UNIVERSITE de CLERMONT 1
FACULTE des Sciences ECONOMIQUES et de GESTION
LES REFORMES MONETAIRES PRECONISEES
POUR VAINCRE L'HYPERlNFlATION
DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
le cas des pays d'Amérique-Latine
THE5E
présentée et publiquement soutenue
devant la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion
de l'Université de CLERMONT 1pour l'obten"tion du grade de
DOCTEUR
en Economie Monétaire et Budgétaire
par
Brokoune Sou
.. Vincent ADJA
CONSEIL AFRICAIN-ET MALGACHE :
pOua L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR j
. C. A. M. E. S. -
OUAGADOUGO~
JArriv~e. ·1? .JUIN..tqQ5
.
Directe refê9tWet~~e.:'~Q~ .5. _5. .~..
Monsieur le Professeur Pierre PASCALLON
Juin 1988

A ma mère
et
A mon père

- l -
J URY
Monsieur le Professeur Pierre PASCAL LON
Président
Monsieur (ou Madame)
Suffragant
~1ons i eur (ou Madame)
Suffragant
Monsieur (ou Madame)
Suffragant
Monsieur (ou Madame)
Suffragant
* * * * * * *
* * * * *
* * *

- l -
J URY
Monsieur le Professeur Pierre PASCAL LON
Président
Monsieur (ou Madame)
Suffragant
Monsieur (ou Madame)
Suffragant
Monsieur (ou Madame)
Suffragant
Monsieur (ou Madame)
Suffragant
* * * * * * *
* * * * *
* * *

- II -
UNIVERSITE DE CLERMONT 1
U.E.R. SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION
B.P. 54 - 41, Boulevard Gergovia
63002 CLERMONT-FERRAND CEDEX
Tél. 73.93.84.20
- Président de l'Université
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- Vice-Présidents de l'Université
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- Mattres-Assistants
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M. M. BERGOUGNOUX
M. J.C. BERTHOLON
Mme E. BRINGUIER
M. J.M. SERRE

- III -
La
Facu~té
n'entend
donner
aucune
approbation
ni
improbation aux
opinions émises dans cette thèse ; ces opinions doivent être considé-
rées comme propres à ~eur auteur..

- IV -
Amérique Latine
AMiR/QUE UTINE
o
1000
2000
1
1
!
Source
LAMBERT
(D. C. )
19
Améri ques Lati nes
- Déc 1i ns et Décollages,
Economica, Paris 1984.

\\'1"
Indicateurs économiques et informations générales sur
::>
les principaux pays de l'Amérique Latine
Population Superficie
PNB
en
PNB par
PNB par
Désignation
Espérance
Indice de
Taux de
en mil l ions
en mill iers
milliard
par habi tant
habitant
monnaie
de vie
fécondité
scolarisation
2
de Km
de dollars
en
dollars
% annuel
nationale
(ans)
%
1985
1985
1985
1973-1985
ARGENTINE
30,53
2 766
65,08
2 130
- 2
austra l
70
3,3
88
BOLIVIE
6,38
1 098
3,01
470
- 3,1
boliviano
53
6
71
.
,
BRESIL
135,54
8511
222,01
1 640
1,5
cruzado
64
3,6
78
,
CHILI
11,99
756
17,23
1 440
0,1
peso
70
2,5
95
~
,
COLOMBIE
28,42
1 138
37,61
1 320
1,8
peso
64
3,4
73
ll EQUATEUR
9,37
283
10,88
1 160
1,1
sucre
65
4,8
85
j
l1
GUATEMALA
7,97
108
9,89
1 240
- 1
quetzale
60
5,8
47
1
HONDURAS
4,37
112
3,19
730
- 0,1
lempira
61
6,2
67
MEXIQUE
78,82
1 972
163,79
2 080
1,3
peso
66
4,4
88
NICARAGUA
3,26
130
2,76
850
- 3,9
cordoba
60
5,7
71
PANAMA
2,18
75
4,40
2 020
1,8
bal boa
71
3,3
83
PARAGUAY
3,39
406
3,18
940
4,6
guaranie
66
4
73
PEROU
18,65
1 285
17 ,83
960
- 1,4
intis
59
4,3
85
URUGUAY
3
176
4,98
1 660
0,4
peso
73
2,5
86
VENEZUELA
17,32
912
53,80
3 110
- 1,3
bolivare
69
3,9
74
~9_~~~ : Banque Mondiale in Le Monde: Bilan économique et social" 1987, Le Monde, Janvier 1988, pp.87-96.

- 1 -
SOM MAI R E
1NTRODUCTI ON GENERALE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2
PREMIERE PARTIE: LES
REFORMES
MONETAIRES
D'ORDRE
CONJONCTUREL
POUR
VAINCRE
L' HYPERINFLATION
OMS
LES
PAYS
EN
DEVELOP-
PEMENT................................................
12
Chapitre I
Les
réformes
monétaires
d'ordre
conjoncturel
proposées
pour
lutter contre 1'hyperinflation
dans
1es
pays
en
développement
analyse théorique
.
14
Chapitre Il
Les
réformes
monétaires
d'ordre
conjoncturel
proposées
pour
lutter contre l'hyperinflation
dans les pays en développement :
analyse empirique
.
76
DEUXIEME PARTIE
LES
REFORMES
MONETAI RES
D' ORDRE
STRUCTUREL
POUR
VAINCRE
L'HYPERINFLATION
DANS
LES
PAYS
EN
DEVELOP-
PEMENT................................................
109
Chapitre I
Les
réformes
monétai res
d' ordre
structurel
proposées
pour
lutter
contre 1'hyperinflation
dans
1es
pays
en
déve l oppement
analyse théorique
111
Chapitre Il
Les
réformes
monétai res
d'ordre
structurel
proposées
pour
lutter
contre l'hyperinflation
dans les pays en développement:
analyse empirique
156
CONCLUSION GENERALE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
194

-
2 -
1 NTR0 DUC T ION
GENERALE

- 3 -
La situation économique dans
le monde est marquée depuis 1970 par
une crise au cours de laquelle les nations ont connu un effritement de leur
croi s sance. D'abord l'effondrement de l'ordre monét aire en août 1971 et en su i te
les deux chocs pétroliers (1973 et 1979) ont gravement perturbé les structures
économiques
des
nations.
Les
pays
industrialisés
ont
été,
tout
autant que
1es
pays en déve l oppement,
frappés
par cette cri se.
Pour ces derni ers,
1es
déséquil i bres
provi ennent essent i e 11 ement de l a forte décé l érat i on de l' envi-
ronnement
économique
international
depuis
la
fin
des
années
1970.
Dans
la
plupart de ces pays,
le produit réel
par· tête a stagné voire même régressé.
Les déséqui libres des fi nances pub li ques et des pai ements extéri eurs se sont
not~blement accentués (1).
Ces
nations
étaient
désormais
confrontées
à
une
insuffisance
de
moyens de fi nancement pour souteni r 1eur croi ssance. Certai nes ont fait appel
aux
financements
conditionnels du
Fonds
Monétaire
International
(FMI)
afin
de
mobiliser
les
ressources
nécessaires
à
leur
ajustement.
D'autres,
par
contre, ont préféré recourir à l'emprunt extérieur pour couvrir leurs besoins
de fi nancement.
Cette derni ère tendance a été dl une
part favori sée
par 1es
perspectives
économiques
prometteuses
dans
certains
de ces pays et d'autre
part
encouragée
par
l'abondance
de
liquidités
internationales.
On
a pu en
effet
remarquer
qulau
milieu
des
années
1970
"l'accès
relativement
facile
à
des
crédits
bancaires
internationaux
privés,
assortis
de
taux
d'intérêt
réels
négatifs,
a favorisé
une
croissance
rapide
des
dépenses
d'investis-
sement dans
les pays en développement (2)". Ainsi
le processus d'endettement
public et privé siest rapidement développé aussi bien dans les nations indus-
trialisées
que
celles en développement
provoquant
par
là-même une fuite en
avant dans l'économie d'endettement (3). Cette solution, jugée parfois facile,
(1) Cf.
IKONICOFf
(".),
SALA"A
(P.)
:
I1Les politiques d'ajustement:
orthodoxie ou hétérodoxie l1 ,
Revue Tiers-Monde, NOI09, Janvier-Mars 1987, p.7.
(2) GOT UR
(P.)
:
I1Taux
d'intérêt
et
monde
en
développement",
Finances
et
Développement,
n0 4,
Décembre 1983, p.36.
(3) Cf.
HICKS
(J.R.)
:
The
crisis
in
keynesian
economics
in
GUILLAU"OIT-JEAIIEIEY
(S.)
Pour
la politique monétaire, défense d'une mal aimée, PUF, Paris 1982, p.255.
- Voir également: STOLERU (L.) : L'ambition internationale, Seuil, Paris 1987, p.53.

- 4 -
a maintenu à l'intérieur de certaines nations en développement des déséquilibres
durables, cause de l'inflation et parfois de l'hyperinflation.
Face
à
la
rigidité
de
l'offre
des
biens
intérieurs,
la
pression
excessive
de
la demande
intérieure et
l'augmentation
des coûts
ont
conduit
à des
déséqui 1i bres et
à
des
hausses
de
pri x i nfl at i onni stes.
Ce processus
inflationniste
comme
le
dit
E.
GANNAGE
"apparaît
comme
un
sous-produit du
développement dans la mesure où celui-ci
suppose une disparité dans les taux
sectoriels
de
croissance,
s'exprimant
dans
le
retard
de
l'agriculture
par
rapport à une industrialisation rapide.
L'offre des biens alimentaires n'aug-
mente
pas
à un
taux
approprié
à celui
du
revenu
par tête d'habitant {l)".
En plus de la baisse des recettes d'exportation, on trouve également la cause
de ce mal
dans
la modification de la politique économique américaine depuis
la fin de la décennie soixante-dix. M.
IKDNICOFF et P. SALAMA indiquent bien
que "vers la fin des années soixante dix et au début des années quatre-vingt,
un
renversement
brutal
s'est
produit.
D'une
part,
les taux d'intérêt réels
ont
monté
considérablement
et,
d'autre
part,
les
termes
de
l'échange
ont
connu
une
nouvelle
détérioration.
A la
disponibilité
presque
illimitée
de
ressources fi nanci ères
a succédé une
situati on de rareté, en parti e due aux
Illodifications de la stratégie de sortie de crise des pays capitalistes dévelop-
pés et particulièrement des Etats-Unis (2)".
L'importance des emprunts et la mauvaise allocation des ressources,
loin de pallier les déficiences du dualisme propre aux pays en développement,
ont accru l es di sparités sectori elles. Ce phénomène a entretenu à 11 i ntéri eur
des
secteurs
économi ques
l a hausse des
pri x et
l' i nstabil ité des monnai es.
A ces éléments,
on
pourrait également
joindre
les mauvais ajustements entre
l'offre
et
la
demande
de
monnaie.
Pendant
longtemps
de
nombreuses
nations
en développement
se sont caractérisées
par une politique laxiste de la part
des autorités monétaires.
La création de monnaie et les avances de la banque
centrale au Trésor ne comaissaient pas
de limite véritable dans certains pays.
On retiendra par exemple qu'''entre 1974 et 1983, le total du crédit intérieur
(1) GAN NAGE (E.) : Financement du développement, PUF, Paris 1969, p.61.
(2) IKONICOFF
(II.),
SAlAIIA
(P.)
:
"Les
politiques
d'ajustement
:
orthodode
ou
hétérodoxie",
op. cité, p.7.
- Voir également : BNP : "La désinflation mondiale est-elle durable ?", Problèmes Economiques,
N°2021, 23 Avril 1987.
- PASCAllON (P.) : Le système monétaire international : théorie et réalité, Les Editions de l'Epar-
9ne, Paris 1982, p.269.

- 5 -
consenti
par les i ntermédi ai res monétai res a augmenté à un rythme moyen annue l
de
212;;
en
Argentine,
102% en
Israël,
79~ au
Brésil,
52
au Hexique (1)",
Qui
plus est, la plupart des structures monétaires ont jusqu'à présent maintenu
leur
état
de
sous-développement
(en
particulier
les
pays
d'Afrique
Noire
et
certains
pays
de
l'Amérique
Latine),
Peu
expérimentéES, elles
semblent
i ncapab l es de fai re convenablement l es ajustements entre l'offre et l a demande
de
monnaie
et
de crédit
et
aussi
de
persuader
les
pouvoirs
publics
de
la
nécessité d'un meilleur contrôle des flux monétaires. Ce que le présent tableau
montre
assez
bien
pour
certains
pays
en
développement
(cf.
Tableau
nOl).
Taux moyens annuels de croissance des créances de la banque centrale
sur l'Etat de 1974 à 1983 de certains pays en développement
Pays
Taux de croissance
Argentine
• 218.09 %
Brésil
• 326,47 %
(1)
80livie

59,25 %
Chil i

44 ,39
%
Ghana

51 ,6 %
Israël
• 107,25 %
( 2 )
Mexique
• 48.34 %
Ouganda

55.07
%
Uruguay

7 l ,44
%
Zalre

44 ,72
7.
(1) Taux calculé sur la période 1979-1983.
(2) + de 274,5% sur la sous-période 1980-1983.
Source: FMI
Statistiques
financières
internationales,
Annuaire
1984
in
ARNOULD (D.),
LAVAUX
(R.)
"La violence par la monnaie:
l'hyper-
i nfl atioft- dans
l es
pays
en
développement \\1 ,
Economi es
et
Soci étés,
N°2, Février 1986, p.185.
(1) ARNOULD
(D.). UVAUX
(R.)
:
"La
violence
par
la monnaie
L' hyperinflation
dans
les
pays
en développuent"'~ op. cité, p.183 •
.
,

- 6 -
La
plupart
des
gouvernants
ont
en
plus
préféré "composer" avec
l'inflation.
Aussi ont-i ls trouvé la solution dans l'application abusive de l'indexation. Avec
l' i ndexat i on
ou
système de
correct ion
monétai re,
l'on
di spose
"d'un
système
de
rattrapage
automatique
neutralisant
les
conséquences
de
l'inflation
sur
les
revenus
(1)".
Ce
système
a malheureusement
pour contrepartie le blocage
de l'économie.
Chaque choc se répercute à l'infini
sans être jamais corrigé.
L'indexation a ainsi constitué dans les pays en développement et particulière-
ment en Amérique Latine la source majeure de la désarticulation de l'économie.
Paraphrasant Le Chancelier SCHMIDT, Francisco LOPES souligne que "c'est l'in-
dexation ...
qui
transforme
l'inflation
d'hier en réajustement des prix d'au-
jourd'hui,
lesquels
produisent
l'inflation
d'aujourd'hui,
qui
sera
projetée
dans l'inflation de demain (2)".
L'étude
de
1 'hyperinflation
et
de
ses
conséquences
aujourd'hui
oriente
d'emblée
les
réflexions
vers
les
pays
en
développement
puisqu'ils
en constituent le terrain privilégié (cf. Tableau n02). A partir de ce tableau,
une· remarque se dégage tout de même. Il semble que l' i nf1 at i on et sa transfor-
mation en h~rinf1aticn
semblent généralement épargner les pays les plus pauvres
pour
s'attaquer
aux
pays
en
développement
ayant
atteint
un
certain
seuil
d'enrichissement. Dans ces pays, l'inflation a pris les formes les plus diverses
avec une insi:abi1ité chronique de la monnaie, des pïix et des changes. C'est
un phénomène auto-entretenu qui croit inexorablement. Ce mal s'est véritablement
(1) ARNOULD
(o.),
LAVAUX
(R.)
:
"La
violence
par
la monnaie:
L'hyperinflation
dans
les
pays
en développement", Economies et Sociétés, N°2, Février 1986, p.189.
(2) LOPES (F.) : l'a choque heterodoxo" in JETIN (8.) : "La culture inflationniste: une présentation
du débat sur l'inflation inertielle en Amérique Latine", Revue Tiers-Monde, N°109, Janvier-Mars
1987, p.146.

- 7 -
TABLEAU N°2
Taux d'inflation moyens annuels de 1974 à 1984 :
pays classés par ordre d'inflation décroissante
",.us
ta\\la
I\\nl'\\~e. d'tnll.,.lo"
ch •• UlcUlon .c.
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"l troU chitrre."
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1980.1981-1 '182-1983
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1980.1981-1982-1983-1984
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1974-19B-1976
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1911-1983-1"4
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1977-1911-1913
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S3,2 1
1979
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10
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0.61
1982-1913
ri"
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11
rurq"1"
36,1 1
1910
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Ka.s.q"."
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19l13
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24.9 1
-
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Afrique
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fuy. 11ft d';v.lo" . . ."C
turop•
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17
SII,.,r""uo1
"HI.tI l.
-
1':11. "D dLW loppe-=nt
,\\.Je Iq\\l~ LAt ln.:
* Données disponibles jusqu'en 1983.
Source
FMI
Statistiques
financières
internationales,
Annuaire
1984
et
Avril 1985 in ARNOULD (D.), LAVAUX (R.) : "La violence par la monnaie:
L'hyperinflation dans les pays en développement", Economies et Sociétés
N°2, Février 1986, p.181.
"enraci né" et est devenu sécul ai re. Il s'agit désormais d'une inflation galo-
pante, amplement déclarée,
qui
sévit pleinement dans les pays en développe-
ment et surtout en Amérique Latine (cf. Tableau N°3).

- 8 -
Evolution de la hausse des prix en Amérique latine
1917
1978
1979
1980
1981
1982
1983
19&t
1986
Argent,ne ..... , ..........
150.4
1698
139.7
87.6
131.2
208.7
433.7
888
483.1 '-J
BoIiVl•.............•.••••
10.5
13.5
45.6
23.9
25.2
296.5
328.5
2177.2
11291.8 '-)
Brhil ...................
43.1
38.1
76.0
95.3
91.2
979
179.2
203.3
217.911I)
Ololi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
63.5
30.3
38.9
31.2
9.5
20.7
23.8
23.0
28.511I)
Colomb..
29.3
"
• • • • • • • • • • • e
• •
17.8
29.8
26.5
27.5
24.1
16.5
18.3
23.511I1
CoSI. Ric. .................
5.3
8.1
13.2
17.8
65.1
81.7
10.7
17.3
14.8~1
~qu.t.ur ................
9.8
11.8
9.0
14.5
17.9
24.3
52.5
25.1
25.B(cl
Muiqu•.................
20.7
16.2
20.0
29.8
28.7
98.8
80.8
59.2
83.7
P"ou
32.4
• • • • • • • • • • • • • • • •
O "
73.7
66.7
59.7
72.7
72.9
125.1
111.5
158.0
Uruguey .................
57.3
46.0
83.1
42.8
29.4
20.5
51.5
66.1
17.BIIII
V.",zuel. ...............
B.l
7.1
20.5
19.6
10.8
7.9
7.0
lB.3
8.0
Amériqu. IlItin. n ....... ,
40.5
39.5
54.3
56.6
58.2
81.3
127.8
152.0
144.7
nBœ-non~.
t-J Nowmbr. 1985/'--" 1984
"J S.prwnbrw Ig8!l~ 1984.
t&J Ocrob,. 1985/oct" 1//1114.
Source
FMI,
CEPAL in SDLANO
(O.)
"Le Plan Austral
nouvelle stratégie
de lutte contre l'inflation", Industrie et Développement international,
Février 1986, p.89.
Pour G. FAIN la différence quantitative que traduit le rythme entre
l'inflation
et
l'hyperinf1ation
correspond
au
passage
d'un
seuil.
Mais
il
y a également pour l'auteur une différence qualitative entre ces deux phéno-
mènes.
Cette dernière est matérialisée par la disparition de la "crédulité"
monétai re,
par
1a
perte
de toute confi ance dans
1a monnai e,
comme réserve
de valeur (1). C'est ce qu'en effet D. ARNOULD et R. LAVAUX tentent d:exp1iquer
de façon plus détaillée. Pour eux, le passage de l'inflation rapide à l'hyper-
inflation dans ces pays se traduit par "l'évolution de la crise de la monnaie.
Cri se de 1a monnai e - unité de compte marquée par 11 extensi on des mécani smes
d'indexation des revenus. Crise de la monnaie - réserve de valeur caractérisée,
lorsque la méfiance des créanciers atteint la monnaie de la banque centrale,
par
la
recherche
des
substituts.
Par une spéculation qui
se généralise et
(1) Cf. FAII (6.) : "Lutte contre l'inflation et stabilisation monétaire" in FLAIAI' (1.) : Théorie
de
l'inflatiolt et
politique
anti-inflationniste -
Essai d'application de concepts keynésiens,
Dalloz, Paris 1952, p.24.

- 9 -
se po l ari se sur une devi se étrangère, mettant en cause la monnai e comme moyen
de
paiement
(1)".
Pour
P.
CAGAN,
"les
hyperinflations
sont
caractérisées
par
une
fuite
généralisée
devant
la monnaie
et
la
réduction
illimitée des
encaisses réelles,
face à des hausses de prix qui
tendent à devenir exponen-
tielles,
lorsque
les
individus
ajustent leur attitude aux changements passés
et
présents dans
la quantité de monnaie et
les
prix
(2)".
Cette
situation
donne
une
autre
signification
aux
comportements des
agents
économiques.
En
effet "la fuite devant la monnaie s'organise ...
La croissance des patrimoines
et des revenus dépend de décisions qui ne sont plus "économiques" mais fonction
du temps et des refuges possibles et qui
à
leur tour accélèrent la déprécia-
tion
(3)".
Les
agents économiques ont désormais conscience que la détention
de monnaie équivaut au paiement d'un impôt. Aussi sont-ils tentés de se séparer
de leurs encai sses en achetant des bi ens durables ou des devi ses étrangères.
Tout cela a conduit à d'importants déséquilibres internes et externes (augmen-
tation
de
l'endettement
et
des déficits
publics
baisse de
la production
et de l'épargne nationales; faiblesse du degré capitalistique ; détérioration
de
la compétitivité et des
paiements extérieurs)
dont
l'acuité dans
le cas
précis des pays en développement exige un assainissement du cadre économique.
Ces
divers
problèmes
nécessitent
la
mise
en
oeuvre
de
réformes
économiques.
Il
est
vrai
que
le
passage
d'une
situation
inflationniste
à
un
programme
de
stabilisation
suppose
la
réorientation
de tout
le système
économique pour donner de l'assurance en la valeur de la monnaie. Mais mO'ins
générale qu·une restructuration économique véritable, il s'agit ici d'insister
sur
les
réformes
monétaires.
Etant
donné
que
la
monnaie
est
le
principal
élément moteur de l'activité économique, il
importe qu'elle soit l'instrument
idéal
de
la politique de
stabilisation.
Il
faut
parvenir à inculquer à la
collectivité
le sentiment que
la stabilité des prix est désormais le garant
de
la
croissance économique.
Cette opération a de graves
répercussions
sur
l' économi e
ni empêche
que
son
succès est cond i t i onné
par
l a mi se en oeuvre
de
mesures
parfois
rigoureuses
et
brutales.
Un
programme
de
stabilisation
(1) ARNOULD
(D.),
LAVAUX
(R.)
:
"La
violence
par
la
monnaie
l' hyperinflation
dans
les
pays
en développement", op. cité, p.1S9.
(2) CAGAN
(P.)
:
"The
monetary
dynamics
of
hyperinflation"
in
RYELANDT
(B.)
: L'inflation
en
pays sous-développés : origines,
mécanismes de propagation et effets des pressions inflatoires
au Congo 1960-69, Mouton, Paris 1979, p.41.
(3) CHENICOURT
(A.)
: L'inflation
ou
l'anti-croissance
:
procès
de
la
société
d'inflation,
Ed.
Robert Laffont, Paris 1971, p.239.

- 10 -
doit
respecter
trois
préceptes
fondamentaux.
Il
doit
d'abord
se
fonder
sur un diagnostic
très spécifique de ce qui, dans le pays et au moment donné,
constitue
le moteur essentiel
de
l'inflation.
Ce
programme doit ensuite tenir
compte
des
paramètres
politiques
de
la
situation
d'ensemble.
Il
doit
enfin
mesurer 1e degré de compat i bi 1i té des mesures internes et externes et prévoi r
un
calendrier
tel
qu'elles
se
renforcent mutuellement
au
lieu de
se contre-
dire (1). Il
faudra
en
effet
que,
"tout en veillant à assurer une expansion
régulière
de
la
demande,
les
gouvernements
appliquent
avec
détermination
une politique bien dosée visant à réduire progressivement les objectifs concer-
nant
la
progression
des
revenus
et
la
hausse
des
prix,
l'accroissement
de
la
masse
monétaire
et
les
impulsions
d'origine
budgétaire
jusqulà
ce
que
le
taux
d l inf1ation
ait
été
ramené
à
un
niveau
suffisamment
bas
pour
être
acceptable
(2)".
La
démarche
des
réformes
monétaires
semble
toute
définie
par
Pierre
URI
quand
il
souligne
"qulil
faut
distinguer
la
stabilisation
comme
programme
à
court
terme
et
le
maintien
d'une
stabilité
raisonnable
comme objectif d'une politique à long terme, en convenant que la stabilisation
joue
contre
les
instabilités
extrêmes,
mais
nia
finalement
de
sens
que
si
elle se raccorde à un effet continu et réussi de rétablissement d'une stabilité
durable (3)".
Il faut parveni r à enrayer dans un premi er temps l es effets i mmédi ats
et
1es
mécani smes
apparents
à
l a
base
des
mouvements
de
hausse
de
pri x et
susceptibles
de
perturber
le
climat
économique
et
social.
Tout
en
restant
fixé
sur
l'objectif
principal
de
la
stabilisation
monétaire,
il
faut
agir,
grâce à des interventions au coup par coup et ponctuelles, efficacement contre
tous
les déséquilibres temporaires et accidentels. Cela permettra de restaurer
la
confiance
en
la monnaie,
de
lui
maintenir son
pouvoir d'achat
aussi
bien
à
l'intérieur
qu'à
l'extérieur
du
pays.
Aussi
l'accent
devra-t-il
être
mis
sur
un
programme
de
réformes
monétai res
d'ordre
conjoncturel.
Ce
programme
servi ra
ensui te
d' appoi nt
à
une
me il l eure
adaptation
des
structures
et
des
institutions
face
à
un
environnement
économique
en
pleine
mutation.
A côté
des manipulations conjoncturelles monétaires, des réformes de fond, des adapta-
(1) Cf. URI (P.) : Une politique monétaire pour l'Amérique Latine, Plon, Paris 1966, p.10S.
(2) OCDE: Pour le plein-emploi et la stabilité des prix, OCDE, Paris 1977, p.203.
(3) URI (P.) : Une politique monétaire pour l'Amérique Latine, op. cité, pp.101-102.

- 11 -
tions monétaires à moyen terme, des
interventions chirurgicales en profondeur
sont indispensables.
Il
faut en clair mettre l'accent sur des réformes moné-
tai res
d' ordre
structure 1.
Dans
l'aménagement de ce cadre monétai re,
il
faut
aussi
que
"la
politique
de
l'offre
succède
à
la
politique de
la demande,
le désengagement de l'Etat et 1a dérég l ementat ion remp 1acent 1es i ntervent ions
conjoncturelles
(1)".
En
clair,
il
faut,
pour
une politique monétaire saine
et
équilibrée,
renforcer
le
système monétaire et
financier
et
ceci
dans
la
perspective d'une stabilité monétaire de moyen et long terme.
Notre
étude
Si articulera
en
conséquence autour de ces deux concep-
tions.
Dans
une
première
partie,
nous
ferons
une
approche
conjoncturelle
des
réformes
monétaires
préconlsees
pour
vaincre
1 'hyperinf1ation
dans
les
pays en développement.
Dans une seconde partie, nous traiterons de 11 approche
structurelle de ces réformes monétaires. D'où le plan:
Première Partie
Les
réformes
monétaires
dlordre
conjoncturel
pour
vaincre
l ' hyperinf1ation dans les pays en développement.
Deuxième Partie
Les
réformes
monétai res
dl ordre
structurel
pour
vai ncre
l'hyperinf1ation dans les pays en développement.
(1) STOlERU (l.)
L'ambition internationale, Editions du Seuil, Paris 1987, p.294.

- 12 -
PRE MIE R E
PAR T 1 E
LES REFORMES MONETAIRES D'ORDRE CONJONCTUREL
POUR VAINCRE L'HYPERINFLATION DANS
LES PAYS EN DEVELOPPEMENT

- 13 -
Contre
l'hyperinflation,
la
stabilité
de
la
monnaie
et
partant
des
pri x
et
des
changes
est
un
véritab le
enjeu
et
devi ent
par
conséquent
une
exigence
fondamentale
pour
les
pays
en
développement.
M.
FRERE
souligne
à cet effet que
la stabilité monétaire est "l'une des conditions essentielles
d'une croissance rapide et durable
parce qu'elle est
le
plus
puissant moteur
de
la formation
de
l'épargne
sans
laquelle
il
est
impossible
d'assurer les
investissements qui sont indispensables à cette croissance (1)". Cette stabilité
monétaire
passe
par
une
application
satisfaisante
de
la
politique
monétaire
1aque 11 e permet d'agi r
sur 1e comportement du pub 1i c et de maitri ser au mi eux
la liquidité bancaire. On pourra ainsi réduire les déficiences
dans les prix
et les changes et assainir l'économie.
L' étude
de
cette
parti e
consi stera
à
fai re
dans
un
premi er
temps
une approche théorique des réformes monétaires proposées sur le plan conjonctu-
rel
et
susceptibles
de
permettre
de
lutter
contre
l'hyperinflation.
Dans
un deuxi ème temps,
nous ferons une approche empi ri que des réformes monétai res
proposées. D'où nos deux chapitres:
CHAPITRE 1
Les
réformes
monétai res dl ordre conjoncturel
proposées
pour
lutter
contre
l'hyperinflation
dans
les
pays
en développement : analyse
théorique.
CHAPITRE II
Les
réformes
monétai res dl ordre conjoncturel
proposées
pour
lutter
contre
l'hyperinflation
dans
les
pays
en développement : analyse
empirique.
(1) FRERE (N.)
"Croissance économique et stabilité monétaire", Banque N°223, Janvier 1965, p.6.

- 14 -
CHA PIT R E l
LES
R E FOR MES
MON E TAI RES
D'a R D R ECO N J 0 N C T URE L
PRO pas E E S
POU R
LUT TER
CON T R E
L'H Y P E R 1 N FLA T ION
DAN S
LES
P A Y SEN
D EVE L 0 P P E MEN T
A N A LYS ETH EOR 1 QUE
Assurer
la
stabil ité
monétai re
et
reconquen r la
confi ance
des
agents économiques supposent un aménagement, monétaire. Les difficultés actuelles
des
nations
en développement font de cet objectif une priorité à laquelle
elles
doivent
s'en tenir
pour
lutter contre
l 'hyperinflation.
Au-delà des
objectifs purement monétaires, la politique de crédit aura ce rôle privilégié
et dynami que permettant à 1a foi s d' enrayer les fl ux i nfl ati onni stes et de
stimuler
l'expansion de
l'économie.
Les mesures
à appliquer doivent de ce
fait s'accommoder de ces types d'objectifs. Une analyse des moyens disponibles
est nécessaire pour déceler les plus aptes à rétablir l'ordre monétaire interne.
Cela a, semble-t-il, constitué la principale difficulté à laquelle ont toujours
été confrontées la plupart des autorités dans le cadre de l a mi se en oeuvre
d'une opération de ce type.
L'analyse de ce chapitre consistera à faire une présentation puis
une appréciation des réformes monétaires préconisées pour lutter contre l'hyper-
inflation dans les pays en développement.

- 15 -
SECTION 1
PRESENTATION
DES
REFORMES
MONETAIRES
D'ORDRE
CONJONCTUREL
PROPOSEES DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Lev i sage de lié con 0 mie mo ndia l e don ne une i ma ge de plu sen plu s
floue
et
incertaine
des
instruments
de
la
politique
monétaire.
En
effet,
les divers degrés d'anticipations et
les incertitudes dans
la compréhension
des
relations
profondes
de
comportement
modifient
énormément
aujourd'hui
l'effet des politiques sur les agents économiques et sur les objectifs finals.
La régulation
de la création monétaire et
l'utilisation des instruments de
cette régulation doivent être pour cela rapprochées de la politique économique
générale.
Malgré
les
difficultés
à
concevoir
des
stratégies
de
sortie
de
crise,
des
politiques
adaptées
existent.
Pour
les
pays
en
développement,
nous partageons le poi nt de vue de WALTER NEWL YN qui i ndi que que "bi en que
l'absence des marchés monétai res et fi nanci ers organi sés pri ve l es autorités
de quelques uns des instruments
les plus sophistiqués, il n'est certainement
pas
vrai
qu'elles manquent de solutions effectives pour la politique moné-
taire (1)".
Nous distinguerons à cet effet les mesures à
utiltser
pour lutter
contre l'hyperinflation à la fois sur le plan interne et sur le plan externe.
PARAGRAPHE 1
LES
REFORMES
MONETAIRES
D'ORDRE
CONJONCTUREL
PROPOSEES
SUR
LE PLAN INTERNE DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
La
fragilité
des
structures
monétaires
et
financières
et
aussi
les nombreux déséquilibres sectoriels tendent à réduire l'efficacité de certains
instruments
de
la politique monétaire dans les
pays en développement.
Cela
traduit
également
bien
la difficulté
à
y opérer
des
réformes
monétaires.
On est ainsi conduit à faire des réserves quant à la pleine utilisation des
instruments d'action indirecte sur la liquidité bancaire. Dans cette période
(1) NEMlVI (M.T.) : The Financing of Economie Oevelopment in SERRE (J.R.) : Les th~ories de l'offrt
de monnaie : origine, d~veloppementscontemporains et essai dl extension à l' ~conomie sous-déve-
loppée,
Thèse d'Etat
ès
Sciences Economiques,
Université de Clermont I, Octobre 1979, p.390.

- 16 -
inflationniste,
l'accent
doit
être
mis
sur
une
action
plus
directe
dans
la
régulation de la monnaie et du crédit.
Il
faut atteindr p. la liquidité à partir
d'un contrôle nécessaire du crédit et
renforcer les possibi lités
d' accroi s-
sement d'une suffisante épargne intérieure.
Le
système
bancaire
tel
qu'il
se
présente
partout
a
deux objectifs principaux: financer le développement et maintenir là stabilité
monétaire.
La
contradiction
apparente
dans
ces
deux
objectifs
est
que
le
financement
est
monétaire
et
qu'il
est
à tout moment
possible de déclencher
l'inflation.
C'est ce qui
fait
la difficulté quant
à choisir des
instruments
susceptibles
de
lutter
véritablement
contre
l 'hyperinflation.
Le
principe
pourrai t
être
de
teni r
compte
des
combi nai sons
dans
l esque 11 es
ils
doi vent
être utilisés.
Pour S.J. GUILLAUMONT "l'impossibilité dans laquelle se trouvent
les
autorités
monétaires
d'influencer
avec
précision
les
variables
réelles
de
l' économi e
te l s
l' emp loi,
la
product i on
ou
l' i nvest i s sement
devrait
les
inciter
à
choi sir
de
préfêrence
comme
critère
de
leur
action
une
vari ab le
nominale ou monétaire: niveau général des prix, taux de change, masse monétaire
ou
encore
taux
nominal
de
l'intérêt
(1)".
Plus
loin
cet
éventail
de
choix
se réduit
à la variable monétaire
(taux d'intérêt et masse monétaire).
L'es-
sentiel
est de retenir les instruments jugés plus aptes à lutter contre l'hyper-
inflation et qui, de plus, insistent sur les axes de développement généralisé.
Aussi
la
politique d'encadrement du crédit dans
son
aspect sélectif devient-
e 11 e une arme appropri ée suscept i ble de garantir
cet objectif. A cette po li-
tique,
il
convient
d'adjoindre
la
politique des
taux d'intérêt dont
la mise
en oeuvre dans ce climat hyperinflationniste est davantage nécessaire.
Voyons tout ceci en détail.
A) la politique d'encadrement du crédit et la lutte contre l'hyper-
inflation dans les pays en développement
L'encadrement du crédit consiste à fixer un taux maximum de progres-
sion de
l'ensemble des crédits que
le système
bancaire doit respecter.
Moins
souple que
le contrôle de
la liquidité bancaire qui fait jouer les mécanismes
de
pri x du
marché monétai re
à travers l es di fférents taux,
ce système revêt
parfois la forme d'un rationnement de crédit.
Il
a un aspect à la fois quanti-
tatif
et
qualitatif.
Dans
l'Union Monétaire Ouest Africaine
(UMOA),
l'aspect
(1) GUILLAUIIIOIT"""JEA.IUEY
(s.l : "Le rôle de la politique monétaire d'après l'oeuvre de MILTON
FRIEDMAN", Banque N°281, Janvier 1970, p.15.

- 17 -
quantitatif
prend
la
forme
de
"limites
individuelles"
d'escompte
aux
entre-
prises.
La
banque
centrale
fixe
dans
ce
cas
des
"limites
individuelles
de
crédit"
aux entreprises par voie d'autorisation préalable (1).
L'aspect quali-
tatif
qui
passe
par
la publication de "directives de crédit"
a un caractère
sélectif.
Ce
dernier
aspect
qui
est
la
politique
sélective
de
crédit
est
fondé
sur
l' i mpos it i on
aux banques et établi ssements fi nanci ers des pri orités
ou coefficients maxima ou minima qu'ils doivent respecter dans la répartition
de
leurs
crédits
entre
les
secteurs
d'activité
et
s'il
y
a
lieu entre
les
différentes
catégories
d'entreprises.
Son
objet
essentiel
est
d'éviter
que
certains secteurs ou catégories d'entreprises ne trouvent pas les financements
nécessaires à leur développement alors que d'autres non prioritaires disposent
(parce
que
trop
rentables
ou
d'une
solvabilité
plus
assurée)
de
concours
trop abondants (2).
La
définition
de
cette
politique
nous
conduira
successivement
à
justifier
de
l'intérêt,
du
bi en-fondé
de
cette
mesure
pui s
à
préci ser
en
.conséquence
les
éléments
stratégi ques
à ut il i ser pour lutter contre l' hyper-
inflation dans les pays en développement.
1) Les raisons du choix de l'encadrem~nt du crédit
La
création
monétaire
dont
dispose
le
système
bancaire
ne
peut
être laissée à son bon vouloir. Il est vrai que ce pouvoir de création monétaire
est
ut"ile
pour
l'économie
en
ce
sens
qu'il
permet la circulation des biens
et
le
développement
interne
et
parce
qu'il
participe
au
développement
des
échanges.
Cependant
ce
pouvoir
peut
se
révéler
déséquilibrant
et
pervers
dès
l'instant où il
est excessif.
Une intervention est nécessaire pour éviter
les excès dans l'émission des moyens de paiement. Il faut éviter que la création
monétaire
et
la
distribution
de
crédits
par
les
banques
ne
pervertissent
l'équilibre monétaire.
On peut aussi
noter que les difficultés pour une meil-
l eure
repri se
économi que
dans
l es
pays en développement ne doi vent pas pour
autant
enlever
le
souci
d'un
contrôle
de
l'offre
de
crédit
et
de
monnaie
afin de prévenir les risques de hausses de prix. La croissance des déséquilibres
(1) Cf.
SERRE
(J.II.)
:
"La nouvelle
politique
monétaire
de
l'UMOA",
Etudes
et
Documents Provi-
soires
CERDI,
Faculté
des
Sciences
Economiques
-
Université
de
Clermont
I,
Janvier
1983,
p.lO.
(2) Cf.
ADJA (B.)
: La poli tique de crédit en Côte d' Ivoire et dans l'UMOA, Mémoire de Maîtrise
d'Econollie
d'Entreprise,
Faculté· des
Sciences Economiques
- Université
d'Abidjan,
Mai
1984,
p.l6.

- 18 -
et le désir d'appliquer une politique monétaire souple et efficace justifient
aujourd'hui la mise en oeuvre d'un encadrement de crédit plus qualitatif.
Oans une péri ode de hausse importante des pri x, l'Etat est confronté
à
deux
principaux
problèmes
rétablir
l'équilibre
monétaire
et
financer
l'économie. Or, on ne peut en fait faire une ponction sur le crédit à l'économie
et exi ger dans 1e même temps un effort de fi nancement. Ce type de problème
peut être vite résolu avec la sélectivité. Compte tenu des ressources limitées
à la disposition de l'Etat, on prévient rapidement les excès et les déséquili-
bres. C'est vrai qu'il peut avoir des brèches mais on a l'avantage de canaliser
les fonds
prévus dans une direction précise.
On est ainsi sûr de maintenir
en vie des secteurs d'activité pour assurer un minimum de bien-être social.
Analysons à présent les éléments stratégiques à mettre en oeuvre.
2) La
stratégie
de
l'encadrement
du
crédit
à
utiliser
contre l'hyperinflation
Pour
les
objectifs
mentionnés,
la gamme d'instruments qui
s'offre
à
l'Etat et à la banque centrale est vaste. Mieux, dans ce domaine, toute
institution
peut
inventer,
faute
de
précédents,
des
techniques
originales.
L'essentiel
est
qu'elles
s'accommodent
des
conditions
du
marché
local
de
crédit.
On
se
contentera d'indiquer
ici
les
instruments
qui
sont le plus
souvent utilisés et qui, sont, foce au cootexte actuel des
pays
en développement,
susceptibles de vaincre l'hyperinf1ation.
La
situation
actuelle des pays en développement conduit désormais
à adopter une création monétaire disciplinée, sensible aux fluctuations conjonc-
turelles.
Il
ne
peut
être question d'une politique rigide.
Il
faut plutôt
une technique qui permette d'avoir une croissance raisonnable de masse monétaire
c'est-à-dire
conforme
à
une
création
monétaire
équilibrée
(1).
Il
faut
Il
-
un taux maximum (ou minimum) de croissance pour des prêts détermi-
nés dans une certaine période de temps (véritable mesure quantitative de l'enca-
drement du crédit) ;
- une autorisation préalable pour l'octroi de financements dont le
montant excède un plafond déterminé à l'avance
(1) Cf. BIL6ER (F.)
l'expansion dans la stabilité, Economica, Paris 1985, p.2D3.

- 19 -
- une limite fixée de l'emprunt accordé à chaque client
- une
exigence
de
garanties
collatérales
spécifiques
pour
certains
types de crédit (1)".
Ces
conditions
ne
peuvent
donner
pleine
satisfaction
que
s'il
y
a
par
ailleurs
un
contrôle
du
pouvoir
de
création
monétaire.
Il
faut
une
politique
de
crédit
qui
permette
d'agir
sur
les
liquidités
pour
donner
la
possibi lité aux autorités monétaires de faire
les
ajustements au temps oppor-
tun. K. EDOH souligne dans ce même ordre qu'il faut
- décourager
l'octroi
des crédits utilisés à des fins spéculatives;
- encourager
l'octroi
des
crédits
utilisés
à
des
fins
productives
pour la collectivité;
- développer le marché des titres.
A cet effet,
instruments indirects et directs agissent sur l'orien-
tation du crédit,
les uns par la sélectivité des taux et
les autres par une
intervention
directe
pénélisatrice
de
l'offre
de
crédit
dans
les
secteurs
non prioritaires
(2).
Dans le cas de l'UMOA (notons que cela peut s'appliquer
à d'autres
pays),
J.M.
SERRE regroupe les techniques directes de sélectivité
en trois catégories (3)
les régimes privilégiés de refinancement
- les instruments d'orientation sectorielle de crédits
le
régime
des
crédits
à
l'Etat
et
aux
collectivités
publiques.
La
premi ère
catégorie
concerne
les
crédi ts
refi nançab l es
aux
taux
d'escompte
préférentiels.
On y inclue
les
crédits de campagne qui
accèdent
sans
limite
au
refinancement
à
taux
préférentiel.
Les
crédits
ordinaires
octroyés
aux
petites
et
moyennes
entreprises
nationales
seront
refinancés
en
priorité dans
la limite du concours global
maximum prévu pour le secteur
privé.
Pour
la deuxième catégorie,
il
se constituera des
comités
nationaux
(1) BORTOLAII (s.)
:
Rôle de
la banque centrale en Afrique,
Ed. des Marchés du Crédit des pays
d'Afrique, Milan 1975, p.127.
(2) EOOH (K.) : La politique monétaire dans les pays en voie de développement: réalité ou illusion.
L'exemple de l'U.M.a.A., Thèse 3ème cycle Economie monétaire et financière, Faculté des Sciences
Economiques - Université de Clermont I, Mai 1981, p.4D.
(3) Cf. SERRE (J.N.) : "La nouvelle politique monétaire de l'UMDA", Etudes et Documents Provisoires
~, Faculté des Sciences Economiques - Université de Clermont I, Janvier 1983, p.34.

- 20 -
de
crédit
qui
dresseront une
liste des priorités sectorielles.
Ces priorités
seront
largement
imposées
aux
banques
et
aux
établissements
financiers
dans
l'octroi des crédits à des secteurs d'activité préalablement déterminés suivant
des
coefficients
d'emploi
(maximaux
ou
minimaux).
La
troisième
catégorie
d'intervention concernera les crédits de création ou d'amélioration des équipe-
ments collectifs et des infrastructures, ou les crédits de production.
Ces
di fférentes
techni ques
doi vent
dans
tous
l es
cas
correspondre
à
une
norme de
progression de lamasse monétaire.
Pour
déterminer
le taux de
croissance maximale de la masse monétaire et du crédit à l'économie, l'autorité
doit "adopter une norme de croissance de la masse monétaire un peu en retrait
par
rapport
au
taux
de croi ssance
attendu
du
produit
i ntéri eur
en
valeur
de manière à assurer une diminution progressive du taux de liquidité de l'éco-
nomie (1)".
La banque centrale doit s'efforcer, malgré les éventuelles diffi-
cultés,
"d'ajuster
le total
de
la quantité
de
monnaie offerte à la demande
d'encaisses du public exprimée en prix con~tants. Cette demande croît à mesure
que
l'économie
se
développe
ce
qui
rend
possible
une
certaine
croissance
de
la quantité de monnaie,
d'ailleurs
limitée,
sans conséquences
inflation-
nistes (2)". Cette méthode visera à doser au mieux le volume de crédits accordés
à chaque établissement bancaire et financier. Les normes de progression pério-
dique doivent être établies selon les institutions afin de limiter la croissance
dispersée
des
encours
de
crédits.
Notons
comme
exemple
que
dans
les
pays
de
l'OCDE,
certains
ont
préféré
retenir
"comme
taux
d'expansion
monétaire
admissible,
non
pas
une
valeur fixe,
mais
plutôt
une fourchette,
avec
une
limite
inférieure
et
une
limite
supérieure,
en
choisissant
de
la
publier
ou
non
suivant
les
circonstances.
Il
peut
se
révéler
possible de
rétrécir
l'écart
entre
les
limites
supérieure
et
inférieure
de
l'objectif
à mesure
que
les
autorités
et
les
marchés
se
familiarisent
avec
cette
approche de
la
politique monétaire
(3)".
On
pourra instituer des plafonds pour certains
types
de
prêts de
mamere
à
encourager
l'affectation
des
fonds
disponibles
à des emplois jugés plus souhaitables.
Il
ne
paraît
cependant
pas
indiqué
de
faire
de
cette
politique
un objectif de long terme.
La banque centrale peut, en essayant d'influencer
(1) GUILLAUllorllT-JEAIIEIEY
(s.) : Pour la politique monétaire; défense d'une mal aimée, op. cité,
p.218.
(2) BLOOIIFIELD (A.I.)
:
"La politique
monétaire
dans
les
pays
sous-développés",
in
Institutions
financières
et
politiques
monétaires,
Articles
et
Etudes,
IDE
et 8IRD,
Vol.I,
Paris
1963,
pp.1-15.
(3) OCDE: Pour le plein emploi et la stabilité des prix, OCDE, Paris 1977, p.215.

- 21 -
l es
banques
de second rang,
pratiquer une
polit i que sélect ive de réescompte.
Elle
peutl10rs
refuser certains types de crédit au réescompte ou même exiger
des intérêt~ plus élevés. La meilleure application des normes et des conditions
à
suivre
doit
s'accompagner
de
pénalités
très
dissuasives.
Il
faut,
au-delà
de
toute
réglementation,
éviter
d'aboutir
à
une
déflation
qui
conduirait
à
une
récession
et
nuirait
à
l'activité
des
banques
et
des
établissements
financiers.
Le
rôle
de
la
banque centrale doit
être
prépondérant
et
précis.
En
effet,
avec
les
bas taux que
pourrait exiger
la mise en oeuvre de cette
politique,
les
banques
peuvent
en
sortir
perdantes
et
affaiblies dans
leurs
activités.
Il
faut,
dans
ce
cadre
stratégique,
octroyer
des
bonifications
de
taux
afin
de
permettre
aux
banques
d'entrer
dans
leurs fonds.
En clair,
la
différence
entre
les
bas
taux
d'intérêt et
le coût réel
du crédit devra
être
payée
par
le
Trésor
Public.
Le
principe
est
de faire
en
sorte que la
sélectivité ne joue pas contre l 'intermédiation financière.
Dans
des
nations

il
y
a
encore
de
nombreuses
insuffisances,
il
faut
une
offre
bien
adaptée
de
crédit
afin
d'éviter
les
perturbations
économi ques.
Comme
l' i nd i que
J. M.
SERRE
"i l
faut
intégrer
la
sé l ect i vité
dans
un
programme
général
de
modération
de
la
création
monétaire
(1)".
Il
faut, éviter
le suréquipement dans certains secteurs auquel répondrait l'insuf-
fisance
dans
d'autres.
Une
conciliation
doit
être
faite
entre
les objectifs
à court terme et
à
long
terme.
En
cl ai r,
il
faut
savoi r
mettre
en
oeuvre
une action régionale équilibrée (2).
Nous
estimons
qu'au
total
l'emploi
des
instruments
traditionnels
avec
des
adaptations
qualitatives
semblent
être
la
meilleure
combinaison
susceptible d'être maintenue dans les pays en développement. Elle
consistera "à
pratiquer
un
taux
supportable
de
progression
de
la
masse
monétaire
et
de
s'y tenir. Comme les anticipations s'ajustent au mouvement des prix, un pareil
redressement
s'opérera
à l'écart
de
toute
tension
inflationniste ...
Il
faut
cependant
faire
preuve
à
la fois
d'anticonformisme
économique et de courage
politique
pour
proposer
ce
plan
et
plus
encore
pour
le
mener
à terme.
La
voie
de
la
facilité
sera
toujours
de
remettre
à
plus
tard
les
ajustements
désagréables
(3)".
Ce
principe
de
la
norme
de
progression
semble d'ailleurs
très
accepté à l'heure actuelle. Comme le dit F. BILGER "la plupart des banques
(1) SERRE (J.".) : "La nouvelle politique monétaire de l'UHOA", op. cité, p.7.
(2) Cf. BERGER (P.) : "L'équilibre monétaire dans l'économie", Banque N°270, Janvier 1969, p.30.
(3) FRIED"AI (".) : Inflation et systèmes monétaires, Calman-Lévy, Paris 1976, pp.213-214.

- 22 -
centrales des pays développés semblent avoir reconnu de nos jours cette néces-
sité,
en
se fixant
une norme au moins
annuelle de
progression de la masse
monétaire
en
fonction
de
l'évolution
prévue
ou
voulue
du
produit
nominal
et
en
slefforçant,
de
manière
généralement
souple,
de
la respecter.
Cette
norme constitue également pour elles une sorte de protection contre les demandes
excessives de financement monétaire des déficits budgétaires des Etats (1)".
Ai nsi
donc
l'encadrement de crédit
permettra de frei ner l a hausse
des
prix
et
de
réduire
les
anticipations
inflationnistes. Ce qui facilitera
la réalisation des principaux objectifs: financement de l'économie, stabilité
monétaire,
défense
des
réserves
extérieures.
Une telle mesure implique par
~illeurs un niveau de taux d1intérêt qui soit positif en terme
réel .
1
C'est ce que nous tenterons de voir.
B) La politique des taux d'intérêt et la lutte contre l'hyperinfla-
tian dans les pays en développement
Une politique de s'tabilisation monétaire nécessite bien une réforme
de
l a structure
des
taux
dl intérêt.
Dans
l es pays en développement où il
existe
de
fortes
proportions
d1inflation,
les
taux
d'intérêt
se situent à
un n) veau bas voi re négat if en terme rée 1. Notons comme exemple que pendant
la période juillet 1980 - juin 1981, le taux d'intérêt corrigé de l'inflation
était de -16% au Brésil, de -48,2% au Ghana, de -5,9% en Inde, de -4,5% au
Kénya, de -1,3% en Corée, de -3,1% en Malaisie, de -9,5% au Mexique, de -2,6%
au
Pakistan et de -4,8% au Vénézuela (2).
L'expérience montre bien que
le
maintien de faibles taux d'intérêt afin de relancer la croissance économique
est
une
politique
qui
va
dans
le sens contraire de
l'effet recherché.
Il
faut, pour lutter contre les multiples déficiences dans les prix et l'inflation,
un niveau de taux d'intérêt qui d'abord couvre la dépréciation de la monnaie
et qui,
grâce à une rémunérati on rai sonnab le des dépôts d' encai sse, permette
ensuite l'accroissement de l'épargne intérieure.
Examinons les raisons du choix de cette politique puis la stratégie
à utiliser contre 1'hyperinflation dans les pays en développement.
(1) BIlGER (F.) : L'expansion dans la stabilité, Economica, Paris 1985, pp.203-204.
(2) Cf. BENOn (J.p) : "Taux d r intérêt administrés et taux dl intérêt du marché" in Epar9ne et Déve-
loppement, Economica, Paris 1985, p.47.

- 23 -
1) Les raisons du choix de la politique des taux d'intérêt
Les
efforts
des
autorités
publiques
pour
sortir
des
difficultés
économi ques en compri mant à 1a bai sse 1es taux d' intérêt ne font qu'aggraver
le
mal.
Celui-ci
porte
le nom de répression financière
La répression
financière selon EDWARD SHAW est une manifestation de la volonté intervention-
niste des gouvernants des pays en voie de développement. Les techniques appli-
quées
sont simples et
nombreuses.
Le principe de base qui
les régit est la
bai sse du rendement des
actifs fi nanci ers en vue de répri mer 1a demande de
ces actifs (1). Elle se caractérise pour l'essentiel
"par une offre de fonds
prêtab1es
limitée,
un pouvoir monopolistique des
prêteurs,
par une pratique
usurai re général i sée, un appauvri ssement des patri moi nes et par une thésauri-
sation
massive
et/ou
par
la
dépréciation
du
capital
pr:'oductif
(2)".
Cette
,
répression
est
le
résultat
imprévu
de
la
stabilisation contrôlée des taux
d'intérêt nominaux quand bien même l'inflation connaît des proportions impor-
tantes.
En effet,
l es taux, d' intérêt sont fi xés par l es autorités monétai res
et encadrés dans une fourchette maximale et minimale. Peu flexibles, l'inflation
parvient
à
faire
varier
sensiblement
les
taux
d'intérêt
réels.
Ainsi,
en
rai son
de
l' i nsuffi sance
ou
de
l' i nexi stence des marchés des
prêts et des
capitaux
et
du degré d'imprévisibilité de
la situation économique dans
les
pays en développement, les taux d'intérêt jouent moins bien le rôle de régula-
teur
de l'offre et de
1a demande de crédit.
Les taux d' intérêt créditeurs
et
débiteurs
n'ont
plus
désormais
l'aspect de véritables taux d'équilibre.
Comme le disent J.J. ROSA et M. DIETSCH "leur fixation en dessous du niveau
de marché détermine une réduction de l'épargne financière,
raréfie le crédit
et
freine
la
monétisation
de
l'économie
tout
en déterminant une structure
trop 1i qui de des placements : c'est 1a fi nance répri mée (3)". Il est peut-être
vrai
que
ces
bas
taux
stimulent
une
augmentation de
l'investissement mais
ils
rédui sent
dans
1e même
temps
son
effi cacité.
La répressi on fi nanci ère
affecte
le
fonctionnement
de
l'économie
en
restreignant
le
développement
(1) Cf. ROSA (J.J) et DIETSCH (M.) : La répression financière, Ed Bonnel, Paris 1981, p.8.
Pour des
détails
sur
le
thème de la répression financière, voir:
-
BENOn (J.P.) : op. cité, pp.S4-S8.
- SHAW (L) : Financial 0 eepening in Economie Development, Oxford University Press, London,
1973, pp.92-112.
- Voir
également OUEDRAOGO (I.M.
: Intermédiation financière et problématique de développement
économique.
Essai
d'application
aux Etats membres de l'Union Monétaire Ouest Africaine, Thèse
3ème
cycle
Economie
Monétaire
et
Budgétaire,
Faculté
des
Sciences
Economiques, Université de
Clermont l, Juin 1985, pp.90-91.
(1) DERREUMAUX
(P.)
et PELTIER (G.) : "Monnaie, intermédiation financière et développement écono-
mique", Banque N°382, Mars 1979, p.30S.
(3) ROSA (J.J.) et DlnSCH (M.) : La répression financière, op. cité, pp.84-8S.

- 24 -
et la capacité d'innovation de
l'industrie.
Elle décourage l'épargne en pous-
sant
l es
uns
et
l es
autres
à rechercher des
valeurs refuges qui
rapportent
un
taux
de
rémunération
réel
positif
ce
qui
est
parfois de
la spéculation.
Tout
ceci
perturbe
la
croissance
économique
et
favorise
la
formation
des
foyers inflationnistes et le déséquilibre monétaire (cf. GRAPHIQUE N°l).
Contrôle des taux d'intérêt
et répression financière (l)
~
1
...
o :Offre d'éparsnc
1
:-: C(-+---------~
~
!
.5 r.+-'--------+------:K
=a
~ ro,-+---------~:,._--+_--_4r..
o :Demande
de crédit par les
emprunteurs
-.:
J, S : volume de
liS'
l'investissement
1
-
et de l'épargne
S
-
Source
ROSA
(J.J.)
et DIETSCH
(M.)
La répression financière,
Ed.
Bonnel,
Paris 1981, p.8?
(1) Alors qu'à r
la quantité d'épargne offerte sous forme de dépôts s(r ) est égale à la quantité
de
crédit de~andée pour l'investissement I(r), l'offre étant égale ~ la demande au point E ;
à r
la quanti té
d'épargne
devient
inférieuere
à la
demande
de
crédit:
l (r )
donné par le
poi~t C sur la demande de crédit est supérieur à S(r ) donné par le point B surol'offre d'épar-
gne. La situation de répression financière est donc garactérisée par le déséquilibre et l'excès
de la demande de crédit sur l'offre. L'excès de de demande est représenté par la distance BC.
La quantité S(r)
(Ir)
d'investissement
ne
pourra être
financée
faute
d'une épargne suffi-
sante,
c' est-à-8ire
d~ dépôts suffisants, et donc d' une capacité de prêt des institutions
financières: ROSA (J.J.), DIETSCH (N.), op. cité, p.86.

- 25 -
La politique monétaire a, comme la politique économique, pour objectif
d'assurer
une
expansion
satisfaisante
sans
trop
d'inflation.
Il
faut,
de
ce fait,
"faire apparaître des taux d'intérêt permettant une allocation aussi
efficace que possible des ressources financières de la nation (l )". Rattachable
au
présent développement,
l a politique monêtai re menée
par l a Corée du Sud
en 1965 est l'un des aspects essentiels des réformes prônées afin de freiner
l'inflation et d'accélérer la croissance (2).
Au total c'est
vrai
que
par
rapport
au
concept
de la théorie
du capital
le comportement des autorités pub li ques, en compri mant à l a bai sse
les
taux
d'intérêt,
peut
s'expliquer.
En
effet,
"toute
augmentation
du
c.oût du capital
provoque essentiellement une diminution de la valeur actuali-
sée des
profits
antici pés ,sur une
période de temps donnée.
Par conséquent,
elle
entraîne
une
diminution
de
la
demande
de biens d'investissements qui
à son tour en réduit
la production. Ce processus freine les investissements,
fait décroître la demande' globale et prévient les augmentations de prix qui
autrement auraient pu se manifester (3)". En fait,au lieu d'une augmentation
des prix, le résultat paraît. plutôt déflationniste. On peut en effet retenir
qu'on
ne
peut
a priori
rendre
les taux d'intérêt élevés responsables d'une
i nfl ati on
par l es coûts.
Ce
poi nt de vue serait justifi ée si
l es coûts de
production s'élevaient
sans cesse, c'est-à-dire si les taux d'intérêt augmen-
taient continuellement.
Si
tout se
passait différemment,
les prix ne s'éle-
veraient pas ..
En clair,
il faut faire la distinction entre un concept de crois-
sance,
l' i nfl at i on et un concet de ni veau,
le taux dl intérêt
(4). L' auteur
tente en revanche de montrer que
l es bas taux d' intérêt sont au centre des
perturbations dues à une augmentation de prix. Suivons ensemble son explication.
"Si ces taux (taux d' intérêt mai ntenus art ifi ci e11 ement bas) tombent en dessous
du
"taux naturel" (taux qui égaliserait, ex ante,
l'épargne et l'investisse-
ment
de
plein
emploi),
la
différence
permet
des
profits
additionnels.
La
marge
ainsi
acquise
provoque une demande excédentaire de biens et services
(1) DAVID (J.H.) : La monnaie et la politique monétaire, Economica, Paris 1986, p.244.
(2) Cf.
DERREU"AUX
(P.),
PElTIER
(G.)
:
IIMonnaie,
intermédiation
financière
et
développement
économique", op. cité, p.309.
A la suite de
cette
réforme,
le
taux
d'intérêt
réel
moyen
sur
les
dépôts à long terme qui
étai t
négatif en
1963 et 1964 (-13,2% et -17%,
respectivement) devint posi ti f (+11% en 1965,
+17,1% en 1966 et 19,2% en 1967) :
cf.
BROV. (G. T.)
:
"The
impact
of Korea's
1965
Interest
Rate
Reform
on Savings,
Investment
and
Balance
of
Payments ll
in
BENOIT
(J.P.),
IITaux
d'intérêt
administrés
et
taux
d'intérêt
du marché", op. cité, p.68.
(3) FOUR~ANS (A.) : La politique de la monnaie, Economica, Paris 1976, p.26
(4) Cf. Ibid, p.26.

