UNIVERSITE DE BORDEAUX 1
Faculté des Sciences Economiques
RECHERCHE
DES FACTEURS EXPLICATIFS DES SALAIRES
EN COTE-D'IVOIRE
Thèse du Doctorat de Troisième Cycle es Sciences Economiques
présentée et soutenue publiquement par
KOUADIO BENIE Marcel
Président: M. Marc PENOUIL
Vice-Président de l'Université de Bordeaux 1
Professeur à l'Université de Bordeaux 1
Directeur du Centre d'Economie du Développement
Suffragants: M. Pierre DELFAUD
Professeur à l'Université de Bordeaux 1
Directeur du Centre de Documentation et Recherche Européennes
M. Jean-Pierre LACHAUD
Maitre de Conférences à l'Université de Bordeaux 1
Responsable des Enquêtes au Centre d'Economie du Développement
- AVRIL 1985-
,.
ih
!, 1
__ L_

I.
- REMERCLEMENTS -
=-=-=-=-=-=-=
Ce travail. que nous 1, ivrons aux éventuet s 1, ecteurs n'a été pos-
sibt e que grâce à 1, 1 encadrement, aux co nse1,1s, aux soutiens morat et maté-
riet du Professeur Marc PENOUIL.
Nous avons été égat ement suivi par 1, e Maitre de Conférences
Jean-Pierre LACHAUD dont ta disponibitité et ta rigueur scientifique nous
ont été bénéfiques.
Nous remercions 1, e Professeur Jean-Chart es ASSELAIN JXJur 1, es cri-
tiques qu 1 it a pu formut el' sur une partie de ce travait ; 1, es rencontres
que nous avons eues avec 1, ui nous ont éctairé sur certains aspects de notre
étude.
Nos remerciements vont égatement au MaUre de Conférences Bernard
LAVAL avec qui nous avons eu certaines discussions fructueuses.
Que Nichet CAZALS, Chercheur au Laboratoire d'Anatyse et de Re-
cherche Economiques (L.A.R.E.J trouve t'expression de notre reconnaissance
pour 1, 'aide qu'it nous a apportée tors du traitement de nos données.
Nous remercions aussi Mme Françoise ACHIO de 1, ' ONFP JXJur 1, es don-
nées statistiques qu'ette a mises à notre disposition.
Enfin nous ne saurions oubtier notre compagne Françoise GOUHIZOUN
pour 1, es efforts qu'et1, e a fournis pour que ce travait fût ; Ml, 1, e Nicot e
ANTOINETTE pour avoir accepté de nous retire et NLte M-T. HERRERA qui a
dactyt ographié ce travait.
1
j
-

II.
PLAN SOMMAIRE
PAGE
INTRODUCTION ......••....•..•........•••...•.....••..•....•.
PREMIERE PARTIE: LES TRANSFOR.\\1ATlONS DU ,.,ARCHE DU ïRAVAIL
12
Chapitre l : L'ana1,yse de ta structure et de 1, 'évo1,ution
de t'emploi ••••.•.••••••.•.•..••..•••••••
15
Chapitre II : L' évo1, ution du taux de sa1,ariat et ses imp1, i-
cations sur tes sa1,aires ••••••••••••••••••
46
Chapitre III: Les modifications de ta structure des sa-
taipes ••.•••••.••••••••.••••.•••.••••..•••
69
DEUXIEME PARTIE: LES INTERFERENCES AU MARCHE DU TRAVAIL .•.
131
Chapitre IV: Les interférences directes •••••••••••••••
133
Chapitre V: Les interférences indirectes ••••••••••••••
162
CONCLUSION GENERALE •.••••....••.•.••••••...•....••..••••.••
219
BIBLIOGRAPHIE .•...••••.••••.....•••••.•••.•.••••.•••••.••.•
253
TABLE DES MATIERES •.••.••.•••••••••••••••••.••..••.•.•••..•
276
-

1•
1 N T R 0 0 U C T ION
=-=-=-=-=-=-=-:-=-=-=-=
Quel est l'intérêt d'une étude sur les salaires alors que la
majorité de la population ivoirienne est exclue du salariat?
La proportion des salariés dans la population active est fai-
ble. La valeur peu élevée du taux de salpr~t tient A la spécificité de
la Côte-d'Ivoire. En effet, malgré une ràp~e urbanisation (progression
annuelle de 8 % par an), la Côte-d'Ivoire est encore un pays essentiel-
lement rural. A cet effet le Recensement Général de la population de 1975
fait apparaftre que 68 %de la population totale est rurale. A llexcep-
tion des blocs agro-lndustriels qui emploient une faible proportion de
cette population rurale, la majorité des personnes travaille pour son
propre compte sur des petites exploitations agricoles. Le salariat est
par conséquent réduit en milieu rural.
Le second facteur explicatif de la faiblesse du taux de sala-
riat. réside dans la politique industrielle de la Côte-dl Ivoire. La stra-
tégie de cette politique repose essentiellement sur la substitution aux
importations et sur l'incitation A l'exportation. Les industries de subs-
titution
aux importations ont pour vocation de transformer les matières
premières agricoles. En ce qui concerne les industries destinées A l'ex-
portation, elles ont pour objectif d'accrortre les exportations du pays
A partir des matières premières locales. Toutes les deux catégories d'in-
dustries bénéficient de protection tarifaire et non tarifaire. des amé-
nagements fiscaux.
Les industries tournées vers l'exportation ont généré plus
d'emplois que les industries tournées vers le remplacement des importa~
tions. Toutefois, dans l'ensemble la politique industrielle de la COte-
d'Ivoire nia pas permis d'enrayer le chOmage urbain qui prend des propor-
tions inquiétantes. Loin de s'améliorer, la situation de l'emploi dans
les zones urbaines se dégrade règulièrement : le taux d'emplois modernes
(Emplois modernes non agricoles/Ensemble des emplois urbains) qui était
1
1
,
1

2.
égal â 43,7 %en 1975 tombera â 40,4 %en 1985 (1). La réduction du vo-
lume de l'emploi est liée â la contraction de la capacité d'absorption
de l'économie: le taux d'emplois effectifs (ensemble d'emplois urbainsl
population disponible pour l'emploi) qui s'élevait â 87,4 %en 1975 sera
égal â 72,8 %en 1985 (2).
Le secteur moderne offre de moins en moins d'emplois parce
que l'intensité capitalistique ne cesse de s'accroître â cause de la
baisse relative du coOt du capital. Par ailleurs, la croissance économi-
Que exige une main-d'oeuvre qualifiée. Or, la plupart des demandeurs
d'emploi n'ont pas la qualification requise pour occuper l'emploi auquel
ils postulent.
En définitive, la faible proportion des salariés dans la popu-
lation active résulte donc de la Quasi-inexist nte du salariat en milieu
rural, de l'insuffisance de la CllPllCité d'absorption de l'économie en ma-
tière d'emploi et de l'absence de forrnation pour la plupart des personnes
d5sireuses de travailler. Elle entretient llinégalité des revenus (3).
La réflexion sur les salaires garde tout son intérêt, malgré
la faible valeur du taux de salariat. cette réflexion se fera dans le ca-
dre de la stratégie de développement de la COte-d'Ivoire.
A - La stratégie de développement et les salaires
Cette stratégie qui s'inscrit dans la logique rostowienne de
développement, a pour principal objectif une forte croissance.
1) L'impact de la distribution des salaires sur la crois-
sance
Pour réaliser une forte croissance, on a "deux exigences con-
tradictoires" : soit favoriser la disparité des salaires pour dégager
l'épargne nécessaire â l'investissement productif, soit développer le
marché intérieur en incitant la consommation des biens courants.
( 1) FLan quinquennal. 1981/1985. Tome 1. p. 206.
( 2) PLan quinquennal. 1981/1985. Tome 1. p. 206.
( :5) J.
LEÇAILLON. ''ta r.2'O~s~ance et 7, 'in4ga7,it4 des revenus". In
FutU1''f,b7, es ~ n 0 Ho1"8 8t:l'ne. 1976. p. 2'2.
-

3.
Les faits économiques ont amené certains auteurs à établir
un lien entre la croissance et l'inégalité des revenus. Ces auteur~
notamment KUZNETS (1955), affirment que la distribution des revenus
exerce un effet sur la croissance. Selon cet auteur, l'inégalité des
revenus est favorable à la croissance:
- si les revenus élevés proviennent des activités très utiles
à la croissance ;
- si ces revenus sont épargnés et investis convenablement ;
- s'il existe une égalité des chances économiques;
- si l'accord est général de consacrer les revenus présents
à l'investissement.
L'inégalité des revenus est donc perçue comme la dynamique
de la croissance économique dans ces conditions. Cette hypoth~se a été
faite à partir de l'expériel1c~ des pays actuellp.ment industriülisés. EI1 effet,
ces pays ont connu une forte inégalité des revenus au début de leur crois-
sance économique. Une telle évolution est inévitable pour les P.V.D. can-
didats à une forte croissance.
L'argument avancé pour justifier cette évolution est que l'iné-
galité des revenus accroît l'épargne et les profits indispensables à l'ac-
cumulation du capital.
La concentration des revenus est perçue comme une source d'épar-
gne. Elle conduit dans la logique de l'économie de marché à l'acceptation
de disparité de revenus entre les personnes. La liaison épargne-revenu
est critiquable. Une enquête de l'O.N.U. indique que le taux d'épargne
ne dépend pas du niveau des revenus. Il n'est pas sOr que l'inégalité des
revenus contribue à accrottre l'épargne nationale. L'effet d'imitation
sur le plan individuel et sur le plan collectif réduit la part du revenu
qui peut être affectée à l'épargne (4). Au niveau individuel, on obser-
ve que la bourgeoisie IIloca lell ou IIcompradorell des pays' en voie de déve-
loppement imite le mode de vie des classes aisées des pays développés.
,1'
(4 ) Na:I'c PENOUIL. Socio- - economie
du sous-développement. DaHoa.
1979. p. 318-319.

4.
Une\\'telle imitation conduit nécessairement au désépargne et inflige une
perte de devises étrangères à l'économie nationale puisqu'il s'agit d'im-
porter des biens de luxe.
Au niveau collectif, la réalisation des projets de prestige
contribue au désépargne de l'économie.
L'inégalité des revenus ne contribue pas nécessairement à la
formation de l'épargne parce que les cadres étrangers qui perçoivent des
salaires élevés placent leurs économies dans leur pays d'origine. Il en
est de même des entreprises étrangères qui rapatrient leurs bénéfices.
La concentration des revenus peut être une source de gaspillage
si elle ne sert pas à financer les activités productives qui soutiennent
la croissance. Elle tend à bloquer les mécanismes de la croissance lorsque
la production des industries de substitution aux importations est orientée
vers les produits de base .que la plupart des travailleurs ne peuvent pas
s'en procurer. A la longue, ces industries vont disparaître par manque de
marché intérieur.
En Côte-d'Ivoire, le marché intérieur est trop étroit, ce qui
constitue un handicap majeur pour la politique industrielle. L'étroitesse
du marché s'explique en partie par l'inégale répartition des salaires.
La main-d'oeuvre banale, qui est majoritaire, reçoit un salaire minimum
qui lui permet de satisfaire ses besoins de première nécessité et ceux
de sa grande famille.
La concentration des revenus telle que le préconisent certains
auteurs, n'est favorable à la croissance économique que s'il existe dans
les P.V.O. des institutions financières capables de mobiliser l'épargne
et une classe d'entrepreneur qui sera à même de l'investir dans les ac-
tivités productives.
Selon STRASSMAN, la grande inégalité empêcherait la croissance
pour les raisons suivantes
- les rendements sont croissants dans les industries de consom-
mation courante et décroissants dans les industries de luxe ;
-

5.
- l'efficacité marginale du capital diminue lorsque la de-
mande est orientée vers les industries de luxe et augmente si la de-
mande se porte vers les biens de consommation courante
(5).
La concentration des revenus serait donc néfaste en Côte-
dl Ivoire, car nous l'avons déja souligné, les classes aisées consom-
ment des produits de luxe.
Elles minimisent de ce fait l'efficacité marginale du capital
si on s'en tient a la logique de STRASSMAN. Pour cet auteur, il est pos-
sible d'accroître llefficacité marginale du capital et le volume de l'é-
pargne en redistribuant le revenu. Cette distribution vise la structure
de la consommation de masse.
STRASSMAN montre que si l'élasticité de revenu de la demande
de biens de masse de la part des travailleurs slaccroft, l'efficacité
marginale du capital et du travail des biens d'équipement augmentera.
La démarche de cet auteur vise réellement l'inégailité de consommation.
Cette inégalité est néfaste a la croissance parce qu'elle favorise les
industries de luxe. Elle engendre la stagnation de l'économie. L'auteur
sien prend a l'inégalité des revenus parce que c'est elle qui est respon-
sable de l'inégalité de la consommation.
En définitive, pour dégager l'épargne nécessaire a llaccumu-
lation du capital et pour développer le marché intérieur, il faut un
"taux de concentration optimum pour la croissance". Ce taux de concentra-
tion est une exigence dans la mesure 00 quelque soit le régime économique,
il faut une accumulation du capital pour réaliser les investissements
productifs. Cette accumulation peut être l'oeuvre d'une minorité de per-
sonnes,soit de l'Etat. Le taux de concentration optimum représente donc
la concentration de revenu indispensable a la croissance sans la mettre
en péril. Cette concentration est d'autant plus indispensable qu'elle
constitue une contrainte pour tout modèle de croissance.
( 5) Ch. MORRISSON. ln. répartition des revenus dans le Tiers-1J!onde.
édition. CUjas. 1968. p. 241.

6.
On retiendra donc que la distribution des revenus, plus pré-
cisément des salaires/peut favoriser ou bloquer la croissance. Elle
contribue a la croissance quand elle permet a une minorité d'individus
ou a l'Etat de dégager l'épargne nécessaire a 11 investissement produc-
tif. Elle constitue un obstacle quand la disparité des salaires accélé-
ré la consommation de luxe.
L'étroitesse du marché ivoirien, handicap a l'industrie de subs-
titution aux importations, concrétise les effets négatifs sur la,croissan-
ce d'une concentration des salaires dans les mains d'une minorité (les
expatriés et quelques cadres supérieurs ivoiriens). Si l'inégalité des
salaires peut avoir un effet bénéfique sur la croissance économique, elle
est accentuée par cette croissance.
2) .L 1 incidencp. d~ la croi .:;c:;anr.e ~conor,1Ïque SUi I.e.:; salaires
La poursuite d'une croissance forte est incompatible avec une
répartition égaJitaire des revenus. Cette hypothèse s'est vérifiée his-
toriquement. C'est KUZNETS, en se référant a l'histoire des pays indus-
tr'ialisés, notamment les Etats-Uni s ,qui a montré qu'au cours du procec:;slJs
de croissance, l'inégalité progresse. Il en déduit que les P.V.O vont
connaftre la même évolution. Selon cet auteur l'inégalité décroft lors-
que le pays atteint un certain seuil de développement.
En comparant les revenus des P.V.O. a ceux des P.O., il aboutit
a la conclusion selon laquelle la répartition des revenus est plus inéga-
litaire dans les premiers que dans les seconds. cette inégalité résulte
de la concentration du revenu dans la catégorie supérieure qui est cons-
tituée par une minorité de personnes.
L'hypothèse de KUZNETS selon laquelle l'inégalité est plus
marquée dans les pays du Tiers-Monde est confirmée par KRAVIS a la suite
d'une importante étude.
KUZNETS a fait ~ema~quei par ailleurs, que la part des catégo-
ries inférieures de revenus est plus élevée dans les P.V.O. que dans les
--

7.
3) Les salalres et tes ël.Cti\\lit~s informelles
L'utilisation des méthodes de production intensives en capi-
tal, pour réaliser une forte croissance, a contribué Afreiner, voire
même A réduire le volume de l'emploi du secteur moderne. La restriction
de la capacité d'absorption du secteur moderne et le flux migratoire
Campagne-Ville ont engendré un important excédent de main-d'oeuvre dont
une grande partie s'est orientée vers les activités informelles. Ces ac-
tivités constituent l'unique moyen de subsistance de ces populations ex-
clues du système productif moderne. Ce mouvement de la population du sec--
teur moderne vers les activités informelles est qualltl~ dl Il effet de re-
.fou~er:1ent". La population acth'e du sectt~l!r informel va continuer à slac-
c;~ortre à cause de la raj~eté des opportuni tés d,' emploi s offerts par le
')ûcteur r.loderne aux migrants. ~et accroissement de la population du sec-
teur informel traduit 1IIIeffet cumulatif ll •
Sous l'influence de ces deux effets, la part de l'emploi du
secteur informel dans l'emploi total de l'économie urbaine est passée de
47,12 %en 1965 à 52,35 %en 1978. Le pourcentage de variat~on au cours
de cette période ê été de l'ordre de 1'1,09 % = 52,35 % - 47,12 %.
L'existence de .00 "réservoi r de main-d'oeuvre" devrai t fai re
baisser les salaires du secteur moderne. En réalité, on observe que les
salaires ne cessent de slaccrottre sous l'impulsion des forces du marché
et des forces hors du marché (les forces institutionnelles). Une telle
évolution des salaires a des répercussions sur le secteur informel. Se-
lon John WEEKS (1975), llaugmentation des salaires dans le secteur "struc-
ture' stimule la production du secteur non structuré. Le secteur structu-
ré peut être amené à substituer une partie de sa production ~ celle
du secteur informel dont la fabrication nécessiterait des coOts de pro-
duction élevés en raison de l'augmentation des salaires. L'augmentation
des salaires peut engendrer la hausse des prix des produits du secteur
moderne; elle va inciter par conséquent les consommateurs à se tournet
v\\:!rs .les produi ts du secteur informel dont .les prix sont généralement bas
Malgré ces effets favorables de la hausse des salaires du sec-
teur modern~ WEEKS pense quiA longue échéance les conséquences seront
--

8.
P.D. En revanche, la part des catégories supérieures de revenus est
plus élevée dans les premiel's que dans les derniers. La concentration
ilU sGin de cette catégorie supérieure des reven.us est également plus
important~ dans le Tiers-Monde que' dans les pays industrialisés.
Au cours d'une étude collective, les auteurs AHLUWALIA, BELL,
CHENERY, DULOY et JOLLY ont défini trois niveaux d'inégalité (élevée,
moyenne et faible) et ont établi des classes de revenus par habitant
en fonction du revenu. Ils divisent la population totale en trois par-
ties : 40 %représente la population la plus pauvre, 40 %, la popula-
tion qui représente la classe intermédiaire et 20 % les ménages les plus
aisés. Ils déterminent la part du revenu national qui revient à chaque
proportion. Ils constatent que l'inégalité relative est plus marquée
dans la plupart des P.S.D. bien que certains d'entres eux fassent exception.
En ce qui concerne la COte-d'Ivoire, elle fait partie du grou-
pe de pays où l'inégalité est forte. En effet, en 1970, 40 % de la popu-
lation la plus pauvre n'ont perçu que 10,8 %du revenu national. Les
40 %de la population représentative de la classe moyenne se sont vus
attribuer 32,1 %du revenu national. Quant aux 20 %de la frange de la
population, la plus aisée, i.ls ont accaparé 57,1 ~~ du revenu natio-
nal (6). L'étude de ces auteurs indique que la répartition des revenus
est très inégalitaire. D'autres études telles que celle de F. PAUKERT
(1973) aboutissent à la même conclusion. Au cours de notre d~veloppernent
nous vérifierons cette hypothèse.
Si la croissance économique ivoirienne s'accompagne d'une
forte inégalité des revenus, on est en droit de penser qu'une réparti-
tion inégalitaire est imcompatible avec la recherche d'une forte crois-
sance. L'immense majorité devrait rester pauvre dans cette phase de
IIdécollage ll •
La paupérisation d'une partie importante de la population
accroit la prépondérance des activités informelles qui demeurent sous
l'emprise des salaires du secteur moderne.
( 6) Montek S. AHLUWALIA. Il Inégal ités des revenus : quelques aspects du
probl~e". In Finances et Développement. vol 11. n03.Septembre 1974.
p. 4.
--

9.
plutOt redoutables. En effet, la hausse des salaires du secteur structu-
ré concourt a rendre le secteur informel involutif a long terme, puis-
qu'elle attirera les travailleurs de ce secteur. Les travailleurs du s~ç­
teur non structuré dont les salaires sont, a l'exception des patrons,
inférieurs au SMIG seront enclins a émigrer vers le secteur moderne
dès qu'une opportunité d'emploi s'offrira a eux. Le départ des travail-
leurs du secteur informel vers le secteur moderne justifie la position
des marxistes qui qualifient le premier secteur de "réservoir de main-
d'oeuvre" pour le second. En tant que fournisseur de travail au secteur
dominant, la petite production marchande constitue une source d'accumula-
tion du capital du secteur structuré.
Une étude sur les salaires a donc un intérêt certain parce
qu'elle concerne directement et indirectement la majorité de la popula-
tion active urbaine et la frange jeune de la population rurale. Compte
tenu de l"enjeu que r.~préscntpnt les salai res, il importe de rechercher
les facteurs qui l'expliquent.
B - Objet et méthodologie
La recherche des facteurs explicatifs des salaires se fera
d'abord dans le cadre du Daiché du travail; ensuite en dehors de ce marché.
En nous référant au marché du travail, nous n'avons pas
l'in-
tention de ressusciter l'hypothèse néo-classique selon laquelle le taux
de salaire se détermine par la confrontation de l'offre et de la demande
de travail. Nous voulons simplement montrer qu~ pour une question de lo-
gique, l'emploi peut être envisagé comme le ppint de départ de cette re-
cherche. Cette logique tient a la définition du concePt d'emploi et sur-
tout a la situation de l'emploi.
"
Jean MOULY (1972) définit l'emploi comme étant une situation
dans laquelle une rémunération en monnaie ou en nature est obtenue en
contre partie d'une participation active, personnelle et directe a l'ef-

fort de production"
(7). Ainsi défini le concept de l'emploi englobe
( 7) Jean MOULY : "Quelques remarques sur les concepts d'emploi, de
sous-emploi et de ch8mage. In RQvue Internationale du Travail.
Vol. lOS.
1972. p. 161.

10.
celui des salaires. Le salaire apparaft comme une récompense de l'ef-
fort fourni en participant â la production.
La définition du concept d'emploi par SEN (1975) met davantage
en évidence la relation entre les concepts d'emploi et de salaire. L'au-
teur distingue trois dimensions de l'emploi:
- source de revenu
- contribution â la production
- apport de IIconsidérationll
La définition de SEN. m,ême si elle ne lève pas l'ambiguïté in-
hérente au concept de l'emploi. démontre que le concept de salaire est
inclus dans celui de l'emploi. A ce titre. il apparaft logique d'expli-
quer les salaires par l'emploi.
La situation de l'emploi qui est évolutive, détermine celle
des salaires. En effet. une transformation de la structure de l'emploi
a systématiquement des implications sur la structure des salaires. Par
ailleurs. une augmentation du volume de l'emploi engendre l'accroisse-
ment de la part des travailleurs salariés dans le Revenu National.
Dans cette étude. nous montrerons également que d'autres fac-
teurs expliquent les salaires.
Les éléments de la politique économique tels que l'imposition
du salaire minimum, la fixation d'un Indice des prix à la consommation.
les exonérations fiscales, le choix d'une option technologique à haute
intensité capitalistique, constituent des forces qui entravent le bon
fonctionnement des lois du marché du travail. Ces interférences au mar-
ché du travail. notamment le salaire minimum et les exonérations fis-
cales créent des distorsions sur le marché des facteurs (8). Ces dis-
torsions qui sont citées comme les causes majeures du sous-emploi dans
les P.V.D •• influent également sur le n'iveau des salaires.
( 8) Voir à ce sujet D. BYERLEE, C.K. EICHER, C. LIEDHDL/tf et D.S.C.
SPENCER: "Employment. Output confticts, Factor-Pl'ice. Distorsions
and Choice of Technique: Empirtical Results j'rom Sierra Leone".
In Eoonomic Development and Cultural Change. Vol
31. nO 2. January
1983. p. 319-323.

11.
A partir d'une approche théorique et d'une démarche empi-
rique, nous essayerons d'expliquer les salaires. La démarche théorique
consistera Afaire ~ppel aux hypothèses et aux réflexions qui ont déjê
été faites sur notre centre d'intérêt. En ce qui concerne l'approche em-
pirique de notre étude, elle sera constituée d'un ensemble d'analyses
statistiques, d'études de corrélation et de régression. Cette étude em-
pirique n'a pu être possible que grâce aux données que nous avons pu
recueillir auprès de la Banque des données financières du Ministères de
l'Economie et des Finances, de la Chambre d'Industries et du Commerce et
des services de la Comptabilité Nationale etc ... Les enquêtes de l'O.N.F.P.
nous ont été très utiles.
Pour une question de commodité, nous n'avons pas dissocié
la démarche théorique de la démarche empi rique. Nous avons eu pour souci
de vérifier en permanence les hypothèses que nous posons. Les limites de
cette étude est que nous n'avons pas vérifié toutes les hypothèses.
L'objet de notre étude et la démarche que nous avons adopté,
nous conduisent A suivre ce plan:
1. Les transformations du marché du travail
2. Les interférences au marché du travail
*
*
*

1ère PARTIE :
LES TRANSFœMATIONS llJ MARGE llJ TRAVAIL

13.
Il est inexact d'évoquer l'existence du marché du travail en
Côte-d'Ivoire. La juxtaposition de deux économies, une moderne et l'au-
tre de transition, a une implication sur le marché du travail.
Le secteur moderne considéré comme dynamique, très monétisé
et évolutif, englobe pour l'essentiel, les activités du secteur public
etc~11e5 du secteur privé dont les unités de production sont officiel-
lement reconnues, encouragées, aidées et réglementées par l'Etat. A
une telle structure économique, correspond un marché de travail.
Quant au marché de travail de l'économie de transition, sa
spécificité réside dans les caractéristiques du secteur informel. Selon
John WEEKS (1975), ce secteur non structuré se caractérise par des acti-
vités a petite échelle oa le salariat est très limité et oa l'utilisation
du capital est faible. La spécificité de chaque secteur confère au mar-
ché du travail un caractère hétérogène.
Au cours de cette étude, nous nous intéresserons uniquement
a un aspect de ce marché hétérogène de travail. Il s'agit du marché du
travail du secteur moderne.
SUr ce marché du travail, on observe une mutation de la struc-
ture de l'emploi sous l'impulsion des politiques de formation et d'ivoi-
risation (Chap. 1).
Cette modification structurelle s'est accompagnée d'un accrois-
sement du volume total de l'emploi. Une telle évolution tant qualitative
que quantitative, a eu des répercussions sur le taux de salariat et sur
la structure des salaires.
Le taux de salariat qui s'est accrû, a engendré l'accroissement
de la masse globale des salaires et par voie de conséquence la part des
salaires dans le Revenu National (Chap. II).

14.
La structure des salaires n'est pas restée stable
elle a
connu des modifications (Chap. III).

15.
CHAPITRE 1
L'ANALYSE DE LA STRUCTURE ET DE L'EVOLUTION DE L'EMPLOI
L'entreprise exerce une fonction active dans la segmentation,
la division du travail. Elle est a la base du processus d'allocation du
travail. Elle établit une structure de l'emploi conforme a ses intérêts
et correspondante aux caractéristiques des travailleurs.
La structure de l'emploi ainsi établie par l'entreprise va
subir une mutation sous l'impulsion de la politique de formation et d'i-
voirisation.
SECTION 1 : LA POLITIQUE DE L'EMPLOI DE L'ENTREPRISE ET LA
STRUCTURE DE LA MAIN-D'OEUVRE
La spécificité du facteur de production travail impose a la
politique de l'emploi de l'entreprise des contraintes.
La première contrainte tient au fait Que l'entreprise est obli-
g~e(~laccorœr une priorité a 1'''internaJisation du processus"d'allocation
de la main-d'oeuvre".
La seconde contrainte résulte de la volonté de l'entreprise de
maintenir sa main-d'oeuvre indispensable a son bon fonctionnement.
La troisième contrainte est liée a l'hétérogénéité des person-
nes Qu'elles embauchent.
La prise en compte de ces contraintes impose a l'entreprise, la
constitution d'un marché interne de travail. A côté de ce marché interne
de travail, il existe un marché externe de travail. Ces deux marchés du
travail, s'ils ne présentent pas les mêmes caractéristiques, entretiennent
des relations réciproques.
......,ft


16.
§ 1. Le marché interne de l'entreprise
Les auteurs DOERINGER et PIORE définissent le marché interne
comme étant lI une unité administrative a l'intérièur de laquelle la rému-
nération et l'affectation du travail sont déterminées par un ensemble
de règles et de procédures administratives". Ainsi défini, le marché in-
terne s'oppose au marché externe dont le fonctionnement est conforme à
la description de la théorie néo-classique. Sur ce dernier marché. l'af~
fectation et la rémunération du travail résultent de la confrontation de
l'offre et de la demande du travail.
Ces deux marchés du travail sont en communication grâce aux
"po~tes d'entrée" du marché interne. Les portes d'entrée représentent les
postes ou les emplois offerts par l'entreprise aux individus Qui sont sur
le marché externe du travail. Ce mouvement des travailœuîs du marché ex-
terne vers le marché interne n'a lieu Que si les emplois vacants ne sont
pas pou~vus grâce a la mobilité interne de l'établissement. Le recours au
marché externe est donc une nécessité pour l'entreprise. La Qualité de la
force de travail, dans ce cas, est une donnée pour l'entreprise dans la
mesure où elle est formée à l'extérieur.
Sur le marché externe, les travaillèurs sont en concurrence;
le coat du travail pour l'entreprise se résume au salaire. En revanche sur
le marché interne. la concurrence des offreurs de travail est structurée
en groupes non compétitifs ( 9). Deux facteurs Qui affectent la formation
de la Qualification ou de la Qualité du travail (les capacités intellectuel-
les, les barrières à l'entrée du système de formation) ; d'autre part les
facteurs Qui favorisent la promotion et le transfert inter-postes (forma-
tion permanente. reconversion au cours de la vie active). La promotion et
le transfert inter-postes ne sont possibles Que grâce aux "faisceflux" de mobi-
lité" Qui favorisent le mouvement interne des travailleurs de la firme. Cet-
te mobilité est horizontale Quand il s'agit du transfert d'un individu d'un
poste a un autre situé identiquement â la hiérarchie des emplois. la mobi-
lité est également verticale, lorsque la promotion se fait d'un poste à
un autre situé plus haut dans la hiérarchie des emplois.
(9) J-P. DAUBIQNEY (1976). La hi~archie de la firm~. Contri.àution
à. une théorie du sa7- airp-. TMBe pour 7. e Doctorat ~R' Sciences Eco no-
miqu~B. UniL'ersit4 de LYON II. p. 42•
. . . . t
_

17.
La formation sur le marché interne est assurée par l'entreprise
qui en détermine le contenu et le financement. Dans ces conditions, on in-
clut dans le coat du travail, le coût de formation de la main-d'oeuvre. La
spécificité de cette formation fait qu'elle n'est pas en général transfé-
rable. Par conséquent, l'offreur de travail ne peut faire valoir sa forma-
tion que sur ce marché. Cependant il arrive que cp.rtains demandeurs de
travail tiennent compte de cette formation antécédante.
Malgré la spécificité de la formation du marché interne, celle-
ci présente un double intérêt. Au niveau de l'employeur le recrutement, la
sélection et la formation au sein de l'entreprise lui permettent de rédui-
re ou d'éliminer certains coûts, notamment les coOts de "turn-over" et de
formation. Les coOts de formation concernent les dépenses engagées par
l'entreprise pour dispenser au travailleur recruté sur le marché externe
une formation supplémentaire nécessaire à son adaptation au poste qu'il
va occuper. En ce qui concerne les coOts delttJrn-over"ils résultent des
départs volontaires des travai lIeurs pour cause d' insati sfaction de l'em-
ploi occupé. Le recrutement des travailleurs sur le marché externe pour
occuper les postes vacants est donc coOteux pour l'entreprise. L"'intégra-
tion dans un mar~hé interne est par conséquent pour l'entreprise un moyen
de rentabiliser effectivement l'investissement qu'elle réalise lors du
recrutement. Pour le salarié, elle correspond a la recherche' de la sécurité
d'emploi, à la progression de ses revenus et finalement à la satisfaction
au travail" (10). En effet le marché interne assureau travailleur la sta-
bilité de l'emploi, des chances de promotion, des possibilités d'avance-
ment.
En définitive, le marché interne procure plus d'avantages aussi
bien à l'employeur qu'au salarié que le maréhé externe. Bien qu'ambigu et
contestable, le concept de marché interne, plus précisément la distinction
marché interne-marché externe, décrit au mieux le processus d'allocation
du travail et permet d'expliquer la disparité des salaires entre les en-
treprises et au sein de chaque firme.
(10) GAMBIER et VERNIERS. Le marché du travail. Economica-1982, p. 25 •
.
ft ne

18.
§ 2. la catégorisation de la main-d'oeuvre
les entreprises pratiquent la catégorisation de la main-d'oeuvre
qui détermine le niveau des salaires. A chaque catégorie socio-profession-
nelle correspond un· salaire.
En COte-d'Ivoire, les entreprises distinguent les catégories
socio-professionnelles suivantes:
- Direction
- Cadres Supérieurs
- Cadres Moyens
- Maîtrise
- Emplois qualifiés
- Emplois non qualifiés
- Apprentis
Ces différentes catégories socio-professionnelles sont regroupées
parfois en deux grands ensembles :
- l'encadrement qui regroupe la direction, les cadres et la
maftrise
- les emplois d'exécution qui comprennent les employés, les ou-
vriers et les manoeuvres.
la catégorisation de la main-d'oeuvre reflète la division du
travail au sein de l'entreprise. Elle met en évidence:
- d'une part les différences inter-catégorielles des producti-
vités marginales ;
- d'autre part les raretés de l'offre catégorielle de travail.
A - les différences inter-catégorielles de qualification
les différences inter-catégorielles de productivités marginales
résultent des différences inter-catégorielles de formation. Un travailleur
plu~ qualifié est supposé fournir une importante productivité marginale.
Ainsi on admet que les cadres ont une productivité marginale plus élevée
••

19.
que les ouvriers qualifiés.
La formation s'apprécie à partir des critères tels que le niveau
d'instruction, la nature du diplÔme et le nombre d'années d'études. Ce ty-
pe de formation est celle qU1 est acquise au sein du système scolaire. Lors-
qu'il s'agit de mesurer la formation acquise sur le tas, on utilise le cri-
tère de la durée c'est-à-dire le temps mis par. le travailleur. pour occuper
.
un emploi. A travers ce critère, c'est l'expérience professionnelle du tra-
vailleur qui est visée.
On apprécie également la formation à partir des qualités innées
des travailleurs. L'estimation des qualités pose de nombreux problèmes et
est fort contestable. Au total la formation s'acquiert à paftir du systè-
me scolaire, sur le tas et des qualités innées. La relation liant la for-
mation à ses composantes peut s'exprimer sous la forme suivante:
Qj '" f (AF , AT , I )
j
j
j
où j désigne la catégorie socio-professionnelle
AF
les qualités acquises grâce au systèine,scolaire
j
AT
les qualités acquises sur le tas
j
I
les qualités innées
j
A partir de cette fonction, il est possible d'établir une liai-
son entre le niveau de salaire et la qualification, plus exactement les
composantes de la qualification.
Dans ce cas, on a la fonction suivante
Sj : f (AFj' ATj' 1j )
où Sj représente le ni veau de S'ata! re de chaque catégorie.
Il reste à déterminer la part de chaque composante dans le ni-
veau des salaires. Mais comme le souligne
EICHER (1973), il est diffici-
le d'attribuer le différentiel de salaires aux différences d'instruction,
aux qualités naturelles.
B - La rareté de l'offre de travail
L'offre de travail de certaines catégories socio-professionnelles
• •

20.
est rare quand la demande de travail de cette catégorie est supérieure.
La rareté de l'offre de trava~l dépend A court terme de l'effectif du nom-
bre d'offreurs et des facteurs affectant un taux d'activité tels que l'âge
d'entrée dans la vie professionnelle et le départ à la retraite etc ..
A long terme, l'offre de travail est liée A la reproduction dé-
mograp~ique. La population urbaine d'âge actif va connaftre une croissance
rapide: + 8· %par an en moyenne au cours du prochain quinquennat pas-
sant de 1.896.400 personnes en 1980, A 2.791.800 personnes en 1985 (11).
Théoriquement lorsque l'offre catégorielle est inférieure A la
demande, les salaires de cette catégorie s'accroissent. Cette hypothèse
n'est vérifiée que si les entreprises ne réagissent pas A cette rareté
structurelle.
Les catégories socio-professionnelles dans lesquelles l'offre
de travai 1 est rare bénéficient des rentes. Ces rentes de rareté expl iquent
avec la qualification la disparité des salaires qu'on observe sur le mar-
ché interne. Ainsi les emplois d'exécution sont rémunérés inférieurement
aux emplois d'encadrement parce que les travailleurs qui composent la pre-
mière catégorie sont nombreux alors que ceux qui forment la deuxième ca-
tégorie ont un effectif réduit.
L'hypothèse de la rareté de l'offre catégorielle n'est pas va-
lid~e
dans le cadre de notre étude. En effet on ne peut plus1,prétendre
A l'heure actuelle qu'il y a une pénurie de cadres comme au début de l'in-
dépendance et jusqu'A une date récente. Depuis quelques années, on obser-
ve un effectif important de cadres en chÔmage (12). Le nombre d'offreurs
des catégories de l'encadrement loin d'être insuffisant, est largement ex-
cédent aire.
Ce phénomène récemment apparu s'ajoute au chômage chronique de
la main-d'oeuvre banale. Il existe donc des offreurs potentiels pour tou-
tes les catégories. Le seul problème qui se pose véritablement est celui
de l'insuffisance de la capacité d'absorption de l'économie ivoirienne.
(11) .Minist~re du P2an~ P2an Quiquennal op. cit. p. 595.
(12) Pour une analyse de ce nouveau ph4nom~ne voir KOUADIO BENIE dans
"Le chômage des cadres en Côte~'Ivoire : Analyse et Recherche de
poHt.,;que d'emploi". N4moire D.E.A. option Economie du D4veloppement~
Bordeaux I~ Octobre 1982.

