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UNIVERSITt DE PARIS l
PANTHEON - SOftlPNII
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U.f.R. DtHISTOIRE
INSTITUT,I'tgS". pEi,
~
. . , .
.
,
RELATIONS INTEBIiTIQlHl&S; ' .
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. CONTEMPQ"AIBI
,
THE5E
DE
DOCTORAT
IIIè
CYCLE
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'1
-CONSEll'AFR1C~IN ET MALGACHE \\,
POUR'l'ENSElc;NEMENT SUPERiEUR
i C. A. M. E. ?. 1- OUAGADOUGOU
."Arrivée. ·0·1 .~J U-!N· l~~·· ':;' ".2 ~ j .
\\ " Enregistré sous n 10.0 ·4: __ " J
SUJET
LA PARTICIPATION M\\LIIAIRHEL'-AfRiQUE~Nëi"RE
A LA GUERRE D'INDOCHINE (1947-1955)

PRESENTE PAR
SOUS LA DIRECTION DE
KOUASSI
YAO
RENE
GIRAULT
loi
NOVEMBRE 41986

\\
/-)VANT-mROPOS
_______LC
_
Après bien des difficultés, nous voici au terme de
nos recherches relatives à la "participation Mi.litaire Africaine
à la guerre d'Indochine 1947-1955". Ce travail il est vrai, n'a
pas été exclusiveme~t le fait de nos seuls efforts. Sans soutien,
nous n'aurions pu surmonter seul, tous les obstacles qui ont
jalonné
l'élaboration de ce travail.
C'est pqurquoi, nous profitons de l'occasion qui nous
est offer.te dans ces propos liminaires pour adresser de sincères
remerciements à tous ceux qui nous ont aidé tout au long de
cette étude.
Nos remerciements iront particulièrement au Lieutenant·
Colonel Gilbert Moutard du
C.M.I.D.O.M, aux Adjudants-chefs
BOUsquet et Atsidamas, et de Monsieur PAC du groupe ACFA3 du
Bureau central d'archives administratives militaire~ à PAU.
Nous n'oublierons pas non plus, nos amis des Archives
N8tiODal..
du Sénégal et du S.H.A.T. (Vincennes) pour
leur disponibilité et leur gentillesse.
Que Monsieur Charles VOUZON de l'Institut France Aviation de
Paris et Mademoiselle Levry Elyse, Professeur d'histoire à MAN
(Côte d'Ivoire), trouvent ici dans ces modestes propos,
l'expression de notre sincère gratitude. Enfin, nous ne termine-
rons pas ces propos sans adresser nos! sincères remerciements
aux braves tirailleurs sénégalais de eSte d'Ivô1re et du Sénégal
qui ont accepté de répondre à nos questions. Quant à Monsieur René
Girault, Professeur d'histoire à la Sorbonne, nous ne pouvons
passer sous silence sa constante disponibilité au service des
chercheurs et ses multiples encouragements.' Qu'il en soit
vivement remercié.
Paris, le 30 Novembre 1986.

PREMIERE PARTIE
Les Débuts de l'Aventure Indochinoise des
Tirailleurs Sénégalais.
Les Conditions de départ et les premières
Activités militaires (avril 1947-ler janvier
1950) •
Chapitre l
Les conditions de l'engagement et les Principaux
Aspects de l'Effort humain de l'Afrique Noire.
1
J
Chapitre II
Les Tirailleurs Sénégalais dans la "phase
1i
coloniale" de la Guerre : La période
1947-1950 ou "l'ère tranquille".
·1
DEUXIEME PARTIE
Le second Aspect du seJour Indochinois
des
Tirailleurs Sénégalais : L'ère des difficultés
(1950-1954).
Chapitre l
L'Evolution politique et militaire et l'Accrois
sement des Forces Militaires Africaines.
Chapitre II
Les problèmes concrets que pose la troupe
Sénégalaise.
Chapitre III
L'attitude des autorités françaises face à
la question sénégalaise.
(avril 1952-mai 1954)
TROI5IEME PARTIE
La fin de la guerre et les problèmes liés
au retour des Prisonniers de guerre Africains
(mai 1954-décembre 1955).
Chapitre l
:
Dien-Biên-Phu, la"captivité et ses conséquences
Chapitre II :
Inquiétudes et Réactions des autorités
françaises
: Du cessez-le-feu aux "événements
j
d'Afrique" du Nord.
J
1
)
Conclusion
Bibliographie
Plan.
j
i
1
/.)

\\
G LOS SAI R E
(1)
C.G.A.
Compagnie de Garde de l'Air
R.T.S.
Régiment de Tirailleurs Sénégalais
C.C.B.
Compagnie de Commandement du Bataillon
E.M.A.T
Etat-Major de l'Armée de Terre
P.G
Prisonnier de Guerre
P.G.F
Prisonnier de Guerre Français
P.G.A
Prisonnier de Guerre Africain
A.M.A
Affaires Militaires Africaines (Bureau des)
B.M.C
"Bataillon de Marche de Congay"
B.G.P
Bureau de la Guerre Psychologique
S.H.A.T
Service Historique de l'Armée de Terre
C.E.F.E.O
Corps Expéditionnaire Français d'Extrême-Orient
C.E
Corps Expéditionnaire
T.~.E.O
Troupes Françaises d'Extrême-Orient
E.M.I.F.T
Etat-Major Inter Armes des Forces Terrestres
E.M.A
Etat-Major cl. l'A2'IIé.
A.O.F"
Afrique Occidentale Française
A.E.F
Afrique Equatoriale Française
D.I.C
Division d'Infanterie Coloniale
F.O.M
France d'Outre-Mer (Ministère de la)
E.V
Engagement (ou engagé> volontaire
Archives Nationales du Sénégal
R.I.C
Régiment d'Infanterie ëoloniale'
R.A.C
Régiment d'Artillerie coloniale
G.A.C/A.O.F
Groupement d'Artillerie coloniale d'Afrique
Occidentale Française
B.M.T.S
Bataillon de Marche de Tirailleurs Sénégalais
V.M (ou Viet)
Vietminh
J.M.O
Journal de Marche et Organisation.

INTRODUCTIOI
A) Intér't
Quand on parle d'anciens combattants en Afrique. l'homme
de la rue pense immédiatement soit à la première guerre mondiale
(1914-1918).
soit à la deuziè.e. celle de 1939 à 1945.
De la gu.rre d' Inclochin.. l'opinion publique conndt bien plus
Dien-Min-Phu eu la famelUle oonférenoe d. Genève d. 1954 qui 111t
fin aux ustilité. ; liai. d'aDoi8J18 ooabattants Afrioa1ns cl'Indochine
_
aa1t peu d. ohos.s. Et pourtant o.tt. gu.rre. au . . . . titre que
1.. d.ux SUerr8S .ondial.. éTCHluées ci-elessua. a .u .lle ausi
4'anoi_ coabattants }1fio1oa1.Jas.
~•• _
Aépit cle l'exi.tenc. ,d'lDL. hiatori.sraphi. a)onc1ante .t
,....iemant., .'aoell.nt. traTaUX (thè.... a_oir•• ) .u d• • •urees
.·arohi.... 1& participaticna ~rioa1ae à la 41t. cu.rre a été négligé••
L'ensteBo. cl• • •tt. lao_. hiat.riographiqu. ooutitu.
_
4•• _'lit• •ssenti.l. 4. Ilotre 1ntértt pour l'étucl. pré.ent••
S ·ag:l.saant , . l'ensaceaent afrioa1Ja, il faut dire qu'il n. -.nflue
pas d '1Jlt értt. c1aDs 1& ••sure où pendant la 4urée de la su.rre.
enTiron 60 340 (1) soldats Ah"icai.na ont fait parti. du corps
.xpétitionna:ire français d'Extrla.-Oriat (C.E.F'.E.O). Rien qu.
de par 1. Il_lar., l'histoire de c.s militaires afrioa1ns .érite
d'Itre OOllllU••
~ 1• .... ordre d'idé.s. notre curi.sité s'est troUTé. éTeillée
du fait cle la diTeraité d.s nationalités africaines QUlt participé
à • .tt. fPlerre. C.tte eliT.raité 4'not. UD effori humai» massif,
. . .1 . . au s.rrice cle la France. C. oOJ:l.Stat ••ua _ène à nous
iIlterrepr sur le • • • •t 1. rale de 1& pariicipati01l a:fr1oa:Lne
à la prem.ère .cu.ne de libération cle l'après-guerre ; son &icl.
a t-.ll• • •rri à lutter contre une agreasion ou à maintenir la
cohés10D de l'Empire colonial fran;&i8,récemment rebaptisé"
·Union PranQaise" ?
ln SHA1' 10B 511 Tabl.au réoapituJ.atif cl.s peries du CEPEO d. nOT_bre
1945 au c.ss.z-le-feu, 1954. Ce chiffre représente la so. .e totale
clea soldats africains ayant stationné
en -Incloch1.ne de 1947 à 1954 •
.../ .....

,
2/
Enfin, nous savons qu'au delà dea si.ple. operatiOJl8
l
militaire., la troupe africaine posa d' éno1"lles proDlèlles tant dt ordre
pratique (rD.uf~isante formation militaire) que pel1ti~~e (le. ceDtaots
avec \\Dl m.aT.ct Cle ll~ra.10iÀ na.1~e). La :Franoe savait mieux que
quiconque, ~es conséquences politl,ues proDable. 4'ua eagag. .ent aussi~
iapertant de soldats col oniaWt , cians une guerre de reoonqutte Ti.a-à-vis
Q'une colonie devenue "indépendante" à la fin de l'ocoupation japen-
naise. Le risque ainsi pris se j\\l8tifiait-11 '1 Et pais da:u une autre
perspeotiTe, il para!t intéressant d'étudier la réaoti. . à . . soldats
coloniaux deYaDt les slogans indépendantistes lanoéa par le V•••
Bref ! Réduire notre suj et à coaDler une lac\\Dle hiatori9graph!que (,J
à susciter quelques interrogatiOlUl, nous para1l1sa.t néoHaaire. poU'
contribuer à l'étude d'un aspect méconDa de cette guerre qui ooatiaa.
à lIusciter de nos jours passiona et interrogatieaa. Il ùit BOU
perllettre, de mesurer le rale et l'effort de cette géll.ératleD de
soldats africainll, qui sacrifièrent leur vie afiJ1 de perllettre à la
Franoe de rétaDlir son autorité sur l'Indochine qui lui écbappait.
Aborder une telle entreprise exige qu'on situe le ccmt~e de la dj.te
guerre. Au lendemain de la deun.e guerre mOR4iale, de. bouleveree-
ma.ts prefonda vont changer la face politique Qe la pl&1lète.
Ela. effet, taDdj.a qu'on &saiste à la naj.s8&ILce de d..x
Douvelles puissances à saTOir les USA et l'URSS d' . . o&té, 4e l'autre;
on enregistre le déclin dea deux grandes paissance. d'alors, à savoir
la Frauce et la Gnmd_Bretape, toutes deux détentric. . 'e granù
. .pires colon:1aux. Leur faiblesse pel1tiflue et leur perte de pre.tl.e
due. à la guerre de 1939-1945 voat relaettre en cauae le .on de le1U"8
. .pire. coloniaux respectif••
A l'origine de cette démarche anticoloniale, la oonceptiea .euTelle
des deux grandes puissaDces qui dirigent dés.rmai. la diplo--.ti.
internatioD&l.e, quant au son des territoires SOU dolliDation coloniale.
Cette nouvelle orientation des d.eU% grandes puissaDces Ta se trac1u1re
par un anticolonialisme actif.
La manifestation cODcrete de cette attitude sera le réexamen
de la question coloniale qui n'eri en réalité que le corollaire de 1&
Dipolar1sation du monde, dans la mesure où les deux puissances
••• 1•••

Ji
soutiennent llIndé~dance des colonies soit pour mieux y pénétrer
économiqu_ent (valable pour les USA.). ou idéologiquement
(propasan~e co. .un1ste valable pour l'URSS).
Cett e anal,..,e est Talable pour la guerre d' Indoohiae que
noua étutiOJUl.
Quand le. premiers coups de feu furent tirés en :IJuieoh:i.J1e 8Jl 1946,
i l s'agl.ssait d'De simple guerre colu.1ale, \\Dl "aiaple rétabU••e-
lIl8D.t" d'alltorité. JI&1s les nouvell. . c10JUlées rie la pel.1t1,.e 1MIlcl:1aJ.e
allaient olumger le se. . do cette guerre o'i la replace . . . . lOle
autre perllpect1ft.
EJL effet, 1..tAe su.ce.aion de orise. au&1 &raTeS que l n
autre., telles que le "blooua .e Berlin" (1948), la lRerre ciTile
de Grèoe (1947), celle d.e ChiRe (1949), le refus du "plaD Mar8hall"
et la "satellisation" de. ~7B de l'Euret,. de l'Est J&r l'URSS
aoheva de tiTi.er le monde en deux bloc. distiaris : d.'1m caté le
camp dit capitaliste (ou Gccid8l1tal) avec pour ohef d.e file le. USA,
et le cup co.-m1ate aveo à sa t'te l'UliSS de l'autre otté.
Dè. lors, par le jeu 4es allianoe. 144olegl.4l1l. . et le.
problèlle. gé ••tratégl.que., l'Asi. cl. Sud-Eri et la gv.erre qui .'7
dércnllait, d8Tena1t \\Ill enjeu de oette coafrontatioa Bri-oueat.
D'lDle .isple guerre colOlÙale entre le TietJd.Jl.h ri la P:raaoe, cm
passa à UAe internationaUaatiOll de la perre grolce au .out:1en
américa1Jl d'une part à la FraIlce ,n de l'autre, l'aieie ft blec
cOlllllU111ste (Chine-UBSS) au Tietm1Bh•
.A1ui, quatre an. après le début du ceafl1t, 1. . prinoipaux
belUgérant. ne JU!tri.aient plus les dœmée. d'une guerre dont
la solut ion se trouvait à Wuh1ngtoa, Pékin et )(oacou. C'est donc
dans ce contexte de rivalités entre le bloc comman1ste et le bloc
~
"
capitaliste (autrement dit guerre froide) qu'il faut situer la
guerre d'Indochine à laquelle participèrent des dizain•• de mille
de soldats ÂfricainS appartenant à "l'Union française ".
Le contexte ainsi analysé, dans quelle période chronologique situons
DOUS notre étude ?
••• 1•••

B) T.j,Bes ::>patiales et ChronologiQu,s.
a) I,:im;ites Spatial••
"L'Indoohine français. c.natitu. la parti. oriental. cl.
la péninsule indo-chinois•• Ell. cOliprend plusi.lU'1B paya distiJlcts t
la Cochinchine, le C. . .odge, l'ADnaa, 1. Laos et 1. Tonkin, . .
sup.rfici. est d'environ 800 000 kiloaètr.s carrés" (1).
C' .st en ces t erae. Clu, 1. Capitain. llagÉlabal présen ta!t -l'InciochiJl.
française" dans son JB&Ilu.l de géographie physiflu"
écoB.-i,u• •t
maritia. ID 1 910.
En 1935, A. April (2) note que 1& p.pulatiOJl total. d.s
"pays" composant '\\ 'Union IndochiDoiseft créé. entre 1863 et 1865 par
la ]Tano"
totalisait environ 21 000 000 d'habitants. Déliaité.
au Nord par la Chine Po pulair., bordée à l'Est par 1. golfe du Tonkin,
à l ' Ou.st par l.s colonies anglaises de Birmanie .t d. Thallancl.,
le P&78 1. pla riche .t 1. plus intér.ssant r.st. le Tonkin qui
.st situé dans la parti. la plus sepientrionnal. de l'Indochin••
Aveo ••• TUte. rizièr•• , sa pluvioaètrie a'boudant. et la fertilité
de. sol., 1. "delta- oonstitu.ra la zone néTralgique d. la guerr••
C'.st d.aJl8 cett. zone que statioJm.roat d. nombr.ux bata!llona
afri caiJuI .
b) LiJI1t.s Chroa.lopgu•••
Quant à la déliaitation chronologiqu. d. l'étud., .11. s.
situ. d. 1947 à 1955.
S'agissant de la première dat., elle marqu. l'arrivé. des pre.1èr.s
troup.s africaines en Indochin.. Le contingent africain fort d.
400 hOIDlll's débarqua discrèt • •nt en aTril 1 947. C'est égal.ment
en cette année que le Haut-co-mandement français évalue s.s b.soins
(1) Capitaine Magnabal, L'Inclo 1 Chine Francaise. Géographi' physiqu.,
politique. économiqu•• OrfflAn1sationmilitaire .t Maritime, Paris,
Fourni.r, 1910, 142 P.
(2) A. Agard, L'Union Indochinoise Francais. ou Indochine Oriental.,
Régions naturelles et Géographique économique; 1931, 370 P•
.../ ...
j

en hommer et essaie de b!'i s e r- l'·:>rga.liisa:.~ on rn.::..li taire na.Ls aant e du
V.M. Cette date constitue le point de départ èe l'~venture indoclunoise
des "tirailleurs sénégalais.
Quand à la seconde, elle marque la fin du séjour indochinois des
tirailleurs Sénégalais avec les derniers rapatriements. En effet,
après la signature de l'armistice de Genève le 20 juillet 1954, et
le partage du Vietnam de part et d'autre du 17è parallèle, les
belligérants, dans l'hypothèse dtune possible reprise des hostilités
maintinrent des troupes de part et d' :;:'..:..:re de la li,;ne de démarcation.
Cette situation obligea des éléments Eénégalais à stationner a~ Vietnam
au delà de la cessation officielle des hostilités et ce jusqu'à la
fin de 1 tannée 1955.
1955 constitue donc une limite justifiée dans le cadre de Itétude sur
la présence Africaine en Indochine.
Entre ces deUE dates, l'analyse des documents nous ~ontre
l'i~Portance de l'engagement africain de par l'accroissement des
effectifs. Au départ si~ple force auxiliaire à "l'essai", le contingent
Africain finit par se constituer en unités organisées avec des tAches
pr~cises et une participation de plus en plus sérieuse aux combats.
Nous avons découvert également une troupe Africaine qui. s'est
pr~sentée comme une "entité particulière" (la "Foree noire") dans le
corps expéditionnaire français avec des problèmes spécifiques, tant
du point de vue militaire, matériel que psychologique. Enfin, cette
troupe Africaine a fait l'objet "d'attentions particulières" du Haut-
Connandement français qui a mis en place des Services chargés de régler
dans les menus détails son séjour, mais surtout de surveiller de façon
permanente ltévolution de ltétat dtesprit et le moral de ces soldats
afin de parer à toute éventualité.
C) Problènatigue
Devant 12 complexité et la natl~e des ]~cblèmes que posa le
continGent Africain, on est en droit se poser les q~estions suivantes
D2~s quel but la France a-t-elle fait appel aux soldats Africains pour
l'aider à rétablir son influence sur l'I~èoc~~~e ?
Ignorait-elle les conséquences politiques probables de cet enzagement
militaire massif sur ltévolution de ses colonies?
.. . ./ ...

6/
L'attitude française ne constituait-elle pa8 au m.-«at mla. où elle
venait d. créer -l'Union française" un avertissement aux colonies
fnmçaises,' à sa'Yoir que toute idée d'udépenàanoe était à écarter
àaD.8 l't.lédiat ?
D'a\\ttre part, Cluel est le 1'8le 'Yéritable que le. t~lleurlJ5énégalais
ont je.é dan8 cette guerre dont il. ipora1a.t vrai._blabl_ _t
le .ens ?
'EDfia et Clue.tion fOJlclaau.tale que ne... aDorie:raa dan• •etre
cono11181. . . exiate-t-il lm Ua de cauaalité -.tre oette )JU"t1.oipati. .
africa1.Jae et l·é....lution pelitiqlle 4e. JMQ'8 .'e:r1.liae 'e cerlaiu
des soldat. &1'&Dt séjo11rJlé
f t :m.eohiae ?
Le. n_Dreue. u t erre. .ti... Cl.e .eulè'Ya.t Detre tAème
nous &:I.deNat à mieux cerner netre .~ et, a
&7Ut à l' e.pri.t les
raisou de l'engagaumt africai.Jl, le. preblèae. qui 7 SOllt attaoh'.
et é'Yentuellement les conséquaoe. de cette "a'Yenture"
m1itaire.
Pour répeadre à ces aultiple. uterregati_, nous a'Yons consulté
de. archi'Yes é-8DaBt 4e d.1verse• •ouroe•• toute• •e nature mlitaire.
D) H • • 'une.
a) LI' a.:rolli.D'
La ~orité de. a.eOl1lMllts ut1l:1.é. pelU' eett. ét.cle .e
t:reUTe au Sen:1ce Rist o:r1.que 'e l'Araée cie Terre à VinOUJle5 (1 )
(S.B.A.!r). Ce .erv1.ce déti. .t le. aro.b1.'Ye. clu JI:1.Jl1.atère de la
Guerre relative. à 1& "C. .pape d'In.àeclù.Jle (1946-1955)".
Ce. &rchi'Ye. offrent de noabreuse. per.pecti'Ye. all chercheur,
qwmt à la .ituation des effeotif., du . .ral, 4e l'état d'esprit
et de. opératio. . II1litaire. conoernant le. tirailleurs sénégalais.
Par ailleurs, on 7 trou'Ye de noabreuz docuaent. relatifs à la
propagande V.JI. à l'endroit de. Africa1DB. liais • • ·agLssant de.
Arcbi'Ye. sur le recrutement, le oheroheur n',. trou'Ye rien. C'.st
pourquoi nous nous sommes intéressé. aux archives de l'ex-A.O.P.
(1) Il s'agLt des archi'Ye. 4e l'Araée de Terre de la République
Françai.e.
••• 1•••

7/
Ll;;S
ar-enaves dont il est quee'iou aoa~ entreposéee aux
Archives Nationales àu Sénégal \\A.~.S.) à Dakar sous la mention,
}"'onda A. a ..E'. (1). Ce sont les document s de l'ex-gouvernement général
de l'A.a.F. (ou Haut-Cowa:lw. .mat) cOllSerri. aux A.N.S. à Dakar.
Il e'ag:Lt de la série D (Affaire. II1litairu). qui conti811t "ee
docuaents relatifs à la" caapape d' Indoch:ine" (.oral du trou,..
afrioa1D.es, aide de l'A.O.F. aux soldat. africaiJul en Inùcll1lle,
corre.pondances diveraes eto ••• ). Il ex1~te él&1-..nt de. aroA1Te.
sur le reorutuent des troupe. iJlti&èDe. de l'A..a.li'., -.:1• ..n....
reua.ent ello. no P4t%'ll.ttent pas au cherGà8'U' cle .éteraiJler a'Yeo
précision 1. noabr. d. tiraill.ur. r.oJ."'lltéa polir l'Inùù1ae.
:r.. lecture d.s "Bappert. ~liti,u.s cl'en••ltl.- ou par t.rrl.tooire
dOlUlera des inf.J:W&ticms atil•• au oll.rohnr.
En JUrS. de ces deux centre. d' archi'Y•• qui di.pesonto de
l'essenti.l cl. la docuaentatieJl sur la "caapap. d' Ind.ochi:a.e"w 1.
ch.rcheur peut conaulter ce dato dispos. 1. Centre Militaire
d'Information .t d. DocUllentatiea sur l'Outre-lI.r (C.li.l.D.O.II.),
CaB.m. d'Artois à Versaill.s. La ••d.st. paetotohèquo .t quelqu.s
j Oura&U:Z: de march. coutitu. .t l'essenti.l cl. la cloclDIlelltation.
Par contr., les ne.br.ua•• étude. produit•• par l'anc'tore de c.
centre,
à sa'Yoir 1. Centre 111litoaire cl' In:t.~ti. . .t 4. 5 péciali-
.ation .ur l'Outre-Mer (C.K.l.S.O ••• ) offreat de. perspecti'Ye.
intéressant •• au cheroh.ur.
Quaacl au Bureau du Sert'ice NatioJL&1, (ex-Bureau spécial d. Recruto . .ent)
(1) Dans le .lme ordre d'idée., no. . coueillons aux futurs
chercheUJ:'s
4e. ~
: coJ1ltlll.toer le. archives du Hau'-
Colllll1ssar1at d. l'A •.I!à.F. cou.rTe•• sana cloute aus Archives
Nationales d. la République Pepula.ire 4R Conge dont Brazza-
ville la capital., étai' le siège. ~ présence d. tirailleurs
smécaJ.aia origl.D.a:1res cle l'A..E.lf. exige que cette déaarche
soit effectuée.
• •• 1•••

8/
sis à CHAœRES, (1) (Région parisienne) les fiches de recrutement
dont il dispose aideront un jour les éventuels chercheurs à percer
le mystère du recrutement des troupes africaines pour l'E.O.
A eaté du Bureau du service national, l'Armée Française
détient les archives de tout.s les unités.a~ricaines ayant partioipé
à la guerre d'Indochine. Elles complètent celles du B.5 ••• qui
disposent des archives des nationaux Africains (2).
Malheureusement, la "sécheresse" des documents des unités,
trop individualisés du reste offrent peu de perspectives à l'historien.
Enfin, nous évoquerons l'intér8t que peut offrir la consultation des
archives des Etats africains. Mais que le chercheur ne se fasse pas
d'illusioDtsur l'accueil qu'il recevra dans ces dépSts d'archives.
Pour des raisons "obscures" (sans doute politiques), administratives
(réglementation en vigueur), cette documentation ne sera pas accessible
au ,chercheur pendant quelque temps. Les difficultés archivi.stisques
citées plus haut donnent de ce fait une valeur inestimable aux:enqultes
orales.
)
Le• • •!Ete. 'ral'•.
Ell.s concemat ~.u_ _t 1•• I.Jlqll.lte. l a8l1ft auprès
d.. ex-tirailleurs St§négalai. qU'!Il troav. ccere noa.rla a
A:t:r1que.
L'accès à ces t éae1Jla pr1Tiligté. 4e "l'aTcture- iJ14oohiD.1.e Àes
tirailleurs g"négalais n'.at to1lJours pail facile.
b'.xplication Tient du fait 'U. le. fichi.rs d.s Âssociatioas
d'anciens co.battants pour 4e multipl.s rai••u
ne sont pas à jour
surtout en France. Quant aux ,\\.Ss.ciatio. . &t'ricain.s el'anciens
combattants, elles ne dispo.ent pas d'arohiTes propres. Dès lors,
le chercheur doit retrouver ces témoins par le biais de rel.atioJ18
persoJUlelles.
(1) Le B.S.N. détient les fiches 1Ddiv1duel.les des nationaux des Etats
africains ex-colonies français,s. C.s fiches au nombre de 1 600 000
ne sont pas classées jusqu'à ce jour et restent pour le aoment
iaaccessibles au chercheur.
(2) Le SerTice détenant ces doclDIIents se nomme Bureau Central d'Arch1vu
Adm1niatratiTes Militaires (B.C.A.A ••• ) à P.A.U (caaerR. Ber.nadott.~"
••. 1•••

9/
C)
Bibliographie.
Quat à la bibli• ..-phl't eJ.l. n'est pu à néCl1pz 48e
la œe8Ure où 1& guerre d' Iacleelli.n. 15' est vue conaacrv ~. ~et•••·
d'exoellents ouvragea. Leur COlUt\\Ütaticm en vu cl' tile3:'pr ... . ,.....
particuliers cl. 1& dite guerre ne peut &ta que béIIéti,. . .
Du fait cl. l'anal~. Ae. aoure. ft de 1& Pftb~.r"""
dans 1811 lipe. précé4ent. ., 1. plan cie l'é'hQe . . . . . . . IJlr.·..... l
»otr. étu", a 41'é cIi:ri." en tro:18 pu'ti_ J
la prsière trait. cl. . c01lditiona générales du déplrt cl. t1:N1U.....
Sénégalais en Indoeh1ne et d. l.ure premiers pas dIm8 1& saerre.
Pour ce fair' t nous lui avons consacré deux chapi:tru :
le p~er trait. des raisons objectiv•• de l'appel à l'Urique
noire, d.s modaJité8 cl. départ (recrut_ent) .t cle la ccmtribut:l.,.
humaine d. l'Afrique à la pDu' coloai&l. d. 1& ~ (1947-"5&).
Quant au deuxième chapit~ i l abo1"t1e non s.ul
1 . . ~èree
acti't':1:tés militai.rea d. . tbaUln:rs S'''épl&a
la ~..,..
1&,..,..._
1n40chi.nois., œaia U
s ' b " , " - . 'pl--.t à
à
caractère politicpa. '1" le T.K. dé'Yeloppe Yi.............<»0....
La deuxième parii. tu suj.t ualJII' l ' _ _ba a.. pro'blèllea que
l'entité sénégalai•• recontre ou po., au Corpe ez:p4ti.ti.ana1re
français d'Ertrlme-Orient pendant 1& pba.s. dit. 4'blteraaticmalisa-
tiou de la guerre (1950-1954).
Elle est subdivisée en 3 chapitree 1
le premier évoque l'évolution rapide des effectifs africains et
8'attache suxiout à en déceler 1 . . cause8.
Quant au deuxième, on y trouve décrit et analysé, l'ensemble d••
difficultés que la troupe sénégalaise affront. elle-mbe ou qu'elle
pose au Haut-Commandement français.
Enf~ le troisième traite de l'attitude et des réactions des autorités
militaires françaises face aux problèmes particuliers liés au séjour
des tirailleurs africains.
• •• 1•••

La troisième et dernière partie de l'étude, évoque la fin
de la guerre et les problèmes liés au retour du contingent africain.
Divisée.. QI! deux chapitres, le premier aborde tour à tour la question
de la participation africaine à 1 'historique bataille de Dien-Bih-Phu,
la captivité et la propagande qui ont suivi
1& défa:ï.te française
et les problèmes relatifs à la libération des priaomu.ers de ~erre
africains.
Quant au second, il traite des inqu1.étudea et de 1& réaction des
autorités françaises à la veille du rapatri.eut des ao1.dats M'ricains
et surtout de l ' attitude du tirailleur sénégaJ.ais tac. aux éTèn.enta
politiques secouant l'Afrique du Nord dès la tin de la guerre d'Indochine.
De ce qui précède, le plan de l'étude se présente CaERe suit :
Première partie : Les débuts de l'aventure indochinoise des tirailleurs
Sinégalais : la mise ~n place des effectifs et les
premières activités militaires (1947-1950).
Deurlème partie : Le second aspect du
la période 1950-1954
(1950-1 954) •
..,
~.
3' .'
";.,..
_iJ </
h-oi.sièae partie : La fin de la guerre et les pr~"e"~~·,9auretour
des prisODDiers de guerre africains (1954-1955).

u::REMIERE
.1..L..)ARTIE
U
LI
LES DEBUTS DE L'AVENTURE INDOCHINOISE DES TIRAILLEUBS SEIjEGAT.ATS
LES CONDITIONS DE DEPART ET LES PREMIERES ACTIVITES !fiLITAIRES
(AVRIL 1947-1 el JANVIEB. 1950)

CHAPITRE
l
LW? COBmTI9Js DE L'ENGAGEMENT ET LES ;gRINCIPAQl; ASPECTS .!.li
L'EnOR; Hl!!'!! DE L'A.lj'B.IQQB NOIRI.
(AY1"11 1 947-1 er Janvier 1950).
Après la capitulation japonaise face aux ül1és le 2 s8pt""re
1 945, 1& situation politique en Indochine éval._ de w1lllLire
speJtna-
culaire et abouti à la proclaaation de la Réplb]j.qlle déaocratique du
Vietnam, sous la direction du V.JI. et de son chet. mt-cb1-Minh.
Si en Asie du Sud-Est les tensions créent par la pré._ce militaire
nippone et son brusque effondrement finirent par entra!uer une évolution
du mhe ordre, en Afrique noire, aucun ' _ _e t politique important
n'était à signaler.
Les tirailleurs sénégalais ayant participé
à la deuxième guerre
mondiale (1939-1945) dans les rangs de l'Armée française et qui étaient
fiers d'avoir aidé la "PATRIE" à lutter contre les fascismes, achevaient
de rentrer dans leurs foyers respectifs.
Pour eux, la guerre était finie, bien finie avec la défaite allemande
du 8 mai 1945.
Ces braves tirailleurs à peine déœobilis's, ne pensaient pas
que la Métropole serait confrontée à brève échéance à une longue et
e1ifficile guerre en Asie du SUd.-Est. Cl en pourtant ce qui arriva
quand. le Général de Gaulle exprima clairement au nom du gouvernement
provisoire de la République Française, l'intention de ré conquérir
l'Indochine. La France ne pouvait admettre la perte de ce maillon
important de "l'Empire" pour deux raisons essentiell.e. :
Premièrement, la Frence ne pouvait sans risque de te:rn:1r
davantage son prestige rester impassible devant l'évolution politique
de l'Indochine qui n'a pu 'tre que grlce à un moment de faiblesse.
Deuxièmement, la France pouvait également à juste titre
craindre que le succès des Nationalistes V1et~ens ne rassent des
émules aans .1.es autres part:l.es de l'Empire colonial français et
constituer ainsi le signal du démembrement de l'ensemble colonial
... 1•..

'~I
LCVLt'-e
pol.i.ü''}Ut de t'Indod1Ù\\..e f'l.a.Vl5-c.USe..
-
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THA'LANO~
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, tou.lo e-.....
1
L

... _ _ ._
-_._ .. ----_.._--_._--~._---

13/
internationa~
français. Cette perspective ."rsit eu sur le plan
graves répercussions pour l'image d'une des premières puissances
mondiales d'avant guerre.
Ce qui allait se révéler extraordinaire pour les Africains, c'est
que la mère patrie allait leur demander une fois encore, de participer
à un nouvel effort de guerre afin de relever son prestige terni
par quatre années de guerre (1).
Objectivement, cette nième participation des soldaota J.bo1cainB
à une guerre menée par la France pose de nombreuse. queriioll8.
~uâDABsont les raisons objectives de cet appel à l'Afrique?
De qui, des politiques ou des militaires portent la reapoDSabillté
de cette participation à risques ?
Quelle a été la réaction de l'Afrique face aux sollicitations dont
elle a été l'objet?
Enfin dans quelles conditions s'est réalisé le départ des militaires
Africains pour l'Extrlme-orient ?
La réponse à ces multiples questions constitBera notre préoccupation
essentielle dans les lignes qui suivent. Leur étude nous permettra
non seulement de mesurer l'effort humain de l'Afrique Noire, mais
également, d'analyser les obstacles qui ont surgi dans l'aecomp11s-
sement de cette oeuvre et surtout. de dresser un rapide portrait du
tirailleur Sénégalais parti en Indochine.
A) Les raisons objectives de l'appel à l'Afrique Noire
Les raisons objectives qui ont incité les responsables
politiques et militaires français à faire appel à l'Afrique N~ire
sont des trois ordres : De loin et la plus importante est la raison
militaire; suivent ensuite les raisons juridico politiques et
psychohistoriques qui ne sont pas à,négliger.
(1) Il s'agit de la défaite de juin 1940 face aux Allemands et
l'occupation qui a suivie de 1940 à 1944.
... / ...

141
1) Les raisons mi li taires.
L'aspect militaire de 1& question de l'appel aux troupes
sénégalaises concerne surtout la aenace de déficit des effectifs
du Corps Expéditionnaire hançaia d'Extrlme-OrleJlt (C.E.P.E.O.)
dans le courant de l'année 1947.
Pour bien comprendre cet aspect 4e la question, il faut se référer
à "!a déclaration du 24 mars 1 945-
sur l'avenir de l'Indochine où.
le gouvernement français aTait fait ccmnattre sem. iAt8Jl1i1on d'instit\\lft"
un cadre fédéral indochinois auquel i l accorderait l'autonOlllie interD••
C'était en fait la ·politique d'Association· qui était aiDai pr8née.
En réalité, la France cherchait à rétablir la souve:raineté frança;18.•
en Indochine par le biais d'une expéc1ition militaire qui lui redon-
nerait le contr8le politique, et militaire.
La mise en place de cette politique de reconqulte exigeait des moyens
militaires énormes et pexmanents. Or, le C.E.F.E.O. crée clans des
conditions assez difficiles (1) et dont Leclerc (2) reç:âtle cQJIBMDde-
ment, était insuffisant du point de vue effectif pour l'accOllp1isseeent
à bien de sa mission.
Pi.s
le Corps expéditionnaire était menacé par un déficit en ~_
lourd de conséquences. n s'agissait du rapatriement des "fieux soldats
Français d'Indochine démobilisables. De ce fait, le JBa.."intien et la
relève des effectifs posaient d'énormes soucis aux responsables
militaireil •
En effet, sur les 87 000 hommes (dont 1 9 000 indigènes Vietnamiens
que comptait le C.E. au 1er aoat 1946, les rapatriables et les
démobilisables constituaient une perte d'en"firon 37 000 hoDiaes
répartie comme suit (3) :
(1) Au • départ Leclerc commanda le 11° R.I.C. (constitué avec les plus
·valides des militaires fF'rançais relachés par les Japonais), le 5°
R.I.C. du lieutenant-colonel Rivier, et un groupement de Paras
(Ponchardier). Quelques éléments de 1& 20 division Blindé arriveront
en Indochine à partir de novembre 1945 suivis
par les 3° et 9° D.I.C
des Généraux Nyo et Valluy.
(2) De son vrai nom Leclerc de Hautecloque, il est né en 1902. Après
à·'ttre distingué en Afrique (1940;'1942) il se rend célèbre en libé-
rant Paris en 1944 à la t'te de la 2° D.B. A la fin de la guerre,
il est nommé commandant en chef du C.E.P.E.O. en Indochine de
septembre 1945 à juin 1946 •
(3) $ource SHAT 10H 502 E.M.A./Direction Troupes coloniales Note du
Général Landouzy, Directeur des Troupes coloniales au sujet de
l'entretien du C.E.F·E~O. 1946.
.../ ...

Anciens du C.E.F.E.O. en Indochine: 5 000 h
- Tranche Américaine (1)
23 000 h ;
-" Eléments de la tranche britannique non liés par contrat
4 000 h ;
- Pertes ou évacuations sanitaires avant le , er mars
, 947;
5 000 h.
Cette situation déficitaire des .effectifs du C.E. n'était
pas faite pour plaire aux responsables ailitaires qui estimaient
que l'effectif moyen à entretenir en , 947 était de l ' oràre de 15 000
h011lllle., dont 22 000 inctlgènes Vietnamiens.
Pour atteindre cet objectif, l'arrivée de 22 000 recrues
de Métropole et l'appel de :3 000 indigènes étaient nécessaires pour
combler le déficit en effectif.
Ces besoins,en effectifs de l'Indochine ne pouvaient 'tre facilement
satisfaits car an note dans cette période un manque "d'enthousiasme"
et une réticence des Français à s'engager pour l'Extrbe-Orient.
Conscient des difficultés que la Métropole rencontrerait dans la mise
sur pied de ces renforts, l'idée de faire appel aux troupes sénéga-
laises fit son apparition dans les milieux de l'~at-Major à Salgon.
Si la menace du déficit en effectif' du C.E.F.E.O. était une réalité,
i l ne faut pas négliger le lait que 1e8 tirailleurs 5 énégalais
auxquels les responsables de la conduite de la guwrre en E.O. veulent
faire appel font partie de wL'UNION FRANCAISB".
2} Les Raisons Jmdico Politiques.
En , 946, conformément à la conférence coloniale de Brazzaville
de 1944, le gouvernement provisoire de la République française,
proposait la constitution de '946 (assez "libéra1ew du reste) qui
faisait des ex-indigènes des citoyens français à "part entière" dans
(1) Les éléments de la tranche américaine appartiennent aux troupes
Alliées qui ont désarmé les troupes nippones d'Indochine après

1'01
le cadre d'un Etat Fédéral dénommé "Union Française". (1).
La qualité de "citoyen" ainsi conférée aux indigènes
engea:U l'accomplissement de certains devoire tela que celui du
service militaire.
Ainsi, juridiquement parlant, la l'rance pouvait demander légaJ.ement
à ses nouveaux "citoyens" de l'aider à combattre tm membre "récalci-
trant", en l'occurrence le Vietnam.
Il est bon de souligner que dans le passé, la Métropole
s'était appuyée essentiellement sur des lois militaires relatives
au recrutement pour enr3ler des soldats Africains. En 1946, elle
pouvait arguer doublement des lois militaires en vigueur et de la
qualité de "
"
citoyen frère de l'Union Française pour demander à tout
tm chacun de défendre la patrie en "danger".
Enfin, il enste une troisième raison non négligeable mais qui tient
compte de la psychologie et de l'histoire des tirailleurs sénégalais
dans l'Armée Française.
J) Les Raisons PslChohietori.g9's.
Depuis la création du ~er bataillon d'infanterie
indigène à 4 compagnies inspirée par le Général Faidherbe et
(1) "Union Prançaiser nom donné par la Constitution Française de 1946
à l'ensemble formé par la République française d'une part
(France Métropolitaine, Départements et territoires d'Outre-14er)
et les Territoires et ETATS Associés d'autre part.
.../ ...

matérialisée par le décret impérial du 21 Juillet i857 (1), les
tiraille~ Sénégalais furent de presque toutes les aventures
militaires de la France jusqu'à la veille de la secoBde guerre
mondiale.
Que ce soit pendant l'époque coloniale où on célébrait -S. .ba" héros
de l'Empire (2), que ce soit pendant la première gY.en-e mondi.ale avec
~s 1J4 000 recrues, (J), et plua tard ses 162 000 Boldats (4) au
cours de la deurlème guerre mondiale. le tirailleur iDégalais
II&1gré ses lac\\Ules techniques et intellectuelles :lit preuy8""'l d'un loya-
liSllle et d'un courage à toute épreuve.
Ces qualités trad!tiomlell8llent reconnues au tirailleur
n'ont-elles pas pesé dans la déci.sion de taire appel 8U troupes
tjfrica1nes ?
Si
les raisons examinées ci-dessus ont sans doute pesé dans l'idée
de l'appel aux soldats Africains et plus particulièrement la première,
i l est bon de souligner que le principe de l'appel t radui sait la
ferme détermination du gouvernement français à retaire l'unité de
l'Empire et à emplcher sa dislocation.
Le message était clair, car 1& .étropole voulait dire aux
colonies françaises que toute idée d'1n4épendance ou d'évolution
politique pouvant déboucher sur l'idée de "8.lf-~t étalt
à écarter dans l'immédiat ou dans un proche avenir.
Dans la mime optique, l'utilisation des troupes de -l'Union
Française" naissante ne sign1.fi.ait-elle pas la volonté de réprimer
par les armes toute idée d'évolution politique économique et sociale
hors du cadre qu'elle venait d'instituer?
(1) Cité par Lieutenant-Colonel K. Bernard et Capitaine F. Parjou,
les Troupes Africaines d'Afrique Occidentale Francaise et Equato-
riale Francaise, centre militaire d'Information et de spécialisa-
tion sur l'Outre-Mer (CMISOM) section de Documentation aont 1953
p. 34·
(2) Nom populaire donné au Tirailleur Africain des Troupes coloniales
ayant participé aux différentes phases de la conqu3te de l'Afrique
à la fin du XIXè siècle.
(J) Lt Colonel Bernard et Capitaine Farjou. op. cit. p. 38.
(4) Ibidem. p. 36.
.../ ...

iG/
Ce qui est snr,ç~st q~e pour assurer la réussite de cette
politique le gouvenlement français n'hésita pas à faire appel aux
Africains "quelque temps après le début des hostilités. L'application
de l'idée devait comporter beaucoup d'hésitations et d'emb6ches dues
à des problèmes d'ordre politique.
B) L'idée de ~ participatiQJ1 africaine ; 1& GeBèI·I.
En réalité l'idée de la participation africaine à la guerre
ne date pas du printemps 1947, mais en est bien antérieure.
1) Le "])éperl manqué de 1 944
Au lendemain de la libération totale du terri.toire français,
le gouvernement français mit sur pi.ed deux ~visions coloniales dans
le Midi de la France, les premières et deuxièmes Divisions d'infanterie
coloniale d'Extr3me-Orient (D.I.C.E.O) ou (Brigade d'Extrlœe-Orient)
destinées au Corps expéditionnaire d'Extrlme-Orient.
Ces divisions d'infant erie coloniale possédaient en leur sein des
tirailleurs SénégalaiS. A l'origine, elles étaient destinées à aider
les Alliés dans la guerre contre le Japon en Birmanie aux c8tés de
la 14è Armée britannique.
Instruites au Maroc, les troupes furent concentrées l Madagascar au
camp militaire de l'iIORAMANGA. Après la capitulation japonaise et la
création effective du C.E. confié à Leclerc, les Français abandonnèrent .
leurs troupes noires à Madagascar.
Cet abandon s'explique surtout par les difficultés de logistique
auxquelles se heurtaient la France dans l'achemineaent du C.E. Ains~
l'Afrique était momentanément écartée des débuts de l'aventure
indochinoise.
Le prétexte logistique ne semble pas avoir l'assentiment du Général
Byo quant à l'abandon des troupes africaines.
Selon
lui, c'est "l'attitude" des Américains à propos de la
participation des tirailleurs Sénégalais qui explique cette mise à
l'écart momentanée des Africains. Il écrit à ce propos: "Après la
capitulation nippone, l'opposition
des Américains à l'engagement des
..• 1•.•

19/
troupes noires en Indochine va retarder considérablement le dé~)art
pour l'Extr~me-orient de la brigade qd dut laisser à î.IadagascêT ses
Sanégalais_". (1).
En somme, le Général Nyo affirme que ce sont les Américains qui ont
inspiré la décision française de se débarrasser provisoirement des
soldats Africains.
Certes, les Américains encore sous le coup des idées de
Roosevelt (2) quant à l'avenir des territoires coloniaux, ne se
s'étaient pas ouvertement prononcés pour la participation ou non
d'hommes de couleur à une guerre coloniale.
Ils mirent tout simplement de la ~auvaise volonté pour aider
la France du point de vue logistique quant à la fourniture du matériel
et du transport àes troupes sur l'Extr3me-Orient.
Et nous croyons que c'est ce manque d'enthousiasme que le général Nyo
a interprèté comme une "opposition". Toujours est-il que lorsque le
C.E. avec les éléments de la go D.I.C. du Général Valluy, du groupement
blindé de la 2è D.B. du lieutenant-colonel Massu et la 3è D.I.C du
général Byo débarqua en E.O., il ne fut plus question de troupes
sénégalaises jusqu'à l'aut. . . . .-, 1946, où la situation militaire et
les projets du général commandant en chef remirent en selle les problèmes
d'effectifs du C.E.F.E.O.
2) La réapparition de l'idée.
Elle est liée à la situation militaire et politique en
Indochine. Pendant que le Général Leclerc alors commandant en chef du
C.E. essayait de rétablir la présence militaire française, il entreprit
de dialoguer avec les représentants de la République Démocratique du
Vietnam.
(1) SHAT 10R 161 Rapport du Général Byo commandant la 20 D.I.C. et les
Troupes françaises d'Indochine du Sud en 1945-1941, 30 septembre
1941 p.25.
(2) Franklin Delano Roosevelt Président des USA né en 1882 et mort en
194~. Elu Président en 1933, il le restera jusqu'à sa mort. Il était
partisan d'un dé~antèlement des Empires coloniaux et s'est heurté
en cela à une des principales puissances coloniales, à savoir la
France.

20/
C'est ~~S ce~te optique qu'il conclut le 14 septembre 1946 (1)
Le Moqua Vivendi.
avec Hô-chi-minh.
Cette trève politique n'était pas du go't des militaires, qui dans
l'espoir de futures batailles afmaient leure a:nsee.
C'est ainsi que le Général Valluy dans un télégrsBB8 aaressé à
l'Etat-Major de la Défense Nationale à Paris écrit, que "quels que
soient le résultat de la mise en place du "MoclwJ Viyenc1i- PraIlco-
Vietnamien du 14 septembre, il importe què l'et'fon m:i.1it&1re cems_t1
par la France en "46, pour la pacification et la reataurat:1OD. de
l'autorité française en Indochine, soit pouraui5~~
/.0\\'
1'1
l tannée 1 947" (2).
I('~'-;
"";7..
C
,'"
"...;
CAM
~>-,
Les propos suscités illustrent si
:.., ~ l,Cl at
,
d'esprit du premier responsable militaire 10
.:<.,"
isan
~e
de la manière forte, en fait la solution miUt
détermina-
tion se retrouve également chez d'autres responsables politiques et
militaires de la conduite de la gllerre en Indochine, tels l'Amiral
Tbierry
(1) La signature du "Modus Vivendi- faisait suite aux accords du
6 mars' sur les conditions de réinstallation de l'Armée Française
en Indocbine. Le Modus Vivendi lui réglait des détails économi-
ques et monétaires. Il fut signé par Marius Moutet ministre de
la France d'Outre-Mer (roM) et le Président Ha-cbi-minh.
(2) SHAT 10H 502 Télégramme nO 22 118 1/10 du Général Valluy Commandant
en chef du C.E.F.E.O. à l'Etat-Major de la Défense Nationale,
Sa!gon le 24 septembre 1946.
• .. 1...

21/
Comte d'ARGENLIEU (1) alors Haut-Commissaire de la République
française à. Saigon. Il souli.gna l ' e%trlme importance de la question
indoohinoise dans laquelle il voyait de "graves répercUBsioll.ll" au
cas où on ne mettrait paa toute l'énergie néoessaire )1011:1" un. solutiGJl
en faTeur des intérlt. françaia. c'ot pourquoi il écrit : "Je pense
qu'il ne saurait y avoir actuellement de meilleur _p1cn pour les
finances et les troupes françaj.ses que la conservation 4ee territoiree
d
,
_zi_
de '1·Union Française-et je d-.mcle inatame.t que l'effort
Boit fait sur l'Indochine où la réuaei1;. . . l'oeyre . t. . . .
oonditiop., je crois. le succè. cl. l'lBs'Jal, - stop· (2)
La dét ermiDation français e à engager sa respcmaabillté de
puissance ooloniale ~t retrouvé
sa foroe et sa puissance exigea:1.t
lm effort militaire ade'quat".
Or, o'est just_ent à propos de l'effort
en hommes qu'on allait se rapprocher de l'idée d'appel aux troupes
sénégalaises.
i) La Paterpité au MAréohAl Juin ?
La Métropole devant les besoins pressants et de plus en
plus énormes de l'Indochine se montrait incapable de rass.bler
rapid_ent les effectifs demandés. Le Maréchal Juin (à l'époque
général d'.A:l'mée) et chef d'Etat-Major de la Défense NaticmaJ.e riT'la
à l'issue d'lme réunion tenue le 10 septembre 1947 que le "maintien
des effeotifs à 75 000 hommes présentait d'énormes difficultés".
En effet, i l affirme que sur "les 78 000 hommes qu:1 rest &nt
à envoyer sur le plan en 1946, seront très difficilement rassemblés
et le nombre des spécialist es sera largement inférieur aux ,.,". '
(1) Né en 1889, L'Amiral rejoint le Général de Gaulle dès 1940. Ce
dernier lui confia le commandement des Forces Navales Françaises
libres. A la fin de la guerre, il fut pressenti par le Président
du G.P.R.F. pour exercer les fonotions de Raut-Commissaire en
Indochine de 1945 à 1947.
(2) SHAT 10H 502 Télégramme n0846/ENHC du Haut-Commissaire Thierry
d'Argenlieu à l'Etat-Major de la Défense Nationale à Paris
ootobre 1946.
.../ ...

22/
Affiche de 2roQag~nde en vue gu Aecrut~me~t
de ~lontair~français gour l'Indochine.

23/
demandes" (1).
Il poursui: .en révélant également qu'une faible partie seulement
des renforts prévus au plan de 1947 (12 000 pour le 1 er trimestre -
3 000 pour chacun du autres trimestres) pourra hH folZl."BU par
la Métropole. La Direction des troupes coloniale ne cOJÇte pas
pouvoir réunir plWl de 4 500 coloniaux et le 1er Bvee.u de l'Etat-Major
de l ' J.rmée estime que lee troupes œétropolitainea ne po11Z'ront envoyft
en Extrlae-Qrient que des effectifs exh"ilHnt faild.ee- (2).
Pour remédier à cet état de chos., tme série de mesures
fut mise sur pied pour combler le déficit en effectif du C.E.F.E. o.
Elles sont au nombre de six et c'est à cette occas1cm que l'id.ée
d'appeler des troupes sénégalaises fit son appariticm entre autres
mesures, on peut citer :
- La suppression de l'autorisation de résiliati.on de contrat
pour les mil!taires de carrière des troupes métropol!ta.ines désignées
pour l ' Ertrlme-Ori ent ;
- L'intensification de la proJ8sande pour les engagements
au t1tre du C.B. (voir page précédente affiche de propagande à
l ' in-
"'titntion
des jeunes français) ;
- Relèvement du tauz de. primes d'engagement ou de réenp-
gement et des primes de tecbDicité ;
- Et enfin envoi en Indochine d'lmités de Bord AfricailJs
ou de ,énégalais.
Lors de la m3me correspondance, le Maréchal Juin aborda
clairement la question en suggérant au î[inistre·. d'étudier l'envoi
possible de troupes africaines. C'est pourquoi il écrit : " •••
Cependant, i l me parait nécessaire d'examiner l'opportunité et la
(1) SHAT 10B 502 Dossier Effectifs/Etudej"lettre du Général d'Armée
Juin, chef d'Etat-Major de la Défense Rationale à Monsieur le
Ministre des Armées Paris le 13/09/46.
(2) Idem Lettre du Général Juin au Ministre des Armées septembre 1946 •
... 1...

24/
possibilité tant au point de vue militaire que du point de vue politique,
d'envoyer en Indochine des u.nités Sénégalaises ou Nord-Africaines.
Le Gméral Valllq, commandant supérieur des troupes ne serait pas opposé
à cette solution, sa préférence allant toutefois aux unités tBnégalaises.
Cette mesure ne résoudrait pas le problème des spécialiste. mais elle
allègerait notableaent les charges de la Métropole" (1).
A'Yec cette suggestion au Jlin:iJltre des Anaées, la que.tion de l'enn!
des troupes était lancée et allait se trouver au centre de. préoc-
cupations des plus hautes autorité. civiles et militaires qaat
la conduite life la guerre en E. O.
L'lntér't de la question se trouvait dans le fait que si sur le
principe les p~ncipaux responsables étaient d'accord pour l'envoi
des troupes noires, le moment et des raisons politiques allaient
retarder considérablement l'application immédiate du projet.
Cett~ question révéla en outre,quelques divergences entre les différents
centres de décision concernant l'E.O.
4) Le "débat" interne sur l'envoi des Troupes Sénéplaise!
en Indochine •
• Les prises de position.
On distingue nettement trois groupes mais qui ne défendent
pas des positions radicales. Il y a ceux qui ~ sont faTorables tels
que le Général Valluy. Il estime que l'utilisation de troupes SénégalaiseE
est "possible". Le G~néral va au delà de ce simple souhait, car au
cours du 3è trimestre 1946, il réclame des renforts Africains pour
enrayer le grave problème d'effectif qui se pose à lui et diminue la
marge de manoeuvre du C.E engagé dans des opérations de "pacification".
(1) SHAT 10R 502 Maréchal Juin au ministre des Armées op. cit p. 2.
Le Général VallU1' avait été saisi de cette proposition dans un
télégramme de la Défense nationale au Haut Commissaire à Saigon.
Télégramme no. 108/m/Section coloniale du 12/9/46.
.../ ...

25/
C' est'lir.s:' ·~tJ 1 il ad:"eEse. un mElss"'Ge ;lat':1ë~ique et ?leill de
-:-éalisme au ~énéral S evaz dl: c3èinet militaire à Sa!gon : "j e me rends
co:npte énorme. difficultés, Il'\\ais voua de;:w.nd.e ~sti!iii&8IIt efforts daDa
le sena accélération.
Envisage favorablecent, sous p:iIlt de vue :ni li taire, apport ccmti.ngeRU
Africains l!1algré diffic~.<ltés politique. certaine. au départ et à
l ' arrivée- (1).
Cette prise de position sens équivoque trouve SaD explicati.GIl _ _
nul doute, dans les hautes fcnctions qu'aaaument le GâAlal 1'â11l1l'
dans ces ~oments cruciaux en I~doch1ne.
En effet, depuis le départ du-;énéral Leclerc, la QIé"tropole. lui a
confié le 6om!l!andement du C.E. A ce poste, i l s_ble bien placé pour
~esurer avec ~éaliame les besoins e~ effectifs du C.E. dont il assure
la direction. C'est donc en cae! averti q~'i1 ~et périodiqu~ent l'Etat-
,
:.:aj or de la. :C~f'ense l;ationale du grave danger ç~ 'il Y aurait à affdblir
le C.E. S'agissant des Africains et de leur utilisation pratique, il en
e une idée bien pr(;cise. Selon lui, les renforts Africains, ) bataillœls
lIord Africeïns et 3 Sénégala.is ilQurra.ient former un corps de 1 000
hommes avec une proportion d '1/) français" (2).
Dans la ~tme perspective, il situe avec précision leur rale év~tue1
et leur organisation en ces termes: "Ils (les batailloD8 ~cains)
seraient constitués sur ~odèle américain avec 6 coœpagnies soit lCB,
lCA et 4 fusiliers voltigeurs. Ils économiseraient 4 000 français et
se substitueraient éventuellement aux unités coloniales blanChes
défaillantes. Ils devraient 'tre mis à ma disposition selon les conjonc-
tures actuelles au plus tard le 1er mars 1947- ( ) .
Le caractère urgent et optimiste du :lessage du Général Valllq Commandant
en chef ne fit pas l"manimité dans tous les :rllieuz militaires et
politiques.
Par exemple, du c8té de l'J~ral comte d'Argenlieu q~ occupait les
fonctions politiques en Indochine.
(1) 10H 502 E.~.A. Défense Nationale/Télégramme n6.23 118 1/0 du Général
Commandant en chef Valluy 2,11 Gétléral Sevez Saigon le 24 se:Jtembre 19.:;.E
(2) .Ibidem....
Télé~amme no.23 118 du Général Valluy Comcandant en
chef du C.E. au Général Sevez.
()
--idem. Télégramme Valluy à Sevez.
. . . 1•••

:1 esti..:.:!ait. que c e t c e "ao Luz i.on s e r-s i.t :1';;';j,'!~ise" :nais i2. ne désapprou~ls.it
pas ~otalemant l'idée, sa disant "pr~t" à recevoir ~e5 Sénégalais non
musulmane au cas où la Métropole ne pourrait asSlU'er l '. .t"i1.eu d.-
effectit's au moyen de personnels françai8. Pour lu1.. cette solut1.oa
était à envisager en cas de force aaJeu-~.
Quand au Ministre de la Prance d 'OUtre-Mer, l~e fia1le de l 'ftat-llajer
de la Dét'ense Nationale révèle qu'il serait "oppose- l
l'-..al àe
Sénéplais. En cas d'ab801ue néce••i t . , intique le eh • • •__ • -u.
estime que aee Bord Ab-icai..n8 pourraient Itre util:lSÛI _
:s-yw 1lGB
anna mi te et après avoir pris l'accord des goUTerD. ?&t. lo~ (1 ) •
Si la P.O.JI. et le Haut-COBD1ss&riat de France à Sa':gaD se aontrtlllt
rése~és voire"
"hostiles", du c8té de l 'Etat-~or de la Défense
-<
!rationale et de la Section des Troupes Coloniale., c'est le contraire.
Ici tout se résume en une question d'opportunité.
Le ~.!aréchal Juin qui fut le permier responsable IIlilitaire à proposer
l'envoi de Sénégalais estimait que leur dâpart pour l'E.O. était
inopportun pour le premier semestre de l'année 1947, i l écrit à ce
propos : "pour des raisons politique. sur lesquellee i l est inutil.e
d'insister, i l n'est paa possible actuellement d'enYisager l'envoi
en Indochine d'unité. constituées du Kord A.tr1caina ou de Sénégalai.- (2).1
1
1
Par contre, il insite sur le fait qu'en Itcaa de crise très
grave en Indochine, i l pourrait Itre indispensable de mettre à 1&
disposition du commandement local., dans les moindres d'lais, de.
renforts prlts à Itre employés dès leur débarquement.
Dans ce cas, et dans ce cas seulement, l'empl.oi de batailloll8 constitués
Nord Africai.na ou Sénégalais deT1endrait nécessaire. Pour le moment,
i l ne saurait 'tre question que de préparer ces unités en Afrique du
Nord ou en ~.O.J1. sans indiquer ie but d.e leur coll8t1tut1on" 0).
(1) SHAT 10H E.M.~./D.E.J1./N.A.T./.Sectioncoloniale Fiche à l'attention
du Général chet' d'Etat-Majo~ de la Défense Nationale au sujet de
l'entretien du C.E.
(2) ~HAT 10H 18) Etat-Ltaj or/Défense ~ationale/Section coloniale Note
1
no.540 Avis du Général Juin chef d'Etat-Major de la Défense Nationale'
sur la question de l'entretie~ des effectifs du :.E. Paris (non daté)~
(J)
Idem.
< ~. Avis du Général. Juin sur les effectifs du C.E.
...-/...

21/
~uant à la Sect:"'on co Lon.LsLe , e Ll... é:eit d'?vis "d'es9ayer
un bataillon Sénégalais et un ?iord Africai.=... CQJEe en l.e cor...state.
l'unaniaïté ne s'était pas :Oaite sur la questian de l'envoi :Lmaéd:iat
de. renfort. SéDéplaia. A PenthGWIi • • • du prinaiJIIÙ ree.-t.".
militaire le Général Valluy, s'oppoaa;1t des collèguM œ:lli.tai.rea ...
civils qui, pour des raisons diverIMa, préconisaient la ?7'Wiace• . -
en l'absence d'une décision gouver.n. .«n~21e fer88, la ques~~an . .
départ des A.fricains fut retardé. au p . .id dé • .-poi:r du c.
, .r'
en chef.
Pourtant le 3 février 1947, une note oN'lci.elle du Président du
Conseil inspirée sans doute par l'attitude du lIinia"tre de la !'Ta1l....
d'Outre-Mer mit un terme aux aterDoi. .ents cancft'D8Jlt laquesti. .
Dans le message qu'il adn.se aux principaux Hi.Idstres des Ax'!aé. .
t ~uerre, Marine, Air, France d'OUtre-Mer), le Président du Conseil
Paul Ramadier révèla que suite aux délibéret~ons du 20nseil des
·.::"nist~restreint en date du 1er février 1S47,. il était décidé
"G.u' aucune unit é Sénégalaise ne dev:-e faire .Partie des renfo!"ts
destinés à l'E.O. " (1).
Qüelques jours plus tard, la décision étai~ confirmée au Haut-COlIIII1a-
sariat de France à S&tgon par le biais du 2élégr'lUDlll. nO 641 d. l'Etai;-
~or de la Défense Nationale (2).
Cette prise de position ferme, loin d'aYOir enterré l'idée d'euvoyer
des Sénégalais en Indoch:Lne-n'était qu'un palliatif provisoire et
cachait en fait une réalité p~fond. : la crainte des responsables
français d'éviter des critiques dans l'atmosphère politique du
p~emier trimestre 1947 en Atrique.
(1) SHAT 10R 183 Défense Nationale/Section colonia1e/!lote n" 70 du
Président du Conseil à Messieurs les ~stres de la Guerre, de
la warine, de l'Air, et de la France d'Outre-Mer. Paris, le
3 février 1 94 7 •
(2)
Ibidem.
"
Télégra-~e nO 641 de l'E.~.A./t.E.P.IN.A.T.au
Haut-Coornissaire à SaIgon le :3 février 1947 à 16h•
..• 1.••

26/
En effet, nous remarquons qu'en Afrique du Nord, les
revend1cati~ns nationaliste8 deviennent syatâBatiquea avec 1&
création du "FroDt Tunisien dont le mot d'ordre est la Iv.tte
pour l'indépendance.
Au Maroc. 1& l'rance Domme le Général Juill co. .e Ré.14tl1lt af1a d.
t . .pérer l'ardeur nationaliste du Sultan IfobaMd a.. Youee.t' qui s.
rapprochait du -panarabiem.-. Ce bouill0DD:_ent d':1d.é. . peU.t1q. . .
ne constitua pal! on S'ert doute, une atmoaphère sai_ au. ..... de
laquelle tout recru1. .ent III&Ssif ou en~i intilCrst •• ao14a'te
resteait 88D8 réactiou.
En Afrique Noir•• a-..o la création des nouveaux partis poll.t·iquee
dont le pl_ pu:1aBallt, le Raes_bl_ent DéJIocrati.que Africain de
HOOPHOtlBT BoilD7 (1) était apparenté au perti cc.mma1ate (oe parti
fUt cha8aé qu.lques t_pe après clu gouvernement), l'envoi maa.if
de Sénégalai8 inspirait tout de mime quelques craintea.
Pis, était la 8ituation politique prévalant à lladagaacar. Le nationalisae
malgache très actif bien avant la 2è guerre lIlOlldia1. COlltUlI& de plws
belle aTec l ' adcpt10Jl d. la très "libérale- conatitution de 194-
autorisant la création cle groupeaenta pol1tiqu. . .
Dès 10N, 1 •• re'Yend:1cationa succéclèreat a'tDt reTea41eatiou.
:x.sse de ne pas Itre suivi. cOISe elle le aoubaitait, 1& grande !1e
s. soulève dans 1& J'luit du 29 au 30 are 1947 (2).
c. soulè'Y..ent connu clans l'histoire SOUII le nOla 4. ·l'I:a81rt"r8otion
Malgache- ajouta encore plua à la confusion politique qui. l'èpa;1t.
ra Prance préleT&. une partie dea troupe. llétropolitaines pour a1ler
combattre l'insurrection. Ces ~Tènements d'ordre politique renforc~rent
le camp des responaables de la conduit. d. la guerre en Indochine qui
estimaient que l'envoi de troupes africain.s clans un tel climat politique
.
1
était inopportun.
(1) Le RDA fut crée en octobre 1946 à Bamako au Mali ex-Soudan Prançais.
(2) Sur l'Insurrection Malgache, voir ltexcellente thèse de Jac,ues
Tronchon, l'Insurrection Malgache de 1947, Paris, Mas pero , 1914,
399 p. textes et annexes. Il annonce en s'appuyant sur des sources
recueillie., le chiffre de 89 000 morts, victimes de la répression.
Sa position sur cet aspect précis contredit à la fois les chiffres
de l'Administration coloniale (11 200 victimes, et ceux des ~gaches
(400 à 200 000 morts).
.../ ...

2'/
Une autre raison non moins importante s_ble Itrt liée à dee
considérations polit1co-religi.eusee.
En e:tfn t
le Ministre de 1& l':raace a....tre-JIer et l'Alliral cl'a. nlieu.
inIIilltèrent pour utiliser d'un c8té du Sénégalai. non aueul_. . . et
de l'aut:re,dee NON Africaine mais en pays na anam1te.
Doit-cm voir clans cette ré...... "\\1818 queloenque oJ:'lL1D.te à
utiliser dee musulmans dans lee opé:ratiODa Jailita:i.Jl'ee _
Incloch1ae ,
Sans vouloir apporter \\IDe juste explicatiOZl à ont• •lt:i'hde 4.-
responsable. civila t'rançais. noua ferons. r-.:rquer que 1& présence
de populatiODlS 1slam:i..ée. 4&ns 1. . zon•• d'eplrati_ ..uitairee . .
Indochine à cette époque éclaire lDl bat soi peu cu rétie_ou.
En effet, dazuJ la moitié Sud-En du Vietn. enne d.. populaticms
ialaai.sée. connues sous le noa de musU]msD8 rienicoles. Le contact
de quelquès tirailleurs Bord Africains influencés par la à.JDam1que
nationallste règnant en Afrique du Nord, avec ces populatiol18 ne
risquait t-elle pas de créer un climat malsaitJI. ?
Il'ellt-ce pas cette idée que l'Amiral d'ugeal1eu traduit 8Jl ce. te1"l&8S S
wpour de. raisona tenant du cliDlat politique actuel d'Abo1que 4u Nord
et de l'Indochine, Ba1UI méconna!tre aucun_8I1t le. i.ncidenc•• 4u
probl.e racial, ;j'e.time que la .oina mauvaiae cle. teux solutitmIJ
en l'envoi de bataillons dit. sénégalai8 a'nc p
ripi . . . cl'él+ast.
isl,mi sésw• (1 ) •
Ces réticences à conaonnance politique n'allaient pas durer
une éternité, dans la lDesure où elle. étaient :fonction du climat
politique prévalant en Afrique. Dès lors que ce climat s'améliorait,
les réserves disparaissaient pour :faire place à l'idée d'envoyer dea
troupes Africaines avec le moins de risques.
En :fait, la cause principale de cette évolution tut la fin de la
"l'Insurrection" Malgache que la France réussit à étouffer non sans
grand peine si l'on s'en tient aux nombreuses victimes de la répression.
Débarrassée de ce problème majeur, l'idée de l'envoi des renforts
sénégalais allait se concrétiser de maPière pratique.
(1) lOB 502 Télégramme Haut-Commissaire à Défense Nationale à
Paris op. cit.f'~.
.../ ...

;-D/
De ce fait
les premières uni tés Sénégalaises, (à peine un
bataillon,) débarquèrent En Extrême-Orient en mai 1947 avec un total
de 600 hommes répartis co~~e suit (1) :
Sénégalais
Effectifs
---------------------------------
:
--------------- t
: O:rficiers
2
·
·
. .
------------------------------------------------_.,
·
. .
: Sous/Officiers
2 5 :
·
:
:
---------------------------------------------------
·
·
. .
: Troupe
564
·
·
·
.
·
. .
.
---------------------------------------------------
·
·
. .
Total
591

-----------------'=----------
Ces six cent hommes fra1ehement débarqués en Extr3me-Orient
à la fin du 1er trimestre 1947, allaient constituer les pionniers de
la troupe noire qui après bien des hésitations fut envoyée en Indochine.
Ils inauguraient ainsi l'envoi régulier des tirailleurs Sénégalais sur
les théltres d'opérations en Indochine, envois qui.
~t tout
au long des sept années de guerre que dura le conflit franco-vietnamien.
Avant de s'arr3ter sur le rale des soldats Africains en Indochine, et
l'importance du groupe A.:fricain du C.E, il serait intéressant pour
mieux en mesurer les principaux aspects de s'attarder sur les modalités
pratiques du départ en E.O. Il s'agira en fait d'étudier les conditions
dans lesquelles furent créés les détachements de renfort,relève ou
maintenance Africains.
C) L'Application de l'idée en Afrique
Recrutement
et Service Extérieur.
(1) Source SHAT 10H 183 Effectif des Troupes Sénégalaises débarquées
en E.O. depuis le 1er avril 1947.
. ..1..•

31 !
,
Le caàre ;1uriCigue du recr"..~te"J:ent
~La loi du ~ ~ars
.lm". (1)
La loi du 28 mara 1933 constituait jusqu'à la fin de
la guerre d'Indochine,le principal texte de ~ase du rec~~ta~ent
des troupes indigènes (2). Ainsi, quand d~buta la guerre d'Indochine,
l'organisation du recrutement telle qu'av~it été précisée dans la
loi du 28 mafS 1933 restait toujours en viGUeur.
1) L'organisation du recrutement en A.o.~./Â.E.F.
Selon la loi du 28 mars 1933, le recrutement se fait par
"voie d'appel, d'engagement volontaire et de rengage~ent" (3).
Il s'agit en fait de l'appel du contingent. Il est l'oeuvre
des Autorités civiles et militaires ~ui procèdent à l'établissement
(1) Source Journal Officiel A.O.P. avril 1933 décret relatif au
recrutement des Troupes indigènes p. 3413-3419.
(2) J.O. A.O.F. Ce décret restera en vigueur jusqu'à la veille des
indépendances de l'Afrique française.
(3) J.O. A.O.F. Décret du 28 mars 1933 p. 3418 art. 2 •
... 1...

32/
des tableaux de recense~ent aLX dates fixées par le~ &ûuverneurs (1).
Le tableau de recense::nent vise "tous les jeunes sens nés dnns le
Garcle qüi; d'après les listes de recensement arr'tées chaque Q~née
dans le cercle pour la perception de l'impSt, et tous autres
documents et renseignements, y compris la notoriété, auront atteint
1 'lge de dix-neuf ans dans le courant de
l'année OLl a lieu le
recensement" (2).
Le recensement s'adresse également à "tous les jeunes gens
nés dans le cercle qui, par suite d'omission, n'ont pas été inscrits
les années précédentes, à moins qu'ils n'aient atteint l'Ige de
vingt-huit ans accomplis à l'époque de la c18ture des tableaux".
Lorsque le recensement est tenniné, se pose le problème
de la répartition des effectifs à recruter par territoire, le
tableau de recensement ne constituant que la phase préparatoire.
C'est l'oeuvre du Haut-Commissaire qui fixe le contingent à lever
par territoire. Les Gouverneurs de territoire à leur tour font une
nouvelle répartition en fonction de leur découpage administratif
(cercles ou subdivisions) jusqu'à la plus petite entité administrative.
Une fois ces formalités achevées, commence la campagne réelle de
recrutement qui s'étend généralement en A.O.F. de décembre à janvier•
• Les Commissions Mobiles de Recrutement.
Evoquant l'activité et la mission des Commissions mobiles
de recrutement (C.M~R.). le Capitaine de Boissesson note : "les
commissions mobiles de recrutement se rendent dans les différents
centres de recrutement ou les jeunes gens recensés ont été convoqués
elles sont composées du chef de la circonscription intéressée, d'un
médecin militaire et d'un officier en service dans le territoire
( 1) J.O. A. O. F. .-1cH3
art. 4 alinéa 1
(2) Ibidem art. 4 alinéa 2 •
.../ ...

331
ac corapagnées ct' un certain nombre de secrétaires et ct' une escorte" (1).
D'un poin~ de vue pratique, les opérations de recrutement débutent
dans chaque centre par la visite médicale visant à faire le tri
entre les aptes et les ajournés. Tous ceux qui auront été reconnus
"aptes" sont rangés en deux grandes catégories :
La première et la deuxième portion du contingent •
• La première portion du contingent.
La première portion du cont ingent comprend un certain
pourcentage d'engagés volontaires et de recrues, ces dernières étant
sélectionnées par tirage au sort jusqu'à concurrence de l'effectif
prévu.
Un fois désigné par le tirage au sort dans les circonscriptions où
existent des tableaux de recensement, les appelés sont habillés,
incorporés et dirigés sur le centre d'instruction le plus proche.
La durée du service actif de ces appelés est de trois ans.
A eSté de la première portion, existe une seconde portion ayant un
caractère particulier•
• La "deuxième portion".
La loi du 28 mars 1933 définit comme su;lt la deuxième
portion : "Les recrues non incorporées et qui ne sont ni dispensées
du service militaire ni impropres au service, constituent la deuxième
portion du contingent (2).
A quoi servent les militaires de la 2è portion 7 Selon la loi du
28 mars 1933. "Les hommes de la deuxième portion restent dans leurs
foyers à la disposition de l'autorité militaire, au titre de l'armée
d'active, pendant trois ans. Pendant cette période, ils peuvent 'tre
appelés sous les drapeaux par décision du Ministre des colonies et,
en cas de mobilisation générale ou partielle, ou d'expédition, Par
arrlté des gouverneurs généraux (3).
Voici présenté de manière succinte les modalités pratiques de
(1) Capitaine Gilbert de Boissesson, Le Recrutement en A.O.F. et A.E.F.,
Section de Documentation Militaire de l'Outre-Mer, 1956, 44 p.
(2) J.O.A.O.F. op. eit. art. 8.
(3) Ibidem art. 9. En réalité, ces militaires de 'la "deuxième portion"
étaient utilisés lors de traa.ux "d'intér3t publiq,:e" , sur· l'étenduti
de la Fédération. Généralement, ~ls é~aient emPl01e~dfo;~~~n::~i aI
de routes, ou dans des travaux necess~tant une m~n . .
.
importante. Ils gardaient tout de m~me leur statut ~l~ta~r~:•• / .•.

34/
l'incorporation des recrues indigènes par la voie de l'appel du
contingent. La voie de l'appel du contingent n'est qu'un des aspects
du recrutement.
Il enste également le syetème d1l 'YOlontar1at.
b) L'''pœent VolOAtain (l,Y,)
Il s'agl:t pour l' intigène qui le déain, de s' en....-r
peraoDll.ell. .ent dans les troupes indiPnes de la • •1M1a1.... c. ~-.
du volontariat permet de compenser en certaines occaaiona, les réaultate
mécliocns obtenus dans l'incorpOration des appel"., Il 1'aut soul.1D1er
que l'engagement volontaire était J!lOumis à des règlu cJAP.reaent
stipulées par l'article 16 du décret du 28 JDarll 193) : -peuvent con'traoite:
des engagements volontaires, les ind:l.gènes reaplls8ants les canditi0118
ci-après:
1) Avoir au moins dix-neuf ans et au plus vingt-huit;
2) Etre J!lain8, robustes et bien constitués ;
)
Etn de bcmne vie et lIloeurs,
La durée de., engagements volontaires est de quatre, cinq ou
s u ans. Il faut souligner enfin que 1& loi a prévu que tout appell
est autorisé à "trasformer" son or<1re d'appel en engagement volontaire
pour 1& . . . . durée . ' i l le désire. (art. 15) (1),
Cette organisation du recNtament qui date de 19)3 est encore en vigueur
en 1946-1947. C'est grlce à cette orl&Disation que l'A.O.F· et l'A.E.F.
recrutent chaque année en marge de la guerre proprement, dite, des soldats
non seulement pour maintenir les forces locales, mais pour servir
également la relève extérieure dan., d'autres territoires de l'Union
Française. C'est donc dans ce contingent permanent que l'Afrique
"puisera" des hommes pour satisfaire la maintenance et les renforts sur
les théAtres d'opérations extérieures comme l'Indochine.
(1) J.O. A.O.F., décret mars 1933, art. 15.
• •• 1 ..•

3tl
La question que pose la satisfaction des besoins externes
est celle -du s.rvice extérieur. C'est par le biais du semee extérieur
que l' J.frique va fournir en soldat chaque année et pendant huit ana,
le contingent africain que réc1aaera le C.E. En tait qu'eet-ce que
e' est que le Service extérieur ? Comaent fonctionne t-il ? Quels sont
les avantag. . qu'il offre Par rappon au Sernee a:1.l1tatr. local ?
La répcms. à ces questions nous pe~e,"%'a·.·aborde 1& .....·U.cm 4. 1&
contr.l.but10Jl. de l'effort humain que l' .l:fr1que & fG1D"lÙ. pour l'InùehiJl••
Il noue pe1'!Httra ésalement d'analper au pas. . . . le téaoipag. 4. .
tiraill.urs quant à leur 878tème d'engag_et et 1. . motivat1oDa q1d
l'ont souten4u.
~) Recrutement et Servioe epérisr
Le Service extérieur tel qu'il ressort de la "loi du 28 martI
, 933" est la faculté pour tout militaire indigène de chacun des groupes
d. l'A.O.P• •t de l',A..E.i'. d"t~ désigné. pour continu.r son sernee
militaire en dehors du territoire de ChaCUD de ces groupes.
I.e désignation se fait en général par tirage au Bort des nOJU inacrits
sur 1.8 tableaU% de r.crutement. Cependant. le j eUll. inscri:t peut 8'
port.r volontaire pour aller. senir à l'extériwr ; c'eri en v.rtu de
cette organisation que les tirailleurs Sénécala18 laissés à IB4agaecar
par la première Brigad. d'Extrtme-OrieD.t (1' furent utilisés par la
Métropole pour mat.r la rebellion Malgache.
C'est à l'existence du service e~érieur qu'on doit la présence de
tirailleurs Sénégalais à Djibouti, en Afrique du Borel, ou en Urique
Centrale etc ••• etc •••
(') Ct 1. "départ manqué" des tiraill.ure Sénégalais chapitre l
P.4&.
• •• 1•••

36/
S'ag18sant. de la guerre d'Indochine, il est bon de souligner que
le proc'dé des désignations l ' .porta largellent sur les _Pa_enta
'Yolontaires qui malgré leur nombre ne pou'Yaient rlY&li••r aYeO 1.
systèae de. désignations qui .e faisait contor.a'-eat à l'~iQle •
du décret du 28 111&1'8 1 933.
A l'appui de nos dire., la 81tu.Îlt1ca 4u recrut_ _t . .
A.O.l'. entre 1946 et 1949. Elle fait apparatt" 1IIl ohi.fhte de 26 ~
d'engap. volontaires en 1947 sur le contillgent ln:' . . .l.OJ. ('t).
En 1948, la tendance à l'aupentation d. . B.V. s'accroit, car le
résultat du reorut~ent affiche 3J , du cont1ngClt 1.... Jralgré oe"".
propension à la hausse, la pari c1ea B. V. sur l ' en. . .bl. clu recN. .
rest e faible.
En 1948, le. E. V. repr'sentaient sur l ' ena_ble de. recrut'. moiu
de JO % du total.
Une inccmnue subsiste cependant à la lecture des chiffr.. conoe1"Dal1t
le recru'tement. Il est iapo.a1ble de savoir le nombre 4' • • •' 1 liN
'Yolontaires qu'il y a eu pour l'B.O.
Les tableaux Dl8lltiODD.-.t les B.Y. )MnIr entrer daIuI l'am"_, JIa:1.
restent muets sur la Dature cl_ l'B.V. Est-il oOJltran' peur le
Serrice extérieur Cl E.O. ou pour le .ernoe local ? Cela i l ut
difti.oile cle le savoir.
Il n' ~ _
.. pas lIloina de. E. V. POlU' l'Incloch1ae à' oat, dee cl'81&D&ti0D8 i
pour le Serrice extérieur. La question qui se ~.e A DOua en de
..:tRI" le. motivatiODS qui ont pa . .~er certa:l.u soldats à se porter
volontaire. pour aller combattre en IndochiDe.
Grace aux entretiens que nous aTons eu avec quelques tirailleurs
ayant participé à la "Campagne c1'Indoch1J1e-, i l est possible de les
classer en trois catdgories non ezhausti'Yes.
{1) Source Archives Nationales du StCnégal, Fonda A.O.P. Recrutement
1947, 4 D 16.
. ..1...

--------------------------------'
J7l1
Q)
0
La recherche de la sécurité matérielle.
Pour bon nombre d 'E. V., les problèmes matériels al.lai9llt
, ,
"
!tre determinants dans le choix du Service ExtérieUE".
En effet, l'amélioration des conditions de vie par le biais de
l'institution militaire que représentait la carrière militaire
attirait plus d'un Africain.
La raison était simple : l'.&aée assurait une solde ~ . au'
soldat et cela suf'fisait dans le cont en e financier de l'époque.
De plus, le Service Extérieur accordait presque le double cle la 801de
mensuelle à ceux qui étaient désignés pour servir hors de leur
territoire d'origine.
Enfin, par le biais des délépati9j18 de so14e qui se trouvent 3tre
la part de la solde expédiée par mandat à la famille du tirailleur
servant à l'extérieur, nombre de soldats pouvait assurer leurs
responsabilités familiales. Ces divers avantages matériels ne laissèrent
pas indifférents des tirailleurs qui désiraient s'engager.
C'est le cas de JIr. Yoro Sayandé ancien d'Indochine, qui nous explique
J
qu'il s'est engagé dans l'année pour des raisons financières. "A. la
mort de mon frère, illetré et seul, l'Armée restait pour moi le meilleu:r-
recoure pour subvenir aux besoins de la famille dont j'ét"ais deV8ll.
prématurement le ohet" (1). '
Quant à JIIr. Lou Diomandé, il affirme que "certains soldats s'engageaient
ou se réengageaient à cause de l'argent; à 'l'époque dit-il, la piastre
était "lourde" et beaucoup le savait. Avec un peu de chance (savoir
déjouer les pièges de la guerre en Indochine), on revenait presque
"riche" (2).
Il apparaît à la lumière de ces témoignages, que les
préoccupations matérielles occupèrent une place de choix dans les
engagements volontaires.
(1) Entretien collectif Dakar Sénégal octobre 1985. Propos de l'Ex-
tirailleur Yoro Sayandé.
(2) Entretien avec Mr. Lou Diomandé juillet 1985 à Idan en,~ate d'Ivoire •
••• 1...

38/
Pour biG mesurer la portée de cet enthoWliasme pour 1. s.rTic. enérieur~
il faut s.- r'fér.r aux récentes aaéliorations apporté. . aux ~••
d'enp,g_ent et d•• sold•• des JI1l1taires 4•• treu,.s co10111&1••
ressorti.sants d•• territoire. d'Outre-Mer.
S'agissant d•• priaes d'engagem.nt, divers décrets du Préa14.nt du
Conseil (1) l'ont r.levé d. manière sub.tantielle en cette tin d'année
1947.
Désormai., le. pria.. d' engageaent et d. rengagement étaient fixée.
à 1 400 FBS CFA par ann'. d. serTio. au d.là de la durée règle.entaire
et ce jusqu'à la 8ème année, et de 500 FHS CFA par année d. serTie.
au-delà de la 8è.e anné••
Cette augmentation des priaes résulte d'une appréciation
réaliste du ministère de la Guerre à propos du recrutement autochtone.
Elle s'explique par "la nécessité d'acoro!tre le rythme des engagements
et des rengagements actuellement insuffisants (spécialement dans la
Métropole) pour maintenir les forces d'Outre-Mer à leurs effectif.
actuels-.
Cette nouvelle approohe des problèmes de solde des militaires
Africa1na appartenant aux troupes ooloniales ne pouvait atre ignorée
des jeunes Africaine ou des anciens tirailleurs dans 1& ••sure où",
elle rédu1sait l'écart existant entre le montant d.. dit es pri.e.
allouées aux a1litaires d. statut français et les lIori-Africaina
comme le montre le tableau ci-après (2).
(1) Of. J_O. A.O.P. 4écret nO 47-669 du 9 aTril 1947 p. 451.
J.O. A.O.P. du 28 ~u1n 1947 p. 613.
J.O. A.O.P d'oret nO 48-456 4u 19 mars 1948 p. 1 265.
J.O. A.O.JI. 1948 décret du 15 octobre 1947 p. 858.
(2) Source Archiv•• lIational•• du Sénép.l Fon48 A.O.P.
série 4D 16 Correspondance du Il1n1stre de la ~JI.O.M. à ••ssieurs
les GoUYerneurs d'A.O.P. et d'A.I.P. Paris le 11/9/86•
••• 1•••

39/
:
:
:
:
Ca'iégorie de Dail1taire$
:
IIoDtant des pria.s:
~---------------------------------------I--------------- :
:
:
·
a
1) :Prap.Ca18
:
·
:
·
·
·
:
Engagement de 3 ans
5 220 P
:
·
:
Engagement de 4 &D.8
8 440 :P
:
·
:
Engagement de 5 ans
11 660 P
:
:
Rengagement par année jusqu'à 10 ans
·
:
d. service
3 220 P
·
:
'"-
,
f
2) Ngrd-Af'ricains
:
:
·
:
Pour un engagement ou un 1er rengage-
:
ment de 4 ans
6 500 JI
:
Pour un 2è rengagement de 4 ans
:
4 000 F
:
·
f
:
Par année complémentaire jusqu'à
:
a 15 an8 de serrtee
1 000 P
a
a
·
:
3) .t'rieains
a
a

:
Par année de 8erviee au delà de 1 a
:
:
durée réglementaire et jusqu'à 1&
a
:
:
8è année
"S
1 400 :P C:PA. :


·
:
:
Par année de 8errtee au delà de 1&
1
a 8ème amuie
·,
t
..•1•.•

40/
~me si les écarts restent éno~nes, n'empêche que leur relèvement
est tout fte même significatif.
Le Département de la guerre ne se limita pas à relever le montant
des primes d'engagement et de réengagement. elle s'~téressa égaleaen~
à la solde des militaires Africains afin de favoriser les recrutements
(voir tableau page précédente).
Selon les dispositions du nouveau décret., la solde mensuelle d'un
1
sous-officier &djutllmt-chef après 15 ans de semee passe de 2 334 francs
à 7 376 francs (cfa).
De mime. un Sergent-chef ayant à son actif 12 ana de serr.l.ee voit
sa solde passer de 1 185 francs à 5 944 francs.
Quant au Caporal-chet. après 9 ans de service,il passe de
1 221 francs à 4 340 francs. L'appelé qui fait son service militaire
reçoit désormais 240 frs (1) par mois contre 150 F durant ses trois
,
années de service.
Cette politique d'amélioration des questions financières des militaires
autochtoneà était de nature à présenter l'institution militaire comme
une panacée pour résoudre les problèaes t.1nanciers et matérielS.
Les autorités elles étaient confiantes dans les résu1.tats de la dite
opération. C'est à ce propos que le Baut-Commiesaire de la République,
'f1ouverneur général de l' A.O.P. écrit à !Ira. les GoUTernelU'B des
colonies du groupe : "Les aUSJllentations réc8llllllent consenties ne
manqueront pas d'avoir des répercussions daas les domaines politique
social, et économique qui appara1tront déjà Traisemblement lors des
prochaines opérations de recrutement de la classe 1947.
Vous voudrez bien me faire conna!tre dans un rapport que vous
m'adresserez à l'issue des opérations de recrutement, les constat~.
(1) Source: A.N.S. Dossier 4 D 17 Gouvernement Général de l'A.O.F./
Cabinet militaire/1ère section lettre de lIr. le Haut-Commissaire
de la République, Gouverneur Général de l'A.O.P., à Irs. les
Gouverneurs des colonies du groupe au suj et du relèvement des
soldes, indemnités et primes d'engagement.
. .. 1..•

41/
,-
que vous aurez pu faire sur l.s répercussions de ce. aus-entatioDS dans
ces domain••••• (1).
C~ nous ·1 'ayons montré, la noayelle situation de. pr.LBea et so14e. en
cette fin d'umée 1947 • , •• ua faneur .t1Jnlaat pour du tiaiUellZ"8 et
explique eu pariie nom.... ' 'E.'. po.u 1'~• .& olt, . . . . . f t 1 . -
_t'rielle., il faut éft,,- 1& queniOB "e 1 '.'ftB:lr iJMIllùàe1 U'
l 1. s'ourité de l·aple1.
'1.'.
At) L' h é• •
In "·,e,.,, W.
Si l aollft tOM, cata:ba. B.Y .-N:1et , l '
t.....u_ .,
lem" situation matérielle, 4·aô». . .0' pMeoCllp&1eat a.. 1·
,
.
a111ta1re 1 et à ee titre, l '• •' . !AJWapJIlQ"a1saa1t e
• _
p«..
pour .ccéder à de. postes an" et rHo__ ÙIl8 l'.urJ..... cel".l••
..
Il. . 'agLssait
de. _ploie 4. prU-cerolo. 4e c~..
poUc1er, cle
douanier, d'interp:Nte Oll 4 t eapl;0J'f 4. ~utloe . . . 1·
ofb'à.t à
quelque. anci. .s militaire•• Ba eUe", a1l.. i l t " t . &Vat
cee" ••
alU 11111ta1.r. . ind1"e., il. éta:lt nipul' , l'arti01. zr 'e la -loi ft
2B JIU'. 1933· que -le. JI1lltaiHa 1Ja.ti. . . . ritemé. ou l1.~. ~
l
'
e'b".air 4e• .-ploi. cdrila . . . . 1.. " ' t t - »"ft" ~ 1& ~_ _•
t.tl. . en rlauev· (2). Cft". ~
lIZ aao1- m.lj
dz
...
n.
00IUlU .ou le
4'Faplda ùa":aY" cad'. Pa..... ~e .'~nr
IJIÜaJdJ
il :tut la sour.e 4. .'o02lt_t.... . . l i ttm'l .e cwta:1aa tira1.Ue... 'Ü,
orurent que le fait 4·1t. . . . . . . . aD1IrG.t a'ld_t1,. . . .t l'-»1ei Yi_'
san. passer par les foma11tl• •4wip1.t~"i"'. résl_..-tai%'e8.
En fait, c'en De fois reyenu 4Iu..8 S011 tft'l'ito1ft 4'origLne .u~
le militaire «J&Bt accoapli se. 3 ana cle s.rTiee, pré.entait une deaande
cl • engagement. Ce qui para!t certa1Jl, c'est que le s,.n.e 4e. _ploi.
résery's s'1aposa a\\1% ,.e\\1% 4e plusieurs ~eunes gene qll1 n'ai ••'a.t pa8 le
travail cle la terre Ca.De lm mo,.en d'ascension sociale. Du coup, l·..umée '
.e révélait Itre le refuge, l·1.D.Btrument idéal pour concrétiser de. ambi-
tions sociales. C'est le cas d'un de nos interlocuteurs qui nous révéla
que son ·principal objectif en entrant dans l'Armée était guidé par la
possibilité
;
(1) A.N.S/Sect10n Pond• .&..O.:P série 4 D 17 COn'espondance du Haut-Commi.-
saire à IIrs. les GoUTemeur. des colcm1e. du groupe au suj et des
décreta récents ayant relève le taU% des primes d'engagement et les
tarifs de .olde, Dakar le Z1 octobre 1947.
(2) J.O. A.O.Jl décret JDar8 1933 \\., • art. 27.
.../ ...

4-2/
de prétendre à un emploi réservé ••• W( 1 ) .
Si
l'avenir à long terme faisait partie des préoccupations de jeunes
gens prats· à embar.uer pour l'Indochine, il ne faut pas oublier non
plus lel.1r8 frèH8 qu.1 se nat perlée Y010Jltairea soit par eapr:'J.t
d'aventure, 801.t puoce qv'attifta par 1& It:l.tuation _rale e1 ~
3_
10g1tJue d. . anciens tlra:U18l1:î:'a. Ceuz-la coaatitllmt la
catéaœo:Le
d'E.V.
pl"._ 1.,el
c) LM b e .
i
.J$ttSI). . . .
PaJ:'III1 lee ensagéa cl'I:a.doohiJ1e. quelquee-aa 4eB1 on Be pAt
s.
chiffrer le DODlbre avec u:.ac'tit1l4e.
port~reat ...l.oJI1:~1'M paJr"
esprit d'aventure. 81 cela peu" puoa!tr& 8Xtraortl:illa!lft polir l'~
n'.plche qu'il y a eu quelques cas comae celui de IIImsieur Lou
D10mandé : "Je me suis engagé dan. l'~'e uniqu_ _t par esp:rl.t
d'aventure, avec cœ.e objectif
fouler le sol de la Ifétropole.
Je savais que l u Divisions de Hlève partant pour l'Extr"e-ori.8Ilt
faisaient escale à Préjus . . J'rance ••• - (2).
Cet esprit d'aventlD'e oaae; l'U1U8'tn 1. caa 8UIlci:té upl1.que ea
partie que les prob1_ _ cl'oràe _tériel aiet ocnpé peu de pla••
dans l ' esprit de c.rta1:Da t1nS.11eU'8" Cl ~ . à l ' oppoeé cie
'"'
if
ceux dont c'était 1& met:ivaticm. . . . . .t1eJ.l. . . . l.ev présence daaa
l'armée. Enfin, i l :taut s'bta.:r4«t' &Ur 1& ca. le ces tUoail.lelJ1"8
pour qui toute la ~eu:r de la choa. Dd.Uta1ft résidait claDs 1&
remise des décorat101l8. C'.st vrai. que la pOssession d'une médaU.le
de guerre arborée le jour de la ftte anniversaire clu 14 juillet 1789
conférait un prestige bacse aux yeux des populations. Elle ~ua1t
à la foi,s la bravoure 1II111t81re et montrait également qu'on appartenait
à la classe des homme8 -respectés", qui ont vu du pays et que le
oc
grand chef blanc pouvait prendre comme "interlocuteur".
(1) Entretien collectif avec des tirailleurs SénégalaiS Dakar octobre
1985 Propos de Ylalle Kale Ex-Brigadier chef et engagé dans la
police par le biais du système des emplois réservés.
(2) Entretien avec Lou Diomandé Man juillet 1985.
.../ ...

43/
C.ti. vision d. la chos. militaire va rn'l.r égal_ _"
l'aiteni1cm tout. pariiculière que d•• iiraill.ure _tre:roat Ti.......ds
d_ probl
aédaill. . . . ~, OR
que l . . . . .t ....t~. .
a,allt
1dé au chou du Hn1•• mIneur re
pJ.u1'U'It _
. . . .
qui eeat dom.al. par d.. pnlt1l.... cl1TeN (1 J. I1e
.n . . . .
1_ se". d•• JU'Obl"" auzquùl_ .'roJli COllb'oa_ * '1"__
aW-.J.:ale•• patlaDi l.ur ~. . . _ Ia'odd.Jla.
101 D' queet10a t
tal• • 'ta
. .
aiUtaire. AMw.. -.t-1ls ft, ooacea'. par Ma JaO.l"•••_ ...
• ~.ur1. . lm peu pl1lll ha111 ?
C.-ti_ tllHnt-il. à l'In d'81_4. PU' lé . .ri .u ft :tait . . ~
PNprtI apa-en1l à all.r en Iadoeh1ne. ?
ED fait o•• qu.stions noua pera.ttent d'inirodu:1n 1. probl" ~__ '
tal 11' à l'idé. d. l'app.l alD: t~upe• •éaép1a:l....
Qu.l ••t l' .Uort h\\8&1n fourni par l ' Abiq_ ••1" pour . .ii.faire l.s
b••oiDa en e:tfectits 4u C.E. ?
L'éiwl. 4. c.t .Uori aou peran d. 41n~ . . . . . . . . .
.e
Pfta1n-ei 1 1& p'rio4. allai
1& 1Ii.-aft'.il 19fT &1l 1er 3aa:t'âU' 1950
et la àuzU•• part. .t •• ~aJl?1.r 1950 à 1& fta " l a tpla"J'e _
t9fjl.
C. d'coupap -ari1tifd..l- COZ"I"H'" à . . .' ....1'14
cbrcmolog1qu. qui nou pel'lHtb"a "aaa118'Z' en pro~_"eD' 1. . ti.TerII••
étape. d. l ' .ffort to1U"Ai par l '.ltr1qu• •01re.
D) La Ç.tribut~op I·e'p. 4t l'A:tr19U! à l'.U.r! dl Gutnt
!Il InMo"r' : la 1ère PlU' QU 1& mi• • • plac. 4!1
.:tf.ciif. 111-1947 au 1.r janvier 1950.
S'agislI!I8Dt d• • •ffectifs atr.l.cains du C.E. t il faut noter
d.ux brèves périodes 1 l'une s. situani d. la m1-1947 à 1948 .i l'autre
d. 1949 à 1950.
(1) Il s'agit d.s problème. de l'avancement, de. décorations, cl'emploi
.t d. la .'curité matéri.ll. (sold.).
• •• 1•••

1) La faiblesse des effecti.fs africains ou le temps des
"essais" {avri.l 1947 à janvier 1948).
PJ1947 ou la prudence.
Une fois débarrassé des souci. que lui procuraient le.
troubles de lIad"g&.scar (mars 1 947). le ~_. .t beaçÏd.a eut
les mains libres pour envoyer en Indochiae quel.fluea él

a1'.Idoerine
demandés depuis lors par le tééral Valllq, CClV_UJallt en de1' du C.B.
La mise rapide de ces renforts à la d1spee1tian du eménl VlJ.llQ'
coïncidait avec les préparatifs de la "C_pagne d'automne" qutil ••
proposait de mener contre le VietlliDh, afin cle "pao:11'ie" la ZOIIe
de l'Indochine qui restait encore bore de l' autonté f:rDça:t.se.
En l'absence d'une ligne politique cohérente(on passa succeas1.....8llt
des signatures de convention.
: ex la signature des accords du
6 mars 1946 et du "modus Vivendi" du 14 septembre de la ma.. 81D1ée
aux coups de force, tels les incidents meurtriers de HAIPHOKG, à
la "création" de la République de Cochinchine 1e 1er juin 1946 et le
retour aux accords de Ponta:lDebleau)" la parl belle était lai.liée
aux mil i taires soucieux de liquider le V1etJliù. JIU' ... gud. .
opérations m1.l1taires.
C'est pourquoi, le Général VallU7 COIlo_1ora ~'acticm milita1%'8 sur
le Tonkin, zone encore inSOœr:lS8 à l 'aIltOti-t', française. C'est po1D"lluoi
l'effectif français engagé au Tonk1Jl pus. ~d. . . .t de 1) 000 à
,
26 000 hommes. Dans la foulée,
de. op4rationa JBil1taireshzo_'
entreprises pour liquider le réduit Vietminh qui resta intact malgré
les harcltements dont i l fut l'objet.
Selon le ~néral Y. Gras, ces "incursions en zone Viet ne rencontraient
plus guère que le vide. Les forces de l'adversa1.re s'étaient retirées
dans leur réduit montagneux et s' organisaient pour la guérilla,
laissant aux milices populaires le soin de harceler les colonnes
françaises" (1).
(1)
Gen. Yves Gras, !!!!!2!!:!_è!_!!_§!!!~!_è~~è~2!!!~!'
Paris, Plon, p. 181.
• .•1•.•

45/
La "campagne d'automne- bien qu'elle n'ait pas anéantie
le Vietminh a tout de mlrae permiS aux troupes franÇaiS8S :
- de reprendre le cClllt~le d8s centres le. plu iIlportanta
au DOri du 16~ parallèle tela RaDeS, _ . lfudI, "alJt:.na, L8ns-aon,
Hué etc. et de rétablir l'aze Ha!phcmg-Bano' . . . 1& s.• .uita1.re
au Ifontin.
- quant à la Coc1d.nch1a., 1& 1-". ~_ 1_ .~
de guArilla (sabotages• •bu. . . . . att.:luta) ~tùœeat l t _
ati.:t
balI""__
des int8r'9'8Xltions 1II111ta1rea de. tft'UpeB
1
....
Ba cette fin d'&Dllée 1947, quel est le 1"11. ~_ JI81!' 1
~
troupes aénéplaiaes am,"•• aepad.a peu _
1'JJ4ocbi. . ?
En l'abaence de dcmnées officieU" <iI;p.i......~.a......... "
DOUS poUTana a'YBDoer qu'étant domlê l'arr1'Yé8 toute "cente des dits
Kll1taireB et des lacunes teclmiques Qu'il. traiN"'_". i18 D'cmt
pas été engagés immédiatement dans les opératiOJlll milita12"eB qui
suivirent leur débarqu_ent. Dans le compte rend,u d8a opératiOD.B
"Georges", "LEA" et '!I1rondelle" qu1 se SOAt cléJl'olllé. . entre avril et
déc.bre 1947, il n'a null. . . .t ét' Cl1i.at1OD cie troupea af'.ri.caia•••
lIotre id48 est que 1& troupe cl. . 400 Bénlgal.:'. a ft4 utilisée ]IOV
reln8r des troupe. blanches rapatr:Lable., -.18 sua doute c1aDa cl••
acti'Y1tés statiques, (ex_pl. prcle de b. . . ."DaDa, ete dépit ou
d•• bases ·de transit) ce qut a pe:ndf' à r'ftat--lIIQe 4'util.1.8r d. .
militaires français dans 1.. actiODll cl' enT. . . . . .
Ce qui para1t certain, c'est que l'engagement Kllitaire africain du
point de vue opérationnel tut pratiquement nulle (1).
C'est pourqll'Â .nous parlons dans la dit. périoc1e de mise en place
d'effectifs africains.
En effet; tout au long de ,l'année 1947. on assiste à une arrivée
progressive et prudente des détachements af'r1ca1na de maintenance.
(1) En réalité,les soldats Africains n'ont pas été utilisés dans des
opérations d'envergure mais plutSt dans le cadre d'opérations anti-
guérilla (fouilles, nettoyages, patrouilles, embuscades ••• )
C'est à partir de 1950 que des unités africaines participeront
à des opérations de grande envergure. Voir à ce sujet le chapitre II
les formes de l'engagement militaire africain.
••• 1• • •

En avril J·947, on note l'arr:i.vée de 400 Sénégalais. En juin, le
chiffre total des soldats Sénégalais est évalué à 617. Il sera
maintenu en l'état pendant deux mo-i8 de juillet à aoti, a:"mt
de subir une légère augmentation qui l'amène à 6)7 au 1er septeab1'e
1947 (voir tableau-page suivante).
Au 10 octobre. pendant que 8e déroule la nCampagae
d'Automne". lee force" Sénégalaise. atteignent environ 900 soldat••
Malgré cette progression constante, la part du contingent africa:ta
re..
dens le corp8 expéditionnaire
faible.
En effet, sur les 112 700 homme. que compte le C.E. au 10 octobre
1947. le8 tirailleurs Sénégalais ne représentent rallie pas le 1/1Oè
de cette force répartie comme suit (1)1
Nationalités
Effectifs
Françai•••••••••••••••••••••••••••••••
61 000
Légionnairee ••••••••••••••••••••••••••
11 000
Bord-Africains ••••••••••••••••••••••••
8 000
Af'r1.ca1.n.s •••••••••••••••••• e· ••••••••••
900
Indochino18/Régu11ers •••••••••••••••••
)1 000
Personnel AFAT ••••••••••••••••••••••••
150
Total •••••••••••.••••••••.••••••••.•••
112 J50
(1) Source SF..AT 10H 183 Dossier situation effectifs commandement des
troupes françaises d'E.O.
.../ ...