- 26 -
qui entraîne une augmentati on des pri x. Si le taux d' intérêt moyen est mai ntenu
en dessous du taux naturel, un processus cumulatif se déclenche et les prix
continuent de monter (1)11.
Il
faut,
pour
lutter contre la montée des prix, un niveau de taux
d'intérêt qui, en garantissant l'équilibre monétaire,
pallie toutes les défi-
ciences
dans
les
prix.
C'est d'ailleurs
le
point central
de
l'analyse des
économistes
néo-libéraux
pour
lesquels
la
politique
monétaire
appropriée
pour vaincre l'inflation et activer la croissance passe par un accroi ssement
de la demande réelle de monnaie. Pour les partisans de cette thèse qui plaident
pour une épargne abondante IIi l faut accorder aux épargnants un taux d' intérêt
qui d'abord couvre la dépréciation monétaire et laisse même une marge positive.
De même, du côté des emprunteurs, il faut qu'ils supportent un taux nominal
~
supérieur au taux de hausse de prix.
Si
on ne fixe
pas
le taux d'intérêt
nominal
au-dessus
du
taux
de
hausse
de
prix,
on encouragera l'endettement
et
par
conséquent
la création monétaire et aussi
le gaspillage des
inves-
tissements (2)11. Il faut dorénavant une politique de taux d'intérêt qui peryrette
de faire face aux aléas de la conjoncture économique. EDWARD
SHAW
et
RONALD MC
KINNON les précurseurs de cette thèse et leurs disciples semblent se démarquer
des
économistes
néo-classiques
ou
même
des
monétaristes
pour
lesquels
la
lutte contre l'inflation
passe
par
un rationnement sévère du crédit; plus
justement dl une réduction
pure
et
simple
de
la
masse
monétaire
(3).
L'on
préci se encore bi en qu'une hausse des taux d' intérêt réels tend à augmenter
le volume
total
de
l'épargne et
le degré de
IIfinancialisation ll
servant de
conduit à l'investissement. Allant dans ce même sens, nous maintenons avec J.M.
SERRE II qu 'i1 n'est pas de croissance financière sans un contrôle de la masse
monétaire
associé
de
préférence à une
politique active de compensation des
effets de 11 i nfl ati on (sous l a forme d'une stratégi e de taux d' intérêt élevés
ou même d'une indexation) (4)11.
Voyons dès à présent les éléments stratégiques à utiliser.
(1) fOURÇANS (A.), op. cité, p.26.
(2) OEIIZET (J.) : IIInflation, politique monétaire et entreprises ll , Banque N°373, Mai 1978, p.553.
(3) Cf. pour l'analyse néoclassique, voir entre autres:
- LEVHARI
(O.)
and PArINKII (O.)
:
IIThe
role of money
in a simple growth model ll ,
American
Economie Review, Vol.58, September 1968, pp.713~753.
- FRIEONAI (N.) : The optimum quantity of money and other essays, Mc Millan, London 1969, 296 p.
- Ne KINION les citeen totalité à la page 42 de M~~ey and Capital in Economie Oevelopment, The
Brookings Institutions, Washington O.C.1973.
-
(4) SERRE (J.N.) : Les théories de l'offre de
monnaie •••• , op. cité, p.154.

- 27 -
2) La
stratégie
de
la
politique
des
taux
d1intérêt
à
utiliser contre l'hyperinflation
Dans tous les pays,
la pratique des taux d'intérêt élevés rencontre
malheureusement
de
la
résistance.
Lion
considère généralement que
des
taux
él evés
nui sent
à
la
croi ssance
économi que
et que par contre des taux bas
favorisent
et
stimulent
celle-ci.
Il
est vrai
que cette thèse,
juste dans
son
principe,
devient
dangereuse
quand
on
procède
à
son
application
sans
aucune
considération
des
autres
facteurs
qui
conditionnent
l'appréciation
de
la
situation
à
laquelle on doit faire face.
Comme lion semble le dire
Il il
y a un moment où
l es ci rconstances recommandent
11 argent
à
bon marché
et un autre où elles exi gent l 1 argent cher. Tout dépend de ces ci rconstances
et, spécialement de la tendance dominante de l 1 activité économique dans chaque
cas
particulier
(1)".
Pour
lutter
contre
l'hyperinflation et encourager la
formation
de
l'épargne
liquide,
conditions
pour un équilibre monétaire,
il
faut pratiquer une politique de taux d'intérêt élevés. Face à la persistance
de
la
hausse
des
prix et à la rareté de moyens disponibles
pour soutenir
l'expansion économique, il faut adopter une stratégie de stimulation de l'épar-
gne. On pourrait même dire que sans épargne suffisante, il ne saurait y avoir
de monnaie saine. Le rendement décent de llépargne financière doit être défini
comme "un rendement qui
soit suffi sant pour que les instruments de pl acement
fi nanci ers
pui ssent être comparés favorablement aux autres produits dl épargne
qui
sont accessibles à l'épargnant moyen,
mais qui
ne soit
pas trop élevé
tout
de
même,
pour
ne pas di ssuader l es emprunteurs qui
dési rent fi nancer
des
investi ssements
productifs
(2) ".
Il
faut
agi r
sur
le taux de rendement
des encaisses et ce,
à
travers
le taux nominal
servi
sur les dépôts et le
taux dl i nfl ati on.
Le pri nci pe sera donc de doser l es taux d' intérêt nomi naux
pour juguler au mieux lleffet pervers de la hausse des prix et avoir au final
un rendement rai sonnab le des dépôts.
Il faut également parveni r à une li béra-
li sati on des taux dl intérêt débiteurs et créditeurs. La rémunérati on de 11 é-
pargne
doit
être
de
même rendue
libre pour facil iter
l a concurrence entre
les différents établissements financiers.
Cette politique semble se heurter
aux difficultés tenant au choix
du ni veau du taux dl intérêt nomi na 1. Ce problème est dû à l a forte i nfl uence
de l'inflation dans les pays en développement qui est censée affecter toutes
les
variables
économiques.
Ce
qui
semble
prévaloir
pour
la définition
du
(1) FRERE (M.) : "Croissance économique et stabilité monétaire", Banque N°223, Janvier 1965, p.S.
(2) BENOn (J.P.) : "Taux d'intérêt administrés et taux dlintérêt~rché", op. cité, p.59.

- 28 -
taux d'intérét c'est bien le taux d'inflation attendu et non le taux d'infla-
tion actuel même si on s'y réfère. Or, nous nous retrouvons dans une période

les
taux
d'inflation
sont
très
variables
et

les anticipations sont
difficiles
à
saisir.
Cela
rend
ardu
par
avance
la
connaissance du niveau
du taux d'intérêt
susceptible de freiner
la demande excessive de crédit et
d'offrir
une
rémunération
raisonnable
aux
épargnants.
On
peut à cet effet
retenir
la
proposition
des
Techniciens
des
Banques
Centrales
du
Continent
Américain
lors de
leur l7ème Congrès tenu à BOGOTA, en Colombie en Novembre
1980. La référence pour établir ce niveau de taux approprié est que les taux
choisis doivent être supérieurs ou égaux au plus petit des deux indicateurs
suivants: le taux d'inflation prévu par les autorités pour la période actuelle
et le taux moyen d'inflation prévu pour la période courante (tous deux mesurés
sur l a base de l' i nd i ce dei pri x à la consommation). Cependant, aucune règl e
rigide ne doit être suivie pour fixer
le taux sur les dépôts au-dessus de
ce minimum.
Au contraire,
il
est également nécessaire de prendre en compte
les
autres
conditions
d'équilibre,
particulièrement les
relations entre les
taux d'intérêt intérieurs et les taux internationaux, et également la position
de liquidité du système financier (1). Comme dans les pays en développement
l'inflation
dissuade
l'épargne
et
oblige
les agents économiques à investir
dans
les biens durables et surtout dans l'immobilier (logement plus précisé-
ment), on peut préconiser un niveau de rendement comparable à celui de l'épargne
investie dans
le logement et qui
garantirait à "l'épargne une valeur réelle
non nulle, procurant ainsi aux épargnants un instrument de placement alternatif
au
logement
qui
leur
offre un rendement similaire,
et même une
protection
contre l'inflation (2)".
Au:delà
de
tous
ces
aspects,
il
s'agit
aussi
de
savoir le type
de taux qui
convi enne dans cette stratégi e ; pui squ' en effet la plupart des
nations en développement ne remplissent pas les conditions de mise en oeuvre
des
instruments
traditionnels
de
la
politique
monétaire.
Comme
le
dit
S.
BORTOLANI
"les contrôles classiques
s'adaptent mal
à leurs économies,
parce
que,
outre
les
considérations
faites
à
propos
de
la
politique monétaire,
les marchés monétaires et financiers y font
presque totalement défaut (3)".
Par rapport aux objectifs qu'on semble théori quement assi gner à ces instruments
(1) Cette proposition
est
de Y. GALBIS: cf.
BENOn (J.P.)
: "Taux d'intérêt administrés et taux
d'intérêt du marché" in Epargne et Développement, Economica, Paris 1985, p.64.
(2) Ibid, p.65.
(3) BORTOlANI
(S.)
:
Rôle
de
la
banque
centrale
en
Afrique,
Ed.
Les marchés du crédit des pays
d'Afrique, Milan 1975, p.104.
- Sur ce
point,
voir
é9alement
:
HAGEII
(E.L)
:
Economie du développement,
Economica,
Paris
1982, pp.322-329.

- 29 -
habitue l s de
l a polit i qlJe monétai re , il Y a, en dehors du concept de taux
d'intérêt, des limites qui rendent parfois leur utilisation inadéquate, "insuf-
fisante et impossible en milieu sous-développé. Essayons de les étudier.
a) Inadéquation
de
La
poLitique
de
réescompte
dans
La
Lutte contre L 'hyperinfLation dans
Les Pays en déveLop-
pement
Le
réescompte
est
une
technique
de
refinancement
des
banques
de
second rang
auprès de l a banque centrale.
Dans de nombreux pays développés
comme en développement, cette politique est ou a été le moyen le plus utilisé
pour le fi nancement de 11 économi e et pour le contrôle monétai re. E11 e a une
i nci dence
sur le système diS taux dl intérêt tout enti er à parti r des taux
bancaires qui se répercute de ce fait sur les différents taux à court, moyen
et à long terme (1).
Llefficacité
de
cette
politique
semble
cependant
restreinte
dans
l es pays en développement. Avec 11 importance du secteur pub li c dans l a pl upart
de
ces
pays,
les
variations
du
coût
de
l'argent
restent
peu dissuasives.
On
siest bien rendu compte dira J.
AULAGNIER que "l'élasticité prix de
la
demande était faible.
Une élévation des taux pratiqués par les banques nlen-
traînait pas un ralentissement net de
la demande de crédit,
notamment dans
les
périodes de tensions inflationnistes
(2)".
Dans
la plupart de ces pays
et
surtout
en
Amérique
Latine,
les
afflux
de capitaux étrangers neutrali-
sent l es effets dl une hausse du taux de réescompte. Cette techni que est de
plus
difficile
à
considérer
comme "un instrument de régulation du coût du
crédit dans un environnement où les divergences existent entre les taux d'inté-
rêt du marché et ceux du marché monétaire non-organisé; en raison de l'absence
de
llintégration de la monnaie et des marchés de capitaux
(3)".
Ainsi
les
banques commerciales ne subissent même plus les influences de la banque centrale
encore
moins
les
ménages
et
les
entreprises
pour
lesquels
les
conditions
de
réescompte
constituent
des
charges
financières
énormes.
Cette
politique
semble par ailleurs limitée pour deux raisons essentielles:
(1) Cf. BORTOLANI (s.) : Rôle de la banque centrale en Afrique, op. cité, p.1D8.
(2) AULAGNIER (J.) : "L'open-market en France: analyse historique", Annales Economiques N0 2, Uni-
versité de Clermont I, 1971, p.38.
(3) "A"PASSI-NSIKA (E.)
:
Essai
sur
la définition
de
l'indicateur de
la politique monétaire en
pays sous-développé. Application au Congo, à la Côte d'Ivoire et 'au Sénégal, thèse 3ème cycle
Economie monétaire et financière - F~culté des Sc~ences Economiqù~s - Université de Clermont I,
Avril 1981, p.58.

- 30 -
- exi stence d'une marché monétai re embryonnai re ; ncapab le de rempli r
les fonctions qui
lui sont normalement attribuées et inaccessible à la majorité
des agents économiques de par la rigueur de la réglementation;
- existence
d'un
marché
monétaire
"noir"
inorganisé
et
parallèle
capable d'annihiler toute action susceptible d'assainir le marché monétaire (1).
A tout
ceci
s'ajoute
un
autre
facteur
limitatif de
l'utilisation
de cette politique dans les pays en développement. En effet, pour J.W. SEDWITZ
et F.H.
SCHaH "le développement insuffisant en matière financière se trouve
souvent associé à une économie orientée vers l'exportation. La rentrée saison-
nière des
devises
étrangères,
par exemple,
tend à gonfler la base de crédit
du système bancaire, rendan\\ de ce fait les banques insensibles aux variations
du coût ou des condi ti ons d'emprunt auprès de l a banque centrale (2)". Cette
péri odicité
sai sonni ère des
recettes
de
devi ses
souvent
constatée dans
les
pays
latino-américains
ne
peut
permettre
l'utilisation
du réescompte encore
moins
dans
une
période

tout
semble être
sous
l'impulsion
de
la
hausse
des prix.
Voyons maintenant ce qu'il en est avec l'open-market.
bJ ImpossibiLité
du
recours
à
la politique
d'open-market
dans
la
lutte
contre
l'hyperinflation
dans
les
pays
en développement
L'open-market
consiste
en
une
intervention
de
la
banque
centrale
sur
le marché
monétaire soit pour éponger le surplus de liquidité soit
pour
apporter
le
supplément
de
liquidité.
Cette
politique vise
donc
à
contrôler
la liquidité des banques secondaires. J. AULAGNIER indique que "par ses inter-
ventions en open-market, une banque centrale allie une double action:
- action
directe
sur
la
liquidité
du
marché (en achetant
des
effets
elle
"injecte"
de
la monnaie centrale
sur le marché,
en vendant
des effets elle "éponge" de la monnaie centrale) ;
(1) Cf.
EDOH (K.)
:
La politique
monétaire
dans
les
pays
en voie de développement: réalité ou
illusion.
L'exemple
de
l'UMOA,
Thèse
3ème cycle Economie
Monétaire
et Financière - Faculté
des Sciences Economiques - Université de Clermont l, Mai 1981, p.40.
(2) SEDIUTZ (V.J.) - SCHon (F.H.) : "L'efficacité du contrôle monétaire selon la situation écono-
mique et financière"
in Institutions financières et politiques monétaires, Articles et Etudes,
I.D.E. et SIRD, Vol. IV, Parls 1963, P.30.

- 31 -
- action
indirecte
sur
le taux
d'intérêt
(si
elle
offre
de la monnaie centrale,
le taux d'intérêt baisse,
si
elle se porte demandeur
de monnaie centrale, le taux d'intérêt s'élève) (1)".
Par rapport au réescompte, cette politique a un effet plus régulateur
sur
la
masse
monétaire
en
circulation.
Elle contrôle
la
liquidité
bancaire
alors
que
le
réescompte
n'est
qu'un
moyen
de
refinancement.
Autrement dit
tandi s
que
1a
po 1it i que
du
réescompte
a
pour
but
d' i nf1 uencer
1e coût
du
crédit,
les
opérations
en
open-market
sont
destinées
à
affecter
le volume
de crédit disponible. Cela constitue en même temps une limite à cette politique
en
tant
qu'instrument
de
refinancement.
Son
utilisation
serait
sinon
utile
pour
1utter
contre
"1 es
i rrégu1 arités
temporai res
dans
1es
apports
d' argent
frai s
sur
1e marché
qui
ptovi ennent
du mouvement des fonds d'Etat ou de 1a
rentrée ou de la sortie de change étranger ou d'or; pour soutenir et élargir
le marché
des
fonds
d'Etat;
et - dans un sens
plus
large - pour favoriser
l'aisance ou le resserrement monétaire général, afin de sauvegarder la stabilité
monétaire et de stimuler la croissance économique (2)".
Cette
politique
ne
semble malheureusement
pas
tout
à
fait
adaptée
aux
structures
monétaires
et
financières
des
pays
en
développement.
Pour
qu'elle
soit
efficace,
il
faut
en
effet
un
marché monétaire assez large et
un
titre
de dette
indiscutable
pour
servir
de
support
ou
de
garantie
aux
transferts
de capitaux
réalisés
(3).
Les
interventions
en open- market n'ont
de plus aucune influence sur une partie importante des flux financiers externes.
Son action porte essentiellement sur les opérations de capitaux à court terme
ce
qui
réduit
son
efficacité
en
période
de
vives
tensions
inflationnistes.
Dans
la
plupart
de ces
pays,
lorsque
les
opérations en open-market ont été
effectuées,
e 11 es
l'ont été très souvent dans 1e sens des
achats. Au Mexi que
et
aux
Phil i ppi nes,
ces
achats
étai ents
desti nés
à
souteni r
1es
cours
des
val eurs
mobi1 i ères
et
à
encourager
1a croi ssance
du
marché
pl utôt
que
par
le désir d'agir
sur
le montant
et
le coût
du
crédit.
En
Inde, lorsqu'elles
ont été réalisées,
le but était de préparer le marché au lancement d'emprunts
(1) AULAGNIER (J.) : "L'open-market en France: analyse historique", op. cité, p.27.
(2) SEDlfITZ
(V.J.),
SCHOTT (F.H.)
: llL'efficacité du contrôle monétaire selon la situation écono-
mique et financière ll , op. cité, pp.34-35.
(3) Cf. AliLAGIIIER (J.) : "L'open-market en France: analyse historique", op. cité, p.l09.

- 32 -
de l'Etat (1). En général et plus précisément dans les pays latino-américains,
la
limitation
du
rôle de l'open-market est due à l'étroitesse des marchés
financiers et de ce que la plus grande partie des fonds d'Etat est placée
auprès des collectivités locales et des entreprises publiques qui ne subissent
aucune
restriction
monétaire
alors qu'elles ordonnancent
parfois des sommes
aussi élevées que les autorités centrales (2).
Analysons maintenant la politique des réserves obligatoires.
c) Insuffisance
de
La po Lit igue des
réserves ob Ligatoires
dans
La
Lutte
contre
L'hyperinfLation
dans
Les
pays
en déveLoppement
1
Par
la
politique
des
réserves
obligatoires,
la
banque
centrale
impose
aux
banques
secondaires
l'obligation
de
détenir
dans
leurs
actifs
une certaine proportion de monnaie centrale. Son action sur la masse monétaire
peut être interprétée de la manière suivante. Une élévation du taux de réserves
obligatoires
correspond
à une
politique monétaire restrictive, c'est-à-dire
qu'une hausse de ce taux aura pour effet:
- "d'augmenter le besoin de refinancement,
- d'augmenter ainsi le coat moyen des ressources,
- d'augmenter le taux de crédit bancaire,
- par
là-même
de
réduire
le
volume
de
crédit
demandé
par l es agents non fi nanci ers,
toutes choses égales par ai 11 eurs (3)". Une
baisse du taux de réserves obligatoires correspond quant à elle à une politique
monétaire expansive.
Cet instrument a une efficacité supérieure à celle des opérations
de marché ouvert parce que les effets qu'il produit sont immédiats et qu'il
ne requiert pas forcément un marché financier très important. Ce sont néanmoins
deux
instruments
d'action
globale et
indifférenciée qui
"exercent
le même
(1) Cf. BLOOMFIElD (A.!.) : "La politique monétaire dans les pays sous-développés", in Institutions
financières
et
politiques monétaires, Articles et Etudes,
1.0.E. et SIRO,
Vol.I, Paris 1963,
p.26.
(2) Cf. LAMBERT (D.C.)
: Les inflations sud-américaines.
Inflation de sous-développement et infla-
tion de croissance, Institut des Hautes Etudes de l'Amérique Latine, Paris 1963, p.486.
( 3) MAAREK
(G. )
:
"L e
r ôl e
des
rés er ve s
0 b l i 9a toi r es
dan s
la
pol i t i que
mon é t air e f r an çais e" ,
Revue
de
l'IPECOOE, N°16,
Juin
1987 repris
in
Problèmes
Economiques
N°2043,
7 octobre
1987,
p.10.

- 33 -
effet
quantité
sur
la
liquidité
bancaire
à
la
différence
de la politique
du
réescompte
qui
ne
fait
que
rendre plus ou moins cher le refinancement
des
banques
sans
atteindre
directement
leur liquidité
(1)".
Utilisée comme
moyen
de
régulation de court terme,
la politique des
réserves obligatoires
apparaît d'une efficacité incertaine. Elle est d'un aspect trop global. Elle
agit indifféremment sur tout le système bancaire ce qui pénalise indistinctement
les
banques
surliquides
que
sous-liquides.
Cette technique
est
d'ailleurs
rare dans
les pays en développement. Aussi de par son action,
les autorités
monétai res hésitent à l' util i ser dans une péri ode de déséquil-j bres prononcés.
On estime que son action
pourrait contribuer à en créer de plus graves. De
même, l'efficacité de cette politique dépend fortement du degré de monétisation
de
l' économi e.
Dans
l a mesure où
l es pays en développement se di st i nguent
pour la plupart par l' i mpor1:ance
du secteur de subs i stance et que par consé-
quent plusieurs activités échappent à llinfluence de la politique monétaire,
il est difficile d'espérer qu'une action de ce type puisse agir sur l'ensemble
des
secteurs
économiques.
On
a également
remarqué
que
dans
tous
les
pays
la variation des coefficients de liquidité agit plus dans le sens restrictif
que dans celui de l'expansion (2).
Depuis
la fin
des
années
soixante-dix,
le paysage financier
s'est
progress i vement modi fi é. Le temps de l' économi e d'endettement au cours duquel
toute finance ou presque était intermédiée semble révolu. La finance directe
qui
met face à face
prêteurs et emprunteurs croît en importance.
Aussi
le
barrage que les réserves obligatoires essaient d'opposer aux flux
démesurés
de
financement
est
plus
facilement
contourné
(un
peu
moins
dans
les
pays
sous-développés).
Ce
qui
tend
à
réduire
l'activité des
banques
au
profit
des
marchés - financiers
et
à
alourdir
leurs
coûts
d'exploitation
(3).
Cet
effort de resserrement du crédit est également réduit à cause de 11 i norgani -
(1) AULAGNIER (J.), op. cité, p.143.
(2) C'est le cas des pays anglophones dans lesquels les systèmes bancaires sont fréquemment (parfois
massivement)
sUrIiquides de sorte qu'une action sur leurs disponibilités en monnaie centrale
paraît
indiquée.
Les banques
des
pays
francophones
à l'inverse,
sont en général "en banque"
si
bien
que
clest
plutôt
leurs
recours
à la banque centrale
qu'il
s'agit
de
moduler
grâce
à divers "plafonds de réescompte" : Cf. SERRE (J.M.) : Les théories de l'offre de monnaie ••• ,
op. cité, p.38D.
(3) Cf.
MAAREK
(G.)
ilLe
râle
des
réserves
obligatoires
dans la politique monétaire française",
op. cité, p.12.

- 34 -
sation
du
marché
monétaire
et
de
l'hétérogénéité
du
système
bancaire.
Il
existe en
effet
dans
la
plupart
des
pays
en développement une ou plusieurs
institutions
étrangères.
Ces
dernières
contournent
très
souvent
les
effets
di ssuasifs
des
réserves ob li gatoi res en demandant des fonds
li qui des à leurs
sièges centraux.
Ce rapide survol des précédents instruments habituels de la politique
monétaire
nous
conduit
à faire
des réserves quant à leur pleine utilisation
dans
les
nations
en
développement.
Leur
relative
efficacité
slefface
devant
le lot de déséquilibres pouvant être provoqués. S. BORTOLANI indique à propos
de
leur
utilisation
dans
les
nations
en
développement
que
"pour
le moment
les
opérations
de
marché
~uvert sont en dehors de la discussion, restent
le taux
officiel
qui
présente
quelque efficacité,
s'il
est encadré dans une
politique
du
réescompte
bien
définie
et
les
réserves
forcées
de
liquidité
lesquelles
produisent
rapidement
les
effets
désirés,
surtout
en
période
de
restriction
du
crédit
(1)".
Il
est
vrai
que ces
instruments
ne
peut
être
substitués
les
uns
aux
autres
sans
perte d'efficacité. On préconise de ce
fait qu'ils se complètent afin de se renforcer mutuellement.
On peut,
compte
tenu de- l'objectif de modération de la création monétaire et de l'accroissement
de
l'épargne,
confier
un
rôle
plus
important
au
taux
de
réescompte
et
au
taux des réserves obligatoires dans le cas des pays en développement.
*
*
*
Les
incertitudes
qu'offre
l'environnement
économique
international
condui sent à considérer dans toute écorarrie les élérœnts à l a foi s internes et externes.
Avec
la
politique
d'encadrement
du crédit,
la
politique des taux dlintérêt,
les
autorités
sont
sûres
d'avoir
désormais
à
leur
disposition
des
moyens
utilisables pour enrayer les multiples effets inflationnistes. Sous cet aspect,
les
autori tés
monétai res
agi ront
effi cacement
sur
les
crédi ts
à
l' économi e.
C'est
donc
principalement
sur cette fraction
de
la quantité
de
monnaie qui
a
son
origine
dans
les
opérations
de
crédit
des
banques
commerciales au
secteur pri vé de 11 économi e que l a banque centrale peut exercer son i nfl uence
(1) BORTOLAII (s.)
Rôle de la banque centrale en Afrique, op. cité, p.1D4.

- 35 -
la plus directe (1). Mais on sait aussi qu'aucune économie ne peut se dévelop-
per
sans
une
application
satisfaisante de sa politique de taux de change.
Et
d'ailleurs
llévocation
de
la
politique
monétaire
serait
tronquée
slil
n'était
pas fait mention de sa contribution au rétablissement de l'équilibre
extérieur
et
aux
politiques
d'expansion
économique.
Ainsi
la maitrise
de
la contrepartie externe de la masse monétaire
slavère
indispensable
pour préserver 11 économi e des
perpétuels mouvements de capitaux suscepti bles
d'affecter
l'équilibre
interne.
Elle
sera
en
effet
une
nécessaire
mesure
d'accompagnement
pour
contribuer
au
rétablissement
de
l'ordre
monétaire.
PARAGRAPHE II
LES
REFORMES
MONETAIRES
D'ORDRE
CONJONCTUREL
PROPOSEEs SUR
1
LE PLAN EXTERNE DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
La politique mise en oeuvre par chaque pays pour avoir une croissance
moins
inflationniste
dépend
de
son
rattachement
au
système des
relations
économiques internationales. Le cordon ombilical de ce rattachement à l'économie
mondiale est le taux de change. On sait aujourd1 hui que
les fluctuations écono-
mi ques provenant de 11 extéri eur ont un impact important sur l a vi e économi que
de la grande majorité des nations en développement. Cela est dû à leur grande
dépendance à l'égard des exportations de produits primaires. Comme la demande
et
les
pri x mondi aux de ces produits
subi ssent constamment des vari ati ons,
les
pays
en
développement
connaissent
des
dégradations
du
niveau de leurs
réserves de change, de leurs revenus monétaires (2). Les conséquences demeurent
importantes
pour
des économies dont
la gamme de produits exportables nlest
pas
assez
diversifiée.
On
pourrait à cet effet noter
les difficultés dans
la gestion des finances publiques (puisque les recettes de llEtat en dépendent)
et par conséquent l a dette extéri eure qui en découl erait. Il est donc évi dent
qu1à part les mesures prises par les autorités pour isoler l léconomie (politique
de substitution à l 1importation - protectionnisme), un certain degré dlinflation
ou
de déflation est
inévitable pour ces
pays.
On
peut donc considérer que
11 importance du commerce extéri eur
dans l' économi e des pays en développement
est un élément qui
influe également sur llefficacité des mesures de contrôle
monétai re.
De
même
qu Ion
pense
aujourd 1 hui
que
"li i nstabi lité des taux de
change réduit
la transparence des prix et entrai ne un risque supplémentaire
(l) Cf.
BLOOMFIELD
(A.!.)
:"La
poli tique
monétaire
dans
les
pays
sous-développés",
op.
cité,
pp.7-B.
(2) Ibid, op. cité, p.7.

- 36 -
détournant ainsi
les ressources de l'innovation, de l'élaboration de nouveaux
produits et de
l'ouverture
de
nouveaux
marchés
(1)".
Il
faut
désormai sune
politique adéquate de taux de change pour soutenir au mieux les autres éléments
de
stabi l i sati on
monétai re.
Comme
ledit
si
bi en B.
NEZEYS dans le cas des
pays en développement,
""il
s'agit d'adopter une stratégi e de change cohérente
avec
les
autres
mesures
et
objectifs
de
sa
politique économique.
Sa marge
de
manoeuvre
est
faible,
mais
elle
n'en
existe
pas
moins.
Elle
porte
sur
le choix d'un
régime de change et
sur le niveau du taux de change le plus
favorable
à l'économie
nationale
(2)".
Il
faut
éviter de fixer
le
taux de
change
de
façon
autoritai re
comme
il
est
souvent
le cas
dans
de
nombreux
pays
en
développement.
Le
principe consiste
à
se fonder
sur
les
variables
qui
permettent
d'accroître
la
compétitivité
extérieure
et
le
niveau
des
réserves
de
change du
pay.,s.
Une telle
politique doit
être basée
sur
trois
éléments principaux.
Il y a d'abord la nécessité pour les autorités d'ajuster
le
solde
courant
de
la
balance
des
pai ements.
Elle
doit
ensuite refl éter
l' image
i ntéri eure
de
l' économi e du
pays.
Cette
polit i que doit
enfi n teni r
compte
des
variations
de
la
principale
monnaie
internationale
à
laquelle
la monnaie nationale est rattachée.
Pour
parvenir
à
ces
différentes
fins,
il
importe,
dans
le cadre
actuel de la lutte contre l'hyperinflation,de pratiquer une véritable politique
de stabilisation du taux de change et de la compléter, avant que cette derniêre
ait obtenu les résultats escompté~ par un contrôle des chan9P~.
A) la stabilisation du taux de change et la lutte contre l'hyper-
inflation dans les pays en développement
Il nous appartiendra, au-delà du type de taux de change qui convienne
aux pays en développement, de voir si une dévaluation et une gestion adéquation
du taux de
change sont des armes suscept i bl es de permettre de lutter contre
l 'hyperinflation.
1) La
recherche
d'un
indicateur de
la
politique de taux
de change dans les pays en développement
Lorsque
l'inflation
atteint
de
larges
proportions,
une
monnaie
étrangère plus forte semble se substituer à la monnaie nationale non seulement
dans
sa fonction
de
réserve de
valeur mais
aussi
dans
sa fonction
d'unité
(1) BINGHAN (T.R.G.) : Le ?ecteur bancaire et la politique monétaire, OCDE, Paris 1985, p.95.
(2) NEZEYS
(B.)
:
Commerce
international,
croissance
et
développement,
Economica,
Paris
1985,

- 37 -
de compte et de moyen de ci rcul ati on des bi ens et servi ces. Il y a bi en dans
ce cas un écart
sensible entre le niveau des
prix intérieurs et celui des
pri x extéri eurs. Le taux de change sien trouve affecté et il en résul te "une
prime
accusée
en
faveur
des
prix
extérieurs
dont
l'expression
en
monnaie
nationale devient avantageuse par rapport aux prix internes. De là une propen-
sion
à
importer
des
produits
étrangers
et
parallèlement
un
découragement
de la production locale, dont les prix deviennent incompétitifs. Cette distor-
sion
se maintient en faveur des importations, tant que les pouvoirs publics
ne consentiront pas à pratiquer un taux de change conforme à la réalité (1)".
Dans ce cas précis, l'indicateur de référence serait le taux de change réel.
Le principe est d'adopter un taux de change qui soit susceptible de pallier
.les
déficiences
dans
la
structure interne des
prix.
Il
faut
une politique
de
change
qui,
tout en
sputenant
la compétitivité des· produits, maintienne
le
taux
de
change
réel
à un niveau relativement stable,
voire en baisse.
Il
faut
"compensr les
hausses de prix internes
par la dépréciation au même
rythme de la monnaie (2)".'
Dans
les
pays en développement où très souvent les taux de change
ne sont pas déterminés par les forces du marché, 11 indice du taux de change
effectif peut être un bon poi nt de repère. Il permet dl appréci er encore mi eux
le taux de change, en fait de déterminer son évolution. Cet indicateur conduit
à la détermination du taux de change effectif réel. Les variations du taux
de change effectif réel
résultent des évolutions combinées du taux de change
effectif nominal, des prix intérieurs et des prix des partenaires commerciaux.
"11
est
le
quotient
de
l'indice
représentatif
du
taux
de change effectif
nominal au rapport de la moyenne des indices de prix à l 'étranger et de l'indice
de prix national
(3)". Le taux de change effectif réel est ainsi retenu comme
indicateur de la structure interne des prix relatifs du pays
une appréciation
du taux de change effectif réel (coté au certain) correspond à un accroissement
relatif
du
prix
des
biens
non
échangeables
plus
rapide
qu'à
l'étranger
;
inversement,
une dépréci ati on correspond à une augmentati on du
pri x rel atif
des biens échangeables (4). Cet indice est le reflet des politiques économiques
(1) GANNAGE (E.) : Financement du développement, P.U.F., Paris 1969, p.85.
(2) NEZEYS (B.) : Commerce international, croissance et développement, op. cité, p.113.
(3) GUILLAUMONT (P. et S.)
:
Zone
Franc
et développement africain, Economica, Paris 1984, pp.l77-
178.
(4) Cf.
CHAMBAS
(G.)
:
Taux
de
change
et
inflation
dans
une
économie
primaire
africaine
:
Le
cas du Sénégal et du Soudan,
Thèse complémentaire, Faculté des Sciences Economiques, Université
de Clermont l, Janvier 1985, p.12.

- 38 -
sui vi es
par un
pays et
ses partenai res commerci aux.
Il échappe par endroits
au contrê 1e des autorités et "doit être consi déré davantage comme une vari ab 1e
intermédiaire servant de support à un objectif que comme un instrument direct
de
po1it i que
économi que (1)".
La véritable difficulté se trouve dans
la détermination du niveau
auquel devra se situer l'ajustement du taux de change. L'étroitesse des marchés
de change dans les économies en développement et la rareté d'avoirs extérieurs
font crai ndre un surajustement à 1a longue.
Ce qui conduit à préconi ser un
taux de change d'équil"jbre lequel
serait susceptible de s'adapter aux diffé-
rentes perturbations extérieures. On distinguera à cet effet deux explications
de
deux courants de
la pensée économique
les
néo-classiques et les
post-
keynésiens. La première conception considère la formation des taux de change,
1
en régi me de changes flottants,
comme un
processus en deux étapes. A court
terme,
c'est l'aspect acti fs-règ1 ements qui
domi ne. Le taux est dans ce cas
l'un
des
prix
qui
assure
l'équilibre
des
marchés
internationaux
d'actifs
financiers
(y compris
la monnaie).
A plus long terme, c'est l'aspect parité
du pouvoir d'achat (2).
Raisonnant en termes de ce second principe, les néo-
classiques considèrent le taux de change d'équilibre comme celui qui "égalise
spontanément
les
positions compétitives
appréciées sur la base d'indicateurs
de pri x re 1at ifs internationaux des économi es intéressées (3)". Pour G. CASSEL,
on
devrait
obtenir
un
équilibre
de
la
balance commerciale qui
résulterait
à long terme d'une régulation de la demande réelle
sous l'effet d'une compensa-
tion,
par la valeur externe de la monnaie nationale, des écarts d'inflation
enregistrés
par
rapport
à
l'étranger.
La
conception
post-keynésienne
avec
R.
NURKSE définit
le taux de change d'équilibre comme celui
qui
"au cours
d'une certai ne péri ode, mai nt i ent en équil i bre 1a balance des pai ements sans
aucun
changement
dans
les
réserves
internationales
(4)".
Certains
auteurs
(1) FIII : Rapport annuel 1985, FMI, Washington 1985, p.30.
(2) Cf. OCDE: Pour le plein emploi et la stabilité des prix, OCDE, Paris 1977, p.315.
Rappelons
que
justifiée
par
la théorie
de
la parité
du
pouvoir
d'achat, l'interprétation
du
taux de change réel est entendue comme le mode d'appréciation le plus général de la situation
de
compétitivité
externe
de l'économie. Elle peut apporter d'utiles indications sur l'adéqua-
tion
ou
l'inadéquation
du taux de change à long terme,
notamment en fonction de la structure
des
exportations et
des
importations
d'un
pays
donné.
Cf.
ENCONTRE
(P.)
:
Détermination
du
taux
de
change
d'équilibre
en
économie
sous-développée:
Application
à huit pays d'Afrique
centrale,
Thèse
3ème
cycle
Economie
de
Développement -
Facul té
des
Sciences Economiques -
Université de Clermont l, Juin 1985, p.126.
(3) CASSEL
(6.)
:
"The
present
situation
of the
foreign
exchanges"
in ENCONTRE
(P.),
op. cité,
p.10.
(4) IURKSE (R.) : L'expérience monétaire internationale, in ENCOITRE (P.), op. cité, p.12.

- 39 -
de
la
conception
moderne
post-keynésienne
comme
A.
KRUEGER
considère
que
"le taux de change d'équilibre vrai
est celui
qui
maintiendra en équilibre
les comptes extérieurs de l'économie pendant une période longue, sans restric-
ti on
suppl émentai re
sur
l es
échanges
commerci aux
ni
mouvements
temporai res
de capitaux (1)".
L'auteur tente de rendre plus explicite sa notion du taux
de change d'équilibre lequel pour lui "es t la somme du taux de change nominal,
prix de
base
de
la
monnaie
nationale,
et des différents
suppléments A ce
prix évalués
par unité de monnaie étrangère dont l'addition permet d'obtenir
le montant
en
monnaie
nationale effectivement
payé
(ou reçu)
par unité de
la devise dans
laquelle les
importations c.a.f.
sont libellées
(ou dans la-
quelle le produit des exportations f.o.b. est initialement reçu)
(2)". Ainsi
pour ce
qui
est
de
l 'hyperinflation
dans
les pays en développement et de
la dégradat i on de l eur s~ructure économi que,
on devra-i t compenser ces défi-
ciences
en
ayant
recours
(en
plus du taux de change effectif réel)
A des
éléments
de politique commerciale
aux
frontières
(3).
Ces
éléments
doivent
être appliqués selon les
produits et de façon différenciée c'est-A-dire sur
le coût effectif des importations ou sur le produit effectif des exportations
en monnai e nati ona le. Dans. ce cas la détermi nati on du taux de change effectif
serait
maintenue
et
éviterait
les conséquences d'une éventuelle application
de la dévaluation
(4).
Et cependant face aux difficultés
suscitées par les
hausses
des
prix
internes,
et malgré le
scepticisme que cela peut
laisser
supposer,
la déva l uati on semble être 11 une des mesures
auxquelles tendrai ent
souvent à recourir les pays en
développement.
2) La
dévaluation
et
la
lutte
contre
llhyperinflation
dans les pays en développement
Une
dévaluation
se
justifie de manière plus convaincante "1orsque
la
surévaluation
de
la
monnaie est due principalement à une hausse rapide
des coûts de production intérieure résultant d'une forte demande intérieure (5)".
(1) KRUEGER (A.) : "S ome economic costs of exchange control" in EIICOIITRE (P.), op. cité, p.20.
(2) Ibid, pp.21-22.
(3) Sur
ce
point
précis,
voir
l'excellent
article
de WILUS (M.)
: ilLe point sur les projets de
stabilisation des changes",
Wirtschafsdienst, Mars 1987, repris in Problèmes Economiques
N°2043, 7 octobre 1987, pp.24-28.
(4) Cf.
EIICOIITRE
(P.)
:
Détermination
du
taux de change d'équilibre en économie sous-développée:
Application à huit pays d'Afrique centrale, op. cité, p.25.
(5) NASHASHIBI
(K.)
:
"La
dévaluation
dans
les
pays
en
développement
:
des
choix
difficiles",
Finances et Développement, N°l, Mars 1983, p.14.

- 40 -
Avec 11importance des coûts de production et les niveaux élevés d'inf1ation,i1 y
a une perte du degré de compétitivité des économies
en déve10pperent. Pour retrouver
11équi1ibre des paiements extérieurs, il faut que "1es taux de change puissent
fluctuer
dans
une
marge
se
situant
à un
niveau suffisamment bas
pour les
inciter à restructurer 1eur producti on en l' ori entant davantage vers 11 expor-
tati on, mai s en même temps suffi samment élevé pour 1eur permettre - en 1i ai son
avec des mesures
appropri ées de régu1 ati on de 1a demande et d'autres di spo-
siti ons - de rapprocher 1etaux d' i nf1 ation de ceux enregi strés par des pays
moins inflationnistes (1)". La dévaluation est aussi préconisée pour permettre
un mei 11 eur ajustement du taux de change et du solde des comptes courants.
Il faut, pour être efficace, qu'elle s'accompagne d'un contrôle de la création
. monétaire.
Les
Professeurs
Patrick
et
Sy1viane
GUILLAUMONT
iront
peut-être
plus
loin
pour
souligner" qu 'Il 'i1
est
nécessaire
qu,'elle
soit
accompagnée
de mesures de politique économique tout à fait comparables à celles qui sont
nécessaires pour éviter ~a dévaluation et conserver les avantages de la sta-
bilité du taux de change
: politique des finances
publiques,
politique des
prix et des salaires et politique de contrôle monétaire dont l'absence entraîne
nécessairement,
selon
le
régime
des
changes
adopté,
soit
des
dévaluations
en
cascade,
soit
une
dépréciation
continue
de
la monnaie
sur les marchés
des changes (2)".
La dévaluation reste pour les économistes du Fonds tvbnétaire Internationa11e
moyen le mieux indiqué pour relever le niveau de la balance commerciale afin
de
rétablir
l'équilibre
des
paiements
extérieurs.
Son
succès est toutefois
conditionné par le comportement de quatre e1asticités :
- élasticité de la demande étrangère
- élasticité de l'offre domestique d'exportations
- élasticité de la demande domestique de produits importés
- élasticité de 1 'offre étrangère.
Dans
le cas des
pays développés,
le succès de la dévaluation est
subordonné aux élasticités de la demande de produits importés et de la demande
extérieure
de
produits
domestiques.
Il
faut
qu'en
effet la valeur absolue
de la somme de ces deux élasticités soit supérieure à l'unité et que de plus
(1) OCDE: Pour le plein emploi et la stabilité des prix, OCDE, Paris 1977, p.268.
(2) GUIllAUMOIT (P. et S.) : Zone franc et développement africain, Economica, Paris 1984, p.94.

- 41 -
la balance commerciale soit initialement en équilibre; Idx + dml > 1 : condition
de MAR5HALL-LERNER (1). Pour ce qui est des pays en développement cette condi-
tion
est
certes
nécessaire
mais
pas
suffisante.
L1 essentie1
comme
le dit
M.
DIOUF est de slintéresser à ses effets déflationnistes sur les éléments
de la demande globale et
à
sa capacité à rétablir la vérité des prix dans
le but d'une allocation plus optimale des ressources (2).
Le choix du taux de dévaluation doit se faire avec la plus grande
attention. Il faut s'assurer que c'est bien la surévaluation du taux de change
qui
est à l'origine de la perte de compétitivité et des déséquilibres avant
de conclure qu'une dévaluation serait
la solution
au
problème.
L'ajustement
doit
se
faire
en
tenant compte de 11 évo1ution des monnaies des
principaux
partenaires
commerciaux.
Qn
peut préconiser dans ce même cas une véritable po-
litique de gestion de taux de change.
3) La
politique
de
gestion
du
taux
de
change courant et
la
lutte contre 1'hyperinf1ation dans les pays en développement
En agissant sur l'économie de plusieurs manières, le taux de change
influe sur la compétitivité extérieure d'un pays, sur l'équilibre de la balance
des paiements, sur le revenu, la production et sur l'emploi. Il est nécessaire
qu li1 y ait,
dans
une période de hausses
importantes des prix, une gestion
adéquate de taux de change. Une telle politique a la possibilité de maintenir
stable le niveau des
prix et des taux dlintérêt.
Il y a pour cet objectif
deux
principes:
soit on contrôle la masse monétaire et on laisse flotter
le taux de change,
soit on a un objectif de taux de change et dans ce cas
on défend ~ e taux de change en pui sant dans 1es réserves et on contrô1 e 1e
crédit domesti que. Ces deux pri nci pes peuvent être ramenés à un seul
pui sque
la plupart des pays en développement sont à l'heure des taux flottants. Avec
le taux de change flottant
"la nation
peut remettre au marché des changes
le
soin
de
déterminer
le taux de change,
en
laissant chuter la valeur de
sa monnaie jusqu'à ce que 11 équi1ibre soit rétabli sur le marché des changes (~".
(1) Cf. KINDlEBERGER (CH.P.), lINDERT (P.H.) : Economie internationale, Economica, Paris 1982, p.358.
(2) Cf.
DIOUF
(II.)
:
"Les fondements théoriques des poli tiques dl ajustement du FMI dans les pays
sous-développés", Afrique-Développement, Janvier-Février 1985, p.40.
(3) KINDlEBERGER
(CH.P.),
LINDERT
(P.H.)
: Economie internationale, Economica, Paris 1982, p.412.

- 42 -
Le problème de déficit sera rapidement résolu puisque dans ce régime "c'est
la variation du taux de change qui
maintient
l'égalité des exportations et
des
importations.
Sur
le marché
des
changes,
le
taux
de change s'établit
au niveau qui
permet
l'égalisation de
l'offre de devises contre la monnaie
nationale (valeur des exportations) et la demande de devises contre la monnaie
nationale (valeur des importations). Comme le déficit est rapidement éliminé -
à la limite il
ne peut pas apparaître - l a fuite de monnai e vers l' extéri eur
est extrêmement limitée (1)".
On
pourrait
aussi
préconiser dans
le cadre de cette politique et
pour
les
pays
en
développement
la
technique
des
parités glissantes.
Cette
technique
consiste
à
"faire évoluer lentement et régulièrement
les taux de
change,
chaque
semaine,
chaque
mois ou chaque trimestre,
à un taux
annuel
1
maximum de
2 à
3%,
soit
automatiquement
soit de façon délibérée
(2)".
Ce
système conduit parfoi s à al i gner le taux de change sur une monnai e domi nante
par
exemple
le
dollar
pour
les
pays de
l'Amérique Latine.
En effet,
plus
une économie est
petite et ouverte sur l'extérieur, plus elle semble vulné-
rable. Rattaché le taux de change à celui du plus grand partenaire commercial,
on
parvi ent faci l ement à opérer l es
ajustements ce qui
permet de mai nteni r
le taux de change à un niveau
suffisamment stable.
On peut ainsi
corriger
les
éventuelles
déficiences
dans
les
prix
ce qui
peut éviter dans ce cas
d'avoir
recours
à
la
dévaluation.
Notons
qu'en
fait
le principal
problème
des pays en
développement reste le niveau très élevé de leurs coûts de produc-
tion
des
biens
manufacturés
par rapport
aux coûts de
production des biens
primai res.
En conséquence, le taux de change qui
semble appropri é pour à la
fois
protéger le marché intérieur et stimuler les exportations sera toujours
inflationniste.
On
ne
peut
avoir
un
taux de change acceptable que "si
le
niveau
des
salaires
dans
l'industrie
exprimés
en
pouvoir d'achat de biens
de
consommation
courante
(ou
de
denrées alimentaires)
pouvait être abaissé
au poi nt où l a structure des coûts i ntéri eurs se trouve al ignée par rapport
aux cours mondiaux (3)". On préconiserait à cet effet deux techniques. D'abord
pour les produits industriels, on adoptera un taux de change avec une parité
basse
applicable
seulement aux exportations et aux importations de ce type
de produits.
Pour tous
l es autres produits, il est nécessai re de di sti nguer
(1) NEZEYS (B.) : Commerce international, croissance et développement, op. cité, p.109.
(2) GREENWALD (O.) : Dictionnaire économique, Economica, Paris 1987, p.497.
(3) KALDOR (N.) : "Dévaluation et ajustement dans les pays en développement", Finances et Dévelop-
pement, Juin 1983, p.36.

- 43 -
un
taux
de
change
à
l' i mportati on
et un taux de change à l' exportati on.
Le
taux de change à l'exportation, basé sur une parité fixe par rapport au dollar
par
exemple,
sera
unique
et
rigide.
Son
rôle
sera
d'atténuer
l'effet des
fluctuations
de
recettes
et
la
transmission
des
tensions
inflationnistes.
Pour
les
exportations
jugées
purement
secondaires,
on
aura
recours
à
des
taux
de
change
rigides
mais
multiples.
Le
taux
de
change à
l'importation
doit être flexible. Ce qui
permettra de modifier l'orientation des importations
en fonction de la conjoncture extérieure et des objectifs de développement (1).
Il
est cependant vrai que les résultats des taux de change multiples
et d'un
système de
changes
flexibles
restent
dépendants d'un certain volume
de
réserves
nationales
et
que
l'économie connaisse
une
relative
stabilité.
Il
y
a,
avant que ces précédents instruments aient pu produire des effets,
,
nécessité de recourir à une politique de contrôle des changes.
B) Le
contrôle
des
changes
et
la
lutte
contre
llhyperinflation
dans les pays en développement
L'accélération de l'inflation est pour une grande part rendue possible
par
les fortes
fluctuations
de change.
En
plus
de
l'instabilité des termes
de
l'échange,
ce
phénomène contri bue
à détéri orer
l' équi libre de la balance
des paiements. Dans les pays en développement où ce mal semble être quotidien,
un
contrôle
des
changes
s'impose
nécessairement.
Dans
son
principe
la mise
en place d'un contrôle des changes "vise à "interdire toutes les (ou certaines
des) relations directes entre les résidents (non banques) du pays où le contrôle
des
changes
est
instauré et les non résidents,
et à contrôler les relations
des banques r~sidentes avec l'étranger (2)". Un tel contrôle permet de s'assurer
que
les
banques
agissent
réellement
en
tant
qu'intermédiaires
financiers
et que les clients des banques respectent bien les réglementations.
En
soumettant
à
autori sati on
tout
achat
et toute
vente
de devi se
étrangère,
le
contrôle
des
changes
permet
de
lutter
à
la fois
contre
les
sorties
de capitaux
(indispensables
au
financement
de
l'économie)
et contre
les
entrées
de
capitaux
(susceptibles
de
provoquer
une
augmentation
de
la
masse monétai re et des pri x i ntéri eurs).
Dans une péri ode de fortes augmenta-
tions
des
prix

la
monnaie
nationale
n'offre
aucune
sécurité et

les
(1) cf. LAMBERT (D.C.) : Les inflations sud-américaines - Inflation de sous-développement, inflation
de croissance, op. cité, p.514.
(2) DAVID (J.H.)
:
La politique monétaire:
les mécanismes
monétaires
et l'activité économique,
DUNOO. Paris 1974, p.97.

- 44 -
taux
dlintérêts
sont
à
leur
plus
bas niveau,
il
y a une accélération des
sorties
de
capitaux.
Cette
fuite
de
moyens
indispensables
au
financement
de
lléconomie perturbe des options de développement à court,
moyen et long
terme.
Ce phénomène est dans certains cas la cause de
l'endettement public
extérieur des pays en développement (cf. Tableau n04). Lion a égalerent remarqué
Dette extérieure brute fin 1985
(en milliards de dollars)
1
Pays
Dette effective
Dette sans fuite de capitaux
Argentine
50
l
Brésil
106
92
Mexique
97
12
Vénézuela
31
-12
Source
"World Financial markets", Mars 1986 in SALAMA (P.)
: "Dollarisation
et hétérodoxie en Amérique latine", Revue Tiers-Monde W109, Janvier-
Mars 1987, p.56.
que
des
capitaux étrangers usant des voies occultes
abondent dans certains
secteurs économiques ce qui ne facilite pas le contrôle et l'équilibre moné-
taire.
Pire, ces flux hétérogènes de capitaux sont susceptibles de se traduire
à tprme en.dp. vérit~hles foyers inflationnistes.
Usant à la fois de la politique budgétaire et de la politique moné-
taire, les autorités monétaires et parfois aussi
publiques peuvent intervenir
plus activement sur le marché des changes.
Le contrôle doit se faire à la
fois sur les opérations courantes dont le réglement donne lieu à des transferts
de capitaux et les opérations financières proprement dites. Pour ce qui concerne

- 45 -
les
opérations courantes,
on
a remarqué
qu'à
l'occasion
d'une exportation
ou
d'une
importation,
il
pouvait
se
réaliser
des
transferts
de capitaux.
Ainsi
pour éviter l'éventuelle fuite de capitaux, on peut décider de "faire
obligatoirement
passer
par
les
banques
toute
opération
de
rég1ement
avec
l'étranger, ce qui permet de les contrôler par le biais du système bancaire (1)".
Dans ce cas, on procédera de la manière suivante en :
- interdisant de payer les importations à l'avance;
- obligeant le rapatriment des devises gagnées à l'étranger
dans un délai relativement court et leur cession sur le marché des changes;
- limitant le montant des allocations en devises disponibles
pour les touristes.
,
Le contrôle des
mouvements
de
capitaux
peut
être détai 11 é de 1a
façon suivante (2)
- Une
limite
doit
être imposée aux opérations de porte-
feuille (achat d'obligations et d'actions) portant sur des titres étrangers.
- Les comptes bancai res seront sci ndés en deux catégori es.
Il y aura d'une part 1es comptes des rési dents et d'autre part 1es comptes
des
non-résidents.
Une
autorisation
administrative
doit
conditionner
tout
virement de part et d'autre.
- Il
sera interdit aux banques de
se pl acer en positi on
de change afin de contenir la spéculation et d'éviter 11 aggravation des mouve-
ments inflationnistes.
Ces
diverses
mesures
peuvent
comporter
l'institution d'un double
marché des changes : un marché offi ci el et un marché 1i bre ou fi nanci er pour
préserver
les
réserves de changes et éviter les mouvements spéculatifs.
Le
marché officiel
devra être le lieu où seront traitées toutes les opérations
fi nanci ères à long terme et du commerce extéri eur. Le marché 1i bre sera quant
à lui
le
lieu

s'effectueront
les opérations d'entrée et de sortie de
capitaux.
Contre
1es
entrées
massi ves
de capitaux,
on peut préconi ser deux
types de mesures très ut il i sées
dans 1es pays i ndustri al i sés. Il y a dl abord
1a procédure de
l'encadrement
des dépôts de non-résidents. En effet ~r décourager
(1) DAVID (J.H.) : La monnaie et la politique monétaire, op. cité, p.29S.
(2) Ibid, p.296.

- 46 -
les
non-résidents
à détenir
des
comptes
en
attente
d'une
réévaluation
de
la
monnai e,
l es autorités
pub li ques dl un
pays
peuvent déci der de suppri mer
la
rémunération
de
tels
dépôts.
La banque centrale
appl iquera
dans
ce
cas
un taux de réserves obligatoires spécial sur ces dépôts de façon
à
rédu ire pour l es
banques
l 1 intérêt qu 1 elles ont à co 11 ecter ce genre de
dépôts (1). Le deuxiême type de mesure concerne le contingentement des emprunts
à l'extérieur.
Si
au cours d'une
période,
il
est constaté une faiblesse de
la monnaie nationale, les pouvoirs publics en accord
avec la banque centrale peuvent
autoriser certains agents économiques (três souvent les entreprises publiques)
à f ai re appel
à 11 ai de extéri eure. LI Etat app li quera dans ce cas des dégrève-
ments fiscaux.
Dans le cas contraire slil y a des flux importants de capitaux
pouvant être utilisés à des fins spéculatives,
les autorités, pour dissuader
les emprunts de capitaux ~ l'étranger, pourront au préalable exiger une auto-
risation administrative.
Essayons,
suite
à
cette
présentation,
de
faire
une
appréciation
des réformes monétaires proposées pour lutter contre l'hyperinflation.
SECTION II
APPRECIATION DES REFORMES MONETAIRES D'ORDRE CONJONCTUREL PROPOSEES
DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Il
est
vrai
que 11 hyperi nfl ati on
a de graves conséquences sur la
structure
économique
des
nations
en
développement.
Mais
plus que cela,
il
y a la difficulté à proposer des thérapeutiques capables d'assainir le cadre
économique sans que cela ne porte atteinte à certains secteurs de l'économie.
Les
meilleurs
remêdes
contre
l'hyperinflation
aujourd'hui
sont
ceux
qui,
en neutra lisant l es hausses désordonnées des pri x, garantissent une croi ssance
réguliêre
et
un
accroissement
du
bien-être
social.
Notons
au
passage
que
la
politique
monétaire
et
de
crédit
appliquée dans un
pays dépend à tout
moment de la doctrine économique qui anime les pouvoirs publics et les autorités
monétaires. Elle tient également compte de la conjoncture économique et surtout
de la structure du crédit sur laquelle s'applique l'expérience. Ce qui montre
(1) Cf. DAVID (J.H.) : La monnaie et la politique monétaire, op. cité, p.298.

- 47 -
bien
la difficulté
à
proposer des
solutions
à
un problème inflationniste.
Il
est
vrai
qu'aucune action humaine n'est parfaite et imperfectible aussi
seri ons-nous amenés à voi r à présent l a portée de notre précédente analyse
avec toujours la distinction interne et externe.
PARAGRAPHE 1
APPRECIATION
DES
REFORMES
MONETAIRES
D'ORDRE
CONJONCTUREL
PROPOSEES SUR LE PLAN INTERNE DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
L'accent
sera
particulièrement
mis ici
sur les possibilités qu'ont
les
politiques
d'encadrement
du
crédit
et
des
taux d'intérêt
pour
lutter
,
efficacement
contre
l 'hyperinflation
dans
les
pays
en
développement.
Nous
mentionnerons
également
les points d'incertitude qui
sont liés à leur mise
en oeuvre.
A) Efficacité de la politique d'encadrement du crédit dans la lutte
contre l'hyperinflation dans les pays en développement
Nous verrons dans un premier temps les aspects positifs de l'applica-
tion de cette politique dans la lutte contre l'hyperinflation. Dans un deuxième
temps, nous analyserons les aspects négatifs.
1) Aspects
positifs
de
l'encadrement
du
crédit
dans
la
lutte contre l'hyperinflation
En établi ssant un plafonnement des encours de crédit, une li mitat ion
de leur progression ou même des obligations d'emploi des ressources bancaires,
le rationnement du crédit permet dans un premier temps de briser le stockage
spéculatif.
Cette
politique
oblige
ensuite
les
entreprises
à
mettre
leurs
produits
sur le marché comme seul
moyen de se refai re une trésoreri e afi n
de poursuivre leur exploitation.
Dans des cas précis, cette mesure provoque
le rapatriement des capitaux pour le cas des grandes entreprises qui, à défaut
de
pouvoir
emprunter,
réunissent
leurs
propres
ressources.
La
restriction
de crédit qui y est incluse, contribue à freiner la hausse des prix et facilite
au final l 'équilibre des paiements extérieurs.

- 48 -
Sous son
aspect
sélectif,
l'encadrement du crédit
participe à une
meilleure régulation de
la circulation monétaire en même temps qu'il essaie
de donner du
souffl e nouveau
à
certai ns
secteurs de
l' économi e.
L'offre de
crédit s'adaptera ainsi aux alternances saisonnières et favorisera le développe-
ment
des
structures
de
financement
de
l'économie.
La
limitation du crédit
et le contrôle de la croissance de la masse monétaire permettront donc d'exercer
une act i on de survei 11 ance sur l es banques secondai res et les établi ssements
financiers.
Ainsi,
dans
la
mesure

les
autorités
contrôlent
solidement
la quantité de monnaie, on aura à court terme une certaine stabilité relative
de l a vitesse de ci rcul at i on de la monnai e ce qui sera évi demment un facteur
favorable à l'efficacité de la politique monétaire.
On sait que la politique sélective de crédit a pour rôle principal
1
de stimuler la croissance de crédits aux
secteurs
jugés
prioritaires et de
freiner les crédits dans ceux qui ne le sont pas. Evitant de créer des brèches,
sa mi se en oeuvre donnera à l'Etat de plus grandes poss i bi lités pour rendre
plus effective la politique des autorités monétaires centrales. Cette coopéra-
tion permettra à la banque centrale de réduire les "injustices et de faciliter
une
meilleure
utilisation
des
ressources
nationales.
Ce sera également une
"con dition nécessaire, bien que non suffisante, à l'accroissement de l'épargne,
au
développement
des
investissements
étrangers
et
à
un
meilleur
équilibre
de la croi ssance économi que (1) ". Ce sera fai re, dans ce même temps, de l'Etat
un
véritable
agent
de
l'activité
économique
car" il
faut, qu'en
l'absence
d'une véritable couche d'entrepreneurs privés nationaux, un seuil de nécessités
et d'efforts à franchir
pour donner à la politique monétaire et financière,
donc à la politique économique, des moyens d'.action (2)".
On
note
au
total
qu'avec
l'encadrement
du
crédit,
les
autorités
sont
assurées
de
faire
une
meilleure
répartition
du
crédit,
de
comprimer
au mieux la quantité de monnaie et de
freiner
la hausse du coût de la vie.
On
parviendra
inévitablement
à
une
stabilité
financière
intérieure
ce
qui
facilitera
le
maintien de
la stabilité des
paiements extérieurs et donnera
des
possibilités
réelles
de
développement
économique
(cf.
Schéma nOl).
Il
est
cependant
vrai
qu'en
luttant
contre
l 'hyperinflation,
cette
politique
peut fai re apparaître des symptômes de déséqui libres. Ce que nous essai erons
de voir à présent.
(1) BLOOMFIELD (A.I.) : "La politique monétaire dans les pays sous-développés", op. cité, p.17.
(2) MAMPASSI-NSIKA (E.)
Essai
sur
la
définition
de
l'indicateur
de
la politique
monétaire
en
pays sous-développés: application au Congo, à la Côte d'Ivoire et au Sénégal, op. cité, p.134.