21.
DéjA en 1980, l'excédent de la main-d'oeuvre (13) s'élevait A 223.000 ;
en 1985, cet excédent passera 432.000 soit un~ pourcentage de variation
d~ de 93,7 %(14).
Les différences inter-catégorielles de qualification et la
rareté de l'offre catégorielle de travail sont l'aboutissement de la ca-
tégorisation de la main-d'oeuvre par l'entreprise. Cette catégorisation
connaft une mutation que nous allons analyser maintenant.
SECTION II : L'EVOLUTION DE LA STRUCTURE DE LA MAIN-D'OEUVRE
Il s'opère une modification de la structure de .la main-d'oeuvre
sur le marché du travail. Par exemple, on observe une croissance de la
proportion des femmes dans l'emploi total. On note toutefois que l'impor-
tante transformation s'est opérée grâce aux politiques d'ivoirisation et
de formation. Sous l'impulsion de ces deux politiques, la main-d'oeuvre
employée est de plus en plus ivoirienne et qualifiée.
§ 1. L'analyse de la qualification de la main-d'oeuvre
Les modèles de développement basés uniquement sur la prépon-
dérance du capital ont vite montré leurs limites. Ce faisant les P.V.D.
ont vite pris conscience de l'intérêt que représente l'intégration
du capital humain dans le processus de croissance.
La résurgence de l'importance du facteur travail trouve sa
justification dans le fait qu'en économie sous développée, l'investisse-
ment technique ne saurait porter ses fruits que s'il y a des hommes capa-
bles de le mettre en valeur. Conscient de l'enjeu que représente la qua-
lification de la main-d'oeuvre, l'Etat ivoirien a accordé une priorité
A la formation des hommes en y consacrant une part importante de son bud-
get de fonctionnement.
Après avoir défini ce qu'on entend par "gualification"; nous
montrerons que le travail qualifié est complémentaire au capital dans le
processus de production. Puis nous analyserons l'évolution de la qualifi-
(13) Ezc4dent de main-d'oeuvre: ActifS disponibles pour l'emploi - Total
d'emplois disponibles
(14) ~nist~re du ~an~ ~an Quiquennal~ op. cit. p. 599•
..... _~

22.
cation de la main-d'oeuvre.
A - Le concept de guaI i fication et son rôle dans le processus
de croissance
1) Qualification: essai de définition
A. d'IRIBANE pense que la notion qualification devient "inextri-
cable" a force de le creuser. Il propose donc de scinder le terme "quali-
fication" en deux approches: la qualification individuelle d'une part et
la qualification de l'emploi d'autre part.
La première approche considère l'offre de travail des individus
la seconde approche a trait a la demande de travail du système productif
(15). SALAIS (R) (1976) définit la qualification individuelle comme étant
la résultante de la formation initiale acquise dans le système d'éducation
et de l'expérience professionnelle complétée parfois par. une fonction ul-
térieure (16).
S'inspirant de cette définition VERNIERES (M) considère la qua-
lification comme un acquis, issu de l'expérience et de la formation (17).
Il suggère d'analyser la qualification des travailleurs du point de vue
de l'offre de travail (des travailleurs) et dans l'optique de la demande
de travail (des employeurs). Les premiers souhaitent que leurs employeurs
tiennent compte de leur qualification lors de la rémunération du travail,
tandis que les seconds se réfèrent aux diplômes et a l'expérience des tra-
vailleurs lors de l~ur embauché. La notion de qualification individuelle
recouvre donc deux approches.
Ainsi définie, la qualification du travail pose un problème
théorique. Celui de sa reconnaissance sur le marché du travail. Elle sera
reconnue en tant que telle que si elle a de l'utilité et de la valeur, si
l'on se place dans la logique neo-classique.
( 15)
Robert SALAIS - "Qualificationindividuelle et qualification de
l'emploi: quelques définitions et interrogations". In Economie et
stati8tique~ nO 81-82~ Septembre-Octobre 1976~ p. 9.
(16)
Robe::et SALAIS - (1976) ~ op. déjd cit. p. 3.
(17)
M. VERNIER,V;S - "QuaHficatin et d~quaHfication : eS8ai de définition"
in-eommis8Cl1'iat du P1.an. La quaHfication du tmooi1. - 1978~ p. 57 •
.. -

23.
Dans cette optiqlle leurs e'nployeurs vont considérer que la par-
tie de la qualification affectée à la production de valeur d'usage lors
de la rémunération du travailleur. L'autre partie de la qualification qui
a seivi à produire la valeur d'échange ne sera pas rémunérée.
La seconde approche de la qualification est la qualification de
l'emploi. SALAIS (1976) pense qu'étudier la qualification de l'emploi "c'est
d'une part rechercher les éléments concrets qualifiant les activités exer-
cées, c'est-à-dire les éléments susceptibles d'exprimer les ressemblances
et différences de contenu par rapport à d'autres activités, d'autre part
définir les capacités en termes de connaissances théoriques et pratiques,
de savoir faire, d'expérience professionnelle à mettre en oeuvre par l'in-
dividu qui exerce cet emploi" (18).
Deux raisons justifient l'étude de la qualification des emplois
l'établissement d'une grille des salaires correspondant aux emplois et la
constructi on des monenc 1atures stat i sti ques. Ces deux actes sont inti me-
ment l'iés.
La classification des emplois nlest pas neutre. Généralement,
elle réduit le volume de l'emploi à un poste de travail individualisé. Or
une classification d'emploi basée sur une considération individuelle né-
glige la réalité sociale et organisationnelle des entreprises.
Les entreprises classent les emplois en fonction de leur place
dans le processus de production. Une telle classification est en rapport
avec le type d'organisation du travail qu'ils désirent appliquer.
La classification arbitraire de l'emploi débouche sur un con-
flit : les travailleurs refusent que les employeurs lient la classification
à la rémunération et proposent de tenir, compte uniquement de leur forma-
tion. Cette position est d'autant plus justifiée qu'il est fréquent de
voir les travailleurs occuper des emplois ne correspondant pas à leurs for-
mations.
La classification de l'emploi diffère donc selon qu'on est em-
ployeur ou employé. La définition de la qualification individuelle ou de
la qualification de l'emploi diffère également selon qu'on appartient à
(18) SALAIS (R.)I 1976
op. d4jà cit. p. 7•
1
... -.

24.
l'une des deux catégories socio-professionnelles. Cette différenciation
d'appréciation suggère la dissociation de la qualification de la rémuné-
ration. La qualification du travail doit-~tre perçue comme un substitut
ou un complément au facteur capital.
2) La substituabilité ou la complémentarité du travail
qualifié au capital dans le processus de croissance
a) L'approche théorique
Deux hypothèses sont possibles quant à l'utilisation du travail
qualifié: d'une part l'hypothèse de la substituabilité entre le travail
qualifié et le capital et d'autre part l'hypothèse de la complémentarité
entre ces deux facteurs.
Dans l'hypothèse de la substitution, le travail qualifié est
incorporé dans la fonction de production de deux façons :
- premièrement la production s'obtient en combinant le stock
de capital disponible et le volume de l'emploi. La spécificité de cette
approche: la multiplication du volume de l'emploi par un coefficient,
qui indique la qqalité de la main-d'oeuvre employée dans le processus de
production. La fonction de production ainsi étab!ie, peut s'écrire:
y
= f (K, Cl(L)

y = Production
K = Capital
L = Volume de l'emploi qualifié
Cette fonction de production est souvent utilisée dans les mo-
dèles de croissance des auteurs néo-classiques qui incorporent le progrès
technique dans le facteur travail.
- la deuxième approche intègre dans la fonction de production,
un troisième facteur, le facteur H. Ce facteur est une estimation de l'ap-
port du capital humain au processus de production. Dans ce cas, la fonction
de production peut s'écrire
y
= f (K,L,H)

25.
Quelque soit la fonction de production, il pose le problème de
l'agrégation des diverses catégories de travailleurs ou de leurs qualifi-
cations. Pour être valables ces deux approches doi vent rempl ir troi s con-
ditions : la fixité des salaires relatifs, l'égalité du salaire A la pro-
ductivité marginale du travail et le glissement continu des qualifications.
VERNIERES donne trois raisons A l'explication de la fixité des
salaires au cours des processus d~ croissance: "l 'attachement des travail-
leurs au maintien de la hiérarchie des salaires, la complémentarité du tra-
vail q~alifié et du capital et l'existence de changements technologiques
exigeant l'utilisation d'une main-d'oeuvre très qualifiée" (19). Or ces
explications invalident l'hypothèse de substitution dans lequel nous nous
situons.
La deuxième condition
résume en fait la thèse néo-classique,
selon laquelle les facteurs sont rémunérés en fonction de leur apport A
la production plus précisément les facteurs capital et travail sont payés
à leur productivité marginale. Cette thèse est réfutable car il est indis-
cutable que les rapports de force existant entre les groupes en présence
jouent un rôle important dans la fixation des salaires.
Les troisième et deuxième condi tians pour valider les fonctions
de production intégrant le travail qualifié supposent le glissaaent continu
des travailleurs le long de l'échelle de qualification. Or ce glissement
ne peut s'opérer de lui-même car il existe des emplois auxquels seuls les
travailleurs ayant une qualification initiale peuvent accéder. Il importe
par conséquent de préciser les seuils de qualification que les différentes
catégories de travailleurs peuvent franchir et aussi de définir les catégo-
ries retenues.
Les critiques A l'égard, des approches intégrant la qualifica-
tion du travail dans le processus de crQissance, affaibli5sent sinon in-
valident l'hypothèse de substitution. Il convient donc de vérifier l'hypo-
thèse de la complémentarité entre la qualification du travail et le capi-
tal.
- L'hypothèse de la complémentarité suppose que l'apport du tra-
vail qualifié est indispensable au capital dans le processus de production.
(19) VERNIE~S (19?8)~ op d4jd cit. p. 126.

26.
Les études de l'O.C.D.E. (1970) corroborent cette hypothèse. L'existence
de cette hypothèse tient â l'utilisation des outillages de plus en plus
sophistiqués qui exigent une certaine qualification de la main-d'oeuvre.
L'hypothèse de la complémentarité quoique critiquée est irréfu-
table. Les travaux statistiques effectués dans certains pays renforcent
cette idée.
\\
b) Vérification empirique
Pour vérifier s'il existe une complémentarité entre le capital
et le travail qualifié, nous allons nous servir du modèle établi par
PEGATIENAN (1974). Cet auteur affirme que le volume de production est fonc-
tion du volume de capital physique et du volume de la main-d'oeuvre. Il
formalise cette relation de la façon suivante:
y
= f (K,)
[1]
avec y = Production Intérieure Brute (PIB)
K = Stock de capital physique
! = Stock de capital humain
En différentiant Y en fonction de K et de k, il obtient
y
="&Y
K
+ 'b y k
[2]
'bK
b,t
b y etbY
représentent respectivement la productivité mar-
}K
bt
ginale du capital physique et la productivité marginale du capital humain.
En supposant que~ =0( et ~ = f ' l'équation [1] devient:
bK
b.i
L'auteur suppose également que le stock de capital humain, k,
est une combinaison linéaire des différents niveaux de qualification de la
main-d'oeuvre.

27.
En remplaçant K par sa valeur dans l'équation [3], on a
y =c< k + P(Y1 ~1
+.1'2 .12 •... +1j lj + ·····jn tn) [5]
En posant que
bj = ~ j J" j' l'équation [5] devient:
où b. =~ y
la productivité marginale du travailleur ayant
J
}j {.
le jième niveau de qualification
J
L1équation [6] lie le niveau de l'activité économique à l'évolu-
tion du stock de capital et aux différents niveaux de qualification de la
main-d'oeuvre.
En différenciant l'équation [6], on obtient:
d Y =~!! +b1~+ b2
d Q,2
b . ~.
dt, [7J
- - +.... + J -!!oJ.+ •.. +bn-
.
dt
dt
dt
dt
dt
dt
Si on pose que %t = y
~ = ~j , l'équation [7] devient
L'auteur obtient le taux de croissance de l'activité économique
en écrivant l'équation suivante
-
,.
y
q' k
b'1 ~1
b1 2 R2,
b'. R·
b'
Q [9]
- =
,+
_
+
_
+ •••• +
J.:J.. + •• +
n-.!l
Y
k
k
k
k
1
2
j
kn
K
J ( - -
l'élasticité de la production par rap-
Y
port au stock de capital physique.
L1équation [9] représente l'équation fondamentale de l'auteur.
Il a testé cette équation ainsi que l'équation [6]. On a donc deux rela-

28.
tions de formes différentes: l'équation [6] avec une forme linéaire et
l'équation [9] avec une forme non linéaire.
Nous ne rentrerons pas dans les détails des résultats du modèle
nous nous limiterons aux conclusions auxquelles l'auteur a abouti a la
suite de l'application de son modèle
- au niveau global, l'évolution de la production de 1960 a
1970 n'a été possible que grâce a un apport massif de capital et de la main-
d'oeuvre a qualification très peu élevée. En revanche, une analyse secto-
rielle attenue cette observation et donne des résultats beaucoup plus nuan-
cés. Ainsi dans le secteur primaire une main-d'oeuvre banale a joué un rôle
considérable avec le capital; en revanche, dans le secteur secondaire le
complément du capital est incontestablement l'encadrement technique. Quant
au secteur tertiaire, l'auteur estime Que les ivoiriens spécialisés, les
ouvriers Qualifiés et agents de maftrise, jouent un rôle déterminant.
- en considérant la nationalité de la main-d'oeuvre, il se trou-
ve que le travail banal qui a servi de complément au capital a été four-
ni par les africains non ivoiriens. Les cadres, techniciens et personnels
de direction Qui jouent un rôle important dans la croissance de la produc-
tion sont des étrangers non africians, alors que les ouvriers spécialisés
renoontrés dans les secteurs secondaire et tertiaire sont des étrangers;
des africains. En ce qui concerne les ivoiriens, ils délaissent le secteur
primaire. On ne les rencontre Que dans les secteurs secondaire et tertiaire
mais toujours en position de second rang. Telles sont les conclusions de
l'auteur du modèle. Nous a,l1ons maintenant analyser l'évolution de la qua-
lification de la main-d'oeuvre.
B - L'évolution de la qualification de la main-d'oeuvre
Grâce a l'enqu~te menée conjointement par l'O.N.F.P. en 1982
aux études régionales effectuées par le Minlistère du Plan en 1965, nous
allons pouvoir suivre l'évolution de la qualification de la main-d'oeuvre
en COte-d'Ivoire. Cette évolution
s'~ppréciera au niveau global, au niveau
des grands secteurs de l'activité économique et au niveau d'une branche
particulière, les B. ToP.

29.
1) Au niveau global
Les données du tableau n° 1-1 nous permettent de faire les cons-
tatations suivantes
- En 1965, les manoeuvres et ouvriers spécialisés représentaient
71,4 %de la main-d'oeuvre totale; l'encadrement de cette main-d'oeuvre
était assuré
par des cadres moyens et supérieurs et des techniciens qui
représentaient 7,7 %du total de la main-d'oeuvre. Le segment moyen de
l'offre de travail c'est-à-dire les employés qualifiés et les'ouvriers qua-
lifiés ne représentaient que 20 %de l'emploi total.
L'évolution globale de la qualification de la main-d'oeuvre en
1965 traduit le fait que la production a été réalisée en associant le ca-
pital physique à une main-d'oeuvre banale.
- En 1979, la part de la main-d'oeuvre banale est tombée à 69,2 %
tandis que celle de l'encadrement est passée â 14,.3 %. L'accroissement de
l'encadrement siest fait au détriment de la catégorie socio-professionnelle
des employés et ouvriers qualifiés. En effet la part relative de cette ca-
tégorie est passée de 20,9 %en 1965 à 16,5 %en 1979, soit une décrois-
sance de - 21,05 %.
Le doublement de la proportion des cadres en 14 ans, traduit la
volonté d'associer le stock de capital â une main-d'oeuvre de plus en plus
qualifiée. Cependant on ne saurait nier la prépondérance de la main-d'oeuvre
banale dans le processus de croissance.
On remarque que la proportion des ivoi r·iens dans les emplois
d'encadrement siest accrue: elle est passée de 1,3 %en 1965 â 13,1 %
en 1979. On assiste également â un~ augmentation du nombre des ouvriers
et employés qualifiés ivoiriens: de 13,8 %en 1965, cette catégorie
socio-professionnelle représentait 20,7 %de l'effectif ivoirien en 1979.
On remarque enfin la proportion de la main-d'oeuvre banale ivoirienne a
presque doublé: de 33,6 %en 1965, elle est passée de 66,2 %. Les emplois
autrefois réservés aux travailleurs africains intéressent de plus en plus
les ivoiriens.

30.
En fai~ant intervenir la nationalité dans l'analyse de la qua-
lification des nuances interviennent:
- sans distinction de nationalité, on observe une régression
de la main-d'oeuvre banale et les emplois des employés et des ouvriers
qualifiés; et une progression des emplois d'encadrement;
- lorsqu'on s'intéresse uniquement 8 la qualification de la
main-d'oeuvre ivoirienne, On observe que la proportion de toutes les caté-
gories socio-professionnelles sont en croissance considérable. Cette crois-
sance est imputable 8 l'augmentation de la proportion des ivoiriens dans
i'emploi totàl : cette proportion est passée de 48.7 %en 1965 à 67 %en
1979.
2)
Au niveau des grands secteurs de l'activité économique
On remarque une inégale répartition de la main-d'oeuvre qualifiée
entre les secteurs primaire, secondaire et tertiaire (voir tableau n~-2).
- En 1967, le secteur tertiaire avait employé plus de main-d'oeu-
vre qualifiée que les deux autres secteurs. La proportion de son encadre-
ment qui est égale 8 9,22 %est supérieure 8 la proportion moyenne de l'en-
cadrement.
En outre, on a remarqué que la main-d'oeuvre banale était la
plus utilisée dans le secteur primaire: 78,9 %. Ce secteur est suivi par
le secteur tertiaire avec ses 53,2 %d'employés non qualifiés.
En ce qui concerne le secteur secondaire, la part de sa main-
d'oeuvre banale dans l'emploi total est moins élevée que celle des autres
secteurs; de plus il utilise une proportion plus élevée d'employés quali-
fiés que les secteurs primaire et tertiaire.
- En 1979, on a la même hiérarchie de pourcentage au niveau
de l'encadrement: le secteur tertiaire vient en tête suivi de très loin
par le secteur secondaire. Il y a cependant un fait nouveau c'est que les pro-
po~tions des emplois d'encadrement des secteurs primaire et secondaire sOnt
en dessous de la proposition moyenne d'encadrement.

31.
Au niveau des emplois qualifiés, le secteur tertiaire détrône
le secteur secondaire: 21,8 %pour le premier contre 14,0 %pour le se-
cond.
En ce qui concerne la main-d'oeuvre banale, le secteur primaire
est l~ plus utilisateur (84,4 %) s~jet: Lp secteur secondaire.
En comparant l'évolution de l'emploi de 1967 â 1979, on remar-
que
- la croissance de la proport:~on des postes d'encadrement dans
tous les secteurs. Cette variation positive est disproportionnelle : 56,67 %
pour le secteur primaire, 35,82 %pour le secteur secondaire et 158,7 %
pour le secteur tertiaire. C'est donc ce dernier secteur qui a connu une
amélioration considérable de la qualification de sa main-d'oeuvre.
- la décroissance
de la part relative
des employés qualifiés
dans tous les secteurs lù croissance de la. proportion des employés non
qualifiés. Cette évolution peut-être interprètée de la façon suivante:
sous l'effet du progrès technique le contenu des emplois a changé. Les
emplois considérés comme qualifiés en 1967 ne le sont plus en 1979. Cette
transformation a par conséquent modifié le statut des titulaires de ces
emplois: employés qualifiés ils sont devenus des employés non qualifiés.
Seuls les travailleurs qui se sont recyclés ont échappé â ce phénomène.
3) Au niveau des Bâtiments et Travaux Publics
Une enquête réalisée par l'O.N.E.P. en 1979 a révélé que la
structure des emplois par catégorie socio-professionnelle de la branche
B.T.P. se présente comme suit:
- emplois non qualifiés 52,60 %
- emplois qualifiés 34,14 %
- emplois hautement qualifiés 7,59 %
- emplois d'encadrement 5,67 % (20)
(20) O.N.F.P. Emplois et qualifications dans le secteup bâtiment et
t~vaux publics en Côte-d'Ivoipe - Décembre 1980, p. 23.

32.
A défaut de pouvoir comparer les données de 1979 à celles d'une
Quelconque année, nous nous contentons de constater Que: dans la branche
B.T.P., la main-d'oeuvre banale est la plus importante. Le capital y est
associé avec une faible proportion de travail Qualifié.
Au terme de l'analyse de l'évolution de la Qualification de la
main-d'oeuvre au niveau global, sectoriel et des B.T.P., on observe Que
la part de la main-d'oeuvre Qualifiée dans l'emploi total est faible. La
Production Intérieure Brute est réalisée en combinant un important stock
de capital physique à une proportion considérable de main-d'oeuvre banale.
L'encadrement de cette main-d'oeuvre banale est assuré
par des agents de
maîtrise, des cadres moyens et supérieurs relativement peu nombreux. La
proportion de l'encadrement Quoiqu'en progression demeure toujours insuf-
fisante.
L'ivoirisation des cadres est le second élément de la modifica-
tion de la structure de l'emploi.
§ 2. L'analyse de l'ivoirisation de la main-d'oeuvre
L'ivoirisation de l'emploi consiste à remplacer la main-d'oeuvre
étrangère actuellement employée en Côte-d'Ivoire par la main-d'oeuvre ivoi-
rienne. La main-d'oeuvre à remplac:; est constituée essentiellement par
les " e x p a t r i é s " . -
Si tel est l'objectif de l'ivoirisation des emplois, on peut
se demander l'opportunité d'une telle opération. L'approche coût-bénéfice
de l'ivoirisation parait ~tre une démarche rationnelle pour apprécier
l'ivoirisation des cadres en tant Qu'activité d"'import subititution".
A - Les enjeux de l'ivoirisation des cadres
Il s'agit de mettre en évidence le fait Que le remplacement
des travailleurs "expatriés" procure des devises à la Côte-d'Ivoire ou
plus précisément lui permet d'économiser les devises. Mais il convient
de s'interroger sur les conditions du remplacement de cette main-d'oeuvre
étrangère.

33.
Généralement, on émet deux hypothèses: d'une part le niveau
d'éducation requis pour occuper les emplois concernés et d'autre part
le déséquilibre entre les effectifs des expatriés A remplacer et les ivoi-
riens candidats aux postes concernés.
En ce qui concerne la première hypothèse, il ne fait plus de
doute que les ivoiriens ont dans la plupart des cas le niveau de quali-
fication requis pour exercer certains métiers naguère réservés aux coo-
pérants. Toutefois il est A signaler que certains postes ne peuvent pas
encore êtreteriuspar les ivoiriens A cause de l'inadaptation de la poli-
tique de formation aux éxigences du développement.
Quant A la deuxième hypothèse, s'il est utile de la poser, il
n'en demeure pas moins qu'elle est sans grand intérêt dans la mesure où
le risque de déséquilibre entre travailleurs ivoiriens et "expatriés" nlest
pas réel. En effet en cas de pénurie de cadres ivoiriens, les expatriés
continueront les postes disponibles. En revanche en situation d'excédent
de f,lain-d'oeuvre qualifiee ivoirienne des travailleurs expatriés devi~aient
dans la mesure du possible cêder leurs postes. Le deuxième cas caractérise
la situation actuelle en Côte-d'Ivoire, où il existe de plus en plus de
diplôf,lés en chôr,lage C2i).
A partir de ces deux hypothèses, on peut admettre que le rempla-
cement de la main-d'oeuvre expatriée est soumis A deux conditions: la
formation de main-dloeuvre ivoirienne et l'existence des postes occupés
par les expatriés. D~ ce point de vue, établissons le rapport coOts-
bénéfices de l'ivoirisation de l'emploi.
L'évaluation de ce rapport suppose ur: numérateur et un dénomi-
nateur.
Le numérateur représente la quantité marginale nette de devises
épargnées par expatrié remplacé, le dénominateur, le coat net en ressources
domestiques dép~nsées pour la faroation de l'ivoil~ièn cadre.
(21) Voir KOUADIO BENIE (1982).

34.
La première composante du rapport Qui résume les bénéfices
ré'".ultant'i de l'ivoiri'lation en tant qU'activité d,lmport_substitution
comprend les éléments suivants:
- St' l'épargne constituée par les expatriés
- Mt, la consommation des produits importés
- Dt, la consommation des produits locaux
MONSON et PURSEL qui sont à la base d'une telle étude, ont
estimé Qu'il n'est pas indispensable de prendre en compte dans les béné-
fices de l'ivoirisation les impôts et taxes payés par les expatriés.
Quant à la deuxième composante du rapport, elle mesure les
coOts de l'ivoirisation ; elle comprend:
- les coOts directs de formation
- les coOts en ressources domestiques (Ct)
- les coOts en devises (F x t)
le coOt d'opportunité (Et) Que représente un ivoirien en for-
mation. Les auteurs du modèle estiment qu'il faut tenir compte du "revenu
alternatif" (At) qui en fait représente le revenu perçu par un ivoirien
non qualifié.
En définitive le rapport coOts-bénéfices en ressources domesti-
ques peut s'écrire
-

taux d'actualisation
j
niveau professionnel
t
1 •.•. n : période de formation
t = m + 1 ••.• n : période de remplacement (vie active)

35 •
. Si DRC ~ 1 cela signifie que l'ivoirisation de cadres en
j
tant qu'activité d'import substitution est économiquement profitable à
la nation ivoirienne.
Cette méthode d'évaluation impose le choix d'un taux d'actua-
lisation. MaNSON et PURSEL l'estiment à 11 %(22).
S'il est difficile d'évaluer le rapport coOts-bénéfices en res-
sources domestiques de l'ivoirisation des cadres, l'approche de la réparti-
tion de la masse salariale selon les nationalités est viable et permet de
cerner la question.
Mais auparavant, il convient d'analyser l'évolution de l'ivoiri-
sation des emplois.
B - L'évolution de l'ivoirisation de l'emploi (23)
Notre analyse se portera sur la période de 1965-1978. Au cours
de cette période nous essayerons d'expliquer l'augmentation du nombre de
salariés ivoiriens: 48.100 en 1965 et 124.189 en 1978.
Cet accroissement de l'effectif des ivoirens dans le secteur
secondaire peut s'expliquer de deux façons:
- soit par la croissance de l'emploi total;
- soit par l'accroissement de la proportion d'ivoiriens dans
l'ensemble des salariés et par le remplacement des salariés européens par
les nationaux.
Si l'augmentation du volume de l'emploi est la cause de l'ivoi-
risation, on parlera alors d"'effet de croissance ll • Dans ce cas l'ivoiri-
sation est três peu signifiante.
(22) Pour plus de d4tails sur l'approche coûts-b4n4fices, il convient
de se r4f4rer à CAPURRO (G.) : la relation 4ducation-emploi et ta
planification de l'Education dans les P.V.D. : ap~oche méthodolo-
gique avec application au cas de la C.I. - Th~se d'Etat- ~s Sc. Eco.,
Bordeaux I, 30 Nars 1974.

(23) Nous empruntons dans ce pa!'cgraphe une méthoào1.ogie cppt~qu4e dans
"structure et statiistique dans 14 Etats Africàins "et Nal gac1}e -
S4rie B2 - El4ments d'analyse structurelle SUI' le tMme "Evolution
des structures de l'emploi en Côte-d'Ivoire
1965-1971. Ninist~re
de la cooplration.

36.
Si en revanche l'élévation de la proportion d'ivoiriens dans
le système productif est la conséquence de la présence de plus marquée
des ivoiriens dans l'emploi total, il s'agit alors de l"'effet de struc-
ture". Dans ces conditions l 'ivoirisation est effective et se caractérise
par la présence massive des ivoiriens dans chaque branche de l'activité
économique.
1) L'ivoirisation de l'emploi
effet de croissance et/ou
effet de structure
Pour mettre en évidence les facteurs èxplicatifs de l'ivoirisa-
tion de l'emploi, nous utilisons le modèle suivant:
Soit L: l'effectif de salariés
L..
l'effectif de salariés ivoiriens l, dans la branche J'
1J
à l'année initiale 1965.
L : l'emploi total par branche
j
L'effectif de salariés ivoiriens est lié à l'emploi total pour
la relation sui vante:
En 1978, l'équation [1J devient:
JlIJ
tlLIJ) (
(L Ij
+AL Ij)
T-LL-
~-L-
L
[2J
j
.1
,1
La variation des effectifs de salariés ivoiriens s'obtient en
soustrayant [1J et [2J :
l) L exprime la variation de l'emploi ivoirien liée à la crois-
j
sance de l'emploi total (effet de croissance) ;

37.
6,f':Ij). la variation de l'emploi liée ~ la modification de la
\\L.) . répartition des salariés ivoiriens (effet de structure).
J
La variation de l'emploi peut également provenir des deux effets
~ la fois {AL x 6~.!1.J
j
Lj
En appliquant les données relatives ~ l'année 1965 et 1978, au
modèle décrit, il est possible d'expliquer la variation de l'emploi ivoi-
rien.
A l'aide des chiffres fournis par le Ministère du Plan (1965)
et la Banque de données financières du Ministère de l'Economie et des
Finances (1978) (24), nous avons, pour les différentes branches du secteur
secondaireJcalculé les variations de l'emplOi ivoirien et déterminé la
nature de l'effet Qui est en cause (voir tableau nOI-3).
Les résultats du tableau nOI-3 !ndiQu~nt Que dans ~e secteur se-
condaire l'emploi ivoirien a augmenté de 76.010 de 1965 à 1978. Cet accrois-
sement des effectifs s'expliQue à 45 %par l'effet de croissance et à
13 %par l'effet de structure 42 % de la variatio~ de l'emploi résulte
1e l'action conjugu~e des deux effets.
On peut donc conclure Que l'augmentation de l'emploi ivoirien
reste largement imputable ~ l'accroissement du volume total de l'emploi.
Une analyse individuelle de l'effet de structure, seul analysé, permet-
tra de mieux saisir la portée de l'ivoirisation.
2 - L'ivoirisation de l'emploi par effet de structure
En considérant uniquement l'effet de structure. on élimine ain-
si 1l "effet de croissance" de l'ivoirisation de l'emploi.
L'effet de structure implique:
1°) l'ivoirisation "relative" Qui se traduit par l'accroissement
de la part de salariés ivoiriens dans chaque secteur ou chaque branche;
(24) Voir annexe I-l. (a et b)

38.
2°) Pivoirisation "effective" qui a lieu quand l'ivoirisation
"relative" se double d'une diminution du nombre des salariés non ivoiriens
dans chaque branche ou chaque secteur. Oans ce cas, on devrait tendre à
l'ivoirisation complète des effectifs employés.
Contrètement :
- si l "'effet de structure" est supérieur à 50 %, cela implique
qulon a une ivoirisation effective;
En revanche si l '''effet de structure" est compris entre 0 et 50 %,
on parlera alors d'ivoirisation relative.
On constate qu'à partir du tableau nOI-4 que :
- il n'y a eu ivoirisation "effective" que dans les branches
12 (Industries de cuir et des articles de chaussure).
- la plupart des branches ont connu une ivoirisation "relative".
Il s'agit des branches [(Travail des grains et farines) ; (Industries de
conservation et de préparation alimentaires) ; (Fabrication de boissons
et glace alimentaire) ; (Industries des corps gras
alimentaires) ; (Autres
industries alimentaires. Tabac) ; (Industries des textiles et de l 'habille-
ment) ; (Sidérurgie et première transformation des métaux) ; (Autres in-
dustries mécaniques et électriques) ; (Industries diverses) ; (Energie
électrique, Eau) ; (Bâtiment et Travaux Publics) ] ;
- la branche 19 (Construction et réparation de matériel de trans-
port) nia pas subi l'lleffet de structure". Concrètement l'augmentation de
l'emploi ivoirien s'explique en grande partie par la croissance du volume
de l'emploi total
- enfin trois branches [ (Industries du bois (estimation) ;
(raffinage du pétrole et fabrication de dérivés) ; (Industries du caout-
chouc) ] ont connu une désivoirisation relative
et deux autres [ (Indus-
tries chimiques) ; (Extraction de minerais et minéraux) ] une désivoirisa-
tion effective. L'effet de structure agit donc déjà défavorablement sur les
quatre branches concernées par la désivoirisation.