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:------~----- : ~------- : -~-~--- t ~-- .. -, ------
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1 fotal
:
1
r
1
,.
34
1
734
:
170
:
;
1
l
,
;
J
( 1) SBA! lOB 516 Dua1er Ef:t.ot1~. 4Il e .B. en 1947•
•••1•••

A la fin de l'année 1941. les troupes sénégalaises
représent.apt un effectif moyen d'envi~on 700 (1) hommes.
L'ann~e 1947 du point de vue des effectifs reste l'année de la prudence
et de la mise en place de personnels Sénéplais.
• La contribution africa1ne à l'effort de guerre frangaia
en Extrlme-Or1ent n'en est qu'à s•• début••
De ce fait, cette tendaDce 'ft s'accentuer âu. coure dee a:aaf- l
venir. mais elle sera. caractérisée par un gonn. . .t ae pl. ea . .
impe2'tant des effectifs africains. L'8DJlé. 1948 constituera 1·. . . . .
charnière de cette évoluiion.
Il> Le. effectifs a:trice1 ps en 1948 ; UA! évolution rapïL4t.
Vers la fin de l'année 1 94 7 dans les ultimes .&main.,
le contingent africain passa de 900 à 1 147 hODDDes. En ce début 1948,
la situation mii1taire n'était pas alarmante. En effet. l'objectif
principal de l'année précéclente à savoir, disloquer les arrièru du
VietmiDh au Tonkin et fermer 1& frontière chinoise au ravitaill. .en.t
en anses et mtmitions a connu un échec parliel : par cOlltre, le Ti.etIl1Bh
est désormais acculé à la gUérilla cl8J1a 1.. Z011es JIIOJ1talJ1eusea du Bori.
Cette situation militaire préca:Lre conforte l'ETAT-MAJOR du C.E. qu'il
faut une action "énergique" pour écraser le Vietminh, entreprise qui
du reste implique une stabilité, sinon un .aecmisa_er:rt des effectifs
du C.E. Le Général Valluy estime cet· effort humain. de la Métropole à
57 000 hoDll1es dans le "plan de 115 000 hommes" (2).
Ces renforts seraient répartis comme suit :
_ 48 000 hommes au titre du reliquat 1947 si ceux-ci ne sont
pas arriv~s
- 40 600 pour la relève ;
- 12 500 pour la maintenance soit un total de 57 000 environ.
Dans le "plan de 115 000 homme~",il n'est pas précisé les besoins
africains.
(1) Pour obtenir la Âoyenne d'effectif d'un groupe de soldats, le 10
Bureau chargé des effectifs tient co~pte des arrivées récentes,
et des pertes (tués, blessés, rapatriements :;BJli tairas et rapatriement~
de fin de séjour).
(2) Source: SHAT 10B 283 Effectifs C.E. "plan de 115 000 hommes"
o
115 007 d
Général Valluy. eçmmandant Sup~rieur des troupes
h!tr~Ziies ën ~.O. ~ tlons~eur le Géneral chef d'Etat-Major de la
D~fense Nationale à Paris Section coloniale1° BUreau le 16 juin 1941.
··.1 •••

Par contre. dans un de. multiples pl~ (1) envisagés à la suite du
précédent. en cette année 1948. la place d.. effectif. .énéplais e.t
clairement précisé. quant à la nature et au vol. . . .
Par contre, dans le plUl d'.ff.ctir théorique cI1t 4e "102 000
~.s·, l'Etat-.'Kajor du C.E. d-.nde clans la lIlesUN 4_
:l.1tLl1tû
de la heaoe cl'outre-.er .e lui .'"7U' 5,350 (2) hl T"
h
sat:1.fa.:tre 1•• exJ...,.cea i . ren:tGZt., 4e maint8lUU'1ce et aa ft.1ke. _
pertlOJUlela a;fr1ca1Da.
C.tte troupe de"ITait 'tH ccaposé. c~. su:1t •
- rnrant.r1..........................
) 850
- Artilleri..........................
600
- Sant'..............................
600
- Etat-Major, Bas•• et div.ra........
100
- Intendano..........................
200
!otal..............................
5 )50
C. . . . le montre le tableau c1.-e1. . . . ., le plu poe_ d_
be.oiDa d. l'Btat-~or .e s1tu. au Diveau d. l'ip1:anter1e. Il :tait
h.....
appe.raltn également. 1I1l be.oiD qua11tat1f . 'ag11J8aD't d..
ù
troupe .enant
dans les UIIe• •péc1aU..... Ce. 4_nd.. d. 1 'ftat-~._
mettent en relief le. laCUIUt8 teclm1qu. . ebse;ry'" daDa la fonaat1. dM
~e. de troupe constituant les renforts deetiJuS. l l·ktra....Ori_t.
C'est cette pénurie de techniciena qld explique que l'hat-J(ajor ait
d-.andé dans un premier temps, \\ID rort contingent de solc1ats de
l'infanterie afin de compenser le déficit enregistré au niveau d"
ar-es spéc1al1sée••
Les besoins de l'Etat-KeJor ne serant paS enti~rement sati.fait., mai.
par contre, il e.t 1ntéress8D.t de souligner la rapid1té avec laquelle
croissent les effectifs africains en IDd.och:b1e.
(1) Le plan de "X••• hommes" est tout simplement le tctbleCt.U.~ des prév1sioms'
(demandes en effectifs) établi périodiquement par l 'Etat-Kaj or (1 °
Bureau) afin de maintenir ou de renforcer le potentiel hUl1Ia 1u.
(2) Source : SHAT 10H 506 E.M.A./1° Bureau, Tableau d'évolution des
effectifs du 1/4/47 au 1/)/48 "plan de 90 000 et 102 000 hoJlllles" •
••• 1•••

Tableau
Situation des effectifs Sénégalais à la date du 1er septembre 1948.
·

: sénég alais
lE ffectifs Mécanographi. -
.Renf orts du mois. Pertes de sep- :Rapatri-:
,
.
:ques au
1 septembre
• dl! septembre
:tembre
les mOlS
1948
Ide sep-
:
:tembre
.
.
.
.
-
----- -- -- - ----- ---- -------- ---- -- --- - -- -- ---- --------- ----- -- ----
:
1
:
:
:Officiers
!

j2
-'1
:._--_.-._.--_...:_~--- - ... -- -- -- ... - - - _&....-..,--------- - .
..... -..- --
. .
......
-_.-.~---_


:
: Sous- off i-

:
·
:ciers
~)7
25
..C'...-.
·
.
~_..- _ _
.-,
"':'.-.-..--r
.J.
-.-..-.,_
_ ~~
-.~ __ .->_,

:Troupe
5.362
305
7
3
~ ... __ ..
1-
..-
.._.&.. ... _ ..... -...--- ..-
~-: .. - ... _ - - - - . - ---:..-- - -
- - :
:Total
5.671
·
9
3


·
·
·

51/
Nous notons qu'au 1er février, les renfo~ts sénégalais débarqués
en Indochine depuis la mi 1947 sont forts de 2 260 (1) hommes ~
1'1».41.\\1. le tableau ci-d. . .ou.
lfaltleau 1 BUectifa e'-'plaie au llilie de t*r.r.ler 1948.
1
:
:
1 :
:
:
}
1
Grades
: ~oa:l.s
:In40ohine:l.s:Bord-Abi-: Af'ricaina
:
1
:
_ _1 :
:
ca1 na
1
:
:~~~:~:::--~--~t~~---~-----~~----:-----;~-- -:------~-----:
:
:
:
:
:
:
:-~:;~~;~-:--~~~---~--~-;;;----~----~~;----:----~;~-----:
.
.
.
..
.
..
.
:
.
.
..-~~-:-----------:-----------:-----------:------------~:
: Total
:
63 607
.
: 10 787
,
:
2 260
,
:
.
: 34 164
.•
(1) Source: SHAT 10H 502 Situation d'enseaib1e d'effectifs des
T.F.E.O. au 1er février 1948 (Terre + Air + Mer) •
•••1•..

"
52/
Zones et Li.eux ct 1 implantation
des principales uni tés
africaines en Cochinchine 1948.
M€R..
4t
CHiNt:'
Go. f e-
.'"
j
c;IAtf
1
12Z,o'bc 1: Il,,,, " ........nit": ..'...·iouh.j
r.N- AN
~ LlW de. stQknaM~"" 1
.•
f
1
i
1
J

5)/
En marge de cet accroisse~ent constant, il faut noter la
venue de.-premières unités africaines constituée. provenant de la
Métropole.
Il s'.gU . . tait de. lDI1té. séDéplaises organisé• •0_ la tON.e
de coepapie. homogène. et elleadrée. par de. off'1ciere fRa......
Ce. unité. eoD8tituées n'étaient pu de tratche date qua,t l lev
créat1".
Ezeepté le 20 bataillOJl cle marche 4\\1 20 Ré,p-MJlt 4 'Waatat. Ml ••ael-
(Y./P R.I.C) qui a été créée en t'noter 1941, toû. . 1. . . . . . . _ _
constituée. turent mise. sur piecl yera la f1D cle la .~ . .' , .
mondiale.
L'envoi en Extrt.~ent de detach_ents anci_ 4e t12'11i11e...
sénégalais n'illustre t-11 pas la prudence qui caractérisait 1. . aBiGœit_
militaire. quant à l'hoJaogenéité de. éléllumta Afl'ioa1Ds de reDfoft ,
En effet, 11 nous seable que dans le cont ene de la guerre . . In4oelda.
811 1947, i l paraissait plus .ap d'eDT07"' 4ans un pread.er t
. . .
..u.:Lla1ns a&U1"Z'is que oeux tn',,&nt de . . . . . . . lacuaee t
.....
Z. répartition des mai"é. ab1.ca:1n. . faLt appara!t" lme 0CIIUtC1œdt--
4aDs la .eule Coch1Jlcla:l.ae.. B11e n' eet pas clue au 1IIua1"4, . . . ~­
corre.pond à la situatioa politique et 1I11itaire _
Inècb1:a. _
tM.
En effet, la Coch1nCltlne que le Il.allt-COD8isaa1re !h:1ftT7
d'ulenlieu a érigé en "RépubUque- en 3u1n .1946 s.ble ' t " la . . . .
où l'autorité française est -totale-. Quaat au !œIkin. elle rene ~
pacifier.
En eUet. si à la leoture de la carte (pap précédente), noua POUVOJUl
affirmer qu'elles ont été déplo7ées dans le sud cle l'Indochine.
Cependant, i l est bon de souligner que l'année 1948 voit les eftectif.
évoluer rapidement pour culminer à 4 000 soldats enYiron au 1er déc. .bre
1948. Le volume des effectifs a plus que doublé au cours de la .eule
année1948. Par exemple, la situation des effectifs sénésalai. au 1er
septembre 1948 montre que le groupe africain a enregistré entre le 1er
février 1 948 et le 1er septembre de la .lae année environ ) 000
nouvelles arrivées.
.../...

54/
Cette tendance à la hausse s'acoentuera dans ce der.oier trim.stre 4.
l'année et'la situation mécanosraphique d• • •tfectifs laiss.ra
appaoa!tr. lIIl ch1fh'e lUyen d'tan'ircm 5 824 1I111taires Sliaéplala,
réparU.• cmtr. 9 offioi.ra, )46 aoua-otfioiue et 5 469 1&a__ ...
troupes.
De oe qui précè4a, aou poUY01UJ' &ft1aer que 1948
_
&Qa11.__t rap1de et spectacu1a:1re . . . .tt.ctits d'ri..;!»-

d . - " danIJ 1& curre d'Indochin•• De 400 Sl6U8&lais üaCftt.'I'
&Âa:rtlu4s en a'Yri.l 1947, le noabre s'est cWTelo," à UIl ~. . ~
et . . 18 mo1s, il a att.at en'ri.roD. 6 000 __•
(chi~ ~)•.
C.pendaDt, i l faut soul1B1l.r qu'. déplt 4. cette croiss. ._
. . .
1& troupe africain. r.pré.entait UlLe part faible 4e l'_s_bl
. .
oorps ezpéditioDDaire.
Elle totalisait en gros 6 000 . , . .•• sur 8Il'9'1rcœ. 122 000 él_ _ta
du C.E., soit UIl taU2: d. 7 ..
s. ta:1'bl•••• n' tm fait pail l prepzoeaet parl.r De troupe marat_le
bi_ au contraire. CJtactu. ~ our, .11. •• 001180114. ft t1Dit pao .....t ••
UIl8 torce d'ap,.iDt nOll n'glipable en dép:Lt d• • • lacun_ teeJIai"".
Cette quallt' c1a "torce d'appoiat" va éolater T'ritùl_ _ . . .
1'_ée 1949. C.tt. &1II1é• .arqu. ua aocroi.s.eut aénéral 4_ .1~!W
du C.E. et plu part1cul1~r_ _t d•• tore.. H, "l'UD1_ hMta1. .- ....
1. . a4Dégalais.
1949 marque la der.n1ère étape de la III1se en' plao. du UDi t'. séD'p.la1H1
~) L. "1'01T!Mt" dt 1949.
Si l'année 1948 a été marqué. du point d.'yue de. effeotifs
atrica1Ds par UIle éTolution constant., 1949 marque le tOU1"DaJlt décisit
de la contribution africaine à l'effort de guerre de l'Union française.
Cet eff'ort hmnai n prendra la forme d'lm, doublement des effectifs qui
passent de 5 81) à environ 12 000 hOlllllles.
Plus que l'augnentation du nombre de soldats africains, c'est la nais-
sance rapide de Téritables unités sénésalaises tant du point de TUe
nominal que de l'origine africaine des éléments qui retiendra l'attentioJ
1
Il reste que ces bataillons sont encadrés et dirigés par des spécialist.l
Européens, issus soit d. la Métropole.. soit "es troupes colomales •
••• 1.,••

55/
~) La naissance des Bataillons de marche àe Tirailleurs
Sénégalais (B.M.T.S.) 1949.
Qu'est-ce qui a poussé l'Etat-MaJor français à décider de
la création d'lmités à base d'éléments ~négala1s. rompmrt ainsi
avec une habitude qui l'avait amené à incÇ)rpore:r quel.quea é~éJHntlJ
africains dans des unités à forte composition européenne f
Est-ce par souci d'~f1cacité ? Cette hypothèse nous seRble plausible.
car l'efficacité d'une troupe dépend surtout de son hODlogeo.é1t4. alors
que les éléments sénégalais engagés en Indochine depuis lelD' arr1."
en avril 1 941, étaient pour la plupart disséminés et incorporé. cIaDS
des unités qui n'étaient pas leurs unités d'attacheorigineU••
Cette dispereion a t-elle influé
sur "l'efficacité" de ces troupes?
Impossible de le dire avec précision.
Ce qui para!t certain, c'est que sans attendre une quelconque évolution
de la situation ~ilitaire locale, l'Etat-Major envisagea la mise sur
.ur._.
pied d ' unités spécifiquement africaines avec un encadrement
Cette nouyelle orientation sera à la base ·de la créatiOB d. . BJI.~.8.
Le premier B••• T.S.
qui fut crée est le B••• T.S. no.26 (t)·.
mis sur pied dans le cOurBllt du mois d'octobre 1948 (2) à l'ré3ua {3l
en France. Il embarqua le 9 mars 1949 pour l'E.O. oû il séjournera
durant tout e la guerre.
(1) Le B.M.T.S. no.26 sera la seule unité Sénégalaise choisie comme
unité mobile à partir de 1952. Toutes les autres unités du m'me
nom seront statiques.
(2) Crée conformément aux dispositions de la dép~che ministérielle
Guerre Troupe Coloniale no.1433 Te/BT-O en date du 1 octobre 1948.
(3) A Fréjus (département du VAR), l'Armée disposait d'un Centre
d'instruction où séjournait les personnels en partance pour l'E.O.
C'est à Fréjus que se faisait l'instruction précoloniale et la
formation des principaux détachements africains. Voir le chapitre
II première partie.
.../ ...

56/
Tableau: Forces Terrestres D'Extrême-Orient: Situation
des Effectifs Sénégalais à la date du 30 juin 1949 (1).
:
:
·
·
: Désignation : Officiers: Sous/
: Troupe
:Total
:
:Officiers:
·
.
.
.
.
------------ --------- --------- -------- -------_.
:
:
:
:
:
: Tonkin
· 343
: 4804
: 5.154
·
:..-..-..~- ~,--,:,~_~.--...J. _ .---~.... .;_~ .... __ 4~... _.-......-.....J
l::Odtlhinchine:.5
1 6 3 : 2404
: 2.572
·
.
.
.
.
.
-_ ... --
..._---.-
~
..---~
----.. .-.--~ .._-~_ ....--.-.- ...-'-'---~-~.
: Sud-Annam
o
32
:
645
677
·_ ..__ ..._...__.-..A.-
.

. ..
---.-...~
~
_
.
_
,
~
.!~..Ia._ .
~
~
: Centre Annam:
1
38
588
·
- - -
....
_ _....
e....-
... J

_
-
~
~
- . . . . . . I ~
·
627
·
.
.
.
.
.
: Cambodge
-
. . . . ·
·
o
·
~
-
1
~
. . ·
35
·
- . _
. - . _ _
36
·
.-Ao
·
.
.
.
.
.-
: Laos
·
0
·
·
0
:
26
26
·
·
·....._----- ·
.
·
-_.
_.-_----~
.
---
'------_ ..._--- -
·
:
:
··
··
·
··
·
·
·
·
··
: Total
· 13
· 577
· 8502 · 9092 ·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
··
·
·
·
·
··
·
·
·
··
1) Sou~ce : SHAT 10H 506 E.M.I.F.T, 1° Bureau/Central
Mécanographique Effectifs 1946-1956.

57/
Quelques mois plus tard, fut crée toujours à :t'réjus, le B.'I.~.S~
no.27 en date du 1er avril 1949.~uant aux B.M.T.S. no.28, 29, JO,
31 et 32, ils virent le jour dans le dernier semestre de l'année
1949 comme l'indique le tableau ci-dessous :
Nom de l'Unité
Date de création
- B.3t!.T.S. no.26.................
16/10/48 FréjW!l
- B.M.T.S. no.27••••.••.•••••••.•
, /4/49
If
- B.M.T.S. no.28 •••••..••••••..••
16/11/48
If
- B.M.T.S. no. 29 ••..•.••••.. !' ••••
25/7/49
"
- B.!.:t.T.S. no.30•••••••••••••••• ~
15/4/49
"
- B.;,t.T.S. no.31 •..••••..•.•.....
19/10/49
If
- B.M.T.S. no.32•...•....•.....••
10/10/49
Les B.M.T.S. comprenaient en moyenne sept cent à huit
cent éléments. sénégalais encadrés par une dizaine ou une vingtaine
de cadres européens.
A c8té de ces unités purement sénégalaises, on assiste à l'apparition
en Indochine de Compagnies Sénégalaises incorporées à des unités
plus anciennes et comprenant une forte majorité d'éléments européens.
Ce sont par exemple les Compagnies. 1 ,2 et 3 du 6° Régiment d'infanterie
colaiale (6° R.I.C.), les compagnies 1 du 23° et du 24° Régiment de
marche de Tirailleurs Sénégalais (R.M.T.S.) (1) qui viennent s'ajouter

à celles déjà présentes comme le 43° R.I.C., le 220 R.l.C. et le Régiment
d'Artillerie Coloniale (R.A.C.).
Au total, le groupe africain représente cinq principales unités qui
s'ont' le 6° R.I.C. (2), le 23° R.r.C. le 24° R.M.T.S., les B.M.T.S.
numérotés de 26·à 32 et le R.A.C.
Ces unités sont articulées. autour de vingt six compagnies (les B.~.T.S
mis à part) et réparties sur les principaux territoires militaires de
l'Indochine (voir la carte de la page suivante). On note avec
l'apparition de ces nouvelles unités africaines une modification de
l'implantation géographique des militaires africains en Indochine. De
la concentration en Cochinchine en 1948, on passe à une implantation
plus étendue et plus équilibrée.
.../ ...

Zones et lieux de stationnement des unités africaines au Tonkin
en 1949.
C H
LAoS
GOlFE
lu .
TOt4atÎN

59/
~) L'arrivée des nouvelles unités africaines et la modification
de l'implantation géographique des effectifs africains.
Au fur et à mesure de l'arrivée des unités africaines
fra!chement mises sur pied, la carte de l'implantation ~litaire se
modifie. En effet, on a vu que pendant l'année 1948, les trois princi pale E
unités africa1nes en Indochine étaient regroupées en Cochinchine où
le Vietminh se livrait à la guérilla.
Par contre au nord, dans la zone militaire du Tonkin, la présence des
détachements africains était pratiquement nulle, sinon inexistante.
A partir de 1949. on assi te à un déploiement et à une présence africaine
sur toute l'étendue des principales régions militaires qui sont au
nombre de quatre.
- Territoire militaire du nord-Vietnam (Tonkin) ;
- Territoire militaire du sud. ·Vietnam (Cochinchine)
- Territoire militaire du centre-Anam et des plateaux
montagnards ;
- Territoire militaire du sud-Anam.du Laos et du Cambodge.
Le Tonkin (nord-Vietnam) est la région qui compte le plus
d'unités africaines. En 1949, elle comptait environ treize unités
sénégalaises réparties en deux bataillons et onze compagnies.
(voir tableau page suivante).
Du point de vue territorial, le Tonkin représentait 7 % des eff~ctifs
africains engagés au Vietnam contre 1 % un an plus t8t.
(1) Le 24è Régi~ent du marche de Tirailleurs Sénégalais est une
vieille unité ayant participé à la deuxième gueTTe mondiale avec
le 25è R.T.S. dans la région de Lyon et de l'Isère en France.
(2) Il s'agit bien entendu des compagnies africaines appartenant à ces
unités franco-africaines.
... / ...

60/
-
Situation d'EffectifS 1951 : Evolution des Pourcentages
par race et par territoire Cl}.
(1948-1950).
.
..
:Territoires: Dates
et Pourcentages
·
:
·
:
----------- -----------------------------
:
:
:
.
=
: Tonkin
:au 1/1/48:
1/1/49
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111 ..000:
113.000: 144.000 ·
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·
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·
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·
·
·
:
·
·
·•

61/
1
Tableau: Situation des effectifs Sénégalais et Repartition
par territoire~ militaire,.. à la date du l septembre 1949.
(situation approchée).
·
:
·
: Effect ifs
:
·
Territaires militaires
·
. .
: --------------------------------------- -----------
: :
:1) Troupes Françaises· d'Indochine Nord:
·
·
~
(T.F.I~N~
:
6 400
·
·----------------- ----.-....-- ....-.-._----. .
·
..........-........... .
....-........-
:2~ Forces Françaises du Vietnam· sud
·
·
:
(F.F.V.S)
2 050
·
:
=-
· ..... .....-.
717 _.... :·
_ _ _
T
_~_
~---------------~--~~~~-----
:3) Troupes Françaises du Centre·Anam
·
·
·
:
(T.F.C.A.)
·
620
·
·
·
·
·
·
·
:- ....-...._..-.-._-------_... .-.....-------- :. ...... ~........... ~_:
:4) Troupes Fran~:isses du Sud-Anam et
··
·
:Plateaux (T.F.S.A.P)
:
670
:
·
·
·
·
: 5) Cambodge
·
80
·
·
·
·
·
·
t._.--,~ _~
.-, ~.-.~.-....-
~ __
·
."J..-." - - - - -
- _ :
:6) Laos
··
25
:
·...
--------- ...
----
------
.-~.-.--
_-~_ .......... -... ~
.
--....
.
-~-
·
·
:
: Total Territoires militaires
:
10.582
:
··
:
·
:
·
·
r

621
Il devance nettement la CocIü~1.chine qui reD'esse en passant de 5 %
en 1948 à '4 %en 1949 (1).
Au cours des années suivantes, le Tonkin restera le principal territoire
où se manifestera l'engagement militaire africain.
En 1950, le Tonkin représente l'essentiel àes forces sénégalais€s
en
Indochine, avec 12 %des effectifs sur un total de 22 % (2).
Pourguo1 une telle ooncentration au Tonkin ? La raison en est simple.
En cette année 1949, c'est au nord de l'Indochine près de la frontière
sud
de la Chine que se concentre l'essentiel de l'activité militaire.
En effet, le C.E. a à faire à une double guérilla.
D'une part oelle du Vietminh qui ne cesse de harceler les }ostes
militaires français les plus avancés,lCAD BANG, LANG-SOB) de ...
réduits montagneux du sud de la Chine.
Le Vietminh porte son effort sur le sabotage des principales voies de
comm~~ication comme la Route Coloniale 1 (R.C.l.) ou la Route Provin-
ciale 13 (secteur BAC-Ninh) qui relie l'extr3me nord indochinois à la
capitale régionale HANOI.
Parallèleaent à cette action Vietminh, la France doit faire
face à une des conséquences de la guerre civile en Chine, dans la mesure
':
1
où des bandes de "Nationalistes obinoisw refoulées vers la frontière
.
s'infiltrent de plus en plus au Tonkin pour comme~re des actes de
banditisme.
Enfin la frontière chinoise avec l'arrivée des troupes communistes
chinoises devenait de plus en plus l'axe principal du ravitaillement du
Vietminh.
En un mot, en cette année 1949, la menace d'une "intervention chinoise",
le désir d'arr3ter l'aide au Vietminh et la recrudescence des activités
"terroristes" du Vietminh faisaient du ~ le principal centre
nerveux de la guerre d'Indochine. Sa pacification et l'installation
è'un puissant système défensif éteient nécessairesinon seulement pour in-
terdire
le contrale du delta au Vietminh, mais également l'emp3cher
d'in=iltrer des troupes vers le centre et le sud Vietnam.
(1) Cf. Tableau page 'J!O.
(2) Idem. page '0.
.../ ...

53l
C'est pourqu.oi l'effort de :3Uerre fut porté au Tonkin
qui devisnt la principale "dévoreuse" de l'essentiel des forces
du C.E. C'est cette énor.me concentration qui fut l'affaire de
toutes les composantes du C.E. qui explique la présence d. l'essentiel
du contingent sénégalais du C.E. au 'l'onld.n.
L'aus-entation des effectifs sénégalais au TODkia C~
l'a montré l'analyse précédente tut l'expression . . cette NDlée 1949
d'une formidable évolution du nombre de soldats engae;4. . . Indochine.
CODlDent cela s'est-il traduit concrètement po~ l'eUort hlDllldn
africain ?
e) Les Effectifs AfricaiD! •
1949 : lm' :rom"'!!le
expansion. (1er Janvier 1949 au 1er jan"t'ier 1950).
Par rapport aux années précédentes, 1949 marque une "pointe"
dans l'expansion rapide dea effectifs ~eains en IndoebiJLe.
En effet. avec l'amne des principaux batailloD8 4. ~. atricaina
les B.M.T.S., l'ensemble des forces sénégalaises pa8sa rap1deaent 4&
5 469 hoDIIles au 1er 4écambre 1948. l environ 9 092 au )0 juiD 1949.
comme l'indique le tableau page su1ftJlte.
Cet accroissement rapide est da à l'arrivée de nombreux
renforts, relèves et maintenances africains dans le cadre des unités
constituées ayant récemment débarqué . en Indoch1De.
Cette tendance manifestée dans l'expansion continue des effectifs
sénégalais sera poursuivie tout au long de l'année 1949. .Aima. ~. :La. na
du deuxième trimestre d.e la mime année, l'ensemble des troupes
sénégalaises était tori
d'une population de la 552 hommes. Le chiffre
des 400 SénégalaiS d'avril 1941 était bien loin. !
Vers la fin du dernier trimastre, l'effort humain de l'Afrique au
cours de cette première phase de la guerre atteignit son apogée avec
le débarquement de 1 475 hommes de renfort.
. .• 1.••
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ .-iI

'04/
Au 1er novembre, les effectifs africains, selon le 1° Durèau de
l 'Etat-Mad or, se stàbilisait autour de 11 658 soldats. (Voir tableau
ci-dessous).
Tableau; Effectifs mé9Mogaphiguee Sénép.laiIJ U
1v/1 1/49. (1)
:.
1
1
l
,
1
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1 Effectifs l'
Grade.
:mécano. au; prévus 110:8 _Pertea
1 Rapatriée IProbabl.. f
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:
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;au 1/1'/49,"
1
:
:
:
:
:
t
1--------------------------------------------------------------------
:
;
:
:
:
s
: Off! ciere
;
17
1
1
:
1
1
:
17
1
:
:
:
:
:
:
1
------------------------------------------------------ --------- -- -~
:
1
S I l
1
t
: S/Officiers 1
664
:
6 3 :
5 :
722
:
:
1
:
:
:
:
:
: ------~-----------------------------------------~-----
:
:
:
:
---:---------- s
; Troupes
:10 517
:
1 411
1
258
1
12
: 11 658
1
l
-&.
. : -
....:Ir_.
.....
_
~
;
:.
i
!
;
1
(1) Source: SHAT lOB 506 Dossier effectifs situation/Répart1tion
Effectifs mécanographiques au 1er novembre 1949 •
... / ...
-------------------------------------------~

65/
00mme le lecteur peut le constater. la participation de l'Afrique
à la guer:~ d'Indochine fut cme réalité du point de vue de l'effort
humain.
Après le recrutement massif et généralisé qu'à connu l'Afrique noire
quelques années Plut8t entre 1939 et 1945, voilà qu'elle aide la
France à combattre le Nationalisme Vietnamien par \\Dl. présence
importante et active. Il faut souligner qu'à cette époque, la notion
-d'Urlon hanj&i.ae" obligeait moral_ent i.' Afrique à partleiper à
cette guerre afin de "préserver" l'unité de l'Empire. C'est pourqucd,
elle ne fut pas seule à envoyer des effectifs milttaiNs en I:n40cbi.D.e.
L'effort humain concerna' toute "l'Union Français,". Ainsi nous
estimons que pour mieux apprécier l'effort afrioa:1n, la compara:1scm
avec l'ensemble de l'Union Française nous para!t opporttm pour juger
de son importance ou non.
J) L'importance de la contribution africaine dans l , cadre
de l ' efiort global- de l'Un19A Franc';! 't.
Une seule observation retien4ra notre attention, c'est
la faiblesse des effectifs africains par rapport au reste du C.E.F.E.O.
'
Cette faiblesse va'IJ.dra à la troupe africaine UJ1e s8lll1 marginalité qui.
fera d'elle une force d'appoint dans cette première phase de la guerre.
Alors que les Africains débarquaient avec seulement 400 éléments, les
Français alignaient pour la mime période 51 000 éléments pour l'Armée
de Terre seulement. Quant aux Nord-A.fr1cains, 11s alignaient pour
la miœe période 12 000 soldats contre le chiffre modeste de 2 000
A.fricains.
Au 1er j anvi.r 1950, malgré son développement spectaculaire, le
groupement africain du C.E. représentait une force d' appo;1.nt dans
l'ensemble des forces de l'Union Française.
En conclusion, l'Afrique Noire a fourni l'effort à la mesure
de ses moyens et en fonction des besoins exprimés par l'Indochine.
S'il para!t faible en comparaison des autres forces terrestresdu C.E.,
il faut remarquer que son évolution est constante et plus rapide que
la progression des autres composantes du C.E. pour la m3me périOde •
.../ ...

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1
J

67/
Au pre~::'::'9r janvier 1950, le 1° Bureau annonçait un chiffre
de 12 015 ~oldats Africains p~rticipant à èivers titres (soldats
de l'Infanterie, Intendance, Santé, etc ••• ) à la guerre d'Indochine.
A cette date, la mise en place des effectifs africains a atteint
son effort maximum avant que la guerre ne prenne une nouvelle tournure,
ne s'internationalise en quelque sorte. Cet effort sera poursuivi,
car les besoins en personnels africains crottron~ concurrement à
l'ext ension de la gu.ene.
Cependant, il serait intéressant de faire un rapide bilan
de l'effort humain que l'Afrique a fourni depuis que l'idée de l'appel
aux troupes Sénégalaises a vu le jour dans les Etats-Major deI!!
principaux responsables de la guerre en E.B. Notre attention dans
ces propos d'étape sera centrée sur l'effort humain en chiffres réels
fait par l'A.O.F. et L'A.E.F. , entre la mi 1947 et le 1er janvier
1950, et l'importance de la "force noire" dans l'effort d'ensemble
de l'Union Française" en Indoc~e.
E) Propos d'Etape.
Au premier janvier 1950, l'Afrique noir., c'est-à-dire
les deux fédérations françaises d'A.O.~. et d'A.E.F. ont fourni
au C.E. environ 12 015 soldat s. ~I!! :faible au départ, l'évolution
des effectifs africains connut une progression rapide dont la pointe
se situe entre le 1er janvier 1948 et le 1er janvier 1950.
En fonction des effectifs réalisés au 1er janvier 1950, nous pouvons
affirmer que le groupe africain du C.E. a reçu chaque année en
moyenne mille soldats.
Tableau Général d'évolution des effectifs africains stationnés en
Indochine de 1947 au 1er janvier 1950.
Années
Effectifs
1947 ·.................................
1 147
1948 ·.................................
2 260
1949 ·..................................
5 813
1950 ·. ...............................
12
~
015
.../ ...

\\
~I
L'obstacle politi(~e levé (la répression de l'Insurrection ~lgache)t
plus rien ne s'op;osait à l'envoi en Indochine de troupes noires.
L'alternance du recrutement par la voie de l'appel et la possibilité
de s'engager librement allaient faire le reste. L'aventure indochinoise
des tirailleurs Sénégalais pouvait commencer.
• .. 1•••

'JI
CHAPITRE II
LE SEJOUR nU)OCHINOIS DES TIMI!·T.EURS SENE9ALilS
LA PERIODE 1947-1950 OU "L'EBE TRAlQUILLE"
Entre la mi-avril 1947 et le 1er janvier' 950. le groupe
africain du C.E. se caractérisera par une attitude peu r ....endicative
du point de vue matériel et social. Tous les rapports de s,nthèse
sur le moral et l'état d' espr1.t de ces soldat s font appara!tre UIle
relative satisfaction du c3té des autorités militaires et adminis-
tratives. C'est ainsi que nous relevons cette appréciat~an de l'Etat-
Major du JO Bureau à SaIgon, qui affirme que "l'ensemble des rapports
s'accordent pour dire que leur moral est bon. Seuls quelques évolués
feraient exception à la règle" (1).
Si du point de vue moral, on note peu de problèmes, en
revanche du c8té militaire, quelques inquiétudes 'YOIlt na!tre. Elles
tiennent surtout à la valela' teclmicr- du tirailleur a:tricaiJl qui
malgré aon évidente volonté. 80ZL courage et son loJali_., préaeDte
des lacunes techniques et intellectuelles qui serent r..-rquéea lors
des premiers engagements. Cette inquiétude nous . .ène naturellement
à nous pencher sur la qual~té de l'ÜlStruction,sur l'état d'esprit
du tirailleur présent en Indochine, et son comportement lors des
opérations militaires.
Il nous permettra d'aborder l'étude des premières tentatives de l'Action
psychologique Vietminh qui cherchera ainsi à briser d'emblée le moral
de ces militaires frdchement débarqués.
(1) SHAT lOH J49 Commandement supérieur en Extr3me-Orient, Etat-11ajor,
3° Bureau Rapport sur le Moral Jè trimestre 1949 p. 1 Sdgon le
1er aoQ.t 1 949.
. .• 1..•

Al Les Ingu.iépudes des Autor1t'Q~'!vr11 , ~47~1 ~2h ...
\\
,
.
Dès l'amvée des preut1èJos éléments sénégalais.en'I.nd~chizi••-:
de haute. ~spo~8ables militaires émirent de
.
"
s'r1~srés~s.'
.
. ' .
'.
' . ,
,
. . \\
la qualité de ces renforts fra!chem~t débarqués de llétropè,i••
,
, /
. \\ , . ,
.
. . -
' " ,
~. eux. le Géné~ Salanquï. éta:i.t en po.ste au Tonkin J. ItJ'a:1,.
\\
' -
"
.
._.~,
l'occasion dit-il. de . signaler cette insuffisance de 1 "1natri.ciïl,on·
1
individuelle des combattants reçuS de France.
'. '..' ~
"'
,
,-
1',"- K'
,
Il '7 aurait lieu je crois, d'attirer l'attention du ch,t d'Etat"'JiIed.~.'<·.
~
/
'
, .
::..
. "
c-

de la Défense Nationale sur les .inconvénients sérieux qu.pre.ent-e·
····<1'"~
l'envoi de troupes noninstru1 t.s" (1 h
Quant a!l Général Chanson, ·i1 note que l.s renforts sénégalJ'.1s soat
"disciplinés, obéissants, ::nais ils manquent d'ardeur. de
>
'
f
..
sQ~ples8eJtt,
,
..
.i
__
,
d'esprit d'1iûtiative., Lèur ins~ruçt1on militaire est médiocre.." ,
Les unités eénégalaises n'ont malheureUsement p.as lerend~ent qu'on,;"
pourrait en escom~er" (2).
"
1
Le c..onstat alarmist e quant à la q~t-é des r~tort.
. '1
sénégalais ~8ents en Indochine fait parles responsableè mi~tai~ . ']
tient à deux raiSOIJ,S essentiell.s.
' .'C ,
\\
-
La première .st d'ordre opérationnell•• car les lacunes que t~~t, .;
ces éléments emp'chent leur utilisation -iDaé4late". Cet obstac1".~',,1
~
l
'
"."';':>", •
~
d'autant plus sétieux que c.s éléments représentent des. "poi4B IDOri..~:
,
en attend8nt que leur instruètion . ' améliorè une fois' filur place.
,,:'1·1
La deuxième raison est d'ordre t e c h n i q u e . : J
-
'..' "... ··1
En effet. pour "parfaire" l'instruction rudimentaire des dits ~o~S,,,'A
l'Etat-Major est obligé de détacher des officiera pour l 'instruct-i/on. ...,j
tlchequj. n'est 'pas dévolue en principe aux unités; conséquence-:1~.,'1
renforts peu instruits imposent des charges supplémentaires et' ganeiri r ',1

•. "1
consid~rablement l'action des unités engagées dans des, opé~tions. ,'" :~l
partagees qu' ellss sont. sntre l ' înst ruction et 1e= m1.Sîon.:::~
(1) SHAT 10H 502 Commandemenf des Troupes Prança:i.ses en Indochi'1J.e du ,
'
,.
~
Nord, Etat-Major ]è Bureau, lettre du Génér&l de brigadeSalm ': "';1
commandant en chef des T.F.I.N. à Mr. le Général commandant des'
,', /j
Troupes Fr8llç&isesen Extr3me-Orient au suj et du renfort.' des. tr~~,..~.p,e
....,. k....,..'.'.'..·l.•
Sénégalaises.HANOI,le 27 juin 1947.
.
...J
'.
. , '-. '1
(2) ~HAT 10B 349, COTlJIIl8Ildemént des Troupes Françaises •••-
1
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Cette a;ittia:t!on fut acçept.e mal~ .~.par le8 .~e8P9D_,~1.,
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. militaS.ro.,lcar 1.. ru'e88s1tes d. la "lèT., cl. 1& .tllteuanceet'4J,z
rentOl"C.eat dU è.E • .npa1ent de.'acca.cler cle' teti. .'cl1nièlA:t.;
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.oina allX él6aent. SéDé,.1.18 v_u ctl~.ct' cle leur réCiqa"d'~~~':i
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1 . . : _
Afr14U& II&tal. ?
.
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Pour ripoatre à oette qu....
11 ooaTi_t c),l"""'8_
la 81tuat1oa 4u reorut_ent . . Af.r'1qll. -e1ft ' . ' l " 1947 et 1950.
,La J88jo1"1t' ~ ••1cJat. Atl'ioa1Da
/
.
rec~t~. parTOi.e d'appelo~
'
1
d'8ngag_ _t nlcmtaire était cl'orJ.sIJle ~•• et de oult~
. &éné~e ta:1b18, 701" inez1.tan....
BaDcl1cap's d.è. le déJ*ri PU' 'l'iporuc.· d. la 1.a. .e bBn~•••·
l n r 1Ut:N~tlOJ1 allait posU' bieD dès p1'ObJ..... ' ,Il tallait 1~.·
appnn4:re raplA. .t quelqu. . l"'ltip_ta 'à ~taU __t 4e1r····... '.
1Jdt' ft' au MDi__t cl
et l la Usf(d.pUae 11111ta1~.
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L'iDnructlO1l pzoolD:'_ _t u
'talt caft4. . . . .t:tle1ere.,......;>j
car 4a tait cl•• N1801U1 hoqu'" ,1UB'lIaut. 1. . recnes 'ottftl·4IIlt'
}"'-3
":N. Peu cl. poUi.b1l1.t4. POla" ~ t~re 4.. ....
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.üDai., 1'enca4reaen'l a1"ri~ n'a1...att Pftt1,__. t pU. car,;.C;:·;'l~
COBRe 1. note l'.tude du Lieuteunt.col. .eI ~ et cluCapita1.D.lt.'': ./.j
:Par~o~, 1tpam1 1•• aeiUe\\lJ'8 lIO_eU1oie:rtl, ceria1D8. n••• %"tIa"~,.~
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• • • • cl' Inc1och1Jle clu Bord. "ppori .ur le.qral· par le GéD'N1'a.
. ~.
bri.-,4e C!WtSOlI COJIII&DdaJl'l en che:t 4•• 1'.1.1.11. BaDct,
ler~u111.t 1948.
.
,•••1••.•"

, "r -5°
f '
' t

plus apTès unptef séjoùr à l'extérieur. Ils ~~ent' dàn~ la
ge;ndal!'lnerte. les -gu-ele~ qereleOl1 'bien CÛC1S lè.$~etf)ur civil~" L.\\U'a,
.'
. ',.,
~.-
quali1és decommanelement leur procurent dèlJ -,Plot. d.. oont~t~,'
ou dé commis" (1).
:La défec.tion de ces quelques rares gre.4ê.Abi~a:i..Da
.
l
,
'
de lourdes eharges à l ' encadr--.t Européen.~
Mais là encore. de nombreux problèmes vont r44ui~1a qua1!:tli
,
<
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encadrement . ~ ' : : : ? :
"
.En premier' lieu. il faut souligner 1 'insv.f'tiBano,~r . . . ca4Mlt ~ ~
,
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- ' ,
-
.
_', ~
.. '~, ,',.1\\,\\ c:>.~,:/-'';!
Selon Bernard et Par~où.ft dans une unité d·1nst~ion•.ho2"lllt~1.~;:';lj,~.;
commendantde compasni•• l.e~ rar.. aous-oft1cners ~pé.ua-~0\\,\\~~
réservés. et il le faut, bien, auz emplois 4e comytéle ou de- .sp'~_,~
,
-
.

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' . • .
-
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. ' . ' , -
-'--"'-'<~"~""''':'.. '{:~;~
L'instruction de la troupe, naturellement s'en r . . .ent mal~ .ttmt.~ s'
bonne'volonté des inStructeurs" (2).
Deuxièmement', il faut évoque,r l'~spect né9Lti.! des aetivités ..(!uot'''~'''~
de la garnison telles les corvées, traTaUX dtent~':l,~ coa.fiéa aû·· ~:.~{,'
..
. .
.
\\
jeunes recrues dtl,Ul ~tét et de l'autre, les intera1àab188 l'i8i:t.••
_
.
j
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" c . .
"-
médicales de dépis1:ag., de dt!part et de YâCÇiDat'i~.
Toutes ces activités 'auxquel1es sont 8ouza:18 i .. 1l0ll"1l.. rec~
;
.
/
. . '.
" . ........•. :' ··.iS;,·.j
.enlèvent aux séances d'instruction des' heures P1"écd~us_. ED.'. d.ft'4~'·1
du ~ait de la conje>nction d~s probl. . .· èl'ezi~__t' et a. l'tCBo.~:::;;·;i
'.
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.-",~
-'c.; . .,
• .'-,
perte de temps occasionnée par l'importace accord& a~ &et~vit'é.:. ' j

_
" - .
C
seoondaires. l'instruction se rédl11sàit à péu de choses et l)9uTiidt "
3tre qualifiée de sommaire.
C'est donc nanti de cette instruction insuffisante, que le tira11i.œ>
t-:
,
1
\\.
• .. J
est désigc.é pour le service extérieur qui se trouve 8tre ici l'I;ndo'e~";
C'est pourquoi, les principaux responaables militaires en déCOUT:raz1~)~·,,~~·l
,ces Lacunes 'tecr.niques mirent les centres dé déciSion de; la Mét~PQlè' ..'v,
en garde contre les envois' de renforts in~ffi8emrnents instruits.' . , -
Il faut souligner que ces 'avertissements furent ppSàU'
sérieux à Paris .De telle s.orte que la carence technique des unitée,
derenforl africains. allait conndtre une amélioration à la favetœ4.':'·
'X;"'_'{ ,
1.
(1) Colonel Bernar4 et Capitai~e Farjou, op. cita p. 2)
".'
'<,
(2) Ibi deIl1 p. z'3 •
, ".~

lac~é$.t,i~n des g:tanâ.é~ unitéàafrieâines, d~~l& eou.xant de i tEU;U\\ée.-: :1
1949(1).~J:l s'agit des :Bataillonsde
'.
1
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'
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r~chede
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fi~illeùrs
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sén~~:
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lais numérotés'de 26 à J2inclus... L,tinstru.
....:.et
...1..0.21 se déro~ ,à hé3ua '
. ,'1
(Déparlement (I:u,
l
,
V:AR~
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~n __
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r~pole avant le 4'~ d..
. . :_ta
pour l 'EDiIm'-Or1ent. La vaJ.eur en fut ~té. PaJ' a.. p:robl.èau-
d'ordreadiainistr,tif et technique.
_1
_
Par ,"Instruction PrécoloniEÙe", on enten9, le stage ~",.lJ,\\
-
,
ont participé 1•• élé-::nent8 des trOupes coloi;1alD ~ 1Dstancèa~:
dépe.ri pour 1 'Ext~e-Or1ent.
,
1
Le stage de Préjué se fit en réalité en deux enÜ'Q1ts di,f'~é:rents.'
,
-
Certains 'renforts . pendant leur transit au C81l.tre ae Rass_b~_ent, .•.,
des Troupes Coloniales à Marseille (C.•R.T.O.K.) reçurei1.t unc,.pl'-
ment de formation: dans le =lme genre que celm de Préju~.
. _.
Cependant , c'est héj us qui eut en réal1té 'la mi88tonde per~.œ:i:~",
nementdes renfor1s sénégalais pour .l'Indoe!d.ne.
Q-uelle :tut la mi'Saion ~volue au Centre dtIBst:rtlct1GD~~ol"fal. 7
de !Téjus ?
\\
..
Nous pouyons distinguer deux object1:Dit1 leprc,erava1t t~t_
à l' amélioration de la f'ol"lBat1on de 'balte ~ h41aa 1Dntf1e. .t.8 ..
'.
,
qu'avait reçu les éléments sénégalais orig:lna1:res4. i'.k.o~J'et_
'.,
,
l'A.E.F. -Il s'agissait de développer deman1~re sat18~aisante le
_
-'c
tir au fusil, au fusil mitrailleur (P.rl.) et au lIQrtier, que ceri-~:I18
ignora:l.ent.
Le deuxième objectif visait à adapter l'instruction clés.
, > "
>
éléments de .renfort aux conditions de-;ta ,guerre en Indochine. En
effet ,la tactique de guérilla qu'avait adoptée le V.M. glna1t,
considérablement les opérations des éléments français qui 1 'ignora.;jzïtl
Il s'agissait de leur enseigner les tecl't.niques de l'embusca<le, des'
,
i
';
(1) Voir le chapitre l
première partie ,p.sr et suivantés.
\\
\\
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/

F /'
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.
'
.
. ..'
/
'"patro~lleed'ouverturè", !;Jes Qpérations 'loeâies de' ttnetto~geft,
,d~s :rou;L~les 4a1t8 les viliagesetdâ:ria' les ~1z1è~, ,oret'i•. '.. 7
tomer aux,
,
1 ·
t~chn1quee de lacontre..gu4nUa ecua '1.,
..
'
-
. , t-..
" ' 1
d.~"';·:'
. .
i',·
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.
COllll. . .4oe.
'
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. .
C'est d'ailleurs la criation et l,'1ns:tru.ct1œld'a.-.t
au et718 c_40que l'_aéé~ }f~.reeo .;ua ~'l"'~~\\'­
Il éèrit à ce }7rOl'OIJ : "En eUet. sur un thAtre ••o~:.::.:\\\\.
la notion ",.
,
f1.oon~ ..te/ab••te,. 1
.
t~esd
.
~~
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"'f4rIL".l::.·il':j;'·'i;~'·j
. "
' :
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.. ' ,-
'.":. - .':,,:.. ,;,'~. 1\\ ;~,.: ~~_ ,,':.::'j "
le combat .quand Doa co1anaea 1. reohwcheJlt, . • l~"'~"'_""~:,:·,',\\
de nuit pax'surpri.a.; et quant il .e croit a8auHtlfl ............ ~\\:.,.
'
ltd ~re le comp].be 4e auP'riorité. -& a~.:tl"~'
"
. J -
d'ophoationa 0"1& lIdne, ie piège. l 'assaseiDat ~ riJal..~.. '::..
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" : " , "
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..
set lll-.na1e quotidienne. ~n peut ditfic11__t 0*8er la .$eul.
tactique 4es gro~ bataillous.
/
/ Sans aller jusqu'à aouhaiterque toute 1 t infanterie so1tt1"8iD8.t~
en cœ-an~&. il faut tendre à Cè que les bataillOlUJ'· tratl~ tOllt. . .,
~. " :
.
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. -'--" -.'..:'-':..
. >,.1
. leure menons .dans le strle commando et non plu' ••1_.1·ori·. . . . . . <~.···f:
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"'~ .v
- . ; ' J
:"j<~,:-:, j
eu:ro~ezme (1).
.cIl_
B1'ef t c~eat le
qu'cm s. propoQi.;t d. :àlfd..'V:N.
hé3u 1 mettre l"action sur ll1netrt1at1on.1aà.1~4aeU.et 1. t~·'
4&a petita clétaclleaen:ta af1D: de lU'tt'er eftlteac_. C'On;tr•. la'.
V..'II.
Seulement, la volonté D'alla pas cle pair a.vec les -.0,.8118,' ce' qui
pour conséquence' cl. donner un résultat ,global DJi-tigue m1.- r818in.
Répondant à une not. du ,cténéral cronnandant, en 1C~.f' des T.:P.I.B ~J~) .',
au sujet de ltut1litédu centre d·1.nstruct~on précoloniale de Fr&âus., ,
.
-
t
'
le chef de bata11lol!1 Jacquin du 26° BIITS é.crit que-le cmtre

,
.
.
d'instruction précolom.alede Fréj ua n'a présent é absolument· a'ucu:a:'>..c
,
'_
,'-
,
.,\\,:,--"f-
(1) SHAT 10H 1078 Dossier Instruction PrécolQniale 1954.' E.u:.!~P~T~..,.·j
. Bureau -Instruction" lettrellu Général de Corps d'Améè'Na~arre .
commandant -en chef' des ?orces terrestNs t:l'aval-es et Aerlennesen."'·
Indochine à Mr.
le Secrétaire d'Etat à la guerre, au sujet du
stage de mise en condition rapide pour les personnels ~lant~·
Indochine. Sd~on le 3 mars 1954. Les propos du général, Hava.:cre
datent· de ~ 954. Cepend.a:nt, ces rén.xï.onssont valables pOur.
.
l'année-1949. car-le problème de l'instruction retenait déjà'
l'attention des Autorités militaires.
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intérlt POUXtEionoataillo~"• Et ,pour j us~ifier aes 'dj.~ ,i 'il' ~()q,l1e'~
troi8\\TlP-SO?S" q,t4' ~lk ,causèrent. bien d~S s~u.C!~:
' , . ' .
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- :
~
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'
En premier U.u.;il évoque d•• probliJmu a&nJ!,ti8l_~1t.·.,t
Selon lui, il: n'apU.apo••Z" d'UJ1. t~4·t .•~~ valable.,'"
.
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parce quel. t~ qui convel1aitl.••• Uldtéttatc~eàdt pU " v, :,,;:~

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à l'Etat-MaJor.
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En efiat, écàt-il -la SOBe COIDpriae _n-. ~~ ~_ et st .,j_'~\\'~,~f:j
a.loP.... proprea te1'lM8~1:%'&ymJ,~ par 1·........ ~up «1:. .1•..... ){;,f~:~
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-avec le TonkS", : zcme-'i;· -.r'eapu:a.~. t~t __;. . . . ~ •."
.. ;j
Au delà ae Puget. ";eJ.-sBotuebrun.. i. tftl'.r."aÙl .... ....1IO~....t~·"-
<:; "~:\\i
accidenté et rappelle ae& plat.-u entre Bqgwq et ~.: (1)..
.
.~
. Malgré, cett~ analocta toposraphiqu.. 11, .,put. chIlPl-.r,,'·,· "';}".
du terrain. car les '8o-n8D4ata d'unitéaÎ. reoe"Q1.t ....t . . ":.tJ.:~;",",<;;~·j
.1...
_t
. réc1amationades propriétldreà" &'\\le,
1 ~
..
le a..R"Jf.,;~}:-~i~~
~prenai ttouj ours pu1:1 pour ce. d8%'D1eraw• _ • • lieu; u~~••~J";,t):~{~l
d'une question 'purement adIdJUatraiin q~ .. réduit ,à un CoDm:t . ··i~,,5:..,­
de ccapét~ce entre :1,.. c.a.~.C ••.•tl.c.'be ~t~c~1_~
,.:~
;',,':: -"';
colODiale de N.'~UIJ.Le pr.mu orlilfP1 • • ~t~r ~,j"'j)()f?)
sabillté da l·j.n8t~cn1.on 4.. dftach._t.oad•• iaô~'. ~cpd.\\ t:, .._~'
.'
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' , , / ,
'~',.
..",..._·-."',,';iê"~",'~'>,:>,,,~·,_:
taiet.daDa eu loC&'tD;. n eat~t ai.1a8i _ oODru.'l ...... ~-'.'...Cj,),::i
.incOllb&1tcette t.lChe. mai. qui d:l.~ ch." de ..,...~ . .
"'~'
'h"ois1èmement,1.1 _et &Il rel1.&f' la fa1bl. . . . . ~, . . . . . 'jlo~ "\\"i;"l
l'iDlrtruction. Entre autre., il atf'1me qu~ 1.. Bat~i1ODfJ '(to~~~:"\\:::~j
mtTS cle 26 il 32) "n~ ont j &III81s eu':. cartouoh.e l -bIGo"t car .ie~~jf.AJ
"
.
. " .
'...
COJJIID8,D.c1ant
le C.R.T.C:Il. "int.rd1sa1t ~ormeilement tout tir -réel".
' J
:
-
. '
. '
.~..".
',:;1
dehors de l'un:1que champ de tir d. FN3us" •
.
,
Enfin concernant l'instruction spéc1alls'e •. (instruction ~utique)
~le camp nautique situé prèscle l'embouchlU"e! de l'Argens ne 'tutpaB'l
,'\\
.
. '
,c'
utilisé pleinement à' cause une fois de plus,.des plcheurs de l'ArS_B.;'
qui. menaçaient Fréjus du Tribunal correeti~~èl, chaque· fois q~,').a~ ..
moindre détonnation mettait à ~ un poisson". i
(1) Ct cOJml1andant a finalement obtenu tm terr~in 'sur la COnUmfn8 de, . ' > j
Roquebrune (commune extérieure au camp de ptéjus) que le ~ia-e: lÛ1:'~:~
a aimablement , l ' r . t é . · · · ,i" .'
.../ ...
'.
,~,,'
\\

""'.' "
Quand, auBAITS 1;10 2,.7t,le é~àanl-Lambort note-que '
l'instruction a été'~eonti~ueèt sat:Î.sfaf...kt... Le' batâ.111œ
. '
'
:


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, .
l, '~.I
i-"
f
'
d~è~gé de tout s,aniee de place et de~& pUae ,èonsàe~l,
fmtièrement à i 'i.nstructio~ et a puaoqu4ri~ ,..~e cohém.~.
Toute la, gamme de.exeercie.. de aftail jusqu-à 1, 'f4JU1.on"'e~~";,
"
a 't~ étudiée. ainsi q~e quelquuexerCic•• aecospag&ûe d. tJatd.U~:'J{-~
.~'c
,>"~'-.~,~:.'(;.\\~

,
.'
, ; .
cl
.c-:'
' 1
" S'agtssant de l'instru~tian spé91-eJ.4t ~1.y. à l.~;.;,i~!~~'
eaU._.
d'Indochine, elle a fait "1'ob3et ete
aftC l'a:lde' cl_ ,.It:.~: .. 'i'
instructeurs du C I P . I J :;~j
,
,"L'instruction ampb;f.bie a été particu.U~_' po. . . . . (2).;/!~:'·Y'

.
,
'
_
.
.
.
.
<
La seule note discordante selon 1\\11. tu1:o_ _ ~ 1..B.1{.~.$._ j.~~..;;~ •
..
"
_ ,
'.
" .
"
_ '
"
" ' • ,".-::",i' .,."'__.i:,~·,~ ,1
l'insuffisance du champ de tir :' Ul\\ seul peurd•• tJ'!"tect~"'pria",'.
4 Bataillons, ee qui ne pe1'lllet qu'un seUl tir parcom~e et.<',
,i
.
,
,
"
quinzaine.
.,.
A cette semi satisfactionts'oppose l'exceUente inBtructipn ~çll&_
1
\\
...
,
"'~.';';;
le BlI!'S nO ')0 que célèbre le Colonel Clua". Commandent le cr .a.'!.c ••• .:
Selon lui. "l'instruction pricolon1ale a pu kre c1:1apeu6., O()~êt_~'~
r
. ' ,
, ' -
"
, ' :"t '-':,:
.. ,'\\", :.::~.-,,~:,;':'"
ment, sauf en ce quiconceJlle ItiD8traœ1oD, DaUt1qu' q1.d. fui, eni~.~':
pe.r de~ épj.déDdes. diverses (or4dUon-'t'ar$..u-) et par la' pz(à....: '<---"
d"UDités p1'iorit~e8 (6° B.C.C.P.)· (,j.
' '
,
,
'
.
l
Concernant la valeur ind1v1cluelle, 11"",*18, ,U Itl.. per801l1\\el\\ 8~
utiliser son armement indiviauel et coll~C$.1'~'; la pratiqué dt1"t~,'.,J
des armes lourdes rest e ';arfaire tP1ra1.ôn. idu di:ffl.cultés' r~c~t~"';>:'~
,
, ' ,
''';..j
pour cette instruction,
(éloignement au ch8aJ,) de tir de Grass.."
>J
,
, ' , . ,
restriction d'essence. défaut de munition et mauva:1se quaUtédear',:, .:
munitians pour certaines d'entre elles, lance greziacles de 50 ,not"~~l'
.
r -
.',"
"',!
(4). Quant à l'instruction de commandos, i l ne put aV'oir ileli dùta.tt, .~
- ").',
.'"~~:,~ \\;:,~.r?
!l) SHAT 10R 1 078 TFm/secteur de lLUTOI/BMTS nD27E:ote du chef 4é,' ' , j
Bataillon Lambert, Commandant le BMTS n°27, à lIonsieurleeolc)tl..l'·
Commandant le secteur de HAllOI ,"U sujet du' stage pré,cof,on1ald'e' " ,
Fréjus le 8 juin 1949.
..
"
(2) Note Commandant Lambert à Colonel Co~dant le secteur deH.ABOi'
op. cit. p. 1.
- '~~
(.3) SHAT E.rJ:.A.T. Service historique Extr~e-Orient opé~ations 'BM~;: ,,':
nO 30 Extrl(Üt du rapport de l'instruction d~ B:.::TS nO JO parole
/ " j ! ;
Colonel Cluset, commandant le C.R.T.C.M. Frejus le 20 jui'llet 194<9,..';
(4) Idem. p.2.,
• • • /
• ,II. '
" r
'

du court déla1(1J d'instr~cti.on i."llparliau bata4,llon.
,
,,~'
\\ '
' / . , " ,
;i,
.
\\
-
.
'.
"
Bref! tout ne fut pas partait à Fre~u$. IHun c3té èomm. deltau:tri.'
'1
"
i ' "
.'~ ~
;
" ~
i l Y eut', des notes discor<iantes. tI&1a t1al.aré ces lim:it-. le ~• • .
eut p~ur principal int:éx-ltct. const1t'uer -4es UDi*- pluè~uraQi~'
hom~gèn.s, à la V1Ueur phys1quemeillel,U'e et au'sens moraJ.'l.v••;,',:::;,~ "<
A la veille de leur départ respectif pour l·Indocbine) vo1~1••. _;~};'-,':
l
,
.
'.
.
.
.:
,'-
-:
. : ,
< --",,_·,':,:::::,-':_·:<~i~~
caractéristiques généraleft .décCU"A~U &\\Dt, :a.Jl.!,S •• psstl_ a1$~""'5~"'/
c~efS miUtai"" au sujet 'de Itùt&t~diQD p:rié"~~."~~::'i·;,i";·}j
~
. . ' ~;.~.
-i
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'''.1
1) B!T§ Mf
i"","':.C,.,,;'
,;>~/i:!,
.. Bataillon homagèDe ; " ' \\ 1
"
,';~:'?"~
.. Petit 88 unit ésayan" la no1i-on 'a. la néc••sité d..~,
,''',1
.-
l'alternance et du mouvement J
.:
" , ; < \\ ...~
.. Cadres européens peu l1omb:reux. mais bo.aane
.
l'~~j:,J.;j
, ' ;


:>"T
.'1,"'-'-';
Caqes AfricaiDs /: ne valant qu.. ae loin e8\\1Xd'....t;_'::. },;:
~erre 1939--1945. Bi.-. afaroas1a, lOua•• ;
- Très bC?Jl espri~ ;
Instruction ~1..a1.,et ü
guérilla à perfeeli~",•.
2) JU4IP§ u' [ l
.
... -,..:,
"
'.
, ' - " ,
. ~ , ", '1\\. _. ".' ~\\r-',_·_ ~
.. Très bonne instructica m1l1ta1reet excellent, entr.1~UIF";
,-'", :-~,_·:·~...«t;'··-·;1
physique;
,~,
.. Rompu ~ à la gu4rilla cle. post ee ;
- Commando tNs bien :torDUS i
"
.'~,
- Excellente cohéSion, moral très élevé;
~-,~
Très bien instruit, peutltre ~gagé dès son arrivé__ !
3) BMT§ no. 39
Bataillon de bonne qualité, mais peu homogène dans son '
'-
encadrement';
,
80 % des cadres ont fait l'Indochine à lmedate plus,ou
moins récep,te ;
(1 )

-.
781
- Très bon encadrement en SOUIl"'o:tticiel'8, troupe eU2"Opéane
solide, aTee de bou éléaent& Africa:ï.n8 j e\\IDe., 111&1.
PbJ8iqueœent dou'. ;
- Excellent aoraI. J
- P48t . . . utilisé Cl secteur par ~...
Du :po1Jlt 4. YUe global , l'iJ&at:ru.ot1u pr4Mloaial
JI:ré.1- i
e.
_
"'plt 4• •
DOIlbreua•• ~ac1llL_ (doIlt" la .Olu-t• • •_
.....
1ellJ'4. .>, et .. 1& ta1b~.... cle l'1nstruot1en .pH:i.,t'" 's""" "re
C.,n,4'réeCCl.' _t~ai. .t. dans l'. ._hl•• Ille . . .:a••...,.. _
'l__
qualité la Yaleur cl. l'1JaIJtruct101l de. pzoa1. . .
t. ,
' • •
QUt débarqÛ:.;~ c
Iùooh:bl. _
1947 ri 1948 (1). S1 _
.
établir \\1Il DiY.U_et quant à la T&1eur d_ prJao1JIIÙ" aD• •
atrica1n•• m....ur pied et 1DBtw1t•• à h4~ua. 11 taut oe~"t
soul1p.r que c'est ~O1"ll d. . opérat101l8 ....litairee dais l
aeu...
• Ues ••ront enP&ée. sur plac. qu'el~. . TOJlt Il. t1:Uti
iati'1'1-
du.ll.ent.
Lt.pa_ent cle. unit'. atrJ.eaiDes 4u l.ur am.ri. _ IaUold.a. no_
~tZ'& nOD • .w.__t d. Blett" eD reli.:t 1. . t.~ .. 1'__1_
II:1lita1re d. . t1.ra1U.lZ1"tI, ..:1. épl_ _t . . . ."ZOU' cataia- 1a..._
et reT'ler ca_ant eN UD1t4. oat .1I:IW81lt' eeriaiu" . . . . . . et ..
_ t ....pt,. . lla pene cle 8U&11la.ue aaa:l.t1'Am4e t:Nntû...
~> le!! t!!M! d. l"p_ent !IU1t ti.n dM ..".
AMe",•• 1 'ctint', ri Dl:tur ' __Utn '948=1959.
:-<11)«" B.'.f.S. tao. à 1& !lMGlla
L'act1'ri.té JI1litaire n. tut pu .xtraorcJ1Da:1re pe:nc1ant la
périod. Comprill. entre an'il 1947 et le 1er ~urr1er 1950.
En eftet, dans cet ut.rYal1e, le V.Il. peu .Ir de lui et
mal équipé, ne cl1.posant pa. enoore de "corps de bataille Di d"quipe-,,
,
ment. capables de rivaliser avec l'.hwée française, avait ".décidé tout
l
simplement de ·~r· le ccmbat.

( l ' I l s'agit des éléments africaina d_compagnie. du 22l 60 et 430
Régiment!' d'Infanterie ColoDiale (R.I.C.' arrivés _
.1947-1948 •
••,.1 •••

79/
Le gros de se. forces se réfugia dan. les haut •• montagn•• du Tonki.Jl
lai.ADt . à ••• lI111e.. populaires et à se. agents, le sou
d. harceler
1. . peeiti0D8 :trançai.es, JD&térial1.'" par la cr4ati_ d. . PMt_ -,uz
endroits .tratéllque••
C.tte torm. d. perre pUldt au V.il. d"tre prés_t JJU"0U't que ae soit
au Bu4,au .ori. au C.ntre--.. etc ••• et ce grloe auz petit. eoups . .
ma1D. qu'il exéouta:l:t a'ftllt . . . . t"'po~, (
-_. kltU.'.'
aa1MRae- .'o'~ ..ua c1n18 ou lI111tai2'H
e ' " , ~•••).
Il s' agl,.8&it bis sir de la guérilla pcriin1:l~t
prés.te BD Cooh1D.o1d.J.le et au !oû1-n • Les A.ra4_ 1'NDtû... ~t
ob11gHe tac. l oett. gR.rra partioulière de ré~ pu- . . n~'lé_. 1
du . . . . o~, à .avoir 1& ccmtre-guérilla. BIle .-..iri. av. UT....
d'une .ection de COIIlpa8ll=le l
fa1re 4. petite. opfratioaa poaotu.u_
&fiA 4e harceler l ' emullli.
C'eri ce genre d. ai••iOD qui tut confié. aux pri».oi)lllle. lIISité.
africa1D.. dès l.ur ar.r:l:ri.. Ell.·r n k it pluinra aspens qu'il
en tJ1ft'J.c1J.e d'élDÛ'er cl. tage nb.uatiTe. Par . .tft. __ ......
ret._ quatre upen••s.ctl.la que DeUIl ~ • t~_ 1.-
opératl_ exécuté•• par qllelqu
4_ BII!8 t . . . . . . 1_ .~. . .
..
4. net".J'&P, la protection d. . o_TOis et d_ &DII a. er
_t~
nrat''''que.. la cOJUltructiOll et l ' _tmien cle. petat_ (lN"e:1l~
et rP"ita1ll.ent) et enf1D 1_ patrouill•• quotiai_•••
Cl) Le. opératioll8 de n.tSozap
Ell.. Ti.ent essentiellement au déminage et Ala destruction
des eng1ns explosif. de toute sorte (grenade. ou obj ets piégé.) que
le. poseurs de m1nes viet. répandaient partout. Les engina Tiets .
étaient Tariés, c'est le cODstat fait par le chef de bataillon Riba:1ll1e
de la )è compagnie du 290 B1f!S qui note qu'il a découvert des mines l
traction (commandées par des fils à pression qui peuvent atteindre
200 à 300 m).
Il évoque également la découverte d'autres engins viets ayant la
forme de tambours piégés, de grenade. ou d'obus.
Les endroits choisi. pour poser ce. explosifs sont les carrefour. de
route ou de piste, les point. de passage obligé. (routes réduites à
l'état de diguette), les emplacement. de marche, les abords des ".Arcs
de triomphe" etc.
.../ ...'

801
En plus du àémina~e, la saisie d'éq'.lipemer..ts et d'interception
d'éléments sympathisants V.~. faisaient p~ie des opérations de
nettoyage. Toutes les unités africaines firent quotidiennement des
opérations de cette natur~.
A titre d'exemple, le co~pte rendu de l'opération ~enée par le 270
BMTS, le 2 aont 1950. En effet. depuis quelques semaines la majorité
des blessés du Bataillon était victime
d'eclats de grenades ou de
mines. Le 2 aont, une grande opération était décidée sur 1 tlle de
Lien-Chau censée abriter la base V.M. la pw proche. La 40 compagnie
du BMTS no.27 aidée du BataillC?n de Génie/liano! ratissa la région.
Bilan 6 prisonniers V.~., 90 embarcation~ sa1sies~l 600 litres d'huile
confisqués ainsi qu'tm revolver, 26 mines et 12 grenade. (1).
Dans ces opérations qui prirent la forme de fouille de village,
des dizaines de suspects fUrent arr!tés.a-t fabriques de grenades
1
artisanales détruites a~nsi que des imprimeries clandestines dissimulées
dans des caches souterraines.
L'objectif final recherché é!8it de rassurer les ·populatioDS
amies" en les débarrassant des viets.
Parallèlement à ces opérations de nettoyage" qui
. . . ".'ll 'allure
de gigantesques ratissages, i~ faut évoquer une des principales acti~tés.
auxquelles les éléments sénégalais participèrent. C. sont les protect10118
de convoi circulant sur les grands noeuds de 'communication.
b-) La Prot ection des convois et Hes de communication
.tratésigues
Elle fut une des principales activités des unités africaines
1
dans la guérilla que livrait les armées viets aux troupes françaises. El11
concerna les principaux moyens de communication régulièrement sabotés par
1
les agents viets.
(1) SHAT ETAT~jDR Indochine,Journal de marche (JMO) du Br~ nO.26 4
secteur de-Sontay : sous/secteur de Vinh Phuc,période du 1er juin
au 3' aont 1950.
. •• 1•••

91/
Tirailleurs Africains pendant une 0
~
.
peratJ.on
de déminage (Photo E C
. . P.A. caC/5133 R.6S)

82./
En premier lieu,
ce
furent les Routes Coloniales (Re) ou Routes
Pro~ci~~s (R.P.) d'importanae stratégique que le V.M. sabota
de diverses manières, soit en posant des mines, soit en occasionnant
des coupures en divers endroits, bref en rendant impossible toute
circu1ation normale.
Un des noeuds routiers les plus visés itait celui de HanoI
(ToDkin). De Hano!, part ent diverses voies la reliant au port d.
Ha!pbong par la R. F ••• ; à l'Est, au Post e de Ph1Ü.7 au S1l4 (la B:r1),
à SOlltq à l'ouest, à Vinh-yen par la RF1 et par le ROld. CÜOBial. 1
(RC1) ;jusqu'à Phu lang Thuong. Ce noeud routier cc;matituait le po1Jlt
de passage obligé du Nord vers le Sud. Il servait é8lÙ..-:t cle poiJR
de passage aux services de l'Intendance et du _téle!. cles J.D1é•• c1:a:n8 le
ravitaillement des postes isolés situés près de la :t:roatière Sud
de la Chine.
Par exemple, le B.ll.T.S. nO 26 (dès SOD arrivée entre 1949
et 1950) occupa le secteur de BAC 1lIBH et veilla par'ticuli.ftement
au bon état de la circulation de la Route Colcm1ale 1 (RC1) et de
la RP 13 reliant Dinh-son à !a1-Dao en pasSaBt par Plm-laaa-1:bDonS.
DelDièll._ent, les compagnies africainell escortèzoat cl. coaYld.a
fluriaU% qui narlguaient sur 1& Birlère Boire, la liTière Claire ou
le Fleuve Bouge. Ce :rut le cu des BftS Jl- 30 et Z7 qu:1 tiJl:rent
chacun dans leurs secteurs respectifs les rives au tleuy. Bouge•
.
TroiBièmement, les unités eurent à faire à la protection cl. . COJlyoi.
de chemin de fer ou à la remise en route des rails sectionnés à la
faveur de la nuit. Ce fut une des activités principales du B.M.T.S.
nO 28 qui protégea les convois ferroviaires entre Hué et Tourane.
Bref ! la maintenance et la sécurité des voies de communication fut
l'oeuvre des unités africaines.
Parallèlement, aux opérations de sécurité des voies de communication,
la construction des Postes de surveillance, leur ravitaillement
et les coups de main menés à partir de ces fortifications furent un
des aspects des opérations antiguérilla à l'actif des Africains •
.../ ...

83/
~, ..
., -
Section de Tirailleurs Sénégalais en patrouille dans
une rizière en Cochinchine (Photo E.C.P.A./COC 53.27 R.18)

- ,8J,/
~) Les postes et l'Activité militaire.
Le Poste (1) est un ouvrage fortifié construit a:tiJl dt,.
faire vivre un groupe de soldata. Il vit le jour dans 1.. princiJNÙ.._
zona. de guérilla, telles que la Coehincbine et le !onkin dès 1948.
L ' m t " du -Poste" ré.1de dans sa capacité à cODtr8ler la situaticm
millta:1re at politique de la localité où il est !.a_euté. L'acti'Yiti
Jl111:taù'e eat de loin la plus iaportante de . _ act1:r.l't'a. Klle
coaporle plus1.eure a.pects dont des opératio118 te polioe tiri~
sur des village. -SU8pects-, des _buacadu noctume8 at:1n d'inter-
cepter des agents Vieta, et des ouverture. de route afin de réparft'
les désba causés par 1 'actirl~é de. Viets.
De. 4i.zaines de Postes furent ainsi construits par cIes unité. a:tricai.D.es·
(quelques éléments de compagnies) et sel'Tirent de base à des opératiODS
divenes, montées en vue de la "Pacification" des localités où i l .
étaient implantés.
A~8 lt&umération du principales activités des f02'm&tions milltaires
africaines, attardons-noua sur leur valeur cClibatU~.
4) BiaM et Val. . oebat t U • lM ftl,cJaj. 4fr;L"p'.
JIalgré l'activit~ a1Utaire plus CN IIOba import8llta selon
les réglons, les soldats Sénégalais DUùgré leurs 1acunes originelles
(:PolWltion et encadrement) se sont bien CO.PortH clans 1 t ens_ble.
Leur valeur a été surtout fonction de l ' encadreaent reçu tant du
point de vue technique que moral. Quelques mois après leur engagement
dans la "pacification" des zones visées par 1& guérilla, les autorités
expriDlèrent de la satisfaction quant à leur rendement. ct est ainsi
que nous notons qu'au troisième trimestre 1949, les "Bataillons de
renfort ont donné satisfaction au cours des opérations auxquelles
ils ont participé au Tonkin. Plus que tout autre troupe, ils valent
(1) Cf la vie des Tirailleurs dans un Poste chapitre II
Deuxième partie: Les problèmes psychologiques P.204 •
.•.1•..

1 1
11
Section. de tirailleurs sénégalais lors de ~'l' ouvert.ure
d'une route au Nord Vietnam.
.
~ . ~ . .
. i:
" 0:
"
,-

86/
les cadres blancs qui leur ont ét~ consentis" (1).
Certaines formations africaine. se sont partioulièrement
illustries dans les opérations antiguérilla &UZflu.llea ell•• parti-
oi~rent. C'est notamment le cas du B.M.T.S. nO 28 qui s'est parfaite-
ment adapté au style de guerre que menait le V.M.. au point de lui
0
infliger de. pertes sévères. Son activité fut salué. ca-m. il se dft'ait
par 1 •• autorités responsables. c. qui lu1. valut cl. . ordre. du jour
pariiculière-ent élogieux CODDe celui du Général el
'lulant 1.. fo~0
1"rançaia•• du Caabodge : "Le 28° BIITS, vient cl. passer 1ZIl aoi. au
Cambodp. Au moment du dépari, je tiens à exprlaer. toute _
sati...
faotiOJl et la °tierté que j'ai r.ssentie à avoir lm, toi. 4. plu
soua .... ordres des tirailleurs Sénégalais. Le 28° BII5. s'est la...é
dès son arrivée à Phnom-Penh. par une présentation .t ua. tenue
ilDpéccable ; il a dOJ:U1é à tous, Français .t surtout IliUtaires . t
oi'tils, l'uemple d'une troupe solicle, 41se.:l;f11né•• plea. d'allaDt
et qui non aguerrie à son arrivée. s'est cepen'Mt cl1a1i.ps é. tout M
10lYt du 1101. de m·1 à l' occuion cl. PombnHZ ao01'9'ÜM'SM a,!! l '
. . . .
sai", J. "'ab.1 '" bopne cbenc, au ê@0 .." " p. wl. au'
11
YOir r'YS'! au CMbodU· (2).
Quazul au 27" BftS. 1Dl extrait 4'un. citatiOJl à l"~ 4e l'aBIH
n01l8 doIms 1& •••ure d. l ' O'UU'e uoanpli. :PU' o.tt. te1W&tioa
entre 1949-1950.
Il est aiDai écrit 1 -Dipe héritier cle. glori.ue. . traditi-. du
270 BIITS qui gagna . . tourrapre ea 1917-1918 sur 1. chaap 4. bataille
de l'Aiea. et cle la 50_S, poU1"tluit UIlS rude tlche d.pui. le 18 aYri.1
1949 à 1& périphérie du d.lta toDkinois • .l soUlli•• puis usaini.
la province de Phuc-Y.n ••• i l & infligé à l'adv.rsaire des perte.
sévères en hollDe. et en matériel, tuant ou mettant hors de COlibat
plus de 2 000 réguliers, capturant près de 1 200 prisODDiera et
récup'rant plus de 200 fusils, ainsi que de nombreuses &rIHS
(1) SUT 10B 349 Rapport sur le moral Africain 3è trimestre 1949.
(2) SUT Etat-Major opératioll8 , 949-1954. J .14.0. BMTS nO 28 Ordre
du Jour nO 5 du Genéral des Essars commandant les Forces du
C8JIlbod&e, Phnom-Phen le 7 juin 1949.
.../ ...

s1/
automatiques.lIlOrtierll, bazooka et eng::l.DB divera" (1).
Ce. quelque. aris tavorables acm:trent que le. ScSnépla1s chaque te18
qu'il. eurent l'ocoas1OD d'en 4400uclre aveo le V". le fizwa.t .....
beaucoup . . OGer....
.. la fin d. oette ~rn périod• •' -•••••• aU1.tGNo,
le bilan s'ftabU à a'r.l.%"eD ~5 'ble••'.,· 228 ".'Ifl, 2 " _ 0 _ _:
c_
et )28 cli.paruIJ et 44eateue
l'1a41f1va le tafd..u (ftÙ' . . .
suiva:at e) ( 2) •
COIDIle le leot8lD" le cozunate, l ' a _ . c . le pro'bl• • • t'er'" -.ta n_
et une activité lllilltaire reueMla.t à une pin. . . Itt'.......1. . .
n'ont pas éparpé aux etfe.tits a1"r1ca:h.s ct.. pert_ iapnotautu
après 2 ans et demi d·anges__t.
(1) SHAT Etat-llaJor opératiou 1949-1954 J •••0. BJr1'S nO 28 Extrait de
la citation à l'ordre de l ' araée décernée au mers nO 27 lors de s .
furieuses attaques Viet. tin décembre 1950, le 12 février 1952.
Cette citation comportait l'attribution de la ·croix de guerre-
des Théltres d'opérationJI extérieurs avec palme.
(2) SHAT 10R 511 Tableau récapitulatif des Perte. des F.T.E.O. de
1945 au cessez-le-feu.
• ••1•••

881
TablBU : -R8gaR1tulatiop AAS Put's sma1" , • • Ip.4Ic b 1, ' clt 1945
au e'8'R=l!=teu ('941- 1g§Q)
l
,
'!'aéa au' l
,
'm.~t hta1
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1 Almé."Eff.otit 'o__t
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Décéclé.' lU.a•• 'n DtIIa"perl..
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1
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1
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: 1950
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:
121
,107
1
495l2):
)14(1 ):1 031
,
1,037
: i
1
1
1
1
;
1
1
: 1 1
(1) Le _bre élné cl.. disparu et cl.. délla't.ure peut .'.zp11quer ....
1. aanqu. d'1Jlfo1'll&tlOJl av 1. a.ri d. clrla:l.D8 .olclat. aprè. 1_
att&Clu.a cl. Post. qui a. IIUltipli_ _t c1~, 1& :t1D cl. l'amuSe 194t 1
étaieDt-l1. 'pr1aoDJl1era ou Don ? D'Auve pari, oeria1.Dll aou:rra:1.n
.
par DOJad. ou diapuoaiaaaient ltaD8 laie••r d. trac.. !'ut que 1. N~
n'a'Y&1t pu été retrou'Yé ou que la GacJaaeri. D'a'Y&1.t pu déc...."
1
l'individu, toue c.a cas étaient clasaé.· clans l.a tableaux aolUl 1&
1
mention "Diaparu et clés.rt.ura".
(2) Le nombre élevé d. bl.ssé. . '.xpliqu. par 1. nc.br. important d' explo-i
.ion d. grenade., et objet. piégéa ti.aimulés sur l •• 'ax•• de COllllU-
nieation que "nettoJaient" régul1èr_ent les patroui11•• africa1J1e.
faisant de. ouv.rture. de rout •• OODID. l'activité des militaire.
Africa1na dan. c.tt. première période se résuma à la prot.ction d••
?oies d. cODDllunication, ee chiUre a' .xplique aisément •
.../ ...

89/
Le comportement courageux et volontaire du tirailleur trol1vera dans
1& périod. s'étendant de la première attaque massive de. vieta en
décembre 1 950 au c.ss.z-le-feu, d. n.br.uae. occuions de s. ..ttre
811 exergue et d. montrer sa parfait. a4aptatian à la guerre d. . Post••
• t d.s rizière••
Si 1. tiraill.ur Africain s'adapta av.c beaucoup d. souplesse à 1&
guérilla, il découvre \\IDe nouv.ll. fo%'ll. d~ au.rre qui lui était
uCODDue. C' .st la guene pa7Càolo~que que ohéri.aa1t particulière.ent
1. V.ll.
DaD8 188 11gue. qui suiYeDt, nous allems étudier la Datura et 1 ••
diffé2'eDts aspect. d. c.tte fo1'lH de guerre afin cl' • •e.ur.r
l'efficacité.
J)
La '"Mppd. V,JI. tac. ag tip;Lll.un SRé• •' . a
Alpect. et mé'thoslg
1) Les priAciu. d. bu.,
Dans la s'tra'té&1_ m.l1taire du Vi.b:iDh. la perre p87ÙOle-
glqu. tint lme plac. lIIporiaut _. Le 2'11_ riserri à la propepn 4. '1_t
à troia faoteurs d'orc1re 1Jl't.m. -.1. 'lui 80Ilt iIltia_ _'t lié••
Le premi.r fact.ur .st "ordre ~ t lI111taire s
.
.
En .ffet. pendant 1& cluré. du conflit. 1. VietaiDh a touJours .u
consoienc. d. sa faibl •••• Jd1itaire "fi....... de l'J.mée français.
Il''e a1. une nette amélioration "fit 1. ~our avec l'arrivé. des
ce-munist e. Chinoi. au pouvoir (1).
Partant donc de c. constat de faibl.sse, le V.II. a j.té son dévolu
sur la guerre ps;rcholog1.que qu'il considère cODlDle un. ume essentielle
cODlplémentaire des opérations militaires et POUV8Dt entra!ner UZl.
victoire militaire rapide sur l'8IUlelll1
Cette position sana équivoque du V.JI. face à la guerre psycholog1.que
a été clairement exprimée par le premier responsable de la guerre, en
4
(1) Les communistes Chinois ont pris le pouvoir en Chine en octobre 1949•
.•.1•..

to/
l'occurrence le Général Giap dès le 4ébut 4es hostilités 1 "le facteur
moral est' très important et pourrait amener une 'Victoire rapide de nos
troupes, un mouvement tumultwua: des populations du son•• oooup4. .
et la désagrégation dell rangs enn-a. loua de'Y" pdt.r PI trèl
srapde importance à ce f a c t . !!'P' 1& cWuit• Ù 1& swn::n, •
insistant particulièr_!Ilt IIUl la promen d• .t 1• •bill-t 1 5
411
esFits- (1).
L'attitude dé....loppé. dans le. propos c1u G4néral. Giap n· ....-
elle pas l'illustration de ce que Maurice Megret appelle uae "arme d.
secours" quand il écrit 1 -L&.ptr'!'e psychologl.que elt b1.en con8ubat~
tielle à l'histoire des sociétés h'P'B1ne. et d'autaat plus employ4.
qu'elle Tient au secoure de ciTil1sations moins armées teclm1qu_8I1t
ou spirituellement pour la guerre- (2).
Quant au deux:Lèm.e facteur, i l e.t lié à des raisons politiqu•• i
et historiques. En effet, les Ré'Yolut1.OJUle1 r.. '91.etDaa:l.8118 se sat
rendue compte et trèst8t cle l'hét'rogeAéité du C.B.l'.B.O. ( ) .
Il est 'Y1"81 que pour entretem.r le ccmt1D&ct luttant oont" les toreu
Tietll8ll1.e:nnes hostiles à la présence 1'J.oImça1..6, la JlraDce fit appel
à . d~
soldats orig1na1res des 4ift4rents ter.r1to11"88 d. -l'tJnioa
Françai.e-. Leur point commUD en qu'ils vi.muIDt cl. territoire. et _
colonie. adm1nistrés par la l'rene.. Lee _tbod.. cl. cclonisaticn ét_t
les mbes dans tous les territoire. floanoai., le Vie'hl.1Dh.... Tit tout
le parti qu'il pouvait tirer de la situation d'origine cle ces élément.
du C.E. en jouant sur deux tableata pe.rt1culièrement sens1.blell.
(1) SHAT 10H 484 propos du Général Giap cité. par le chef de Bataillon
Hugo, propagande net 1950, sécur1té miUtaire ) janvier 1951. p. 1.
(2) Maurice. Megret, la Guerre psychologique, PUr, collection Q~S.J ?
1956,126 p.
()
S •agissant des éléments du C.E. d'origine africaine, on ne comptait
pas moins de dix nationalités représentées au sein du C.E.F.E.O•
.../...

91/
En premier lieu, agir sur la conscience de ces soldats
pour leur dire que la cause ~tait commune et qu'il ne tallait pa8
se tromper d'adversaire, c'est-à-dire l'impériali.e f'nI1çats.
Dewd.èmement, le VietJlinh s'imagina qu'il pouvait briser
le moral de C88 troupe. colOD1ales qui vena.:ient plus en IndoclliDe
par devoir pour la "patrie- et pour des ra:f.sons persormelle.t que
par _thousi&Bllle pour la caue qu'ils 'taient CelUI. ~r 44t_4re.
S'agLssant du troisi_ et dernier taoteur, 11 en l i é .
des questions idéologlques. Il est aoqui. que la proP88UlÙ entre . . . .
1& . logique d'un s1'I!Jtème pol1tique JI&r.I1881lt.
Le Vietminh, le principal parti politique luttant contre le "ta-
blissement de l'autorité française al Indochine, n"a jamais fait
mystère de son penchant pour le. Démocraties populaires et le
systèBe politique de l'URSS.
Transto:rme§J en parti cOlDlllUDiste dès 1941, les natioDali8tetl VietJainh
cOlllllle tout s;yapiath1.a:nt clu o~e vont vouer à la proJlB81Ul4e
un culte particulier, ainsi. que l'QIIt tait aYDt .lU: 1. . p1ermiere
du socialisme (1) el). Ruaie.
C'est donc tout naturell.ent à l'aide de la pl'OPIf!IIIIl4. que le Vietll1nh
va s'adresser aux troupe8 noires du C.B. en 4_on.-t tour à tour. 1.
colcmialisme et l'Impérial1.e de la l'rance dans la péBinsule indochi-
noise.
Une des caractéristiques principales de la propasande
VietDl1nh est qu'elle est méthodique, logique et élaborée avec grand
soin en fonction de la psychologl~~' de l'indiddu ou du groupe
d'in-
diddus
à qui elle est de.tinée.
(1 ) Lénine avait dit à Propos du moral, que "la stratégie la plus saille <
consiste à retarder les opérations jusqu'à ce que la d'samgation
morale d~ l'ennemi pemettre de lui asséner facilement un coup
mortel". Cité par Andr~ Teulières d4J1S la Guerre du Vietnam 1245-
~, Paris, Lavauzelle, 1978, p. 159.
• ..1..•

92/
2) Les objectifs de la propyande
Vietminh·
Le "Dioh-Vaa" (1) ou propap.nd. dans la t.ra1nol.-" Vietll1ù,
a pour but "d'efi'.ctuer la propapnd. au .an 4. l'.A1'II4. ~ ••
auprès cl.s soldat. frangai•• lé&iPDDa:l.r•• , 801cJata oolen1&l1Z . . . .ldat-.
reb.ll. . , d. &&&Der la s,apathi. cl. l ' opiDiOJJ. Jnlbliqu• • •ul1.a1' a11a
d'aupenter 1. ~bre cl•• l1li1. et . . a:J"."a_ celu:1 4e llG8 _ _.".
L'abou1:1aa--.t . . cette actioa ceaJ1O'rl. tJ'8Ù . . . . . .
esa~t1.1a :
- cré.r l ' . .prit 4. haine centre 1& pefte ;
- tranafoser l ' ••prit d. _erre en ,sprit 4to~ti_
à la 8Il.rre ;
- et enfin, engscb:'er un large mouy_ent cl'oppes:l:ticm à la
guerre an.n que les aolclats frangais .e aoulèvellt et a.
rall1i1lt en grancl noabre.
C'.n autour cle c. . trois p.oandea orJ._t.ti_ q~ va . .
polariser l ' actiOD ps7Qholo&ique cl. . nb.ll... Viet. . . . 1& gaerre
l ' opte8ant a11% h'aDvai••
Pour que le "D1ch-Ja" atte1pe 1. . ob~ .ot1" qu1. lui _t
été assigné., lea reapaaable. d. l '.lot1_ PB7cheloglqu. V". étac11àre1lt
avec attention la mentalité et 1. d'gN d'mlution 4. chaque catégorie
de soldat composant 1. C.E., afin 4. lui appUquer une t.cJmiqu.
par't1cuUère •
C'est dans l'examen de l'approch. p87ChologLque d•• soldats du C.E.
que l.a théoriciens d. la propagande Vi et , dénOlllbrèrent quatre grandes
,
catégoriea au rang desqu.ll.a, l.a soldats coloniaux (2' (mtendez
soldats ,:fk"ançais d'origine africain. ou encore tirailleurs Sénégalais).
C'est précisément à cette catégorie de soldats que nous allons consacrer
les lignes qui suivent atin d'analyser, de mesurer l'efficacité de l'actio
(1) SHAT 10H 336 Extrait d'une brochure Vietminh traduite en français et
récupérée au Laos, relative à l'action du "D1ch-Van' Date d'édition
probable 1949/50. Service de sécurité militaire, 22 juillet 1953.
(2) Il s'agLt dans la classification du V.:I. et par ordre d'importance
des catégories suivantes : Français, Légionnaires, Nord-Africains
et Africains (Tirailleurs Séné~s).
.../ ...

93/
de démoralisation que le V.M. a tenté auprès d'eux.
L'intérlt que le tirailleur 4bioain présentait du point de TUe
Viet, s'expUque par le :tait que le 80liai Ahica1Jl . . CODSi4éé c. . .
un "frère é~" par les "colOD1a11.ria et qu'on peut remettre aur 1.
droit chea1n, grlce à une "éducation po1.1.tiqu. appropriée·. S.lOB 1_
Vi.ta, le soldat noir est influaçabl. claDe 1& llleeuN où "011 ~ t.lrt
c_. le Vietnaa e8t sous le joug d.e8 "O*1on1&11st..- f1oaD.ça18.
Partant donc de l'idée central. qutOll. pev:t créer, ré'YW111er Cl 1111 d_
sentiments de révolte et 4. hain. cOILtre le colOD1ali_ t'aDtld e • le 1'.L
Ta harceler le tirailleur no1%" au C.B. qutil cOD8iclère c. . . ua 8&111_
faible du corpe expécUtionna1re.
3) Le, Allpeots 4. la m"ppde Vi.t à l'!Zlcltoj1t c1ta sél.'N •.
La propagande Viet adressé. aux tira1lleure noirs du Corps
e%lHSdïtionnaire se pnsenta sous diverse. fOl"Jle8. allant d. . éorit.
(tracts) aux ccmtaots pbJ'8iqùe.. directs. La ftriété cle8 _thodH utili. . . .
par 1. V._. témoigne de l'intértt qu'il accorde à l'acresalon IBOnl.,
mais elle fait apparaltre épl_et 4e. inceriitud.s c1ana 1& .tra".....
du V.Il., quant à la mise en plac. d'UIl' politique stable, a_pt" et
efficace à l ' enclro1.t des 80ldats colcm1auz.
Cependant. nous POUYOJl8 reteD1r troi.. aspect. essentiel. qui.
caractériseront toute la politique Viet clan8 la période 1947-1950.
Il s'ag1.t de la propagande écrite (Tract.). la propapnde parlée
(Porte-Vou) et l'espionnage fait par des femme. (les "Brigades d'Amour").
a) La propagande écrite , le tract V.JI.
Le tract fut un des moyens les plus utilisés par l'Action
psycho1ogiqueViet pour essayer de toucher le coeur et l'esprit des
militaires du C.E. Rien qu'au cours de l'année 1950, les services de la
contre-propagande du Bureau de la guerre psychologique (B.G.P.) du C.E •
.../ ...

estimèrent que le "volume des tracts, des journaux et tracts photo
était oonsidérable et il était courant d'en trolrTer tirer à 5 000
exemplaire., la presque totalité étant impr,yn-'e _
Indochine" (1) •
....
Ce. tracts sont rédigés en. langue franga1s6.: .ur des feuilles
dactylographiées.
m.
Quels tbèlaes '1 sont traité. ? Qn note
grand. 4:1'Ye:Nité
dan. les thèae. figurant sur les tracts ; d. plus, leur
COIlteav.
varie>
.elon les 4poques et les circOJU!Jtan~ po11 tiqu...
Enf1n, il Y a des th_es qui reri8DJ1ent sans o...e, car ils .oat ~upa
1Ilportants par 1•• r ••ponsable. du "D1oh-V_~' ce sont t
1) L'impopularité de la guerre du Vietuaa tant en InùchiJle
qu'en .étropole ;
2) Le "déclin- des. troupes franoa1s•• en faoe de force.
sans cesse croissante. (Vietminh bien enteldu) ;
J) L'1_1nenoe de la. "con.tre-oUenll1'Ye gwérale- et 1&
défaite française ;
4) La d4nonc1ation de 1& collusion ·1a"raliat. _'ricane-
Française et l'uti11sation du C.E. à des f'J.J:Le colOll1al1.tea.
Ces th• • • pe1"D8_.ts étaient à Wlap local et destiné.
non .eulement au:&: Vietnudena profrançais, mai. ésalement à l ' ena_ble
du C.E. prdsent en Indochine. S' agi.sant de. troupe. noires du C.E.,
l'action psychologique rebelle concentra ses eHorls sur le "sena
du cOllbat".du.Vietnam démocratique et la dénonciation des crimes de
la France "colonialiste". C'est pourquoi dans le. traots Viets
adress's au:&: Africains on note les thèaes .uivants- t
- La "boucherie" à laquelle sont envoyés les tirailleure
Séné galai8 ;
- Le Bens de la lutte du Vietnam Démocratique ;
(1) SHAT 10H 484 Etude du chef de Bataillon Hugo s\\d' la propagande
adressée au corps expéditionnaire en 1950. op. cit. p.1-2 •
•••1.••

95/
- La d~nonciation de la France colonialiste :
.- L'exaltation de la "fraternitéw Africano-AnDam1te et
l'intér't des peuples Africains et As~tiques à lutter contre
l'oppresseur ca.nm.
!.'ou' ces thèmes étaient traités dans un ordre précis, qui rev.l.
à notre aY1s une certaine babilet~ daDs 1& tactique 40 44pfto1ssement
du moral ennemi chtri.e par l u Vina. Oe ~OJl8tat noua . . . . à étudier
1& structure du tract V.II. pour meux pén'tl"ttr la lIlétJlocle.
• L' Analyae d.' \\Dl tract Viet .( 1 ) •
La méthode utilisée était B1apl. et peut Itre divis••
en trois parties distinct . . .
La première partie qu'on peut intituler "préparation des
esprits" e.t axée sur la dénonciation des crimes (vrais ou fau:z:)
du colonialisme français dans les pa78 d'origine des soldats Africaine,
l'ob~ectif recherChé étant de frapper l'imagination du pauvre soldat.
Ces criaes dont fait état le tract Viet sont le. écho. de. op4~ti"
de rfpre.siOD déclenchée. par l ' A.:raéo frang&1se 102"8 cle. trouble. su-
.rea-,,· tans les territoirea .oua SOJl a6BiD1stration. Cos op4ratiOJUl
de ratissage destinées officiellement au ttmaintien· de l'ordre public
Y1sa1ent en r4a11té à étouffer tout mouveaent de contestatiOD, ou
d'émanc1.pation pouvant üboucJ1er sur uae radse 8D qWHItion de l'or4re
dtabU. L'exemple le plua s1p1fioati:f de cette s1tuat1.on h t le
déclencheDlent de l'Insurrection llalgache en mare , ~ 1 qui 4choua,
car la question de l·tSTolutiOD des colonies vers l'idée du w.elf
govermaent" n'avait pas cours dans les m1Ueu:z: politiques de 1&
Métropole.
C'est pourquoi le aouvernement Ramadier (2) rfprima de 1&
manière la plus "exemplaire" ces velléit6s de soulèvement. La rfpression 1
(1) Il s'agit bien en'tendu d'un tract aaress' à des Africains. Générale-
ment, le tract Viet destiné aux Africains du C.E. mentionnait à la
fois les Marocains, Algériens, Tunisiens et les tirailleurs Sénégala:!
La mention permanente des Nord-Africains peut s'expliquer de la faço!
suivant ei premièrement , le V.M. considérait les Nord-Africains comme
névolués". Deuxièmement,du fait de l'agitation nationaliste
rè~t au llâgreb'· le V.II. demanda au:z: Africains de suivre "l'exem-
ple de Nationalistes Nord-Africains.
(2) Le socialiste Paul Ramadier était Président du Conseil lors de ces·
évènements en mars 1947.
... / ...

96/
fut sanglante et porta un coup rude au Nationalisme malgache.
Le Vietlliilh en taDt que Parti liationa.liste et .fer de 1anc. de l'uti-
coloni&11. . en InliochiDe, s. fit tort d'exploiter à du f1Da d.
propagande c.. wcr1aes" d. 1 t .hw'e français.. Ai Dai, le taet 4ébll"ta1t
par ·1 'in~o1WLtion" sur 1. w"f'rai visage du :Prançais".
Ensuit., 1. . aut.ure du tract cherchaient à p:l"O?Oquer 1. doute dans
l'eSprit du tiraill.ur quand ils lui annonçaient que "Beau.v. 4'11
e.
Dleurmt pour l'Indépendance ••• Vos ~emme., vos fil. et .... fill_
ont ét' tué. par 1.. :Prançaj.s ••• • ( 1) •
Toujours clans la - . perspecti'Ye, le tract essayait d. JH'Ü\\I'e en
r.lief le caractère "odieux" d•• opérations lIlenée. par l '. . . . . r.ra......
.Ainsi ,.ut-on lire clans un tract adressé am: Atrica1Jul : "tIae ftprlu:ia
effroyable est en train de se cODlllettre chez TOUS de la part d••
Auton tés coloniales françaises. Penc1aDt qu'on voua force 101 à
combattre les Vietnamiens qui ne vous ont rien tait d. DI&1, vos
parents, vos femmes, et VOS enfants sont peut-Itre sous la main
des bourreaux qu'aucune pitié n'é.eut ••• • (2).
Quel soldat malgré un moral serein et des proaeasea II&téri4t11ea a.
s.rait pu envahi par 1. doute quant à 1& Téracit' cle tell.. 1a~~
tions . t à la Dature vcboitable de sea IIdtrea?
!insi, ••ttre en eargu. les atroc1.tés d. l'A1'IIé. français. at1.a ete
jeter le trouble clans l'esprit clu tirailleur ctllUltitu. 1& ~è:re
étape de 1& méthode viet du tract. Il s'agLt cl'une mise en cond1tiQll
qui prépare le d.st1Dataire du tract à 1& suit. du message qui dév.lo,pe
les thèmes du Nationalisa. africain cOIIIIIIe solution à cet état d. chos•• ,
la mise en garde contre un quelconque triomphe du colonial i SIle en
Indochine et surtout une invitation à la réfiexion sur l'aDalogie
des situations politiques du Vietna. et de l'Afrique.
(1) SHAT lOB 336 Extrait d'un tract Vietminh adressé aux soldats
Africains du Corps Expéd1tioDDa1re (voir page suivante).
(2) Extrait d'un tract V.M. destiné aux Marocains du C.E. voir le
document
" page 99,.
• ••1•••

91/

T2.Ac.ï Vie.tmi~h
T RAD
U C T ION
TUNXSIENS - ALGERImlS -' SEUBGALAIS - JlALGACIIIIS -
.
1
Les Francais voua on1; ......e8 a ~ . . . . :lei.
au pays du VIET NAM qui comba't pour . . 1Ddep_d_ _•
.
J
1
Beaucoup d 'honnes . p l. . ._ .w... J01I':' 1 tJa
dependance de l ' Afriqu8 du Nord.
.
.
.
.
.
.
1
J
,
Vos femmest 108 ~U6 . . Y08 fill.... 0Il1S ,. .
tues par le8 Francais aCONSTBli\\III.
' :
:."';~
1
. ,
Re1tIarqUlU que C
avoir d..œ.e l'~e
~~1~;~!e~:a;.~ ~~.~~.
I,IHADJ qui meur_" pour oet1ie Rue.
.

,/Pourquœ CO'Iba't'te• ....wu 1. . Vi..... , • • . . . :
eux nusd:, lu'tt." pour J.... ~...
b~.I.'
J.ea vqu-e. en At'riq1l8 du Bard ,
.
,Les r:tl\\1lca1a voua ~', ~a V:l......... ·
,sont vos frereà./-
' '
. ' . '.
- .
VIVE LE, PRESIDENT HO CHI MIHH
.
\\
Front Démocratique pour 1 t1ndepGdanoe
,
du VIE'r-NAM

"
v
, .
,

98/
Dans la seconde partie du message, le tract essaie d.
réveiller ,la conscience du tirail1eur en lui d~dant s'il n.
coapren4 pail le paradoxe de sa sltuatioa. c'.st-à-clire l'1.D.1U8'tiO'e
clOll" il 'tait nc"a. et l'aid. qu'il accordait a11 JlNagai. afiA
d. perpétuer c... état de cho...?
.'&et-o. pas coatradictoire daDa son attitude que cl'a1~ s ••
"bourreaux· l creue sa propre toa" ?
L'allU8iOll .... claire. Les J.h'ica1Jl8 en Part101..... &1D ck_ . .
::ro%'C.a Frangai••• au rétabliss.ent cie la a - · . t 1 _ hu.ta1.. _
Indochin. aidaiat (l'ignoraient-ils 1) 1. "oolent.li.e- n ...
0_
iDjUlltic•• à .e Il&iDtenir. Dans la .esure où
t1ra:lll.1U'II en
''laient ncta•• à divers titre., cela n'était-il pu contradict.1ft'?
L'arguaent développé par le V.K. 'tait pertinent, cIaD.8 1& . . .uzoe . -
bon nOlDbre d. tirailleurs volontaire. pour l'Enr"'-Orient iperai.et
le sens d. la guerre qu'il. menaient contr. le V._. Le parallél~
d.s ·crime." français perpétré. à l'endroit cl•• fa-ill•• cl•• sol4&t•
• t la "boucherie- à laquelle étaient envolés 1••••ldat. Ab'1".1'D-,
pouvaient eff.ctiv.ent déclench' un. réflezi_ .v 1& _ture cl. 1&
pré.ence françai•• en In40chiJle.
C~e le lect.ur 1. cOllState, la 8'h'at'.... V1et n. ~ t
JJ&8 a'audac. et ae perspicacité cJana 1& ae81D'8 où elle pov.va1.t .~
le doute dans l'.sprit clu t12'&1Ueur ne s.nit-ce qll'_ 1DBtant •
• "tait-c. pas là 1Dl de. ob~ec"if. clu -D1oh-Van- ,
Aprè. cette 1nrl"ation à la réflenon .ur l'a:aalogled. leur situ.:tia,
le tract met les destinataires cle son ••ssage en garde contre un
·~olOJl1a.u_e nctorieuz· en Indochine, car c. serait l' éto~_ent
de toute. les velléités d'indépendance qui seraient a1nai cODB~ée••
Selon les propagandist•• Viet., . i le ·colon1ali. . . trioaph. _
Indochine, il ne aanquera pas cl"craser les mouT.ent. j"naurrectiGIIILela
dans les autres colonie." (1).
(1) Extrait d'un tract V.II. Voir le document .~8ge sub/.nt•
••• 1•••

99/
FRKRES lWiOCAINS,
Depuis le 8 Avrll 19lt7 le parti Dat10naJ ~ .... l4IIrocda
a pris les armes pour la llbera1i1œ du MAROC _
1NiftD.. 1'. El
plo du VIET-I~AMJ de 1.'ALGERJE ft de MADAGASCJ1l•.
Une repressicm ef.froyable est en train de se o. '••••
chez vous de la part dea allton:tes colon1al.. f1"8Ilo.:I_.
\\
.
Pendant qu'on voua terce a combattre i d . . . . . J..
Vitenamiens qui na vous ont pu .fa:l:t de JUl. 'YOfJ par_Ut "Re
.femmes et vos ~Jl!:ts scmt peut-et.re soue 1.a main d. . boiIzlà a
Cl utauCUI1e pit1e ri'emeut •
.
-
Camarades Marocaine, ne sentes-voua pas 'tOUtIe l'iD-
justice et le paradoxe de TOtre 1d.1Na:t1on .,
.
.
Si le coloniallsme ~omphe ~ INDOCHINB
11 De _ _ _
ra dt ecrdser les mouvements Ûlsurrec1i1ounela dans 1.. ..utirU·
colonies.

