1
Cela semble pertinent quand on pense que les Adverbes de
modalité sont des appréciations -
commentaires métalinguisti-
1
ques- de l'énonciateur.
Il nous semb.le donc tout à :fait légitime de considérer
1
i
que les structures
NEG + Adv.Mod., Adv.Mod. + NEG corres-
1
1
pondent aux di:f:férentes phases de la structuration
J
r
f
NEG
+
Adv.1'Iod
1
2
l Adv.~1od + NEG
Aussi
(17) Nick was not really jealous.
He was
just being completely reasonable
(TbT ,
p.21)
i
!
1
1
i
1
f
. [
1

-
)86 -
(18) If she
had only cried out
-
though l
suppose he rammed her head under
water straight away and held i t there-
Oh,
!_~~~~!_~~~E.to think of it
l
really can't.
(Hapa, p. 17)
ne peuvent-ils
qu'être rangés selon l'ordre:
1
not really
2
J really can't
Dans (17) on "informe" de la négation d'un
programme de
sens. Dans
(18)on
"n'informe plus", on insiste sur du déj~
posé. La reprise de "can't" est faite dans le dessein de
marquer cette insistance, d'où le dépassement métaopérationnel
subséquent.
Nous conclurons cette section en insistant sur le
fait qu'à tous les niveaux
la langue met en oeuvre ses po-
tentialités métalinguistiques. Une opération comme la négation
-opération métalinguistique parce qu'an niant
une structure
ou un programme de sens nie par là même,
le réel- peut être
limitée, dosée sous lteffet d'une autre
opération tout aussi
métalinguistique,
celle mise en oeuvre par les Adv.Mod.
L'opé-
rateur de négation porte alors sur l'Adv.Mod.
L'opération

-
)87 -
inverse peut se produire,
i l ne s'agit plus de doser la
négation mais d'en quantifier la validité. I l naît de
l'interaction une successivité dans l'ordre de structuration
de la négation.
I l nous faut maintenant tenter de rp.soudre un
problème laissé en suspens
au cours de l'étude de "possibly".
I l s'agit de rechercher ce qui justifie, l'affinité "can-not-
possibly" et la portée de chaque métaopérateur.
2. 2. L'Affinité
Can -
Not -Possibly
1
Nous avions
posé
(cf. Chap. II) à propos de la cor-
relation "can-possibly", que "possibly" était
un vecteur qui
1
demeurait enfermé dans les limites déterminées par "can" et
1
que le partage du trait
(- 0) par les deux métaopérateurs
facilitait cette opération.
I l nous semble tout à fait
justifié,
lorsque "not"
porte sur le modal, de poser qu'il nie son trait
(+ i) -donc
les limites du possible -
et l'Adv.Mod. s'applique à ces limi-
tes niées. Le résultat de cette application à vide,
est une
forte intensification.

1
-
)88 -
1
~1
Greenbaum S. s'est contenté de décrire le linéaire en
posant que seule la proximité "not-possibly" conférait à
ce
modalisateur le statut d'intensifier.
"Even in a
negative sentence with can or could
present,
possibly is an intensifier only i f i t
1
immediately follows the negative particle "
On
lui reprochera de ne s'être pas intéressé à la portée de
la négation et par conséquent, d'exp~iquer
l'effet de sens
par la proximité dans le linéaire.
Voici des énoncés dans
lesquels la négation s'applique au
modal
(1)
(Contexte: A,
fille de B est amoureuse d'un
anarchiste )
A
l'm in love
B
In love? You mean you're in heat
!
( ••• ) The worst of i t is ,
you can't ~­
sibly marry him.
A
\\~hy can' t
l
marry him ?
B
Because he's pratically a serf and an
anarchià"t
(KF, THFSP,p.170)
( 1 ,)
B
-
Le pire c'est· que vous ne pouvez abso-
lument pas l'épouser
A :
-
Pourquoi ne puis-je pas l'épouser?
(2)
The Russians would have their price,( ••• ) they
would want something in return for their promise
...../ .....
1. Greenbaum,
S.,
Studies in Adverbial Usage,
1969,p.148