39.
On remarque également que la branche [(Industries du cuir et
des articles chaussants) J est un bel exemple d'ivoirisation dO
~ l'effet
de structure. En effet dans cette branche, l'emploi ivoirien n'a varié que
très faiblement entre 1965 et 19ï8: 182 salariés ivoiriens.
Ce chiffre très peu élevé cache une réalité, celle de l'accroissement de
la proportion des ivoiriens dans l'emploi total de cette branche. La poli-
tique de l'ivoirisation joue pleinement dans cette branche.
On note également qu'~ l'exception de la branche [(Industries du
bois (estimation)) ; (Raffinage du pétrole et fabrication de dérivés) J,
toutes les branches frappées par la "désivoirisatrion [ (Industries chimi-
ques) , (Industries du caoutchouc) , (Extraction de minerais et minéraux) J
ont réduit leurs effectifs de travailleurs ivoiriens.
On peut donc conclure Que la croissance rapide de l'emploi ivoi-
rien n'entrafne pas systématiquement une ivoirisation structurelle rapide.
L'exemple des branches [ (Industries du cuir et des articles chaussants),
(Industries du bois (estimation) ; (Raffinage du pétrole et fabricationl
de dérivés) J montre qu'une augmentation du volume de l'emploi des Ivoi-
riens peut-être suivie soit d'une ivoirisation effective soit d'une dési-
voirisation relative.
Les résultats que nous venons d'obtenir en appliquant le modèle
decrit ultérieurement reflètent l'ambiguïté de la politique d'ivoirisation.
Cette poli tique recherche "une présence de nationaux compétents et exerçant
un pouvoir réel dans les techno structures des entreprises ~ capitaux étran-
gers". Elle n'a pas le souci "de trouver un poste ~ chaque cadre ivoirien
mais de trouver un cadre ivoirien pour chaque poste disponible ou potentiel-
lement disponible. Selon le Ministère du Travail et de l'Ivoirisation des
cadres, elle doit se faire dans le respect de l'équilibre fonctionnel des
entreprises.
Elle se veut en définitive "impérative" en maintenant l"'harmonie
entre ivoiriens et étrangers travaillant ensemble" et "progressive" puis-
que l'ivoirisation de l'emploi reste subordonnée ~ l'ivoirisation des ca-
pitaux.

40.
Il n'est pas étonnat que l'ivoirisatüm de l'emploi, ainsi
définie, soit en grande partie dOe ~ l"~ffet de croissance". La margina-
lisation de l'ivoirisation,~fective incite les responsables du Plan ~
modifier les stratégies en matière d'ivoirisation des emplois lors de
l'élaboration des différents plans quinquennaux. Ainsi le Plan 1971-1975
exposait la "volonté" d'une ivoirisation conduite avec sérieux et ferme-
té ; quant au Plan 1976-1980, il a réaffirmé 1'import~nce de l'objectif
de l'ivoirisation et a proposé quatre principales mesures pour y parve-
nir notamment l'adoption d'une règlementation générale fixant des quotas
1imitati fs ~ l'emploi des étrangers par catégories socio-professionnelles
et secteurs d'activité. Enfin le plan 1981-1985 se propose de poursuivre
l'ivoirisation des emplois en se fixant comme objectif l'abaissement de
50 %du volume d'emplois occupés par des non ivoiriens. Malgré les tex-
tes, la politique d'ivoirisation de l'emploi reste encore inefficace.
*
*
*
L'analyse de la structure et de l'évolution de l'emploi permet
de faire les observations suivantes:
1. L'entreprise, par le canal de son marché interne, pratique
une catégorisation de la main-d'oeuvre. Cette catégorisation explique la
structure de l'emploi;
2. Par ailleurs, on assiste ~ une transformation de la struc-
ture de la main-d'oeuvre qui se traduit par:
- un accroissement de la main-d'oeuvre qualifiée dans
l'emploi total
un accroissement de la main-d'oeuvre ivoirienne suite
a l'augmentation du volume total de l'emploi.

41.
L'évolu~ion de l'emploi a engendré un gonflement de la popula-
tion salariée. Il convient d'analyser maintenant les répercussions sur les
salaires de cet accroissement du taux de salariat.
=-=-=-=-=-=-=-:-=

.
Tableau n° 1-1 : Répartition des salariés selon le niveau de qualification
N
'<t
Effectifs
1965 (1)
1979 (2)
:C.têg~
IVOIRIENS
TOTAL
IVOIRIENS
·
TOTAL
. Socio-Profes-
; sionnelles
-
:Effectifs :
%
: Effectifs :
%
: Effectifs:
%
: Effectifs :
%
""":
·
·
·
·
·
·
Cadres supérieurs
50
0,1
2300
4,7
1137
0,7
·
3300
·
1,4
·
·
·
·
·
Cadres moyens, techniciens:
600
1,2
1400
3,0
20376
12,4
31640
·
12,9
·
·
Employés qualifiés,
ouvriers qualifiés
6700
13,8
. 10100
20,9
33958
20,7
·
40443
16,5
·
Manoeuvres et ouvriers
El
spécialisés
: 16200
33,6
34300
71,4
· 108702
66,2
169653
69,2
·
·
Ensemble
: 23550
48,7
48100
.
100
164173
67,0
·
245036
·
100
(1) Ministère du Plan. Côte d'lvoire 1965. Emploi Etudes régionales 1962-1965 synthèse p. 53.
(2) ONFP - "le sacteul~ privé et semi-public en :ôte-d'lvoire 197911 • 3ème partie: les salarlfs, p. 6. 1982.

Tableau nOI-2
Répartition des salariés par catégories socio-professionnelles
et par secteur d'actIvIté
Source
(1967) Ministère de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle - Ministère du Plan.
Le secteur privé etpara-public en Côte-d'Ivoire 1971. Résultats de l'enquête main-d'oeuvre 1971.
2ème partie: les données individuelles de la main-d'oeuvre salariée. p. 31 •• Décembre 1972.
(1979) Françoine BINET: Bilan National de l'emploi en Côte-d'Ivoire: Analyse rétrospective. situation
actuelle et projections dans les différents milieux et secteurs d'activité. Ministère de la coopéra-
tion et du Développement - Service des Etudes du Développement. p. 198 •• Février 1982.

Tableau nOI-3
Ivoirisation (1965-1978)
Evolution de l'Ivoirisation de l'emploi et les facteurs déterminants
(effet de croissance et effet de structure)
Branches
Variation ae
Un effet de
Un effet de
l'emploi ivoirien
croissance
structure
entre 1965 et 1978
.
absolu
absolu
absolu
'.
05. Travail des grains et farines
- 223
100
- 75
33,63
300
134,52
06. Conserveries, thé, café, cacao
1804
100
541
30,00
312
17,29
07. Boissons, glace
.
5128
100
1333
26,00
360
7,02
08. Autres i ndustri es alimenta ires, tabac:
2588
100
1656
64.00
35
1,35
09. Energie
3439
100
1651
48;00
312
9,07
10. Acth1té extractiYe~'sel: -soufre
14737
100
6042
41,00
930
6,31
11. Première transformation des métaux
11993
100
3958
33,00
122
1,01
12. Matériaux de construction
182
100
56
30,76
350
192.3
13.14. Engrais; Chimie, parachimie,
caoutchouc
7714
100
4397
57,00
- 12
0,15
15. Industrie du bois
3806
100
1560
41,00
2240
58,85
16. Montage et réparation de véhtcules
1926
100
1156
60,00
575
30,00
17. Autres industries mécaniques et
électriques
400
100
184
46,00
132
33,00
18. Industries textiles
2519
100
2065
82,00
- 84
3,33
19. Cuirs et articles chaussants
2501
100
1851
74,01
0
0
20. Corps gras autres que beurre
2790
100
f451
52,00
399
14,30
21. Articles en caoutchouc et matière
plastique
2146
100
1373
64,00
37
1,72
22. Produits industriels divers
4442
100
2932
66,00
54
1,21
23. Bâtiments et travaux publics
24620
100
11325
46,00
3615
14,70
Total
76010
100
33894
45
9677
13

45.
Tableau nO 1-4: Classement des branches selon leur degré
di IVoi ri sabon
Branches
Rang décroissant :Degré d'lvoirisa-:Répartition selon
d'lvoirisation
:tion II structurelle': l' Ivoirisation
"structurellell
:(en % de la varia-:"Effective et "Re-:
.ramètres
tion de l'emploi:
lati vell
ivoi rienllentre
1965 et 1978 )
J
Matériaux de construction
1
192,3
I. V. IIEffetive ll
..
, Autres industries mécaniques et
2
33,0
I. V. IIRelative"
électriques
1•
Conserveries, thé, café, cacao
3
17,29
1. V. IIRelative ll
1. Bâtiments et travaux publics
4
14,70
I. V. IIRelative ll
) . Corps gras autres Que beurre
5
14,30
1. V. "Relative"
1. Energie
6
9,07
I. V. "Relative"
7
Boissons, glace
7
7,02
1. V. "Relative"
>. Activité extractive, sel, soufre:
6
6,31
I. V. "Relative"
3. Industries textiles
9
3,33
1. V. "Relative"
1 •
Articles en caoutchouc et matiê-:
10
1,72
1. V. IIRelative"
re phi.stiQue
3- Autres industries alimentaires,
11
1,35
I. V. "Relative"
Tabac
)
Produits industriels divers
12
1,21
1. V. "Relative"
1. Premiêre transformation des mé-
13
1,01
1. V. "Relative"
taux
3. Cuirs et articles chaussants
14
0
Sans changement
3-14. Engrais ; Chimie, parachimie,:
15
0,15
Désivoirisation
caoutchouc
Relative
o. ~1ontage et réparation de véhi-
16
30,0
Désivoirisation
cules
Relative
5. Industries du bois
17
58,85
Oésivoirisation
Effective
5. Travail des grains et farines
18
134,52
Oésivoirisation
Effective

46.
CHAPITRE II
L'EVOLUTION DU TAUX DE SALARIAT ET SES IMPLICATIONS SUR
LES SALA IRES
Lorsque le volume de l'offre d'emplois OIJ des effectifs employés
s'accroît le taux de salariat (NIL) s'accroît également. L'accroissement
du rapport NIL se manifeste au niveau micro-économique (des entreprises)
par l'augmentation de la masse salariale. Au niveau macro-économique,
on assite ~ un accroissement de la part des salaires dans le Revenu Natio-
nal.
SECTION 1
L'OFFRE D'EMPLOI ET LA MASSE DES SALAIRES
Nous analyserons l'évolution de l'offre d'emploi à travers les
trois grands secteurs de l'activité économique; ensuite nous mettrons en
évidence l'impact de l'offre de l'emploi sur les salaires.
§ 1. L'évolution de l'offre d'emploi
La quantité offerte d'emplois par secteur d'activité économique
est fonction de leur capacité d'absorption. Cette cap~cité résulte du dy-
namisme interne de chaque secteur et aussi de certains facteurs extérieurs
aux secteurs. Sous l'influence de ces facteurs. cette capacité peut slac-
àortre ou s'amenuiser au cours du temps..
En comparant la quantité d'emplois offerte par chaque secteur
aux cours des années 1965, 1975, 1980 et 1985 (25), il est possible de sui-
vre l'évolution de leur capacité d'absorption. Le tableau nOII-1 que nous
avons pu constituer à partir de l'étude de François BINET (1982) intitulé
"Bilan National del1emploi en COte-d'Ivoire: Analyse retrospective, si-
tuation actuelle et projection dans les différents milieux et secteurs
d'activité", permet de faire les observations suivantes:
(25) Les donn4es de 1985 constituent te r4suttat d'une projection.

47.
- la Quantité d'emplois offerte par les secteurs primaire et
secondaire est en regression. Cette régression est plus accentuée dans
le secteur primaire: sa part dans l'offre d'emploi total Qui était de
2~15 % en 1965 passera à 13,4 %en 1985. En ce Qui concerne le sec~
teur secondaire la baisse de sa part dans l'offre d'emploi total est fai-
ble : de 27,33 %en 1965 elle chutera à 24,40 %en 1985.
- seul le secteur tertiaire. voit sa part relative s'accroître.
Son pourcentage Qui était de 48,52 %en 1965, s'élèvera à 62,15 %en
1985.
A partir de ces deux observations on peut tirer les conclusions
suivantes:
- la capacité d'absorption des secteurs primaire et secondaire
diminue avec une accentuation dans le secteur primaire;
- en revanche, la capacité d'absorption du secteur tertiaire
s'accroît. Cette évolution obéit-t-elle à la loi de Colin CLARK? La
prépondérance du secteur tertiaire dans l'offre d'emploi total s'explique
~ar le déclin du secteur primaire et par la relative stagnation du sec-
teur secondaire.
La restriction de la Quantité d'emplois offerte dans le secteur
primaire tient essentiellement à deux facteurs: la modification de la
stratégie agricole et la réduction forcée de l'exploitation forestière.
Après avoir priviligié les cultures d'exportation, on oriente
de plus en plus les paysans vers la production vivrière dont la culture
ne nécessite pas souvent l'apport d'une main-d'oeuvre étrangère à la cel-
lule familiale. En ce qui concerne l'exploitation forestière, elle est
la principale activité de ce secteur. En 1975, elle représentait 66,5 %
de la valeur ajoutée du secteur (26). La chute de cette activité,
depuis quelques années, explique donc cette régression du secteur primaire.
(26JFrançoise BINET op. cit. p. 163.

48.
En ce qui concerne la stagnation du secteur secondaire, elle
s'explique par un ralentissement amorcé depuis 1978 des activités dans
la branche des "Bâtiments et Travaux Publ ics" et l'industrie du boi s.
Cette stagnation s'explique également par une faible implantation de nou-
velles unités de production.
L'accroissement de la quantité d'emplois offerte par le secteur
tertiaire n'est donc pas le résultat d'une transformation structurelle
de l'économie mais et surtout de l'incapacité des secteurs primaire et
secondaire A générer de nouveaux emplois.
L'augmentation du volume d'emploi par le secteur moderne ivoi-
rien, plus particulièrement par le secteur tertiaire a des répercussions
sur la masse salariale. Une étude de corrélation permet de mettre en évi-
dence cette liaison.
§ 2. La liaison offre d'emploi-salaire
La demande de travail de l'entreprise dépend en grande partie
de sa "capacité A payer". Si cette capacité est élevée, elle embauchera
davantage de salariés puisqu'elle peut faire face A l'accroissement de
la masse salariale résultant de l'emploi supplémentaire de main-d'oeuvre.
Si par contre ellese retrécie, l'entreprise aura des difficultés A faire
face A ses charges salariales et donc A employer plus. de travailleurs.
Il existe donc du moins théoriquement une corrélation entre
l'offre d'emploi et la masse salari-ale. Une augmentation du volume de
l'offre d'emploi accroft la masse salariale. Malgré la logique irrésis-
tible de cette hypothèse sa vérification empirique n'est pas inutile.
Aussi, on régressa lloffre d1emploi enregistré par l'écono-
mie ivoirienne par rapport A la masse salariale distribuée par cette
économie. Notre étude s'étale sur la période allant de 1960 A 1980 ;
toutefois nous ne retiendrons que les données de 11 années, les autres
n'étant pas homogènes.
En définitive on obtient l'équation suivante

49.
- 116 556
+
2724
W
(34 543)
(435,7)
2
R
= 0,81
avec 0e = offre d'emploi
W = masse salariale
Le coefficient de corrélation (R) : R = 0,90
Si on attache une grande importance à la valeur de R sans se
soucier du nombre d'observations, on déduira que la corrélation entre
les deux variables est presque parfaite dans la mesure où R avoisine 1.
Or en réalité comme le souligne VESSEREAU (27) "lorsqu 'on n'a qu'une di-
zaine de mesures, une valeur empiriquement élevée, telle que 0,90 nia Qu'une
signification douteuse: il n'est pas impossible Que la vraie va1eur soit
nulle, c'est-à-dire Que les deux caractères soient, malgré les apparences,
indépendants".
Comme le coefficient de corrélation ne permet pas d'affirmer
avec certitude la dépendance des deux variables, nous allons utiliser le
coefficient de dét..ennination Qui est tout de même un critère de corréla-
tion appréciable.
Le coefficient de détermination (R2) s'élève à 0,81. Cela signi-
fie Que la droite estimée explique le phénomène à 81 %. La part inexpliquée
est de 19 %. Le modèle est donc satisfaisant.
On peut donc conclure Que l'offre d'emploi et la masse sa-
lariale dans l'économie sont corrp.lées malgré le nombre réduit des obser-
vations.
Par ailleurs, ces deux paramètres varient dans le même sens
c'est-à-dire que Quand l'offre d'emploi augmente, la masse salariale croit
également. Une telle évolution para ft logique dans la mesure où toute
création d'emploi engendre une distribution de salaire.
(27) André VESSEREAU
La statistique. Que sais-je? nO 281~ p. 107.

50.
L'accroissement des effectifs employés peut exercer également
un impact sur la masse salariale distribuée dans une économie. En général
cette masse salariale peut croître soit proportionnellement, soit de façon
disproportionnelle. Dans ce qui va suivre nous essayerons de voir si la
masse salariale augmente en même temps que le volume de l'emploi et dans
quelle proportion. Une étude de corrélation paraît être indiquée à cet
égard.
§ 3. La relation effectifs employés - masse salariale
Pour mener cette étude de corrélation, nous avons recueilli
des données concernant les effectifs employés et la masse des salaires
auprès des services de la comptabilité nationale et de la banque des données
financières du Ministère de l'Economie et des Finances. Nous avons spéci-
fié le modèle suivant:
L =r:(+ p W

L = effectif global
W = masse salariale
Traitée à l'ordinateuç la série chronologique des données de
1960 à 1981 définit la régressi'on suivante:
L = 153 462
=
,395 W
(18 406)
( 181)
2
R = 0,20
Le coefficient de corrélation (R) est égal A : 0,44 (R = 0,44).
Très souvent les économi~tes considèrent un tel résultat comme
médiocre. En effet en fixant le seuil de ce coefficient A 0,5, ils esti-
ment qu'une liàison statistique n'est valable qu'au dessus de ce seuil.
En revanche en-dessous de 0,5, la liaison est qualifiée d'insatisfaisante.
Il ya lA risque d'erreurs car comme l'indique VESSEREAU (28) : "si le
nombre d'observations est très élevé, un coefficient empiriquement faible
(88)
André VESRER.1iJAY. op. ait. p. 10?

51.
disons 0,3 ou 0,4 - est le signe d'une liaison, lâche sans doute, mais
certaine". Si nous ne pouvons pas qualifier notre série de très longue,
on ne peut pas non plus affirmer qu'il n'existe pas de liaison entre ces
deux variables. La liaison peut-être lâche.
Une étude similaire réalisée par REYNOLDS pour Porto-Rico et
par ISBERTE~ pour le Mexique sur la relation emploi-salaire dans l'in-
dustrie a donné les équations de régression
suivantes:
L = 1,12247 + 0,40784 W (a)
(2,99278)
2
R = 0,16633
L = 19,67495 - 0,06467 W (b)
(0,095)
R2 = 0,029
où L
pourcentage de variation de l'emploi
W taux de salaire moyen
L'équation
(a) a utilisé les données de 1966 à 1971 tandis que
l'équation (b) celle de 1968 à 1971.
Les auteurs de l'étude demandent une interprétation des réslil-
tats avec précaution (29).
Bien qu'ils aient exprimé l'effectif global en pourcentage de
variation et utilisé le taux de salaire moyen~ le coefficient de détermi-
nation (R2) de l'équation (a) est proche de celui que nous avons trouvé
dans l'équation [1] ; 0,20 contre 0,17.
,
Par ailleurs en regressant l'emploi (L) par rapport au taux
de salaire, nous obtenons l'équation suivante
(29) TESHœ~ MULAT. Emptoyment and wages in the Ethiopian manufac-
turing sector. Internationat Institute for Labour Studie8~ Geneva.

52.
L = 170 506
+
136 W
[3J
(11 397)
(72,06)
2
R
= 0,21
Où L : effectif global
W: taux de salaire
Le coefficient de détermination de l'équation [3J est pratique-
ment identique à celui de l'équation [1J et proche du coefficient de déter-
mination de l'équation (a) de REYNOLDS et ISBESTER.
,
Les résultats de nos équations de regression [2J et [3J et ceux
de REYNOLDS et ISBESTER (a) et (b), indiquent qu'il y a une dépendance en-
tre les variables c'est-à-dire que la masse salariale croît en même temps
que les effectifs globaux. La faiblesse des coefficients de détermination,
,
environ 20 %pour toutes les limites de regression, exprime le fait que
la dépendance pntre les deux variables est lâche. Autrement di~ la varia-
tion de la masse des salaires n'est pas proportionnelle à la variation
des effectifs employés. Cela paraît compréhensible dans la mesure où le
recrutement d'une main-d'oeuvre banale n'a qu'une faible répercussion
sur la masse des salaires. En revanche l'embauche de travailleurs quali-
fiés obèr~ davantage les coûts salariaux. La qualité de la main-d'oeuvre
est donc un élément important dans la compréhension de l'évolution des
effectifs globaux et des salaires.
Il existe une autre approche pour apprécier l'impact de l'aug-
mentation du volume de l'emploi sur les salaires: il s'agit de mettre
en évidence le lien qui existe entre le taux de salariat et la part des
salaires dans le revenu national.
SECTION II
: LE TAUX DE SALARIAT ELEMENT DETERMINANT DE
L'EVOLUTION DE LA PART DES SALAIRES DANS LE REVENU NATIONAL
La plupart des études qui se sont intéressées à la question,
constatent que le déterminant essentiel de la part salariale est le taux

53.
de salariat Qui indique le pourcentage des salariés dans la population
active.
Le taux de salariat est souvent considéré comme un critère de
développement. Selon LECAILLON et GERMIDIS (1977) dans les pays dont le taux
de salariat (NIL) est inférieur à 43 %, le secteur traditionnel est enco-
re très dominant, NIL et W/Y (la part des salaires dans le Revenu Natio-
nal) dépendent plus de l'extension du secteur moderne.
Quand le taux de salariat approche ou dépasse la moitié de la
population active, le secteur moderne acquiert de l'importance.
En revanche lorsque NIL dépasse 75 %, le secteur traditionnel
n'existe plus, seul le secteur moderne domine.
Tout ceci se résume dans les inégalités suivantes
Pays sous-développés : N/L(43,3 %
Pays en voie de développement : 43,3 %<N/L<?5 %
Pays développés: N/L)75 % (30)
En Côte-d'Ivoire le taux de salariat (la proportion des sala-
riés dans la population masculine potentiellement active) était estimé
à 27 %en 1970 (31). Ce chiffre ne reflète certainement pas la réalité.
En effet s'il est relativement facile de connaftre le paramètre
L, N reste encore sous-estimée dans les P.V.D. En enregistrant uniquement
les travailleurs du secteur formel, on exclut les travailleurs exerçant,
dans le secteur informel. Or les activités informelles jouent un rôle con-
sidérable dans l'absorption de la main-d'oeuvre excédentaire. Que représen-
tent les donnëes si l'on néglige le marché du travail des activités infor-
melles.
La classification de pays en fonction du taux de salariat est
donc contestable.
paramètres Net Lnous nous référons au modèle de Françoi se EYMERY (1973) (32)
(30) LECAILLON et GERNIDIS~ In4galit4s des revenus et d4veloppement
4conomique~ B.I.T.~ P.U.F. Paris 1977.
(31) LECAILLON et GERNIDIS~ op. cit. 39.
(32) F.8YPERY. Part salariale et constance magique. TMse de Doctorat-
Paris I. Panth4on-Sorbonne 1973.

54.
qui tend à prouver que la part salariale augmente au cours du processus
de développement et que l'élément déterminant de cette évolution est le
taux de salariat.
§ 1. L'approche théorique
Son modèle décrit l'évolution de la part salariale (A) , indi-
que comment cette évolution est liée au taux de salariat (B). Enfin tout
comme les autres constructions théoriques, le modèle de F. EYMERY est cri-
tiquable (C).
A - La détermination et l'évolution de la part des salaires
Soit W1 = la masse des salaires versée par les sociétés
Z1 = le revenu créé dans les sociétés
lJ
= l'amortissement des sociétés
1
Y1 = la valeur ajoutée (hors taxes) par les sociétés
EYMERY pose que
et
Y1 = k W1 [2]
00 k appelé "constance magique" (k ~ ~ 00 y désigne la valeur
ajoutée par l'ensemble des sociétés et Wla masse salariale correspondante).
En posant
;/lA 1 =);11
Y1
et à partir de [1] et de [2]
W
1
W1
W
-
- - -
=
Z1
Y1-U
)
1 y1( 1~,M1 )
k ( 1-..M1

55.
En admettant que Zl est une partie du Revenu National, la
part salariale dans les sociétés, notée '1' slécrit :
[3]
En posant également que
r2 = _W.....::2:..-
la part salariale dans les entreprises indivi-
Z2
duelles
W3
~3 = - - - la part salariale dans le secteur des adminis-
Z3
trations
La part salariale globale s'écrit de la façon suivante:
W
P
__
W + W+ W
= - -
1
2
3
Z
Zl + Z2+ Z3
[ 5]
Ainsi définie, la part salariale va fluctuer sous deux effets
11effet intrasectoriel et lleffet intersectoriel.
Lleffet intrasectoriel se caractérise par des modifications des
parts salariales dans les différents secteurs. L'exemple Français et des
des Etats-Unis, montrent que '1 est de l'ordre de 0,8 et ne varie pas
en longue période. Par contre '2 a tendance à augmenter à la suite de
la diminution du poids de llagriculture dans la production totale et de
la disparition de certaines entreprises individuelles, employant de la
main-dloeuvre salariée.
Les modifications dans les poids respectifs des différents sec-
teurs constituent lleffet intersectoriel. Les rapports Z1/ Z, Z2/Z, Z3/Z
représentent l'importance de chaque secteur dans le revenu national. Ain-
si en passant d'un capitalisme "atomique" à un capitalisme "mo léculaire"

56.
Z1/Z va augmenter au détriment de Z2/Z. La conséquence évidente de cette
transformation du capitalisme est 11accroissement de la part salariale
globale puisque ~1>'2. En revanche lorsque domine le capitalisme monopo-
liste d'Etat, le poids des administrations Z3/Z, augmente la part salaria-
le globale. Dans ce cas '3 étant supposé égal ~ 1 est supérieur ~ '1 et
~ '2·
Il apparaît donc que les effets intrasectoriel.et intersecto-
riel
~ont responsables dans une certaine mesure de la croissance de la
part salariale globale. Cette croissance siest faite au détriment des en-
treprises individuelles qui ont vu baisser leur part dans le revenu natio-
nal. La diminution du nombre de ces entreprises individuelles a engendré
une hausse du taux de salariat qui semble être le déterminant essentiel
de la croissance de la part salariale globale.
B - Le taux de salariat, facteur de croissance de la part
salariale en longue période
Selon EYMERY, le taux de salariat est une "fonction de dévelop-
pement" ; l'auteur le considère comme un indicateur de développement. En
effet les pays développés sont ceux dont le taux de salariat serait proche
de l'unité.
Pour analyser la relation part salariale - taux de salariat,
EYMERY suppose dans un premier temps que les salaires versés par les Ad-
ministrations sont nuls et que les entreprises individuelles n'emploient
pas de salariés (r2 = 0).
Ainsi
Z = Z1 + 7.2 [ 6J
Or il a été établi Que
W1
1
P
[3J
1 = L1 = ""'k~(""'1~---'1),.....
En posant k (1 -~1) = k'
Ll éQuation[3] devient Z1 = kl W1 [7J

57.
Soit N1 = le nombre de salariés
N = le nombre dlentrepreneurs individuels
Z
On peut écrire que: -
W
N
[8J

w désigne le salaire moyen
1 = w1
1
1
et
Zz = i
N
i
Z
Z
[9J

z désigne le revenu moyen des entrepreneurs
individuels.
L'équation [6J devient:
Z = Z1 + Zz = k' W
N
1 + Zz = k' W
1
1 + 2Z N
[10J
Z
En po.sant l'hypothèse selon laquelle la population. active est
composée uniquement de travailleurs des sociétés (N ) et d'entrepreneurs
1
individuels (HZ)' le taux de saiariat peut se définir de la façon suivante
c( ~ = et 1 -" = NZ
N
N
L'équation [10J devient alors
Z = k 1 W1 N + i Z (1 - t{) N
Z = [k' c( w1 + (1-~) i
J
[
Z
11]
En posant!2 = (1 +é)
W
1
L'équation
[11J devient
Z =
[k'l(:' (1-0() (1 +E) J ;1 N [1ZJ
La part des s?laires dans le revenu national est donc égale à :
w
~=-­ = __w_-..:...'_N
-::--=__
=
0(
[ 13J
Z
[k 10{ + (1-Cè) (1-S Jw N
k
1
10( + (1--0 (1+E)
En supposant que le revenu mOlen des entrepreneurs individuel
Z2 n'est pas três différent du salaire moyen w1 en longue période, il est
po'ssi ble dl admettre que E= O. Dans ce cas, la relation part salari ale -
taux de salariat se présente sous cette forme :

58.
r
-----::.«--=--I
R =
k'c( +
1-0(
L . . . . . - - - -
Ainsi, il apparaît que le taux de salariat joue un rôle fon-
damental dans l'évolution de la part salariale dans le revenu national.
Le résultat auquel EYMERY a abouti nia été possible que sous certaines
hypothèses: les entrepreneurs individuels n'emploient pas de main-d'oeu-
vre salariée (~2 = 0) ; la quasi égalité entre le salaire moyen (w 1) et
le revenu moyen des entrepreneurs individuels (i ) ; la constance de la
2
part salariale des sociétés (~1 ,tr) ; la nullité du produit des adminis-
trations (W3 = z3 = 0). En abandonnant ces hypothèses est-on sOr que le
taux de salariat continuera d'être l'élément essentiel de la variation de
la part salariale?
C - L'appréciation du modèle
Pour apprécier le modèle d' EYMERY, nous allons dans un premier
temps abandonner les hypothèses de départ pour voir ce qui reste de cette
construction.
1) l'abandon des hypothèses
Nous abandonnerons successivement chacune de ces 4 hypothèses
restrictives.
- Si on admet maintenant que les entreprises individuelles uti-
lisent une force de travail autre que celle de l'entrepreneur c'est-A-dire
~.2 = 0, l'équation de la liaison part salariale - taux de salariat devient~
[ 13 bis]
où 0( 2 désigne la part de la population acti ve qui est sa lariée dans
les entreprises individuelles (~2 =~ ).
N
L'équation [13 bis] indique qu'une diminution dec(2 serait un
obstacle A la croissance de la part salariale j

59.
- Par ailleurs, si on accepte que le revenu moyen des entrepre-
neurs individuels peut être différent du salaire moyen (~I 0), le sens
de variation du taux de salariat influence la part salariale ;
- Si le taux de salariat baisse, ~ est négatif; la part sa-
lariale constatée est inférieure à la "fonction de développement"
- En revanche, quand le taux
de salariat augmente, il y a ee
fortes chances que se solt positif; dans ces conditiorls la part salariale
peut-§tre supérieure à la valeur donnée par la fonction de développement.
1
- L'hypothèse de la constance P1 = ~ peut être modifiée pour
deux rai sons :
- d'une part en posant que P1 = - = - - - -

k est la "constance magique"
et ~1 la part des amortissements dans la valeur ajoutée des socié-
tés, 81 aura tendance A baisser q'il arrive qeu les amortissements crois-
sent plus vite que la valeur ajoutée.
- d'autre part malgré la constance de k en longue période, il
peut varier sous l'impulsion de la conjoncture.
- Enfin face A la réalité, on est obligé d'admettre que la part
des administrations dans le Revenu Naitonal croft.
En abandonnant successivement chacune des hypothèses, on a vou-
lu mettre l'accent sur l'aspect irréaliste de ces hypothèses. Mais ces
hypothèses sont-elles pour autant imaginaires?
2) Les critiques du modèle
Tout comme les autres modèles, celui de Françoise EYMERY que
nous venons de présenter est contestable. Malgré sa bonne volonté, l'au-

60.
teur n'a pu intêgrer
dans sa construction théorique des variables au-
tres que des variables économiques.
En effet en négligeant dans le modèle l'action des syndicats
sur la part salariale, elle a privilégié les forces du marché du travail
~n les considérant comme déterminisme essentiel de la fixation des salai-
res. Or on ne peut négliger dans la plupart des économies, le rôle impor-
tant des synàicats dans la détermination de la part salariale.
Toutefois, le modèle demeure viable si nous observons les hy-
pothèses dans l'économie ivoirienne.
En effet, les entrepreneurs individuels représentent le chef
d'entreprise du secteur informel. Ces responsables des petites unités
e~~loient une main-d'oeuvre salariée et assurent l'existence d'une grande
partie de la population urbaine. A ce titre la modification de l'hypothèse
r2 = 0 arrive a point. Les entreprises individuelles utilisant une force
de travail autre que celle du chef d'entreprise (f2 1 0) font que l'équa-
tion [13 bis] convient le mieux.
Par ailleurs, l'hypothèse de la quasi égalité entre le revenu
moyen des entrepreneurs individuels (i2) et le salaire moyen (;1) semble
être vérifiée. En effet en comparant les salaires du secteur formel et
ceux du secteur informel, les résultats des enquêtes effectuées en Côte-
d'Ivoire (33) indiquent que pour la plupart des cas, les salaires des chefs
d'entreprise du secteur informel équivalentau salaire minimal appliqué
dans le secteur formel. De ce point de vue on peut admettre quef= o.
La troisième hypothèse de la constance de la part salariale
des sociétés (Pl)' ne paraft pas se vérifier dans le secteur moderne de
l'économie ivoirienne.
Par contre, l'hypothèse de la croissance de la part salariale des ad-
ministrations est totalement vraie. Les salaires versés par les adminis-
trations se sont accrus de 7,6 %en
moyenne entre 1975 et 1980 (34).
(33) H. JUSHI, H. LUBELL et J. MOULY (1970) ; S. SCHAUDEL (1977) ;
METTELIN (1979) ; J-p LACHAUD (1980).
(34) Mini8t~re du Plan. Plan quinquennal de développement économique
80cial et culturel 1976-1980, vol. III, p. 651.