- 49 -
Aspects positifs de l'encadrement du crédit dans la lutte
contre l'hyperinf1ation
Offre de crédit dosée
Norme de progression de
Encadrement
..
..
rapport aux varia-
la masse monétaire
.. par
.
du crédit
tions saisonnières
...
..
Tendance au rééquili-
~
Financement non infla-
Stabilité de la monnaie
rw.
brage des compte~
~
tionniste de l'économie ~
et du crédit
nationaux
~

Baisse
"
de l'inflation
Source
Construction personnelle.
2) Incertitudes
liées
à
l'application
de
la
politique
d'encadrement du crédit
L'importance
de
cette
politique est
due
sans
aucun
doute
à
son
influence sur l'orientation du crédit conformément aux objectifs de développe-
ment économi que.
On y a également recours pour évi ter d'ut il i ser des moyens
rigides
et
plus
brutaux
susceptibles
de
perturbations
excessives.
On
peut
néanmoins
se demander
si
cette
intensité
inflationniste
peut faciliter
la
pl ei ne util i sati on de l'encadrement du crédit pour 1ui permettre d' attei ndre
les objectifs
qu'on
semble
lui
assigner.
Dans
des
pays
où le sous-emploi
structurel est un mal quotidien qui nécessite des thérapeutiques exceptionne11es~
le
rationnement
du
crédit
peut
aller
au
rebours
des
fins qu l i1
poursuit.
Nous
notons
avec
S.
GUILLAUMOIH
que
"plus
le
taux
actuel
d'inflation est
é1evé~ plus un taux de croissance donné de la masse monétaire risque d'être
déflationniste sur l'activité économique. Autrement dit si la politique "moné-
tariste" de croissance régulière de la masse monétaire est sans doute capab1e~

- 50 -
à
partir
d'une
situation
saine,
d'éviter
l'apparition
de
l'inflation
sans
compromettre
pour
autant
la
croissance,
elle
est
inadaptée à la situation
conjoncturell e
présente

l' i nfl at ion,
anci en ne
et
rapi de,
Si accompagne
déjà d'un chômage excessif (1 )".
Pour les rythmes de création monétaire et de distribution du crédit
bancaire,
il
est
en
effet difficile de déterminer
avec
exactitude
le taux
d'augmentation
de
la
masse
monétaire ou
le
niveau de crédit qui
convienne
au cours d'une
péri ode donnée.
Les
incertitudes
rel ati ves
aux comportements
des
agents
économiques
peuvent
enfreindre
les
décisions
des
autorités.
On
peut
être
aussi
amené
à faire
des
réserves
quant
à l'implication
parfois
abusive de
l'Etat dans
l'activité économique
implication que suppose bien
entendu l'encadrement du
crédit.
,
En ce qui concerne la sélectivité du crédit, notons qu'elle correspond
pour
les
économi stes
libéraux
à
une
"i ngérence
des
autorités
pub li ques et
à une entrave aux mécanismes du marché qui, seuls, selon eux, sont susceptibles
de mieux distribuer le crédit et de maximiser aussi
la fonction de bien-être
social
(2)".
Appuyant cette thèse O.E.G.
JOHNSON souligne que "le contingen-
tement des crédits propres aux actions sélectives pousse les clients ordinaires
des
banques
qui
sont
ai nsi
vi sés
à recouri r
aux marchés de capitaux
(d'où
un coût
social
élevé en devises pour assurer le service de la dette) ou au
marché intérieur de façon plus intense (tension en hausse) (3)". Cette politique
nuit
aussi
à l'efficacité de
la politique monétaire globale. Ainsi
pour les
partisans de l'intermédiation financière E. SHAW, J. GURLEY et R.I. Mc KINNON,
la sélectivité du crédit crée "la désintermédiation et entrave aussi le méca-
nisme de développement qu'ils
envisagent
;
mécanisme dans lequel
les inter-
médiaires finoanciers
jouent
précisément
le rôle central
par
la mobilisation
de l'épargne et l'allocation des ressources (4)". Elle perturbe le développement
des
banques
et
réduit
à terme
l a concurrence
parfoi s nécessai re entre
les
institutions financières. A. FOURÇANS notera à cet effet que "c'est une mesure
arbitraire qui, en restreignant la concurrence inter-bancaire, peut se trouver
(1) 6UILLAU"01H-JEANNENEY
(s.)
:
Pour
la
politique
monétaire,
défense d'une mal aimée,
op. cité,
p.192.
(2) RAO
(D.C.)
:
"Selective credit
policy" in ANDELY (R.)
: Politique monétaire et développement
économique
en
Afrique
centrale,
Thèse
3ème
Cycle Economie
monétaire
et
financière,
Faculté
des Sciences Economiques - Université de Clermont I, 1981, p.148.
(3) JOHNSON (0.E.6.) : lICredits controls as instruments of development policy in light of economic
theory" in ANpELY (R.), op. cité, pp.150-151.
(4) 611RLEY
(J.),
SHAW
(E.)
:
La
monnaie
dans
une
théorie
des
actifs
financiers,
Cujas,
Paris
1973, pp.175-176.

- 51 -
à la source d'inefficacités importantes. Il favorise les emprunteurs puissants
et à faible ri sque auxquels
l es banques accordent une préférence très nette
en
période
d'encadrement.
Par
conséquent,
il
provoque
une
discrimination
à
l'encontre
des
petites
et
moyennes
entreprises
qui
constituent
le tissu
des act i vités nationales (1)".
Certaines
modalités
tel
que
le taux de refinancement
préférentiel
peuvent
conduire
indirectement
à
une
expansion
excessive
du crédit ce qui
peut être i nfl at i onni ste.
Ce systeme ressemble à la techni que des
bas taux
d'intérêt
relative
à
la
répression
financière.
Ces
refinancements
peuvent
être
à
l'origine
d'un
laxisme
monétaire
peu
compatible
avec
la
stabilité
économique.
Avec
des
instruments
d'action
directe
comme
les
autorisations
préalables,
les
coefficients
sectoriels,
etc ... ,
on
risque
de
rédui re
le rythnie d'intermédiation financière avec
l'ouverture des
brèches. Ces différentes techniques alimentent à la hausse les coûts d'exploita-
tion
des
banques et des établissements financiers.
Il
sien
suit évidemment
un
ralentissement
de
leurs
activités et un
accroissement du coût moyen de
financement
des
secteurs
non
prioritaires
obligés
désormais
de
s'alimenter
par emprunts à l'extérieur ou de s'adresser à la finance directe informelle
(2). On aboutit à un système dans lequel
le taux d'intérêt perd de son rôle
de critère de sélection des activités les plus rentables. Un emprunteur peut
par exemple emprunter et
prétexter comme pour financer
des activités "per-
mises" mais peut utiliser en fait les fonds reçus pour financer des activités "non
permises"
(3).
L'efficacité
des
taux
d'intérêt
est
dans ce cas amoindrie.
De même l'existence de ces types de crédit tend à instituer un double marché
ce qui
conduit
parfois à un gonflement à la demande de crédits privilégiés
susceptibles d'aviver l'inflation (cf. Schéma n02).
Si
le pri nci pe même de
l'encadrement du crédit dans
les
pays en développement est d'axer
les efforts sur les secteurs à forte
rentabil ité
et
qui
sont, à force d'arguments,.. jugés prioritaires, notons que cet esprit
de sécuri té peut condui re à négl i ger des secteurs d' acti vi té ayant une portée
plus
générale.
La
fixation
des normes de priorité peut
aussi
accentuer
le
clivage entre les
secteurs traditionnel
et moderne.
Cela est déséquilibrant
(1)
FOUR~A.S (A.) : La politique de la monnaie, Economica, Paris 1976, p.29.
(2) Cf. SERRE (J.".) : "La nouvelle politique monétaire de l'UMOA", op. cité, p.6.
(3) BLOOMFIELD (A.I.)
"La politique
monétaire
dans
les
pays
sous-développés",
op. cité, p.36.

- 52 -
et
dangereux
quand
on est amené à morceler une économi e et à défi ni r 1es
actions sélectives au gré des besoins régionaux. Comme les auteurs l'indiquent
"l a politique monétaire
d'un
pays
ne
saurait,
en effet,
être de
la sorte
découpée en tranches régionales, gérées de façon décentralisée.
Il en résul-
terait,
de
toute évidence,
des disparités de taux insupportables
selon
les
régions,
une distribution parfois inconsidérée des crédits, et l'introduction
de
nouvelles
distorsions
entre
les
institutions
financières
et
les
entre-
prises (1)". Cette technique nécessite une administration complexe et lourde.
Son
application
devient
difficile puisque
les
agents économiques essaieront
au fi 1 du temps d' Y adapter 1eur comportement afi n de contourner 1es règl es
instituées.
Aspects négatifs de la mise en oeuvre de l'encadrement du
crédit
Institution d'un marché
Baisse de l'intermédia-
Frein au crédit
- monétaire parallèle
tian financière
-
1
1
. ,r
Accroissement du coût
Baisse
•del'activité .-
Baisse du degré
"-
de financement
-
-
moyen
économique
capitalistique
If
- Inelasticité de l'offre
-
Tendance à la hausse
Chômage
- par
-
rapport à la demande
des prix intérieurs
Source
Construction personnelle.
Essayons de voir à présent la portée de la politique des taux d'in-
térêt.
(1) PENAUD (R.),
GAUDICHET
(F.)
Sélectivité du crédit, Financement, Politique monétaire, Econo-
mica, Paris 19B5, p.144.

- 53 -
B) Efficacité
de
la
politique
des
taux
d'intérêt
dans
la
lutte
contre l'hyperinflation dans les pays en développement
Donner un certai n pouvoi r au taux d' intérêt
pour contrôler 1a créa-
tion
monétaire
nécessite
l'adoption
d'un
taux
unique
et
variable.
Il
faut
agir
résolument
sur
les
taux
d'intérêt
pour que
les
variations
se fassent
dans
le
sens
d'une
véritable
politique de
stabilisation.
Il
faut
également
éviter que
le taux d'intérêt soit un élément rigide pour qu'il
s'adapte aux
différentes
i mpu1 si ons
que
nécessite l'envi ronnement économi que. Mal heureuse-
ment cela n'a toujours pas été évident.
Notre
analyse
ici
sera
basée
sur
une
mise en
relief des
aspects
pos i tifs et
des
i ncert itudes
1i ées
à
1a mi se en oeuvre de 1a poli tique des
,
taux d' intérêt.
1) Aspects
positifs
de
la
politique
des
taux
d'intérêt
dans la lutte contre 1 'hyperinflation
La politique des taux d'intérêt demeure encore aujourd'hui la princi-
pale courroie de transmission de la politique monétaire.
Elle opère et subit
à 1a foi s des mutations sur presque toutes 1es vari ab 1es économi ques. D'après
certains, elle a pour objet "d'influencer le niveau et la structure des taux
d'intérêt
monétaires
au
moyen
de
modification
statutaires,
d'intervention
sur le marché monétaire ou de persuasion morale pour atteindre des objectifs
déterminés
en matière de
politique de
crédit
et
pour
aider
la mobilisation
de
l'épargne
grâce
à des
instruments
financiers
(1 )".
Elle
semble tout
à
fait
indiquée pour lutter contre l'hyperinf1ation dans
les pays en développe-
ment.
L'on
sai t
en
effet
que,
confrontées
à
une
i nsuffi sance de moyens
disponibles pour financer
leur économie, les autorités ont directement recours
à la création monétaire et
parfois
à l'endettement extérieur.
Cette méthode
reste désormai s inadaptée quand on connait 1es conséquences qu'elle entraîne.
Aussi,
en
préconisant
des
taux
d'intérêt
réels
positifs,
le
but
est d'une
part
de
parvenir
à
renforcer
le caractère
attractif de
la monnaie en
tant
que réserve de valeur et d'autre part de reconstituer d'importantes ressources
propres afi n de mi eux 1utter contre l' hyperi nfl at ion. Avec des taux d' intérêt
(1) BORTOlANI (s.)
Rôle de la banque centrale en Afrique, op. cité, p.134.

- 54 -
réels positifs,
on
peut obtenir une accumulation d'encaisses ce qui penrettra
d'accroître
les
possibilités
d'autofinancement
et
donc
d'investissement.
Vers
la
fin
des
années
soixante-dix,
on
a constaté
dans
certains
pays
(1)
que
le
volume
de l'épargne financière
a été très
sensible à la rémunération
réelle des dépôts. Le maintien des taux d'intérêt à des niveaux bas et parfois
négatifs
a
provoqué
en
1975
une
diminution de 70% des dépôts.
En 1976,
les
dépôts
à terme
et les dépôts d'épargne étaient rares en Argentine.
Au cours
des
années
qui
ont
suivi,
l'augmentation
des
taux
d'intérêt
ayant
été plus
forte
que
le
niveau
d'inflation,
les
dépôts
se
sont
en
conséquence
accrus
rapidement
faisant
plus
que
doubler
en
1977 en
termes
réels.
Pour
ce
qui
est de l a réforme monétai re opérée en Corée,
il
a été en effet remarqué que,
suite à l'adoption de taux d'intérêt élevés,
"l'épargne privée passa de 3,9%
du
PNB
en
1964,
à
12,1% "du
PNB
en
1969.
La
totalité
des
dépôts
d'épargne
dans toutes les banques augmenta de 39 milliards de won en 1964, à 566 milliards
de
won
en
1968,
permettant
aux
banques
commerciales
d'augmenter
leur
offre
de crédit de 60% par an,
sans que l'offre de monnaie ne croisse.
Les dépôts
auprès des coopératives agricoles augmentèrent de manière analogue (2)".
L'accroissement
des
taux
d'intérêt
permet
également
et
c'est
vrai
de
frei ner
l a
demande
de
crédi t
et
para 11 èl ement
l a mas se monétai re.
E11 e
facilite
la
réalisation
des
projets
ce
qui
a
un
impact
favorable
sur
la productivité.
Cette politique favorise le développement de l'intermédiation
financière et peut en réalité réduire le coût moyen de financement par rapport
à ce
qui
est
prati qué
sur
l es
marchés
monétai res
i norgani sés.
On est ai nsi
assuré
de
lutter
efficacement
contre
l'hyperinflation
et
d'aboutir
à terme
à
la
stabilité
monétaire.
L'élévation
des
taux
d'-intérêt
améliore
aussi
le
niveau de la balance des
paiements.
En effet cette politique stimule l'entrée
des
capitaux
étrangers
et
l imite
par
conséquent
l es transferts vers
l'exté-
ri eur.
Ce qui
atténue les
pressi ons exercées sur
l a demande de crédi t
i nté-
rieur.
Tout
cela
accroit
la
monétisation
de
l'économie
et
réduit
à terme
l'importance
du
circuit informel
des taux d'intérêt en obligeant ces emprun-
teurs à recourir au marché organisé. Ainsi même à défaut de capitaux extérieurs
(ce
qui
est
d'ailleurs
peu
probable),
l'investissement
pourra
bénéficier
(1) Ce
sont
l'Argentine,
le
Brésil,
le
Ghana,
la Jamaïque,
la République de Corée,
la Malaisie
et
la
Turquie:
cf.
LANYL
(A.)
et SARACOGLU
(R.)
: "Les taux d'intérêt dans l'économie des
pays en développement", Finances et Développement, N°2, Juin 1983, pp.21-22.
(2) BROWN
(T.)
:
"The
impact
of
Korea' s 1965
Interest
Rate
Reform
on
Savings,
Investment
and
Balance
of
Payments"
in
BEllOn
(J.P.)
:
"Taux
d' intérêt
administrés
et
taux
d' intérêt
du
marché", op. cité, p.68.

- 55 -
de l'épargne locale pour soutenir les
besoins de financement de l'économie.
On
aboutit ainsi
à un
régime budgétaire sans déficits
avec une tendance à
la baisse de l'hyperinflation (cf. Schéma n03).
Aspects positifs de la politique des taux d'intérêt élevés dans la lutte
contre l 'hyperinflation
,
Augmentation
- Freine la demande
- Freine la croissance de la
-
-
des taux d'intérêt
et/ou l'offre de crédit
masse monétaire
t
l
1
1
~
1
tr
Favorise l'inter-
-
Accroît la
-
Accroît la réali-
-
productivité
sation des projets ~
Augmentation de
-
médi ation financière
1
l'épargne
\\
1
\\
1
\\
1
,
'J
4
Baisse du coût
moyen du finance-
- Reprise de 11acti-
vité économique
- Stabilité monétaire - Baisse de l'inflation
ment
-
-
Source
Construction personnelle.
Il est vrai qu'avec des taux d'intérêt réels positifs, l'on dispose
d'une arme puissante pour lutter contre ce qui demeure le problème fondamental
de
la
vie
économique
pendant
des
siècles
les fluctuations
de
la valeur
de
l'unité
monétaire.
Nous
savons
aussi
que
les
voies
par lesquelles les
taux d'intérêt influent sur le secteur monétaire sont multiples et très com-
plexes
ce
qui
réduit
parfois
leurs possibilités
à lutter
pleinement contre
l'inflation.
Cela
nous
amène
maintenant
à voir
les incertitudes qui
sont liées à la mise en oeuvre de cette politique.

- 56 -
2) Incertitudes liées à l'application de la politique des taux d'intérêt
Cette
politique
est
susceptible de
provoquer
de
réelles
perturba-
tions
dans
l'économie
des
nations.
Pendant
la
période de
forte
inflation,
la
hausse
du
coût
du
crédit n'est pas véritablement dissuasive.
On pourrait
même
dire
qu'elle anime
en
profondeur
le
processus inflationniste.
Pour les
auteurs structuralistes, cette politique ne peut être une arme de lutte contre
l'inflation.
Pour eux,
"le rôle de la politique des taux d'intérêt est d'une
importance
secondai re
parce
que
l 1 i nvest i ssement,
en
augmentant l es revenus,
'crée sa propre épargne. L'épargne est alors fonction du niveau de la répartition
des
revenus
et
non
des
taux
d' intérêt
(1)".
Ils
restent
sceptiques quant
au rôle que peuvent jouer les taux d'intérêt dans l'accroissement de l'épargne
et
dans
la
lutte
contre~ l'inflation.
Les
structuralistes
sont
favorables
à
une
politique
monétaire
laxiste
à partir de
taux
d'intérêt
réduits
afin
d'avoir des crédits moins coûteux et donc des investissements moins coûteux (2).
L'auteur
de
la
"Théorie
Générale"
qui
reste
pour
l'essentiel
l'inspirateur
de cette
thèse estimait lui-même qu'un taux d'intérêt peu élevé encourageait
l'investissement
tant
que
le
plein
emploi
n'était
pas
atteint.
De ce
pas
il
conclut
qu'''il
est
tout
à
notre
avantage
de
réduire
le taux
d'intérêt
jusqu'au
niveau
correspondant
à
l'efficacité
marginale
du
capital
de
plein-
emploi
(3)".
Il
ajoutait
que
"sans
doute
ce critère
va conduire
à
adopter
un
taux
d'intérêt
plus
bas
que
celui
qui
prévalait auparavant,
et, dans la
mesure
où on
peut connaître
la valeur de l'efficacité marginale du capital,
qui correspond à un stock croissant de capital, le taux d'intérêt va probable-
ment baisser de manière durable, s'il est possible de maintenir les conditions
d'un
plein emploi
durable (4)". Ainsi, contrairement à l'optique néo-libérale,
la
pratique de
bas
taux d'intérêt représente la seule technique financière
susceptible d'encourager l'investissement, la production et la croissance.
(1) ElBAI
(S.M.)
: Les
intermédiaires
financiers
et
la mobilisation
de
l'épargne
interne
dans
les
PVD
in ANZIO (S.)
: Intermédiation financière et développement économique : cas des pays
d'Afrique
du
Nord,
Thèse
3ème Cycle
Economie
monétaire
et
budgétaire,
Faculté des
Sciences
Economiques, Université de Clermont I, Février 1988, p.50.
(2) Cf. OUEDRAOGO (I.M.B.) : Intermédiation financière et problématique de développement économique.
Essai dl application aux Etats membres de l'UMOA,
Thèse 3ème cycle Economie monétaire et budgé-
taire, Faculté des Sciences Economiques, Université de Clermont I, Juin 1985, p.114.
(3) KEYNES
(J.M.)
:
Théorie
générale
de
l'emploi,
de
l'intérêt
et
de
la
monnaie,
Payot,
Paris
1971, pp.178-179.
(4) KEYNES (J.M.), op. cité, pp.178-179.

- 57 -
En
élevant
par
ai 11 eurs
1es
taux
dl intérêt
pour
des
rai sons
de
politique intérieure et dans le but d'attirer également des capitaux étrangers,
on
ri sque
en
effet
de
surévaluer
1e taux de change.
Cette situati on
peut
à terme détruire la compétitivité extérieure d'une nation et réduire l'équilibre
des paiements extérieurs. Les banques peuvent être également tentées d'emprunter
à
l'extérieur
pour
financer
des
opérations
de
crédit
chaque
fois
que les
taux
d' intérêt
i ntéri eurs
sont
nettement
supéri eurs aux taux étrangers.
Ce
fait,
joi nt
aux
Illouvements
de
capitaux,
contrari e 1a pol iti que restri cti ve
qu'exige cette présente situation. Voulant sauver leurs monnaies et accélérer
les mécanismes de la croissance, les autorités peuvent provoquer une situation
déflationniste
capable
de
maintenir
un
chômage
permanent.
Il
y a bien un
ri sque dl accé 1érat i on de l' i nf1 at i on dans
1a mesure où 1es entrepri ses font
1e rattrapage dans
1eurs ,pri x de vente pour atténuer au mi eux 1eurs charges
financières (cf. Schéma n04).
Aspects négatifs de la mise en oeuvre de la politique
des taux d'intérêt élevés
Surévaluation du
Bilisse de la compéti-
Augmentation des
- Augmentation des ~
- coûts de production
taux de change
-- tivité extérieure
taux d'intérêt
1_
Baisse de
Baisse des
-
Spéculation sur
Dégradation de la
..
-
l'investissement
~
ressources internes
la monnaie
- balance des
nationale
oaiements
", ""-
Il
' .............
Baisse de la productivité
- Baisse de
- Hausse des prix
-
.....
l'activité économique
intérieurs
Source
Construction personnelle.

- 58 -
Notons
enfin
que
le
véritable
problème des
pays en développement
est l'importante inégalité des revenus. La faiblesse des revenus et les condi-
tions
de
vie
précaires
ne
peuvent
permettre
aux populations de satisfaire
leurs besoins primaires encore moins de différer leur consommation. La politique
monétai re ne peut être que limitée dans des économi es où la producti on n'est
guère di versi fi ée et développée,
où aucune véritabl e opportunité ne Si offre
aux habitants
pour renforcer
l' act i on des
autorités monétai res. On peut dès
lors
se
poser
des
questions
sur
la
constitution
d'une
épargne
suffisante
même
avec
des
taux
d'intérêt
élevés.
Il
faut,
pour insister un
peu
plus,
se poser la question de savoir si
les
pays en développement sont sensibles
aux hausses des taux de rendement.
Dans ce cas comment pourrait-on retrouver
lléquilibre monétaire pour lutter contre les multiples effets de l'inflation?
Ce qui
paraît
actuellement linquiétant
c'est qu'avec
une
politique d'argent
cher et de restriction monétaire,
toute économie sera confrontée à la masse
des capitaux flottants.
En outre, les taux d'intérêt ne sont plus aujourd'hui
le fait des seules politiques nationales. Les marchés intérieurs de capitaux
sont de pl us en
pl us
i nfl uencés
par l es marchés i nternati onaux de capitaux
qui, eux-mêmes, semb lent être- de plus en plus intégrés. Même si l es autorités
décident d'aligner
leurs taux sur ceux du marché international, cette action
peut s'avérer insuffisante et inopérante à partir du moment où la situation
antérieure nécessite une perspective de changement de parité (l). C'est sûrement
pour
cela
J. H.
DAVlOi ndi que
que
"l es
autorités
doi vent
donc
vei 11 er non
seulement sur le niveau des taux d'intérêt, mais aussi àce que leurs variations
demeurent continues
dans des marges pas trop larges autour des ni veaux moyens
correspondant à l'équilibre des marchés (2)".
Examinons
à
présent
la
portée
des
réformes
monétaires
proposées
sur le plan externe.
(1) Cf.
BOURGUIIIAT
(H.)
:
Marché
des
changes
et
Crises
des
monnaies,
Calman-Lévy,
Paris
1972,
p.161.
(2) DAVID (J.H.)
La monnaie et la politique monétaire, op. cité, p.255.

- 59 -
PARAGRAPHE II
APPREC lATION
DES
REFORMES
MONETAI RES
D'ORDRE
CONJONCTUREL
PROPOSEES SUR LE PLAN EXTERNE DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Il
nous
appartiendra
d'insister
également sur les possibilités
qu'offrent
l es mesures
préconi sées sur lep l an externe dans la lutte contre
l'hyperinflation.
Nous serons aussi
amenés à mettre l'accent sur les incerti-
tudes possibles.
A) Efficacité d'une politique de gestion du taux de change effectif
dans
la
lutte contre 11 hyperi nfl at i on dans l es pays en déve l op-
pement
Dans
un
premier temps nous
verrons
les
aspects
positifs de cette
mesure. Dans un deuxième temps, nous nous intéresserons aux éventuelles incer-
titudes.
1) Aspects
positifs
du
taux
de
change
effectif
dans
la
lutte contre l'hyperinflation
La condition d'une bonne politique de change est le maintien d'une
politique intérieure stable,
crédible et équilibrée. Cela permet d'améliorer
la compét it i vité extéri eure et l' équi libre de la balance des pai ements. Dans
les
pays
en
développement
le
bon de taux de change,
celui
susceptible de
pallier les déséquilibres dans la structure des exportations et des importa-
tions,
est en effet
le taux de change effectif réel. Déterminé en fonction
de la variation des autres monnaies et de la politique économique des parte-
naires commerciaux, il donne une image plus sécurisante de l'économie. Véri-
table support de la politique économique, il facilite un meilleur ajustement
des prix intérieurs et permet d'étouffer à la base les fluctuations monétaires
susceptibles de dérégler
le climat économique interne.
Il
permet "d'éviter,
grâce
à
une
variation
de
la
parité
adéquate
parce que compensatrice,
que
les variations des taux de changes des monnaies tierces vis à vis de la monnaie
numéraire
n'entraînent
une
modification
des
prix
relatifs
(des
termes
de
l'échange ou du rapport des prix des biens faisant l'objet du commerce interna-

- 60 -
tional aux prix des biens â usage purement domestique) et soit ainsi un facteur
d' "instabi lité du revenu réel (1)".
La
stabilisation
du
taux
de
change
effectif
permet
d'éviter la distorsion de la structure interne des prix des biens interna-
tionaux et domestiques entraînée par la variabilité des taux de change. Ce
taux permet un meilleur suivi des réserves de changes lesquelles sont suscepti-
bles d'assurer un parfait équilibre budgétaire. Il est également un bon signal
d'a l arme pour l es pays en déve l oppement pui squ 1 il permet d'éviter l es chocs
'externes
ce
qui
renforce
leur
compétitivité extérieure et
peut
accroître
les possibilités de lutte contre l 'hyperinflation (cf. Schéma nOS).
Aspects positifs du taux de change effectif
dans la lutte contre l 'hyperinflation
Compensation des
Meilleur ajustement
- variations des taux -
~ Baisse des distor-
Taux de change
lIII""""
- des prix
de change et des
sions extérieures
effecti f
intérieurs
monnaies tierces
If
Equilibre de la
Equilibre
Accroissement
Accroissement de
~
.-
balance
des revenus
~
-
budgétaire
la compétitivité
des paiements
en devises
extérieure
••
Renforcement des
Baisse de
moyens de lutte
l' hyperinflation
contre l'hyper-
~
inflation
Source
Construction personnelle.
(1) GUILLAUROlr (P. et S.)
Zone franc et développement africain, Economica, Paris 1984, p.36.

- 61 -
Malgré ces différents points positifs, il y a,c'est vrai ,des points
d'incertitude.
C'est ce que nous verrons maintenant.
2) Incertitudes
liées
à
l'adoption
du
taux
de
change
effectif
L'efficacité de cette mesure peut être limitée à cause des rigidités
structure 11 es
exi stant dans
les économi es en développement.
De même que
le
cl i vage entre l es
secteurs traditi on ne l et moderne restera encore longtemps
un des grands handicaps de la plupart de ces économies. A cela s'ajoute le
risque d'incompatibilité entre la politique de stabilisation du taux de change
,
et la politique du taux d'intérêt à court terme. En effet "s i la stabilisation
du taux d'intérêt réel
implique d'élever le taux d'intérêt nominal au-dessus
de
son
niveau
à
l'étranger,
cela ne risque-t-il
pas d'entraîner un
afflux
de capitaux et une appréciation indésirable de
la monnaie nationale sur le
marché des changes,
ou si
au contraire le taux d'intérêt nominal doit être
au-dessous
de son niveau à l'étranger,
cela ne risque-t-il
pas d'entraîner
une dépréciation de la monnaie nationale
(l)"? Le fait également de baser
le taux de change nominal
sur l'évolution d'une monnaie dominante a de très
graves répercussions.
Lorsque la monnaie dominante dégage un excédent global
de sa balance des paiements, le pays concerné "r isque de subir une déflation
monétai re et une hausse du taux de change réel
que
l a demande de produi ts
intérieurs augmente ou diminue (2)". On peut ainsi faire référence à la forte
influence
des
politiques
monétaires
mises .en
oeuvre
à
l'étranger.
Le cas
des Etats-Uni s est assez si gnifi catif aujourd 1 hui. De même
avec l' importance
des
coûts
salariaux
dans
les
pays en développement,
la marge de manoeuvre
de la flexibilité du taux de change peut s'en trouver réduite. La dépréciation
de
l a monnaie qui
pourrait en résulter peut condui re à une augmentati on de
l'inflation
interne
et
des
anticipations.
D'ailleurs
le
rattachement d'une
monnaie à une autre monnaie
plus forte ou même à un panier de monnaies ne
peut être la meilleure façon d'éviter les fortes variations de ces monnaies.
(1) GUIllAUMONT (s.J.) : Pour la politique monétaire, défense d'une mal aimée, op. cité, p.210.
( 2) OCDE
:
Ge s t ion
dut a ux de
cha n9e etc 0 ndui te
deI a pol i t i que
mon ét air e ,
OC DE,
Par i sig 85 ,
p.27.

- 62 -
Cette techn i que, en dépi t de ses poss i bi lités à protéger l 1 économi e,
"ne
saurait
stabiliser
les
prix
des
biens
internationaux
il
neutralise
l'effet automatique sur les prix des biens internationaux exprimés en monnaie
nationale des variations des taux de change, mais non l'effet sur ces mêmes
prix des
variations de prix en devises sur les marchés internationaux (1)".
De même que
le rattachement d'une monnaie à un panier de monnaies ou à une
monnaie forte et dominante suppose qu'il y a indépendance entre les variations
des taux de change et l'évolution des prix internationaux libellés dans les
di fférentes
monnai es. Les auteurs s'accordent à di re qu'en fai t
"cette hypo-
thèse
n'est
pas
réaliste puisqu'il
existe,
au moins
à terme,
une relation
en
sens
inverse entre les différentiels de prix et
les variations de taux
çje change
(2)".
On doi t
de ce pas constater les li mi tes du taux de change
effectif pui sque son
pri n<4i pe ri sque bi en d'accroître l' i nstabil ité des pri x
et des recettes d'exportations. Ce qui peut conduire à d'innombrables perturba-
tions économiques
peu utiles pour vaincre l'hyperinflation (cf. Schéma n06).
Incertitudes liées' à l'adoption du taux de change effectif
Rigidités
structurelles
~ Réductiondela
Importance des
Di fficul té de
Tendance à la perte
coûts salariaux
marge de manoeuvre
1---- stabilisation des
- de compétitivité
du taux de change
prix des biens i~terna-
-
vi
bonaux
extérieure
effecti f
lof! ",0'" d" p,l i -
tiques extérieures
r
Ralentissement de
l'activité
-- Apparitionde
Possibilité de
distorsions
-- déséquilibre de la
économique
économiques
balanc e des pa i emlPlts
"
Tendance à la
hausse des prix
intérieurs
Source
Construction personnelle.
(1) GUILLAUMOIT (P.et s.)
Zone franc et développement africain, op. cité, p.38
(2) Ibid, p.38.

- 63 -
Voyons dès
à
présent ce qu 1 i l en est avec la déva l uati on dans le
cadre de la lutte contre l 'hyperinflation.
B) Efficacité de la dévaluation dans la lutte contre l 1 hyperinfl ation
dans les pays en développement
Nous mettrons également
en
relief
les aspects positifs et les
incertitudes qui sont liées à la mise en oeuvre de cette politique.
1) Aspects
positifs
de
l'utilisation
de
la
dévaluation
dans la lutte contre l 'hyperinflation
Concernant
la
dé1aluation,
notons
d'emblée que sa mise en oeuvre
est
susceptible
de
permettre
une
augmentation
du
volume
des
exportations
et d'épuiser les
stocks.
Son impact favorable peut être résumé comme ceci:
"une fois qu'une part de marché est perdue à cause d'une politique inflation-
niste, une dévaluation peut très bien aider un pays à la récupérer. De plus,
s'il
veut di versifi er ses exportati ons au
profit des produits de croi ssance
rapi de,
une
déva l uati on
est
aussi
apte
à
apporter
les i ncitati ons et
les
possibilités
de
profits
dans
de
nouveaux
secteurs
d'exportation
présentant
de bonnes perspecti ves de croi ssance (1)". Dans le cas des pays en développe-
ment,
nous sommes conscients des difficultés tenant à la mise en oeuvre de
cette
mesure
(parce
qu 1 ils
sont exrnrtateurs f.Xlur la plupart de produits primaires
et
de
produits manufacturés
peu compétitifs)
mai s e 11 e est
à terme
profitable
à
l' équi libre des pai ements extéri eurs. S' i l est vrai que nombre de ces pays
ne peuvent modifi er les
pri x en devi ses étrangères des
i mportati ons et des
exportations,
les
variations
de
quantités,
elles,
modifient
positivement
le niveau de la balance commerciale.
Comme
le disent
P.
et S.
GUILLAUMOIH
"la détérioration des termes de l'échange,
induite
par la dévaluation,
qui
exerce un effet immédiat négatif sur la balance commerciale, peut contribuer
ultérieurement
à
l'améliorer dans
la mesure où elle entraîne une variation
des
quantités
importées
ou
exportées
(2)".
Comme
les
quantités
exportées
augmentent et
que
les
quantités
importées
elles
diminuent,
la
dévaluation
améliore
la
balance des opérations de biens et services. La diminution
des
prix
en
devises
des
biens
exportables
peut
accroître la compétitivité
(1) IIIASHASHIBI
(K.)
:
"La dévaluation dans
les pays en développement
: des choix difficiles ,
"
op. eité, pp.14-15.
(2) GUILLAUMONT (P. et S.) : Zone franc et développement africain, op. cité, p.90.

- 64 -
des
bi ens manufacturés des
pays en développement.
Ce qui
peut susci ter une
augmentati on
de
l a demande
de
ces
bi ens
dans
l es échanges extéri eurs.
La
dévaluation
peut,
à
partir de ce processus, faciliter la création d'emplois
et
11 augmentati on
des revenus dans
l es secteurs des bi ens dl exportati on et
des
biens
concurrents
des
importations
(1).
A terme,
il
peut
se réaliser
un
renforcement
du
système
productif.
Les autorités peuvent être conduites
à mi eux rémunérer
l es paysans en augmentant le pri x payé au producteur. Cette
mesure d'incitation peut avoir un impact favorable sur la productivité nationale
et sur les activités industrielles (2).
Cette politique reste au total
utile dans des zones où l'économie
repose pour l'essentiel
sur des productions primaires. De même que dans des
pays où la forte poussée ii1flationniste a détérioré le prix relatif des biens
exportables,
la
dévaluation,
accompagnée
de
mesures
appropriées,
s'avère
indispensable
pour
contribuer
à
l'atténuation
des perturbations économiques
et pour reconquérir la stabilité monétaire (cf. Schéma n07).
Aspects positifs de la dévaluation dans la lutte contre l'hyperinflation
Réduction des
importations
Retour à un niveau
raisonnable du taux !< exportations
Epuisement des
~ Améliorationde
Dévaluation
la balance
-de change et des
prix intérieurs
commerciale
Augmentation des
stocks
Augmentation de
l'
la productivité et
- Incitation au ren- ....
Rééquilibre
....
budgétaire
.- Amélioration de la
de l'offre globale
~
forcement du système
ba l an ce des pai ment
productif
.,
Baisse des prix
intérieurs
Source
Construction personnelle.
Voyons à présent les points d'incertitude.
(1) Cf. KINDlEBERGER (CH.P), lINDERT (P.H.) : Economie internationale, Economica, Paris 1982, p.381.
(2) Cf. GUILLAUMONT (P. et S.) : Zone franc et développement africain, op. cité, p.93.

- 65 -
2) Incertitudes liées à l'utilisation
de la dévaluation
Concernant
la dévaluation,
il
est vrai
qu'à terme elle a un effet
bénéfique
sur
la
balance
commerciale
et
partant
sur
l'équilibre
économique
mais dans l'immédiat elle peut étre nocive.
Sur ce point,
les théories moné-
tari stes
et
keynés i ennes
présentent
une certai ne convergence.
Pour l es moné-
taristes,
il y aura une réapparition du déficit puisque la dévaluation relance
l'inflation
ce qui
freine
les exportations et accélère la demande d'importa-
tions.
Pour
les
keynésiens,
c'est
l'augmentation
du
revenu
consécutive
à
la
dévaluation
qui
a
les
mêmes
conséquences
(1).
On
ne
peut,
c'est
vrai,
transposer
d'emblée ces
conclusions
dans
les
pays
en
développement.
On peut
néanmoins
retenir
que,
l'effet
initial
qui
a
nécessité
la dévaluation
peut
1
être
tel
qu'ajouté
aux
coûts
économiques
sociaux
additionnels,
les
avanta-
ges
seront
peu
apparents.
En
modifiant
la
parité
de
la
monnaie
nationale
par
rapport
à
celles
des
partenaires
commerciaux,
la
dévaluation
conduit,
cela
est
inévitable,
à
une
appréciation
de
la
valeur
des
biens
importés.
Ce qui
risque de ralentir l'importation de biens intermédiaires indispensables
pour
accroitre
la
production
intérieure.
La
dévaluation
risque
d'ajouter
ainsi
des
effets
inflationnistes
supplémentaires
à
la
situation
initiale.
L'influence des facteurs psychologiques ne peut être non plus écartée
car l a mi se en oeuvre de cette pol iti que peut condui re l es agents économi ques
à modifier
leurs
comportements.
"Les
agents
économiques accélèrent le rythme
de leurs achats,
s' ils sont consommateurs
;
s' ils sont producteurs, ils i ntè-
grent,
souvent
de façon
amplifiée,
les
augmentations à leur coût en prévision
des
hausses
futures.
S'ils
sont
spéculateurs
et
s'ils
considèrent
que
la
dévaluation
n'est
pas
suffisante,
ils
sursoient
à
rapatrier
leurs
avoirs
détenus
à
l'étranger
(2)".
Ce
dési r d ' équi loi brer
l es
comptes
extéri eurs
et
d'accroitre
les
revenus
peut
ainsi
conduire
à
une
augmentation
des
coûts
de
production
et
des
dépenses.
Ce
qui se traduit
à nouveau par une envolée de
prix et une résurgence de l'inflation.
Ce processus a non seulement "un effet
négatif sur la situation des
paiements extérieurs, mais est aussi à l'origine
d'une
nouvelle
dévaluation
et
d'une
nouvelle
flambée
des
prix.
Ce
cercle
vicieux
inflation-dévaluation
peut
être
catastrophique,
non
seulement
parce
(1) Cf.
NEZEYS
(B.)
:
Commerce
international, croissance et développement, Economica,
Paris 1985,
p.114.
(2) BOURGUINAT (H.)
Marché des changes et crises des monnaies, op. cité, p.199.

- 66 -
qu'il
ne redresse pas
le déséquilibre,
mais aussi
parce qu'il
remet en cause
la validité de la dévaluation en tant qu'outil politique (1)".
S'i l
est
vrai
que
la déval uati on
peut
permettre
une
augmentati on
des
recettes
nationales,
elle
ne
garantit
en
rien
l'augmentation
des
prix
agricoles.
L'énormité
des
déficits
publics
invitera
les
autorités
à
plus
de
prudence.
En outre, l e bi en-fondé de cette rœsure doit être
cl ai rement
démontré
pour
déceler
ses
possibilités
à rétablir
l'équilibre souhaité.
Dans certains
cas,
les
critères
généraux
d'une
dévaluation
ne
suffisent
pas
à
justifier
sa mise en oeuvre.
Si
le pays conn ait un déséquilibre de sa balance des paie-
ments
à
la suite d'une détérioration de ses termes de l'échange et que cela
provient
d'une
surproduction
mondiale,
la dévaluation
n'aura d'autres
effets
,
que d'aggraver la présente situation. De même que si les problèmes d'équilibre
de la balance des pai ements sont dus à des causes externes comme par exemple
l'augmentation du
prix du
pétrole,
la dévaluation risque d'aggraver la perte
des revenus réels par la détérioration des termes de l'échange (2).
On peut enfi n noter que le déséqui libre de la balance des pai ements
et
la
surévaluation
du
taux
de
change
sont
souvent
le fait
de
politiques
économiques
inappropriées
et
inopportunes.
C'est
d'ailleurs
pour
cela
que
la
dévaluation
doit
être
un
simple complément d'une
politique
monétaire et
fiscale
consciente.
Sans
ce
soutien,
les
résultats auxquels on s'attendrait,
n'aurai ent
aucun
effet
positif
par
rapport
à
ce
qui
a nécessité sa mi se en
oeuvre Cl est-à-di re di storsi ons internes et externes,
bai sse de la compétiti-
vité extérieure et hausse des prix intérieurs (cf. Schéma n08).
(1) IASHASH181
(K.)
lILa
dévaluation
dans
les
pays
en
développement
:
des
choix
difficiles",
op. cité, p.16.
(2) Cf.
KALDOR
(fil.)
lIDévaluation
et
ajustement
dans
les
pays
en
développement",
Finances
et
Développement, Juin 1983, p.37.

- 67 -
SCHEMA N°g
Incertitudes liées à llutilisation de la dévaluation
Appréciation des
Augmentation addi-
coûts des
- tionnelle des coûts
!
-
biens importés
de production ini-
tiaux
\\ Ralentissement de
la demande des
Dévaluation
1\\
bien s i nte rmédiaires
Baisse' du prix
..
des biens exportés
-
""tt"V
8,i", d"
d'exportation et
augmentation du
défici t
"
Baisse de
Apparition de
Baisse de l'offre
Diminution du
..-
l'activité
distorsions
"-
globale des biens -- potentiel
r-
économique
économiques
et services
capitalistique
n
Hausse des
...
...
prix
intérieurs
Source
Construction personnelle.
Interessons - nous
à
présent
aux
possibilités
de
la
politique de
gestion du taux de change courant dans la lutte contre l'hyperinflation.

- 68 -
C) Efficacité de
la
politique de gestioo du
taux
de change courant
dans
la lutte contre 11 hyperinf1ation dans les pays en dévelop-
pement
Nous
montrerons
d'abord
les
aspects
positifs
de
cette
technique
de
stabilisation
du
taux change
dans
la
lutte
contre
l'hyperinflation.
Nous
mettrons ensuite l'accent sur les éventuelles incertitudes liées à son applica-
tion.
1) Aspects positifs de la gestion du taux de change courant
dans la lutte contre l 'hyperinflation
1
En
distinguant
le
taux
de
change
selon
le
type
d'opérations,
on
procède ainsi
à un contrôle plus souple des flux réels et monétaires puisque
la
balance des
paiements
a elle-même
un
caractère dynamique.
Ainsi
"par les
incidences
sur
les prix comparés,
les taux de change multiples peuvent avoir
éga l ement
une
i nfl uence
importante
sur
le
ni veau
général
des pri x (1)".
Ces
mesures
sont
de
loin
préférables
aux
restrictions
quantitatives
destinées
à
limiter
les
sorties
de
devises.
Contre
l'hyperinflation,
leur efficacité
est
grande
pui sque ces
taux
permettent
d'enrayer
l es
di storsi ons
aussi
bi en
au
niveau
des
exportations qu'à celui
des
importations.
Cette technique est
également
susceptible de
réduire
les
dangers
de
la corruption et du favori-
tisme
sur
le
plan
administratif
et
de
supprimer les possibilités de profits
exceptionnels
(2).
Rattachées
au
système
de
change
flottant,
ces
mesures
donnent
des
garanties
pour
dégager,
même
dans
les
périodes
difficiles,
des
réserves de change et permettre de lutter contre les tensions inflationnistes.
Les
changes flottants
contri buent
surtout pour leur part à un "amorti ssement
automatique
partiel
contre les chocs associés à la demande de biens d'expor-
tation
(3)".
Sous leur aspect le plus large, ils annulent tout effet déséquF
librant de la balance des paiements.
Pour M.
FRIEDMAN,
il
ne peut plus avoir
de
pénurie
ou
d'excédent.
Et même
si
les prix connaissent des fluctuations,
ils ne peuvent pas entraîner de pénurie ou d'excédent susceptibles de provoquer
une crise des échanges extérieurs (4).
(l) SCHLESINGER
(E.R.)
: les taux de change multiples et le développement économique, BIRO, Paris
1963, p.29.
(2) Cf. IBID, p.89.
(3) KINDlEBERGER (CH.P.), lINDERT (P.H.) : Economie internationale, op. cité, p.447.
(4) Cf. FRIEDMAN (M.) ~ Inflation et systèmes monétaires, op. cité, p.342.

- 69 -
Ces
effets
peuvent
au total
contribuer
à éliminer
les distorsions
dans la structure des exportations et des importations et permettre de lutter
efficacement
contre
l'hyperinflation.
Et
cependant
il
existe quand même
des
points d'incertitude.
C'est ce que nous verrons maintenant.
2) Incertitudes
liées
à
la
gestion
du
taux
de
change
courant
C'est
vrai
qu'en
fai sant
la
séparati on taux
de change
à
l'expor-
tation
et
taux
de
change
à
l'importation,
on
peut
arriver
à endiguer
les
multi pl es
perturbati ons
externes
qui
dégradent
le
ni veau
de
la
balance des
pai ements.
On est cependant convi é à reconnaître que sous
l a forte i nfl uence
des
distorsions
internes
et
externes,
les
taux
rigides
préconisés
dans
le
cas des exportati ons peuvent entraîner une suréva l uati on de la monnai e nati 0-
nale.
Ce
qui
peut
provoquer
un
déséquilibre
des
paiements
extérieurs.
En
ce qui
concerne les taux flexibles
pratiqués sur les importations, des mouve-
ments
spécul atifs
peuvent
naître
et
sui vant
le cours de la devi se domi nante
qui
sert de référence, des stocks peuvent se constituer. Cela crée des distor-
sions dans les prix internes et risque d'intensifier les pressions inflation-
nistes.
Le
système des
taux
de change multiples peut également, affecter les
revenus du pays.
Comme on peut l'imaginer, les revenus fiscaux risquent d'être
faussés.
En
se
superposant en
effet
à
un
système fi sca l
préexi stant,
cette
technique
risque
de
perturber
cette
dernière
structure.
Dans
ce
régime où
les
biens
indirects de production se maintiennent à un niveau élevé,
l'inci-
tation
à
investir
se
trouvera
freinée.
Ce
qui
n'est
pas
souhaitable
dans
une telle période où seules des actions de ce type devraient être encouragées.
Nous
noterons
enfin
que
les
taux de change multiples
ne
peuvent donner des
résultats
satisfaisants
que
lorsque
l'économie
a
une
certaine
réserve d'or
et de devises
et
qu'il
y
a une
stabilité
relative,
or ce n'est pas le cas
de la plupart des pays en développement (1).
Intéressons~nous à présent au contrôle des changes.
(1) Cf.
SCHlESUGER
(EoR.)
Les
taux
de
change
multiples
et
le
développement
économique,
op.
cité, p.89.

- 70 -
D) Efficacité du contrôle des changes dans la lutte contre l'hyper-
inflation dans les pays en développement
Nous
verrons dans un premier temps les aspects positifs de cette
technique dans la lutte contre l'hyperinflation. Dans un
second temps, nous
mettrons l'accent sur les incertitudes liées à sa mise en oeuvre.
1) Aspects positifs du contrôle des changes dans la lutte
contre 1'hyperinflation
Dans
une
période
hyperinflationniste
au
cours
de
laquelle il
y
a une forte fluctuation des changes et des mouvements de capitaux, le contrôle
des
changes
peut
également~ s'imposer.
Cette
politique
permet
de défendre
les secteurs-clé de l'économie. Elle donne en effet la possibilité aux nations
en développement dont les produits sont peu compétitifs de disposer de réserves
nécessaires et de maintenir un minimum d'activités industrielles. D.C. LAMBERT
indique
que
ces
contrôles
sont
essentiels
"pour
amortir
les fluctuations
du
commerce
extérieur,
protéger
certaines
activités
nationales
contre
la
concurrence étrangère et d'éviter que
la fuite
de
la monnaie
ne
provoque
une
accentuation
des
pressions
inflationnistes
internes
(1)".
Ces mesures
contribuent
au
rétablissement
de
la
balance
des
comptes
extérieurs d'une
économi e. En effet
des mesures restri cti ves, dans 1e cadre toujou.rs de cette
politique,
peuvent
être
appliquées
sur
certaines
importations
jugées
non
indispensables
à
l'économie.
La
procédure
peut être
parfois différente
et
effi cace. Lorsqu'on a un taux de change surévalué et des ressources en devi ses
très
insuffisantes
et
que
la demande
d'importation
doit
être
limitée,
le
recours
au contrôle des changes
permet
d'utiliser ces
ressources
dans les
conditions les plus compatibles avec les plans de développement. Ce traitement
frei ne de ce fait 1es mouvements de capitaux et permet de contrôler 1es effets
spéculatifs pouvant entraver l'équilibre monétaire. Son rôle est indispensable
pour
l' économi e surtout
quand il
ob 1i ge à céder 1es devi ses obtenues et à
justifier de l'emploi des devises demandées.
Pour ce qui
est du double marché des changes, c'est une formul e
qui,
en
l'état
actuel
des
économies
en
développement,
semble
adaptée
(1) LAMBERT
(D.C.)
:
Les
inflations
sud-américaines.
Inflation de sous-développement et inflation
de croissance. op. cité, p.132.

- 71 -
puisqu'il
comporte
plus
d'un
avantage.
Par
exemple,
lorsque
1a monnai e du marché 1i bre se dépréci e, on peut penser dans un premi er temps
que
certains
types
d'opérations
comme
les
investissements
directs
seront
favorisés,
et
inversement,
en
cas
d'appréciation.
Son
impact
favorable
se
perçoi t surtout du côté des
réserves de change et des mouvements de capitaux.
En
obligeant
les
résidents
désireux
d'exporter
leurs
fonds
à
l'étranger à
passer par le marché libre où ils trouveraient leur propre contrepartie risque
de 1es confronter à une hausse du cours des devi ses étral1gères. On peut de
ce
fait
parvenir
à
sauvegarder des réserves officielles.
Ainsi
lorsque
les
taux d'intérêt seraient plus élevés à l'extérieur que sur le marché monétaire
national, les sorties de capitaux se trouveraient freinées. Car comme l'explique
H.
BOURGUINAT "la décote de la monnaie nationale viendrait annuler le diffé-
rentiel
d'intérêt.
Cette
~ossibilité de
neutraliser
les différences
entre
les taux d'intérêt nationaux et les taux étrangers (ou ceux des euro-marchés) au-
rait
le grand avantage de permettre une politique monétaire plus autonome et
de
protéger
l'économie
nationale
des mouvements d'entrées ou de sorties de
fonds
trop
brusques
(1).
Avec
ce système,
on doit arri ver à mettre fi n à
1a spécu1 ati on
sur
1es capi taux en
attri buant
au cours du marché 1i bre un
rôle de régulateur. La quasi fixité du cours sur le marché officiel donnerait
quant
à
lui
aux
opérateurs
du
secteur
commercial
ou
financier
l'assurance
de stabilité pour mener à bien leurs contrats.
En
facilitant
un
meilleur
suivi
des
mouvements
de
capitaux,
le
contrôle
des
changes

la hausse ou à la baisse)
permet d'annihiler tous
les
éventuels
effets
spéculatifs
susceptibles
de
provoquer
une
hausse
des
prix intérieurs et d'animer l'inflation (cf. Schéma n09).
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - . - - - - - - - - - - - - - - - - -
(1) BOURGUINAT (H.)
Marché des changes et crises des monnaies, op. cité, p.83.

- 72 -
SCHEIVlA W9
Aspects positifs du contrôle des changes dans la lutte
contre llhyperinflation
Renforcement
Meilleur SU1Vl
Frein à la
..
Contrôle
- du contrôle
des mouvements
des changes
monétaire
de capitaux
- spéculation
-
..
-
"
Accroissement de
Baisse de
Reprise de
t-
Augmentation de
l'activité écono- r-
la productivité
- l'aide et de la
.......
protection
-
--
la fuite des
des
mi que
capitaux
activités nat i onales
,.
Baisse
de l'inflation
Source
Construction personnelle.
Malgré ces différents aspects positifs qui montrent bien la nécessité
d1une
politique
de
contrôle
des
changes,
il
y a malheureusement quelques
points d1incertitude
qui
rendent
parfois difficiles
la mise
en oeuvre de
ces
différentes
mesures
pour
lutter contre
llhyperinflation
dans
les
pays
en développement.
Voyons donc ces éléments en détail.

- 73 -
2) Incertitudes
liées
à
l'instauration
du
contrôle
des
changes
Du
fait
de
la
forte
réglementation
que
cette
politique
suppose,
le contrôle des changes constitue à terme un obstacle à la croissance d'une
économie. Pour J. MARSHALL "les contrôles des changes font douter de la stabi-
lité de la monnaie et du bien-fondé des politiques financières du pays. Cela
tend à décourager l es apports de capitaux extéri eurs qui
peuvent être néces-
saires
pour
financer
un
taux
d'investissement
plus
élevé
(1)".
D'ailleurs
il est difficile d'évaluer avec précision la mesure dans laquelle le contrôle
des changes est effi cace en tant que premi ère
ligne de défense du taux de
change.
Ce
système
nécessite
de
plus
un
important dispositif administratif
que
ce soit au niveau de
f'administration
elle-même qu'à celui
des banques
et des entrepri ses.
Quand une économi en' y est pas as sez pourvue, cela peut
conduire parfois à des
importations de main-d'oeuvre étrangère (cas des pays
sous-développés).
Ce
qui
se
révèle
parfois
comme
un
élément
perturbateur
de premi ère grandeur pour le commerce extéri eur du pays et pour de nombreuses
entrepri ses de producti on qui
trava-j 11 ent
pour
le commerce extéri eur ou qui
en dépendent.
L'un des reproches
faits à ces contrôles est qu'il est incompatible
avec la conception libérale de l'économie. Ce que les entreprises
et certains
agents
économiques
souhaitent,
ce n'est
pas
le contrôle mais
la liberté de
couvrir
les
opérations
de
commerce
extérieur
et ceci
parce qu'ils ont foi
en
la supéri ori té de l' économi e de marché laque 11 e selon les réfl exi ons de
Guy GELLEE "rend en
parti cul i er nécessai re que le jeu du marché des changes
ne soit pas faussé par la spécul ati on et à plus forte rai son par une régl e-
mentation qui
l'organise en obligeant les entreprises à prendre des risques
de change (2)". Et l'auteur de conti nuer pour préci ser que "1 a régl ementati on
n'est
pas
aussi
effi cace
qu'on
le
souhaiterait car l a seul e arme déci si ve
contre
une
spéculation,
jusitifée
par
une
inadaptation
du
taux
de change,
est une politique économique et monétaire conçue en fonction de l'équilibre
extérieur (3)".
(1) MARSHALL (J.) : Contrôle des changes et développement économique, BIRD, Paris 1963, p.9.
(2) GELLEE (G.)
:
"Réformer
le contrôle des changes
?
Le point de vue des entreprises", Banque,
n0461, Mai 1986, p.434.
------
(3) Ibid, p.434.

- 74 -
Pour
contourner
la
réglementation,
certains
agents
importateurs
peuvent
établir
des
faux
contrats commerciaux ou parfois même des contrats
commerciaux artificiellement gonflés dans
le seul
but de disposer des fonds
éventuellement
utilisables
pour
la
spéculation.
Dans
le
sens
inverse,
les
exportateurs
peuvent
minorer
les
valeurs
des opérations.
Certaines sociétés
(agences
de
voyage,
club
de
vacances,
entreprises
d'import-export)
qui
ont
de
grandes
possibilités
de
compensation
entre
les
entrées
et
les
sorties
de devi ses trouveront des moyens
pour échapper au di sposit if admi ni strat if.
De même, dans le souci d'aider leur clientèle, des banques, sans entrer dans
l'illégalité, peuvent assouplir les procédures pour des clients importants (1).
Au
regard
de
toutes
ces
réserves,
nous
pouvons di re que
la régl ementat ion
fait
naître des comportements.
Elle stimule en effet l'imagination des frau-
deurs,
des spéculateurs et"de ce point de vue le rôle du double marché des
changes
est
tentant.
Car
les
spéculateurs
peuvent
négocier
sur
le
marché
officiel des devises obtenues à partir des opérations commerciales ou inverse-
ment selon le sens des écarts.
Le contrôle des chçmges a donc au total des effets nocifs certains
dans
la
mesure

il
tend
à
alourdir
les coûts d'exploitation des unités
productrices
nationales
et
à
réduire
la
compétitivité
extérieure.
Ce fait
joint
à
l'importance
des
subventions
accordées
à
certaines
entreprises
ou
secteur d'exportation
se traduit à terme par des coûts importants susceptibles
de perturber l'équilibre budgétaire des nations en développement et de porter
atteinte à la stabilisation du taux de change (cf. Schéma n010).
(1) Cf. BOURGUINAT (H.)
Marché des changes et crises des monnaies. op. cité, p.79.

- 75 -
SCHEMA W10
Incertitudes liées à
l'instauration
du contrôle des changes
Contrôle des
Doute en la stabilité
Décourage les
changes
-
de la monnaie
-
apports de capitaux
-
-
----....-------
"
.
-----
Baisse du taux
----
d'investissement
........ ::\\
1
'\\
Tendance à la
Favorise
Perturbation
'\\
surévaluation du
-
la spéculation
.-
de l'activité
-
~
~
taux de change
économique
Coût du contrôle
Difficultés admi-
nistratives
"
Hausse des prix
intérieurs
Source
Construction personnelle.
*
*
*
Se contenter uni quement de ces développements théori ques pour juger
de l'aptitude des
politiques préconisées à lutter efficacement contre l'hyper-
i nfl ati on
dans
1es
pays
en
développement
serai t
i nsuffi sant
et
erroné.
Il
nous
appartient de vérifi er économétri quement
1es pri nci pes de réformes moné-
tai res
proposée; et
exposer
quelques
expéri ences
de réformes monétai res
(même
si
ce
nlest
forcément
ce
que
nous
avons
étudié)
pour
apporter
un
peu
plus
de poids aux différentes analyses.
Clest
ce
que
nous
tenterons
de faire
dans
le
second chapitre de
cette partie.

