. UNIVERSITE DE PARIS X- NANTERRE
~. .....
. .
~ ..YNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE DE SCIENCES
ECONOMIQUES
_-
.-_ ...._----_.-.,..--..
CONSEIL AFRICAIN ET MAlGACHI:
POUR l'ENSEIGNEMENT SUPERiEUR
C. A. M. E. S. -
OUAGADOUGOU
Arrivée "B'~ ·JUtN.l~~.::J
1
T HE-S E , Enregistré sous n° #0. fi t.. .8. 7. . 1
.
· · · c
. . . . ~ _ ~
...l
POUR LE DOCTORAT D'ETAT ES-SCIENCES ECONOMIQUES
PRESENTEE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT
LE
24 MAI 1989
LES PROBLEMES DE FINANCEMENT
DE L'ECONOMIE IVOIRIENNE
PAR
FAUSTIN ROGER ADJEA
,
~
..
t'
"
DIRECTEUR DE RECHERCHE: PIERRE LLAU~ PROFESSEUR A L'UNIVERS1TE
DE PAR 1S X- NANTERRE
PARIS 1989

L'Université de Paris X - Nanterre
n'entend donner aucune approbation
ni improbation aux opinions émises
dans cette thèse ; ces opinions
doivent être considérées comme
propres à leur auteur.

- 1 -
A V A N T
PRO P 0 S
Ce travail, fruit de mes notes et lectures persànnelles et
des diverses formations acquises dans les Universités de Paris
1
(Sorbonne), de paris
II (Assas) et de Paris X - Nanterre, je le
dédie à tous les membres de ma famille et particulièrement à mes
parents qui m'ont toujours inculqué le goût de l'effort et le sens du
devoir accompli et à qui je renouvelle ici toute ma reconnaissance fi-
liale.
Ma reconnaissance va à Monsieur le Professeur Pierre llAU de
l'Université de Paris X - Nanterre qui, ayant accepté de diriger cette
recherche, n'a cessé de lire et de corriger le manuscrit, de prodi-
guer encouragements, critiques, suggestions avec bibliographie sélec-
tive à l'appui.
Que ce travail puisse également entretenir les souvenirs de
ma très chère regrettée
GUIBAHI NOUEHI qui a toujours eu à me témoi-
gner de son espoir de réussite dans la recherche permanente de la con-
naissance.
Je remercie tous mes amis, camarades et tous ceux qui de près
ou de loin m'ont encouragé, soit par leurs critiques ou leurs sugges-
tions, soit par les matériaux mis à ma disposition dans la réalisation
de cette étude. Que Monsieur et Madame SOlOU et leur famille retrouvent
ici tout mon attachement.
Et enfin, je remercie tout le peuple Ivoirien dont les sacri-
fices financiers ont permis' la réalisation de cette ét'de.

2 -
..on Il';
VDIRJ:
BURKINA FASO
Ferkesse-
dot1gon •
Boundiali •

Korhogo
Dabakala
Ségqéla


Katiola
o

Biankouma
Ma\\
BOUAKEo
Bouafléo
o Yamoussoukro
o
Dimb~kro
Daloa
Gagnoa 0
Agbovi~le
Soubré 0
Sassandra
Aboisso
GOLFE DE GUINEE
... / ...

- 3 -
SOM MAI
R E
Introduction.
Première partie
EPARGNE ET INTERMEDIATION FINANCIERE EN COTE D'IVOIRE
Chapitre préliminaire: Les caractéristiques structurellEVde
l'économie ivoirienne
Chapitre l
Position théorique du problème de l'épargne
Chapitre II
L'approche théorique des mécanismes et du
rôle des intermédiaires financiers
Chapitre III
Position théorique du rôle des intermédiaires
financiers dans les pays sous-dévéloppés.
Chapitre IV
Le processus de blocage des sources de finan-
cement interne.
Deuxième partie
UN CONSTAT DES POLITIQUES DE FINANCEMENT DU DEVELOP-
PEMENT IVOIRIEN.
Chapitre l
La politique financière de la Côte d'Ivoire
Chapitre II
La politique monétaire en Côte d'Ivoire
Troisième partie
UNE STRATEGIE DU FINANCEME~T DU DEVELOPPEME~T
IVOIRIEN.
Chapitre l
Les sources analytiques du dévéloppemen de la
Côte d'Ivoire.
Chapitre II
La démarche propice au financement des pays
de la périphérie.
Chapitre III
La part des finances publiques des pays de la
périphérie au dévéloppement de ces pays.
CONCLUSION
GENERAlE.

- 4 -
1 N T R 0 0 U C T ION
=========D===============
De nombreux ouvrages abondent aujourd'hui sur le sous-dévelop-
pement. La plupart expliquent ou tentent d'expliquer le sous-développe-
ment par le manque d'épargne, de capital, de ressources naturelles, de
techniques perfectionnées, d'entrepreneurs, de personnel qualifié,
d'administrateurs capables, d'un mir-imum d'ordre public, de garanties
d'application des lois, l'existence d'une consommation de luxe, de la
pratique de la thésaurisation, le non-entretien d'ouvrages d'art, la
forte ou faible population selon les cas, malgré les atouts que peu-
vent avoir les pays sous-développés, en particulier leur potentiel
économique naturel et leur population. Si cette méthode indique pour
chacun des pays développés et des pays sous-développés, la progression
de certaines grandeurs, elle peut difficilement expliquer le sous-déve-
loppement(1). Généralement, l'une des conséquences tirées de cette mé-
thode par nombre de ses adeptes s'érige en une théorie des cercles
vicieux, théorie qui, à notre avis, est davantage une manifestation de
l'impuissance à cerner les phénomènes économiques et sociaux qu'un corps
d'analyse cohérente et scientifique. L'approche dualiste est elle aussi
une création explicative du sous-dévéloppement(2). L'économi~ des pays
sous-développés serait un ensemble dissemblable, c'est-à-dire un tout
non intégré et non intégrable, comprenant un secteur traditionnel
d'autosubsistance, un secteur moderne animé par des entités plutôt
liées à l'extérieur. Ce fait serait à l'origine des distorsions géné-
ratrices de sous-dévéloppement. Ce que cette approche n'explique pas,
en cela elle pêche dangereusement, c'est la cause de l'apparition des
îlots autonomes dans une même économie nationale. En réalité, le dua-
lisme nous voulons plutôt diEe que la dualité économique n'est propre
aux économies du Sud; car si dans les pays industrialisés, par exemple,
le mode de production capitaliste est devenu dominant(largement)il ne
demeure pas moins que les vestiges des modes de production antérieurs
sutJ.sistent.
Ainsi, il nous semble correct pour ce qui est des économies
sou;'-développées, notamment celles de la Côte d'Ivoire, de parler de
désarticulation comme caractère dominant de l'organisation économique.
(1) - ŒMAA - SPi.WA:
FOIlTEtim du ccpital et œvelq:::perœnt Eccn::miq.e.
Trè3e de O::dorat d'Etat de Scierces Eccroniq..es Paris 1971.
(2) - D..alité : JlwI'l:Xte aTpIUltée à E. JlD-fIRI.

- 5 -
Cette démarche intégrerait mieux l'approche historico-économique de
l'explication du sous-développement. Contrairement aux premières ap-
proches qui sont par jeu intellectuel abstrait, cette dernière s'ap-
puie sur des conditions historiques concrètes dans leur mouvement.
En ce sens, il s'agit d'une approche explicative scientifique. Car à
notre avis, il doit être désormais un non sens de vouloir appréhender
le phénomène de sous-développement sans tenir compte de la situation
de ces pays avant, pendant et après la colonisation. Nous pouvons dire
qu'avant la colonisation, le caractère dominant des économies en Afri-
que se résumait en une non-intégration des entités économiques. Ceci se
comprend aisément. Nous reviendrons sur cet aspect de la question dans
les développements ultérieurs. Par contre, avec et après la colonisation
directe, le caractère dominant devient la désintégration ou la désarti-
culation. Il n'est point besoin de démonstration particulière pour af-
. firmer que créant de manière arbitraire des cadres nationaux, la colo-
nisation n'a pas réalisé l'intégration économique, bien au contraire.
L'instauration de l'économie de traite par l'installation des Grandes
Sociétés Coloniales Concessionnaires s'est faite principalement en fonc-
tion des besoins en matières premières de la puissance colonisatrice.
Ainsi, on produit pour l'extérieur et on consomme ce qui vient de l'ex-
térieur. Dans ce procès, de larges secteurs de la vie nationale sont
laissés pour compte, car leur utilité est nulle. N'est-ce pas là organi-
ser de façon consciente la désarticulation de l'économie? Nous sommes
obligés de dire que cette situation n'a pas essentiellement changé
malgré le fait que ces pays ont accédé à la souveraineté internationale.
L'ordre des choses demeure le même. La division internationale
du travail impose aux pays sous-développés de produire les matières
premières et d'importer les produits manufacturé~. Ainsi, les grandes
société étrangères exploitent les produits primaires pour l'extérieur,
les grandes maisons commerciales étrangères importent des produits
de l'extérieur pour la consommation locale. La désarticulation demeure
et s'élargit. C'est le modèle de développement des économies pauvres.
C'est sur cette orientation de base que pendant plusieurs années a été
faite la pratique de l'axiomatique selon laquelle "les pays du tiers-
monde étant incapables de dégager par eux-mêmes les ressources indis-
pensables au

- 6 -
financement du développement économique ils doivent s'obliger à ac-
cepter l'assistance des pays développés dans tous les secteurs de la
vie nationale"(1). A l'heure actuelle, les résultats montrent que le
sous-développement n'a pas été importé. Mais dans ce jeu à deux, il
doit nécessairement y avoir un gagnant. Quelques courageux n'affirment-
ils pas qu'en ce monde, il y aura toujours des sous-développés et des
développés? Et pourtant, le sous-développement n'est pas une loi
naturelle immuable pour les pays concernés. L'expérience historique
montre qu'à notre époque où
l'homme domine la nature, il n'y a pas
de société dont la destinée est l'appauvrissement et la dégradation.
C'est pourquoi, la compréhension du phénomène de sous-développement en
tant que processus et les solutions à envisager doit reposer sur une
prospective nouvelle liée à une perspective claire. Dans ce sens, nous
ne pensons pas que les propositions actuelles d'établissement d'un nou-
vel ordre mondial puissent apporter une solution, durable souhaitée.
Dès lors,
le développement des économies sous-développées reste une
problématique. En dépit de toutes constructions qui pour la plupart
sont hors du sujet, deux déterminations fondamentales et dans les con-
ditions actuelles alimentent le débat relatif au choix de la meilleure
stratégie à suivre. D'une part, le mythe de l'aide extérieure comme
facteur déterminant de développement hante encore de nombreux esprits.
Ainsi, en Côte d'Ivoire, la principale source de financement des plans
de développement demeure encore de nos jours, l'extérieur. Il est à
croire que les leçons du passé n'ont jamais été tirées. D'autre part,
le financement par des ressources internes retient davantage l'at-
tention de nombreux analystes des problèmes économiques. Ainsi, la
promotion de l'épargne interne est présentée comme un des moyens grâce
auxquels le développement économique prendra toute sa signification
pour l'ensemble de la société. De plus, les institutions financièr~
locales sont mises en valeur. SIMON KUZNETS déclare même dans ce
sens que "un des constrastes les plus prononcés existant actuellement
entre les pays développés et les pays sous-dév~loppés réside dans
l'absence au sein de ces derniers d'un système financier bien orqanisé
qui canaliserait les épargnes vers les projets d'investissement les
plus rentables"(2). La prospection revient en dernière analyse à opti-
maliser et à dynamiser une intermédiation fin·n~i~re qui doit agir
dans le sens de l'accélération de la croissance économique.
(1) - Elias GANNAGE : Financement du développement".
(2) - S.KUZNETS : Quantitative aspects of econ. growth
of Nation",in Econ.
Developement and cult.change, july 1960.

- 7 -
Ainsi, le développement d'un pays repose sur les politiques
monétaires et financières traditionnelles. Il est nécessaire pour assurer
la croissance d'avoir une liquidité suffisante et de mettre en oeuvre
les structures financières aptes à promouvoir le développement écono-
mique à long terme. La création d'une banque de développement, tout en
collectant les ressources monétaires et en modifiant leur destination,
accélère le processus de la croissance. Il en est de même pour les
Caisses d'Epargne et des autres institutions financières, telles que
marché financier, aussi modeste qu'il soit est propice à toute poli-
tique de développement. La faiblesse de l'épargne, l'absence du mar-
ché financier doivent nécessiter l'intervention de l'Etat dans la
politique des investissements. La politique budgétaire est appelée à
jouer le rôle décisif dans la croissance économique. Mais il ne
saurait y avoir développement économique sans
une politique cohérente
de la fiscalité. La fiscalité devient un puissant instrument pour le
financement de l'économie. Son rendement dépend de la mise sur pied
des structures adéquates.
Ainsi, tout un ensemble de politiques monétaire et finan-
cière doivent concourir à la constitution d'une liquidité suffisante
en vue de la croissance économique. Cette nécessité devient impérieuse
lorsque l'on essaie d'étudier l'économie ivoirienne.
Si le sujet nous a semblé intéressant, il nous a cependant
posé de sérieux problèmes de rédaction. D'abord au niveau de la docu-
mentation dont nous allons parler ci-dessous. 8ien sûr, certains docu-
ments de haute valeur scientifique pourrissent dans les tiroirs ou les
coffre-forts sous prétexte qu'ils sont confidentiels. Ainsi avons-nous
le réel sentiment que certaines réalités nationales ont été omises et
il revient à ceux qui s'intéressent aux problèmes Ivoiriens de nous
relayer dans la tâche. Le second problème soulevé est d'ordre politique.
En effet, les problèmes de financement des économies modernes sont en
fait des problèmes politiques. L'implication politique que ce travail
comporte nous incite à entreprendre avec prudence cette étude, car
l'expérience I"ontre que les critiques ne sont pas toujours bien vues.

- 8 -
Cette étude ne se place pas sur le champ de l'affrontement
des idéologies, mais sur le plan de la tentative de cerner les pro-
blèmes de financement du développement Ivoirien, car quelle que soit
l'idéologie qu'ils adapteront, les pays sous-développés auront à faire
face aux problèmes de financement. Il nous revient de les mieux con-
naitre et de leur trouver des solutions adéquates.
Ainsi, à partir des objectifs que nous nous sommes assignés,
il sera alors possible de dire qu'il s'agit de la relation entre
l'épargne, les institutions financières, l'investissement et la stra-
tégie du financement du dév~loppement Ivoirien. Dans cette relation,
les institutions financières jouent un rôle primordial ceci est impor-
tant, car comme d'aucuns l'affirment, l'un des principaux obstacles au
développement économique des pays sous-développés est en partie impu-
table à elles.
PLAN
DE
L'ETUDE
Le plan de l'étude est commandé par son objet. Nous étudierons
donc en trois parties les trois groupes de problèmes inventoriés ci-
dessus :
l - Epargne et Intermédiation Financière en Côte d'Ivoire;
II - Un constat des politiques de financement du développement
Ivoirien ;
III - Une stratégie du financement du développement Ivoirien.
Nous essayerons de déduire de l'expérience ivoirienne des
principes d'action de valeur générale (stratégie du financement ... )
pouvant conduire à la réussite du dévéloppement de la Côte d'Ivoire.
avant de commencer notre étude
Reste une dernière question
.
le problème de la documentation.
Nous auro~s sou-
proprement dlte,
ntre autres aux publications officielles de
la Ré-
ven t
recou rs e
..
d'Ivoire à celles des
institutions
finanCli:; 'es
publique de eôte
d'Activité Monétaire de
la zone franc,
de
la zone franc
(rapports
de
l'Afrique de
l'Ouest et
les bulle-
rapports annuels des Etats
.
. '
s
internationales
tins annexes)
des
Institutions flnanclere
Rn,
A.LD.-US.,
FED,
eCCE,
BEI,
B.A.D.
etc ... ) pour appr2-
(FMI.
BI
-
,
l
t
de Côte d'Ivoire.
le financement
du deve oppeme n
cier

- 9 -
Le recours à la documentation internationale relative à la
Côte d'Ivoire est d'autant plus bénéfique que les statistiques offi-
cielles sont généralement gonflées pour répondre, semble-t-il aux
conditions d'obtention des prêts auprès des organismes financiers
internationaux précités (B.I.R.D , F.M.I, C.C.C.E etc ... ) ; ainsi
en 1975, la population de la Côte d'Ivoire est de
8.274.000 habitants
d'après les statistiques officielles, de
6.700.000 habitants d'après
le P.N.U.D. Il est certain que ce gonflement pose de manière perma-
nente un problème de crédibilité. Néanmoins, l'usage simultané des
deux sources de documentation intérieures et extérieures permet
d'avoir une idée relativement fidèle du niveau de dévéloppement atteint
par la Côte d'Ivoire.
Après ces lignes introductives, nous aborderons notre étude,
mais auparavant, dans un chapitre préliminaire nous nous efforcerons
de présenter une analyse sommaire sur les généralités économiques de
la Côte d'Ivoire.

- 10 -
PRE MIE R E
PAR T l E
EPARGNE ET INTERMEDIATION FINANCIERE

- 11 -
CHAPITRE PRELIMINAIRE LES CARACTERISTIQUES STRUCTURELLES
DE L'ECONOMIE
IVORIENNE
SECTION
1
CADRE GEO-DEMOGRAPHIQUE
PARAGRAPHE
1 - CARACTERISTIQUES PHYSIQUES (1) DE LA COTE D'IVOIRE
La Côte d'Ivoire est un espace géographique africain qui
s'étire jusqu'au Golfe de Guinée dans l'Océan Atlantique. Elle n'a pas
de frontières "naturelles". C'est une construction géographique ar-
bitraire, héritée du colonialisme qui a sensiblement fixé sa superfi-
cie à
322.000 km 2 et lui a ainsi fait bénéficier, en lui donnant sa
forme actuelle, de trois types de climat :
A - Un climat de type équatorial caractérisé par une forte
hygrométrie et l'alternance de deux saisons sèches et de deux saisons
de pluies, chacune d'ampleur inégale, avec des précipitations an-
nuelles particulièrement abondantes (1) ;
B - Un climat de type tropical comportant une saison sèche
et une saison de pluie, caractérisé par une hygrométrie plus faible
et des précipitations moins abondantes (2) ;
C - Un climat de type soudanien qui influence la partie sep-
tentrionale du pays constitué essentiellement de savanes à végétation
pauvre.
Ces climats font qu'on peut partager la Côte d'Ivoire en deux
(1)
Gabriel ROUGERIE: "La Côte d'Ivoire" que sais-je? N° 1137. P.U.F.
(2) - Ministère Français de la Coopération: "Economie et plan de Dévé-
loppement de la Côte d'Ivoire"
1963. La Côte d'Ivoire en
chi ffres
1985. 1986, 1987.

- 12 -
grandes unités "physionomiques végétales". La forêt et la savane avec
un avantage appréciable pour la seconde (210.000 km 2 sur les 322.000 km 2
du territoire). C'est ainsi que Gabriel ROUGERIE a été amené à écrire
que la Côte d'Ivoire "comme l'Afrique Occidentale, comme l'essentiel
de l'Afrique, représente le triomphe de l'horizontale ... C'est un pays
de socle .•. " Faut-il en déduire que la Côte d'Ivoire dispose dans
son sous-sol de richesses comparables à celles d'autres territoires de
cette Afrique où "triomphe l'horizontalité" et où donc l'on peut es-
pérer un certain équilibre dans la répartition de cette richesse du
sous-sol? Il semble que pour le moment aucune étude ne soit venue
infirmer les espérances ivoiriennes sur son sous-sol ni les confirmer.
L'on sait seulement, de façon certaine, que le sous-sol ivoirien est
"arrifère" et "diamantifère", qu'il avait donné lieu à l'exploitation
d'un gisement de manganèse à Grand-Lahou et surtout, que ce sous-sol
est l'objet de recherches géologiques et minières qui devraient per-
mettre la réalisation d'un inventaire assez complet de ce "sous-sol
national" qui révèlerait les véritables possibilités de la Côte d'Ivoire.
PARAGRAPHE
2 -
CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES (1) DE LA COTE D'IVOIRE
La population de la Côte d'Ivoire a évolué de la façon sui-
vante
1955
.
2,9 millions d'habitants
1960
.
3,4 millions d'habitants
1965
.
3,8 millions d' habitants
1975
6,7 millions d'habitants
1980
7,5 millions d'habitants
1984
8,7 millions d'habitants
1987
10,180 millions d'habitants (2) .
Le taux d'accroissement naturel de la population a été éva-
lué à 4,3 % tandis que le taux de mortalité, de 3,5 % pour l'ensemble
de la population, est surtout très élevé chez les enfants de 0 à 4 ans
le taux de mortalité infantile s'élève en effet à 22,3 % (3).
(1) - Ministère de la Coopération Française: "Economie et plan de
Dévéloppement, déjà cité. La Côte d'Ivoire en chiffres. Ministère
des finances de Côte d' Ivoire
1985." 1986, 1988.
(2) et (3) - La zone Franc: Rapport
1986 Paris
Page
289.

- 13 -
Avec un taux de natalité de 5,5 à 6 % par an, l'évolution de
la population de la Côte d'Ivoire pour l'année
1987 est de 10.180 mil--
lions d'habitants.
La structure par tranches d'âge de cette population était la
suivante en 1987 :
TABLEAU N° 1 -
LA STRUCTURE PAR TRANCHES D'AGE DE LA POPULATION
IVOIRIENNE.
TRANCHES
SEXE MASCULIN (%)
SEXE FEMININ
(~o )
o à 14 ans
22,7
21,5
15
à
29 ans
13,7
13,6
30
à
44 ans
9,7
8,3
45
à
59 ans
4,3
3,4
+
à
60 ans
3,6
3,0
Cette structure caractérise une population jeune où les
tranches d'âges de plus de 60 ans ne représentent que
1,3 % de
l'ensemble de la population.
Cette population se répartit entre la campagne (la majorité)
et les villes où elle représenterait environ 15 % de la population
totale de la Côte d'Ivoire.
Parmi ces villes nous nous intéresserons surtout à Abidjan.
Cet intérêt nous semble justifié du point de vue économique, politique
et démographique.
Economiquement
La grande majorité des entreprises y est
implantée
Politiquement: Elle est la capitale de la Côte d'Ivoire (1),
son centre de décision politico-administratif.
(1)
Au moment où nous rédigions ce travail, Abidjan était 'encore
la capitale de la Côte d'Ivoire; la capitale actuelle est
YAMOUSSOUKRO.

- 14 -
Démographiquement:
C'est la ville la plus peuplée de la
Côte d'Ivoire. Depuis 1960 sa population croit à un taux situé entre
10,1 et
12,4 % avec une contribution de
8 à 11 % du solde migratoire
et de 2,5 à 3 % du mouvement naturel de la population Abidjanaise pro-
prement dite.
Le rapprochement de la structure de la population d'Abidjan
du tableau nO 2 ci-dessous à celle de la population totale de la
Côte d'Ivoire du tableau nO 1 ci-dessus, fait ressortir la prépondérance
de la tranche d'âge de 30 à 44 ans à Abidjan, c'est-à-dire celle de la
population active qui a été limitée à la tranche d'âge de 45 à 60 ans.
Ainsi, la population qui vient s'installer à Abidjan est sur-
tout constituée d'éléments de la tranche d'âge de 15 à 59 ans, tranche
qui correspondait à celle de la population active. De 1960 à 1964, en
effet, plus de 69 % en moyenne de personne (1) arrivant à Abidjan avaient
entre 15 et 60 ans. Cet exode sur Abidjan s'expliquerait rapidement par
le fait que la très grande majorité des entreprises créées en Côte
d'Ivoire sont localisées à Abidjan:
52 % des entreprises recensées (2)
en 1983
et
57 % en
1987. Ce pourcentage s'élève si l'on s'attache
au département du Sud où est inclus Abidjan:
66,2 % en 1983 et 64,5 %
en 1987. Il semble que les entreprises s'installent de préférence dans
le département et de plus en plus à Abidjan: 81,2 % en 1987 contre
76,3 % en 1976. Ceci correspondrait d'ailleurs à l'étude de la S.~.M.A
sur l'emploi. On y avance en effet que la ville d'Abidjan qui ne grou-
pait que 3,9 % de la population ivoirienne en 1955, 5,3 % en 1960,
7,1 % en 1965, 10 % en 1970, 13,8 % en 1975, 14,7 % en 1980
15,8 % en 1984 et 16,5 % en 1986 groupera probablement 18 à 21,5 %
de la population ivoiriennne en 1987 (3). Il en est de même de la
plupart des moyens de formation et d'information;
(1) - Dans son étude sur l'emploi, la S.E.M.A avance que l'émigration
vers Abidjan est constituée pour 60 % d'Ivoiriens et pour 40 %
d'Africains non Ivoiriens. Etudes
S.E.M.A
(2) et (3) - Chambre d'Industrie de Côte d'Ivoire. Rapport d'activité
1985. La Côte d'Ivoire en chiffres 1986 à 1987 ABIDJAN 1988.

TARI.RAU N° 2 -
STRUCTURE PAR AGE ET SEXE DE LA POPULATION D'ABIDJAN EN % VERTICAUX
1955
1964
1970
19]5
1980
1982
1984
1986
)
--
SM
SF
SM
SF
SM
SF
SM
SF
SM
SF
SM
S F
SM
S F
SM
S F
o - 14 ANS
14,4
19,7
17,3
3J,3
18,7
19,5
19,8
19,8
3J,6
19,9
21,1
22,3
19,9
23,7
25,1
24,6
15 - 29 ANS
14,2
19,3
19,3
22,6
19,7
21,9
19,1
21,7
19,9
22,1
3J,8
23,9
20,1
24,:)
20,7
25,";
30 - 44 ANS
ro,8
55,0
53,2
51,0
53,1
2,0
54,5
52,8
55,1
53,5
54,7
49,6
::D,3
44,4
::D,5
40,S
45 -
59 ANS
8
5,0
7,3
4,3
5,5
4,6
4,6
3,7
2,9
3,1
1,2
2,2
6,9
5,3
2,0
5,0
60 ANS ET PLUS
2,6
1,0
3,0
2,0
3,0
2,0
2,0
2,0
2,1
1,4
2,2
2,0
2,8
2,1
1,7
4,2
TOTAL ......
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
If)
TOTAL ABSOLU
65.100 46.tn'J 142.2)) 118.200 zn.(XX) 220. cm 3:8.CXX> 3'X).CXX> 351. CXX> 337. CXX> 420. cm 397.COJ 5Z7 •CXJ) 447. (XX) fffl •cm 510.0:':0
~
111.ro:>
2OO •.:1OJ
447. cm
6:8. cm
6eB.CXJJ
817. cm
974.(0)
1. 117.CXXJ
SOURCE
Tableau élaboré par l'auteur à partir des informations statistiques du Ministère du Plan.
Service "Démographie". APIDJAN.
La Côte d'Ivoire en chiffres. ABIDJAN 1988.

- 16 -
en effet si le taux de participation (1) scolaire dans le primaire
est passé de
28,5 % en
1960 à 43,6 % en 1965 dans l'ensemble du
pays, il s'élève en 1975 à
67,4 % et 81 % en
1987 à Abidjan, ins-
pection accadémique qui groupe les départements du Sud et de l'Est,
à 32,7 % à Bouaké
inspection académique qui groupe les départements
du Centre et du Nord et enfin à 40,5 % à Daloa, inspection académique
qui groupe les départements du Centre-Ouest et de l'Ouest. Dans le
même temps, pour l'ensemble du pays les effectifs de l'enseignement
secondaire passaient de 8.396 élèves en 1960 à 28.166 élèves en
1966, puis
53.089 en
1975 et
213.000 élèves en 1987 (indice 100
et 335). La progression de la scolarisation y est donc évidente.
SECTION
2
STRUCTURES DE L'ECONOMIE IVOIRIENNE
PARAGRAPHE
1
STRUCTURE DE LA PRODUCTION ET DE L'EMPLOI
Le tableau nO 3 ci-dessous nous donne en pourcentage
l'évolution de la structure de la production de 1960 à
1986.
L'on voit que les" activités primaires" qui représentaient 46,8 ~~
de la production intérieure brute en 1960, n'en représentent
plus que
39,4 % en 1965, puis
34,2 % en 1975 et qu'elles ont
baissé à 31,7 % en 1980, à
27,8 % en 1984 et à 28,6 % en 1986.
Cette évolution se manifeste par l'apprition et l'extension des
"acti vités secondaires" qui voient leur contribution au P. 1. B.
passer de 15, 2 9~ en 1960 à 19 ~~ en
1965, 23, 8 ~~ en 1975, en 1980
à 24,8 0''0, enfin à 31,6 ~~ en 1984 et enfin à 34,8 ~~ en 1986.
Durant les mêmes périodes les "activités tertiaires" semblent de
leur côté stabiliser leur apport au P.I.S autour de
51,3 ~~.
(1) - Marchés Tropicaux et Méditerranéens Spécial Côte d'Ivoire
N° 2094 (1985). Ainsi que le rapport d'activité de la
Direction de la Coopération Culturelle et Technique Française.
On se pose évidemment pas ici le problème du type et de la
nature économique et politique de cette scolarisation.

- 17 -
A) - EVOLUTION DU .armE RURAL
1) - L'agriculture pour l'industrie et l'exportation: le
tableau nO 4 nous montre que "l'agriculture industrielle et d'exportation"
qui représentait 18,8 % (1960), 14,9 % (1965), 13,3 % (1975) et 12,7 %
(1980), 12,1 % et 9,7 % (1986) du P.I.B. (tableau nO 3) est dominé par
le groupe de produits: café, cacao dont la contribution s'élève à 79,9 %,
73,8 %, 66,6 %, 65,4 %, 63,7 % et 60,1 % de la valeur ajoutée de cette
activité. L'on verra avec les tableaux numéros 14 et 15 que ce même groupe
de produits représente la grande partie de la valeur des exportations
ivoiriennes.
TABLEAU N° 3 - EVOLUTION DE LA STRUCTURE DE LA PRODUCTION INTERIEURE
BRUTE EN %.
~
SECIEl.JRS
1960
1965
1975
1980
1984
1985
1986
nt
SECTEUR PRIMAIRE .••
46,8
39,4
34,2
31,7
27,8
25,3
28,6
SECTEUR SECONDAIRE.
15,2
19,0
23,8
24,8
31,6
36,8
17,0
SECTEUR TERTIAIRE ••
38,0
41,6
46,0
49,5
40,6
37,9
54,4
TOT AL •....•• 100
100
100
100
100
10C
100
SOURCE
1 - Ministère du Plan de la République de Côte d'Ivoire.
2 - B.C.E.A.O. - Statistiques Economiques et Monétaires
nO 335 1985. N° 346 Février 1986. Rapport annuel
de la
Zone Franc 1986. Paris.
Nous notons cependant que, la production intérieure brute
(P.I.B.), à la différence du Produit Intérieur Brut (P.I.B.), ne
comptabilise pas l'activité
des
services publics.

- 18 -
Avec le tableau nO 4, l'on voit combien la structure de la
production agricole pour l'industrie et l'exportation retrace une
certaine volonté non seulement de réduire la part du groupe de produits
café-cacao dans la valeur ajoutée de ce groupe d'activité mais aussi
la volonté de diversifier cette production. Bien qu'assez sensible, la
réduction de la part du groupe café-cacao n'est pas nette: cela tient
au fait que le cacao profite d'une certaine stabilisation des quantités
et surtout des surfaces consacrées au café pour s'élever. L'effort de
diversification(1) porte surtout sur le groupe des oléagineux(palmier
à huile, arachide, coprah etc •.. ), sur le caoutchouc dont la produc-
tion a commencé à croltre avec la contribution des plantations d'hévéas,
sur le coton dont la production relativement faible actuellement est
passée de 7.000 tonnes·en 1960 à 5.000 tonnes en 1970. En même temps
qu'on cherche à diversifier afin de relier cette partie de l'agriculture
aux industries de transformations locales, on prospecte de nouveaux
débouchés(2) pour les produits traditionnels d'exportation(café, cacao)
car il semble que la Côte d'Ivoire n'arrive plus à écouler sa produc-
tion tant de café que le cacao malgré une très nette amélioration de la
qualité du produit(95 % de café de qualité supérieure en 1987 contre
17,8 % en 1959) et la création de sociétés de stockage en France et aux
Etats-Unis. Il est vrai que la production a considérablement augmenté
entralnant une baisse relative des prix d'achat aux producteurs(graphi-
ques l et II) puis, en 1965, compte tenu du poids important du café
dans l'économie ivoirienne et des problèmes extérieurs qu'il pose,
l'interdiction pure et simple de toute nouvelle plantation de caféiers
en Côte d'Ivoire.
(1) - Il s'agit surtout des grandes opérations de plantation de pal-
mier à huile(50.000 hectares)en voie de création grâce au Fonds
Européen de Dévéloppement(F.E.D.). Leurs contributions au P.I.B.
ne pourront être appréciées que vers 1980. Il s'agit aussi des
plantations d'hévéas(15.000 hectares)pour la production de Latex.
(2) - Elargissement du marché du café vers le Japon et le Proche-Orient
(Arabie Saoudite, Liban)qui sont des marchés échappant au contin-
gentement de l'Accord International, compensant de la sorte les
achats des Etats de la C.E.E.(moins la France), qui sont devenus
insignifiants : 6,9 milliers de tonnes au lIeu de 18 en 1975.

- 19 -
Il semble pour le moins probable que toutes ces mesures manifestent la
disposition progressive des conditions internationales qui, pendant les
années encadrant l'année de l'indépendance, avaient permis à la Côte
d'Ivoire de connaître une conjoncture très favorable pour l'écoulement
de son café et de son cacao. On sait:
TABLEAU N° 4 - EVOLUTION DE LA STRUCTURE DE LA PRODUCTION AGRICOLE
POUR L'INDUSTRIE ET L'EXPORTATION EN %.
GROUPE
PRODUITS
1960
1965
1970
1975
1980
1982
1984
1986
DE
PRCUJITS
1
CAFE-CACAO •..
79,9
73,8
66,6
61,7
57,8
54,2
51,7
54,1
2
BANANES,ANANAS
COLAS .........
12,3
14,9
13,8
15,8
13,6
18,5
21,1
22,2
,
3
OLEAGINEUX ..••
6,3
6,8
8,0
10,5
13,5
14,6
16,7
17,0
4
COTON, TABAC,
CANNE A SUCRE
-
-
-
12,5
7,1
7,0
5
4,1
5
CAOUTCHOUC ....
1,5
4,5
11,6
9,4
8,0
5,7
4,1
2,6
T 0 T AL ••••••••• 100
100
100
100
100
100
100
100
SOURCE
- Perspectives Décennales (1960 - 1970) du Ministère du Plan.
Plan Quinquennal 1971 - 1975 et Plan 1976 - 1980 de la
République de Côte d'Ivoire.
- La Côte d'Ivoire en chiffres 1980 - 1981 et 1987 - 1988
ABIDJAN
- Rapports Economiques et Financiers 1985, 1986 et 1987 du
Ministère de l'Economie et des Finances de la Répubique
de Côte d'Ivoire - ABIDJAN.

- 20 -
par exemple que les quotas d'exportation sur les marchés
tradition-
nels (130.000 tonnes) accordés à la Côte d'Ivoire par l'Organisation
Internationale du café (O.I.C) ont été établis sur la base des récol-
tes plus faibles qu'actuellement. La stabilité de ces quotas ne cons-
titue donc plus une condition favorable pour la Côte d'Ivoire qui
doit alors d'une part financer d'importants stocks et d'autre part
assurer au prix d'achat au producteur grâce à la Caisse de Stabili-
sation une évolution bien en dessus de celle des prix d'exportation
(Graphiques 1 et II), surtout dans le cas du café. Ces actions toute-
fois ne rendent pas compte comme on pourrait le croire de la seule
importance politique et économique des planteurs, elle signalent
aussi un des facteurs décisifs de la croissance du "secteur moderne"
que nous analyserons plus loin : le maintien de la demande solvable
par un processus de type inflationniste.
Pour en revenir à la poliLique
sou li-
gnons qu'elle est mise en oeuvre par des
mixtes
dont l'objectif principal est de
voit alors
que la
dustrielle
et non
devant
de
et d'importance quant aux effets, les industries de transformation
comme une réponse à la transformation du monde rural tout entier ;
de toute évidence,
dans ce dernier cas, olus que l'inversion, les
implications d'une telle inversion devraIent se révéler décisives.
Il semble en effet que la mise en oeuvre de la politique de diversi-
fication par des sociétés privées ou mixtes ne tend pas à une trans-
formation qualitative des diverses dimensions socio-politico-idéolo-
giques du monde rural mais à un type de désintégration ou de destruc-
turation qui faciliterait l'extension lente des rapports de produc-
tion capitalistes, ce type de destructuration devant presque s'opérer
par mimétisme.
Comment se traduit toutefois sur le terrain la prépondérance
du groupe de produits café-cacao?

- 21 -
La culture du café et du cacao couvre environ 38 % des
superficies cultivées, les autres cultures pour l'industrie et l'ex-
portation n'en couvrant environ que
6,4 %. Rien qu'en 1960, les
seules exploitations caféières occupaient
534.700 hectares, soit
près de
25 % des superficies cultivées.
Avec les cultures pour l'industrie et l'exportation, s'est
dévéloppée en Côte d'Ivoire ce qu'on appelle une Agriculture de plan-
tation.
Ce type d'agriculture favorisa dans le "Monde rural" des
transformations dont "l'exode rural" n'est semble -t-il qu'une consé-
quence.
L'on comprend pourquoi nous avons préféré la dénomination
"Monde rural" à la dénomination si usitée de "secteur traditionnel ll •
Il nous paraissait assez décisif d'employer cette terminologie qui
rend beaucoup plus compte de la complexité des "modes de vie" en pré-
sence que ne le fait la terminologie de "secteur traditionnel". Un
mode d'attaque du "monde rural" devenait possible qui nous permettait
de circonscrire les formes d'activités en présence, en même temps que
la différence de leur évolution. Nous nous contenterons toutefois ici
de l'analyse de l'Agriculture vivrière et de l'Agriculture pour l'in-
dustrie et l'exportation ou Agriculture de plantation qui forment
les deux principaux types d'activités que recouvre le concept de
"monde rural".
Comme nous l'avons dit ci-dessus, l'agriculture pour l'in-
dustrie et l'exportation est envahie par le capital et les rapports
qu'il exprime. Ce type d'agriculture voit donc se ,:évelopper le
salariat et une quasirationalité capitaliste. Cela entraîne des mu-
tations importantes dans la structure complexe du "monde rural".
Néanmoins, comme nous l'avons vu, la production de ce type d'agricul-
ture n'a pas cessé d'augmenter. Elle est marquée par la liaison de
"L'Agriculture de plantation au marché international, c'est-à-dire
que c'est surtout la demande extérieure qui explique pour l'essentiel
l'accroissement de presque toutes ses dimensions, accroissement dont
l'effet de plus manifeste à côté de "l'exode rural" est l'extension
de la pénétration de la monnaie. Cette extension de la pénétration
de la monnaie entralne un déplacement d'importance dans l'organisa-
tlon

- 22 -
antérieure du travail (1) et dans la répartition du produit qui lui
correspondait. Ces déplacements ont pris évidemment naissance dans
la période coloniale, mais depuis l'indépendance, ils ont été ac-
célérés, favorisant une double émigration, l'une vers les villes
et notamment Abidjan, étant le fait d'Ivoiriens, l'autre, vers les
plantations du Sud (la plupart des plantations se trouvent au Sud)
étant le fait d'une importante main-d'oeuvre africaine non-Ivoirienne
qui va en grande partie travailler comme salariés agricoles. Ces dé-
placements ont entraîné la réduction des modes de répartition des pro-
duits du travail impliqués par la forme de propriété de type patriar-
cale et communautaire par le biais d'une certaine transformation de la
"Responsabilité sur la terre" (2) reconnu au "Chef" (Roi ou Prince)
par le droit africain dit "traditionnel" en droit de propriété privée
et individuelle de fait relevant du "droit moderne". L'appropriation
privée et individuelle est d'ailleurs favorisée par le parti Démocra-
tique de Côte d'Ivoire (P.D.C.I, parti unique) et par l'Etat. En 1966,
en effet, le Bureau politique du P.D.C.I" ••. décide dans l'attente de
la loi et des règlements d'application ( de la loi domaniales et fon-
cière) que lorsque la terre a fait l'objet d'une mise en valeur qui
s'est traduite par une emprise permanente et individuelle suc le sol,
l'auteur de ladite mise en valeur à l'exclusion de tous autres déten-
teurs de droits coutumiers sur le sol peut requérir l'immatriculation
en son nom de cette terre.
(1) - Il convient de souligner que les variations dont il vient d'être
question n'autorisent nullement à conclure sur l'amélioration de
la rentabilité dans le domaine de l'agriculture. Il faut en effet
tenir compte de l'ensemble de l'économie.
(2) - Voir à ce sujet les travaux de l'année 1969 du Laboratoire d'An-
thropologie juridique dirigé par MM. ALLIDT et VERDIER, notamment
les travaux effectués avec la collaboration de E.LEROY,
RAKOTO etc ... , ainsi que "Eléments du Corpus Wolof: "le système
foncier" par Mamadou NIANG et Etienne LEROY.
Voir, thèse d'Etat en Droit de M. FlAN: "Le système foncier en
Côte d'Ivoire". Paris 1986 et "Réalités Ivoiriennes," nO 48 du
4 Novembre 1962 Page 2.

-
23 -
TABLEAU N° 5 -
EVOLUTION DE LA PRODUCTION VIVRIERE (EN MILLIERS
DE TONNES)
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
C E REA L K S
-=-=-=-=-=:-=-=
RIZ-PADDy ..........
420
390
450
360
514
540
560
MA rs ...............
345
375
423
435
520
480
420
MIL ••..•.••.•..•..•
33,5
32
29,5
26
41
45
49
SORGHO .............
21
19
18,8
17
22,5
23
13
FON
-
10 .•..•.••..•...
7
5,7
5,8
5,5
7,2
7
-
F K CUL K ft T S
-~-=-=-=--=-=-=-=
IGNAME •..•...••...•
2.340
2.220
2.540
2.450
2.470
2.600 2.300,0
MAN IOC ............•
1.253
1.218
1.230
1.210
1.250
1.520 1.250,0
BANANES PLANTIN •..•
1.223
1.278
1.320
1.150
1.000
1.300 1.010
TARO ••....••.•.••.•
200
205
202
295
260
300
PATATES DOUCES .....
12
12
12
12
12
12
-
POIS DE TERRE ......
3
3
3
3
3
3
T 0 T A L......
5.875,5 5.757,7 6.234,1 5.963,5 6.099,7 6.91°'::'1 5602
1
1
SOURCE
Statistiques rurales 1985. Rapport Economique et Financier
1986 du Ministère de l'Economie et des Finances de Côte
d'Ivoire. La Côte d'Ivoire en chiffres 1986-1987 ABIDJAN.

- 24 -
2)
L'Agriculture vivrière: L'évolution de l'agriculture
vivrière sera saisie pour six périodes :
1955
- 1960
1960
- 1965
1965
- 1970
1970
- 1975
1975
- 1980
1980
- 1984
1984
- 1986
Le tableau nO 5 nous indique un accroissement absolu de
l'ordre de 1.400.000
tonnes pour
1955 - 1960, soit un accroissement
relatif de la production vivrière de près de
50 %. La période
1960 - 1965 n'est au contraire marquée que par un accroissement de
600.000 tonnes, soit un accroissement relatif de la production vivrière
de près de 15 % seulement. Pour la période 1966 - 1970, on remarque
un accroissement absolu de plus de 700.000 tonnes, soit à nouveau
un accroissement relatif voisin de
15 %, très inférieur à celui cons-
taté entre 1955 et
1960. Enfin, pour la période 1980 - 1986, on
constate également un accroissement relatif de la production vivrière
de près de
13,3 %.
Il semble que la première période puisse facilement s'ex-
pliquer si l'on tient compte du crépuscule colonial, des interven-
tions de l'appareil colonial, des salaires subordonnés des fonction-
naires et travailleurs africains et du fait que l'exode n'ayant pas
encore l'ampleur des périodes suivantes, la population ivoirienne
dans sa très grande majorité posait directement à l'agriculture les
problèmes de sa subsistance.
Avec la deuxième période, des libérations (de salaires no-
tamment) eurent lieu qui se traduisirent par une demande de produits
importés et une modification du rapport des produits vivriers commer-
cialisés (P.V.C) et des produits vivriers auto-consommés (P.V.A).
Au cours de la troisième et de la quatrième périodes, l'ac-

- 25 -
croissement de la production vivrière (1) et le rapport
P.V.C. grâce
P.V.A
à "l'opération riz" (1) dont la production sur périmètres irrigués a
favorisé une relative intégration de la région du Nord où sont créés
ces périmètres.
La deuxième, la troisième, la quatrième, la cinquième et la
sixième période quinquennales portent comme on a pu le constater, l'em-
preinte d'un choix au profit de deux céréales : riz et mals.
Une recherche sur ces céréales nous a permis de voir qu'elles
fourniraient respectivement 3.600 (riz) et 3.560 (mals) calories par
kilogramme pour des rendements à l'hectare de l'ordre de 2.500 Kgs
(riz irrigué) et 700 Kgs (mals). A la même occasion, nous avons cons-
taté que pour des valeurs calorifiques bien moindres, l'igname, le
manioc, le taro et la banane-plantain avaient des rendements à l'hec-
tare supérieurs à ceux du riz et du maIs.
Quand on s'attache à la période 1960 - 1970, on constate un
accroissement global de la production vivrière qui a été d'environ
1.350.000 tonnes, soit un accroissement relatif de l'ordre de 30 %,
accroissement inférieur à celui de la seule période quinquennale
1955 - 1960. En rapportant respectivement ces accroissements de la
production vivrière à ceux de la population ivoirienne (2) pour les
périodes corres-
(1) - Les productions de tubercules, racines et bananes plantain sont
des estimations. Les auteurs des "perspectives Décennales" ont
admis pour ces produits un taux d'accroissement entre 1965 - 1970
et 1970 - 1975 "identique à celui de la population ivoirlcnne",
soit 2,5 % par an. Il en a été de même pour le mil, le sorgho et
le fonio, alors que le taux retenu pour le mals et le riz est de
6 %.
(2)
Pour l'évolution de la population ivoirienne, voir la Côte d'Ivoire
en chiffres.
1981 - 1982 et 1987 - 1988
ABIDJAN.

- 26 -
pondantes, nous avons déterminé les coefficients 8i(1) qui nous si-
gnalent théoriquement la façon dont l'agriculture vivrière couvre les
besoins de la population Ivoirienne en produits vivriers selon les
périodes.
Ainsi, voit-on que de 1955 à 1960 :
81 ----)2,89
la production vivrière a augmenté plus vite
que la population. Ce qui ne fut plus tout à fait le cas entre 1960 et
1970 puisque
82---) 1,25
la production vivrière n'augmente que légè-
rement plus vite que la population.
Avec les périodes 1975 - 1980 et 1980 - 1987 où
~3 et 84
= 6,95, la tendance s'accentue très nettement: la
population augmente légèrement plus vite que la production vivrière.
On voit que s'il n'avait été considéré que les périodes 1960 - 1970 et
1970 - 1975, on aurait obtenu une tendance qui masquerait l'évolution
différente de la population et de sa production vivrière.
Ces coefficients, comme on s'en doute, ne tiennent pas compte
de la dispersion de la population ivoirienne ni des déséquilibres ré-
gionaux que manifeste cet accroissement identique ou légèrement di-
vergent de (P.V.I) et de (Ni). Nous verrons ci-dessous que les habitudes
de consommation interviennent dans l'accentuation de ces déséquilibres.
On peut néanmoins conclure que dans l'ensemble, il y a eu de modifica-
tions dans la partie du "monde rural" où domine incontestablement le
mode de production patriarcal et communautaire. Cette partie du
"monde rural" reste caractérisée par des rapports de production fami-
liaux et parentaux ainsi que par les liens de dépendance politique,
économique et idéologique impliqués par de tels rapports. La "propriété
de la terre y est communautaire et le mode
( 1) - Bi
= 0 PV l
- - -
PVI

0 PVI est l'accroissement de la production
vivrière
ON!
pour la période i et où 0 Ni est l'accroissement
--NI
durant la période i. Bi msure l'élasticité ou
réaction de la production vivrière à tout accrois-
sement de la population.

- 27 -
B)
EVOLUTION DU SECTEUR DIT
"MODERNE".
Comme on a pu le voir avec le tableau nO 3, le secteur se-
condaire a pris un essor que les auteurs du plan
1960 - 1970 vou-
draient décisif. Ceci n'exclut d'ailleurs pas une profonde inquiétude
due à la structure de l'appareil de production dit moderne, c'est-à-
dire présentant des similitudes certaines avec la structure de pro-
duction des pays "dévéloppés". Cette structure combine, en effet,
des facteurs dont l'un, le capital moyen de production, est la pro-
priété privée de non-Africains.
L'évolution du secteur secondaire dont la part dans le
P.I.B. passe de 12,4 % en 1960 à 19,4 % en 1965, puis à 26,0 % en
1970, 32,1 % en
1975 à 35,9 % en
1980 à 47 % en 1985 et à 51,7 %
en 1986 essentiellement due aux industries de transformation
(tableau nO 6). Il faut noter que parmi ces industries de transfor-
mation, certaines branches d'activité (industries alimentaires,
industries textiles et industries de montage et de réparation) as-
surent à elles seules 34,4 % (1960) , 45,7 % (1965), 53,1 % (1970),
57,3 % (1975), 61,3 % (1980), 67,4 % (1985) et 70,6 % (1986) de la
production industrielle (3).
(1) - On peut lire dans le plan
1960 - 1970 qu'on a vu "s'élargir
les superficies cultivées en cultures vivrières."
(2) - Nos constatations se rapprochent de celles dr 5AMIR AMIN dans
son livre: "Trois expériences Africaines de dévéloppement :
Mali, Guinée et Ghana. "Nous nous séparons toutefois totale-
ment des conclusions qu'il en tire.
(3) - La Côte d'Ivoire en chiffres
1986 - 1987 ABIDJAN
1988.

-
28 -
TABLEAU N- 6 - EVOLUTION DE LA STRUCTURE DE LA PRODUCTION INDUSTRIELLE
BRANCHE D'ACTIVITE
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1986
1
(EN %)
1
INDUSTRIES ALIMEN-
TAIRES .• : .••.••..••
15,5
20,9
17,6
13,0
15,0
21,0
23,0
ENERGIE EAU •...••..
26,4
16,4
15,0
14,1
16,4
20,5
21,7
ACTIVITES EXTRACTIVES
10,3
7,5
4,0
3,1
2,5
1,7
0,9
METAUX, MATERIAUX DE
CONSTRUCTION, ENGRAIS
2,2
5,8
6,8
8,5
9,1
10,5
8,7
CHIMIE, PARACHIMIE ET:
CAOUTCHOUC •....••••.. ;
0,8
2,9
2,7
3,0
3,7
3,9
4,7
INDUSTRIE DE BOIS .•..
7,6
5,4
5,2
5,7
6,3
7,7
5,2
MONTAGE ET RAPARA-
TIONS DE VEHICULES ...
10,6
9,8
7,7
6,1
6,7
5,3
3,7
AUTRES INDUSTRIES
ELECTRIQUES ET
MECANIQUES •...••.••..
4,9
6,1
5,9
7,0
6,5
5,9
3,6
INDUSTRIES TEXTILES,
CUIRS ET CHAUSSURES ..
10,3
15,0
14,8
15,7
13,5
15,9
10,1
CORPS GRAS .........•.
9,4
6,5
5,8
4,5
6,9
7,1
7,9
ARTICLES EN CAOUT-
CHOUC ET EN MATIERE
PLASTIQUE .•••..••.••.
PATES A PAPIER, VERRE,
CERAMIQUE ET DIVERS ..
2,0
3,2
14,5
15,9
17,1
15,7
10,5
TOT A L......
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
SOURCE
Ediafric n° Spécial: " L'Economie Ivoirienne" 1977,1980,1985.
Rapport Economique et Financier du Ministère de l'Economie et
des Finances de la République de Côte d'Ivoire 1985. ABIDJAN.
La Côte d'Ivoire en chiffres, Edition 1986-1987. ABIDJAN 1988.

- 29 -
Dans les industries alimentaires, il semble que l'effort
ait essentiellement porté sur la production d'allumettes et de tabac,
de café soluble, de beurre de cacao, de thé, de conserves de poissons
et de fruits, la production industrielle de farine à partir du blé
importé. On a avant tout tenté, ce qui est raisonnable, de substituer
une "production locale" à certaines importations, d'une part et d'autre
part, de "valoriser" certains produits destinés aux exportations. Deux
types d'activités se sont donc dévéloppés que l'on peut distinguer à
partir de l'origine locale ou extérieure de leur consommation intermé-
diaire. Ainsi ressort l'effet d'approvisionnement.
1) - Industries à consommation intermédiaire (1) importée.
Elles constituent la majorité des "industries ivoiriennes."
2) - Industries à consommation intermédiaire d'origine locale.
Il s'agit surtout des industries en aval de l'agriculture
dites pour "l'industrie et l'exportation".
Bien que la quasi-totalité des industries des groupes 1 et 2
soit créée, dirigée, contrôlée et dominée par des "expatriés" ou non-
africains, comme on s'en doute, il nous a paru nécessaire de faire la
distinction ci-dessus pour bien montrer que l'industrialisation ivoi-
rienne a été conçue comme une ex-croissance du capitalisme français.
Il nous faut toutefois souligner que l'ex-croissance dont il s'agit
ici est par la forme différente de l'ex-croissance du capitalisme
Anglo-Saxon, par exemple, ex-croissance qui fut à l'origine de l'in-
dustrialisation des Etats-Unis. Cette différence qui est, néanmoins
perceptible dans le cas de l'Afrique du Sud, ressortira plus nettement
ci-après.
3) - Evolution de l'emploi
La population active a été dénombrée à 1.800.000 personnes
en 1960, ce qui donnait un taux d'activité de 53 % environ. Cette po-
pulation
(1) - Par industries à consommatIon intermédiaire, il faut comprendre
industries ayant l'essentiel de leur consommation intermédiaire.

- 30 -
Et puis, cette population se chiffre à 4.130.574 personnes en 1986
présentant ainsi un taux d'activité de 40,3 %, bien que cela ne res-
sorte pas des données ci-dessus, il nous faut signaler que d'une
part le taux d'activité va baisser de près de 6 % et que, d'autre
part, la main-d'oeuvre salariée qui représentait plus de 9 % de la
population active en 1960, représentera 13 ra en 1970, 15 % en
1975, 17,6 % en 1980 , 19,7 % en 1984 et 22,5 ra en 1986. La main-
d'oeuvre salariée passera en effet de 170.000 personnes en 1960, à
290.000 personnes en 1970, 527.000 personnes en 1975, 725.000 person-
nes en 1981 ,
812.500 Personnes en 1984 et 945.000 personnes en 1986,
subissant ainsi un accroissement absolu ~s) de près de 357.000 per-
sonnes pour un accroissement absolu de la population active (~Pa) de
400.000 personnes. Nous pouvons calculer la propension des "autres
secteurs" à alléger la charge démographique pesant sur l'agriculture
Cl 'agriculture industrielle et d'exportation fait partie des "autres
secteurs"), soit:
d = ~s
=
0,8 et
d = As
= 0,9.
/JPa
AP8
Ainsi donc, durant la période 1960 - 1975 et
1976 - 1986,
la propension des autres secteurs, qui sont des secteurs où prévaut
le salariat, à alléger la charge démographique pesant sur l'agricul-
ture, a été égale à 0,8 (1960 - 1970 = 0,8
et 1975 - 1986 = 0,9).
Le mouvement naturel de la population étant généralement
plus important dans l'agriculture que dans les autres secteurs, tout
déplacement de la population agricole vers la forme de rémunération
salariale allégerait les charges de l'agriculture au niveau sectoriel
dans la mesure où, justement, pour ce niveau qui est aussi une forme
d'organisation, se trouverait déplacé le problème de la subsistance
du groupe.
Ainsi, peut-on comprendre que, d'une part, mode de produc-
tion n'ait guère augmenté et que, d'autre part, ce qui pouvait être
une solution sectorielle devienne un problème "national" qui prend
la forme d'un décalage entre l'offre et la demande. Nous l'avons ci-
dessus. Mieux, la faible proportion dans laquelle les autres secteurs
(à l'exception de l'agriculture vivrière) absorbent l'accroissement
de la population active semble
significative.

- 31 -
La capacité d'absorption de l'accroissement de la population active est
en effet grande dans l'agriculture de salariat (agriculture pour l'indus-
trie et l'exportation) ; environ 1 % par an contre 0,7 % pour l'indus-
trie, bien que le pourcentage de la main-d'oeuvre salariée employée par
le secteur industriel passe de 7,7 % en 1960 à 14,1 % en 1970, 15,2 %
en 1975, 16,9 % en
1980, 18,1 % en 1984 et 20,5 % en 1986, soit 4,5 %
(1986), 2,8 % (1980), 1,3 % (1975) et 1,8 % (1970) contre 0,7 % (1960)
de la population active.
Pendant ce temps, l'agriculture de salariat, tout en n'emplo-
yant plus que 40,5 % en 1970, 35,6 % en 1975, 32,7 % en 1980, 29,1 %
en 1984 et 31,3 % en 1986, de la main-d'oeuvre salariée au lieu de 46,2 %
en 1960 augmenterait le pourcentage de la population active qu'elle oc-
cupe, 5,2 % en 1970, 7,1 % en 1980, 9,7 % en 1984 et 11,5 % en 1986
contre 4,1 % en 1960 (effet de l'immigration).
On peut donc avancer que la possibilité qu'a la population
active de quitter l'agriculture pour devenir main-d'oeuvre salariée
dépend de l'extension du travail salarié dans le "monde rural" - exten-
sion qui pourrait introduire dans tout ce monde rural dont il bdule-
verserait les cloisonnements tribaux, le mode de vie caractéristique
des centres urbains et de l'industrialisation générale de la Côte d'Ivoire,
industrialisation qui devrait favoriser entre autre la socialisation de la
production agricole vivrière.

TABLEAU N° 7 -
STRUCTURE DE L'EVOLUTION DE L'EMPLOI SALARIE
-_.
MILLIARDS DE F.CFA
1980
%
1981
%
1982
%
1983
%
1984
%
1985
%
1986
0l.
,0
1987
%
~AŒImlE••••••
95.:03
29,6
70.772
26,1
94.001
31,5
64.259
26,7
62.141
26,0
42.155;
38,3
59.642
38,3
39.172
26,8
~ INlf) ET MINIER
2.896
0,9
1.202
0,4
3.327
1,1
0.875
0,4
2.2:6
0,9
0.281
0,3
0.473
0,3
0.912
0,6
I:EVEI.J::Ilf'E TERT EXffiA-
AI:::M: ••••••••••••••••••••••••••
8.233
2,6
8.893
3,3
2.768
0,9
3.421
1,4
0.7fJ7
0,3
l.ffi7
1,7
0.366
0,2
1.035
0,7
1
~ ...................
51.619
16,5
67.516
24,9
62.1:0
22,3
:6.358
23,4
64.004
26,8
21.231
19,3
43.917
28,5
45.CB
31,0
C\\J
(\\')
FUmS ET 'IE1ECXJtMMCATIe.:t6.
-
0,0
-
0,0
-
0,0
1.Cffi
0,5
-
0,0
0.643
.),6
-
0,0
-
0,0
1
~IE ••••••••••••••••••••••
10.074
3,2
4.045
1,5
5.005
1,7
10.caJ
4,2
6.70)
2,8
0.4L1O
0,4
C.615
0,4
-
O,U
URBAN:ŒM: ET HABITAT•••••••••
:6.155
18,0
35.799
13,2
47.179 15,7
42.199
17,5
42.747
17,9
19.574
17,8
25.001
16,3
26.591
18,2
ACTIONS SOCIALES •••..•.••.•••
1.245
0,4
-
0,0
1.:65
0,5
o.an
0,1
0.210
0,1
0.074
0,1
0.095
0,1
0.225
0,2
I:EVEI.J::Ilf'E SANITAJRE••••••
2.413
0,8
2.705
1,0
0.758
0,3
4.192
1,7
1.339
0,6
3.792
3,4
8.031
5,2
13.652
9,4
FCN:E REGICNAUX D' MFNAG.
~........................
1.033
0,3
0.845
0,3
1.540
0,5
1.669
0,7
1.693
0,7
1.43)
1,3
1.610
l,a
1.762
1,2
ACTle.:t6 a.n..T. ET œ m::MJI'ICN
5.963
1,9
0.659
0,2
6.510
2,2
4.991
2,1
4.119
1,7
0.226
0,2
0.379
0,2
0.332
0,2
ACITCN5 Œ F<B1ATICN.........
37 .ffi3
32,0
42.102
15,5
37.645
32,5
23.944
9,9
29,237
12,2
5.973
5,4
'::>.700
3,7
8.63)
5,9
E'lUJE) REIlElnS CE'ŒR. FCmA
0.377
0,1
0.570
0,2
1.010
0,3
0.515
0,2
0.43)
0,2
0.552
0,5
1.388
0,9
0.225
0,2
AI:JfiNIS'IRATICN ~ ••••••
18.cm
5,8
25.f:Od
9,5
19.696
6,5
22.947
9,5
aJ.334
8,5
9.235
8,4
6.317
4,1
7.415
5,1
~ ...................... 24.417
7,8
10.cm
3,7
11.831
3,9
3.731
1,6
2.912
1,2
1.789
1,6
-
0,0
O,4(()
0,3
~ ENTERIEURE••••••.•••
0.3X>
0,1
0,625
0,2
0,182
0,1
0,23J
0,1
O,2CX>
0,1
0,7'3)
0,7
1.190
0,8
O,2fD
0,3
TOT AL••••.•.•.•.••••
332.844 100,1
m.342 100,1 3)1.047 100,0 2«:>.648 100,0 239.109 100,0 109.~ 100,0 153.864 100,2 145.879
99,9
SOURCE: Rapports d'activité BSIE
-------
-- -----
-

- 33 -
Avec le tableau nO 7 qui donne la répartition et l'évolution
de l'emploi salarié par branche d'activité, nous avons en quelque
sorte la réponse de la population active à la capacité qualitative
d'absorption des différents secteurs. Il ressort, en effet, de ce tableau
que l'augmentation de la main-d'oeuvre salariée entre 1960 et 1987 est
constituée pour plus de 45 % de main -d'oeuvre banale, pour environ
48 % environ d'ouvriers (spécialisés, qualifiés) et d'employés (1) et
par près de 7 % d'agents de maîtrise, cadres, techniciens et personnels
de direction. On constate ainsi, que la Fonction Publique emploie 36 %
des agents de maîtrise, cadres, techniciens et personnels de direction,
le secteur industriel 31 % et l'agriculture 4 %. En ce qui concerne
cependant la main-d'oeuvre banale, c'est l'agriculture qui en absorbe
la plus grande majorité, près de 65 ra. Ceci confirme évidemment nos cons-
tatations précédentes, à savoir, extension du travail salarié dans
le monde rural et tout particulièrement dans les plantations, c'est-à-
dire la partie du monde rural où domine l'économie de plantation.
D'ailleurs, l'accroissement de la main-d'oeuvre salariée dans le monde
agricole sera principalement le fait des "grandes opérations de planta-
tion" qui exigeraient d'ici 1988, la mise au travail de 105.000 Person-
nes (2).
Si l'on répartit la main-d'oeuvre par "nationalité", on cons-
tate qu'en 1987, la main-d'oeuvre banale n'était plus constituée que par
35 % de personnes de nationalité ivoirienne contre 41,8 % en 1971 (d'où
l'effet d'immigration mentionné ci-dessus).
(1) - Le secteur privé industriel et commercial occupe près de 44 % des
salariés en 1965, 1970, 1975, 1980, 1984 et 1987. Notons que le
secteur privé englobe l'ensemble du secteur privé à l'exclusion du
secteur privé agricole.
(2) - La Côte d'Ivoire en chiffres 1979, 1980, 1981, 1982 et 1986 - 1987.
Plan quinquennal 1970 - 1975. Rapport Economique et Financier
1985 du Ministère de l'Economie et des Finances - ABIDJAN.
Côte d'Ivoire.

- 34 -
D'après le résultat partiel (quant à son étendue) d'une en-
quête des Services de Statistiques (1), il semble qu'il soit de plus
en plus demandé aux personnels de direction d'être Ivoiriens. C'est
ainsi que 15 % du personnel de direction étaient Ivoiriens en 1987
contre 5,5 % en 1971. A un niveau inférieur, on constate que 20 % des
cadres et techniciens étaient Ivoiriens en 1987 contre 15,4 % en 1971.
D'après la même enquête, on a noté que 81 % de l'ensemble des
salariés étaient domiciliés dans le département du Sud (y compris
ABIDJAN), que 65 % de ces salariés étaient domiciliés dans la seule
ville d'ABIDJAN où ils percevaient 78 % des salaires versés en
Côte d'Ivoire qui est le plus particulièrement concernée par l'extension
du travail salarié agricole et les bouleversements qu'il y entraine.
La structure de l'évolution de l'emploi à ABIDJAN va nous don-
ner une idée de l'importance de l'emploi dans les autres villes de la
Côte d'Ivoire. En rapprochant, en effet, les tableaux 9 et 10 ci-des-
sous, nous pouvons nous permettre un calcul très approximatif et très
simple.
Si les effectifs salariés de l'agriculture s'élèvent à
125.141 Personnes en 1987, et si les effectifs salariés des secteurs
modernes, publics, traditionnels et services domestiques s'élèvent à
141.600 personnes, on voit qu'il reste pour la Côte d'Ivoire (Abidjan
et agriculture pour l'industrie et l'exportation exclues), 40.650 per-
sonnes environ dont 21.571 salariés de la Fonction Publique et 18.569
salariés du secteur privé
("traditIonnel" et privé expatrié) sur les
301.765 emplois salariés créés pour 1987, qui le sont dans les autres
villes de la Côte d'Ivoire (2).
(1) - Bulletin de Statistique de Côte d'Ivoire, 1965, 1970, 1975, 1980
et 1985. Précisons que la Fonction Publique a été exclue de l'en-
quête et que les services domestiques et l'agriculture n'ont été
que très partiellement couverts par l'enquête.
(2) - La Côte d'Ivoire en chiffres 1986 - 1987 ABIDJAN 1988.

TABLEAU N° 8 -
ACCROISSEMENT DE LA MAIN-D'OEUVRE SALARIEE DE 1960 A 1986 PAR BRANCHES D'ACTIVITE
~ D'QE.U- !
OUVRIERS
AGENTS DE CADRES ET PERSONNEL
BRANCHES D'ACTIVITES
EMPLOYES
TOTAL
-
~IWWE
MAITRISE
TE~ICIEN3 DE DlRECTIŒJ
SPECIALISES PJALIFIES
AGRICULTURE .•.••...••..
36.301
666
331
1.130
127
47
29
38.631
INDUSTRIE ET ENERGIE •••
8.209
10.462
5.563
1.257
1.409
325
225
27.450
BATIMENTS ET RAVAUX
PUBLICS ....••....••..••
8.000
3.124
1.274
589
410
166
155
13.680
TRANSPORT •••..••....•••
3.100
2.888
912
1.199
323
136
12
8.600
COMMERCE ET SERVICES •••
2.750
4.503
1.197
3.010
198
454
288
12.400
,
FONCTION PUBLIQUES .•.••
2.000
1.000
1.200
12.000
700
1.330
250
18.400
1.0
C")
TOT AL •••••.••
60.360
22.643
10.479
19.185
3.167
2.458
949
119.241
1
SOURCE: -
Tableau élaboré à partir des Perspectives Décinna1es (1960 - 1970) et du Plan Quinquennal
- 1971 - 1975 ABIDJAN.
- 1976 - 1980
- 1981 - 1985
- La Côte d'Ivoire en chiffres 1986/1987. ABIDJAN 1988.

-
36 -
TABLEAU N° 9 - REPARTITION IT EVOLUTION DI L 'IIIPLOI A ABIDJAN.
1 980
1 986
1
S
E
C
T
E
U
R
POURCEN-
POURCEN....
EFFECTIFS
EFFECTIFS
TAGE (%)
TAGE (%)
1
SECTEUR PR IVE ..••••••
58.300
61,9
73.583
54,3
SECTEUR PUBLIC •.•••••
13.411
14,2
23.567
17,5
SECTEUR TRADITIONNEL.
16,944
18,0
26,350
18,7
SECTEUR DOMESTIQUE •••
5.380
5,9
12.500
9,4
TOT AL •.••.••..
94.035
100,0
136.000
100,0
Le rôle dominant du secteur privé non-africain dans sa quasi-totalité
ressort très clairement dans le tableau nO 9 j 61,9 % des salariés installés à
Abidjan en 1965 et 56,1 % en 1986. La répartition de ces salariés dans le
tertiaire et le secondaire est la suivante
Le Tertiaire
50,5 % en 1965
-:-=-=-=-=-:
44,5 % en 1975
43,5 % en 1980
37,4 % en 1986
Le Secondaire
46,5 % en 1965
-=-:=-=-=-=-=-
51,5 % en 1975
53,0 % en 1980
51,1 % en 1986
(1) - Etude S.E.M.A. N° 5 zone urbaine d'Abidjan où
* Le secteur privé expatrié comprend :
- Le secteur primaire essentiellement pêche industrielle ;
- Le secteur secondaire, activité de transformation et de production
Le secteur tertiaire y compris la R.A.N.
(Régie Abidjan Niger), le
port et l'ASECNA ainsi que les activités de commercialisation et
de transport.
* Le secteur privé traditionnel comprend
- Commerce africain et Syro-Libanais (prépondérance Syro-Libanaise)
- Artisanal.

-
37 -
TABLEAU N° 10
- REPARTITION DES SALAIRES SELON LA QUALIFICATION ET L'ORIGINE'
-=-=-=-=-=-=-
NATIONALE (SECTEUR SECONDAIRE - EN POURCENTAGE). 1980 -
1986
AFRICAINS
TOTAL
NON
QUALIFICATION
IVOIRIENS
NON
DES ,TN~
1
AI'
AFRICAINS 1
CADRES SUPERIEURS •...•
10,1
0,6
10,7
94
MAITRISE . . . . . . . . . . . . . .
31,0
6,9
37,9
62,7
EMPLOIS QUALIFIES •.•..
67,3
31,1
98,4
7,6
EMPLOIS NON QUALIFIES.
48,5
44,2
92,7
0,1
TOT AL •••••••••
59.7
40.5
96.7
5.1
SOURCE
B.I.T.
: "L'Emploi en Afrique." Edition 1973 (Genève). Ministère
-=-=-=-=-=-
du Plan de Côte d'Ivoire.
2ème Esquisse du Plan 1971 - 1975. Rapport Economique et Financier
du Ministère de l'Economie et des Finances de la République de
Côte d'Ivoire. 1985 Abidjan. La Côte d'Ivoire en chiffres 1986-1987
ABIDJ AN 1988.

-
38 -
TABLEAU N° Il - OFFRES ET DEllANDES D' EllPLOI
TAUX.
D'ACCOOrs
1980
1986
1980
SDfNI'
1986
1987
1986
1980
1982
1986
1987
19:0-1931
(%)
(%)
(%)
(% )
DEMANDES D'EMPLOI 14.132
11.328
22,1
14.956
29,5
19.152
41,5
42,7
OFFRES D'EMPLOI ..
7.335
6.910
-
6.714
-
7.657
-
-
DEMANDES D'EMPLOI
INON SATISFAISANŒS 8.187
4.527
-
8.156
-
14.156
-
-
Ce tableau complète l'analyse faite plus haut en nous donnant une
idée de l'évolution entre 1980 et 1986 de la demande
d'emploi non satisfai-
sante.
Il est cependant opportun d'établir un examen rapide
de la balance des paiements de la Côte d'Ivoire et de ses prin-
paux postes.

-
39 -
PARAGRAPHE 2 -
ANALYSE DE L'EVOLUTION DE LA BAlANCE DES PAIEMENTS ET CELLE
DE SES PRINCIPAUX POSTES.
1) - EVOLUTION DE LA BALANCE DES PAIEMENTS
De 1960 jusqu'en 1986, la balance des paiements de la
Côte d'Ivoire a connu des fluctuations erratiques très sensibles aux
conditions du marché international. Elle est souvent demeurée défici-
taire. C'est surtout au niveau de la balance des opérations courantes
que la Côte d'Ivoire a le plus souffert de sa politique d'ouverture
totale sur l'extérieur (voir tableau n012 ~.
2) - ANALYSE DES PRINCIPAUX POSTES DE LA BALANCE DES PAIEMENTS.
a) - LA BALANCE DES OPERATIONS COURANTES
La balance des opérations courantes est un poste fondamental
dans la balance globale des paiements. En Côte d'Ivoire le solde du
compte courant a toujours été déficitaire depuis
1960; il s'est même
aggravé au début des années
1980(voir tableau n~ 29). Comme semble
l'indiquer le tableau, le déficit des opérations courantes est le ré-
sultat des évolutions des déficits des services et des transferts sans
contreparties : ils apparaissent comme les principaux responsables du
déficit total qu'ont connu les opérations courantes. Quant à la balance
des biens, son solde est demeuré depuis bien longtemps positif; ceci
ne signifie pas forcément que l'économie ivoirienne s'est bien com-
portée dans ses échanges
commerciaux avec l'étranger. Compte tenu de
la structure des exportations ivoiriennes, fondamentalement dominées
par des biens bruts primaires, on doit être prudent quant à l'analyse
du bilan arithmétiquement positif des échanges extérieurs. La réalité
économique est tout autre chose. Et justement, dans le cas de la Côte-
d'Ivoire et ceux de la plupart des pays sous-développés, l'excédent d'une
balance commerciale correspond à un transfert de richesses réelles vers
les pays développés.

TAB~EAU 1~ - PRESENTATION DE LA BALANCE DES PAIEMENTS DE LA COTE D'IVOIRE
(EN MILLIARDS DE FRANCS CFA)
POSTES
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
SOLDE DES BIENS ..
+ 34,0
+
26,6 + 34,3 + 35,8 + 86,2 + 48,7 + 137.4 + 2CO.4 + 128,9 + 104.1 + 84.3 + 99.7 + 199.0 + 223.0 + 651.0 + 623.0 + 389.3
ISOLDE DES SERVICES - 39.4 - 48.4 - 51.5 - 69.2 + 93,9 - 100,6 - 139.8 - 169,7 - 224.4 - 276,4 - 320.8 - 352.7 - 409,2 - 442.2 1- 468.0 1- 5Zl.C - 461.6
DONT LE REVENU DES
INVESTISSEMENTS
DIRECTS . . . . . . . . . . . - 8,4 - 1) ,5 - l.qs- 17.3 - 17,0 - 3).9 - 21.6 - 27.6 - 37.9 - 3).2 - 35.6 - 33.6 - 65,6
-
-
-
-
SOLDE DES TRANS-
FERTS SANS CONTRE-
PARTIE ...•....•... -
5.5 -
7,5 -
12.5 -
15.4 -
22.3 -
3).4 -
61.8 -
73.7 -
94.3 - 120.8 - 149.1 - 135.0 - 147.0 - 132.0 ... 124.0 '- 100.0 1- 1Œ.0
1
1
ç-
il"t LM~CE DES OPERA-
a
IT l '_jN~3 COURANTES ... -
10,5 -
29,3 -
29,7 -
48.8 -
14.6 -
82.3 -
59.4 -
43.2 - 189,7 - 293,3 - 411.7 - 321.0 - 357.2 - 344.3 - 176.0 1- 11.5 1- 178.3
SOLDE DE CAPITAUX. + 19,6 + 22,3 +
9,2 + 44.9 + 40.6 + 44.1 + 65.1 + 93.9 + 3J7,8 + 162, + 222.7 + 173.0 + 3)3,3 + ax>.7 + 139.0 + 125.4 + 142.2
SOLDE GLOBAL DE
LA BALANCE DES
PAIEMENTS (Y COM-
PRIS ERREURS ET
OMISSIONS ........ +
8,5 -
4,5 -
3).4 -
2.3 + 21,0 -
35.0 +
8.0 + 44.7 + 3),0 - 143.3 - 172.5 - 139.6 -
:D.9 - 2Œl.3 - 152.4 + 113.9 - 36.1
SOURCE
Tableau confectionné par l'auteur à partir des documents statistiques de la B.C.E.A.O. (Rapports d'activité.
Satistiques Economiques et Monétaires) et des Rapports Economiques et Financières 1985 et 1986 du Ministère
de l'Economie et des Finances de Côte d'Ivoire.
Statistiques Economiques et Monétaire nO 370 Avril 1988
P. 37 (BCEAO).

-
41 -
b) - LA BALANCE DES SERVICES ET DES TRANSFERTS
L'excédent commercial de la Côte d'Ivoire s'est éclipsé face
aux déficits structurels des balances des services et des transferts-
sans contreparties. Le solde des services a été supérieur à l'excédent
de la balance commerciale(voir tableau nO 29). Le poste des services
enregistre les mouvements de voyage des dépenses engagées à l'étranger
par les résidents, et les revenus des investissements. C'est ce dernier
poste qui a le plus durement affecté le solde des services en
Côte d'Ivoire: il correspond aux transferts des filiales et succursales
d'entreprises étrangères en Côte d'Ivoire et les intérêts dûs pour les
emprunts extérieurs. Les causes semblent structurellement liées au
choix d'une économie libérale, largement ouverte sur l'extérieur, à
la recherche d'un taux de croissance élevé. Ce choix a généré un apport
croissant de capitaux étrangers pour financer le système productif et
la croissance économique ; les uns et les autres agents économiques
étrangers perçoivent une rémunération sous forme de profits transférés
et d'intérêts versés.
Les capitaux privés, activés par un "Code d'Ivestissement",
se sont principalement orientés vers les secteurs susceptibles de dé-
gager un profit maximum, dans les secteurs primaires, soit pour trans-
former les biens primaires(1), soit pour extraire le diamant.
La Côte d'Ivoire a offert ces avantagffide toute nature pour
attirer ces capitaux étrangers qui font peser sur la balance des
paiements des charges financières et sociales importantes :
- une main-d'oeuvre à bon marché ;
- une importance moindre attachée aux objectifs sociaux et
impôts peut élevés ;
(1) - la compagnie Française de l'Afrique Dccidentale(CFAD)contrôle à
elle seule plus de
40 % des industries agro-alimentaires(SALCI,
DND, BLDHORN, SAPH •.. )et les industries textiles(ICODI) (Marchés tro-
picaux et Méditerranéens, nO 2015 du 22-6-1984).

-
42 -
- les grandes entreprises étrangères qui opèrent en Côte d'Ivoire

jouissent d'un privilège fiscal et d'une facilité d'accès aux sources de
financeme nt locales par rapport aux entreprises nationales(1).
Le solde des transferts a toujours été négatif. Sa dégradation
s'est même accentuée à partir de 1980. En 1982, il se situe à un niveau
record jamais atteint depuis une vingtaine d'années: plus de 155 mil-
liards F. C.F.A. au titre de ce poste ont traversé les frontières de la
Côte d'Ivoire au nom de la libre transférabilité des capitaux et des re-
venus des facteurs. Le solde des transferts est toujours négatif en
Côte d'Ivoire. Ceci va s'ajouter aux lourds déficits chroniques des ser-
vices pour affaiblir la capacité de financement interne du pays.
c) - LA BALANCE DES CAPITAUX
Le solde de la balance des capitaux non monétaires est resté
pendant longtemps excédentaire, dégageant ainsi des flux de ressources
qui ont largement financé la croissance économique en Côte d'Ivoire.
L'importance des investissements privés a été prépondérante dans la
croissance économique du pays; c'est dans le secteur industriel que les
capitaux étrangers ont constitué l'essentiel des investissements réalisés.
Selon un rapport publié par la Confédération Mondiale du Travail en 1978
sur les données économiques de la Côte d'Ivoire, 56 % des investissements
ont été réalisés par des capitaux étrangers. Pour l'essentiel, ces finan-
cements extérieurs provenaient de sociétés françaises(47 %), de Suisse(5 %),
des Etats-Unis(4 %).
Cette situation des finances extérieures de la Côte d'Ivoire
reflète très profondément une dépendance accrue à l'égard de l'étranger
car les investissements étrangers supposent un contrôle étranger sur
l'activité économique du pays.
Les conséquences de la baisse des ressources financières et
réelles liées aux déficits de la balance courante ont largement dépassé
le poids des capitaux étrangers investis dans l'économie ivoirienne. Les
(1) - En
1980, sur vingt-sept entreprises qui ont fait un appel public
à l'épargne, trois seulement étaient ivoiriennel.

-
43 -
balances des paiements sont restées déficitaires depuis l'indépendance
la situation extérieure de l'économie s'est considérablement dégradée,
entraînant un accroissement du volume d'emprunts à l'extérieur.
CONCLUSION PARTIELLE
Comme on a pu le voir, nous avons surtout essayé d'analyser
dans ce chapitre préliminaire quelques aspects caractéristiques de
l'économie ivoirienne, c'est-à-dire que nous avons tenté de faire res-
sortir à partir des publications officielles de la Côte d'Ivoire:
les
agents du processus de production dans leur répartition (1)
selon des secteurs d~terminés, intégrés ou juxtaposés de la
structure globale.
Loin de réduire ce chapitre à une simple étude descriptive des
dimensions quantitatives de l'économie ivoirienne telle que ses dimensions
nous sont données par les publications officielles, nous avons essayé le
plus possible de rendre compte d'une structure socio-économique concrète
en transition, structure socio-économique caractérisé par un enchevêtre-
ment original de plusieurs mondes ou modes de production en rapport de
force. On a pu alors montrer qu'un équilibre(2) résultant de l'état actuel
des rapports de force a permis un accroissement sensible du P.I.B. qui
est passé de l'indice 100 en
1970 à l'indice 145,8 en 1974, 152,7 en
1977 et 175 en 1987(3),
(1) - La signification d'une telle répartition des agents aurait néces-
sité une analyse socio-politique que le plus souvent, nous nous
sommes seulement contentés
d'exquisser_
(2) - Cet équilibre est l'oeuvre de la direction politique actuelle des
populations de la Côte d'Ivoire et du P.D.C.I.(Parti Démocratique
de la Côte d'Ivoire)qui font que cet équilibre est le résultat d'un
processus de restructuration, restructuration dont ils sont les
maîtres-d'oeuvre.
(3) - La Côte d'Ivoire en chiffres 1986 à 1987
ABIDJA~
1988.

-
44 -
bénéficiant ainsi d'un remarquable taux de croissance moyen annuel de
6,5 %, ,vingt cinq -ans après l t indépendance politique taux qui est
néanmoins
tombé au cours des pé~lodes 1974-19~7 et
t983-1987 à 1,5
Les importants accroissements des dimensions économiques
de la Côte d'Ivoire s'expliquent cependant pour une part non négligeable
à la fois par un très bas niveau de départ sur la voie de la croissance
et par une conjoncture internationale très favorable dont les autorités
ivoiriennes actuelles semblent avoir profité au maximum, d'une part, pour
exporter des quantités de plus en plus importantes de café et de cacao
et, d'autre
part, pour prendre figure "d'Etat pilote" corrélativement
au récul politique et économique du Sénégal et l'ancienne capitale fédé-
rale, DAKAR; récul dont bénéficiera la ville d'ABIDJAN.
Alors que les divers secteurs économiques connaissaient des
accroissements énormes de dimension, notamment le secteur secondaire dont
le taux de croissance annuel moyen est passé de 12,3 % à 13~8 %, on as-
siste à une dépendance accrue de la Côte d'Ivoire par rapport à la
France(1) et aux Etats-Unis qui tiennent ensemble une place importante
dans les échanges extérieurs du pays et dans son système économique.
Dès lors, on peut se demander si cette dépendance n'a pas été ~t ne reste
pas une condition de cet équilibre, du tythme d'expansion, et du taux
de croissance que connait la Côte d'Ivoire sont en voie de disparition si
tant est qu'elles n'ont pas encore disparu: à preuve, à l'exception du
secteur secondaire, le freinage de toutes les activités proJuctives
(1) - La France, par ailleurs, pourvoit à une grande partie des besoins
en cadres nécessaires à la poursuite des croissances des secteurs
modernes; ce fait est important car les cadres sont, en effet, né-
cessaires à double titre: 1) comme gestionnaires de l'économie
2) comme consommateurs dotés de très hauts revenus à effets internes
importants car, avec les planteurs, ils soutiennent la demande sol-
vable dont il a été question ci-dessus.

- 45 -
Au plan social, comme nous l'avons aussi souligné, on assiste
à l'extension de "l'exode rural" et du traval salarié. Les deux phénomènes
manifestent le double processus d'éclatement relatif du monde rural et
d'intégration très inégale de ses éléments aux circuits commerciaux, con-
ditions et effets de l'industrialisation. Nous reviendrons sur les déve-
loppements ultérieurement. Cependant, de cette industrialisation, il im-
porte d'analyser les investissements qui en ont commandé la structure
(chapitre 1 de la deuxième partie). Mais en attendant, voyons quelle est
la position théorique du problème -de l'épargne dans l'économie ivoirienne?
Quels sont les moyens indispensables à la promotion de l'épargne?

- 46 -
CHAPITRE
1
POSITION THEORIQUE DU PROBLEME DE L'EPARGNE
Les fonds disponibles et les institutions constituent les deux
éléments fondamentaux de base des problèmes du financement de l'économie
de la Côte d'Ivoire. Ainsi, dans le financement indirect, les fonds fi-
nanciers ne peuvent s'orienter vers les secteurs d'investissement sans
les organismes intermédiaires et ces derniers ne peuvent pas assumer
pleinement leur rôle financier sans fonds disponibles. Ceci ne décrit nul-
lement un cercle vicieux, mais met en relief le lien dialectique qui
existe entre fonds et organismes financiers, car l'un des maillons ne va
pas sans l'autre. Ce qui montre l'intérêt d'appréhender les points fon-
damentaux y afférents dans une même partie.
L'épargne est l'une des notions les plus vieilles de l'économie
politique. Le besoin d'une meilleure appréhension scientifique du même
concept a fait engendrer des écarts suivant les courants de pensées et
aussi suivant les auteurs. Les écarts sont souvent formels, mais il ar-
rive qu'fils touchent à la subsistance. Certains auteurs cherchent davan-
tage à dégager la vertu réelle de chaque agent économique et même au ni-
veau global(1). D'autres s'efforcent de formuler une explication théori-
que. Nous ne retiendrons ici que deux courants dans le débat sur la
théorisation de la notion de l'épargne: le courant classique et le cou-
rant Keynésien.
Les ~eux courants de pensées classique et Keynésien, diffèrent
de manière non exclusive en saisissant un meme phénomène.
(1) - ADAM SMITH: "(-) Un accroissement de la fortune est le moyen par
lequel la plupart des hommes se proposent et souhaitent améliorer
leur condition. C'est le moyen le plus commun et le plus évident,
.et la manière la plus plausible d'accroître leur épargne est
d'épargner
et
d'accumuler une partie de ce qu'ils acquièrent, soit
règulièrement et annuellement, soit en des circonstances extraordl-
naires( ... )."Cltation faite par LISLE, in "l'épargne et l'épargnant",
page 41.(Dunod Paris
1967), de ADAM SMITH, Wealth of Nations,
livre II, Chapitre III, de l'accumulation du capital P.P. 323 - 324.

- 47 -
Nous pensons que cette différence n'est pas le résultat d'un
sophisme, mais elle est liée à la valeur de la nature des habitudes de
l'épargnant. On peut penser que l'épargnant "Classique" serait un prolé-
taire et l'épargnant "Keynésien" un nanti. Ainsi, chez les classiques,
l'épargne apparait comme un sacrifice accompli dans le présent au profit
du futur, "c'est l'habitude évidente d'un sujet ne détenant pas de res-
sources suffisantes dans un ensemble institutionnel élémentaire, ce qui
est contraire à la pensée Keynésienne.
L'épargne retient diverses formes. Elle n'est pas seulement mo-
nétaire, elle est aussi évidente(réelle) , représentée soit par une riches-
se matérielle(pierres précieuses comme l'or, l'argent, etc •.. ), soit par
du travail excédentaire des individus valides insuffisamment ou non em-
ployés dans la production des biens. La conception générale de l'épargne,
c'est-à-dire celle qui introduit toutes les catégories, a probablement
l'avantage d'être complète et précise. Elle illustrerait l'analyse de
l'épargne comme la résultante de la variation du patrimoin e. A la fin,
elle cOlnciderait avec le flux de résidus de Keynes.
Toute la problématique de la fonction de l'épargne demeure. Par
comparaison à la fonction de production et à la fonction de consommation,
l'étude de la fonction de l'épargne n'est pas encore bien conçue. Le pro-
blème se pose même selon nous au niveau des éléments composants. Quelles
doivent être les variables essentielles d'une fonction d'épargne?
Il est ainsi souhaitable d'exposer succintement les variables
déterminantes de la mobilisation et du comportement de l'épargne valable
aussi bien dans les pays du Centre que du Sud.
Deux variables importantes: taux d'intérêt d'une part et re-
venu d'autre part combinée chacune avec des mesures fiscales, consti-
tuent sans doute des moyens efficaces pour augmenter le volume global de
l'épargne. Enfin, la relation de cause à effet de ces variables reste
largement déterminée par le degré de développement des forces productives
et l'orientation générale de chaque Etat.

- 48-
On distingue essentiellement une première relation fondamen-
tale entre le niveau et la répartition des revenus et l'épargne. Un deu-
xième lien est établi entre le taux d'intérêt et l'épargne. Quant à la
politique fiscale, elle peut jouer un rôle important dans l'orientation
de l'épargne, voire même infléchir plus ou moins le comportement des
épargnants.
De plus, le rôle attribué à l'intermédiation financière dans
la mobilisation de l'épargne et le développement économique a fait l'ob-
jet d'une littérature assez abondante. Son impact positif sur le volume
de l'épargne et sa canalisation vers les emplois productifs a été souvent
avancé et largement vérifié.
Il convient de passer en revue très rapidement, les principales
approches analytiques de toutes ces variables explicatives de l'épargne.
Un survol de l'essentiel des vérifications empiriques sera exposé en met-
tant l'accent sur les conclusions les plus pertinentes dans le cadre des
économies périphériques. Bien que les études économétriques sur le com-
portement d'épargne dans les pays périphériques soient en progression
croissante, ils se heurtent généralement au problème de l'information
statistique disponible. Cette dernière constitue un handicap majeur pour
les investigations sur le comportement d'épargne des ménages des pays du
Sud.
A* - EPARGNE ET REVENU
Les essentielles formulations qui ont donné à la variable reve-
nu une place prépondérante dans la détermination du niveau d'épargne peu-
vent être regroupées principalement en deux approches théoriques : la
première relève de la théorie Keynésienne dite du revenu courant. KEYNES
est le premier économiste ayant favorisé dans son modèle théorique la
relation épargne-revenu.
La seconde approche s'inscrit dans le prolongement de la théo-
rie Keynésienne. Il s'agit de l'hypothèse du revenu permanent de FRIEDMAN
et cell~ du cycle de vie de MDDIGLIAN~ BRUMBERG et ANDD. Nous nous limi-
terons a présenter les lignes directives de chaque théorie et
ses limites d'application dans le cadre des Etats de la périphérie.

- 49 -
Dans la théorie de KEYNES, l'épargne est définie comme la
partie du revenu non consacrée à la consommation. La fameuse "loi psycho-
logique fondamentale" et la propension marginale à consommer, font que
à mesure que le revenu réel augmente, la consommation augmente aussi,
mais moins rapidement. Par conséquent, KEYNES déduit que l'épargne de-
vrait s'accroitre plus que proportionnellement à l'augmentation du re-
venu réel. Pour l'auteur, les motifs qui poussent les ménages à épargner
sont liés à des facteurs aussi bien objectifs(le revenu)que subjectifs
(les valeurs sociales). Cependant, KEYNES reconnait implicitement que
seule la classe riche serait apte à épargner; car "les motifs derindivi-
dus à satisfaire leurs essentiels besoins actue~, personnels et familiaux.
sont normalement plus puissants que leurs motifs à épargner, lesquels
n'acquièrent une force réelle qu'au moment où un certain niveau de con-
fort est atteint "(1).
Ainsi, l'auteur rejoint la thèse d'Adam SMITH qui consiste à
dire que "l'enrichissement des nations tient à l'accumulation du capital
et que cette accumulation dépend elle-même du goût pour l'épargne qui
existe pour les classes riches"(2).
Nombreux sont les travaux qui ont tenté la vérification empIrI-
que de la relation entre le revenu courant et l'épargne chez KEYNES dans
les pays du Sud. La conclusion généralement admise de l'ensemble des études
est la prédominance du revenu comme variable explicative du comportement
d'épargne.
Toutefois, l'hypothèse Keynésienne à savoir que la propension
marginale à épargner est constante et supérieure à la propension moyen-
ne qui,
(1)
H. DENIS: "Histoire de la pensée économique". P.U.F. Paris, 1977.
(2) - J.M. KEYNES
"Théorie Générale" - Petite Bibliothèque Payot-Paris

- 50 -
elle, augmente avec le revenu, ne se trouve pas confirmée dans la plupart
des pays étudiés. On a même constaté que la propension moyenne et margi-
nale à l'épargne diffère d'un pays à l'autre
en outre et contrairement
aux pays dévéloppés, la propension marginale à l'épargne est inférieure
à la propension moyenne. Ce résultat apparait notamment dans les études
de H. CHENERY et P. ECKSTEIN(1), ainsi que dans celles de R.F. MIKESELL
et J.E. ZINSER(2) etc ...
D'autres études comme celles de S. KUZNETS(3) et aussi
L.LANDAU(4) ont établi une relation regressive entre l'épargne brute par
tête par rapport au P.N.B. par tête, ceci à partir d'un échantillon com-
posé des pays les plus riches et les plus pauvres, la conclusion étant
qu'il existe une propension marginale à épargner plus forte chez les
premiers que chez les seconds.
D'autre part la vérification empIrIque de la relation Keynésienne
entre l'épargne et le revenu courant a été étudiée mais cette fois-ci en
faisant la distinction entre le comportement des ménages dans les zones
urbaines et rurales. C'est surtout le cas de l'étude faite par K.L. GUPTA(5)
en Inde, et les conclusions de son travail économétrique ont révélé que
la propension marginale à l'épargne
dans le secteur urbain
était nettement supérieure à celle du monde rural. Néanmoins, dans les
deux zones, ce comportement d'épargne tend à augmenter avec l'importance
du revenu par tête.
(1) - H. CHENERY et P. ECKSTEIN : "Development alternatives for latin
America" in journal of political Economy. July /August. 1970.
(2) - R.F.
MIKESELL et J.E.
ZINSER
l'The nature of the function in de-
veloping countr ies" in journal of li tterature. March 1S,i 3.
(3) - S.
KUZNETS: "Quantitative aspects of econ. Growth of nations." in
Econ. Develop. and cult. change - July
1960.
(4) - L. LANDAU: "Differences in saving ratios among latin America coun-
tries" in studies in development planing-Havard University Press 1971.
(5) - K. L. GUPTA: "On some determinants of rural and urban house hold
saving behaviour" in Econ. Record. Dec. 1970.

- 51-
Dans l'ensemble si les résultats des études empiriques de la
théorie Keynésienne du revenu courant et l'épargne dans les pays du Sud
ont fait apparaitre des différences de comportement au niveau de la pro-
pension marginale et moyenne à épargner et qui ne concordent pas toujours
avec l'hypothèse de KEYNES, il n'en reste pas moins que la variable reve-
nu et son rôle déterminant pour l'épargne n'a été en aucun cas remis en
cause ; au contraire la répartition et les variations du revenu restent
dans les pays du Sud la première raison de la fonction d'épargne.
Les analyses sur l'hypothèse du revenu permanent de FRIEDMAN
et celle du cycle de vie de MODIGLIANI, BUMBERG et ANDO, ont fait aussi
l'objet de nombreuses recherches économétriques dans le cadre des pays
du Sud. Nous présentons d'abord les définitions des co~cepts de base des
deux théories en présence, avant de donner un résumé rapide de l'essentiel
des résultats obtenus dans les deux cas.
D'abord l'écart fondamental avec la théorie Keynésienne réside
dans le fait que ces auteurs analysent le comportement d'épargne des mé-
nages dans une optique patrimoniale. L'individu détermine sa consommation
en fonction de son patrimoine et donc, c'est toute sa richesse réelle et
financière à travers le temps qui est prise en compte et non seulement le
revenu courant comme chez KEYNES.
En effet, pour FRIEDMAN, une distinction s'impose entre le re-
venu permanent" et le revenu transitoire. Le premier étant défini en terme
d'anticipations à long terme et auquel la consommation est proportionnel-
le. Quant au revenu transitoire, celui-ci est calculé comme étant la dif-
férence entre le revenu courant et le revenu permanent. La difficulté à
mesurer ce dernier dans le cas des pays dévéloppés c',t plus grande encore
dans les pays du Sud où l'information statistique lorsqu'elle existe est
souvent moins fiable.
La théorie du cycle de vie replace le comportement de l'indi-
vidu dans l'ensemble de son cycle de vie. Chaque sujet économique déter-
mine son profil de consommation par rapport à son plan patrimonial et
prévisionnel le financement de son temps de retraite.

- 52-
L'essentiel des conclusions obtenues dans les deux cas peuvent
être résumées ainsi : pour ce qui est de la vérification empirique de
l'hypothèse du revenu permanent dans les pays périphériques, on
peut
citer comme exemple les analyses de J.C.
WILLIAMSON(1), l. FRIEND et
P. TANBURAN(2),
K. L. GUPTA(3).
Dans l'ensemble les conclusions confirment un comportement
d'épargne qui s'inscrit dans la logique de la théorie de FRIEDMAN."Cepen-
dant, cette hypothèse du revenu permanent reste fragile pour les pays en
voie de dévéloppement notamment pour les ménages ruraux qui sont pourtant
à l'origine de la plus grande partie de l'épargne"(4).
Parmi, les travaux qui ont transposé le modèle du cycle de vie
dans les économies périphériques, on peut citer comme exemple les conclu-
sions de
A. C. KELLEY
et J. G. WILLIAMSON(5), SINGH, DROST et KUMAN(6).
(1) - J. G. WILLIAMSON : "personnal saving in developing nations an inter-
temporal cross-section fron Asia" in Economic Record - June 1968.
(2) - 1. FRIEND et P. TANBURAN :"The agregate propensity ta save. Same
conceps and their Application ta international Data" in Rev. Econ.
Statistique. May 1966.
(3) - K. L. GUPTA: IlThe effect of price on savings
Comment". In Econ.
Dev. and Cult. Change - 1972.
(4) - D. KESSLER et D. STRAUSS-KAHN
"Epargne intérieure et flux de ca-
pitaux extérieurs" - C.R.E.P. - 1982. PARIS.
(5) - A.C. KELLEY et J. G. WIllIAMSON : "Household behaviour in developing
economics : the Indonesian Case" in Economic developing an cultural
change April 1968.
(6) - SINGH, DROST et KUMAN : "An Empirical Evaluation of the relative,
the permanent Incarne and the life cycle Hypothesis", in Econ. Dev.
and cultural change - January
1968.

Là aussi la difficulté à apprécier cette hypothèse dans les pays indus-
trialisés est exacerbée dans le cas des pys du Sud(causse fondamentale :
les défaillances de l'appareil statistique).
La conclusion essentielle est que dans ces pays, la fonction
d'épargne dépend fortement du comportement d'épargne antérieur des ménages
et qu'elle est relativement stable dans le temps. Cependant ces travaux
ont recommandé que le comportement d'épargne des ménages dans les pays en
voie de dévéloppement ne peut être saisi qu'à travers l'intégration de
nouvelles •.. "variables socio-économiques comme la forme de la famille,
les pratiques religieuses ou culturelles, les formes spécifiques de l'em-
ploi"(1).
Cette présentation succinte des approches théoriques et empiri-
ques de l'épargne et sa relation avec le revenu ne prétendent nullement
à l'exhaustivité.Néanmoins, deux observations s'imposent: la première
c'est l'importance confirmée de la variable revenu dans le comportement
d'épargne des ménages dans les pays sous-dév~loppés. La deuxième observa-
tion, qui, à notre avis, constitue un problème de fond, est que l'épargne
dans les économies périphériques est condamnée à suivre la même trajec-
toire que celui des pays du Centre c'est-à-dire d'une part à chaque degré
de développement correspond un comportement d'épargne distinct, d'autre
part la base matérielle conditionne largement la pratique d'épargne des
sociétés.
Aussi, nous ne pouvons que nous rallier à la conclusion de
D. KESSLER et A. BADEAU(2) lorsqu'ils soulignent: on ne peut être que
frappé par une certaine convergence des comportements entre pays déve-
loppés et pays sous-développés, qu'il s'agisse de comportement des groupes
aisés ou de ceux des groupes à revenu modeste, mais l'importance de ces
groupes varie évidemment en fonction du stade de développement.
(1) - A. BABEAU et D. KESSLER : "Mobilisation de l'épargne dans les
P.E.D." Colloque de l'O.N.U. in Revue consommation nO 4 - 1980.
(2) - D. KESSLER et A. BABEAU: "Mobilisation de l'épargne dans les
P.E.D." Colloque de l'O.N.U. - REVUE consommation nO 4 - 1980.

B* - EPARGNE
ET
TAUX
D'INTERET
Les études économiques confèrent à la variable taux d'intérêt
un statut déterminant mais moins important que celui du revenu dans
l'orientation et la mobilisation de l'épargne. Les mécanismes théoriques
de la relation taux d'intérêt - épargne seront appréhendés à travers
les études de base construites à partir de rouages des économies indus-
trielles et donc ne seraient pas nécessairement valables au regard des
structures des pays sous-développés.
Quelques expériences positives en matière de taux d'intérêt
dans les pays sous-développés seront analysées rapidement afin de montrer
que les structures économiques des pays sous-développés ne concordent
pas toujours avec la théorie économique telle qu'elle a été conçue dans
les pays développés.
On distingue fondamentalement trois conceptio-s différentes de
l'analyse du taux d'intérêt et sa relation avec l'épargne: la théorie
néo-classique, Keynésienne et Marxiste.
Pour les néo-classiques, le taux d'intérêt est un phénomène
réel qui représente le prix à payer pour disposer de fonds nécessaires
à l'investissement. Comme l'économie est toujours censée fonctionner à
l'équilibre, il doit nécessairement égaliser l'épargne et l'investisse-
ment. Dès lors le taux d'intérêt apparait comme la résultante de deux
phénomènes réels : la préférence pour le temps(liquidité) et la produc-
tivité du capital, et il apparait ainsi comme détermi~ant de l'épargne.
Au contraire pour l'analyse Keynésienne, le taux d'intérêt est
un phénomène monétaire qui n'est plus défini comme chez les néo-classiques
sur le marché des ressources prêtables, mais sur celui de la monnaie;
c'est le prix de la renonciation à la liquidité.
En effet, le taux d'intérêt chez KEYNES est déterminé à la
différence du marché des capitaux par deux éléments de nature strictement
monétaire : la quantité de monnaie offerte par les autorités monétaires
et

- 55 -
la préférence pour la liquidité(la demande de monnaie). Ce taux d'intérêt
monétaire s'impose au marché des capitaux et déterminera le prix auquel
l'entreprise va acheter un bien d'investissement, en l'occurrence, il
s'agit d'un taux d'intérêt réel qui est aussi la productivité marginale
du capital. Par voie de conséquence, il est censé équilibrer investisse-
ment et épargne.
Dans une autre théorie, l'analyse M~iste pose le problème du
taux d'intérêt et de l'épargne dans le cadre de la lutte des classes
pour la répartition des richesses dans le système capitaliste. D'une part,
les capitalistes financiers, d'autre part, les capitalistes industriels
se rencontrent sur le marché des disponibilités monétaires. Par la loi de
l'offre et de la demande, un taux d'intérêt monétaire se forme sur ce
marché. Pour MARX, ce taux d'intérêt n'a sa raison d'être que dans une
économie monétaire, mais sa détermination est sans liaison avec les élé-
ments purement monétaires. Ainsi "l'intérêt n'est pas le prix du capital,
il n'en exprime pas davantage la rareté sociale, car il ne reflète que
l'insuffisance des disponibilités des investisseurs. C'est donc un pur
phénomène de répartition de la masse de profit, de sorte que son taux em-
piriquement déterminé, indique son existence économique"(1). Au total,
MARX considère le taux
d'intérêt comme une catégorie économique régie
par le rapport de force entre capitaliste industriel et capitaliste fi-
nancier et donc l'épargne ne peut être que l'affaire des capitalistes,
les seuls gestionnaires des richesses produites par la classe ouvrière.
Pourtant, dans la littérature économique, le taux d'intérêt est
admis parmi les déterminants importants de la masse de l'épargne nationa-
le. Par ailleurs, il faut observer que les théories économiques du taux
d'intérêt dont on a présenté les lignes fondamentales(directrices) sont
construites dans un environnement où les lois et mécanismes du marché
jouent pleinement. Au contraire le cadre institutionnel et les structures
économiques qui existent dans les pays sous-dévéloppés sont généralement
fragmentairés et ne permettent pas aux taux d' intérêt de remplir leur
fonction première qui est la stimulation de l'épargne nationale.
(1) - S. DE BRUNHOFF
"La monnaie chez MARX".
Ed. Sociales, 1976. Paris.

- 56-
L'économiste A. G. CHANOAVARKAR le souligne clairement: "le
fait que les capitaux sont rares devrait normalement stimuler l'épargne
et assurer sa répartition efficace entre les différentes utilisations
possibles. C'est cette double fonction qu'accomplissent plus ou moins
efficacement les mécanismes des taux d'intérêt. Mais les marchés des
capitaux surtout dans les pays en voie de développement sont loin
d'être parfaits .•. ne reflètent pas toujours le coût économique réel du
capital pour l'économie" (1).
Nous allons présenter deux expériences, de manière succinte,
citées par le même auteur, dans deux pays en voie de développement qui
ont opté pour une politique volontariste des deux taux d'intérêt dans le
cadre d'un vaste programme de stabilisation anti-inflationniste, dont le
succès reste indiscutable. Il s'agit de la Chine Nationaliste et de la
Corée du Sud.
Dans le premier pays et face à la pénurie des capitaux disponi-
bles pour l'investissement dans les années cinquante, les autorités moné-
taires de TAIWAN ont décidé d'une augmentation des taux d'intérêt crédi-
teurs dans le but d'inciter les ménages à l'épargne. Aussitôt cette poli-
tique a accueilli auprès du public un écho favorable. Au bout de sept
mois les dépôts à terme sont passés de deux millions de nouveaux dollars
de TaIwan à trente sept millions. Parallèlement et dans le souci d'abou-
tir à une structure de taux d'intérêt harmonieuse, les pouvoirs publics
ont donné la possibilité aux banques de placer avantageusement l'excédent
des dépôts qu'elles ne pouvaient pas prêter ou investir auprès de la
Banque Centrale, avec un taux d'intérêt compatible à celui que les banques
payaient à leurs propres dépositaires.
Cette politique de taux d'intérêt propice à la mobilisation de
l'épargne liquide ou à court-terme, de par son succès, a incité l'Etat
à émettre des obligations réservées uniquement au secteur non bancaire. Le
(1) - A. G.
UIANoAVARKAR: "La politique des taux d'intérêt dans les
P.E.o." - Finance et oévéloppement, Mars
1970.

_ 57 _
but de cette opération est d'accroitre le volume de l'épargne financière
avec des échéances de 12 à 30 mois, à des taux d'intérêt allant de 9 à
18 % et exonérés d'impôt. Le résultat était positif et on a assisté à
une augmentation appréciable de cette catégorie d'épargne réputée faible
chez les ménages des pays les moins industriels.
Quant à l'expérience de la Corée du Sud en matière de taux
d'intérêt, elle peut être résumée par les résultats encourageants auxquels
la réforme des taux d'intérêt a abouti. A la suite de cette réforme, dans
les années soixante, les dépôts à termp. et d'épargne ont marqué une aug-
mentation de plus de 100 % par an. Par ailleurs, l'épargne intérieure par
rapport au P.N.B. est passé de 2,2 % en 1962 à 15,1 % en 1968.
Ces deux expériences en matière de politique de taux d'intérêt
active et réaliste, doivent servir d'exemple aux autres pays à structures
comparables. De plus, l'inadaptation des théories économiques tradition-
nelles à la réalité économique des pays du Sud rend impératif, pour les
autorités publiques de ces dernières, de prendre des mesures politico-
économiques adaptées, afin de pallier aux déficiences structurelles des
mécanismes de marché. Une politique active de rémunération réeile de
l'épargne, par exemple, ne peut que contribuer à sa mobilisation. Alors
que le contraire pousse les ménages potentiels à la consommation ou aux
investissements improductifs pour la nation(l'or, la laine, la spécula-
tion foncière et immobilière).
Au terme de cette analyse succinte de la relation d'épargne
avec le revenu et le taux d'intérêt, l'avantage fiscal est considéré
aussi comme moyen efficace pour accroitre le volume d'épargne nationale.
D'après un groupe d'études de l'D.N.U.(l), la fiscalité peut aider à
orienter l'épargne dans les pays sous-développés vers les secteurs pro-
ductifs de l'économie. Pour ce faire un système de l'avantage fiscal
peut avoir soit un effet direct dans le but surtout d'accroitre l'offre
d'épargne ou indirect par l'augmentation de la demande d'épargne émanant
des particuliers.
(1) - D.N.U. : "Politiques et Techniques de mobilisation de l'épargr..: des
ménages dans les pays en voie de dévéloppement". Février 1976.

- 58
-
Les bénéfices fiscaux peuvent, concernent d'abord la petite
épargne par un allègement de la contrainte fiscale sur les intérêts
perçus ou l'exonération pure et simple d'impôt avec indexation sur le
coût de la vie comme c'est le cas en France(livret A et livret Rose des
caisses d'épargne).
Des exonérations fiscales peuvent aussi être appliquées sur les
valeurs mobilières émises par le Trésor ou les collectivités locales
d'une part, et des encouragements fiscaux sur les titres négociés à la
Bourse des valeurs d'autre part, afin d'encourager les ménages à inves-
tir dans l'épargne financière. Enfin une politique fiscale basée sur
la justice sociale est susceptible d'influencer la décision d'épargne des
classes populaires et donc d'accroître le volume de l'épargne nationale
dans les pays du Sud.
Etant donné que la politique des établissements bancaires et
financiers constitue une condition première dans le dévtloppement écono-
mique en général et la collecte de l'épargne en particulier, nous nous
proposerons d'exposer l'étude faite par
U. TUN WAI.
Cependant, il convient de rappeler que la fonction de l'inter-
médiation financière dans la croissance est indubitablement l'un des
piliers de l'accumulation du capital. En effet, dans le cas du système de
financement capitaliste, l'intermédiation financière occupe une place dé-
terminante dans l'orientation et la mobilisation de l'épargne. La néces-
sité en a été ressentie après le Second Conflit International. A partir
de cette période, on a assisté à une floraison d'intermédiares financiers
qui se sont donnés pour mission de répondre directement ou indirectement
aux besoins du patronat.
Aussi pour mobiliser un volume important d'ép8rgne au finance-
ment des projets d'investissement des entreprises, tout en essayant
d'aboutir au niveau macro-économique à la fameuse égalité "épargne-in-
vestissement", le système monétaire et financier des pays développés
s'est organisé par la création des unités économiques dont la fonc-
tion essentielle est d'offrir aux petits comme aux
,[OS épargnants,
toute
une série de titres financiers,

_ 59 _
mobilisant ainsi une épargne qui, autrement, ne serait pas utilisée.
De même la présence des intermédiaires financiers aurait in-
fluencé le choix de structure du patrimoine et encouragé les ménages à
renoncer à leurs encaisses oisives. C'est en ce sens que l'expérience
dans ce domaine des pays développés peut servir de modèle pour les
pays sous-développés et les inciter à créer des intermédiaires financiers
spécialisés, capables de combattre la thésaurisation et de modifier
l'épargne afin de pallier l'insuffisance de l'accumulation du capital et
l'allocation optimale des ressources intérieures.
Ainsi "ces intermédiaires pourraient canaliser efficacement le
flot de l'épargne courante pour la mettre à la disposition des entreprises
qui se proposent d'investir, et jouer ainsi un rôle vital dans l'écono-
mie" (1).
Nous avons choisi d'analyser, l'étude économique de U. fUN WA1,
dans ses grandes lignes, car nous estimons que cette étude demeure la
plus intéressante puisqu'elle essaie d'intégrer la variable 1.F. dans
les travaux économiques relatifs aux économies sous-développées. Cette
étude demeure également la plus ou moins représentative par la taille
de son échantillon (51 pays développés et en développement).
Par une étude empirique
U. fUN WAl, s'est donné pour objectif
d'apporter quelques réponses aux questions posées par la théorie écono-
que, à savoir: d'abord comme l'épargne est fonction du revenu, celui-ci
influence-t-il l'épargne financière et surtout celle mobilisée par
l'intermédiation financière? Quelle lien existe-t-il entre celle-ci
et l'épargne nationale, c'est-à-dire celle détenue par les entrepreneurs
et les ménages pour faire face à leurs dépenses courantes et en capital ?
Nous exposons brièvement les fondamentales équations du modèle,
ensuite les effets et enfin leurs insuffisances.
(1) - A. G. CHANDAVARKAR : "La politiqle des taux d'intérêt dans les pays
en voie de développement". In Finance et Développement. March 1970.

- 60 -
1) - Les équations
du
modèle.
Premièrement, du point de vue méthodologique, le modèle
proposé par U. TUN WAI se décompose en deux parties alternatives : les
variables explicatives dans la première partie deviendront des va-
riables expliquées dans la deuxième partie. On distingue les variables
exogènes et les variables endogènes à partir d'une analyse macroécono-
mique en coupe instantanée.
Les premières sont : le produit national brut à prix constant
noté(Y/P)et le taux d'intérêt réel(i-P). Les variables endogènes: l'épar-
gne nationale à prix constant(S/P). L'indicateur de l'intermédiation fi-
nancière : celui-ci est construit à partir de l'accroissement des actifs
financiers détenus par le secteur privé non financier et déflaté par les
prix
d F/P. Enfin la variable endogène R/P représente la part de l'épar-
gne interne dans l'épargne totale et calculée par 1" différence entre
S/P et ~F/P. Ainsi, sont déterminées les équations de la première partie

A f /P
= f [(i-P, y/P, t)) (1)
t = 1, 2,
n
années
R/P
= K(j·F/P, t)
(2)
L'hypothèse de base de ce modèle est l'existence d'une relation
positive entre les variables taux d'intérêt réel et le revenu réel avec
l'épargne financière.
U. TUN WAI utilise la méthode des moindres carrés pour estimer
la valeur de ~f/P dans l'équation(1), puis lui substitue sa valeur dans
l'équation(2).
Néanmoins, pour la rigueur des travaux, l'auteur suppose que
la diversification des actifs financiers va attirer les épargnants po-
tentiels et se répercutera tôt ou tard sur l'épargne nationale. D'autre
part, comme la demande des entrepreneurs auprès des Intermédiaires Finan-
ciers n'est satisfaite qu'en partie, les entreprises augmenteraient leur
propre épargne, ce qui provoquerait aussi une augmentation du niveau
d'épargne nationale.

_ 61
La deuxième partie du modèle se présente comme l'inverse du
premier, avec les mêmes variables:
R/P
= g CCi-p,
y/P, t)]
0)
4 F/P
= n(R/P, t)
(4)
2) - Les effets du schéma
Dans l'ensemble des pays industriels(excepté l'Italie et la
Suède) le coefficient de corrélation R- 2
de l'équation(3) est légère-
ment supérieur à celui de l'équation(1). Cela veut dire que l'épargne
"interne"(*) dans ces Etats est plus sensible au revenu et au taux
d'intérêt que ne l'est l'épargne financière.
Pour les pays sous-développés, les résultats sont moins tran-
chants, voire alternent, tantôt négatifs, tantôt positifs. Par exemple
au Brésil, le taux d'intérêt réel est négativement relié à (AF/P) et a
un effet négligeable sur (R/P), alors qu'au Vénézuéla, cette variable
a un impact positif sur(4F/P) et non significatif sur (R/P). En même
temps la variable taux d'intérêt ne semblerait pas être déterminante.
Car lorsqu'elle est prise en compte, on a des effets significativement
différents dans plusieurs Etats~ Alors que, dans les pays développés,
les effets du schéma montrent que l'épargne "interne" est plus sensible
au revenu et au taux d'intérêt que ne l'est l'épargne financière. Dans
la plupart des pays en dévéloppement étudiés, l'épargne financière
serait plutôt sensible au revenu que ne l'est l'épargne "interne"(R/P).
3) -
Les insuffisances de l'analyse
Si l'on fait abstraction de la simplification du schéma et de
la simplicité voire la légèreté du modèle de calcul utilisé, qui, d'ail-
leurs, interdit tout résultat concluant. Le seul mérite du modèle de
U. TUN WAI
* Il s'agit de l'épargne créée intérieurement par chaque sujet.

-62 -
réside dans le fait qu'il a apporté des explications positives de l'im-
pact de l'intermédiation financière sur l'épargne nationale, mais beau-
coup plus pertinentes dans les pays dévéloppés que dans pays sous-dé-
veloppés et comme le soulignent d'autres auteurs(1) : L'analyse de
U. TUN WAI
montre surtout que plus le dégré d'intermédiation financière
est poussé (degré que l'on mesure, notamment, par le nombre de guichets
de banque par million d'habitants), plus le niveau de l'épargne nationale
est élevé( •.• ). Mais ce type d'approche agrégée et synchronique ne per-
met pas d'établir de lien de causalité et ses effets restent très discu-
tables".
En tout état de cause, à travers les années de la production
sociale, les ouvrages économiques donnent à la question de l'épargne une
place essentielle. L'épargne est un facteur d'accumulation et de finan-
cement des investissements. En ce qui concerne DIVISIA, "l'épargne est
non seulement une vertu, mais elle devient une puissance"(2). Et, il
ajoute, "l'épargne est la mère de tout progrès en général et de toute
civilisation. C'est elle qui marque le passage des hommes à la végéta-
tion, à la vie purement économiqe"(3). Les deux citations de DIVISIA
montrent le rôle fondamental de l'épargne. En effet, il nous semble que
dans la deuxième citation, l'auteur fait une sorte de confusion entre
épargne et surplus économique(4). Cependant, historiquement c'est le
surplus dégagé grâce à l'utilisation des techniques avancées qui a per-
mis les transformations auxquelles DIVISIA fait allusion.
Il est
(1) - A. BABEAU et D. KESSLER : "Mobilisation de l'épargne dans les
P.E.D." - Colloque de l'O.N.U - Revue Consommation na 4 - 1980.
(2) et (3) - DIVISIA, l'épargne et la richesse collective. Sirey paris 1928.
(4) - D'après Charles Bettelheim, "la notion de surplus économique a dès
lors été partiellement remplacée par les notions d'investissement
et d'épargne. Malheureusement ces'notions ne sont pas aussi riches.
Elles ne permettent pas d'exploiter de façon satisfaisante l'ori-
gine sociale de l'épargne et de l'investissement. Elles ne permet-
tent pas de mettre en lumière les liens existant entre le niveau
de développement des forces productives d'une part, et l'ampleur
et les formes d'utilisation du fonds d'investissement d'autre part".

- 63-
à l'origine du dépérissement de la société primitive.
De plus, la notion de surplus est plus large et intègre celle de
l'épargne. En effet, il faut dire que du point de vue de l'étude éconô-
mique traditionnelle, ce concept de surplus n'est pas d'un maniement
intéressant car difficilement saisissable correctement avec l'outil
statistique disponible. Cependant, le surplus économique peut apparaitre
comme un vecteur judicieux et prospectivement commode pour appréhender
le problème économique des pays de la périphérie. Paul SARAN, "pour
rendre son emploi plus accessible en discernant divers types, a été
amené à l'identifier pratiquement à l'épargne"(1). Le débat pourrait
s'arrêter si nous montrons que le surplus économique est l'épargne au
sens étroit. C'est l'épargne sociale. C'est dire que la notion d'épargne
restera encore un des concepts d'actualité des ouvrages économiques.
Il n'est pas e~lu qu'elle acquiert une place de plus en plus importante
dans la théorie de développement dans la mesure où elle est un facteur
de financement et d'accumulation.
Ainsi, actuellement, les Etats de la périphérie, qui, hier en-
core misaient de manière absolue sur le mirage des capitaux étrangers
commencent à faire les comptes après une époque de grandes déceptions
baptisée cependant "décennie de dév~loppement", parlant encore de fi-
nancement interne. Le souci de promouvoir une épargne interne suscep-
tible d'être utilisée pour le développement apparait. Hier, ce problème
était vite débattu. Il n'existe pas d'épargne locale, il n'y a donc pas
nécessité de s'en inquiéter, parce que les capitaux extérieurs sont sur-
tout prêts pour combler la "carence". Ainsi, l'inexistence ou la déci-
sion de l'épargne est alors présentée par certains auteurs comme un des
objets essentiels d'une situation rendue par eux responsable de l'état
de sous-développement. Ainsi, on crée un paradigme d'où émergent les
cercles vicieux. Et, le cercle vicieux de l'épargne que Bernard DUCROS
appelle "cercle vicieux de la pauvreté" est ainsi formulée :
"L'épargne est faible parce que le revenu est faible,
(1) - Paul BARAN : "L'Economie politique de la croissance". Chap. 2
Cité par Charles BETTELHEIM, in "Planification et croissance accé-
lérée" P. 66.

_ 64 -
ce dernier est faible parce que l'investissement est insuf-
fisant et est condamné à rester insuffisant
parce que l'épargne est faible."(1)
La boucle est bouclée! Le cercle de Bernard DUCROS, s'il
est en apparence uniforme, en réalité, il est brisé voire disjoint. Ce-
pendant, nous pouvons saisir qu'un élément de l'épargne(en l'occurrence
celui des ménages)est faible parce que le revenu des ménages est réel-
lement d'une façon générale faible. Mais nous devons montrer que les
autres corrélations mises en avant sont fort discutables. Toutefois, son
examen ne retient ici que l'aspect monétaire du revenu, mais encore il
ignore l'existence des ressources disponibles et la force transformatrice
de ces ressources, le travail humain. L'histoire du monde montre que
tout changement économique ntest pas toujours conditionné par l'existence
préalable d'un fort revenu. Dans le cas précis, Bernard DUCROS aurait
pu chercher à comprendre la cause principale d'une réalité objective au
lieu de tenter vainement de créer des relations de causalité entre effets
de la m~ne cause.
Le croquis explicatif du modèle de développement du Congo bâti
par Hugues Bertrand n'est rien d'autre qu'une illustration de ce même
"cercle vicieux"(2) avec une brèche qualitativement fondamentale.
De notre point de vue, une étude scientifique de la situation
des pays sous-développés, essentiellement ceux d'Afrique Noire Franco-
phone ne peut et ne doit pas déboucher sur la notion a - scientifique
de cercle vicieux. La brèche qualitative introduite par Hugues Bertrand
dans son schéma est d'une capitale non seulement parce qu'il casse le
camouflage de l'équilibre de cercle vicieux en indiquant un noyau de la
chaine(réexportation des capitaux), mais aussi parce qu'il montre une
voie de compréhension plus cohérente des corrélations.
(1) - Bernard DUCROS : "Insuffisance de l'épargne privée et inflation
dans les pays sous-développés." In Revue d'Economie Politique,
Janvier, Février
1961
(2) - HUGUES Bertrand: "Schéma de financement de l'économie du Congo",
in le COngo, formation social p et mode de développement économique.
P. 284.

- 65 _
Absence de financement interne
Absence de fabrication
~
de biens d'équipement
Nécessité de faire appel
au financement
externe
"
nécessité d'importer
de biens d'équipement
"
Réexportation des capitaux
(profits bruts) remboursements
\\
Nécessité de créer des industries
d'exportation (qui ont donc peu de
chance d'être des industries d'équi-
pement).
Nécessité de faire appel de nouveau
au financement extérieur.
Ce schéma de HUGUES Bertrand peut être étendu au cas de l'économie de la
Côte d'Ivoire.
~
Dans le meme esprit, sans bien changer évidemment au fond de
la question qu'il pose toutefois de manière précise, Gaston LEDUC indique
les premices d'une appréhension plus concrète :
"( ... ) le premier devoir du pays préoccupé de son développement
est de commencer par tirer le parti maximum des ressources
naturelles et humaines dont il dispose sur son territoire et
par conséquent d'assurer le financement de leur utilisation
par des moyens purement internes. L'épargne interne, en tant
que partie non consommée du revenu doit jouer un rôle fonda-
mental, l'aide extérieure ne devant Jouer dans le phénomène de
la croissance qu'un rôle supplétif"(1).
(1) - Gaston LEDUC
Cours d'Economie de Développement.

Toutefois chaque Etat Africain doit réaliser les conditions
subjectives, c'est-à-dire se prémunir de structures nouvelles, qui lui
permettront d'utiliser de façon rationnelle toutes les ressources lo-
cales. Dans ce contexte de "compter avant tout sur ses propres forces",
l'épargne locale doit jouer un rôle de premier plan en tant que source
de financement. Manifestement les assertions de Gaston LEDUC laissent
entrevoir l'aberration des cercles vicieux.
La question est donc capitale pour la Côte d'Ivoire. Il s'agit
de promouvoir une épargne locale qui devra être d'importance dans le pro-
cès de financement de l'économie ivoirienne. Mais nous ne doutons pas
de la complexité du problème dans le contexte des conditions économiques
et sociales spécifiques. Dans ce premier titre, nous tenterons d'étudier
les problèmes fondamentaux liés à la formation de l'épargne interne en
Côte d'Ivoire. Nous examinerons dans un second titre, l'intermédiation
financière dans le système économique ivoirien.
Ainsi deux sections principales composeront ce chapitre
Section
- Les problèmes de la formation de l'épargne interne.
Section 2
- L'épargne interne et la constitution du capital.
SECTION
1-
LES PROBLEMES DE LA FORMATION DE L'EPARGNE INTERNE
En Côte d'Ivoire, comme en Afrique de façon générale, l'épargne
est un concept traditionnel. Il relève du geste naturel de réaliser un
objectif futur. Il a toujours existé et existe sous des formes variées
en étroite coopération avec le dévéloppement de l'histoire des conditions
de l'humanité.
Au fil des ans, les africains ont d'abord effectué une épargne
évidemment de consommation en plaçant de côté la consommation vivrière
durant les saisons creuses. L'agrandissement du cercle familial a fait
naltre la nécessité de produire davantage de nouvelles cultures. Une par-
tie du produit actuel était alors gardée en des lieux appropriés afin
de servir de semences pour la production à venir. Il faut épargner pour

pouvoir produire plus. C'est l'épargne de production. La découverte de
métaux et la reconnaissance en certains d'entre eux d'une valeur intrin-
sèque et l'identification de leur possession à un signe de richesse ont
amené à la conservation de métaux précieux comme l'or, l'argent et même
le bronze et le cuivre. C'est la thésaurisation des métaux précieux ou
épargne métallique. Avec le développement des rapports marchands est ap-
parue la conversation des outils de paiement courant. C'est l'épargne
monétaire.
Certains économistes pensent que la forme monétaire de l'épargne
en Afrique est apparue avec la mise en circulation de la monnaie colo-
niale. Nous pouvons dire qu'une telle affirmation est un peu osée. En
Côte d'Ivoire, la réserve en franc a commencé effectivement avec l'in-
troduction du franc comme unique moyen de circulation et de paiement.
Ainsi, si le franc est représentatif d'une monnaie particulière, il
n'est pas et ne peut pas être identifiable à la monnaie en général, car
chaque monnaie nationale est une forme particulière de la monnaie.
Ainsi, dans les diverses communautés et propriétés féodales
d'Afrique Francophone, il a existé des monnaies et des systèmes monétaires
plus ou moins élaborés, très peu répandus peut-être. Dans une zone de
circulation précise, l'unité monétaire fut soit le coris, une pièce de
cuivre, de Kolas, d'or, d'argent, soit d'une façon très simple un bâti-
ment de plomb, etc ... De cette façon, la thésaurisation réalisée en
une monnaie ou une autre, était essentiellement une épargne monétaire.
Cette forme d'épargne n'est donc pas liée de façon absolue à l'existence
de papier-monnaie ou d'une monnaie de crédit. Il importe de souligner
que l'introduction arbitrB~': de la monnaie du colonisateur en éliminant
sans compensation les monnaies locales, a anihilé complètement une ac-
cumulation certes faible, mais de plusieurs générations. Le Troc qui
régissait encore pour l'essentiel les échanges a acquis alors une prépon-
dérance effective dans les sphères rurales avant de tendre à disparaître
face à l'expansion de la monnaie coloniale, et ensuite de la monnaie
semi-coloniale.
En réalité, il importe de noter le fait que la question de
l'épargne en Afrique est un véritable processus à caractère historique
soumis aux contingences multiples exigées par les conditions de dévelop-
pement économique

- 68
et social. L'épargne monétaire elle-même, malgré la création
dl un espacei.nstit:utionne1ld' intermédiaires finanr::Ïers)
n'échappe
pas à ces exigences. Ses contours en tant que masse demeurent
encore difficiles à saisir exactement et réellement au moyen des
instruments statistiques disponibles en Côte d'Ivoire.
PARAGRAPHE 1 -
LA MESURE DE L'EPARGNE LOCALE
En côte d'Ivoire,
la mesure de l'épargne locale n'est pas
chose aisée. La situation archaïque des comptes économiques et
des références statistiques est de toute évidence à l'origine
de cette difficulté. En effet, seule l'épargne monétaire peut
être de manière grossière cernée et ce réellement
pour les milieux
urbains et semi-urbains.
De notre point de vue,
la tentative d'évaluation de cette
épargne peut emprunter deux orientations
chacune avec sa marge
d'erreurs inhérentes. Dans une première approche, nous pouvons
parler de l'optique économique de la mesure de l'épargne, et
dans la deuxième approche,
il s'agit d'un cas pratiquement
statistique.
A) - METHODE DE COMPTABILITE NATIONALE
Ce cas permet de cerner l'épargne ex-post,
c'est-à-dire
l'épargne qui ne relève pas d'une simple prévision, mais qui
est réellement effectuée ou créée par les activités économiques
de production et d'échange après tous les placements. C'est une
épargne réelle. Les ouvrages économiques habituels montrent que
l'épargne apparaît comme la somme de la variation des stocks et
de la formation brute de capital fixe.
Raisonnant en économie
ouverte,
il importe d'ajouter la différence entre les exporta-
tions et les importations (1).
L'optique est ici générale et partrimoniale.
( 1)
-
Nous avons vu dans les considérations générales sur l'épargne qu'une
désépargne suppose une épargne et vice-versa. Un déficit du commerce exté-
rieur étant identifié à une désépargne, l'excédent est constitutif d'épargne.

De cette notion découle une égalité comptable toute simple.
L'épargne réelle est égale à la somme de la variation des stocks, de la
formation brute de capital fixe et de l'excédent(positif ou négatif)
du commerce extérieur.
Ee =2( 4 Stocks + FSCF + (X-M»)1
Ee = t + K + Xm
Par appréhension, la variation de stocks et la formation brute
de capital fixe sont égales à l'investissement.
l = t + K
d'où
Ee = l + (X - M)
Cette relation comptable est une remise en cause de la défini-
tion de KEYNES qui dit d'une manière systématique et rigoureuse que
l'épargne est égale à l'investissement.
C'est au vu d'une telle assertion et sur la base des données
l
des premiers comptes économiques existant qu'ont été conçues ,les premieres
approximations de l'épargne en Côte d'Ivoire. Ces comptes sont d'ailleurs
le résultat d'une estimation fort discutable. Le système d'évaluation
de l'autoconsommation assimilée ici au revenu des ménages appelle tout
de même des réserves, même si nous ne connaissons pas le procédé utilisé.
Mais notre expérience du terrain nous conduit à douter de la précision
de l'évaluation (compte tenu des nombreuses difficultés d'ordre statis-
tique et même d'accès aux divers centres).
(1) - Ee
= Epargne effective(réelle)
Stock = Variation des stocks (t)
F.B.C.F. = Formation brute de capital fixe (K)
(X-M) = Exportation (X) moins Importation (M). Cette différence
nous la symbolisons par
Xm.

_ 70 _
TABLEAU N°
13 - EPARGNE EN MILLIARDS DE FRANCS CFA.
(1)
EPARGNE APPARENTE
(Ea)
PRODUCTION INTERIEURf
BRU'T'E
ANNEES
Ea DES EN- Ea DES AD-
Ea DES
~ AUX PRI):. AU COUT
ITREPRISES
MINISrnATIŒ4'
MENAGES
DU MARCHE
Œ3 FACIEURS
1.0
1951
13,6
10,6
2,4
·
1.0
58,7
54,4
N
r i
1956
14,6
12,5
3,0
·
74,9
70,2
0
(Y')
(Y')
1957
15,0
13,7
4,6
·
80,6
75,3
(Y')
(Y')
<;f
1958
14,3
13,2
0,9
85
·
77,1
co
N
1959
18,0
14,0
7,0
01
89,4
82,4
(Y')
r i
1960
17,0
12,4
9,7
·
92,5
87,1
01
(Y')
SOURCE
Ministère Français de la Coopération. Extrait de la Planification
en Afrique.
(1) - Selon Henri LEROUX, l'épargne étant au sens économique, le solde du
compte "affectation" le système élaboré par la France et mis à la
disposition de ses anciennes colonies inclut dans le compte "affectation"
des administrations, l'aide financière sous la rubrique de "transferts
financiers". De ce fait,
il apparaît une épargne importante des adminis-
tions alors même que le budget peut être déficitaire, c'est-à-dire pré-
senter un équilibre, un
àésépargne. Il en résulte alors la notion à'é-
~argne apparente (Ea),car elle comprend en partie des flux financiers
reçus de l'extérieur.
Ee
Ea + (-Tx)
Tx
Transferts financiers reçus de l'extérieur.

~
TABLEAU N° .14
-
EVOLUTION ET REPARTITION DE L'EPAGNE BRUTE NATIONALE (EN MILLIONS DE FRANCS CFA)
SEC T E URS
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1987
1
1
1
1
SOCIETES ET QUASI SOCIETES NON FI ...
54.967
16.832
109.743
66.426
54,30
75,81
70,56
INSTITUTIONS DE CREDIT . . . . . . . . . . . . • .
9.796
13.778
7.344
9.605
II,58
12.019
15.6E39
ENTREPRISES D'ASSURANCES . . . . . . . . . . . .
1.972
2.401
5.111
3.977
2,95
3.107
2.997
1
'f""
ADMINISTRATIONS PUBLIQUES . . . . . . . . . . .
251. 358
116.066
11.447
14.298
47,85
76,38
['0
171,62
ADMINISTRATIONS PRIVEES ..•.••.••....
706
96
-
5
1.083
1.225
1.357
1.489
MENAGES . • . . . . . . . • . • . . . • . • • . • • . • . . • .
60.738
51.010
12.322
52.997
14,50
-
37.989
EPARGNE NATIONALE BRUTE . . . . . . . . . . . • •
337.737
200.183
145.962
148.386
132,405
217,269
300,404
SOURCE
1) -
Comptes de la Nation - Côte d'Ivoire 1975, 1978, 1980, 1983, 1984 et 1985.
2) -
La Côte d'Ivoire en chiffres 1986-1987 -
ABIDJAN (Côte d'Ivoire).
3) - Ministère de l'Economie et des Finance -
Direction des Budgets et Comptes; Rapport Economique
et Financier 1985.

-
72
-
TABLEAU

15 -
LES INVESTISSEMENTS EN COTE D'IVOIRE PAR AGENTS 1980 - 1987
MILLIARDS DE FRANCS C.F.A
1980
1981
1982
1983
1984
1987
-
Investissements publics .••....
305,7
294,1
286,4
279,4
182,1
159,4
dont : Administrations ..••••..
173,5
169,4
167,5
167,5
104,8
85,2
Entreprises publiques ..
123,6
121,4
118,95
111 ,9
77 ,3
74,2
Investissements privés ••••••..
275,7
266,9
253,1
248,3
219,0
150,8
dont : Investissements pétro-
liers ..................
160,6
150,9
146,4
124,7
100,0
40,0
Autres dont ...........
97,5
101 ,6
106,7
123,6
119,0
114,8
- -
dont : Entreprises privées •...
84,8
72,5
68,15
79,6
75,0
58,0
Entreprises indivi-
duelles .••.......•......
12,0
12,8
13 ,0
16,0
16,0
16,5
Ménages ..•..••.........
19,7
21 ,5
22,0
25,0
25,0
25,8
Banques et Assurances .....
2,7
2,9
3,5
3,0
3,0-
15,5
1
TOTAL INVESTISSEMENTS ..•.......
581,4
561,0
539,5
527,7
401,1
314,2
1
j
,
t:..~
.-ll
..
.
~
-J!
SOURCE: Tableau élaboré par l'auteur à partir des informations statistiques
des Rapports Economiques et Financiers du Ministere de l'Economie et
des Finances de Côte d'Ivoire
1986.

-
73 -
TABLEAU N°
16_ INVESTISSEMENTS BRUTS A L'ECHELON NATIONAL EN 1960
ET 1987
(MILLIONS DE FRANCS C.F.A.)
ANNEES
ADMIN ISTRAT ION
ENTREPRISES
MENAGES
TOTAL
1
1960
7.007
11.051
1.000
19.128
1961
10.433
12.563
1.300
24.296
1962
8.291
15.144
1.800
25.235
1965
7.561
18.204
2.600
28.365
1966
10.074
25.830
3.300
39.204
1967
11.695
27.146
4.800
43.641
1968
13.296
25.345
6.000
44.641
1969
15.344
25.013
5.500
45.857
1970
15.081
30.443
8.500
54.024
1971
22.971
33.796
5.070
61.837
1972
29.596
46.285
8.000
83.881
1973
33.853
50.511
8.000
83.881
1974
28.208
56.042
10.000
94.250
1975
38.044
68.477
10.000
116.521
1976
41.784
72.013
11. 212
125.009
1977
45.635
79.186
12.985
137.806
1978
51."887
86.015
13.987
151.889
1979
57.976
91.663
15.001
164.640
1980
61.016
99.776
15.98-'
176.779
1981
68.597
105.016
17.068
190.681
1982
71.981
115.786
18.968
206.735
1983
75.315
126.596
19.763
221.634
1984
78.451
129.334
20.975
228.760
1985
81. 235
131. 325
23.455
236.015
1986
87.147
135.221
27.721
250.089
1 187
89.971
140.127
30.276
260.374
1
SOURCE
B.C.E.A.O.
- Rapports d'activité.
Les comptes de la Nation 1982.
Et Rapport Economique et Financier 1986.
La Côte d'Ivoire en
chiffres 1986/87.

_ 74 _
TABLEAU

17
REPARTITION DES INVESTISSEMENTS DU
B SIE
PAR SECTEURS
(EN MILLIONS DE FRANCS C.F.A.)DE
1960
A 1987.
SEC T E URS
MILLIONS F. CFA
l
- Développement économique .•.•.........
262.900
67, 7
dont le sec teur pr imaire .........•.....
66.469
17,1
II - Infrastructure Administrative (y
compris transferts et interven-
tians)
.
73,023
18,8
III - Développement cultureL
.
24.706
6,4
IV - Etudes et recherches ...••............
16.784(1)
4,3
V - Développement social ....•.•.....•..•.
10.611
2,8
TOT AL
.
338.024
100,0
SOURCE
Marchés Tropicaux nO 1563.
La Côte d'Ivoire en chiffres 1980 - 1981 et 1986 - 1988
ABIDJAN
1988.
Rapport Economique et Financier du Ministère de l'Economie et
des Finances de la République de Côte d'Ivoire - 1985.ABIDJAN.
(1) - Une partie des crédits "Etudes et Recherches" est demeurée af-
fectée au niveau des opérations que ces études ou recherches
ont intéressées.

- 75
A lire le tableau nO ~~, on constate qu'en Côte d'Ivoire,
l'épargne des entreprises constitue la fraction essentielle. Mais son
niveau, malgé une lente progression reste extrêmement faible par rapport
à la production intérieure brute. De surcroit, au cours de la période
d'avant l'indépendance, les ménages épargnants sont en majorité expatriés.
Il n'est pas nécessaire de faire une démonstration particulière pour
saisir l'importance de l'épargne des administrations, car l'institution
coloniale est titulaire et son budget est subventionné par celui de la
métropole. Même aux premières années de l'accession de la Côte d'Ivoire
à l'indépendance, le budget tributaire d'une aide extérieure. En l'état
actuel des choses, il s'agit de l'aide extérieure. De telle manière que
l'épargne apparente telle qu'elle ressort n'est pas significative de ma-
nière rigoureuse du niveau de formation de l'épargne locale. En ôtant
les flux financiers internes reçus, nous trouverons approximativement
l'épargne effective.
Cette méthode a permis de comprendre les contours de l'épargne
effective par rapport à l'épargne apparente. Le préalable est ici de
connaitre d'une façon ou d'une autre les flux nets de transferts finan-
ciers par groupe d'opérateurs. C'est en les rapportant à l'épargne appa-
rente que l'on acquiert l'épargne effective. Nous pouvons tirer des
leçons des chiffres calculés par le Ministère français de la coopération,
non négligeables quant à l'interprétation et à la saisie de certains
é \\} ~ n e men t s •
Si la méthode d'appréhension des divers transferts reçus reste
confuse, le tableau nO i8 ci-dessous indique pourtant la nécessité d'en
tenir compte dans la mesure où ils revèlent l'écart réel qui existe entre
l'épargne apparente et l'épargne effective plus faible.
Les transferts nets reçus par l'étranger sont constitués par
les salaires des expatriés, les profits et les remboursements multiples.
Ceux reçus par les administrations demel:-ent sans doute des prêts et dons.
Quant aux transferts reçus par les ménages qui apparaissent comme une dif-
férence positive ou négative entre ceux des administratIons et de l'étranger,
leur essence est difficilement saisissable.