61.
L'appréciation critique du modèle montre qu'il se rapproche
de la réalité ma'lgré les faiblesses qu'une analyse en profondes a révé-
lées.
En définitive, le modèle de F. EYMERY a su démontrer que le
taux de salariat est le facteur déterminant de la croissance de la part
salariale en longue période. Toutefois l'auteur pense que d'autres fac-
teurs agissent également sur les variations de la part salariale.
Nous allons confronter cette approche théorique à la réalité en
analysant l'évolution de la part des salaires dans le revenu national.
§ 2. L'analyse de la variation des salaires dans le Revenu
National
Pour analyser l'évolution de la part des salaires dans le Revenu
National, nous appliquerons la méthode de G. MARION (35).
Nous exposerons d'abord la méthode de cet auteur, ensuite nous
l'appliquerons à l'aide des données relatives à l'économie ivoirienne.
A - La méthode
Pour mesurer la contribution du travail de chaque secteur au
produit national, MARION a posé l'égalité suivante:
Wo Po
= Co et W, P1 = C1
avec Wo et
W =
1
part des salaires dans la valeur ajoutée du
secteur
Po et P = part de chaque secteur dans la t:V.A (somme de la
1
valeur ajoutée)
Co et C =
1
contribution du travail de chaque secteur au produit
national.
(35) G. NARION. R4partition fonctionnelle des revenus. Analyse de la part
du travail au Canada. Presse de l'Universit4 de Nontrdal. 1965. p.llO.

62.
Entre la période 0 et 1. il calcule les variations de la part
salariale au niveau sectoriel et au niveau de l'ensemble de l'économie.
- Au niveau sectoriel
soit d C = C1 - Co
d C = W1 P1 - Wo Po
avec P1 = Po + d P et W1 = Wo + d W
~ d C = (d P + Po) (dW + Wo)
- Wo Po
on obtient finalement
d C = Po d W + Wod P + d WdPi
[1]
- Au niveau global
soit
PiO Wio = Cio
et
Pi 1 W
i 1
=
la différence entre les deux périodes s'évalue de la façon
suivante
ou encore par la sommation de [1] pour les "i" secteurs
td Ci
indique les variations de la part des salaires dans
le revenu national entre deux périodes précises.
Les membres de l'équation [2] c'est-a-dire
PiO d Wi.
W
iO d Pi.
d W
i d Pi indiquent l'originedes variations.
Ainsi :
W
io d Pi indique l'influence des mouvements entre secteurs
sur le niveau de la part salariale;

63.
Pio d Wi fait apparaftre l'influence des changements de
participation du travail dans chaque secteur sur cette ~me part.
quand a d \\<Ji· d Pi il mesure l'importance des variatio,ns·
liées entre parts salariales sectorielles et pondérations des sec;teurs.
La méthode de MARION, ainsi décrite, permet non seulement de
mesurer les variations de la part salariale entre deux périodes précises,
mais de saisir également les éléments qui ont suscité ces variations.
Ce modèle est critiquable mals ~Iune application simple.
B - Les 'f'ésultats de l'application du modèle
Conçu pour le Canada, nous avons jugé que les instruments d'ana-
lyse sont adaptables et applicables aux données ivoiriennes de 1965 a 1981.
Les données relatives a ces deux dates ont été obtenues grâce aux travaux
de ROUSSEL (36), aux comptes de la nation 1966-1967, a la Banque des don-
nées financières du Ministère de 11Economie et des Finances et au n° 1183
du Bulletin d'Afrique Noire.
A partir des statistiques ainsi recueillies, nous avons calculé
les variations des salaires intervenues entre 1965 et 1981 en COte-d'Ivoire.
Nous avons effectué les calculs pour les trois grands secteurs
de l'activité économique: les secteurs primaire, secondaire et tertiaire
(tableau nOII-2).
Voyons maintenant les résultats des calculs :
Comme l'indique le tableau nOII-2, la part des salaires dans
le Revenu National a varié de 16,96 %pour l'ensemble des trois secteurs.
Pris individuellement, on remarque que la part des salaires dans le Revenu
National du secteur primaire a baissé de 3 %et que la variation de 16,96 %
observée est imputable au secteur secondaire et au secteur tertiaire, sur-
tout au premier.
(36) ROUSSEL (1965). Etudes ro4giona7..e8 1968-1965 - SyntMse-Emploi
Ninist~roe du P1an.

64.
Quelles en sont les explications?
Plusieurs hypothèses justifient cette évolution.
On peut interpréter la décroissance des salaires du secteur pri-
maire dans le revenu national comme étant le résultat d'un changement struc-
turel. Les transformations qui s'opèrent dans l'économie ivoirienne, se
font au détriment du secteur primaire. Ce secteur qui regroupe essentiel-
lement l'agriculture d'exportation sert de base à l'ensemble de l'économie.
Les exportations de produits agricoles tels que le café, le cacao, l'ana-
nas, l'hévéa etc ... jouent un rOle moteur dans la croissance économique
ivoirienne. De ce point de vue, tous les sacrifices sont demandés à ce sec-
teur afin d'accumuler du capital indispensable à l'industrialisation. Ain-
si le gouvernement en fixant le S.M.A.G. inférieur au S.M.I.G. a décidé
de défavoriser délibérément la main-d'oeuvre salariée du secteur agricole
par rapport à celles des secteuîS. secondaire et tertiaire: en 1970 le S.M.A.G.
(salaire minimum agricole garanti) était de 20,00 F.CFA alors que le S.M.I.G.
(salaire minimum industriel garanti) s'élevait à 58,00 F.CFA (37). Il en
est résulté une faible part des salaires du secteur primaire dans la masse
globale des salaires: soit 17,8 %en 1965 et 2,22 %en 1985.
Cette baisse de la masse salariale du secteur primaire n'est
pas uniquement imputable au taux de salaire, il faut également prendre en
compte la structure de la main-d'oeuvre salariée.
En effet le secteur primaire moderne, emploie en grande majori-
té des travailleurs peu qualifiés (cf. au tableau n°'1-2 ). Le salaire
étant fonction de la qualification, il est normal que la masse salariale
soit affectée par l'absence de qualification.
Une autre explication de la décroissance des salaires du secteur
primaire: la chute des effectifs employés. La part des effectifs de ce
secteur dans l'effectif total est passé de 40,9 %en 1965 (38) à 7 %en
1981 (39). Au total, on retiendra que la décroissance des salaires dans
le revenu national entre 1965 et 1981 résulte :
(37) JOSHI, LUBELL, MOfJLY, op. cit. p. 24.
(38) ROfJSSEAfJ, op. cit. p. 45
(39) Centrale des Bilans, 1983.

65.
- de la politique volontariste agricole du gouvernement ivoirien
Qui consiste A mettre le sectlur agricole au service de la croissance des
autres secteurs. Il en découle une redistribution de la force de travail en
dessous de sa valeur. Une telle orientation a engendré la migration des
jeunes ruraux vers les centres urbains A la recherche d'un emploi plus
rémunérateur ;
- de la désaffection du secteur primaire au profit des deux
autres secteurs dont la cause serait la politique discriminatoire de rému-
nération pratiquée par les pouvoirs publics ivoiriens.
Ces deux raisons intimement liées expliquent la chute de la mas-
se salariale du secteur primaire.
La baisse importante de la pondération relative du secteur pri-
mai re ( d Pc: = - 45, 53 %) conf! rme cette constatation et corrobore les
théories de développement qui postulent Qu'au cours du processus de déve-
loppement le secteur dominant n'est plus le secteur agricole, mais les
secteurs secondaire et tertiaire.
La décroissance de d Pi (-45,53 %) a entrainé une variation
négative de
d W d Pi (- 21,12) qui mesure l'importance des variations
i
liéès entre la part salariale et la pondération des secteurs.
La chute de la pondération du secteur primaire dans le Revenu
National explique donc la variation négative de la part des salaires. En
ce qui concerne les secteurs secondaire et tertiaire, la croissance de
leurs parts salariales respecte l'esprit du modèle de MARION Qui veu-
lent qu'A la base d'une modification salariale doit se trouver l'influ-
ence des mouvements entre secteurs, l'influence de changements de parti-
cipation du travail dans chaque secteur et l'importance des variations
liées entre parts salariales sectorielles et pondération des secteurs.
*
*
*

~.
Il est donc possible de saIsIr les répercussions de l'augmen-
tation du volume de l'emploi sur les salaires.
L'étude indique que le secteu~ tertiaire est A la base de l'aug-
mentation du volume de l'emploi. Les effets de cet accroissement du volu-
me de l'emploi sur les salaires ont pu être appréciés A partir des deux
études de corrélation que nous avons effectuées. Ces études révèlent:
- qu'il existe une relation positive entre la quantité d'emplois
offerte et la masse des salaires distribués;
- que l'accroissement des effectifs employés s'accompagne d'une
augmentation de la masse des salaires dans une moindre proportion.
Au niveau théorique, le modèle de Françoise EYMERY démontre que
le taux de salariat est l'élémen~ déterminant de la croissance de la part
salariale dans le Revenu National.
L'application du modèle de MARION indique que la part des salai-
~
res dans le Revenu National du secteur primaire est en regression alors
que celle des deux autres secteurs est en progression. Cette évolution
opposée s'explique en grande partie par la structure et le volume de l'em-
ploi des secteurs.
=-=-=-=-=-=-=-=-=

67.
Tableau nOII-1: Evolution de l'offre d'emploi par secteurs d'activités
économiques
1965
1975
1980
1985
Primaire
43 800
64 200
71 000
76 000
(24,15 )
(17,58)
(15,12)
(13,45)
Seconda i re
49 550
92 070
123 500
137 700
(27,33)
(25,20)
(26,30)
(24,40)
Tertiaire
88 000
209 000
275 000
351 000
(48,52)
(57,22)
(58,58)
(62.15 )
Total
181 350
365 270
469 500
564 700
Source
Françoise BINET (1982).

.
?6
Tableau n° 11-2 : Evolution de la part salariale dans les 3 grands secteurs d'activité
et les facteurs explIcatIfs
1965
1981
:
W
o
Po
W
P
o Po
W1
1
W1 P1
d W
i
d Pi
d Ci
POd Wi :WO d Pi :d W.d P. :

1
1 .
Primaire
8,18
47,10
3,85
54,56
1,57
0,85
46,38
- 45,53
3,00
21,84
- 3,72
- 21,12:
Secondaire
36,15
19,09
6,90
37,51
54,79
20,55
1,36
35,7
13,65
0,25
12,90
0,50:
Tertiaire
32,23
33,80
10,89
33,05
52,06
17,20
0,82
18,26
6,31
0,28
5,88
0,15:
16,96 = 22,37
: +15,06
- 20,47:
Salaire
NB: W =- - - - - - - -
Valeur ajoutée
Valeur ajoutée
P = r Valeur ajoutée

69.
CHAP ITRE 1II
LES MODIFICATIONS DE LA STRUCTURE DES SALAIRES
Le capital humain joue un rÔle déterminant dans la formation
de la structure des salaires. De ce fait la théorie du capital humain
peut servir de base à la réflexion sur la répartition des salaires entre
les différents offreurs de travail.
La formation de la structure des salaires est également le fait
des firmes qui agissent sur le taux de salaire. L'action des entreprises
qualifiéed'''effets d'entreprise" établit une hiérarchie salariale basée
sur les apports productifs des travailleurs.
Après avoir exposé brièvement le fondement de la disparité des
salaires (annexe nOIII-1) nous mettrons en évidence l'impact de l'offre et
de la demande de travail sur la structure des salaires.
On a par ai lIeurs, fai t observp.r qu 1 il Y a eu une transformati on
de la structure de la malin-d'oeuvre sur le marché du travai 1. Nous analy-
serons les conséquences de cette modification sur la structure des salai-
res.
Dans ce chapitre, nous spécifierons les déterminants de la struc-
ture des salaires, ensuite nom: analyserons son évolution.
SECTION 1
LES DETERMINANTS DE LA STRUCTURE DES SALAIRES
Les composants du marché du travail, l'offre et la demande de
travail, expliquent la structure.
§ 1. L'offre de travail et la structure des salaires
Plusieurs théories tentent d'expliquer la structure des salaires
lorsqu'on se place du côté de l'offre du travail. La théorie du capital
humain semble être la plus cohérente et la plus adaptée aux réalités du

70.
marché du travail.
A - La théorie du capital humain
1) Les postulats et les critiques de la théorie
La théorie du capital humain siest précisée a partir des tra-
vaux des auteurs américains SCHULTZ et DENISON. Sa naissance a été sus-
citée d~ne part par l'incapacité du modèle traditionnel a expliquer la
croissance et d'autre part par les difficultés rencontrées par l'approche
néo-classique pour analyser les disparités de salaires. BECKER (1964) spé-
cifie plus l'analyse en incluant l'éducation dans la théorie du capital
humain. Les individus investissent en eux-mêmes par l'éducation. Ils réa-
lisent cet investissement dans l'espoir d'être fortement rémunérés dans
les années a venir.
La théorie du capital humain se fonde sur l'idée selon laquelle
l'éducation accroft la productivité du travail et procure davantage de
revenu. De ce fait, elle établit un lien entre la rémunération du travail
et sa formation, plus précisément son capital humain. Le capital humain
est donc une réponse a l'explication de la disparité des salaires.
En raisonnant ainsi, la théorie du capital conserve le fondement
de la théorie néo-classique selon lequel le travailleur est rémunéré a sa
productivité marginale. Selon EICKER (1975), sa première hypoth~se est
celle de la concurrence parfaite, la substituabilité des facteurs, la se-
conde hypothèse.
Ainsi formulée, la théorie du capital humain a été violemment
critiquée. On lui reproche d'assimiler la dépense d'instruction a une dé-
pense d'investissement. Or on ne peut confondre ces deux éléments essentiel-
lement pour deux raisons:
- d'une part la motivation de l'investisseur n'est pas immédia-
te comme le sous-tend la théorie. Les individus ne misent pas sur le pro-
fit futur qu'ils vont tirer d'ùne formation supplémentaire;
,

71.
- d'autre part, seule une partie des dépenses d'éducation
peuvent être assimilée ~ un investissement.
L'assimilation des dépenses d'éducation ~ un investissement
conduit ~ un calcul inexact du taux de rendement de l'investissement in-
dividuel, car on surestime le coQt de l'investissement.
La seconde critique de la théorie de l'investissement intellec-
tuel a été formulée par LINDSAY. Cet auteur souligne l'importance de la
distinction entre la décision d'investissement en éducation et la déci-
sion d'investissement dans un bien matériel. Dans le premier cas, c'est
le prix de vente du travail Qui se modifie alors Que dans le second cas,
on compare la valeur des avoirs Qui pourraient être acquis par l'usage
alternatif de ressources disponibles.
LINDSAY a abouti ~ la conclusion selon laquelle le taux de ren-
dement est surestimé parce Qu'on ne prend pas en compte la perte des loi-
sirs.
Les marxistes critiquent également la théorie du capital humain.
Pour eux, le développement de cette théorie résulte d'un "développement
Qualitativement nouveau des forces productives auquel le capitalisme mo-
nopo!1st1qued'Etat donne la réponse capitaliste" (40). Ils critiquent
le concept même de la dépense d'éducation en tant Qu'investissement se
rapportant ~ la théorie marxiste du capital. Etant donné Que la rentabili-
té suppose l'existence d'un rapport entre un profit et une avance de ca-
pital, LAUNAY soutient Que le capital humain ne peut pas engendrer de pro-
fit. En fait la critique de cet auteur se fonde sur la théorie de la va-
leur travail marxiste. La seconde critique des marxistes a trait ~ l'idéo-
logieéconomiQue fond~e sur la logique d'investissement et de rentabilité.
Les critiques de la théorie du capital humain sont si nombrèu-
ses Qu'il est impossible de les évoquer toutes. L'intérêt de cette théorie
c'est Qu'elle continue ~ expliQJer les disparités de salaires.
(40)
Jea~ LAUNAY. "El4ments pour une Economie Politique de l'Educa-
tion". In Economie et Politique, nO 184, Novembre 1969, p. 63 à
98.

72.
2) Les conditions à la réalisation du capital humain
La réalisation d'un investissement en capital humain est lar-
gement subordonnée aux aptitudes naturelles des personnes et au système
scolaire.
a) Les aptitudes naturelles
On regroupe souvent sous le terme de "quaI ités naturelles",
les qualités d'intelligence, de volonté, de motivation.
Les aptitudes naturelles comportent à la fois des éléments
génétiques et des caractères acquis dans le milieu familial.
Certains métiers exigent un don d'intelligence exceptionnel
ou une habilité artistique particulière. De ce fait tous ceux qui ne pos-
sèdent pas cette qualité rare ne peuvent les exercer. Il s'agit par exem-
ple de la fonction d'artiste, de sportif etc ....
Compte tenu des barrières naturelles liées à des prédispositions
de certains individus tout le monde n'aura pas accès à ces métiers. Le
nombre réduit de des offreurs de ces services fait qu'ils seront particu-
lièrementmi~ux rémunérés que ceux qui offrent des services qui n'exigent
pas une aptitude particulière. Dans ce cas le facteur inné est à la base
de la disparité des salaires.
Les aptitudes naturelles ont également une dimension sociale
et culturelle. En effet l'encadrement familial
joue un rOle déterminant
dans la réussite scolaire de l'individu.
Certains auteurs partent de l'hypothèse qu'il existe une rela-
tion étroite entre l '''intelligence'' des individus et leur appartenance à
un groupe social donné. Par conséquent. il conclut que les enfants dont
les parents sont intelligents ont de forte chance de l'être à leur tour.
Un telle idée est contestable car la clé de la réussite sociale
des jeunes issus de familles aisées réside dans l'encadrement dont ils

73.
bénéficient. Ils ont des possibilités financières qui leur permettent
de faire des études au-delA de l'3ge minimum légal. Le cho'Î'x de la
fi 1ière de form('! est souvei1~ imposé par lesparl'!nts. En. rf'!'I-lnr:he les
j~unes issus des familles modestes ont une contrainte financière,
qui les empêche de poursuivre leurs études au delA deceseuil. La prolon-
gation de la scolarité constitue un manque A gagner pour les familles sous
la forme de renonciation A un salaire immédiat. Ce coat d'opportunité est
facilement supporté par les familles aisées.
La disparité des salaires entre les jeunes issus de familles
aisées et ceux des familles modestes slexplique par la possibilité qu'ont
les premiers A réaliser un investissement intelJ~ctlJel
plus important que
les seconds.
Il est dangereux de croire que les enfants des catégories aisées
ont d'emblée des aptitudes plus élevées Que les autres. Si certains au-
teurs aboutissent A cette conclusion c'est Qu'ils négligent l'importance
de l'environnement social dans l'épanouissement d'un individu.
Si la disparité des salaires dans les Pays développés provient
de l'inégalité d'accès A l'enseignement et A la culture, due A la dispari-
té des coOts marginaux de l'instruction, l'analyse paratt inadaptée en ce
Qui concerne les Pays en voie de développement. Dans ces pays, la sélec-
tion joue le rÔle de régulateur, de filtre A l'accès A l'investissement
intellectuel.
b) Le système scolaire
Dans le raisonnement que nous venons de faire, les disparités
de moyens des familles sont A la base de l'inégalité d1accès A l'ensei-
gnement et A la culture. Les disparités de salaires dans une telle situa-
tion résultent de l'investissement intellectuel. La prolongation de la
scolarité des jeunes issus des catégories aisées accrott leur capital
humain et donc leur salaire. Dans une telle logique, une réduction de
l'inégalité des salaires devrait être induite par la démocratisation de
l'enseignement c'est-A-dire l'accès A l'enseignement pour tout le monde.
La CÔte-d'Ivoire a adopté une éducation de masse depuis son

74.
accession
A l'indépendance. Le choix d'une telle option se justifiait
par les contraintes du moment c'est-A-dire la pénurie des cadres natio-
naux. Cet enseignement se manifeste par une progression remarquable des
effectifs scolaires pris en charge par le système éducatif. Il a engendré
l'amenuisement des perspectives professionnelles des étudiants A cause
de l'excès d'offre des sorties de l'enseignement supérieur sur le marché
du travail (cf. A KOUADIO BENIE (1982) ). Par ailleurs, l'enseignement de
masse tel qu'il est pratiqué en Côte-d'Ivoire n'a pas permis de réduire
les disparités sociales. A cet effet. les auteurs du Plan quinquennal de
1961-1985font remarquer qu' i 1 y a "une inégale répartition du bénéfice de
lléducation aux différentes couches sociales de la population et régions
de Côte-d'Ivoire. Malgré un développement rapide. le système éducatif nia
pu suivre l'évolution de la demande sociale et chaque rentrée scolaire con-
naît des problèmes de plus en plus aigüs. Beaucoup de jeunes exclus du
système scolaire. et leurs parents. se sentent frustrés" (41).
Ainsi. bien que l'accès à l'enseignement soit gratuit pour tout
le monde. la sélection participe activement à l'exclusion des jeunes du
système scolaire. Cette sélection qui se développe en même temps que l'ins-
truction. s'opère sur la base des capacités personnelles de chacun. Les
ressources financières de familles ne sont pas tellement une contrainte
dans la mesure où les étudiants ne payent pas leurs cours et bénéficient
de bourses d'études.
Globalement. on peut dire qu'il y a une égalité des chances
qui n'implique pas une égalité des résultats. car si deux personnes de
mêmes aptitudes peuvent aboutir aux mêmes résultats malgré les moyens fi-
nanciers de leurs parents et quelque soit leur origine. l'accès à tous
les niveaux d'enseignement n'est réservé qu'aux meilleurs élèves. De ce
fait seuls les élèves les plus doués percevront les plus hauts revenus
puisqulils réalisent le plus important investissement intellectuel.
La sélection en fonction des capacités individuelles accentue
donc la disparité des salaires. Le milieu d'origine influe parfois sur
cette inégalité. En effet il arrive que même des étudiants doués ne pour-
suivent pas normalement leurs études. Sous les pressions familiales. ils
(41) Ninist~re du Plan. Plan Quinquennal du d~veloppement ~conomique,
social et culturel, 1981-1985, p. 615.

75.
sont obligés d'abandonner les études. Les parents, parce qu'ils ne
peuvent plus supporter le manque à gagner que représente la renonciation
à un salaire immédiat de la part de leurs enfants, les inr.it~nt à inter-
rompre leurs investissements intellectuels.
En définitive, on retiendra que la sélection est l'élément dé-
terminant de la disparité des salaires; même si les individus ont des
aptitudes identiqu~s et des chances égales d'accéder à l'instruction et
aux carrières correspondantes, les disparités de rémunération entre les
différentes catégories d'emplois se présentent comme une fonction des
différents niveaux d'instruction exigés (42).
On note également que le milieu familial concourt à accroftre
la disparité des salaires. Malgré la gratuité de l'enseignement, l'''in~­
tructioncomporte un coat représenté par le manque à gagner résultant
d'une entrée tardive dans une profession rémunérée" (43).
Nous venons de montrer qu'il existe une relation entre les ap-
titudes naturelles et le niveau d'instruction. Il résulte de cette corré-
lation positive une disparité des salaires. Dans ce qui va suivre nous
allons vérifier partiellement cette hypothèse en analysant des salaires
selon le niveau d'instruction et selon les filières de formation. En
d'autres termes nous allons voir si la théorie du capital humain peut
être validée
B - La validité de la théorie du capital humain dans l'expli-
cation de la structure des salaires
L'analyse de la disparité des salaires en fonction du niveau
d'instruction et de la formation permet d'apprécier l'impact du capital
humain sur les différences de salaires entre les individus.
1) La répartition des salaires selon le niveau d'instruc-
tion
L'acquisition d'un niveau élevé d'instruction exige du temps et
et· recule de ce fait l'age dans la vie active. El le réduit également la.
(42) J. LECAILLON : l.es saLaires - ~dition8 CUJAS -PARIS 1973, p. 132.
(43) ,J. U:C.4.TLWJY
: op. ~it. p. 132.

76.
période de la rentabilité du capital humain. Selon LECAILLON (1970), la
décision d'acquérir une instruction supérieure ressort d'un calcul effec-
tué dans le temps. Pour que ce choix soit rationnel, on égalise les va-
leurs actualisées des différents flux de revenus susceptibles d'être per-
çus durant la totalité de la vie active.
Si on admet que le flux de revenu est régulier tout au long
de la vie active, il est possible d'évaluer les inégalités de revenus
liés aux différents niveaux d'instruction. Cette inégalité s'accroit avec
la valeur du taux d'actualisation des revenus futurs. Elle sera importan-
te si le taux d'actualisation des revenus futurs estélevé. La disparité
des salaires sera également importante si la durée de la vie profession-
nelle est courte puisqu'il va falloir compenser le coat d'instruction sur
une courte période.
Dans le cadre de notre hypothèse, à savoir l'égalité de chance
en matière d'instruction, la durée des études dépend essentiellement des
aptitudes individuelles des gens et de leur "horizon économique". Le ta-
bleau n° 111-1 indique que malgré l'égalisation des conditions d'accès à
l'instruction, On constate une grande inégalité des salaires. En effet
quelque soit l'année, le salaire des travailleurs qui ont un niveau d'ins-
truction élevé est nettement plus important que celui des autres salariés.
Le salaire des personnes ayant fait des études supérieures vaut 15 fois
celui des illétrés en 1974. Cette proportion est passée à 9 en 1979. Cette
chute s'explique par une forte croissance des salaires des illétrés entre
1974 et 1979, soit 145,33 %.Lés personnes qui. ont suivi dec;'études primaire
ont vu leur saiaire s'accroître de 69,02 %les plus faibles taux ·de crois-
sance concernant les personnes ayant suivi les études secondaire (1er et
2ême cycles).
Quel que soit l'ampleur du taux de croissance du salaire men-
suel moyen, le salaire progresse régulièrement avec le niveau d'instruc-
tion.
Lorsqubn introduit la variable "secteur d'activité" (cf. au
tableau nOI11-2),on s'aperçoit que le salaire mensuel moyen croît avec
le niveau d'instruction quelque soit le secteur envisagé. On remarque

77.
toutefois que les écarts de salaires sont plus importants dans le sec-
teur primaire que dans les deux autres secteurs. Le rapport du salaire
des personnes ayant fait des études supérieures au salaire des illétrés
est égal ~ 15,61 dans le secteur primaire, 11,32 dans le secteur secon-
daire et 7,8 dans le secteur tertiaire. Ce dernier secteur est donc moins
inégalitaire que les deux premiers. L'accentuation de l'inégalité des
salaires dans le secteur primaire s'explique par la présence de nombreux
manoeuvres agricoles illétrés dans ce secteur.
Lorsqu'on fait intervenir la nationalité des salariés, il est
possible de faire deux types de comparaison: d'une part ~ l'intérieur
de chaque groupe de nationalité et d'autre part entre les groupes de
nationalité. A l'intérieur de chaque groupe de nationalité, le salaire
croft avec le degré d'instruction. Cependant les écarts de rémunération
varient selon les nationalités. Ainsi les salaires varient de 1 ~ 7 entre
les ivoiriens et entre les africains non ivoiriens; en ce qui concerne
les expatriés (les non africains), la fourchette des salaires se situe
entre 1 et 2.
La comparaison des salariés selon leurs nationalités fait res-
sortir le fait qu'il n'existe pas une grande différence de salaire entre
les ivoiriens et les africains non ivoiriens ~ niveau d'instruction égale.
Très souvent les salaires ivoiriens sont supérieurs ~ ceux des africains
non ivoiriens ~ l'exception des salariés qui ont un niveau secondaire
(1er cycle). En revanche a niveau d'instruction égale, les salaires des
nOn africains sont nettement plus élevés que ceux des ivoiriens et des
africains non ivoiriens. Par exemple le salaire d'un travailleur illétré
non africain équivaut a 10 fois celui d'un ivoirien et 7 fois celui des
africains non ivoiriens (Tableau nOIII-3).
Le niveau d'instruction restitue un aspect de la qualification
du travail. En le croisant avec la catégorie professionnelle, on déter-
mine le salaire réel du travailleur dans la mesure où la catégorie pro-
fessionnelle permet de situer un salarié dans la hiérarchie des emplois
et dans la grille des salaires (44).
(44) O.N.F.P., op. oit. p. 142.

~..
La tableau nOII!-4 qui est un p.~emple de croisement dll niveau d'instruc-
tion avec la catégorie professionnelle permet les commentaires suivants
- à l'intérieur d'une catégorie professionnelle. les salaires
ne sont pas identiques; ils sont fonction généralement du niveau d'ins-
truction. Ainsi les salaires dlun agent de Direction Illetré est 2,6 fois
inférieur à celui qui a fait des études supérieu~s;
- les salaires des agents de la direction et des cadres moyens
sont relativement faibles slils ont le D.U.T. ou le B,T.S. ; ce phénomè-
ne s'observe également chez les agents d'encadrement (cadres moyens et
maîtrise) quand ils ont le niveau terminal ou le B.A.C.
En définitive, on remarque que l'instruction est une variable
déterminante de la disparité des salaires. Cette disparité est plus im-
portante dans le secteur primaire; elle est plus accentuée entre ivoi-
riens et africains non ivoiriens illétrés et les personnes ayant fait
des études supérieures. Par ailleurs. à niveau d'instruction égale, l'é-
cart de rémunération est très élevée entre les non africains d'une part
et les ivoiriens et les africains non ivoiriens d'autre part.
Enfin, au sein d'une même catégorie professionnelle. les sa-
laires varient très souvent en fonction du niveau d'instruction. Le sa-
laire d'un illétré est Inférieur ~ celui d'individu qui a fait des étu-
des sup~rieures.
Le niveau d'instruction nlest pas le seul élément qui influe
de façon décisive sur les salaires, On a également la formation.
2) la répartition des salaires selon la formation acquise
Le système éducatif dispense deux catégories de formation:
la formation générale et la formation professionnelle. L'acquisition de
l'une de ces deux formations constitue un investissement dans la mesure
où elle représente un coOt pour le travailleur. Dans le cas de la forma-
tion générale. les connaissances générales de l'individu sont bien déve-
loppées ; alors que la formation professionnelle accroit la capacité
professionnelle des étudiants.

79.
On remarque une interdépendance entre l'appareil de formation
et le marché du tr~val 1. Cettp lnterdépendancp ~'expllque par plu~ieur~
variables dont deux nOus pdr'dI ssent essentielle~ en ce qui concerne la
CÔte-d'Ivoire. Il s'agit de la croissance de la production du système édu-
catifetde lêllimitat!onde la formation au sein du marché du travail.
Selon les responsables du Plan, la pression de la demande sco-
laire va entrafner au cours des cinq prochaines
années un accroissement
important de l'effectif des élèves et étudiants. Pour le cycle primaire,
on estime que le nombre de classes (public + privé) passera de 27.700 en
1981-1982 a 38.800 en 1985-1986, soit une augmentation de 40 %en quatre
ans. Le premier cycle du secondaire public verra ses effectifs passer de
13.100 élèves en 1981-1982 a 199.000 en 1985-1986, soit une augmentation
de 52 % ; le second cycle passera, quant a lui, de 22.500 élèves en 1981-
1982 a 38.000 quatre ans plus tard, enregistrant un accroissement de 69 %
sur la période. Enfin, a l'université, le nombre des ivoiriens, qui est
de 8730 étudiants en 1979-1980 atteindra un effectif de plus de 13 000
en 1985-1986 (45).
A partir de cette production du système éducatif, on s'attend
a l'arrivée de 91.134 jeunes qualifiés sur le marché du travail durant la
quinquennie. Parmi ceux-ci, on comptera 28.749 cadres, 15.793 pour le
personnel de maîtrise et 46.588 qualifiés (46).
Le second é lèment de l' interdépendance entre le système de for-
mation et le marché du travail réside dans la réduction du rôle de llap-
prentissage par l'expérience. La formation professionnelle est attribuée
en grande partie a l'enseignement technique, ce qui explique son essor
particulier. L'importance accordée a l'enseignement technique et a la
formation professionnelle se matérialise par "la mise en service et l'ex-
tension de centres de formation professionnelle, l'ouverture de lycées
professionnels, la création d'un Lycée Technique a Yamoussokro a l'I.N.S.
LE. Les projgts de certains Ministères Techniques pOllrront également voir le
(45) Nini8t~re du ~an. ~an quinquennal. op. cita p. 616
(46) F. BINET. op. cita p. 207.