- 76 -
CHA PIT R E
II
LES
R E FOR MES
MON E TAI RES
o 1 0 R 0 R E
CON J 0 N C T URE L
PRO P 0 S E E S
POU R
LUT TER
CON T REL 1 H Y P E R 1 NFLA T ION
0 ANS
LES
P A Y S
END EVE L 0 P P E MEN T
A N A LYS E
E MP 1 R 1 QUE
,
Tout au
long de nos précédents développements, nous avions insisté
sur les conséquences de llhyperinflation qui participent également au ralentis-
sement
des
économies
des
pays
en
développement.
Nous
avions,
à
partir des
principes
de
réformes
monétaires
proposées,
préconisé
quelques
voies
qui
semblent
utilisables
pour
lutter
contre ce fléau.
Le scepticisme,
le doute
scientifique qui est de règle dans toute méthode expérimentale doit particuliè-
rement
s'exercer
dans
une
étude
du genre de ce 11 e que nous menons.
1l
ne
Si agi t
pas de confi rmer coûte que coûte les développements théori ques précé-
dents. Il faut plutôt chercher à les soumettre à l'épreuve des faits.
Nous
serons
amenés dans un premi er temps à fai re un essai de véri-
fication empirique des réformes monétaires proposées dans l'ordre conjoncturel.
Dans un deuxième temps, nous ferons un essai -d'évaluation des expériences de
réformes monétaires opérées par le Fonds Monétaire International (FMI) au Mexique
et au Pérou.
SECTION 1
ESSAI
DIEVALUATION
EMPIRIQUE
DE li IMPACT DES REFORMES MONETAIRES
DIORDRE CONJONCTUREL PROPOSEES POUR LUTTER CONTRE LI HYPERINFLATION
DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Il
est
vrai
que
les
nombreuses
observations
théoriques
tendent
à "rendre responsables"
les taux d'intérêt,
le taux de change et la politique
monétai re parfoi s l axi ste des
perturbat ions économi ques et aussi de 11 hyper-
inflation
dans
les
pays
en
développement.
Notre
but
ici
est de
la mettre

- 77 -
en évidence de façon concrète. Au travers de nos modèles,
il
nous appartient
de
mettre
en
exergue
les
relations
qui
existeraient
entre
ces différentes
variables et chercher donc àen tirer de plus nettes conclusions. Si cet objectif
est
atteint,
il
s'agira ensuite de voir
si
une
action
sur ces différentes
variables est nécessaire pour assainir l'économie.
Essayons donc de présenter les tests et les résultats des estimations
sur les principes de réformes monétaires proposées puis de les apprécier.
PARAGRAPHE 1
PRESENTATION DES TESTS ET DES· RESULTATS EMPIRIQUES. DES· REFORMES
MONETAIRES
D'ORDRE
CONJONCTUREL
PROPOSEES
DANS
LES
PAYS
EN
,
DEVELOPPEMENT
Nous
avons
tenu
à
faire
une
application
emplrlque
sur
certains
pays
de
l'Amérique
Latine.
Nous
avons,
parmi
les
nombreux
pays,
choisi
le
BRESIL,
le
MEXIQUE,
le
PEROU.
En
effet,
lorsqu'on
jette un regard
sur ce
qui
constitue
l'hyperinflation dans
les
pays en
développement,
on
pense sur
le champ aux pays au sud du conti nent améri cai n.
Parmi ces
pays, nous avons
choisi
ceux
qui
se
distinguent
plus
particulièrement
par
l'ampleur
de
la
hausse permanente et généralisée des prix. Ce phénomène n'est désormais étranger
à
personne mais
capte
rapidement l'attention à cause des conséquences qu'il
entraine.
Malheureusement,
par
manque
de
données
statistiques,
nous
avons
écarté
l'ARGENTINE
de
cette
expérience statistique.
Pour des
pays comme
la
BOLIVIE
et
la
COLOMBIE
dont
le niveau d'inflation est impressionnant,
leur
mise à l'écart est due au simple fait que nous voulions maintenir une certaine
homogénéité entre les pays à étudier.
Nous
avons retenu comme péri ode d'étude,
l a péri ode allant de 1970
à 1984 car,
à notre
avis,
c'est bien dans cet
intervalle de temps que les
principales
phases de hausse des
prix à la consommation se sont manifestées
dans
ces
pays.
Le
choi x du
début de
l a péri ode d'étude corrobore bi en
la
situation
des
pays
peu
avant
le
premier
choc
pétrolier qui
a entrai né un
effritement de la croissance des nations aussi bien développées qu'en dévelop-
pement.
Nous
auri ons
peut-être,
sans
le manque de certai nes données stati s-
tiques, commencé l'étude quelques années avant. Quant à la fin de la période,
c'est-à-dire 1984, c'est tout simplement parce qu'il
nous a manqué de données
statistiques pour
les années 1985 et 1986.

- 78 -
Ceci étant, présentons dans un premi er temps l a structure des équa-
tions de régression et dans un deuxième temps nos résultats économétriques.
A) Forme
des -relations
testées
à
partir des
réformes monétaires
d'ordre conjoncturel proposées dans les pays en développement
Il
s'agit
de
savoir
s'il
existe
réellement
une dépendance
entre
les
variables
(monétaires ou réelles) choisies du BRESIL, du MEXIQUE et du
PEROU d'une part avec l a masse monétai re et d'autre part avec la
vari ati on
des
prix
à
la consommation.
La
plupart
des
variables sont prises en taux
de variation et sont en données annuelles (entre 1970 et 1984, donc 15 obser-
vations).
Pour
la masse
m9nétaire,
nous
avons choisi
le M2 qui
représente
la
monnaie
plus
la quasi-monnaie
(monnaie
fiduciaire,
monnaie
scripturale,
les
avoirs
liquides
qui
doivent
être transformés
pour
devenir
des
moyens
de
paiement
ayant
pouvoir
libératoire).
Le M2
représente environ
les deux
tiers de l'ensemble des actifs émis par les intermédiaires financiers détenus
par le public. D'ailleurs comme le disent les auteurs néo-libéraux, la princi-
pale forme de placement dans les pays en développement est monétaire et quasi-
monétaire (cf. Tableau n05) (l).
TABLEAU W5
Proportion de la masse monétaire au sens du M2 dans le total des actifs
financiers de quelques pays de l'Amérique Latine de 1971 à 1984 (en %)
~ 1971 1975 1978 1980 1981 1982 1983 1984
Pays
Argentine
97,05
97,38
86,18
87,49
86,19
97,29
97,33
98,46
Brésil
88,32
65,39
57,20
53,26
45,74
40,65
34,69
35,80
Mexique
51,73
55,60
93,16
90,99
92,03
93,25
91 ,22
91,89
Pérou
76,87
75,38
75,12
80,73
78,83
73,99
73,51
72,39
Vénézuela
90,60
87,43
83,37
73,54
69, 18 67,80
67,26
68,80
Source
Tableau construit par nous à partir des Statistiques financières Inter-
nationales (données brutes) FMI - Washington D.C. - 1982-1985-1986.
(1) Cf.
cette
remarque
est
de
R.II.
GOlDSIUTH
Facteurs déterminants de
la structure financière,
OCDE, Paris 1966, 68 p.

- 79 -
A la lecture de ce tableau,
on
peut constater que
la monnaie et
l a quasi -monnai e représentent

l a réserve
près
pour le BRESI L) en moyenne
plus de
70% des actifs financiers.
Pour ce qui
est des taux d'intérêt, nous
aurions,
en
rapport
avec
nos
développements
théoriques,
utilisé
les
taux
d'intérêt servis sur les dépôts. Faute de les avoir, nous nous sommes contentés
du
taux
d'escompte
de
la
banque
centrale
qui
a llavantage d1être
un taux
di recteur auquel
se réfèrent en
pr"j nci pe tous
l es taux.
Pour ce qui
est du
MEXIQUE,
nous
avons
été obligés,
faute
de données complètes
sur
la
période
d.'étude, d'utiliser le taux de marché monétaire à partir de 1978. Nous effec-
tuerons des régressions multiples par la méthode des moindres carrés ordinaires
(M.C.O.) .
Présentons à prés~nt nos différentes équations :
- Dans une première équation, nous vérifierons la relation
qui
existerait entre
la masse monétaire
(MM),
variable expliquée et le taux
de change (TE), le taux dlintérêt (TI) et les salaires (S), variables explica-
t ives, soit :
( l )
- Dans
une
seconde
équation,
nous
mettrons en
relief la
liaison qulil
y aurait entre
le taux d1inflation
(T),
variable expliquée et
le taux de change (TE),
le taux d1intérêt (TI) et les salaires (S), variables
explicatives, soit
( 2)
- Enfin dans une troisième équation, nous montrerons la re-
lation entre le taux d'inflation (T), variable expliquée et la valeur estimée
A
de
la masse monétaire c1est-à-dire MM et des
résidus de
la masse monétaire
(Rés MM) obtenus dans la première équation, variables explicatives, soit:
A
T = C1MM + C Rés MM +
( 3)
2
Présentons maintenant les résultats obtenus.

- 80 -
B} Présentation
des
résultats
emplrlques
des
réformes
monétaires
d10rdre conjoncturel proposées dans les pays en développement
Les
résultats
obtenus
sont
regroupés
dans
les tableaux
rPst"', 7 et
8.
On
notera
que
les
régressions
ont
été,
pour
la
plupart,
l'objet d'une
correction.
En effet,
quand il
est question d'une faible ou d'une trop forte
valeur
du
Durbin-Watson,
c'est
qu'il
y
a
une
autocorrélation
des
erreurs.
La correction se fait avec la méthode de COCHRANE-ORCUTT. Lorsqu'il est remarqué
une forte
corrélation
entre
les
variables
explicatives,
nous éliminons cette
multicolinéarité
par
la méthode
de
purge
(1).
Cette multicolinéarité suppose
qu'entre
deux
variables
explicatives
l'une
est
exogène
et
l'autre
endogène.
1-1 faut alors tester l'une par rapport à l'autre et faire entrer les résidus
de
la
variable
considérée l comme
expliquée
dans
l'équation
initiale.
Cette
méthode nous a conduit au niveau de nos deux premières équations à distinguer
d'abord des résultats avec les résidus (en italiques)
des variables effective-
ment
choisies
pour tenir
compte de
la correction
de
la
multicolinéarité et
ensuite à présenter les résultats définitifs après un calcul
algébrique (voir
Annexe
n°l).
C'est
d'ailleurs
pour
cela
que
les
taux
d'intérêt
ne
gardent
plus
les
mêmes
coefficients
et
que
nous
trouvons
tout
à fait
justifié de
ne
pas
leur
attri buer le précédent t
de Student.
C'est encore pour cela que
nous avons maintenant cinq équations au lieu de trois. Wempêche que l'appré-
ci ati on
de
nos
résultats
portera
sur
l es
résultats
défi ni ti fs
Cl est-à-di re
Œ
sur
les
résultats
des
équations n
2,
4
et
5.
Le
seuil
de
significabilité
est de 5%.
Essayons,
suite
à
ces
précisions,
de
faire
une
appréciation
des
résultats obtenus.
(1) L'utilisation de ces différentes méthodes est expliquée dans le cours de J.P. AZAM aux étudiants
de
DEA
Monnaie et Budget et de DEA Economie de Développement
International de
l'Université
de Clermont I, polycope Econométrie, 1985, pp.50-54.

TABLEAU N°6
Résultats des régressions : BRESIL
Nombre
2
Equations
R
F
DW
d'observations
*
MM = 0,036 Rés TE + 0,786 TI + 0,577 Rés S + 25,1'16
(1)
0~96
104! 182
1!906
(3, 875) ~
(16, 662)~
(3, 883) ~
15
*
MM
= O!036 TE
- 0!215 TI + o!577 S + 34!57
(2)
0!96
104!JB2
1!906
(3!875)~
(3 1 883 )~
..
*
T
= - 0,002 Rés TE + 1,479 TI
+ 1,824 Rés S
+ 22,650
(3)
0!96
lOB! 428
1!8R5
(-0,254)
(17, 106) ~
(7,?16)~
15
(Xl
*
T = - 0!002 TE
- O! 108 TI + 1!824 S + 1O!174
(4)
0!96
10 8! 428
1!885
(-O!254)
(7 !716)~
"-
*
T = 0!661 MM - 0!601 Rés MM + 6!069
(5)
0 80
2 5! 167
1! 859
1
15
(6!466)~
(-2!821)~
N.B.:
- Les valeurs entre parenthèses sont les IIt U de Student calculés.
- ~
significatif à 5 %.

TABLEAU N°7
Résultats des régressions : MEXIQUE
Nombre
2
Equations
R
F
DW
d'observations
*
MM
= 0,322 Rés TE
+
1,0?0 TI
- 0,0?9 Rés S + 12,841
( 1)
0,60
5,572
1,910
(2,569)~
~
(-0,237)
15
(3,333)
*
MM
= 0,322 TE + 0,269 TI
- 0,079 S
+
14,814
(2)
0,60
5,572
1,910
..
(2,569)~
(-0,237)
*
T
= - 0,105 Rés TE + 1,311 TI + 1,465 Rés S + 3,033
(3)
0,96
101,522
1,811
(-1,985)
(13, 568) ~
(9,?0?)~
co
N
15
*
T = - 0,105 TE - 0,082 TI + 1,465 S + 1,825
(4)
0,96
101,522
1,811
(-1,985)
(9,707)~
"
*
T = 2,220 MM + 0,002 Rés MM - 19,384
(5)
0,77
24,054
2,734
15
(6,489)~
(0,006)
,
N.B.:
- Les valeurs entre parenthèses ·sont les "t" de Student calculés.
- ~
significatif à 5 %

TABLEAU N°8
Résultats des régressions : PERDU
Nombre
Equations
R2
F
DW
d1observations
*
MM
= 0,001 TE
+
1,579 TI
+
0,996 Rés S
+
9,532
( 1)
0,82
17,935
1,953
(0,123)
(4,365)~
U,534)
15
*
MM
= 0,001 TE
- 0,304 Tl + 0,996 S + 22,19
(2 )
0,82
17,935
1,953
..
(0,123)
(1,534)
*
T
= 0,012 TE
+
1,565 TI
+
0,336 Rés S
+
9,124
(3)
0,80
14,637
2,031
l
l
(3,497 )
(5,711)
U, BOl)
15
co
T
*
w
= 0,012 TE + 0,930 Tl
+ 0,336 S + 13,182
(4)
0,80
14,687
2,031
(3,497) l
( 1,801)
A
*
T = 0,964 MM
- 0,009 Rés MM + 0,430
(5)
0,81
25,646
1,953
15
{6,788)l
(-0,063)
N. B. :
- Les valeurs entre parenthèses sont les IIt ll de Student calculés
- ~ significatif à 5 %

!
- 84 -
1
PARAGRAPHE II
APPRECIATION
DES RESULTATS EMPIRIQUES
DES REFORMES MONETAIRES
1
D'ORDRE CONJONCTUREL PROPOSEES DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
!
D'abord pour ce qui est du Brésil, nous notons que le taux de change,
r
le
taux
d'intérêt
et
les
salaires
expliquent assez
bien
l'évolution de la
!
masse
monétaire.
Ces
variables
expliquent
la
masse monétaire à 96% ce qui
est également bien confirmé par le F de Fisher. Contrairement au taux d'intérêt
1
~
qui
semble
avoir
une
corrélation
négative
avec
la
variable
expliquée,
les
t
salaires et
le taux de change donnent une bonne indication sur la formation
1
t
du phénomène et ont même des
lit Il
de Student significatifs. Plus précisément
!
1
~
quand les salaires
augmen~nt de 1%,
la masse monétaire augmente de 0,577%.
r
De
même
que
lorsque
le
taux de change
augmente de 1%,
la masse monétaire
augmente
de 0,036%.
Dans
le cas des taux d'intérêt,
c'est
l'inverse.
Quand
1
les
taux
d'intérêt
augmentent
de
1%,
la masse
monétaire,
elle,
baisse
de
0,215%. Dans le cas de l'inflation, nous remarquons également que dans l'évolu-
tion générale du
phénomène,
les trois variables à savoir le taux de change,
1
1
le
taux
d'intérêt
et
les salaires y ont une bonne contribution,
96%.
Pris
1
t
séparément, le taux de change et le taux d'intérêt ont une corrélation négative
avec le taux d'inflation. Le taux de change a même un très faible coefficient
j
et n'est
pas significatif.
Les
salaires quant
à eux
expliquent parfaitement
l'évolution
du
phénomène
inflationniste
au
Brésil.
Le
coefficient est très
1
J
fort et le t de Student significatif. En effet quand les salaires augmentent
i
de 1%, le taux
1
à inflation augmente de 1,824%. Concernant la dernière équation
1j
sur
le
Brésil,
nous
avons
la confirmation des
précédentes explications.
En
:i
effet, la part estimée de la masse monétaire dans la première équation explique
également
bien
le
phénomène
inflationniste.
Ce
que
nous
redécouvrons c'est
que la part de
la masse monétaire non expliquée
par
le taux de change,
le
taux d'intérêt et les salaires
expl iq'ue
aussi
l'évolution de llinfla-
tion.
Quand cette partie de
la masse monétaire
augmente de 1%,
l'inflation
baisse de 0,601% ce qui est assez intéressant comme résultat. Nous reviendrons
1
sur
ces
différents
résultats
dans nos conclusions finales
; résultats
plus
1
ou moins bien représentés par les graphiques n02 et n03.
f
f
f-
f1,
1
[
1
1
l

,l'
- 85 -
t'taux de change
GRAPHIQUE N°2
Taux de variation de 1a masse monétaire et des sal ai res
1
,1
taux de change, taux d'intérêt
/
, du BRESIL de 1970 à 1984
i
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1
1
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masse monêtai re
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t"taux dl intérêt
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Années
Source; Construit à partir de l'annexe n06
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- 86 -
de change
GRAPHIQUE N°3
Taux d'inflation, taux de change, taux d'intérêt
..
et taux d'accroissement des salaires
.....
raux
,
1
a~BRESIL de 1976 à 1984

1

1
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Source
Construit à partir de 'l'annexe n06.
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- 87 -
Ensuite
avec
le
Mexique,
nous
remarquons
que
la
masse
monétaire
dans
l'ensemble n'est pas fortement corrélée aux trois variables:
le taux
de change, le taux d' intérêt et l es salai res. Le coeffi ci ent de détermi nat ion
2
R
est
de
60%.
D'ailleurs
parmi
les
trois
variables
explicatives,
il
n'y
a que
le taux de change qui
est positivement lié à la masse monétaire et
qui
est
de
plus
significatif.
Quand
le taux de change augmente de 1%,
la
masse monétaire augmente elle de 0,322%. Le taux d'intérêt a certes une liaison
positive
avec
la
masse
monétaire mais n'est
pas significatif.
Les salaires
ont quant à eux
une corrélation négative avec
la masse monétaire .et
ne
sont pas significatifs.
Quant à ce qui concerne l'inflation, nous remarquons
que
la
liai son avec les troi s vari ab l es est très bonne 96%
; de même que
l.e F de FISHER est très bon. Le taux de change et le taux dl intérêt ont une
corrélation négative avec l~ taux d'inflation. Les salaires expliquent parfai-
tement ce phénomène et sont très
si gnifi catifs.
En effet quand l es salai res
augmentent
de
1%,
le taux
d'inflation
augmente
de
1,465%.
Pour ce qui
de
1a part estimée de l a masse monétai re et de ses rés i dus testés avec le taux
d'inflation, la corrélation est mo"ins bonne par rapport à la précédente êqua-
t ion
;
soit 77%.
N'empêche ,que l a masse monétai re a un'e très bonne liai son
avec le taux d'inflation et cela est assez significatif. Quand la masse moné-
taire
augmente
de
1%,
le taux d'inflation augmente quant à lui
de 2,220%.
Cette fois et contrairement au cas brésilien, les résidus de la masse monétaire
n'ont
aucun lien
avec l'évolution de l'inflation
au Mexique.
La plupart de
ces détails seront également développés par la suite, détails plus ou moins
représentés par les graph;ques n04 et n05.

- 88 -
GRAPHIQUE ND4
Taux de variation de la masse monétaire et des salaires, taux de change,
taux d'intérêt du MEXIQUE de 1970 à 1984
"ta~x de change
,,,,
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1
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1
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Source: Construit à partir de, l'annexe n06.
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- 89 -
..,
GRAPHIQUE N°S
Taux d'inflation, taux de change, taux d'intérêt et taux d'accroissement
des salaires du/MEXIQUE de 1970 à 1984
f taux de change
J
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83
g~ Années
Source
Construit à partir de l'qnnexe nOG .
..
..

- 90 -
Enfin avec le PEROU, nous remarquons que les trois variables explica-
tives
déterminent une assez
bonne liaison avec
la masse monétaire,
82%.
De
plus le F de FISHER est assez significatif. Pris séparément, le taux d'intérêt
a une corrélation négative avec
la masse monétaire.
En effet quand le taux
d'intérêt
augmente
de
1%,
la masse monétaire baisse de 0,304%.
Le taux de
change a un coefficient très faible 0,001 et n'est de plus pas significatif.
Les salaires quant à eux expliquent bien la liaison avec la masse monétaire.
Quand
ils
augmentent
de
1%,
la
masse
monétaire
augmente de 0,996%
;
mais
le t de Student n1est pas assez significatif. Ces trois variables explicatives
donnent également une assez bonne explication d'ensemble pour le taux d'infla-
2
tion. Le coefficient de détermination R
est de 80%. La contribution de taux
de change Y est très faible.
Quand il
augmente de 1%,
le taux d'inflation
augmente seulement de 0,012~ ; mais cette contribution est tout de même signi-
ficative.
Le
taux
d'intérêt
explique
le
taux
d'inflation
à 0,930%.
Enfin
quand
les
salaires
eux
augmentent
de
1%,
le
taux
d'inflation
augmente de
0,336%.
La part estimée de la masse monétaire et les résidus de cette masse
monétaire
recueillis
dans
la première équation confirme dans
l'ensemble les
2
précédents résultats.
Le R
est de 81%.
Cette partie de
la masse monétaire
du
PEROU
explique
nettement
l'évolution
de
l'inflation
avec
d'ailleurs
un
t de Student très significatif. En effet quand la part de la masse monétaire
du PEROU exp 1i quée par 1e taux de change, 1etaux d' intérêt et 1es salai res
augmente de 1%, le taux d'inflation augmente lui de 0,964%. La par:t des résidus
comme
dans
le cas du Mexique nia aucune contribution dans
l'explication de
l'inflation.
Tous ces résultats
sont quas"iment apparents dans les graphiques
n06 et nO?

- 91 .-
GRAPHIQUE N°6
change
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. - 9i -
taux de change
Taux d'inflation, taux de change, taux d'intérêt
1
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et taux d1accroissement des salaires
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du PERDU de 1970 à 1984
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- 93 -
Ces
différentes
conclusions
renvoyent
plus
ou
moins
à la théorie
quantitative
de
la
monnaie
(1).
D'après
cette théorie,
le
niveau
des
prix
dans
un
système
économique
est
directement
proportionnel
au
niveau
de
la
masse
monétaire.
Cette
théorie
est
fondée
sur
l'équation
des
échanges
qui
s'écrit MV = PT où M est la quantité de monnaie, V la vitesse de circulation
de la monnaie,
P le niveau des prix et T la valeur de
la production réelle.
Nous
consi dérons
dans
ce
cas
prec, s
que
le
ni veau
des
pri x qui
détermi ne
l'inflation
dépend
du
taux
d'intérêt,
du
taux
de
change
et
des
salaires.
Ces
trois
variables
sont
considérées
ici
comme
étant
l'essentiel
des
coûts
résultant d'une activité productive. Aussi ont-elles la possibilité d'influencer
directement
le
niveau de la masse monétaire dont
l'évolution dans
la plupart
des pays en développement conduit à l' apparit i on des tensi ons i nfl ati onni stes.
1
Essayons de voir cela en détail avec les pays étudiés.
En ce qui
concerne le Brésil, nous avons noté l a forte contri buti on
des
salaires
dans
l'évolution
de
la
masse
monétaire et du taux d'inflation.
Cela confirme bien ce que de nombreux auteurs ont souligné à savoir l'utilisa-
tion de l'indexation dans ce pays.
Il
est clair,
puisque cela semble se con-
firmer, que les autorités brésiliennes ont eu souvent recours à cette technique
pour compenser la perte du pouvoir d'achat que subissait la population. Comme
coûts
de
production,
l'impact des
salaires
sur
les
prix finals
a été très
fort
ce
qui
montre
bien
cette
liaison
assez
nette
entre
les
salaires
et
l'inflation
dans
le
pays.
C'est
également
pourcelaquele
taux
de change
est
impliqué
dans
l'explication
du
phénomène.
Si
on
considère
que
le
taux
de
change
est
la
conséquence
logique
de
l'importance des
coûts intérieurs,
il
est
aussi
évident qu'il
soit avec les salaires les principaux éléments cause
de l' accroi ssement de l a masse monétai re et de l' i nfl at ion. Les taux d' intérêt
montrent bien par leur corrélation négative avec la masse monétaire et l'infla-
tion
qu'il
faut
davantage
insister sur l'importance de cette variable dansla
conduite
de
la
politique
monétaire.
Le
fait
marquant
dans
cette
étude
sur
le
BRESIL
est
le
résultat
assez
significatif
obtenu
avec
les
résidus de
la
masse monétaire. Ce résultat même s'il est à prendre avec beaucoup de réserves,
montre tout de même que l a part de l a masse monétai re qui
ne déri ve pas des
autorités
monétaires et de l'évolution des salaires n'est pas inflationniste.
En
fait,
comme
implication
directe
dans
l'explication
de
l'inflation
ces
résidus ne la prouvent pas. Mais nous savons tout de même que le fait d'ampli -
(1) çf. FISHER (1.) : The purchasing power of money in GREENlilAlD (0.. )
Dictionnaire économique,
Economica, Paris 1987, p.525.

- 94 -
fier artificiellement
le
niveau de
la masse monétaire et surtout d'échapper
au
contrôle
des
autorités
monétaires
conduit
à terme
à
l'accélération
du
phénomène inflationniste. Il faut en ce qui concerne le BRESIL revoir l'utilisa-
tion
de
l'indexation
qui
anime
à la base le niveau de
la masse monétaire
et qui
participe aussi
activement à l'accroissement des prix à la consomma-
tion.
Ces
niveaux
de
salaires aujourd'hui
très élevés au BRESIL augmentent
bien évidemment les coûts de production lesquels conduisent à une forte appré-
ciation de
la monnaie,
détruisent
la compétitivité extérieure et l'équilibre
des
pai ements extéri eurs.
Le
plan Cruzado
(1)
doit être l a réponse à cette
politique
menée depuis un moment.
Nous
avons remarqué qu'à part les
années
1983 et 1984,
le ni veau des taux d' intérêt a toujours été i nféri eur à celui
de l'inflation. Même si, suite à ces résultats, ils semblent ne pas expliquer
suffi samment
le
ni veau
de" l a masse
monétai re et de
l' i nfl at ion,
il
serai t
utile de préconiser un relèvement plus net de ces taux de manière à encourager
dans un premi er temps
l es dépôts d' encai sses et à frei ner dans un deuxi ème
temps
la demande excessive' de monnaie.
L'on
peut aussi
revoir les contrôles
de change c'est-à-dire s'assurer pour le peu qui soit possible de l'utilisation
réelle des devises par les agents économiques lors des transactions et éviter
aussi les entrées massives de capitaux dont le but est parfois spéculatif.
Dans
le
cas
du
Mexique,
nous
avons

aussi
remarqué une forte
influence
des
salaires
dans
le
développement
de
l'inflation.
Contrairement
au cas brésilien,
le taux de change et
le taux d'intérêt
sont un peu plus
impliqués
dans
l'augmentation
de
la
masse
monétaire.
Nul
doute
que
cette
dépendance
entre
le
taux de change et
l a masse monétai re
provi ent dans un
premier temps de l'augmentation des salaires qui, en participant à l'accroisse-
ment des coûts de production intérieurs, a surévalué le taux de change, dépré-
cié
la monnaie
nationale
le
peso
pour,
dans un deuxième temps,
déclencher
une augmentation de la masse monétaire. Les mesures susceptibles d'être rete-
nues sont en général celles que nous avions préconisées dans le cas du Brésil;
c'est-à-dire
un
meilleur
contrôle
des
salaires
et
une
application
de taux
d'intérêt qui soient positifs en termes réels.
Avec
le Pérou ce sera dans l' ensemb le l es mêmes mesures à adopter
pour
lutter
efficacement
contre
l'hyperinflation
puisque
la
manifestation
des phénomènes semble être la même au Brésil et au Mexique.
(1) Ce plan de réforme monétaire qui comporte la création d'une nouvelle unité monétaire au Brésil -
le Cruzado - et mis en oeuvre depuis le 28 février 1986 sera étudié dans la deuxième partie.

- 95 -
Au
total,
nous
noterons
avec
toutefois
la
plus
grande
prudence
que les
politiques appliquées dans ces trois
pays
se rejoignent
à peu près
sur le plan des conséquences conjoncturelles. Il est vrai que depuis longtemps
11 i ndexat i on a été reconnue comme le fer de lance de l a politique économi que
du Brésil. Même si le degré de motivation a été parfois différent, nous sommes
cependant
persuadés
que
cette mesure a été bi en
sui vi e par
la plupart des
pays
de
ce
continent
sud-américain.
Les
conséquences
sont
qu'aujourd'hui
il
y a une forte croissance de masse monétaire et une augmentation continue
des
prix à la consommation.
Ces divers
problèmes ont
provoqué l'élimination
de
l'effet
persuasif
du
taux
d'intérêt
comme
moyen
de
politique monétaire
et du taux de change comme élément de stabilisation de la monnaie.
Il- importe
qulun
meilleur
contrôle
des
salaires
soit
institué afin dl éviter
la
hausse
des
coûts
de
prtduction
et d'animer
l'inflation.
Comme la lutte
contre l 'inflation et les mesures d'austérité parfois imposées révèlent toujours
les
antagonismes
sociaux,
il
peut
être
utile qu'il
y ait une concertation
entre les différents représentants des classes sociales afin de conscientiser
l'opinion
publique
sur
la
nécessité
à
ne pas avoir directement recours
au
système des lIéche 11 es mobi l es Il •. Les taux dl intérêt doi vent refl éter le caractère
d'une
véritable
courroie
de
transmission
de
la
politique
monétaire.
Tout
en permettant de freiner la variation de la masse monétaire, le taux dlintérêt
doit renforcer le caractère attractif de la monnai e pour permettre de dra-j ner
une plus grande épargne et faciliter
les
investissements productifs.
A tout
cela,
il
convient
notamment
de maîtriser
l'évolution de
la masse monétaire
tout en gardant en vi e l es
secteurs économi ques jugés pri oritai res et ayant
une portée plus générale.
Ces
différentes
concl usi ons ne sont
pas forcément celles
adoptées
par
le Fonds Monétaire International
lors de son
intervention
pour la mise
en oeuvre des mesures de stabilisation économique dans les pays en développe-
ment.
N'~mpêche
que
comme
expériences
de
réformes
économiques
et
donc
en
partie monétaires, son intervention au Mexique et au Pérou mérite une attention
particulière.
Clest
ce
que
nous
exposerons
dans
la deuxième section de ce
chapitre.

- 96 -
SECTION II
ESSAI DI EVALUATION DES EXPERIENCES DE REFORMES MONETAIRES OPEREES
PAR LE FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL (FMI)
La cri se
que
conn ai ssent
la
plupart
des
pays en développement a
accru
llintervention
et
le
rôle
du
Fonds
Monétaire
International
dans
le
processus
d'ajustement
de
l'économie
mondiale.
Il
apparaît
désormais
comme
llacteur
principal
dans
la gestion de
la contrainte extérieure des
pays du
Tiers-Monde.
Toutes
les
voies
conduisant
â
llobtention
de nouveaux crédits
passent
par
la
déf-inition
de politiques d'ajustement
ayant reçu sa caution
ou proposées par lui
(1). Le FMI est, dans ce contexte, .investi d'une double
~
mission. En premier lieu, il est le principal interlocuteur des pays en diffi-
culté. En second lieu, il est le centre dlélaboration de la politique économique
â
court
terme
que
l es
pays en développement doi vent mettre en oeuvre pour
rétablir les grands équilibres économiques (2). Ses recommandations exprimant
une
conception
orthodoxe
de
la
stabilisation
sont
d'inspiration
monétaire
et
parfoi s keynési enne. E11 es mettent général ement 11 accent sur la croi ssance
économi que,
la réduction de 11 i nfl at i on et le retour â 11 équil i bre des pri nci-
pales composantes de la balance des paiements.
Nous
exposerons
tout
dlabord
les
modalités
des
réformes
opérées
au
Mexique
et
au
Pérou
et
ensuite nous
présenterons
les bilans respectifs
de ces deux expériences.
PARAGRAPHE 1
LES MODALITES DES REFORMES MONETAIRES OPEREES PAR LE FMI
Les
hypothèses des économi stes du FMI
se centrent sur la théori e
quantitative
de
la monnaie,
la théorie de
la parité du
pouvoir d'achat et
sur
la
théorie
des
coûts
comparatifs.
Elles
se
résument
plus
précisément
â
un
ajustement
des
parités,
â
la
réduction
(1) Pour une analyse détaillée des méthodolo9ies de l'ajustement, voir GUILLAUMONT (P.) : Croissance
et ajustement: les problèmes de l'Afrique de l'ouest, Economica, Paris 1985, pp.15-17.
(2) Cf.
IKONICOFF
(M.)
:
"Une politique économique alternative pour le Tiers-Monde", Revue Tiers-
Monde, N°109, Janvier-Mars 1987, p.30.

- 97 -
de l'offre de crédit, à la réduction du déficit budgétaire, à la libéralisation
du marché ai ns i
qu 1 à une plus grande ouverture de l' économi e sur l' extéri eur.
Les
différentes
mesures,
habituellement
préconisées,
sont
fondées
sur
trois
principaux postulats (1) :
-
premi er
postul at
: tout déséqui libre extéri eur provi ent
d'un excédent de la demande globale sur l'offre globale. Il est dû à un accrois-
sement
de
l a
masse
des
moyens
de
pai ement
face
à
une
ri gi dité
de
l'offre
des biens et services
- deux i ème postu lat : l a
correct i on de ce déséqui libre né-
cessite une réduction de la demande nominale et une réallocation des facteurs.
Cela
suppose
une
révision
de
la
parité
monétaire
afin .d'équilibrer
l'offre
~
et
l a demande
de devi ses
;
un encadrement de
la créati on monétai re de façon
à
contrôler
la
demande
nominale,
une
réallocation
des
ressources
nationales
afi n d'augmenter
les exportations et/ou approfondi r
le processus de substitu-
tion à l'importation;
- troisième postulat:
la politique d'ajustement nlest pas
inflationniste.
Son
objectif
est
de
parvenir
à
un
équilibre
extérieur
de
plein-emploi
en modifiant
le système des
prix et l'allocation des ressources.
Ces
coûts
ne sont que temporai res et doi vent
permettre de ramener
l' économi e
vers un sentier de croissance à long terme.
Voyons
à
présent
les
modalités
retenues
dans
le
cas
du
Mexique
et du Pérou.
A) les
modalités
des
réformes
monétaires
opérées
par
le FMI
au
Mexique
Le
Mexique
tout
comme la plupart des
grands
pays
latino-américains
a,
pendant
longtemps,
basé
son
économie
sur
le
modèle
d'industrialisation
par
substitution
d'importa~ions. Ce
modèle
a
conduit,
malgré
le
désir
de
doter le pays d'un
régime autonome,
à un déficit croissant du compte courant
de
la
balance
des
paiements.
L'importance
de
la
dette
mexicaine
de
4,842
milliards
de
dollars
avant
la crise de
1973
peut
avoir
son
origine
dans
(1) Cf.
GRELLET (G.) : "Les politiques d'ajustement orthodoxes
un point de vue critique", Revue
Tiers-Monde, N°1D9, Janvier-Mars 1987.

- 98 -
ce
processus
d'accumulation.
Dans
la
deuxième
moitié
des
années
soixante
dix,
le
Mexique
opta
pour
une
stratégie
d'exportation
massive
de
produits
pétroliers
comme
moteur
essentiel
de
la
croissance
économique
puisque
la
crise
pétrolière
de
1973
lui
était
favorable
(1).
Ce changement
d'option
économique
a
malheureusement
entrai né
plusieurs
problèmes
dont
ceux
liés
particulièrement
à
la
"désubstitution
d'importations".
On
peut
noter à cet
effet qu'entre 1970 et 1980,
la participation des
importations dans l'offre
totale est passée de 21
à 31% pour l'ensemble du secteur manufacturier. Elle
a été de 18 à 25% dans le cas des biens intermédiaires. Dans celui des biens
de capitaux, elle est passée de 46,7 à 54,7% et de 7 à 13,2% pour le cas des
bi ens
de
consommat ion.
A part i r de ce moment
l a dette devi nt autonome par
rapport au système productif. On entra ainsi dans une spirale de l'endettement
qui
n'avait
aucun
lien
a~ec les exigences du
processus
d'accumulation
du
capital (2).
En 1982,
la situation financière du Mexique suscitait des craintes
sur son futur économi que.
En effet,
le taux de croi ssance qui, depui s 1978
se situait
autour de 8%,
est tombé à 1%.
La dette extérieure a atteint le
chi ffre record de 80 mi 11 i ards de do 11 ars.
Le do 11 ar qui, au début de cette
même
année,
cotait
25
pesos,
valait
désormais
70
pesos.
Une
partie de
la
population active
(2%)
a perdu
son emploi; la production industrielle a en-
registré un recul de l à 2%. L'inflation était à plus de 50%. Cette situation
a créé
une cri se de
li qui di té
(1 a fuite
des capit aux
a été de l'ordre de
10 milliards de dollars entre janvier et août 1982) qui
a fait qu'à la fin
du
mois d'août
1982,
la banque centrale du Mexique était
pratiquement
sans
réserves.
L' i ntervent i on
du
gouvernement
du
Prés i dent
Lopez
PORT I LLO,
en
nationalisant
les
banques
privées
et en instituant un contrôle de changes,
n'apporta aucun changement (3). Le gouvernement s'est trouvé ob li gé de si gner
au
mois
de
novembre
1982
une
"lettre d'intention"
avec
le Fonds Monétaire
International
(FMI).
Ce
sera d1ailleurs
le dernier acte de ce gouvernement
qui "passera l a mai n" à l a fi n de novembre 1982 au gouvernement du Prés i dent
Miguel
De
La
MADRID.
Les
mesures
retenues
s'articulaient
autour
de
trois
objectifs:
la réduction du déficit public, la diminution du déficit extérieur
et le combat contre l'inflation.
,
(1) Cf.
GUIllEN ROMO
(H.)
"Crise et
austérité
au
Mexique",
Economies
et
Sociétés,
N°8,
Août
1985, p.275.
(2) Cf. Ibid, p.275.
(3) Cf. PISAU (F.)
: "Mexique
Catastrophe" in Le Monde
Bilan Economique et Social, Le Monde,
Janvier 1987, p.98.

- 99 -
Les
objectifs
mentionnés
doivent
être atteints
au moyen de trois
instruments
la
politique
de
dépenses
et
des
revenus
du
secteur
public,
la politique de change et la politique salariale. La première politique s'appuie
sur troi saxes : une po lit i que de pri x et de tarifs du secteur pub lie basée
sur un ajustement des prix en fonction de l'inflation passée; une augmentation
substantielle des
impôts indirects
(augmentation de
la TVA qui
passe de 10%
pour tous
l es
produits à 15% en moyenne,
20% pour l es
produits de luxe et
6% pour les
produits
pharmaceutiques)
; une réduction des dépenses publiques
réelles,
notamment
les dépenses d'investissement et à la limite les dépenses
courantes.
Il
a été décidé de ramener à cet effet le déficit budgétaire de
17,9% du PIS en 1982 à 8,7% en 1983. On procédera également à un resserrement
du crédit intérieur et à une hausse
des taux d1intérêt (1). La nationalisation
des
banques
privées
est
méfintenue.
La
politique de change est basée quant
à
elle
sur
une forte dévaluation du
peso et sur une technique quotidienne
à faire
baisser
le taux de change.
Avec
la dévaluation de départ le dollar
cotait 95 pesos sur le marché II contrôlé ll et 148 pesos sur le marché 1I1ibre ll •
La politique salariale est très restrictive. Elle vise à réduire les augmenta-
tions des salaires nominaux et à les déterminer en fonction du taux d'inflation
obtenu (2).
Voyons à présent les modalités retenues par les autorités péruviennes
et toujours en accord avec le FMI.
8) Les
modal i tés
des
réformes
monétai res
opérées
par
1e
FMI
au
Pérou
Avec
l'accord
de
confirmation
d'avril
1984,
le
Fonds
Monétaire
International
est intervenu au
Pérou
pour tenter avec
les autorités locales
de rétablir les grands équilibres économiques. Rappelons qu1en 1983, le niveau
de l'inflation au Pérou était estimé à plus de 80%. Les effets de cette hausse
des prix à la consommation et la forte spéculation sur les marchés financiers
perturbaient
lléquilibre
économique.
Les
revenus
d'exportation
connaissaient
une
réduction
de
plus
de
25% entre 1980 et 1984.
Le déficit budgétaire a
atteint le niveau de 9% du produit intérieur brut (PIS) du fait principalement
de la chute de 13% de la production et de la diminution en deux ans de 30%
(1) Cf. "ADDISON (A.) : Deux crises, l'Amérique Latine et l'Asie: 1929-38 et 1973-83, op. cité, p.84 •
.-
(2) Cf. GUILLEN ROIIO (H.) : "Crise et austérité au Mexique", op. cité, p.278.

- 100 -
des
ressources
fiscales
(1).
La
contraction
de
l'activité
économique
qui
en
est
résultée
a
provoqué
une
crise
de
l'emploi.
Le chômage était de 8,6%
et
seuls
41,4%
de
la
population
active
avaient
un
emploi
normal.
En
fait,
la
baisse
des
prix
des
matières
premières
(environ
40%),
la réduction
des
exportations
des
produits
manufacturés
(approximativement
20%),
les
fortes
fluctuations
du
dollar
auquel
se
trouve
rattachée
la monnaie
nationale,
le
sol,
et
le
protectionnisme des
pays industrialisés expliquent essentiellement
ces résultats (2).
Le
programme
proposé
par
le
FMI et mis en oeuvre par le Président
Fèrnando
SELAUNDE
comportait
1es
poi nts
sui vants.
Pour
rédui re
1es
dépenses
publiques,
cause des déficits budgétaires et de l'inflation,
il
a été décidé
d'une
réduction
de
la
chèrge
des
salaires
des
fonctionnaires
de 0,7
point
de
pourcentage
du
PIS.
Les
achats
de
biens
et
services
de
l'Etat
doivent
passer
de 5,9% du PIS en 1983 à 4,6% en 1984.
La charge des investissements
doit
passer
quant
à elle de
3,1% du
PIS
en
1983 à 2,9% en 1984 (3).
Il
a
été
également
décidé
de
réduire
le
plan
d'investissement
du
secteur
public
de 4,1% du PIS en 1983 à 3,6% en 1984 avec concentration des investissements
sur le secteur de l'énergie électrique et sur l'exploration pétrolière. Toutes
les
entreprises
à
faible
rentabilité
et
déficitaires
seront
privatisées.
Au
besoin,
les
entreprises
publiques
seront
redimensionnées
ou
renforcées
avec
la
participation
du
secteur
privé.
Sur
le
plan
financier,
la décision
a été prise de financer
le déficit du secteur public sans recourir au crédit
interne pour permettre au secteur privé de bénéficier de l'épargne financière.
Désormais
la
banque
centrale
du
pays
devra
avoir
un
rôle
plus
réduit
dans
l'intermédiation financière. De même qu'il a été décidé de réduire les exigences
des
réservés
ob li gatoi res.
Il
y
a eu
la création
dl un
instrument
dl épargne
indexé permettant de compenser 1a perte de rémunérati on effect ive des dépôts.
Les
institutions
financières
doivent
par
conséquent
rentabiliser
les
dépôts
en
appliquant
des
taux
d'intérêt
qui
soient
positifs
en
termes
réels
(4).
(1) Cf.
BONNET (N.)
:
"Pérou
:
dépression"
in Le
Monde
:
Bilan
économique et social 19S3, Le
Monde, Janvier 19S4, p.90.
(2) Cf. CASTRO (l.A.) : "Peru,
la historia cambia, pero estâ de nuestl"PI parte", El Trimestre Econo':.
mico, NUM 211, Julio-Septiembre de 19S6, p.675.
(3) Cf.
l'HERITEAU
(".F.)
:
Le
Fonds
Monétaire
International
et
les
pays
du
Tiers-Monde,
PUF,
Paris 19S6, pp.176-177.
(4) Ibid, op. cité,
p.l77. Voir également BECKER"AI (P.)
: "Inflation and dollar accounts in Peru's
banking system, 1975-S4", World Development, Vol.15, N°S, AU9ust 19S7, pp.10S7-1106.

- 101 -
Une augmentation du
prix de
l'essence et des autres dérivés du pétrole, des
tarifs d'électricité, du riz (8%) a été décidée. Le gouvernement s'est engagé
à
lutter contre
les hausses excessives de
salaires et traitements du
privé
pour que ces derni ers n'excèdent pas l es hausses de producti vité. Le pri nci pe
est de déterminer
les
salaires et traitements en fonction
des anticipations
de l' i nfl at i on future.
Pour ce qui est du taux de change, l es autorités péru-
viennes ont axé leur politique sur la flexibilité.
Les objectifs de plancher
des
réserves
nettes
officielles
resteront
le
pivot
de
la
gestion
du
taux
de change.
Après ces exposés, il nous reste à voir si les mesures préconisées
par le FMI et mi ses en oeuvre au Mexi que et au Pérou ont effect i vement permi s
de rétablir l'équilibre écor1'omique et de vaincre l 'hyperinflation.
PARAGRAPHE II
BILAN DES REFORMES MONETAIRES OPEREES PAR LE FMI
Les
pays
en
développement
disposent
désormais
d'un
modèle
ayant
la
cohérence
et
l'assemblage
statistique
des
théories
orthodoxes.
Chaque
économie en difficulté est traitée à partir de ce modèle standard macro-écono-
mique qui est, du reste, basé sur les ajustements de sortie de crise.
Voyons l 'efficience des mesures préconisées au Mexique et au Pérou.
A) Bilan des réformes monétaires opérées par le FMI au Mexique
Malgré
la
situation
économique
difficile,
les
résultats
ont
été
par endroits très encourageants.
L'objectif
pri nci pa l
qui
était d' équi li brer
l es comptes a été attei nt.
Le défi ci t fi nanci er du secteur pub li c est passé
de 17,6% du
PIB en 1982 à 8,7% en 1983. Le produit national brut qui
avait
reculé de
plus de 4,7% avant
1983 se serait
stabilisé autour de zéro.
Les
importations ont chuté de plus d'un tiers; de même aussi bien en 1983 qu'en
1984,
le Mexique a enregistré un excédent de
13 milliards de dollars de sa
balance commerciale.
Rappelons à cet effet que depuis 1955 le compte courant
de la balance des paiements nia pas accusé de solde positif dans les statis-
tiques
mexicaines
(1).
Ces
résultats
ont
entraîné
une
forte
augmentation
1
(1) Cf. GUILLEN ROMO (H.)
"Crise et austérité au Mexique", op. cité, p.283.

- 102 -
des
réserves
de
la
Banque
Centrale
du
Mexique
soit
environ
7,3 milliards
de
dollars
à
la
fin
août
1983.
Si
l'inflation
s'est
accélérée
la
première
année de la mise en oeuvre de ce plan d'austérité, elle a par contre ralenti
en 1984, année où le produit intérieur brut enregistrait une croissance modérée
de 3%, soit 101,8% en 1983 contre 65,5% en 1984 (l).
La mise en oeuvre de ce plan d'austérité n'a pas été sans difficultés.
En
effet,
la
plupart
des
mesures
préconisées
ont provoqué un ralentissement
de
l' acti vité
économi que.
On
peut
d' emb l ée
supposer
que cette situati on est
en partie due à la forte compression des dépenses publiques et à la réduction
prolongée
du
pouvoir
d'achat.
Le
niveau
de
l'activité
économique
a
baissé
de 4,7% en 1983.
En 1984,
il
Y a eu une baisse du
produit national
brut de
4,5% et une chute de la prlduction industrielle de 10% (2). Le salaire minimum
rée 1
a connu
une
détéri orati on
de
42%
entre
janvi er
1977
(date
à
laquelle
la classe ouvrière a atteint son niveau de vie
le plus élevé)
et juin 1984.
Le
taux
de
chômage
était
de
l 1ordre
de
19%
en
1984.
La détéri orat i on
des
conditions de vie des classes moyennes et populaires siest poursuivie. Llinfla-
ti on
fi xée
à 35%
par le gouvernement a été fi na l ement de
l'ordre de 60% en
1985.
Le
défi ci t
du
secteur
pub li c
était
également
en
hausse
avec
un
taux
de
9%
du
PNB
par
rapport
aux 5,5% envisagés initialement (3).
A tout cela,
il faut ajouter l'effondrement du cours mondial du pétrole en 1986. Le Mexique
a,
suite
à
la
chute
brutale
du
prix
de
son
principal
exporté,
enregistré
une
perte
de
7 à
8 milliards
de
dollars,
soit
environ
1 1équiva1ent
de
6%
du
PNB,
ou
une
diminution
de
12,5% de
ses
recettes
publiques.
L'inflation
en 1986 a dépassé les 100%. Le pouvoir dlachat pour cette seule année a connu
une baisse de 25%. La spéculation sur la monnaie nationale,
le peso, a repris.
Il s'est fortement déprécié par rapport au dollar qui se négociait aux environs
de
850
pesos
(4).
Reste
fi na l ement
le
problème
de
l a dette extéri eure dont
11 importance
donne
une
i mage
parti cu li ère
à ce
pays.
De
91,4
mil 1i ards
de
(l) Cf.
MADO1SOI (A.)
:
De ux cri ses
:
l' Am é r i que Lat i ne et liA sie 1929 - 38 et 1973- 83,op. c i té,
pp.84-85.
(2) Cf. PISAII (F.)
"Mexique:
un miracle ?" in Le Monde: Bilan Economique et Social
1983, Le
Monde, ~ànvier 1984, p.98
(3) Cf.
BUHRER (J.C.)
:
"Le
séisme"
in Le Monde:
Bilan Economique et Social 1984, Le Monde,
Janvier 1985, p.95.
( 4) Cf.
BU HRE R (J. C. )
:
"U n accor d avecie FMI"
in
LeM 0 nde:
Bi 1an
Eco nom i que
et
Soc i a 1 1985,
Le Monde, Janvier 1986, p.95.

- 103 -
dollars fin 1983, la dette avoisinait fin 1986 les 100 milliards de dollars.
Il n'existe jusqu'alors aucune solution susceptible de permettre le règlement
de ce problème rendu de plus en plus difficile par les nombreuses turbulences
du monde économique international (1).
Face à tous ces résultats,
on
peut
s'interroger sur
l'opportunité
de ce plan.
Plus
précisément,
quel
est en fait le principal objectif de la
mise
en
oeuvre
de
ces
différentes
politiques
?
Serait-ce
pour
équilibrer
les comptes ou pour élever le niveau
de vie de la population? Comment peut-on
assainir
une
économie
en
laissant tomber
le
poids de
l'ajustement sur
les
travailleurs
? Au
travers
des
statistiques
salariales,
il
apparaît que ce
sont ces derniers qui ont le plus perdu bien qu1il y ait eu le boom pétrolier (2).
Comment peut-on accroître,(lu améliorer la compétitivité'd'un pays en se basant
essentiellement
ou
presque
exclusivement
sur
les
réductions
de
salaires
?
La plupart des mesures préconisées n'ont fait que dégrader le niveau de vie
de la grande majorité dès Mexicains même si certains résultats ont été bons.
Tant que
la
plupart de ces questions ne seront pas résolues,
les politiques
d' austéri té
proposées
au
Mexi que accentueront les déséqui libres économi ques ;
la preuve, l'inflation repart de plus bel.
Analysons maintenant les résultats obtenus par le Pérou.
B) Bilan des réformes monétaires opérées par le FMI au Pérou
Les résultats obtenus par le Pérou après l a mi se en oeuvre du pl an
d'austérité
ont été moins
bons
par rapport à ceux obtenus
par
le Mexique.
On
peut noter
la chute des importations qui
sont à leur niveau le plus bas
depuis
un quart de siècle.
Elles ont diminué de
18%.
Les exportations ont
en revanche augmenté légèrement de 1,6%. Le produit national
brut a augmenté
de 2,8% pendant les troi s premi ers tri mestres de 1984 après avoi r enregi stré
une chute de 12 poi nts en 1983.
Il y a eu une repri se de la producti on dans
le secteur
primaire: plus de 50% pJur la pêche et plus de 00'10 !Xlur l'agriculture. Groce à une
production plus abondante de pétrole,
le secteur énergie et mines à également
progressé de plus de 50% (3).
(1) Cf.
SOlANO (o.) : "La situation de l'économie mexicaine
reprise conjoncturelle et problèmes
en suspens", Problèmes Economiques, N°1293, 8 mai 1985, p.26.
,
(2) Cf. GUIllEN ROMa (H.) : "Crise et austérité au Mexique", op. cité, p.284.
(3) Cf.
BONNET
(N.)
:
"Un
moratoire
de fait" in Le Monde, Bilan Economique et Social 1984, Le
Monde, Janvier 1985, p.90.

- 104 -
A part
ces
résultats
positifs,
le
problème
de
l'inflation et du
déficit financier
reste toujours entier. Malgré les efforts du gouvernement,
l 1 inflation
a été
encore
supérieure à 100% en 1984,
soit plus
précisément
110,2%.
Le déficit financier est évalué à 10% du
produit national
brut de
1984.
Le secteur manufacturier et la construction ont diminué respectivement
de 10% et de 50%.
Le
pouvoir d'achat a diminué, comme en 1983, de 15%. La
population active employée de façon adéquate était de 1/3. Le chômage représen-
tait 11%, le sous-emploi 46% (1).
Le
piètre visage de l'économie a conduit le Président Alan GARCIA,
venu
au
pouvoir
le
28
juillet
1985,
à changer de
politique.
Rompant
avec
les
concepts du Fonds,
il
procéda à une augmentation des salaires et cela
à commencer par les plus mo~estes (50% pour le SMIG qui avait considérablement
chuté en 1984).
Il a aussi gelé les prix des denrées de première nécessité.
Les
taux
d' intérêts
bancai res ont été bai ssés de 280% à 75%.
Il
a déci dé
de
consacrer chaque année 10% des devi ses
au remboursement de l a dette du
pays qui était de 14 milliards en 1985 (2).
Ces
mesures
n'ont
pourtant
pas
apporté
de
changement
notable
à
la
situation
économique antérieure même si
quelques bons résultats ont été
par endroits obtenus.
L'inflation
s'est
poursuivie à une allure folle,
soit
163,4% fin
1985.
Le
rythme
de
croissance
s'est
ralenti,
soit 1,4% contre
4,5% en
1984.
L'agriculture et la pêche ont perdu de leur vitesse. Le seul
indice positif est celui de la balance commerciale qui
a enregistré un solde
de
l milliard de dollars; n'empêche que les exportations ont baissé de 6%.
La situation de l'emploi ne s'est guère améliorée puisque sur les six millions
cinq cent mille personnes actives, seules deux millions ont un emploi stable (3).
En
1986,
l'inflation est descendue à 70%.
La croissance a repris
à un rythme spectacul ai re de 8%. Il y a eu une repri se du secteur manufactu-
rier qui a cru de 11%, et la pêche de 30%. Pour la première fois depuis une
dizaine d'années,
le niveau de vie des classes moyennes et populaires s'est
légèrement
amélioré.
Au-delà
de
ces
résultats,
le
taux d'inflation de 70%
est tout de même élevé.
Les taux d'intérêt, contrairement aux prescriptions
(1) Cf.
BONNET
(N.)
:
"Un
moratoire
de fait" in Le Monde, Bilan Economique et Social 1984, Le
Monde, Janiier 1985, p.90.
(2) BONNET
(III.)
:
"La
règle
des
10%" in Le Monde, Bilan Economique et Social
1985, Le Monde,
Janvier 1986, p.98.
(3) Ibid, op. cité, p.98.

- 105 -
du FMI, ont été baissés mais demeurent élevés 75%. Il Y a une tendance récessive
de certaines entreprises en particulier celles du secteur de la construction.
Le blocage des
prix a provoqué la constitution d'importants stocks chez les
commerçants.
La monnaie nationale,
le sol
se dépréciait tous les jours. Une
nouve 11 e monnai e, 11 i nt i s, a été introduite en remplacement du sol pour mettre
fin
à la
tension
spéculative
qui
sévissait
sur
les
marchés financiers et
parallèles.
Cela n'a pas
réussi
à freiner
l'effet de la dépréciation de la
monnaie (1). En effet sur le marché parallèle, le dollar a gagné début juillet
près de 50% sur l'intis,soit 100% depuis avril 1987. Les taux d'intérêt sont à un
m veau rée 1 négatif (22% alors que l' i nfl ati on a été de 40% pendant le premi er
semestre 1987). Sur le marché financier, seulement 3% des transactions se réali-
saient.
,
Le 5 juillet 1987,
le Président A. GARCIA annonça une autre série
de
mesures
avec
pour
objectif premi er la stabi l i sat i on du taux de change.
Ce taux est plafonné à 45 intis pour l dollar. Pour les importations dlaliments
et de médicaments, il est fixé à 15,98 intis le dollar et comporte une dizaine
de taux différents suivant les activités dl import-export. Il s'élèvera jusqu'à
29 intis le dollar pour les exportations non prioritaires. Ces mesures annoncées
ont
nécessité
une
dévaluation
de
17,5%
(2).
L'Etat
doit
mettre en vente
30% des actions des grandes banques et se réserve 30% des actions de la Banque
régionale.
51%
des
actions
des
compagnies
d'assurance
seront
exproprlees.
Cet
état
d'urgence
permettra
au
gouvernement du
Président GARCIA d'assumer
immédiatement
le
contrôle
des
banques afin de suivre au mieux
la création
de monnaie et
l'offre de crédit
(3).
La baisse des taux d'intérêt incitera
le patronat, selon le gouvernement, à une .relance des investissements produc-
tifs.
Un contrôle des
prix est institué. Le déficit budgétaire sera financé
par l' augmentati on des pri x de l'essence, par l' impôt sur l es grosses fortunes
et sur la consœma.tion de biens de luxe.
Malgré
lloptimisme
du
gouvernement,
on
est
convié
à
se
demander
si
la
guérison
du
mal
passe
par cette voie.
D'un
programme orthodoxe,
le
Pérou est
passé à une
pol itique hétérodoxe dont les différents aspects sont
empruntés
à
l'optique
orthodoxe.
Aucun
aspect
structurel
n'est
présenté ce
(1) Cf.
BONNET
(N.)
:
ilLe
nouveau
plan
de
relance
péruvien
:
le
scepticisme et
la
fui te
dans
le dollar l'emportent à LIMA", Le Monde, 28 juillet 1987, p.21.
(2) Ibid, op. cité, p.21.
( 3) Cf.
BO NNET
( N• )
:
Il Un
pro jet
éd ul cor é
:
lep ar lem ent
pér uvie n appro uve l a nat ion a lis at ion
du système bancaire", Le Monde, 1er octobre 1987, p.32.

- 106 -
qui
ri sque
dl offri r
un
nouveau
répi t.
Comme
le di sent
l es orthodoxes
III es
audacieux
(gouvernement
du
Président
GARCIA)
s'apprêtent à faire
un triple
saut périlleux,
sans filet et que leur programme est une tentative de lévi-
tation vouée à l'échec ll (1).
(1) BOIIIIIIET (III.) : ilLe nouveau plan de relance péruvien
le scepticisme et la fuite dans le dollar
l'emportent à Lima ll , op. cité, p.21.

- 107 -
CON C LUS ION
0 ELA
PRE MIE R E
PAR T 1 E
Contre
une
inflation
galopante
et
destructrice
des
économies
en
développement,
des
réformes
monétaires se révèlent indispensables.
Il
faut,
entre
autres politiques
économiques
de
développerrent
des
secteurs
d'activité,
parvenir à une stabilisation de la masse monéta"ire, raison essentielle pour
prétendre
mettre
fin
à
l'envolée
des
prix
à
la consommation et accélérer
la croissance
de ces écondmies.
Sur
le
plan
théorique,
les
politiques
d'encadrement
du
crédit,
de taux d'intérêt et de stabilisation du taux de change ont été de ce fait
préconisées.
En
tenant
en
effet
compte
des
objectifs réels de l'économie,
l'encadrement
du
crédit oriente mieux
les flux monétaires à la disposition
des autori tés monétai res et des organi smes habi lités vers l es secteurs écono-
miques.
Cette
politique
permet
en
même
temps
d'exercer
un contrôle direct
sur la masse monétaire ce qui freine la formation de foyers inflationnistes.
Avec les taux d1intérêt à un niveau réellement positif, on facilite la réalisa-
tion des projets
ce
qui
a un iq>act
favorable sur la productivité. Cette
politique
favorise également le développement de
l'intermédiation financière
et
peut
en
réalité rédui re le coût moyen de fi nancement
par rapport à ce
qui est prati qué sur l es marchés i norgani sés: On est assuré l à aussi de lutter
efficacement contre l 'hyperinflation et d'aboutir à une stabilité de la monnaie.
En
palliant
les
perturbations externes,
la stabilisation du taux de change
facil ite
l es
ajustements
dans
l es
réserves
de
changes et permet dl obteni r
un meilleur équilibre de la balance des paiements ce qui contribue par ailleurs
à préserver l 'économie des vives tensions inflationnistes.
Sur
le
plan
emplr1que,
il
a été vérifié et cela selon les pays
l'implication du taux de change, du taux d'intérêt et des salaires dans l'évolu-
tion de la masse monétaire et de l'inflation. Ces trois variables expliquent
assez bien ces phénomènes au Brésil, au Mexique et au Pérou. Aussi les recom-
mandations faites
au
plan théorique ont tout
lieu d'avoir à la limite près

- 108 -
leur raison d'être.
Leur mise en oeuvre exige de la volonté et de l'habileté
pour
pouvoi r
mettre
un
terme
à l' i nfl at i on
qui
ronge
ces
économi es.
(' est
d'ailleurs
pour
cela que
le Fonds
Monétaire
International
est
intervenu
au
Mexique
et
au
Pérou
pour
rétablir
les
grands
équilibres
économiques.
(lest
vrai
qu'il
y
a
eu
parfois
ralentissement
de
l'activité économique mais
on
peut tout
de même
reconnaître
qui avec
plus de conviction quant à l'approche
des différents
problèmes
posés
à ces pays,
la lutte contre l'inflation peut
être possible.
Même
si
ces
politiques
préconlsees
sont
d'intérêt
parfois
limité
en tant qu' instruments de stabil i sat i on conjoncturelle dans l es pays en déve-
loppement - ce qui
peut ne pas paraître évident - elles permettent à la poli-
tique
monétaire
d'être
un "élément indispensable de financement de l'économie
et de lutte contre l 'hyperinflation. Mais cela exige que l'accent soit également
mi s
sur
l es
réformes
de
structures
et
des
i nstituti ons.
(' est
ce
que
nous
verrons dans la deuxième partie de cette étude.