-
76-
TABLEAU
ND
18
INDICE DE CROISSANCE DE L'EPARGNE-DEPOT
EN
1960.
EPARGNE
EPARGNE EF-
TRANSFERTS
TRANSFERTS
TRANSFERTS
ANNEE
APPARENTE
FECT. TOTALE
RECUS PAR
RECUS PAR
RECUS PAR LES
TOTALE Ea
Ee = Ea + lx
L'EXTERIEUR
LES ADMINIS.
MENAGES
1958
14,9
10, 2
-
5,3
0,4
1959
20,0
12,5
- 7,5
8,9
- 1,4
1960
14,4
13,2
- 1,2
1 ,5
- 0,3
SOURCE
Ministère de la Coopération. Planification en Afrique.
En dehors des obstacles relatifs à l'édification des comptes,
ce cas est assez important et mérite d'être amélioré pour une meilleure
recherche analytique du problème de l'épargne dans les pays sous-développés.
Néanmoins, quand les chiffres financiers sont bien conservés
la mesure de l'épargne peut se faire par sommation, par divers flux dans
les comptes d'épargne et les comptes courants.
B) -
APPROCHE STATISTIQUE
L'implantation sur le sol ivoirien d'institutions financières
a permis aux épargnants d'utiliser plusieurs formes de comptes. De cette
façon, la portion non consommée du revenu n'est plus conservée par le
propriétaire lui-même, mais mise à la disposition d'une banque ou d'un
organisme d'épargne comme la caisse nationale d'épargne postale. Les
multiples comptes enregistrent les mouvements de versement et de retrait.
Selon l'origine des institutions, nous retenons deux séries
principales de l'épargne des comptes. L'épargne postale et l'épargne
bancaire.

_ 77 _
1) - l'épargne
postale
C'est celle des institutions d'épargne qui marchent en Côte
d'Ivoire en annexe des services postaux. L'ouverture d'un compte d'épar-
gne est matérialisée par la remise au client d'un livret d'épargne in-
dividuel où seront inscrites toutes les écritures nécessaires. Le livret
d'épargne postal est la forme d'épargne institutionnelle la plus vétuste
en Côte d'Ivoire. D'abord peu utilisé compte tenu des conditions écono-
miques et sociales évidentes, le livret postal ne cesse de prendre de
l'importance comme le revèle le tableau nO '9· .
TABLEAU
N° 19
SOLDE EN FIN D'ANNEES DES COMPTES A LA CAISSE D'EPARGNE
(MILLIONS
F. C.F.A.)
ANNEES
MONTANT
NOMBRE DE COMPTES
1973 ..•.••.•
3.350
222.490
1974 •.•.•..
4.040
253.350
1975 ........
4.610
286.480
1976 .....•.•
5.251
325.610
1977 •...•...
6.626
384.081
1978 ....•...
7.735
447.770
1979 ........
8.825
516.040
1980 ..•..•..
9.937
586.570
1981 ...•.•..
11.664
671.265
1982 ........
13.940
782.065
1983 .....••.
16.045
898.716
1984 ........
17.975
1.014.567
i
1985 ........
19.862
1.193.128
ii
1986 ........
23.782
1.483.288
SOURCES
1) - B. C. E. A. O.
Rapports d'activité
- Bulletin de Statistiques Economiques et
Monétaires
N° 370
Avril
1988.
2) - Ministère de l'Economie et des Finances: Rapport Economique
et Financier.
1985. Direction des Budgets et Comptes.

78 -
Il ressort du tableau nO~ que la croissance de l'épargne
postale, indépendamment de son niveau d'ensemble qui reste assez rai-
sonnable f~e aux exigences de financement, est forte en Côte d'Ivoire.
Cependant, une pareille croissance n'est pas pour surprendre
dans la mesure où l'épargne postale est la première forme institution-
nelle comme dans la sphère par rapport à l'épargne bancaire.
2) - L'épargne bancaire
Elle est formée de divers dépôts réalisés auprès des entreprises
monétaires bancaires. Selon les séries de dépôts, elle revêt des formes
variées dans une économie de type capitaliste. Cependant, dans les condi-
tions présentes de l'économie ivoirienne, l'épargne bancaire revêt prin-
cipalement trois formes :
1) - Le livret de dépôt ou compte d'épargne;
2) - Le compte de dépôt
terme, parfois appelé compte bloqué
3) - Le compte de dépôt à vue.
Il importe de remarquer qu'à ce niveau, les deux dernières
formes sont assimilables à la monnaie.
Le compte d'épargne et le compte à terme ont été utilisés ré-
cemment. Leur évolution est encore limitée pour des raisons d'objectivi-
té.
Par contre, le compte courant à vee a connu un essor rapide
en tant que l'une des formes les plus importantes de l'activité bancaire.
Pourtant, l'épargne bancaire reste une forme traditionnelle
d'épargne conformément aux termes des ouvrages économiques.
Mais, malgré son faible niveau, le taux de progression de
l'épargne n'est pas négligeable. La forte croissance des dépôts auprès
des caisses d'épargne et des dépôts auprès des banques de second rang
est significative à cet égard.

- 79
-
TABLEAU N° 2~ - INDICE DE CROISSANCE DE L'EPARGNE-DEPOT EN
1987
DEPOTS AUPRES DES CAISSES
DEPOTS AUPRES DES BANQUES DE
SECOND
RANG
D'EPARGNE
A TERME ET
A VUE
D'EPARGNE
405
317
3.575
SOURCES
1) - B.C.E.A.O.
- Etudes et Statistiques, Statistiques Eco-
nomiques et Monétaires nO 370 AVRIL 1988.
2) - Fonds Monétaire International: Financial Statistics.1985.
Les chiffres révèlent que durant les dix années considérées, la
croissance de l'épargne-dépôt a été forte d'une manière. Les dépôts à
terme et d'épargne auprès des banques de second rang enregistrent l'in-
dice le plus fort, indice qui atteint un niveau record en Côte d'Ivoire.
Compte tenu de ce cas et aussi du fait que le niveau général de l'épargne
reste faible, nous pouvons dire qu'il y a un afflux énorme du nombre de
petits épargnants. Toutes choses qui indiquent par ailleurs qu'il
s'est opéré une mutation sensible dans le comportement des unités épar-
gnantes tant sur le plan économique que sur le plan psychologique.
A
De meme, il ressort de tout ce qui précède que deux méthodes
permettent de saisir la question de la mesure de l'épargne. Si dans une
économie industrialisée détenant un instrument statistique plus perfec-
tionné et une zone de comptabilité économique plus organisée la question
est simplifiée, en économie périphérique d'Afrique 18 mesure de l'épargne
devient une tâche laborieuse. La première technique, pourtant plus cohé-
rente et intéressante, est loin de connaître une action globale dans la
mesure où elle constitue plus d'obstacles. La seconde serait la plus
simple.

_ 80 _
Car il suffit d'effectuer le relevé des diverses séries de comptes dans
les établissements financiers. Mais en Côte d'Ivoire, ces relevés sont
rarement établis. En tout état de cause, dans une situation comme dans
l'autre nous n'avons qu'un résultat partiel. C'est dire que le problème
d'une mesure plus précise de l'épargne en Afrique reste entier et prin-
cipalement lié à nombreuses contingences d'ordre socio-économique et
structurel.
PARAGRAPHE
2
- DISTINCTION ET COMPOSANTES DE L'EPARGNE.
Les ouvrages économiques définissent généralement l'épargne en
suivant une répartition par groupe d'agents économiques sur la base des
conditions comptables.
Dans les conditions présentes de la Côte d'Ivoire la meilleure
manière de cerner assez clairement les contours de l'épargne et les ques-
tions qu'elle évoque, aurait été une appréciation par groupe socio-
professionnel ou par classes sociales d'une manière directe. En effet,
la particularité de la question africaine nécessite de plus en plus
que soient trouvées des méthodes appropriées de recherche tout en tenant
compte des obstacles dus à la précarité des instruments de base. L'on
conçoit aisément que l'édification présente des statistiques ne s'accom-
mode davantage qu'avec des formes de saisie qui ne permettent pas d'éten-
dre la réflexion dans le sens auquel nous allons faire allusion ci-après.
Cet obstacle fondamental nous oblige donc à suivre la méthode d'analyse
traditionnelle.
Pourtant, l'origine des structures de l'économie en Côte
d' :voire nous conduit à insister sur certaines considérations notamment
le problème du caractère de l'épargne. La condition d'appréciation ici
est géographique. Ainsi, relativement au milieu, l'épargne requiert une
double caractérisation. L'épargne urbaine - L'épargne rurale. C'est ce
qu'à sa façon, Gannagé appelle le dualisme sectoriel de l'épargne.

81
A) - LA DISTINCTION
DE
L'EPARGNE
1) - L'épargne urbaine
L'épargne liquide telle que nous l'avons encaissée ~ travers les
comptes ouverts auprès des établissements financiers est fondamentalement
celle des centres urbain s et semi-urbains. En effet, actuellement en
Côte d'Ivoire, s'il existe des guichets des caisses d'épargnes postales
dans presque tous les chefs lieux de Départements et de Sous-préfectures,
les banques (de second rang) ne disposent de guichets que dans les prin-
cipales villes de première classe. Il s'agit des centres des activités
économiques, de croisement des transactions financières qui sont liés
tant au niveau national qu'en rapport avec l'étranger. Les couches so-
ciales nanties, mieux informées et acquises au mode de vie de l'ancien
colonisateur s'y trouvent.
D'une façon globale, la couche urbaine utilise les facilités
qui lui sont données par les entreprises financières, spécialement le
compte. C'est à partir de ce moment qu'elle conserve la part non con-
sommée de son revenu principalement en monnaie. Par conséquent, la
connaissance de l'épargne urbaine est facilitée. Son origine principale
est le salaire des travailleurs de la Fonction Publique, des entreprises
individuelles, des entreprises industrielles, commerciales et des coopé-
ratives.
En revanche, si la connaissance de l'épargne urbaine ne pose
pas de questions fondamentales, il en va autrement de l'épargne rurale.
2) - L'épargne rurale
Certains économistes lui attribuent une spécificité tradition-
nelle. Une telle particularité n'a pas de portée effective, sinon qu'elle
éveille la fausse définition de dualisme économique dans son acception
specIeuse pour ce qui concerne l'économie ivoirienne, et dire un cran à
la conception primitiviste de cette même société.

82 _
Les ouvrages économiques indiquent souvent qu'elle est formée
en grande partie, sinon globalement d'éléments physiques. Sans préjuger
de la valeur d'une telle compréhension, nous pensons pourtant qu'elle.
doit requérir une certaine prudence. La réalité mérite d'être étendue
pour éviter que l'analyse pêche dans la marée d'idées reçues. Comme
nous l'avons laissé entrevoir par ailleurs, la campagne ivoirienne can-
nait la monnaie en tant que moyen dominant des échanges. Evidemment, il
arrive que la circulation s'effectue sous la forme d'un échange de pro-
duits contre produits (le troc). Mais ceci n'est pas caractéristique de
la tendance générale (malgré sa faible dimension). La question est autre-
ment donc plus étendue compte tenu de certaines contingences économiques
et sociales qui peuvent surgir à tout instant. Des conditions objectives
font que les ruraux conservent en nature l'épargne rurale en Côte d'Ivoire
est plutôt une thésaurisation. Les raisons d'un tel comportement sont
sont faciles à saisir. En effet, en Côte d'Ivoire, la campagne est aban-
donnée à elle-même. L'activité économique repose principalement su.-les
campagnes de commercialisation des produits agricoles. Il n'existe pas
d'entreprises financières de l'analphabétisme y règne. Il en résulte
donc un obstacle considérable quant à la connaissance et à la mesure de
l'épargne rurale, la calebasse n'étant accessible qu'à l' épar,gnant lui-
A
meme.
Dans la perspective d'un perfectionnement de l'état, des possi-
bilités d'instauration de caisses d'épargne mobiles ont souvent été sug-
gérées (1). Mais les données politiques et administratives présentes en
Côte d'Ivoire amènent à douter de l'efficacité d'un tel système. Les
conditions psychologiques ne sont pas du tout réunies. De plus, les pay-
sans ivoiriens ont une grande connaissance de l'administration publique
qui brille par sa gabégie et vis-à-vis de laquelle ils sont sensibles en
tant qu'elle reste, par ses procédés, peu différents de la tutelle du
colonisateur.
(1) - On pourrait utiliser alors des camions ambulants, chargés de drainer
les fonds chez les pay~ns en contrepartie d'un livret d'épargne
qui leur serait remis. La
B. N. D. A.
se limite à des zones où
il existe des routes modernes.

_ 83
Il importe de noter ici qu'il se développe en Côte d'Ivoire,
particulièrement en zone rurale, une forme particulière de l'épargne
généralement dénommée la "tontine". Ainsi, les tontines qui constituent
un réseau de drainage de l'épargne locale, est distinct du système fi-
nancier moderne. Tous les Ivoiriens connaissent la tontine : du pauvre
au riche, de l'adolescent au vieillard. Mais comment fonctionne une ton-
tine ?
1 -
LA TONTINE
A) - Le Concept de Tontine
La notion de tontine vient du nom de Lorenzi TDNTI, qui a ins-
titué une forme d'association mutuelle. Bien avant la pénétration des
Européens en Afrique, il existait déjà des associations mutuelles et
lorsqu'on parle de "Tontine", encore mal connu, n'ayant pas encore été
l'objet d'une étude sérieuse, est une "association financière qui se
crée entre des personnes qui se connaissent bien et qui généralement ap-
partiennent à une même catégorie sociale en vue de s'entraider"(1). Un
autre élément mérite d'être souligné pour bien comprendre le concept de
"Tontine", c'est que le système repose sur le facteur confiance et fon-
damentalement sur le phénomène communautaire, au niveau d'une tribu,
d'un village, d'une ville, d'un département, ou sur l'appartenance à un
même service, à une même profession, au même quartier, à un même établis-
sement scolaire (pour les étudiants).
Toutefois, plus que sa définition, ce qui est important de
saisir, c'est la structure et le fonctionnement d'une tontine, ce d'autant
plus que celle-ci détourne
dans le cas de la Côte d'Ivoire, la majorité
des Ivoiriens du système financier institutionnel.
B) -
Structure et fonctionnement
1) -
Structure
Nous avons analysé plus haut que la tontine peut se retrouver à
(1) - M. GRACI.A.
in "Le financement interne du secteur agricole au Cameroun."
Thèse de Doctorat. Université de Fribourg
1973.

- 84
différents échelons d'une nation, tribu, village, ville, département,
quartier, usine, etc •••
A chaque niveau l'organisation interne de la
tontine se caractérise par son extrême simplicité et on distingue géné-
ralement
le président, le Secrétaire et le Trésorier.
Le président a pour mission de présider les réunions. Quant au
Secrétaire, il note sur un cahier toutes les décisions qui sont précises
pendant les séances ; il faut un rapport au début ou à la fin de chaque
réunion selon les cas. Le Trésorier lui, gère les sommes d'argent ver-
sées par les membres de la tontine et à ce niveau, il a toute la con-
fiance des autres membres. Habituellement, au début de chaque réunion,
le Trésorier présente la situation financière, ceci est très important
dans la mesure où les membres ont ainsi la possibilité de suivre régu-
lièrement l'évolution des sommes versées.
L'organisation d'une tontine est donc simple. Cette simplicité
va permettre un fonctionnement sans accroc du système.
2) - le fonctionnement du système
D'une manière générale, les membres d'une tontine s'engagent à
verser périodiquement toutes les semaines, tous les quinze jours, chaque
mois, etc .•. une somme fixée à l'un des adhérents. Il existe un règlement
intérieur qui détermine la rotativité des membres à bénéficier de la co-
tisation des partenaires, et du montant d'argent attendu de chaque adhé-
rent,le jour où se fait le versement. Prenons un exemple pour illustrer
nos propos.
Soit une tontine de dix membres: chaque mois, chacun d'entre
eux doit verser une somme de
20.000 F CFA. Le premier mois, une fois
que tous les adhérents ont effectué leur versement, on attribue alors
une somme de
200.000 F CFA
à un des membres. Le deuxième mois, on at-
tribue également
200.000 F CFA
à un autre membre et le processus se
poursuit ainsi de suite jusqu'à ce que le dixième membre reçoive aussi
une somme de
200.000 F. Le fonctionnement du système est donc cyclique,
on peut alors essayer de lui donner une formulation générale.

-
85 -
Supposons
x = le nombre de participants à la tontine
avec x "> 1
s = la somme périodique(le mois d'une manière globale)versée
par chaque adhérent.
Si on admet une périodicité de versement mensuelle, on a à la
fin du mois
y = S
Et à la fin du cycle, la somme d'argent qui transite dans
la tontine quand tous les adhérents en auront tiré un avantage est donnée
par la relation.
z = x(xs).
ou encore Z = x 2 s.
Néanmoins, il est apparu que la tontine traditionnelle a connu
bien vite un certain nombre de transformation pour devenir dans certains
cas, de véritables caisses populaires.
II - LA TONTINE ET SES VARIANTES : LES CAISSES POPULAIRES( 1)
Les caisses populaires sont une variante du système des tontines.
Leur existence est justifiée par le fait que le système de rotativité de
la tontine traditionnelle est tel qu'un individu ne perçoit pas toujours
la somme d'argent qui lui revient au moment où il en a le plus besoin.
Ceci est surtout vrai pour les hommes d'affaires qui pour résoudre leurs
problèmes momentanés de trésorerie, ne peuvent attendre leur tour de
toucher à la tontine traditionnelle. C'est certainement ce qui explique
qu'en Côte d'Ivoire, une même personne se retrouve dans deux, trois voire
même quatre tontines à la fois. Mais comment fonctionne une caisse popu-
laire ?
(1) - Nous adoptons ce terme pour désigner cette forme de tontine.

86 -
Supposons une tontine où les membres cotisent régulièrement
pendant les réunions périodiques ; les sommes cotisées sont chaque fois
mises aux enchères. Tout membre qui sollicite un crédit doit lui-même
proposer le taux d'intérêt auquel il désire emprunter des ressources.
Comme il y a toujours deux, trois ou quatre membres qui peuvent solliciter
le crédit, on accorde généralement le crédit à celui qui propose le taux
d'intérêt le plus élevé.
Soient X1, X2 et X3' trois membres d'une caisse populaire. Il
y a une somme de 800.000 F CFA disponible pour un emprunt "X 1" propose
un intérêt de
60.000 F CFA,
"X2" propose
85.000 F CFA et "X 3" 70.000 F CFA.
C'est à "X 2" que reviendra la somme de 800.000 F CFA. L'intérêt est versé
immédiatement.
Le remboursement n'excède jamais douze mois. Le bénéficiaire du
prêt doit selon les cas rendre compte de la destination des ressources
avec preuve à l'appui.
A la fin de l'année, on réunit les sommes versées et les inté-
rêts puis on les partage entre les membres de la "caisse populaire". Le
système reprend l'année suivante.
Dans certaines caisses populaires, une tierce personne n'apparte-
nant à la tontine peut bénéficier d'un prêt. Mais ceci n'est possible que
si cette tierce personne a été proposée par l'un des membres de la tontine
et ce dernier se constitue caution solidaire. Le bénéficiaire du prêt
paie un intérêt dont le taux varie entre 15 % et 30 % selon les "caisses
populaires".
D'autres caisses populaires semblent jouer le rôle d'un véri-
table intermédiaire financier. Comment? Supposons une fois de plus une
tontine où les membres cotisent régulièrement. Ceux-ci refusant d'accéder
au crédit : leur rôle consiste tout simplement à alimenter la tontine en
ressources. Ne peuvent alors bénéficier d'un prêt que les personnes n'ap-
partenant pas à la tontine. L'intérêt à payer varie généralement comme
pour le cas précédent
1
1

- 87
-
entre
15 et
30 % selon l'importance de la demande de crédit que la tontine
doit satisfaire. Ainsi, en période de hausse de la demande, le taux d'intérêt
monte et peut alors facilement atteindre 30 % voire même 50 % et devient ainsi
un taux usuraire. En période de chute de la demande, le taux d'intérêt baisse
et peut se situer autour de 16 % et parfois même il peut baisser jusqu'à 9 ~10 ra.
L'intérêt est généralement versé immédiatement et à la fin de l'année, les
membres de la tontine se partagent les intérêts seulement.
Le système des tontines disions-nous plus haut n'a pas encore été
l'objet d'une recherche profonde. Si bien que les éléments statistiques sont
rares. Toutefois, pour montrer l'importance de ce circuit de collecte de
l'épargne au sein du pays, nous citons ici un tableau(nO~) qui retrace l'évo-
lution des ressources collectées par la "Synergie Côte d'Ivoire", qui est une
tontine organisée et qui fonctionne à ABIDJAN.
TABLEAU N° 21
- EVOLUTION DES FONDS MOBILISES PAR QUELQUES IVOIRIENS.
ANNEE
NOMBRE DE MEMBRES
MONTANT DE L'EPARGNE COL-
NOMBRE DE
LECTEE(EN MILLIONS DE F.
TONTINES
C.F.A)
1979
5.000
19,0
70
1980
7.000
25,5
113
1981
12.000
54,7
154
1982
15.000
103,4
182
1983
21.600
163,1
195
1984
25.300
256,1
189
1985
27.900
405,6
186
1986
28.010
557,7
181
1987
29.500
725,8
178
-
SOURCE
Rapport Annuel de la Synergie 1985, 1986, 1987.
Ce tableau indique que les tontines drainent souvent un flot non
négligeable des ressources nationales.

- 98
-
De plus, quelle est la portée des ressources collectées par
les tontines? Pour répondre à cette question, nous nous intéresserons
principalement à la nature des projets financés par les tontines. Nous
discernerons pour ce faire les tontines regroupant les masses rurales et
la classe ouvrière, d'autre part.
1)
Les tontines regroupant la petite bourgeoisie nationale.
Il nous faut discerner ici les hommes d'affaires des particu-
liers.
a) - Le cas des hommes d'affaires nationaux.
En dehors de quelques réalisations ponctuelles(La Mutuelle des
Enseignants, Chercheurs et Assimilés de Côte d'Ivoire, la MECACI .•• ) les
hommes d'affaires nationaux membres des tontines investissent rarement
dans le secteur productif. Les ressources qu'ils reçoivent des tontines
s'orientent généralement vers le secteur tertiaire et la spéculation
immobilière et ceci est fort regrettable. Or il nous semble que la vo-
lonté de sortir du sous-développement suppose que l'on développe le sec-
teur productif au sein duquel l'industrie jouerait une fonction importante.
b) - le cas des particuliers.
En ce qui concerne les particuliers, ils utilisent les res-
sources des tontines à la construction des villes, à la spéculation im-
mobilière ou à la consommation des biens de luxe. Là aussi, on n'inves-
tit pas dans le secteur productif.
2) - Les tontines regroupant les paysans.
Ici, il faut noter le fait que les ressources des tontines
financent le plus souvent les funérailles d'un parent décédé ou de ma-
riage. C'est rarement que le paysan utilise ces ressources pour améliorer
son habitat rural et sa production agricole. De même, c'est aussi rare-
ment que l'ouvrier se référer à la couronne de bidonvilles qui entoure
les grands centres urbains pour se rendre à l'évidence.

- 89
-
Mais on ne peut s'en tenir à ce constat, car le financement de
l'économie ivoirienne s'inscrit dans le cadre d'une politique monétaire.
Toutefois, il souligne que la Côte d'Ivoire n'a pas de politique moné-
taire spécifique. La politique monétaire qui est appliquée en Côte
d'Ivoire et dans les autres Etats de
l'Ex-A.O.F. et du Togo(1) est
celle que définit l'Institut d'émission de ces Etats, chaque année,
depuis 1955. Quelle est donc la politique monétaire de l'Institut d'émis-
sion des Etats de la B.C.E.A.O ? C'est à cette politique que nous allons
répondre maintenant.
Que pouvons-nous dire au terme de cette analyse sur les tontines?
Une chose est sûre, en Côte d'Ivoire, les tontines sont une réalité so-
ciologique et économique qu'on ne peut ignorer. Il en résulte que l'ana-
lyse des mécanismes de collecte de l'épargne ne peut être complète si
elle écarte le circuit des tontines car, parce que le système bancaire
ne lui
.est pas toujours propice. L'ouvrier ou le paysan et pour tout
dire le petit épargnant acceptera volontiers de tourner le dos à la ban-
que pour adhérer à la tontine qui lui offre une communauté. Certes l'in-
dividu qui adhère à une tontine (cas des tontines ordinaires) ne touche
aucun intérêt. Mais la tontine a l'avantage d'offrir à ce dernier un
cercle de solidarité qui est tel qu'en cas de besoin, de difficulté,
celui-ci (le cercle de solidarité) lui apporterait tout le soutien moral
et matériel nécessaire.
Nous disions tantôt que les tontines n'ont pas encore été
l'objet de recherches approfondies; en ce qui nous concerne, nous nous
sommes arrangé à présenter le système de manière simple pour aider le
lecteur à appréhender le fonctionnement du système. Evidemment, les va-
riantes des tontines prouvent que le système est assez compliqué et la
perception du phénomène dans son ensemble nécessite une recherche plus
approfondie, un certain nombre d'enquêtes, d'investissements en matériel,
etc ... Il est évident que ce genre de travail dépasse largement le cadre
de cette thèse.
L'analyse que nous venons ainsi de faire nous a permisde suivre
l'évolution du système de tontines dans son rôle de collecteur d'épargne
en Côte d'Ivoire.
(1) - Sauf la Mauritanie qui est sortie de la zone frn~c depuis 1973
en créant sa propre monnaie.

- 9.0
En dehors de cette vision caractérielle de l'épargne en fonction du
milieu(rural ou urbain), les ouvrages économiques analysent collectivement
les éléments constitutifs de l'épargne selon une structure (secteur privé,
secteur public) et à l'intérieur du secteur privé selon la nature de l'opé-
rateur épargnant.
8) - Les éléments constitutifs de l'épargne
Les éléments constitutifs ne sont pas ici perçus sous l'angle de ce
que nous appelerons les formes de l'épargne(par exemple, l'épargne libre,
l'épargne contractuelle, etc ••• ), mais par rapport à sa nature relevant de
son origine sectorielle. Une recherche des formes, de façon spécifique ne pré-
senterait certainement pas d'intérêt essentiel, du fait des conditions éco-
nomiques et sociales(1). Néanmoins ces formes sont dépendantes des éléments
constitutifs eux-mêmes. Dans cette vision, et aussi dans tous les pays indé-
pendamment de leur niveau de développement, l'épargne peut être de nature privée.
ou de nature publique.
1) - L'épargne privée
C'est celle qui est accomplie par les ménages et par les entreprises
sur leurs fonds propres. La littérature économique traditionnelle paJle à ce
titre de l'épargne des ménages et de l'épargne sociétaire. Notre objectif ici
n'est pas de reprendre des analyses à propos desquelles nous ne pensons pas
innover, mais de partir d'elles pour mieux appréhender la réalité particulière
de l'économie ivoirienne. C'est la raison pour laquelle, nous nous permettons
d'étudier dans ce paragraphe, l'épargne des ménages et l'épargne des sociétés.
(1) - Formes d'épargne: Nous en distinguons deux principalement - épargne con-
tractuelle : Elle est formée par les primes d'assurance-vie et les coti-
sations à une caisse sociale de retraite.
- Epargne libre
Elle regroupe les placements financiers en comptes
ou en titres variés (avoirs liquides et valeurs mobilières).

-
91 -
TABLEAU
N0
22_
MOUVEMENTS COMPTE D'OPERATIONS
DEBIT
CREDIT
Solde au
31-12-1985
prélèvements payeur de France
Re~versement payeur de France
Transferts de France
Transferts bancaires
Encaissements chèques et effets
transferts faveur Trésors
Transferts faveur offices postaux
Encaissements traités documentaires
Règlements factures caféières
Ventes billets français
Ventes de bitllets d'émission
Divers
Transferts d'autres Etats Zone franc
Transferts bancaires
Encaissements chèques et effets
Transferts faveur Trésors
Transferts faveur offices postaux
Ventes billets Zone franci.
Tranferts de l'étranger
Transferts bancaires
Encaissements chèques et effets
Transferts faveur Trésors
Transferts faveur offices postaux
Ventes billets étrangers.
Transferts sur France
Transferts bancaires
Encaissements chèques et effets
Transferts ordre Trésors
Transferts ordre offices postaux
Rachats billets notre émission
Achats billets français
Divers.

-
92-
(SUITE)
DEBIT
CREDIT
Transferts autres Etats Zone franc
Transferts bancaires
Encaissements chèques et effets
Transferts ordre Trésors
Transferts ordre offices postaux
Rachats billets notre émission
Achats billets Zone franc.
Transferts sur l'étranger
Encaissements chèques et effets
Transferts ordre Trésors
Transferts ordre offices postaux
Divers.
Droits de tirage spéciaux
Caisse et correspondants.
R.B.T.
Bons
Intérêts B.I.R.D.
et
B.R.I.
Intérêts compte d'opérations
Caisse et Correspondants
Divers.
Transferts banques entre Etats B.C.E.A.O.
Transferts Trésors entre Etats B.C.E.A.O
Rapatriement billets Zone entre Etats B.C.E.A.O.
Réimportation billets notre émission.
Prélèvements compte placement sans emploi local
Versements compte placement sans emploi local
Redevances réglées aux Etats
Impôts sur les sociétés.
Net Opérations Services
Centraux.
Solde au
31-12- 1986.
SOURCES
- B.C.E.A.O.

-
93
-
a) - L'épargne des ménages
D'une façon globale et du point de vue du principe obtenu, le
ménage est ici pris au sens de la comptabilité économique. Il aurait été
intéressant d'étudier le problème de son intensité, car en Côte d'Ivoire
il devrait requérir une certaine forme. La famille en Côte d'Ivoire étant
toujours prise au sens large, son effet sur l'épargne n'est pas négligeable.
Pourtant, il s'agit d'un raffinement d'analyse fort intéressant certes,
mais que nous ne toucherons pas.
Du reste, dans toute société économique, l'épargne des ménages
est une variable essentielle du système de financement.
En Côte d'Ivoire, les ménages qui épargnent dans les entreprises
financières sont fort peu nombreux. De plus, nous savons déjà que dans
ce pays, 80 % de la population sont formés par des ruraux. L'épargne des
ivoiriens ruraux est difficilement saisissable comme nous l'avons déjà
souligné. Plus que tout autre élément, l'épargne des ménages relève com-
munément d'une décision de différer la consommation d'une fraction du
revenu actuel. C'est une privation présente au profit de l'avenir. Il n'est
pas besoin d'un débat de doctrine pour le comprendre. Cependant, le mé-
nage africain est celui qui dispose d'un revenu dont la décision ne souf-
fre d'aucune discussion. Nous nous refusons de considérer le revenu moyen
par tête d'habitant pour introduire des considérations entre les divers
ménages des différentes couches sociales de la Côte d'Ivoire. De façon
générale, il n'y a pas de différence fondamentale entre un ménage
abidjanais et un ménage de l'intérieur(provinces)pris individuellement
dans la grande masse des simples gens. Tout ceci pour dire qu'indépendam-
ment des dotations respectives, l'épargne des ménages reste réellement
faible. La raison de fond est celle relative au caractère dérisoire des
revenus des ménages dont l'autoconsommation représente pratiquement
encore une portion essentielle. L'expansion du
S.M.I.G. horaire est in-
téressant à cet égard.

- 94
TABLEAU N°
23- EVOLUTION DU S .M. 1. G.
HORAIRE DE 1963 A 1988
EN FRANCS CFA.
DATES
FRANCS CFA
DATES
FRANCS CFA
DATES
FRANCS CFA
1963
40,00
1969
46,64
1975
92,00
1964
42,40
1970
58,30
1976
115,00
1965
42,40
1971
58,30
1977
115,00
1966
42,40
1972
58,30
1978
143,75
1973
f 58,30
1979
158,125
1967
42,40
73,00
1980
174,00
73,00
87,60
1968
46,64
1974
1
1981
174,00
92,00
1982
1983
1984
1985
1986
1987
191,40
1988
191,40
SOURCE
B.C.E.A.O. - Rapport Annuel 1982. Statistiques Economiques et
Monétair$n) 298 - 1981 P. 20 N° 370 Avril 1988.
Comme l'indique le tableau ci-après,
les S.M.I.G.
est très bas.
Prenons l'année 1981. Sur la base de 40 heures àe travail effectif par
semaine,
le salaire mensuel moyen devrait s'élever à :
(7 j
X 40 h) X 191,40 = 53.592 F CFA soit 1.071,84 Fflmois
Le salaire d'un ménage moyen est réellement de misère,
et il ne
viendrait à l'idée de personne de croire que le titulaire d'un tel revenu
puisse épargner. cet exemple chiffré montre bien le fait que l'épargne des
ménages a un niveau extrêmement faible,
même si elle connaît une nette évo-
lution.
Les dix dernières années,
elle a progressé en moyenne '~e 55,1 %.

-
95, -
TABLEAU N° 24
- EPARGNE DES MENAGES EN COTE D'IVOIRE.
VARIATION EN %
1
NOMBRE DE
VOLUME DES
MONTANT
COMPTES
COMPTES EN
MOYEN EN
ANNEES
NOMBRE DES
MILLIONS
MILLIONS
VOLUME
COMPTES
DE F. CFA
DE F. CFA
1980 . . . . .
91.844
9.699
105
-
+ 40
1982 . . . . .
-
13.550
-
-
+ 30
1984 . . . . .
107.808
17.623
163
-
+
27
1987 . . . . .
123.772
23.340
188
-
+ 25
SOURCES
1/ - Notes - Etudes et Statistiques de la B.C.E.A.O.
2/ - Plan Quinquennal 1970 - 1975. Ministère du Plan
de la République de Côte d'Ivoire.
Cependant, il faut noter que parmi les ménage, il y a bien sûr
ceux qui disposent de revenus substantiels. Pourtant deux traits majeurs
les caractérisent. D'une part, ils mènent une vie ostentatoire d'un
train interne, leurs revenus sont dépensés dans l'achat des produits de
luxe d'importation
d'autre part, lorsqu'ils pensent à épargner, ils le
font hors du pays.
Ainsi, un calcul catégoriel de la propension à épargner des
ménages (selon les catégories de revenus) donnerait des résultats assez
concrets.
En tout état de cause des contingences économiques et sociales
expliquent à la fois la croissance régulière et la faiblesse de l'épargne
des ménage.
Il découle du tableau que l'épargne des ménages locaux connaît
une évolution régulière. La croissance la plus forte a été enregistrée
en 1980 et en 1982. cette progression de l'épargne est parallèle à celle
enregistrée pour les comptes courants qui ont augmenté davantage que les
comptes chèques (58,2 % contre 35,8 %).

- 96
-
Selon Elias GANNAGE, contrairement à la constatation faite dans
les pays capitalistes industrialisés, dans les pays périphériques l'épargne
des ménages est de manière générale inférieure à celle des sociétés(1).
Nous pensons que les conditions socio-économiques de la Côte d'Ivoire
peuvent donner raison à Gannagé, parce qu'à une période récente, les
principaux épargnants furent des expatriés, ceci pour des raisons évi-
dentes(2). Mais une question reste, celle de la connaissance même appro-
ximative de cette épargne des sociétés.
b) - L'épargne des sociétés
Celle des sociétés est formée par les provisions pour déprécia-
tion et les bénéfices non distribués.
En nous référant aux assertions de GANNAGE, elle "( ... ) cons-
titue la principale source de l'épargne privée dans les pays en voie de
développement( ... )". Mais dans le cas précis de la Côte d'Ivoire, des
remarques s'imposent.
L'on se souvient d'abord que dans ce pays, d'une façon générale,
les entreprises commerciales, financières, industrielles et même agricoles
sont des filiales ou succursales de maisons étrangères natio~ales ou multi-
nationales, peu importe le voile juridique qui les couvre. Les questions
que pose un tel cas dans un pays faible ne sont pas des moindres. L'expé-
rience révèle que ces sociétés ont un système de gestion spécifique, leur
comptabilité étant souvent connue de manière effective par les services
compétents nationaux. D'un autre point de vue, le mode de calcul des dif-
férentes
provisions et des amortissements n'est pas connu et chaque so-
ciété le définit en fonction de ses motivations propres au lieu de tenir
compte en particulier des conditions économiquement valables.
(1) - Elias GANNAGE : "Financement du développement". Selon GANNAGE l'épar-
gne des ménages représente 72 % de l'épargne totale a~ U.S.A.
(2) - La ventilation de l'épargne postale révèle que l'épargne des autoch-
tonnes africains a été souvent faible par rapport au total.

-
97
TABLEAU r;J 25 - EPARGNE POSTALE (EN MILLIONS DE FRANCS CFA.)
EN POURCENTAGE
A N NEE S
MONTANT
(%)
AOUT 1975 ...•.•
5.550
-
AOUT 1978 ..•..•
5.978
13,7
AOUT 1980 ......
5.420
20,6
AOUT 1982 ......
6,271,9
21,3
AOUT 1983 ••....
5.209,1
12,9
AOUT 1984 ......
7.638
22,4
AOUT 1985 •.....
8.773
23,9
AOUT 1986 .....•
8.997
24,3
AOUT 1987 ......
9.458
25,7
SOURCE
B.C.E.A.O. - Informations Statistiques et Economiques.
- Rapports d'activité 1984, 1985, 1986.
- Statistiques Economiques et ~onétaires nO 370 Avril 1988.

_ 98
En outre, quand des ressources qui résultent de cela existent
réellement, elles sont systématiquement transférées à l'étranger. L'un
des différends qui opposent sociétés capitalistes étrangères et gouver-
nants africains justement trouve sa source dans le fait que les béné-"
fices extorqués ne sont jamais réinvestis sur place. Ainsi, l'épargne
provenant des provisions, amortissements et bénéfices est sans doute
importante, mais elle ne reste pas dans le pays de régénérescence. Elle
est même difficilement, pour ne pas dire pas du tout, appréhensible en
Côte d'Ivoire. Nul n'ignore qu'en Côte d'Ivoire il n'y a aucune régle-
mentation en la matière(le respect scrupuleux des dispositions de la
Zone franc et du Code d'Investissements).
Pourtant, les entreprises qui y mènent des activités variées
possèdent des ressources nécessaires pour faire face aux exigences
courantes de gestion. Dans cet esprit, elles sont amenées à épargner
dans une certaine mesure pour prévenir tout aléa. C'est ainsi qu'à
lire certains comptes, on s'aperçoit que l'épargne des entreprises
existe effectivement.
Parallèlement à ces deux éléments constitutifs de l'épargne
privée, les conditions économiques en Côte d'Ivoire conduisent à accor-
der une importance à la nécessité de mieux saisir le problème de l'épar-
gne publique.
2) - L'épargne publique(1975 - 1987)
L'épargne publique en Côte d'Ivoire représente l'excédent des
ressources courantes(fiscalité)sur les dépenses ordinaires de l'Etat
(dépenses de fonctionnement et dette publique), cet excédent contribue
au financement du budget d'équipement de l'Etat(l'investissement public).
Le tableau nO~b retrace l'évolution de l'épargne publique en volume et
en pourcentage de l'investissement en général et des dépenses d'investis-
sement de l'Etat en particulier.
En volume, l'épargne publique est passée de 760 millions de
Francs C.F.A. en
1975 à seulement 11.484 millions de Francs C.F.A en
1982, puis elle baissait de moitié en 1983 pour dégager un déficit im-
portant, sans précédent en
1987 de 9,887 millions de Francs C.F.A.
parallèlement, les dépenses d'investissement de l'Etat ont été multi-
pliées par 9, passant de
1.260 millions

TABLEAU

·26 -
L'EPARGNE PUBLIQUE
1975 - 1987 (EN MILLIONS DE FRANCS C.F.A)
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1987
.
Epargne Publique ••••..•
760
685
379
791
1.027
1.075
920
11.484
744
902
- 9.887
1 - Investissements ...• 2.650
2.370
2.700
2.670
4.480
7.700
11.250
12.850
14.208
15.643
15.253
En pourcentage 1 ••...
26
22
11
27
22
14
8
11
')
6
- 5,3
II - Dépenses d'inves-
tissements de l'Etat ••.• 1.260
1.230
1.710
1.710
1.310
2.340
4.580
8.220
10.410
6.730
9.120
En pourcentage II •.•
57
52
25
43
77
45
16
18
7
13
-
12
lJ'
lJ'
SOURCE
- Tableau confectionné à partir des Informations Statistiques Economiques et Monétaires de la
B.C.E.A.O
et les Rapports Economiques et Financiers du Ministère de l'Economie et des Finances
de la République de Côte d'IVoire.
=""'''''''''W'''~f~~.'';;;$.
J;M
'"
,SAUt ",i ;,.,j"U$
X
J14t, 244 .k, )WlS,
lM .1 ,t.A,
tg:. (tU,t,MA
S,.,, SASkA
_,P
. h .
$ ..
MUd
a

de Francs C.F.A. en 1975 à 10.410 millions de Francs C.F.A. en 1983 et
elles ont fléchi pour s'établir à 9.120 millions de Francs C.f.A. en
1987.
En pourcentage, l'épargne publique en Côte d'Ivoire repré-
sente aux environs et en moyenne 20 % des investissements jusqu'à 1979
et depuis elle a marqué une chute pour atteindre 5 % en 1983 et devient
même négative
- 5,3 % en 1987.
Cette épargne qui sert à financer la construction de l'infras-
tructure et la création de service public demeure faible relativement
au regard des dépenses d'investissement de l'Etat. Ainsi, elle a parti-
cipé pour le financement de ces derniers à concurrence de
49 % au
rythme annuel jusqu'à 1979 - 1980, puis sa part est tombée à 7,9 %
entre 1981 et 1987.
Pour mieux cerner les motifs de ce déséquilibre financier du
Trésor public et qui se manifeste par la faiblesse de l'épargne publique
par rapport aux investissements en Côte d'Ivoire, nous sommes amené à
proposer dans ses grandes lignes l'évolution d'une part, des recettes
ordinaires à travers ses parties fondamentales : les impôts directs et
indirects, les droits de douane et enfin les paiements de la Caisse de
Stabilisation et de Soutien des produits agricoles(C.S.S.P.A.) au titre
d'impôts sur les bénéfices. D'autre part, les dépenses ordinaires qui,
elles, se répartissent entre le fonctionnement des administrations, la
dette publique et les subventions à la consommation.
En effet, du côté des ressources du Trésor public, bien que
l'épargne publique est demeurée positive jusqu'à 1979, il ressort toute-
fois du tableau nOl b que son volume reste très faible par rapport à
l'investissement en Côte d'Ivoire.
Malgré tout, l'accroissement des recettes publiques qui ont
permis la réalisation de cet excédent modeste est imputable d'un côté à
l'augmentation des recettes fiscales, dominée par l'imposition indirecte,
et de l'autre côté, aux paiements de la C.S.S.P.A. au titre de l'impôt
sur les bénéfices et dividendes. Ainsi, la contribution de cet organisme

- 101 -
étatique dans les recettes ordinaires de l'Etat était très importante
surtout au cours des exercices 1979 - 1980, elle s'est élevée à plus
de 45 % de l'ensemble des ressources. Mais dès le retournement de la
situation agricole en 1981, le versement de la C.S.S.P.A. a marqué
une baisse pour se stabiliser autour de 12 %.Immédiatement, le volume
de l'épargne publique a accusé un effondrement important.
Pour combler ce manque à gagner et faire face à l'accroisse-
ment sensible des dépenses publiques, l'Etat a décidé de se rattraper
par la voie fiscale en augmentant la fiscalité indirecte et les droits
de douane et dans une moindre mesure les impôts directs.
C'est ainsi que, dès le début des années
1983, les autorités
publiques, sans souci d'équité sociale devant le fisc, ont introduit
quelques dispositions dans la structure des recettes fiscales(impôts sur
les bénéfices, taxe sur les produits et services(T.P.S.), taxe sur les
produits agricoles(T.P.A.), institution d'un emprunt obligatoire sur les
traitements et salaires et d'une contribution complémentaire sur le re-
venu des personnes physiques.
En renforçant le niveau déjà élevé de l'imposition ~n Côte
d'Ivoire(car la pression fiscale, mesurée par le rapport: recettes
ordinaires/produit Intérieur Brut, a enregistré et en moyenne au cours
des cinq plans de développement économque couvrant notre période
d'analyse respectivement les montants en pourcentages suivants
21 %,
24,2 %, 26,3 %, 28,9 % et 22,2 %) l'Etat s'engage dans la voie d'une
fiscalité calquée sur celle des pays industrialisés.
Ainsi, ces chiffres dénotent largement le niveau élevé des
prélèvements fiscaux et para-fiscaux en Côte d'Ivoire dont la structure
se caractérise d'ailleurs par un approfondissement des inégalités so-
ciales propices à l'accumulation des richesses de la classe dominante
ivoirienne et donc essentiellement inadaptée aux conditions socio-éco-
nomiques du pays.

-
102-
Ceci étant, la fiscalité en Côte d'Ivoire n'a pas connu des
modifications sensibles et profondes depuis l'indépendance en 1960. Cette
rigidité du système fiscal ivoirien mériterait, à lui tout seul, une .
étude sérieuse mais celle-ci dépasse notre cadre d'analyse. Par consé-
quent, nous nous limiterons seulement à ses conséquences sur la faibles-
se de l'épargne publique en Côte d'Ivoire.
Ainsi, nous constatons que les impôts indirects occupent la
place dominante dans les recettes ordinaires de l'Etat avec un rythme
annuel moyen d'environ
75,9 % de l'ensemble des recettes budgétaires.
Cette catégorie d'imposition touche surtout les taxes sur les produits
intérieurs de consommation et les services et donc elle peut être con-
sidérée comme un prélèvement sur les revenus des ménages et risque ainsi
d'être préjudiciable à la fonction d'épargne en Côte d'Ivoire.
Concernant les droits de douane, ils se sont renforcés au
cours des dernières années pour atteindre enfin de période 25,7 % des
recettes ordinaires de l'Etat et 24 % en moyenne sur toute la période.
Le but de cet accroissement des tarifs douaniers est de permettre un
transfert du pouvoir d'achat du consommateur au profit de l'Etat d'un
côté et d'encourager l'industrie nationale pour les produits de substi-
tution aux importations de l'autre côté.
Enfin, les impôts directs qui concernent tout d'abord l'impôt
sur le revenu total des personnes physiques(impôt progressif sur le re-
venu), celui-ci ne joue qu'une fonction très modeste dans le système
fiscal ivoirien(moins de 73 m. de F. CFA par an depuis son introduction
en 1959. Tandis que l'impôt sur les bénéfices qui porte s~r les personnes
physiques et morales demeure le plus dominant si l'on inclut la C.S.S.P.A.
Exceptée cette dernière, sa part reste très faible à cause principalement
des diverses exemptions accordées dans le cadre du Code d'Investissements
de 1959 pour encourager l'investissement et l'exportation en Côte d'Ivoire.
Dans l'ensemble, les impôts directs n'ont procuré à l'Etat que
17 % en moyenne de ces recettes ordinaires.

- 103 -
Du côté des dépenses, elles ont connu un très fort accrois-
sement après
1978, passant de 3.123 millions de Francs C.F.A. en 1975
à 3.896 millions de Francs C.F.A. en
1978, pour atteindre ensuite
25,795 millions de Francs C.F.A. en 1987, soit un quadruplement de leur
montant au cours de la période d'analyse. Ce fort accroissement des dé-
penses ordinaires de l'Etat semble être dû en partie au service de la
dette publique, principalement au cours des dernières années. Celle-ci
représente plus de
15,1 % de l'ensemble des dépenses. En effet, le
service de la dette publique qui s'élevait à seulement 120,799
mil-
liards de Francs C.F.A. en
1979 est passé à
377,223 milliards de Francs
C.F.A. en
1986, soit un accroissement de
31,7 %.(1)
Quant aux dépenses de fonctionnement, elles représentent en
moyenne
75 % des dépenses ordinaires de l'Etat. Les traitements des
fonctionnaires y interviennent pour plus de
65 %. Les 10 % restant sont
destinés à l'acquisition du matériel et la réalisation des travaux d'en-
tretien des bâtiments publics et dans une moindre mesure l'allocation
de subvention à la caisse de retraite de la Côte d'Ivoire.
Enfin, les subventions à la consommation: c'est un élément
capital de l'intervention de l'Etat en matière de prix en Côte d'Ivoire.
Le but ultime de cette opération est de protéger le pouvoir d'achat
du consommateur affaibli par la persistence des tensions inflationnistes.
Aussi, cette catégorie de dépenses qui s'imposent pour les pouvoirs pu-
blics, est versée à la Caisse de Péréquations en vue de stabiliser les
cours intérieurs de certains produits de base et de grande consommation,
qui sont importés (blé, farine, sucre, huile ... ). Le montant de ces sub-
ventions a connu une progression forte après
1978, de 857 millions de
Francs C.F.A.
à cette époque, il est passé à
19,573 millions de Francs
C.F.A en
1981 et à
15,881 millions de Francs C.F.A. en
1987, avec un
accroissement, sur cette dernière année, dans des proportions importantes,
de l'ordre de 160 %. En moyenne, ces subventions représentent 18,1 % des
dépenses ordinaires de l'Etat.
En guise de conclusion, l'épargne publique en Côte d'Ivoire
aurait pu être mieux mobilisée si un certain nombre d'ajustements fis-
caux étaient effectués, ainsi qu'un contrôle plus rigoureux des dépenses
d'administrations.
(1) - Rapport Annuel de la
C.A.A.
1986
P. 15

104-
En effet, du fait que cette catégorie d'épargne provient prin-
cipalement en Côte d'Ivoire des prélèvements sur les revenus des ména-
ges, par le truchement des impôts indirects, qui sont dominants dans la
structure fiscale ivoirienne, ces prélèvements apparaissent plutôt com-
me un simple déplacement d'épargne des ménages et des entreprises vers
l'Etat. La mobilisation de l'épargne publique par le renforcement de
l'imposition indirecte ne peut avoir, dans ces conditions, qu'un effet
dépressif sur l'épargne des ménages et neutre sur la formation de l'épar-
gne nationale.
D'autant plus que cette épargne, collectée au seul profit de
l'Etat, devrait être utilisée à des fins sociales. Elle ne sert, en fait,
en Côte d'Ivoire, que pour financer une infrastructure ne répondant en
aucun cas aux besoins socio-économiques fondamentaux du peuple ivoirien
(par exemple amélioration des transports urbains et ruraux et création
des services publics dans les secteurs traditionnels).
Dans l'ensemble, pour que l'épargne publique s'améliore en
Côte d'Ivoire, il faudrait élaborer une réforme fiscale ayant pour objet
d'introduire plus de justice sociale dans la répartition des ressources
intérieures. Pour ce faire, les autorités doivent prendre des mesures
qui viseraient l'accroissement de l'imposition directe sur les grandes
fortunes d'une classe de ménages non seulement très concentrée dans le
pays, mais potentiellement active dans la fructification de son épargne.
En effet, cette catégorie minoritaire de ménages ivoiriens, est aller-
gique à tout investissement "à risques" dans les zones productives de
l'économie. Elle continue, au contraire, à s'enrichir en se cantonnant
dans des opérations de spéculation immobilière et foncière, ou tout sim-
plement à gaspiller son épargne dans des consommations ostentatoires
(fêtes religieuses ou/et funérailles grandioses).
Pour le reste, l'Etat, pour combler ce manquement de l'indus-
trie privée dans le développement économique, se "harge du financement
des projets industriels les plus capitalistiques et donc les plus
coûteux en faisant appel, entre autres, au capital privé surtout
étranger. Celui-ci, se trouve bénéficiaire d'incitations d'ordre fiscal,
qui lui sont accordées dans le cadre du code des investissements 1959.
Ce dernier prévoit par exemple,

-105 -
l'exonération de l'impôt sur les bénéfices pendant 10 ans, mais également
la garantie du transfert pour le capital investi et les dividendes,
'l"saUCUne autorisation préalable. Voilà quelques mesures qui sont des-
tiliées à inciter l'évasion fiscales au lieu
de la combattre, entralnant
ainsi un manque à gagner pour l'Etat.
Somme toute, une politique efficace pour la constitution de
l'épargne publique en Côte d'Ivoire commencerait d'abord par des mesures
fiscales capables de retirer du circuit économique, des ressources qui,
sans quoi, seraient utilisées pour la consommation de la classe des
nantis (par exemple: impôts sur les produits de luxe), et les conduire
vers le financement des investissements sociaux : transports, équipements,
etc ..• D'un autre côté, un contrôle strict s'impose pour les dépenses
publiques, principalement au niveau des dépenses de fonctionnement des
administrations. C'est uniquement dans cet état que l'on peut espérer
un concours réel de l'épargne publique dans le financement du développe-
ment ivoirien. Cependant, il est de notre point de vue nécessaire de
montrer les éléments fondamentaux, causes de ce manque de l'épargne na-
tionale.

PARAGRAPHE 2
L'ORIGINE DU MANQUE DE L'EPARGNE NATIONALE
Nous essayerons dans ce paragraphe de donner une rapide ex-
plication du manque de l'épargne nationale en Côte d'Ivoire. Les ouvra-
ges économiques traditionnels, lorsqu'ils essaient de dominer le seuil
du cercle vicieux, s'ingénient à montrer le manque de l'épargne dans
les pays en voie de développement par le seuil du revenu per capita.
Trois facteurs fondamentaux peuvent nous conduire à mieux saisir le
problème en dépit de toute acception subjective. Il s'agit du revenu
national, la déformation structurelle de l'économie et enfin les trans-
ferts financiers.
A) - L'épargne et le revenu
"Qui gagne plus épargne plus, et qui épargne plus gagne encore
plus"(1).
En d'autres mots, l'individu ou la nation qui détient un reve-
nu plus grand, épargne davantage. Plus le revenu augmente, plus la capa-
cité d'épargner s'accroit, la consommation actuelle devant demeurer tou-
jours inférieure du revenu réel. De même, à un revenu faible correspond
une épargne faible, insuffisante. Dans les pays africains, le faible
niveau du revenu individuel reflète la faiblesse de l'épargne. Non, seu-
lement le taux de formation de l'épargne (de 14 à 16 % du P.N.B.)(2) est
bas, mais également la propension à épargner est faible.
Partant de ces acceptions, il faut donc oeuvrer à augmenter
le revenu national(et aussi les revenus individuels)pour bénéficier
d'une croissance du taux d'épargne. De même, la question ne sera plus
comment faire pour accroitre l'épargne, mais elle se placera désormais
au niveau du revenu national et sa répartition parmi toute la population
nationale.
(1) - Pierre MOUSSA: "Les pays en voie de développement(aspects écono-
miques et financiers). Fascicule
P. 9.
(2) - D.N.U., Stratégie de l'Afrique pour le développement. N. YORK
1973
P. 9.

1
.,..JO'l .
Or
, d'une façon générale, en COTE d'IVOIRE,
non seule-
ment le revenu national
est bas, mais encore son évolution est
lente d'une année à l'autre.
TABLEAU N°27
REVENU NATIONAL BRUT EN COTE D'IVOIRE
DE 1960 A 1987 (EN MILLIONS DE FRANCS CFA)
A
N
N E E
MONTANT EN MILLIONS DE FRANCS C.F.A.
1960
142.615
1961 ·.... .. . ... . .... .
161.422
1962 ·
.
168.350
1963
197.810
1964
239.675
1965 ·
.
239.586
1966 ·
.
257.975
1967
275.681
1968 ·
.
356.458
1969
365.568
1970
415.326
1971 ·
.
440.074
1972
472.480
1973
565.267
1974
742.237
1975 ·
.
729.121
1976
850.740
1977 ·
.
876.100
1980
911.031
1981
1.012.813
1982
1.237.721
1983
1.312.410
1984
1. 510.781
1985
1.610.325
1986
2.016.973
1987
2.589.306
SOURCES
1 )
Dossiers BCEAO (rapports annuels,
bulletins
statistiques)
2) - La COTE d'IVOIRE en chiffres 1986-1987 Abidjan-
Edition Africaine 1988.
3) -
Rapport Economique et Financier.
Comptes de la
Nation.
R.N.B.
= P.I.B. + (M-X)-Déficit Extérieur-Impôts
indirects + subventions d'exportation.

108
Le tableau not~ indique clairement la faiblesse du revenu na-
tional.
En ce qui concerne les revenus individuels, en dehors de
l'infime minorité nantie de la bourgeoisie interne, l'état global des
revenus est insignifiant. Nous avons mentionné plus haut la faiblesse
du S.M.I.G. horaire en Côte d'Ivoire. Les salaires de l'immense majorité
des travailleurs sont des salaires piteux. Les ménages gagnent peu, épar-
gnent donc insuffisamment.
Toutes choses qui montrent suffisamment que
faire
~
pour
accrOl-
tre le taux d'épargne à un seuil raisonnable, il faut agir sur le ni-
veau des revenus, comme il faut aussi porter une attention spécifique
à la structure économique.
B) - L'épargne et la disparité structurelle économique.
En tant qu'entité dominée, l'économie ivoirienne porte toujours
le poids du fait colonial et paie le tribut de son intégration au marché
capitaliste mondial. Là réside sa déformation structurelle. En dépit de
l'accession du pays à la souveraineté internationale, en Côt~ d'Ivoire
l'économie reste pour le principal de type colonial. Elle est désarti-
culée de par sa structure hétérogène dominée par le capital étranger et
basée sur des pôles commerciaux et extractifs tournés vers l'extérieur(1).
Dans une telle organisation de l'économie où la production des biens né-
cessaires à la consommation interne est abandonnée au profit de celle des pro-
duits d'exportation, on ne éonsomme pratiquement que des produits importés
très coOteux. Les salaires modestes sont presque ~ntièrement tournés vers la
(1) - Selon l'O.N.U., in "Stratégie de l'Afrique pour le développement
durant les années
70, NEW YORK
1973.
"La structure hétérogène de la quasi-totalité des pays africains
comprenant un secteur de subsistance traditionnel, un secteur au-
tochtone monétisé et une enclave étrangère, pose trois problèmes
essentiels
a) - Dans chaque pays, un moyen restreint, généralement situé dans les
centres urbains, constitue l'élémerlL dynamique de la modernisation,
mais il est entouré de vastes touées rurales arriérées
où le déve-
loppement est lent par suite d'une production extrêmement faible.
La grande majorité de la collectivité de l'Afrique en voie de déve-
loppement vit encore dans le secteur de subsistance où les niveaux

-109 -
de vie sont très bas. Un pourcentage relativement modeste mais crois-
sant de la collectivité autochtone vit presque
complètement dans le
secteur
monétisé oùles niveaux de vie sont plus élevés mais cependant
peu satisfaisants en général.
b) - Les enclaves étrangères que le gouvernement ne peut faci-
lement réglementer et intégrer aux économies nationales, jouent un rôle
économique important dans un grand nombre de pays. Ces enclaves(compre-
nant des sociétés dirigées de l'extérieur et du personnel étranger)
représentent un pourcentage énorme du revenu total de la Côte d'Ivoire.
Comme elles sont parmi les principaux producteurs de revenus, elles ap-
portent une contribution importante aux recettes de l'Etat.
c) - La participation de la collectivité autochtone au secteur
privé de l'économie est insignifiante".

- 110 -
satisfaction des besoins élémentaires
pour la reproduction des titulaires
de même que pour celle des membres de leurs familles. La progression du
niveau des prix est telle que le pouvoir d'achat des modestes salaires
vacille autour du point zéro. Ce qui est un handicap sérieux à la forma-
tion d'une épargne suffisante locale.
De surcroIt, le système de répartition du tissu social régénéré
à l'intérieur du pays favorise davantage l'étranger ne laissant sur place
qu'une infime part faite de ce que nous nous permettons d'appeler des
miettes. Ceci est la logique de l'exploitation des nations faibles. Par
contre, il n'est point besoin de démonstration spécifique pour affirmer
qu'elle est à l'origine de leurs maux. Et, l'exploitation empêche sérieu-
sement la formation d'une épargne interne, le taux d'intérêt subissant
une déperdition constante(1). Ce système de répartition peut être schéma-
tisé de la manière suivante :
produit total créé
dans le pays
~
Rart des capitalistes •
part du pays considéré
étrangers
Revenu
National
- Rémunération du capital
- Hyper profits
J,
~,
1
Autoconsommation
profits industriels
1
Profits commerciaux
2
2
Revenus des entrepreneurs
individuels
Intérêts divers
3
Salaires versés aux tra-
3
Rente foncière
4
vailleurs nationaux
Taxes diverses, impôt.s
4
sur
B.I.C.
(1) - Selon Sourcier de Carbon, in "Financement interne et externe des
pays en voie de développement", Revue de science financière Janvier 1961
P. 83, "Fréquemment, dans les pays insuffisamment développés, les
entreprises modernes sont financées sur une épargne extérieure et
gérées par des résidents temporaires. L'épargne à peine formée quit-
te alors le pays, qu'il s'agisse de dividendes ou d'excédents de
revenus des cadres; le taux d'éparqne interne utilIsable subit une
déperdition importante.

111
Il convient de préciser maintenant que la part des capitalistes
étrangers qui demeure largement supérieure à la part nationale est tota-
lement rapatriée à l'extérieur. Ce transfert continuel de valeurs est à
n'en pas douter une source essentielle d'appauvrissement des nations
périphériques.
Pour la Côte d'Ivoire, cette situation est aggravée par les
dispositions de la Zone franc et du Code d'Investissement pour ce qui
est des transferts de capitaux qui ne sont pas soumis à une contrainte.
Le plus manifeste est que ces transferts ne se font en flux nets que
dans un sens généralement. Ceci est notre conviction, car il ne faut
pas oublier qu'ils sont entourés d'un secret inexplicable en apparence,
notamment en ce qui concerne les mouvements bancaires. Néanmoins, les
flux de transferts postaux sont une indication précieuse qui vient
étayer notre point de vue.
TABLEAU
N° 28
EVOLUTION DES TRANSFERTS POSTAUX. VIREMENTS ET MANDATS
POSTAUX EMIS ET PAYES EN MILLIONS DE FRANCS CFA.
A N N E E
EMISSION
PAYES
SOLDE
1969 .............
1.919
41B
- 1.501
1970 .............
1.865
320
- 1.545
1971 .•...........
2.122
320
- 1.802
1972 .............
2.347
494
- 1.853
1973 .............
2.797
343
- 2.454
1974 ...•..•..••.•
3.683
358
- 3.325
1975 .............
-
-
-
1976 .............
-
-
-
1977 .............
4.125,0
812,7
- 3.312,3
1978 ............
4.230,1
744,4
- 3.485,7
1979 .............
4.054,1
829,5
- 3.224,6
1980 .............
4.871,8
1.281,9
- 3.589,9
1981 .............
9.238,9
1.103,4
- 8.135,5
1982 ............
5.091,4
1 .242,7
- 3.848,7
1983 .............
4.385,1
1.321,0
- 3.064,1
1984 .............
13.815,1
4.177,1
- 9.638,0
1985 .............
18.288,6
4.834
-13.454,6
SOURCE
B.C.E.A.O.
Rapports Annuels. Bulletins StatIstiques-Moné-
taires. Statistiques Economiques et MonétaIres nO 370 AVRIL 1988

- 112 -
SECTION
II
- L'EPARGNE LOCALE ET FINANCEMENT DES INVESTISSEMENTS
PRODUCTIFS.
Notre objectif n'est pas d'étudier ici toute la question de
la formation du capital en Côte d'Ivoire, ce qui nous amenerait à con-
sidérer tous les problèmes relatifs à la technique de production, à la
productivité du travail sans oublier de souligner les implications de
pure politique. Nous n'avons pas non plus l'ambition de dégager une ap-
proche ayant valeur de théorie. Nous voulons simplement tenter de jus-
tifier le lien qui pourrait exister entre épargne interne et formation
du capital national. Ceci est d'autant plus important que pendant long-
temps encore, partant de "l'inexistence" de l'épargne interne, il a
été conseillé aux pays périphériques, particulièrement africains, de
faire appel à l'épargne extérieure capable d'engendrer du capital na-
tional important pour leur dév~loppement.
Il est demeuré presqu'une haie en littérature économique d'af-
firmer que la formation du capital est liée organiquement à la crois-
sance et au développement de l'économie, c'est-à-dire à l'accroissement
des richesses matérielles et immatérielles nécessaires à l'amélioration
de la condition de l'homme.
L'organisation du capital est donc l'une des plus archalques
inquiétudes fondamentales des entreprises économiques qui a acquis une
importance croissante et revêt maintenant une actualité spécifique pour
les pays de la périphérie. Les économistes des siècles écoulés avaient
en quelque sorte transformé en mot d'ordre, le maintien croissant des
biens économiques. Il faut épargner et accumuler. Un auteur s'est par-
ticulièrement manifesté dans ce sens. Il s'agit de Maltus qui a été
amené à synthétiser cette "tourmente" en une théorie de l'abstinence en
partant de la constatation faite par lui et selon laquelle les produits
alimentaires(subsistances) croitraient en progression arithmétique et la
population en progression géométrique. S'il est actuellement établi que
l'alarmisme de Maltus résulte davantage du fait que ce dernier ignorait
essentiellement les immenses possibilités créatrices de l'humanité, il
n'en demeure pas moins que certaines estimations des conditions nutritionnis-
tes dans les pays sous-développés, notamment ceux d'Afrique, paient encore leur
tribut au Maltusianisrne. En effet, nul n'ignore que l'Afrique est aujourd'hui

-
11.3-
le continent le moins peuplé de la terre, et pourtant des voix s'élèvent
ici et là pour demander aux Africains de limiter et arrêter leur crois-
sance démographique.
Dans ce qui va suivre, nous tenterons dans la mesure du possi-
ble de saisir la notion de capital et le procès de son accumulation, le
rôle de l'épargne dans ce procès en tant que facteur de financement de
ce même capital.
PARAGRAPHE
1
- L'EPARGNE LOCALE
Les ouvrages économiques livrent plusieurs définitions de la
notion de capital. La plupart d'entre eux se rejoignent. Fréquemment,
ils expliquent plus la constitution du capital qu'ils n'en donnent réel-
lement une assertion générale. Pour les mercantilistes, le capital est
un stock de métaux précieux accumulés et procurés par la pratique du
commerce. La mesure du stock est signe de puissance et de fortune.
En Afrique, la signification du capital est aussi v~eille.
Jadis(et même présentement dans une certaine dimension), elle était con-
fondu avec la prospérité individuelle dont le contenu demeurait aussi
étroit que possible, partant des objets de valeur, plus ou moins, et in-
cluant une certaine idée de la famille. C'est une conception du patri-
moine. A côté, les objets de travail en dehors de leurs particularités
élémentaires, la force de travail des populations constituent le capi-
tal productif auquel il convient d'ajouter les semences gardées d'une
récolte à l'autre. Entre les deux formes, il existe une différence fon-
damentale. La richesse personnelle du capital oisif dont la seule vertu
est de procurer une sorte de satisfaction morale et de conforter un cer-
tain sang dans la société.

- 114 -
Cette forme sert dans la production des biens principalement
de consommation. Elle est créatrice de surplus, réparti en réserve de
consommation et en réserve de production ce qui nous donne la formule
suivante :
< T
f'- -P'
Mp
P' > P
avec
P' _ P = S <Réserve de consommation
Réserve de production
Le mouvement est ici d'abord celui d'une reproduction simple.
De notre point de vue, cette démarche n'avait pas encore at-
teint son point critique optimal où seraient apparus, d'une manière ou
d'une autre, les éléments de son autodestruction d'un mouvement contra-
dictoire, quand intervint la colonisation. L'accumulation primitive
africaine dans ses conditions spécifiques et originelles a subi donc
dans son expansion le choc des nouvelles conditions historiques qui ont
pénétré, en les bouleversant, les secteurs fondamentaux de la ~ie na-
tionale interne. Cette accumulation primitive était-elle effective ou en
gestation? Quelle nature devait-elle revêtir?
Notre connaissance des conditions sociales précolonialesCet
même coloniales)nous incite à plus de prudence quant aux réponses à donner
aux questions que nous venons de poser, car malgré ce qui a pu être écrit
ici et là, la situation n'a pas été suffisamment éclairée. Néanmoins, par-
tant de la considération qu'avant la période coloniale, le régime social
en Côte d'Ivoire était pour l'essentiel féodal, mais très faiblement or-
ganisé à tous les stades, nous ne pouvons pas parler avec autorité de la
question d'un éventuel accaparement de l'immense majorité par la minorité.
La forme présente de la propriété terrienne est significative à cet égard.
Cependant, le schéma du pays profond n'étant pas généralisable à tout prix,
nous ne pouvons pas écarter les voies d'une accumulation primitive de na-
ture particulière. Mais ces voies seraient effectivement réduites au point
où nous parlions d'un commencement d'accumulation primitive dont on ne
saurait préciser avec autorité quelles auraient été les formes réelles de
réalisation.

_ 115 _
A l'heure actuelle, les rapports capitalistes de production
sont installés dans ce pays et se renforcent chaque jour davantage. La
loi générale d'accumulation devient celle du mode de production capita-
liste qui domine la vie locale en l'aliénant. La spécificité de cette
accumulation est qu'elle s'effectue surtout à l'extérieur de l'espace
ivoirien.
Les nombreuses politiques économiques "bien pensées dit-on"
mises au point pour promouvoir la formation d'un capital interne ivoi-
rien ont surtout mis l'accent sur deux éléments, l'aide extérieure et
le commerce extérieur. Ainsi tout modèle d'accumulation prenait en com-
pte ces deux éléments comme termes dominants, les autres tenant aux
conditions structurales et technologiques sont reléguées au second rang.
Parallèlement à cette spécialisation, le financement est fon-
damentalement d'origine étrangère. Dans ce contexte, de nombreux inves-
tissements ont été effectués à des condition extrêmement propices en
Côte d'Ivoire. D'aucuns parlent même de liquidation des ressources lo-
cales. Ces investissements sont soit publics, soit privés, le tout
étant compris sous la dénomination "parfaite" d'aide étrangère ou d'as-
sistance financière étrangère. Nous aurons l'occasion de revenir sur
cette partie de l'aide dans la troisième partie de notre étude.
La constitution du capital comporte trois étapes, écrit
Henri 5IMONET :
1)
L'Epargne: C'est la partie non consommée du revenu;
2) - Le Financement: C'est l'ensemble des opérations par les-
quelles les ressources résultant de l'é-
pargne sont mises à la disposition des
unités qui réalisent les investissements
3) - L'Investissement
C'est l'affectation d'épargne disponible
à la production de biens ressortissant
aux catégories précipitées (1).

-
116 -
La définition ci-dessus de Henri SIMONET montre l'importance
que l'économie politique habituelle accorde à l'épargne dans le procès
de formation du capital. Elle place aussi, de manière claire certes,
l'épargne totale comme la contrepartie principale de la formation du capi-
tal. Selon
THEO-SURUGI-UNGER, les formes de financement les plus ef-
ficientes sont implicitement celles qui mobilisent l'épargne de façon à
ce que le poids maximum de formation effective du capital ait la struc-
ture la plus convenable à augmenter la productivité de l'économie(2).
La conception de THEO-SURUGI-UNGER se place dans l'optique
d'une économie de type "libéral". Dans ce cadre, i l est généralement ad-
mis que deux orientations essentielles sous-tendent les formes de finan-
cement. Il s'agit du financement direct et du financement indirect.
L'augmentation du volume de l'épargne comme une condition né-
cessaire à la formation rapide du capital interne a conduit des gouver-
nements à préconiser des politiques économiques et sociales des plus
inégalitaires(3). Un tel comportement remet donc à une période lointaine
la mise en oeuvre d'une politique de bien-être social.
(1) - Henri SIMONET : "La formation du capital dans les P.S.D. et l'As-
sistance Financière étrangère." Ed. Université Libre de Bruxelles.
1959
P. 92.
(2) - THEO-SURUGI-UNGER : Les différences internationales dans la forma-
tion du capital et son financement." ECONOMIE Appliquée nO 2. 3
Avril-Septembre 1953.
P. 378.
(3) - GOMAA - SALWA : "Formation du capital et dévéloppement économique."
Thèse de doctorat d'Etat de Sciences Economiques.
Paris
1971. P. 127
et P. 128.
"Pour la formation du capital, afin de réaliser le dévéloppement, il est
préférable d'encourager l'épargne même sous forme d'une injustice sociale,
en vue d'augmenter les investisseme'ts productifs. Et une fois la struc-
ture économique établie, la production augmentée, il est possible de
chercher la justice dans la répartitlon( ... ). Avec une répartition iné-
galitaire du revenu national, une limitation de la consommation, les pays
sous-dévéloppés peuvent réaliser une épargne effective importante."

- 117 -
C'est tout le problème d'une optimalité de la politique économique et de
la politique sociale. Peut-on accomplir les deux optimums à la fois ?
Doit-on accomplir l'un au détriment de l'autre? La controverse est ar-
chalque entre les diverses tendances de la pensée économique. Toutefois
nous pensons que le souci majeur doit rester celui de trouver un médium
entre les deux interrogations, car favoriser l'un par rapport à l'autre
c'est menacer sérieusement les équilibres globaux et créer des foyers de
tension.
Il est par ail Lurs une acception particulièrement répandue
de la littérature économique selon laquelle une mauvaise politique de
répartition est source de blocage et de distorsion. A contrario, pour
privilégier une formation croissante de l'épargne, il importe d'effec-
tuer un système de juste répartition du revenu national. En Côte d'Ivoire
présentement, les conséquences nécessaires de l'activité économique pro-
fitent particulièrement à la minorité dépensière qui en fait un usage
à d'autres fins, précisément la consommation et la construction d'habi-
tations de luxe. L'Etat lui-même contribue à ce gaspillage. En effet, un
Etat africain consacre en moyenne pratiquement près de 30 à 50 % des
recettes budgétaires(1), à l'entretien d'un appareil repressif plétho-
rique. La grande majorité de la communauté qui devrait fournir une épar-
gne nécessaire au financement du capital productif, reçoit la part la
plus faible du revenu national en moyenne. De telle façon que les blo-
cages et les inégalités sont le lot de l'économie ivoirienne. Dès lors,
il apparait nécessaire de procéder à une meilleure répartition du reve-
nu pour contribuer à créer des conditions propices à la création d'une
épargne réelle progressive. Il est vrai que l'augmentation des revenus
des simples gens entrainera un accroissement de leurs besoins de consom-
mation, mais l'effet nécessaire sur l'épargne se produira favorablement,
surtout dans la mesure où elle relève d'une décision volontaire
(1) - René GENDARME
"La Pauvreté des Nations."
Ed. Cujas, Paris
1973
P. 228.

pour réaliser un objectif lointain. C'est la loi psychologique de
KEYNES(1), qui à notre avis, doit jouer ici au niveau individuel.
Au reste, deux stades permettent dans les conditions présentes
de saisir la contribution de l'épargne interne à la constitution du capi-
tal.
Il s'agit du financement des actifs et des placements finan-
ciers, du financement des investissements directs.
PARAGRAPHE
Z
- FINANCEMENT DIRECT DES INVESTISSEMENTS PRODUCTIFS
Par son utilisation rationnelle dans le financement des inves-
tissements productifs, l'épargne locale joue son rôle de facteur non né-
gligeable de la formation du capital.
La relation Epargne-Investissements comme source explicative
de toute croissance économique a été systématisée dans l'économie poli-
tique habituelle par J. M. KEYNES. Ainsi, pour KEYNES, "l'épargne et
l'investissement sont forcément d'un montant égal puisque pour la con-
sommation considérée dans son ensemble, ils ne sont que deux aspects
différents d'une même chose"(Z). La source du raisonnement de KEYNES
est constituée par deux égalités fort simples
- le revenu global est égal à la somme de la consommation dé-
finitive et la consommation productive (investissement) ;
le revenu global est égal à la somme de la consommation ef-
fective et du revenu non consommé(épargne).
R = C + l
R = C + S
(1) - J.M. KEYNES: "Loi psychologique fondamentale." Citation, G.ABRAHAM -
FROIS : "Problèmatique de la croissance P. 10 Vol. 1 Coll. Economica.
"L'Etat d'esprit de la Communauté est tel que lorsque le revenu
réel global croIt, la consommation globale augmente, mais non du
même montant que le revenu( ... )".
(2) - J.M. KEYNES: "Théorie générale ... " Op. cil. P. 361.

Deux quantités égales à une même troisième sont égales entre elles.
Ce qui donne
C + 1 = C + S
1 = S
L'épargne est égale à l'investissement.
L'égalité de KEYNES relève à notre avis davantage d'une nor-
mative qu'elle n'exprime la réalité concrète, car toute épargne n'aboutit
pas nécessairement à l'investissement. Il en est ainsi singulièrement
dans les pays en voie de développement d'Afrique compte tenu des nom-
breuses fuites et aussi des motifs d'épargne. Toutefois, de cette éga-
lité, KEYNES tire certaines conclusions dont on a souvent souligné le
caractère général dans les conditions décrites par l'analyse de KEYNES
lui-même.
Ainsi, c'est le revenu qui égalise l'épargne et l'investisse-
ment et ceci parce que, dit-il, la propension à consommer étant stable,
le revenu fixe par son propre plafond, le volume de l'épargne. Il y a
une double corrélation entre le revenu et l'investissement, car si au
départ c'est le revenu non consommé qui permet de financer l'investisse-
ment, ce dernier fixe par l'intermédiaire du multiplicateur le niveau de
revenu.
k(multiplicateur) =
l
=
l
l -AC
~[
- - ,
~ R
odR
k(AR -~C) = R avec JfR -AC
=4 l
k(4n =LI R
De même l'investissement régenère du revenu et crée une capaci-
té de production. Ce qui correspond à deux effets Keynésiens, l'effet
de revenu et l'effet de capacité(l), desquels il résulte que l'inves-
tissement doit
(1) - G. ABRAHAM-FRaIS
"Problématique de la croissance, effets Keynésiens'.'
Volume 1. Col "Economica".
Effet de revenu:
1 X 1/
Effet de capacité : l ~
L'équilibre est réalisé par l'égalité
l X 1/~= 10:
A 1/1 = ,1:."
6', c'est le taux de croissance au
sens de KEYNES.

- 12D -
croître régulièrement à un taux égal au produit de la propension margi-
nale à épargner (1.. ) par la producti vi té moyenne du capi tal ( 0 ).
Nous faisons allusion à la théorie de KEYNES parce que la si-
tuation en Afrique dénote qu'elle y a reçu un écho propice. Et, nous
nous posons la question de savoir si ses mécanismes produisent leurs
effets pleninement. Les différents blocages existant dans les économies
africaines auxquels il faut ajouter d'autres inconvénients relatifs à
un financement externe majeur, nous amènent à répondre par la négative(1).
D'aucuns tentent d'expliquer cette situation par la rareté des
opportunités d'investissements. Mais ceci appelle certaines réflexions,
notamment en ce qui concerne la Côte d'Ivoire. Actuellement, les princi-
paux investissements réalisés en Côte d'Ivoire sont le fait d'entrepre-
neurs étrangers sur la base des critères d'opportunité qui se résument
en ceci :
- forte rentabilité immédiate ;
faible intensité capitalistique, mais avec une main-d'oeuvre
abondante et bon marché ;
- avantages fiscaux exhorbitants et liberté quasi-absolue de
transferts.
Contrairement à la littérature économique habituelle, nous
pouvons admettre que l'opportunité d'investissement devrait se situer au
point d'équilibre constitué par l'intersection de l'isoquent de l'entre-
preneur avec la courbe représentative de la préférence collective opti-
male. Dans ce cadre, l'investissement est socialement désiré. Ce qui sup-
pose que la dominance du financement soit de source interne.
(1) - François PERROUX: "Multiplicateur d'investissement dans les pays
sous-développés". Tiers-Monde, nO 27 Juillet -
Septembre
1966.
"Le multiplicateur Keynésien ne joue pas dans
les pays sous-développés parce que KEYNES raisonne dans un cadre précis
qui attribue un rôle central au taux d'intérêt, l'encaisse spéculative,
aux manipu:ations monétaires, üu anticipations des entrepreneurs, le
tout sur la base d'un modèle de concurrence presque parfaite qui élimine
les changements techniques et les innovations économiques. Or, dans les
pays sous-développés, ces conditions n'existent pas pour l'essentiel et
pour des raisons que nul n'ignore."

- 121 -
Les conditions collectives qui amenuisent l'épargne totale
(à tous les stades)montrent par là-même qu'elle ne peut financer les in-
vestissements que très faiblement. D'aucuns auraient certainement conclu
à l'existence de cercle vicieux relatif au financement de la formation
du capital par l'épargne, étant donné sa faiblesse. Nous ne nous permet-
tons pas une telle attitude qui n'a aucun caractère scientifique.
Toutefois, en Côte d'Ivoire, des dépenses de natures diverses
sont réalisées par les entreprises et les particuliers. Chaque dépense
est-elle un financement de la formation du capital ? Nous ne le pensons
pas. Il y a des dépenses des ménages et d'administration qui le sont
pour des besoins de consommation simple. Encore qu'il n'est pas absolu-
ment un non sens de considérer que la dépense de consommation des ouvriers
des secteurs producteurs constitue un financement de capital dans la me-
sure où il s'agit de la reproduction de la force de travail, capital
variable en tant que facteur de production. Dans cette dernière situa-
tion, la source de l'analyse ne serait plus l'épargne, mais le revenu,
ce qui ressort de la présente optique conceptuelle. En considérant le
patrimoine personnel comme du patrimoine-capital, dans la mesure où en
construisant un logement un ménage accroIt son patrimoine, on peut dire
que l'épargne constituée par cette fin a servi à financer le capital. Or,
ceci est une des préoccupations fondamentales des ménages-épargnants
ivoiriens.
Mais le financement direct ne se rapporte au capital d'une
façon générale que lorsqu'il s'agit des investissements productifs. Dans
ces conditions, en Côte d'ivoire, le cas notable de financement direct
de la formation du capital par l'épargne individuelle serait certaine-
ment celui des agriculteurs, des planteurs. Là aussi, il convient de
tenir compte de l'épargne hors-circuit constituée par la tontine qui
obéit à un détour spécifique de financement.
La situation est autrement plus claire lorsqu'il s'agit d'une
entreprise dont l'autofinancement constitue un canal direct de réalisa-
tion. Ici se trouve l'approche marxiste de l'accumulation, telle qu'elle
ressort des conditions de répartition et de circulation des modèles de
K. MARX, notamment dans le cas de la reproduction élargie. Le travailleur

_ 122 _
n'accumule pas. Il consomme tout son revenu afin de se reproduire pour
produire. Seul le capitaliste peut accumuler(épargner) une part crois-
sante de la plus-value extorquée par l'exploitation des travailleurs.
Cette conception est aussi la source d'analyse du comportement
de l'épargnant de l'économie classique d'une manière générale. Seuls les
entrepreneurs de capitaux accumulent. Seuls eux également peuvent finan-
cer directement la production de biens sur ressources propres, partant
de ce fait, le modèle classique de l'épargnant se rapporte principalement
à l'entrepreneur.
L'épargne de l'entrepreneur est à la fois une fonction du pro-
fit et une fonction de la structure technique du capital(1).
(1) - E. A. LISLE: "L'épargne et l'épargnant." Op. Cit. P. 110.
Selon LISLE, dans le modèle classique de l'épargnant,
l'épargne est une fonction du profit et de la structure technique du ca-
pital suivant son âge et sa durée d'amortissement.
A = f(P) ; A =~(K); f(P) etv""l (k) sont deu?, fonction'5 d'accumu-
lation (ou d'épargne) des entrepreneurs.
Pt/Kt = 0 = taux de profit, ck = amortissement du capital avec c = vitesse
de rotation du capital.
It=K
-K
= Investissement net
t + 1
t
At = I t + CKt = accumulation (investissement brut).
d'où
At = Kt+1 - Kt + CKt = Kt+1 -(1-C) Kt
+ Pt + CPt)= ~ Pt+1- pt(1-c)
o = cte
At = P t+1
Pt
+ C Pt
=! (P t +1
- 0
Q-
0
Q
Q
At = 1
Pt+1 _Pt (1-C) = 1
(r+c)
A = Taux d'accumulation c'est-à-dire
Pt
0
Pt
Q
Pt
propension à épargner.
r = Taux d'accroissement du profit.

- 123 -
Mais la situation concrète en Côte d'Ivoire montre que l'entre-
preneur ivoirien capable d'accumuler et de financer directement avec ef-
ficience l'activité productrice est rare. S'il en existe(les cas sont
isolés), sa taille est extrêmement faible. Il existe bien sûr de grands
services d'équipement public(à caractère d'entreprise), mais leur finan-
cement se fait surtout dans l'installation d'infrastructures improduc-
tives. Il existe de grandes entreprises étatiques en Côte d'ivoire, mais
celles-ci connaissent des difficultés financières quasi-permanentes au
point où elles ne s'autofinancent guère. Les déficits croissants les
rendent vulnérables et dépendantes soit de l'extérieur(c'est le cas de
la SOTRA : Société des Transports Abidjanais) très endettée auprès de la
Caisse Centrale de Coopération Economique, soit du système bancaire de
la place.
Un entrepreneur national(disposant de plus de possibilités)
devrait pourtant jouer un rôle important, il s'agit de l'Etat; ses dé-
penses se faisant de façon directe par le Trésor ivoirien, il ne s'agi-
rait que de l'autofinancement. Mais l'expérience montre plutôt son inca-
pacité congénitale à le faire, alors même que la lutte pour l'indépen-
dance économique" est devenue le maitre-mot des déclarations officielles.
Pendant plus de vingt sept années de gestion, les budgets d'investis-
sement sont passés de 312,84 milliards de francs C.F.A. en 1980 à
145,88 milliards de francs C.F.A en 1987(1). C'est bien peu. De plus,
une bonne partie des ressources ainsi investie
est de source extérieure
(l'emprunt extérieur).
Telle est la réalité du financement de la constitution du
capital par l'épargne interne nationale d'une manière directe. L'ana-
lyse du financement indirect par le moyen de placements et actifs fi-
nanciers en sera un complément afin qu'il se dégage une certaine idée
générale. Il est néanmoins opportun d'examiner l'approche thé(~ique des
mécanismes et du rôle des intermédiaires financiers.
(1) - B.C.E.A.O.
1) - Bulletins "Etudes et Statistiques
2) - Rapports annuels 1965, 1970, 1975, 1980, 1982,
1984.
3) - La Côte d'Ivoire en chiffres 1986 à 1987
AB IDJAN
1988.

-124
-
CHAPITRE
II
- L'APPROCHE THEORIQUE DES MECANISMES ET DU
ROLE DES INTERMEDIAIRES FINANCIERS.
Dans le premier volet de ce deuxième chapitre, nous nous limi-
terons aux mécanismes de l'intermédiation et du rôle des intermédiaires
financiers (introduction préliminaire).
Une telle étude suppose nécessairement une classification non
seulement pour des raisons de méthode, mais également pour les besoins
de clarté de l'exposé ainsi que la définition des Intermédiaires finan-
ciers. Dans le sillage de l'élaboration de la théorie de financement,
l'une des préoccupations des Théoriciens a été et demeure de trouver
une définition satisfaisante à ces institutions. Sur ce point, les ana-
lyses achoppent ; il nous semble que chaque définition fait ressortir
des nuances et des conséquences non identifiables les unes aux autres.
Prenons pour exemple
deux définitions générales.
Cette démarche peut paraitre restrictive ; car dans une ana-
lyse de flux financiers en économie de marché, il est probable qu'elle
ne permette pas de saisir tous les paramètres. Néanmoins, si les orga-
nismes financiers ne sont que créateurs de liquidités, il devient dif-
ficile d'intégrer dans une même cellule d'analyse, l'examen des organis-
mes et celui des actifs financiers. Tous les établissements financiers
ne sont pas transformateurs de liquidités. De plus, la fonction de trans-
formation de liquidités non seulement ne permet pas de saisir, tout au
moins de manière théorique, tous les éléments du financement, mais elle
dilue de manière sensible le caractère de prisme au centre des circuits
financiers et n'élucide pas de façon suffisante le cheminement détourné
des relations entre emprunteurs et prêteurs ultimes. Une telle défini-
tion peut également faire penser que les établissements financiers sont
transformateurs de ressources prêtables alors qu'à notre avis, il ne
pourrait en être ainsi fondamentalement. Cette dé inition est donc moins
fonctionnelle du point de vue des interrelations financières prises glo-
balement dans une économie capitaliste.

-
125-
Les intermédiaires financiers sont dans une première approche
approximative, les institutions financières spécialisées dans la réali-
sation des opérations de prêts et d'emprunts de fonds"(1).
L'approche de BIACABE est une reprise de la définition de
Gurley et Shaw. Elle a l'avantage de mieux éclairer la place et l'acti-
vité des institutions financières dans le procès de l'économie interne.
Elle suggère que toute émission d'actif financier par elles requiert une
contrepartie, en cela elle suppose implicitement pour certaines d'entre
elles du moins, la multiplication et le pouvoir de transformation de li-
quidités en instituant une limite à cette transformation.
Ainsi, il existe donc une nuance si faible soit elle entre les
deux définitions qui sont au mieux complémentaires et ne peuvent être
confondues.
Pour les besoins de rigueur d'analyse et de clarté de cette
étude, il nous parait utile d'opter pour la deuxième définition qui fait
mieux ressortir l'activité d'intermédiaire en même temps qu'elle rend
implicitement compte de la création au multiple des actifs financiers
monétaires ou non par ces mêmes institutions financières(2).
Tels que nous venons de les définir, les intermédiaires finan-
ciers sont apparus donc assez tard dans les circuits économiques. Leur
importance progressive et croissante est correlative à la prépondérance
du capital financier bancaire sur le capital industriel et à leur fusion.
Actuellement,
(1)
P. BIACABE
"Revue de Sciences Economiques." Octobre
1962.
(2) - P. BIACABE
"Le concept d'intermédiaire financier se trouve alors
constituer la pièce maitresse de l'analyse monétaire moderne dans
la mesure où il permet d'aborder la théorie du financement de
l'activité économique et de donner une dimension nouvelle à la
théor ie des institutions financ iè Les." Op. Ci t. "Revue de sc iences
financières
P. 634.

_ 126_
nul n'ignore que les grandes banques comptent au nombre des groupes domi-
nants de l'économie de marché monopoliste. Elles sont le support de l'im-
périalisme financier, car non seulement elles sont l'un des secteurs de
l'exportation de capitaux, mais encore elles participent efficacement à
la prospection et à la conquête de nouveaux marchés pour les produits
manufacturés des pays à économies dominantes. Dans ces économies capi-
talistes industrialisées, la structure des intermédiaires financiers est
devenue tellement complexe que l'appréhension correcte et précise des
circuits financiers est une opération délicate. Sa diversification est
désormais conçue comme un des axes de la théorie des institutions finan-
cières. Ainsi, la littérature économique qui s'est intéressé
au problè-
me affirme que plus les intermédiaires financiers sont nombreux et variés,
plus il se produit un effet positif sur la croissance économique. Mais
cette conception ne saurait être considérée comme une donnée absolue.
Tout dépend du système économique en vigueur. Car, l'histoire du monde
moderne donne quand même l'exemple des pays socialistes qui ont une
structure financière très simple et centralisée et qui connaissent de
très forts taux de croissance réelle.
Clest dire que la proposition souvent faite aux pays sous-déve-
loppés de diversifier et de multiplier les intermédiaires financiers pour
accélérer leur développement économique doit appeler à une plus grande
réflexion. Le problème essentiel semble être donc celui de la gestion op-
timale et rationnelle des mécanismes de paiement et de financement. Dans
cette perspective, il y a sans doute place pour une certaine différen-
ciation nécessaire qui tienne compte non seulement des spécificités des
opérations à financer, mais également de l'origine de chaque intermédiaire
ou groupe d'intermédiaires financiers.
Le premier clivage opere par la théorie économique en la ma-
tière est celui qui distingue deux catégories d'intermédiaires financiers
- Les intermédiaires financiers monétaires ;
- les intermédiaires financiers non monétaires.

-
127-
Les critères de différenciation ont toujours donné lieu à quel-
que controverse entre différents auteurs. Il ne nous semble pas néces-
saire de reprendre ici les éléments du débat. Nous soulignons de ma-
nière très simple la différence entre les deux catégories d'intermédiaires
en reprenant les défintions qui nous paraissent plus probantes, celles
de GURLEY et SHAW.
A) - Les intermédiaires financiers monétaires
Dans son rôle d'intermédiaire, "il achète des titres primaires
et crée de la monnaie. Dans son rôle d'administration de mécanismes de
paiement, il effectue des transferts entre agents grâce aux crédits ins-
crits dans ses livres de compte"(1).
B) - Les intermédiaires financiers non monétaires
"Jouent seulement le rôle d'intermédiaires en achetant des
titres primaires et en offrant des créances non monétaires sur eux-
mêmes sous forme de dépôts d'épargne, de parts, d'actions et d'autres
engagements"(2).
En d'autres termes, il s'agit de distinguer le système ban-
caire (composé d'intermédiaires monétaires) et les autres intermédiaires
non monétaires. La différence réside donc dans le pouvoir de transfor-
mation de monnaie et dans l'origine des actifs émis. Les premiers ont
pouvoir transformateur de monnaie en émettant des actifs indirects, les
seconds n'ont pas ce pouvoir, mais émettent des actifs indirects non mo-
nétaires. Il s'agit notamment des caisses d'épargne, des sociétés d'in-
vestissements, des maisons de crédit autres que les banques, des compa-
gnies d'assurances, etc ...
(1) - JOHN G. GURLEY et EDWARD S. SHAW: "La monnaie dans une théorie
des actifs financiers. "Ed. Cujas. Paris
1973. P. 176.
(2) - J. G. GURLEY et E.S.SHAW
"La monnaie dans une théorie des actifs
financiers." Op. Cil. P. 176. Ed. Cujas
Paris
1973.

128_
Les études de R. W. GOLDSMITH sur l'économie américaine ont mon-
tré l'intérêt analytique et la politique économique et financière de la dis-
tinction entre catégories d'institutions d'intermédiation. Par exemple, son
enquête a révelé dans le cas des U.S.A. que la part des banques de second
rang dans les actifs totaux a été successivement de 52,8 % en 1900, 33,9 %
en 1952, 47,4 % en 1953 et 55,4 % en 1955 ; celle du système bancaire
65,6 % en 1960, 48,27 % en 1952, les organisations requièrent 11,9 % en
1900 et 26,8 % en 1952 (1). Toutes choses qui indiquent par ailleurs que
toutes les catégories d'intermédiaires financiers n'ont pas eu la même im-
portance et n'ont pas participé au financement de manière identique aux dif-
férents stades de développement de l'économie de marché et de l'évolution du
détour de financement. Ainsi, l'histoire des institutions financières d'in-
termédiation et de la corrélation entre croissance financière et croissance
réelle est aussi celle de la naissance et de l'expansion du mode de produc-
tion capitaliste.
En côte d'Ivoire, l'histoire des institutions financières est
celle de l'appartition dans cette région de l'Afrique Occidentale des rap-
ports capitalistes de production imposés par la politique coloniale de la
France. C'est donc une superstructure née de l'économie coloniale d'abord
dont nous allons tenter de présenter les caractères généraux.
La création des intermédiaires financiers en Côte d'Ivoire par
la puissance colonisatrice ou ses représentants a été une réponse nécessaire
à l'économie coloniale qu'ils devaient servir en reflétant les principaux
aspects" (2). Une telle évolution était inévitable, car protégés par une
(1) - R. W. GOLDSMITH : "Financial intermediaires in the amer
:an Economy
Since 1900". Citation de P. BIACABE in revue de science Financière nO 4
Octobre 1962.
(2) - R. NURKSE : Pour lui, "les mécanismes monétaires ne sont pas créés par
eux-mêmes. Ce sont des instruments destinés à faciliter la production et
l'échange des services réels. Ils reflètent inévitable~ent l'économie qu'ils
sont appelés à servir et ils doivent s'y conformer".
(La partie soulignée,
l'est par nous). Ed. Cujas. Paris.

-
129 -
législation coloniale devenue dominante dans des territoires conquis par
la force, les colons avaient entrepris d'organiser sur la base de conces-
sions obtenues leurs opérations à l'image de la métropole.
L'année 1853 constitue le point de départ avec la création de la
Banque du Sénégal dont les opérations allaient s'étendre jusqu'à l'A.E.F.,
particulièrement lorsqu'elle devient en 1901, la Banque d'Afrique Occi-
dentale (B.A.O.). La B.A.O. est~abord une société privée. Par la suite,
elle devient une société d'économie mixte chargée d'émettre àe la monnaie
pour l'Afrique Occidentale et pour l'Afrique Equatoriale et le Cameroun.
De toute évidence, son capital est réparti entre l'Etat français et les
administrations coloniales de l'Afrique Occidentale Française (A.O.F.),
du Togo, de l'Afrique Equatoriale Française (A.E.F.) et du Cameroun (1).
La création des francs coloniaux le 26 Décembre 1945, semble-t-il
en application des principes de la conférence de Brazaville tenue en Jan-
vier - Février 1944, devait accélérer l'évolution de la structure financière
coloniale. Limitons-nous à ces remarques pour dire que bien d'autres causes
n'ont pas mQnqué d'impulser le cheminement, notamment celles qui ont obligé
le colonialisme français à organiser la confêrence de Brazaville. Car, en
effet, tous ces évènements se déroulent à un moment où les peuples africains
inspirés de la vigueur avec laquelle le peuple français a lutté contre l'Al-
lemagne Nazie pour recouvrer sa liberté et fortement indignés par l'exploita-
tion coloniale française qu'ils n'avaient jamais accepté, aspiraient profon-
dement à la liberté et avaient engagé des luttes acharnées en vue de change-
gement. C'est pourquoi, tout en poursuivant l'objectif de canaliser ce vaste
(1) -
La B.A.O. est créée par le décret du 29 Juin 1901. Son capital est
constitué par 105.259 actions de 500 F et réparti de la manière suivante
- Etat français
5.058
Administrations coloniales
A.O.r.
21.248
Togo
1.428
A.E.F.
2.857
Cameroun
2.857
La B.A.O. doit fournir des avances sans intérêt aux budgets locaux rem-
boursables dans des conditions fixées par le gouvernement français et les
banques. Elle doit également accoràer des facilités d'escompte aux caisses
de crédit agricole et assurer des services pour le compte du trésor fran-
çais ou des finances des colonies (garde d'espèces, paiement, virement). Le
siège de la banque est fixé à Paris.

- 130 -
mouvement revendicatif africain pour mieux le domestiquer, le colonisa-
teur français devait jeter du lest en entreprenant d'émousser la grande
tension et avait promis des réformes" tout en écartant toute perspective
d'indépendance, notamment pour les territoires coloniaux d'Afrique. La
création des francs coloniaux visait donc à répandre cette idée de réfor-
me en vue de garantir une paix sociale dans les colonies pour mieux opérer
les adaptations nécessaires exigées par la recontruction de la métropole
dévastée par la seconde guerre mondiale. Par ailleurs, le conrôle de
change instauré par le décret du 20 Mai 1940 n'avait certainement pas
manqué de privilégier des évolutions différenciées entre la métropole
et les colonies et qu'ilétait nécessaire de prendre en compte afin d'é-
viter quelques inégalités pericieuses.
De même, sur la base des nécessités de l'économie coloniale et
dans des conditions historiques particulières émerge en Côte d'Ivoire une
superstructure financière coloniale. Bien qu'élémentaire, la création d'un
institut d'émission en remplacement de la Caisse de la France d'Outre-Mer
(C.C.F.O.M.) lui a conféré une certaine cohérence formelle. En fait, elle
est le prolongement de la superstructure financière de la métropole, car
toutes banques installées sur place sont des filiales ou des succursales
des Banques Françaises en leur création. Il DJUS est difficile de con -
struire avec une exactitude absolue un schéma explicatif de l'évolution
de l'intermédiation financière coloniale. Cependant, l'installation progres-
sive et en un plus grand nombre des établissements financiers (bancaires
su~ut) à partir de 1939 surtout, donne une idée suffisante et intéressante
sur l'évolution du réseau bancaire ivoirien et ses guichets permanents, il
convient de se référer à la deuxième partie de cette étude-chapitre II. Il
faut signaler que, cette évolution résulte la structure fiancière la
veille de l'indépendance de 1960 et que nous avons essayé de résumer dans
le schéma ci-contre.

- 131 -
Trésor Français
Réseau bancaire en A.O.F.
et du Togo au
31.12.1960.
Compte d'Opérations
(1)
Institut d'Emission pour
l'Afrique Occidentale
Française et le Togo.
/
Banques de dépôts
~
Etablissements
~ Or6anismes de crédit
-
Français
Pu lics
NOMS
GUICHETS
NOMS
GUICHETS
NOMS
GUICHETS
- -
- -
- -
BIAO-CI
15
C.F.A.O
3
B.N.D.A.
10
BIC ICI
20
C.F.C.I.
4
C.C.C.E.
1
SGBCI
5
S.C.O.A.
5
C.C.I.
6
S.A.F.C.A.
8
,
SOURCE
La Côte d'Ivoire en chiffres. Société Africaine d'Edition.
Rapport Annuel B.C.E.A.O.
1960.
Comme l'indique le schéma, le réseau bancaire africain de la
colonisation est extrêmement simple, très peu différencié. Son étendu[se
limite uniquement aux enclaves de l'économie coloniale. Le rôle d'une
telle organisation était de promouvoir l'essor de l'économie coloniale
et d'assurer le transport d'immenses profits coloniaux vers la métropole.
D'ailleurs, la grande majorité des Ivoiriens connaissaient à peine l'exis-
tence des établissements financiers. Les causes sont multiples. Il n'est
point besoin d'en faire l'inventaire. D'aucuns diraient, et pour cause,
que la communauté "indigène" était analphabète et moins "économique".
Mais, il y a une raison essentielle qui consiste à savoir que les insti-
tutions financières n'avaient jamais été créées pour les besoins essen-
tiels des colonies et leurs peuples autochtones, mais pour les besoins en
transactions du colonisateur.
(1) - Le schéma ci-dessus n'est qu'un résumé du réseau bancaire en A.O.F.

-1'32 -
A l'heure actuelle, la colonisation directe, plus grossière
et plus repoussante a été éliminée. Le fait colonial a subi une trans-
formation de caractère particulier, caractère dont nous avons tenté
de souligner les spécificités et les conséquences en préliminaire. La
structure des intermédiaires financiers d'aujourd'hui s'insère dans ce
contexte. Nous savons que l'économie ivoirienne est dominée par le ca-
pital étranger. C'est à cette économie dominée que répondent les méca-
nismes monétaires et financiers d'aujourd'hui. Leur étude nous permet-
tra de mieux appréhender les questions de l'intermédiation financière
et leur nature en Côte d'Ivoire. Elle nous évitera de tomber dans l'en-
grenage d'une arithmétique simpliste qui consisterait à dire sans dé-
monstration : puisque l'économie dont elle est l'illustration est domi-
née, l'intermédiation financière est également dominée.
En revanche, nous n'avons pas besoin de faire des développe-
ments spécifiques pour dire qu'en Côte d'Ivoire, nous faisons la dis-
tinction d'une part, des intermédiaires financiers monétaires, c'est le
système monétaire (ce sera l'objet de la première section), d'autre part,
des autres intermédiaires financiers non monétaires qui constituent la
seconde section.
Ainsi, l'étude qui va suivre dans ce second volet de notre
travail sera une sorte d'ébauche approximative avec des développements
quelquefois inhabituels, mais qui seront imposés par la nécessité de
mieux rendre compte de la réalité sans pour autant ignorer les insuffi-
sances et les carences inhérentes au caractère même du sujet. L'objectif
est d'étudier en les appréciant sur le fondement de quelques données
brutes à notre disposition, ce qui pouvait constituer les essentiels mé-
canismes de l'intermédiation financière en Côte d'ivoire.
Au centre se trouve le rôle des intermédiaires financiers dans
le circuit économique ivoirien. L'histoire économique des nations à ré-
gime capitaliste indique que le rôle des intermédiaires financiers a ga-
gné en ampleur au fur et à mesure que les conditions fonctionnelles de
ce même système ont créé la nécessité impérieuse de leur prise en compte
tant sur le plan théorique que sur celui de la pratique de tous les jours.
En effet, au cours de sa formation évolutive, l'économie politique s'est
préoccupée notamment des questions relevant de la production. de
leur
croissance et de leur répartit:i.rn. Une œTIe acceptation a naturellement

- 133
conduit à ignorer l'impact des flux financiers dans l'analyse économique.
L'économie politique classique n'en a jamais fait sa préoccu-
pation. Son schéma théorique de financement établit une relation directe
entre prêteurs ultimes et emprunteurs ultimes lorsque la base n'est ~as
constituée par les ressources propres.
A son départ, l'économie politique du capitalisme moderne n'a
pas non plus intégré de manière satisfaisante le problème des flux finan-
ciers dans l'analyse des phénomènes économiques. Une controverse demeure
d'ailleurs ouverte à ce sujet sur une des tendances qui a marqué les po-
litiques économiques d'après-guerre: la théorie Keynésienne(1). Et ce
serait parce que la comptabilité économique est d'inspiration Keynésienne
qu'elle a au début écarté aussi l'intégration des flux financiers(2).
Indépendamment des insuffisances et incohérences peut renforcer la théo-
rie Keynésienne, nous ne croyons pas qu'il soit juste de présenter
KEYNES comme un
partisan du neutralisme financier.
l'objection
(1) - Plusieurs auteurs ont fait cette critique à Keynes. Dans un article
publié dans la revue de science financière d'Octobre 1962, Pierre BIACABE
apporte une explication en considérant que Keynes a écarté l'intégration
des flux financiers, donc des intermédiaires financiers des circuits éco-
nomiques pour trois raisons essentielles :
* Les flux financiers sont neutres en tant que contrepartie des
flux réels de biens et services qu'il est préférable de comptabiliser
seuls ( ..• ). Les comportements financiers sont la dépendance des compor-
tements d'épargne, de consommation et d'investissement.
* Les flux financiers sont le domaine des égalisations néces-
saires ( ... ), ils sont passifs.
* Les flux financiers peuyent apparaître dans les comptes éco-
nomiques non pas en tant que tels, mais sous la forme de solde au compte
capital(capacité ou besoin de financement).
(2) - P. BIACABE : Revue de Science Financière nO 4, Octobre 1962.

en ce sens de Jean DENIZET forme un élément important du
dos~ier. (1).
(1) - Jean DENIZET : affirme pour réfuter la critique faite à Keynes que
"la théorie Keynésienne où la variable indépendante fondamentale est la
quantité de monnaie, ou ce qui revient au même, le comportement du sys-
tème bancaire est finalement présenté dans toute sa première partie,
la seule qu'ont retenue les comptables économiques, comme une théorie où
la monnaie n'a aucun rôle" ; et J. DENlZET ajoute"C •.. ) i l nous paraIt
essentiel de souligner que le phénomène de multiplication est un phéno-
mène essentiellement monétaire~ Bien mieux, il est l'explication de
l'influence sur le revenu national des variations du stock de monnaie."
Cette influence, J. DENIZET l'explique de deux manières:
a) - "IlOe revenu) peut s'évaporer par thésaurisation ou au
contraire être accru par déthésaurisation" ;
b) - "Il peut être accru par création de monnaie, ce qui de
nos jours veut dire par des crédits bancaires nouveaux que ceux-ci
soient consentis à l'Etat, aux entreprises ou à l'étranger. n peut
être réduit par remboursement des crédits antérieurs."
J. DENIZET
"Monnaie et financement."
2° Ed. Dunod Paris 1967.
P.
35 - 36.

- 135-
Au delà de toute controverse, il est à admettre que la crois-
sance de l'économie de marché ayant entraîné une multiplication énorme
des activités financières et une récente vision du financement à tra-
vers son détour(1), à fait apparaître la nécessité de prendre en compte
1
théoriquement et pratiquement, une filière spécifique de l'activité éco-
nomique dont le rôle fondamental est de gérer, de réguler les instruments
et les mécanismes financiers en opérant les adaptations nécessaires en
vue des équilibres utiles(2). Ainsi, la comptabilité économique a créé
dans ses comptes une catégorie supplémentaire, les institutions finan-
cières, dont le compte devra décrire les variations des avoirs financiers
des autres agents économiques en rapport avec les opérations de produc-
tion, d'échange et de consommation.
(1) - Le détour de financement est l'expression de Bienaymé pour dési-
gner le financement intermédiaire ou indirect. Aujourd'hui, le tableau
des opérations financières est considéré comme la représentation comp-
table de ce détour de financement, tel que l'indique la nomenclature
de base. Cette nomenclature pour reprendre la norme française résumée
est la suivante
FOO - Moyens de paiement internationaux
F10 - Monnaie
F20 - Dépôts non monétaires
F30 - Bon négociables
F40 - Obligations
F50 - Actions et autres participations
F60 - Crédits à court terme
. aux secteurs non financiers
aux institutions de crédits
F70 - Crédits à moyen et long terme
FaO - Réserves techniques d'assurances.
Il aurait été intéressant pour nous de disposer des éléments
d'un OF de la Côte d'Ivoire. Mais nous n'en avons pas trouvé trace. Au
demeurant sa conception de base ne serait pas différente du modèle
français dont le cadre a inspiré la comptabilité économique ivoirienne.
(2) - M. BARTHELEMY: "Les tableaux d'opérations financières dans la
comptabilité nationale française", Etudes et Comptabilité Nationale,
nO 2, 1962. Citation de BIACABE, Revue de science financière, Octobre 1962 -
N° 4 P. 613.

-
136-
IF
EN
MEN
ADM
EF
Aujourd'hui, dans les économies de marché, le rôle des interné-
diaires financiers est solidement établi. Toute politique économique in-
tègre nécessairement une politique financière, et toute politique finar-
cière est devenue une politique de l'intermédiation financière. A cette
prise en compte déjà réalisée par la théorie et la pratique économique
se greffe un nouveau problème, celui de la nature de la fonction assumée
par chaque catégorie d'intermédiaires. Y A-t-il similitude ou difFérences
fondamentales? Deux formes essentielles sont à comparer, d'une part les
intermédiaires monétaires, d'autre part les intermédiaires non monétaires.
L'ampleur du détour de financement est telle que traiter de cette ques-
tion ne relève pas d'une simple curiosité intellectuelle, mais d'un ef-
fort réel de maîtrise de la politique financière de ses moyens et de ses
objectifs. La controverse est la grande et le débat est loin d'être clos.
Il y a d'un côté ceux qui se préoccupent de donner un contour nouveau à
la théorie de financement en ne catégorisant plus la monnaie, désormais
élément particulier d'un ensemble; de l'autre côté se trouvent ceux qui
justifient :a différence nécessaire tant du point de vue de l'instrument
que du point de vue de l'institution.

_ 137 _
A l'origine de la première tendance, se trouvent les analyses
de Gurley et Shaw qui confèrent un rôle semblable à tous les intermé-
diaires financiers (monétaires et non monétaires). C'est la règle de
l'unité des intermédiaires financiers qui, selon Gurley et Shaw doit
être la toile de fonds de la théorie de l'intermédiation(1). Elle repose
sur l'existence d'un multiplicateur unique des fonds prêtables, le mul-
tiplicateur monétaire n'étant qu'un cas particulier puisque chaque in-
termédiaire pourvu qu'il dispose de réserves excédentaires peut "se li-
vrer au mécanisme d'expansion au multiple des crédits"(2). De plus, tous
les intermédiaires dont tous les fonds sont de l'épargne exercent une
influence sur la liquidité de l'économie. Trois éléments définissent
donc l'unité des intermédiaires: un multiplicateur unique - même nature
des fonds, l'épargne - action de même type sur la liquidité de l'écono-
mie. D'autres auteurs comme TOBIN, BRAINARD surtout, s'appuient sur les
préférences de portefeuille pour justifier l'unité des intermédiaires
financiers. Argument différent de ceux de Gurley et Shaw, mais qui fait
de la monnaie un actif comme les autres dans la mesure où concourent
tous à la composition du portefeuille des agenœéconomiques et se subs-
tituent suivant les préférences. Cette analyse renforcée par celle de
l'unité du phénomène d'intermédiation - transmutation(3) a été contestée
par d'autres économistes. Pour R. BEAUVAIS, une distinction nécessaire
doit être faite entre les intermédiaires monétaires et les intermédiaires
non monétaires, car ces derniers ont une capacité de prêt limitée par l'~pleur
de leurs recettes, contrairement aux Banques qui ont des possibilités plus
(1) - Brochier, LLAU et Michalet : "Economie financière." PUF
1975 Paris,
P. 181.
(2) - Op. Ciro - idem
Le jeu du multiplicateur des fonds prêtables s'explique par l'existence
d'une "relation d'équilibre" central réserves-titres-crédits bancaires.
Cette relation d'équilibre central va être modifiée mettant en jeu le
multiplicateur des intermédiaires monétaires( ... ). La simple multipli-
cation par les intermédiaires monétaires ne suffit pas à rééquilibrer le
marché des réserves: il faut que les marchés des titres, des biens et
du travail s'ajustent (notamment par action du multiplicateur des inter-
médiaires financiers non monétaires agissant sur les titres".(cf Op. cit.
page 181).
(3) - H. BROCHIER, P. LLAU et CH. A. MICHALET : "Economie financière."
P.U.F. Paris 1975. Pages 186 à 189.

- 138-
larges(1). Bien d'autres critiques ont été faites, notamment par André
CHAINEAU, PESEK et SAVING(2). Au terme de ces critiques qui reposent
d'une part sur la nature du multiplicateur, d'autre part sur le rapport
monnaie et actifs financiers, il ressort ceci:
- Il n'existe pas un multiplicateur unique, mais deux: un
propre aux intermédiaires monétaires, c'est le multiplicateur de crédit,
d'essence monétaire; un pour les intermédiaires non monétaires, c'est
le multiplicateur d'investissement, d'essence réelle(cf - A. Chaineau).
Ainsi, il est nécessaire de distinguer ces deux types d'intermédiaires,
car le fait pour eux de participer tous à l'expansion des crédits ne
doit pas conduire à homogénéiser leurs fonctions financières(3).
- L'assimilation des concepts monnaie et épargne a un caractère
artificiel, car elle repose sur une définition ex-post et non exacte de
l'épargne.
- La monnaie, instrument d'échange et de réserve de valeur
est un élément de patrimoine, un actif net différent des autres actifs
financiers qui sont des actifs nuls(PESEK et SAVING). Cette même diffé-
rence doit être faite au niveau des intermédiaires monétaires et non mo-
nétaires.
(1) - R. BEAUVAIS, "Contribution à une étude théorique du rôle des in-
termédiaires financiers", Cf. Cahiers économiques de Bruxelles nO 54 1959 -
1960.
La critique de R. BEAUVAIS se justifie par le fait que toute
opération de prêt modifie sensiblement la trésorerie des intermédiaires
financiers non monétaires en abaissant leur capacité pour un certain dé-
lai, du montant de ce prêt; alors qu'il en va autrement pour les Banques.
(2) - Cf. Brochier, LLAU et Michalet : "Economie financière". P.U.F.
Paris
1975 - Pages
191 à 193.
(3) - H. Brochier, P. LLAU et C.A. Michalet
Economie financière".
P.U.F.
Paris
1975.

139 -
Autant de critiques par bien d'aspects justifiées, qui n'al-
tèrent pas essentiellement le principe de l'unité des intermédiaires fi-
nanciers, mais qui ont le mérite, par des éléments qu'elles apportent;
d'animer le débat et de suggérer la nécessité d'approfondir l'analyse.
Pour nous, un tel approfondissement doit se faire sans exclusive par
rapport à tous les arguments en présence. En effet, il nous semble plus
acceptable de distinguer deux multiplicateurs ; le multiplicateur mo-
nétaire de crédit et le multiplicateur d'investissement. Ce faisant, le
champ d'analyse est élargi, le problème étant de trouver une relation
d'influence réciproque entre les deux. Ce qui amène effectivement à con-
sidérer les particularités propres aux intermédiaires monétaires et aux
intermédiaires non monétaires. Il y a là un élément que nous appellerons
facteur de diversité. Par contre, nous pensons que malgré quelques attri-
buts(d'instrument d'échange et de paiement) qui la particularisent par
rapport aux autres actifs financiers, la monnaie et l'intermédiation -
transmutation réalisent une convergence fonctionnelle de tous les inter-
médiaires financiers. C'est l'unité des intermédiaires. A la limite,
l'unité des intermédiaires financiers n'a de sens que dans la diversité
de ces mêmes
intermédiaires. La règle n'est pas établie dans l'absolu-
unité ou dualisme. Il est préférable de par 1er de l'unité-di v'ersité des
intermédiaires financiers-unité dans la formation du pool-écran et les
implications fonctionnelles qui en résultent ; diversité dans la contri-
bution par la nature des actifs émis; unité ensuite par l'effet final
sur l'économie et les équilibres globaux, diversité enfin par les effets
intermédiaires obéissant à des délais différenciés.'
En tous cas, pour ce qui est de la Côte d'Ivoire, le principe
de l'unité dans la diversité nous parait plus adapté et peut permettre de
mieux appréhender la position du problème de l'intermédiation dans la
perspective d'une meilleure restructuration du système financier. Par ail-
leurs, si dans les pays capitalistes développés, le problème des intermé-
diaires financiers se pose désormais davantage en termes de régulation de
leurs activités et de leur maîtrise en vue des politiques plus cohérentes,
dans les pays sous-dévéloppés, notamment en Côte d'Ivoire, ce problème
requiert une attention particulière. Il est au centre des recherches et
propositions de formes monétaires et financières plus adaptées à
la politique de promotion d'un développement économique

- 140 -
accéléré (1). Se situant à la jonction entre détenteurs de ressources et leurs
utilisateurs, les intermédiaires financiers devraient, en collectant l'argent
pour le prêter, ressembler à une source qui alimenœconstamment les canaux
d'irrigation. Leur rÔle économique devrait être donc multiple et constituer
l'un des paramètres fondamentaux de la politique de développement.
(1) - Nous devons considérer à ce niveau que les écrits qui se présentent
comme un essai sur la problématique, constituent une tentative pour
traduire cette préoccupation dans une approche théorique cohérenœ
afin de servir la pratique d'une politique. Dans cette perspective, nous
notons notamment :
R. W. GOLSSMITH
"Facteurs déterminants de la structure financière",
le développement financier au Mexique.
OCDE, Paris 1966.
E. S. SHAW
Financial intermediaires and sarrings" in develo-
pement economics. "London V.P. 1973.
UTUN WAI
Financial intermediaires and sarrings" in' developing
countries. N.Y. 1972.
M. KINNON
Money and in economic development.
Washingtown 1973.

_142 _
SECTION
1
LES MECANISMES DES INTERMEDIAIRES FINANCIERS
L'encouragement et la mobilisation de l'épargne sont des acti-
vités qui ont pour objectif d'agir positivement sur le développement éco-
nomique d'un Etat.
Les mécanismes sont fort divers. Leur généralisation qui est
aussi un indicateur de maturation financière dans les pays à économie
capitaliste, amène souvent à les considérer d'un point de vue théorique
et d'un point de vue concret c'est-à-dire tels qu'ils se réalisent dans
les rouages de l'économie nationale. Nous n'aurons ni la prétention ni
l'intention de les aborder tous, au risque de rendre l'exposé touffu et
indigeste. Nous nous contenterons de l'essentiel en essayant autant que
possible d'éclairer les faits par quelques aspects théoriques tout en
confrontant ces acceptions théoriques à la réalité concrète.
PARAGRAPHE
1 - LES INTERMEDIAIRES FINANCIERS ET L'ENCOURAGEMENT A
L'EPARGNE
Dans les premières pages de ce travail, nous avons eu à relever
que l'insuffisance de l'épargne en Côte d'Ivoire était fondamentalement
liée à l'insuffisance des revenus de la plus grande partie de la popula-
tion ivoirienne, à la distorsion structurelle qui est à la base d'un ap-
pauvrissement progressif réel de la Côte d'Ivoire et de ses habitants,
aux transferts résultant de la domination du pays, de sa dépendance
vis-
à-vis de l'étranger, surtout de la France qui contrôle les secteurs fon-
damentaux de la vie nationale, et à laquelle la Côte d'Ivoire est liée
par des "accords" de coopération économique et monétaire. Dès lors, la
résolution des problèmes sus-indiqués ouvre véritablement la voie à une
croissance régulière d'une épargne importante. Cela est vrai, et c'est
même la condition nécessaire; mais en la matière, il n'y a pas d'auto-
matisme. Aussi, autant il est impérieux et vital, en agissant sur

_ 141_
1) - Soit qu'ils permettent de promouvoir une épargne néces-
saire
car l'accroissement de l'épargne est un facteur de stimulation
de la croissance réelle. Ainsi, en favorisant le dévéloppement de l'épar-
gne locale, l'intermédiation favorise le développement de l'économie
nationale. Nous verrons dans le cas de la Côte d'Ivoire que ce mécanisme
est assez figé dans un univers morcelé. Toutes choses qui conduisent iné-
vitablement à des appréciations spécifiques du point de vue de la méca-
nique et de la théorie, et à des conclusions "singulières" du point de vue
,.•..•.•..•.•..••
des perspectives de développement. La mise au point des mécanismes et

leur structuration doivent viser :
a) - à habituer la population ivoirienne à acquérir un meilleur
comportement économique dans la gestion de son modeste patrimoine et à
développer davantage son sens de l'épargne
b) - à aider à réduire les formes physiques de l'épargne en
leur substituant celles qui peuvent être ultérieurement utilisées pour
les investissements (le dépôt d'épargne, le dépôt courant bancaire, etc .•. ).
2) - Soit qu'ils réalisent une mobilisation et une canalisation
efficientes ou non de l'épargne. Dans ce cadre:
c) - Ils pourront procurer à l'Etat des moyens supplémentaires
nécessaires à la réalisation de certains objectifs économiques et sociaux.
d) - Ils devront être pour les entrepreneurs locaux spécifique-
ment un appui indispensable pour la promotion et l'expansion de leurs opé-
rations, et ceci par les concours qu'ils pourront leur apporter(à travers
diverses formes de crédit).
Suivant ce raisonnement, ce chapitre comportera deux points
le premier sera consacré à tous ce qui a un lien avec la promotion et la
mobilisation de l'épargne locale, tandis que le second abordera le pro-
blème de financement, le crédit.

- 143 -
les instances déterminantes, d'oeuvrer à éliminer ces goulots d'étran-
glement qui empêchent une véritable machine économique d'émerger et de
produire les effets socialement nécessaires et optimums au regard des
aspirations nationales ivoiriennes autant il nous semble aussi normal
de nous intéresser aux aspects financiers, pour l'essentiel, sans l'har-
monisation desquels il devient difficile de stimuler, par des ressources,
de quelque importance que ce soit les activités de l'économie ivoirienne.
C'est pourquoi, nous nous intéresserons ici spécifiquement aux mécanismes
qui sont susceptibles d'inciter les épargnants ivoiriens à laisser une
part croissante de leurs modestes revenus, passer à travers la présence
du détour de financement afin, non seulement de bénéficier de meilleures
conditions de sécurité et de rapports en addition, mais aussi de permet-
tre à ceux qui ont des investissements à financer d'en disposer de plus
en plus.
Dans cette perspective, la théorie économique habituelle, basée
sur les lois de l'économie capitaliste, montre deux orientations fonda-
mentales du point de vue de l'épargnant. D'une part, les critères qui
l'amènent à ne plus thésauriser pour suffisamment plus de garantie tout
en lui permettant de disposer de son revenu épargné à tout moment.
D'autre part, la compensation ou la satisfaction qu'il tire du sacrifice
qu'il consent en se désaisissant de son revenu pendant un temps donné.
Il s'agit là de dispositions d'incitation qui sont susceptibles d'influer
sur le comportement de l'épargnant et
que nous allons tenter d'analyser
sous l'éclairage des critères concrets en vigueur en Côte d'Ivoire, et
ce en deux paragraphes.
PARAGRAPHE
2
LES TENDANCES STRUCTURELLES D'ENCOURAGEMENT
L'existence, dans un Etat à structure capitaliste, d'institu-
tions financières, constitue un critère structurel d'accueil qui encou-
rage les unités économiques à excédent de ne pas conserver par devers
elles, la partie de leurs revenus dont elles ont décidé de différer la
consommation pour des mobiles multiples. L'acception habituelle préconise
généralement une diversité tant au stade institutionnel qu'au stade des
types et des formes de dépôts.

- 144 -
A) - Au stade institutionnel
Nous avons constaté dans les premières pages de cette première
partie que le système institutionnel de l'intermédiation en Côte d'Ivàire,
est élémentaire et surtout enclavé. Compte non tenu de la Banque Centrale,
son noeud est constitué par les banques commerciales, étrangères pour
la majorité. Le problème principal pour rendre le système attrayant et
utilisable par l'immense majorité épargnante est donc d'éliminer les
enclaves par l'accroissement de certains types d'institutions, de sim-
plifier les modalités de son fonctionnement tout en opérant une diffé-
renciation institutionnelle adaptée aux réalités et aux exigences véri-
tables de l'économie ivoirienne. Il convient de tenir grand compte des
facteurs subjectifs, surtout ceux liés à l'environrr~ent culturel, in-
tellectuel et à la conscience psychologique des sim~les personnes qui
forment en moyenne de 75 à 80 % de la population. Ainsi, le système
d'aujourd'hui est d'un maniement délicat et semble être installé pour
être utilisé non pas par l'ensemble des opérateurs économiques, mais par
les opérateurs autochtones d'élite formés à l'école coloniale et pour
répondre aux besoins en transactions des colons étrangers. En effet, par
sa structuration, il renforce même la tendance de la pratique usuraire
formant un réel marché non organisé n'est pas la manifestation de la
réaction de certaines fractions de la population face à la complexité du
système existant et au fait que celui-ci leur est difficilement accessi-
ble. Ce qui conduit à dire qu'il est nécessaire, comme nous l'avons dit
plus haut, de traiter la forme d'institutions financières simples, mais
efficaces et capables d'intéresser une grande partie de la population
ivoirienne. La naissance des mutuelles de financement, des coopératives
de crédit, de consommation, d'épargne, sur la base de l'initiative de
petits producteurs, consommateurs et commerçants ivoiriens, devrait ré-
pondre aux nécessités impérieuses de procurer à moindre frais certaines
ressources à la petite activité ivoirienne, base de la formation du capi-
tal local. Une telle orientation contribuerait à réduire la thésaurisa-
tion et constituerait un début de diversification et d'extension de la struc-
ture financière dans une perspective récente, car dans sa forme présente,
elle réalise davantage les critères de domination et d'exportation économiques
et leur reproduction. L'apparition d'organismes comme ceux que nous préconisons r

-145
-
n'est pas un phénomène spontané, c'est un processus lié au développem~nt
des critères socio-économiques internes et au changement progressif des
comportements. Tant que ces critères ne seront pas remplis, l'expérience
apparaitra épineuse. Néanmoins, présentement les mutuelles de financement,
les coopératives de crédit de producteurs et de commercialisation, ont
assez de chance de dénoncer les pratiques illicites en Côte d'Ivoire,
notamment en région EBRIE,
ce qui estomperait dans cette partie de la
Côte d'Ivoire et progressivement dans tout le pays, la pratique "infruc-
tueuse", de la tontine et de l'usure. Il faut saisir qu'un tel recours
est nécessaire et doit être perçu dans une perspective irréversible tout
en requérant un caractère temporaire même prolongé. Mais une telle res-
tructuration doit se faire indépendamment du capital étranger pour avoir
les meilleures chances de réussite. Elle doit aussi être soutenue par
une législation appropriée remplaçant effectivement celle héritée de la
colonisation. Le complément nécessaire devrai~ être constitué par une
retouche profonde des organismes présents, surtout les banques commer-
ciales qui deviendraient au besoin les institutions d'Etat, pour les
couper du spectre financier international et les insérer eff~ctivement
dans la vie économique ivoirienne. Cette retouche devrait également viser
à rendre la B.C.E.A.O. autonome par l'élimination du compte d'opérations,
la définition de nouvelles dispositions de fonctionnement même si la
Côte d'Ivoire consent à rester au sein de la Zone franc(1). Seulement,
tout ceci exige de la part du gouvernement ivoirien une volonté politi-
que différenbede celle qui a prévalu jusqu'à maintenant
ce qui est fort
difficile, sinon cela ne pourrait être que le résultat de la création
des conditions et volonté politiques récentes qui situeront le problème
(1) - Depuis sa naissance, la B.C.E.A.O., au lieu d'encourager la forma-
tion de l'épargne locale, est apparue comme un moyen de blocage, voir
même de désépargne. En effet, n'ayant aucune politique adaptée aux con-
ditions effectives de l'économie ivoirienne, elle ne fait rien pour sta-
biliser les prix locaux qui connaissent un dérapage incessant, ce qui
a un effet négatif sur la formation d'une épargne constamment érodée.
De plus, créée pour répondre au besoin de l'économie ivoirienne extra-
vertie, elle contribue à assurer et à reproduire les mécanismes de trans-
ferts vers l'extérieur, source indispensable de désépargne. Le système
de crédit dont elle assure le fonctionnement est un des instruments de
la fonction diffuse de désépargne de la B.C.E.A.O. en sus des fuites of-
ficielles inhérentes à la conversion de libre transfert, un autre réseau
de désépargne et raison d'être quant au fond de la B.C.E.A.O. sans oubier
le noeud de la mécanique constitué par le compte d'opérations ouvert à
son nom dans les écritures du Trésor financier.

_ 146_
dans une autre optique générale.
Du reste, il semble nécessaire présentement de renforcer en.
les changeant, les structures de la caisse d'épargne en l'approchant da-
vantage des simples petits épargnants. Il conviendrait même de la dé-
tacher de l'administration des P.T.T. en accroissant ses moyens afin
qu'elle devienne plus efficace et touche la Côte d'Ivoire profonde.
Car, la Caisse d'épargne ivoirienne est la seule catégorie d'institu-
tions financières qui s'est avérée d'une manipulation moins compliquée,
hormis la moyenne nationale du niveau culturel et intellectuel. Bien
sûr, il faut parallèlement mettre en oeuvre une politique d'information
et d'éducation pour amener les épargnants à mieux connaitre l'institution
et à en faire leurs instruments. Dans ces conditions, il serait utile
de réexaminer les critères d'utilisation des ressources collectées par
la caisse d'épargne postale. Au lieu d'être de simples outils d'alimen-
tation en fonds du Trésor public, des Banques commerciales, des Banques
de Développement et sociétés d'investissement, elle pourrait requérir une
fonction plus adaptée en accordant pour une part essentielle de leurs
fonds des crédits à taux modérés aux mutuelles et coopératives de crédit
régionales ou départementales. Chaque département verrait donc poindre
en son sein un minimum de pratique financière capable de changer sensi-
blement sa physionomie économique. Le problème de la caisse d'épargne
est d'une importance capitale. L'histoire économique de l'humanité a
prouvé qu'elle se maintient aussi bien dans l'univers des circuits fi-
nanciers des pays développés capitalistes que dans des pays à économie
planifiée.
Au bout du compte, la proportion de l'épargne nécessaire au
financement de l'économie exige une structure institutionnelle
de l'in-
termédiation adaptée aux conditions sociales, économiques et culturelles,
tout comme il est aussi nécessaire que cette même intermédiation offre
aux épargnants des conditions réelles.

- 147-
B) - Au stade des types de dépôts
Dans l'examen de l'épargne, nous avons clairement traité la"
question des types de dépôts susceptibles de motiver les sujets écono-
miques à confier leurs encaisses aux intermédiaires financiers. Nous
retenons surtout
1) - Le dépôt bancaire (1)
Toutes ses formes sont pratiquement d'usage dans les banques
qui se divisent le marché ivoirien. La recherche des dépôts toujours
plus nombeux forme le noeud essentiel de l'opération des banques de se-
cond rang.
- Le compte chèque
Les activités au jour le jour du déposant.
Il est ouvert à qui en fait la demande sous réserve de la garantie de
solvabilité du déposant qui doit justifier d'un
revenu minimum régulier.
Ce dépôt n'est pas rémunéré, par contre le titulaire du compte paie les
frais de gestion.
- Le compte de dépôt à terme:
est soumis à une clause de blocage
au cours d'une période donnée, période au cours de laquelle le titulaire
n'a pas la libre disposition de ses ressources. Ce compte est peu répan-
du, parce que mal connu et pourtant il est producteur d'intérêts. Les
Banques n'ont certainement pas l'intention de lui donner une place énor-
me au risque de nuire à leurs activités à court terme.
- Le compte d'épargne: revêt les mêmes aspects que le livret d'épar-
gne postal. Il ne donne pas droit à usage de chèque, mais les retraits
sont à vue. Il rapporte aussi intérêt, mais il est très peu connu et
moins répandu par conséquent.
Des trois types de dépôt bancaire, malgré leur développement
notable constaté en Côte d'Ivoire, c'est le dépôt à vue qui connait un
succès indéniu"Le, mais les trois types sont pratiquement inconnus du
milieu rural pour la simple raison que les banques ne s'y trouvent pas.
(1) - Cf. Tableau des dépôts bancaires. Chapitre
II Page 194.

- 148-
Pour la plupart des déposants, la nature de dépôt est aussi le revenu
salarial ; pour certains groupes de travailleurs, surtout les fonc-
tionnaires, la retribution mensuelle est quasi-obligatoirement versée-
par virement bancaire. Et pour cette population qui vit pratiquement
au-dessus de ses moyens(par effet de démonstration), disposer d'un compte
en banque est une possibilité offerte pour accéder au "découvert" et au
crédit. Mais si on calcule la durée de séjour de l'unité de salaire en
compte, on trouvera qu'elle est très limitée.
Pourtant, un usage plus considérable du compte bancaire signi-
fie nécessairement une augmentation des dépôts bancaires et partant celle
des formes liquides de l'épargne.
2) - Le livret d'épargne postale:
C'est le type de dépôt le
plus répandu et le plus connu, bien qu'il ne soit pas le plus important
en montant. Pourtant, malgré sa relative souplesse, les simples ivoiriens
connaissent encore mal ses avantages, surtout la sécurité offerte par
rapport :.iUX risquES de vol, de perte et de gain en capital qu'il procure.
Il est donc nécessaire de l'étendre en le vulgarisant. Etant donné la
permanence de l'analphabétisme, une telle vulgarisation doit se faire
sur la base des moyens d'information et d'expression les plus acces-
sibles pour l'ensemble des agents économiques de la Côte d'Ivoire.
Différents auteurs, partant de ce qui existe et se fait dans
les pays capitalistes développés, établissent des projets aux paysans
développés avec des propositions du type épargne-logement. A notre avis,
la question de l'épargne doit être analysée en tenant compte des condi-
tions psycho-sociologiques comme le niveau culturel, les coutumes, les
habitudes, les comportements et les réactions face à certains phénomènes.
De cette façon, nous ne croyons pas que la naissance d'une diversité de
types puisse réaliser des miracles. Aujourd'hui, il s'agit de perfection-
ner les conditions d'utilisation du compte bancaire dans le sens de fa-
voriser un plus grand séjour d'encaisses déposées sans pénaliser le dé-
posant et de vulgariser le livret d'épargne comme principal outil en mi_
lieu populaire.

-
149-
Dans les organismes dont nous avons suggéré la création, le
dépôt d'épargne pourrait revêtir deux aspects principaux
1) - L'aspect de part.
2) - L'aspect de livret.
La part est différente de l'action. Elle représente la parti-
cipation du détenteur au capital de la société mutuelle d'épargne. Cette
part n'est pas négociable, mais elle peut être transférable par leg suc-
cessoral. La société mutuelle pourra définir les conditions de son amor-
tissement. La part donne droit à un quota annuel du bénéfice net, propor-
tionnellement entre divers porteurs. Le livret d'épargne, quant à lui,
donnerait simplement droit à un intérêt-capitalisable. On pourrait envi-
sager les conditions de variabilité du capital de mutuelle par la trans-
formation de la part en épargne-livret et vis-versa sur simple demande
de l'intéressé selon des conditions préalablement déterminées et dans
certaines limites afférentes au montant et au delà. En effet, saisir
plus à fond le fonctionnement d'un pareil système relève du domaine de
la pratique. Nous pensons effectivement qu'un . pareil système devra,
pas de façon absolue, bien sûr, coller à la réalité de la Côte d'Ivoire
où se développe une psychologie populaire particulière malgré le fardeau
de la colonisation et du capitalisme étranger qui s'étend apparemment.
REMARQUES
D'autres moyens, même encore marginaux doivent être renfor-
cés :
a) - la police d'assurance-vieCou assurance de capitalisation)
b) - des moyens fiscaux spécifiques adaptés à une politique de
promotion et de mobilisation de l'épargne doivent être pris, même si le
maniement de l'instrument fiscal est assez difficile.

- 150-
SECTION
2
MOYENS D'INCITATION
LE TAUX D'INTERET ET LA PROMOTION DE
L'EPARGNE
La question du taux de l'intérêt est depuis de longues périodes,
une des inquiétudes fondamentales de la théorie et de la politique éco-
nomiques dans le système économique capitaliste. Le but de cette section
n'est pas de réanimer un débat dans lequel nous ne saurions actuellement
apporter autant que de multiples et éminents théoriciens de la science
économique. Par ailleurs, nous ne nous intéresserons pas ici à l'examen
des facteurs détermina~'intérêt,même dans le cadre spécifique
de l'économie sous-développée de la Côte d'Ivoire. La seule forme qui
nous intéresse est relative au rôle de l~intérêt, à l'influence que
À~
peuvent avoir la structure des taux~t leurs variations sur l'accrois-
sement positif ou négatif de l'épargne des ménages en particulier.
Nous traiterons cette section en deux paragraphes distincts,
mais intimément liés. D'une part, il nous semble nécessaire de revenir
en quelques lignes sur certains points théoriques du problème; d'autre
part nous ferons usage des données statistiques dans le cas p~rticulier
de la Côte d'Ivoire.
PARAGRAPHE
1
- HYPOTHESES DE DEPART
La littérature économique abonde aux développements théoriques
~..'
A
qui se rattachent davantage à la relation entre1(intéret et investissement
et aux modalités qui accomplissent l'équilibre nécessaire entre l'inves-
tissement et l'épargne. Ainsi, le taux d'intérêt influe sur le comporte-
ment de l'entrepreneur; il commande sa décision d'investir. C'est ce
qui crée la grande tradition classique et même Keynésienne sur la liai-
son épargne-investissement. Mais autour de ces deux conceptions, se sont
développées d'autres prospections qui formulent des réserves sur l'in-
fluence, "par fois exagérée" ,~~~intérêt sur le comportement de l'entre-
preneur en faisant appel à d'autres variables comme l'efficacité margi-
nale du capital surtout. Dans cette perspective, Monsieur le Professeur
Pierre LLAU
s'est attaché à montrer que l'utilisation du taux d'actua-
lisation " doit être un élément fondamental de toute décision

-151 -
d'investissement" (1).
!t~d.e
Du reste, il co~ient d'abord de déterminer ce qu'est\\fï'inte-
\\t,~
~
rêt - qu'est-ce quetl'intéret ?
Les théoriciens de l'économie politique en donnent les défi-
nit ions les plus nombreuses et les plus nuancées. Mais toutes ces défi-
nitions partent d'une même conception et reposent sur un meme fondement.
La conception et le fondement sont que le prêteur détenteur de ressources,
se désaisit pour une période plus ou moins longue d'une partie de patri-
moine su profit d'une autre personne qui devra en user et tirer profit.
Dès lors, pour certains le taux d'intérêt est le prix du temps(2), pour
dl~utres, c'est le prix qui compense le sacrifice consenti. K. Marx
a.~.
~
placell 1 intéret dans la problématique générale des rapports sociaux de
production et lui confère un contenu de classe en le déterminant comme
\\\\ \\.Q..r~-=
une partie de la plus-value extorquée. Pour Keynes,~"l'intéret est la
récompense pour la renonciation à la liquidité durant une période dé-
terminée" (3). La sou~~l' intérêt est ainsi di versement perçue, A~ JR....
l'intérêt apparaissant tantôt comme un phénomène réel(parce que déter-
miné par les facteurs monétaires), ou alors un phénomène qui ~ntègre
facteurs réels et facteurs monétaires(4). Après tout, l'étude des taux
d'intérêt laisse apparaitre trois tendances fondamentales:
(1) - Selon le Professeur Pierre LLAU, lorsqu'on se place du point de
vue de l'investisseur, le taux d'intérêt ne requiert pas l'importance
qu'on semble lui donner dans le processus décisionnel; d'où la néces-
sité de recourir au taux d'actualisation qui est davantage à la base de
la motivation de la décision d'investissement. Cf. Revue économique dE
Novembre
1963 P. 892.
(2) - Cf. P.
LLAU, in Revue Economique, Novembre 1963 - "Taux d'actua-
lisation et taux d'intérêt."
(3) - J.M. KEYNES: "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la
monnaie." Ed.
PAYOT,
1982
Paris,
P. 178.
(4) - Pierre
LLAU: "La détermination des taux d'intérêt".
Thèse de Doctorat ES. Sciences Economiques.
Paris
1958.

- 152 -
\\t.~cli
- Tendance des classiques et néo-classiques :~L'intérêt est
le prix de l'épargne
"le prêteur se fait payer le sacrifice qu'il a
consenti en épargnant, l'emprunteur accepte de payer le prix parce que
l'épargne devenue capital s'avère productive. Préférence de temps et
c'M. t1aAM
A
productivité du capital sont les deux déterminantes~de l'intéret qui est
un phénomène réel"(1).
\\t.~tAt
- Tendance des Keynésiens ~L'intérêt est le prix de la monnaie
"c'est la conjonction de l'offre et de la demande de monnaie qui déter-
mine les taux d'intérêt, prix auquel~~ence pour la liquidité et
\\A..,
A
quantité de monnaie se reconcilient.~L'intéretest un phénomène moné-
taüe"(2).
- Théoriciens contemporains: "( •.. )les taux d'intérêt sont à
la fois les prix de l'épargne et les prix de la monnaie"(3). Donc,
"facteurs réels et facteurs monétaires doivent se conjuguer dans une
théorie explicative de la détermination des taux d'intérêt"(4).
Pour ce qui nous intéresse et pour tenir compte du courant
global de ce que peuvent être les comportements économiques et finan-
ciers des unités épargnantes ivoiriennes, nous pouvons dire que le taux
d'intérêt devra apparaitre davantage à la fois comme le prix du sacrifice
et comme le prix qui récompense la non-thésaurisation. L'essentie~ de cette
(1) - P. LLAU : "La détermination des taux d'intérêt."
Thèse Paris
1958,
P. 354.
(2) - P. LLAU
Op. Cit.
- idem.
(3) - P. LLAU
"La détermination des taux d'intérêt."
Thèse de Doctorat es-Sciences Economiques. Op. Cit.
P. 354.
Paris
1958.
(4) - P. LLAU
Op. CiL - idem.