80.
jour pendant la même période: Marine (Académie des Sciences et techni-
ques de mer) ; Agriculture (E.N.S.A. transféré è Toumbdkro, Mines (Ecole
pétrolière) etc .. et d'autres structures atteindront leur vitesse de
croisière (E.N.S.T.P., Ecole d'Ingénieurs, E.E.C.I.)
(47).
la plupart de la formation s'effectue donc en dehors du marché
du travail. Malgré cette interdépendance, on remarque toutefois une auto-
nomie de l'appareil de formation. Cette relative indépendance du système
de formation engendre un déséquilibre entre les qualifications personnelles
des travailleurs et les qualifications souhaitées par les employeurs. La
preuve de ce déséquilibre est qu'on note déjè des excédents dans les for-
mations administratives et commerciales imputables essentiellement au dé-
veloppement de l'université d'Abidjan. Ces déséquilibres gagnent certaines
formations techniques qui seront éxcédentaires par rapport aux besoins
dans le prochain quinquennat.
l'inadéquation de la formation è l'emploi va provoquer une
surenchère des qualifications adaptées aux besoins des employeurs sur
le marché du travail. Généralement les étudiants qui ont une formation
professionnelle sont plus sollicités par les employeurs que les autres.
Cette hypothèse se vérifie si l'on observe les données du tableau n9Il-5
Selon ces informations è niveau d'instruction égal, les salaires différent
selon le type de formation. Quel que soit le niveau d'instruction considé-
ré, les étudiants qui ont suivi l'enseignement technique et professionnel
ont un salaire plus important que ceux de l'enseignement général.
Par ailleurs, la disparité des salaires entre les deux types
de formation tient è la spécificité de chaque système de formation. Alors
que l'enseignement général est un enseignement de masse, l'enseignement
technique se caractérise par son développement limité et par sa sélecti-
vité.
l'enseignement technique est moins développé parce qu'il
nécessite un investissement coOteux. En effet pour le seul secteur de
l'enseignement technique, l'Etat a dépensé 4,4 milliards de F.CFA en 1979
et 10,8 milliards en 1980. Ces dépenses sont uniquement des dépenses d'in-
(47) Nini8t~re du ptan. ptan quinquennal. op. cit. p. 616.

aL
vestissement.
La sélection a l'entrée dans les établissements publics d'en-
seignement technique et de formation professionnelle sont très sévères
a cause du nombre de places limité. En imposant une sélection rigoureuse.
l'Etat entend rentabiliser 11investissement réalisé; il minimise de ce
fait le coût unitaire par élève formé. Les coOts de formation sont pIcs
élevès en COte-d'Ivoire que dans les autres pays africains. On note en
particulier:
- que les formations techniques du niveau secondaire coOtent
quatre fois plus chères que le cycle secondaire traditionnel
- le coOt année-élève au lycée professionnel est pratiquement
identique a celui d'un étudiant en médecine;
- qu'une année de formation d'ingénieur agronome a l'E.N.S.A.
coOte 3 fois plus chère qu1une année en faculté des Sciences (48).,
La formation dispensée par l'enseignement technique coOte
donc plus ~hère que celle de l'enseignement général.
On retient donc 3 facteurs pour expliquer la disparité des
salaires entre l'enseignement général et l'enseignement professionnel
- l'enseignement technique dispense une formation qui se rap-
proche plus des besoins des employeurs ;
-l'accès limité aux établissements de l'enseignement technique
et professionnel entretient en permanence une pénurie de main-d'oeuvre
ce Qui fait monter le prix de cette main-d1oeuvre formée;
- le marché du travail récompense l'intensité d'investissement
contenu dans la formation des étudiants de l'enseignement tecfmtque.
Le système de formation renforce les différences de salaires.
La distinction enseignement-général - enseignement professionnel met
(48) Ninist~re du Plan. op. cit. p. 614.

82.
en évidence l'impact du capital humain sur la répartition des salaires.
L'investissement intellectuel étant intensif dans la filière de formation
professionnelle. les personnes qui ont reçu ce type de formation ont un
salaire plus élevé que celles qui ont une formation générale.
Si le niveau d'instruction et la formation expliquent la dis-
parité des salaires entre les offreurs de travail. les employeurs influent
de leur côté sur cette inégalité.
§ 2. La demande de travail et la structure des salaires
L'entreprise dont la politique des salaires a pour double ob-
jectif de maintenir son personnel et d'attirer certains travailleurs. dé-
termine une structure interne des salaires qui lui permet de faire face à
son besoin d'emploi. Cette structure des salaires tient compte des carac-
téristiques socio-économiques des travailleurs (âge. ancienneté. etc •.• ).
A - Le rôle de glissement des salaires dans le maintien de la
structure des salaires
L'entreprise modifie régulièrement sa structure de salaire
pour s'adapter aux exigences de son marché interne et à celles du marché
externe. Cette modification engendre un décalage entre le salaire effectif
payêautravailleur et le salaire minimum prévu par les conventions col-
lectives. La supériorité du gain effectif par rapport au gain négocié
caractérise le processus de "glissement de salaire"dont l'employeur dépend de
la "capacité de payer" de l'entreprise (49) et de l'échelle des salaires
sur le marché local.
Le glissement des salaires est à l'origine de la disparité des
salaires entre les entreprises et à l'intérieur des entreprises.
(49) Selon BROWN (1962). la capacité de payer de l'entreprise est fonc-
tion de :
- la marge de prOfit de l'entreprise;
- sa productivité du travail ;
- sa position sur le marché des produits ;

- l'importance de ses coûts en salaires;
- l'importance relative de sa main-d'oeuvre masculine;
- le coefficient de rotation de sa force de travail ;
- le
caract~re dynamique de la branche à laquelle elle appartient.

83.
Nous allons dans un premier temps préciser son contenu et
les facteurs qui le suscitent; ensuite nous l'analyserons tel qu'il
a été observé dans l'économie ivoirienne ~ partir de l'enquête de
11 0.N. F.P. en 1971 (50).
1) L'appréhension du concept "glissement de salaire"
a) Concept et mesure
Habituellement. on définit le glissement des salaires comme
étant la différence entre l'augmentation effective des gains horaires.
d'une part. et l'augmentation négociée.de ces gains. telle qu'elle résul-
terait des termes des accords collectifs
(51).
Selon PERON-MAGNAN. "le glissement de salaire est le phénomè-
ne dynamique apparaissant lorsque le rythme d'évolution d'un salaire
conventionnel. déterminé dans une convention collective suffisamment lar-
ge. est différent du rythme d'évolution de salaires effectifs moyens cor-
respondants qu' ils aient été ou non inscrits formellement dans les accords
de salaires moins étendus au cours d'une période donnée" (52).
La définition du concept "glissement de salaire" fait ressortir
l'évolution de deux paramètres.
- d'une part l'évolution d'un salaire effectif nominal
- d'autre part celle d'un salaire conventionnel.
La comparaison de ces deux évolutions fait apparaftre le glis-
sement des salaires. Le glissement de salaire s'appréhende entre deux
dates de négociations successives. ce qui n'empêche pas que son appari-
tion soit spontanée.
On distingue deux aspects de glissement de salaire: le glis-
sement de salaire provisoire et le glissement de salaire persistant.
(50)OB.F.P. Le secteur priv4 et para-public en Côte-d'Ivoire. 1971.
R4sultats de l'enquête main-d'oeuvre. 1971. 2~me partie: les don-
n4es individuelles de la main-d'oeuvre salari4e.
(51) MOULY Jean. "La d4termination des salaires : concepts institution-
nels" R.I.T•• vol. 96. nO 5. Novembre 1967.
(52) Ja.cques PEROl-'-MAGlIAN. "Glissement de salaires et politiques des
salaires". in Revue Economique. nO 6. 1964. p. 723.

84.
Le glissement de salaire est provisoire ou temporaire Quand
l'augmentation du salaire effectif n'est pas prévue entre les deùx dates
de négociation.
Il est persistant lorsque la portion de l'accroissement
du salaire effectif est consolidée par la seconde négociation.
Ces deux aspects du glissement agissent simultanément sur l'é-
volution des salaires conventionnels~ Ils jouent un rÔle déterminant au
cours de la négociation. Quelque soit le type de glissement. une modifi-
cation de la structure des salaires s'opère. Lorsque le glissement est
persistant. on a un écart définitif entre le gain effectif et le gain
con vent ionne 1.
Le glissement des salaires n'est pas seulement un phénomène
dynamique. il est également mesurable. On utilise deux méthodes distinc-
tes pour le mesurer. La première méthode consiste à rapporter le pourcen-
tage d'augmentation du salaire effectif à celui du salaire conventionnel.
Cette méthode permet d'apprécier le glissement au-delà d'une variation
du salaire conventionnel. Quant à la seconde m~thode. elle consiste à
faire la différence entre les pourcentages de variation des deux types
de salaires.
Après avoir spécifié le contenu et la mesure du glissement
des salaires. il reste à déterminer les causes de son existence.
b) Les causes du glissement de salaire
On retient quatre causes principales pour expliquer le glisse-
ment des salaires. Il s'agit de la rareté de l'offre de travail. de l'évo-
lution de la productivité. du mode de calcul des rémunérations et du ni-
veau des négociations. Les deux dernières causes sont d'ordre institution-
nel.
Le glissement des salaires induit par la rareté de l'offre de
travail s'explique de la manière suivante: lorsque les quantités offer-
tes de travail sont inférieures aux quantités demandées. les travailleurs
se trouvent dans une situation privilégiée; ils bénéficient d'une rente
salariale. Dans ces conditions le glissement intervient parce que les

8S.
salaires négociés ne répondent pas aux conditions des forces du marché.
La rareté de l'offre de travail s'apprécie à partir de la frag-
mentation du marché du travail.·
La fragmentation géographique du marché du travail permet de
mettre en évidence la rareté de l'offre de travail suscitée par l'absence
de mobilité géographique des travailleurs. Dans ce cas, les employeurs
offrent des salaires élevés par rapport ~ ceux prévus par la convention
coilective pour maintenir ia ma~n-d'oeuvre locale et attirer certains
travil i lIeurs.
En ce qui concerne la fragmentation professionnelle du marché
du travail elle met en relief l'absence de mobilité technique des travail-
leurs. "Le glissement apparaft lorsqu'une convention collectivf! établit
une certaine hi~rarchie des salaires,certaines·normes de salaires en fonc-
tion des postes de travail ou des qualifications et que la rareté de tel-
le ou telle catégorie des travailleurs modifie la hiérarchie des salaires
effectivement versés" (53).
On peut multiplier les exemples de fragmentation qui engendrent
la rareté de l'offre de travail. En nous limitant à ces deux cas, nous
avons voulu montrer qu'il est possible d'envisager l'offre comme fac-
teur explicatif du glissement. Cette analyse théorique reste à valider
dans la mesure 00 le phénomène de l'immobilité géographique est rare de
nos jours, il s'est particulièrement développé qUifld la plupart des écono-
mies étaient en plein emplois. Quant à 11hypothèse de l'immobilité techni-
nique des travailleurs, elle est soutenable dans la mesure 00 les perfor-
manC~5 des techniques de production exigent une spécialisation poussée qui
ne rend pas les travailleurs interchangeable.
La productivité est également une cause du glissement de sa-
laires. Quant on associe la productivité au glissement de salaire, il est
possible de faire trois hypothèses:
la productivité et le glissement varient en même temps
- la productivité s'améliore d'abord et le glissement apparaft
ensuite ;
(53) PERON-NAGNAN. op. cit. p. 734.

86.
- le glissement en premier lieu et la productivité s'améliore (54).
Nous retenons la deuxième hypothèse selon laquelle le glissement
des salaires résulte de l'amélioration de la productivité. L'amélioration
de la productivité exerce des effets favorables sur les salaires. Ces
effets sont directs ou indirects.
Lorsque les effets de l'amélioration de la productivité sont
directs, le glissement des salaires est automatique ou volontaire. Le glis-
sement est volontaire quand on agit sur les taux de salaire aux pièces à
la suite de l'amélioration de la productivité. Ces taux sont supérieurs à
ceux prévus par les conventions collectives. Le glissement est automatique
s'il intervient entre deux dates de négociations, une amélioration de l'é-
quipement qui modifie l'évolution des salaires effectifs alors que les
taux aux pièces n'ont pas changé.
On invoque les effets indirects de la productivité, quand l'en-
treprise harmonise tous les salaires. Cette harmonisation se fait sous
l'impulsion des syndicats qui refusent qu'on attribue l'amélioratoin de
la product:ivité à une catégorie des travailleurs. Le glissement. dans ce
cas, est qualifié de secondaire, il provient d'un "effet de contagion
solidariste dans la firme". Le glissement primaire résulterait de la rare-
té de l'offre de travail et de la productivité.
En plus de ces deux éléments qui expliquent le glissement on
a deux autres causes Qui sont essentiellement institutionnelles
- tout d'abord le mode de calcul des rémunérations.
La rémunération des salariés est fonction du taux des salaires
ou d'une échelle de tau x. Ces taux constituent des normes pour la dé-
termination des salaires. Pour adapter ces normes aux circonstances par-
ticulières de l'exécution du travail, d'autres éléments entrent en jeu.
'
Par exemple, lorsque le travailleur est rémunéré aux pièces,
il a des ,primes de rendement.
(54) PERON-MAGNAN. op. cit. p. 734.

a7.
L'application du système "aux pièces" entrafne une augmentation
automatique des gains du travailleur. Cette augmentation fait suite à
l'amélioration de la productivité; elle tient également au fait que
les tarifs des pièces sont souvent fixés de façon lâche ou généreuse.
Face à la hausse des taux aux pièces. les travailleurs rémuné-
rés au rendement vont exiger à leur tour une augmentation de leur gain.
De ce fait. la hiérarchie initiale des salaires va se rétablir parce qu'on
octroie à ces travailleurs des indemnités spéciales telles que des primes
de production. globales ou forfétaires. ou des primes de productivité.
Ces primes qui sont accordées en dehors des négociations sont à l'origine
du glissement.
- Le niveau de négociation est également une source de glisse-
ment.
En effet. à partir d'une procédure de négociation collective.
d'arbitrage. on fixe un salaire minimum de poste + ou- - général.
mais variable selon le niveau de qualification ou la branche d'activité.
Lorsque les négociations de base ont lieu au niveau de l'entreprise. il
y a de fortes chances que l'écart entre le taux négocié et le taux ef-
fectif soit faible. En revanche. quand le taux se négocie au niveau de
toute la branche d'industrie. on constate un glissement de salaire parce
que le taux est généralement fixé en fonction de la capacité de payer
de l'entreprise marginale.
Le mode de calcul du taux de salaire et le niveau de sa négo-
ciation sont à l'origine de l'écart qui existe entre le taux formel et
le taux effectif. Le glissement qu'on observe matérialise le fait que
les salaires échappent aux normes établies par le "jeu des procédures
institutionnalisées".
Si plusieurs facteurs peuvent expliquer le glissement des sa-
laires. nous ne retenons que les causes que nous venons de présenter: la
\\
rareté de l'offre de travail. la productivité. le mode de calcul du taux
formel et le niveau de négociation.

88.
Le glissement n'est pas seulement un phénomène dynamique et
conceptuel mais aussi réel. Dans ce Qui va suivre, nous l'analyserons
tel Qu'il est apparu dans les résultats de l'enquête de 110.N.F.Pen 1971.
2) L'analyse du glissement .des salaires
Au cours de cette élude, on a comparé le salaire réel des
travailleurs au salaire minimum fixé au 1er Janvier 1970. Comme l'indique
le Tableau nOIII-~ la comparaison concerne la catégorie des ouvriers Qua-
lifiés, des ouvriers spécialisés et_~~s m~noeuvres.
On observe, lorsqu'on s'intéresse uniquement aux ouvriers Qua-
lif1és, Que plus de la moitié (64,3 1) des travailleurs du secteur primai-
re de cette catégorie socio-professionnelle ont perçu un salaire supérieur
au salaire minimum. Toujours dans ce secteur, on note Que les salaires de
0,6 1 d'ouvriers Qualifiés sont inférieurs au salaire minimum. Dans le
secteur secondaire, la plupart des ouvriers Qualifiés (90,9 1) ont reçu
un salaire situé dans la fourchette prévue par les conventions collectives.
Il y a pratiquement autant d'ouvriêt's Qui sont payés ilA-dessus de (41)
et en-dessous de (5,11) du salaire minimum. L'évolution des salaires
dans le secteur tertiaire est identique A celle du secteur secondaire puis-
Que le salaire de la majorité (88,8%) des ouvriers Qualifiés se situe
dans les normes prévues par les conventions collectives. Cependant dans
..
ce secteur, 7,8 1 des ouvriers Qualifiés ont perçu un salaire réel supé-
rieur au salaire minimum alors Que 3,4 1 d'entre eux ont ~té r~mLJnérés
inf~rieurement au salail"e minimum.
En ce Qui concerne les ouvriers spécialisés, on peut pratique-
ment faire les mêmes observations Que précédemment. En effet dans le sec-
teur primaire 52,2 1 des ouvriers spécialisés ont un salaire réel supé-
rieur au salaire minimum. Les salaires de ces ouvriers se situent dans
la fourchette aussi bien dans le secteur secondaire Que tertiaire. Quant
A la catégorie de manoeuvres, on constate Que dans le secteur primaire
la Quasi-totalité des travailleurs ont un salaire compris A l'intérieur
de la fourchette des minimas de la catégorie ; alors Que dans les deux
autres secteurs, la plupart des travailleurs ont un salaire dont le ni-
veau est supértieur A celui du salaire minimum. Par ailleurs, A l'opposé

89.
des deux autres catégories. on a une proportion élevée de manoeuvres
(16.9 %) dont les salaires sont inférieurs au salaire minimum dans le
secteur tertiaire.
A l'issue de toutes ces observations. on peut retenir que la
plupart des ouvriers qualifiés et spécialisés du secteur primaire ont
perçu un salaire réel supérieur au salaire minimum fixé au 1er Janvier
1970. Dans les secteurs secondaire et tertiaire. on a un proportion de
2.1 %à 10,2 %des travailleurs qui ont bénéficié du glissement de salai-
re.
Le glissement
varie selon les secteurs et les catégories. Il
est plus accentué dans le secteur primaire, lorsqu'on se réfère à la
catégorie des ouvriers qualifiés et spécialisés.
La politique de salaires de l'entreprise est donc à l'origine
du glissement. Ce glissement maintient la hiérarchie des salaires déjà
exi stante.
La hiérarchie des salaires. est aussi l'expression de la poli-
tique d 'emploi de l'entrepri se. Nous allons montrer concrètement comment
la disparité des salaires est un phénomène d'entreprise.
B - Les caracté~istiques socio-économiques des salariés et la
répartition des salaires
Lorsque au sein d'une entreprise, il existe des écarts de ré-
munérations entre les travailleurs, on dit qu'il y a disparité interne
de salaire. Cette disparité représente théoriquement le produit des
rapports différentiels d'offre et de demande existant sur le marché du
travail qui concerne l'entrepri se.
Cependant le rÔle actif de l'entreprise dans la différenciation
des salaires remet en cause l'existence d'un mécanisme concurrentiel uni-
que qui s'applique à l'ensemble des salariés de la firme. Désormais, on
considère les disparités internes comme étant le reflet des valeurs éco-
nomiques, les apports productifs différentiels des individus occupés
dans l'entreprise
(55).
(55) <1 P DAUBIGNEY. "Les disparités de salaire internes à la firme".
in Revue Economique~ nO 3~ 19?1~ p. 369.

90.
L'entreprise récompense les salariés en fonction de la valeur
des services rendus. Si on admet l'hypothèse de l'"effet entreprise",
le salaire d'un individu employé ~ un poste donné dans une entreprise j
(Sij) peut se décomposer en deux éléments: d'une part le salaire moyen
de l'entreprise (Si) et d'autre part l'écart entre le salaire individuel
et le salaire moyen (Ti).
Le salaire individuel se présente alors sous la forme suivante:
La variable Sj est ~ l'origine de la disparité inter-entreprise
en ce qui concerne le paramètre Ti' il engendre la disparité interne de
salaire.
Comme l'étude porte sur la disparité interne, il sera question
de rechercher les facteurs qui expliquent la variable Ti.
La plupart des études indiquent qt.eles facteurs explicatifs de
l'écart entre le salaire moyen de l'entreprise et le salaire individuel
(Ti) sont généralement le niveau d'instruction, la formation profession-
nelle, l'expérience et les aptitudes individuelles. Dans cette étude nous
ne retiendrons que le critère "expérience professionnelle" comme facteur
déterminant de la dispersion du Ti.
L'expérience professionnelle est une notion importante mais
ambigüe. Il est pratiquement impossible de l'estimer directement. Pour
évaluer sa contribution a la productivité, on utilise les critères d'an-
cienneté et d'âge. L'étude de la disparité des salaires selon l'expérience
professionnelle se ramène a la disparité des salaires selon l'âge et l'an-
cienneté.
1) La répartition des sa~aires selon l'ancienneté
Dans les activités professionnelles, l'ancienneté joue un rOle
important. Ainsi les "anc iens" jouissent-ils de beaucoup d'avantages ma-
tériels et psychologiques.

91.
L'ancienneté c'est-a-dire le temps passé dans l'établissement
est prise en compte dans les conventions collectives. C'est au Japon et
aux Etats-Uni s qu'on rencontre les pratiques les plus connul"S et les mieux
suivies
(56).
On évoque souvent que le système de salaire basé ~ur l'anciQnne-

non-économi que parce que le cri tère de l' anc ienneté et la recherche de 1a
productivité sont apparemmentcontradictoires. En réalité, il existe une
corrélation entre les capacités individuelles et l'ancienneté.
L'ancienneté joue un rôle important dans la détermination des
salaires. Il existe dans la plupart des entreprises, des échelons pour
chaque poste ou emploi. La progression des différents échelons se fait
automatiquement suivant l'ancienneté. Lorsque le travailleur atteint le
taux maximum de l'éventail des salaires correspondant a l'emploi qu'il
occupe, il passe a la catégorie supérieure. La progression des salaires
a l'intérieur d'une catégorie donnée conduit a une promotion interne. On
peut donc affirmer que l'ancienneté joue également un rôle déterminant
dans la promotion interne.
Le rôle déterminant de l'ancienneté dans la fixation des salai-
res prend toute son importance dans l'administration. En effet, en Côte-
d'Ivoire, le traitement des fonctionnaires passe d'un échelon a l'autre
automatiquement tous les deux ans, a moins que l'employé n'ait été sanc-
tionné au cours de la période
(57).
L'avancement automatique des fonctionnaires selon l'ancienneté
fait qu'on s'interroge sur la validité de l'hypothèse de la liaison an-
cienneté-productivité. Cette interrogation garde son intérêt surtout
dans les emplois administratifs où il est difficile d'évaluer la produc-
tivité de l'employé. En revanche dans le système productif, proprement
dit, il est possible d'estimer la productivité du travail; de ce fait
l'inquiétude se dissipe. Ainsi convient-il de maintenir le critère d'an-
cienneté comme un des éléments essentiels de la diversité (entre les in-
dividus) des apports productifs pour un poste donné. Si on admet cette
(56) Voir d ce propos l'article de SUZUNI: "Age, ancienneté et salai-
res". in R.I.T., vol. 113, nO 1, Janvier 1976, p. 66-88.
(57) A la faveur de la crise, l'avancement automatique des fonction-
naires a été bloqué il y a deux ans.

92.
hypothèse. on peut commenter le tableau nQ II!-7 de la façon suivante:
en 1974 comme en 1979. les salaires mensuels moyens s'accroissent avec
le temps passé par le travailleur dans l'établissement. Ainsi le salaire
mensuel moyen d'un salarié qui a au moins 16 ans d'ancienneté représente
2,3 fois le salaire d'un travailleur qui a été embauché dans l'établis-
sement il y a seulement un an en 1974. En 1979, le rapport est tombé A
1,5. La disparité des salaires induite par l'ancienneté se retrécit donc.
Lorsqu'on associe la catégorie socio-professionnelle A l'an-
cienneté (tableau nOIII-8) on observe que
- le personnel de Direction qui a plus de 15 ans d'ancienneté
dans l'établissement a le salaire mensuel moyen le plus élevé. On note
toutefois que la progression du salaire n'a pas été régulière; les clas-
ses d'ancienneté de 6 A 10 ans ont un salaire inférieur A la classe d'an-
cienneté de 4 A 5 ans. Ce qui est contraire au principe;
- par ailleurs, la distribution du salaire mensuel moyen des
cadres supérieurs selon les classes d'ancienneté n'est pas régulière.
En effet, il se trouve que les cadres supérieurs qui font partie de la
classe" .( 1 an" ont un salaire supérieur à la classe" 4-5 ans" ; en
ce qui concerne la classe
") 15 ans", les travailleurs quien font par-
tie, ont les salaires les plus élévés; ce qui est conforme A la pratique
habituelle. Par contre les "anciens" de la catégorie des cadres moyens
perçoiventl'?ssalaire~ les plusbas. Il en est de même pour les agents de
maîtrise car plus ils sont anciens dans l'établissement, plus ils per-
çoi vent des' sa 1aires re 1at ivement bas.
Quant aux emplois qualifiés et non qualifiés. la progression
des salaires est régulière c'est-à-dire qu'il cro~t avec le temps passé
dans l'établissement.
Les observations que nous venons de faire confirment l'hypo-
thèse de départ A savoir que la disparité des salaires en fonction de
l'ancienneté est plus perceptible chez les ouvriers que chez les cadres
(les emplois administratifs). Bien que les travailleurs qui ont plusde
lt:i ans les Ilieux rémullêr~s ël l'exception de la catégorie des cadres

93.
moyens et celle des agents de maftrise, la progression du salaire des
postes d'encadrement n'est pas automatiquement fonction du temps mis
dans l'établissement" LorsqU'on ne fait pas intervenir la catégorie so-
Cio-professionnelle des travailleurs (tableau nOIII-7),le salaire croft
automatiquement avec l'ancienneté.
L'ancienneté n'est qu'un aspect de l'expérience professionnelle,
le second aspect est l'âge du travailleur.
2) La répartition des salaires selon l'âge
L'âge n'agit pas directement sur la détermination des salaires
il indique la manière dont l'expérience dans le travail est valorisée.
Cette valorisation se matérialise pa~ le niveau de rémunération. Ainsi
on observe une assez bonne liaison entre l'âge des individus et les gains
obtenus (58).
Le tableau nOIIl-9 met en évidence cette liaison. En effet selon
les données de ce tableau, le salaire mensuel des salariés croît avec
leur âge. Par exemple, le salaire du travailleur âgé de moins de 20 ans
est inférieur à celui qui a plus de 61 ans quelque soit l'année de com-
paraison. Par ailleurs, on constate, qu'il ya une réduction de l'iné-
galité des salaires liée à l'âge puisque le rapport entre le salaire men-
suel moyen du groupe le plus âgé (61 ans et +) et celui du groupe le
moins âgé (~20 ans) est passé de 6,3 en 1974 à 4,2 en 1979.
En associant le profil des salaires selon l'âge au niveau
d'instruction, le salaire croft avec l'âge. La progression des salaires
atteint son maximum lorsque les salariés ont au moins 55 ans. Il arrive
parfois que des salariés très jeunes perçoiventd% salaires plusélevésque
t:eux des "anciens". C'est le cas par exemple des di plOmés des Grandes
Ecoles et de l'Enseignement Supérieur (Tableau n° III-10).
Les tableaux n° 7 et nO 9 que nous venons de commenter mon-
trent que les variables "ancienneté" et "âge" sont liées et exercent une
(58) cf•. d l'4tude de J-P LACHAUD sur "La segmentation du march4 du
travail urbain en Afrique. I. Le march4 du traavil uZ'bain d
Yaound4 : le cas de la menuiserie et les garages. Bordeaza I,
1984; p. 62.

influence considérable sur le niveau des salaires. On remarque cependant
que la variable "âge" est plus discriminante dans la mesure 00 le rapport
salaire mensuel moyen du groupe le plus âgé (61 ans et +) / salaire men-
suel moyen du groupe le moins 3gé (~20 ans) est plus élevé que le rap-
port salaire du travailleur le plus ancien (16 ans et +) / salaire du
travailleur le plus récent dans l'établissement (0 - 1 ans). Le second.
rapport que nous notons S2 est supérieur au premier rapport S"
quelque
soit l'année de comparaison.
On peut écrire
- en 1971
S1 (S2
- en 1979
S1' (S2'
L'ancienneté et l'âge permettent d'évaluer la contribution
de l'expérience professionnelle à la productivité. La productivité du
travailleur s'accroft quand il est âgé et ancien dans l'établissement.
A l'exception de quelques cas particuliers, les plus anciens dans l'éta-
blissement sont la plupart du temps les plus âgés.
Les dispersions de rémunération dans une entreprise pour un
même emploi tiennent aux caractéristiques individuelles notamment à
l'âge et à l'ancienneté.
L'analyse de l'impact de la demande de travail sur la rémuné-
ration, indique clairement qu'il y a un effet systématique de l'entrepri-
se sur les salaires. Cet effet qu'on qualifie d'effet d'entreprise et
qui se manifeste à travers la politique de l'emploi et des salaires de
l'entreprise, est responsable de la disparité interne des salaires. La
mise en évidence des caractéristiques individuelles par les entreprises
joue un rÔle déterminant dans cette disparité interne.

95.
. SECTION .11
L'EVOLUTION DE LA STRUCTURE DES SALAIRES
l'analyse de la structure de l'emploi a révélé Que:
1) La main-d'oeuvre Qualifiée est en progression aussi
bien au niveau global Qu'au niveau des grands secteurs de l'activité
économique ;
2) L'ivoirisation de l'emploi Qui est en train de s'opé-
rer n'a été possible Qu'à cause de l'augmentation du volume total de l'em-
ploi ; en d'autres termes l'ivoirisation de l'emploi s'explique par l'ef-
fet de croissance et non par l'effet de structure.
A partir de ces deux observations, nous analyserons les con-
séquences de l'évolution de la structure de la main-d'oeuvre sur la
structure des salaires. Plus précisément, on essayera, de voir si l'évo-
lution de la Qualification et de l'ivoirisation JP. la main-d'oeuvre a
accentué ou réduit l'i~égalité des salaires.
§ 1. L'analyse de la répartition des salaires selon la
Qualification
Nous examinerons
1) L'évolution de la disparité intercatégorielle des
salaires
2) La mesure synthétique de cette disparité
A - L'évolution de la disparité intercatégorielle des salaires
Le tableau nOIII-14 permet de constater que. l'éventail des sa-
laires entre les catégories socio-professionnelles se ressere pro-
gressivement de 1971 à 1979 puisque le rapport salaire moyen des cadres-
salaire moyen des ouvriers non Qualifiés Qui était de 7,33 en 1971 est
tombé à 3,77 en 1979. Ce resserrement des disparités s'explique par un

96.
accroissement considérable du salaire moyen des employés non qualifiés,
116,2 % ; alors que le salaire moyen des cadres n'accrû que de 7,7 ~.
Eh spécifiant l'analyse au niveau des grands secteurs (tableau
nOII~12) on constate que:
- le salaire moyen du personnel d'encadrement (cadres et maî-
trise) est plus élevé dans le secteur secondaire que dans les deux autres
secteurs. Cette valorisation des salaires dans ce secteur est sans doute
lié~~ l'utilisation d'une main-d'oeuvre plus qualifiée dans les combinai-
sons productives. On a déj~ observé que dans le secteur secondaire le
stock de capital est associé ~ une main-d'oeuvre qualifiée;
- ~ catégorie socio-professionnelle égale, les agents de maî-
trise et d'exécution perçoivent un salaire mensuel plus élevé dans le
secteur secondaire et tertiaire que dans le secteur primaire
- quelque soit la catégorie socio-professionnelle, les salai-
res sont moins élevés dans le secteur primaire que dans les deux autres
secteurs; la catégorie des cadres moyens fait exception dans la mesure
où leur salaire est plus élevé que celui du secteur tertiaire.
Outre. ces observations, on note que le secteur secondaire
est le plus inégalitaire; le rapport salaire moyen de la direction sa-
laire moyen des emplois non qualifiés de ce secteur est de 24 alors que
celui du secteur tertiaire est 15,17. Le rapport du secteur primaire
se rapproche de celui du secteur secondaire, il est égal ~ 23. On peut
donc conclure que la disparité intercatégorielle des salaires est plus
accentuée dans le secteur secondaire.
En comparant les catégories socio-professionnelles selon le
statut de l'établissement (Tableau nOllI-1?) on observe que les salaires
!'>ont dans l'ensemble supérieurs i! ceux(]u secteul' privé. On remarque
toutefois que les emplois d'exfcution qualifiés sont mieux payés
dans le secteur public que dans le secteur privé. Le rapport salaire moyen
de la direction - salaire moyen des emplois non qualifiés du secteur
public est égal ~ 9 alors que celui du secteur privé est 11. Le sec-

97.
teur privé est donc plus inégalitaire que le secteur public.
Llanalyse globale, sectorielle et selon le statut de lléta-
blissement indique qulil existe une disparité de salaire entre les dif-
férentes catégories socio-professionnelles. L'écart de salaire entre les
cadres et la main-d'oeuvre non qualifiée reflète cette disparité qui se
retrécit progressivement du fait du taux de croissance élevé des salaires
moyens des basses catégories. Pour avoir une idée précise de réduction
des inégalités entre les catégories socio-professionnelles, nous allons
la mesurer.
B - Mesure synthétique de la disparité intercatégorielle des
salaires
Pour mesurer les disparités intercatégorielles, nous aHons
utiliser l'indicateur "coefficient de variation". Cet indicateur donne
une mesure synthétique des disparités entre les catégories socio-profes-
sionnelles en prenant en compte ~ la fois l'évolution des salaires et
l'évolution des effectifs de chaque catégorie socio-professionnelle (59).
Le coefficient de variation est égal :
~ i=nL- Ni _5)2
Si
lr
i = n
s

Ni =effectif de chaque catégorie socio-professionnelle
Si = salaire de chaque catégorie socio-professionnelle
N = effectif total des salariés
.S =salaire moyen de l'ensemble des salariés
A l'aide des données du tableau n° 111-4(a-b) nous avons
calculé le coefficient de variation pour llensemble des salariés et pour
les salariés ivoiriens uniquement.
(59) CEREC. Dispersion et disparité de salaires en France au cours
des vingt derni~res années. 1er et 2~me trimestre 1975, nO 25-86,
p. 87.