.;; )89 -
o~ military help. He was worried about what
the price might be. I~ they were to ask ~or
something England
could not possibly grant,
the whole deal would collapse immediately.
(KF, TMFSP, p.6S)
(2') Les Russes auraient
leur exigence ( ••• )
sans doute voudraient-ils quelque chose en
échange de leur promesse d'assistance milit-
aire. Mais quel
serait ce prix à payer?
S'ils allaient ~aire une demande
que
l'Angleterre
ne puisse pas satis~aire, tout
le projet s'e~~rondrerait immédiatement.
(Y. B. p.S7)
En (1)
"not" porte sur "can". L'énonciateur nie le
caractère inhérent de la relation S/P.
"Possibly" quant à
lui
s'applique à cette négation. Rompant
le linéaire on aurait:
!
1
it
1
!!
1
~!!
7,
Le ~rançais nous donne un exemple ~ort probant. Il a
recours à un adverbe dont
le programme de sens expime
l'e~~et
1
de sens d'intensi~ication et marque que cette intensification
1
i1
i1
!~
1

-
390 -
s'applique à
la négation. On aurait le même type de représenta-
tion :
absolument
1 ne pas 1
En (2)
,
nous avons affaire au même cas de figure.
La forme
non contractée
n'empêche pas "could" de servir de
cible à
"not". La preuve indiscutable de la négation du modàl
est rendue par l'opérateur
"ca.nnot" née d'une ligature, maté-
rialisation iconique de la cible atteinte.
(3) ( ••• ), we ~~ possibly have a woman of
bad character to,live ih this house.
(I{J:i',
TM.F'SP,p.14S)
(3' )
nous ne pouvons pas
aC'cuei l l i r une femme
de mauvaise réputation sous notre toit.
(Trad. de Y. B.)
A l'inverse de cette ligature,
la forme contractée
peut signaler non pas la négation du modal, mais de "possibly".
Le
modal, dans ce cas, n'est nié que par écho puisque l'opé-

-
391 -
rateur de négation va régir toute la structure.
(4) Irrationally, Lydia felt hostile toward
Aleks on account of Charlotte
( ••• )
Stephen observing her with a
shrewd eye.
He said
"You can't possibly be nervous
about meeting l i t t l e Aleks.
( KF, TMFSP, p.53)
On le voit,
la forme contractée n'empêche pas le npgateur
de nier "possibly" et par conséquent de porter sur toute la
structure puisque "possibly"domine "can" dans le même inter-
face prédicationnel.
J
1
J,
1
1
1
t
1
t
H.Adamczewski a analysé cette portpe de "not" qui se
!
joue de la contraction. I l s'agissait d'?noncés modalisés
du type
1
- You won't repeat this conversation, will you ?
Of courSe note l
shan't say a word to anybody
f

1
1

-
392 -
" Halgré
l'orthographe Won't,
Shan't,
"not" porte
sur la proposition modalispe
You
will -
not repeat this conversation
l
shall -
not say a word to anybody "
On pourrait avoir ici le même cas de figure,
à
la diffé-
rence que "not" portant sur "possibly",
trouve son champ
d'application (le prédicat) décalé puisque "possibly"
quantifie "can" et non le prédicat. Ce n'est ni "can", ni
"possibly" qui régit la structure, mais "not" qui nie la
corrélation "can -
possibly".
Le français dispose de cette négation de façon remar-
quable.
(4') Ce n'est tout de même pas la perspective
de voir le jeune Alex qui vous rend nerveuse
(Y.B. p.47)
Ce qui est nié,
c'est la "perspective",
c'est-à-dire,
le
1
possible de la prédication et non l'expression d'une quelcon-
r
que inhérence qu'aurait signifié "can" s ' i l avait été traduit.
1
Il en rpsulte une dominance de la négation.
Cette dominance
peut être matérialisée par un adjectif modal négatif.
(5) Impossible de reconnaître chacun des domes-
tiques d'un si grand manoir
-
One could not possibly know all the servants
at an establishment as large as that.
1. Adamczewski,H., GLA p.157