Nous avons des 1a:tere'" CJOIIIJlUD8 •
. Au lieu de ~oU8 812:tr.t~, 'JIrl.e0D8tiCo,. ~ ~
tre le coloniallsme reacti~. nove o<Adi"uü enDiIId. .
Passez chez nous, 'YOU8 ..... tz'a11iee _~. n..
sieurs de vos camarades,l'ont tai~. apre. avoir wndtNt*1...
in'tention de s'opposer a une gu8Te .tr&t1c1de. IJd:ta 1nr
exempJ.e.
.
Voici les quatre COIUI1gDea pour passe daDa D08 .U..-
1 ... FUSIL EN BANDOULIEBB CllOSSB BR t'!II .
2 .. CHIFFON BLANO AV BOU'! m eAlfœ
3 - BRAS CROISES SUR LA.'POI'l'aIBB .
4 - HAUT LES J.tAINS AU CRI • IW.~ Il PROHOBCE BR rJUN'CU
PAR NOS SOLDATS.
Il
.SaJ.u't fraternel de vos fJtaeoa vietnamiens.1

100/
Cette Jse en garàe prenait toute sa valeur dans la mesure où un
soldat ca-p,.ble d'une telle analyse inéluctableaent deTrait c_pr_dre
que l'écruement du Bationa:a• • Vinaud._ sip ifiarai t \\ID avertia-
u.
sement à toua c.ux qui rtvaiat d'une quel.. . . .
évolution peUvaDt
déboucher sur la prise en main d. leu:N preprea destiné.. et <llle
tout. idée cl'évolution dans ce sena était la. ée&rier dans l'ialétia't
.t . . . . I1aBs 1IJl proche avenj.r.
La déc18iOJl b'ançaise 4e nooouper l'ID.eM.e ap.rèa la clé1'att.
japoDai.e. les évèn.ents d. ma:I"8 1947 à ......·ur et 1_ .pérali_
d. police dau le reste de l'Eapire n. su1'f'1aë_t-11a , . . à ••er4tit.r
la thè•• selOD. laquelle, UIle nctoire ~ _
Die .eait loura
4e COILIJéquences Pour l'avtmir 4e l'Ab'iCllle ?
L'exploitation de ce thèae i1luatzoe ai beae1n. était. 1& valeur 4.
l'analJ8e des propagandiste. Vina qunt, à l'ayair cle l '
bl.
coloAial français.
J-
Cet avertiss_ent permet au Vieba1 Db cle paIISV à 1. _
p1auH
de son •••sage qui entre dans 1& lo&l.u. .... tb8aea précéclents. à
savoir l'exaltation du rappreoh-.nt ~eano-.A81atiqu. en fOllotiOll
cle. intérlts cc.aUD.8 q1d. • •t 1. . le1D'8.
Le ca4:re fixé se trouve Itre ptntr 1.. AU'" t.. 1& lutte cGIltre 1. .
hança:Ls en Ind.ochiD.e et pctllZ" 1. . Uri nai _ ,: le 4éolenoh_~t 4. 1&
lutte éuncipatrice une toi. 4e retour ù u e1lZ~
C'est dan8 cette perspective que le tract p2ta. l'AlUano. t:rateftlell.
d•• peuples Asiatiques et Af%ica1ne.
L'unité de. intérlt. d. . deux peuples est le motif invoqué
par le V.M. pour ~U8titier la création de ce "tront anti co lonial",
car dit-il, -il s'agit de ne pas .e troaper d'adversaire-. L. rir1table
ennelli selon les responsable. de l'action IJ8ychologique Vi et , c'est
le "colonialisae réactioDDaire et non le ••tionalisDle Vietnamien.
Cette distinction faite, elle nous évitera de disp6~er nos forces,
de gaapiller notre énergie, et de noua entretuer (allusion à 1&
participation africAine à la guerre d'Indochine) tout le bénéfice
d'un tel comportement allant aux "colonialistes-.
.../ ...

101/
-
_ _
.~
0
. ,
_ _
"
L'UNION
~ 1
:
"
1
: 1 ~
~ ~ l '
._
Ît i :
Affiche de Propagande vietminh appelant à l'Union
entre les Africains et les vietnamiens.

102/
Cette analyse débouche tout naturell. .ent sur un appel à
l'Union d~. oolonisés Asiatiques et Atrica1na. Cette idée ne re.ta
pas au saple riacle de la propapllde locale, car ù . représentants
du VietDaa essqèret d'attirno l'attentiOll cle l'.)d.Dion intU'A&-
tiOD&le sur 1& ttPariioipat1.OIl 4. . A.fri.ca1u à c~e perre".
En e:t:tet, selon le ~oumal . . . .t Africain filot." (1) qui rapporte
l'infontatioa, UIle "réuaioa spée1al. s'est teue à LoIlclr.. ..ua 1. .
O'_
auspioe. du "s~" IJl4épeaÙllce
1 _ t 1 .
- qai NCJ'fnl" ....
'bu. _
"présentats . . société. nationalilJt. . 4e . _ . . oollleur
Grande-Bret&8lle' .
ftA oette occasion, poursuit le ~oumal nr rappori ete
lIonBieur Hang-He-Do représentant de 1& Républ1.que 4u V1eiDAa venu
"informer le peuple britumique" cle 1& rea:ise _
. .el.Tage au peuple
vietnamien par le gouvern.ent socialiste françals ai.' d.. cœ.UJdri_
ttt du JI.R.P., (2), la réuaiOJ1 envo~ son "salut fftternel et de
solidarité au gouvern.ent VieiD8ieJl, et lança un appel à toue 1_
A81.atique. et à toua le. Atricaiu peur leur d
der de refuller
cle c_battre avec le. Fran;a18. La rUJdoa 4
aux SénésaJ.a1,a
et auz troupes DGrc1-atricaiBea 4. Ile pail t1rer"1Ra' ltnU"tl :tftHe
de couleur".
. j...
; Ilu.s truul
J1nri, le VietllD DéIIooratique iU1UI1'a1t teut l'iJatértt qa'il portalt
à l'aoticm P8J'cholosique en -se plagant c1aaa me penpeoiiTe plue lu.e
que 1& guerre d'Indochine. D'un olté, il s'asit 4e lI11aoiter \\ID lq;ge
aOUT.-mt d'opposition interne et exteme à 1& présence française
q
Allie, mais bien plue, de déolencher par le biais de 1& propagande
une remi.e en question de l'ordre établi.
Cette perspeotive lointaine du combat contre "l'impérialisme
colcmial", ne faisait pas perdre aux responsablH Vieta l'idée d'une
victoire mlitaire en vue de faire école auprès 4e. Africains.
(1) A.N.S. 4D78 Recrut_ent 1947 Extrait du journal West-Afncan -Pilot
du 18/3/47 Documentation réunie à l'intention du Cabinet militaire
du Haut-CoDlDl1ssariat de l'A.O.P. et des services de propagande 1947.
(2) Au moment de la tenue des propos du représentant Vietnamien, le.
Communistes et le Mouvement de. Républicains Populaires (M.R.P.)
formaient avec les socialistes (S .P.I.O.) un gouvernement de CM-
lltion. Les résultats de. élections du 10 novembre 194& se présen-
taient comme suit: P.C. (26,2 ~) ; K.R.P. (25,91 %) ; S.P.I.O.
(17,8 ~). La direction du conseil éChut au socialiste Paul Ramadier
Elle-éclata le 4 mai 1947, quand le8 lI1n18tres CODlDuni.tes votèrent
contre le gouvernement au suj et du maintien de la politique de bloca~
.../ ...

~r3/
C'est pourquoi en fonction àes objectifs militaires immédiats, le
tract deBânde au "frère" africain de déserter des ranga français
vere l.s leurs. Ce~~e invitation IDGDtre que le V••• fait preuve de
N&11ame claas la .e.ure où le mobile esaentiel de BOIl action de
démoralisation est de susciter des défections au sein des troupes
atri caines •
DaDa le tract. lfincitatioD à la désertion est libellée . . ces teftlM :
ft,..se. che. nows. vous serez traités _
frères. Plaie1U'8, a.e vos
camarade. l'ont fait. après ayoir manifesté leur ia~~tian ae a'opposer
l la guerre fratricide ~tez leur exemple'
I*a:l'appel T .JI. à la désertiOJl, il est important de souligner la
mise en relief de l'hospitalité &Deprite, de.tinée l rassurer le "frère"
égaré du C.E., quant à l'acoueil qui lui sera réserri. Il nse lI&1UI
doute à effacer l'image d'un VietlliDh agressif, et barbare.
En fait comment devait se faire concrèt.ent la déaertioll
du soldat séduit par la propasande net ? Le. net. avaient ms au
point quatre consigne. dont l'obserYatiOD faisait de l'e.cutut \\ID
dé.erteur. Ces consignes étaient le. suivantes 1
- Fusil eJl bandoulière. Cro••e en l'Ur 1
- Chiffon blanc au bout du canou 1
- Bras croisés sur la poitrine ;
- Haut les maiDS au cri de ftBALTE LA" prononcé par 1. .
soldats viets.
COIIIIIle nous l'avons montré, l'étude du tract net lious a permis de
découYrir la véritable nature de ee document. Il s'agit en réalittl
d'un tract politique comae l'atteste le caractère de. thè.e. qu'il
aborde. Il n'a constitué le seul tJl)e de tract destiné aux tirailleurs
Atrica1ns du C.E.
Les responsables de l'Aotion psychologique lui préparèrent un autre
document n'ayant rien de politique, mais se présentant comme une
compensation financière payée à un éventuel déserteur. Il était connu
sous l'appelation de "chèque d'Amitié".
• •• 1•••

104/
b) Le "Chèque d'Amitié" ou Fiche d. traitement spécial
(Biet-I!I!>
o·.st une variant. du tract pricéd_ent '~udi" et qui
fut édit'. sous la haut. bienv.illance du Bureau politique clu V1etlliAh.
L'ob~.ct1t atti0h4 était d'inc1t.r 1•• soldat. cht O.E. à f'td.2o 1_ NIl"
françai. en vu. de profiter du paradis fiDanc1.r qu'on l.ur proa.tt&1t
d. l'autre c&t'.
L'idé. d. ce traot à caractère JDatérialist. n'ét&1t , . . ùsurel', cIaDa
la m.sur. où .11. constituait un palliatif réalist. au tra.t poUt1qu.
auqu.l 1. tiraill.ur aurait 6té indifférent. Le ·Chèqu. tl'~t1'·
poU"la1t év.111er .on penchant _tVialiri. (si c.la a:inait) daa
l.s conditions décrit.s ci-d.ssus. Pour ce fair•• le V.JI. usa cl. .
faœ11iarité. marxist.s et de contre-vVités.
S •agissant d.s famil1ar1 t's , citons l' . .plo1 d. "ea-racl.".
O. ut ü..cJfli fie en langage Jll&r.dst. qu'on partage 1. m'" idUJ.
révolutiozmair••
D6cern' au au.rteur a'V&Dt . . . . qu '11 ait acC*apl:1 l·act. supz....
c.la a"nLit pour but d. lui montrer 1• • •tlll_t d·'p1j.t' et 4.
respect que le V.M. vo1l81t à l·H. . . . il l'oppriaé et à . . . I1roi.t.
fondamentaux t.ls que la lib.ri6 .t l'IncUpeIIld8Jlc• • •tc •••
Au d.là d. c•• familiarité. prol'tarieDD.•••. l'utillsat10D. d. ·caaaratl.·
donna:U un ap~r.çu à l'éventu.l déserteur de l'orpn1sation socialist.
où "n'.nstait" paa la c11ftér8l1c. d. clus••
1'I·,tait-c. pu 1:ent.,d; pour c.lui qui arri"nLit à saisir la port. . du
message ?
Qu.ant aux contre- v'rités, il s' agit b1_ aGr de 1& surenchère fiDanci're
proposé. aux éventu.la désert.Urs. Le V.M. proposait mille piastr••
l100~O) comm. cadeau de b1en....nu. au camarad. désert.ur. Quant on sait
qu'avant le 11 mai 1953 (1), le cours de la piastre indochinois. était
(1) Selon d. nombr'ux obs.rvat.urs d. la guerre d'Indochin•• la piastre
~tait surévaluée par rapport à sa val.ur réelle qui d.vait osciller
autour de b à 7 t'rancs Jlétro sur l.s marchés financ1.rs. c.tt.
piastre surévalué. entra!:na un trafic 4norm. qui prit fin 1. 11 JDa1
1
,
1 953. quand 1. gouv.rnement français décida de la devaluation d. la
piastr. qui pa.s.sa d.e 17 franç. par piastre à 10 t'rs' pour une
piastre. Voir à ce 81Qet 1. cbapitre In d.uxième part1. "la chha-
luat10n de la piastre". p.1.=12, 2.=7-3 .e.hwlI.
. •. 1...

Î ' ~~ /
.. ..J,
,
-
Pr9pagande Vietminh
le \\1 Chèque d'Ami t i é"
ou le ..pa radis 'financier réservé- aux déser-'_
teurs éventuels duC.E.F.E.O.

106/
fixé à 17 francs pour une piastre, l'offre V.M. équiTaJ.a1t à 17 000
francs méÙ~opolitains ! Une fois convertit en francs C.Il.A, (1)
elle atteignait la somme farami.Jleuse de 850 000 CFA!! 1. alOrB que la
solde du tirailleur était d'environ 240 francs aétropolitaina. Cette
offre mirobolante illustre tout s1Jllplement que le lI.enson&e faisait
partie des méthodes de propapnd. V.JI. A c. r:rt_e le V.JI. pourrait-il
-.ntretenir"
10 désert.ure atrica1ns ?
De plus. il lui est sip1:f'.ié que ces 1000 piutres "n' _treut
pas dans les frais normaux d'entretien" Bref 1 tlJl vÛ"italtl. perad1s
financier attendait ceux qui auraimt .11 aTie cl. 4éserter.
COlllDe nous l'avons montré dans l'aDa1J'B. qui préc~4e. la propagande
écrite à l'endroit des Africaus tut UIle réalité. liais ml . . . . t-1I8
qu'il est question de l'existence du tract, i l est bon de se pencher
sur son audience et son efficacité auprès de ses destinataire••
Le phénomène de la distribution et de l'efficacité des tract. V.JI. à
l ' endroit des Africains nous seable aal connu à caus. 4. la rareté 4. .
informations dont nous disposons à c. S1.Q.t.
c. qui semble acquis, c'est que l.s respoIl8abl.. 4e l'Anie JI8:J'cholo-
gique V.JI. ont rencontré deux probl__ pr1Dcipau qui e.ut récbdt
l'efficacité d. la propagande 'cnt •• Ce 88at 1•• probl-.a de la
distribution et de la communication (laDpe).
S'aglssant de la difficult4 à toucher les tirailleurs Sâ'&al.a1.,
elle est lié. à la Dature de la guerre que le T.JI. menait contre la
!'rance.
Une fois accul' dans les réduits montagneux près d. la fontière Sud
de la Chine Communiste, le V.JI. laissa à ses milices popalaires le
soin de harceler les posit~ons françaises.
Et ces ~cèlements avaient lieu généralement la nuit, car le.potentiel.
V.K. ne lui permettait pas d'affronter les unités françaises en plèin
jour. Ainsi le V.M. "fuyait" le combat. Comment dans ces conditions,en
fuyant le contact des forc~s françaises (dont les Africains) cantonnées
dans leurs enceintes forti~iées (les Postes,) le V.M. pouTait-il
distribuer des tracts?
(1)
CDnverti en francs cfa soit
1FF = 50 cfa
••• 1•••

101/
De plus, le V.K. ne disposait pas de moyens aéroportés (hélicoptères
et AYiOll8j pour répandre les tracts. Quant à ses agents, ils ne
pouvaient contacter les tirailleurs 8&Il8 risques. En déf:1n1ti'Ye, tout . .
ces difficultés de commtmication l.1mitèrent la marge de lIl8Doeun-e de
la propagande écrite.
L'approche du tirailleur fut difficile, comme le confirme oe tirailleur
Sénéplai. qui reYele .8Jl8 clétoura "qu'il -n'a j BIlaiS va, ni _t__
parler de tracts" (1).
Ces propos illustrent à eux seuls l'ensemble d.. ditfle1Üt ' . noqu.
plus haut.
Quant au problè.e 4e la langue, il constit. . l'obstacle
type que le V.JI. ne
P~ contoumer. Le V.M. avait décidé de s'adresser
en français aux soldats noire du C.E. Le choix en lui_ _e paraissait
logique dans 1& mesure où l'ensemble colonial A..O.F. et A.E.~. était
dit "francophone".
Cependant, le problème qui allait causé des difficultés s'est trouvé
Itre 1& ftleur de. t . e a tftité. daD.e les tracts et le niveau iAtel-
lectuel des tira1lleun Scmép.1a1s.
Eu e:ffet, les thèlaes déTelopp'a dan. le. tract. dépas.aient de loia
le ni'Yeau scolaire des quelque. rare. éléa_ts noirs du C.B. saclJaJlt
lire et 4crire.
Quant aux analphabète., 1& cOlllpréhenaiOll clu tract leur aurait été
inaccessible au caa où ils en auraient dispOsé. l'explication du
phénOlDène sur lequel a buté l'Action p81'chologique se trou'Ye dans la
nature du recrutement africa1Jl.
Il était à dominante rurale, paysanne; à l'appui de nos dires, la
situation scolaire de l'A.O.~.
A la 'Yeille du début de la guerre d'Indochine, l'A.O.P. possédait lm
total de 895 établissement. pour 107 142 élè'Yes dont 2 281 Européens (2).
(1) Entretien Kané Yacouba, 2an, juillet 1965.
(2) A.N.S 2G 46-93 A.O.F. Direction Générale de 1 t enseignement Rapport
statistique de l'enseignement public et privé année scolaire 1945/46 •
••• 1•••

101/
En 1948/49, l'efÇort scolaire s'améliora quelque peu
avec l'ar~ivée de 30 000 ~lèves soit, 137 976 élèves pour 1 130
établissements.
Malgré cet accroissement relatif, le pourcentage de la population
scolarisée restait extr8mement faible et représentait 10,8B ~ (1)
des 17 447 000 habitants de l'A.O.F.
(années scolaires 51/52).
L'enseignement représentait une somme' évaluée à 205 53B 000 fra
cfa sur le budget de l'ensemble des territoires du groupe de
l'A.O.F. estimé~ à 30 413 000 000 milliards soit 0,67 ~ (2).
Au vu de ces chiffres, on ne peut pas dire que la lutte contre
l'analphabétisme,
fut une priorité des Autorités coloniales/ce
qui eut pour effet de maintenir beaucoup d'Africains loin de
l'instruction; et c'est dans cette énorme masse d'illetrés que
furent recrutés la majorité des soldats Africains.
Ainsi,
la
propagande du V.M. allait faire les frais d'une politique pas
toujours réaliste en matière d'enseignement.
Selon le Capitaine, chef du Eureau Central des Affaires
(3)
Africaines à l'Etat-Major des Forces Armées Françaises,en
Indochine," le contingent Africain ne comptait que 2 ~ de lettr,fs
sur ~.es 60 000 soldats ayant stationné en Indochine~
Quant à ceux qui savaient lire et écrire, ils ne
1
possédaient en général que le Certificat d'Etudes Primaires
(C.E.P). On peut en déduire que la portée et le sens profond des
thèmes traités dans les tracts leurs échappaient ainsi que le sens
réel de la guerre à laquelle ils participaient.
Comment dans ces conditions les messages dénonçants l'arbitraire
du colonialisme français,
de l'Impérialisme américain et exaltant
le Nationalisme africain pouvaient 8tre décodés,
puis replacés
dans leur contexte réel ?
Il Y avait assurement là un problème qui dépassait la compétence
des responsahles du "Dich-Van".
(1)
A.N.S 2G 52-23 A.O.F Rapport sur le fonctionnement du Service
de l'enseignement année scolaire 1951/52.
(2)
A.N.S 2G 52-23 R~pport sur l'enseignement ~-195~z.
(3) SHAT 1 CH 420 Rapports moraux de base 1951.
. .. / ...
·j

y
1(191
En fait de langue, il faut dire que le V.iYI. n'avait pas
le choix~
Il ne possédait pas de spécialistes en langues africaines dans
l'hypothèse ou il en aurait eu, l'hétérogenéite du C.E. aurait
constitué, à coup sftr un handicap. Il aurait fallu ré41ger les tracts
en vingt ou trellte langue.
- ; allant du souasou au SARA, du B4té
au Malinké, du Bantou au Haoussa et.... etc ...
L'immensité de la tlche la rendait iifficile à réaliser ear cee laps». .
af'rica1Jl" n'étaient
ni écnte., ni codifiées.
De ce qui précèd., le seul trait COllUllUD à ces éléments africaiu
était le hançais. Son choix s'imposait en toute logique,mais i l
portait en lui les problèaes qui allaient constituer \\Dle barrière
difficilement coutournable pour le V.14. H' est-ce pas ce problème
linguistique qu'évoque cette brochure V.M. découverte au Laos ?
"Les soldats coloniawc en train de faire la guerre au Vietnam au
profit des Français, comprennent des Malgaches, des Marocains, des
Tunisiens et de. Algériens.
Ils sont plus évolués que 1.. soldat. de. autre. coloni.. ; malgré
cela, leur degré intellectuel est encore très bas"car à l'.xce~iQD
de. officiers et de. sous-officiera. 1& QU8!i tot.l i,\\ ' i . o r . la lanp'·
francaise. Les démarçh!' (propa,p,,) auprè, 4' e s sOAt 41fficil,l. car
noM isnoropa cspplètR!D,t l.un l'peU' pari1culim- (1).
Cet aveu d'impuissance tait par quelques respoDl!lable. du "Dich-Vu.-
illustre toute la co.plenté du problème posé par l'efficacité cle 1&
propagande du Vietminh auprès d•• J.fricains. Il faut souligner cependan1
que le V.M. ne se laissa pas abattre par le problème linguistique et
essaya d'autres formes de propagandes 'apparentant à l'espionnage et
à la démoralisation systématique. Il s'agit de l'action sournoise
d'espionnes V.K. et de l'utilisation de "porte-voix".
C) Les "Brisades d'Amour-.
Curieux nom que les "Brigades d'Amour" 1 A quoi servent-elles
ces "Brigades- ? A faire l'amour avec les soldats ennemis?
(1) SHAf 10H 336 Extraits brochure V.M. récupérée au Laos op. cit. p.!
••• 1•••

110/
Si oui dans quel but ? Aussi extraordinaire que cela puisse para!tre,
le V.M. à décidé de mobiliser le charme féminin au service d. la
lutte politique qu'il mène contre la PraDce. C'eet pourquoi i l utilisa
des jeunes vietnamiennes eural'e. dans se. rangs et ayant .ubi~ une
"éducation" en rapport avec leur msnon.
Ell. . étaient originaires de couches sociales diverses,allant d. .
jeun.s intellectuelles (étudiantes) allZ f1Uu pauvre. ou proat1tuée••
La Direction du semees de propagande V.JI. leur collfta UIle double
mission consistant à la recherche de r8Dseigneaen~et à l'inc1tatiOD.
à la trahison et au sabotage.
S'agissant de la recherche du renseignement, il consistait à obtenir
des informations de nature diverses tell.s que l'emplacement 4e points
stratégiques (basee aé:ri8Jmes, dépits) le lieu de stationnement ou l.s
futurs déplacements des unités, des informations sur l'état d'esprit
et le moral des soldats etc ••• etc •••
Cet aspect d. la mission des "Brigadu d'Amour" comportait quelque.
dangers, car de nombreU% tirailleurs étaient affeotés à 1& surveillance
d. nombreuses bases ou d~plts straté&1qu...
De plus, le V.JI. pouvait utiliser c. . renseip_ents pour
eff'iner
quelques thèaes de sa prop&sande 011 peur attaquer les porit1:o- f'ranc;ai••••
Quant à l'incitation à la 4éeerlÜIII, o'était l'aUaire de c••
jeunes femmes qui de'Y81ent utiliser leur charlie nOll seul_ent pour se
rendre attachantes, mai. profiter de ces relations intimes avec ln., l!D1date
pour les amener à trahir: soit saboter les installations qu'ile
gardaient ou déserter.
Quelle fut l'efficacité de l'action de ces femmes? i l est très difficile
de l'apprécier dans la mesure où leur mission était faite dé subtilités.
Seul le Serrice de la Sécurité Militaire dans son bilan de la propagande
viet en 1950 reconnaissait que l'action de ces femmes était "difficilement
décélable",mais qu'elle n'en était pas moins "virulente".
En tout état de cause, l'action de ces femmes malgré son originalité eut
des résultats difficiles à apprécier.
L'ultime tentative V.11. en matière d'action de démoralisation fut
l'utilisation de porte-voix à l'endroit de quelques Africains •
.••1•••

111/
d) Le "port.-voix ou les h'rMO's du -Colml Z&oro".
L'histoire d. ce "Colan.l" africain . .t un peu particulière.
En eU.t, las d. n. paul approcher CODB' i l le voulait l.s tira1l1eure
Africains, le V.JI. 'S8&7& 1. ·porte-voix" 811 uti1l8allt un soldat
africain du C.E.
L. fonctioDDement
dit ·porte-voix· .hait supl•• AftDt l'attaque d'ua
Post. f'ranga1s par 1•• vi.ts, ces d.mi.n utilisai...t \\ID appareil
portatif (un port.-vou) pour lancer d.8 appels à la dés.rlioD et d••
menac.s à l'endroit d.s défenseurs 4u Post ••
C' .st dans ce S8D.S que le V.M. utilisa 1. "Colonel" zaoro (1). Voici
ce qu·.. tisent a.. tiraill.urs Séaé..] ais l "De 1& propagande du V._.
nous ne savons pas grand.,ch08••
Mais ce qui est certain, c'est que nos adv.rsaires (V.JI.) ut1li.èrent
quelqu.s-uns d.s n8tres pour faire d. la propapnd. à notre intention.
Celui qui se rendit célèbre dans c. rll., c'est zaor.·.
Selon des anoiens soldats a1'z'1cai..D8, ·zaero 'ta.1t "o'lèbr.· •
son noa était pronODo-' partout. Le T._. l'ut1lisa1.t pe1l%' hareasu.r 1..
soldat. noirs prè8 d_ lisn'. traugais. . . OD. DOU diaa1.t • peu près c.e1 1
1. "Colonel Z&oro· .st 11 a...e t . u t ·. . batailla". Si vous D' Vell'.
pas ....0 nous, vou s.r.s fai t8 pri80nniers et cODsiüré8 oClllllae d.s
prisoml1.rII de guerre. Vou voJ'.s bien que c' ••t 1111 A.f'ricain, fait.s
comme lui'.
Ce message inspiré par l.s ma!tres nets de cet ancien soldat
du C.E. , avait pour but de démoraliser l.s defenseura Africains des
Post.s en les amenant à désert er peu avant l ' attaque V.JI. Le choix d.
ce personnage n'a pas été le fait du baBard, oar on lui attribuait de
réelles qualit's d. polyglotte, ce qui résolvait parti.llement 1.
handicap linguistique de ceux qui l'utilisaient.
(1) De son vrai nom Kissi zaoro, i l était d'origine guinnéene lEX-Guinée
Française) et est arrivé en Indochine en tant que simple soldat
africain du C.E. Tombé aux mains du V.M. (Prisonnier ou déserteur 1)
i l est devenu "Colonel" dans la propagande vi.t et "aurait déserté
avec son bataillon".
Propos recueillis au cours de l'entretien de Dakar septembre 1985.
L'existence d. ce zaoro nous a été confirmé. par 1Ir. Yacouba Koné
(entretien de juillet 1965 à Man).
Il nous a parlé de zabarogrlce auquel les Africains furent "mieux
.../ ...

112/
Selon Boure Iliout. l') il "parlait plusieurs langues de 1 t ouest
africain il Bayoir le Malinké, le Bambara, le s euasou, le Peulh et
.
.
le Frença:1s".
Ces atouts liDguistiques représentaient \\D1e cUnce extraorc11Ja&1re
pour s •• ma!trea, car nombre de tirailleurs Af'ricaina présents . .
IDdoch:1ae étaient origina i NS de l ' .A:t.rique de l'OUest et pu'ticulièreaent
des pa78 de SavaDe où se recruta:l_t l.s soldats présentants d••
qualit'. guerrière. "réelle.- (2).
C..-e tout. . les autres tentatin. de cléaoral1sation V••• , i l s . .ble
que l'utilisatiOJl d'éléments Africa1JLs comae propagandiste. au sernoe
clu V••• tut lIDe opération particulière, et très local1aH. Son exi.t_e.
Il'aurait pas constituée Yéntabl.ent de danger, car aucUD rapport
officiel sur l'état d'esprit de. Africains ne mentionne cette forme
partioulière d'intoxication.
En définitive, pendant 1& période 1947/50, l'action d.
démorallsation du V.Il. à l'endroit d•• Africa11la se caractérisa par
d. . hésitatioDs et cle. iDceriitu.... ,face alm soldat. atrica1Da. Ce
D'est pa8 faut e d'avoir es8&1' , seul_ _t, l ' 0 bstaole liDgu1riique et
1& nature de la guerre sldftrent à réclu1re l t eftioacité des méthode.
riets qui brillèrent par leur iDadaptation vis-àri. de. problèmes
qatelle. rencontrèrent. t . p1'1ac1pale cOlls.ence tut 1& faible audience
et la quasi inexistence de la propagande enyertl les Noirs.
C'est pourquoi les service du Bureau de la Gaerre psychologique
a1'til'lllaient fin 1 950, que les - Af'r1ca1Ds hatssent les jaunes et n' ft
sont paa aimés. Ils n'ont pratiqueaent pa. de contact ayec le. Annamites
••• connus" des vietnamiens. Bul doute que ce zabaro est \\D1e déformation
de zaoro.
(1) Entretien Dakar octobre /qgr.
(2) Dans la tradition du recrutement indigène, les populations africaines
de la zone sahélienne, descendantesde grands empires guerriers comme
ceux du Mali, ~u Mossi, ou des Songbay étaient considérées comme
des militaires de valeur en comparaison des populations de la forlt
et de la cSte,dont la valeur militaire était considérée comme "nulle".
C'est pourquoi une bonne partie du contingent Africain était non
seulement originaire de l'Ouest Africain, mais provenait des régions
suscitées.
• ••1•••

1 ; JI
et restent donc insensibles à leur propagande" (').
fh
~lU8ion, l'entreprise cle démoralisation net eut peu
d'effets sur le moral et l'état d'esprit des Africains. Il resta à
l'état des tentatives indécises et inadaptées ris-à-vis des difficultés
rencontrées.
Que retenir de cette .prslliêre:
partie 7
1I0us notollS en définitive que c'est pour faire face à la
faiblesse du recrutement métropolitain et au déficit en ~s du
corps expéditioDJIa1re en Extrllle-orient, que la France fit appel aux
troupes sénégalaises pour l'aider à écftls.r le Haticma1i. .e netnamien.
Pour ce faire, la France eut à contourner d.ux problèmes maJeurs qui
étâient de nature politique et technique.
~o:
S'agissant du problème politique, i l tut relatif de la répression de
"l'Insurrection Malgache" de mars '947. Craignant plus le. retombées
diplomatiques internationale. et les répercussions dans l'Afrique
politique de 1947, la Franc. attendit d'avoir -r6glé" ce problèae
JIalgache aTaDt d'envoyer des S énégalai. renforcer 1. C.E.
QUU1t à la question technique, elle avait trait à l'insuf-
fisant. fo~OD. miUtaire de base d.s soldats africa1Jus eagagés
en Extrllae-Orient. Elle fut résolue en parti. par la création d'unités
africa1Jles rassemblées au Campd. :Pré~us (mi France) et dont cm améliora
~e~ Qualit's techniques.
Une fois ces obstacles surmontés, l'Afrique noire fit un effort
considérable en envoyant en moins de deux ans (d'avril 1947 à janner
1950), environ 12 015 soldats pour renforcer le C.E. Cet effort bien
que moyen dans l'ensemble (par rapport aux autres composantes du C.E.),
illustra tout de mime la détermination africaine à rester loyale à la
.étropole. L'Afrique avait-elle compris le sens de cette participation
qui lui indiquait l'éloignement de l'heure de l'indépendance?
Assurément non. Ce qui para!t ce~ain par contre, c'est la volonté et
le courage dont les Africains firent preuve dans les accrochages avec
le V.M.
( 1) SRAi' 10H 484 Etude chef de Bataillon B. . sur la propagande
viet op. cit. p.À-2.
.../ ...

Ce. jeunes Sénégalais d'origine paysanne et illetrés, désignés par
les Servi.ces de Recrutement ou "engagés volontaires·, aTaient tous
à coeur de démontrer leur bravoure.
D'ailleurs leurs origines paysannes allaient leur pera.t~re inconsoiemmeDt
de "résister" aux tentatives de démoralisation orsanisé•• à leur
intention.
De ce fait. leur état d'e.prit et leur moial restèrent '1Btacts _
COurll
de cette "période d'essai".
. •• 1•••

.
1
1,
-L-))EUXIEME
LZ:JARTIE
LE SECOND ASFECT DU SEJOUR I~DCCHINOIS
LI
DES TIRAILLEURS SENEGALAIS : L'~RE DES
DIfFICULTES (1950-1954),
.!
/
1
j

11 si
CHAnTp l
L 'EJOLU'l'IO'DE LA SITYAUOI POWUiQ MILI'1't TU ft LI !l'DL9'P"PZ
rp FORCES MTW'ltTBJ5§ gRIcATIP (1959=195f)
La deuxième phas. du séjour des tirailleurs Sénéplais
sera plus "agitée- que la première, du fait des nombreux problèm.. ql11
l,es aff.terant à des titres divers. Toutes ces questiaJUJ qui seront
l'objet de notre anal1'8e dans les lignes qui suivent, prendront aBses
de relief à cause de l'important groupe africain du C.E.F.E.O., qui
poursuit son extension. -
La question que soulève ce constat
concerne le renforcement des troupes africaines, alors que l'idée
du "jaunissement" d'une partie du corps expéditionnaire commençait
à voir le jour en Indochine et allait se renforcer à partir de 1951.
Toujours et dans la mime perspective, il serait intéressant de s'attarder
sur la nature des problèmes dus à l'extension des effectifs et à la
situation particulière des hommes de troupe africa1J1a dans la guerre
que la France mène en Indochine.
A) L'EVQLOJ'ION DE LA SITUATIOI POLInQUE ET i4ILIT4IRE ET SES CONSEQugCF§
(m 194%=DEM 1959)
Pour saisir 1& trame des évènements qui vont suivre, i l est
indispensable d'étudier les facteure concourants au changement de la
situation politique et militaire en Indochine.
En premier lieu, et de loin le plus important, la fin de la guerre
civile en Chine et le d6veloppement du potentiel militaire V.M.
l ' La fin de la guerre civile en CM,e (fin 1949'
Après une longue et difficile guerre contre son principal
adversaire le KUOIlIllTANG (1) dirigé par le générallissiIrC /
(1) Parti politique chinois qui réunifia tout,la Chine sous son autonti.
Soutenu par les Américains, il mena une longue et vaine lutte contre
lescODlllun1stesch1Dois de 1947 ~U8qu'à 1949, date d. l'effondrement
du régime qu'il avait II1s en place.
• .•1•••

116/
TchaDa-ICa!-!'chek. les commlDÛstes de Jlao-Tsé-iiouna conqui'rent
la Chiae toua· eatitre.
\\
Cela .e pas. . à l ' l.utOlme 1949 ou aprèa la caapape de Bua1-Bai
(noTelibre-~_rier 1949) et le. puissantes attaquee sur .~1DS
(23 a'Yri.l 1949) et Shanp! (.u. 1949), le. ee .almistes .e rendent
ma!tres de la ChiDe. Et c'est tout naturellement que 1& République
~opula1rei.p~ .at~c]~}~~~'{:e, le 1er octobre 1949 par Jl&e-Ifsé-
i'01lD&. L"i~. .:a..;cette v1ctoi~,;;.~Rii'sur les Nationa-
., "
, , . . , , . "
" ,
J
.
listes de !êll8Dg.
.,
~ e-\\on ,~, :.co--_,-~-"
=_; incalculable. pour.'
'. r
la suite du confiit opposant le V.H. àlâ\\ha!nce.
En effet, les communistes chinois n'ont jamais fait mystère
de leur attitude anticolonialiste et anticapitaliste. Cette prise de
position rejo1Dt naturellement les idéaux du V.M. qui lutte en Indochine
pour conqu'rir sa liberté, son ind'pendance et pour cela se bat contre
les "colonialistes" français. Cette communauté d'intérlt idéologique
sera mat'rial1sée par des contacts et une aide plus ou moins importante
au V.K. avant la victoire communiste.
Mais une rois installés au pouvoir, les Comm1wistes chinois
vont devenir pour le V.M., un allié de taille en lui fournissant tout
un appui pol1.tique et militaire sous la forme d'aide œatérieJ.le,
(enToi d'ar-es et de muD1.tions) et technique linstruction de cadres et
de sp6cialistes V.M.).
C'est pourquoi Pierre Ferrari évoque avec Justesse la nouvelle s1.tuation
quand i l écrit 1 BDésormais, le V.JI. a tout proche un al11' qui lui
apporte son aide matérielle, teclm1que et morale. La campagne coloniale
devient un confiit id601o~que, une fois reconnu la République
~crat1.que du V:l.etnaa par la République Populaire de Ch:lD.e, l'U.R.8.S.
et le. PEL18 satellitesB• (1) Quant à Georges Armstrong l:el17, i l note
tout s1apl......... que "l'arrivM au pouvoir dellao constitua pour les
forces frang&1se. une menace II1lita:l.re directe, susceptible de modifier
tous les pronostics et toute conduite rationnelle de la smerra.
(1) Pierre Ferrari et Jacque. V.met, tIR. Gu'l:n' sans & .
IndpM1pe 1945=1954, Paris, LaTlUlaelle, 1964, p. 19 •
•••1•••

111/
La Ch:1Jle devenait une puissant e base d' appro'Yi.sionn...ent et uae
oitadelle 1d'ologl.que à
laquelle le V••• POUTait s'al1mentu
inÜf1DiJaeat·. (1).
Ainai,il est c1a1reaent ~tab1i que la r1D de la guerre ciY1le
8D Chiae fit peser de lourdes _ _ce. sur 1& guerre qui se déroulait
au .ud de cet !macse sous-continent. D'abord la .&Dace d'une int8%'T8D-
tion direc'te de la Ch1De était à prendre au sérieux, car le. bande.
nationalistes c~o1se. refoul'es ver. la rrantière sud de la Chine
enrisageaient de s'installer au '!onkin en vue de harceler les nouveaux
œ&!tres de Példn. Et 'dans cette perspective, Pékin aurait exercé tm
droit de poursuite aux conséquence. incalculables. (2).
Ensuite, le soutien matériel et moral que le V.M. allait
reçevo1r de son allié faisait peur, car cela pouvait changer le cours
de la guerre. Et d'ailleurs, cette perspective fut matérialisée par
le naissance et le développement de'l'ara'e de libération nationale
V.M. C'était là tme des conséquences directes de la fin de la guerre
civile en Chine.
2) Le déuloppwept etu poteptiel II1litaire rlet et la
""ssanc. de l'Allie Populair.
GrAce à l'iDaense base arrière de rarltailleaent que
constituait désormais la ChiDe du Sud. le V.M. allait profiter de cette
auba:1ne pour .ettre sur pied lm véritable corps de bataille, capablilde
rivaliser avec le corpe expéditionnaire.
(1) Georg••
(2) Le correspondant de guerre Lucien Bodarcl fait remarquer qu'à
l'époque, lee autorités militaires française. n'auraient pas
apprécié le danger que présentait la menace d'tme intervention
chinoise. On s'orpn1sait plus pour parer aux ~filtratione des
bandes nationaliste. que pour résister à une attaque directe.
C~. Lucien Bodard, la Gerte d.'Indochine ~ouœ
II,
GalUmard, 1965, p. 20B.
• .•1•••

118/
Le IIIIl.!tre d. c. chef-d'o.uvre sera 1. GéDéNl ft H'~
_pd..
Giap, (1) C4NlllDandaDt .n chef d.1S fore. . V...
1& proca-.tia
d. "l·indépendanc.- 1. 2 8.pteabre 1945.
Pour lui, la conquit. d. la liberté paaaa1t par la tiapositi. d' \\Dl.
véritable armée. C' .st pourquoi c. . . l' 'crit PhiJ11,. De't'1ll'rB,
"l·e.:lmé. deaeure au premier plAZl d•• préoccupations 4. Giap. Depui.
quatre UlIS, en Chin., dans la "aon. af't1'anchie", où à Hano! au lI1n1atère
de l'intérieur où à celui de la Iléfena. Bationale, i l •• ••t voué à 1&
tlch. d. cré.r l'anaée qui seHJ.•• à sop. ayi•• donnera au Vieu"
la
liberté de mano.uvre et les moY!pS de faire re.pecter son ip4épendepç.
politiqu. et écgpomigue" (2).
C.tt. volonté de se donner les moyens de son action se
concrétisera par le naissance de véritables unités.
Alors qu'en 1948, le V.M. ne disposait que d'une division la "308",
l'année 1950 verra l'éclosion de nouvelles unités telles que la "304",
puis la "312" et la "320", et ce dans les premièr.s semaines de 1950.
VertS la fin de l'anné., une nouvelle dinsion la "316" est mis. sur
pied (3).
L'effort d'organisation V.M. se poursuit grlce à l'aide chinois• •t en
mars 1951, l'armé. d. Giap dispose d'une dinsion lourd. la "351". La
conséquence directe de cette organisation fUt une extension rapide et
un renforcement de l'armée V.M.
Ainsi, de· quelques élément. armés {60 000 en 1940), le V.M. p.ut renven-
diquer en juillet 1952, 108 000 r'gull.rs, 115 000 locaux ou (~-Vé)
et environ 53 000 r'g101l&ux soit 'un total d. 27& 000 hama•••
(1) De son vrai naa .'~ Giap, c.t ancien prof.slS'ur cl'hinoir. clevien-
dra le COlllllandant en chef d.s Armé•• T••• d. 1945 au c.ssea-l.-feu.
(2) Cf. Phillipe Denll'1"8, Histoir. politiqu, du Vi.tr". d. 1949 à 1952
Paris écl. du seuil, 1952, p.
280.
(J) Dénoll1nation des unités V.M. mis•• sur pi.d en ChiD•• Coma. effectifs
théoriques, ces dinsions affichaient 15 000 homm•• mais en réalité
en comptait 19 000 à 12 000.
• ••1•••

119/
fABJ,R'U COMPARATIF LES FORCES Vtl, ET DE L' 0001 lJWTCAIg
. •U 19 oeTO!,' 195J (1).
:
:
:
,
,
:!erritoire. militaires:
Vietminh
:
UDicm trança1••
·
·
.
---------------------- -~------------------ -------------~~~
·
·
··
Nord-Vietnam
·
160 000
200 550
·
·
Centre-Vietnam
71 950
72 750
·
·
·
·
Sud-Vietnam
37 500
:
150 600
·
:
:
· Plateaux
:
5 550
21 350
··
· Laos
9700
32 000
·:
:
:
:
Cambodge
·
7500
1
·
·
34 100
·
·
·
1
·
:
·
· Total général
·
2g;a iOO
:
511 350
:
·
·1
:
1
(1) Source : 10B 508 E,M,I.F,ft/1° Bureau/ E:f:fecti~s r4alisés.
..•1•••

,
1201
Quant à l'Etat-~o1" fraaçe.is, il &'ftIlça:1'\\ 1•• chiftrH auiY8.I'lt. (1) :
!oDkin••••••••••• ~ ••••••• 1Q1:-~
85 ooe
AnDaa.................... 25 000
)1 000
Coch1Dch1D...............
13 000
.
24 000
Total~ ••••••••••••••••••• 138 000
140 000
Il r ••t . que ce déye10ppement speotaculair. d. l'arsé. V.K.
inquiétait, car le corps expéditionnaire à cette mla. dat., éprouvait
bien des ditficultés à &Bsurer les relèves et la maintenance de se.
eftectifs.
Cependant, la nouvelle situation politique et militaire crée par la
fin de la "guerre civile" en Chine posait des problèmes énormes au
gouvernement français et aux autorités militaires locales. Tout le
monde politique et militaire était d'avis qu'une victoire militaire
exigeait un renforcement du C.E.l.E.O. Mais, paradoxalement. le gou-
vernement conscient de cette réalité, se montrera peu enthousiaste au
moment de la concrétiser. Ctest ainsi qu'il refusa toujours d'envoyer le
contingent et freina en ceriaines occasions, le désir de certains
volontaires du contingent de rejoindre l'Indochine.
En fait, le gouverneqlent français placé devant l'évolution de
l'environnement politique let militaire en E.O. avait le choix entre
envo,-er le contingent. ou demander awr: pa,... f"re. de '!. 'Union Française"
d'aupenter leur effort.
C'est cette dernière solution qui l'emporta, malgré les risques (2,
qu'elle comportait et que résUlle fori bien ces propos de Jacque. Susnt &
"Le problème des effectifs ne pouvait Itre résolu que d. deux façoDS 1
La meilleure était d'envo1er~.~ontingents1 le pa,... était prIt
à accepter le sacrifice. JIa1s, celle qui sensibilisa1t le moina l'opinion
(1) 5HAT 10B 174 Archive. du Haut-eOllDÜssariat .t co.-and_ent en ahet.
Dossier situation militaire tous territoire. fin 1950-1951.
(2) En tait de risques, il s'agissait du danger que ~sentait l'envoi
de coloniaux dans une z~. o~ circulait des idées d'indépendanc••
Le risque 'ta!t
grand, ca:r 1. s.j olU" indoohinois des tirailleurs
Urica1n.s pouvait ltr. "4ang81"8UX- pola' leur état d'esprit •
.../...-

cO.l18i.tait l
puiser le maxlmua de trou,.. en J.biq_ 1 choiz le plua
dangereuz liai. celui auquel noue 4eriona tiDal-.t nou rallier" (1).
U'81tant à tranchlz l'.batael. polit!q. . que oolUrU.tuait
l t enToi 4u continpnt, le goUT.rn_ _t allait
~ eont" fzoIIaehir
le pas conclu1881lt au renfore_ct 4. . troupea ah'ice1Jlu (.1b'iqu.e du
Bord et Afrique .01r.) 8D Iac100hia•• C'eat poUZ'foll101 4. ll_breuz
renforts, d'tach.enta d. rel~ seront GvoJ4. _ IBclooh1Jt.. et la
crdation de Douyell•• unit• •tb.. eDre&1.trée c!anB le. udlieux mlitaires
africa1DB pour ~uor le noUYr efiort de l'Afrique Jlo1re an _ .
B)
C
(1950=1954) •
1)
de. nouveaux bataillons de marche et
degarae de l'air (C.G.A.).
a)
de. B M.
A l'instar de 1& pre
ère période de la guerre d'Indochine
1947-1950 où on rel'va la création d.e sept romations mil! taire.
africaines, la seconde période connut le m"e phénomène JUd. dans un
contexte diff6rent.
AlO1'll que le8 Bollo'oJos'laiant 4U mi8 sur pied clan8 le but
dthomosen41aër le. formations ~t.rioa1ne. et de les rendre plus efficaces
dans la lutte antiPr11J;.a, le
nouveau bataillons de marche allaient
1 tItre sous 1& pression 4-8 év
_ta 1I111taire. de l'année 1950.
En e:1'fet, fort de la puissaace de son nouveau corps de bataille, le
Général Giap, che:! 4e. ~è.
va Ilener parallèlement à la guérilla,
de grande. opérationa militlÛr 8.
(1) Jacque. Suant, Vie'ye' 94:è1972, Paris, Arthau4, 1972, p. 102 •
.../ ...
------------_........_----~---"'""""----------------- .~~. --
-

122/ .
C'est ainsi. qu'il enlève en lII&i , m, le Poste frontière f'.raavaia
de Don&-Jaa' qui .era repria deux
"'1_
jOurfJ ap.rèe par \\Dle 0 . . . .
aéoport'- (1). Eilau:1te, ce sera la clûutreue "ft'u. .tt..- cle CA&-
BAliG,· (2) et daD8 1ID . .UT_ _t 4e pu:lque, l'aballdoa lU' 1. . ~....
des principata: Poste. de 1& f'rcmtière 4e C:b:1Jae .. "'Yoir ~ .
x.J1g-SOD, ~t-llII. Ba-C", D1Dl:t-I.ap. Y,'AzIMe :matai- .. repli.
sU%' le delta où a
d&cem'bre 1950, elle ft subir le. pr.u.Ù'N at'iaqUM
de grande a'Yerpre V.a.
Cette brusque ''Yolution de la situation militaire allait conforter
1
le gouvernement dans son desir d'accélérer l'envoi de renforts en
unit._ conatituées.
C'est dans ce cadre que le pre::nier bata1l10n de marche :rut crée.
C'est le bataillon de marche numéro 1 d' A:t"rique Occidentale Française
(B.K.I./A.O.P.) l ) .
Il fut crée contrairement aux B.M.T.S. non en ~tropole. mais en Afrique.
Le B.JI.I./A.O.F. voit le jour le 25 décembre 1950 à Thiès
au Sénégal. Il est constitué pour ce qui est du noyau de l'effectif,
par du personnel africain et europ4en du détachement motorisé au'ionome
no. 1 (D.JI.A.).
Ses effectifs sont renforcés par des éléments du premier Régiment de
tirailleurs sénégalais (1 0 IR.T.S.) de Sa1J1t-Louis, du 70 R.T.S. et
de la division d'infanterie coloniale (D.I.C.) de Dakar.
(1) Le Poste de Dong-Khé 8era perdu détinitivement en septembre 1950
après une deuxième et puissante attaque V.JI.
(2) C'est avec l'affaire de ·Cu Bang- qu'on se rendit c_pte de la
nouvelle puissance militaire du V.JI. L' é'Yacuation du Post e demandée
par le G4i:Léral Reverll lorll 4e 8& tournée en Indochine fut exécutée
dans des conditions obscures et conhses. Ce qui permit au Général
Giap d'aligner 15 000 hommes et de faire manoeun-er se. -divisions
JOB- 1& "brip.4e J09-, et plusieurs bata1110ns d'infanterie, soit
au total 11 bataillons. Le bilan fut lourd et Jacqu. Suant le
qualifia de -surprise stratégique". Près de 7 000 morts et blessés
furent enregLstrés et une quantité impressionnante de matériel fut
laissée à l'adversaire.
()
Cf. J.M.OJB.JI.I./A.O.P. 1950-1954.
• •• 1•••

123/
Indochine 1952 : Revue des Troupes lors des
des cérémonies du 14 juillet 1952 à HanoI.
Tirailleurs Sénégalais défilant au pas mar-_
tial avec leur célèbre chéchia rouge.
(Photo ECPA P.52/162 R.46) .
. i

125/
:fableau
Récapitulatif d.s WJ'té. abiai , .. mi.!! as pi.tA . . '350 • "54
1
:
:
t

Hom d. l'unité
:
Date et l i . .


1
:
d. créatioa
1
:
:
:
1
:
-------~--~---~~-------------~--------
l
I
t -----~------~---- 1
: B.M.I/A.O.P.
: 25/12/1950 à !hièB :
1
: au Sénégal (A.O.P.).
829
1
1
- :
:
:
: -------------------- 1-------------------- 1 --~~-------------- :
: B.X.II/A.C.P.
: 24/12/1950 (A.O.P) 1
681
1
:
1
( 1 ) :
:
:
:
:
:
#_-------------------
:
: -------------------- : -------------------- :
: B.Y.III/A.O.F.
: avril 1951 à Thiès:
1
:
: au Sénégal (A.O.F.):
198
:
:
:
:
: -----------------------------------------
:
: -------------------- :
: B.M./13°
: 10/6/1951
•.
:
: R.T.S.
: (Alger AFN)
:
814
:
:

:
:
t
: -------------------- : -------------------- 1 ------------------~ 1
: G.A.C./A.0.F.(2)
9/12/1950
:
:
·
:
(Dakar AOP,
1
412
:
1
(1) Les quatre compagnies composant le B.M.2/A.C.F. ont été formée.
en A.O.F., et en partie en A.E.F. Sa création s'est donc fait.
à cheval sur l'A.O.F. et l'A.E.F.
. •• 1•.•

126/
Contrairement, au B.M.I/~.O.F•• le B.M.II/A.C._. reÇ8i ua.
foraaticm rapide qui dura du 8 janûer &li 6 f'évri. . 1951. Pet de ce
o_pl&ent cl. ·fo~tioa·. il débarttue le ) -.re 1951 _
Iaflod''''.
a.ec un eUectif estiM l 835 ~ea dont 19 oft'.1o:1U'8 nnp'••• 1)5
soua-offioiers auropé. . et homaea· de troupe. 681 soua-o.tt:1c:1e1'1J et
h. . . .B de troupe a1'r1cei ns.
~ SOD arr1v4e, la Baut-comma:ndeaent lui con:t1e de lD8%'8 _
aTril 1951 le secteur de BatphOD&. puis celui da ViDh-Yen ob. i l restera
jusqu'en novembre 1953.
Quand au bataillon de marche no. ) d'Afrique Occidental. Française, i l
est constitué en avril 1951 avec des éléments africains du D.M.~. no. 1
d. ThièB au Sénépl (1'.
Dirigé sur la Métropole où i l arrive le 1b avril 1 951, i l suit un
staSe d'instruction du 18 avril au 20 mai 1951,,_ il embarque à
destination de l'E.O. A son arrivée. le Haut-commandement l'utilise
dans le sous-secteur de Nhatrang (F.T.C.V.' et dans des opérations de
,
dllts:llB tels que les patrouilles d'ouverture, les raids, et les nettoyages
etc •••
L'effectif de départ du B.M.III/A.O.F. est de 798 hamaes. A ces trois
unités, i l faut ajouter l'arrivée en Indochine du B.)(./1)è Réglment
d. tirailleurs sénégalais dans la mime période. 113~ R.T.S.'.
A l'instar des autres unités mentionnées ci-dessus, le B.M. du 1)è R.T.S.
a été crée le 10 Juin 1951 à Alger (10è région militaire' avec des
éléments fournis par l.s )0, 5°, 60. 1)0, et 15° R.T.S. L. B.M./1)0
R.T.S .mbarqu. le 42. juillet 1951 à destination de l'E.O. où il arrive
le t ~u111et 1951. Les autorités lui confient immédiatement le sous-
secteur deB "sept pagodes".
Parallèlement à l'arrivée de ces cinq nouvelle. unités, il faut relever
la constMution de fonaationa a:f:r1.caines à l'échelon local, c'est-A-dire
en Indochine. Ce sont les compagnies de gaJ;'de de l'air.
(1) Cf. J.M.O./B.M.II/A.O.P. de 1951 à 1954 E.M.A./Service historique •
•••1•••

127/
b) La matiR d.a Comppi.8 d. qçd, d. l'Air (C.G,,>
.1950=1"'.
La oréat1cœ Ù
0 . . C.G.A aTait pour but cl. déc!lar8U' 1•• diff4-
rent.. formation. Idlitaire. lrtati0DJl4.. ~. 4.8 ""8 aérlema... 4. la
SurTeillanc. d. c•• installation. haut_ct stratég1qu••• C' eat pourquoi
ce. unité. furent créé•• da.Jls la s.cond. pha8' d. 1& guerre. S•• prBipauz
él• •nta étaient afri.ca1n8 (Bord A:trica1nll ou Africa1Jl8), car ils ava1!Jlt
c.tt. réputation d"tr. fer.R's dans l'application d.s conaigm.a donné ••
en matièr. d. surveillanc•• L'effectif des C.G.A aTois1nait en moyenne huit
cent homm.s. Les principales C.G.A composées d'éléments africains étaient
numérotées de 588 à 593 inclus. (1) Les effectifs d'ensemble de ces C.G.A.
aUSlDentèrent au fur et à mesure de l'évolution de la situation comme 1.
montre le tableau de la page suivante.
Du fait de l'arrivée de ces unités en Indochine et de plusieurs
détachements de r.lève maintenance et renfort, les effectifs africains
allaient conna!tre un renforcement sans cesse croissant.
C.tte éTolution de. effectifs sénégalais montre une continuité avec la
politique menée depuis avril 1947 à savoir, l'envoi de plus en plus nom-
breux de soldats Africains sur les théltres d'opérations en Extrlme-Orient.
Qu. ce soit dans la première phase de la guerre d'Indochin. ou dans la
second., la contribution humaine de l'Afrique à l'effort de guerre d.
l'Union Française ne f.ra jamais tléfaut.
2) L'accroissement des effectifs africains (1950-1954)
a) Lea raisons.
L'évolution des effectif8 africains dans la période 1950 à 1954
ti.nt à une raison essenti.ll••
Ell. a trait à la faiblesse du recrutement métropolitain. S'agi8sant de la
qu.stion, nous constatons que le gouvernement français n'a pu assurer
l'envoi d'effectifs dans la limit. des besoins exprimés par l'Indochin••
Cette tendance à l'insatisfaction des besoins de l'Indochine n'a fait que
s'accentuer d'anDée en année, à tel point que le K1n1str. de la Défense
Nationale remarquait à 1& JD1-1952: "L.s difficultés r.ncontrées 3U8qU.~ici
par les' trois armées pour assurer la relève de nos forces en Indochin.
s'accentueront encor. en 1952 .t en 1953.
(1) Il faut ajouter à c.tt. 11st. 1•• CompagBies d. l'Air (C.A.) la C.A.II
195 ; 1& C.A 2/195 J la C.A 32/195 ; 1& 31/193 J la 32/193 J et la
compagnie africaine d. C_ RaDh_
••. 1..•

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129/
Il en clono nécessaire, de faiN un gros effort sur le plan cle 1&
propapnde pour taire ndtre le _xi-UII de vocatiOJUl et aiDa1. obteDir
un DCIIlbre irâpertant 4e volontai"_· pour serY1r dana Doa torc_
..'Bù:rtae-or1eat (1).
Pour marquer cette volonté de satisfaire le. be. .iD8 mdl1ta1rea
4e l'Indochine, 1& Métropole va .ett%'e sur pied un train de •••U1'U pev.r
favoriser l'engagement de volontai%'es pour l'E.O.
C'e.t dans cette perspective que le gOUTernsent décida "d'ut1.l1an-- le
contingent mais dans des conditions très particulière•• C'e.t a1.nm. que
le Ministre de la Défense indiqua à ses collè~e. dans quel aen8 la
propagande pour attirer les volontaires devrait 3tre dirigée.
Selon lui, " ••• C.t effort doit 3tre orienté particulièreaent vera les
jeunes appelés du contingent qui, bien renseignés sur l'Indochine et sur
la tlche accomplie par notre corps expéditionnaire, devraient pouvoir
fournir un effectif important de velontaires" (2).
Le comité des chefs d'Etat-Major abonda également dans le
sens des directives du Il1nistre en suggérant l'emploi des militaires
du contingent. Selon lui, l'uttlisation de ces militaires constitue "le
seul véritable palliatif au ~-fque de ressources en militaire. de carrière
Cet emploi prolongerait çelui déjà pratique pour les appelés volontaires
venus de France et les appelés du contingent local" (3.).
Ainsi, tout l'effort du gouvernement et des autorités militaires
consista à tendre la main aux jeunes appelés du contingent et à quelques
IIl1litaires de carrière, sans qu'il 80it vraiment question de l'envoi
effectif de l'ensemble en B.O. (4).
Pour appliquer concrètement ce dé.i%' , le gouvernement annonça des avan-
tages spéciaux destinés à attirer de nombreux volontaires.
(1) ·SRlf 10B 504 Dossier Entretien clu C.E.P.E.O. Note, no.8152/D.B/E.M.P.
du Jf1.nÏsttte.
de la Défense à la lIar1ne, et à l'.A1%', Pari. le 17 Juin
1952.
(2)
1biEiem.
Correspondance Ministre Défense Nationale
à Secrétaire d'état à la guerre op. cit. p. 1 _ 2.
(J) Ibid. Dossier plan de réduction 1951/1952 ; "Exécution plan de relève
en 1952- Armée de terre p. 2.
(4) L'appel aux Jeunes appelés du contingent consistait en fait à auto-
riser ces jeune. recrues à terminer volontairement leur dernière
année cle serTice militaire en Indochine.
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t31/
Entre autrell. mesurell, le Secrétaire d'Etat à la guerre fit oo.nna!tre
lell d'cisi0D8 suivantes 1 (1)
1) Des priaell de déPl!Lrl d'Ull montaut de 30 000 fn étaient
offertell aux appelés volontaire. dès l'acceptation de leur deaande
et en application du décret inte:na1Distériel du J ma.rs 1952.
2) Lell appelés terminant leur serYtee lésa! en E.O. ont
droi t, au cours de le1.11" séJour, à la 1I0lde spéciale progressive de
leur grade dont le taux mensuel, variable suivant la région d'Indocb'1J.le
où ils servent, est indiqué dans le tableau page suivante.
J) Les appelés ont la possibilité de se faire libérer sur
place tout en conservant leur droit au rapatriement grakU
pendant
une période de 10 ans (décret no.46-2722 du 26 novembre 1946~
4) Enfin, et surtout pour inciter ces jeunes appelés à
signer l'acte de volonta~t
des instructions avaient été données
aux responsables militaires locaux en Indochine pour que les appelés
volontaires du contingent soient "employés dans des 61"ands centres .et
dans des fonctions ne les exposant pas à participer à des op~rations
actives" (2).
Malgré cette propagande particulièrement avantageuse du point de vue
pécunier, la Métropole n'honorait que partiellement les demandes de
l'Indochine. C'est ainsi que l'E.K.A.T. pour justifier les besoins
en hommes du "plan 1952" expliquait que "le plan de 1951 a été satisfait
en ce qui concerne les officiers Prançais, mais par contre ne l'a pas
été en ce qui concerne les sous-officiers et hommes de troupes français.;
(1) SHAT lOB 504 Ministère de la guerre/E.ll.A./E.M.I.P.T. 1° Bureau
effectifs renforts et relèves, dOllsier entretien du C.E. Envoi des
appelés en Indochine 1950. D4cisions contenues dans la lettre
nO 2J93/I/E/ du Secr~taire d'Etat à la guerre à JI.JI. les Genéraux
Commandants de territoires ailitairell au s~et des appelés du
contingent, volontaires pour terminer leur service légal en IndochiDe
Paris, le 2) juin 1952.
(2) Ibidem Instruction permanente no.2084/E.K.I.F.T./1° Bureau/1° section.
au sujet de l'emploi en E.O. dell appelés volontaires du contingent
venant de M~tropole S&!gpn le 26 septembre 1952. Il semble que lell
Autor1t6s n'aient pas eu à appliquer vraiment cette instruction,
car comme le not e le général Allard, "sur 1 054 appelés recensés,
980 ont débarqué en Indochine du 24 novembre au 20 janvier' 952 ;
27 ~ de l'effectif débarqué à tait acte de volontariat pour servir
dans dell formations combattantell". Correspondance du Général Al1a%oc1
;
au Jf1n1stre des relations avec les Etats-assooiéa. E.II.A. part1cull.el".i1
Saigon le 2 février 1953.
• . •1•.•

132/
Le recrutement à base de pri.Dles spéciales et de propagande qui d•..,ait
pe~ettre de,trouver le. derniers millier. de sous offioiers et he. . . .
de troupe du plan 1951 a été un "écàeo" (1).
C'est pourquoi le 1° Bureau de 1 'B"'.. char.. cl•• eftec",U.
notait que le "no.bre de français reçu. tant au titre des F.~.B.O. q.e
des Etats associés montre un déficit de 1 100 sous officiers, 1 700
homaes de troupe par rapport aux effectifs que le gouvernem81l:' a'ftL1t
décidé d'envoyer en Indochine. Ce défi cit de 2 800, au _.ent de l' etfort,
est le fait essentiel de la situation des effectifs au 1er ~aJlTier
1952" (2).
Du fait des difficultés, évoquées plus haut, les responsables de la
conduite de la guerre en Indochine allaient demander à la F.O.K. de
nombreux renforts africains et Nord-Africains, mime si la qualité et
l'insuffisance de l'instruction laissaient à désirer.
C'est donc pour pallier cette défaillance partielle de la Métropole que
la F.O.JI. dirigea sur l'E.O. de nombreux renforts africains face alU:
demandes sans cesse croissantes de l'Etat-Major local.
En 1950, les besoins ~n effectifs africains restèrent dans la
1
limite des demandes précédentes, c'est-à-dire environ 5 000 (3)·homBes.
Par contre, pour le plan de la "campagne 1951", les besoins grimpèrent
subitement pour atteindre 8 291 hommes. Ils ne devaient pas en rester là,
car à la tin du premier trimestre 1950, l'E.K.A. des forces armées évalua11 '
à 7 officiers, 300 sous officiers et 9 000 hommes de troupe les effectifs
dé1'1n1tits dont il avait besoin. Au deuxième semestre 1952, malgré \\Dl fort
contingent de rapatrlables, les besoins se stabilisaient autour de 8 914
soldats Africa1Jul de toutes &rIIles.
En:t1n, pour le "plan de C8Dlpasne 1953", l'Etat-Jfa30r local chiffrait
l'effectif de•.personnels atricains devant débarquer en IndochiDe en 195)
à 12 605 hommes (4). Vers la tin de la guerre, c'est-à-dir~
(1) SBA! 10H 504 Piche exécution "Plan de relève 1951" op. cit. p.Z.
(2)'lbidem'.'-
Dossier réalisation des effectifs relève et maintenance
1952. Effectifs réalisés. par rac, au 1er Janvier 1952 et déficit eD
français p. 3.
0) SHA! 10H 503 Annexe n01 à la note n04 433 E.Pl./F.A.C.T.S. du 7 avril
1950 Renseignements techp1que.s.rvant à la 3ustificatioD des
effectits disponible. poUr la relève . . 1951 p. -1.
504
(4) SHA~ 10HlBe.o:1D.s de. force. terre.tins en effectifs africains de rel~
ve et de maintenance poaa le dewd,èae s_estre 1952, 2 mai 1952•
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vere 1954, l'Indoohin. réclUl8it ennroa 17 500 (1) Sénépl.a1. . ._
rentorl. ÀU total d. 1950 à 1954. 1. . buoiu _
afrioaia. ne fft'ODt
cpe ea!lre, progressiv.ent _
toac..10Jl.... 4'. .lo~ent 4u pot_ti.l
V.M. ri d. la taiblese. du recru&:lIMa1 athro)Olitld:a.
Du. fait d.8 b.soiD. tou,1ours plu iaPtrianta eJl pereomaeJ.8
africains, l'In4oohiA. allait "CRotr Ù
1950 à 1954 •• nOlabr.U%
éléments sénégalais d. renfori, relèT' et ma:l.D.teanc•• JIa1s par rapport
à la période d'avant 1950, 1•• d_and.s pour les 81"mea spéciali.é.s
refiétaient l'état d'.sprit d. l'Etat-MaJor quallt à la qual.:l.té d.8
renforts africains.
b) L'arriyé. des nouv.aux personn.ls d'Afrigu,.
L.s besoins exprimés par l'Indo,chine vont se concrétiser
dans la période qui nous concerne par le. débarqurent . d. nombreux soldats
africains.
'
1
.
Le fait marquant d. la venue d. ces renforts eetha part de plUJI en
plus importante
qu'occupent l.s armés spéCiali8~'8, .Ia. si l.ur
plac. r.st. faible par ~pport à l'Infant.ri•• c1'.st a1.nsi qu'on
remarque qu 'u" .1951, l'Indochin. avait réel_' 1391 soldats africains
d.s armes sl)4oialisé'8 (~ill.ri., Transmission, Intendanc• •t Santé'
eontr.6 900 à Itinfant.~••
Au 2è semestre ;1952, l.s élémente d.s ~es sp'cialisé8~
80uhaitée par l'B.O. att~gnent le chitfre cl. 1 .330. ED 1953, 3 8)8
soldats Af'ri.C&1.ns appartelnant aU% arm.s spéc:ialiaé.8 sont demandés
par l'Indochin. et c" s~ l.s 12 605 rentorts attendua.
Concrètement, la F.O ••• ~la1t toUl"Dir 1• • •ttectits de.an.dés. C'.st
,
i
pourquoi 1. contingent afJr1ea:1ll a r.çu d. 1950 à, 1953, 35 808 ho_.s
africaiJ1s d. r~tort proYje:aant d. toute. ames.
La point. dans i l 'envoi 4~ c.s .ttectits s.ra att,int aT'C l'anné. 1951
,
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ou on enr.gi8't1:l"
du caté atricain UD' fort. r.lèr' d'enTiron 12 043
homm.s.
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(1) SEAT 10H.1~6 Plan d'o~p.niaation d.s .ff.ctifs au 29 juin 1953,
Besoins &.«jcdDSdanSjl' plande "169 562- ~es )1 décembre 1954.
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Ba 1953. ce taux élevé •• mail1:tient
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Oett. fTOlut10D ilpectacU1&ire clu BCiabr. a.. ~ . 4fta1't _tz-1zer
un p.1n d'.ffeet:U· pour le cOIlt1ngent atricaiD. -.1.... le -on fl.n
dee soldat. en tin de sfj our et dac n.patrlabl. . .
De c. qui prioècle. nows a. dti4u:lsOlUS que le riaultat clee fa1.ts hoctaéa
plu haut a entra!nti ua dév.loPl*Dent . . . . . rap148 cle 1& trellpe
ab-ica1ne.
..
Il faut distinguer deux périodes : l'un. s. situe du 1er
janvier 1950 au 1er janvier 1952 et se trouve itre 1& période où
l'évolution est la plus spectaculaire. Quant à la seconde. elle
montre une ausœentatiOD plus mesuré••
S'agissant de la première période. le 13 Bureau de l'E.K.A. en E.O.
estUie à 12 015 le nombre de Sénégalais présents en Indochine en 1950.
Cependant. au 1er janvier de l'anné. suivante. grolce aux renforts
réc8lllll1ent débarqués. la troupe africaine accuee un chiffre de 13 281
soldats Sénégalais pour étoffer et relever les éléments déjà présents
en Indochine. Ainsi au 1er janvier 1952. nous relevons que l'effectif
total des persol1Dels africains pr4sents en I~d.ochine est de 18 301
soldats tout es armes confondues.
Quant à la seconde périod•• elle montre une légère régr.ssion dans
l'évolution de la troupe africaine. dans la mesure ott elle affiche
un chiffre de 17 875. Cette légère régression s'e%pliqu. par le
nombre important de militairea Sénégalais qui arrivaient au terme
de leur séjour en B.O. cette fra:Iwe de rapatr1ables s'élevait à
11 354 solclats dont 5 139 pour le premier seestre 1933 et 6 215
pour le s.cond.
Il faut sQulign~r cependant que ce léger recul sera de courte
durée. car le group, afriqain. au moment des dures batailles de la
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qui le poria à 20 977 boa.. au 1e:r jaune 1954 (1'.
Par 8\\111;. doao d. l '
T'. aaaa1n eUh. III'. de rmfort de :relève
e1; d. maintenance, l'
oroi. . . . .t ct. . effectif. a:f':ricaiDS en Incloch1ae
se p:résenta11; c-.e s t :
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Effectif.
1er .Janvier 1950
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......
• ••••••••••••
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1er Janvier 1954 •••• • •••••••••••• • •••••
20 977
Que peut-oD, retenir de cette évolution des effectifs africains t
il
En premier lieu, il ntus pa.:raIt cerlain que le développement du
"
contingent africain d. C.E. n'a été que la conséquence directe de
ii
l'éTolution politique l, et ~litaire en ABie et des besoins en hODlllles
qu'elle a entratné aUiinivftau du C.E.F.E.O.
EIl second lieu, il fa~t s~\\Ü1gner que l'eftort supplémentaire :t'ait
par les Africains n'a pas été isolé, dans la mesure où les autres
composantes du C.E. o*t connu une éTolution du mime ordre. A titre
de comparaison, nous .0toDs que les effectifs franoais se sont accru
d'environ 20 à 30 000 ibo=-es de renfort dans la mke période.
l
'
Quant aux Nord-Africains, leur cOJ;1tingent a reçu de nombreux renforts
et accusait à la date du 1er janv1e~ 1954, un eUectif de 37 634
soldats.
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1
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Ainsi, l'effort ,humain ne fut pas le seul fait du ~oDtingent
1
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africain, mais de toute l'Union Fr
oaise. Cependant, du point de vue
africain, cet accroissemen11 des eft ctifs fit de la troupe africaine
un groupe bien particulier 'avec .es problèmes spéCifiques. Les autorités
comprirent si bien lee pro~lèmes li s à l'hétérogéneité du C.E. qu'elles
(1 ) Source r SBAT lOB 508 ~":,1t,uat10n Jdes forces régulières françaises
terrestre., naTale., ft aé:rienn,_ à la date du 1er janvier 1954.
Saigon le 22 j&nrter 1~54e"
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1ntérit Ulustra1i; toute la .,pécificité de Itetfectif Sénégalai8
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, [
LIS PRQBTJiiVRS CClfCJW'lI QUI Pœ.; LA WUlJ §Wf+I.6rs.
Op J4'JTER 1950 -JUIl 1954)
Du fait de l'évolution militaire et du 4é'Yeloppeae.t saas
cesse croi.sant des effectifs africain., la troupe africaine finit
par constituer une entité particulière au sein du CEPEO ayec se.
problèmes spécifiques.
Il serait difficile d'aborder dans le cadre de cette lIlOdeste étude,
tous les aspects du séjour indochinois des tirailleurs Sênégala1s.
Cependant, l'analyse de la période allant de 1950 à la fin
de la guerre nous permet de mettre en relief quatre problèmes essentiels i:
qui affectèrent à des titres divers le moral et l'état d'esprit des
tirailleurs ~;énégalais : Ce
sont le danger de l'action psychologique
Vietminh, l'émergence des problèmes financiers et matériels, la
question des rapports humains avec les autres composantes du CEPEO,
et enfin les difficultés psychologiques et matêrielles créent par
l' engagement militaire statique.
L'étude de ces problèmes permettra de mettre en exergue
une évolution de la troupe sénégalaise par rapport à 1& période
précédente.
Au premier plan cle ces problêmes. se trouve la propagande VietJdhh.
A) LE JWlGER DE L' ACTIQI_ ISYCIQI,OGIQUE VIET!I!1i ET LE
C.!WIGEplfT .DI STRATEGIE (1959-lIAI 1954).
Ayant et' aborder l'étude du changement de la strat dgie
1
Vietm.1nh. il est !important de s'attarder pour mieux situer le cadre
de la question, $ur la philosophie Vietminh quant à l'utilisation
lla
du pr1somder
"guerre rh'olutiOJUlldro".
1
•.• 1•••
1:
J

142/
1) De l'utilisatign du Pr:isoImiv d. men' •
ka!
qu'!pst1'\\!l!nt d. pro-end••
Ell. Il' tut pas un. id'. original. d.8 naticmalist_
vietnamiens. Ell. fUt emprunt'. aux théori.s révolutionnai rea
d'finies par JIao Tsé-TunS
(1) à l'isaue d. sa longue et victori.us.
lutte contre 1. r4p.ae du GéntlralUss1ae TchaD&-Kd-Chek. C'était
en Chine entre 1921 et 1949. date d. 1 'effA1l~ent du régiae naticma-
liste Chinois soutenu par les USA. (2).
Avec lt'volution de la situation militaire en Indochine,
les dirigeants de l'Action psyChologique Vietminh ~tudièrent avec
"int4rlt" ce qu'avait dit le leader Chinois à propos des prisonniers
de guerre.
La situation était propice dans la mesure où après la guérilla
que se sont livr4es les armées Vietminh et Françaises de 1946 à 1950,
le paysage mil!'tiaire se modifia subitem·ent avec l'apparition d'évltne-
ments militaire. d~term1n8nts pour la suite des hostilit~s {).
Il s'aSit par ~emple des attaques simultanées des Viets sur
les principaux Postes militaires bordant la frontière du lIord-VietDa&
C'est d'abord et avant tout, l'attaque surprise et la prise du Poste
de DONGKHE par le8 Viets, dans la période du 16 au 18 septembre , 950.
L. 16 septembre 19fo, les Viets ddclenchent une attaque
massive d'artillerie appuyé. par des milliers de soldats descendants
des montagnes: 1. 18 s.ptembre, le Poste tombe ; i l 7 a peu de surn-
vants et de nOllbreux prisonniers.
1
(1) Nê en 1893, il s'impo~a comme le principal leader du Parti co~
munis te chinois. Vain~ueur du kuomintang, il transforma la
Chine en RépubliqUi Po~ulaire en 1949.
l2) Ct. le chapitre s~
a tin de la Guerre Civile en Chine et ses
cons~quences P. 115·,.'21
et suiv.
l3) Cf. également le chapitre indi,ué ci-dessus p.167~
...1...

i
143/
!
Peu après, c'est la d'saBt reua. 'vacuation de CAO BAIG, cie
LANG-SOH et ode LAo-KAY,pièoes essentielles du dispositif français
aux aborda de la frontièreChino1se, et qui sont abandoJlDée. <1an8
des conditions oOàaour'8.
Dans les coabats qui e.-ent lieu à cette occasioa. de
nombreux prisonniers i''rança1s furent faits à la grande surpris.
du Vietminh (1).
Cet afflux brusque cie prisonniers cie guerre allait poser un problème
difficile à résoudre ~ une armée encore mal organisée, ayant peu cie
moyens et se déplaçant de façon permapente afin d'éChapper aux avions
!
rrançais.
Pour des raisons évidentes-voulant réserver les quelques
maigres équipements et vivres à s~s propres troupes -le Vietminh se
trouva un instant désorienté. Cette hésitation fut cie courte ciurée,

car le leacier Vietminh HO-CHI-MINH allait puiser dans les immenses
ressources qu'offraient la straté~e de la~erre révolutionnaire-
!
pour contourner cet obstacle.
C'est ainsi que~quit·! la philosophie du Prisonnier de
guerre Vietminh que André Bruge eJe-prisonnier des Viets résume en
ces termes 1 "Elle (la masse de ptisonniers) encombre une armée vouée
à la nomadisation. Elle grève l0ufdement les dépats de riz de paysans
d'shtirit's. H&-chi-minh d~cide qu. ces captifs au lieu de constituer
!
pendMt un nombre d'epnées 1DlpréyjLsible une ChArge inutile. deviendront
au contraire. une arme supplément~· (2).
1
L'artioulation principa;Le de c.tte philosophie du prisonnier
de guerre, c'est de rendre le pri.onni.r "util.-. Il faut entendre par
là en langage révolutio~re, ré~duquer le prisonnier afin d'en fair.
une arme, un instrument au senic~ de la cause révolutiormaire et
patriotique du Vietnam démocratiqpe.
i
!
(1) Selon le Bureau des Affaires Militaires Africaines (A •••A.), 348
hommes de troupe Afric~ns et 256 officiers séjournèrent dans les
campa de prisoaniers d. guerre V.M. Ils furent libérés entre 1945
et le 14 juillet 1954 .oit au total 673 P.G.A.
(2) Colonel André Bruge, la GuJD:I PllChologigue, le Poi.on Roug., Guen'
sllls Frontières. Nice, IJîlPriilArie Heyerbeer, 226 page. (.ans date
d'édition) p. 56.
.
.../ ....

~ fait. l'objectif essentiel auquel tend cette théorie
relative à l'utilisation du prisonnier de gue~ est de -renvoyer
clana le camp capitaliste. ses officiers. sous-officiers et soldata.
porteurs du 'Yirua coaaU1'Ù.ste et aiDJSi transfoDléa 1111 "cœabattants de
la paix· (1). Une foi. qu'il lui aura été fait un lavage de cerveau
concernant les "crimes- de l'Impérialisme et le sens de la lutte du
peuple vietnamien. le P. G. sera considéré co. . . un propagandiste en
puissance pour relayer l'action psychologique Vietminh dans son propre
camp.
C'est en fait la signification qu'il convient de donner
aux "libérations sélectives et anticipées- dont seront l'objet des
prisonniers de guerre Français tombés aux mains du Vietminh.
L'utilisation systématique des P.G.F. atteste d'un chansement de
stratégie dans l'action psychologique Vietminh. 5ans abandonner
définitivement la méthode des tracts, hauts-parleurs. "brigades
d'amour" etc ••• Il va privilégier désormais l'intoxication idéolo-
gique directe.
C'est cette nouvelle voie qui inspirera. déterminera toute
l' attitude du Vietminh vis-à.-vis des prisonniers de guerre tant
Africains. que Français ou I~dochinois. Pour mieux mesurer les
différents aspects de cette propagande à l'endroit du Prisonnier
de Querre Africain lP.G.A.). arrltons-nous sur les modalités pratiques
de cette entreprise de "rééducation- PS7chologique.
2) La ré.cmcatârcm RS1Chélogigue du prisonnier de guerre
Afric. p Ide -l'Education manuelle- à l'Education
' i
politt9uti,.
1
L'exploitation de Ila captivité du tirailleur l
des fin de
propagande fut ,une r4ali~é e[t ,S8 fit à deux niveaux: l'initiation
;
: ! :
••• 1•..
r.
l
1
1
_-...;1~1 1.~~~

i
145/
1
1
,
au "coll.c~~Ti"'î ~ le biais des corvées quotidienn... et 1.. cours
d. "ré'ducatiOJl ~9tt.'que"-
. il l '
: 1
!
i
i
1
,1
1
1
i J

.:
arr r-lp·G.A. '1 1. trayail 'nuel
1
1 l'
,1
Dè. qU'f~~ tvaient rejoint le. lieux de leur captivité.
les prisomUere é" i '..,1; employés à d. nombreuses corvé.s s •. présentant
sous plusi.ur. foHal i!: transports de sac ou de paddy d. riz. coupe d.
bille de bois ou r,~bOU pour la fabrication de jonques, transports
de pierres pour ~~ :efonfection de pistes, construction de cases à
1
l'intérieur du ~~~1 travaux divers etc •••
Il .:
1
i 1'1
Il slagi~ ' , t généralement de travaux manuels, tous d'mtérat
militaires que les
,I~ts faisaien'"; fjaire aux prisonniers qui disaient-ils,'
"
étaient sous "leur~tection" (1).
Certains!
~aux difficiles étaient réservés aux P.G.A.
en raison de leur
d~llente condi.ti;on physique et de leur adaptatioD

,1
aux conditions de . i.l:ldanS la jungl~ et la forlt asiatique.
i:i
Le mythe' ell:l'homme noir qourreau du travail trouva encore
i 1
l'
une nouvelle illuat a~ion dans ce c.dre si particulier que fut la
guerre d'Indoch1n~.cdmment le P.G."'. a-t-il vécu concrètement cette
"initiation" au 8Yr.~' du travail, en milieu marxiste par le biais des
.
1
corvées qU'OD lui I.i~',.,~;.'.8.ait ? Voici. à ce propos le témoignage d'un
ex-P.G.A. : "On DQ
~éveil1ait à quatre heures du matin pour aller
l
,•.
l
,
en montagne. Il no.., .. ~.i..tait demandé. environ cent bambou destinés à la
fabrication d. jonqte. (petite. eabarcations) en vue du transport du riz.
l
'
.
1

Ces jon~uspouvaient transporter de lourdes cbarges allant
li
1
de 50 à 100 kg d.
;i z • Pour le. corvées de bambou, les Viets nous
1
li
"
,
"
demandaient plus de jicdupes de bambou, car ils disaient que nous
' ! i
(africains) étionS l'ltlS r&sistanta que le blanc à qui ils ne demandaient
,'
( 1) Dans la propa
4
Viet. il n '7. avait pas de prisonniers de guerre,
mais plut8t
1
d.s;w 'tages W qui étaient sous la "protectionw bien-
veillante du V. • '1
1

• .. 1•••

146/
que la moitié du nambre de bambou qu'ils nous imposaient (1).
Poursuivant 'son récit de captivité, il explique comment se t'aisai.t
la coupe d. bambou et son transport : "Après avoir coupé les dits
1
bambou, nous les t~sions glisser du haut de la montagne vera le
bas où nous les r6c:~~rions.
Ensuite c'était le transport au camp et la fabrication des jonques.
Et tout cette d'bauche d'énergie se t"aisait les pieds nua" (2).
COaBe l~ ilecteur peut le constater, les corvées de bois
n'avaient rien d'~usant, dans la mesure où elles se faisaient loin
du camp et étaient ~endues difficiles non seulement par la misère
physique et physiol~gique des P.U., mais également par un environ-
nement hostile avec les piq<lres d'insecl.e, des sSDgSllElB et des
plantes vésicantes.
Quant aux corvées lointaines, elles prése!~taient autant de dangers
et de difficultés que la précédente.
Il s'agit du transport du riz, en d'autre termes le ravitaillement;
1
en voici la description faite par un soldat français reste longtemps
prisonnier des Yi~ts 1
" ••• Ce sont presque toujqurs les m'mes qui assurent les
transports. A certaines périodes, cts "volontaires" font ainsi cent
kilomètres par semaine ! certains d~p8ts de riz sont si loin que le
ravitaillement peut entra!ner une absence de trois ou quatre jours.
Aussi longtemps qu'ils parviennent • tenir le coup, les "porteurs"
sont bien vus et facilement considdrés par les viets comme "bons
travailleurs", et sont m'me autorisés à manquer quelques cours (cours
d'éducation politique bien entendu)· ( ) .
(1) Entretien collectif avec des aneiena tirailleurs Sénégalais ayant
fait la guerre d'Indochine témo~gnage d'Omar ex-prisonnier de
guerre africain en Indochine DaJj:ar septembre 1~5.
(2)
Idem. propos d'~.
(3)
,
Paris,
••• 1•••
l,
L.-, 1

1
147/
1
-,
De ces divers témoignages, no~. !retiendrons que tous ceux
qui ont connu les campe de captirité Vi~t~nh sont unanimes à le .
reconna$tre 1 le~ travaux manuels en ",~~pe" pr~sentaient beaucoup
de dangers pour des hommes soue-alimentf"
rivant dans une raisère
physiologique et ps.yohique effroyables. l ' '
1
Et c'est ce travail que les V .te vont utiliser à de. fiDa
. psychologiques en faisant remarquer aux P.çr.A. que "seul le traftil
repr~sente la monnaie saine" et d'eue
e~ que "dans les P&18
capitalistes, l'exploitation de
par l'homme existait encore
et que les plus gros gardaient le prod' ~ àes plus faibles pour eux-
mlmee afin d'arrondir leur budget pers0r-et" (1).
Du point de vue marxiste, le discours n'était pas nouveau.
Les rebelles vietnamiens utilisaient les thèmes classiques du
marxisme contre le capital et ses effets "négatif$".
En revanche, ce qUi est nouveaU, c'est l'oriôine des
"auditeurs" et les conditions particulières dans lesquelles le
discours est fait. Profitant du fait que certains de ces P.G.
(exemples les Africains) $ubissaient l'1Ilf,périaliSllle colonial
r.
corollaire du capitalisme et de leur Iragilité psychique due aux
conditions de la captivité, le Vietminh 8a1si l'occasion pour leur
"ouvrir les yeux" 8\\11" les oonceptions in4galitaires du travail en
milieu capitaliste.
Par contra, l'Action psychologique viet s'efforça de vanter
les "vertus" et le8 "mérites" du sys~ème collectiviste
tel qu'il
était pratiqué dans les Démocratie. Populaire. et ce, par le biai8
des dur. travaux. JD&nuels qu'on fai.ait faire par "équipes" aux P.G.A.
Enfin, le, propagan~ste. viets essayèrent de mettre en
1
relief le t'ait que~e travail d'équipe bénéficiait à toute la "col-
,
1
lectiv1t'" (enteDd.~ prisonniers d.,guerre).
,
1
,
1
!
(1 )
Propos. de P•. G.A
.• ~i"
... ll.b~, :rd
..•... en juil,.let 1952 et reCt.l.eU]~8 par le chef
des Affaire. m;1' tair•• ' atr1041ge. d$18 son rapport sur le moral
de. prj,.omiie1W réce. . . ." 'll.b'~•• C~pita1ne Guédou. janvier 1953
5HAT lC)H 420.1
. ' : '
.'
'
' ! i
.
• ••1•••
i
!
]
,I);!-·,_
__.
... __.-.J

/
"Le fruit du tra
ainsi obteJ).u est reparti et entretenu par tous
i'
les travaiiieure,]~ qui. pour corollaire de supprimer les in'galitH
et d'exclure dé~~.~ivement l'e~loitation de l'hOUIlIe par l'b._" (1).
Or,
justement c~ système arbitraire, conçu,
en vue
d'exploiter aut
qu;1 est en v:t.gueur dans les pay. capitali.tes et
partant, dans le
colonie••
Iqli,
'
,
ê
1
Il est i ~ que .dane la mise en valeur des colonies, l'id••
d'exploitation n.I!lfut pas 'absente et eonstitua m3me un des objectifs
essonUels de l"irtrlom.sa~1011'
Il est ~::'!,. également que les grands propriétaires terriens
Ir
:fI 1
utilisant une
,d'oeuvre docile et presque gratuite, ne rénuméraient
pas comme i l se
~t ce~te main-d'oeuvre.
l,
1
~ 1
1 li
cepe):ld,ii"
si l'explo;ltation de "l'homme par l'homme" telle
qu~ appara!t
i ,
le di~cOur8 viet était une réalité dans les pays
colonisés, on es~
n droit de pOser la question suivante : Est-ce à
1
la faveur de ce
! i·
pra~ique ~e collectivisme par les corvées et
" i
'
dans un cadre 8.wf'
parti~u1ier,que le P.G.A. se cLevait de réaliser
~ i !
,
soudain l'exploi~
ion dont i l .tait ltob~et ?
De m"~, le P.G.A. pouvait-il avec les souffrances physiques
que lui 1n1"11ge ,"
tceux qui dénonçaient la barbarie colonialiste,
1

i!
établir un ra~po'
obj ectif entJ'e l ' amélioratio.n de la soc14t' dans
laquelle il al~ 't retouriler et l'objectif visé par cette initiation
"
pratique à la ~.'ll~ctiqUe marrl.te ?
l
'
En ~ , 14!1! V~e~minh tisa1t sur la ~rt4e lointaine de son
action &fin qu,e: • P .,G.A iule 1'01. c)1ez lui, developpe le virus du
i
:
:;
i
!,
,
:'
cdllect1visme,i dt' t'~pr1t d,équipel auquel il aura été habitu4 pendant
sa captivite'. C, 'l" s~ ~"c.'-a que l'apt1on psychologique, par 1. biais
des travaux manut1s ~es.~ta1t quel~ue orig:l.nalit'.
1:
1
~
1
[
l') SHAT 10H 4,zol
, apita4ne
u~dou janvier op'~ c1t. p. 2.
,
rap~rt·
i
~
il
!
1:
Iii
il, , 1
.~./••..a
il
il
Il'
~
pil.. ·4
' r
.....

149/
Cependant, il est bo~ de reconnattre que les dures conditions de
cette "collectiv:Lsat~on particuli.ère" en pleine jungle asiatique
avaient pratiquement 'réduit à néant son "erficacité".
tans la me.ure où aucun t rait ement de raveur l1) ne rut
~
accor44
aux P.G~A. ~endant ces cours pratiques raits d'harassant..
cOrYées, nous vo~ons 'mal comment cette propagande aurait pu consti-
tuer un vér1tabl~ aanger ?
En rait, 4ans ces mo~ents critiques de la captivitd, seule la
libération constituait pour les PG, le veritable probl-.e auquel
ils restaient attentirs.
En réalité. l'initiation des P.G.A. aux vertus du travail
en milieu marxiste n'a pas constitué à prop~e~ent parler, un v~ritable
danger pour le moral et l'~tat d'esprit des P.U.A. détenus dans les
camps viets. Tout au plus, il ponstitua un excellent élément de
l
'
,
transition vers l'ed~cation politique avec ses "conrerences",
caussries, prOjs.tiots ds fïlm. et s6ances d'autocritiquea.
Incontest~flement, l'éducation politique présenta le plus
4e
clangers pour· letoral des P. G.A. tombés aux mains de l' ennem1
lors des patrouilles: d.'ouverture, des attaques de poste ou d'embua-
I
cades nocturnes. Ici~ le discours politique, idéologique et anti-
colonialiste a.ait p~us de "cbance,r d'agir sur l'état d'esprit des
P.G.A. ; mais quelle fu~ ia réalité ?
(1) Certains t_()i~ages font appara!tre une certaine discrimination
dans le traitemEtDt des P.G. D'ex. P.G. affirment que les Noirs
faisaient l'ob~~t de quelque traitement particulier de la part
du Y.M. du fait de leur situation de colonisés. L'ob3ectit de
ce "traitement" ,était Clair, c'était pour s'attirer la sympathie
des tirailleurs à propos de la cause qu'il défendait. Le problème
est que les traitements étaient différents selon les camps.
D'anciens P.G.A n'en connurent pas du tout. Il convient d"tre
prudent et d~ ne pas syst4matis~r ces petits soins occasionnels •
••• 1•••
1
1:
t··:-~

1501
ApN. les t1'SYaux péD.1bl.. aUZlluels Us étai8llt ~o'llnu.il__•
astreints, toua le8 camarade.- P.G. étai.ent convié. auz coura 4' .......
tian politique dans les paillotes serYant de -salle de contéreacer.
En fait, le cours politique allait constituer le premier aspect
de la rééducation idéolOgique, le second étant les séances d'sut. .
critique.
1) Les "·contérpces .poUtiques" ! présent.tiR et cet".,
1
Les "conférences po~itiques" furent l'occasion idéale pour
les responsables politiques d~s camps, véritables exécuteurs des
principes mis au point par le~ responsables du "DIeR-VAN", de compenser
les faiblesses de la propagande ~crite (tracts) par une éducation
idéologique directe et approp~ée.
j
L'endoctrinement politique, l'intoxication idéologique par
1
le biais des dogmes marxistes let l'éveil de sentiments
antifrançais,
1
anticolonialistes et
antiimp~rialistes, constituèrent les principaux
axes de la "conférence" dite 'olitique.
,
i
Les conférences d~ent théoriquement deux à quatre
heures par jour, et se tenaie.t environ quatre fois par semaine (1).
Théoriquement, la présence n',tait pas obligatoire, mais la réalité
était différente; c'est ains~ que des ex-P.G.A. aff1raent que
"théoriquement facultativ. po~ l,. auditeurs, elles (les conférences)
,
étaient obligatbires. Les chets d'équipes faisaient appel à ceux qui
i
essa18Ïent de s'en dispenser. 1 Les assistants étaient questionnés sur
(1) Les témoignages diffèrent! sur les programmes, la durée
ou parfois l'inexistence ~e conférence. politiques en fonc1ion de
l'expérience personnelle ~. cha,ue prisonnier.
• ••1•••
,
. 1·

151/
les thèmes et le8 propos tenu. Le. -ina'i'ien'tifs- signalés lore de.
séances d'autoortt14ue •••• (1).
Présentés tels quels, les COVII d. f'orllatioJl-étaie"
incontournables si on ne voulait pas s'attirer d·enn
.
En réalité, deux raisons objectives et t~s dissuasi
obllgeaieat
tous les P.G. à participer aUlcoura.
Il s'agit en premier Ueu de la crainte qu'inspirait l'envoi cùm8 un
camp de repr~sailles pour "indiscipline".
En second lieu. il s'agit de l'espoir d'~e "libération anticipée-
qui n'était conditionnée que par une disc!p~e stricte, [incluant
l'assiduité aux cours idéologiques.
Le cadre ainsi tracé, penchons-~ou~ sur l'enseignement
délivré aux auditeurs. Il faut distinguex; deux grandes catégories
dans l'étude des thèmes abordés pendant c~s r~unions.
n'un c8té les thèmes généraux, et de l'autre ceux spécifiiques aux
Africains.
• Les thème8 généraux.
Ils sont au nombre de trois 1 le t~me de la "s~le guerre-,
la "barbarie du CEPEO·, et enfin la dénonciation de l'im~érialisme
j'ranco-Américain et partant du colonialisme. S'agissant du premier
thème, il visait à dénonce~ la guerre que les ·colon1ali~tes· français
1
menaient contre le peuple vietnamien.
Pour ce faire, le Commissaire politique (2) (le conférencier) pr4sentait
j
(1) SHAT 10R 418 Extrait de la synthèse sur le moral des [prisonniers
rapatriés d'Indochine 1954.
(2) Sur
le rëUe du CoDZ!l11ssaire politique ote Yvonne f'agniez, ~e vietminh
et la guerre 'Q!YChf:J.0Q9ue, Paris, édition la Colombe , 1955, p.
l
Selon cet auteur, les "Comm1ssaires politiques présid~t de droit,
les séances d'autocritique de l'armée. Au degré infé~eur de la
hiéJ:al'chie, Be trouve lm CoDUDissaire " l itique pour dpuze ou quinze
hommes. 14ais plus Berr'es ellicore doiv:eat. Itre autour des Boldats
les mailles du tilet. Aussil'actiond.sCommissairesl est-elle
. .
,
, .
complétée par celle des "groupes de solidarite", ou si'exerce une
auto Burveil1aDce"~
•• •I.i••
; 1·~ ,.""
's·-'

152/
la situati~.·d'exploit', da martyr du peuple vietnamien piar auite
de l'invasion étranpre.
L'allWJion à la présence fBnçai8. est éndente.
:
,
1
Ensuite, il expose les problèmes qui d'coulent 4e cette *,_.c.
la misèr., la ram1ne. le8 tortures. l'ana1phabéti8llle. le ~out
,
:
couroIlJ1e par la guerre men'. contre ce peuple Jlartyr1s'. i
Au cours de l'étude da ce thàJle, un tableau sombre de la Iprésenoa
française en Indochine était dressé à l'intention des au~teurs.
L'étude de ce thême n'était pas dénuée d'intérlt pour le ip.G.A. dans
i
la mesure où l'analogie de la situation du Vietnam avec ~elle de
1
l'Afrique était semblable à bien des égards.
i
L'analphabétisme était très élevé dans l'ensemble colonial
français (1).
Les injustices sociales, politiques et économiques constituaient les
bases de l'administ~ation des populations Africaines.Les opérations
de représsion mené~s par le8 corps expéditionnaires français pour
réprimer les "troubles", en fait les velleités d'indépendance aes
colonisés (exemple Madagascar mars 1947) avai ent cours en Afrique
comme dans les autres colonies où la France était présente.
Si dans une certaine mesure l'analogie de la situation
pouvait se révéler juste, la question est de savoir si le P.G.A.
pouvait-établir un lien entre le mar1ip- du peuple vietnamien et ce
qui se passait che~ lui ? Dans la mime perspective, pouvait-il
concevoir, envisager, qu'une suerre semblable allait se dérouler chez
lui alors qu'il ignorait manifestement pourquoi le Vietnam se battait?
En fait l'objectif du th~e de la "sale guerre- due à la
présence française, visait à frapper l'imagination du P. G.A. quant
aux souffrances du peuple ·vietnamien et au motif essentiel de sa
lutte.
Quant au second thème, il était ax6 sur la "Barbarie" du C.E.F.E.O.
(1) Cf. 1ère partie, chapitre II P. 101-108.
• ••1•••

, ~JI
Les re8poD8~ble8 de l'éducation id~ologique avaient â coeur de
ce
I
.
montrer aux tirailleurs qu'etaient les "atrocitésft commis_ par
les troupes françaises pendant la guerre.
Ce th~ae visait un double objectif: prem1.rement, créer un sent1m8'At
de haine contre les "colonialistes" français qui sont présentée
comme dea inhumains. L'allusion aux pertes en vies hu••iDee 488
combattants Vietminh et les bombardements de l'anation f1'8ngaise
sont les symboles des actes criminels que le Vietminh dénonce ;
deuxièmement, créer dans l'esprit du P.G.A. un sentiment de culpabilité,
car c'est en tant que soldat du CEFEO qu'il participe aux actes
barbares et criminels des "colonialistes" rrançais contre le peuple
vietnamien. Le Vietminh reprend en tait un slogan apparu dans les tracts
où il disait aux Africains : "pourquoi venez-vous faire la guerre au
Vietnam alors qu'il ne vous a rien rait" ?
Enfin, le troisième thème proposé aux P.G.,A,. avait trait
à la dénonciation de la collusion impérialiste Américano-fraDcaise.
d'un
.
La portée et le-: sens profond/tel thème nous sont difficilement
concevable en raison des capacités intellectuelles des P.G.A Comment
le Commissaire politique s'y prenait-il ? Reportons-nous au témoignage
d'un ex-P.G.F. à propos de la teclmique d'endoctrinement utilisée à
l'endroit des tirailleurs: "le plus'accessible écrit-il/est un
Sénégalais envoyé au camp sur dénonciation. Tous les jours, à la fin
du travail, un cadre le prend en t'te à t'te et lui tait répèter mot
à mot, le slogan du jour tout comme on procède avec les jeunes enfants
lorsqu'ils apprennent une leçon.
"Les Américains occupent ton pays, répète 1 ils ont violé ta femme,
répète I".
·Ce sont des fauteurs de guerre, répète. C'est à cause d'eux que t~· es
ici, répète !" (1).
Poursuivant son témoignage, il atfirme qu'un officier français
également P.G. comme le Sénégalais profita du départ du Commissaire
(1) Témoignage de Robert Bonnafous in "cahiers de Montpe.1lie r~ no.;
1981, "deux camps de prisonniers d8nè !e Thâiik Hoa", P.:JJ .
•.• 1..•
1
.

154/
pour réduire à néant ce qu'il a fait co.ae travail paychc Lc gi.q ue :
"une heure plus tard raconte t-il. l'info~tuné camaraèe de couleur
(le Sénégàiais) répète inlassablement le contraire en chantant des
mélodies de son pays car, après le départ du Commissaire politique
des Européens (il le font à tour de raIe). i6& appliquent le d~sendoc­
trinement t:;~ employant les ,ulmes procèdés.
"Les Américains n'occupent pas ton pays, répète
ils n'ont pas viol~
ta femme répète! etc ••• " (1).
L'analyse de ce t~moienase 8 s~rieux, mais à l'allure
anecdotique nous inspire quatre remarques : La première à trait à la
méthode d'endoctrinement utilisée ; elle révèle en effet que le Vietmir~
a trouvé un système simple pour contourner l'analphabétis::w 5e;· :.'. ~.A.,
à savoir utiliser la ~éthode d'apprentissage en vi5Ue~r dans les centres
't
. , ,
'!li
d'alphabe Lsat Lon , Il consiste a ::e.ire repeter quc t Ldâ erciemen t la meme
chose à l'intéressé.
Le probl~me est que ~~me s'il peut le r~pbter .Jot l mot, e~ sa~sit-il
la véritable portée ?
Quant à la deuxième, elle est relative à la nature nouvelle
de la guerre en Indor;hine qu'on pe'.lt déceler dans la propagande V.rJ.
avec l'apparition de la ddnonciation èe l'imperialisme am~ricain.
1

1
En et'fet pour bien comprendre l'etude de thème, il raut evoquer
la situation politique internationale des annees cinquan~e.
re simple guerre de reconqu8te coloniale. limitde à des combats spora-
diques. fait de ratissages. d'emb~scades et de sabotages. la guerre
Franco-Vietminh prit un caractère internationaliste et finit par ~tre
un élément ~e la "ou~rra froide".
L'internationalisation (2) de la guerre d~buta avec la
victoire des ccamund s t ea en Chine et la proclamation de la R~publique
Populaire Chinoise en octobre 1949. A partir dp. cet instant. l'aide
(1)Rôbert 30r-:..é.io'.ls. op. cit. P.33.
(2) Sur l'inte
ationalisation de la guerre cf. Alfred Grosser.
La IVè Ré
ue extérieure. A.Colin. 1961.
.434 p•
.../ ...