98.
Le Tableau n° 111-15 (a) indique que la disparité intercaté-
gorielle des salaires de l'ensemble des travailleurs s'est réduite de
34,21 %puisque le coefficient de variation réel qui était de 30,4 %
en 1971 est tombé à 20 %en 1979. Pour analyser cette évolution du coef-
ficient de variation réel, nous allons considérer séparemment l'impact
de chaque variable. Lorsqu'on veut mesurer l'effet des effectifs des
différentes catégories socio-professionnelles sur la disparité des salai-
res. On calcule le coefficient de variation à "structure des effectifs
constante". En revanche, le coefficient de variation à "structure des sa-
laires constante" sert à mesurer l'impact des salaires sur la disparité
intercatégorielles des salaires.
Dans le cas du coefficient de variation à "structure des ef-
fectifs constante", on supppose que les proportions des effectifs des
catégories socio-professionnelles sont constantes et que seuls les sa-
laires varient. Inversement dans le calcul du coefficient de variation
à "structure des salaires constante" on fait varier les propositions des
effectifs des catégories socio-professionnelles et on maintient les sa-
laires constants.
Comme l'Indique le Tableau n° 111-15 (a) la disparité se se-
rait accrue si les salaires des catégories socio-professionnelles va-
rient proportionnellement. A l'inverse la disparité se réduit considéra-
blement quand l'effectif des salariés des différentes catégories socio-
professionnelles varient proportionnellement. On peut donc déduire que
la réduction de la disparité observée en 1971-1979 s'explique par la va-
riation de l'effectif des différentes catégories socio-professionnelles.
Cette disparité se serait accrue si les salaires des catégories socio-
professionnelles avaient varié.
En spécifiant l'analyse au niveau des travailleurs ivoiriens,
on s'aperçoit également que les disparités intercatégorielles se sont
réduites: - 15,46 %(Tableau nOIII-15 (b)). Cette décroissance de la dis-
parité est attribuable à la variation de l'effectif des différentes caté-
gories socio-professionnelles. Comme l'indique le Tableau nOIII-15 (b)
l'accroissement de la disparité qu'aurait pu causer la variation des sa-
lai res des catégories socio-professionnelles a été contrecarré par la varia-

99.
tion proportionnelle de l'effectif des différentes catégories socio-pro-
fessionnelles.
Si l'on compare maintenant le coefficient de variation réel
de l'effectif total des salariés ~ celui des travailleurs ivoiriens, On
observe que la décroissance de la disparité intercatégorielle des salai-
res est plus accentuée au niveau global qu'au niveau des travailleurs
ivoiriens: - 34,21 %contre - 15,46 %. Cela signifie que la réduction
de l'inégalité s'effectue plus lentement entre les catégories socio-pro-
fesionnelles des travailleurs ivoiriens.
On peut conclure que l'accroissement de la main-d'oevure qua-
lifiée s'est i3ccompôgné d'une réduction de la disparité intercatégorielle
des sa la ires.
§ 2. La répartition des salaires selon les nationalités
Nous allons d'abord analyser la disparité des salaires selon
les nationalités; ensuite nous examinerons la dispersion des salaires
entre les ivoiriens.
A - Evolution de la disparité des salaires
On observe sur le Tableau nOIII-16 que la proportion des
"Ivoiriens" s'est accrue de 37,9 %entre 1971 et 1979. Cette croissance
de l'effectif des travailleurs ivoiriens a provoqué une augmentation de
leur part dans la masse salariale totale: 34,90 %. En ce qui concerne
les "Africains non Ivoiriens", le taux de croissance de leur effectif
est nt!gatif
: - 36,4 %. Cette variation négative de leur proportion
a occasionné une perte de 27 %de la masse salariale qui leur est dévo-
lue. Quant aux "Non Africains", la baisse de 40,9 %de leur effectif
dans l'emploi total a provoque une réduction moins que porportionnelle
de leurs salaires dans la masse salariale globale: - 21,36 %.
Le rapport masse salariale (%) / Effectifs des salariés (%)
indique qu'en 1971 11 %des salariés Ivoiriens a touché 0,84 %de la
masse salariale alors qu'en 1979, il n'a perçu que 0,81 %. La part de cha-
que travailleur il/oirien a ddnc baissé dans la masse salariale totale. Ce

100.
même rapport montre également que 1 %des "Africains non Ivoiriens" ont
perçu D,53 %en 1971 contre 0,61 %de la masse salariale en 1979. Quant
aux "Non Africains", la réduction de leurs effectifs plus proportionnel-
lement à leur part de salaire dans la masse salariale totale a fait que
la part de 1 %de leur effectif est passée de 5,31 %en 1971 à 7,07 %
en 1979.
En définitive on observe que l'accroissement de la masse sala-
riale affectée aux "Ivoiriens" est moins que proportionnel à l'augmen-
tation de leur effectif dans l'emploi total. En revanche la décroissance
des effectifs des "Africains non Ivoiriens" et des "ttln Africains" est
plus que proportionnelle à celle de la masse salariale.
Le rapport Masse Salariale (- %) - salariés (%) a ainsi permis
de décéler que l'importante participation des ivoiriens dans le secteur
s'est faite au détriment de leurs salaires. Les disparités qui è~istaient
entre eux et les expatriés s'accentuent alors qu'elles s'amenuisent avec
les "Africains non Ivoiriens".
En examinant l'évolution des salaires mensuels moyens des dif-
férentes nationalités (Tableau nOIII-17) qu'on s'aperçoit que tous les salai-
res ont augmenté de 1971 à 1979. Le taux de croissance est 113 %pour les
"Ivoiriens", 134 % pour les "Africains non Ivoiriens" et 113,4 % pour les
"Non Africains". L'accroissement des salaires mensuels moyens des ivoi-
riens est inférieur à celui des "Africains non Ivoiriens" et presqu'égal
à celui des expatriés. Ce résultat signifie que la disparité de salaires
se retrécit entre les Ivoiriens et les Africainsnon!voiriens et se main-
tient tout au moins entre les "Ivoiriens" et les "ttln Africains".
B- La mesure de la dispersion des salaires
Pour apprécier la dispersion des salaires entre les salàriés
ivoiriens, nous allons:
- représenter l'inégal i té à l'aide de la courbe de LOREIHZ et
calculer l'indice de concentration de GIN! ;
- tester la 10l de pARETO.

101.
1) La courbe de LORENTZ et l'indice de concentration
de GINI
La courbe de LORENTZ ou courbe de GINI, de façon générale,
est une courbe de concentration. Elle permet de visualiser le degré
d' i néga lité.
Si la répartition des salaires est parfaitement égalitaire la
courbe de LORENTZ se confond avec la diagonale OB. Cette diagonale appelée
ligne d'égale répartition ou d'égale distribution ou d'équirépartition re-
présente l'image d'une harmonie parfaite d'une société où il n'y a ni ri-
ches, ni pauvres, puisque tous ont le même salaire
(60).
La ligne brisée OAB, représente une répartition totalement iné-
galitaire. Elle exprime la situation selon laquelle les 99 %des salariés
n'ont aucun salaire et que le dernier, un seul, possède la totalité des
salai res (100 %) ••
En réalité, la répartition des salaires n'est jamais ni totale-
ment égalitaire, ni entièrement inégalitaire. La courbe réelle est une
courbe intermédiaire entre la diagonale OB et la ligne brisée OAB. Lors-
qu'elle est proche de la diagonale OB, la répartition est assez égale;
par contre quand elle se rapproche de la ligne brisée OAB, la répartition
est très inégale. Dans le premier cas, il y a une faible concentration
des salaires, dans le second cas, la concentration est forte.
Pour visualiser le degré d'inégalité dans la société ivoirienne,
nous allons construire deux courbes de LORENTZ relatives aux années 1965
et 1979, a partir de la répartition des salariés ivoiriens selon le salai-
re mensuel.
A partir des données du Tableau nOIII-1B(a etb)
nous avons tra-
cé ces deux courbes (cf. figure n"III-l). On remarque que la courbe (a)
qui représente la répartition des salariés selon le salaire mensuel en
1965 est proche de la diagonale OB. Par contre la courbe de LORE~TZ (b)
(60) (H.) GUITTON. Statistique. DriL1.os. 3~e édition. 1976. p. 143.

102.
est plus proche de la ligne brisée OAB que la diagonale OB.
A partir de ces deux courbes, on peut déduire que la répartition
des salaires est plus inégalitaire en 1979 qu'elle ne l'était en 1965. En
effet en 1965, on observe une faible concentration des salaires alors
qu'en 1979, la concentration est devenue très forte.
La détermination du coefficient de concentration permet de
mieux cerner cet écart de degré de concentration des courbes (a) et (b).
GINI a proposé de mesurer la concentration en faisant le rapport
de l'aire de concentration OBC à l'aire de la moitié du triangle OAB.
L'indice de concentration ou le coefficient de concentration
(c) est égale
aire de concentration
2 aires de concentration
c = ---"-;.;...;_'-..:C~ ...:....:..-;'-~- = - - -
aire du carré
aire du carré
2
C varie entre 0 et 1. Quand il est égal à 0, la concentration
est nulle; par contre lorsqu'il est égal à 1, la concentration est maxi-
mala Les indices de concentration Cl et C2 des courbes (a) et (b) ont
été calculés à partir du Tableau nOlll-1B (a et b).
Cl = 0,31
C =
2
0,52
C2 étant supérieur à Cl' on a une confirmation de l'aspect
très inégalitaire de la distribution de 1979.
Pour tester la concentration de la distribution des salaires
en 1965 et en 1979, nous allons mesurer l'écart entre le salaire médian
et le salaire médial. Cet écart crott avec la concentration et diminue
avec elle. La médiane et la médiale sont confondues quand nous nous trou-
vons sur la ligne d'équirépartition.

103.
A l'aide du Tableau nOIII~8 (a et b), nous avons calculé le'
salaire médian et le salaire médial (voir Tableau ci-dessous de 1965 et
1979) .
1965
1979
9.147
29.097
.'
14.886
67.948
5.739
38.851
Me = salaire médian
Ml = salaire médial
Comme l'indique le tableau ci-dessus, l'écart salaire médial-
salaire médian est très élevé en 1979. En 1965, l'écart est de 5.739 F.CFA.
L'écart salaire médial - salaire médian est important en 1979 parce qu'au
cours de cette année la concentration des salaires est très forte. En re-
vanche en 1965, l'écart est faible parce que la concentration l'est éga-
lement.
L'analyse des courbes de LORENTZ (a) et (b), des indices de
concentration Cl
et
C2 et des écarts salaire médial - salaire médian,
confirme l'idée selon laquelle la répartition des salaires en 1979 est
très inégalitaire par rapport à celle de 1965.
S'il ne faut pas généraliser ce résultat, on peut tout de
même conclure que l'inégalité des salaires s'est accentuée au cours de la
période 1965~1979.
LI accentuation de l' inégali té concerne-t-elle toutes les caté-
gories de salaires? la réponse à cette interrogation implique l'analyse
d'autres indicateurs d'inégalité telle que la loi de PARETO.

-,
!
" 1
1
1
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"
"
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Iii j'
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Il
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j;
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,\\
"

ri

105.
2) La distribution de PARETO
En portant sur un graphique les points qui ont pour abscisse
les logarithmes des revenus x et pour ordonnée le logarithme du nombre
y
de personnes dont les revenus sont supérieurs à x, on constate que
ces points sont pratiquement alignés le long d'une droite. Ainsi libellée,
la distribution de PARETO a pour équation :
log x = log A - Il( log x, soit y =~
La pente de cette droite, -~. représente l'indice d'inégalité.
Quand elle est élevée, l'inégalité est faible.
«habituellement appelé coefficient de PARETO est constant com-
me l'indique llétude de Maurice ALLAIS (1974). Il est généralement compris
entre 1,4 et 2. Cette constance du paramètre ~ a conduit certains auteurs
à conclure que "dans toutes sociétés, le pouvoir, les revenus et la riches-
se sont inégalement distribués" (61).
La loi de PARETO n'est pas applicable pour l'étude de nI impor-
te quelle distribution. Elle l'est seulement pour les revenus élevés.
En ce qui concerne la COte-d'Ivoire, nous allons comparer la
distribution de PARETO à la distribution empirique des salaires en 1965
et en 1979.
La distribution de PARETO ne peut se déterminer que lorsqu'on
estime les paramètres A et 0( •
Trait~es à l'ordinateur les données du Tableau nOIII-1B (a-b)
nous ont permis de tester llfquation de regression représentative de' la
loi de PARETO.
(61)
Maurice ALLAIS.c/'asses sociiiLes et civt.1isation. In Economies
et soci4t4s. Cahie~s de 1 'I.S.E.A. S4~ie 8.S. nO 17. 1974. p. 313.

! 106.
Pour 1965, on a l'équation sui vante' :
1 log N = 13 - 2,08 log x
[ 1]
En supprimant la première observation relative au plus faible
salaire, l'équation [1] devient:
log N '
14,5
- 2,40 log x
[
[ l' ]
Pour 1979, l'équation s'écrit:
1 log N = 11,2
- 1, 36 log x r
[2]
On obtient une nouvelle équation [2'] légèrement différente
de [2] lorsqu'on supprime le salaire le plus bas de la distribution.
log N '
11,]
- 1,45
log x
1
[2' ]
Les valeurs des paramètres A'et fi( des équations [1] et [2]
augmentent quand on supprime l'influence de la première observation qui
représente le salaire le plus bas.
Par ailleurs les variables ~des équations [1] et [1'] sont plus
élevéesque celles des équations [2] et [2']. Ce qui signifie que la distri-
bution des salaires en 1979 est plus inégalitaire qu'en 1965.
La constance du coefficient et. quelque soit le pays et l'époque,
a amené PARETO a conclure que l'inégalité est stable dans toutes les socié-
tés au cours de l'histoire.
Ce résultat mathématique doit cependant être nuancé. En effet,
la courbe de distribution des salaires en 1979, nia pas l'allure de la

107.
distribution théorique de PARETO [figure nOIII-2 (b)]~ A l'invérse, la
courbe de 1965 ressemble à celle de la distribution théorique de PARETO
[figure nO III-2 (a)];
La pente de courbe de 1979 est verticale dans la zone des
hauts salaires. On peut interpréter l'allure de la courbe de la façon
suivante
la distribution des salaires est moins inégalitaire dans la
classe des hauts salaires.
Ainsi on assiste à une réduction de la dispersion des salaires
dans la catégorie des hautS salaires malgré l'accroissement de l'inégali-
té des salaires.
*
*
*
L'hétérogénéité du facteur travail fait du marché du travail,
un "système complexe de march~s différents".
Sur un tel marché segmenté, la détermination du salaire ne
résulte pas de la confrontation de l'offre et de la demande de travail.
La formation de la structure des salaires est fonction des caractéristiques
individuelles des travailleurs. Les travailleurs les plus instruits perçoi-
vent un important salaire parce qu'ils ont une productivité élevée. En re-
vanche les salariés ayant un niveau d'instruction peu élevé, ont une fai-
ble productivité et bénéficient par conséquent d'un bas salaire. En raion-
nant ainsi, on attribue le différentiel de salaire à l'investigation en
capital humain réalisé par les travailleurs.
La théorie compétitive nlest qu'une explication partielle des
disparités des salaires. Plusieurs études indiquent qu'il faut rechercher
les principaux déterminants de la formation de la structure des salaires
du cOté de la demande de travail.

Figure nO 111-2
La distribution empirique des salaires entre
les Ivoi riens
108.
1965 (a)
4.50+
4.00+
3.50+
3.00+
2.50+ +---------+---------+---------+---------+---------+15a1
3.85
4.10
4.35
4.60
4.85
5.10
1979 (b)
lE'ff:
:;.40+
;0,
4.50+
3.60+
I.BO+
.---------.---------·---------+----~----+---------+15a
3.GO
4.20
4.80
5.40
6.00
&.&0

109.-
la demande de travail est le fait des entreprises; par consé-
quent elles exercent une action spécifique sur les taux de salaires. Cet-
te action qualifiée d"'effet d'entreprise" s'appréhende sur le marché in-
terne de l'entreprise. les écarts de salaire sur ce marché résultent de
la volonté de l'entreprise a rémunérer différemment les apports productifs
différentiels des individus embauchés dans l'établissement. l'effet d1en-
treprise est donc a l'origine de la disparité interne des salaires.
l'analyse de l'évolution de la structure des salaires indiqueque
la disparité intercatégorielle de salaire se retrécit sous l'impulsion
de l'augmentation du nombre de travailleurs qualifiés. En revanche. l'iné-
galité des salaires entre les travailleurs ivoiriens s'est accrue.
:-=-=-:-=-=-=-=-
;'
}

110.
Tableau nOlII-1: Evolution des salaires mensuels moyens selon le nivèau
d'InstructIon des salariés
Niveau d'instruction
1974
1979
Taux de CroissaAce
Illetré
15,0
36,8
145,33
Primaire
29,7
50,2
69,02
Secondaire 1er cycle
63,0
82,9
32,00
Secondaire 2ème cycle
136,6
170,3
24,67
Supérieur
233,4
333,5
42,88
Ensemble
32,0
60,0
SOurce: ONFP (1982) - le secteur privé et semi-public en COte-d'Ivoire - 1979 -
3êMe partie: les salariés. p. 143.

111.
Tableau ri°III-2: les_ salaires mensuels moyens selon le niveau d1instruc-
tian et par le secteur d'activité en 1979
Primaire
Secondaire
Tertiaire
Niveau
dl instruction
Illetré
21,01
36,35
42,51
( CM2
38,95
47,86
46,5~
cr~2
- CEPE
49,47
46,15
58,35
( 3ème et CAP
45,33
50,21
60,39
3ème BEPC
- CAP
80,41
110,64
98,59
<Terminale
138,44
138,06
136,55
Terminale
- BAC
193,47
259,55
195,62
DUT - BTS
266,47
293,39
226,26
Supérieur
.328,07
411,49
334,55
Non déclaré
19.. 35
37,46
61,52
Total
30,15
51,86
79,56
Source:
ONFP (1982) opt. cit. p. 145.

112.
Tab'leau nOIII-3
Evolution des salaires mensuels moyens selon le niveau
d'instructIon et par nationalIté en 1979
"
Nationalité
ivoiriens
Africains
Non Africains
non Ivoiriens
: Niveau
: dl instruction
Illetré
39,17
33,08
236,01
<CM2
47,35
41,91
299,71
CM2 - CEPE
50,71
52,03
278,41
<3ème et (CPA
53,29
63,89
264,90
3ème BEPC
- CAP
75,63
86,17
331 , 15
( Terminale
29,62
110,58
361,36
Terminale
- BAC
138,79
127,09
344,83
DUT - BTS
176,96
167,25
403,08
Supérieur
273,43
229,64
469,33
Non déclaré
35,06
26,03
373,28
Total
52,23
35,11
387,69
Source: ONFP (1982) - opt. cH. p. 145.

.
(W)
...
...
:
:
·
Ill.
(00
CM2
(3ème
:3è, BEPC:
( Term.:
Tenn
DUT
SUP
ND
TOTAL :
CEflE
(CAP
CAP
BAC
BTS
:
Direction
191,64
185,96
164,94
151,87
206,91
282,81
378,82
371,49: 510,29
435,46
342,86:
Cadres supérieurs
105,29
187,49
219,94
187,77
298,77
316,10
361,31
330,40: 383,04
323,47
341,36:
:
.
:
·
Cadres moyens
109,17
123,18
149,01
124,81
202,97
187,12
172,44 :
195,12: 182,63
203,34 :
180,55:
:
:
:
·
Maftrise
80,29
92,77
99,62
101 ,94
114,71
113,77
120,63 :
170,49: 181,92
114,37 :
109,48:
:
:
:
:
Emplois qualifiés
48,11
54,11
57,43
59,86 :
64,38 :
74,76
75,94 :
114,70: 116,21
55,29 :
56,40:
:
.
:
Emplois non qualifiés:
23,94
37,19
37,37 :
38,92
43,74 :
45,73
67,00
92,80: 152,10 :
26,96 :
30,68:
:
:
:
Apprentis
18,88
16,23
19,78
19,45
24,00 :
33,00
100
:
30,33 :
19,72:
.
.
:
Non déclarée
43,80
55,00
30,87
26,50
29,00 :
145,00:
25,00
40,38:
:
:
Total
36,83
46,83
52,58
55,62 : 101,78 : 137,19
210,92
251,74:
358,28:
38,94
59,95:
Source
ONFP (1982) - opte cit. p. 146.

·
"'"
Tableau nOIII-5
d'instruction et t
e
Enseignement
Enseignement
Tous types
Général
Technique - formation
d'enseignl!lllent
Niveaux
Professionnelle
d'instruction
Primai re ( CM2
47,25
82,57
46,83
CM2
- CEPE
53,37
69,26
52,58
1er Cycle(3ème
55,14
66,37
55,62
3ème
- BEPC
83,92
139,53
101,77
2ème cycle(Terminale
119,95
144,46
137,18
Terminale - BAC
215,12
213,31
210,92
BTS
- DUT
166,83
253,76
215,74
Grandes Ecoles
- Supérieur
296,38
411,49
358,28
N.D. (Non déclaré)
206,65
164,68
38,94
Total
71,71
195,37
59,95
Source
ONFP (1982) - opt. cit. p. 150.

115.
Tabl~au nOIII-6
Niveau réel des salaires par rapport aux minima
fIxés au 1er JanvIer 1970
Source: ONFP (1972) - Le secteur privé et para-public en CÔte-d'Ivoire - 1971 -
Résultats de l'enquête main-d'oeuvre 1971. 2éme partie. Les données
individuelles de la matn-d'oeuvre salariée, Décembre.

116.
Tableau n° 111-7: Evolution des salaires mensuels moyens selon
l'ancIenneté des salariés
Source :
ONFP (1982) - opt. cit. p. 154.

Tab 1eau n° II 1-8 : ~:-:==-rn~rn~=~~=.:.:::rrrr::=~-7:~=-==7<Pirr-=~:..::.....=....:...-=I_'.::.:an.:.:c:..:.i.::.:en~n.:..::e=té
.
Ancienneté
an
2 - 3 ans
4 - 5 ans
6 - 10ans:ll
15 ans: >15 ans
ND
Total
: " 1
Catégories
Direction
327,21
338,17
358,87
341,00
345,45
394,04
341 ,19
342,86
Cadres supérieurs
342,67
333,37
338,74
351,57
348,97
366,92
188,49
341,36
Cadres moyens
180,83
180,41
182,70
181,66
182,72
177 ,89
145,84
180,55
MaItri se
114,25
110,37
109,38
105,99
104,59
108,91
97,91
109,48
Emplois Qualifiés
53,41
55,47
55,85
56,72
59,46
65,28
56,65
56,40
Emplois non Qualifiés
31,83
35,68
37,33
40,06
41,47
45,27
23,88
30,68
Apprenti s
20,22
17,20
18,25
22,20
14,00
19,72
N.D
(Non Déc 1aré )
40,33
23,50
35,80
34,00
75,33
65,00
40,38
Total
62,81
69,43
75,45
79,29
82,60
93,85
24,50
59,95
Source
ONfP (1982) - opt. cit. p.' 160.

118.
Tableau nOIII-9.: Evolution des salaires mensuels moyens selon
liage des salarIés
(1) Salaire mensuel
a aIre mensue
Source: ONFP (1982) - opt. clt. p. 153.

Tab)eau nOIII-l0
Salaire mensuel moyen selon le niveau d'instruction et l'âge
(en milliers de Francs CFA.)
:
Age
(20
20-24
25-29
30-34
35-39
40-44
45-49
50-54
55-59
60-64
). 65
ND
Total
~Instruction~
:
:
:
:
: Illetré
24, 11
28,71
33,08
36,13
39,43
42,54 :
45,10
47,70 :
46,68
44,66 :
55,20 : 25,41
36,83 :
:
~Primaire (CM2
31,56
37,40
42,95
47,69
49,56
55,65
58,39
63,87
65,17
58,89 :
69,23 : 37,44
46,83 :
.'
:
:
:CM2
- CEPE
29,83
37,36
46,72
56,81
66,47
72;51
84,47
102,25
106,03
115,10: 117,67
48,39 : 52,58 :
:
:
~ 1er cycle (3ème
34,43
42,02
53,08
67,71
77,56
82,08
93,41
95,48
81,28
103,40 : 124,67 : 51, 13 : 55,62 :
:
:
:
:
:3ême, BEPC, CAP
45,49
57,95
83,80
120,77
164,61
193,50
217,88
249,61
230,36
250,84 : 199,07 : 60,33 : 101,78 :
:
:
:
~2ème cycle(term.
62,23
80,13
: 104,12
169,20
244,07
291,53
310,08
377,43 : 347,38
228,47 : 376,50 : 167,36 : 137,19 :
:
:
:
:Terminale, Bac
112,84
:113,15
: 145,15
223, i 1
269,28
326,35
384,51
438,65 : 439,91
461,87 : 286,00 : 229,92: 210,92:
:
:
:
:8TS, DUT
83,00
: 156,45
:202,62
261,62
325,49
361,76
391,24
476,74
397,50
310,40
124,20: 251,74:
'Grandes écoles
:
:
supérieures
266,33
:198,88
:253,03
358,65
409,00
458,14
508,46
512,14
528,42
366,31
413,62
328,02: 358,28:
:
:
Non déclarée (ND):
32,95
49,57
73,33
102,07
112,06
120,39
151,58
165,61
211,64
173,79
195,31
25,24:
38,94:
:
:
:
Total
31,41
45,75
63,29
81,49
84,76
85,85
95,96
117,83 : 137,92
125,44
144,10
26,87:
59,95:
Source: ONFP (1982) - opt. cit. p. 155.

120.
Tableau nOIlI-1 r: Evolution des salaires mensuels moyens par niveau
de qualIfIcatIon
Salaires mensuels moyens
Niveau
(en milliers de francs CFA)
de
Qua 1ifi cation
1971
1973 - 1974
1979
Cadres
209,9
201,3
226,2
Maftrise
99,7
99,3
109,5
Qualifiés
36,3
38,0
56,4
Non qualifiés
14,2
15, 1
30,7
Total
28,6
32,3
60,0
Source: ONFP (1982) - opt. cit. p. 129.

121.
Secteurs
Primaire
Secondaire
Tertiaire
Ensemble
Direction
431,19
477 ,03
305,76
342,86
Cadres supérieurs
311,09
361,14
332,42
341,36
Cadres moyens
169,59
244,42
155,04
180,55
Maftrise
85,56
120,93
104,13
109,48
Emplois qualifiés
50,07
51,38
61,60
56,40
Emplois non qualifiés
18,79
30,97
35,70
30,68
Apprentis
17,55
19,88
20,12
19,72
Non déc 1arée
37,00
40,83
40,38
Total
30,15
51,86
79,56
59,95
Source:
ûNfP (1982) - opt. cit; p. 131.

122.
~
Secteur
Secteur
Ensemble
publ ic
privé
Direction
261,84
364,97
342,86
Cadres supérieurs
321,02
356,54
341,36
Cadres moyens
168,21
193,28
180,55
Maftrise
103,16
115,47
109,48
Emplois qualifiés
57,86
54,92
56,40
Emplois non qualifiés
28,90
33,20
30,68
Apprentis
25,41
18,14
19,72
Total
57,58
68,96
59,95
Source: ONFP (1982) - opte cit. p. 113.

·
l"'l
Tableau nOIII-14 (a)
Répartition de l'ensemble des salariés et des salaires
N
....
par cat~gorle
soclo-professlonnelle.
catégories Socio-
1971
1979
Professionnelles
Ni
Si
Ni
Si
i\\bs
%
Abs
%
Direction
2574
2,00
228,8
3300
1,40
345,3
Cadres Moyens et supé-
rieurs
3777
2,90
197,1
15935
6,60
273,1
Maftrise
5687
4,30
99,7
15705
6,50
109,5
Emplois qualifiés
52136
39,40
36,3
91096
37,60
56,4
Emplois non qualifiés
67956
51,40
14,2
115975
47,90
31,2
Total
132130
100
242011
100
S 1971 = 28,6
S 1979 = 63,5
Si = salaires
S = salaire moyen

..:t0-
Tableay n·lII-14(b)
Répartition des salariés ivoiriens et des salaires par catégorie
N
.....
socio-professionnelle

125.
Ta~leau nOIII-15(a): Indicateur de disparité des salaires entre les .
catégorIes socio-professionnelles de l'ensemble
des salariés
.
Coefficient de variation
1971
1979
Pourcentage:
de
Variation
- réel
30,4
20,00
34,21
- à structure des salaires constante
30,4
35,00
15,13
- à structure des effectifs constants
30,4
18,00
39,47
Tableau nOIII-15 (b)
Indicateur de disparité des salaires entre les
catég9ries soclo-professionnelles des salariés
ivoiriens
Coefficient de variation
1971
1979
Pourcentage
de
Variation
- réel
24,31
20,55
- 15,46
- à structure des salaires constante
24,31
32,55
33,07
- à structure des effectifs constante
24,31
15,09
37,92

126.
la masse salariale
1971
1979
Pourcentage de
Nat iona li té
.
.
.
.
.
.
Variation
dec; c;a lari f!s
.
.
.
.
.
.
:Salarié"s:
Masse: Sa'lariês:
Masse: Salariés:
Masse
salarialg
salarial~
salarialg
Ivoiriens
47,9
40,4
67,0
54,5
37,9
34,90
!
Africains non Ivoiriens
45,5
24,4
29,1
17,9
:- 36,04
2~,OO
;
Non Africains
6,6
35,1
3,9
27,6
;- 40,9
;- 21,36
Total
100
100
100
100
100
100
Source
ONFP (19B?) opt. cit. p.167.
ar nationalités
..
Nationalités
1971
1979
Ivoiriens
24,5
52,2
Africains non Ivoiriens
15,0
35,1
Non Africain
181,7
387,1
Total
28,6
60,0
Source
ONFP (1982) opt. cit. p. 167

127.
Tableau nOllI-18 (a)
Répartition des salariés ivoiriens par tranches
de salaIres en 1965 ----
ranche
:Effectifs des:
Centre de
Total des
salaires
salaires
Effecifs
salaire
salariés
classes
salaires par:
cumulés
cumulés
cumulés
(1)
classe
:
t
t
5000
623,100
7,60
18,40
8308
7500
623100
0000
2773,350
33,82
56,50
17202
12500
2150250
5000
4156,025
50,69
74,00
7901
17500
1382675
0000
5100,800
62,21
83,30
4199
22500
944775
5000
5821,025
71,00
BQ,10
2619
27500
720225
OOJO
6072 ,200
81,38
92,69
1625
32500
851175
5000
7044,575
85,92
94,89
993
37500
372375
0000
1l28,OSO
89,38
96,37
667
42500
283475
5000
7343,060
89,56
97,07
316
47500
15010
0000
75951,110
92,59
98,07
415
55000
248050
0000
7825,760
95,87
98,87
361
65000
234650
0000
8198,510
100
100
497
75000
372750
Source: Louis ROUSSEL (1965)

128.
Tabledu nOllI-18 (b)
Ré~artition des salariés ivoiriens par tranches de
i
sa lu res en 1979
ranche
Effectifs
Centre de
Total des
Salaires
Sa 1aires
Effectifs
salaire
: des salariés:
classes
sa la ires par:
cumulés
cumulés
cumulés
(1)
classe
%
%
5000
331,475
0,19
1,77
4153
7500
311475
10000
2068,225
1,31
7,76
14054
12500
1756750
15000
5008,050
3,17
14,92
16799
17500
2939825
20000
6232.725
3,95
17,24
5443
22500
1224675
25000
14394,450
9,12
29,89
29679
27500
8161725
30000
34546,050
21,90
54,43
57576
35000
20151600
40000
49411,350
31,33
68,51
33034
45000
14855300
50000
70336,350
44,60
82,78
33480
62500
20925000
75000
82182,100
52,11
88,55
13538
87500
11845750
00000
94793,350
60,11
42,85
10089
125000
12611250
50000
:103251,100
65,48
94,91
4833
175000
8457750
:
00000
:114043,600
72,32
96,75
4317
250000
10792500
:
00000
: 123583,600
78,37
97,79
2440
350000
8340000
:
00000
: 131818,600
83,60
98,57
1830
450000
8235000
:
00600
: 145749,850
92,43
99,52
2229
625000
13931250
:
50000
: 152111 , 100
96,46
99,83
727
8i500
6361250
:
00000
: 155636, 100
98,70
99,95
282
1250000
35250000
00000
: 157681,600
100
100
117
1750000
2047500
~
f'1i'P (1982) - opt. ci t. p. 125.

129.
CONCLUSION DE LA 1ère PARTIE
:-:-:-=-=-=-:-=-:-=-:-:-:-=-:
Le développement économique de la Côte-d'Ivoire qui s'est ac-
compagné d'une transformation des structures économiques, sociales, cul-
turelles, industrielles etc ...• a eu un impact sur les marchés des biens
et services, de la monnaie et du travail. Dans cette étude, on s'est in-
téressé uniquement aux transformations du marché du travail.
Ainsi, on a pu observer que les exigences de la croissance éco-
nomique et du développement ont entrainé la modification de la structure
de la main-d'oeuvre qui se caractérisait par une prépondérance des emplois
non qualifiés et par une présence massive des travailleurs étrangers. La
main-d'oeuvre banale est de plus en plus supplantée par une main-d'oeuvre
qualifiée. Par ailleurs, les travailleurs étrangers cèdent leurs postes
aux Ivoiriens.
Le fait le plus marquant est que la mutation de la structure de
la main-d'oeuvre a entrafné une autre modification, celle de la structure
des salaires. Nous avons par ailleurs montré que l'accroissement du taux
de salariat (NIL) est la résultante immédiate de cette mutation structurel-
le qui s'est opérée sur le marché du travail.
L1élévation de NIL est, comme le montre le modèle de EYMERY,
l'élément dynamique de la croissance de la part des salariés dans le Re-
venu National. Cette croissance ne siest pas effectuée de façon homothé-
tique si on spécifie l'analyse au niveau des grands secteurs de l'activi-
té économique.
En dépit de l'augmentation de la part de llensemble des travail-
leurs dans le Revenu National, on a remarqué que l'inégalité des salaires
s'accentue. Les courbes de concentration (courbes de LORENTZ) et les coef-

130.
ficients de concentration ~oefficients de GINI) confirment cette évolution.
Dans la partie qui va suivre, on s'efforcera de mettre en évi-
dence les variables autres que celles du marché du travail qui expliquent
les salaires.
*
*
*

Ilène PARTIE :
LES 1NTERFERENŒS AU MARGE llJ TRAVAIL

132.
La recherche des facteurs déterminant les salaires serait
inachevée si on se limitait aux explications obtenues à partir de l'ana-
lyse de la mutation du marché du travail. Il existe d'autres explications
qu'il faut rechercher en dehors du marché du travail.
En effet des forces "hors du marché" exercent une influence
sur le niveau des salaires. Ces forces, essentiellement liées à la poli-
tique économique, peuvent être regroupées en deux grandes catégories en
fonction de la modalité de leur action sur les salaires. Il s'agit:
- d'une part des forces qui agissent directement sur les salai-
res ;
- d'autre part des forces qui influent sur les salaires par
l'entremise d'autres forces.
Dans la première catégorie des forces, nous regroupons deux
éléments: le salaire minimum (SMIG) et l'Indice des prix à la consomma-
tion (IPC). Ces deux éléments qualifiés de facteurs institutionnels à
cause de la modalité de leur fixation, influent directement sur le taux
de salaire indépendemment de la situation de l'emploi (Chap IV).
La de~xiême catégorie renferme l'ensemble des mesures d'inci-
tations fiscales (la variable fiscaJe). Ces avantages fiscaux dont le
but est d'attirer les capitaux ét~angers. ont en définitive créé des dis-
torsions sur le marché des facteurs. En abaissant le prix du capital,
elles ont orienté l'économie vers une option technologique à forte inten-
sitée capitalistique. Une telle orientation a permis d'accrortre la pro-
ductivité du travail et le niveau des salaires de certaines branches. La
variable fiscale agit donc sur les salaires par l'entremise du facteur
technologique (Chap V).