-
393 -
"Impossible" domine la structure tout comme "not","possibly"
et "could" régissent tour à tour l'interface prédicationnel.
On remarquera que cette dominance n'est possible que si la
relation est maltrisée par l'~nonciateur. Le "de" en français
est la marque de la maltrise de la structure
la trace
formelle du statut thématique de la relation cible du com-
mentaire. On ne peut, une fois de plus,
commenter qu'une
relation que l'on s'est donnée pour acquise.
La délinéarisa-
tion nous donne la représentation ci-après :
Sm
1 impossiblel
1
Que conlure de l'affinité de "possibly" pour "can" et
"not" ?
Elle nalt du partage de trait sémantico-formel entre
"possibly" et "can" et de la capacité de"not" à nier l'un ou
l'autre de ces métaopérateurs.
L'effet de sens d'intensifica-
tion,
lorsque le modal est nié,
provient de l'application à
vide du modalisateur. On note dans cette "sur-structuration"

-
394 -
la présence de l'énonciateur qui s'est fait maître de la
relation pour mieux effectuer son commentaire.
Nous avons voulu ce chapitre assez bref;
notre objectif était de montrer que l'étude de la sous-jacence
d~ linéaire adverbial entrainait la. prise en compte d'un domai-
ne comme la négation,que la langue étant un système,
en analyser
un point précis implique inévitablement l'analyse d'autres
points"périphériques". Dans les cas que nous venons d'examiner,
nous avons pu nous rendre compte que la négation n'était pas
vraiment périphérique à
la structuration adverbiale.
,
t
f!1!
1
1
1
1
,
1

CONCLUSION

- 396 -
Cette étude a été le lieu d'une réflexion
sur l'un des points qui nous semblait essentiel dans le
processus de construction des énonc~s
la structuration
modale, abstraite, du linéaire. Tout au long de l'étude nous
1
i
l
avons dû préciser,
chaque fois que nous abordions un certain
1
type d'adverbes ou un concept donné,
la part des linguistes
qui se sont attaqués à ces aspects. Nous avons pris position
par rapport à
leurs analyses en relevant les points qui con-
cordaient avec nos vues et ceux qui s'écartaient de la systé-
maticité naturelle que nous recherchions.
Après le chapitre l
dans lequel nous précisions
la nature des outils et les principes qui guidaient notre
démarche, nous sommes parti
du ~ystème modal pour montrer
que l~ modalisation de l'énoncé s'effectue sur l'opération fon-
damentale de mise en relation dont elle quantifie les chances
de rrialisation. Le système modal nous ouvrait ainsi la voie
à ce que nous avons dénommé"adverbes de modalité stricto sensu".
On a pu mesurer, du moins nous l'espérons,
l'extrême rigueur
avec laquelle la langue règle ses opérations et surtout la
part de l'énonciateur dans la structuration modale. Maître du
jeu verbal,
soit, i l indique qu'il ne peut prendre position
quant à la réalisation de la prédication et alors on reste
dans les limites du possible -- entame structurale - - soit,

r1~
-
397 -
1
1
!
1
1
i l marque qu'il possède des données lui permettant d'afficher
une position plus favorable quant à
la réalisation de la
1
soudure,et alors on sort des
limites du possible -- dppas-
1
1
sement mptaopérationnel ou métastructurel.
Cette activité
complexe d'opérations et de commentaire sur les opérations
1
va nous faire dpcouvrir que le linéaire adverbial n'est pas
lf
simplement l'organistion syntaxique de l'adverbe ni même
1
l'émergence matérielle d'une structure contenant un adverbe.
i1
I l s'agit d'une structure dans laquelle,
l'adverbe,
selon
t~
qu'il est modalisateur au sens strict,
énonciatif ou assertif,
l
détermine le statut de la structure.
!i'
t,
A mesure que nous avancions dans la sous-
jacence du linpaire adverbial,
nous avons dû préciser les
1
!
!
!
concepts d'énonciation et d'assertion.
A la lumière des adverbes tels que "frankly",
"honestly", on a tenté de montrer d'une part,
que l'énonciation
n'est pas seulement l'émission de l'pnoncé, qu'il s'agit plutôt
de structuration; d'autre part,
que ces adverbes ont un carac-
tère hybride qui est perçu à travers un renvoi aux relations
intersubjectives et la quantification du produit d'une struc-
turation. Ils servent de couverture invisible,
"enveloppe
métalinguistique'~ assurant la va lidi tp du produit structuré.
Les adverbes comme "obviously","evidently",
"of course" etc., nous ont permis de donner Ft l'assertion,