- 153 -
définition apparaîtra plus nettement dans lesdéveloppements
ultérieurs.
Nous devons nous y appuyer pour ébaucher notre
cheminement èur la problé-
matique en partant de la théorie Keynésienne de la préférence pour la
liquidité.
KEYNES définit trois motifs qui commandent à la préférence
pour la liquidité : Transaction - Précaution - Spéculation. Ces trois
motifs conduisent l'unité économique à garder par devers elle une certaine
quantité d'encaisses liquides. Ceci est un genre de thésaurisation, davantage
motivée. KEYNES lui-même rapproche les deux acceptions de préférence pour la
liquidité et de thésaurisation en ceci : "le concept de thésauri-
sation peut être pris comme une première approximation du concept
de préférence
pour la liquidité. A vrai dire, si on remplaçait
la thésaurisation pour la tendance à thésauriser, les deux
concepts seraient strictement identiques" (1). Or le problème
fondamental qui nous préoccupe, c'est qu'en Côte d'Ivoire essen-
tiellement, non seulement la thésaurisation est importante, mais
encore la tendance à thésauriser est très forte.
Le taux d'inté-
rêt devrait à la fois inciter à la déthésaurisation et freiner
la tendance à thésauriser pour contribuer à la formation d'un
comportement favorable à l'épargne liquide. Donc, s'établit
une relation directe entre le taux d'intérêt et la thésaurisa-
tion d'une part, le taux devenant réellement le prix qui récom-
pense la non-thésaurisation, et entre le taux d'intérêt et
l'épargne d'autre part, le taux d'intérêt devant l'une des
variables déterminantes de l'épargne, fonction du revenu et
de l'intérêt.
S = S (r,i).
S, fonction linéaire
(1) - J.M.
KEYNES
"Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt
et de la monaie ".
Ed. Payot. Paris 1982, P.
178.

-154 -
En conséquence, les variations du taux de l'intérêt condui-
sent soit à une déthésaurisation, donc à une augmentation de l'épargne
liquide, soit à une plus grande thésaurisation qui signifie une réduc-
tion de cette même épargne liquide. Sur la base de cette vision simpli-
fiée, on peut établir quelques relations élémentaires entre l'épargne,
le taux d'intérêt, la thésaurisation et le patrimoine à condition de
tenir compte de certaines hypothèses simplificatives.
a) - Hypothèses de départ
Nous envisageons une économie théorique qui marcherait sur
les fondements suivants :
1)
Cette économie est supposée ne pas avoir de relation avec
l'étranger.
2) - Trois sortes de sujets économiques sont au milieu des
opérations, les ménages(MEN), les entreprises(EN), et les intermédiaires
financiers(IF). La distinction intermédiaires monétaires et intermédiaires
non monétaires est sans importance.
3) - Les prêts sont accordés pour les seuls intermédiaires
financiers qui reçoivent en dépôt les ressources prêtables des ménages.
4) - Seules les entreprises s'endettent auprès des institutions
financières pour financer leur capital productif sans y effectuer des
dépôts de fonds d'emprunt.
5) - Les ménages ne participent pas au capital des entreprises,
et n'achètent pas les obligations que les entreprises n'émettent pas.
Cette dernière hypothèse reflète de manière significative la situation
actuelle de la Côte d'Ivoire.
6) - L'encaisse monétaire de consommation dont peuvent disposer
les ménages ne fait pas partie de leur patrimoine dans la mesure où elle
est assimilée à une trésorerie habituelle.

-1'55
-
On observera que nous ne faisons pas allusion à l'existence de
l'Etat, simplement parce que d'une façon ou d'une autre, il n'y a pas
d'incidence spécifique sur le fonctionnement de notre système.
Epargne actuelle des ménages.
Thésaurisation actuelle estimée en unités de valeur
Valeur actuelle du patrimoine des ménage.
K
Capital productif des entreprises.
Endettement des entreprises auprès des intermédiaires financiers
pour financer le capital productif.
po
Prêt des intermédiaires financiers aux entreprises.
C.C. MEN: A : Dépôts en comptes des ménages.
Re et Ren
Revenus salariaux et non salariaux des ménages.
(l-c) (Re + Ren) + TO
Tout le problème est de susciter un transfert au moyen du jeu ~ ~ .
de l'intérêt entre EO et TO de telle sorte qu'on a i t :
1
et E
: niveau de l'épargne désirée nécessaire pour faire face
aux exigences de financement de la croissance de l'~conomie par l'effet
d'entraînement direct sur l'endettement des entreprises et les capacités
de prêt des intermédiaires financiers :

-
156 -
cp part transformée en épargne liquide de la thésaurisation
telle que :
'tP =
f i
taux de transfert ou de déthésaurisation.
cA
A l'équilibre, ce taux (~ ) de déthésaurisation doit être
nécessairement égal au taux d'intérêt.
fi = i ..fi, TO = iTo =cf
or nous avons : EO + Cf
El
En remplaçant ~ par sa valeur, nous avons
EO + iTO = El
XO = EO + TO
..-..
TO
TO
(l-c)Xo
ce qui implique : EO + i(l-c)XO
i(l-c)XO
C'est le taux d'intérêt d'équilibre ou
i
1
=~.
ta~x de déthésaurisation.
C <. 1

-
157 -

1 1\\
d'~
Ce taux~oit en fait provoquer les épargnants à réduire la part
thésaurisée de leur patrimoine au prout de l'épargne liquide nécessaire
pour le financement des investissements. Les variations de ce taux devraient
influer directement sur l'accroissement de l'épargne liquide:
i(l-c)XO
(l-c )iXo
(l-c)
L'évolution de l'épargne liquide est une fonction du taux de
l'intérêt et du patrimoine.
La construction que nous veno~s de faire suppose une condition
restrictive permanente selon laquelle
c est toujours inférieur à 1. En
=r.
effet :
El _ EO = (l-c)iXO
d(E 1 _ EO)
(l-c)
dXO = a
a
1
où c
1
di
1
a
di
1
t 0
di f a
di
o

-
158 -
Ceci signifie que lorsque, au covrs d'une période déterminée le
taux d'intérêt ne varie pas,il ne devrait y avoir un accroissement
posi-
tif
de l'épargne provenant de la thésaurisation. Il convient de signaler
qu'il s'agirait d'une situation limite extrême, car à l'évidence, le taux
d'intérêt n'est pas la seule variable qui motive les comportements des
épargnants dans un sens comme dans l'autre. Cepenàant, les variations de
taux d'intérêt devraient produire des résultats même
moins visibles
statistiquement.
Les intermédiaires financiers en rémunérant les divers dépôts
suivant leurs caractéristiques propres devraient susciter la réaction
attendue des ménages. Le taux d'intérêt nëst plus l'unique taux d'équilibre
qui devient
le taux de référence. Il y a une diversité des taux dont la
structure s'organise autour du taux de référence ((1 -
ri..... Oj).
Dépôts à vue
( (1)
Dépôts à tè'me
(a' 2)
Dépôts d'épargne
( K3)
Dépôts spéciaux
( ~ j ) ..... etc.
l'intérêt du problème apparaît ici clairement, et le rôle que
devraient jouer les intermédiaires financiers situé nettement. le jeu po-
sitif du taux de l'intérêt ~onduirait les ménages à déposer davantage de
ressources prêtables auprès des organismes financiers, ce qui accroît les
fonds dont peuvent disposer par l'emprunt, les entreprises pour augmenter
leur capital productif, l'Etat pour financer les équipements sociaux néces -
saires et les équipements productifs. cependant, nous devons rappeler que la
réalité est souvent fort complexe et liée à des contingences diverses
relatives aux critères sociaux et psychologiques de l'entité ivoirie~ne.
les installations financières doivent se faire en harmonie avec ces moda-
lités tant au point de vue institutionnel qu'au point de vue des activités
à accomplir, surtout en ce qui concerne les régions où l'écrasante majorité
àes ivoiriens souffrent d'un analphabétisme presque endémique et vivent des
conditions économiques déplorables en ignonrant quasiment l'existence même
des quelques institutions financières et les mécanismes qui s'y rapportent.

-
159 -
i l est également un point qu'il convient d'introduire dans l' ana-
lyse, l'inflation.
D'une manière générale, on censiaère qu'un fort taux
d'inflation érode sérieusement la petite épargne individuelle.
Cette appré-
ciation implique que le comportement logique des ménages épargnants est de
réduire la perte à subir ou de compenser la perte subie.
En ce sens, un
taux d'inétrêt rémunérateur qui ne compense pas le dégrevement effectué
par l'inflation les conduit à transformer une part considérable de leur
épargne liquide en d'autres aspects du patrimoine.
Dans le cas de la Côte
d'Ivoire, cela signifie intensification de la thésaurisation, une plus grande
c:onsidérat:iondes aspects physiques du patrimoine ou de l'épargne.
C'est une sorte d'effet de substitution pervers pour une politique de pro-
motion d'une épargne liquide plus considérable. Certaines théories écono-
miques préconisent d'ailleurs une politique de hausse des taux
d'intérêt
réels simultanée à une politique de diminution du taux
de l'inflation.
Ce
sont les thèses évoquées spécifiquement par un courant souvent désigné
"Ecole néo-libérale" qui considère que la repression financière dans les
pays sous-développés résulte du fait qu'à cause de l'inflation importante,
prédominent les taux d'intérêt réels négatifs(l).
L'un des chefs de file
de cette école,
MC KINNON note en particulier qu'une "hausse des taux
d'intérêts réels tend à accroltre le volume global de l'épargne et le
dégré de financialisation, servant ainsi de "conduit" à l' investissement( 2).
Cet
avis néo-libéral,
même s'il récoupe d'une certaine manièT'e notre
inquiétude sur les taux d'intérêts et les effets du taux
d'inflation,
doit être apprécié avec beaucoup de précaution et de vigilance,
dans
la mesure où il est rattaché au plan de stabilisation financière et régle-
mentaire de portefeuille,
des caractéristiques qui n'ont
(1) - Vincente GAL BIS : "Structuralisme et libéralisation financière".
Finance et Dévelopnement, Juin 1976.
(2) - C'est l'effet "Conduit" de MC KINNON qui implique qu'une hausse des
taux d'intérêt réels entraîne un accroissement des investissements, le
taux d'intérêt devenant un facteur de croissance aussi bien
à
court terme
qu'à long terme.
Cf.
Vincente GALBIS,
Finance et Développement, Juin 1976.

-
160 -
pas nécessairement la même portée dans les pays sous-développés que la
substance fondamentale et acceptable restant; les puissants taux d'in-
térêts rémunérateurs, toutefois par rapport à leur niveau d'aujourd'hui,
un taux d'inflation limité, tel devrait être la pratique des politiques
des taux d'intérêt en Côte d'Ivoire.
PARAGRAPHE 2 - LA SAISIE DES TAUX REMUNERANT L'EPARGNE
La rémunération des comptes par l'intérêt a été systématisée en
Côte d'Ivoire à la veille de la seconde guerre mondiale. En effet, les taux
devant être pratiqués par les banques sur toute l'étendue des territoires
d'Afrique Occidentale Française et du Togo ont été fixés par le décret du
22 Septembre 1935. Cette législation établit le taux comme suit
Sénégal
Côte d'Ivoire
Burkina faso
5,25 % - 5,50 %
Niger
Bénin
Togo
Mali
Nous ne disposons pas d'informations détaillées qui nous permet-
traient de montrer la structure complète des taux (relativement à la rému-
nération des différentes séries de comptes) dans les normes fixées par la
réglementation les créant. Néanmoins, l'état économique de la Côte d'Ivoire
à l'époque nous laisse penser qu'il ne devrait pas exister une multitude.
Les comptes eux-mêmes n'étaient pas ainsi variés qu'à l'heure actuelle.
~ais, nous pouvons dire que la rémunération semble être de bon augure pour
la période considérée.
Soulignons tout de même qu'à l'époque,
l'épargne
institutionnelle n'est guère des soucis des populations au de-
meurant cruellement démunies et condamnées au forçat et à vivre
le jour.
Elle est principalement le fait
des résidents coloniaux
expatriés qui ont la connaissance et le contact d'organismes
créés pour eux et qui disposent de recours substanciels à fruc-
tifier même par le simple dépôt,
leur épargne.

-161
Au reste, ces modalités de rémunération de l'épargne
coloniale ont connu peu de mutations, même après l'accession de
la Côte d'Ivoire à la souveraineté internationale en 1960. Les
premières mutations intéressantes sont intervenues en 1965
ce
qui veut dire que les conditions fixée en 1935 sont restées
presque immuables pendant près de 33 ans. Est-ce à dire que les
équilibres n'ont pas été modifiés dépuis lors? en une t~etlca.ine
d'années, de nombreux évènements se sont produits, des situations
nouvelles sont apparues à l'intérieur comme à l'extérieur de la
Côte d'Ivoire. Il y a là un anachronisme qui ne saurait être jus-
tifié effectivement, sinon que par une politique économique colo-
niale de spoliation généralisée. C'est donc en 1965, qu'un nouveau
barème de conditions de banque de base a été élaboré. Avec lui
sont apparus de récents taux créditeurs. Ces taux sont uniformé-
ment, sauf exception, applicables dans l'ensemble des Etats mem-
bres de l'Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA), ce qui est fort
rigide et gênant pour des pays qui ont des caractéristiques spé-
cifiques mais qui pourraient s'expliquer par la Communauté de la
jouissance économique dominante.
Du tableau N° 46, il apparaît que, par rapport à la
période précédente, très longue, les taux sont plus diversifiés
et fixés en fonction d'abord de la nature du compte, et ensuite
du ter:ae et de la base du dépôt.
1) - Selon la nature du compte, les auteurs de la lé-
gislation distinguent les comptes de dépôts des comptes d'épargne.
Les comptes d'épargne sont rémunérés à un taux unique de 3,5 %.
Comparativement aux conditions de 1935, il n'y a pas eu de varia-
tion en hausse. Ce qui est anormal, car le
taux d'inflation
a
progressé et même plus vite. En termes réels, on devrait avoir
un taux de rémunération de l'épargne négatif. La conséquence
immédiate pour les épargnants ivoiriens est une perte en capital
très importante.
En nous référant à la position théorique,
normale ment i l n' y
aurait pas déthésaurisation,
bien au contraire, la tendance à thésauriser
serait élev ée.
Ceci est d'autant plus intéressant que l'inflation

_
162_
TABLEAU
N° 2$ -
INTERETS
CREDITEURS
1
MONTANT DES COMPTES OU DES BONS EN FRANCS
C.F.A.
JUSQU'A
DE
200.001
DE 500.001
AU-DESSUS
200.000
A
500.000
A 2.000.000
DE
2.000.000
Dépôts à vue ••.•
Sans intérêt
2~50'% taux fixe 3,00 % taux fixe
3,00 01IG minimum
Dépôts à terme :
- moins de 6
mois . . . . . . . . .
3,25 01IG taux fixe
3,75 0110 taux fixe 4,25 0'10 taux fixe
4,25 0110 minimum
- de 6 mois à
moins d'un an
4,25 01IG taux fixe
4,75 0110 taux fixe
5,50 0'10 taux fixe
5,50 0'10 minimum
- à partir de
1 an .•.•...
5,25 0110 minimum
6,00 01IG minimum
6,50 0'10 minimum
6,50 0110 minimum
Comptes d'épargne ......•.
5,50 %(dans les limites du montant maximum fixé dans
chaque Etat).
SOURCE:
B.C.E.A.O.
1979,
1986(Février)
et N° 370 AVRIL
1988.
Joël BOURDIN
"Monnaie et poli tiql.J2 Monétaire dans les pays
Africains de la Zone franc".
Ed.
N.E.A.
Dakar
1980.

-
163
-
Heureusement, le Comité National du Crédit
(CNC) a en
la matière une attitude plus souple en publiant ce que la BCEAO
veut garder secret. Ainsi, nous avons pu disposer des conditions
applicables à la Côte d'Ivoire.
2) -
Selon le terme et la base du dépôt,
i l s'est opéré
une certaine différenciation. Cependant,
on peut
se demander si
lœ taux ainsi fixés et si la délimitation faite des tranches de
base répondent au souci d'encourager l'épargne? En tout cas,
nous émettons des réserves sérieuses.
En effet, comment compren-
dre qu'un dépôt de près de 200.000 Francs C.F.A.
à vue ne soit
pas rémunéré, alors que par son montant,
les banques doivent en
tirer des profits substantiels,
notamment lorsqu'il est à vue.
Par ailleurs,
la constance du taux dans le cas du dépôt à terme
à partir de 2 Millions,
ne nous parait pas visible,
à moins qu'
i l s'agisse des fonds de transit et la distinction doit être fai-
te clairement dans l'élaboration du barème.
D'une façon globale
ces taux nous paraissent trop faibles,
surtout pour les gros
dépôts à terme entre 500.000,
200.000 Francs et plus.
Depuis 1965, surtout dans le temps allant Jusqu'à
1973
au moins,
i l n'
y a pas eu de décision modifiant totalement les
conditions de rémunération en Côte d'Ivoire.
Mais on note
toute-
fois quelques corrections usuelles sans doutt pour éviter un
trop grand dé rapage de la conjoncture, et ce en 1973 particu-
lièrement.Dans cette perspective,
la Côte d'Ivoire fixe à
5,25 % le minimum des taux rémunérateurs devant
être appliqués
dans ce pays avec un plafondde 5,50 % et une base de différen-
ciation atteignant plus de 2 Millions de Francs C.F.A ..
Dès
lors,
la Côte d'Ivoire semble s'engager dans une voie pour
"mieux saisir", en aménageant ponctuellement les conditions
d'intermédiation,
surtout celles pouvant aider à la formation
d'une plus grande épargne liquide.
Est-ce à dire qu'un tel ch~­
minement,
s ' i l se perpétuait pouvait déboucher sur la mise en
cause des dispositions monétaires et financières communes ?
Nous ne le pensons pas dans le cas des conditions et rouages
actuels.
Cependant les institutions monétaires communes semblent

164 -
avoir pris en compte les implications et les risques du secta-
risme décisionnel qui s'installait et qui pourrait créer une
situation irréversible.
C'est pourquoi,
certainement en liai-
son avec
le'~omité National de Crédit, le Conseil d'Adminis-
tration de la BCEAO a décidé en 1973 des nouvelles dispositions
qui fixent
les nouvelles conditions de Banque, en particulier
la détermination des taux créditeurs Qevant rémunérer les divers
dépôts réalisés dans le pays. Malgré le fait
que ces récentes
modalités ne sont entrées en application que depuis Janvier
1975,
l'année 1973 marque une autre étape sur le
chemin de
l'évolution des taux en vigueur en Côte d'Ivoire.
Si les mutations de 1965 peuvent être interprétées
comme une prise en compte formelle
par la législation de l'é-
largissement de la structure financière intervenue depuis
1935
et de récentes données économiques,
celles de
1973 ne doivent
pas être perçues comme la suite logique des conventions du
I~
14 Novembre 1973 à Dakar.
..ri~Dr
~~
Nous notons que lea tau~igUeUr en Côte d'Ivoire,
ont été conçus pour encourager l'épargne liquide interne.
Ainsi,
les conditions des comptes de dépôts ont été élargies dans ce
sens.
Au lieu d'une base de rémunération minimale de
500.000 F.
C.FA.
comme précédemment,
cette base a été ramenée à 200.000 F.
C.F.A.
en même temps que le nombre de termes est passé de
3,25 à 5,5,
la base minimale se situant maintenant à 2 Millions
au lieu de 25 Millions.
Il y a là, certainement une
intention
manifeste d'aider à la promotion de l'épargne en Côte d'Ivoire.
Il faut se demander si la fixation de ces taux tient compte des
données effectives du moment,
si elle compense la
négativité
éventuelle des taux véritables du fait de
l'inflation? La Côte
d'Ivoire est un pays pauvre au point de vue des ressources mi-
nières et appauvri et où la
condition globale de l'écrasante
majorité de la population est une condition de misère.
Par
conséquent,
toute fixation des conditions d'intermédiation qui
appelle de la part des ménages qu'ils se dessaisissent d'une part
plus importan~de leurs maigres revenus en épargnant, doit être
plus suivie des mesures d'accompagnement.

-
165-
Nous pensons qu'il s'agit ici du résultat d'une mani-
festation de développement inégal qui s'opère en Côte d'Ivoire
et à tous les stades, processus qui porte aussi dans ses limites
des facteurs de mutation radicale,
pouvant déboucher sur le
retrait de la Côte d'Ivoire ou sur l'éclatement de l'U.M.O.A.
Les tableaux qui suivent permettent de mieux cerner le procès
de rémunération des comptes bancaires et appellent la question
de savoir si les barêmes fixés tiennent
compte des condi t ions
ivoiriennes réelles.
COMPTES BANCAIRES SELON LEUR IMPORTANCE
DE LA CLIENTELE NATIONALE DU SECTEUR PRIVE.
MOINS DE
PLUS DE
TOTAL
100.000
100.006
N
M
N
M
N
M
COMPTES DE EÈ~e'S
•..
118.230
5.230
32.460
20.860
150.690
26.090
COMPTES-COURANTS . . . .
680
30
1.510
7.460
2.190
7.490
- -
N
Nombre en unités
M
Montants en millions de francs C.F.A.
SOURCE
B.C.E.A.O.
- Bulletins Statistiques Economiques et
Monétaires N°
298 Octobre 1981,
Février 1986

346 et Avril 1988 N°
370.

importée et créée (1) gravement implantée dans l'économie ivoi-
rienne n'a pas cessé d'éroder l'épargne existante; cette infla-
tion ne doit pas être perçue uniquement comme la suite logique
des conventions signées en 1973 à Dakar.
Il est une considéra-
tion supplémentaire que les désordres monétaires,
la crise pro-
fonde des économies occidentales dominantes ayant affecté directe-
ment les économies des pays dominés,
ont motivé des prises en
compte nécessaires, mais qui pêchent par leur trop grande ti.~ité
susceptible de les faire apparaftre comme mystification monétaire
et financière.
Nous aurions aimé disposer de l'ensemble des con-
ditions fixées, mais nous n'avons pu entrer en possession des
données de base qui existent cependant à la BCEAO.
(1) -
Nous croyons que l'inflation persistante et galopante qui
existe en COTE d'IVOIRE, est une inflation importée et
créée.
Elle est créée parce que les prix y sont fixés d'une
manière continue à la hausse et hors proportion par les
maisons commerciales en dépit des exonérations dont elles
bénéficient au titre du Code des Itestissements, non pas en
tenant compte des éléments fictifs qui composent les prix
de revient, mais en considérant surtout leur position mono-
poliste. Une enquête sérieuse devra rév2ler qu'en COTE
d'IVOIRE la pratique consiste bien souvant à fixer le prix
de vente par suppression de la virgule du prix en francs
français pour obtenir le prix au CFA.
Cette inflation im-
portée et créée déforme la réalité du pays qui devrait
être en situation de déflation dans la mesure où les
facteurs internes de production et de prestation sont ré-
munérés au plus bas du niveau minimum nécessaire et où
l'orthodoxie monétaire imposée pour favoriser les flux de
transfert vers l'extérieur est durement ressentie.

1
-
167 -
TABLEAU N° ?1 : COMPTES BANCAIRES SELON LEUR IMPORTANCE
DE LA CLIENTELE AFRICAINE ETRANGERE
DU SECTEUR PRIVE.
,
MOINS DE
PLUS DE
TOTAL
100.000
100.000
- - - - - , - - - - - - - ! - - - - - - - r - - - - - - + - - - - - - , - - - i
N
M
N
M
N
M
COMPTES DE DEPOTS
•.
11. 880
460
7.840
4.020
19.720
4.480
COMPTES-COURANTS
•.
250
20
470
920
720
940
SOURCE:
-
B.C.E.A.O.
-
Bulletin,
Stastistiques Economiques et
monétaires.
Octobre 1981 et Février
1986.
Il ressort de ces tableaux que les ivoiriens dont
l'épargne est située "(1) sont peu concernéspar la rémunération
1
dans la mesure où le montant de leurs comptes dépassent en mo-
yenne â peine 100.000 F.CFA.
Cette situation doit €tre
spécifi-
quement singulière dans le cas de la Côte d'Ivoire où la base
minimale de rémunération est de 200.000 F.CFA~our tout compte
bancaire.
Par contre,
les étrangers (parmi lesquels on enregis-
tre les entreprises) sont seuls grands bénéficiaires du sys-
tème de rémunération, disposant des compt~dont le montant
varie entre 500.00 F.CFA et plus 50 Millions de F.CF.A.
Et
pourtant leur épargne est une épargne en"transit", cette éco-
nomie est par la suite et de manière régulière transférée aux
pays d'origine de leurs détenteurs.
Ce qui nous incite â croire
(1) -
On saisira â l'opposé de l'épargne en transit,
que
l'é-
pargne est "située" lorsqu'elle est le fait
des
ivoi-
riens qui ne peuvent pas volontairement la
transférer
â l'extérieur.
Elle peut uniquement durablement s'éjour-
ner dans les circuits de l'économie ivoirienneen tant
que fonds
permanent. L'épargne est ici considérée au sens
large, duquel tout dépôt bancaire est une épargne
(épargne potentielle).
(2)
Compte tenu du mécontentement gé~éral, la aCEAD a révisé sa position
depuis 1980 et le taux est dÉsormais ramené à 50000 F CFA.

-
168 -
que tout
est pratiquement ar~té en dehors des préoccupations des
ivoiriens autochtones, seuls évidemment concernés par le développement
réel de leur économie.
Des mutations des taux rémunérateurs doivent s'accompagner né-
cessairement d'autres Dtesures
surtout visant une meilleure répartition du
revenu national, un accroissement substantiel des salaires,
des revenus
non salariaux pour une meilleure politique fiscale de com mercialisation
de prix. Toutes ces mesures (Uet bien d'autres d'ailleurs, surtout liées
(1) - On saisira à l'opposé de l'épargne en transit, que l'épargne
est
"située" lorsqu'elle est le fait des ivoiriens qui ne peuvent pas volon-
tairement la transférer à l'extérieur.
Elle peut uniquement durablement
séjourner dans les circuits de l'économie ivoirienne en tant que fonds
permanent. L'épargne est ici considérée au sens large, duquel tout dépôt
bancaire est une épargne (épargne potentielle).
(1) -
Nous ne faisons allusion ici qu'aux
mesures techniques minimales,
car par nature le pouvoir politique ivoirien ne peut pas aller au-delà
sans mettre en cause sa propre existence.

-
169-
19étaire, devraient être prises en compte
, pour accélérer le proèessus de croissance
~gnantes en même temps qu'il est nécessaire
1
système financier et monétaire pour
J
ûu dévèloppement ivoirien.
~us est difficile en l'état actuel des choses de comprendre
..ent l'effet positif ou nul produit par la mutation des taux
~'accroissement de l'épargne de telle sorte qu'elle approche le pro-
longement théorique ci-dessous :
1935
1965
1973
197 5
1986
t
La spécificité de la situation ici est que indépendamment des
mesures d'incitation, on a observé une croissance régulière de l'épargne.
La période de
1935 à 1965 est significatIve à cet égard. Par ailleurs,
il est trop tôt pour apprécier les effets des mesures arrêtées en 1973.
Ceci est dû aux conditions économiques, sociales sociologIques et psy-
chologiques en cours qui font que les classes et couches sociales po-
pulaires ignorant

-
170 -
pour l'essentiel les mécanismes financiers demeurent totalement insensibles
à leur égard, on ne peut pas douter de l'effet d'incitation produit par la
variation des taux rémunérateurs à l'égard de certains épargnants. l i pour-
rait s'agir de la petite élite citadine, des éléments de la bourgeoisie
politico-bureaucratique, de la bourgeoisie compradore, des entreprises ex-
cédentaires
nationales ou non.
C'est pourquoi, d'aucuns jugent encore insuffisantes les muta-
tions intervenues et préconisent :
a) - le relèvement général plus im portant des taux pour augmenter
l'épargne;
b) - l'indexation généralisée du taux d'escompte de la B.C.E.A.O,
ce qui permettrait ainsi une adaptation des rém unérations aux fluctuations
de la conjoncture;
c) - la diversification plus grande des taux selon le volume et
l'introduction d'une modulation supplémentaire selon la durée.
Sans souscrire particulièrement au réformisme financier qui sem ble
être à la base des soucis ci-dessus énumérés, il nous sem ble nécessaire de
prendre en compte de telles mesures.
mais en les situant dans une probléma-
tiq ue totale.
Dans cette perspective, il convient aussi de procéder au cal-
cul du taux réel d'inflation, étant entendu qu'il faut émettre de profondes
réserves en ce qui concerne les indices de prix de détail et de gros
cal-
culés constamment par la B.C.E.A.O. et qui reflètent une fausse image de
la réalité concrète de la Côte d'Ivoire.
La politique des forts taux rémunérateurs se basant sur des me-
sures d'accompagnement adéquates, est la seule susceptible de pénétrer au
prix d'un effort de formation et d'information, les larges centres populaires
des villes et de la cam pagne.
Même des pays à tendance socialiste s'en
sont servis, bien sûr dans les conditions qui sont les leurs.
En Républi-
que Populaire de Chine par exemple, la préoccupation de rémunérer l'épar-
gne dans le but de l'augmenter a été nette depuis la victoire de 1949.

-
171
-
Ainsi,
la politique monétaire et financière d'après
la
fib't~l~
s'est traduite par la variation des taux d'in-
térêt et des mutations des conditions d'octroi de crédit
(1).
Sur la base de cette politique,
les divers taux créditeurs
en Chine, ont été dressés de manière suivante
a) -
Compt~créditeurs des services de l'Etat et des
organismes publics
: pas de rémunération
b) -
Comptes des entreprises
:
rémunérés au taux de
0,15 % par mois,
soit
1,8 % par an depuis 1972. Avant
1972, et
depuis
1955, ce taux était de 0,18 % par mois,
soit 2,16 % par
an
;
c) -
Comptes des personnes privées
. dépôts à vue:
0,18 % par mois et 2,16 % par
an, ce taux est en cours depuis
1955.
Tout ceci pour noter l'intérêt que requiert
l'inter-
médiation financière pour le développement économique à tra-
vers cette politique des taux,
le succès d'une pareille poli-
tique conduirait les ménages à étendre leur comportement fi-
nancier qui pour l'essentiel s'apprécierait maintenant sur la
base de deux aspects importants
:
a)
-
le petit ou moyen salarié réclame l'ouverture
d'un compte de dépôt
(généralement à vue),
soit
parce que son
employé l'exige,
soit parce qu'il espère bénéficier de certains
avantages auprès de la banque/ avances en comptes,
prêts sco-
laires,
facilités de crédit,
etc . . . )
;
(1) -
Banque, N°
328 Avril 1974 - Article de Pierre -
Henri
CASSON ilLe système monétaire Chinois.
Soulignons qu'en Chine Populaire,
les structures
financières
sont
très simple.
Il n'existe ni chèques,
ni
bour-
ses de valeurs,
ni pluralité des réseaux bancaires.
La banque
du peuple,
seule institution financière autonome,
reçoit
les
dépôts des particuliers, des entreprises,
des communes
populai-
res.
Les caractéristiques des comptes à la banque du peuple
sont comparabl~à celles des comptes d'épargne en France (cf.
P.H.
CASSON).
Des informations différentes,
i l
paraît qu'en
Chine,
la stabilité des prix,
par ailleurs très bas,
explique
l'absence quasi-totale des tensions inflationnistes.
Ce qui
explique une assez grande stabilité des taux créditeurs, nette-
ment positifs en termes réels.

172 -
b) - l'ouverture d'un compte d'épargne obéit essentiel-
lement à une préoccupation de sécurité pour des sommes d'argent
gardées souvent en vue des consommations intérieures.
Enfin, il est nécessaire d'éliminer certaines servitu-
des ou contraintes et de rendre certaines mécaniques automatiques
1) - Pour les comptes en banque, nous croyons qu'il
n'est pas normal que les banques s'octroient certains avantages
sous la forme de frais de gestion (agios) alors quelles utili-
sent ces mêmes ressources pour leurs propres activités de crédit.
Ces charges doivent être supprimées ou énormément réduites, car
elles sont nuisibles non seulement pour le déposant, présentement
en COTE d'IVOIRE, ces agios sont 11.500 francs CFA par trimestre
pour un compte.chèque. Supposons qu'un agent économique dispose
dans son compte 500.000 francs CFA (minimum exigé pour en effec-
tuer l'ouverture). Au bout de quatre ans, s'il n'a effectué aucun
retrait, il aura payé à la banque 184.000 francs CFA, près de la
moitié pour des frais de gestion, en plus de ce que la banque
aura gagné en prêtant les 500.000 francs CFA au taux minimum de
6 %, soit au moins 4.800 francs CFA. Le bénéfice global tiré par
la banque est 72.000 francs CFA, c'est un vrai scandale.
2) - La capitalisation des intérêts créditeurs doit
devenir automatique. En COTE d'IVOIRE, la capitalisation se fait
à des époques et dates exactes.
Lorsque l'épargnant ne se mani-
feste pas à ]'éch~ance
avec son livret, il perd le profit de ses
intérêts. Or, d'une façon globale, de nombreux petits épargnants
ignorent cette mécanique. Ce qui revient pour l'institution de
gestion de l'épargne, à une sorte de vol organisé dont les
victimes sont les titulaires de livrets.
Au reste, de tout ce qui vient d'être avancé, il appa-
raît que le taux d'intérêt peut être un moyen efficace pour une
politique de promotion de l'épargne liquide nécessaire au finance-
ment de développement. Mais son utilisation demande un environne-
ment économique et sOCMl
sans contingences d'asservissement, ni
goulot d'étranglement et sur la base d'une intermédiation maîtri-
séeet adaptée. Ce qui suppose que soient mis en oeuvre des méca-
nismes qui permettront une mobilisation et une canalisation
efficientes.

-
.173-
CHAPITRE III - POSITION THEORIQUE DU ROLE DES INTERMEDIAIRES
FINANCIERS DANS LES PAYS SOUS-DEVELOPPES
Théoriquement, les techniques de financement du déve-
loppement diffèrent selon les auteurs. Cependant, si les théo-
ries de financement de l'activité économique varient d'une
école à l'autre, toutes ont cependant en un seul et même objectif
à savoir, arriver à une affectation optimale des fonds pour at-
teindre un taux de croissance plus élevé. Les économistes dits
classiques par exemple, établissaient, lorsque les sources de
Nnancero~
n'étaient pas constituées par les ressources propres,
une relation directe entre les prêteurs ultimes et les emprunteurs
ultimes. J.M KEYNES de son côté a favorisé directement les capi-
taux pour le financement des investissements étroitement liés au
revenu pour la consommation. Ceux dits monétaristes ont eu
d'autres préoccupations: ils se sont plus intéressés aux problè-
mes relevant de la création monétaire et la répartition de la mo-
naie. Tous ces awreurs
ont toutefois connu l'influence des faits
financiers et des intermédiaires financiers sur l'économie, ils
se sont plus intéressés aux problèmes relatifs
à
la production
et au revenu, leur croissance et leur répartition.
Le fait financier et l'intermédiation financière ont
été introduits dans l'analyse économique par GURLEY et SHAW (1)
"la croissance de l'économie de marché ayant entraîné une multi-
plication considérable des
)pérations financières et une nouvelle
vision du financement à travers son détour" (2) et on a pris de
plus en plus conscience que les intermédiaires financiers sont
un facteur de développement car ceux-ci occupent dans le proces-
sus épargne-investissement une position stratégique.
(1)
-
J. GURLEY et S. SHAW: "La monaie dans une théorie des
actifs financiers.
"Ed. Cujas. Paris 1973
(2)
-
M.DZON
"Intermédiation financière et Développement
: cas
pays de l'Afrique Centrale Francophone".
Thèse de Doctorat d'Etat. Université de Paris X -
Nanterre 1978. P. 27.

- 174
Dans les sociétés développées,
on s'accorde générale-
ment à penser que les intermédiaires financiers ont
joué un. rôle
déterminant dans la croissance économique de ces pays.
Quant
aux sociétés sous-développées, celles-ci disposent des inter-
médiaires financiers.
Peut-on les considérer comme un facteur de
développement
? Comment les différents auteurs qui se sont pen-
chés sur la question appréhendent-ils le rôle des intermédiaires
financiers dans les pays sous-développés? C'est à ces multiples
questions que nous donnerons une réponse dans les développements
qui vont suivre. Aussi,
pour la clarté de notre exposé, procé-
derons en trois phases.
Après avoir analysé la théorie de l'in-
termédiation financière
(section 1) nous verrons comment les
différents auteurs appréhendent l'indice des structures finan-
cières sur la croissance des pays sous-développés
(section 2)
avant de nous interroger sur la pertinence des thèses développ~~
par les auteurs (section 3).
SECTION 1 -
LES INTERMEDIAIRES FINANCIERS DANS LE PROCESSUS
EPARGNE-INVESTISSEMENT:
LA THEORIE DE L'INTERMEDIATION
FINANCIERE
Comment saisir la présence des intermédiaires financiers
dans le processus épargne-investissement ? Leur rôle consiste-
t - i l à transformer ou à créer les moyens de paiement
?
La plupart des économistes sont d'accord sur l'impor-
tance de la présence des intermédiaires financiers dans
l'acti-
1
vité économique.
En effet.
les opérateurs économiques se retrou-
vent au terme de leurs nombreuses opérations soit avec des reve-
nus excédentaires. soit plutôt en déficit de financement.
Pour
les premiers. ce sont principalement
les ménages alors que le
second groupe est constitué par les entreprises.
Les opérateurs
excédentaires peuvent soit conserver avec eux leurs revenus excé-
dentaires.
soit prêter aux opérateurs da-ficitaires.
Toutefois.
pour des raisons telles que leurs préférences pour la liquidité.
les ménages ne peuvent supporter longtemps les conditions des

-
175 -
.entreprises entre autres le long moment d'indisponibilité des
ressources prêtées. Les intermédiaires financiers se substituent
donc aux deux groupes d'agents et aménagent le marché. Leur
activité fondamentale repose sur la réalisation de prêt-emprunt,
placement-endettement et leur fonction est alors la mise en
contact d'agents non financiers excédentaires et d'agents non
financiers déficitaires. La principale fonction des intermé-
diaires financiers étant ici de mobiliser les fonds disponibles
pour les mettre à la disposition des agents à déficit de
financement.
Cet aspect fonctionnel de l'intermédiation financière
fait presque l'unanimité des économistes. Mais l'autre question
qui s'est posée aux économistes est celle de savoir si le systè-
me financier ne pouvait financer le développement qu'à partir des
ressources collectées.
On sait, et il est important de le souligner, que le
financement de la croissance est lié à la position et au mouve-
ment de la liquidité. Les ressources collectées par les intermé-
diaires financiers peuvent être insuffisantes par rapport à la
masse des investissements à financer,
le système financier peut
alors procéder à la création des moyens de paiement. Certes, on
pense généralement que la technique de financement sur création
monétaire peut être source d'innatüm
alors que le financement
sur
ressources mobilisées ne l'est pas, et on recommande d'ail-
leurs aux pays
sous-développés de financer leur croissance à
partir des ressources mobilisées (1). Sans pour autant nous lan-
cer dans le débat, nous estimons pour notre part que les deux
techniques de financement sont complémentaires.
Il en résulte que
les différentes politiques de financement du développement, on
distingue généralement les crédits financés sur ressources d'é-
pargne des crédits financés sur ressources monétaires. Si tous
les intermédiaires financiers monétaires ou non, peuvent collecter
l'épargne, peut-on également avancer que tous ont un même pouvoir
de création monétaire ?
(1) - R.I. Mc KINON et E.S. SHAW: Money an capital Economic
Development. The Brookings Institutions, Washington,
1973
et Financial Deepening in Economic Development. Oxford
University Press, New York.
1973.

-
176 -
PARAGRAPHE A- L'ASPECT FONCTIONNEL DE L'INTERMDIATION FINANCIERE
Les techniques de transfert de l'épargne à travers les intermé-
diaires financier,5.
renètent dans la majorité des cas, l'effet des struc-
tures financières sur le développement.
L'accroissement de l'épargne fi-
nancière, c'est-à-dire celle qui est drainée par les institutions finan-
cières dépend de l'efficacité de la fonction d' interm édiation. Ainsi que
nous le soulignons tantôt, l'i.'1termédiation financière est une des tech-
niques possibles du financement du développement.
MacroéconomiquemlUrt '1>ar-
lant, on peut distinguer deux positions :
- Dans une économie, la distribution du revenu global entre
les
divers agents économiques peut être identique à la distribution de la dé-
pense globale entre ces agents: leurs emplois sont égaux aux ressources.
Les dépenses dans ce cas sont financées intégralement et uniquement par
des ressources propres.
GURLEY et SHAW parlent dans ce cas de self- fi-
nance( 1).
D'un autre côtf, la dist.ribution du revenu global et de la
dépense totale peuvent ne pas coincider. Certains agents peuverit avoir
des
em plois supérieurs à leurs ressources propres; leurs budgets sont alors
dificitaires.
D'autres agents peuvent avoir des budgets en excédent.
Corn me
les budgets de ces agents doivent forcément être en équilibre ex-post, i l
faudra bien que les agents à déficit satisfassent leur besoin de finance-
ment en se procurant des ressources qui leur font défaut et que les
agents
à excédents trouvent un emploi à leurs excédents.
On est ici en présence
du financement externe:
dans ce cas, deux techniques de financement sont
possibles; la pratique de financement face à face, et la technique de fi-
nancement intermédiaire.
(1)
-
J.
GURLEY et E. S. SHAW:
"La monnaie dans une théorie des actifs
financiers" .
Ed.
Cuj as,
P Aris 1973.

-
177 -

La pratique de financement face à face ou pratique de finan-
cement direct.
Nous ne nous étendrons pas sur le financement direct.
Disons
tout simplement que cette pratique signifie que les agents à déficit s'a-
dressent directement sans intermédiaire aux agents à excédents pour le fi-
nancement de leur déficit.
* La pratique de financement intermédiaire ou pratique de finan-
cement indirect.
La pratique de financement intermédiaire suppose l'existence des
intermédiaires financiers bancaires et non bancaires (sociétés d'assurance
et autres établissements financiers).
Ces deux groupes d'institutions finan-
cières participent activement aux mécanismes d'intermédiation.
L'analyse
de leur activité ressort clairement des travaux de GURLEY et SHAW,
visant
à élaborer une théorie du financement qui renferme la théorie de la monnaie
et une théorie des institutions financières qui inclut la théorie du système
bancaire. GURLEY et SHAW mettertt ainsi en év idence le rôle des intermédiaires
financiers; ils prêtent à des taux d'intérêt d'un certain niveau et empruntent
à des taux
d'intérêt d'un niveau inférieur. Ils débarrassent le marché de
certains titres primaires et leur substituent d'autres titres, titres supérieurs.
Cette différence cie rendement entre titres primaires et indirects est la ré-
com pense des intermédiaires financiers pour les serv ices particuliers qu'ils
fournissent" ( 1 ) .
Il en résulte que la fonction fondamentale des intermédiaires fi-
nanciers est d'acheter des titres primaires aux emprunteurs ultimes et
d'émettre de la dette indirecte pour les prêteurs ultimes. Ils offrent
des actifs financiers adaptés aux nom breuses exigences des agents non fi-
nanciers et dispensent ces derniers d'émettre des titres primaires non
(1)
-
J.
GURLEY et S.E.SHAW:
" La monnaie dans une théorie des actifs
financiers." Ed. Cujas, Paris, 1973.

-
178 -
adaptés à leurs besoins: ils leur permettent un échelonnement plus satis-
faisant de leur dépense.
Leur position dans le processus épargne-investis-
sement aboutit finalement à l'élevation des niveaux
d'épargne et d'inves-
tissement et à l'allocation plus efficiente des épargnes entre les inves-
tissements.
Pour ce faire, les intermédiaires financiers
procèdent généra-
lement à la transformation des actifs financiers.
Ce qui est important de savoir,
c'est que les intermédiaires fi-
nanciers jouent un rôle déterminant dans le développe ment du fait de leur
position entre deux groupes de sujets et du résultat final auquel conduit
leur intervention à savoir le transfert des excédents de revenu de certains
sujets à d'autres sujets ayant des budgets à déficit. Ils permettent d' en-
rayer les goulots d'étranglement qui peuvent freiner le transfert des res-
sources. la technique de financement intermédiaire caractérise donc tout
système financier avancé.
Une question non moins importante est celle de savoir si l'exis-
tence des intermédiaires financiers améliore les mécanismes de drainage
de l'épargne? Sur le plan théoriqüe, on pense généralement que l'intermé-
diation financière peut stimuler l'épargne.
GURLEY et SHAW reti~nnent
trois raisons(mais nous en citerons que deux)selon eux qui expliquent la
fonction dynamique que peuvent jouer les intermÉdiaires financiers
dans
la mobilisation de l'épargne:
il s'agit.
-
de l'opportunité d' épa""gner et donc
d' accum lL1~r les ressources
par le biais d'une diversification des actifs financie.:'s.
Cette d.i.versi-
fi.c .tion est d'une granlle i'11 p.)rlanCe car eJle pe:rm at aux A.gents d' ~v itp.r
les ri:,ques "liés à une '3pôcialisation ds l'ép-3.rgre et de l'invef'Hss~-
rn e nt" ( 1 ) .
(1)
-
J.
GURLEY et S. SHAW:
"La monnaie dans une théorie des actifs fi-
nanciers".
Ed.
Cujas,
Paris 1973.

- 179 -
- de l'amélioration des rendements des actifs; il est en effet apparu
que la rareté de l'épargne financière c'est-à-dire celle qui est drainée
par les intermédiaires financiers est due aux faibles taux d'intérêt sur
les dépôts. Ceci est surtout vrai pour les pays sous-développés : nous y
reviendrons. Or, depuis les travaux de Gurley et Shaw, on a pris l'habi-
tude dans l'analyse des problèmes monétaires et financiers de tenir de
compte à la fois des intermédiaires financiers monétaires et non monétaires,
et non monétaires, et tout système financier comporte nécessairement des
banques et des non banques. Si au niveau de la mobilisation des ressources
on s'accorde à admettre que tous les intermédiaires financiers monétaires
ou non collectent l'épargne, par contre le problème de savoir si tous les
intermédaires financiers disposent du même pouvoir de création monétaire
est
loin
de faire
l'unanimité des économistes surtout Français eu égard
aux vives controverses et discussions qu'il a suscité depuis bientôt une
vingtaine d'années entre les partisans d'une conception traditionnelle de
la dualité analytique des intermédiaires financiers CA. CHAINEAU,
P. BERGER, J. DENIZET etc ••• ) et les partisans d'une conception unitaire
CGURLEY et SHAW, COUTIERE, H. STERDYNIAK et P. VILLA, R.
de la GENIERE
etc ••• ). L'exposé de cette controverse va constituer le deuxiÈme élément
de ce
sous-paragraphe.
PARAGRAPHE B -
INTERMEDIATION FINANCIERE ET CREATION DE MONNAIE
LE DEBAT UNITE-DUALITE DU SYSTEME FINAN~IER ET
LE PROBLEME DE LA CREATION DE LA MONNAIE PAR
LES BANQUES ET LES NON BANQUES
Avant de présenter ce débat, deux observations s'impo-
sent
- les mécanismes de création monétaire par le système
bancaire sont connus. Nous ne le reprendrons pas dans le cadre de
cette partie. Ce qui nous semble important à comprendre, c'est
plutôt la manière dont les auteurs saisissent la création de la
monnaie par les intermédiaires financiers non monétaices.
- s'agissant justement des auteurs, outre GURLEY et
SHAW, deux Anglosaxons dont l'apport a étè essentiel dans la
théorie de l'intermédiation financière,
nous nous inspirerons
aussi pour une grande part des travaux des économistes Français
deux raisons guident notre
choix: d'abord ces derniers ont con-
tribué à animer le débat. Ensuite pour tous les pays de l'Afrique
Noire Francophone,
leur système bancaire est calqué sur le modèle
Français. Ainsi, à quelques exceptions près,
tous les intermé-
diaires financiers existant en France se retrouvent dans les pays

- 180-
AGENTS
A DEFICIT
INTERMEDIAIRES
AGENTS A SURPLUS
FINANCIERS
Emplois
Recettes
Recettes
Courants
Cour an -
tmplois
CouranteE
tes
Courants
+
Salaires
Forma-
,
et
tion
profits
de
distri-
Capital
Endette-
Crédit
Prêts
bués
..
ment
.... Bancaire Monnaie
PriJm.ire3
primaire
Prêts des
Dettes
Institu-
Indirec-
tions non
tes
..
..
monétaires moné-
taires
Ce schéma que nous empruntons à J. DENIZET(1) montre qu'ici,
les institutions financières n'ont qu'une fonction d'intermédiation.
(1) -
J. DENIZET
"Monnaie et Financement".
Ed. Dunod, Paris
1969,
p. 24.
2e édiUon.

_ 181
-
membres de la Zone franc.
On peut même s'attendre à ce que le
système monétaire des pays de la périphérie puisse fonctionner
de la même façon que le système monétaire métropolitain.
Mais
quand on tient compte de l'orientation qui a été donnée à l'ap-
pareil financier dans les pays sous-développés, on remarque alors
que cela n'est pas possible.
Par exemple, au Cameroun i l existe
bien une caisse de Dépôts et de Consignation intégrée au sein
du Trésor Public. Alors qu'en France elle joue un rôle détermi-
nant dans le système monétaire français,
au Cameroun,
la C.D.C.
n'est autre chose qu'un ornement puisque le rôle qui lui est as-
signé est celui d'être surtout un dépôt permanent et inviolable
de toutes consignations rttluciaires
dans les cautions de rapatrie-
ment des étudiants non boursiers à l'étranger.
Ces deux observations étant faites,
venons en mainte-
nant au débat.
Lorsqu'on parcourt les différentes théories financières
en présence,
i l apparaît clairement que
le thème dominant de la
controverse est la création de la monnaie par les intermédiaires
financiers monétaires et non monétaires.
* Les théories financières en présence.
On a d'une part la conception classique de
la dualité
et la conception unitaire d'autre part.
a* - La théo~ie de la dualité classique du système
financier.
Le point de départ de la
thèse des auteurs dualistes
est la dichotomie entre le monétaire et
le financier.
Ils distin-
guent ainsi nettement la sphère monétaire de
la sphère financière,
entre la monnaie et
les autres actifs financiers.
Ils affirment
en outre que la monnaie est
le seul actif susceptible d'assurer
et de faciliter
les paiements.
Les autres actifs sont dépourvus
de cette propriété.
Pour qu'il en soit a
~si, ceux-ci (les actifs
financiers)doivent au préalable être convertis en monnaie.

182 -
D'autre part,
i l convient de
distinguer selon les
dua-
listes,
les
intermédiaires
financiers
monétaires
des
intermédiai-
res
financiers
non monétaires et
ils
considêrent cette
distinction
comme
fondamentale.
Pour eux,
les
intermédiaires
financiers
moné-
taires
présentent généralement
un passif qui a
l'avantage de
pou-
voir être
utilisé comme moyen de
paiement et
créé
à volonté.
Les
mécanismes
d'ouverture de
crédit-dépôt dans
les
banques
entraî-
nent
une expansion du passif mais
qui
toutefois
se
trouve
limité
par la contrainte quantitative des
réserves
obligatoires qu'on
impose aux
banques.
Le volume global du passif des
intermédiaires
financiers
monétaires est susceptible
d'être
cerné
à
partir du
calcul
du multiplicateur monétaire
ou de
crédit.
Les
intermédiaires
financiers
non monétaires
de
leur côté
ont des possibilités d'achat
fort
limitées
par
le volume
des
titres
secondaires que
ceux-ci peuvent
placer dans
les
portefeuilles
d'actifs
des
prêteurs:
la conséquence en est qu'il
n'y aura pas
ici
une
expansion que
nous qualifions
d'autogénérée
de
leurs
passifs.
Le processus
de multiplication y est absent et
de
ce
fait,
ils
ne
peuvent
créer
"de
la monnaie au profit des
agents
l
besoin de
financement"
(1).
Pour satisfaire
les
besoins
des
agents
en déficit
de
financement,
ils
"ne
font
que
prêter une
épargne
antérieurement
reçue"
(2)
Il
ressort
donc de
la conception dualiste
du sys~âme finan-
cier ceci
:
-
les
intermédiaires
financiers
monétaires
c'est-à-dire
les
banques achètent
les
titres
primaires
et
créent
la monnaie
en effectuant
les
transferts monétaires
entre
les
agents
grâce
aux
crédits
inscrits
dans
leurs
livres
de
compte
J.
DENIZET exprime
cette
réalité en écrivant que
"seule
la
banque
en
transformant
l'en-
dettement
primaire en monnaie,
crée
un pouvoir d'achat
neuf(3).
(1)
- A. CHAINEAU:
"Mécanismes et
politique
monétaires".
( 2 )
-
Idem
(J) - J.DENIZET
Monnaie et Financement
Dimod,
Paris
1969
2è Edition.

-
183 -
- Les intermédiaires financiers non monétaires (sociétés d'assu-
rances notamment) de leur côté se contentent d'acheter des ti tres
primaires tout en offrant en même temps des créances monétaires
sur eux-mêmes, des dépôts d'épargne, actions, etc •••
Ils n'ont
aucun pouvoir de création monétaire.
b* - La théorie de l'unité du système financier.
Pour les partisans de l'unité du système financier,
le processus d'intermédiation financière qu'il soit monétaire ou
non monétaire, est susceptible d'une analyse unique.
Il en résul-
te que la distinction banque non banque établit par les dualistes
perd ici de son importance. Certes les travaux de GURLEY et SHAW
(1) montrent que cette distinction demeure, mais, il s'agit ici
d'une différence de degré. La preuve, dans leur analyse les deux
auteurs mettent dans le même sac la monnaie et les autres actifs
financiers car pour eux, tous les intermédiaires créent des
actifs financiers.
Les banques comme les autres intermédiaires
non
financiersvmonétaires transmettent des ressources prêtables en
émettant des actifs financiers indirects auprès des unités de
dépenses excédentaires. Si cet argument de GURLEY et SHAW garde
tout son intérêt, il en est un autre qui nous semble mieux
justifier leur position. En effet, d'un autre côté, ils soutien-
nent que tous les intermédiaires financiers monétaires et non
monétaires mettent en jeu un multipl_~ateur général des fonds
prêtables dont le multiplicateur des crédits du système bancaire
n'en est qu'un aspect particulier. De plus, toujours selon les
deux auteurs, les ressources de tous les intermédiaires financiers
sont de l'épargne et tous sont en mesure d'exercer une même
catégorie d'action sur la liquidité de l'économie.
Ainsi que nous le mentionnions plus haut,
le thème
dominant de la controverse est la création de monnaie
par les in-
termédaires financiers monétaires. Comment faut-il le saisir?
(1)
-
J.GURLEY et E.S.
SHAW: fiLa monaie dans une théorie des
actifs financiers fl •
Ed. Cujas,
Paris 1973.

184
* La création de monnaie par les intermédiaires finan-
ciers non monétaires.
Jusqu'à GURLEY et SHAW,
i l a
toujours existé comme nous
venons de le voir avec les dualistes,
une opposition bien marquée
entre les termes d'intermédiation et de créateur.
La fonction de
créateur et d'intermédiaire apparaissent comme deux activités
antagonistes;
antagonistes en ce sens que pour certains,
les
institutions financières qui créent des actifs financiers
ne
sont pas des intermédiaires financiers,
tandis que pour d'autres,
la fonction d'intermédiation financière
ne
s'appliquerait qu'aux
intermédiaires financiers qui n'en créent pas.
Cette querelle est apparue
lorsqu'on s'est
limité tout
simplement à l'étude de l'activité des banques.
Puis virent
GURLEY et SHAW et
la querelle s'est étendue à
l'ensemble des
intermédiaires financiers
(banque
et non banque).
La position
traditionnelle affirme que seules les banques créent
la monnaie,
alors que les non banques ne
jouent que
le rôle d'intermédiaires
financiers.
Cependant, un certain nombre de travaux des êèonomistes
français cherchent à prouver que les intermédiaires financiers
non monétaires ne se contentent pas d'être de simples intermé-
diaires financiers.
Ils peuvent également créer la monnaie ainsi
que l'ont montré par exemple H.
STERDYNIAK et P.
VILLA (1).
Les deux auteurs reconnaissent
en effet un pouvoir
de création monétaire aux non banques.
Ils raisonnent
à
partir
de l'exemple de
la Caisse des
Dépôts et de Consignation (CDC)
(2).
Leur argumentation s'articule de la manière suivante
:
Cl)
-
H.
STERDDYNIAK et
P.
VILLA
"Du côté de
l'Offre de
la
monnaie".
Annales de l'INSEE N°
25,
1977.
(2)
-
La Caisse des Dépô~ et de Consignation(C.D.C.) est un orga-
nisme
financier
non monétaire qui occupe au sein du
système
monétaire
Français,
une position stratégique.
La C.D.C.
Française a été créée en 1816
;
le rôle qui
lui a
été assi-
gné
à
sa création était celui d'être un "dépôt
permanent et

185 -
H. STERDYNIAK et P. VILLA estiment que l'argument selon lequel
le multiplicateur de crédit ne vaut que pour le système bancaire
est peu convainquant et ne saurait résister à l'analyse. Les deux
auteurs raisonnent à partir de l'exemple de la C.D.C. de la
manière suivante :
En partant des liquidités
M4 = M3 + Dépôts à terme des banques + Dépôts à terme
auprès de C.D.C. et le Trésor.
Et
Ern supposant
que la pi'opor-'t'ro-n
de s formes de déte nt io n
de la monnaie est constante, ainsi que le comportement des réser-
ves du système bancaire et de la C.D.C., SîSRDYNïAK et VILLA
posent
d M4
c M4
E
=
k M4
k+d+c
=
1
=
rbPd
rDc
Sachant que
Db
dépôts bancaires
Dc
dépôts en Caisse d'Epargne
E
Espèces
K
part des espèces dans la liquidité
D
part des banques
C
part des caisses d'Epargne
(2) fin - inviolable pour toutes les consignations judiciaires"(cf
l'ordonnance de du 3 Juillet 1816). Les ressources de la
C.D.C.
se sont bien vite orientées vers des projets d'in-
vestissements d'intérêt général: canaux et ports mari-
times, hôpitaux départementaux, mise en valeur des colonies.
D'autre part, la C.D.C. a très rapidement cherché à renta-
biliser une bonne partie de ses ressources de deux façons
:
a) - En finançant à long terme les secteurs publics et para-
publics
;
b) - En intervenant sur le marché monétaire au sein
duquel elle joue un rôle fondamental en ce sens qu'elle refinance
les banques et le Trésor Public; enfin, la C.D.C. contrôle une
véritable nébuleuse d'institutions et filiales dont elle en est le
noyau.

-
186 -
Rb et Rc sont les réserves nettes. Ce sont des réserves en mon-
naie centrale. obligatoires ou excédentaires moins le refin~nce­
ment.
a) - Le processus de création de monnaie par le système
bancaire. Puisque les banques ont la possibilité de demande,
l'essentiel de leur liquidité sous forme de dépôts bancaires,
et comme ceux-ci doivent circuler, le système bancaire accroft
ainsi son pouvoir multiplicateur de crédit
: reprenant un
exemple de ce processus de multiplication chez A. CHAINEAU (1)
!TERDYlHAKet VILLA montrent que dans les banques IF. elles met-
tent en réserve rb et prêtent 1 - rb et il leur revient d(l-rb)
sous forme de dépôts, elles mettent en réserve rbd(l-rb)2 et
ainsi de suite.
Le volume des crédits accordés étant
(l-rb) [1+d(l-rb)+d 2 (1-rb)2+ ...J
et le multiplicateur ayant pour valeur
l-rb
m
=
I-d(l-rb)
b)
Le même mécanisme peut-il se retrouver dans le cas de
la C.D.C.
?
Du côté de la C.D.C., quand cet organisme reçoit IF,
il prête (l-rc) et garde dans ses caisses rc.
Toutefois, contrai-
rement au système bancaire, rien ne lui revient car la source
selon les auteurs est tarie.
Ceci serait dû au fait que la C.D.C "n'a pas la maîtri-
se de ses dépôts et qu'elle se contenœ donc de replacer l'épar-
gne qu'elle reçoit. Mais pour une banque au niveau individuel,
le problème est le même, rien ne prouve que la contrepartie mo-
nétaire des crédits qu'elle accorde, reste déposée chez elle.
Il
y a bien dans les deux cas déconnexion entre la localité de la
distribution des crédits et les décisions concernant les formes
de détention de la monnaie.
(1)
-
A. CHAINEAU : "Mécanismes et politiques monétaires".
P.U.F. , Paris
1974
( 2 )
A.
STERDYNIAK et P. VILLA : "Du côté de l'offre de
.
"
-
monna~e
.
in Annales de l'INSEE N° 25,
1977.

_187
Poursuivant leur analyse,
STERDYNIAK et VILLA soutien-
nent en outre que sur le plan général,
i l existerait une con-
trainte macroéconomique qu'exprime le fait comptable que tout
accroissement des liquidités se ventile entre leurs différen-
tes formes.
Sur la base de ce dernier argument,
les auteurs
supposent en outre que cette ventilation est fixée à court
terme:
d'où "une parfaite symétrie entre les deux organis-
me s" (I).
Dans ces conditions, pour IF de monnaie centrale créée,
le
système bancaire reçoit d, reprête d(l-rb) la C.D.C. de son
côté reçoit c et reprê~c(l-c). Pendant la deuxième étape du
processus on aura
:
a) -
le système bancaire reçoit
d
[d(l-rb)+c(l-rc))
b) -
la C.D.C. pour sa part reçoit
c
[d(1-rb)+c(1-rc))
Le processus va se poursuivre jusqu'à ce que tous
les crédits soient accordés et lorsque tous le sont, on
obtient
: t R4 = rb ADb
b
àRc
=
rc
ADc
t
=
(I-rb)
ADb
&b
Acc
(I-rc
6D c
Sachant que
4E + ARb
+ 4iRc
I
4Db
~Dc
jE
d
c
k
(1)
- H.
STERDYNIAK et P.
VILLA:
"Du côté de l'offre de
monnaie" in Annales de l'INSEE op.
ci.

-
188
-
d'où
1
[rb+~
rc+ !] ADb
d
d
d
=
=
(1-rb)d
rbd+rc c+k
=
( 1-Cc )c
rbd+re, c +K
Cb et Cc représentent les crédits accordés par les
banques et la C.D.C.
Et les auteurs de conclure:
"La C.D.C. a le même
pouvoir de création monétaire que les banques et les crédits
financés sur ressources monétaires" (1).
Le débat théorique que nous venons ainsi d'exposer
nous semble sans issue, serait-ce d'ailleurs l'objectif que
celui-ci demeurât ainsi afin de permettre l'émergence d'autres
travaux. En effet, d'une part, les dualistes restent attachés
à
leur thèse, d'autre part l'accord n'est pas total même chez
les tenants de la thèse de l'unité. En effet,
lorsque
STERDYNIAK et VILLA font reposer l'unité des intermédiaires
financiers sur la notion de création monétaire,
il faut dire
que l'argument reste fragile et ne me semble même pas faire
l'unanimité parmi les partisans de la conception unitaire du
système financier.
La critique de J.
BICHOT (2) qui pourtant
partage les thèses unitaires en est la preuve. L'auteur s'é-
(1)
- H.
STERDYNIAK et P. VILLA : "Du coté de l'offre de
monnaie".
in Annales de INSEE op. Cit.
(2)
- J.
BICHOT : "La création de monnaie par les intermédiai-
res financiers non monétaires",
in Revue Banque N°
361
MARS 1978.

-189
lève contre la tentative de GURLEY et SHAW d'assimiler la monnaie aux
autres actifs ce qui a pour conséquence selon l'expression même de J.BI-
CHOT d'escamoter la notion de création monétaire, puisquê la confusion
entre émission et création monétaire devient inévitable. Cependant, la cri-
tique que nous pouvons faire ici à BICHOT est qu'il semble oublier que
dans la majorité des cas, les partisans d'une conception unitaire des inter-
médiaires financiers raisonnent dans un cadre bien précis:
celui des ac-
tifs financiers, la monnaie étant elle-même un actif financier parmi tant
d'autres, et au demeurant, on constate que tous les intermédiaires financiers
émettent des actifs financiers.
Si donc théoriquement le débat sem ble sans issue on note cepen-
dant qu'en France une conception unitaire pragmatique semble s'installer
de manière définitive. Cette conception appréhende l'unité des intermédiaires
par le biais de la politique monétaire principalement.
En effet, il est
apparu de plus en plus que dans certains pays, en France notamment(l);
l'Institut d'Emission était incapable de limiter la création de monnaie;
bien que le pouvant de façon efficace dans le sens d'une restriction.
Cette situation a conduit progressivement les autorités monétaiI.'es à
admettre que les actions de la politique monétaire ne devraient plus se
limiter aux seuls intermédiaires financiers
monétaires; car l'évolution
de
la politique monétaire montre que le besoin en monnaie centrale passait
autrefois pour l'arme de la politique monétaire par excellence, tend de
plus en plus à perdre de son efficacité; ceci est dû au fait que non
seulement les banques récupèrent de plus en plus la monnaie qu'elles
créent,
mais aussi ,les crédits font de plus en plus des dépôts. Il en
résulte qu'en France particulièrement l'encadrement du crédit est devenu
l'arme de la politique monétaire par excellence.
Dan:: cette perspective,
les autorités monétaires ne peuvent se contenter de l' appliq uer aux seuls
intermédiaires monétaires: la politique d'encadrement de crédit doit
s'appliquer à tous les intermédiaires financiers quI ils soient monétaires
(l)
-
D. CaUTIER E:
"Le système monétaire français."
Ed.Economica,
Paris,
1977

- 190
ou ~n; de LATTRE(1) estime d'ailleurs que ceci est fondamental car en
période de restriction les intermédiaires financiers non monétaires
(sociétés d'assurances et autres) provoquent généralement un accrois-
sement de la vitesse de circulation du stock de monnaie existant. La
politique monétaire, en s'appliquant également à ceux-ci, permet juste-
ment de contrôler cette vitesse de circulation. Il est évident que pour
le succès d'une telle politique, les autorités monétaires doivent tenir
compte de tous les actifs financiers plus ou moins monétisables qui
contribuent à la liquidité de l'économie car ainsi que le mentionne de
LATTRE, si les disponibilités quasi-monétaires(dépôts à terme et compte
sur livrets dans les banques) peuvent être facilement converties en
monnaie, il en va de même des dépôts dans la Caisse d'Epargne et les
bons du Trésor. Le contrôle des intermédiaires financiers non monétaires
apparait donc comme indispensable. D'autre part, une appréhension cor-
recte et suffisante des mécanismes monétaires englobent les éléments
des intermédiaires financiers non monétaires dans l'élaboration des
statistiques monétaires ainsi que cela ressort des travaux de la Banque
de France.
Enfin, et c'est ici notre propre point de vue, il r a certes
diversité des intermédiaires financiers, mais unité de ces derniers
dans leur action, dans leur intervention, au sein de l'économie.
En Côte d'Ivoire, et dans les autres Etats d'Afrique Franco-
phone, il est assez difficile de cerner les intermédiaires financiers
non monétaires dans leur rôle de créateur de monnaie, compte tenu de
leur faible performance dans l'économie de ces Etats. On en a la preuve
avec les sociétés d'assurances en Côte d'Ivoire. D'autre part, même la
nolitique monétaire ne peut aider à saisir le vrai visage de l'intermé-
diation financière en Côte d'Ivoire étant donné que ce
pays n'a pas
de politique monétaire véritable. A la limite, celle-ci consiste tout
simplement en des ajustements passifs de l'offre de monnaie par le
(1) - André de LATTRE: "La politique monétaire". Cours polycopié.
Institut des Sciences Politiques de Paris et
édité par
A. Colin, Paris
1972.

19 1 -
système bancaire. On peut donc estimer que dans ce pays les intermédiaires
financiers monétaires créent la monnaie en effectuant des transferts
monétaires entre les agents à partir des crédits inscrits dans leurs
livres de compte. Les intermédiaires financiers non monétaires jouent
fondamentalement le rôle d'intermédiaires.
Avec cette remarque, se termine le débat de la théorie de
l'intermédiation financière. Nous avons ainsi pu constater que dans le
processus épargne-investissement, les intermédiaires financiers occu-
pent une place stratégique en ce sens qu'ils sont
"une pièce maitresse
de la théorie du financement du développement. Ceci montre à quel
point il est nécessaire pour les pays sous-développés de doter leur
économie de tels intermédiaires ce d'autant plus que l'insuffisance et
la faible mobilité des ressources est un des principaux goulots d'étran-
glement de leur politique de croissance"(1). Mais l'incidence positive,
des structures financières sur le développement des pays sous-développés
est loin de faire l'unanimité des économistes et les discussions et
controverses sur le rôle des intermédiaires financiers dans la crois-
sance des pays sous-développés est plus que jamais d'actualité. Com-
ment les différents auteurs notamment Anglo-saxons qui se sont intéres-
sés à ce problème voient-ils ce rôle? C'est à cette question que nous
allons tenter d'élucider.
(1) - R. BISTClLFI : "Structure économique et indépendance monétaire".
Expérience monétaire de la Tunisie et ses enseignements. Op. Cit.
P. 165.

-
192 -
SECTION 2 - l'INCIDENCE DES STRUCTURES FINANCIERES DANS l'ANALYSE ECONO-
MIQUE DES PAYS SOUS-DEVELOPPES.
La question de savoir si les intermédiaires financiers ont
une incidence sur la croissance des pays sous-développés, disions-nous
tantôt, est plus que jamais d'actualité eu égard aux différentes prises
de position qu'elle a suscité.
Pour J. GURLEY(1) par exemple, les intermédiaires financiers
ne sont pas indispensables pour les pays sous-développés. Ceux-ci, selon
l'auteur ne sont pas la seule force susceptible de susciter la crois-
sance économique des dits pays. Il n' y a donc aucune raison que ces
Etats concentrent leurs efforts au développement du système financier.
En effet, selon GURLEY, le développement des intermédiaires financiers
ne doit pas être considéré comme un choix distinct des autres choix
institutionnels qu'un pays est amené à faire pour accélérer son déve-
loppement économique. Bien plus, estime l'auteur, les différentes
forces qui par le passé ont été déterminantes dans le processus de
croissance de ces Etats peuvent encore dans le présent permettre d'at-
tendre les mêmes résultats. D'autre part, la pratique de financement
par les intermédiaires financiers n'est efficace que dans une économie
où il y a décentralisation des décisions, spécialisation entre les
épargnants et les investisseurs et enfin, financement externe plutôt
qu'interne des investissements. Or affirme l'auteur, ces différents
éléments ne se retrouvent pas toujours dans les économies de la péri-
phérie, ce qui peut constituer un véritable frein au bon fonctionnement
de l'intermédiation financière dans ces économies. Continuant son ana-
lyse, GURLEY montre que d'autres techniques de financement autres que
celle par les intermédiaires financiers ont permis aux pays sous-cive-
loppés d'avancer dans leur développement: c'est ainsi que la fiscalité,
(1) - J. GURLEY : "Financial structures in developing economics".
cf Fiscal an monetary problems in developing states
Edited by D. KRIVINE New York Praeger
1967.

-
193
-
la planif'1cation centralisée et l'aide extérieure peuvent être considérées
comme des substituts étroits à la pratique de financement par les intermé-
diaires financiers.
L'idée dominante de la thèse de GURLEY est que tous les pays ne
peuvent se permettre de développer les intermédiaires financiers sur leur
espace territorial;
pourquoi? En fait, il y a un problème qui sous-tend
cette thèse de GURLEY, c'est celui pu coût qui résulte du développement
et de l'entretien d'un système financier.
En effet, le recours au système
financier dépend dans tous les cas de ce qu'il en coûte des ressources qui
y sont consacrées et du profit économique et non économique que Te
pays
entier compte en tirer. Ce sont donc généralement, soutient GURLEY, les
coûts et les profits qui doivent guider la décision des pouvoirs publics
en ce qui concerne les intermédiaires financiers.
Bien que cela ne soit pas
explicite, l'auteur semble admettre que les coûts résultant du développe-
ment du système financier sont souvent si élevés que certains Etats en
l'occurrenceles pays sous-développés ne peuvent les supporter.
L'auteur
propose alors qu'au départ, toute stratégie de développement doit s'ins-
crire dans le cadre d'une planification centralisée. Ceci apparaît fonda-
mental à l'auteur car dans ce cadre, les ressources locàles sont gérées
par l'agence central de planification jusqu'au moment où le pays concerné
pourra passer d'un système de planification centralisé à un système d' éco-
nomie de marché.
Dans celui-ci les intermédiaires financiers rem placeraient
progressivement l'organe central de la planification dans la gestion des
ressources :internell..
La thèse de J.GL:RLEY a le mérite de montrer qu'en dehors du sys-
tème financier, les pays de la périphérie ont d'autres possibilités pour
financer leur développement. Il ressort ainsi clairement de la position
de l'auteur que la fiscalité, l'aide extérieure et la planification sont
des substituts étroits au financement par les intermédiaires financiers.
Pourtant,
pour aussi pertinente que soit cette thèse de GUR LEY ,
nous marquons quelques hésitations à la retenir telle quelle.
En effet,

194 -
L'analyse de la relation entre le système financier et le
développement est généralement limitée dans les pays sous-développés
à cause de ce que S. AMIN appelle "un parti pris théorique d'ensemble.
sur les problèmes du sous-développement"(1). Ce parti pris théorique
oblige assez souvent les auteurs à s'enfermer dans le cadre d'une
théorie conventionnelle du sous-développement, les pays sous-dévélop-
pés doivent s'ouvrir largement à l'extérieur, développer les exporta-
tions(2)et enfin faire appel aux capitaux privés étrangers et à l'aide
publique; GURLEY en admettant que l'aide extérieure est un substitut
étroit au financement par les intermédiaires financiers n'innove pas du
tout. C'est plutôt la confirmation d'une politique déjà très ancienne.
Or, on cannaIt les conséquences d'une telle conception du développement
les pays largement ouverts à l'extérieur et au capital étranger ne peu-
vent alors de quelque façon que ce soit, contrôler leur relation avec
l'extérieur et au capital étranger ne peuvent alors de quelque façon
que ce soit, contrôler leur relation avec l'extérieur et la mise en
place des structures monétaires et financières autonomes dans ces con-
ditions est vouée à l'échec, la stratégie de dévéloppement ici exclut
l'émergence des structures économiques également autonomes seules ca-
pables d'assurer un véritable développement. Le capital étranger n'a
pas pu induire la croissance des pays sous-dévéloppés. Certes on cite
souvent pour montrer l'incidence des capitaux étrangers sur le dévelop-
pement des pays sous-développés, l'exemple de HONG KONG de TAIWAN, du
BRESIL etc ..• En réalité y a t-il eu ici véritable développement? Dans
le contexte de ces Etats, nous pensons qu'il y a eu croissance sans dé-
veloppement généralement accompagné d'une disparité croissante de la
distribution sociale du revenu, de la marginalisation des masses rurales,
une modernisation rapide de quelques centres urbains autour desquels

"s'élargissent des zones bidonvilles où végète une population rurale mi-
. ~.
sérable, qui attend les miracles des villes et surtout, du riz, du pain,
et du travail"(3). _
(1) - S. AMIN: "Zone franc et développement" critique au rapport de
P. et S. GUILLAUMONT. P. 351. Edité par R. TREMBLAY - Montréal 1972.
(2) - Conformément à la théorie de l'export process développée par
t-1YNT, PATEl.
(3) - M. RUDLOFF : "Economie politique du Tiers-Monde".
Ed. Cujas, Paris
1969 P. 213.
"Economie Monétaire Nationale et Développement." Ed. Cujas,
Paris
1969.

- 195
~~utre pert, dans le contexte actuel du Fvstème d'économie mo~diale, et
du fait que les pays sous-développés sont ouverts à l'extérieur, quel
rôle peut jouer la planification? Aucun ! car les structures étant
fondamentalement des structures de dépendance, la stratégie de dévelop-
pement définie dans le cadre du plan, le sera par rapport aux besoins
de l'étranger. De ce point de vue, la planification centralisée ne
peut être un
élément de mutation des structures. Admettons même un ins-
tant que le plan le soit, est-ce suffisant pour affirmer que les inter-
médiaires financiers ne sont pas indispensables aux pays sous-dévelop-
pés ? Il ne nous le semble pas. Bien plus, on a même constaté que dans
les pays à planification centralisée comme la plupart dL' pays de
l'Europe de l'Est, les intermédiaires financiers apparaissent de plus
en plus comme un élément indispensable à l'exécution du.plan. Le cas de
la HONGRIE est riche d'enseignement à cet égard. En poussant notre rai-
sonnement plus loin, on a également constaté s'agissant des pays sous-
dévéloppés que l'aide extérieure destinée à financer les projets inscrits
dans les plans qu'elle soit privée ou publique, est souvent confiée au
système financier qui en assure la gestion. C'est ce qui ressort d'une
étude récente de P. DERREUMAUX et G. PELTIER(1) dans laquelle les deux
auteurs notent qu'en Afrique par exemple,
"les banques de dévelop-
pement
sont de simples intermédiaires pour la domiciliation et
l'administration des prêts et aides extérieurs affectés au
financement de certains secteurs (industrie, tourisme, habitat,
etc). En conséquence, on peut dire ici que
planification et
système financier ne s'excluent pas disons plutôt qu'ils sont
complémentaires.
J. GURLEY invoque ensuite l'argument du coût du
système financier pour justifier son pessimisme quant à l'in-
cidence de celui-ci
sur la croissance des Etats périphériques.
Nous répondrons alors que si le coût est généralement élevé il
ne peut constituer à notre avis un obstacle au développement
du système financier,
à
la mentalité des populations locales.
A vrai dire, ainsi que nous le verrons ultérieurement avec
l'exemple de la Côte d'Ivoire,
si les pays périphériques ne
tirent aucun profit du système financier, c'est parce que
(1)
-
P.
DERREUMAUX et G. PELTIER:
"Monnaie,
Intermédiation
et développement économique". Revue Banque N°
382. mars
1979 P.
306.

- 195
celui-ci fonctionne encore comme pendant
la période coloniale
en concentrant son activité dans le d~Âncement des économies
"de traites de la période coloniale.
On peut également s'interroger sur la technique de fi-
nancement par la fiscalité.
En effet,
baser le financement de
la croissance sur les ressources fiscales
signifie que pour obte-
nir le maximum de ressources,
l'Etat doit agir sur le taux de la
fiscalité en l'augmentant régulièrement.
Or compte tenu du niveau
des revenus des masses populaires qui généralement
bas,
une telle
maximisation est difficiles à réaliser.
D'ailleurs,
on a maintes
fois constaté qu'en Afrique l'Etat
se garde bien d'accroftre le
taux de l'impôt de peur de mpcontenter les populatioœ. A ce faible
revenu,
i l faut ajouter la fraude
fiscale qui est la règle dans
les pays sous-développés et devant
laquelle les gouvernements
sont généralement impuissants.
Certes, dans les pays développés
la fraude fiscale existe également, mais dans
les pays sous-dé-
veloppés, elle revêt une coloration particulière.
En définitive, en dépit de la pertinence de l'argumen-
tation de J.
GURLEY,
sa thèse ne nous paraft
pas devoir être
soutenue et nous pensons que les intermédiaires financiers
peu-
vent
induire le développement
;
ils sont donc
indispensables à
la croissance des pays sous-développés,
tout reposant
sur l'orien-
tation qu'on donne à ceux-ci.
Cependant, la question de savoir s'il existe une corrélation
entre le développement des structures financières et
la crois-
sance réelle
demeure.
Certes, cette question n'est
pas nouvelle.
ADAM SMITH se la proposait déjà.
Après avoir constaté que
l'expansion du commerce dans la ville de GLASGOW
était princi-
palement
le fait
du système bancaire,
SMITH concluait que
la
corrélation entre le développement du systLle financier et
la
croissance réelle est évidente
(1).
De nos
jours,
un
certain
nombre de travaux sur les pays développés et pays sous-développés
(1)
-
A.
SMITH:
"La richesse des Nations".

- 197
_
ont essayé de cerner la corrélation entre les structures financiè-
res et le développement économique.
La première vérification
empirique à ce sujet,
nous la devons à
I.
ADELMAN et
C.T.
MORRIS(l).
Bien que l'objet fondamental de l'étude de
I.ADELMAN et
C.T.
MORRIS soit de donner une explication empirique des forces
économiques et non économiques qui directement ou indirectement
déterminent la capacité de croissance d'un pays périphérique,
leur analyse présente l'intérêt qu'ils essaient d'établir une
liaison entre le développement de la structure financière et
celui des variables réelles.
Pour ce faire,
les deux auteurs
utilisent un modèle économétrique.
Ce modèle repose sur des données
qui résument les caractéristiques socio-économiques
et politiques
de
74 pays non communistes en voie de développement durant
la
période 1957-1967.
Les données utilisées par les deux auteurs
leur permettent de cerner alors l'interaction entre les variables
économiques et non économiquessur le processus de développement.
Les données comprennent
39 indicateurs des aspects socio-économi-
ques et politiques du développement d'un Etat.
D'autre part,
pour construire le modèle,
les auteurs
ont distingué trois catégories de pays selon les chances de
réussite de leur politique de développement.
-
la première catégorie se compose de pays dont
le
taux de croissance du P.I.B.
par tête a
été moins de
2 % par an
entre
1950/51 et
1963/64.
-
au bas de l'échelle,
on trouve
les pays dont
le taux
de croissance du P.I.B.
est inférieur à
1 % par an pendant
le
même temps.
-
les autres pays occupent
la position internédiaire.
Le modèle lui-même comporte
14 équations et
19 variables.
La comparaison des évolutions des variables cherche
à répondre à
un certain nombre de questions
:
quelles
sont
les
forces
qui quan-
(1)
-
I.
ADELMAN et C.T.
MORRIS:
An Economie Model of socio-
economic and political change in under developped country
in American economic.
Review N°
5 Dec.
1968

- 198
titativement sont plus importantes et déterminantes du développe-
ment économique? Comment se manifeste l'impact de ces forces?
-
-
.!

Pour répondre à ces questïons,
les auteurs
ont cherché à savoir s ' i l existait une corrélation entre les
différentes variables à expliquer et les variables explicatives
aussi ont-ils établi des équations de regression de manière à
avoir des coefficients de corrélation et de regression.
ADELMAN
et MORRIS ont ensuite calculé les multiplicateurs pour toutes
les variables du modèle afin de déterminer laquelle d'entre
elles a eu plus d'impact sur le développement.
Les résultats
obtenus par les auteurs sont réservés dans le tableau N°
49
lequel montre que pendant toute la période considérée,
les in-
termédiaires financiers ont constitué la force économique dont
l'incidence a été plus déterminante sur le développement des
pays étudiés,
leur multiplicateur ayant
la valeur la plus élevée,
soit 2,309.
Cependant,
i l est intéressant de noter qu'à la suite
des travaux de ADELMAN et MORRIS,
d'autres auteurs vont se
pencher sur la relation entre les structures fiancières
et le
développement et ici,
les travaux de
R. GOLDSMITH
sont ~une im-
portance capitale.
Bien que théoriquement GOLDSMITH
et les autres
admettent l'existence d'une corrélation positive entre la crois-
sance des structures financières et le développement économique,
empiriquement,
les resultats en ce qui concerne les pays sous-
développés,
sont plutôt décevants.
Les auteurs en ont déduit une
faible performance du système financier dans lesdits pays.
L'ap-
proche néo-libérale de MC KINNON et
SHAW tente d'une part de
donner une explication à cette faible
participation et de tracer
un nouveau cadre théorique du rôle des intermédiaires financiers
dans la croissance des pays sous-développés.
La présentation de
cette thèse va constituer le deuxième point de notre analyse.
Cependant si l'existence d'une corrélation positive entre les
structures financières et
le développement
économique est
théo-
riquement reconnue et admise par les différents auteurs,
ceux-ci
n'ont pas pu établir le lien de causalité entre ces deux éléments.
C'est ce qu'a essayé de faire H.T.
PATRICK.

-
199 -
PARAGRAPHE A - STRUCTURES FINANCIERES ET DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE :
La contibution de R.
GOLDSMITH (1).
Nous cernerons d'abord cette relation sur le plan théori-
que avant d'exposer rapidement
les résultats des quelques véri-
fications empiriques.
1* -
Traduction théorique
R.
GOLDSMITH a essayé de
saisir la liaison entre les indi-
cateurs de structures financières et
le développement économique.
La superstructure d'un pays selon l'auteur
peut
s'exprimer d'une
t
façon générale par un taux d'inter-relation financière.
Celui-ci
peut être défini comme le rapport entre la valeur de tous les
actifs financiers existant dans le pays et celle des actifs réels t
c'est-à-dire le patrimoine national.
Ce rapport
indique une rela-
tion directe entre le développement du système financier et la
croissance réelle.
L'auteur a
surtout cherché
à identifier les
éléments qui déterminent cette superstructure financière
en met-
tant en évidence les différentes composantes du F.I.R . .
GOLDSMITH pose alors une équation qu'il consière comme
essentielle, car c'est elle qui
permet de déterminer les émissions
nouvelles d'instruments financiers au cours d'une époque précise.
On a
:
A partir de cette relation
l'auteur dégage alors les
fac-
t
teurs déterminant les émissions nouvelles de moyens financiers
ce sont
:
a)
le taux de monétisation du produit
national ~
Puisque y est
le produit
national brut
pour une époque
précise
?l y exprime pour la même époque, le produit brut moné-
t
tarisé.
(1)
-
R.
GOLDSMITH:
"Financial structure and development" Yale
University Press 1969 cf également du même auteur
"Prélogomène
à
l'analyse comparative ses structures financières".
OCDE,
Paris -
1966.

200 -
b) -
le taux de transformation du capital monétaire K
K est déterminé par la relation K = k
avec
la for-
mation du capital monétaire.
~y
c) -
le taux d'émissions nouvelles
désignant le rapport
entre l'émission nette
(e) et la formation du capital monétaire k
qui en résulte· d'où:
2: = e/k
(2)
Sachant que
e = d x + f
(3)
avec d = volume d'actifs
financiers émis par les secteurs
Hon financiers intérieurs
d et x constituent ce qu'on appelle généralement les émis-
sions primaires.
f
=
volume d'actifs financiers
émis par les intermédiaires
financiers locaux que l'on peut subdiviser selon la catégorie d'in-
temédiaires financiers.
En remplaçant k par y le produit national dans l'équation(2)
on obtient
A l
R(l)
=~=e/y
(4)
l'équation
(4) permet de déterminer le ratio global d'é-
missions nouvelles.
Celui-ci permet une analyse en terme de flux
et i l est d'autant plus élevé que l'autofiancement est
faible.
L'évolution de l'ANIR dépend de trois éléments au moins.
1) -
L'accroissement au cours du processus de développe-
ment des émissions nettes de valeurs primaires, c'est-à-dire
d'obligation
des sociétés et d'actions ordinaires,
ressources
d'Etat,
les prêts à court terme et
à
long terme,
tels que
le
crédit commercial et les hypothèques bancaires.
(1)
-
En Anglais
Aggregate New Issue
Ratio.

· -
201
-
TABLEAU N° .32 - VARIABLES SELON LA THEORIE DE GOLDSMITH
VALEUR DES
V A RIA BLE S
MULTIPLICATEURS
Le degré de développement des intermédiaires financiers
2,309
Les perspectives de modernisation
2,169
L'étendue du dualisme socio-économique
2,133
L'importance des investissements d'infrastructure
1,986
Le degré de développement du secteur industriel
1,624
L'importance des classes moyennes indigènes
1,062
La qualité des ressources humaines
0,955
Le degré d'engagement de l'Etat dans le développement
Q,940
L'importance de l'alphabétisation
0,884
L'amélioration de la productivité agricole
0,823
L'importance de la mobilité sociale
0,797
La stabilité politique
0,536
L'importance des mass media
0,407
Les caractéristiques de l'organisation agricole
0,288
La puissance militaire
0,018
Le dégré de tension sociale
0,300
L'influence politique des chefs traditionnels
0,310
La taille des exploitations agricoles traditionnelles
0,320
SOURCES
Tableau construit sur la base des résultats acquis par
I.ADELMAN et C.T. MORRIS in "An econometric model in
under developed countries". American Economie Review
N° 5
De c.
1 968

-
202
Dans les pays sous-développés,
l'émission nette de ces
titres est négligeable et ne représente probablement
pas plus de
1 ou 2 % du P.N.B., alors que dans les pays développés elle atteint
souvent
10
ou 20 % du P.N.B .. Les émissions nettes annuelles s'a-
joutent aux fonds accumulés.
Le rapport entre les ressources accumu-
lées et
le P.N.B.
est égal au rapport entre émission nette sur le
P.N.B.
divisé par le taux de croissance de ce dernier.
Les valeurs
primaires accumulées accroissent généralement
par rapport au P.N.B.
au cours du processus du développement
à cause de l'"accroissement
ment relatif des investissement et des dépenses de consommation
en
biens
durables,
du perfectionnement des marchés de valeurs,
du
désir accru des ménages,
et des entreprises commerciales de con-
tracter des dettes pour posséder des avoirs financiers
et du degré
de spécialisation entre épargnants et investisseurs.
2)
-
la seconde cause de l'évolution de
l'ANIR est
l'ex-
tension souvent rapide du secteur monétaire pendant le développe-
meŒ,
ce qui nécfssite des encaisses en quantité croissante à des
frsis
de
transaction
.
3) -
La troisième cause de
l'expansion de l'ANIR au cours
de la croissance est le développement et l'évolution des
intermé-
diaires financiers monétaires.
Les premiers sont habituellement
motivés dans leurs intervention par l'étendue du secteur des
en-
caisses et aussi par le fait
que le public au cours du processus de
croissance,
désire détenir
ses
disponibilités monétaires sous
forme de dépôt
à vue ou à terme,
plutôt qu'en espèce.
Dans les pays
périphériques, ces dépôts représentent
une fraction négligeable du
P.N.B . . L'expansion des pays occidentaux montre que ces dépôts
s'élèvent de manière régulière et parfois même rapidement
au cours
du développement.
Cela revient à dire qu'au cours de
la croissance,
les pays s'engagent généralement
sur une voie
financière
ascendante
les valeurs primaires, la monnaie, les comptes d'épargne,
les dépôts
à vue et autres avoirs
financiers
augmentent
plus ou moins rapide-
ment,
traduisant ainsi
l'évolution et
l'efficacité accrues des ins-
titutions et des marchés financiers.
Cette voie financière
ascendante
i
peut être
accentuée et ce de maniére assez rapide
si les autres

- 203 -
institutions financières généralement non bancaires
(caisses
de pensions,
sociétés d'assurances)
sont prises en compte
dans le circuit de financement
; car ceux-ci grâce au jeu
de la concurrence,
vont développer de nouvelles formes
d'actifs financiers.
En effet,
au fur
et à mesure que l'é-
conomie se développe,
"les agents économiques ressentent le
besoin de diversifier leur placement.
Les ménages ne seront
tentés de développer leur épargne que si les formes de place-
ment dépassent le simple
compte bancaire
(1).
d) -
le taux d' intermédiation financière
ik
1 +
est le rapport entre le volume des actifs finan-
ciers émis par les agents non financiers
locaux
(d)
et le vo-
lume total d'actifs financiers émis
(e)
tel que
~ = de
Le taux d'intermédiation financière détermine la place
des intermédiaires financiers et du financement
intermédiaire
dans la structure financière.
e)
-
le taux de stratification financière
1 +Îl
exprime le rapport entre le total des émissions
nettes de moyens financiers
par les intermédiaires financiers
et absorbés par d'autres institutions financières
(d')
et le
volume des actifs financiers
émis par les agents nons finan-
ciers locaux
(d)
c'est-à-dire
~ = d'd
Le taux de stratification financière
lui-même per-
met de cerner l'importance des relations entre les différentes
catégories d'intermédiaires financiers.
( 1)
R.
GO L D~I T H
"Prolegomènes à
l'analyse comparative des
structures financières"
Yale University
Press.
1969.

-
204 -
R. GOLDSMITH avance ensuite deux hypothèses
-
Il suppose d'abord que le P.N.B.
augmente réguliè-
rement ; il suppose ensuite que le prix des avoirs financiers
sont stables. Sur la base de ces deux hypothèses,
et à par-
tir de l'équation (1),
GOLDSMITH déduit alors l'encours de
moyens financiers en circulation c'est-à-dire
j=t
Ft
=
~ fj
( 5)
j=1
L'équation (5) qui indique la valeur ou temmps t
de cet encours équivaut à la source des émissions nouvelles
qui est une progression géométrique de raison (1 +t +ff+lff)
sachant que
l = Taux de croissance du produit réel
fT= Mouvement du niveau général des prix.
Comme est le taux de croissance du produit réel et
le taux de hausse du niveau général des prix,
alors,
"la
somme du produit national brut des années passées (qui ici
forme une série gépmétrique infinie) est un multiple aisé-
ment calculable du produit national de la dernière année
de la période 11 (1) tel que
L'équation (5) devient

-
205
-
Puisqu'il existe une différence entre la valeur coùftma et la valeur
initiale d'émission des actifs financiers
dont le prix fluctue l'introduction
d'un terme correctif qui tiendrait compte des fluctuations annuelles
moyennes
des acti{ financiers dont la valeur est variable s' im pose.
Dans ces conditions,
le FIR
devient:
o+ëè
(8 )
En tenant compte de l'ensemble des richesses du pays à l'instant t,
l'équation t
devient :
Ft
(1+ Â )
(1
+V)
Wt
sachant que
=
avec
W = la richesse nationale
y = le produit national
ft = le coefficient de capital moyen.
Que conclure? Ce qui est important de savoir c'est que trois
éléments sont susceptibles de déterminer la super-structure financière
d'une
économie définie
: i l s'agit principalement :
1) du rapport entre les émissions des unités non financières et le
patrimoine national [fiol'fi· Ak-s.J.
2) le rapport entre les émissions nettes des intermédiaires finan-
cière", et celles des agents non financiers.
3) le terme correctif de la variation des encours
(1 + V).
Le FIR et l'ANIR
mettent ainsi en relation le développement écono-
mique et les varia bles monétaires et financières. 11s peuvent faire l' 0 bjet
d' une
détermination directe par l'observation des
données quantitative", ce qui sup pose
l'existence des comptabilités financières nationales en terme dè flux et en terme
de stock,
soit d'une détermination indirecte
par le calcul sur la base d'une
quantification
-:es éléments déterminant ces indications.

- 206 -
2* - Les Calculs de quelques vérifications empiriques
Les calculs effectués par R. GOLDSMITH montrent que les pays
sous-dévéloppés l'ANIR et le FIR sont faibles; l'ANIR atteint 1 ou 2 %
du P.N.B. entre 10 ou 20 % dans les développés. La faiblesse de ces
deux indicateurs de structures financières est due fondamentalement à
un taux de monétisation et à un taux d'intermédiation financière moins
élevé. D'autre part, l'étude de GOLDSMITH révèle en outre une grande
inégalité de l'ANIR par rapport à la diversité des processus de déve-
loppement entre pays. Ainsi, des pays comme la Suisse, la Grande-Bretagne,
disposent d'une structure financière développée
alors que dans les
pays sous-développés, la structure financière est élémentaire. Cela
veut-il signifier que la croissance réelle est susceptible d'expliquer
l'accumulation des actifs financiers? Nous pouvons répondre à cette
question par l'affirmative car ce sont les différences dans le P.N.B.
par tête qui expliquent pourquoi certains pays ont une abondance rela-
tive d'avoirs financiers alors que d'autres en ont bien moins.
En 1960 par exemple, les Etats-Unis disposaient de près de
2.000 milliards de dollars d'avoirs financiers et ceux-ci se composaient
ainsi qu'il suit:
2/3 sous forme de valeurs primaires
1/3
en obligations directes
L'étude de R. GOLDSMITH est d'une portée significative: elle
montre que pour tous les pays à économie de marché aussi bien dévèloppés
que sous-développés, il n'existe qu'un sentier unique de croissance fi-
nancière associé au développement réel (1). Elle montre d'autre part que
l'intermédiation financière devient plus efficace au fur et à mesure
que l'économie se développe.
(1) - R. GOLDSMITH écrit à ce propos: "The evidence now available is
more in favor of the hypothesis that exist only one major path of finan-
cial development, a pa th marked by certains regularities in course of
financial Interrelation ratio, in the share of the financial institu-
tions in the total flnancial assets, and in the position of the banking
system( ... ) a path from which countries have deviated only to minor
existent of"
financial structure and development Yale University Bress.
Op. ci t. P. 40.

-
207 -
A la suite de R. GOLDSMITH, d'autres auteurs ont essayé de
cerner eux aussi l'incidence des structures financières dans l'analysé
économique des pays sous-développés; il s'agit principalement de
U TUN WAI, de BHATIA
et KHATKHATE.
U TUN WAI(1) a aussi mis au point une mesure du dévèloppement
financier. L'expression qu'il utilise pour définir quantitativement la
structure financière repose sur les mêmes concepts que ceux de
R. GOLDSMITH. La principale différence étant que U TUN WAI se base ex-
clusivement sur une forme particulière de flux de la structure financière.
En effet, GOLDSMITH tient compte des dépôts interbanques, et des dépôts
effectués par le Gouvernement auprès des intermédiaires financiers,
tandis que U TUN WAI n'en tient pas compte. D'autre part, GOLDSMITH ne
fait pas entrer dans ses calculs la dette publique vis-à-vis du secteur
privé non financier, tandis que U TUN WAI en tient compte.
Les études empiriques menées par ce dernier et qui portaient
sur 21 pays développés et 38 pays sous-développés l'ont amené à conclure
que les banques ont contribué pour 50 % au financement des in~estissements
dans les pays occidentaux retenus et 33 % dans les seconds dont moins
de 22 % pour les pays d'Afrique(2).
S'agissant justement de l'Afrique, les différentes liaisons
statistiques établies un an plus tôt par B~ATIA et KHATKHATE(3) sont
peu concluantes et ne permettent pas de soutenir qu'il existe dans ce
cas précis une corrélation positive entre la structure financière et la
variable réelle.
(1) - U TUN WAI in "Financial intermediation and national saving in
developing countries." Praeger N. Y. 1972.
(2) - U TUN WAI "Rôle of financial markets in development". Finafrica
Bulletin Mars 1976 cité par DERREUMAUX et G. PETIER in "Monnaie, inter-
médiation financière et développement économique. Op. Cit. P. 306.
Pour un approfondissement, voir chapitre l - relatif à la problématique
de l'épargne (1ère partie de notre étude).
(3) - R. J. BHATIA
et D.R. KHATKHATE : "Financial Intermediation. Sa-
ving mobilisation, and Entreprenenrial Development : the African expe-
rience". IMF STAFF papers vol. 22 nO 1 Marcly 1975. Deena R. KHATKHATE
Finances et Développement nO 4 Déc.
1973.

208 -
Ce que peut retenir des études empiriques qui existent c'est
que la participation des intermédiaires financiers dans le dévéloppement
des pays sous-développés est faible. Mais pourquoi cette faible perfor-
mance ? La thèse néo-libérale dévéloppée par MC KlNNON et SHAW essaie
de donner une réponse à cette question.
PARAGRAPHE
B)
- LA DEMARCHE NEO-LlBERALE (1)
La thèse néo-libérale développée par
R. l. KINNON(2) et SHAW(3)
est récente puisqu'elle date de 1973. Elle permet de comprendre le rôle
que peuvent jouer les banques et les autres intermédiaires financiers
ainsi que celui du marché des capitaux dans les pays sous-développés.
Contrairement à la thèse de J. GURLEY(4), MC KlNNON et SHAW pensent
que le développement du système financier est une composante indispen-
sable de la croissance économique des pays sous-développés.
Les néo-libéraux prétendent que les intermédiaires financiers
peuvent contribuer de manière significative au développement des pays
sous-développés et que des marchés financiers parfaits offrent générale-
ment de bons résultats dans le domaine de la collecte de l'ép~rgne et
du financement de l'économie. Toujours selon les néo-libéraux, ce n'est
que sous l'hypothèse d'une répression financière que le système finan-
cier devient un obstacle au développement. Pour eux, les intermédiaires
financiers n'ont pas contribu~ de manière significative à la croissance
réelle des pays sous-développés à cause
d'une politique inadéquate
(1) - Selon la terminologie de Vicente CALBIS in "Structuralisme et li-
béralisation financière". Finance et développement vol. 13 nO 2 Juin 1976.
(2) - R. 1. M.C
KlNNON in "Money and capital in economic development.
The Broekings Institution, Washington,
1973.
(3) - E. S. SHAW in "Financial deeping in economic development." Oxford
University press, New York,
1973.
(4) - J.
CURLEY in "Financial structure in developing economics". Op.
Cit.

209 _
des taux d'intérêt,
et dans ces Etats le
taux d'intérêt apparait selon les néo-libéraux comme l'élément répressif
par excellence. Pour que le système financier puisse être un facteur
de dévéloppement, il faut, disent les néo-libéraux, le libérer des con-
traintes qui sont de véritables goulots d'étranglement à son dynamisme.
Pour cerner le point de vue de ces auteurs dans sa globalité,
nous analyserons d'abord les processus de la "répression financière"(1),
puis nous étudierons les conditions d'une véritable libéralisation fi-
nancière telle que les néo-libéraux la conçoivent avant de tenter dans
ûne troisième période d'apprécier la thèse des néo-libéraux.
1 "* - Les processus de la
"répression financière".
Le principe de la répression financière de MC KINNON et SHAW
repose sur la théorie néo-classique de la gestion du portefeuille privé.
L'intérêt de cette théorie dans l'analyse économique n'est plus à
prouver. Il est de plus en plus admis que les individus recherchent une
certaine structure de leur patrimoine. Cette structure elle-~me dépend
du taux d'intérêt ou des rendements afférents à chaque type d'actif,
des coûts de transaction etc ...
Admettons qu'à une période donnée aucune transformation n'in-
tervienne dans le patrimoine des individus. Sur la base de ce principe,
on admet généralement que si le taux de rendement d'un actif "x" dans
un ensemble de "n" actifs augmente, la demande de "x" va également au-
gmenter, pendant ce temps, le montant détenu de tous les autres actifs
diminue ou demeure constant. Ceci étant, soit un individu qui a à choi-
sir entre les encaisses réelles et les acti fs physiques ,~~ néo-classi-
ques particulièrement, la détention de la monnaie par un individu ne
peut se justifier que si cette monnaie lui permet de faire face aux
coûts résultant de la synchronisation de ses dépenses et de ses revenus,
car dans une économie où
existent de véritables marchés financiers,
,1) - Selon la terminologie de Vicente CALBlS in "Structuralisme et li-
béralisation financière".

210 -
un individu n'a aucune importance à détenir de la monnaie
en stock de valeur.
C'est pourquoi,
dans le modèle de croissance néo-classique, l'ensemble des actifs (la
monnaie
+ autres actifs financiers + actifs physiques) est admis à
être égal au taux d'intérêt du marché. Mais comment se présente l'effet
de substitution dans le modèle?
Comme la théorie néo-classique du portefeuille ne sépare plus
la théorie monétaire de la théorie de la valeur des biens, l'effet de
substitution peut être déduit sans qu'on se préoccupe de la façon dont
la monnaie a été introduite. Or celle-ci peut l'être comme un bien de
production ou comme un bien de consommation. Considérons le cas où elle
est introduite comme un bien de production, le processus de substitu-
tion se fait de la façon suivante :
Soit la fonction de production
y
= fCK,I., M)
(1)
P
La variation du stock réel de monnaie en s'ajoutant au revenu
réel donne le revenu disponible
• •
y0 = y + ,( ( M/P )
= y +(M-P)M/P
(2)
dt
La fonction d'investissement s'écrit
dK = y -(1 - s) Yo
(3)
dt
avec
y = revenu réel.
K = capital
y = revenu disponible
o
M = stock nominal de monnaie
M= accroissement du niveau général des prix par unité de temps.
P = niveau général des prix

t
P = accroissement du niveau général des prix par unité de temps.
1. = le travail.
s = propension à épargner
t = le temps.

_ 211
_
En remplaçant YD par sa valeur dans l'équation(3) on obtient
dK
= y -(1-8)
(y + d(M/f)
dt
dt
= y -(y + d(M/P)
sY - sd(M/P)
dt
dt
= y-y - d(M/P) + sY + sd(M/P)
dt
dt
= y-y + sY + sd(M/P)
- d(M/P)
dt
dt
dK
= sY + (s-1) d(M/P)
-
dt
dt
ou encore
dK
= sY + (s-1) (A-p) M
-dt
P
puisque
0 L s
<:. 1
et
d(M/P)
> 0
dt
alors dK/dt décroît quand
d(M/P)
augmente; il en résulte que l'accu-
dt
mulation de la monnaie se fait au détriment des actifs physiques.
La substitution d'un actif à l'autre n'est possible que dans
le cadre d'un marché des capitaux sophistiqués. Pour MC KINNON, une
telle substitution est plausible dans les pays sous-développés. Mais
quand on tient compte de la réalité économique de ces Etats - caractère
fragmentaire des ma. _'hés notamment des marchés financiers, indivisibili-
té des investissements alors une telle substitution est impossible. Il
en résulte un certain nombre d'imperfections au niveau des marchés des
fonds prêtables d'une part et de l'allocation des ressources d'autre
part.

212 -
1) - Les imperfections au niveau du marché des fonds prêtables.
Pour MC KINNON et SHAW, les imperfections du marché des capi-
taux dans les pays sous-dévéloppés, tiennent fondamentalement au fait
que les taux d'intérêt dans ces Etats sont administrés. Partant du
principe selon lequel l'épargne privée dépend du rendement des diffé-
rents actifs ainsi que de la stabilité de ces rendements, SHAW parti-
culièrement soutient que l'épargne privée drainée par les intermédiaires
financiers et le volume des fonds prêtables sont généralement limités
dans les pays sous-développés parce que les taux d'intérêt sur les dé-
pôts sont bas. Ils sont généralement fixés de façon arbitraire par le
Gouvernement dont l'intervention massive sur les différents marchés
privés des biens et services et même financiers pertube les machés. De
plus, s'agissant de la demande des re~sources prêtables SHAW constate
que dans les pays sous-développés, ce ne sont pas les opportunités
d'investissement qui manquent, il y a plutôt une carence caractéristique
de l'épargne pour permettre le financement de ces investissements.
D'autre part, soulignent MC KINNON et S. SHAW, dans les pays sous-déve-
loppés, la demande des ressources prêtables pour financer les investis-
sements productifs est généralement faible, et se trouve concurrencée
par une demande plus importante de crédit à la consommation. Enfin, les
bas taux d'intérêt ont un autre côté néfaste. Ils ne font pas ressortir
le caractère rare du capital dans les pays sous-développés et se révè-
lent d'un autre côté incapable d'opérer une distinction entre les diffé-
rents types de prêts. Cette situation crée inévitablement un raisonne-
ment permanent de crédit dans les pays sous-développés.
2) - Les imperfections au niveau de l'allocation des fonds.
L'épargne drainée par les intermédiaires financiers étant li-
mitée, ceux-ci se voient contraints de rationner le crédit. Le rationne-
ment du crédit a pour conséquence d'obliger les intermédiaires financiers
à établir une certaine hiérarchie dans sa clientèle. C'est pourquoi
notent encore les auteurs, les premiers bénéficiaires des prêts bancaires
sont uniquement certains secteurs privilégiés, ce sont: l'Etat, les
entreprises publiques, les sociétés privées d'import-export. Le reste de
l'économie étant financé par des prêteurs d'argent, des prêteurs sur gage
des coopératives de crédit ou enfin par des associations d'entraide mutuelle.

-
213-
Dans cette politique de financement,
les éventuels petits.
entrepreneurs accèdent difficilement au crédit bancaire.
Ici
aussi,
les taux d'intérêt apparaissent comme un élément
répressif; car le fait qu'ils aient plafonnés accroît
le
risque du système financier.
A cause des taux d'intérêt bas,
dit
S.
SHAW,
le système financier préfèrera traiter avec
les
entreprises solidement installées.
Ces imperfections tant au niveau du marché des
ressources prêtables qu'au niveau de l'allocation des res-
sources constituent selon les néo-libéraux de véritables
obstacles au développement du système financier.
D'où ses
faibles performances dans les économies périphériques.
Mais les néo-libéraux n'en sont pas restés là.
Développant leur analyse,
ils vont définir les conditions
d'une libéralisation financière véritable qui permettraient
ainsi au système financier d'être un facteur de croissance
dans les Etats de la périphérie.
2 * Les dispositions de la libération financière
Les néo-libéraux placent ces dispositions au niveau
des pouvoirs publics des pays sous-dévelopés d'une part et au
niveau de la politique des taux d'intérêt d'autre part.
A)
-
Au niveau des pouvoirs publics des pays
sous-développés.
Les néo-libéraux recommandent aux divers pouvoirs
publics des pays sous-développés une
neutralité absolue notam-
ment en matière financière.
Cette neutralité aurait
l'avantage
selon les auteurs de permettre la création et
le développement
des intermédiaires financiers.
B) -
Au niveau du taux d'intérêt
En matière des taux d'intérêt,
les néo-libéraux recom-
mandent
une politique de taux réels.
Il est bon de rappeler
ici que pour ces auteurs,
une transformation positive des taux
d'intérêt réels incite à
la mobilisation de
l'épargne sans
décourager la formation capital.
Aussi,
pour un taux d'inté'~

214
sd
= f ( g, y, r, Se
sd)
y
y
( 1 )
Y t - l
avec
r
=
le taux dl intérêt réel
g
taux de croissance du revenu
y
=
le revenu réel par tête
Se
=
le taux de l'épargne extérieure (1) substitut étroit
y
à l'épargne domestique
Sd
le taux de l'épargne domestique déclaré.
Yt-:1
Comment les néo-libéraux conçoivent-ils la libération du taux
d'intérêt?
a) Tout d'abord MC KINNON
La formule susceptible de mieux prouver la libération
des taux d'intérêt et la mise en place d'une politique des taux
d'intérêt réels élevés et celle de MC KINNON.
Cette formule
résumée dans son principe de complémentatité entre l~ demande
privée d'encaisses réelles et l'investissement. Etant donné que
la théorie néo-classique du portefeuille privé ne peut s'appli-
quer
dans
les pays sous-développés, MC KINNON oppose le prin-
cipe de complémentarité entre la monnaie et l'investissement au
princip:e néo-classique de substituabilité.
En effet, selon l'auteur, la monnaie étant le seul actif
financier disponible qui peut être accumulé et échangé librement
dans les pays sous-développés, il en résulte quedu côté des in-
vestisseurs, ceux-ci pour réaliser leurs investissements doivent
au préalable accumuler la monnaie.
Il apparaît ainsi que l'auto-
financement est une disposition indispens~)le à la réalisation
des investissements. Il faut donc apprendre aux individus à ac-
cumuler les encaisses monétaires car une hausse du taux de forma-
tion du capital à n'importe quel niveau donné du revenu équivaut
à
un accroissement du niveau de l'épargne privée et du volume des
encaisses réelles détenues. On comprend donc que MC KINNON mette

-
215 -
l'accent sur cette complémentarité nécessaire entre la monnaie
considérée comme seul actif financier disponible et le capital.
Il en résulte que l'effet de complémentarité entre la demende
d'encaisses monétaires et la demande du capital est le mieux
adapté compte tenu du caractère rudimentaire des marchés finan-
ciers à l'analyse du portefeuille privé dans les pays sous-déve-
loppés.
Ici, le mobile d'investissement justifie la demande d'en-
caisses réelles.
L'effet de complémentarité entre la monnaie
et les
actifs physiques est définie par la relation
(~) d
= f(Y/p, l, d ; M*)
(2 )
p
Y
avec
M
= l'encaisse réelle
p
y
= le revenu réel
p
l
= le taux d'investissement
y
d, M*,r où d est le taux d'intérêt nominal.
M*: le taux anticipé d'inflation
et r
; le taux d'intérêt réel.
Comme les dispositions de l'offre de monnaie influen-
cent les décisions d'épargne et d'investissement. l'effet de
complémentarité se trouve dans la fonction d'investissement.
l
f (c , .. ) •
y
Cet effet de complémentarité apparaît dans les dérivées
partielles
d(M)
d CI /Y)
-p-
------.~O
dr
.. 0
d (1)
y

216 _
En substituant la fonction d'épargne à la fonction d'in-
vestissement, la fonction de demande de monnaie devient:
(M)d
f (Y
sd , r)
p
p
y
A ce stade, on peut faire trois remarques au moins:
1) - La demande d'encaisses réelles accroft avec le
taux moyen de rendement de capital. Or, dans le
principe néo-
classique, celui-ci décroft. Si la demande d'encaisses monétaires
réelles accroft avec le taux de rendement du capital, c'est en
raison de la relation positive liant le taux de rendement du ca-
pital et le rapport de l'investissement au revenu.
i
2) - Il existe aussi un rapport positif entre les in-
1
vestissements et les taux d'intérêt réels au niveau très bas.
Comment faut-il le concevoir? Habituellement, les taux d'intérêt
réels sont très bas dans les pays sous-développés. Ces bas taux
d'intérêt réels ne sont pas un stimulant à l'épargne bien plus,
ils sont un frein à une mobilisation efficace des ressources in-
ternes pour le financement des investissements. Ce phénomène
tient principalement à l'effet conduit qui implique qu'une hausse
du taux d'intérêt réel entrafne une progression des investisse-
Il
ments (1).
Il apparaft ainsi que l'accumulation des encaisses mo-
nétaires réelles et le capital sont complémentaires et une hausse
[
des taux d'intérêt réels leur permet d'atteindre leur niveau d'é-
quilibre.
li
3) - L'épargne domestique est ainsi par définition
1
égale à l'investissement. Le financement des investissements
l
sur fonds d'épargne exerce donc des effets positifs sur le taux
~ 1
d'investissement des pays sous-développés. Ce qui suppose une
I~
politique monétaire prudente non
inflationrriste ..
(1) - Dans le principe néo-classique un accroissement du taux
d'intérêt réel entraîne une réduction des investissements.

217 -
Jusque-là, l'analyse est faite sans tenir compte des intermédiaires
financiers. Leur insertion dans la démonstration ne supprime pas le principe
de complémentarité entre la monnaie et les actifs physiques. Mais il rend
toutefois moins déterminant le seuil créé par l'autofinancement nécessaire
pour le financement des investissements de caractère indivisible (1). Ici
également, le taux d'intérêt joue un rôle déterminant dans la collecte des
ressources et le financement de l'économie d'après S. SHAW.
2 - La libéralisation du taux d'intérêt d'après S. SHAW.
=-=-=-:-==-=-=-=-=-:-=-=-=-=-=-=-=-=-=---=-=-=-=-=-=
Alors que pour MC KINNON, "r" désigne le rendement de la monnaie,
c'est-à-dire le taux d'intérêt réel sur les dépôts
chez S. SHAW, "rI! re-
présente le taux réel de rendement de l'ensemble des actifs financiers. Ce
taux s'obtient en posant
r=b-Jt.*
avec
r
taux d'intérêt réel
b
taux d'intérêt nominal des actifs.
S. SHAW suppose ainsi qu'une hausse de "r" va agir de manière
favorable sur la mobilisation de l'épargne et le financement de l'économie
du côté de la collecte des fonds internes, la hausse de "r" accroît les
possibilités de drainage des fonds en rendant plus attractifs les différentes
formes de placement que les intermédiaires financiers mettent à la disposi-
tion du public. Dans le domaine du financement de l'économie, l'élévation de
"r" provoque une hausse de la liquidi té moyenne des agents économiques, ce ~'-"
leur permet de contracter des emprunts auprès d'
système bancaire et de rem-
bourser leur dette facilement. Les intermédiaires financiers minimiseraient
ainsi leur risque.
-
L'effet de la thèse néO-libérale.
Nous venons d'étudier comment s'est dévéloppée la théorie néo-
libérale et comment les tenants de cette thèse conçoivent le rôle des inter-
m~diaires financiers dans le développement des pays sous-dévèloppés.
(1) - P. DERREU~AUX et G. PELTIER in "Monnaie, intermédiation financière et
développement économique. "Revue Banque. Mars 1979 P. 308.

_ 21 e
IL nous
faut donc maintenant en discuter la pertinence, et sa capacité à
induire une politique monétaire et financière efficace. Pour la clarté de
l'exposé, nous discuterons d'une part de la contribution de cette thèse
néo-libérale et d'autre part de ses limites, ceci devant nous permettre de
nous prononcer sur la valeur opératoire de son explication.
1 - La contribution de la thèse néo-libérale.
-=-=-=-=-:-=-=-=-=-:-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-
La thèse néo-libérale procède du désir des auteurs de cette thèse
de donner des recommandations sur le plan de la politique monétaire et finan-
cière aux pays sous-développés. Il s'agit d'une politique financière qui aide-
rait ces Etats à résoudre les
problèmes urgents ayant trait au financement de
leur croissance. De ce point de vue, la thèse néo-libérale apporte un certain
nombre d'enseignements.
a) Tout d'abord elle permet de cerner que les modèles de croissance
néo-classiqueSintègrent la monnaie et qui ont toujours déterminé les politi-
ques économiques des pays sous-développés sont inaptes à induire la croissance.
b) Les classiques définissaient le taux d'intérêt comme le prix
de l'épargne. J. M. KEYNES le considérait comme le prix de la monnaie. Ces
deux conceptions du taux d'intérêt ont donné naissance à de vives contro-
verses et discussions entre keynésiens et classiques. Celles-ci ne sont plus
de mise aujourd'hui
elles doivent être considérées comme dépassées car le
taux d'intérêt tout le monde le reconnaît a une valeur centrale dans l'écono-
mie. Bien sûr on peut discuter et on ne manque pas de le faire des techniques
de son intervention, mais son importance n'est plus remise en cause. MC
KINNON et S. SHAW reconnaissent cette importance du taux d'intérêt aux pays
sous-uévelcppés. En effet, les deux auteurs montrent que dans les pays sous-
développés, le taux d'intérêt est un élément important dé la politique fi-
nancière et de la régulation économique. Selon les auteurs, ce sont les bas
taux d'intérêt réel qui expliqueraient les faibles performances du sysLème
financier dans ces Etats. Cette politique inédéquate du taux d'intérêt disent

- 219
-
encore les auteurs, a des effets négatifs sur la mobilisation de l'é-
pargne et le financement de l'économie. La libéralisation du taux d'in-
térêt apparait donc pour MC KINNDN et S. SHAW comme la condition fonda-
mentale de la libéralisation financière. D'une manière générale, et ceci
est essentiel, la thèse néo-libérale a le mérite de montrer qu'une po-
litique monétaire et financière qui garantirait dans les pays sous-dé-
veloppés le rendement réel positif de la monnaie aurait pour résultat
heureux une monétisation progressive et en profondeur de l'économie,
une intervention plus importante du système bancaire dans la mobilisa-
tion des ressources et le financement de l'économie.
c) - D'autre part comme le souligne Vicente GALBIS(1) la thèse
néo-libérale a pour autre grand intérêt d'aller au-delà des grandeurs
globales et de traiter le problème du crédit sélectif, car on remarque
habituellement que dans les pays sous-développés une politique sélective
du crédit accentue le caractère morcelé de l'économie, entrainant du
même coup une mauvaise répartition des ressources.
d) - Enfin, sur le plan de la politique financière, l'approche
néo-libérale constitue un grand progrès sur le monétarisme(Z) car la po-
litique financière que les auteurs néo-libéraux proposent aux pays sous-
développés nous parait suffisamment réaliste, l'effet de complémentarité
entre la demande d'encaisses réelles et la demande de capital qui aux
dires des auteurs est mieux apte à saisir la structure du portefeuille
privé dans les pays sous-développés, apparait ainsi comme une tentative
d'adaption sur le plan théorique de l'analyse du portefeuille dans le
cadre des pays sous-développés.
Mais suffit-il de mettre en relief les actiosn à entreprendre
au niveau du taux d'intérêt pour intégrer le système financier dans la
réalité des pays sous-dévéloppés ? En d'autres termes suffit-il d'élever
les taux d'intérêt réels pour améliorer la collecte de
'épargne et le
financement de l'économie par les intermédiaires financiers? Il ne nous
le semble pas ainsi que nous allons le voir maintenant.
(1) - V. GALBIS: "Structuralisme et libéralisation financière" ln
Finances et développement". Vol. 13/n o Z. Juin 1976.
P. 33 - 48.
(Z) - Idem

- 220
2) - Les limites de la thèse néo-libérale.
L'étude de MC KINNDN et S. SHAW comporte de multiples carences.
Elles ont trait d'abord au décalage qui existe entre l'importance du
taux d'intérêt sur le plan théorique et la réalité car de plus en plus
les agents économiques(ménages et entreprises) se comportent comme si
le taux d'intérêt n'existait pas. Ensuite, le modèle fait apparaitre
une appréhension simpliste de la réalité des pays sous-dévéloppés. Nous
ne discuterons que du premier élément dans ce paragraphe. Le deuxième
élément sera traité dans la dernière partie de cette section lorsque
nous discuterons des insuffisances de la théorie traditionnelle de l'in-
termédiation financière dans les pays sous-développés.
S'agissant donc du taux d'intérêt, il nous semble qu'on a
souvent exagéré l'importance du taux d'intérêt dans la collecte de l'é-
pargne interne et l'orientation des investissements notamment dans la
théorie marginaliste. En effet, si en théorie le taux d'intérêt est un
élément important de la politique financière, il apparait de plus en
plus que dans la réalité, il en va tout autrement ; car les ménages et
les entreprises disions-nous tant~t se comportent comme si le taux d'in-
térêt n'avait aucune incidence sur leur comportement. La preuve, dans
les pays capitalistes dévéloppés ce n'est pas uniquement le taux d'inté-
rêt qui détermine les décisions d'investissement, mais bien plus les
perspectives de profit. Ainsi un investisseur acceptera volontiers de
supporter un coût de crédit élevé si les perspectives de profit sont
bonnes et dans ce cas, toute politique monétaire qui consisterait à li-
miter l'accès au crédit des investisseurs par une hausse du coût du
crédit n'aurait aucun sens. De même, du c~té de l'épargne, on sait que
plus le taux d'intérêt sur les dép~ts est élevé plus les individus ont
tendance à placer leur épargne dans les banques ou autres intermédiaires
financiers. La situation économique actuelle fait que dans la réalité
ceci n'est jamais vériFié. De ce point de vue, une analyse récente de
A. BABEAU(1) montre qu'en France par exemple l'épargne Financière c'est-
à-dire celle qui est drainée par les intermédiaires financiers a progres-
sé Favorabl'ment ; et c'est l'aggravation du
(1) - A. BABEAU: "L'aggravation du ch~mage a contribué à soutenir
l'épargne." Le monde de l'économie du
28 Août
1979.
~

221 -
chômage combinée à l'incertitude de l'avenir qui a contribué dans ce
pays à soutenir l'épargne. Il apparalt ainsi que l'existence ou la sim-
ple menace du chômage serait favorable à une progression soutenue des
encaisses de précaution.
S'agissant des pays sous-développés, surtout ceux d'Afrique
Noire, on constate que l'épargne qui est drainée par des associations
d'entraide mutuelle plus connues sous l'appellation de tontine se cons-
titue sans référence au taux d'intérêt. Nous aurons d'ailleurs l'occa-
sion de constater dans nos développements ultérieurs qu'en Côte d'Ivoire,
un individu préférera le cercle de solidarité que constitue les membres
de la tontine au taux d'intérêt créditeur même si celui-ci est élevé
car il sait qu'en cas de difficultés, cette solidarité l'aidera à les
surmonter.
En conséquence, bien que le taux d'intérêt soit un élément
non négligeable de la politique financière, on ne doit pas cependant
lui accorder une importance absolue. Aussi estimons-nous qu'en concen-
trant leur étude sur le taux d'intérêt, les néo-libéraux n'ont considé-
ré là qu'un aspect de l'intermédiation financière dans les pays sous-
développés car la libéralisation du taux d'intérêt seulement ne peut
permettre une libéralisation totale du système financier.
Cependant, disions-nous plus haut, bien que les auteurs admet-
tent sur le plan théorique l'existence d'une corrélation positive entre
les variables réelles et le développement économique, ils n'ont pas dé-
terminé le lien de causalité existant entre ces deux éléments. Or, la
détermination de ce lien est d'un grand intérêt. A vrai dire la question
de savoir s'il existe une corrélation positive entre la croissance du
système financier et le dévéloppement économique sous-tend une autre
question ; le développement du système financier précède-t-il la crois-
sance réelle, ou bien les intermédiaires financiers se contentent-ils
de s'ajuster tout simplement à l'évolution des variables réelles? C'est
à ces diverses interrogations qu'essaie de répondre H. T. PATRICK.

_ 222
PARAGRAPHE
C)
- LE RAPPORT DE CAUSALITE ENTRE LE DEVELOPPEMENT DU SYS-
TEME FINANCIER ET LA CROISSANCE REELLE : LE PHENOMENE DE LA DEMANDE FI-
NANCIERE RESULTANTE ET DE L'OFFRE FINANCIERE MOTRICE.
La contribution fondamentale de H. T. PATRICK a été de saisir
la nature causale de la relation entre le développement des structures
financières et la croissance réelle(1). Grosso modo, PATRICK montre à
partir du phénomène de la demande résultante et de l'offre financière
motrice(2) que d'une part le système financier peut tout simplement se
contenter de s'adapter de façon passive à l'expansion des variables
réelles et d'autre part, peut être un catalyseur de la croissance réelle.
1 * Le phénomène de la demande financière résultante.
Le phénomène de la demande financière résultante signifie que
la création des intermédiaires financiers contemporains, des actifs fi-
nanciers et des services financiers résulte de la demande sans cesse
croissante des services financiers de la part des épargnants et des in-
vestisseurs. Dans ces conditions, le développement progressif des inter-
médiaires financiers peut être perçu comme la conséquence du processus
de développement économique ; ici la génèse du système financier est
provoquée à la fois par des mutations dans les structures objectives
(l'environnement économique, le cadre institutionnel) d'une part et par
des transformations dans les structures subjectives (attitudes et goût
des invdividus) d'autre part. Pour PATRICK la fonction de demande fi-
nancière dépend de deux éléments : la croissance de la production réelle,
la commercialisation des produits et la monétarisation du secteur agri-
cole. De plus, plus le taux de croissance du revenu national est
(1) - H. T. PATRICK: Financial development and economic. Growth in under
developed countries "in Economie development and cultural change
nO 2 - Janvier 1966.
(2) - Demand Following and supply leading phenomena.

- 223
rapide, plus grande sera la demande de financement externe par les en-
treprises car au fur et à mesure que l'économie se dévéloppe, les entre-
prises se sentent de plus en plus incapables de financer leurs investis-
sements à partir de leurs ressources propres. D'autre part, pour un taux
de croissance donné, plus la variabilité du taux de croissance entre les
divers secteurs de l'économie est grande, plus grand sera également le
besoin de l'intermédiation financière. La transformation des structures
financières due à la demande des services bancaires affirme PATRICK peut
intervenir plus ou moins automatiquement et la diversification des caté-
gories d'intermédiaires financiers sera d'autant plus rapide qu'il exis-
tera un environnement économique et institutionnel favorable.
En définitive, le phénomène de la demande financière résultante
implique que les intermédiaires financiers se contentent de s'adapter
de manière passive à la croissance des variables réelles.
Sur le plan historique l'Angleterre du
XVIIIe et du début
du XIXe siècle est l'exemple type du pays dans lequel le système finan-
cier s'est adapté de façon passive à la croissance des variables réelles.
De ce point de vue, GERSCHENKRON a montré qu'en Grande-Bretagne, la for-
mation du capital s'est faite en dehors du système bancaire(1). La révo-
lution industrielle s'est faite dans ce pays sans une intervention di-
recte des banques. La croissance réelle a trouvé ailleurs, c'est-à-dire
dans d'autres secteurs sa source; et ce sont particulièrement les pro-
grès réalisés dans l'agriculture au XVIIe siècle qui ont joué un rôle
déterminant dans la révolution industrielle Anglaise(2).
(1) - A. GERSCHENKRON in "Economie Backwardness in Historical perspec-
tive : a book of Essay" Haward University Press,
1962.
(2) - P. BAIROCH : "Le Tiers-Monde dans l'impasse".
Ed. Seuil, Paris
1973.

.224 -
2 *
Le phénomène de l'offre financière motrice.
Dans le phénomène de l'offre financière motrice, le système
financier est la condition indispensable du développement économique.
Ici, le système financier ne se contente plus de suivre le dévéloppement
des variables réelles, il en est le point de départ, le moteur. Les
intermédiaires financiers jouent un rôle de premier plan en ce sens
qu'ils permettent le transfert des fonds du secteur traditionnel
vers les secteurs modernes d'une part et stimulent l'action des entre-
prises d'autre part. Dans certains cas, suppose PATRICK, les intermé-
diaires peuvent se substituer à l'entrepreneur. Certes, l'idée que la
banque est un entrepreneur avait déjà été avancée par R. CAMERON en
1963(1). Reprenant cette idée, H. T. PATRICK montre qu'une bonne ges-
tion des intermédiaires financiers transforme ces derniers en de véri-
tables entreprises où le banquier devient un entrepreneur au sens
schumpeterien. Les intermédiaires financiers peuvent non seulement as-
sister les entreprises non financières pendant leur création, mais éga-
lement ils peuvent susciter la création ou même créer directement des
entreprises dont ils contrôlent la gestion par des prises de participa-
tian dans le capital des sociétés et en prenant des initiatives comme
un entrepreneur.
Cependant, même si le phénomène de l'offre financière motrice
n'est pas la condition nécessaire ou la condition première pour provo-
quer une croissance économique auto-entretenue, PATRICK affirme toute-
fois que ce phénomène présente des chances réelles d'induire la crois-
sance. On a ainsi constaté qu'au XIXe siècle, dans les pays qui n'avaient
pas connu rapidement la révolution industrielle la France et l'Allemagne
par exemple les banques ont constitué l'un des éléments catalysateurs
du développement car elles ont fournI le capital à long terme nécessaire
au secteur industriel: ce d'autant plus qu'en France par exemple, le
rôle des banques dans le dévéloppement s'est surtout inscrit dans le con-
texte idéologique du Saint-Simonisme(2). En effet, Saint-Simon et ses
disciples ont accordé une place importante à la banque dans le dévelop-
pement industriel. Pour eux les banques ont
(1) - R. CAMERON: "The bank as Entrepreneur". Exploration in Entrepre-
nencial History série
2. 1. N° l,
1963.
(2) - J. GICQUEL : Cours d'histoire d~s idées politiques. Faculté de
Droit et des SClencps EconoQnque'3. 1971/1972.

_ 225
une grande mission: elles "doivent donner à chaque branche de l'indus-
trie une direction particulière, soumise elle-même à une direction géné-
rale, toujours conforme au développement régulier de la production"(1).
PROUDHON quant à lui insistera sur la nécessité de création d'une
"banque du peuple" et cette banque préfigurait un peu les banques de
dévéloppement modernes actuelles que l'on retrouve principalement dans
les pays sous-développés. Les idées Saint-Simoniennes ont donc été à la
base de la promotion bancaire en France et dans certains autres pays de
l'Europe. En France, justement, l'évolution énorme que le pays a connu
entre 1850 et 1870 était en partie liée au dynamisme du système ban-
caire(2). Dans les autres pays les idées de SAINT-SIMON furent aussi
adoptées. En Allemagne, les banques avaient pour mission de transformer
l'industrie par le capital. Dans cette optique, G. MEVISSEN, Saint-Simon,
Fondateur en 1853 de la DARMSTADTERBANK(banque pour le commerce et l'in-
dustrie) définissait le rôle d'une banque dans le financement du déve-
loppement de la manière suivante :
"La banque n'a nullement pour tâche d'inciter à l'agiotage et
de pousser le capital à des jeux de bourse improductifs. Elle est bien
plutôt destinée grâce à ses avoirs propres et par l'investissement des
capitaux qui lui sont confiés, à créer de grandes et solides entreprises,
à favoriser de toutes ses forces le dévéloppement de l'industrie
allemande et à collaborer avec une nette compréhension de conjoncture
générale de l'industrie allemande, à l'orientation de l'esprit d'entre-
prise et du capital( ... ). Elle a le droit et le devoir de conduire le
capital disponible de tel industriel à tel autre qui en a besoin( ... )
et par cet échange
constant, de vérifier et de fortifier l'activité
industrielle. Elle est aussi basée à participer aux émissions des Etats,
aux grandes entreprises de ceux-ci, comme aux grandes entreprises de
l'industrie privée et à faciliter dans le même domaine le placement des
capitaux étrangers"(3).
(1) - SAINT SIMON: "Le producteur" cité par J. BR,1\\NCER. "Les banques
de développement dans le monde."Tome 1. Dunod P.51.
(2) - J. BRANGER
"Le financement du développement". Les banques de
développement dans le monde. ,. J. BRANCER. "Les techni-
ques bancaires" Que sais-je? P.U.F.
Paris
197.3.
(3) - C. MEVISSE dans le rapport d'activité de la DARMSTADTER BANK, cité
par
p. BENAERTS in "Les origines de l'industrie allemande."
Ed. F. H. TURGT. Paris
1933.

226 -
Ces diverses réflexions des Saint-Simoniens sont suffisamment
expressives et se passent de tout commentaire. Disons tout simplement
qu'elles contribuent à bien illuster le phénomène de l'offre financière
motrice. Mais ce phénomène est-il permanent? Pour PATRICK, au fur et
à mesure que le pays se développe, l'impact de l'offre financière mo-
trice sur la croissance décroit pour faire place à la demande financière
résultante.
SECTION
3
- CRITIQUE DE L'ANALYSE TRADITIONNELLE DU ROLE DES INTERME-
DIAIRES FINANCIERS DANS LES PAYS DE LA PERIPHERIE.
Les développements antérieurs nous ont permis de cerner comment
les divers auteurs appréhendent le rôle des intermédiaires financiers
dans les pays périphériques. Nous avons ainsi pu remarquer que le grand
mérite de GOLDSMITH, MC KINNON et SHAW, BHATIA et KHATKHATE, et enfin
de H. T. PATRICK est d'avoir prouvé que d'une part les pays périphéri-
ques peuvent utiliser efficacement les intermédiaires financiers pour
solutionner les problèmes relatifs au financement de leur développement,
et d'autre part, d'avoir cherché à établir un rapport entre les intermé-
diaires financiers et le développement économique. L'approche de ces au-
teurs est donc optimiste car pour eux, le système financier est un fac-
teur de croissance. Bien vite, et nous l'avons également vu, cet opti-
misme fait place à un certain pessimisme ; les analyses empiriques faites
par GOLDSMITH, UTUN WAI, BHATIA et KHATKHATE ayant montré qu'au cours
des
différentes périodes retenues par les auteurs pour leur étude, les
intermédiaires financiers n'ont pas été un facteur de développement.
Nous avons aussi étudié que pour les néo-libéraux ce sont les bas taux
d'intérêt en vigueur dans les pays périphériques qui expliqueraient les
faibles performances des intermédiaires financiers. Cependant, nous pen-
sons que les auteurs néo-libéraux ont schématisé au max' um la réalité
des économies périphériques, car à vrai d:re, le problème de la politi-
que financière est beaucoup plus complexe; expliquons-nous.
On peut avant tout reprocher aux divers auteurs de partir d'un
à priori : les intermédiaires financiers sont un facteur de développe-
ment des économies périphériques ; ce qui les amène à faire une trans-
position abusive du comportement du système financier dans les pays
capitalistes développés

- 227
-
aux pays sous-dévèloppés ; car d'une manière générale, les auteurs ont
pris l'habitude de considérer les pays de la périphérie comme à un ni-
veau où autrefois se sont trouvés les pays capitalistes développés. De
ce point de vue, GOLDSMITH étudiant la structure financière des pays
-
dévéloppés et sous-développés ne dit-il pas que la structure financière
actuelle des pays périphériques équivaut à celle des pays développés au
moment où ces derniers étaient des pays sous-développés? Cette trans-
position des conclusions tirées de l'expérience des pays capitalistes
dévéloppés aux pays sous-dévéloppés oblige, finalement les auteurs à ne
pas tenir compte du caractère spécifique des structures économiques des
pays sous-dévéloppés. Bref, il y a ici de la part des auteurs négation
pure et simple de toute particularité des structures économiques des
dits Etats. Or cette négation de la particularité des économies périphé-
riques pensons-nous, interdit automatiquement aux auteurs d'appréhender
la véritable nature du rôle des intermédiaires financiers dans une éco-
nomie périphérique. Prenons un exemple : les indicateurs de structure
financière de GOLDSMITH présentent les difficultés d'application dans
les pays de la périphérie. Ces difficultés tiennent au fait qu'il n'est
généralement pas possible de recueillir des données sur certains types
d'avoirs financiers, car la plupart des transactions qui ont lieu sur
le marché "financier traditionnel" ne sont pas officiellement.. enregis-
trées et ne passent pas par le marché des capitaux et les intermédiaires
financiers modernes. S'agissant justement des marchés financiers,
MC KINNON et SHAW critiquent leur caractère fragmenté et insistent sur
le fait que les marchés financiers traditionnels ne sont pas organisés.
A vrai dire, il n'est pas exact de soutenir que les marchés financiers
"traditionnels" ne sont pas organisés. Ainsi que nous le verrons plus
loin avec les tontines ivoiriennes(l), ces marchés sont bien organisés.
Ce n'est pas parce qu'on ne peut pas cerner certaines transactions que
le marché
est automatiquement inorganisé. En fait il se pose pour les
marchés financiers "traditionnels" un problème important; c'est celui
d'éléments statistiques qui permettraient de cerner l'intérêt des flux
financiers au sein de ces marchés. En réalité, si on ne peut saisir
certaines transactions financières dans lesdits marchés financiers, c'est
principalement parce que ces marchés ont une existence de droit coutu-
mier plutôt que de droit écrit. D'autre part, l'autre reproche qu'on peut
faire ici aux auteurs c'est de constater le caractère fragmenté des
marchés financiers sans expliquer pourquoi ces marchés sont fragmentés.
En effet, nous
(1) - ~ous traitons longuement des tontines au chapltre 1.

- 228
-
avons analysé plus haut que l'introduction des modes de production
capitaliste dans la périphérie s'est
faitede
façon brutale, .entrat-
nant une destruturation/restructuration de l'ensemble de l'écono-
mie,
et dont la principale conséquence négative aurait été la
marginalisation des masses populaires
(paysans et ouvriers).
eelles-ci,
ne pouvant bénéficier des services bancaires parce que
le système financier,
par son comportement les éloigne
volontaire-
ment de son champ d'activité,
se sont vues obligées de s'organi-
ser en des associations d'entraide mutuelle qu'on a vulgairement
qualifié de
traditionnel.
Nous disions tantôt que la négation du caractère par-
ticulier des structures économiques des pays sous-développés
fait que les auteurs ne peuvent cerner la vraie nature du rôle
des intermédiaires financiers dans une économie périphérique.
Cette situation à notre avis,
ne doit surprendre personne,
car
les auteurs dans tous les cas,
se refusant
à toute
lecture dia-
lectique de
l'histoire; ce qui nous semble être une faille
considérable;
l'étude des divers auteurs se situant le plus sou-
vent dans un cadre à historique,
à temporel.
Or le sous-develop-
pement est historiquement daté.
Il n'est pas une situation qui
résulterait d'un quelconque ordre
naturel et qui précéderait
le développement dans une succession nécessaire.
De plus, c'est
aussi un phénomène historique original, car on ne
peut
pas dire
que les pays actuellement sous-développés sont dans une situa-
tion analogue à celle des pays développés avant
leur développe-
ment contrairement à ce que semblent soutenir GOLDSMITH
(1) et
W.W.
ROSTOW (2).
Ce refus de toute
lecture dialectique de l'his-
toire est-il encore besoin de le rappeler,
se situe dans
la
logique et la rationalité classiques,
néo-classiques et Keyné-
siennes.
En effet, dans l'économie classique ou néo-classique
notamment,
les intérêts des agents économiques sont convergents
de plus,en dépit de quelques divergences que nous qualifions de
(1)
-
R.
GOLDSMITH:
Financial structure and development.
Op.
Cit.
OCDE Paris 1966
(2) -
W.W.
ROSTOW :
"Les étapes de croissance économique.
Rd. du Seuil,
Paris
1963.

-
229 -
temporaires. des mécanismes régulateurs interviennent de façon
automatique pour réajuster le système. lesquels peuvent être
soit naturels et ici nous retrouvons le point de vue de MC KINNON
et SHAW qui recommandant aux pouvoirs publics des pays périphé-
riques une neutralité au sein de l'économie. notamment en matière
financière soit de l'Etat. Dans un tel contexte, le fonctionne-
ment de l'économie est fondamentalement linéaire et la vision du
développement harmoniste. Ce refus de toute lecture dialectique
de l'histoire d'un autre côté, interdit aux auteurs de saisir la
contradiction essentielle de l'économie périphérique entre la né-
cessité et la possibilité des forces productives d'une
part et
le boulet structurel de l'enclave capitaliste étrangère dans le
secteur de base de l'économie de l'autre (1). L'echec des
diverses stratégies de développement mises en oeuvre notamment
par les experts du F.M.I., BIRD, OCDE, ONU etc ... s'explique-
rait à notre avis par le fait que ces experts se refusent de
tenir compte de la contradiction fondamentale de l'économie
périphérique. Or, ainsi que le note R. LOSADA ALDANA :
"On peut prétendre émettre un diagnostic, ni un pro-
nostic scientifique sur le sous-développement sans définir au
préalable les contradictions qui s'exercent en son sein, étant
donné qu'elles sont les forces qui constituent les facteurs
susceptibles de le surmonter
. Une réelle théorie du sous-déve-
loppement serait alors le reflet intellectuel
de sa vaste réali-
té contradictoire" (2).
On comprend donc qu'il y ait un fossé entre d'une part
l'optimisme de la théorie qui fait des intermédiaires financiers
un facteur de croissance et de développement dont l'existence au
sein de l'économie périphérique permettrait par la collecte de
l'~pargne, la formation du capital d'un côté, l'allocation optimale
(1) - R. LOSADA ALDANA : "La dilectique du sous-développement".
Ed. Antropos.
Paris 1972.
(2) - R.LOSADA ALDANA : "La dialectique du sous-développement".
Op. cit. pp.
27 - 28

-
230 -
des fonds de l'autre et la réalité d'une part.
En poussant plus
avant notre raisonnement,
la thèse de MC KINNON et
SHAW réduit
le sous-développement au seul problème de l'insuffisance du
ca~a~ Il est même, étonnant que certains économistes des pays
sous-développés
(nous pensons ici à
BHATIA et KHATKHATE) dans
leurs
travaux sur le rôle des intermédiaires financiers dans le
développement,
refusent une démarche dialectique
et une lecture
appropriée de l'histoire (1).
De même H.T.
PATRICK admet le statu
quo des structures économiques actuelles des
pays sous-développés.
Or, dans un tel contexte,
les phénomènes de la demande financière
résultante et de l'offre financière motrice ne peuvent
produire
leurs effets sur le développement.
Certes,
les auteurs néo-libé-
raux par exemple tiennent compte de la réalité des pays périphé-
riques.
Mais ils situent cette réalité dans le cadre de la con-
ception traditionnelle du développement:
en effet,
pour les néo-
libéraux, l'économie des pays périphériques est morcelée et pour-
tant,
le rendement des divers facteurs de production (terre,
travail,
capital) et les coOts de produits peuvent connaître
d'importantes variations.
Or si les néo-libéraux et les autres
adoptaient une approche dialectique et une lecture appropriée
et correcte de l'histoire, cela leur aurait permis de cerner non
seulement la nature de la relation liant les pays du Centre et les
pays de la périphérie mais aussi de cerner le système financier
dans les pays sous-développés assure le maintiep.
la reproduction
du processus de destructuration/restructuration qui est,
ainsi que
nous l'avons analysé plus haut,
la caractéristique fondamentale de
l'économie périphérique car les inte~médiaires financiers y sont
demeurffitributaires des raisons qui ont motivé leur installation
dans ces Etats à savoir le financement
de
l'économie de
traite et
sur ce plan, nous n'hésitons pas à dire que les intermédiaires fi-
nanciers jouent parfaitement leur rôle,
leur présence dans
les
économies périphériques ayant concouru à
renforcer la particula-
rité extravertie de ces économies.
De l'analyse que nous venons aLlsi de faire,
on peut
tirer un certain nombre d'enseignements comme conclusion
(1)
-
Dans le même ordre d'idée D.F.
MAVANA regrette que
l'Inde
pays sous-développé a donné de brillants éconimistes mais
dont
l'orientation théorique est restée sensiblement
la même
que celle des pays capitalistes développés.