- 109 -
DEUX 1 E ME
PAR T 1 E
LES REFORMES MONETAIRES D'ORDRE STRUCTUREL
POUR VAINCRE L'HYPERINFLATION DANS
LES PAYS EN DEVELOPPEMENT

- 11 0 -
Le traitement de l'inflation dans les pays en développement nécessite
davantage
de
réformes
et
d'aménagemen'ts pour
pallier
les
nombreux
effets
de
blocage
de
l'expansion
de
ces
économies.
Au-delà
des
instruments
de
pure
politique
monétaire,
le
succès
des
réformes
monétaires
est subordonné à des
conditions
d'efficacité
qui
dépendent
de
l'environnement
institutionnel
et
structurel.
Ces
conditions
"peuvent
être
d'ordre
institutionnel,
comme
le
,
pouvoir
effectif
des
autorités
monétaires,
ou
structurel
comme
l'importance
relative
du
crédit
bancaire dans
le
financement
d'une
économie
ou
le degré
dlouverture
sur
les
marchés
internationaux
de
l'argent
(1 )".
Les
réformes
purement monétai res doi vent de ce fait
servi rd' appoi nt à des réformes struc-
turelles
et
surtout
institutionnelles.
Le
Professeur
F.
PERROUX
indique
à
cet
effet
"qulà ces déséquilibres structurels, chaque fois que lion applique
des
remèdes
purement monétai res,
on agit comme si
1es régul ati ons monétai res
pouv ai ent remplacer l es po lit i ques rée 11 es du déve 1oppement par le ch angement
des institutions (2)".
L'étude
de
cette seconde partie consistera à faire dans un premier
chapitre
une
analyse
théorique
des
réformes
monétaires
d'ordre
structurel
proposées
dans
les
pays
en
développement.
Dans
un
deuxième chapitre,
nous
ferons
une
ana lyse
empi ri que
des
pri nci pes
proposés
dans
ce type
préci s de
réformes monétaires. D'où nos deux chapitres :
Chapitre 1
Les réformes monétai res dl ordre structurel
proposées pour lutter
contre l' hyperi nfl at i on dans
l es pays en développement : ana lyse
théorique.
Chapitre II
Les réformes monétai res d'ordre structurel
proposées pour 1utter
contre l'hyperinflation dans
les pays en développement: analyse
empirique.
(1) HOPPEIOT
(J.J.)
:
"Aspects
généraux
de
la
politique
monétaire",
Banque
N0 327,
Mars
1974,
p.245.
(2) PERROUX
(F.)
:
La coexistence pacifique,
in LAMBERT
(O.C.)
: Les inflations sud-américaines,
inflation de sous-développement, inflation de croissance, op. cité, p.4B5.

- 111 -
CHA PIT REl
LES
R E FOR MES
MON E TAI RES
DIO R 0 RES TRU C T URE L
PRO P 0 S E E S
POU R
LUT TER
CON T R E
LIH Y P E R 1 N FLA T ION
0 ANS
LES
P A Y SEN
o EVE L 0 P P E MEN T
A NA LYS E
THE 0 R 1 QUE
1
L'hyperinflation
dans
les
pays
en
développement
est
étroitement
liée â l'existence des structures improductives et â l'inefficacité des insti-
tutions qui
ont maintenu
leur état de sous-développement. Ces éléments sont
pour la plupart à l'origine de la rupture entre la structure économique et
l a structure fi nanci ère et partant de l' i nstabil ité monétai re et de l a hausse
des prix. Cette faille institutionnelle constitue d'ailleurs la raison princi-
pale
des
limites
des
instruments
traditionnels
de
la
politique
monétaire.
C1est pour cela que D.C. LAMBERT dit qu'lI une stabilisation ne peut être effi-
cace que sie 11 es' accompagne d'un effet de déblocage des ri gi dités i nst itu-
tionnelles,
c'est-à-dire
des
mesures
permettant
une
gestion
administrative
plus rigoureuse et une politique économique mieux coordonnée (1)11.
Notons qu' au-del à de
l' i nadéquati on des structures et des i nstitu-
tions,
l'environnement
économique
et financier
a également beaucoup changé.
L'internationalisation de la banque et l'interpénétration des systèmes bancaires
tendent â modifier
profondément la formulation,
l'application et
les effets
finals
de
la politique monétaire.
Si
la politique monétaire est,
toutefois
avec quelques réserves, mieux conçue dans les nations développées cela tient
à l'efficience de ces dispositions. Cela nécessite que l'accent soit davantage
mi s sur ces types de réformes monétai res pour permettre â la monnai e d'être
une variable active en économie sous-développée.
La
démarche
sera
également
basée
ici
sur
une
présentation
puis
une appréci ati on des réformes monétai res proposées pour lutter contre l' hyper-
inflation sur le plan structurel dans les pays en développement.
(1) lARBERT (D.C.) : Les économies sud-américaines - Inflation de sous-développement et inflation de
croissance, op. cité, p.491.

- 112 -
SECTION!
PRESENTATI ON DES REFORMES MONETA! RES DI ORDRE
STRUCTUREL PROPOSEES
DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Nombreux
sont
ceux
qui
considèrent
que
l'efficacité
de
l a pol iti que monétai re et surtout le contrôle rronétaire tiennent à l'état des structures
économiques
et
des
institutions.
La
portée
de
la politique monétaire sera
nécessairement
réduite
dans
toute
économie

précisément
le
secteur
des
echanges est encore assez limité et où les transactions non monétaires sont
encore très répandues. CI est ce qui caractéri se malheureusement de nombreuses
nati ons en développement.
Il
faut,
pour lutter contre 11 hyperi nfl ati on dans
ces
pays,
des
structures ,monétaires et institutionnelles efficientes.
Comme
le
disent
certains
auteurs,
"le degré
de
maturité
des
marchés
financiers
constitue
un
autre élément
d'efficacité
des mesures de contrôle monétaire.
Un marché harmonieusement développé, caractérisé par l'existence d'institutions
fi nanci ères vari ées et par une large différenci ati on des ti tres de créances
facilement négociables,
permettra aux banques de fonctionner avec des marges
minimum de
liquidité et rendra ainsi
le système financier très sensible aux
changements survenant dans
le coût et le volume disponible du crédit (1)".
C'est
donc
désormais un atout certain que dlinsister sur la libéralisation
financière
dans
les
pays
en
développement.
Cela
a l'avantage de faciliter
un meilleur contrôle des activités du
système monétaire et financier et de
contrebalancer toutes
les
perturbations causes de llinflation à la fois sur
le plan interne et externe.
La
politique
monétaire
efficace
aujourd'hui
est
celle
qui
doit être au service de
l'expansion économique.
Elle doit permettre de
résorber les déséquilibres sectoriels, les goulots dlétranglement et de contri-
buer
à
une meilleure
réal location
des
ressources
productives.
Il
est bien
vrai
quléloignées
des
aspects
purement
monétaires,
la politique fiscale et
l a pol iti que des pri x agri co les semblent être nécessai res dans cet important
réaménagement du cadre monétaire. Clest d'ailleurs dans ce sens que se définit
une
part
importante
de
la
conception structuraliste du développement.
Elle
(1) SEDIHTZ (II.J.) et SCHDn (F.H.) : "L'efficacité du contrôle monétaire selon la situation écono-
mique et financière", op. cité, p.4.

- 113 -
repose en effet sur les réformes agraire et fiscale et la mise en place d'une
politique
industrielle.
Pour
eux,
"un processus de développement économique
stable, compatible avec le développement scientifique et technologique contem-
porai n, suppose l a mi se en oeuvre de réformes de structures afi n que pui ssent
être incorporés à ces
structures tous
les segments de
la population natio-
nale
(1)".
Comme
la
libéralisation
de
l'intermédiation financière
agit sur
l'offre et que ces deux dernières politiques (politique fiscale et politique
des prix agricoles) semblent agir dans ce même sens, leur utilisation s'avère
adaptée
pour
contribuer
à
la
lutte
contre
l'hyperinflation
dans
les
pays
en développement.
Nous
mettrons
d'abord
l'accent
sur
le
rôle
de
la
libéralisation
de
l'intermédiation
financière
dans
la
lutte
contre
l'hyperinflation
dans
,
les
pays
en
développement.
Nous
nous
intéresserons
ensuite
à celui
de la
politique fiscale et de la politique des prix agricoles.
PARAGRAPHE 1
LA LIBERALISATION DE· L'INTERMEDIATIONFINANCIERE ET LA LUTTE
CONTRE L'HYPERINFLATIONDANS·LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Dans
nos
précédents
développements,
nous
avons
longuement insisté
sur
l'encadrement
du
crédit
(sous
son
aspect
plus sélectif),
la politique
des taux d'intérêt et sur
la stabilisation du taux de change. Pour que ces
éléments soient de véritables instruments de politique monétaire et de dévelop-
pement, il faut un cadre monétaire et financier adéquat. D'ailleurs la plupart
de ces politiques qui
visent à réduire le· volume de la monnaie et du crédit
ne
peuvent
résoudre
des
problèmes de structure ou de défi ci t
chroni que de
la balance des paiements pas plus de guérir les maux provoqués par des déficits
bUdgétai res excessifs tant que l a structure monétai re de 11 économi e est peu
déve l oppée
(2) .
De
même
que
pour
drai ner
une
épargne
suffi sante
"pui sque
11 exi stence du marché i norgani sé et de la thésauri sat i on en atteste l a vi abi-
lité,
il
importe de favoriser l'expansion graduelle du marché institutionnel
de manière à étendre ses services à l 'ensemble des groupes sociaux solvables (3)".
(l) sm AH"ED
(A.)
:
Cro i ssanc e
et
déve l oppement
:
le
déve l oppement
en
prat i qu e,
l' expér i ence
des
économies
du
Tiers-Monde depuis 1945, Office des publications universitaires, Alger 1981,
p.589.
(2) Cf.
"ARS (J.)
"Possibilités et limites de la politique monétaire" in Les problèmes fiscaux
et monétaires
dans
les
pays
en
voie
de
développement,
3ème
conférence
de
Réhovoth
- Dunod,
Paris 1967, p.198.
(3) KRUl
(N.)
:
Epargne
financière
et
développement économique, Les Editions de l'Epargne, Paris
1970, p.160.

- 114 -
Il
faut
en clair
une meilleure
restructuration
monétaire et financière pour
permettre
à
la
politique monétaire d1être
efficace en
milieu
sous-développé
afin de soutenir les perspectives de croissance.
Nous
montrerons
tout
d1abord
la
nécessité
de
la
mise
en
oeuvre
de
cette
politique
et
nous
preclserons
ensuite
les
éléments
stratégiques
à utiliser contre l 'hyperinflation dans les pays en développement.
A) Les raisons du choix de la libéralisation de llintermédiation
financière
La fragmentation
(l) du secteur bancaire et financier et l'existence
~
de
multiples
circuits
informels
sont
autant
de déficiences
qui
militent
en
faveur
d'une
désarticulation
des
économies
des
pays
en
développement.
Dans
un grand nombre de ces pays,
l es structures monétai res sont soit de créati on
récente
soit
peu
intégrées
à
l'économie
nationale
interne.
Ces
déficiences
se tradui sent
Il par
des cl oi sonnements extrêmement ri gi des au sei n des diffé-
rents marchés de biens et services, du travail et - pour ce qui nous intéresse
ici
particulièrement
du
capital
et
de
la
monnaie,
et
entraîne
une très
large dispersion
des
prix des
facteurs
et
des
biens sans rapport avec leur
rareté
relative
(2}1I.
Cette
imperfection ou cette inexistence des mécanismes
du
marché
monétaire
et
financier
engendre
et
entretient
l'inélasticité
de
l a demande
des
crédits
bancai res
sur
le
coût
du crédit.
Même dans certai ns
pays de l'Amérique Latine (3) et de l'Asie où la politique monétaire bénéficie
d'une
infrastructure
assez
large,
on
peut
s'attendre
à
des
défections
au
(1) Cf. pour Mc KINNON et Eo SHAW, Les économies moins avancées fragmentées ou segmentées signifient
que les agents économiques y sont isolés les uns des autres ; font face à des prix différents
des
facteurs
de
production
(terrains,
main-d'oeuvre,
capitaux ••• )
et
n'ont
pas
tous
accès
à la même technologie. Les prix dans ces pays ne reflètent pas la rareté qu'on semble connaître
dans ces économies.
Cette définition est tout de même proche de la notion IId'inarticulation ll de Fo PERROUX exposée
par
:
GUIllAUMONT
(Po)
:
Economie
du
développement
(Tome
1 :
Le
sous-développement),
PUF,
Paris 1986, pp0342-3440
Elle semble aussi proche du concept de dualisme cher aux auteurs structuralistes: cfo ANDElY
(Ro) : Stratégie monétaire et financière néo-libérale de développement - Application à l'Afrique
sub-saharienne, Thèse d'Etat ès Sciences Economiques, Université de Clermont I, 1988, pp.44-4S.
(2) DERREUMAUX
(Po),
PElTIER
(Go)
:
IIMonnaie,
intermédiation
financière
et
développement
écono-
mique ll , Banque, N°382, Mars 1979, p03DS.
(3) Le marché des valeurs mobilières semble en retard sur le système bancaire et une des prochaines
étapes
du
développement
du
BRES IL
devrait
être
l'élargissement
du
marché de l'épargne : cf.
DEXANT
(Mo)
:
IILa
structure
de
l'appareil
bancaire
et
financier
au
Brésil ll ,
Banque,
N0 387,
Septembre 1979, p.lD370
- -

- 115 -
niveau de la demande réelle (surtout pour l'investissement). Ainsi, non seule-
ment
l es
capitaux y
sont
rares
mai s l es structures fi nanci ères y font de
plus défaut ou n'en favorisent
pas
l'utilisation efficace.
On
peut tout de
même rappeler que d'après
le rapport des Experts de l a Banque Mondi ale,
le
pourcentage des exploitations agricoles familiales des
pays en développement
bénéficiant de crédits institutionnels en 1974 ne dépassait pas 5% en Afrique
et 15% en Amérique Latine et en Asie (1).
En
pl us des marchés monétai res non organi sés, il y a une profonde
di sparité dans
l a structure des taux d' intérêt consenti s aux secteurs tradi-
tionnel
et moderne.
Les taux d'intérêt pratiqués en dehors des institutions
fi nanci ères vari ent dl une régi on à une autre. La structure des taux dl intérêt
~
est
très
faiblement
intégrée
à
l'économie.
Aussi
sont-ils peu sensibles à
l'action
des
autorités
monétaires.
Leur
grande
diversité
provient
souvent
du fort
attachement aux coutumes et aux traditi ons. Leur degré de vari ati on
est, quant à lui, provoqué par les difficultés qu'ont parfois les populations
des zones
rurales
à
accéder au marché monétaire organisé (2).
La principale
raison est que les institutions financières ont tendance à restreindre leurs
activités
de
prêteurs
généralement
aux
zones
urbaines.
Eles
ne
souhaitent
pas
s'engager
dans
le
domaine aléatoire des prêts au secteur agricole.
Ce
qui fait que dans la plupart des pays en développement il y a un déséquilibre
assez net dans
la répartiti on des crédits consenti s par les bànques commer-
ciales.
Elles
sont
pour
la
plupart
presque
uniquement
orientées
vers
les
prêts à court terme desti nés à fi nancer l es échanges extéri eurs, le commerce
extérieur,
en
clair
les
activités
des
entreprises
présentant
un
peu
plus
de garantie.
Comme le souligne si
bien E.
GANNAGE
pour le cas des pays en
développement
"le
mouvement
des
capitaux
du
secteur
moderne ou secteur de
subsistance
est
très
réduit.
Rien
n1encourage
à des
placements
en
milieu
(I) Cf.
II0RLD
BANK:
"Bank
policy
on
agricultural
credit ll
in
DERREUIIAUX
(P.),
PELTIER
(G.)
:
"Monnaie, intermédiation financière et développement économique", op. cité, p.305.
- Voir également le tout récent article de EGGER (Ph.) : "l'adaptation des structures bancaires
au service du développement agricole", Problèmes Economiques, N°2006, 8 Janvier 1987, pp.7-15.
(2) Cf.
TUN liAI
(U.)
:
"les
taux
dl intérêt
dans
les
pays
peu
développés
en
dehors des marchés
monétaires organisés" in Institutions financières et politiques monétaires, Articles et Etudes,
I.D.E. et BIRD, Paris 1963, p.33

- 116 -
rural,

les
risques
sont
plus
grands
et
les
occasions
d'investir moins
attractives.
Les
transmissions
sont
quasi
rompues
expression significative
du
dualisme
sectoriel
sur
le
plan
du
fianancement
(1)".
Ainsi, face
à une
demande
importante
de
capitaux
et
d'emprunts
pour
une
offre
réduite,
les
taux
d'intérêt
sur
les
marchés
monétaires
non
organisés
sont
très
élevés
à 1a foi s par rapport
à ceux des marchés monétai res organi sés et par rapport
à ce qu'exige un développement économique rapide.
L'importance
que
revêt
l'approfondissement
financier
est
donc
évi-
dente.
Celui-ci
s'avère nécessaire pour accroître
la disponibilité de capital
à
l'intérieur
de
l'économie.
Avant
tout,
suivons
bien
les conclusions d'une
étude faite
par
U.
TUN WAI
(2).
Les résultats de travaux menés sur 21
pays
développés et 38 pays en ,voie de développement montrent que le système bancaire
avait
contribué
pour
50%
au
financement
de
l'investissement
intérieur dans
les
premiers
et
seulement
33% dans
les seconds,
dont moins de 22% pour les
pays en voie de développement d'Afrique. De plus, la part des crédits distri-
bués par les banques de développement ne représentait que 17% du crédit inté-
rieur global
octroyé dans
les
pays en développement concernés alors que cette
part est voisine de 28% pour l'échantillon des pays industriels.
De
nos
jours,
les
perspectives
d'aide
massive
des
pays
étrangers
et
des
organismes
internationaux
tendent
de
s'estomper
de
plus
en
plus.
Le
développement
économique
doit
davantage
dépendre
de
l 'accroi~sement,
de
la
mobilisation et de l'utilisation concertée des ressources du pays. La politique
f"inancière
tout
comme
la
politique
économique doit y prendre par conséquent
une part importante sinon "1 'incertitude engendrée par la croissance tendrait,
en
effet,
à
limiter
tant
l'innovation
que
l'investissement
si
le
secteur
financier
n'assurait,
par
le
crédit
et
l'intermédiation,
le financement
qui
pallie l'insuffisante mobilité du capital
(3)".
Comme on semble bien le dire,
pour
que
"l'évolution"
(la
croissance)
se
produise,
il
faut
qu'à
côté de
l'élément
subjectif
(l'entrepreneur
facteur
de
la
combinaison
nouvelle),
intervienne
un
élément
objectif,
un
pouvoir
d'achat
créé
par
les
banques
afin
de
permettre
à
l'entrepreneur
d'extraire
du
circuit
les
facteurs
dont
il
a besoin (4). F. PERROUX fait également remarquer que "cette correspondance
(1) GANIAGE (E.) : Financement du développement, op. cité, pp.23-24.
(2) Cf. TUN ~AI (U.) : "RaIe of financial markets in development" in OERREUMAUX (P.), PELTIER (G.)
"Monnaie, intermédiation financière et développement économique", op. cité, p.306.
(3) BLONDEL (O.), PARLY (J.M.) : L'inflation de croissance, PUF, Paris 1977, p.79.
(4) Ibid, p.SO.

- 11 7 -
stricte entre
innovation
et crédit
n'existe
en toute
rigueur que lors du
passage
du
circuit
schumpétérien
à
l'évolution,
car dès
que celle-ci
est
amorcée rien n'empêche l'entrepreneur, qui jouissant d'un monopole provisoire,
a touché un profit pur, de l'utiliser au financement de combinaisons nouvelles
ultérieures
(1)".
Un rôle important échoit ainsi
au système financier pour
adapter
l'intermédiation
financière
aux
besoins
de
financement
du
secteur
productif et
pour
inciter
à une
plus grande mobilisation de l'épargne car
"c'est moins la rareté du capital
en soi
que la mobilisation de l'épargne
en vue d'investissements productifs qui est au centre d'une politique financière
avi sée (2)".
En
plus
de
la
lente
monétisation
de
l'économie,
l'inadéquation
et
11 i nsuffi sance
des
strlJctures fi nanci ères
jouent contre 1a formati on de
l'épargne.
Dans
les
zones
rurales,
les
revenus
sont
assez
faibles.
Elles
ne
permettent
pas
de
couvrir
les
besoins
de financement des exploitations
agricoles
encore moins
de
constituer
une épargne
suffisante. Mais même la
faible
masse d'épargne
n'est
non
plus
canalisée
vers le système financier
faute d'institutions monétaires et de crédit appropriées.D'après DALE W. ADAMS
"quand
les
marchés
financiers
sont
faiblement
développés
ou
réprimés,
de
nombreux agents économiques sont contraints de consommer davantage, ou d'utili-
ser
leurs
excédents
dans
des
activités
à
faible
rendement marginal
(3)".
Le marché monétaire dans
les
pays
en
développement
se carac~érise
par la
faiblesse
des
pôles
de crédits
qui
n'arrivent
pas
à
drainer
suffisamment
l'épargne
du
public.
Qui
plus
est,
les
banques
centrales
semblent ne pas
avoir de réelle
prise
sur
les
institutions financières
pour pratiquer une
politique quantitative et qualitative de crédit.
Tous ces éléments ne peuvent permettre d'atteindre l'objectif essen-
tiel des économies en développement, objectif qui est en fait "la mobilisation
et
l'utilisation
productive
d'une
épargne
interne
suffisante
pour
assurer
un développement économique autonome (4)". Dans ce cas et selon la définition
(1) PERROUX
(L)
: La pensée économique de Joseph SCHUMPETER.
Les
dynamiques
du
capitalisme,
Librairie Droz, Genève 1965, p.1D2.
(2) GANNAGE (E.) : "Marchés des capitaux et développement", Mondes en développement, N°S, 1974, p.49.
(3) ADAMS
(D.If.)
:
"L 1 épargn e fin anci ère
ru r al e a-t-e Il e un
rôl e à joue r dan sIe déve 1oppemen t"
in Epargne et Développement, Economica, Paris 19S5, p.12.
(4) SERRE (J.M.) : Les théories de l'offre de monnaie ••• , op. cité, p.144.

- 118 -
qui découle en partie de la Théorie Générale de J.M. KEYNES "il Y aura pression
inflationniste dans
la
mesure

l'épargne privée disponible à l'intérieur
du pays est i nsuffi sante rel ati vement aux besoi ns de fi nancement des investi s-
sements
internes,
compte
tenu
de
la charge
du
financement
additionnel
ou
au contraire de l'apport supplémentaire de ressources que le secteur public
et
le
secteur
extérieur
réclament
ou
fournissent
effectivement
pendant
la
même période
(1)".
Rappelons
à cet effet que
J.M. KEYNES, en insistant sur
les relations entre l'équilibre du marché de la monnaie, de celui des capitaux
et l'équilibre général de l'économie, a été l'un des premiers à montrer l'impor-
tance du secteur fi nanci er dans 1e processus de 1a croi ssance. Ce n'est que
plus tard que certains auteurs, à travers les différents modèles qui traitent
de la croissance et de la monnaie, vont accorder une place importante à la
,
monnaie et à la finance en tant que facteurs déterminants de la croissance (2).
Faisant
allusion
à
l'aspect quantitatif du
système financier,
l'auteur
du
"Traité de 1a monnai e" SI exprimait en ces termes : "Le crédit est 1a chaussée
sur 1aque 11 e chemi ne 1a production, et 1es banqui ers, s'il s conn ai ssent bi en
1eur
fonction,
devrai ent
assurer
exactement
1es faci 1ités de transfert qui
permettent
aux
forces
productives
de
la collectivité d'être pleinement em-
ployées
(3)".
De
même, la plupart des travaux menés
par John G.
GURLEY et
Edward E.
SHAW montrai ent que 1a croi ssance économi que s'accompagnait d'une
- et exi geait une -
augmentati on sensi b1e de 1a p'art des actifs fi nanci ers
dans
le
produit
national
brut
(cf.
Graphique
N°S).
Pour
Ronald Mc KINNON
qui
reprend
l'essentiel
des
conclusions
des
précédents auteurs,
le système
bancaire et financier des pays en développement n'a pas encore pénétré l'ensem-
ble de
l'économie.
Il
est dans
la plupart des cas tourné vers
le secteur
moderne qui, seul, bénéficie de ses services. Le reste de l'économie se contente
(1) DUCROS
(8.)
:
"Insuffisance
de
l'épargne
privée et inflation dans les pays sous-développés",
Revue d'Economie Politique, Janvier-Février 1961, p.13.
(2) Cf. sur ce point, voir PASCAllOIi (P.) : "L'intégration des facteurs monétaires dans les modèles
de croissance équilibrée néo-classique", Annales de la Faculté de Droit et des Sciences Econo-
miques, N°7, Université de Clermont I, Dalloz 1970, pp.3-159.
(3) KEYNES
(J.M.)
:
Treatise
on money in BlOIOEL (D.). PARLY (J.I.)
: L'inflation de croissance,
op. cité, p.77.

- 119 -
GRAPHIQUE W8
Courbe financièreascendente au fur â mesure qu'augmente le PNB
par tête dlhabitant
Rapport
financier
40
30
20
\\0
O----......---......L.-__-ol
..L...
_
500
1000
1500
~OOO
p.N.B. par tête d'habitant
Source
GURLEY
(J.G.)
"Structures financières
dans
les économies
en
voie
de
développement"
in
Les
problèmes
fiscaux
et monétaires
dans
les
pays
en
voie
de
développement,
3ème
Conférence
de
Réhovoth,
Ed.
O. Krivine, New York 1967, p.102.
de
la
part
très
faible
des
ressources
d'épargne.
Clest
selon
lui
l'aspect
fondamental
de
la
répression
financière.
En
conséquence,
il
apparaît
pour
Mc
KINNON qui
s'attache
contrairement
â
l'optique néo-classique (1) - aux
conditions de financement de la croissance "d'insister sur cette complémentarité
nécessaire
entre
la
demande d'encaisses
réelles
- actif financier
quasiment
unique - et la demande de capital
: la monnaie est la canalisation obligatoire
"conduit effect"
pour
l'accumulation du capital
(2)".
La notion de "con duit
effect"
est,
selon
Mc KINNON,
l'influence
positive du
taux de rendement de
la
monnai e
sur
le
ni veau de
l'épargne et de
l' investi ssement.
En d'autres
termes,
un
accroissement
du
rendement
des
encaisses
monétaires
incitera
â
(1) On
peut
consul ter
sur
ce
point
l'article
de
:
LEVHARI (O.), PATINKIN (O.) : "The role of
money in a simple growth model", American Economie Review, Vol.58, september 1958, pp.713-753.
Voir Mc KINNON (R.I.) : Money and Capital in Economie Development, op. cité, pp.84-88.
Pour
des
critiques
des
modèles
néo-classiques de croissance,
voir: PASCAL LON (P.) : Théorie
monétaire, Les Editions de l'Epargne, Paris 1985, pp.145-359.
(2) MC KINNON (R.I.) : Money and Capital in tconomic Development, op. cité, pp.50-51.

- 120 -
â l'investissement
au
lieu
de
le
décourager,
créant
ainsi
les
conditions
favorables â l'accumulation du capital (cf. Graphique n09) (1).
GRAPHIQUE N°9
Effet du taux d'intérêt réel sur l'autofinancement (2)
Autofinan-
cement
l
y
1
1
compe~ing effect dominant
----~~
~__ conduit effect d~
~
>
____ili----+:-----m=i..:.:n:.:a:.:.n:..:t:.------------;;--------;.:-----t:":~~~T;:;~;;-->
~
0
B
C
taux d' intérêt
:t
réel
(d-p )
Source
Mc
KINNON
(R.I.)
Money ~nd Capital
in Economie Development, The
Brookings Institutions,Washington D.C. 1973, p.62.
(1) DERREUIIAUX (P.)
et PELTIER (6.) : "Monnaie, intermédiation financière et développement écono-
mique", op. cité, p.307.
(2) Cf. OUEDRA060 (I. B.11.), 0 p. ci té, p. 104.
Sur
le
graphique,
la
complémentari té
apparaît
dans
l'intervalle
AB
en
raison de l'influence
de l'effet conduit. Au-delà du point B, l'effet de compétition engendre une baisse des investis-
sements.
Un
taux
de
rendement
réel
des
actifs
monétaires situé au point B maximise l'inves-
tissement.
Ce
point,
représentant
l'optimum,
est
le
niveau
du
taux
d'intérêt
réel
positif
qui accroîtra l'épargne et dissuadera les investissements non rentables.

- 121 -
L'objectif
est
d'accroître
la
liquidité
de
l'économie
à
partir
d'un
degré
plus
important
de
monétisation
(liquidité
adaptée,
dosée
et
non
inflationniste
provenant
des
ressources
internes
de
l'économie)
et
de
faire
progresser le processus d'intermédiation financière.
Examinons
à
présent
les éléments stratégiques à utiliser pour lutter
contre l'hyperinflation.
B) La stratégie de la libéralisation de l'intermédiation financière
à utiliser contre l'hyperinflation
Pour
garantir
les
options
fondamentales
de
la
croissance
dans
les
pays en développement, il f~t, pour ce type précis de réformes, une libéralisa-
tion du système financier.
Il faut en effet mettre fin aux privilèges particu-
liers
et
aux
cloisonnnements
qui
fragmentent
les
marchés
financiers
et
en
entravent
leur
fonctionnement.
Le
devoir
des
autorités
est
de
libérer
les
structures
monétaires
des
contraintes
administratives
afin
de
parvenir
à
un développement du marché monétaire et financier. Cela suppose une décentrali-
sation
aussi
poussée
que
possible du
système
bancaire.
Il
faut
que
soient
multipliés
dans
toutes
les
régions de 1 1 économie des organismes susceptibles
de
recuei 11 i r
1es
fonds
dés i reux
de
se placer à court terme (1).
Le marché
monétaire
devra
être
sous
la
surveillance
attentive
de
la
banque centrale.
A la
limite,
il
faut,
de
par
la
nature
des
responsabilités
qu'assument
la
banque centrale et
llEtat,
une coordination de
leurs politiques respectives.
Le rôle de la banque centrale ne sera ni
plus ni moins que la meilleure régu-
lation
de
la
monnaie
et
du
crédit
et
aussi
l'expansion
de l'intermédiation
financière.
La
banque
centrale
doit
disposer
des
moyens
de
contrainte
et
de
persuasion
pour
suivre
au
mieux
les
activités
des
banques
secondaires.
L'autorité de
la
banque centrale
sera basée
sur une meilleure coordination
de
la
politique
monétaire.
Comme
l'indique
D.C.
LAMBERT
"il
est
nécessaire
d'éviter
les
chevauchements
de
compétence
entre
les
autorités chargées
de
la distribution et du contrôle du crédit. La création d'un comité de contrôle
des
banques
ne
peut
être
efficace
qu'à
la
double
condition
de coordonner
1a poli tique de
toutes
1es
autorités monét aires et de pouvoi r
app li quer ses
directives
à
l'ensemble
du
secteur
bancaire
(2)".
Essayons
d'insister
plus
(1) Cf.
TUROT
(P.)
:
IILes
marchés
financiers
dans
les
pays
sous-développés
africains ll ,
Banque
N°186, Décembre 1961, p.25.
------
(2) LAMBERT
(D.C.)
:
Les
inflations sud-américaines.
Inflation de sous-développement et inflation
de croissance, op. cité, p.494.

- 122 -
sur
les
responsabilités
qui
s'imposent
aux
autorités monétaires
des
pays
en développement.
Leur devoi r dans cette péri ode i nfl at i onni ste ne sera ri en
dl autre que "de veil l er à l a sécurité des opérati ons bancai res et d' organi ser
la surveillance des
établissements de crédit afin d'assurer leur pérennité
et la confiance dans la monnaie nationale (1)".
Précisons tout de même que
dans
les pays en
développement, ce sera une banque centrale distincte du
styl e orthodoxe
propre
aux
pays
développés.
E11 e aura pour rôle pri nci pal
d'adapter
ses
actions
aux
plans de développement
économique et social.
Il
faut
une
offre
suffisante de
services
financiers,
au
demeurant efficaces,
pour promouvoi r le développement économi que ; ce que l'auteur dés i gne comme
étant une approche "supply-leading" (2). Pour lui, il faut activer l'innovation
fi nanci ère qui
consi ste à augmenter le taux effectif de l'épargne et à la
canaliser
vers
les
sectedrs de forte croissance.
Les
réformes
financières
retenues visent essentiellement les objectifs suivants:
"- rendre les rendements des instruments financiers suffi-
samment attrayants pour encourager 11 épargne et décourager l a fuite des capi-
taux,
- créer un marché fi nanci er à long terme pour les besoi ns
des ménages du secteur privé et de l'Etat,
- promouvoir la détention des valeurs mobilières,
- s'assurer que
les
investissements
dans les secteurs de
pointe et ceux socialement désirables reçoivent le financement nécessaire (3)".
Si l'objectif final est la monétarisation de l'économie et le dévelop-
pement
de
l'intermédiation
financière,
il
faut
une
véritable
coopération
entre
les
établissements
financiers
du
secteur moderne
et ceux
du milieu
rural. En effet personne mieux que ces derniers établissements ne peut apprécier
la sol vabil ité des emprunteurs. Un accent part i cu lier doit être mi s sur les
intermédiaires financiers autres que les banques pour soutenir au mieux l'action
du marché des valeurs.
On retiendra à cet effet les caisses d'épargne, les
(1) DAVID (J.H.) : La monnaie et la politique monétaire, op. cité, p.217.
(2) Cf.
BEN A"OR (A.) : ilLe rôle des intermédiaires financiers dans le développement économique ll ,
Working Paper, Faculté d'Administration - Université de Sherbrooke, Québec, Mai 1975, p.22.
(3) NESS
(V.l.)
:
IIFinancial
markets
innovation as a development strategy : initial results from
the
8rasilian
experience ll ,
in
BEN A"OR
(A.)
:
ilLe
rôle
des
intermédiaires financiers
dans
le développement .économique ll , op. cité, p.23.

- 123 -
organismes de crédit
industriel,
commercial,
artisanal
ou
agricole.
Il
faut
renforcer
également
le
rôle
des
sociétés
de
vente
à
la consommation,
les
sociétés
de
crédit
au
logement
et
surtout
les
compagnies
d'assurance.
Il
faut que ces différentes activités soient également contrôlées de façon régu-
li ère par
l a banque centrale pour évi ter que certai nes ressources co 11 ectées
s'investissent indûment dans des secteurs qui ne contribuent pas au développe-
ment.
On
peut à cet effet "obliger les compagnies d'assurance ou les autres
organismes
de
ce
type
à
placer un certain pourcentage de
leurs ressources
en titres d'Etat ...
La banque centrale pourrait être autorisée à fixer une
limite maximale à l'accroissement annuel des ressources des organismes d'épargne
collective
qui
pourraient
faire
l'objet
de
certaines
formes
d'investisse-
ment (1)". Pour développer le rôle des banques de second rang dans la mobi l i sa-
J
tion
de
l'épargne,
on
pourrait
insister
sur
la généralisation de l'emploi
du
chèque
en
milieu
sous-développé.
L'Etat
pourrait
payer
par
chèque
les
fonctionnaires
qui
appartiennent
aux
catégories
moyennes
et
élevées
afin
de les familiariser avec les mécanismes bancaires et les inciter indirectement
à faire
des dépôts en
banque (2). L'assurance-vie serait également un point
sur
lequel
la
généralisation
devrait
revêtir
un
caractère
important
dans
les pays en développement. Cela suppose une forte publicité auprès des popula-
tions en milieu urbain comme rural. L'acceptation des groupes sociaux à fai-
ble
et
à
moyen
revenu de
placer
leur épargne sous cette forme
incitera à
une plus grande épargne.
Il faut au total comme le soutiennent ·P. DERREUMAUX
et
G.
PELTIER
"définir
une
stratégie
de
promotion
des
services
bancaires
qui doit retenir trois objectifs interdépendants:
- intégrer la fonction bancaire au processus de développe-
ment
- promouvoir conjointement
les opérations de crédit et la
mobilisation de l'épargne monétaire;
- minimiser
les
coûts
d'intermédiation
en
abaissant
le
ri sque (3)" .
. (1) BLOOIlFIELD (A.I.) : "La politique monétaire dans les pays sous-développés", op. cité, p.42-43.
(2) Cf. GANNAGE (E.) : Financement du développement, op. cité, p.37.
(3) DERREUIlAUX
(P.) - PELTIER
(G.)
:
"Monnaie,
intermédiation
financière
et développement écono-
mique", Banque N°382, Mars 1979, p.307.

- 124 -
Ce
programme
d'approfondissement
financier
ne
serait
pas
complet
si,
après avoi r coll ecté
l'épargne,
l es di fférentes
i nsti tuti ons ne contri-
buaient pas au développement d'un marché monétaire alimenté de titres d'Etat
et
à
la création
d'un· marché
de capitaux où
seraient traités les valeurs
mobilières et le crédit à long terme. Pour parvenir à une liquidité suffisante,
il est donc nécessaire qu'une politique de mobilisation de ressources permette
le
lancement
d'un
véritable
emprunt
interne.
Le
marché monétaire
sera
un
instrument de mobilisation indirecte de l'épargne privée à partir des titres
d'Etat.
Le marché
de
capi taux
se
caractéri sera,
e11 e,
par la mobil i sati on
directe de l'épargne sous forme d'actions et d'obligations. Il est vrai qu'en
raison
de
nombreux
obstacles
structurels,
l'organisation
de
la
bourse
des
valeurs
peut
s'avérer
difficile
et
complexe.
Néanmoins,
elle s'impose pour
faciliter l'offre et la demande de valeurs mobilières et pour donner de nou-
velles issues d'investissement à l'épargne privée (1).
Enfi n,
il
faut,
pour
souteni r
la Illonétari sat i on de l' économi e et
le
réaménagement
du
système
monétaire
et
financier,
garantir
un
rendement
réel positif de la monnaie. Cela exige des taux d'intérêt élevés pour encourager
l'épargne et di sposer de ressources pour l' investi ssement. Car une pol iti que
d'incitation à la petite épargne ne se limite pas à la création d'institutions
approprlees.
La
rémunération
des
comptes
d'épargne
doit
être
suffisamment
attrayante. La structure des taux d'intérêt (dépôts à vue et à terme et comptes
d'épargne)
doit
être
déterminée
en
fonction
de
la politique poursuivie et
de l' importance qu'on veut accorder à ce type de programme. E. SHAW soul i gne
à
cet effet que
"le rôle fondamental
des intermédiaires financiers consiste
à
relâcher.l es taux d' intérêts pour relever l a rareté de
l'épargne et par
conséquent pour la stimuler. Les taux de rendements effectifs sur les investis-
sements seront par la même occasion augmentés de sorte que la discrimination
parmi les différents projets d'investissements deviennentplus effective (2)".
Nous noterons qu'au total
le renforcement des structures monétai res
et financières devra donner plus de crédibilité à la monnaie pour lui permettre
de
jouer un rôle plus actif dans
l'économie des
pays en développement.
Le
développement de la "finance organisée" qui
reste le résultat final de cette
(1) Cf. GAINAGE (E.) : Financement du développement, PUF, Paris 1969, p.47.
(2) SHAW (E.S.)
:
Financial
Deepening
in
Economie
Development,
Oxford
University
Press,
Londres
1973, p.77.

- 125 -
opération
rendra
la
politique
monétaire
plus
efficace.
Ce
qui
permettra
un
meilleur
contrôle
de l'activité
des
institutions
bancaires
et
financières,
du crédit et de la monnaie.
Cette politique incitera à une plus grande masse
d'épargne
et
contribuera
à
l'amélioration
du
niveau
de
l'investissement.
On
aboutira
au
final
àun
rétablissement
de l'équilibre monétaire suffisant
pour vaincre 1 'hyperinf1ation.
*
*
*
1
Il
vrai
que
l'aménagement
du
secteur
monétaire
et
financier
est
désormai sune
exi gence
et
un
i rnpérat if
aux que 1s
doi vent
répondre
1es
pays
en développement. Ce type des réformes monétaires a la possibilité
, à partir
d'une
offre
suffisante
de
services
financiers,
de
contrôler
les
flux
qui
en découlent afin de les canaliser dans une direction précise pour le maintien
de la stabilité monétaire et pour la promotion du développement
économique.
On
sait
aussi
que
1a
cause
de
l' i Illportant
déséqui 1i bre
dans
ces
pays
est
due à l'inélasticité de l'offre face à une demande de plus en plus croissante
et
exigeante.
Il
est
possible
qu'avec
essentiellement
la
libéralisation
de
l'intermédiation
financière
et
la
masse
d'épargne
qui
pourra
être
drainée
l'on pui sse comb 1er ce manque.
N'empêche qu'ayant en partie 1es mêmes effets
favorables sur l'offre,
il y ait également une nécessité à utiliser d'autres
politiques.
Aussi,
bien
qu'éloignées
du
cadre
de
notre
étude,
la
politique
fiscale et la politique des prix agricoles se révèlent nécessaires pour contri-
buer à la réduction
des rigidités structurelles et pour lutter efficacement
contre 1 'hyperinf1ation.

- 126 -
PARAGRAPHE Il
LA
NECESSITE
D'UNE
POLITIQUE FISCALE ET D'UNE POLITIQUE DES
PRIX
AGRICOLES· DANS· LA
LUTTE
CONTRE· L'HYPERINFLATIONDANS
LES·PAYS EN DEVELOPPEMENT
L'inflation
dàns
les
pays
en
développement
est
intimement
liée
à
l'inélasticité de l'offre des biens et services par rapport à l'accroisse-
ment de la demande globale.
La politique fiscale et la politique des prix
agricoles
peuvent donc
contribuer
à
combattre l'inflation en suscitant une
incitation
à
l'accroissement des
propensions
à
investir et
à
produire et
donc en atténuant les rigidités sectorielles qui sont des causes structurelles
d'inflation.
Essayons de les étudier.
~
A) La politique fiscale et la lutte contre l'hyperinflation dans
les pays en développement
Parmi l es moyens d' act i on sur l es comportements (et de mobil i sat ion
de ressources),
la fiscalité
reste
une des
cartes maîtresses.
Face à une
épargne volontaire mais faible et aux difficultés de mobilisation de ressources
dans
la mesure où
l'on cherche
à
répondre aux
exigences du développement
sans recourir
à
la création monétaire,
à
l'offre excessive de crédit,
la
fiscalité se révèle comme un instrument nécessaire de développement. A travers
sa double fonction
(parfois contradictoire) de mobilisation de ressources et
d'incitation économique, elle est une arme essentielle dans des pays où l'Etat
demeure le principal catalyseur du développement économique.
Après
avoir montré les raisons du choix de cette politique,
nous
indiquerons ·les éléments stratégiques à utiliser pour lutter contre l'hyperin-
flation dans les pays en développement.
1) Les raisons du choix de la politique fiscale
Dans des économies fortement tournées vers llextérieur, l'application
de mesures fi sca les
conjoi ntement
aux
autres mesures de contrâ le monétai re
reste uti le pour amorti r l es effets déséquil i brants provoqués de l' extéri eur
et
pour exercer une
influence stabilisatrice sur l'activité économique.
Il
est clair que la lutte contre l'inflation ne passe pas seulement par la po-
l iti que monétai re. Ell e mérite d'être coordonnée avec des mesures de mobi li sa-
tion de l'épargne et avec aussi celles de la politique fiscale.

- 127 -
On
peut
rappe l er que depui s longtemps le système fi sca l des pays
en
développement
s'est
adapté
au
caractère
dualiste
de
ces
économies.
Ce
qui
a engendré une di storsi on marquée entre les contri buti ons des deux types
dl économi e
secteur moderne et secteur rural.
Le premi er secteur supporte
une
taxation
plus que
proportionnelle à son niveau de développement.
Quant
au secteur rural, "il échappe largement à l'impôt. Cette situation "en apparence
conforme à la l agi que du contexte économi que du sous-développement est géné-
ratrice
d'un
déséquilibre
dans
la
mesure

la
quasi-exemption
fiscale
à
l'activité agricole oblige à des compensations du côté de l'activité moderne (1)".
Ce
que l'on constate dans
la plupart des
pays en développement et surtout
en Amérique Latine, ce nlest pas la population de riches propriétaires fonciers
qui
paie,
mais
une
minorité
active
de
salariés
et
d'entreprises.
Le fait
que
l'on ne parvienne pasl à imposer de façon
efficace le secteur agricole
signifie
en
clair
"qu'une
part
disproportionnée
de
la charge
fiscale
est
supportée par le secteur commercialisé de l'économie. En plus, dans la plupart
des pays en développement, l'incidence des impôts est régressive (2)".
La politique fiscale dans les pays en développement doit être aujour-
d'hui
un
instrument
d'incitation,
notamment
plus
favorable
à
l'épargne
et
à l' investi ssement. Ell e devra permettre d'accroître le rendement de l a fi sca-
lité et d'éviter ainsi le creusement du déficit budgétaire. Ce qui stabilisera
au fi na l
11 économi e et renforcera les
poss i bil i tés de lutte contre l' hyper-
i nfl at ion.
Voyons à présent les éléments stratégiques à utiliser contre l'hyper-
i nfl at ion.
2) La stratégie de la politique fiscale à utiliser contre
l'hyperinflation
Lorsqu'on
envisage
une
réforme
du
système
fiscal,
on
doit
tenir
compte "de la questi on du rendement en mati ère du revenu, de la prati cabil ité
administrative
de
la réforme,
de ses effets sur les
stimulants économiques
(1) MARQUES
(J.l.)
:
La
politique
financière
et
le
développement
économique
du
Sénégal,
Thèse
d'Etat ès Sciences Economiques - Université de Clermont-Ferrand l, Juillet 1971, p.215.
(2) KAlOOR (II.) : "Les prélèvements fiscaux dans les pays en voie de développement" in Les problèmes
fiscaux
et
monétaires
dans
les
pays
en
voie
de
développement,
3ème
conférence
de
Réhovoth,
Dunod, Paris 1967, p.209.

- 128 -
et de sa compatibilité avec les sentiments populaires. La hardiesse politique,
le
bon
sens
et
une
habileté
technique
sont
des
qualifications requises à
cet effet
(1)".
Ces
principes peuvent se réduire à ces questions suivantes.
Faudrait-il mettre
l'accent sur une imposition qui soit prélevée au détriment
de 11 épargne pri vée ? Ou devrai t-on s' ori enter vers une fi sca lité qui rédui se
les
dépenses
de
consommation
et qui
favorise
l'épargne privée?
(2).
Nous
esti mons que le système fi sca l doit être adapté aux besoi ns
spécifi ques de
chaque économie.
La structure fiscale doit être orientée dans le sens d'une
politique de croissance économique, de stabilité et de plein-emploi.
A l a base
de
tout
élément stratégi que,
rappe l ons
l es conceptions
du courant de pensée libérale que lion appelle les "supply-side economics" ou
les
économistes
de
l 'offr~
par
opposition
à
la politique keynésienne axée
sur l a demande.
Pour le Professeur A.
LAFFER et les économi stes de l'offre
(3),
la
lutte
contre
l'inflation et
le chômage passe "par une stimulation
mi croéconomi que des agents de la production et par la restaurati on des forces
du
marché ...
Ils
proposent
de
redonner
toute
son
efficacité
à
lléconomie
privée
en
la
libérant
au
max"imum des
réglementations et des interventions
pub li ques
(4)" .
Pour
cet
auteur,
l' accroi ssement
des
dépenses
pub li ques
à
la
base
d'une
étatisation
accrue
de
l'activité
économique
provoque
une
augmentation de la pression fiscale. Cette étatisation conduit à un ralentisse-
ment économi que,
génère une i nfl at i on par l es coûts car les impôts sont des
charges que le secteur privé ajoute à ses propres charges. Pour M. BERGOUGNOUX,
(l) GOODE
( R. )
:
Il L' e ff i c a ci t é
deI a pol i t i que
fis cal e..
in
Les
pro b l ème s
fis cau x et
mon ét air es
dans les pays en voie de développement. op. cité, p.241.
(2) Cf. GANNAG~ (E.) : Financement du développement, op. cité, p.110.
(3) L'exposé de la thèse de A. LAFFER est contenu dans une publication ronéotypée intitulée : "An
equilibrium rational macroeconomic framework",
University of Southern California, Los Angeles,
1976.
Voir sur ce point :
PASCALLON (P.) : "La révolte des contribuables", La Croix, 25 Octobre 1980.
AUNAC (P.) : L'étatisation est-elle responsable de la crise?
Dossier
DEA
Economie
Monétaire
et
Budgétaire,
Faculté
des
Sciences
Economiques,
Université
de Clermont l, Année Universitaire 1984-1985.
(4) BILGER (F.) : L'expansion dans la stabilité, op. cité. p.194.
Voir également :
LEFOURNIER
(Ph.)
:
"Les
nouveaux
économistes
aux
Etats-Unis,
L'Expansion,
Décembre
1978
repris in Problèmes Economiques, n01615, 21 mars 1979, pp.10-15.

- 129 -
il
Y a
à
l'origine
des
propositions
de
A.
LAFFER
"l'idée
que
la
lourdeur
du système fiscal
diminue l'efficacité économique - et
par suite la richesse
rée 11 e
du
pays
- parce
qu'il
conduit
l es
agents
économi ques
à
modifi er les
choix
qui
présideraient
à
l'affectation
de
leurs
ressources
si
la fiscalité
était
moins
forte
(l)".
La
ligne
de
leurs
réflexions dont
le point central
se
trouve
dans
la
réduction
massive de
la pression fiscale devra encourager
l'effort,
l'esprit
d'entreprise et
l'épargne.
Pour eux,
il
faut,
pour mettre
un terme à l a cri se et à l a forte pressi on fi sca le qui
réduit l es opportunités
dl.investissement,
une diminution des impôts et partant une baisse des dépenses
pub li ques
(2).
Le
taux
de
press i on
fi sca le
doi t
être compri s dans une zone
délimitée
par
un
point
(optimum)
au-delà
duquel
toute
augmentation
de
la
pression
fiscale
serait
préjudiciable
à
l'économie
baisse
des
rentrées
fiscales,
augmentation
de's
coûts
de
production,
inflation
(cf.
Graphique
W10) .
GRAPHIQUE N°lO
Cas général de la courbe de A. LAFFER
RECETTES FlSCALES
E
• •
·.·.

.

.
• • • .
• •
• • • • • • • •
• • • • • • • • •
• • • • • • • • •
·..........
• • • • • • • • • • •
• • • • • • • • • • • •
• • • • • • • • • • • •
• • • • • • • • • • • • •
• • • • • • • • • • • • •
• • • • • • • • • • • • • •
• • • • • • • • • • • • • •
• • • • • • • • • • • • • •
• • • • • • • • • • • • • •
• • • • • • • • • • • • • • •
• • • • • •
• •••••
Zone
••••••••••• ZOne •••••••••••
acceptable
:.:.:.: Inadmissible:·:·:·:·.
·•.•..........
• • • • • • • • • • .
• .
• .
• .
• •
• • • • • • • • • • • • • • • • •
• • • • • • • • • • • • • • • • •
• • • • • • • • • • • • • • • • •
• • • • • • • • • • • • • • • • •
• • • • • • • • • • • • • • • • •
• •
· •. •. •. •. •. •. •. •. •. •. •. •.,•.• •-.•
:.·.:.:.:.:.:.·.·.:.:.·.·.··100 %
0%
PRESSION FISCALE
Source
PASCAllON (P.)
"La révolte des contribuables", La Croix, 25 octobre
1980.
(1) BERGOUGNOUX (R.) : L'influence de la fiscalité et des transferts sociaux sur l'offre de travail.
Thèse d'Etat ès Sciences Economiques. Université de Clermont l, Avril 1981. pp.1-2.
(2) Voir
sur
ce
point
PASCAllON
(P.)
: "Libéralisme. cela si9nifie-t-il moins d'Etat". Recherche
Sociale.
N°103.
Juillet-Septembre
1987 repris
in
Problèmes
Economiques.
N°2073.
4 mai
1988.
p .15.

- 130 -
Il
faut,
et cela doit être l'objectif principal, accélérer la "fis-
calisation"
de
l'économie
pour
permettre d'alléger la charge fiscale moyenne
des contribuables.
Il
faut une stratégie qui
permette d'élargir la base taxa-
ble.
L'hétérogénéité
des
revenus
et
la
mauvaise
perception
de
l'assiette
taxable
laissent
en
effet
supposer
qu'il
existe
une
importante
assiette
potentielle.
Il faut, pour saisir cette assiette, définir une fiscalité diffé-
renciée
qui
soit fonction du dualisme des économies en développement. Compte
tenu de la faiblesse des revenus, il faut insister sur le rôle que peut jouer
désormais
l'impôt
indirect
dans
les
économies
en
développement.
Si
on
doit
augmenter les impôts indirects, on doit aussi
penser à la réduction des sub-
ventions.
On
peut,
si
cela
s'avère
indispensable,
faire
des
aménagements
fiscaux dans
certains secteurs de l'économie:
cas du code d'investissement.
Ce procédé permet, il est Irai, de combler le manque de ressources financières
rares
et
d'un
coût d'opportunité parfois élevé. Mais il
faut,
dans
le cadre
de cette réforme,
arri ver
à rédui re cette fi sca lité conventionnelle qui
est
à
la
longue
cause
de
distorsions
économiques.
Il
faut
réduire
ce type de
discriminations
afin
de
favoriser
une
concurrence
loyale
entre
les
entre-
pri ses.
Il
faut également éviter de pénal i ser fortement les soci étés d' i mport-
export
qui
constituent
dans
l a
pl upart
des
pays
en développement l a cl é de
voûte de ces économies. On augmentera dans
tous
les cas
les
impôts les moins
gênants
économi quement
(al coo l s,
tabacs,
transacti ons
portant
sur l es objets
de
luxe).
Si
de ces
différents
pri nci pes
on
parvi ent à un élargi ssement de
l'assiette taxable, on peut tenter de réduire la progressivité, en fait l'impôt
direct.
Arrêtons-nous
un
instant
sur
l'impôt direct qui
est le type d'impôt
anti-inflationniste
essentiel.
Il
frappe
~irectement les
revenus
et
n'est
pas
répercutab le.
CI est dans l'aménagement de cette forme d' impôt qu'on peut
le
plus
espérer.
Il
faut
qu'il
soit
progressif
et
que
cette
progressivité
joue
assez
bas
dans
les
revenus.
Cependant
la
faiblesse
des
revenus
dans
la grande
majorité
des
pays
en développement
et
la difficulté à les saisir
rendent
cet
impôt
peu
utile
parfois
peu
indispensable
pour
lutter
contre
l'inflation (1). En allant dans les détails, on pourrait, faute de l'utiliser,
proposer
l'imposition
systématique
des
immeubles.
Elle
permettrait
en effet
à des catégories de contribuables échappant totalement ou en partie à l'impôt
direct mais ayant pu réunir un patrimoine immobilier de contribuer à l'impôt
direct.
On
peut
ainsi
saisir
les
revenus
du
secteur
informel
au
moment de
(1) Cf. FLAMANT (M.) : Théorie de l'inflation et politique anti-inflationniste - Essai d1 application
de concepts keynésiens, op. cité, p.159.

- 131 -
leur réemploi
dans l' i mmobi1 i er. De même que sion déci de de ne pas augmenter
la
pression
fiscale,
il
faut
alors
agir
sur
la masse
budgétaire.
Il
faut
en effet frei ner
l es
dépenses
pub li ques ce qui
nécessite
1a suppressi on de
certains secteurs publics non rentables.
Dans la plupart des pays en développement, il y a une faible utilisa-
tion
de
l'impôt
foncier.
Dans
les
pays
latino-américains,
ce type d'impôt
est
presque
inexistant,
sûrement
pour des
raisons
politiques,
et fait
même
.place à
l'impôt
sur
le revenu qui
lui
est
préféré
(cf.
Tableau n09).
Cela
est
une
erreur
Il pui sque
le
montant
de
l' impôt dû
par
le propri étai re est
détermi né
d'après
l a valeur de
la propri été et
non d'après
son revenu,
il
,
TABLEAU N°9
Proportion de l'impôt foncier (IF) dans le total des recettes fiscales (RF)
de certains pays l'Amérique Latine: (IF/RF)
èn pourcentage
~ 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984
Pays
Argentine
21
17,4
14,7
9,37
8,9
l 5, l
19,4
14,3
12,6
Brésil
/
/
3
l ,5
2,2
4, l
4,9
l ,7
l ,7
Mexique
/
/
/
/
0,3
0,4
0, l
0,05
0,004
Pérou
/
6, l
5
4,9
5,9
6,3
6,5
/
/
Vénézuela
0,4
0,8
2,6
0,8
0,6
0,5
0,8
0,8
0,8
Source
Tableau construit par nous à partir de IMF
Government Finance Statis-
tics
Yearbook, IMF, Washington OC 1986.
N.B. Faute de données sur l'impôt foncier,
nous avons choisi
les impôts sur
la propriété dans lesquels les impôts fonciers doivent être inclus.

- 132 -
ne vari e pas
avec
le revenu et il
nia pas par conséquent l es mêmes effets
"nocifs" sur la production que l'impôt sur le revenu et en particulier l'impôt
sur
le
revenu
à
taux
élevé
(1)".
D'ailleurs imposer
le foncier
n'est
pas
anti-économique
puisqu'il
ne
représente
pas
un
investissement
productif.
Il
faut
même parvenir à une forte imposition pour inciter les propriétaires
fonci ers à mettre en valeur leurs propri étés. Comme le ni veau de pré l èvement
des impôts fonciers
dans
la plupart des
pays en développement reste au ni-
veau
de
la "masse critique",
cela ne
peut nécessiter une diminution de ce
type d'impôts. On peut de ce fait "imposer à un taux plus élevé les propriétés
non
cultivées
ou
utiliser
comme base pour
l'assiette de
l'impôt
la valeur
de la propriété telle qu'elle résulterait de son exploitation la plus produc-
tive, la valeur des améliorations n'étant pas comprise dans l'évaluation (2)".
,
Il
faut
enfin
déployer
les
moyens
nécessaires
pour
permettre
au
système fi scal
des
pays en développement de retrouver toute son efficacité.
Il
faut
même
arriver
à
une informatisation
plus
poussée pour faciliter
la
mise en oeuvre des différentes opérations et surtout pour réduire les fraudes.
Il
faut,
c'est ce qui
demeure
le plus "important, adapter les textes et les
méthodes au contexte économique des pays en développement.
En parvenant ai nsi à accroître des revenus fi scaux et en contri buant
à une plus grande mobilisation de l'épargne privée, on aboutit à un renforcement
des moyens de production utiles pour accroître l'offre globale et pour contri-
buer à la lutte contre l 'hyperinflation.
Examinons à présent la politique des prix agricoles.
Br La politique des prix agricoles et la lutte contre l 1 hyperinfl ation
dans les pays en développement
Les
nombreux
déséquilibres
dans
les
pays
en
développement
sont
rendus possibles et permanents par la faible productivité du secteur agricole.
Rappelons
que
dans
la
plupart
de
ces pays,
nous
sommes en
présence d'une
agriculture
marquée
par
le
féodalisme
des
grands
propriétaires
et
par
la
(1) ADLER
(J.H.)
:
"La
politique
fiscale
dans
un
pays en
voie de
développement",
Association
internationale de Sciences Economiques, Japon, Avril 1960, p.22.
(2) Ibid, op. cité, p.22.

- 133 -
misère
des
paysans.
Ces
éléments
freinent
la
croissance
de
la
production
interne
et
entretiennent
une
forte
inélasticité
de
l'offre
par
rapport
à
une
demande
croissante.
Ce
phénomène
crée
des
goulots
d'étranglement
dont
les conséquences
les
plus importantes conduisent à la hausse des prix inté-
rieurs.
Pour
P.
ROUX
c'est
l'insuffisance de
la production agricole et la
montée des prix des produits alimentaires qui sont à l'orig"ine de l'inflation.
Son
explication est la suivante
:
"tant que
les marchés
agricoles ne
sont
pas
suffi samment
approv1 S1 onnés on a donc un
processus cumul atif de hausse
des prix ayant pour origine la demande des ménages (1)". La principale raison
de la faible production agricole est en effet le plafonnement rigide du prix
payé au
producteur.
En effet la détéri orati on du
pouvoi rd' achat des agri-
culteurs
qui
découle du faible
niveau du
prix qui
leur est payé,
provoque
particulièrement
une
bai~se
de
consommation
de
biens
indispensables
à
la
mise
en
oeuvre
des exploitations.
E.
BERG a,
en
allant
plus
loin dans
le
cas des pays en développement, évoqué l es rai sons sui vantes
"1 es investi sse-
ments
n'ont
pas
été
affectés
de
façon
rationnelle
et,
en
particulier,
on
a accordé
une attention exagérée aux grands
programmes dirigés
par l'Etat.
Par ailleurs, la politique agricole et économique, ainsi que le cadre institu-
tionnel ne favorisaient pas l'accroissement de la production: les prix offi-
ciels étaient trop faibles; les circuits de commercialisation trop mal définis,
inefficaces et peu compétitifs; l'approvisionnement en facteurs de production
trop
irrégulier
et la participation des exploitants aux affaires rurales
trop limitée (2)".
La
politique
d'incitation
des
prix
au
production
agricole
est,
cela mérite d'être rappelé,
l'un des object ifs pri nci paux du Fonds Monétai re
InternatioRal. Pour eux, la plupart des difficultés évoquées sont dues à l'insuf-
fisance
des
incitations
de
prix
en
faveur de ce secteur.
Ce que confi rme
une des récentes études faites par la Banque Mondi ale (3). Cette f ai blesse des
(1) ROUX (P.)
:
L'agriculture dans le développement économique,
Technique et Documentation, Paris
1987, p.110.
(2) BERG (L) : Le développement accéléré en Afrique au sud du Sahara: programme indicatif d'ac-
tion, Banque Mondiale, Washington 1981, p.57.
(3) Cf. Dans une étude effectuée par la Banque Mondiale sur 27 projets agricoles, on note l'impor-
tance primordiale de l'influence des prix au producteur sur la qualité et le volume des récoltes
qui
l'emportent bien
souvent
sur
la qualité
des
combinaisons
techniques
et
des
services de
vu l ga ris at ion.
Sur
ne uf p.ro jet s bé néfic i an t
d' un
bar ème
de
pri x f a v0 rab le,
sep ton t a t t e i nt,
voire dépassé
leurs
objectifs
de
production
;
sur
18 projets
pour
lesquels
les barèmes des
prix
étaient
défavorables,
13
n'ont
pas
atteint
leurs
objectifs:
cf.
II0RLD BANK:
Sixth
Annual Review of prospect performance audits, in BERG (E.), op. cité, p.65.