i1t.t
1
,
-
398 -
le sens qui nous semblait le plus adéquat:
l'appropriation,
la prise en charge d'une structure à des fins métalinguistiques.
Asserter,
c'est beaucoup moins poser une conformité au réel
que s'approprier une relation pour en dire la Validité. Les
assertifs agissent dans ce cas ,
comme de véritables outils
qui déclenchent le statut acquis,
tautologique de la structure
qu'ils régissent.
A côté de toutes ces métaopérations, une opéra-
tion tout aussi métalinguistique partage la sous-jacence du
linéaire adverbial :
la négation. Nous avons affaire à un
jeu de portée dans lequel, d'une part,
la négation prenant
pour -cible l'application du modalisateur,
se trouve dosée,
réduite (déficit dans la négation)
; d'autre part,
cette
négation peut être la cible du modalisateur,
sa validité s'en
trouve alors renforcée. Le linéaire rend ce jeu de cible de
façon remarquable, montrant ai-~si qu'à tous les niveaux
la lan~le exhibe les preuves de sa systématicité.
Tout au long de
cette étude, nous avons tenté de
mettre en relief cette systématicité naturelle en analysant
tout ce qui nous paraissait f'ormé un micro-système. Nous
nous proposons de rassembler ici une bonne partie des micro-
systèmes étudiés aussi bien en anglais que dans les langues
qui ont servi à
l'éclairer.

1
-
399 -
1
1
ti
1
-------)~ 2
1
1
Anglais
1
~"
shall
will
1
!
may
can
f
may be
might be
1
1
possibl (e) (y)
probab l (e) (y)
1
perhaps
maybe
1
may be
maybe
t
hereby
thereby
1
tell
say
1
surely
certainly
1
obviously
evidently
r
1
yes
l
did
(ou Adv.Mod.Ass.)
no
not
no
never
1
not
never
f
Neg.+Adv.Mod.
Adv.Mod.+Neg
1
!!
Français
1
possible
peut-être
îi
peut-être
probablement
i
peut-être
peut-être bien
1
à
l'évidence
de toute évidence
1
oui
si
1
f
ne pas
ne jamais
ne pas
ne plus
ne plus
ne jamais
pas forcément
forcément pas
Baoulé
:
st
••• 0
(perhaps)
kEl€.
(maybe)
kan (+kle)(tell)
se
(+~) (say)

-
400 -
Cette bipartition des statuts des opérateurs
est loin de représenter des blocs figés. Un opérateur de
Phase 2 peut devenir Phase 1 et vice-versa. C'est ainsi,
nous semble-t-il, que s'exprime la complexité du système
linguistique.
Quel peut être l'intérêt.
pratique de la
démarche qui a été la nôtre et des conclusions auxquelles
nous avons abouti ?
Nous ne pouvons à l'évidence proposer de
solutions toutes faites aux problèmes délicats de fonc-
tionnement de la langue que se posent traducteurs,
lexi-
cologues et autres linguistes. I l appartient à chacun de
tirer ses propres conclusions. Nous nous permettons sim-
plement de sugg~rer l'idée que la cohérence interne d'un
système linguistique doit se retrouver dans toute descrip-
tion. En traduction,
elle peut être mise en relief par l'ex-
plicitation de nuances infimes qui relèvent de la structura-
tion sous-jacente des langues mises en rapport. En lexicolo-
gie,
elle peut être rendue par une analyse systématique,
sémantico-syntaxique(type sémantique formelle)
des mots et
de leur rapport entre eux. On ne peut nier l'e*istence d'une
grammaire du lexique. De même qu'il n'y a pas de mot isolé,
de même, i l n'y a pas de linéaire isolé de la structuration
abstraite.