-
231 -
1
Tout d'abord, à travers l'analyse des structures économi-
ques ivoiriennes, nous avons constaté que l'économie de la périphé-
rie a un caractère
particulier. Cette particularité ne peut être
cernée qu'à partir d'une lecture dialectique appropriée et correcte
de l'histoire. Cette particularité interdit en outre que l'on ap-
plique à l'économie périphérique la thèse des partisans du dévelop-
pement linéaire car celle-ci
ne permet pas de cerner les contra-
dictions essentielles dans l'économie périphérique.
1
Le second enseignement concerne l'orientation qui a été
,1 1"
donnée au système financier périphérique. Parce que les structures
économiqu~sont des structures de dépendance, le système financier
est lui-même dépendant. Bien plus, il renforce le caractère domi-
nant du système productif capitaliste dans le sous-système dépendant.
Le dernier enseignement concerne le décalage qui demeure
entre l'optimisme de la théorie de l'intermédiaire financier
qui
1•
veut faire du système financier un élément de transformation des
structures et la réalité. C'est que, en refusant de faire une lec-
ture dialectique de l'histoire, les auteurs sont alors incapables
de comprendre les raisons qui ont défini l'installation du système
financier dans le sous-système dépendant. On comprend alors que
ces auteurs à partir des expériences des pays industrialisés se
perdent dans des raisonnements dans lesquels ils veulent à tout
prix justifier que les intermédiaires financiers sont un élément
de développement de la sous-structure dépendante.
En dehors de tout ceci, des obstacles majeurs qui entra-
vent l'accumulation du capital dans les pays du Sud subsistent.
Quel est le mécanisme du blocage du financement interne ? Cette
question trouvera sa réponse dans le chapitre IV.

_ 232 _
CHAPITRE IV - LE PROCESSUS DE BLOCAGE DES SOURCES DE FINANCEMENT
INTERNE
lorsqu'on évoque les difficultés d'accumulation du capi-
tal dans les pays sous-développés, les économistes issus de la
pensée classique ont tendance à les expliquer par toute une serie
de facteurs à la fois objectifs et subjectifs.
SECTION 1 - LES FACTEURS OBJECTIFS ET LES FACTEURS SUBJECTIFS
PARAGRAPHE 1 - LES FACTEURS OBJECTIFS
On explique l'absence d'accumulation du capital par l'é-
troitesse du marché. Dans les pays en voie de développement, le
marché demeure étroit. Aussi la production, une fois jetée sur le
marché risque de ne pas trouver suffisamment de consommateurs. La
raison en est le faible revenu des populations. La faiblesse du
revenu ne permet pas de susciter une demande additionnelle et de
là un surcroît de production. On tourne en rond et c'es't le fameux
cercle vicieux. Des modèl~ de croissance ont été proposée , de
type
HARROD DOMAR (croissance équilibrée) ou de celuiqoe HIRSCHMAN
du "big push" ou de l'effort minimum critique.L'étroitesse du
marché ne résulte non seulement du faible revenu des populations,
mais aussi des autres facteu~ de blocage : voies de communication
et circuits de distribution. Ces deux facteurs en s'opposant à la
mobilité des facteurs de production créent des goulots d'étrangle-
ment. Certaines populations éloignées des villesne vivent que de
l'exploitation de leur terre. Prenons le cas du café. La COTE
d'IVOIRE est l'un des grands producteurs du café en Afrique. Le
café produit en grandes quantités demeure rare dans certaines
localités
On explique aussi l'étroitesse du marché par des consi-
dérations subjectives.

233
-
PARAGRAPHE 2 - LES FACTEURS SUBJECTIFS
A - La faible incitation à investir
La gloire de l'Europe, c'est d'avoir en son sein des
des hommes dynamiques, les entrepreneurs au sens de SCHUMPETER.
Le développement économique est l'oeuvre de ces pionniers. Cette
classe comme l'a montré HOVINE n'existe pas en COTE d'IVOIRE.
Alors il n'est pas étonnant que les pays sous-développés connais-
sent des problèmes d'accumulation de capital. Le démarrage écono-
mique ne peut se fai~que dans la mesure où cette classe dynami-
que et ambitieuse existera. C'est elle qui économise, c'est elle
qui épargne.Pour certains auteurs,' le développement économique
~t lié à l'existence d'une épargne. Il suffit pour qu'un pays
sous-développé connaisse un développement économique, qu'il ait
au départ un certain niveau d'épargne (1). Le développement
économique devient alors une affaire de mécanique.
Les raisons avancées pour expliquer le blocage sont des
raisons valables dans une certaine mesure. En effet,. la COTE
d'IVOIRE se caractérise par l'absence d'une insfrastructure
viable. Les voies de communication sont peu nombreuses rt se
limitent entre autres à un chemin de fer Abidjan-Bouaké-Tafiéré
vers le NIGER pour l'évacuation des produits agricoles. Quant aux
voies terrestres, elles convergent toutes vers Abidjan. On peut
distinguer quatre axes. L'axe Abidjan-Bouaké, celui d'Abidjan-
Abengourou, celui d'Abidjan-Gagnoa-Daloa et enfin Abidjan-Sassan-
dra-San-Pedro. Des routes secondaires, Abidjan-Agboville-Abidjan-
Aboisso, etc ... achèvent le réseau routier. Dans l'ensemble, le
réseau routier totalise 20.000 Km pour une voie fluviale reliant
Abidjan au Sud-Ouest (Sassandra-San-Pedro)de la COTE d'IVOIRE.
En ce qui concerne les circuits de distribution, de commerciali-
sation, il n'en existe plus. Avant l'indépendance, certains cir-
cuits de commercialisation étaient implantés à travers la COTE
d'IVOIRE. Ces circuits étaient réalisés dans le cadre de la
Société Indigène de prévoyance (S.I.P.). Cette société organisait
(1) - A.W. LEWIS
"Croissance économique".
Ed. A. Colin.

234 -
les marchés, mettait en place les points de ventes et d'achats.
Malheureusement,
la S.I.P. avait davantage servi les intérê~s
des colons que ceux des autochtones.
Organisme contrôlé unique-
ment par les administrateurs blancs
(commandants),
ces derniers
ont pour la plupart détourné l'organisme de ses objectifs,
qui
étaient de promouvoir au relèvement du statut économique des
paysans par la création et la gérance des coopératives.
Les ad-
ministrateurs ont presque tous dilapidé les fonds ou les ont
utilisés à leur fin personnelle.
En définitive,
la pensée classique ne se limite qu'au
niveau de la constatation (faible productivité, revenu faible,
etc .•. ) sans aller au fond du problème.
En fait,
le processus
de blocage des sources de financement
internes procède du sens
du développement économique qui a été imprimé aux pays sous-
développés.
Le Professeur CELSO FURTADO dans son livre 'tléveloppe-
ment et sous-développement"
retrace
la différence de développe-
ment des économies européennes
et des économies périphériques.
"Analysant le développement économique de l'Europe,
i l montre
que la croissance économique est le résultat des forces
endogènes
(1).
Avant la révolution industrielle,
le développement
économique s'est opéré grâce à la fusion des petites unités de
production et à l'émergence d'une classe de commerçants très
actifs.
Pendant la révolution et après la révolution industriel-
le,
les données économiques vont changer;
les pays européens
se livrent à une concurrence
acharnée
et partout des pratiques
protectionnistes s'instaurent.
L'Angleterre est le premier pays
à appliquer le
protectionnisme et i l sera aussi le premier à
demander le libre échange.
Dans le même temps,
à
l'intérieur de
chaque pays,
la stratégie de développement se modifie,
les entre-
preneurs capitalistes jouent du côté de l'offre qui se caracté-
rise par une baisse des prix,
la réduction si possible des coOts
de production.
Cette phrase de développement entraîne la désagré-
gation de l'économie artisanale et la libération des forces
productives.
Dans le même sens,
i l y a
baisse de salaires du
(1) -
Ce caractère endogène n'est que relatif.
L'historien belge
HENRI PIRENNE insiste.

235 -
fait de l'excédent de main-d'oeuvre.
La politique de réduction
des coOts de production aura pour conséquence d'accroftre les
profits des entrepreneurs capitalistes et,
par la politique
d'investissement élargir leur champ d'activité
(1).
La phase après la révolution industrielle se caractéri-
sa par l'absorption de l'excédent de main-d'oeuvre du secteur pri-
maire grâce au progrès technique.
Cette absorption structurelle
de ~1i~-d'oeuvre aura des conséquences décisives pour l'économie
européenne.
La rareté de la main-d'oeuvre devient un obstacle au
développement économique, rareté d'ailleurs qui s'accompagne
d'une hausse de salaire réel important.
Le capitalisme industriel
s'est vu alors obligé de résoudre le problème de sa survie.
Il
l'a résolu en émigrant.
La grande aventure qui avait déjà com-
mencé pendant les grandes découvertes maritimes,
allait connaftre
un essor sans précédent.
L'E~rope exporte ses capitaux dans les
pays périphériques. L'introduction des capitaux dans les pays
périphériques aura pour conséquence de déséquilibrer l'économie
de ces pays.
Ainsi,
dans les pays sous-développés,
le développement
éc onomique vïent de l'extérieur. Les capitaux introduits dans ces no u-
veaux pays se localisent dans les secteurs bien spécifiés,
sec-
teurs liés au commerce
extérieur:
voies de communication,mines,
grandes exploitations agricoles.
Peu à peu se constituent au
noyau industriel moderne qui se différencie et s'oppose au reste
du pays.
Le pays connaît deux secteurs,
l'un moderne,
l'autre
traditionnel.
A l'opposé de l'économie européenne,
le secteur
n'absorbera pas le secteur arriéré,
précapitaliste,
en raison
mêreede l'orientation économique.
La vocation économique de ces
pays est toute tracée.
Ils fourniront
des matières premières
et en échange,
les pays européens fourniront
des produits manu-
facturés.
Les produits coloniaux sont en principe réservés
à
la
métropole
;
les colonies ne peuvent
ni acheter des produits
fabriqués
ailleurs que dans la métropole,
ni créer elles-mêmes
(1)
-
Auguste CORNU dans son livre KARL MARX et
FRIEDRICH ENGELS,
Tome V retrace la situation économique en Europe Occidentale
(1840-1847). L'auteur met en relief les conditions de la
classe ouvrière nées de la révolution industrielle.

- 236
une industrie quelconque.
Le progrès technique tout en
élevant la productivité
n'agit que sur les structures modernes et souvent
n'a aucune
influence sur le niveau de l'emploi:
on a coutume d'écrire que
l'introduction du progrès technique dans la fonction de produc-
tion a pour résultat d'éléver le niveau de l'emploi par le jeu
de l'accroissement des revenus nés des profits et de la politique
d'investissement.
Mais dans les pays sous-développés l'accroisse-
ment des profits nés de l'élévation de la productivité n'accroît
pas nécessairement le niveau de l'emploi.
Pour qu'il y ait ac-
croissement de l'emplo~ il faudrait que les travailleurs autoch-
tones profitent de l'accroissement des revenus résultant de la
productivité.
Cet accroissement de revenu donnera naissance
à
une demande additionnelle,
laquelle nécessiterait une acitivité
accrue, donc une absorption de la main-d'oeuvre en chômage.
Seu-
lement, on se rend compte que,
malgré l'élévation des profits,
les salaires demeurent faibles.
Le Professeur
FURTADO a donné
une explication à ce phénomène.
:DaI!l'5 les
pays sous-qéveloppés,
dit-il,
les salaires "payés à
la main d'oeuvre ne sont pas dé-
terminés par les niveaux de productivité àe l'entreprise,
mais
par les conditions de vie prévalant dans la région".
On comprend
alors pourquoi une élevation de productivité Th"tentrainê
nullement
un accroissement du niveau de l'emploi. Les profits tendent
à
quitter le pays où ils ont pris naissance pour s'investir
ailleurs.
Le niveau de l'emploi n'est plus déterminé par la quan-
tité des investissements (1).
La COTE d'IVOIRE,
pendant la pério-
de 1960-1970 avait bénéficié d'importants concours financiers
sous forme d'investissement.
Mais ces investissements allaient
dans les secteurs à forte intensité capitalistique
,
autrement dit
utilisant peu de facteur travail.
Le profit
là aussi a
tendance
à
rémunérer le capital que la main-d'oeuvre.
Les bas salaires
(1) -
Les effets de cette accumulation interne des
unités de
production en Afrique nous paraissent en définitive nuls
pour le développement économique.
(Badinga des f:iences
économiques).
Les firmes multinationales en Afrique P.135.

-
237 -
payés aux Africains ne s'expliquent pas par des considérations
techniques. On a l'habitude d'expliquer que le faible nivea~
de salaire procède des considérations sociologiques,
à
savoir
le comple,xe de race
et renferme en germe,
un élément historique
et mora 1 (1)
.
B - Les causes des bas salaires
Lescauses des bas salaires doivent être recherchées ail-
leurs que dans la faible productivité des travailleurs africains.
Les causes sont
d'essence sociologique et relèvent du complexe
de race. Pour beaucoup d'employeurs,
la main-d'oeuvre blanche
est par essence supérieure à la main-d'oeuvre
noire et que l'in-
digène était incapable de répondre aux stimulis économiques. J.
A. NOON a fait une étude sur la mécanique des bas salaires en
Afrique Noire (2). Nous citons:
"on repète souvent que le sala-
rié Africain ne peut obtenir qu'un faible salaire parce que son
rendement est très
bas". Le problème revieŒ à considérer le
rapport éventuel entre le rendement
, le salaire et le coat en
main-d'oeuvre. L'observation montre qu'un ouvrier efficient dont
le salaire est élevé peut réduire le coat en main-d'oeuvre grâce
à la production accrue qu'un ouvrier
moins payé et dont le rende-
ment serait faible.
Il n'est nullement prouvé que l'ouvrier
africain soit incapable d'un rendement ana
)gue à celui de son
collègue blanc, placé dans les mêmes conditions. En fait,
le
faible rendement possible du travailleur africain provient du
manque de conditions sanitaires et alimentaires. Dans son étude,
GEORGES BALANDIER, parlant du minimum vital qui vient d'être ins-
titué en Afrique Noire, déclare que le minimum défini en fonction
de huit postes principaux: alimentaires, logement, habillement,
blanchissage, éclairage, echauffage, impôts et taxes, est surtout
"quantitativement insuffisant, pour toute l'année,
le calcul
considère seulement 548 Kg
de manioc préparé,
73 Kg de poissons,
(1)
-
AGHIRI EMMANUEL:
"L'échange inégal".
P.U.F. Paris. Page 157
(2) - J.A.NOON : La mécanique des bas salaires en Afrique".
Traduit de l'anglais par NAVILLE.
Le travail en afrique Noire. Présence Africaine
Paris P.2ü2.

-
238
18~25 Kg d'huile, 30 Kg de sel, ce qui ne laisse aucune part pour
l'alimentation d'une famille.
"Les salaires à cette époque sont
très bas. Nous relevons dans l'étude de BALANDIER les faits
suivants
Salaire journalier minimum
ouvrier non spécialisé
1939
non nourri
3,50 F à 4,50 F CFA
1943
"
"
3,50 F à 7 F CFA
1946
1ère année
non nourri
la F, nourri 6 F CFA
2ème année
"
"
I l F,
nourri 7 F CFA
1947 : non nourri
20 F, nourri
:
8 F.CFA ( 1 )
J .A. NOON donne les raisons qui d'après lui, et nous
le partageons, sont à la base de faibles salaires
Il y voit, dans le bas saldire, l'influence du travail
forcé a permis aux employeurs de se procurer une main-d'oeuvre
extrêmement moins chère. Le pouvoir administratif s'identifie
absolument aux objectifs de la métropole. Dien que l'importance
de ce facteur soit en regression, il persiste encore dans certains
pays et dans certains types de services obligatoires, comme le
portage. Les employeurs ont été aidés aussi par la
mobilité de
la main-d'oeuvre, son abondance.La mobilité de la main-d'oeuvre,
le caractère migrant de la force de travail, ont évité aux
employeurs des coOts qu'impliquerait un personnel stable. Le
professeur H. BARTOLI insiste beaucoup sur les cons2quences de la
mobilité de la main-d'oeuvre dans les économies agricoles
du
Ghana (2).
La mobilité joue à deux sens ; la mobilité qui caracté-
rise le marché du travail où prédominent les manoeùvres sans qua-
lification ; l'ouvrier peut
être facilement remplacé par un
autre, puisque son travail nécessite aucune qualification.
Cette
politique a été et continue d'être pratiquée
par les grandes
sociétés installées en COTE d'IVOIRE.
Il faut noter que la
(1) -
"Le travail en Afrique Noire." P.
304. Le coût de la nour-
riture journalière est estimée à 12 F pour un homme. On
voit mal comment il peut nourrir sa famille.
(2) -
H. BARTOLI : "Cours à l'Institut du droit du travail et
de la Sécurité Sociale~
Paris.

- 239
SODEPALK employait
10.000 ouvriers avant
1970. Elle n'a jamais
créé d'école profe~sionnelle pour relever le niveau technique
de ses ouvriers.
Il~e~ast de mê_m pour'la Compagnie de POTASSE
de la COTE d'IVOIRE.
L'autre forme de mobilité a été la mobilité
géographique. Elle a permis d'embaucher des travailleurs d'autres
pays, ce qui a entraîné la permanence des bas salaires.
Des con-
flits
souvent éclatent entre les nationaux qui voient
leurs revenus
baisser et ces travailleurs migrants qui acceptent
n'importe quel
salaire.
Le phénomène n'est pas parLiculier à l'Afrique.
L'Europe
connaît ces mêmes problèmes en particulier la Franc~
où l'afflux
massif des travailleurs africains, portuguais ,
italiens, a
pertubé
le marché du travail.
Le bas salaire s'explique aussi par l'abondance d~ la
main-d'oeuvre,
surtout après l'expropriation des terres
fécondes
par les Européens.
Enfin,
J.A.
NOON considère que le caractère
systématique de la discrimination raciale qui sert de ba3e aux
discriminations économiques trouve aussi son fondement
dans le
salaire.
La détermination des salaires pour les ouvriers africains
"dépend du niveau de vie auquel en considère que leur r~venu doit
leur permettre d'atteindre.
"Jusqu'à présent,
l'on s'est
forcé de
réduire leurs exigences aux besoins essentü:ls.
"Si les salaires
suffisaient â se procurer de la nourriture,
un vêtement,
un abri,
on considérait qu'ils étaient honnêtes".
On ne peut pas dire en ce
qui concerne les salaires des africains,
que
leur hau~se freine
le développement économique dans
la mesure où tout accroissement
de salaires réduit l'épargne, mais en outre que
tout blo:3ge de
salaires réduit
le développement éconorr.ique.
Après l'indépendance et
nous l'avons ffiontré dans l'étude
du Statisticien VAN DEL REYSEN,
les sa13ires avaient prodigieuse-
ment augmenté.
Etaient-ils le résultat d'un exceptionnel gain de
productivité? Ou d'une accumulation du capital.
Non;
l'élévation
des salaires tire sa raison dans les
no~velles données politiques,
à savoir l'exercice du pouvoir politique pa~ les Af:icains et le
rôle du syndicalisme.

240
Pour lutter contre la discrimination en matière de sa-
laire, les pouvoirs en COTE d'IVOIRE ont été obligés d'imposer
aux entreprises étrangères travaillant en COTE d'IVOIRE des con-
ventions collectives. C'est ainsi que l'Etat ivoirien par 'accord
intervenu le 24 Juillet 1987, a fixé les salaires minimaux dans
le commerce. Les salaires de base des catégories de la convention
collective du commerce sont fixés comme suit à compter du 1er
Juillet."
Salaires mensuels hiérarchiques minimaux (francs C.F.A.)
2ème cat.
10.000
7ème cat. A
31.100
9ème cat. A
62.750
3ème cat.
11. 500
7éme cat. B
36.300
9ème cat. B
70.200
4éme cat.
15.000
8ème cat. A
48.500
10ème cat. A
84.200
Sème cat.
22.300
8ème cat. B
54.700
10ème cat. B
91.700
11ème cat.
99.000
Malgré le contrôle de l'Etat, la discrimination salaria-
le existe. A niveau de compétence égale, l'Européen gagne deux à
trois fois plus que l'Africain. On fait intervenir pour expliquer
cette excessive différence l'inclusion des primes d'éloignement,
de soleil, de climat etc ... (1).
Ainsi le cadre dans lequel s'opère l'activité économi-
que ne contribue nullement à la formation de l'épargne. Bien au
contraire, l'épargne des autotchtones quand elle existe, s'oriente
vers les activités lucratives, ayant peu d'effets sur le dévelop-
pement économique.
Il s'agira des constructions d'immeubles, des
bars dancing, etc ...
Peut.être l'épargne érnigre-t-elle
vers l'Europe? Comme
le fait l'épargne des étrangers en majorité des européens? ou
peut-être, par le phénomène d'imitation, l'africain moyen désé-
pargne plutôt qu'il n'épargne, ses dépenses étant souvent au-dessus
de ces
moyens. L'endettement est l'un des traits caractéristiques
de la société ivoirienne.
(1) - Le malheur est que des africains qui travaillent en Europe
ne bénéficient guère de prime de froid, d'éloignement, u
d'hébergement.

- 241
SECTION 2 - LES FACTEURS DEMOGRAPHIQUES ET TECHNIQUES
PARAGRAPHE 1
LE FACTEUR DEMOGRAPHIQUE ET L'EXODE RURAL
La population ivoirienne est estimée àl0 Millions
d'habitants. C'est peut-être peu pour un pays de 322.000 Km 2 • Et
pourtant la démographie pose de sérieux problèmes de développe-
ment. Le taux de mortalité, globale est de 10 %, celui de la nata-
lité de 46 % (1). L'accroissement naturel de la population serait
de l'ordre de 32 %. Mais la population ivoirienne présente des
caractéristiques particulières. Plus de 51 % de la population
est constituée de jeunes de moins de 25 ans. La scolarité devenant
obligatoire, il se pose aux autorités ivoiriennes d'insolubles
problèmes d'éducation et d'emploi l'enseignement en COTE d'IVOIRE
est l'un des secteurs le plus en crise: manque de locaux 1 man-
'_:.'~•.•".'•••.
que de personnel enseignant. Dans certaines classes, les élèves
_
s'entassent et l'on trouve fréquemment des classes de 80 à 100
élèves. Le manque de structure d'accueil fait que de jeunes gens
t
sont jetés dans la rue grossissant ainsi le nombre de chômeurs
déjà important. Ceux de la campagne émigrent et gagnent la ville
en quête d'une meilleure situation. L'exode rural qui se développe
en Afrique et particulièrement en COTE d'IVOIRE pose de grands
problèmes d'urbanisation et de formation de l'épargne. Cette masse
de gens sans travail, pose le problème d'urbanisation, avec ce
qu'elle comporte des services accessoires, hygiène, santé, etc . . . .
Ce problème de l'exode rural est l'un des problèmes les plus
préoccupants des gouvernements africains.
En COTE d'IVOIRE,
les grands centres urbains, Abidjan,
Yamoussoukro, Bouaké etc ... regroupent plus du tiers de la popu-
lation totale.
On s'attend à ce qu'elles atteignent la moitié
dans les années 1990. Quelles sont les raisons qui sont à la base
(1)
-
Bureau Internation du Travail (B.I.T.)
: "Urbanisation et
emploi en COTE d'IVOIRE." Genève,
1976.
(Suisse) et Memento
chiffré 1985 de la COTE d'IVOIRE et la COTE d'IVOIRE en
chiffres 1986/1987. Abidjan 1988


-242
de ce grand mouvement d'exode rural.
N'y a-t-il pas autre chose
que la recherche d'une situation illusoire en ville? Dans un
article de Jacques MOLARD (1) nous relevons que les causes de
l'exode rural reJident dans la sous-alimentation et l'impossibi-
lité de remédier à cette situation.
C'est le "fameux cercle infer-
na" d'''Albert SARRAUT".
L'indigène est sous-alimenté parce qu'il
ne travaille pas. La raison en fait
demeure dans l'emploides
techniques de production très rudimentaires
(2).
La déségration
du milieu traditionnel par l'introduction de la traite est la
conséquence de cet état de choses~.
Ces raisons suffisent à expliquer l'ampleur de l'exode
rural particulièrement inquiétante
en COTE d'IVOIRE.
Les villages
se dépeuplent de leurs éléments jeunes et dynamiques.
Seuls les
vieux hommes et les vieilles femmes y restent
;
les villages se
meurent.
PARAGRAPHE 2 -
LES FACTEURS TECHNIQUES
,
IOn fait croire qu'il suffit d'avoir des cadres pour
l',..:
que tout marche bien. La vérité est que le cadre est semblable

à une machine.
Si les constitutions du milieu ne sont pas propi-
f
ces au bon fonctionnement de la machine,
celle-ci malgré les per-
f
fectionnements qu'on pourra lui faire subir sera inopérante.
Il
f,'.;
en est de même pour le cadre.
Si les structures d'accueil,
de
i
~
travail manquent, ce cadre malgré sa compétence sera à l'origine
f
des difficultés rencontrées par la
commission des contributiorrs
1
~
directes a été formée,
afin de suggérer les remèdes à y apporter
Il
Nous exposerons les conclusions auxquelles cette commission a
r
abouti et les remèdes qu'elle préconise.
Le rapport affirme,
1
i
Il
nous citons:
"certaines anomalies ont été constatées au cours
d~s dernières années dans les procédures d'émission d'impôts
à
l'encontre des contribuables non commerçants.
Une interpréta-
f
- - - - - - - - - 4
(1) -
Jacques Richard MOLARD:
plaidoyer pour une
nouvelle
paysannerie en Afrique Noire:
le travail en Afrique Noire.
(2) -
D'après les enquêtes menées en milieu traditionnel rendant
deux ans au Sénégal i l est aPP?ru que
le temps effectif du
travail était de
1/3 du temps total.
Outre les
techniques
de production rudimentaires,
il faut
souligner,
contribuant
à cette déficience,
les conditions naturelles:
pluies,
inondations, chaleur,
etc ..
Cours de Mr le Professeur
H.
BARTOLI
:
la main-doeuvre dans les pays
sous-développés.
Institut du travail et des sciences sociales.
Paris

243 -
tion erronée et une application'_ insuffisamment
incapable, rigoureu-
se de la législation fiscale ont eu pour effet d'entraîner
l'émission d'un nombre très élevé d'articles de rôle de
très faible montant. Il en résulte d'importantes difficul-
tés au stade du recouvrement". Les conséquences pour l'Etat
sont importantes et concernent un coOt excessif, un rendement
très faible et un engorgement total des services chargés de
l'émission et du recouvrement.
l
J
A - Le problème
Le problème qui est soulevé ici est celui de la retenue
à
la source. C'est une loi du 3 Septembre 1959, qui instituant
1
t
un code général des impôts a préconisé le principe de la retenue
t
à
la source. L'article 172 du code général des impôts fait obliga-
if:..
~
tion et de le l!evèt'ser
au Trésor. Dans le cas d 'une tnsùrr-ls't'nfte~ de
la retenue, un article supplémentaire sera mis à l'encontre
du
salarié pris individuellement. La pratique devient courante et
ne constitue
plus une exception. Ceci pose un problème de coOts
et de rendement.
Ceci pose un problème de lenteur de la pro~édure de
recouvrement. Prenons le cas du contribuable A. GUY. Supposons
1
(et nous prenons l'exemple du rapport) que Mr A. GUY doit à
l'administration fiscale 2.000 F CFA. S'il paie normalement, le
!
coat du service sera réparti de la façon suivante :
t
- envoi de l'avertissement: enveloppe + timbre à 30 F CF
- établissement d'une quittance: environ 10 F CFA
soit au taotal : maximum 40 F.CFA
Mais si le contribuable A. GUY, têtu refuse de s'aquit-
ter.
Il faudra ajouter à l'envoi de l'avertissement (40 F) les
frais suivants
consommation sans frais
imprimé+enveloppe timbrée
40 F.CFA
- der~ier avis avant poursu~tes : 40 F CFA.
Si Mr A. GUY est salarié et son employeur connu, envoi
d'un avis à tiers détenteur: 40 F CFA
Total
: 160 F CFA.

-244
La procédure de poursuites s'engagera quand l'avis à
tiers détenteur est inopérant
: récapitulons
-
frais précédents
:
160 F CFA
-
commandement
-
imprimé,
timbre et enveloppe:
40 F CFA
salaire de l'agent de poursuites
150 F CFA
-
procès-verbal de saisie signifié à domicile
-
déplacement motorisé de l'agent de poursuites
(10 Km x 30 t),
soit le coat moyen de déplacement est
de 30 F CFA et 10 le nombre de significations que peut être opérer
l'agent en une journée.
-
Salaire de l'agent de poursuites:
250 F CFA.
En
tenant compte des aléas,
i l faut prévoir
1 ou 2 actes supplémen-
taires qui nécessiteront chacun un déplacement de l'agent:
coat 300 F CFA.
Enfin, si Mr A.GUY est insolvable,
la procédure se
terminera par un procès-verbal de carence
(salaire de l'agent de
poursuites 100 F CFA).
L'opération se soldera par une dépense
de
1.000 F CFA,
uniquement en dépenses de matériel.
L'Etat n'a
rien gagné.
B -
L'Etat, frein
au Développement Economique
L'enquête que nous avons menée auprès des entreprises
et commerçants nous a convainçus que l'un des facteurs de freina-
ge provient de la politique économique de l'Etat
ivoirien.
L'Etat
ivoirien aux dires des commerçants
et chefs d'entreprises,
ne
paie jamais ses dettes(lJ.Le bilan de la C.F.C.!.
par
exemple fait
ressortir que l'Etat doit
à cette compagnie une somme d'argent
qui approcherait miantenant le chiffre de 20 Milliards de francs
CFA.
L'Etat exigeant dans le
paiement des impôts ne se sent
nullement pressé d'honorer ses dettes.
Dans la mesure où le
grand consommateur reste l'Etat,
i l est facile de voir que les
entreprises, même étatiques éprouvent des difficultés financières
croissantes
(1).
La politique des prélèvements, souvent brutale
(1) -
Il faut
noter que les difficultés financières
ont poussé
l'Etat à dissoudre deux sociétés d'Etat,
en 1977.
Il s'agit
du BNEDT et de la SODERIz.En
1980,
sur
37 sociétés d'Etat,
i l ne reste plus que
7.
(.<) _ euM~ A~gb) _L~ M~~~ ~Jo (};riJ.ljV<rW M ~~o.
du A rio ~ 0 A \\li; 00 ;n.uU 1=" UH.

- 245
des réserves des sociétés, interdit toute politique d'investisse-
ment à long terme. Chaque jour, la dette intérieure et
extérieure
,
ne fait que grossir. Selon nos estimations, la dette interieure
serait de l'ordre de 980 Milliards de francs CFA, son financement
et dans la conjoncture actuelle, cette dette ne peut être épongée
que par l'aide extérieure. Les problèmes financiers n'échappent
probablement pas aux responsables ivoiriens, puisqu'ils ont été
évoqués lors de la présentation du budget 1988.
"Les problèmes financiers demeurent préoccupants en
COTE d'IVOIRE. Le budget 1988 aura deux caractéristiques
austéri-
té et grand mouvement de rectification générale".
BECHIO Jean Jacques Ministre de la Fonction Publique
Ivoirien disait en 1984 : "L'examen des bilans antérieurs montre
la pléthore de la Fonction Publique, l'intervention insuffisante
de l'Etat dans le secteur économique, le conseil a décidé
une reconversion des agents de l'Etat complétée par une
organisation des services, la prise en charge de certaines dé-
penses par les régions et un strict équilibre des dépenses par
des recettes, les deux tiers des recettes sont fournLes par les
taxes douanières.
Enfin le conseil a constaté :
1) - par la structure de IIEtat, la Fonction Publique
demeure
trop pléthorique ;
2) - depuis dix ans, la politique sociale de l'Etat a
été en avance sur les moyens réels, politique, qui a consisté à
tout donner
3) - le 1/3 des recettes budgétaires de l'Etat provient
des recettes douanières ;
4) - l'intervention de l'Etat dans le
secteur de l'éco-
nomie reste encore à parfaire.

-246
Dispositions
1 - Connaissances exactes des recettes de l'Etat;
2 - Mesures de reconversion consistant à orienter les
agents vers les entreprises de l'Etat
3 - Etude de la rentabilisation de l'Etat par la con-
naissance du coat réel de ses services.
4 -
Institution des budgets communaux.
5 - Ramener les dépenses de l'Etat à la mesure de ses
recettes réelles.
Non seulement les voeux sont demeurés des voeux pieux,
mais pis encore le "grand mouvement de rectification a été un
mouvement vers le haut, autrement dit,
les dépenses ont continué
leur progression. Déjà en 1985, l'accroissement des dépenses de
l'armée a été de 23,5 % par rapport à 1984. Nous pensons impos-
sible dans la situation actuelle de stopper le mouvement
de
hausse des dépenses publiques. Nous avons vu en étudiant le
problème de l'emploi, que ce dernier reste très aigü et compte
tenu de la pléthore de la Fonction Publique,
le risque de chô-
mage des diplômés devient sérieux.
La politique de l'Etat ne devrait-elle pas €tre
de
décongestionner le secteur public qui est devenu aux yeux de
tout le monde pléthorique? C'est l'un des paradoxes de la poli-
tique dite d'économie nationale indépendante.
C - Lapolitique d'économie nationale indépendante
l'un des soucis majeurs des dirigeants ivoiriens a été
la mise sur pied d'une économie nationale indépendanœ. Ce souci
légitime devra
trouver l'appui des populations ivoiriennes. Mais
lorsqu'il s'agit de déterminer les modalités pratiques pour at-
teindre cet objectif, les schémas directeurs manquent.
Pour nous
l'économie nationale indépendante signifie la création d'une
économie où les décisions d'investissement ne relèveraient que J~
l'Etat ivoirien. Cela supposerait que les sources de financement
doivent €tre
des sources autonomes et non dépendantes de l'étranger

-
247 -
Une telle politique exigerait que l'épargne interne se substitue
A l'épargne importée. Elle mettrait en évidence le rôle majeur
que devront jouer les agents économiques: administrations,
institutions financières, entreprises et ménages etc .•• En
termes économiques, ces agents économiques, administrations,
ménages, institutions financières et entreprises devront consti-
tuer des réserves financières, c'est-A-dire l'épargne.
Ils devront
donc épargner. Or dans la situation actuelle, ces agents ont-ils
la possibilité d'épargner?
Nous avons vu qu'en ce qui concerne l'Etat, l'épargne
publique si elle existe est une véritable aubaine comme le reve-
nu transitoire de l'homme de MODIGLIANI. L'Etat ivoirien dans
ses structures actuelles ne peut arriver A constituer une épar-
gne. Voyons les ménages. Nous savons peu de chose sur l'épargne
traditionnelle. Mais A caus~ de la faible monétarisation de l'é-
conomie, le secteur traditionnel est un secteur marginal où
l'activité se réduit A la satisfaction des besoins essentiels.
Ce secteur et nous l'avons rencontré, connaît aussi un exode
rural important qui est l'un des plus aigus en Afrique Noire (1).
Ce déplacement massif vers la ville a pour conséquence de poser
non seulement le problème de l'habitat, mais aussi le problème
de la constitution de l'épargne.
On sait que la venue des ruraux
dans les villes réduit la constitution de l'épargne. En effet,
il y a plus d'hommes A nourrir
et comme la plupart sont des non
salariés, leur présence dans les cités posent d'insolubles pro-
blèmes de besoins alimentaires. Le problème de besoins alimentai-
res inquiète tout le monde, au premier chef les menagères. Le
coût de la vie que malheureusement nous ne pouvons calculer ici,
faute de statistiques, est élevé, un exemple l'illustre. L'ali-
ment de base qui est le manioc qui peserait de 200 g à 2 kg
coûte actuellement 200 F CFA â 250 F CFA (2).
L'arrivée des
ruraux a accru à Abidjan la malnutrition qui fait de terribles
dégâts parmi les enfants. Donc au niveau du secteur rural,
1 'horizon semble bouché,ce secteur' ne connaissant pas la véritable
révolution agricole. Du côté du secteur urbain,
les problèmes de
(1) - J.
RICHARD MOLARD:
"Plaidoyer pour une nouvelle paysannerie
en Afrique Noire" in "le travail en Afrique Noire"
Ed.
Présence Africaine.
Paris
(2) - Avant le prix était de
10 F,
30 Ft
50,
75 Ft
100 F,
la
progression est importante.

,248
la constitution de l'épargne demeurent.
Nous avons vu,
contrai-
rement à la théorie keynesienne,
que l'épargne n'est
pas résidu,
elle est plut6t le résultat de l'abstinence, c'est le cas de
"tontine".
La définition de l'épargne par les classiques s'appli-
querait peut-être mieux pour l'ensemble de la population.
Il est
vrai que pour certains,
l'épargne est un résidu,
mais nous sommes
certain que le nombre de gens dont
l'épargne est un résidu est
fort
limité.
Les motifs d'épargne dans le secteur urbain rejoi-
gnent en gros ce que la théorie économique avance = héritage,
prévoyance etc .••
Enfin,
i l faut
signaler que l'épargne est le
résultat généralement d'une décision,
ce qui signifie que la
consommation est un acte planifié.
L'épargne, avons-nous consta-
té,
tire sa somme de revenu essentiellement sous forme de salai-
res et
les grilles de salaires nous ont montré que très peu
d'africains ont des salaires élevés,
surtout dans
le secteur
privé.
Les charges familiales.
L'esprit
de luxe agissent chez
les hauts salariés dans le sens de l'élévation des dépenses.
Et
souvent,
les plus "démunis" sont
justement ce qu'on appelle les
hauts fonctionnaires.
Quant
à l'entrepreneur individuel que nous
classons dans la catégorie des ménages,
son r61e est faible dans
l'activité économique.
Il n'
y a
pas en COTE d'IVOIRE une bour-
geoisie commerçante dans le vrai sens du terme.
Même les exploi-
tants forestiers qui sont considérés comme bourgeois ne sont
en réalité que de petits bourgeois
dont
la survie dépend des
autres exploitants forestiers plus puissants que sont
les blancs.
Enfin,
les entreprises étatiques se revê1ent d'après
les chiffres
de leur exploitation singulière déficitaires.
Dans ces conditions,
comment accumuler le capital,
si en
même temps,
sous le prétexte
de l'embourgeoisement on interdit pratiquement à
l'Ivoirien de Si in-
téresser aux activités lucratives.
On préfère que
les étrangers
Maliens,
Français,
Nigériens,
Libanais etc . . .
s'établissent au
pays,
fassent
de bonnes affaires plut6t que de voir des
Ivoiriens
réussir.
On ne peut malheureusement pas passer
sous silence cer-
tains sentiments très bas,
la jalousie,
l'envie et même
le tri-
balisme qui sont
à
l'origine de
telles dispositions.
Qu'un élé-
ment du Centre-Ouest ou de l'Ouest
s'installe dans les régions
respectives,
ils risquent
tous deux d'être chassés par
les

· -
249
-
habitants de la région.
"Aller chez vous,
ne venez pas vous enri-
chir chez nous" telles sont les paroles que
l'on entend so~vent.
Nous nous posons la question de savoir comment, dans la conjonc-
ture actuelle où l'aide extérieure est dénoncée,
l'Etat incapable
de fiancer
l'économie,
peut constituer une épargne nationale si
au demeurant,
ceux qui doivent être les producteurs de cette
épargne ne bénéficient pas des conditions adéquates ? La conclusi-
on est que nous ne savons pas ce que nous voulons.
SECTION 3 -
DEPENDANCE MONETAIRE ET EFFETS DE DOMINATION
En faisant
l'analyse de l'économie ivoirienne,
nous
avons montré que la pénétration du système capitaliste dans le
pays a eu pour conséquence de pertuTbe~ dans ses fondements l'éco-
nomie traditionnelle et de substituer deux secteurs,
l'un arriéré,
l'autre moderne.
La politique monétaire loin de réduire cet écart,
a au contraire aggravé le désaquilibre sectoriel.
En effet,
la
finance s'est placée du côté du secteur moderne,
là où les chan-
ces du profit étaient plus grandes.
Dans la mesure où,
comme nous
l'avons vu,
le secteur moderne est du ressort des capitalistes
étrangers,
la dépendance de l'économie ivoirienne à
l'étranger
se double d'une dépendance financière mise en place n'ont eu
pour autre but que de servir le capital étranger et non de provo-
quer une politique de développement.
L'économie ivoirienne est une économie faiblement mo-
nétaire.
Le total de la monnaie fudiciaire est de
33,0 % de la
masse totale (1).
Presque la moitié des signes monétaires en
circulation sont constitués des billets et des pièces métalliques.
Or, une économie en expansion utilise davantage la monnaie scrip-
turale que la monnaie fudiciaire.
En ce qui concerne la COTE
d'IVOIRE,
l'emploi de la monnaie scripturale par les ivoiriens
reste faible.Un ivoirien sur vingt a un compte postal.
La pro-
portion est encore plus grande en ce qui concerne le compte
(1) -
BCEAO
Statistiques économiques et monétaires N°
346.
Février
1986 P.
6.
et N°
370 Avril
1988.
-
Zone franc:
rapport
1986 P.
84.
Paris.

- 250
-
chèque bancaire. La faible monétarisation de l'économie ivoi-
rienne va orienter les capitaux en quête de rentabilité vers
les secteurs directement productifs,
le secteur du commerce
extérieur qui englobera les transports,
le commerce import-
export, etc ••• Ainsi s'établit un lien entre la
dépendance in-
terne et la dépendance externe.
Ce lien,
outre l'aide exté-
rieure que nous étudierons plus tard, est assuré par le système
bancaire et le crédit.
Le système bancaire sert de courroie de
transmission entre pays sous-développés et l'extérieur.
PARAGRAPHE 1 -
DEPENDANCE MONETAIRE
:
LES ETABLISSEMENTS DE CREDIT
ET LA POLITIQUE BANCAIRE
La politique bancaire en COTE d'IVOIRE a consisté au
soutien de l'économie de traite. Aussi,
les établissements de
crédit seront la plupart spécialisés dans le secteur à court
terme et accessoirement dans le moyen terme.
Le secteur commer-
cial s'est alors développé aux dépens des autres secteurs tels
que l'agriculture.
Cette politique est conforme aux objectifs
que s'était fixé
le pacte colonial,
à savoir que
les pays sous-
développés ne devaient être que des producteurs de matières
premières et que toute politique d'industrialisation était in-
terdite. Le dualisme économique qui en fut
la conséquence s'est
prolongé d'un dualisme financier,
et l'absence des établisse-
ments de crédit dans les villes autres que Abidjan,
Bouaké,
Yamoussoukro, Gagnoa,
San-Pédro,
traduit
la séparation du milieu
moderne du milieu traditionnel.
Même dans
les villes où les
établissements de crédit ne s'intéressaient qu'aux activités de
la colonie blanche.
Dans les quartiers africains d'Abidjan,
jusqu'à une date récente,
i l n'existait aucune succursale des
établissemen~s de crédit de la place. L'installation même des
bureaux de P.T.T.
et des caisses d'épargne est une chose aussi
récente.
L0 secteur moderne paraît aussi formé d'flots dissémi-
nés à travers
le pays,
sans liens entre eux.
Chaque îlot
a
son centre rattaché en France ou ailleurs et
non à Abidjan.

251 -
A - La re résentativité ivoirienne dans les établissement
fi nanc ier s
La représentativité autochtone dans les établissements
financiers, c'est-à-dire sa force financière sera déterminée par
sa capacité contributrice dans le financement des crédits.
La structure du système bancaire que nous allons étu-
dier dans la seconde partie mettra en lumière la part de chaque
groupe social ivoirien d'une part et étrangers de l'autre part,
dans le montant des avoirs du système
bancaire. En ce qui con-
cerne le nombre de comptes, le tableau a fait ressortir la ten-
dance à l'accroissement de la participation ivoirienne, et mal-
gré un nombre plus élevé de comptes, cette participation reste
inférieure à la participation étrangère. Le tableau fevèlè éga-
lement que c'est à partir de
1960, date de l'indépendance que les
ivoiriens ont intégré petit à petit le circuit monétaire.
L'exclu-
sion des africians du circuit monétaire avait
pour conséquence :
- de réserver le crédit dans sa grande partie à la clien-
tèle blanche (1)
;
- de réduire les africains au rôle de figurant dans les
activités économiques
;
- d'orienter les échanges vers les besoins de la minorité
blanche.
L'absence d'intégration des établissements de crédit
dans le développement économique qui a affermi les liens de
dépendance de ces établissemenm avec leurs maisons-mères. Aussi,
une politique de financement des activités locales n'étaient
possible que si ces activités répondaient aux objectifs de la
métropole.
(1)
-
SIR CECIL TREVOR disait au sujet du GHANA:
"Les consornrnan-
tés européens, levantines
et asiatiq;les déclarent en général que
les services bancaires existants répondent à leurs besoins
; en
recvanche, qu'elle que soit l'importance de leurs affaires les
négociants africains se plaignent de ce que les banques ayant
des doutes quant à leur solvabilité éprouvent des difficultés à
obtenir le crédit à un taux d'intérêt raisonnable".
NICOLAS KRUL : "Epargne financière et développement économique"
P. 27.

_ 252
B - La liaison avec les maisons-mères
La liaison des établissements de crédit avec les maisons-
mère installées en Europe font de ces derniers de simples succur-
sales ayant simplement la personnalité juridique. Toute décision
d'investissement, d'un octroi d'un gros crédit doit relever de
l'instance mère. Les établissements de droit local n'échappent
pas à cet assujettissement. Les établissements de crédits se
caractérisent aussi par leur extranéité (1) qui, sur le plan
local se traduit par une absence du marché financier et monétaire.
C - Les marchés
C.l. Le marché monétaire
Le marché monétaire se définit comme le marché des
excédents de trésorerie. Les banques peuvent ainsi, grâce à ce
marché, équilibrer leur marché monétaire. Elles peuvent
facilement prêter sans inquiétude de l'argent aux agents économi-
ques en sachant qu'en cas de besoin de trésorerie, elles pourront
faire appel au marché monétaire. Elles le font en vendant aux
autres banques de la place des effets de portefeuilles, des
titres ou des créances. Les conditions d'une constitution d'un
marché monétaire semblent réunies en COTE d'IVOIRE:
présence
d'une banque centrale peut escompter les effets de commerce ou
les titres, présence des banques commerciales, etc ... Mais en
fait,
les conditions de la création d'un marché monétaire ne sont
pas réunies. Les éléments déterminant l'offre et la demande des
titres, actions, etc ... ne sont pas d'une grande quantité et sur-
tout ne sont pas stables d'une manière durable. La création du
marché monétaire n'est possible qu'avec l'expansion économique et
12 diversification des activités. Or, l'analyse économique nous
a montré que le marché ivoirien était étroit et cette étroitesse
ne peut suscité la formation d'un marché monétaire.
(1) - NICOLAS KRUL note dans son livre "Epargne financière et
développement économique", que "si la structure bancaire
et financière de l'Afrique restait étroitement tributaire
des systèmes métropoles, certains pays d'Asie, d'Amérique
Latine se distinguaient par des efforts persévérants et
souvent réussis de désengagement."

-253
Même si l'économie connatt une expansion, cela n'entratnera cer-
tainement pas la création d'un marché monétaire. Certes, l'ex-
pansion économique se traduit nécessairement par une progression
du crédit. Mais dans la mesure où les banques de la place entre-
tiennent des relations privilégiées avec les banques mères instal-
lées en Europe, la progression du crédit se traduira d'une manière
inévitable par une progression de transferts vers l'étranger.
A~rs ,nous retrouvons le même problème, celui de la dépendance
vis-àvis de l'extérieur.Le trésor public qui, dans les pays déve-
loppés joue un rôle primordial est incapable de le jouer en COTE
d'IVOIRE. En effet, quelles sont les ressources du trésor public
ivoirien? Nous avons vu que ces ressources étaient constituées
de peu de choses: traites douanières, fonds des sociétés d'Etat,
impôts sur les entreprises et bons de trésor. Le trésor ne peut
miser que sur les bons du trésor. Nous savons que le rendement
des bons du trésor a été médiocre, médiocre pour plusiers raisons
- à l'échéance, en fin de période, le trésor n'avait
pas remboursé les bons, mais avait, au contraire, invité les sous-
cripteurs à une nouvelle souscription, ce qui avait allongé la
durée de remboursement.
- la souscription était faite d'une manière discontinue.
Elle avait débuté en 1966 et de 1969 à1970, elle fut arrêtée.
Il
semble actuellement que l'expérience ait été reprise;
- les souscripteurs étaient en majorité des banques et
des compagnies d'assurance et une fois qu'elles avaient souscrit
elles ne tenaient pas à recommencerl'opération.
En définitive, la création d'un véritable marché moné-
taire ne peut être que le processus d'un long cheminement. Le
marché monétaire n'est qu'une simplification de ce que nous pou-
vons appeler le marché bancaire.

- 254 -
C2) -
Le marché des capitaux du secteur moderne
La faiblesse de l'épargne locale,
l'absence des titres
négociables, pouvaient expliquer
'lltnexistence du marché monétai-
re.
Le marché des capitaux ou financier
tire son existence de
l'offre des capitaux à long terme.
En COTE d'IVOIRE,
deux
insti-
tutions financières assurent le
financement
à long terme
: ce
sont le Crédit de la COTE d'IVOIRE,
la Caisse Centrale de Coopéra-
tion Economique (CCCE), organisme français chargé de la gestion
des fonds français et européens.
Le Crédit de la COTE d'IVOIRE
par ses activités a tendance à se comporter comme une banque com-
merciale.
En fin de compte,
le marché financier
n'existe pas.
L'insuffisance de capitaux à long terme,
est la principale cause.
L'épargne locale est généralement transférée sur les places eu-
ropéennes où elle alimente les titres européens.
Les compagnies
d'assurance elles aussi, dépendantes des compagnies européennes
ne peuvent participer à la constitution d'un marché financier.
C.3
) -
Le marché financier de secteur traditionnel
Il va de soi que le secteur traditionnel ne connaît
pas le marché monétaire.
Par contre l'existence d'un marché fi-
nancier est possible. A quoi se réduit en prêts de semences pour
les cultures, au prêt d'argent avec des taux usuraires.
Les taux
varient selon les localités et ils sont généralement imposés par
les prêteurs.
Le taux le plus fréquent que l'on trouve est de
30 % le mois.
La pratique de l'usure n'est pas interdite car per-
sonne n'oblige personne à emprunter.
L'usure n'est plus seulement
l'apanage du milieu urbain et partout prolifèrent des usuriers.
Le
secteur traditionnel ne connaît pas seulement l'usure,
i l a béné-
ficié d'un apport de capitaux sous la forme des sociétés coopéra-
tives appélées S.I.P.
(Société Indigène
de Prévoyance).
Au cours
des pages précédentes,
nous avons montré qu'elle a été la philoso-
phie de cette institution.
On peut définir comme l'organisation du
milieu paysan,
par la création des marchés,
des points d'achats,
le regroupement des paysans sous une forme coopérative.
Bref,
il
s'agissait de donner vie à la campagne qui s'étiolait.
Mais en

- 255
-
réalité, le crédit apporté n'était somme toute qu'une forme d'as-
sistance car le secteur traditionnel était abandonné à lui-même.
Il ne fallait surtout pas provoquer un appauvrissement général
du milieu traditionnel. ce qui pouvait entratner des conséquences
fâcheuses pour l'administration coloniale. GEORGES BALADIER l'a
bien signalé dans son livre (1) quand il montre que les moments
de crise (1929) guerre 1939-1945, ont été les moments de révoltes
dans les pays. Pour l'administration coloniale, la S.I.P. servait
d'effet tampon.
En conclusion. nous pouvons affirmer que la dépendance
économique de la COTE d'IVOIRE s'est traduite aussi par une dé-
pendance financière. Sur le plan concret, cette dépendance finan-
cière se traduit par les effets de domination.
PARAGRAPHE 2 - LES EFFETS DE DOMINATION
La monnaie est l'un des attributs de la souveraineté
d'un pays. Peut-on concevoir une politique de développement auto-
nome si l'on ne possède pas en même temps le pouvoir financier?
Le maintien de la COTE d'IVOIRE dans la Zone franc pose le pro-
blème de savoir dans quelle mesure sa politique économique est
compatible avec un satellisme monétaire.
La Zone franc est le résultat d'un long processus
histo-
rique.
L'idée de Zone franc
est née des suites de
la rupture en
1930 de l'unité monétaire internationale basée sur l'étalon-or
et de la convertibilité des monnaies.
La dévaluation de la livre
Sterling en 1931 et l'institution d'un des accords de
préférence
douanière au sein du Commonwealth créèrent les
bases d'une
Zone
de dépense collective vis-à-vis des
pays
tiers.
A l'instar
de
la
Grande-Bretagne,les autres puissances coloniales s'efforçaient d'harmoniser avec
leurs colonies des relations monétaires, surtout après l'institution du contrôle
(1) -
GEORGES BALANDIER :
"Sociologie actuelle de
l'Afrique Noire."
P.U.F.
,
Paris,
1963

256
des changes pendant la seconde guerre mondiale. La Zone franc ne
fut en réalité
une institution cohérente qu'à partir de 1950 (1).
Les caractéristiques de la Zone franc sont
au nombre
de cinq
- l'application d'une réglementation de change unique,
avec la création d'un office de change situé dans le pays domi-
nant c'est-à-dire en France;
- la mise en commun des disponibilités en devises. Un
pool en devises gère les recettes et paiements en devises de
chaque pays membre grâce à l'instauration des comptes de droits
de tirage.
- l'inconvertibilité ~an% limite des monnaies auxquelles
le franc métropolitain sert de gage. Le système des comptes d'opé-
rations permet à chaque pays de puiser dans le pool, les devises
qui lui font défaut et d'équilibrer sa balance des paiements.
Une balance des paiements déficitaires se traduira pour
le pays
concerné par un endettement auprès du trésor français.
- l'unité de la Zone repose sur la parité fixe entre
la monnaie dominante et chacune des monnaies satellites.
- enfin, l'édiffice qui est la Zone franc repose sur le
principe de la liberté de transferts.
La Zone franc d'après les promoteurs apparaît comme la
mise sur pied d'une solidatité économique, une dépense commune
vis-à-vis de l'extérieur. Elle est le cadre dans lequel la commu-
nauté des destins se trouve harmonieusement réalisé (2).
Pourtant
des critiques s'élèvent un peu partout concernant la Zone franc.
(1) - BLOCH LAINE:
"La Zone franc"
P.U.F. Paris 1955
(2) - La Zo ne fr a nc, qu i apparaît cependant a l ' opinion publique le fruit
du malheur des temps, est peu somme, mal comprise. Confusément on aspire
à la voir disparaftre pour laisser place selon qu'on a la nostalgie de
passé ou qu'on aspire à des structures nouvelles, soit à la liberté des
change$,à l'âge d'or revenu de "l'inconvertibilité" des monnaies (00.).
Aux yeux d'Outre-Mer, l'appartenance à la Zone franc apparaît souvent
comme une se!'vitua-e du même ordre que l'administration directe par les
services métropolitains. Parce que la reglementation des changes et
les statuts d'émissions sont d'essence purement métropolitaine, on le
considère volontiers comme des manifestations du colonialisrreC •. ). Une
vue réaliste des choses conduit à cette constatation que les pays
... / ...

257 -
La Zone franc profite-t-elle à qui ? A la France ? Aux pays sous-
développés et en ce qui concerne à la COTE d'IVOIRE? "La cause
de la métropole a tout à gagner à la mise en lumière de ses rela-
tions commerciales et financières avec ses correspondants
d'Outre-Mer. Un "livre blanc" de vulgarisation sur le sujet
serait pour la France la meilleure réponse aux critiques
que lui
adressent les nationalistes africains ou les "arttic(jlonaltstes
"
étrangers, affirmait BLOCH-LAINE. En l'absence du livre blane
nous nous efforcerons de voir dans quelle mesure la Zone franc
profite à la France ou à la COTE d'IVOIRE. Nous reviendrons sur
ce point dans la seconde partie au chapftre II.
B - La France et la Zone franc
La position de la France au sein de la Zone franc
devrait être recherchée par les avantages ou les inconvénients
qu'elle retire
des relations commerciales et financières avec
les autres pays de la Zone franc.
Le tableau ci-après qui
retrace les échanges commer-
ciaux et financiers de la France avec le reste de la Zone franc
indique :
- en ce qui concerne la balance commerciale, elle est
favorable à la France, et la rubrique liens et services se tra-
duit par un excédent en faveur de la France. Cet excédent au cours
de la période envisagée a connu une progession régulière. Le solde
de paiements courants se traduit aussi par un excédent.
- enfin, le solde global de la balance des p2~ements
se trouve excédentaire. Peut-on dire que la France y gagne? Ne
paye-t-elle pas cher son excédent de la balance des paiements avec
les pays de la Zone franc? La position de l'économie dominante ne
comporte-t-elle pas des charges ?
(1) suitt~ page 286
appauvris par la guerre et les pays sous-
développés ne peuvent se rétablir ou prospérer sans organiser d'abord une
dépense à l'abri de laquelle ils s'efforceront de prendre des forces.
Cette dépense, c'est l'institution d'une Zone monétaire. Elle permet d'e-
chapper, tant à la loi
libérale qui conduit dans le monde actuel à l'é-
limination des économiquement faibles ou à leur asservissement, qu'à
l'autarcie dans l'isolement qui les condamme à la mort lente. BLOCH LAINE.
"Zone franc. Il Pages 9 et 10 P. U. F. 1955.

- 258
-
TABLEAU N°
33
- PART DE LA FRANCE DANS LE COMMERCE EXTERIEUR DES PAYS
AFRICAINS DE LA ZONE FRANC DE
1978
A 1985.
EXPORTATIONS VERS
IMPORTATIONS
LA FRANCE
DE FRANCE
BENIN •••...........••
23 01
29 01
10
10
COTE D'IVOIRE
19 0'
31 01
.......
10
10
BURKINA FASO .........
12 0'
33 01
10
10
NI GE R.................
40 0'10
39 0'10
SENE GAL ...............
32 0'
34 QI
10
tO
TOGO ..................
15 0110
25 0'10
MAL l ..................
33 Ol
33 01
10
10
CENTRAFRIqUE ..........
46 0'
63 01
10
10
CONGO .................
3 0'10
51 0'10
SOURCES
Rapport annuel sur la Zone franc en 1982 du Secrétariat du
Comité Monétaire de la Zone franc et Rapport 1986 P. 345 - 399.

-
259-
TABLEAU N° 34 - SOLDE DE LA BALANCE DES PAIEMENTS DES PAYS
INDEPENDANTS DE LA ZONE FRANC VIS-A-VIS DE
LA FRANCE, DES DEPARTEMENTS ET TERRITOIRES
D'OUTRE-MER (ETABLIE SUR LA BASE DES REGLEMENTS).
(EN MILLIONS DE FRANCS).
SOLDE DES REGLEMENTS
SOLDE DES REGLEMENTS
EN FRANCS
EN FRANCS ET DEVISES
1970
+
829
-
1. 054
1971
+
829
-
1.044
1972
-
544
-
1.139
1973
-
139
-
1.202
1974
+
1.006
+
344
1975
-
539
-
2.276
1976
+
806
-
1977
-
435
-
1.995
1978
-
447
-
1. 404
1979
-
1. 816
-
2.615
1980
-
1. 932
-
3.409
1981
+
2.623
-
3.482
1982
-
1983
+ 56.248
+
28.517
1984
, - ,
+ 41.772
+
14.697
SOURCES
Rapports annuels du Comité Monétaire de la Zone franc.

_ 260
C -
Les charges de la France vis-à-vis de la zone franc
Cette charge concerne essentiellement le développement des
équipements et la période suffisamment éloignée(1955) ne nous permet
pas de nous faire une idée de l'effort consenti par la France. Néanmoins,
d'après BLOCH-LAINE, cette charge pour les pays d'Outre-Mer, "revêt une
importance qui ne saurait être sous-estimée." La répartition de cette
charge a été la suivante :
(MONTANT EN MILLIARDS DE FRANCS)
REPARA TION
PRETS
SUBVENTIONS
TOTAL
Afrique du Nord ..•......
81
6,2
87,2
Territoire d'Outre-Mer ......
22
44,7
66,7
Déoartement d'Outre-Mer .....
1 ,4
6,4
7,8
Dépenses communes à l'en-
semble des pays d'Outre-Mer ..
1 ,6
16,3
17,9
TOTAL GENERAL ....•.......
106,0
73,6
179,6
SOURCES
BLOCH-LAINE
:"La Zone franc."
P.U.F.
Paris 1955. P. 144.

- 261
-
Le total pour l'année 1955 des dépenses de la Métropole ef-
fectuées dans le pays d'Outre-Mer a été de 341 ~Laiards
et sans
"évoquer le lien de trésorerie. elles suffisent à justifier lès
pouvoirs de contrôle que s'est réservée la Métropole dans la pro-
cédure propre à chacun des pays d'Outre-Mer.
Les autres charges concernent les avances du trésor. l'aide
au développement économique et social. Robert BRISTOLFI (1) ne récuse
pas l'aide publique que la France continue d'assurer aux pays de la
Zone franc mais se demande dans quelle proportion cette aide publi-
que compense les fruits des capitaux du fait de la liberté des trans-
ferts.
Il note qu'en ce qui concerne la Tunisie, l'aide prévue par
des conventions s'est élevée à 21,2 Milliards de francs environ,
ré par t i e e0.m !tI;~ sui t
:
- subvention d'équipement:
10,3 Milliards;
dépenses de la mission universitaire et culturelle
10.9 Milliards.
Les transferts privés en cette époque (1957) se sont élevés
à
33,1 Milliards de francs. L'aide était loin de compenser la sortie
des capitaux. La Zone franc donne à la France certains avantages
indéniables.
- voix prépondérante dans les négociations financières avec
les autres pays européens (bargain power). La rencontre des Açores
en est la manifestation évidente. possibilité d'utiliser les devises
pour l'équilibre de ses transactions avec le reste du monde.
- débouchés pour ses produits malgré la concurrence de plus
en plus vive des autres pays européens.
Ces avantages suffisent à démonter que la France
l'est
certainement pas le partenaire perdant de la Zone franc.
L'apparte-
nance de la COTE d'IVOIRE à la Zone franc est-elle bénéfique ou au
contraire une perte et dans le cas d'une perte, a-t-elle intérêt à
sortir de la Zone franc ?
(1) - Robert BRISTOLFI : "Structure économique et indépendante
monétaire de la Tunisie et ses enseignements
"P.
122.

- 262
L'appartenance de la COTE d'IVOIRE à la Zone franc
comporte des avantages certains et aussi des inconvénients qui
seront développés dans la seconde partie de notre étude.
L'appartenance à la ,Zone franc
permet d'assurer une
certaine stabilité relative des prix de certaines matières pre-
mières,
prix qui sont au-dessus
du cours mondial.
La différence
entre le
prix mondial et le prix préférentiel,permet à la COTE
d'IVOIRE d'avoir une monnaie stable, même si elle n'en contrôle
pas le fonctionnement
Enfin,
l'appartenance à la Zone franc a
aussi son mauvais côté.
- dissociation entre le pouvoir politique exercé par
les Etats africains et le pouvoir monétaire exercé par la France.
Dans quelle mesure est-il
possible de reconcilier la poursuite
d'une politique de développement d'une économie nationale indé-
pendante avec l'absence du pouvoir financier.;
-
l'inflation dans l'économie dominante se répercute iné-
vitablement dans les pays à économie dominée.
C'est ainsi que la
hausse des prix enrégistrée en France se traduit par une élevation
du coat de la vie en COTE d'IVOIRE;
la dévaluation de la monnaie dominante
se fait sans
tenir compte des pays dépendants.
Cette dévaluation entraîne des
monnaies satellites. Cela se traduit souvent
par un manque à
gagner
-
la liberté de transfert intégrale est le véritable pro-
blème de la Zone franc.
La stabilité du franc
C.F.A.
permet
d'éviter à l'économie ivoirienne les contre-coups des crises moné-
taires.
C'est la conclusion à laquelle a abouti le rapport du
Conseil Economique et Social dans sa séance du 25 Mai
1984.
"Sus-
pendre la liberté des transferts serait de la part des Etats
d'Outre-Mer compromettre la coopération et risquer de faire éclater
la Zone". L'hétérogénéité des économies de
la Zone franc
permet la
fuite des capitaux, certains pays plus structurés économiquement
et
présentant des avantages financiers
immédiats auront
tendance à
aspirer les capitaux des autres pays.
C'est ainsi que d'après
les

-253
estimations de la banque mondiale, les transferts annuels en COTE
d'IVOIRE s'élèvent à environ 1.000 Milliards de francs CFA. Si
les estimations approchent la vérité, un tel transfert a des ré-
percussions sérieuses sur l'évolution économique du pays. Car il
représente environ un cinquième du revenu national, estimé à
500 Milliards de francs CFA. Le problème n'est certainement pas
d'interdire tout transfert, mais d'essayer de le limiter. On
devrait, afin de favoriser le développement économique, fixer un
taux de transfert qui concilierait les intérêts de l'investisse-
ment et les exigences de l'économie ivoirienne. En ce qui concerne
la Zone
franc trois possibilités s'offrent à la COTE d'IVOIRE
1) - quitter sa Zone franc et entrer dans une autre. La
COTE d'IVOIRE retournerait de nouveau dans la dépendance et cette
solution est à écarter
2)
quitter la Zone
franc et battre sa monnaie. A ce
sujet plusieurs considérations entrer en jeu : la balance commer-
ciale, la balance des paiement. La balance des paiement est défi-
citaire. Certes, le déficit est souvent important avec la France.
La création d'une monnaie dans les circonstances actuelles est une
aventure.
3) - Alors, il reste la dernière solution, celle d'un
changement dans le sens d'une grande souplesse dans la coopération
financière.

_ 264
_
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Au cours de cette partie,
i l apparaît
nettement qu'il y
a beaucoup à dire sur l~problèmes de financement de l'économie
ivoirienne.
Notre propos acquiert donc
le caractère d'une première
ébauche qui nécessairement n'a pas abord~
tous
les aspects d'un
problème délicat dans un tout fort complexe.
Qu'il s'agisse des ressources nécessaires au financement
ou qu'il s'agisse des mécanismŒ et rôle des intermédiaires finan-
ciers,
notamment la mécanique du crédit,
l'inefficience et la ri-
gidité des mesures en vigueur sont réelles.
Toutes choses qui
indiquent d'ailleurs non seulement une carence notoire de l'inter-
médiation
financière elle-même mais surtout celle de
la politi-
que même de l'intermédiation.
Il est donc nécessaire de repenser sérieusement les
problèmes de financement de l'économie ivoirienne dans le sens
d'une mise en place des institutions et des mesures capables de
mobiliser et de canaliser l'épargne nationale,
non seulement dans
les centres urbains, mais aussi dans le monde rural.
Dans cette
perspective,
nos suggestions de créer des institutions et des
instruments d'épargne qui répondent à la sensibilité des épargnants
et à
leurs besoins conformément aux conditions réelles du moment,
doivent constituer une
base intéressante de réflexion.
Ainsi,
le
lien entre le financement et le développement
se réalisera mieux
en se forçant et aura plus de signification que
les quelques
corrélations que nous avons pu démonter.
Quel est donc
l'impact
de l'expérience du développement
Ivoirien?

- 265" -
DEUXIEME
PARTIE
UN CONST AT DES POLITIQUES DE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT IVOIRIEN

- 2E6 -
CHAPIT RE l
- LA POLITIQUE FINANCIERE DE LA COT E D'IVOIRE
Il est le plus souvent ad mis
que les difficultés aux quelles s-e
heurte un pays sous-développé résident avant tout dans l'insuffisance
du capital dont i l dispose et dans l'am pleur des investissements qu'il
lui faut réaliser à cette fin.
Cette insuffisance du capital résulterait de
la faiblesse
des taux
d'investissement et de la faible
variation relative
du volume des investissements réalisés d'une
période à une autre.
Une fois acceptée cette présentation de l'aspect essentiel
du
sous-développement, il ne resterait plus au pays sous-développé qu'à
prendre les mesures propres à favoriser la constitution du capital sans
lGCluel la croissance de la production et le développement ne seraient pas
possibles.
En déterminant par la loi n°
59/134 du 3 Septem bre 1959 un code
des investissements dans le but d'attirer les capitaux étrangers,
les au-
torités ivoiriennes concrétisaient leur volonté de voir rapidement se cons-
tituer " le capital", soutien de leur choix
de structures,
et dont il nous
im porte
maintenant de savoir com ment elles (structures) furent financées et
le type d'évolution que favorisent ces
modes de financement.
Dans le rapport de Synthèse de 1985 élaboré par le Ministère de
l'Economie et des Finances et du plan écrit pour transformer ses struc-
tures, la Côte d'Ivoire s'appuie sur les "investissements publics" qui aug-
mentent grâce à des ressources fiscales considérables et sur les "investis-
sements privés" stimulés par un régime
particulier d' "avantages fiscaux" et
économiques. Il devient toutefois indispensable de
porter de 10 milliards de
francs C. F . A.
en 1960 à 187,6 milliards en 19E)!" les ressources financières
réservées aux investissements publics,
de 20,2
milliards de francs
C. F. A.
en 1960 à 188 milliards de francs C. F. A. en 1987, la valeur des investis-
sements bruts:' Au total,
pour la période de 1960 à 198:, il faudrait avoir
investi 375,6 milliards de francs C.F.A.
se répartissant de la façon sui-
vante
(1)
:
- 187,6 milliards d'investissements publics
(1) - Les chiffres publics dans le Rapport de synthèse( 1984: étaient de
380 milliards de francs C.F.A se répartissant en 190,6 milliards d'inves-
tissements publics et 189,4 milliards d'investissements
privés.
Les chiffres
reproduits ci-dessus sont ceux corrigés des
perspectives décennales
(publiées en 1985).

TABLEAU N· 3".
- INVESTISS~E}IT PUBLICS El' PRIVES DE 1960 A 1986 PAR SOCTElJR
(EN EN MILLIJ\\RIE DE FRANCS CFA. 1975)
"1
1
- - - - -
INVESTISS EMENTS SliP FONDS Pt'BLICS
INrESTlSSEME:.NTS Sl'F FC~(;S PPI\\F.:s
j(;";';'L
L~c;
;:\\\\"ES,;"TSS';;C <:;
PH'1\\ ES r:.'": PI 'BLTI~S
SErTEUR
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r-'--' ---
Bt" 1 l'lcn t ;
---r------....- -
'3PTD1ENTS
OllTIL-
ENS8I1BLP... DES INVES-
nI> TH! P...:\\TS
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1
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1
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3,2
26,2
8,8
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32,e
:1,:2
'f'),c)
........
Indœtries, mines
1.0
N
oammmerces ••••••••....••
16,8
54,4
71,2
16,8
511 ,11
)
. ,L
Logement ••••.•••.••.•••
1,0
1,0
27,0
2'/,C
28,C
è.'H,C
Inf'rœtructure E'crno-
mique et sociale .•..•..
1Gl,3
28,7
136,0
lC'\\3
28,'7
n6,r~
~enouvellement•••••••.
7,0
7,0
12,7
49,1
61,8
12,'7
')6, l
(-(3,H
1
1
1
1
1
1
1
1 --
\\ - -
1lJI'AL•••••••••••••••••
131,1
)8,9
170,2
6),3
10),5
168,8
196,8
2' L' ,LI
Jn,~
* Le tableau ci-dessm va nom peIT!1ettre d'maly.3er succcsshenmt les im'œtissanmt pri\\é3 et les in~ti::;sanmts pllhLi.r:s m C.1.

- 268 -
- 188,0 milliards d'investissements privés dont 88 milliards
pour le renouvellement des immeubles et des outillages privés et publics.
Du tableau ci-dessus, on tire les taux
d'investissements pour 1960:
12,9 %;
198: : 29,5 %.
La variation rélative des investissements nets est de 88,5% de
1960 à 1987
pour une vatiation relative pendant la mêm
période de 33,5%
du Revenu National en francs contants : ce qui donne pour le rapport de
ces variations :
R
2,52
T
Ainsi, cette d( ,xième partie intitulée "Un Constat des politiques
de financement du développement ivoirien", traitera de la politique finan-
cière du développement ( chapitre 1) d'une part, et de la politique mo-
nétaire ( chapitre li) d'autre part.

- 269 -
TABLEAU N-
36 - TAUX DE CROISSANCE (S) El' COI!FFICImrI'S DE CAPITAL
BRUT
FNNEES
TPUX DE CFOï:SSFNC E( %)
COEFFICIENTS DE
CPPITP.L BRl'T
1960 .. ·.·. ·.....
27
1
, , ~
-
1961. .. ·.·.·.·.·...
3,8
0,89
1962.
·.· ·.·.·. .
12,4
1,02
1963. ·. .· ·.·.·...
38,2
-
1964. ·. ·.·. · . ·.
11,3
1,26
1965 ... · ·.·.·.·.·.
2,3
-
197C
·. .·.·.·.
35,6
1,37
1972.
· .. ·.
lC,l
-
~9:~
·.·.
)7,0
1,C8
1975 .. ··.·... ·...
28,0
0,9
19'1: . ·.·.·....... ·.
57,0
1,08
1)-:,8. ···... ·.......
13,0
-
At <)3c.
·.·.·.·.....
14,5
-
.. -,0"
4.70-l.
17 ,8
-
·.·.·..... ·.
1')82. ··... ·... ·...
14,5
-
1983.
·.·.·.·.·.·.
2, 7
l
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: )8 1\\ • ···.·.·.·... ·.
12,5
1,2"
,
19b5.
11 ,8
,c8
·. ·.
l
198 rJ
lC,)
- ,c4
SOt~CES : Tableau élaboré à partir des informations statisti~ues
du Ministère de l'Economie et des Finances de la
Pépublique de Côte d'Ivoire: Comptes de la Nation 1960 ...
1984. Rapports Economiques et Financiers 1985 et 1986.
La Côte d'Ivoire en chiffres 1986/1987 Abidjan 1988.

- 270 -
SECTION 1
Com me on peut le voir à partir du tableau ci-dessus, les
investissements privés représentent un peu moins de 50 % du total des
investissements bruts en Côte d'Ivoire de 1960 à 1987. Ces mêmes inves-
tissements s'élèvent par cont~e à plus de 86 % des investissements bruts
dans les secteurs dits directement productifs.
Ceci
donné, les renouvellements s'élevaient. à 88 milliards
de francs C.F.A. tous secteurs pour la période dont 71,8 milliards
C.F.A.
opérés par secteur privé
soit près de 90 % du total.
Si par renouvellement l'on entend les provisions en vue du
renouvellement ou conservation de la valeur du capital fixe,
c' est- à- dire
donc l'amortissement (1), les 71,8 milliards représentent les amortissements
du secteur industriel et commercial l'agriculture pour l'industrie
et l'ex-
portation incluse).
Avant de poursuivre toutefois, situons le secteur privé dominant
en Côte d'Ivoire.
Ce secteur est à dominante étrangère,
c' es-à-dire non
africaine. On peut sem ble-t-il, le considérer corn me un secteur "intégré cons-
tituant un bloc uni et cohére nt "( 2) en se fondant d'une part sur le fait
reconnu de tous que la quasi-totalité des entreprises ivoiriennes
ont leur
centre de décision contrôlé de l'extérieur et,
d'autre part, sur certaines
pratiques dont il sera question dans quelques instants,
pratiques qui ré-
sultent de l' ap partenance de la Côte d'Ivoire à la zone franc, qui , elle
stipule la convertibilité illimitée.
(1) -
L'ar;lOrtisseoent est la "constatationcomptable de la dépréciation des
im mobilisations qui permet d'en assurer une éventuelle reconstruction". Il
doit être distingué du rem boursement échelonné( ou progressif suivant le
cas) d'une dette résultant d'un emprunt- qu'on dénomme
parfois "amortis-
sement financier." Voir DEPALLENS G.
in gestion financière de l'entre-
prise.
3e Edition "Sirey" pages 28 et suivantes.
(2) -
Unité et cohérence n'excluent évidemment pas la concurrence interne.

271 -
De ces faits," Unité et cohérence" du secteur privé à dominante non
africaine sont déterminées par et dans le pays où ce secteur a son
siège social, c'est-à-dire généralement et à titre prinicpal la France.
Dès lors, unité et cohérence du secteur seront pratiquement déterminées
par la politique économique et financière du pays d'origine
( France)
qui s'impose alors à lui, de sorte que tout mouvement d'expansion ou de
récession appliqué aux entreprises-mères se répercutera positivement ou
négativement sur les flux liant les entreprises-mères et le "secteur privé
expatrié en Côte d'Ivoire (1).
(1)
-
Voir "Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest", Rapport
1
d' acti vité 1964, P. 53 où on peut lire . "
A la suite de l' élev ation de
3,50 à 4 % du taux d'escompte de la Banque de France en Novembre 1963,
la question s'est posée de savoir si, en raison de l'appartenance
des
pays africains à la zone franc,
des engagements pris par '_e Gouvernement
Français d'assurer la convertibilité du franc C. F. A.
par le jeu du com-
pte d'opérations, il n'y a pas lieu de procéder à l'alignement du taux
d'escompte de la B.C.E.A.O. sur celui de la Banque de France. On pour-
rait crai"ndre, en effet,
qu'à la faveur d'une disparité
entre les taux
pratiqués en France et en Afrique est également sous la pression
des me-
sures d'encadrement du crédit en France : i
" les banques Ouest- Afri-
caines utilisent le réescompte de la Banque Centrale au-delà de leurs be-
soins norm aux locaux, soit pour transfé'rer vers la France leurs liq uidi-
tés excédentaires afin de profiter de l'écart des taux, soit pour com-
penser pa:~ W1 réescompte Africain, l'effet des mesures quantitatives de
réescom pte prises en France, à l'égard de leur siège,
de leurs action-
naires ou correspondants"; iL Les entreprises ou groupes installés à
la
fois en France et en Afrique fassent glisser tout ou partie de leur finan-
cement Français vers leurs agences 0 u filiales, alEsi bien po ur des consi-
dération s de coûts des ,~.'·édi ls, que pour se soustraire à la limitation des
concours de leurs banquiers traditionnels.
De tels co mporte mentE; auraient
eu de graves conséquences, tant pour les Etats Africains (réduction des
capitaux disponibles pour les financements locaux,
diminution des avoirs
en francs)
que pour la République Française, en contrariili1t les
mesures
prises dans le cadre du plan de stab Llisation. "

- 272 -
Ceci nous parait capital, d'une part, pour la compréhension du type de
"développement" mis en oeuvre en Côte d'Ivoire et, d'autre part pour le
déchiffrement du "sous développement" ;. fricain en général. Notons, ce-
pendant, qu'en décidant de maintenir les activités et les investissements
(en Côte d'Ivoire) branchés sur les circuits modernes des pays occidentaux"( 1)
les autorités ivoiriennes ont donc favorisé l'excroissance du capitalisme
français en Côte d'Ivoire, excroissance dont le support est fondamentalement
le "secteur privé expatrié" en Côte d'Ivoire.
Après avoir ainsi situé le "secteur privé expatrié" en Côte d'Ivoire;
nous pouvons maintenant aborder les comportements de ce secteur vis-à-vis des
choix de structures des autorités ivoiriennes; choix, semble-t-il, basés
sur la correspondance nécessaire des comportements du "secteur privé expatrié"
et des implications des transformations de structures.
Pour ce, ::"").] '2tudierons successivement les amortisseoents et les
sources de financement de ce secteur.
TABLEAU N-
~7 - CHeUNEMeIT DES INVESTISSEMaITS 00 SfrTEIJR PRIVE DE
1960 A 1986 (EN MILLIARL6 DE FRANCS CFA.)
196:
19E5 19'7( 1 1972 1974 19"": 1 198c 1981 1982 1983 1984 1986
'~n'/est:Lssci:lErlts privés
5,5
6,e
7,5
8,7
9,4 10,4 12,8 14,6 15,8 16,3 17,0 22,7
mnrtissane- -"S •••••••••••
4,9
5,2
5,3
5,6
5,8
6,1
6,4
6,9
7,4
8,1
9,e le,3
In vestissanErlts bruts ...
1e,4
1.1,2
12,8 14,3 15,2 16,5 19,2 21,5 23,2 24,4 26,C. 33,C
1
9J..flCRi : Tableau él.al:nré par l'auteur llIi-mA aœ à partir des infbrmatims statistiques du
Ministère de l'Fananie et des Finmees de Côte d'I~irœ.
( 1) - ~larch2s tropicaux et méditerrél1éErls n· 918 et n· 20)4 (décEmbre 1985).

- 273 -
PARAGRAPHE 1 - LES AMORTISSEMENTS
L' ensem ble des amortissements du secteur privé s'élève à
plus de 36,6 % des investissements bruts effectués par ce secteur, ce
qui représente plus de 57,7 % des investissements nets .Nous
pouvons
essayer de calculer la période moyenne d'amortissement des capitaux
à partir de la formule suivante :
tà =~I +~~ = ~ + 1
A
~A
soit, à partir du tableau n"52 qui n'inclut pas les investissements et
amortissements de 198'7 :
tà = 168,8
= 2,73 ans
61,8
indice d'un très im portant taux de profit puisque la période moyenne
d'amortissement de 2,73 ans est très inférieure à la période moyenne
d'amortissement des matériels et outillages,
qui est généralement de
7 ans, et à celle d'amortissement des constructions qui est généralement
de 30 ans. Si nous procédons de la même façon pour chaque type d'in-
vestissement sur fonds privés, nous avons
Bâtiments et travaux publics
ta
5 ans
Outillages
ta = 2,1 ans.
On peut maintenant se demander quelle à été l'utilisation
faite des fonds ainsi accumulés en vue du renouvellement, ce qui re-
vient à poser le problème de la structure des investissements et celui
des sources de financement.

- 274 -
PARAGRAPHE 2 -
STRUCTURE DES INVESTISSEMENT
On a pu voir ci-dessus avec l'analyse de la structure du pro-
'luit combien les investissements étaient orientés vers la création d'indus-
trie de transformation, tant il est vrai qu'à "des accroissements déter-
minés du produit sont liés des accroissements déterminés des investisse-
ments ••. " (1). Or,
puisque tout investissement et renouvellement de ca-
pitaux se pose en terme de biens réels durables,
produits et reproduc-
tibles comme conditions de la croissance, on doit expliciter les présup-
posés de ces conditions afin de ne pas tom ber dans l'erreur fondamentale
des autorités ivoiriennes, erreur qui a consisté à considérer le maintien
des activités et des investissements branchés sur les circuits modernes
des pays occidentaux' (2) com me pouvant seul mener à l'industrialisation
dans le minimum de temps et aux
moindres frais ..• " En effet,
dans cette
déclaration des autorités ivoiriennes qui voient
justement dans l'indus-
trialisation une condition de transformation de la structure du produit
ne ressort pas la détermination très nette de transformer la structure
des investiss ements. Il est alors évident que pour le renouvellement de
tous les équipements, le secteur privé(
com me le public d'ailleurs)
devra
presqu'indé'fi"rŒr.ieht s'adresser
à l'extérieur qui déterminera le rythme
d'évolution et le coût des principa l.lX facteurs de production en Côte
d'Ivoire.
On comprendra, dès lors, que les fonds accumulés en vue du
renouvellement des capitaux investis en Côte d'Ivoire soient transférés
vers l' extérieur où les "possibilités d'in vestiss ment seraient plus grandes.
"Dans ce dernier cas, toutefois, comment se fait-il,
est-on en droit de se
demander,
que
les possibilités d'investissement plus grandes du pays
d'origine n'aient pas pu retenir les capitaux investis en Côte d'Ivoire,
et qu'elles n'attirent, entre autres,
que les fonds accumulés en vue de
leur renouvellement.
La réponse sem ble être que les investissements en
Côte d'Ivoire élargissent le marché des industries productrices de biens
(1)
-
François PERROUX :
"
Les techniqui"s
1uantitatives de la planifica-
tion.
P. U. F.
32 P.
(2) - In " Marché tropicaux et Méditerranéens" n'~n8 et réalités ivoiriennes,
idem.

- 275 -
d'équipement installées dans le: pays d'origine du "secteur privé expatrié".
Il faut donc entendre les "faibles possibilités d'investissement"
qu'offrent
les pays sous-développés" en général et la Côte d'Ivoire en particulier
corn me le constat de l'inexistence des conditions technico-socio-économi-
ques d'une croissance soutenue et durable"
(1)
; conditions dominées par
les fonctions dévolue aux unités productrices de biens d'équipement.
Ces unités n'existent pas en Côte d'Ivoire.
Ainsi quelles sont les princi-
pales sources de financement de ces unités de production.
f~~~Q~~E~~-l - SOg~fES Q~_FIN~~f~~~~I_QES ~~I~~ERIS~~~_
COTE D' IVOIR E
- - - - - - - - - -
En situant ci-dessus le secteur privé,
nous définissions la pro-
priété des entreprises,
donc des instruments et moyens
de
production
comme le monopole des expatriés et position,
semble-t-il, en nous ré-
férant au "Code des Investissements",
(2) les conditions du "concours"
des capitaux,
monopoles des ex patriés.
A ce stade de l'analyse, il ne
semble pas inutile de rappeler quelque peu le rôle que joue le"capi-
tal" dans les "théories du développement".
Ce rôle,
le Professeur,
René GENDARME
(3) le voit ainsi:
"ces économies sous-développées
sont tributaires du capital étranger et corn ptent sur ce capital pour
assurnr leur dévelop pement.
Grâce à cette intervention extérieure, non
seulement les moyens financiers sont donnés,
mais également les cadres
techniques sont fournis;
disons-le tout net,
sans ces contours, les pers-
pectives de développement sont rcd cd tes à pc u de c mses ... '~.
(1)
-
Ces conditions ont été appréhendées
par le concept "marxiste"
de conditions de la reproduction élargie."
(2)
-
Pour plus de détails,
voir chapitre II de la seconde partie.
(3)
-
René GENDARME
" Pauvreté des Nations."
Editions CUJAS,
1963 P.
317

- 276 -
Signalons, cependant que les mesures (1)
qui ont favorisé
ces
"concours", dont parle René GENDARME, ne seront pas directement étudiées
(voir section 2).
Nous nous attacherons surtout Al' analyse des conditions
dans lesquelles ces concours assurent le développement une fois
qu'ils sont
"donnés", c' est-A-dire les sources et les utilisations de l'accUIllllation pos-
térieure A l'installation en Côte d'Ivoire.
Elles se mblent plus significatives
pour le développement que ces concours eux-mêmes,
corn me on va le voir.
On remarquera, en effet,
dans le tableau ci-dessous que les crédits
à moyen et long termes représentent 29,9 % des investissements bruts + Stocks
(1 + II+ ID) en 1980 et 31,4 % en 1986.
Ces prêts ont été favorisés
par
l'utilisation de l'intermédiaire du système bancaire oœst-africain et par l'oc-
troi de crédits directement consentis par le principal dispensateur de cre-
dit de ce type, la Caisse Centrale de Coopération Economique
(C. C. C. E. )
(que nous étudierons dans le second chapitre de cette deuxière partie)
dont
la partie essenteille des crédits est à long terme avec aussi "jumelage" des
crédits bancaires à moyen terme" réescom ptables auprès des Instituts d' émis-
sion."
(2).
Les crédits à moyen et long termes n'étant pas destinés à fi.nancer
les amortissements qui peuvent aussi être considérés corn me source de finan-
cement, on les rapportera aux investissements nets + stocks ...
ce qui donne
une dépendance vis-à-vis du système bancaire de 47,0 % en 1980 et
41,7%
en 1987.
Ceci est d'ailleurs bien dans la ligne des
perspectives décennales
où on peut lire
"pour déterminer le volume des crédits nécessaires au
financement des investissements privés, les hypothèses suivantes ont été
admises :
- le renouvellement des équipements C3 t intégralement financé
par
les entreprises
;
(1)
- Il s'agit du "Code des Investissements privés" dans la République
de Côte d'Ivoire.
1959,
ABIDJAN
(2) -
B.C.E.A.O.
-
Rapports d'activité 1964 P.41 et 1986 Rpport annuel
de la C.C.C.E.- extrait du bulletin de liaison et d'information de l'Admi-
nistration centrale des Finance
n ~27(.Juillet-Septem bre 1964 P .22 )
ZOne franc.
Rapport 1986.
Paris.

- 277 -
TABLEAU N- ~8 - Financellent des investissements
( PH MILLIARœ DE FRANCS CFA.)( 1)
1960
1980
1986
Investissements nets privés(I) .....
5,5
10,4
17,0
Amortissements privés (II)
.
4,9
6, l
9,0
Stocks( III ) ..•..•...............•...
0,4
1,3
2,7
Financement par les entreprises et
ménages ivoiriens (IV) •.....•.......
10,2
19,1
( don t induit par le F. N. 1. )
.
2,1
3,3
Pemboursement du F.N.I. (V)
.
0,7
l, l
Capitaux extérieurs (VI)
.
0,5
3,0
4,0
Pemboursement des prêts et
intérêts (VII)
.
xi=- 1,3
xi= - 4,0
Crédits à moyen terme (VIII) •.......
3,2
6,3
Crédits à long terme (IX)
.
2,0
2,2
SOURCES
B.C.E.P.C.
: Papports 1985 et 1986. Statistiques Economiques et
monétaires n° 370 ~vril 1988.
- La Côte d'Ivoire en chiffres 1986/1987 rbidjan 1988.
- Zone franc. Happort 1986 Paris.
(1) - La rubrique "Remboursement des prêts et intérêts" représente UI1 solde.
Xi représente le solde des prêts et intérêts reçus et des prêts et in-
térêts remboursés. Il est négatif( -) chaque fois que les emplois sont
supérieurs aux ressources représeGtant les prêts et intérêts reçus.

- 278 -
-
Les investissments nets du secteur logement et agriculture sont
financés jusqu'à un plafond de 50 % par le crédit à long terme...
dans
le domaine agricole d'ailleurs, la grande masse d'investissements est
prise en charge par le secteur public.
Ainsi donc, les entreprises privées financeront leurs investisse-
ments nets + stocks à raison de 53,0 % en 1980,
puis de 56,9% en 1983
et de 65,7% en 1987
grâce à leurs ressources propres.
La bonne gestion
financière incitant les entreprises privées à n'utiliser leurs amortisse-
ments que pour des opérations à "dégré dl exigibilité" ou "dégré de
liquidité" faible et pour le rcenourellement, nous ne devons considérer
que les investissements nets (1) et les stocks (ID).
Nous devons donc déduire de la rubrique (IV)
: financement par les en-
treprises et ménages ivoiriens (1), la rubrique (il):
amortissements et
la rubrique (Vil)
: remboursements des
prêts et intérêts.
Nous mesu-
rerons aussi l'enrichissement "des entreprises privées,
"enrichissement"
caractérisé par les fonds propres (corn me les amortissements et l'aide ex-
térieure) consacrés aux investissements nouveaux.
Les ressources
consa-
crées aux investissements récents et qui cara.ctérisent l'enrichissement"
des entreprises privées sont dénommées "autofinancement par enrichis-
sement"
(2) et seront distinguées des fonds
d'amortissement ou "auto-
financement de maintien."
Les distinctions ainsi faites,
nous
voyons que les fonds
d' auto-
financement par enrichissement" contribuent au financement des investis-
sements nets + stocks à raison de 23,9% en 1980,
31% en 1983
et41,5%
en 1987 alors que la contribution des c2»itaux extérieurs passe de 26%
(1)
-
Dans les ménages Ivoiriens, nous avons compris les "entreprises
individuelles" appartenant aux Ivoiriens.
Ce sont les
petits corn merces
et surtout les entreprises agricoles des
planteurs.
Corn me les investis-
seurs publics et privés dans l'agriculture représentent 10,3% du total
des investissements et comme le privé(
comprenant ici expatriés et
nationaux) n'a investi que 25,1% des 10.3%. la part des Ivoiriens dans
le financement sera en pourcentage d' autant plus réduite que leur im-
portance financière dans les autres secteurs (autre qu'agricole)
sera
faible.
De cette façon, la rubrique (IV) retracera le comportement do-
minant des expatriés? Nous préciserons ci-dessous d'autres éléments de
l'argumentation.
(2)- .G.Depallens:
"Gestion financière
des
Entrepdses."Ed;Sire
PARIS.

- 279 -
contribution des capitaux extérieurs passe de 26% en 1980 à 20,3% en
198-3 et 21,5% en 1981.
Dès lors, l'autofinancement de maintien" repré-
sente en 1980 61% du montant des sommes rassemblées,
sous la rubrique
(IV); financement par les ent:eprises et ménages ivoiriens,
47, U en
1983
et 34,9% ent 1981.
Déduction faite
des amortissements et des prêts
et intérêts versés (solde corn me i l est dit au tableau N! 56) • il reste
pour
financement avant rem boursement du Fonds National d'Investissement (V) :
-
en 1980 ~10,2(IV)
-
6, l( II) -
1,3 ( VII) = 2,8 --..( A ) ;
- en 198f
.,19,l(IV)
-
9,0 (II) -
4,0 ( VII) = 6,1--.( B ) ;
Les sommes consacrées aux investissments nets + stocks
indui-
tes par la politique du F.N.I. tombent alors de 75% de (A) en 1980 à
53,6% de (B) en 198
et le F.N.I.
aura remboursé en 1980 25% de (A) et
en 198
17.3% de (B) au secteur privé,
ce qui résulte de la constance du
rapport des remboursements du Fonds National d'Investissement aux
induc-
tions par le F.N.I.. soit:
- en 1980 ..... _9..JL= 33,3 ar/0
2,1
- en 19f.1. -+_ld-= 22,3 %
3,3
Que signifie, toutefois. l'accroissement de la part du Fonds
d'autofinancement par enrichissement".
Il traduit l'incorporation d'une
partie des profits des entreprise dans le capital glo bal détenu par les
expatriés", incorporation qui se traduit sous la forme
d'une augmenta-
tion du capital ou de l'extension.
donc,
de la création d'entreprises nou-
velles.
Dans le cas de l'augmentation,
il serait mis
plus de capital à la
disposition" de la main-d'oeuvre alors que l'extension et la création
d'entreprises nouvelles entraîneraient une demande de
main-d' eouvre
récente. Ainsi,
quelle est la place de l'Etat dans les investissements
publics? Telle est l'analyse de la proe haine section.

-
2bO -
SECTION 2 -
LES INVESTISSEMENTS INTERNES PUBLICS EN COTE D'IVOIRE
------
------------
Avec les investissements du secteur privé, nous avons montr.é
clairement comment a fonctionné le branchement de la Côte d'Ivoire
"aux
circuits modernes des pays occidentaux".
Avec les investissements
du sec-
teur public, nous allons voir comment ont été utilisées les "possibilités"
fournies par la relative "prospérité", im pulsée par le secteur privé
ex-
patrié en Côte d'Ivoire.
Mais avant d'analyser le rôle de l'Etat dans les investissements
publics en Côte d'Ivoire,
voyons d'abord le facteur institutionnel
qui en-
gendre les obstacles à l'accumulation.
A -
La dépendance de la fiscalité aux recettes extérieures.
L'étuJe des recettes budgétaires nous a montré que le
budget Ivoi-
rien vit exclusivement des rentrées fiscales.
La nature de ces rentrées
fiscales qui font une large place aux taxes à l'importation,
autrement dit
aux recettes douanières est un trait cara._ téristiq ue de l' écono mie.
Une
baisse des im portations suffit à dérégler le mécanis me financier de l' éco-
nomie ivoirienne.
1) -
Le problème de l'assiette
La fiscalité représen~ un instrument très efficace,
régulateur
de l'économie.
Elle a des incidences profondes sur la formation de
l'épar-
gne et sur la politique d'investissement.
Aussi lui incomb_-t-elle le rôle
de favoriser le dévelop pement des différents secteurs,
de
promouvoir une
politique de croissance.
La fiscalité s' ap précie ainsi en fonction des be-
soins globaux du pays,
du point de vue de poids qu'elle représente pour
l'économie.
Une fiscalité lourde freine le développement économique.
Le
problème de l'assiete de l'impôt se trouve posé en Côte d'Ivoire.
La fis-
calité devenue de plus en plus lourde, étrangle le petit corn merce. Un exem-
ple l'illustre:
les commerçants transporteurs se voient actuellement
im-
posés doublement. Ils doivent payer la patente,
qui est un lm pôt forfai-
taire,
du fait de l'absence de toute comptabilité;
et aussi un impôt sur
le chiffre d'affaires dont le montant est arbitrairement fixé
par l'Etat.
En fait,
cet impôt sur le chiffre d'af:aires n'est

- 281
que la version camouflée de la patente.
Pressé par. le besoin de liquidité
l'Etat s'est ingénié à augmenter la patente,
mais en employant une nouvelle
terminologie, l'Etat est prisonnier du système.
Ne vivant que sur les im-
pôts indirects, il ne lui est pas possible d'augmenter constam ment les im-
pôts directs,
car le revenu est faible en Côte d'Ivoire.
Mais la hausse
des
im pôts a
pour effet de répercuter sur les prix
et d'élever ainsi le coût de
la vie.
Dans la mesure où toute l'activité économique est entre les
mains
des étrangers, ces derniers pour maintenir leur profit majorent leurs prix.
L'Etat est obligé de jouer à "l'équilibriste" entre un besoin de liquidité
et la poursuite d'une
politique de développement économique.
C'est dans ce
cadre que
l'Etat ivoirien, à l'instar des autres Etats africains a
créé le
code d'Investissement.
2)
-
Le Code d'Investissement (1).
En vue
de faciliter les investissements dans les
pays africains,
les responsables politiques ont été amenés à rediger un document dans le-
quel le gouvernement porteàla connaissance des inv estiss eues êventué:Bs les
pos-
sibilités,
les garanties visent essentiellement à
:
réduire les frais
de premier établissement;
- anticiper sur la période de rentabilité(2)
Un entrepreneur ne s'engage dans une opération économique
donnée
que s'il escompte un profit aussi bien dans l'immédiat que
dans le futur.
L'investissement est exempté d'impôt pendant la période
de non rentabilité.
-
assurer à l'investisseur l'éventail des choix
d' im plantation des
usines.
( 1) -
Voir
A!l:le x e n
2.
(2)
-
Bernard VIKAY:
"Epargne, Fiscalité,
développeme!1t."
Ed.
Cujas.
Paris
P.
162.

- 2~2 -
En définitive, le code des investissements cherche à
promouvoir
la création des entreprises nouvelles,
classées sous l' ap pelation "entreprises
prioritaires. "
3) -
Le concept d'entreprises prioritaires
La loi du 3 Septem bre 1959 portant création du Code des inves-
tisse ments caractérise l'entreprise prioritaire com me celle étant suscepti-
ble de promouvoir le développement économique.
Ce sont les entreprises
immobilières,
de culture industrielle,
d'élevage, les entreprises de fa-
brication et de
montage des
produits de consommation, les industrie
mi-
nières,
pétrolières et de production d'énergie.
Corn me on
peut le consta-
ter, le Code des investissements exclut les entreprises commerciales.
Ces
entreprises dites prioritaires bénéficient d'un régime
privilégié, allant
jusqu'à l'exemption de l'impôt.
Certains codes des investissements tel que
celui de la Côte d'Ivoire exigent que le siège
social de l'entreprise soit
éta bli s ur les territoires des Etats ayant négocié a v ec les investisseurs.
D'autres par contre comme ceux
de la République de Guinée,
du Mali,
im-
posent
le contrôle du fonctionne :~'ent des entreprises créées par l'Etat.
Dans une optique différente
de celle du code des investissements
d 'autr:~G mesures ont été prises, en vue de favoriser le développement éco-
nomique des Etats.
C'est ainsi que dans le cadre de la Communauté Eco-
no;nique des Etats de l'Afrique de l'Ouest(CEDEAO)il fut créé une taxe dite
unique.
Cette taxe unique s'applique aux entreprises implantées dans les
Etats de la CO mmunauté ayant un marc hé s'étendant sur deux ou plusieurs
territoires de la Communauté.
Le régime
de la taxe
unique s'applique donc
à une entreprise dont le marché est multinational,
même si elle ne
béné-
ficie
pas de
priv ilèges octroyés par le Code des investisse ments.
L' entre-
prise bénéficiant du régime de la taxe
unique est exemptée.
-
de la perception des droits et taxes im posa bles à l' im porta-
i .
tion des
matières premières et des
produits essentiels;
-
de la perception de toute taxe intérieure sur les
produits
locaux ou des
matières essentielles.

- 283 -
Le taux de la taxe est variable.
Elle tient com pte de la période
de démarrage,
de l'existence ou de l'absence à l'intérieur de la Communau-
té d'entreprises concurrentes fabriquant des produits similaires.
Pour favo-
riser l'ex.portation 1es produits, les entreprises travaillant en v ue de l' ex-
portation v<;>ient leurs articles exem ptés de la taxe uniq ue.
Enfin la taxe
unique est perçue par le service des douanes de l'Etat où l'entreprise est
implantée.
Pour s'assurer l'égale répartition des recettes fiscales,
l'Etat
où fonctionne l'entreprise s'engage à effectuer des versements aux autres
Etats membres au prorata des consommations effectives et en tenant compte
du taux fixé par chaque Etat.
L'institution du Code des investisse ments n'a
pas pour autant
résolu les problèmes de financement.
On doit d'ailleurs se demander si
ces exemptions d'impôts favorisent réellement le développement économi-
que. Il faudrait savoir l'impact économiques de ces entreprises, leurs ef-
fets
d'entraînement.
Quelle a été la portée du Code des investissements?
Cette portée a été minime.
On se rend compte ce qui intéresse l'investis-
seur,
ce n'est pas seulement les avantages fiscaux,
mais surtout la garan-
tie des débouchés et la quiétude des capitaux.
Dans une Afrique en pleine
mutation, la méfiance des investisseurs est grande.
Les données
politiq ues
africaines étant incertaines, les investisseurs surtout priv és,
malgré les
condiditions fiscales qui vont jusqu'à la 8urenc hère
hésitent 3. prendre le
chemin
de l'Afrique.
Les nationalissations sont au centre des préoccupa-
tions des industriels. C'est pourquoi le gouverne ment français soucieux
de
protéger les investissements priv és à l'étranger, a
prom ulgué le système
de garantiè.
B -
Le système français
de garantie des investisse ment s
Qriv és à l'étranger.
Publié le 15 Cécembre 1970,
Le systè r '3 de garantie accordée
aux investissements privés à l'étranger intéresse uniquement les
quatorzes
Etats afri~ains de la Zone franc.
La g:l!'antie exclut les
investissements
pétroliers
et agricoL~s, les opération.s im mobilières et les place ments fi-
nanciers.
Elle ne s'a p pliq ue
pas aux extensions des investisse ment.
anciens
et aux rac hats d' entreprises anciennes.
Elle ne couv re
pas enfin le risque
d'interdiction des distributions de
bénéfic2s.
La durée de la garantie est
de 15 ans.
Ces
bonifications
par rapport 3.UX r':?gimes étranlers,
Etats-Cnis

- 284 -
Alle magne, etc... risquent d'en diminuer l'efficacité.

Les modalités pratiques du système
:
Le champ d'application du système est limité aux
Etats Afri-
cains et malgache qui bénéficient d'un compte d'opérations avec le Trésor
français.
Les risques ouverts par la garantie corn prennent
- le risque d'atteinte à la propriété, le risque de non paie-
ment des som mes dont les autorités étrangè'reS" se sont reconnues dé bitrices
en cas d'expropriation ou de rachat.
Enfin, le risque de non transfert du
prix de cession du produit de la liquidation ou d'indemnités payées dans
la monnaie du pays de l'investissement.
Les investissements garantis sont ceux
dont l'intérêt prioritaire
devra être reconnu par l'Etat concerné, instamment par un agrément,
llne
convention ou l'admission à un régime particulier.
Ceci signifie que seules
les entreprises créées nouvellement et dont l'intérêt aura été jugé priori-
taire par les pays où dev ra s'effectuer l' investisse ment bénéficieront de
la mesure de garantie.
Mais le système exclut les investissements pétro-
liers, agricoles et im mobiliers et les opérations de place ment.
La
raison
doit être trouv ée dans l' im plication politique, financière que jou:!
le pé-
trole et pour les autres, leur faible impact sur le développement écono-
miq ue.
Les entreprises propre ment industrielles bénéficient de la mesure
de garantie.
La durée de garantie est de 15 ans
maximum,
le
montant étant
diminué de 20% chaque année durant les cinq dernières années.
La quantité
garantie en principe limitée à 75% pourra être portée à 90% si l'investis-
sement ne finance
pas des dépenses locales ou s'il n'est pas corn plété par
des aides publiques françaises (95% en Alle magne, 99% aux Etats-Unis).
La
garantie des participations et des prêts sera limitée au montant nominal,
exprimée en francs,
qui aura été souscrit ou prêté et qui ne
pourra être
réévalué en fonction des profits réalisés ou des réserves constituées.
La
prime
payable
par année est de 0,8% par an( C ,5% en Alle magne et au Japon,
0,8% aux Pays-Bas 1 O,875~ aux Etats-Cnis). La garantie pourra être accop-
dée aux entreprises françaises,
qu'il s'agisse d'entreprises industrielles
ou de sociétés de
personnes ou de capitaux.

1
!
- 2e5 -
c - La fraude et son développement
Une fiscalité trop
pesante conduit à la fra ude.
La multiplicité
des im pôts, leur taux élevé, contraignent les contribuables à tricher avec
le fisc ivoirien.
Mais la fraude
provient d'autres sources.
Elle tient es-
sentiellement au manque de civisme de la majorité d 'Ivoiriens(Nous verrons
dans les développements ultérieurs qu'il faudra atténuer la portée
de cette
insertion).
Beaucoup de contribuables ivoiriens ne voient pas le but de
l'impôt.
Pour certains, l'impôt ne sert qu'à financer
des
dépenses impro-
ductives et pour d'autres
à prendre le chemin des
poches des responsa-
bles de l'Etat.
Le jugement n'est pas sans valeur dans la mesure où l'ob-
servation montre que la tendance au détournement des
deniers
publics est
grande dans les pays sous-développés.
Aussi lorsqu'une occasion se pré"
sente pour éviter l'impôt,
personne n'hésite.
La fraude est un phénomène
nationaL
Un pays où l'évasion fiscale est minime est un pays où l' inté-
gration sociale à tous les niveaux s'est réalisée.
La fraude trouve son expression la plus courante dans le
phéno-
mène célèbre de
"Sans-Travail d'A bidjan".
Les "Sans-Travail" ne sont autres
que des trafiquants de toutes sortes.
A l'origine étaient désignés sous ce
vocable les monnayeurs qui faisaient office de change
de
monnaies à
Abi-
djan et à Accra( Ghana).
Le cours pratiqué était flottant.
Les "Sans-Travail"
faisaient d' excellentes affaires et certains se sont enric his grâce à ce
com merce.
Par suite de l'évolution économique,
les activités
des
"Sans-
Travail" se sont diversifiées et du secteur monnaie,
ils ont émigré vers
le s
produits de grande consom mation
: tissus,
produits alimentaires,
etc ...
Les "Sans-Travail" 1 jusqu'à cette
période,
n' étaient pas encore rentrés
dans
la grande 31~tivité. Ils faisaient la navette entre la Côte d'Ivoire et le
Ghana,
emportant au Ghana des produits de Côte d'Ivoire et vice-versa.En
fait,
c'étaient des com merçants et certains d' entre eux
possédaient des li-
cences.
Les choses se gâtèrent lorsque les
multiples taxes sur les
produits
en provenance du Ghana réduisirent considérablement les
bénéfices
des
"Sans-
Travail." Alors la contre bande corn menr;a.
Les contre bandiers s'e mbarq uaient
de Ghana à
bord
des
pirogues et regagnaient 1:1 Côte
d '1 v oire la nuit.
L rea,u
n'est pas le seul ennemi des contrebandiers,
il y a aussi les
douaniers qui

286
n' hésitaient pas jadis à tirer sur les "Sans-Travail".
Actuellement, ils
ne se contentent que des s1tsies.
Les progrès extraordinaires de la fraude ne
peuvent être ex Qli-
qués que
par l'état de pourriture de l'économie ivoirienne; trop
de sans
emplois et lorsqu'on sait qu'il existe des gens qui resteront chômeurs toute
leur
vie
on saisit mieux le phénomène de la fraude.
Beaucoup
de gens n'ont
plus d'espoir de trouver un emploi et voulant comme tout le
monde vivre,
ils sont amenés à courir ce risque,
en effet,
le
métier de contrebandier est
un risque,
risque de complications administratives,
risq,ue
de règlement
de corn pte.
Une autre raison de la fraude réside
dans l'interdiction de ven-
dre sur le territoixe ivoirien des produits concurrents. Si encore ces pro-
duits concurrents étaient de
bonne qualité et meilleur marché,
la fraude n'au-
rait pas pris des proportions gigantesques.
Or,
en général,
ce sont des
pro-
duits qui coûtent trop cher et dont la quàlité laisse à
désirer.
L'interdic-
tion en réalité dev rait être vue.
La vente à Abidjan des produits concurrents
moins chers aura
pour effet d'inquiéter sérieusement les gros corn merçants de la
place.
Les
"Sans-Travail"
peuvent à eux seuls, éliminer du circuit économique certains
industriels.
L'Etat ivoirien y
perdrait nécessaire ment.
Il y
perdrait sur le
plan de la main-d'oeuvre.
La faillite
d'une entreprise corn me la SIr AB (ciga-
rettes) aurait pour conséquence le licentciement massif des travailleurs ivoi-
riens.
Cn tel licenciement massif aura àes répercussions
profondes sur le
plan so-tal.
A ce sujet, il y a
une grande différence entre les
pays dévelop-
pés d'Europe et les pays sous-développés.
Dans un pays développé,
le licen-
ciement de 100 personnes ne se fait
pas tellement sentir au niveau de la col-
lectivité sauf,
bien entendu,au niveau de chaque famille concernée.
Il n'en
résulte en général aucun trouble
dans le
pays.
Et puis,
l'allocation et les autre indemnités,
aides familiales,
exercent une force
neutralisante sur d' éventuelles fla mbées sociales.
11 n'en est pas de
même
dans les
pays sous-développés.
Le licen-
ciement d'une
centaine de
personnes
peut être à l'origine,
s'il est exploité
à fond
par les syndicalistes,
des v érita bles trou bles sociaux
qui entraînent:
des ch~tes de régime.
La fraude fiscale
pose,
du môme coup, le
problème
nu rendement
de l'impôt.

287 -
D -
Rentabilité de l'impôt
La renta bUité de l' im pôt est liée à l' existence des structures
fiscales efficaces et à la spontanéité des citoyens à remplir leur devoir
de contribuable.
L'impôt demeure mal compris des ivoiriens. Il faut recon-
naître que cette incompréhension du devoir du citoyen
à
s'acquitter de
l'impôt provient des méthodes utilisées jadis par l'admiIi.istration coloniale
pour recouv rer l' im pôt. Sous l' époq ue ~oloniale, la perception de l' im pôt
se faisait d'une
manière brutale:
sévices incroyables à tous ceux
qui ne
pouvaient s'acquitter de leur montant.
Au Oongo-Belge(Zaire actuellement),
les sévices allaient jusqu'aux séances de jouets pour les contrevenants.
Ainsi,
malgré la propagande officielle qui affirmait que les recettes de
l' im pôt servaient à l'amélioration des conditions des indigènes,
beaucoup
de
personnes préfèrent mourir que payer l'impôt,
les Agni de SANWI(l)
ont été les opposants les plus irréductibles à l'administration coloniale.
Après l'indépendance,
cette hostilité est restée et s'explique
par le fait
que les Agni de SANWI considéraient Houphouet Boigny comme un produit
des "Blancs" (entendez par là colonisation )et estimaient en conséquence ne
pas être tenus à s'acquitter de l'impôt de leurs obligations civiques.
Quoi qu'il en soit, la mauvaise rentabilité de l'imp'ôt n'est pas due aux
Agni,
mais à l'absence d'une fiscalité adaptée à la situation concrète du
pays.
On ne résoudra pas les problèmes de liquidités en augmentant cha-
que année le montant de l' im pôt mais en faisant une refonte totale
des
structures polititq ues,
économiques et sociales du pay s.
Ce n'est que dans
cette optique que le problème des cadres se
posera.
(1) -
Cette secte se caractérise par son nationalü,,:e exacerbé et son re-
fus
du temps de la colonisation de
payer l'impôt qui d'après eux,
ne
profitait qu'aux Blancs( colonisation).
Depuis 1970, les Agni de SAN WI ont
commencé à payer l'impôt, après la réconciliation nationale.

-
288 -
PARAGRAPHE 1 -
ROLE DE L'ETAT ET STRUCTURE
DES INVESTISSEMENTS
------------
--------------------------
PUBLICS.
Le rôle de l'Etat ivoirien est présenté comme
découlant "d'une
véritable synthêse du libéralisme et du dirigisme,
de la sollicitation de
l'épargne et de l'emprunt forcé,
de la reconnaissance
de la
primauté de
l'initiative privée et de l'autoritarisme étatique,
du 'Ilolontariat et de la
contrainte. "Cette synthèse des contraires s' ap puierait sur" ... deux insti-
tutions financières essentielles dont les
missions se corn pIètent intimement:
le Fonds National d 'Investissement( FNI )et la Sociéte Nationale de finance-
ment(SONAFI)".
Ces institutions matérialiseraient tout à la fois le
désir
de "réduire" les transferts d'épargne vers l'extérieur,
de retenir "légiti-
mement"
une fraction des
profits réalisés
dans les diverses
branches d'ac-
tivités pri.vées,
d'accélérer le développement industriel,
de
mobiliser
l'épargne disponible, et surtout de ne
pas décourager l'importation de ca-
pitaux étrangers."
On voit ici corn bien l'action contradictoire de l'Etat situe son
rôle dans la structure socio-économiq ue iv oirienne.
Ce rôle se
manifeste au
'travers des investissements publics et des
moyens
mis en oeUl1re
pour faire
face
à leurs coûts.
Occupons-nous tout d'a bord
de la structure des investissements
publics.
Cette structure est donnée dans le tableau n 56 ci-dessus.
on peut
constater que,
d'une
part,
les investissements en Bâtiments et travaux
pu-
plies s'élèvent à 82,3%
des investissements sur fonds
publics de 1960 à
1987(amortissements exclus), et que d'autre
part,
les investissements en
infrastructure économique et sociale en représentent 81,1 % alors que les
investissements dans l'industrie,
les
mines et le commerce sont inexistailts
et que ceux
dans l'agriculture ne s'élèvent qu'à
18,41;.
Les investissements
publics
devront autoriser la constitution et l'amélioration de l'infrastruc-
ture
proprement dite
dotant la Côte d'Ivoire
d'un équipement moderne
de
routes,
ports,
chemins de fer,
télécommunications,
etc ...
équipement qui va
concourir à l'expansion du secteur privé à
dominante étrangère et à l'amé-
ration,
donc à la compétitivité des
produits
de
base
d'origine agricole.

Bien que les données sur les sources de financement du secteur public ne
seront pas analysées ici, il nous a
paru intéressant de
présenter du côté
des recettes,
quelques composantes du budget public~
Pour faire face à ses dépenses, le secteur public
dispose d'une
part de fonds transférés de l'extérieur au titre
de l'Aide et de l'Assis-
tance(bilatérale et multilatérale), et d'autre
part,
de fonds revêtant un
caractère fiscal net.
Les fonds transférés de l'extérieur ne seront pas
analysés
bien que leur part dans les
disponibilités
publiques ne soit pas
négligeable(on trouvera ces fonds
dans le chapitre II de cette seconde par-
tie).
Nous nous contenterons donc d'un ex posé sur les seuls fonds revê-
tant un caractère fiscal net.
A -
La fiscalité
1) -
Les im pôts indirects
L'essentiel des recettes fiscales Iv oiriennes prov ient des im-
pôts indirects,
c'est-à-dire des différents prélèvements effectués
par
l'Administration des DOuanes à l'entrée et à la sortie
des
marchandises,
ainsi que des taxes sur la production locale com mercialisée.
L'évolution
de ce poste est donc liée à celle des im portations J
des exportations et
à
celle de la production locale com mercialisée exportée.
La
pression fis-
cale sur im portation, tout en représentant un pourcentage
décroissant des
(1 \\ -
Les dépenses publiques comprennent les dépenses de fonctionnement
et les dépenses d'équipement.
Le budget d'équipement en Côte d'Ivoire
( d'abord
BASI:
Budget Autonome Spécial d ',vestlssement et d'équipement,
puis BSIE:
Budget Spécial d'Investissement et à
!:'~quipement)est alimenté
par les excédents du Budget de fonctionnement et par le produit de cer-
taines recettes fiscales.

290 -
importations en francs C.F.A. 1980, donne des rendeQents croissants. En
effet pour 36,6 milliards d'importation (1) en 1960, la fiscalité autorise
un rendement de 12,0 milliards, soit 32,9 %de pression fiscale, pour 52,1
milliards d'importations en 1983, 16,1 milliards de rendement, soit une
pression fiscale de 28,4 %pour 152 milliards d'importation en 1986, 20,7
milliards, soit 21,1 %de pression fiscale et enfin, pour 170 milliards
d'importation en 1987, 18 milliards, soit 23,3 % de pression fiscale (2).
De leur côté, les rendements (3) des taxes sur production locale non
export, mais commercialisée évolueraient de la manière SllÏ vante en francs
C. F. JI. 1975 :
- 17,3 milliards de francs C.F.~. en 1960 ;
- 77,44 milliards de francs C.F.A. en 1985 ;
- 100,31 milliards de fra'1cs C.F.r. en 1987.
On voit que le montant des impôts indirects effectivement supportés
par les consommateurs ivoiriens passera de 19,3 milliards en 196c à 238,3
milliards en 1980, puis à 297,795 milliards en 1986. (4).
(1) - les données analysées ici sont en francs C.F.~., 1975, sauf indications
contraires.
(2) Bulletin de l'~frique ~oire n~ 1345 1987 P. 10.
(3) - le rendement est obtenu ici par solde, en défalquant le Qontant total
des impôts indirects tel qu'il apparaît dans l'équilibre financier des comptes
des administrations publiques, du montant des prélèvements effectués à l'entrée
des marcha'1dises. le solde obtel l semble quelque peu gon flé par les ressourGes
de la Caisse de Stabilisation du café et du cacao qui, intégrée à l' adr:linis-
tration, voit ses ressources apparaître dans le poste "impôts indirects. fI
Cn a noté que les taxes intérieures de consommation on t été dès 1962 (' irectement
aff0ctées au budget d'équipement ct que, de ce fait, leur affectation au budget
général marque 1.m recul assez sensible. ~;ous avons, par ailleurs, imputé aux
taxes sur production locale le montant de toutes les taxes ct droits autres
que sur importation.
(4) - Bulletin de l'rfrique :\\oire n
~3Ci~ Ffô"Ticr :9:-36 P. 4 et:--:
:3 1+)
198 7 - P. :C

291 -
Il nous faut toutefois souligner qu'il "n'a pas été prévu de droits
d'entrée sur les produits exonérés à l'importation dans le cadre du Code
des investissements." Les abatteoents ont porté en 1980 sur les "::'!atériaux
de construction" pour 830 millions de francs C.F.I<., 1980, les "engrais"
pour 816 millions, les "pièces dé'cachées" pour 1,795 millions et les "équi-
pements" pour 5.670 millions, ils portent en 1986 sur le "pétrole" pour 3
oillions sur les matériaux dè construction" pour 1.226 millions, sur les
"pièces détachées" pour 3.431 millions st sur les "biens d'équipement" pour
13.460 millions.
Les abattements amputent le montant des prélèvements par fiscalité
indirecte
des sommes importantes et croissantes, qui nous indiquent les
noins-values de recettes par fiscalité indirecte que la Côte d'Ivoire sup-
porte pour ne pas freiner sa croissance. Pour la seule année 1986, ces abat-
tements ont été supérieurs à 45 milliards de francs C.F.h., 198c, soit un
montant supérieur au montant des investissements nets privés de 1986 qui
s'élèvent à 45 milliards de francs CFF.• Ces 45 millia:-ds représentent plus
de 20 % de l'ensemble des ressources du secteur public et plus de 31 %du
budget général dont les recettes fiscales constituent la principale ressource.
2) Les impôts directs
Le prélèvement par fiscalité (1) des entreprises et ménages était de
3,1 milliards CFr. en 1960, de 84,5 milliards en 198C, de 114,7 milliards en
1986 et de 107,299 oilliards en 198 7 . Les recettes de la fiscalité directe
sont donc modestes comparativement à celles de la fiscalité indirecte et
elles ne représentent que 23,3 % du budget général en ':.98 7 contre 12,3 %
en -~98c.
L'~ugmentation des recettes provenant de la fiscalité directe est liée
n l'augmentation de l'ensemble des revenus et dépend aussi de l'augmentation
des salariés. "Les agriculteurs (non imposés) en devenant salari,'s sont fis-
calisés, ce qui provoque une variation import?~'1t;e des recettes fiscales"
(Perspectives Lécennales). ~insi, alors que cc pr0lèvement représente moins
(~) - ~l n'est pas tenu compte des r8ductions fiscales accordées aux entre-
prises prioritaires de l'ordre de l milliard de frilllcs r~.F.r. (francs :98c).

292
de 2,7 %du Revenu National en 1960, 10,6 % en 1983, le rapport de leur va-
riation relative est 2,57 en 1983 (voir les agrégats nationaux en annexe) :
ce qui veut dire que pour toute variation du revenu national de l, cell~ des
recettes de la fiscalité directe est de 2,57. Cr, on peut constater que
cette mê~e variation du Revenu National donnera lieu à une variation de la
~asse globale des salaires de 2,98 soit
une variation presque identique
ce qui dénote une quasi constance du taux moyen de fiscalité directe.
B - le F.N.l. et la sa. NA. FI
a) - Le F. N. 1.
Fonds National d'Investissement
Créé par la loi n" 62-54 du 12 FévTier 1962, le f.N.I. est alimenté par
des contributions obligatoires des "assujettis aux ir.lpa:s sur les bénéfices
industriels et commerciaux, les bénéfices des exploitations agricoles et les
bénéfices des professions non commerciales, sur le bénéfice imposable servant
de base au calcul de ces impôts, nonsbstant les exemptions accordées par les
textes en vigueur .... et avant toute déduction, ..... par les assujettis à la
contribution foncière sur les propriétés bâties"( 1).
Les dispositons du F.N.l. sont telles que, comme on peut le voir,
l'assiette du prèlèvement au titre du F.N.l. est très large, en ce sens
qu'aucune déduction n'est faite aVffi1t sa percep~icn ni sur les bénéfices
des entreprises, ni sur les revenus des propriétés bâties. rinsi, se trouve
réduite de 10 %(c'est le taux de prélèvement F.~.I.) la base du prélèvement
des impôts directs qui, nous l'avons vu, sont fort modestes (2). Le taux de
10 %s'applique indistinctement à toutes les entreprises et donne lieu à la
délivrance de certificats "r" et "B", utilisables pour trois catégories d'in-
vestissement. Les investissements dans ces catégories déterminées (1) donnent
lieu au remboursement des titres dans la limite d'une contrainte qui fixe à
15 millions de francs C.L;'. le mini;nui:J du montant des projets d'investissement.
(1) - Journal Gfficiel de la ~épublique de Côte d'Ivo~re, n° 24 du le Mai
~9ô2 P. 5~6.
(2) - L'assiette de prélèvement de l'inp6t se tr~uve encore r~duite avec le
jeu des exonérations dont bénéficient les "entreprises

' . 1 - '
tr
prlorl ~Lllres.

- ' 29,3 -
Les trois catégories d'investissement sont les suivantes
- Catégorie 1 : investissement dans les entreprises commerciales,
industrielles et agricoles appartenant aux propriétaires des titres
(souscription à des augmentations de capital dans lesdits entreprises,
participation à la création d'entreprise nouvelle de même nature).
- Catégorie II : investissements destinés à la construction imnobi-
lière à usage de logement.
- Catégorie III : souscription d'obligations à des sociétés nationales
d'investissement agréées.
"Les délais pour la présentation des dossiers d'investissement sont
fixés à 15 mois pour les investissements des catégories l et II. La sous-
cription aux obligations émises par les Sociétés Nationales d'investissement
(catégorie III) doit intervenir dans le délai de 12 mois. Les certificats
non utilisés dans un délai de 2 ans sont affectés d'office à la souscrip-
tion d'emprunt d'Etat à long terme" (1).
Le F.N.T. se présente donc ainsi comne un instrument de mobilisation
de l'épargne aux fins d'investissement.
De 1962 à 1986 inclus, les recettes du F.N.T. (tableau n
S7 ci-
dessous) se seraient élevées à 14,9 milliaràs de francs C.fr. (1975) et
les remboursements au secteur privé pendant la même période à 12,4 milliards
de francs (Fr'. Le solde des recettes et remboursement du r ,\\J.:::., soit 2,5
milliards de francs CF;. a été en partie trans formé en pr:rprunt d'Etat à
long terme, en partie sous cri';;.
(1) -
Les certificats ",:." pourront être employés Ci toutes les catégories
d'investisser.1ent, les certificats "B" ne pOUI'ront l'être que dans les ca-
tégories II et ~TI.
(2) -
journal officiel de la ~épubli.que de (-ôte df~voi.r'e n·· 24 (:')62', id~[1.

TABLEAU N·3~
- EVALUATION CONCERNANT LFS PRFLEVEMENTS E}'l"B:TUES PAR LE l"DNœ NATIONAL
D' INVESTISS~flIT 0 (~ MILLIARœ C oF oA. 1975)
A N NEE
1
ROCEITES 00 F.N.T.
1
REMBOURSEMENT AU SOCTElJR PRIVE
1
INVESTISSR-1DiTS I:-iDll Ils
1
1
1962 ••••• 0 1
1.Oi 2.2
0.\\
,St
~
1
1
1.1
3,3
1
19700 • • • ••
1
1.2
1
0.6
1,8
1975 ••••• 00
1,3)
1
0.6~
1,8
1
q-
1980 .......
1.4
4.9
0.7
'"
. 0•
2.2
1.1 r' 4
2,1 J 7,2
'"
1
3,3
1986 ••••• 00 1
4.1""
1
2.07
6,17\\"
1
SOURCES: 1) - Bulletin de l'Afrique Noire n° 938 P. 18.332.
2) - La Côte d'Ivoire en chiffres 1974, 1975. 1980;1981 et 1986/1987 i-bidjan 198!î
3) - B.C.E.A.O.
: Rapports annuels, 1985 et 1986.

- 295 -
b) - La SO.NA.FI
Société Nationale de Financement
Instituée par décret du 4 Novembre 1963, la SC.NA.FI. se "présente
comme un établissenent financier de crédit et de participation au service
des investissements d'entreprises ou d'organismes publics ou privés, et
éventuellement, de réalisation directe" (1). Elle émet des obligations de
la SC.NA.FI." qui, annuelles, offrent un er.lploi aux certificats F.N.I. non
utilisés et portent intérêt de 6 % l'an à échéance de 20 ans. Ces obliga-
tions donnent lieu à trois avantages particuliers :
- lagarantie je l'Etat pour le capital et le taux d'intérêt;
- l'exonération de l'impôt sur les revenus des valeurs mobilières
la possibilité de rachat au pair, en cas de èépart définitif de la
Côte d'Ivoire, des souscripteurs expatriés.
Compte tenu de toutes ces garanties, le premier emprunt SC.NF.FI. à
6 % a été lancé le 4 l\\ovembre 1963 et clos le 15 J;vril 1964 : "il a produit
871.653.000 FRANCS CFA. courants dont 705 millions de francs CFA. en pro-
venance des contribuables du F.N.I et 166 millions courants souscrits par
l'épargne volontaire. Le second er.lprunt SC.NA.Fl.à 6 % lmlcé le 13 Juillet
1964 et clos le 31 Cécembre e. été nettement moins productif. La SC.NF. FI. a
collecté 161.525.CCC francs courants dont 6:.258.0CO F Cf~. courants au ti-
tre des souscriptions volontaires et 100.267.000 F CFA. au titre des contri-
butaires du F.N.l. (2).
On constate que la souscription des détenteurs des certifica~s F.l\\.:.
baisse de près de 15,4 %d'~vril 1986 à récembre 1986 et que la souscription
volontaire
baisse de 36,7 %dans le même temps ... ceci incite les Autorités
Ivoiriennes à faire souscrire les emprunts SC.~:A.l<: à l'extérieur du pays
et notamment en France.
( 1 )
Fecueil
P r~\\;~S'='. ider:J.
(2) - L'Etat ivoirien a par ailleurs cédé à la Sl.::A.F~. l'essentiel de
ses participations dans diverses cntrc,H'isRS B\\'eC pour fTlission la prise
de futures participations.

297
On constate que le produit (1) de l'emprunt SONAFI 1983, provenant
des contribuables du F.N.l. (tableau n" 57) représente un peu plus de 0,51 %
(13,092 millions CFA. 1915) des fonds n'ayant pas donné lieu à remboursement
(5,600 milliards de francs CFA. 1915) et que l'emprunt SCNAFl 1981 provenant
des contribuables les F.N.l. ne représente plus que 0,06 % (440.500 francs
CFA.1975) des fonds n'ayant pas donné lieu à remboursement (8,700 milliards
de francs CFA. 1975). Cette faiblesse de la part des fonds F.N.l ayant donné
lieu à souscription des emprunts SQNAFI s'explique par la modalité de souscri-
ption qui rejette la plupart des ivoiriens vers les emprunts d'Etat à long
terme. Comme on l'a dit ci-dessus, quantl le prélèvement au titre du F.N.! est
effectué, il est remis à l'agent ainsi débité un "certificat tenant lieu des
sommes versées" et portant mention de ces sommes (y frat1cs CF;) et de la caté-
gorie. Pour souscrire aux emprunts SCN~FI, il faut déposer le certificat et
la somme 2 y. On voit qu'il suffit que y soit quelque peu élevé pour que l'a-
gent, n'ayant pas par ailleurs la possibilité d'investir le minimlliù de 15 mil-
lions de francs eF;'
francs courants, ne puisse pas procéder à la souscription
d'emprunt SCNAFI. Il voit donc ses certificats F.N.I transformés en titre
d'emprunt d'Etat à long terme (40 ans) à 2,5 % d'intérêt, soit à sa demande,
soit d'office; dans ce dernier cas, le certificat est acquis à l'Etat.
L'agent qui néanmoins sur sa demande a vu ses certificats F.N.L transformés
en titre d'emprunt d'Etat a. long terme recouvrira, au bout de 40 ans au plus
tard, un montant fortement déprécié. Ainsi, voit-on que si le F.N.l. est bien
Lm
instrument de subordination des commerçants et boutiquiers ivoiriens d'une
part, des planteurs de l'autre, il n'est pas celui de la prise en charge de
l'orientation du développement au sens où ce dernier implique des transforma-
tions des rapports sociaux, politiques, économiques et culturels caractéris-
tiques de complexité ivoirienne actuelle. Nous n'entrerons pas dans un tel
dêbat qui nous éloigne de notre sujet, mais, dès maintenant, nous pouvons
avancer que, du moment que les catégories d'investissements vues ci-dessus ne
nous donnent aucune orientation explicite déterminée par l'Etat" (2) dans le
développer.1ent, ces catégories concrétisent avant tout le"désir de ne pLiS dé-
courager l'importation de capitaux étrangers", ce qui nous paraît être l'indice
(1.)
-
Les cr.1p,-1unts SC\\rF:: ont été déflatés par les indices d.es prix à la con-
:~oE1mation de 198c à 1986 pour permettre lèS compar.::tisons.
l , )
,
-rl1 fait, elles le ck:nnmt implicitGT1mt. !'1flis, s'iL (!"'. (''St ainsi, c',~t que le r:~51e de l''};at
tel qu'il se ck:nne ici (nen intervmtim) est me m:i~,;tificilt::.cn PUi.sq'lC cet ::t~]t se Œ:K'J'.,T,t
caTT:1e représmtmt de l'intérêt gméral ((i:nc des inté:'ê"cs ~trmgers et autochtCll':'S qui SCli.t
En réalité, et nOlli l'malS vu, c:mtradictoires) CCflserve les "mp-.JI'ts sub::H.'l:ii'1atiooid:r.ruc.:l-
tien qui devaimt être trcns formés.

298 -
d'une contradiction fondamentale entre les exigences d'une nécessaire trans-
formation
des rapports sociaux,
politiques,
économiques et culturels (qui
dans l'actualité ivoirienne sont les effets
d' une double déterm ination in-
terne et externe) et l'abandon de l'économie ivoirienne au contrôle du
secteur privé expatrié,
abandon
qui entraîne l'extension des rapports
de
production capitalistes et accentue les rapports
de dépendance
vis-à-vis
de l'extérieur en général et de la F rance en
particulier. Les l'C'PIX'rts de déPEn-
dance
vis -à-'v"is de l r :;xtérieur en général et de la France en
particulier
rendent compte d'une part du fait colonial,
bien sûr,
qui amorça la dés.in-
tégration de certains rapports caractéristiques
des
états antérieurs de la
Côte d' Ivoire( désintégration qui rut présentée dans sea effets
:
exode,
etc ... ,
comme une libération du monde coutumier"),
et d'autre part,
de la conjonc-
ture ivoirienne actuelle dont la structure manifeste les effets de l'idéologie
moderniste (idéologie politico-économique
du "développement" que nous ne
traiterons
pas ici et des structures de productio:i capitalistes
dans
les raf'-
ports sociaux Ivoiriens qui présentent ainsi la corn plexité de la corn binaison
des
différents
"mondes" ou "modes de production" en
présence acti ve.
en ne
peut donc nier que dans la conjoncture ivoirienne actuelle so::'ent nécessaire-
ment impliqués les effets de la colonisation,
effets
qui rendent possible ce
type de conjoncture par l' em prise qu'ils offrent à l'idéologie moderniste.
Cès lors
qu'on admet cela, on comprend
mieux
comment la "temporalité
histo-
rique" des pay-s dits "développés" a été de facto (1) p 1 0jetée sur
(:l.) - La "temporalité historique des pays développés" (comprise comme un
temps de développement homogène, linéaire et référentiel) se trouvait de
facto projetée sur les "pays sous-développés" du fait de l'insertion du
capital(Fapports sociaux capitalistes) et des structures politiques et idêo-
logiques qui favorisent sa dominance, dans les structures socio-éco;1omiques
i voirie~mes auxquelles la colonisation va imposer le type de regroupement et
"
d
d
d
"
,
t '
d"
de subordination déterminé par les
exigences
u mon e ma erne , c es -a- 1re
celui du colonisateur. Pour la "Temporalité historiq'Je",
voir Ç-lthusser dans
:
Lire le capital, iomme Ll.

1
-
299-
les pays dits "sous-développés" en
général et la Côte d'Ivoire en particu-
lier, permettant ainsi de penser la conjoncture Ivoirienne actuelle en termes
"d'économie dualiste",
"d'économie non progressive",
-d'économie en
retard".
De ce fait, l'ombre qui accentuait la fascination des "économies dominantes"
nous devient moins opaque et l'on peut maintenant caractériser le processus
de "développement" en Côte d'Ivoire com me un original processus de
"satel-
lisation. "
TABLEAU N- 40 . EVOLUTION DE LA MASSE GLOBALE DES
REVE-
HUS DISTRIBUES AUX MEHAGES( EN MILLIONS
DE FRANCS C.F.A. COURANTS'.
I------,----------~---------------T-----------------------------
1
1
1
1
1
1
ANNEE 1
REVENU
1
REVENU NON
1 RESSOURCES TOTALES
DU COMPTE 1
1 AGRICOLE
1
AGRICOLE
l
"AFFECTATION"
1
1
1
1
1
------,----------ï---------------j------------------------~---,
1960
1
55.143
55.683
1
110.826
1965
1
77.519
105.567
i
183.086
1
1
1970
1
95.272
161.400
1
256.672
1975
1
225.298
359.380
1
584.678
1
1
1979
1
254.178
397.480
1
651.658
i
1980
291. 967
426.787
1
717 . 754
1981
305.272
465.991
1
771.263
1
1982
335.458
505.888
1
841.346
1983
343.210
545.185
1
888.395
-,',
1
1984
365.290
556.735
1
922.025
1985
387.918
625.826
1
1.013.744
1
1
__~~8!__J__~~r~~:~
~~3~~~~
1
~~1~"1~~~~~
_
SO!!!!Q~~ : 1) - Daniel BOLLINGER: "Le 1\\'1arketing en Afriq'J.e" T.1:
la Côte
d'Ivoire";
Ed.
CEDA 1979.
P.
72
2)
-
B.C.E.A.O.
StatistL :es
Economiques et J'vlonétaires ..
346 Février 1986 P. 20 et h"0 370 Avril 1983 Hapports
Annuels 1984 et 1986.
3) - La Côte d'Ivoire en chiffres 1936/1987 Abidjan
19G3.

-
300-
TABLEAU N- 41 - REVPmJS MOlŒTAIRFS AŒICOLFS ANNUF1.S PAR TEI'E
( F.N FRANCS CFA.)
MGYENNE
1981
1982 - 1986
1987
-
~ud-Est ..................
21. 1C5
32.400
Sud-Ouest ................
8.810
12.COO
Cen t re .................•.
13.770
21.340
Centre-Ouest .......•.....
19.170
30.500
Sud ......................
16.310
25.000
Grand-Nord ...............
4.970
6.000
Centre-Nord ..............
4.210
5 .CCC .
Nord .....................
.4.640
5.5CO
Ensemble C. 1 .............
14.000
21.CCO
1
1
SOURCES / Tableau élaboré par l'auteur lui-même à partir des informa-
tions statistiques recueillies auprès des entreprises agri-
coles ivoiriennes.
CHAMBRE DE L'Agriculture de la Côte d'Ivoire et la C.I.
en chiffres 1986/1987 Abidjan 1988.

- 301
De nombreux pays, sociétés et particuliers investissent en Côte d'I-
voire. Par conséquent, aussi bien ces investisseurs que les institutions
financières internationales auxquelles ils font appel financent ces inves-
tissements. Dans cette section, nous distinguerons le financement public
(paragraphe 1) du financement privé (paragraphe 2).
PARAGBAPHK }--- LE -F-IllAMCEME)jT - PUBLIC-EXTERIEUR
Celui-ci provient des Etats et d'institutions financières inte~la­
tionales .
.A- ENPROVEHABCE DES ET~lâ
Certains de nombreux pays qui contribuent au financement de la Côte
d'Ivoire le faisaient déjà pendant la colonisation; c'est le cas de la
France, Etat colonisateur. De ce fait, le financem~nt de la Fra~ce ser~
différent de celui des autres Etats.
1) - Le financement public de la France en Côte d'Ivoire comme darls
la plupart des colonies intervient au lendemai:l de la Seconde Guerre mon-
diale. Il s'inscrit dans le cadre du plan "i\\10NXEl" qui vise la reconstruc-
tion de l'économie de l'linion Française surtout de la Fra'1.ce détruite par
la guerre, et qui, pour la partie relative aux territoires coloniaux dis-
tingue trois sections
la Section générale, la Section Commune à chaque
groupe de territoires d'Cutce-Mer, et les Sections 7erritoriales.
L'essentiel de ce financement est assuré par le Fonds d'Investissement
pour le Développement ':conomi\\1uc et Social (F:L::S) et la (ais3c (entrale de
la France d'Outre-;·ler (C.I:.LCJl).

302 -
Dans le cadre de la Section Générale, le FIGES finance les sociétés
françaises telles que la Compagnie Française pour le Développement des
fibres textiles (C.F.C.T), l'Institut de la Recherche pour les huiles et
les oléagineux ( .• R.H.O), l'Institut Français du café et du cacao
(I.F.C.C), la Société pour le développement des Ressources minières
(SODEMI), etc •.. qui mènent des recherches agricoles et minières dans
divers territoires d'Outre-Mer. ;
ce financement dont bénéficie la Côte
d'Ivoire s'ajoutent le financeoent de la Section Commune de l'A.O.F, et
celui de la Section Territoriale de la Côte d'Ivoire. Les secteurs béné-
ficia~res des crédits du FICES sont l'agriculture, le programme général
d'infrastructure routière et aérie:me, l'aménagement des voies navigables,
et la lutte contre les grandes endémies pour la Section Commune de
l'A.O.F., l'encadrement de l'agriculture d'exportation, l'amélioration du
réseau routier secûndaire (servant à la collecte des produits agricoles
d'exportation: café, cacao, huile de palme et de palmistes, à l'évacua-
tion des bois, à la communication entre les centres urbains de l'intérieu~
du pays) et des aérodromes terC'itoriaux, l'équipement sanitaire, le pr0-
gr~e de scolarisation et l'aménagement des principaux centres urbains
pour la Section Territoriale à8 la Côte d'Ivoire.
B - En pravena.'1ce des org1Ju'l.îsations ir:t-?rnationales
Le financement des investissements publics de la France en Côte
d'Ivoire se poursuit par le canal d'-.l Fonds ct' ride et de Coopération
(F.A.C.) et de la Caisse Centrale de Coopération Economique (C.C.e.E.).
1) -
Les interventions du fac en C:5te ct' ::voire
Les interventions du f;r( en. ('ôte d'::voire se font indirectement
par l'intermédiaire du fina'1cemen t "d' opérat ions d'intérêt général exé-
cutées par des entreprises français",s ou inter-t::tats" et des program::1es
de développeraent de la Côte d' =\\'oi1'e.
FrC subve:1tionne l'a!1cienne Section i ,,:nn:me de l',-.c:.F. qui peur'suit
d'a!Jord la recherche en favc,~r du développement d,~s productioi13 agricoles,

- 303 -
TABLFAU W- 42 - L~ FINANCEMENT DE LI< SECTION TffiRITOHIALE DE LA COTE
D'IVOIRE EST DONNE DIoNS LE TABLFPI! CI-APRES.
(MILLIONS DE FRANCS-.
DEPENSES GENE-
PHCDCCTIC:-';
I:SFEf'.SThUC -
SC('IfiL TC1'pL
Rf.,LES
l'URE
1er P laIl
353,1
3143,1
391,7
3888,5
(1947-1953 )
353,1
3143,1
391,7
3888,5
,
2e Plan
( 1954 - 1959 )
11,5
641,3
2676,2
921,5
42t~9 ,5
1
11,5
994,4
1
5818'911313~137:C J
SOURCES
Economie et PlaI. de développement peur le Ministère
Français de la Coopération Mai 1963.