155/
des c01ll1llunistes Chinois au V~etminh se fit ouvert. .ent z C&nps
d'entra!nement. r~:ruge., arm~entst cadres instructeurs, .soutien
1
diplomatique fu:r~t les prinfipau aspecte de cette aid....
1
Dès lors. la France entrevit] une victoire militaire de plus en plus
i
improbable.
'
C'est ainsi que la France co~e l'~crit P. Devi,llers comprit
"qu'elle ne pouvait
espérer vaincre en Indochine sans l'aide militaire
et financière américaine. Celle-ci (on le savait œaintenant à Paris)
ne pourrait 8tre obtenue qu'en insérant la 6Uerre que m.enait la France
au Vietnam dans le plan stratégique am~ricainJ en donnant a~ Vietnam
les apparences au moins d'un Etat indépendant" (1).
Cette politiq~e se matérialisa sous la fO~le des "accords
de la Baie d'Along" qLÙ octroyaient "l' Lndé pendr.nce " au Vietnam et
per:nettaïent de mettre en chantier la "solution Bao Dai" (2).
Les USA prirent acte de la "volonté" française de fai::-6
évoluer le satut politique des anciennes colonies et s'engagèrent
fermement aux c8tés de la France. En pleine croisade antico~~uniste
depuis le discours Truman du 12 mars 1947. les Uf~ trouv~rent avec
la guerre d'Indochine ~e juste occasion de jouer le rôle de "Protecteur
du monde libreft cont re l' expanaâ on communi st e. C'est dans cet te pers-
pective que les USA vinrent à soutenir l'effort militaire français en
Indochine.
\\1) Cf. Phillipe Devillers. "L'autre solution BAD-DAI CHEF n'ETAT" in
Histgria Hors-série nO 24. 1972 p. 89.
(2) Par le biais des accords de la "Baie d'Along" la France promettait
au Vietnam son "indépendanc~· comme "Etat Associ'" dans le cadre
de l'Union Française. LeS accords furent signés le 6!juin 1947
entre le Général XUAN chef ~u gouvernement Vietnamien et le Haut-
Commissaire Français Emile ~llaert. Ils furent conf:trm~s grâce
à un
échange de lettres entre l'Empereur BAO-DAI etr~e Président
Vincent Auriol le 8 mars 19~ 9.
i
... /~ ..

1561
Quant au tirailleur comment pouvait-il sa:l.sÙ' 1& logique de
tous ces taits, les replacer dans le contexte interDa~.B81i8te aU4uel
i18 appartenaient alors qu'il ignorait lfAa'rique, 1_ "'r1al1st_
aérica1Jls et oe qu'ils faisaient dans la guerre d1I T i ' - - ?
fous les tirailleurs Sénégalais que nous ayoas atenogé
nous ont affi1'lllé qu'ils ignoralent le sens de la guerre l laquelle
ils avaient participé que oe soit pendant le déroul.eat que bi_
de. années après (1). La tentative "d'endoctrinement- du Vietminh
ne revèle t-elle pas une carenCe des cadres de la propaaande rebelle ?
Elle pe1'lllet de passer à la de~ière remarque qui concerne la psycho-
logie du Commissaire politique dans sa tache vis-à-vis des P.G.A.
S'il est vrai qu'il existe une coopération politique et
militaire franco-américaine (c'est une réalité), il est par contre
grossier de faire répèter à unr~P.G.A. qu'un "Américain a violé sa
femme", alors que l'évidence m me montre l'absurdité d'une telle
"vérité".
. .
1
Les tirailleurs SénérlaiS bien qu'ils soient analphabèt es
dans leur grande majorité n'étrient pas dénués de bon sens et de
logique, au point de confondre 1 ceux qui les ont recrut~set envoy.en
Indochine, c'est-à-dire les ~nçais avec leurs alliés, les Américains t '
Cette attitude repréaente sans nul doute l'idée que le
~ . 1
Vietminh se faisait de la con~tiOD intellectuelle et psyohologique
du tirailleur. L'ayant consid.*' qomme peu évolué parce qu'illetré,
il croyait pouvoir lui faire ataJ..r n'importe quoi t

1
Après l"tude des thèmes lénér~ux~ l'Act,lon psychologique se singu-
larisait par l'étude de thèmes,sP4cifiques aux Africains.
1
1
,',:
1
1
1
i
1
• Les thèmes spécifi~ue, aux Africains.
1
Ils sont aU.ll1ombre d1 t~ois mais en réalit' n'en constituent
qu'un et sont invariablement ;rJss
séa. Le premier traite de la
(1) Entretien avec les
à JIaD et à Dakàr (Juillet et octobre
1985) •
• •. 1~ ••

157/
"liquidat1cm du colonialisme" dOJlt la conséquence ~éti&~. est la
"libération des peuples". Quant au secoD4. il est de8t~ l meatrer
Àux, Urica1n. que 1e& lut1i.. 1.S' R'""oWiioa . e . 1CIJ4. . par le
"Bloc nUiocratique Mondial" l') auquel appartient d'.~. le peuple
Yietnamien représenté par le Vietminh.
S' agissant du premier thème, ce sont le. s_pit81"l1el.
arguments développés antérieurement par le VietDliDh qui sont repris
une fois de plus {2}. La seule originalité dans l'étude du thème en
question, est l'évolution de l'environnement international que les
Viets vont exploiter vis-à-Vis des Africains.
En effet, dès le début de l'année 1950, précisément le 14 janvier 1950.
le gouvernement de la République Démocratique du Vietnam lança un
appel à tous les gouvernemeats du monde en vue d'une reconnaissance
diplomatique.
L'appel fut entend~,est dès le 16 janvier, la Chine Populaire
reconnaissait sans surprise te gouvernement l~-chi~JDinh. Elle fut
suivie en cela par l'Union Soviétique et la Yougoslavie le JO janvier
1950.
L'ensemble des ~émocraties Populaires allié8s à l'URSS suivit fidèle-
mznt le mouvemen't' amorcé par le guide idéologique du camp communiste.
Cette évolution diplomatique favorable au Vietminh fut saluée comme
l'entrée du Vietnam Démocratique i dans le "Bloc Démocratique Mondial"
qui oeuvre pour la paix sous réQ.~e de l'U.R.S.S.
Les rebelle. Viet~e~ vont.xpl01ter le sucoès politique
l
, l :
obtenue sur le plan international i! en ,soutenant clans leur propagande
aux P.G.A'
que "l'alliance ooncfL~e
i
n
av.~,l'URSS et les _tions"
t
" 1
néo démocratiques" (autre appela~ton du .~oc Démocratique BIondia1)
1
1:
i
i ii
!
(1) Dans la terminologie Vie". i~i! B' agi1I.es DémocratiEla Populaires et
des autres paya socia11stes'l i'
"
(2) Cf.
1 ère
partie
:
i 1;
,
Les Tentatives! de l' A.cti.~.' Psr"ch010~qUe V.M. Aspect, et méthodes
1941-1950 pp. 1~.'lO.'lI et SULv.' 1 li:
. 1
,
i
c.
l'
••• 1•••
,
l '

" ,
158/
du .oncle entier au:r.u.t des rip.rcU8a1~,,ur la guerre d1t lib4w:tiaa

,1
i:;l
cl.
des peuple. oppriafa à cause du 80u~81l·.s équi'"Cl1le
dit. pq8
1
à leur caua..
i
::!
1
:
1
Les Viet!~ se plaisaient ~: entretenir cett e ségitégation pour
:
'
1
taciliter leur end:octrinement" (2) •.
Cette t~cl:mique 4ela"c
b~". en tait de 1& traduction
1 " '
l'
des cours par groqpe de P.G.le[t par nationalité-limita 1... portée
réelle de la tent.tive d tiDtpx1cati
idéologique à caus, du problème
r
.
1
(1 )
au Viet
(2)
.
"
•• •1••

159/
de la langue. La s4til.. utilisable était le f:rançais ayectout oe qu'elle
1
posait coaae' probl~ (1).
"
. . réall~'11'eft1cacitédea coura politique. était njette
non seul.-et à la ~ésence dans le groupe de P.G.A., .~ de soldats
dits "évolués" l2} ~ de leur adhésion aux "eutp&p.. d"~uclee" dan.
lesquelles on lui d.onça:lt pile-mIle l'impériali.e _éx.tca1.n et le
i i
'
1
colonialisme franç.f••
,
Or, les tettrés étant peu nombreux, la probabilité pour
qu'il y en ait dane les groupes de P.G.A. était hypotétiq~e.
Suite aux conférenQ8s politiques, les Viets initièrent qu~lqueS P.S.A.
,
au système de la dénonciation, en un mot l'autocritique.
i
2) Le système de l'Autoc~itigue.
&l.l'aœ.nce de témoignages précis de la part desjtirailleurs
ex. P.G. des Viets, !nous ne nous étendrons pas sur l'utilrsation de
ce système à l'en~it des Africains.
1
Nous reii~drons seulemeD,t que l'autocritique ~s le langage
m&r%iste consiste à 'confesser, à reconnattre les crimes r~els ou
supposés qu'on a commts au service du colonialisme. Il permet également
de dénombrer ses "
de les confesser publiquement et au besoin
de dénoncer la tIti cteur" et· les "erreurs" des camarades. Selon A Bruge,
l'objectif prinCi:, visé par le Vietminh est de "crtSercbn le
prisonnier un comp _xe de culpabilité, d'utiliser leurs propres aveux,
.a1ncères ou non,
s la campagne mondiale pour la paix au Vietnam,
de leur faire asS+-.:.:.ler, peu à peu, le vocabulaire et le raisonnement
dialectique du matfrialiSme historique" (3).
~,.. ~l..LÜI.
(1 ) Cf. la propa;t4e Viet 1947-1950 P. g." '3 0
(2) rans la terminologie colon.1l.àle, il s'agit de l'indigène sachant lire
et éGrire. A ca~e de 1eurlstatut "d'intellectuel" et de leur place
dans le fonctionnement de l'Administration coloniale, les responsab1esi
administratifs qoloniaux, ~echignaient à les faire incorporer et pré- .
féraient les ~der. Cette attitude explique en partie l'absence des
"évolués" dans les troupes~fricaines.
(3) A. Bruge op. cit. P. 28 - '9.
.../ ...

160/
Les Viets utilisaient pou~ ce faire des fe~lles de confession.
Les tirailieurs ne sachant pas écrire "dictaient" leurs "~onfesaion8"
à de. camarades Européens, Africains ou Nord-Africains qui. les
transcrivaient sur des feuilles de papier à l'intention d~ chef de
camp Vietminh.
C'est grlce aux m'thodes analysées plus haut que l'Action
psychologique V.~. essaya d'endoctriner les P.G.A. captur~s lors des
.l
engagements militaires. A-t-elle réussi? Il est difficilb de le
savoir, mais ce qui para1t certain, c'est que les Viets p~nsaient
avoir touché le moral de quelques P.G.A. dans la ~esure o~ de no~breux
africains firent const~ent partie des convois de P.G. l~bérés entre
1950 et 1954.
1
i
Ces libérations constantes ne ~rocédaient pas d'un banal rltruisme
du Président Ha, ~ais illustraient tout simplement la pr~~osoPhie du
prisonnier en guerre révolutionnai~e telle q~e l'avait àé~ini Hô-Chi-
1Ii.nh o i.
f
i
i
i
Le P.G. apr~s les cours de "for"lation" idêolo~~ue
auxquels il avait participé était cenaé 1tre "mllr" pour relayer
l'Action psychologique viet dans son propre camp. C'est en partant
de l'idée que ces "évolués" (ici il s'agit de ceux qui semblent avoir
assimilé les cours) étaient prlts à rdpèter et à développer les thèmes
politiques abordés au cours de leur captivité que les rebelles
décidaient de leur libération. C'est pourquoi on parle de "lib~rations
anticipées". Elles n'étaient pas innocentes dans la mesure où elles
constituaient un élêment important dans le système de propagande
Vietminh.
En fait comment $e faisait la libération antici~e ?
Quels objectifs inavoués se cachaient derri~re cette op~ration
dite "humanitaire" ?
(1) Cf. Chapitre II Deuxi~e partie "de l'utilisation du pr1so~ier
de guerre en tant qu'ip.strument de propagande p.142-144
••. 1.••
L_~.;...

161/
if
Combien de P.J.Ao furent concern$s par les dites opérations ?
l'étude de· ces questions nous permettra dans les lignes qui suivent
d' aborder un chément import ant de la d4œarche peychologlque net.
3) L•• "l!bérations anticipées".
a) Les condition! de la libération.
Elles ob~issent à des crit~res définis par les dirigeants
de l'Action psychologique sur rapport des Commissaires politiques
ayant dirigé la rééducation des P.G•
• La désignation des futurs libérables o
Elle est essentielle~ent fonction du degré "d'évolution"
de l'individu, c'est-à-dire de son assimilation parfaite des slogans
qu'on lui a débité pendant les conférences politiques.
Dans un document où elle a recueilli les témoignages d'ex-
prisonniers du Vietminh, la CROIX-ROUGE Française rmle- que c'est
"à la fin des cours, que les lib4rablea sont désign~s et séparés des
autres prisonniers avec lesquels ils ne doivent plus avoir auc~
contact. Les dlsignations sont faites compte tenu des not.s de chaque
prisonnier au point de vue travail, solidarité, camarad.rie, discipline
et études politiques.
La liste définitive des libérables est publi"
à l'occasion
d'un meeting à l'1ss~ duq~el ceux-ci doivent signer une lettre de
1
remerciement à Ha-Obi-Minh, et prendre des engagements ~1cul1er8,
comme celui de raire de la propasand. contre la guerre du Vietminh ou
d'e%1ger 1. départ du C.E.F.E.O." (1).
(1) CROIX-ROUGE Française en Indochine, Ortice du Prisonnier, -Le Vi e du
Prisonnier de l'Union F;:.apcaise dans les camps nets, imprimerie
d 'Extrh.e-Orient, S&!gon, 1953 p. 8.
.·'•• 1•••

162/
Ainsi l::e qui c1~cida1t de la liberté, c' etait le progrts
rait par èh&que individu dans la voie du comportement ~ste. Le
Vietminh esp'rait que fort de cette évolution, ltex-P.G. allait
l'inculquer aux autres "frères .gar6s" qui n'avaient pas encore reçu
une éducation appropri6e.
Une ;t'ois désign4, on était immédialement lib'ré,. sauf arts
contraire de dernière minute le Plussouvent?à des d4noncdations aux
motifs obscurs.
La libération ne se faisait pas de manière individuelle,
mais obéissait à un rite soigneusement préparé et qui n':était en
rait qu'un prolongement de la propagande reçue.
b) La libération.
Quelques jours avant d'Itre 1ib'rés, les P.G. raisaient
l'objet d'attentions subites. La première ae ces attentions était
l'amélioration alimentaire des P.G.
A la veille
de leur libération, ils étaient gav~s de nourriture
alors que pendant la durée de leur captivité, ils sourfrirent d'une
alimentation de qua1it~.
Le but de cet intérlt tartir pour l'al:unentat:1on des P.U.A.
tient à deux raisons : la pre~ère • trait à la nécessité des ex-P.G.
d'avoir une condition physique acceptable, pour affronter la longue
et dernière marche vers la liberté.
Quant à la seconde, c'était une o~ration rlS8lDt à prdsenter
les conditions de la captivité comme respectant les normes internationale 1
dé:fin1es par la "Convention de Genève" à propos des Prisonniers de Guerre:
,et sur lesquelles veillaient la CROIX-ROUGE.
.../ ...

163/
~. régia. aliDIentaire qui lM'ut s' dtendr. 81U' UIl lIOis ou plus,
est
"
reserY.
à
utur.U. .ent
ceux d•• pri,sODDie.rs qui ont dOlll1é "satis-
faction" par leUr travail ou dont l'UBiduité aux COlU"8 poUtiquM a
't, rem&rquH (1).
Une fois la condition phJ's1que est ~up. satisfaisante,
les Viets passent au dernier acte avant la llbération. Il. or~.ent
une mdn1 fit. à l'occasion du départ d.s "camarades".
La flte est l'occasion d. recréer une ambiance. fraternelle
à la veille de la libération. Dee feux de camps, lect~e~ de message,
allocutions de "remerciements" au leader Viet, dernières consignes,
chants et danses, meublent la cérémon!e qui est soigneusement organisée
avec beaucoup de rythme et de solennité.
Est-ce pour faire oublier aux futurs libérables les dures
conditions de détention dont ils ont été l'objet ?
Certains ne semblaient pas impressionnés par ce passé tout proche,
car ils participaient de façon "active" à ces ultimes soirées recréa-
tives, ce qui a provoqué l'étonnement de René Moreau qui se demande
si leur moral a-t-il été touché ou ~on ?
Ces hommes dont il eat question ce sont les P.G.A. que R.Moreau présente
en ces termes: ft ••• toujours est-il que la flte se termine habituelle-
ment par un feu de camp, des d.a.nses et des chants. La proximité de
l'infirmerie et du cimetière n'1nèite21t pas à la joie, mais une
abstention traduirait un manque d'éTolution. Dans ce dOIf1De les
Sénégalais sont étoDIl&l1t, et leur entrain ne semble nullement feint •
.'
Aussi sont-ils populaires auptès de, Viets. gui les cont*dèrent comme
évolués. Il y a quelques bons danseurs et tous ont un e~raord1naire
sens du rythme
(2). Cet hommage re.du aux P. G.A. atteste de leur
excellente résistance aux dures conditions de la captivité.
(1J "Croix Rouge Française", La vi. du Prisonnier de l'rmion Françajse
~ans les ce.llps Viets, op. cit. ip.2.
(2' René Moreau, 8 ans otal! ch,z 1.s Viets 1946-1954, op. cit. p. 278 •
•. . 1. ,..

164/
.Au cours de la fIte d'adieu, les Vieta profitent de l'occa-
sion pour tenter une dernière action peycbologl.qu., cœ.e pour
rappeler aux fUturs libérable. la -.:1ssiOl1" qu'ils aura't l r_plir
dès qu'ils auront quitté les c. .ps Vieta. Cet act. prit la forme
d'un discours du COlIID1asaîre loUtiqu••
• Les ultimes haranlNfs dl Cn-' ssaire Polltique.
Le discours politique fait partie des dernières consignes
données aux heureux élus que sont les futurs libérables. Craignant
de ne s'Itre pas bien fait comprendre, le représentant Viet, dans
un monologue plein de subtilités littéraires propres au langage
révolutionnaire faisait comprendre aux ex-P.G.A., le sens de leur
libération due à la grande clémence du guide spirituel et politique
du Vietnam et de la "mission" q~ les attendait. Le premier thème
abordé par l'orateur Viet trait~ de la responsabilité africaine dans
le déclenchement et la conduite: de ~a guerre d'Indochine qu'il évoque
en ces termes : "Le Préside~t a6-cH±-MINH, Président du Vietnam vous
libère parce que vous ne savez ~s .vant votre arriv4e en Indochine
ce qu'on demandait de vous. Le :Président vous pardonne vos erreurs.
Il reconna1t que vous Ites des 1nnocents. Il sait aussi qu'on vous
a imposé et par la force et les! men~onges à faire la guerre au Vietnam.
Il n'ignore pas non plus que le peufle africain est sous l'emprise des
colonialistes françaiS". (lJ~
!i
Ce discours très virulent à l'~drott d. la France dégage les Africains
d'une quelconque responsabilité da.nf la guerre. Pour ce faire,
l'orateur insiste sur l'innoce~ce d.s tirailleurs Sénégalais que les
"colonialistes" français util1~ent ~ur commettre leur agression
1.
contre le Vietnam. Il conclut que
participation Africaine à la
guerre du Vietnam est l'oeuvre "e. ,rançais et rejette sur eux la
présence des force~ Sénégalais~. enIExtrlme-Orient.
1
1
1
!
(1) SHAT 10H 420 Propos d'ex. ~.G.A. recueillis par le Capitaine Guédou
des AllA au sujet des Pr1so~e1"ll récemment libérés (12-13 janvier
1953). AMAIBMIft, 1er bure~\\lf centre de Repos de NHATRANG•
••• 1•••
1";
'1 !
-

165/
Il insiste. également dans son dtscours sur l'ignorance dM Ab'icaiU
qui ne savaient P7;'&tiquement rien sur le S8!l8 de la paore qu '1la
étaient 'Yenus tai" aux eStés de la Prance en In4oohine.
Cet aap~ct de 1& propagande est tout de ID". proche de la
réalité, car il e"r corroboré par le témoignage d'un tirailleur
Sénégalais ayant séjourné en Indochine. "Malgré lDOJ1 Di'Yeau scolaire
(certificat d'étUd~ primaires), je œe suis peu ~téressé aux raisons
de la guerre à laq~elle j'étais venu participer. Une fois sur place,
j'en ai discuté b~~vement avec quelques collègues mais sans plus.
Pour nous. (tira11~eurS) l t important est GU' on éta:i; t venu faire la
e
e et
u'il
la f ore. Ce
ut com t
t
dessus tout,
1
i
C'était combattre
'
l'
Si les b~ts exacts de la guerre échappaient au tb'aïlleux,
il faut souligner
!a contradiction que mettait en relief le discours
Viet.
En effet pendant la durée de la captivité des ex-?G.A.,
il a été très peu
uestion de la responsabilité des Africains dans
le d6clenchement d
la guerre d'Indochine. Ils ont connu les durs
régimes des P.G. q' e certains n'ont pas hésité à appeler les "campe
de concentration
:. ets". Certains en sont morls (2).
D'autres ont gard4!ià jamais le souvenir des pénibles travaux manuels,
du martèlement d. i'eur psychisme et d'autres faits atroces.
1
1
A cette 'l' poque, les liets parlaient peu de "l'ignorance"
des Africains qU,~is considéraient comme des "fauteurs de guerre".
il··1
Dès ~ors. on rest~1perplexe devant ce discours altruiste qui proc~de
1
plus d'un oppert
sme int~ress'e que de l'expression d'un sentiment
rée~.
(1) Entretien Kon': Yacouba MAN ju:lllet 1 ~5.
(2) Ct. à ce suj et les témoi~ges des tirailleurs Sénégalais par le
V.N. après l a t
•.•...•..
".· ignature deis.•: .a~.,!cord8 de cesseZ-le~feu en juillet
1954. ct. l e : ssier 10H14' IS~ les Prisonniers ,Ile guerre africains
lib4r4s par l i V. J I . ! r 1
'
.
;
I !
r
li
1
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li
i,
1
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i , !
•• • 1•••
ii
Ir
1
l
,'!
I•
~4i! __·j .

1661
En vérité
ces ultimes har~e8 cachaient une réalité
plus profond., plus conforme aux ?é~~abl.. intsnti0D8 du Vietminh et
qU'OD retrouve dans la seconde partie du ••8.age de l'orateur quand
il dit en substance : " ••• voue -.lIe. rentrer œaiDtenantchez vous
sains et saufs.
Tout ce que le Prés dent et le VietDaal 'VOU deuaandent. c'est de faire,
d'agir en sorte que
camarade. qui ne connaissent pas la vérité
comme vous en ce mo
ne viennent plus en Indochine co.battre le
Vietminh" (1).
Des propos suscités, il ressort que la principale mission
que les Viets demandaient aux Africains était de travailler à tarir
les sources du r-ecz-ut e.aent afric~n, (2) en "éclairant" eeux qui ne
l'étaient pas encore". Les intér~ss~s pouvaient-ils remplir à bien
cette mi~sion et éclairer valablement leurs, congénères dans la :nesure
où ils ma!trisaient ~al les caus~s profondes et les dimensions politico
militaires d'un conflit devenu e~jeu de la "guerre froid." ?
,
,
1
L'entreprise confiée allX ex-PG.A. nous para!t presqu'impossible,
voire m1me utopique du fait des ~ai$ons suiiVantes :
- Le système de recrut~m8Dt des t1railleurs se faisait sous
l'oe~ vigilant des Autorités a~strati~es coloniales qui levaient
l
,
des troupes en vertu de la loi 8~ le recrutement (3).
,
;
:
Cert ••, le volontariati existait liais sa part restait faible par
~
;
rapport au recrutement p<,r voie d'appel (4)1. Quelques fois, les autorit~8
( 1) SUT , OH 420 Rapport du Capi~aine GuédOl1 opt. cit. p. 2.
'2/13 janvier 1 ~5).
!
(2) Le souhait du Vietminh reposla1t sur une r~alité, à savoir l'importance:
du contingent africain qui altteiguait $.viron 18 000 hommes en , 953
et ne faisait que croltre d'Iann'. en aDpée.
,
,
(3) En A.O.F. et en A.E .F., la IPi de r~f~rence resta de 1 941 à 1 954
la loi du 2B mars 1933.
[
1
(4) A ce sujet se reporter au c~pitre I, première partie, p. 36.
et sui'V.
1
1
,.
• ..1 ..•

167/
n'hésitaient pas 4 organiser de "mini raflesft pour r~cup~rer les
"Bons abseatsft des classes pr6c'dente•• Le soldat recrutd ne jouait
aucun rel. dans le processus d'incorpora'ion. sauf qu'il '-tait le
concem'. Dana quell. mesure pouvait-il agir sur l'envoi d. recru••
en Indochine ?
- Il lui restait bien str à pr4senter la guerre d'Indochine
conuae une guerre Meurtrière, dangereuse afin de d'courag.r quelque
volontd d'engagement.
Le problème est que l'ancien combattant était mal placé pour jo~er
ce rale.
En effet. d~s son retour. l'ancien combattant devenait un
héros f1té par les siens non seulement pour sa bravoure (il n'est pas
mort en guerre) et les pays qu'il a donnu, (France, Viet~) mais' encore
par les médailles qu'il a ootenu et le rait qu'il devien~ plus ou moins
un i.nterlocuteur du tout puissant Oommandant de cercle l1).
De plus. si l'Administration lui trouve un emploi lpar exemple les
emplois réservés) et lui paie réguli~rement sa pension. il voue une
reconnaissance infinie à la Franoe.
Comment peut-on demander à ce rapatri~ d'Indochine "cho;rd ll
d'un c8té par les siens. reconnaiss~t envers la Métropole. d'oeuvrer
pour emp~cher de nouveaux départs pour l'Indochine? Du fait de sa
nouvelle "positioD sociale", le rapatri~ d'Indochine avait plus
d'int~rlts à ~tre du c8td de l'Aàœin1stration coloniale qu'à appliquer
des consignes reQues lors de sa capt1v1t~.
Dès lors. 1& marge de manoeuvre pour exécuter les consignes du Vietminh
une fois en Afrique paraissait bien fragile.
l ' ) Dans l'organisation administrat1ye coloniale. le Commandant de cercle.
était l'équivalent d'un Pr4fet actuel aux pouvoirs immenses. Il avait'
pratiquement "droit de vie et de mort- sur les ind1g~nes dont il
avai t 1& charge.
Ddtenteur de pouvoirs judiciaires (juge président du tribunal
indigène). administratifs et politiques. il pouvait faire interner.
libérer. qui il voulait: le simple fait de ne pas le saluer quand
l'indigène l'apercevait. pouv~t coUter fort cher à ce dernier.
!
•.•1•••

i
:\\
!:t
iil

Ii
Lettre adressée,: au Peuple de l'AOF par les
.
.
pJ;:~~~nn~ers d'AOF rapatriéjs du convoi "LEO
.
.
,
F~gueres.
1
i'iiili.
Nous allons arr~ver en AOF ; malheureusement,
notre pays est encore sous~ le joug des colonialistes
,
l'
français.
li
C'est nous, les prisonnierJi; de l'AOF du convoi "Léo Figuères"
qui vous adressons cette 1 ttre.
Nous revenons, après plusi urs mois de captivité ••• (l) ••.
nous avons fait la sale
Faits prisonniers, nous
de la clémence du
Président HO~CHI~MINH et
la clairvoyance du gouvernement
et du peuple Vietnamien.
Nous avons été bien traité
malgré les conditions difficiles
enfin, et surtout,
ns reçu une éducation politique
qui nous permet de devenirl des hommes en état de lutter.
Nous allons retrouver, et
vec quelle joie, nos villages,
nos familles.
i
. , l
,
.
Nous lutterons pour l~beréF nos freres no~rs encore dans
l'armée française.
li
Nous lutterons pour la pa~ au Vietnam, pour la retrait du
!
Ce sera notre dette de recpnnaissance envers la clairvoyance
du vietminh.
1
Nous lutterons ~our la paix mondiale.
i
Fait au vie~nam, le 27 août 1951
Les priso~~.·ers d'AOF libérés du convoi
Il Léo
F iguèrrs".
j
i!
-1-)-p-a-s-s-a-g-e--b-r-o-u-i-l-l-e-'----1:
N.B. Document rédigé par ~ Européen et signé par les
prisonniers Africain,j_
11
i'
1
1
i
1
i

169/
Après que l'Ol'ateu!' Viet ent insisté sur ces aspects qui lui
semblaient importants. un manifeste censé avoir étë "rédigé" par les
P.l.A. eux~mlmes leur était remis à l'intention des peuples de l'A.O.F.
et de l'A.B.P. Il se présentait sous la forœe d'une ~ettre" (1) •
• Les "lettres" adres§ées aux peuples de l'AOF et de l'MF.
Cette "lettre" est en fait une variar-te du tract. Sa particu-
larité première est que les "au1;eurs" du dit document ne sont pas les
responsables de l'Action psycholoGique Vietminh, mais les future
li~érables et rapatriables africains ayant séjourné dans les camps viets.
:::.:: dépit de l'attribution de la paternité du document aux ex-P. C7.A., le
style èe lé lettre mont r-e bien que l'ins'pirateur du dit document est 'le
V .~,:. L'a!lC.lyse
c lettre IG, f:üt appara!tre comme 'J..'1e serte de pétition,
é
ur;
ap pe I pa'tl:étir..ue des ex-P.J.A. en vue de dénoncer la "sale guer:::'e" ,
e: eY-Î[';er Ip.:lI' !'E\\~)2trie:l€1:~. ~lle rélève également la pr-é aence des SlOCa.!lS
de pr-o pa garid e tradit:!.cr:TIels tels que:
- La présence color.iale française en Afrique :
-:'.:1se er: exergue de 1 'hospi tali té vietna':lier.ne et de "l'alt ruâ sme
du Président HO-CRI-MINH
Il vise à soioner l'image dé marque d'un Viet~inh humain qui
traite bien ses P.G. et de rappeler que tout ceci est l'oeuvre du guide
vietna~ien. Le culte de la pers~nnalité apparaIt également, car on
1
retrouve le leader vietnamien a~ centre de tout ce qui se fait j
1
1
1
- Evocation de ltéductt~on politique reçue (2). :
Il s'agit pour le Vielminh de montrer sa disponibilité à aider
les peuples Africains à se libérer du joug colonial. La foroation idéo-
loeique reçue de la part du Vie
en constitue le premier pas.
lAllusion aux conférences polit
des camps viets) j
- L'il.cita~ion au
- Lans la tettre, le
le "dédain", le "mépris" des
tirailleurs pour la fuerre. Cet
est illustrée par la "joie"
qu'ils ont de retrouver leurs f
"Iles. C'est en fait le thème du
(1) Le Capitaine Guédou affj~me que les ex-P.G.A lui ont simplement remis
les tracts distribués par l
V.M. au moment de leur libération.
(2) L'évocation de la formation politique reçue peut avoir une autre signi-
fication du point de vue Vi ~minh. Celle d'une autosatisfaction. quant;
à l'efficacit~ de l'end~ctr
'ement politique ,uquel i l a soumis le8
ex-P.G.A.
• .• 1•.•
!
'.

.j
170/
C(
rapatriement q~ est ainsi abordé. C'est en fait qui constitue l'origi-
nalité des suje~. analysés dans la lettre.

i
Il appara!t dans. la propagande viet à partir de 1950
- la l~tte de libération ;
,
Elle ~end trois formes :
- "Qui ter l'armée française, lutter pour le retrait àu C.E.F.EO
d'Indochine et 1tter contre la présence coloniale française en A~qUe.
Avec la remise 4~ tracts-lettres adressé~ , aux peuples Africa~ Vietminh
accomplissait 11· time démarche psychologique avant la libération
effective.
i
C'est
manière qu'environ une centaine ( 1 ) {125 en
réa1it~) de
furent libérés entre 1950 et la date du cessez-le-
feu. Ce fut
rd 16 africains qui furent libérés le 12 sept e-:, br-e 1951
et qui faisaient sans àout e partie du "cor.voi Léo Figuères" t 2) •
Puis suivit la l bération des "soixro:.te-nuit" le 4 juillet 1952.
Enfin quarante-d
P.G.A recouvrèrent la libert~ les 12 et 13
janvier 1953.
montré~
COllDlle lous l'avons
la ,ropasande viet rev~tit de
multiples aspects dans la période allant de 1347 à mai 1954. A-t-elle
été efficace ou a-t-elle constituée un danger poter.tiel mais sans effets
r~els su:- le moral et l'état d'esprit des tirailleurs Africains?
Comment ces derniers ont-ils réagi face aux "démarches" des rebelles
vietnamiens envers eux ? Enfin et qLestion fondamentale, quel est le bilan:
de l'Action psychologique viet à l'endroit des troupes Africaines avant
i
la chute de Di-ea1-B1en-Phu ?
'"
Répondre à ces questions nous permettra de situer la propagande
Vietminh dans sa véritable dimension dans le cadre du séjour indochinoiS
des tirailleurs $énégalais.
(1) Le chiffre e~ct est de 673 P.G.A libérés par le V.M. ~e 1945 au cess€
le-feu en julJ-llet 54. Dans notre analyse, nous n'avons mentionné que
les "libératlons" de masse. Pour la co~~odité de la rédaction, nous
avons jugé que nous ne pouvions pas citer tous les écrAnges de P.G.A
et de viet qui se limitaient à 2 ou 3 éléments des deux c8tés.
Généralement ces petites. libérations, se faisaient aux avants Postes
1
français.
(2' Léo F1guère~ est un journaliste de "1 'hu:nanit~" qui a fait un voyage
très contro"ersé au Vietnam. Présenté comme l'envoyé "de l'Assemblée
Nationale ?rançaise" et "~d Résistant", son voya58 fut exploité
à des fins de propagande. Son nom fut donné h des convois de P. G.
du fait de sa "démarche humanita.1.re".
• .. 1•.•

1
171/
4) L'Action PsycAAloAgue Vietmipb à l' en4Jjoij dt. Atl;j.pip' :
QUl11, efficacité ?
Le premier aspect de la question sera conaacré aux r~actioas
des tirailleurs face à la propagande viet.
Ces réactions ont pri. t trois formes t ignorance du phénomène, le
"mauvais e.prit" de quelques ex-P.G.A. et le cas de. Dd4.erteurs".
1) La ptopapnde net iporée.
De nombreux tirailleurs pendant toute la dur~e de leur
séjour en Indochine n'ont jamais été au contact de la propagande
ennemie. Ils n'ont jamais ramassé de tracts, encore moins ~en avoir
lu ; ils n'ont j&~ais ~té prisorJÛers des Viets et n'ont pas déserté
non plus.
Ceux-là, la majori~~ n'a jamais eu connaissance d'une quelconque
,
action du Vietminh à ~endroit ..
. (1).
Cette igporance de la propagande V.M. par les troupes
sénegalaises illus'tre à quel point l'Action psychologique ennemie
a eu du mal à attetndre la masse des soldats arricains.
A cette catégorie ~e soldats africains ignorant tout de l'action
viet, s'oppose le tirailleur devenu suspect depuis sa libération des
camps viets.
2) Les "suspect.".
Ce terme de suspect ne signifie nullement que le tirailleur
ex-P.G. a répondu favorablement aux avances ennemies, mais vient du
fait qu'après sa captivité on le soupçonna d'avoir contracté un "mauvais
esprit".
{ 1J C'est ce que nous ont: confi:rlluS les 9 tirailleurs rencontrés en
Cete d'Ivoire et au Sénégal en 1985. Ils n'ont aucun souvenir
d'une quelconque propagande pour la simple raison qu'ils n'en
n'ont jamais entendu parler pendant leur séjour gui était de
24 mois.
. •• 1 •••

172/
qUQ
~ont ainsi désignés CEUX les o:ficiers du "Bureau des "AffaireE
Africaines~ (1) chargés de "suivre" les ?risonniers de auerre
Africains Libérés (P.G.A.L.) trouvaient trop "revendicatifs",
"querelleurs" depuis leur retour.
Voici le témoisnage du Capitaine Guédou des AMA au sujet de
quelques soldats A:t"ricains libérés en 1953 : "Il existe des "brebis
galeuses" dont on n'arrive pas à obtenir grand-chose; dans ce cas.
ils sont l'objet d'une surveillance un peu serrée aux fins de définir
exactement leur intériorité" (2,.
Les propos du responsable !llilitaire africain trad-_:isent une
g~ne, une préoccupation Cit:ent à l'e::::'cacité de 1.:;. propagande que les
ex-P.G. ont reçu. Cepencant , ces "aus pe ct s" co.nme il conviE'~'!; c.e les
désiOler, peuven t-d.Ls ~tre considérés co-n-ie ayant mordu aux s10 _Jms
viets parce qu tori r.'arrivait pas à Les faire "pa:"ler" ?
Leur attitude loin d'être -cne "pr-euve" de l'évoh~tion de leur '2:at
d'esprit peut s'expliquer de deux façons: la première est ge~t-etre
liée aux souvenirs riGo~treu.x de la capt.ivité dont ils ont été l'obje-:
et qu'ils désirent oablier.
La deuxième est liée à une certaine peur.
En effet, il faut soulisner le risque qu'encourait les ex-?G. en se
"livrant" aux officiers ch~rgés de les suivre. Le ~oindre siGne d'un
quelconque chanzement, ]ouvait attirer l'attention des se~ices de la
Sécurité Militaire (S.~.) et ce ntallait pas sans conséquences.
Que ce soit pour une raison ou pour autre, le repli sur
soi-m~me ou une activité jugée évolutive par rapport à l'état antérieur:
pouvait ~tre considéré comme une réaction très partic~liè~e du
tirailleur face à l'action de démoralisation viet. 8eulem~t elle ne
(1) Sur le Bureau des Affaires :.:ilitai=es Africaines (.:U.;;.) se re;}o)"~er
au chapitre III, deuxième partie p. ~ 31-2 3 6
(2) SHAT 10H 420 Rapport Guédou op. cit. p.....-1.
• .. 1•••
}

l
113/
concerna que quelques individus ayant séjourné
dans des campe de
prisonniers viets (1).
Enfin la troisième forme de réaction fui la dé.eriion pour
les rangs Vietminh. La d6sert1on des éléments africains du C.E.F.E.O.
se présenta sous une forme particulière.
)
Le cas des "déserteurs" africains : Aventurisme
ou prise de conscience ?
Comme dans d'autres composantes du C.E. (Français, Nord
~frica~ns, Légionnaires, Vietnaoiens) le groupe africain du C.E.
connut lui aussi des déserteurs, Certes, la désertion ne constitua
pas à 9ropre~ent parler un ?~énomène dans la mesure où elle fut faible
et n'entra!na pas de véritacles inquiétudes au niveau des responsables
~litaires français.
La désertion connut deux périodes : la pre~ière qui se situe avant
1950, coastitue la plus faible phase avec 8 déserteurs sur un total
évalué à 12 000 hommes.
Quant à la deuxième période qui se situe de 1950 au cessez-le-
feu, elle traduit ~e évolution spectaculaire (m~me si elle reste faible
dans l'ensemble), car on atteint le chiffre de 70 d~sertions.
Au total, pour l'ense~ble de la période couvrant le séjour
des tirailleurs, le 10 Bureau de l'EJlIFT donne un chiffre global de
78 déserteurs sur environ 20 000 hommes l2).
l1) En rdalité 673 P.G.A. sur environ 20 000 soldats africains ont
été faits prisonniers et libér~s. Quant au nombre des d4c4d's en
captivité, aucune précision sur leur sort.
Ils font certainement partie des 279 disparus africains de la
guerre d'Indochine. Cf. à ce sujet le dossier SHAT lOB 314 F.T.E.O.
Les~changes de prisonniers 1954" : Tableau des pri"sonniers et
disparus des F.T.E.O. 1954.
l2) SHAT lOB 511 EMIPT, 10 Bureau, tableau Pertes-Blessés d'serteurs,
12 novembre 1954.
...../ ...

1
174/
1
tableau co!!ptratix Ms c&e"rt.m •
InMA;», ('94b-19~4' (t)
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24:
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:
: : : : : : : : :
--~-------- ----- ----- ----- ----- ----- ----- ----- ----- --------
z
: : : : . : : : : :
: Total
19
70
72
120
103: 141.
9T
104:
745
,
: : :
:
(1) Source : SIiAT 10H 511 "Tableau récapitulatif des pertes blessés et
déserteurs en Indochine de 1945 au cessez-le-feu, E.M.I.F.T.
1° Bureau, 12 novembre 1954.
• •. 1•••
,
i
Il.

'1
t 7$/
Sur l' en:;;cl1luh, de la présence africaine en I:adoch1n•• les
!ervicee de' Sécurité enTegistrèrent donc un total de 78 déserteurs
eur un chiffre de 745 dêseneura (moine les l'gi.OJU16ir. . et l u Etat••
associés).
Cee données représentent en pourcentage 0, 58 ~ du nc.bre global 4ft
définitif des déserteurs de -l'Union Français.-.
Comme le montre le tableau {voir page pr&cédante} la désertiaB chez
les Africains ne constitua pa. vraiœent un problème.
Si les d'sertions africaines n'inquiétèrent pas en tant que tel le
Commandement des Forces Terrestres d'Indochine, (C.P.T.l.), on est en
droit de se demander la raison de "l'indifférence" affichée par les
responsables militaires dans leurs rapports moraux sur le comportement
des soldats Africains.
En fait, il se résumait à ceci : les dits responsables avaient acquis
la conviction q~e les ûuelques rares cas de désertion enregistrés du
cSté africain n'avaient aucune co~sonna~ce id'ologisue.
Elles furent liées à diverses causes tenant de problèmes
sociaux, ~atériels et psychologiques. Il serait difficile d'en dresser
un tableau exhaustif, c'est pourquoi, nous nous arr3terons à l'énuméra-
tion de celles qui paraissent essentielles pour saisir le "phénomène"
de la "désertion" africaine dans sa véritable dimension.
• La peur de sanctions disciplinaires :
Certains déserteurs africains quittèrent leur unité afin
d'écbapaer aux sanctions disciplinaires que devait leur infliger
leur chef de corps.
Dans ce cas pr~cist la désertion fut un vdr1table saut dans l'inconnu,
une véritable aventure. Il est à parier que ce "d~serteur" très part'1-
culier à dU Itre fait prisonnier par le Vietminh.
Pour illustrer ce genre de d'sertion, voici le t~moignage de
Mody 50.. tirailleur Sénégalais présent en Indochine : "j l..ai connu un
collègue qui était très portl sur la boisson. Son attachement à
l'éthylisme lui fait commettre plusieurs manquements graves au service
int~r1eur de la garnison malgré de nomb:peuses mises en garde du chef
du corps.
• •• 1•••

176/
Las de ce récidivisme notoire, le chef de l'unité décida
. de lui infi.lger une sanction disciplinaiN. A1BZ1t retrouTé subit..-t
ses esprits à l'annonce de la sanctioll, il fat pria de paBique et
s'enfuit Chea l'enn-.i· (1).
Parallèlement à. ce cas, il faut ci~er l'histoire de ce
tirailleur qui déserta par suite d'une crise morale liée à sem
comportement et revelée publiquement par SOIl chef d'unité : "Après
un séjour de 24 mois, un tirailleur Sénégalais ne possédait rien
comme économies, son livret d'épargne étant vide. Le jour du départ
(rapatriement), le Commandant le présenta comme un fainéant et un
mauvais exemple. En plus de ces qualités négatives qui le désignaient
comme un antimodèle, on découvrit qu'il emporlait dans ses bagages
plusieurs effets d'habillements et autres matériels de l'armée sans
autorisation. Le Commandant lui fit des reproches sévères et devant
cet affront publique, il s'enfuit" (2).
Au delà des faits évoqués ci-dessus, il serait intéressant
de s'attarder sur le cas des désertions liées aux escapades amoureuses
avec les "congay" (3) •
• Le cas des "congaYphiles".
Pendant toute la durée de la guerre en Indochine, les diverses
unités africaines eurent à faire face au problème posé par les relations
de tirailleurs africains avec les congay.
Le problème se posait dans les termes suivants :
Dans le but de lutter contre l'abstinence sexuelle et de profiter de
leurs jours de permission, de nombreux soldats nouèrent des relations
avec les congay des villes, villages ou grandes agglomérations dans
lesquelles stationnaient leurs unités.
(1) Témoigna.ge llody 50", Entretien collectif,Dakar octobre 1985.
(2) '1dam. ,.entretien Mocly Sow.
(J) Pour mieLx saisir le phénomène de la "con8&yomanie" de certains
tirailleurs et de ses conséquences, voir le chapitre In, deunèDIe
partie P. 248'-252 •
. 1• • •

171/
Ces liens aboutissaient généralement à un. a1~ua~iQD de
concubinage,. entratnant quelqueS fois des campe de lIB:riéa. La cJ:1ff1olÙ~é
surgissait du fait que c.s rapport. peman._. ~i.ra111.urIJ-oœ...,.
entra1'muent de IiombNux probl• • • dont eB pr-.1er li_, l'iBaéour1*é
!
:Lndiv1duell. du tirafllleur.
En effet, parmi ces congay, S8 trouvaient dea eapl.œme.
Vietminh faisant partie des ftBrigades d'amour- (1) à 1& solde 4a
Vietminh. La fréquentation incontrllée de ces congay pouYaient entrdnR
la mort si un gu.et-apens entre ces espionnes et des éléaents du V.M.
était organisé à l 'int ention du tirailleur l2).
A la question de ltinsécurité individuelle, s'ajouta celui
du relachement de la surveillance du Poste. Il n'était pas rare de
voir des soldats quitter leur Poste pour aller retrouver leur congay.
D'autres disparurent tout simplement avec leur congay. Pour parer
à ces 'difficultés, les autorités essayèrent de doter les différentes
unités de "congay saines" appartenant aux B.M.C. mobiles, (pour les
Postes éloignés) et fixes lpour les camps militaires). Bi cette
solution freina quelque peu la passionaria amoureuse de certains,
d'autres tirailleurs allèrent plus loin dans les relations avec
leur congay.
Plus que la satisfaction rapide d'un besoin sexuel, ces
derniers étaient en train de vivre de véritables aventures amoureuses.
Les autorités elles, dans le cadre de la marche normale du service
n 'hésitèrent pas à sévir fermement contre ces congayphiles. La peur
des sanctions disciplinaires, ljours de prison) retardement dans la
promotion etc •••. entra!nèrent des actes irréfléchis se traduisant en
(1) Cf. chapitre II,1~re partle,ftLes tentatives de l'Action psychologique
Viet ft p.I'C3.n,.
l2) Le tirailleur Koné Yacouba nous signale que son amour pour les congay
a failli lui conter cher. "En effet, surpris par des éléments Viets
chez sa congay, il ne dut la vie sauve qu'à l'intelligence de cette
dernière qui le cacha dans un panier. Elle empila ensuite des effets
d 'habillement sur lui pour le soustraire de la vue d'une tierce
personne. Il affirme qu'il était au bord de l'axphysie quapd les Vieta
s'en allèrent". Cet exemple illustre le danger des relations congay-
tirailleur lEntretien K. Yacouba mars 1985).
• •• 1 •••

178/
désertions spontanées avec 1 'ltre aimée. Ils furent à 1& base de noab"
de "désertions" de tirailleurs AfricaiDa (1).
COIII1Ile dernière cause des déserU.OJUl atriaa:i.Aes, il faut
signaler les tai ts cOIIBe les désaccorda sur 1.. questions d YaY8J1cemen"t.
les cassations de grade, les meurtre. d'officiers ou de soldats
européens ou l'idée d'une in~ustice quelqonque qui constituèrent au
mime titre que ceux évoqués plus haut, des motifs de désertion •
Bref! la désertion constitua pour les Africains une aventure
aux suites douteuses dans la mesure où, ils ignoraient ce q~ les at-
tendaient de l'autre câté. Ces rares déserteurs agirent le plus souvent
à chaud et apparurent comme des "déserteurs sans idéal" politique.
L'analyse àu phénomène de la désertion des tirailleurs
Africains revit de ce point de vue un caractère particulier. Il ne
fut pas une prise de conscience du tirailleur Africain face il la
1
propagande V.M. il se rapprocha plus de l'aventurisme gue d'une reponse
responsable aux appels lancés par l'Action psycholo(~gue V.M.
Que conclure ?
L'Action psychologique Vietminh aussi subtile qu'elle fut,
ne contitua pas de véritable danger pour le moral et l'état d ' esprit
des troupes africaines du CEPEO, malgré le changement de stratégie.
Elle fut plus intense, variée, mais l'efficacité ne suivit pas cette
di'Yersi:!ication des moyens de la propagande Vietminh à l'endroit des
Noirs. C'est à juste titre que le Bureau des "Affaires tilitaires
Africaines· note en cette période active de l'ac~ion de démoralisation
v.~. , que les "soldats africains restent de fidèles serviteurs.
La propagande adverse n'a pas de prise sur eux, de mime que les év~ne­
!
ments de l'"Union ~ran9aise" (U&roc-Tunisie) ne les intéressent en
aucun point de vue. Ils se soucient plut8t des év~nements locaux
(1 ) Il exista également en Indochine, des désertions à caractère "comi-
que·. Par exemple, des tirai.lleurs portés disparus et présumés déser-
teurs étaient "retrouvés dans une autre unité.eJl trâin de demander
leur int~gration dans la dite unité. Motif, un frère du m'me village
ou de la "ll1be région s'y trouve et il souhaiterait servir dans
l'unité .uquel ce dernier appartient.
'
Quant aux Vietnamiens partisans, certains quittaient le plus normale-
ment du DlOIlde leur unité d'attache pour aller part-iC!per à des tra-
vaux c~~1~res (d~8herbage ou récolte). Ils le faisaient sans auto-
1
risatiOn:!
emportant Iss armsa et Iss effets d 'habillemsnt. Selon
W

119/
et de leur situation matérielle" l1).
L'action psychologique constitua en réalité une tentati.e
d'agression du moral africain. Elle resta au stade de la tentative,
car elle ne sut résoudre le principal problème qui se posa à elle,
à savoir l'obstacle de la communication.
Comme ~s la première période (1947-1950) du séjour des
,
tirailleurs, les! propagandistes Viets continuèrent à utiliser le
i
français pour s'_dresser à leurs"frères africains" qui ma1trisaient
mal ou ignoraien~ cette langue.
Pouvait-il en 3tre autrement de la part du V.M., WL~s la
~esure où c'étai~ le seul moyen raisonnable de parler aux africains?
Du fait de l'ObsraCle linguistique incontournable que représentait le
français, les ap els à la désertion, à la lutte contre l'~périalisme
franco-Américain et au colonialisme français rencontrèrent peu d'écho
de la part de lee:s destinataires qui ne comprenaient pas, ou appré-
caient Dtal ce qu' on leur demandait.
Quant aux "déserteurs· et P.G. qu'il eut sous sa "protection",
il ne put les tranformer en nationalistes actifs, détestant la guerre
et profondément anticolonialistes. Là encore comme partout ailleurs,
les difficultés linguistiques et le manque de psychologie V.M.
constituèrent des barri~res au succès de la propagande.
De ce qui précède, noua disons que l'action du "Dioh-Van"
prit réellement pour cible, les éléments dits é..olués ou intelleotuels
du groupe Africain. Leur faiblesse quantitative et les difficultés
••• 1Ir. Yves CYan&c lAssociation Anciens Combattants de l'Union Française)!
Ils gardaient les armes pour chasser du gibier. Ils reprenaient
tr&llUillement la vie familiale. Quelle ne fut pas la surprise de la
gendarmerie :de découvrir le "déserteur" assis tranquillement au
milieu de sa famille. Ces exemples illustrent la complexit~ du
phénom~nede la désertion et il faut exclure l'idée que le déserteur
passait systématiquement chez les Viets.
( 1) SHAT 10H420EMIFT 10 Bureau Affaires Africaines Rapports Moraux de
BASE 1952/1 ~5). Rapport annuel sur le Moral des AfricaiJ18 page 2.
Par le capitaine Guédou, cher du Bureau Central des Affaires
Africaines de l'EJttP!, SaIgon, le 13 Janvier 195).-
.../ ...

fBel
de contact amoÙldrirent encore l'action du V.iJ. C'est ~ Jlurte titre
que le responsable de" Affaires Africaine. note à propos 4ea intell.o-
tuels Africa1na et de leur réaction ceci z"Le prepagand.e ne'UltDll
nta jusqu'ici aucuDe prise sur les sujets é'9'olué•• X. tn:aa ,ph'
aui n. comporte aV 2 ! cl! lettrés n. plut s'intéresser &!II • • • •$1
monAlag. Les seules nouvelles qui reticment leur attention semt c.l1. .
que le courrier leur apporte et qui ecncezne uniquement la n. 8001ale
et 'conomique de leur paya d'origine" (1).
Le cas des intellectuels africains m'rite une attention
particulière dans la mesure où quelques uns ont s~journ~ dans les camps
de dllt ention Viets:. Leur contact avec le V.M. et leur retour parmi
leurs collègues étaient-ils sans danger ? Au cas où ils auraient
assimilé quelques cours d'~ducation politique, cela ne ferait-il pas
tlche d'huile P8-~ les autres tirailleurs ?
Et puis, il ne fa:.:.t pas oublier ceux qui sont revenus des camps et dont
les officiers de la Sécurité Militaire n'arrivaient pas à situer
"nettement" leur état d'esprit.
Toutes ces inconnues avaient de quoi susciter quelques
inquiétudes légitimes chez les responsables militaires s'occupant
du moral des soldats africains. C'est pourquoi, un train de mesures
fut mis en place à partir de la mi-1952 pour parer à toute éventualité,
quant à la saine protection du moral africain. Ainsi, ~gré les appa-
rences et le faible écho que suscitaient la propagande Viet à l'endroit
des Africains, les Autorités restèrent vigilantes.
Cette attitude loin d'ttre une simple parade, constitua un
excellent outil quant au maintien du bon moral des tirailleurs Sénégalais.
Ainai, à la veille de la Bataille de Dien-Biln-Phu, la propagande Viet
restait un danger sans plus. C'est en fonction de cette relative
inefficacité que les Viets vont utiliser d'un~ manière intense et pres-
(1) SHAT lOB 420 EMIFT (10 Bureau AMA Rapports Moraux de Base 1951
Extraits du Rapport sur le Moral des Africains p. 1. 1951 •
•• •1 •..

~'--,
181/
qu'inhuMaine,les prisonniers de guerre africaine que leur offrira
l'ultime Bataille du c0Dfl1.t iadoch1noi. {l'.
1lai8, aYant d'aborde la PNpe.gande Vin daDa _
tfti.a1. .,
phase, int're.sons-nous à l'ensemble des probl'" JlJ7Cho1osiq.llU qtâ
constituèrent é&al_eut des éléaent. de fiuctuattoll 4. l'litat cl'espr.l't
de. ftrailleure Sénliga1a1s.
Ils apparurent au m"e titzoe que la propagande cOfDIIle d.. que8tiOlUt
capables d'entra!ner des d~rapage. dans la coh'ston du C.B.
A la cl1ff4rence de l'action psychologique et d'autres
problèmes, ces questions et plus particulièrement les rapports humain~
furent des dangers concrets ayant menacé
de manière constante l'homo-
généité du C.E.
1
N'ent été la vigilance et la ferme détermination des autorités
et des sous-officiers ayant la pratique des troupes coloniales, les
risques encourues par le C.E. eussent été plus grands.
Quel fut en réalité l'obstacle que représenta pour le moral
des tirailleurs, les relations en dents de scie avec certaines compo-
santes des troupes françaises d'Extrtme-Orient ?
Dans quelle mesure peut-on considérer ces questions psychologiques
comme des éléments essentiels du comportement des militaires africains
durant le-..u:o séj our en Ertrlme-Orient ?
Enfin quelles furent les réactions et attitudes de part et d'autre?
L'é*ude de ces questions est d'un intérlt certain, dans
la mesure où il nous permet d'élucider un aspect important du séjour
des tirailleurs Sénégalais dans la période 1950-1952.
(1) Il s'agit bien entendu de la célèbre Bataille de Dien-Bi3n-Phu :
Cf. à ce suJet le chapitre l,Troisième partie p. 302-309•
•.. 1•.•

1 Bl/
B) La guestion ijSlcholo&19!' ft l'attit,d. de- tirailleUèl
de troupe &41.9'1'e.
La particularité des effectifs a1"ricaine l
l'1.ntérl.ur ft
C.E. et la grande hétérogénéité (1) de celui-ci ne pouvaient qu'en-
tra1ner des iDcident~ plus ou moin8 graves de cohabitation. La première
manifestation de ces relations interaciales surTint entre des officiera
Européens commandant les troupes noires et des hommes de troupe
africains.
Le problème se posait en termes simples : D'un eSté, des
officiers manquant d'instruction militaire et de psychologie adéquate
au commandement de soldats Africains ; pis, ces lacunes étai,ent aggravées 1
de susceptibilités raciales et ethiiques vis-à-vis de soldats coloniaux
qu'ils étaient censés dirigés.
De l'autre, se trouvaient des tirailleurs lo,aux et fidèles,
appliquant strictement les consignes données par leurs chefs, mais qui
se rebiffaient dès que le commandant tournait au mépris, aux comportements·
à tendance raciste et à l'autoritarisme.
'\\
De plus, leurs propres susceptibilités aggravaient encore plus les
conséquences de ces relations en dents de scie.
En fait quelle.s ont été les causes direct.s de ces relatiom
mouv_entées entre soldats d'une mime armée ?
Bous distinguons! trois : Le manque de psychologie et ses manifestations
brutale., l'autoritarisme, et les comportements à tendance racisie.
(1) Le CEFEO ne ~ompta1t pas moins de dix "nationalités" appartenant à
l'Union Franoaise, aux Etats-Associés, aux colonies du pacifique,
et enclaves que 1& France possédait sur la surface du Globe.
Il s'agit de. originaires de l'AOP (Sénégal, Guinée, Soudan, cSte
d'Ivoire, Mauritanie, Haute-Volta, Biger. le DBhome7) de l'AEP
(Centrafrique, Cameroun, Gabon, Congo-Brazzaville, Tchad). des
flEtats Associés (Vi etnUI , Laos, Cambodge) du Nord de l'Urique
(Maroo, 2u:n1èie, Algéri.). Il ne faut pa8 oubli.r ceux d. Madagascar,
des Antilles, de Bouvelle-Caléclonie et d.s enclaves de Pondiché1'7
en Incle.
. .•1•.•

183/
o. La ..éconnaissance
de la psychologie africaine et ses
manifestations brutales.
Pourquoi des ofnciers Européens accuèrent d. br11talzitcS. à l'endroit
de leurs tirailleurs, alors qu'on leur demandait seulement d. ài.rigft
des soldats ?
S'il est diffic11e de répondre à cette question, il faut souligner
que cette attit,de antimilitaire fut une réalité pendant la guerre
d'Indochine.
A titre d'illustration, voici la relation d'un cas type tel
qu'il est prése~té dans le rapport officiel du Bureau des "Affaires
Militaires Africaines (AMA) de l'E~UFT.
"Le 26 avril 195 1, le tirailleur Djamé Mamadou Lamine se rend au
village Vietna.n:.1en de Beube sur un bicycle, et rencontre chemin faisant,
le sergent Fixaris et les caporaux-chefs Falaise et Perrin àe la Jè
compagnie.
Après les avoir salué en les dépassant, il reçoit l'ordre
de s'arrater ; les trois gradés lui demandant pourquoi n'a-t-il pas
denuL~dé l'ordre de les dépasser ! ••• C••• ).
A peine voulait-il s'expliquer que les trois sous-officiers
commencèrent à le rouer de ooups malgré le pardon qu'il implorait.
Devant une telle situation, le tirailleur fut obligé de se défendre.
Des tirailleurs qui passaient par là vinrent lui porter Secours, ce
qui eut pour conséquence de t:œnsibrmer la "correction" en bagarre
générale entre tirailleurs et officiers Européens" (1).
Il appara!t à la lumière des faits que les trois grad's aYaient fait
preuve d'autoritarisme en décidant de frapper leur subordonné pour des
motifs obscurs. Le geste lui n'appartenait pas au commandement à usage'
militaire.
(1) SF~T 10H 420 ~/EMIFT 26 avril 1951 "Affaire Djémé Mamadou".
Rapport du sous-lieutenant Famory Bamba Williers du B.~.T.S. nO 27
au sujet des évènements survenus dans la période du 21 avril au
1er mai 1951. La scène s'est déroulée à la 3è compagnie du B.M.T.S.
nO 27 occu?ant le point d'appui Nord du Poste de Dong-Anh et de
Kim-A1lïi.
.../ ...

·184/
S'il est vrai que point de vue militaire, l'obéissance au
supérieur e~ l'éxécution des ordres donnés apparaissent co. . . 188
s~boles de l' autorité et de la cl1sc1pllne mlitaire, à auCUIL aOlMJl\\
la philosophie ,Ùi soustend l'organisation de cette h:l.é~.;.......
à assimiler à la brutalité.
Notre idée est que le comport.ent de ces officiers doit
sa raison d'atre à des sentiments personnels qui nous sont inC0mw.81
et sans doute inspir~s par leur caractère propre. Il frise tout de
mame une certaine idée de l'honme de couleur.
Notre opinion est confirmée par d'autrœ attitudes brutales
qui n'étaient que l'illustration d'une méconnaissance absolue de la
psychologie africaine, et d'une attitude pat~rnaliste.
En effet, des officiers Européens face à des fautes et des
manquements à l'ordre ou à la discipline militaire, ne trouvèrent de
méthodes "efficaces" que celles des sanctions corporelles, au lieu
d'utiliser l'arsenal représsif que leur accordait la discipline militaire
Cette attitude brutale et méprisante fut mal vue des Africains
qui en étaient les victimes. Il entra1na. une véritable dépression
morale et c'est à juste titre que l'officier Africain chargé des
Affaires Africaines stigmatisa ces comportements indignes d'off1~iers.
C'est ainsi qu'il note 1 "Certains gradés Européens faisant preuve
d'une méconnaissance absolue de la psychologie et de la mentalité
africaine accusent de brutalités vis-à-vis des Africains et en contra-
d:k:tion avec le règlement et ~' discipline. Les sanctiops corporelles
publiques donnent lieu à une interprètation d'infériorité raciale
vis-à-vis du Vietnem1 en. du Nord- Africain ou de l'Européen. Ces
comportements scandeleux entr'Zpent des incidents av'c morts d'homm's
puisqu'ils déclenchent des réactions imprévisibles" (1).
(1) SHAT lOB 420 AMA/EMIFT Fiche sur la dépression morale et l'état
d'esprit des Militaires Africains de la C.e.D. à 1& Jè compagnie
coloniale de Salgon-Chelon.

1
/
1
.../ ..·.

1. 851
Il est de notoriété que les cbltiments corporels sont
l'apanage a.it certaines maisons de redressement à morale séTère,
ou de parents soucieux de donner \\me éducatian oorreote à leva
enfants. Cependant. dans le cadre d'un COJI!I2\\nd_8I1t militaire aussi
délicat que celui des troupes noires. il va s ' a di.re que ces officiera
manquaient de bon sens et allaiènt à contre-courant de ce que les
autorités attendaient d'eux.
En fait,ce paternalisme bon enfant trouve ses origines
dans les préjugés longtemps véhiculés au sujet des "Nègres" et
encore en vigueur à cette époque. Ils peuvent se résumer à ceci s
Le Nègre est un If grand enfant indolent et un peu paresseux qui se
"réveille" et marche droit avec quelques coups de chicotte. Ces
théories dont les manifestations tinrent une large place à l'époque des
"travaux forcés" dans le cadre colonial, trouvèrent en la personne
de certains officiers confondant autorité et brutalité des continua-
t eurs zélés.
N'était-ce pas un grave danger pour la cohésion du CEFEO que de telles
pratiques se répètent ?
Parallèlement à ces pratiques peu recommandables, certains
officiers. prisonniers sans doute de leur culture et ignorant
complètement la psychologie de leurs subordonnés, commirent des
maladresses encore Plus graves.
C'est ainsi que le 24 juin 1952. le commandant de la 3è compagnie
du Bataillon colonial de Sdgon-Cholon. "décida" de"reporter" la date
de la n'le du Ramadan que les musul.m8ns Africains du CEFEO devraient
célébrer à l'issue d'un mois de j ebe (1).
."
que
Ce que l'officier oubliait. c'est/la célébration de cette flte autre
que le jour de la fin du mois lunaire, terme du mois de jeOne ne
Autant cette mesure paraissait simple et "normale" aux yeux du
( 1) SBAT 10H 420 Fiche sur la dépression morale des Mill taires Africains
à la C.C .D. 3~ cie du Bataillon colonial de Sdgon-Cholon op.
cit. P. 2.
• .. 1•.•

18'1
COlllID8Ildant. autant elle était inconœvable. voire injurieuse aux yeux
du lIlusu1ma:rÏ.
Cette bdvue pose le problèœe de la connaissance de lapeychologie des
subordonnés qu'on est censé dirigsr. Ce fut malheureuaement une lacune
dont les Autorités firent le constat à plusieurs reprises.
Ces attitudes brutales ne turent pas les seules manifestatioll8
de cet état de choses. Les comportements à tendance raciste entra!nèrent
également d'autres inciclents plus ou moins graves.
La première illustration des dits comportements vint de
l'apparition dans le langage de certains officiers de vocables
.
et
désobligeants,/peu recommandés dans l'exercice.de leurs fonctions.
Ce sont les expressions du genre "sale nègre" et des comparaisons
du genre "vous 3tes des singes, àe vrais gorilles" ou enfin "je préfere
l'Annamite au nègre ••• " ou encore "Bougnouls" etc •••
Ce langage aux allusions racistes évidentes, blessa l'amour
propre de bon nombre de tirailleurs qui en firent part aux officiers
Africains lors de leurs visites au sein des unit&s. Selon ces Africains,
cette façon d'agir traduisait l'dtat d'esprit du chet, sur la pr~tendue
inf~riorité du Noir par rapport aux autres composantes du CEPEO.
C'est en fait le problème du préju3ê de race qui apparaissait ainsi
à la faveur de faits anodins. C'est en observat6ur averti que le
Colonel Baudoux mit en garde les futurs officiers commandants de troupes
indigènes contre ce danger en ces termes : "Le p~jugé de race est
PQAticulièrement nuisible à la cohésion des troupes d'Outre-Mer.
Ces troupes sont en effet constituées d'hommes d'origines très diverses,
très variées qui s'intègrent dans un milieu nouveau pour eux. Elles
tirent leur physionnomie originale de la diversitd des races qui s'y
rencontrent .. Europêens, Africains, Malgaches, Comoriens, Pol;yn~siens,
Réunionais. Antillais y sont réunis sous des r~g1es communes. Ils
partagent des conditions semblables d'existence et ils sont soumis
aux mimes devoirs.
. .•1...

t87/
A.utlsi convient-il que chaque Dlembre de cet ensemble
s'applique à conna1tre et à juger le plus exactelltent possible
le caractère et la mentalillê de ceux ù'origi.nea si différent. . .
qui l'entourent, qu'ils soient ses chefB, BeB camarad.. ou s. .
subordonnés" (1).
Cette mise en garde permet au Colonel Baudouz de brosser
un rapide portrait de l'officier. Selon lui, "la personnalit~ du
Commandant de 1 'l:Ulit& doit s'imposer aux cadres et à la troupe. Pour
y réussir, il faut que le chef soit animé de l'esprit de justice
suivant lequel il traitera tous ces hommes sans distinction que celle
due à leurs m~ritès personnels" (2).
Ces remarques ô combien importantes pour l'exercice de
l'autoritë militaire ne furent sans doute d'aucun int~r't pour
quelques gradés Européens. Ainsi, parallèlement aux expressions
reflètant des sentiments racistes, ils se rendirent coupables de
comportements m~prisants à l'égard de leurs coll~gues officiers noirs.
Deux faits significatifs illustrent notre propos.
En premier lieu,il s'agit de l'incident qui opposa un officier
Africain à des coll~gues Europ~en••
En effet, suite à des incidents interaciaux entre Européens
et Africains, un officier Africain fut commis aux fins d'enqulte et
pour cela, tenta d'interroger les trois grad's à l'origine des 'meutes.
Voici l'accueil qu'il reçut: " ••• Voulant interroger les trois gradés
Europ~ens pour savoir de quoi il en revient, je me suis vu ~conduit
avec une insolence et un ~que de d~fêrence absolue" ().
(1) Colonel Baudoux, le ?r~jugé de race, conférence prononcée le 21
novembre 19bO, Section de Documentation Militaire de l'Union Française
(SMLUF). L'auteur était alors Directeur du Centre Militaire de
Documentation sur l'Outre-Mer (C.M.I.D.O.M.).
(2) Ibidem. p. 14.
0) Rapport du Lieutenant Famory Baluba Williers BMTS no.27 avril 1951
op. cit. p. 1.
• •. 1. • •

188/
En refUsant de se prlter pour les besoins de l'enqulte aux
sollicitations de l'Officier Africain, les trois gradés contestaient
de ce fait la h1• ...-d:da 1li1itaire. Le Sous-Lieutenant fut-ce t-il
Africain est le supérieur des Sergents et Caporaux-Chefs. Bien que
st1bordonn's à lui du point de vue du règlement militaire, ils se sentent
supérieure. •• r
Le deuxième incident oPposB"également un Officier Africain
responsable des AMA à un gradé Euràpéen. Voici les faits tels qu'ils
sont relatés dans le rapport officiel 1 "un tirailleur venu présenter
des doléances au Li eut enant Moussa, son supérieur hiérarchique ~:ro1lVa
cel~ absent.
Voul~t donc exposer ses doléances à l'Officier responsable qui se
trouvait là, il fut interrompu brutalement par le Lieutenant Virenot
qui n'était ni le chef de section, ni le Commandant de compagnie du
tirailleur" (1).
Rappelé à l'ordre par l'Officier des AMA son supérieur hié-
rarchique - car étant Capitaine, il se rendit coupable constate le
rapport, d'un "manquement grave d'un Lieutenant à un Capitaine par
le refus de reconna!tre les galons d'un Capitaine noir et par des
insultes basses".
L'analyse de ces divers incidents révèle un mame problème :
le grade de l'Officier noir est remis en cause à chaque fois. Ces
attitudes ne sont-elles pas l'expression d'un problème plus profond
à savoir, la valeur du grade de l'Officier Africain par rapport à
celui du mame rang (ou moins) de ses collègues Européens? (2).
Si une distinction nette exLstait dans les tertes reglé-
mentant le processus d'avancement des soldats autochtones et de leurs
collègues Européens (délais d'avancement plus longs), cela tient à
deux raisons essentielles qui sont d'ordre intellectuelle et psycholo-
gique.
SHAT 10H 420 Dossier.
"
(1)
Affaires Africaines Rapports Moraux de base
1952 compte-rendu du Capitaine Guédou chargé des Affaires Africaines
à l'EMIFT à M:r. le Général de Brigade, chef de l'EMIFT en Indochine,
Sa!gon le 19 juillet 1952, p.2.
(2) PoPr mieux apprécier la question de l'avancement, se reporter au
chapitre III, deuxième partie, p.26B
et suivante'_
••• 1 •.•

18!J/
S'agissant du fait intellectuel. les responsables des affaires
administratives des ETATS-MAJOR. ontto~oura soutenu que les soldats
indigènes souffr~ent d'un handicap sérieux. à savoir oelui de la
langue; ce fait détermine leur comportement daJ:ls l'instruction milita:;.re
et l'adaptation aux armes el!ilt plus "lente". Cet analphabétisme limiw
les possibilités d'avancement, dès lors qu'on ex:l.ge . . niveau
Lntecllectuel un peu élevé.
En plus de cet handicap qui confinait pratiquement les
soldats indigènes à rester longtemps hommes de troupe, il faut
souligner que le contexte de la colonisation.·et c'est là l'aspect
psychologique de la q1..estion-interdisait des conditions égales d'avan-
cement pour tous.
C'ent été une antynomie par rapport à l'organisation sociale basée
sur les différences.
C'est pourq~oi/les Autorités créerent des conditions
d'avancement spéciales pour les militaires autochtones du fait des
problèmes évoqués plus haut (1).
Ceci était valable dans le cas des hommes de troupe et des subalternes.
Mais. en ce qui concerne les gradés supérieurs. tous les certificats
et brevets étaient exigés ainsi que les conditions d'ancienneté.
Au
vu de ces conditions, pouvait-on remettre en cause comme l'ont
fait ces Sous-Officiers. les galons de Capitaine d'un officier fusse
t-il noir ?
Il Y avait là à notre avis plus que la contestation de la
valeur des Officiers noirs. une attitude qui n'avait rien de militaire
et procédait d'un sentiment personnel, proche du raoisme.
L'ensemble des problèmes énumérés plus haut pose à son
tour la question de l'aptitude des officiers Européens au commandeaent'
des troupes noires.
Cette question fut négligée, et constitua une des préoccupations
constantes du Haut-commandement français.
(1) Tableau relatif à l'Avancement des Militaires Européens p. 269.·
.../ ...

198/
Dans une note adressée au Haut-commandement, un Officier
français, Parlant de la valeur des cadres a.e la troupe europ-'enne
du 29è BMfS écr1~ 1 " ••• C'est aiDai que sur 22 officiera atfect~.
à mon unit'. je possède un Adjudant de l'arme blindée qui a conquis
tous ses grades comme chauffeur d'un Général et dont la seule aptitude
réelle est de conduire une V.L •••
,
••• Un Sergent musicien qui n'a jamais fait un seul jour
d'instruction militaire et à qui il faut apprendre l'ABC du soldat •
••• Un Sergent-chef de l'Intendance dont l'emploi le plus
militaire a été gérant d'annexe des subsistances à !N-EALAH (Sahara)
et qui n'est qu'un garde'-magasin ;
••• Deux Sergents qui ont ~tté l'Armée active COnL1e Caporaux-
chefs il y a 10 ans,et qui ont reçu comme prime d'en~Be~ent pour
l'Extr~me-Orient, leur galon de Sergent ••• (1).
En guise de conclusion, il note que ces "cadres constituent
une charge lourde et ne représentent seulement que des chiffres qui
permettent au 1° Bureau d'affirmer que les effectifs des unites sont
suffisants" (2).
Quant au Colonel Commandant la zone de HaIphong, il révèle la surprise
dont il a été l'objet au cours d'une tournée d'inspection: " ••• Dans
un point sensible particulièrement important, je n'ai pu obtenir de
réponse à cette question simple : "combien d'heures par jour un homme
pre~il en moyenne la gCVLde" ? Je m'adressais à un Sergent-chef
français, présenté par "l'officier chet du point sensible comme un très
bon sous-officier••• " (3).
(1) SHAT 10H 420 Commandement des F.T.N.V. EMA/3° Bureau opérations zone
de Ha!phong. Rapport du Capitaine Bonnafos Commandant le BMTS no.
29
à Mr. le Colonel CO!llIDandant la zone de Ha!phong au ~ et de la valeur
des cadres de la troupe européenne 20 septembre 1953.
(2) E~V zone de Rdphong lettre du Colonel REMO Commandent la zone de
Ha!phong à Mr. le Général Commandant les FTNV
le 16 octobre 1953.
(3)
Rapport Bonnafos-, déjà cité.
:"
•••1••.
r:

191/
Ces constats locaux quant à la valeur de certains gradés
Européens retinrent l'attention des Autorités militaires qui s'en
firent ltécho dans des rapports officiels.
C'est ainsi que le Général Salan le fit nettement remarquer au
Secrétariat d'Etat à la guerre en ces termes : " Le problème de la
médiocrité. POur ne pas dire de la nullité des hommes de troupe
provenant du recruteœent œétropolitain n'est pas nouveau. mais il
devient de plus en plus aigu. Il est indispensable g.u 'un contrôle
et une sélection sévère soient opérés en France avant tout engagement
ou rensagement •••
• •• Les corps reçoivent trop d'alcooliques, de tarés, d'individus
condamnés ou mal notés, incapables de s'~dapter à la vie civile et de
trouver une situation. Ils n'ont pas leur place dans l'arnée ou leur •••
est déplorable •••
• •• La faiblesse du niveau intellectuel (jusqu'à 75 5; è'illetréé:;
dans certaines unités) interdit de trouver parmi les engagés français,
à quelques heureuses exception près, les éléments capables de faire des
spéciàlistes ou des petits gradés" (1).
Venant d'un des principaux responsables de la guerre en
Indochine, il va s'en dire que la valeur de nombreux cadres européens
constitua une des préoccupations de l'EMA, responsable des
op4rations
en Indochine.
Ainsi, il appara!t que beaucoup de gradés ou de petits gradés ayant
la conduite de certaines formations accusaient d'abord de graves
lacunes du point de vue instruction militaire générale, à plus forte
raison de celle spécifique aux troupes noires. De ce fait, la majorité
des cadres appelés à diriger des militaires noirs ignoraient tout de
la géographie, de l'histoire, des us et coutumes de leurs subordonnés.
Le grave danger qui en dêcoulait fut que des maladresses furent commises
inconsciemment du fait des lacunes citées plus haut.
(1) SHAT 10H 349 Rapport sur le Moral, 10 semestre 1952 P.~-~
Note du Général Salan Commandant en chef, à Monsieur le Secrétaire
d'Etat à la guerre (Section Information et Mora~, SaIgon, le 31
juillet 1952.
• •• 1•••

'92/
Une
solution s'offrait cependant aux Officiers et sous·
Officiers.Europ'ens pour pallier ces faibleBses de l'instruction
et de la m'connaissance des élém~ Sénégalais. C'était tme meill.eure
utilisation du sous-Officier Africain, l'adjoint au gradé Europ4.8D
dans la direction d'une fonnation africaine: malheureusement, bOIL nombre
de gradés Européens soit par incompétence ou par préjugé négli~rent
cette soütion.
En réalit~ quel rale jauait le sous· officier Africain?
Ces adjoints au Comnandant Européen "sont placés sous les ordres
directs des chefs de corps qu'ils renseignent sur le moral des Africains.
Ces Officiers sont seuls capables de toucher la réalité malgré le
brouillard dont la troupe noire se plait à couvrir ses intentions" (1).
De p~us, le sous-officier Africain est prJsenté co:nme un
bon auxiliaire pour le Commandant, en tout ce qui concerne les
questions Africaines, car il est au courant de tout indice susceptible
d'influencer l'~tat d'esprit et le moral des militaires Africains.
Enfin,le grad~ Africain appara!t comme -l'agent de rensei-
gnement de cette autorité (le chef de bataillon) pour tout ce qui peut
affecter le bon moral et l'état d'esprit des Africains de son bataillon
mais, il l'est aussi pour les eommandants de compagnie. La mise en
valeur dans le domaine disciplina pour certains éléments fait partie
de ses attributions. Dans les compagnies Africaines, les Adjudants de
compagnie remplissent les m8mes raIes. La bonne utilisation de ces
gradés africains dans ce sens engage leur responsabilit'" (2).
Ce rale 8 combien important du gradé africain fut incompris
de la part de certains Officiers Européens qui le rel~guèrent au rang
de "transmetteur d'ordres".
(1) SHAT 10R 420 AMA/EMIFT Rapport sur le Moral Africain du Capitaine
Guédou, chargé des Affaires Africaines des F.T.E.O.,
Sa!gon le 2 janvier 1951.
(2)
Ibidem.
. -Fiche sur la dépression morale et l'état d'esprit
des militaires Africains de la C.C.B. (3 0 compagnie du B.C.S.C.)
Capitaine Guédou chargé des AJa à l' EMIFT, Sa!gon, le 26 juin 1952
p ....
.../ ...

t9~1
Ainsi des mesures déplacées et inopportunes furent prises SW1S
consul.ter le gradé Africain. De plu. la vision que des gradés Européens
eurent du sous-officier Africain, fit perdre à celui-ci son autorité
et _eu un relaèhement d. la dieo1plJ.ne.
L'ensemble. facteurs ci-dessus énumérés c'est-à-dire.
l'autoritarisme, la négligence du rlle de l'adjoint Africain et la
méconnaissance des moeurs africaines s'ils constituèrent des exemples
très dangereux pour le mora! et la cohésion des troupes Africaines ne
représentèrent pas le cas général. Bien plus, ces maladresses furent
tempérées par la présence de nombreux gradés Européens sachant "tenir"
les Africains.
Ces officiers dont il est question appartiennent à l'Infan-
terie des Troupes Coloniales (I.T.C.) anciennement dénomnée "Troupes
de Marines".
Ce corps de l'Armée dé terre était composée. de militaires destinés
à servir dans les territoires d'Outre-Mer. Ils y faisaient toute
leur carrière et constituaient le plus souvent l'encadrement européen
des militaires indigènes qu'ils avaient sous leurs ordres.
Ces troupes étaient stationnées en divers endroits de
"l'lmpire" et contribuaient à assurer le maintien de l'ordre dans les
points chauds à la faveur des troubles qui s'y manifestaient (1).
C'est dans ce cadre que des Officiers de la Coloniale eurent sous leurs
ordres de nombreux soldats d'Outre-Mer et particulièrement des Tirailleurs
Sénégalais que ce soit au Levant, en Afrique du Nord, en Afrique Noire
ou à Tananarive.
Cette expérience pratique des militaires Africains due à un long séjour
en Afrique permit de compenser les lacunes analysées plus haut.
(1) A propos des Troupes Coloniales. Cf. Colonel BorgniB Desbordes,
Histoire et Boo• • des Troupes Coloniales, Paris, 1956 •
.••1..•

194'/
L'excellent cOIlport_ent d. C•• of'ficiera n'échap,. pee à
l'oeil vigilant du Bureau d. . -Affaires Militair. . U'rica1llea-. q\\Û
80uligna l'1Dfluace heureu.' ae oe. gradée qui OODtribu~' DOD
8eul_ai à "ma1nteD1r \\Dle at.aphère 8QOei.D.e au seiD de leun UIli t ....
œa1a,
bien plu, poussait les hoaa•• à donner le .eilleur d' .ux-.
"
.....
,
C'est pourquoi le respan_ble de. "Ufaire8 A.frica1nes- c1ane 80n
rapport consécutif à Ulla inspection de8 uDi:téa africaille. soul1gae que
"le moral est en tout point de vue excellent. Ce résultat est obt81lu
grlce à une vigilante reprise en main du Capitaine fion qui a permis
de rétablir un climat moral exceptionnel. L'entente entre le. cadree
Européens et Africain. est complète grlce à l'action personnelle du
Cap:l.taine Fion, Africain par la connai.,sance très poussée de la PSycho-
10.;1e des troupes Noires" (1).
lt4v-ocati~ 4e
l'expérience de ces "officiers Africains"
et du bel état d'esprit àe leurs troupes ne fut pas isolé~t car il
existait un cas semblable au 32° B.M.T.S. : "Je (Capitaine Guédou),
suis satisfait de cette organisation si bien menée par le Capitaine
D:l:9'erree, ~ommandant le Bataillon et son adjoint le Capitaine Colonna.
Je ne saurais comment exprimer tous mes remerciements à ces officiers
qui connaissent de longue date l'esprit du tirailleur pour lui apporter
mime parfois dans des circonstances difficiles, la joie et le confort"(2}.
Cette influence heureuse des officiers aguérris au contact
des troupes noires ne doit pas occulter les graves incidents qui eurent
lieu, suite aux maladresses évoquées précédeœment.
En effet. malgré son esprit frustre, son manque d'instruction.
le soldat Africain saisissait parfaitement le sens de certaines attitudes
vexatoires qui croyait-il,n'étaient "réservées" qu'aux -Noirs".
Etant très susceptible d~s qu'il comprenait le genre de sent1ment
(1) SHAT 10H 420 Dossier "Affaires Africaines~, Rapport du Lieutenant
Guédou chargé des "Affaires Africaines- des F.T.E.O. au sujet de la
tournée d'inspection des unités Africaines des F.T.N.V. du 12 au 13
AoUt 1951. Il s'agit du B.M.T.5. N° 27.
(2)
Ibiâem~
Rapport Guédou sur le moral du B.M.T.5. nO 32 &Ont 1951.
.• . 1...

'951
qu'on nourrisait à son égard, il se rebiffait et réas1ssait parfe1.
avec &8.,ez 4e violence. Ba flÛt quell.e a été l'attitude ft tirailleur
face à ce flU'il considérait quelflue foi. à tori ou à raiSOIl C~ du
dénations contraire. à l'esprit du COM.Dd_8Ilt et à la di8cip11a.
militaire?
• L'attitude du tirailleur.
La réaction du tirlÛlleur fac. aux. maladresse. d•• off'1cica
manquant de
tact daDs le c:om.ndement de. troupe. inti"e. fut
différent. selon les cas et 1. . circonstaDc,•• Nous n'étudierons io1
que les cu type••
- La réaction passive.
Il s'agissait en réalité d'une saine appréciation de la
natUre des rapports entre soldats et gradés Européens. Ce réalisme
traduisait un double sentiment, l'un fataliste et l'autre en rappori
avec l'anxiété.
5 'agissant du premier, il concerne des tirailleurs qui ne
"réagissaient" pas ; il tire son sens du fait que certaina militaires
étaient bien au fait non seulement de la hiérarchie militaire, mais
étaient également convaincus de la "victoire f1nale du blanc en toute
chose".
Selon eux, il "était inutile de rouspéter aux écarts du chef car quoi
que vous fassiez, le tori était touJours de votre caté" (1).
Pour ces tirailleurs, cette attitude prenait toute sa valeur dans le
cadre militaire où les ordres et l.e comportement du chef' ne se discu-
tlÛent pa••
En effet, la Société Coloniale que le tirailleur avait connu
~U8que là ne lui avait enseign' que 1& supériorité du ma!tre blanc.
Il est ainsi fait allusion à 1& conqulte co1.oniale, aux excès qu'elle a
instauré avec le sy.,tème des prestations, du 'travail forcé-, du rég1me
abusif du système de l'indigénat et de l'imp3t (2).
(1) Entretien Wallé Kalé elt tirailleur (Dakar octobre 1985).
(2) Pour mémoire, le "traTlÛl forcé" et le système de l'indigénat (la
quallt'Od'indigène) ont été aboUs par 1& -loi Boupbouet-BoigDJ"" sur
le travail forcé, et la constitution trançUse de 1946 qui "élevait-
les indigène. des colonie. du l'an, de "citoyens français-. Pour une
meilleure approche du phénomène cf. Ben' Anouma,'
t d
t t
le s stème des
restation., et des co
ées
c t
1910
t1D1.ver.,ité de Provence, PAC de lettres doctorat )0 o:.lole,
;973'voY-uœe 1.
• •• 7.·.

1961
Les nombreux excès commis dans ce cadre laissèrent dans l'esprit du
Noir l'iDl8~ d'un blanc dominateur, "cruel", toujours vainqueur
grlce aux moyens de répression dont il dis posai t •
C'est fort de ce. sentiment que certains tirailleurs adoptèrent une
attitude fataliste en d4cidant de ne pas se "rebeller" contre le
blanc, représenté ici par le chef miliiaire.
Ainsi cette attitude exista en partie en raison de l'association de
l'~ge de l'homme blanc dominateur et du chef militaire.
Quant au deuxième sentiment, c'étalt la peur légitime de voir la
carrière militaire compromise par des punitions fréquentes et de
mauvaises notes; cette perception de l'avenir professionelamenait
certains à ttre prudents dans leurs rapports avec les responsables
militaires. Il faut souligner que si certains tirailleurs ~taient
habités
par la fatalité, d'autres ne se firent pas les adeptes d'une
telle passivité, car ils réagirent brutale~ent a~~ ~aladreases de leurs
chefs ~uropéens, entra!nant quelque fois ~orts d'hommes.
- Les réactions violentes.
Nous entendons par réactions violentes, des incidents ayant
'if
déclenché
des "réponses" inattendues de la part de certains tiraille\\œs.
Ici, il est important de souligner que les responsabilités sont partag~es,:
car la susceptibilité évidente de certains militaires Africains
aggrava la situatiOJL.
Témoin l'incident qui entra!na la mort d'un sous-officier Européen;
le tirailleur reprocha à son chef d'ttre un "adepte" de l'autoritarisme,
des punitions abusives, des réprimandes h~liantes et des caprices.
C'est ainsi qu'il profita d'une "nième caprice" de son chef pour se
débarrasser de lui au cours d'une patrouille, en lui tirant une rafale
mortelle de son arme.
Expliquant son geste, il afrirma qu'il "a pris les devants, car il
craignait pour sa propre vie. Il m'a fait beaucoup de mal et je l'a1
tué pour l'empêcher d'en faire aŒLautres" (1).
(,) SHAT , OH 420 Rapport du Bureau des A.LA au suj et de "l'affaire"
Lieutenant de Montbrun et le Canozd er- ~ba :!a.ra 2° 3atterie du
G.A.C./A.O.P. 10 janvier 1954.
• .•1...

1971
Cette rtfaction violente qui traduit des rapports ten4ua entre le.
deux hOlllDle•. fut une des réponses qu'entra!nère&lt oerta1D.~ lU1 a.dr8eaea.
Toujours dans le Dl"e ordre d'1d'••, U
fa. c1t•• le . . _
cee
tirailleurs dont 'la susceptibU1té lIIUlquê. et l'1n61ae1,une eutft!nàeiD
des réactiona violentes, dont les victimes furent 4'boaalt•• eout........ '
d'unités noires.
C'est par exemple le cas du t ira1l1eur BBao Bilma qui tt.t
montre. d'une indiscipline peu ordinaire, en retuaant de prenÙ'e SOJl
poste de garde en s'y dérobant à l'aide de maladies imaginaires. Présenté
comme un élément réfractaire, il se vengea sauvagement en tuant
successivement, le responsable du Poste/le Lieutenant Gautier et cinq
Africains, dont le cher de groupe qu'il croyait de "connivence ff avec
les_ancs qui le "persécutaient" (1).
Dans cette "affaire EiIma", la respol'l.se.bilité du drame incombe au
. tirailleur qui a agi avec une mauvaise foi évidente, ce qui illustre
clairement que les responsabilit~s<dans le d~clenchement de tels
incidents sont partagées.
Dans le m~me ordre d'idées, nous citerons le cas du Caporal
infirmier Africain qui fut puni de huit j ours de prison par le médecin
chef pour "négligence dans son servIce ~t rel~vé de son emploi". Il refusa
la sanction, et pour toute réponse,üua deux Adjudants·chefs Européens,
dont celui qui avait établi le billet d'écrou (2).
En résumé, les relations entre officiers Européens des unités
africaines et soldats Africains ne furent pas toujours au beau fixe.
Cependant, il convient de relativiser les incidents survenus entre ces
soldats d'une rn.he ~. ; en aucune façon, ils ne doivent pas ttre
pr~sent's comme le cas général, quotidien, qui ent~etint ~e atmosphère
tendue et explosive entre Africains et Européens.
(1) SHAT 10H 420 "Affaire Bamo Bilma" Enqutte du Capitaine Drabo chargé
des Affaires Africaines des F.T.N.V. à la suite du me~re du sous-
Lieutenant Gautier et da quatre soldats Africains, A.M.A/E.M.I.F.!.,
24 mars 1 954.
(2)
Ibidem.
A.M.A./B.G.P. Synthèse sur le marsl êes unités et
S-.r.108 ayant des Africains dans leurs effectifs, 31° B.M.T.S., P••,
1° semestre 1953.
• •• 1•••

J
fal·
Ils constituèrent à notre sens, l'expression des 18cun.. p87cholog:1qu.
~connais~ce des moeurs erlricain_~'qu1 manqua à .la formation des
officiers Européens métropoUtains C. . .ancbmt POll%" 1& ~ fG1a
tIea trOll"":~
,
Tout le problème résidait dans lm sa'RBt 'quil1b3"e d.8 o1"ftœe;rw:
iss3S des troupes coloniales 818Dt la pratique de. 1ndiciDc8 et ceux
de la Métropole qui ignoraient t out de l' A.tr1eabl. JIaia ce dosage
tant nécessaire ne fut pas possible pour d.8 raiSOJ1Jf diTeW".
Si les relations entre Européens encadreurs des unité. africain•• ,
et des soldats Africains furent entachées d'incidents localisés et
circonstanciels, il faut évoquer également ?elles des Africains entre
eux-mbes qui n'exprimaient pas toujours toute la cordialité voulue
par les Autorités.
b) Les relations entre Africains (A.O.F./A.E.F.)
En réalité les relatio~s entre soldats Africains ne furent
pas de la mime nature que celles décrites précédemment.
Elles consistèrent en certaines occasions à "bouder" le supérieur
(le gradé Africain) qui n'était pas orie;:i.nfp.re de chez soi et dont
on ne comprenait pas la lanb~e.
Dans ce cas précis, l'attitude relevait plus d'un sentiment culturel
que d'une animosité raciale. Les difficultés appal~ent à la fois entre
des originaires de m!me région {A.O.F./A.O.P"
ou {A.E.F./A.E.F.' ou
de régions différentes exemple les ensembles politiques régionaux
(A.O.P. et A.E.F., •
• A.O.F./A.E.F.
Dans les effectifs africains du C.E.P.E.O. il faut distinguer
les militai"res venant des deux groupes de colonies composant la totalité
des territoirea f~f81a d'Af'ri_qu••
••• 1•••

19-91
L-·A.O.F. constitue la première de ce. deux granùa Pé4i4ratiem..
à cause de sa superficie 4 439 000 ka2 et de sa popllatioa eetiaé. à
17 404 400 la88 (1). Quant l l'Urique Centrale (.A..E.P.) eU. De coapt.
que quatre colon1.e. pour une superficie de 2 510 000 ka2. Ce scat cn
deux grands enaembles qui vont fournir la totalit' des. éléJHnta
Africains statioDl1és en ErlrllM-Orien:t. Les équipes 4. recrut.-ent
avaient une préférence marquée pour le8 éléments J.fr:Loai"s dits
"guerriers-, héritiers des qualités guerrières de leure ancltres
conquérant s. Il s'agit pour l ' A.O.F., des Bambara (origi.naires du
Soudan Franf&18) et des Mossi, Lobi, Bobo (Haute-Volta).
Quant à l'A.E.F., ces équipes pensaient ~videmment aux Sara.,
originaires du Tchad.
Le problème qui se posa est que les éléments africains
. fourniE:sant l'essentiel de l'Armée s'ignoraient, car il n'existait
pas de relations intercoloniales très développées. Ce manque de
contacts humains fut la source de certains malaises, car l'handicap
de la communication et les préjugés furent plus forts lue les qualités
réelles des sous-officiers Africains.
Au premier plan de ces préjugés, se trouve un sentiment de sup~riorité
qui habitait certains tirailleurs de l'A.O.F., et particulièrement
ceux originaires de la colonie .e cate d'Ivoire. Pourquoi un tel
sentiment ? Selon l'ex-tirailleur K. Yacouba, "Les Aofiens étaient
fiers et se croyaient supérieurs aux AUieu".
Toujours selon cet ancien militaire, "A l'époque de la guerre d'Indocldne,
l'Instruction et l'intelligence se trouvaient de nStre eSté. Chaque
foiS qu'un Officier Européen
posait des questions, l'Officier Aoj!en
était plus "prompta à répondre que Bon collègue orie;i.nai.re de l'A.E.F.
Nous ëtions plus "civilisêsa qu'eux". (2).
ll) Estimation de la population totale de l'A.O.F. fournie par le Bureau
de Statistique de l'A.O.F. Cf. A.N.S. Fonds A.O.F., 2G5J-b ltome 1
et 2) Rapports sur l'Enseigo.ement en A.O.F. 1953. Les pays appartenant
à l'A.O.F étaient : le êénégal~la MaU21tanie, le Soudan Français,
(actuel Mali). la Haute-Volta, (actuel Burkina-Faso), le Niger, la
C8te d'Ivoire. la Guinée Française, et le Dahom~y (actuel Bénin).
La capitale de cet ensemble était Dakar. Quant à l'A.E.F., i l compre-
nait le Gabon, le Congo, l'Oubangui-Chari (actuel Centrafrique) et
le Tchad. La capitale était Brazzaville.
(2) Entretien KOl1é Yacouba Kan 1 ~~.
• •• 1•.•

'2tJ81
Le problème évoqué est celui du niveau intellectuel de.
gradée AeüC18 que les soldats gradée ou nOD de l'A.O.F. jugeaient
"baII-.
A ce premier aapec1 de la ,ue8tioa, il faut aj outer un qui eet d'ordre
41sci.pl1 nai r e . Selon des tirailleurtl Africains, les Officiers Européaa
"pré:r4rai.ent" certaines catégories de militai.1"es Afi'1.cains (exemple
Sara, LobiJ pour leur "S8118 élevé" de la tisc1pline.
En effet, il semble que ces éléments africains exécutaient
sans rouspéter "tout" ce qu'on leur demandait de raire, s'attirant
ainsi les 'onnes graces des gradés ~opéens. Généralement, cette
faiblesse pour les "disciplinés" était matérialisée par la présence
des noms des dits soldats sur les tableaux des propositions d'avancement,
et ce,aux dépens des éléments "indisciplinës", "querelleurs" et
"revendicatifs" •
Ainsi, la promotion de ces soldats n'était pes li~e à leur condition
Lntellectuelle, mais bien plus à leurs qualités militaires et à la
"bonne impression" que le chef avait d'eux {1 J-
Ces considérations ne furent pas du gont àe certains militaires qui
s'étaient rocalisés sur le critère intellectuel •
• A.O.F/A.E.F.
S'agissant des relations pas toujours cordiales entre
originaires d'une m3me région, nous citerons le cas des VoltaIques et
des Ivoiriens.
Les ID8sl et les Lob1 de la Haute-Volta, étaient reconnus dans les
milieux militaires Africains comme des soldats de grande valeur, et
de surcrolt très courageuz. Tout comme les Sara, ils bénéfic:1a1ent
du facteur discipline évoqué plus haut.
~8i en dépit de ces qualités militaires et disciplinaires/certains de
leurs détracteurs . .ttaient en doute leur valeur du fait de leur faiblesse
intellectuelle.
S'agiaaant de l'attitude de quel_uea soldats Ivoiriens envers des gradés
VoltaIques, il faut souligner que cet état d'esprit trouve son explica-
tion dans la vision qui avait cours à l'époque sur l'immigré Voltalque.
(1) Entretien Koné Yacouba Man c8te d'Ivoire, juillet 1985 •
••• 1...