BIBLIOGRAPHIE

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402 -
BIBLIOGRAPHIE
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L'auxiliaire en question.Publications
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...... :. >:]
1
1
[
i
J
-
422 -
t
t
1
l!t,
J -
Les dictionnaires
li~,i~.
-
Unilingues
• Longman Dictionary of Contemporary English
Webster's Third New International Dictonary
of the English Language
(OED)
The Oxford English Dictionary
• Dictionnaire de la Langue française, Robert
-
Bilingues
(HSFED)
•--Harrap' s
Standard French and English Dictionary
• Harrap's New Collegiate French and English
Dictionary
Dictionnaire Français -
Allemand,
Larousse
• Grand Dictionaire Français -
Polonais
(édition
d'état, Varsovie 1982)
,
1
1
t

-
42J -
4 -
Les sources écrites du corpus
a) Périodigues :
Le Figaro Magasine
IHT
International Herald Tribune
JA
Jeune A:frique
Le Monde
Newsweek
Time
Vocable
b) Romans, Essais ou Autres
A entre H
Entre l'Amour et la Haine.
Konsalik (France
Loisirs)
Alice
Alice in Wonderland. L.Carroll
(Armada)
BBB
"Bon, Bien, Beau ". Bourqin (Studia Linguistica'
J7,l)
BE + ING
Be + Ing dans la grammaire de l'anglais contem-
porain. Adamczp.wski.H. (Champion)
BISLEEP
The Big Sleep. Raymond Chandler (Vintage Books)
CONNOU
Contes et Nouvelles. Maupassant (Bordas)
DUMBWIT
Dumb Witness. Agatha Cristie (Penguin)
E.B.
Enoncés baoulés. Description phonologique et
grammaticale d'un parler baoulé~ Cresseils &
Kouadio,
(Univ.d'Abidjan)

t
J
1
l
- 424 -
1
,1
j
FLW
The French Lieutenant's Woman. John Fowles (Triad
Granada)
GLA
Grammaire Linguistique de l'anglais. Adamczewski H.
(A.Colin)
HAPA
Hallowe'en Party. Agatha Christie
(Fontana)
(FEPO)
La Fête du Potiron. Traduction de C.Durivaux (Librairie
des Champs-Elysées)
HOSBOY
The Honourable School Boy • Le Carré
(Pan)
Lettre Pub. Lettre publicitaire, Encyclopaedia Universalis
Looking-Glass.
Through the Looking-glass. L.Carroll (Aubier
Flammarion) en bilingue:
De L'autre coté du miroir. Traduction de Henri
Parisot
l-IQ
Monsignor Quixote. Graham Greene (Penguin)
(MQ)
Honseigneur Quixote. Traduction de R.Louit
1984
Nineteen eighty four. George Orwell
(Penguin)
(1984)
~. Traduction de Audiberti Amelie (Folio)
RR
Remarks and Replies. I.Bellert
(Linguistic Inquiry 8,2)
SACL
Structuration abstraite et Chaine linéaire. C.Delmas
SAU
Studies in Adverbial Usage. Greenbaum,S.
(Longman)
S & L
Sons and Lovers. D.H.Lawrence (Longman)
STHOF
Set This House On Fire. Willian Styron (Corgi)
TbT
Trial by Terror. P.Gallico
(Streamline Books)
THFSP
The 1-1an From St Petersburg. Ken Follett
L'Homme de St Petersbourg. Traduction de Yvonne
Baudry (éd. R.Laffont)

-
425 -
TABLE DES MATIERES
1
1
1
AVANT -
PROPOS
Pages
i
J
INTRODUCTION • • . . • • • . • . • . • . . . • . . . . . . . . . • . • . • . • . • • . . . • • . _5
CHAPITRE l
:
DU LINEAIRE ADVERBIAL A LA STHUCTURATION
1
HODALID .................................. 1 1
l11
-
CADRE THEORIQUE ET ME'I'HODE •••••••••••••••••••••••
13
1
2 -
LES CONCEPTS DE STRUCTURATION, DE MODALITE l<;,r DE
1
LINEAIRITE
. . . • . . . • . . . • . . . . • . • • . . . . . . . . . . • • . . . . . • .
20
1
1
2.1 • Structuration et linéarité
••••••••••••••••••••••
21
1l,1,
2 • 1 • 1. Saus sure
les solidarités syntagmatiques.
21
~
2.1 .2. Tesnière
la connexion
2 J
1
2.1.3. Ordres ou étapes de la structuration et
1
systèmes de Phases
26
1
i
l
2.2. Structuration et modalité;
la structuration
modale
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
0
JO
2.2.1 • Les foncteurs de J. C .Gardiès
•••••••••••••
31
2.2.2. Le couple ModusjDictum chez Bally,C •
•••••
32
2.2.3. Culioli : hiérarchie et vispe
37
2.2.4. La structuration modale
.................. 37
2.3. Plan référentiel versus Plan métalinguistique
•••
40
3 - PHOBLr.;MATIQUi<~ DU LINIi:AIRE ADVERBIAL...... • • • • • • • ••
!~ J
J.1.
I...a. taxinomie
1+5
3.2. L'usage des dictionnaires:
transparence ou
opaci té
!l6
!
1
3.3. Dé limi tation du domaine
•••••••••••••••••••••••••
51
1
1
"1
11
1