133.
CHAPITRE IV
LES INTERFERENCES DIRECTES
Certaines variables agissent directement sur le niveau des sa-
laires. Dans le cadre de cette étude. nous nous limiterons à deux d'entre
elles: il s'agit du Salaire Minimum (SMIG) et de l'indice des Prix de la
Consommation (IPC).
Les variables SMIG et IPC sont des variables institutionnelles
A cause de la modalité de leur fixation.
Le SMIG est fixé par les pouvoirs publics ainsi que les différen-
tes composantes de l'indice des prix A la consommation.
Le choix de ces variables est suscité par les enjeux économiques
etsociaux qu'elles représentent. Selon Jean MOULY (1967). le taux de salai-
re est une garantie pour les travailleurs; il a une signification sociale.
Il appartient toutefois A l'Etat de rechercher l'équilibre entre d'une part
l'intérêt social des travailleurs c'est-à-dire l'amélioration de la situa-
tion des salariés qui perçoivent de bas salaires et d'autre part la réduc-
tion du volume de l'emploi. Ce point d'équilibre est difficile à réaliser
dans la mesure où la plupart des études effectuées dans les P.V.D. (voir à
ce sujet REYNOLDS et GREGORY (1965) et HARRIS et TODARO (1969) ) indiquent
que la revalorisation du SMIG a des effets négatifs sur llempldi. Nous
avons vérifié cette hypothèse et nous aboutissons à la même conclusion que
les auteurs précités (Voir annexe nO IV).
Si donc la hausse du SMIG engendre fatalement une réduction du
volume de l'emploi. on peut se demander si le risque de la revalorisation
du SMIG est à prendre.
La fixation de l'IPC constitue également un enjeu économique et
social. En effet une hausse de l'IPC plus que proportionnelle à la hausse
des salaires provoque une réduction du pouvoir d'achat des travailleurs
dont on a voulu améliorer le niveau de vie en rehaussant le SMIG. La haus-
se générale des prix profite à l'Etat parce qu'il y retire une grande par-
tie de ses recettes fiscales. De ce fait. le choix entre le maintien du
pouvoi-r d'achat des travailleurs et la réduction des prélèvements fiscaux

134.
et para-fiscaux sources de l'inflation par les coOts paraît donc diffici-
le A effectuer.
L10bjet de ce chapitre ne consiste pas A indiquer le choix A
faire, mais plutôt Amontrer comment les variables "hausse du SMIG", et
"hausse de 11 IPC" détenninent llévolution des salaires.
SECTION 1
LE SALAIRE MINIMUM
LI imposition du salaire minimum a des répercussions sur l'ensem-
ble de l'économie. Dans le cadre de cette étude, nous nous limiterons A
ses effets sur les salaires. Avant d'analyser les effets proprement dits
sur la structure et la masse des salaires, il importe de spécifier les cri-
tères et les modalités de fixation du salaire minimum.
§ 1. L1appréhension de la fixation du salaire minimum
Les critères et les modalités de fixation du salaire minimum
constituent les éléments essentiels de cette étude.
A - Les critères
Deux critères sont souvent pris en compte pour fixer le SMIG
dans les pays africains francophones. Il slagit du minimum vital du tra-
vailleur et des conditions économiques générales du pays.
1) Les besoins des travailleurs
En COte-di Ivoire, tout comme dans les autres pays, le salaire
minimum est lié aux besoins des travailleurs. Il a pour objectif de per-
mettre aux travailleurs de pouvoir satisfaire leurs besoins vitaux qui re-
couvrent les besoins physiques et sociaux ou admis. La démarcation entre
ces deux types de besoins reste difficile A établir A cause de la variabi-
lité des besoins sociaux selon les circonstances, les régions, les groupes
sociaux et même selon les familles. Llétude de FRANKLIN (62) essaie jus-
(62) (N.N) FRANKLIN. "La notion et la mesure du "minimum vital" in Revue
Intel'national du Travail. vol 96. nO 3. Av1'ilI96?
p. 301-332.

135.
tement de quantifier le concept de besoins minima malgré les nombreuses
controverses dont il fait l 'objet. Cependant, depuis l'indépendance. il
semble que ce débat soit dépassé pour la simple raison que le niveau du
minimum vital n'a pas été régulièrement relevé.
En admettant la définition des besoins minima, il se pose le
problème du destinataire du salaire minimum.
Le travailleur de référence est-il un célibataire ou un chef
de famille? Dans le second cas, la dimension de la famille est a préciser,
car il peut s'agird'une famille "idéale" ou d'une famille élargie.
Quelque soit l'état matrimonial du travailleur ivoirien ou
la dimension de sa famille, ce dernier distribue une partie de son salai-
re aux membres de sa famille, parfois de sa tribu qui n'exercent aucune
activité rémunératrice. De plus il est amené a faire face a des dépenses
exceptionnelles et fréquentes (funérailles etc ... ).
En définitive, une partie de la rémunération du travailleur
n'est pas destinée a satisfaire ses besoins vitaux. Il n'est donc pas
exact d'établir une correspondance systématique entre le salaire minimum
et le minimum vital. Pour qu'il en soit ainsi, il faudrait que des bou-
leversements d'ordre sociologique interviennent dans la société ivoirien-
ne. Pour le moment les hypothèses sur les besoins minimaux sont encore
vagues.
Un autre critère est pris en compte dans la fixation du salai-
re minimum, il s'agit des conditions économiques générales du pays.
2) Les conditions économiques générales du pays
Avant tout accroissement du salaire, il importe de s'interro-
ger sur les capacités de l'économie a "amortir" le choc de cette hausse.
La possibilité d'accroftre les salaires minima sans pour autant mettre
en péril l'ensemble des rouages de l'économie est qualifiée de "capacité
de paiement".

136.
La "capaci té de payer", ,~o::t une notion précise et rellltive. Il
suffit de se référer à une série d'indicateurs statistiques pour détermi-
ner les branches et les entreprises qui ont une capacité de paiement élevé.
La notion de capacité de paiement est relative dans la mesure
00 dans un pays donné, on ne peut pas établir des normes absolues pour
toutes les entreprises. La spécificité de chaque secteur, chaque branche
JIJ de chaqup. entreprise se si tue au ni veau sectoriel. 0'00 son caractère
relatif. A ce titre, il n'est pas un critère opérationnel pour fixer le
salaire minimum.
En effet il n'est
pas possible d'établir pour chaque entreprise
un salaire minimum relatif à sa capacité de paiement.
En Côte-d'Ivoire, depuis l'uniformisation du SMIG en 1968 pour
toutes les branches, les entreprises perçoivent différemment toute hausse
du salaire minimum. Les entreprises à profits élevés payent les mêmes
salaires que les entreprises en difficultées.
A toutes fins utiles, la notion de capacité de paiement devrait
être interpretée en fonction de l'économie dans son ensemble. Par exemple,
en CÔte-d'Ivoire, lorsque l'Etat connaît des difficultés financières, tel
est le cas ces dernières années, certaines branches en pâtissent. Il s'agit
particulièrement des Bâtiments et Travaux Publics, "la capacité de payer"
de l'Etat et des branches concernées étant réduites, l'économie supporte
difficilement une hausse du SMIG. Ainsi, lors des revendications présentées
par les travai lleurs par le canal de 11 U.G. LC.!. le 1er Mai 1983, les
responsables de ce syndicat ont tenu compte de la situation économique et
financière du pays.
En définitive, la capacité de payer de l'Etat, ou des entrepri-
ses est aussi un critère pour fixer le salaire minimum. En période de cri-
se, cette capacité s'amenuise pour certaimes branches et par voie de con-
séquence stabilise ou réduit la hausse du SMIG.
Les besoins des travailleurs et les conditions économiques du
pays sont donc les facteurs essentiels de la fixation du SMIG. Toutefois

137.
en Côte-d'IvOire, il semble que les conditions économiques aient plus
de poids. Cette prédominance des conditions économiques pourrait s'ex-
pliquer sans doute par les méthodes mises en place pour fixer le SMIG.
B - Les modalités
Il existe deux conceptions ou deux approches assez différentes
pour fixer le salaire minimum. L'existence de ces deux approches s'expli-
que
historiquement. En effet les pays anglophones de l'Afrique Noire
ont adopté la même approche ; les pays francophones également.
Dans les pays anglophones d'Afrique Noire, les pouvoirs publics
n'interviennent pas dans la fixation du niveau plancher des taux de sa-
laires. Ils laissent la liberté aux employeurs et aux syndicats de fixer
le salaire minimum. Le pouvoir d'intervention de l'Etat est strictement
limité. Cependant, il existe des situations où l'Etat est obligé d'in-
tervenir en cas de défaillance des mécanismes de négociation collective
eVou des bas salaires.
L'Etat intervient également lorsque les partenaires sont en
désaccord sur le seuil du salaire minimum.
L'action de l'Etat, en matière de fixation du salaire minimum
est donc minimisée dans cette approche.
Dans la seconde approche, qui caractérise la plupart des pays
francophones de l'Afrique Noire, les pouvoirs publics exercent une in-
fluence déterminante dans la fixation des salaires. En opposition A la
première démarche, l'Etat fixe un salaire minimum de portée générale
que la législation fait appliquer. Cette approche repose sur l'idée
selon laquelle les travailleurs les plus démunis ont droit A la protec-
tion sociale; et que seul l'Etat est capable de garantir ce droit.
Aussi est-il facile de comprendre pourquoi l'Etat ivoirien
fait dépendre le SMIG des conditions économiques du pays. En effet,
l'Etat en intervenant dans la fixation du salaire minimum par le biais
du Ministre du Travail. accepte un relèvement du niveau du SMIG que si

138.
sa capacité de payer l'y autorise. Grâce A son influence. il fixe un
salaire minimum conforme A ses moyens.
Bien qu'il ait pour l'objectif d'assurer un m!nimun vital.
au travailleur et à toute sa famille. les faits. les réalités économi-
ques ~mènent l'Etat ivoirien à privilégier les conditions économiques
lors de son intervention. L'Etat y est parvenu grâce aux modalités de
fixation du salaire minimum sur lesquelles il exerce une influence con-
sidérable.
§ 2. Les effets du salaire minimum sur les salaires
Dans les pays d'Afrique d'expression française. le niveau
général des salaires est souvent déterminé par les salaires minima .
L'influence du salaire minimum sur l'ensemble des salaires provient des
partenaires sociaux qui alignent les grilles des conventions collectives
sur le taux du SMIG. Par conséquent un relèvement de ce dernier entrafne
automatiquement une revalorisation portée générale des salaires.
Les salaires minima jouent donc un rôle important dans l'évo-
lution de l'ensemble des salaires. Ils accroissent la masse salariale
des entreprises et modifient la structure des salaires A court terme.
A - L'influence du salaire minimum sur la masse salariale
Certaines entreprises sont. plus concernées que d'autres par
la revalorisation du salaire minimum. Il convient. par conséquent. de
préciser leurs réactions face à cette hausse du SMIG.
Dans le cadre de l 'éc.onomie ivoirienne. nous spécifierons
les branches concernées par la hausse du salaire minimum.
1) La réaction de l'entreprise face à la hausse du SMIG
Selon Pierre FORTIN (63). deux raisons militent pour que
l'étude de l'impact économique du salaire minimum commence par l'ana-
(63) Pierre FORTIN. Une ~valuation de l'effet de la politique qu~bécoise
du salaire minimum sur la production, l'emploi, les prix et la r~­
]:Jqrtition des revenus. RapROrt ~~sent~ à la commission du salaire
minimum et JIU Secr~tariat au Comit~ Ninist~riel permanent du d~ve­
Loppement ~conomique. Juin 1978.

139.
lyse de son effet sur l'entreprise ou la branche.
Le première raison est que le niveau du salaire minimum n'agit
uniquement que sur l'une des trois. composantes du rev~nu annuel total des
travailleurs soumis au salaire minimum. Ce revenu sbbtientde la façon
suivante
R = (S)
(HIE)
(E)

S = taux salarial horaire
(HIE) = nombres d'heures par personne employée
(E) = nombre de personnes employées
Si le législateur du salaire minimum fixe S, l'entreprise
décide de son niveau d'emploi E et du nombre d'heures de travail H. Dans
ces conditions, il est important de connaftre la réaction de l'entrepri-
se en cas de hausse de S. Logiquement on s'attend à'une réduction de H
et S, ce qui rendrait incertain l'effet de la hausse S sur R.
La deuxième raison tient au fait que les comportements des
entreprises ont des retombées de portées générales sur l'ensemble de
l'économie. De ce point de vue, l'évolution des niveaux de l'emploi et
d'heures de travail et des prix des entreprises intéresse la collecti-
vité toute entière. Les objectifs de plein emploi, de stabilité des prix
et de rentabilité sont aussi ceux du pays.
En considérant ces deux raisons, l'entreprise se trouve donc
au coeur de l'analyse de l'impact du salaire minimum sur les salaires.
L'augmentation du SMIG occasionne des charges supplémentaires
à l'entreprise. Comment réagit-elle à l'accroissement de sa charge sa-
lariale ?
selon la théorie classique, comme il est impossible dans llim-
médiat d'inventer de nouvelles techniques de production pour abaisser le
prix au coOt unitaire, les entreprises feront les frais de cette hausse.
De plus cette théorie affirme qu'en situation de concurrence l'entreprise
se trouve dans l'impossibilité de transmettre ses coOts supplémentaires

aux consommateurs.
La théorie institutionnelle s'oppose a cette théorie et affir-
me qu'il est toujours possible de transférer les coOts supplémentaires
aux consommateurs. Cette possibilité existe a cause de la concurrence
imparfaite qui règne sur lemdrchédes produits. En effet en différenciant
les produits. les entreprises réussissent a faire payer le coOt engendré
par la hausse du SMIG aux consommateurs.
En fait. aucune des deux théories ne correspond a la réalité.
car il est illusoire de croire que l'entreprise produise au coOt unitai-
re le plus bas possible et qu'elle puisse fixer librement le prix de
SQn produit sans perdre une partie de son marché. L'inapplicabilité de
ces deux théories amène WHITTINGHAM a proposer des possibilités en cas
de hausse des coOts en main-d'oeuvre. Cet auteur distingue cinq solutions
possibles
(1) - aborder le coût par une réduction de la marge bénéficiaire
(2) - augmenter le prix du produit
(3) - améliorer l'effdcacité de la gérance (management)
(4) - améliorer l'efficacité de la main-d'oeuvre
(5)
et remplacer une partie de la main-d'oeuvre par du capi-
tal.
L'ensemble de ces moyens que propose WHITTINGHAM pour résor-
ber le coût supplémentaire ne sont pas toujours applicables a court ter-
me. S'il est facile a l'entrepreneur d'augmenter ses prix a la suite d'une
hausse de salaire minimum. il ne lui est pas possible de modifier dans
l'immédiat ses moyens de production. En fait. les propositions de
WHITTINGAM s'inspirent des deux théories en présence qui niant pas enco-
re pu
résoudre de façon satisfaisante la question de la résorption du
coOt supplémentaire engendré par la hausse du SMIG. Il en est de même
pour les analyses empiriques. Après avoir précisé quelle pourrait-être la
réaction de l'entreprise face a une hausse. il reste a spécifier les en-
treprises les plus affectées par la politique du salaire minimum.

141
2) Les branches concernées par la hausse du salaire
minimL:m
La hausse du salaire minimum accroft la masse salariale des
branches qui emploient une main-d'oeuvre abondante. Pour détecter ces
branches, nous allons utiliser deux critères d'"intensité de travail".
Il Si agi t :
- du rapport travail/valeur ajoutée (L/VA)
- et du rapport masse salariale / valeur ajoutée (W/V.A).
Ces deux critères, quoique critiquables (cf. à BHALLA 1975),
permettent de déterminer les branches intensives en main-d'oeuvre.
A llaide des données de la Banque des données financières,
nous avons pu calculer ces deux indicateurs pour l'industrie ivoirienne
en 1981. A partir du Tableau nOlV-1, on a distingué trois grandes caté-
gories de branches ~ les branches intensives en travail, les branches
moyennement intensives en travail et les branches faiblement intensives
en travail.
- les branches intensives en main-d'oeuvre sont celles dont
L/A et W/VA sont supéri eurs à 50 % ;
- les branches moyennement intensives en travail ont ces deux
indicateurs compris entre 30 et 50 %.
- enfin, lorsque L/VA et W/VA sont infétieurs à 30 %, la
branche est considérée comme peu intensive en travail.
Les résultats du Tableau nOIV-1 suscitent les commentaires sui-
vants : Que lque so it l' i nd iCdtEur retenu, les branches 09 et 14 sont très
intensi ves en ma i n-d 1oeuvre. Le cri tère
II/VA rai t de la branche 13
une branche très intensive en travail alors que la branche 19 n1entre
dans cette catégorie que quand on considère le critère de W/VA.
Par ailleurs, les branches à faible intensité en main-d'oeuvre
sont les branches [(Extration de minerais et minéraux) : (Travail des

142.
grains et farines) ; (Fabrication de boissons et glace alimentaire) ;
(Energie électrique. Eau) J. Les branches [ (Industries de conserwation
et de préparatfOn alimentaires) , (Bâtiment et travaux publics) J font
partie de cette catégorie si on considère respectivement les critères
W/VA/et L/VA.
Les autres branches sont moyennement intensives en travail.
Il s'agit des branches [ (Autres industri es alimenta ires, Tabac) ;
(Industries des textiles et de l'habillement) : (Industries du cuir
et des articles chaussants) : (Industries chimiques) , (Industries du
caoutchouc) J. les branches [ (Industries de conservation et de prépa-
J
ration alimentaires) ; (Fabrication de matériaux de construction) J le
sont également pour le critère L/VA , il en est de même pour les branches
[ (Industries diverses) ; (Bâtiment et travaux publics) J si l'on consi-
dère le critère W/VA.
A partir de l'intensité du travail, on peut affirmer que les
branches très et moyennement intensives en travail sont les plus concer-
nées par une hausse du salaire minimum car la plupart des travailleurs
sont sujets à la législation du salaire minimum. Ces branches verront par
conséquent leurs masses salariales s'accroître.
Le salaire minimum modifie également la structure des salaires.
B - L'impact du salaire minimum sur la structure des salaires
La législation du salaire minimum a été conçue. rappelons le,
pour assurer un "minimum vital" aux travailleurs et améliorer la réparti-
tion des revenus. Nous nous sommes expliqués sur le premier objectif, il
s'agit maintenant de voir dans quelle mesure la législation du salaire
minimum peut être un outil de répartition des revenus.
La modification de la structure des salaires à court terme
est une preuve évidente de l'impact du salaire minimum sur la distribu-
tion des salaires. Pour apprécier cette modification, il convient d'exa-
miner d'abord la structure des salaires.

143.
1) La structure des salaires
L'analyse de la structure des salaires permet d'avoir une pré-
cision sur le nombre de travailleurs concernés par la hausse du salaire
minimum.
En ce Qui concerne la CÔte-d'Ivoire nous allons détermi-
ner pour l'année 1979, les travailleurs affectés par une hausse du
SMIG. Nous allons comparer le montant du salaire minimum au salaire
mensuel moyen.
Le taux horaire du SMIG étant 158,1 F.CFA, le montant du
salaire minimum s'élevait à 25.300 F.CFA en 1979. Au cours de la mê-
me année une enquête menée par l'O.N.F.P. sur la répartition des sa-
laires par tranche de salaire (64) a révélé Que 1,7 %des travailleurs
ont touché moins de 10.000 F.CFA et 28,12 %ont reçu un salaire com-
pris entre 10.000 et 30.000 F.CFA. Au total 30 %des salariés ont
leur salaire avoisinant le montant du salaire minimum (25.300 F.CFAJ
L'effectif correspondant à ce pourcentage est de 73.511 pour un ef-
fectif de 245.036 travailleurs en 1979.
Selon cette enquête, les catégories auxquelles appartiennent
ces salariés sont des apprentis, des employés non QualifIés. La première
catégorie a en moyenne un salaire de 19.720 F.CFA alors Que le salaire
moyen de la deuxième catégorie s'élève à 30.680 F.CFA
(65).
Ces deux catégories réunies représentent 69,1 %de l'effectif
total de 1979. Ce Qui signifie Qu'en réalité 169.320 au lieu de 73.511
travailleurs sont concernés par la hausse du salaire minimum.
Il faut aussi souligner Que, par "effet de contagion", les ca-
tégories socio-professionnelles proches de celles mentionnées sont éga-
lement visées par la hausse du SMIG. Il s'agit des catégories socio-pro-
fessionnelles des employés Qualifiés et des agents de maîtrise. Ces deux
catégories représentaient 23 %des salariés en 1979 soit un effectif glo-
bal de 56.358 travailleurs.
(64) O.N.F.P. Le secteur privé et semi-public en Côte-d'Ivoire. 1979.
3~me partie : les salariés. p. 129.
(65) O.N.F.P. op. cité. p. 131.

144.
Au total 92.1 %soit 225.678 salariés étaient concernés
par une hausse du St·HG en 1979. Leur nombre est impressionnant. il n'.est
donc pas étonnant qu'un relèvement du salaire minimum revalorise l'ensem-
ble des salaires.
L'analyse de la structure des salaires indique clairement
qu'il y a concentration d'emploi dans la catégorie de bas salaires qui
sont les plus concernés par une hausse du SMIG. Il s'agit maintenant d'a-
nalyser les effets d'une hausse du SMIG sur la structure des salaires.
2) Les effets a court et a long terme
Nous analyserons d'abord les effets a court terme puis les
effet~ ~ long terme.
a) Les effets a court terme
Généralement une hausse du salaire minimum conduit a une com-
press1i,on de la structure des salaires. La réduction de l'éventail des
salaires a court terme s'explique par le fait que les bas salaires sont
les plus concernés par cette hausse. Nous allons vérifier cette hypothè-
se dans le cadre de l'économie ivoirienne.
Pour l'analyse a court terme. nous avons choisi la période
située entre 1971 et 1972-1973. Au cours de cette période. le taux ho-
raire du SMIG a progressé de 37.73 %. Grace aux données du Tableau n068
de l'enquête déja citée. nous avons pu établir les taux d'accroissement
des salaires mensuels suivants :
NIVEAU DE
TAUX D'ACCROISSEMENT
QUALIFICATION
DES SALAIRES MOyeNS
ENTRE 1971 et 1972-73
CADRES
4.09 %
MAÎTRISE
0.04 %
QUALIFIES
+ 4.07 %
NON QUALIFIES
+ 6.33 %

145.
On observe que l'accroissement du taux horaire du SMIG n'a
profité qu'aux salariés qualifiés et non qualifiés. En effet le taux de
croissance du salaire mensuel moyen s'est accru de 6,33 %pour les tra-
vailleurs non qualifiés et de 4,7 %pour les employés qualifiés. En
revanche, les cadres et les agents de maîtrise ont vu leurs salaires men-
suels décroître respectivement de - 4,09 %et de
- 0,04 %. Les bas sa-
laires ont été revalorisés par la hausse du SMIG. Cette revalorisation
des bas salaires réduit dans une certaine mesure la dispersion inter-ca-
tégorielle des salaires mensuels moyens.
Il y a donc A court terme une compression de la structure
inter-catégorielle des salaires. Cette modification de la structure
des salaires est une preuve de l'effet répartitif de la hausse du sa-
laire minimum. La preuve est irréfutable dans la mesure où l'accrois-
sement du taux de croissance des salaires mensuels des salariés A
bas salaires s'est fait au détriment des employés A hauts salaires.
On retient donc l'hypothèse de l'effet redistributif de la
hausse du salaire minimum. Si cette hypothèse se vérifie A court terme,
en sera-t-il de même A long terme?
b) Les effets A long terme
A long terme, on observe également un rétablissement des
écarts de salaires tel qu'il existait avant la hausse du salaire mini-
mum. La plupart des études empiriques réalisé~s au Canada et aux Etats-
Unis confirment cette hypothèse s'agissant de la Côte-d'Ivoire, nous'
allons vérifier si les écarts de salaires se rétablissent à long terme.
Notre étude concerne une période relativement longue: de
1971 A 1979. Pendant cette période, le SMIG a augmenté de 171,22 %.
Par ailleurs, dlaprès les données du Tableau n068 de l'enquête préci-
tée, l'écart entre le salaire moyen mensuel le plus bas se présente .
comme suit:
- en 1971, l'écart est de 195,7 F.CFA
- en 1979, l'écart équivaut à 195,5 F.CFA

146.
Les écarts indiquent qu'il n'y a pas eu modification de la
dispersion inter-catégorielle. La marge de salaires qui existe entre
les cadres et les employés non qualifiés est demeurée intacte en 1971 et
1979. Cette observation est significative, l'effet redistributif d'une
hausse du salaire minimum est pratiquement nul à long terme. La struc-
ture initiale des salaires se rétablit. On peut s'interroger sur la
stabilité de la structure salariale.
Deux explications peuvent être données: la hausse du salai-
re minimum ne touche pas uniquement les bas salaires. Il se crée un ef-
fet de contagion qui amène les autres catégories socio-professionnelles
à revendiquer une revalorisation de leurs salaires. Ces catégories vou-
draient bien maintenir la hiérarchie des salaires qui existaient auparavant.
Le rétablissement de l'écart de salaire avant la hausse du SMIG engendre
des coûts à l' entrepri se qu i sont les "coOts i nd i rects" .
Pour BARIL, ceux- ci résultent d'une augmentation des salaires
au-dessus dunouveau minimum et sont habituellement encourus pour préser-
ver les différentiels de salaires entre travailleurs ~ rétablir, en tout
ou en partie, la structure des salaires. Quant aux coOts directs, ils
représentent les coOts encourus pour porter le salaire de ceux qui, avant
la hausse du salaire minimum, gagnaient des taux de salaires inférieurs
à ce niveau minimum, au nouveau taux minimum en question ..
A l'occasion d'une hausse du salaire minimum, l'entreprise
supporte donc deux coOts : les coOts directs et les coOts indirects.
La deuxième raison au rétablissement de la structure des sa-
laires tient au marché interne de chaque entreprise ou de chaque branche.
Comme nous l'avons déjà souligné, l'entreprise établit dans
le cadre de la convention collective une structure interne des salaires
qui lui permet d'attirer et de conserver une force de travail nécessaire
à la réalisation de sa production. Les salaires effectifs qu'elle paye
à ses travailleurs sont par conséquent supérieurs aux niveaux minima
fixés par les conventions collectives pour les diverses catégories. Ce
glissement contribue au rétablissement de la structure initiale des sa-

14·7.
laires. Ces deux raisons expliquent donc le rétablissement de la struc-
ture des salaires A long' terme. Mais doit-on interférerA partir de cette
tendance reconnue du rétablissement de l'éventail des salaires pour
minimiser ·le rôle que pourrait jouer la politique de salaires minima en
tant qwlinstrument de redistribution de revenus? Il est évident que la
politique de salaire minimum même si elle laisse intact la dispersion
des salaires A long ter~, octroie un gain aux travailleurs visés. Ces
derniers voient leur pouvoir d'achat s'accroftre. Par ailleurs, n'eOt
été la politique de salaire minimum, l'éventail des salaires se serait
élargi considérablement; elle aurait permis le maintien des inégalités
qui existaient auparavant.
L'analyse des effets d'une hausse du salaire minimum sur les
salaires nous inspire ces conclusions:
- on observe qu'A court terme, un relèvement du salaire mini-
mum comprime la structure des salaires. Par la suite, la structure ini-
tiale de salaires se rétablit:
- une hausse du salaire minimum engendre des coOts directs
et des coOts indirects A l'entreprise. Ces coOts supportés par l'entre-
prise grâce A sa "capacité de payer" sont le prix de sa participation
A la concurrence exercée sur le marché du travail pour attirer et main-
tenir les travailleurs les plus qualifiés.
- enfin l'intérêt de la politique du salaire minimum en tant
qu'outil de redistribution du revenu reste A prouver car les termes re-
latifs de l'inégalité des salaires subsistent A long terme.
SECTION II
L'INDICE DES PRIX A LA CONSOMMATION
La hausse des prix A la consommation peut engendrer la hausse
des salaires. A cet effet, il faudrait que:
- les syndicats puissent revendiquer une revalorisation des
salaires conforme A la hausse des prix;

148.
- les employeurs puissent répercuter sur leurs prix de vente
la hausse du salaire nominal,
- Une échelle mobile des ~alaires - dont l'objectif est
d'adapter automatiquement les salaires d la variation .des prix.
Si la première et la troi s ième cond i ti ons ne sont pas remp 1ies,
la hausse des prix ampute une partie du pouvoir d'achat des travailleurs.
Avant d'analyser le sens de l'évolution des prix a la consom-
mation et les salaires, nous allons rappeler les facteurs qui détermi-
nent l'indice des prix a la consommation.
§ 1. Les facteurs déterminant l'IPC
En Côte-d'Ivoire, on distingue généralement deux indices des
prix
l'indice des prix A la consommation Européenne et l'indice des
prix A la consommation familiale africaine. Tout au long de ce travail,
nous utiliserons uniquement l'indice des prix A la consommation familiale
africaine pour la simple raison qu'il concerne la plupart des travailleurs
africains et ivoiriens.
Cet indice établi par la Direction des Etudes économiques,
subit l'influence des prix français par deux voies:
- l'importation des biens français
- l'appartenance de 1a Côte-d' l vo ire A 1a zone franc.
Comme le souligne Michèle SAINT-MARC, le commerce extérieur
des anciennes possessions françaises est caractérisé par une certaine
opacité et une certaine viscosité. La France est un partenaire privilé-
gié de ces états. Le marché des biens importés est dominé par les grou-
pes français. Par ailleurs, certains accords commerciaux lient ces pays
A la France. Il est donc compréhensible que les prix des biens importés
soient influencés par les prix français.

149.
L'appartenance de la Côte-d'Ivoire à la zone franc renforce
la corrélation entre les prix français et les prix ivoiriens. Ainsi
"une d~valuation du franc CFfl, par exemple, en relation avec la dévalua-
tion du franc français, a pour résultat de relever les prix des produits
importés de pays tiers (ici la Côte-d'Ivoire) parallèlement à la hausse
enregi strée en France"
(66).
En plus de sa dépendance aux prix français, l'IPC subit l'in-
fluence de certains facteurs internes. Il s'agit notamment de l'impôt
indirect.
Le recours au système d'imposition indirect permet à l'Etat
d'accroître ses recettes fiscales. La part des impôts indirects dans les
recettes budgétaires représentait 67,90 %en 1981, 72,82 %en 1982 et
71 ,6 % en 1983
(67 ) .
Ces taxes indirectes intérieures.concernent certains produits
importés. Ce qui explique .la hausse des prix à "a c::onsomnation. D'au-
tres facteurs tels que le coOt du fret, le climat, la concentration ur-
baine, les salaires influencent aussi l'évolution de l'IPC.
§ 2. L'évolution de l'IPC et du SMIG
L'analyse de l'évolution de l'IPC, en soi, manque d'intérêt.
Elle est utile quand on la compare à l'évolution du SMIG. La comparaison
de ces deux variables permet de déceler si le SMIG est indexé sur l'in-
dice des prix. Pour effectuer cette comparaison, nous allons utiliser
deux démarches :
- dans un premier temps, nous allons établir une liaison entre
le SMIG et' l' IPC ,
- dans un second temps, nous comparerons les taux de croissance
du SMIG et de l'IPC.
(66)
Nara PENOUIL. Soaio-Eaonomique du sous-d4vetoppement. Dattoa
1979. p. 593.
(67) Buttetin d'Afrique Noi~e. nO 1214 du 9 F4v~ie~ 1984. p. 7.

150.
Figure n° IV-1
Graphique de corrélation entre le SMIG et l'IPC
: 'Il j, ,~
1 (30, +
:,!...
'A
.l ~iO w +
1.:.' l') " .~
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'. - . ~ i pc
100.
2('0,
30(',
400.
500.
600.

151.
A - L'étude de corrélation
Cette étude a pour objectif de voir s'il existe une synchro-
nisation étroite entre le SMIG et l'IPC. Ainsi on va tester le modèle
sui vant :
SMIG =0(+ ~ IPC
. , /
En regressant le SMIG par rapport ~ l'IPC ~ partir des données
s'étalant de 1960 ~ 1980, nous obtenons l'équation qui suit:
SMIG = 1,26 + 0,376
IPC
(3,539) (0,01479)
2
R = 0,97
Le coefficient de détermination (R2) indique que l'ajustement
est de bonne qualité dans la mesure où la droite estimée explique le phé-
nomène ~ 97 %.
Le coefficient de corrélation est égal ~ 0.98 (R = 0,98). Ce
résultat exprime la dépendance qui existe entre les variables SMIG et
IPC. Ces deux paramètres varient simultanément. L'intensité de la liai-
son est confirmée par la valeur de R qui est proche de 1. Par ailleurs,
l'alignement des points autour de la droite régressée (Graphique n° IV) \\
confirme cette parfaite corrélation entre les deux variables.
L'évolution du SMIG dépend donc de celle de l'IPC. Si l'évo-
lution du second paramètre explique celle du premier, on peut se deman-
der si les deux variables croissent proportionnellement. La comparaison
des taux de croissance de ces deux variables permettra de répondre ~
cette interrogation.
B - Les taux de croissance du SMIG et de l'IPC
Le Tableau nOI~2 contient les taux de croissance de ces deux
variables que nous avons calculé~ En analysant ces données. on peut faire
les commentaires suivants:

152.
- A l'exception de 1961/1962 où le taux de croissance du
SMIG a été négatif (-16,6 %), il est dans l'ensemble positif ou nul,
- en ce qui concerne l'IPC, son taux de croissance est géné-
ralement positif A l'exception des années 1961/1962, 1962/1963, 1970/
1971 et 1971/1972 où il a été nul.
En comparant conjointement les deux taux de croissance, on
observe que :
- Lestaux de croissance nuls du SMIG correspondent Ades va-
riations de pourcentage positives de l'IPC A l'exception des années 1970/
1971 et 1971/1972 où les taux de croissance des deux variables sont simul-
tanément nuls.
- la décroissance du taux horaire du SMIG en 1961/1962 est
associée à la variation de pourcentage nulle de l 'IPC ,
- bien que les taux de croissance du SMIG soientparfois A-ceux
de l'IPC, les taux de croissance de l'IPC sont dans l'ensemble positifs.
A partir de ces observations, on peut tirer la conclusion se-
lon laquelle, il n'existe pas souvent une concordance entre la hausse
du SMIG et la hausse de l'IPC. Au cours de certaines années, l'augmen-
tation de l 'IPC ne s'est accompagnée d'une hausse du SMIG. En revanche,
l'augmentation du SMIG a été plus forte que celle de lrIPC au cours des
années 1973, 1974, 1975 et 1976.
L'absence de l'indexation systématique du SMIG sur les prix
A la consommation est A la base de la détérioration du pouvoir d'achat
des travailleurs. Cette détérioration concrètise l'impact des prix à
la consommation sur les salaires.
§ 3. Les effets des prix A la consommation sur les salaires
La variation du taux de salaire réel est une bonne mesure de
l'impact du prix A la consommation sur
les salaires.