- 304
minières, etc ... par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières(BRGM),
par les Instituts de recherches agricoles spécialisés dont nous avons déjà
fait état plus haut et auxquels il convient d'ajouter l'Office de la Recher-
che Sci
tifique et Technique
d'Outre-Mer (OBSTOM), le Centre Technique
Forest el' Tropical (C.T.F.T.) : l'activité de l'ensemble de ces Instituts
se sit e sur le plan de la recherche appliquée; ensuite l'action culturelle
(dépen es de fonctionnement de radiodiffusion, de programmes de formation et
de pro
tion tecrnique. d'organisation des stages des étudiants africains en
France
t de création de centre culturels) et sociale (action médicale menée
par l'
stitut Pasteur et l'organisation de Coordination et de Coopération
pour l
lutte contre les grandes endémies (O.C.C.G.E.)
et enfin les inter-
ventio s multiples surtout les missions d'experts, les études démographiques
m1
ues, les subventions à certaines institutions spécialisée~ telle
J:~.r1~~
l'équipement d'Cutl'e-r'ler (BCECi\\'I), l'Gffié:e
de Coopération radiodiffusion de la France d'Cutre-~er (CCC~r), Société Fran-
çaise de radiodiffusion de la France d'Outre-Mer, la formation du personnel
et l'équipement de l'pgence pour la Sécurité et la ~avigation du personnel
et l'équipement de
peur la Sécurité et la ~avig3tiQ~ ::-érienr.e 9!1
Afrique (p..Sg:~;) et à r1adagR.scar. Le financement de toutes ces opérations
pour l'ensemble des pays (Bénin, Burkina Faso, Mali, ~iger, Sénégal, 7oga,
CameroLID, Pepublique Centrafricaine, Congo, Côte d' Tvoire et ~chad) s'élève
à 15.585 milliards de francs de 1959 à 1984 comme le montre le tableau ci-
APP7S.
Cans ce tableau les "concours aux établissements com:'1LID5 ou inter-
Etats" et ";'.ctions men2es par la France" représen tcn t les opérat ion. que nous
venons de décr~ "e et les "participations" pri3es par le F. r .r:. dans les en-
treprises immobilières et d'énergie de nombreux pays africains et ~~'ache,
surtout la Côte d'lvoire.
i
Pour la C6te d':voire, les r~tombées du financement des opéra~ions
d'intérêt gên0: ~l sont évaluées â 7C millions de francs ~rançais soit
!
(i)
- La r~ôte d':\\'oire en chiffres,rb~J.ia!1.
~appoI",é; d'ar:'civité ,L: '.1 Zine
fran-::: en ~96c, ~9\\"',
'9 7 3
'9'~6
'Q~C1
lc,Ç)r
'9 R ')
:(:;/
._
-
"
'-,
-
,~
,~-'
-',
~ ..")\\.."
-
~,'-,
... )u~+.
f- 3pp,; rt
~.conomlq)le
et fina'1cier du ~linistère de l'~c·::m'J,:1ie e:: des Finances de '"ôte d' ~voire
"935 et :'186.

..
305 -
e
TA!LBAU_N
43 OPERATIONS U'I.TERET GEMERAL POUR LES 13 ETATS
AFRICAIIS CITES PLUS HAUT.
I-------------------------+------.---------------t--------------------;---------j
1
1
1
1
1
1
1
1 PARTICIPATION~ CONCOURS AlJK ORGA 1 SErnONS MENRES
1 TOTAL
1
1
ANNEES
1
1 NISMES COMMUNS OU 1 PA'
î.. A
FRANCE
1
1
1
1
1 I N T E R - E T A T S !
1
1
r----------T------------t-----------------·--f-
--------------i---------i
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
11959~1985·~
27.7
1
1962.9
1
1123,1
13. 113.7 1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
---..---------+--------------+--------------.---.--t-.--------------------..----------
SO!!!!QES : Annexe N· 67 du rapport de la Zone franc 1974? La Cate <i 1 Ivoire
en chiffres 1980 .. 1981 et RapP0rt Economiql:3 et Financi'~r
CO mpte s de la Nation 1985.
ZOne fran~. Rap port 1986 Paé'is.
Le financement dirçct du FAC en Côte d'Ivoire
~..:.=~:....;;....::.:.;;.;~...;;....;....;......;....;.....;..,-----------------
A son financement
indirect en Côte
d'l'Joire,
le F.<\\C ajoute le fi-
nancement direct par sa participation aux
programmes
de
"dé'l":
,)p~ement" ivoi-
riens.
Le montant de ce financement est représenté
par le t
:2., 11
ci-a près.
Les engagements
du F.A.C
pour les
progr;::>'Olles
de la Côte d'Ivoire au 31/12/85.
__________________ L
~-----------
1
1
1
1
1
1
1
1PARTlCIPA 1 DEPE~SES IDEVELOPPE
IlNFRASTRUC
1 EQUIPE
1
i
ANNEE
1
1
1
1
1
l'-CTAL
1
i TIONS
1 GENERALE~
MENTDE LA 1 TURE DE COM : ME~~;TS
1 l
1
Il
1
1 PRODUCTION 1 \\vIUNICATICN
1 SOC1ACX i
l
1
1
1
1
1
1
-------·~---------~--------j-----------r-----------~--------r----------,
1
1
1
I l ! .
1
1959-1969
l~O ,3
1
29,6
1 108,3
!
158,2
l!l ) ,92
!
331 ,82
1
_______~!
!
l
L_________ _1_ _
L
~
SOURCES
Rapport d'activité de la C c. C. F. •.
de la Zone f"lncs1977.
Armexe n°
72 P.3 4 4.
8ul1e t
de l"~:>'ique Koire 1."986 du
10 Janvier 1979 P. 19190.
.~pport ~cono~ique et Financier
du ~1inistère de l ' Econo fil i . et d's
l
inances.
Com pte
de
la t-;ation 1985.
ZOne franr:
Rapport 1'?8/j Paris
La Côte
d'Ivoire en chiffres 19,%/1'}37.

TABLEAU N· 44
- CAPITAUX III FONIE Dt AIDE EI' DE COOPHlATION A LA CurE Dt IVOIR E
1985
( EN MILLIONS DE FRANCS CFA.)
.
SUBVENTIONS
P R ET S
11'1';.r
1
ANNEES
!"tNI'ANI'
,
%
M:NI'JlNf
%
1
1959 .................
979,0
100,0
-
-
9'Q ,CC
19EO ................
1. 782 ,0
100,0
-
-
1. 7 82,Ce
1961 .................
1.081,5
100,0
-
-
l.c8},)
1962................
1. 660 ,5
100,0
:1. 66C ,:)
1963 ............
2.009,6
100,0
-
-
2.CC9,6
1964 .....•......
799,1
86,6
1'~7
13,4
9 i) 6, i
1965 ............
1. 473 ,0
100,0
-
-
1.4"'·; ,C
1966 ............
1.059,9
72,6
400
27,4
1 . 1~ 5C) ,9
1967 .............
204,2
74,8
69
25,2
2~3,2
1968 ............
255,2
10,2
2.250
89,8
2.5C5,2
1969 .............
748,7
100,0
748, -:
1970 ............
472 ,0
42,0
650
58,0
1.122,0
1971 .............
698,5
84,1
132
15,Q
8]0,5
le
1972 .............
1.031,6
95,8
45
4,2
1.07 6,6
o
(V)
1973 .............
851,1
95,0
45
5,e
896,1
1974 ...........•
1.211),5
100,0
-
-
1.210,5
1975 .............
869,7
77,5
250
22,5
1.119,;
1976 .............
1.195,5
100,0
1.195,5
1977 .............
1. 722,4
95,0
90
,,>,0
1.812,4
1978 ....•........
897,0
85,7
15e
14,]
1.e/p,c
1979 ....•........
644,572
48,3
8 45,968
53,7
1 .490 , 1~?2
1980 .............
615,866
43,7
908,680
56,3
1.524,546
1981 ..............
618,676
41,9
879,802
58,1
1.498,4 78
1982 ..•.•........
690,968
37,6
915,706
62,4
1. 6C6, 674
1983 .............
693,178
38,i
1.012,609
61,9
1.':C5,787
1984 ..•..........
697,219
35,71
1.035,167
64,3
1.732,386
1985 .....•......
635,0
57~3
560,0
42,7
1.195,ec
TOTAL. ••••••••.
25.596,479
100
10.385,932
100
33.8CC,3/~3
SOURCES : Ambassade de France - Mission de Coopération et d' action culturelles. La Coopération
Franco-ivoirienne - Année 1985.

307
Les secteurs d'activité bénéficiaires des fonds
du F.A.C.
sont
donnés dans ce tableau; cependant, on peut s'arrêter un instant sur chaque
secteur,
pour prendre connaissance des principales activ ités subventionnées
par le F. A. C;
elles sont contenues dans le tableau ci-après
TABLEAU N- 45
. OPERATION PAR SECTEUR ECONOMIQUE
,-----------------------------------------------T---------------T
1
1
MONIANT
1
1
1
(F.C.F.A)
1
I-----------------------------------------------T---------------T
1
x Etudes générales
1
1
1
1
1
1
x
Développement agricole:
1
1
1
1
1
1
-
participation au développement de la sériculture 1
50. 000. 000
:
1
-
participation au financement du projet élevage
bo4
1
1
vin sédentaire dans le Nord de la Côte d'Ivoire 1
100.000.000
1
1
-
participation au projet développement intégré desl
1
1
savanes du Nord-Est de la Côte d 'Ivoire( Conseil
1
50. 000. 000
1
de l'Entente)
1
1
1
1
xDève10ppemenl:. ~industriel et agro-industriel:
1
1
BOROTOU(Prêt)
1
150.000.000
1
1
x
Infrastructure
1
1
x
Equipement sanitaire et social
1
1
x Enseignement et formation :
1
1
-
formation professionnelle des agents de radio
1
et de télévision
11\\5.000:.000
1
-
subvention à l'Institut Syndical de Coopération
1
pour une opération de formation et de
pro motion
50. 000. 000
1
professionnelle
1
-
participation au program me d' éducation télévi-
1
suelle
289.500. 000
1
-
mise en place d'assistants
des
métiers auprès
1
de l'O. P. LI
115. 000. 000
1
1
- formation des
transporteurs routiers dans les
1
1
pays rlu Conseil de l'Entente
97 .500.000
1
,
~ -
--+
1
1
1
1
x TOTAL
11.047.000.000
1
1
1
1
I
-----------------------------------------~-----
~
SOURCES
La Côte d'Ivoire en chiffres.
1965 - 19:0 -
19~1 - 197 5-
1976 - ]980 et ]986- ]987.
Bulletin des Statistiques et Financière
du
Ministère de l ' Economie et des
Finances .
1980.
Rapport Economique et Financier.
Comptes
de la Kation 1985.
Zone franc:
Rapport 1986.

- 308 -
De ce tableau , on peut retenir
1)
-
que par ordre de priorité, les fonds
du F. A. C.
ont été
orientés vers les équipements sociaux (l'enseignement et la formation,
santé..
urbanisme et habitat: 45%), les équipements d 'infrastructure(30%); la
pro-
duction (20%) et les prises de participations (5%).
2) -
que si l'on prend secteur d'activité par secteur d' ac-
ti vité, l'essentiel des ressources du F. A. C.
a été dirigé
-
vers le développement de l'infrastructure de l'enseignement
et de la formation professionnelle,
d'une part,
de l'infrastructure médi-
calé, la lutte contre les grandes endémies,
et les travaux urbains( lotis-
sements, équipements sociaux~ d'autre part;
-
vers la création des routes, l'équipement du réseau routier
et la participation à la construction de l'Autoroute du Nord(ABIDJA*KORHO-
GO) ;
-
vers la construction des barrages pour répondre aux
besoins
en énergie de grands ensem bles industriels et la création d'une infrastruc-
ture pour le développement des productions de cacao,
café,
bois,
palmier
à huile destinées à l'exportation pour le secteur production.
On peut ajouter aux
principales opérations financées
par le
F.A.C.
en Côte d'Ivoire:
1) -
Des
prises de participations dans le capital de la Société
pour le développement de la canne à sucre(SODESlJCRE)
(15,3%)et dans celui
de l'énergie électrique de la Côte d'Ivoire(S,9%);
pour le F.A.C., les
activités de ces deux organis mes présentent un intérêt général;
2) -
Les
prêts(15,4% des fonds
du F.A.C.
pour le "développe-
ment" ivoiri.en) à l'Etat ivoirien pour le finance ment d'investisse ments in-
dustriels.

- 309
En définitive, les interventions du F.A.C.
en faveur de "déve-
loppement" de la Côte d'Ivoire se font d'une
part,
par l'intermediaire
d'instituts ou d'organismes français de recherches agricoles,
minières,
d'autre part,
de manière directe par le financement des
program mes
de
"développement" de la Côte d'Ivoire.
Et comme le
F.A.C.,
la Caisse Cen-
trale de Coopération Economique assure le financement public en Côte
d'Ivoire avec les capitaux
multiples corn me le
montre le tableau ci- après.
2) -
Les interventions de la C. C. C. E en Côte d'Ivoire
Notons que pendant la période coloniale,
la C C F 0
M était
l'un des mécanismes d'exécution des plans de
modernisation de
l'équipe-
ment des territoires français d' Outre- Mer et aussi l'Institut d' émission de
l'A.O.F et du Togo.
A ce titre,
elle subventionne le "développement" de
la Côte d'Ivoire.
Après l'indépendance des colonies françaises
dont la
Côte d'Ivoire,
à la C C F 0
Ms' est substituée la Caisse Centrale de Coo-
pération Economique(C.C.C.E)qui continue,
mais
dans un contexte différent,
l'activité de la C C F 0
M.
Ses interventions se font corn me
par le
passé,
sous forme
de prêts aux
investisseurs et de
participations dans le capital
de nombreux organismes comme le montre le tableau ci-après,
relatif à
son financement en Côte d'Ivoire(situation de l'origine au 31-12-198i
des
avances et participations de la C.C.C.E.
à la Côte
d'Ivoire).
Le financement de la C.C.C.E.
à
la Côte d'Ivoire,
de 1960 à
198 '(,
s'est élevé à
51,3
Milliards de francs dont 18% pour les entreprises
du secteur privé,
30% pour les Banques de
Développement(B.N.D.A.et 10,7%
pour la B.LD.I), 25,0% pour les autres entreprises à
participation
pu-
bliques,
15,7% pour l'Etat de la Côte d'Ivoire,
4,1% pour les collecti-
vités
publiques et 6,5% pour les
participations.
a)
-
Les sociétés
privées
La C.C.C.E.
octroie des
prêts aux
entreprises du secteur
privé dont les entreprises d'exploitation agricole,
forestière(SODEFEL,
S.L8.
en 198'7)les grandes entreprises
minières et pétrolières(SCDE~lI,

TABLEAU N· 46 ..- L'AIDE DE LA CAISSE CaITRALE DE COOPffiATION OCONOMIQUaC.C.C.E.)
( ~ MILLIONS DE FRANCS CFA.)
P,NNEES
MONTPNT
1960 ........•.....•..................................................
1.891 ,0
1961 ...........................•.....................................
2.089,5
1962
.
2.391,0
1963 •................................................................
1. In Il,5
1964
.
2.256,4
1965
.
2.939,9
1966 .•................................................................
1. 7 01, Il
1967 ..•..........•.....•.............................................
1.94 4 ,4
1968 ..............................................•..................
4.9611,0
1969
.
325,0
1970
.
2.713,C
1971
.
3.95C,I~
C>
--
1972
.
4.201 ,3
C"")
1973
.
3.913,7
1974 ......•.........................................................
6. 7 C5,5
1975 •...............................................................
7.381,1
1976
.
17.O'53,C
1977
.
20.455,C
1978
.
11. 392,0
1979 ..............•....................................................
32.584,6
1980
.
29.176,0
1981 ...............................•.......•.........................
20.814,7
1982 .............•....................................................
19.774,9
1983
.
21.877 ,2
1984
.
31.663,0
1985
..
17.605,c
TOTAL •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
273.177,5
SOURCES: C.C.C.E. - Rapports d'activité.
Rapports Economiques et fInanciers de Côte d'Ivoire 1985 et 198 . La Côte d'Ivoire
en chiffres 1965 •... 1981 et 1986/1987 P. 78

- 311 -
TPJIBIV N-
~.r_ s:mM.lœ NONEl'AIRE 1960 - 1985 DFS AVANCFS El' DFS
DFPARTEJlŒNTS DE LA C.C.C. E.
A LA CurE D'IVOIRE.
fl.VANCF.s AUX :
PPPTI-
TCTPL
CTP;
._-
'T1:CN
8'iTR EPR 1S ES
BP<NQUES DE
PUTF ES SCCIE-
CCLLEC'TI-
PF1VEES
DEV ELCPP E-
TE P P PH T1-
IT;T
\\"1:T ES Pt-
MENT
CIP P l'IC:-iS
RlqC ES
PUB LIQU ES
------------ ----------- - - - - - - - - - - - ------- --------- ------ ------
37,24
61,74
87,43
30,68
0,09
6,68
223,86
------------ ----------- ------------- ------ ~---------~-------------
§'Q!!!!~~ : Rapport d'acrivîté de la C.C.C.E. - Exercice 1984. La Côte
d'Ivoire en chiffres.
PBICJflN 1986 - 1987.

- 31"2 -
Pétroci)
depuis leur création, les entreprises diverses(HACHETTE Côte
d'Ivoire en 1984).
b) - la B. N. 0 • A
Co mme nous le verrons plus loin, la C. C. C. E.
finance,
par
l'intermédiaire de la Banque Nationale de développement agricole( BNDA),
l'agriculture d'exportation, la construction immobilière, l'artisanat, le
commerce, l'industrie, le petit équipement, les collectivités publiques
et les prises de participations de l'Etat de la Côte d'Ivoire.
c) -
Les autres sociétés à participations Eubliques.
C'est principalement le Groupement Foncier de la Côte d'Ivoire
qui avait pour but de construire des groupes de logements à
bon marché.
Quant à la SICOGI, elle réalise dans les centres urbains
des program mes
de construction de logements "économiques de standing courant et de stan-
ding élevé" d'une part,
des logements destinés à la "Location-vente" et
à
la "Location sim pIe" d'autre part, le coût élevé de l'acquisition de ces
logements par rapport au pouvoir d'achat des salariés et employés
met
ces logements à la disposition des organiSmes
et de quelques riches par-
ticuliers.
Par les crédits qu'elle reçoit de la C.C.C.E, l'E.E.C.I
finance de manière continue la modernisation et l' e xtens ion de ses instal-
lations électriques existantes à Abidjan, et à Yamoussoukro, la réalisation
de nouvelles électrifications dans les centres urbains et ruraux (Gourmiani-
kro,
Djé bonoua en 1979 )et sa participation à la construction des barrages
de Taabo et Buyo
La C.C.C.E.,
par l'octroi de sescréJits à l' E.E.C.I.,
parti-
cipe à la production, à la distribution et au transport d'énergie.
Elle
répond ainsi aux nécessités en énergie et en eau des ensem bles industriels
et des centres urbains.

- 313 -
La répartition sectorielle des crédits
de la C. C. C. E.
de 1959
à
1987 est donnée dans le tableau ci-après. On peut retenir de ces crédits
(51,3 milliards de francs C.F.A) que 41,1% sont dirigés vers l'équipement
mobilier et 54,9% vers l'équipement public.
En plus de ces concours,
la C. C . C. E.
a accordé d' im portants
emprunts obligatoires d'une valeur de 28,6 milliards de francs C.F.A.
pour
la période sus-indiquée.
Ces em prunts obligatoires ont été actroyés (65%)
pour les opérations agricoles.
La C.C.C.E.
est donc à la fois
une compagnie d'assurance,
une
banque de développement, une banque dt affaires,
et une entreprise finan-
cière,
ses prêts étant rém unérés corn me le montrent les tableaux
ci- contre.
Corn me l'indiquent la répartition sectorielle de son financement
et ses rapports d'activité, la C.C.C.E.
intervient dans tous les secteurs
d'activité, aussi bien en Côte d'Ivoire que dans les T.O.M
et D.O.M, où
existent de nom breuses occasions intéressantes dl investissements.
Où donc
la C. C . C . E.
trou ve-t-elle des capitaux
pour financer tous ces in vestisse-
ments ?
La C.C.C.C.E.
dispose des fonds
d'origines
multiples:
a) - Les ressources du Fonds d'Investisser.Jents
pour le
Déve-
loppement Economique et Social(F.I.D.E.S.),
du Fonds d'Investissement
des départements d'Olitre-MEr(F.I.D.O.~1.) du Fonds d'Aide et deCoopé-
ration( F. 1\\.( .)
pour accorder des subventions aux
entreprises françaises
d'intérêt genéral respectivement dans les T.O.~1.; 0.0.:'>1 et: les ex-colonit,3
françaises
dont la Câte d'Ivoire;
à ces ressources des
Fa nds d'Investisse-
ments s'ajoutent, au profit des Instituts de Recherches
Agricoles,
celles
du Fonds National de Régularisation des Cours des
Produits
d'Outre-Mer
(disparu en 1967), et du Fonds de Soutien des Textiles;
b)
-
Les ressources de la Caisse d'Equipement
pour le
Dé\\"e-
loppement de l'Algériena CEDA)à partir du 1-1-1968 par le
décr~t N'67-
1256 du 31-12-1967 pour financer' les investissements français en Afrique
du Nord.

- 314 -
c) -
Les corn ptes créditeurs couvrant la dotation et les prêts
annuels du Trésor pour investissements, les prêts de la Caisse de Dépôts
et CO:1signations, les emprunts publics ou privés.
Les com ptes d'ordre et di vers (essentielle ment des provisions)
et les réserves; avec cette dernière catégorie de ressources, la C. C. C. E.
octroie des prêts de 10 à 20 ans en général aux Stats, à des collectivités
ou sociétés publiques, à des organismes à participations publiques ,à des
entreprises privées,
mobilise les effets de crédits en finance les prises
de participations dans le capital d'un bon nom bre de sociétés:
sociétés
d'intérêt général,
banques de développement et sociétés de crédits, so-
ciétés im mobilières, société d'Energie Electrique,
d'autres sociétés
con-
courant au développement, sociétés diverses.
Tel est en partie, le financement public de
la France
en
Côte d'Ivoire.
A cette partie s'ajoute, non estimé pour insuffisance d' in-
formation statistique ,le financement opéré par l'intermédiaire de certains
ministères( Education Nationale;
bourses d'études et de stages, travaux
publics:
aéronautique civile,
Défense Nationale:
bases militaires) et d' ins-
titutions internationales dont nous aborderons l'étude ultérieurement.
Si statutairement( 1) la Caisse Centrale de Coopération Economi-
que demeure un organisme public, la diversité de ses fonds et de ses
opérations(compagnies d'assurances,banques de développement,
banques
d'affaires, institutions financières )fait d'elle une institution privée.
Le r~s te du fi.:larlCCm0n t
public extérieur des Et ats et institutions
multinationales représenté dans les tableaux ci-contre s'est élevé depuis
l'indépendance à fin 198'7 à 5791,6 milliards de francs C.F.A.
comme
l'indique le tableau ci-après :
(1)-
La création de la C.C.C.E.
en Caisse Centrale de la France d'Outre-
Mer. elle-même en Caisse Centrale de la France libre remonte à la loi
du 30 Avril 1946.

-: 315 -
TABLEAU N- 48 - FINANCEMENT PUBLIC EXTERIEUR DES ETATS ET
INSTITUTIONS MULTINATIONALES A LA COTE D'IVOIRE
,'----------------------------r--------------T---------------------
1
1
MONTANT TOTAL
DES
1
1
PERIODE
1
PRETS( MILLIARS DE
1
1
1
1
1--------------l--E~~~~~-~~E~~l
L
1
1
Groupe de la Banque Mondiale
1
1960- 1986
2683,0
1
1
1
C.E.E.
( .F.E.D.)
1
1960- 1986
3718,9
1
1
1
P.N. U.D
1972- 1986
142,4
1
1
B.A.D.
-
F.A.D
1972- 1986
132,7
1
U.S.A.I.D
1961- 1986
310,7
1
1
EXIMBANK
1963- 1986
85,4
1
R.F.A.
1960- 1986
295,136
1
1
ITALIE
1967- 1986
209,7
:
C}I;NADA
1970- 1986
428,1
1
1
BELGIQUE
1967- 1986
210,6
J
1
TOTAL
1
5.934,6
1
1
1
1
1
1
1
I~----------------------------+--------------+---------------------~
SO~!!~ES: "Analyse et Conjoncture Càte d'Ivoire" du Ministère de
la Coopération (na
35) français.
-
Ediafric
: Spécial "Economie Ivoirienne".
Bulletin de
l'Afrique Noire na
1345 (1987).
-
Rapport Economique et Financier 1985 et 1986 du
Minis-
tère de l'Economie et des
Finances de Côte d'Ivoire".
et la Càte d'Ivoire en chiffres 1986/198'":" Abidjan
1988.

- 316 -
''')uell':!3 ont été les importantes activités
f'inancées par
l'extérieur
au cours de cette période ?
1) Dans la production
Le développement de la culture du palmier à huile à Cabou (CCCE),
des cultures cacaoyères à l'Est (le FED) et de l'élévage rural (2e, 3e et
4e FED) pour l'agriculture;
Le développement des plantations industrielles de palmeraies par
le FED en collaboration avec le FAC et la revalorisation du tissu fores-
tier national (PNUD)depuis 1969 (inventaire de la Zone forestière 3.500.000
ha de forêts de réserves forestières de l'Ouest et du Sud) ;
L'exploitation du manganèse de grand-Lahou par la Société MOKTAR
Le développement de la production industrielle : la minoterie GMF
du groupe SOMDIAA (1) des Grands Moulins de Paris et l'usine d'impression
des tissus (BEI), des projets industriels (RFA par l'intermédiaire de la
B.N.D.A., de la B.I.C.I., du Crédit de la Côte d'Ivoire), la production
d'énergie électrique (CCCE) et les matériels agricoles et la construction
d'une bonneterie (FAC, RFA).
2) - Dans l'infrastructure de communication, la construction des
routes secondaires ainsi que celle du Port de SAN PEDRO par la France, la
Suisse, l'Allemagne Fédérale, l'Italie, le FOjaume-L!ni, le FED et la BIRe.
(1) - Société Multinationale de Développement pour les industries alimen-
taires et agricoles, filiales des Grands Moulins de Paris (1/ 3 %), la
CCFINEF 17,55 %, de l'Etat Français (6,7 %) et divers.

~ABLEAU N-
49 LE FINANCEMElIT PUBLIC EXTERHIJR RK:U PAR LA COTE D'IVOIRE PAR SOCTFlJR El' PAR SOURCE
(1960 A 1986) EN
MILLIARŒ DE FRANCS CFA.
1
~-,'
1)"
1
Il
SOCTF.lJR
~ffiHP#r
INDUSTR lES
TRANS-
Equipement
[.E.C.l
LUGEMENT
SDlICI'T1ü:-J
S;;\\,F: Lni]- S
~(
' r r
LI' ~-C""I ['
1
IND. FGR.
PORT( 2)
PUBLIC( 3 )
P.r IJP BPN I- ST FCRHf'-
1
SOURCE
1
( 1 )
~i1E
TION
1
1
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FP,C •.••••••.••
4.304
77
3.417
1.262
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5.261
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18.9!18
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1
Uni vers ité ••..
-
-
-
-
-
-
2.895
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F ED •••••••••••
19.763
427
10.379
2.391
-
462
2.796
2.262
-)8 • 4~(,
; 6,2<
C.C.C.E •••••.•
13.452
3.821
2.689
4.717
3.369
9.595
400
5.683
43.0 11')
: P, , 'l')
BIR D••••..•
10.780
50
13.165
6.000
3.050
3~L C45
:~ 3 ,f) _JI
1
Autres prêts
1
,.....
(P.CDI, PAM). .•
5.282
5.125
10.037
500
1.612
1.956
1.C7 5
25 . 5iJ -
~ ~ ,;:-) (,
1
1
1
("t')
France •••.••..
3.375
2.040
1. 460
L~. 500
12 • T'S
li, Hl,
1
Italie •••••••.
2.450
11. 340
19.970
33. "():
,1 !~ , ,'1 f
1
U.S.A .••••.•.•
7.540
1.230
418
969
8.000
426
242
68
;8.893
- ,
1 ~
r
.-'
1
R.F.A ..••.••.•
3.910
2.319
2.793
1.390
lC.4l2
li ,n
1
1
TOTP.L CAPITAUX
70.856
13 .049
56.279
18.689
33.791
15.063
16.600
4.3") g .1122
2~r-'. : 2~
l Cl>
FJ'J % DU TOTAL
29,88
5,50
23,74
7,88
14,25
6,35
{,OC
1 ,85
3,5')
lCC
-
. . - -
l--j
SOURCES : Tableau réalisé par l'auteur à partir' 'des in formations stntis tiques acs Bul.let ins de l' t"' fJ'] '1d0 ~;oirc
n° 1306( 1986)
n° 986
et n° 1345 (1987 ; de la statistique du Ministère de l' F.:cononie ct Jes hnnnces
de la Côte d'Ivoire. N° 8( 19805. Rapport Economique et Financier. (:omptes de la ~ation ~985 et 19i36.
______________________........_._"'.A__..,.,.....~

-
318 -
3) - Dans les équipements sociaux et écono~iques (25,1 ~) : la construc-
tion et l'équipement des centres d'apprentissage de Yamoussoukro, Bingerville
BOuaké, du Centre de formation professionnelle de Yopougon (ABIDJAN), les
équipemen ts des internats des lycées et COllèges de Y~oussoukro, d' Fbidj an
(lycée Sainte Marie) et l'extension de l'Ecole Normale Supé~ieure d'Fbidjan
par le FED et la BIPD, la construction de l'Institut Agricole de Bouaké et du
Centre Fo~estier de Eouaflé par le P~VD, la FFF, et le FFC pour l'enseignement
d'une part, la construction et l'équipe~ent des formations sanitaires, de la
maternité d'Adjarné, de l'Ecole d'Infirmiers, d'Infirmières et de Sages-femmes
d'Abidjan l'assainissement du quartier Marcory à Abidjan par le FED pour la
santé et l'adduction d'eau à Abidjan par la SIFO, la France et la HFF d'autre
part.
PF,RA,GPAPHE 2
l'appréciation du finance~ent privé extérieur en Côte d'Ivoire est
très difficile à effectuer en raison, entre autres, de la liberté des trans-
ferts de capitaux à l'intérieur de la Zone franc. les essais qui sont faits
ici s' appuien t sur les annexes des rapports du Co~ité rnoné-caire de la Zone
franc relatifs aux
balances des paiements annuelles de la Côte d'Ivoire de
1960 à 1986. Sont inclues des estimations ci-dessous, les informations sta-
tistiques concernant les "prestations unilo.térales" non destinées nécessaire-
ment aux iI". vestissements, et les "in vestissements en prêts publics" pour évi-
ter le double emploi avec le financement extérieur que nous venons d'aborder.
le financement privé extérieur sans disposer de renseignements précis au
regard des entreprises privées présentées dans les tableaux ci-contre, est o-
rienté vers l'exploitation agricole et forestière pour l'essentiel comme le
confirme dans la section suivante le secteur bancaire et financier. (ependant,
les dispositions institutionnelles régissant le financement du déficit budgé-
taire et la création monétaire en ('ôte d' ::voire obligent il définir le "sE:ctcur
public"
comme étant constitué de l'administration centrale; les autr'es caté-
gories d'administrations et les entreprises publiques étant considérées

- 319 -
SCl'F:C ES cs FI:-:;~C S'u:'::-i'r
MC~TFNT ( MILLIFF. CS DE FFU<.NCS CFA. )
. 1961 - 1986 :
- US;. - Cfl<Nfl.DF.•••••.•..•••.•.•••
51.7
Groupe BANQUE MCNDIALE ••..•.....
64.8
1960 - 1986
- France et autres pays de l'OCDE
218.9
TOTF.L 1960-1986 ................
397.4
SOURCES
Tableau élaboré par l'auteur sur la base des informations statisti-
ques de ";'.nalyse et conjoncture en Côte d'Ivoire" du MInistère
français de la Coopération 1985 et Bulletins de l'Afrique Noire N°
13C6( 1986) et n° 1345(1987).
TABLEAU N·
50- LFS APPORTS IXJ SB:TElJR PRIVE DES PAYS MEMBRES DU C(JIIITE
DI AIDE AU DEVELOPPE)laIT (C .A. D. ) A LA COTE D'IVOIRE.
-( ~ MILLIONS DE FRANCS CFA. )
1970
1972
1974
1975
198c
1982
1984
1985 11986 ~lt total
li4.CC
104.00
84.9C
158.1;
163.99 193.82
384.2;1
544.17
2226.375
3973 t -r.:.5
31,OCR3 : Bulletin de l t ; trique Noire n° 988 et N°} 345 (}98'7 ). Fapçorts amuels du Canité
monétaire
de la ZCne fra'1c (1970-1986).
Le financement public extérieur (en provenance des ~tats et des Sociétés
:'1Ultiw·
~·':3.les) en \\~ôte d'Ivoire s'est élevé pendant la période 1986C-1985 à en-
viron 9245
milliards de francs (Fr. Ce financement représente 6C % du finan-
cemenc
)L~·)lic interne avec lequel il s'allie pour réaliser les infrast;:,uctures
de communication. les routes et les ponts
)
l
!
j

-
320 -
notamment. Avec le financement priqé extérieur principalement intéressé
par l'exploitation agricole et forestière, le financement extérieur à la
Côte d'Ivoire est énorme, particulièrement depuis 1970. Le tableau ci-
après récapitule l'essentiel du financement
extérieur. Quelle est la pra-
tique de la politique financière sous-tendant ce financement ce financement?
Mais avant d'analyser la politique financière, voyons l'aspect théorique de
la dette, à savoir le modèle "Dette-croissance" (section IV), car la nécessité
de financement de l'Etat est essentiellement couverte par des emprunts à
l'étranger.
SECTION 4
- L'aspect theorique de la dette
le modèle "dette-croissance
"Pu fil des ans, l'ambition semble décroître alors même que la misère
s'étend. Les objectifs de 196C, on les recule vers l'an 2.0CC. Les optimismes
d'antan, on semble en rougir, les volonté d'hier, on n'y veut d'un côté, les
riches gérant leur crise avec la pusillan imité de convalescents éternels,
sautant de rechute en légers mieux pour replonger dans un nouveau malaise.
De l'autre, les pauvres chaque jour chargés d'approvoiser la détresse, d'arrn-
cher à la terre de quoi seulement recommencer demain. Et au milieu, en guise
d'équateur, entre le Nord et le Sud, l'écart chaque jour se creuse" (1).
Ce terme emprunté au Président François MITTEF~NC peint une réalité
qui s' exprirae encore mieux en termes économiques. La dette publique en
Côte d'Ivoire est une donnée de cet état de fait. Nous nous proposons donc
d'approcher sous un aspect récent la structure de la dette de ce pays.
L'un point de vue général, la nécessité d'emprunt du secteur public
correspond normalement à l'augmentation du passif de l'administration cen-
trale, des collectivités locales et des entreprises publiques dans un ta-
bleau d'onérations financières.
~ 1) - Le Prêlilî(hmt François riJITTtF;.:\\I.; : "Boe hure du ;\\1inistère des FelatLms
extérieures. ':':oopération développement. "Paris :982).

- 321
-
comme faisant partie du secteur privé. C'est le cas notamnent aux Etats-Unis,
en France, au Canada, en Australie et au Danemark ; on y ajoute toutefois les
emprunts effectués par l'Etat pour le compte des collectivités locales, lesquels
sont importants au Canada et en Australie (1) et (2).
(1) - Eh France, les "administrations publiques" (différentes du "secteur
public") comprennent au titre de la comptabilité nationale: - l'administration
centrale (l'Etat réparti en budget général, comptes spéciaux du trésor, bud-
gets annexes non compris 2.T.T. Ces organes divers d'administration centrale
qui sont les démembrements du budget général et les autres organismes tels que
lycées, CNRS etc).
- les administrations publiques locales
collectivités locales et organes
divers d'administration locale;
- les administrations de sécurité sociale: le régime général, le régime
agricole, les régimes spéciaux et les caisses de retraite ne relevant pas de la
législation sur les assurances. (source: I.N.S.E.E. système élargi de la Comp-
tabilité nationale p. 418 - janvier 19 7 3).
(é) - C'est le secteur public dans sa totalité (y compris dO.lc les entreprises
publiques) qui est considéré dans le cas du Japon, du Foyawne-l'ni et de la Bel-
gique, tandis que pour l'~llemagne et l'Italie, ce sont les administrations pu-
bliques (administration centrale et collectivités locales) qui sont prises en
comv~e. (source : secrétariat de l' CC LE).

.. 322 -
Le "secteur public" en Côte d'Ivoire se rapproche de la première dé-
finition et en tant que tel, le pays supporte aussi les besoins d'emprunt
des entreprises publiques et des collectivités locales. On peut alors dres-
ser les comptes financiers du secteur public :
Secteur Public
,
PAS S l F
C l' l
F
"
· Fmrunts auprès de la
. Dépôts à la Banque Cen-
Ba....lque C~ntrale
traIe.
· Fmprunts auprès des
Banques

1
commerCla~es
· Fmprunts auprès du sec-
teur pri vé non bancaire
· Fmprunts à l'étranger.
Sur la base du rase du tableau
ci-dessus, on notera à toutes fins
utiles que les emprunts à l'étranger sont très importants dans l'économie
ivoirienne tandis que ceux auprès du secteur privé non bancaire so~t quasi
inexistants.
Cependant, quelle est la réalité socio-économique de la Côte d'Ivoire?
Il nous faut reconnaître qu'elle fait partie des pays à faible revenu,
c'est-à-dire ceux dont le produit national brut (PNB) par habitant était
inférieur à 960 dollars en 1986.
rinsi, les blocages historiques du développement sont liés à la dépendance
externe, à la désarticulation des processus de production endogènes, aux modes
spécifiques d'inter\\vcn~i0n de l'~Dp~rcil de l'Etat davantage fait pour pré-
lever le surplus agricole ou minier que pour l'allouer productivement et au
manque crucial de fonds intérieurs pour faire face aux dépenses
publiques.

- 323 -
Il faut noter que les études économiques concernant le problème de la
dette dans les pays sous-développés, mis à part certaines publications du
Fonds Monétaire Internationale, sont relativement récentes.
Les apports académiques surtout en ce qui concerne les Etats d'~frique
au Sud du Sahara ne déterminent pas la limite entre la dette publique et la
dette privée. De plus, la préoccupation des économistes du développement en
ce qui concerne la dette intérieure ne s'est révélée que récemment.
Les raisons en sont d'abord qt:'il n'e:iste pas en P.frique au Sud du
l
Sahara et particulièrment en Côte
d'Ivoire une entité économique capable
de s'endetter à l'étranger excepté bien entendu l'Etat lui-même.
F.hsuite, on a toujours nié l'existence d'une épargne nationale ivoirienne
vu le bas niveau des revenus (1). Ce ce fait, la dette et les études économi-
ques qui suivirent n'étaient orientées que dans une seule direction:
l'endettement extérieur.
[ans ces conditions, le modèle "Cette-croissance", qui est un modèle
d'endettement peut s'adapter aisémént à l'endettement public ivoirien (2).
(1) - Pour un approfondissei'lent sur le sujet voir "1ère partie de notre
étude" et C. KESSlq. et P. ~. L'lUIC : "Epargne et Céveloppement." in
Economica, Paris 1985. in "~~xiste-t-il un lien entre l'épargne intérieure et
l'afflux de capitaux extérieurs ? "in F evue Tiers -~10nde T. XX\\' :-;. 98-1984.
(2) - Signalons que c'est l'Stat ivoirien qui s'ennette auprès des prêteurs
in ternat ion aux .

- 32 4 -
Ainsi, les différents agents de ce modèle ont surtout été B.B. KING,
GORAN OHLIN, LOSER et PELTIER (1). Pour eux l'objectif était de démontrer
l'utilité des capitaux extérieurs empruntés par l'Etat, qui engendre un flux
extérieur de la balance des paiements.
Nous rasser:Jblerons ici deux situations différentes du modèle "dette-
croissance", l'une et l'autre visant le même but.
( 1) -
B. B. KING
";-Jotes on the mechanics of grO\\vth and debt",
Baltir:Jore, Banque Mondiale, Staff OccasionnaI papers,
n
6, the John Hopk ins - press 1968 PP 3 - 59.
LOSEF C. H.
"External Debt Management and Balance od payments poli-
cies," Staff papers, I.M.F. vol XXIV, n° l, March 1977.
GHLIN G.
"t'id and Development" 0 C D E, 1964.
Peltier G. "La crise économique mondiale et les politiques d'endettement
extérieur des pays en voie de développement",
Revue Banque, n° 376 - Février 1978.

- 325 -
PFAGFP,PHE 1
LE rmDELE GOHAN
OHLIN ET B. B. KDIG
~ous présenterons ici le modèle de 6hlin. Ce modèle est une formalisa-
tion de la relation que P,\\'F;'MOYIC et les experts de la BIED ont établi entre
la dette extérieure et la croissance économique du pays endetté (1).
Le modèle co~ence par une équation de détermination de l'écart entre
le taux marginal d'épargne constant et le taux d'intérêt moyen.
N(t) ~ a-be rt avec
r = taux d'accroissement du revenu Y
a = taux d'épargne
b
taux d'investissement
N = somme des deux termes, l'un constant et positif et l'autre
négatif et croissant régulièrement en valeur absolue. L'évolution conjointe
des deux ternes est influencée par le taux d'intérêt et le taux de croissance
du revenu.
( 1) - ;;H:a,10VIC (C) et ;;LII : "Economie growth and External Debt".
BIFL, 2 vol, the John Hopk ins press, 1964.
(21 - [ans la formulation B.B. KDiC, il s'agit soit de fixer ln plnfmd ou U1 objectif
de P.~.B. et de P.I.B à atteindre et à calculer le montant des capitaux ex-
térieurs nécessaires pour réaliser l'objectif.
Soit de déterminer au préalable un plafond des ressources
c::':-érieures
pour l'économie et de voir comment réagira le P.~.B .. te modèle ainsi orienté
doit tenir compte de certaines hypothèses qui sont:
la négation d'un enJette-
ment initial, un taux de croissance constant oe l'endettement, un taux de ca-
pital. (e modèle permet également (plus précisement chez B.B. Kï:\\G) d'examiner
les besoins de capitaux extérieurs qui aideront à atteindre les objectifs de
P.~.B. ou de P.I.B.

-
:)26 -
L'auteur pense qu'une extinction de la dette peut
servir si a
b
• Il existe donc un taux d'intérêt criti-
i
i-r
que pour l'emprunt, et ce taux s'écrit comme suit:
i
a
a
= --.,;;a;...-....,.b--. r
avec i *.:::.. r ou i < i * -
-a--....,.b--. r
i* est dit proportionnel à r
pourvu que a et b
soient constants. Le modèle peut servir soit à montrer les
conséquences du financement par emprunt suivant différentes
hypothèses sur le niveau actuel de l'écart No,
la durée de
la dépendance à l'égard de l'étranger T et le taux d'accrois-
sement de remboursement.
Soit à tirer le modèle d'endettement à un modèle
de croissance. L'écart est alors défini comme la différence
entre la fonction d'épargne interne et la fonction d'investis-
sement.
Il est déterminé par les rapports épargne/production
et capital/production, et par le taux de croissance.
Lorsque celui-ci s'accroît,
les besoins en capital s'accrois-
sent aussi,
tandis que la capacité de remboursement s'accé-
lère
; on peut donc avoir
i* variant en sens inverse de r
et inversement.
Pour illustrer son modèle,
l'auteur admet un endet-
tement avec progrès économique
et détermine après quelques
ajustements le taux de croissance réalisable.
Il tient compte
ensuite d'un taux constant de croissance de la population pour
vérifier ses résultats.
Ohlin concluera son modèle en montrant que si le
taux objectif est tel que i
correspondant dépasse celui que
l'on peu obtenir sur le marché pour les prêts,
il ne sert:
rien d'abaisser cet objectif car l'accroissement de la popu-
lation absorberait alors une part croissante de la capacité
de rembo~rsement.
Ce modèle a le mérite de mettre en évidence le rôle
joué par le taux d'intérêt dans la dette.
Ce taux qu'il relie
d'ailleurs à l'épargne interne et à l'investissement lorsqu:il
détermine un taux d'interêt critique.

- 327 -
Cependant, le processus d'endettement tel que décrit par le modèle
apparaît comme une mécanique qui se déroule sans problème, jusqu'à l'extinc-
tion de la dette. Or un tel enchaînement harmonieux ne correspond pas à la
réalité de l'évolution de l'endettement où les difficultés que rencontrent
les débiteurs sont nombreuses. On peut donc aisément penser que l'effet posi-
sitif de l'endettement extérieur d'un Etat sur la croissance de ce même Etat
risque de beaucoup moins jouer lorsque l'accroissement brutal de l'endette-
ment extérieur s'accompagne d'une élevation des taux d'intérêt.
PllPAGHAPHE 2
- LE MOCEL E DE LOS ER ET' P ELTI EF
Loser considère deux cas possibles de financement extérieur pour un
pays débiteur. Premièrement, le cas où celui-ci peut emprunter indéfiniment.
Deuxièmement, le cas où l'emprunteur est soumis à des contraintes tels un
volume limité de fonds disponibles, des conditions dures d'emprunt ou tout
simplement la structure de la dette existante.
Cans ce modèle, l'incidence de la dette sur l'équilibre financier,
l'investissement et la croissance est déterminée dans un univers de plein
emploi tel que les ajustements dans les revenus nominaux autres que ceux
engendrés par les ressources additionnels s'opèrent par des variations de
prix. Les prix des biens exportés sont donnés de façon exogène au débiteur.
Il y a possibilité de substitution de la production domestique aux importa-
tions. Les flux des capitaux sont essentiellement exogènes 2 moyen terme,
autrement dit, ils ne dépendent pas de la différence entre les taux d'intérêt
dooestiques et extérieurs. Ce sont les autorités économiques qui décident
du monta~t des emprunts.
Envisageons dans un premier temps qu'il existe des possibilités illi-
mitées d'emprunt. r partir d'une position d'équilibre initial, on a un ac-
croissement exogène des flux nets de capitaux. Le secteur public augmente
par conséquent son programme d'investissement. L'ajustement interne s'effec-
tue alors à un niveau supérieur à celui du volume de ressources extérieL.L'es
disponibles.

- ~28
De manière générale, plus grande est la proportion du transfert utili-
sée pour l'accroissement de l'investissement, plus grande sera aussi la
croissance du revenu national potentiel. Cet accroissement sera d'autant
plus grand que la productivité du capital emprunté est supérieur aux charges
de l'emprunt, et qu'une partie faible du revenu qui en résulte sera consacrée
au remboursement des emprunts antérieurs.
Comment alors déterminer le volume des ressources à emprunter?
LOSER estime que le volume des ressources à emprunter dépend de la balance
des revenus telle qu'elle résulte de la croissance et de la composition de
l'emprunt, et plus spécialement de la proportion des biens exportables par
rapport à ceux qui ne le sont pas.
Ainsi donc lorsqu'il y a mobilité parfaite des facteurs, et en l'absence
de contrainte à l'accès de l'emprunteur au financement extérieur, le montant
de la dette sera déterminé par la différence entre rendements et charges,
et en fonction du risque tel qu'il est évalué par les prêteurs; nais la
composition et le niveau dépendront de la deôande de l'emprunteur.
~dmettons maintenant dans un deuxième temps l'existence de contraintes
à l'endettement.
Lans ce cas, on est confronté à des divergences entre les
besoins
nets de capitaux de l'emprunteur et ses possibilités d'accès aux
sources de prêts. Il est clair dans ces conditions que la demande d'emprunts
doit s'ajuster aux contraintes "et les objectifs qui étaient possibles en
l'absence de contraintes ne pourraient être atteints que par l'aide de mesures
de politique économique interne.
L'auteur donnera une illustration nathématique de son nodèle.
l11ustra~
tion dont nous empruntons la formulation simplifiée à P[l~=:::r
le) au travers
d'un modèle de type H~.Pr-CL-[;C~1r+ (.~).
(1) -
PElTIffi (G) ~ "La crise écmanique iT'Oldiale et les p:::>litiques d'endettEnmt des pa,Ys
En \\Oi0 de développœiEnt. ''l-evue &1f1qu~, n· T'C, Fé\\T. ~9~ pp. 19-~'-:9'}.

- 329 -
Pour une période T les variations retenues sont les suivantes
produit
stock de ce.pital
épargne intérieure
entrée nette de capitaux extérieurs ( 1)
tirage des emprunts engagés
amortissement du capital de la dette extérieure
encours de la dette extérieure.
La fonction de production s'exprime alors par l'équation:
y t = Kt
(1), avec \\' = coefficient fixe de la îonction de production
V
La fonction d'investissement s'écrit
Sy
S' E (2)
\\
+
1 - \\
t
+
t
S = taux d'épargne intérieure
S' = coefficient d'allocation des ressources nettes extérieures à l'investis-
sement.
(1)
-
en
assimile
i~i toute entrée de capitaux extérieurs à
un
tirage d'emprunt
pour éviter d'alou~dir cette
démonstration

- 330 -
L'endettement extérieur est
i
taux d'intérêt de la dette·
D ~ D
+
T
A
t
t-l
t - t
d'où Et ~ (Dt - D _ ) - iD _
~ D
t o1
t 1
t-l(U-i) (3)
U
taux de croissance de l'encours de la dette.
La résolution du système des trois équations (1), (2), (3), donne par
élimination de Kt' une équation aux différences en :
SY
+ S' D
t
t-l (U-i)
d'où Y
s
s' (U-i) D
+
t-l
V
V
Yt
S
est ici le taux de croissance interne ou autonome de l'économie. Il est
Xonc déterminé dans ce modèle par cinq paramètres \\'. U et i. S et S'.
Le coefficient V caractérise la technique de production pour une période
donnée. Son évolution est liée aux types de transferts des èonnaissances
scientifiques et techniques.
Les paramètres U et i sont tels que les entrées nettes de capitaux
extérieurs auront une contribution qui s'ajoutera au taux de croissance au-
tonome d'autant plus positive que l'écart entre le taux dp croissance de
l'encours de la dette et le taux d'inté.
t est plus larg;e.
Quant à la contribution de S et S'au taux de croissance, on sait que
S (taux d'épargne intérieure) n'est pas indépencia'1t du niveau d'endettement
puisque le service de la dette est assuré par une affectation des fonds

-
~ 31 -
prélévés généralement sur l'épargne budgétaire.
La variation du coeffi-
cient d'allocation des ressources nettes extérieures est moins facile à
mettre en évidence.
Le
modèle de LOSER et PELTIER
démontre finalement qu'une
politique d'endettement doit s'inscrire dans le cadre global des choix
de
politique économique.
De plus le facteur temps a son importance
dans ce
modèle afin de mettre en évidence l'effet réel de l'emprunt.
TOutefois l'ossature du modèle tourne autour de la liaison qui est faite
entre croissance,
dette extérieure et balance des
paiements.
Cependant une hypothèse de base du modèle nous semble
abu-
sive. Il s'agit du plein em ploi:
les structures des économies sous- déve-
loppées s'inscrivent plus selon nous dans un univers
de sous-emploi que
de plein emploi comme le voudrait le
modèle.
En ce qui concerne plus précisément la nature
du modèle utili-
sé( type HARROD-DOMAR),
D. KESSLER a
présenté récem ment une formula-
tion nouvelle du modèle d' Harrod-Domar( 1) et pense que
plusieurs
équa-
tions
devront· être
modifiées,
en particulier l'équation d'investissement
et la fonction d'épargne,
pour tenir corn pte de l'évolution actuelle de
l'endettement. Il arrive aussi à la conclusion que ce
modèle
permet de
cerner des ressources extérieures sur le taux
de croissance d'un pays
Mais il ajoute
que le
modèle est en fait statique extrêmement rigide
et a-monétaire.
Au niveau de la définition de la dette,
les auteurs considèrent
qu'elle vient strictement financer l'investissement;
ce qui est loin de la
réalité puisque comme on le disait plus
haut,
une
partie de la dette
est consom mée.
Si une telle définition est également retenue globale-
ment par les autres
modèles présentés ici.
i l faudrait ajouter qu'aucun
modèle n'a jamais estimé rigoureusement l'endettement intérieur des
pays sous-développés autrement dit celui basé sur les ressources in-
ternes
pour bien évaluer l r écart entre l'épargne nationale
(dite insuf-
fisante)
et les capitaux etrangers.
(1)-
D.KESSLER et P.A.ULLMO:"Epargne et Développement".Economica Paris
19,'15 PF'
334' -391 in "Endettement,épargne et croissance dans les pays
en développement.

- 332 -
Eh toute rigueur, il convient de souligner que la définition de la
dette admise dans les modèles semble trop étroite et ne permet pas de
bien cerner l'ensemble du problème de la dette des pays en voie de déve-
loppemen t.
Enfin une critique pourrait être portée à la stratégie de croissance
du modèle; la croissance passant obligatoirement par l'exportation et la
substitution des importations dans le but d'assurer l'équilibre extérieur,
dont personne ne nie qu'il soit souhaitable peut s'obtenir par d'autres
voies que celles préconisées.
Ainsi
La politique financière d'un pays est la ligne principale des inter-
ventions de l'Etat que définit tout pouvoir dans le contexte des finances
publiques. Son objectif est avant tout de trouver des fonds auprès des con-
tribuables pour financer ses interventions dans l'économie en tant qu'agent
économique producteur et consommateur des biens et services, ensuite d'orien-
ter, par l'incitation fiscale, les investissements privés dans les secteurs
précis de l'économie, enfin de régulariser l'activité économique pour la
politique budgétaire.

- 333 -
PARAGRAPHE
?
-
LA POLITIQUE BUDGETAIRE.
----------~
------------
Depuis l'indépendance en ~960, le budget soutient l'activité éco-
nomique du pays qui comprend aussi bien le développement des productions
agricoles,
des ressources naturelles et minières que la politique sur les
prix des produits de consommation courante.
A -
Le soutien au développement des productions
1) -
Production agricole du cacao et du café
La baisse des prix du cacao et du café sur les marchés ex~rieurs
a des répercussions sur les productions ivoiriennes( voir tableau ci-contre).
Pour faire face à la répercussion de cette baisse sur les prix
d' ac hat au
producteur ivoirien, le budget a suspendu depuis 1961 les droits et taxes
à l'ex portation,
finance la Caisse de Sta bilisation et de SOutien des Prix
des Produits Agricoles(C.S 3.P.P.A.); cette caisse garantit les prix
d'achat
au producteur lorsque les cours mondiaux chutent énormément;
par ailleurs,
le budget contribue à l'amélioration de la qualité des produits par la
lutte phytosanitaire et à l'amélioration des conditions de commercialisation
et d'évacuation par la création des
pistes de collecte des prod ,-lits.
Sur le plan international, les pays producteurs de café et de
ca-
cao s'organisent pour soutenir les prix de leurs
produits.
D'une part l'a-
doption par les principaux pays producteurs de cacao( Ghana,
Nigéria, Côte
d'Ivoire,
Brésil, Cameroun et Togo)dans le cadre de la CNUCED à Santiago de
Chili en 1972,
d'une fourchette des prix(9!100 de dollars U.S.A.
entre le
prix maximum et le prix minimum
par livre de cacao)et d'un régime de contin-
gentement des exportations assorti de la constitutiop d'un stock de réserves
permettant d'intervenir à des prix fixes
doit stop per la valse des prix
du
cacao sur les marchés internationaux;
d'autre part, les principaux
pays
producteurs de café,
par la constitution en 1985 à Gen;·re(Suisse)d'une so-
ciété internationale ouverte auX autres
pays producteurs et qui mettra en
oeuvre une politique de stockage( rétention de 10% des tonnages annuels ex-
portés pour diminuer les stocks im portants des
pays consom mateurs )et des
prix

- 334 -
visent la garantie de ceux-ci face aux besoins des consom mateurs.
2) -
Production des ressources naturelles forestières
a) -
La prod uction fore stière
Si la baisse de la production de bois était survenue en 1965-
1969 et 1973-1987, celle-ci répondait au ralentissement de la demande des
pays principaux clients de la Côte d'Ivoire, et à la concurrence des bois en
provenance d'Asie aux prix faibles.
Ces deux causes ont entraîné un gOIlt'le-
ment général des stocks et de nom breux licenciements de personnel des
entreprises forestières ivoiriennes.
Pour développer la production des
bois et soutenir l'activité
forestière secouée par le ralentissement de la rJ.emande extérieure, le budget
à successivement:
financé la construction des rùutes forestières notamment
Abidjan- - San-Pédro,
Yamoussoukro - Issia,
Abidjan -A boissa -A bidjan- Aben-
gourou-. Agni.bilekl'D et pris des mesures de redressement dont
- reboïsemment;
-
resserrement des normes de classement de;;
bois suivant la qualité;
-
contingentement de la production à 25% du potentiel assorti
de la cessation de livraison aux compagnies d'exportation chargées de commer-
cialiser les bois notamment le Samba, le Sipo, le Bété, l'Acajou et l'Iroko.
-
suspension de l'a battage pendant une période de trois ans
- abaissement des droits et taxes à l'exportation de 45%
;
- interdiction.
Mais la demande extérieure est orientée dès la reprise de l'activité
forestière depuis 1986, vers les bois de basse qualité coûtant moins
cher.
Malgré la reprise lente de l'activité forestière au début de 1987, le marché
international du bois demeure incertain du fait de l'inorganisation des
pays
producteurs de
bois.

!~~1~~!!_L ~ 1 EVOLUTION DE LA DETTE PlJJH.IQUE EXTERIEUR E(l)
(EN MILLIONS DE FRANCS C.F.A)
-- --------ï---------------------------------------------~---------------ï-----------------------------------·
1
Opérations de la pério'~
1
Dette en fin
de
période
:
1--------------------------------------------------------------r----------
--~
1
Service
de
la
dette
1
Partie
1
1_----------------------------------------------------
~
~
ANNEES
1
1
1
1
1
1
1
1
Tirage
:
Amortissements 1
Intérêts
1
Total
1
Encours
l
l'on encore prélevè~
1
1
1
1
I
i
i
1
1
1
1
1
1
1
---------4----------------~--------------~------------~----------------~---------------r-------------------t
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1976
84.281,0
29.316,8
1
14.696,1
1
44.013,5
261.499,11
1
217.983,9
1
1911
202.230,3
46.899,3
1
24.552,2
1
11.451,5
435,047,0
1
492.228,4
i
1918
236.311,0
55~a69,8
1
38.655,5
1
93.125,3
601.813,5
366.799,6
1
1.0
1979
221.258,0
91.593,4
1
53.205,1
1
120.799,1
745.253,1
329.227,1
,v)
1980
318.006,1
115.636,1
1
14.148,4
1
189.784,5
911.647,9
293.413,1
c' )
1981
381.491,9
140.134,1
t
101.311,7
1
248.446,4
1.368.977,9
460.869,8
1
1982
461.251,5
158.819,5
1
162.451,0
1
320.330,5
1.815.263,2
381.241,7
:
l 1983 325.330,4
165.312,5
1
179.602,8
1
344.915,3
2.186.409,2
440.354,9
1
1984
213.487,93
62.463,6
1
194.644,0
1
251.101,6
2.625.900,0
439.000,0
1
1985
186.929,18
131.212,5
1
240.010,9
1
311.223,6
2.122.056,03
415.125,1
:
1986
143.245,51
144.092,41
1
209.015,0
1
353.101,47
2.648.783,85
403.086,3
:
-----
L
l
L
1
(1)
-
Dette de l'Etat et dette garantie par l'Etat.
Par ailleurs,
cette dette a
des origines variées,
Cl est-à-
dire qu'elle vient des institutions internationales,
des gouvernements étrangers,
des
banques et autres
éta blissements financiers,
crédits fournisseurs et autres origines.
SOURCES:
B.C.E.A.O.
-
Rapports d'activité.
Marchés tropicaux etméditéranéens '1\\" 2094 Décembre 1985.
C. A.A.Rapport 1986 pp 66-61-68.

..rj;,~"""'~''''''''';,.i.;.,;~''''''.t''',J;.,,,;,,,,,,,,,"'~'":-'''-i~'.''''â<;hi'''';~'''~r.M$"".i0\\";:d;;;:><,,;.~,;j:";~"~'-;' '-.~;""":;H:':';"""'-~'&f~~""'1'iP*:,"'''''''.-'~''''''.>#i:k:::et''M**'''M''~*§r4't";'Y" k'
n4w' fiox,',-
fb'c tz ce . ft
t
H
* 4 4 ' $ ""ft3:À'iFt'ét ft
l""-;\\t
éeA "400<w-''(- $$'1"% M'
f ri
%..~
ti -"f"jl;:L# ~'t' .'1:
• #'
M
" cr '"
- il
"'iè'-Ie;
. :;ii'tiiio;;
TABLEAU
52
EVOLUTION DE LA DETTE PUBLIQUE(EN MILLIARDS DE FRANCS C.F.A.)
r-------------------------i-------,--------ï------i--------,------i-------ï-------,-------ï-------,--------
~. 1975
1 1978
11979
1 1980
11981
1
1982
1 1983
1
1981~
: 1985
i1986
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
--------------------------~------4--------~------~-------~------~-------~------+-------~-------+-------+
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
* Dette publique extérieure 1326,8
1 968,61
1.074,4' 1.265,0511.829,81 2.196,~ l 2.626,1: 2.868,81
2.722,0$ 264H,~3:
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
- gérée par la C.A.A.
1 184 ,9
1600,52
687,4\\ 843,15
11337,8
11638,5
i 2005,Y : 224C',]:
231C,~61 23?1,C:
- non gérée par la C.A.A.1141,9
1368,09
386,5
1
421,9
1
492,0
1558,0
1620,2
1
624,5:
In1,291
3r'J)Q:
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

1
1
1
1
1
1
1
1 .
1
1
.. Dette e inténeure
1
5,4
1
10,7
13,5
1
19,7
1
60,5
1
78,1
1
78,8
1
285,8 1
(3":",9
1
~8,6R 1
1
1
1
1
1
1
1
I I i
1
T-----,
T
-,
r
, - - - - - ,
1
-
-T
1
* Dette publique total
1332,2
1979,31
11087,9
11284,75 11890,3
12274,6
12704,9
1 315 LI,6
1
5532,0
1
272':,ih,
L
~
~
J
L
1
~
~
~
~
L
L
_
l"V)
('1
SOURCES
C.A.A(Caisse Autonome d'Amortissement, organislle public chargé de la gestion de la dette extérieure)
1986 et Rapports Economiques et Financiers 1985 et 1986.
-
La Côte d'Ivoire en chiffres 1986/1987 Abidjan 1988 P. 81
_~
.__ ~
~_
_
lM
t U "
LI
IL
. . Ii:
_ L
-,.\\~~~.""~~".,,,,

TABLEAU N·
5 ~
EVllLtrrIoN 00 S fRVIC E DE LA DEITE PUBLIQUE EXTfR l ElJR E
(EN MILLIARIE DE FRANCS C.F .A.)
1975
1979
1980
1981
1982
198':;
1981~
:985
:986
Exportations( biens ct sQrvices . . . . .
281,9
667
730,8
787,9
973 ,e
r:J i: 3 , ()
::I/L' , ( /~ '\\c ,9
l i c8 , "
Service de la dette(géréé + avalisée)
29,6
120,8
189,7
248,4
321,3
341~, 9
L5 -, , l
'1,-"~
:)
353, 'l
.'
, "-
Ratio service de la dette/Exporta-
t ion (%) •••••••••••••••••••••••••••
10,5 %
18,1,%
26,0%
31,1%
33,C ~;
1'1)1'1
_
,
, . )
If}
l~, 1( ':
J ,
.:.'h,36% 31 ,8'%
l"-
l")
CV')
SOURCES
Rapports C .P,.A. 1986 P. 69 et Direction Planification et Prévision ~lin istère de l'Economie et des
Finances de Côte d'Ivoire.
B.C.E.A.O. Rapports d'activité 1981,1982,1983,1984, 1985 et 1986.

~!:*,,"';';';':~,<b~;~_~;''':;,,'"''''''''''''''''''':='''''''\\;''':~)'''':'''''''~''''~~i~";:.Q-J ~:;;.;~.:~,~~"-~';éi>w"'''i:Y';'
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...
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TI
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!»H'imb-r" 1"-4-""8 cl Ir
'*
'jf'c-~M'W'-'-Y'*,,"j,'~-~:':"E!iE:i:::J4:
'~'=
TABLEAU N
S~ - LES OBJEI:TIFS EI:ONCMIQUES Er SOCIAUX ET LES MOY~Sc.ooRfSPONDANTS DE UlJR EXEI:UTION
~-------------------------------~--------------~------------------------~----------------------_ ..
Objectifs
Fonds spécialisés
Leur
date
de
But
f- ecettes
affectées
carres pan dants
création
~--------------------------------r---------------~-------------------------~--------------------------
'Travaux
routiers,
en-
Infrastructure
Fonds
routier
2
taxes sut'
-}' esscpl'C'
tretenir les
routes
de transport
Fonds
routier
-le
gaf;-o~]
Décem bre 1963
d'exploitation
fo:'cG-
d'en tretien
tière
--------------------------------~---------------~-------------------------~--------------------------
Production
:~~~~~~---------1----~~~~------1----~=~~~~=:=~~-------
__-l ~;1~~e_(~~~~)~~~~1~
_
co
FRAR
1967
Faciliter et garantir
(Y)
toutes
les
opérations
(Y)
Lotation
du
budget( B5It~)
financières
inte'ressant
l'industrialis<ltion
de
la.
cam pagne.
'Taxe spéciale à l' ÏIn[XlrtatiOll
Equipanmt
Fmds d' équipe-
sur di vers produits de luxe( ver-
culturel
mEnt de la RTl
rerie de cristal) bijouterie de
fmtaisie, appareils de radio el
plntographi.qucs, têteaux de pla j -
smce.
Iiluipanrot
Fmds :imrobi-
Cmstruction :imrobilière
2 taxes spéciales sur les lniss()m:
Edninistratif
lier (EBlE)
pour anéliorer la situa-
alCXlOlisécs et le re\\U1U des pm-
et social
tioo des logEmrots.
priétés œties.
ocœcm : 1) Tableau réalisé par l'auteur à partir des irfibrma.tions statistiques des plms de déveloPPEmfflt 19E:f)-1970 et 19''C-19"J et 19"'5-198C
1981-1985 et de la OCFPO. Rapports éI1J1uels 1985-1986 et !'btes fcmaniques et l\\b1étaires.
2) Bemard VINAY : "EPaI'l?Jle, fiscalité et déveloPPEmrot". Pd. A. CüLlN.

- 339
b) - La production minière
Les produits miniers ont en général bénéficié des cours mondiaux jus-
qu'en 1970. Néanmoins les interventions du budget en faveur des entreprises
minières demeurent toujours : malgré le ralentisseQent de la production de
manganèse de 1966 à 1970, le budget participe à la construction des routes
pour développer les productions des ressources naturelles.
Toutes les entreprises d'extraction de ressources naturelles bénéficient
du régime fiscal privi1é~ié qui le met à l'abri du paiement intégral des im-
pôts et des taxes dûs à l'Etat; cela pourrait liQiter le manque à gagner des
finances publiques consécutif aux avantages fiscaux qui leur avaient été
accordés depuis l'ère coloniale.
3) - L'action budgétaire sur les prix des biens et services
les prix des biens et servic~de consommation courant~ ~o r~ssent d'ac-
croître chaque année particulièrement depuis 1972 com~e l'indique le tableau
ci-dessous. Cette hausse excessive des prix résultant de l'excès de la de-
mande sur .l'offre des biens et services s'explique par:
- la situation du monopole des sociétés commerciales : la plupart des
9~JJliits et services consommés dans les centres urbains et les lieux
d'exploi-
tation agricole
et
forestière sont importés de France, d'Allemagne (RF;),
Ce~ Etats-Unis e~ d'autres pays développés à concurrence de 82,5 %
TABLEPU ;\\~ 5
- EVOLUTION ANNUELLE DU TAUX DE LA HAUSS E DES PRIX
EN COTE D' IVOIR E.
--
AI\\INEES
72
80
81
82
83
84
85
86
--------- ------- ------ ----- ------- ------ ------- ----- ------
TAUX
7,5
49,6
en %
51,7
57,1
60,8
63,2
67,5
75,3
.;
SOURC ES
SJ.E:.r.C./
Etudes.
La Côte d'ivoire en chiffres i98C - :981-
Statistiques
'::conomiques et :'-lonétaires de la BJ. ,::.r.( • ;\\'
346( :936)
et n
3"(' ( : ')88).

-
340 -
par un
petit nom bre ~e fournisseurs
dont corn pagnie Optorg Société
Commerciale de l'Ouest Africain (s
c 0
a),
Compagnie
Française
de
l'Afrique Occidentale (C
F A 0) (filiale
du groupe Unilever Niger-
France) et de 12,5 % par les grandes
entreprises
forestières
et épiso-
diquement par quelques
commerçants imporateurs.
Ces
marchandises
(marchandises générales
dont:
alimentation,
habillement,
équipement de
la maison et services;
matériels
d'équipement technique
et
professionnel)
destinées
à la clientèle européenne,
à
la bourgeoisie locale,
au salariat
africain et dans
une
moin dre
mesure au
villageois ivoirien
fournisseur
de
quelques
produits
exportables(cacao,
café,
banane,
quelquefois)
et des
produits
vivriers coûtent en Côte
d'Ivoire,
au moins
le
double
de leurs
prix
d'achat en
Europe.
A ce prix
déjà élevé s'ajoutc:1t
les
marges
bénéfi-
ciaires
des intermédiaires libano-Syriens,
et au
bas
de l'échelle,
des
boutiquiers et colporteurs
africains
qui
dépendent tous
des
principaux
im portateurs
précités
;
-
l'insuffisance des
produits
et services
locaux,
la production
vivrière de l'intérieur du pays,
par suite
de l'inexistence ou de
l'impraticabilité des
voies
de communication,
arrive
difficilement
dans
les
centres
urbains
et lieux
d'exploitation
agricole et forestière.
En
outre l'existence ici aussi des intermédiaires (disposant des moyens de
transport des vivres: camions, camionnettes, pinasses ... etc) entre les
producteurs (villageois ivoiriens) et les consommateurs africains de ces
agglomérations est une source d'accroissement des prix.
En effet, la vo-
lonté de se procurer des produits manufacturés incitent les intermédiaires
à accroître leur marge bénéficiaire.
En outre, la perspective de réaliser des bénéfices aussi importants
que ceux des entreprises agricoles particulièrement depuis le renchérisse-
ment du cacao et du café entraîne la c~éation des petites entreprises,
filiales pour la plupart des firmes
internationales qu'ac~ompagne une com-
munauté européenne et africaine très importante. Par conséquent,
les prix
des biens et services de consommation courante dont les
loyers (voir tahleaJ
ci-dessous) ne cessent d'accroître.

-
341
-
TABLEAU N· -S 6
COUT DES LOYfRS' PN CafE DI IVOIRE
-'.
V l
L L p.. S
ppp jl F. TEM BiTS
prixO.OCO F CFA)
Nanbre de pièces
prix( l.OCO F CFA)
Nanbre de pièces
(D à 2CO
3
(j) à 100
3
100 à 25C
4
100 à 2CO
4
l5e à ?{XJ
5
140 à 25C
5
150 à 280
6
gxocIB
Guide de l'Investisseur En Côte d' l \\«lire.
Pap{X)rt d'activité de la SICCGI 1986.
Pour enrayer cette hausse excess~ve des prix, les autorités budgétaires
de la Côte d'Ivoire ont pris un certain nombre de mesures dont:
- la création d'wle taxe spéciale iODobilière sur les loyers de commerce
ou de lo&eDent pour tenter de stopper la spéculation iDmobilière et favoriser
les constructions nouvelles ;
- l'affectation de 10 %des avoirs liquides des organismes de dépôts
à la souscription obligatoire des bons d'équipement pour financer les in-
vestissements inscrits au budget de développement. Quels en sont les résul-
tats ?
Le tableau précédent relatif à l'évolution du taux de la hausse des prix
montre que toutes ces mesures n'ont pas suffi à enrayer l'inflation. Fn
effet, comment pouvait-il en être autrement puisque les sociétés, leur per-
sonnel européen abondant, leurs cadres africains, le corps diplomatique et
la bourgeoisie locale aux revenus élevés satisfont la demande des biens et

- 342 -
services locaux et importés dont les
prix sont prohibitifs à tout rare ( 1)
SMICARD du pays.
2) -
Les prix des produits de consom mation courante.
La
Direction Générale de la Stétistiq ue et des Etudes
Economiques
de la Côte d'Ivoire nous fournit des informations sur 11 évolution des
prix
dans ce pays,
à travers les trois indices généraux
qu'elle élabore:
l' in-
dice des
prix
de gros, l'indice des
prix
des
produits constituant la
base
de la consom mation des ouvriers et em ployés africains résidant à Abidjéll ,et
l'indice des prix
des
produits entrant dans la conom mation des
ménages eu-
ropéens et assimilés disposant de
hauts revenus et résidant aussi à Abidjan.
Le ta bleau ci-après( Evolution des
prix
des
produits de consom mation courante
en Côte d'Ivoire de 1958 à 1987)montre pour chacun de ces indices l'évolu-
tion et le taux
moyen général de hausse des
prd.x
par an.
Le ta bleau suivant
résume le tableau précédent en donnant les taux
moyens de croissance(2)des
prix et les taux
moyens d'accroissement(3)ou de
hausse
des
prix avec les
périodes correspondantes.
Bien q lie les indices
précédents soient illustrés
dans le graphique ci-contre, arrêtons-nous un instant sur chacun d'entre
eux
pour mieux apprécier l'évolution et la hausse
des
prix.
a)
l'indice des
prix de gros.
b)
l'indice des prix
des
produits relatifs à la consom mation des
ménages européens et assimilés
disposant de
hauts revenus.
Cet indice
parte
sur 100 produits de 1960 èi 1982,
sur 135 produits dont 115 è' im portation
1975,
et porte depuis 1985 sur 155 produits.
Les
prix
de ces produits ont
accru de 4,86% en moyenne de 1969 à 1982,
de 15,1% de 1981 à 19&5.
Le détail sur les différents indices et sur la
hausse
des
prix est
donné dans le ta ble ci-après (détail sur la
ha usse
de 1960 à 198
en Côte
d'Ivoire).
(1)
-
Ce
manière générale,
les salariés aussi bien de l'intérieur du pays
que
de villes sont payés au-dessous du S.M.l.C.
(2)
-
Taux
moyen de croissance des
prix
sont calculés suivant la relation
pour 1960-1982
: 100(1
+
x)ll
=
161,2
~3) - Taux moyens d'accroissement des prix Yl-1.2. par an.
La
moyenne
des t'lUX
Yo

,;~,,,,j;:.;~,,,,,,,",,«~.;';"""A/";;';ë"""""·"'''",,"·,,",i\\\\h,{)I;.~';·'''',,;~"''''~à,:";,'''":,~".",,",,,,,''''",'':C'~'''','.''''.i,.''.i;'·'·' ,·".".::~:.i!•..2id".'fl;".~",,,;,,,'''''~';:·,'i'''''''''·'''·''·'''"·''''l''~Ù4"\\.;,;!'''''''''''''''
F
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TABLEAU N- ··57_ EVOLUTION œ SALAIRE MINllRJM INTflŒROFFSSIONNEL GARANTIS (S.M.G.)
D A TES
FRANCS CFA.
l.Jfl.TES
FRf>~CS CFi'.
[ ; ' T E S
Hr\\':S '-Fr.
1963 - 1er Janvier ...
40,00
1969 - 1 el' J an Vi p'. .
46,64
J9 7 5 - 1er Janvier
n,CC
1964 - 1er Janvier ...
42,40
1910 - 1er Janvier••
58,30
19 C(6 - 1er .Janvier.
::'),CC
1965 - 1er Janvier ...
42,110
1971
- 1 cr J an vier, -
58,30
19'/'7 -
1er Janvier·
'iS,CC
1966 - 1er Janvier ...
42,40
1972 - Jer Janvier·.
58,30
1978 - 1er J an vier.
l113 , c;5
1967 - 1er Janvier ...
42,40
1973 - 1er Janvier ..
58,30
19 7<) - 1cr J an vic l' •
:58,:25
,"V)
J el' PoOt. ...
73,00
.q
,ry
1980 - ICI' Janvier.
1 i 4, C
1968 - 1er Janvier ...
42,40
- 1er Juillet ...
46,64
1974 - 1er Janvier ..
n,OO
1 el' Fé vrier ..
81,60
1981
- 1er Janvier
1 "I~ ,CC
1 el' Août. ...
92,00
1982 - 1er Janvier.
191,'K
1983 - 1er Janvier
l (}: ,110
1984 - 1er Janvier.
: <)1 , I~C
1985 -
1er Janvier_
: 91 ,40
1986 - 1er Janvier.
:(n ,IIC
1987 - 1er Janvier.
:9:,1~0
1988 - 1er ,1anvier-
191,110
SOURCES
Bulletins des statistiques économiques et monétaires de la B.C. E.A.O. n - 298 (:ctobrc 1981 ct;\\
31C
Novembre 1982 B.C.E.A.O. ~. 346 Février 1986 P. 20. et n' 370 f>vril 1988 P. 20
~
j
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_
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_
L
Il
'!lll"t'ffl
_.1
l'P
IIllillillll~I""''''_.''_
-
_ . .
..

-
344 -
c) - Quelle est la portée des indices de la Girection Générale de la
Statistique et des Etudes Economiques de la Côte d'Ivoire quant à la
connaissance de la hausse réelle des prix et du coût de la vie en Côte
d'Ivoire?
Elle est très limitée: parce que d'abord les produits consommés
dans les différentes villes du pays sont pour l'essentiel les produits
d'importation qui coûtent relativement moins cher à Pb id jan qu'à l'inté-
rieur ; curieusement les indices tiennent compte seulement des prix de ces
produits relevés à ~bidjan, port d'embarquement; ensuite les modifications
successives de base annuelle de référence de ces indices, ayant pour raison,
selon la Cirection Générale de la Statistique et des Etudes Economiques
(DGSEE) de la Côte d'Ivoire, la Qodification des goûts des consommateurs
en longue période et l'insuffisance du nombre des produits dont les prix
constituent la base de chaque indice ne permettent pas de saisir d'un ra-
pide coup d'oeil l'évolution des prix de ces ~roduits depuis 1960 ; enfin
l'origine pas toujours explicite de ces produits (locaux ou d'importation)
ne permet pas non plus de connaître la hausse des prix de chacune de ces
catégories de produits.
Par conséquent, pour mieux connaître la hausse réelle respective des
prix des produits locaux et d'importation consoffiQés dans le pays et mieux
saisir le coût de la vie en Côte d'Ivoire, il conviendrait d'élaborer des
indices des prix sur la base des relevés des prix de ces produits dans les
différentes localités de leur consommation, de la connaissance de l'impor-
tance relative de ces produits dans la consommation du pays et de la base
annuelle unique de référence de tous les indices.
Pour lutter con~re la hausse des prix qlJe tentent d'indiquer les in-
dices, les autorités budgétaires n'ont cessé de ~ rendre des mesures rela-
tives aussi bien aux produits d'importation qu'aux produits de fabrication
locale.
~ propos des produits d'impo~tntion : les autorités ont d'abord régle-
menté les prix des produits alimentaires, (l'articles et d'8ppa~eils m6nagers,
des textiles et des produits divers et par cons~quent les marges

,,,,~,,,,.,,,-.~...-
1
.....~t~""'iiI/;',-~,*:_,,j'_I+;-'~i0::''''-yi_,~~,;:~,~',,,...:i~l"'~''''''''iWl~_'_.·~,.t;'k""'''''''1....;:..&,,,o.i'~-'\\''Ü·
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6
' t
X1ii*fg
t
'00'&:'&"-
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'N
f i . '
~_!!':';!~d
TABLFAU N-58
E',DLlITTUN DES PRiX DE CO~S()]\\1Mf\\TI()N' C(lURANTE S'\\i CCTE I;'T\\(J[r[
------1
Indice des prix de gros
Indice des prix à la consommation
Indice des prix de la consommatiun
1
,
, des ouvriers Africains
,
résidant
des ménages europpens disposilllt d0
1
à Abidjan.
hauts reven\\lS et ré,sictant ù ;'bidjnn
ANNEES
1
1
Evol!l~ion
";"'nux annuel
Evo lution
Taux annuel
,'iltlX il:ln\\l'?l
1
cl' ::.cc:,"OiGf'Cncnt
d'accroisf.'cment
Evo l \\l t ion
~, ,-•..
. "..-,'~..
.
, . , ~ -"'1 "Il ..
(
)
~,
\\
'.
1
des prix (%)
des prix( %)
dl":'; 'n' f): (;: )
Base 100 en 1968:
Base 100 en 1962
Base 100 en 1959
48 articles.
65 articles
100 articles
1'ij60
110 ,5
5,0
103,6
3,6
1961
~
117,5
6,3
1c6, 1
2,4
Id'
1962
,'
1Z3,6
5,1
109,9
3,6
1963
1Z9,4
4,7
107,4
7,4
120,3
9,7
1964
138,0
6,6
110 ,8
3,2
131,6
1965
9 l
142,6
4,6
1966
113,6
Z,5
136,3
3,6
151,3
5,4
117,7
3,6
144,6
6,CO
1967
156,2
3,Z
1Z0,5
2,4
149,0
1968
3,0
161,Z
3,Z
1Z3,0
Z,l
15 4 ,6
3,'-'
Base 100 en 1966 :
113 articles
1969
11Z,4
6,1
1z6; 3
Z,7
161 , C
4,2
1970
126,1
1Z,Z
1Z9,4
5,2
166, '7
3,5
1971
129,7
13,1
131,6
5,7
167,9
3,9
1972
141,5
15,4
135,7
6,1
1hR ,1
I~ ,Co
19~3
146,1
30( 1 )
-
-
Bas e 1CC en. : 91~,h
-
135 articles
1974
177,4
Zl,4
Base 100 en 1975
38,2 (2)
125 articles
1975
Z06,7
16,5
105,7
5,7
Z06,9
13,2

''J_;'''-''·'''i;.;t,;;;:;',;.r_''''''~;'':'''''iI'''''-';;;;:~''é:i''''~._'''''''';''*','-;:i"d'-
",~",~"""~:,-",,,,,".,<>',:;·,,,,,,-~'."-o:;"i_,-,,,,,':·I<'Û"-:-;'';;:'-:'AIoua..'-,,:
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5'1"&
*' 'i"'+cé
b
t
1
h
iÔ"
',S
TABLEAU N-
5t
EVOLUTION DES PRIX DE CONSOMMATION COURANTE EN COTE D'IVOIRE(SUITF.)
------------T-------------------------------------------~----------------------~------------------------------
l I n di c e
de
p r i x
à
1 a
con som mat ion
~ 1 n die e der. prix .1 e 1a con S 01'\\ -
INdice
des
prix
de
gros 1
des ouvriers Africains résidant à
1
mation des
ménage européens
1
ANNEES
Abidjan
1
1
:
----------------------------r--------------,----------------------ï------------I----------------
1
1
1
1
1
Evolution 1
Taux anneul
1
Evolution
1
Taux annuel
1
Evolution
1 Taux
annuel d'ar:-
1
d'accroissement 1
1
d'accroissement
1
1 croissement
des
1
des
prix
%
1
1
des
prix
%
i
: prix %
1------------+----------r----------------1---------------r----------------------+------------r----------------
1 1976
241,3
1
23,5
1
162,6
!
9,2
1
238,2
:
14,5
11977
307,4
1
21,7
1
1
1
1 1978
347,4
1
25,1
206,9
10,9
270,1
15,6
~ 1979
405,1
26,8
234,1
12,1
322,8
17,9
~ 1980
454,5
27,3
273,0
13,0
351,7
]9,7
~ 1981
505,5
19,9
313,0
13 ,9
381 ,1
21,5
.
1982
542,6
22,4
340,6
14,2
J.~ 32,3
24,5
1983
574,5
28,1
387,2
14,9
487,4
26,7
1984
1
599,1
28,9
403,7
15,9
520,5
27,9
1
1985
1
619,0
29,3
417,1
16,1
548,9
28,2
1
1986
1
658,8
32,5
443,9
18,3
449.5
31,1'
1987
!
690,3
34,7
465,8
20,9
45~, 8
32 '9
...1
_
~
r--------·
SOURCES
B.e.E.A.O.
: gtâitistiquSE: E:condmiques ·~t Monétaires. N°370(l988) P.21 - 22
(1) Indice des prix de gros: i1ugmentation de 30% par rapport aux prix de gros de 1985.
(2) Indice
des prix
à la consom mation des
ménages européens de
hauts revenus et résidant à Abidjan:
augmentation des
prix
par rapport à 1987.

-,;;~J~..'$.~i,"~~.~-";,."';;"'-.J,_,,:,,,!j';<,!,:;~""'~'::" ;",,,,t,,~>'1kii,,,,,,~,,,,.',t,~'-I"";;-V, ,~,-·_-~:",,,,;,,,,,,~.;,:,,;i~,,."';&>"",_1,,,j>ii';i'~#ik~41" "i=''tbiii""fI'-!Wbbè'"i'' "è' He': H6 ~'têhiÈi:i w
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.'
f
$'
i ',- t
Ni'
t"iI-Û
s,>'
<",'Md HM
';
: ~~!!:I!L :'-
TABLEAU N-
59 -
DETERMINATION DES PRIX DES PRODUITS D'IMPORTATION
--------_:. - -
---------------------------------------------------------------------------,-----------------------------------
1
PRIX DE REVIENT LICITE
1
PRUt DE VENTE DU DETAIL,l PRIX DE VENTE DANS LES VILLE DE
1
1
.
' L'INTERIEUR
~-----------------------------------------------4-------------------------4-----------------+-----------------
1
Prix
d'achat direct
1 + services(depuis l'usine
1 +
Marge bénéficiaire brute + 1 Frais de transport: + Marges
bénéfi
1
d'usine et d'embal-
1 au départ du pays fournis
1
1 de
marchandise
: ciaires des intermf'
l I a g e
Iseur
jusqu'au magasin de
1
1 jusqU'au
consom-Idiaires
1
1gt6s.de l'importateur).
1
J1 mateur
1
L
L
L
_
~
1
1
1
1
Coo.ts de
production
1 Manutention,
transport,
1 Bénéfice
de l'importateur
1
:
et marre bénéficiaire 1

1
.
1
1
1 transit,
gard1.ennage,
1
1
1
de l' u...!ne dans le
1 taxes
et droits diver~·
1
1
1
l
' 1
1
1
pays fournisseur
Frais généraux,
1
1
.
1
Commission d'intermé-
1
Pertes(avaries, vol, incen-
1
diaire et d'achat;
die, casse, coulage etc; ...);
Frêt et assurance mari-
times{jusqu'au port ou
1....
aéroport de débarquement);
q-
Remises
;
M
1
1
Droits et taxes perçues par
1
1
1
la Douane
;
Frais définitifs ( consignatinn
1
1
1
1
des em ballages),
1
1
Frais d' acconage,
de transit
1
1
1
1 et
de camionnage depuis le dé-
Frais de montage et de
1
1
1
1
barquement jusqu'au magasin
garantie.
1
1
de gros de l'importateur;
1
1
1
1
1
1
Coût des documents( frais de
1
1
1
1
virement bancaire)
1
1
1
1
Frais de location des em bal-
1
1
, lages et des frais de retour
1
1
1
1
1
1~ _ - - - - -
..1
d' emballage
~-------------------------'-----------------~-----------------
SO!!!!~ES : C.I.CE : Bulletins "importateur Ivoirien." 1986 et 1987
J 0 R C l
1962 et de 1985.

-
348 -
bénéficiaires qui devaient être réalisées sur ces produits en 1960,1972,
1981, 1982 et 1987(
voir tableau ci-contre:
liste des produits d'importa-
tion soumis à la règlementation des prix et les taux
de
marges bénéfi-
ciaires autorisées )ainsi que les prix des produits tels que le pain, le
sucre, les produits pharmaceutiques, les livres et les publications, et les
hydrocarbures; ensuite
elles ont bloqué les prix
des
produits de grande
consommation en 1977,
1980,
19ffi
et 1987(biére, café torréfié,
vin,
pâtes,
conserves de poissons et de viande,
savon, lait etc ... )et homologué les
produits fabriqués dans les pays limitrophes et importés en Côte d'Ivoire;
elles (les autorités budgétaires )ont enfin fixé les prix
de vente-
i;-Jaxima des
produits de première nécessité en 198U viande,
pain et farine
panifiable,
sucre,
huiles, riz, oeuf poulets,
pâtes alimentaires,
produits laitiers et
margarines, farines lactées et chocolatées,
conserves de sardines et pli-
chards etc ... ), ont exonéré ces produits de la taxe sur les transactions
ent 1986, ont limité de manière autoritaire les
marges bénéficiaires
de
nom breux intermédiaires en 1960, 1975 et 1987 et fixé les prix
de vente
maxima de toutes les spécialités et produits pharmaceutiques:
prix
de
vente au public en France lus en francs C. F. A(le double des prix
prati-
qués en France) depuis 1960.
Toutes ces mesures peuvent-elles avoir une action efficace contre
la hausse des prix? Ce serait surprenant;
en effet, la cause fondamentale
des
prix
des produits d' im portation est déjà contenues dans ces mesures:
les prix
des produits im portés sont assujettis
par la décision du Ministère
de l'Economie et des Finances à l'un des régimes ci-après:
a)
Fixation des prix
par arrêté
ministériel;
b)
-
Détermination des prix
par l'importateur lui-même,
suivant
la méthode dite des
produits soumis au taux
de
marge;
c- -
Détermination des :Jrix
par l'importateur lui-même suivant
la méthode dite de liberté contrôlée des
prix;
d)
-
Détermination des prix
par l'importateur lui-même suivant
la méthode de la liberté cl~;:C: llèedes
prix.

TABLEAU N- 60 DETERMINATION DES PRODUITS DE FABRICATION LOCALE ET DES SERVICES
r-----------------------------------------------------
-----------------------~-------------------------------~
:
PR1X
OF: VEt-jTF:
DU
PRODUCTEUR
1
DETERMINATION
DU
PRIX DE
1
I--------------------------------------------------~--------------------------1
1
1

d
.
d
1 M
b"
f'
. .
b
1
REVIENT
1
1
Pr~x
e
rev~ent
u
producteur
1
arge
ene
~C1a1re
rute
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
r--------------------------------------------------~--------------------------~------------------------------- 1
:
Coût des
matières
premières em ployées à la pro-
1 Bénéfices
des intermédiatres;
1
Prix
des services sont fIxés
1
ciuction(pour le
produit et pour le
matériel de
1
! d'un commun accord entre les au- 1
débit);
1
Il
torités et les intéressés.
1
1
1
1
1
1
Appointements et salaires payés et charges sociales
1 Frais
de transport et de
manut
Architectes.assureursi.-
coif+
1 tention
depuis le lieu de ven-l
feurs.
dentistes, entrepreneurs de
1
:
Force motrice et carburants;
1 te au consommateur;
1
travaux
de bâtiments ou assimilés,
1
:
1
1
entrepoSitaires,
hôteliers, médecins
1
1
Loyers taxes et charges afférents aux
bâtiments
1 Taxes
internes locales ou taxe~
propriétaires d' im meubles de loca- 1
affectés à la prod uction;
1 municipales aux
transactions.
1
tion, transitaire.
1
1
1
1
1
1
1
Entretien des installations et mac hines affectées à la
1
I
l
1
1
.1
p ['od uctiQn;
1
1
1
1
1
Amortissements du matériel et des
bâtiments affectés
1
1
1
1
fi la
prad uction;
1
1
1
1
fvlarge
de fa brication( bénéfice de l'entreprise
pertes
1
1
1
1
ou avaries,
frais généraux, frais financiers )calèulés
1
1
1
1
sur:
1
1
1
Frais d'emballage et d'ensachage
1
1
1
Frais sur le chiffre
d'affaires intérieur
1
1
1
Taxe locale ou municipale applica ble à la pro-
1
1
1
d uction.
-

1
- - - -
L
J
~
1
1
SOURCES:
C.l.C.E:
"lmportateur Ivoirien" 1985.
J
0
R C 1
1958
1
w
.ç:.
1.0
;::;""=:"
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S
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144Ji',
F
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>,)!',;;;;&<,4. .±,"""'~,.-.R"~',1~:_)""',.~,,._,,"",",.:;'. ,~,';.,.•.,'''''',;~h-~",~~,~''f_~51t\\ii>'t.$

c'est sur les prix des produits d'importation et sur les frais de trans-
port des marchandises à l'intérieur du pays qu'il faut agir pour ralentir
la hausse des prix et non la marge bénéficiaire des pays intermédiaires.
A propos des produits de fabrication locale.
Comme pour les produits d'importation, les prix de vente des produits
locaux (produits vivriers locaux et produits de fabrication locale) comprennent
chez les producteurs les coûts et les charges de production et marges béné-
ficiaires (marge de fabrication et marge brute) auxquels s'ajoutent les frais
de transport et les taxes locales chez les différents intermédiaires (voir
tableau ci-contre prix de vente des produits de fabrication locale). Tous ces
éléments qui entrent ici aussi dans la détermination des prix de cette catégo-
rie de produits sont effectivement incontrôlables et de ce fait, sont la cause
fondamentale de la hausse des prix.
Quelles leçons feut-il tirer de cette partie de notre travail ?
Le code ivoirien des investissements octroie des avantages financiers et
fiscaux énormes aux investissements étrangers pour attirer les capitaux publics
et privés étrangers. Ces avantages sont pour l'essentiel le prolongement des
mesures fiscales incitatrices prises par les autorités coloniales particuliè-
rement par la loi 59/134 du 2 Septembre 19";9 pour ~ncourager les investissements
des entreprises étrangères en Côte d'Ivoire.
Les capitaux publics et privés étrangers jouent un rôle complémentaire
les fonds publics financent le développement de l'infrastructure économique
et sociale (I.E.S.) indispensable à l'exploitation des ressources agricoles
et forestières, et les fonds privés financent la production de ces ressources.
Mais l'orientation des fonds publics internes à côté des fonds publics étran-
gers pour le développement de l'I.~.S. maintient la pénurie de la production
des biens de consommation. Le développement des importations de ces biens des
pays développés, consécutif à cette pénurie, entrafne une hausse sans cesse
du coût de la vie, les intermédiaires entre les centres de production (pays
développés) et de consommation (en ('ôte d'~voire nütnmrlent) ôto.nt très ncmbreu.'<.

- 3'5;1
Voici la politique financière de la Côte d'Ivoire; examinons ac-
tuellement
la politique monétaire de ce pays, autre source de finan-
cement du développement ivoirien.

-
352 -
œAPIT fi: II - LA Pll..IT IllE Km" AI fi: EN cor E [)J E DI 1VOIfi:
Ce chapi t,'e qui nous permettra d'apprécier l'importance du finance-
~ent monétaire du développement ivoirien sera centré sur le financement
des intermédiaires financiers d'une part et la politique ~onétaire en
Côte d'Ivoire et son cadre institutionnel, d'autre part.
SECTION 1 - LE SOVTIEN DES INTERMSCI;'IFES FIXf..NCIErS
1
Gans ce volet de notre étude, nous traiterons successive~ent de la
répartition des crédits bancaires à court, moyen et long te~es par nature
d'opérations économiques, leur financement et le réseau bancaire lui-même;
mais avant de poursuivre dans cette voie, un rapide historique de l'impor-
tance des crédits bancaires à l'économie ivoirienne est nécessaire.
pp.P;'CP.;:.PHE l
- LE SCl'TIE.') CES IN7EFM:::Clh LF l:S FI:-:,:,;\\CIt:FS
;:. - Fappel historique des crédits bancaires à l'économie ivoirienne.
Le tableau de la page 396 reproduit et trace le bilan des interventions
du secteur bancaire dans l'économie de la Côte d'Ivoire. Pappelons aussi
que ces crédits ont progressé dans l'ensemble de 45,'7 % dont 32,2 % des
crédits à court ter~e.
Par ailleurs, les crédits à movpn et long terme ont également progressé
à leu ..... t:0\\l-:' 'J"s::;ant de 4 .493 à 302534,4
r.1.illions de francs rr,:..
B - Ln répartition des crédits bancaires à court, mO~Ten et long termes
par nature d'activité.
L;' après
la ('entrale des r:sQues lmncaires par la B.( . ~.,.(.,
la réparti-
tion des crédits b~lcaires à court, noyen et long termes par nature d'acti-
vité éCO~CHJ"que es': donn-:Sc dans les ti1.ble3ux SU1\\êl:ltS.

- '}53 -
TABLEAU N· 61
CREDIT A COURT, MOYEN ET LONG TERME CONSENTIŒ
PAR LES INSnTUnONS MONETAIRES DE COTE D'IVOIRE.
(MILLIONS DE FRANCS C.F.A;)
r--------------,--------------------------------I-------------------------T
1
ANNEES
1
MONTANT A MOYEN ET LONG TERME
1 MONTANT A COURT TERME
1
1
1
1
1
I--------------~--------------------------------i-------------------------T
1962
1
1
1963
1
4.493
1
25.350
1964
1
5.153
1
35.103
1965
1
7.298
1
36.376
1966
8.935
1
35.429
1957
11.120
36.219
1968
12.886
45.425
1979
15.624
48.607
1970
21.912
61.679
1971
27.293
70.764
1972
33.837
91.352
1973
41. 977
109.145
1974
61.745
142.084
1975
65.215
151.705
1976
25.?L~
lS1.10~
1977
69.001
157.612
1978
74.917
246.835
19I9;
237.957
480.677
198)
269.753
449.007
19Sr
297.907
509.921
19&!
287.589
515.034
1983·
293.083
612.417
19t.4
308.918
564.209
1985
259.409
610.883
19a5
230.392
644.367
1987
233.030
1
720.239
--------------~--------------------------------+-------------------------T
1
1
1
TOTAL
1
2.946.548
1
6.466.706
1
1
1
1
1
1
1

TABLEAU N·
62 . EVOLUTION DE LA MASSE MONETAIRE
----------
(EN MILLIARDS DE FRANCS C.F.A.)
.
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1 1975
1
1976
1 1977
11978
11979
11980
11981
1 1982
1 1983
1 1984
11985
11986
11987
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
--------------------..l------.L------4------4-----+-------+------;--------t-----t-------r-----;------t-----T------_.
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Monnaie fiduciaire
183,63
190,30
195,901225,2Q 316,101210,95229,83 1219,131
231,9~ 278,711217,441318,661340,97
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Monnaie scripturale
1154,95
405,70
529,801627,4q 713,901370,90 409,82 1 441,2*59.9} ~ 632,321589,841646,0~636,23
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
l
' 1
1
1
1
1
1
1
--------------------ï------T------lr-----~-----~-----~-----~------+-----~-----~-
4-
~-----+------
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
l
,
1
1
1
TOTAL
1"1 2
1244,581596,00 1725,70
~52,6011030,QoI581,6516d9,35 ~60.351691,92 1911,0318
«
07,281964,7 4 1977,212
l
l,
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
SOURCES
Tableau élaboré à
partir des informations statistiques de la B.C.E.A.O.
N°370 Avril 1988 p.8 et
des
Rapports
Economiques et Financiers 1985 et 1986 du Mimnistère de l'Economie et des Finances
w
de Côte d 'lvoire.
U1
~

GRAPHIQUE N- 3 -
EVOLUTION DE LA MASSE MONETAIRE
- - - - - - - - - -
(EN MILLIARDS DE FRANCS C.F .A.)
Masse
Monétaire
750
500
,
~ -
...
,
300
1
, -
~ ~1
/ ' 1
).
~-
,~
-
~
1
"
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or
1
1
1"
'"
\\
.
/1
-'
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-'
'-'
LO
....-.'\\.
,1
, t
,1
'JO' ;'
LO
CV)
~
\\.
1
\\
l'
200
1
1
,
",
1 .
'.\\
. /
\\J"
-
(
,.
.. i" /
-V·'
Circulation fiduciaire
150
100
1980-81
1981-82
1982-83
1983-84
1985-86
1986- 87
1987-88
"""Qi"',",
_ _'IIl'\\II!I:'fljf!!~Il'IJllI'!>; sm. (;;;:"'$",.~~ _"
::tii\\ll
.(Ah.A
!"l.mlt''IIW'JIIl.'.lil'ff
ilIIl'I.l\\\\I'l'l'!f_ ~ __'nlll'!
••
..

- 356 -
TABLFAU N-
~.l EVOLUTION ID CREDIT A L'OCONCJlIE EN CorE D'IVOIRE
(EN MILLIMIE CFA.) 1980 - 1985.
A N N EES
MONTANT EN
MILLIARIE
1980
889,0
1981
1.021,254
1982
1.002,863
1983
1 083,281
1984
1.062,360
1985
1.075,133
1986
1. H-5-,9
1987
1.210,5
'IUTAL •••••••••••••••
8.460,291
SOURCES
Rapports annuels B.C.E.A.O. 1981, 1982, 1983, 1984 et Fapports 1986.
Notes 37 0 (1988) P. 12.
Sxnamqœ
"t FInancier du Ministère de l'Economie et des
Finances de Côte d'Ivoire 1986.
La Côte d'Ivoire en chiffres 1986/1987.

3i.ii:'I;"''"'''?~''''''''':'''''~<1",.",.~k.+1'1'·';:' -
.,".",;,"".•,<""...,.•", '~;'W,-;··_.
_d2'~",~,,,,;".,",,,,,-' o'iz'êrlffii'iê{ 'fci%6ê "+ilj""') N("" "';0
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..,.
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&l'iièt:tCo;] ;;'MilS!:
i;,<l!
j
Q~~~HlQ~~_!~_~ - LES CREDITS A L'ECONOMIE ET LEUR FINANCEMENT PAR
LA BANQUE CENTRALE.
1500
Crédits à l'économie
900
600
Reanancement B.C.E.A.O
r-...
LO
(V)
1V1_
..Ill,",
300
f ,.. '"
/
-
-
-
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150
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\\
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, -
"
90
Crédits de cam pagne
.
'0'
--"
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
. . . .
'"
....
.
Il
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f
tl
Kt
h
"&,1
'"!li' • •
"~'j .-ht/i.L?ai:l!i
:I!'-'
'i
TABLFAU N- 64
PART DR; CREDITS A L'K;ONUltIE FINANCEE PAR LA B.C.E.A.O. A LA CurE D'IVOIRE
-
(EN MILLIARIE DE FRANCE C.F .A. )
ANNEES
CR EDITS A Lt a::ONOMIE
P EFINANC EM ENT
rrPP{'irl r-/,-r::
(C E)
( R )
c-
1
o
1978 • • . . . . . . . . . . . . . . • . .
614,4
155,0
1
25,2
1979
.
745,2
168,0
22,5
1980 . . • . . . . . . . . . . . . • . . .
896,8
269,4
3C,C
1981 • . . . . . . . . . . . . . . . . .
966,4
372 ,3
38,)
co
1.0
1982 • . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.021,2
412,1
4C ,3
(Y)
198:3 ..•.......•..•.•...
1.101,2
474,6
In,l
1984
.
1. 082,7
441,8
L~C ,8
1985 . . . . . . . . . . . • . . . . . • .
971,9
331,9
31~ ,1
1986 •..•....•..........•
1.115,903
423,935
37,9
1987 . . • . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.210,572
514,385
42 ,J~
SOURCR; : B.C.E.A.O. - Rapports d'activité 1982,1984,1985,1986 statistiques Economiques et ~lonétaires
de Février 1986 N' 346. et 370 Avril 1988.

J
- 359 -
1
De tout cela nous retenons
1
a) A court terme, l'essentiel des crédits bancaires s'oriente
vers
le secteur agricole et la distribution de marchandises( +67 ,3%)en
relation avec la politique d'aménagement des voies de pénétration à
l'in-
térieur du pays en vue de l'exploitation des zones forestières nouvelles,
le reste des crédits se dirigent vers les autres activités économiques;
b) A moyen et long terme, le secteur priv é reçoit plus de
75%
des crédits bancaires par an dont plus de 75% s'investissent par priorité
dans la production agricole et l'industrie(65,4%)et dans la construction
im mobilière(21% depuis 1962);
par contre une faible
partie de ces crédits
à
moyen et long terme va vers le secteur public et para-public et
s' in-
vestit prinèipalement dans la création des équipements publics d'intérêt éco-
nomique, en particulier les voies de communication pour l'exploitation fores-
tière et minière.
D'après ces deux tableaux, les crédits bancaires ont financé par
priorité,
de 1960 à 1986, l'exportation des produits agricoles05,7%) , les
travaux
publics et la construction09,9%) , le commerce d'importation09,6%)
les industries de substitution( 12,5%), transport et transit( 9 ,2%), et
les
minesO ,1%) à cout terme, le secteur priv é( 85 ,4%)et le secteur public04 ,6%)
à
moyen terme;
dans cette dernière catégorie de crédits l'essentiel
du finan-
cement esta1lé pour le secteur public et semi-public aux équipements
pu-
blics d'intérêt économique,
pour le secteur priv é aux
grandes entreprises
agricoles et industrielles(65 ,5%) , à la construction immobilière(21%)et aux
autres entreprises( 14,5%).
Pour terminer, on peut retenir que l'essentiel du financement
bancaire s'est orienté de 1960 à 1987 vers les secteurs d' activ ité liés à
la demande étrangère.
t-;ous venons donc de suivre,
à
l'aide des tableaux, l'orientation
des crédits bancaires dans diverses activ ités économ iq ues du pays. 11 nous
semble non l10ins intéressant aussi de connaître le financement de ces crédits.

-
360 -
c) le financement des crédits bancaires
Le financement des crédits bancaires provient de sources
diverses notam ment :
-
des dépôts des particuliers et des entreprises qui constituent
l'essentiel des ressources (+ 55% par an de p uis 1960);
-
des concours de la Banque Centrale sous diverses formes: le
réescom pte des crédits à court et long termes,
des avances en corn ptes cou-
1
rants au Trêsor national et même des prises de
participations en particulier
dans le capital social du crédit de la Côte d'Ivoire(C.C.I.)
;
-
des concours des sièges et correspondants extérieurs dont ]a
Caisse Centrale de Coopération Economique(C.C.C.E. }l'un des
principaùx bail-
leurs de fonds
du Crédit de la Côte d'Ivoire;
-
des fonds propres du secteur bancaire.
Le tableau ci-dessous,
bien qu'incomplet,
nous donne une idée des
sources de financement des crédits bancaires.
Le financement du secteur bancaire est si im portant que notre
curiosité nous incite à regarder de
près ce secteur pour nous faire
une
idée exacte de sa place dans le développement de la Côte d'Ivoire.
PARAGRAPHE 2 -
LE SECTEUR
BANCAIRE IVOIRIEN
La première partie de cette étude nous à déjà donné un bref
aperçu du secteur bancaire ivoirien en 1960 ,
date de l'indépendance
de
la Côte d'Ivoire.
Rappelons que ce sont les succursales des
banques fran-
çaises( 13. B.A.O; la S.G. B... )qui constituaient le secteur bancaire ivoirien.
L'expansion économique de la Côte d'Ivoire a entraîné naturel-
lement l'expansion de ce secteur qui a évolué comme le
montre le tableau
ci-contre. Il est maintenant constitué dans l' ense mble
des
banq Lies corn mer-
ciales dont certélÏne3 ont aussi lec; a.~':.ivit{s dc sC)ci'::t0s d',;tude~s(BIAO) de

-
361
banque d'affaires(C.A.A)et d'entreprises de services(Banque Ivoirienne
de Développement Industriel).
Telles sont l' im portance du secteur bancaire
ivoirien et sa place dans le développement de la Côte d'Ivoire.
L'importance croissante des crédits à l'économie notamment
les
crédits à
moyen et
long. terme, la diversification des activités de ce sec-
teur et celle de son capital
marquent' de
manière concrète l'évolution de ce
secteur.
C'est dans le cadre de cette diversification du capital bancaire
que la Côte d'Ivoire possède 35,2% des actions.
Cette participation mino-
ritaire permet-elle à la Côte
d'Ivoire d'avoir un contrôle effectif sur le
secteur bancaire ou l' 0 blige-t-elle à garantir le secteur bancaire et
ses
intérêts contre tout risque?
En outre, on peut retenir que,
malgré sa diversification, le ca-
pital bancaire reste articulé autour des banques nationaliséesOa B.r-;.P.,
la
B.A.O.,
Le Crédit Lyonnais, la Société GénéraIe ie Banques en France ... ),
d'établissements financiers français(C.C.C.E. )associés aux
banques et d'éta-
blissements financiers d'autres pays européens et des Etats-Unis d'Amérique.
Cette structure du secteur bancaire ivoirien n'est pas spécifique
à la Côte
d'Ivoire; elle est générale dans la plupart des Etats. Africains
francophones,
membres de la zone franc(voir tableau n085. Structure du ré-
seau bancaire en Côte d'Ivoire).
a)
-
cas du Crédit de la Côte d'Ivoire(C.C.I)
Société Anonyme d'Economie
Mixte,
le Crédit de la Côte d'Ivoire
a com pétence de réaliser toute opération destinée:
- au développement du commerce,
de l'industrie et de la pêche;
- à l'amélioration des conditions
de l' habitant et de l'équipe-
ment familial;
-
à l'équipement des
membres
des
professions libérales.
En dehors de ses activités pour le compte des tiers, le Crédit
de la Côte d'Ivoire
par s s
propres activités a
mobilisé
pour l'économie de
la Côte
d'Ivoire,des fonds énormes que nous rappelle le tableau ci-après:

:!~~~~~!!_~~_6?:- SECTEUR BANCAIRE IVOIRIEN
I---------------------------------r----------r---------1----------1-----------------1--------------------------.
1
Il
DATE DE 1
RAISON
1
CAPITAL
1
1
1
1
1
1 ·
1
1
1
1
NOM S
1 REFERENCE
SOCIALE
1
SOCIAL
1 ACTIONNAIRES
1
NATlONALl1F
1
ACTlVJTF
1
1
1
1
(MILLIONSI
" 1
'
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
F CFA
1
1
1
1
l,
l
'
1
1
I---------------------------------~----------~---------~----------~-----------------t-------------~------------
1
Banque internationale pour
le com-
1
1962
1
Société
1
4.000
: SONAFl:41%
1
Multinationale
1
Banque com-
:
merce et l'industrie de la Côte
1
1
Anonyme
1
1 PrivésIvoiriens 10%
1
France
1
merciR1p.
,1
d'Ivoire(B.'1.C.I.C.I)
1
1
S.A
1
ISFOM:28%
1
:
1
1
1
1
1 BNP:21%
1
1
~---------------------------------~----------~---------~---------~
--~-------------~-----------
~
Société Générale de
Banques en
1
1962
1
S.A.
1
6.000
: Ivoiriens:35%
:
France-GSA
:
Banque COnJ-
1
Côte d'Ivoire(S.G.B.C.I)
1
1
1
1 S.G.Frànçe ~37 ,18%
1 Suisse,RFA,
1
mercia1e
Il
1
l,
1
1 Banques Kmei-icaine
1 Jtalie
et Be1-
1
1
1
1 l
l'
S

1 .
1
1
1
l i t a lenne,
Ulsse,
1 g:Lque
1
1
1
1
1
1 Alle mande et Belge
i
1
}
~---------~---------~---------~
27,82%
~_-__----------~-----------
1
Société Ivoirienne de
Banque (S.LB.)
1
1962
1
S.A.
1
6.000
1 SONAFI:32,5%
1
France-USA
1
Banque CO/TI-
1
1
1
1 Crédit Lyonnais:3 1,5%1
RFA-Italie
:
mercia1e
1
1
1
1 Ùeuts~he
Bank
1
1
1
. ,
1
1
1
1 BanI<
Morgan 12%
1
:
1
1
1
1 Banca ltaliana
1
1
j - - '
----------~----------~---------~----------+
r-------------+-----------
1
1
l
,
1
1
1 Banque Internationale
pour l'Afrique
1
1
S.A.
5.000
1 Clty
Bank
New-York 1 F'rance
1
Banque com-
10ccidentale de Cô1le d'Ivoire(BIAO-CI) 1 :
1
49%
1
1
mercinle 8t
1
1 Grandes
Banq ues
1
société
cl' F -
1
1 Françaises
COFIFA
1
tudes(é-
1
1
51 %
1
tudes ri u fi-
!
1
1
nancement (\\1:':'
,
1
1
.
l
,
1
secteurs agl'l
1
i
1
1
:
cole ,ind lIstr'ic
1
1
1
I
l
et
co m rn e r' r: ü,
1--------------------------------~---------4---------~---------~------------------r-------------T
---
ICaisse Autonome d'Amortissement de
1
1959
1
S.A.
1
1 Etat Ivoirien
1 Côted'lvoire
:
Gestion
r!I:'S
\\Côte
d'Ivoire
1 :
1
1
1
1
fonds
d'em-
1
1
1
1
1
1
1
prunt"Ge:;tiori
,-------
L
J
L
J
L
l__ des ~~ôt~.

C"')
~
TABLEAU N- 6F'
SECTEUR
BANCAIRE IVOIRIEN lSUITE)
C"')
-------------------------------------------------------------------------------------T------------r---------------
1
1
1
1
1
1
NOM S
1
DATE DE
1 RAISON
1 CAPITAL 1
ACTIONNAIRES
i NATlONALJTF : ACTlVlTFS
1
REFERENCE 1 SOCIALE
1 SOCIAL
1
1
1
_________________________________L
~------_+-- ----+---------------------4------------T------------ ---
Banque Ivoirienne de
Développement
1
Février
1
S.A.
1
2.100
1
Côte
d'Ivoire:26,9%
1
Mu1tina-
i Banque de U'VI
1
1')-6 li
1
1
1
C.C.C.E:10,7%
1 tionale
Iloppement
1
1
1
1
Banq ues
Européennes
1
i
----------------------------------~----------~---------~-------+---~-~~jE~~1~~~2~~~~t-----------~--------------
Banque Nationale pour le Dévelop-
1
1968
1
S.A.
1
2.000
1
Côte
d'Ivoire:66,7%
1
Multina
1
Banque
de
Cf,,!,
pement Agricole(B.N.D.A.)
Il
1
1
1
C.S.S.P.A:
16,6%
1
tionale
:
loppement
1
1
1
8
%
1
1
'1
1
1
l i B . C • E. A. 0 :
,3 0
1
1
_______ ----
L
J
J
--1- c. c. c. E.:
8! 3%
~------------+---------_----
Crédit dèCô'te 'd'lV'oire
1
1955
1
S.A.
1
4.800
1
Côte
d'Ivoire:81,67%
1
J'>lu1tina-
:
Banque Cornrn"r
1
1
1
1
C.C.C.E:
9,17%
:
tionale
:
ciale et de
~ ---------------------------------L----------J---------~--------~
B • C • E. A • 0 : 9 , 17 %
__ ~-----
+_~~vel0 1?Q!?~~~_
Compagniè"Financiêre de la Cête
1
1
1
1
: :
d'lvoireC.:eOFItCl)
1
1974
1
S.A.
1
1.100
1
Groupe
BNP-SFOM;51% 1 France
1
Banque
d'il['-
Il
'1
1
1
SONAFI
:
34%
1
i
faires
1
1
%
1
1
1
1
1
1
BICICI
:
100
1
1
-
1
1
1
1
CCI
5%
1
1
---------------------------------t-----------L---------~-------+
. .
-+------------~--------------
Société Nationale de Financement
_
1
1963
1
S.A
1
800
1
t'tat Ivoirien
1
Côte d'l-
1
Ban~lue de
~ONAFI)
1
1
1
1
1 voire
:
Développ0-
1
1
1
1
1 :
mént de l' {> pa
1
" 1
1
1

l
"'ne
--------------------------------+------------+----------t--------i------------ --
- - - - - - - T - - - - - - - - - - - T - - l : l . - - - - - - - - - - -
Société Africaine de Crédit
automo-
1
1
1
1
1
1
bile
(SAFCA)
1
1956
1
S.A.
1
800
1
lvoiriens Privés:
:
France
1
Société de
1
1
1
1
22,48%
1
1
Crédit auto-
1
1
1
1
Renault(France)32,27% 1
1
mobile
_______________________________L
J
JL
1 CFAO!CICA,SCOA:42!25t-
~--------------
SO!!!!QES:
Tableau fait à
partir:
-
Ediafric spécial "Economie Ivoirienne" 1977.
Paris
-
La Côte d'Ivoire en chiffres 1'988- Société Africaine
d'Edition,
France.

-
364 -
Ces crédits ont progressé de 25, U
en moyenne
par an passant de
21.913 millions à 65.827 millions de francs C. F . A. de 1956 à 1986. Il s' en-
suit que,
depuis sa création, le Crédit de la Côte d'Ivoire
a
octroyé
à
l'éco~omie d~ la Côte d'Ivoire 395,678 millions de francs C.F.A (1)
Afin d'atteindre le maximum
possible des bénéficiaires solvables
pour une
meilleure rentabilité, le Crédit de la Côte d'Ivoire dirige la plus
grande partie de ses ressources vers les activités qui leur sont étroite-
ment liées,
dont le petit équipement et les automobiles.
H - Dans l'immobilier, les crédits ont été dirigés principalement
vers l' ha bitat collectif: logements du personnel à Abidjan-
Bouaké et
Abidjan,
Bouaké pour les im meubles de bureaux et surtout Yamoussoukro,
nouvelle capitale ivoirienne.
2)
-
Les collectivités publiques concernées sont essentielle ment
les municipalités d'A bidjan(lO),
de Ya moussoukro.
Bouaké, les sociétés im-
mobilières. la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale, le Port de San- Pedro
en 1982. 1983 et 1986.
3)
-
Les marchés publics sont entre autres, les fournitures
d' é-
quipements ad minmistratifs ,
du matériel pour les travaux
publics et les
constructions d' éta blisse ments publics.
Par contre le Crédit de la Côte d'Ivoire oriente très
peu
ses res-
sources vers l'agriculture, les aménagements ruraux et l'exploitation fores-
tière qui intéressent pourtant la plus grande partie des salariés iv oiriens.
Le
pouvoir d'achat faible de l'emprunteur ivoirien entraîne une limite im-
portante des activités du type
"Crédit Social" au profit des activités de
"Banque de
Développement" et notamment au profit des opérations à caractère
indust!'iel.
C'est ce que confirme la répartition de ces crédits selon la
durée de rem boursement.
On peut retenir pour terminer que l'essentiel des crédits du Cré-
dit de la Côte d'Ivoire à l'économie s'est orienté par priorité suivant le
tableau ci-après.
(1) Rapports
d'activité du Crédit de la Côte
d'Ivoire 1957 •.. 1983 et 1986

- 365 -
TABLFAU N-' 66 - Rll'ARTITION DPS CREDITS ACCœDPS A LA COTE D'IVOIRE
(EN MILLIONS DE FliANCS CFA.) fl'fI'RE 1983 RI' 1986.
BRPNCHE D'ACTIVITE
MONTFNT
%
Crédits imr.lo bi l iers ................
4.017
41,5
Prêts aux collecti vi tés et éta-
blissement publics .................
2.105
12,8
Prêts aux entreprises ........••.•.•
2.157
23,9
Prêts au petit équipement ..........
1. 412
16,2
Prêts automobiles ..................
517
5,6
TOTPl PP ETS ..•...................
10.198
100,0
SOURCES " - la Côte d'Ivoire en chiffres 1980 - 1981 et 1986/1987
P,bidjan
1988.
- Ediafric Spécial "l'Economie Ivoirienne" 1977.
- les comptes de la Nation 1982 et Fapport Economique et Finan-
cier 1986 du Ministère des Finances de Côte d'Ivoire.
- Zone franc. Rapport 1986 Paris.

- 366 -
Cela est da d'abord aux ta,,:: d'intérêts dits "raisonnables" du Cré-
dit de la Côte d'Ivoire pour le long terme et réescompte des opérations
industrielles et immobilières par la Banque Centrale des Etats de l'Afri-
que de l'Ouest pour 10 ans ; ensuite des ressurces propres provenant de
ses divers actionnaires notamment la B.C.E.A.O., la Caisse Centrale de
Coopération Economique (C.C.C.E.), le Conseil de l'Entente sur crédits
V.S.F.I.D. et la Caisse AutonoDe d'Amortissement (C.;.A.), ainsi entre
1983 et 1986, les crédits octroyés par le Crédit de la Côte d'Ivoire ont
pour source :
TABLEAU N- 6 ~_
ORIGINE DES RESSOURCES IXJ CREDIT DE COTE DI IVOIRE POUR
LI EXmCICE 1983 - 1986.
( EN MILLIONS DE FRANCS CFA. )
seUPCE
~10NT;'NT
1
_ 296 -
On remarquera finalement que le taux de prélèvement sur les bénéfices
(taux d'abord fixé à 16 % pour la contribution' foncière sur les pro-
priétés bâties et à 10 %pour les autres, ensuite ramené au taux unique
de 21,5 r:'lilliards de francs CFF. en 1986 pour l' ensenble des secteurs)
frappe unifo~ément tous les bénéfices et donc sanc~ionne particulièreDent
les petits "entrepreneurs Ivoiriens". Eh effet, le seuil minimum d'in vestis-
sement donnant lieu à des rEmbo:lrsements des certificats F.:-i. 1. étant très
élevé, l5 Dillions de francs CFA., il ne favorise pas les nationaux. Ce
toutes façons, il ne pouvait en être autreDent, puisque le F.N.l. a été
principale!:lent institué pour lutter contre les "transferts d'épargne vers
l'extérieur". De ce fait, et à défaut d'une orientation ou d'une politique
véritable des investisseDents, les promoteurs des Perspectives Décennales
posaient le F.N.l. comne un des Doyens de destruction du capitalisme natio-
nal balbutiant nécessairenent subordonné au capitalisme dOr7linant dans l'éco-
nonie ivoirienne et CODne des Doyens du
renforcéJnent de la è.o~ination de
ce dernier. Comme on peut le lire, en effet, dans le journal o:~ficiel de la
Fépubliq_e de Côte d'Ivoire, n° 24 et dans le Code desinvestissement> de la
Fépublique de C. I., les entreprises créées ou ngr~ldies grâce aux cer~ifi­
cats F.N.I., dans le cas où elles sont agréées conne entrepri3es prioritaires
(dans leur totalité cu C~ cc qui conce=ne leG extch3ions) béné~icicnt de
mesures d'exonération ou d'allégement fiscal et pe~vent être admises au bé-
néfice du régime fiscal de longue durée ... destiné à garantir à des entre-
i

_ 296 -
On remarquera finalement que le taux de prélèvement sur les bénéfices
(taux d'abord fixé à 16 % pour la contribution ~ foncière sur les pro-
priétés bâties et à 10 %pour les autres, ensuite ramené au taux unique
de 21,5 milliards de francs CFA. en 1986 pour l'ensenble des secteurs)
f~appe uniformément tous les bénéfices et donc sanc:ionne particulièrenent
les petits "entrepreneurs Ivoiriens". Eh effet, le seuil minimum d'in vestis-
sement donnant lieu à des rembo:lrsements des certificats F.:-i. 1. étant très
élevé, 15 millions de francs CFA., il ne favorise pas les nationaux. De
toutes façons, il ne pouvait en être autrement, puisque le F.N.l. a été
principale!':lent institué pour lutter contre les "transferts d'épargne vers
l'extérieur". De ce fait, et à défaut d'une orientation ou d'une politique
véritable des investissements, les promoteurs des Perspectives Décennales
posaient le F.N.l. comne un des moyens de destruction du capitalisme natio-
nal balbutiant nécessairenent subordonné au capitalisme dominan~ dans l' éco-
nomie ivoirienne et comrJe des moyens du
renforcéJl1ent de la èO:-lination de
ce derr.. i.er. Comme on peut le lire, en effet, dans le journal o:'ficiel de la
Fépubliq~e de Côte d'Ivoire, n· 24 et dans le Code des investissements. de la
République de C. J., les entreprises créées ou n~r~dies grâce aux cer~ifi­
cats F.N.I., dans le cas où elles sont agréées COr:1f.1e entreprises prio~itaires
(dans leur totalité ou cn cc qui concerne 103 extc~3ions) bénéficient de
mesures d'exonération ou d'allégement fiscal et peuvent être admises au bé-
néfice du régime fiscal de longue durée ... destiné à garanti~ à des entre-
prises agréées comme prioritaires, la stabilité de tout ou partie des char-
ges fiscales qui leur incombent, pendant une période maximum de 25 ans et 3e
ans le cas échéant. les entreprises prioritaires bénéficient par ailleurs
d'une exemption pendant le &~S des droits de douanes et d~oits fiscaux
d'entrée applicables
- aux matériaux étrangers indispensables pour la création de ces
entreprises ;
- aux matières premières d'origine étrangère entr9~t dans la com-
position des produits finis desdite3 entreprises.
- Pour bien situer les résultats du ~.\\.:., toutefois, il nous faut
nous reporter à la SC~rFI.

- 366 -
Cela est dû d'abord aux tau:: d'intérêts dits "raisonnables" du Cré-
dit de ls Côte d' l voire pour le long terme et réescompte des opérations
industrielles et immobilières par la Banque Centrale des Etats de l'Afri-
que de l'Ouest pour 10 ans ; ensuite des ressurces propres provenant de
ses divers actionnaires notamment la B.C.E.A.O., la Caisse Centrale de
Coopération Economique (C.C.C.E.), le Conseil de l'Entente sur crédits
lI.S.P.I.D. et la Caisse ~utono~e d'~mortissement (C.r.A.), ainsi entre
1983 et 1986, les crédits octroyés par le Crédit de la Côte d'Ivoire ont
pour source :
TABLEAU N- 6 '1_
ORIGINE DES RESSOURCES III CREDIT DE COTE D' IVOIRE POUR
L'EXffiCICE 1983 - 1986.
(EN MILLIONS DE FRANCS CFA.)
SOUPCE
~10NT;NT
%
Banque Centrale des Etats de
l'flfroique de l'Ouest(B.C.E.A.O
5.615
fD,9
Caisse ;'utmane d'Pioortiss6l161t
(C.P.P.) ••••••••••••••••••••••••••• ••
34
~aisse C61trale de Coopération
Econanique (C.C .CE. )
~
.
215
2,5
Conseil de l' 61t61te sur Crédits
_I.S.; .I.e
.
C,S
Fonds propres
.
15'7
2,1
'";"OT;' L •••••••.••••••••••••••••.
lCC,C
SOURCES
'";"ableau élaboré à parti~
Bulletin de l'rfrique ~oire;
c'ô te rj'i.voire en chiffres.
-
la c:ôte d'Ivoire en chiffres
1986/198 ~
Srécial ";::conomie
=voiricnne

TABLEAU N· 68
LES ETABLISSEMENTS FINANCIERS DE LA COTE D'IVOIRE
r----------------------------------------------------------------------------------------------------------
1
NOMS D'ORGANISMES FINANCIERS 1
DATE DE
1 RAISON
1CAPITAL so-I
PRINCIPAUX ACTION
1 NATIONA- 1ACTIVITES
1
IREFERENCE
1 SOCIALE
ICIAL(MIL-
1
NAIRES
1 LITE
:
1
1
1
1 LIONS
DE
1
1
1
1
1
1
1 F.C.F.A.)
1
1
1
0
-----------------------------~----------i--------~
t-------------------t---------t---------------
Société Nationale de finan-
1
1963
1
S. A
800
1
Etat Ivoirien
Côte
d' 1-
1
Prises de
parti.~i
cemente SON AFI)
1
1
voire
:
pations dans les
1
: entrepris es ou or-
1
1 ganismes
puhli~s
1
1
. _
1
1 pr1ves
concourant
1
1 au dévelop pe ment
1
1 de la Côte
d ']voir
1
i "Gestion administl'
\\
1
1
1 tive et financière
~ 1
1
1
1
du portefeuille d
0")
1
1
1
1
l'Et t

1
l -
1
__
~ -
l
~
~
i
~
a
~
~
.
1
1
1
1
1
1
1
1
Société Africaine de Crédit
1 1956
1
S. A.
1
500
1 Société Africaine
1
France
1 Crédit
bail et leé
1
Automobile(SAFCA)
1
1
1
1 de Crédit Automo-
1
1 sing de véhicules
1
1
1
1
1 bile
1
1
1
1
1
1
1 ·
1
1
1
1
1
1
1 SAFCA
dominée
par
1
1
1
1
1
1
lIa Régie Renault, la
1
1
I-----------------------------J----------J--------JL---
JCFA, la CIC~SCQ~__JL
JL-------------~-
1
Société Ivoirienne de Finan-
1 1965
1 S.A.
1
120
1 Groupe SAFCA
1
France
1 Crédit industriel
! ~~::é~~(SÂ:;:c~ine-de-(rrêdit----1-ï9ii------~-S:-A:----+-ï20-----~-=--sAfëA-et-SIF:s8~4%+-Fr;nœ---~-ëréditb-ail-;u-;--
1
ball(SAFBAIL)
1
1
1
1 -
SONAFI:17,2%
1
1 biens
d'équipernen
1
1
1
1
1 -
BIDI:24,4%
1
1 et matériel d'out
1
1
1
1
1
1
1 l
t 1
.
1
1
1
1
1
l i a g e e
easmg de
I-
J
J
L
J
L
, véhicilles.
_
SOURCES
Ediafric. Spécial Economie Ivoirienne 1977.
-
La Côte d'Ivoire en chiffre 1986 -
1987.
Les comptes de la Nation 1982 et 1986 du Monistère de l'Economie et des Finances de Côte d'Ivoire.
;;;;;:s;;w.w:;;çq h? Ai{414LiZQ "A4Jikf.JlK·(, MI) da "tA -'- ZiM9C .J!L,t ~ "t J v 4•• $ .. wu
tU
4 -.\\4
4
".lMtJiK .".;;;;JX,~.MW:;:;:MRmi.dM;t2W'llt LLi ru
MG... ",il ,m,Rh:;;;';::
"'d' A WM *'~ -~----~_._----------

- !68 -
Les remarques suivantes sont utiles pour saisir l'orientation
des crédits de la Côte d'Ivoire:
1)
-
Les activités du "crédit de la Côte d'Ivoire" sont dic-
tées par les actionnaires. Il ressort du tableau n· 87 que les fonds
de la
Banque sont dirigés vers les investissements moyen et long termes (sociétés
immobilières)
;
2)
-
Le crédit de la Côte d'ivoire finance pratiquement seul
les crédits à long terme; ses concours à
moyen terme sont généralement
consortialisés avec les banques corn merciales de la place; i l est intégré
dans le système bancaire ivoirien;
3)
-
Ses principaux actionnaires,
y corn pris les autorités
publiques ivoiriennes mettent l'accent sur les activités de "Banque de
Développement" au détriment des activités de crédit social.
b) -
Le financement du secteur financier
Les organismes financiers de la Côte d'Ivoire nouvellement
créés jouent corn me les banques, un rôle dans le développement de ce
pays.
Mais par manque d' informations statistiques suffisantes, nous
ne
pouvons pas estimer avec exactitude ce rôle.
Cependant les caractéris-
tiques principales de chacun de ces organismes recensés dans le tableau
ci-contre nous donnent quand même une idée de leur contribution au déve-
loppement du pays.
Il s' ensuit,
par leurs différentes interventions dans l' écono-
mie que les sociétés financières ivoiriennes ont des activités de banque
d'affaires (COFINCI),
d'organismes de crédit SONAFI qui empruntent sur
les marchés financiers internationaux et prêtent à l'Etat et aux entrepri-
ses après conversion d'office des certificats du Fonds National d 'Inve::..-
tissemend F. N.I.)
d' entreprises de services et de sociétés d'études
(SAFCA, SIF et SAFBAIL), En outre, le capital dominant de ces organismes
est essentiellement extérieur (+77,52%).
En effet,
véhiculé par les succur-
sales des banques et sociétés, financières françaises (SA FC A pour lF' groupe
RENAULT-FRANCE et le groupe CFAO,SCOA et la CICA) alliées aux
banques

-
369 -
et sociétés financières américaines, canadiennes,
hollandaises, italiennes,
luxembourgeoises, ce capital s'investit comme l'indique ce tableau,
dans
les domaines économiques rentables pour ses propriétaires.
Telle est brièvement brossée la place des organismes financiers
ivoiriens dans le développement du pays. Ils com plètent donc les activités
du secteur bancaire.
Quels sont les enseignements que nous pouvons tirer de ces inter-
médiaires financiers?
Il con vient de préciser que les inter médiaires financiers ont
pour objet de faciliter le contact entre les agents prêteurs( ménages, entre-
prises. Administrations autres que l'Etat.
Etranger quand
ils' ont des capa-
cités de financement) et les emprunteurs(les ruê'mes quand ils ont besoin de
financement) en drainant les ressources des premiers pour les mettre à la
disposition des seconds.
En Côte d'Ivoire, les intermédiaires financiers
étudiés ci-dessous occupent une place fondamentale dans le financement de
l'économie par l'octroi de crédits aux grosses maisons de com merce im port-
ex port( B.r. D.r),
de prises de participations industrielles et bancaires
(B.C.E.A.O. Cofinci et Crédit de Côte d'Ivoire).
En tant qu'intermédiaire financier,
le Trésor public ivoirien
occupe une place très limitée dans l'établissement et le maintien de l'équi-
libre économique du pays.
En effet, au lieu de chercher à connaître les
capacités de financement dégagées par certains opérateurs économiques et les
besoins de financement ex primés par d'autres pour les ajuster( ce serait très
difficile compte tenu de l'emprise du capital étranger sur l'économie ivoi-
rienne dans les filiales du Crédit Lyonnais com me c'est le cas dans les pays
de l'Hémisphère Sud), le Trésor public ivoirien est un agent Payeur Général
après l'encaissement des ressources budgétaires.
Il faut par ailleurs, ajouter que le com portement du système fi-
nancier a été passif en ce sens que les
mutations des structures qu'on at-
tendait de lui, ne sont pas opérées.
Bien plus, les intermédiaires financiers
en Côte d'Ivoire sont restés tributaires des raisons qui ont motivé leur ins-
tallation en Afrique Noire. à la
limite,
on peut craindre que si une telle

- 370 -
situation continue, les intermédiaires financiers ne constituent un
facteur de blocage du développement.
TABL FAn.:
fii
CR IDIT AL' a:ON<JtI E
(MILLIONS DE FRANCS C. F •A. )
;.. N N E E S
CP EDITS A COURT
CR EDITS ;. MOY8'i
TOTFL CF EDITS
TffiME
ET LONG TEFME
A L' ECONOMIE
1
1976 ............
290.867,3
101.023,1
391. 890,4
1977 ............
458.336,5
147.183,1
605.519,6
1978 ............
500.306,2
196.008, '7
696.314,9
19 '79 ............
52 7 .201,1
264.515,0
791. 716,1
1980 . ....•..•...
560.933,4
328.780,4
889. 7 13,8
1981 ............
612.159,2
354.330,0
966.489,2
1982 ............
664.194,3
357.059,8
1.021.254,1
1983 ............
744.575,6
356.718,7
1. 10 l . 29 4 , 3
1984 ............
752.211,7
330.551,8
1.082.763,5
1985 ............
665. 436,2
306.50 4 ,3
1 .0 7 5 . l 33 ,0
1986 ............
784.323,6
331.580,0
.1',5.903,6
1987 ............
908.038,2
302.53 4 ,4
1.210.572,6
lOTrL ..••.•••.
7. 468.583,3
3. ]76. "89,3
8. "7'70.239,6
-
SOURCES
lableau élaboré par l'auteur à partir des informations statistiques
de la B.(.E.r.C. et du \\lInistère de l'C:conomie et des Finances de
I~ôte d'l:voire : t:or.Jptes
de la Nation 1982. rapports C:conor1ique
et financier 1986 et 198~.

- 371
-
TABLEAU N-
70_ FINANCEMENT DES CREDITS A L'ECONOMIE PAR
------------
LA BANQUE CENTRALE.(EN MILLIONS DE FRANCS C.FA.)
i
TRESOR (OBLIGA-
B,~ ~Ql]ES
FT ABLISSEM ENTS
TOTAL
ANNEES
nONS CAlJT10N-
FINANCIERS
NEES
] 975
447,5
]49.129,8
-
] 49 '777,3
1976
442,0
103.0]9,4
2.917,8
10( 379,2
]977
772,2
]65,194,9
4.363,4
170 330,5
1978
-
173.548,4
5.650,3
179 ]98,7
]979
-
197.738,9
6.440,8
204 179,7
1980
-
266.193,2
5.738,5
271 931,7
1981
-
366.845,8
5.473,5
372 319,3
1982
11946
405.695,9
6.445,0
424 086,9
1
1983
10241
466.904,2
7.772,4
484 917,6
1984
11844
433.310,7
8.559,2
453 713,9
1985
13647
321. 220,4
9,704,3
344 571,7
1986
15153
412.861,9
110.73,6
423 935,6515
1987
11282,5
498.818,3
11. 686,6
521 787,4
SO!!!!fES:
B.C.E.A.O. - Tableau élaboré par nous-même à partir des données
économiques et monétaires N~
268(1979), 298(1981, 346(1986), 370(1988)
et rapports annuels 1974, 1981, 1982 et 1984, 1985 et 1986.
1

- 372 -
SB::TION 2 - LA POLITIQUE MONEl'AIR E DE LA BANQUE CmITRALE DES ETATS DE
L'AFRIQUE DE L'OUEST (B.C. E.A.O. )
Cette politique renferme deux volets : la politique de crédit et la
politique d'émission et de gestion de la monnaie.
Pragraphe 1 - LA POLITIQUE DE CR EDIT
La présentation de la politique du crédit de la B.C.E.P.O. sera faite
autour de deux axes principaux : le soutien que cette politique apporte à
l'économie et aux Trésors Publics des pays de la ZOne d'émission d'une part,
ses mesures pour l'encadrement du crédit"d' autre part.
l
- Le soutien à l'économie et aux trésors publics
A) -Le soutien à l'êconomie
Le soutien de la politique de crédit à l'économie porte essentiellement
sur le commerce d'importation et la production agricole d'exportation, les
secteurs économiques estimés prioritaires par la B.C.E.P.O. et sur les
petites entreprises africaines.
a) -
Le soutien au commerce d'importation
La B.C.E.F.O. apporte depuis sa création, son soutien au commerce
d'importation des produits industriels notamment des équipements, des pro-
duits énergétiques, des matériaux de construction et des biens de consomma-
tion alimentaire et non alimentaire. Ce soutien se matérialise par le rées-
compte des effets de commerce (voir le réescompte des opérations courantes
dans le tableau relatif aux crédits de réescompte ci-après) et par l'orienta-
tion que la B.C. E.I' .C. donne aux crédits bancaire';
de L:1 ZO:l8 ver3 ce secteur
(voir tableau n' 94) ; en effet, les crédits bancaires à court terr.1e (durée
de moins de 2 ans) .,11 seclcur cOr.1mercial ont augmenté de 12,'t % de 19S9 à
1985 passant de 13,54l à 2!tC,8 7 4 millions de francs 0;'. l:ependant, si l'en-
semble des crédits bancaires à court terme a augmenté de 2C,7% ,

- 373 -
par an pendant cette période, la part des crédits commerciaux a subi une
baisse moyenne de 5 %par an. Cette baisse est due aux mesures d'encadre-
ment du crédit prises par l'institut. Pourquoi cette politique d'encadrement?
Les
facilités de réescompte des tirages commerciaux accordées par les
banques commerciales aux grandes maisons de commerce d'importation, de distri-
bution, aux entreprises de services dont les transitaires n'ont pas en général
entraîné le financement des investissements productifs. ~insi l'augmentation
de 25 % des crédits bancaires à ce secteur de 1969 à 1986 passant de 60.970 à
254.337 milllions de francs CFA. n'ont entraîné que la constitution de stocks
excessifs de marchandises, accompagnée de délais trop longs de remboursement.
Pour éviter de continuer à détourner les crédits énormes du financement des
secteurs qu'elle estime prioritaires, la Banque Centrale a décidé:
11 L~s banques commerciales doivent exhorter les grandes maisons de
commerce, les entreprises de services et les transitaires, à ramener leurs
encours de crédits à l'intérieur des limites de réescompte ainsi assignées
par la Banque' Centrale;'
2) La compression constante des crédits non réescomptables que les banques
commerciales accordent facilement aux entreprises ;
3) Le financement des crédits non réescomptables par les sièges et
correspondants extérieurs des banques ou par leur apport de fonds propres
4) Le financement des crédits de réescompte par des dépôts bancaires
5) La pénalisation des crédits de réescompte hors plafonds
6) La réduction des délais de collecte des in formations en provenance du
secteur bancaire et
des entreprises et leur traitement sur ordinateur pour
avoir une connaissance approfondie et plus rapide sur la gestion des entreprises
des divers secteurs économiques et leur part dans l'évolution monétaire de
la Zone.

- 374 -
Nous prendrons connaissance ultérieurement d'autres mesures
d'en-
cadrement du crédit prises par la Banque Centrale à l'égard du secteur
commercial. Pour le moment, c'est le soutien des secteurs économiques
prioritaires par la politique de crédit qui retient notre attention.
b) Le soutien aux secteurs économiques estimés prioritaires
Les secteurs économiques estimés prioritaires sont les secteurs
agricoles, forestiers, immobiliers,iridustriels
~t l'infrastructure routière.
1) - Le soutien au secteur agricole
Le soutien de la B.e.E.A.O. au secteur agricole sur les produits
agricoles d'exploitation: cacao. café. bananes et produits divers
(huile de palme et de palmistes, caoutchouc, coton etc ... ). La B.C.E.fi.G.
finance la collecte des principaux produits (café, cacao, bois, huile de
palme et de palmistes) par le réescompte des crédits de campagne; la Banque
Centrale finance également les traites sur l'extérieur pour faciliter l'ex-
portation des produits tant agricoles 3 que forestiers, les traites douanières
ou les tirages des fournisseurs de biens d'équipement, pour favoriser l'acqui-
sition des matériels agricoles et forestiers. L'ensemble des concours de la
Banque Centrale au secteur agricole à la distribution de marchandises et à
la construction immobilière est donné dans le tableau ci-contre.
!~~~~!!!: Utilisation des crédits de réescompte par les banques
auprès de la Banque Centrale.
Les crédits de campagne et leur place dans l'ensemble des crédits de
réescompte ont augmenté respectivement de 14.5 % et 4,~ % de 1980 à 1985
passant dans la même période de 3..26,119 à 22C.9 7 4 millions de francs CFr.
Cans la même période. l'ensemble des crédits de réescompte a progressé de
1C,5 % passant de 56C.933,4 à 759. 453,C millions de francs ':Fr. (1).
L'importance de ces crédits semble poser de sérieux problèmes à la
Banque '=entrale pour leur récupération. -::1 s'agit, en effet, des difficultés
d'évacuation des produits, des probli~::ies de trésorerie des ,'aisses
(1)
-
B.I=. Eor .C.
Statistiques f::conomiques et ~lonétaires révrier 1986
;o.i
346.