21t/
En eftet. chaque année de. 1mII1poé. Voltalques partaient ...en 1&
Basse-Cate·{Cate d'Ivoire) pour traTa111e~ daaa le. ~. et petite.
explo1tat1011.S d. . coloaa et grands 1Üanteurs 1.ooau (1). ~ situa'ti,.
cle aa1D-d'oeuvre agrioole atra!Da la lIA1. . . .oe 4 ' . ft. . d ' . _ : t
(il s'agit de la sup'r1or1t') d'tayorab1.e à ce. t%'&vai11l111'J'8 ~a~. .
yeus proposer leur force ds traTa11 au riches plant.ure cle 1... Baa....
Cats. De ce fait, le soldat IToin_ partut ea Illclool:Wle resta
pr1somu.er de cet état d' esprit qui le poussa _
r.ett:re ... que.ti_
l'autorité d'un Mossi ou d'UD Lobi,malgré .e8 qu.ll:t.CU.rriez....
Du c&té de l'Afrique Centrale, il arrivait qu'un Aofia
"boude" le gradé Sara ou un autre parce qu'appartenant à lm. tribu
,
,
ennemie hertditaire de la sienne.
~oUB ces comport ament s et attitudes ne furent que le syabole de
préjugés ayant leurs racines dans la perception du frè:re Africain.
Il est intéressant de souligner que C8S remises en question de
l ' autorité du gradé africain, ne turent pas le lot quotidien des
militaires Africa1Ds, mais elle. constituèrent en des occasion.
précises, des raisons justitiant lme bs1.s.e de moral dans certaines
UDités africaines. Sans déboucher véritablement sur des incidents
graTes. ces comportement furent suivis par les Autont's ra11itaires
qui conseillèrent des "regroupements régionaux" atin d'éviter des
incidents et oe en vue de rapprocher encore plus ces diftérents
éléments a!'ricains venus pour 1.e .ba combat, mais qui demeuraient
prisonniers de leur culture et de leur société respective.
Si le Baut-commandement n'eut pas à se préoccuper de JIUIJl1èra permanente
de ce problème intera.f'ricain, plus inquiétant fut cel.1d. qui opposa
de. Vietnamiens appartenant à l'~ée française aux tirailleurs
Sénéplais.
Mai. là encore, les Autorité. II1litaires ma!trisèrent parts1.taent
la situation.
(1) Sur 'le phénomène de l' iDaigration Vol talque , cf. la modeste
Contribution de Yao-Bi-GDagoran, C
t
b t
n à
'
.t i a c l
e
d. la Haute-Volta (1919-1941), Jlémoire de
tris. , t1Il1yereité
i
Pari. l Panthéon Sorbonne, Institut d'histoire de. RelatiollS
Internatioœles CI.R.R.I.C.), 1984,
104p_
•••1•••

20Z/
Les Vi~tnud.eJl8 dQUt 11 eR queniOJl èIaDa ce cJIap1tn
sont les "Commandos Pa1"'tisaD8·. Ce sont de. ·sol.dat.- noa riguliera
que l ' ArmtSe française utilisa en Indochine pour 8uppléer aux e1'feO't:lfa
insuffisants des recrues vietnam1.eune. et d. . eftectifs français. Leu»
profil les rapprochait plus de "Mercenaire.- que de soldats de m'tiu.
rla1s qui fut en réalité le partisan ?
Les Partisans étaient présentés comme les lIauxiliaires des Postes
militaires dans les districts fronta11ers. Ils avaient un rale de
surveillance qui leur faisait parfois disperser par la force des bandes
organis&es de pillards.
Ils comcouraïent en outre, à la défense locale, grIce à leur connaissance
du pap et à leur mobilité. Ils Jtaient (;Loi~is par les Autorités
indigènes (chefs de village ou de canton) parmi les habitants les plus
avisés, énergiques et vigoureux. L'autorité militaire confiait à chacun
d'eux ~ fusil et des cartouches et leur allouait une solde quand ils
prenaient part à des opérations" (1).
La situation des Partisans telle quelle est pr~sentée, les
fait ·ressembler à des auxiliaires indispensables à l'Armée française
dans la guérilla menée contre le V.M. 6es soldats "occasionnels" étaient
plus attentifs aax problèmes de solde qg~la discipline. Et ce libertinage
dans la discipline entrdna de fréquents et graves incidents avec dès
troupes de "l'Union Française"dont les SénégalaiS.
~~s il est bon de distinguer les incidents ayant un caractère
psychosocial et ceux présentant quelque allure politique.
S'agissant 4. premier cas, il fut relatif à des problèmes de femmes
opposant ces deux éléments de l'Armée française. C'est ainsi que dans le
secteur de BAC NINH (Phulong Thong) o~ stationnait le BMTS no.26, les
Commandos partisanS interdirent l'accès du village de MY-DO aux
tirailleurs parce qu'ilS couchaient avec leurs femmes (2).
( 1 J SHAT 10H 280
Propagande V.U. Aotivi.t 'S V.M. Document du Haut-
Commissariat ae France pour l'Indochine 1948-1950.
l2J L'absence de B.M.C. peut expliquer l'attitude des tirailleurs. C'est
en tout cas l'hypothèse que retient le Capitaine Kéita des F.T.N.V./
A.lt.A. cr. rapport Capitaine Kéita au sujet des événements survenus
dans le secteur de BAC-NINR, 25 mars 1952, SHAT 10R 420•
••• 1•••

263/
La réaction des Commandos :fut vive, car tous les tirailleurs qui se
rendaient pour une raison quelconque au village de MY-DO étaient
pris à parti, battus et blessés. En un seul mois (mars 19521/11 n'T
eut pas moins de cinq incidents.
Le Soœœnln de ces incidents allait atre atteint le 22 mars 1952,
quand une fusillade éclata entre Commandos partisans et Africains.
L'engagement fut tellement s~rieux de part et d'autre, qu'on utilisa
des armes automatiques et des grenades. Le bilan fut lourd : un
tirailleur Africain tué, une vingtaine d'Africains et une dizaine de
Commandos blessés.
Pour éviter de nouveaux débordements, les Autorités militaires
firent transférer le Comwando dans une autre zone et ~uter ceux des
tirailleurs qui s'étaient fait re~ar~uer lors des incièents.
L'évolution des relations conflictuelles existant entre ces deux
camps prit l'allure d'une hostilité vouée aux IToirs. ?our ne pas
laisser dépérir le oora1 des unités africaines concernées, le Lieutenant
Ketty Amara lui-m~me victimeJ des événements, mit les Autorit~s en
garde contre le grave dar.ger qu'il y aurait à laisser faire ces
Commandos. C'est pourquoi il écrit dans son rapport : "les conséquences
finales de ces menées pouvant 8tre catstrophiques si elles sont continuées
par les Vietnamiens, j'ai l'honneur de demanèer votre énergique et urgente
intervention pour arr@ter ces faits antinoirs, et éviter ainsi une
catastrophe future, avant qu'il ne soit trop tard pour l'intér1t et la
bonne renom.oée du Bataillon" (11.
La mise€en
garde de l'officier Africain ne resta par lettre morte, car
les Autorités réagirent avec rapidité.
Au-delà du diff~rend qui commença par une histoire banale de femme,
faut-il y 1"oir un. connotation politique- ~oIDDle le pensa1ent
certains tirailleurs ?
Selon les tirailleurs ayant pris part aux événements, "cette
animosité subite n'était pas due au hasard, car ils (les Commandos)
étaient poussés par leurs chefs contre les Noirs".
Ainsi la thèse des Commandos était battue en brèche et on penchait plus
pour la provocation planifiée.
(11 SHAT 10H 420 A.M.A./E.M.I.F.T. Rapport du Lieutenant Ketty .Amara à
Ur. le Commandant chef du B.M.T.8. no.2é au sujet des incident.
aurvenus entre tirailleurs At'ricains et Commandos Partisans B.:1.T.S
no.2b C.C.B. 22 mars 1952.
• •• 1•••

20Al
Cette thèse n'~ta1t pas dénuée de tout fondement, car les agissement a
du rebelle. ~er r4pondant au nom de PU'.rH-CHAY (1' l'accréà1taient
li cerla1n8 égarc:la.
SeJ.on le. Officiera des .1•••.1. (2', 1.1 .~t • 1 'origiJ1" _
la àla.1_
que comudssait les troupea de "l'UD1on Français.· et plua part1eul.:Ùt-
rement les Boira au Cambodge. Selon le. responsables ~caiDa. il
avait donné l'ordre à ses partisans dê~sé8 en cyclopousse d'assassiner
le8 "esclaves" de la France que sont les Boirs (,3).
Ce qui para!t certain, c'est que cette hostilité était concentré. dans
la région Ddl.i taire du Cambodge. Les Cambodgiens auraient-ils assimi.lé
les Noirs à l'action politique et militaire des Français en Indochine,
ou ces incidents furent simplement le reflet d'un sentiment racial ?
Difficile de répondre à cet~e question, car les incidents ne furent
pas légion et limitent de ce fait l'appréciation réelle de la question.
La question des relations humaines à l'intérieur du C.E.?E.O. comme
nous venons de le voir, entra1na des inquiétudes occasio~~elles sans
pour autant ùf~boucher sur une riritable crd.se du moral a!'ricain a
L'action des gradJs :uropéens, co~~aisseurs des troupes Africaines
y fut pour quelque chose.
2) Les "Mxstérieurx Oublis" de la Press!.
Cette mauwaise humeur des troupes Africaines concerna surtout
l~élite intellectuelle du groupe africain du C.E. qui souffrait des
oublis inexplicables et des inexactitudes de la presse locale, quant
aux combats auxquels le tirailleur avait participé si fièrement.
(1) PUTH-CHAY était un chef de guerre rebelle luttant contre la monarchie
cambodgienne et partant contre la présence française. C'est ce qui
explique son hostilité aux troupes de l'Union Française à laquelle
appartiennent les Sénégalais qu'il traite "d'esclaves" des Français.
Ce chef rebelle appartenait à la tribu des Kmer Issarak.
(2) C'est la thèse du Capitaine Kéita chargé des A.~.A./F.T.N.V. dans
son rapport au Général Commandant le. F.T.N.V. au sujet des incidents
entre Africains du B.~.T.S. no.26 et les Commandos partisans F.T.N.V. 1
Cabinet 25 mars 1952.
(3) SHAT 10R 420 Compte-rendu d'information de la visite effectuée au
20/60 R.I.C. par le respon~ble chargé des A.M.A à l'E.M.l.F.T. au
sujet des évênements survenus au Cambodge du 15 au 17 juillet 1953.
Par le Capitaine Soglo chef du Bureau Central des A.M.A. Sdgon
lé 29 ~ uillet 1953.
. •. 1•.•

Le sentiment de frustration ainsi ressenti par les lettrés africains,
est illustré par le Capitaine Kéita des ·Affaires Africaines" qui
décrit une de ce. iDexa.ctitudu en ces termes : "Aueun ptCriodique,
voire Ill'" le seu1 quotidien "1 'Bli1IIU·, ne parle pa. des faits de
guerre aflo1cai.ns ; pour rendre compt., je cite le numéro 2361 du
16 novembre 1952 de "l'ENTENTE" qui fait pager un bataillon rletnaaden
à la place du bataillon africain COBDe ayant reçu le premier chee de
lfattaque V.JI. dans la nuit du 13 au 14 nov_br. 1952. Il s'agit en
l'occurrence du B.M.T.S. no.28.
L'erreur a été grotesque aux yeux de ceux qui dtaient sur les lieU%
et le bataillon vietnamien n'en est pas pour autant fier" (1).
Ces reportages fantaisistes ou pleins d'inexactitudes sur les faits de
guerre africains
firent fluctuer négativement le moral des quelques
rares lettrés Africains. Bien qu'ils furent limités dallS le telfip:3,
CeS incidents plus ou moins isolés finirent par "convaincre" quelques
tirailleurs que ces "oublis" n'étaie~t pas dus au hasard. mais
procédaient d'une politique viSant à cacher leur pr~sence en Indochine.
En raisonnant ainsi, ces tirailleurs faisaient allusion aux faits de
guerre des Vietnamiens ou des Nord-Africains qui étaient plus relat~s
que ceux des Africains~ Selon eux, cette attitude de la presse militaire
locale s'explique par "l'attitude de ces races envers la France dans
leur pays" l2).
Le journal visé par les critiques africaines ~tait "Caravelle"
le mensuel d'information du C.E.F.E.O. En plus de la négligence des
reportages sur les faits de guerre africains, les soldats Africains
lui reprochaient de véhiculer une image inexacte de l'Afrique. Le danger
moral que pouvait entra!ner ces oublis ou reportages inexacte amena
le chef du Bureau Central des ·Affaires Africaines" à l'E.M.I.F.T.
(1) SHAT 10H 420 A.M.A./E.M.I.'.T. Dossier Rapports moraux de Base
1952/1953. Rapport du Capitaine Kéita des A.M.A. IP.T.N.V. au
sujet des griefs des tirailleurs contre la presse.
l2) Ibidem Fiche du Capitaine Guédou chef du Bureau Central des A.~.A.
à l'1ntenttion de Ur. le Gt!rant, responsable de "Caravelle" au
sujet de l'et"fet psycholosique de "Caravelle" sur les combattants
Africains serVant en Indochine Saigon le 6 janvier 1951 •
•..1•••


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CON T e
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LEGENDE DE MASSA,
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Si YOU' !I(ri"e:z: un Jour'; 80und'"li. \\l (~nd ",II~<;e'c
8amwra litué dlln~ lei 'co n tf ll i o r11 cl;; fouI" DJIIl:o".:·~
!Iprèl (Il biére Ir!lditiOrHlelle Que '''Oul off r jrd "olr!l,~t~'
de o,r'lllaoe. notre vieux Oriol Dlemoufou, viendra "O\\ll-7
souh<'liler III blen"enuo. Il se decolllero d'un mouvement'.
lVblime, se prollerner!l de"llnl "OUl !lVilnt de lorli, d~ lo:'lf,
pech" de son boubou, une Çluilere il une corde, Il YO\\J1 :r.
roconte.o "Ion celle leoende qu'il raconle li 10Ul lel ,:.•- ·
. Mrangerl. en s'oc:eompagnent de 1" <.;uilere, (cIl 10 le. ?
gende dt: Ma SS!l, M" na don t 1Cl m"nCl sont au lourdï.v; ';..~
les Qén;el-proleclcul"l do notre vlll"oc
.. Un \\lrand dl!lble Jadl. eppe1è Brill .,I!lit
reur de Boundl!lli . Il ""!I ii J" I"nlo d'un Mbre d!l
scl yeux !l''oienl 1" rouÇleur du f!lu. son cri de cole" . ~',
d~~I..,1I d"nl 10 tonocllé le rugll>emen~ d' une p"nlhè~:::~~
en lùrle, el 14 "irluoille .,I(li/ lelfe "u g ourdin . li I!I ~Q4~ "
~ I~ .,,,che Qu'II .. baHall OY!I'" que Je ne "Oui le di\\(:; •
"lnQI de l'lOI br!l "ll1 guerrier,. Toutel
I~s e"pedHioru;..~~
Que "01 or..,nds perilS orO/lni.èrllnl contee lui eurent lQV-:o~, •
, jel le m!me rélullat : le mtllJoacre d'un y (a nd nombre d~i1
, l'lOI v/lleureux comwlianll. 1/1' poursu,:", dei lurvl";,,nh '
IU'Qu'evx ('Oriel de noIre vll!"oe el le renforcement de~:'
1(1
loi. Lo loi de B(i~1 élo;r inhum"inc. IIne loi de dillble ..,,' "
qui hum,looil tout oolre villllge , Il f"I1~;~ cn Ioule o<ca~·:,···
~Ion relcr ...er ~ 8rili le Cœur rie loufe b'j1e qu'OIl 'IUll il, :;
ce Qui .e reèll",)it Cn 10 Jetant (lUX ChCt~;)9n<lrdl' -
' Y<lu";~'i'j
t()U~ - et en diS!lnl « leofe vënè~ oh ! 8riz i ~ , Et quand:'::, · .
u~ lmn,rlldcnl \\0 ~llHd/lil ~c Conjcm:r.:-r le ~Geur d'une);U; M;~
bel.."
1 on enlend",! un rvg»lem..-n: IvLJrQ QU' s~ proJon. /'"
oell;t chnl nOI monl"gncs. rUÇJislcm..,,,: ,;n;\\j'e Qui !oi14i1';'..-:
Iremble' ·,os C/lses, 001 llrbres ",: .:\\ulSilÔI l'lOI llncler.l .: ...~
accoura;,..nl "DPorler au diable pour ou'i1 lui lerva de ,~' ,
fCP<lS. l'homme Qui avait lté!nsgfcl;e ,J iQi.
' .
fA ",il"'':) .
' -'"'"':;!' .'"""":"'" . '
éS
as.a

Le "Coin de l'Africain u
fut mal ressentie par les tirailleurs
soldats africains du C.E.
.
. d' l
lecteurs du mensuel "Carave],.le".
sénégalals f~ e es

à écrire au responsable du journal pour lui signi~~r les e~et8
n'gatifs dé 'son ;journal : selon lui fi... Alora que les chef. de
bataillon des unit4s africaines cO!lDllencent à obteJÛ.r l'iAth"ti.cU.OIl
de la prEf.entation de. films traitant de l'Africain nu ... de l ' Atrique
sauvage par suite de leur effet néfaste sur le moral. TOUS ne parler
de l'Afrique que pour la ridiculiser et des AfricaiDs que pour 1••
blesser dans leur amour propre.
Si vous vous en douter, rapporter-vous à votre "Caravelle" no.)68,
revoyer la photo des bananas et re1i.ser les commentaires qui font
une comparaison r~voltante entre l'Afrique toute entière et SaIgon" (1).
Un des derniers griefs qui confo~tait les tirailleurs
criant à la discrimination fut la disparition de la page réservée
aux tiraille'.trs et .i.:J.;;i.t·.t:!.'~'::J. li;. "':OnT DE L'AFRICATIl". Cett.p. page
donnait des info~nat1ons de nature culturelle sur l'A.D.P. et l'A.E.F.
La disparition inexpliquée de cette "pa6e ~~r:caine" alors que
subsistait celle des autres catégories du C.:., fut ressentie co~e une
"offense".
?our couroIUler cette série de "bavures" des services de presse, il
faut évoquer celle du service cinématographique des Armées en Extr8me-
Orient qui diffusait des filns très a.ppréciés des Africains. Seulement,
il lui arriva pour des raiso~s incoIUlues,de décevoir les Africains
du reste très sensibles à la v~e ùa leur ~age sur l'écran de projection. 1
Or lors de la projection du film du défilé du 14 juillet 1951 auquel
ils avaient partici~. les Africains furent ~tOlUlés de "se voir oublier
sur l'écran, alors que lu.
s' rvice cinémato avd pris soin de représenter
les riord..Africains etlc\\rietnamiens ; seuls les Sénégalais ont été oubliés" .
(2). Ils furent mécontents de cette "bavure", car ils adoraient se voir
à l'écran.
Ces incidents aussi minimes soie~t-ils. choquèrent profon-
d~me~t le moral des militaires du groupe africain qui stint~ressaient
aux actualités. Si les oublis de la presse ~e linitèrent à une catégorie
d'Africains, les diffic:ùtés liées à la"vie en Poste" ntépargn~rent
(1) SUT 10H 420 F'iche Capitaine Guédou à Gérant "Caravelle" op. cit.
p.
t ~2.
(2) Ibidem.
~ompte rendu du. Lieutenant Guédou chef des A.M.A./F.T.EO
au suj et de son inspection à la eompagn1e Coloniale de larnison de
Hano! (C.C. G,.tH.) et de la Compagnie du ~uartier Général (C.Q. G)
du 3 au 4 aout 1951 Hano! le 6 avril 1951.
.
.../ ...

288,1
nous
pereonne;la vie en Poste, comme le montrerons dans les lignes qui
suivent, &.'té la caus& de défaillances morales et psychologique.
de noabreuz m1litaires du C.E. F.R.O. dont de. tirailleU2'8 SéaépJ.a1a.
La vie dans cee ttm1n1 o..,_m&s" quadrillant le. pointa 8'bat'81~
du dispositif miUtaire :trança1s en Indochine, fu.t dans c.ri~ "Ji
lm riritable "poison moral- agissant sur le psychi._ da n08lbreux
militaires et surclassant de loin, d'autres éléments considérés c~ des
facteurs de dépérissement du moral.
En fait que représentait le Poste dans la vie du tirailleur en IndochiDe
et dans quelle mesure a-t-il agi sur son état d'esprit ?
3) La vie en'Toste" ou l'usure morale.
Le Poste en Indochine est selon l'Etat-Major du )0 Bureau
des ?T.S.V., "un ouvrage destiné à ab~ter une garnison qui puisse
vivre, se défendre contre les entreprises des rebelles et remplir,
à l'extérieur, les missions les plus diverses" (1).
Cette présentation du Poste se résume en fait à une double image
dé~ssant la réalité de cet ouvrage à usage militaire. C'est à la
fois une place forte habitable et une base de départ pour des actions
ponctuelles.
Conçue pour faire pièce au V.M., l'activité du Poste visa essentiellement
comme le note Lucien Bodard, "à pacifier les immenses territoires où
se concentraient la population, le riz, l'argent, la vie~tout en
recherchant l'axphysie de l'adversaire par le contrele des principaux
axes de communication" (2).
L'extension et le développement du système des "Postes", fut l'oeuvre
du Général Pierre Boyer De Latour qui opta pour la mul.tiplication
systématique des Post.s en Cochinchine à partir de 1948.
(1) Extrait de "LE POSTE", fa.scicule destiné aux chefs de Poste en
Indochine. Par le Capitaine Réveillon de l'Etat-Major du 30 Bureau
des F.T.S.V.,p. 5,1953.
(2) Lucien Bodard, "La guerre des Postes" "1947-1950" p.S3 in Historia
Hors Série no.24
"liotre"7-uerre d 'Indocbine" Tome 11
"le Piège' 1972.
1
•.•1•••

2tl"
Les Autorités militaires assignèrent deux objectifs essentiels et
prioritaires"au Poste.:
- Une missiQA statique comportant la défense proprenen.t
dite du Poste lui-mime ;
- et une mission dYPfmigue comportant deux aspects dont le
premier est d'ordre tactique et le second d'ordre politique ;
S'agissant de la mission statique, elle consistait à créer
des conditions de vie et une atmosphère favorables à la défense du
point stratégique que co~stitua1t le Poste.
C'est cela qu'évoque le Général Y. Gras quand il écrit: "la garnîsan
menait une vie rude cans l'inconfort et l'isolement, dans la monotonie
des travaux et des ~ardes.
Chaque jour semblable aux précédents, ra~er-ait les mêmes taches ingrates
corvées d' ent retier..s, améLd or-a't Lon des caserne:nents, désherbage, remise
en ~tat des d~fenses etc ••• " (1).
En un cot, il s'agissait d'~~ train quotidien n'ayant pour but que de
maintenir, d'améliorer et ce tenir en haleine le dynamisme des militaires
y vivant.
Quant à la mission tactique (entendez militaire), elle avait pour
obj ectif de consolider la ~réslO;::ce :n1U taire et dans la mesure du
possible, de l'étendre par le biais d'actions ponctuelles, quotid1e!~es,
to~:es d'intér3t militaire co~~e les "ouvertures de route", les ?a*ouilles
ou les opérations de pol~ce locale destinées à garder les réflexes lors
d'une éven-tuelle attaque V.LI.
Ces activités du Poste se déroulaient comme suit : "Lorsque le soir
tombait, le Poste se refermait sur lui-mtme dari ère son enceinte.
Tandis q~e les guetteurs veillaient sur les tours, des patrouilles
sortaient pour sonder la nuit, poster des sonnettes ou tendre des
embuscades.
Parfois des rafales et des exploSiODS, jetaient tout le monde aux
créneaux. Il ne s'agissait, la plupart du temps, que d'un harcèlement,
pour tAter la garnison et jauger ses réactions" (2).
(1) Général Yves Gras, Fistoire de la guerre d'Indochine, op. cit. p. 229
(2) Ibidem. p.
229.
••• 1•..

21&1
~ plus de ces attaques légères V.M., l'activité du Poste
se doublait d'une mission politique qui lui donnait un tale clé dans
l'extension e1; la consolidation de l'influence française en Indochine.
C'est ainsi qu'au delà de la "place forte" et du refuge qu'il consti-
tuait contre les attaques ennemies, il devait jouer le raIe d'une base
d' op~rationsayant pour bu.t de "pacifier" politique:nent 11 environnement
iJmnédiat du blockaus.
C'était le lot du chef de Poste qui devait de ~r son action pœlitique,
"gagner la confiance des villageois, les persuader de se rallier à lui,
et pour cela, les administrer, les soigner, ouvrir des march~s, créer
des école~ organiser l'autoddfense et ••• etc ••• " (1).
De ce qui précède, nous notons que le Poste du fait de sa double mission
politico-militaire représentait un élément impo~tant du dis~osi~if
militaire F-rançais.
Cependant, si du point de vue ~ilitaire son raIe était importar.~, il
allait constituer à l'inverse, un facteur d'instabilité quant aa mo~al
des militaires appelés à y séjourner. Les problèmes liés à la vie du
Poste revltirent deux aspects :
- l'un purement militaire,
- et l'autre psychologique •
• Concernant l'aspec~ militaire de la~i6 en Poste", il
faut dire qu'il entra!na une sorte de léthargie et un sentiment
"d'inactivit'" au niveau des soldats.
En effet, les tlches quotidiennes consistant aux opérations de détail
comme les ouvertures de route, les embuscades ou les patrouilles (2)
qui n'étaient pas sans risques, ne constituaient pas d'engage~ents
JI1lJ.ta1r•• sér:ieux, hormis les attaques sporadiques viets. Il s'écoulait
ainsi un laps de temps_asse. long que rien ne venait troubler, except'
les exercices d'alertes et les corvdes intérieures.
(1) Général Yves Gras op. cit. p.
230.
(2) Cf. Première partie, chapitre II,l'activité militaire et les
tirailleurs Sénégalais. p:7B-B4
...1...

211/
Co:::.me le note le :;énéral Yves ~:':a.sJ ft?en(~<:nt cas jours et des jours,
il ne se ~'Ssait rien à' Lapoz-t arrt , :.e vie du Poste continuait avec
la répétitianquotidienne des nêmes tlche..
Cette morne activité.
cette p::ésence constante, cet isoleoent sans aucune distraction.
entra!na en plus de la f2tigue , la lassitude, l'usure morale des
hOn:1es. L'attention se relachait" (1).
Cette inactivit~, outre le rait q~'elle entra!nait
l'apathie du fait de la position statique des unit~s (quelque fois
19 :no:L~, eYl ?oFJ.. e), àdveloppait une irritation croissante chez le
tirailleur car. l'absence d'engagements véritables diminuaie~t c~que
jour ses chances d'~tre cité à l'ordre du bataiLlon oa de l'Armée,
et d'acqu~rir ainsi ~~e ~éàaille lsurtout la ~édaille militaire) sus-
ceptible de "l'honorer" a~~ yeux de ses c03patriotes à so~ retour.
Certains tirailleurs en dénonçant cette "inactivit~fI souhsitère::t y
re.::édier en faisant partie de Groupe:nents Mobiles (G.::.). Ces "-:.::.
afrirme le Lieutenant LR)~O/susci~er-t un certain enthousias:ne àar.s
les bataillons africains, car ils tles tirailleurs) estiment q~e c'est
le cadre id~al donné aQX combattants ~e développer le gont du risque
et de l'esprit offensif" (2).
Quelques tirailleurs esti~ent que la non ap)artenance à ces unités
mobiles était un manque de confiance en leur valeùr combattive. Cette
volont~ enthousiaste démontre si besoin était. que le tirailleur avait
à coeur que ses capacit~s soi~nt utilisées au :~axio~~ pour comb~ttre
non seulement l'ennui et l'inertie. mais également lui permettre de
gagner et de mériter les médailles militaires.
Outre le premier problème ~vo~ué. il en est autre qui était
lié à la vie du Poste et qui posa également des problèmes, c'est celui
de la participation aux pelotons. rans la carrière militaire, le peloton
est une ~tape inporte...nt e pour le solf.at dans 1.:. perspective de l'avarl-
cement.
(1) Général Yves Gras. op. cite p. 230.
(2) SHAT 10R 420 A.~;:.A./î.• ~l.I.F.T. Rapport du Lieutenant rRABO sur le
ooral CeE: tirailleurs A:t'ricains ::lars 1951.
". . . 1..•

212/
En effet, la vie prolonaée en Post. diminuait l.s chance. du œilitaire
d. faire parti. des pelotons. c. qui entrat»ai t cl'1Dl ctté la perle . . .
notioas d. base de la formation r~u•• œa1a égal_eut l ' u
a1llil1té
d. s. présenter aux t.sts cl'aptitucl•• OUYraDt la voie à l'a
c_ent.
La r4duction dU 8é~our en Post. l cette perspective professionnelle
tinai t son moral. car sa carrière s' ea trouYait retardée. Pis. le
soldat concerné se croyait victim. d'une sort. de cliscr1m1natioJl. car
les autres (entendez les tirailleurs de l'arrière et d•• autre. serTices
de l'Armé.) avançaient plus vite qu'eu. (1).
Ce double problème à connotations matérialistes ne laissa aucun de.
tirailleurs en Poste indiff'rents.
Quant aux effets psychologiques du, au séj our prolongé en
Joste, ils prirent divers aspects et se trouvèrent 8tre le corollaire
direct de l'utilisation des hommes qui se trouvaient constamment sur
la brèche,.
Dans un rapport relatant les effets psychologiques de la vie en Poste.
le Lieutenant-Colonel BUaT dressa un tableau sévère de ce que représen-
tait le séjour prolongé en Post. en écrivant notamment : "C. sont les
mames hommes
et l.s mimes gradés. qui de jour travaillent sur les
chantiers. surveillent ou effectuen~ les corv'es. participent aux
opérations et aux actions de pollce, assurent le système d'observatioJl.
de garde et de sécurité. qui la nuit sont de gard•• de quart. de
patrouille et d'embuscade ••• S'il peut '7 avoir de temps (1). quelques
repos individuels. il n'y a jamais ni changement d'activité. ni détente
collective qui, seu1s délassent véritablement. Asservis depuis des Illois
et des mois aux exigences inéluctables de la vi. quotidienne, enf.:rmés
dans un horizon étroit et tOlQ.ours 1. Ill. . . . vivant en vas. clos daDa
un. ambiance monoton•• sans espoir cle r.lève. les gradés et l.s tirail~ - .l
leurs d.s bataillons 4. sect.ur supportent les fatigu.s et les danger.
de la Tie en campa8lle. et le8 inconvénients de la vie en garnison. sana
avoir aucun des avantag•• et des satisfactions d. l'une e~ de l'autre (2).
(1) Cf. l c. suj.t le chapitr. III (deux1ltme partie) p. 267,268
et suiv
(2) SILl! 10H J 50 COlllllandement d.s JI. T.N •T. Rapport;. d'ensemble des 1ère.
2è et 4è niTision de llarch. du Tonkin (D••• T.) Rapport du Lieut.nant-
Colon.l HUM.
. ..1•.•

213/
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. . . . .
La Vie en Poste : Tirailleur Sénégalais pendant son tour
de garde :
juch~ sur le, mirador, il-
scrute l'horizon à
la recherche des éléments Viets (photo
ECPA) •

214/
Il appar~t. à 1& llDl1èr. d.s propes suscit.s que l' uéouti.. pr...ue
maobins'. d.s corn.s quotid.iezm•• , indispensabl•• &Il maiAti_ cle 1&
garnisOD finit par attaqu.r 1. _ra! d•• tiUtair•• l.s plu aaaaz'ri.a.
Il _
ré8Ult. UD abatt • •nt p870helo&1que nR négli....bl. ri ,111 f t
trad.u1 t par d.s iIlciel.nt. plus ou JaOin. gr&n., lIIl r.lach_ _t 4e
la di.ciplill. et \\Dl comportement autarciqu. faTor1au.t l ' é t q l i _ .
ED fait de comportem.nt autarcique, i l faud.ra:1t plu1h parl.r
de trouble. du comportement dîia à l'isolaent, à l'angoi••• d'l1D..
attaque Viet et au manque d 'affectin.té. Le .édecu-Chet du B••• T.S.
11°27 n'hésita pas à parler de "troubles paychiqu. . llineu:ra n_breux
aussi bien chea les Africa1n. que chea les EuropéeDB, cacl%'e. capris,
dus pour une grande part à la Yie spéciale des Post •• qui entrdD.
leur i.olement affectif" (1).
Ce. troubles psychiques bien que qualifiés de "mineurs n, n'en furent
pas moills à l'origine de graves iIlcidents dans des Postes et dat
la principale explication .emble Itre l'état de tensiOD, .t de nerv.-
sité d1.B
à la fatigue.
Dans UJl rapport sur les conséquence. d. 1& Tie .n Pori. daD.a
SOJl sect.ur, 1. Lieutenant Cola.l JIRA! dOJlDe lm tabl.au saisissant
d•• Yiolence. engenclrées P8:1" la Yie en Post •• "Au BII2/ACP, lm Co_udaDt
d. Coapaga1. a blessé lm tiraill.ur, un. parti. d. la garnison s' ••t
livré. à. un. JUDitestation collectiT. en aban40Jm&llt m• •ntan6aent
1. P.A., un Africaia réf'ug1é clan8 lm bloctaulÎ a OUTert 1. t.u sur 1.
rass_bl_ent de sa compapi., tuant un tiraill.ur et bl.ssant s.pt
Idlitaires ou ciTil. 1 il ..nt ' t r . abattu (2).
Le . . . . ottiei.r note é&alement qu'au B••• T.S. nO 27, "lDl soua-ottici.Z'
AfZ'1ca1n a pzooToqué ua incidelit identique à oelui dR BJI2/ACP . . . .
hour• •Gent bl.ss' persOJme, un soua officieZ' B\\D"OJJ4_ au ooura 1'l1D.
incident graT. à. tiré sur UJl Caporal-chet et l'a tué J c1ana les d.ux
nU
2 r
i
(1) SRA! 10H 350 lTopos du Médecin-chet du B•••T.s/, cités par 1. L1.ute-1
nant-Colonel FRAT dans son rapport sur le .oral. du Seoteur d.
Phue-Yen zone 0u.st.1951/S2.
(2) 1dem ,
Rapport Li.utenant-ColODel JIRA1'.
• •• 1•••

215/
bataillOJUl, 1. no.bre d.s incident. entre graelé• .Eu:Npé_ .t AhicaiJuJ se
aultipllàt" ; le noabre cl•• acte. d'incl1.sc1p11Jl., 1•• cu d'ivre••e.
et 1•• ab.enc•• irrégt.Ü1èr•• aupentct- (1).
c. tableau triri. illustre si b.sou était, lee gl"a'ftS ÙIlCft"& ... la
vi. en Post. sur 1. pa;ychi. . . des 801dats de toute origl.a., le8 peusant
lors d'accès d. -foli. ou de colère- à ca.œettre des act.s san&1ants
en perdant l.ur .8ana-froi4.
Quant au r.lach.ent d. la discipl1J:le, OD note l'apparitiOB du phénoaèae
par l'aupentation quantitative du no.bre d. jour. cl. priaen sU1ctioDD8nt
les actes d'indisciplin., l.s ab8ences irrégulières et les 0&8 d'ivresse
liés aux raisOns évoquées plus haut.
A titre d'illuatration, voici un tableau montrant l'évolution du noabr.
de jours d. prison dans trois unités :tfrica1nes du secteur de Phue-Yen (2).
1
1
1
1
UNI1'EZ AFRICAIlfES
:
1
·

1
·

-----------------------------------------
1
1


·
1 Périod•••••••••••
1 B1I..2/AC-g
1
BII!rS nO 27 · II/3° R.K.
1
1
1
··
--------------------
1
------------
·
------------ •--------------
·
·
·
4° tr:lJllestr. 1951
· 1

739
·
669

2 140
1
·1
·
·
1

1
1
·1
1° trime8tre 1952
1 918
1 273
2 135
:
:
:
·
:
2!:1 triDa.stre 1952
1 132
·· 824 : 1 339
1
1
·
:
:
1
1
1
1
:
:
: ~otal nOllbre de
1
1
:
:
1 ~ours d. prison
1
4 789
:
2 766
:
5 614
·•
1
1
!
1
:
La acm.té. en nèche des punitiolLS correspont à la période eletensioB
cauée par la fatigue et la lent eur des relève.. C' .st pourquoi de.
tirailleurs pour contourner cette agressioD de leur moral se tournèrent
vers le. f . . .es et l'alcool.
(1) SHAT 10B 350 Rapport Lieutenant mA!.
op. c i t , p-.2.
(2) . 1 d em. RappoJLt F'p;~,....
• •• 1•••

216/
S'agissant d.s fS8Bes, 1. problème
se ré.u.ait à ceci : le 1irailleur
GU le SGlda1 Prançais fit d. plua en plu d•• sorties noctunl•• aans
peNi.siem, le t . .ps d'aller •• cl1Terii2' au~. d'Ulle "co~
coapatisaan1e. C.tt. attitude .ut pour corol1a1re 1. relacheaent 4.
la di.c1pll.D.e .t la désorpni. .tioa 411 senie. intéri.ur du blockaD.
Le. chef. 4. Po.te ripostèreat aT.O éners1e ce qui eut pour eff.t
d'accroitre le nOllbr. de joUN .... pri.a.
D'autres tirailleurs, à l'opposé des .cemg&7Philes Il,
trouvèrent leur salut daDs l'ét~l1_e qui prit de ce fait de. propor-
tion. effr&7&Dte••
S'il est aisé de prouver que le développement de l'alcooli~e ne fut
pas la conséquence directe et exclusive de la vie en Poste, il constitua
de l'aTis du Service de Santé en Indochine, une des principales causes
en raison de "l'isolement, du "cafard" et du désoeuvrement que produit
le séjour prolongé en Poste.
En résuaé, la Tie routinière du Poste fut W1 élément 1Japorlant dans la
fiuctuatiOD. du maral et de l'état d'esprit des soldats du C.E.F.E.O.,
dans la mesure où elle causa de. comportements réputés rétifs à la
d1scipllD••
Cependant, le séjour.en Poste et ses effets p8y-chologiques ne doivent pa,5
occulter les problème. matériels et f1Danoiera qui préoccupèrent_de
façon plus ou moins grave, 1.. tirailleurs SéDéga1a1s. Dans la Dlesure
où le rensag. .ent d. certa1J:ul sol4&t. fut guj.dé par la perspective
financière, i l va s'en d1re que leur e%trlme sensibilité aux d1ts
problème. é1ait acqui••
CJ La Questig Matéri.lle fi Financière (1).
BD réalité 1& que.tion financière •• 11Jl1ta à peu de cho.e.,
du mo1D8 jusqu'à la déTaluation d. la PIASTlŒ (2). C'est à ce moment
(1) Sur le. qu••tions . .térielle. (ATBncement et solde) s. reporler au
chapitre III (Deux1.ème partie) p. 268. - -
(2) L'étude d. cette dévaluatit:n donne toute la mesure de la question
financièr. telle qu'e.t .'est présentée en Indochin•• Se reporter
au ohapitre Dl(te·~). ~.276,.277 et suiv.,
.
•••1•••

217/
que surg:l.~t. le. v'ntable. inquiétudes liée. à la nouvelle situation
de la Bolde. 1&1. a~t la dévaluation, le. problè.e. matériel. et
financiers .e r'aumèrent à de. situations apparemaent S&DB c0D8équences,
11&1. qui int éressèrent le tirailleur au plus haut po1JLt.
1) Le Pai. .ent de. implt. et des Allocations fsailiales
• Les lap&ts.
Dans son rapport sur le moral des unités africaines en Indochine,
le responsable du Bureau Central: de. Â •••A. se fait l'éoho de ce.
tirailleurs qui se "plaignent de~ chefs de village qui contraignent le
père à payer l'iap8t de leurs fils sous les drapeaux" (1).
La situat~on dont les tirailleurs se plaignaient, était le fait des
chefs de village indélicats, qui profitaient de leur situation privilégiéè
d'interlocuteurs de l'Admintstration (2) pour escroquer leurs congénères.
Cette attitude était contraire à la réglementation en vigueur, qui
stipulait clairement que les militaires en ca.aapagne étaient exemptés
du paiement de l'imp&t.
Seulement, des chefs Zélés, sans doute mal intentionnés, ignoraient,
volontairement le. textes en vigueur pour s'adonner à de. pratiques
peu recommandable••
Les parent. ..& tirailleurs qui étaient en correspondance avec leurs
fils appelés sous les drapeaux, les avisaient imm'diatement. C'est à
ce moment que 1. SerTice social de. P.T.E.O. intervenait grlce aux
doléances tranSB1ses par le biai. des chefs d'unité et de. Â ••• A.
Les officiers du dit Bureau tran8Jllettaient à leur tour les plainte.
des indiTi dus ata: COIDIIII1J1dant. de cercle des régions concernées, qui
1.DterYena1ent pour rayer du registre du contrale des contribuables,
les militaires considérés. Combien de cas de cette nature turent traités
par les A.K.A 1
(1) SHAT 10H 420 A••• A./E.K.I.P.!. extrait du Rapport sur le Koral des
unités a:t'ricaines.
(2) Dans l' orpn1sation adm1nistrative coloniale, le chef de canton
4'si8l1' par l'Autorit' coloniale était chargé de la collecte de
l '1JIlp8.t. La qualité d'interlocuteur priTilégi' des Autorités, J!.t le
soutien sana équivoque du Co~daDt de cercle aIIenai.nt certa1Da
chefs à faire du zale. D'autre. profitaient de leur situation pour
• ••1•••

218/
En l'absence de données précises, i l nous est imposàible de
donner la mesure réelle du phénomène. Mais son existence
montre que le tirailleur était très sensible aux probl~mes
familiaux malgré son éloignement. Le problème du paiement des
allocations familiales en donne une autre illustration .
• Le oaiement des allocations familiales.
La question naquit d'une confusion et d'un manque
d'informations dont le tirailleur n'était en rien responsable.
Des tirailleurs en toute bonne foi réclamaient la perception
des allocations familiales en Extr@me-Crient, alors que selon
le Bureau des A.M.A., i l est clairement stipulé que "les mili-
taires Sénégalais ser~.nt hors de leurs territoires d'origine
n~ perçoivent pas eux-m~mes les allocations familiales. Celles-
ci so~t payées directement aux familles par les soins des
Autorités administratives de leur lie~ de résidence" (1).
face aux textes en vigueur, cette revendication avait peu de
valeur. Cependant,
i l faut se rappeler que les épouses des
militaires étaient en majorité analphabètes et pour cela elles
n'engageaient pas de démarches administratives pour régulariser
la situation; elles avisaient simplement leur époux pour qu'il
s'en océupe. La démarche de l'époux du fait qu'il servait hors
de son territoire ajoutait encore plus à la confusion.
Saisi en permanence de cette situation à laquelle le militaire
restait très sensible,
les Autorités gr8ce aux nouvelles p~•• -
,criptions relatives aux conditions du ~ariage permirent aux
militaires Africains de bénéficier du paiement des allocations
familiales par l'intermédiaire de leur épouse d'une part, et de
percevoir eux-m@mes les charges militaires au taux de chef de
famille,
s ' i l s'agit de militaires à solde non ~ensuelle (2).
... escroquer leurs congénères qui les craignaient. Cf. à ce
sujet Kouassi Yao, la Justice indigène en Cete d'Ivoire 1893-:
1924, mémoire de ma!trise d'histoire, Université d'Abidjan,
1983, 267 pag~.
(1) SHAT 10H 420 A.M.A. Rapports moraux de base 1952/1953.
(2)
Idem.

219/
La question fut ainsi réglée, mais toute son importance venait d.
l'ïntérlt que le tirailleur vouait à la famille restée en Afrique.
D'ailleurs,c.t attachement p.rmanent à la situation d. famil1.
allait s. manif.st.r encor. plus aT.C le "retour" des mandats .zpéd.1n
aux parents.
2) Les mandats "R.tournés" (1).
Tout militaire du C.E.F.E.O avait la possibilité d'expédier
d.s mandats aux me.bres d. sa famill ••
L. serTice des "mandats" é.ait assuré régulièrement au bureau de la
Compagnie au début de chaqu. mois. Un r.çu provisoire était remis aux
expéditeurs. Le reçu définitif était ensuite échangé contre 1. provi-
soire dès que le vaguemestre a assuré l'expédition des mandats.
Le problème est que le mandat (pas tous évidemment) était retourné
à l'expéditeur avec la mention "NE S'EST PAS PRESENTE". Les villag.s
étant situ4s loin des bureaux de poste et le
destinataire ignorant
qu'il avait un mandat, celui-ci était retourné après le temps légal.
Bon nombre de tirailleurs en furent mécont.nts, .car ils croyaient
qu'ils n'assuraient pas leurs responsabilités familialea.
Ces mandats (2) représentaient la contribution du chef de famill.,
contribution sollicitée à travers les corr.spondances, et ce pour
diverses affaires telles que la dot, les funérailles d'un pro ch.
parent, ou les besoins quotidi.ns etc •••
Dans l'ensemble, la qu.stion des mandats ne posa pas d'én01"llles probl• •s
ml•• si cbaque fois qu'une situation d. ce genre se présentait, elle
mettait à mal le tirai1l.ur conc.rné.
Si
1. retour des "Mandats" créa quelqu.s BOucis aux militaires Africains,
les bagages acquis en vue du retour causèrent bien plus d. Boucis aux
tirailleurs Africains rapatriables.
(1) La question d.s "mandats r.tournés" a fait l'obj.t d'un rapport du
Bureau des A.K.A cf. le rapport du Lieutenant Guédou consécutif à
une insp.ction du moral du B.M.T.S no 27.
SBAf 10 420 A.M.A/E••• I.P.T./1° Bur.au 1) aont 1951.
(2) Il arrivait que des parents lettrés mais indélicats, détourn.nt à
leur pro fi t le montant d. ces mandats sans en aviser le d.stinataire
réel, c. qui entra!Da1t de nouvelles corr.spondances entre la famille
et le tirailleur, et par ricoch.t, d.s réclamations au S.rvic. Social
de. F.T.E.O. Pouœ évit.r ces accrocs,d.s tirailleurs établirent 1••
mandats au nom du Curé du Post. Missionnaire 1. plus proch. qui se
chargeait de les remettre aux personnes conc.rné••·•
•. •1•••

3) L. Rapatriement et la question dM BaRm-
Le problèa. e••enti.l vint du retard dan. l'.cheœ
. .8Di
'm
des basag.s de militair•• quittaDi l'~r"'-Or1ent_
Il prit deux form•• : En premier li.eu, 11 OOILC'rD& le n011 respeet
d•• dimensions réglementaires de la cantine devant contenir le• •ffet.
personnels de. militaires.
Le. dimensions recommandée. étaient de 80 ca de long .ur 40 ca d.
large et 30 ca d. haut.
Le. difficultés surgirent du fait que bon nombre de tire1ll.ura
achetaient de nombreux effets personnels dens la perspective du retour.
La quantité des bien. ainsi aCiuis les obligeaient à opt.r pour des
malles aux dimensions disproport:Lo"nnées.
La conséquence -est que l'acheminement des bagages ne put se faire en
mIme temps que les intéressés quand ceux-ci furent évacués sur l.s
Bases militaires de Transit comme celles de SaIgon 0l?- d'HanoI.
Au non respect des dimensions officielles, vinrent s'ajouter
les renseignements erronés port's sur les bagage••
De ce fait, le militaire arrivait chez lui alors que du fait d.s problème.
évoqués plus ~ut, ces bagages étaient en souffrance dans les magasins
du Dép8t de l'Intendance d.s Troupes coloniales (D.I.f.C.) à Marseill.
où dans les dépSts de. ports d'Afrique (Dakar ou Brazzaville). D8D8
ces conditions, la question des bagages constitua un motif d'appréhension
à l'heure du rapatriement.
Pac. à tous les problème. matériels, psychologiques, qui hantèrent 1.
moral et l'état d ' esprit des tirailleurs Africaina, on peut poser la
question de savoir quel a été le comportement de. troupe. Sénégal.8.1se.
dans cette deux1èœe phase de la guerre ?
L'étude de l'activité militaire d.s troupe. Sénégalai.e. et l.s problème.
qui en découlent nous permettront de répondre à cette qu.stion_
•••1•••

221/
D) ld'aotivité Militaire de. upi", Séné,'ai.e. 4.
( 1 959 à ma;1 195+) ~
Du tait de la nouvelle situation militaire créé. par la
naissance d. l'Armé. (1) du G4néral Giap et d. l'é'YOlution d. .
ett.ctits du C.B., l'activité militair. de. formations africain. . s.
modifia. En pl~ d. la guérilla qu'.lle menait contre le V••• , le8
unités africaine. devaient résister aux assauts viets et particip.r
aux grandes opérations militair.s mené•• par l'Etat-~or.
La puissance des attaques viets donnera l'occa8ion aux détenseurs
.tricains des Postes et secteur. qu'ils occupent, de montrer leur
bravoure, quelque fois au prix de lourdes pert.s.
1) les unités africaines face aux attaques Viets.
Les Forces africaines étaient stationnées pour l'essentiel
dans la zone militaire du Tonkin, soit '1 ~ des forces de l'Uni9n
\\) t,: Il
française (60 000 hommes). C'est tout naturellement qu'elle va subir
les premières attaques des unités d'élite de l'Armée Populaire Viet.
a)
les attaques Viet"s sur le DeltaCi6-30 décembre
1950)
Le cadre des attaques Viets mérite quelquès explications. En
effet, après l'évacuation désastreuse des Postes frontières de la Chine
du Sud qui n'étaient plus défendables du fait de la nai.sance de l'Armé.
de Giap, l'Etat-MaJor (2) avait conseillé un repli sur le Delta, a11n
d'emplcherles infiltrations viets vers le Lao., l'Anam et la Cochinchine.
(1) Cf. chapitr. l (deuxième partie) la naissance de l'Armée V.M. p.111~2'
(2) L'évaouation des Postes frontières de la Chine et 1. rep11 sur le
Delta furent suggérés au gouvernement français par le Général Rever.,
chef d'Etat-Major des Porce. Armé.s de terre, lors de son historique .
visite au Tonkin.
Exécuté dans des conditions obscure., ce repli va expliquer pourquoi
la majeure partie des combats se déroulent autour du Delta qui
deYint pour 1. C.E.F.E.O. la zone rouge l ne pas franchir •
.. .t ...

222/
Ce repli stratégique exécuté dans des concti.tiolUl déeaatreuses Ta expl1qwr
pourquoi ~'essentiel des Forcea du C.E. dont les bataillona africains
stationnent au Tonkin clan. la dite période.
Ainsi. pendant le8 première. attaques de Giap. le B....T.S. IM.28 q1l1
occupait les garnisons de DA-FRUC. PSU-JlOI, YU-SAO. YEI-PHt1 et
HOIH-LIE! reçut les assauts furieux des Viets. Les éléments Africains
et Européens rés~stèrent avec héroIsme aux charges des Vi.t., arrachant
cette citation à l'ordre de l'Armée: "Vient encore (BMTS ne.28)
de< se
distinguer brillament sous le cOJlllllandement du chef de bataillon Peron,
lors des furieuses attaques V.K. des 26. 27 et 28 décembre 1950 sur
toute la périphérie des sous-secteurs. en défendant ces Postes pied à pied
contre un adversaire 20 fois supérieur en nombre. jusqu'au corps à corpe
et parfois jusqu'au sacrifice supr3me de plus des trois quarts de.
garnisons ••• Magnifique bataillon de valet:::' guerrière confirmée •••
fidèle à la devise" ON NE PASSE PAS" ••• (1).
Quant au B.M.T.S no.27. il eut à faire
face à un assaut furieux des
Viets qui e'1la~_tle bataillon "88". d::lux compagnies régionales. dont
la "476" du bataillon "VINH .PUC" et la "Compagnie HUM-SAB". Ces unités
viets lancent une puissante attaque contre le Poste de YER-PHU qu'elle.
encerclent le 26 décembre. Malgré les tirs au mortier. au bazooka et
l'attaque générale des assaillants. le Poste r:ésisfa jusqu'à ah du matin
où il sera dégagé parle Groupement ;.robile Nord Africain (G.M.B.A.).
Le bilan de cette résistance héroIque montre l'âpre~é des combats (2).
Le mime jour. les Viets accentuent leur pression commencée depuis le
25 décembre. Les Postes de My-Noi. de PHU-LO. les villages ralliés
de LAI-CACH. DUC-RAU etc ••• sont fortement harcelés par les rebelles.
Le courage de ces éléments du C.E. leur vaudra des félicitations de la
part du Général Commandant la Zone Opérationnelle du Tonldn (Z.O.T.).
Cette attitude héroIque ne fera pas défaut.aux Africains en 1951.
(1) SRAT Etat-Major Opérations 1949/54. J.M.O. B.M.T.S. no26
(2) Pendant l'attaque 4e Bao-Chuc tenu par le B.M.T.S. no.)O,l'assaut
V.M. se termina par un corps à corps; les pertes V.M. furent
estimées à 250 tués.
Source : JMO/EMTS n D JO 1950-1951 •
•••1•••

223/
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Compte rendu par le Mensuel "caravel-lef ' d'un haut fait
de -guerre des tirailleurs sénégalais en InC;lochine. La
bataille de yen-vi (Tonkin) le 16 mai 1953.

2241
b) L'aunée 1951.
Pendant l'année 1951, le Général Giap donna l'illustration
de la nouvelle .stratégie mise au point après se. prem1.rs succès. Ainsi
de nOlllbreuses attaques seront lancée. sur le "Delta- ; c'est ce que
P. Ferrari appelle le "martèlement du Delta-.
Le B••• T.S no.30 qui occupait les Postes de BEI-i''- et la Tour de
LAI-THAN en sait quelque chose, avec l'attaque viet du 16 janvier
1951 qui débuta pa r ~un encerclement, des bombardements massifs au
bazooka, grenades, mortiers et canons de 57 mm etc ••• Malgré cette
furia agressive des "rebelles", les "vagues d'assauts ont été brisées
à bout portant par le feu des défenseurs du Poste dont la réaction
fut magistrale, empreinte du plus grand sal;Lg -froid et de la confiance
la plus entière dans la solidité des ouvrages à la construction
desquels eux-mames avaient participé ••• " (1).
Avant la fin du mois de janvier 1951, Bao-Chuc où stationnait le B.M.T.S
no.29 fut violemment pris à parti par les Viets. D2ns ces conditions
les Postes
" de CHU-VANG,
Vietri,
SONG-Kieu et XOM-t-'OI :fo-1~tlt
évacués avec des pertes énormes.
A la fin de 'cette "période agitée" des attaques sur le Delta, le
Général de corps d'Armée DE LATTRE, Haut-Commissaire et Commandant en
chef écrivait ceci , "Indépendamment de leur participation efficace à
tous les travaux de fortification, les unités africaines, durant
cette période agitée sur presque la totalité du front pénphérique du
Delta ont fait preuve d'un maefique esprit 80mbatif i Les bataillons
Africains implantés ont été admirablement à 1& hauteur de leurs &!nés.
Dans leurs nombreux Postes, ces unités ont non seulement contenu les
furieux assauts d'un ennemi numériquement supérieur, mais encore l'ont
refoulé en lui infligeant quelques unes de ces pertes énormes dont il.
•'.
été obligé', de tenir compte" (2).
;
(1) Cf. J.M.O. B.M.T.S. no.1° trimestre 1951.
(2) SHAT10B 420 E••• I.F.T/1° Bureau IA.K.A. Correspondance du Général
.
d',Armée de Lattre de TassigD1'. Haut-Commissaire et Commandant en
i
chef en Extrlme-Orient à Monsieur le Général de Division, Commandant
'supérieur des Forces Terrestres d'AOF au sujet de l\\~at d'esprit
du moral et du comportement des militaires Sénégalais dans la
période du 26 décembre 1950 au 31 mars 1 951. Dossiers 'Affaires
,
Africaines,Rapports moraux de base,1951.
.: ...1...

22~1
IndépendaDuae:nt de. harc~l_ent. viet., l'B.II.A. conti.Jlua
d'utiliser le. formation. africaines dans le. opérations anti-cuérilla
dans le.quelle. elle. accusaient d4~l de l'ezpérieDce. Leur action
. . . considérablement l' orpnisation régionale 111litaire V.M.
2) Le. unités &+ricaipe. d.ps 1. "guerre écoMll1aue" pti-V'"
Comme dans la première période, la guérilla ne perdit pas
l'estime de. dirigeants militaires V.II., dans la mesure où 18S
att.que. générales et massives n'étaient qu'épisodiques et que le
centre
et le Sud du Vietnam étaient bien tenus par les Français.
En plus des grandes attaques/la guérilla restait toujours l'excellente
arme que Giap chérissait dana son opposition au C.E., mais dans ce
domaine,les unités africaines allaient 'tre d'une efficacité remarquée.
En effet, dans les diverses opérations de nettoyage, de fouille de
village, d'embuscades, quelques bataillons africains infligèrent
d'énormes pertes au V.M.,· en démantelant des trafics divers, en
détruisant des équipements et en saisissant des centaines de kilogramme.
de matériels utiles pour l'organisation du V.II.
Les souterrains dans lesquels ces marchandises étaient entreposées
furent détruits au cours de nombreuses opérations locales.
Ici encore~B.M.T.S. no.27 se distingua dans cette véritable "guerre
économique".
• •• 1•••

Le tableau (1) ci-dessous nous donne un aperçu de ce que ce. formationa
ont pu susu cODlIIle mat ériels 1
J
MAtt• • ;
QUAlITID
:
:
:
z
: --------------~----------~------ 1 -~----------------~--------~
Sel
24,540 kp
2
---------------- --------------_.2
Lait
270 boItes
Thé
767 kgs
:
Sacs
97 kgs
Pointes
21) kgs
o
o
Tales
45
Coton
..,
27,500 kgs
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
- - - - - - - - -
o
0
Fil de fer
92 kgs
---------------- ,--------------_:oo
o
Charbon
o
1,562 kgs
o
o
Teinture
o
o
77 kgs
o0
- - - - - - - - - -
'
0

:
Viande Buffle
142 kgs
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ - - - - - - - - -
1
:
Laque
1) kgs
1
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ - - - - - - - - -
1
1
o
o
.
1
Pétrole
2)) litres
----------------,--------------_:
Ciment
200 kgs
- - - - - - - - - - - - - - _ . . . . : _ - - - - - - - -
1
(1) Tableau extrait du JoMwO. du B.M.T.S. no.27 pour le mois de
décembre 1952 p•. 9
Le B.M.T.S no.27 stationnait dans le quartier périphérique du
secteur autonome d'Hanoi.
.../ ...

221/
D'autre. unités telles que les B••• T.5. nOoJ1, 29, 28,
BMI/AOF eto ••• etc ••• saisirent dans leurs secteurs respectifs de.
mi11iera d'équipements et de matériels équivalant à des mill10D8
de piastre•• C'était une véritable "guerre éooua.1queW contre le
V.M. L'ef:f'1cac1t' de. B••• Tint du long séjour effectué dalla le.
secteure qu'ils occupaient. Justement, ce long séjour qui leur fit
acquérir une expérience de la région,e~ du secteur va inciter -l'f.M.A
à les utiliser dans les grandes opérations qu'elle va mener de.
3) La Participation des formations Africaines aux çapde.
opérationS militaires.
Les opérations de détail (embuscades, patrouilles, fouilles)
confiées aux unités statiques africaines (Nord-Africaines ou Africaines)
permettaient aux bataillons et Régiments d'élite mobiles du C.E. de
mener de grandes opérations de ratissage sur toute la superficie de
l'Indochine.
Cependant, la réussite des dites opérations engagées par ces Groupe-
ments Mobiles (G.I4.) dépendaient de "l'aide" en hommes et de l' exp'rience
des unités statiques implantées dans le seeteur visé.
C'est donc en fonction de ce raisonnement que l'E.M.A. va faire
confiance aux unités africaines et les utiliser dans diverses opérations
dont la longue liste interdit de les citer entièrement ici 1 il s'agit
des opérations "FRAISE" (B.M.T.B. no.28 "-4 février 1951), "CABINE"
(B••• T.B. no.30 septembre 1950), "BECASSINE" (B.M.T.B. no.29), "SYLVESTRE
(B••• II/A.O.F), "FLAMBOYAIT" (B•••II/A.O.F), "PELICAN" (B.M.I/A.O.F),
"PHOQUE" (B.M.T.S. no.27) etc ••• qui constituèrent quelques opérations
parmi les centaines que l'E.K.A. fit exécuter de 1950 à 1954. Le B.If.IIII
A.O.F. fut une des unités africaines les plus sollicitée. J le tableau
(page suivante), nous donne un apergu de cette activité (1).
L'activité militaire comme cette ana1yse vient de le montrer
fut intense et très diversifiée. Le lourd bilan en homm.montre si
besoin était, la violence des engagements auxquels les Africains ont
pris part. Pour cette période, l'ensemble des bataillons africains
(1) J ••• O. III/A.O.F 4è trimestre 1951 au 2è semestre.
. .•1.••

22~/
Tableau des grandes opérations militaires auxquelles a parti-
cipé le "BMIII/AOF (1950-1954).
Dates
opérations
Lieu
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:
:Octobre 1951
: " Clémence"
: Tuytrieu
:- ---- ---- --. - -- - -----:.-- -- - ---- -- -- -- - --.:- - --- ---- - --- -- ---:
-
,
"Aglae"
Nui:-cha
ï
"Alcindor"
Vin;-Hao
~------- -----------_:__ .. ----- --- - - - -- _..:-_--- - - ------ - - ~
: Novembre 1951
: "Arbalette"
: Son:-Hai
·
.
.
.
..---------- ---~------~------ ... ----------...----- -----------.
: Février 1952
:
"Flamboyant"
·
.
.
.
---- ------------ -----.-..----------- -- ------ .----- ---- --- ----.....
:Mars 1952
:
"Crocus"
: Phan;-I'hiet
:.
.:
:--_'-
----- -----f
:Avril 1952
: "Cardinal"
·
.
.
.
..-----------------.-..--- ------- - ---~-----------_._--
: Juin 1932
: "Clotilde"
: Kan:-Hoa
·
.
.
.
,----------------....- ----------- ---------- - ---- - ----
: Juillet 1952
:
"Mangouste"
: Phan;-?hiet
:-.-- --- --------- -- ---.:-- - --- -------- --.....:- - ------- - - -- - - _.:
: Août 1952
:
"Moineau" et
"mouette"
·
.
.
.
----- ----- -- ---------------------------- - - --- - --- ---
: Septembre 1952
"Perdrixrl
: Tan;-Binh
:
:
~----
: -
4..
:
: Janvier 1953
"Robert"
: Binh:-Tanh
·
.
.
.
...-- ------------- -- ..-- ------ - -----_.- - - -- - ---- -----
·
: Février 1953
. "DAkar"
. Phan;-Thiet
------------------_._----- -------- _..
: Juin 1953
r1Algérie"
~------- -- --~----- --:- -- - - - - ------- --.--:
: Juillet 1953
ri Auvergne ri
·~----------------- ..-- - ------
. "
------_-.-_---------- .
-----
:Janvier~Juillet;­
:1954
:
"Atlante rl
:Cap Varella, le
:phuyen et Binh
·
ï
·
:Dinh.
·

229/
Bilan des pertès séné9alaises de 1950 à 1954 •
.
.
:Années:Tués au
:Blessés :Décédés :Disparus
total
: Combat
:
:
:
:
:
------ --------- -------- -------- ---------- --------
~
' : "
" ' l : i ' . '
1
: • • • .
, . ' : '
l
" " ' : " :
~.,,:
:1950
121
495
107
297
1020
:----- :-- ---- --- - :-- - - - - _.:--- ------=---------_:----- ----:
:1951
125
505
96
236
962
:.- ------:- -- -------:-._-- -----:--------~:_---------:-------__a
:1952
256
621
109
154
: 1 140
:--- - --:- - - - --- -:- - - - -- - :-- - - ---.:--- - -----:----- -----e
:1953
203
641
128
192
: 1 164
--
:-- --- - :-- - --- ---:----- - ---:------- --:-
-- ----:- - - -- --..:
: 1954
348
954
102
622
: 2 026
.
.
.
.
.
.
.
-- - - - ------------.--- - - ----.--- --- ---.- ------ - - -.- --------.
:Total
1053
3 216
542
:1 501
6 312

230/
accusent un chiffre
de 1. O~3 tués au combat, de 542 décédés et de
3 216:
blessés comme l'indit:tue le tableau page prtJaidc.nk •
Il faut signaler tout de mta. que l.s engagements ont révélé
quelque médiocrfttau niveau des renforts débarqué. en E.O. et
engagés immédia~ement dans les combats. L'instruction précoloniale
de Fré3us était mis en cause une fois de plua. L'Etat-MaJor devait
s'en préoccuper jU8qu~à la fin du conflit •
• Propos d'étape '.
L'étude de quatre aspects essentiels de la vie du tirailleur
Sénégalais en Indochine nous a permis de mettre en relief les
questions qui inquiétèrent autant les tirailleurs que les Autorités.
La libération de nombreux ex-P.G.A. ayant subi
la propagande viet,
les problèmes de cohabitation avec d'autres éléments du C.E., les
fluctuatïons diverses du moral
,l'effet psychologique da à la non
mobilité des unités oonstituèrent un ensemble de problèm«squi ne
laissera pas le Haut-Commandement français indifférent.
M'lme s'ils paraissent anodins et n'ont pas contribué à une dégradation
irréversible du moral africain, l'Etat-Major avait compris que la
persistance de ces problèmes pouvait ouvrir le chemin à une grave
crise morale qu'il n'était pas sar de mattriser.
C'est pourquoi, il va prendre un train mesures afin non seulement
de conjurer le péril psychologique V.M., mais de maintenir et
renforcer le moral et l'état d'esprit de ces tirailleurs •
••• 1•••

231/
CHAPIN III
L'ATTITUDE DES AUTORITM MILITAI. PACE A LA QPES1'I9I smr"WISI 1
T.ES
INITIATIVES ET LEUBB LIlIml <.ml 1952-,' 1954).
L'effort du Haut-cowund_ent français sera axé principalement
sur l'encadrement psycho10 61que du tirailleur qui constitue à ses yeux
le principal. soutien du moral..
Les points essentiels de son action porteront sur la création d'un
bureau des "Affaires Africaines", le règlement et la satisfaction
des problèmes spécifiques aux Africains, ainsi qu'une aide technique
(~struotion) en vue de l!avanoement. Ces heureuses initiatives du
commandement local seront sérieus8Rent perturbées par une décision
politique et financière de la Métropole qui révéla les limites et
la marge de manoeuvre étroite des Autorités locales.
A) L'Encadrement administratif et psychologique : la création du bureau
des "Affaires Militaires Africaines" (A.M.!. lavril 1952).
1) Création et objectifs.
Au milieu de l'année 1952, l'E.M.I.F.T. d'Indoclûne décida'
de créer un bureau spécial s'occupant des "affaires" intéressant les
Africains. L'initiative reposait sur des constatatioRs objs~~ives
relevées par l'E.M.r.F.T., à savoir l'importance des effectifs africains
et le caractère particulier de cette troupe.
• -
S'agissant du nombre des éléments africains présents en Indochine,
l'Et~t-1fajor avait raison de ~04Jli9~ son importance. En effet,
l'eftectif sénégalais qui at't'ichai.t 13 281 soldat. au 1er janvier 1951,
s'accru rapidement, et au 1er janvier 1952,totalisait 18 301 soldats.
Un tel nombre de soldats ne pouvait laisser indifférent.
Or, jusque là, 11 n'existait pas de véritable encadrement
de cette troupe qui était un peu laissée à e11e-m3.e. Il existait vers
la fin de l'année 1951, quelques o~ficiers Européens commis par
l'E ••• r.F.!. pour s'occuper des "affaire." pouvant intéresser lee
Africaine.
.../ ...

232/
Malheureusement, ces officiers,malgré leur dévouement et leur bODlle
foi, n'ét~ent pas en mesure de régler certaines questions du fait
de leur méconnaissance de la psychologie africaine. L'importance
des effeotifs africains entre 1951 et 1952 commandait la mise en plaee
d'une structure particulière.
Quant au caractère particulier de la troupe, ce n'était pas la lIlo1,ndre
des raisons ayant motivé
la création du bureau des "~faires ~fricainesP
L'instruction militaire, la multiciplicité des éléaents
composant le contingent africain. la situation particulière de ces
"colonisés" susceptibles d'3tre au contact "d'idées d'évolution"
etc ••• faisaient de la troupe Africaine un élément du C.E. qu'on se
devait d'encadrer, afin de maintenir le moral et l'emplcher de se
désagréger.
C'est pourquoi, par l'instruction
no.710/E.M.I.F.T/1° Section du 12
avril 1952 (1), le bureau des "Affaires 'Militaires Africaines" était
crée en Indochine afin de s'occuper des problèmes spécifiques aux
tirailleurs Séné~lais. L'Etat-MaJor lui confia deux missions
essentielles, à savoir, renseigner le commandement au sujet de l'état
d'esprit et du maral des Africains et les assister sur le plan matériel,
psychologique et administratif.
Coace~t le premier aspect de sa mission et ce n'était pas
le moindre. les "Affaires Africaines" (2) devaient 3tre capables de
renseigner le co:nmandement à tout instant, sur tout indice dénotant un
malaise moral. d'en analyser les causes et de proposer des mesures propres.
à y rea'dier. C'est pourquoi des visites furent organisées dans 1es unité.
car l'Etat-)lsJor était convaincu que "seul le contact d1re~t pe1'lllettait
une juste appréciation et une protection efficace du moral".
(1) SBAT10H 420 Dossier "Affaires Militaire. Africaines" 1951-1954.
(2) Il faut lire Bureau des "Affaires Africain••". C'est soue ce sigle
qu'était communément appelé le service en question. On peut le
désigner également par A.K.A. (bureau des affaires militair••
africaines). La création tardive de ce service explique pourquoi
ses archives se situent entre avril 1952 et 1954.
• •• 1•.•

233/
De m.... l.s responsabl.s locaux des A.K.A. résidant
dans chaque, territoire railitaire devaient établir périodiquement
(tous le. trilllestres) une courte 87Dthèse sur le soral .t l'état
d'esprit de. militaire. a1'r1ca1na stationné. dana leU" réai_. 81
en adressv un exemplaire à l'E.M.I.P.T., 1° Bureau, Section "af'fairee
africaines".
Enfin. le 'CO'mmandement demandait à l'officier Africain. chef du Bureau
Central des "affaires africaines" à l·E.K.I.F.T. d'établir un coapte
rendu trimestriel à l'intention du Général chef de 1 'E.K.I .F.T et au
Lieutenant-Colonel, chef du 20 Bureau (1). De. extrait. de ce rapport
étaient envoyés à certa~s services pour "exploitation".
De ce point de vue. le moral africain pouvait ttre suivi
de près par les Autorités. Quant à l'assistance aux Africains. elle
se concentra sur les formations militaires africaines et prit la
forme
d'interventions administratives et sociales, tant à l'intérieur
qu'à l'extérieur des unités.
- A l'intérieur des unités. il s'agissait de recevoir des
réclamations et des requates privées à transmettre aux Autorités et
à en signifier les résultats aux intéressés (allocations familiales.
paiement de primes diverses,question des bagages etc ••• ).
- A l'extérieur, il s'agissait de se tenir en liaison avec
le service social d.s F.T.E.O. pour l'attribution éventuelle de
secours aux nécessiteux
de toutes sortes, et particulièrement les
prisonniers libérés et les grands blessés.
Enfin, "l'avis technique" de l'officier chargé des "affaires africain••"
pouvait Itre sollicité pour toute question spécifique aux Af'rica~••
C'.st en fonction de ces objectifs que le service en question tut
organisé comme suit 1
(1) Le 20 Bureau de l'E.M.I.F.T. s'occupait du renseignement et des
questiona psychologiques (propagande, contre-propagande, moral.
état d'esprit.)
.•• 1•••

234/
o..""m,unltE lU 6Un.t.cw AA Aff"'"' "ijikU~ Afti~ r; -",.'
EN r~aOc."iNE t It AIJul L'1.rt),
.
~
AFFilia. ES AFR.icA iN f s
du' d.t : Co.pitW'rll ~'QAd
\\u.vù.e
A-di rint: Co pita,':'" Gu.AârJU
~EcT.'oN
~E(j ION
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AFF"Cl.es IlFii'''iNEJ
~FfAill.fS AflLic.AiNES
oes F,r.".,
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~h'~J ,·~t~i.è.'UU\\t liS
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cp-oh"Uh •
l.-t) l'acHe 0 p~ULh'unAtLtt ~ rOrLki"
(l)
I)CLI~ Milac.u:'U dt 'CAΰ~(Jr\\

· 235/
2) Or8'p isation et fonctionnement.
Il Y a un Semce Central (Bureau Central) qui se troUTe
à Saison, aiège de 1 'E.M.! .F.T.: il est dirigé par un CapitaiJle
Européen, auquel est adjoint un officier Africain. Le semce central
est rattaché directement au 1° Bureau de l'E.M.I.F.T.· frois sectiona
lui sont subordonnées avec un officier Africain à leur tate chacune.,
ce sont 1
- la Section des "Affaires Africaines" d'HanoI (F.T.N.V.) J
- la Section de la Z.O.T. <en raison du nombre important
des personnels africains transitant par la base de HaIphong) J
- et la Section de SaIgon que fait office de bureau central.
Pour son fonctionnement, l'Intendance des F.T.E.O. lui
alloua pour 1952, un budget modeste de 200 000 francs métropolitains.
Pour 1953, les crédits demandés s'élevaient à 452 000 francs témoignant
de l'importance sans cesse croissante des effectifs africains.
La modicité des crédits alloués causèrent quelques
difficultés de logistique aux responsables des A.K.A à cause des
nombreuses visites effectuées dans les différentes régions militaires.
Cependant, les problèmes (il n'yen a pas eu véritablement) s'estompèrent
pour faire place à une ~thif;é appréciée de tous et qui fut axée princi-
palement sur le plan social, du fait de l'analphabétisme de la majorité
des tirailleurs Africains •. C'est pourquoi. le rapport de fonctionnement
sur le service des "affaires africaines" conclut que Wles préoccupations
des soldats Africains n'étaient pas particulièrement d'ordre politique
ou intellectuel. L'action du semce en vue de suivre. conformément aux
instructions, tous les mouvements politiques ou religieux susceptibles
d'influencer le moral de la troupe, parait se réduire à peB de choses.
C'est avec juste raison gue l'action du service pour le maintien du
moral se place principalement sur le plan social" (1).
(1 )
"
/1
SHAT 10& 420 : rapport Chavard. Inspecteur de la France d'Outre-Mer
sur le fonctionnement du Service des -affaires africaines" 29
novembre 1952 p. 3.
• •• 1.:••

236/
Cette constatation ne traduisait que la réalité, à tel
point que l'action sociale des A.M.A. finit par se confondre avec
tous les objectifs du SerTice. Cependant, le dit service resta au
centre de toutes les initiatives entreprises en direction des Africains
et un élément agissant sur le moral africain grlce à gee interventioœ.
C'est pourquoi, on trouvera les A.K.A. au centre de l'eftort psychologique
que l'Etat-Major entreprendra à l'endroit des Africains d'avril 1952
à la fin de la guerre.
Cet encadrement psychologique se présentera sous un double aspect
local et extérieur.
B) L'Encadrement psychologique ou les e~torts de protection du moral
Africain.
L'ensemble de ces efforts moraux sera le fait des Autorités
locales responsables de la conduite de la guerre en Indochine telles
que l'E.K.I.F.T., les A.K.A. et le Service social et culturel des F.T.E.O.
Ces efforts seront secondés par des aides extérieures qui seront le fait
des Autorités administratives des pays d'origine des tirailleurs
Sénégalais.
1) Les initiatives locales visant à protéger le moral.
a) L'action des A.M.A.
Conformément à une de ses missions premières que lui a
assigné l'E.M.l.F.T., les ".Ntair.s Africaines" vont jouer à fond la
carte sociale, celle de la présence constante auprès des éléments
sénégalais •
C'est dans ce cadre que les responsables vont multiplier les missions
d'information non seulement au sein des unités africaines, mais auprès
des militaires malades et blessés séjournant dans les formations
hospitalières militaires.
• •• 1•••

237/
S'agissant des unités, les responsables locaux et ceux du
Bureau Central entretenaient de diverses "oauseries" les éléments
auxquels ils rendaient visite. De plue, et c'était le plu iaportant,
ils recueillaient jusque dans les mo~dres détails, toua les desiderata
des tirailleurs répartis sur toute l'Indochine.
Quant aux blessés et aux malades, la présence affective d'un responsable
du bureau des A••• A. qui non seulement recueillait leurs doléances mais
leur apportait des friandises, contribua à relever leur moral.
La satisfaction des Africains vint du fait qu'ils apprécièrent
l'intér't que l'on montrait pour leurs problèmes personnels. Ces petits
soins leurs rappelaient avec nostalgie, le cadre communautaire dans
lequel ils avaient vécu jusqu'à leur départ pour l'E.O.
Un
problème surgit tout de mlme : c'est la faiblesse des crédits
,
des A.U.A. qui limita quelques fois le nombre des tournées. C'est pourquoi,l
il fut adjoint à chaque unité africaine ou ayant dans ses rangs des
Africains, un officier Africain chargé du moral. Il restait le premier
représentant des A.K.A. le plus proche du Sénégalais.
Si l'activité des ~ tfaires ~ricaines" s'orienta vers des
éléments sénégalais présents en Indochine, les éléments de renfort ven
t
d'Afrique ne furent pas oubliés.
Le dit bureau fut chargé de les "accueillir". Il s'appliqua dès leur
débarquement,à leur faire des mises en garde contre les "dangers" qui
guettent le nouveau soldat. Il s'agissait bien sOr de la congay, de la
boisson et bien entendu du V•••
Les officiers Africains du moral pro fi taient de l'occasion pour leur
indiquer les procédures administratives à suivre en vue du règlement
de leurs nombreux problèmes.
Enfin, les A•••A. s'occupèrent du "suivi" psychologique des prisonniers
de guerre africains libérés par le V.M. (P.G.A.L.). L'action des respon-
sables militaires Africains était suivie avec intérlt par le Haut-com-
mandement, car il s'agissait de se faire une idée exacte du moral et de
l'état d'esprit de ces ex-P.G.A.··
••• 1•••

238/
Africains par leurs origin8!t les responsables du moral africain étaient
mieux placés que quiconque pour déceler un quelconque changement dans
la personnalité de l'ex-P.G.A.
Une courte visite au "Centre de repos" de Nhatrang ou au CAP-_, Saint-
Jacques,permettait au responsable africain de recueillir des impressions
individuelle. ou d'ensemble qu'il transmettait dans un rapport au
Bureau de la guerre psychologique (B.G.P.). Cependant, il faut souligner
que l'action des A.K.A n'était pas faite seulement de recherches d'élé-
ments suspects, mais allait également dans le sens d'une aide morale et
administrative à ces aéndgalais de retour dans les rangs du C.E.
Bref r en un mot ,le bureau des "affaires africaines" ne fut pas un
service de complaisance, car il s'imposa comme le cadre incontestable
de protection du moral africain. N'est-ce pas un hommage rendu à l'action
de ce service que souligne cette remarque d'un officier Européen
"il (l'officier Africain) n'en existe pas au bataillon, et c'est une
grande lacune : le moral de la troupe Africaine ne peut 8tre suivi
comme il conviendrait et l'action morale ne peut que difficilement
s'exercer sur cette troupe, faute de gradés qualifiés" (1).
L'action des A.M.A. ne fut pas isolée dans la mesure où
divers services des F.T.E.O. la complèterent utilement.
b) L'action du Haut-commandement.
Tout ce que
l'E.M.l.p.T. fit au profit des Africains en
Indochine fut du ressort du Service Social et Culturel des p.T.E.O. ,
ainsi que du Bureau de la guerre psycaologique. Ces service. initièrent
1
1
plusieurs actions en faveur des Africains au nombre desquelles, la satis-i
1
faction de certains besoin. matériels et une contre propagande psycholo- ~
gique.
- Le règlement des désirs matériels
Un des souhait. souvent exprimés par les tirailleurs Sénégalaisl
était de recevoir de. noix de cola.
1
(1) SHAT ; Etat-Major, rapport semestriel sur le moral, sous-secteur
de V~-Yen:par le chef de bataillon r~tche Commandant le B.M.2/
A.I.F. ; V1ilh-Yen le 30 novembre 1953.
.
..•1.••

239/
De nombreux
rapports sur le moral africain faisaient mention
du dêsir "des Africains
(1)
d'en
recevoir.
C'est pourquoi le Service Social des
F.T.E.O. va
importer d'Afrique des centaines de
kilogrammes de cola afin
de satisfaire ces besoins très particuliers.
Ainsi,le 24
juin 1952,
les Africains
recevaient 2 tonnes de cola
réparties entre Hanoi
(1
150 kg)
et ~aïphong (850 kg).
L'engouement suscité par la distribution des dits
fruits
incita
à auqmerter
les Autorités/le volume global des importations de
l'an~ée 1952.
Une interrogation s'impose ici face
à
ce phénomène de la cola
chez les Africains.
Qu'est-ce que c'est que la noix de cola?
et à quoi sert-il chez les tirailleurs
?
C'est un
arbre de la famille
des sterculiacées,
origi-
naire de la côte occidentale d'Afrique.
Son fruit apoelé
"noix
de cola" est de couleur blanche ou rouge et contient des alca-
loides stimulants. Est-ce la présence de cet excitant qui est à
la base de
l'intér@t que lui accorde les Africains? Nous pouvons
répondre par l'affirmative,
car de nombreuses unités africaines
remplissaient des missions statiques et de garde.
Le fait de
mâcher de la cola permettait de chasser le sommeil et d'assurer
normalement la garde.
De. ce qui précède,
nous pouvons noter que le souhait des Africahs
a provoqué sans doute
(nous n'avons pas assez de chiffres)
un
regain d'intér@t pour le commerce de la cola en A.O.F.,
mais
bien plus,
a permis du point de vue militaire d'appliquer des
consignes de garde sans problèmes majeurs.
En plus de la noix de cola,
les Africains demandaient
également qu'on leur construise un
foyer que les Autorités
appelèrent "MAISON AFRICAI~E". La construction de cette "MAISON
AfRICAINE"
(voir photo page suivante)
avait pour but de créer
(1)
Les amateurs de la noix de cola lui attribuent ~galement des
vertus sexuelles
!
Nous ignorons si cela est vrai du point
de vue scientifique. Ce qui est certain,
c'est que c'est un
fr~it très pris~ par les Africains musulmans. Puisque les
musulmans représentaient environ 11
000 individus,
la forte
d~mande de cola peut s'expliquer par leur importance num~-
r~que.
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241/
une atmosphère propre à divertir le militaire Africain transitant
par les bases militaires de Saigon ou d'Hanoï.
pour le moral africain. Ot
; où elle faisait tomber la
méfiance 4es Africains qui parlaient de "discrimination" par rapport
aux Nord-Africains, (1) à cause de la "maison norcL.africa1ne" qui
existait depuis belle lurette.
C'est pourquoi/les servic~psychologiquesdes F.T.E.O.
prirent cette demande au sérieux et élaborèrent des plans de construction
de la "maison africaine".
Ils s'adressèrent pour l'occasion, aux services de la Direction Générale
des Travaux Publics (section service central de l'urbanisme) de l'A.O.F.
pour lui demander son aide quant à l'aspect architectural de l'édifice.
Le dit service ne se fit pas prier et adressa au Cabinet militaire de
l'A.O.F. les plans d'une "maison africaine" inspirée de l'art
néo_
soudanais (2).
Les caractéristiques de la'maison africaine" proposée, se présentaient
comme suit :
- capacité d'accueil 150 militaires
une grande salle de restauration, jeux et lecture
- une aile pour le personnel de gestion et d'exploitation
à demeure.
une aile pour les services de cuisine.
Il était également prévu un bar A limonade, un inventaire
bibliothèque et une petite mosquée pour la prière. Ces projeie des
- A.M.A. étaient le résultat des efforts déployés par le service des
"affaires africaines".
Le règlement des deux problèmes évoqués plus haut, constitua en réalité
le prélude à une véritable contre·offensive psychologique qui prendra
l'aspect d'une "offensive médiatique", du règlement du problème sexuel
et surtout de l'éclat donné aux fltes musulmanes.
(1) Dans le domaine des distractions, les Nord-Africains semblaient plus
favorisés que les Africains, dans la mesure où ils disposaient d'une
maison. la. ."Maison Nord Africaine", de foyers et surtout des fameux
"cafés maures" 0 Le bureau des "affaires musulmanes" avec son important
crédit de fonctionnement, ses archives et surtout les journaux arabes
poussa certains éléments africains A parler de "favoritisme" et de
"discrimination", vis-A-vis des Moirs.
(2) A.N.S Fo~ds A.O.F. Série 4D 7-6 Gouvernement général de l'A.O.F.
Cabinet militaire/Lettre de l'ingénieur Général, Directeur des
travaux publics à JIr. le Haut-Commissaire, Gouverneur Général de
l'A.O.F. Dakar le 21 novembre 1953.
. •. 1•.•

La "contre-offensive psycho sociale.
Cette action sera menée à l'instar de l' édificatiOD. de la
".AISON· AfRICAINE'ftans un souoi d. rééquilibre vis-à-vi. de. Borcl-
Africains. Elle commence par la réinsertion d. la "page afrioaiDe"
de "Caravelle",
qui-
avait pour but, d'effacer le mécon-
tentement provoqué chez les Africains sachant lire.
L'entreprise ne fut pas prise à la légère, car le Général Gsabiez,
chef de l'E.~IF.T. demanda à toua les cadre., chefs de corps ou sous-
ofliciers ayant sous leurs ordres des militaires Africains, de foùrnir
au Bureau de
la guerre psychologique (section "affaires africaines")
tous documents, articles, anecdotes, récits de faits d'armes et photœ
etc ••• relatifs aux Africains et susceptibles d'alimenter ce "petit
journal" de "Caravelle" destiné aux éléments sénégalais du C.E. (1).
Il fit souligner dans la mame optique,tout "l'intérat" que le Général
Commandant en che~attachait à cette réinsertion de la "page africainell(Z)
et des effets positifs escomptés sur le moral des Africains combattants
en Indochine.
Dans la foulée, les Autorités allaient inaugurer la distribu~~_....:
tion de journaux intéressant les Africains. Ces journaux qui étaient
édités et publiés en Afrique Noire avaient l'avantage de donner non
seulement des nouvelles des colonies d'origine des militaires Africains
présents en Indochine, mais publiaient également des photos de région,lou
de personnes que certains identifiaient comme étant de chez eux; tinsi,
mime ceux qui ne savaient pas lire trouvaient leur compte dans ces
reportages photos publiés par les dits jaurnaux.
C'est pourquoi l'E.K.I.F.T. (Service Social F.T.E.O.), s'abonna à di.ffé-
rentes publications africaines dont voici les principales : (tableau
page suivante).
(1) A.N.S. Fonds A.O.F. Série 4D 76 (versement 100) Note du Général
de brigade Gambiez chef de l'E.M.l.F.T. à propos des abonnements
de journaux pour les militaires Africains en Indochine Sdgon
le 18 aoftt 1953.
(2) A propos de la disparition de cette page réservée aux
Africains dans le journal "Caravelle" voir p.J.05-2.0f. •
•.• 1•••

243/
TAIt:EAU : LISTE DES PUBLICATIONS F"('tU#~!e:! AUX TUaI Ll ruRS
LESE~Y·ICE ~OCIA:l ET CULTUREL DES f.T.E.O. (1953).
NATURE/PUBLICATIONS
TITRE DES PUBLICATIONS
DUREE ABONNEMENT
LIEU DE
PUBLICATION
Hebdomadaire économi-
"Cette Semaine"
l an
DAKAR
que et financier
Hebdo d'info~mation
"Guinnée française"
non précisé
N.P.
Hebdo d'information
"Soudan français"
BAMAKO
Quotidien illustré
"Paris Dakar"
N.P.
Journal d'information
"Paris Dahomey"
Journal d'information
" Etoile du Tchad"
Mensuel d'information
économique et social
"BINGO"
sur l'Afrique Noire
)

Il est bien entendu que toutes ces publications ne
contenai8Dt aucune info:rmationà' caractère politique pouvant
influencer nécativemen~ le moral africain, daD8 la mesure oà les
Autorités recherchaient l'effet inverse. Si la réinsertion de la
"page afriea1ne" dans "Caravelle"~ia distribution des jOur.D&UX
furent bien accueillis par les œilitaires Africains ~ transit daDa
les bases, l'ém1ss~on radiophonique accordée aux Africains eut de.
effets plus qu'heureux sur l'état d'esprit et le .oral des Africains.
Le 25 septembre 1951, le Colonel Lepeley, Directeur du Service
Social et Culturel des F.T.E.O. annonce dans une note de serviee que
"par suite du nombre d.militaires Africains en Indochine, le Général
de corps d'Armée Commandant en chef en Indochine,a prescrit qu'une
émission radio serait organisée chaque semaine, à l'intention des
Africains" (1).
L'inauguration du "quart d'heure" radiophonique africain
"fut fixée au 3 octobre 1951 et devait se dérouler tous les mercredis
de 18h 20 à 18h 35. L'animation était confiée au Lieuteaan.t chargé des
A.K.A. à l'E.M.I.F.T. Les Africains firent un accueil plut8t favorable
à cette émission. C'est pourquoi, ils se plaignirent de sa brièveté et
ne comprenaient pas que les N.A. eux, en disposent de trois (2). Les
services compétents de l'E.M.I.F.T. arguèrent que c'est pour des raisons
techniques, (manque de disqu~ retard dans les commandes en A.O.F. ou
en A.E.F.), et psychologiques (l'impossibilité de savoir d'avance
l'accueil que les Sénégalais réserveraient à cette initiative) qu'ils
se bornèrent à ce quart d'heure (3).
(1) SSAT lOB 420 F.T.E.O. Service Social et Culturel. Bote de service
du Colonel Lepeley, Directeur du Service Social et Culturel des
F.T.E.O. au sujet de la création de l'émission radiopho1Üque réservée
_ : ~Afr1caii1s. 251 sep~eJRbre 1951.
(2) Dide. Rapport sur le moral africain '19'51 p.4.
(J)D::i.dem. Correspondance du Capitaîne Guédou au Général de brigade
Allard chef de l'E.M.I.F.T. au sujet des problèmes liés aux éaissions
radiophoniques africaines. SaIgon, le 13 3anvier 1953 •
••• 1..•

Très disposés à soutenir le moral africain# l u Autorités
dépassèrent· ces obtacle. pour consentir un effort suppléaentaire
en direction des Abicains. n. ce fait. deux éJlissicma 8uppléaentair..
furent accordées aux .liénéplais aTec un t_pe· d'ant81Ule plus lon.
(soit 1h 10 llinut •• ) cOlBle l'indique le programme s\\ti:nat : (1).
- Lundi 18h 50 à 1911 10,
- .ercrecl1 1811 20 à 18h 40,
- Dimanche 16h OC) à 16h 30.
Le contenu des émissions portait sur la diffusion de àisques
demandés (2), d'une émission sur les nouvelles des fédérations (A.O.~./
A.E.~.) sous fonne de chronique et sur
la diffusion de nombreux
messages.
'1 t
.
La régula~ité~le nombre sans cesse croissant des demandes de disques
marquèrent l'intér3t de quelques Africains "radiophiles" à l'endroit
des émissions qui leurs étaient destinées.
Toujours dans san désir de canaliser le moral africain, les
services du S,ureau de la ~erre .~iychologique ne manquèrent pas de se
pencher sur le cas du contingent très particul.ier que constituaill11t les
musulmans d'Afrique du Bord et d'Afrique. Noire au sein du C.E.F.E.O.
Deux raisons peuvent justifier oet intérat de la B.G.P. :
d'abord le nombre des mJ1Bulmans qui s'élevait à environ 28 413 (~)
pratiquants/soit 10 000 hommes de plus que le contingent Africain tout
entier. Ensuite,le désir de permettre aux croyants de pratiquer leur
religion (afin de maintenir leur moral) peut justifier également l'intér3t
du B.G.P. Mais ce qui intéressait ce service, c'était de montrer aux
musulmans que la !'rance pensait à eux malgré les difficultés. C'est ce
qui explique toute l'attention dont ils étaient l'objet lors des
éTènement s de la vie du musulman. Ainsi. lors des ntes de "l'Aid-es-
Séghir" et de "l'Aid-el-Kébir", l'Intendance mettait en relief·
(1) Il s'agit des programmes de radio "France-Asie".
(2) Les disques demandés étaient des disques africains commandés
spécialement d'A.O.~"ud'A.E.P. et portant sur du folklore (musique
traditionnellè locale) ou de la musique moderne.
(3) SHAT 1DH 2674 Intendance/FTED 1954.
el • • 1•••

'" 246/
la générasit~ des AutaJ:i.té1i en distribuant des centaines de moutcma &11%
musulmane (v~ir tableau page suiv8J1te).
La distribution des moutons et la part ici pe:ti cm de. Autorit4.
françaises aux ",méchoui" accompacné. de cOuaCOUII, ne .turent pa. les
seuls .sydDlee . de "l'intérat" français pour le. auanlmen. du C.E.
L'éclat donné au départ à la Mecque des pélérins musulmans du C.E. fut·
sans doute l'Qccasion de réaffi1'ller toute la "gratitude" des Autorités
françaises. Le faste', déployé à cette occasion n'avait d'autre
but que
l'action psychologique. Le compte rendu du journal officiel du C.E.
"Caravelle" nous donne un aperçu de l'éclat de la cérémonie 1 "Dans un
quartier paisible et noyé d'ombre, la "~aison Africaine-. El pris ses
allures de fate. Au dessus de l'entré., se détachant sur un fond sombre,
le croissant de l'Islam brille de feux multicolores. Rendant les honneurs,
une section de tirailleurs, impassible. sous le Cheik bl8J1c, ceinturés
de rouge. A l'intérieur, formant le carré autour du patio les pélérins
sont rassemblés et s'entretiennent calmement en attendant les personnalités.
Sous les lumières vives, les calots d'armes jettent une note gaie sur
le fond kaki des uniformes·, le bleu ciel des tirailleurs, le rouge des
spahis, le bleu marine des "colos" et dee avla.tle:un. De nombreuses
poitrines.sont b:9.rd~es de dkorations.
Annoncé par les sonneries de la musique, le Général Del8J1ge
représentant le Général Ely, entouré du médeCin-général Jeansotte, de
l'Intendant Général Horn et du Général Allard, est reçut par l'officier
chargé des "Affaires Militaires Musulmanes" qui lui présente un à un,
ceux qui vont réaliser le plus grand rive de leur vie" (1).
Dans l'allooution prononcée à cette occasion, le Général Delange
.
. .
annonce qu' il est . 'personnellement heureux" de présider la cérémonie. Puis
il met en relief les efforts du Haut-commandement qui "cette année
encore a demandé et obtenu du gouvernement l'autorisation de faire parti-
ciper au pélérinage des tirailleurs". Il termine son discours en insistant!
sur le sens de l'action de la "mère patrie" qui n'a pour but que de montrer
sa "reconnaissance" et sa "gratitude" envers tous ses fils, les combattants
musulmans qui servent en Indochine" (2).
(1) Extrait de "Caravelle" 1952.
(2) "Caravelle"· .952
•.•1•••

247/
Distribution de moutons aux musulmans du C.E.F.E.O lors
des fêtes musulmanes.
r
FETES MUSULMANES
Région de stationnement
AID-ES-SEGHIR
AID-EL-SEGHIR
des musulmans du
C.E.F.E.O.
du 3/6/1954
Septembre 1954
Hanoi
481
560
Haiphong
267
345
Plaine des Jarres
07
Luang-Prabang
Vientiane
al
Paksané
15
03
TOTAL
759
920
...
~

Comme on le constate, la solennité donnée à cette cérémonie
par la pré~ence des principaux représentants du C.E., illustre toute
l'importance de l'action psychologique imacln'e pour l'occaaion.
En peOBallt aux fltes, aux journaux et autres distraction~. les re8Jl1a1L-
aable• .IIl11l.......... penchè,rent égal•••'"
sur un 4_ probl• • •
psychologiques les plus importants, c'est-à-dire le problème sexuel.
La délicatesse du sujet emp3cha qu'on y trouve une parade définitive •
• La multiplication de. B.M.C. (1).
Dans les mesures envisagées par les Autorités en vue d'amé-
liorer le moral des troupes du C.E., l'épineux problème des relations
des soldats avec les ~etnamiennes ne fut pas facile à aborder.
En effet, les rapports "incontr8lés" entre soldats du C.E. et des
~etnamiennes posaient d'énormes problèmes au commandement local dans la
mesure où ils entra1naient les problèmes suivants :

Problèmes de discipline et de trahison J
Il arrivait fréquemment que des soldats (et surtout des
tirailleurs) entretiennent des relations suivies avec de jeunes congay.
La passion aidant, le tirailleur prit l'habitude de sortir du Poste
sans autorisation pour aller voir sa congay. Cette attitude on s'en doute
était le commencement de l'indiscipline et pis, faisait peser des menaces
sur la défense de la garnison.
Certains allèrent jusqu'à mener une vie de marié (I!I) avec
la congay là en pleine guerre 1
Les Autorités se méfièrent également de ces rapports, car ils entrdnaien-
quelques fois des trahisons (désertions) de la Part des individus concernél
(1) La Direction des Services de Santé des P.T.E.O. signale qu'elle a
connu 207 893 cas en hui.t ans de guerre soit 12,01 ~ (pour 1 000
hommes). Le dit service reconna!t que "lorsqu'on contr8le unité Par
unité on se rend compte que la mesure
qui a donné les meilleurs
résultats dans la lutte contre le péril vénérien, a été la création
4. . B.M.C.' Du moment que le soldat ,ne veut pas entendre parler
d'abstinence, il est nécessaire de la mettre dans des conditions
telles qu'il ne se contamine pas. La fréquentation du personnel qui.
7 est attaché doit Itre considérée comme une garantie contre les
maladies vénériennes". Cf. Etat-Major P.T.E.O., le Service de Santé
en Indochine 1945-1954, par la Direction des Services Sanitaires
en E.O. et des P.T.E.O. Bibliothèque 1f111taire de Vincennes p. 745 •
.../ ...

249/
• Problèmes de sécurité du tirailleur et -du camp.
Le commandement local avait beaucoup d'appréheD.io~uant
aux conséquence. des relations avec les conaar à caU88 du risque de
DI81'1ipuJ.ation par des- espionnes V.M.
Le danger était double, car le tirailleur pouvait 'tre attiré dans un
guet-apens, ou Itre utilisé par sa compagne dans le but d'obtenir de
lui des renseienaments stratégiques utile. dan. les sabotage. des
Commandos V.K., ou dans les attaques de Postes français.
• A ces problèmes, s'ajoute celui de la "protection" du'
portefeuille du tirailleur. En effet, si le tirailleur lie amitié
avec une congay matérialiste, son portefeuille en ressenteit le coup
et le malheureux tirailleur se retrouvait au moment de son rapatriement
avec très peu de sous.
• Problèmes médicaux.
Les relations incontrSlées des soldats avec ces filles
entr&tnaient très souvent la contraction de diverses maladies véné-
riennes non seulement dangeureuses pour leur santé, mais pour le
reste du C.E. qui risquait d'1tre contaminé. La conséquence est que
le budget du Service de Santé.allouée à la lutte contre les maladies
vénériennes ne fàisait que cro!tre à cause de cette indiscipline sexuelle.
Face à ces problèmes psychologiques, militaires et médicaux découlant
des relations incontr8lées avec/cà~lay, le Haut-commandement, face aux
rapports alarmants des chefs d'unité. décida de multiplier la création
des B.II.C. pour essayer de contrSler ce phénomène.
Mais svant d'analyser les mesures des Autorités, voyons ce que c'est
qu'~ B.K.C. et à quoi il.sert.
Selon le poète légionnaire Arthur Nicolet, cité par Pierre
CarIes (1), B.M.C. signifie "Bal militaire de campagne". En réalité,
il signifie "bordel militaire de campagne". En Indochine, on l'appelait
également B.JI.C. mais avec une légère pointe d'humour. Traduit littéra-
lement,cela donnait "bataillon de marche de congay."
(1) Pierre Carles, . . . m.1llions de Boldat. 1nconnua ; la rte de toua loa
jours dans les Armées de la Ivè République, Paris Lavauzelle, 1962
p. 165. La définition prit4e à ce po~ie légionnaire l'est sans doute
dans un but humoristique.
• ..1•••

250/
En réalité, le B.M.C. (1) est une vieille tradition des
troupes coloniales tendant à satisfaire les besoins sexuels de .e.
éléments pendant les périodes de guerre. Cette louable ~tention
demandait tout de mime des "pensionnaires" pour équiper ce. unité. J
d'où venaient-ila ?
Selon Bernard Fall, "la plupart des pensionnaires de ces
établissements (B••• C.) en constants déplacements provenaient de la
célèbre tribu algérienne des Ouled-BaIl, où les femmes sont réputée.
pour leur beauté 1 elles sont courtisanes durant plusieurs années pour
acquérir leur dot ; puis elles se marient avec un homme de leur tribu
et deviennent d'excellentes épouses et des mères attentionnées" (2).
Il faut ajouter à ce q.J'a,B~i~all qu'en plus de ces femmes
algériennes, les Autorités recrutèrent des jeunes congey (~etnamiennes)
qui constituèrent l'élément local du B.M.C. à deux visages existant en
Indochine. C'est donc à ces jeunes femmes très particulières qu'on fit
appel pour réduire les risques liés aux relations non suivies entre des
soldats du C.E. et des "filles de j oie" locales.
L'importance attachée à la protection du moral conf~a l'Etat-
Major dans l'utilisation des B.Y.C. A terme, leur emploi lui permettait de
- contr81er l'assouvissement des besoins sexuels des soldats J
- de diminuer le taux des désertions ;
- de diminuer les rapts d~filles de bonnes moeurs;
- et surtout dans une perspective prophylactique, de réduire
les risques liés aux maladies vénériennes dans la mesure où les pension-
naires et leurs partenaires étaient soumis à un contr81e médical strict.
C'est en fonction de ce. ~tiples perspectiYes que le. Autorités locales
décidèrent de multiplier les B•••C.
(1) Il semble que c'est par respect et par pudeur pour 1~responsab18là
q~ étaient destinés les rapports évoquant ce délicat problème sexuel
que l'expression Bordel !ti.litaire
de Campagne. était toujours abrégée
sous la forme B.M.C.
(2) Bernard Fall, w-rru..d'Indo chine , France 46/54. Amérigue 51 éd.
"j'ai lu". 1965 p. 143
.../...

251/
Elles commencèrent par "déplacer" ceux qui étaient en ville pour les
implanter à·l'intérieur des garnisons (1) contr8lant ainsi les sortie.
et l.s relations entre soldats et congay.
Si ce premier volet était facile à réaliser, la question de.
Postes se posait. Comment satisfaire ceux des militaires qui étaient en
Poste depuis des mois ?
Les Autorités ne se firent pas priées et organisèrent des "B.M.C.
&aDulants" qui as.uraient le "Service" des Post~les plus isolés.
L'arrivée des B.K.C. entra!nait à coup sftr la relève du moral, comme
le décrit si bien Bernard Fall:"EI\\.Indochine, les B.AI.C. fonctionnaient
à merveille et l'apparition dans un convoi de camion de deux tonnes et
demie chargé d'Oulad-Nall, aux voiles de couleurs vives et qui lançaient
gaiement des quolibets aux soldats rompait la monotonie du spectacle.
Les B.M.C. suivaient les troupes m'mes dansles zones de combat (en
l'occurence toute l'Indochine était zone de combat), et d'ailleurs bon
nombre de ces filles moururent héroïquement sous le feu en se muant en
infirmières" (2).
Ces efforts louables du commandement ne furent pas acceptés
par tous les soldats, car certajJ1s pratiquèrent
une conception parti-
culière des besoins sexuels, en se limitant aux relations non suivies
avec les congay des villes. C'est pourquoi,un chef de bataillon Africain
désabusé par la "mauvaise volonté" de ses tirailleurs n'hésista pas
à stigmatiser cette situation en écrivant:
"Cet effort n'a toute-
fois pas été couronné du succès auquel l'on pouvait s'y attendre.
L'Africain en effet recherche plut8t la fréquentation de la femme que
la satisfaction rapide d'un instinct, tandis que les pensionnaires des
B••• C ont souvent en vue des gains pécuniaires. Ainai, le but recherché
à grands frais dans ce domaine n'a pas été complètement atteint" (3).
(1) Selon nos interlocuteurs, le montant de la "paase" au B.M.C. était
fixé à 5 piastres. E~se faisait dans l'ordre selon la hiérarchie
officiers, sous-officiers et hommes et troupe.
(2) Bernard Fall, op. cit. p.
144.
,(J) 5HAT 10H 350 : Rapport du chef de bataillon Dauvergne sur les
problèmes liés aux B.Y.C. J 1/60 R.I.C. zone Nord, 2è division de
marche du Tonkin, sous secteur Bac-Ninh.
• .. 1•••

252/
D'a1ll.~,c~tt. tendance à établir d•• relatio~ av.c 1•• jeua..
CODIa7 ~it d. c•• tira1lleure "con&&1Jh1l••- 4•• dé.ert.ure AJrè.
1. c••••a-l...t.u d. ju1D 19~. Si l'1D1tiA"iT. cl•• Autont" ••
CODJ1ut pail tout 1 • •uccè. TOulu, il pe~t tout 4. . . . . cl. réi1t1re 1••
risqu•• 11é. aux r.lation. ".auTaS••" av.c 1•• conp,..
Ifout •• ce. initiatiT•• que noua Tenons d'a:aal1B8r turent
1. tait clu C.-ndeaent local. Son entr.pri•• cl. proteotion du _ral
n. tut paa i.olé., car i l
trouva un. aid. iaportant. Tenant d••
Autorité. Français•• d'Outre-Mer. C.tt. action extéri.ure tut TÏ.TeBlent
apprécié. par le. béné~iciaire. à sayoir, le. tirailleurs Africian••
2) L' arid. de l' Afriqu. à ses- combattants en In4och1Jle ou
l'aid. morale extérieur••
L'aide d. l'Afrique à s.s comaattant. prit la forme d'une
aide morale et surtout matéri.ll. ; elle tut dirigée non seulement
Ters 1.. tirailleur. stationnant en Indochine, mais également Ters
l.ur. tamille••
A) Le dyn&!i. . . du Haut-Commissariat de l'A.O.F.
L'oeuvre du Haut-Co-.1s.ariat de l'A.O.F. con.ista •••entiel-
l_eut en un. étroite collaboration entre s •• senic•• et ceux du
Haut-COIa.D4. .ent f'r8D~., ohargé. 4. Teiller .pécialement sur le
moral. atricain.
C'.st clans c. cadr. que le s~c. Social. de. F.T.E.O. exam1D8 les
réclaaations de. militaire. Africains ayant d•• problème. relatit.
aux II8rldat. et aux iDd.mn1té. cl• •éparation.
.../ ...

253/
L'enquIt. rapide d~dé. par le gouv.rnement central ,.
l'A.O.r. awr: Gouv.rn.ure 10O&ux d.s t.rritoir••• aboutis.ai_" 1.
plu .OUTent à d....squ.r 1•• ind.1Yidus indélicat. qui d'toll1"lla1ent
c •• mandat• •t à faire rembourser 1•• dit
(1). De
.
quand un. épouse bénéficiair. d. «Iroits légi ta.s n. pere.Tait pa•
••• iIlfleJlD.1té. d. séparation. on lui indiquait la procédlU". à .uivre
POlU" régl.r la qu.stion. Vis-à-vis d•• famill ••• le. au'torité. local••
d. l'A.O.r. prirent de. initiativ•• privées allant dans le sens d'ua
souti.n au moral des Africains .n Indochine. C'.st ain.i que 1.
Gouv.rneur du Soudan explique comment c.rtains d. s.s adJl:inistré. ont
aidé d.s tiraill.urs sur le plan épistolaire : "Certains COllllllandan'ts
d. c.rcl. dit-il. ont pris l'initiative d. suppléer à la car.nc. d••
famill.s qui. insouciante. ou illétré••• n'envoyaient jamais de leurs
nouv.lle. aux tirailleurs absent ••
Ils ont écrit eux-mimes à ces derniers et ont remis les réponses à
leurs parents. c. procédé m'a semblé excellent. les tirailleurs
intéressés ayant paru. dans leurs réponse. très sensibl.s à cette
marque d'intérlt de l.urs anci.ns Commandant. de cercle. Par la
circulair. nO 342/1 P12 du 30 novembre 1948. j'ai demandé aux ch.fs
d. circonscription d'1a1ter c.ux qui avaient eu cette initiative" (2)
En
plus de e•• initiativ.s personnelle. de G,ouverneurs d. t.rritoir.s.
le Haut-CoDD1ss&r1at aida le semee social. d.s r.T.E.O. en souscrivant
(1) Dans un. correspondance au Haut-Commissaire de l'A.O.P./le gouvern.ur
de Guiné. signal. d.ux cas d'int.rTention de l'~iIJI1n1.tration. Selon
lui, Ibo. Bokar;r S71la. représentant d. laba;ra s' ••t fait reaet'tr. un.
somme d. 200 P sur le montant d'un DI&lUlat adr•••'
par 1. III1litaire
....dou du 6~ R.loG. à .on beau-frère. L'Aù1nistration a fait
procéd.r au rembourll8lllent de la SOIIII. .t a fait par la lltae occuion.
lm. r~..~~, cl'un 1101. de salaire au r.pr4lsentant en qu.stion. Il
noquè'T. ou d. deux incliYiclua Kanfo7 .x-colllDlis d'une maison de
commerce et Sallfou S711a tailleur qui se sont fait rem.ttre une
so_e de 200 F sur un mandat d. 6 000 P expédié par 1. tiraill.ur
FraciDé Cis.é de la 153è C.I.E. du quartier ganéral cl•• r.f.E.O.
L' MJI1n1.tration e.t égal_mt interT4mue. Extraits cle la l.ttre
du Gi)uverneur de. coloni.s Rolancl Pré, gouverneur de la Guinée
Prançai•• ' au Haut-Co-.1.saire cle la République en A.o.r. à Dak~
au .~et clu IIOral cl•• III1litaire. Africains en E.O. A•••S. Do••i.r
-S.cours Pécléral
aux famill•••• noTe 1948.
(2) , A.I.S. lettre par intérim clu gouTerneur du Soudan aU Hallt-
Co.n.aaire cle l'A.o.r. à Dakar, au .lQet clu DlOral de. tiraill.ur8
en E.O. BaB-ko le 4 aar. 1949, P.2. no••ier "Secour. Pédéra! allZ
faadlle.-. 1953.
.../ ...

....
des abonnements d'un an à diverses publications d'Afrique
Noire (1).,De m'.e, i l montre toute se sollicitude en BavaY.At
sc.
au service des "Aff"aire. Africaines" de nombreux dis,.... . .
tibles d'animer 'les 6.issione radio destin6es ....x Af"ric.J.:.... e"",.
i l fut question de cr'er une 'mission radio pou» les Al'ri:C'.;ine .It
Il''8.''.
Indochine. Il s'agissait de diffuser sur les ondes de "Radie
des disques demand~B à l'intention des familles par le8 mili~.~ree
Africains en Indochine.
De m8me, le Haut-Commissariat eut l'id~e de faire enregistrer des
messages à "Radio Dakar" du genre -
"affectueuses pensées ; toute
la famille va bien ; envoyer nouvelles
; Te remercions mandats ;
Ta mère te salue etc ••• et destin~s a~ tirailleurs Africains.
Toutes ces initiatives furent le résul.et de la colla-
boration étroite des Autorités administratives de l'A.D.f. et des
responsables militaires dirigeant la guerre en Indochine. Cette
collaboration ne s'arr8ta pas au niveau des seuls contentieux
administratifs, exposés par les tirailleurs Sénégalais en Indochine.
Le Haut-Commissariat organisa des manifestations de grande enver-
guer qui lui donnèrent l'occasion de montrer la générosité de la
fédération et surtout, de sensibiliser la masse africaine à la
question des tirailleurs en Indochine.
Pour montrer à ses combattants qu'ils n'étai.nt pas
isolés du fait de l'éloignement, le Haut-Commissariat organisa à
leur intention de nombreuses collectes à l'échelon fédéral.
Il fut
institué de ce fait,
une flte d~nommée "La semaine du combattant
d'Indochine". Cette "Semaine", patronn~e par le "Comité des f8tes
de Dakar" était l'occasion de collecter divers fonds au bénéfice
des tirailleurs. Diverses manifestations sportives
(football, rugby,
boxe et•••• tombola. bals, qu8tes. soirées théltrales) étaient
mises sur pied dans cette perspective.
(1) Voir en page 243 les publications concernées.
(2) A.N.s. fonds A.O.r •• dossier "Messages famïli~s des tirailleurs
aux combattants Africains en Indochine", 1952/53.