- 134 -
prix
payés
aux
producteurs
agricoles
dans
ces
pays
montre
ainsi
la forte
imposition que subissent ces derniers. Les producteurs ne reçoivent en général
qu'une
infime
partie
du
prix
des
principales
exportations
sur les marchés
mondiaux.
Il
faut
désormais
donner
les
moyens
nécessaires
aux
producteurs
agri co l es en acceptant en tout premi er
lieu de l es rémunérer mi eux. Ce qui
leur
permettra
ensuite
de
surmonter
tous
les
défis
auxquels est confronté
ce
secteur.
Il
faut
permettre à l'agriculture de demeurer encore longtemps
la base la plus déterminante de la croissance de ces jeunes nations. On peut
à cet
effet exiger de l'Etat
une opération de soutien.
Comme cela se fait
dans certains pays en développement (Côte d'Ivoire par exemple), l'Etat peut
mettre
en
oeuvre
une
opération
consistant
à
"réduire
les
fluctuations
de
prix afin d'atténuer l'incertitude des agriculteurs à l'égard de leurs recettes
et de leur revenu. Cette açtion en faveur de la régulatian des cours s'accompa-
gne
le plus
souvent d'une action
pour obtenir le relèvement du
prix moyen
des
produits
concernés
(1)".
Il
faut
également
améliorer
les
circuits
de
distribution
et
rendre
p'lus
disponibles
et
à
la
limite
moins coûteux les
techniques de production, en subventionnant par exemple certains types d'inves-
tissements. On peut également préconiser surtout pour les pays latino-américains
une
redi stri but i on
des
terres
pour activer l a mi se en oeuvre des
surf aces
cultivables.
Il
faut
par exemple une
libération
plus
rapide des terres par
les agriculteurs âgés et une aide à la conversion des jeunes dans l'agriculture.
En clair,
il
faut,
pour avoir une agriculture compétitive, de haut niveau,
ayant une plus grande productivité:
"- Développer
une
agriculture
de conquête grâce à la coordination
enseignement-recherche-développement.
- Mettre
en
oeuvre
une
politique
foncière
qui
allège
la
charge
du
capital
consacré
à
l'achat de terre et qui
favorise
l'installation des
jeunes agriculteurs.
- Assurer aux agriculteurs un revenu et des conditions de vie compa-
rables aux autres catégories de la nation (2)".
Essayons,
après
ces
différents
exposés,
d' appréci er
l es
réformes
monétaires d'ordre structurel pour voir leurs possibilités à lutter efficacement
contre l 'hyperinflation dans les pays en développement.
(1) ROUX (P.) : L'agriculture dans le développement économique, op. cité. p.lli.
(2) Ibid,
op. cité, p.335.

- 135 -
SECTION II
APPRECIATION DES REFORMES MONETAIRES DI ORDRE STRUCTUREL PROPOSEES
DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Pour servi r
"de véri tab 1e arme de combat"
contre 1 1 hyperi nfl ati on,
une révision des structures et des institutions est indispensable pour accroître
1
l'efficacité
de
la politique monétaire dans
les
pays en développement.
Les
mesures
préconi sées
(1i béra1i s at i on de 1 1 i ntermédi at i on fi nanci ère,
politique
fiscale et
politique des
prix agricoles)
semblent ètre désormais des atouts
susceptibles de permettre de vaincre les hausses de prix d'origine structurelle.
Dans des pays où 1etaux dl i nfl at i on demeure assez élevé, 1a Illi se en oeuvre
de ces politiques exi ge une habil eté de 1a part de ceux qui doi vent 1es app 1i-
quer mais aussi un climat politique et social parfois favorable. Car le risque
d'une
recrudescence des
anticipations
inflationnistes est toujours
possible.
On peut même noter que si la plupart de ces difficultés existent, elles tiennent
souvent à 1a structure économi que de ces pays et à 1a nature des popul ati ons
un peu trop habituées à ces situations.
PARAGRAPHE 1
EFFICACITE DE
LA LIBERALISATION DE LI INTERMEDIATION FINANCIERE
DANS LA LUTTE CONTRE L'HYPERINFLATION DANS LES PAYS EN DEVELOP-
PEMENT
Nous analyserons tout d'abord les aspects positifs de l'intermédiation
financière
et
ensuite nous mettrons
l'accent sur
les
incertitudes qui
sont
liées à la mise en oeuvre de cette politique.

- 136 -
A) Aspects positifs de la libéralisation de l'intermédiation finan-
cière dans la lutte contre l'hyperinflation
SI il
est vrai
que dans
l a pensée économi que 11 unani mi té est fai te
sur l'importance de llintermédiation financière dans le développement économi-
que,
les points de vue divergent quant à la place qu'il faut accorder aux
intermédiaires
financiers
dans
une
stratégie de
développement des
pays
en
développement. Pour les néo-libéraux, le système bancaire et financier constitue
un
facteur
essentiel
et
déterminant
du
développement
économique
(1).
Ils
estiment
en
effet
qu'il
ne
peut y avoir
de
développement économique sans
.croissance
financière
et
qu'il
conviendrait
de
favoriser
la
monétisation
de l' économi e et de déve l,ppper l' i nterméd i at i on fi nanCÏ"ère. Le développement
du secteur financier permettra de réduire le coût de financement de l'investis-
sement lequel serait désormais moins dépendant des marchés inorganisés où les
taux dl intérêt sont très è levés. Cette réduction de 11 endettement des exp loi-
tants agricoles permettra alors de dégager une épargne supplémentaire. L'ac-
croissement de la liquidité. et la diversification de ses opérations facili-
teraient
ainsi
le développement des
marchés
monétaires.
Cela contribuerait
à la mise en oeuvre d'une
politique monétaire plus souple et mieux adaptée
aux
structures
des
nations
en
développement.
Les
intermédiaires
financiers
apporterai ent des
changements
notables dans l es secteurs économi ques, comme
par exemple le transfert et l'allocation des ressources des secteurs tradition-
nels et surtout stagnants aux secteurs modernes et surtout en pleine croissance.
1l s apporteront un changement dans l a structure des dépenses en ne fi nançant
que
les
projets
d'investissements
selon
leur
rentabilité,
leur durabilité,
et
leur
degré
de
satisfaction
collective.
les
intermédiaires
financiers
pourront ainsi "contribuer
à une
augmentation du ratio épargne-revenu et par
conséquent
amener
une
augmentation
du
taux
de
format i on
du
capital
(2)" .
Le système financier pourra également bénéficier des progrès techniques faits
dans
ce
sens
dans
les
pays
développés
(gestion
informatique des
banques)
ce qui permettra de capter les économies d'échelle et de minimiser les risques.
Faisons remarquer que la croissance rapide de la plupart des pays
occidentaux bien avant la décennie soixante jusqu'au début des années soixante-
dix a été le fait de la bonne intégration du système financier au dynamisme
(1) Cf. SHA~ CE.S.) : Financial Oeepening in Economie D~velopment, op. cité, p.17.
(2) BEN
AMOR
CA.)
:
"le
rôle
des
intermédiaires
financiers
dans
le
développement
économique",
op. cité, p.14.

- 137 -
de la production (1). Aux Etats-Unis où, entre 1945 et 1965, le produit national
brut a crû de 190%, les dépenses en capital consacrées
à l'installation d'usines
et à l'achat d'équipements ont crû de 470%,
le crédit bancaire a crû de 480%
et
les
capitaux
rassemblés
par
les
intermédiaires
financiers
ou
cherchant
à Si i nvest i r
di rectement
sur
le
marché
fi nanci er
de
750%.
En
France,
les
crédits
à court terme totaux aux entreprises ont été multipliés par 27 entre
1954
et
1974,
ceux
distribués
par
les
banques
ont
été
multipliés
par
133,
ceux
distribués
par
les
organismes
spécialisés
par
80
et
ceux
distribués
par
le
Trésor
par
5.
Cette différence
de
rythme
de
progressi on
correspond
à
la volonté de désengagement du Trésor, dont la participation au financement
des entrepri ses
a régressé de 78% du total
à 15% en 1974 tandi s que l a part
du système bancaire passait de 9% à 42% (2).
Il est donc clair que le système
financier
participe bien
a'!.J dynamisme de la production car de sa diversifica-
tion
dépend
la
diversification
du
patrimoine
physique.
On
peut
parvenir
à
une
transformati on
plus
étendue
des
ressources
à court
terme
en
emploi s
à
plus
longue échéance et reconcilier mieux dans ce cas les exigences difficile-
ment compatibles des épargnants et des investisseurs: c'est la finance organi-
sée
(3). Ainsi
l'intervention des banques et de tout autre type d'institutions
financières
dans
la
gestion
de
l'épargne
conduira
sans
aucun
doute
à
une
stabil i sati on
des
encai sses
ce
qui
peut,
et c'est vrai,
limiter
l es ri sques
de tensions inflationnistes.
L'approfondissement
financier
donnera
plus
d'assurance
et
de
con-
fiance
à la valeur de la monnaie et aux populations. Dans les secteurs agri-
coles,
les
intermédiaires
financiers
participeront
à
l'émergence des entre -
preneurs
locaux
en
redéfi ni ssant
avec eux des
programmes d' encadrement.
Cela
supposera la prise en compte des conditions d'octroi, de contrôle et de recou-
vrement
de
crédits.
Cette intégration de la fonction
bancaire aux programmes
de
développement
rural
se
tradui ra
à terme
par
un
gai n dans
l' effi cacité
globale du système économique agricole et cela de trois façons
"- en
diminuant
progressivement
le
recours
au
crédit
informel,
et donc en allègeant
l'endettement moyen des exploitants, condition favorable
à la hausse de la propension à épargner;
(1) Cf. BLONDEL (O.), PARLY (J.N.)
l'inflation de croissance, PUF, Paris 1977, p.84.
(2) Ibid, op. cité, p.84.
(3) BERTRAND (J.N.),
GUY
(N.),
ROSEN
(M.)
:
Ille
système
bancaire et le financement déséquilibré
de la croissance ll , Banque, N°359, Février 1977, p.143.

- 138 -
- en
substituant
une
politique
de
crédit
aux
mesures
d'aides
et
aux subventions budgétaires de l'Etat et donc en accroissant la responsabilité
financière du paysannat;
- en
permettant
l'existence
de
garanties
appreclees
en
fonction
des
programmes de production identifiés puis contrôlés,
et donc en améliorant
le
compte
d'exploitation
de
l'institution
de
crédit
par
l'abaissement
du
taux
des créances employées
(1)".
Dans
l es zones
urbai nes où il
y a souvent
une
forte
concentration
d'institutions
financières,
une
coordination
des
activités
de
distribution
et
de
contrôle
du
crédit
est
indispensable.
Ce
rôle incombe pour l'essentiel à la banque centrale qui, en usant de son autorité
et des responsabilités qui lui sont dévolues, assurera une meilleure régulation
de la demande et de l'offr~ de la monnaie et également du crédit. Elle pourra
ainsi
"freiner l'expansion de la demande publique et réduire les dépenses des
particuliers de façon à rétablir les fonctions économiques normales du mécanisme
de formation des prix, des salaires et des changes (2)~
Avec
ces
divers
aménagements,
on
devrait
aboutir
à une
réduction
de
l'inflation
qui,
combinée
à
la
hausse des taux d'intérêt réels et à une
forte
épargne
intérieure,
améliorait
l'équilibre
des
paiements
extérieurs
(cf.
Schéma nOll).
Il
est vrai
que
l'inflation ne disparaîtra pas totalement
mais
ce sera un avantage de
la réduire au niveau
le plus
raisonnable.
Comme
quoi
"un
taux
d'inflation
modéré
fait
logiquement
partie
d'une
politique
efficace de
développement
en
ce
sens
qu'en
contrepartie
du
"prix"
payé une
affectation
et
une
utilisation
plus efficaces des
ressources
pourraient être
acquises
(3)".
L'adoption
d'une
politique
monétaire
adaptée
assurant
une
rémunération
effective
des
encaisses
induira,
avec
une
monétisation
accrue
de
l'économie,
"une
intervention
plus
dense
et
plus efficiente des
intermé-
diaires financiers,
une propension à investir plus élevée et mieux utilisée:
c'est
l'entrée
dans un "cercle vertueux" du développement qui
sera provoquée
par cette libéralisation financière préconisée (4)".
(1) DERREUMAUX
(P.),
PELTIER
(G.)
:
"Monnaie,
intermédiation
financière
et
développement
écono-
mique", op. cité, p.310.
(2) LAMBERT (D.C.) : Les inflations sud-américaines - Inflation de sous-développement et inflation
de croissance, op. cité, p.542.
(3) JOHNSON
(H.G.)
:
"L'inflation-prix-inévitable
d'un
développement rapide ou facteur inhibiteur
de
la croissance
économique
?"
in Les
problèmes fiscaux et monétaires dans les pays en voie
de développement, 3ème conférence de Réhovoth, Dunod, Paris 1967, p.123.
(4) DERREUMAUX (P.), PELTIER (G.) : op. cité, p.305.

- 139 -
Jetons à présent un regard sur les incertitudes liées à l'application
de cette politique.
Aspects positifs de la libéralisation de l 'intermédiation financière
dans la lutte contre l'hyperinflation
Libéralisation de
Baisse de l'activité des
Changement dans la
.....
l'intermédiation
secteurs
- structure des
-
financière
V monétaires
dépenses
inorganisés
Politique de contrôle
de l'offre de monnaie
Taux d'intérêt
réel positif
1f
~ Baisse du coût
Amélioration de
, .
moyen de
r - - -
la quali té des
proiets
~ fi'""""
Monétarisation
de l'économie
Accroissement
..--- I -
de l'épargne
~
..
n
Accroissement du taux
Accroissement de
de formation de capital
-
Baisse de
-- l'offre globale
-
l'inflation
Source
Construction personnelle.

- 140 -
B) Incertitudes
liées
à
la
mise
en
oeuvre de
la libéralisation
de l'intermédiation financière
Le développement du système financier exige selon E. SHAW et l'ensem-
ble
des
auteurs
néo-libéraux
(1)
une
libéralisation financière
sous toutes
ses
formes
avec
en
plus
un
dosage de
l'intervention de
l'Etat.
Selon les
propres
termes de E.
SHAW,
"1 es forces
du marché sont
prêtes
à travail 1er
pour le développement si on leur en donne l'occasion (2)". On peut néanmoins
s' interroger sur 1es possi bil ités de cette
mesure
à donner 1es résultats
escomptés
surtout
lorsqu'on
connaît
les
rigidités
structurelles
existant
dans
les
pays
en
développement.
Une telle question
peut connaître à notre
sens
une
réponse
mitigée.
Cette
analyse
n'a
d'ailleurs
pas
la faveur des
1
auteurs structuralistes et néo-keynésiens (3). En effet ces derniers considèrent
le système bancaire et financier comme étant
une variable qui
joue un rôle
secondaire dans la dynamique du développement. Selon eux, la croissance finan-
ci ère dépend du développement économi que car, comme il s 1e di sent, 1e système
financier
ne se développe que
lorsque la demande des services qu'il
procure
s'accroît.
L'un
des
objectifs
de
la
stratégie
libérale
est
de
parvenir à
un
contrôle
de
l'offre
nominale
de
monnaie.
Or,
pour
les
néo-keynésiens,
les instruments nécessaires à un tel contrôle sont inexistants ou inefficaces
dans
les
nations
sous-développées
sauf
à
utiliser
l'encadrement de crédit.
Plutôt que de mettre la politique monétaire au service d'un incertain dévelop-
pement financier qui conduirait au développement économique, les néo-keynésiens
mettent d'abord l'accent sur le développement économique qui, pour eux, serait
le préalable à un développement financier.
Selon ces derniers, toute économie
qui
se
développe
génère
une
demande
de
services
financiers
qui
participe
en
effet
à
l'accroissement
du
rôle
de
l'intermédiation
financière.
Et
de
ce
point
de
vue,
la
croissance
du
secteur
financier
est étroitement liée
au développement du
secteur rée 1. Ces réf 1ex ion s des auteurs structural i stes
(1) Le dernier ouvrage qui
résume assez bien les points de
vue des auteurs néo-libéraux est celui
de
GUPTA
(K.l.)
:
Finance
and
Economie
Growth
in
Developing
Countries,
Croom
Helm,
Surry
Hills 1986, 241 p.
(2) SHAW
(E.S.)
:
Financial D.eepening
in Economie
Development,
Oxford
University
Press,
Londres
1973, p.107.
(3) Cf.
HIRSCHMAIII
(A.O.)
:
Stratégie
du
développement
économique,
Les
Editions
Ouvrières,
Paris
1964, p.185.

- 141 -
et néo-keynésiens sont tout ce que Joan ROBINSON a ici
résumé : "i 1 semble
que là où l'entreprise mène, la finance suit. La même -impulsion, qui à l'inté-
rieur
d'une
économie met
l'entreprise
sur
pied,
fait des
propriétaires de
la richesse, des entrepreneurs, et quand il y a une forte incitation à inves -
ti r, handi capée par un manque de fi nances, des moyens sont inventés... ai ns i ,
des habitudes et des
institutions
se développent
(1)".
Clest
pour cela que
ces auteurs
privilégient
l'investissement
par rapport à l'épargne.
Il
faut,
selon eux, mettre la politique au service du développement de l'investissement;
l'épargne suivra.
En clair,
l'investissement est prioritaire et causal
parce
qu'il
détermine l'accroissement du revenu.
Sa réalisation n'est pas le fait
d'une accumulation financière
préalable et
l'épargne n'est que "résidu,
non
moteur et non causal (2)".
#
Nous noterons pour notre part que 1es voi es menant au développement
et à la croissance économique selon les deux thèses ne semblent pas contradic-
toires mais se complètent
plutôt.
On ne
peut en effet prôner une politique
de promoti on de l' investi ssement dans une optique de développement économi que
et
un
accroissement de
la capacité d'épargne sans qu'il
y ait des
infra-
structures pour 1a mobi1 i sat i on de cette épargne. Inversement l'approfondi sse-
ment financier est-il une condition suffisante, comme le disent les néo-libé-
raux, pour améliorer l'allocation des ressources, le volume et la productivité
des
investissements
?
Ces
deux
aspects
du
problème
constituent
presqu'une
même stratégie de développement. Aussi
bien les structuralistes que les néo-
1i béraux
appréhendent
parfoi s
mal
des réalités en économi e sous-développée.
Tandis que la stratégie structuraliste met l'accent sur la promotion de l'inves-
tissement,
l'analyse
néo-l"ibéra1e
prévoit
de
faire de
la libéralisation de
l'intermédiation financière le point central de la rentabilité des investisse-
ments et
partant de
l'accélération du processus de développement économique.
Mais la faille apparente dans ces analyses est que 1I1a notion d'investissement
et celle de la rentabilité retenue ne semblent pas correspondre aux réalités
des
pays
en
développement.
Est,
en
effet,
considéré
comme
investissement
productif,
1es dépenses en
bi ens d' équi pement de producti on.
La rentabil ité
d'un
investissement
est
mesurée
par
le
surplus
financier
qui
en
résulte.
Ici
la
rentabilité sociale est reléguée à l'arrière-plan
(3).
Le véritable
(1) ROBIIISOII (J.)
:
"The
generalization
of the
General
Theory"
in
BEN AMOR (A.) : "le rôle des
intermédiaires financiers dans le développement économique", op. cité, p.l.
(2) POUlON (F.) et les Treize Econo.istes : les Ecrits de Keynes, Ounod, Paris 19B5, p.13B.
Voir également SERRE (J.M.) : les théories de l'offre de monnaie ••• , op. cité, p.15B.
(3) Cf. OUEDRAOGO (I.M. B.): Intermédiation financière et problématique du développement économique
Essai d'application aux Etats membres de l'Union Monétaire ouest-Africaine, op. cité, p.14B.

- 142 -
aspect du problème actuel dans la plupart des pays en développement se trouve
dans
l'insuffisance
de
moyens
financiers.
L'argument
habituellement utilisé
pour
expliquer
cette
situation
est
celui
de
la
pauvreté
(1).
La
faiblesse du revenu réel de ces populations est la conséquence de la faible
productivité. De ce cercle vicieux, il en résulte "un mécanisme stagnationniste
auto-entretenu
qui
empêche
d'accroître
le
taux
d'accumulation
du
capital.
Dans
ces
conditions,
l'accroissement
des
investissements
repose
toujours
sur
des
méthodes
dont
l'incidence est
inflationniste
(2)".
On
pourrait,
c'est
vrai,
augmenter
le
nombre
de
services
financiers
mais
la
faiblesse
de
la
productivité
et
du
revenu
empêcheraient
de
constituer
des
épargnes
importantes.
D'ailleurs
les
raisons qui
sont à
l'origine de l'épargne dans
les pays en développement sont souvent tout autre que des motifs de pl acement
1
ou d'investissement. De même que la demande de monnaie dans les pays en dévelop-
pement n'est pas une demande pour des motifs d'épargne, de placement ou d'inves-
tissement, mais une demande de monnaie "involontaire pour utilisation, l'accep-
tation de la monnaie étant nécessaire pour atteindre le bien désiré (3)".
La
libéralisation
financière
peut
améliorer,
et
cela
est
vrai,
les
conditions
d'octroi
de
crédit
et
la
"financialisation"
de
l'économie.
N'empêche qu'elle peut être incompatible avec la sélectivité du crédit jugée
nécessaire dans
les nations en développement.
Quand la sélectivité est mise
en
oeuvre
au
moyen
d'instruments
d'action
directe
sur
l'offre
de
crédit,
il
peut se produire une augmentation des coûts d'exploitation bancaire.
"En
l'absence même
d'inflation,
le système bancaire supporte alors
le poids de
la
taxe
redistributive
en
faveur
des
secteurs
ou
des
catégories
priori-
taires (4)". Il sten suivra un freinage de l tintermédiation ce qui rend coûteux
le financement des secteurs non prioritaires obligés de s'adresser à l'étran-
ger ou au marché rrnnétaire non organisé. La conséquence est bi en évi dente : frei nage
de l'épargne et de l'investissement. Comme le dit M. IKONICOFF, "ce dérèglement
bancaire peut ne pas éliminer les circuits parallèles de l'argent et risque
(1) Cf.
PASCALLOII (P.)
:
Introduction de "Monnaie et politique monétaire dans les pays du Tiers-
Monde", Economies et Sociétés, N°2, Février 1986, pp.3-5.
(2) LAIIBERT
(D.C.)
:
Les
inflations
sud-américaines.
Inflation
de
sous-développement.
Inflation
de croissance, op. cité, pp.285-286.
(3) PASCALLON
(P.)
: "La demande de monnaie:
analyse critique d'un concept", Economie Appliquée,
ISMEA, N°1-2, 1978, p.249.
(4) SERRE (J.II.) : "La nouvelle politique monétaire de l'UMOA", op. cité, p.7.

- 143 -
de fai re
des nombreux représentants de ces i nstituti ons des agentsexc 1usifs
de
l'économie
spéculative
(1)".
Au-delà
des
caractéristiques
spécifiques
de ,1' i ntermédi ati on
fi nanci ère en
pays
sous-développés,
on peut s' interroger
sur
l'efficacité
de
cette
politique
à
participer
à
l'éclosion
des
peuples
impliqués
dans .ce
processus.
Ce serait se faire des illusions que de croire
qu'un
système financier
dont
le capital
appartient
et
est contrôlé
par des
organismes étrangers
puisse aller à l'encontre des intérêts de ces derniers
et agir dans le sens de la satisfaction des besoins fondamentaux des populations
concernées
(2).
Déjà
bien
avant,
ce
point
d'inquiétude
avait
été
soulevé
par
J.M.
KEYNES lorsqu'il étudiait la possibilité d'établissement d'une banque
centrale propre aux Indes britanniques: "si un jour des énergies suffisamment
construct ives peuvent être mobi1 i sées à cet effet, que ceux qui seront appelés
à élaborer les statuts de la nouvelle institution fassent entièrement abstrac-
tion de
la
Banque d'Angleterre.
Ce sont les Banques d'Etat du continent qui
1eur fourni ront 1e modèle appropri é (3)".
Au
total,
il
y a, c'est vrai,
des incertitudes quant à prôner une
politique
de
diversification
et
de
déblocage
des
rigidités
structurelles
et
institutionnelles
à partir de
la
libéralisation financière afin de mieux
combattre l'hyperinf1ation (cf. Schéma n012).
(1) IKONICOFF
(II.)
:
"Comment
une
économie
de
production
s'est
effacée
au
profit
d'un
système
purement spéculatif", Le Monde Diplomatique, N°374, Mai 1985, p.27.
(2) Cf.
TCHLINDJANG POUEIII
(J.)
: Monnaie, servitude et liberté: La répression monétaire de l'A-
frique, Ed. Jeune Afrique, Cameroun 1980, pp.61-86.
(3) KEYNES (J.II.) : "Indian currency and finance" in KRUl (II.) : Epargne financière et développement
économique, Les Editions de l'Epargne, Paris 1970, p.27.
..

144 -
SCHEMA N°12
", Incertitudes liées à la mise en oel]vre de la liobéra1isation
de 11 intermédiation financière
Rigidités
Blocage du proces-
sectorielles
l'allocation des
reo::sourceo::
~
sus de la libéra-
Faible
r--- Faibles revenus
-
- lisation de l'in-
productivité
termédiation fi-
nancière
Problèmes dans
If
Accroissement du
Accroissement de
Blocage de
Baisse de
.-
coût moyen de
- l'activité du
~
la
l'épargne
-
financement
- secteur informel
monétarisation
"
Baisse de
... Baisse de
... Hausse des prix
..
l 1 investisseMent
- l'offre globale
intérieurs
Source
Construction personnelle.
Voyons
à
présent
l'efficacité de
la
politique fiscale et de
la
politique des prix agricoles dans la lutte contre 1l hyperinf1ation.

- 145 -
PARAGRAPHE II
EFFICACITE
DE LA POLITIQUE FISCALE ET DE LA POLITIQUE DES
PRIX
AGRICOLES
DANS
LA
LUTTE
CONTRE
L'HYPERINFLATION
DANS
LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Dans la lutte contre la crise actuelle, toute politique d'accroisse-
ment de l'offre est salutaire ~t semble à la limite préférable à une politique
de réduction de. la demande. Même si elle ne se révèle pas directement efficace
contre l'inflation, serait-elle au moins "susceptible de favoriser la crois-
sance et de créer éventuellement un solde net d'emplois supplémentaires (si
les créations d1 emp1ois privés dépassent les suppressions d'emplois publics)
(1)". c'est vrai que les politiques axées sur l'offre ont également la possi-
bilité de stimuler au mieux le degré de croissance économique. Mais encore
faut-il avoir conscience de toutes les conditions que suppose cette politique
du point de vue de la croissance. Est-ce que le ralentissement de cette crois-
sance
constatée
jusqu'à
présent
tient-il
à l'insuffisance des
incitations
financières
à
l'égard des
agents
économiques ou à l'absence d'organisation
du
système
productif
par
les pouvoirs publics ? Parviendra-t-on de fait à
une amélioration de la production, du niveau de l'emploi et donc à une augmen-
tation de
l'offre
si
toutes ces déficiences
sont éliminées? Gardons-nous
sûrement de préjuger de l'impact des politiques fiscales et des prix agricoles
sur l' économi e mai s mai ntenons cependant que si "1 es keynési ens ont eu tendance
à oublier
les conditions micro-économiques
de la croissance,
les partisans
de la théorie de l'offre nl ont-i1s pas tendance à en négliger les conditions
macro-économiques (2)"1
Essayons d'apprécier distinctement ces deux politiques.
A) Efficacité de la politique fiscale dans la lutte contre l'hyper-
inflation dans les pays en développement
Nous
analyserons
dans
un
premier
temps
les
aspects
positifs de
cette politique. Dans un deuxième temps, nous mettrons l'accent sur les incerti-
tudes qui sont liées à sa mise en oeuvre.
(1) BILGER (F.) : L'expansion dans la stabilité, Economica, Paris 1985, p.195.
(2) Ibid, p.196.
Voir égalnent ROSAIVALLOI (P.)
L'utopie des
nouveaux économistes", Problèmes Economiques,
N°1515, 21 .ars 1979, pp.15-18.

- 146 -
1) Aspects
positifs de la politique fiscale dans la lutte
contre l'hyperinf1ation
n
La
politique
fiscale
a
le
mérite,
tout comme d'autres
politiques
économiques,
de
favoriser
une
plus
grande
mobilisation
des
ressources.
En
-j nf1 uençant
qualitativement
1es
comportements
des
agents
économi ques,
on
"escompte"
une
stimulation
de
leur
activité,
de
leur
productivité et
donc
fi na l ement de 1a product ion. globa1e et,
par
1à,
un
rééquil i bre entre offre
et
demande
globales
(1)".
La baisse des
impôts ou
le meilleur
aménagement
fiscal,
en
modifiant
les
comportements
individuels,
améliore
le
stock
de
ressources
disponibles
et
accroit
la
production.
On
élargit
ainsi
la
base
taxable ce qUl
augmente de fait les rentrées fiscales et permet la résorption
des
déficits
budgétaires
initiaux.
On
parvient
à terme
à un
assainissement
de
l'économie
avec
une
victoire
sur
l'inflation.
Selon
les économistes de
l'offre,
"1 es
changements
affectent
di rectement
la
production,
par
le
jeu
des
prix relatifs.
Les
accroissements
de demande finaux
sont nécessairement
associ és à des accroi ssements de production. Il ne peut en résu l ter une que 1-
conque
pression
inflationniste
(2)".
Comme
le
dit
si
bien
H.
SEMPE
"dans
cette
conjoncture
de
st~gf1ation

seule
la
diminution
du
déficit de
la
balance des
paiements
provoquée par la déflation apparaît favorable,
l'essai
d'une
autre
stratégie
financière
d'expansion
sans
inflation
s'impose.
Il
slagit alors soit d'allègements fiscaux, soit d'un retour progressif à l'équi-
libre du budget (3)".
Malgré les réserves formulées contre l'impôt indirect,
il
a l'avan-
tage
d'atteindre
la
consommation
de
toutes
les
couches
de
la
population.
Ce qui permet d'élargir l'assiette de l'impôt. Le volume des recettes fiscales
sera d'un
niveau appréciable par rapport à ce qu'aurait pu être dégagé avec
essent i e 11 ement
l' impôt
di recto
Dans
l a mesure où cet
impôt ne touche
pas
les profits des entrepreneurs,
il exerce une incidence sur l'effort productif
et
ce,
à
travers
l'amélioration
du
volume
d'investissement.
Au
niveau des
transactions
internationales,
il
devient
un
élément
régulier
de
drainage
de
res sources. Avec une fi sca lité qui
se concentre sur
les
consommations et
(1) BILGER (F.) : L'expansion dans la stabilité, op. cité, p.19S.
(2) OURUPT (Ph.) : "Trop d'impôt, pas d'impôt", Perspectives, Décembre 1983, p.SS.
(3) SEIIPE
(H.)
:
"All~g8lents fiscaux, limitation du déficit budgétaire et stabilisation de la
dette
publique
~,u,ne stratégie anticrise de "dynamisme de l'offre" in PASCALLON (P.) et le
"Club Participaticm et Progrb n : Pour sortir la France de la crise, Cujas, Paris 1986, p.301.

- 147 -
qui
permet ·i;.-i"·épargne de
bénéfi ci er d'une exemption totale ou à 1a 1imite
d'une i mpostt~~"i 1f~êre, on encourage sûrement l'épargne pri vée. Il est peut-
être
vrai
~{, 1.: Phénomêne de régressi vité peut jouer mai s cela est aussi
valable avec "les impôts directs. De même que les répercussions sur les consom-
mateurs
finals.. sont
tout
autant
possibles avec
une fiscalité
indirecte que
directe.
Ce
qui
transparaît
à la 1umiêre des faits
c'est qu'il
n'y
a pas
de véritable type d'imposition pervers ou moins pervers.
Le principe général
consiste à p,endre en compte
l'incidence de tout impôt dans une perspective
d'ensemble
dll~ budget.
Sur
ce
plan,
l'impôt
indirect
semble plus favorable
à
l'équilibre budgétaire.
Avec
les exemptions
fiscales
telles
que
le code
d'investissement,
on facilite
l'implantation d'unités
étrangères.
En offrant
des
emplois,
ce
système
contribue
à
atténuer
le chômage et
à réduire
les
importations coûteuses responsables parfois de la hausse des prix intérieurs.
Avec
les
impôts
fonciers
on est en
présence d'une fo",me d'imposition
dont
les
incidences
sont
largement
favorables' aux
économies
en
développement.
Son exploitation permettra d'accroître les ressources de l'Etat et de renfor-
cer les possibilités de développement économique.
Dës lors qu' ils
pèsent
peu
sur
l' équi 1i bre
budgétai re des ménages
et
des
entreprises,
l'impôt
indirect
et
l'impôt
foncier
constituent
des
moyens
indispensables permettant la mobilisation des ressources,
la formation
du capital,
de freiner
la création de monnaie et l'offre de crédit dans la
plupart des économies en développement. A plus long terme, les recettes fiscales
ainsi
obtenues:" devraient
permettre de réduire sensiblement la charge fiscale
pesant spécifiquement sur les contribuables du secteur moderne et donc d'abou-
tir
à
une
répartition
plus
équitable
de
la
charge
fiscale.
Cela conduira
plus
précisé.~t à, la réduction des
charges
fiscales
anti-incitatives
et
permettra un";:nouvel1e distribution du poids de la fiscalité directe (salariés
surtout).
En '"permettant
au
final
de
réduire
les
déficits
budgétaires,
la
politique fiscale parviendra à éliminer les rigidités sectorielles, à augmenter
l'offre globale des bi ens et
servi ces ce qui
donnera encore plus de moyens
pour
lutter
~'f1cacement contre l'inflation dans les pays en développement
(cf. Schéma n~13).

- 148 -
Aspects positifs de la politique fiscale dans la lutte
contre l 'hyperinflation
El argi ssement
Mainti en des revenus
Aménagellent
Incidence favorable
de la base
Ir-....... et des profi ts des
sur l'effort
fiscal
taxable
ménages et des
productif
entre rises
Baisse des déficit
Baisse des
Accroissement
Accroissement de
budgétaires
rigidités
de l'offre
l'épargne nationale
sectorielles
globale
Tendance à la sta-
Baisse de
.bilisation de la
llinflation
monnaie et du
Source
Construction personnelle.
Analyson~. à présent les incertitudes liées à la mise en oeuvre
de cette politique.
2-) Incertitudes
liées
à
llutilisation
de
la
politique
fiscale contre l 'hyperinflation
Le premier élément qui transparaît dans les concepts des économi stes
de l'offre est en effet la négation du public. Il semble que l'Etat ne paraît
être une entitê spécifique.
Cel a veut
di re que l'Etat
est un simpl e moyen
des
i ndi vi dus
qu.t restent
les
éléments
propres
de
l' économi e pub li que,
les
sujets de l'éc0r:t,OPl;1. publique. L'Etat se trouve ainsi
sous leur coupe.
Cette
.,:..-=;i:~'
..j
.

- 149 -
--
approche
e~t également
statique
puisqu'elle
semble
supposer des
goûts et
des
préfërénces
stables.
Cela
devient
problématique
puisque
l'économie
est
d'abord
un :1cadre réel
c'est-à-dire un cadre qui
serait nécessairement social
et étatique et aussi un cadre socialement dynamique à contrario de statique (1).
Les
théoriciens de l'offre semblent voir l'impôt. comme quelque chose n'ayant
aucune contrepartie. Or,
une partie de l'impôt est utilisée pour des apports
dans le privé sous forme d'aide aux entreprises, subventions, prêts bonifiés.
Il faut de façon générale revenir sur l'idée sous-jacente à ces auteurs selon
laquelle
les dépenses
publiques ne seraient la fourniture d'utilité publique
totalement inefficace
(2).
En
effet,
la grande
partie de ces dépenses sont
consacrées à la mise en oeuvre de grands travaux,
à la construction d'infra-
structures i ndi spensab 1es pour 1a marche de l' économi e. Il est erroné d' attri-
buer
une ~raison
aussi
simple à
la
place de
l'Etat et de
l'impôt
dans
les
orientations
de
la
vie
économique.
Concernant
la
courbe
de
A.
LAFFER,
il
est clair que
les conclusions de
l'auteur
peuvent
s'en trouver à la limite
contradictoires.
Si
le
taux
de
pression
fiscale
est
maintenu
à
un
niveau
élevé,
l'individu,
s'il
en
a la possibilité
sur
le marché du travail,
peut
relever son offre
de travail.
Ainsi
à court terme l'effet revenu peut 1l em-
porter sur l'effet substitution. Même avec une augmentati on du taux d' i mposi-
~ion,
on
peut
avoir
une
augmentation
supplémentaire
de
rentrées
fiscales.
Aussi
serait-il difficile de définir un seuil fiscal
précis qui serait l'opti-
mum
d'une
politique
fiscale
efficace,
c'est-à-dire
susceptible
d'étouffer
les perturbations économiques, de lutter contre la crise actuelle et de vaincre
l'inflation.
Oe même que nous
pensons
que
l'effet de stimulation économique
et
l'effet
de
réduction
de
la fraude
qui
découleraient de cet
aménagement
risquent d'être assez modérés.
D'ailleurs pour les théoriciens de la demande,
"les
changements
de
dépenses
publiques
ou
d'impôts
affectent
directement
1e ni veau de 1a demande,
sans modifi er 1es conditions de l'offre. Il s peuvent
donc
entraîner
un
déséquilibre,
de
nature
inflationniste,
entre
l'offre et
la demande (3)".
Au-de1à
de
ces
remarques,
notons
que
l' impôt
est
une charge qui
s'incorpore de fait
aux
coûts de
production
lesquels
favorisent
à terme la
hausse
des
prix
intérieurs.
Pour
ce
qui
est
des
impôts
indirects dont
le
(1) Cf.
PASCAllOIt (P.)
:
L'Etat
et
les
politiques
économiques,
Cours
de
DEA Economie
Monétaire
et
Budgétaire.
Facult~ des Sciences Economiques, Université de Clermont l, Année
universi-
taire 198~19g5.
~
.,....
-''''' ,
( 2) lb id . - : - : - ' "'
(3) DURUPT (P".)0: "Trop d'illpôt, pas d'impôt", Perspectives, Décembre 1983, p.55.

- 150 -
rôle
dans
la
stabilisation
monétaire semble reconnue,
il
est tout de même
évident
que
leur
impact
sur
les
consommateurs
finals
peut
conduire à une
bai sse de
l'épargne.
En effet une des caractéri sti ques du sous-développement
est la pauvreté et donc des revenus faibles pour une grande partie des popu-
1ati ons.
Si
on réduit
progressi vement
la consommati on des ménages et aussi
leurs
ressources,
on
aboutit finalement
à
une
réduction
de
la
propension
à
épargner et donc celle à investir. Contrairement aux pays développés,
les
-
taxes à l'importation et à l'exportation sont très élevées dans les économies
en
développement.
Aussi
longtemps
que
ces
taux
élevés seront maintenus et
que
persisteront. les
fluctuations des recettes d'exportations, on
pénalisera
durement
1e commerce
i nternati ona1 consi dé ré comme facteur de développement
et de croi ssance. Si par ai 11 eurs 1es impôts di rects sont quant à eux app 1i qués
essentiellement sur une minorité de ménages et d'entreprises, leur quote-part
au financement de l'économie restera faible. Malgré son équité, ce type d'impôt
réduira
les
initiatives
des
agents
économiques
à
épargner,
à
investir
et
à travai 11 er .
C'est
vrai
que l'on fai t
souvent référence à l'effet revenu
qui
serait parfois supérieur à l'effet substitution; n'empêche que ce phéno-
mène risque d'être impossible dans des pays où justement les offres de travail
sont limitées. De même qu'en réduisant les revenus, les impôts directs contri-
buent
à
la
longue
à
l'intensification
des
pressions à la hausse des
prix
intérieurs.
On
peut
ajouter
à
tous
ces
aspects
négatifs
l'inefficience
des
structures administratives dans les pays en développement. Les services fiscaux
se
caractérisent
le plus souvent
par un
personnel
peu qualifié travaillant
de surcroît sur des textes inadaptés, très en retrait par rapport au contexte
des
pays en développement
(1).
Les conséquences qui
en découlent sont nom-
breuses
dont
particulièrement
la fraude
et
les
erreurs
dans
l'application
des
taux
d'imposition.
C'est
pour cela qu'il
faut
aujourd'hui
une révision
de· ces textes surtout pour ce qui est du code d' investi ssement dont 1a rai son
d'être semble désormais dépassée.
On est au total conduit à douter de la forte mobilisation de ressour-
ces que favoriserait cette politique pour accroître e~!~cti,~m{~~~ l'investis-
sement et pour agir positivement sur l'offre globale atrW~~~"prètendre contri-
buer
à
la
lutte
contre
1'hyperinf1ation
dans
les
pays
en
développement
(cf. Schéma N°14).
(1) Cf. GBAU (G.K.) : Le rôle de la fiscalité dans les pays du Tiers-Monde. Cadre de référence:
La Côte d'Ivoire,
Thèse d'Etat ès Sciences Economiques, Université de Clermont I, Février 1978,
p.9.

- 151 -
Incertitudes liées à 1luti1isation de la politique fiscale
dans la lutte contre 11hyperinf1ation
Augmentation des
Baisse de 11 in citation
...
Aménagement
-
-
..
Impôt = Charge
-
à épargner
fi scal
-dépenses des ménages
et de des coOts de
et à investir
pro duction des entrepr.
"
Baisse de l'offre
Stagnation
Baisse de
Hausse des
globale des biens
voire baisse de
l'investissement
prix intérieurs
.-
.-
-
et services
- la production ---
privé
Source
Construction personnelle.
Analysons à présent 11 efficacité de la politique des prix agricoles
dans la lutte contre l'hyperinf1ation.
B) Efficacité
de
la
politique
des
prix
agricoles dans
la
lutte
contre l'hyperinflation dans les pays en développement
Nous
analyserons
d1abord
les
aspects
positifs
de cette
politique
dans
1a 1utte contre 11 hyperi nf1 ati on.
Nous mett'rons ensuite en relief les
incertitudes liées à sa mise en oeuvre.

- 152 -
1) Aspects
positifs
de
la
politique
des
prix
agricoles
dans la lutte contre llhyperinflation
1lest certain. qu'avec le re l èvement du pri x au producteur agri co le,
la motivation
des
exploitants
en
milieu
rural
sera désormais
plus grande.
Cette mesure,
tout en
amé li orant le rapport des
revenus ruraux aux revenus
urbains,
conduira
à
atténuer
l'importante
inégalité
de
revenus
entre
les
deux
types
de
population
(1).
Leur
réaction
à
l 'égard
des
prix permettra
une augmentation de l'offre globale. En effet, les agriculteurs seront incités
à
accroître
leurs
surfaces
cultivables.
Comme dans
la plupart des
pays en
développement et surtout dans
les pays sahéliens d'Afrique et dans certains
autres
de
l'Amérique
Latine,
la
pauvreté
se
remarque
en
milieu rural,
le
relèvement des prix agricoles sera un bon moyen pour ces populations de satis-
faire
les besoins essentieJs. L'aménagement des circuits de commercialisation
et
de
transports
et
surtout
l'ai de
à
11 investi ssement
à ce
secteur de la
part des
pouvoirs publics contribueront dlune part à désenclaver les régions
et d'autre part à faci liter l' écoul ement des produi ts vers l es marchés offi-
ciels.
Cette
politique
sera
aussi
un
moyen
pour
aècroître le niveau de
l'épargne
puisque
par
expérience
il
semble
que,
dans
la
plupart des
pays
en développement, la formation de l'épargne nationale est avant tout déterminée
par la politique
des prix et des revenus (2).
Il est aussi vrai que cette
amélioration
des
revenus
des
exploitants' agricoles
et
de
leurs
conditions
de travail
va leur profiter dans un premi er temps. Mai s ce sera par l a suite
toute
l'économie
qui
en
tirera
un
grand
profit.
On
pourrait même prévoir
un gain de productivité dans les différentes industries et surtout dans l'indus-
trie agro-alimentaire
(3). On peut avoir une augmentation de l'offre globale
et
un
niveau
appréciable
d'autosuffisance
alimentaire,
ce qui
peut contri~
à freiner les importations.
On peut au total retenir que le relèvement des prix agricoles pourra
stimuler la production en raison de l'effet incitatif au travail. Cela peut
également
avoir
un
impact
favorable
sur
l'offre
globale
des
produits.
On
tendra éventuellement vers une réduction des rigidités économiques ce qui facili-
tera la lutte contre l 'hyperinflation (cf. Schéma N°15).
(1) Cf.
GUIllAU"ONT
(P.)
:
Croissance
et
ajustement
:
les
problèmes
de
l'Afrique
de
l'Ouest,
Economica, Paris 1985, p.31.
( 2) Cf.
GOU RYE Z ( J. Y. )
:
Il l nt e r mé dia t ion
fin anci ère
etc i r cui t s
t rad i t ion ne1s
:
les
con dit ion s
de la mobilisation de l'épargne finaecière l1 in Epargne et Développement, op. cité, p.108.
(3) Cf. ROUX (P.) : L'agriculture dans le développement économique, op. cité, p.178.

- 153 -
SCHEMA N°15
Aspects positifs de la politique des prix agricoles
dans la lutte contre l'hyperinf1ation
Augmentati on du
Augmentation
Augmentation de
Autosuffi sance
. prix au producteur
des surfaces
l'offre globale
alimentaire
agricole
cultivables
Baisse des prix
Frein à'l' importa-
Assainissement
Baisse des coûts
intérieurs
...~~ tion des biens et
budgétaire
de production
services
Baisse de
l'inflation
Source
Construction personnelle.
Analysons les éventuelles incertitudes liées A cette politique.
2) Incertitudes
liées
A l'utilisation
de
la
politique
des prix agricoles contre 1'hyperinf1ation
Notons
d'emblée
que
l'impact
favorable
de
l'incitation
du
prix
au producteur reste après tout sbumis A plusieurs conditions. En effet, pour
que
l' augmentat i on
des
pri x au producteur condui se A un
accroi ssement de
la quantité de bien sur les marchés officiels, les conditions suivantes doivent
être remplies:

- 154 -
- existence de circuits de commercialisation et de transports,
- possibilité d'extension
de
la production au niveau des surfaces
ou des améliorations de rendement à l'hectare (accès aux intrants),
- existence de contrepartie pour les revenus monétaires disponibles,
- substitution des marchés officiels aux marchés parallèles,
- absence de substitution entre les cultures vivrières et les cultures
de rente,
- absence d'effets de revenus,
- inexistence de délais (1).
A l'état actuel de la plupart des pays en développement, peu nombreux
sont ceux qui sont à même de remp1 i r ces précédentes conditi ons. C'est dl ail-
leurs
la raison essentielle de
l'importance des rigidités sectorielles qui
déséquilibrent ces économies.
De même qu'en cherchant à assurer une rémunération plus raisonnable
aux producteurs agricoles, il risque de se produire un glissement de l'intérêt
porté à un type de produits vers un autre. Si 1es pri x des cu 1tures d' exporta-
tion
augmentent,
on
craint
que cela ait des conséquences défavorables sur
la production vivrière. On risque de réduire la production des denrées alimen-
taires ce qui nécessitera des importations. Si le contraire devrait se produire,
le sacr.ifice des cultures d'exportation au bénéfice de l'autosuffisance alimen-
taire serait coûteux au plan du revenu surtout monétaire. La baisse des recettes
d'exportation peut se solder par des déséquilibres de1aœ.1ance des paiements de
nature
à
compromettre
finalement
l'objectif
d'autosuffisance
alimentaire.
La cri se actuell e dans 1a plupart des pays en développement est en parti e
due à cette politique (2). Enfin si à cette politique de relèvement des prix
agricoles
ne répond
pas
une offre suffisante de produits commercia1isab1es
et
rentables,
cette opération
peut
se solder
par
un
approfondissement
du
déficit
budgétaire et
par
une
hausse consécutive des prix intérieurs (cf.
Schéma N°16).
(1) Cf. HUGO. (P.) : "le raIe du FMI en Afrique", Congrès International des Economistes de langue
Française, Clermont-Ferrand le 24-25 Mai 1986, p.18.
(2) Cf.
BERG (E.)
:
le
développement
accéléré
en Afrique au sud du Sahara: programme indicatif
d'action, Banque Mondiale, Washington 1976, p.76.

- 155 -
SCHEMA N°l6
Incertitudes liées à l'utilisation de la politique des prix agricoles
dans la lutte contre l'hyperinf1ation
Augmentation de
Possibi li té de
l'intérêt porté

la baisse des
aux cultures
- revenus monétaires
Bl"'9' d, . , , " " " ' )
vivrières
inci tati f de l'aug-
.
Rigidités
\\
structurelles
-lRentation du prix
- au producteur \\ Augmentation
Augmentation
de l'intérêt porté
des
aux cultures
-
de
...
/
importations
rente
Hausse consé-
Distorsions
Défici t
Perturbation de
)
..
intérieurs
.' -
--
r-
.
- .•. ~,-r-:, _.'.;.~_...:..'___.~ ~ :_~_~_,
,
:""
_.:1:l.;Z<~.~!.~j,~ ..-'-~.~,:
-"~ rJ1~~;"',9:;~!~!f ...
cutive des prix
.-
.-
économiques
budgétai re
~
l'équilibre de la
'
, '
,
,
-'~~'..'
-.. ' ;':~..~.~.
?
:1
Il
n
Source
Construction personnelle.
*
*
*
Après
cet
exposé
des
réf.ormes
monétaires
proposées
sur
le
plan
structurel
pour
lutter
contre
1'hyperinf1ation
dans
les pays en développe-
ment,
il
nous appartient de les tester économétriquement puis de présenter
quelques expériences de réformes monétaires pour soutenir au mieux les précé-
dentes analyses.
C'est ce que
nous tenterons de' fai re dans 1e second chapitre de
cette partie.

- 156 -
CHA PIT R E
II
LES
R E FOR MES
MON E TAI RES
DIO R D RES TRU C T URE L
PRO P 0 S E E S
POU R
LUT TER
CON T R E
L 1 H Y P E R 1 N FLA T ION
DAN S
LES
P A Y SEN
D EVE L 0 P P E MEN T
A N A LYS E
E MP 1 R 1 QUE
Nous venons de voi r avec 1es auteurs néo-1 i béraux que la détention
d1une
épargne
suffisante
est
un
préalable
nécessaire
à
l'autofinancement
et
donc
à
l'investissement.
Les
arguments
avancés
- dont
essentiellement
la fragmentation
du système financier
-
nécessitent
qu'il y ait désormais
une
politique
plus
accrue de libéralisation de 1l intermédiation financière.
En effet, contre une crise qui oblige désormais à avoir plus recours au marché
intérieur qu'aux
II ma ins
heureuses de
1l étranger ll ,
les néo-libéraux avec E.
SHAW et MC KINNON soutiennent l'idée faisant du marché du capital la pièce
maitresse du développement économique.
Leur analyse, en partant du maintien
du taux d'intérêt à un niveau réel positif et de la monétisation de l'économie,
accorde
ainsi
une
place
importante
aux
intermédiaires financiers
dans
le
processus de développement économique. Cette politique qui
semble agir positi-
vement
sur
l'offre des fonds
prêtab1es et sur la. croissance mérite d'être
également accompagnée par une politique consciente de fiscalisation de l'écono-
mie et de relèvement des prix agricoles. Ainsi, en soutenant que les conditions
de
financement ont
un
impact favorable
sur
1l épargne,
1l investissement et
la croissance,
cette
voie est
aussi
susceptible de lutter contre l ' hyper-
inflation.
Théoriquement ces
conclusions
montrent bien, en dépit de quelques
points
d'incertitude,
qu'une
meilleure
adaptation
du
système monétaire et
financier
contribue
à
la
lutte
contre
1'hyperinf1ation.
Mais cela mérite
d1être éludé par des vérifications empiriques et soutenu par un essai d'éva-
luation des expériences des réformes monétaires opérées en ARGENTINE et au BRESIL.

- 157 -
SECTION 1
ESSAI
DE VERIFICATION EMPIRIQUE
DES REFORMES MONETAIRES D10RDRE
STRUCTUREL PROPOSEES POUR LUTTER CONTRE L'HYPERINFLATION DANS LES PAYS
EN DEVELOPPEMENT
Reprenant
pour
l'essentiel
les
conclusions
de
E.
SHAW,
MC
KINNON
trouvera
en
effet
à
faire
un
prolongement
de
son étude.
Son analyse repose
sur
l'hypothèse
de
complémentarité
entre
la monnaie
et le capital
physique.
Il formulera à cet effet quelques hypothèses
- Le
niveau
des
prix
est
déterminé
par
la
demande
et
l'offre nominaïe.
-
- Les
agents
économiques
font
des
anticipations
sur le
niveau des prix lesquelles influencent le niveau des encaisses réelles qu'ils
dét i en nent.
- La
rémunérati on des encai sses est
le fait des autorités
monétai res qui
ont le monopole de contrâ le du taux de croi ssance de l a masse
monétai re
et donc du taux de rendement nomi na l de
la monnai e
(1).
MC KI NNON
ajoutera que ce sont l'inadéquation et l'inexistence des structures financières
et
monétaires
qui
sont
à
l 'origine
des
difficultés
d'obtention
de
crédit
en pays sous-développés. Ainsi, les unités économiques sont obligées de recourir
à
l'autofinancement;
il
n'y a pas
lieu de faire une distinction entre épar-
gnants et investisseurs (2).
De ces hypothèses, l'auteur montrera l'existence d'une complémentarité
entre
la
monnaie
et
le
capital
physique.
En
effet,
lorsqu'un
individu
est
confronté
à des
dHfi cu ltés
d' obtent i on
de
crédit
pour
son
autofi nancement,
ce derni er aura recours soit à l a vente du capital
qu' i l déti ent soit qu' i l
sera
alors
obligé
d'accumuler
des
encaisses
monétaires.
Cela
suppose
que
cet individu épargnera ce qui
est un important préalable à l'investissement;
d'où
pour MC KINNON l'existence d'une liaison positive entre la demande d'en-
caisses
réelles
et
la
propension
à
investir
dans
les
pays
sous-développés.
Il
existe donc,
pour être complet avec les thèses de l'auteur, une complémen-
tarité fondamentale entre la denande d'encaisses rronétaires réelles et l'investissement.
(1) Cf.
Ile KINNON (R.I.) : Money and Capital in Economic Development, The Brookings Institutions,
Washington 1973, pp.51-51.
(2) Ibid.
Ce
point
de
vue
est
propre
à MC
KINNON
puisqu'il
n'est
pas
partagé
par E.
SHAW
qui
affirme l'existence des agents à excédents financiers
(ménages)
et ceux à déficits structurels
(les entreprises) ; d'où le rôle important de l'intermédiation financière.

- 158 -
\\
COllTl1e le disent P. DERREUMAUX et G. PELTIER "le motif d'investissement devient
donc
un
nouvel
argument
de
la
fonction
de
demande
d'encaisses
rée 11 es
:
ce 11 e-ci
est une fonction croi ssante de l a part du revenu destinée
aux dépens.es d' investi ssement pui sque ces derni ères,
par
le caractère i ndi vi-
sible des projets et la nécessité de leur autofinancement,
imposent la consti-
tution
d'une
épargne
monétaire
préalable
supérieure
à
celle
requise
à des
fins de consommation (1 )".
Pour V.
GALBIS, la croissance est le fait d'un processus d'accumula-
tion
de
capital,
c'est-à-dire
de
l'investissement.
Elle
dépend
également
des
anticipations
de
prix
des
agents
économiques.
Ces
deux
éléments
sont
pour
l 1 auteur
les
principaux
indices
qui
conditionnent
la
croissance
des
nations et surtout celle des pays en développement.
Nous
présenterons
d'abord
les
tests
et
les
résultats
empiriques
puis nous essaierons ensuite d'apprécier les résultats obtenus.
PARAGRAPHE 1
PRESENTATION DES TESTS ET DES RESULTATS EMPIRIQUES DES REFORMES
MONETAIRES D'ORDRE STRUCTUREL PROPOSEES DANS LES PAYS EN DEVELOP-
PEMENT
Nous présenterons dl abord
l a forme des rel ati ons testées et ensuite
les résultats empiriques des estimations.
A) Forme
des
relations
testées
à
partir des
réformes monétaires
d'ordre structurel proposées dans les pays en développement
La vérification empirique
portera sur
les mêmes
pays étudiés prece-
demment.
Les équati ons
proposées sont ce 11 es de certai ns
auteurs néo-l i béraux
à savoir MC KINNON et V.
GALBIS
(2).
Les
variables souvent utilisées ne sont
pas forcément celles retenues par les auteurs eux-mêmes. Par manque de données
(1) DERREUNAUX
(P.)
et
PELTIER (G.) : l'Monnaie,
intermédiation financière et développement écono-
mique", Banque, N°382, Mars 1979, pp.307-308.
(2) Cf. Pour la thèse de complémentarité, voir:
Ne
KIIIINON
(R.I.)
:
Money
and
finance
in Economie Growth
and Development
- Essays
in
Honor
of Edward S. SHAW, M. Dekker, New York 1976, 339 p.
GALBIS (V.)
:
"Money,
investment
and
growth
in
Latin
America 1961-1973" in OUEDRAOGO (I.N.B.):
Intermédiation
financière
et
problématique
de
devéloppement
économique
- Essai
d'application
aux Etats membres de l'Union monétaire Ouest-Africaine, op. cité, pp. 100-110.

- 159 -
véritables,
nous
avons
été
parfois
obligés de
recourir
à
des
substituts.
Il est vrai que cela peut influencer nos estimations mais les résultats gar-
deront à notre sens leur allure générale.
Les équations que nous estimerons sont en effet· les suivantes
- Une fonction de demande d1encaisses réelles
(M/P)D = f(Y, IR, (d-P*))
(1)
avec. :
(M/P)D
la
demande
d1encaisses
réelles
M étant
la masse monétaire
au
sens
du
M2 et P,
le niveau des prix
(nous avons utilisé ici
le
déflateur implicite du produit intérieur brut (PIS)).
y
représente le produit intérieur brut réel.
IR
est le taux d'investissement réel (I/Y).
d
est
le
taux
d'intérêt
créditeur
mais
nous
avons,
faute
d1avoir
les
véritables
données,
utilisé
le
taux
d1escompte de
la
banque
centrale (1).
p*
le taux
d'inflation anticipée a été calculé selon le principe des
anticipations adaptatives (voir Annexe N°2).
(d-P*)
est le taux d1intérêt réel servi sur les dépôts.
- Une fonction d1investissement : .
IR = f(Y, (d-P*))
(2)
- Une fonction du taux de croissance
G = f (I R, P*)
( 3)
Nous
avons,
pour des
raisons
d'ordre
économétrique,
utilisé dans
cette équation la valeur estimée de IR obtenue dans la précédente équation
pour éviter de biaiser les résultats puisque IR devient tout comme P*,
le
taux d1inflation anticip~, valeur explicative dans la fonction de croissance.
(1) Pour ce qui concerne le Mexique, nous avons, faute de données complètes sur la période d'études,
utilisé le taux de marché monétaire à partir de 1978.

- 160 -
En
complément
des
variables
retenues
par
V.
GALBIS,
nous
avons ajouté
le
taux
de
pression
fiscale
(F)
à
cette fonction de croissance,
ce qui
fait
donc également :
G' = f (I R, P*, F)
(4)
Toutes
les
variables
sont
pour
la
plupart
en
taux
de
variation
et
sont
en
données
annuelles.
Nous
travaillerons
sur 15 observations
sauf
pour ce qui
est du taux de croi ssance G'
où,
faute de données,
nous nous
sommes contentés de 13 observations
pour le Mexique et pour le Pérou. Nous
avons
été
par
moments
amenés
à di st i nguer
séparément
le taux d' intérêt et
le
taux
dl-inflation
anticipée
pour
pouvoir mieux apprécier chaque variable
dans
le
cas
des
deux
premières
équations.
Nous
aurons
à
estimer au total
6 équations :
M2/P = alV + a IR + a d + a p*
(l)
2
3
4
( + )
( + )
(+ )
( -)
M2/P = blV + b IR + b (d-P*)
(2)
2
3
( + )
( + )
( ~ )
IR = clV + c d
(3 )
2 + c p*
3
(+ )
( + )
( - )
IR = dlV + d (d-P*)
(4)
2
( + )
( ~ )
A
G = elIR + e p*
(5)
2
( + )
( - )
A
G' = flIR + f p* + f F
(6)
2
3
( + )
( - )
( - )
Essayons, suite à ces précisions, de présenter nos résultats.