f'~'·"
1
1
-
l~26 -
l4
CHAPITRE II :
LINEARI!; ADVERBIO-HODAL ET STRUCTURATION
J1
1 -
DU LINEAIRE MODAL ~~ DU CAHACTERE SYSTEMATIQUE DE
LA STRUCTUR.ATION •••••••••••••••••••••••••••••••••••• 55
1
2 -
LINEAIRE ADVERBIAL :
ADVERBES DE MODALITT~ ET STRUC-
TlJRATION ~'10DALE •••••••••••••••••••••••• _ •••••••••• •• 68
2.1. Possibly 1 Probably ................................ 68
Î
2.1.1. Présentation .
. 68
1
)
a)
Critéres distinctifs et caractéristiques
j
1
sémantiques
75
b) De la différence entre adverbes de moda-
1
li té et adjectifs de moda li té
•••••••••••• 84
1
\\
1,
2. 1 .2 • Valeur modale,
invariant et ordre en système. 91
1
\\
1° Valeur modale
• • • . • • • • • • • • • • . • . • • . • . . • • • . .
91
1
i
a) Structuration modale des noeuds prédi-
cationnels
............................ 92
~
le noeud Do
92
i1
le noeud Be
1
!
b) Structuration modale du prédicat
••••••
103
1
2 0
Invariant et ordre en syst ème
••••••••••••
110
1
a) Effets de sens et correspondants fran-
f
çais de Possibly et de Probably
•••••••
110
f
b)
L'éclairage de la source adjectivale •••
113
[
1f
dépassement des limites
!Possibly
c)
Probably
du possible
••••••••••••
118
ft
2.1.3.
Combinaison avec le système modal dans le
~1
t
linéaire
129
!~!!i
f
1

-
427 -
a)
Can
will /
possibly -
probably
••••••••
130
b) Hay
s h a l l / possibly -
probably
•••••••
135
2.2 • Perhaps 1 Maybe .
. 139
2.2.1.
Présentation ••••••••••••••••••••••••••••••••
140
2.2.2. PERHAPS et
le déÎicit dans
la quantiÎication
des chances de
la prédication
144
..............
a)
L'interrogation, une opération à valeur
discriminante
•••••••••••••••••••••••••••
144
b) Données situationnelles ou contextuelles
légitimant
la moda~isation par perhaps •••
152
2.2.3. MAYBE et la maîtrise de
la quantiÎication
des chances de la prédication •• M •••••••••••
157
2.2.4. Perhaps -
Phase
/
Maybe -
Phase
••••••••••
170
2.2.5.
Cibles diverses de Perhaps et Maybe ••••.•.••
183
a)
Les énonc0s thématiques en BE + ING
183
b)
Le noeud modal
. . . . . . • • • • . . . • . . • . • . . . . . • .
189
c)
L'accent Îort
...........................
2.2.6. Mobilité dans
le linéaire et accentuation •••
202
a) Mobilité dans
le linéaire espagnol et
structura tion de
l'accent
•••••••••••••••
202
b) De la nature rhématique de
l'accent en
allemand
.
209
CHAPITRE I I I
LINAIRE ADVERBIAL :
ADVERBES DE MODALITE
ENONCIATIFS
I~T ASSEHTIFS
1 -
ADV.r·'lOD.ENONCIATIF'S
lIT Lr~ CONCEPT D'ENONCIATION .... 217
i
'J.
~
1.1.
Le concept d'énonciation
.......................... 217
-~
j
1~,
1
1