255/
Bilan de ia "Seaa1ne du combattant" orp.nisée par le 8OUTeft._ent
général 4e l'A.O.P. du 29 HOT. ._re 1952 au 7 Déo_Dre 1952.
,
1
1
:
1
Territoires
1 Total colleoté
Veraé au CoJDité Hatioul (1)
1
1
·
1
1
-~------------ ·
1
----------------- -----------------------------------
·
:
1
·
1 llIauritanie (2 ):
127 720 francs:
77 720
:
:
:
·
: Sénégal
691 034
696 034-
:
·
.
·
1
:
:
1
1 Dakar
: 2 617 526
·
1
·
1
1
:
:
: Guinée
· 805 202
603 202
·
:
·
1
: Daholley
200 000
:
150 000
:
:
:
:
·
·
1
·
·
1 !figer
:
470 000
:
235 000
:
,
,
·
,
·
·
,
·
·
: Haute-Volta
59 610
38 510
1
:
,
1
:
1 Soudan
:
553 la1
:
500 000
·
:
·
,
,
a
1
1 T01'AL
1 5 531 273 Francs,
2 302 466 C:rA
.:
,
1
C1A
1
1
,
,
:


(l) Il s'agit d'une initiatiTe 4e solidarité de 1& Métropole inspirée
par le JI1.n1stère de la France-Mer, et cm IliDistère d'Etat chargé
des relations avec le. Etats-associés. Ce aouvement d'entr'aide
était organisé par le "Comité National d'aide aux combattants
d'Indochine aux anciens et à leurs familles" dont le siège était
installé
au 20/rue de 1& Boétie à Paris 8è (1952).
(2) La Côte d'Ivoire qui ne figure pas dans ce tableau avait
organisé une collp.r.te de son r,ropre chef. Les SOl'l)Tles re-
cueillies ~t servi à confectionner des colis pnur"aes propres
combattants enI"nddchine • C'est pourqu.ci,· le Gouvernement
G~néral'ne sollicita pas 1a ~blonie pour la "Semaine du
Combattant" de la fin de l'année 1952.

256/
Ba .1.0&1'., Wl. "S-.'n.... coaeat"u.t- eut Un"~ 1951.
h
1952, une d•• plu. importante. da c. . •. . .1. . . . . . ~ ta
29 nO'Y.bre 195~ au 7 "'CBbre 1952 .U' "Mt le te:rri~ . . l'LO••~
Ell. CUJlut 1IIl .X*~re n •••• o•••• l'illuat" 1. taltl.. . .
récapitulatif 4. la coll.ct. par t.rrtte1re. (tab. . . . . aui
t.).
D'autre. "S • •1n •• au CCIIÛtat"aat Ab':l,oa1Jl- _
IJl".old.a"
eurent li.u _
A.O.P. tell. . que c.ll. du 1er . . 7 a'YJ"1l 1 954 fllÙ.
rapporta 3 419 209 Pranc. (CFA). Parallèl.-.t l o•• actiena d.
grand. en'Y.rsur., le. &ouv.rDement. locaux organi.èrent d. l.ur
propre ch.f .... DIIUlif••ta'tiou local•• pour soutenir le $ouvernaent
Général. L. montant de. coll.ct •• iDdiT1"uelles par territoire permit
non seulement d'.xpédier d•• co~. aux 'tirailleur. Sénéplai. en
Indochin. aai. également', d'apporter un soutien matériel s,mbo1iqu.
aux familles nécessit.u••••
-N.
b) L'aiele . .t!riell. et
aH JI1litaire.
Atrio.jna .t à 1.!E t"'lle.
u•• fois 1& oollect. t.:t'IIl1né., l' A.O.F. décida de 'Yer.er
une partie des .omae. r.cueillies au "Coa1té National de Solidarité",
d'envoyer de. coli. à .es combattant. et «'aieler leur
famille
dans
1& liJl1t. d• • e. po.sibilité•• C' ••t
ain.i qu'en 1952, le ·Comité
des FIt •• de Dakar" octroya 617 520 CFA de .ecour. imméà1at aux
tamilles el•• ancien. co.battant. d. Dakar, à rai.OD de 5 000 CJ'A
versé. à la veu'Ye ou aux parents, et 1 000 P par enfant. Il' con.acra
ele mime, 2 000 000 d. J'ranc. CPA à l'8l1'Yoi d. coli. à d. . cOlibattants
el'A.O.J', blessés ou .'30urnan.t dans le. Pories a'Y8Jlcé•• BD 1953, à
l'occasion el•• flte. d. tin d'anné., la .ollicitud. d. l'A.O.F. fut
tellement aportaDtequ'elle rapporta 8 000 000 :PHS CJ'A. Se fai.ant
l'écho du quotid1_ "Paris-Dakar", 1. très offici.l mensuel du C.B.,
"Caravelle" (1) annonçait que ".1% 1111110118 ont été vereé. au
(1) ·Carav.ll.· nO 422 du 14/1 54 au 20/1/54 p.2.
• •• 1•.•

2571
. --
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.~.
".: .... '!"'~.
.'~ .~~ ,.
'l.., ... "",",-..1-)
',-'
.i
" ' ' - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - l
Lettre de rernerciementd'un tirailleur sénégalais
"
au
gouvernement Général de ~·A.O.F. pour son aide morale
aux combattants africains présents en Indochine
(l 954-19 55 ) •
.-
~':~\\iS;~~~:~::;';,:.'i::,
_
~.~
• .1
,
. . . . Z . ...:l'''~...... II ..-, •• '"
~.~.~-:...... ~ :~.-:;;<.~.""'::._ ..
... -".
",,::~~-=':L-:=-...,-~ -Ô,

258/
"Comité National de Paris", le reste a été couené peur •
fr en aid.e
aux famille. nécessiteuae. de. c~battants, deux milli. . . GB~ pe~$
sur instructions de Monsieur le Haut-Camaissaire d'enTO,.r 2 500 colis
aux combattants de l'Urique occidentale français., sé~olD'21aJl~ dan8
le. formations sanitaires ou dans les Postes particulièr. .ent exposé.".
L'année 1 954 fut la période où le dyn&ll1. .e de l'aide lIOraJ.e et II&t é-
rielle de l'Afrique se manifesta de façon particulière.
Ainsi, 3 397 coli. se montant à 2 232 132 FR5 CFA furent
confectionnés et répartis comme suit :
- 1 825 en juin et 734 en aotlt 1954
- 676 ont été remis aux prisonniers libérés en octobre et
novembre 1954
162 gardés en réserve.
Les colis confectionnés par l'A.O.F. contenaient des friandises
et
(bonbons, car. .els, biscuita, chocolat);/ des objets souvent utilisés
tels que (couteaux de poche, paquets de lames, Paires de chaussettes,
tricots de corps ou rasoirs mécaniques). Il existait deux types de
coli., l'un valant 1 344,50 (CFA) et l'autre 1 287 Francs.
Quelle fut la réaction.des intéressés devant cet élan
spontané de leur pa18 d'origine ?
fous le. rapports officiels sur le moral africain s'accordent pour
constater qu'un bon accueil sanctionna l'intiative du fait de la
.urprise. C'est ce que remarqua le chef de bataillon Courtiade,
Commandant le B.K.2/A.C.F. dans sa lettre au Commandant en chef des
F.T.E.O. z "J'ai l'honneur de vous rendre compte d. ce que les colis
attribués aux soldat. Africains origl.na1re. de l'A.O.P. par l'entr'aide
africaine à Dakar, ont reçu un accueil chaleureux, d'autant plWJ
chaleureuz que . c'est le premier envoi qui est arrivé au bataillon et
que nul ne s'y attendait" (1).
Dans l'ens. .ble, les militaires Africains ayant reçu ce. paquets,
ces diverses marques de générosité
et de sollicitude en furent
(1) A.B.S. Ponds A.04P. Série D 4 D76 Dossier "R. .erci. .ents" tirailleurs
A.O.P. !Attre du chef de bataillon Courtiade CO!!IMndant le B.K.2/
A.C••• S/Secteur de V1Dh-Yen à IIonsieur le CWnéral.de corp8 d'artRée
Commandant en chef en Indochine 4 avril 1954. Ce m!me resp-onsable
militaire déplora le fait que les colis furent envoyes a~x
seuls ressortissants d'A.P.f. Il semble que dans le doma~ne

259/
- - _ ..... . -- _ . - ~ ....... '
"'T""::".
L'Assistance Sociale en Indochine
Distribution
de
cOlis aux blessés de guerre du Corps expéditionnaire
à l'hôpital L~~ESSAN par la Croix-Rouge Française
le 25 décembre 1951
(Photo E.C.P.A. T51/228 'R. 2S ) .

260/
heureux. Ceries, la modicité des moyens ne permit pas d'étendre ces
actions au niveau de tous les soldats Africains COlDllle tout un chacun
l'aurait souhait'. Mais, le propre de l'&tricain est d't'tre sensible
aux gestes anodins, apparemment de peu de valeur aux yeux d'un obser-
vateur quelconque, mais qui de son po1D.t de vue représente tout
l'1ntérlt qu'on lui porte.
Certains tirailleurs (ils furent en réalité nombreux),
adressèrent des messages de reconnaissance aux Autorités administratives
et politiques de leur Fédération pour les remercier du geste moral qurell~
ont eu à leur endroit. Ainsi la collaboration étroite des Autorités
Françaises d'Indochine et d'Afrique permit de maintenir le moral
africain à un niveau raisonnable. Les tirailleurs comprirent qu'ils
n'étaient ni seuls, ni abandonnés et cela les réconforta beaucoup.
Cette bonne tenue du moral africain ne fit pas perdre de vue à
l'Etat-MaJor qu'il existait des problèmes assez délicats que la
générOSité des pays d'origine ne saurait faire oublier.
C'est par exemple le problème des décorations et avancements
auxquels le tirailleur restait très sensible, dans la mesure où la
décoration et l'avancement constituaient pour certains, le seul. motif
valable de leur séjour en Indochine. L'obtention d'une décoration se
méritait; de mime que pour l'avancement, des critères étaient exigés.
L'ignorance des textes, des problèmes d'ordre technique et opérationnel,
des problèmes psychologiques contribuèrent à semer la confusion dans
l'esprit de bon nombre de tirailleurs, mettant ain.i à mal leur état
d'esprit. Mais les Autorités elles, avaient compris que le règlement
de ces problè_es participaient de 1& bonne tenue du moral africain.
C'est ce qui eKPlique l'attention qu'elle. portèrent également à
cette question comme toutes les autres analysées jusque là.
3) La question des décorati9A8 et aVancement ••
a) Le problème des citations.
L'Africain était très sensible à la décoration pour ~e
raison purement psychologique. EJl effet,/t'époque de 1& domination
française, il était bon ton d'aborder fièrement une décoration militaire
•• •1•••

261/
lors des cérémonies àu 14 juillet (1). Il permettait à l'ancien
combattant. de figurer parmi les "interlocuteurs" du grand chef
blanc, à savoir le Commandant de cercle.
Recevoir sa poignée de ~ain au milieu de la foule réunie pour
l'occasion avait de quoi griser le moral de l'ex-tirailleur.
De plus, le port de la décoration était le symbole de la "bravoure~
qu'on avait montré au feu.
Ainsi
., l'obtention d'une médaille entra!nait des retombées
psychologiques non négligeables pour le tirailleur vis-à-vis de
son milieu. Ce sont ces raiso~qui expliquent l'extrlme sensibilité
de certains tiraille~rs aux problèmes àes décorations.
Mais la réalité des choses en Indochine se présentait sous un jour
plein de handicaps.
Le premier problème qui s'est posé fut celui des conditions
d'obtention de la médaille o Pour acquérir la "Croix de guerre", le
militaire devait accomplir une action d'éclat justifiant l'attribution
de la dite médaille.
Or, il se trouve qu'en Indochine, le style de la guerre menée ne
créait pas toujours les conditions souhaitées pour y avoir accès.
La mission essentielle de bon ,nombre d'unités africaines
était statique (garde de dép8ts stratégiques, d'ouvrages importants,
de ponts, etc ••• ), ce qui ne pouvait créer évidemment, les circons-
tances propres aux actions d'éclat. De plus, de nombreuses formations
africaines tenaient de nombreux Postes en campagne. Les attaques
Viets n'étaient pas quotidiennes et les unité. pouvaient rester
pendant de longues périodes sans engagements véritables. A1nsi,les
chances d'obtenir une médaille s'éloignaient un peu plus chaque jour.
(1) Il s'agit de la'flte Nationale de la République Française qui
commémore la prise de la Bastille le 14 juillet 1789.
Du fait de 1& domination française, les colonisés
fit aient
cet
évènement historique.
.../ ...

262/
'.~ pt
c
.
.
l .
,
.
.
Indochine 1950
Le général Carpentier décore un
blessé Africain sur son l i t d'hôpital (Photo E.C.PJA.
PSO/48 R07).

263/
Et ce ne sont pas les sempiternelles fouilles de village, embuscades,
nettoyages. etc ••• qui pallieraient ou changeraient quoi q~
ce soit
à cet ~tat de chose~.
L'absence d'engagements v~ritables posait donc des pro-
bl~mes. ~ais ce qui allait d~cevoir encore plus les "m~daillophiles'
c'est l'attitude inadmissible des Autorit~s qui "favoris~rent· les
militaires des Etats-Major par rapport à ceux qui ~taient au Wfront~
Certaines formations
(pas seulement africaines) crurent
que c'~tait de la discrimination. Pour r~gler la question, les res-
ponsables des unit~s dans lesquelles la grogne se faisait sentir,
n'h~sitèrent pas à saisir le chef de l'E.MJ.f.T. Selon eux, "certai-
nes attributions de citations choqu~nt le combattant ; i l est trop
souvent oubli~ que la "Croix de guerre" est avant tout,
la sanction
d'un acte pr~cis de courage et non la r~compense d'une valeur
technique. Que faut-il faire pour obtenir une palme distribuée si
facilement aux officiers des EtatrMajo;,
cetexcè, de
citations .ou
personnel s~dentaire des zones et secteurs (1).
Dans le m~me ordre d'id~es, un des responsables du 1/21° R.I.C,
d~nonça les citations qui ne lui semblaient pas forc~ment mérit~es,
et qui ~taient attribuées abusivement aux groupements mobiles. Par
suite de ce constat, i l affirme que "g~n~reusement octroy~es
dans les troupes mobiles où
les r~sultats sont concrets, sans pour
autant qu'il y ait toujours acte de bravoure, les citations ne sont
donn~es qu'aux compte-gouttes aux troupes implant~es" (2).
infin, en plus des probl~mes engendr~s par la situation
statique des militaires et la relative "facilit~" avec laquelle
ceux de l'arrière obtenaient leurscitatio~ i l faut ~voquer une des
questions les plus d~licates li~es aux citations. C'est le temps
anormalement long d'homologations des propositions de citation.
Quelque fois,
les
(1) SHAT
1DH 349 probl~mes de chanceQerie, source: fiche questione
rl!ponses par le G~n~ral Allard .charg~ des affaires courantes
à
IIE.M.I.f.T. p. 2. r~sum~ des dol~ances des responsables du
2ème bataillon ~tranger Parachutiste (2° B.E.P.), du 1/24-
R.T.s. du B.M./Indochinois.
(2) sHAT 10H 349 fiche questions/R~ponses G~n~ral Allard op.cit.p.2
.../ ...

264/
Indochine 1952 : Visite de Monsieur J. Letourneau, ministre
chargé -des Relations avec les États-Associés. AlI'hôpital
annexe de GIAIS, le Ministre décore de la "croix de guer re"
palme, un 2è classe africain du BMTS no.30 originaire de la~
Volta.
(Photo ECPA P52/40 R.II).

265/
documents en question se perdaient dans la paperasserie administrative,
ce qui n'était pas fait pour maintenir le moral. Et cela entra!nait
des situations .inadmissibles pour les tirailleurs rapatriables qui
regagnaient leurs foyers sans le symbole de leur participation à la
guerre.
Cette situation qui provoqua de nombreux mé c on t e rrt eme n t s n'éI::h~pa pas
à 1'0811 vigilant du responsable des "Affaires Africaines ll •
Selon lui, "Pour éviter que les militaires Africains rapatriables
manifestent leur mécontentement coume les 225 qui sont partis le
19 avril 1951 sur HaIphong, il serait souhaitable de revenir au
système de décentralisation autorisant les Commandants de secteur
et de zone. d'homologuer les citations à l'ordre du régiment et de
la brigade; ainsi, les rapatriables pourraient ~tre décorés avant
d'embarguer,leur donnant ainsi l'occasion de se orésenter chez eux
avec une juste fierté" (1).
De mame, les responsables du 5° R.I.C. se firent l'écho
de ces tirailleurs qui ne comprenaient pas que ilIa remise d'une
décoration ne suive pas immédiatement l'action". Toujours selon ces
chefs de corps, "le fait d'englober plusieurs actions d'éclat pour
prétendre à une citation, provoquait un malaise non dissimulé. Le
cas de la citation automatique pour un blessé est parfois abusif quand
il s'agit d'une blessure légère "bambou ou piège à pied, alors qu'une
action individuelle mérite bien souvent une récompense bien que seule"(2)
Les délais d'homologation mis en cause atteignaient générale-
ment 3 mois, laps de temps pendant lequel divers évènements (rapatrie-
~ent, nouvelles blessures ou mutation) venaient ganer le processus
administratif, perturbant de ce fait le moral du tirailleur.
Pour apaiser les inquiétudes des militaires concernés, le Haut-comman-
dement commença par créer les conditions propres à 1& mise en valeur
des qualités guerrières de certaines
populations africaines, guerri-
êres de tradition et qui ne supportaient pas leur ~ission
statique"
(1) SUAT 10H 420 Rapport sur le moral africain, rapports moraux de base,
1951.
(2) SUAT 10H 350 : Rapport sur le moral F.T.N.V., 5° R.l.C. 16 mai 1954 •
••• 1•••

266/
Etat de. 'citations obtenues par le BM/13° R.T.S. de 1951 à avril 1953.
Corps d'armée
Division
Brieade
Régiment
:
:
:
--------------------
:
:
: --------------------
:
:
: --------------------
:
:
: -------------------
:
:
Eur
Afr
Auto
Eur
Afr
Auto
Eur
Afr
Auto
Eur
Afr
Auto:
--- --- --- --- --- ,-----:.-._- --- '--- '--- --- ---
,9
. 10
o
16
46
5
35
49
10
58
51

Légende : Eur.
Européens
Afr.
Afri ceins
Auto.
Autochtones.
.../ ...

2671
C'est dans cett e perspect·ive que fut créé
le :}roupement
)Iobile Africain en 1952. C'est le
S.M.T.S. no.26, prése:,;.t en Indochine
depuis 1949, qui fut choisi comme Unité IKobile. Pour l'occasion, l'E'tu-
Major préleva de nombreua éléments dans les différents bataillons
Africains présents en Indochine pour constituer ce groupement et
donner de cette façon,plus de chances aux tirailleurs d'accrocher
des méda1lle~.
Cette heureuse initiative de l'Etat-MaJor résolvait en partie deux
problèmes intimement liés à savoir, la question statique vécue par
les tirailleurs en Poste (1), et celle des conditions à'ootention
d'une médaille.
Pour compléter les nouvelles dispositions des responsables militaires,
les chefs de corps reprenaient à c~que fois dans leurs rapports,
les sempi terne Iles remarques relat ives au problème des citations
afin de faire accélérer le processus en haut lieu.
A la question des citations, il fallait ajouter une autre
non moins importante à savoir, celle de l'avancement. L'approche de
ce dossier intégrait de nombreux paramètres
qui
n'étaient pas
facil.à- saisir, surtout pour des militaires illétrés. Les Autorités~
elles,prirent de nombreuses dispositions qui ne prenaient pas toujours
en compte la situation particulière des tirailleurs. Le maintien du
moral africain passait par »ne attention soutenue vis-à-vis de ce
problème.
b) L'Avancement et ses problèmes.
..
- Le cadre juridique 1 l'instruction ministérielle du 27
juin 1949 (2).
L'instruction ministérielle du 27 juin 1949 resta pendant
la guerre d'Indochine, le principal tene de référence organisant
l'avancement des militaires.
(1) Cf. à ce sujet la "vie en Poste ou l'usure morale" p.2DB-209
et sui-
vante••
(2) Instruction ministérielle no.17/458 du 27 juin 1949 in Bulletin
Officiel du Ministère de la guerre Fartie Permanente (B.O.P.P.)
1949 p. 2961 et suivantes.
•· .. 1•.•

TABLEAU ~çMPARAl'IF LES CRITERES L'AVANCE.:ŒNT ::'IIGEES POUR LES
EUROPEENS OU RESSORTISSANTS D'OUTRE-lIER z.N INLOCnIBi (1).
:
:Gandidats aux .-rade.
o
o
:de 1
:
Européen.
Autochtone.
:
.
.
----------------------
.
----------------------
..
----------------------
.
Caporal
6 mois de servi~e
6 mois .de service
:_--------_:_---------_::
(sujets d'élite)
4 mois de service
:
:
Caporal/Chef
9 mois de service
3 mois de grade
1
JO
2 mois de brade de
de Caporal
:
Capo:-al
o
o
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
- - - - -
o
0
:
(suje~s d'élite)
6 mois de se~ice
2 mois de orade àe
o
o
:
Caporal
o
0
- - - - -
0
0
0
0
Sergent
1 an de serTiee
1 an de service
g mois de grade de
. 6 mois de grade
:
o
o
o
Caporal ou
o
de Caporal ou
o
J mois de 6rade de
3 mois de grade
:
Caporal-chef
:
de Caporal-chef
o
o
1
o
o
o
(suj eta d' élite)
: 9 mois de service
o
1
: 5 mois de grade de
.-1
o
o
o
o
o
1
o
Oaporal ou
o
1
1
: J mois grade de Capo-:
:
:.
ral-che!
:
:
o
o
1
1
o
o
Sergent ..mojo"'...
: 2 an. de grade de
: 5 ana de grade
o
:
Sergent
o
Sergent ADL
:
o
o
o
o
o
o
1 Sergent-chef
: 2 ana de grade de
: 2 ans de grade de
o
o
Sergent ADL ou sana:
Sergent ou
:
:
condition. pour les: 1 an de grade de
1
Sergents-chefs
1
Sergent-chef
AdJudant
1
:
:
1
: AdJudant /chef
: 2 ana de grade
2 ana de grade
o
o
o
o
1
d'AdJ udurt
1
d'AdJ udant •
1
;
o
.
1
(1) Ne peuvent avoir accès au grade de Sergent-Major que les militaires
..../ ...

2701
Son établissement tenait compte du chiffre présumé de. nominations
à effectuer dans cha~ue grade au cours de l'année et ce,dans la
lLmite des effectifs théoriques.
En clair, cela signifiait qu'il y avait bel et bien un contingent
fixe au niveau des propositions d'aT&ncement.
Quant aux hommes de troupe autochtone, les conditions
d'avancement obéIssaient àU mime
schéaa (voir tableau) sauf que
les militaires autochtones de la première catégorie, c'est-à-dire
titulaires des certificats, brevets ou diplômes exigés des Européens
pour accéder aux différents grades, concourent pour l'~vancement à
titre autochtone, dans les mbes conditions d'ancienneté et de grade
que les Européens. En outre, ils sont inscrits au tableau avant ceux
de la 20 catégorie (1).
Il appara!t au vu de cette analyse sommaire de l'organisation
de l'avancement, que l'analphabétisme était un handicap majeur pour
l'aTenir de la carrière. Le fait de ne pas Itre lettré mettait le
soldat dans l'impossibilité de progresser rapidement. La seule porte
ouverte et raisonnable restait les nominations à titre exceptionnel
(ce n'était pas monnaie courante) et l'expérience pratique "remarquée"
par le chef de corps.
Concrètement , comment les tirailleurs ont vécu le problème
de l'avancement en Indochine? Il s'est présenté sous plusieurs aspects
dont Toici les points essentiels":
Premièrement, il faut citer le cas de ces tirailleurs rapa-
triables qui retournaient mécontents en Afrique.
En effet, selon le responsable des "Affaires Africaines", des gradés
Afr~cains ont obtenu leur certificat d'aptitude de Sergent en A.O.P.
avant leur désignation pour les territoires d'Outre-Mer (T.O.E.). Bien
notés, ils ont été pendant leur séjour l'objet de nombreuses proposi-
tions au grade Supérieur par leur Commandant d'unité
et n'ont pu
'tre nommés.
C'est un fait presque général" (2).
(1) B.O.P.P. 46 p. 2.945.
(2) SHAT 10H 420 op. cit. Rapport de la v"isite" de l"offider des
"Affaires Africaines" aux militaires Africains rapatriabl•• ,
22 juin 1953.
.../ ...

271/
TirailÈeur
Sénégalais en Indochine:la question de l'avance-
ment le préoccupa au ~
plus haut point (photo ECPA)

212/
Cette curieuse situation s'explique par le fait que les
archives de"certaines unités ont été détruites au cours d'opérations
militaires, privant les intéressés de toute pièce justificative de
leurs états de services et des décorations obtenues.
C'est ainsi, note l'officier Africain que, "dans certains bataillons,
des Africains titulaires du C.A. au grade de capo (brigadier) et de
Sergent (Maréchal des logis) attribués à l'issue des pelotons passés en
A.O.P. deviennent rapatriables sans Itre nommés aux grades auxquels
ils ont excercé les fonctions dans d'excellentes conditions durant
leur séjour en Indochine" (1).
Il Y avait de quoi Itre mécontent dans la mesure où, leurs
ca~arades qui ne partent à l'extérieur qu'un an au moins après l'obten-
tion de leurs certificats passent au grade Supérieur.
De ce fait, les éléments servant en Indocr~ne se voyaient nettement
défavorisés par rapport à ceux de leurs camarades restés en A.a.F.
Le véritable problème soulevé ici est celui des archives administratives.
Nombre de tirailleurs ratèrent l'.ccasion d'une nomination à cause de
ces pièces matriculaires qui du fait de nombreux transits, changements
de dénomination de l'unité et de la destruction accidentelle des
documents, les livraient aux longues correspondances administratives
E.O./A.O.F. qui n'aboutissaient PaS avant la fin de leur séjour. Le
moral n'en était plus que bas lors du départ.
Deuxièmement, il se posa
également la question
des vieux
àous-officiers Africains qui se plaignaient de 'l'avance rapide" des
jeunes sous-officiers sortis fra!chement des écoles militaires~(l)
Leurs préoccupations résidaient dans le fait que leur instruction limitée
les emp3chait de subir avec succès ~'examen de 1'échelle 2 à laquelle
étaient classés les jeunes collègues sous-officiers. Ils se sentaient
d'autant plus frustrés qu'ils avaient à leur actif, toutes les campagnes
de 1939/1945, un séjour à Madagascar, et celui d'Indochine. D'autres
étaient à leur 2ème séjour en T.O.E. De ce qui précède, nous déduisons
que le mécontement des vieux sous-officiers se résumait à opposer l'ex-
périence et les connaissances pratiques aux connaissances théoriques.
L'handicap de l'instruction réapparaissait avec ce problème.
(1)
Rapport "Affaires A~ricaines". 22 juin 195:1.
(2)
Il s'agit des Ecoles militaires de St Louis
(Sénégal), Mopti
(Soudan français)
de Bingerville (Cete d'Ivoire)/et Ouagadou-
gou (Haute-Volta).
• •••••

273/
Troisièmement, nous pouvons avancer l'argument de l'immobilisme
des unités •.Du fait du cadre restreint de l'avancement, la nomination
à titre exceptionnel pour faits de guerre restait un grand espoir.
Encore fallait-il avoir l'occasion de se distinguer dans la mesure
où la mission de servir en situation statique était le lot des formations
afri caines ( 1) •
La "vie en Poste" et la garde des dép&ts furent des obstacles au
niveau de l'avancement.
Quant
aux autres
difficultés liées à l'avancement, elles ont
trait au rattachement administratif des éléments africains des C.~.A. (2).
Soldats de l'infanterie détachés en vue de la surveillance des bases
aériennes, leur rattachement administratif obéIssait à des clauses
obscures,dans la mesure où c'était l'Armée de l'Air qui les administrait.
Ce problème retarda les questions d'avancement, car on ne
savait à quel régime les soumettre exactement.
Enfin, un dernier problème et non des moindres, fut celui des délais
assez longs entre la proposition d'avancement et sa sanction et surtout
dans de nombreux cas, son non aboutissement. Il était source de mécon-
tentement, car le tirailleur ignorait le fait que le retard pouvait
avoir pour justifications sa conduite disciplinaire (punitions, incon-
duite~·manque de documents) ou la question des quota (nombre de nomi-
nations décidées chaque année). Ce manque d'information ajoutait encore
plus à la confusion.
En définitive, le problème de l'avancement n'allait pas sans
difficultés pour le moral africain. Il avait des causes militaires,
intellectuelles et surtout administratives. Pour tenter de résoudre
cette question, les Autorités prirent des mesuree, afin d'améliorer le
moral africain qui restait sensible à cette délicate question.
C'est la raison pour laquelle des pelotons furent organisés en vue de
perfectionner l'instruction technique des soldats et de les préparer
à concourir pour l'avancement.
l'
(1) Le séjour en Poste pouvait durer
mois environ.
(2) C.G.A. Compagnies de Garde de l'Air:au sujet de leur création et de
la mission qui leur incombait ., cf. le chapitre l Deuxième partie
p. 1'.27
~ ../ ...

- L'organisatign de, "pelotons" et se. problème••
L. peloton est un stage d'instruction orlJ&DÏ.s' à l'intenti. .
de. soldat. d. l'Armé. en vue de parfaire leur.s conna:issanc•• t.chnique!
et de les amener à acquérir des conna:issanc.. propre. à concourir pour
la nomination aux échelles et grades Supérieurs.
Il compt. deux niveaux, qui sont tous deux sanctionnés par une attes-
tation dite d'aptitude :
Le peloton Y est en général réservé aux illetrés (1) et représente le
niveau transitoire vers le peloton II.
Le soldat d. 1ère classe pouvait terminer le peloton l avec le grade
de Caporal ou Caporal-chef.
Quant au peloton II/auquel le soldat accède après 2 ans de service
environ, il ouvre la voie au grade de Sergent, ou Sergent-chef après
admission au certificat d'Aptitude C.A.T. ~.
Pour résoudre les multiples problèmes provoqués par l'avance-
ment, les Autorités décidèrent de multiplier l'organisation des pelotons.
Mais, cette initiative n'allait pas sans heUrts dans la mesure où elle
posait des problèmes d'ordre opérationnel et d'effectif.
S'agissant du premier aspect de la question, il se présente comme suit 1
les unités en opération ou sur la défensive n'ont pas pour mission
l'instruction d es soldats.
LMnombreuses charges (défense des Postes, protection des villages,
patrouille!
etc ••• ), et les effectif. étroit! dont elles disposent
ne leur permettent pas vraiment de libérer des soldats voulant progresser
dans leur carrière. Cette délicat. question fut le lot quotidien de
tous les chefs de corps qui devaient choisir entre les charges opération-
nelles et l'avenir de leurs soldats.
(1) Les conditions d'avancement comportaient des épreuves de culture et
d'instruction générale, ce qui écartait d'emblée tous ces nombreux
illetrés faisant partie de la troupe Africaine. C'est pour éliminer
cet "écueil" que les Autorités finirent par nommer des tirailleurs au
grade Supérieur (accès au peloton II) sans passer par l'épreuve de
culture générale. Du fait de l'état des connaissances des soldats
Africains, le maintien de cette dispositian paraissait curieuse. C'est i
pour surmonter cet obstacle (avant sa suppression) que des militaires 1
apprenaient à écrire et à lir.~av.c les manuels du cour! prépara-
toire l (C.P.I.) dénommés "Mamadou et Binet.".
• •• 1•••

275/
Les autorisations en vue de libérer quelques soldats pour le peloton
se faisaient au compte-goutte, mécontentaat-de ce fait de nombreux
soldats. Quant au deuxième aspect de la question, il a trait au
manque d'officiers instructeurs pour la mise sur pied de nombreux
pelotons. Les unités/pour les raisons exposées plus haut, ne voulaient
pas détacher leurs meilleurs officiers pour jouer le rôle d'instructeurs.
Cette décision entra1nait des réticences car, elle pouvait causer des
difficultés aux uni tés e Ile s~ m@mes (problèmes de défense j des Pœte:sl.
Ces deux questions essentielles (temps et encadrement) limitèrent
l'espoir que représentait le peloton. Du fait de ces handicaps indé-
pendants de la volonté de l'E.M.A., la solution de l'allègement des
connaissances exigées des candidats et l'application systématique
de "l'avancement exceptionnel" restaient pour les responsables la
meilleure approche du problème (1).
C'est pourquoi l'E.M.A. imagina une solution intermédiaire qui permet-
tait d'attribuer des C.A.T. aux candidats qui n'étaient pas en mesure
d'affronter les épreuves d'instruction
générale. Seulement/ces C.A.T.
permettant d'accéder au grade Supérieur, ne donnaient pas le bénéfice
de l'échelle de solde no.2 correspondant (2).
La question de l'avancement fut très délicate, les responsables
ne résolurent jamais et de manière définitive ce problème et ses effets
sur le moral des Africains.
Jusqu'à la fin de la guerre, il fut un problème constant. La tentative
ne fut pas absolument négative dans la mesure où les quelques décisions
prises dans ce domaine permirent à quelques tirailleurs d'avancer tout
de mame. Avec la question de l'avancement, s'achevait l'ensemble des
tentatives d'encadrement psychologique déclenehé par les Autorités
responsables de la guerre d'Indochine depuis avril 1~52.
(1) L'application systématique du préambule de l'Instruction yjnistéIieti
de juin 1949 risquait d'entra!ner une dévalorisation des grades,
car beaucoup de candidats ayant un fait de guerre à leur actif
s'attendaient à ~tre proposés. C'est pourquoi/en plus des faits de
guerre, d'autres "critères" furent exigés.
(2) SHAT 10H 349 Moral F.T.E.O. Fiche/Réponses du Colonel Lennuyeux/
chef du 3° Bureeu,28 mars 1953. La Fiche de référence en question
est le nO 6750/E.M.A./J.1. du 4/8/52.

• • /
• • 0

2761
Pour toute le p~riode. on pouvait noter un relèvement sensible
du lIloral par rapport ~ la p'riode pr~c.dente. "llIts s ' i l subsis-
tait des d01si.er. ~pineux tel. que c.ux d. l'Avance... n" et • •
d~coration.
l'.n.... ble de l"~at d'esprit et du ..orel africaiA
pouv.it Itre jugtt .atisfaisant. Et c'est dan. cette relative
atmosphêr. de satisfaction qu tun.d6ci.ion brusque des autorit6s
politiques m'tropolitaines allait int.rvenir et ssper en p.r~ie.
l'ensemble des efforts dttj~ faits.
L'irruption soudaine de cette
d~cision devait montterles limites des autorit~s locales français~
en Indod'line.

C)
L'Arrlt Brutal du redressement moral
la d~valuation
de la piastre (II mai 1953).
Plus que tout autre évenement (excepté les attaques
militaires et les nombreux tu~s) la dévaluation a entra!né
diverses formes de r~actio~ touchant non seulement tous les
éléments du C.E.F.E.O •• mais également la population locale
et les "hommes"d'affaires· qui vivaient de la surévaluation de
la monnaie locale. Quels ont été les motifs qui ont décidé le
gouvernement français à d~valuer la Piastre ?
Quelles ont ét~ les conséquences sur le moral du tirailleur et
partant son attitude 7
Enfin comment le gouvernement a-t-il r~solu les difficultés
créés par cette décision d'ordre monétaire?
La réponse à ces diverses interrog~tion. nous permettra de
cerner la véritable dimension du problème ainsi posé.
1) Les origines de la dévaluation et ses conséquences
Pour aborder l'étude des origines de la dévaluation,
nous insisterons particulièrement sur le scandale qui est à
.../ ...

277/...
l'origine c'est-à-dire le "trafic des Piastres" et surtout sur
ses implications financières et économiques.
a) le t , l ' l e de la Piaatre
En mai 1953,
alors que la guerre Franco-Vietminh
faisait rage, un décret laconique du Ministère des finances
paru au Journal Officiel de la République française annonça
"qu'à partir du 11 mai 1953, la parité entre le franc et la
piastre indochinoise est fixée à 10 f
pour une piastre
indochinoise ••• "
(1).
Ce bref communiqué devait déclencher par la suite
(au moment
de son application) de vives inquiétudes au niveau des soldats
du C.E.
Quelles raisons ont donc poussé le gouvernement français
à prendre une décision aussi importante ?
En réalité, i l n'en existe qu'une seule, mais notons bien
qu'el~est à coloration politica-financière.
la monnaie ayant cours en Indochine jusqu'à la dévaluation
et mIme après était la piastre indochinoise
(2). Son cours légal
fixé arbitrairement à 17 frs/piastre,oscillait en réalité entre
6 et 8 francs métropolitains sur les marchés financiers, ainsi
que le notèrent de nombreux observateurs. Ainsi, du fait du
décalage entre la valeur légale de la monnaie officielle et
sa valeur réelle sur les marchés de change, quelques esprits
malins virent tout le parti qu'ils pouvaient tirer de cette
situation. Pour ce faire, ils s'adonnèrent à un commerce
fructueux de la piastre connu sous le nom désormais célèbre
de "trafic des piastres".
(1)
IN Journal Officiel de la République française
(J.O.R.f.)
p. 4 284. Décret nO 53-39' du 11 mai 1953, fixant la parité
entre le franc et la piastre indochinoise.
(2) le cours légal de la piastre a été réglé par le décret du
25 décembre 1945 qui fixait la parité franc/piastre à 17 f
pour une piastre.
... / ...

278/
Dans un ~zticle paru dans le "Monde" (t) et plus tard dans un
ouvrage intitu16 1. Trafic des Piastres,(i) Jacques Dupuesch
r6v'1. avec 'oree de documente, de d'tails - et beaucoup de
s'rieux -
les divers aspects du trafic, ses conséquences sur
l'Economie française et la guerre que le C.E. menait contre le
Viet.inh. Sur les formes du trafic, i l mit en relief les princi-
pales astuces des fraudeurs qui prirent trois formes.
-
la vente d'une autorisation de transfert de l'Office
Indochinois des Changes (O.I.r.)
;
- le trafic Dollars-Piastres-francs.
Selon Dupuesch, le trafiquant se procure des devises
étrangères
(dollars US) en France au marché parallèle
et les fait entrer en Indochine où i l les vendra à un
taux supérieur au taux officiel (1
dollar vaut
400 Francs en gros à Paris et plus de 50
Piastres
à SaIgon soit 850 Francs), puis transférera ensuite
en France les piastres ainsi obtenues au taux offici~
Le trafic franc-piastre-franc
Dans ce cas, le trafiquant se procure sur les places
étrangères des piastres à un taux voisin de 8,50 F,
les fait entrer en Indochine, d'où i l les transférer.
en france au taux officiel grlce aux "autorisa~ions
de transfe~ de l'office indochinois des changes.
le trafic tel qu'il a ét' d'crit ne fut possible que par le
laxisme dont fit preuve
l'Office indochinois des changes,
la
très officielle institution bancaire par laquelle transitaient
tous les "transferts". Sa responsabilité fut très engagée dans
Cf.
Le Monde
du 20 novembre 1952 p. 14, l'article de Jacques
Dupuesch,
"le trafic des piastres, un scandale qui se
prolonge".
(2) Cf. Jacques Dupuesch, Le Trafic des Piastres, Paris, Edition
des deux rives,
1953, 168 p. Le lecteur peut consulter égal.
ment l'article de Charles Meyer, "le trafic des piastres"
in Histqri,hore série n· 25.:Notre guerre.~'IndochineN
(TOini
II) "Le duel 1951-1955 pp. 67-72:
. . 1 ••.

2"'1
la .esure où elle seule d'tenait le monopole de la délivrance
des autorisations de transferts. Ces autorisations de transfert
étaient de de~x types.
Le premiêre à caractltre commercial, l§tait r'servée aux c o _ r -
çants patentés et ne s'accordait que sur présentation de
factules
preforma et sous certaines conditions bien dl§finies.
Quant à la seconde, elle l§tait à caractère financi~r
et ne s.
délivrait en principe que sur présentation de pièces justifiant
l'origine et l'utilisation des fonds en france.
Ces pratiques très ll§gales souffrirent d'un contrele efficace
de l'O.I.C. et comme le souligne Dupuesch,
"certaines personnes,
rl§gulièrement ou non,
rl§ussissaient à se faire attribuer des
autorisations rl§gulières pour des transferts dont elles ne
possèdent pas la première piastre"(l).
Le trafic prit de l'ampleur au fil des annl§es et fit peser de
graves consl§quences financières tant sur l'l§conomie française
que sur la guerre qui se dl§roulait en Indochine.
b)
Les consl§quences financières.
politiques et
1
morales du trafic.
Des divers problèmes lil§s au trafic de la monnaie
indochinoise, onpouvait noter que du point l§conomique, la
France connaissait une hl§morragie croissante de devises
apprl§cil§es,
alors que la balance des comptes l§tait endl§miquement
déficitaire. Quant à l'aspect pGlitique du
trafic, i l faut
souligner que le commerce de la piastre portait atteinte au
prestige de la monnaie locale rattachée au franc et qui se
trouvait !tre un des tl§moins de la prl§sence française en
Indochine.
Enfin,
l'auteur de Trafic des Piastres reconnaissait que du
point de vue moral, ces irrl§gularitl§s l§tant l'oeuvre de Français
(1)
Cf.
J. Dupuesch, "Le Trafic des piastres un scandale qui se
prolonge "article cité p.
14.
.../ ...

2&01
peu scrupuleux et co~nus de tous les Vietnamiens ou Asiatiques
vivant eh" Indochine, le prestige de la france se trouvait terni
aux yeux de g~ns SOUMis à une afficace prop8gan~e
de la part
du Vi.tlllinh.
Enfin et surtout, ce qui para!ssait grave, c'est le bênéfice
qu'en tirait le V.M. qui profitait de cette situation trouble
pour acheter des devises servant ~ financer ses achats d'arilles.
La d6fense française ne pouvait que s'en trouver affaiblie.
Le paradoxe dans l'affaire Bst qu'en d'pi t
des conséquences
assez êvidentes sur la politique et l'économie française,
les
différents gouvernements qui se succédèrent mirent du temps
et des hésitations mystérieuses pour différer la solution à
prendre c'est-à-dire,
ramener le taux de la piastre à sa valeur
réelle.
Les aternoiements des cabinets français pour mystérieu-
ses qu'ils furent pouvaient s'expliquer de deux façons.
S'agissant de la première et que révèle J. Dupuesch dans son
ouvrage, c'est l'énorme profit que des politiciens métropoli-
tains ou locaux tiraient de la situation, certains étant m@lés
de près ou de loin au scandale en utilisant des couvertures
ou des pr&tenoms. Les Autorit's métropolitaines, elles, profi-
taient de cette mane financière pour acheter des "consciences"
appartenant à la classe politique locale, en autorisant ou en
fermant les yeux sur des transferts douteux (1). Vu sous cet
angle, les hésitations des politiques pouvaient se comprendre.
Quant à le deuxième, elle avait trait à la peur qu'inspirait
aux dirigeants français, les réactions de leurs alliés
locaux et des mili taires du C. E. quant aux conséquences politiques,
financières et morales d'une dévaluation de la piastre.
(1) Cf.
J. Dupuesch, Le Trafic des Piastres, op. cit. p. 62-63.
L'auteur affirme que les seuls transferts politiques
géléVeraient à 426 700 000 francs métropolitains. Quant
au petit trafic, i l pouvait rapporter en gros 35 à 50 000 F
métro à leurs auteurs.
.../ ...

21t/
La loyauté du tirailleur, du l~gionnaire ou des alliés locaux
Vietnam~ens ne serait-elle pas remise en question en raison
de la dêveluetion ?
Ce fut le dilemme de bon nombre de cabine~ français. Comment
garder intact le loyalis.e de leurs nombreux alliés en prenant
une dêcision inévitable, mais dont les répercussions risquaient
à coup sOr d'entra!ner des mécontentements?
La solution n'était pas aisêe, Car celui qui a dénoncé le
scandale reconnut lui-m@me la délicatesse de la question en
ces termes.
"Le moyen radical de mettre fin à ce trafic,
serait de ramener la piastre à sa juste valeur et de supprimer
ainsi le bénéfice des fraudeurs. Mais dévaluer la devise
indochinoise risquerait fort d'entralner des conséquences
économiques et politiques gui ne semblent pas souhaitables".
Malgré les nombreux risques attachés à cette décision,
le
cabinet Mayer (1)
prit ses responsabilités en dévaluant la
piastre le 11 mai 1953 (2). Ce qu·on redoutait tant finit
par arriver, c'est-à-dire les répercussions matérielles,
financières et morales. Un mécontentement général accueillit
l'annonce de la dêvaluation dont nous analysons les effets
dans les lignes qui suivent.
2) Les Répercussions de la dévaluation et l'attitude
du tirailleur.
La décision de dévaluer la piastre va entralner une
s6rie de modifications de l'organisation financière qui limi-
teront les possibilités financières des tirailleurs.
(1) Le cabinet MAyer fut investi le B janvier 1953. Il gouverna
jusqu'au 21 mai 1953,soit dix jours après la dévaluation
de la piastre. Bourgès-Maunoury, futur Président du conseil
dirigeait le Ministèe de l'Economie et des Finances.
(2) La décision du cabinet Mayer n'est pas peut-Itre pas étran-
gère à l'action de Jacques Dupuesch qui en révélant le
scandale au grand jour attira l'attention de l'opinion sur
"l'incapacité" des gouvernements à arr8ter la scandale
qui durait depuis plus de sept ans.
.../ ...

2&2/
a)
Les· conséquences matérielles. finançièr!! et socisW
1) La réorganisation financière:
l'institytion
du "compte-pécul.".
Du fait de la dévaluation,
le Ministre des Affair••
Economiques et l'Intendance des Forces Terrestres française.
d' Extrlllle-Orient (1. 1=.T • E .0.) ins ti tuèrent l'ouverture d'un
compte spécial dit compte pécule à la faveur du décret du
21 aoOt 1953. Ce compte dont l'ouverture était obligatoire
pour tous les militaires du Corps expéditionnaire français était
destiné à "recevoir ~n francs,
les versements obligatoires
de la partie non déléguée de l'indemnité compensatrice" (1).
En réalité,
i l s'agissait d'une forme"d'épargne
foreée" que la Caisse Nationale d'Epargne (CNE)
devait
rembourser au soldat au moment de son rapatriement.
La première inquiétude du tirailleur vint du fait qu'il ne
pouvait disposer de sa solde. De plus,
le remboursement devait
se faire en Métropole. Rien ne lui garantissait la libre
disposition de cet argent une fois en France.
Les disparitions
d'archives détruites au cours d'opérations de guerre, les
surcharges et confusions de documents dQs aux transits et
changements de dénomination des unités d'origine ont appris
au tirailleur à 8tre méfiant. Cette situation amena certains
tirailleurs
(surtout les rapatriables) à vivre dans la hantise
d'un non remboursement des fonds bloquée.
tuant à la deuxième grande inquiétude, elle provint du fait
que la majorité des militaires du C.E. cra~gnait
une seconde
dévaluation tout aussi brutale que la première. Que deviendreit
(1) L'indemnité
compensatrice a été instituée par le décret
du 25 juin 1953. Elle visait à garder la m8me valeur en
francs des piastres aux militaires victimes de la dévalua-
tion. El~ était éqale au 7/10è du salaire mensuel des
militaires. TDutefois et c'est ce qui provoqua le méconten-
tement. le montant de cette indemnité était affecté au
compte pécule et ne pouvait Itre disponible qu'au moment
du rapatriement une fois en métropole. De plus i l était
sens intér8t. Voir à c. sùjet la suite de Y'article p. 19 •
.../ ...

213:/
dans cette hypothèse leurs salaires et leurs avoirs bancaire. ?
E~fin, il "faut signaler qu'en plus de son imposition brut.~.
et de sa ritidit6. le fameux cOatpte-p~cule ne rapportai.t pH
d'intérlt, d'où l'accusation unanime d•• lRilitaire. qui repre-
chaient à l'Etat français,son attitude "abusive".
L'institution du compte-p6cule obligeait les Autorit6s militaiz••
à réorganiser la solde en la divisant en trois parti••
-
La solde déléguée:
i l s'agit de la partie de la
solde que le soldat envoyait chaque mois à sa
famille
;
-
La solde effective
il s'agit de la partie de la
solde que l'officier de détail lui payait chaque
mois
;
- Enfin la solde-pécule ou compte particulier
(1)
qui faisait office de compte bloqué.
Ainsi, un des premiers effets de la dévaluation fut la réorgani-
sation et la division de la solde en trois parties. Ces nouvelles
dispositions on s'e. doute, ne reçurent pas un accueil favorable
de la part des militaires dans la mesure où elles posaient de
nombreux problèmes. Cet inextricable ensemble de mesures n'était
pas de nature à rassurer le tirailleur qui ne comprenait pas
qu'au nom d'une décision qui lui était tout à fait étrangère
et dont i l ne percevait pas la portée, on lui interdise de
disposer en~iêrement de son argent. Ainsi les tirailleurs ne
firent pas mystère de leur grogne vis-à-vis de la nouvelle
situation, attitude qui n'échappa point à l'oeil vigilant du
responsable du bureau des "Affaires Africaines" chargé du
moral: selon lui, "les Européens peuvent comprendre les motifs
qui ont amené la dévaluation et part.nt,
les raisons qui ont
(1) Partie du salaire dont le tirailleur ne pouvait disposer
et qui était constituée du montant de l'in.emnité compensa-
trice (7/10ê du salaire). Le montant de cette somme était
affectée au' cOMpte-pécule.
.../ ...

284)·
conduit le .système du pécule (ou compte perticul~er sans int~r't),
.ais l'Africain qui s'estime ~ ban d:tpit propri.taira st' s. sglg
n'est Das en mesure de sa~sir ce. r.isRns s~ indispsn.ab1u aAjati-
elles. On a beau leur expliquer ils ne comprendront iam'it' (1).
Le problème posé par le responsable Afr.icGt se résumait ~en "ai t
à convaincre non seulement le tirailleur de la nécessité d.
l'opération gouvernementale, mais à lui expliquer le mécanis. .;
de la dévaluation et à lui faire accepter l'inéluctabilit. des
mesures dont i l souffre. C' ét~t une gageure dans la mesure dans
la mesure où l'analphabétisme marqué de la majorité des tirail-
leurs constituait un handicap certain à cette démarche.
Raisonnant
en termes pratiques, la dévaluation leur restait tout à fait
étrangère et mystérieuse.
Si la réorganisation administrative et financière commença par
ébranler l'état d'esprit du tirailleur Sénégalais, pis, furent
les répercussions matérielles et sociales consécutives à la
dévaluation de la piastre. Elles limitèrent de nombreux engage-
ments en matière financière.
2) La "diminution" de la solde.
La diminution de la solde fut sans conteste l'aspect
le plus visible de la dévaluation aux yeux du tirailleur.
En effet,ce dernier constata avec étonnement que bien qu'il
percevait le m8me nombre de piastres, la valeur avait diminu'-
au moment de placer cet argent à la Caisse d'Epa~e ou d'expédier
un mandat. La surprise était d'autant plus grande que les mili-
taires Africains et tant d'autres restaient perplexm devant le
fai t
que leur solde payée au taux de 17 frs le 10 mai ne valait
plus que 10 frs le lendemain.
(1) Service historique de l'Armée de terre (fort de Vincennes)
Dossier 10H 420 E.M.I.f.T./B.G.P/A.M.A. fiche du Capitaine
Christophe Soglo, chef du bureau central des "Affaires mili-
taires Africaines" à l'E.M.I.f.T. au sujet des répercussions
morales provoquées par le blocage des p~cules. Saigon, le
10 aoOt 1953 p. 1.
.../ ...

Cette situation était d'autant plus sensible qu'un tirailleur
qui avait toucht§ au dt§pert de son Poste (e'X. des repetriablea)
une somme de 1000.
(environ 17 068 ..~tro) voyait cette 80_
r~duite de 7 028 au moment de le convertir en mandat ou de 1.
virer sur son compte d'êpargne.
Pour le tirailleur, le fait était là, palpable; i l ne comprenait
rien à cette nouvelle réglementation le privant d'une partie de
sa solde (1).
A ce pre~ier problème, i l faut ajouter un second qui n'en était
pas moins épineux.
3)
La question du
remboursement des mandats émis avant
le 11 mai.
De nombreux tirailleurs, afin de faire face aux obliga~
tions familiales adressaient chaque mois des mandats aux parents
restés en Afrique.
Pour de multiples raisons (adresse postale
erronée,
éloignement du destinataire du bureau de poste, détour-
nement du montant de la somme par des commis sans scrupules etc •..)
bon nombre de ces mandats était retourné a~expéditeurs.
Le problème soulevé par ces mandats retournés est qu'ils ont été
émis par leurs expéditeurs au taux de 17 frs la piastre. Une fois
renvoyés en Indochine, l'officier de détail appliquant en l'abseng
dtinstructions fermes,
le décret du 11 mai 1953 décida de rembour-
ser le montant des dits mandats au taux de 10 frs la piastre et
non à 17 frs.
Stupeur et mécontentement chez les tirailleurs, car ces derniers
voulaient recouvrer au moins le montant de leur mandat au taux
d'avant le 11 mai. Et ce qui ajouta encore plus à la confusion,
c'est qu'il n'existait pas d'instructions fermes de la part des
Autorités de l'Intendance quant à la démarche que les officiers
payeurs devaient présenter vis-à-vis des victimes de la dévaluatio~
et qui étaient concern~es par ce problème particulier.
(1)
Pour mémoire, la solde d'un tirailleur était d'environ 4 000
CfA en Afrique et de 6 à 7 000 f en Indochin&.
.../ ...

2861
Le moral africain connut une crise sérieuse/car certains
n'hésitère~t pas à accuser la France à travers l'officier de
détail à qui ils avaient affaire de lui "voler leur argent".
Cet état d'esprit décadent ne laissa pas insensible l'Intendant
Faivre qui attira l'attention des Autorités sur le cas des
mandats retournés en avertissant que "du fait des dispositions
actuellement en vigueur, le remboursement des mandats éMis avant
le 11 mai risquait de jeter un grave malaise sur le moral des
militaires, notamment des Africains et des Nord-Africains"
(1).
Pour contourner l'obstacle afin d'atténuer le mécontentement des
militaires concernés, i l proposa pour la réevaluation de ces
fonds,
"l'établissement d'un certificat de perte au change pour
tous les mandats en retour émis avant le 11 mai. Ce certificat
permettrait aux officiers de détail de cercev~~ auprès du Trésor
le montant de la perte au change".
(2)
Cette proposition fit
l'objet d'un examen sérieux de la part des Autorités,
car elle
fut retenue par la suite. Parallèlement à la ~uestion oes mandats
retournées,
le tirailleur fut également attentif aux conséquences
de la dévaluation sur son portefeuille, et sur les engagements
matériels et sociaux.
4)
Les effets de la dévaluation
-
Le déséquilibre buqdétaire
En fait/il s'agissait bien de l'épineuse question du
pouvoir d'achat des militaires qui apparaissait dans l'étude du
marché local. Selon les arguments du gouvernement, un des objec-
tifs de la dévaluation était d'arr~ter l'augmentation effrennée
des prix. Mais comme le constate le Capitaine Soglo,
responsable
(1) SHAT 10H 2674 Forces terrestres du
Nord-Vietnam Direction
Générale Intendance, Cabinet "Notes de base" 1950/1954 : lettre
de l'Intendant militaire Faivre, Directeur de l'Intendance
des F.T.N.V. au Directeur Général de l'Intendance des F.T.E.O.
2° Bureau au sujet de la dévaluation de la piastre et le pro-
blème des mand~t.
en retour émis avant le 11 mai 1953. Hanoi,
le 10 aoCt 1953.
(2)
5HAT lr.H 2674 Correspondance Intendance déjà citée.
1

287/
des "Affaires Africaines", on a voulu emp!eher la hausse des
prix, cepéndant les prix ont augment~. Avant le 10 mai, une
ora~geade coOtait 3 piastres (environ 51 F métro). Maintenant
elle coOte 6 piastres. Un paquet de cigarettes "Bastos"
3 piastres et présentement, ce mAme paquet coOte 4 piastres.
L'augmentation est plus frappante sur les matiêres les plus
importantes" (1).
L'analyse pessimiste du responsable africain est corroborée
par celui du Bureau de la Guerre psychologique (E.G.P.) qui
affirme de son ce té que "l'augmentation du eoOt de la vie
résultant de la dévaluation de la piastre atteint 3~ à 4C ~
pour les produits locaux et 50 à 7r ~ pour les produits
d'importation.
Un tel renchérisse~ent affirme le responsable
du
B.G.P.
- sans augmentation du nombre de piastres perçues,
se répercute durement sur l'équilibre budgétaire mensuel des
mi li taires
(2).
Enfin le tir.illeur confronté aux dures réalités résultant du
mécanisme de la dévaluation et de~~es effets sur son pouvoir
d'achat,
récusa l'argument du gouverne~ent selon lequel, la
nouvelle organisation de la solde était uniquement due à la
défense des prix sur le marché indochinois. Le tirailleur
doutait de l'efficacité de la mesure sur l'évolution des orix
dans la mesure où
i l affirme "qu'avant la dévaluation de la
piastre,
i l a toujours payé ici en Indochine, les objets qui
lui sont absolument nécessaires sur place, deux ou trois plus
cher que leur prix normaux"
(3).
Si le déséquilibre budgétaire fut ressenti, par le tirailleur
comme une réduction de sa marge de manoeuvre financiêre,
i l
n'en 5 •• ta pas moins attentif aux limitations qu'il connaissait
(1) 5HAT 1DH 420 Fiche Affaires Africaines Rapport soglo p.2.
(2) 5HAT 10H 349 Bureau de la Guerre Psychologique (E.M.I.F.T./
F.T.E.O.
Rapport du chef de bataillon A.
Fossey -
François
responsable du B.G.P. au chef de ~'E.M.I.F.T. au sujet des
incidences matérielles et morales du blocage du "pécule"
sur les militaires du Corps expéditionnaire.
(3)
Rapport Fossey d~jà cit~.
.../ ...

du point de vue social.
Le blocage des engagements sociaux.
Du point social,
i l faut dire qu'à cause de la r'or-
ganisation financière et du
blocage des avoirs du
"compte-p4cule",
de nombreux soldats qui s'étaient port's acqu'reurs de biens
matériels
(exemple achat à crédit de mobilier, construction
d'immeubles,
acquisition de voiture,
remboursement de certaines
dettes etc ••• ) ne pouvaient plus honorer régulièrement leurs
engagements vis-à-vis de leurs créances.
La désolation de leur
côté était grande,
car certains d'entre eux soucieux de leur
avenir s'étaient engagés dans des réalisations dignes d'intérêt.
L'irruption brusque de la dévaluation anéantissait ou compromet-
tait sérieusement l'avenir de ces réalisations.
Par ailleurs, de nombreux tirailleurs Sénégalais ne
cachèrent pas leur hostilité à la réorganisation de la solde
dans la mesure où elle ne leur permettait plus de satisfaire
des besoins familiaux.
Concernant les Africains, i l s'agissait
des problèmes de dot (mariage),
funérailles,
besoins vitaux de
la famille que les envois de fonds,
ou solde déléguée permettait
de régler. La division de la solde en trois parties et le
blocage d'une partie de leurs avoirs par le système du compte-
"
(
'
Lt

L
': ~ ," ,r,~ "l' t
l i..... '\\ \\,., ,. -
),
pécule amenèrent certains délégataires à suspendre les "délé-
c
gations de solde", mettant ainsi la famille restée en Afrique
dans une situation particulière. Le moral du
tirailleur fut
atteint parce qu'il se sentait "incapable",
"frustré" qu'il
était de ne pouvoir assumer ses obligations à cause de cette
"maudite" dévaluation. Son attitude tout au long de cette
période fut caractérisée par l'incertitude et son ~oral ne fit
que fluctuer.
Les conséquences matérielles et sociales de la
décision gouvernementale atteignaient leur apogée.
.../ ...

289/
b)
Le Moral africain et la dévaluatign
désillusion et
mécontentement.
La réaction des tirailleurs ayant vécu la période
de la dévaluation peut se caractériser par l'incertitude.
la méfiance. l'incompréhension et "l'affolement". Ces ~ualifi­
catifs sont tout simplement l'expression de l'attitude qu'ont
eu tous les militaires du C.E. à cause de la soudaineté de la
décision, de ses effets sur le soldat et surtout la lenteur
inexpliquée des mesures d'accompagnement.
La situation psychologique de ces tirailleurs a souffert
de l'indécision gouvernementale, car comme l'indique un document
des "Affaires Africaines",
"la dévaluation ayant coincidé avec
l'arrivée des renforts et le rapatriement d'importants contin-
gents dont plusieurs ceotaines
d'Africains, l'opération inatten-
due •.• a produit un eff~t certain de démoralisation et d'affole-
ment général, surtout parmi les hommes en instance d'~tre
rapatriés"
(1)
• Ces rapatriables africains furent réellement
démoralisés, car l'avenir était plein d'incertitudes dans ~
mesure où ils ignoraient les intentions des Autorités. Leur
affolement était d'autant plus sérieux que certains n'hésitèrent
pas à "convertir" en marchandises
(achat d'effets d'habillement
et de souvenirs d'Extr8me-Orient) leurs pauvres avoirs dans la
crainte qu'une nouvelle décision ne les en priv8tt.
Quant au système du "compte-pécule", i l fut très impopulaire
autant auprès des Africains que des autres composantes du C.E.
Devant l'impopularité de la nouvelle organisation financière,
le chef des "Affaires Africaines" lança un avertissement plein
de réalisme aux responsables du moral. ~es tirailleurs
"Qaund on connait l'intér8t que portent ces militaires aux
questions de solde on ne ~era en demeure de douter de l'essence
( 1 )
5HAT 10H 420 Rappo~f du ch~f des "Affaires Africaines" au
sujet des répercussions morales provoquées par la dévalua-
tion de la piastre dans les unités africaines de Hatphong .
.../ ...

'.
290/
de cet état d'esprit qui si l'on n'y prend garde, risque
fatalem~nt d'aigrir leur conception de la fid~lit~" (1).
La mise en garde du responsable ~tait empreinte de perspicacité
,
dans la mesure où la loyaut~. la fidelité du tirailleur
vis-à-vis de l'Arm'e coloniale pouvait 8tre affectée par ces
problème$ financiers liés à une décision dont i l ne saisissait
pss bien la portée. Et ce n'est pas la présence de nombreux
rengagés attirés par le dynamisme de la piastre qui aurait
facilité les choses aux autorités
(2).
C'est pourquoi, i l suggéra aux autorités militaires Françaises
de faire dispara!tre cet état d'esprit incompatible avec le
moral du combattant. Selon lui,
"Pour des raisons de soutien
du moral de nos unités,
i l apparatt nécessaire qu'on prenne
des mesures en vue de calmer le 5
espri ts. Si dans ce sens
les dispositions actuelles ne pourraient 8tre révisées,
j'ai
tout lieu de croire, vu les symptames de baisse observés
dans le domaine moral des Africains que les résultats connus
jusqu'ici dans les mouvements opérationnels africains ne seront
pas les m8mes pour le temps futur ; le moral et le rendement
de nos troupes en sont intimement liés" (3).
Il
"~a.90rt
de ces propos que la valeur des troupes et leur bon comporte-
ment dans les opérations militaires dépendaient du
règlement
immédiat de l'épineux problème posé par la solde. Les Autorités
dans leur souci de ne ~s laisser se développer une atmosphère
aussi malsaine pour le moral des militaires prirent de'nombre~s
mesures afin d'amortir les effets n'gati& de la dévaluation.
(1)
Rapport Soglo op. cit •. p. 3.
(2)
Entretien avec Mr·. Lou Diomand.ê ex-tirailleur Sénégalais
-Man jui~let "1985".
(3)
Rapport Soglo AMA op. cit. p. 3.
.../ ...

291/
3) bes Mesures d'accompagnement et le d'blocage de la
situation.
Les mesures d'accompagnement avaient pour~ut d'at~nue~
les effets mat~riels et psychologiques de le d~valuation. Cette
d~marche se justifiait d'autant plus que l'efficacit~ op~ratiDn­
nelle de ces militaires d~pendai~~t d'un moral sain et solide.
C'est pourquoi de nombreuses mesures dont, la cr6ation d'une
indemnit~ compensatrice, la r~evaluation des ~conomies dévalu~es
furent prises par les Autorités. Cependant, l'effet de ces
mesures ne fut pas total à cause de la prudence qui caractérisa
les auteurs des mesures.
,) La lenteur des mesures d'accompagnement.
Le trait dominant de l'histoire de la dévaluation
de la piastre fut sans conteste, le retard mis par les Autorités
métropolitaines à prendre des mesures propres à calmer les
inquiétudes suscit~es par la nouvelle réorganisation financière.
En effet, de mai à octobre 1953, divers décrets, arr@tés,
instructions locaux ou métropolitains furent pris par les
responsables de la conduite de la guerre pour organiser le
paiement de la solde. Ce qui para!t curieux, c'est qu'aucun
de ces textes ne fut vraiment él.boré de manière d~finitive
et cela exigea de nombreux additifs et explicatifs, quant aux
modalités d'application. De plus, des problèmes assez délicats
furent renvoyés à des textes ultérieurs. La cons~quence est
que les officiers de détail s'y perdirent en instructions succes-
sives ainsi que le tirailleur qui ne comprenolt _ rien et qui
n' ~tai t
guid~ que par un seul souci : retrouver.
la libre
disposition de ses avoirs au taux de 11 Frs la piastre.
Pour éviter cette pagaille, ce vide réglémentaire ainsi que
les effets de la dévaluation sur le moral des militaires,
le gouvernement aurait pu pr~parer de longue date les mesures
.../ ...

292/
d'accompagnement d'une décision devenue au fil des années
presqu'in6vitable.
Le to.mandement local devant le mécontentement
gén6ral du Cor~8 expéditionnaire fut très embarrassé, ne sachant
que faire en attendant les directives de Paris.
Le comportement de la "ét~pole ne pousse t-il pas l'observateur
à s'interroger sur la façon dont était perçu le moral du C.E. 1
Les Autorités ignoraient-elles les conséquences d'une décision
de cette nature sur l'état d'esprit de ces milliers de légion.
naires, de français et d'Africains?
Cette ~erception lointaine de la guerre ne pose t-elle pas
le
problème de la coordination entre llEtat-Major local et les
centres de décision métropolitains ?
Enfin,la conduite d'une guerre avec de multiples centres de déci-
sion aussi éloignés du champ de bataille nlest-elle pas préju-
diciable au moral et à la valeur des troupes présentes au
front?
(1).
Ce qui para!t certain, clest que la non parution de textes dans
l'immédiat porta un coup rude au moral des militaires et pour causei
('est seulement un mois environ après la. dévaluation que le ~remier
et principal texte relatif è
la nouvelle réorganisation financière
parut.
Il s'agit du décret du 25
juin 1953.
b)
La création de l'indemnité compensatrice
le décret du 25 juin 1953 (2).
L'indemnité compensatrice est un système de compensation
instituée par le gouvernement et qui n'avait pour but que
"d'éviter la diminution des émoluments dOs aux militaires,
en maintenant intégralement aux intéressés le m8me traitement
en francs qu'avant la dévaluation".
(3) Son montant fixé par
(1)
Il faut dire à la décharge du gouvernement,
qu'élaborer une
politique pour l'Indochine ne fut pas chose facile car tous
ceux qui se penchèrent sur ces questions connurent une forte
opposition. Voir à ce sujet Jean Bara'e, La Constitution de
la IVè République à l'épreuve de la guerre. Paris.
librairie
générale de droit et de jurisprudence R.
Pichon et R.
Auzias,
1963, 526 p.
(2) Cf. Journal Officiel République française. Décret n· 53-588 du
25 juin 1953 portant modification du régime de rénumération
des personnels militaires et civils fran~ais en service
au Cambodge et au Vietnam.
(3) J.D.R.f. Décret 25 juin 1953 art. 1.

2'l/
le dit t~xte était égal aux sept dixiême des émolu.ents
applicables aux militaires. Il est inutile de souligner que
la d6cision gouvernementale remplit de joie le. nlfltb;reu.x
militaires de toute origine, car elle leur permettait de
recouvrer le montant de leurs avoirs détenus avant le 11 me~.
Il faut signaler qu'au delà de la satisfaction morale et
matérielle que la dite décision p.ocurait aux militaires,
le gouvernement précisa qu'il a fait "oeuvre de charité" dans
la mesure où du point de vue juridique, la dévaluation était
parfaitement légale ainsi que les modifications apportées au
syst~me de rénumération des personnels en service au Vietnam.
La création de l'indemnité devenait donc une faveur et non
une contrainte.
En effet,
dans la "Note d'information" sur le moral de
l'E.M.I.f.T.
datée du
16 octobre 1953
(1),
l'E.M.I.f.T. revèle
que selon "l'article 2 du décret du 2B décembre 1949 relatif
aux émoluments des militaires servant en Indochine, i l est
précisé qu'un index de correction égal à 1,7 sera appliqué en
Indochine à partir du
1er janvier 1949, dans les conditions
fixées par l'article J du décret du
16 avril 1949".
Or cet article, comme l" indique le document, stipule que
"l'index de cbrrection serait réajusté automatiquement, en cas
de modification des parités monétaires de façon à maintenir
aux intéressés le m'me nombre de signes monétaires locaux
"au titre des éléments de leur rénumération, affectés de
l t index ,de correction ft •
Du fait de ces deux textes et en fonction de la dévaluation
de la piastre indochinoise qui passait de 17 à 10 francs par
piastre, l'index 1,7 était ramené à "
entrainant ainsi une
réduction de 41 ~ en francs des émoluments du corps expédition-
naire et ce par l'application d'une mesure absolument légale.
(1) SHAT 10H 349 Moral/f.T.E.O "Note d'information de l'E.M~I.~T
4è Bureau au sujet du règlement des divers problèmes
soulevés
par la dévaluation de la piastre indochinoise,
Saigon le 16 octobre 1951.
.../ ...

La ju.tifi~~tion juridique de la modification de la solde ne
faisait pa. de doute aux yeux des responsables qui r6pondeiant


ainai/eux accu.ations d'arbitraire ayant entour' la d'c~~e&
gouvernallentale •
Mai. en Indochine, la problème ne fut pas analys' d'un point
de vue juridique. C'est ce qui explique la crfetion de l'indeanit6
compensatrice de juin 1953. Cependant, la joie qu'ont re. . .nti
le8 militaires trançais a ~t~ limitée par le rele d~volu à
l'indemnité compensatrice qui servait en fait à l'alimentation
de l'impopulaire compte-pécule et se trouvait de ce fait bloqu6e,
d'ou le sentiment général de frustration éprouvée par les
militaires : ils ne pouvaient disposer librement de leurs avoirs.
En fait,l'institution de l'indemnit~ compensatrice si elle
apporta de l'espoir dans une certaine mesure,
ne pouvait pas
éluder le problème principal à savoir, la libre disposition de
leurs avoirs bloqués. Longtemps "hostiles", les Autorités
finirent par modifier le régime du fameux compte-p~cule.
c) La libération partielle du compte-pécBle ou
le d~but du redressement moral.
Le noeud
sen~ible des nombreux problèmes liés à la
d~valuation fut sans au.un doute l'institution obligatoire
du compte-pécule. Son caractère et son fonctionnement furent
à l'origine de l'impopularité du dit compte.
Non seulement i l était obligatoire,
ne rapportait pas d'intér!t
et était remboursé uniquement en Métropole. Il n'en fallait pas
plus pour dénoncer l'attitude autoritaire du gouvernement
français, surtout que ce compte était aliment~
par le montant
de l'~dem~itécompensatrice.Ces différentes mesures imposées
sans m~nagement à des hommes ne comprenant rien aux raisons
.../ ...

295/
f'!_:
ayant conduit les Autoritês à les adopter ne pouvaient
on s'en
doute, que" sellter le trouble, l,a cClnfusian . , pane'\\-,.l•• zoend.
hostil•• A la nouv.lle oz~.~.~ ~i"enc"". 0-.. . . . ~,
tians, 1. nouvelle du d'bloca,a . . . partiel du· ce.,,_ pfcuà
ne pouvait qu' 'tre accueillie avec enthouai:_. C'est ce .....
d'cida le gouverne.ent avec l'annonce dè la 1ibfration pe.~~.~~.
du pêcule par le biais de l ' a r r ' t ' lace! nO 124 du 27 sep'te",
195J (t).
L'accueil favorable faï t
au déblocage pertie! dlJ. pâul.
retenue fut à la dimension de. craintes trop longtempe contenues.
C'est ainsi que le responsable des "Affair~Africaine.· chargé
du .oral,nota avec satisfaction la rêaction positive des
tirailleurs vis-à-vis des dernières décisiDns.
C'est pourquoi, i l écrit que "l'accueil enthDusias~e aux dernières
instructiDns libérant une partie du pécule blDqué s'explique
fDrt bien.
Ils cDmmencent à douter c'est-à-dire à se demander
si vraiment Dn (les responsables africains) n'avait pas raison,
quand Dn leur disait que les SDmlteS blDquêes leur seraient
rendues t8t DU t.rd". Cependant,l'Dfficier Africain précise
que la joie êprDuvée n'a pas été tDtale dans la mesure DÙ i l
écrit que "le déblocage partiel n'a pas êtê suffisant pDur
apaiser les demandes d'explications. TDus demandent la pDssibi-
lité de transférer l'intégralité du pécule. Il n'est plus besDin
de faire valDir la cDnceptiDn logique de ce pDint de vue (2). Ces
\\propos illustrent bien les difficultés auxquelles ~es responsables
A~ricains se heurtaient/quand ils tentèrent de cDnvaincre leurs
tirailleurs du bien fondé de la dévaluatiDn et de ses effets
sur leur situation matérielle. L'Dbservatéur res~e perplexe
devant l'utilisatiDn d'arguments légaux pour justifier une
(1) 5HAT 10H 349 Arr'té local de l'E.M.I.F.T nO 124 du 27 septem-
bre 1953 ; cité danè la ~ote d'information de l'E.M.I.F.T.
du 16 Dctobre 1953 Cf. p. 6.
(2) 5HAT 10H 420 extrait du rapport du Capitaine 5DglD chef
des ~Affaires Africaines" à l'E.M.I.F.T. au sujet de la
tDurnée d'infDrmatiDn entreprise auprès des unités Sénéga-
laises desFDrces terrestres du Nord-Vietnam le 10 dêcembre
19S3.
.../ ...

296/
décision.financière à coloration politique et ce,
face à des
hommes peu habitués aux théories.
Il faut souligner qu'en dépit des difficultés que les Autorités
rencontraient,
les dernières mesures dont la libération
partielle du compte-pécule, trouvèrent des échos favorables
auprès des militaires m!me si quelques réticences légitimes
subsistaient encore.
L'effet positif qu'eut cette mesure sur
le relèvement du moral des hommes de troupe français incita
les Autorités à persévérer dans la voie de l'amélioration
graduelle de la situation. C'est cette démarche qui explique
la prise de mesures complémentaires aux précédentes analysées
plus haut.
4)
Les mesures complémentaires.
Elles furent décidées dans la m@me perspective que
l'indemnité compensatrice, à savoir réevaluer les piastres
détenues par les militaires avant le 11 mai;
ces avoirs se
présentaient sous la forme d'économies dévaluées ou de "mandats
retournés" •
a)
la réevaluation des avoirs en piastres
détenus à la date du
10 mai 1953.
Les militaires concernés étaient bien sOr ceux qui
possédaient des économies sur leurs comptes bancaires ou
postaux à la date du 10 mai 1953. La dévaluation eut pour
conséquence de réduire en francs leurs économies. Leur unique
souhait depuis la dévaluation fut d'appeler de tous leurs
voeux, une réevaluation de leurs avoirs. Cette question retint
l'attention des responsables militaires Français, car ils
ordDnnèrent le recensement des avoirs en piastres que possé-
daient les militaires en service en Indochine
(1).
(1) SHAT 10H 349 Le recensement de ces avoirs fut l'objet des
notes de service de l'E.M.I.F.T. nO 728/E.M.I.F.T/4/3 du
l'
12 mai 1953 et du n-666 /E.M.I.F.T./3/4 du
mai 1953 •
.../ ...

297/
Le Département des Affaires militaires qui défendit le dossier
annonça l'accord de principe du Ministère des Affaires éconoMiques
et des finances sur la question. L'accord portait sur la réeva-
luation des avoirs en numéraire à raison d'une indemnité de
"7 frs par piastre déclarée".
Malgré l'acceptation de principe du Ministre des Finances,
l'application effective de cette mesure n'intervint que fort
tardivement,c'est-à-dire en novembre 1953, soit huit mois après
la dévaluation de la piastre. Ce qui était important aux yeux
des militaires, c'était l'accord de principe qui les remplissaient
de joie. A eette mesure importante, s'ajouta une autre qui eut
le m~me retentissement que les précédentes.
b) La revalorisati6n des "mandats retournés".
Etant donné le grand nombre de mandats émis par les Sénégalais
et très souvent retournés,
la question de la récupération du
montant au taux de 17 frs la piastre les intéressa au plus
haut point. Comme pour les avoirs en numéraire détenus par les
militaires à la date du 10 mai 1953, une décision ministérielle
(1) décida de leur revalorisation en leur affectant une indemnité
compensatrice de 7/10è égal au montant du mandat.
Avec ces différentes mesures, le gouvernement, de concert avec
les Autorités locales commencèrent à sissiper les inquiétudes
des militaires et partant,à leur remonter le moral. Une note
discordante restait tout de m!me à l'ordre du jour des préoccu-
pations des militaires Africains, c'était la libération totale
des sommes versées au titre du compte pécule.
Il faut préciser
cependant/que cette question n'avait rien de commun avec l'affole-
ment et la confusion qui ont suivi immédiatement la dévaluation.
Les tirailleurs reprirent confiance et leur esprit ne fut plus
accaparé par les conséquences matérielles et financières de la
dévaluation.
(I} Il s'.git de la décision ministérielle nO 18/707/A.M/INT/1/101
en date du 18 AoQt 1953 citée dans la "Note d'information
du 15/10/53 p. 6-7.
.../ ...

298/
Propos d'étape
A l'oppos~ de la première période du séjour des
tirailleurs Sénégalais qui ne rév~la aucun probl~me particulie~
hormis les premières tentatives de l'Action psychologique V.M.,
la seconde se présenta avec beaucoup de difficult6s.
D'abord et en ~r.mier, le changement de stratégie V.M. au
niveau de la propagande. Cette évolution présentait de graves
dangers/dans la mesure où
les P.G.A. étaient soumis directement
à
une rééducation idéologique avant leur libération.
Deuxièmement, ce fut
la multiplication des incidents entre les
tirailleurs et les diverses composantes du C.E.
Le danger ici
se présentait sous la forme d'un éclatement possible de l'homo-
genéité des Forces françaises.
L'exploitation que pouvait en
faire
le V.M.
n'était un secret pour personne et cette perspective!
ne pouvait qu'inquiéteriaux deux premières i l faut ajouter,
des problèmes psychologiques et matériels, dont l'existence
pertubait de façon permanente l'état d'esprit et le moral du
tirailleur.
Les conséquences sur la combativité et le bon rendement
des troupes africaines donnèrent une certaine solennité à l'en-
semble de ces difficultés.
Et tout cette évolution morale et psychologique ne fut que la
conséquence d'événements politiques régionaux (la fin de la
"guerre civile" en Chine et l'aide des communistes chinois au
V.M.) et internationaux (reconnaissance du Vietnam pro-français
aide Américaine et transformation de la guerre V.M., france en
un élément"de la "guerre froide")
qui modifièrent le contexte
1
de la guerre et exigèrent un renforcement humain du camp français.!
L'Afrique, comme précédemment, apporta toute sa contribution au
développement des forces françaises.
Mais malheureusement, cette
aide devait entratner du fait du gonflement du nombre des tirail-
leurs Sénégalais les difficultés évoquées plus haut.
..../ ...

299/
L'influence des problèmes soulevês a provoquê des fluctuations
du moral et de l'êtat d'esprit des tirailleurs,
faisant m@me
courir des risques sêrieux de dêgradation. Et cette perspective
n'était pas souhaitable pour plusieurs raisons
1) Elle pouvait affaiblir une partie du potentiel
de combat du C.E. qui ne faisait que s'accrottre
d'annêe en annêe.
2) Cette situation à long terme risquait de tarir les
sources de recrutement et de poser des problèmes
politiques locaux en Afrique
(naissance d'un sentiment
anti français).
3)
Le V.M.,
l'adversaire pouvait tirer parti de cette
situation pour compléter et affiner son action
psychologique et dêvelopper la Nationalisme Africain
qu'il s'efforçait de faire dans sa propagande.
L'analyse sérieuse de ces perspectives sombres/liées au risque de
dégradation morale soulignée plus haut,
finirent par convaincre les
Autorités Françaises de l'attitude à adopter face à la question
sénégalaise. C'est pourquoi ces dernières s'occupèrent avec sé-
rieux du relAvement et de la saine protection du moral africain.
Elles s'appuyèrent dans ce dessein sur le règlement de tous les
problèmes matériels, moraux et psychologiques susceptibles d'in-
fluencer le meral africain. Elles essayèrent en m~me temps de
réduire les effets si minimes soient-ils de la propagande V.M.
sur les P.G.A. ayant sêjournê dans les camps viets~
L'objectif final de toute ~ette politique êtait bien de
maintenir la loyautê du tirailleur afin de lé protêger des prop~­
gandes "malsaines".
La tentative de redressement moral comme i l
convient de l'appeler,
portat~us ses fruits (1) car elle fut sui-
vie avec intér~t par les principaux bénêficiaires. Ainsi, à la
vtille de la bataille de Dien-Bien-Phu, le moral africain pouvait
etre considêré comme satisfaisant. L'avenir pouvait s'envisager
avec beaucoup de sérênitê.
(1)
Il convient de ne pas oublier la parenthêse crêe par la
dêvaluation.

L/ROISIEME PARTIE t LA FIN DE LA GUERRE ET LES PROBLEMEê LIES
AU RETOUR DES PRISONNn~RS
DE GUERRE'
AFRICAINS (MAI 1954·DECEMBRE 1955).

300/
TRDISIEME PARTIE
LA FIN BRUSQUE DE LA GUERRE ET LES PROBLEMES
POSES PAR LA LIBERATION ET LE RETOUR DES
PRISONNIERS DE GUERRE ·AfRICAINS (MAI 1954-1955)
Le troisième et dernier aspect du séjour indochinois
des tirailleurs Sénégalais sera marqué par un év~nement à l'ori-
gine banale, mais qui va prendre une tournure inattendue du fait
qu'il s'est déroulé à la veille de la Conférence de Genève sur
l'Indochine.
Lassés par sept ans de guerre,
les différents
protagonistes impliqués dans le conflit se déroulant en Asie-
i l s'agit de la France et de ses alliés,
U.S.A.,
Grande-Bretagne
d'un ceté et de l'autre,
le V.~. et ses partisans, Chine Populaire
et U.R.S.S.
-
saisirent l'occasion de cette héroique bataille
pour tenter de régler "définitive~ent" la question indochinoise
qui s'éternisait.
Ainsi,
une bataille "anodine" allait décider,
faire accélérer
la fin d'une longue guerre, sans qu'aucun des protagonistes s'y
attendent- vraiment.
La soudaineté de la fin de la guerre devait de ce fait poser de
nombreux problèmes aux Autorités Françaises.
S'agissant des tirailleurs Sénégalais,
la question qui préoccupa
les Autorités politiques et militaires Françaises,
fut essentiel-
le~ent la suite de la captivité et de l'Action psychologique"
V.M. à
l'endroit des P.G.A. détenus avant Die n-Bi8n-Phu,
ou
capturés pendant la dite bataille.
Le
contexte anticolonial de la fin des années cinquante
(exemple
les discours anticolonialistes du leader égyptien Gamal Abdel
Nasser,
ceux de l'Indoné~ien Soekarno ou du Ghanéen Kwamé
N'Krumah,
l'examen permanent des questions coloniales par
l'D.N.U.,
les tentatives de rebellion contre l'Autorité français~,
le déclenchement de l'Insurrection algérienne le 1er novembre
1954),
la propagande politique subie par les P.G.A. de mai à
.../ ...

301/
septembre 1954, et plus tard leur libérat.ion et leur retour
sont auta~t de raisons justifiant pleinement les inquiétudes
des responsables français quant aux suites politiques de la
guerre à laquelle de nombreux militaires Africains ont pris
part. En fait,
la question fondamentale
que soulevait les craintes
,
françaises se ré.umait à cette double problématique
:
dans quelle mesure les P.G.A. ont-ils été contaminés par l'id6o-
logie anticolonialiste V.~. subie au cours de leur captivité et
quelle serait leur attitude,
une fois de
retour chez eux en
Afrique ?
Pour répondre à cette double interrogation,
nous nous
attarderons sur la présence militaire africaine à
Dien-Pi@n-Phu,
sur les effets de la captivité et de
l'Action psychologique
exercées sur les militaires Africains capturés lors de la
"bataille" et surtout leur état d'esprit et leur moral ~ la
libération.
... / ...

CHAPITRE l
LA BATAILLE DE DIEll-BIh'-PHUe LA. CAPTIVITE ET SES CONSEQUENCES 1
LE CAS DES PRISONNIERS DE GUERRE AFRICAINS
A) Les tiraillegrs Sénésa!ais et Dien-Rib-Phu
Qu.lle Participation ?
Il ntest pas dans notre intention dans les lignes qui
suivent, de décrire l thistorique bataille de Dien-Biln-Phu, qui a
prématurément mis fin à la longue guerre d'Indochine.
D'éminents historiens, quelques-uns des principaux acte~s, (offi~iers,
soldats) des observateurs (journalistes ou hommes politiques) en
poste à ltépoque des évènements, ont consacré de nombreux écrits,
oavrages, articles de presse ou de revues au rale et à la place de
ce que Dien-Biln-Phu fut dans Itensemble de la guerre dtlndochin~.
Pour notre part, nous nous contenterons de situer le contexte et les
principales péripéties de la dite bataille, en indiquant à quel
niveau stest située la participation africaine.
1) La bataille de Dien~B±@n-Phu.
Après le développement spectaculaire de l'Armée Populaire
de Libération (AeP.L.) de Giap (1) et les nombreux combats livrés
contre le C.E.F.E.O., (2) le V.M. finit par évincer les Français du
pays Th&! (Bord-Ouest du Tonkin). Cela se passait à l'Automne 1953.
Cette éV1otion posait un angoissant problème aux responsables militaires
(1) Sur la naissance et le développement de l'A.P.L. cf. la deuxième
partie de notre étude p. 117-12G.Sur le m'me thème, le chercheur
peut exploiter l'excellent article "un point de vue anglais sur
l'Armée de Giaplt in
connaissance de l'histoire· no e49 octobre
1 ~2 p. (24-29).
(2) A propos des batailles livrées par l'A.P.L. contre le C.E. cf.
Général Yves Gras, Histoire de la Guerre d'Indochine, Paris, Plon,
1979 et Bernard Fall, Indochine 1945-1952. chronique d'une guerre
révolutionnaire, Paris,éd. j'ai lu,1965.
• .• 1•••
i
-----------------------------------------------_.......,~

303/
Français, car si rien n'était fait pour barrer la route au V.M.,
l'envahisKement du Laos pouvait Itre considér' comme acquis.
C'est pour repousser cette menace V.M. sur le Laos que le nouveau
CODllll8ndant en che:t du C.E., le Général Navarre (,) met sur piecl
l'opération "CASTOR" qui permettra à des .;JarM:hutistes français,
d'occuper un petit poste colonial appelé ~ien-Bi'n-Phu.
Déclench'e le 20 novembre 1953, l'opération "CASTOR" ainsi que le
remarque Erwan Bergot, avait pour but "de conquérir le village, la
piste et la vallée de Dien-Biln-Phu et d'en faire une base opérationnelle
destinée à lancer des raids meurtriers sur les arrières ennemis" (2j.
Aux six bataillons parachutistes qui ont occupé leur objectif, vont
succéder dans les semaines qui suivent, environ douze mille tirailleurs
Nord-Africains, Thal, artilleurs, sapeurs, marsoins et légionnaires" (J).
En fait/l'objectif lointain que visait le chef du C.E. en occupant
la "cuvette" de Dien-Bian-Phu, était d'attirer le V.M., l'amener à
se découvrir" afin de lui "asséner un coup décisif". Erreur stratégique ?
mauvaise perception des intentions de l'adversaire? sous estimation
de ses possibilités? ce qui est snr, c'est que le "plan Navarre"
va se retourner contre son auteur. Son adversaire, le Général Giap
décide de relever le défi et de livrer la bataille "décisive" à
Dien-Blan-Phu.
La décision de Giap n'était pas le fruit du hasard, dans la mesure
où elle lui permettait en cas de victoire, de marquer des po~ts
sur la scène diplomatique internationale.
Dans la mesure où le défi du Général Navarre se situait entre les deux
"con:térences" de Genève-il s'agit de celle qui s'est tenue le 18
février 1954 à Genève et qui discutait de la "possibilité" d'une paix
en Indoc~. et de celle prévue pour le 8 mai 1954 dans la .he ville-
(1) Le Général Henri Navarre a été nommé Commandant en chef du C.E. en
mai 1953. Après la défaite de mai 1954 dont il a été le principal
responsable, il a été remplacé par le Général Paul Ely en juin 1955.
(2) Cf. Erwan Bergot, "Il Y' a ~gt cinq ans, Dien-Bian-Phu" Histgria
no.J90, mai 1979 p. 6C.
()
Ibidem. p. 6C.
• .•1•.•

304/
Giap accep~a le combat en espérant obtenir des succès spectaculaires
avant la conférence, afin de faire pression sur les négociatiODJl
à venir.
Pour ce faire, le Coœaandant en chef des Armées viets mit en place
dans les premières semaines de janvier 1954 autour de Dien-Bih.-Phu,
"3 divisions Q'infante~je, et une division lourde ravitaillée par une
"Armée de 60 000 coolies et une noria de c&miuns roulant jour et nuit
sur des routes constamment bombardées, aussit8t restaurées" (1).
Une fois ces préparatifs achevés, Giap déclencha une offensive de
grande envergure contre les positions françaises de Dien-Bian-Phu.
L'offensive qualifiée "d'offensive générale" débuta Par une violente
attaque le 15 mars 1954, et se termina le 7 mai 1954 à 17h 30 par la
défaite de la garnison française. Voici tel que l'a relaté
E. Bergot,
les principales péripéties de la dernière grande bataille du conflit
indochinois :
- 13 mars 1953 1 La division "312" monte à l'assaut du point
d'appui "Kim Lam", un ensemble de trois collines appelé "Béatrice"
par les Français. La bataille commence et en deux nuits, les points
d'appui "BEATRICE" et "GABRIELLE" sont emportés par les Vieta. Les
dernières semaines da mars seront dramatiques pour les Français du C.E.
qui enregistrènt la défection ou si vous préférez, la désertion
(2)
des éléments Thal qui tenaient le point d'appui "Anne-Marie", et cons-
tateront l'impraticabilité de la piste d'aviation.
(1) Analyse de la situation militaire faite par les responsables
militaires Français en 1954. Cité. par Jules Roy, la Bataille de
de Dien-Biln-Phu, Paris, éd. René Julliard, 1963, 612 p.
(2) Sur les nombreuses désertions qui ont eu lieu à Dien-Bi3n-Phu, 1.
Colonel IRi8J.ais, un des cinq chefs militaires Français ayant lut'"
contre Giap à la dite Bataille,explique cette attitude par l'absence
de foi, de motivation des dits militaires. Il écrit à ce propos 1
"Cessons donc de faire combattre pour des causes qui nous sont
propres, des étrangers à notre race. Certes, toutes nos guerres.
coloniales d'autrefois ont été faites et bien faites, par des
troupes autochtones, mais cette époque, où notre politique réusais-
sait à persuader ces autochtones qu'ils se battaient pour leur
propre compte, est bien révolue" cf. Colonel Pierre Langlais,
Dien-Bian-Phu, Paris, France Empire, 1963, p. 257 •
. ." • ••1•••

30s1
~LlANE
DIEN BiE"PNIJ (VII"")
~ositiohs f~anç~ises à Dien:Biên-phu avant
i
l'&tta~e àu 13 mars 1954.Le 3/10è RAC occupa
1
. .,
un point d'appuI situé entre Dien-Biên-phu
(vi!lage) et "lisabelle".
.... .

3061
- AYril 1954 a Les positions françaises "Huguette 1,
Huguette 6, Huguette 1," "Doainiqu. 1, 2 et 6 (1)· sont conquises
par les Viets ou évacuées par les l'rança1s. Le Général Glap lIalgré
ses "succès", subit des pertes "fantastiques" et daman•• aux Daut ••
instances mi i ltaires du V.II. l'envoi àe 25 000 h~es de renfort
à
Dien-Bih-Phu.
- 1er mai 1954, Le Général V.M. lance sa dernière grande
offensive contre les derniers points d'appui. français qui résistent
encore. A ce stade ultime du combat, le camp retranché de Dien-Biin-Phu
n'est plus qu'un "carré de 2 000 mètres de c8té,défendu
par moins de
4 000 hommes en état physique de combattre, matraqué par une puissante
artillerie et cerné par près de 40 000 BO-DOI (soldats V.M.)
sans problème de ravitaillement".
- Le 7 mai 1954 : à 17h 30, le camp retranché de Dien-Bitn-Phu
après 57 jours de siège ininterrompu et des engagements âpres dans
les premiers jours du mois de mai, tombe aux mains desViets.
Se présentant à la veille de l'ouverture de la "Conférence
de Genève" sur les possibilités de paix en Indochine, la défaite
française conforta ceux qui étaient convaincus
que la seule issue
susceptible de faire revenir la paix en Indochine, c'était des négo-
ciations politiques dans le cadre d'une conférence internationale.
2) La présence africaine à Dien-Blin-Phu, Le 20/4° R.A.C.
Pendant le siège de Dien-Biln-Phu. des Africains, des tirail-
leurs Sénégalais firent partie du contingent du C.E. qui lutta contre
le V.M. Cette présence, pour des raisons inexpliquées,ne fut jamais
mentionnée par les nombreux observ.teurs
ou auteurs ayant racont4i
la célèbre bataille.
(1) Noms donnés aux principaux points d'appd tenus par les Français •
•.• 1•••

307/
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Tirailleur Sénégalais servant une pièce ' d'artillerie. Ce sont
des Artilleurs africains du 2°/4° R.A.C.qui
participèrent à
l'historique bataille du Corps expéditionnaire à Dien-Biên-
Phu.
(photo E.C.P.A.)

Joe/
Certes, la modeste représentation africaine (environ 262 (1) soldats
sur le. qu..1que. 15 172 (2) soldat. ayant été engap. à Di8l1-Bih-Phu
depuis son occupation) peut para!.tre insi8lÜf1ant. JIa1s Il 'étaill-ce
pa.
Is'difficult6 qu'ont connu toutes les unit6s du C.E. qui fournirent
"
des soldats ~·la "cuvette", soldats prêlev~ss~l'~~.ble de leu~s
effecti fs ? fit-ce pë!Œ8 que les AfJ:icaire ne montrèrent p. de.la 'bDIVoure"
oomme le. paraa ? Bon seul_ent la présence africaine :tut passée .ous
silence, mais nous n'avons relevé aucun détail défavorable 4aas le.
quelques rare. ouvrages la signalant. Pourquoi donc ce silence?
Ces quelques Africains fussent-ils en nombre réduit connurent
comme leurs frère. d'armes français, légionnaires ou vietnamiens, les
m3mes angoisses, les longues heures de résistance dans l'attente de
l'assaut final V.M. Ils furent comme tous les autres soldats du C.E.
engagés dans cette bataille décisive, faits prisonniers, et envoyés
dans les camps Viets.
Ces soldat. Africains dont il s'agit, appartenaient exclusivement au
deuxième groupe du quatrième régiment d'Artillerie coloniale (2°/4°R.A.C.),
En l'absence d'une documentation sur la présence africaine à Dien-Bi3n-
Phu, nous relevons que c'est le 26 novembre 195) ()
que le. 5è et 6è
Batteries du 20/4° R.A.C. furent envoyées dans la "cuvette-.
La mission confiée au 20/4° R.A.C. fut celle de l'Artillerie toute
entière. Selon B. Fall, (4) les responsables militaires demandèrent
trois sortes d'interventions aux Artilleur. 1
- D'abord, un appui direct visant à soutenir les actions
offensives et défensive. menées par les éléments de. différents centres·
de résistance J
(1) Pour obtenir ce chiffre nous avollS additionné le no.bre de. P.G.A.
capturé. à Dien-Bih-Phu (et libérés par le. Viet. le 18 aont 1954.
Ils étaient au nombre de 195) à celui des perte. africaine. enregis-
trées pendant la bataille, soit 69. Le premier chiffre a pour source
le SBAT Dossier 10H 445 relatif aux P.G.A. Quant au deuxième, il est
extrait de Bernard Fall, Dien-Biln-Phu. un coin d'enfer, Paris, éd.
R. Laffont, 1968, p. 509.
(2) Bernard Fall, Dien-Biln-Phu. un coin d'enfer, op. cit. p. 410-411.
()
Cf. J.M.O. du 20/4° R.A.C. (ex G.A.C./A.O.F.) PQur mémoire, l'unité
a été créée en avril 1950.
(4) Bernard PaIl, Dien-BilA-PhU, un coin d'enfer, op. -cit. (voir annexe
"l'Artillerie dan. la bataille de Di en-Biln-Phu" • Période du 20
novembre 195) au 13 mars 1954.
. •. 1. . •

- Ensuite, une action d'ensemble et une coordination des feux
artillerie-aviation, en vue de la contre-batterie de l'Artillerie de
campagne et de la D.C .Â. enneDl1es.
- Enfin la neutralisation et la destruction des pièce.
ennemies.
C'est pour remplir sa mission que l'Artillerie du C.E.~.E.O.
dépacha deux groupements A et B à Dien-Biln-Phu. Le premier groupe
comprenait le 3/1Oè R.A.C I
(implanté entre"D1en-Bi3n-Phu et le point
d'appui "Isabelle"), et deux compagDies de mortiers.
Quant au second g r o u P L , il comprenait le 20/40 R.A.C., la 40
Batterie du 20/40 R.A.C. (4/l/4è R.A.C), une
Comoagnie dé mortiers et
une batterie de 12,7.
Quel comportement eurent les Artilleurs Africains? en l'absence de
témoignages précis et d'une documentation adéquate, nous ne pouvons
évidemment rien avancer. Ce qui est certain, c'est que l'Artillerie
(1)~aquelle fit partie le 20/40 R.A.C. eut un comportement "honorable"
en lichant sur les positions adverses 25 000 coups de canon de 105,
10 000 coups de 120 mm et 35 000 coups de canon de 155 mm.
Du fait des raisons évoquées précédemment, il faut analyser la présence
africaine à travers ·celle de l'Artillerie du C.E.P.E.O.
La participation africaine comme le lecteur a pu le constater, ne se
résuma qu'à une participation s~bollque sous le fanion d'un groupe
de l'Artillerie coloniale. En réalité, la question qui intéressa les
Autorités militaires Françaisestut .oi~s la présence massive ou non
des Africains à Dien-Biln-Phu que le résultat moral des longs mois de
captivité et de l'int~se propagande qu'ils subirent du fait de leur
détention par les Viets.
C'est à cause de cette crainte que les Autorités prltèrent unè oreille
attentive aux récits des P.G.A. faisant le compte rendu de la propagande
reçue de la part des Viets. Mais que fut donc cette nième action psy-
chologique V.M. à l'endroit des Africa1ns~?
(1) S'agissant de l'Artillerie,il faut souligner" qu'elle était comma.ndée
par le Colonel Piroth qui 's'est suicidé devant "l'inefficacité" de
son Artillerie.
• .•1•••

Tableau : Etat de. perl.. Fr.W.e. à Dien-lib-PIlu
du 13 amI au 5 , 1 198 (1).
:
·
f
Races
·
Tu'.
Disparus
BI.ssés
1
Totaux
1
·
:
:
:
1
1
·-----------~- ------------ ------------ ------------ ---~-----
·
·
.
1
·
r
·
·
.
Français
.
1
269
180
914
·· 1 423 r
:
r
1
··
r
:
··
:
Nord-Afri-
r
·
1
,
cains
191
433
983
601
1
1
Légionnaires:
318
138
1
1 266
. :
2 322
1
:
Africains
15
1
53
69
r
·
1
·
· Total
193
1 352
1
3 216
1
5 4~1
1
·
:
1
(1) Source: ,Bernard Fall, Dien-Biap-Phu. un coin d'enfer, op. cit.
p. 509.
• •• 1•••

~,
.uy.
"'".".".,,"w.AAv·
"'y
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~w~
x:== y

La captiTité et l'Action psychologique V••• (7 me' 1954
au 18 aoM 1954).
1) Le dépari en captivité 0» la "longe !!rehe" de. P.G.]t
Après
la victoire du
7 mai 1954 à 17h JO, le V••• se
retrouve subitement avec une masse de pr18onni.ers s'éle'ftont à'environ
11 721 (1) soldais.
Le V.M. dans un premier temps, prit des mesures proTisoires en atiendant
le transfert des P.G.F. dans des camps situés dans la jungle tonkinois••
Comme le noie Raymond Tournoux, "Après le cessez-le-feu, les soldats de
la garnison sont groupés par grades et par nationalités. L'Etat-Major, les
chets des "points d'appui", les Commandants d'unité sont emmenés sur les
'.
pentes de la vallée, sur les lieux du iispositif adverse pour reconsti-
tuer "la bataille à l'envers" ••• " (2).
Peu après, "les officiers sont séparés des hommes de troupe, photographié~
dépouillés de leurs montres, alliances, stylos, rasoirs, couteaux,
médicaments etc ••• A titre préventif, beaucoup ont les mains liés
derrière le dos avec des lianes ou les suspentes des innombrables
parachutes récupérées dans la plaine" (3).
Puis, le Commissaire politique harangue les militaires présents en
dévoilant ce que le V.M. compte taire d'eux. C'est ainsi qu'il leur dit
qu'ils sont des "criminels de guerre" : Voua devriez-3tre fusillés, mais
grlce à la clémence du Président Hô-Cbi-Minh, vous aurez la vie sauve.
Pour noua, vous ,@tes tous les fils du peuple de France. Nous allons
rejoindre un c~p. La route sera longue.
Jusqu'à présent, vous avez
circulé' e-ri avion ouen jeep. Maintenant, vous allez apprendre
à marcher" (4). -
(1) Cf. Bernard Fall, D1en-::8i~n-Phu. un coiD d'enfer,op. cit. p. 477.
(2) Raymond Tournoux, "La eolonne de la Mort" in Histor.ta, juin 1984,
no. 451, p. 79.
(3) Ibidem. p.
8'
(4) Raymond Tournoux, "La Colonne de la Mort" op. cit. p. 80 •
• • •1• • •
." J

3î2/
L'heure de la défaite: Convois de prisonniers àe
(eni
guer~e Fra~çai5 c~~~urés à Dien-B~ên-9hu. Deux t~ r 2 i~ ~ e L r s
Sénégalais E .i re n t
partie de cette "colonne de la mo r t " •
. ..
f"< "':..._
.,
1 •


Aussi dit, aussitBt fait. L'intermi~able cohorte de. prisonniera
Français à;ébranle. Sur cette nouvelle "longue ~arche", laissons le
soin à L. Bonnert (1) de nous restituer l'atmosphère dramatique qui
entoura le départ en captivité des combattants Français de Dien-Biia-
Phu. Selon cet auteur, "les hommes rassemblés par groupe d'une cinquan-
taine et encadrés par des soldats de l'Armée régulière s'enfoncèrent
dans la brousse, vers l'est.
Dès le premier j our, deux à tl'ois mille des n8tres qui ttèrent 1& plaine
de Dien-Biln-Phu et alors commença, pour eux, un véritable calvaire.
Il ne faut pas oublier que ces hommes vaincus étaient surtout des
hommes terrassés par la fatigue. Ils avaient combattu nuit et jour,
leurs nerfs étaient ébranlés, ils avaient parfois manqué de nourriture
et ils se trouvaient dans une condition physique singulièrement défi-
ciente. N'emp3che qu'il Leu r fallait mar-chez- conte que coûte" (2).
Il poursuit
"Lans une longue colonne, encad.!"ée par les
Viets avec, de temps à autre, des buffles que les prisonniers entrs!nent
au moyen d'une corde et qui, pratiquement,constituaient le ravitail-
lement de la colonne·
en plus de quelques poi80ées de riz, les prisonniers
avançaient, souvent en grinçant les dents. Lorsque des hommes se trou-
vaient particulièrement mal en point, on les autorisait à monter
sur
un des ani~aux et la marche continuait cahin caba, avec d'atroces
souffrances répercutées par les pas irréguliers du buffle.
Et puis, au bout
d'un moment, il fallait céder la place à un camarade
encore plus incapable de marcher. Le plus dangereux, à cet instant là,
c'était de s'abandonner à l'énorme fatigue, c~était de quitter la
colonne, car implacablement, on était consid~ré comme perdu et les
paysans, dont on avait traversé les terres, s'occupaient de l'ensevelis-
sement des tra!nards morts ou pas (3). Et la marche continuait,
continuait ••• poursuit-il. Elle dura, pour la plupart, plus de sept
cent kilomètres sur des pistes épouvantables à peine tracées, avec une
pluie dense et terrible, qu~ trempait jusqu'au os, et une alimentation
évidemment très ••• frugale.
(1) L. Bonnert, LES RESCAPES DE L'ENFER, Paris éd. nouvelles Presses du
Yonde, 1954, p. 84.
.
...