- 161 -
B) Présentation
des
résultats
emplrlques
des
réformes
monétaires
d'ordre structurel proposées dans les pays en développement
Les
résultats
obtenus
sont
regroupés
dans
les
tableaux
nOs
la,
11,
12,
13,
14, 15.
Le seuil
de significabilité des résultats est de 5%.
Les valeurs entre parenthèses sont les t de Student calculés.

TABLEAU N°10
Résultats des tests sur les équations de demande d'encaisses réelles
Pays
Nombre
2
Equations
(1)
R
F
DW
d'observations
M2
BRESIL
15
- - - 0,010 Y - 0,358 IR + 0,402 d
0,713 pl
-
+ 2,429
0,65
4,7441
2,022
p
(0,445)
(-0,580)
(1,806)
(-2,693)1
M2
0,107 Y
1,693 IR
0,055 d + 0,233 pl
+ 4,506
0,55
3,105
2,014
MEXIQUE
15
- - =
-
-
P
(2,753)1
(-1,444)
(-0,429)
(1,219)
en
N
,
M2
1
PERDU
15
- - -
_ 1,120 pl
0,036 Y - 0,003 IR + 1,130 d
+ 0,691
0,82
12,138
2,086
P
(1,664)
(-0,005)
(3,718)1
(-4,759)1
N.B. 1 significatif à 5 %
Les valeurs entre parenthèses sont les "t" de Student calculés

..
TABLEAU N°ll
Résultats des tests sur les équations de- demande d'encaisses réelles avec (d-P*)
Nombre
R2
Pays
d1observations
Equations
(2)
F
DW
M2
BRESIL
15
- - -
0,065 Y - 0,196 IR + 0,001 (d-P·)
- 0,321
0,15
0,679
2,177
P
(1,317)
(-0,223)
(0,096)
2
M
MEXIQUE
15
-
-
0,093 Y - 0,051 IR
- 0,004 (d-P·) + 2,095
0,37
2,190
2,075
0'\\
P
W
(2,279)·
(-0,993)
(-0,211).
0
M2
0,040 (d-P·)
4,588·
PEROU
15
-
-
0,051 Y -
0, 100 1R +
+ 3,800
0,55
0,864
P
(0,944)
(- l ,210)
(2,225)·
~
N.B . • significatif à 5 %
Les valeurs entre parenthèses sont les "t" de Student calculés.

f1"
TABLEAU N°12
Résultats des tests sur les équations du taux d'investissement
2
Pays
Nombre
Equations
R
d'observations
(3)
F
DW
IR
BRESIL
15
= 0,021 Y - 0,108 d + 0,024 p. + 2,918
0,42
2,751
1,784
(1,550)
(-0,798)
(0,154)
IR
MEXIQUE
15
= 0,045 Y - 0,017 d + 0,113 p. + 2,230
0,58
5,247·
1,943
(3,938)·
(-0,352)
(1,671)
~
0"1
~
IR
PEROU
15
= 0,154 Y + 0,211 d - 0,264 p. -+ 2,626
0,56
4,817·
1,822
(2,670)·
(2,384)·
(-2,865)·
"
N.B . • significatif à 5 %
Les valeurs entre parenthèses sont les "t" de Student calculés.
...~
""''''''''''''"~"''''''''''7-.,.-,~--.......,,''

TABLEAU N°l3
Résultats des tests sur les équations du taux d'investissement avec (d-P*)
Nombre
Pays
Equations
R2
d'Observations
(4 )
F
DW
IR
BRES IL
15
= 0,029 Y - 0,002 (d_P:l) + 2,492
0,32
2,922
1,769
(2,195):l
(-0,873)
IR
MEXIQUE
15
= 0,124 Y - 0,031 (d_P:l) + 1,696
0,57
7,999-l
2,063
(3,744):l
(-1,476)
0\\
(J1
IR
= 0,184 Y + 0,230 (d_P-l) + 2,587
0,53
6,850:l
1,852
PEROU
15
(3,242):l
(2,792)~
N.B. -l significatif à 5 %
Les valeurs entre parenthèses sont les "t" de Student calculés.
.....
"""'"''T'''.,."...'>o:r1'',~,~'~

TABLEAU W14
Résultats des tests sur les équations du taux de croissance
Pays
Nombre
2
Equati ons
R
dlObservations
(5)
F
DW
"'-
0,033 P~
BRESIL
15
G =
21,614 IR
+
- 47,225
0,83
28,854~
, 1,605
(5,606)~
(0,036)
"
0,119 P~
80 ,511~
MEXIQUE
15
G =
16,926 IR
-
+ 4,288
0,93
1,653
(9,253)~
(-3,896)~
'"
'"
"-
0,180 P~
3,399~
PERDU
15
G =
3,465 IR
-
- 48,585
0,36
2,326
(1,105)
(-1,880)
<>
N.B. ~ significatif à 5 %
Les valeurs entre parenthèses sont les lit" de Student calculés.

TABLEAU ND 15
Résultats des tests sur les équations du taux de croissance
(en tenant compte du taux de pression fiscale)
Nombre
Pays
Equations
2
R
F
DW
d'Observations
G1
= 19,038 fR - 0, 130 P~ - 0,149 F - 37,972
0,85
21 ,674~
1,881
BRESIL
15
(6,580)~
(-0,173)
(-1,673)
,.
G'
1,608
= 20,968 IR -
P~ - 0,032 F + 4,041
0,96
74,255~
ME:XIQUE
1,667
13
(9,301)~
(-4,725)~
(-1,057)
0'1
-.1
,..
G1
0,269
= 6,652 IR
-
P~
PEROU
+ 0,209 F - 98,419
0,48
2,866
2,444
13
(1,780)
(-2,287)~
(1,826)
N.B. ~ significatif à 5 %
Les valeurs entre parenthèses sont les IIt ll de Student calculés.

- 168 -
PARAGRAPHE II
APPRECIATION DES RESULTATS EMPIRIQUES DES REFORMES MONETAIRES
D'ORDRE STRUCTUREL PROPOSEES DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Au
niveau
des
équations
de
demande
d'encaisses
réelles,
nous
remarquons
que
les
coefficients
de
détermination
sont
nettement
meilleurs
dans
l'équation N°l
que dans l'équation N°2. Dans l'équation N°l,
le R2 est
assez satisfaisant
pour
le
Pérou,
moindre pour
le Brésil et le Mexique. Le
F de Fi sher montre que
l a si gnifi cabil ité gl oba le des tests est bonne pour
le Brésil et le Pérou, pas tout à fait pour le Mexique. L'hypothèse de complé-
mentarité
exige
que
le
signe
du
coefficient
du taux d'investissement réel
IR soit positif. Dans l' équati on N° l, aucun pays ne fournit le bon coeffi ci ent
de
même
les t de Student ne sont pas du tout significatifs. Dans l'équation
N°2, les R2 sont assez mauvais et il n'y a non plus de signe positif pour le taux
d'investissement réel.
Les
résultats
sur
les
différentes
variables
explicatives
semblent
plus ou moins mitigées. Si nous nous en tenons à l'équation N°2, il est clair
que
l a demande
d' encai sses
réelles
n'est
poi nt
conditi onnée par le ni veau
du taux d'intérêt réel. Dans l'équation Wl et plus précisément dans le cas
du Brésil,
la demande d'encaisses réelles semble bien dépendre de l'inflation
anticipée et du taux d'intérêt nominal. Le t de Student de l'inflation anti-
cipée
est
significatif
et
un
peu moins
pour
le taux d'intérêt.
Concernant
le Mexique la demande d'encaisses réelles semble bien liée au produit intérieur
brut réel
et cela est bien indiqué dans les deux types d'équation.
Pour le
Pérou, cette variable est largement conditionnée par le taux d'intérêt nominal,
l'inflation
anticipée et un
peu
par le produit
intérieur brut réel.
Les t
de Student sont du bon signe et presque tous significatifs.
Nous noterons
sous réserve de
l'utilisation de certaines variables
comme
substituts
que
la
thèse
de
complémentarité
ne
semble
pas
vérifiée.
Cela voudrait dire qu'il
n'existerait pas de liaison positive évidente entre
la
demande
d'encaisses
réelles
et
le
niveau
de
l'investissement
dans
ces
pays sur la période de 1970 à 1984. Par contre, la demande d'encaisses réelles
semble
être
sous
l'influence
de
l'inflation
future
et
des
taux
d'intérêt
dans le cas du Brési l et du Pérou. Elle est dans le cas du Mexique conditionnée
par
le produit intérieur brut réel.
Dans tous
les cas nous
pouvons d'ores
et
déjà reteni r
que dans ces troi s pays étudi és,
la monnai e ne représente

- 169 -
pas un bi en de 1uxe
pui squ 1 il
semble se vérifi er qu'un accroi ssement de 1%
du revenu (i ci du produit i ntéri eur brut) ne genere pas une demande dt actifs
monétaires
plus que proportionnelle.
Nous y reviendrons dans nos conclusions
finales.
- Pour
ce
qui
est
des
équations
du
taux
d'investissement,
nous
2
remarquons que le R , coefficient de détermination n'est pas très explicatif
pour
les
trois
pays étudiés.
La significabilité des tests à partir
du F
de Fi sher est bonne pour 1e Mexi que et 1e Pérou. Pour 1e Brési 1, e11 e est
insuffisante.
Le
coefficient
du
produit
intérieur
brut
réel
est
du
signe
attendu dans chacun des
pays.
Dans
l' équati on N° 3, 1e t de Student est bon
pour le Mexique et le Pérou.
Dans
l'équation
N°4, il est significatif pour
chaque
pays.
Le coefficient du taux d'inflation
anticipée est
positif dans
le cas du Brésil et du Mexique mais les t de Student ne sont pas significatifs
dans les deux cas (nous y reviendrons). Le taux d'intérêt et le taux d'inflation
anticipée ont de bons coefficients et sont de plus significatifs.
-
Au
ni veau
des
équati ons
des
taux
de croi ssance,
1es résultats
des estimations sont dans l'ensemble assez bons pour le Brés"il et le Mexique,
faibles dans
le cas du
Pérou.
Dans les deux premiers pays, on serait tenté
de dire que l'investissement est un élément incitatif de la croissance. Les
coefficients du taux d'investissement réel
sont très intéressants puisqu'ils
véri fi ent l' intérêt qu' i 1 y a à accroître 1e ni veau de l' investi ssement pour
stimuler
la croissance dans la plupart de ces pays. Par exemple dans l'équation
N°S,
une
augmentation
de
1%
d'investissement
entraîne
une
augmentation
de
21,614% de croissance au Brésil, de 16,926% au Mexique et de 3,465% de crois-
sance
au
Pérou.
Les
résultats sur l'inflation
anticipée sont du bon signe
pour le Mexique et le Pérou dans l'équation N°S. Le t de Student est significa-
tif
pour
le
Mexique.
Dans
l'équation
N°6,
nous
avons
la confirmation des
précédents
résultats.
Le
taux
d'inflation
anticipée a
une
liaison
négative
avec 1e produi t
i ntéri eur brut pour chacun des pays étudi és. Les t de Student
sont même très significatifs dans le cas du Mexique et du Pérou. Le coefficient
du taux de
pression fiscale est du
signe négatif dans le cas du Brésil et
du Mexi que ce qui
corrobore bi en 1a thèse des économi stes de l'offre. Mai s
nous remarquons que les t de Student ne sont pas significatifs. Dans le cas
du Pérou,
le signe du coefficient du taux de pression fiscale est de signe

- 170 -
positif ce qui est contraire à la théorie de A. LAFFER et ses disciples puisque
dans ce cas précis il
semble qu'une augmentation de 1% du taux de pression
fiscale entraîne une augmentation de 0,209% du produit intérieur brut réel.
L'interprétation finale de ces résultats nous conduit nécessairement
à
observer
un
peu
plus
de
prudence.
Réserve faite des substituts,
il
est
certain
que
de
nombreuses
variables
toutes
aussi
susceptibles
d'expliquer
l es thèses néo-l i béra les n'ont
pas été pri ses en compte.
Nous
noterons que
llinfluence de certaines variables, d'ailleurs peu libérales, comme les condi-
tions
sociales,
institutionnelles,
économiques
et
même
démographiques
n'a
pas
été retenue dans
les estimations.
Il
est vrai
que sur certains points
la plupart des resultats semblent peu intéressants et même à la limite contra-
dictoires
mais,
avec
beaucoup de précaution,
ils
pourront nous guider dans
les réflexions à mener.
D'abord nous remarquons que la thèse de complémentarité de MC KINNON
n'est
pas
vérifi ée
(1).
La détenti on d'encaisses monétai res n'est donc
pas
un
préalable à l'investissement au Brésil, au Mexique et au Pérou. Du moins
sur la période de 1970 à 1984, ce phénomène ne semble pas se vérifier. D'ail-
leurs cela se voit bien dans la situation économique des pays en développement
où l'investissement est pour l'essentiel financé par l'étranger. Nous redécou-
vrons que la demande d'encaisses est très liée au taux d'inflation anticipée
et au taux d' intérêt et ce l a pour le Brés il et le Pérou. Comme ce l a se voi t
bi en souvent, l es agents économi ques se réfèrent énormément à ces deux vari a-
bles
avant de
prendre toute décision.
Ainsi
se vérifie pour une
part plus
ou moins grande le problème des .anticipations des agents économiques du Pérou
et du Brésil où aujourd'hui encore la forte spéculation sur les marchés moné-
taire et financier et aussi
sur les marchés
parallèles est très vive. Cela
montre
également
que
pendant
longtemps
les
taux
d'intérêt
appliqués
dans
ces pays ont été peu dissuasifs et n'ont eu
aucune influence significative
sur les agents économiques.
Ensuite
nous
nous
apercevons
que
l'investissement
est
faiblement
lié
au
produit
intérieur
brut.
Ce
qui
renforce les
premières conclusions.
Clest vrai que la part d'efforts faits par les autorités du Brésil, du Mexique
et du Pérou est reconnue mai s e11 e reste i nsuffi sante. Nous remarquons dans
(1) Ces
mêmes
tests
appliqués
sur
le
Japon
et
la
Corée
(1962-1972)
ni ont pas donné une liaison
positive
entre
la
monnaie
et
l'investissement.
Par
contre,
les
résultats
ont
été
meilleurs
pour le Pakistan et la Turquie (1962-1972).

- 171 -
ce même temps que l'investissement est positivement lié à l'inflation antici-
pée.
Cela lai sse supposer qu'en dehors des
ressources
propres et de l'ai de
de
l'étranger,
les
autorités
monétaires
du
Brésil
et du Mexique utilisent
la créati on monétai re pour renforcer
l es moyens de fi nancement.
Ce qui est
bien
évidemment
source
d'inflation.
Quand
on
pense
au
problème
actuel
de
l'endettement, tout semble mieux s'éclaircir. En effet, le produit des activités
ne peut actuellement permettre de financer totalement l'investissement puisqu'il
existe déjà des difficultés pour faire face aux besoins primaires.
Enfi n pour ce qui
est du taux de croi ssance,
nous notons que
la
thèse de V.
GALBIS est vérifiée sur la période 1970-1984 (1). La croissance
du Brésil, du Mexique et du Pérou est conditionnée par le niveau de l'investis-
sement.
Nous remarquons plus encore au Mexi que et au Pérou que la
croi ssance
est
négativement
liée
au
taux
d'inflation
anticipée.
Cela prouve que même
si la création monétaire source d'inflatio~ a été souvent utilisée pour soutenir
la croissance,
elle ne demeure pas
un élément essentiel
de cette dernière.
Cela montre également que la lutte contre l'inflation doit être un impératif
si
l'on veut assurer
le développement de ces
pays.
C'est vrai
que dans le
cas
du
Brésil,
l'inflation
est
intimement
liée
à
la croissance mais cela
ne
doit
pas
fair.e
perdre de vue
le sentiment que cette situation est due
aux insuffisances de moyens disponibles
pour financer l'activité économique.
Malgré l'insertion de
la variable de la pression
fiscale,
les coefficients
de
la liaison n'ont
pas assez changé même si
on constate une amélioration
du côté du Pérou. Nous remarquons dans le cas du Pérou que l a hausse de la
2
pression fiscale
a relevé
la valeur du
R
ce qui
prouve que, même si
le t
de Student n'est
pas significatif,
il
y a une tendance à l'amélioration du
ni veau de la croi ssance économi que. Contrai rement à ce derni er cas, le Brésil
2
et le Mexique ont quant à eux des coefficients de détermination R
qui
sont
passés de 0,83 et 0,93 à 0,85 et 0,96
; ce qui
signifie que la baisse de
la
pression
fiscale est quand même importante pour
l'amélioration du niveau
de
croi ssance.
Dans tous
l es cas,
même si
on remarque des poi nts
positifs
quelques
fois
très
peu
apparents de
la thèse des
Nouveaux Economistes,
on
est
convié
à
plus
de
prudence
dans
les
conclusions.
En effet,
confrontés
à des difficultés diverses,_ les pays en développement sont encore loin de la:
(1) La thèse de V.
GALBIS
appliquée
sur
les
pays Latino-américains sur la période 1961-1973 n'a
pas eu de résultats probants : Cf. GALBIS (V.) : "Money, Investment and Growth in Latin America
1961-1973" in ANDElY (R.R.) : Stratégie monétaire et financière néo-libérale de développement -
Application à l'Afrique subsaharienne, Thèse d'Etat ès Sciences Economiques, Université de
Clermont l, 1988, p.145.

- 172 -
situation
pouvant conduire à une réduction
du
taux de pression fiscale.
A la
limite,
devrai ent - il s
f ai re
un
aménagement du cadre économi que pour parveni r
à
une
fiscalisation
poussée
pour
renforcer
l'épargne
nationale
mais
en
se
gardant tout
de même de réduire les propensions à travailler,
à épargner
et à investir.
Au
total,
cette
vérification
empirique
de
la
thèse
néo-libérale
semble
riche
d'enseignements.
Nous
savons,
à partir des
expériences
menées
sur
le
Brésil,
le
Mexique et
le
Pérou,
que
le
principal
problème des pays
en
développement
reste
le manque de moyens
disponibles
pour financer
les
économies.
Au
travers
de ces
différents
modèles,
il
ressort que l'inflation
engendrée
par
des
éléments
tels
la
création
monétaire,
la
spéculation
et
la
politique
monétaire
laxiste
reste
la
variable
qui
semble
conditionner
l'investissement,
la détention
d'encaisses
et
enfin
la croissance.
Ce qu'il
faut pour la plupart de ces pays comme il a été soutenu dans les développements
.
théoriques
est
de
renforcer
les
structures
monétaires
et
financières
pour
que. les
encaisses
puissent
se
placer
et accroître l'épargne
nationale.
Pour
ce la, l es taux dl intérêts servi s sur l es dépôts qui sont bi en liés à l a demande
d'encaisses doivent être relevés. Ces différentes actions doivent être accom -
pagnées par des efforts d'aménagement fiscal et de relèvement des prix agricoles
pour susciter
un
degré d'incitation plus important.
Cela permettra d'élargir
les voies de la croissance qui, dans les pays en développement, passe inévita-
bl ement
par
un
effort
accru dl i nvest i ssement pour accroître l 1 offre gl oba.l e,
facteur essentiel
de réduction des rigidités sectorielles et de lutte contre
l'hyperinflation.
Voyons
i ci
aussi
si
les expen ences de réformes monétai res opérées
en Argenti ne et au Brésil
vont bi en dans le sens de ces recommandati ons même
si
sur les pri nci paux poi nts il y a,
Cl est
vrai, de grandes di fférences avec
nos développements théoriques.

- 173 -
SECTION II
ESSAI DI EVALUATION DES EXPERIENCES DE REFORMES MONETAIRES OPEREES
PAR L'ARGENTINE ET LE BRESIL
Dans
1e courant de
1 1année 1985,
une nouve 11 e po 1i tique économi que
a fait jour
dans certains des pays les plus endettés. tette politique consis-
tait en un gel
des salaires et des prix et s'accompagnait d'une réforme moné-
tai re.
Ell e
déri ve
en
effet
dl un
débat
théori que engagé
sur
1a nature de
1 l inf1ation.
Ce
débat
fait
une
large
place
aux
réflexions
engagées
autour
des
thèmes
tels
que
"les
nouvelles
stratégies
d ' industria1isation"
et
"le
problème
de
la
macro-économie
ka1eckienne"
(1).
Au-delà
des
controverses
que
ces
réflexions
pouvaient
susciter,
ces
analyses
ont donné
naissance
à
une
problématique commune
appelée
: Théorie de l'inflation inertielle.
Cette
théorie repose sur une hypothèse de base distinguant les facteurs qui déclen-
chent ou accélèrent l'inflation et les fac'teurs qui la perpétuent. Le premier
type de facteurs
pour ces économi stes se trouve dans 1es changements dl offre
de biens et services qui altèrent les prix relatifs. Le second type de facteurs
résu 1te de
1a capacité des
agents
économi ques
à
indexer
11 économi e
afi n de
rétablir
l'équilibre des
prix
re1atifs et préserver ainsi
leur participation
au
revenu
national
(2).
Ce fait
appelé
"tendance inertielle de 1 l inf1ation"
est
insensible
aux
variations
de
la
demande
globale
et
en conséquence
ne
peut
être
réduit
par
des
thérapeutiques
récessionnistes.
Clest
pour
cela
que cette approche récuse les thèses orthodoxes; monétarite parce que l'expan-
sion monétaire est présentée comme une variable endogène au système, keynésienne
puisque
la
demande
globale
est considérée comme
j~uant
un
rôle
limité.
La
nouvelle
approche
appelée "choc hétérodoxe" se résume de la façon suivante:
désindexation
totale de
1 1économie
grâce et
à travers la réforme monétaire.
Les plans
argentin
et
brésilien
sont hétérodoxes "parce qu'au lieu de faire
confi ance
au marché
pour opérer
1es
ajustements
nécessai res
à 1a bai sse de
l'inflation,
ils
consistent
en
des
mesures
administratives,
qui
plus
est,
il s ne sont pas récessifs (3)".
Essayons de les présenter.
(1) Cf.
IKOIICOFF (II.) : "Une politique économique alternative pour le Tiers-Monde ?", Revue Tiers-
Monde, N°109, Janvier-Mars 19S7, p.46.
(2) Cf. Ibid, p.46.
Voir
é9alement
PEREIRA (P.B.)
: "Inertial inflation and the Cruzado plan", World Development,
Vol.15, N°S, August 19S7, pp.1035-1044.
(3) JETU (B.) : "La culture inflationniste:
une présentation du débat sur l'inflation inertielle
en Amérique Latine", Revue Tiers-Monde, N°109, Janvier-Mars 19S7,p.150.

- 174 -
PARAGRAPHE 1
LES
MODALITES
DE
REFORMES MONETAIRES
OPEREES
PAR
L'ARGENTINE
ET LE BRESIL
Contre 1es
perpétuels déséquil i bres de 1eurs
balances de pai ements
et une crise économique sans fin, 11 Argentine et le Brésil ont décidé d'appli-
quer des réformes monétai res.
Ils 1 agi t pour ces deux pays de mettre un terme
à
la longue période d 1 inf1ation qui
a détruit
leur équilibre économique et
de rétablir
les mécanismes de
la croissance. La grande particularité de ces
réformes
se
trouve
dans
1 1 abandon
de
1 1 indexation
et
dans
la création de
nouvelles unités monétaires. Ces éléments consistent à apporter un changement
aussi
important soit-il dans les structures monétaires de ces pays. Le tout
est de parveni r à une stabil i té dur ab 1e des pri x et des changes afi n d' anéan-
tir 1 'hyperinf1ation.
Voyons ces réformes monétaires en détail.
A) Les modalités des réformes monétaires opérées par l'Argentine (Plan Austral)
La réforme monétaire mise en place par l'équipe économique au pou-
voir - le ministre de l'économie M. Juan SOUROUILLE et le ministre des finances
M.
Mari 0
BRODERSOHN - et app 1i quée 1e 14 jui n 1985 marque une rupture avec
l'approche
gradua1iste
préconisée
par
le Fonds Monétaire
International
(1).
La
philosophie
est
de
créer
un
choc dans
l'opinion
publique et de briser
la spirale prix-salaires
par
la désindexation.
Au cours des
années
1975 et
1976 s'est produite une véritable explosion inflationniste avec un taux dépas-
sant 300% qui,
à
l'époque, était 1e plus élevé du monde. Ce phénomène, malgré
un
ralentissement,
a
repris
au cours des
années
suivantes
pour culminer
à
un
taux
supérieur
à 1 000%.
En effet
au cours du
premier trimestre 1985,
le taux d'inflation mensuel moyen était de 24%, soit 1 220% par an ; en avril-
mai 1985, 30% mensuel, soit 2 230% par an (cf. Tableau n016) (2).
(1) Cf.
FERNAIDEZ
(R.B.)
:
"The
expectations
management
approach
to
stabilization
in
Argentina
during 1976-82", World Development, Vol. 13, N°8, August 1985, pp.871-892.
(2) Cf. JETIN (B.) : op. cité, p.152.

- 175 -
Taux d ' inflation en Argentine, 1975-1984
1975 ......................•.............. 34·1,6
1976
366,9
1977
160
1978
157,5
1979
134,3
1980
72,6
1981
155,8
1982 .........................•........... 256,2
1983 ..........................•.......... 360,9
1984
688
Source
1975-1981: Jorge SCHVARZER, Martinez De HOZ,"La logica de la politi-
ca economica~' CISEA, Buenos Aires, 1983 ; 1982-1983 :"Economie Memoran-
dum on Argentine'~
Document of World Bank, Wash"ington,
1984 ; 1984 :
"Wor ld Fi nanci a1 Markets'~
Morgan Guaranty Trust Company of New York,
avril-mai
1986 in IKONICOFF (M.) : "Une politique économique alterna-
tive
pour
le
Tiers-Monde",
Revue
Tiers-Monde,
N°l09,
janvier-mars
1987, p.35.
Le
niveau
d'activité
continuait
de ,baisser
dans
le
contexte
de
la récession mondiale. Sur le plan externe, la situation était assez difficile,
la dette atteignait fin 1984 le niveau de 50 milliards de dollars, c'est-à-
dire 83% du PIB. soit six ans et demi dlexportations et quinze ans d'excédent
commercial.
Sur le
plan
interne
le désordre fiscal
créé
par
l l inflation et
1a forte
dette
extéri eure
de
11 Etat ont
rongé
1es fi nances
pub li ques.
Les
investissements ont de ce fait baissé rendant difficiles les efforts de finance-
ment des entreprises privées et publiques (cf. Tableau N°17).

- 176 -
TABLEAU N° 17
Taux d'épargne des entreprises et de la formation brute de capital fixe (FBCF)
de 1980 à 1984
Années
Taux d1épargne des entreprises
FBCF
%
%
1980
0,8
1
1981
-3,3
-17,2
1982
-6,2
-24,6
1983
-7,3
- 1,8
1984
-5,9
-11 ,5
Source
Agence fi nanc i ère pour 1es
pays du Cône Sud de 1 1 Améri que 1at i ne :
"Argentine : situation économique et financière au quatrième trimestre
1985"
in
SALAMA
(P.)
"Dollarisation
et
hétérodoxie
en
Amérique
latine", Revue Tiers-Monde, nOl09, Janvier-Mars 1987, p.77.
Le secteur public présentait un énorme déficit financé par création
monétaire.
La
planche à billets était très
souvent
sollicitée PJUrfaire face
~
besoins de financement qu1avec la crise de 1 1 endettement llEtat n'arrivait
plus
à
couvrir.
La masse monétaire a de ce fait évolué rapidement
soit
respectivement 69,8% en 1981
; 247,5% en 1982 ; 362% en 1983 ; 501,6 en 1984
et 571,5% en 1985 (1).
Depuis vingt-cinq ans, les revenus des masses moyennes
et
populaires
connaissent
une
détérioration
constante
conduisant
ainsi
à
une réduction du niveau de vie et à une chute équivalente des capacités pro-
ductives.
Le
salarié
supportait
en effet une
perte de son
pouvoir dlachat
de 11 ordre de 1% par jour. Les agents économi ques argent -j ns ont profondément
modi fi é 1eur comportement en cherchant à se séparer
au plus vite des en-
cai sses monétai res dont il s di sposai ent. Il s trouvai ent refuge dans l es pl ace-
ments à l'étranger (achat de titres financiers),
dans l'achat de biens réels
(1) Cf.
DUPRAT
(M.H.)
"Argentine,
à l'épreuve
de
l'austérité",
Eure'pargne,
N0 617,
Mars-avril
1987, p.25.

- 177 -
et dans la conversion de la monnaie locale,
le peso, en monnaies étrangères,
dollar en particulier (1).
On
peut ai ns i
mesurer l' importance du
pari
que représentait le plan
Austral. Un véritable pari qui,
pour être tenu, a obligé l'Argentine à consi-
dérer qu'il n'existait pas que des causes monétaires et fiscales à l'inflation.
Aussi
se proposait-i l
de
lutter contre le mal
de manière plus pragmatique.
Il y a eu la création d'une nouvelle unité monétaire - l'Austral - qui remplace
désormais le peso. Cette nouvelle monnaie a une valeur fixe soit l'équivalent
de l 000 pesos. Cette monnai e ni est pas indexée.
Il Y a eu une augmentati on
du taux de réescompte et des taux d'intérêts en général. Sur le marché adminis-
tré (soit 40% du marché financier) où il existe un contrôle, les taux d'inté-
rêts sont fi xés à 3,5%.
Sur le marché libre l es taux d' intérêts sont fi xés
à
8% pour les dépôts et 10% pour les prêts (l'inflation étant préfixée dans
les taux).
Le taux de change est fixé
à
0,8 austral pour l dollar. Notons
qu'il y a eu une dévaluation de 17,6% dans les premiers jours de la réforme
mai s désormai s un gel
du taux de change est déci dé pour une durée i ndéter-
minée
(2).
Les prix ont été gelés à un niveau
supérieur à ceux du marché
pour
une
péri ode
i ndétermi née.
Il
nI y a pas de rattrapage de
l a perte du
pouvoi rd' achat pour un ni veau
i nféri eur à 20% dans l es ci nq premi ers moi s
de
1985.
La désindexation
est totale pour les salaires.
Le déficit
public
serait
financé
par
l'endettement
externe
et
par
l'augmentation des impôts.
Ainsi les taxes à l'exportation et à l'importation ont été relevées.
Ce précédent programme a été légèrement réaménagé le 4 avri l 1986.
L'équipe économique du Président
Raul ALFONSIN a mis fin au blocage des prix
et
des
salai res
et
procéda dans ce même tem~s
à un
relèvement des tarifs
publics et des différentes taxes.
Il
a décidé de ramener le déficit public
de 12% à 2,5% du produit national brut. Dans le domaine bancaire, on a procédé
à des fusions et à des fermetures d'agences jugées non rentables (3).
(1) Cf.
SOUROUIllE
(J.V.)
:
llArgentina
:
projecto
de
crecimento
con
estabilidad",
El
Trimestre
,
Econo"mico,
NUM 210, Abril-junio de 1986, p.424.
(2) Cf. JETIN (B.)
: Ill a culture inflationniste : une présentation du débat sur 11 inflation iner-
tielle en Amérique latine", op. cité, p.155.
(3) Cf. BNP : "les réformes monétaires de l'Argentine et du 8rési l'l, Problèmes Economiques, N0 1991,
24 septembre 1986, p.20.

- 178 -
La
forte
récession
de
l'économie et
les
perturbations extérieures
dont
était
victime
l'Argentine ont contraint
le gouvernement à réviser
les
précédentes
modalités
et
à
se
doter
d'un
nouveau
plan d'austérité: ce plan, annoncé le 20 juillet 1987, a été baptisé comme
celui
d'une
austérité
imposée
de
l'extérieur,
autrement
dit
par
le
Fonds
Monétaire
International
et la Banque Mondiale
(1).
Ce nouveau
plan
prévoit
une augmentation de la pression fiscale de plus de 5 points du produit inté-
ri eur brut, un relèvement des tarif s pub li cs.
Il prévoi t égal el1lent d'accorder
une plus grande liberté d'importation, d'accélérer la privatisation et d'adop-
ter une politique monétaire restrictive.
Le gouvernement s'est par ailleurs
engagé
à
restructurer
la
compagnie
pétrolière
d'Etat
et
à
fixer
les
prix
intérieurs des hydrocarbures sur la base des cours du marché international.
Voyons à présent ce qui a été retenu du côté du Brésil.
B) les modalités des réformes monétaires opérées par le Brésil (Plan Cruzado)
Bénéficiant
d'une
conjoncture
favorable
(2),
le
Président
Jose
SARNEY et son gouvernement ont mis en application le 28 février 1986, après
adoption du décret-loi n02283, de nouvelles méthodes de traitement de l'infla-
tion.
Ce
modèle
hétérodoxe
s'oppose
à
la
conception
orthodoxe
de
MILTON
FRIEDMAN et ses disciples.
S'il est vrai que le Brésil
a connu de fortes proportions d'infla-
ti on
au début des
années
60,
ce
phénomène s'est
largement atténué vers
la
fin
de cette décennie.
Ce n'est seulement après
le choc
pétrolier de
1973
,
que
les
difficultés
ont
commencé
à
naître réellement.
Même si
en 1974 et
1975 le taux moyen d'inflation a été de l'ordre de 40% malgré les pressions
exercées
sur
les
pri x,
on
constatera
un changement à parti r de 1979 avec
une véritable explosion inflationniste. Ce sera le début d'un processus d'~ccé­
lération
qui
ne
connaîtra
plus de limite
(cf.
Graphique Wll)
(3).
Malgré
(1) Cf. CROUIGNEAU (F.)
: "L'Argentine se dote d'un nouveau plan d'austérité", Le Monde. 24 juillet
1987, p.22.
(2) Cf.
4,5 et 7,4% de croissance du PIB en 1984 et en 1985 ; 25.7 milliards de dollars d'excédent
de
la
balance
commerciale
durant
ces
deux
mêmes
années.
Au
niveau
international.
la
baisse
conjonguée
des
taux
d'intérêt,
du
dollar
et
du
prix
du
pétrole
représentait
des
avantages
considérables
pour
le
Brésil
: cf.
BRESSON (J.C.)
: "Le Plan Cruzado et l'hétérodoxie écono-
mique". Revue Tiers-Monde, ND I09. Janvier-Mars 1987. p.173.
(3) Cf. IKONICOFF (M.): "Une politique économique alternative pour le Tiers-Monde", op. cité, p.42.

- 179 -
GRAPHIQUE N°ll
Evolution des taux d'inflation brésilien (%)
210
200
150
100
50
.~~-;;:-~~;:~~;"'-r:::":"""""""'1~--.--r--....-.---.-""T---,~
25
1NO,
1165
196.9
• 1871
1873
1975
1.77
1.78
,....
lia
11185
Source
BRESSON
(J.C.)
"Le
Plan
Cruzado
et
llhétérodoxie
économique",
Revue Tiers-Monde, N°109, Janvier-Mars 1987, p.173.
l 1intervention du FMI à partir de 1980, on ne réussit pas à maitriser l'infla-
tion dont le taux va même doubler.
La bai sse des dépenses de 11 Etat a affecté 11 investi ssement pub li c
et
a ralenti
l'activité
économique.
Ainsi
au cours de
la période 1981-83,
le PIB a enregistré un taux de croissance négatif qui
sera d'ailleurs unique
dans l'histoire économique de ce pays. On
peut rappeler que le taux de crois-
sance a toujours été dl un très bon ni veau.
Il' a été de 8,8% entre 1970 et
1980. Malgré une régression cumulée dlenviron 6% entre 1981 et 1983 et malgré
la hausse des taux d'inflation, la croissance a repris avec des taux respecti-
vement de 4,5% en 1984 et de 7% en 1985 (1). Ces i ndi ces montrent également
que llinflation
a joué un rôle positif dans le financement du développement
économique brésilien. Et cela nia été possible qui avec l'adoption de l'indexa-
tion qui est devenue un véritable élément de la stratégie de défense du système
productif et financier.
Si
ce système a évité au Brésil une grande évasion
de capitaux par rapport aux autres pays, il a été à l lori gi ne de deux pri nci-
paux types de distorsions dans l'économie. En premier lieu, ce système, avec
(1) CELSO FURTADO
:
A nova
dependencia in
IKONICOFF
(M.)
: "Une politique économique alternative
pour le Tiers-Monde", op. cité, p.43.
..

- 180 -
le poi ds croi ssant de l a dette pub li que, a réduit l a marge de manoeuvre des
autorités
monétaires
en
approfondissant
le
déficit
budgétaire.
En
second
lieu,
comme
l a dette
pub li que
était indexée,
l' accé l érati on de l' i nfl ati on
a donné lieu à une redistribution du revenu en faveur des créanciers de l'Etat
brésil i en (1).
Ces
distorsions
provoquées
par
l'importance
de
la dette
interne
dans une économie presque totalement indexée et par le niveau élevé d'inflation
justifient pour les autorités brésiliennes la mise en oeuvre du plan Cruzado.
Le principe de base de ce plan est
lui
aussi
un
abandon pur
et
simple de l'indexation.
Il
n'y a pas eu de véritables mesures d'austérité.
Une nouvelle monnaie a été créée - le Cruzado - en remplacement du Cruzeiro.
Un cruzado est l'équivalent de l 000 cruzeiros. Les prix étaient tous contrôlés
avant d'être gelés à leur niveau atteint le 28 février 1986 pour une
période
de six mois. Une liste de 350 produits avec leur prix maximum a été publiée
par la presse.
La réforme des salaires a comporté trois aspects. Le premier
aspect est que la fixation des salaires a été faite à sa valeur réelle moyenne
des six derniers mois. Le second aspect est que le réajustement des salaires
a tenu compte d'une prime de 8% et d'une augmentation de 15% du salaire minimum.
Le dernier aspect concerne la création d'une assurance chômage (2). Le salaire
mi ni mum serait désormai s ajusté en foncti on de
l a hausse des pri x.
Pour le
reste,
les salaires seront
l"ibrement négociés entre partenaires sociaux (3).
Il a été instauré un gel du taux de change. Ce taux est fi xé à 13,77 cruzados
pour l
do 11 ar à l'achat et à 13,44 cruzados pour l do 11 ar à l a vente. Pour
rédui re le défi cit, pub li c, il a été déci dé d'augmenter les impôts.
Ce plan
a été complété le 23
juillet 1986 par l'institution d'un
mécanisme
d'emprunts
obligatoires.
Il
s'agit
de
prélever
à
l 'occasion
de
l'achat de certai ns bi ens et servi ces (voitures neuves et d' occasi ons, carbu-
rants,
billets
d'avions
internationaux)
des
sommes
qui
seront
remboursées
(1)
IKONICOFf
(M.)
:
op.
cité,
p.44.
Voir
également
BAER
(II.)
:
"The
resurgence
of
inflation
in Brazil, 1974-S6", World Development, Vol.15, N°S, August 19S7, p.1021.
(2) Cf. JETIN (B.)
: "La culture inflationniste:
une présentation du débat sur l'inflation iner-
tielle en Amérique Latine", Revuè Tiers-Monde, N°109, Janvier-Mars 19S7, p.156.
(3) Il
n'y
a pas
d'indexation
des
salaires
pour
un
niveau
d'inflation
inférieur ou égal à 20%.
A partir de 20%,
le réajustement est automatique pour 60% du taux d'inflation. Les 40% restants
dépendent de la négociation collective: Cf. JETIN (B.) : op. cité, p.156.

- 181 -
trois
ans
plus tard.
Au niveau des institutions financières, on a également
procédé à la fermeture de 500 succursales (1).
Face
à
une
situation
économique
qui
ne
s'améliorait pas du fait
de
la
forte
décélération
de
l'activité
et de
l'inflation qui
a repris de
plus bel,
un nouveau
programme de stabilisation a été annoncé et publié le
vendredi
12 juin 1987 par le gouvernement
brésilien
(2).
Ce plan qui
fait
suite à la nomination d'un nouveau ministre des finances,
M. BRESSER PEREIRA
en Avril,
prévoit
lui
aussi
un blocage des
prix et des
salaires. Sa durée
est, cette fois,
limitée à quatre-vingt-dix jours. Après ce blocage de trois
moi s, le Brésil entrera dans une péri ode de contrôle des pri x qui i ra jusqu 1 à
la fin
de
l'année.
Quant aux salair.es,
ils
seront réajustés. tous
les mois
en foncti on de l' i nfl ati on moyenne du tri mestre antérieur. Il y aura désormai s
un contrôle plus strict de l'émission monétaire pour mettre un frein au recours
à la planche à billets.
Enfin,
ce
plan comporte une dévaluation de 10% du
èruzado
qui s'ajoutera aux mini-dévaluations quotidiennes (3).
Après
11 exposé
des modal ités de ces deux types
de réformes moné-
taires, essayons à présent de les apprécier.
PARAGRAPHE II
BILAN
DES
REFORMES
MONETAIRES
OPEREES
PAR
L'ARGENTINE
ET
LE BRESIL
Les plans Austral et Cruzado sont présentés comme hétérodoxes parce
qu'ils s'opposent
aux politiques
prônées par le Fonds Monétaire International
,
et
aux mesures
de rigueur budgétaire mises
en
place avant ces
plans.
Même
si
l'objectif premier de ces réformes monétaires était leur capacité à enrayer
l' i nfl ati on sans
provoquer ne décroi ssance de l' économi e,
leur succès tenait
pour l'essentiel
à la
situation économique des
pays
avant la mise en route
des
programmes
respectifs.
Le
blocage
des
prix
e~t
souvent
utilisé
dans
les
périodes
de
pénurie et est aussi
sollicité
pour
lutter contre les
anticipations
de
tout
ordre
provenant
d'évènements
sociaux
et
politiques.
(1) Cf. BNP : "Les réformes monétaires de l'Argentine et du Brésil", op. cité, p.21.
(2) Cf. VANHECKE (CH.) : "Pour lutter contre l'hyperinflation, le Brésil réssucite le plan Cruzado",
Le Monde, 15 Juin 1987, p.13.
(3) Cf. Ibid, op. cité, p.13.

- 182 -
Il
est
applicable
à
l'inflation
contemporaine et surtout à
celle des
pays
l ati no-améri cai ns
qui
reste
dépendante des
i ndexat i ons et des
ant ici pati ons
spéculatives des entreprises et des ménages. Le blocage des prix et des salaires
recèle c'est vrai de réels avantages. Cette politique est "généralement bien
accceptée
par
l'opinion
et
peut même y provoquer un
sursaut salutaire et,
en corri geant
l es symptômes et donc les anti ci pati ons, une li mitati on vol on-
taire des revendications, son application peut être rapide et elle est généra-
lement
efficace,
notamment
dans
le
domaine
des
prix
industriels,
pendant
un ou deux trimestres (1 )".
Au-de l à
de
ces
quelques
effets,
on
peut
s' interroger sur ce qui
peut
apparaître
de
véritablement
hétérodoxe.
Si
cela
tient
en
particulier
à la désindexation, on peut en effet soutenir que cette vue
des choses semble
un
peu
simple.
L'indexation
comme
mesure
pour
endiguer
l'inflation est un
effort vain et onéreux.
Pour des
pays comme
le Brésil, l'Argentine et même
le Mexique dont les économies connaissent un niveau appréciable d'industrialisa-
tion, c'est désormais d'une monnaie suffisamment stable comme étalon de valeur
qu'il
leur faut
pour faire fonctionner efficacement l'économie. L'indexation
ne
peut
remplacer
la
monnaie
comme
étalon
général
de
valeur encore moins
éteindre les multiples foyers
inflationnistes qui ont désarticulé les écono-
mies (2). Mais est-ce à dire qu'aujourd'hui
la désindexation est la solution
à
tous ces
problèmes.
A se rappeler, on sait en effet que la désindexation
a été utilisée en France et en Italie comme une arme essentielle des politiques
économiques
libérales
au
cours
de
ces
précédentes
années
(3).
Le
blocage
des
prix
et
des
salaires
n'est
pas non
plus une "r évolution".
Ce système
a été largement appliqué dans les pays occident~ux mais moins pour le blocage
des
prix
qui
est
jugé
"an ti-économique"
puisqu'il
ralentit
l'intégration
du
marché.
La
seule
incitation
susceptible
de
motiver
l'exploitant
local
à
produire
pour
le
marché
interne
est
le
maintien
des
prix rémunérateurs
et
l'acquisition
d'un
pouvoir
d'achat
important.
En
maintenant
les
prix à
(1) BIlGER (F.) : L'expansion dans la stabilité, Economica, Paris 1985, p.187.
(2) Cf. OCDE: Pour le plein emploi et la stabilité des prix, OCDE, Juin 1977, p.281.
(3) Cf. JETIN (B.) : "La cul ture inflationniste
une présentation du débat sur l'inflation iner-
tielle en Amérique Latine", op. cité, p.15l.

- 183 -
des niveaux artificiellement bas dans le but de protéger les groupes à revenu
faible
ou
même
pour
briser
l'élan
inflationniste,
on
risque
"d'accentuer
le transfert des ressources
vers
la production non essentielle. Le contrôle
conduit
souvent
au
rationnement
; ce qui
favorise
la création d'un marché
noir
(1 )".
Au
lieu
de
réduire
les
distorsions
provoquées
par l'inflation,
on
parvient
au
contraire
à les
aggraver en agrandissant
l'écart entre
les
prix officiels et ceux qui
sont
pratiqués sur le marché parallèle. Pour M.
FRIEDMAN,
le blocage des prix ou
le contrôle des prix et des salaires sont
des "faux remèdes".
CI est selon
lui
un moyen de masquer provi soi rement les
symptômes de l'inflation. Comme il
le dit si bien, "on réussit provisoirement
à maintenir les prix et les salaires mais, sur le fond,
la pression ne fait
que s'accroître et, passé le délai d'un an et demi ou à peu près, il se produit
une
véritable
explosion
(2)" .. L'expérience
montre
d'ailleurs
bien
que
la
fi n du blocage des pri x se caractéri se toujours par un effet de rattrapage
et une hausse accélérée des prix.
La
plupart
des
mesures
appliquées
par
l'Argentine
et
le
Brésil
(réduction
du
déficit
public,
relèvement
des
tarifs
publics,
application
de la dévaluation, contrôle de la masse monétaire, des banques et des entre-
pri ses pub li ques)
relèvent de
l a thèse orthodoxe.
Donner une i nterprétat ion
à
l'inflation
dans
ces
pays et soutenir qu'elle serait combattue au moyen
d'un gel des prix et des salaires nous semblent insuffisants. Certes la défini-
tion
de
l'inflation
inertielle
conduit
à un
élargissement de
l'explication
du phénomène mai s ell e ne nous éloi gne pas de la responsabi l ité des agents
économiques à maintenir leur pouvoir d'achat. Même si l'inflation de l'Argen-
tine
et
du
Brésil
provient
de
la conjugaison, de deux types de phénomènes:
une
inflation
du
type
de
celui
qu'on connaît dans
les
pays développés et
une inflation dite inertielle due à l'indexation; cela peut être contestable
puisque la désindexation ne permet pas de retrouver le phénomène inflationniste
habituel. Autrement dit une stratégie de gel des prix et des salaires peut-e'lle
véritablement permettre d'avoir raison
de l 'hyperinflation (3) ?
C'est ce que nous essai erons de voi r en détai l avec l' appréci ati on
de ces deux plans.
(1) GAINAGE (E.) : Financement du développement, PUF, Paris 1969, p.aa.
(2) FRIEDMAN (M.) : Inflation et systèmes monétaires, Calmann-Lévy, Paris 1976, p.94.
(3) Cf. SAlAMA (P.) : "Dollarisation et hétérodoxie en Amérique Latine", op. cité, p.72.

- 184 -
A) les premiers bilans des réformes monétaires opérées par l'Argentine
D'abord
nous
mettrons
l'accent
sur
les
aspects
positifs
montrant
llefficacité de ce plan à vaincre l'hyperinflation. Ensuite nous présenterons
les incertitudes liées à son application.
1) Aspects positifs de la mise en oeuvre du plan Austral
Le premier aspect positif du plan Austral est la prise de conscience
alliée à un certain pragmatisme que le gouvernement du Président Raul
ALFONSIN
a conférée au rétabli ssement des équi libres fondamentaux (monétai re et fi nan-
cier).
En instituant une nouvelle unité monétaire -
l'Austral
-,
en gelant
les
prix et
les
salaires,
le gouvernement
a précisé sa détermination à la
lutte
contre
l 'hyperinflation.
Ce
choc
psychologique
de
ces
réformes
sur
l'opinion
publique a été
assez significatif.
Il a bien montré
le souci
louable
des uns à assurer un minimum de viabilité aux activités économiques essentielles
pour toute la population.
En
effet,
le
taux
d'inflation
qui
était
de
30,50%
en
juin 1985
est tombé à 6,2% en juillet 1985 (cf. Tableau N°18). Le rythme de croissance
TABLEAU N°18
Argentine
Evolution mensuelle de l'indice des prix en 1985
Prix à la consom~ation
Prix de gros
Janvier
25, l
21 , l
Février
20,7
17,8
Mars
26,5
27,7
Avril
29,5
31 ,5
Mai
25,1
31 ,2
Juin
30,5
42,5
Jui 11 et
6,2
- 0,9
Août
3, l
l ,5
Septembre
2,0
0,6
Octobre
l ,8
0,7
Novembre
2,4
0,7
Décembre
3,2
l , °
Source
Instituto national
de estadistica y censos (INDEC) in SOlANO (O.) :
"Le plan Austral
: nouvelle stratégie de lutte contre l'inflation",
Industrie et développement international, Février 1986, p.89.

- 185 -
des prix s'est notablement ralenti ce qui ne s'était pas produit en Argentine
depui s
longtemps
(1) .
Désormai s
1es
pri x n' augmentent
pl us qu 1 à un rythme
annuel
de 87%.
Le déficit du
secteur public qui
était de 12% du
PIB dans
le milieu de l'année 1984 est revenu à 5.5% du PIB en 1985. La réforme bancaire
qui a été entrepri se a permi s aux autorités monétai res de rati onner l' émi ssi on
laxiste de monnaie. Cette politique a relevé le niveau de la demande de billets
et a également accru les dépôts en comptes courants désormais mieux rémunérés.
"La démonétisation de l'économie connait un revirement. le ratio Ml/PIB passsant
en
dix
mois
de
3% à 6.5%.
Parallèlement l'augmentation massive des dépôts
à
terme
montre
que
l'illusion
monétaire
qu'aurait
pu
provoquer
la
baisse
des taux d'intérêt nominaux ne s'est pas produite dans les faits
(2)". Ceci
est dû à la crédibilité qu'offre ce programme et ce au travers des perspectives
d'une
diminution
de
l'inflation.
Cette
politique a permis une augmentation
appréci ab 1e de
l'offre
de
monnai e
mi eux
que ce 11 e des
pri x sans que cela
provoque des pressions sur les marchés des biens et services. Tous ces aménage-
ments ont été profi tab 1es à l' équi 1i bre des comptes courants. En effet depui s
le mois d'août 1985.
le solde commercial
a affiché de très bons résultats:
Août
5.5
millions
d'austral.
14.7
millions
en
Septembre.
47.1
millions en
OctoDre et 178 millions d'austral en Novembre (3).
En 1986.
la victoire a été plus nette sur l'inflation. L'inflation
n'a
été
que
de deux chiffres
;
80% contre 400% en
1985.
C'était aussi
l'année
du
démarrage
d'un
grand
projet
d'intégration
économique
régionale
avec 1e Brésil et l'Uruguay. Le PI B a augmenté de 5% ce qui donne des atouts
pour la relance industrielle (4). Le Président Raut ALFONSIN est par ailleurs
résolu
à
réformer
l'administration
centrale
et
le
secteur
public
même
si
,
ce projet renferme un coût social élevé.
Voyon s à présent 1es poi nts d' i ncert i tude qui sont 1i és à l' app1i ca-
tion de ce plan.
(1) Cf.
IIEYER
(II.)
:
"Argentine,
Brésil, Bolivie:
premiers succès dans la lutte contre l'infla-
tion", Problèmes Economiques, N°19B7, 27 août 19B6, p.15.
(2) AIIADE 0 (E. P• )
:
"L e pla n Au s t raI
- Aj ust e men t
0 u
cha nge me nt
st r uc t ure 1" ,
Re vue
Ti ers - Mon de,
N°I09, Janvier-Mars 19B7, p.165.
(3) Cf. NSEC : "Argentine", NSE~ NO I01, Avril 1986, p.2.
(4) Cf.
DERIVERY
(C.)
:
"Victoire
contre
Il inflation"
in
Le Monde
Bilan Economique et Social 1986,
Le Monde', Janvier 1987, p.97.

- 186 -
2) Insuffisances du plan Austral
Un plan de réforme n'a véritablement de sens que lorsqu' ils' inscrit
dans une action à moyen terme alors que les principaux instruments utilisés
par l'Argentine (blocage des prix et des salaires) semblent relever du court
terme. D'ailleurs P.
URI indiquait à cet effet que 1I1orsque l'inflation s'est
prolongée
pendant
une
série
d'années,
les
salariés
prennent
l 'habitude
de
majorations
massives
de
leurs rémunérations nominales,
et même si
elles ne
sont plus justifiées au même degré par la hausse des prix, il est difficile
de l es amener à renoncer à ce qui
n'est au fond qu'une i 11 usi on mai s qui
finit par être une des constantes de la situation économique (1)11.
Pour faciliter
le contrôle de
la dépense publique, le blocage des
salaires
peut
paraître parfois
indispensable.
Mais dans
une économie où
le
salaire moyen
est
déjà
très
faible
et où
les
salaires
publics ont accusé
un grand retard,
on
peut se demander
l'opportunité rée 11 e de cette mesure.
Cette réducti on du pouvoi rd' achat des Argenti ns a eu de graves conséquences
tant
sur
l es dépenses de consol1ll1lat ion
pri vées que sur certai ns
i ndi cateurs
économi ques.
Le
PI B par exemple a régressé de 4,4% en 1985 par rapport à
l'année précédente. Les demandes d'emploi non satisfaites ont été multipliées
par 3,5 entre juin 1985 et juin 1986 (2). De même dans une économie en état
de surchauffe où
l'offre de bi ens et
de servi ces est très i nféri eure à la
demande,
le blocage des prix risque lui aussi de créer de nombreuses distor-
sions.
Ce système a un
impact défavorable sur les entreprises qui
utilisent
pour l'essentiel de leur production des biens importés aux coûts très élevés
et qui
n'ont désormais
aucun moyen de rattrapa8e.
Il favorise beaucoup plus
les entreprises appartenant à des branches de production croissante par rapport
aux autres branches. On peut également faire remarquer qu'en basant la réforme
monétai re sur
le blocage des
pri x,
l es
autorités de Buenos Ai res ont perdu
de vue le rôl e des
pri x dans un système économi que.
En effet lien empêchant
les
mécanismes
du
marché
d'adapter
la
production
aux
indications
formées
par les mouvements de
prix,
cela donne
aux pressions inflatoires l'occasion
d'exercer des effets réels particulièrement puissants, empêche les adaptations
structurelles
progressives nécessaires,
mais en
induit d'autres régressives,
en
provoquant
des
blocages de croi ssance et des mutations régressives dans
(1) URI (P.) : Une politique monétaire pour l'Amérique latine, op. cité, p.l06.
( 2) Cf. DUPRAT (M. H.) : Il Ar 9ent i ne - A Il épreuve de l' au sté rit éIl , op • ci té, p. 31.

- 187 -
des
secteurs
importants
(1) ".
Ai nsi
l a recherche de la stabil ité monétai re
risque
de
conduire
à une
stagnation
de
l'activité
économique
qui
dans ce
cas précis semble déjà souffir des déséquilibres structurels.
Le problème argentin reste intimement rattaché à la baisse du niveau
de vie et de
la capacité
productive.
C'est cette situation qui serait pour
l'essentiel
la cause de la hausse des
prix et des
principales difficultés.
En effet nous nous retrouvons devant un système productif en perte de vitesse
dérivant
d'un
manque
d'opportunités
d'investissement
rentables.
Comme
dans
la plupart des nations de l'Amérique latine, on déplore dans le cas argentin
le manque d'initiatives de la bourgeoisie agricole incapable de se transfor-
mer en une bourgeoisie industrielle et de réhausser le niveau de la production.
La plupart des unités de production et le capital appartiennent à des investis-
seurs
étrangers.
Voilà
pourquoi
on
se
demande si
un blocage des
prix est
nécessai re. On ri sque en effet de décourager des i niti ati ves dl investi ssement
encore
utiles
à
l'économie.
Pour
certains
lice
mécanisme sur
lequel
repose
le plan Austral
pèse lourdement sur les coûts de production des entreprises
et
rend
la reprise chimérique.
La nouvelle monnaie,
l'austral
n'est stable
que parce que la relance de l'économie est renvoyée aux calendes (2)".
L'équipe économique du
Président Raul
ALFONSIN
a en effet
procédé
à un relèvement des tarifs publics et à une baisse des dépenses publiques.
La question qui nous revient souvent est de savoir si cette décision n'aggra-
verait
pas
les
difficultés
économiques.
D'ailleurs
on
a
pu
remarquer
que
même
si
certaines
décisions
ont
été
prises
dans ce sens,
l'assainissement
des fi nances pub li ques n'apparaît pas suscepti bloe de constituer un engagement
de la part des pouvoirs publics. Les nombreuses fusions opérées dans le secteur
bancaire n'ont pas suffi à relever la dégradation de l'emploi. Il faut doréna-
vant
lutter
contre
la
pression
syndicale.
Ces
difficultés
sont
réelles
la preuve est que "quan d le gouvernement argentin
s'était engagé à ramener
le déficit
public
dans
l'optique de caisse
(cash
basis)
à 5,9% du
PIS en
janvi er-mars
1985
et
à 7,5% en
avri 1- jui n de l a même
année
; en réal i té,
le déficit public a été de 12,7% pendant le premier semestre de 1985 (3)".
(1) RYElANDT
(B.)
:
L'inflation
en
pays
sous-développés
:
origines,
mécanismes
de
propagation
et effets des pressions inflatoires au Congo 1960-70, Mouton, Paris 1970, p.80.
(2) GABETTA (e.) : l'L'Argentine et le plan Austral", op. cité, p.17.
(3) NSEe : "Argentine",
NSEC
N°101, Avril 1986, p.2.

- 188 -
Le gouvernement est très souvent ob 1i gé de reveni r sur ses déci si ons ou bi en
qu'elles
ne
sont
prises
qu'à
moitié.
Les
hausses
de
salaires concédées à
certains fonctionnaires
(juges,
militaires, policiers, enseignants) en témoi-
gnent totalement. Ainsi le déficit public a été réduit en 1985 à 5,5% du PIB
contrairement aux engagements de 2,5% du
PIB pris
par les autorités et ce,
malgré le relèvement des taxes
à l'exportation. On ne peut dans ce cas que
craindre pour la promotion des exportations.
L'objectif
de
progression de 28% d'inflation en 1986 nia pu être
atteint.
Llinflation,
même si
elle a été considérablement réduite, soit 80%,
reste tout de même élevée.
Les exportations ont chuté de 20% alors gue les
importations étaient maintenues pratiquement à leur niveau. La dette extérieure
de
plus
de
50 milliards
de
dollars et
le ralentissement des
activités du
secondaire
et
la
perte
de
compétitivité
n'incitent
plus
à
l'accroissement
des investissements (1).
L1année
1987
a été
également
difficile
pour
le pays.
L'inflation
qui
siest
maintenue
aux
environs
de
80% en 1986,
a doublé.
Le relèvement
des taux d'intérêt mondiaux a alourdi
la dette extérieure qui est au voisi-
nage de 55 milliards de dollars; soit environ 50% du PIB. La détérioration
des conditions de vie des
populations
s'est également accélérée.
Le salaire
minimal est moins de 350 australes, soit 88 dollars. Le salaire de base dans
11administration n'est guère meilleur,
moins de 500 australes (l25 dollars).
Le déficit du secteur public (30 milliards de dollars depuis 1974) représente
actuellement 50% du déficit budgétaire (2).
On
peut
au
total
s'interroger
sur 'la
résurgence
de
l'inflation
malgré
les multiples efforts qui
ont été faits.
Pour certains, la réduction
des
dépenses
publiques
a été
insuffisante.
Pour d'autres,
aucune véritable
politique monétaire n'a été menée.
On peut
aussi
avancer que les ca~ses
de 1a hausse des pri x en At:genti ne ne sont pas forcément d'ordre conjoncturel
mais
proviennent
essentiellement
d1un
ensemble
de
contraintes structurelles
propres à l'économie et à la société, en particulier "1a lutte pour l'obtention
d' une
ri chesse
qui
SI amoi ndri t
(3) ".
Ce
plan reste i nsuffi sant
parce qu' i 1
(1) Cf.
DERIVERY
(c.)
: "Victoire contre
l'inflation"
in Le Monde: Bilan Economique et Social 1986,
Le Monde, Janvier 1987, p.97.
(2) Cf. DERIVERY (C.)
: "Un vote sanction" in
Le Monde: Bilan Economique et Social 1987, Le Monde,
Janvier 1988, p.95.
(3) AMADEO (E.P.) : "Le plan Austral - Ajustement ou changement structurel", op. cité, p.170.