- 375 -
de Stabilisation qui empruntent beaucoup de fonds pour soutenir les cours
l'.aJL1Dvg.emBrf~.-desdélaistrop longs dans le remboursement des crédits.
La Banque Centrale a par conséquent pris une série de dispositions précise;;
1) La subordination de la mise en place des crédits de campagne agricole
à la solvabilité des Caisses de stabilisation des cours ;
2) L'incitation faite aux gouvernements des pays de la zone de prendre
au préalable des dispositions pour assurer la solvabilité de ces caisses ;
3) La durée des crédits à l'exportation ajustée sur le voyage maritime
pour inciter les exportateurs à rapatrier sans tarder le produit de leurs
acti vités ;
4) L2 maniement des
taux de réescompte des crédits de campagne agri-
cole.
;près le secteur agricole, le soutien de la Banque Centrale porte sur
d'autres secteurs économiques.
2) Le soutien de la 8.C.E.A.O
aux autres secteurs économiques
estimés prioritaires.
Le soutien essentiel de la Banque à l'économie des pays de l'union
porte sur les secteurs forestiers, immobiliers, industriels, minier et sur
l'infrastructure de transport. Le financement des crédits bancaires détournés
du secteur agricole est orienté à moyen et long termes vers ces se~teurs. La
répartition par nature d'activité économique de ces crédits e3~ dans le ta-
bleau ci-après.
L'ensemble de ces crédits a évolué de 16,5 % par an, passant de 889.713,8
à 971 .94C, 15 millions de francs CF;'. de fin J.:écembre 198c à fin Cécembre
1985 (1). l'ne partie de ces crédits bancaires s'est dirigée vers le secteur
public et semi-public et l'autre partie vers le secteur privé.
(1) - B.C.E:"ê.C: Statistiques Economiques et monétaires n' 346lé\\'ri::~r :986.

-
376 -
TABLEAU N- n
- CREDITS BANCAIRES A LA PRODUCTION AGRICOLE ET
A LA DISTRIBUTION DE MARCHANDISES DE COTE D'IVOIRE.
! ANNEES
! POUR CENT DU TOTAL DES CREDITS A COURT TERME 1
1
1
1
I
~--------------------------------------
~
1
1
1975
60,9
1
1
1
1976
58,5
1
I-
1977
62,5
I
1
1
1978
59,9
1
1
1979
60,1
1
J1
1980
60,9
1
1
1981
60,0
1
1
1
1982
58,1
1
1
1
1983
55,6
1
1
1984
54,7
1
1
1
1985
58,01
1
1
1986
61,7
1
1
1
1987
67,4
1
1
1
1
I
--------~--------------------------------------
~
SOURCES
B.C.E.A.
-
Rapports Annuels
1979, 1980, 1981, 1982,
1983, et 1984. Statistiques Economiques et Monétaires
B.C.E.A.O.

346 - 1986 et Avril 370
1988

- 377 -
TABLEAU N- 72
- CREDITS A COURT TERME AUX ENTREPRISES DE
DISTRIBUTION DE MARCHANDISES
ï~-;-;-~-~-;----r-;~~~~~~-~~-~~~~~~;;~~----l--~~~~-~~~~~;~~~~-~l
1
1
FRANCS C. F. A
1
MENT ANNUEL ( %)
1
L
~--------------------------~----------
~
1978 - 1979
156.958
1979 - 1980
193.848
+
24,4
1980 - 1981
225.119
+
11,4
1981 -
1982
243.934
+
11,4
1982 - 1983
265.958
+
9,4
1983 - 1984
371.252
+
38,2
1984 - 1985
412.491
+
41,4
1
1
1985 - 1986
578.165
1
+
50,9
1
1
1
1
1
1
-------------------------------------------~-------------------~
SOURCES
B.C.E.A.O. - Rapports d'activité 1980,1981,1982,1983
et 1984 et Bulletin "Statistiques Economiques et Moné-
taires de Février 1986 N° 346 et Avril 1988.

-
278 -
TABLEAU N-
~3_ CREDITS A MOYEN TERME PAR LA BANQUE CENTRALE
(AUTORISATION DE REESCOMPTE- EN MILLIONS DE FRANCS
CFA)
j------------,-------------------ï---------------------------------1
1
ANNEES
1
MONTANT
DES OPERA 1 MONTANT
DES OPERA
TOTAL
1
1
1
TIOKS IMMOBILIERES·1 TIONS
DE
PRODUC-
1
1
1
f
1 TION
1
1
1
1
. 1
1
1
1 ------------1-------------------·.,--------------------,------------.,
1
1
1
1
1972 - 1973
400
1
190
590
1
1973
1974
1.076
1
830
1.906
1974 - 1975
679
1.150
1.829
1975 - 1976
939
802
1. 741
1976 - 1977
705
1.019
1. 724
1977 - 1978
329
380
709
1978 - 1979
1.130
2.814
3.944
1979 - 1980
2.044
3.3 42
5.386
1980 - 1981
2.801
2.658
5.459
1981 - 1982
6.341
6.961
13.302
1982 - 1983
3.960
6.364
10.324
1983 - 1984
5.892
14.660
20.552
1
1984 - 1985
1
7. 857
15.989
23.846
1
1985 - 1986
1
9.351
18.174
27.525
1
1
------------~---------------------------------------~-------------
SO!!!!~~S: B.C.E.A.O. - Rapports d'activité et Bulletin Statistiques
Economiques et Monétaires
de Février 1986 N°
346
Avril 1988.

- 379 -
Les premiers crédits ont recensé une augmentation de 25,1 % dans la
même période et ont porté principalement sur les "équipements publics
d'intérêt économique" à savoir: la construction immobiliêre et l'adduction
d'eau et d'électricité; l'autre catégorie des crédits s'est dirigée par
ordre d'importance vers les industries café et cacao, les industries tex-
tiles T les industries du bois et agricole qui régressent. Le tableau ci-
contre montre la part ~elative des crédits de chacun des secteurs suivants
de 1982 à 19a7 et leurs variations.
Les renseignements que nous donne ce tableau sont clairs par consé-
quent les commentaires supplémentaires deviennent inutiles.
Nous venons de voir la répartition par nature d'activité économique
des crédits bancaires à court, moyen et long termes. Notre souci de bien
connaître l'action de la B.C.E.A.O. dans le développement de sa zone d'émis-
sion nous incite à connaître également le financement des crédits bancaires.
3) Le financement des crédits bancaires
Pour participer de manière efficace au financement des crédits bancaires,
la B.C.E.A.O. a procédé
a) au relèvement de la durée du crédit à moyen terme de 5 ans depuis
1955, cette durée est passée successivement à 7 ans et 10 a~s
b) au relèvement sans cesse également des p]~fonds des crédits de rées-
compte à moyen terme.
Ces deux mesures visent à fournir une durée aSSt, ': longue et des crédits
importants pour la réalisation d'investissements dans les secteurs économiques
prioritaires. ?insi, la mise en valeur des ressoul ces naturelles et le déve-
loppement des produits agricoles d'exportation de l'U~1C'r d'une part, les
dispositions de la B.C.E.r.G. relatives â la durée de remboursement des
crédits et ,q;' relèvement des plafonds de crédits de réescompte â moyen terme,
aux renseignements sur la gestion des entreprises relevant de différents sec-
teurs économiques d'autre part visent à attirer tant de l'intérieur que de

- .3bO -
TABLEAU N-
74 -
CREDITS A MOYEN TERRE CONSENTIS PAR LE RESEAU
BANCAIRE DE COTE D'IVOIRE(MILLIONS DE FRANCS C.F.A)
r-------------------------I-------ï-------ï---------ï-------------1
1
SECTEURS
ECONOMIQUES
11982
1
1983
1
1984
1 VARIATIONS
1
1
1
1
1
1
1983/1984
1
1
1
1
1
1
------------------------T-------r-------r---------T-------------ï
1
1
1
1
* Crédits recensés:
117.983
1
22.001
33.264
1
+
11.264
1
1
1
1
1
-
prod uction agricole
1
957
1
1.449
'. 1.846
1
+
39Î'
1
1
1
1
1
-
prod uction éléctiicité
1
1
:2 • 479
1
+
2 . ~ï9
1
1
1
1
- industries café-cacao
1
1
940
1
+
91+0
1
1
- industries textiles
1
1.326
1
1.114
2.522
+
1.408
1
1
- industries du bois
1
334
1
229
909
+
680
1
1
-
construction immooilièr~ 6.677
1
7.738
10.939
+
3.201
* Crédits non recensés
1
2.048
1
2.400
4.331
+
1.931
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
-----------------------~-------r-------~---------~-------------~
1
1
1
1
1
Ensemble des crédits
120.031
1
24.401 1
37.595
1
+
13.194
1
1
1
1
1
1
1
~------------------------~------~-------r------------- -----------
SOURCES:
Tableau élaboré par l'auteur à
partir des informations statis-
tiq ues de la B. C. E. A. 0
Il faut noter que les crédits à moyen terme ont été consentis
aux secteurs de l'énergie électrique,
des industries textiles,
du café
et la construction im mobilière.

-
381 -
l'extérieur, des capitaux considérables pour financer les crédits bancaires.
Ce financement provient essentiellement des dépôts des entreprises et des
particuliers (276 milliards de F CFA. en 1985) des concours des sièges et
correspondants extérieurs des banques commerciales (15,7 %) et de développe-
ment (38,1 %) et des dépôts des trésors et des P.T.T. en C.C.P. (17,4 %).
4) Soutien de la B.C.E.A.O. aux entreprises et particuliers
Le soutien de la B.C.E.f.O aux entreprises et particuliers porte princi-
palement sur la production agricole et la distribution de marchandises, l'ac-
quisition de biens d'équipement et la construction immobilière. Ce soutien se
matérialise donc :
- par l'ouverture des côtes globales aux banques par les crédits natio-
naux moyennant un traitement privilégié aux banques qui accordent des concours
jugés satisfaisants ;
- par la voie de réescompte des tirages des transitaires en représentation
de crédits de douane, des tirages des grandes maisons de commerce causés par
les ventes à crédit, des papiers de fournisseurs de matériel, notamment fores-
tier et agricole ;
- par le relèvement de 50 à 80 % de la qualité mobilisable des crédits
destinés à l'équipement des entreprises des pays de la Zone;
- ~ar le relèvement de 30 à 5C % de la quantité maxioa d'intervention
de la B.C.E.P.C
dans le financement de la production agricole et de distri-
bution de marchandises, de la construction d'immeubles à usage collectif 0';
commercial à réaliser en dehors des centres urbains et touristiques. Le soutien
de la B.C.~.;.O. aux entreprises et aux particuliers à travers le tableau ci-
dessous pose un intérêt croissant daT1s le développement de la (ôte d'Ivoire.

Tableau n'
l5- eONCOURS AUX FN"l1UPRIS~ RI' PARTICULIERS
(MILLIARŒ DE FRANCS CFA.)
ANNEES
MONTANT (MILLIARŒ FRANCS
CFA.
1980 .......
146,3
1981 .......
163,8
1982 .......
206,3
1983 .......
248,4
1984 .......
343,5
TOTAL •.....
1.108,3
SOURC~
B.C.E.A.O. - hapports d'activité 1980, 1984 N
346 FévTier 1986.
B) Le soutien aux Trésors Nationaux
La Banque Centrale apporte également son concours aux Trésors Natio-
naux sous diverses formes: d'abord elle finance par la voie du réescompte
d'obligations cautionnées pour faciliter l'acquisition des biens d'équipement;
ensuite, elle accorde des avances en compte courant aux trésors nationaux pour
financer leurs fonds de roulemen t leur pe:rmettant ains i de pallier leurs
difficultés
de trésorerie; ainsi, suite au décalage dans le versement
des redevances agricoles, la Banque Centrale a octroyé à la Côte d'Ivoire 15,1
milliards de francs Cfr. d'avances en compte courant au cours de l'exercice
1981 - 1982 ; enfin, elle apporte aux autorités nationales Œ; complément
de fonds au financement de leurs plans de développment économique, social
et culturel.
Par la voie de l'escompte d'obligations cautionnées, la ':ôte d';:voire
a obtenu: 7.318,4 millions de frallcs ':Fr. ~1.\\1 cours de l'exercice 1983-
1984 pour financer la production agricole et la distribution de r:larcha'1dises,
la production forestière, la production d'électricité et notanment la
construction immobilière à usage cOr:lmercial avec le CZJncours de la '·or:lpa-
gnie Finar-,cière de la ':ôte d'Lvoire. L'ensemble des concours de la Banque
(~entrale aux trésors nationaux est donné dans le tableau ci-après.

- 383 -
Tel est pour l'essentiel l'ensemble des concours de la B.C.E.A.O
à l'économie de l'UMOA. Rappelons cependant que la majeure partie de ces
concours passent par les banques et l'autre partie par les trésors natlonaux.
A ces concours s'ajoutent, bien que illoindres, ses propres participations
essentiellement dans les banques de développement.
B) - L'encadrement du crédit
Afin de mieux utiliser les ressources bancaires à l'économie et afin
d'éviter la sortie des capitaux la B.C.E.A.O. a pris des dispositions d'en-
cadrement du crédit. Ces dispositions tournent autour de l'accroissement du
fonds de roulement des banques et des Trésors Nationaux d'une part, du manie-
ment des taux d'autre part.
a) - Les dispositions relatives à l'accroissement des fonds de
roulement.
1) des banques commerciales
Réduisant l'accord facile des concours bancaires aux entreprises et aux
particuliers (commerce, entreprises des T.P., production agricole surtout)
pour accroître les ressources de roulement des banques, la B.C.E.A.O. a ins-
titutionalisé la pratique des ratios suivants
- ratio de liquidité
Disponibilités + crédits réescomptables
Cépôts en crédits réescomptés
En le '9-1980 dont l'accroissement dans chaque pays est fonction de l'expan-
sion économique
- ratio de capitaux propres
Circulation Fiduciaire
Total des disponibilités monétaires
et quasi-monétaires
avec un taux plus lourd pour les opérations non réescomptables qui tendaient
à se développer rapidement (19'C).

- 384 -
TABLEAU N· 76 - LPS CONCOURS DE LA BANQUE CEm'RJ\\LE J\\UX 'Ilu:"sœs
NATIONJ\\UX DES ETJ\\TS DE Lt UNION.
MONTANT EN
MILLIARDS
~ FFr~CS C.F.P.
1972-1973 .....
3,122
1973-1974 ....
551
1974 -1975 .....
2.381
1975 -1976 .....
1,721
1976-1977 ••••
956
1977-1978 ....
939
1978-1979 ....
1.4c6
1979-198c ....
791
198C-1981. ...
128
1981-1982 ....
2.746
1982-1983 ....
2.451
1983-1984 ....
938
1984-1985 ....
1985-1986 ....
818,e
Fnse'lble des
22
l_c_o_n_c_o_u_::,_s_._._
. ._ _---'--1
_'_.4_8_3_,_2
----'
SOURCES
B.'~. >:'.r .C. à partir des bulletins de 3tatistiques Econof!1iques
et ~lonétaires et rapports d'activité :98c, 1982, 198 u , 1985
et 1986 (P. 74).

- 385:"-
- ratio d'emploi maximum par les banques de leurs dépôts en crédits
non réescomptables = ~D~é~p~ô~t~s
_
~ crédits non réescomptables
pour un ratio d'emploi minimum des dépôts en crédits rées comptables (1975)
Dép.:ots
:lE. Crédi ts rées comptables
A ces ratios s'ajoutent d'autres mesures: la ~.C.E.A.O. oblige depuis
1975 les banques commerciales à déclarer toute ouverture de crédit n'excédant
pas 30 millions de francs CFA. selon les pays, en outre, elle subordonne le
maintien des accords de réescompte de crédits pour financer la construction
d'un logement destiné à constituer leur habitation principale. A ces disposi-
tions relatives aux banques commerciales s'ajoutent également celles relatives
aux trésors nationaux.
2) des Trésors nationaux
La B.C.E.A.O. réduit ses crédits tant dans le montant et dans la durée
que par la taxation
des découverts
- le plafond dans le montant : les avances en compte courant que la
B.C.E.A.O. octroie aux Trésors nationaux pour faire face à leur problème de
trésorerie sont plafonnées = Z 10 % des dépôts bancaires de l'année écoulée,
soit 10 %des recettes fiscales de la même période (en 1985 - 1986). La
B.C.E.A.O. a invité les Etats membres de l'l~C; à ne pas utiliser tant les
crédits qu'elle peut leur octroyer pour éviter de mettre en péril l'équilibre
monétaire de l'Union.
- le plafonnement par la taxation des découverts : pour réduire ces
découverts, la B.C.E.A.C. soumet les avances en compte courant au taux
d'escompte dont l'évolution est donné dans le tableau ci-après.
r
ces dispositions visant l'accroissement du fonds de roulement des
banques et des trésors nationaux s'ajoute, pour compléter la série de dis-
positions d'encadrement du crédit, le maniement des taux de réescompte de
la Banque I~entrale des Etats de l';'frique de l'(,uest (BJ~.E.;'.(,).

-
386 -
TABLEAU N- .7.7 - DB:OlNERTS trrILISES PAR LPS 'l'RPSœs NATIONAUX DE
L'U " 0 ( EN MILLIONS DE FRANCS CFA.)
r 'J :-< E E S
MONTF~T (EN MILLIONS DE FF:fNCS Cfr.
1972-1973 ....... ....
3.038
-
1973-1974 ...........
392
1974-1975 ...........
1.993
1975-1976 ...........
1.306
1976-1977 ..... ......
501
1977-1978 ...........
608
1978-1979 ...........
909
1979-1980 ...........
788
1980-1981 ...........
123
1981-1982 .... ......
979
1982-1983 ..........
1. 337
1983-1984 ..........
936
1984-1985 ..........
1985-1986 ........ ,.
8.883
TOTf.L EXEFCICES •••.
21.865,0
SOl~CES
Tableau fait à partir des informations statistiques de la
B.C.E.;:'.U. et '=ompte de la :\\ation du ~linistère de l'Economie
et des hnances. Fapports Economique et Financier 1986.

- 387 -
b) - Le maniement des taux.
la Banque Centrale fixe, chaque année, les prix de ses différents concours
à l'économie, les taux de réescompte portant sur les effets publics (papier
local), les traites sur l'extérieur, les effets pris en pension d'obligations
cautionnées, le papier de crédit (avances en compte courant aux Trésors nationaux
et directes aux banques).D'autre part, pour décourager le recours abondant au
crédit comme pour éviter la sortie massive des capitaux, l'Institut d'émission
aligne ses taux sur ceux d'autres instituts de la ZOne franc, notamment la
Banque de France. le taux de la B.E.A.C (Banque des Etats de l'Afrique Centrale)
est le plus bas des taux des deux instituts africains de la Zone franc. L'évo-
lution des taux de réescompte de ces instituts est donnée dans les tableaux et
graphiques ci-contre.
Que retenir de cette gamme des prix des concours des deux instituts d'émissio
africaine de la Zone franc B.C.E.A.O. et B.E.A.C. ? D'abord le renchérissement
de ces concours se fait avec décalage d'un institut à l'autre: la hausse
des prix du papier local et des effets de pension en 1962, de tous les autres
concours en 1983 et 1987 pour la B.C.E.A.O et celle des effets de pension en
1961 et de tous les autres concours en 1978 et 1986 pour la B.E.A.C. ensuite
le reoours fréquent àuxopérations de pension malgré leur cdût élevé est un
lndièe quant à la réntaBilité"des opératiâns bancaires ~'enfin l'uniformisation
d~s prix des èoncours de la B.C.~.;;O 9t de la B.E.f.C. ajoutée a\\IX moyens de
la poiitique monétaire de ces deux instituts d'émission (limites individuelles
de crédjt, èoeffièients de liquidité raisonnables, ratios d'emploi, minimlli~
des dépôts plafonds de réescompte, taux d'intérêt) est une mesure de lutte
contre les t~ansferts des capitaux spéculatifs d'une zone à l'autre à l'inté-
rieur de la Zone fr~c. Cette lutte contre la Gpéculation est elle efficace?
C'est très difficile de répondre par l'affirmative, les banques et les entre-
prises africaines qui bénéficient des avantages douaniers, fiscè:üx et fin~ciers
(libre tr~sfert des capitaux s~s restriction) sont des filiales des firmes
étrangères qui peuvent fonder d'autres filiales là où apparaissent les occa-
sions d'investissement à forte rentabilité.

GRAPHI QUE t(' 5
E\\fJLUTION DES TAUX DE REESmMPTE DES INSTITUTS D'EMISSION JE L'AFRIQUE DE L'OUEST(B.C.E.A.O.)
ET DE L'AFRIQUE CENTRALE(B .E.A.C. )
1) du papier local
4
2) __0 __ sur l'intérieur
3) __0 __ de crédit
'.1
4)
Pension sur effets plblks ou privés à l'intérieur
des plafonds a .C.E.A.O. et B. E.A.C.
5) _0_ à l' ext éri eur .
4
, ~------__-r---- - -~..-.~ ,".r
..
'i.'J4.!
pC-t
1
---------------------~------
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,&4i;;';JÇM,'ii4\\JRitMtQQ". ;P:1$!ii/l4iMhMM
1
_Ill


- 389 -
Rappelons, pour. terminer, que le renchérissement des concours
de la B.C.E.P.O. et de la B.€.A.C.
est sans commune mesure avec celui de la
Banque de France, autorité monétaire centrale de la Zone franc.
TABLEAU N°l8
- EVOLUTION DES AVOIRS EXTERIFJ.JRS DE LA B.C. E.A.O.
?NNEES
MONT?NT EN MILLIf,PDS CE FHANCS C.LP.
1970
.
1971
.
1972
.
47,700
1973
.
58,041
. 1974
.
57 ,197
1975
.
64,591
1976
.
70,245
1977
.
94,558
1978
.
12,5246
1979
.
12,C8
19$C
.
26 ,2
1981
.
55,7
1982
.
47,4
1983
.
88,7
1984
.
1985
"
.
56,4
1986. . . . . . . . . . . . . . . .. ..
69,8
1~83,3C3
SOURC ES :
;'l'~J['S
lue
de:::;
dispositions
statutaires
leur imposent
de
maintenir au
ml..'11fTlUm
à
2C
;.,; le
ratio
;'voirs
~xtérieurs, la B.I.~.r.(;. le maintien
toujours au-dessus
de
40%.:----
r.ngagem ents
il
vue
1

- 390 -
II} - L'Evolution de la masse monétaire
A) La politique d'émission
L'émission du franc CFA. est du domaine de l'Institut d'émissioa.
Elle échappe à la compétence des pouvoirs de l'Union. Elle est fonction
croissante des avoirs extérieurs de l'institut au Trésor Français par le
canal du compte d'opérations, dans le reste de la Zone franc, et au Fonds
Monétaire International (F.M.I). L'évolution de l'ensemble de ces avoirs
(avoirs extérieurs de l'Institut d'émission et la position extérieure des
banques commerciales étrangères et de développement travaillant en Côte
d'Ivoire) donne une vue de l'expansion économique que connaît l'ensemble
des pays de l'union monétaire. L'évolution de ces avoirs illustrée dans le
tableau ci-dessous nous donne quelques renseignements suivants :
- A la tendance ascendante observée depuis la création de l'Institut
a succédé une chute en 1982 de ces avoirs de 13,1 % en moyenne par an.
- D'après la B.C.E.A.O., ce déclin est dû aux concours qu'elle apporte
aux Trésors nationaux en difficulté de trésorerie.
Rappelons que les Avoirs Extérieurs de l'Union sont exprimés en Tranche-
or, en Droits de Tirage Spéciaux, en francs français dont dépend d'ailleurs
le franc CFA., monnaie non reconnue sur la scène internationale et en dévises
fortes dont le dollar américain et la livre Sterling Britannique, conformé-
ment aux dispositions du Gold Exchange
Standard base du système monétaire
international adopté à Bretton-Woods le 22 Juillet 1944. L'importance de
ces avoirs donne une garantie au franc CF':'. dont nous allons maintenant
examiner la gestion.
B) ~estion de la monnaie
Sous ce volet sera traitée l'évolution de la masse monétaire

-
391
-
et de ses composantes.
La monnaie de l'Union est passée de 596 à 13634,51
Milliards de francs CFA.
de t'in décem bre 1976 à
t'in
décem bre 1986, soit
une progression de 31,3 % en moyenne par an. Ses composantes, la monnaie
fiduciaire et la monnaie scripturale qui ont accru aux mêmes dates passant
de 190,3 à 499,6 milliards pour la première et de 405,7 à 1.329,1 milliards
de francs CF;:'.
oour la seconde, sont représentées dans le tableau ci-après.
TABLEAU N-
7 q
E\\iOLUI'ION DE LA MASSE MONErAIRE DE L'UNION MONETAIRE
OUEST-AFRICAINE.
A N N E t;'
l...
S
~10~TPNT EN MILLIP.P DS DE FPf.NCS CFF.
260,9:8
1973 .
·.·.·.·... ·. ·.·.
19 7 4.
... ·... ·.·.·.. ·.. .
38 7 ,218
1975 ..
·.·..... ·.·.·. ·.
437,447
1976 ..... ·. ·.· . ·. ·. ·.·.
596,042
1977 .. ... · . ·. ·... · . · .·.
811,561
1978 ... ·.·.· . · . ·.·... .
841,564
1979.
981 '7
·.·. ·.·.·.·.
,
1
1980 ..
· . ·.
.. ·.·.
952,1
1981.
·.·.·. ·.·. ·. ·.
1.042,3
1982 ...
· ... · . ·.·.· . ·. .
1.161,0
1983.
·. ·.·.·.·.·. ·.·.
1.2)'7,6
1984. ..
·. ·. ·.·.
1.448,9
1985.
·. ·. ·.
·.
1.6It 7 ,4
1986 ..
.828, 7
·. ·. ·. ·. ·. ·. ·.
"
l'l,l';' L. . · . · .
·. ·.....
...
13.63 4 ;5:
SOI..JRCES
B.,'.C:,.r.('. StqtisLique
c.conor:li'lues ct 11onétaires.
',')"j,
:<)8: 1 :q8 it ct :98f). rapp()rts d'3(~tivit?' :C! "+, :98:, :'):3:.:,
:983, :984, :985 et :986.

- :92 -
GRAPHIQUE N· 6
- SITUATION MONETAIRE DE L'U M ° A
( EN MILLIARDS DE FRANCS C.F.A.)
2000
Crédit intérieur
(
1500
r
Crédits a l'économie
,l'''' -""'".,..-;t.l
~
_1
~.-"\\O'
1000
Masse monétaire
500
Position nette des gouvernements
, .
, " ,
,',
"
."

... ." ,
'"
...
-
-J
,,;"
~ \\
1..
,
\\ ..
o
500
1981-1982
1982-1983
1983-1984
1984-1985
1985-1986
1985- 1987

- 393 -
Que faut-il retenir de l'évolution de cette masse monétaire?
1) L'évolution de la masse monétaire indique une prédominance de la
monnaie scripturale sur la monnaie fiduciaire. La prolifération des filiales
des banques commerciales européennes et américaines qui investissent dans
l'économie de l'Union monétaire explique cette évolution rapide de la
monnaie scripturale ;
2) La cirçulation présente des maxima annuels comme l'indique le tableau
ci-après. Ces maxima correspondent aux principales campagnes agricoles dont
le réveil commence le 1er Décembre de chaque année
3) Comme nous le montre le tableau ci-contre, les ac:roissements sai-
sonniers de la circulation fiduciaire ont été considérables en 1965, 1972 et 1984
à la suite du cours moyen élevé de café, cacao et arachides, principaux
produi ts agricoles d'exportations de l'Union monétaire. Ainsi, le prix moyen
au producteur africain. des principaux produits agricoles d'exportation s'établit
comme suit sur le tableau n
101 ci-dessous.
De ce rappel sur la masse monétaire de l'Union, il ressort que:
si la production agricole d'exportation et forestière
augmente le niveau
de la masse monétaire, la production des ressources minières lui imprime le
mouvement dont les maxima correspondent aux périodes des principales campagnes
minières (du mois de décembre au mois de mai) et les mini~a au début du
réveil de ces campagnes. Partant de ces constatqtions, il est donc difficile
d'être d'accord avec le Grou e des Economistes néo-classi
ensen t
(1) - Néo-classique; courant de pensée intervenue aux environs de 1870 ;vec
les auteurs comme MENGEF, \\"JPLPPS et J ErO;-,iS qui fondent la valeur d'un bien
produit non pas sur la quantité
de travail nér -,ssaire à sa production mais
sur son utilité et par conséquent distinguent la monnaie des autres biens
matériels.

TABLEAU N- B,~
EVOLUTION DES PRIX DE LA PRODUCTION AGRICOLE DE L'UN10N(FRANCS CFA/KG)
-----------------;---------;--------~---------r---------r---------'r---------r---------,-------------------
! CAMPAGNES ABRI- 1 1972-19731 1:7i3-197/J 1 1977-1978 1 1978-19791 1979-1980 11980-1981 11981-1982 : 1982-1983 11983-]')814 :
1
1
l '
1
1
1
1
1
1
1
/
1
1 COLES
DE:
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
------------------{----------{--------4---------~---------~---------:+ .---------~---------~---------~---------j
1
1
1
.
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Mil
1
l
'
1
1
1
1
1
1
1
1
1
BURKINA Faso
1
14,00
1
18
1
-
-
-
-
-
1
-
1
-
:
Niger
12 50
1
25
1
-
-
-
-
-
1
-
_
1
,
1
1
1
1
Sénégal
17 et 18
1
25
1
-
-
-
-
-
1
-
-
1
1
1
1
Riz
1
1
1
1
1
1
Côte d'Ivoire
25
28
°
.-,"
1
60 °
1
.-,,-
C
1
1
-
-
-
-
, 1
/),
;:J,'
1
Sénégal
21
25
1
-
-
-
-
- :
-
- :
1
1
1
Arachides
1
1
1
1
1
1
" Sénégal( coque)
23,10
29,50
1
41,5
41,5
45,5,
50,0
55,0
1
55,0
55,0
i
~ Niger( décorti-
24
28
1
69,0
75, °
75, ° 1
75,0
1
75, °
75, °
7 5 , 0 :
~
quées)
1
1
1
.1
1
1
1
1
1
1
Amandes de ka-
1
1
1
'Cité
1
1
;
1
Benin
10
12
1
24,01
35,0
35,0
35,0
35,0
35,0
35,0:
1
1
Cacao
1
1
1
1
Côte d'Ivoire
85
110
1
5
.
1
1
250,0
250,0
250,0
20,0
350,0
350,0
350,0
1
1
1
Café
1
1
1
Côte d'Ivoire
105
120
1
1
250,0
250,0
300,(j)
300,0
300,0
300,0
300,('
1
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60
9q
1
1 45.0
180 0
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2.0G.(1
200,0
200,0
200,(':
1
1
1
Coton
1
1
1
Côbè'1d 'Ivoire
40
i
45
1
80,0
80,0
80,0
1
80,0
85,0
85,01
.'35,0:
Benin
1
1
24 0
35 °
35 ° 1
35,0
35,0
35,0
1
35 0
1
~_--------~--------_~--_~-~---_~-~-----~_----------~---------~---------~--_~_---
So!!!!~ES: B.C.E.A.O - Rapports d'activité - 1970,1974,1980,1981 et 1984
-
La Côte d'Ivoire en chiffres.
ABIDJAN S.A.E

-
395 -
que la monnaie est neutre; en d'autres termes, que la monnaie n'exerce-
rait aucun pouvoir sur les autres biens matériels et que ceux-ci n'ont aussi
aucun pouvoir sur ëlle. La constatation selon laquelle la production tant
agricole et forestière que minière imprime à la masse monétaire de l'U-
nion son mouvement n'est certes pas un argument nouveau à la théorie de
la valeur de Ricardo et de Marx qui fonde la valeur de tout bien produit
sur la quantité de travail nécessaire à sa production; par conséquent,
cette théorie de la valeur concerne aussi bien la monnaie que les autres
biens. Il n'y a donc pas de raison objective que la monnàié
soit neutre.
PRARAŒAPHE 2 - LA POLITIQUE MONEI'AIRE DE LA BANQUE CENTRALE DES El'ATS DE
f:..~ AFRIQUE DE L'OUEST (B.C.E.A.O.)
p, - Les techniques de la politique monétaire de la B.:,C._E.A.O.
Que peut-on retenir de la politique monétaire de l'Union constituée
par le Benin, le Bl~KINA FASO, la COTE D'IVOIRE, le MALI, le NIGER, le
SENEGAL et le TOGO.?
La B.C.E.A.O, institut d'émission de l'union utilise comme moyens
de sa politique monétaire, la limite individuelle de crédit accordée
à chaque banque, le coefficient de liquidités, les rat~os de fonds propres
d'emploi par les banques de leurs dépôts, les taux d'es:ompte, et les
concours globaux (1). Elle agit donc sur la demande et l'offre des créd:~s
bancaires, sur la conjoncture et par conséquent sur l'économie de l'Union.
(1) - On appelle "concours globaux" (à la B.C.E.;.O) la totalité des
moyens que la Banque Centrale entend [';'lettre à la disposition des établis-
sments bancaires et financiers et des trésors nationaux pendant une
période annuelle en fonction de l'évolution, prévisible et souhaitable des
économies et de l'impératif de l'équilibre monétaire.

- 396 -
Par l'utilisation des taux d'intérêt variés et de leurs variations, la
B.C.E.A.O. oriente les concours bancaires vers les activités qu'elle juge
prioritaires (campagnes de production et de commercialisation des produits
agricoles, marchés publics locaux) et accroît les avoirs extérieurs de
l'Union en obligeant les entreprises locales à faire appel aux capitaux
étrangers pour compléter le financement de leurs opérations. Mais ce double
objectif peut-être contrecarré, selon Sylviane et P. Guillaumont, par le fait
que les entreprises peuvent soit "emprunter aux banques à un taux élevé, à
condition toutefois que le respect du coefficient de liquidité par les banques
leur laisse cette possibilité", soit "renoncer à obtenir des ressources supplé-
mentaires et réduire leur taux d'activité effectif ou prévu" (1).
Pour éviter la libéralité des banques dans l'octroi de leurs crédits
à l'économie, et surtout pour apaiser un mouvement excessif de créations
monétaires, la B.C.E.F.O. a créé la formule des dépôts à terme rémunérés(2)
pour les banques publiques. Ce dispositif de rémunération de certains dépôts
permet à la B.C.E.A.O quand les liquidités ont tendance à se multiplier exa-
gérément, d'en soustraire une partie des circuits monétaires .. La B.C.E.A.O
ne se contente pas, dans ce cas précis, de fixer un taux d'intérêt rémunéra-
teur pour les dépôts, elle incite explicitement les agents à surplus de li-
quidités à souscrire à la formule. La persuasion morale est ainsi un moyen
spécifique de contrôle des liquidités pour la B.C.E.r.O.
( 1) - P. et S. GliILLAUMONT : "Les ins trumen ts de la po l i tique monétaire de
l't;nion Monétaire Cuest-Ffricaine". In P.nnales
P. fricaines en 1968 et in "Zone franc et Dévelop-
pement r fricaine." Ed. Economica; Paris 1984.
(2) - Les dépôts à terme d'un mois sont rémunérés au taux de 6,25 %l'an
les dépôts à trois mois le sont au taux de 6,50 % l'an.

- 397 -
surplus de liquidités à souscrire à la formule.
La persuasion morale est ainsi
un moyen spécifique de contrôle des liquidités pour la B. C. E. A. O.
Les banques peuvent cependant surmonter les dépôts à termes rému-
nérés par le recours aux opérations de pensions.
Mais ces opérations ayant
un
coOt Hev é, ce recours est très limité.
En conséq uence l' émission monétaire
fonction entre autres,
du financement des cam pagnes agricoles est limitée par la
som me des "concours globaux" à l'économie et des autres contreparties de la
masse monétaire.
Par l'offre et la de mande des concours bancaires, la B. C . E. A. 0 . agit
sur la conjoncture.
En effet, en période de récession la baisse du taux d'in-
térêt sem ble beaucoup plus sensible.
Le Trésor Français fait des avances
aux
Trésor africains,
mem bres de la ZOne franc( 10% des recettes fiscales de l' an-
née précédente )auprès du F. A. C., de la C. C. C. E., du marché financier français
d'organismes financiers internationaux(FED,
PNUD,
BIRD)et du marché de l'Euro-
dollar permet à la B.C.E.A.O.
d'augmenter la masse monétaire et de relancer
l'économie; en période d'expansion ou d'inflation,
malgré la hausse du taux
d'intérêt et le déficit extérieur qui freinent l'émission monétaire, les crédits
à l'économie accroissent du fait du financement extérieur de l'économie, la
B.C.E.A.O renforce alors le contrôle des prêts du système bancaire à l'Etat.
Les résultats escom ptés de ce contrôle quant à la lutte contre l'inflation
s'av èrent difficiles à 0 btenir.
La politique monétaire de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique
de l'Ouest, appliquée dans chacun des Etats membres, et que nous venons
de
survoler rapidement au travers de ses moyens et de leur maniement en fonction
de la conj oncture v ise un dou ble but:
-
Attirer les capitaux étrangers dans les Etats de l'Union;
-
Favoriser les échanges corn merciaux entre les Etats de la Zones
B.C.E.A.O. et l'extérieur notamment la France.
Ce double objectif vise non pas le développement des Etats mem bres
mais la stabilité monétaire. Il fait des pays membres de la B.C.E.A.O.
depuis
la période coloniale des fournisseurs des
matières
pre m
res
pour l'extérieur,

- 398 -
les pays développés de la C.E.E des U.S.A. et du Japon. Que doivent faire
alors les pays de la zone B.C.E.A.O. pour se développer?
Laissons de côté cette question que nous traîterons dans la troisième
partie de notre étude, intéressons-nous pour le moment à la place de cette
politique monétaire dans les accords de coopération financière entre les
Etats de cette zone B.C.E.A.O. et la France.
B) - LA politique de crédit
La B.C.E.A.O. dirige les crédits bancaires des secteur.s improductifs
(secteur commercial vers les secteurs productifs jugés prioritaires:
secteur agricole d'exportation et de distribution de marchandises, secteur
forestier, secteur immobilier et secteur minier. Depuis sa création en 1955,
l'Institut d'émission a comme intermédiaires privilégiés entre lui et l'éco-
nomie, les banques privées. Dans ce cadre, l'Institut consent les conditions
favorables aux crédits bancaires destinés aux secteurs prioritaires dont le
secteur agricole d'exportation. La répartition de l'ensemble de ces crédits
bancaires donne: à court terme, malgré un ralentissement sensible, les cré-
dits bancaires vont en priorité à la production agricole et de distribution
de marchandises, au commerce d'importation; à moyen terme, par le réescompte
d'effets, l'Institut encourage le financement des investissements productifs
et aussi la construction immobilière
; dans ce cadre, les pri~2ipales bénéfi-
ciaires des crédits de l'InstituL sont les grandes sociétés agro-industrielles
et forestières et immobilières (SICOGI, Groupement Foncier de C.I., Palmivoire-
Palmindustrie (SODEPI-LM), (SODESl'CFE, MCTOE;GEI). Tenant compte de la distri-
bution facile des crédits par les banques, la B.C.E.r.O. contr;ole cette distri-
bution en utilisant comme arme : la technique des "concours globaux" ; par
ailleurs, la B.C.E.r.O. apporte son soutien aux trésors publics nationaux en
finançant leurs découverts, en escomptant les effets représentatifs des crédits
à moyen terme dont l'objectif est le développement des infrastructures, des
équipements collectifs, le tout devant figurer, au préalable, de façon program-
mée dans le budget de développement. Fappelons également que le financement
des crédits à long terme provient de l':=:tat et des institutions financières
extérieures.

- 399 -
Ainsi, il convient de noter que l'une des caractéristiques est aussi
l'endettement. Mais comment s'opère cet endettement sur le plan international?
Le schéma va s'articuler autour de deux axes centraux: la zone franc
et le compte d'opérations l'un et l'autre liés bien entendu.
La zone franc: l'attachement à cette zone doit être pris en compte du
fait qu'elle évoque une zone monétaire classique dont les monnaies sont conver-
tibles et échangées à taux fixe. Selon P. et S. Guillaumont" , le cours du change
établi entre les francs africains et le franc français est lm prix administré et
non un prix stabilisé à l'intérieur de marges de fluctuations par l'intervention
des Banques Centrales sur le marché des changes, comme c'est le cas dans le ré-
gime de change fixe" (1).
A ce titre, la fixité absolue du franc CFA. par rapport au franc français
aide à une sécurité économique relative dans les pays africains du fait de leur
ouverture sur l'extérieur via les transactions commerciales courantes, l'inves-
tissement (direct ou non).
Cependant cette fixité absolue en dépit des avantages, constitue également
un facteur d'asservissement relatif du rythme de la croissance monétaire dans
la B.C.E.A.C .. Celle-ci ne peut durablement s'écarter des normes de la politique
de parité de pouvoir d'achat des monnaies (2) et (3).
1) - P. et S. GUILLAUMONT : "ZOne francs et développement africain".
Ed. Economica Paris 1984 P. 29.
(2) - BELA BALASSA
"the purchasing-power parity Coctaine : F reappraisal
journal of political Economy, vol 72 Céc. 1964 PP.584 - 626.
(3) - En ce qui concerne les avantages et les inconvénients de l'appartenance
à la ZOne franc, lire section 2 du chapitre ~I.
P. S. Guillaumont : "Zone franc et développement africain" in Economiea
Paris 1984 PP. 19 7 - 26c.
- Le mois en rfrique
"problèmes monétaires de l'':-frque de l'(,uese, n
17 C
l7l février-mars 198c PP. 26 - 2~.
- Bernard Vinay: "zone franc et coopération monétaire", Ministère de la
coopération, Paris 1980 PP. 83 et suivant.

- 400 -
Ainsi donc à travers la Zone franc, on obtient une premiêre jonction
de la B.e.E.A.O. à l'économie française qui est, on l'a vu plus haut, une
économie d'endettement et une zone de surinflation relative par rapport à la
plupart de ses partenaires occidentaux.
Le compte d'opérations: il constitue le second point d'ancrage de la
B.e.E.A.O. avec l'économie de la France. Il est aussi un élément essentiel
de la Zone franc. Il correspond à la mise en commun de la majeure partie des
réserves extérieures de l'ù~OA. Et ces réserves libellées en francs sont gé-
rées par la France.
Les modalités de fonctionnement du compte d'opérations sont les suiva~tes
- le compte d'opérations est débité ou crédité selon les apports ou
les retraits de réserves effectués par l'institut d'émission.
Celui-ci s'engage à verser les réserves qu'il pourra se constituer en
dehors de sa zone d'émissions, exception faite des sommes nécessaires à sa
trésorerie courante (1).
En cas d'épuisement des disponibilités du compte d'opérations, la Ban-
que Centrale demande la cession à son profit contre CFA., des réserves ex-
térieures en francs français ou autres devises détenues par tout organisme
public ou privé ressortissant des Etats de l'lnion Monétaire (c'est l'opéra-
tion de ratissagé).
(1) - La réforme de 1972 - 1973 a prévu la possibilité pour la B.C.E.h.O. de
détenir une partie de ses réserves en devises autres que le franc (35 % maxi-
mum). rinsi donc à partir de 1975 et tant que ses réserves étaient positives
(jusqu'en 1979) la B.C.E.~.C a pratiqué une véritable politique de gestion des
réserves.
P. et S. Guillaumont
"Zone franc et développement africain". Economica
Paris 1984 PP. '5-79.

- 401
- en dernier ressort, la Banque Centrale peut prélever sur son compte
d'opérations, qui devient débiteur, les sommes nécessaires au règlement
de transferts vers la France ou à l'étranger.
Le compte d'opérations appara!t ici comme une soupape de refinancement
pour le bon fonctionnement du système (1). Bien entendu, s'il offre une ga-
rantie de couverture automatique des besoins en devises en cas d'épuisement
exceptionnel des réserves, le mécanisme du compte d'opérations ne permet pas
aux Etats membres de la B.C.E.A.O. de mener une politique économique indé-
pendante de toute contrainte de la politique économique française.
A ce propos, le pI'ofesseur C. <fi BOISSIE1J~crivait que "la contrainte
de régulation monétaire est double dans les unions monétaires de la Zone
franc. Elle découle en premier lieu de l'intérêt qu'ont les autorités moné-
taires à conduire des politiques efficaces dans des économies d'endettement
où une création excessive, par rapport à la France, risquerait de compro-
mettre l'équilibre théorique de parité de pouvoir d'achat des francs CFA.
Mais la contrainte est aussi institutionnelle, car au titre des conventions
monétaires établies, des représentants français siègent au conseil d'adrninis-
tation des deux banques centrales, et le compte d'opérations de chaque union
est un indicateur déterminant de déséquilibres économiques dont l'origine
est le plus souvent ionétaire (2)".
Au
t
. t'
l de
total, en marge des deux facteurs
radl lonne Sv l'économie d'endet-
tement, à savoir un endettement structurel des entreprises envers le secteur
bancaire et un besoin permanent de refinancement des banque auprès de la
(1) - Eappelons que le compte d'opérations de la B.C.E.;'.O. a connu la pre-
mière fois en février 198e une position débitrice et l'a conservée depuis
cette date. Voir tableau n
le2.
(2) - De BOISSUlJ (c), Cachin(;.) et f.ncontre(P) in "le défi
du développement
indépendant" sous la direction de l'.~. i'lichalet r::d. Fochevignes Paris
1983 P. 123.

- - 402 -
!~~~~~!L~ 81 - DEPOTS El COMPTES D'OPERATIONS DES BAIQUES
CEITRALES DES PAYS IXDEPEIDAITS DE LA ZOIE
FRAIC C8MPATRS AUX RESERVES OFFICIELLE DE
LA FRANCE (AU 31 DECEMBRE)

1 1964
1 1965
1 1966
11967
1 1968 1 1969 1
1970
1 1911 1 1972
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
-------------------L------r----l------t-----t-----t-----r------,-----T------r
1
1
1
1
1
En million de francs
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
) Total des dépôts
1
1
1
1
1
1
1
1
1
n corn ptes d' opéra-
1
1
1
1
1
1
1
1
978
1 1.23 4 1 1.259
1.035
880
1
823
1. 526
1. 5131
1.357
1
1
1
1 B.C.E.A.O.
t 507
1
653 1
723
677
677
735
1.156
1. 1681 1.261
.B.E.A.C
1 310
1
347' 2 299 1
163
236
258
467
473
246
1
1
• Bânq ue Centrale de
1
1
1161
234
237
195
123
74
155
15~
165
1
1
· Banq lié: Centrale du
1
1
1
Mali t
1
1-156
-244
-252
28~ - 3151
1
1
1
1
· Banque Centrale des
1
1
1
1
omores~
128020
31350
33.36c 34360 118640
9290
23000
407801
472901
,
1
1
1
1
1
1
1
1) Réserves de
1
1
1
1
a Franc e J
1
1
1
1
;;-f-------------- ·+------r-----r-----i-----~-----t-----~-----~;-----i------+
5. Ra pp ort VII
1 3, 5
1 3, 9
1 3 , 8
1
3 , 0 1 4 , 7
1 8, 9
i 6 , 6
1
i 2 9 i
-----------.4---_J
L
L
1
1
1
1 3, 7
l
'
1
.lm portance rela-
1
1
. - - - T
..,
r-
1
+
-4
.
d
diff'
t
1
1
1
1
1
1
1
1
1
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1
1
1
1
1
1
1
1
1
ones
1
1
1
l
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,
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
51,8
52,9 157,4
165,4
1
65,3 1 68,91
65,0
1 65,11
75,4
1
1
31,7
28,1
1 2 3,7
115,7
1 22,81
24,21
26,3
1 26,4 1 14,7
1
/1+2+3
1
1
1
1-15,11-22,9 1 -14,2
1-15,6 1-18,8
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
___________________L
~
l
l
L
L
l
l
!

- 493 -
TABLEAU N· ~1
SUITE- DEPOTS EN COMPTES D'OPERATIONS DES BANQUES
-~-----------"-'~
CENTRALES DES PAYS INDEPENDANTS DE LA ZONE
FRANC COMPARES AUX RESERVES OFFICIELLE
DE LA FRANCE(AU 31 DECEMBRE)
-------------------------------~-----------T-----T-----r-----T--------------
1 1973 119~4 1197511976 11977 , 1978 11979 11980
1 19 81
1
-------------------+------~----1-----1------t-----t-----r-----T------~------ 1
n millions de francs
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
l,
1
1
) Totàl des dépôts en
1
1
1
1
1
1
1
1
1
omptes d'opérations.
1 93411.31811.27311.50011.194 '2.110
983
1- 168 1- 272
1
1
1
1
1
1
1
1
1
• B.C.E.A.0.4
1.05611.0871 1.305, 1.418
1.603112.547
1.092 ',1.0.21
1 -1.716
,
- - ,
1
- -
-
,
1
1
B.E.A.C
270
7811
6701
1.002
428
425
827 11.871
2.532
1
1
1
1
1
Banque Centrale
1
1
1
1
e Madagascar
l
,
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
·
Banque Centrale du
l '
1
1
1
aU1
-
392
-
5501
- 70~ - 920
- 837
-
8613 1 - 936 1 - 986
-1.135
1.
l ,
1
l
, i
• Banque Centrale
1
1
1
1
1
f
1
1
1
1
1
1
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1
1
1
1
1
1
47
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
) réserves de la
1 ' ,
1
1
1
1
rance 3
3'1860 1 3742DI
9320q
85290 lt 0531bf 12952q 215890: 352040
305200 1
__________________I
+
L
~-----~-----~-----~------~-----,-------f
n %
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
l
,
1
1
1
1
1
1
1
1
·
Rapport l/ll
1
2,3
13,5
1
1,4
1
1,8
I l ,1
I
l ,6
1 0 ,5
i 0,0
1 -
0,1
1
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,
1
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,
,
1
1
------------------1------L-----~-----~-----,-----~-----,-----Ir-----i-------i
n %
1
i
1
1
1
1
.lm portance relétive
1
1
1
es différentes zones
1
1
1
1
1
1
1
1
1
79,6
58,2
66,1
58,6
78,9
85,7 1 56,9
1 -128, 7
-
210, 31
20,4
41,8
33,9
41,4
21 ,1
14,3 i 43,1 1 228,7
310 ,1
-29,6
-29,4
-35 6
-38,0
-41,2
-29,0
, ...1
_
1-48 ,8 1 -120,5 - 139,11
1
SOURCES:
- - - - - -
1. La zone franc en ... (de 1962 à 1981).
Rapp,Jrts
publiés par le Secrétariat
du Comité monétaire de la zone franc( situations des
Banq '_. 3S Gentrales au
31
Décem bre) .
2.
Rapports annuels de la Banque Centrale du Mali.
3.
Annexes aux
Rap ports annuels du Conseil Kational du Crédit( France)ta bleaux
des contreparties de la masse
monétaire).
A partir de 1975, on a ajouté à la
contrepartie or et devises(netslla réserve
de réévaluation des avoirs
publics
en or, ce qui crée une discontinuité dans la série,
mais donne 'ine image
plus
réaliste des réserves extérieures de la France.
Extrait de "Zone franc et Géveloppement Africain".(P.
et S.
GCILLACMO~T)
op. cit.

- 404 -
. '
BEnque CEntrale, en dffiote de maùère purement schématique dans l'tE JI i) '"'-4. ,un
troisième facteur spécifique qui fait supporter au compte d'opérations le
rôle de prêteur en dernier ressort contraint, faisant ainsi de la Banque
Centrale un intermédiaire obligé. Si nous admettons qu'une Banque Centrale
est investie de toute une série de responsabilités d'ordre public à savoir
émettre la monnaie, déterminer son taux de change par rapport à d'autres
monnaies, gérer les réserves en devises étrangères, exécuter la politique mo-
nétaire, on est en droit de penser que cette série de responsabilités est
partagée dans l'UMOA entre la B.C.E.A.O (Banque Centrale) et le Trésor Français
(compte d'opérations).
Le point sur les caractéristiques va finalement concerner deux éléments
a) -le régime du crédit
Bien qu'au taux d'intérêt donné, l'offre de crédit soit parfaitement
élastique à la demande, la B.C.E.A.O. détermine un plafond des concours glo-
baux à l'économie et au trésoret a institue " 'fi système d'autorisations préa-
lables de réescompte.
De plus la sélectivité monétaire s'est exprimée dans l'orientation de
la politique de crédits selon leur nature (crédits d'investissement ou de
fonctinnement), selon leur destination sectorielle, et à travers l'influence
exercée sur les taux d'intérêt est un prix administré et non un prix d'équili-
bre.
b) - Le taux d'intérêt
La pratique est celle des taux aili~inistrés et relativement bas, souvent
inférieurs au taux naturel d'inflation et différenciés en faveur des secteurs
prioritaires. [~ plus ces taux sont largement dépendants des taux des marchés
internationaux et surtout des taux français, d&~s une perspective de défense
de la parité de la monnaie.

- 405 -
En définitive les mécanismes de la B.C.E.A.O. reposent bien sur
une économie d'endettement de part premièrement ses relations privilégiées
avec la France et deuxièmement les caractéristiques propres à la régulation
de son système financier.
A titre d'exemple, à la fin de l'exercice 1981-1982, le déficit
de trésorerie de l' ensem ble des banques de l' U M 0 A a été financé à
hauteur de 84,3% de son montant,
par le refinancement et de 15,1% par les
fonds des correspondants extérieurs.
Les parts respectives de ces fonds
étaient "de 71,6% et de 17,0% dans le financement du déficit constate un an
plus tôt.
C) -
Pour la polititque d'émission et de gestion de
monnaie
Selon les accords de Coopération en matière monétaire, économique
et financière signés entre la France et les Se pt Etats de la Zone B. C. E. A. O.
en Mai 1962 et la Convention Monétaire signée par les mêmes parties le
14 Novem bre 1973 à Dakar (Sénégal).
-
L'Institut d'émission créé en 1955, devenu la B.C.E.A.O. est
l'Institut d'Emission du Bénin, du Burkina Faso,
de la Côte d'Ivoire,
du
Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo. Il a le privilège exclusif d'émettre
les billets de banque et les monnaies métalliques qui ont cours légal et
pouvoir libératoire dans l' ensem ble des Sept Etats.
- L'unité monétaire est le Franc de la Corn munauté Financière
Africaine ( F. C . F . A) quis' éc hange à parité fix e contre le Franc Français:
1 F.C.F.A - 0,02 FF;
- Les réserves des Sept Etats, en or et en dev ise étrangères
($,
f ... etc.)provenant de la vente à l'extérieur de la Zone franc,
des pro-
duits agricoles d'exportation(café, cacao, arachides,
huile de palme,coton),
des produits forestiers (bois tropicaux et prod uits dériv és etc.)
des prod uits
minéraux (fer, p hos p hates,
uranium,
manganèse, dia mants etc) d 1 une part, de l'afflux

406 -
REPRESENTATION SCHEMATIQUE DU SYSTEME FINANCIER DE LA B.C.E.A.O.
Ménages
-
Entrepri ses et part i cu-
-
l i ers)
Cré::lit de Cdfll-
pagne
D~ôts des
Crédit à l'éco- 1
nomie et auto-
parti cu 1i ers
risations préa-
1ab 1es
--
-
Banques Corrmer-
ci a1es
~
Concours global
Dépôts des ban-
BCEJlO et Refi-
ques commerciales
nancement
..~
B. C. E. A. O.
,
Dépôts des ré-
Tirage automa-
serves en compte
t iq ue sur compte
d'opérations
,
d'opérations
sor
ç
s
~" Tré Fr'an ai
(compte d'opérations~

- 407 -
l'afflux des
capitaux extérieurs à la Zone franc pour le financement des
investissemen~ locaux, d'autre part, couvrent les émissions monétaire~ de
l'Union. Cés réserves en devises approvisionnent le "compte devises" du
Trésor français. La contrepartie en FF de ces devises approvisionnent le
"compte d'opérations" ouvert auprès du Trésor français au nom des Sept
Etats.
c'est en fonction de l'importance et du solde positif de compte que
se font les émissions monétaires pour les Sept Etats. Voilà brièvement
brossée la politique d'émission monétaire de la B.C.E.A.O. pratiquée dans
l'ensemble des sept Etats.
Passons maintenant à la gestion monétaire de la B.C.E.P.O. tes recettes
du compte d'opérations, tantôt en hausse, tantôt en baisse, garantissent,
toujours d'après les accords de coopération monétaire avec la France, la
santé du franc CFA. Elles financent, entre autres, les déficits de la plu-
part des Trésors publics nationaux. Cette situation, bien qu'inquiétante,
ne semble pas le moins du monde entamer la confiance des investisseurs étran-
gers, principaux bailleurs de fonds de l'économie de la zone de l'Union
avec en tête, la B.C.E.A.O., eu égard:
- à l'importance des crédits à court, moyen et long termes accordés
à cette économie (tableau n
9C ;
- à l'importance de la masse monétaire privée détenue sur place par
les "entreprises et particuliers" essentiellement étrangers (voir tableau
n
96). lelle est la politique de gestion de la B.C.E.A.O.
PInsi, la politique monétaire de la B.C.2.;.O. que nous venons briè-
vement de brosser, s'inscrit dans le cadre de la coopération monétaire de
la France avec les sept Etats de l' ]Onion.
1* - La coopération monétaire des sept Etats avec la France
Sur quelle base repose-t-elle ? Quel est son bilan? Quelles réflexions
nous suggèrent cette coopération et son bilan ?

- 408 -
a) - La base de la coopération
La coopération monétaire des sept pays (Bénin, Côte d'Ivoire, Bur~ina,
Mali, Niger, Sénégal et Togo) avec la France repose sur les principes fonda-
mentaux et les mesures organiques de la zone franc.
1
1) Les principes de base
~ La France assure la garantie illimitée et à taux fixe de la convertibi-
lité des monnaies de la zone franc entre elles, en contrepartie de cette garan-
tie
- les Banques Centrales de la zone franc notamment la B.C.E.A.O, doivent
déposer tout une partie des avoirs extérieurs en devises étrangères des Etats
membres auprès du Trésor fançais au compte d'opérations. Le trésor français
assure la gestion de ces avoirs extérieurs
- la liberté des transferts des fonds à l'intérieur de la zone franc est
totale pour tous les résidents : libres transferts entre la France et les
autres Etats membres ; les achats et les ventes de devises s'effectuent SUI' le
marché de changes de Paris
- vis-à-vis des pays étrangers à la zone franc, tous les Etats membres
appliquent la même règlementation financière (contrôle des changes).
A
ces principes de base de la zone franc s'ajoutent les mesures organiques
sui vantes ;
2) Les mesures organiques de la zone B.C.E.A.C
Le comité :-;ational du crédit et la B.e. S.r .C. sont les organes essentiels
chargés de la mise en oeuvre de la coopération monétaire des "sept" avec la
France.

1
-
409 -
Tandis que le comité national du crédit réunissant une fois par an les
ministres de finances des "sept" et de la France, veille à l'application de
la convention monétaire entre ces Etats, la B.C.E.A.O, établissement multi-
national fran~fricain, est l'Institut d'émission de la zone constituée par
les sept Etats africains: Bénin, Côte d'Ivoire, Burkina Faso, Mali, Niger,
Sénégal et Togo.
Eh outre, des consultations périodiques bilatérales ou multilatérales
portent sur les questions monétaires, financières, économiques et les échan-
ges commerciaux ont lieu souvent au sein d'organismes commums tels que:
la conférence périodique des chefs d'Etat et de GOuvernement, le Comité des
investissements étrangers, le Comité des affaires économiques et financières
et la commission des échanges commerciaux.
Telle est la base de la coopération monétaire des "Sept" de l'Union avec
la France. Et comme cette coopération existe sous cette forme depuis 1962, il
serait donc intéressant de s'arrêter un moment sur son bilan.
b) Le résultat de la coopération monétaire entre les sept de l'Union et la
France
Ce bilan sera traité sous l'angle des avantages que tire chacune des
deux parties de la coopération monétaire.
1) Résultat pour la France
a* - Les avantages provenant du compte d'opérations
[' abord les apports en devises étrangc:res au Trésor français par le
biais du compte d'opérations renforcent le FOnds de Stabilisation des changes
de la France; ensuite, quel que soit son sens, le solde du compte d'opérations
est producteur des services pour la France (voir tableau ci-après) : le solde
négatif est source de revenu au taux d'intérêts de ! %, 2 % et au taux d'escompte
de la Banque de France selon l'importance du déficit

- 410 -
solde positif par contre fournit des ressources au Trésor français qui les
utilise pour financer soit les découverts éventuels d' éxécution des lois'
de finances, et de l'amortissement de la dette publique française', soit
les organismes publics français(1e Fonds de Développement Economique et
Social, le FOnds d'Aide et de Coopération,
F A C )qui investissent
dans
]les pays de la Zone franc dont les "Sept" de l'Union, soit les déficits du
com merce extérieur français vis-à-vis des autres pays industrialiés, enfin
l'utilisation de la place de Paris pour les opérations en devises par les
"Sept" de l'Union et les autres pays de la Zone franc renforce le rôle
in-
ternational du marché de Paris.
Ainsi,
"toutes les recettes et les dépenses
des Etats d'Afrique Occidentale '3ur œes Pays extérieurs à la Zone franc
sont exécutées par cession ou achat des devises des Etats dl Afrique
Occi-
dentale sont individualisées et reprises dans un "compte devises" qui per-
met à tout mO"1ent d'en suivre la réalisation"(l).
TABLEAU M"
az
LES EFFETS DES SOLDES DU COMPTE D'OPERATIONS
DE L'UNION POUR LES PAYS MEMBRES ET POUR LA FRAMCE
r-------------------r--------------------ï--------------------,
1
SOLDE EN
MILLIONS
1
TAUX D'n:TERET OU
1 BENEFICIAIRES
1
1 FRANCS C.F.A
1 D'ESCOMPTE
1
1
~-_-
-_--_-------L-------------------~-------------
~
1
1
1
1
Sup.
QI
,
Taux d'intérêt de
la
1) la B. C. E. A. 0
1
l
'
1
1
Banque de France
2) la France utilise
1
1
1
,
les ressources.
1
1
1
Infé.
o
a * O~
,déficit
"
...
'1
5
1 %
3)
Trésor Français
1
1
b* 5"déficit
< 10
2 %
1
,
c* déficit>
10
Taux
d'intérêt de la
"
:
Banq ue de France
~-------------------~----------------------------------------~
SOURCES: Statuts de la B.C.E.A.O
Rapport d'activité.
-------------------------~
( 1) - Statuts B. C. E. A. O.:
in "Accords de Coopération en matière
mo-
nétaire,
économiq ue et financière entre les
"Sept" et la France" in JOR F 1962

- 411
b* -
Les avantages provenant de la liberté des transfert des
capitaux et de la convertibilité des monnaies ne sont pas
'les moindres.
-
L' afflux de tout ou partie des salaires,
des profits des ressoir-
tissants et sociétés d'origine française, et l'afflux des capitaux des milieux
politiques locaux et des sociétés françaises fuyant les remous politiques lo-
caux drainent en France l'épargne productive des "Sept";
- les "Sept" de l'Union corn me les autres Etats d'Outre Mer de la
Zone franc restent des marchés très importants pour les exportations françaises
dans ce cadre, les mécanismes de coopération monétaire permettent de très
importants mouvements de marchandises entre la France et les "Sept";
- la concurrence de plus en plus vive sur ces marchés entre la
France et les autres pays industrialisés donne un avantage certain aux entre-
prises françaises:
en effet, la forte implantation des réseaux
commerciaux
français et la faiblesse des réseaux corn merciaux étrangers à la Zone franc
assurent une sorte de protection de fait aux exportations françaises;
- la garantie de convertibilité illimitée accordée par le France au
franc C.F.A.
confère en contrepartie à la France la définition de la politique
monétaire de l'Union, c'est-à-dire le moyen indispensable de l'orientation
économique qui permet la détermination de la politique crédit,
de la politique
d' é mission et de gestion monétaire de cette Zone.
Par conséquent la maîtrise
de l'économie des "Sept" appartient non aux autorités de ces pays 1
mais
à la France.
Pour la France, ce bilan est largpment positif. Il est donc certain
pour elle 1 que la coopération monétaire avec les "Sept" de l'Union,
corn me
avec les autres pays d' OUtre ~1er de la Zone franc doit être poursuivie.
Nous ne savons pas encore si c'est aussi le cas pour les pays de la Zone
B.C.E.A.O.
dont nous présentons ci-après les avantages.

- 412 -
2) -
Résultats pour les "Sept Etats" de l'Union monétaire.
Les "Sept" de l'Union, tirent de la coopération monétaire avec·
la France un certain
nom bre d'avantages non négligeables, en particulier:
- la garantie de couvertibilité illimitée qu'assure le système
du compte d'opérations a permis au Franc C.F.A.
de
rester stable,donnant
ainsi confiance aux investisseurs étrangers qui ne redoutent pas les diffi-
cultés de change;
- le solde positif de ce com pte d'opérations permet aux
"Sept":
a)
de financer leur déficit com mercial à l'égard de la
France;
b)
d'avoir des revenus non négligeables de la part du
Trésor Français suivant un taux fL<é par référence au taux
d' escom pte de
la Banq ue de France;
c)
de couvrir leurs émissions monétaires.
Les services de l'Union aux "Sept" notamment les cré.dits accor-
dés tant aux Etats qu'aux économies, l'élaboration de leurs balances des
paiements, et leur représentation auprès d'institutions financières inter-
nationales(F M 1,
BIR D,
BE I)sont des avantages non négligeables;
,
- la coopération monétaire entre les "Se pt" d'une
part, entre
les "Sept/'et les autres Etats de la Zone franc nota mment les Etats de l' Afri-
que Centrale dl autre part, est un aV'3.ntage incontesta ble.
Voilà
')our l'essentiel, les avantages que retirent le Bénin, la
Côte d'Ivoire, le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal et le Togo,
de leur
coopération monétaire économique et financière avec la France.
Ces avantages
sont-ils suffisants pour la poursuite telle queUe de la coopération monétaire
des "Sept" avec la France ?

- ~, 3 -
C· - Quelques observations à propos des accords de la
coopération en matière monétaire J économique et
financière •
La réforme proposée par le Président EYADEMA du Togo devant
GEORGES POMPIDOU en 1971 pour un réajustement de la
parité FF- F CFA, la
mise en place d'un strict contrôle des changes avec les autres pays
de la
Zone franc
par les dirigeants de
Madagascar, la réforme proposée par l' UDEAC
en 1972, l'émission de sa propre monnaie décidée par la Mauritanie
montrent
bien que le bilan des accords de coopération monétaire entre les Sept de
l'Union et la France n'est pas app.~.écié de. la même façon par les deux par-
ties.
Apparemment les "Sept" n,font pas autant d'avantages que la France.
En effet:
*La garantie de convertibilité lliimlt~ de la France au F. CFA
confère à cette monnaie une certaine stabilité.
Cette sta bilité est relative
car le F. CFA n'ayant pas d'existence internationale propre
mais par rapport
au F,F. dont il est un sous-multiple se déprécie avec lui par rap port aux
autres
monnaies internationales.
Par conséquent, les dévaluations de droit
ou de fait du FF, expression de l'économie française,
se rép~rcutent automa-
tiquement sur le F CFA. Il s'ensuit:
a) une diminution automatique des recettes
provenant de la vente
des matières premières des "Sept" à l'extérieur de la Zone franc;
b) en contrepartie une augmentation automatique de la valeur des
im portations en provenance de l'extérieur de la Zone franc et des
dettes con-
tractées à l'étranger malgré les dévaluations du Franc Français( tableau ci-
dessous) .
TABLEAUS N°
83
- DEVALUATIONS ..sUCCESSIVES DU FRANC FRAN-
------------- ---
CAIS ET PAR CONSEQUENT DU FRANC
CFA
r-------r-------------------
--------r--------l
126-12-45 21-1_ 19 48
AVRIL
1949 20-9-1949
AOuT
CfCfMBRF:
AOCT
l'OVE MBR FI
1 -------r--------- ---------
195'7
1958
19e?
1982
1
-------- --------1
1
!
1
44,45
1
-
20
12,5
12,5
1
1.
- -
:L..
_
- - - - - - - - - - -
1
SOURCES
Le
Monde du 11
Août 1969. le
Monde
de
~ovembre 1982

- 414 -
* La liberté des transferts, véritable
rachat de l'épargne pro-
ductive des Etats de l'Und.on pour la France, l'existence du compte d'opéra-
tions, et les émissions monétaires qui en découlent sont les conséquences
de la palitiq ue monétaire de la B. C . E. A. O. au serv ice de la F rance et non
à celui des "Sept".
Tous ces avantages trouvent leur source dans les accords de coopé-
ration en matière monétaire, économique et financière de 1962, repris et
actualisés le 14 Novem bre 1913. Ces accords donnent à la France 1<>, place
principale pour la définition et l'application de la politiq ue
monétaire de
l'Union.
Mais l'absence de développement des pays de l'Union consécutive au
drainage de
_' épargne vers les pays développés en général vers la France en
particulier, et la pression des masses po pulaires de cette zone pour la
satisfaction de leUl's besoins sociaux
montrent concrètement que le bilan des
accords est fondamentalement négatif,
d'où les critiques mY3tificatrices des
autorités africaines. Si ces critiques sont mystificatrices dans la mesure
où le bilan des accords était prévisible à partir de ces accords, et,
depuis
1962, elles convergent néanmoins sur l'essentiel: la politique monétaire
de la zone B.C.E.A.O. est l'une Odes sources des difficultés économiques et
sociales des pays de cette zone.
Rap pelons pour terminer,
que la politique
monétaire d'un pays est l'instrument essentiel de l'orientation économique,
sans lequel ne peuvent être déterminées, ni la politiq ue de crédit, ni la
politique d'émission et de gestion monétaire de ce pays.
Les sept pays de
l'Union n'ont pas de politique monétaire propre.
Cette situation se
perpé-
tue depuis la création de la Zone franc
pendant la période coloniale.
Qu' est-ce-q ue la Zone franc?
Par les raisons de son institution,
par le but poursuivi par cet
organisme et par les moyens mis en oeuvre pour atteindre ce
but, se profi-
lera la réponse à cette question.
L'éclatement du système r.lonétaire international basé sur l' étalon-
or, la politique de
protection de la France et de ses colonies contre la

-
415 -
crise de }929, l'instauration du contrôle des changes au début de la deu-
xième guerre mondiale( décrets du 28 Août·,
des 1er et 9 Septem bre 1930 )en-
tre la France et l'extérieur et son extension aux colonies, ont entraîné l' ins
titution de la Zone franc,
vaste marché de libre échange groupant la France
et ses colonies et isolé du reste du marché mondial.
L'objet de la Zone franc
pendant la période coloniale était
de
protéger la France et ses colonies contre les remous monétaires, économiques
et financiers du marché mondial.
Pour atteindre cet objectif la France avait procédé à la détermi-
nation des moyens:
l'institution des francs coloniaux et l' éla boration des
règles de fonctionne ment de la Zone.
Les francs coloniaux notam ment le Franc des Co lonies Françaises
d'Afrique(F CFA) et le Franc des Colonies Françaises du Pacifique(FCFP)ont
été créés en 1945.
Liés au Franc Français et n'ayant pas d'existence
inter-
nationale propre, ces francs avaient pour but de faciliter les relations mo-
nétaires,
économiques et financières entre la France et ses colonies et d'em-
pêcher que ces mêmes relations n'aient lieu directement entre 'ces
mêmes
colonies et les pays extérieurs à la Zone franc sans passer par Paris.
A
cette création de francs coloniaux s'ajoute l'institution des comptes d'opé-
rations au nom
des colonies sur les corn ptes spéciaux
du Trésor français
en 1952 pour y recevoir la contrepartie en Franc Français des devises
étrangères obtenues par les colonies dans leurs relations économiques et
financières avec les pays extérieurs à la Zona .
Le fonctionnement de la zone nécessita l' éla boration des règles
suivantes en application depuis 1955.
-
Vunité de la réglementation des changes à l'égard
de l'exté-
rieur appliquée par l'Office des changes
métropolitain et par les Offices
locaux
des changes d'Outre
Mer contrôlés
par la Caisse Ce- trale de la
France d' Outre- Mer en accord avec l'Office Central;

- 4·16 -
-
La mise en commun des réserves de change en or et en devises
étrangères conservées par le Fonds de stabilisation des changes
- Le contrôle centralisé du corn merce extérieur effectué en grande
partie dans le cadre de l'Union Européenne des Paiements
-
L'Unité de trésorerie (un seul corn pta ble et une seule caisse pour
l'Etat Français et les territoires d'Outre
Mer)sauf en Afrique du Nord;
- La. liberté de convertibilité des
monnaies
d'Outre -Mer de
la Zone
en francs
métropolitains à des parités fixes.
Ces règles
de fonctionnement de la Zone franc ont été
comp12tées
lors
du discours du Président de la République Française en date
du
12 Juin 1958 de la "liberté des transferts
des capitaux"(l)à l'intérieur œ
la Zone
.
Comme on peut le constater, les règles
de fonctionnement de la
Zone franc;
élaborées pendant la période coloniale
pour répondre aux pré-
occupations françaises
de l'époque(tirer les leçons des crises de 1929 et
de la deuxième guerre
mondiale,
de l'éclatement du système
monétaire in-
ternational fondé sur l'étalon-or et disposer surtout des ressources
maté-
rielles et humaines
des colonies,
dans le cadre d'une zone
monétaire,
la
Zone franc,
pour mieux lutter contre les crises économiques et sociales),
sont au centre des accords ,de coopération en' matière
monétaire,
économique
et financière signés en 1962 entre la France et les sept pays de l'Union
entre autres, accords dont nous avons fait état plus
haut.
1'3,
politique
monétaire des
Etats
membres
de la
B.C.E.A.D.a pour
but de
développer la
production des
matières agricoles
destinées à
l'expor-
tation et la distribution de
marchandises,
de
matières forestières et mi-
nières.
Corn me nous l'avons ex posé plus
haut,
i l s'ensuit une absence totale
de
développement de la Côte d'Ivoire comme des autres
pays
membres
de l'U-
nion.
La po2.itique de l'Union,
Institut d'émission
multinational regroupant
(1)
L.
Xavier de la Fournière:
"Zone franc".
Que sais-je?
P.U.F

- 417 -
la France, le Bénin, le Burkjna. Faso, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger,
le Sénégal et le Togo ne peut pas développer les Etats membres puisqu'en
fait ce n'est pas son objectif.

- 41a
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
Les travaux sur la Côte d'Ivoire sont très nom breux,
mais
ils
sont soit partiels, tels les rapports d'activité des sociétés privées étran-
gères installées en Côte d'Ivoire, soit généraux, telles les publications
du gouvernement _ivoirien qui expriment que la Côte d'Ivoire se développe.
Les institutions internationales dépendant de l' o. N. U( BIR D, P. N. U. D.
etc .•. )ou de la CEE(FED)confirment la propagande du gouvernement ivoirien.
Ainsi" la production intérieure brute provient principalement de
la production agricole et forestière qui répond aux nécessités des
pays in-
dustriellement dévelop pés.
Elle est accom plie par les facteurs
de production
provenant de ces pays: les capitaux proviennent des organisations inter-
nationales onuciennes ou de la Corn munauté Economique Européenne,
des so-
ciétés privées étrangères des banques internatiomles américaines et euro-
péennes et des pays industrialisés(France:
FAC et CCCE;
R.F.A.;
U.S.A.;
Royaume Uni; Italie, Japon; Canada, etc ... ).
Ces capitaux sont accompagnés
de cadres des pays développés auxquels s'ajoutent la main-d'oeuvre
subal-
terneivoirianne-- et celle de certains paya du continent africain pour les
tâches d'exécution. C'est sur la base de cette production agricole et fores-
tière tO)Jrnée vers l'exportation que sont définis les niveaux
des indicateurs
économiques du tableau n052 et leurs forts taux
de croissance respectifs.
Dans ce contexte, quelle signification a le concept Revenu/tête lorsque, la
plus grande
partie de la population vit du secteur agricole des produits
vivriers,son concours à la Production Intérieure Brute(P.I.Blest presque
nulle, quand la disparité de la répartition du revenu national est monnaie
courante (56% du revenu national était en 1985 entre les mains de 1,5%
de
la population), et quand l'essentiel de la production intérieure
brute pro-
vient des entreprises étrangères?
Les avantages financiers accordés aux investissements étrangers
entraîne une réduction des recettes fiscales
du budget ivoirien.
,

- 419 -
Toutes ces dispôsitions trouveront leur solution dans une troi-
sième partie intitulée:
"Une stratégie du financement du développement
ivoirien. "
Mais, i l faut reconnaître que les sources de finance ment interne
de l'économie ivoirienne font cruellement défaut;
que cette
hypertrophie
des sources de financement est le résultat de l'orientation économique
qui
a
été imprimée à la Côte d'Ivoire;
que les sources de financement interne
sont en totalité dépendantes de l'Etranger.
Cette dépendance se retrouve également au niveau des sources de
financement externes.
Quel est donc l'impact de la tentative
de
développe-
ment ivoirien? Les conséquences de cet essai ivoirien sont :
a)
pour la Côte d'Ivoire:
-
la création d'emplois d'exécution pour les Ivoiriens et d'autres
africains;
une bonne
partie de leurs salaires est transférée à l'extérieur
par l'intermédiaire des entreprises corn merciales et d'autres entreprises
de service;
-
des ressources fiscales et q uelq ues prises de
participation mi-
noritaires dans le capital des sociétés étrangères;
-
diverses réalisations '3.gro-industrielles(complexe sucrier,
bar-
rages
hydroélectriques etc ... lgérées
par les cadres supérieurs des
pays in-
dustrialisés qui restent en Côte d'Ivoire et constituent l'infrastructure
indispensa ble à l'ex ploitation des ressources naturelles;
les fonds
qui ont
financé ces réalisations.
augmentés
des intérêts recurrents constituent une
dette immense vis-à-vis des pays développés.
Cet endettement hypothèque
l'avenir de la Côte d'Ivoire.
- le système de
développement du pays fondé sur l'ouverture
sur 18s capitaux
étrangers fait de l'économie ivoirienne une économie extra-
vertie .

- 420 -
b) pour l' extérieur :
- les matières premières brutes;
- la création d'emplois pour le
personnel d'encadrement et de
direction provenant des pays industrialisés essentiellement du Marché Com-
mun,
du Canada et des U.S.A.,
bailleurs de fonds de l'économie ivoirienne;
une grande partie de leurs hauts salaires et les revenus du capital sont
transférés dans ces pays;
- la maltrise de l'économie ivoirienne.
Par ailleurs les interm édiaires financiers constitués par trois
catégories d'institutions dont la troisième est marginale.
1) La Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Oœst(BC§~O)
En tant qu'institution corn mune relevant de la Zone franc ne
peut
pas dis poser de la mê me plénitude fonctionnelle qu'un institut local.
Elle
souffre de limites liées à sa structure et à sa nature émaillées de stig-
mates qui rappellent l'époque coloniale.
C'est une inst!i:tution extravertie
et dominée. Son caractère actuel conduit la réflexion à s'approfondir sur
sa transformation,
même fractionnée
pourvu que sa base objective d'appui
ait été liq uidée.
2)
Les Bang ues
C.o.m.m.eI"ciales
Peu nombreuses de manière générale et peu étendues demeurent en-
clavées dans les centres à économie capitaliste fortement dosée.
Elles sont
pour l'essentiel les agences, filiales ou les créations des
banques étran-
gères auxquelles elles restent attachées tant du point de vue financier que
du point de vue
politique. Si l'organisation capitaliste de l'économie n'est
pas exclusive çle l'existence d'institutions
bancaires étrangères, ~ n'est
cependant pas concevable et acce pta ble qu' 1:1 n 'e xiste que ces institutions
étrangères qui contrôlent et dominent toute l' activ ité dans le secteur con-
cerné.
C'est plutôt l'inverse qui serait une situation normale et les sociétés

- 421
continuent d'exister sous la forme de véritables holdings financiers.
3)
Les Banques de développEment sont l'élément marginal
du sys-
tème monétaire.
Prês d'une dizaine d'années d'exercice ne leur ont
pas
conféré une place plus importante contrairement à la définition présom-
tueuse de leurs attributions.
Leurs ressoucres très modestes doivent être
prises en considération corn me un frein.
La place des autres institutions financières dans le système
reste très limitée, qu'il s'agisse de la Caisse d'Epargne,
des Sociétés
d'investissement, du Fonds d'Investissement ou de la Caisse Autonome
j'a-
mortissement.
Par rapport aux institutions monétaires, elles sont au bas
niveau de l'échelle. Si les unes sont de caractère
national en tant que
création de la puissance publique au moyen de ses ressources et sous
son contrôle garanti, les autres, les établissements d'assurances notamment,
sont liés aux
monopoles capitalistes étrangers qui les ont crées.

-
422 -
TRDISIEME
PARTIE
UNE ST RAT EGI E DU FI NANCEMENT DU DEVELOPPEMENT l VOl RI EN

~ 423 -
CHAPITRE 1 - LES SOURCES ANALYTIQUES DE LA STRATEGIE DU FINAN-
CEMENT DU DEVELOPPEMENT 1VOl RI EN
Cette stratégie du financement du développement ivoirien est centrée
sur l'aide extérieure.
La théorie des
coûts
comparés et celle de
la croissance linéaire du Professeur W.W. ROSTOW sont,
entre autres
et sans aucun doute,
les vecteurs de cette aide.
Dans
cette partie, seront examinés d'abord briêvement et
succintement ces théories,
ensuite leur illustration générale,
l'afflux des
capitaux et les
trqnsferts
technologiques en Côte
d'Ivoire,
enfin nous esquisserons une approche propice au finan-
cement du développement des pays sous-développés axée sur la Côte
d' l vo ire.
SECTION 1 -
LES SOURCES DE L'AIDE EXTERIEURE AUX PAYS
DE LA
P ER IPHER lE
PARAGRAPHE 1 -
LA THEORIE DES COUTS COMPARES.
A -
La sou.rce
"Chaque nation
vend aux autres
les
biens pour lesquels
les
coûts
relatifs nationaux sont plus
faibles
qu'à l'étranger et
achête aux autres
les biens pour lesquels
les
coûts relatifs na-
tionaux sont plus élevés qu'à l'étranger" (1).
Cette spécialisation dans
les productions en
fonction
des
coûts relatifs procurerait dans l'échange international un gain
réciproque comme le notent
les extraits ci-après des
textes de
~~~!~_~!~~~~Q~_~~!~~E_~~_~~!!~_!Q~~E!~_~
_
(1)
-
Henri
Denis:
Histoire de la pensée
Economique.
P.U.r. 1977 P.
323.

-
424 -
EnlIêre temps
qœ l'accroissement de la masse générale des
produits
répand
partout le
bien-être; l'échange lie entre elles
toutes les
nations
du monde civilisé par les
noeuds communs
de l'intérêt,
par des relations
amicales et en fait une selÙ.e et grande société.
C'est ce
principe qui
v~ut qu'on fasse du vin en France et au Portugal,
qu'on clÙ.tive du blé
en Pologne et aux
Etats-Uni~ et qu'on fasse de la quincaillerie et d'autres
articles en Angleterre"
(l).
"Il est important pOli[' le
bonhell[' de l' humanité

nos
plaisirs
soient augrr. ,ntés,
grâce à
une
meillell['e distribution du travail pOli['
c haq œ
pays
prod uisant les
marc handises
qu'en raison de sa sitœtion,
de
stl'n climat et de ses autres avantages,
natll['els ou artificiels, il est
préparé à forunir et encore par l'échange de ces
marchandises contre
celles des autres
pays"
(2)
Certaines qœstions provoql.Jées par cette
théorie en son temps,
deme lI['aient sans réponse
"Corn ment les
profits réalisés grâce au com-
merce ex térie li[' étaient-ils répartis entre les
partenaires
Corn ment
était-il possible d'étendre le champ d'application de la théorie
à
qœlqœs
nations et à qœlqœs
produits"
(3)
?
La réponse à ces interrogations légitimes
qui aurai!:: pu calmer les
partenaires commerciaux
de l'Angleterre,
notamment ses colonies,
n'était
pas du tout la préoccupation de l'autell[',
encore
moins
de l'Angleterre
qui.,
ayant une avance industrielle sur
tous
ses partenaires,
pouvait en-
visager de
vendre à
meillell['s prix les
prod uits
de son ind us trie dans
les
marc hés les lointains et d'en tirer le
plus grand avantage.
(l)
-
Henri Denis
:
"La formation de la Science économiq tE."
Paris 1973.
(2)
-
Robertlefachman
"Histoire des
doctrinos
économiqœs."
ED.
Cljjas 1960.
P.
le1.
(3)
-
Robert LEF;\\CH~lAN
"His toire des
c1o,~ tri ne t:i économiq œs."
Ed.
C l-Jas,
Paris
1960.
P.
183.

- 425 -
Pour RICARDO, l'accumulation du capital,
condition fondamentale de la
croissance économique d'une nation,
ne peut être faite
qu'en fonction
de l' im portance des profits que réalisent les capitalistes,
classe la plus
utile de toutes les classes sociales (capitalistes,
propriétaires fonciers,
tra v ailleurs) •
RICAR DO se préocc upe de contrecarrer la tendance à la baisse des
profi ts face à la tendance à la
ha usse de la rente foncière et des salaires.
Comment? Il comptait sur' l'introdœtion du machinisme dans l'agricultur'e,
dans l'industrie et Sur'tout sur' l'importation libre des
denrées étrangères
qui. entraîneraient la baisse des
prix
des subsistances alimentaires des
salariés, la baisse de la rente foncière et la
ha œse des
profits.
Mais,
corn me l'écrit Henri Denis
:
"à long
terme, la spécialisation
dans les
prodœtions à coûts faibles
n'est avantageuse
pour'
un pays

si elle s' accom pagne d'un abaissement progressif des coûts de prod œ tion
et d'une évalœtion des salaires; c'est ce
qui. s'est passé dans les
pays
eur'opéens dans lesqœls le commerce international a entraîné le développe-
ment de la prodœtion des
biens indœtriels
;
par contre,
la spécialisation
est désastreuse pour'
un pays qui. maintient les
mêmes strLCtur'es de
prodLCtion
et les salaires
tolÙour's faibles,
ce qui. est le cas
des
pays du Sud dont la
Côte d'Ivoire.
En qlOi la théorie des coûts comparés est-elle la sOur'ce du modèle
de
développement en Côte d'Ivoire?
La spécialisation de la Côte d'Ivoire
dans les
prodLCtions de
matières
premières
pour' l'exportation et l'importa-
tion des
produi.ts manLfactur'és
tient une importar~e
place dans l'économie
du pays.
Malgré
une importante appréhension de
RI-'ARDO à
l'exportation des
capitaLLx
avides de
bénéfices
plœ élevés,
vers
Les
pays
du Sud,
les CQ-
pitaLLX
étrangers,
comme
nous
l'avons
déj:l souligné dans
la prc::lîère et
la deLLXième parties de notre travail,
affluent en Côte
d'Ivoire,
et , ont

-
426 -
entra1né,
de la période coloniàlè
à l' heure actuelle la spécialisation
de
la Côte d'Ivoire dans les productions et ventes de
matières premières
brute, et l'importation des produits industriels, corn me nous révèlent les
tableaux nos 26 et 28 relatifs au corn merce extérieur de la Côte d'Ivoire.
De ces
tableaux
ne ressort au:: une
mutation importante dans la na-
tur'e
des produits exportés
(matières
premières
déjà manufactur'ées,
demi
produits,
produits finis
destinés à l'équipement, les
biens de consomma-
tion alime ntaire,
énergie) aux
mê mes da tes
:
dep uis la période colonialE'
,
la Côte d'Ivoire demeur'e
un pays exportateln:' des
mati.ères
premières
brutes et importateur' des produits
manufactur'és.
C'est dans cette optiqœ
qœ l'on saisit le
transfert permanent à
l'étranger,
des
bénéfices et autres ressour'ces financières
qui proviennent
de l'exploitation
de la ric.hesse natur'elle locale et dont l'Etat ivoirien
a
tant besoin pOur' se développer. NoLIS avons suffisamment développé ces
points dans la première et deuxi8m~ parties de
notre étude.
f-~~~Q~~~~~~ - ~~_I~~QRIE_Q~~~I~~~~_Q~_~~_~~OISSA~~~_~~Q~QMIQ~~
DU PROFESSEUR
W.W.
ROSTOW.
L'importantz appréhension de
David
RICARDO
pOur' l'exportation des
capitaux a été accrœ par de
nombreux
économistes,
en particLÙ.ier par le
Professe ur' Walt William
ROSTOW
dans "les étapes de la croissance écono-
miqœ"
(1),
Les étapes, leur's caractéristiqœs et les reproches
de cette
théorie formeront le noya u de ce paragrap he.
(W. W.) ROSTO W :
"Les étapes de la croissance économiq œ,"
Edi tians
ct u se uil,
1970,
Paris Page
13,

- 427 -
A -
Les étapes et le ll['S carac téris tiq œs
1)- Les cinq étapes de la croissance économiq œ
D'après ROSTOW,
:
"à considérer le
degré de
développement de l'éco-
nomie,
on peut dire de
toutes les sociétés
qu'elles
passent par l'une
des
cinq phases suivantes
:
-
la corn m una uté
traditionnelle
-
les conditions
préalables du démarrage
-
le démarrage
;
le progrès
vers la ma tll['i té
-
et l'ère
de la consommation de
masse"
(1).
2)
-
Les caractéristiqœs fondamentales
de chacune
de
ces E-Èases
* La Corn m una uté Traditionnelle es t la p hase où la s tr œ tll['e es t
dé terminée
par des fonc tions de
prod œ tion limitées,
basées SUI:' la
Science et la technologie prénewtonniennes et sU[' des attitudes prénewton-
niennes à l'égard du monde
physiqœ"
(2).
* L'Organisation Politiqœ et la strœtU['e sociale très hiérarchisée,
mo uvante et à
base régionale
;
* Les conditions préalables au démarrage: les sociétés se trouvent
en
voie
de
transition et l'édification d'un Etat national centralisé et ef-
ficace est une condition préalable au démarrage
(l)
-
Lv. Lv.
ROSTOLv
:
"Les étapes de la croissance économiq Le."
Editions
du seuil,
1970, Paris page 13.
( 2 )
-
I-J. \\~.
ROS T0 Iv
Ex trait d"c::;
"é tapes
de la croissance écünomiq Le."
P. 13.

-
428 -
* Le démarrage: cette phase est caractérisée par le renversement
des barrières à la croissance constante de la communauté. Une hausse du
taox de l'investissement productif( 5 à 10 % du revenu national net). la
formation de plusieurs secteurs im portants de l'industrie de transformation
la mise en place d'un appareil politique. social et institutionnel qui ex-
ploite les tendan-ees à l'ex pansion dans le secteur moderne.
* Le progrès vers la maturité est la phase au cours de laquelle
la société applique la technologie moderne à chacun de ses secteurs. in-
vestit 10 à 20 % du revenu national pour que la production dépasse l' ac-
croissement de la population.
* L'ère de la consommation de masse est la dernière période de
la croissance:
" la production de biens de consom mation durables et les
services deviennent progressivement les secteurs essentiels de l'économie"(l).
Voici ainsi présentées sommairement les cinq phases de
a croissance
économique du Professeur ROSTOW et leurs caractéristiques respectives.
Etudions maintenant la portée des travaux du Professeur W. W.
ROSTOi-J.
B -
La portée des travaux du Professeur W. W.
ROSTOW.
Exercice de statistique comparative, les travaux sur les étapes
de la croissance économique ont suscité plusieurs reproches de la part
aussi bien des adeptes que des adversaires du Professeur ROSTOW.
0
1
* Les appréciations des adeptes du Professeur ROSTO W•
Les appréciations des adeptes du Professeur ROSTOW ont porté
principalement sur
;
a)
l'universalité de cette théorie ( toutes les corn munautés sont
condamnées à parcourir les phases définies par ROSTOW) et la détermina-
tion mécanique des diverses Qhases; ces reproches proviennent de Simon
KUZN ETS.
rll-~-w~W~-ROST6w-:-"-Lesétapes-dela-c;oi~;~nce-éc~n~~i~~;~I--------
Ed.
du seuil.
Paris P.
23.

-
429 -
et Alexander GERSCHENKRON
b) l'insistance excessive sur le capital d'équipement (Alec
CAIRACROSS, Albert. BIRCHMAN, l'Ecole du capital humain de T. W.SCHULTZ) ;
c) l'absence de place pour la controverse, entre croissance
équilibrée et croissance non équilibrée (Joseph SCHUMPETER,
Paul ROSE
NSTEIN RODAN.
Ragnar NURKSE),
Ces reproches ont été com pIétés par Paul STR EETEN, autre
adepte de ROSTOW qui a proposé la pratique de politiques sélectives :" Il
s'agirait alors d' éla borer des politiques sélectives en matière d'aide,
de
com merce, d'investissements étrangers.
de sociétés transnationales.
de tech-
niques. d'éducation à l' étrang~r. de migration etc. A cet égard. il ne fau-
drait choisir l'isolation com pIète, ni l'intégration à large échelle.
mais une
politique de discrimination éclairée" (1).
Cette proposition a la prétention
de réconc ilier la théorie des étapfs de la croissance économique de ROSTO W
et l'approche théorique juste des adversaires de ROSTOW.
2) * Les appréciations des ad versaires de la théorie linéaire
des étapf.§ de la croissance économique du Professeur ROSTO W.
Aux reproches des partisans du Professeur ROSTOW s'ajoutent
ceux fondamentaux
de ses adversaires.
Nous aurons essentiellement recours
aux arguments développés de A.G.
FRANK (2).
La thèse défendue par ROSTO W( y com pris la proposition de
Paul STREETEN) ne correspond en aucune façon à la réalité passée ou pré-
sente des pays sous-developpés dont elle est censée guider le dévelope-
ment pour plusieurs raisons comme le souligne A.G.
FRANK
(1)
-
Documentation Française:
" Problèmes Economiques 'l°1546.P.3
(2) -
A.G.
FRANY -
"Le développement du sous-développement, l'Amérique
Latine.
" Edition François
~lASPERO - 1970.

-
430 -
a) Cette thèse ignore l' histoire des pays sous-déveL::lpp~s( déN.ntion
de la société trationnelle).
Les pays sous-développés ont une histoire qui
est intimenent liée à celle des pays actuellement dévelopés
.
Les relations
des pays développés avec les sous-dévelop pés ont "com pIètement détruit
la transe elle-même de ces sociétés telle
qu'el.1.e existait auparavant."
Tel a été en particulier le cas de l'Inde qui a subi une désindustrialisa-
tion,
de l'Afrique où la traite des esclaves avait transformé la société
bien
avant que le colonialisme ne procède à une nouvelle transformation,
et de l'Amérique Latine où les civilisations hautement avancées
des Incas
et des Aztèques ont été rapide ment supprimées
(1).
b)
Le Professeur RaSTa W nie le sous-développement et ses causes
(les conditions préalables du démarrage)
en ne tenant pas corn pte des
re-
lations essentielles entre
pays développés et pays sous-developpés:" les
rapports entre les métropoles
mercantilistes et capitalistes et leurs colonies
sont parvenus à supplanter la structure sociale
politique,
économique pré-
existante ou (dans le cas des
polLtiques de
" table rasé"
pratiquée en
Argentine,
au Brésil, aux
Antilles et ailleurs),
à
sup planter la structure
actuelle de ces pays,
à savoir la structure du sous-développement(2).
La réalité du sous-développement,
poursuit A.G.
FRANK est que
"l'intégration de ces pays
(sous-développés)
et de leur population dans l'ex-
pansion du système mondial mercantiliste,
puis capitaliste à
d'abc rd'
p'ovo-
qué leur sous-développement, et que, de plus,
leur participation contimlc
à ce système a
pour effet de
maintenir et même d'aggraver ce sous- dévelo-
pement"
(J).
(1)
-
Crititques contenues dans l'ouvrage
:
"Le développement du
sous-
développement, l' Amérique Lattn~. Editions François MASPERO .1970 P. 40
(2)- Critiques contenues
dans l'ouvrage:
"
Le
développement du 80US-
développement,
l'Amérique Latine.
"Editions
François
MASPERO
Ina p.40
(3)- id.P.42

-
431 -
c)
Enfin le Professeur ROSTOW n'explique pas le développement des
pays actuellement développés. Certes les nations européennes et les U.S.A
(métropole mercantiliste) ont mobilisé leurs ressources après certainschaI@e-
'ments structuraux pour se développer,
mais la "métropole mercantiliste n'a
,
pas conquis et _colonisé ces régions afin d'instituer le traditionnalis me
ros-
towien,
mais pour les exploiter à travers l'établissement de mines,
de plan-
tations sucrières et de ranches d'élévages de caractère exclilsivement com-
mercial
(l).
Cette approche du Professeur ROSTOW est à rejeter.
Quel est l' 0 bjectif de la théorie des étapes de la croissance éco-
nomique du Professeur ROSTOW? Le Professeur ROSTOW entend contrer le ma-
térialisme historique de Karl MAX en incitant les payS'; développés à dévé-
lopper leurs relations économiques mutuelles.
De ces relations les pays
sous-développés obtiendraient des avantages relatifs
- les ressources com munes' de la technologie et l'aide interna-
tionale apportée sous forme d'aide technique,
des prêts à des conditions
favorables notam ment des denrées alimentaires et des textiles excédentaires;
- l'aide extérieure
;
Selon le Professeur ROSTOW, l'octroi de ces différentes formes
d'aide des pays développés aux pays sDus-développés serait ,subordonné à
la direction de ces derniers pays par les élites non-com munistes, respon-
sables du développement. Co mme nous le montrerons bientôt, la Côte
d'Ivoire qui satisfait à cette condition compte sur cette "aide" pour finan-
cer son développement économique, social et culturel.
(1) -
Critiques contenues dans l'ouvrage
: "le développement du
sous- dével
loppement, l'Amérique Latine".
Editions François
MASPERO 1970.P.42-43.

-
432 -
SECTION 2 -
LES ILLUSTRATIONS DE LA THEORIE DES COUTS COMPARES
------
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
~!_f~~~~_QES ~!~fES Q~_~~_f~O~SA!f~_~fQ!QMIQg~
DE LA COTE D'IVOIRE.
Les flux
des capitaux et les transferts de la technologie en
Côte d'Ivoire formeront l'élément central de cette section.
PARAGRAPHE 1 -
LES FLUX DES CAPITAUX ETRANGERS EN COTE
D'IVORE
Les investissements des plans de développement économique,
social et culturel 1960,1970, 1971-1975, 1976-1980 et 1981-1985 se sont
chiffrés respectivement à 90.867 et 1.314.200 millions de francs C.F.A.
Leur financement a été pour l'essentiel,
réalisé par l'étranger
: 85%( ~
Pour la première décennie,
69,7% pour le second plan quinquennal, 65,8%
pour letrt"iL:üà:!e
plan quinquennal et 64,i:%
pour le q'ua:t:riène:
plan quinquen-
nal.
L'origine de ce financement a été les pays industrialisés et les ins-
titutions internationales fondamentales.
Le tableau ci-après (flux
des capitaux étrangers à la Côte
d'Ivoire de 1960 à 198'7) rappelle une partie de ce financement public
étranger dont l'étude a été traitée dans la seconde partie de notre tra-
vail.
Nous n' y reviendrons
plus.
Estimant que la coopération internationale en faveur du dével-
loppement économique suscitait des inquiétudes
de
plus en plus vives, la
Banque Internationale pour le Développement et la Reconstruction,
sous la
direction de M.GEORGES Woods d'abord,
de
M.
Mac
NAMARA ensuite décida
en Octobre 1967 de faire le bilan de l'aide internationale depuis le lende-
main de la deuxième guerre
mondiale et des suggestions
pour l'avenir.
Selon le rap port PEARSON,
résultat de ces réflexions,
"l'aide" interna-
tionale a permis aux
pays donateurs d'obtenir des a'vantages
politiques à
court terme,
de s'assurer les positions stratégiques ou de favoriser leurs
exportations et d'entretenir de forces armées importantes,
contrairement à
son but avoué qui est corn me le
montre cet extrait :
(1)
-
Il n'a été tenu compte ici que du financement public ou semi-public,
pour plus de
précision, on pourra se reporter à la deuxième
partie
de cette étude,
chapitre 2.

TABLEAU N· 84
- AIDE A LA COTE D'IVOIRE
R .C • I.
VERSEMENTS NIT GLOBAUX
;. D P
BEil1iE
-- .. -
(Millions &)
1978
1979
1980
1981
78-81
1978
1979
J98C
19(31
78-81
CAD Bilatérale
510.8
473.7
771,0
194,6
1.950,1
99,6
151.2
166,5
106,6
5a3,9
dont France
224,3
264,4
645,2
137,0
1.270,9
62,8
96,3
129,6
77,S
366,2
Belgique
149,7
110,1
-32,1
-32,8
194,9
4,2
11 ,8
1C,e
4,9
3e ,()
R.F.A.
60,9
39,9
87,8
25,5
18,8
21,6
21,6
14,7
1C,9
66,C
R. UNI
39,7
22,0
10,3
19,6
91,6
0,3
C,9
3,7
3.9
8,8
Pays-Bas
1 ,3
31,8
22,2
18,6
73,9
1 ,3
J ,9
2, ]
C,8
6, :
Canada
24,8
16, I~
9,4
10,6
61,2
12,4
15,9
4,8
4,3
3" ,!(
USA
5,0
1,0
28,0
'<) ,0
43,0
-1,0
2,0
J ,e
l, C
3,C
(PEP Bilatérale
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
""
multilatérale
""
106.3
78,1
147.5
66.1
398,0
47.0
24,4
60,0
33,8
165,2
.:t
dont BIR D
54,8
52,8
78,3
34,5
220,4
4,1
3,0
1 ,9
1 ,C
1e,C
CEE
12,5
13,5
15,4
24,6
66, ()
7,7
14,7
12,9
27 r:
, , )
62,8
FMI( 1 )
27,1
-
37,8
0,2
6:>, 1
27,1
-
37 ,8
0,2
65,1
PNUD
3,9
4,2
3,8
3,4
15,3
3,9
4,2
3,8
3,4
15,<
BAD
3,6
5,1
3,9
-2,0
10,6
-
-
-
-
-
-
IDA
0,8
-
-
-
0,8
0,8
-
-
-
C,8
IDrAL
617.2
551.8
~
260.6
2.348
146.6
175.6
226.5
140,4
689,1
dont CEE
487,8
475,5
746,7
188,6
1.898,6
95,1
147,2
173, J
125,'
541,1
-
(1) - Fonds fiduciaire seulement.
SOURCES
Statistiques de l'u C D E 1982.

TABLFAU N- 85
-
DEITE EXTERIElJRE DE LA CafE D'IVOIRE
ORIGINES DES PRETS EN MILLION DE FRf.NCS CFP.(19'75_1984
t

i
ANN~
ENCOURS
ENGAGEMENTS
ENCOURS SEULEMENT
!
ADP
P,ASP
CPEG
AUTR ES
PR ET MUL-
C;', EM
CPE,"
1":'1- 83
::'X'" :~} : : ' :~
P. r. L.
PRIVES
TLATffiAUX
1975
215.019,4
11.082 ,4
38.144,~ 16.574,65
50.405,1
73. c '91,25
33.149,3
-
-
2_C)r)~,U)
326. Hi<l ,>;
t
1976
281.866,3
236.662,0
39 .716 ,LI ~
22.385,10
74.385,1C
90.262,50
40.196,9
-
-
11~ .923 ,I~(
5:'8. ')~'3 ,J,
""
t
1977
435.047,0
492.228,4
40.557,00
36.583,75
141.1Œ,75
159.923,25
49.335,8
.-
-
'~. 3:'6, 'S
92·.ê~:) ,.i
1978
(()1.813,5
366.m,W
45.6)0,80
46.816,66
232.52) ,22
203.584,48
70.904,9
-
-
2.33:' ,:'2
r;Œ.(,:,,;,C
1979
745.256,1
329.227 ,10
54.663,78
54.857,46
2)2.378,46
256.390,54
84.815,00
-
-
:0:. 'l)') ,8:2
1.C'I.lf\\'j ,/
1980
971.fA7,'1J
2)3.413,74
58.2)8,87
76.003,84
36).984,40
341.381,52
125.017,EB
-
-
J~.9G6, 16
1.2U).(.(J: ,1.'1
1981
1.363.977 ,94
4(() •881 ,78
82.138,67
107.054,07
515.557,07
480.785,03
176.598,14
-
-
(, .i3JII1 ,88
1.826.81) " ',~'
1982
1. 361.1'1J
523.830
l.88S.cc'c
19832
2.Eco.CXXl
-
-
-
-
-
-
-
-
2.(L(,.CCC
1984
2.400.CXXl
-
-
-
-
-
2. 4CC .(.(j~
fIlKIB / 0 C DE et RapPJrt8 d'activité de la BIR D et RapPJrts d'activité de la B.C.E.A.O. 09T7, 1982, 1983, 19811 ET 1986. r
et notes statistiques éœnaniques et m:nétaires N° 370 A'iRll... 1988.
Mard'és tropir.-B.ux et méditeITa"lé61B n ° 2117 (1986) P. 1526.

-
435 -
"L'utilisation la plus large possible de toutE'S les ressources
humai-
nes et physiques du monde.
qui ne peut être réalisée que par la coopéra-
tion internationale. ne profitera pas seulement aux
pays qui sont actuelle-
ment faibles.
mais aussi à ceux qui sont faibles et riches.
On peut attein-
dre ce but grâce aux avantages directs que procurent des relations d'aide
bilatérale et aussi, encore mieux,
par
l' ac croissement général du corn merce
mondial qui résulterait du développement international" (1),
mettre les res-
sources matérielles et humaines mondiales au profit de toute l'humanité.
Compte tenu des suggestions ci-après du rapport PEARSON et comme le sou-
ligne M.
Paul STREETEN, Conseiller Spécial au Département des Politiques
et program mes de la BIR D,
dans un article intitulé :" l'évolution des
théories relatives au développement économique " publié par les Problèmes
Economiques du 9 Novem bre 1977, la théorie des coûts corn parés, et la
base de la politique d'aide des organisations internationales celles rat-
tachées à 1'0 N U en particulier.
Les principales suggestions du rapport PEARSON(2) sont:
0
1
Mettre en place un système d'échanges internationaux libres
)
-
et équitables;
0
2 )
-
Développer les apports de capitaux privés extérieurs dont
bénéficieront aussi bien les invstisseurs que les pays bénéficiaires;
0
3
Mieux associer les diverses parties
)
-
à l'aide au dévêlop pe-
ment, en préciser le but et mi~ux coordonner les efforts;
0
4
Augmenter le volume de l'aide;
)
-
(1)
-
Extrait du rapport PEARSON 1969 P.
26
(2) -
Ces suggestions sont extraites du rapport PEARSON PP.34 - 42.

-
436 -
5·) - Résoudre le problème de l'accroissement des dettes
6·) - Rendre plus eff'icace l'administration de l'aide ;
7·) - Donner une nouvelle orientation à l'assistance technique
S·) - Ralentir la croissance démographique
9·) - Rénover l'aide à l'enseigne ment et à la rec herc he
10·) -
Renforcer le système d'aide multilatérale.
C'est dans ce cadre que s'inscrivent les flux
de capitaux qui vont
des pays développés à la Côte d'Ivoire ( ce que nous venons de rappeler)
et les transferts technologiques de ces pays à la Côte d'Ivoire.
que nous
rappelons ci-après.
PARAGRAPHE 2
Dans ce cadre seront abordés successivement la définition et le
contenu des transferts technologiques. et leurs illustrations en Côte d'Ivoire.
a) -
La définition et le contenu des transferts de technologie
La technologie est une masse de connaissances, d' innovatiors tech-
niques et sociales au sens large, de procédés industriels mis en oeuvre
directement dans le processus de production
machines et équipement)
au sens restreint. C'est ce dernier sens que vise généralement l'expres-
sion " transferts de technologie.
On transfère toutes les connaissances non concrètes qui sont en
général
- le know-how
: ensemble de connaissances concrètes ( technolo-
gies de procédés de fabrication,
d'ingénierie de projet,
d'organisation
du marketing,
de la recherche-développe ment pour passer à l'utilisation
industrielle;

-
437 -
- le know-how
: ensem ble des connaissances relatives au mode d' em-
ploi des machines et des équipements que l'on acquiert par la formation
sur le tas, la mobilité professionnelle, les contacts directs, les visites
les échanges, les foires, les expositions et missions d'assistaœe techni-
que.
-
les connaissances capitalisées dans les machines et équipements,
outillages et pièces de rechange,
matières premières, im plantation d'usines
"clé à main",
programme d'investissements d'entreprises non affiliées, les
investissements étrangers directs (
participations, filiales étrangères
)
;
- la littérature technique ( manuels, articles,
dessins,
documenta-
tion sur les brevets, ... etc), les conférences et séminaires et la forma-
tion de base.
Le know-how, le how-how et les connaissances capitalisées,
machines
et équipements constituent depuis la période coloniale, l'essentiel des
transferts technologiques destinés à développer les pays sous-développés.
Le transfert des technologies des
pays développés vers les pays
sous-développés devrait contribu~r au dévelop pement de ces derniers.
Mais,
dans un article publié par les problèmes Economiques du 16 Avril 1975
"le problème du transfert de tecnnologies vers les pays sous-développés".
Philippe
montre que,
par ce transfert, les pays développés poursuivent:
- la rentabilisation de leurs dépenses de recherche, l' im plantation
des marchés, la vente de leurs équipements et la création de futurs
mar-
chés par la formation professionnelle;
le renforcement de la dépendance des
pays sous-développés vis-à
vis des pays développés
par la fourniture
d' équipements techniques suivi s
des service après-vente ( entretien,
pièces de rechange,
corn munication des
améliorations techniques), la for mation professionnelle des techniciens des
pays sous-développés suivie des habitudes de travail,
de pensée 1
d'un
réseau de relations
humaines avec des techniciens des
pays développés
(visites d'usines.
de centre de documentation, langue d'échange) et le
maintien des
mêmes fournisseurs et conseillers en matière de teC' nologie

-
438 -
suivi aussi des particularités nationales !1U niveau des habitudes
des mentalités et des méthodes de travail.
Quel est le refiet de ces transferts en Côte d'Ivoire ?
b) -
Les illustrations des transferts technologiques en Côte
d'Ivoire
L'enseignement, l'assistance technique et l'importation des
pro-
duits industriels en particulier les biens d'équipement pour l'exploita-
tion des ressources naturelles constituent les com posantes essentielles dES
transferts tehcnologiques en Côte d'Ivoire. l i n'est pas inutile de
rappe-
ler que toutes ces composantes ont été déjà abordées au cours de
cette
étude, en particulier dans le chapitre 1 de la deuxième partie " la
po-
litique financière de la Côte d'Ivoire".
Elles feront donc ici l'objet de
développement très bref.
1)
-
L'Enseignement
L'enseignement local ( général : 1er et 2e degré i
normal, tech-
nique et supérieur), et celui que reçoivent les étudiants et les stagiaires
ivoiriens à l'étranger s'inscrivent dans le cadre des transferts technolo-
giques.
2) -
L'Assistance technigue
L'absence d'informations statistiques ne nous permet pas de cerner
exactement l'importance de l'assistance technique extérieure en Côte
d'I-
voire.
Pourtant elle est omniprésente dans tous les domaines de la vie du
pays: les Administrations et MInistères, la santé, l'enseignement, l'armée,
la police, la gendarmerie et les entre prises
privées ( forestières, minières
autres entreprises de production et les entreprises de service : travaux
publics et bâtiment, transport,
banque, commerce, etc ... ).
L'assistance

-
439 -
technique des pays développés, en particuliers de la France et des or-
ganisations internationales (0 N U et celles qui lui sont dépendantes,
Fonds Européen de Développement (F E D), etc ••• ) •
Si elle participe à la vie du pays, l'assistance technique est
cependant un signe contraignant de la dépendance du pays vis-à-vis de
l' extérieur.
3- ) L'importation des biens d'équipement
La série de biens d'équipement est très énorme : elle com prend
aussi bien les équipements de maison,
de bureau,
que ceux des entrepri-
ses forestières
( scies et lame de scies, semi-remorques forestiers, trac-
teurs-treuils, tracteurs à chenilles,
machines-outils pour le travail du
bois etc ..• ),
minières (véhicules,
matériel de chargement et de stockage
de forage. de transport, équipements d'immobilisations, engins de terras-
sements, équipements de laveries et de tuyauteries,
machines fixes,
équi-
pements téléphoniques, transformateurs, etc) et des entreprises de tra-
vaux publics et du bâtiment.
L'Europe (RFA, OB,
France,
Belgique,
Italie,
Pays-Bas, etc) et les U.S.A en sont les principaux fornisseurs.
Pour atteindre les rendements escomptés, ces équipements sophis-
tiqués pour la plupart, nécessitent un entretien très suivi, les entreprises
forestières,
minières, les entreprises des travaux publics et du bâtiment
qui les utilisent, au lieu de contribuer à former le personnel d'encadre-
ment,
préfèrent l' im porter des pays développés.
Les tableaux ci-après
nous donnent une idée de l' im portance de ce personnel dans les entre prises
forestières et d'industrie de bois (240 en 1985),
des entreprises indus-
trielles,
minières et divers (387 en 1986) et des industries alimentaires
(175 en 19&7).
L'absence d'occasions matérielles pour l'assimilation critique,
par
les travailleurs et les cadres ivoiriens,
des technologies im portées
par
les entre prises étrangères im plantées en Côte d' Ivoire et dans les quelles
ils travaillent, est un obstacle sérieux au développement du pays,
voire une

1
-
440 -
limite au but avoué des transferts technologiques.
Pierre F. GONOD, dans
un article publié par la revue "Mondes en développement",
des transferts
de technologie m" fait état de cette 1 imite :
Il
Le pays établit une zone franche et met en état de viabilité
un parc industriel.
En dehors de cette infrastructure, il fournit la
main-
d'oeuvre et attire les investissements étrangers par une exonération totale
d'impôts durant
cinq ou dix ans et le droit de
rapat".riement illimité des
bénéfices.
Des entrerpises de montage s'installent.
Elles sont des formes
sous-traitantes de grandes unités internationales.
Leurs équipements, leurs
matières premières, leur encadrement, leur direction proviennent totalement
de l'étranger.
La production est totalement exportée.
Certaines de ces entre-
prises,
par suite de raisons conjoncturelles ou de changements de stratégie,
décident de fermer leurs entreprises affiliées.
Hormis la formation rudimen-
taire à des tâches parcellaires des travailleurs locaux, il n' y a aucune
assimilation technoligique, l'espace de décision et l'espaced'opération éch-ap-
pent entièrement aux
pays hôtes"
(1).
S'il Y a des entre prises de montage en Côte d' Ivoire, elles
ne
sont pas dominantes.
Ce sont les entreprises forestières,
corn merciales, fi-
nancières, industrielles,
des travaux Publics et du Bâtiment,
de Transport
qui dominent.
Le reste de cette situation limite de transferts technologiques
est parfaitement fidèle au cas de la Côte d'Ivoire.
Les transferts technolo-
giques effectués par diverses entreprises étrangères,
principaux agents éco-
nomiques du pays, et par l'armée, renforcent les relations de dépendance de
la Côte d'Ivoire vis-à-vis,
des pays développés.
La théorie des coûts com parés. et celle des étapes de la crois-
sance économique justifient les liens de domination des
pays développés
SUr les pays sous-développés, liens qui comme l'ont souligné A.C.FRANK,
S.AMIN et bien d'autres auteurs, sont la cause essentielle du sous-dévelop-
pement des pays sous-développés et de son aggravation.
Comme nous
l'avons
constaté au ~ours de cette étude,
malgré le niveau élevé de son produit na-
tional brut par tête. la Côte d'Ivoire.
dont l'économie extravertie est
(1) -
Pien'e F.
CONOO
: " Les transferts de technologie III" in revue
"
Mondesen développement"
P.737

-
441 -
le résultat de ses liens de dépendance vis-à-vis des pays dévelop-
pés, demeure un Etat sous-développé.
Examinons sur quelle base théo-
rique doit s'effectuer le développement de la Côte d'Ivoire, le déve-
loppement restant pour elle une nécessité et un idéal absolus.

TABLEAU N- 86
RF.r.APITULATION
DES BESOINS DE MAIN-D'OEUVRE SUIVANT
LE NIVEAU DE QUALIFICATION.
r------------------ï--------------ï----------------ï-----------------r-------------T---------------,
1
PERIODE
1 CAmES SUPE-
1 CADRES MOYENS
1 OUVRIERS QUALI-
i MANOEUVRES
i TOTAL
1
Il
'1 RIEURS
1
1 FIES
1
1
1
1
1
1
1
1
-------------------ï--------------ï----------------ï-----------------r-------------T---------------l
Entre 1971 et 1975
1
3.200
1
10.800
1
32.000
1
66.800
1
112.800
:
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Entl
1976 et 1980
1
3.900
1
11. 500
1
37.000
1
96.700:
149.100
i
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Entre 1981 et 1985
1
4.100
1
13.200
1
41.000
1
105.800
1
164.100
1
1
J
1
4
_
~
1
1
~--
1
~---
1
TOTAL
j
11.200
1
35.500
1
110.000
1
269.300
1
426 '".:00
:
L
1
L
J
~
1
~
1
~
1
1
~
1
N
..::t
..::t
SOURCES
-----
Ministère du Plan:
Les besoins en main-d'oeuvre de l'économie - Secteur moderne.
P.22.
La
Côte d'Ivoire en chiffres 1980 -
1981 et Marchés Tropicaux et Méditérranéens n·
spécial
Côte d'Ivoire n"
2094 (1985).
B.I.T.
"Emploi en Afrique" -
Genève
(Suisse)
1973 P.
199.
NOTES
Les
chiffres présentés dans ce tableau correspondent au marché du travail. Ils ne tiennent
pas compte du secteur primaire.
j,'MiI'lM'VS1q;H",::;:;;:; ...._l"",
.,*,,"«;
6 f ) J J : : ; . J i
"
·lkUiiS,,",g'.,i!S?B.'AMl&O
;,u,p,""'''''"''''',z..
1""" .. Ml
I l .
. i
_"_"'lIB
_
~,~,---,..,..,•.-

t-
!~~~~~!:!_~":_§7 _ - REPARTITION DES EIo'FECTIFS ET DES SALAIRES SELON LA QUALIFICATION DU SECTEUR
SECONDAIRE ET L'ORIGINE (AFRICAINE OU NON). 1980-1986 )EN POURCENTAGE) .

QUALIFICATION
, PROPOSITION DES EFFECTIFS
1 PROPORTION DE LA MASSE SALARIALE
Cadres
supérieurs
1
1,6
1
18,2
Maîtrise
1
4,5
1
21,1~
Emplois
qualifiés
1
14,5
1
18,1~
Em plois non
qualifiés....
1
79,4
1
LI2 , C
~
. j
. j
TOTAL . . . • . . • . . . . . . . .
100,0
100,0
Africains . . . . . • . • . . • . . . •
1
95,1
1
64,3
NOn Africains...........
1
4,9
1
3,),7
TOTAL
1
100,0
1
1CC,C
SOURCES: b;i;t;
"Emploi en
Afrique" Genève (Suisse)
1973, P.
209.
La Côte d'Ivoire en
chiffres
1986-1987 et Marchés Tropicaux n' Spécial 2094
Décembre 1985.
._-"
- - - - - _ . _ - , - - - - - - - -
"..~,

-
446 -
blJ['eau::rati'qœ,
jU['istes •.• ) dans les
pays
de la périphérie
poU[' fi-
nancer l' acc um illa tion dans les
pays ind œ trialisés
;
2)
-
par la conversion des
"économies
désormais en
voie
de so 15-
dé veloppement en
villgaires appendices
de le Ll['S
propres
économies
(des
pays
développés)"
(1)
;
3) - par la réd u:: tion de la grande masse des pe uples du monde à
une
pauvreté sans
précédent.
En résumé,
les flux
de
transferts
de la
valeLl[' de la
périphérie
(Amériqœ
Latine,
Afriqœ et Asie)
vers le
centre
(Amériqœ
du NOrd,
ELI['ope
de l'Oœst,
Japon,
Aœtralie
d'une
part;
l'U.R.S.S.
et l'ELI['ope
Orientale
d'autre
part) ont provoqœ
depui.s le
début du capitalisme le
so œ-dé veloppement des
pays
de la périp hérie,
continœnt de l' aggra ver
à la périphérie,
et s'accumillent,
nécessaires
à la pOLl['sui.te
du dévelop-
pement des
pays
du Sud est le
produi.t du développement des
pays indœ-
trialisés.
Et l'in ves tisse ment étranger dans les
pays so œ-dé velop pés,
dont
la contribution au développement de ces
pays est le
but avoœ,
a élevé
une
série
d'obstacles à ce
développement,
obstacles
qu'énumèrent au l(lOIl!lr",g
d'un congrès,
les écoles d'économie
d'Amériqœ
Latine:
l'investissement
étranger
direct exerce de
nombreux
effets
défavorables
SLl[' la
balance
des
paiements,
SLl[' l'intégration économiqœ et SLl[' la formation du capital
dans
nos
pays. I l détermine
dans
une
large
mesLI['e le
caractère et l'orientation
de
nos
échanges extérieurs,
stimw.e
la concLI['rence
monopolistiqœ,
ab-
sorbe 0 u subordonne les entreprises
nationales
pl œ
faibles.
Po LI['
ta utes
ces
raisons,
i l
~st nécessaire d'adopter des
voies
et des
moyens
propres
à
contrer ces effets
négatifs"
(2).
(1)
-
A.C.
FRANK:
"Le développement du soœ-développement".
Ed;
~]aspero 1970,
P.
155
(2)
-
A.
G.
FRANK
"Le dé velopp~ment du sc IIS-d,'· veloppem.;[lt".
Ed.
r-rançois
~1ASPER:J, P.
155.

T.AII..FNJ N- 88 - RIPJRI'TIKN lŒ SAlPJRffi III SK:TIiR IlUrmNE SlIIVPNI' LE NlVfJlU .œ Q..W..IFI~
Er L'ŒJGINE NATH:NALE
(SK:TIiR mIVE El' SOO-PllLIC) (IN Pa..OCINfIGE)
QUALIFICAT ION
IVOIR 1 ENS
fi FR TC fi TNS NON 1\\'0 IR 1 E,'iS
D'PCPSf::\\S
Personnel de Direction . . . . . . . . . .
12
3
8')
Cadres et Techniciens . . . . . . . . . . .
17
2
81
Mattrise . • . . . • . . . . . . . • . . . . . . . . . .
29
13
58
Finployés( cat. supérieures) . . . . . .
55
16
29
Employés subalternes . . . . . . . . . . . .
70
27
3
Ouvriers qualifiés . . . . . . . . . . . . . .
72
26
2
. j
Ouvriers spécialisés . . . . . • . . . . . .
69
. j
30
1
. j
Manoeu vres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
35
65
( ,
TOTAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
47
46
.,
SOURCR)
B.I.T.
: "L'emploi en Afrique". Genève(Suisse) 1973. P. 192. Le plan quinquennal ·'9Hl-;')HC) et lcs
comptes de ln Nation 19~2. Marchés tropicaux et l'<léditérranécns n° spécial 2C9)~( 19~)C)) ,·ôtf:> d'Ivoire:
La Côte d'Ivoire en chiffres 1986/1987.
Voilà donc un pays où plus de la moitié des salariés du secteur pri vé (type modernc) sont des ét T'an-
gers. La structure de la répartition suivant le niveau de qualification et l'originc nationale.
telle
qu'elle apparaît dans ce tableau. est plus instructive encore.

-445 -
CHAPITRE II - LA DEMARCHE PROPICE AU FINANCEMENr DU DEVELOPPEMENT
DES PAYS DE LA PERIPHERIE
Les
démarches
antérieures,
base
du soœ-développement des
pays
présentement soœ-développés
dont la Côte
d'Ivoire sont à
rejeter.
Qœlle est alors la démarche
qui favorisera le
développement de
ces
pays ?
La constrœtion de ce
modèle est une
tâche
pressante
qœ les
auteurs
SAMIR
AMIN,
A.
G.
FRANK,
F.
H.
CARDOSO,
entre
autres,
ont commencé à
réaliser.
La
présentation de cette
démarche
qui sera axée sur les
mobiles
du sOU3-développement des
pays
de la
périp hérie et les critères
du déve-
loppement de
ces
pays s'inspirera essentiellement des
tra vaux
des
de ux
premiers auteurs
précités,
à savoir SAMIR
AMIN
et A.G.
FRANK font
autorité
depuis
un certain nombre
d'années;
en outre,
noœ
connaissons
mie ux
ces
de ux
a ute urs.
Ce tte
dé marc he
sera précédée
de considéra tion
sur la stratégie
de financement du développement de l'économie
de
la
CÔ te
d' Ivoire.
SECTION
1 -
PRESENTATION
DE
LA
DEMARCHE
DU
DEVELOPPEMENT
AUTO·
---------
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
CENTRE
- - - - - -
PARAGRAPHE
1 -
LES ORIGINES
DU SOUS-DEVELOPPEMENT
Les origines
du sOU3-développement sont liées
à l'intégration des
Etats actœllement sOU3-développés et de
leur
population dans
l'expansion
du système
mondial capitaliste
à
l'Amériqœ
Latine,
à
l'Afriqœ et à l'Asie
a
donc
occasionné
:
A -
le som-développement par la destruction ct 'économies agricoles
mais
aussi industrielles
(Inde)
productivcs et
viables;
B -
L'aggravation du sOl.s-ùéveloppement :
1)
-
Par les
alliances
ct '~·conorlies
ml~tI'op()litaines
avec
les oligarc hies
exploitantes
internes
par des
liens
éconorniqlE5
(ùire"tcLll'S,
[)crsonnel

-
448 -
par l'élaboration d'lIDe
politiqœ de répartition du revenu et du financement
à la
ha ute ur des
besoins
;
-
utiliser la planification qui. procédera à la définition d' lIDe s tra-
tégie générale du développement,
à
l'élaboration d'objectifs sectoriels
cohérents avec la stratégie
totale,
et au choix
de
projets au niveau micro
économiqœ élementaire et de définition des
politiqœs
partielles
(des sa-
laires,
de fiscalités,
de financement,
de
prix
ete ... ) co hérentes a vec les
objectifs sectoriels.
Tels sont les critères du dé veloppe ment des
pays so us-dé veloppés
qœ définit le
professeur SAMIR AMIN.
Si elle est effectivement mise en
oeuvre,
la politiqœ
de développement "autocentré",
"dynamiqœ" définie
par SAMIR AMIN
pourra obtenir des résultats escomptés,
à savoir le
dé-
veloppement des
pays sous-dé veloppés.
Ce tte
poli tiq œ
s usci te des
q œs tions
de fond
quant à son ap plica-
tion:
compte
tenu de la domination des économies des
pays sous-développés
par les
pays
développés,
comment cette
politiqœ sera-t-elle choisie? Qui
la mettra en application? Et comment?
Pendant qœ le Professeur SAMIR
A~UN reste
très
discret sur la ré-
ponse à ces
qœstions fondamentales;
A.G.
FRANK
par contre
nous en fournit
des indications
très
précises;
d'abord à
travers son "troisième
mode
d'approche relatif au développement des
pays sous-développés ...
une
politiqœ
de
développement économiqœ et de changement culturel devra
être
poli tiq œ me nt sans cesse ré vol utionnaire et aider les
pe uples
des
pays sous-développés à prendre en main la destrLCtion de cette strLCture
et le
développement d'un autre système.
Si les
pays
développés
ne
peuvent
diffuser le
développement et la
théorie
du développement
vers les
pays
sous-développés,
alors les
peuples
de ces
pays
devront se
développer
par
eux-mêmes(l),
Ensuite,
à
travers
l'anal:,/se
des classes sociales en Amé::,i(~LI?
Latine,
selon A.G.
FRANK,
les rouages étatiqU2s
sont de simples
instrL;f:]t:;'[lts
d'une coalition réunissant la
bourgeoisie
métropolitaine et les
principaux
secteLTsdes
bourgeoisies
latino-américaines,
exécutants
de l'impérialisme;
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
(1)
-
A.G.
FRA:'-lK
:
"Le développement du sOU:3-développement en Amériqœ
L a ti ne.
"E d.
F.
NAS P E RO.
P:H' i s
1C) 7 ()
P.
82

- 447 -
PARAGRAPHE 2 -
LES CRITERES DU DEVELOPPEMENT
DES PAYS PERIPHERIE
SAMIR AMIN les définit comme étant la liquidation des caractères
s tr œtlTels du sa LE-dé veloppement et la détermina tian d'une
poli tiq LE de
développement autocentré,
autodynamiqLE.
A -
La liq uidation des carac tères s tr u:: tur"els du sOLS-dé velop~.!!!ent
Tandis
qœ l'O.N.V et de nombreux auteur"s se réfèrent à "santé, a-
nalphabétisme,
nutrition,
mortalité,
revenu/tête,
insli'fisance de l'épargne,
facteur" réligieux"
pOUI:' caractériser le sOLS-développement, SAMIR AMIN
uti-
lise,
pOUI:' décrire le
même stùet : les inégalités sectorielles de
prod u::tivi-
té. la désartic ula tion du sys tème économiq LE et la domination ex térie UI:'e
ce sont les
principaux
caractères stru::tUI:'els à liquider.
Comment?
B
-
Le choix
de la politiqœ du déveloEEement autocentré,
auto-
d y na mi q œ .
-
guider les choix
de dé veloppement de façon à créer
une économie
nationale
homogène
par le
transfert du facteUI:'
travail des seCŒ!UI:'S à faible
prodœtivité
(agricultUI:'e)
vers les secteUI:'S à forte
produ::tivité
(indœtrie
moderne) et par l'amélioration de la produ::tivité dans les secteUI:'S à faible
prad uit/cête
-
garantir la cohérence à l'économie nouvelle "autocentrée" ou "intro-
vertie"
par la création des ensembles indœtriels intégrés,
constitués d'ac-
tivités complémentaires autour des
pôles
de croissance et par la propagation
des flux
d'innovations et de
progrès
techniqœ
dans l'ensemble
de l'économie
-
garantir à l'économie
nouvelle
un dynamisme
pre.pre,
autonome,
qui
la libère de la dépendance
vis-à- vis du "entre
par la
transformation radicale
des structures
du commerce extérieur et des structures
monétaires,
,~
11~

- 449 -
";
cette bourgeoisie, ne disposant corn me base économique que des secteurs
peu rentables que lui laisse l'impérialisme et de la pression sur les
salaires et les prix, exploite davantage la petite bourgeoisie, les ou-
vriers et les paysans qui forment le gros des
peuples latino-américains:
"c'est donc aux
peuples de prendre leur responsabilité politique qui
consiste à
mettre fin au développement du sous-développement"
(1).
Donc,
toute politiqœ de développement "autocentré,
autodynamiqœ"
ne po ur'ra par venir à son 0 bjec tif qu'après
l'organisation et la mobi-
lisa tion poli tiq œs ré vol utionnaires des pe uples
des
pays dé velop pés.
Qœ signifie pour' la Côte d'Ivoire,
le développement autocentré ?
SECTION 2 - UNE STRATEGIE DE FINANCEMENT
DU
DEVELOPPEMENT
ECONO-
MIQ~~_~~QPIC~_~_~~_~QI~_Q'IVOIR~
A vant de présenter
une stratégie du financement du développement
économiqœ propice à la Côte d'Ivoire,
voyons d'abord
très slCcintement
la "stratégie du développement économiqœ"(2)
DU
Professeur A.O.
HIRSCHt>lAN.
~~~~2~~~~~_1 - ~I~~I~CIE_Q~_Q~~~~Q~~~~~~I_~~Q~QMIQ~~_Q~_~~Qf~SSE~~
A.
O.
HIRSCHMAN.
La place des
travaux
du Professeur HIRSCHMAN
ne
devrait pas être
à cet endroit de
notre étude,
mais
tout de suite après la
théorie des éta-
pes de la croissance économiq le du Professe ur
W.
\\~.
ROSTO hl.
( 1)
-
A. C.
FRA NK :
" Led é ve 10 p p e men t
dus 0 us - d é ve 10 p p e men t en
Amériqœ
Latine.
"Ed.
F.
jVIASPERO,
Paris 1976,
P.
360.
(2)
-
iL
O.
HIRSCHi\\lAN
:
"STRATL::;IE
DU
DEVELOPPEj'llENT
ECONUmQUE".
Ed.
0 uvrières.
Paris 1968.

-
450 -
En effet, comme le Professetr ROSTOW, le Professetr HIRSCHMAN
estime qœ c'est principalement avec l"'aide extérieure"
qœ les
pays soœ-
développés
vont se développer.
L'introdu:::tion de ses
travaux ici a pour
intérêt d' insis ter s ur la contradic tion fondamentale entre le
dé veloppement
économiq œ
basé s ur le financement ex térie ur
et cel ui. basé s ur le finan-
cement intérie ur qui. transforme
une économie ex tra vertie en économie intro-
vertie.
Dans son livre "stratégie du développement économiqœ",
le Professeur
Albert O.
HIRSCHMAN
définit le développement économiqœ comme
une sé-
qœnce des
déséquilibres entre les investissements en Infrastru:::ture Econo-
miqœ et social (I.E.S.) et ceux en Activités
Directement Produ::tives
(A.D.P)
(voir grap hiq œ) .
L'I.E.S.
comprend: enseignement,
santé,
transport et communications,
addu::tion d'eau et d'électricité,
infrastru:::ture agricole
(système d'irriga-
tion et de
drainage et leur équipement respectif).
Elle conditionne la mise
en application de
toutes sortes d'activités économiqœs,
l'extension de la
distribution de l'électricité et les
moyens
de' transports financés
par la
B.I.R.D.
étant considérés comme
une
condition préalable au développement,
l'I.E.S.
et les A.D.P
ne peuvent pas être développées en même
temps
dans
un pays so us-dé veloppé 1
le ur croissance éq uili brée
n'engendrant pas les
pressions et les s tim ulants
quise
trad uisent par des
décisions
d' in 'les tisse-
ments induites.
l'I uni de
ces renseignements,
le Professe ur O.
HIRSCH MAN
considère
de ux
séq œnces
de
dé veloppement économiq œ.
<
I.E.S.
~ A.D.P.
et
I.E.S.
A.D.P.
A -
La séqœnce du développement par excès
de capacité d'I.E.S.
I.E.S.,
A.D.P.
(A.A.l
B.B.2
C.
sur le graphiqœ).
Cette séqœnce
es t inci ta trice
: si les in 'les tisse urs
son t a ttirés
[Jar
une
ha u..sse
des
peofi ts •
les in\\'estissements seront massifs.
Elle
ù,":clenc h~è
donc
l'~:(pélnsion

-
451 -
par
une accroissement du vol tune
d'lnf'rastr.lCtlre
Economiq œ
et Sociale.
Elle convient sU!'tout,
selon l'auteU!',
dans les
pays SOLS-développés à
l' intérie U!' des q œls,
différentes zones candidates à l' acc œil des inves tis-
sements étrangers se font concU!'rence.
Cette séqœnce dU!'e jLSqu'à la sa-
tU!'ation d'Infrastru:tU!'e
Economiqœ et Sociale par l'arrivée de
nombreux
in ves tisse U!'S .
B -
La séqœnce du développement par insti'fisance d'Infrastru:tU!'e
Economiqœ et Sociale
(I.E.S.)
:
I.E.S.,
A.D.P.
(AB1,
BCl
C,
séq œnce dans laq œlle le progrès
initial provient tot.üoU!'s des A.D.P).
Cette séqœnce est désordonnée,
con-
traignante
: à la satU!'ation d'I.E.S.,
les coûts des ADP
augmentent,
les
entreprene U!'s exercent de fortes
pressions SU!' les po uvoirs publics
po U!'
la prod u: tion d '1. E.S.
La réponse positi ve de ces derniers rend
accéléré
le développement économiqœ en supprimant les obstacles:
ainsi,
les
me-
s U!'es fiscales et les
modifications des
tarifs
des ser vices
publics
po U!'
assU!'er les fonds requis par l'expansion sont soudain acceptées comme iné-
vitables,
et les coûts des A.D.P.
abaissés.
POU!' l'auteU!', les déséquilibres entre I.E.S.
et A.D.P.
constitœnt
les
principaux facteU!'s
du développement,
tout en privilégiant le dévelop-
pement par insuffisance d'I.E.S.
"de
notre
point de
vœ, la séqœnce
qui l'équilibre"
représente
donc
un
type idéal de
développement:
chaqœ
progrès dans la séqœnce est induit
par
un déséquilibre antérieU!'
qui appelle
une
nouvelle
avance"(1)
ou en
d'a utres
termes
:
" un déséquilibre SU3cite un mouvement d'expansion qui, à son toU!',
provoqœ
un dt:·
'>quilibre similaire,
et ainsi de suite à l'infini"(2).
(1)
-
Albert O.
HIRSCH~lAN : "Stratégie du développement économiqœ".
Economie etH um anis me.
Les
Editions Ouvrières.
Paris,
1974
P.
84.
(2)
-
Ces industries
utilisent les importations des
produits semi-finis
com me,
s tim ulants et ind LX: te urs
de l' ind us trialisa tion.

-
452 -
Dans ce mouvement des déséquilibres,
les capitaux
extériell['s ont
pOll[' objet de sl5citer et de résorber les
pressions comme
vont le
mon.trer
les A. D. P .
S'agissant maintenant des A. D. P.,
les ind l5 tries
à créer sont celles
dont l'output est destiné à la demande finale et sert aœsi d'input à
d'au-
tres indl5tries,
les industries satellites aux
effets
de liaison en aval.
Celles-
ci doivent s'implanter près de l'indœtrie
principale,
utiliser comme input
principal
lm produit ou un sous-produit de l'indœtrie
principale,
et avoir
lme dimension économiq lE inférie ure à celle
de l' ind us trie
principale
qui
possède des effe ts
de liaison en amont.
Les ind us tries
principales à créer doi vent transformer des
prod ui. ts
primaires locaux
(indl5tries
textiles et alimentaires,
indl5tries
de
matériaux
de constrœtion,
etc ... ) et des
produits semi-finis importés
(usines
de
mon-
tage,
de
malaxage,
de fabrication de
métaux,
laboratoires
pharmaceutiqœs,
ete)
en biens répondant à des
demandes finales.
Sur la base
de l'expérience
des
pays soœ-développés
qui s'indœtrialisent,
l'auteur privilégie
la créa-
tion des indl5tries
aux effets
de liaison en amont:
du stade
des
"toœhes
finales" (1),
ces ind l5 tries
prod uisent progressi vement des
prad ui. ts intermé-
diairess et de
matières
de
base.
Donc les indœtries satellites,
les indl5tries
prad oc trices
des avantages
des
économies ex ternes,
des corn plémentari tés,
de
la cal5alité cumLÙ.ative
qui accélèrent la croissance indl5trielle si remarqœ.ble
dans les
premiers stades du développement d'un pays
doivent être créés.
Selon l'auteur,
elles constituent un puissant stimLÙ.ant pour le
développement
de l' agric LÙ. ture.
La stratégie
du dé\\'eloppement économiqœ
du Professeur Albert O.
HIRSCHMAN
est sans
nul doute important.".
Elle expliqœ le
type
de
développe-
ment qœ connaisent de
nombreux
pays sous-développés.
Ce
développement est
caractérisé
par la création d'enclaves étrangères
des sociétés internationales
qui
produisent leur
propre InfrastrLCture
Economiqœ et Sociale
(générateurs
Diesel pour l'électricité,
des
pLri.ts
pour l'eau,
les
routes
d'accès,
et des
loge ~e nts _po ur le urs 0 u\\Tier's).
_
(1)
-
Ces indl.Etries
utilisent les
importationG
des
pr'odLri.ts
semi-Ci"j.s
corn rn e s tim ulants et ind Le te urs
de l' ind LE trialisa tion.