(2) Ibidem. p. 84
0) 1d em p. 84.
.../ ...

Quant aux blessés, il leur était impossible de se faire soigner, il
n'y avait _pas de médicaments, rien de prévu à cet égard et ils étaient
obligés, la plupart du temps, d'enlever eux-mimes de Leurs plaies, les
vers qui y grouillaient- (1).
Le récit d'horreur de cette "longue marche" vers les camps
Viets donne toute la mesure de ce que sera le séjour des P.G. dans les
camps où ils ont été conduits. Ce sont ces hommes affamés, assoifés,
presque Inorts de fatigue qui seront l' obj et de l'intense et courte
(dans le te~ps) action de démoralisation viet pendant leur captivité.
Au terme de cette harassante marche, ils rejoignent leurs camarades
déjà aux -na.i ns des Viets. C'est ensemble que le V.M.
tentera de
les -rééduque r" .
2) L'Entreprise de démoralisation Viet : L'ultime tentative
psychologique à l'endroit des Africains.
Dans cette phase ultime de la guerre, la méthodologie
utilisée par les Viets ~ans le cadre de leur action de démoralisation,
gardera dans l'ensemble, les techniques de base de l'Action psychologique
V.M. étudiées dans les premières et deuxièmes parties de l'étude. Seule
la retentissante défaite française lui donnera un aspect particulier.
La propagande V.M. se ièra essentiellement au moyen des "cours poli tiques,
des "conférences" obligatoires et des séances de cinéma (2).
.
S'agissant des "cours politiques", plusieurs thèmes ayant trait à la
guerre d'Indochine y furent traités. En ce qui concerne les P.G•.A., les
Viets axèrent leur entreprise psychologique sur l'exploitation de la
défaite française, la dénonciation du raIe joué par les Africains dans
cette guerre (ou du moins ce qu'on leur a fait jouer), la nécessité de
déclencher une lutte de libération nationale une fois de retour chez
eux et l'initiation à la rédaction des inévitables et sempiternelles
motions de soutien lN appels adressés au leader Viet Hô-Chi-Mi.nh et
censés expri~er leurs "préoccupations".
(1)
L. Bonnert. Les Rescapés de L'ENfER, op. cit. p. 84.
(2) Cf. également sur la propagande V.M. les chapitres II (1ère partie)
et II (2~ partie) de l'étude.
·•.. 1•••

a) L'exploitation de la défaite francaise.
La France ayant perdu
la bataille de Dien-BilR-P.bQ, l8s
responsables du "Dich-Van" ne se firent pas pri4s pour "démontrer-
aux P.G.A. que malgré sa puissanoe militaire, la France a i'. vaincue
par un V.~. moins puissant et mal équipé. L'objectif visé par ce
discours était d'opposer à la puissance matérielle. et militaire,
la volonté d'un peuple décidé à se libérer du joug colonial. Quelle
séduisante opposition de la "foi, de la volonté à la puissance pour
un P.G.A., quant à l'opportunité d'une guerre semblable dans sa
colonie d'origine une fois de retour chez lui ?
C'est pourquoi le V.M. insista auprès des P.G.A. pour
qu'ils comprennent que la répétition d'un "Dien-Bi~n-Phu" chez eux
n'était pas une idée utopique, mais réalisable eu égard à l'expérience
viet : "Les Français comptaient sur leurs blindés,leurs avions, leurs
navires pour nous anéantir. Nous n'avions rien de tout cela, mais notre
détermination d'en finir avec les colonialistes nous a permis de les
écraser à Dien-Bian-Phu et les obliger à se mettre à genou à Genève" (1).
Le discours viet S>t'lcitait à sa manière la défaite française. Il cher-
chait à mettre en relief, l'idée qu'un rapport de forc~défavorable
n'était pas un obstacle au triomphe d'un mouvement de libération.
Bien plus, il n'existait pas de barrière infranchissable à la volonté
de recouvrer la liberté.
Le V.M. convaincu par sept années de guerre que seule la lutte Armée
est capable de vaincre, s'employa à incu1quer cette vérité aux P.G.A.
en qui il voyait des ft pionniers" de l'insurrection armée,une fois
de retour dans leurs foyers.
(1) 5HAT 10H 420 Extraits d'un discours tenu par un Commissaire politique
à des P.G.A. lors de leur captivité et rapportés lors de leur libéra-
tion. Cf. Rapport du Cap! taine Soglo, chef des A.K.A. dans son
rapport sur le moral des prisonniers Africains libérés par les Viets
pour la période du 15/7/54 au 31/10/54 p. If..
Les "cours" étaient donnés en Bambara
une langue de l'ouest
Africain(Soudan Français) ou en français.
. .. 1•.•

317/
fainéant, il s'accroche chez vous (en Afrique) pour vous exploiter
parce qu'il ne peut gagner honn3tement sa vie chez lui ft (1).
Ce virulent port rai t an'ti-Français brossé par 1& propagande V.JI.
à l'heure de la défaite, avait de quoi émouvoir les loyaux et fidèles
serviteurs de la France, captifs du V.M. Le dessein recherché ici,
était de faire ndtre un véritable sentiment antif~ençais en mettan'i
à nu le "vrai visage" des "exploiteurs". Cette peinture peu reluisate
du Français pouvait 3tre considérée comme une justification supplémen-
taire de haine pour le "mdtre blanc".
Grisé par son succès et fier de la propagande à la.uelle
il soumettait ses "otages", le V.M. poussa son entreprise de démora-
lisation assez loin en annonçant aux Africains que "grAce à son àctio;.
(~) le V.~. affirme que les pétitions qu'elle a fait signé ont été
remises à toutes les nations présentes à Genève,-la France a pris
l'engagement solennel de ne plus employer à aucune guerre un seul
Africain (2).
Par l'intermédiaire de ce bluff, le V.M. se posait en
défenseur des opprim~s. Cette démarche n'était pas fortuite, car elle
était très caractéristique de l'état d'esprit des responsables de la
propagande net vis-à-vis des Africains et qui traduisait un "pat er-
nalisme" à peine voilé. Ce pawernalisme viet vient du fait que pour
le V.M., l'homme noir n'avait pas encore compris le sens de son uti-
lisation dans l'Armée Française et pis, la nécessité de se libérer des
chdnes du joug. colonial.
Dans ce genre de discours, le V.M. gardait pour lui l'initiative du
déclenchement de la première et véritable guerre anticoloniale de
l'après-guerre,qui a conduit à une remise en question de la présence
de la puissance colonisatrice.
Cet avantage psychologique et historique conférait au V.M. le devoir
de "conseiller" les représentants des peuples opprimés dans la voie à
(1) SHAT 10B 420 Rapport Capi.t"aine ~oglo sur prisonniers libérés
op. cit. p.....
(2)- Idem. Rapp"ort 50g10.
• •• 1•••

318/
suivre pour liquider le colonialisme. Le thème de la guerre de
libération· des peuples et de la liquidation du colonialisme
constituèrent ainsi,la pierre angulaire de l'Action psychologique
V.JI. sur les P. G~A. capturés au cours des combats d'avant Dien-B1ka.-Phu
et pendant la dite bataille.
c) Les tentatives d'éveil du Nationalisme Africa~.
Il s'agissait pour les rebelles vietnamiens de montrer aux
P.G.A. qu'était arrivée l'heure de la li~uidation du colonialisme. Ce
thème qui retint l'attention des propagandistes V.::I. lors des années
précédentes trouva avec la défaite française du 7 mai 1954. un cadre
approprié où s'exprima toute la stratégie anticolonialiste V.M.
~ abordant le thème, les orêteurs viets présen:èrent la liquidation
du colonialis~e non seulement comme une nécessité, mais comme la
"solution unique et radicale" à la domination des peuples.
Naturellement, il s'agissait de l'apologie de la lutte armée qui devait
entra!ner la fin de la domination et le recouvrement de la liberté.
Le V.M., qui venait
après une lutte acharnée de sept ans contre les
Français de conquérir sa"libe~té", était mieux placé que quiconque
pour suggérer l'idée d'une guerre de libération.
C'est donc en fonction de ce raisonnement et dans le but avoué d'ex-
ploiter au maximum la défaite française, qu'il va développer, tenter
d'inculquer aux P.G.A. l'idée d'un soulèvement anticolonialiste. C'est
dans cette perspective que se plaça le Commissaire politique qui leur
t~t ce langage: ft ••• Vous allez maintenant rentrer en Afrique, c'est
alors que commencera pour vous une tache magnifique.
Vous déc1En::he%8z un mouvement national qui rendra la vie impossible aux
impérialistes. Vous les chasserez comme nous les armes à la main. L'heure
de libération a sonné pour les peuples asservis ••• " (1).
Des propos suscités, il ressort que les Viets demandaient aux P.G.A.
de prolonger leur propre lutte anticoloniale, en la portant en Afrique.
(1) SHAT 10R 420 Propos d'un Commissaire Viet rapportés par les P.G.A.
Rapport Soglo op. cit. p.4-5.
. ..1...

319/
Cette vision interplanétaire de la lutte contre le colonialisme
montre toute la détermination des hommes de He-ehi-Minh à
le traquer partout où i l se trouve.
De plus, le V.M. se propose comme un modale dans la lutte anticoloniale.
Le. Africains n'ont qu'à s'inspirer de la voie "historique" tracée
par le dit mouvement.
Il faut remarquer à ce sujet que le V.M./malgré son
euphorie,ne fut pas égocentrique en matière de lutte de libération.
Il ne revendiqua pas l'exclusivité des méthodes de lutte, car il
suivait avec attention, "l'agitation nationaliste" ayant cours au
MAGREB. Et il conseilla aux Africains de suivre l'exemple des Nord-
Africains en ces termes : "Lorsque vous rentrerez chez vous, vous ne
devez plus rester dans l'Armée Française. En vous inspirant des Nord-
Africains, vous formerez des Commanècs pour hâter le départ des
Français. Ne soyez plus des ignorants qu'on exploite à vil prix. Votre
fid~lité aveugle a permis aux Français de dormir sans inquiétude.
N'accepter pas de demeurer éternelle!llent le "boy" des Français. Voyez
dans toute l'Afrique: l'Anglais a fait un effort dans les territoires
qu'il occupe, la France elle reste vot~e pire ennemie" (1).
Dans ce discours vengeur et haineux tenu par les vainqueurs de la France,
il est à remarquer trois faits ~portants. :
- Premièrement, le V.M. suggère aux Africains la formation
/
de "Commandos" pour hâter le départ des Français. Il privilegie la
seule forme de lutte efficace selon lui, c'est-à-dire la guérilla qui
correspond aux moyens des peuples sous domination. La seule alternative
capable de s'attaquer au colœti.alisme r"tde:dans le harcèlement quo-
tidien, l'attaque d'objectifs stratégiques et la création d'une psychose
de la terreur. Cette atmosphère de violence est seule capable d'amener
les colonialistes à réfléchir sur leur présence, et éventuellement sur
leur départ.
(1) SHAT 10H 420 ~pport Soglo 1954 op. cit. p. 4.
.../ ...

320/
La réalité est que la guérilla constitue le premier pas dans la lutte
contre l'Autorité coloniale, car à elle seule, elle est insuffisante.
Le V.M. par exemple a utilisé la guérilla contre les Français, mais
en m'me temps,a mis sur pied un véritable corps de bataille capable
de rivaliser avec une Armée classique organisée sur le modèle du C.E.
La guérilla ainsi suggérée/n'est en fait que le premier stade de la
lutte de libération préconisée par le V.M.
-DeÜ%ièmement,le message V.M. dénonce la "loyauté" légendaire
et sans faille des Africains qui a emp@ché que des bouleversements se
produisent au niveau de la présence coloniale française. C'est vrai
que des tirailleurs Sénégalais ont toujours fait partie de presque
et
toutes les guerres coloniales/ de conquate de leurs propres contrées par
les puissances européennes dans la deuxième moitié du XIXè siècle.
C'est vrai également que des tirailleurs Africains participèrent aux
batailles de la "grande guerre" en 1914/1918 puis en 1939/1945. La.
loyauté affichée par ces braves soldats fit d'eux des éléments pr'ts
à @tre utilisés à n'importe quel moment.
L'attitude loyaliste du soldat Africain envers la métropole ne
signifie nullement que l'Africain s'accomodait de la domination coloniale.
Les tentatives
de résistance africaines ont souvent été brisées dans
le sang (exemple l'Insurrection malgache de mars 1947). Ce que le V.M.
demandait en réalité, c'était qu'au lieu de servir les intérlts de la
France, il fallait se retourner contre elle et la harceler de telle
sorte qu'elle ne se sente plus en sécurité dans la colonie occupée.
- Troisièmement, le message Viet rend "homœage" aux Britan-
niques qui selon
lui, ont fait un "effort".
La Grande-Bretagne est de ce fait présentée comme la "Puissance colo-
niale "éclairée", à l'opposé de la France qui fait figure aux yeux des
Viets, de
;Puissance 'coloniale rétrOfJAde". L'allusion V.M. pose la
question de la philosophie des deux principales puissances coloniales
à propos'
de
. ' l'évolution de leurs Empires respectifs depuis
la fin de la deuxième guerre mondiale (1).
(1) Cf. à ce suj et Henri Grimal, l..a dé coloni sat ion 1 91 9/1 963, Paris
A. Colin, 1965 •. , 407 p.
.../ ...

321/
S'agissant de la France, elle fit conndtre l'intention de reconquérir
et de reprendre en main les colonies où son autorité s'était e~fritée
du fait de la défaite et de l'occupation de mai 1940. Que ce soit à
travers la ·Conférence de Brazzaville" en 1944 ou dans la "déclaration
du G.P.R.F.· {Gouvernement Provisoire de la République Prançaise)d.
mars 1945 relative à l'Indochine", la France écarta toute idée d'éTo-
lution dans un proche avenir. C'est ainsi que les participants à la


Conférence africaine française de Brazzaville déclarèrent avec force,
que "les fins de l'oeuvre de civilisation accomplie par la France
d~lS les colonies écartent toute idée d'autonomie, toute possibilité
d'évolution hors du bloc français de l'Empire; la constitution
éventuelle, même lointaine, de self-. ;~uvernRr(nt . dans les colonies
est à écarter" {n.
Cette position on ne peut plus nette va guider, détenniner
la dé-
marche de la France coloniale jusqu'en 1954 et ce, malgré l'adoption
de la très "li bérale" constitution de 1 946.
A travers la création de "l'Union Française", l'octroi de
la "citoyerilleté française" aux ex-indigènes et la possibilité de
con~tituer des groupements politiques, la France n'envisagea à aucun
moment l'idée que les peuples soumis puissent se diriger eux-mames,
s'aut.ogouverner.
L'illustration éclatante de cette politique fut la répression féroce
qui s'est abattue sur les Ma Lgachea qui demandaient ouvertement .
l'indépendance. C'est la mime attitude qui prima quand des groupements
politiques comme le R.D.A.
alors affilié au Parti Communiste Français,
furent accusés "d'oeuvrer" pour obtenir l'indépendance. En fin de
compte, l'Empire Français ne connut aucun changement politique notable,
sauf que c'est le cycle de la répression contre
le~ velléit's de
changement qui domina la scène politique.
Quant aux Anglais, le lobby colonial de la Chambre des Communes n'était
pas plus décidé que la France à aller de l'avant dans le sans d'une
gestion de leurs affaires par ~es indigènes.
Cependant, sous la pression de l'opinion internationale et des élites
politiques locales, il finit par se résoudre à envisager quelque évolu.
tion. Le résultat de cette politique se matérialisa par l'indépendance
(1) Documents sur la "Conférence Africaine de Brazzaville recommandations
adoptées" in Henri Grimal, ta Décolonisation 1919/1963, op. cit .p.':JOa
••• 1..•

322/
de l'Inde en aont 1947, d. celle de la Birmanie en janvier 1948 puis
de la Malaisie dans la mbe année. Au total, l'Angleterre avait fai1;
un "effort" par rapport à l'Empire Pran;a1s qui n'avait connu aucune
évolution de ce genre.
La comparaison des politiques coloniales de la France et de la
Grande-Bretagne n'avait d'autre but dans l'esprit des vainqueurs, que
d'étaler "l'obscurantisme" et l'attitude hostile des gouvernements
français, quant aux idées d'évolution ayant cours dans les années
cinquante. Pour bien montrer aux Africains que la lutte anticoloniale
était non seklement nécessaire mais possible, l'orateur Viet annonça
à ses auditeurs que l'Aide des pays amis appartenant au "Camp de la
paix" leur était acquis.
Point n'est besoin d'être un clerc pour comprendre qu'il s'agit dans
la terminologie révolutiormaire V.M. du bloc des pays socialistes,
avec à leur tête,l'Union Soviétique et la Chine Populaire.
Le thème de l'aide des pays du "Bloc Démocratique Mondial" (autre
appelation des pays socialistes) aux peuples colonisés était on ne
peut plus, l'ultime Jnformati!Jn capable de déclencher le choc
psychologique chez les Africains.qui hésitaient encore. Le manque de
moyens, (armes) serait compel1sé par le soutien de ces "amoureux de la
liberté", ce qui se traduit par cette phrase très précise de l'orateur
haranguant les auditeurs Africains : "Les peuples épris de liberté
ne VOtiS re~deront pes les bras croisés. Tous vous aideront", telle
est la conclusion du discours tenu aux Africains sur le thème de la
lutte de libération nationale dans leurs colonies respectives.
D'ailleurs, pour marquer- l'esprit du P.G.A. -à propos .de l'existence du
"camp de la paix" et de sa puissance, les Viets firent projetter aux
prisonniers,des films vantant la force militaire russe et chinoise et
la 'beauté'des pays non impérialistes. C'est cette "force" qui serait
mise au service des peuples opprimés en révolte contre les impéria-
lismes et la colonisation.
L'utilisation des ~éthodes audiovisuelles était on s'en doute, un
moyen très pratiqué de donner une image réaliste du "camp de la paix"(1).
(1) Le Bureau de la Guerre psychologique précise que ces films prove-
naient des Actualités des pays de l'Est (Europe Socialiste). En
réalité, c'étaient des documentaires russes ou chinois· aux titre.
évocateurs tels que "La Révolution Chinoise" ; "Le Congres de
Berlin" ; l'"Ukraine" ; "le Congrès de Vienne" ; ou "l'inauguration
du canal Don Volga" etc ••• etc ••• Le caractère "instructie" de ces
documentaires explique le choix fait par l'Action psychologique et
n'a rien avoir avec le hasard.
.../ ...

323/
Ce faisant, l'Action psychologique V.M. ne s'arrlta pas à l'étude
des thèmes pouvant intéresser les Africains. Elle obligea ses "otage.-
à apposer leur signature au bas de divers documents censés avoir été
rédigés par eux, et adressés au guide Vietnamien H8-Chi-rdinh.
d) Les P.G.A. et la Rédaction des "Motions".
La méthode des motions n'avait rien d'originale dans la
mesure où les "lettres", "feuilles d'autocritique
ou documents
divers faisaient partie de l'arsenal psychologique Viet (1).
Ces documents extorqués aux P.G.A. dans un climat de terreur psycho-
logique étaient censés traduire leurs "préoccupations vis-à-vis de la
guerre à laquelle ils participaient, de l'Aide Américaine, de la
participation Africaine à la dite guerre et des souffrances du peuple
vietnamien. La réalité est que les dits documents traduisaient les
propres positions du V.M. sur les thèmes évoquées plus haut, et lui
permettaie~t de chanter les louanges de "l'oncle Ha". L'utilisation
de la signature des P.G.·donnait plus de réalisme à cette propagande
camoufléelâ;stinée à un usage externe,c'est-à-dire,montrer à l'opinion
publique internationale et au commandement militaire local, les "désirs
de paix~ des P.G.A.
1) Les Motions de soutien. à l 'oeu\\ilre de paix du
Président He.
Les responsables de l'action de démoralisation viet sur
l'ennemi profitèrent de la captivité de nombreux soldats du C.E. pour
leur extorquer des lettres de soutien au leader vietnamien. Le dessein
visé par cette forme particulière d'intoxication était de mettre en
exergue les qualités politiques, les louables efforts "déployés·
par Hô-Ch1-~nh en faveur de la paix, son sens de l'affectivité, sa
grande mansuétude et son altruisme à l'égard des P.G.A.
Dans l'étude des motions de soutien au Président du Vietnam Démocratique,
nous notons que "l'initiative" de la rédaction est "l'oeuvre" des
prisonniers.
(1) A ce sujet cf. la deuxième partie de l'étude p.168-169
et suivantes.
~ .../ ...

324/
A titre d'exemple, il est revélé au cours de la lecture
d'une motion' adressée à Ha par l'Agence vietnamienne d'information,
que c'est à l'occasion de l'Anniversaire de la naissance du Président
H8 qu'un certain nombre de prisonniers de guerre Français et Africains,
"demandèrent au commandement (V.M. bien entendu) l'autorisation
d'écrire au Président pour lui présenter leurs voeux. Dans ces lettres,
les soldats ennemis ont remercié le Président Hô et le gouvernement
du Vietnam de leurs mesures de clémence à l'égard des bl~ssés Français
de Dien-Bî3n-Phu. Ils ont souhaité au Président Hô une vie longue et
heureuse ••• " (1).
Il est bien entendu que l'initiative prêtée aux P.C.F. relève de la
pure intoxication et de l'affabulation propres à l'arsenal de démora-
lisation V.IiI.
Dana d'àutres "lettres" adressées à Hô-Chi-i,linh, des ao Lda t s Africains
lui sour~itèrent également "plein succès" dans sa lutte contre le
!Olonialisme et l'Impérialisme en ces termes
"Nous VO~lS souhaf t ons
le succès dans votre noble tâche de coridui r-e le peuple vi et nanâ en dans
sa lutte pour l'indépendance. Ce succès aura des répercussions sur la
lutte de libération àe tous les peuples qui, tel le vôtre, sont
actuellement opprimés par les impérialistes Français
et ~~éricains" (2).
Ces ~an~ censées avoir été adressées au guide Viet par des Africains,
expriment tout s'imple~-:'lent un des aspects favoris de la propagande viet,
vis-à-vis des Africains
à savoir, prendre pour modèle de conquête de la
liberté, l'expérience
V.M. Interprèté correcteillent, le,message établis-
sait un lien conséquent entre le succès de la lutte V.M. et ses suites
politiques au niveau de l'Afrique nationaliste.
Les rebelles Vietnamiens qui ne souhaitaient que la disparition totale
du colonialisme, ne pouvaient qu'envisager avec optimisme des suites
éventuelles à leur croisade ant±coloniale. La naissance ,'d' éven'tuelle.r
émules dans les colonies de "l'Union Française" ne serait que
l'expression de la portée lointaine de la victoire historique de Dien-
Biên-Phu.
(1) SHAT 10R )16 MinÈtère de la Guerre /E.M.A./Haut-Commissariat de
France en Indochine Cabinet militaire et "Office du Prisonnier"
"Iéclaration des prisonniers libérés 1950/1954 : Lettres de prison-
niers de guerre Européens et Africains de Dien-Bi~n-Phu, au Prési-
dent Hô. Diffusée par l'Agence vietnamienne d'Information.du BAC DO
dans son émission du 25 mai 1954 à 7h )0.
(2) Idem.
Déclaration prisonniers 1950-1954.
.../ ...

325/
Touj ours daas ces lettres faisant le panégyrique de "l'oncle Hô",
les P.G.A. évoquèrent avec "enthousiasae" la grande affectivité
et l'altruisme du leader vietnamien à l'égard des blessés de guerre
français prisonniers du V.M. : "Votre attitude à notre égard, ont
souligné les P.G.A., nous a profondément touché. Nous ne l'oublierons
jamais, et quand nous serons rentrés dans nos foyers, nous dirons
toute la vérité à ceux qui nous entoureront ••• Vous ~tes_la première
personne qui se soit penchée sur nos misères. En dépit des obstacles
et entraves posés par le gouvernement Français,vous continuez à donner
des ordres pour nous libérer, un 60uvernement qui hel~eusement, ne
représente pas le peuple l'rançais -que vous connaissez, vous en sera
grandement reconnaissant
(1)~
Dans les propos pr~tés aux blessés Africains et FTançais, il est
important de noter trois faits
"la double accusation" po~t6e par
les P.G.A. contre le gouvernement Français, la dissociation àu peuple
du gouvernement FTançais et enfin~ l'allusion à la grande "conna~ssance"
de ce peuple par le leader vietnami~.
S'agissant de la "double accusation" des captifs V.M., en premier lieu
le gouvernement est accusé d'avoir abandonné les soldats à leur sort.
Seul le gouvernement vietnamien avec son chef, se sont "penchés" sur
les misères des prisonniers. La FTance les a oubliés. L'explièanion
de cette attitude França1~se trouve dans les "obstacles" et "entraves"
posés par les négociateurs Français à Genève.
La réalité est que le V.M. était ~ressé de parvenir à un règlement négo-
cié de la question indochinoise à Genève. Mais du fait de l'attitude de
Georges Bidault (2) Min:ilstre des Affaires Etrangères et chef de la
délégation Française à la Conférence de Genève, aucun accord ne fut
trouvé avant le 12 juin, un mois environ après l'ouverture des négociatfma.
(1) SHAT 10ft 316 "Lettre des Prisonniers au Président Ha, op. cit. p.2.
(2) Georges Bidault est un homme politique Français et un des politi-
ciens les plus en vue de la IVè République (1946/1958). Né en 1699,
il fut Président du Conseil National de la Résistance. Plusieurs fois
Président du Conseil et Ministre des Affaires Etrangères, c'est en
tant que chef de la diplomatie française
(gouvernement J. Laniel)
qu'il dirigea les négociations à Genève jusqu'au 12 juin 1954•
•.. 1••.

326/
En effet, ~~ "plan Bidault tl qui comportait troie points importants
à savoir, la dissociation des problèmes Kmer et Laotien de celui
du VietnaDl, le retrait d.es "envahisseurs V .M." du Cambodge et du
Laos, la cessation des hostilités pour le Vietnam, le contrale par
d.es commissions indépendantes du regroupement des unités des deux
parties dans aes zones à dél~ter et ceci dans l'attente d'élections
libres, s'opposait au "plan V.M." présenté par Pham Van Long le chef
des négociateurs V.M.
Le contre-projet V.M. faisait de la cessation des hostilités dans
toute l'Indochine la condition sin .e quarm à tout progrès dans les
négoci~tions. De plus, il exigeait la reconnaissance immédiate de
l'Indépendance ~~ Vietnam, du Kmer et du PATHET-LAO, et le retrait

des tro~pes étrangères de ces pays (le C.E.F.E.O. bien entendu). Enfin,
il récla~ait l'organisation d'élections générales en vue de la ~ise en
place de gouverne~ents uniques dans chacun de ces pays. 0ne fois ces
contii.tions remplies, les dits palis
étaient libres de s'associer
volontairement à l~Union Française" (1).
!Jr Bidault qualifia ces p~opositions de fantaisistes et d'habileset
ne leur accorda que peu d'intér3t.
Pis, il joua à fond l'intransigeance en faisant planer la menace d'une
intervention militaire Américaine. Cette attitude on s'en doute, fut
considérée par le V.~. comme un "manque d'intér3t" de la part du
gouvernement français ,uant au sort des P.G.F. lié~ il est vrai, à
l'aboutissement rapide des négociations de Genève.
En réalité, '1'accusa'1è~'des P.G.F. à propos de l'attitLd! dJ gaJVra:nBlblt
français sur leur sort n ' était que l'expression de l'agacement V.II •. à
propos des "obstructions" de Mr Bidault à son plan de paix.
Quant à la dissociation du peuple du gouvernement français, c'est une
tactique chère au V.M. pour montrer (pe :l.?n _;;.:. '7'.<~';. les colonialistes
se trouvent au gouvernement et non dans le peuple, . et
que l'opinion
~.
publique française est hostile à la politique du gouvernement.
(1) Sur la Conférence de Génève 1 cf. Jean Lacouture et P~ippe
Devillers, La fin d'une guerre: Indochine 1954, Paris, éd. du Seuil,
1960, ~ 3B2 pages.
Georges Bidault, D'une Résistance à i'autre, Paris,Presse du siècle
1965, JB2 pages.
François Joyaux, La Chine et le Règlement du Premier conflit
d'Indochine, Genève 1954, Paris 1919,
467 pages.
j
...1..•
,( j
..jJ

327/
Cette méthode cherche à mettre en exersue l'impopularii' de la
politique f~çaise et de l'hostilité de la masse à la politique
anti V.JI.
Dans une autre 'perspective, le discours V.M. recherohe la SJII...tJd..
du peuple Pran.gps pour la Cause qu'il défend en l'opposant nett._:t
aux responsables ayant la conduite de se8 affaires.
S'agissant enfin de la grande "connaissance" de ce peuple par le
leader vietnamien, le discours veut rappeler à l'opinion franQaise
le séj our effectué par Ha-Cbi-Minh en France de 1917 à 1923. C' en
fort de ce coUPt séjour dans la capitale Française que le. P.G.A.
louèrent sa "grande connaissance" du peuple Français" (1).
L'exaltation du culte de la personnalité auquel furent conviés le.
prisonniers Africains les amena, outre leur soutien aux "efforts
pacifiques" de l'oncle Ha-, à "dénoncer" le raIe que leur ont fait
jouer les "colonialistes" Français.
2)
Procès de la France ~olonialiste et présence africaine
-=
en Indocbine.
Dans une des nombreuses rédactions appelées pompeusement "Dé-
claration des soldats Africains", de violentes diatribes étaient
lancées contre la France en raison de l'utilisation des soldats
coloniaux dans une guerre qui ne visait qu'à défen~e des "intértts
colonialist es".
C'est le thème classique de l'irresponsabilité des Africains dans
le déclencheœent de la guerre contre
le Vietnaa.
Ce discours comme tant d'autres. était destiné à s8Dsibilisézo
l'opinion internationale sur l'utilisation des soldats coloniaux dans
les engagements militaires.
La présence quasi permanente de ce thème dans la propagande V.K. à peut
3tre été inspirée aux responsables du "Dich-Van" par un des écrits du
Président Vietnamien alors qu'il séjournait à Paris.
(1) Jean Lacouture dans une biographie consacrée au leader vietnamien a
retracé avec beaucoup de précisions et d'anecdotes, ce que fut le
séjour Parisien de Ha-Cbi-Minh.
Cf. Jean Lacoutt:re. Ha-Cbi-Minh, Paris. éd. du seuil. 1967. _
Cf. égaleœent l'article consacré à l'oncle Ha. par le m". auteur
dans Historia "no.251 d'octobre 1967 sous le titre "Ha-Cbi-Minh.
le bon "oncle Ha" ? P~ 102-110.
. ~
1
1

P'
328/
DECLARATION DES GRAD9" §I. S0LPA"Tj,
AFRICAINS CAP!URES LE 8.5 ...54 à:
A
DIENhBIENüPHU (1).
"Engagés dans l'armée française, nous sommes
venus combattre le peuple vietnamien , pourtant nos:'";pays
sont colonisés tout comme le Vietnam l'était auparavant.
Nous étions trompés ~ nous ne voyions pas quel rôle les
colonialistes français nous faisaient jouer celui de chair
à canon. Maintenant que nous sommes prisonniers, nous nous
rendons compte que l'armée vietnamienne nous considère
comme des Fils de l'Afrique égarés dans leC.E.F.E.O. et
non comme des ennemis. ~eaucoup:Id 1Africains sont morts
en Indochine et à Dien~Bi~n~Phu pour défendre les intérêts
des impérialistes américains, qui occupent l'Afrique,
disposent des bases et des ports que les colonialistes
français leur ont laissés.
UNous esp~rons que la paix revienne pour que
les Africains~uttent plus contre les Vietnamiens et nous
exigeons du gouvernement français, qui nous a lancés contre
le peuple vietnamien, qu'il rapratrie le C.E.F.R.O, qu'il
discute sincèrement à Genève des conditions d1un cessez~l~
feu avec les délégués du gouvernement·président HaïCHI~MINH.
"si le gouvernement français veut vraiment
l'indépendance du Vietnam, la paix peut revenir rapidement.
" Nous appelons nos frères colonisés qui servent
dans le C.E.F.E.O. à ne plus combattre contre le peuple
.
ami·
Vl.etn
en.
. ..1 ...
Au Vietnam, le 17 mai 1954.
Les
représentants des Prisonniers Africains
ï
Abdoulaye Travie·, Marécha1- chef
des Logis
2°/4° R.A.C.
l .
Hachema Jean maréchal des logis 2°/4° R.A.C
Baw1a Samaké
j "
t:
2°/4° R.A.C.
1) Diffusé par l'Agence Vietnamienne d'info~ation d~s
son émission du 30 Mai 1954 à 10H30 SHAT ~OH 316~.G./
E.M.A.

3291
Il avait eu des propos très violents pour exprimer san hostilité à
l'emlllOi de." "Sales Nègres et des Sales ADamites" pendant la première
guerre mondiale. Selon lui. "Ils ont laissé leur peau au désert
poétique des Balkans. en se demandant si la mère Patrie aTait l'in-
tention d'entrer comme première dans le harem du Turc, sinon pourquoi
les aurait-on fait zigouiller dans ces pays ? D'autres, sur le bord
de la Marne ou dans la boue de la Champagne, se faisaient massacrer
héroIquement pour arroser de leur sang les lauriers des ~mfs, et
sculpter avec leurs os les bâtons des ~.arl§chaùx. (1).
Les militaires Africains du C.E. eux ont "découvert" non
seulement le raIe que les colonialistes le~faisaient jouer, mais
également l'affectivité, l'hospitalité et la compassion du peuple
Vietnamien à propos de leur sort.
C'est fort de cette "découverte" qu'ils écrivent au guide vietnamien
pour attirer son attention sur leur nouvel état d'esprit : "No~ ne
voyions pas quel raIe les colonialistes français nous faisaieL~ jouer,
celui ~e chair à canon. Maintenant que nous sommes prisonniers, nous
nous rendons compte que l'Armée vietnamienne nous considère comme des
Fils de l'Afrique égarés dans le C.E.F.E.O. et non comme des ennemis.
Beaucoup d'Africains sont morts en Indochine et à Dien-Bi3n-Phu pour
défendre les .intér3ts des impérialistes Américains, qui occupent
l'Afrique, disposent des bases et des ports que les colonialistes leur
ont laissés" (2).
Après avoir exalté l'oeuvre de paix du Vietnam et fait le procès des
colonialistes Français, les P.G.A. souhaitent tout naturellement la
..
. "
paix et leur départ du Vietnam.
)
Paix et Rapatriement.
L'apparition de ce double thème fut une des préoccupations
essentielles des responsables V1ets,dès que s'ouvrit la Conférence ~e
Genève. La signature rapide d'un accord de cessez-le-feu et le départ
(1) Cf. Jean Lacouture. Ha-Chi-tiy. op. cit. p.3.G",
(2) 5HAT 10R )16 Extrait de la "Déclaration des Gradés et soldats Afri-
cains capturés le 8/5/54 à Dien-.Bi~Phu·, Diffusé par l'Agence viet
d'information dans son émission du )0 mai 1954 à , Oh 30. Document du
Groupement de eontr8le Radioélectrique (G.C.R.) en E.O. 1954 •
•.•1.••

330/
des troupes Françaises retinreut l'intér3t des dirigeants politiques
et militaires V.M. C'est cette obsession "pacifi~te· qui explique
la multiplication des louanges adressées à H3-Chi-MiDh pour se.
efforts de paix,' l'exaltation du "camp de la paix" (U.R.S.S./Chine)
et le foisonnement des "motions" des P.G.A. appelant à un réglement
pacifique rapide de la question indochinoise.
Ces captifs Africains du V.M. souhaitaient que "la paix
revienne pour que les Africains ne luttent plus contre les \\letnamiens".
En outre, ils "exigeaient" que le gouvernement Français qui "les a
lancés contre le peuple vietn~ien rapatrie le C.E. et qu'il discute
sincèrement à Genève des conditions d'un cessez-le-feu avec les délé-
gués du gouvernement du Présiàent Ha-Chi-:~. Si le gouvernement
Français veut vraiment l'indépendance, la paix peut revenir rapidement"(1)
L'habilité du V.M. à faire coincider ses propres soucis avec ceux des
P.G.A. ne pouvait tro.per personne. Cette offensive psychologique
n'avait pour dessein que de s'attirer des sympathies intenlationales,
de montrer que les opposants à la paix sont les "colonialister
Français, et enfin émouvoir l'opinion française et internationale sur
le sort des P.G. qui s'aggravait du fait de la "lenteur" desnégociations
de Genève.
En conclusion, nous pouvons avancer que l'étude des principaux
thèmes de la propagande viet nous a permis de constater que la courte
période S'étendant de la capture des soldats Africains après la bataille
de Dien-Bi3n-Phu à leur libération quelques mois plus tard, constitua
à coup snr, un des temps
fort de l'Action psychologique V.M. vis-à-vis
des Africains.
Profitant de la masse des prisonniers et du contexte défaitiste exis-
tant du cSté français, le V.K. utilisa toutes les ficelles de son
arsenal psychologique pour démontrer aux Africains le bien-fondé et
la justesse de la cause qu'il défendait. En outre, il présenta assez
.u~*i.....t les Français comme ceux qui faisaient obstacle aux efforts
Ale ..'
..pdx déployés par 1. Vietnea démocratti,ue.
(1) SHAT 10H 316 "Déclaration des soldats et Gradés Africains"•
•.• 1•••

#'!"

331/
Enfin, le V.M. exalta le rale que les Africains se devaient de jouer
dans la lutte contre l'oppression coloniale en leur suggéraJl~ d.
déclencher dès leur retour une lu~te de libération uationaJ.. .
L'Action psychologique V.M. a-t-elle conTaincu le P.G.A. ? A-t-el~e
réussi à semer un grain de doute dans l'esprit de. P.G.A. . . .zplei~8J1t
comme elle l'a fait habilement la dé~aite française?
Répondre l
ces diverses interrogations commandent que l'on s'intéresse
à l'attitude du tirailleur Sénégalais face à ces diverses pressions
psychologiques.
c) Les libérations et l'Etat d'Esprit des Prisonnier!
de Guerre
Africains libérés par le V.M.
Après quelques mois de captivité, les P.G. tombés aux mains
des Viets le 1 mai 1954 à Dien-Biln-Phu étaient libérés tDnformément
aux "Accords de Genève" sur les P.G. des deux camps. Mais, que furent
en réalité les tl/Accords de Genève'" sur les prisonniers de guerre ?
1) Les "Accgrds de Genève" et la gues~ion des P.G.
Avec l'arrivée au pouvoir en France de celui qui a renversé
le cabinet Laniel-Bidault en lui reprochant de ne pas chercher la paix,
c'est-à-dire Pierre'Mendès-France (1), les négociations de Genève
prirent une autre tournure.
S'étant fixé comme principal objectif la conclusion d'un accord dans
un délai de 30 jours, Pierre Mendès.France, nouveau président du
~onseil fit des -Olncessions, rencontra les dirigeants V.M. et leurs
protecteurs (Chine Populaire et U.R.S.S.) et prata une oreille
attentive à toutes les propositions.
(1) Pierre Mendès-France est né le 11 janvier 1907 à Paris. Avocat, pu1.s
député, il se retrouve dans la "Résistance" pendant l'occupation
allemande. A la libération, il occupe plusieurs postes ministériels et :j;
devient Président du Conseil du 19 juin 1954 au 5 février 1955. Ses
attaques permanentes mais empreintes de réalisme eurent raison du
cabinet .Lan1el-Bidault à propos de la question indochinoise. Son
approche assez réaliste de la dite questi~n incita l'Assemblée à lui
accorder l'investiture en tant que Président du Conseil. Sur la
personnalité de P.M.F. Ct. Alain Gourdon, !!.ndès France ou le rIve
francais, Paris éd. Ramsa;y, 1977,
362 pagu.
...,...

332/
Le style charrnant du .chef du gouvernement français surprit
.
gU1
,
ses interlocuteursl furent seduits par tant de bonne volont'. Ils
If
firent également des concessions et le 20 juillet 1954. les Accorda
de Genève" sur la cessation des hostilités étaient paraphés par les
principaux négOCiateurs présents. Mendès-France avait gagné son pari .;
les répercussions sur le sort des prisonniers n'allaient pas tarder
à se. faire sentir, dans la mesure où une partie , _ des ~ccords leur
était consacrée.
Dans son article 21, chapitre IV relatif aux ?risonniers de
guerre et internés civils, il est stipulé qae "la libération et le
rapatriement de tous les prisonniers de guerre et internés ~ivils,
ressortissants vietnamiens, français et d'autres nationalités, capturés
depuis le début des hostilités au Vietnam, au cours d'opérations
militaires ou en toutes autres circonstances de guerre et s~r tout
le territoire du Vietnam, seront exécutls àans un délai de trente
jours à partir de la date de la réalisation effective à~ cessez-le-feu
sur chaque théltre d'opérations" (1).
Quant à l'application pratique de cette clause, il a été convenu par
les deux parties que la libération devait s'effectuer "par la remise
totale des prisonniers de guerre et internés civils, par l'une des
parties aux Autorités compétentes de l'autre partie qui les aideront,
par tous les moyens à leur disposition, à rejoindre leur pays d'origine,
le lieu de leur résidence habituelle où la zone de ~eur choix" (2).
Une fois ces résolutions acquises, il fallut les appliquer, c'est-à-
dire libérèr les prisonniers dans les délais fixés. Mais à ce moment
précis, des difficultés allaient surgir et retarder la libération de
nombreux P.G.F. Ce sont ces problèmes de dernière ~nute qui vont
expliquer les libérations graduelles.
(1) "Notes et études documentaires", série internationale, textes
diplomatiques, no.1909, 18 aont 1954 "Accords sur la cessation des
hostilités en Indochine-, Genève, 20 juillet 1954 p. ,S.
(2) "Accords de Genève" Notes et études documentaires op. cit. p •. S.
art. 21 alinéa C.
• •. 1•••

333/
Tableau : Effectifs des .Prisonniers de guerre AfriHipa Lii.béJ:éa
par l'LP.V,N, de 1945 au 15 sept_bre 1954 (1),
:
Situation du
Soua-
l
1
·
·
1
prisonnier de guerre : officier.
:
Troupe
· !otal
:
:
t
·
:
------------------------ ------------- -------------- ----~~~--
:
1
f

1 A) Libérés
de 1945 au
·

f
1
:
14 juillet 1954
·
25
·
648
67)
1
:
:

:
·
·
:
B) Libérés du 14
·

:
juillet au 18 aoat
·
1954
1
18
19
:
c) Libérés du 18 aoat
·
au 15 sept embre
1945 (2)
:

1
1 ) Sam-Son
6
251
·
257
f
·
2) Vi et-Tri
18
415
4))
·
·
)
Qui-Nhon
5
82
87
·
:
1
·
:
f
D) Total du 14 juillet
1
f
:
1
au 15 septembre 1954 f
29
748
777
1
·
:
E) Total Général
:
:
:
:
A+B+C .:
:
45
:
1 414
1 459
:
f
f
:
J
r
(1) Source: SHAT 10H )14 E.M.I.F.T../1° Bureau/1°Section, e~rait
de la Fiche no.4 relative aux effectifs de. prisonni,ra
libérés par le V.JI. à la date du 15 septembre 1945,
(2) En application de. "Accords de Genève" sur le sort des prison-
niers de guerre.
. ..1..•
- f '

334/
2) L'heure de la libération : les principale. eta....
Les échange. de prisonniers devaient Itr. terminu . .1_
ek
les "Accords Genè'Ye," JO jours après le cessez-le-feu. klheureua.....'t.
ils ont "comme~cé a.ec un retard considérable de aux exigencea V••• ·
Selon le Commandant en chef des F.T.H •••F. (1) stationné•• sa Indochine,
"la délégation d. l'A.P.V.N. saYait que la question "priso~er" était
pour nous, primordiale. Ils ont tenté de la faire durer, afin d.
l'utiliser comme contre-partie dans la discussion d'autr. questioDl ••
le souci
de conserver aussi longtemps que possible au moins une partie
de nos prisonniers afin de jouer sur leur remise pour obtenir des
avantages ailleurs, était évident dès la signature du protocole" (2).
La "mauvaise volonté" V.M. que le responsable militaire
Français dénonce dans les propos suscités pouvait avoir une autre
justification. En effet, le V.:J. dans son désir dé faire "profiter"
aux P.G.A. de son éducation politique sur la nécessité d'un soulève-
ment antif~ançais
tenait à garder le plus longtemps les centaines
de P.G.A. ou Français, afin d'arriver à l'abrutissement idéologique
et psyçhologique susceptibles de transformer le P.G.A en futur "combattant
de la liberté".
C'était une oeuvre de longue baleine que de vouloir faire un "l~,
de cerveaQ9 à des individus illetrés, totalement étrangers aurthéories
nationalistes et ~arxistes,dont le V.M. les abreuvait au cours des
différentes phases de l'endoctrinement idéologique o..YJquene.s· ils avaient
été conviés.
Le peu d'empresse.ent du V.M. à libérer les P.G.F. s'est
traduit dans la réalité par de faibles échanges avec les Autorités
Françaises. C'est ainsi que dans une première étape, 11s ne relachèrent
(1) Porces Terrestres, Navales et Aériennes françaises (P.T.B.A.F.)
(2) SHAT 10B J14 Dossier F.T.E.O. "les échange. de prisonniers" 1354,
E.K.A./commandement en chef des Forces Bavales Terrestres et Aériennes
en Indochine ~F1che relative aux échanges de prisonniers" P.~•
••• 1•••
. r

'.
\\
1
41
' .
.L
l'heure de la libérntion
Tonkin août 1954: Des prisonniers de
guerre africains libérés par I~:V.M. arrivent à vietri (photo ECPA )

336/
que huit cent (800) prisonniers, toutes nationalités confondues,àans
la période allant du 14 juillet au 18 aont 1954. Parmi ces huit cent
libér's de "l'Union Française", figurait un faible groupe de militaires
Africains s' élemt à 19 soldats, dont un sous- officier et di:z-)m1t
hommes de troupe (1).
ees P.G.A.l par le V.JI. bien que contents de leur sort, ne manquèrent
pas de s'inquiéter du sort de leurs camarades encore détenus par les
Viets.
Ils le firent savoir au responsable des A.M.A. qui les accueillit
dès leur
sortie des ge81es viets : Selon l'officier Africain, "la
non libération de prisonniers de la France d'Outre-Mer, pose un
problème angoissant ..
Leurs camarades libérés qui n'ignorent rien quant à la cruauté des
Vieta se demandent quel serait leur sort. Tous suivent avec intérlt,
les démarches du gouvernement français auprès des Viets en vue de leur
libération" (2).
Quant aux responsables Français, ils ne se laissèrent pas abattre par
la "mauvaise volonté" V.M. Que ce soit par l'intermédiaire de la
"Croix Rouge" ou de personnalités neutres, elles firent tout ce qu'elles
purent pour faire libérer les prisonniers encore détenus par les
"rebelles". Ces efforts ne €urent
pas vains, car ils aboutirent à des
libérations massives à partir du 18 aont 1954, soit 30 jours après
l'armistice de Genève.
A cette occasion, l'A.P.V.N. rendit 111 P.G.A séjournant dans ses
différents camps (3)
(1) SHAT 10B 314 "Fiche no.4 ~elative aux prisonniers libérés."
(2) SHAT 10B 420 A.M.A./B.G.P. Rapport du Capitaine Soglo, chef de
A.Y.A de l'E.M.C.E. au sujet du Morel et de l'état d'esprit des
troupes Africaines. 4è trimestre 1954. Sa!gon le 1 janvier 1955,
p . . . .
(3) Les P.G.A. séjournèrent dans les camps "122" et 124" •
•.• 1••.
. :'

331/
Le. échange. S8 tirent en trois étape. 1 ils commencèrent à S~OIt
puis
continuêrént . à Viet-Tri et à Qui-lthoD cOlDIIIe 1 tind14l» le 'tableau
ci-des80u (1).
Tableau : Libératign des prisonnier. Africain. : s'rig;' du
18 ApOt au 15 Septembre t954,.
:
:
Dates et lieuz
:
: :
:
de libérations
1 Soua.of't:tÜ_.1
~upes
1
Total
1
:
:
1
1
. :
------------------- --------------- -----~-------- ----~---------
:
:
t
:
: Libérés du 18 aont:
au 15 septembre
1954.
:
Sam-Bon·
6
.
251
257
!
:
:
!

:
!
·
Vi et-Tri
18
415
!
433
1
- -
--:--_1
- - 1
:
..
·
Qui-Nhon
5
82
!
87
1
:
!
1
!
Total
29
748
!
777
!
:
,
(1) Source
10B 314 extrait fiche no.4 relative aux P.G.A.L •
... 1...

338/
Malgré ces divers échanges, de nombreux militaire. du C.E.F.E.O.
furent portés manquants. L'absence de ces militaires posait la
queation angoissante du sort de. disparus •
• Le cas des disparus.
En dépit des efforts déployés par les AutDrités Françaises,
on ne sut jamais ce qu'il était advenu des 8 296 P.G.F. ayant séjourné-
dans les camps V.M. de 1945 au cessez-le-feu. A la date du 15 septembre
19 54, soit 1 mois après les "tccords de Genève", la situation se
présentait comme l'indique le tableau ci-dessous (1).
Tableau
Militaires portês disDarus après les Accords de Genève
AoOt 1954.
r·ésignètions
: Officiers
Soua-
Troupe
Total
l
officiera
:
------------------- -----------·
1
·
·
·----------- -----------·-----------
·
·
·
··
·
· Français
196
860
1 800
2 856
·
·
:
·
·..
·
·
:
Légionnaires
:
210
2 798
2 998
:


:
·
·
·

·
·
·
·
Nord-Africains
·
110
2 052
· 2 163 :
·
·
1
·
:
:
·
·
·
·
Africains
21
:
258
279
:
·
·
·
·
:

·
Total
196
1
1 202
· 6 898
:
8 296
:
·,
,

!

(1) Source: Fi.che prisonniers (annexe). Dans ce tableau n'a pas
été pris en compte, le nombre des P.G. vietnamiens et autochtones
F.T.E.O.
. ..1...
- r

339/
Tableau
Sity.a:tion des prisonniers libérés. "entrants". '\\sortants·1I
et "présents" dans 18S Formations SaDitaires du
14 ju1lle~ au 15 septembre 1954 (1).
1
t
Situation des
Sous-
prisonniers
officiers
Troupe
Total
:
·
·
---------------------- ------------- ·-------------- ~-------------
·
·
A) Effectifs libérés
30
766
796
..
B) Prisonniers libé. ·
rés hospitalisés
du 14 juillet au
15 septembre 1954
6
142
148
c) Prisonniers libé-
rés sortant des
formations sani-
taires
4
91
95
D) Prisonniers libé- i
rés restant dans ·
les fonnations
1
:
sanitaires au 15
·
septembre 1954
2
:
5t~
53
·
·
1
·
·
1
:
E) Total Général
1
1
B+C+D
12
1
284
·
296
.
,
·
·•
(1) Source 1 SHAT 10H )14 Extrait de la "Fiche no.4 n relative aux
prisonniers de guerre 1ibér~8 par le V.M.
.../...
. r

340/
Malgré ces libérations par centaine., 11 restait un
nombre important de miUtaires censée atres prisonnier. et dont
on n'avait aucun~ nouvelle.
Cela nous . .ène à poser la question de. P.G.~. non rendu..
3) Le bilan des échang,.

1&
'

Conformement aux accords de Geneve sur la libération des
~"..is é è

P.G.F., le V.M. et l'Etat-Major proc d rent aux echanges des détenus
aux lieux, heures et dates convenus dans les discussions préliminaires.
Au 25 novembre 1954, le Haut Commissariat Général de
~
"
France à SaIgon communiquait les chiffres officiels et définitifs
qu~nt à la situat~on des P.G.F. au Ministère d'Etat chargé des
relations avec les "Etats. Associés".
Dans le dit document (1), les Autorités locales Françaises annoncent
que le nombre des prisonniers et disparus de 1945 à 1954 s'élevait
à 36 978 (2).
4 744 de ces militaires furent rendus aux F.T.E.O. avant la cessation
des hostilités, c'est-à-dire avant le 20 juillet 1954. A cette date,
le personnel
manquant se chiffrait à 32 234 hommes (3).
Une fois les "Accords de Genève" conclus, 10 975 P.G. furent libérés,
ce qui porta le nombre total des libérés Français à 15 719.
A l'opposé, la France relacr~t environ 67 700 prisonniers de guerre
et internés civils V.M. répartis entre 8 000 P.G. et 59 700 internés
civils (4).
(1) SHAT 10R 315 il s'agit du télégramme du Lieutenant·Colonel Deguil,
chef du secrétariat particulier du Raut-Commiss~re de France à
SaIgon adressé le 25 novembre 1954 au Ministère des "Etats-Associés"
à Paris sous le no. 217/SP.
(2) SHAT 10H 315 Tel no.217/SP du 21 novembre 1954 op. cit. p. 1.
0) Idelll p.2.
(4) SHAT 10R )14 E.M.,A./F.N.A.T. Fiche échanges prisonniers op.
cit. p. 2.
r:
.........

341/
Au. 25 novembre. le Haut-Commissariat annonçait 4 mois
après de début des échanges. l'absence de 21 259 soldate du C.E.P.E.O.
censés 3tre détenus en captivité.
L'incertitude sur leur sort était des plus épaisses. Etaient-il. e.
captivité ? Ont-ils été exécutés dans les campa ? On ne le saura
jamais. 279 P.G.A. firent partie dè ces manquants qu'on ne retrouva
jamais.
Si le retour effectif des soldats de l'Union Française dans les ranga
du C.E.F.E.O. intéressa les Autorités Françaises, il y a un autre
aspect de ces libérations qui les préoccupa au plus haut point :
C'est la question du moral et de l'état d'esprit des P.G.A. venant
d'3tre libérés et en instance de rapatriement dans leur pays d'origine.
En fait, la question se réslmait à cette mystérie~tr incertitude
Quel a été le degré de "réceptivité"du P.G.A face à l'agression
psychologique V.M. ? L'état d'esprit du P.G.A avait-il évolué par
rapport à la période d'avant captivité? La réponse à cette ~portante
question explique pourquoi la libération des P.G.F. en général et des
Africains en particulier, fut suivie avec un "vif intérlt" de 1&
part des responsables politiques et de l'Action psychologique française.
4) Le Moral et l'Etat d'Esprit des Prisonniers Africains
libérés par le V.M. les craintes francaises étaient-elles
justifiées ?
a) L'Etat Sanitaire.
L'état sanitaire des P.G.A. était excellent au moment de
leur libération. Par rapport aux autres composantes du C.E.P.E.O ••
lBS A~ricains affichaient une condition.
physique meilleure.
Sur les 777 libérés par l'A.P.L.R.V., enTiron 60 furent admis dans des
formations sanitaires (1). Quand on s'attarde sur les dures conditions
de la détention dans les camps viets. on mesure encore plus la résis-
tance des Africains aux affres de la captivité.
(1) SHAT 10H 420 Compte rendu du Capitaine Drabo Pinama sur l'état
sanitaire des prisonniers libérés par le V.M. A.M.A./B.G.P. , SaIgon,
le 13 novembre 1954.
' f '
.••1.••

342/
En effet, selon des témoignages recueillis par la "Croix
Rouse" française, la situation alimentaire se présentait cOJllllle suit
"Normalement, les. prisonniers font deux repas par jour, dont la
base est constituée par une allocation quotidienne variable de riz
En principe, le prisonnier a droit à 1 200 grammes de riz. 800 lui
sont distrib~ le reste est destiné aux"échanges" (achats aux
ga.,des du camp ou achats au marché) pour se procurer de la viande
ou des légumes" (1).
La "Croix Rouge" affirme que d'une manière générale,
" ••• dans la plupart des camps du Nord et du Centre Vietnam, le
prisonnier
touche ses 800 grammes de riz, un peu de sel, quelques
légumes (liseron d'eau ou bouillon de feuill~de navet par exemple)
et voit une fois par semaine quelques petits morceaux de viande de
porc, rarement des fruits (bananes, papayes).
La boisson cO~Eiste soit en thé vert, soit en une infusioc de
feuilles" (2).
Avec un tel régime alimentaire de survie, la situation était aggravée
par les corvées quotidiennes qui faisaient perdre beaucoup de calories
aux P. G.
Malgré cette situation alimentaire alarmante/les Africains
tinrent le coup.
Leur résistance "ne vint pas seulement de leur excellente condition
physique, mais bien plus de leur régime alimentaire. En effet, le riz
constituait pour bon nombre d'Africains l'aliment de base (3). Partant
de ce fait, ils ne connurent pas de changement de régime et s'adaptèrent
assez facilement à la vie des camps. Ils offrirent également une belle
"ré.istance" aux maladies telles que le paludisme qui décimait les P.G.F.
L'Africain, pratiquement immunisé contre le paludisme à cause des
nombreuses piqOres reçues auparavant, ne souffrit pas vraiment des effets
dévast4twM de cette malad1.e.
. ....
....',
(1) Croix Rouge française, La vie des prisonniers de l'union Francaise
dans les camps Viets op. cit p. ~.
(2) Ibid... p. 2.
(3) La pataU. douce, le poisson sec faisaient é(911em.ent partie du
régime alimentaire propos' aux P.G.A.
• •• 1•••

343/
C'est avec cette parfaite adaptation tant du point de vue alimentaire
et physiqueique les P.G.A. se présentèrent dans d'assez bonn••
conditions,le jour de leur libération par les Viets.
Si du point de vUe sanitaire, les Autorités pouvaient affi'cher un.
1
relative satisfaction, qu'en était-11 exactement du moral de ces P. G.A.L.~!
dt
b) Du mora1 et l'état d'espri' des Africains libérés
S'agissant de leur état d'esprit, le Bureau de la Guerre
psychologique par le canal des "Affaires Africaines." s'employa à
le "déterminer" au plus vite. C'est pourquoi,comme tous les autres
militaires du C.E.F.E.O., chaque soldat Africain libéré par les Viets
fut systématiquement interrogé afin de défi:hir exactement son "intério-
rité". La démarche des responsables de la "guerre psychologique" se
justifiait dans la mesure où des échos parvenus des camps, firent état
du zèle de certains prisonniers dans les "tribunaux populaires"
co nstitués
par les Viets.
Pour ce faire, les Autorités établirent pour chaque P.G.A.L un docu-
ment (voir page suivante) intitulé, "Fiche individuelle de
"
Renseignements.:
j
Cette fiche de renseigneoents contenai'J; les no::llJ et prénoms
du soldat, ses orieines, les dates, lieux, circofstances de la capture,
ses activités et le type de propagande reçue.
:
L'anal~e des réponses données par le libéré permettait à
l'officier des A.MA4 qui avait recueilli les renseignements, de donner
ses "~pressions" sur l'état d'esp~it de l'int~r.ssé. Ces "impressions"
prena1ent la forme d'une appréciation du genre "Rien à signaler", ou
"élément dangereux à surveiller de près" ou encore, "à rapatrier d'ur-
gence" , car il. a fait partie d'un "tribunal populaire" jugeant ses
propres collègues captifs.
• •• 1•••
1
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Cap:lta1n.. SOGLO, ~arp ~e8
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Mtb1reS Militaires Africaines
.
de8 P.'l.B.O.
La Fiche de RenseignementS
sur les prisonniérs de guerre
_ . .
.
.
africains li,rérés pàr-:V.M.-. Ce!document permettait awc respoo-
:;sables de l'Act;ion psychologique de "se faire une id9~11 de
de l'éta~ d~esptit des libérés.

345/
En fonction des renseignements recueillis, l'officier des
.
.
"Affaires- Africaines était autorisé à suggérer le rapatriement anticipé
ou la surveill~ce d'un "suspect", afin que la "brebis galeuse" ne
"contamineR pas les autres avec son "mauvais esprit".
L'étude des fiches individuelles relatives aux P.G.A. (pour mémoire il
existe 777 fiches individuelles au Service Historique de l'Armée de
Terre à Vincennes) (1) revèle que dans l'ensemble, les responsables
Africains ayant discuté
avec les P.G.A.L. par le V.M./affirment avoir
distingué deux "groupes" quant à leur degré de réceptivité vis-à-vis
de l'entreprise dé démoralisation viet.
----
S'agissant du premier, il rassemble ceux qui ont résisté et
balayé d'une main toutes ces théories différentes de la psychologie.
africaine.
':;;uent au second groupe, il contiendrait ceux qui se
sCJlt fai.ts "mmarqués"j
par un "mauvais esprit" dès leur retour.
L'observation attentive qui leur a permiS de définir ces deux
"catégories" a montré également qu'il fallait relativiser le degré
d'intoxication des P.G.A.L. C'est dans cette perspective que l'officier
Africain, chef des A.M.A. nota dans son rappo~t : "Il est certain qu'ils!
ont tous subi des cours de doctrine marxiste. Cependant, la *ajorité
ne tient pas compte de toutes ces théories qui n'ont rien de commun
avef la psychologie africaine. Ceux qui se sont laissés endoctriner
par les propos viets semblent le regretter à l'heure actuelle. Mais
c'est surtout parmi leurs ·semblables en Afrique qu'il faudra les juger
et au besoin,suivre attentivement leurs activités politiques" (2).
Avec ces propos, le Capitaine du Bureau des A.K.A. abordait la question :
la plus délicate de la situation créée par la libération des P.G.A. et
les suites de l'endoctrinement reçue .• Il s'agissait de l'attitude
:future des libérés dès leur retour en Afriqœ.
(1) SHAT 10H 445 Ce dossier contient la totalité des "Fiches individuel- i
les" des P.G.A. Signalons que parmi. ces ex-P.G.A., se trouvaient
les 193 capturés dt Dien-Biln-Phu.
(2) SHAT 10H 420 Rapport Capitaine Soglo op. cit. p.S•
..•1.••

3461
Il se trouve qu'en dtipit des moyens psychol.ogl.que. Dtis en
place par les responsable. locaux Français. il. ne fut 1*8 touJours
possibl.e de déte~er avec toute IIl'efficacité" TOlÙ118, l'êtat d'esprit
"rtiel" de certains soldats Africains ayant subi de. coura d' ticlucation
idéologique. Quelques soldats malgré les interrogations, ne laissèren~
rien transparattre de leur dtitention. Etait-ce par apc_ent ou suple-
ment le résultat d'une attitude calcul.ée et responsable? Impossible de
le dire. Cette situation confuse fut à l'origine du doute qui s'innalla ;
dans les milieux militaires et politiques Français locaux,quant à l'état
d'esprit "réel" du P.G.A. libéré par le V.»., et que résume fort Dien
ces propos du responsable des "Affaires Africaines lt : "La propagande
viet a-t-elle intoxiqué nos soldats Africains durant leur captivité ?
A priori, aucun ne semble l'avoir réellement étti. Cependant, toute
appréciation hâtive en quelques .semaines de contact au Cap Saint-Jacques
ne peuvent conduire qu'à des erreurs psychologiques. Il serait bon de
continuer de les surveiller oendant un certain temps dans leur territoire j
1
d'origine. où d'aillel~s. ils se livreront plus facilement" (1).
.
La riiaction
de l'officier Africain était très caractéristique
de l'état d'esprit qui prévalait au niveau des responsables du B.G.P.
de l'E.M.I.F.T. Tous "admettaient" que le P.G.A. n'avait pas été trop
"intoxiqué", mais en mhe temps,ils gardaient de la prudence dans leur
jugement, car les premiers contacts qu'ils ont eu avec leurs bons ti-
railleurs leur semblaient 3tre un "trompe l'oeil."
Ainsi. bien qu'ils aient été convaincus de "l'inèfficacité"
de la formation politique à laquelle leurs braves tirailleurs avaient
eu affaire, les responsables de la contre-propagande faisaient preuve
d'une réserve pour le moins justifié.
En fait, l'ambivalence de la position des Autorités, S'expliquait par la
traditionnelle réserve que manifestait les responsables psychologiques
du camp opposé, face aux tentatives d'endoctrinement de leun adversains.•i
(1) SHAf 10H 420 Rapport Soglo op. cit. p.~.'.
. .• 1..•
./
• l'

341/
La seule méthode "efficace· semble aire ftl'observation" des intéressés •
.
Mais cette technique revèlait beaucoup de lacunes. Les officiers des
A.M..l. aJ.lèrent p:J.us loin dans ttl'étude" de leurs tirailleurs en
utilisant comme le dit si bien le Capitaine Sogl~ de. "Affaires Ai"ricaines7j
le système de la "dénonciation réciproque".
'
Ce système conduisait quelques P.G.A. à dénoncer ceux qld ont tait
preuve de z~le et avaient semblé assimiler les doctrine. Tieta au
cours de leur captivité. Il a connu des succès partiels, car il a
pe~aux officiers des A.M.A de suggérer le rapatriement anticipé de
certains/dès leur libération. Malgré ces succès minimes, le doute
et
la méfiance étaient de règle concernant l'attitude de certains P.G.A.
En résumé, nous observons que la période de captivité qui a suivi la
défaite fut intense au niveau des tentatives d'endoctrinement.
Les Viets qui héritèrent d'une. masse importante de prisonniers
coloniaux n'en demandèrent pas plus pour asseoir une propagande
infernale vis-à-vis de ces pauvres prisonniers Africains du C.E.F.E.O.
Ainsi/ilS exploitèrent habilement la défaite Française et
étudièrent avec attention,le rale que 'les P.G.A. pourraient jouer une
fois de retour chez eux.
C~est dans cette perspective que les Commissaires Politiques fi~ent
tout ce qu'ilS pouvaient pour leur démontrer non seulement la justesse
de la cause pour laquelle ils luttaient, mais la nécessité et le devoir
pour ces Africains d'engager chez eux une lutte de libération nationale
afin de liquider le colonialisme. Ils demandaient de ce fait aux
Africains de prolonger leur p~opre combat contre l'impérialisme et le
colonialisme, en déclenchant partout des mouvements
insurrectionnels.
"
'
C'est à cette fin qu'ils convièrent les Africains ludesBianéear.de
!!fomatoio~:LaA·ololJlqu.~faites dans des conditions physiques, alimentaires!
et psychologiques épouvantables.
1
Seululeur constitution physique et leur parfait, adaptation awr: contitions!
de vie de la jungle leur permirent de survivre jusqu'à leur libération.
!
Quant à l'endoctrinement auquel ils avaient ét' conviés, il ne
semble pas selon les responsables, les avoir profondément "touchés."
Cependant, ils gardaient de la prudence sur l'évolut1on ou non du moral
et de l'état d'esPrit. Une inconnue subsistait à ce ,niveau•
. .... 1.••

34&/
CHAPITRt II .
INQUIETUDES ET RIACTIONS DES AUTORITES fRANCAISES:
Il
'1
DES ACCORDS DE GENEVE AUX EVENEMENTS D'AfRIQUE DU
NORD (JUILLET 1954-DECEMBRE 1955\\
Une fois les "Accords de Genêve" signés le 20
juillet 1954 entre le V.M. et les Autorités françaises.
ces
derniêres eurent à s'i~quiéter de deux questions particulière-
ment délicates.
Premièrement, dans quelle mesure les ex-P.G.A. rapatriables
avaient-ils été contaminés par l'idéologie communiste et
quelle serait leur attitude une fois de retour chez eux?
Quant à la deuxième, i l s'agissait de savoir comment maintenir
sain leur état d'esprit face aux évenements politiques
Cex-
guerre d'Alg~rie, Troubles au Maroc) ayant cours en Afrique
du Nord ? [ a perspective de les voir s'int~tesser à ces
"~vênements" n'était-elle pas susceptible de modifier leur
état d'esprit à la veille de leur retour en Afrique.?
Pour résoudre ces deux épineuses questions, le
Haut-commandement chercha à déterminer dans la mesure du
possible, le véritable état d'esprit
des militaires
Africains. C'est ce qui luiipe'rmis à son tour de "rassurer"
les Autorités politiques et administratives de l'A.O.f.
(1),
qui s'inquiétaient d'un retour aussi massif de prisonniers.
(1) Le fait est cité par Joseph Roger de Benoist, l'Afrique
Occidentale de 1944 à 1960.
Il fait référence à la lettre no.751/du cabinet militaire
de l'A.O.f. en date du 6 octobre 1954. Quand à la lettre
réponse, i l s'agit de la lettre no.3289/E.M.I.f.T:/1'du
Génêral d'Armêe Haut~Commissaire de france et Commandant
en chef.
~ ...... / ...
./
J

349/
Les enqu8~es menées par les responsables françaia firent
découvrir des préoccupations matérielles et social•• qui
étaient à l'opposé des craintes éprouvées par les Autorités
locales d'Afrique. Las ayant rassurées,le Haut-commandement
s'empressa de régler rapidement ces probl~mes afin de ne pas
donner d'occasions de mécontentement aux tirailleurs. En mIme
temps, i l s'intéressa avec une attention soutenue è leur attitude
davant les problèmes d'Afrique du Nord.
A) Le Règlement des Problèmes en suspens.
Afin de conjurer les perspectives peu encou~km~_
du choc des P.G.A. porteurs de "certaines idées" avec leur
pays d'origine,
les dirigeants français s'attaquèrent tout de
suite à tous les problèmes de quelque nature que ce soit et qui
étaient susceptibles d'accréditer les propos peu flatteurs du
français que le V.M.avait débité aux P.G.A. pendant leur
captivité. C'est dans cette optique que les responsables français
confièrent une fois de plus aux "Affaires Africaines", le soin
de déterminer l'état d'esprit des militaires Africains,
(toutes
tendances confondues, c'est-à-dire ayant été ou non prisonniers
de guerre) afin de saisir leurs desiderata et d'y pallier dans
la mesure du possible.
1) L'Action des "Affaires Africaines" dans les
"Centres de Repos".
Dès l'annonce de la très prochaine libération des P.G.
Français par le V.M., les Autorités françaises mirent sur pied
des antennes de divers services des f.T.E.O. chargés non seule-
ment d'accueillir les "revenants", mais de les suivre moralement
et administrativement.
. :'
.. ./ ...
1
J

350/
C'est dans ce cadre que fut créée l'antenne des "Affaires
Africaines", du CAP St-Jacques,transforlRê en un vaste "Eentre
de Repos".
L~, les officiers des A.M.A. s'attachèrent ~ recréer un environ-
nement psychologique capable de faire oublier aux P.G.A., les
souffrances endurées au cours de le~r récente captivité.
C'est dans ce "Centre de Repos" spécialement affecté
aux P.G. libérés par les Viets,que les officiers dé l'antenne
des AM.A.
(1)
observèrent les premières réactions des ex-pris-
sonniers.
Ils affichaient"un excellent moral comme
le souligne un des responsables militaires Africains :
"Le
grand nombre de prisonniers Africains libérés par le cessez-
le-feu (dont quelques centaines manquent cependant à l'appel~
a été très touché du chaleureux accueil qui lui a été réservé
au CA~ St-Jacques où fonctionnait l'antenne des A.M.A., dirigée
par un Lieutenant Africain" (2).
Cet excellent moral s'expliquait par la sollicitude
manifestée par les encadreurs Africains qui nlont ménagé aucun
effort comme le souligne ce rapport de l'officier Africain:
" ••• A l'aide df~nombra11es; distractions et des facilités mises
à leur disposition pour affronter certains cours
(chaffeurs,
radio, ~c_ ••• ,),les P.G.A.L. ont été d'un excellent moral.
Aucun cas défavorable n'a été signalé. ~es colis reçus du Haut-
Commissariat d'A.O.r. qui ont d'abord été distribués aux P.G.A.L.
puis aux autres militaires des unités, ont été très appréciés"(3).:
!
(1)
L'antenne des A.M.A. du "CAP Saint-Jacques était dirigée par
le Lieutenant Sangoulé Lamizana.
(2) Rapport Soglo concernant les prisonniers libérés op. cit. p.l
(3) Idem Rapport Soglo p.2.
.../ ...

351/
La création de cet environnement psychologique favorable ~ la
réinsertion des P.G.A. permit dans le mIme temps eux responsables
Africains,
de dialoguer sinc~re.ent avec leurs bons soldats, afin
de déterminei les problèmes urgente qui les préoccupaient.
Ces entretiens se déroulèrent dans l'at~osph~re psychologique
décrit plus haut et permirent aux responsables Africains de
cerner avec précision, les préoccupations des P.G.A. libérés par
le V.M. Elles n'étaient pas politiques c9mme certains milieux
militaires et politiques (Action psychologique) l'ont craint,
mais avaient trait à des questions administratives, matérielles
et psychologiques. La définition de leurs problèmes étant acquis,
les Autorités allaient s'y attaquer. ~ais en fait, comment se
posait cet ensemble de questions que nous citions plas haut?
2)
Le Règlement des Problèmes administratifs,
psychologiques et sociaux.
La libération de certains prisonniers de guerre
coIncidait avec la fin de leur séjour en ExtrAme-Orient.
Devant une telle situation,
(l'intéressé était sur le point
de quitter l'Extreme-Orient) les Autorités se devaient de régler
tout ce qui touchait à la situationadminÈtrative et matérielle.
du spldat.
Les Africains libérés par le V.M. présentèrent comme première
requ!te,la récupération de leur livret d'épargne, le règlement
de leur solde et la régularisation des propositions de citation.
S'agissant de la solde,
les tirailleurs revenant de captivité
voulurent recouvrer dans les meilleurs délais,la totalité de
leurs émoluments.
.../ ...
. r

352/
,
Cette attitude s'expliquait par l'at.osphère des rapatriementa(l).'
Certains voulurent acheter des objets souvenirs avant da quitter
l'Extreme-Orient. Ainsi. le règlement des questions financières
retint en premier lieu l'attention da certains P.G.A. libér~8
par le V.M.
S'agissant des problèmes psycholôgiques (décoration), une des
principales doléances des ex-P.G.A.
fut l'obtention d'une
médaîlle avant leur retour en Afrique. Nous l'avons soulign~
déjà,
le port d'une décoration dans l'Afrique coloniale était
considéré comme une marque de "distinction socia1t et ces
ex-P.G.A. plus que quiconque, pensaient avoir "droit" à une
décoration
(2).
(1)
Les soldats rapatriables avaient peut-8tre entendu parler de
"l'incident de Thiaroye" en 1944. C'est l'histoire d'un
groupe de 1 200 tirailleurs Sénégalais,
anciens prisonniers
des Nazi.
Ils avaient été hébergés à Morlaix
(france)
avant
leur rapatriement. Avant de quitter la France. les ex-prisan- 1
niers voulurent régulariser leur situation financière
:
toucher les arriérés de solde,
les primes de démo~ilisation,
les indemnités, et changer les marks allemands qu'ils possèdai
ente On les assura que tout se~ait fait à Dakar o~ ils débar-
quèrent le 21 novembre 1944. Arrivés au camp de Thiaroye, à
quelques kilomètres de Dakar, ils renouvelèrent leuudemand~
que les Autorités trouvèrent justifiées. Quelques jours plus
tard,
arriva l'ordre de départ pour leurs territoires respec-
tifs.
Les soldats ne voulaient pas partir sans avoir touché
les sommes qui leur étaient dues ; ils savaient très bien
que ce serait beaucoup plus compliqué une fois dans leurs
villages. loin des Autorités chargées de régler la question.
Ils refusèrent de partir et lorsque le Général essaya de les
raisonne r , ils le
s ~~e8tœrent. Le Commandant perdit son
sang-froid et fit ouvrir le feu sur les malheureux anciens
prisonniers. Bilan officiel : 24 morts sur le coup. ,'1 t d~cé­
dés de leurs blessures. 35 hospitalisés ; du c8té des forces
de l'ordre. un tirailleur
bless~ et 3 officiers 'contusïorr;;';
nés •••
C'était le 1er décembre 1944. Peu après, les survivants
furent traduits en justice :
34 condamnations dont 6 à dix
ans de prison furent prononcées. 5el09 l'accusation. c'était
le résultat de la "propagande Nazi" ! Peut-gtre que certains
tiralleurs avaient entendu parler de "l'incident de Jhiaroye"
(2) Cf. à ce sujet la question des décorations dans la deuxième
partie de l'étude p .260~2'6"'··.t suiv.
. r:
le lecteur pourra consulter également la première partie
de l'étude p.
44.
.../ ....

35J/
~1 faut souligner que certains de ces P.G.A. lib'r6s,
malades et ne pouvant supporter le voyage ont été rapatrié. sur
la Métropole d~s' leur libération, sans que leurs requa'tes COAcar-
nant les propositions pour des citations cons6cutives aux blessures
survenues avant leur captura aient ~t' examinfes.
Afin de ne pas donner de sujet de mécontentement aux tirailleurs
les Autorités s'attachèrent à régler rapidement ces probl~mes.
a) Le régime provisoire de solde ou les premières
mesures concernant la situation financière des ex-P.GE:
Une fois libér~s, tous les P.G.f ne surent exactement
à
quels services, ils devraient s'adresser afin de recouvrer les
sommes qui leur étaient dues.
Devant cette situation un peu complexe et confuse,
le Commandement
des forces Terrestres Aériennes et Navales en Indochine (f.M.I.f.T.l
4° Bureau,
30 Section), fit publier une "Note d'Information- (1)
dans laquelle i l fit conna!tre une série de mesures concernant
la question.
Le premier volet de ces mesures concerna la solde (2) •
• La solde.
A titre provisoire, les Services de l'Intendance et
du Haut-commandement d~cidaient que :
1) Quelle que soit la date de leur lib~ration, les
intéressés (ex-P.G.F.)cessent d'avoir droit à la solde de cap-
tivité le 31 juillet 1954 ; ils reprennent droit à la solde de
présence en Indochine le 1er aoOt 1954 ;
(1)
Il s'agit de la "Note d'Information" du 15 septembre 1954 de
l'E.M.I.f.T., 4° Bureau (3è section) signée par le Colonel
Gracieux de la logistique des F.T.E.O. cf. 5HAT 10H j16.
(2) SHAT 10H 316 E.M.I.F.T./4° Bureau/3à section "Note d'Info~ma­
tion" du Colonel Gracieux. ~.••
-r
. . .1 . . .

354/
2-)- Les délégations de solde
(1)
volontaires ou d'office
sont payées aux délégataires jusqu'au 30 septembre 1954 ;
3) Pour éviter aux intéressés de se heurter à la
réglementation de l'office des changes sur le rapatriement des
avoirs, aucuné régularisation de solde n'est faite en Indochine.
Cette régularisation (assez longue sur le plan adminis-
tratif) est préparée en Métropole de manière à ce que ~s aya*s draŒ
soient mis en possession de la totalité des 90mmes qui leur sont
dees, le plus rapidement possible après leur arrivée dans leur
pays d'origine.
Ces premières mesures on s'en doute, étaient destinées à
réintégreri
les anciens prisonniers dans le. système normal de la solde. C'est
pourquoi/les Autorités s'intéressèrent à la question de la déléga-
tion des soldes qui retenait que-ls que soien t
les circonstances et le
lieu,
l'attention des soldats. Elle continua à @tre payée (la
délégation)
aux délégataires malgré la situation particulière des
délégants
(captivité).
En attendant que toutes ces mesures soient appliquées effectivement.
tous les militaires libérés devaient recevoir le payement des
acomptes forfaitaires de solde. Ces acomptes forfàitaires de selde
réservés aux ex-P.G. leur accordaient "arbitrairement", une avance
de solde en attendant la régularisation définitive de leur situation 1
matérielle.
Ces acomptes concernaient tous les P.G. libérés par le V.~.t m@me
s'ils avaient été capturés en 1954, 1952 ou 1953 (2).
des f.T.E.O.
au sujet du régime provisoire de solde et de
récupération des biens meubles des prisonniers de guerre libé-
rés. 15 septembre 1954, p. 1.
(1:)
Au sujet de la délégation de solde "cf. le chapitre consacré)
à
la dévaluation et à ses conséquences p.276-299-
(2) Au moment de la libération des P.G. par le V.M., ont été rendus
tous ceux qui avaient été capturés bien avant Dien-Sien-Phu.
S'agissant des Africains, environ 600 étaient déténus avant
la fameuse "bataille".
-f'
.../ ...

355/
Tableau
des acomptes forfaitaires de solde payés aux ex-prisonniers
Francais libérés par le Vietminh. (1)
1
Acomptes
Acomptes en Métropole
en Indochine
(en milliers de francs)
(en milliers
de francs):
EPOQUE DE LA CAPTURE
·
·
GRADES
1 ère
2ème
·
1954
1953
1952
·
.
:avance :avance
· Mai
1 •

1 •
:et an-:
·
.
:(taux
:et sui-:Juin
:Tri- :Semes.Semes.térieu~
:unique :vantes
:~t:Avril:mestI8
tre:
tre:rement: !
:par g~:
.
.
de) •
.
Général de
· 1
·
Brigade
170
85
Colonel
140
70
75
200
400
750
000:
tt-Colonel
120
60
70
190
375
600
900:
Commandant
110
55
65
160
350
700
750:
·.
·
Capitaine
90
45
60
125
300
475
600:
Lieutenant
80
40
50
110
275
400
500:··
S/Lieutenant:
60
30
45
100
250
375
475:
Aspirant
60
30
100
250
375
·
Adjt. chef
60
30
: .
45
100
250
350
425~
Adjudant
55
27
40
90
200
325
400~
..
.
Serge Major
50
· 25
·
35
BO
150
300
375:
·
.
Sergent-chef:
50
25
· 30
75
140
275
350:
·
Sergent
45
22
25
70
125
250
325~
·
Caporal-chef:
·
·
..
·.
·
16
B
·
Aut. Indo.
40
20
20
60 · 100
200
275
·
·
·
·
·
Caporal
·
·
·
·
Aut.
IndoC 2):
10
5
· Autres
20
10
·
· 7
20
40
75
·
· 100
·
·
·
·
·
·
Soldats
·..
·
· Aut. Indo
10
5
·
·
Autres
· 20
10
:
5
15
·
· 30
60
·
· BO
·
·
·
·
·
·
·..
,.
• l'
(1) Annexe à la Note d'Information n· 11.112/E.M.I.F.T./4/3 du 15/9.1
(2 ) Autochtones Indochinois.

3561
Comment la -payement de ces acomptes se faisait concr~teMent ?
D~s leur lib~ration, un pre.ier eco.pte de solde, dit de "premiè~
quinzaine d'aoOt" leur était vers'. Puis 18S 16 BOGt, 1er
et 16 septembre
suivants,de nouveaux acomptes leur étai8n~
versés (1).
Une fois qu'ils avaient quitt6 l'Indochine, les dits militaires
pouvaient percevoir un nouvel acompte dit "acompte métropolitain".
Ce nouvel acompte constituait en fait,le deuxiême aspect des
payements forfaitairas. les militaires originaires des Territoires 1
d'Outre-Mer percevaient ce forfait de solde qui leur était en
principe payé par le Dépet de l'Intendance des Troupes Coloniales
(D.I.T.C.) à Marseille.
Une fois qu'ils avaient quitté la ~étropole, ils pouvaient
prétendre à un mois de solde à titre d'avance.
le montant des acomptes
(voir tableau précédent) se chiffrait
en milliers de francs et sa valeur était liée au grade du soldat.
les soldats Africains, pour la plupart hommes de troupe.
voyaient leurs primes oscillées entre 20 000 (2)
francs métro
(soldats) et 45 000 francs métro (ex-Caporal chef)
(3). Au-delà,
c'est-à-dire de Caporal chef à Adjudant. l'acompte variait de
de 45 000 à 55 000 francs métro.
Il ne s'agissait que de la
première avance de solde (voir tableau).
(1) le mois d'aoOt a été pris comme mois de référence à cause
des premières libérations qui débutèrent à la fin du mois de
juillet. les quinzaines ainsi décidées correspondent à la
période couvrant les libérations massives du 18 aoOt au 15
septembre 1954.
(2) 5HAT 10H 316 "Note d'Information" Colonel Gracieux op. cit.
p.4-5.
(3) Le plus haut grade au niveau des Africains était celui.
d'Adjudant-chef. Or. parmi les ex-P.G.A., i l n'y avait que
des sous-officiers et des centaines d'hommes de troupe.
C'est pourquoi dans l'analyse du tableau des acomptes, nous
nous sommes limités au grade d'Adjudant. A propos de l'Avan-
cement des troupes indigènes cf. Deuxième partie, la question
de l'Avancement et des décorations p.268~, 269 et suivantes.
. r
... 1 ...

357/
Quant à la deuxième, le montant diminuait pratiquement de moitié,
mais l'organisation respectait la ni~rarchie déji indiqu~•• C'est
ainsi que des
si~ples soldats aux Caporaux-chefs, le montant de
la prime oscillait entre 10 000 et 22 000 francs métro. Au-delà,
la différence était légère, car le montant se situait entre 22 000
et 21 000 francs métro.
S'agissant du montant de l'acompte en ~étropole, i l était fonction
de la durée de la captivit~ ; plus la date de la capture était
éloignée~ plus la prime augmentait (voir détail tableau).
Tout ce train de mesures bien que provisoires permit aux Autorités
d'éviter une grogne qui aurait pu surgir, du
fait de l'extr@me-
sensibilité de "certains esprits" aux questions matérielles.
Ce régime provisoire de solde étant
établi,les Autorités
s'attar-
dèrent également sur un aspect des questions financières que l'ex-
P.G. évoqua sans délai dès sa libération.
Il s'agissait de la
récupération des biens meubles •
• La Question des Biens Meubles.
Ce fut une question délicate qui commandait des mesures
appropriées et sans délai. De quoi s'agissait.il ?
Pour les ex-P.G., i l leur fallait récupérer des documents adminis-
tratifs nécessaires au recouvrement des sommes leur appartenant.
Ils voulaient dans cette perspective récupérer :
-
leurs livrets de la Caisse Nationale d'Epargne
(C.N.E.)~:
,
-
les sommes dites "avoirs dépos~s" (ou~déposer) à la
caisse des dép8ts et consignations (exemple argent trouvé dans les
bagages après la capture, le montant de la solde et des accessoires
de solde acquis lor'
de la capture, et les effets personnels
(bagages) etc ••• etc ••• ).
Pour aborder cette question cruciale~ les responsables
chargés du
dossier mirent au point quelques formalités adminis-
tratives simples à observer. La "Note d'Information" d~jà citée
précise : "Pour récupérer les biens meubles leur appartenant lors
de leur capture, les intéressés doivent, dès que possible, ~tabli~
. r
une demande de restitution de succession (en 3 exemplaires),

358/
li l'aide
c;Iee imprimés spéciaux
.,.o.6a.~ par le Service de
l'Intendance aux unités de transit et aux Centres de Repos-
(1).
Deux cae ont été envisagés pour une meilleure approche
de la question
1er cas: Si les biens/~écupérer sont encore en Indochine (2),
dans ce cas seulement, les biens meubles sont rassemblés au
0.1.5. ou au C.P.L.E.
(3) qui les remettra aux intéressés lors
de leur passage à la Base militaire de Saigon (B.M.5.).
,2è cas : Les Biens meubles sont en possession du Ministère des
Anciens Combattants :
Dans ce cas, les intéressés selon qu'ils aient été
rapatriés par bateau ou par la voie aérienne,
(4), se doivent
de suivre la procédure suivante
:
- se faire remettre leurs livrets de la CNE par les
Services compétents (D.I.C. ou P.I.M.)
;
-
Adresser au ~inistère des Anciens Combattants,
une demande de restitution des autres biens
(effets et objets
personnels).
L'ensemble de ces mesures permit aux Autorités cha~géès
du règlement de ces problèmes de faire d'une pierre deux coups
premièrement, calmer les inquiétudes des prisonniers venant
d'gtre libérés, et les rassurer quant au règlement de leurs
problèmes financiers une fois en Métropole.
?
(1) SHAT 10H 316 "Note d'Information" du Colonel Gracieux op. cit.:
p. 3. La demande de restitution de succession est une procédure'
visant li recouvrer des biens personnels appartenant à un
militaire dont on ignorait le sort (mort ou vivant) et trans-
miseau Ministère des Anciens Combattants qui se chargeait des
problèmes de succession des dits militaires.
(2)
Il s'agit des soldats capturés il y a moins de 3 mois et dont,
l'unité n'aurait pu faire suivre les biens.
(3) Compagnie de passage de le légion étrangère. Dépat de l'In-
tendance de Saigon.
(4)
Ils devaient en plus des formalités indiquées, se procurer il
l'aéroport de débarquement la demande de rettait des avoirs
déposés à la Caisse des Dép&ts et consignation. En outre, ils
.../ ...

359/
Quelle fu~.l'attitude des intéressés face ~ ces mesures
provisoires ?
Dans son rapport sur les prisonniers Africains libér's peE 1.
V.M.,le responsable des "Affaires Africaines" note que les
Africains avaient grand besoin d'argent. Selon lui,
"la première
avance de solde faite A HANOI o~ à HAIPHONG après la libération
des P.G. a été dépensé au bout de quelques jours. Les rapetriables
auraient voulu toucher la totalité de leur solde d~ captivité
pour acheter des cantines et des effets d'habillement pour leurs
parents en Afrique"
(l).
En conclusion, l'officier Africain note que le "désir
des Africains fut en partie réaliSé
,grâce au système de solde
bi-mensuelle institué par les Autorités Compétentes. Mais les
tirailleurs restaient incertains quant au paiement intégral de
leurs droits"
(2).
L'explication de cet état d'esprit assez méfiant de la part de
l'ex-P.G.A. trouve son origine dans des difficultés de nature
administrative et psychologique.
S'agissant des problèmes administratifs, ils provenaient de la
récupération des livrets, cheville ouvrière de toutes les questi~si
de solde. O~ il se trouve que de nombreux militaires avaient
perdu leurs livrets pour diverses raisons
: destruction au cours
d'opérations de guerre (attaques de F-oste ), égarés dans les
archives des unités d'affectation ou tout simplement expédiés en
Métropole. Pour rentr~dans ses droits, i l lui fallait engager des,
procédures administratives interminables, alors que sur le point
d'8tre rapatrié, i l voulait récupérer la totalité de son argent.
devront adresser au Service de la péréquation des pensions
militaires une demande de remise de leur livret de la C.N.E.
(l) 5HAT 10H 420 Rapport 50g10 sur les P.G.A.L. novembre op.
cit. p.4-5.
(~) l~em. Rapport 50g10 p.S •.
. . .1...
• !'

360/
D'ailleurs. une note du Secr6taire d'Etat à la guerre à son
coll~gue dû Minit~re de la Défense Nationale et des forces
Arm6es ~n. . .la d6licatesse de la question : "Il est probable
que pour un bon nombre de li~rets. compte tenu des recherches
faites en Indochine, i l faudra un d'lai assez long avant que
satisfaction soit donn& à la t o t . l i t ' des intéressés. Par ail-
leurs. i l est fort possible également qu'yn certain nombre d,
livrets aient 6té perdus en Indochine au cours des derniers
évènements" (1).
Ainsi,
le "malaise" constaté chez les Africains
reposait sur des faits réels partiellement réglés.
Quant à l'explication psychologique, i l tenait au fait que
l'Africain n'avait pas confiance dans les promesses de régu-
larisation de solde une fois quitté les théâtres d'opérations
où i l avait servi. Les affectations successives et la transmis-
sion des dossiers, l'ignorance de certaines procédures adminis-
tratives, le séjour dans les bases de transit et les dénominations 1
changeantes des unités lui avaient appris à se méfier de tout ce
qui était relatif à l'Administration et à la solde. Son impatience
à disposer de sa solde entière fut aggravée par le retour im~ent
auprès des siens.
Il lui fallait non seulement montrer son affec-
tion pour tel ou tel parent en lui offrant un cadeau venant de
ce pays lointain que seul i l conna!t, mais également,prouver que
son séjour avait été glorieux. Le besoin de se présenter en "héro~
et d'acquérir une aura dans son village expliquent son vif
intér!t face à la question des récompenses.
b) Les prisonniers de guerre Africains et la question
des décoratipns.
Une fois de plus. cette d6licate question revint à
l'ordre du jour. De nombreux militaires rapatriables, anciens
(1) SHAT 10H 315 Lettre du Secrétaire d'Etat à la Guerre à
Monsieur le Minittre de la Défense Nationale et des forces
Armées
(Etat-Major particulier), au sujet du règlement des
droits des prisonniers rapatriés d'Indochiné: Paris, le 15
novembre 1954, p ..
3 ..

36i/
prisonniers du Vietminh et présents à Dien-Bi!n-Phu estimèrent
.
qu'ils avaient "droit" à une médaille (1).
Selon eux, les ~ouffrances endurées lors de leur captivité
exigeaient qu'ils leur soient attribués au moins une des déco-
rations auxquelles le tirailleur Africain pouvait prétendre. Il
s'agit bien entendu de la"Croix de guerre-des Territoires d'Outre-
.
de
Mer.
(T.O.E.), et la médaille militaire.
Selon Lou Diomandé ex-tirailleur présent en Indochine,
"l~s décor2tions ont été distribuées à tous ceux qui ont parti-
cioé à la guerre d'Indochine. On ne demandait aucun acte de
bravoure pour l'o~tenir" (2). Ce Que dit cet ex-tirailleur est
valable pour la médaille militaire qui
a été semble t-il,
dis-
tribuée à tous les militairgs présents en Indochine.
S'agissant de la Croix de guerre des T.D.E.,
i l n'en allait pas
de m!me.
Elle n'était attribuée que dans des circonstances particulières
(blessures au cours d'un acte de bravoure, ou acte de bravoure).
Or,
s'agissant des anciens prisonniers
du V.M., ils n'étaient
créditifs d'aucune des situations exigées pour l'attribution des
médailles qu'ils réclamaient. Ils arguaient seulement de leur
situation d'anciens prisonniers. Ainsi, ils déplaçaient le sens
de cette décoration en voulant ajouter un cas particulier aux
circonstances fixées depuis lors. Les Autorités,
dans leur désir
.
"
de régler les problèmes matériels et psychologiques ne se lais-
sèrent pas àller à la facilité en accordant par faveur toutes
les décorations. L'officier Africai~ qui avait suivi jusque là
les P.G.A. depuis leur libération,
fut un des p~emiers à suggérer
(1)
Il ne s'agissait pas seulement de ceux qui" étaient à Dien-Bi@n~
Phu, mais également des militaires Africains faits prisonniers
depuis deux,
trois ans ou plus par le V.M. et libérés en 1954.
Cette demande de récomop.nse montre à quel point la question det
décorations fut extr8~ement délicate pour lês Autorités.
(2) Entretien Lou Diomandé Man juillet 1965.
"
.-
/
. ... ...

162/
Tirailleur Sénégalais s' excerçant au 'fusil mitrailleur.
La question des décorations fut une de ses
préoccu!=lations
majeures (photo
ECPA).
mm

aux Autori t ' . (il s' agi.t ici de la Chancellerie) de ne pas
donner suite ~ ces de.and•• , car on cour.1~ le risque de
"d'valoriser- ~. dit• • •48i11- et, de cr6er une .itua~*an
d'injustice avec les prolaOtlone-.busiv•• attachê.s .. ce- venre
de décision.
C'est pourquoi en conclusion de son rapport sur le
moral, l'état d'esprit et le désir des P.G.A. libérê. par 1.
V.M., i l note non sans fermeté que "tous les P.G.A.L. ont
manifesté le désir de se voir attribuer des décorations et des
grades supérieurs pour récompenser leurs souffrances. Certains
le méritent peut-Itre, mais le fait d'avoir ét' prisonnier ne
doit pas donner droit à des citations abusives. Cela créerait
des mécontentements parmi les Combattants d'Indochine qui ont
loyalement fait leur devoir et qui sont rentr~s dans leurs
villages sans aucune récompense et qui le méritent aussi bien
que leurs camarades de"Dien-Biln-Phu"
(1).
Ainsi, comme i l ressort nettement des propos suscités, la situa-
tion particulière créée par la captivité chez les Viets n'était
pas un motif suffisant pour prétendre .- une décoration ou à
une promotion non méritée.
La réponse des Autorités fut simple. Toutes les demandes de
nomination à un grade supérieur ou d'octroi de décoration furent
l'objet d'un examen approfondi, css par cas, selon les règles
en vigueur et les Etats de Service de l'intéressê (2).
Dans ce cas, l'intéressé était tenu d'apporter les éléments
susceptibles d'appuyer sa demande.
L'attention que les tirailleurs port~rent aux r~glements
des questions de solde et de décoration à la veille de leux_déparl!
(1) 5HAT 10H 420 Rapport 50glo. op. cit. p . s .
(2)
Il semble
tout de meme qu'une décoration (est-ce la médaille
militaire 1) ou une médaille commérative de la campagne
d'Indochine ait été distribuée ~ l'ensemble des militaires
coloniaux présents en Indochine.
.../ ...

364/
ne leur firent pas oublier le sort de ces enfants, résultat de
dts
leurs "oeuvres" avec Vietnamiennes. La délicates •• de la question
sociale
ainsi posée, retint également l'attention des Autorités
comme un élé~ent essentiel participant d'un moral sein pour ces
futurs rapatriables Africains.
J)
Les Autorités et le cas des "Africasiena".
L'opposition des-dirigeants
du C.E.f.E.O. aux
relations maritales des tirailleurs avec les Congay (jeunes
filles vietnamiennes) n'avait pour objectif/que d'éviter les
conséquences négatives qu'entra!naient pour le service ce genre
de rapports.
Malgré ~umefforts, ils furent bien obligés d'affronter
le problème social posé par le sort des enfants nés de ces
relations tirailleurs-Congay et ce, à la veille du rapatriement
du père de ces enfants. Le problème fut évoqué en premier par
le responsable des "Affaires Africaines" qui présenta la question
dans les termes suivants:
"A l'image du
problème crée par le
cas des enfants naturels des Combattants au lendemain de la fin
des hostilités en Europe, le m@me problème n'a pas manqué de
se présenter avec beaucoup plus d'acuité en Indochine qu'en
Europe en ce qui concerne les enfants naturels _bandonnés ~ssus
des militaires du C.E.f.E.O.
Prévoyant le sort malheureux qui ne manquerait pas d'Itre
réservé à ces enfants après le rapatriement du Corps expédi-
tionnaire, le Cabinet de Monsieur le Haut-Commissaire a cru
bon de contacter le gouvernement (il s'agit du gouvernement
Bao-Dai) en vue de prendre en commun accord une solution adéquate
à
ce problème d'ordre social" (1).
SHAT 10H 420 Rapport sur le Moral des unités africaines pour
le premier semestre 1955jpar le Capitaine Soglo, chef des
A.H.A. de l'Etat-Major du Corps expéditionnaire (E.M.C.El
. ,
Saj'gon, le 26 aoOt 1955, p.':.
."
.../ ...
,
.
1
1

J-65/
Comme solution du sort des "Africasiens", le Heut-Commiesariat
de France en Indochine propoSa leur rapatrie.ent sur la M'tropo1.
et les territoires de la france d'O*tre-Mar (F.O.M.).
Malheureusement, le gouvernement vietnamien, visiblement ft a g a c 6 "
de perdre des "nationaux", répondit paz un mutisme qui n'en
exprimait pas moins son opposition face à la proposition du
Haut-Commissariat.
Pour contourner cet obstacle, le Commandement en accord avec le
Service Social et Culturel des F.T.E.O., envisagea l'idée de
pourvoir à chaque enfant un tuteur légal. Cette solution eut
l'avantage d'alléger le sort des "Africasiens" abandonnés, sans
état-civil et recueillis par des formations de bienfaisance. De
nombreuses demandes d'adoption et de tutelle furent volontairement
déposées au Tribunal de
1ère Instance de Saigon sous le couvert
du Service Social des F.T.E.O. par des militaires Africains.
Quelle fut en définitive l'attitude des Autorités vietnamiennes
face à la question des "Africasiens" ? Il semble qu'elles ne
rejettèrent pas totalement la seconde solution proposée par les
responsables militaires français,
sans qu'on puisse déterminer
si elles s'y ralliaient pleinement. Ce qui para!t certain, c'est
0-
qu~lles ne s'y opposèrent pas systématiquement, ce qui permuaux
responsables Africains d'écrire:
"A la date du 23 juillet (1955)
plusieurs demandes ont été déposées en faveur de soixante quatre
enfants. Certaines ont déjà obtenu une suite favorable" (1).
Cependant, l'officier Africain (2) ne manqua pas ci! mett:œ
les responsables Français en garde contre un possible abandon des
enfaets une fois les tirailleurs Africains rapatriés.
(1) 5HAT 10H 420 Rapport du Capitaine 50g10 sur le Moral Africain
1955 op. cit. p.4
(2)
·idem Rap~ort Sog10 p. 4.
... / ...

3661
C'est d.~~ cette perspective qu'il fit ltobservation suivante
qui ne manquait pas du tout de r6eli. . . :
-Il serait néanmoins
utile de pr6.voir égalelDent le rapatrie.snt des enfsn't. encore
d'tenus per le. mères Vietnaaienne. qui, vivent de, dana
librement consentis par le, Africains ne ..angueront pa. da les
abandonnés dans les crèche. une fois privées de ressources après~1
départ des derniers él'_ents du Corps expéditionnaire".
L'officier Africain évoquait ainsi la question des ressources
financières qui constituait un des éléments essentiels du
règlement du sort des "Africesiens". Le problème fut réglé
en partie, car tous les tirailleurs ne purent connattre la
suite donnée à leur demande d'adoption avant leur rapatriement.
Pendant que les Autorités s'occupaient du règlement des problèmes
financiers et psychologiques, elles pr~tèrent une attention
particulière à la réorganisation des unités africaines et à
ses conséquences.
B)
Le cessez-le feu et ses conséquences :la réorgani-
sation des formations Africaines.
1) La création des Régiments d'Infanterie
_
ii
Coloniale (R.I.e.).
Après les "Accords de Genève" qui divisaient le
Vietnam à partir du 17ê parallèle, les forces françaises
devaient se replier
et se regrouper au Sud conformément aux
dits accords.
Le C.E.f.E.O. qui comptait près de 70 ~ de ses forces au
Tonkin
(Nord), ne pouvait les faire r~pliér tous au Sud·s.ns
de graves problèmes d' or.dre opérationnel et de au'reffecti f
C'est pour éviter que des incidents probables surgissent que
.../ ...

367/
le Haut-commandement procéda à une vaste réorganisation et à un
rédéploiement de l'ensemble des forces militai~es françaises.
C'est dans ce cadre que les principales for.ations existantes,
c'est-à-dire le~ BATAILLONS de marche de tirailleurs Sénégalais,
1
furent transformés en Régiments d'Infanterie Coloniale (R.I.C.)
(1)
La réorganisation visait à adapter le volume des effectifs à la
dimension du nouvel.espace territorial plus réduit que jamais.
Pour ce faire,
des unités furent dissoutes; c'est par exemple le
cas du B.M./13° R.T.S. qui cessa d'exister administrativement le
30 septembre 1945.
Quant aux B.~1.T.S numérotés de 26 à 32, ils furent dissouts afin
de donner naissance à des ·nouveaux R. 1. C.
Ce sont les bataillons
du 5è, 6è,
11è,
21è, et 22è R.I.C. A la fin de cette réorganisa-
tion,
la situation administrative des unités africaines se présen-
tait comme l'indique le tableau ci-dessous:
~Nouvelle
nom in ation ·
Unités
( 2 )
Date dissolution
d é
·
B.M.T.S. no.26
2-10-54
1°/22° R.I.C.
· B.M.T.S. no.27
1--10-54
2°/22° ~.I.C.
S.fI.T.S. no.32
1-10-54
3°/22° R.I.C.
B.M.I./A.O.F.
1-11-54
,. /21 a R.I.C.
B.M.Il ./A.C.F.
1-10-54
2°/21° R.I.C.
B.M.I11 ./A.O.F.
(3 )
3°/21° R.I.C.(4)~
B.M.T.S./no.31 et
:
B.C.S.C.
·
11 è R.I.C.
·._----------
:
B.M.T.S. no.30
16-7-54
3°/B.M.I.
(5)
·
._----------
B.M.T.S. no.29
·
1-10-54
3°/24° R.T.S.
(1)
Il existait bien avant cette réorganisation des R.I.C africain~_:
Les éléments africains des autres formations sont venus soit
s'ajouter à ceux des R.I.C existants (ex le 6° R.I.C) ou ont
constituer un nouveau R.I.C (ex le 11è R.I.C).
( 2 ) Les anciens R.I.C. qui existaient bien avant cette réorganisa
tion (ex 6è R.I.C)
ne furent pas touchés. Bien plus, ils accueil
lirent des éléments nouv~aux.
(3)
Date non précisée.
(4) Lire 3° Bataillon du 21è Régiment d'Infanterie Coloniale.
( 5)
Bataillon de marche Indochinois.
... / ...