1
1
-
428 -
1
1
l
j
1.2. Brève exploration des études sur les adverbes d'énon-
l
1
1
1
ciation
220
!!
1.2.1. Le débat entre les tenants de la théorie de la
structure profonde sémantico-syntaxique et ceux
des actes de langage
••••••••••••••••••••••••••• 220
1
1
1.2.2. L'analyse de Ducrot
•••••••••••••••••••••••••••• 227
t
1.J. La Phase 1 de la structuration et
la dimension prag-
matique des adverbes d'énonciation •••••••••••••••••••• ,.231
1.J.l. Les adverbes du type "frankly","honestly" ••••••• 235
1 • J.2.
Les adverbes du type "hereby", "thereby"
........ 240
1.4. L'enveloppe métalinguistique et
les
limites de validité
\\
du programme de sens
•••••••••••••••••••••••••••••••••• 249
1.4.1. L'autonomie relative des programmes préstruc-
turé 5
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
250
l
,~
1.4.2. L'enveloppe métalinguistique
•••••••••••••••••••
251
1
l
1 .4. J. Nobi li té dans le linéaire
••••••••••••••••••••••
256
1
!,
1.5. Les relations Verbes de Dire /
Adverbes •••••••••••••••• ~261
1
1
!
2 -
ADV.MOD. ASSERTIFS ~~ ASSERTION METALINGUISTIQUE ••••••• 274
2.1. Quelques remarques à propos du concept d'assertion ••••
274
2.2. De l'assertion métalinguistique
281
2.J. ADV.MOD.,
statut de la relation et assertion méta-
linguistique
286
2.J.l. Les déclencheurs du statut de la relation ••••••
286
a) Relation thématique en -Ing ................. 286
b)
Rélation thématique en Do
................... 29J
c) Nature des ADV.MOD.ASS.
..................... 296
2.J.2. Les ADV.1'10D. et
les éléments repris
••••••••••••
JOJ
1
11

-
429 -
1
t
1
t
1
;
2.4. Les ADV.MOD. et les Modaux ••••••••••••••••••••••••••• )07
1
1
2.5. Quelques micro-systèmes d'ADV.MOD.
................... J1J
2.5.1. Surely /
certainly
•••••••••••••••••••••••••••• J1J
1
1
j
2.5.2. Obviously /
evidently ••••••••••••••••••••••••• J24
1
1
l
2.5.J. Autres éléments en successivité métaopéra-
tionne.l.le
)28
[
r
1
t
!
~
CHAPITRE IV
LINEAIRE ADVERBIAL, STRUCTURATION MODALE
t!
ET NEGATION
1
f1
i
1 -
SYSTEME DES OPERATEURS DE NEGATION •••••••••••••••••••• JJ8
1 .1. Une similarité :forme Ile i n t e r l i n g u e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . JJ8
1 .2. No -
Dot -
never
. • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
341
1
î
1 .2.1. No
Dot
341
~
1 .2.2. No
never
, . . . . . . . . . . . . . . . . . .
348
f
1
1
1.2.).
Not -
never
. . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • • . . .
351
1
ti
2 -
COMBINAISON ADV.MOD. ET OPERATEURS DE NEGATION •• ~ ••••• )67
t
}
2.1. Portée de la négation.et portée de l'adverbe •••••••••• J67
1
f
1
2.1.1. Still/Yet + Négation: une étude pertinente
r
\\
1
de E.Melcer ...................................
1
1
t
2.1.2. Structuration modale de la négation et
i
négation de la structuration modale
)72
1
2.2. L'a:f:finité Can -
Not -
Possibly •••••••••••••••••••••• )87
j
l
,
,
l
~
CONCLUSION
• • • • • • • • • • . • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
J96
-~
4
BIBLIOGRAPHIE ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
l~02
i
1
Les auteurs
ci tés
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . .
402
1
,
,
2
Les Ouvrages generaux·
.
l~ 10

'> '
~j:;j>::.:i;;:.::_;~._,.,.,
':'1
'.'
-
4JO -
f
i1
t
1,
J - Les dictionnaires ••••••••••••••••••••••••••••••••••
l~22
1
i
4 -
Les sources écrites du corpus
••••••••••••••••••••••
42J
(
TABLE DES MATIERES
•••••••••••••••••••••••••••••••••••••
!.J.25
1
(
r
~
1
J
1~
1