-
453 -
Q~~~HIQ!!~_.· 7 - CROISSANCE EQUILIBREE ET NON EQUILIBREE
DES A.D.P.
ET DE L'I.E.S.
Coût total de la pro-
d uction des Activ ités
I I I
Dirro tement Productives
c:
(A.D.P)
II
Volume et coût de l'I.E.S.
SOURCES:
Stratégie du développement économiq ue( p.
105)
- - - - - - - Par Albert O.
HIRSCHMAN.
Les éditions ouvrières
(l974L
Les courves a,
b,
c, représentent les coûts de
production des A. D. P
en fonction
de 1'1. E. S.
(I)
ABl
BC,
C:
séquence du développement par insuffisance
de l'I.E.S.
j
(I.E.S.
A.C.P).
(Il)
AAl
BE2,
C:
séquence du développement par excès de la capacité
d'l.F.S\\
1.E.S.
A.D.P.).
(lll)
ABC
représente l'idéal de la croissance équilibrée des
A.C.!?
de l' I. E.S

- 454 -
La compagnie MOKTA(manganèse),
la SAREMCI et la Société WATSON
(diamant),
ESSO Corporation Africa, SHELL-CI,
British Petroleum C-I, _
TEXACO-CI( pétrole) en Côte d'ivoire illustrent ce type de développement
en créant elles-mêmes leur Infrastructure Economique et Sociale(I. E.S. )
respective face à l'insuffisance de la production de ces services
par
les autorités
publiques.
La stratégie du développement économique du Professur Albert 0
HIRSCHMAN ex plique bien celle actuelle de la Côte d'Ivoire qui se traduit
dans tous les premiers plans quinquennaux
par :
-
"le développement de la politique d'ouverture de l'économie
sur l'ex térieur";
-
"la recherche active d'une coopération économique avec les
pays voisins";
-
"l'extension des actions
de
modernisation agricole et d' enca-
drement des
paysans";
-
"l'ivoirisation de l'économie";
-
"l'orientation ie l'appareil de formation en vue
de
donner à
tous la possibilité de communiquer,
de former les
hommes en fonction des
besoins de l'économie";
-"l'élaboration de choix
particuliers,
favorisant temporairement
des groupes
d' hom mes,
des régions,
des secteurs d'activité,
de façon à
atteindLe les objectifs globaux
et l'équilibre final recherché
par des opé-
rations intégrées de développement:
1981 -
1985
-
"la poursuite d'une forte croissance, l'accroisse ment de la par-
ticipation des nationaux)
l'activité économique,
c'est-à-àdire l'ivoirisa-
tion,
la
production individuelle et collective des Ivoiriens et la réponse
à
leurs aspirations"(l).
(1)
-
Ministère
de l'Economie,
des
Finances et du Plan de Côte d' Ivoire:
"Plan Quinquennal de Côte d'Ivoire.
1931-1985 ABIDJAN
P.3C

- 455 -
Cette stratégie répond principalement à la demande extérieure
des
pays développés comme le confirment les objectifs du plan quinquennal
1980 - 1985 :
-
"la poursuite d'une croissance économique rapide,
condition du
progrès social,
par le développement de l'agriculture et de l'industrie";
-
"la participation de tous les Ivoiriens au développement par
une
politique d'éducation adaptée,
des actions d'encadrement dans le monde
rural et l' i voirisation progressive des entreprises
modernes"
-
"une réponse. positive aux aspirations au mieux-être des Ivoi-
riens,
par une am élioration des conditions sanitaires,
de la scolarisation,
du logement,
de l' éq uipement hy draulique et électrique,
par une
politique
de développement régional et d' aménagement du territoire concernant aussi
bien les cam pagnes que les villes" (l) .
Ce genre de développement est difficile à retenir:
il ne répond
pas à la satisfaction des besoins du pays et des Ivoiriens.
En effet,tout
en développant l'idée qui fait dépendre la croissance économique de l' appa-
rition continue d'occasions rentables,
l'auteur incite les Etats périphé-
riques à corn pter essentiellement sur les capitaux extérieurs pour financer
leur développement:
c' est le rôle du capital étranger de donner à un
Etat la capacité et l'audace de se lancer sur la voie
d' une croissance non
équilibrée"(2).
A notre avis,
les capitaux extérieurs doivent jouer un rôle non
prépondérant mais accessoire dans le développement des Etats périphériques.
C'est cette idée que nous défendons dans la propostion de la stratégie
du
financement du développement économique de la Côte d'Ivoire.
:J;1
1
]
(1)
-
Plan de
Développement Economique, Social et Culturel de la Côte
:j
•f;
d'Ivoire -
Période 1980 -
1985 P.
5 .
j
(2)
-
Alhert O.
HIRSCH~lANN:
Stratt";gie
du développement économique."
J~~:l
Ede uvrières 1974
P .232
l~)~
.11
.:1î
1
î

-
456 -
PARAGRAPHE 2 - UNE STRATEGIE DU FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT
------------
---------------------------------------------
§~Q!QMIQg§ IVOIRIE~
On ne détient,
pour. évaluer la population africaine de la Côte
d'ivoire jusqu'à la veille de l'indépendance, en 1958,
que des recense-
ments administratifs qui donnent 1.531.000 habitants en 1921,2.066.000 en
1948, 2.471.000 en 1955 et 2.661.000 en 1956(l), ce qui fait apparaître
pour l' ense mble de la période un taux
de croissance annuel de 1,6%.
Vers la fin de la période,
ce taux
s'élève fortement,
moins par
l'amélioration de la croissance naturelle que par suited 'une forte im mi-
gration étrangère.
L'enquête par sondage effectuée en 1958, la première en
Côte d'Ivoire,
donnait pour intervalle de la vraie valeur de la population
avec une probabilité de 0,95 -
2.965.000 à 3.211.000
habitants, avec
pour médiane 3.088.000 habitants
(2).
La com paraison des résultats ad ministratifs
pour 19 ·-6 et de ceux
de l'enquête de 1958(3) tend à
montrer que la croissance dans le
monde
rural a été concentrée dans le Sud-Est et le Centre( respectivement indices
133 et 127),
ce qui ne s'explique que par une immigration massive d'ou-
vriers agricoles étrangers.
Dans les autres régions rurales,
lé croissance
est modérée ou même nulle,
à l'exception du Centre-Sud,
dont l'indice,
121
étonne:
il est évidem ment difficile de savoir dans quelle
mesure la forte
divergence des
deux
chiffres relatifs à cette région provient d'une sous-
estimation du recensement administratif de 1956 ou d'une sur-estimation
des résultats
de l'enquête de 1958.
NOus
penchons
personnellement vers
cette seconde interprétation parce que l'échantillon correspondant à cette
enquête était très faible.
Les recensements administratifs
paraissent
toutefois exacts
pour toutes autres régions
de faible im migration.
(1)
-
Ministère des
Finances,
des Affaires
Economiques et du Plan P.
36.
ABIDJAN.
Inventaire économique et social de la Côte d'Iovire,
1947-
1958.
ABIDJAN.
Outre-~ler, 1958, Paris 1958, Service de la Statis-
que
P. 767.
( 2 ) -S AMIR AMIN:
"Le développement du capitalisme en Côte d'Ivoire. "
E d.
de
minuit ,
Paris 1967 P.
29.
(3) - SA \\lIR AMlt\\ : "Le dévelop pe ment du capitalisme en Côte d'Ivoire."
Ed.
de
minuit • Paris 1967.
P.
29

-
457 -
Ainsi vérifie-t-on que les recensements administratifs n'étaient
nullement fantaisistes,
com me un préjugé récent tend souvent à le faire
croire:
la qualité des renseignements recueillis par les administrateurs
eux-mêmes n'était en aucune manière inférieure à celle de la documenta-
tion réunie à grand frais
par les enquêteurs des services actuels de
la statistiq ue.
La Côte d'Ivoire a une population de 6.709. 000 habitants( 1), une
agriculture d' autosubsistance,
une forêt riche en diverses essences( voir
tableau n ° 3 première partie) de bois et couvrant 67% de la superficie du
pays,
des ressoucres
minières(manganèse,
diamant)pétrole en exploitation,
le fer non encore exploité,
des cours d'eau navigables et des chutes d'eau
favorables à la construction des barrages hydro-électriques.
Le développe-
ment Ivoirien ne peut donc être entrepris que sur la base de ces res-
sources,
d'où la stratégie du financement du dévelop pement ci-après.
Mais
les négociations de 1963, entre la C. E. E.
et les Etats africains associés,
offrent un point de départ com mode pour analyser la stratégie Ju développe-
ment économique de la Côte d'Ivoire.
Ces négociations concrétisées par la
Convention de Yaoundé,
ratifiée en 1964,
devinrent le fondement de la stra-
tégie du financement du développement ivoirien.
A -
La libéralisation et la diversification géographique
des échanges
La Convention de Yaoundé modifia profondément les relations écono-
miques privilégiées de la France avec les dix-huit Etats associés. Les
pré-
férences tarifaires françaises à l'égard des
produits africains furent rem-
placées par le tarif extérieur commun de la C.E.E.
Les garanties et sur prix
du café et des
bananes devaient être abolis après un délai de transition.
La Côte d'Ivoire acceptait de
mettre fin au traitement préférentiel des
importations françaises,
et de le rem[)lacer par des avantagesmoin~ sen-
sibles mais
valables
pour tous les pays de la C.E.E.
Enfin les
quotas d'im-
portation opposables aux
pays Liers furent su[)primés.
Les avantagfS et
les
11
(1) -
La Côtre d'Ivoire en chiffres 198o-1981.Le Rapport Econ0mique et Fi-
l'-~
1
nancier du :-1inistère de l'Economie et des
Finances 1986.
jl
11

-
458 -
inconvénients de ces récents accords furent évidem ment l'objet de nom-
breuses discussions.
D'un côté, la Côte d'Ivoire bénéficiait d'un march.é
plus large ouvert à ses ex portations,
de l'autre, les préférences accordées
aux
produits ivoiriens étaient réduites. Ces discussions étaient cependant
académiques dans la mesure où elles ignoraient deux options antérieures
qui
sous-tendaient la position ivoirienne; la décision de ne
plus être le
"client captif" de la France;
la décision de
modifier l'accent mis
par la
colonisation sur le café,
en limitant l'accroissement de la production du
café à celui résultant de l'ex ploitation de caféiers récem ment plantés et
non encore exploités.
Ces deux objectifs avaient été
f'ormellement acceptés
dès l'ouverture des négociations,
et la tactique des Ivoiriens
visait prin-
cipalement à assurer leur réalisation au moindre coût pour l'économie ivoi-
rienne.
La France ne réussit jamais à
modifier le principe du traitement
égal pour toutes les importations du Marché Commun,
malgré les fortes pres-
sions qu'elle exerça en ce sens.
En supposant que l'économie de traite ait
orienté le com merce d' im portation vers des
biens de consom mation français
à
coûts plus élevés,
on peut penser que le libre accès aux
marchés
haute-
ment com pétitifs de la République Fédérale d' Allemegne,
du Bénélux et
d'Italie eût des effets positifs.
De
plus,
le commerce avec des
pays
tiers
particulièrement les Etats-Unis et le Japon,
se développe fortement grâce
à la réduction globale
des
marges
préférentielles accordées aux
produits
de la C. E. E.
La Côte d'Ivoire eut plus
de succès encore à
propos des
prix
garantis du café et des
bananes,
puisqu'elle réussit à obtenir de
la
C.E.E.
qu'elle compense la perte financière
qu'allaient subir les planteurs
de café.
La Communauté Economique
Européenne accepta en effet
je con-
sacrer 800
Millions de dollars en cinq ans(1),
par l'intermédiaire du
Fonds de
Développement Européen( F . E. D. ),
au finance ment de la réorgani-
sation de la production,
de la contribution et de la diversification des
exportations agricoles
des
dix-huit pays concernés,
et de
maintenir pen-
dant plusieurs années un soutien transitoire
des
prix.
(1)
-
John
D.
ESSEKS:
"L'afrique de l'Indépendance
politique à l'indepen-
dance économique."
P. L:. F de Grenoble 1975 P .218
-
Nations
L:nies -
Com mission
Economique
pour l'Afrique
(CEA)
Economie
Bulletin for Africa,
June
1983(E.CN.1 11
202 Annexe 2).
Fonds
Monétaire International (F. (11.1)-1985
vol 1.

-
459 -
B -
La contribution des exportations agricoles au développement
Ivoirien
Le système agricole actuel de la Côte d' Ivoire( agriclÙture d'au-
tosubsistance) ne permet pas au secteur agricole d'avoir des rendements
élevés,
du fait de l'exode rural des adlÙtes
des cam pagnes vers les
chantiers forestiers et vers les bidonvilles des centres urbains im por-
tants(ABIDJAN,
YAMOUSSOUKRO, SAN-PEDRO,
BOUAKE ... let du mauvais état
des
voies de com munication,
surtout pendant la saison des
pluies.
Le con-
cours du monde agricole au financement du développement Ivoirien passe
par le soutien aux
prix des produits ruraux et au transfert de la main-
d ' oeu vre de ce secteur.-
vers l' ind us trie .
Ce soutien permettra de développer à la fois la production des
clÙtures d'exportation(café, cacao,
palmier à
huile ... etc)et les clÙtures
vivrières(banane-plaintain,igname,
manioc., riz,
taro etc ... )pour la con-
som mation locale.
Mais le rapport:
prix_des 2.roduits primaires
-~.~O
prix
des
produits indutriels
tendant ves 0
à long terme,
il est exclu de
bâtir un développement éco-
nomique exclusivement sur le secteur agricole qui doit être le support du
secteur industriel.
De ce fait,
il doit ap provisionner les villes et les
zones industrielles en denrées ali ;nentaires, le tissu industriel en ma-
tières
premières indispensables ~t la main-d'oeuvre excédentaire de ce
secteur, alimenter le commerce extérieur,
sources d'équipements iml)ortés;
mais ce transfert de
main-d'oeuvre,
pour être utile,
doit se traduire par
des gains de
productivité dans le secteur secondaire.
Le concours
du
monde
rural au financement du dévelop pement ivoirien ne
peut être effectif qu'avec
l'utilisation intensive du système agricole actuel malgré ses faibles rende-
ments
présents, la création des ex ploitations étatiques employant des
tec hniques agricoles
model'nes( section des se mences, conservation
'111
sol,
1
rotation des récoltes,
em ploi de nourriture de
bétail, lutte
p hytosani-
~
l
taire,
etc),
l'amélioration des voies de communication par la collecte et Je
J
1
transport
des
produits agricoles des lieux
de
production vers les lieux
,~
,~
1
~
.l
·1ll'/,~
il

-
460 -
de consommation,
vers les ports d'embarquement pour l'exportation
ou
vers les usines de transformation .
L'accord Tnternatlonal. allr le café(LC.A.) fut ratifié alors même
qu'allaient débuter les négociaitons de Yaoundé. Selon ce traité, la Côte
d'Ivoire acceptait de
li:nitel.~à 170.000 tonnes en 1963 ;3es exportations de
café vers ses clients traditionnels,
quota susceptible d'être révisé en
hausse selon les négociations anriUe lies ultérieures.
Les consom mateurs ac-
ceptaient pour leur part de consolider le système en refusant d' im porter
au-delà des quotas agréès. Il n'est pas difficile,
si on tient com'pte de
cet accord,
de corn prendre pourquoi la sup pression des
prix
garantis du
café fut si facilement acceptée.
En fait,
avant même la première baisse
des
prix
du café au Havre( France )qui suivit la Convention de Yaoundé,
le Fonds de stabilisation des Prix Ivoirien avait lui-même réduit les
prix
à la production de 95F à 80F le kilogram me,
pour décourager
de
nouvelles plantations.
Et la conclusion de l'accord sur le café ex plique
parfaitement l'accent mis ultérieurement sur la diversification des
ex por-
tations dans les politiques budgétaires ivoiriennes,
et la forte
pression
visant à associer la Communauté Economique Européenne au financement de
ces program mes.
Les négociations de l'Accord International sur le café
laissèrent peu de
place à la discussion des causes essentielles de
la
chute brutale(4C%)
des
prix
du café sur le marché libre.
De toute évi-
dence,
la demande internationale n'avait aucune élas-:::icité
par rapport
au prix et augm entait en longue période au taux faible et très régulier
de 3% par an,
alors que l'offre croissant à peu près
de 5% par' an.
La
solution évide:'te au problème des prix était donc de restreindre la
production.
En général,
cette solution est difficilement applicable,
étant
donné la reticence des
peti':s
producteurs à se contentér de leur part
du marché et celle des gros
producteurs à abandonner leur position
dominante.
La conclusion de l'accord sur le café est le résultat d'une
heureuse coincidence entre les positions
de deux
grands
producteurs
le Brésil et la Colom bie,
qui acceptèrent une légère
baisse de leur part
du marché,
et celle d'un producteur d';.mportance
moyenne,
la Côte
d'Ivoire,
qui décida de n'exiger 'lU'UI1C ~egère augmentation de son 'luatG-.
En conséquence,
la Côte d'Ivoire pu"
vendre en 198~ plus de 26~.l~Cl~
tonnes
d'une récolte exceptionnelle.
Cepuis cette date,
les
principaux
accroissements de la production internationale ont été le fait de
petits
1
j

-
461 -
producteurs com me l' Angola,l ' Ethiopie,
le Kenya et quelques autres,
et
les autorités ivoiriennes sont allées jusqu'à rendre illégitime( du moins
en principe) toute
plantation supérieure aux
nécessités
du renouvelle-
ment.
Les prix
du café se sont normalement améliorés à la suite de
l'accord,
em pêchant ainsi les effets négatifs éventuels
de la suppres-
sion des surprix.
La contrepartie de cette réduction de la production coloniale
f'lt la mise en oeuvre d'un grand
program me de
diversification agricole.
A court terme, l'accent était mis sur l'aide aux
petits
producteurs
de
cacao et de bois.
En fait,
la Côte d'Ivoire est en grande
partie,
respon-
sable de l'échec en 1983 du projet d'accord international sur le cacao,
car elle refusait de se résigner à sa part relativement modeste( 15%) du
marché international.
A long terme, les
principaux efforts devaient porter
sur les fruits tropicaux,
sur certaines ex portations entièrement récentes
(notamment le caoutchouc,
le coprah, le sucre et l'huile de
palme), sur
le retour de l'autonomie alimentaire( com me
pour le riz,
le
mais
... etc) ,
et sur la mise en place dans la savane du Nord,
relativement peu ex ploi-
tée,
de culture telles
que le riz, le coton et les tomates.
Cette
politique
de diversification,
conçue à l'origine
par la réévaluation en 1963 -
1964
de
prévisions concernant le cacao et le
bois.
En 1962, les
prix
interna-
tionaux
du cacao avaient subi une chute
bru.:ale de 35% et restèrent très
bas
pendant trois ans.
De
plus,
on com mençait à
prendre conscience que
la pr0duction forestière entraînait une
perte
de capital en l'absence de
program me
de reboisement adapté,
program me que ni les
petits
produc-
teurs ni le
pouvoir public ne sem blaient vouloir entreprendre.
Les
pro-
gram mes agricoles étaient am bitieux.
Les objectifs
pour 1985 étaient de
~
doubler la production bananière et d'accroître à
1.400% la production
q
~;1
de caoutchouc.
Des entreprises nominales furent créées
pour l' huile de
!;j
palme
qui devint vers 1980 la troisième exportation ivoirieî1ne après
le café et le cacao,
et la Société Nationale SODEPAU1
avait,
en 1985,
planté
plus de 40. OCO
hectares
de
plantations industrielles y
com pris
8.COO
hectares déjà exploités
par le
pouvoir
public,
et dépensé
plus
de 38,4
~1illions de dollars sur les 47,6 millions de fonds le "com[)en-
satior.., alloués
par la Communauté
Economique
Européenne à la Côte d'
'Ivoire(l).
La seconde récoltè
prioritaire était celle
du caoutchouc
(1)
-
B.C.E.A.O.: "Essai d'analyse économique et fonctionnelle
des
budgets
des .Etats
de l'Afrique de l'Cuest.
"\\'ot.es
d'infor'Tl'1r.ion
et
statistique n
lOS
P.
17

-
462 -
et la Société Nationale, SOCAT-CI (Société de caoutchouc de Côte d'Ivoire)
avait géré d'importantes plantations.
Néanmoins, la Corn pagnie des caoutchoucs du Pakidié( Elaeis et
Pakidié) et la Société africaine de ~ plantation d' hévéas( SAPH)à Toupah et
Bongo,
deux firmes
privées, avaient program mé de gros investissements,
et le pouvoir public jouait un rôle plus restreint que dans la production
palmière. Il en était de même pour les sociétés nationales de noix de coco,
de riz et de coton,
productions qui devaient être réservées aux
petites ex-
ploitations appartenant à de riches fonctionnaires ivoiriens.
Par ailleurs,
le développement de la production de fruits tropicaux fut presque totale-
ment laiosé aux
planteurs non ivoiriens,
qui acceptèrent de se conformer
aux objectif's du Plan de développement économique,
social et culturel
ivoirien.
Notons enfin que le pouvoir public ivoirien créa une société
nationale, la SATMACI,
dont le personnel était essentiellement israèlien'.
qui devait 'fournir aux
pBtits paysans les instruments de la modernisa-
tion de l'agriculture (semences, tracteurs, etc .•. ), et il renforça essen-
tiellement les ressources de la Banque
Nationale pour le Développement
Agricole( B. N. D. A. ).
L'abondance de ces investissements suffit à mettre en évidence
la volonté du pouvoir public d'agir selon l'objectif' qu!il s'était fixé:"em-
ployer les fonds
publics pour promouvoir la croissance et réduire la dé-
pendance".
Le gouvernement ivoirien ne s'est peut-être pas tout à fait
libéré de ce qu'on a appelé le "complexe du building"(près du quartdu
fudget de 1983 était consacré à l ~adrilinistration générale et à la construc-
tion des bâtiments).
Le budget de 1983, le seul qui ait été analysé en
termes de fonctions économiques, confirme cette im pression,
puisque près
du quart des dépenses est classé sous la rubrique "dé ,ienses et capital"
et que plus de la moitié sont consacrées aux services
productifs,
sociaux,
commerciaux ou économiques.
Les transports et communication,
l'agriculture,
la santé, l'enseignement,
bénéficient d'allocations à
peu près égales.
Les
tnütements
des fcnctionnaires n'absorbent q'le 37% des dépenses contre plus
de :,C %
,l:lE
la plupart des
Et~ts voisins de la Côte d' 1voire.
Les Statis-
tiques
budgétaires ne donnent malheureusement qu'une idée de la priopité
assignée à la diversification agricole dans les dépenses de l'Etat.
;1"1:t

-
~63 -
Selon les responsables de la B. C. E. A. O.
qui élaborèrent cette classifica-
tion fonctionnelle, la plus grande part des dépenses de capital réalisées
sous le contrôle des pouvoirs publics n'est pas budgétisée,
puisqu'elle
est financée par des prêts ou des dons externes(FAC,
CCCE,
FED,
BIRD etc)
On estime en effet que les dépenses de capital du budget de 1983(9,2
milliards de francs CFA) ne couvrent pas plus du cinquiême(1!5)
des dépenses
publiques d'investissement.
La part la plus importante et de loin des
investissements de l'Etat non budgétisés revient à la SODEPALM,
le reste
ayant été affecté à un barrage et à des programmes publics de logement.
De plus,
même la part comptabilisée des investissements dans l'agriculture
accrut nettement l'année suivante( 1984), par suite de la création de récentes
sociétés nationales chargées de développer divers autres produits, si bien
que l'on peut estimer à 25%
la part des dépenses publiques ivoiriennes
allouées à la production agricole,
pourcentage particulièrement élevé par
rapport à la plupart des autres pays de la périphérie.
C -
L'industrialisation et le secteur ex patrié
Bien que l'action directe fut essentiellement centrée sur l' agri-
culture, la ' irection principale de la politique économique visait surtout
les récents secteurs de croissance de l'industrie de transformation et plus
sr,lécialement du secteur secondaire.
Cette voie est particulièrement précise
à
la fin de la décennie.
Ainsi, le plan de Développement 1981-1985 prévoit
que 12% en moyenne de la formation de capital seront alloués à l'agriculture
et plus de 35% à l'industrie(2).
Une telle disparité n'était que le moteur de
la croissance devait être l'industrialisation et non la di versification agricole.
Comme nous l'avons dit, le secteur privé expatrié et particulière-
ment les firmes étrangères devaient assurer l'essentiel de cette formation de
(1)
-
B.C.E.A.O.:
"Essai d'analyse économique et fonctionnelle
des budgets
des
Etats de l'Afrique de l'Ouest",
t-;otes d'information
et statistiques, n01C5 Avril 1985 P.17.
(2)
-
Ministère de la Coopération Française
:" Analyse et conjoncture" Côte
d'Ivoire n035-1977 Paris et la Côte d Ivoire en chiffres 1980- 1981
Rapport Economique et F'inancier du
"'l' nist,'re de l' t.conomie et des
Finances de Côte d'Ivoire 1986.

-
464 -
capital industriel. Une bonne moitié de l'investissement total devait pro-
venir de sources privées presque toutes étrangères, et plus des deux tiers
devaient être consacrés à l'ex pansion industrielle.
Ce choix im pliquait
clairement de renoncer pour une période à l'indépendance économique.
Non
seulement le pouvoir public perdait une partie de son autorité de décision
au détriment d'un secteur de plus en plus puissant, composé de firmes
pos-
sédées et dirigées par des ex patriés,
mais de plus il sacrifiait une
partie
notable du contrôle public de ce secteur en lui accordant des avantages fisc-
aux et des concessions de monopole destinés à améloirer le climat des in-
vestissements. Il accorda ainsi à certaines entreprises des exemptions à
long terme( voir notre deuxième partie )en matière de taxes indirectes, de
droits de douane sur les matières premières im portées et les produits ex-
portés, d'impôts sur les bénéfices, et de contributions im mobilières. Des
concessions ont été accordées sous forme de tarifs douaniers ( textiles et
allumettes),
de prix d'achat garantis(café, ananas, cacao),
de prix-plan-
c hers( farine,
conserves de thon),
corn pIétées par des pressions ad ministra-
tives diverses et subtiles.
Enfin il n'y eut aucune obligation de recrute-
ment de personnel ivoirien aux postel> lirigeants.
La Côte d'Ivoire continue
à ad mettre l' im migration sans restriction de
personnels français.
Elle li-
mita les augmentations du S. M.1. G., entre 1981 et 1985, à un taux annuel
moyen très modesteO à 4%).
Malgré de nombreux
discours
sur l'ivoirisa-
tion, le gouvernement se basait sur le marché du travail pour obtenir,
grâce aux
disparités de salaires et au nom bre croissant d' Ivoiriens q uali-
fiés,
une substitution des personnels nationaux aux
personnels étrangers.
Cela ne signifie pas que le gouvernement se soit totalement abs-
tenu d'intervenir dans le processus d' industrialisation.
Au contraire, les
dépenses
publiques consacrées à l'infrastructure augmentèrent,
reflétant
une forme subtile de la dépendance économique puisqu t elles étaient de plus
en plus liées à la croissance du secteur étranger.
Les
principaux
projets
inscrits dans le Plan de Développement Economique, Social et Culturel
étaient les deux
barrages du Bandama et le Port de San-Pédro.
qui tous
deux servaient l' intérêt ~énéral en développant les régions du Sud-Est et du
Centre et en favorisant de nouvelles productions. en particuliers.
le
sucre
j
Jj
1
'i
j

-
465 -
ce n'est que par une heureuse coJ.ncidence qu'elle apportèrent à toutes
les firmes
privés des économies externes sous forme de baisse des coOts
de l'électricité et du transport. Il y eut ceperrlant, d'autres cas,
moins
visibles et moins importants,
de "routes qui n'allaient nulle
part"
mais
qui étaient directement utiles à des sociétés forestières,
d'équipements
portuaires et frigorifiques
qui aidèrent des conserveries de thon notoire-
ment inéfficaces, etc.
L'infiux
de capitaux et de
main-d'oeuvre différait
cependant de ce qu'il était sous la colonisation:
d'une
part il était plus
diversifié,
d'autre part il était plus fréquem ment réparti selon les cri-
tères au moins formels d'utilité sociale.
En effet,
une législation de 1959
avait défini six secteurs prioritaires:
énergie,
mines et pétrole,
substi-
tution aux importations de biens de consommation de masse,
logement(en par-
ticulier logement urbain à bon marché),
plantations, transformation des
produits agricoles et du bois.
Plus tard,
l' hôtellerie et le tourisme béné-
ficièrent du statut prioritaire, et des pressions fortes
bien qu'informelles
découragèrent les investissements étrangers dans le corn merce et les trans-
ports.
Seules les firmes des secteurs prioritaires ont bénéficié des exemp-
tions fiscales et des privilèges de
monopole énumérés plus
haut.
De
plus
la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest(B.C.E.A.O.) accorde
un traitement préférentiel à leurs demandes
de crédits et les subventionne
en leur accordant des taux
d'intérêt qui sont aujourd' hui parmi les plus
bas du monde(4,75 à 6% pour les prêts à court et moyen termes).
En bref,
bien que l'industrialisation ait conduit à sacrifier en partie
le
contrôle
par l'Etat du secteur étranger,
cet abandon s'est fait de façon
sélective.
En outre,
les capitaux et cadres étrangers sont de
plus en plus
originaires d'autres
pays que la France,
notam ment des
Etats-Unis,
d' Alle-
magne Fédérale et d'Italie.
Le gouvernement ivoirien a activement encouragé
cette diversification.
Kon seulement, i l invita en 1961 des
banques améri-
caines et autres à
participer au système
bancaire ivoirien,
mais
de
plus
le
Ministère des
Finances donne clairement la préférence aux
firmes
non-
françaises
dans les négociations relatives à leur statut prioritaire.
Enfin
et peut-être surtout,
le gouvernement ivoirien a
diversifié les sources
de fonds
publics.
Le
Projet Bandama II a été financé
pr'incipalement par
l' Ex port-I mport Bank,
et des capitaux
privés américair_s
ont participé aux
j
4

- -466 -
grandf-s plantations de canne à sucre.
Le Port de San-Pedro a
bénéficié
d'une aide du gouvernement allemand, et une
bonne part du programme de
diversification agricole a été par la Corn munauté Economique Européenne( CEE)
ou encore,
pour les produits alimentaires,
par T AIW AN ( Chine
Nationaliste).
o - L'intégration régionale et la défense contre les variations
des
marchés internationaux
Les restrictions de la période coloniale ont été ad mises corn me non
modifiables
dans deux
secteurs essentiels:
la nécessité de l'intégration
régionale,
et la caractéristique inévitable de l'instabilité des
marchés et des
recettes d'ex portations.
Dès les
premières heures de l'indépendance juridique, la Côte
d'Ivoire appartenait à une Union douanière régionale comprenant les anciens
territoires
de l'A.O.F.,
à l'exception de la Guinée.
Moins d'un an après,
ses liens avec un de ses
principaux
partenaires furent affaiblis
par suite
de l'éclatement de la Fédération du Mali et du départ du Mali de la Zone
franc et de l'Union douanière.
En 1966, ses relations
plus étroites avec le
Burkina Faso furent affectées par le coup d'Etat militaire qui chassa le
Président Yaméogo,
un des hom mes politiques les plus proches de Houphouet-
Boigny.
Ces deux
faits
donnèrent au gouvernement ivoirien l' ocasion de
mettre en oeuvre une action plus nationaliste et induscutablement plus po-
pulaire.
Pourtant,
au cours de la première décennie( 1960-70)
de l' acces-
sion de la Côte d'Ivoire à la souveraineté,
le gouvernement ivoirien resta
le partisan le
plus fidèle
de l'intégration régionale de l'Afrique
de l'Ouest,
tentant d' y insérer les contrées anglaises.
La Guinée était toujours consi-
dérée comme un partenaire inadmissible (pour l'U~10A voir Annexe 11).
Le
Conseil de l'Entente,
autre instrument efficace de l'intégration,
créé en
1959, éliminant toute contrainte aux mouvements locaux de capital et de
main-d'oeuvre.
Il corn prenait aussi un Fonds de Solidarité de vingt-cinq
.i
millions
de
dollars(U.S.A),
ainsi qu'un marché commun de
viande et de
!
·1
'1
bétail dans le cadre duquel les Etats de la côte acceptèrent d'augmenter
':'t
j
.~
les tarifs
doup..niers sur la viande européenne et de corn pter sur les
pro-
if
\\1:~
ductions
du
Burkina Faso et du !\\iger. Outre l'abandon d'une
politique
moné-
taire indépendante et du contrôle direct de l' im migr9.tion de
main-d'oeuvre
africaine,
la Côte d'Ivoire
paraît avoir gagné
moins et perdu plus
que

- 467 -
d'autres Etats du fait de l'intégration régionale.
Elle est par exem ple
la
principale source de devises de l' li. M. O. A.,
de ce fait les trois cinqui~mes
environ des ~éserves en devises de la B.C.E.A.O.
proviennent de la Côte
d'Ivoire fournit aussi la plus grande part des ressources du Fonds de
Solidarité.
Elle subira de fortes augmentations des prix
de la viande et
du bétail du fait du marché commun de ces produits(l).
Face à ces pertes
réelles n'apparaît que l'amélioration intangible du climat des investissements
ressortant de l'établissement d'un marché plus étendu ouvert aux
produits
manufacturés ivoiriens.
Cependant, la Côte d'Ivoire n'a jamais mis en cause
l'etat de dépendance impliqué par l'intégration régionale.
Il Y eut moi..'1s d'initiatives dans le domaine de la stabilisation
des revenus d'importation.
La B.C.E.A.O. n'a pratiqué ni une politique d'es-
sor du crédit destinée à stimuler l'investissement, ni la stabilisation à
court terme des revenus, l'une et l'autre étant considérées corn me contraires
à la convertibilité.
Ainsi la B.C.E.A.O.
tente d'adapter l'offre de monnaie
aux nécessités de paiement sans s'efforcer de mettre en oeuvre une politi-
que anti-cyclique.
Le réescompte et la création de monnaie sont basés sur
la mesure des besoins des sociétés,
mesure conçue à partir de certaines
nécessités de financement de la corn mercialisation des ex portations( 2).
L'offre monétaire et de crédit baisse donc lorsque la récolte est mauvaise.
La responsabilité réelle incom be dans ces conditions au Fonds de Stabili-
sation des prix.
Pourtant, tout en augmentant les réserves de devises au
cours des années de bonne récolte, il les a peu employées au cours des
mauvaises années.
Malgré cet excès de prudence, la quantité des réserves
ainsi rassemblées(l55 millions de dollars E.U.en 1979)a accordé une aut-
rité considérable au gouvernement ivoirien sur la place financiere inter-
nationale.
1) -
La viande et le bétail d'origine nationale coûtaient à l'époque 15%
à
20%
de plus que les produits équivalents ac hetés en Europe ou en
Amérique du Sud, importations que la C E, E limite.
(2) -
S.C.E.A.C'.:
Statistiques Economiques et ~lonétaires - Kovembre 1966
Octobre 1981 et Février 1986.

- 468 -
L'industrialisation doit se diriger d'abord vers le marché intérieur pour
satisfaire les besoins internes, ensuite vers les marchés extérieurs
pour
vendre nos
produits et importer les biens d'équipement nécessaires
à l'in-
dustrialisation en attendant que le pays les produise lui-même.
La conquête du marché est conditionnée par la production des
biens industriels et la production des biens publics de base.
La produc-
tion des
biens industriels concerne les biens d'équipement léger( hâches,
matchettes,
houes,
pelles, limes, etc), les produits intermédiaires( maté-
riaux
de construction dont le ciment et les produits provenant de la trans-
formation des
bois etc .•• ), les produits industriels de consom mation( café,
cacao,
huile de palme et d'arachides,
du sucre de canne,
du riz,
du ma-
nioc sous toutes ses formes
de préparation) et les produits de consom ma-
tjrm alimentaire etc •..
La réussite de cet objectif dépend du développe-
ment de ce que le Professeur HIRSCHMAN appelle l'Infrastructure Economi-
que et Sociale (1. E. S. ), les services publics de
base:
moyens de trans ports
et de corn munication( routes,
voies ferrées,
installations pour transports
aériens,
aménagement des voies fluviales,
installations télégraphiques et
téléphoniques)et "\\dduction d'eau et d'électricité, les travaux
de drainage
d'assainissement
et de conservation du sol,
les équipements pour l'éduca-
tion,
la santé, les lJgements,
les égouts,
la formation professionnelle et
intellectuelle, et les transports urbains et- interurbains. La réalisati',Jn de
ces services,
pour répondre à la condition préalable essentielle au
déblo-
cage du développement.
Elle élimine les obstacles physiques, intellectuels
et sociaux
du développement.
L'autre objectif à atteindre par l'industrialisation du pays est
la conquête des
marchés extérieurs.
Du fait de l'exploitation des ressources
naturelles
du pays par les sociétés internationales européennes et am éri-
caines, ce secteur, fondamental pour le
développement du pays,
échappe com-
plètement au contrôle de celui-ci,
ainsi que l'activité bancaire et finan-
cière et les corn pagnies des transports qui fournissent tous les services
nécessaires à Il activité productrice. Instaurer la main ;TI ise de l'Etat sur
les secteurs(forestier,
bancaire et financier,
minier),
et compte tenu de la
hausse continue des
prix
d' exportation,
de l'augmentation des charges,
de

-
469 -
f'rêt qu' entra1ne la hausse des
prix intérieurs des produits im portés et
des prix
d'ex portation sur les
marchés extérieurs,
de la lente formation
des cadres techniques nationaux corn pétents,
ralentir la production de ces
ressources naturelles,
procéder à leur transformation locale progressive
sont les grandes lignes de la politique dl ex ploitation minière.
Cette
po-
litique permettrait de garantir l'avenir du développement du pays.
La réussite de cette
politique d'industrialisation dépend
d'abord
de la création d'un secteur public im portant et d'un 'secteur privé national
avec protection de leurs industries à créer ou déjà existantes face à
la
concurrence des entreprises étrangères im plantées de puis longte mps
dans
le pays et mieux équipées 1 ensuite de l'obtention des
biens d'équipement
difficiles encore à produire sur place.
Pour les obtenir, il est im périeux
d'une
part de continuer d'ex porter mais à de faibles quantités les
produits
agricoles et forestiers,
dl affecter les
devises obtenues à leur im portation,
dl autre
part,
de relayer par la production locale l' im portation de certains
biens de consommation.
La mise en application de cette stratégie conduirait à l'accrois-
sement de la production et des revenus agricoles et industriels qui se tra-
duirait par l'augmentation de l'épargne,
des choix
de types d'organisation
et des
procédés de
production assurant une importante
productivité et
d'excédents susceptibles d'être réinvestis seraient pris
pour que la stra-
tégie adoptée
produise les effets escom ptés.
Cette stratégie du financement
du dévelop pement économique
modifierait l'économie extravertie de la
Côte d' Ivoire en économie introvertie.
Ainsi la Côte d.'lvoire
cherche à atteindre le financement de
son
développement économique
par la libéralisation du corn mer'·~ et la diversifi-
cation agricole,
créant ainsi une contradiction entre le
dévelop pement et
le financement externe de l'accumulation,
puisque le taux
élevé des
inves-
tissements étrangers au cours
de la première décennie(1960-1970)est lié à
l'orthodoxie
peut-être excessive des
politiques
monétaire et fiscale ainsi
qu'à la pure et simple
perte de
pouvoir
de décision au profit de l'exté-
rieur.
t-;"éanmoins certaines transformations
des
flux
de capitaux
étrangers,

-
470 -
et certaines modifications négatives de la répartition des revenus, ont
entralné le gouvernement ivoirien à mettre en cause sa politique à
l'égard de l'investissement étranger, à se tourner vers les sources lo-
cales d'accumulation, et de manière
plus totale à réexaminer sa strate-
gie de développement.
Deux transformations fondamentales
des conditions économiques
totales,
bien que perçues de manière confuse dans le pays,
pourraient con-
duire bientôt à un réexamen de la stratégie de développement. Il sem ble
que les flux
de capitaux extérieurs s'amenuisent, et que les anticipations
de profit deviennent beaucoup moins optimistes dans la mesure où l'essen-
tiel des activités de substitution aux importations de changement des pro-
duits bruts est déjà en place.
Cette deuxième transformation,
qui touchera
peut-être plus que tout autre la stabilité politique et économique,
n'a
jamais été admis
par le pouvoir public,
qui a mis son attention sur
le
problème plus probable qu'est la réduction des investissements étrangers.
Mais par bonheur les efforts entrepris pour trouver des sources internes
de financement peuvent indirectement arranger la distrubution des revenus
et de la richesse.
La réduction des investissements extérieurs privés est spéciale-
ment nette en 1982 et 1984.
De plus, le service de la dette extérieure pri-
vée et les transferts des résidents étrangers ont proprement augmenté.
Les
capitaux
publics français
qui financent les coopérants techniques sont res-
tés à peu près constants,
mais les transferts ont presque doublé en raison
de l'augmentation des salariés français du secteur privé.
Au total, malgré
l'accroissement notable des financements ex ternes
publics, les corn ptes de
l'Union Monétaire Ouest-Africaine ( UMOA) indiquent que la Côte d'Ivoire a
~I?0rté du capital en 1984 et 1985. Mais il est nécessaire d'expliquer les
corn ptes extérieurs avec une certaine réserve.
Car les opérations de la
Caisse Autonome d' Amortissement( CAA )sont consignées avec celles des
banques
de dépôt; or les
banques ont en temps normal une
balance débitrice envers
l'Extérieur, surtout lors des années de bonnes cécoltes,
alors que la
Caisse Autonor.Je d' A1"lortissement a régulièrement accru ses avoirs extérieurs
pendant ces mêmes années,
à
l'exception de 1982.
Les flux
nets enregistrés
dans le corn pte au titre des
banques ex priment .'articulièrement le corn porte-
ment de la C.A.A.
En effet, la hausse des investissements
privés extérieurs

-
471 -
a été épuisée vers 1981, et les importations nettes de capital proviennent
dans une proportion croissante de fonds
publics.
En outre les exportations
privées de capitaux ont commencé en 1981 à excéder les investissements
récents, et une année plus tard les transferts de revenus vers l'extérieur
avaient atteint à peu près le double des influx sur le corn pte public.
La
croissance de l'excédent d'exportation a heureusement compensé ces trans-
ferts nets vers l'extérieur et continuera sûrement à le faire
durant la
première moitié de la décennie 1980 dans la mesure où les récentes
pro-
ductions de l'agriculture viennent à maturité.. Mais i l est clair que la
croissance et les transformations structurelles sont mises en cause si de
nouvelles sources d' accum ulation ne sont pas trouvées.
Il est plus malaisé de donner des
chiffres exacts
en ce qui con-
cerne la seconde évolution principale,
celle qui concerne les revenus.
Toutefois le pressentiment suggère que la répartition est de plus en plus
inégale.
La croissance du secteur industriel montre qu'une part croissante
des revenus est payée à des personnels étrangers de niveau élevé.
Le déve-
loppement du secteur public, lequel est en grande partie géré par des Ivoi-
riens,
peut avoir équilibré cette situation,
mais i l a au même moment en-
gendré
d'autres disparités,
puisqu'un groupe de fonctionnaires
de plus en
plus nom breux
perçoit une part de plus en plus im portante de revenus.
De
surcroît, le monde agricole,
secteur de base de l'économie ivoirienne, est
dA moins en moins tournée vers la petite propriété.
Cette situation
n'était
pas prévue.
Au corn mencement,
des plantations villageoises devaient béné-
ficier des économies externes engendrées par les grandes plantations. La
dimimnution de la petite production de café devait être remplacée par le
développement de la petite production cacaoyère.
Mais rien de cela ne se
produisit.
Et malgré l'action du pouvoir public sur les
prix à la produc -
tian de café et de cacao,
qui ont été ramenés à leurs niveaux
de 1982, il
est évident que le
poids relatif du paysan
producteur s'affaiblit.
La recherche de sources internes de financement,
destinées à la
fois:
premièrement à relayer l'investissement extérieur et,
deuxièmement Ô.
équilibrer la disparité croissante de la distribution des revenus,
n'a pas

- 472 -
été cOl!lmode.
Les institutions
destinées à ar:lasser l'épargne paysanne, ont
été rares
dans les annales de la Côte d'Ivoire,
en raison peut-être de
la répugnance des
pe'::its pa~'san's à eI:l plo;yer les outilo form els: l' el!l-'
prunt sur parole à l'intérieur de la faMille ou du clan,
ainsi que la,
thésaurisation en r:lonnaie ou en biens, sont depuis longtem ps les form es
d'épargne utilisées
dans les
villages, et El algré les idées nom breuses ,
les institutions
formelles n'ont jamais pu s'introduire.
Néanmoins
deux
autres sources sont plus accueillantes; l'épargne publique d'une part,
l'épargne interne du secteur privé de l'autre.
En 1980-1984, l'épargne
publique s'est transformée en devises,
la seconde é'. été considérée comme
intouchable si l'on
voulait éviter que se dégrade le climat propice aux
in ves'::issel!l ents extérieurs.
Cependant,
en 1984 -~985 après les 1'1Odifi-
cations que nous
venons
de décrire,
quelque essais
d'infléchissement de
ces deux politiques ont eu lieu.
Le Trésor acheta des totaux
élévés d'o-
bli~atio:ls publiques( crédit de la Côte d'Ivoire et Banque ~ationale pour
le
Développel!lent ?gricole),
créa la Banque Ivoirienne de
Cévelopper.Jen'c
(B.I.D.I.),financée
;:>artieller:Jent à l'aide de fonds
publics,
et,
sur~out,
décida la Caisse ':"utonome d'rr.Jortisser:Jent(C.;.P)à rapatrier en 1985 une
par~ im portante de ses avoirs extérieurs pour les
placer dans les
banques
de dépôt locales.
La Caisse f. utonom e d'A l!Iortissem ent ram ena ainsi douze
r:Jillions
de dollars
à peu près;
en outre la Caisse de Stabilisation des
prix tira sur ses réserves
afin
de financer une récolte de café désas-
'creuse.
L'où l'influx net de tren'ce millions
de dollars
consigné dans la
balance de 1?~9 D.U titre des
banques de dépôt,
et la nette réduction
des
réserves net~e3( tableau n '89). Toutefois le pouvoir public ivoirien ne
se départit pas
de '3a réserve peut-être excessive en
matière de devises
les réserves augl'lentèren:: de nouveau en 198c et 1981,
mais,
cette fois, i l
s'agissait des
réserves
de la 3.C.:::.;'.C.
plutôt que des
avoirs
du 'lrésor
'3t de la C.':'.':' .. Les opérations
de la B.L.C.L.
exprir:Jent bien ce nOll\\'eaU
cOr:Jpor::er:Jent envers l'industrialisation et le secteur extérieur.
La
8.=.C.1:.
est une
C'or:Jbinaison fascinante
d'intérêts
publics ivoiriens
et
pri vés
et extérieurs,
ses
principales
'Ollrces
de financern ent étant lln
prêt 30uvernenental à long terr:Je,
S2flS
intérêt,
de cinq
millions
de dol-
lars,
et une souscriptio:l
de trois
million3
effectuée
par df.'s
,;;roupes

-
473 -
bancaires américains.
Le Ministre de l'industrie,
qui est aussi \\ID des
administrateurs
de la 8 .1.D. L,
en
examinait les opérations d'une
manière
qui exprime
bien la nou velle dém arc he de l'industrialisation. Il
indiquait en effet que la première étape de l'industrialisation et la plus
aisée,
celle de la substitution aux importations
des
produits
de consomma-
tion
de masse, tendait vers sa fin
du fait
de la dimension limitée du mar-
ché ivoirien;
qu'il s'agissait de préparer une deuxième série d'industries,
centrée sur la r.1odification
des matières
premières locales et la production
de
biens intermédiaires;
que la 8.1.0.1.
orienterait ses activités
vers
l'entreprise privée ivoirienne;
que l'industrialisation ne deviendrait con-
tinue que si les récentes industries étaient plus à fond installées
dans le
pays que les entreprises établies;
qu'il était rapider.1ent 'nécessaire de
produire des entrepreneurs ivoiriens et mo biliser les
capitaux
i voiriens( 1).
Ce récent cOr.1porter.1ent s'est ref1eté réel::..er.1ent sur de nombreuses actions.
La B.I. 0.1.
a développé les sollicitudes
des
prêts
des
entrepreneurs
parti-
culiers,
essayé de monter le très
bas taux
d'intérêt afin
de promouvoir
l'épargne nationale, et cherché à accroître un
marché concurcentiel pour les
capitaux
des
particulü~rs en déplaçc~nt ses avoirs d'u_ne banque à l'autre.
Le. B.C.E.A.O.
a favorisé cette politique en fixant et appliquant ses opéra-
tions
de réescompte à
bon
marché.
En même temps le pouvoir public ivoirien
créait certains organismes
d'assistance aux
petites et moyennes entreprises,
ainsi qu'un institut de formation
professionnelle à la gestion,
un
fonds
de
garantie des
emprunts
des
petites entreprises,
et soutenait assurément ses
dépenses
d'éducation.
Enfin et certainement par-dessus tout,
le pouvoir public
prati-
quait une
pression accrue sur le secteur étranger afin
de le contraindre à
participer davantage à la croissance écononique.
Il est devenu difficile
d'obtenir le statut prior'itaire et la BJ.E,r.C.
a énoI'r.lément
baissé les
prê'i:s
réescomptables
à
bas coût octroyés
aux grandes
entreprises
ayant elles-
n êr.l es accès
à
des fonds
extérieurs( en
particulier les
distributeurs
d'essence).
(i)
-
B.:::.C • .l.,
Fapport du Conseil d'fdr.linistration
à
l'':-ssemblée Générale
des
,-ctionnaires
de ~lars :98 1+ et '..985 ~bidjan,
pp.
:-2.

- 474 -
Surtout les
pressions sont dem eurées
plus
fortes
pour obliger ces entre-
prises à réin vestir sur place leurs profits non répartits.
Un program me
quasi-fiscal.
comprenant certains éléments
d'épargne forcée.
a été ren-
forcée dans le quinquennat 1980-1985.
La Société Nationale de financem ent
créée en 1963 pour encourager l'épargne à l'aide d'obligations
de
vingt
ans
à
6% p lacées dans le secteur p ri vé, a été rafferm ie p aI' le Fon ds
Nationale d'Investissement.
d'origine surtout fiscale.
Les entreprises sont
détaxées des im pôts sur les
profits( 10%) et sur les re venus im mo biliers
(16%) à charge soit d'acheter des
bons
de la SONFFI pour une
valeur
double des ira pôts qu'elles auraient dû payer.
soit d'autofinancer des
investissements pour un multiple de cette soml'!1e.
En 1983.
les entreprises
ont obtenu à ce titre 40% des obligations émises par la SC~U'FI( 1.5 mil-
liards
de francs C. F . po
pour l'année )et pOllr toute la décennie 1975-1985
80 % d'une
valeur d' ém ission
beaucoup
plus éle vée.
Plus
peut-être que la plupart des
Etats
d'Afrique. la Côte d'I-
voire a atteint un certain ni veau de dé velop pera ent économique sans sacri-
fier les avantages de l'ouverture et de la croissance.
Ces aboutissements
n'ont dCr.landé cependant que des
préférences relati vern ent intéressantes:
li béraliser les éc hanges.
di versifier l'agriculture,
encourager la pro-
pension
des in vestisseurs extérieurs à in vestir dans le pays.
En 1960. il
était net qu'il ne fallait plus compter sur la France comme partenaire
commercial, ni sur le café et le cacao comme grands
produits
d'exporta-
tLm. Il dem eurait aussi clair que les coûts
d' undé veloppem ent dépendant
prolongé envers l'investissement extérieur restaient,
au moins
en
princ.ipe
réparés
par la croissance et le dé velop pern ent des structures ainsi acquises.
Les options
des
vingt quatre demières années ont été sûrement
beaucoup
plus difficiles.
En effet,
la Côte d'Ivoire a dû attaquer de
front les
pro blèra es évidents
de son dé velop pern ent dépendant accru en vers
le secteur expatrié et de la répartition
des
pr'Jfits
de productivité.
La Côte d '~voire doit décider si l'influx net de capitaux récents, très
en-dessous
de ce qu'il était,
justifie encore les
cinq
conditions
auxquelles

-
475 -
il est 0 btenu:
1)
-
l'accent dominant mis sur la convertibilité dans la poli-
tique
monétaire,
2)
-
l'abandon
de recettes
budgétaires
au titre
des incitat~-Ons
fiscales,
3)
-
les
pertes
potentielles d'efficacité économ ique
découlant
des
privilèges
de
monopole consentis
à des
firm es
étrangères,
4)
-
la réorientation
déguisée des
dépenses
publiques
du fait
des
pressions
politiques
exercées
par les
entreprises
étrangères,
5) - le laissez-faire en matière de reCI7utem ent de personnels
étrangers,
ou,
au pire,
la définition
de cette
politique
p aI' des
entre-
prises.
Les
entreprises étrangères,
devenues
actuellem ent beaucoup
plus
nonbreuses,
agiront
pour que ces
politiques ne soient
pas
changées.
Quand
bien Glême la puissance des
entreprises françaises
s'est rafferm~e, l'in-
f1uence
du gou vernem ent français
sur la politique ivoirienne s'est affai-
blie ou est partagée avec
d'autres
2:tats
étrangers.
De
plus
le gou vernem ent
de la Côte
d 'l:voire
a fait les
premiers
pas
vers
tme attitude
plus indé-
pendante
à l' égart du secteur étra.'1g'er,
en
particulier dans
le dom aine
des
réserves
en
devises,
de l'allocation
de crédit,
et de la fiscalité.
Cepen-
dant le test réel de
développement indépendant se
fera évidenment sur li"
politique
d'inmigration;
et
d2J1s
ce
domaine le secteur étranger trouvera
sans nul doute
des
alliés
puissants
au sein
mêm e
(; , gou vernem ent
de la
Côte
d':: voire.
::os
chiffres SL:r les
ent::oeDrises ne
vont
malheureusement
pas
loin,
de sorte
qu'il est
difficile de
repérer st:atistiquement la contri-
bution
dll secteur étr.:mger au
bien-être
de ces
différentes
couches so-
ci.:llcs.
Seuls
l'accro-:'ssenent

personnel européeC1
et l'augmentatioC1
re-
lRtivcnent
leC1te
du salai::,e
r'linimu:':1
nOC1t::'ent
que le secteur étranger n'a
pas
répa::'ti
les
gains
de
productivité aU3si
br:!:ement
qu'il aiJrait
pu le

- 476 -
faire et n'a pas non plus recruté de nom breux nationaux à des
charges de
responsabilité conformémement au mot d'ordre du gouvernement et du parti.
Quand ces
problèmes seront ouvertement posés
dans les milieux gouvernemen-
taux les
plus élevés,
les réponses seront sans nul doute beaucoup
moins
unanimes
qu'en 1960.
Quelle sera,
par exenple,
la réaction d'un
cadre su-
périeur,
propriétaire de plantation, face à une proposition d'élever le
salaire minim um
im posé au propriétaire européen d'une plantation de café?

- 477 -
CHP,PIT RE III - L,~ PART DES ~~η·J.~NCES PUBLH1UES DES P,~YS
DE LA PERIPHERIE AU DEVELOPPE~ENT DE CES PAYS.
Lns recherches récentes sur la fiscalité
des
pays de la péri-
p hérie don:1ent llI1e meilleure connaissance des stratégies financières
pour
le dévelop;;>ement de ces
Etats.
Ces investigations établissent une liaison
entre le ni veau de dé veloppem ent économiqu e et la structure fiscale.
Slles
analysent les unes l'évolution de la structure fiscale en fonction
du dé-
veloppement
éCOk.,o:nique,
les
~utres 'l'évol'J:ion de 1:::. str'.lctu::'e des pays
périphériques et le rôle que peuvent jouer les fin.ances
publiques
dans le
développement de ces
pays.
SECl':::ON
l
LE CHF-NGSr-IENT
CE LA STFlUCTUFS FISCAL:::
E:\\
FCl\\C7ICN
CU
~~I~lQ~~~~~~Z_~~Q~QMIQ~~~
Les investigations de Colin CU"EK CGU-l
et HELZNER
et celles
du Professeur P-lain BAHP. EH 2( 1) sur le s ystèm e de satisfr ::tion des
besoins
constitueront l'essentiel de ce point.
PAF~GR;PHE l
- L'APPCRl' CE CLARK.
Clark explique le passage de l'économie simple( le cas
des
pays
de la périphérie)à l'économie complexe par le processus
de l'élevation
de
la producti vité.
Il tient corn pte dans cette thèse des
transform ations au
cours
du processus
du développement,
des éléments sur lesquels
repose le
prélèvement fiscal:
niveau de productivité,
volufCle
de le. population ac-
tive,
volume de la demonde,
acti'-'ité
des secteurs.
( 1.)
-
r.
Br f f i=.:F< E :
=nstitutio!1S
finoncières
:::d
Lalloz,
Paris
1.9'"2.
P.
382)39 7 •

-
478 -
L'éconolJie sin ple est caractérisée par la productivité faible
du secteur primaire.
Les coûts réels qui y sont élevés sont \\ID obstacle
à la formation
de l'épargne et au développement.
L'essentiel du prélève-
ment fiscal porte sur la capitalisation,
puis,
après un élargissement
progressti'
du marché, sur l'impôt foncier. réel,
et les impôts frappant
la consor.lDation.
Dans le secteur secondaire,
l'élevation de la productivité en-
traîne,
après l'abaissement des
coûts réels l'élargissement du marché,
l'élévation des salaires qui attire la main-d'oeuvre active,
l'intensi-
fication
du circuit des revenus et des
dépenses,
l~ di versification des
activités et le développement de la capacité contributive et de la tech-
nique fiscale,
ainsiaux'~mpôts précédents s'ajouteront les taxes sur les
transactions,
les impôts sur les revenus salariés,
les
profits et les
gains spéculatifs.
L'élévation de la productivité dans le secteur
tertiaire en-
traî.."l.e aussi la di versification et l'in:ensification de la production des
services,
et l'accroissement de la capacité contributi 'le:
les taxes sur
les reven'...lS
privés et les
revenus
des sociétés
complètent le prélèvement
fiscal de l'économie com plexe.
L'intérêt de cet ar;:>port réside, non
dans l'ordre de succession
de ces
phases
qui est loin
d'être universel,
mais
dans la liaison entre
la structure fiscale
et l'élévation de la productivité.
,".
cet apport relatif à la structure fiscale
fonction
croissante
de l'élévation
de la productivité de l'éconor.1ie s'ajoute ce:iui de eCUI
et
H:::LZ:-::::F •

-
479 -
f~~~Q~!f~§~ - L'AffQ~!_Q§_fQ1~_§!_Q§_~gLZNE~
Présenté au Congrès de l'Institut International des Finances
Publiques à Bruxelles en 1958. cet apport a pour objet .la recherche de
la capacité contributive dans les secteurs bénéficiaires du développe-
ment. l'investissement. la consommation et l'équilibre général de l'éco-
nomie.
A. .•
L'investissement:
dans la pre mière phase de la croissance,
la formation de l'épargne et les désirs d' investfr des entrepreneurs doivent
être protégés:
la consatlmation sera continue pour orienter les ressources
vers la production des biens capitaux.
Le prélèvement fiscal porte alors
sur la dépense de consommation et les emplois improductifs.
B•. ': Après la production des biens capitaux la consommation
devra être favorisée par l'exonération des revenus modestes. l'impôt pro-
gressif sur les revenus personnels et les bénéfices des sociétés.
Dans cette
phase. le souci de la justice fiscale et le souci du dévelop pement de l' ac-
t.i';ité sont les principaux objectifs; L~és.
C... Cette dernière phase est caractéris-§e parun 'niveau élevé
de la croissance 1 et par la hausse généralisée des revenus individuels.
L'équilibre global de l'économie est l'objectif prioritaire.
Les finances
publiques deviennent un instrument de
contrôle de l'économie à l'équilibre
des recettes et des dépenses pour lutter centre l'inflation et pour orien-
ter la dépense globale et l'inflation.
Le prélèvement fiscal concernera l' ensem ble des revenus, en ~ar­
ticulier les re'Jenus moyens et élevés; les revenus
,1férieurs ou voisins
du mi:1 '_ID um fiscal sont exonérés.
Cette proposition montre que la fiscalité
doit être élaborée en
fonction de la croissance cependant le problème de l'ordre de succession
des étapes demeure toujours posé.

-480 -
f~~~Q~~f~~-1 - I~ESE_Q§_h~_~§f~§~Q~§_Q§_1~_f~f~CIT§_fQ~IRIB~TIV§
BASEE SUR LA SATISFACTION DES EXIGENCES.
Cette thèse diSeerne quatre étapes dans l'évolution du dévelop-
pement économique. L'économie de subsistance, l'économie de clientèle,
l'économie de marché, l'économie de marché et de prestations publiques
(tableau n· 109).
Le jugement porté sur l'ordre de succession des étapes aux
autres thèses précitées demeure valable ici: toutefois, cette thèse indique
d'une part, qu'à chaque étape du développement économique ou structure
de satisfaction des exigences correspond un système fiscal particulier,
d'autre part, que les finances publiques peuvent jouer un rôle dans le
développement économique d'un Etat.
Au terme de ce bref exposé relatif à l'évolution de la fiscalité
de développement, on peut retenir que toutes les trois thèses de l' évolu-
tion de la structure fiscale sont liées à celle du développement économique.
Par conséquent, les pays sous-développés peuvent s'en insp~cer. Cependant
'.
i l n'est pas s6r que l'application del'ces thèses actuellement dans ces
pays atteigne l'objectif escompté: la capacité contributive âptima qui per-
mettra de réaliser le prélèvement fiscal exigé avec le minimum de gêne
pour le développement économique. Pourquoi? Aucune mention n'a été faite
à l'existence des obstacles de recouvrement du revenu fiscal.
Dans ce cadre,
.
les ouvrages d'économie financière soulignent, entre autres, le sous-équipe-
ment de l' Adlilinistration fiscale: le système fiscal des pays sous-développés
est rudimentaire; le prélèvement fiscal porte essentiellement sur la consom-
mation, la possession et les activités, les prestations des services, etc
et non sur les revenus exacts des personnes physiqJles et morales.
Ainsi
,une partie importante de la matière imposable échappe à l'impôt, soit
par la fraude, soit par l'impossibilité de la saisir. Cette évasion fiscale
est favorisée par les pressions de groupes d'intérêt sur l'Administration
fiscale et l'Autorité Fublique.

-
481 -
!~~~~~!!_Ji. 89
-
LA CAPACITE CONTRIBUTIVE ET LA SATISFACTIOIi
DES BESOIHS
(----------------------1------------------------1--------------------------1
1
SYSTEME DE SATISFAC- 1 CARACTERISTIQUES ECONO
ISYSTEMES FISCAUX CORRES-
1
1
1
1
TION DE BESOINS
1
MIQUES
1
PONDANTS
r----------------------r-----------------------+------------------------
1
Economie de subsis-
1
Production pour auto-
1 Contributions en nature,
tance
!
subsistance
! capitation, droits spéci-
fiques
etc •••
etc •••
Economie de clientèle
Division du travail
lm pôts sur la consom ma -
dissociation entre pro-
tion de certains produits,
ducteur et consom mateur,
patentes sur certaines acti-
mais travail lié à la
vités productives, droits
com mande de la clien-
de douanes intérieures,
tèle. etc ...
droits de circillation, con-
tributions directes.
Economie de marché
Diversification des acti-
Impôts sur le revenu et la
vités. division du tra-
dépense, assortis de prélè-
vail: travail, capital et
vements com plémentaires, mu-
entreprise, individuels
tationa. im mobilières, douanes,
et sociétaire s .
patentes.
Economie de marché et
Idem + division de
d'écol Com.binaison de l'impôt pro-
de prestations publi-
nomie en économie d' é-
1 portionnel et de l' im pôt
ques.
changes et en économie
Il. progressif sur le revenu aveci
de contrainte pour la
1 ménagement
de
1
satisfaction des besoins
1 catégories de contribuables
1
.
1
1
publics etc...
1 démunis etc...
1
1

1
1.
1
L
l
l
1
SOURCES
Alain BARRERE : "Institutions Financières".
Dalloz (1972) - 2e Edition P. 393 - 397.

-
482 -
Cependant, des prélèvements fiscaux importants doivent être
opérés dans les pays sous-développés pour lutter contre l'inflation sur-
tout pour financer les grandes dépenses d'investissement public indispen-
sable à la création d'infrastructure économique de base.
L'autre partie
des recherches récentes sur la structure fiscale des pays sous-développés
(P.S. D.) s'est orientée dans ce sens.
SEQI!Q~~ 1§_Q~~~Q§~§~I_Q§_h~ ST~~QIQR§_FISC~1§_QES f~YS
h~_f§RIP~§RIE_§I_h§_~QLE_QES
FIN~~QES f~~LIQ~ES Q~NS
LE DEVELOPPEMENT DE CES ETATS.
f~~~QR~f~§-! -_h§_Q~~~Q§!§~I_Q§_h~ ST~~QI~R§_FISC~h§_QES f~YS DE
LA PERIPHERIE.
A -
La structure fiscale des pays de la ~hérie
Etudiant la structure d'une trentaine de pays de la périp hérie
de 1953-1955· à 1966 - 1968, par rapport à celle des pays développés sur
des travaux de R. B.
CHELLIAH, particulièrement les tableaux r~produits
ci-après,lelf~p~..ofess6Ur~ H. BROCHIER, P. LLAU ET CH.A. MICHALE,T(l)
,J
observent que :
- l'élasticité-revenu est forte pour les taxes sur la production
et les transactions internes en augmentation dans les im pôts indirects,
."
supérieure à la moyenne pour l' 1. R. P. P. et l' im pôt sur les bénéfices des
entreprises aussi en augmentation dans les impôts directs ( plus grande
part dans cette catégorie d' im pôts); faible pour les taxes sur le com merce
extérieur( faible pour les taxes sur les exportations, sur l'importation-
des biens d'équipement et des biens intermédiaires) et forte sur celle
des
,biens de consom mation finis,
plus grande part dans les impôts indirects,
'mais 'connaissant une baisse relative'
----------------------
(1) -
H.
BROCHIER, P.
LLAU et CH. A.
MICHALET:
"ECONOMIE FINANCIERE".
Ed.
P.U.F.
Paris 1915, pp. 319 - 380

~
- 483 -
1
- les impôts sur capitalisation et sur la propriété baissent
relativement dans l'ensemble des revenus fiscaux.
Partant de cette structure fiscale, ils expliquent la pression
fiscale des pays de la périphérie en se référant aux travaux d'autres au-
teurs et en apportant leur porpre contribution.
Les travaux antérieurs sont pour l'éssentiel, la conception des
finances publiques de H.H. HINRICHS(exposée)basée sur l'idée selon la-
quelle le sous-développement est en retard par rapport aux économies in-
dustrialisées, à partir des facteurs suivants: faiblesse du revenu par
tête, dégré d'ouverture de l' économie( part des exportations et des impor-
tations dans le Flroduit National Brut, monétari:sation de l'économie),
sturcture des exportations, degré de centralisation gouvernementale,
part
du secteur agricole dans le Produit National Brut et le taux d'infl.ation
(C.N.U.C.E.D)et les tr".oÏB variables: revenus par tête,
propension à ex-
porter, part du secteur minier dans le Produit National Brut(R.J.CHEL-
LIAH), facteùrs sneiologique~,formes de gouvernement, régions géorgra-
phiques etc •..
'.
H; H;
HINRICHS note cinq étapes:
- la société tradIonnellé caractérisée par des sources non
fiscales ( monopole d' Etat)et/ou des impôts directs traditionnels assis sur
_#
la propriété foncière, le bétail, la production agricole ou les puits;
- la seconde étape est marquée par l'accroissement de la part
de la fiscalité indirecte portant essentiellement sur les droits de douane
et par là, fonction du degré d'ouverture de l'économie;
- la troisième phase correspond à une réduction de l'importance
relative des impôts directs traditionnels;

1
1
- 484 -
1
- la quatrième phase voit se développer les droits sur la
con-
sommation et sur les ventes par suite d'un modèle de développement repo-
sant davantage sur la demande interne;
- la cirlQuième enfin, stade suprême, est caractérisée par la
prédominance des im pôts sur le revenue 1) .
A ce~ définitions de la pression fiscale dans les pays sous-dé-
'leloppés Si ajouteFapport des B,uteursclt.liexpliquent less.pébificités de la
structurè :fiscale des "pays: du ~Sud . pax' 'lèg.--p·âr-tièularité~-.c.t~ ~ pay:s: qui sont:
1° La faiblesse du revenu par tête limite le prélèvement fiscal,
et la non-monétarisation du secteur rural des cultures vivrières fait que
le poids des taxes retombe plus lourdement sur les biens de
consommation
durables des couches sociales aisée com me cela se fait dans les économies
développées;
2" Les économies des pays sous-développés étant extraverties,
les prélèvements fiscaux sont importants sur le commerce extérieur. Ils
seraient plus im portants au double titre de l'équité sociale et de l' effi-
cacité économique.
Dans ce sens,
poursuivent les auteurs, l',im position lourde des
activités productives tournées vel:S l' extérieur report~rait l'incidence
fiscale sur le consommateur étranger.
Il est peu probable, reconnaissent ces auteurs,
que cette mesure
fiscale produise les effets escom ptés du fait que:
-
pour se développer, les pays sous-développés com ptent sur
1.' offre des produits primaires, secondaires et tertiaires de l'économie
(1)
H.BROCHIER,
P. LLAU et CH.A.MICHALET:
"Economie Financière".
P.U.F. 1975, Paris. p. 379 - 380.

-
485 -
pour réduire la liberté de manoeuvre des Autorités Publiques et raffer-
mir la dépendance du pays sous-développé vis-à-vis de l'étranger;
- l'imposition des bénéfices des firmes étrangères,
bien que
stable est limitée( manipulation ~des prix de cession interne; surfactura-
tion des transferts de technologie, frais de gestion et d'experts, avan-
tages fiscaux
dont exonération fiscale pour attirer les investissements
extérieurs) •
Il Y a carence de l'Administration Fiscale. A la lumière de tous
ces enseigmements, les auteurs estiment que l'équilibre à trouver entre
l'objectif d'un développement rapide et la recherche de la justice fiscale
relève d'un choix politique.
L'interprétation de la structure fiscale ci-dessus des pays
sous-développés nous inspire quelques réfiexions :
1- Par rapport à la conception linéaire des finances publiques
de H. H. HINRICHS, l'interprétation de la structure fiscalé des pays sous-
.
'
développés à un moment de leur développement peut situer ces' pays à des
phases dii'férentes de ce mêiile développement. Ainsi, .la structure fiscale
des pays sous-développés étudiée par R.or. CHELLIAH renvoie ces pays à la
deuxième phase(~gré la baisse relatives des taxes sur les échanges exté- ."
riéurs, la part de ces taxes dans les impôtg indirects est la plus grande)
à la troisième( baisse des impôts traditionnels: impôts de capitalisation
et sur la propriété)ou à la cinquième(importance des
impôts sur le revenu
des personnes physiques et sur les bénéfices des entreprises).
N'est-il pas possible pour un pays de passer d'une phase à
l'autre sans suivre l'ordre de HINRICHS? L'évolution des finances
publiques
: est liée à celle des besoins de l'Etat et de sa population à chaque étape
de développement. Il est donc probable t
que les Etats,
même actuellement
développés, développeront leurs besoins et la structure fiscale correspon-
1
dante aussi.
1

[
~l't
-
486 -
2· l'interprétation de la structure fiscale des pays sous-déve-
1
loppés concernés répond au souci de connaltre la pression et l'assiette
fiscale. l i sem ble que la connaissance de la contribution fiscale des
activités tournées vers l'extérieur et de la répartition du revenu dans
les pays sous-développés aiderait à mieux saisir la pression fiscale,
la
dépendance fiscale de ces pays vis-à-vis de l'extérieur, et la contribu-
tion individuelle effective au revenu fiscal.
La Variable Revenu/Tête em-
ployée pour déterminer le potentiel fiscal d' un p~ys sous-développé n'est
pas significative compte tenu de la répartition inégale du revenu national
dans ces pays.
3" Compter principalement sur la participation au marché mon-
diAl pour se développer est illusoire pour les pays sous-développés, compte
tenu de la nature des produits qu'ils vendent et surtout de la puissance
qu'exercent sur ces pays, les firmes étrangères,
principaux agents produc-
teurs dans la plupart de ces pays.
Mais comme aucun pays ne peut échapper
à ce marché, les pays sous-développés doivent s'industrialiser pour être
en position .de force sur ce marché. La réalisation de cet objectif s'ins-
crit dans le cadre du développement qui passe par la l'echerth'eè de la
.
justice fiscale conditionnée par un choix politique. C'est alors que les
finances publiques pourront jouer pleinement leur rôle'" dans le développe-
ment des pays du Sud. Cette position juste des auteurs implique que les
structures politiques i.nfluencent les structures fiscales .
.
B- Les lois de changement des structures fi'scales;
Nous allons analyser les lois d'évolution des structures fiscales
en nous inspirant pricipalement des travaux de Guy Gilbert( 1).
(l) -
Guy Gilbert : "Lois d'évolution des structures fiscales "( chapitre
l)
P. P. 187 - 200 in thèse d'Etat.
Paris -
Nanterre 1979.

- 487 -
TABLEAU M-90
COMPARAŒOM DES DEPEMSES DU BUDGET DE L'ETAT
DAMS DIFFERENTS PAYS DEVELOPPES ET SOUS-DEVELOPPES
EN 1959 EM POURCENTAGE.
r-----------r-------------T---------------r--------------,---------------,
1 Dépenses mill-
1 Dépenses au ti-
1 Dépenses au ti- 1 Investissements
1
PAYS
li/lïres PIl ~ de 1 titre de l'ensei-I tre des servicesl
publics en ~
1
1l'ensemble de
1 gnement en ~ de 1 sociaux en % de 1 de l'ensemble des 1
Il' Etat en 1959
1 l' ense mble des
1 l' ense mble des
1 dépenses en 1959 1
1
1 dépenses de
1 dépenses
de
1
1
1
1 l'Etat en 1959
1 l'Etat en 1959
1
1
1
1
1
1
1
-----------~-------------+---------------+--------------T----------------~
1
1
1
1
1
PAYS DEVE-l
15,8(2)
1
12,7(4)
1
32,1(1)
1
15,0(3)
1
L 0 PPES
1
1
1
1
1
-----------~-------------4---------------~--------------~----------------~.
PAYS SOUS- 1
15,7(3)
1
11,8(4)
1
21,9(2)
1
23,2(1)
1
DEVELOPPESI
1
1
1
1
l---
I
l
l
l
!
TABLEAU M- 91 - LA RIGIDITE DES SYSTEMES FISCAUX DES PAYS SOUS-
DEVELOPPES.
r------------------T--------------T----------------II--------~------------~
1
1
1
. ,
PAYS
1 RECETTES FIS-
1 IMPOrS DIRECTS
1 IMPORTS INDIRECTS
'1
, CALES P.li.S
l
,-
1
------------------+--------------+----------------~---------------------,
PAYS DEVELOPPES
1
20 à 30 %
1 Essentiel des res- 1 Montant faible
1
1
1 sources fiscales
1
1
l
'
. . ,
1
------------------T--------------+----------------~--------------------~~
PAYS SOUS-DEVE-
1
8 à 15 ~
1 Montant faible
1 ·"Essentiel des ressources 1
LOPPES
1
1
1
fiscales
1
~-_---------------l--------------l--------------~-JL---
J
SOURCES : ALAIM BARRERE : "Economie Financière".
Ed.
Dalloz, 1971, Paris pp. 792 - 797.

- 488 -
Guy Gilbert réduit les traits caractéristiques d'un système
fis-
cal à un indicateur d'importance relative, le niveau de la fiscalité, et ,à
un niveau de sa com position interne, la structure fiscale.
Tandis que le
niveau fiscal renvoie au comportement fiscal de l' Etat( son aptitude au
prélèvement), ou à la volonté des citoyens d'abandonner volontairement
aux ressources de financement général des dépenses publiques, la struc-
ture a pour objet d'établir la liaison entre les structures fiscales et
le niveau de la fiscalité aux
moyens des indicateurs synthétiques.
De nombreuses études empiriques semblent appuyer cette thèse
notam ment celles :
a) de A.M.MARTIN et W. A.
LEWIS(l956), J.C.
WILLIAMSON(l961),
J.R
LOTZ et E.R
MORSS(1967),
R.A.
MUSGRAVE(l969), J.F.
DUE(1970),
R.J.
CHELLIAH(1971·, L.
KULLMER(1975) et A.A.
TAIT,
L.M.
GRATZ,
8.J.
EICHENCREEN(1979) et P.
LLAU(1982)
(1).
Le rapport des impôts directs/impôts indirects croît avec le ni-
veau de développement, tandis que la part de la fiscalité prél$.vée SUl' le
com merce extérieur décroît avec le niveau de développ~ment;
b) de J.C.
WILLIAMSON(l961).
R'.A.
rofUSCRAVE(l969),
R.J.CHELLIAH
(1971): la part des impôts frappant les ménages, croît avec le revenu
par tête;
,."
c) de J.R.
LOTZ et de E.R.
MORSS(1961): la part de l'impôt
sur le bénéfice des sociétés dépendrait du revenu par tête et uniquement
pOUl" les pays développés,
mais serait reliée positivement au "degré"
d'ouverture.
(1) -
Pierre LLAU:
"Réforme fiscale et Développement: objectifs, con-
traintes et perspectives économiques". Au deuxième
Colloque International sur la "Fiscalité et le
Dévèloppement" du 27 Septembre au 1er Octobre 1982.

t
-
489 -
1
d) de A.K.
PURI(l977)qui mesurent le changement des struc-
1
tures fiscales par :
- im pôts sur le revenu sur im pôts totaux, et im pôts directs
(lm pôta directs traditionnels) sur im pôts totaux; l'introduction des in-
dicateurs des modifications structurelles de l'économie ( les pourcen-
tages du produit national brut et de la population en provenance et uti-
lisée dans l'agriculture, taux d'urbanisation, indice de monétarisation,
taille du gouvernement, et degré d'ouverture de l'économie )améliore
l'analyse du changement des structures fiscales.
Dt après ies deux dernières catégories d'études, la structure de
la population active et le niveau de revenu par tête expliquent une part
fondamentale des im pôts directs et indirects, par contre la taille du
pouvoir public et le degré d'ouverture expliquent très peu les variables
de structures fiscales.
Pour l'auteur, l'intérêt de l" analyse des lois de
<ihangement des structures fiscales est de montrer que les structures
fis-
cales ne dépendent pas directement des structures économiques et par con-
séquent que ~l 'impôt est un instrument de financement global, et non affec-
té : on peut donc s'attendre que le déterminis me économique direct s' es-
.
tom pe et que le changement des structures fiscales répondent à· des im pé-
ratifs divers et selon les période et les pays"(l).
A la lumière des travaux de H. H. HINRICHS qui font de la crois-
sance économique et du "style" (pouvoir militaire, dimension du domaine
du souverain, contrôle du souverain sur les ressources foncières et
minérales dans les sociétés traditionnelles, ouverture du corn merce exté-
rieur dans les sociétés de transition,
poids des idéologies et des tradi-
tions, de cem de R. GOLDSCHEID et de J .SCHUMPETER qui intègrent la fiB-
calité dans l' histoire du capitalisme dans le cadre de leurs théories socio-
historiques, Guy Gilbert envisage à son tour d'intégrer les phénomènes
1---------------------------------------------------------------
(1)
G. GILBERT: Economie politique des structures fiscales.
Une approche
en termes de modèle politico-économique dans quelques
pays occidentaux," thèse d'Etat de Sciences Economiques,
Paris X Nanterre 1979 P. 201.

-
490 -
politiques et économiques dans le choix des structures fiscales pour "ex-
primer l'interaction qui unit les structures économiques et les structures
fiscales" (1).
Quelles réflexions nous inspirent les travaux de GUY GILBERT,
particulièrement celles relatives aux lois de changement des structures
fisc..ales ?
L'examen de la fiscalité est encore à ses débuts.
Les travaux
ultérieurs dans ce domaine nous permettront sans doute de mieux saisir la
nature de la relation entre les structures économiques et les structures
fiscales.
Cependant, on peut rappeler l'appréciation que fait l' auteUD
sur les études fiscales antérieures, et insister avant d'attendre le résul-
tat des travaux ultérieurs, sur l'intérêt des études fiscales qui mettent
l'accent sur la dépendance des structures fiscales vis-à-vis des struc-
tures économiques.
1) -
Les recherches fiscales précédentes appréciées par
Guy Gilbert.
L'auteur prend le contre pied de ces rech~tches en appuyant
l'idée selon laquelle l'influence des structures économiques sur les struc-
tures fiscales n'es t
pas directe. Il montre que
Ces recherches sont du type normatif;
de même que C.
COLM
et HELZNER s'intéressent, non aux structures fiscales observées,
mais
aux
structures fiscales les plus aptes à promouvoir la croissance économique,
de même R.A.
MUSGRAVE s'intéresse aux impôts possibles ou souhaitables
(impôt sur le revenu de type cédulaire, impôt foncier, impôt sur le béné-
fice des sociétés, sim plification de la législation fiscale, tout cela pour
mieux atteindre la matière imposable et éviter la fraude et la corruption)
et non aux impôts effect~vement perçus;
(1)
-
G.
GILBERT
Economie politique des structures fiscales.
Une ap-
proche en termes de modèle politico-économique dans
quelques pays occidentaux", thèse d'Etat de Sciences
Economiques, Paris X-Nanterre 1979 P. 201.
f

-
491 -
L'étude de H.H. HINRICHS "Théorie historique et économique de
changement des structures fiscales fondée sur des études empiriques tem-
porelles et transversales" est militée par des lIypothèses relatives tant
à la théorie de la ccoissance-développement( confusion d'un tem ps histo-
rique et d'un temps économique )et au fonctionnement des institutions fis-
cales qu'aux tests empiriques:
d'une part les résultats de ces tests sont
fonction des classifications utilisées (im pôts directs sur im pôts indirects
pour ex pliquer la structure fiscale des régimes sociaux différents),
d'autre
part la combinaison de l'anàlyse historique et transversale pour comparer
la structure fiscale des pays différents à des périodes différentes est
dépourvue de sena ;
Les interprétations des études empiriques sont fragiles à cause
de l'absence quasi-générale de modèle théorique sous-jacent dans la plu-
part de ces études, notam ment celles de J.
LOTZ et E.
MORSS, de C. COL M
et HELZNER, H. H. HINRICHS, l'étude des structures fiscales est menée de
manière trop générale, les mêmes déterminants servant à expliquer l' évo-
lution des recettes et des dépenses publiques.
En conséquente l'évolution
des structures fiscales n'est pas correcte ment ex pliq uée>~
'.
Selon Guy Gilbert, l'essentiel de l'ensemble/de ces recherches
se résume à ceci :
" - la croissance économique induit c~lle des capacités contri-
butives,
des potentialités de prélèvement fiscal et finalement l' accooisse-
ment du niveau de la fiscalité"
;
" - la croissance économique favorise l'accroissement relatif de
la _part de l' im pôt sur le revenu dans l' ensem ble des prélèvements obliga-
toires" (1).
Il rejette cette conception qui fUt dépendre les structures fis-
cales des structures économiques pour adopter celle de l'interaction entre
ces deux structures que nous avons déjà énoncée.
(l)
G. GILBERT:
"Economie politique des structures fiscales" P.204-205.
Thèse d'Etat de Sciences Economiques -
Paris X -
Nanterre 1979.

-
492 -
2} -
Vinsistance sur la dépendance des structures fiscales
vis-à-vis des structures économiques.
Selon GUY GILBERt, cette dépendance explique t'affectation"'préa-
lable de l' im pôt. Cela ne sem ble pas être le cas des travaux aux quels
l'auteur fait référence. En effet, l'absence d'affectàtion immédiate de l'im-
pôt à toute dépense déterminée est caractéristique de toutes les époques
et de tous les pays aussi bien dévelopI1!S que sous-développés.
Le principe
qui n'a pas encore été mis en cause est surtout d'ordre politique: l'affec-
tation préalble de l'impôt à une dépense prédéterminée risquerait de re-
beller les contribuables; ainsi l'impôt "Contribution Nationale" de 1966
qui a soulevé un tollé général de la part de ceux des contribuables qui
devaient le payer confirme le principe de non affectation préalable de
l'impôt.
Dans les pays périphériques ,le peu de fonds disponibles face à
l'énormité des exigences à satisfaiI.'e nécessite leur utilisation de manière
rationnelle et par conséquent leu!' orientation à l'accomplissement des ob-
jectifs économiques et sociaux répondant à la satisfaction des becôms 'de
ces pays et de leurs peuples. Partant les pays sous-développés doivent
d'abord compter sur leurs propres forces pour se développer et. donc sur
l' ensem ble de leurs ressources potentielles, en particulier les ressources
fiscales.
Ces dernières doivent être recouvr~es en fonction du stade de
développement économique pour financer en retour ce.- même développement.
Les facteurs politiques et institutionnels jouent sans doute un rôle sur les
structures fiscales.
Mais com me la: satisfaction des exigences des peuples
peut être mieux réalisée lorsque le stade de développement économique est'
élevé tous les autres facteurs politiques institutionnels, traditionnels et
la fiscalité doivent concourir au développement. On peut se rappeler que
la fiscalité reflète l' ensem ble des facteurs socio-politiques, c' est-à-
dire que le système fiscal ne fait que refléter et révèler la structure
du pouvoir t 1 t agencement de la société et la réalité de l'Etat dans les
pays sous-développés. Cela explique l'accent mis par di ver:1eso ét'udea; rela-
tives à la fiscalité sur la dépendance des structures fiscales vis- à-vis

-
4g3 -
des structures économiques. C'est pourquoi nous nous orientons dans cette
voie.
f~~~Q~~f~~ - 1~_f1~f~_fOSSIB~~_QES FIN~~fES fg~LIQgES Q~NS
~~_Q~Y~1Qff~~~~!_QES f~YS Q~_1~_f~RIP~~RIE
~e la relation du budget de l'Etat dans divers pays industria-
lisés et pays de la périphérie(tableau n° '1), le Professeur ALAIN BARRERE
fait deux 0 bserv ations (1)
:
- les investissements publics sont plus importants dans les
pays
de la périphérie que dans les pays développés; les dépenses sociales sont
plus importantes dans ces derniers, alors que l'importance des dépenses
militaires est la même dans les deux catégories ; dans les pays périphéri-
ques, les dépenses militaires, improductives, grèvent lourdement les res-
sources fiscales déjà insuffisantes;
- les structures fiscales des pays périphériques sont trop
rigides, l'essentiel des ressources fiscales provient des im pôta. indirects
alors que c'est le contraire dans les pays développés" Pourquoi? Les avan-
tages fiscaux (dont l' exonération fiscale) accordés aux êta blisse mente étrangersJ
la non-monétarisation du secteur agricole, l'anonymat dans l'imposition de la
fortune, et la sous-administration fiscale expliquent le faible chiffre des
impôts directs et la prépondérance des impôts indirects dans les pays péri-
phériques. Mais le manque du capital disponible face à l'immensité des in-
vestissements à réaliser nécessité des mesures fiscales efficaces. Lesquelles?
Elles sont pour l'essentiel englobées dans
l'assouplissement des structures
fiscales et la mobilisation au maximum de l'épargne interne par la fiscalité.
(1)
-
Alain BARRERE:
Economie Financière.
"Ed.
Dalloz,
Paris 1971 pp.789-
836.

-
494 -
A -
Les mesures souples des structures fiscales
Dans ce paragrap he. l'essentiel des mesures fiscales sont
1)
-
impôts directs:
-
L' im pôt progressif sur les grandes propriétés fonciêres; les
réévaluations fréquentes permettraient l' im position sur la base de la
fertilité potentielle de la terre et la valeur moyenne de rendement par
unité de superficie. Cet impôt se traduirait par des recettes fiscales
supérieures, l'amélioration des techniques et de la production agricoles
et l'instauration de l' im position autom atiq ue ;
-
L'impôt progressif sur le revenu des couches sociales aisées
de 5 % à partir de 10 % jusqu'à 45 % selon H.
N.
KALDOR.
2) - im pôts indirects
- les taxes sur les articles d'exportation et d'importation et
la généralisation de la taxe sur la valeur ajoutée( T. V• A..) sont les prin-
c ipales mesures proposées. Ce dernier im pôt( T • V• A.) aurait un rende ment
égal pour toutes les entreprises et entra1nerait des transformations de
la structure favorable au développement.
."
bes mesures souples des structures fiscales seraient corn pIétées
par le relêvement des tarifs des seBvices publics.
Ces mesures seront
étudiées dans les pages suivantes relatives à la politique financiêre de
développement de la Côte d'Ivoire.

-
495 -
B -
La mobilisation de l'épargne interne.
"Un des effets les plus pervers de l'endettement extérieur
des
pays sous-développés est qu'il les a largement dispensés de procéder à
une politique systématique de mobilisation de l'épargne nationale. On
conçoit aisément qu'il est plus facile pour un gouvernement de solliciter
un prêt auprès d'une banque étrangère plûtôt que de collecter la même
som me auprès des épargnants nationaux" (1).
C'est lorsque l'endettement externe stagne ou que les contraintes
de rem boursement se font plus précises et que la rémunération des capitaux
empruntés s'alourdit que l'on s'aperçoit de la nécessité d'un taux d' épar-
gne élevé.
Mais c'est aussi en ce moment que l'on constate que les circuits
financiers sont inadàptés , que les taux d'intérêt intérieurs ( créditeurs ou
débiteurs) sont fixés indépendam ment de l' off're e~ de la demande de credit,
que le politique monétaire expansionniste et inflationniste constitue une taxe
trop lourde sur les encaisses, que les marchés financiers sont inéxistants
ou marginaux, que le rationnement du crédit aboutit à la fameuse pratique
des enveloppes sectorielles 1 source de nom breux effets pervers 'sur l'affec-
tation des ressources et le choix des projets.
J. LEE pense que la production du capital, et la façon dont l'é-
pargne intérieure est mobilisée, sont les principaux facteurs qui détermi-
nent la capacité de service de la dette à long terme .d'un pays(2).
(1) -
D.KESSLER et "P.A. ULLMO:Epargne et Développement
Economica,
Paris 1985 pp.
392-393
in "Endettement, épargne et croissance
dans les pays en voie de développement".
C E R E P I - C N R S -Université
de
Nanterre -
Paris X
(2) - J.LEE(1983): "The'External Debt Servicing Capacity of Asian
Development Countries" , Asian Development Review,
Vol 1 n· 2.

ri~
- 496
-
1
Face à ces observations, i l est clair que la mobilisation de
l'épargne intérieure dans les pays sous-développés suppose une propension
suffis:mte à épargner chez un certain nombre de ménages et des structures
financières ap pro priées •
On a souvent avancé l'idée que les ménages
particulièrement
dans les Zones rurales, avaient peu de capacités d' épargne( 1).
En outre
le dualisme financier condamnait toutes les tentatives pour mettre en plàce
dans les pays sous-développés en général des politiques cohérentes d' é-
pargne.
"Des analyses récentes ont toutefois réal'firmé l' im portance de
l'épargne dans les pays en développement et ont proposé des recom manda-
tions pour rémédier aux dysfonctionnements du système"(2).
Ayant déjà retracé les différentes formes d'épargne • i l vient
à l'idée qu'un type de mesure revêt un intérêt certain, i l s'agit de la
nrise en place d'une politique adaptée aux contraintes du développement
économique
ivoirEn.
(11 -
Pour un approfondissement sur le sujet voir D.KESSLER et P.A. ULLMO:
"Epargne et Développement" Economica 1985 P. 239.
(2) -
A.G. CHANDAVARKAR:
" Monetization in Developing Economies" IMF
staff papers, Nov.1977 pp. 665-721
R.H.
MIKOSEL et J.E. ZINSER(l973):
"The nature of thesavirtg Function
in Developing Countries", journal of Economie literature, Vol 11
March pp. 26'~;

- 497 -
* Une .E..2.lititque adaptée
Il importe de diffuser des informations relatives aux succès et
aux échecs dans le domaine de la politique monétaire en Afrique et de
trouver après une analyse approfondie des conditions propres à chaque
Etat. des solutions aptes à favoriser l'ajustement des structures et des
méthodes des différentes institutions financières.
Les essais de définition dans ce domaine sont encore peu nombreux.
Deux exemples retiendront cependant notre attention:
celui d'une politique
/
selective de crédit et celui d' une politique de taux d' intérêt élevés.
L' orientation sectorielle du crédit pratiquée depuis 1975 par la
B.C.E.A.O. s'apparente à cette politique sélective du crédit.
Elle a pour
objet d' orienter le crédit dans chaque Etat vers les secteurs jugés priori-
taires pour l'économie nationale ( 1). L' orientation du crédit a lieu' à deux
niveaux;
d'abord au niveau corn munautaire et ensuite au niveau national et
est sous-jacente aux plafonds de réescom pte (2)

Il est plus simple de s'en rendre compte à travers les directives
de politique générale de la monnaie et du crédit que nous allons reprendre
ici. Cela concerne trois points fondamentaux
:
1 -
Le cont rôle de la liquidité de l'économie qui est partagé
entre le concours global de la Banque Centrale(C.G.B.C./Recettes fiscales
de l'année antérieure ~0.20) et les réserves obligatoires qui permettent
de contenir l'expansion rapide de l' ensem ble des crédits bancaires.
(1)
-
Voir Statistiques Economiques et Monétaires de la B.C.E.A.O .•
n"é"§ et 237 Février et Mars 1976.
(2) -
P. et S.
Guillaumont:
"Zone franc et Développement Africain."
Economica. 1984 pp. 100 -
154.

-
499 -
c) - Ils peuvent enfin, sur le plan de la régulation de la conjoncture
économique, être utilisés comme un instrument de soutien ou de modération
du niveau de l'activité économique.
Dans ces conditions, lorsqu'il devient nécessaire de limiter la crois-
sance des crédits, les coefficients sectoriels permettent de différencier
l'effort de freinage selon les domaines d'activité et de favoriser certains
secteurs pour éviter de compromettre des options à moyen terme. Ces coef-
ficients prolongent l'action des taux d'escompte préférentiels (1), des
ressources de bonification d'intérêts, en vue d'assurer une politique dis-
criminatoire destinée à remédier au mieux aux inconvénients liés à la frag-
mentation du marché des capitaux. Cependant, la B.C.8.A.O. n'a pas présenté
depuis un bilan instructif de cette politique monétaire.
Toutefois, on peut déjà en tant qu'observateur reconnaître que le
système sans pour autant remplir son rôle comporte beaucoup d'inconvénients.
Et les inconvénients, bien entendu, à plusieurs égards ont supplanté les
avantages escomptés.
Le premier inconvénient est que le système en tant que tel favorise
l'application de taux d'intérêt faibles administrés (2), eux-même induisant
d'autres problèmes ayant trait à des trafics d'influence.
(l~ - Ce taux est établi au sein de la B.C.E.A.O. au profit des crédits de
campagne liés à la co~ercialisation des produits primaires ainsi que des
,"
crédits à court et moyen terme aux petites et moyennes entreprises locales.
(2) - Voir tableau relatif à l'évolution des taux de réescompte.

-- 498 -
2 - Le contrôle qualitatif du crédit par secteur d'activité établi
par les comités nationaux de crédit ; la distribution du crédit par catégorie
de bénéficiaires et les autorisations préalables de crédit de la Banque Cen-
trale.
3 - L'utilisation des fonds des Etats membres à l'intérieur de l'Union.
D'après le deuxième point, des coefficients sectoriels de crédit sont
déterminés et sont en mesure de jouer un rôle à plusieurs niveaux.
a) - Ils peuvent d'abord en tenant compte des tendances macro-économi-
ques et sectorielles retenues à moyen terme être une composante de la straté-
gie mise en oeuvre pour la planification de l'économie.
b) - Ils peuvent aussi contribuer à la mutation des structures de finan-
cement de l'économie. L'obligation faite aux banques non spécialisées de dé-
tenir dans leur portefeuille un pourcentage minimal de crédits en faveur des
secteurs parfois négligés mais indispensables pour le développement des sec-
teurs naturellement priviliégiés, va dans le même sens d'une hqrmonisation
des structures financières aux besoins
existants et d'une redistribution des
responsabilités au sein du système bancaire conforme-à la suppression de la
distinc~ion entre les banques commerciales et banques de développement décidée
au sein de l'U M 0 A.

-
501 -
J. Pierre V. B~OIT (1) démontre que les taux administrés peuvent dans le
court terne et même dans le moyen terme maintenir en vie des projets non-
profitables empêchant ainsi de financer des projets ayant une meilleure ef-
ficacité et profitabilité. Dans le long terme ces taux ne peuvent protéger
ces projets des conséquences de leur productivité ,conséquences qui se soldent
par un non remboursement des intérêts, ou du principal des prêts, voire par
une banqueroute.
Le deuxième inconvénient de cette politique sectorielle du crédit est
qu'elle peut conduire non pas à l'objectif poursuivi de réduction des inéga-
lités (comme nous le disions plus haut), mais au contraire à une plus grande
concentration du revenu, et de la richesse, dans des systèmes politiques où
seul un petit nombre d'épargnants qui ont une certaine importance sur le plan
politique ou capables de satisfaire à d'énornes exigences de nature différente
profitent des prêts subventionnés.
Ce favoritisme (pour reprendre les propos de J.P. BENOIT) est non seule-
ment repréhensible du point de vue moral, mais peut avoi~ également des effets
matériels désastreux, quand les projets subventionnés sont mal gérés.
De plus, on peut noter que parfois les officiels de la B.C.E.A.O. déposent
leurs fonds à l'étranger, soit dans des pays où le secret bancaire est stricte-
ment respecté, soit dans des pays où les taux sont rémunérateurs, et empruntent
aux institutions financières de leur pays à taux faibles pour construire de
somptueuses villas, soit pour leur usage personnel, soit pour louer à prix d'or
à des diplomates, des experts ou des hommes d'affaires étrangers.
( 1J - J. Pierre V. BENOIT : Taux d'intérêt administrés et taux du marché".
in "Epargne et Développement" Economica - Paris 1985 PP. 34 - 75.

-
502 -
Il est clair donc qu'une politique de bas taux d'intérêt ou plus
précisément une politique sectorielle de crédit (du ~~ins de la façon dont
elle est menée dans l'Union Monétaire Ouest-Africain e, même si les inten-
tions initiales sont bonnes, peut-être pervertieet devenir une source de
trafics d'influences et de corruption, ce qui aggrave l'injustice économique
et sociale qui règne déjà.
On décèle un troisième inconvénient dans les plafonds de réescompte
qui sont fixés en fonction des besoins et non des ressources de chaque
banque. Il en résulte certaines inégalités entre les banques. Cette pro-
cédure a comme principal inconvénient de ne pas inciter les banques à
collecter plus de ressources, à chercher à attirer de nouveaux déposants.
Elle s'explique par l'absence d'un véritable marché monétaire qui permet-
trait aux banques de corriger par des prêts entre intermédiaires financiers
certains déséquilibres dans l'importance respective des banques du point de
vue de l'octroi des crédits d'autre part (1). Enfin il convient de reconnaî-
tre avec BORTALONI (2) que les crédits orientés vers l'agriculture en Afrique
ne sont malheureusement pas développés sur des ressources d'épargne nationale
mais reposent sur les ressources publiques. En conséquence, l~s paysans ne
perçoivent pas le lien existant entre l'épargne et le crédit. ILs considèrent
le crédit comme leur étant dû, et n'intègrent pas dàns leur raisonnement la
contrainte de remboursement. On peut voir la cause d'une longue série d'échecs.
Au total~ .cet essai de politique sélective de crédit n'a pas à notre
avis une portée économique de développ~ment évidente et appelle à d'amples
aménagements et à la vigilance.
(1) - Un marché monétaire fonctionne depuis Juillet 1975 dans la B.C.E.A.O.
et le "marché monétaire de l'U M 0 A en 1981. Statistiques Economiques et
1
Monétaires de la B.C.E.A.O. N" 305 Mai 1982.
(2) - S. BORTALQNI
"Central Banking in Africa". Milan 1975.

-
503 -
En ce qui concerne la politique de taux d'intérêt élevés, voir deuxième
partie chapitre II - Section 2. Mais l'analyse de la politique financière de
développement ivoirien permettra de cerner les obstacles contre le recouvre-
ment des ressources fiscales.
C - Pour une politique financière de développement de la Côte d'Ivoire
Tous les empêchements cités plus haut dressés contre le recouvrement des
ressources fiscales dans les pays sous-développés sont monnaie courante en
Côte d'Ivoire. Par conséquent, la réforme du système fiscal pourrait provo-
quer la collecte de l'épargne nationale. Comment réaliser lliîe telle politique
fort complexe ?
La volonté d'épargner dépend du système ivoirien. Ainsi, la Côte d'Ivoire
devrait se fixer trois objectifs :
arrêter des mesures pour mobiliser l'épargne des ménages
créer un climat propice aux investissements productifs ;
- accroître l'effort fiscal.
Dans ce cas précis, "on sait ce qu'est idéalement" un bon impôt :
un prélèvement financièrement rentable, socialement équitable, économiquement

incitatif et techniquement simple. POur autant, on ignore à l'avance ce qui
dans un pays donné, constituera le oeilleur chemin pou~ améliorer l'efficacité
d'ensemble du système fiscal" (1).
Cela étant, la réforme fiscale doit souvent opérer des arbitrages délicats
cntre des objectifs difficilement compatibles. Ainsi les droits de douane
ont CIeux finalités : ils alimentent le trésor et ils protègent l'économie naticnale ..
in "Acte du colloque international : "Fiscalité et Développe-
ment". Septembre - Octobre 1982.

-
504 -
Or ces deux objectifs sont évidemment divergents. Si le droit est modéré,
les importations peuvent ~tre importantes, et le trésor encaisse des ressources
abondantes. Mais alors la protection risque d'être insuffisante pour assurer
le développement.
Si au contraire, le gouvernement ivoirien retient des droits élevés, on
risque d'aboutir à la situation inverse ou, plus probablement d'inciter à
la contrebande.
Par ailleurs, KALDOR pense que l'impôt est également le meilleur moyen
de constituer l'épargne inté~ieure nécessaire à l'accumulation du capital(l).
Eh permettant de dégager un surplus par rapport aux dépenses courantes, il
pe~et de consacrer une proportion plus élevée des ressources internes à la
formation du capital. Position bien entendu critiquable puisque la formation
du capital ne doit pas être uniquement l'objet de l'épargne publique, mais
à la fois de l'épargne publique, celles des entreprises privées et des ménages.
KALDOR ajoute que le revenu par tête n'est pas un indicateur correct
de la "capacité" fiscale d'un pays. D'après l'auteur, un pays pauvre peut
avoir un potentiel d'imposition très élevé si une part relativement importa~te
de ses ressources est consacrée à la consommation de luxe.
De la même manière qu'on a étudié l'impact de l'aide sur l'épargne,
MOSLEY (1980) (2) a établi une relation entre l'aide et l'effort fiscal.
Pour cet auteur, la p~ession fiscale baisse lorsqu'URe part importante de
l'aide a été utilisée pour des dépenses gouvernementales. A contrario la
pression fiscale augmente lorsqu'une part importante de l'aide a été orientée
vers le financement des in vestissemen ts.
(1) - N. KALOOR : "Ehjeux et obstacles d'une réforme fiscale dans les P.V.D."
in statistiques et études financières n° 392, 1983/3
(Série rouge) pp 29 - 30
(2) - P. MOSLEY
"Aid,. Savings and growth revisited," Oxford Bulletin of
Economies and statistics, Mays 1980.

-
505 -
RECETTES FISCALES(EN S DU P.I.B)ET eART DES
RECETTES FISCALES INDIRECTES DANS LE MONTAN-T
GLOBAL DES RECETTES FISCALES EN MILLIONS DE
FRANCS C.F.A DE LA COTE D'IVOIRE
1----------
-----------------------1
PART DES RECETTES FISCALES INDI-
RECETTES FISCALES EN
1
1
1
ANNEES
RECTES DANS LE MONTANT GLOBAL
POURCENTAGE DU P.I.B
1
1
DES RECETTES FISCALES
1
1
-----------------------t11
1975
78,9
~
1976
79,1
1977
78,8
12,6
1978
79,3
14,0
1979
72,4
15,4
1980
70,6
17,0
1981
68,0
16,6
1982
66,5
17,4
1983
65,0
17,0
'
1984
64,7
18,1
__~~8i
~~~
_ -------~~~--------------
SO!!!fES: S'tatistiq ues économiques et monétaires de la B. C. E. A. O.
et rapports du Secrétariat du Comité Mon~taire de la
Zone franc.
Budgets de la Côte d'Ivoire.

-
50t:-
-
Les résultats empiriques obtenus à partir de trente pays particulièrement
pauvres revèlent que pour une aide importante, la croissance est faible dans
les pays où la pression fiscale a fléchi et forte dans ceux où la pression
fiscale a augmenté.
Le Professeur CASTAGNEDE ( 1) reconnaît une double fonction au prélèvement
fiscal dans les pays en voie de développement :
Une fonction financière: l'impôt a pour but d'alimenter les budgets
publics, d'assurer le financement des charges de la collectivité.
- Une fonction économique et sociale : le prélèvement fiscal peut être un
instrument de redistribution, de stabilisation ou de développement.
Nous commencerons par rassembler les facteurs du système fiscal en Côte
d'Ivoire pour ensuite indiquer une orientation pour une "bonne réforme fiscale".
A - Les principes du s;rstèDe fiscal ivoirien
Il est courant de distinguer quatre facteurs: historiques, économiques,
.
sociaux et politiques. Cette méthode d'interprétation du système "fiscal s'appuie
pour l'essentiel, sur la mise en évidence de corrélation's entre l'ampleur et
la 3~ructure du prélèvement fiscal d'une part, et certaines données exogènes
quantifiées
J'autre part.
Par ailleurs, les corrélations dégagées procèdent d' un ensemble de
données statistiques dont le bien-fondé est parfois sujet à discussion, soit
en raison du caractère approximatif de certaines informations, soit compte
tenu des distorsions affectant le contenu des catégories ou grandeurs recensées(2)
(1) - B CASTAGNEDE : "la fiscalité des pays en développement", in statistiques
et études financières, n
377, PP. 82, Mars 1981.
(2) - Les comparaisons de pression fiscale par exemple peuvent être faussées
par le défaut de t)Dise en considération dè...PJ:"élèvements parallèles à la
fiscalité stricto-sensu, tels que ceux effectués sur les producteurs a-
~r.icoles par l'intermédiaire de la fixation autoritaire des prix d'achat.

-
507 -
1) - Les principes historiques
La fiscalité ivoirienne se trouve en partie influencée par les traditions
juridiques ou administratives de la France. Cette influence a tendance à s'ex-
tomper au fur et à mesure du développement ivoirien. L'incidence d'un tel déter-
minant s'exerce surtout au niveau de l'appareil fiscal, soit, des formes juri-
diques du prélèvement, des techniques d'assiette et de recouvrement, de l'organi-
sation et des méthodes des services. Mais, au-délà de la communauté de"langage"( 1)
fiscal constatée entre la Côte d'Ivoire ayant des traditions identiques, de
fortes
différences peuvent être relevées en ce qui concerne le volume des prélèvements
ou l'orientation de sa politique fiscale.
Le Professeur CASTAGNEDE affirme qu'une technique fiscale est relativement
neutre. Mais elle doit être adaptée au contexte contributif, et ne peut rester
durablement figée (2).
Après ces différentes "pesanteurs" historiques, force est de nous tourner
maintenant vers les facteurs économiques.
2) - Les principes économiques
Une corrélation positive (elle même critiquée aujourd'hui par le professeur
KALDOR (3) est constatée, de manière traditionnelle, entre le revenu moyen par-
habitant, et le taux de pression fiscale, lui-même apprécié par rapport au P.N.B .
.~
Autrement dit, le taux de pression fiscale s'avère d'autant plus faible
que le revenu moyen par habitant se situe lui-même à un bas niveau. Des écarts
significatifs à cette corrélation ont été relevés par M. NGAOSYVATH (4)
(1) - Le terme est du Professeur CASTAGNEDE
('2) - M. B. CASTAGNEDE: OP. Cit. P. 83.
( 3) - N. KALDOR : "Le revenu par tête n'est pas un indicateur correct de la
capaci té fiscale d'un pays. Il Statistiques et études financières,
op. cit. P. 29.
( 4) - NGAœYVATHN
"le rôle de l'impôt dans les pays en voie de développement"
librairie Générale de Droit et de jurisprudence, Paris
1974. Thèse.

-
508 -
TABLEAU N-
,94 TAUX D'EPARGNE, COEFFICIENT MARGINAL DE CAPITAL
ET TAUX DE CROISSANCE EN AFRIQUE AU SUD DU
~ 1963-1979.
1963-1973
1973-1976
1976-1979
1973-1979
PAYS INTERVENTIONNISTES
Taux d'épargne inté-
16,8
12,4
8,7
10,1
rieure
Taux d'épargne étran-
0,8
6,6
6,1
6,3
gère
Coefficient marginal de
7,3
17 ,3
8,3
7,8
capital
Taux de croissance du
3,1
2,0
1,8
1,9
PNB
Taux de croissance du
PNB/Habitant
0,7
- 0,7
- 0,8
- 0,8
.
PAYS DE LmRE ECHANGE
Taux d'épargne intérieure
16,3
19,2
22,9
21,5
Taux d'épargne étrangère
2,6
3,9
5,9
5,1
Coefficien marginal. du
capital
3,9
4,0
.4,7
4,4
Taux de croissance du
5,2
5,5
6,8
6,2
PNB
Taux de croiss.ance du
PNB/Habitant
2,4
2,5
3,8
3,2
SOURCES: Base de données de la Banque Mondiale.

-
509 -
!~~~~~~_~ - PANORAMA MONDIAL DE L'EFFORT FISCAL PAR PAYS
r-~::~------I--------;:~~---------------F;;;;~-;~~~~(~~~~~~~~-;~s-c-A~-E~l
1
1
\\EN % DU P. 1. B )
1

1
1
1
------------j----------------------------.-----------------------------T
1
1
1
1
Suède
50 ,3
2
1
Norvège
47,8
1
3
1
Pays-Bas
45,5
5
1
Danemark
44,5
6
1
France
43,7
7
Israél
41,1
8
Autriche
41,0
9
Irlande
50,5
10
ROyaume Uni
40,0
11
République Fédérale dl AllelltagtJ.~
37,0
12
Finlande
1
36,8
13
Canada
1
35,9
14
Nouvelle Zelande
1
34,0
15
Italie
33,7
16
Luxem bourg
33,3
17
Grèce
31,7
18
Australie
31,6
19
Etats-Unis
31,2
20
Portugal
31,1
21
Suisse
31, O".
22
Trinité-et-Tobago
30,'5'
23
Guyana
t"
28,8
1 24
Swaz'iIaiid
1
28,5
1 25
Egypte
1
27,9
1 26
Congo
1
26,9
I.----
.
~--
l
SOURCES
o C D E et F. M.I et tableau extrait de "Epargne et Développement"
Economica 1985, Paris p. 274.
Les chiffres pour les pays industrialisés datent de 1982. Les chiffres
pour les pays sous-développés sont les valeurs moyennes des périodes 1974-1976
ou 1975-1977 ou 1976-1978 ou 1977-1979 ou 1978-1980 ou 1979-1981.

-
510 -
Ces données prouvent qu'il reste des efforts à faire au point de vue
fiscal en Côte d'Ivoire. Une analyse primaire donnerait raison au manque
de potentiel fiscal dû à la pauvreté. Mais en accord avec KALDOR (i) nous
refutons cette thèse et pensons que cet état de choses s'explique par l'ex-
ploitation insuffisamment efficace du potentiel fiscal. Dans son étude P.
NGAOSYVATHN trouvait d'ailleurs les politiques fiscales des pays en voie
de développement chaotiques et inadoptées aux nécessités de développement(2).
3) - Les principes sociaux et politiques
La suite de la structure sociale des pays sous-développés et de la
Côte d'Ivoire en particulier, sur leurs principes fiscaux est souvent
admise à travers la méthode des deux secteurs précédemment évoqués.
Le prélèvement fiscal serait de faible grandeur dans le secteur
tra!itionnel faiblement monétarisé, et donc essentiellement concentré sur
le secteur "contemporain It urbain, au sein duquel se développent les échan-
ges industriels et commerciaux. En conséquence, la méthode fiscale serait
moins performante que le secteur traditionnel serait conséqUént. Cet enchaî-
nement s'explique par le fait que l'impôt direct est plus facilement re-
couvré sur les Sa\\lÎ"B!
des secteurs secondaire et tertiaire, précisement
par voie de retenue à la source, que sur un monde rural au sein duquel les
échanges monétaires sont restreints, quel que soit par ailleurs le niveau
de revenu réel des groupes en présence.
(1) - N. KALDOR : "Enjeux et obstacles d'une réforme fiscale dans les P.V.D",
in statistiques et études finanèières, n° 392, 1983/3 (série rouge).
p. 209 et aussi in : "Les problèmes fiscaux et monétaires dans les
P.V.D." in 3e COnférence de Rehovoth, Dunà.d, Paris 1967 PP. 205 -206.
( 2) - P. NGAOSYVATHN : "Le rôle de l'impôt dans les P. V. D. ", in Librairie
Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris 1974 - Thèse.

-
511 -
Une économie de subsistance, de même, n'offre guère d'éléments
d'appui de l'application d'impôts sur la dépense.
Le principe des deux secteurs parfois des trois secteurs, dès lors
qu'est identifié un secteur intermédiaire composé pour l'essentiel du
petit commerce et de l'artisanat semble surtout utile à la détermination
du processus fiscal approprié à chaqu~ milieu social. Cela dit, elle ne
peut constituer le fondement d'une explication globale du principe fiscal
de la Côte d'Ivoire.
D'autres caractéristiques, moins générales, en Côte d'Ivoire, in-
fluent sur 18 composition et le rendement du prélèvement fiscal. Cela con-
cerne essentiellement la faiblesse des appareils administratifs, la fraude
fiscale et la contrebande.
D'autre part, le principe politique est un point fondamental de la déter-
mination de principes fiscaux. Il intervient à deux points :
- a'accroissement de la contrainte fiscale, la rationalisation- du
dispositif d'ensemble, sont redevables (ou sujets) du point d'autonomie
des autorités publiques vis-à-vis des groupes sociaux appelés à suivre les
effets de la décision fiscale. A cet effet, M. GPRELICK pense qu'''on éprouve
toujours beaucoup d'enthousiasme pour planifier le prDgrès économique, mais
les impératifs politiques rendent plus aléatoire la mise en oeuvre du cadre
financier" (1).
- Les options des pouvoirs publics sont capables de peser sur le
système fiscal. Eh règle générale, on conJtate qu'alors que les produits
redistributifs de l'impôt ont été négligés dans les pays sous-développés
où les impôts progressifs sur le revenu ne tienne qu'une infime place, la
fonction économique de la fiscalité s'y trouve notamment majorée. Nous
donnons aux tableaux nos 115 et 116
la part de l'impôt sur le revenu dans
(1) - GPRELICK : "Les difficultés de la réforme fiscale" l'exemple du
PEEOU", Revue française d'administration publique, 1980 N° 13 P. 60.

-
512 -
l'impôt global. TOutefois, il est remarquable d'observer que les divers
principes qui viennent d'être étudiés sont capables d'influer sur les
différentes composantes d'un système fiscal.
D - Une orientation pour une bonne réforme
Pour entreprendre une réforme fiscale en Côte d'Ivoire, il faut
partir de la connaissance de deux types d'éléments préalables. Le premier
d'entre eux est le volume des fonds qu'il faudra se procurer par l'inter-
médiaire du système fiscal pour faire face à l'activité statique.
L'ampleur de ces fonds sera intimément liée au degré de participa-
tion attribué au secteur public dans l'économie, et aux coûts de cette
participation qu'on aura décidé de socialiser.
Le deuxième élément sera l'explication, avec un degré raisonnable
de dissociation, des buts et objectifs poursuivis, afin de sélectionner
ceux dont la nature permet de supposer qu'ils peuven~ être influencés par
les incitationSd' ordre fiscal.
Adam Sr.lith a depuis déterminé les con tours d'un "bon s ys tème fis cal" .
Ce dernier doit suivre des objectifs de :
- justice (afin d'assurer l'égalité devant l'impôt),
- certitude (afin d'éliminer l'arbitraire dans l'établissement de
l'impôt),
- commodité (en vue de simplifier les obligations fiscales des contri-
buables) ,
- d'économie (pour obtenir un important rendement au moindre coût).

-
513 -
Récemment, les rapports CFPTER et MEPDE , déjà cités plus haut,
constituent l'une des bases de réflexions contemporaines sur les réformes
fiscales "positives" (1) sans pour autont s'écarter essentiellement de la
pensée d'Adame Smith. Ces deux rapports font apparaître un triple point
d'ancrage en ce qui concerne les objectifs fondamentaux de telles réformes,
autour de la recherche nécessaire: de al justice fiscale, de l'efficacité
économique et d'une opérationnalité du système fiscnl. Les deux rapports di-
vergent cependant sur l'insistance à apporter à chacun des points d'ancrage.
~ous ne nous étendrons pas sur ce point, mais nous insisterons simple-
ment sur le fait que ces objectifs essentiels doivent rester comme élément
d'appréciation de tout projet de réforme fiscale dans l'économie ivoirienne.
Le Professeur LLAU pense (en parlant des économies en développement)
que la réforme fiscale doit être précisée par référence· à "ses potentialités
de capacités d'induction du développement
ainsi est-on conduit à opposer la
réforme fiscale adaptative au développement de économies marchandes, à la
recherche d'une réforme fiscale volontariste assurant la croissance et la
mobilisation du surplus économique de développement" (1).
Eh ce qui concerne la réforme fiscale adaptative, l'évolution de la
structure fiscale au cours du développement sui~ linéairement les étapes
nécessaires de ce même développement. Ainsi donc, les sociétés traditionnelles
conduisent d'abord à des impositions traditionnelles-,,; les sociétés de transi-
tion assurent ensuite la rupture avec ce type d'i~position ; les Sociétés de
modernes conduisent en dernier- t"eSGort à une fiscalité "avancée" avec prédo-
minance des impôts directs internes et influence croissante du style fiscal
(~tylined facto) au détriment des contraintes économiques. La validité de ce pays
d'analyse nous paraît assez légère et cette vision des choses est pour le
moins flexible.
(1) - P. LLAU : "Réform~ fiscale et développement
: objectifs, contraintes
et perspectives économiques" in : colloque in ternational
"Fiscalité et Développement". Paris 1982.

-
514 -
TABLEAU N·~96_ REVENUS TIRES DE L'IMPOSITION S UR LES REVENUS
EN ,
DES REVENUS TOTAUX D'IMPOSITION PAYS
INDUSTRIAI.TSES
PAYS
DANEMARK
23,2
SUEDE
20,4
NOUVELLE ZELANDE
19,0
NORVEGE
16,1
FINLANDE
15,2
BELGIQUE
14,3
AUSTRALIE
13,2
IRLANDE
12,1
PAYS-BAS
11,9
ETATS-UNIS
11,3
CANADA
11,2
REPUBLIQUE FEDERALE D'ALLEMAGNE
11,1
SUISSE
Il,0
ROYAUME UNI
10,6
AUTRICHE
9,7
ITALIE
7,0
JAPON
6,2
TABLEAU N- 97 - REVENUS TIRES DE L'IMPOSITION SUR LES REVENUS
EN ,
DES REVENUS TOTAUX D'IMPOSITION- PAYS DE
LA B.C.E.A.O
BEN~
3,9
COTE D'IVOIRE
HAUTE VOLTA
10,4
NIGER
6,1
SENEGAL
5,8
TOGO
6,1
SOURCES: Tableaux tirés de:
"Epargne et Développement" de
D. KESS- LER et P .A. ULLMO. EconomiJ:a Paris 1985 -
P. 276

-
515 -
!h ce qui concerne la réforme "volonta:o:'ste", elle appréhende le fait
fiscal dans l' op~ique de sa contribution à la maximalisation du surplus
surplus adMis schéoatiquement conne l'eKcéden~ du produit sur les coûts
socialement nécessa~res à la reproduction et au renouvellement de la force
et des moyens de t:oavail. L'obtention et la p:oonotion de ce dernier, im-
plique un matelas d'instruments parmi
l~squels l~ politiq~e de-la réforme
fiscale doit tenir une place non négligeable~
Une controverse.• notarnr.tent celle de l'effet - please (1 ), s'est
développée à p:oopos de la mobilisa~ion du surplus que la politique
fiscale peut contribuer à dégager.
(1) - S. PLEASE pense que l'Etat ne peut pas, dans les P.S.D. faire aug-
menter l'épargne globale via la politique. fiscale, le
prélèvement additionnel conduit toujours à un accrois-
sement de la consommation publique.
."

-
516 -
BEKDLO (E.B.) pense qu'un volume important de recettes fiscales
aurait pour effet aussi bien de réduire l'endettement extérieur que
d'accrottre l'investissecent productif, et de réduire le déficit de la
balance des paiements. L'auteur expose son point de vue au travers d'un
modèle (1). Mais ce modèle pêche par un grand nombre d'hypothèses admis
par l'auteur et surtout par le fait que l'analyse porte sur l'impôt sur
les sociétés. Bien entendu une analyse incluant comme variable l'impôt
sur le revenu serait adaptée car les pays sous-développés comptent très
peu de sociétés privées nationales et réalisant des bénéfices.
Au terme de ce paragraphe, il paratt que la fiscalité peut-être
aussi un vecteur de la mobilisation de l'épargne. Elle n'est pas une pana-
cée comme le pensait KALDOR, elle n'est pas non plus un handicap comme
l'estimait PLEASE. Dans ce schéma, on est amené à considérer les facteurs
des systèmes fiscaux (historiques-économiques-sociaux et politiques) et
les condtions d'une "bonne réforme". AInsi pour reprendre une idée du Pro-
fesseur
P. LLAU" une réforme fiscale volontariste peut contribuer positive-
ment au dégagement du surplus dans les pays en voie de dévelo'ppement" (2)
la pàlitique financière de développement de la Côte d'Ivoire vient
d'être présentée. Elle s'inspire des recherches récentes et de la situa-
tion concrète de la Côte d'Ivoire, par sous-développé ; elle a pour objet
de relever le ni veau de l'épargne et orienter cette.-épargne vers la réa-
lisation d'objectifs prioritaires répondant à la satisfaction du pays et
de sa population. La réussite de ces objectifs dépend d'un choix politique
conscient des exigences du développement pour que la tâche de l'Autorité
fiscale ne soit pas entravée. Nous reviendrons sur cette question ulté-
1

rieurement dans le cadre de la politique monétaire de développement de
la Côte d'Ivoire.
( 1 )
- BEXOLO EBE (B)
"Le statut de l'endettement extérieur dans l'économie
sous-développée, Analyse critique" Ed. Présence
Africaine, Paris 1985 PP. 402-406
( 2 .) - P. LLAU
"Réforme fiscale et développement : objectifs, contraintes et
perspecti ves
économiques" in colloque international sur
"Fiscalité et Développement" Paris 1982.

- 517 -
SB:TION 3
- POUR UNE POLITIQUE FINANCURE ET MONETAIRE ID DEVELOPPEMENT
IVOIRIEN.
PARAŒAPHE 1 -RIlPPEL HISTœIQUE DE LA POLITIQUE FINANCIERE IVOIRIENNE
La politique financière ivoirienne est l'oeuvre des divers Responsables:
les Responsables gouvernementaux et la Banque Centrale des Etats de l'Afrique
de l'Ouest (B.C.E.A.O.), institut d'émission regroupant le Bénin, le Burkina
Faso, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
A - La politique économique
Cette activité revient aux Responsables gouvernementaux chargés du dé-
veloppement du pays. Mias les moyens d'action auwquels ils ont recours pour
financer le développement proviennent de l'étranger: les emprunts auprès
d'institutions internationales (BIRD, BEI, FED), les prêts publics (FAC etc .•. ~,
et privés
des : pays développés, et le financement
des investissements
publics et privés de ces pays en Côte d'Ivoire. Comme on peut le constater, les
moyens d'action des dirigeants sont limités par l'abandon par eux du pouvoir
monétaire nécessaire pour organiser et orienter l'économie du pays en fonction
de ses besoins particuliers et se doter des structures financières pour se
protéger de l'environnement international, ce pouvoir revient à la B.C.E.A.O.
supranationale, ce qui explique entre autres raisons, l'abscence de développe-
."
ment de la Côte d'Ivoire.
B - La politique monétaire
La politique monétaire qui recouvre l'économie, le commerce et les
changes des Etats Af~icains et Malgache est l'activité des instituts
, d'émission, Banque des Etats de l'Afrique Centrale (B E A C), Banque Centrale
des Etats de l'Afrique de l'Ouest (B.C. E.A.O). Ces instituts devenus

-
518 -
multinationaux franco-américains et franco-malgache ont été chargés de la
mise en application des accords monétaires entre la France et ses an-
ciennes oaloMes d' Afriq ue.
La politique monétaire de chaque pays de la Zbne franc est basée
sur l'inscription, au Trésor Français, de compte d'opérations de chaque
Etat au nom des Instituts d'émission précités, cha~ ue institut dépose dans
les comptes d'opérations correspondant à sa Zone les avoirs extérieurs.
Cette centralisation des devises et de l'or dans un pool com mun à l' en-
sem ble de la Z6ne franc entralne les conséquences suivantes :
- la définition et la parité du franc C. F . A par ra p port au
F F ,
- la garantie illim itée de cette convertibilité du francs C. F . A.
en F F,
- la liberté de transferts des capitaux à l'intérieur de la Zone
franc,
donc pas de contrôle de change avec la France,
-
la libre circulation des marc handises
: à la France les ma-
tières premières de la Zone lilUX' pays africains de la même Zone, les pro-
duits manufacturés français.
Sur la base des comptes d'opérations des 'pays de l'Afrique
Occidentale, la B.C.E.A.O. gère le franc C.F.A;, se préoccupe du volume
des alloirs extérieurs de la Zone, finance les crédits à court terme des
campagnes agricoles et de fonctionnement des Trésors. nationaux
publics;
la B.C.E.A.O. est gérée rlajoritairement par les
pays de l'Afrique de
l'Ouest.
Mais la participation française qui dispose du droit de véto dans
l'émission monétaire et la distribution du crédit reste prépondérante.
En
ef-fet, par les pouv oirs de décision supranationale de leurs instituts
d'émission monétaire en Afrique.
par leurs personnels encore maintenus dans
ces instituts(4 sur 12 au Oonseil d'Administration de la BEA C etun
cen-
seur chargé de contrôler les com ptes d'opérations et la régulation des opé-
rations de cet institut lit 7 sur 21 au Conseil d'Administration de la
B.C.E.4.0.Hes autorités françaises ont enlevé aux Etats africains et mal-
gache mem bres de ces instituts le pouvoir de décision dans les domaines

-
519 -
économiq ue et social.
Le résultat de cette politiqœ est un su:cès POl([' la France et un
échec pOtr les Etats africains de la Zone franc.
POl(['qrni ? La Zone franc
était à l'origine
un instrument d'intégration des économies des pays d'outre-
mer et de l'économie française,
une Zone de protection et d'entraide
; elle
contribœ à reconstruire l'économie française ruinée par la gœrre,
POl(['
s'adapter à la conCl(['rence internationale.
Ce système économiqœ et social
hérité du régime colonial qui favoriserait les intérêts de la métropole et
les entreprises commerciales et ind ustrielles de ses ressortissants n'ayant
pas été détruit lors de l'accession
des pays africains francop hones à la
souveraineté internationale en 1960 reste encore intact. AInsi le déficit commer-
cial et des services (déficit de la balance cOl(['ante) à l'égard d'autres pays
développés est financé par les pays africains(voir tableau n"
118)
; les
de vises du compte d'opérations au nom
de ces pays participent au financement
du découvert de la loi de Finance
(1) et la liberté de
transferts sans con-
trôle des capitaux de l' Afriq œ
Francop hone
vers la France y ramène
béné-
fices,
salaires, des investissements.
Tandis q œ la France est la principale bénéficiaire de ~ Zone franc,
les a utres pays. mem bres en sont les grands perdants.:· ils connaissent
de-
puis la période coloniale le sous-dé veloppement.
En' effet,
malgré des
trans-
ferts avec absence de contrôle et les codes des investissements très avanta-
geux pour les capitaux ex tériel(['S, ceux-ci ne sont pas
venus en masse s'in-
vestir dans ces pays.
En outre, l'abandon du pouv0iJ:' monétaire aux
mains
des instituts d'émission permet à ce ux-ci d'élaborer la politiq œ
monétaire
de la ZOne franc,
impersonnelle,
cependant appliqœe dans plusiel(['s pays,
mais inadaptée à la conjonctl(['e économiqœ et sociale de chaqœ pays.
Cette
politiqœ sert au mieux les intérêts français.
C'est la perpétuation par la
France des avantages économiq tes du régime colonial.
Face donc à l'absence du développement des pays de la B.C.E.A.O.
e t
B. E . A. C.,
q œ
faire' ?
(1)
POl([' phs f'informations,
se référer à l'ouvrage de François ECK. in
"Etat empruntetr et prêtetr".
Dossiers Thémis 1971 P. 57.

5Z0 -
TABLEAU Ne '98 - LB CO'U'BRCB EXTERIEUR DE LA FRAMCE( 1960 - 1916)
(EN MILLIONS DE FRAMes ERAHCAIS) (SOLDE)
T------------------------------------------------------------------------
I I I
'
1
1
1
1 ANNEES
1 P.O.M
~~~~_+-----~-----I
ETRANGER
1 TOTAL
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
A.O.F
1 A.E.F
1
1
1
~----------~---------~
;
-T------------ï1----------,
1
1
1960
+ 3.128
+ 2
1 - 38
1
- 244
2+ 2.884
1961
+ 1.962
+ 4
1 - 52
1
- 713
: +. 2~ô75
1
1
1962
222
- 3
1 - 34
1
+ 211
11
1983
+
57
- 39
- 63
1
+ 198
- 3.184
1964
407
- 27
- 47
- 265
- 5.311
1965
+
291
- 28
- 29
-1.717
- 1.426
1966
246
- 51
4
-4.468
- 4.714
1967
+
295
- 64
- 58
-5.348
- 5.053
1968
+
704
- 70
- 35
-7.010
- 6.306
196@
+ 1.077
- 40
- 12
-13;517
-12.264
1970
+ 1.706
90
- 35
-8.340
- 3.156
1971
+ 2.031
- 23
+448
-6.575'"
1
- 3.680
1972
+ 1.730
8
nd
-5.988
1\\
- 4.258
1
1973
+ 2.198
+173
+ 7
+8.60/7
1
-
6.409
1
1974
+
990
+297
nd
-35,428
1
-34.438
1975
- 3.446
nd
nd
t
-4.461
1
- 7.907
1
__________________________________L
.
~
1
1
~
SOURCES3
Rapports monétaires de la Zone franc.
Annexe 36 relatives au
com merce extérieur des pays de la Zone franc:
soldes des balances
com merciales.

-
52'! -
PARAGRAPHE 2 -
DES REFORMES PRECONISEES
Le débat instauré par lD'l certian nombre d'économistes sur le résultat
économiqœ et social négatif de ces pays africains est loin d'être clos.
Le présent volet qui sera articulé autour de l'éclatement et des propositions
de réforme des institutions monétaires africaines de la Zo ne franc no U3 per-
mettra d'apprécier le contenu de ce débat et de réfléchir SUI' la politiqœ
monétaire propice au développement Ivoirien.
A -
L'éclatement éventœl des instituts d'émission B.E.A.C. et
B.C.E.A.O.
L'éclatement éventœl de ces instituts d'émission doit inquiéter les
profiteurs de la Zone t'ranc, surtout les principaux.
L'auteur Jacqœs VIGNES (1)
qui souligne cette éventualité s'appuie
sur
1)
-
l'impossibilité pout" lD'l pays membre
de ce S ins ti tuts d'a voir
une politiqœ économiqœ et sociale.
En effet, le contexte de la ZOne franc
avec ses quatre
(4) grands principes
(convertibilité i,llimitée du franc CFA.
en F.F, liberté absolœ des transferts financiers. à i':i.ntérieUI' de la'Zone
franc,
pool commlD'l des devises étrangêre's géré par la France, instituts
d'émission corn m lD'la utaires étroitement contrôlés par Paris),
ne perme t pas
à
tout pays membre d'avoir lD'le
véritable politiqœ monétaire,
une
véritable
politiqœ commerciale,
une politiqœ financière en particulier le contrôle de
l'exportation de la qœsi-totalité des
bénéfices réalisés chez lui..
Ainsi le
financement de l'économie des pays africains concerné es t du ressort du
système bancaire étranger, contrôlé par les capitaux étrangers aU3si éga-
lement pOUI' lD'l pays concerné le financement par les
moyens monétaires du
déficit budgétaire pour avoir des effets
bénéfiqœs SUI' son économie est
exclu.
(1)
-
Voir Zone franc
vers l'éclatement in Afriqœ - Asie n·
19 du
11 -
12 -
1978 pages 16 - 18 par Jacqœs VIGNES.

- 522 -
2) - les inconvenients de la Zone franc
po U[' les pays africains
mem bres
l'auteU[' souligne les conséqœnces de la dévalwtion du franc franç~is
(12,5 % en 1982) sU[' les Etats concernés:
-
12,50 % de baisse de prix des produits d'exportation à l'exté-
rie U[' de la Zone
;
- 12,50 % d'accroissement des prix des produits importés de
France et d'autres pays dé veloppés ex térie U['s à la Zone,
Cette dévalwtion a permis à la France d'exporter ses prod ui.ts
à prix
bas à l'ex térie U[' de la Zone franc et à prix éle vés
vers les
pays mem bres dont les pays africains.
3)
-
Les retraits de cette zone par de nom bre wc pays en partic ulier
la MaU['itanie, la Guinée
ces retraits et la demande adressée au Pré-
sident POMPIDOU par le Président EYADEMA du Togo de réévalwtion du
franc
C.FA.
par rapport au franc français et de fin de la tutelle en
francs
C.F.A par la Banqœ de France portent à croire,
à,bref délai,
à l'éclatement du système: le Gabon, le Congo et la Républiqœ Centra-
fricaine resteraient dans la zone B.E.A.C réduite et réaménagée, le Came-
roun et le Tchad se rapprocheraient du Nigéria, cela risqœrait d'avoir
des répercussions sU[' la zone B.C.E.A.O. et par conséqœnt serait un
désas tre po U[' la France.
L'auteU[' pense donc qœ
: "En acceptant une légère révalorisa-
tian du franc C.F.A., Paris poU['rait faire
preuve de
bonne
volonté à
peu de frais: i l devient en effet urgent de rééquilibrer la balance des
corn p tes entre la France et les pays de la Zone franc,
le déficit de ces
derniers atteignant le seuil du supportable" (1).
(1)
-
Afrique -
Asie n" 19 du 11-12-1978.
P.
16 -
18.

-
523 -
POtr éviter son éclatement un certain nombre d'économistes africains
ont proposé la réforme du système monétaire des pays africains de la
Zone franc.
Q œ11es
sont donc ces différentes propositions de réforme ?
B -
Les propositions de réforme
De nombreux écrits sU[' ce slÔet émanent de Daniel CISSE,
MAMADOU
DIARRA et de SAMIR AMIN.
N015 les examinerons dans cet ordre.
1)
-
La proposition de réforme de Daniel_CISSE
Daniel CISSE propose
une réforme monétaire consistant d'abord à déva-
lœr le franc
C.F.A., ensuite à redéfinir les rapports de comptes d'opéra-
ti.ons avec le go uvernement français,
enfin à organiser le financement de
l'activité économiqœ des Zones d'émission.
* La dévaluation du franc CFA.
Pout" l;autetr, la dévalœtion permettra à maints égards
"
a) d'attémer la détérioration de pl15 en plœ aécélérée de la balance-
des paiem~nts : par la modification éventœ11e de la répartition des revenlB
au profit des produ:teU['s paysans dans
un sens' incitateut" et partant pro-
pice a u dé veloppement
,-

-
524 -
b) - la diminution probale des transfer ts de pl lS en pl lS acc lSés,
la proportion de pllS en pllS marqœe d'entreprises nationales, par un
réinvestissement des profits et un financement interne important:
-
une participation pllS active des banqœs au développement par l'a-
ménagement des règles s lS-indiq œes ;
- la promotion et le soutien actif aux: entreprises nationales (publiqœs
et pri vées) (1).
Cette dévalœtion serait suivie des arrangements techniqœs relatifs
au comp te d'opéra tions.
* Les arrangements tec hniqœs
Dans ce sens, l'a ute tr propose
- le re trai t des réserves ex térie U['es des pays africains du comp te
d'opérations atprès du Trésor français et l'ouverttre d'un comp·te d'avances
a tprès de la Banq œ de France. Cela perme ttrai t de me. ttr'e fin à la main
mise de la France strIes pays africains", a ux: pays africains concernés
d'avoir un pouvoir monétaire réel: interne et externe et alSsi de disposer
de letrs réserves en devises ou en or" (2) comme c'est le cas poU[' l'Algérie,
le Maroc, la Tunisie et a utrefois le Mali ;
(1) -
Daniel CISSE :"Potr un réaménagement du système monétaire des insti-
tutions de crédi t des pays africains", in Revœ présence Africaine
n· 84 pages 44 - 72. 4e trimes tre. 1972.
(2) - Extraits de l'article précité, page 58.

-
525 -
- l'adoption d'une législation commune par les pays de l'Union Moné~aire
de l'Ouest Africain
(U.M.O.A) pour limiter les transferts d'épargne et de
profits à l'extérieur;
- le financement de l'activité économique. Au terme de sa réforme,
Daniel CISSE propose une politique globale du financement de l'activité
économique consistant à :
a) réorganiser les professions pour limiter les activités commerciales
des expatriés, favoriser la création des Petites et Moyennes Entreprises
(P.M.E) africaines par une politique sélective de crédit et inciter la
Banque centrale à encourager la constitution des réserves spéciales à partir
des bénéfices des entreprises ;
b) réformer les structures bancaires pour développer l'activité des
établissements de crédit et d'assistance aux entreprises (création d'une
banque d'affaires, etc •.• ), les dépôts bancaires par le relèvement des taux
d'intérêt pour lutter contre les transferts des capitaux à l'ex~érieur, et
pour rapprocher la banque et sa clientèle ;
c) exhorter l'Etat à soutenir les hommes d'affaires nationaux par la
répartition d'activités entre les entreprises nationales et les entreprises
étrangères, par la recherche des débouchés pour la pro~uction nationale et
exhorter les entreprises nationales à satisfaire les besoins de la popula-
tion et à meilleurs prix.
Que peut-on espérer de la mise en oeuvre de cette réforme? L'économiste
Daniel CISSE propose la dévaluation du franc C.F.A., la gestion des avoirs
,extérieurs de l'U M a A non plus par le Trésor français, mais par la Ban-
que de France, et l'assouplissement des conditions d'octroi des crédits
bancaires à l'économie et aux trésors publics des pays concernés. Toutes
ces mesures qui ont pour but de faire participer le système bancaire et
financier au financement du développement des pays africains de la Zone
franc vont dans le même sens que la proposition du Professeur SAMIR AMIN que
nous examinerons plus loin.

-
526 -
Il convient cependant de souligner qœlqœs remarqœs à propos de
la r~forme de Daniel CISSE, à savoir :
• A propos de la dé val ta tion d u fran~ _C, F . A.
a} Les paysans africains prod u:: te ut's des prod ui ts agricoles d' expor ta tion
sont três nombre ux ; mais les ac te te ut's de ces prod ui ts sont des socié tés
étrangères qui vendent à ces paysans et au salariat africain des villes, des
cœntiers forestiers, les produits de consommation alimentaire et non ali-
mentaire. Ces transac tions continœront de peser pendant long temps dans les
balances commerciales des pays africains malgré la déval ta tion du franc
C.F.A: d'autre part, si l'auteut' avait abordé l'exploitation du sec te ut'
forestier et minier, il aut'ait découvert qœ les transfe;-tsdes capitaux de
ce secteut" pêsent très lout"d dans ces balances, en outre les entreprises
étrangères sont dans bon nombre de pays so w-développés, les principa ux
agents économiqœs dans ce secteut" ; par conséqœnt, la dévaltation du
franc C.F.A. n'apportera pas de solution au besoin de financement des zones
d'émission concernées.
b} La déval ta tion d'une monnaie s' inscri t dans lé cadre d'une poli-
tiq œ moné taire et ne pe ut par principe être rej e tée à priori. L'analyse
de la si tta tion économiq œ
concrê te doi t être une condi tion préalable à
toute dévaltation. Or l'économie des différents pays africains de la zone
franc est dominée par des sociétés étrangères. La dévaluation du franc C.F.A.
pout"rait profiter non aux pays africains en qœstion, mais à ces sociétés,
à le ut"s proprié taires et à le ut"S pays d'origine.
Ce t te dé val ta tion ne pe ut donc être re te n œ
po ur' réso uire le pro blème
,du déficit des balances des paiements et celui. du financement du développe-
'ment de ces pays.

-
527 -
A propos des arrangements techniques du com~d'opérations
La gestion des réserves extérieures des instituts d'émission
B.C.E.A.O., B.E.A.C., et Banque Centrale Malgache (B C M) par la
Banque de France plutôt que par le Trésor Français ne changerait rien
quant à l'exercice du pouvoir monétaire réel des pays africains membres
de ces instituts par la France quand bien même ces réserves seraient dé-
tenues en devises et en or. Certes, le Trésor Français est l'Etat français
dans sa fonction financière,
mais la banque ne l'est pas moins dans sa
fonction de banquier suprême de la Zone franc
: la Banque de France défi-
nit la politique monétaire de la Zone franc,
politique déflationniste ap-
pliquée avec quelques adaptations locales par les instituts d'émission
précités.
Elle est l'Autorité centrale de la Zone franc depuis sa nationa-
lisation en 1945.
~_li!':2.~de l'assouplissement des conditions d'octroi des crédits
bancaires à l'économie en fonction des acti vités productives
Le système monétaire des institutions d'émission des pays africains
s'inscrit dans le cadre de l'ensemble du système économique et social
hérité du régim e colonial dont le but était de favoriser les intérêts de
la métropole et des entreprises commerciales et industrielles de ses res-
sortissants. Or, ce système demeure encore intact malgré les indépendances
en 1960 des pays africains concernés.
La proposition. de
Daniel CISS E,
hativement entreprise sous l'effet de la peur de l'éclatement de l'U M 0 A
ne peut ni produÜ'e les effets escooptés, :1i, pa:::' conséq,uent.,
ébranler le
système suranné.
Pour être efficace, toute réforme de structure de ce type doit passer
par la destruction de ce système, ce que pense MAMADOU
DIARRA dont
nous présentons ci-dessous la réforme monétaire.

-
528 -
2) La proposition de r6forme de MAMADOU DIARRA(1)
Ma_adou DIARRA propose une réforme monétaire pour donner la .
pleine et entiêre responsabilité monétaire aux pays de l'Union Monétaire
Ouest-Africaine ( U M 0 A) quant à la conduite de leurs affaires et la gararh
tie de leur monnaie. Quel est l'essentiel de cette proposition de réforme?
a) La création de deux monnaies;
- une monnaie nationale par Etat;
- une monnaie com mune ou le maintien du franc C. F. A. com me uni-
té de compte avec le maintien impératif de la solidarité entre les Etats
membr~de l'U M 0 A.
b) la transformation des institutions monétaires existantes confor-
mément aux intérêts des mem bres de l' U M 0 A corn me le montre le ta-
bleau ci-dessous.
-
à l' éc helle nationale
l-fnstitutions-ïiionétii;e~----ï-Ïi1ètitutions-monétairë"8-'-Aëtlvlté-correspndantë----
- - -
1
I
actuelles
1
L
_
~-
nouvelles
I·~·.
1
1
1
1 Agence de la Banque Cen- 1
Banque Centrale Na-
1
Emissions monétaire,
distri-
1
1
1
1----tr.iil~---------------t----t:l:9.!!~~e------------~ bution et contrôle du crédit
1 Comité Monétaire National 1
Comité Monétaire
1
Application de politique
1
1
Transformé
1
monétaire de la Banque Cen- 1
1
l
L traIe Nationale
J
-
à l'échelle communautaire ila création d'autres institutions notam-
ment:
* un fonds de réserves de l' U M 0 A pour coordonner les poli-
tiques monétaires de la Zone • gérer la monnaie, corn me unité de com pte le
!
(1)
-
MAMADOU DIARRA: ".Les Etats africains et la garantie monétaire de
la France, où va l'argent des Français? Ed.N.E.A.
Paris 1972.
Ancien Directeur de l'Office des changes du Sénégal.