A la fin de cette réorganisation administrative,
l'Etat-Major du C.E.f.E.O.
, depuis peu sous le Commandement
du Général fla!Jl Ely,
(1),
procéda au déploiellJ&nt des unit'.
nouvellement créées.
2)
Le rédéploiement des formations africaine. au SUA
du 17è Parallèle.
Conformément aux accords militaires et politiques de
Genève, un repli des forces V.M. et françaises de part et
d'autre du 17è parallèle était exigé pour concrétisar les
accords de cessez-le-feu.
Les unités africaines implantées au Nord, dissoutes et reversées
dans les R.I.C.
juste après le cessez-le-feu, se replièrent au
Sud afin de recevoir de nouvelles missions. Le 5è R.I.C. se
retrouva au L.A.O.s. avec un bataillon; le 6è se fixa à Tourane
(3 bataillons) et à nONG-HA (1
bataillon).
Quant au 11è R.I.C.,
i l fut affecté à la surveillance de SaIgon
et de sa périphérie aidé en cela des 21 et 22è R.I.C., avec
respectivement 3 bataillons.
.
Enfin, le 22è R.I.C. se retrouva à Baria avec ses 3 bataillons.
Au total, après le repli au Sud du 17è parallèle, l'implantation
des unités africaines se présentait comme suit :
·
Territoires militaires
·
Unités
·
:
Laos
: Sè R.I.C. 1 bataillon
·
·
-------------_._-------------
:
Tourane
6è R.I.C. 3 dont un à DONG:
~.:
HA
: :
:
:
Saigon et périphérie
: 11è R.I.C. 3 bataillons
·
•·
··
:
Baria et périphérie
: 22t R.I.C.
:
:
:
··
(1) Le Général de Eorps d'Armée flaul Ely a pri~~le Commandement
du C.E.f.E.O. en juin 1955. Il succédait à ce poste au
Général Henri NAVARRE.
.../ ...

369/
Au total, treize bataillons AfricainS
presque la
9
totalité des· principales unit~9 africaines alors dispers6es sur
tout le territoire de l'Indochine, se retrouvaient au Sud-Vietnea.
Si pour des raisons politiques et militeires
le repli du Nord
9
vers le Sud s'expliquait aisément, les tirailleurs eux quittaient
ces régions enylaissant de nombreux souvenirs •••
De plus, la nouvelle situation provoquée par le cessez-le-feu
entritna un relachement quasi général de la discipline.
3) Les conséquences néfastes du cessez-le-feu sur
le comportement du
tirailleur : la débAcle
disciplinaire.
L'indiscipline dont les tirailleurs feront preuve n'est
pas due au hasard
; elle prend ses racines dans le mouvement
de repli et du
cessez-le-feu.
a)
La "Nostalgie" du Tonkin
Quand on a séjourné 19 mois dans un Poste, quand on a
tissé des liens, des relations avec les habitants,
(ex Congay),
quand on s'est habitué au mode de vie, à la nature et qu'on a
fini par avoir des attaches psychologiques (ex les cimetières des
forces de l'Union Française), on ne quitte pas une zone militaire
comme le Tonkin sans un brin d'amertume. Les tirailleurs Sénégalais
qui se repliaient vers le Sud furent victimes de ce sentiment
d'amertume mélangé de nostalgie, que l'officier Africain des A.M.A
présente eh ces termes: "Si le mouvement de retrait des Forces
de l'Union française et son regroupement en déça du
17è parallèle
s'est effectué dans les meilleures conditions possibles, i l n'en
demeure pas moins vrai d'une profonde amertume bien compréhensible
d'ailleurs aura été ressentie par tous. L'abandon des villes, des
villages, cimetières et "tata" où reposent les malheureux camarades
tombés au champ d'honneur,
la destruction de tant de choses qui
.../ ...

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--. J
'
,-
faisaient partie de la vie quotidienne des hommes n'ont pas ~t.
les moindrès raisons de cette infinie tristesse"
(1).
L'infinie tristesse consêcutive à "l'abandon" des camarade.
dêcêdês constituait en rêelitê,un des premiers accrocs
de 1.
réadaptation morale et psychologique des tirailleurs Sénégalais
Î
à la nouvelle situation militaire, en l'occur.ence celle du
1
ef
cessez-le-feu.
La déprime morale, l'absence d'activit6s militaires.
des unit6s
:
la non mobilité/allaient entratner un relachement de la disciplineJ
L'aspect de plus vivant et le plus spectaculaire de ce phénomêne
fut une fois de plus les relations tirailleurs Congay.
b)
Le développement de "l'Encongayage".
Une fois l'armistice signée,
des problèmes qu'on
croyait "enterrer" ressurgirent avec une acuité encore plus
grande. C'est le cas de la liaison permanente d'une Vietnamienne
avec un tirailleur Africain.
Les conséquences négatives de ces liaisons ne sont plus à
montrer; le relachement de la discipline
(abs.nc~ irrégulièr~),
abus de l'alcool, la désertion par amour et l'oubli du devoir
sont les conséquences fréquemment citées par les Autorités.
Pendant les hostilités, l'éloignement des grandes ou petites
agglomérations,
la durée du sêjour en Poste, et la création des
E.~.C. "limitèrent" en partie les écueils relatifs à la question
de "l'encongayage". Mais dès que le cessez-le-feu fut signé à
Genève, bon nombre de tirailleurs le conjuguèrent d'une manière
"pratique" en s'abandonna~t aux joies de "l'encongayage". Dans
la mesure où i l n'y avait plus de combats, et en attendant une
hypothétique reprise des hostilités, i l valait mieux se "dis-
. traire" que de s'ennuyer avec les interminables gardes de dép8ts
ou d'installations stratégiques.
(1) 5HAT 10H 420 E.M.C.E.C./3· Bureau/A.M.A synthèse du chef du
Bureau des A.M.A. de l'E.M.C.E.C. au sujet du moral des
militaires Africains durant le premier semestre 1955, p. 1 •
. . .t ..
zn

372/
Or, ce ra~sonnement et sa misa en pratiqua allaient à l'encontre
de la discipline militaire. Ce relachement disciplinaire
. ne
fut pae du gant d'un des officiers des A.M.A. qui observa le
ph~nom~ne avec attention : "Au cours de mes tourn'•• dans les
bataillons Africains du Nord-Vietnam apr~s le ·cessez-le-feu·, -
j'ai constaté certains cas de désertion dont l'origine vient
uniquement de la propagande des Congay vivant maritalement avec
quelques militaires Africains.
Pendant les hostilités, ce danger était écarté par les nombreuses
occupations des Postes et l'action anticommuniste que j'ai
menée auprès des m~litaires Africains des bataillons. Le but
à atteindre était d'éviter "l'encongayage" des militaires
Africains"
(1).
'~'encongayage" était à prendre au sérieux dans la mesure où de
nombreux cas de désertion avec Congay étaient signalés (2).
Quelle fut Id réaction des Autorités face à ce délicat problème ?
Il semble qu'il n'y ait pas eu de solution type pour freiner
ces manquements graves à la discipline. L'arsenal disciplinaire
ne put qu'offrir des punitions et des mutations. Mais l'amour
de la Congay prit le dessus et comme le constate l'officier
Africain, les "punitions, les mutations n'ont pu modifier la
conduite de certains récalcitrants qui conti"uent à boire et
li fréquenter les femmes" (3). S' en preIWnt
li ces "indisciplinés
chroniques",ces "mauvais sujets" qui ont mis en jeu la bonne
réputation des tirailleurs Sénégalais, le responsable Africain
sug~éra une sérieuse épuration
4es corps et services
devant séjourner encore au Tonkin.
(1) 5HAT 10H 420 Commandement des F.T.N.V. Izone d'Haiphong
3° Bureau,Etat-Major/A.M.A.
: Compte-rendu du Capitaine
Pinama Drabo, chargé des A.M.A./F.T.N.V. concernant la déser- :
tion ou la tentative de désertion de certains militaires
Africains du Nord-Vietnam après le "cessez-le-feu", le 16
décembre 1954 p. 1.
(2) Pour mémoire, 21 cas de "désertion" du cSté Africain ont été
signalés en 1954. Mais i l n'est pas possible de savoir si ces
. désertions ont toutes au lieu après le cessez-le-feu et
sont liées de Ce fait,aux escapades amoureuses des tiraill~
(3) SHAT 10H 420 Rapport Drabo au sujet des méféits de "l'en-
congayage" des tirailleurs Africains ;op. cit. p.2 •
.../ ...

373/
Selon lui, la meilleure solution à la question du relachement
de la discipline, c'est le "rapatriement d'office de ces in4~­
sirables sur l'Afrique Noire; c'est la seule aesure qui freine
les abus et calme la masse" (1).
Bien décidé à maintenir la bonne réputation des
bataillons Sénégalais,
le responsable délégué des A.M.A. proposa
aux Autorités d'opposer une fin de non recevoir aux demandes en
mariage de certains tirailleurs avec des Congay.
C'est ainsi
qu'il écrit "qu'il est souhaitable q~'une note .impérative soit
lancée pour mettre.un terme aux demandes de mariage avec des
Viets formulées par des ho~mes de troune et qui affluent consi-
dérablement. Cette mesure sera d'un intérgt général. car elle
emp@chBra l'union des Africains avec des Vietnamiennes d'une
.l1loralité.. douteuse"
(2).
Les suggestions du
responsable Africain m@messi ell~étaient
conçues d'un point de vue strictement disciplinaire,
n'en
faisaient pas moins ressortir le sempiternel problème de la
satisfaction des besoins sexuels des militaires en campagne.
En Indochine,
les Autorités avaient cru trouver une
parade avec la multiplication des B.M.C.
; malheureusement pour
l'entreprise, certains eurent fait de se détourner t6t de ce
"geste" ~ans chaleur humaine" qu'on accomplissait dans les B.M.C.
Cette vision de la "chose sexuelle" e~plique l'insatisfaction
et la propension de nombreux tirailleurs à rechercher plus"que
ce qu'on leur proposait. Dans l'explication du phénomène, i l ne
faut pas négliger les deux données suivantes : la situation
matrimoniale de nombreux militaires Africains et l'effet psycho-
logique des missions qui leurs étaient confiées.
( 1) ., Rapport Drabo d j
é
à ci té p.
2.
(2) SHAT 10H 420 B.G.P./A.M.A Rapport sur le moral et l'état
d'esprit des Africains, 4ètrimestre 1954, par le chef des
A.M.A. de l'E.M.C.E,C. Saigon, le 1 janvier 1955. p. 2 •
.../ ...

374/
Concernant la situation matrimoniale des dits militaires,
bon nombre était célibataire. Ils ne se trouvaient en aucune
façon liés par un quelconque engagement. Cette situation on
s'~n doute, laissait libre cours à ces jeunes de "libertiner".
L'aventure aidant, la découverte de femmes "blanches" (jaunes
en réalité)
attiraient plus d'un qui voulait faire d'une de
ces "Longay malsaines" sa future épouse. Le laissez-aller dans
ce do~aine ne pouvait qu'8tre logique.
Quant à l'effet psychologique des missions confiées aux unités
africaines, i l faut dire que l'immobilisme entratna l'apathie
et l'ennui.
Pour'lutter "efficacement" contre cette situation,
des tirailleurs trouvèrent leur salut dans la compagnie d'une
congay compatissante.
Ainsi, comme nous venons de le montrer,
les effets des charges
opérationnelles se trouvaient 8tre une des causes de cette
"congayphilie" maintes fois dénoncéeS. Ses mesures énergiques
proposées par le responsable Africain montrent toute la com-
plexité du problème sexuel du militaire en campagne: le problème
restait entier en dépit des tentatives des Autorités
officielles.
A ces "congayphiles" qui donnèrent libre cours ~ leurs
instincts dès que le cessez-le-feu fut effectif, s'ajoutèrent
d'autres catégories d~ militaires qui participèrent aux désor-
dres moraux signalés plus haut. La particularité ici est que
cette catégorie avait des motifs différents. On y rencontrait
des gradés cassés ou rétrogradés pour question de femmes,
d'ivresse, d'inconduite. ou à cause de nombreuses punitions.
Au m8m( titre que les "congayphiles", ils donnèrent du fil à
retordre aux Autorités du point de vue disciplinaire •
.../ ...
.,.
..'

375/
La lutte contre ces entorses à la discipline
constituà une des priorités pour les Autorités, en cette
période d'ina~tivit6 et de "désoeuvrement" favorisant la libé-
ration de certains instincts bien répréhensibles. Leur seule
existence témoignait d'un état d'esprit agité.
A la veille d~ leur départ définitif de l'Extr~me-Orient, ces
manifestations psychologiques n'étaient pas souhaitables, car
elles pouvaient constituer un terrain favorable à la propagande
antifrançaise qui se développait dans le Sud. C'est pour limiter
les effets de ce laissez-aller moral très localisé, que les
dirigeants militaires 'français une fois de plus,vont veiller li
canaliser l'état d'esprit de leurs bons,
loyaux
et naifs
tirailleurs qui après avoir accompli leur devoir patriotique
étaient sur le point de retourner chez eux. L'apparition de "cer-!
tains évenements extÉrieu~" commandait une attitude vigilante
des Autorités chargées du moral.
C)
Le dernier acte psychologigue français
: Le suivi
du moral et de l'état d'esprit; du cessez-le-feu
aux év~nements d'Afrique du Nord.
1) L'évolution du moral africain
du cessez-le-
feu au repli •
.
L'état d'esprit des militaires Africains du C.E.f.E.O.
fut à l'image des sentiments éprouvés par le reste de l'ensemble
du C.E.f.E.O. vis-à-vis de la bataille de Dien-Bi@n-Phu.
Les Africains qui n'étaient pas à Dien-Bi~n-Phu "ont suivi avec
un vi~ intér@t les combats de Dien-Bi@n-Phu,rapporte le Bulletin
no.7 sur l'activité des unités africaines du C.E.f.E.O. A
aucun moment, leur confiance sur l'issue finale du combat n'a
i!
été entamée.
Il·y eut beaucoup de volontaires Dour 8tre parachu1!l!~
dans le camp retranché"
(1).
i;
j
(1) SHAT 10H 420 Archives A.M.A "Bulletin d'inf6rmation no.7 :
Aperçu Général sur l'activité des unités africaines du CEr.~,j
.../ ...

316/
Cette confiance excessive ~uant ~ l'issue finale des
combats à-Dien-Bi8n-Phu était due aux "informations trop optimis-
tes de la radio et des journaux".
De ce fait,
"le revers de Dien-Biln-Phu fut un choc brutal pour
~ensembledu Corps expéditionnaire qui ne s'attendait pas à la
chute de cette garnison fortifi~e" (1). Il est vrai que bon
nombre de tirailleurs aimant le baroud aurait voulu p'1lrticiper à
l'historique bataille afin de donner libre cours è leur courage
et à leur bravoure qui
n'avaient
pas été éprouvés jusque-là.
Malheureusement, les combats s'étaient terminés avec la défaite
du
"camp retranché". L'attention se porta tout de suite sur les
causes de la défaite et partant/des suites probables.
S'agissant de l'échec des Français, les Africains l'ont attribué
à
"l'importance des moyens jetés dans la bataille par l'adver-
saire. D'aucuns estimèrent toutefois,
que tout n'a pas été mis
en oeuvre pour permettre à la forteresse de résister ou pour
la dégager de la terrible étreinte du V.M." (2).
Ce raisonnement quant au manque de moyens qui aurait fait difaut
à
la garnison est confirmé par des ana~yses faites par des
spécialistes ou des participants à l'historique bataille (3).
Seulement,l'heure n'était pas aux regrets, mais plutôt au~ suites
de la Géfaite su&ie à Dien-Bi@n-Phu. C'est pourquoi,comme le note
le"Bulletin d'information no.1", "l'attention générale s'est
portée sur la conférence de Genève et sur les pourparlers qui
ont abouti à la libération d'un nombre important de grands blessés
prisonniers" (4).
la Troupe africaine:
après Dien-Bien-Phu p. 2
Ct)
1 dem p. 2 •
(2) Cf. à ce sujet Roger Delpey, Dien-Eien-Phu, l'Affaire le
commencement, Paris, édition de la pensée moderne,
1974
377 pages.
(3) Bulletin d'information n· 7 op. cit. p.1.
.~.. ../ ...

371/
En un mot~.le moral Africain resta intact malgré la d~faite
subie. Alors que cette défaite dans les milieux militaires
faisaient craindre une possible évolution du moral des soldats
coloniaux. ces derniers eux continuaient à manifester leur
loyalisme envers la mère
.:trie.
Les Africains ont ~té comme tous les autres me.bres du C.E.f.E.O.
touchés par les nombreuses pertes de la garnison du camp retranchéJ,
Ils connaissaient certains (leurs camarades). estimaient d'autres,
(certains Commandants Europ~ens) et leur disparition ne leur
apporta que de l'amertume et des regrets.
Ainsi,contrairement aux "théoriciens" des bureaux d'Etat-Major
chargés du moral. la défaite de Dien-Bi@n-Phu ne donna pas lieu
au procès des ~attres blancs, ni à des critiques acerbes contre
la France de la part des tirailleurs.
Ces derniers placèrent la défaite sur le plan militaire, frustrés
i l est vrai
(pour les baroudeurs) de n'avoir pu faire partie de
ces "héros". Le calme avec lequel l'ensemble du contingent
Africain accueilli le revers de Dien-Bien-Phu~ie m@me qui se
manifesta à l'occasion de la signature de l'armistice ~ Genève.
Le respoosable du moral africain ne manqua pas de souligner
la manière avec laquelle les tirailleurs S~n~galais accueillirent
les "Accords de Genève". Selon lui. "Le cessez-le-feu" intervenu
en juillet 1954 et qui.
quoique peu glorieux. n'a eu aucune
mauvaise influence su~ le moral-des militaires Africains. ~
l'ont accueilli sans aucun commentaire sujet à des critigues"(1).
L'absence de commentaires critiques. donc d~favorables
à la France. signifiait-elle que les tirailleurs ne voyaient
dans la fin de cette guerre "autre chose" qu'une "simple défaite
française".
avec tous les 'vènements extérieurs" dont ils avaient
quelques échos" (2)1
~a vigilan~e des Autorit~s quant aux fluctuations du moral
africain. semble confirmer qu'au delà des apparences. on soup-
çonnait certains éléments du contingent Africain d'avoir analysé
et tiré les cons~quences de la nouvelle situation'
(1) 5HAT 10H 420. Rapport 50g10 janvier 1955. op. cit. p. 1.
(2)
Il s'agit des troubles politiques de l'Afrique du Nord.
,,

378/
politique et militaire en Indochine,
témoin ce rapport qui
recommande-la "vigilance" vis-à-vis des Africains et des Nord-
Africains:
"Le moral de l'homme de troupe demeura dana l'ensemble
bon ••• Le cessez-le-feu n'a gu~re modifié le caract~re- particulier
à chaque race •••
L'Africain se montre certainement moins sensible que le Nord-
Africain aux évènements extérieurs et aux propagand~adverses,
ce dernier saisisant tOutes les occasions,lettres,journaux,
radio de se tenir au courant de la situation en Afrique du Nord
et de s'inquiéter facilement du sort de ses parents, de ses amis,
ou de ses biens.
Mais,
tous deux doivent ~tre sur le plan du moral, l'objet d'une
vigilance particulière"
(1).
Des instructions aussi fermes, en cette période de
défaite, de rapatriement et de troubles dans les pays d'origine
de certains éléments du C.E.f.E.O. sont très révélatrices de
l'état d'esprit des responsables, quant au maintien~du moral
africain (sous l'angle politique bien entendu).
Si le revers de Dien-Eien-Phu et le "cessez-le-feu" n'ont pas
entamé les bonnes dispositions morales des tirailleurs Africains,
par contre,
avec les évènements relatifs à l'application du cessez-
le-feu, c'est-à-dire le repli au sud du
17è parallèle, quelques
"tiraillements" allaient voi~ le jo~r (2). Il s'agit bien sOr du
choc moral provoqué par le départ du Tonkin et l'adaptation
à la nouvelle situation militaire. S'agissant du choc moral,
(nous en avons déjà trait6) i l faut souligner que plus que le
repli,le contact brutal des éléments du Nord avec ceux du Sud
(1) SHAT 10H 697 E.M.I.f.T./JG Bureau, organisation territoriale
et défense,
rapport sur le moral des forces terrestres en
Extrlme-Orient (2 8
semestre 19~4), par le Général d'Armée
Paul Ely, Commissaire Général de france et Commandant en chef
des f.T.N.A. en Indochine (sign6 par le Gén~ral de ~rigade
Agostini) 9 mars 1955 p.2
(2) Cf. p. 370- J1'~ et suivantes.
. .-",~. t" ..
,
1
!
_..,4

379/
(populations autochtones), les mouvements incessants des unités,
les nombreuses mutations' se sont effectué. dans un temps rela-
tivement court. Cette succession d'évènements fut suffisant~
pour créer quelques pertubations au niveau de l'état d'esprit
des Sénégalais.
Quant à leur adaptation ~ la situation de cessation des combats,
elle se fit avec beaucoup de difficultés. Des tirailleurs se
signalèrent en donnant libre cours à leurs er.vies f~ ° ro[n es. D' autre~
"désertèrent" des rangs du C.E.f.E.O. avec leurs compagnes
vietnamiennes.
Certains n'hésitèrent pas pour vaincre l'ennui engendré par
l'absence d'activités militaires, à trouver leur salut dans
l'éthylisme.
Le relachement de la discipline qui s'en suivi ne fut en aucun
cas l'exptession d'une "évolution" de l'état d'esprit,
mais
bien plus/le symbole passager de la réadaptation nécessaire à
la réo~ganisation territoriale. C'est pourquoi/les Autorités
ne s'attardèrent pas vraiment sur cette indiscipline passagère.
Leur attention se porta sur les problèmes matériels et sociaux
intéressants les tirailleurs après la cessation des combats.
2)
Les Préoccupations des tirailleurs à la fin de
la guerre.
Une fois la cessation des combats confirmée ~fficiel­
lement, chaque soldat essaya d'analyser les perspectives d'avenix
et de faire le bilan de la guerre à laquelle i l venait de parti-
ciper. Ainsi,en termes d'avenir, i l se pré9ccupa de l'amélioration
de sa formation,
et pensa à réaliser certains voeux que les hos-
tilités avaient jusque là empAchés. En termes de bilan, i l
cherche à récupérer ses affaires personnelles et des souvenirs.
La coexistence de ces deux préoccupatione accapara l'esprit du
tirailleur après la cessation des combats.
.../ ...
• !'

3801
a) La r~cup6ratipn des bag.g', (1).
Com. . pour 18S r.patriables, un proDl". da
"~.ntine· se posa l la fin des cOMbats. C'êtait le résultat
des nombreux mouvements et mutations qu'ont connu les Africains
au moment des regroupements d'unit~s en d~çl du l1ê parellêle.
N'ig nora6t rien de l'importance que le militaire Africain
attachait à sa valise et à sa cantine,
les responsables Africains
de l'in~vitable Bureau des "Affaires Africaines" se saisirent de
toute requ!te concernant des affaires personnell~égar~es. Mais
les recherches ne furent pas faciles comme le souligne le chef
du dit service : "Le Bureau Central des A.M.A. aussitet informé
effectue des recherches qui s'avèrent très difficiles d'autant
plus que certains militaires sont déjà rapatriés ou mutés dans
des unités ayant quitté l'~ndochine. Une me~lleure exécution
des plans de déménagement ou d~.ouvements de la part des
Commandants d'unit~ aurait pu éviter de tels faits" (2).
ramert~e du responsable Africain traduit des regrets dus
au repli des unit~s. Les "déplacements, changements d'unit~s etc.
etc ••• entra!nèrent beaucoup de désagr~ments sociaux, psycholo-
giques et administratifs et dont l'officier Africain s'en fait
l'écho. Si des tirailleurs cherchaient à récupérer ce qui leur
appartenait l~gitimement, d'autres. par contre, s'intéressaient
à leur avenir. 500cieux de leur carrière future dans l'Arm~e,
ils s'intéressèrent aux stages d'~nstruction organis~s à leur
intention. Pendant la guerre, l'instruction des militaires
Africains fut insuffisante du point ~. ~u.~qû.litatif.
Or, l'instruction était non seulement utile pour s'adapter
au style de guerre men~e en Indochine, mais participait ~galement
de l'avenir professionnel. L'instruction tenait
~ de ce fait un
grand rele dans la hiérarchie militaire.
.
j
(1) 5HAT 10H· 420 Rapport 50g10 au sujet du~~or81 africain , . sem~
tre 1955, p.J.
!
(2)
Idem.
. Rapport 50g10 1· semestre op. cit. p.J
A titre d'exemple, le rapport signale que 226 requltes
pr~sent~es respectivement par 114 milita~re. du 22· R.I.C.
et 112 militaires du 6· R.I.C. étaient en instance dans lS
bureaux au moment de la rédaction du dit rapport.
J

liU /
Malheureusement, p~ur bon nombre de tirailleurs 5én~gelais, les
charges op~rationnelles des unité. et la pression militaire
laissèrent peu de temps aux soldats pour participer aux
"pelotons" organisl§s à leur intention. Du fait de cette
difficulté purement technique. la cessation des co_bats
devenaient l'occasion rlv'. de parfaire les connaissances
techniques
et partant, d'améliorer la formation militaire.
Le soldat ne se fit pas prier pour perticiper avec enthousiasme
aux séances d'instruction, mIme si en prévision d'une "hypo-
thétique reprise des
hostilités", l'uni té à laquelle i l appar-
tenait le retint pour mission~
Dans sa soif de conna!tre, le tirailleur se fit fort attentif
et montra de l'intér@t pour l'~~rmation
parue au "Bulletin
d'information des Troupes africaines ~n'a pas manqué d'intéresser
au plus haut point les hommes et les gradés Africains des
f.T.E.O.
La majeure partie exprime le désir d'opter pour cette jeune
Armée d'élite"
(1).
Et le responsable Africain d'ajouter que l'expérience tentée
en Afrique Noire a donné des "résultats ayant dépassé net-
tement les espérances".
Calculant tout le bénéfice moral que le Commandement pourrait
tirer de l'effet "formation para" sur l'état d'esprit des
tirailleurs, le Capitaine 50g10, sugg~ra au Commandement du
C.E.f.E.O. "d'envisagef dans la mesure du possible le recru-
tement et l'entra!nement de volontaires choism parmi les
bataillons Africains actuellement en Indochine. Le succès en
serait sans nul doute incontestable" éo~clut-il (2).
Comme quoi,
un grand nombre de tirailleurs voulait transformer
"l'aventure indochinoise" en un instrument positif entrant 'dans
la préparation de l'après Indochine. Comme quoi, la "congayphilier
l'ivresse, ou la captivité V.M.
n'ont pas fait perdre de vue
l'avenir dans l'Armée, une fois la guerre terminée.
Pendant que ~ertains tirailleurs essayaient au moyen des
"pelotons" de parfaire leurs connaissances techniques.
(1) 5HAT 10H 420 Rapport 50g10 op. cit. p. 3~'
.~
(2) Idem.
Rapport moral africain 1955 op. cit. p. 3.
1

382/
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Tirailleurs séDégal~is manipulant une arme automatique •
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Le d2sir de Combler" les -l a c une s de la formation .rni l i -
ta.ire rllt. un des 's ouc i s qui les préoccupa a la fin
de la gUerre (photo ECPA ,5 2 . 1 23 )

383/
afin de s'êlever dans la carrière militaire, d'autres
accomplissaient un voe_ spirituel tout aussi important que
leur carrière militaire. C'est le pêlérinage à la mekke (1).
b)
Le Pélêrinage de 1955.
Comme tous les autres pélêrinagMorganisés par le
Ministère des Affaires Etrangères, celui de 1955 l'êtait dans
le" cadre de l'Action psychologique menêe par la France auprès
de ses bons tirailleurs.
En 1955, les raisons de l'orgnnisation de telles manifestations
paraissaient plus claires. En effet,
i l s'agissait pour les
gouvernements Français de réduire la pnopagande panarabiste et
anticolonialiste du Colonel \\asser,
le Président Egyptien
(2).
Après avoir évincé le Général Nêguib à l'Automne 1954, i l
s'affirme comme
un champion oe l'anticolonialisme.
Il ne manque
pas de le rêaffirmer à la "Confêrence de Bandoeng"
(3) en avril
1955.
Partisan rêsolu de l'arabisme et de "l'anticolonialisme~
i l applaudit au dêclenchement de l'Insurrection algérienne le
1er novembre 1954. Immêdiatement, i l met son pays à la dispositioni
du Front de tibération Nationale de l ' Algêrie
('F. L.N.)
Ce mouvement utilisa pour sa propagande, les ondes de "radio le
Caire" pour s'adresser" aux "frères" musulmans du Magreb présents
en Indochine dans les rangs de l'Armêe Française.
(1) Mekke peut également s'êcrire Mecque.
(2)
De son vrai nom Gamal Abdel Nasser, i l fit partie du groupe
des "officiers libres" qui renversêrent le roi Farouk en 195Z~
Le Colonel Nasser êvinça par la suite le Gênéral Nêguib qui
;
dirigea pendant 2 ans le "conseil de la Révolution". Une
fois'
au pouvoir, i l s'affirma comme un champion du panarabisme et
de l'anticolonialisme.' Il décrêta en 1956 la nationalisation
du Canal de Suez et devient Président de l'Egypte le 23
juill~
1956 cf. à ce suj et. Nada
Tomiche ,
l'Egypte moderne,
PUF,
coll. Q.S.J. ? 2è édition, 1976i 126 p.
(3) Sur la "Conférence de Bandoeng" cf. Odette Guitard, Bandoeng
et le Révei)
des Payp] oS çplnoisés. Paris puf, 1976. 126 p •
.../ ...

384/
Toute la s~gni~ic8tion du pélérinage se trouvait dans cette
analyse.
le problème est que si les intentions 'des Auto'iü tés
étaient nobles ,. elles allaient faire des mécontantllJ. En fait,'
i l s'agissait d'une rancoeur traditionnelle qui trouvait là,
une occasion de s'exprimer.
En effet, pour le pélérinage de 1955, 20 militaires
Africains seulement participèfen~ à l'évènement, alors què le
~.E.f.E.O. disposait de BO places. Les 60 autres furen~ naturel-
lement attribuées aux Nord.~fricains. Cette répartition jugée
discriminatoire par les Africains ne manqus pas d'entraIner
des protestations comme le souligne si bien le Capitaine 50gl0
" ••. Comme i l est possible de le constater,
clette répartition
fut plus qu'à l'avantage des N.A. quoique P'~ffectif des N.A.
et Africains présents fut sensiblement identil,~ue, les Africains
1
l'emportant de loin, sur le ndmbre de ressorti~sants de chaque
territoire à contenter (A.O.f., A.E.f., etc •• i.). Aussi nom-
breuses furent les réclamations formulées pa~ les chefs de Corps
des unités africaines par suite du non mainti~n de leurs candi-
dats jugés poù_ant- bien méritants"
(1).
Pour bien comprendre la "colère" des Commandarts d'unités
africaines devant ce "favoritisme" dont bénéf~ciaient les
Magrébins par rapport à l'Afrique Noire, i l e~t utile de souli-
gner quelques (sits.
En 1954, au moment de la dernière f.te musulmane,
1
"l'Aid-el-Seghir" de septembre 1954, le C.E.f~E.O. comptait
i
officiellement 2B 413,musulmans répartis entr~ 17 4B3 Nord.
i
Africains et 10 930 Africains.
'
Par le jeu des rapatriements, beaucoup de Nor~-Africains normale-
ment eri fin de séjour
ou étiquettés comme de~ éléments ayant été

1
gagnés à l'idéologie antico~nialiste V.M. quittèrent très vite
l'Extr8me-Orient. les Africains,moins "touchés" semble t-il, ont
été retenu pour la réorganisation militaire du 5u~·V~etnam. Cette
situation a bien sOr crée un déséquilibre au niveau du nombre des
musulmans. Mais curieusement, quand i l s'est agi'de àistribuer
les places pour le pélérinage, ce sont les N.A. qui se vitent
(1) SHAT 10H 420 Rapport 50g10, 1955, op; cit. p. 4-5.

385/
attribués plus de places qu'ils ne "méritaient". En effet,
pour le choix des futurs pélérins, des demandes sont présentées
par les CommaDdants d'unité qui proposent leurs éléments les plus
"méritants". Ensuite,le
Haut-commandement retient un nombre
égal de pêlérins en fonction des places attribuées par le
Ministère des Affaires Etrangères.
Les répartitions étaient
à la charge du Haut-commandement qui attribuait respectivement
les quota pour chaque groupe de communauté.
En. 1955,
face à ce "déséquilibre numérique" les Autorités
attribuèrent plus de places qu'il ne fallait aux Nord.Africains.
'
face à cette situation,
les vieilles rancoeurs des Africains
quant à la faiblesse de la france rour les Nord-Africains
ressurgirent.
Les Africains ont souvent reproché aux Autori~és
l'octroi tardif de certains avantages consentis aux Nord-
Africains de longue date.
En effet,
dès leur arrivée en Indochine,
les Nord-
Africains se virent attribuer un "Bureau des Affaires Militaires
Musulmane~t (A.M.t-l.) qui se chargea de résoudre tous les problèmes:
relatifs au séjour des troupes magrébines en E.O. C'est vrai
que du point de vue effectif, les Nord-Africains dépassaient
nettement ceux d'Afrique Noire.
Les Africains ne s'~sentirent pas moins frustrés,
dans la mesure où dès que le contingent Africain fut devenu
important (en 1950, i l affichait 12 000 hommes),
i l fallut
attendre avril 1952, pour créer officiéllement un "Bureau
des Affaires Africaines".
En plus del~~ ~ureau, les Nord.Africains disposaient d'une
foyer,
la "Maison Nord-Africaine" et des fameux "cafés maures"
o~ ils pouvaient se récréer quand ils étaient en transit •
.../ ...
1
1
1
i

Les Africains eux, n' obti,"nent leur "maison qu' li
la fin de·l'.nn~e 1953. Enfin. les Nord-Africains. au moment
des grands ~vènements musulmans (f.tes de l'Aid-es-Sêghir. de
l'Aid-el-K~bir ou des pél~rinages) faisaient l'objet "d'at-
tentions particuli~res". la pr~sence des principales personna-
lit~s du C.E.F.E.D •• les reportag~ qu'en faisait le très officiel
"Caravelle" ne laissaient aucun doute sur l'intér!t des Autorit~s
à ménager la susceptibilité des troupes musulmanes.
C'est à
croire qu'on "voulait cacher la pr~sence des Noirs en Indochine"
dirent en choeur quelques tirailleurs
(1).
Comme explications,les tirailleurs argu~rent que c'est le
"comportement de ces Nord.Africains face aux Français dans leur
pays ~qui explique l'attitude des Français vis-à-vis d'eux en
Indochine". SeuleMent/tous ces faits ne passèrent pas inaperçus
aux yeux des tirailleurs présents en Indochine. Est-ce-cette
attitude qui laissa de glace les Africains face aux "évènements"
d'Afrique Nord? Ce qui est certain. c'est que la position et les
Il

r'actions des Africains face aux questions nord-africaines
retinrent l'attention des Autorit~s.
3) les ultimes soucis des 'utorit~s françaises :
L'attitude du tirailleur face aux évènements
d'Afrique du Nord.
l'int~r.t que les Autorit~s ont port~ aux tirailleurs
Nord.Africains pendant la guerre d'Indochine ne fut pas le fait
du hasard, dans la mesure où la situation en Afrique du Nord
ne fut jamais tout à fait calme.
( 1)
C'est en tout cas
l'opinion
de certains qui expliquèrent
la moindre discriminat10n, le moindre "oubli" du service
cinémato des Armées
ou de "Caravelle~ par le souci des
Autorités françaises de "cacher" la présence des Noirs en
Indochine':
... î . . •
' r

387/
De la fin de la deuxiàme guerre mondiale ~ celle d'Indochine,
elle resta constamment pr~caire/car elle finit par d~boucher
sur des revendications précises. Comme l'Afrique du Nord
avait envoy~ de nombreux tirailleurs en Indochine, les r~percus­
sions de tels ~vànements sur le moral des troupes magrébines
constamment harcel~es par la propagande V.M. avaient de quoi
inquiéter les Autorités militaires françaises. Mai. que furent
en ~éalité ces "évênBments d'Afrique du Nord" ?
,
a)
"L' rnsurrection Algérienne" 1 er nov.
1954.
Au moment où on parlait encore de la fin de la guerre
en Extr~me-Orient en s'inquiétant du sort des disparus, des
prisonniers non rendus,
et de l'attitude des soldats une fois
chez eux,
voilà qu'une nouvelle guerre commence. La surprise
fut grande, car l'Algérie où commençait cette nouvelle guerre
était considérée comme une zone "calme" au milieu de l'agita-
tion nationaliste que connaissait le Magreb entre 1950 et 1954.
Quelle ne fut pas l'étoRnement,
"la surprise, quand quelques
révolutionnaires déclenchèrent l'insurrection le 1er novembre
1954, annonçant la création du Front de Libération Nationale
(F.L.N.)
••• "
(1).
Quels étaient les objectifs de cette rebellion à
caractère nationaliste ? Selon J. Ganiage et Hubert Deschamps
"le déclenchement de l'insurrection fut marqué ~r une soixan-
taine d'attentats,
pour la plupart sur les confins de l'Aurès.
Le m~me jour, la radio du Caire annonçait la formation d'un
"Front de Libération Nationale (F.L.N) qui proclamait sa volonté
de mener une .Lut t e révolutionnaire pour "l'indépendance:'
nationale" et la "restauration de l'Etat Algérien".
(1) Cf Xavier Yacono,
Histoire de la Colonisation Francaise,
Paris, P.U.F., col~tion Q.5.J. ? 1979 P. 115 •
.../ ...

388/
Dans son premier manifeste, le f.L.N. exposait en termes précis
ses priniipaux objectifs : à l'intérieur, "la liquidation du
système coloni~l" et "l'anéantissement de tous les vestiges de
corruption et de réformisme" ; ~ l'extérieur, "l'internationa-
lisation du problème algérien" et la "réalisation de l'unité
nord-africaine dans son cadre arabo-musulman" (1).
Les objectifs étaient on ne peut plus clairs; i l
s'agissait à terme de "liquider le colonialisme" afin d'aboutir
à
l'indépendance nationale".
La similitude des objectifs du V.M. ~ui venait de re.porter
une victoire dans ce sens avec ceux du f.L.N.
(m8me si elle
était incomplète) ne
pouvait manquer de frapper l'imagination,
surtout quand on s'arr@te au style de guerre.
"Ce fut en vain-
rapporte Ganiage et Deschamps - que l'Armée rechercha l'engage-
ment décisif. Désservie par la lourdeur d'un matériel qui
n'était pas adapté à la guerre de montagne, elle s'épuisa en
de v~ines poursuites, tandis que l'adversaire harcelait ses
convois. Lorsque la pression devint plus forte dans un massif
encercl.é,
les partisans émigrèrent vers les Nementcha"
(2).
Du point de vue des objectifs politiques et du style
de la guerre
(guérilla), on aurait dit un prolongement de la
lutte anticoloniale du V.M. -L'heure de la libération des
peuples comme le proclamait le V.M., avait-elle sonnée?
Ce ~ui para!t certain, c'est qu'un groupuscule d'Algériens
avait décidé de remettre en question l'autorité de la puissance
colonisatrice.
(1)
Cf. Jean Ganiage et Hubert Desahamps, l'Afrique au XXè
siècle 1900-1965, Paris, Sirey, 1966, P. 233.
(2)
Ihide!!'. '_p. 234.
.../ ...

J89/
Et pour ~iouter encore plus de confusion à l'agitation nationa-
liste qui seco~ait le Magreb, le "protectorat" du Meroc se
signala par des revendications précises.
b) Les Troubles politiques du Maroc.
Pendant le Proconsulat du futur Maréchal Juin,
(1)
les partis nationalistes dont l'Istiqlal furent gtnés dans
leurs actions par la fermeté et 12 politique d'équilibre mis
en chantier par le Résident français.
Ainsi/g~nés da~s leurs actions l~cales par les tracasseries
de la police,
les dirigeants de l'Istiqlal tournèrent leurs
efforts vers la propagande extérieure ..•
Grâce à leurs efforts, la question marocaine fu~ portée pour
la première fois devant les Nations-Unies à l'Automne 1951.
Ils initièrent ~galement d'autres actions comme le boycott des
élections de novembre 1951 qui déclench~rent de violenteR échauf-
fourées devant les bureaux de vote.
Enfin, en 1952, une grève de protestation était organisée après
l'assassinat du Tunislen Hachel en décembre 1952.
Cette fièvre nationalis~e ne s'arrAtera pas en si bon
chemin car à partir de 1953, par des actions de sabotages[
déraillement du train
Casablanca-Alger à la veille de Noël·,
explosion d'une bombe au marché de CASABLANCA
18 morts et 40 blessés J,elle va montrer la détermination des
Marocains à liquider le colonialisme. Le fait que l'agitation
nationaliste ait coincid~ avec les évènements d'Indochine n'a
pas manqué d'intriguer les observateurs. C'est à juste titre
que Ganiage et Deschamps écrivent "qu'il est difficile de prévoir
(1)
Le Proconsulat du Maréchal Juin originaire lui-mftme du Maroc,
dura de 1941 à 1951. 1 l "avait été auparavant chef de l ' Etat-
Major de la Défense Nationale à Paris.
r: • • • /
• • •
1
J

3901
comment la situation du Maroc aursit pu ~voluer, si elle
n'avait pas subi le contre-coup brutal des év~nement8 d.Indochine
au printemps 1954.
A maintes reprises d~jà, la police françeise avait soulign'
la répercussion des rev~rs français sur les A~faires locales.
La chute de Dien-Bi8n-Phu, que saluait une nouvelle flambée
de terrorisme, allait encourager les nationalistes è reprendre
la lutte sur tous les fronts"
(1).
Non seulement les évènements d'Indcchine éta~tpour quelque
chose dans le regain des troubles politiques, ~ais i l faut
souligner également que l'évolution politique rapide de la
Tunisie exacerba e~ccre plus les ardeurs nationalist$des
Algériens et des Marocains qui se sentaient "frustrés".
c) L'Evolution de la Tunisie vers l'Autonomie
interne et ses conséquences.
Le 30 juillet 1954, dix jours après avoir conclu
la paix de Genève avec le V.M.,
Fierre Mendès.france se rendait
en Tunisie et ~aisait un discours d'une portée politique
considérable. Sans avoir prononcé le mot indérendance, i l
l'avait pratiquement accordé aux 'Tunisiens. "L'autonomie
interne de l'Etat tunisien"-déclara Pierre Mendès-france,-"est
reconnue et proclamée sans arrière pensée par le gouvernement
français qui entend tout à la fois l'a~~irmer dans son prin-
cipe et lui permettre dans l'action de consécration du succès.
Le degré d'évolution auquel est parvenu le peuple tunisien •••
la valeur remarquable de ses élites justifient que ce peuple
soit appelé è gérer lui-m@me ses propres affaires. C'e.t
pourquoi nous sommes pr8ts à transférer à des institutions
tunisiennes l'exercice interne de sa souveraineté" (2).
(1) J. Ganiage et H. Deschamps op. cit. p. 177.
(2) J. Ganiage et H. Deschamps, op. cit. p. 200 •
. .-~../ ...

39'/
Un tel "~ede8u" dans l'atmosphère politique de troubles
ayant cours tant en Algérie qu'au Maroc/(en plus des évènements
d'Indochine) réveilla les passions nationalistes qui étaient
déj~ d6cha!nées.
Avec cette succession géographique et politique de criseS, les
"évènements d'Afrique du Nord" devaient retenir l'attention
des Autorités. La position des tirailleurs Sénégalais face à
ces troubles préoccupa les Autorités du
fait de leur caractère
politique. ~.is, il semble encore que dans ce domaine les
craintes n'étaient pas justifiées.
d)
L'attitude des tirailleurs Sénéqalais face aux
"évènements d'Afrique du Nord" "Indifférence"
ou
"attentisme" ?
Zone privilégiée des troubles politiques en Afrique
en 1954/1955, l'Afrique du
Nord disposait d'un des contingents
militaires les plus importants du C.f.F.E.D.
(1).
Harcelé~ dès le début des hostilités par l'Action psychologique
V.M.,
(qui évoquait le combat politique de Ferhat-Abbas, d'Adel-
Krim etc) et qui suivait avec une attention particulière les
nouvelles d'Afrique du Nord, le Nord-Africain représentait un
"danger" potentiel, dans la mesure où acquis eux idées nationa-
listes du F.L.N., de l'l~tiqlal ou du V.M., il risquait de
grossir les rangs de ses frères rebelles. C'est cette conjonc-
tion des phénomènes suscités qui explique les craintes fran-
çaises : "Les Nord-Africains qui viennent d'8tre opposés en
Extr8me-Orient à un viet se réclamamt d'un nationalisme intran-
sigeant et xénophobe, a vu ses buts en partie atteints, peuvent
@tre tentés d'assimiler la rebellion actuelle en Afrique du ~ord
à une cause légitime et penser que leur devoir ou leur intérlt
est de soutenir cette cause plut5t gue de la combattre" (2).
(1)
Au 1er janvier 1954, les Forces t~rrestres Nord-Africaines
comptaient environ 38 000 éléments dans les rangs du CEFEO.
(2)
SHAT 10H 897 Rapport du Général Ely à M~ le Commandant
les F. T • N. V. et les F. T • C •V. 1 954 •
.../ ...

392/
L'analyse faite de la "possible" rtection des Nord-Africains
conduit le responsable français en question à pr~parer une
parade qui ne manque pas de r6alisme :
"les id'... que les
tirailleurs se font ici de la situation en Afrique du Nord.
auront une influence certaine sur leur compor~ement à leur
arrivée. et les premiers contacts qu'ils auront avec leur
pays retrouvé auront une grande importance pour leur conduite
dans l'avenir ••• C'est pourquoi, j'ai ~'honneur de vous demander
de bien vouloir faire établir par les chefs de corps du 5ê R.T.M.
et du
7è R.T.A./un rapport "objectif" exposant l'état d'esprit
général gui existe dans leur régiment,
les problèmes que se posent
les cadres et la Troupe,
les discriminations éventuelles à faire
entre unités et fractions d'unit§et tous renseignements permet-
tant aux Autorités gui les recevront, de prendre les mesures
gui conviendront"
(1).
Ainsi,
les Autorités locales françaises face aux "évènements
d'Afrique du Nord" choisirent la voie de la vigilance afin de
parer
à
toute éventualité. C'est le m~me raisonnement qui a
inspiré leur démarche auprès des tirailleurs présents en Indochine.
Suivre de façon permanente l'état d'esprit du tirailleur,
telle
fut la politique française.
Cette action a perm~de découvrir
un Africain "indifféren~". Selon le chef des A.M.A •• "La situation
en Afrique du Nord ne semble pas les intéresser pour l'instant;
ils ne sont l'objet d'aucune propagande étrangère spéciale"
(2).
Cette apparente "indifférence" ne convainquit pas les
Autorités, car pour prévenir tout risque de "contagion" des
tirailleurs par des N.A. acquis aux idées nationalistes, elles
"limitèrent au minimum les contacts avec les Arabes"
(3).
(1) SHAT 10H 897 Rapport Général Ely op. cit. p. 1-2.
(2) 5HAT 10H 420 Rapport sur le moral Africain, Capitaine 50glo.
1 8 semestre 1955 p. 2
(3)
Idem p. 2.
... ~t ...

393/
"
Elles furent aidées dans çe domaine par l'absence
de véritables relations entre,tirailleurs Sénégalais et Nord-
Africains. Le manque d'in~ormation (lettres, journaux, radio),
sur les évènements et l'emploi du temps chargé des unités
sénégalaises firent le reste. Le seul intér8t des tirailleurs
Sénégalais ~is-à-vis de la question, rapporte l'officier
Africain, . "ne oara!t de vo I r se réveiller qu'au cas d'envoi
d'unités africaines sur ce thé&tre et d'échange de correspondance
avec des camarades en opérations"
(1).
Le désir des Autorités de déterminer la position des
Africains face aux "évènements d'Afrique du Nord" était légitime
et s'expliquait car la crainte que les tirailleurs rapatriables
ne s'inspirent je ces "~auvaises idées",et ne soient tentés de
les appliquer une fois c~ez eux. Elles n'eurent pas A se faire trop
de soucis. car les Africains étaient semble t-il, "indifférents".
Cette attitude ~érite quelques explications.
Premièrément,
il faut souligner le fait que les tirailleurs
étaient peu ou mal informés
(à la limite ignorant la situation ~
en A.F.N .:.) de ce qui se passait réellement en Afrique du Nord.
Bon nombre ne savait pas lire
et s'intéressait peu aux jour-
naux. De plus, ce n'étai t
pas dans les magazines d'information
toléréS
par la censure militaire que le tirailleur aurait trouvé
des détails sur l'Afrique du Nord.
Quant-à la radio,
la censure lui interdisait de
diffuser ce genre de nouvelles à cause des répercussions sur
le moral des soldats du C.E.F.E.O. Dès lors, ce n'était pas
dans l'émission du disque des ~uditeur8 que le tirailleur
trouverait matière à réflexion.
(1)
SHAT 10H 420 Rapport Soglo sur le moral africain,
1· semestre
1955 p.2.
.../ ...
. '"

l
3941
Deuxièmemept, les Autorités, conscientes des effets néfastes
des relations trop poussées avec des Nord-Africains acquis
à la cause nationaliste limit~rent le peu de contacts existants
entre ces deux communautés. Elles fuient aidées par le9 relations
peu cordiales et les "récriminations" des tirailleurs Afrioains
vis-à-vis des Nord-Africains.
Troisièmement, l'sctivité militaire des tirailleurs Africains,
(réorganisation, implantation, activités statiques et problèmes
psychologiques) leur laissêrent peu de temps ~ consacrer
aux évènements extérieurs.
Du fait de ces raisons,
"l'indifférence" s'expliquait. Mais la
réaction que le.
tirailleur~ ·affichQ..
quand on luL
dit
" qu'il risque d'Stre . mutez en Afrique du Nord" posa plus que des
problèmes.
Comme première hypothèse
d'explication,nous avançons
que l'intér~t du tirailleur vint du fait qu'il a perçu la
"guerre d'Algérie" comme une occasion semblable à celle
d'Indochine cëpable de
lui donner la "chance" de rrogresser
dans la hiérarchie militaire et de décrocher éventuellement,
une médaille dont i l s'est senti frustr~ en Extr@me-Orient.
Comme seconde hypothèse, c'est peut-@tre la crainte
d'un "nouvel Indochine" avec ses malheurs (morts, rizière, boue,
congay et peut @tre captivité) qu'il ~rojetait sur·la "guerre
d'Algérie". L'état d'esprit du tirailleur se· trouvait entre
ces deux peles psychologiques.
C'est la deuxième hypothèse qui a pu faire peur aux Autorité~
(si elles l'avaient su) car cela voulait dire que le tirailleur
avait changé, que son état d'esprit avait évolué.
Il ne voulait
plus de guerre: dans cette perspective, la france pouvait dormir
tranquillement, car le risque de voir transposer des idées
révolutionnaires en Afrique disparaissait complètement avec un
tel raisonnement. Mais quittons le terrain des conject~res pour
poser la véritable question: quel fut l'état d'esprit réel des
tirailleurs Sénégalais alors que jusqu'à présent( ils affirment
.../ ...

395/
ignorer les raisons de la guerre d'Indochine
(1)
? Pouvaient-
ils dans cette optique, mesurer toute la portée de ce qui se
passai t
en Afrique du Nord ? Enfin,
l ' ont- ils perçu
comme la
continuation du combat du V.M.,
à savoir la lutte contre le
colonialisme ?
La réponse à cette question fpndamentale resta mystérieu.e pour
les Autorités françaises.
En conclusion,
nous retenons que c'est pour éviter que
le retour massif des prisonniers de guerre africains libérés
par le V.M.
n'entra!ne des troubles socio politiques en Afrique,
que les responsables Français firent tout ce qu'ils purent pour'
tenter de maîtriser la situation.
L'approche cu'ils firent de la question fut empreinte de réalisme
bien que n';~ant pas originale.
C'est ainsi qu'ils développèrent une attitude qui ressemblait
à une contre-offensive psychologique très intelligente.
Dans un
premier temps,
les Autorités Françaises s'attardèrent
sur les préoccupations du tirailleur Africain à la veille de
son
départ
d'Extreme-Crient.
Le résultat fut le règlement des
problèmes sensibles comme ceux des décorations,
des bagages et
soldes, et les questions sociales (Africasiens).
Deuxièmement,
non conten~ de s'attaquer au règlement des problèmes i
délicats cités plus haut,
elles portèrent un intéret à l'amélio-
ration du moral africain en réalisant pour les tirailleurs des
voeux inespérés
(exemples le pélérinage à la Me~ke, ou l'organisa-
tion de stage de formation militaire).
Parallèle~ent, elles s'inquiétèrent de l'attitude du tirailleur
Sénégalais face à l'évolution poli~ique mouvementée de l'Afrique
du Nord. Mais encore,
le tirailleur Sénégalais parut se "désin-
téresser M de ces évènements politiques. Les Autorités ne purent
que s'en "féliciter".
(1) Entretien avec les tirailleurs Man et Dakar juillet
octobre 1985.
.../ ...

l11
ONe LUS ION

3961
CON C LUS ION
Au terme de cette longue et passionnante ~tude mais
qui est loin d'8tre exhaustive sur le plan des multiples as-
pects que la participation militaire a recouvert dans la
.période étudiée, avons-nous le sentiment d'avoir répondu
totalement aux interrogations qui nous ont guidés tout BU
long de ce travail ? Assurement non
!
Certes,
l'abcndance de la documentation sur quelque aspect
particulier de cette guerre peut faire croire que tous les
~atériaux étaient réunis pour
mener
à bien l'entreprise.
L'illusion s'arr~te là,
car la valeur de l'ensemble de la
doc~mentation impose bien des limites à l'ambition du chercheur.
C'est pourquoi,le lecteur ne nous tiendra pas rigueùr pour les
lacunes apparues dans la présentation des faits,
de .leur
évolution et dans une certaine mesure de leur analyse.
Cependant, malgré les difficultés évoquées plus
haut,
nous avons mis en lumière quelques traits caractéris-
cafUWne.
tioues de la "participation militaire à la première guerre
d'Indochine" et qui se résument en trois points:
-
Premièremement,
force nous est de souligner que
l'Appel·à l'Afrique Noire fut la réponse des différents
gouvernements français de la IV~ R~publique aux problèmes
d'effectifs que leur posait l'Arm~e française dans la période
1946/1954.
... / ...
or

391/
En effet, .pour honorer des engage~ent. militaire. internationaux
(exemple la' participation française' l'Ant" Europ'enne
envisag6e dans 'la cadre du Conseil Europfen d. D'fens. (t.E .D.)
ou pour assurer son rele de pu~~sance colonial. (exempl., 1.
maintien de forces militaires dans les divers•• parties da
r'[Mpire w rebaptis' "Union Française"), la France ne pouvait
prendre le risque d'envoyer le contingent en Indochine, .elgr6
tout l'intér8t qu'elle portait. la guerre contre le V.M.
Pour contourner cette difficulté, la part belle fut laiss'_
au volontariat (recrutement) dans le cadre d'un Corps expédition-
naire (C.E.F.E.O.'. Seulement, lafaiblesse
du recrutement
métropolitain malgré la propagande psychologique et matérielle
des milieux militaires fut un échec.
L'appel aux troupes africaines afin de combler les déficits
successifs'en hommes du C.E. devenait de ce fait une nécessité.
Deuxièmement, i l faut dire qu'une fois arrivés en
Indochine, les tirailleurs Sénégalais ne firent pas de la
figuration au sein de leurs unités respectives.
Eien plus, leur rele militaire fut de tout premier ordre, car
ils furent d'une réelle efficacité dans les opérations de
détail (ouvertures de routes,
patrouilles permanentes,sécurité
des voies de communication, occupation des Postes militaires etc •• )
Leur adaptation parfaite aux opérations antiguérilla
g8n' plus d'une fois le V.M.
(-guerre économique") et permit.
l'Etat-Major du C.E. de concevoir des opérations de grande en-
vergure. Ainsi,l'activité militaire des tirailleurs Sénégalais
fut un des compléments indispensables et nécessaires à l'activité
militaire d'ensemble du C.E. Les lacunes techniques furent
réléguées au second plan par le dévouement et le courage des
tirailleurs Sénégalais.
.../ ...
,.'

398/
. rroisi~mement, nous relevons le statut quo qui a
prêvalu au niveau de l'état d'esprit du tirailleur par rapport
à ce que les A~toritês Françaises avaient prévu, du fai~ dv
contact éventuel de ces derniers avec l'idéologie anticolonia-
liste et indépendantiste pren6e par le V.M.
Nous constatons que pendant la guerre, ces craintes
quant à l'évolution de l'état d'esprit des militaires coloniaux
furent bien justifiées du fait des tentatives d'intoxication
du V.M.; seulement, elles ne connurent pas l'efficacité souhaitée
par ses auteurs.
~/-ct.l·Y
En effet,
une des perspectives que cœi.gléuent les Frençais étai~:t'\\'f,
I~nticolonialisle affichée par son adversaire le V.M. Ce mouvement
antifrançais,dans son désir d'affaiblir psychologiquement et
militairement son adversaire et le C.E., n'hésita pas à se fixer
comme objectifs, les quatre points suivants
-
créer et développer à l'aide de la propagande
l'esprit de haine contre la guerre
-
initier au marxisme (utilisation des P.G.) les
soldats Africains tombés entre ses mains,
afin que
les cours politiques sommaires donnent naissance
à des révolutionnaires en puissance ;
-
créer et entretenir des sentiments nationalist~qui
seuls, sont capables de déranger l'ordre colonial don
les peuples colonisés et les Africains en particulier
subissaient encore les rigueurs.
La finalité de tous ces objectifs devaient avoir pour
corollaire un anticolonialisme actif et ce par le biais d'une
lutte de libération nationale.
Malheureusement, trois handicaps essentiels emplchêrent l'ennemi
des Français d'atteindre ses objectifs, quantila modification
de l'état d'esprit des tirailleurs Sénégalais.
... / ...

399/
-Au premier plan de ces difficult's qu'a connu le V.M.,
se trouve le fa~t linguistique. En effet. du fait de leur
appartenance ~ l'ensemble colonial francophone (A.O.r./A.E.f.),
le V.M. trouva logique et naturel de s'adresser en français au.
militaires Africains.
Le prDbl~me est que malheureusement, bon nombre de ces soldats
êtaient illetrês ne sachant ni lire, parler et êcrire la langue
française.
Du fait de cette lacune linguistique,- les messages du V.M.
quant ~ la liquidation du colonialisme tomb~rent le plus souvent
dans des oreilles de "sourds". La V.M. crut trouver une parade
en utilisant occasionnellement des· l.ngues de l'Oues~
africain (exemple le Bambara), mais c'était sans compter avec
l'hêtêrogenéitê des langues africaines rêunies pour l'occasion
dans le C.E. En fait, la tentative resta partielle et inefficace.
Quant au second plan des difficultés V.M. à faire
êvoluer l'état d'esprit des bons et loyaux serviteurs de la
france coloniale, il y a l e fait intellectuel.
En effet, le contingent Africain du C.E. accusant
près de 2 ~ de lettrês n'était pas en mesure de constituer cette
. masse d'individus capable de constituer le fer de lance d'une
quelconque lutte de libération nationale. Pis, en plus de la
faiblesse numérique des intellectuels, il faut dire que le
niveau scolaire des "évolu6s" (lettrés) ne dêpassait pas génêra-
lement le niveau du Certificat d'Etudes Primaires (C.E.P.).
La faiblesse intellectuelle interdisait de ce fait,
une grande capacité de réflexion et d'assimilation des thèmes en
rapport avec l'impêrialisme amêricain, la liquidation du colo-
nialisme français et de ses effets pervers sur les peuples
dominés.
. . .1 ...
. ..

4001
Replacer de ce point de vue la guerre d'Indochine dans une
perspective internationaliste ("guerre froide")
ou coloniale
(guerre de lib6~ation nationale) relevait d'une qageure incertaine
de la part des quelques Africains ayant été au contact des ten-
tatives d'intoxication V.M.
Enfin, au troisi~me plan des difficult6s V.M., i l faut
évoquer le probl~me du contact humain qui limita les possibilit6.
du V.M. quant à la propagande des idées antifrançaises du V.M.
aupr~s des Noira. La faiblesse de l'action des "Brigades d'Amour",
des harangues pràs des Postes, et la difficulté de distribution
des tracts ne laissèrent qu'une seule marge de manoeuvre au V.~.,
à savoir l'utilisation des P.G.A.
Malheureusement, pour le V.M., l'endoctrinement idéologique
auquel i l soumit les P.G.A., achoppa du fait des raisons évoquées
précédemment.
les trois raisons analysées dans les lignes précédentes expliquent
pour~uoi les tentatives de modification de l'état d'esprit du
tirailleur dans un sens politique ne furent pas efficaces.
Cependant, pour !tre complet sur ce chapitre, i l faut noter que
le statut quo observé au niveau de l'état d'esprit des tirailleurs
Sénégalais, ne fut pas le seul fait de l'échec du V.M. les Auto-
rités françaises jou~rent un grand rele dans le maintien en l'état
de l'état d'esprit de ses bons et loyaux serviteurs~
En effet, face èux tentatives d'endoctrinement des
Viets, les Autorités françaises opposèrent des mesures pratiques
qui tournèrent eutour de trois axes principaux : le règlement des
problèmes matériels et socio psychologiques, et la censure des
informetions politiques.
S'agissant du premier axe, les Autorités connaissaient mieux
quiconque, l'état d'esprit de certains de leurs tirailleurs
qui ne se sont engagés que dans une perspective matérielle.
~ ... / ...

401/
Leur extrlme sensibilit_ aux questions matérielles et financi~res
commandait le r~glement rapide et penaanent de toutes les ques-
tions relative~ ~ la solde. C'est ainsi que ltE.M.A. eut à traitez
de la question des bagages, du paiement de la solde (exemple
au moment de la d'valuation du 11 mai 1953), de l'envoi et de
la récupération des mandats exp~di~s par les tirailleurs à leur
famille.
Quant au second axe, i l fut tout aussi important que le premier,
car i l participait d'une saine protection du moral et de l'êtat
d'esprit des tirailleurs Sénégalais. Il s'agissait en fait des
questions à caract~re social et psychologique, telles que
l'obtention d'une médaille,
(décoration), du problême sexuel
des militaires en campagne, des possibilités d'avancement
(avenir professionnel) et surtout du maintien de bonnes relations
avec les autres composantes du C.E.f.E.O.
Troisi~mement, l'Etat-Major du C.E. utilisa la censure
afin que les tirailleurs
(comme tous les autres militaires du C.E)
ne soient pas au courant de l'agitation nationaliste et des
opérations de répression consécutives aux troubles ayant lieu
dans leur territoire d'origine. Les émissions radiophoniques
et les journaux que les responsables leur offrirent ne continrent
jamais d'informations politiques, ce qui est logique quand on
est en êta~ de guerre.
La politique française aussi simple qu'elle parut n'en
fut pas moins efficace, car elle eut raison du discours anti-
colonialiste V.M. qui ne reposait que sur des notions "abstraites"
telles que "la liquidation du colonialisme", "l'heure de la
libération des peuples opprimés", "la lutte contre les colonia-
listes, impérialistes et exploiteurs ; ces notions étaient loin
des préoccupations du tiraîlleur.
.../ ...
. .,
.<


40~/
Ainsi, l'opposition psychologique franco-V.M. dont le tirailleur
fut l'enjeu, tourna à l'avantage des Français qui surent main-
tenir à l'écart'de l'agression psychologique V.M., le Marsl
s'fricain.
Cette "victoire psychologique" française ne fut pas
vaine, dans la mesure où le tirailleur déb~assé des préoccu-
pations politiques ne se tranforma pas en "coMbattant ft de la
liberté", en pionnier de la revendication ou en contestataire
acharné de l'ordre colonial comme le souhaitait le V.M. Son
sur
attention se porta surtout ~a satisfaction de ses besoins
personnels (pélérinage à la Mekke,
décoration) ou de son avenir
professionnel (amélioration de la formation militaire).
Pour terminer,
nous retiendrons que l'aventure
indochinoise des tirailleurs Sénégalais fut sans conteste
l'occasion de multiples problèmes au sein du C.E.F.E.O. Mais
à aucun moment, ces problèmes ne remirent en cause la loyauté
du tirailleur vis-à-vis de la "Mère-pat~ie". Ce dernier assura
avec courage et détermination la mission qui lui a été confiée
en Indochine.
Certes, l'utilisation de soldats coloniaux en vue de
mater une guerre de libération nationale pouvait faire craindre
légitimement des conséquences politiques. Le danger exista mais
sans plus. Si la participation africaine à la guerre d'Indochine
ne "semble" pas avoir eu des conséquences politiques catastro-
phiques comme celles de l'Afrique du Nord, i l faut dire qu'elle
(l'Afrique Noire) a profité des retombées de la dite guerre avec
l'instauration de la "loi cadre" en 1956. Cette loi n'avait
d'autre but que d'éviter une répétition de la guerre d'Indochine
et de celle de l'Algérie qui venait d'8tre déclenchée par des
nationalistes algériens, dont certains étaient sans doute en E.O •
... /
J

• •

• •
#M

403/
. "la france s& tira assez bien de l'aventura indechinei••
de l'Afrique N~ire. car elle .e!triea asaez bian 1•• d0RA6•• de
l'6volution politique, 'cona.ique et aociale de. territoire.
d'origine dee tireilleurs pendant et apr~8 la guerre.
Une 6tude consacr'e aux cons'quences de cette participation, et
eu r81e des ex-tirailleurs une fois de retour chez eux ouvrireit
des perspectives intêressentes à notre 6tude, dans la mesure où /
elle aborderait éventuellement les suites politiques, sociales,
et psychologiques de cette aventure militaire.
Cette perspective 6clairerait notre opinion sur quelques
aspects intêressants de ce sujet que nous n'avons pu aborder
du fait des limites de notre thême d'étude.

B 1 B LlO G R A PHI E
-~-------------- -,,-~--~--------------~---------------~----_....

404/
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
A) Source. Ar,hiyi.tique.
Service Historique d. l'Armé. de Terre à Vincennes:
Archive. du Minist~re de la Guerre E.M.A.T. C. .p.gne d'Indochine
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a) Effectifs du C.E.f.E.O.
10H 167
Haut-Commandement en Chef Archives du Gênéral
Commandant l!!I'l chef 1947
-
Rapport Nyo sur les év~nements d'Indochine
1945-1955 :
-
fiches sur l'évolution de la situation depuis 1948
-
Documents sur l'Indochine: Evolution de la situa-
tion depuis 1945.
10H 183 : Haut-Commandement de france pour l'Indochine
Etat-Major Particulier :
-
Pi~ce. de base de renfort ;
-
Etats mensuels effectifs 1947 ;
-
Effectifs aoOt à décembre 1951
;
10H 184 : Haut-Commandement d~ france pour l'Indochine:
-
renforts 1951
;
Troupes aêroportées 1952 ;
-
Organisation effectifs 1950.
.../ ...
1
.d

405/
10H 185 : Haut-Commissariat de france en Indochine et Com~andant
en chef :
- Effectifs Renforts-Maintenance et Relave ;
-
Personnels de R~serve ;
-
Notes de base 1952/1953.
10H 186
E.~.I.f.T., 1· Bureau, 4· Section
- Situation prévisionnel des effectifs 1952/1953 ;
- Situation des effectifs des forces terrestres ;
-
Plan de réduction des Effectifs des f.T.E.O.
;
- Evolution des effectifs 1952-1953.
10H502
E.M.A.f1· Bureau/Effectifs/ gestion des effectifs
1951/54
-
Plans et Prévisions 1947-1954
-
Notes, Etudes et orientations 1945-1952.
10H 503
E.M.I.f.T.,
1· Bureau, 2· Section effectifs renforts
et relèves, situation d'ensemble des effectifs au
1/1/46.
(1946-1950).
T.E.D. effectifs r~alis~s 1946/56.
10H 504
E.M.A./E.M.L~1'1· Bureau effectifs renforts et
relèves (1951/55).
- Entretien du C.E.
- Envoi d'appel~s en Indochine 1952.
.../ ...
1
1
...,.;J
r

406/
10H 505 : E.M.l.f.T./1· Bureaul Effectifs
~t••• et sitwetion .6çanagraphique
Plan d•• f.T.E.O.
fin 1951.
10H tJ06 : .E.M.Lf.T/1· Bur.au
Effectifs Renforts et Rel~ves
Tableau d'évolution des effectifs du 1/1/47 au 1/3/48.
" Plan de 90 000 et 102 000 hommes".
10H 507
Haut-Commandement de france en Indochine,
Commandement en ExtrSme-Orient (1948-1951).
-
Situation des effectifs réalisés au 1/1/51.
-
Courbe des effectifs et évolution des ~ par Race
et par territoire.
10H 508
E.M.I.f.T./1 G Bureau
fffectifs réalisés
-
Evolution annuelle des effectifs (1952/1956).
10H 509 : E.M.l.f.T./1· Bureau (1945/1953)
-
Pertes
- Effectifs du C.E.f.E.O.
10H 511
E.M.l.F.T. , . Bureau(3· Section E.M.A. Général et
commandement en chef des f.A.E.O.
-
Récapitulation générale des Pertes en Indochine
de 1945 au cessez-le-feu 12 novembre 1954 •
.../ ...

407/
b)
Instruction Pr6coloniale.
10H 1078 : Commandement sn chef des f.T.N.A. en Indochine
Etat-Major inter-armes ~~TjI:/Bureau instruction
-
Instruction Précoloniale
-
Dossier Notes
de base 1947/50.-
c) Moral et Etat d'esprit.
10H
349: Commandement des Troupes françaises en E.O.
zgne nord, Etat-Major, 3° Bureau 1946/47.
-
Rapport sur le moral aoOt 1947
-
Rapport sur le moral 1° trimestre 1949
4· triméstre 1949 ;
- E.M.A./3· Bureau:
Rapport sur le moral 1948
- E.M.A./T.f.I.5./moral : Synthèse des rapports
sur le moral des unités f.T.E.O. pour la période
de novembre 1947 à ~'vrier 1948.
10H
351
Commandement des f.T.N.V.
-
Rapport d'ensemble zones è~ secteurs
-
forces terrestres des plateaux montagnards.
1 -
d) Sur l'ActiDn psychologigue et la Propagande V.M.
1DH
342: E.M.I.f.T./B.G.P.
- Chronologies avril à décembre 1953.
.../ ...

40e/
10H 422 : Minist~re de la Guerre: E.M.A./Action psychologique
-
Tracts 1948-1952.
10H 302
Archives du Bureau de recrutement et de l'Action
psychologique: 1953.
-
documents sur les techniques de la guerre pey ;
- messages au sujet des fonds destinés à la prop.aganc:te
-
organisation de la contre-propagande dans les
zones V.M.
- Correspondance sur la démoralisation des unités.
e) Sur les pzisonniers de guerre Africains et Francais.
les documents proviennent des Archives de "l'Office
du Prisonnier"
(1951-1953).
10H 313 : Haut-Commissariat de France pour l'Indochine 1954 ;
tbronologie des questions relatives aux prisonniers
de guerre 1954 ;
Effectifs des prisonniers
pertes de 1954 ;
Directives sur les camps de désintoxication ;
-
Tractations Croix-Rouge-V.M •
..
;
10H 314 : Haut-Commissariat de france pour l'Indochine 1954.
-
liste des camps et évolution politique V.M.
-
Tracts Viets ;
-
Etat numéri~ue des libérations (1954) •
.../ ...

l
4691
1
1
10H 315 : Haut-CoMmissariat •.•• 1952-1955.
-
Lib6ration de prisonniers (1952-5S~
-
S~atistique. 1952-1954.
10H 326 :
Haut-Commiss.riat •••• Office du Prisonnier •••
1950-1954.
- D6clar.tiomdes prisonniers lib~r6s (1950-1954)
- Etat des prisonniers libêrês présents dans les
formations hospitalières (septembre à décembre
1954).
10H 317
Haut-Commissariat •••• 1954.
Rapports médicaux et chirugicaux sur les prisonniers
libérés (1954).
10H 320
Haut-Commissariat •••• 1951-1954.
-
Rapport sur le vie des camps;
-
Déclaration~de prisonniers lib6rês.
f)
Dossiers Divers.
10H 4714 : E.M.A.T.I Service historique (1949-1950)
Sud-Vietnam zone Ouest 2· Bureau ;
-
V.M. Action psychologique: Traduction d'un
document Viet.
10H 257
Haut-Commandement de france en Indochine :
-
Rapport d'activit6 du Conseiller à l'êconomieet
aux finances 1952.
. .. 1 ...

4tol
10H 498 : E~M.I.r.T./T.r.E.O./2- Bureau 1946
Direction Générale In~ndanc. 2° Bureau
- Instruction provisoire sur l'administration et la
comptabilit6 des corps de troupes en Indochine.
10H 484
T.F.E.O./S.S.M./1951
- Etude récapitulative des propagand~exercées sur
des militaires du C.E. au cours de l'année 1950-1951.
10H 832E.M.I.F.T./3- Bureau/B.G.P./Sécurité militaire
Social, Culturel
- Dossier Prisonniers Internés Militaires (P.I.M.).
10H 516
E.M.I.F.T./B.6.P./A.M.M. 1946/54.
- Service Social et Culturel ;
situation psychologique des soldats et état d'esprit
- problêmes du pélérinage à la Mekke ;
- tableau des prisonniers et déserteurs
- compte-rendu des activités de propagande ;
- effectifs.
g) Etat-Major de l'Armée de Terre (E.M.A.T.) Service Historique
Journaux de marche et opération~
(J.M.O.). 1948/54.
B.M.T.S. no. 26, 27, 28, 29, 30, 31 ;
1/24· R.T.S. (1948/54).
B.M.I./A.O.F. ; B.M.II/A.C.F. B.M.III/A.D.F.
B.M.13·/R.T.S.; 2·/4- R.A.C. (ex. G.A.C./A.O.r.)
1950/54.
. .. 1 ...
~ J

411/
2) Archiyes. Nationales du S4n'g.1 (A.N.S,) Fond. A.O,F.
S'rie D Affaires militaire. A.O.F. 19.6/60.
S'rie 4D Personnel Militai&!
- A.N.S., 4D 16 (yers••ent 1 A 38) 81, Recrutement
1944/49
Corres'pondances et instructions relatives aux
opérations de recrutement en A.O.F •
• Dossier Recrutement 1946, 1941, 1948, 1949.
A.N.S., 4D 16 (versement 100) "Combattants
Africains en Indochine 1948/1955 ;
- Dossiers ~Oeuvres des Territoires"
"Comité Fédéral secours aux famill~194e/1954w
"Colis Indochine 1951/1954" ;
"Moral 1950/1953" ;
"Semaine du Co.battant d'Indochine 1950/1953 w ;
"Emission Radio-disque Combattants Africains en
Indochine (1951/1954)W ;
"Dispositions prises par les territoires : Sommes
versées pour l'oeuvre des tirailleurs d'E.O. 1954".
B) Sources Imprimées.
Journaux officiels de l'A.O.F. (J.O./A.O.F.)
J.O. A.Q.F. 1941 (avril, juin, septembre, octobre) ;
1948 (février, ~ars, octobre, décembre) ;
1949 (juillet) ;
1950 (juin,et septe~bre)
- 1933 (avril 1933).
,.
. '".
.../ ...

412/
C) Source,_ Oral.s.
Nous avons .ffectu~ trois enqulte. aupr" d•• anci.n.
tirailleurs 56n6galais. Ell.s s. sont déroul'e. respective••nt
à Man en R6publiqu. de COTE D'IVOIRE et à DAKAR (R'publique
du Sén6gal).
A chacune de ces enqu!tes, les m!mes questions ont été posé.,
à nos interlocuteurs.
A) Interlocuteurs
1) (ntretien de MAN {Cete d'Ivoire'
25
juillet 1985.
Interlocuteurs
Nom : KONE
Prénom :
Yacouba
Date de naissance:
1939 à MAN
(Cete d'Ivoire)
nO matricule : 5463B
Date d'incorporation:
1952 (class. 1952/53)
Lieu de résidence : MAN
Emploi actuel : Agent de la Sous-Préfecture de Man charg6
des questions militaires relatives aux anciens
Combattants :
Lieu de l'enqu!te : MAN
(Sous-Préfecture)
Unité
: Bataillon de march. du 11à R.I.C.
(B.M./t1A R.I.C.) stationné à Bac Ninh (Tonkin) •
... 1 ...

413/
,'
Nom : LOU
Pr6noa : Dio.and6
Date de naissance : 1932 à MAN (CSta d'Ivoire)
R6sidenca actuelle 1 MAN
Emploi actuel t
Assistant des Productions Vfg6tale. et Ani••le.
(P.V.A.) à la Direction R6gionale du Min~.re
de l'Agriculture à Man
n· matricule : 65755
Date d'incorporation: 10/1/53
Itinéraire Militaire : Débarque à SaIgon le 9/3/54 et est affect6
au 11~ groupe du 11à R.I.C.
(11ê/,,· R.I.C)
2) Entretien~ Collectif à Dakar au Sénégal au siàge de
l'Association des Anciens Combattants du Sénégal (octobre 1985).
Etaient présents :
1) Nom: BOURE
Prénom : Diouf
Date
et lieu de naissance
1927 à Golom (Département
Gossaz S'I!!négal)
n· matricule : 27221
Date d'incorporation dans l'Armée: 16 décembre 1949
Unité en Indochine : D4·/R.A.C. 6· Batterie
Emploi actuel : Agent de Mairie retrait6
Date de libération: 16 d6cembre 1953
Résidence : Dakar.
.../ ...

4J4/
2) No. : ~~AnOU
PrénoM : 50.
nete et lieu de naissance : 1929 •
Louga (S.ntg.l)
nete d'incorporation Armée: 21 octobre 1950
nO matricule 34391
Unité d'attache en E.O.
: B.M. du 6· R.I.e. (Tonkin)
Date de la libération: 1961
Emploi actuel : Retrait'
Grade à la libération : Caporal
Résidence : Dakar.
J)
Nom: MODY
Prénom : Sow
Date et lieu de naissance:
1924 à Madi Abou (Sénégal)
Entrée dans l'Armée: 10/9/1951
N° matricule 36151
Unité d'attache B.M.T.S. no. 26
Emploi actuel : Agent de santé retraité
Résidence : Département Podor
Grade : 2ê classe Caporal.
4) Nom: WALE
Prénom : Kalé
Date et lieu de naissance : 1919 à Tambacounda (Sénégal)
Incorporé: le 22 mars 194D
N° matricule : 66012
Unité d'attache en Indochine: B.M.C.A.s.L.M (Batterie)
Emploi actuel : Policier retraité depuis 1912
Libération: 1955
,
Grade à la libération
Brigadier-chef
Résidence : Dakar.
. .. / ...

\\
5) NOM :
~~AllO
PrénoM : ~alBou Omar
nate et lieu de naissance : mai 1923 t
Galoy. {Cercle da
Podor St. louis eu Sfn6g_1}
N· matricule : 90451
Unit6 d'attache en Indochine: B.M.T.S. no.
31
Grade dans l'Armée
préposé 1ère classe
Date de libération: 1955
Résidence : Dakar
Emploi actuel: P.M.II rétrait6
Ancien prisonnier du V.M. capturé le 1er février 1954 au Tonkin.:
1
6) Nom : YORO
Prénom : Sayandé
nate et lieu de naissance
1929 Lobalé (Cercle de Matombé)
Date d'incorporation: 1949
N· matricule : 21674
Unité d'attache en E.O.
S.E.A.C.L.M.
Date de libération:
1954
Résidence : Dakar
Emploi actuel : Président de l ~ssociation des anciens
Combattants d'Indochine du Sénégal.
D) Bibliographie et Articles de Revues
AI Bibliographie
1) Ouvrages de référence bibliographique
E.M.A.T.
(Service Historique), Guide Bibliographigue Sommaire
d'histoire militaire francaise,
Paris, Imprimerie Nationale,
1969, 522p.
.../ ...

.
l'

416/
Commandant ·D~sir6 (Michel), La Cameagne d'Indpchint 1945/t954;
Ministlre de 1. Oifeft•• , E.M.A.T.,
SHAT, Chlteau de Vincenne. 1976,
(4 tOMes).
T_e 1 (1971)
(1) : Avant 1945 tf30 pl (2)
- Ouvrages g'n'reux et articles
consacr6s au Sud-Est Asiatiqua avant,
l'arrivêe du C.E.
Tome 1 1 (1 9 7 J )
Après 1945 (150 pl.
Ouvrages et documents officiels qui
exposent,
les données
géographiques, économiques humaines
et diplomatiqu~de la Campagne d'Indo-
chine.
Tome III
(1976) 1945-1951
(280 p.r.
-
Ouvrages sur l'6volution de la situation militaire de 1945 à
1951. Les formes de combat, la stratégie, la tactique,
Jes
effectifs et les moyens.
Tome IV (1977) 1954-1956 (231 p.).
- Campagne V.M.
-
fin de la présence française et d'but de la relève américaine.
Auvade (Robert), Bibliographie critique des oeuvres REues sur
l'Indochine française, Paris, Maisonneuve
Larose, 1965, 149 p.
(1) Cette date indique l'année de parution du tome en question.
(2) Ce chiffre indique le nombre de pages du volume •
.../ ...

417/
2) Ouvrages
Généralités sur l'histoire et la géographie q~
l'Indochine
AGARD (A), L'Union Indo-Française, ou Indochine orientale
Régions naturelles et géographie économique,
Hfmoï, Imprimerie d'Extrême-Orient, 1931? 370 p.
CHESNEAUX (Jean), Contribution à l'histoire de la Nation
Vietnamienne, Paris, Ed. Sociales, 1955
MASSON (André), Histoire du Vietnam, Paris, P.U.F. coll. QSJ ?
3) Ouvrages Généraux traitant d'une histoire d'ensemble de la
Guerre d'Indochine.
BODARD (Lucien), La Guerre d'Indochine, Paris, Gallimard,
1965, 603 p. (2 volumes).
Tome l
: L'enlisement 1946-49
Tome II : L'humiliation 1949-1950
CHAFFARD (Georges), Les deux Guerres du Vietnam, de Valluy
à West Moreland, Paris, La Table ronde,
1969, 458 p.
FALL (Bernard), Guerre d'Indochine, France 46/54, Amérique 57,
"éd. "J'ai lu", 1965.
GRAS (Yves), Histoire de la Guerre d'Indochine, Paris,
Plon,
1979, 592 p.
SAUREL (Louis), La Guerre d'Indochine, Paris, éd. Rouf, 1966,
190 p.
TEULIERES (André), La Guerre du Vietnam 1945-1975, Paris,
Lavauzelle, 1978.

418/
4) Ouvrages abordant des aspects particuliers de la Guerre
d'Indochine
1) Sur la propagande et les récits de captivité
BRUGE (André), La Guerre Psychologique, les Poison Rouge,
Guerre sans frontières, Nice, chez l'éditeur
(S.D.), 226 p.
Direction générale en Indochine (Croix-Rouge', La vie des
Prisonniers de l'Union française dans les camps
Viets, SaIgon, Imprimerie d'Extrême-Orient, 1953,
9 p.
GOELDHIEUX (Claude), Quinze mois prisonnier chez les Viets,
choses vues, Paris, julliard, 1953, 247 p.
INDOCHINE (E.M.I.F.T.), La Guerre psychologique en Indochine
de 1945 au cessez-le-feu, SaIgon,
éd. Bureau
de la Guerre psychologique, 1955, 20~ p.
MOREAU (René), 8 ans otage chez les Viets 1946-1954, Paris,
éd. Pygmalio G. Vartelet, 1982.
PAGNIEZ (Yvonne), Le Vietminh et la Guerre Psychologique,
Paris, éd. la Colombe, 1955, 102 p.
2) Ouvrages évoquant la nature et les formes de la Guerre
FALL (Bernard), Chronique d'une Guerre révolutionnaire,
Paris, Laffont, 1962, 318 p.
F.T.E.O. (Commandement supérieur des), Guérilla, Imprimerie,
Direction de la Guerre en Extrême-Orient, octobre
1949, 63 p.

419/
Forces Terrestres du Sud Vietnam (E.M.A. 3° Bureau), Le poste,
SaIgon, Imprimerie d'Extrême-Orient, 1953, 307 p.
RUNNER (Bernard), Le Poste du bout du monde,Paris, éd.
J. D'Halluin, 1960, 192 p.
3) Ouvrages évoquant quelque aspect politique ou diplomatique
de la gu~rre
DUROSELLE (Jean Baptiste), Histoire diplomatique de 1919 à
nos jours, Paris, Dalloz 7è éd. 1970, 911 p.
DEVILLERS (Phillipe), Histoire de Vietnam, de 1940 à 1952,
Paris, Seuil, 1952, 477 p.
GROSSER (Alfred), La IVè République et sa politique extérieure,
Paris, A. Colin, 2è éd. 1967, 427 p.
4) Ouvrages traitant de la bataille de Dien-Biên Phu et de la
.
fin de la guerre (aspect politiques et militaires).
DEVILLERS (Philippe)
et LACOUTURE (Jean), Vietnam : de la
guerre française à la guerre américaine Paris,
le Seuil, 1969, 430 p.
FALL (Bernard), Dien-Biên-Phu, un coin d'enfer, Paris, Laffont
1968, 574 p.
Dernières réflexions sur une guerre, Paris, Laffont,
1968, 252 p.
LANGLAIS (Pierre), Dien-Biên-Phu, Paris, éd. France Empire,
1963, 269 p.
RENALD (Jean), L'Enfer de Dien-Bi~n-Phu, Pariô, Flammarion,
1955, 227 p.

420/
ROY (Jules), La bataille de Dien-Biên-Phu, Paris, R. Julliard,
1962, 612 p.
5) Ouvrages évoquant la décolonisation
GRIMAL (Henri), La décotoJJisation 1919/1963). Paris, A. Colin,
1965, 476 p.
GANIAGE (Jean) et DESCHAMPS (Hubert), L'Afrique au XXè siècle
1900/1965, Paris, Sirey, 1966, 612 p.
NOUSCHI (André) et AGULON (Maurice), La France de 1940, à
nos jours, Paris, Nathan 1972, 238 p.
YACONO (Xavier), Les Grandes étapes de la décolonisation
française, P.U.F., QSJ, 1979, 126 p.
B) Articles de Revues
1) Sur l'endoctrinement idéologique et les prisonniers de
guerre
BRUGE (André), I1Les lavageSde cerveau", in Historia Hors série
N° 25, "Le duel 1951/1955", p. 54-66.
BEUCLER (J.J.), "Prisonnier des Viets", in Historia, n
392,
juillet 1979, p. 32-45.
BONNAFOUS (Robert), "Deux camps de prisioniers dans le Thank
Hoa Indochine" 1954, In Cahiers de Montpellier
n° 3, 1981 pp. 6-38.
casella (Alexandre), "Le sort des partisans capturés en guerre
révolutionnaire", in le Monde, 9 juillet 1970, p 2.

421/
GRAN D'ESNON (Commandant), "Endoctrinement des P.G. dans les
camps viets", Revue des Forces terrestres, n° 6,
octobre 1956, p. 31-40.
2) Sur les Problêmes liés à la dévaluation (mai 1953).
DUPUESCH (Jacques), "Le trafic des piastres, un scandale
qui se prolonge, in le Monde du 20 novembre 1952,
p. 14-20.
MEYER (Charles), "Le trafic des piastres", in Historia Hors
série n° 25 p. 67-72.
3) Sur quelque aspect politique et militaire de la guerre
DUVAL (lVl) , "Le cessez-le-feu du Vietnam : le bilan et les
grandes dates de huit années d'hostilité" in
France Indochine, n
111, Août/septembre 1954,
p. 188-190.
MEYER (Charles), "La premiêre guerre d'Indochine", in Historia
Magazine, n° 190, 5 Août 1971.

422/
PREMIERE PARTIE
LES DEBUTS DE L'AVENTURE INDOCHINOISE DES
TIRAILLEURS SENEGALAIS LES CONDITIONS DE DEPART
ET LES PREMIERES ACTIVITES MILITAIRES
(avril 1947-1er janvier 1950).
CHAPITRE I
LES CONDITIONS DE L'ENGAGEMENT ET LES PRINCIPAUX
ASPECTS DE L'EFFORT HUMAIN DE L'AFRIQUE NrIRE
(avril 1947-1er janvier 1950) •••••.•..•...•...
p.11-43
A) Les raisons objectives de l'aepel à l'Afrique
Noire
..
p.13-18
1) L~ raisons militaires ••••••...••.....
p.14-15
2)
Les raisons juridico politiques ••....
p.15-16
3) Les raisons psychologiques •••.•••.•••
p.16-17
B) L'idée de la participation africaine: la Genœe
p.1B-30
1)
Le départ manqué de 1944 ............;- ••••.
p.18-19
2) La réapparition de l'idée .......................
p.19-21
j
3) La paternité au Maréchal Juin ? .............
p.21-24
4) Le "débat" interne sur l'envoi des troupes
Sénégalaises en 1ndochine ............................
p.24-30
c: L' Aeplication de l'idée en Afrique : Recr·utement
et Service Extérieur . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . '...
p.30-43
1) l'organisation du recrutement en AOf/AEF
p.31-35
a)
Le Recrutement par voie d t ap pe L,' •.••••
p.31-34
b)
L'Engagement volontaire . . . . . . . . . . . . . •
r· 34- 35
2)
Recrutement et service extérieur
.
fJ·35-43
a) La recherche de la sécurité matérielle p.37-41
b ) L'Armée "pourvoyeuse" di' emploi. •.•..•. p. 41-42
c) Les engagés volontaires: les cas
particuliers ••••.•••••••....•.....••.. p.42-43
\\

423/
....
D) La contribution humaine de l'Afrique Noire à
l'effort de guerre en Indochine: La 1ère
phase ou la mise en place des effectifs
(mi-1947-1er janvier 1950) •••••• '........
p.44-67
1) La faiblesse des effectifs africains
ou le temps des essais (avril 1947
jan vie r
1 948 ) ••••••••••••••.••••••••
p.44-54
2)
Le tournant de 1949 . . . . • . . • . . . . . . . .
p.54-65
3) L'importance de la contribution
africaine dans le cadre de l'effort
global de l'Union Française
.
p.65-66
E)
Propos d'Etape ••••.••••••••••...•...•.•.
p.67-68
CHAPITRE 11/ LE SEJOUR INDOCHINOIS DES TIRAILLEURS SENEGA-
LAIS: LA PERIODE 1947-1950 OU "L'ER~
TRANQUI LLE" •••• •'•••••••••••••••••••• '•••••••••
p.69-114
A) Les Inquiétudes des Autorités (avril 1947-
1949) ••••••••••••••••• : •••••••••••••••••••
p.70-73
E) L'Instruction précoloniale des r~nforts
Sénégalais à Fréjua : Aspects et résultats .. p.73-78
C) Les formes de l'Engagement militaire des
unités africaines: Activités et valeur
combatl:ive 1948-1950 •••••.••••••••..•.......• p.78-89
1)
Les E.M.T.S. face à là Guérilla . . . . . . p.78-79
a) Les opérations de nettoyage
p. 79-80
b)
La protection des convois et axes
de communication ••••.............. p.80-B4
c) Les Postes et l'activité militaire p.S4
2)
Eilan et valeur comb~ive des soldats
Africains
p.B4-B9.

424/
D) La propagande V.M. face aux tirailleurs Sénégalais
Aspects et méthodes...................
p.B9- 114
1)
Les principes de base ••••••••..•• ~.
p.B9-91
2)
Les objectifs de la propagande V.M.
p.92-93
3)
Les Aspects de la propagande viet à
l'endroit des Sénégalais •••••••••••
p.SJ-113
a) La propagande écrite: le tract VM p.9J-1D3
b) Le "chèque d'Amitié" ou fiche de
traitement spécial (Biet-Dai) ...•• p.1D4-1D9
c) Les Brigades d'amour •.•..•••••·.•.. p.1D9-111
d) Le "Porte-voix" ou les harangues du
Colonel Zaoro •••••••••...••.......• p .111-11 4
DE UX1n1E r Mn l E
LE SEcnND ASPECT DU SEJOUR INDOCHINnI~ DES
TIRAILLEURS SENEGALAIS: L'ERE DES DIFFICULTr~
(1950-1954).
CHAPITRE 1/ L'EVOLUTION DE LA SITUATION POLITIen MILITAIRE ET LE
DEVELOPPEMENT DES FORCES MILITAIRES AFRICAINES
(1950-1954) ••••••••••••••••••••.••••...... ·.
p.115-141
A) L'évolution de la situation politique et
militaire et ses conséquences (fin 1949
débu t
1950) •.••••••••••.•••••••.•.•...•.
p. 11 5-1 Z1
en Chine
1)
La fin de la guerre civile/(fin 1949) •.
p.115-117
2)
Le développement du potentiel militaire
viet et la naissance de l'Armée flopulaire p. 1.17-121
B) L'Accroissement des Forces militaires Afri-
caines : conséquence de l'évolution politique
et mili·taire
p. 121-12:'
,

425/
1) La création des nouveaux bataillons de marche
et des eompagnies de Garde de l'Air (C.G.A) p.12~127
a) La création des B.M •••••••••••••••••••• p.121-126'
b)
La création des Compagni~ de Garde de
l'Air . . . . • . . • . • . • . . . • . . • . . . . . . . . . . . . . .
p.12.6
2) L'Accroissement des effectifs africains
a)
Les raisons . . . . . • . . . . . . . • . . . . . . . . . . . .
b) L'arrivée des nouveaux personnels·'
d'Afrique . . . . . . • • . . . . • . . . . . . . . . . . . . . •
p.134-138
CHAPITRE 11/ LES PROBLEMES CONCRETS gUE POSENT LA TROUPE SENEGALAISE
(janvier 1950-iuin 1954) ••••••••••••••••••.••••• p.141-230
A) Le Danger de l'Action psychologique V.M et
le changement de stratégie •••••.•..........
P.141-182·
1) De l'utilisation du prisonnier de guerre
en tant qu'instrument de propagande ....•
p.142-144
2) La rééducation manuelle à l'éducation
poli tique
.
p.144-161
a) Le P.G.A. et le travail manuel ......•
p.145-151
b) "L'éducation politique du P.G.A :As-
pects et méthodes •.••••••.........••
p.151-159
3) Les "l'bé
J.
ra t"a oris an t'a c ,a p ,e e s " •.•.•••••.•
p.1 61 -171
a) Les conditions de la libération ..•••
p.r61-162
b)
La libération • • • . . . • . • • . . . . . . . . . . . . .
p.r62-171
4) L'Action psychologique V.M. à l'endroit
1
des Africains:quelle efficacité ?~ •.•..
p.171-173:
'Ii
...

426/
B) La guestion psychologique et l'attitude des tirail-
. ~
leurs..... . . . . •
p.1B2-216
1) Les rapports humains ••••••••••.••.••..•.•....
p.l B2-204'
a) Relations 'officiers Européens-hommes de
troupe Africains .•.•••••••••.•.••••...•..•
p.1B2-19B
b )
Les re lations entre les Africains
'.
p .1,9B-202
c) Relations tirailleurs-Africains/Vietnamiens
p , '?02-204
2)
Les " ~1 Ysté rie ux 0 ub1 i s " deI a Pre s se. . . . . . . . . .
p.204-20B
3)
La vie en "Poste" ou l'usure morale .••.•.•..•.
p.208-216
C)
La gues tion matérielle et financière.............
p. 216-220
1)
Le paiement des imp5ts et des allocations fami-
liales
p.217-219
"
Il
2)
Les mandats retournés ••••••.•.•••••.••••.••.••
p.219
3)
Le rapatriement et la question des bagages ••••
p.220
D) L'Activité milit,ire des unit~s Sénégalais~de.
1950 à mai 1954 ••••••••••••••••••••••••••••••. ~!.
p.220-2JO
1) Les unités africaines face aux attaques viets.
p.220-225
a) Les attaques viets sur le Delta (26-30 décem-
bre
1950) . . . • • • . . . . . . • • • • . • . • • • • • . . . . . . . . . .
p.220-224
b ) L'année 1951 •••, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
p. 224-225
2) Les uni tés africaines dans la "guerre éc o nomdque " p. 225-2
3)
La participation des formations africaines aux
grandes opérations militaires ••••..•..•.•.•••.••

427/
CHAPITRE III /
L'ATTITUDE DES AUTORITES MILITAIRES FACE A LA
QUESTION SENEGALAISE: LES INITIATIVES ET LEURS
....
LIMITES (avril 1952-mai 1954t.... . . . . . . . .
p.231
A) L'Encadrement administratif et psychologique:
la création du Bureau des "Affaires Militaires
Africaines" (A.M.A avril 1952) •••••••••.•••
p .231-236
1) création et objectifs ••••••••••..•••.•.•.
p.231-234
2) Organisation et fonctionne~nt•..•...•..
p .235-236
E) L'Encadrement psychologique ou les efforts de
protection du moral africain •••••..•..•. '..•.
p. 23 6-2 76
1)
Les initiatives locales visant à protéger
lem 0 r a I • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •~ .••••••••
p .236-252
a) L'action des A.M.A •.•.••.••...•.••..
p. 236- 238
b)
L'action du Haut-commandement .•••.••
p.238-252
2) .L'aide de l'Afrique à ses combattants en
Indochine ou l'aide morale extérieure ...
p.252-260
a) Le dynamisme du Haut-Commissariat de
l'A.O.F • • . • . • . • • • . • • • • • . • • . • . . . . . . . . .
p.252-256
b)
L'aide matérielle ••••••••••••••••.•.•
p.256-260;
.'J
3) La question des décorations et avancements p.260-276
a) Le problème des citations .•.•••••.••••• p.260-268
b)
L'avancement et ses problèmes .....•.••. p.268-276

428/
C) L'axret brutal du
redressement moral:
la dévaluation
de la piastre
(llmai 1953).................
p.276-299
1) Les origines de la dévaluation ••••••••••
p.276-281
a)
Le trafic de la piastre...............
p.277-279
b) Les conséquences financières,
politiques
et morales du
trafic •••••••••••••••.•
p.279-281
2)
Les répercus810ns de la dévaluation et
l'attitude du tirailleur •••••••••..•••••
p.281-285
a)
Les conséquences matérielles,
financières
et sociales
.
p.282-289
1)
la réorganisation financière
:l'ins-
ti tution du compte-pécule • . • . . . . . . .
p.282-284
2) La piminution de la solde ••.•••••••
p.284-285
3)
La question du
remboursement des
mandats émis avan t
le 11 mai .•...·••
p.285-286
4)
Les effets de la dévaluation ••.....
p.286-288
b)
Le moral africain et la dévaluation:
désil-
lusion et mécontentement •••••••.......•...
p.2B9-29D
3) Les mesures d'accompagnement et le déblocage
de la situation
.
p.291-299
a)
La lenteur des mesures d'accompagnement.
p.291-292
b)
La création de l'indemnité compensatrice
le décret du 25 juin 1953 •••••••.•.•. : •••. p.292-294
c)
La libération partielle du compte pécule
ou le début du redressement moral ••..••.•
p.294-296
4) Les mesures complémentaires •••••••••••••••••
p.296-299
a)
la réévaluation des avoirs en piastres •••
p.296-297
b)
La révalorisation des mandats retournés ••
p.297-299

4291
TRDISIEME PARTIE
LA FIN BRUSQUE DE LA GUERRE ET LES PROBLEMES posrs
PAR LA LIBERATION ET LE RETOUR DES PRISrNNIER5 DE
GUERRE AFRICAINS (MAI 1954-1955)
CHAPITRE Il LA EATAILLE DE DIEN-ElEN-PHU. LA CAPTIVITE ET SES
CONSEQUENCES : LE CAS DES PRISONNIERS DE GUERRE
AFRICAINS •••••••••••••••••••.••.•....•...
p.300-347
A) Lee tirailleurs Sénégalais et Dien-Biên-Phu
Quelle participation? •••••••••••••••.••••
p.302-31D
1) La bataille de Dien-Bien-Phu •••••••••••.
p.302-306
2)
La présence africaine à Dien-Bi@n-Phu •••
p.306-310
B) Les conséquences de le défaite francaise
La captivitd et l'action psychologique V.M.
(7 mai 1954 au 18 aoOt 1954) ••••.••••••••••
p.311-331
1)
Le dépatt en captivité ou la "longue
marche"des P.G.F ••••.••••••••.•.••..•.••
p.311-314
2)
L'entreprise de démoralisation Viet :liul-
time tentative psychologique à l'endroit
des Africains •••••••••••••••..•......•••
p.314-329
a) L'exploitation de la défaite française p.315-316
b)
L'irresponsabilité des Africains dans
la guerre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . .
p.316-31E
c) Les tentatives d'éveil du Nationalisme
africain .•.•.••••••••••..•.•......••.• p.31B-32~
d) Les P.G.A et la rédaction des ~Motions"p.323-331
1) Les motions de soutien à l'oeuvre
de paix du président HO .•••.•••.••• p. 323-32·
2)
Procès de la France coloniale et
présence africaine en Indochine .••
p.327-32~
3)
Paix et rapatriement •.•.••••••••••
p.329-33'

430/
c) Les libérations et l'6tat d'esprit des prisonniers
de gue r r e Af ri c a i ns lib é rés par leV. ~1 • • • • • • • •• p. 3 3 1- 34 7
1) Les Accords de Genève et la question des P.G p.331-333
2)
L'heure de/rfbération : les pri~cipales
étapes . . • . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . .
p.334-340
3) Le bilan des échanges des P.G.f..........
p.340-341
4) Le moral et l'état d'esprit des prisonniers
Africains libérés par le V.M. (P.G.A.L.). Les
craintes françaises étaient-elles justifiées?r.341-347
a) L'Etat sanitaire ••••••••••••••••.••••••
p.341-343
b) Du moral et de l'état d'esprit des
Africains libérés •••.•••••••••••.••••••
p.343-347

431/
CHAPITRE III INQUIETUDES ET REACTIONS DES AUTORITES FRANCAISES : DES
"ACCORDS DE GENEVE:" AUX EVENEMENTS D'AFRIQUE DU NORD
(juillet 1954-décembre 1955)...........
p.34B-399
A) Le règlement des problèmes en suspens .••
p.349-366
1)
L'action des "Affaires Africaines"
dans les "Centres de Repos" ••••.•••••
p.349-351
2)
Le règlement des problèmes administratifs
psychologiques et sociaux............
p.351-353
a) Le régime provisoire de solde ou ~es
premières mesures concernant la situa-
tion financière
des ex-P.G.F ••.•••••
p.353-36
b)
Les prisonniers de guerre Africains et
la question des décorations...........
p.36D-36
3) Les Autorités et le cas des "Africa~~ens"
p.364-36
a) Le cessez-le-feu et se. conséquences : la réorganisatic
des formations Africaines...................
p.366-3j
1)
La création des régiments d'Infanterie
coloniale
.
p.366-3l
2)
Le rédéploiement des formations
.
p.368-3l
3) Les conséquences néfastes du cessez-le-feu
sur le comportement du tirailleur : la
déb§cle disciplinaire ..•.•.•••.•••• ~ •.•••
p.369-3"
a)
La "Nostalgie" du Tonkin ••..•....•.•••
p.360-3'
b)
Le dévelop~ement de "l'encongayacie" ..•
p.371-3'

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432/
C)
Le dernier acte psychologique français
:
le suivi du
moral et de l'état d'esprit:
du cessez-le-feu aux
évènements d'Afrique du Nord.............
p.375-395
1)
L'évolution du moral africain:
du cessez-
le-feu au repli •.•••.•••.••••••....•....
p.375-379
2)
Les préoccupations des tirailleurs à la
fin de la guerre .....•...•.•.••.•••. . . ~
p.379-3B6
p.3AD-3B3
p.3B3-3B6
J)
Les
face aux évènements
d'Afrique du Nord •••••••••••••••••• ~ ••••••
p.3B6-395
a)
L'Insurrection Algérienne 1er novembre
1 954 ••••••••••••••••••••••••••••••••••
p.387-3B9
b)
Les troubles politiques du Maroc ••••••
p.389-39D
c)
L'évolution de la Tunisie vers l'Auto-
nomie interne et ses conséquences.~•••
p.39D-391
d)
L'attitude des tirailleurs Sénégalais
face aux "évènements d'Afrique du Nord"
"Indifférence" ou "Attentisme" ?
••••••
f
Corre lusion
'
.
p.396-403:
Bibliographie
.
p.4D4-421 .
,""1
Plan . . . • . . • • . • . . . . . . . • . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . .
p.422'-!'4321'