- 189 -
lui a manqué de mesures preclses non seulement dans le domaine de la croissance
mais aussi
dans le rétablissement des grands équilibres économiques.
Lutter
contre
l es phénomènes i mmédi ats causes de l a hausse des
pri x ne peut être
suffisant. Il faut parvenir à un niveau d'inflation qui soit associé fondamenta-
lement aux variations des prix internationaux et aux corrections menées dans
certains prix intérieurs.
Pour satisfaire les
justes besoins des Argentins,
il
est
bon
de compter avant tout sur une orientation claire qui
serve de
voie
aux
sacrifices
et
aux espérances
(1).
Car plus que
les anticipations
inflationnistes,
c'est
une
tradition,
une
mentalité
que
le
Président
Raul
ALFONSIN et son gouvernement doivent surmonter. Celle qui pousse les Argentins
à préférer les placements en dollars ou à opter pour la spéculation financière
en
lieu
et
place
des investissements productifs
(2).
C'est sûrement à cet
exercice que les nouvelles mesures du 20 juillet 1987 devront s'y appliquer.
Voyons à présent la portée du plan Cruzado.
B) Les premiers bilans des réformes monétaires opérées par le Brésil
Nous verrons dans un premi er temps 1es aspects positifs de ce plan.
Dans un deuxième temps, nous analyserons les incertitudes.
1) Aspects positifs de la mise en oeuvre du plan Cruzado
Ce pl an est par endroits une réussite pour le Président Jose SARNEY
et
son
gouvernement.
En
effet,
ils ont bénéf1cié d'un
large soutien
popu-
laire ; de même que le contrôle des prix et des salaires a été accepté par
toute la soci été.
Tous
l es
agents économi ques y ont contri bué. A parti r de
Mars 1986,
il y a eu une baisse sens'ible du taux d'inflation, il était en
moyenne
de
1,2%
par
moi s._ Du
côté des
produits de
première nécessité,
il
y a eu une baisse notable de certains prix (3). Pour répondre à l'accroissement
de l a demande "j ntéri eure, soit de 30% dans l 1 année, les entrepri ses ont tra-
vaillé
à
un
rythme
forcené.
La production industrielle a augmenté de 14%.
(1) Cf.
SOUROUILLE
(Jovo)
:
"Argentina
:
projecto
de
crecimiento
con
estabilidad",
op.
cité,
p.429.
(2) Cf. PONS (Po). TOULON (Po)
: "Un pays victime de sa culture de rente", La Croix - L'Evènement,
8 Septembre 1987, p.3.
(3) Cf.
JURLINA
(Jo)
:
"Maîtrise
de
l'inflation
et accélération de
la croissance:
un bon départ
pour le plan tropical", Le Monde Diplomatique, ND 392, Novembre 1985, p.13.

- 190 -
Les excédents commerci aux ont également
progressé,
soi t
6% du
PNB en 1986.
Ces résultats ont permis de constituer 11,6 milliards de dollars. Le redémarrage
de
l'économie avec
une croissance de 8,3% d'abord en
1985 et ensuite 7,8%
en
1986
a
don né
des
atouts certai ns
au gouvernement
pour renforcer
les mesures de lutte contre l'hyperinflation. Le pays commence à s'autosuffire
en pétrole.
La production nationale couvre en effet 62% de
la consommation
intérieure avec l'espoir qu'en 1990 l'on atteigne 100%. Avec l'actuelle baisse
de
la
monnaie
américaine
sur
laquelle
le
cruzado
est
étroitement
aligné,
le
Brésil
peut
s'attendre
à
un
accroissement
de
ses
exportations sur les
marchés extérieurs (1).
Exami nons
à
présent
les
i nsuffi sances
liées
à
l a mi se en oeuvre
de ce plan.
2) Insuffisances du plan Cruzado
Ce plan comporte en effet
les mêmes limites que le plan argentin.
En désindexant l'économie, l'équipe économique du Président J. SARNEY a réduit
dans ce même temps
la garantie d'une meilleure rémunération des épargnants.
Cette mesure a provoqué un retrait
important des dépôts. Les agents ont en
effet réalisé que
leur épargne n'était
plus
indexée sur
le coût de la vie
mais est fonction d'un taux inférieur à l'évolution réelle des prix. Le faible
niveau des investissements n'a pas non plus permis à la production de répondre
suffisamment
à
l'accroissement
de
la
demande
intérieure.
Cette
situation
a aggravé les déséquilibres structurels puisque dans ce même temps "des pénuries
se sont créées,
le système
productif a été dé~églé, des mauvaises habitudes
ont été prises,
la perspective inflationniste est telle,
une fois
de plus,
que
l es
banques
offrent
à
leurs cl i ents des taux dl intérêt allant jusqu 1 à
240% par an (2)".
Les
aménagements 'dans
le
secteur
bancaire
ont
été faits
au
prix
d'une
suppression
de
80
000
emplois
dans
une
économie
où seulement moins
de 40% de la population possède un emploi
salarié régulier. Ce plan a aussi
"emballé"
artificiellement
l'économie et compromis
les finances extérieures.
Les réserves de devises sont jugées insuffisantes. Elles équivalent seulement
trois
mois
d'importations.
L'excédent
commercial
prévu
à
15
milliards
de
dollars
n'a pas
pu être atteint
;
seulement 10 milliards de dollars
juste
(1) Cf.
CA~LAN (B.) : "Le Brésil et le plan Cruzado : premier bilan et perspectives", Problèmes
Economiques, N°199S, 22 octobre 1987, p.8.
(2) VAIffECKE
(CH.)
:
"Reprise
de
l'inflation
au
Brésil
- L'échec
du
plan
Cruzado",
Le
Monde,
3 Janvier 1987, p.21.

- 191 -
pour payer les
intérêts de
l a dette du
pays qui était de 105 mi 11 i ards de
do 11 ars en 1986 (1). A l a fi n de 1986, les déséqui libres économi ques étai ent
tels que leur correction nécessitait une augmentation de 60% du prix du carbu-
rant automobi le, de 80% de celui des voi tures, de 100% de celui des boi ssons
alcoolisées et des cigarettes,
de 25% du sucre, de 35 à 80% des tarifs pu-
blics (2).
En
1987,
la situation n'a
pas été non plus meilleure.
L'inflation
a repris de plus bel,
soit près
de 200% à
la fin de l'année. L'activité
a nettement
ralenti.
Le
taux
de
croissance est situé aux
alentours de 3%
contre 8% en 1986.
Malgré les nombreux efforts,
le déficit public a été de
6% du PNB loin des 2% prévus (3).
Désormais
le
plan
Cruzado
nia
plus
la
faveur
de
la
population.
Les conflits sur la répartition du revenu repartent de plus bel. Les syndicats
organi sent des grèves.
Avant même l a mi se en oeuvre de la troi si ème vers ion
du plan Cruzado le 12 juillet 1987,
le gouvernement du Président J. SARNEY
est
revenu sur la plupart des mesures
appliquées
(blocage des
prix et des
salaires)
;
a suspendu
le paiement des encours de sa dette extérieure.
Le
retour aux mêmes mesures fai t qu 1 aujourd 1 hui personne ne croit en l' effi caci té
de ce plan. Pour les syndicats, le nouveau blocage des salaires est inopportun
puisque depuis
le début de
l'année,
le pouvoir d'achat
a beaucoup diminué.
L'un des reproches fai ts toujours au gouvernement est son refus de Si attaquer
di rectement à 11 énormité des dépenses pub li ques et d' accé l érer la restructura-
ti on du
secteur i ndustri el. Le défi cit budgétai re est à près de 7% du PNB.
Le Brésil
tout comme l'Argentine doit lutter aujourd'hui contre la faiblesse
,
de son apparei l productif jugé vi ei 11 issant et qui ne peut répondre aux sa 11 i-
citations de sa seule demande intérieure.
Il faut également renforcer l'inté-
gration de toutes les populations afin de rendre plus effective la participation
au développement national et de briser le clivage entre les secteurs tradition-
nel et moderne qui altère l'economie.
(1) Cf.
VAl HECKE (CH.)
"Le plan Cruzado" in l-e Monde
Bilan Economique et Social 1986, Le Monde,
Janvier 1987, p.98
(2) Cf. Ibid, p.98.
(3) Cf.
VANHECKE
(CH.)
:
"Désordres
et
défis'!
in Le Monde
Bilan Economique et Social 1987, Le
Monde, Janvier 1988; p.96.

- 192 -
CON C lUS ION
D E
l A
D EUX 1 E ME
PAR T 1 E
Pour
des
réformes
monétaires
véritables
et
efficaces,
l'accent
doit être également mis
sur les structures et les institutions. En renforçant
les mesures préconisées dans l'ordre conjoncturel, la libéralisation de l'inter-
médiation financière
permet de mieux réguler l'offre et la demande de monnaie
et
aussi
le
crédit.
Cette
politique facilite
la monétisation
de
l'économie
et
garantit, avec
l'adoption
de
taux
d'intérêt
réels
positifs, un
caractère
attractif
à
la
monnaie.
Tout
en
permettant
de
réduire
la
spéculation,
le
réaménagement
du
système
monétaire
et
financier
parvient
à
lutter
contre
les
infiltrations
excessives
de
monnaie
et
de
capitaux,
à
recueillir
les
fonds désireux de se placer à court, moyen et long terme pour accroître l'épar-
gne i ntéri eure.
Axée sur une augmentation de l'offre gl oba 1e afi n de rédui re
les rigidités sectorielles, cette politique doit être complétée par une poli-
tique
de
fiscalisation
plus
consciente
et
poussée
en
milieu
sous-développé
et par une politique des prix agricoles.
La thèse néo-libérale qui est à la base de l'essentiel de ces recom-
mandations
de
réformes
monétaires
a
été
testée,
sur
le
Brésil,
le
Mexique
et
le
Pérou.
La
vérification
empirique
semble montrer
que
la faiblesse
et
l'inadéquation des structures monétaires et financières favorisent l'inflation,
réduisent
les
dépôts
d'encaisses
et
le
niveau' de
l'investissement
dans
ces
pays.
On
a
pu
également
se
rendre
compte
que
la
plupart
des décisions "des
agents
économi ques
étai ent
influencées
par
l' i nfl ati on
anti ci pée.
Provenant
essentiellement
de la politique laxiste des
autorités monétaires,
l'inflation
semble conditionner beaucou-p plus
la croissance dans ces pays que le recours
aux ressources propres internes. C'est sûrement
pour répondre à ces faiblesses
que l'Argentine et le Brésil ont mis en oeuvre des plans
de réformes monétaires
avec
institution
de
nouvelles
unités
monétaires,
l'Austral
et
le
Cruzado.
Même s'il est vrai que l'inflation dans les premiers moments a connu un répit,
elle s'est par la suite accélérée montrant
dans
ce
même temps l'insuf-
fisance de la plupart des réformes opérées dans les milieux sous-développés.

- 193 -
Désormais il semble évident
que la lutte contre l'hyperinflation doit
passer par la mise en oeuvre
de mesures claires, conscientes et pragmatiques.
La plupart
des
problèmes
posés
dans
les pays en développement sont dus à
la croissance des
dépenses
publiques
et
à
la faiblesse
des structures de
production. Tant que ces éléments ne constitueront pas les premiers engagements
des autorités de ces pays pour lutter contre la hausse des prix intérieurs,
toute autre entreprise sera insuffisante et parfois inopportune.
,

- 194 -
CON C LUS ION
GE NE R ALE
,

- 195 -
Les
pays en développement
sont aujourd'hui
confrontés
à une crise
animée
par
l'inflation dont
l'ampleur pour certains
se caractérise par une
destruction
des
opportunités
de
croissance.
"L'hyperinflation
a montré
de
quoi
la violence est capable quand la situation économique, sociale et finan-
cière n'est plus médiatisée par la monnaie. Sa résurgence met en péril l'ordre
monétaire car elle défait la· polarisation sur la monnaie nationale, provoque
une crise de la monnaie unité de compte et de sa fonction de réserve, aboutit
à l'élection d'une devise
(1)".
Cette situation nécessite la mise en oeuvre
de réformes monétai res.
Il
s'agit en effet de restaurer l'ordre
monétai re
en freinant les excès dans la création de monnaie et dans l'octroi de crédit.
Cet exercice recommande qu'en plus des instruments de pure politique monétaire,
l'accent soit aussi mis sur les réformes des structures et des institutions.
Nous
avons
pour
cela
distingué
une
analyse
conjoncturelle
et
une
analyse
structurelle
à
partir des
réformes monétaires
proposées
;
puisqu'il
est en
effet nécessai re qu'à côté des i nterventi ons au coup par coup et ponctuell es
des
corresctions
de
fond
se fassent.
Et
d'ailleurs
comme
le
dit
si
bien
L.
STOLERU dans un cadre économique plus global
"la politique conjoncturelle
nationale
ne
peut
rien
faire
d'autre que d'insérer correctement l'économie
,
dans le contexte international. Seule la politique structurelle peut se fixer
des objectifs nationaux (2)".
Dans
une
approche
conjoncturelle
de
ces
réformes
monétaires,
les
politiques
d'encadrement
du crédit
(sous un
aspect
plus sélectif) des taux
d'intérêt et de stabilisation du taux de change se sont avérées indispensables.
En
effet,
c'est
en
contrôlant
mieux
l'octroi
et
l'orientation
du
crédit,
en
dissuadant
l'expansion
de
la masse monétaire
; c'est aussi
en incitant
à une forte épargne intérieure et c'est en palliant, par une meilleure politique
(1) ARNOULD
(o.).
LAVAUX
(R.)
:
"La
violence
par
la
monnaie;
l'hyperinflation
dans
les
pays
en développement". Economies et Sociétés, N°2, Février 1986, p.193.
(2) STOLERU (L.) : L'ambition internationale, Ed. du Seuil, Paris 1987. p.296.

- 196 -
de taux de change, les perturbations extérieures et les mouvements spéculatifs
qu'on
peut
arriver
à
ralentir
et
aussi
à
arrêter
la
progression
continue
du
niveau
des
prix et
donc
l'hyperinflation.
C'est dans ce même but que le
Fonds Monétaire International
en intervenant dans les nations en développement
(i ci le Pérou et le Mexi que) recommande des mesures de réduction de l a demande
globale
et
la dévaluation pour permettre un meilleur équilibre économique.
Dans
une
approche
structurelle,
les
politiques
de
libéralisation
de
l'intermédiation financière,
fiscale et des
prix agricoles ont été propo-
sées.
En
effet,
la
diversification
des
activités
financières
et
bancaires
accélère la monétisation de l'économie,
incite à l'épargne et accroit l'offre
des fonds prêtables. Cette politique réduit à terme les activités des circuits
"informels,
permet de suivre au mieux la distribution du crédit et d'effectuer
les
ajustements
nécessaires.
On
parvient
finalement
avec
le
concours
fort
nécessaire
de
la
politique
fiscale
et
de
la
politique
des
prix
agricoles
à enrayer les rigidités structurelles et à lutter efficacement contre l'hyper-
inflation.
L'Argentine
et
le
Brésil
qui,
sur
certains
points,
sont
allés
dans ce sens ne peuvent pour l'instant mesurer leur réelle efficacité.
La plupart des mesures préconlsees comportent, il faut le reconnaître,
des
failles
dues
essentiellement
à
l'inadéquation
et
à
l'inadaptation
des
structures
et
des
i nstituti ons face
à
un
monde
économi que
i nternati onal
en
pleine
mutation.
Ce
n'est
ni
le
rejet
des
thérapeutiques
orthodoxes
ni
la
mi se en
oeuvre de
mesures
hétérodoxes
qu'il
faut
pour combattre l' i nfl ati on
et
ses
effets.
Ce
n'est
non
plus
l'utilisation
des
mesures
structurelles
à
la
place
des
mesures
conjoncturelles
qui 's'avère
adaptée
dans
les
pays
en
développement.
$i
la
politique
conjoncturelle
a
pour
rôle d'intervernir
au coup par coup tout en restant collée à des objectifs précis et à des réalités
internationales,
la politique structurelle s'intéresse quant à elle aux méca-
ni smes profonds de l' économi e pour qu 1 une véri tab le po lit i que dl offre succède
à une
politique de
demande
(1).
Il
faut,
tout en reconnaissant les limites
de
chaque type de
politique,
appliquer
le
dosage
qui
facilite
au
mieux
la
complémentarité
des
principes
de
réformes
monétaires
d'ordre
conjoncturel
et structurel.
Au-del à de tous
ces
aspects,
il
faut
aussi
du
pragmati sme et de
la
volonté.
Il
y
a dans
la
plupart
des
pays en développement un manque de
volonté
politique
de
changement.
Peu
nombreuses
sont
les
autorités
qui
ont
(1) Cf. STOlERU (l.) : L'ambition internationale, op. cité, pp.293-294.

- 197 -
comrpis que la stabilité monétaire est le garant de la croissance économique.
On a en effet constaté dans les pays développés que l'inflation et la dépres-
sion
constituaient
l'objectif
prioritaire.
Dans
le cadre de
l'OCDE,
cette
prise de conscience a parfois amené les autorités budgétaires à choisir la
rigueur et à subordonner la politique budgétaire aux impératifs monétaires (1).
La lutte contre l'inflation dans ces pays a également concerné les revenus
et s'est
accompagnée
d'une
modification du comportement des entreprises et
des salariés. Dans les pays en développement par contre, stimuler la croissance
économique
semble être
l'objectif derrière
lequel
ont tendance à s'effacer
tous les autres objectifs de la politique économique nationale. La stabilité
monétaire
intérieure
et
extérieure
est
souvent
sacrifiée
afin
d'atteindre
cet objectif essentiel
(2).
Le cas brésilien en Amérique Latine est riche
d'enseignements
en
1985,
une croissance de près de 8% et une inflation
de
plus de
235%.
La
plupart des stratégies de développement axées sur la
mise
en
oeuvre
d'investissements
productifs
de
grande
dimension
(tournés
vers l'extérieur ou la substitution aux importations) n'ont pas permis d'obtenir
les résul tats escomptés. Deux types de déséqui libres se sont par contre déga-
gés : faiblesse des ressources pour amortir l'endettement extérieur, renforce-
ment du dualisme économique conjugué avec une mauvaise allocation des ressources
et une forte inégalité des revenus.
ON peut par ailleurs noter que la mauvaise appréciation des problèmes
posés dans ces pays n'a pas non pl us permi s aux mesures mi ses en oeuvre de
s'attaquer directement aux causes premières de l'inflation. Ce mal est essen-
tiellement provoqué par l'inélasticité de l'offre des biens et services pro-
venant elle-même ·du
vieillissement
de
l 'appar~il
productif dans la plupart
de ces
pays.
On
peut
également ajouter
les déficits budgétaires provoqués
par
l'énormité
des
dépenses
publiques
parfois
peu
justifiées.
Il
est vrai
qu'en
essayant
de
modifier
certains
comportements et certaines
structures
tout en
laissant
inchangé
le cadre
auquel
ils se sont adaptés,
le combat
contre
l'inflation
sera
vain.
Même
si
l'on décide
par
exemple de modérer
les
salaires et de contrôler au mieux les coûts de production des risques
peuvent toujours subveni r. Le premi er danger est sans aucun doute l' i nfl uence
des politiques extérieures.
Il
faut d'abord chercher à déceler le mal dont
(1) Cf.
BNP
:
"La
désinflation
mondiale
est-elle
durable
?",
Problèmes
Economiques,
N°2D21,
23
Avril 1987, p.3D.
(2) Cf.
BLOOMFIELD
(A.)
:
"La
pol i tique
monétai re
dans
les
pays
sous-développés",
BIRD,
Paris
1963, pp.15-16.

- 198 -
souffre une
nation
et
lui
appliquer ensuite les remèdes qui
conviennent à
son contexte politiques
social
et économique. Le meilleur dosage aujourd'hui
pour mai nteni r un bon ni veau de croi ssance économi que et éli moi ner tous les
déséquilibres causes également de l'inflation dépend de la volonté de concerta-
tion
des
pays
(1).
Chaque pays doit II s 'efforcer de réaliser vis à vis de
ses
partenaires
une
convergence aussi
étroite que
possible des
politiques
et de leurs résultats essentiels ... La convergence est une affaire de solida-
rité
internationale
{2)1I.
Les
récents
accords économiques entre
le
Brésil s
l'Uruguay et l'Argentine sont bien dans la ligne de ces analyses. D'autres
formes de concertation méritent d'être également étudiées avec les pays plus
développés
et
considérés
comme
leurs
principaux
partenai~es
commerciaux.
On
peut
ainsi
espérer
anticiper
sur
les
risques de contagion susceptibles
de dérégler la stabilité monétaire.
Au terme de cette études nous ne pensons pas avoir totalement apporté
toutes
les
solutions
au
problème
posé
par
l 'hyperinflation dans
les
pays
en développement.
La définition du thème nous en a empêché à bien d'égards.
Les
voies
susceptibles d'étre explorées
dorénavant
peuvent
se
situer dans
le sens d'une meilleure organisation économique et sociales plus équilibrées
plus efficace et plus équitable. Elles peuvent êtres pour en dire juste quelques
mots s la politique des salaires et des prix s la restructuration de la fiscalités
de la parafiscalités
l'emplois
le pouvoir d'achat des différentes catégories
de
la populations
les
modifications
des
structures de production (3).
Ces
différentes politiques doivent être combinées s en fonction du degré de compati-
bilité les unes par rapport aux autres s dans u~e stratégie d'ensemble réalistes
intelligente
et
cohérente
pour
permettre de
lutter efficacement contre
la
crise
actuelle
dans
les
pays
en
développement. Ce sont dans ces
directions
que pourront être éventuellement orientées nos réflexions à venir.
(1) Cf.
STOGA
(A.J.) : "Et si
l'Amérique ne
jouait plus son rôle de leader mondial ?", Problèmes
Economiques, N°2D22, 29 Avril 1987, pp.25-32.
(2) RAYMOND
(R.)
:
"La
régulation
monétaire
par
les
taux
d'intérêt
dans
les
principaux
pays:
justification
et
portée",
Revue
d'Economie
Financière,
N0L
Juin
1987
repris
in
Problèmes
Economiques, N°2D43, 7 octobre 1987, pp.2D.
(3) Sur ces différents points, on pourra utilement consulter:
OULES (F.) : Inflation, chômage et pouvoir d'achat, Litec, Lausanne 1985, pp.183-195.

- 199 -
A N N E X E S
,

- 200 -
Mode de calcul pour l'élimination de la multicolinéarité
Nous avons
pri s
l'exemple des estimations concernant le Brési 1. Les
équations de départ sur le plan conjoncturel sont:
où MM est la masse monétaire au sens du M , T le t.aux d'inflation,
2
TE le taux de change, TI
le taux d'intérêt et S le taux d'accroissement des
salaires.
Nous
avons
remarqué une forte
corrélat i on entre à l a foi s le taux
d' intérêt et
le taux de change et aussi
entre le taux dl intérêt et le taux
d'accroissement
des
salaires.
Nous
avons
pour
cela
testé deux équations
:
le taux de change par rapport au taux d'intérêt et également le taux d'accrois-
sement des salaires par rapport au taux d'intérêt.
Si Xl = taux de change, X = taux d'intérêt, X = taux d'accroissement
2
3
des salaires, on a
Xl = 13,649 X
- 364,172
2
Xl - 13,649 X2 + 364,172 = Rés Xl (résidus de Xl)
,
et
X = 0,885 X
3
2 + 6,441
X - 0,885 X
(résidus de X )
3
2
- 6,441 = Rés X3
3
Nous
introduisons
dorénavant
les
résidus
à
la
place
des
données
initiales de Xl
et X , c'est-à-dire du taux de change et du taux d'accroisse-
3
ment
des
salaires
dans
les
équations
de départ
puis
nous
les testons.
Ce
qui donne les résultats suivants avec élimination "bien sûr de la multicolinéa-
rité :

- 201 -
MM = 0,036 Rés Xl + 0,786 X2 + 0,577 Rés X3 + 25,176
T = - 0,002 Rés Xl + 1,479 X2 + 1,824 Rés X5 + 22,650
Ayant
auparavant
défi ni
l es
valeurs des rési dus de Xl
et de X3,
on peut dès lors retrouver les résultats finals après un simple calcul algé-
brique. Ce qui donne finalement pour le Brésil:
MM = 0,036 Xl - 0,215 X + 0,577 X
2
3 + 34,57
soit
MM = 0,036 TE - 0,215 TI + 0,5775 + 34,57
T = - 0,002 Xl - 0,108 X2 + 1,824 X + 10,174
3
soit
T = -0,002 TE - 0,108 TI + 1,824 S + 10,174
,

- 202 -
Mode de calcul adopté pour le taux d'inflation anticipé
Le calcul
du taux d'inflation anticipé est à
peu
près
le même chez
presque tous
les auteurs. A partir de la variation des prix
à
la consommation A.
COLITIERE
a pu
calculer
le
taux d'inflation anticipé
(P~) à l laide de la formule ci-dessous élaborée (1) :
pe = 0,7 Pt + 0,3 P

t
t - l
pe
le taux d'inflation anticipé de la période t.
t
Pt
le taux d'inflation effectif de la période t
Pt-
le taux d'inflation effectif de la période t-l
l
La Banque de
France
utilise comme indicateur du taux d'inflation
anticipé, le taux d'inflation effectif de la période t.
S.J. GUILLAUMONT dans son ouvrage (2) utilise la formule suivante
Pt
0,5 Pt + 0,33 Pt - l + 0,17 Pt - 2
C'est
cette
dernière
formule
que
~ous
avions adoptée dans
notre
étude.
(1) Cf. COUTIERE (A.) : Le système monétaire français. Economica. Paris 1981, p.196.
Voir
également
FITOUSSI
(J.P.)
Inflation.
équilibre
et
chômage.
Editions
Cujas, Paris 1973. pp.253-255.
(2) Cf.
GUIllAU"OIllT-JEAIIIIIIEIIIEY
(S.)
:
Pour
la
politique
monétaire.
défense
d'une
mal
aimée,
PUF,
Paris 1982, pp.152-153.

- 203 -
ANNEXE N°3
Liste des tableaux
page
Tableau n° l
Taux
moyens
annuel s
de
croi ssance
des
créances
de
l a
banque
centrale sur l'Etat de 1974 à 1983 de certains pays en développe-
men t .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ....
5
Tableau n° 2
Taux
d'inflation
moyens
annuels de 1974 à 1984 :
pays classés
par ordre d'inflation décroissante
7
Tableau n° 3
Evolution de la hausse des prix en Amérique Latine
8
Tableau n° 4
Dette extérieure brute fin
1985 de quelques pays de l'Amérique
Latine en milliards de dollars
44
Tableau n° 5
Proportion
de
la
masse
monétaire
au
sens du M
dans
le total
2
des
actifs
financiers
de
quelques
pays
de
l'Amérique
Latine
de 1971 à 1984 (en %) ••.••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 78
Tableau n° 6
Résultats des régressions
sur
l'évolution de la masse monétaire
et de l'inflation du Brésil
81
Tableau n° 7
Résultats des régressions sur l'évolution de la masse monétaire
et de l'inflation au Mexique
82
,
Tableau n° 8
Résultats des
régressions sur l'évolution de la masse monétaire
et de l' i nfl ation au Pérou
83
Tableau n° 9
Proportion de l'impôt foncier dans le total des recettes fiscales
de certains pays de l'Amérique Latine de 1971 à 1984 (en %)
131
Tableau nOlO
Résultats
des
tests
sur
les
équations
de
demande
d'encaisses
rée 11 es·
162
Tableau n011
Résultats
des
tests
sur
les
équations
de
demande d'encaisses
réelles avec (d-P*)
163

- 204 -
Tableau n012
Résultats des tests sur les équations du taux d'investissement..... 164
Tableau n013
Résultats des tests sur les équations du taux d'investissement
avec (d-P*)
J 65
Tableau n014
Résultats des tests sur les équations du taux de croissance
J66
Tableau n015
Résultats
des
tests
sur
les
équations du taux de croissance
(en tenant compte du taux de pression fiscale).
.167
Tableau n016
Taux d'inflation en Argentine, 1975-1984
.175
Tableau n017
Taux
d'épargne
des
entreprises
et
de
la
formation
brute
de
capital fi xe en Argentine de 1980 à 1984
.176
Tableau n~18
Argentine
: évolution mensuelle de
l'indice des
prix en 1985
en pourcentage
184
,

- 205 -
liste des graphiques
page
Graphique n° 1
Contrôle des taux d'intérêt et répression financière
24·
Graphique n° 2
Taux
de
variation
de
la masse monétaire et
des
salaires,
taux de change, taux d'intérêt du Brésil de 1970 à 1984
85
Graphique n° 3
Taux
d'inflation,
taux
de
change,
taux d'intérêt
et taux
d'accroissement des salaires du Brésil de 1970 à 1984
86
Graphique n° 4
Taux
de
variation
de
la masse
monétaire
et des
salaires,
taux de change, taux d'intérêt du Mexique de 1970 à 1984
88
Graphique n° 5
Taux
d'inflation,
taux
de
change,
taux d'intérêt
et taux
d'accroissement des salaires du Mexique de 1970 à 1984
89
Graphique n° 6
Taux
de
variation
de
la masse
monétaire et
des
salaires,
taux de change, taux d'intérêt du Pérou de 1970 à 1984
91
Graphique n° 7
Taux
d'inflation,
taux
de
change,
taux d'intérêt
et taux
d'accroissement des salaires du Pérou de 1970 à 1984
92
Graphi que n° 8
Courbe fi nanci ère ascendante au fur et à mesure qu'augmente
le PNB par tête d'habitant
~
J19
Graphique n° 9
Effet du taux d'intérêt réel sur l'autofinancement
120
Graphique n0 10
Cas général de la courbe de A. LAFFER
129
Graphique n0 11
Evolution du taux d'inflation brési1ien
J79

- 206 -
Liste des schémas
page
Schéma n° 1
Aspects positifs de l'encadrement du crédit dans la lutte contre
11 hyperi nfl at ion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
49
SChéma n° 2
Aspects négatifs de la mise en oeuvre de llencadrement du crédit..
52
SChéma n° 3
Aspects
positifs
de
la
politique
des
taux
d'intérêt
élevés
dans la lutte contre l 'hyperinflation.............................
55
SChéma n° 4
Aspects
négat ifs
de
l a mi se
en
oeuvre
de
l a politique des
taux d'intérêt élevés..............
57
SChéma n° 5
Aspects positifs du taux de change effectif dans la lutte contre
l'hyperinflation..................................................
60
SChéma n° 6
Incertitudes liées â l'adoption du taux de change effectif........
62
SChéma n° 7
Aspects positifs de la dévaluation dans la lutte contre l'hyper-
inflation.........................................................
64
Schéma n° 8
Incertitudes liées â l'utilisation de la dévaluation..............
67
Schéma n° 9
Aspects
positifs
du contrôle des 'changes dans
la lutte contre
l'hyperinflation.............
72
SChéma n0 10
Incertitudes liées â l'instauration du contrôle des changes
75
Schéma n0 11
Aspects positifs de la libéralisation de l'intermédiation finan-
ci ère dans la lutte contre l' hyperi nfl at ion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
139
Schéma n0 12
Incertitudes
liées
â
la
mise
en
oeuvre
de
la
libéralisation
de l 'intermédiation financière
144

- 207 -
Schéma n013
Aspects positifs de la politique fiscale dans la lutte contre
l 1 hy pe ri nfla t i on . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 148
Schéma n014
Incertitudes
liées
à
l'utilisation
de
la
politique
fiscale
dans la lutte contre l'hyperinflation
151
Schéma n015
Aspects
positifs de
la politique des
prix
agricoles
dans
la
lutte contre l 'hyperinflation ................................•.... 153
Schéma n016
Incertitudes
liées
à
l'utilisation
de
la
politique des
prix
agricoles dans la lutte contre l'hyperinflation .•................. 155
,

- 208 -
Données statistiques
- Données statistiques du Brésil
- Données statistiques du Mexique
- Données statistiques du Pérou
,

--- ---'_..-.'."~"'-"--_._.'_-,--,,,,,-,,,,,~-," ...-,:.........,,,..~,,,...~;,,,,,,,-~ .......~""""---,-"",:,,;,;,,,;~,,,,."';";"'''-'-''''''''''''''''''''.'':_''~'''''''''''''''-''''.''''''.''''''.( ...-.=..""","'.,:...--......"'.;......,~.,......"'-•.''"'''''..."..'',',;;_.."..''''',,:,,:,,"4"<"...""4~••-'"- ...,,,..~,_,..ft.o,,."'~"'''''....·,,:>.....'.·........',''''~..'_''',.~,"",,;......~,.'.,"',,"".,:,,~._:..'....."-.....'~.,""',"~•.......,
Données statistiques du MEXIQUE
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Taux
de
Taux
Taux
Taux
Taux
Oéflatcur
Demandes
Taux de
Taux
Taux
Taux de
Taux
1
variation
d'infla-
d'intêret
de
d'accrois-
imnlicite
d'encais
varia-
d'inves-
d'infla-
pression
d'inté-
de la
tion
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sement des
du P.I.B.
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tion du
tisse-
tion
fiscale
rét
masse
salaires
rêelles
P.I.B.
ment réel anticiné
réel ser
.
monétaire'
réel
vis
sur
les dénôts
1970
10,1
5,2
4,50
12,500
8,30
10,3
0,94
6,9
22,7
4,13
1
0,37
1971
7,2
5,3
4,50
12,500
8,40
,5,9
1,22
4,2
20,2
5,14
1
- 0,6~
1972
13,5
5,0
4,50
12,500
2,20
5,2
2,18
3,5
20,3
5,12
4,10
- 0,63
1973
23,0
12,0
4,50
12,500
5,02
,12,9
1,7B
8,4
21,4
8,55
- 2,30
- 4,05
1974
26,1
23,8
4,50
12,500
Il,52
22,7
',15
6,1
23,2
16,71
8,5C
- 12,21
1975
16,3
15,2
4,50
12,500
10,08
15,8
1,03
5,6
23,7
17,4~
14,61
- 12,99
1976
47,1
15,8
4,50
19,950
12,09
19,6
2,40
4,2
22,3
16,96
- 1,52
- 12,46
N
1977
38,5
29,0
4,50
22,736
15,27
30,4
1,27
3,4
22,8
22,29
8,43
- 17,79
o
1978
34,1
17,5
15,78
22,724
8,64
16,8
2,03
8,3
23,6
21,01
6,45
-
5,23
1979
32,7
18,2
16,53
22,803
10,23
20,2
1,62
9,2
26,0
19,01
3,52

3,28
1980
35,9
26,4
20,71
23,256
15,59
28,7
1,25
8,3
28,1
22,16
9,79

1,47
1981
45,4
27,9
28,58
26,229
20,11
27,2
1,57
7,9.29,0
25,76
- 4,59
2,82
1982
63,~
58,9.
40,40
96,400
44,65
61,2
1,04
- 0,6
21,2
43,15
3,93
-
2,75
1983
60,ê'
101,8
56,65
143,930
79,93
92,1
0,65
- 5,3
20,3
75,OC
8,65
- 18,43
1984
71,1
65,5
51,10
192,560
58,9C
65,0
l,OS
3,5
23,2
64,38
- 6,35
- 13,28
Source: Construit à partir de FMI: Statistiques Financières Internationales (SFI) - Naciones
Unidas : Estudio Economico de America Latina y el Caribe - ONU : Yearbook of National
Accounts of Statistics.

- 212 -
Tables statistiques
- Table de distribution de t (loi de Studentl
- Table de F de Fisher-Snedecor
- Table du d de Durbin-Watson
,

- 213 -
Table de t
(Loi de Student)
Valeurs de t
ayant la probabilité P d'être dépassées
en valeur
absolue
1(1)
Extmplt:
pour, - 10 degrés de Iibené
Prob(r> 1,812}- 0.05
et
Prob(1 < - 1.812}- 0.05.
+,z
~ 0.90 O.HO 0.10 O.hO Il.511 Il..JO 0..111 Il.~(l Il.III 11.115 O.O~ Il.Il1 Il.("11
1
0.15~
0.325
0.510
0.1~7
1.000
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I.Y6.' .'.07H 6..'14 I~. 7lJ(, .11.1<21 6.'.657 6.16.6IY
2
0.142
O.~1l9
0.445
0.617
0.K16
1.061
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I.lIlI6 2.'i2\\1 4..10.' 6.Y6S 'i.Y25
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0.D7
0.211
0.424
0.51<4
0.165
0.1J111
1.~511
1.6.l11 U5J .l.11l2 ·U41
5.1141
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0.D4
0.271
0.414
0.569
0.141
0.941
I./IJO 1.5.1.' 2.1.'2
2.716 .1.141 4.61l4
lI.6111
5
0.1.'2
0.261
o.·ml!
0.559
0.121
0.920
1.l56
IA16 2.015
2.511
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6
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0.265
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0.55.'
0.718
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0.1.'0
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1.11 Il
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Il
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0.81.1
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1.'
0.1211
0.259
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0.1211
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0.12l!
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0.121
0.251
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2.552 2.H7X
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1.lltt6
1..121< 1.12\\/ 2.11Y.' 2.5.".1 2.Ht>1
HH.1
20
0.121
0.251
0.J91
0.5n
0.6111
O.Kt.O
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1..'25 I.ns 2.0M ::.5211 2.1<45
J.KSO
21
0.127
0.251
0..191
0.5.12
0.6116
0.K59
1.llttJ
I.J2.1 1.1~1
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0.121
0.2~6
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0.5.12
0.6116
0.1l511
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.1.7<12
23
0.127
0.256
0•.190
0.5n
0.6115
O.li~1I
I.lIttO
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.'.1117
24
0.121
0.256
0•.l9O
0.5.11
0.6115
0.1151
l.u5li
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0.121
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0.5.l1
0.6114
0.l!56
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.1.125
26
0.127
0.256
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0.5.l1
0.6K4
1!.l156
1.05K
1.:\\\\5 1.7116 2.056 2..$71J 1.1711
.l.11l1
27
0.127
0.256
0.JK9
0.5.11
0.6K4
0.K55
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.'.Il'Jo
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0.127
0.256
0..l811
0.5.l0
O.611.l
0.H55
1.056
1..11 J 1.701
2.lJ.a1l 2.-161 2.16J
.l.Il14
29
0.121
0.256
Il.J81J
O.~JO
0.610
0.1154
1.0H
1..111 INN :.(~5 2.-162 2.156
.l.Il59
JO
0.121
0.256
O..lKIJ
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n.611.'
0.1154
1.1155
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2.1142 2,451 2.150
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0.126
0.255
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0.6111
Il.1151
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2.4~.' 2.10-1
.1.551
IlO
0.126
0.254
0.J1I1
0.527
0.679
0.K411
1.\\146
1.~96 1.671
2.0011 2..''JO 2.6t>O
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0.~~6
0.254
0.JR6
0.526
0.611
Il.K45
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1.9110 2•.l5K ~.ftl1
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3-
0.126
0.25.'
Il.JH5
0.524
0.614
0.1142
1.0.1ft
1.2K.2 1.l>..l5
1.9h11 2..l~6 !.S16
.1.2'11

- 214 -
Table du F de Fisher-Snedecor
Eumplt:
pow ",-9 Cl ", .12 dtrra dt libcnl
r--- CI - 0.05
Prob IF > 2.801 - O.OS .
1
1
1
1
2
3
5
F
CI •
0.05
~ J 2 3 • , 6 7 8 9
",
1
161
200
216
225
230
234
237
239
241
2
lU
19.0
19.2
19.2
19.3
19.3
19.•
19.4
19.4
3
10.1
9.55
9.28
9.12
9.01
8.94
8.89
US
1.81
4
7.71
6.94
6.59
6.39
6.26
6.16
6.09
6.04
6.00
5
6.61
5.79
5.41
5.19
'.05
4.95
4.88
4.82
4.77
6
5.99
5.14
4.76
4.53
4.39
4.28
4.21
4.15
4.10
7
5.59
4.74
4.35
4.12
3.97
3.87
3.79·
3.73
3.68
8
5.32
4.46
4.07
3.84
3.69
3.58
3.sa
3.44
3.39
9
5.12
4.26
3.86
3.63
3.48
3.37
3.29
3.23
3.18
10
4.96
4.10
3.71
3.48
3.33
3.22
3.14
3.07
3.02
Il
4.84
3.9!l
3.59
3.36
3.20
3.09
3.01
2.95
2.90
12
4.75
3.89
3.49
3.26
3.11
3.00
2.91
2.85
2.80
n
4.67
3.81
3.41
3.18
3.03
2.92
2.83
2.77
2.71
14
4.60
3.74
3.34
3.11
2.96
2.85
2.76
2.70
2.65
15
4.54
3.68
3.29
3.06
2.90
. 2.79
2.71
2.64
2.S9
16
4.49
3.63
3.24
3.01
2.85
2.74
2.66
2.S9
2.54
17
4.4S
B9
3.20
2.96
2.81
2.70
2.61
2.55
2.49
18
4.41
BS
3.16
2.93
2.77
2.66
2.58
2.51
2.46
19
4.38
3.52
3.13
2.90
2.74'
2.63
2.S4
2.48
2.42
20
OS
349
3.10
2.87
2.71
2.60
2.51
2,45
2.39
2J
4.32
3.47
3.07
2.84
2.68
2.57
2.49
2.42
2.37
22
4.30
3.44
3.0S
2.82
. 2.66
2.55
2.46
2.40
.2.34
23
4.28
3.42
3.03
2.to
2.64
i.53
2.44
2.37
2.32
24
4.26
3...0
3.01
2.78
2.62
2.51
2.42
2.36
2.30
lS
4.24
3.39
2.99
2.76
2.60
2.49
2.40
2.34
2.28
26
4.23
3.37
2.98
2.74
2.59
2.47.
2.39
2.32
.2.27
27
4.21
3.35
2.96
2.73
2.57
2.46
2.37
2.31
2.25
28
4.20
3.34
2.95
2.71
2.56
2.45
2.36
2.29
2.24
29
4.18
3.33
2.93
2.70
2.55
2.43
2.35
2.28
2.22
30
4.17
3.32
2.92
2.69
2.53
2.42
2.33
2.27
2.21
40
4.08
3.23
2.84
2.61
2.45
2.34
2.25
2.18
2.12
60
4.00
3.15
2.76
2.53
2.37
2.2S
2.17
2.10
2.04
120
3.92
3.07
2.68
2.45
2.29
2.17
2.09
2.02
1.96
CQ
3.84
3.00
2.60
2.37
2.21
2.10
2.01
1.94
1.88

- 215 -
Table du d de Durbin-Watson
Risque /1 •
5 Y.
Ir! - 1
Ir! .2
Ir! - 3
Ir! - 4
Ir!.5
T
dl
da
dl
da
dl
da
dl
da
dl
da
" 1.01 1.36 0.95 1.S4 0.82 1.75 0.69 1.97 0.56 2.21
16
1.10
1.37
0.91
1.54
0.86
1.73
0.74
1.93
0.62
2.15
17
1.13
1.38
1.02
1.54
0.90
1.71
0.78
1.90
0.67
2.10
Il
1.16
1.39
1.05
1.53
0.93
1.69
0.12
1.87
0.71
2.06
19
1.18
1.40
1.08
1.53
0.97
1.68
0.86
1.85
0.75
2.02
20
1.20
1.41
1.10
1.54
1.00
1.61
0.90
1.13
0.79
1.99
21
1.22
1.42
1.13
1.54
1.03
1.67
0.93
1.81
0.83
1.96
22
1.24
1.43
1.\\5
1.54
1.05
1.66
0.96
1.80
0.86
1.94
2J
1.26
1.44
1.17
I.~
1.08
1.66
0.99
1.79
0.90
1.92
24
1.27
1.45
1.19
1.55
1.10
1.66
1.01
1.71
0.93
1.90
2$
1.29
1.45
1.21
1.55
1.12
1.66
1.04
1.77
0.95
1.89
26
1.30
1.46
1.22
1.55
1.14
1.65
1.06
1.76
0.98
1.&8
27
1.32
1.47
1.24
1.56
1.16
1.65
1.08
1.76
1.01
1.86
28
1.33
1.48
1.26
1.56
1.18
1.65
1.10
1.75
1.03
1.85
29
1.3-4
1.48
1.27
1.56
1.20
1.65
1.12
1.74
1.05
1.84
30
1.35
1.49
128
1.57
1.21
1.65
1.14
1.74
1.07
1.83
31
1.36
UO
1.30
1.57
1.23
1.65
1.16
1.74
1.09
1.83
32
1.37
1.50
1.31
1.57
1.24
1.65
1.18
1.73
1.11
1.82
3J
1.38
1.51
1.32
1.58
1.26
1.65
1.19
1.73
1.1)
1.81
34
1.39
1.51
1.3)
!.S8
1.27
1.65
1.21
1.73
1.15
1.81
35
1.40
U2
1.34
1.58
1.28
1.65
1.22
1.73
1.16
1.80
36
1.41
1.52
1.35
1.S9
1.29
1.65
1.24
1.73
1.18
1.80
37
1.42
1.5)
1.36
1.59
1.31
1.66
1.25
1.72
1.19
1.80
38
1.4)
1.54
1.37
1.59
1.32
1.66
1.26
1.72
1.21'
1.79
39
1.43
I.~
1.38
1.60
1.J3
1.66
1.27
1.72
1.22
1.79
40
1.44
1.54
1.39
1.60
1.34
1.66
1.29
1.72
1.2)
1.79
45
1.48
1.S7
1.4)
1.62
1.38
1.67
1.)4
1.72
1.29
1.78
50
1.50
1.59
1.46
1.6)
1.42
1.67
1.38
1.72
1.)4
1.77
H
1.53
1.60
1.49
1.64
1.45
1.68
1.41
1.72
1.38
1.77
60
1.55
1.62
1.51
1.65
1.48
1.69
1.44
1.73
1.41
1.77
65
1.S7
1.6)
1.S4
1.66
1.50
1.70
1.47
1.7)
1.44
1.77
70
1.58
1.64
1.55
1.67
1.52
1.70
1.49
1.74
1.46
1.77
75
1.60
1.65
1.S7
1.68
1.54
1.71
\\.SI
1.74
1.49
1.77
80
1.61
1.66
1.59
1.69
1.56
1.72
1.S3
1.74
1.51
1.77
15
1.62
1.67
1.60
1.70
\\.S7
1.72
1.55
1.75
1.52
1.77
90
1.63
1.68
1.61
1.70
1.S9
1.73
\\.S7
' 1.75
1.S4
1.78
95
1.64
1.69
1.62
1.71
1.60
1.73
1.58
1.75
1.S6
1.78
100
1.65
1.69
1.6)
1.72
1.61
1.74
1.S9
1.76
U7
1.78
T • taille de l'khanlillon.
III -
nombre de variables explicatives.

- 216 -
LISTE DES ANNEXES
page
Annexe nOl
Mode de calcul pour l'élimination de la multicolinéarité
200
Annexe n02
Mode de calcul adopté pour le taux d'inflation anticipé
202
Annexe n0 3
Liste des tableaux.................................................
203
Annexe n04
Liste des graphi qlJes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
205
Annexe nOS
Liste des schémas..................................................
206
Annexe n06
Données statistiques
208
Annexe nO]
Tables statistiques
212
,

- 217 -
B 1 B LlO GR A PHI E
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t

- 242 -
AUNAC (P.)
"L'étatisation
est-elle
responsable
de l a cri se ?
Dossier
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MAMPASSI-NSIKA (E.)
Essai
sur la définition de l'indicateur
de
la
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au
Congo,
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1a
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Intermédiation
financière
et
probléma-
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déve l oppement
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Essai
d'application
aux
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de l'UMOA,
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3ème cycle
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Budgétaire, Faculté des Sciences Econo-
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L'Etat
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Université de Clermont 1. Année Univer-
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SERRE (J.M.)
Les
théories
de
l'offre
de
monnaie
origine.
développements
contemporains
et
essai
dt extensi on
à
l'économie
sous-développée.
Thèse
d'Etat
ès
Sciences
Economiques.
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- External
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Developing Countries,
World Bank, Washington D.C. 1986-87.
t

- 246 -
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE...........................................................
2
PREMIERE PARTIE
LES
REFORMES MONETAIRES D'ORDRE CONJONCTUREL POLIR VAINCRE
L'HYPERINFLATION DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
12
Chapitre 1
Les
réformes
monétaires
d'ordre conjoncturel
proposées pour
lutter contre l'hyperinflation dans les pays en développement:
analyse théori que. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 14
Section 1
Présentation
des
réformes
monétaires
d'ordre
conjoncturel
proposées dans l es pays en développement...................... 15
Paragraphe 1 : Les réformes monétai res d' ordre conjoncturel proposées
sur le plan interne dans les pays en développement
15
A) La politique d'encadrement du crédit et la lutte contre l 'hyper-
inflation dans les pays en développement
16
1) Les rai sons du choi x de l'encadrement du crédit............... 17
2) La
stratégie de
l'encadrement du crédit à utiliser contre
l' hyperi nfl ati on. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 18
B) La politique des taux d'intérêt et 1a lutte contre l 'hyperinfla-
tion dans les pays en développement
22
1) Les raisons du choix de la polit~que des taux d'intérêt
23
2) La stratégie de la politique des taux d'intérêt à utiliSer
contre l'hyperinflation
27
a) Inadéquation de la politique de réescompte dans la lutte
contre l 'hyperinflation dans les pays en développement ..... 29
b) Impossibilité
du
recours
à
la
politique
d'open-market
dans
la
lutte
contre
l'hyperinflation
dans
les
pays
en développement........................................... 30
c) Insuffisance
de
la
politique des
réserves obligatoires
dans
la
lutte
contre
l'hyperinflation
dans
les
pays
en développement........................................... 32

- 247 -
Paragraphe II
Les réformes monétai res d' ordre conjoncturel proposées
sur le plan externe dans les pays en développement.....
35
A) La stabilisation du taux de change et la lutte contre l'hyperin-
flation dans les pays en développement
36
1) La
recherche
d'un
indicateur
de
la
politique
de
taux
de
change dans les pays en développement.........................
36
2) La
dévaluation
et
la
lutte
contre
l 'hyperinflation
dans
l es pays en développement.....................................
39
3) La
politique
de
gestion
du
taux
de
change courant
et
la
lutte contre l'hyperinflation dans les pays en développement..
41
B) Le
contrôle
des
changes
et
la
lutte
contre
l 'hyperinflation
dans l es pays en déve l oppement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
43
Section II : Appréciation
des
réformes
monétaires
d'ordre
conjoncturel
proposées dans l es pays en déve l oppement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
46
Paragraphe l : Appréciation des réformes monétaires d'ordre conjonctu-
re l
proposées
sur
l e p l an
interne
dans
l es
pays
en
développement...........................................
47
A) Efficacité
de
la
politique
d'encadrement
du
crédit
dans
la
lutte contre l'hyperinflation dans les pays en développement .....
47
1) Aspects
positifs
de
l'encadrement
du crédit dans la lutte
contre l'hyperinflation
47
2) Incertitudes liées à llapplication de la politique d1encadre-
,
ment du crédi t. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
49
B) Efficacité
de
la
politique
des
taux
d'intérêt
dans
la
lutte
contre·
l'hyperinflation
dans
les
pays
en
développement.
53
1) Aspects
positifs
de
la
politique
des
taux
d'intérêt
dans
la lutte contre l 'hyperinflation
53
2) Incertitudes
liées
à
l'application de la politique des taux
d'intérêt
56
Paragraphe II : Appréciation des réformes monétaires d'ordre conjonctu-
re l
proposées
sur
l e p l an
externe
dans
l es
pays
en développement.......................................
59

- 248 -
A) Efficacité d'une politique de gestion de taux de change effectif
dans
la lutte contre l' hyperi nfl ati on dans l es pays en déve l op-
pement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
59
1) Aspects
positifs
du
taux
de
change
effectif dans
la
lutte
contre l 'hyperinflation
59
2) Incertitudes liées à l 'adopttion du taux de change effectif...
61
B) Efficacité de la dévaluation dans la lutte contre l'hyperinfla-
tion dans les pays en développement
63
1) Aspects
positifs
de
l 'utilisation
de
la
dévaluation
dans
la lutte contre l'hyperinflation
63
2) Incertitudes liées à l'utilisation de la dévaluation..........
65
C) Efficacité de la politique de gestion du taux de change courant
dans
la lutte contre l'hyperinflation dans les pays en dévelop-
pement" """"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
68
1) Aspects
positifs
de
la
gesti on
du
taux
de
change courant
dans la lutte contre l 'hyperinflation
68
2) Incertitudes liées à la gestion du taux de change courant.....
69
0) Efficacité du contrôle des changes dans la lutte contre l'hyper-
i nfl ati on dans l es pays en développement.........................
70
1) Aspects
positifs
du
contrôle
des
changes
dans
la
lutte
contre l 'hyperinflation
70
,
2) Incertitudes liées à l'instauration du contrôle des changes...
73
Chapitre II
Les réformes monétaires d'ordre conjoncturel proposées pour
lutter contre l 1 hyperinfl ation dans les pays en développement:
analyse empirique..............................................
76
Section 1
Essai
d'évaluation
empirique de l'impact des réformes moné-
taires
d'ordre
conjoncturel
proposées
pour
lutter
contre
l'hyperinflation dans les pays en développement
76
Paragraphe 1 : Présentation
des
tests
et
des
résultats
empiriques
des
réformes
monétai res d'ordre conjoncturel
proposées
dans l es pays en développement
.
77

- 249 -
A) Forme des
re lat i ons
testées à part i r des réformes monétaires
d'ordre conjoncturel proposées dans les pays en développement....
78
B) Présentation des
résultats
empiriques des réformes monétaires
d'ordre
conjoncturel
proposées
dans
les
pays
en
développe-
ment. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
80
Paragraphe II : Appréciation
des
résultats
empiriques
des
réformes
monétaires
d'ordre
conjoncturel
proposées
dans
les
pays en déve 10 ppement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
84
Secti on II
Essai
d' éval uati on des expéri ences de réformes monétai res
opérées par le Fonds Monétaire International (FMI)
96
Paragraphe l : Les
modalités
des
réformes
monétaires
opérées
par
le FMI..................................................
96
A) Les
modalités
des
réformes monétaires
opérées par le FMI au
Mexi que. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
97
B) Les modalités des
réformes monétai res
opérées par le FMI
au
Pérou. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
99
Paragraphe II : Bilan des réformes monétaires opérées par le FMI
101
A) Bilan des réformes monétaires opérées par le FMI au Mexique
101
B) Bilan des réformes monétaires opérées par le FMI au Pérou
103
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE ....•...........................••.............. 107
,
DEUXIEME PARTIE : LES
REFORMES
MONETAIRES
D10RDRE
STRUCTUREL
POUR
VAINCRE
L1HYPERINFLATION DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
109
Chapitre 1
Les
réformes
monétaires
d10rdre
structurel
proposées
pour
lutter contre llhyperinflation dans les pays en développement:
analyse théori que
: . . . . . . . . . . . .. 111
Secti on l
Présentati on
des
réformes
monétai res
d' ordre
structurel
proposées dans l es pays en développement...................... 112
Paragraphe l : La
libéralisation
de
l'intermédiation
financière
et
la
lutte
contre
l'hyperinflation
dans
les
pays
en développement........................................ 113

- 250 -
A) Les
raisons
du
choix
de
la
libéralisation de l'intermédiation
financière
114
B) La stratégie de la libéralisation de l'intermédiation financière
a utiliser contre l'hyperinflation
121
Paragraphe II : La nécessité d'une politique fiscale et d1une politique
des prix agricoles dans
la lutte contre l'hyperinfla-
tion dans les pays en développement.
126
A) La
politique fiscale
et
la
lutte
contre l'hyperinflation dans
les pays en développement.
126
1) Les raisons du choix de la politique fiscale
:
126
2) La
stratégie
de
la
politique
fiscale
à
utiliser
contre
l' hyperi nfl ati on. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 127
B) La politique des prix agricoles et la lutte contre l'hyperinfla-
tion dans les pays en développement
132
Secti on II : Appréci ati on
des
réformes
monétai res
dl ordre
structurel
propo sée s dan s l es pays en déve l oppement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 135
Paragraphe l : Efficacité
de
la
libéralisation
de
l'intermédiation
financière
dans
la
lutte
contre
l'hyperinflation
dans les pays en développement
135
A) Aspects
positifs
de
la
libéralisation
de
l'intermédiation
financière dans la lutte contre l'hyperinflation
136
B) Incertitudes
liées
à
la
mise
e~ oeuvre de la libéralisation
de l'intermédiation financière
140
Paragraphe II : Efficacité de la politique fiscale et de la politique
des pri x agri co l es dans la lutte contre l' hyperi nfl a-
tion dans les pays en développement
145
A) Efficacité de la politique fiscale dans la lutte contre l'hyper-
inflation dans les pays en développement
145
1) Aspects
positifs
de
la
politiq.ue
fiscale
dans
la
lutte
contre l 'hyperinflation
146
2) Incertitudes
liées
a l'utilisation de la politique fiscale
contre 1 Ihyperinflation
'.'
148

- 251 -
B) Efficacité de
la politique des
prix agricoles dans la lutte
contre l'hyperinflation dans les pays en développement
151
1) Aspects
positifs
de
la politique des
prix
agricoles dans
la lutte contre l 'hyperinflation
152
2) Incertitudes
liées
à
l'utilisation
de
la
politique
des
prix agricoles contre l'hyperinflation
153
Chapitre II
Les
réformes
monétaires
d'ordre
structurel
proposées
pour
lutter contre l'hyperinflation dans les pays en développement:
analyse empi ri que
, 156
Section l
Essai
de
vérification
emp,rlque
des
réformes
monétaires
d'ordre structurel proposées pour lutter contre l'hyperinfla-
tion dans les pays en développement
157
Paragraphe l : Présentation des tests et des résultats empiriques des
réformes
monétaires d'ordre
structurel
~roposées dans
l es pays en déve l oppement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 158
A) Forme des
relations
testées à partir des réformes monétaires
d'ordre structurel proposées dans les pays en développement
158
B) Présentation des
résultats empiriques des réformes monétaires
d'ordre structurel proposées dans les pays en développement
161
Paragraphe II
Appréciation
des
résultats
empiriques
des
réformes
monétaires
d'ordre
structurel
proposées
dans
les
pays en développement .. ~ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 168
Section II
Essai
d'évaluation des expériences de réformes monétaires
opérées par l'Argentine et le Brésil
173
Paragraphe l : Les
modalités
des
réformes
monétaires
operees
par
l'Argentine et le Brésil
174
A) Les modalités des réformes monétaires opérées par l'Argentine
(le Plan Austral)
174
B) Les modalités
des
réformes
monétaires
opérées
par
le Brésil
(le Plan Cruzado)
178

- 252 -
Paragraphe II
Bi l an des réformes monétai res operees par l t Argenti ne
etleBrésil
181
A) Les premiers bilans des réformes monétaires opérées par l'Argen-
tine
184
1) Aspects positifs de la mise en oeuvre du Plan Austral
184
2) Insuffisances du Plan Austral
186
B) Les
premiers
bilans
des
réformes
monétaires
opérées
par
le
Brésil
189
1) Aspects positifs de la mise en oeuvre du Plan Cruzado
189
2) Insuffisances du Plan Cruzado
:
190
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE................................................
192
CONCLUSION GENERALE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 194
Annexes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 199
Liste des tab 1eaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 203
Liste des graphi ques. . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . .. 205
Liste des schémas............................................................... 206
Données stati sti ques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 208
Tables statistiques
212
Liste des annexes............................................................... 216
Bibliographie
217
,
Table des matières
246
I l
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •

- 253 -
Vu,
Clermont-Ferrand, le
Le Directeur de Recherche
P. PASCALLON
Vu,
Clermont-Ferrand, le
Le Doyen
J. AULAGNIER
,
Vu,
Clermont-Ferrand, le
Le Président de l'Université
M. COULET

RESUME
Les réformes monétaires préconisées pour vaincre l'hyperinflation dans les pays en développement.
Le cas des pays d'Amérique Latine.
Contre l'hyperinflation
dans
les
pays
en
développement,
des
moyens
d'action
purement
monétaires
de type conjoncturel, des réfo~es des structures et des institutions ont été préconisés.
Pour
les
réformes
monétaires
d'o~dre conjoncturel. les politiques d'encadrement du crédit (sous
un
aspect
plus
sélectif)
de
taux
d'intérêt
réels positifs et de stabilisation du taux de change
ont
été
proposées
sur
le
plan
t.,héoriQue.
Au
plan
empirique,
des
résultats
assez
intéressants
ont été obtenus des tests effectués sur le BRESIL.
le MEUQIJE et le PERDU. Une analyse de l'inter-
vention
du
Fonds
Monétaire
International
au
Mexique
(1982)
et
au Pérou
(1984)
a complété
ces
tests.
Pour les réformes monétaires d'ordre structurel,
la libéralisation de
l'intermédiation financière,
les
politiques
fiscale
et
des
prix
agricoles
ont
été
proposées
sur
le
plan
théorique.
Au
plan
empirique,
des résultats assez mitigés mais intéressants de la thèse néo-libérale ont été obtenus
des
tests
effectués
sur
les
précédents
pays.
Une
analyse
des
réformes
monétaires
en
Argentine
(Plan Austral) et au Brésil (Plan Cruzado) ~ été également faite.
ABSTRACT
Monetary reforms advocated to overcome the hyperinflation in developing countries.
The case of Latin American countries.
Against
the
hyperinF1ation
in
developing
countries,
purely
monetary
policy
measures,
structural
and institutional reforlllS are recollllllended.
With
regard
to
cyc1ical
monetary
reforms.
we
have
proposed
at
the
theoretical
level
a credit
framing policy (in a more selective way),
a positive actual
rates of interest poliey and measures
which could bring the rate of exchange into stability. At the empirical
level,
interesting figures
ha've been obtained from tests carried out on BRAZIL, MEXICO and PERU.
An analysis of the Interna-
tional Monetary Fund interference in Mexico (1982) and Peru (1984) has completed those tests.
Relating to structural monetary reforms,
we have suggested at the theoretical level the liberaliza-
tion
of
financial
intermediation
coupled
with
tax
and
agricultural
policies.
At
the
empirical
level,
figures
mitigated but
interesting of
the Neo-Liberal thesis have been obtained from tests
carried out
on
the
countries named before. An analysis of monetary reforms in Argentina (Austral
plan) and in Brazil (Cruzado plan) has been made.
"