- 529 -
franc C.F.A., représenter les membres de la Zone UMOA auprès d'établis-
sements financiers internationaux ( BIR D,
FMI, etc ... ), garantir l' ajuste-
ment des monnaies nationales par rapport à la monnaie: corn mune (unité de
corn pte) et consentir des crédits à l'économie de la Zone.
* Un organisme composé des autorités monétaires des Etats
membres de l'UMOA pour définir les grandes lignes de la politique moné-
taire de l'U M 0 A.
La garantie de l'intervention du fonds de réserves serait basée
soit sur le corn pte d'opérations actuel avec le maintien de la parité du
franc C. F. A.
par rapport au franc français,
soit sur le corn pte d'avance
consacré à l'indépendance monétaire après fixation de la parité du franc
C. F. A. avec le Fonds Monétaire International.
Voilà l'essentiel de la réforme monétaire proposée par MAMADOU
DIARRA qui. la défend corn me suit: contrairement à la politique monétaire
actuelle de la Zone U;>10A qui ne reITète pas la situation économique de
.
chaque pays mem bre du fait de son caractère im personnel, la "réforme mo-
nétaire proposée obligera chaque Etat à avoir une saine gestion de son éco-
nomie et à faire des efforts, ceci aura des avantages énormes dont :
* sur le plan interne, cette réfor me" favoriserait l'écoule ment
des produits d'exportation au cours normal, une meilleure utilisation des
produits financiers, l'institution du contrôle de change contre l'extérieur
et les membres de la Zone franc qui n''appartilmdt'ai!=!nt,pas à l'UMOA trans-
formée, et la solidarité monétaire entre les menbres de cette institution,
surtout en f'lveur des pays membres
3n position extérieure
déficitaire. ils
. continueraient d'acheter à l'extérieur sur la base du Fonds de réserves
1
de l'U M 0 A.
* sur le plan corn munautaire. cette réforme ferait revenir la
Guinée au sein de l' U M 0 A, rendrait effective l'Union économique entre

-
53D -
mem bres ete l' U M 0 A, favoriserait la cohésion du projet économique
de la Com munauté Economique Africaine et la réunion possible de
l'UMOA et de la BEAC et rendrait effective l'O.U.A.
L'unité des Etats
Africains Francophones permettrait ainsi de mieux défendre l'eurE inté-
rêts.
Mais qui mettrait en application cette réforme? Ce ne
seraient pas les pouvoirs africains actuels des Etats membre de l'UMOA
dont les responsables se complaisent dans l'abandon de la souverai-
neté monétaire du fait de leurs rivalités en tant qu'anciens cadres
coloniaux au pouvoir, de leur manque de confiance à l'élité africaine,
de leurs ambitions personnelles sans rap port avec l'intérêt général,
de leur sécurité dans la Zone monétaire actuelle, de la peur de
ris-
ques de mauvaise gestion, épouvantail de l'inflation.
Cette tâche reviendrait aux jeunes générations, à l'élite
africaine qui revendiqueraient et récupéreraient la "souveraineté mo-
nétaire" pour atteindre l'essence de l'indépendance qui demeure encore
une grande aventure sentimentale.
Nous venons de décrire) très brièvement la proposition de
réforme de MAMADOU DIARRA et sa défense.
Quelles réflexions ins-
pire-t-elle?
MAMADOU DIARRA trouve,
à juste titre.,
que l'échec du dé-
veloppement des Etats de l' UMOA est da au pouvoir politique actuel
dans les pays concernés,
pouvoir allié à la bourgeoisie internationale.
et à l'abandon de la souveraineté monétaire.
La proposition de réforme
vise donc la récupération de l'utilisation par les mem bres de l'Union
Monétaire Ouest-Africaine (UMOA) de ce pouvoir monétaire au mieux de
leurs intérêts, ce qui conduirait à la création de deux
monnaies : l'une
nationale à chaque Etat reflète rait fidèlement son potentiel économique
et serait le résultat du travail,
de la discipline de
ses citoyens et
de la gestion des affaires publiques. ceci leur permettrait de
faire
face à leur responsabilité économique et monétaire au lieu de rester
d'éternels assistés;

-
531 -
l'autre, cam mune à tous les Etats de l' UM0 A, serait l'unité de co mpte
ser-
vant de garantie à la monnaie nationale et pour les transactions extérieures
pour les pays à gestion aussi bien excédentaire que déficiatire. C'est juste.
Cette réforme est-elle susceptible d'atteindre ses objectifs?
C'est très difficile pour plusieurs raisons
:
- cette proposition de réforme vise la transformation de l'UMOA
conformément aux intérêts des pays mem bres et ce, à l'intérieur de la
Zone franc;
- la survie du compte d'opérations et du franc C.F.A., sous- mul-
tiple du Franc français reste incontestablement un moyen de pression aux
mains de l'ancienne métropole;
- la Zone franc qui reste encore intacte depuis sa création et qui
favorise toujours les intérêts de cette métropole. les entreprises corn mer-
ciales et industrielles de ses ressortissants constitueraient un environne-
ment hostile à l'U M 0 A transformée;
-
MAMADOU DIARRA compte non pas sur le pouvoir actuel allié de
la bourgeoisie internationale mais sur les jeunes générations africaines,
l'élite surtout, pour la mise en oeuvre de la réforme; l'espoir de l'auteur
risque d'être déçu car une partie de cette élite est déjà au pouvoir dans
beaucoup de pays africains concernés, l'autre le sera peut être dem ain.
Que retenir de la réforme de MAMADOU DIARRA? Cette réforme
bien. que plus profonde que la précédente reste limitée.
La volonté manifeste de transformer le système monétaire des
pays africains de la Zone franc en faveur du développement de ces pays
est très grande.
Mais les ·aménagements et la réforme proposée s' ins-
crivent tous dans le cadre de la Zone franc,
caractérisée par une

-
532 -
organisation financière et monétaire centralisée au profit de l'ancienne
métropole qui décide de tout comme l'indique BLOCH-LAINE dans la
ZONE FRANC(l) •
. . . . . vis-à-vis de l'étranger,
des autres zones monétaires, elle (zone
t'ranc) se manifeste par l'application d'une réglementation unique et par
la mise en commun des disponibilités en devises, à l'intérieur elle ré-
sulte de l'inconvertibilité sans limite des
monnaies auxquelles le t'ranc
t'rançais métropolitain sert de gage et d'étalon.
a) un pays sous-développé ne peut pas avoir des 'éGhan~~~ ~qui­
librés avec chacun des autres, à moins d'être beaucoup plus exporta -
teur q1}'im portateur , ce qui n'est pas nécessairement une position favo-
rable à son niveau de vie. Il lui faut corn penser de quelque manière
les excédents qu'il a en certaines devises étrangères avec les déficits
qu'il présente en d'autres". Si toutes les devises considérées sont con-
vertibles entre elles ou en or, il n' y a pas de problème pour lui.
Mais
cette situation n'est jamais réalisée.
Dans la mesure où le multUatérrr
lisme des règlements n'est pas parfait, où se pratique un bilatéralisme
.
gênant, la compensation ne peut se faire qu'au sein d'une association
d' éc hangistes.
b) " un pays sous-développé a peu de chances de réaliser
à
tout moment l'équilibre de ses échanges extérieurs. Sa balance sera
souvent, sinon constamment,
déficitaire.
Une assocfâtion avec d'autres
est alors pour lui une nécessité vitale."
c) "cette association qu'elle soit sim plement utile ou absolu-
ment nécessaire, doit corn porter la mise en corn mun des ressources en de-
vises étrangères et par voie de conséquence, l'adoption de règles uni-
formes pour l'obtention et l' em ploi de ces ressources." La discipline
1
(1) -
BLOCH-LAINE:
'!La Zone t'ranc ll •
Que sais-je? Ed.1956.p.U.F
Paris.

- 533 -
sera plus ou moins rigoureuse selon que la co mm unauté sera plus ou moins
dans l'aisance, elle ne saurait en tout cas, être abolie dans le prinicipe.
d) "l'association comporte, en outre,
que chacun des membres
fasse en sorte d'e rapporter à la com munauté autant que les autres et de
ne pas lui coûter davantage.
Ceci l'oblige à se fournir auprès de ses as-
sociés pour tout ce qu'il n'est pas indispensable d'acheter à l'étranger
et à leur vendre tout ce qu'ils de vraie nt , faire venir de l'étranger.
Cette obligation est fatalement gênante et peut être coûteuse.
Mais elle
est la contrepartie naturelle de la préférence dont celui qui la subit
bénéficie d'autre part."
Ainsi, la proposition de réforme monétaire du Professeur
;;,AMIR AMIN nous apportera peut-être des éléments plus convaincants,
c'est que nous exposerons ci-après.
3° La proposition de réforme du Professeur SAMIR AMIN
Le Professeur SAMIR AMIN soutient l'idée. quant à lui,qu'il
se fait de cette structure monétaire en cause.
"Notre opinion est que,
quelles que soient les vertus "du système, il ne re~tera pas à l'évolu-
tion s'il n'est pas ra~idement aménagé" en s'appuyant sur le bilan de la
situtation économique et monétaire des pays africains de la Zone franc.
Ses arguments sont, pour l'essentiel :
..
a) Le déficit de la balance des paiements
La détérioration des termes de l'échange qui a affecté les
exportations de 55% a provoqué un manque à gagner correspondant à 550
milliards de francs C. F. A, cette baisse de prilC> des profuits agricoles
, (1) - SAMIR AMIN
: "Pour un réaménagement du système monétaire des
institutions de crédit des pays africains de la Zone franc", in
"le mois en Afrique "n°
41 Mai 1969

- 534
d'exportation,
d'une part, lestransf'erts privés (profits et revenus ex-
portés par les entreprises des travaux
publics,
des service~'liés aux
dépenses militaires, épargne des opérateurs étrangers)
des pays concer-
nés vers l'extérieur, la France principalement d'autre part,expliquent
pour l'essentiel la dégradation de leur balance des paiements.
b) Le déficit des financfspubli_ques
Le déficit tendanciel des finances
publiques est da à la prise
en charge par les différents Etats de l' ensem ble des dépenses de souve-
raineté,
prise en charge consécutive à la disparition des avances automa-
tiques du Trésor français,
de la plupart des subventions budgétaires
françaises.et a la réduction des revenus des producteurs des produits
agricoles d'exportation et des salaires toujours en retard sur la hausse
du coût de la vie.
Le double déficit tendanciel des finances publiques et de la
balance des paiements est dO. à la stratégie de la croissance basée sur
la spécialisation internationale accompagnée par essence de la détériora-
tion des termes de l'échange et de la ponction sur le surplus économique,
d'où l'absence de développement des pays concernés
c) Le fonctiomement du système monétaire et le déficit
du Trésor.
.'
-
Le financement du déficit du Trésor: les déficits des
pays
africains membres de la Zone franc ont été financés par le Trésor Fran-
t
ç.ais jusqu'en 1965, par les concours du marché monétaire local en par-
ticulier: la centralisation aux Trésors des fonds des caisses d'épargne,
des caisses de retraite, ou des postes; les avances de la Banque Centrale
des Etats de l'Afrique de l'Ouest, l'émission des Bons de Trésor,
des
Bons d' équipement sou~crits par les entreprises, les particuliers et les
1
organismes de crédit; l'endettement à vue des tresors envers le système
économique par les Bons de caisse notam ment. Toutes ces pratiques ont
épuisé l'épargne disponible des pays africains membres de la Zone franc.

- 535 -
- le fonctionnement du système monétaire.
Malgré ses dépôts relativement importants, le système ban-
caire consent des concours minimes aux trésors.
Pour résoudre ce
double déficit tendanciel des finances
publiques et de la balance
des paiements des pays concernés (Benin, Côte d'Ivoire,
Burkina
Faso,
Mali,
Niger, Sénégal et Togo), le Professeur SAMIR AMIN pro-
pose un aménagement du système monétaire de ces pays, aménagement
négocié collectivement dont l'essentiel est

"l'octroi des concours plus im portants aux trésors locaux
directement affectés au développement, la centralisation des fonds
publics et semi-publics et le partage de ces fonds entre le trésor
et les banques de développement en fonction de leur participation au
développement;

" une participation plus active des banques au dévelop-
pement, l'assouplissement des règles extrêmes de l'orthodoxie actuel-
~e, le soutien actif d'entreprises locales ( publiques et privées) pre-
nant la relève du capital étranger dans certains s~teurs".( 1 ) ;

"l'adoption d'une législation com mune destinée à limiter
les transférts -les profits et d'épargne par la mise en place d'une
sorte de Fonds National: d'investissement (du tYIre de ceux du Gabon
et de la Côte d'Ivoire) renforcés, et le regVlement en commun des
niveaux actuels de taxation des bénéfices des entreprises étrangères
qui sont les plus faibles du monde"(2),
·"l'institutition d'un contrôle souple des transferts entre ces
pays et la France, accom pagnée de la dévaluation du franc C. F. A.
actuellement fortement surévalué:
les a...~n~ages de cette dévaluation seraient ,la" possibilité de modifier
(1) - SAMIR AMIN:
"Pour un réaménagement du système monétaire des
pays africains de la Zone franc" in revue "le mois en Afrique
n~41 Mai 1969.
(2) -
Gaston LEDUC, in -le mois en Afrique n~47 Novembre 1969
page 64 - 74

-
536 -
dans un sens favorable au développement la distribution des revenus
si le réajustement du change est accompagné d'une politique des salaires,
des prix et des profits et d'une réforme fiscale progressive'.'.
Cette proposition d'aménagement inspire de nom breux éco-
nomistes dont le Professeur Gaston LEDUC.
C) Réflexions relatives à la proposition de réforme du
Professeur AMIN
Les réflexions du Professeur Gaston LEDUC.
Dans un article intitulé: "Faut-il réaménager le système moné-
taire des pays africains de la Zone franc" ? publié par "le mois en
Afrique", le Professeur Gaston LEDUC répond au Professeur AMIN. Cette
réponse porte sur:
1) Les données statistiques utilisées par le E..rofesseur AMIN
Selon le
Professeur LEDUC, les données utilisée's par le Pro-
fesseur AMIN sont inexactes surtout exagérées, les··.informations statis-
tiques étant insuffisantes dans les pays sous-développés en général, et
dans les pays membres de la Zone franc en particulier.
En conséquence,
la faiblesse de la croissance économique des pays concernés est due,
non à leur régime monétaire, mais à la croissance' démographique.
Ce-
pendant, l'auteur reconnaît que les transferts des capitaux au sein
de la Zone franc sont dif'ficiles à ap pré hender, l' ap partenance à la
Zone franc ne permettant pas la ,.constatationofficiell'e.

- 537
2) Le déficit tendanciel de la balance des paiements et des
finances publiques:
Le déficit de la balance des paiements est certain;
mais
lorsque cette balance est intégrée dans le corn pte dl opérations ce défi-
cit disparalt;
d'autre part, la dégradation des termes de l'échange
et le déficit tendanciel des finances publiques seraient dus non au ré-
gime monétaire de la Zone franc,
mais à la gestion monétaire et finan-
cière des pays concernés; cependant, le pouvoir monétaire et même fi-
nancier ap partient à la coopération franco-africaine,
donc à la France;
3) Le fonctionnement dénationniste du système monétaire
des pays africains de la Zone franc
Après avoir reconnu le faible financement des investissements
productifs sur les ressources de la Zone franc, le Professeur LEDUC ex-
prime des doutes sur les avantages de la dévaluation du franc C.F.A.
pour améliorer la situation économique des pays affiliés et stimuler la
croissance par une action sur les activités productives proprement dites
(l); toute dévaluation du franc C.F.A.
par rapport. au franc frartçais
est inconcevable et vouée à la faillite corn me cell~ du franc malien d'alors
mais est concevable toute dévaluation du franc C. F. A dans le cadre du
franc français comme en Août 1969~ ensuite. le Professeur LEDUC propose
pour financer les investissements productifs des pays con cernés, un
choix:
"soit l'aide aux investissements sans financement monétaire, soit
le financement monétaire sans aide fiancière"
(2) assorti d'une menace
d'intimidation:
"les supporters de la seconde formule doivent nettement
"avoir conscience que leur choix implique le renoncement au financement
(1) - Gaston LEDUC; in "le mois en Afrique n:47 Novembre 1969".P.72
'2) - Gasrton LEDUC
déjà cité.

- 538 -
des investisseJ!lents sur aides,financières publiques françaises et r~_sque
de re~ettre en cause la coopération financière et monétaire avec la
France" (1).
Cette ~enace est par voie de conséquence une approbation du bilan du
système monétaire des pays africains de la Zone franc, bilan négatif tel
que le présente le Professeur SAMIR AMIN. En outre le professeur LEDUC oppose
à l'institution du contrôle des transferts des capitaux entre les pa~'s afri-
cains concernés et la France, le Compte d'opérations qui fournit de façon
automatique des devises
. . nécessaires
aux pays africains concernés.
Les réflexions du professeur LEDUC suscitent aussi d'autres réflexions.
En effet, le professeur LEDUC, dans sa réponse au professeur SAMIR AMIN,
non seulement s'oppose au "développement par intégration introvertie" du
professeur AMIN, J!lais aussi il milite pour le maintien
du statu quo, à
savoir la spécialisation internationale du travail qui permet à un pays de
"chercher à tirer le maximum de rendement de ses avantages comparatifs
plutôt que de s'enfermer dans une autarcie coûteuse" (2 j. Et l'avantage
majeur pour les pays africains de la Zone franc, est, selon l'auteur, le
financement de leur développement par une "gestion habile de l'instrument
monétaire e~ du crédit de la ZOne franc, appuyée sur des concours interna-
tionaux judicieusement agencés et dosés" (3).
.
Le professeur LEDUC qui n'a pas mis au service de son argunentation,
les informations statistiques en sa possession, ne nous a pas convaincus.
Il n'a pas non plus détruit les arguments du Professeur SAMIR AMIN. Il a
~ême reconnu certains de ces arguments, en particulier, les transferts d~
capitaux, la difficulté de connaître ces transferts de manière officielle
(1) - Les extraits de l'article du Professeur Gaston LEDUC, in "le mois
en Afrique" n' 47 Novembre 1969 : (1) page 70
( 2) page 73
( 3) page 74

- 539 -
la Zone franc ne le permettant pas, et le fonctionne ment déflationniste
de la Zone franc; il ad' autre part,
mis en garde l'3S pays africains de
la Zone franc en général contre toute dévaluation du Franc C:'F .A. Indé-
pendante du franc français; le point de vue du Professeur LEDUC est dif-
ficile à défendre; les populations de ces pays veulent bénéficier du pro-
grès social qu'entraine le développement économique,
d'où la necessité
d'entreprendre des réformes de structures dans tous les secteurs de la
vie économique, en particulier dans le système monétaire et financier
pour favoriser le financement des investissements productifs et la:' rea-
lisation des equipements de base.
La proposition de réforme du système monétaire des pays
africains de la Zone franc vise la participation active d:li système ban-
caire de ces pays au financement des trésors publics et de l'économie,
,
la limi ta1ion des transferts des cap i taux à
l' e x terieur des Zones BC EAO
et B.E.A.C., et la dévaluationdu franc C.F.A. qui aura.it d...0fl avanta~s
propices au développement de ces pays.
Cette réforme serait mise en oeuvre par les pouvoirs poli-
tiques actuels africains et français:
lin est .I"ac:ile .de dire que l'in-
flation n'est pas le développement. Les intentions s.ont douteuses.
qœnd on sait qœ le statu qlO prétend imposer à l'Afriqœ
une per-
formance qui sera uniqœ dans l' histoire du monde:
un développe-
ment rapide sans inflation.
La France elle-même n-'est pas parvenœ
à faire sa reconstrœtl.on ':après la gœrre ...
sans
une
très forte
infla tion"
(1).
"Nots pensons au contraire qœ les défauts du système ac·tœl
pourraient être atténœs par un aménagement négocié col1ectiVlement" (2)
O.) - SAMIR AMIN: "Pour un réaménagement àcl système monétaire des pays
africains de la Zone franc" publié par "le mois en Afrique" n· 41
1969. article déjà cité.
(2) - SAMIR AMIN : "pour un réaménagement du système monétaire des pays
africains de la ZOne franc", publié par "le mois en Afri~ue" n· 41,
1969 .

- 540 -
La mise en oeuvre de cette proposition de réforme serait-
elle susceptible d'atteindre le dévelop pe·:nent de l'économie introvertie
de ces pays?
Répon dre par l'affirma t il/e. à cette question est très difficile:
d'abord les forces politiques chargées de la mise en oeuvre de cette
réforme sont les mêmes qui sont responsables du double déficit actuel
des finances publiques et de la balance des paiements que souligne
l'auteur lui-même, cette réforme ne met pas en cause fondamentalement
la Zone franc, système économique et social instauré par la métropole
pendant la période coloniale et jusqu'à présent à son service.
L'auteur
reconnaît cependant que ce réaménagement est destiné, non pas à faire
disparaître les causes profondes de ce système mais à en atténuer les
défauts
: "si le double déficit tendanciel des finances
publiques et de
la balance des paiements est inscrit dans la logique de la ,;tratégie dé
la "spécialisation internationale, aucun aménagement ne sera suffisant à
en faire disparaître les causes profondes" (1).
Cette proposition de réforme du système monétaire des pays
africains de la Zone franc est aussi limitée quant à· sa nortée.
Qu~lle
est la nouvelle problématique monnaie-croissance des aut eursnéo-libe''!" .
raux· pour les pays sous-développés ?
(1) SAMIR AM]}{ : "Pour unI!éaménagement~du.~ystèm-e..mbnétaire des
pays
africains de la Zone franc",
publié par l "lemois en Afrique' N° 41-
1969 op. èltê.

- 541
-
~~!!~Q!!~~!i§2 - L' A~~!!QQ!i§_1!§QLIB§!!~1!:-~~_1!Qg~§1~§._f!!Q~h§!:!~·
TIQUE MONN'AIE-CROISSANC E.
La promotion de la croissance financière est selon les
auteurs néolibéraux (1) SHAW E.S. et R.r.
MCKINNON essentiellement une
com posante primordiale voire indispensable de la croissance économique
dans les P. V. D.• L'action des I. F. en faveur de la croissance est ce pen-
dant handicapée par le climat de "repression financière" dû à une mau-
vaise gestion monétaire dans les P. V.0 '.
(2).
Quels sont les principaux indices de la "rf3pression
financière"? Et quelles sont les solutions préconisées par les néolibéraux
pour combler les lacunes des structures éc onomiques dans les P. V. D. ?
Nous répondrons à ces deux questions en spécifiant les apports de
chacun des auteurs ainsi que leurs limites.
Avant di!J nous livrer à cet
examen présentant au préalable le cadre analytique à partir juqüel c:es
contributions· trouvent leur'g' fondements '.
1
(l)
-
La thèse qualifiée de "neoliberale" par V. GAL BIS dans ~."Structura-
lisme et libéralisation financière".
Finance et dévelopQ.ement n· 2'
Juin 1976 est soutenue par :
-
E.ShHw
: Financial Deepening in Economie Development. The Broking
Institution, 1973.
- R. 1. McKINNüN : Money and capital in Economie Deve~opment. The Broking
Institution, 1973.
(2)
-
Le climat de "repression financière n r est cependant pas spécifique
aux P.V.D. On le rencontre aussi dans les pays industrialisés" cf: JJ
Rosa et M.Dietsch:
"la répression financière" Edition Bonnel 1981,Paris.

- 542 -
1)
La tliêorie-,_du portefeuille et l'utilité m~rginale de
la monnaie.
L'approche patrimoniale trouve comme nous l'avons déjà sou-
ligné l'une de ces applications dans l'analyse du choix du porte-
feuille.
Au regard de cette théorie d'inspiration néoclassique, la mon-
naie est considérée comme une richesse que les agents économiques cher-
chent à accumuler compte tenu de son utilité marginale.
Pour l'école de
Chicago (M. Friedman en particulier) la demande de monnaie est traitée
de la même façon que celle de tout autre bien durable.
Cette demande
de monnaie dépend d'un certain nom bre de groupes de facteur:
le 'Jatri-
noine détenu par l'agent (W), le prix et rendement des différente fi , for-
mes que ce patriÎnoinè peut revêtir, le goût et les préférences des
détenteurs etc.
Corn me tout autre bien, la monnaie fournit à son détenteur un
flux
de services résultant du fait qu'elle est une source de" pouvoir
d'achat.
Le taux
marginal de rendement des encais~es est donc une fonc-
tion décroissante de la quantité de monnaie:
plus la quantié de monnaie
détenue par les agents économiques est grande plus faible sera l'utilité
qu'ils en retirent (par rapport à celle des autres actifs) c'est la
.
"full liquidity ruler" qui est une application particulière du principe
général de la décroissance du taux marginal de substitution entre biens
de consom mation.
Les agents économiques accumulent la monnaie jusqu'à ce que
le taux marginal de rémunération des encaisses monétaires soit égal à
zéro.
"W· représente le patrimoine qui permet de définir la qua_nti-
té maximale d'un bien quelconque qui peut être achetée ou la valeur
maximale d'un actif qui peut être détenue(contrainte budgétaire).
C'est
l'ensemble de ces actifs qui constitue le patrimoine.

- 543 -
A partir de ces éléments, on peut dire que le revenu produit
par une source quelconque constitue un revenu du patrimoine.
Le revénu
est considéré comme un indice du volume des transactions dont dépend
la demande de monnaie.
M.FRIEDMAN a constaté empiriquement que, l'aug-
mentation de la masse monétaire ref1..ête une augmentation parallèle du
revenu par tête (1).
-
R représente le taux des recettes perçues sur les autres
actifs que la monnaie. Il constitue le coût d'opportunité de la monnaie
c'est-à-dire "le revenu auquel on renonce en ne possédant pas d'autres
actifs"(2).
Lorsque la recette d'un seul de ces actifs augmente, le prin-
cipe du taux marginal de substitution décroissant entre la monnaie et les
autres actifs veut que
la demande de monnaie diminue.
La demande de
monnaie est donc une fonction décroissante de son coût d'opportunité.
A l'équilibre, la structure du portefeuille est telle que, les
rendement~ du capital physique et des encaisses monétaires s' égal.isent.
Il en résulte qu'à l'état stationnaire, les autorités monétaires: ',dol vent
rémunérer les dépôts à un taux égal au taux de rendement dÛ capital
augmenté du taux
d'inflation anticipé.
Lorsque une déf1..ation autauxr se produit,l 'bptim umi recom mande
qu'il ne soit versé aucun taux d'intérêt sur les encaisses monétairES. 'ùn
aura alors
-
p* = r et d = 0
Quand, on maintient stable le niveau des prix
(p* =0) l'optimum
consisterait à fixer le niveau de rémunération des encaisses monétaires
d,
de telle sorte que
: d = r.
(l)
-
M;friedman
inflation et
op cité.
( 2 )
D. LAI DL ER
"la demande de monnaie:
théorie et vérification em pi-
riques" Dunod 1974 page 69.

- 544 -
B -
L'analyse de E.S.SHAW:
La réeression financière
Cette analyse se présente corn me une critique de l'analyse
néoclassique qui considère la monnaie com me une richesse
'(.la "wealth
view). Contrairement à cette conception, i l considère la monnaie com me
une dette du système bancaire( la "Debt Intermédiation Vie w").
Les dettes sont utiles parce qu'elles autorisent l'am plifi-
cation de la rentabilité des inv~stissements et permettent ainsi ct' élever
le niveau de la croissance économique.
La croissance de l'industrie
des dettes en accom pagnant et en soutenant celle des autres industries
contribue donc à la croissance économique,
En cas de répression finan-
cière" cependant elle ( l'industrie des dettes) devient un obstacle
à
la croissance (au développement).
Selon E.S.SHW on peut saisir la répression financière aussi
bien au niveau du fonctionnp-ment du mat'ché que dl!' l'allocation des
ressources •
L'épargne drainée par le systême.f1il.:mcie:r et le volume
des fonds
prêtables sont généralement limités en raison de 11 hypothèse
selon laquelle, l'épargne privée dépend du rendement des différents
actifs.
Dans des économies présentant de grandes opportunités d' inves-
tissement rapportant des rendements élevés, le taux d'intérêt sur les
dépôts arbitrairement fixés à des niveaux
bas par le CJuvernement ne
peuvent que décourager l'épargne collectée par les LF. Ces taux admi-
"nistrés en ne faisant pas ress0rtir le caractère rare des capitaux
ont selon E.S.SHAW des effets perturbateurs sur le fonctionnement
des
marchés.
L'insuff1sance de l'épargne collectée par le système finan-
cier est à la base d "autres lm perfections au niveau de l'allocation des
ressources: le rationnement du crédit. C'est ce qui ex plique l'existence

- 54"5
de deux pôles de financement de l'économie.
On constate d'une part que le système financier ne Si inté-
resse pas à l' économié agricole et aux
petites entreprises locales.
Ce
plan de l'économie dont les besoins sont mal satisfaits par les ban-
ques et les institutions financières est financé par les prêteurs à
gages, association d'entraide mutuelle ( système financier inorganisé).
Il y a d ' autre part, la concentration des opérations de
crédit
à faible risque et à rentablilité certaine sur les grandes
entre-
prises privées d'import-export, les entreprises publiq,!les et sur l'Etat.
Le faible risque encouru par le système financier autorise une politque
de taux d'intérêt bas v0ir même négatif par le jeu de l'inflation.
C'est une situation de déséquilibre que nous
avons-' la description daœ
le graphique ci-après.
Sur cette fignure,
Les droites bb' et bb" reprêsentent respectivement tes
taux d'intérêt créditeurs ,.loyen et margin~.l
auxquels les institutions
financières peuvent accumuler des créances (dettes prim aires): les
droites dd' et dd" représentent les tau.x d'intérêt débidteurs moyen
et marginal
auxquels les banques peuvent vendre: leurs propres dettes,
FIGURE N"2
CONTROLE DES TAUX D'INTER ET
ET
REPR ESSrON FINA N-
ClERE
t.
SO!!!ig,ES:
E.S.SHW "Financial deepening in ... op cité page 82.

- 546 -
op· représente le taux d'inflation anticipé et on suppose que
les banques ne sup portent pas de coûts.
Supposons que, aa' est le taux
de rémunération des dépôts.
A ce faible taux devrait correspondre un taux
d'intérêt créditeur
élevé:
Mais les autorités monétaires fixent le plus souvent de façon
discrétionnaire le taux d'intérêt sur les prêts.
Cette situation fait que les prêteurs aux banques supportent
un taux d'intérêt réel négatif égal à a'P* et les emprunteurs auprès
des banques bénéficient d'un taux dl intérêt réel nul.
Les banques
re-
tirent de leur activité d' intermédiation un profit égal à a' P*.
Il s'agit là, d'une situation de désquilibre.
Les règles du
marché exigeraient qu'à l'équilibre le coût marginal des fonds soit
égal au revenu marginal.
L'on se serait situé en Q c'est-à-dire que
les banques rémunéreraient les dépôts au taux cc' et exigeraient des
taux d'intérêt sur les prêts égaux à cc".
'.
Dans la situation de déséquilibre précédem ment descrite, il
existe une offre excédentaire des titres émis par les agents défici-
taires:
cet excédent est égal à af ::: of - Oa.
."
En ce qui concerne les autres épargnants mécontents d'une
rémunération négative de leur épargne, ils se porteront sur les marchés
financiers inorganisés. Ils trouveront face à eux tous les entrepreneurs
qui ont été exclus du marché organisé et qui sont prêts à payer les
fonds dont ils ont besoin à des taux usuraires.
En conclusion, ce sont ces défauts de marché et d'épargne des
ressources qui expliquent les conditions d'une répression financière:
"offre de fonds prêtables limitée,
pouvoir monopolistique des prêteurs.
pratique usuraire généralisée, appauvrissement des patrimoines par
une
thésaurisation massive et/ou la dépréciation du capital productif" (1)
(1)-
DEREUMAUX et PELTIER "Monnaie, intermédiation financière et de
développement économique.
Banque n·387,
Mars 1979

- 547 -
Dan ces conditions le financement indirect va décliner avec toutes
les
conséquences négatives que cela co!;Jporte pour l'accumulation du
capital.
Pour sortir le système de cette inefficacité SHAW
préconise
la neutralité des gouvernements et une politique de taux d'intérêt
élévé.
Supposons que r est le taux de rendement réel de l' ensem ble
des actifs financiers ( la monnaie n'est donc pas l'actif unique comme
chez MCKINNON) ,SHAW admet que son augmentation agit favorablement
sur la collecte de l'épargne.
Elle accroît les possibilités de drainage
des ressources locales en rendant attractifs les différents
types de placements que les 1. F. offrent aux' agents non monétaires.
En accroissant la liquidité moyenne des agents non monétaires, ce qui
leur permet de contracter et de rembourser plus facilement des dettes,
l'augmentation de r favorise aussi le financement de- l'économie.
'.
C -
Répression et libéralisation financière,
chez R.I~
MCKINNON
La principale critique que R.I MC KINNON adresse à l' inter-
m~diation financière dans les p. V. D., concerne l' hspothèse de substi-
tution des actifs du modèle néoclassique de croissance.
En dehors des
obstacles découlant du cadre conceptuel dominant en matière de crois-
sance,
MCKINNON porte aussi une attention particulière sur l' inadé-
. quation du mode de gestion des 1.F. dans les P.V.D.
Cette inadéqua-
tion est résumée par les points suivants qui constitueront les hypo-
thèses de sa thérapeutique.
Les P. V. 0 sont caractérisés par la faiblesse de leurs
struc-
tures financières.
On constate dans ces pays une quasi inexistence de
l'ensemble des actifs financiers rencontrés dans les économies occi-
dentales. Corn me le montre la préé'minence des banques corn merciales
au sein de leurs systèmes financiers, la monnaie constitue l'actif fon-
damental • Etant donné que la monnaie est l'actif unique, la portée
de l' hypothèse de SUBSTITUTION est réduite.

- 548 -
Dans le P. V.0, les marchés sont très fragmentés.
Les agents
économiques sont souvent isolés les uns des autres et la pratique de·
taux d'intérêt et de prix différenciés très répandue. Il est donc diffi-
cile d'admettre le postulat néoclassique des marchés de capitaux fonc-
tionnant de façon parfaite.
Cette fragmentation se traduit par le cloisonnement rigide
des marchés des biens et services d'où d'énormes difficultés de com-
paraison des rendements des actifs distincts.
Dans ces conditions, l' al-
location des ressources qui se fait à travers un système financier
frag-
menté et com mandé par des mesures discrétionnaires de l'Etat nous
éloigne de la rationalité économique.
La pratique très répandue de l'autofinancement dans les
P.V.D. infirme selon R.I.
MCKINNON l'hypothèse de la distinction entre
épargnant et investisseur.
Un certain nombre d'autres caractéristiques détruisent l'appli-
cation du modèle néoclassique dans les P. V. 0 selon MC KINNON .
L'analyse marginale et la loi des rendements décroissanœ qui
y est liée ne sont pas certainement permises à cause de l'indivisibi-
lité des investissements.
Dans les P.V.D, en effet, l'investissement entre-
pris correspond souvent à: une" nouvelle technique qui entralne l'obtention
d'une rentabilité accrue par rapport à la situation initiale.
L'accumula-
tion du capital n'abaisse donc pas automatiquement le revenu de celui- ci.
La critique la plus importante concerne le rejet de la rela-
tion de substitution demande d'encaisses monétaires réelles,
demande du
capital productif dans le modèle néoclassique.
Afin de mieux comprendre
les propositions de MCKINNON en matière de libéralisation financière,
nous pre'senterons d' aoord cette hypothèse.

- 549 -
1) -
Rôle de la monnaie dans le modèle néoclassique de
croissance.
Nous avons vu que la demande d' encaisse réelle est une
fonction croissante du revenu réel et du taux de rendement réel mar-
ginal de la monnaie.
Elle est également une fonction décroissante du
taux de rendement marginal des actifs physiques(
et financiers).
Dans
le cadre de la théorie du choix du portefeuille, les agents économiques
cherchent une certaine structure de leur patrimoine qui est fonction
des
taux d'intérêt des différents actifs (financiers et tangibles),
des coûts
de transaction etc ...
Si, au sein du patrimoine d'un individu, le taux
de rende-
ment d'un actif augmente pour une raison quelconque, la demande de cet
actif augmente elle aussi.
Pendant ce temps, la demande de tous les
autres actifs diminue ou reste constante. A partir de ce schéma, les
néoclassiques (1) admettent qu'une augmentation du taux de rendement des
encaisses monétaires réelles provoquera une substitution de l'encaisse
monétaire réelle aux actifs physiques.
Corn me la théorie du choix du portefeuille ne sépare plus
la théorie de la monnaie et la théorie des autres biens, si l'on con-
sidère la monnaie comme un facteur de production, l'approche dynami-
~
que néoclassique conserve la relation de substituabilité entre le capital
et le stock de monnaie.
- au niveau du ménage ( de la firme) suppossons quet
. y est le revenu réel total;
• r est le taux réel de rendement sur le
capital
physique et tous les autres actifs financiers non monétaires .
. d-p* le taux de rendement réel de la monnaie
(1) -
Les Keynésiens admettent aussi l' hypothèse de substitution.

- 550 -
. r- (d-p·) le coût d'opportunité de la détention de monnaie,
La demande de monnaie d'équilibre peut se formuler de la façon sui--
vante :
(M/p)'» = H
y,
r,
d-p*)
(1)
a vec
Ô HI 1 y "7 0
"aHI "3 r L.- 0
Cette équation traduit le fait que,
à
la marge, avec une aug-
mentation de (r) le ménage renonce aux avantages de transaction résul-
tant de l'utilisation de la monnaie. Il se dirige vers le capital physique.
Inversement,
pour un niveau donné de y et de r, un accroissement
du
taux de rendement réel de la monnaie fait baisser dans le portefeuille
du
ménage la demande de capital physique.
dans une économie en croissance équilibrée, le modèle néo-
classique conserve cette hypothèse.
De ce modèle MC KINNON retire une
fonction d'investissement traduisant la même substitution.
l
=
i!___ = y - (l-S) YD
(2 )
dt
= y +
...
en remplaçant YD = Y +
d( M/P)."'
(M-P) (~)
dt
P
par sa valeur, on obtient :

dk =sY + (l-s)

(M-P)
M
dt
P
avec M/P:.demande réelle de monnaie
A :: accroissement du stock nominal de monnaie
p ;r. accroissement du niveau agrégé des prix.

- 551
y = f( K,
L,
M/p) fonction de production
K = le capital
s = propension à épargner
t = le tem ps.
De cette présentation i l ressort qu'avec une propension à épar-
ner donnée, l'épargne disponible peut être dirigée soit vers la demande
d'encaisse monétaire réelle soit vers la demande de capital physique.
Pour un niveau donné de revenu 1 i l sera par exem pIe plus attrayant de
détenir de la monnaie si le taux de rendement réel de la monnaie s'élève.
Dans ces conditions, l'accroissement de la demande réel de monnaie( M/p)
aboutit à la diminution de l'investissement en capital physi.que.. Dès lors
la politique fiscale est appelée à corn penser la diminution de l' inves-
tissement privé.
Ainsi, l'accumulation du capital se fera le long d'un
sentier de croissance d'équilibre défini par la "règle d'or" d' inspira-
tion néoclassique. Celle-ci vise-
à
maximiser la consom mation par tête
en fonction d'une distribution intertemporelle optimale de la richesse
des agents économiques.
Elle recom mande que les investissements publics
s'ajoutent aux investissements privés de telle sot'te que le ta~x de ren-
dement du capital soit égal au taux
de croissance:
y = d-p· = r
En définitive,
de ce cadre-modèle néoclassique de croissance
on peut tirer la conclusion suivante:
"pour que le ta~x de croissance du
capital s'élève, il faut baisser le taux de rendement réel de la monnaie
par le choix d'un taux d'intérêt bas pour la rémunération des encaisses
monétaires etlou d'un taux d'inflation élevé"(l).
Les tenants de l'école néolibérale ne sont pas d'accord avec
. cette conception du rôle de la monnaie dans les P.V.D.
compte tenu des
caractéristiques des structures économiques déjà soulignées,
MC
KINNON
(1- -
P.
DERREUMAUX et G . PELTIER:" Monnaie, intermédiation financière
et développement économique "in Revue Banque Mars 1979,
P.305.

- 552-
insiste sur la complémentarité demande d'encaisse monétaire réelle,
demande d'actifs physiques.
2) La com plémentarité monnaie-capital: l'effet conduit".
Supposons qu'un individu désire acheter une machine. Cet
individu va épargner une partie de ses revenus.
La monnaie étant le
seul actif financier qui peut être accumulé et échangé librement
dans
les P. V. O., cette épargne prendra la for me soit d'une accUJJUlation d' en-
caisses monétaires soit celle de stocks de biens qu'il produit lui- même
(autofinancement). Ce partage se fera en fonction du rendement réel des
encaisses monétaires (d-p·).
Si à la place de la machine, l'individu désire acheter une
ferme, il lui faudra accumuler encore plus d'encaisses monétaires ou de
ces wopres productions. Ceci nous permet de dire que le ratio:
moyen
des encaisses monétaires au revenu est une fonction croissante du taux
désiré d'accumulation du capital c'est-à-dire que l'autofinancement est
une condition indispensable à la réalisation des investissemel1ts.
Notons
au passage que la stimulation de l'autofinancement est même institution-
'lalisée par la BEA C, qui exige avant l'octroi de réescom pte que
l'investitsseur fasse un apport personnel minimum de 20% du coût total
de l' investissement( souvent sous forme de dépôts bancaires) (1).
Ainsi
le motif d'investissement justifie la demande croissante d'encaisses
réelles.
La productivité de bien d'équipement devrait donc augmenter
à la: suite de mesures tendant à accroître la demande de monnaie. Dans
ces conditions, une augmentation du taUle de rendement de la monnaie
ne
découragerait pas l'investissement mais le faciliterait.
Cette com plé-'
mentarité se reflète par la fonction de demande de monnaie. Si le taux
d'investissement est r/y et Y le produit global réel, r l'investissement
privé réel autofinancé l'équation de demande d'encaisses réelle peut
s'écrire
( 4)
(M / P)
d = L
(
Y, r/y l
d - p. )
(1)
-
Andely R. R.
Politique monétaire et développement économique
p-296.

- 554 -
La deuxième dérivée de cette équation traduit le fait qu'il
existe une relation positive entre le taux
de rendement du capital et la
demende de monnaie.
L'accumulation de l'épargne monétaire peut donc
colncider avec l'accroissement du capital.
R.r. MC KINNON qui s'attache
aux conditions du financement de la croissance insistera sur cette complé-
mentarité. Et, la monnaie devient la canalisation obligatoire de l' accumu-
mation du capital ("effet conduit").
La complémentarité entre l'encaisse monétaire réelle et le
capital physiqrre peut être expliquée aussi à travers la fonction d'inves-
tissement ci-dessous :
(6)
I/Y = F (~, d-p·
avec
1 Fl'a li. > 0
lFI a (d-p·)
0
Le signe de cette deuxième dérivée montre que la hausse du
rendement réel des encaisses peut déboucher sur deux effets contradic-
toires.
L' "effet conduit" est la première des 11 deux conséquences sus-
ceptibles d'avoir lieu quand une hausse de rendement réel (d-~·) de la
monnaie se réalise. Il( effet conduit") stim ule l'épargne monétaire et encou-
rage l'autofinancement en quantité accrue. Il est à noter que la constitu-
tion des encaisses monétaires ne se fait pas au détriment de l' investis-
sement. Une perspective dynamique nous permet, en effet, de nous rendre
compte que plus l'épargne se constitue à un rythme élevé,à Itinstant t,
plus l'accumulation du capital sera importante à l'instant "t-t .....
La
hausse du rendement réel de tout le raisonnement
qui précède se fonde
sur
l'autofinancement. Que se passe-t-il quand la banque( le crédit) est intro-
duite dans le schéma? L'introduction du crédit dans cette démonstration
< rend
moins déterminante le seuil créé par l'autofinancement nécessire
pour la réalisation des investissements à caractère indivisible.
Le crédit
ne supprime cependant ni la. llB.iscm. entre le taux de rendement réel sur la
monnaie
et la propension à investir ni la corn plémentraité entre encaisses
monétaires et capital ohysique.

'" 555 -
Il en est ainsi parce que la hausse du taux (d-p* )en influen-
çant le niveau des encaisses désirées,
agit favorablement sur les
deux
corn posantes de l'action des banques
:
- 553 -
avec
Ô LI ~ (d-p*) ~ 0
et
~ LI 1 (I Iy) '7 0, qui ex prime la corn plémentarité
entre l'accumulation du capital et l'accumulation de la monnaie.
Si nous posons l'hypothèse suivant laquelle le taux
d'accumu-
lation du capital est une fonction croissante du taux
de rendement moyen,
F, du capital, alors
(5)
(
M/P d = L
Y, F, d-~*)
avec'lLI ~Y>O
lLI 'Cl r~O et ~ L/~(d-p*) >0
la monnaie,
par ailleurs tend à accroître la propension à épargner.
L'effet déterminant joué par le taux
de rendement des encaisses
monétaires sur le niveau désiré des encaisses permet à l'Etat d'accroître
l'investissement en augmentant le taux de rendement nominal (d) ou en
abaissant le taux d'inflation anticipé (P*).
Nous aboutissons également
à une réfutation de l'idée généralement admise
de l'effet positif exercé
sur le taux d'investissement d'un P.V.D.
par une politique inflationniste
du gouvernement.
La seconde conséquence de la hausse du taux de rendement réel
de la monnaie est l'effet de substitution. Il se manifestera dès lors que
le taux de rendement réel des encaisses continuant à
monter,
dépasse
le
taux
de rendement du capital incitant alors le public .à convertir son capital
physique en monnaie. Il en résultera une baisse du taux
d'investissement.
Bien qu'appliqué à un état de déséquilibre la relation proposée par MC
KINNON peut être corn patible avec la théorie néoclassique.
La figure sui-
vante illustre la relation entre le taux
de rendement réel des encaisses
monétaires et l'accumulation du capital.
Vr
E.FF.T Q, c,..
'_ .•
_

- 556 -
consacrer une partie plus ou moins grande de leur revenu supplementaire
à la formation de l'épargne pour atteindre un certain ratio monnaie reve-
vu désiré.
L'épargne est par conséquent une fcmction croissante du taux
de croissance.
Nous savons également que le niveau souhaité des encaisses mo-
nétaires réelles par rap port au revenu, c'est-à-dire la propension à
épargner dépend de la nature (répressive ou libérale) des structures finan-
cières.
Compte tenu de ces éléments, le taux
d'épargne s'exprimera
sous la forme" d'une fonction croissante du revenu et d'un paramètre P
mesurant le dégré ,de libtfralisation financière (il est fixe).
. ,"
(7) s = s ( Y, P)
soit la version simplifiée du modèle Harrod-Domar
(8)
Y = Vi'
(9) l = dk/dt
= sY
où ~est le coefficient de capital. Il est fixe. A partir des
équations (8) et (9), nous pouvons exprimer le taux de croissance du
revenu •
Y comme le produit du coefficient de capital par le taux d'épargne.
(l0)

Y
= •
s

(11>
Y
= ~s
(~, p )
Cette équation exprime l'idée qu'il existe un processus ittéra-
tif entre le taux
de croissance et l'épargne.
Plus le taux
de croissance
s'élève, plus le taux q'épargne désiré augmente. Inversement, plus l'é-
pargne effective augmente,
plus la croissance s'intensifie.

- 557 -
Cette relation à double sens distingue cette nouvelle approche
de l'approche néaclassique traditionnelle.
Cette derniêre ne reconnalt
un
seul sens à la causalité à savoir qu'une augmentation du taux d'épargne
par rapport au revenu entra1ne l'élévation du taux de croissance.
La figure suivante est une interprétation géométrique des rela-
tions croissance-épargne.
FIGURE N- 4
o
SOURCES
MC KINNON R. 1. op. cité p.
127
L 'llxe des abscisses mesure le taux de croissance effectif
du
revenu et l'axe des ordonnées le produit du taux d'épargne souhaité
par
le coefficient du capité'l y.

- 558 -
1
L'equilibre se situe en un point quelconque de la droite
issue de l' origine ~ et ayant une pente de 45·.
Supposons que la droite AB exprime la relation entre le
taux
d'épargne et
la croissance du revenu pour un paramètre P donné. Plus
la libéralisation financière est grande,
plus le public désire détenir
des
encaisses monétaires et plus la pente AB est grande.
Au point E d'intersection entre les droites AB et aX, le taux
de croissance •
Y porte le taux d'épargne à un niveau qui permet de finan-
cer les investissements nécessaires au maintien de ce taux de croissance.
Supposons maintenant que les autorités monétaires libéralisent
le système financier de telle sorte que la détention des encaisses moné-
taires réelles augmente. La nouvelle fonction d'épargne sera C D associé
à un paramètre P

= p* plus élevé. Le taux de croissance passe de e à f .
Cette augmentation de •
Y est le résultat de deux effets.
- d'une part la réforme a un impact positif sur la propen-
sion à épargner.
Elle augmente le taux d'épargne de EG.
- d'autre part, la hausse induite du taux de croissance
lorsqu'elle atteint sa nouvelle position d'équilibre 1", provoque une
nouvelle hausse du taux d'épargne égal à GH.
D - Forces et faiblesses de l'approche néolibérale
Nous avons vu com ment les tenants de l'approche néolibérale
conçoivent le rôle des I. F.
dans le développement des P. V. D..
Le désir
des auteurs de cette école de donner des recom mandations en matière
politique monétaire et financière dans le but d'aider les P. V. D.
à
résoudre les problèmes ayant trait au financement de la croissance est la
clé de voûte de leur démarche.
De ce point de vue, un certain nom bre
d'enseigne ments sont à souligner.

- 559 -
Cette approche permet de comprendre que les modèles de crois-
sance (néoclassiques) intég~ant la monnaie qui sont à la base des politiques
économiques des P.V.D. sont incapables d'induire la croissance.
Elle reconnaît l' im portance du taux d'intérêt dans les P. V. D.
Le taux d'intérêt serait un élément important de la politique financière
et de la régulation économique.
En effet une politique monétaire et finan-
cière aurait pour conséquence :
- une monétisation progressive et en profondeur de l'économie;
- une intervention plus importante du s'Ystême bancaire dans
l'allocation et la collecte des ressources et le financement de l'économie.
Ainsi, i l faut banir les interventions des gouvernements qui en
tendant à maintenir les taux d'intérêt artificiellement bas(taux d'intérêt
ad ministrés) écartent l'épargne populaire des institutions financière s or-
ganisées.
Grâce àl 'h'tPbthè.se de complémentarité entre encaisses réelles et
la demande du capital physique, dè.s taux~ d'intérêt élevés ne sont plus
susceptibles de nuire BIl% investisseurs. Si cette hypothèse est mieux apte
à saisir la structure du portefeuille privé, l'approche néolibérale appa-
raît corn me une tentative d'adaptation de l'analyse du portefeuille dans
le cadre des P.V.D.
En dépit de tous ces avantages, on est en droit de se poser la
q~estion de savoir si, il suffit d'élever les taux d'intérêt nominal sur
les encaisses pour améliorer la collecte de l'épargne et son orientation
vers les investissements productifs.
L'approche néolibérale n'est pas l'idéal.
Malgré sa séduction
elle présente des insuffisances dont le décalage existant entre l' im por-
tance du taux d'intérêt sur les plans théoriques et pratiques.
Le problème

- 560 -
peut être envisagé suivant la position de divers agents économiques.
Du point de vue des épargnants, il est vrai en théorie que plus
le taux d'intérêt sur les dépôts bancaires est élevé,
plus les individus
ont tendance à placer leur épargne auprès des intermédiaires financiers.
Les résultats pratiques ne sem blent cependant pas toujours aller
dans le sens indiqué par la théorie. Signalons
J'a bord
flue c'est aux
pays du Sud-Est asiatique que les auteurs rréolib/ratnc pensent quand ils
parlent des P.V.D.
Dans cette partie du monde, les expériences de la
Chine (Taiwan}et de la Corée (du Sud) laissent supposer qu'une politique
positive en matière de taux d'intérêt peut se révéle:, efficace pour amé-
liorer le climat d'épargne et pour promouvoir le développement,CH-AND.l\\R-
VARKAR nous rappelle les résultats des politiques suivies dans ces
deux pays.
(1)
En Chine, après 1949, pour juguler l'inflation (85% par an)
résultant de la guerre civile et encourager le public à déten+r des
avoirs financiers, les pouvoirs publics ont offert à des "dépôts bancaires
préférentiels" d'une échéance de 1 à 3 mois à 7%et à
9% respectivement.
Les résultats de cette politique furent satisfaisants.
Entre le dé but 1950
et le mois d' AoOt de la même année, les dépôts à terme passèrent de 2
millions de nouveaux dollars Taiwan(N&T} à 37 millions de N T(2).
Au fur et à mesure que la confiance du public dans la monnaie
revenait, ces taux furent progressivement réduits.
Dans le même tem ps,
les échéances des dépôts furent portées à 6 mois et à 1 an.
(1)
-
A.G.CHANDAVARKAR:
"la politique des taux d'intérêts dans les
pays en voie de développement" Finance et Développement N°1/1970.
(2) -
A.G.CHANDAVARKAR:
"La politique ... " op. cité p.34

- 561
-
Eh Corée dans le but d'attirer les fonds du secteur non organisé
les pouvoi::-s publics ont, en 1964 - 65 fait une réforme de la structure
des taux d'intérêt. Au terme de cette réfo~e. le taux d'intérêt débiteur
est porté de 14 à
26 %. Les taux créditeurs sont portés à 1,5 ; 2 et
2,2 % respective~ent pour des échéances de 3 . 6 et 18 mois. Pour des éché-
ances supérieures à 18 mois, ce taux est fixé à 2,5 % (1). Ces mesures ont
entraîné une augmentation spectaculaire de 47 %des dépôts à terme et d'é-
pargne au cours du prenier trimestre qui suivit la réforme puis de 100 % par
an la suite. Eh raison de cette amélioration de l'épa::-gne, les pouvoirs
publics ont à partir de 1968 simplifié et abaissé la structure des taux
d'intérêt.
Ces bons résultats semblent confirmer par un test de J.f. Mi'.Fi"iF.LL( 2)
qui à partir d'un test empirique sur sept pays asiatiques dont la corée et
Taîwan, montre que le taux d'intérêt réel exerce une action positive sur
l'épargne intérieure exprimée en pourcentage du P.N.B. Ces expériences peuvent
elles avoir valeur d'exemple pour l'ensemble des P.V.D • .
Un certain nombre d'indications nous incite à na- pas assimiler l' en-
semble des P.V.D. à la Corée du Sud ou à Taiwan. Ces deux pays sont des
pays semi-industrialisés où une certaine quantité d'épargne est effectivement
disponible ce qui n'est pas le cas de tous les P.V.D. Si la hausse des taux
d'intérêt ne peut pas avoir d'effet positif sur l'épargne globale dans les
pays où celle-ci fait défaut, son influence n'est pas toujours conforme aux
résultats de la théorie néolibérale dans les pays semi-industrialisés. C'est
en tous cas la conclusion à laquelle est arrivé Jeffrey G. WILLIAMSON (3)
qui soulignent l'existence d'une relation négative entre le taux d'intérêt
et le niveau d'épargne dans sept paJ's asiatiques.
(1) - A.G. CHPNDAVARKAR : La politique .•• ap. cité p. 36
(2)
J. Frey Harwelle "Money and capital or financial deeping en econor:lic
Développement" in journal of Money Crédit an banking vol. la
Nove~bre 1978.
(3) -
"Personnal savingt in development N~tion : an Interte~poral cross-
section from ASIA" The Economie Record vol. 14 juin 1968.

- 562 -
La hausse des taux d'intérêt n'est certaine~ent pas le seul facteur
explicatif de l'élevation de l'épargne. La forte de~ande ~ilitaire américaine
en bien d'exportation et les rentrées de capitaux extérieurs (en Corée) ex-
pliquent sans doute les forts taux d'investissement dans ce pays (1). De son
côté, A. 9AB~U a par exemple montré qu'en France, ce sont plutôt l'aggrava-
tion du chômage et l'incertitude sur l'avenir qui ont contribué à faire pro-
gresser favorablement l'épargne financière (2). Dans les P.V.D., en Côte
d'Ivoire en particulier l'épargne se constitue sans référence au taux d'intérêt
à travers les tontines. Le recours au s~3tème financier nécessite une certaine
éducation monétaire et financière et un climat non inné de confiance envers cette
institution. Le manque de familiarité au crédit s'ajoute donc aux raisons
qui justifient le détournement des épargnants du système financier.
Du point de vue de l'investisseur, nous pourrons trouver quelques élé-
ments d'appréciation dans la stratégie keynésienne de la croissance et du
rôle qu'elle attribue à la politique monétaire. Le taux d'intérêt est pour J .M.
KEYNES (3) l'unique argument de la fonction d'investissement. Pour l'entrepre-
neur, il constitue un coût et tout ce qui contribue à sa baisse favorise l'in-
vestissement et partant de la croissance de la production. Dans ,.ce cadre, les
autorités monétaires sont en l'absence de marché monétaire avec fluctuation
libre de taux d'intérêt (cas de la B.C.E.A.O, dont la'Côte d'IVOire est mem-
bre) obligées d'arrêter directement ces taux à des niveaux très bas pour stimuler
l'investisse~ent.
(1) - CF E. E. HAGEN
"Economic du Développement" Economica 1982
(2) - Cf A. BABF-AU : "l'aggravation du chômage a contribué à soutenir
l'épargne" le Monde de l'Economiste 28 F-oût 1979.
UL- Cf : J. M. KEYNES
Théorie Générale de la monnaie et de l'intérêt.
Payot 1967.

- 563 -
1
1
1
La proposition néolibérale d'élévation des taux d'intérêt s·'ins-
crit donc en faux par rapport à la problèmatique Keynésienne. i l est à
craindre que la nécessité d'accroître les taux d'intérêts (i)
de l'épargne
1
financière décourage les entrepreneurs dans leur recours au système finan-
cier.
La proposition de MC KINNON est donc inquiétante pour l'investisse-
ment et par conséquent pour la croissance.
Cette inquiétude peut sembler exagérée car dans la théorie key-
nésienne, ce n'est pas tant le taux d'intérêt pris isolement mais sa con-
frontation avec l'efficacité marginale attendue çiu capitaJ(r )qui détermine le
niveau d'investissement.
Le niveau d'investissement sera donc d'autant
plus élevé que (r) est supérieur à (i).
Le taux d'intérêt à lui seul ne
détermine donc pas le niveau d'investissement.
Ce sont plutôt les pers-
pectives de profits qui le déterminent.
C'est pourquoi un investisseur ac-
ceptera de supporter un coût élevé du crédit, si les perspectives de pro-
fits sont bonnes. Tant que le taux d'intérêt débiteur des banques est in-
férieur au taux de rendement de l'investissement, la hausse du taux d'in-
térêt sur les encaisses monétaires ne pénalise pas l'investisseur.
La si-
tuation devient complexe quand l'évolution inverse des deux se produit.
MC KINNON nous semble conscient de ce phénomène quand i l souligne à
côté de l"'effet conduit" l'existence de l'effet de substitution. Il croit
cependant montrer que de ces deux effets le premier est dominant et
est renforcé par l'introduction du crédit.
Ce n'est pas convaincant. N6us"
pensons qu'en cette période
de crise, i l n'est pas évident qu'une recom mandation de taux d' intérê1i
élevés sur l'épargne financière soit en raison des bas taux de rendement
du capital dans l'industrie compatible avec l'élevation de l'investissement
productif et la croissance de la production.
Compte tenu de toutes ces remarques, nous pensons que
l'approche néolibérale n'a considéré qu'un aspect de l'intermédiation finan-
cière dans les P. V. D. en polarisant l'analyse sur le taux
d'intérêt.
La
libération du taux d'intérêt seul ne peut permettre la libéralisaion
du système financier.
Elle peut même s'avérer incomptatible
avec

- 564 -
l'objectif de croissance. Nous avons vu com ment V.
GAL BIS contourne cette
impasse en démontrant la complémentarité monnaie-actifs réels à travers'
un modèle(néo-classique) à deux secteurs.
(lère partie de notre travail).
f~~~Q~~fg§~ - fQg~_g~§_fQLITIQg§_~Q~§!AIR§_Q§_Q§~§1Qff§~§~!
IVOIRIEN.
Tenant compte de l'échec des expériences monétaires de la
Guinée et du Mali résultant de la maladresse des autorités monétaires de
ces pays et de l'environnement hostile de la Zone franc, la réforme moné-
taire de développement doit concerner les pays africains mem bres
de la
Banque des Etats de l'Afrique Centrale(B.E.A.C) et de la Banque Centrale
des Etats de l'Afrique de l'Ouest(B.C.E.A.O), instituts d'émission afri-
cains de la Zone franc.
Cette proposition de réforme s'inspire de MAMADOU
DIARRA qui vient d'être exposée.
Elle apporte des amendements à
cette
dernière sur :
A - La création d'une Banque Centrale Africaine 'à partir de
la B. E. A. C et de la B. C. E. A. O., elle serait l'autorité monétaire centrale
des institutions monétaires et financières des pays mem bres ayant les attri-
butions que lui confère MAMADOU DIARRA, en particulier l'admission de
la parité de la monnaie commune au Fonds Monétaire International (F.M.n
et son maintien, l' éla boration de la politique monéta!re des pay s
me mbres
entre la Banque Centrale Africaine (B. C. A) et les autorités monétaires
de ces pays et le monopole du contrôle et de la distribution du crédit
à l'économie.
B -
La garantie des monnaies nationales et commune par l'or,
les devises étrangères et les matières premières brutes africaines:
les
devises sont des indicateurs de l'état de santé des économies qu'elles
représentent. Elles évoiuent à la hausse ou à la baisse en fonction du
niveau de développement ou du rapport de fôrces..-; entre ces économies.
AInsi, la livre sterling britannique, le dollar US. le franc français et

- 565 -
le Oeutschmark représentent les puissances économiques britannique amé-
ricaine, française et allemande (R. F. A). Si actuellement la hausse conti-
nue du Oeutschmark est bénéfique pour la RFA et les pays qui possèdent
le O. M, com me devises étrangères, la baisse de la livre britannique,
du
dollar US, et du franc français est un manque à gagner certain pour la
Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la France et les pays qui possèdent ces
monnaies com me devises étrangères.
En garantissant pour une grande part
les monnaies nationales par les matières premières locales et la monnaie
commune par l'ensemble de ces matières brutes, non en stock dépréciable,
maÉs en réserves exploitables en temps opportun, en or et en devises
étrangères, i l est possible pour les pays africains mem brea, de protéger
leurs monnaies et leurs économies vis-à-vis de l'extérieur.
La com posi-
tion de ces devises serait fonction de l' im portance des circuits com mer-
ciaux entre les mem bres de la B C A et de leur pouvoir d'achat.
C - Cette réforme doit s'accompagner de la formation du per-
sonnel: la formation intellectuelle et professionnelle de l' ensem ble
du
personnel africain des établissements bancaires et financiers et ceux
d'autres domaines de la vie économique et sociale doit être e"ntreprise
pour assurer le bon fonctionnement de ces institutions· et faire cesser
la dépendance extérieure en matière d' aSlsistance technique.
Cette proposition de réforme monétaire inspirée de celle de
MAM OOU OIARRA appelle quelques remarques relatives au com pte d' opéra-
tions, au monopole de crédit et à la garantie des monnaies nationales
et commune sur les matières premières.
- Le com~d 'opérations
Ce compte doit être supprimé pour limiter l' innuence exté-
rieure. Ses devises étrangères seraient gérées par la Banque Centrale
Africaine (B. C . A. ).

- 566 -
-
Le monopole de crédit
Le système bancaire des pays africains de la Zone franc est
le principal bailleur de fonds des économies de ces pays; il draine
toute l'épargne, l'investit dans les activités économiques extraverties
(développement de productions de matières premières naturelles et agri-
coles brutes d'ex portation) rentables. ou la transfère à l' ~tranger. Du
fai~ du contrôle de change et notam ment de sa place d'autorité monétaire
centrale dans chaque Etat africain concerné par la réforme. la Banque
Centrale nationale exercera la politique monétaire sur le reste du système
bancaire et financier. Ce système doit être transformé fondamentalement
et inséré dans le processus de développement et spécialisé par secteur
d'activité économique et sociale ( crédit industriel, crédit agricole,
crédit immobilier, crédit commercial, etc .•• ).
Le monopole du contrôle
et de la distribution de l'économie a pour objectif d'utiliser ration-
nellement les capitaux monétaires pour répondre aux besoins du dévelop-
pement du pays.
Dans cette proposition de réforme monétaire, le système
bancaire et fi~ncier contribue à côté du système fiscal au financement
du développement des pays africains concernés.
Et l'exercice par ces
pays de leur souveraineté monétaire et financière est une condition
fondamentale propice au développement de ces Etats.
Dans les pays aussi bien développés que sous-développés,
le rôle du système bancaire dans le financement de la croissance éco-
nomique est souvent souligné avec beaucoup d'insistance par de nom-,
breux économistes.
Le financement bancaire qui est fonction de la ren-
tabilité ne peut participer efficacement au développement: l' endette-
ment déjà lourd de ces Etàts vis-à-vis du secteur bancaire incite celui-
ci à continuer d'encadrer, com me par le passé, le secteur privé ex pa-
trié solvable.
Pour accom pUr le développement économique que les
peuples africains attendent depuis longte mps, il faut utiliser rationnel-
lement l'ensemble des fonds
matériels et humains de ces Etats: la
ma!trise du secteur bancaire et financier est un itn_p'éra.tif afin de donner
une arientatiq>r1<su'X capitaux monétaires vers le financement du développe-
ment des Etats africains membres.

- S67 -
-
La garantie des monnaies nationales et CommunE} parles
matières premières
Cette garantie trouve sa source dans le système monétaire
international actuel, le Gold Exchange Standard Gréé 3. Bretton Woods
(USA) en 1944.
Le Gold Exchange Standard est une série d'accord,
de
compromis et de réactions à des développements inopinés, un mélange
de règlements concernant les parements internationaux et de conventions
sur les octrois de crédits entre les pouvoirs monétaires. Il est basé
sur les prinicpes fondamentaux suivant :
a) L'~mission monétaire est gagée sur l'or et le:' dollar.
Les réserves monétaires des banques centrales sont com po-
sées de l'or, des monnaies de réserves( dollar, livre sterling, franc
Suisse) et des Droits de Triage Spéciaux (D. T.S.) du Fonds Monétaire
International (depuis 1969);
b) Les changes fixes : l'instauration d'un rappox:t fixe
de chaque monnaie par rapport à l'or et au dollar, 1,'existence de cette
parité fixe dans les statuts du Fonds Monétaire International donne à
un pays le droit de modifier la parité de sa monnaie pour corriger
le déficit de sa balance des paiements.
.-
Le fonctionnement de cet organisme revèle trois problèmes
fondamentaux
- la procédure d'ajustement pour résoudre les déficits
permanents de la balance des paiements avec l'extérieur et rétablir
le taux de change fixe : ce problème est d'autant plus difficile à
règler que l'Etat en difficulté reçoit moins de devise qu'il en
lépense;
- l' existen'ce de liquidités itlternationalel!J pour permettre aux

- 568 -
Etats en difficulté de franchir le tem ps qui leur est nécessaire pour
retrouver un équilibre extérieur par des mesures économiques locales;
- la trop grande disparité de la confiance dans les diverses
formes de réserves monétaires.
Donc plus le processus de réajustement est rapide( suppres-
sion des déficits de la tialahc.e, ~ des paiements par des mesures écono-
miques appropriées et des sorties des réserves d'or et de devises),
moins grand sera le besoin de liquidités internationales et plus sera
rapide le retour de la confiance.
Le Gold Exchange Standard nous suggère deux types de
réflexions
1) Le Gold Exchange Standard est dominé par le dollar
et
les autres monnaies de réserves qui sont des monnaies nationales. Or,
toute monnaie nationale est le reflet de la gestion €œonomique
du pays
résultant des progrès de la productivité,
de la capacité de p.roduc-
tion, de l'ardeur au travail des entrepreneurs et de9 travailleurs, de
la politique monétaire et financière, facteurs décisifs de sa valeur.
Les monnaies de réserve connaissent des ennuis de toute nature : ainsi,
la crise de confiance de la livre sterling( dévaluation en Novem bre 1967
et en 1978) et les ennuis du dollar ex priment les difficultés économiques
de la Grande Bretagne et des Etat-Unis d'Amérique, la crise du franc
français(en 1968) exprime les controverses politiques et sociales du mou-
vement ouvrier français et les achats de l'or un mélange de désir:> éco-
nomiques et des craintes politiques.
2) En dépit du concours qu'elles apportent à un Etat pour
éponger ses difficultés économiques, les liquidités internationales son t
une source de disparités économiques notam ment wHqU' alles. p.assent
d'un Etat à l'autre pour le motif de spéculation( manque de confiance
dans une monnaie).

- 569 -
Pour parer aux effets de la mauvaise situation des monnaies
de réserve, i l faut prendre des mesures protectionnistes en attendant un
jour l'adoption de l'or,
monnaie sans nationalité t
pour seule réserve JIlo..-
nétaire. C'est donc dans le cadre des mesures de protection que les
matières premières brùtes sont proposées pour gager les monnaies natio-
nales en Afrique.
La possession des monnaies de réserve est une bonne affaire
quand celles-ci conservent ou accroissent leur pouvoir d'achat.
Mais
com me elles sont des monnaies nationales, elles changent à la hausse où
à la baisse et leurs possesseurs notent de temps en temps un manque à
gagner.
Ainsi, la possession de la monnaie américaine qui chute ces der-
niers temps entraîne une perte pour les Banques Centrales.
Elles peuvent
s'en défaire sans continuer à perdre. Certes, le cours des matières pre-
mières varie sur le marché international et également quand ces matières
sont gardées en stocks, mais pas lorsqu'elles constituent des réserves
exploiatbles en temps opportun; sous ce volet, elles permettraient de
faire face aux obstacles possibles
des
monnaies nationales et COlfimun'~
a!'ctcaihea et de limiterle manque à gagner consécutif atU{variâtiOnsdes mon-
naies de réserve. De plus, la <eonst'ttùtiion d'une force politique composée
des pays membres de le Banque Centrale Africaine pourrait faciliter la
mise en application de cette proposition de réforme monétaire et financière.
Dans ce sens, non seulement les variations du cours des matières pre-
mières seraient amoindries, mais également ces matières premières ~,eraient
rendues plus chères.
Qui mettra en oeuvre cette proposition de réforme
monétaire
et- la réforme fiscale antérieure? Un bref regard sur le panorama social
de la Côte d'Ivoire permet de répondre à cette question.
La société
ivoirienne est constituée, com me celle d'autres Etats de la bourgeoisie,
de la paysannerie,
de la classe ouvrière, et d'une considérable couche
de chômeurs.
La mise en oeuvre de cette réforme monétaire passe par
la m0 bllisation et l'organisation de toutes les couc hes sociale~ de la
Côte d'Ivoire.

- 570 -
G E N E R ALE
Au terme de cette étude, nous avons eu l'occasion de préciser
que notre ambition n'était ni d'épuiser le thême ni de réaliser une
révolution en la matiêre.
Le but que nous nous som mes assigné El été
d'indiquer certaines réflexions et d'ouvrir quelques voies devant con-
duire à une meilleure réflexion en essayant de présenter clairement les
aspects essentiels d'un thême que nous avons volontairement circonscrit
au cas de la Côte d'Ivoire, ancienne colonie t'rançaise,
mais qui demeure
organiquement liée à la France, notam ment par les accords de coopération
monétaire au sein de la Zone t'ranc.
Ce travail qui a proteblement ses carences fait apparaître net-
tement que la fonction des intermédiaires financiers dans le développe-
ment constitue une des questions récentes et épineuses du gouvernement
ivoirien qui a émergé de la colonisation et continue d'en payer le tri-
but à travers toutes les structures de la vie.
Les multiples aspects que
nous avons abordés, les enseignements tirés et à tirer révêlent le dégré
d'importance de cette question pour la Côte d'Ivoire.
Nous avons eu à le relever dans les développements antérieurs,
il n'
y a plus de doute aujourd' hui que le mirage de l'aide extérieure a
volé en éclats au cours de la première décenni.e onucienne de développe-
ment. Oe nombreux travaux élaborés à travers le monD.e ont laissé appa-
raître que par bien d'aspects, l'aide extérieure demeurait une source
d'approvisionnement pour des pays déjà pauvres du fait de l'ex ploita-
tion féroce dont ils sont victimes.
Non seulement elle reste le rempart
de- transferts im portants des valeurs vers les zones d' accum ulation corls-
tituées par les Nations à économie dominante,
mais elle a aussi pour
effet de neutraliser effectivement des Etats qui désormais produisent et
empruntent pour rembourser les dettes antérieures.
Ce constat d'échec
d'une politique internationale n'est ignoré de personne, et les tenta-
tives nouvellement entreprises pour décider d'un "nouvel ordre écono-

- 571
-
TABLEAU N-
99 -
EVOLUTION DU PRODUIT INTERIEUR BRUT
(EN MILLIARDS DE FRANCS C.F.A)
}----:-~-~-~-~-~-----------------~--------------------------i
---------------------------------~--------------------------+
1
1
1
1960······························1
143,0
1
1
1
1
1
1910
•.•••.•..•...••.•••...•.•...••
1
415,0
1
1
1
1
1
1978
1
1.825
1
1
1
1
1
1979
. . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . ,
2 • 050
1
1
1
1
1
1980
1
2~149,9
1
1
1
1
1
1981
1
2.291,6
1
1
1
1
1
1982
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . • . . . .
1
2. 486 ,6
1
1
1
1
1983
.......................•...•..
1
2.605,9
1
1
1
1984
1
2.883,4
1
1
1
1985
1
3~137,8
,
1
1
1986
1
3.209',8
1
1
1
1
1
---------------------------------~--------------------------+
TOTAL ••••••••••••••••••••••••••••••
1
23.198 t O
1
1
1
t
1
------------------------------------------------------------+
SO!!!!QES: La Oaisse Autonome de la Côte d'Ivoire 19<86 ABIDJAN
La Cô~è d'Ivoire en chiff'res 1986/1987 Abidjan 1988
Bulletin de l'Afrique Noirs N° 1355:/1987 P. 5.

- 572 -
mique mondial" en constituent la confirmation.
Présentement l' im passe
est effective comme doit'- être effective la nécessité d'abandonner cette
désuète doctrine de l'aide extérieure pour s'appuyer essentiellement
sur les modalités locales de financement.
En Côte d'Ivoire.
pays
sur-
endetté et connaissant un état économique désastreux. la politique de
développement. s'il en existe bien sûr. doit faire de l'intermédiation
financière. le point important du financement et y accorder un intérêt
certain en opérant des adaptations indispensables.
Cela permettrait
de
sortir de l'enlisement et de la "mendicité" du moment qu'ils obligent
les pouvoirs publics ivoiriens A parcourir les capitales occidentales
pour le simple paiement du traitement des travailleurs d'une fonction
publique par ailleurs pléthorique.
Mais ceci suppose que les actions
soient effectuées pour remédier A certains états de fait économiques en
vue du fonctionnement véritable d'une bonne intermédiation financière.
Nous avons testé des insuffisances flagrantes au niveau des
principaux aspects de l'intermédiation financiêre.
Ces insuffisances ont
leurs causes essentielles sans la correction desquelles cette intermé-
diation au lieu de participer effectivement au développement économique.
en constituera un frein par sa nature et par les mécanismes de blocage
qui sont susceptibles d'être engendrés.
Les corn ptes bancaires. la caisse d'épargne postale et d'autres
insitutions financières. revêlent qu'en Côte d'Ivoire: l'épargne demeure
A un stade relativement modeste malgré les forts taux de croissance
qu'elle crée pendant certaines années.
Les causes de cette carence de l'épargne sont diverses. Nous
avons eu A noter la modicité des revenus. la désarticulation de l' écono-
, mie. sa dépendance vi-A-vis de l'étranger. Tout ceci en tant que résul-
tante de l'insertion de cette économie(ivoirienne)A l'économie capita-
liste internationale qui explique en grande partie l'appauvrissement
permanent des ivoiriens. On pourrait céder au simplisme de conclure que
l'augmentation de l'épargne locale passe par une meilleure politique de

- 57~ -
revenus, nous ne croyons vraiment pas que ce soit fondamentale,
bien que
sa nécessité s' im pose pour que des i voir:le'ns qui produisent ne soient plus
atJsimilablès à des bêtes de som me,
mais bénéficient réellement du fruit
de leurs efforts(l).
L'autonomie économique semble être la clé de voûte
d'une évolution différenciée, car elle seule peut permettre de supprimer
la désarticulation économique, d'éliminer les goulots d'étranglement en
harmonisant les fonctions économiques essentielles d'arrêter l' hémorragie
des valeurs vers l'étranger et de
mettre définitivement fin au mouve-
ment désordonné des prix de monopole. C'est dans un tel avenir que
les techniques d'incitation à l'épargne que nous préconisons peuvent se
réaliser, qu'une réduction de l'aptitude à thésauriser et de la thésauri-
sation elle-même est possible au taux d'équilibre déterminé par notre
modèle (cf page 154), tel que :
avec i
=/1et i =_L
.
où C~ 1.
1 - C
En conséquence, l'intermédiation financière pourra disposer
des ressources nécessaires sur place, le recours à l'étranger ne devant.
constituer qu'un appui réel, encore qu'il existe des intermédiaires fi-
nanciers susceptibles de jouer pleinement leur rôle en faveur du déve-
loppement.
L'étude nous revèle que le système intermédiaire financier
qui existait en Côte d'Ivoire n'avait subi que très peu de modifications
par rapport au système colonial ,malgré certains détours juridiques:
des
filiales des banques d'Europe Occidentale ont été juridiquement baptisées
nationales ou banques de droit local, certoAnes banques coloniales ont
simplement changé de dénomination et la Banque Centrale elle-même( BCEAO)
(~):-~~-~~;~~-~~-;;~(-~4;-:~Ïl~-~-~7,;~~-;a-~~~~~~~~i~~- ~:---
cette assertion de notre part.
)

- 574 -
est le produit de la colonisation et reste essentiellement le sYm bole: Je
cette période. Cette modification du fait colonial ne peut donc pas con-s-
tituer une transformation réelle mais doit être perçue com me une adapta-
tion rendue obligatoire par le simple fait que même si l'économie colo-
niale par nature jusqu'à présent,
qu'il est né de l'Etat qui jouait
d'une autonomie internationale dans un contexte d'après-guerre où les
ivoiriens veulent la liberté et le pays son indépendance.
Dans la poli-
tique de contrôle et de domination des pays faibles
par les plus forts,
c'est ce qu'on pourrait appeler la nécessité des temps et que d'aucuns
appellent la transmutation du colonial en néo-colonial.
Ainsi le contrôle
du marché intérieur par le capital f'inancier étranger subsiste et se
perpétue. Sa finalité n'ayant jamais été de favor:iser réellement le déve-
loppement ivoirien, il endosse sa propre fructification en répondant
aux besoins des monopoles étrangers et des économies dominantes étran-
gères auxquelles il appartient, car, comme on l'a écrit," ... l'accès aux
matières premières et la conquête de récents marchés restent les mobiles
prépondérants des industriels et des banques"(l).
Dès lors tels qu'ils
existent à l' heure actuelle, les intermédiaires financiers spécialement
bancaires ne peuvent pas assumer le rôle qui devrait être le '-leur dans
le développement économique ivoirien.
Nous disons gu' il n'existe pas
d'altruisme en la matière, par conséquent le meilleur système intermé-
diaire doit être à dominante nationale non pas par détour juridique
mais
par nature.
C'est à cette condition que les insti tutions allogènes peu-
vent être entraînées sur les traces du finance ment dés activités internes.
La solution ne se trouve nullement dans les étatisations factices accom-
plies à des fins de propagande politique com me en Guinée. Il s'agit de
mettre au point une législation récente et une politique ivoirienne de
récupération effective du marché et des activités, soit par l'Etat, soit
par les Ivoiriens ou par les deux. Ceci ne signifie nullement la suppres-
sion totale des intermédiaires étrangers,
mais mettre fin à leur mono-
pole fâcheux.
C'est à la faveur d'un tel changement que la question du
(1)
-
NEIL J.
PATERSON,
Director of investments international finance
corporation.
Les "banques et les investissements étrangers dans
les P.S.D." Revue Banque n"336 Janvier 1975.

- 575 -
réseau actuellement enclavé dans les centres urbains trouvera sa juste
solution, que d'autres institutions naîtront avec la préoccupation de
toucher toutes les sphères de la vie nationale et que les quelques ins-
titutions étatiques du type Banque de Développement, Caisse Autonome
d'Amortissement, Société Nationale de Financement,
Fonds National d'In-
vestissement et autres, pourront constituer un corn plément efficient dans
la chaîne de financement de l'économie invoirienne. Ainsi, les mécanismes
financiers se réaliseront mieux et pourront trouver une meilleure orien-
tation et le point de vue de M. KLAUS WAIN recouvrera son sens en Côte
d'Ivoire:
" la véritable fonction des banques est de réaliser la meil-
leure répartition des fonds disponibles pour assurer le progrès optimum
à long terme"(1).
Les structures ne sont pas faites pour drainer une petite
épargne individuelle avec efficacité et susciter une épargne liquide
dans le monde rural complètement délaissé du fait de l'enclavement et de
l'extraversion de l'économie ivoirienne.
Les techniques inspirées par
le procédé de l'ancienne puissance colonisatrice sont loin de ;répondre
aux préférences des Ivoiriens dominés par l'analphabétisme. Qu'il s'a-
gisse de formes de dépôts et d'autres moyens d'épargne ou des moyens
d'incitation comme les taux d'intérêt, la· réflexion doit être approfon-
die pour trouver des réponses nécessaires.
Nous avons suggéré certains
points à ce stade dans le chapitre y afférent.
Nous som mes convaincus
que la promotion de l'épargne en Côte d'Ivoire, outre le problème global
des contraintes d'étranglement subies par l'économie ivoirienne, doit
aussi reposer sur les techniques appropriées de sa constitution et de sa
ré.munération. Ces techniques, sans viser à créer un esprit spéculatif'
nuisible, doivent avoir pour objectif de développer la conscience à
l'épargne des cellules économiques, qu'elle passe de l'état sensible à
(1)
-
Exposé de M.KLAUS WAIN,
Doyen de l'Institut d'Helsinki d'Economie
et de gestion des entreprises" ,27e session de l'International
Ban-
king Sumoner School,
Mai -Juin 1974.Revue Banque n"336 Janvier 1975.

- 576 -
L'état rationnel.
Nous avons parlé de réduire la thésauriation par l' e.-
fet des taux d'intérêt, ceci est
parfaïtement concevable et indispensa""
ble pourvu que l'éducation et l'information des ivoiriens aient été
réalisées de manière adéquate indiquant clairement les assurances de
l'opération et les avantages qu'elle procure.
Toute chose qui signifie
que le modèle établi par nous à ce propos s'applique effectivement à
ces cas d'apparence inacessibles. Il n'yapas là l'idée d'une sortie
de spontr,néisme d'un processus assez long. Il est un fait comme nous
l'avons vu que le taux d'épargne malgré la modestie du volume de celle-
ci, connaît une forte croissance,
mais il nous sem ble difficile en l' é-
tat actuel des choses de l'attribuer à l'effet des mécanismes financiers.
C'est simplement un fait naturel qu'on peut observer dans toute société
économique qui dégage un surplus.
Le caractère naturel de cette tendance
est <t'"autant :C'éel que la forte érosion opérée par l'endémique et grave
inflation ne semble pas la décourager.
L'histoire nous enseigne qu'ABI-
DJAN est au nom bre des places les plus chères en Afrique pour ne
pas
dire dans le monde. C'est en cela d'ailleurs que nous avons parlé d'une
épargne, décision planifiée, corn mandée par la réalisation des,. desseins
futurs. Une amélioration sensible des mécanismes financiers aura donc
pour effet de réaliser un dépassement de la logique naturelle en ratio-
nalisant les attitudes des agents de l'économie, ce qui accroîtra le
niveau effectif de cette épargne. Il nous parait nécessaire que la Côte
d'Ivoire se donne les moyens d'une gestion saine de. ses budgets et que
tout soit mis en oeuvre pour stopper les dissimulations abusives au ni-
veau des entreprises ainsi que les pratiques de gestion douteuses afin
que se dégage une épargne sociétaire saisissable.
Dans ce cas, la brade-
r:l.e organisée à travers le Code d'Investissement doit être revue, notàm-
ment les exemptions injustifiées.
Au cours de cette étude, nous avons eu l'occasion de souligner
qu'elle avait pour objectif de concourir à une meilleure connaissance de
la Côte d'Ivoire
,en particulier des problèmes économiques et donc d' or-
dre financier qui se posent maintenant à la Côte d'Ivoire.
Le travail

- 577 -
indique par ailleurs que la Côte d'ivoire connaît un essor économique
sans précédent que font apparaître de considérables taux de croissance-
d'indicateurs économiques ci-dessus. Cet essor s'ex plique, non par la
planification qu'ont adoptée tous les Etats du Continent Africain mem-
bres de la Zone franc,
mais par l' exploitation des ressources naturelles
(bois,
manganèse)et les opérations annexes qui lui sont indispensables:
le secteur bancaire et financier pour le soutien des sociétés en res-
sources financières, le Bâtiment et les Travaux Publics pour la réalisa-
tion des investissements immobiliers des jnf'r~si:t"ucture's' ï~riées(routes,
ponts,
port, infrastructure aéronautique), les transports et communica-
tions pour approvisionner les centres urbains et les chantiers forestiers
en équipements d'ex ploitation, en marchandises, en biens de consom mation
alimentaire et non alimentaire tous im portés des pays industriellement
développés et pour la recherche des ressources naturelles, l'électricité
et l'eau pour fournir la force de l'eau indispensable au bon fonctionne-
.J ,
ment des industries de transformation de bois,
de café, d:é' cacao et
des entreprises diverses.
Les techniques d'investigation employées dans les nations in-
dustriellement développées et que nous avons em ployées dans cette étude
sont inadaptées pour étudier clairement les problèmes de financement du
développement de l'économie ivoirienne, com me sans nul doute, de celles
d'autres Etats du Tiers-Monde. l i faudrait employer à cet effet, non seu-
lement ces indicateurs économiques,
mais aussi les autres indicateurs
dont le coût de la vie et les services publics de base ou infrastructure
économique et sociale(LE.S.). Si le coût de la vie peut permettre, en
tenant compte du pouvoir d'achat(alimentation, habitation, transports et
co-m munications, culture et loisirs,
habillements et hôtels, cafés, res-
taurants, dancings etc ... )des salaires et d f autres re venus, de connaître
vaguement le niveau de la vie de la population, lfLE.S.(Education et
santé, transports et com munication,
Eau et Electricité) donne une idée
fidèle des conditions de vie des Ivoiriens.
Par malheur pour nous, les références statistiques disponibles

- 578 -
ne nous permettent pas de calculer le coût de la vie en C8te d'Ivoire
à cause surtout des modifications permanentes des
bases des indices
des prix(l950 et 1958)pour les prix de gros;
1960 et 1987 pour les
prix à la consommation des Africains résidant à ABIDJA,
1960 et 1987
pour les prix à la consommation des ménages européens disposant
de
hauts revenus et résidant à ABIDJAN, ensuite de la corn partimentation de
ces indices, enfin du nom bre limité de leurs articles et à Cause de
leur localisation à ABIDJAN uniquement.
Malgré cet handicap, le coût de
la vie est très élevé en Côte d'Ivoire et le ni veau de vie très bas. En
revanche, l'I.E.S. nous fournit des informations très appréciables:
les transports et cam munications et l' electricité et l'eau sont liés
essentiellement à l'exploitation des ressources agricoles, au bon fonc-
tionnement des sociétés diverses et des Administrations, la Santé Pu-
blique connalt une insuffisance d'équipement en personnel qualifié, en
matériels et un "manque chronique de médicaments" alors que les forma-
tions sanitaires des entreprises privées et les cliniques privées aux
prix prohibitifs pour les couches sociales les plus démunies sont bien
équipées et pourvues de médicaments, sous l'effet du dédoublement fonc-
tionnel( certains propriétaires de ces cliniques sont aussi les respon-
sables de la Santé Publique), certaines de ces cliniques détournent
les
q uelq ues médicam ents des hôp itaux pu blic~ l' Education NationaJe est éga-
lement sous-équipée aussi bien en enseignements, en personnel auxiliaire
et administratif qu'en équipements et fournitures scolaires variées,
tandis que les établissements privés d'enseignement iucratifs prolifèrent,
i l faut aussi mentionner que certains établissements du 2'
dégré approvi-
sionnent - en élèves les établissements privés.
En Côte d'Ivoire, l'essor de l'I.E.S.
se fait au profit des
entreprises et au détriment des Ivoiriens.
Quelle est la principale stratégie du financement du déve-
loppement ivoirien telle qu'elle est dégagée par cette étude? Cette
stratégie s'articule autour des deux points suivants:
la stratégie du
financement du développeme'nt ivoirien et le3 perspectives.

- 579 -
Les obstacles humains et matériels au financement de dévelop-
pement n'ont pas été vaihcus; par la Côte d'Ivoire, en tenant com pte de
l'action financière et monétaire de ce pays.
L'action financière revient
aux responsables ivoiriens et l'action monétaire à la Banque Centrale
des Etats de l'Afrique de l'Ouest (B.C.E.A.O.).
En ce qui concerne l'action financière, l'absence des facteurs
de production internes (les capitaux) pour l'ex ploitation des ressources
agricoles se traduit par de nom breux avantages financiers et fiscaux
donnés
par les Autorités aux investissements extérieurs pour attirer les capitaux
étrangers. Ces intérêts sont le prolongement des mesures incitatrices prises
par les responsables coloniaux en 1953 pour encourager les investissements
des ressortissants de la métropole dans les territoires d' Outre- Mer (conven-
tion de longue durée- 25 ans, garantissant la stabilité des charges fiscales
des entreprises pour investissements, nantissement de l'outillage et du
matériel d'équipement.
La Caisse Centrale de Coopération Economique( ancienne Caisse
Centrale de la France Libre >intervient pour instruire les dossiers de
demande de prêts présentés par des établissements privés installés en
territoire ivoirien auprès des bailleurs de fonds extérieurs, centre.lise et
concourt à la garantie des prêts octroyés, et accorde elle-même des
crédits à moyen et long termes à l'économie ,en association avec les éta-
blissements internationaux spécialisés dans le financement du développe-
ment(F.E.D.,
B.I.R.D.) la B.C.E.A.O et le système bancaire ivoirien.
Les intérêts financiers et fiscaux octroyés aux investisse-
ments étrangers entraînent une baisse des recettes fiscales du budget de la
Nation.
L'orientation de ces ressources en priorité vers la réalisation de
l'I.E.S. liée au d@:veloppement de la production tournée vers
l'Etranger
,
et au bon fonctionnement des entreprises et des Administrations accentue
la pénurie de la production des biens de consom mation alimentaire et non
alimentaire et leur substitution par des importations consiérables en

1
- 580 -
provenance des pays développés, d'où la hausse continue du coat de la
vie des Ivoiriens.
La plupart de la population du Centre-Ouest et du'
Nord en sont durement affectées.
D'autre part, en ce qui concerne l'action monétaire, la BCEAO
qui rassemble la France, le Sénégal, le Togo, le Niger, le Mali, la Côte
d'Ivoire, le Burkina Faso et le Bénin finance les opérations dirigées vers
l' étranger ( de'veloppement des productions agricoles d'ex portation, ex ploi-
tation forestière, com merce, transports et com munications)
pour augmenter
le volume des devises étrangères de la Zone d'émission.
Elle espère ainsi
mieux gérer le franc C.F.A. La B.C.E.A.O. finance ses activités, comme
la C. C• C . E., en association avec les Banques internationales dont les
agences installées sur le territoire ivoirien regroupent le secteur bancaire
en Côte d'Ivoire.
l i résulte que l'essentiel du financement du développement de
l'économie ivoirienne provient des pays développés qui s'intéressent aux
matières premières agricoles.
Le financement de l'économie de la Côte
d'Ivoire est une illustration de la spécialisation internationalè du travail:
la Côte d'Ivoire est spécialisée dans la production des matières premières
agricoles destinées aux pays industriellement développés qui lui procurent
des produits industriels. La spécialisation interntionale est basée sur la
théorie des coats comparés d'ADAM SMITH et- de DAVID RICARDO, actuali-
sée par la théorie des étapes de la croissance économique du Professeur
ROSTOW, et par la stratégie de développement économique du Professeur
Albert
o. HIRSCHMAN. Les organisations internationales dépendant de
l'O.N.U (B.I.R.D.,
P.N.U.D., O.M.S etc ••. ), ou de la C.E.E.(F.E.D),et
l~s pays développés se servent de cette source
analytique(Rapport
PEARSON en 1969) pour justifier leurs investissements dans les pays
de la périphérie dont la Côte d'Ivoire.
Dans ces circonstances, la Côte d'Ivoire ne se développe pas,
pour la raison que ses ressources matérielles indispensables pour son

- 581
-
expansion concourent à l'accumulation des richesses dans les pays indus-
triellement développés.
Elle s'appauvrit elle- même continuelle ment et
constitue un exemple de développement du sous-développement ou de
la "croissance sans développement" (1).
Quelles sont les perspectives d'avenir? Les réformes fiscale
et monétaire pour la mobilisation de l'épargne interne nécessaire au finan-
cement du développement économique ivoirien et le freinage à l'afflux des
investissements étrangers constituent la base réelle des perspectives de
la Côte d'Ivoire.
A -
La proposition de réforme fiscale
Les propositions de réforme fiscale qui signifieraient la supp-
ression des intérêts fiscaux et financ~ers octroyés aux investissements
étrangers. l'instauration de l' im pôt progressif sur tous les hauts revenus
des couches sociales priviligiées d'une part. l'équipement de l'Autorité
fiscale dans le domaine de la formation professionnelle et de l' organisa-
tion du tr'ivail, d'autre part.
permettraient l'élévation du ni'Jeau de la
fiscalité. L ~identification critique du bilan des recherches fiscales récentes
avantagerait l'adéquation de cette fiscalité au développement du pays.
Dans ces conditions, les dépenses publiques resteraient dirigées vers L!.accom-
plissement
des objectifs d'ordre prioritaire répondant aux exigences
des Ivoiriens et de la Nation.
B -
La proposition de réforme monétaire.
La proposition de réforme monétaire intéresserait l' ense mble
des Etats africains mem bres de la Zone franc. Cela signifierait la suppres-
sion des comptes ri 'opérations de ces Etats auprès du Trésor Français, la
création d'une monnaie nationale par pays, et d'une monnaie commune,
unité de com pte ,gérée par la Banque Centrale Africaine qui deviendrait
l'Autorité monétaire centrale de ces Etats. Ces deux
monnaies serviraient
(1) - SAMIR AMIN:
"Le développement du capitalisme en Côte d'Ivoire
Ed; de Minuit - Paris 1967.

1
J
- 582 -
d'instrument de gestion économique aux
pouvoirs publics locaux
pour
la monnaie locale, et de garantie ou le maintien de la solidarité entre"
les Etats mem bres de la Banque Centrale Africaine.
Elles seraient gagées
sur l'or, les monnaies de réserves, et sur les matières premières
nationales pour restreindre les effets occasionnels nuisibles aux monnaies
de réserves.
Cette proposition de réforme permettrait l'obtention de l'auto-
nomie monétaire et son usage au service du financement du développement
économique ivoirien. Elle opérerait à l'introduction du système bancaire
et financier dans le processus de développement de ces Etats.
Ces propositions de réforme de la fiscalité et de la monnaie
constituent un coût indispensable au financement du développement de ces
Etats.
La mise en oeuvre de ces réformes par les Autorités politiques
conscientes de l'intérêt national et des exigences du développement éco-
nomique en est une condition com plémentaire pour ne pas dire suffisante.
Il appartient aux populations de ces Etats africains mem bres de la Zone
franc de se charger de la responsabilité qui consiste à abolir' le système
économique, social et culturel qui reste contraire à leurs exigences di-
rectes et fondamentales pour établir celui qui permettra le financement
du développement de leurs Etats et de rendre meilleures leurs condi-
tions d' existence.

- 583 -
A N N E X E

1
ST RUCT URE DE L' ECONDMIE IVOIRIENNE
'.

~~~4~4~~.;$~j-';';'G~~~.~uœ'"i';.ili":';''.:JY,ffi'';'W~.:.~~~44';èlli<~W'''''i:li!f'iit'···{c'h'~)·td'~"--dW'"-e·ii2i?F;(',\\;ti·-h'''')J9k,;f'"::·~-;;,;~'tij,:'V-'-
V'~"'-
f t
J
t
'i
f'(fiCeîîiîîj-·'
'U" Ws'
T
TABLEAU N-l0C -
DESTINATION DES INVESTISSEMENTS PUBLICS ( 1950- 65)
(
MILLIARDS DE FRANCS C.F.A.)
pPERIODE 1950 -
1960'
PERIODE 1961 - 1965
SEC T E URS
MONTANT
MOYENNE
PROPORTION
MONTANT
MOYENNE
PROPORTION
1
GLOBAL
ANNUELLE
-.)
,
GLOBAL
ANNUELLE
~
--------------------------------f------------ ------------ ~----'------- ~------------ ---------- ------------
1 - Economie :
1
-
Agriculture
11,1
l, °
12,3~
6,8
1,4
10,0~
-
Energie
4,8
0,4
4,3%
6,9
1,4
10,2J
-
Autres secteurs
3 8
0,3
4,2%
5 4
l ,1
7,2J
,,""---~------'
-- 1-.
-----~------ '-.
-----
TOTAL A
19,7
1,7
21,8~
19,1
3,9
28,0~
2 - Infrastructure et transports
-
Routes
17,2
1,6
19,U
12,2
2,4
17,9J
-
Ports
4,3
0,4
4,8
4.4
0,9
6,5
FI -
Aérodrome
3,4
0,3
3,9
0,5
0,1
0,7
~ - Che lb in de fer
6,2
0,6
6,9
4,8
1,0
7,1
______-LL____
-
Postes et télécom munications
2,9
0,3
3,2
2,1
o 4
f-.
1
1----- - - - - - -
---.....
--------------- _____.:::...L.:...-__
TOTAL 2
36,1
3,3
40 ~
24,4
4,9
36 ~
3- Administratif et social
-
Urbanisme et logements
7,0
0,6
7,8
9,3
1,9
13,7
-
Equipement social
13,2
1,2
14,7
5,5
1,1
8,1
-
Equipement administratif et
dépenses générales
13,8
_.
1,3
9,6
1,9
1--'
-- 15,3
----r--
-- r-.
-
14,1
TOTAL 3
34,1
3,1
38,2~
24,4
4,9
36 ~
-------------------------------f-.
----- f-.
-- --
---1-.
-----f--------- ----
---
TOTAL GENERAL
90,0
8,2
100~
68,0
..
13,6
100J
-

SOURCES : B.e. E.A.O.
: notes d'information et sl:atistiques' - Paris MJ.nistêre des Finances.' des Affaire. Economiqhes et
du Plan - Bulletin mensuel de statistique, Abidjan - IMF, international Financial Statistics, Washington D.C.

\\0
00
LO
TABLEAU N-
19~ PRINCIPAUX SECTEURS D'ACTIVI~
-----------
-'
,--------------------------------------------------------------------------------------------+------------------
1
1
1
1
1
1
SEC T E U R I
VALEUR 1
PRODUCTION TOTALE Y
1 PRODUCTION
DES SOCIETES
1 NOMBRE DE SOCIETES
1
1
AJOUTE~
COMPRIS BIEN INTERME
1 ETRANGERES
1 ENREGISTREES
1
1
1
DIAIR E Totl1U7ES FOR MES 1
.
1
I-----------------------------------~--------;----------------~-----Î------------------------+------------------
1
1
1
1
1
1 1.
AgriclÙture et élevage
1
43,4001
48,500
1
0
!
0
1
dont production de subsistance
1
36,0001
1
1
1
l
,
12. AgriclÙture industrielle et d'exporta-l
35,0001
38,182
1
3,410
!
63
1
tion
1 3.
Bois
10,2001
17,000
16,500
55
1
1
1 if.
Pêcheries
1,5901
2,388
2,208
14
1
1
1 5.
Mines
1,153 ,
1,600
1,600
15
1
1
6. Industrie dont
22,577 1
42,644
31,194
257
1ndustriee
alimentaires
4,403 1
9,940
8,590
46
1
Huileries végétales
1,5231
4,024
3,443
5
Textiles
2,5821
5,912
4,ta7
15
Bois
2,930 1
5,000
5,300
69
VéhiclÙes
3,0061
5,465
1,455
24
Industries légères
2,8631
5,531
4,374
48
Autres industrtesmécaniques
8701
1,790
1
1,540
45
Services publics
4,4001
4,382
1
2,365
5
1
1
7. Bâtiments des Travaux Publics
10,7801
24,969
1
16,434
1
140
1
1
1
8. Commerce
17 ,251 1
87,751
1
75,000
1
433
1
1
1
____________________________________ L
~
~-------------------------------------------.

TARLBAU N-
EXPORTJlTION EN
TAUX DE CONCENTRATION
% DE LA P.N. B
( 1960)
Deux premières exportations
Exportation vers le partenaire
(en deux %du total)
principal( 1968) (en r. du total)
"
Nvlle Z~landc
39,8
54,1 (lainé, blé)
44.3 (G 3 rande-Bretagne
Suède
34,3
40,7 (bois, minerai de fer)
14,7 (Allemagne Occidentale)
.....
1 Côte d' 1 voire
24,1
73,7 (café, cacao)
52,5 (France - 1960)
00
1 Suisse
21,9
(pas applicable)
14,3 (Allemagne Occidentale)
'.Il
1
Canada
14,9
40,8 (bois, blé
67,7 (Etats -Unis)
Grdc-Bretagne
12,9
(pas applicable)
(pas applicable)
France
11 ,4
(pas applicable)
16,9 (Allemagne Occidentale)
Australie
6,1
49,1 (laine, blé)
25,5 (Japon)
Etats-Unis
4,2
(pas applicable)
22 ,4 (C an ada )
SOURCES : F.M.I. International Financial Statistics ; Washington D.C.

1
- ; 5."~8 -
LE
CODE
DES
l NVEST l SSD1ENT S PRI VES
'.
. '

589
Loi du 3 Septembre 1959, portant code des investissements privés.
1. Texte de la loi.
Loi n" 59-134 du 3 Septembre 1959 déterminant le régime des investisse-
ments privés dans la République de Côte d'Ivoire.
L'Assemblée législative a adopté,
Le p~emier Ministre promulgue la loi dont la teneur suit
Article premier - le régime des investissements prévus en Côte
d'Ivoire est déterminé par les dispositions ci-après qui confirment et
complètent les mesures arrêtées ou recommandées par :
- La
délibération n" 33-59 AT et le voeu n" 35-58 AT du
11 Avril 1958 de l'Assemblée territoriale
- Les délibérations n" 270-58 AC, 271-58 et 272-58 AC et le
voeu n" 273-58 AC du 23 Janvier 1959 de l'Assemblée constituante.
TITH E l - LES ESTR EPR IS ES PR WR ITAIR ES
Article 2. - sOnt réputées prioritaires sur le ter~itoire de la
République de Côte d'Ivoire, les catégories d'entreprises ci-après
1" - Les entreprises immobilières ;
2
- Les entreprises de cultures industrielles et les industries
connexes de préparation (oléagineux, hévéa, canne à sucre, etc ... )
3" - Les entreprises de cultures industrielles de préparation
et de transformation mécanique ou chimique des productions végétales et
animales locales (café, cacao, oléagineux, hévéa, bois, coton"cann.e .,
sucre, etc ..• ) ;

- 590 -
4 " - Les industries de fabrication et de montage des articles et -
objets de grande consommation (textiles, matériaux de construction, fa-
brications métalliques, véhicules, outillage et quincailleries, engrais,
produits chimiques et pharmaceutiques, pâte à papier, papiers, cartons et
applications, produits plastiques, etc •.. ) ;
5" - Les industries minières d'extraction, d'enrichissement ou de
transformation de substances minérales et les entreprises connexes de
manutention et de transport, ainsi que les entreprises de recherches
pétrolières
5· - Les entreprises de production d'énergie.
CONDITIONS D' AGREM~T
Article 3. - Les entreprises appartenant à l'une des catégories
ci-dessus pourront, par décret pris en COnseil des Ministres, être
agréées comme prioritaires lorsqu'elles remplissent les conditions d'agré-
ment suivantes :
a) - Concourir à l'exécution des plans de dévefoppement économique et
social dans les conditions déterminée3 par le décret d'agrément;
b) - Effectuer des investissements revêtant une.importance particu-
liêre pour la mise en valeur du pays
c) - Avoir été créés après le 11 Avril 1958 ou avoir entrepris après
cette date des extensions importantes, mais seulement en ce qui concerne
ces extensions.
Article 4. - Eh cas de manquement grave d'une entreprise agréée aux
obligations imposées par le décret d'agrément, le retrait d'agrément est
prononcé, après mise en demeure non suivie d'effet, par décret pris

- 591 -
en Conseil des Ministres. Dans ce cas, l'entreprise est soumise pour com-
pter de la date dudit décret au régime de droit commun.
Article 5. - Toutes les entreprises agréées comme prioritaires sans
exception, bénéficieront de mesures d'exonération ou d'allègement fiscal.
Celles d'entre elles qui présentent une importance particulière pourront, sur
autorisation spéciale donnée par une loi, être admises au bénéfice du régime
fiscal de longue durée défini ci-dessous et passer avec le GOuvernement des
conventions dites d'établissement dans les conditions déterminées ci-après.
La loi prévue à l'alinéa précédent fixer la période d'application du
régime fiscal de longue durée ainsi que la durée et les conditions générales
de la convention d'établissemnt, les autres dispositions étant déterminées
par décret pris en Conseil des Ministres.
TITRE II - LE ROOIME FISCAL DE LONGUE DUREE
Article 6. - Le régime fiscal de longue durée est destin~ à garantir
à des entreprises agréées comme prioritaires, la stabilité de tout,ou partie
des charges fiscales qui leur incombent, pendant une période maximum de 25
ans, majorée, le cas échéant, dans la limite de 5 années, des délais nor-
maux d'installation.
Article 7. - Pendant la période d'application d'un régime fiscal de
longue durée, aucune modification ne peut être apportée aux règles d'assiette
et de perception ainsi qu'aux tarifs prévus par ce régime en faveur de
l'entreprise bénéficiaire.
Pendant la même période, l'entreprise bénéficiaire ne peut être
soumise aux impôts, taxes et contributions de toute nature dont la création
résulterait d'une loi p'ostérieure à la date d'application du régime fiscal
de longue durée.

- 59? -
Article 8. - Pn cas de modification au régime fiscal de droit
com~un, toute entreprise bénéficiant d'un régime fiscal de longue
durée peut demander le bénéfice des dites modifications. Il peut lui
être donné satisfaction par décret en Conseil des Ministres.
Toute entreprise bénéficiaire peut demander à être replacée sous
le régi~e du droit commun à partir d'une date qui sera fixée par décret
en Conseil des Ministres.
TITR E III - LA CONVENTION D'ETABLISSEMENT
Article 9. - La convention d'établissement fixe et garantit les
conditions de création et de fonctionnement de l'entreprise priori-
taire admise à en bénéficier.
Elle ne peut être passée qu'avec une entreprise bénéficiant d'un
régime fiscal de longue durée et sa durée ne peut excéder celle de ce
régime fiscal.
Elle ne peut comporter, de la part de l'Etat, d'engagement ayant
pour effet, de décharger l'entreprise bénéficiaire des pertes ou charges
ou des manques à gagner dus à l'évolution de la conjoncture économique
ou à des facteurs propre à l ' e n t r e p r i s e . -
Article 10. - Le règlement des différends ~ésultant
de l'application
des dispositions d'une convention d'établissement et la déternination
éventuelle de l'indemnité due pour la méconnaissance des engagements
pris, pourront faire l'objet d'une procédure d'arbitrage dont les mo-
dalités seront fixées par chaque convention.

-
593 -
TITRE IV - LA FISCPLITE
Article 11. - Les mesures d'exonération et d'allègrement fiscal
dont bénéficient, sans exception, toutes les entreprises agréées conme
prioritaires concernent :
- Certains droits et taxes perçus à l'entrée du territoire de la
République sur les marchandises et produits i~portés, droit de douane,
droit fiscal d'entrée, taxe forfaitaire représentative de la taxe de
transaction ;
Ce~tains impôts, contributions et taxes frappant les activités inté-
~ieures de production ou les transactions, impôts sur les bénéfices indus-
triels et commerciau~ contribution foncière des propriétés bâties, taxes
sur les biens de mainQorte, contribution des patentes, droits d'enrégistre-
ment et de timbre, taxe d'extraction des matériaux;
Certains droits et taxes perçus à la sortie du territoire de la Répu-
blique : droit fiscal de sortie, taxe forfaitaire à l'exportation représen-
tative de la taxe de transaction.
Leur liste en est fixée au tableau annexé à la présente loi et les
mesures ne. pourront prendre effet qu'à coopter du 1er Avril 1959 en ce
qui concerne les droits et taxes prévus à l'alinéa Z du présent article
et du 11 Avril 1958 en ce qui concerne les alinéas 3- et 4.
AVANAGES OFFERTS PAR LA LOI
La loi du 3 Septembre 1959, portant Code des Investissements, prévoit
les avantages suivants pour les entreprises ayant obtenu l'agrément du
Gouvernement
a) - La loi de 19~9 reprend les dispositions prévues par la législa-
tion de droit commun en faveur de toutes les entreprises industrielles qui
s'installent en Côte d'Ivoire, à savoir une exonération quinquenna~·desimpôts

- 594 -
sur les bénéfices industriels et commerciaux, sur les patentes, les
contributions foncières et les taxes des biens de mainmorte.
bl - Outre ces avantages fiscaux, la loi de 1959 accorde aux entre-
prises agréées comme prioritaires des avantages douaniers, sous forme
d'une exonération des droits d'entrée
- sur les matériels de production importés lors de la création
de l'usine
- sur les matières premières importées entrant dans la composition
des produits finis: cette exonération couvre une période de dix ans.
cl - par ailleurs, les entreprises agréées comme prioritaires béné-
ficient de certains avantages, tels que
- une réduction des droits d'enregistrement et de timbre;
- une exonération quinquennarede la taxe d'extraction des matériaux
- une exonération décennale de 50 %des droits de sortie, lorsque
les produits de l'entreprise sont destinés à être exportés;
d) - Enfin, en dehors de ces avantages, certaines entreprises
ayant une importance toute particulière, peuvent bénéficier d'un régime
fiscal de longue durée et d'une convention d'établissement tels que défi-
nis par la loi.

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La bibliographie sur la Côte d'Ivoire 2St cons-
tituée principalement de documents et rapports d'un carac-
tère administratif.
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une documentation très riche,
quoique de qualité et d'intérêt
très disparates.

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LI ST E
DES
TABLEAUX
ET
GRAPHI QUES

- 609 -
Pt TABLEAUX
NUMEROS
PAGES
l - La structure par tranches d'âge de la population ivoirienne ....
13
2 - Structure par âge et sexe de la population d'Abidjan en %
verticaux
.
15
3 - Evolution de la structure de la production intérieure brute
en %•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
17
4 - Evolution de la structure de la production agricole pour
l'industrie et l'exportation en %
.
19
5 - Evolution de la production vivrière (en milliers de tonnes) .....
23
6 - Evolution de la structure de la production industrielle
.
28
7 - Structure de l'évolution de l'emploi salarié
.
32
8 - Accroissement de la main-d'oeuvre salariée de 1960 à 1986
P;'R BR';~CHF..s C' ACTIETE . . . • • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . • .
9 - Répartition et évolution de l'emploi à Abidjan
.
36
10 - Répartition des salariés selon la qualification et l'origine
nationale (secteur secondaire - en pourcentage) 1980-1986
.
37
:: - Offres et demandes d'emploi
.
38
12 - Consommation des ménages
.
41
13 - Evolution du S.M.I.G. (1ère zone secteur non agricole) et des
salaires horaires des agents de maîtrise, techniciens et assi-
milés
.
44
14 - Structure de l'accroissement de la consommation des ménages et
élasticités
.
15 - Indice général des prix à la consommation africaine. (Base:
lCO, 1960, s'appliquent au cas d'une famille de 4 à 5 personnes
vi vant à Abidj an) . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4'71

-
610 -
16 - Indice général des prix à la consommation faQiliale africaine
rbidjan (base: laC, 19(5)....................................
48
17 - Incidence de l'évolution des indices partiels sur l'évolution de
l'indice d'ensemble des prix à la consommation.......
49
18 - part relative des indices partiels dans l'évolution de l'in-
dice des prix à la consommation de 1980 à 1987...
50
19 - Répartition des salaires africains selon le niveau de salaire
et le secteur d'activité (en pourcentage)..
51
20 - La formation brute de capital fixe (FBCF) (en millions de
francs CFA. ). ..
.. .. .. .. . . . . . . . . . . . . .. . . .. . . .. . . . . .. . .
52
21 -
Exp:>rtaticns
par principaux produits........................
57
22 - Exportations des principaux produits (en milliards de F CFA.)
58
23 - Structure en pourcentage du total des exportations par princi-
paux pays clients·............................................
59
24 - Importations par principaux produits..
6C
25 - Répartition des importations par principaux pays fournis-
seurs. (en millions de francs C.F.A. )........
61
26 - Evolution de la balance commerciale de la Côte d'Ivoire
(millions de francs C.F.A.)....................................
63
27 - Indices des prix à l'exportation et à l'importation
Base lCC : rnnée 1975..........................................
64
28 - Les comptes économiques de la Côte d'Ivoire(milliards de
francs C.F.A)..................................................
66
29 - Présentation de la balance des paiements de la Côte d'Ivoire
(en milliards de francs c.l:' .;.. )..... ... .... .. .... .... .... .... ..
68
30 - Epargne en milliards de francs C.F.A.....
98

- 611
-
NUMEF.CS
Pf..GES
31 - Evolution et répartition de l'épargne brute nationale
en millions de francs C.F.;..... •
.
99
32 - Les investissements en Côte d'Ivoire par agents 1980-198~...
lOC
33 - Investissements bruts à l'échelon national en 1960 et 1986
(millions de francs CFA.)
.
101
34 - Répartition des investissements du 8S12 par secteurs(en
millions de francs CFA.) de 1960 à 1987
.
102
35 - Indice de croissance de l'épargne-dépôt en 1960
.
104
36 - Solde de fin d'années des comptes à la caisse d'épargne
(millions de F CFA.)
.
les
37 - Indice de croissance de l'épargne-dépôt en 1987
.
107
38 - Evolution des fonds mobilisés par quelques ivoiriens
.
1 1 ,..
_.LJ
39 - !"louvementsdu compt~ d'opèratioQs
..
119
40 - Evolution de S.M.I.G. Horaire de 1963 à 1988
EN FH;':-.fCS CFA . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
41 - Epargne des ménages en Côte d'IVüIHE ..................•....
123
42 - Epargne postale (en millions de francs C.F.A)
.
125
43 - L'épargne publique 1975-1987 (en millions de francs CF,':,) ...
1 ?~
- - 1
44 - Revenu national brut en Côte dl Ivoire de 1960 à 1987 (en
millions de francs CFA.)
.
135
45 - Evolution des transferts postaux. \\ïrements et mandants pos-
taux émis et payés en millions de francs C. F. ç. •••••••••••••
139
46 - Intérêts créditeurs ..•......................................
190

-
612 -

Nl'l\\1EROS
PAGES
47 - Comptes bancaires selon leur importance de la clientèle
nationale du secteur privé.....
194
48 - Comptes bancaires selon leur importance de la clientèle afri-
caine étrangère du secteur privé
195
49.- Variables selon la théorie de GOLDSMITH
231
5C - Part de la France dans le commerce extérieur des pays
africains de la Zone franc
de 1978 à 1987
288
51 - Solde de la balance des paiements des pays indépendants de la
zone franc vis-à-vis de la France, des départements et
et territoires d'Outre-Mer (établie sur la base des règlements)
(en millions de francs).......................................
289
52 - Investissements publics et privés de 1960 à 1986 par secteur
(en milliards de francs C.F.A. 1975)
297
53
Cheminement des investissements publics et privés
298
54
Taux de croissance (%) et coefficients de capital brut~......
300
55 - Cheneinement des investissements du secteur privé de 1960 à
1986 ( en milliards de francs C.F.P.,.)........................
303
56 - financement des investissements (en milliards de francsCFA. ) ..
308
57 - Evaluation concernant les prélèvements effectués par le fonds
national d'investissement (en milliards CF,:'. 19 ( 5)..........
325
58 - Evolution de la masse globale des revenus distribués aux ména-
ges (en millions de francs CF;. courants).........
330
59 - Revenus monétaires agricoles annuels par tête
(en francs C.F.A.)
331
60 - Le financement de la section territoriale de la Côte
d'Ivoire . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . '
334
61 - Opérations d'intérêt général pour les 13 Etats africains. ....
336

- 613 -
~UMF.POS
62 - 1":apitaux du fonds d'aide et de coopération à la Côte
d'Ivoire 1959 - 1986 (en millions de f:-ancs CFA. ). . . . . . . . . .
337
63 - Opération par secteur économique......
338
64 - L'aide de la caisse centrale de coopération écononique
(C.C.C.E) (en millions de francs CF?).....................
338
65 - Situation monétaire 196C -1986 des avances et des parti-
cipations de la C.C.C.E. à le. Côte d'l:voire................
342
66 - Financement public extérieur des Etats et institutions
multinationales à la Côte d'Ivoire....
346
67 - Le financement public extérieur rçu pRr la Côte d':voire
par secteur et par source (1960 à 1986) en nilliards
de francs CFA.).............................................
348
68 - Les apports du secteur privé des pays membres du conité
d'aide au développe~ent (C.p..C.) à la Côte d'IVOIRE
350
69 - Les sociétés bénéficiaires du reglme fiscal de longue
durée en Côte d'Ivoire depuis la période coloniale, leur durée
d'implantation et du régime fiscal respectif
37 2
70 - Avantages fiscaux de MOKTA .••...............••..........•...
373
71 - Evolution de la dette publique extérieure
(en milliards de francs CF;'. ). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
r8
72 - Evolution de la dette publique(en milliards de francs CFA.).
3~?
73 - Evolution du service de la dette publique extérieure.......
380
74 - Les objectifs économiques et sociaux et les moyens corres-
pondants de leur exécution.................................
381
75 - Evolution annuelle du taux de la hau3se des 9rix en Côte
d'Ivoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
382

-
614 -
NUM rn rIs
P;. G::s
76 - Coût des loyers en Côte d'Ivoire
,
384
77
Evolution du salaire mlnlmUffi inter professionnel garanti
( S . ~1 . l . G. ). . . . • . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
386
78 - Evolution des prix de consommation courante en Côte
d'Ivoire
, . , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
388
79 - Détermination des prix des produits d'importation....
391
80 - Détermination des produits de fabrication locale et des
services. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
392
81 - Crédits à court, moyen et long terme consentis par les
i:1s titutions monétaires de Côte d' l voire( millions de
de francs CFA.).................................................
396
82 - Evolution de la masse monétaire (en milliards de francs CFA. ). ..
397
83 - Evolution du crédit à l'économie en Côte d'Ivoire (en milliards
de francs CFA. ) .. 198Q.à 198.7. .. " , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
399
84 - Part des crédits à l'économie financée par la B.C.E.A.O. à la
Côte d'Ivoire (en milliards de francs CFA)
401
85 - Secteur bancaire ivoirien........................................ 4C5
.86 - Pépartition des crédits accordés à la Côte d'Ivoire (en millions
de francs CFA) entre 1983 et 19t':'
408
87 - Origine des ressources du crédit de Côte d'Ivoire pour l'exercice
1983 - 1987 (en millions de francs CFA. ). . . . . . . . . .. . .. . .. . . .. ...
409
88 - les établissements financiers de la Côte d'Ivoire
410
89 - Crédits à l'éconor'lie (Millions de fi..~ancs CF,:,.)..................
413
90 - Financement des crédits à l'économie par la banque centrale
(en millions de francs CFII. ).... .. ... .. .. .. . .. ... . .. . . . .. .. . .. ..
!~14

- 615 -
i'IL'M F.F OS
P;:.G F.S
91 - Crédits bancaires à la production agricole et à la distri-
bution de marchandises de Côte d'Ivoire......
419
92 - Crédits à moyen terme aux entreprises de distribution de
marc handis es . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
42C
93 - Crédits à Doyen terme par la banque centrale (autorisation de
réescompte - en millions de francs CF;:',. ). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
42:
94 - Crédits à moyen terme consentis par le réseau bancaire de Côte
d'Ivoire
(millions de francs CFA. ). . . .. . . . .. .. . . .. .. . . . . .. . . . . .
423
95 - COncours aux entreprises et particuliers
(en milliards de francs CF;'. ). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
425
96 - Les concours de la banque centrale aux trésors nationaux
des états de l'l'nion.............................................
427
97 - Découverts utilisés par les tréc"..,or5 ,lat ion aux de l' Vr'1C;'.
(en millions de francs CFA.).....................................
429
98
Evolution des avoirs extérieurs de la B.C.E.A.O
.
432
99 - Evolution de la masse monétaire de l'Union monétaire Ouest-
Africaine. . . • . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . • . .
434
1CO - Evolution des prix de la production agricole de l'Lnion
(fr?J1cs CFA/KG)..................................................
437
101 - Dépôts en comptes d'opérations de banques centrales des pays
indépendants de la zone franc comparés aux réserves officielles
de la France (au 31 Décembre ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
445
102 - Les effets des soldes du compte d'opérations de l'Union pour les
pays membres et pour la France....................................
453
103 - Dévaluations successives du franc français et par conséquent du
francs CFA
456
104 - Aide à la Côte d' Ivoire. . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . .
476
1e5 - Cette extérieure de la Côte d'Ivoire
47 7

- 616 -
PilC?S
106 - Récapitulation des besoins de main-d'oeuvre suivant le
niveau de qualification..............
485
107 - Répartition des effectifs et des salariés selon la qualifi-
cation du secteur secondaire et l'origine (africaine ou
non), 1980-1987 1 en pourcen tage ). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
486
le8 - Répartition des salariés du secteur moderne suivant le
niveau de qualification et l'origine nationale
(secteur privé et semi-public
en pourcentage)....... ....
487
109 - La capacité contributive et la satisfaction des besoins...
524
110 - Comparaison des dépenses du budget de l'Etat dans différents
pays développés et sous-développés en 1959 en pourcentage.
530
111- L~ rigidité des systèmes fiscaux des pays sous-développés..
53C
112 - Evolution des taux de réescompte.....
543
113 - Recettes fiscales (en %du P.I.B.) et part des recettes
fiscales indirectes dans le montant global des recettes
fiscales en millions de francs CFA. de la C.I..............
548
114 - Taux d'épargne, coefficient marginal de capital et taux de
croissance en Afrique au sud du Sahara 1963-19'79..........
552
115 - Panorama mondial de l'effort fiscal par pays..... .... .....
554
116 - Revenus tirés de l'imposition sur les revenus en % des
revenus totaux d'imposition pnys industrialisés.. .... ....
558
. 117 - Revenus tirés de l'imposition sur les revenus en % des
revenus totaux d'imposition - pays de la B.C.2.~.O.......
558
118 - Le cor:unerce extérieur de la France (1960-1976)
(en millions ·de francs français) (solde).................
564
119 - Evolution du produit intérieur brut........
615
(en milliards de francs cfa.)

- 616 -
;\\UNgOS
106 - Récapitulation des besoins de main-d'oeuvre suivant le
niveau de qualification................
485
107 - Fépartition des effectifs et des salariés selon la qualifi-
cation du secteur secondaire et l'origine (africaine ou
non), 1980-1987 ~ en pourcentage)..........................
486
108 - Répartition des salariés du secteur moderne suivant le
niveau de qualification et l'origine nationale
(secteur privé et semi-public
en pourcentage).
487
109 - La capacité contributive et la satisfaction des besoins...
524
110 - Comparaison des dépenses du budget de l'Etat dans différents
pays développés et sous-développés en 1959 en pourcentage.
53C
111- LA rigidité des systèmes fiscaux des pa:iS sous-développés..
530
112 - Evolution des taux de réescompte...............
5 43
113 - Recettes fiscales (en %du P.I.B.) et part des recettes
fiscales indirectes dans le montant global des recettes
fiscales en millions de francs Cfil" de la C. 1. . . . . . . . . . . . . .
548
114 - Taux d'épargne, coefficient marginal de capital et taux de
croissance en Afrique au sud du Sahara 1963-1979..........
552
115 - Panorama mondial de l'effort fiscal par pays..............
554
116 - Revenus tirés de l'imposition sur les revenus en % des
revenus totaux d'imposition pays industrialisés....
558
117 - Revenus tirés de l'imposition sur les revenus en % des
revenus totaux d'imposition - pays de la B.C.E.A.O.......
558
118 - Le commerce extérieur de la ~rance (1960-1976)
(en millions de francs français) (solde)...
564
119 - Evolution du produit intérieur brut....
615
(en milliards de francs cfa.)

- 61 7 -
l\\lM:=r cs
P;;G t:S
120 - Cestination des investisseoents publics (1959 - 65)
'"
628
121 - L'écono~ie coloniale: principaux agrégats
629
(en milliards de francs CF;',. )
122 - Principaux secteurs d'activité.....
630
123 - ~ôle et structure du commerce extérieur de quelq~ pays...
631

- 618 -
:1 -
GRAPHIQUES
NUMEROS
PAGES
1 -
Evolution du commerce extérieur
.
62
2 -
Indices des prix à l'exportation et à l'ioportation
(Basse lCO : F-nnée 1975)
.
65
3 -
Evolution de la masse monétaire (en milliards de
fran cs CF;'. )
.
398
4 -
Les crédits à l'économie et leur financement par la
banque centrale
.
4co
5 -
Evolution des taux de réescompte des instituts
d'émission de l'Afrique de l'Cuest (B.C.E.A.C) et
de l'Afrique Centrale (B.E.A.C. )
.
431
6 -
Situation monétaire de l'U.M.G.A (en milliards de
francs)
.
435
7 -
Croissance équilibrée et non équilibrée des A.C.P. et
de l' l . E. S
.
f

- 619 -
A N I~ 1_ YTIn lJ E
DES
~1 1) T 1ER E S
Introductic,n .. "
,.
.
. .. . . . . . . . . . . . .. . .. . . . .. .. .
4
Première partie
EP':'PC>72 21 l)iT::F}EI>I;' i-=C:;-; FT;\\;'.;-iC~:::F:c.:
~:'-.- CCTE
C' IVe IF: ::. • • • . . • • • • • . • • . . . . . . . • . . . . • . . . . . . • . . . . • • • . .
le
Chapitre préliminàice
les caractéristiques structurelles
de l'économie ivoirienne
.
11
Section l
: Cadre géo-dfnog~aphique...................
11
PrPrCPrPHE 1 : Caractéristiques physiques de la Côte
, -
d'Ivoire
.
':'1
P::'.:"'t'::;;rç'CJ;'2 ',. C2T2.ctéristiqucs démographiques de la Côte
d':Lvoire..............................................
12
Section 2
Structures de l'économie ivoirienne...
16
Paragraphe l
Structure de la production et de l'emploi
.
16
;:.. - Evolution du monde rural
.
, ~
l "
[\\ - 2volut ion du secteur dit "moderne"
.
27
PARA~~R~,'?~~..;.ai:rs~ C~'3 l'évolution de 10. ~8.2.:'-nc8 dos çH'.~_cnents
et ceL~r~ de ses princ::'paux postes
.
39
2volution de la balance des paiements
.
39
39
;'n2.12'"1C des principaux postes de la balanr.e des
39
p2_iements
.
a) - la balance des opérations courantes
.
2
b) - la balance des services et des transferts
.
c) - la balnnce des capitaux
.
3
Conclusion partielle . . . . . . . . . . • . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

-,~
~,
"'G20 ...
rhapitre: : Position théorique du pr~b~ene de l'epargne
4f'
40
Section l
: Les problèmes de la formation de l'épargne interne
.
Paragraphe l
: La mesure de l'épargne locale
68
n
-
~léthode de corl1ptabilité nationale
68
B - r,pproche statistique
. 76'
Paragraphe 2
Distinction et composantes de l'épargrle
80
r
-
La distinction de l'épargne
81
l
-
L'épargne urbaine
.
82
2 - l'épargne rurale ............•...................•..........
82
B - Les éléments constitutifs de l'épargne
90
1 ) L'épargne privée ......•.........••....•.........................• 9-1 '
a - L'épargne des ménages ..........•............................•.. 93
b)- L'épagne des sociétés
96
2) - L'épargne publique (1975 - 1986.), . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
Paragraphe 2 : L'origine du manque de l'épargne nationale
"'106
L'épargne et le revenu . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . .106
B -
L'épargne et la disparité structurelle économique
"'108
Section 2
L'épargne locale et financement des investissements
112
productifs ................•..•..............•...........•.
Paragraphe.l
L'épargne locale .•.......................•..•......... J 13
Paragraphe 2
Financement direct des investissements productifs ..... 1J8
Chapitre II
L'approche théorique ctes mécanismes et du rôle des
134
internédiaires financiers ••.............................
Setion 1
Les mécanismes des intermédiaires financiers
1.42 .
Ps.:oagraphe 1
Les intermédiaires financiers et l'encouragement à
14~
l'épargne
.

~
1
- 621
Paragraphe 2 : Les tendances structurelles dt encouragement
143
Jo, - ;'u stade institutionnel
144·
B - rU stade des t.ypes de dépôts................................
147
1) - Le dépôt bancaire..........................................
147
2) - Le livret d'épargne postale
14P
Section 2
Moyens d'incitation: le taux d'intérêt et la pro~otion
de l' épargn e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 15 ('
Paragraphe 1
Hypothèses de départ...................................
150
Paragraphe 2
La saisie des taux ré~1jnérant l'épargne.....
160
Chapitre III
Position théorique du rôle des intermédiaires financiers
dans les pays sous-développés.................
173
Section 1
Les intermédiaires financiers dans le processus épargne-
investissement: la théorie de l'intermédiation
financière
174
Paragraphe A : L'aspect fonctionnel de l'in termédiation financière ..... 11'6'
* La pratique de financement face à face ou pratique de financement
177
direct
.
* La pratique de financement intermédiaire ou pratique de financement
indirect
177
Paragraphe B
Interrnédiation financière et création de monnaie ; le
débat unité-dualité du système financier et le problème
de la création de la monnaie par les banques et les non
7
1 Cl
banques
.
* Les théories financières en présence
181
* La créer ion de ~onnaie par les in terrnéJiaires financiers non monétaires:, 8'4

- 622 -
Section 2
L'incidence des structures financ ières dans l' ana-
lyse économique des pays sous -développés. . . . . . . . . . .
192
Paragraphe A
Structures financières et développement économi-
que:
la contribution de R. GCLDSMI~H
199
Paragraphe B : La démarche néo-libérale
. 20E
1* Les processus de la "répression financière".................
2 ) j
2* Les dispositions de la libéralisation financière
213
3* L'effet de la thèse néo-libérale....
217
Paragraphe C
Le rapport de causalité entre le développement du
système financier et la croissance réelle :
le phénomène de la demande financière résultante
et l'offre financière motrice
'222
l"Le phénomène de la demande financière résul tan te
'222
2* Le phénomène de l'offre financière motrice
224
Section 3
Critique de l'analyse traditionnelle du rôle des intermé-
diaires financiers dans les pays de la périphérie
22 E
Chapitre IV
Le processus de blocage des sources de financement
interne
232
Section l
Les facteurs objectifs et les facteurs subjectifs . . . . . 232
Paragraphe 1
Les facteurs objectifs
23?
/

- 623 -
Paragra~
Les facteurs subjectifs
. 233
Section 2
Les facteurs dé~ographiques et techniques
241
Pa.ragraphe 1
Le facteur démographique et l'exode rural
241
Paragraphe?- : Les facteurs techniques
242
Section 3 : Dépendance monétaire et effets de cto~ination
, 249
Paragraphe 1
Déoendance monétaire: les établissements de crédit
250
et la politique bancaire
.
Paragraphe 2
Les effets de domination
255
Conclusion de la première partie
264
Ceuxième partie
I};'! CO:\\"Si?T
DES POLIiIQlJES CE FI;.;'':'SC EN ENI CU
CFXELCPP El\\! E:\\fT IrOIE l SN
.
265ï
Chapitre l
La politique financière de la Côte d'Ivoire..........
266
Section 1
La pratique du financement interne privé
270
Paragraphe 1
Les amortissements
273
Paragrap he 2
Structure des investissements
274
Par3.graphe 3
Sources de financement des entpeprises en
Côte d' Ivoire
. 275

- 624 -
P FC i:S
Section 2
Les investissements internes publics en Côte
d ' I v o i r e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2130.
Parê.graphe l
~ôle de l'Etat et structure des investisse~ents 28ù
publics
.
28S,
Paragraphe 2
Sburces de financement des dépenses publiques.
n
-
La fiscalité
2 (j<?
1)
L
.
d~
2
A

-
-
es lmpots ln ~rects
89
..
2)
Les impôts dir~.~ts
291
,,;;
.'~
B -
Le F. N. l
et ln S
~N;'" FI •.•..•.•.................... 292
,',
"
a) -
Le F.:'-i. l
FOnds National d'Investissement
.
292
B) -
La SON A F 1
3bciété Nationale de Financement ...
295
Section 3
Le financement extérieur
301
Paragraphe l
Le financement public extérieur
201
A - F'n provenance des E t a t s \\ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
301
B - 51 provenance des organisations internationales........
3J 2
Paragraphe 2
Le financemènt privé extérieur
318
Section 4
L'aspect théorique de la dette:
le modèle "dette
320
croissance"
.
PFlragraphe 1 : Le f.1odèle CCPF:-i CHLIN et '3.
B.
KÜG...........
32~'
Paragraphe 2 : œ modèle de LOS;:} et PSLl'I'J-l
.
327
Paragraphe} : La politique budgétaire . . . . . . . . . . . . . • . . . . . • . . . .
33j
A - Le soutien au développement des
d t '
3
pro ue ~ lons . . . . . . . . . . • . . . .
3 3

- 625 -
P;'C t:.S
Chapitre II
La politique r.lonétajre en Côte d' :;:voire
352
Section l
:Le soutien des intermédiaires financiers
3 5?
Paragraphe 1
Le soutien des intermédiaires financiers
35"':
A - ~appel h:storique des crédits bancaires à l'économie
ivoirienne
.
B - La répartition des crédits bancaires à court, r.loJ'en et
long termes par nature d'activité
. 352
Paragraphe 2
Le secteur bancaire ivoirien
"'350
a) - Cas du Crédit de la Côte d'Ivoire (C.C.I.).
361
b) - Le financement du secteur financier
368
Section 2
La politique r.lonétaire de la Banque Centrale des Stats
de l';'frique de l'Ouest. (B.C.E.':;.O. )
372
Paragraphe 1
La politique de crédit
372
l
- Le soutien à l'économie et aux trésors publics
.
372
;, - Le soutien à l' éconOr.lie . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
372
B - L'encadrement du crédit
.
a) -
Les dispositions relatives à l'accroissement des fonds
de ro u 1em en t . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
383
1- - Ces banques comMerciales
.
383
2 -- Ces trésors nationaux
.
355.

626 -
b) - Le maniement des taux
387
II - L'Evolution de la masse monétaire
39Q
h
-
La politique d'émission
390
B - La gestion de la monnaie
39Q
P aragrap he 2
La politique monétaire de la Banque Centrale des
,
,
Etats de l';:'frique de l'Cuest (B.C.E.;:.,.O.)
395
1
A - Les techniques de la politique monétaire de la
B.C.E.A.O
395
B - La politique de crédit
398
C - Pour la politique d'émission et de gestion de monnaie ...
408
a) - La base de la coopération
4üE
b) - Le résultat de la coopéra~ion monétaire entre les
,
sept de l 'tfnion et la France.........................
409
1) - Fésultat pour l,a France . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . 409
2) - Pésultats pour les "sept Etats" de l'L'nion monétaire ...
41 Z
c) - Quelques observations à propos des accords de la
coopération en matière monétaire, économique et
financière
: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
41 3
Conclusion de la deuxième partie
418
'.


- 627 -
PP<CES
Troisiêoe partie
L'NE STR~.TmIF.; DU F'I~P,NC:1'!;:}iT
DU OE\\!ELOPPEME..'Ij~·
IVOIftr~ •••••••••••••••••••••••.••••••••••••••••
422
Chapitre l
Les sources analytiques de la st~atégie du finan-
. .
cement du développe~ent
~
lvOlr.:..en
.
423·
Section 1
Les sources de l'aide extérieu~e aux pays de la
périphérie
423
:8
l'
• • • • • • • • • • • •
:8


Pa~a.g:'aphe l
La théorie des coOts cooparés .•••.••..•••..•.......
A - La source
.,
..
423
B - L'usage de la théorie des coOts compa:'és er. Côte
d' Ivoi re. • • • • • • • • • • • • . • • • • . • . . . • . • • . . . . • • . . • • • . . • • • • . . • • • . ..
42 5'~
Paragrap~ 2
La théorie des étapes de la croissance économique
du Professeur W. W. ROSTOW
426
A - Les étapes et leurs caractériatlques . . . • . . . . . . . • . . . . . . . . . . . .
427
ô - La portée des travaux du P~ofesseur W. W. HOSTmv............
422~
Section 2
Les illust~ations de la théorie des coûts compa~és et
celle des étapes de la croissar.ce éCJn:m~qle de la
Côte d'Ivoire . • . . . • • . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . .•
43~'
?a['agro~phe 1 . Ces flux des capitaux étroange:'s en Côte
d'Ivoire...........................................
433
~arag['aphe 2
Les transfe~ts tech!'lOlog':'ques er. Côte
d 'I va i re •••.....•.................................
436

- 628 -
Chapitre II
La déMarche propice au financement du déve-
loppeMent
des pays de la périphérie
44S
Section 2
Présentation de la dé~arche du développement
Puto-centré
445
Pa:'agraphe 1
les origines du sous-développement
445
Paragraphe 2
les critères du développe~ent des pays de la
périphérie
447
A - ln liquidation des caractères structurels du sous-dévelo~-
pement ..••••...................... '"
.
447
B - Le choix de la politique du développement autocentré,
autodynamique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
447
Section 2
Une stratégie de financement du développement
économique propice à la Côte d'Ivoire ............•
44g-
Paragrqphe 1
Stratégie du développement économique du
Professeur p.. O. H:LFSCHr1;.N.....................
449
Paragraphe 2
Une stratégie du financement du développement
économique ivoirien
456
A - La libéralisation et la diversification ~éographique des
échanges
457
B - la contribution des exportation agricoles au développenent
ivoirien..................................................
459
C - L'industrialisation et le secteur expatrié................
463

- 629 -
PP-GES
D - L'intégration régionale et la défense contre les
variations des marchés internationaux ...•.•..••...•.• 466
Chapitre III
La part des finances publiques des pays de la
périphérie au développement de ces pays
477
Section 1
Le changement de la structure fiscale en fonction du
développement économique .....•.••....••.........•... ~77
Paragraphe 1
L~appor"t de CLARK
~ •..-...•..•.••• ~.~ . 4771
Paragrfphe 2
L'apport de COLM et de HELZNEP ••••••••••••••••••••. 479
Paragraphe 3
Thèse de la recherche de la capacité contributive
basée sur la satisfaction des exigences
.
480
", .
Section 2
Le changement de la structure fiscale des pays de la
périphérie et le rôle des finances publiques dans le
développement de ces Etats
482
Paragraphe 1 : Le changement de la structure fiscale des pays de la
P é r i p hé rie
'
".. 482
A - La structure fiscale des pays de la périphérié •.............. 482
B - Les lJis de changement des structures fiscales
,
. 486
1) - Les recherches fiscales précédentes app~éciées par
Guy Gilbert ......................................•........ 490
2) LI insistance sur la dépendance des structures fiscales
vis-àvis des structures économiques
492

630 -
PAGES
P aragrap he 2
La place possible des finances publiques dans
le développement des pays de la périphérie •.•.•
493
A - Les ~esures souples des structures fiscales .....•.•.•....•
494
1) -
Impôts directs
494
I l '
Il
2) - Impôts indirects .•......•..••.'. . . • • . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
494' .
B - La mobilisation de l'épargne interne . • . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . 495
C - pour une politique financiêre de développement de la
C t
d' l
.
o e
vo 1 re ..... Il ••••• Il •• Il Il Il Il Il Il Il Il •• Il Il Il Il Il Il •••• Il • Il Il Il Il • Il Il ••• Il5 0,3
A
1
L
. .
d
tA
f'
l '
. ,
506
-
es pr1nClpes
li sys cme
1sca
1vOlrlen
.
2- Une orientation pour une bonne réforme
,51'2
Sect~on 3 : Pour une politique financiêre et monétaire du déve-
loppement ivoirien
!)17
Paragraptl~_~
Rappel historique de la politique financière
ivoirienne.
·51 7
Il
Il
Il
Il

Il
• • • •
Il
Il
Il
Il
Il

Il

Il
Il

Il
• •
Il
Il
Il
Il
Il
Il
Il
• •
Il
Il
Il

A - La politique économique
517
.
B - La. politique monétaire
;517
Paragraphe 2
: Des réformes préconisées
521
A - L'éclatement éventuel des instituts d'émission
B.E.P..• C. et B.C.E.A.O •••.••.•..•.•.•...........•••.•.....•... 5~1

-
631
-
Pages
B - Les propos it ions de ré fa œe ..............................
523
1) - La propos~tion de ~éforme de taniel CISSE ...........
523
2) - La proposition de réforme de M;'l"I;'CCU CIFFR; .....•...
528
3) - La proposition de réforme du Professeur' ;'l'V(IF. P-min ...•
533
C) - Héflesions relatives à la proposition de réforme du
Professeur AMIS ••.•.•••..•.........•.................•...•
536
Para~aphe 3
L'approche néo-libérale: la nouvelle probléma-
tique monnaie-croissa~ce....•...................
541
1) - La théorie du portefeuille et l'utilité marginale de la
monnaie ......•.•••....••..................................
542
2) - La complémentarité ~onnaie-capital
"l'effet conduit" ....
:'5'52
\\
3) -
555
Para~aphe 4
de développement
. . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . .
5 14
Conclusion générale ...•.......................................
5-7 ('
j4nnexe ;-.le l : Structure de l'économie i'fC\\irienne
.
583
~n~~X~~· 2 : le code des investisser.1ents privés
.
-
.
588
Bibliographie ...•..........................................
595
liste des tableaux et graohiques .. "
609
7able analytique des matières
619