-
\\JI
W

154.
En effet, quand le taux de salaire (T5R) s'accroit, cela
signifie que le taux de salaire nominal (TSN) augmente plus vite que
l' 1PC.
A l'inverse, la décroissance du TSR peut être attribuée à une
croissance plus rapide de l'IPC par rapport au TSN. Par contre quand le
TSN et l'IPC évoluent parallèlement, le TSR demeure constante.
Dans le premier cas, on dira qu'il y a un "effet positif des
prix Il sur les salaires dans la mesure où les travailleurs profitent de
la hausse des prix pour revendiquer une augmentation plus que proportion-
nelle des salaires. Le second cas traduit l '''effet négatif des prix" sur
les salaires puisque les travailleu~s n'ont pas réussi à indexer le SMIG
sur le coat de la vie.
Enfin, dans le troisième cas, on a un "effet nul des prix"
sur les salaires. Dans cet optique les travailleurs obtiennent une aug-
mentation des salaires proportionnelle à la hausse des prix.
Ces trois évoI.utions possibles du TSR sont liées à sa
mesure. Il s'obtient en rapportant le taux horaire du SMIG à l' IPC.
Le rapport ainsi obtenu représente le pouvoir d'achat des travail-
leurs. L'analyse de son évolution permet de saisir les conditions
de l'apparition de chaque effet. Il est possible d'observer l'évo-
lution du TSR à partir du Tableau n° IV-3 et du Graphique nO IV-2.
Lorsqu'on compare l'évolution du taux de salaire réel de 1960
à 1983, on constate que ce dernier est fortement élevé dans les deux
premières années de l'indépendance c'est-à-dire en 1960 et en 1962. Le
niveau atteint par le TSR en 1961 n'a été dépassé qu'entre 1975 et 1976.
Dans l'ensemble, le TSR n'excède pas le niveau atteint, les deux premiè-
res années de l'indépendance. Cette évolution du TSR est liée à des fac-
teurs structurels et institutionnels qui ont engendré une inflation en-
démique au sein de l'économie ivoirienne. En effet, l'Etat compte tenu
de ses orientations et ses objectifs (voir les différents plans quinquen-,
naux) doit faire face à un nombre considérable de èharges notamment
dans le domaine économique et social (enseignement-santé). Ces charges

155.
se sont aggravées par une urbanisation rapide des populations (8 %en
moyenne par an) dont les conséquences sont nombreuses :
- élevation du coOt d'équipement et de fonctionnement urbain,
- augmentation de la demande d'habitat, de santé et des servi-
ces collectifs,
- déséquilibre accentué entre l'offre et la demande d'emploi
en milieu urbain etc ..•
L'Etat pour subvenir à toutes ces dépenses coOteuses de fonc-
tionnement et d'équipement finance son budget par une politique inflation-
niste. Le principal moyen inflationniste dont dispose l'Etat est la po-
litique fiscale. A titre d'exemple, on note qu'au cours de la période
1970 1 198Q le BIC est passé de 33 %à 40 %, la contribution patronnale
de 5,5 %à 12,5 %pour les salariés africains et 17,5 %pour les expatriés,
la T.V.A. et le T.P.S. de 15 %à 19 %sur les produits pétroliers (68).
L'inélasticité fréquente de l'offre de produits vivriers est
l'une des causes de l'inflation structurelle de l'économie ivoirienne.
L'insuffisance des produits vivriers n'est pas liée à une question agrai-
re comme dans certains pays sous-développés, mais plutôt à la culture
extensive des produits d'exportation (café, cacao, palmier à huile etc.).
Le circuit de commercialisation de ces produits contribue àleur raréfac-
tion de ces produits.
La pénurie des produits vivriers a provoqué au cours de la
période de 1976/1980 une augmentation de 18 %par an de leurs prix (69).
En plus de ces facteurs internes, l'inflation importée joue un rôle
déterminant dans la hausse des prix. Les structuralistes mettent parti-
culièrement l'accent sur l'inflation endémique des pays sous-développés.
Ils soutiennent que les élasticités, par rapport au revenu, de la deman-
de d'importation des pays industriels et de la "périphérie" sous-dévelop-
pée sont trés différentes. Dans les pays développés, l'élasticité est
faible et diminue. alors que. dans les F.V.D.cette élasticité croît et de-
meure élevée essentiellement à cause de l'effet de démonstration et de
(68JMinisdre du PLan. PLan quinquennal de d4veloppement 4oonomique.
social et culturel. 1981/1985. Tome 1. p. 129.
(69JMinisdre du PLan. PLan quinquennal de d4veloppement 4conomique.
social et culturel. 1981/1985. Tome 1. p. 128.

'~6.
l' importati on des bi ens d' éQu i pement.
La détérioration des termes de l'échange majore le coOt
réel des biens de consommation et d'équipement importés dont l'achat
rend déficitaires les balances de paiements de ces pays et amenuise
l'épargne nationale.
Le prix à payer pour maintenir le niveau antérieur d'investis-
sement sera la création d'une inflation par le crédit. Quand l'Etat ac-
croft plutôt les droits et taxes à l'importation, il favorise l'infla-
tion par les coOts puisque les entreprises répercutent leurs charges sup-
plémentaires sur leurs prix de vente.
Ainsi les droits et taxes à l'im-
portation sont passés de 36 %en 1970 à 46 %en 1977
(70).
Pour synthétiser l'ensemble des facteurs Qui suscitent la
hausse des prix, on a essayé de Quantifier la part de chaque facteur
dans l'accroissement des prix à la consommation (10,1 %) entre 1970 et
1979. Il est apparu que:
- Les effets de l'inflation importée représentent 2,6 %, l'in-
cidence des prix des produits vivriers, viandes et poissons 3,1
%;
l'incidence du commerce 1,2 % : l'incidence des salaires et des cotisa-
tions sociales 0,6 %: l'incidence des droits et taxes à l'importation
et de la fiscalité 1,0 %et les autres 1,6 % (71).
A partir de la décomposition de l'accroissement du prix à la
consommation des ménages, on s'aperçoit que des effets de l'inflation
importée et l'incidence des hausses des produits vivriers, viandes et
poissons représentent la moitié de cette croissance.
On peut donc dire
que ces deux facteurs constituent les principaux déterminants du coOt de
la vie. Leur variabilité suscitera celle du pouvoir d'achat des travail-
leurs. En raison de la place qu'ils occupent dans la formation et l'é-
volution des prix, les planificateurs ont décidé d'agir contre eux, en
reconnaissant la faible marge de manoeuvre dont ils disposent pour lutter
(70) Nini6t~re du ~an. op. déjà cité. p. 189.
(71) Nini6t~re du ~an. op. déjà cité. p. 189.

157.
efficacement contre l'inflation importée. En ce Qui concerne l'inflation
par la demande provoquée par l'inélasticité de l'offre de produits. ils
préconisent l'accroissement de la production vivrière et l'amélioration
du système de collecte et de distribution des produits vivriers.
A cette explication tendancielle de l'évolution du TSR. il
est également possible de donner des explications ponctuelles à certains
points saillants de la courbe. Par exemple. entre 1960 et 1983. on a en-
registré le TSR le plus bas en 1968 et le taux le plus élevé en 1976.
Ces deux extrêmes (le plus bas et le plus haut) de la courbe
de l'évolution du TSR sont liés à l'environnement économique et politi-
que du pays. En effet. on peut attribuer la chute du TSR en 1968 aux évè-
nements de "Mai 1968" Qui ne se sont pas 1imités seulement à l'Europe.
Ils ont également atteint l'Afrique. en particulier la Côte-d'Ivoire
par le canal des filiales des entreprises Européennes. notamment françai-
ses. Quant à la hausse exceptionnelle du TSR en 1976. elle résulte sans
doute de l'environnement économique. Les gelées du Brési 1 ont fait monter
les cours du cacao et du café. La Côte-d'Ivoire a tiré un profit consi-
dérable de cette situation et a. de ce fait rétrocédé une part de cette
rente aux travailleurs en augmentant le SMIGde25 %. Le taux du SMIG
étant supérieur à celui de l'IPC. le TSR s'en est trouvé accru.
On remarque également Que le taux de salaire réel a chuté au
cours de la période 1973/1974. Selon le Professeur PENOUIL (1979). les
mouvements inflationnistes d'origines diverses seraient à la base de ce
fléchissement: il s'agit notamment de l'augmentation des prix d'un grand
nombre de produits de base et la crise pétrolière.
Le taux de salaire réel (TSR) Qui est égal à 37.62 F.CFA. en
moyenne au cours de la période 1960/1983. a connu des chutes et des haus-
ses. Les mouvements de hausse du TSR correspondent à l'effet positif des
pri.x. Dans ce cas. l'Etat et les employeurs ont concédé une augmenta-
tion du SMIG plus Que proportionnelle à celle de l'IPC. En revanche.
quand le TSR baisse. on a alors un effet négatif de prix puisque les
travailleurs n'obtiennent pas une augmentation proportionnelle des
salaires à la hausse des prix. Enfin quand les salaires croissent en
même temps Que le prix à la consommation. on a un effet nul des prix.

158.
Il s'agit des années où les taux de croissance du salaire minimum équi-
valent ceux de l' IPC.
*
*
*
Les hausses du SMIG et de l'indice des prix à la consommation
exercent une influence sur les salaires. Cette influence est l'expres-
sion de l'impact du facteur institutionnel sur les salaires.
En ce qui concerne la variable "hausse du SMIG", elle agit
mécaniquement sur les bas salaires à court terme, et accroît la masse
salariale des entreprises. Toutefois à long terme, la hiérarchie des
salairesse rétablit à cause des entreprises qui relèvent l'ensemble des
salaires.
Quant à la variable "hausse des prix", elle indique comment
les salaires suivent à court terme, l'évolution du coQt de la vie.
L'application de la législation du salaire minimum crée une
distorsion sur le maché des facteurs. En accroissant le coQt du travail,
elle augmente les charges salariales des entreprises. Pour faire face à
cette hausse des charges salariales, les entrepreneurs seront enclins à
utiliser davantage de capital. L'utilisation des méthodes de production
intensivesen capital sera encouragée et accentuée par la politique fis-
cale qui accorde des avantages fiscaux à certaines entreprises.
=-=-=-=-:-=-:-::

Tableau nOIV-l: Indicateurs des branches industrielles Intensives en travail
en 19B1
LES CRITERES
BRANCHES
L/VA ( 30 ~
05
- 06
- 08
-
22
- 23
30 S(L/VA ( 50 ~
07
10
11
12
- 15
- 16
- 17 - 19:
L/VA ) 50 S
09
13
14
W/VA (30 ~
05
- 06
- 07
-
08
- 22
30 S (W/VA (50 ~
10
11 - 12
- 13
- 15
- 16
17 -21-23:
W/VA ) 50 S
09
14
- 19
1) Rapport effectifs employés/Valeur ajoutée (L/VA)
2) Rapport masse salariale/Valeur ajoutée (W/VA)
NB : 05. Extraction de minerais et minéraux
06. Travail des grains et farines
07. Industries de conservation et de préparation alimentaires
08. Fabrication de boissons et glace alimentaire
09. Industries des corps gras alimentaires
10. Autres industries alimentaires. Tabac
11. Industries des textiles et de l'habillement
12. Industries du cuir et des articles chaussants
13. Industries du bols (estimation)
14. Raffinage du pétrole et fabrication de dérivés
15. Industries chimiQues
16. Industries du caoutchouc
17. Fabrication de matériaux de construction
18. Sidérurgie et première transformation des-métaux
19. Construction et réparation de matériel de transport
20. Autres industries mécaniQues et électriQues
21. Industries diverses
22. Energie électriQue. Eau
23. Bâtiment et Travaux Publics

160.
Tableau n° IV-2: Evolution du taux de croissance du salaire
iiifiiTiiiunS1'lTG}et ae71ndlce des prIX a la
consommatIon (IPC) (en %)
Années
Taux de croissance
Taux de croissance
du SMIG
de l'IPC
1960/1961
20
10,20
1961/1962
16,6
0,0
1962/1963
6,0
0,0
1963/1964
0,0
1,0
1964/1965
0,0
2,0
1965/1966
0,0
4,0
1966/1967
0,0
2,0
1967/1968
0,0
5,0
1968/1969
10,0
4,0
1969/1970
25,0
8,0
1970/1971
0,0
0,0
1971/1972
0,0
0,0
1972/1973
0,0
11,0
1973/1974
25,0
17;0
1974/1975
26,0
11 ,0
1975/1976
25,0
12,0
1976/1977
0,0
27,0
1977/1978
25,0
13,0
1978/1979
. 10,0
16,0
1979/1980
9,0
14,0
1980/1981
0,0
8,0
1981/1982
10,0
7,3
1982/1983
0,0
7,4

Tableau nClJv-3 :Evolution du taux de salaire réel (TSR)
Années
Sa la i re min imas
Indice des prix
Taux de salaire
(a)
(b)
réel : a/b
1960
40,00
102,4
39,06
1961
48,00
113,0
42,50
1962
40,00
112,4
35,60
1963
42,40
112,4
37,80
1964
42,40
113,9
37,20
1965
42,40
117,0
36,23
1966
42,40
122,0
34,80
1967
42,40
124,6
34,02
1968
42,40
131,3
32,30
1969
46,64
137,1
34,01
1970
58,30
148,4
39,28
1971
58,30
147,7
39,47
1972
58,30
148,2
39,33
1973
58,30
164,6
35,41
1974
73.00
193,2
37.78
1975
92,00
215.3
42,73
1976
115.00
241.3
47,65
1977
115.00
307,4
37.41
1978
143.75
347.4
41,37
1979
158.25
405,1
39,06
1980
174.00
464,5
37.45
1981
174.00
505,5
34.42
1982
191,40
542,6
35.27
1983
191.40
582.9
32,83

162.
CHAPITRE V
LES INTERFERENCES INDIRECTES
L'analyse de l'approche théorique du choix technologique (cf.
Annexe n° III) révèle qu'il existe trois degrés d'intensité capitalisti-
que.
Certaines branches de l'industrie ivoirienne ont opté pour une
technologie à intensité capitalistique élevée. Le choix d'une telle op-
tion technologique s'explique en partie par les distorsions sur le marché
des facteurs.
Dans ce chapitre, nous montrerons que l'instauration des mesu-
res d'incitations fiscales a particulièrement favorisé ces distorsions.
Elles ont baissé le prix du capital par rapport à celui du travail.
L1utilisation massive du capital, à la suite de la modification
du coat relatif, a permis à certaines branches d'accrottre leur producti-
vité. Les branches dont la productivité s'est accrue, ont distribué d1im-
portantes masses salariales.
Les mesures d'incitation fiscales agissent donc sur les salai-
res par l'entremise de la productivité du travail laquelle dépend de llin-
tensité capitaliste.
Les distorsions sur le marché des facteurs ne sont pas les seu-
les déterminantes de lladoption d'une technologie intensive en capital.
Des facteurs objectifs, selon Aka EBA (1979), amènent les entreprises à
utiliser des techniques intensives en capital. Dans la catégorie des fac-
teurs objectifs, on inclut les facteurs techniques. Les facteurs techni-
ques recouvrent en fait le concept de "flexibilité technologique". Quelque
soit la dotation en facteurs du pays, pour produire les entreprises peuvent
être confrontées à un problème réel: la possibilité de choix entre une
ou plusieurs combinaisons productives. On distingue en effet deux catégo-
ries d'industries: celles qui disposent d'un large choix de techniques
et celles dont la gamme de combinaisons est extrêmement restreinte. La
première catégorie d'industries est qualifiée de "technologie flexible"
alors que la seconde se caractérise par sa "rigidité technologigue" •

163.
L'estimation des élasticités de substitution A l'aide de la
fonction de production transcendante indique avec précision les branches
de l'industrie ivoirienne qui sont techniquement rigides et celles qui
sont techniquement flexibles.
SECTION 1
LES MESURES D'INCITATION FISCALES
Pour attirer les capitaux étrangers les P.V.O. ont été amenés
A octroyer des avantages fiscaux aux investisseurs non résidents. Les
systèmes fiscaux de ces pays avaient pour objectif de pallier, l'insuf-
fisance des capitaux nationaux et d'occasionner le transfert des techno-
logies des pays industrialisés vers ces économies dont la stratégie de
développement reposait sur ce transfert. Par rapport A cet objectif, la
pratique des exonérations fiscales s'est considérablement développée dans
ces pays et les a conduit parfois A "une véritable surenchère", A une
"guerre des impôts", ou même A un "dumping fiscal". De cette querelle fis-
cale, il en est résulté une diminution de leurs ressources budgétaires,
de créations d'avantages exorbitantes par rapport aux bénéfices escomp-
tés et surtout la mise en place de codes d'investissements irrationnels.
Une analyse sereine des effets escomptés des codes d'investis-
sements aurait permis aux dirigeants des P.V.O. de douter de sont effica-
cité.
~us allons présenter une analyse critique des codes d'investis-
sements des P.V.O., en particulier celui de la COte-d'Ivoire.
§ 1. La remise en cause de l'approche traditionnelle
d'attribution des mesures d'incitation fiscales
L'indifférence des investisseurs vis-A-vis des stimulants fis-
caux, llinefficacité de cette politique d'incitation fiscale et son coat
budgétaire pour le pays nécessitent une remise en cause du procédé ac-
tuel d'attribution de la politique fiscale.

1'64.
A - L'indifférence des investisseurs face aux stimulants
fiscaux
selon une étude de l'O.C.D.E., la valeur comptable du stock
d'actifs nets issus des investissements des pays membres représentait
dans les P.V.D., à la fin de 1976, un total de 76,2 milliards de dol-
lards. Ces investissements se répartissaient de la façon suivante:
- l'Amérique Centrale, avec 19 pays, a obtenu 18,5 milliards
de $
- l'Jlmérique du Sud, avec 13 pays, a reçu 19,2 milliards de $ ;
- l'Asie, 19,7 milliards de dollars;
- alors que 41 pays de l'Afrique sub-saharienne, n'ont reçu
que 8,7 milliards de dollars
(72).
Selon la même source la part de l'Afrique dans le pourcentage
de ces investissements ne cesse de décroître: 18,3 %en 1970 , 12,7 %
en 1976. Cela signifie que les pays africains malgré leurs politiques
d'incitations fiscales n'attirent pas pour autant les investisseurs étran-
gers. Au sein même de l'Afrique sub-saharienne, certains pays attirent
plus les capitaux étrangers que d'autres malgré la similitude de leurs
dispositions fiscales et douanières. En effet, comme l'indique le Tableau
nOV-l, trois pays sur neuf ont attiré les 2/3 des investissements pro-
ductifs entre 1960 et 1972. Il s'ag'it de la Côte-d' Ivoire, du Cameroun
et du Sénéga~. La Côte-d'Ivoire devance largement les autres pays (27,2 %)
des investissemnents) suivi du Cameroun (24 %) et du Sénégal (21 %).
On constate que la répartition des investissements est iné-
galitaire. Ce qui traduit explicitement l'absence de corrélation entre
le code d'investissement et l'attrait du pays. Tous les pays concernés
ont pratiquement le même code d'investissement, offrent les mêmes avan-
tages fiscaux. Ce qui est plutôt déterminant ce sont les critères tels
que le P.N.B. par habitant, la stabilité politique, etc ••• Déjà une étu-
de des Nations-Unies constatait ce phénomène depuis 1960.
('12) François CONFORMAT (1980). "Le 1'4gime juridique et fiscal des
mesures d'encouragement aux investissements dans les PVD :
les codes d'investissement" - in Revue Française d'Administzoa-
tian Publique. nO 13. Janviel'-Na1's. PARIS. p. '18.

165 •.
Le second élément qui caractérise l'indifférence des investis-
seurs est la concentration des entreprises. Les Etats africains dans le
souci de leurs inégalités régionales accordent des avantages fiscaux
considérables aux capitaux étrangers qui s'investissent dans les régions
les plus démunies. Malgré ces facilités fiscales, les entreprises conti-
nuent de se concentrer géographiquement dans les ports, les capitales
administratives, sur les lieux d'extraction des ressources naturelles.
Cette concentration géographique se double d'une concentration sectoriel-
le. En ce qui concerne le cas ivoirien, on constate que presque toutes
les activités industrielles et commerciales sont concentrées ~ Abidjan,
malgré le rééquilibrage des différentes régions que s'assigne le Plan. Ce
rééquilibrage devra être obtenu par l'accélération du développement des
régions les moins avancées. C'est par rapport ~ cet objectif que les mesu-
res fiscales incitent les entreprises ~ investir en dehors de la partie
Sud du pays particulièrement ~ Abidjan. En dépit de toutes ces facilités
fiscales et même du transfert de la capitale ~ Yamoussokro, la plupart
des entreprises demeurent toujours ~ Abidjan et dans son environnement.
GBAKA (K) donne des explications au pÔle d'attraction que constitue Abid-
jan et s'interroge sur l'opportunité des avantages fiscaux. Pour lui,
"elles (les entreprises) ont même parfois renoncé ~ des avantages plus
importants qui se rapportent ~ l'implantation hors de l'agglomération
d'Abidjan (amortissements accélérés, allègements considérables de certains
impôts tels que les impôts fonciers, la patente et la licence) pour demeurer
dans cette région 00 elles trouvent plus facilement des matières premières,
main-d'oeuvre, clientèle locale et ouverture sur l'extérieur par la mer
ou la voie aérienne. Peut-on dans ces conditions valablement soutenir en-
core que les résultats encourageants enregistrés dans la croissance de la
Côte-d'Ivoire soient dus au caractère attrayant de la fiscalité ivoirien-
ne ? (73). La réponse est évidente si on analyse la concentration secto-
rielle. Elle indique clairement que les entreprises s'installent 00 elles
ont des économies d'échelle. L'auteur pr~cité constate également que les
entreprises en Afrique Noi re, se concentrent seulement dans les branches des
industries extractives et dans les branches de transfonmation des produits
agricoles. C'est le cas de la Côte-d'Ivoire 00 "la majoritédes investis-
sements se concentre, dans les branches de transformation des produits
agricoles et du bois, c 'est-~-dire les branches 00 l'approvionnement
( 73) (K.O) GBAKA. TMse d'Etat. op. cit. p. 386

166.
en matières premières ne demande pa~ un grand effort financier.
La concentration des entreprises dans certaines localités
pour des raisons que nous venons d'évoquer témoigne encore une fois de
l'indifférence des investisseurs vis-à-vis des stimulants fiscaux que
leur accordent les P.V.D. Aussi le caractère peu attractif de cette poli-
tique fiscale ne dévoile-t-il pas son inefficacité.
B - L'inefficacité des mesures d'encouragement
Il est permis de douter de l'efficacité des mesures d'incita-
tion si l'on s'en tient aux comportements des investisseurs étrangers
Il ressort des sondages effectués auprès de ceux-ci que les mesures d'in-
citation ne sont pas les facteurs déterminants de leur décision d'inves-
tissement. Ils évoquent d'autres paramètres prir.lOrdiaux tels que la sta-
bilité politique, la proximité des mati~res pre~ières, le marché intérieur
etc ....
Pour voir s'il est possible de lever ou de maintenir le doute
de l'inefficacité des stimulants fiscauc, nous allons analyser le~ résul-
tats d'une enquête effectuée par les chercheurs de l'ORSTOM auprès des
entreprises sur le choix de la Côte-d'Ivoire en tant que pays d'accueil
des capitaux étrangers. Au cours de cette enquête, les auteurs ont essayé
de connattre les raisons qui incitent les entreprises à investir en Côte-
d'Ivoi re. Il s ont reg roupé les réponses des enquêtés autour de 5 pri nc i-
paux thèmes: les facteurs politiques, le coOt des facteurs, les marchés,
les externalités, les divers.
1) Les facteurs politigues
Les facteurs politiques regroupent la stabilité politique,
le libéralisme économique et l'action de promotion industrielle. Soixan-
te cinq entreprises sur cent ont retenu l'une ou l'autre des trois rai-
sons :
- la stabilité politique représente 52 %de l'ensemble des
réponses, son poids est de 34 %. Elle arrive donc en tête des facteurs
pol i tiques;

167.
- quant aux choix du libéralisme économique 50 %des entrepri-
ses se sentent concernées par ce choix idéologique. 31 %le considèrent
comme un facteur déterminant ,
- enfin. en ce qui concerne l'action de promotions industrielles,
elle motive 23 %des entreprises mais il n'y a que 18 %d'entres elles ~ui
la considère comme fondamentale.
2) Le coQt des facteurs
Le capital, le travail et les matières premières constituent
les facteurs de production visés par l'enquête. Les auteurs de l'étude
ont essayé de connaftre ce qui détermine les entreprises. Est-ce la proxi-
mité des matières premières, le coQt de la main-d'oeuvre ou le code d'in-
vestissement ? Le code d'investissement est invoqué par 30 entreprises
sur 100. Quant a la proximité des matières premières. 26 %environ des
entreprises se sont implantées a cause de ce critère. Enfin on remarque
qu'aucune société n'a évoqué en 1971 le critère du coQt de la main-d'oeu-
vre comme obstacle a son implantation.
3) Les avantages du marché
Pour apprécier le dynamisme du marché. les investisseurs se
sont intéressés à trois facteurs: la croissance du marché ivoirien (fi-
nal ou intermédiaire). le marché ouest-africain. la conversation d'un
march~ d~jà acquis sur le plan commercial.
La croissance du marché est déterminante car 74 %des établis-
sements concernés la considèrent comme tel • 21 %en font une contrainte.
En terme de poids de réponses, la croissance du marché ivoirien vient en
tête avec un taux de 46 %.
Le facteur "marché ouest-africai nIt est aussi important. En
effet. plus de 34 %des entreprises en s'établissant en Côte-d'Ivoire.
ont pris en compte le débouché que constitue l'Afrique de l'OUest. Enfin.
quant au critère "conservation du marché déjà acquis sur le plan commer-
ci al". i 1 ne concerne que 11 %des ent repr i ses.

166.
4) Les externalités
Elles représentent les économies externes et les déséconomies
externes pour l'entreprise.
Les économies externes sont les avantages qui deviennent dis-
ponibles pour chaque firme mais qui proviennent du développement de llin-
dustrie dans son ensemble
(74). Acontrario, les déséconomies externes
s,ont les désavantages que supposent l' entrepri se ~ cause de son envi ron-
nement.
Les externalités retenues par les entreprises sont Abidjan et
son port et les agréments extra-professionnels. 34 %des entreprises en
choisissant Abidjan espèrent bénéficier des économies externes de la ca-
pitale ; 29 %seulement d'entres elles ont visé le port. Quant aux fac-
teurs "agréments extra-professionnels, 1 industriel sur 12 a fait préva-
loi r ce moti f.
5) Les autres facteurs
Selon les enquêteurs, environ 20 %des entreprises ont évoqué
les divers motifs non-économiques dont la pondération est très élevée
puisque les 3/4 les prennent pour une contrainte ~ leur implantation
En ce qui concerne les divers môtifs économiques, seul 5 %des entrepri-
ses "1évoquent.
A la suite de cette enquête, il a été établi que 14 facteurs
pourraient influencer la décision d'investissement des entrepreneurs
étrangers. Le Tableau V-2 indique que le facteur "croissance du marché ivoi-
rien" est le plus déterminant. On observe que le code d'investissement
vient en sixième position. Une enquête similaire effectuéé en Argentine
entre 1959 et 1964. indique que les exemptions fiscales occupent la 7ème
place et que le marché intérieur argentin aurait été la cause de llim-
plantation des entreprises.
(74) Henri BOURGUINAT. "Economies et d~s~conomies externes" in Revue
Economique. nO 4. 1966. p. 506.

169.
Quelque soit le pays, Argentine ou Côte-d'Ivoire, ou la pé-
riode, les enqu~tes montrent que les stimulants fiscaux ne sont pas
aussi déterminants que les facteurs constitués par l'environnemnet éco-
nomique et politique. Les incitations fisca~es viennent ~oin après ces
facteurs.
En se référant aux résultats de l'enquête de l'ORSTOM qu'il
convient de ne pas généraliser, le doute est permis sur l'efficacité éco-
nomique des mesures d'encouragement. De plus, il est reconnu que les
avantages fiscaux accordés aux industries de substitution aux importa-
tions peuvent s'avérer nuisibles. Ils renchérissent à la fois le coat
et le prix du produit localement fabriqué à cause de la faiblesse de la
productivité de l'entreprise et de sa situation monopolistique. Ces en-
treprises et aussi celles destinées à l'exportation bénéficient de la pro-
tection douanière extérieure dont les effets pourraient être aussi bien
bénéfiques que néfastes pour l'économie i voi rienne.
Quoiqu'il en soi t le problème de 11 incidence budgétaire des
mesures d'incitation fisca1e se pose. Il convi~nt de l'analyser.
C - Le coat budgétaire des mesures d'encouragement
Rour la plupart des P.V.D., les recettes douanières représen-
tent plus de la moitié des recettes fiscales totales. Par exemple en
1971/1973, les droits de douane par rapport aux recettes fiscales ont
reprfsenté 46,S %pour la Haute-Volta (actuel 30urkina-Faso) ; 43,7 %
pour le Soudan; 35,2 % pour la Côte-d'Ivoire et 29 % pour le Séné-
gal (75).
Les recettes fiscales sont en baisse en Côte-d'Ivoire: de
477.607 millions de F.CFA en 1976, elles sont tombées à 440.220 millions
de F.CFA en 1980
(76). Cette chute slexplique par la faiblesse des re-"
cettes douanières qui elles m~mes sont fortement touchées par une lente
progression des impôts à l'exportation et à liimportation.
(75) CORFMAT. op. cit. p. 79
(76) Françoise DONANT. Evo1.ution de la fiscaHt~ dans 13 pays d'Afrique
Noire Francophone. Minist~re de la Coo~ration. p. 73.

170.
~ONA~T Françoise constate qu'il y a eu une diminution de la
pression fiscale A l'exportation
(77) en Côte-d'Ivoire: 14,1 %en
1960 contre 5,3 %en 1980
(78). La baisse simultanée des pressions fis-
cales A l'importation et A l'exportation a engendré la chute des recet-
tes douanières.
Le lien de cette évolution avec les mesures d'incitation est
évident. Ces dernières modifient la structure des importations et des ex-
portations. Les entreprises importent de plus en plus des biens d'équi-
pement et des matières premières largement
dédouanés et exportent des
produits dont les redevances ne vont pas aux postes des impôts A l'expor-
tation : c'est le cas du pétrole en Côte-d'Ivoire.
Les détaxes de biens d'équipement et les facilités accordées
aux entreprises exportatrices constItuent une partie des coQts budgétai-
res de la politique d'incitation A l'investissement.
Le second élément de cette perte en devises réside dans le
transfert des bénéfices des entreprises protégées par le code d'investis-
sement. En effet, l'imposition des bénéfices des sociétés étrangères au-
rait pu être un apport budgétaire considérable pour les P.V.D. Mais en
choisissant d'exonérer les bénéfices de certaines entreprises, celles
régies par le code d'investissement, ces pays enregistrent une moins-
value fiscale qui est parfois supérieure aux effets escomptés de l'ar-
rivée des capitaux étrangers, DONANT, pour la Côte-d'Ivoire, en 1977,
estime cette moins-value fiscale due A l'exonération des bénéfices A
60,68 milliards de F.CFA (79). Cette sorrune représente 28 %du total
des investisements réalisés en COte-d'Ivoire au cours de la même année.
Les mesures d'incitation fiscales sont donc très coOteuses
pour les Etats. Les difficultés éprouvées par ces Etats pour estimer les
pertes de devises liées aux mesures d'encouragement résultent de l'in-
suffisance des méthodes d'analyse préalable des projets d'investisse-
( '1'1) Pression fiscal e : Quotient des imp8ts à l'exportation sur le
montant des exportations.
( '18) F. DONANT. op. cit. p. 66.
( '19) F. DONANT. op. cit. p. 233.

171.
ment. Il existe une méthode d'évaluation du coat budgétaire provoqué par
les exonérations douanières établie par N'DONG NGUENA et une analyse mé-
thodologique des projets d'investissement de CHERVEL pour évaluer les
effets économiques et financiers des investissements.
Les mesures d'incitation fiscales sont globalement peu effi-
caces et coatent une fortune aux Etats. Elles créent des distorsions sur
le marché des facteurs-
D - Les entreprises prioritaires. favorites du système fiscal
Le code d'investissement de 1959 est qualifié de "paradis fis-
cal". Il définit le statut des "entreprises prioritaires".
Les entreprises prioritaires sont celles qui entrent dans les
six catégories prévues par la loi du 3 Septembre 1959. Elles doivent éga-
lement concourir à llexécution du Plan quinquennal, effectuer des inves-
tissements d1une importance appréciable et surtout avoir été créées après
le 11 Avril 1958 ou avoir entrepris après cette date des extensions im-
portantes
(80).
Ces entreprises dites prioritaires jouissent d'un certain nom-
bre de privilèges. Une étude comparative avec l'ensemble de l'industrie
met en évidence les avantages qui leur sont accordés.
Dans une étude effectuée en 1971, CHEVASSU (Jean) et VALETTE
(Alain)
(81) ont calculé un certain nombre de ratios de fiscalité. A
llaide de ces ratios, il est possible de comparer l'ensemble des entre-
prises prioritaires à l'industrie dans son ensemble sur le plan fiscal pour
déterminer l'élément qui subit le plus la pression fiscale.
Ces ratios sont :
- Pression fiscale globale = Total impôts et prélèvements/
Chiffre d'affaires Total T.T.C.
(80) GBAKA. op. cit. p. 348.
( 8V (J.) CREVAssa· et (A.) VALETTE. Les revenus distribu4s par 1, es ac-
tivit4s industrielles en Côte-<!' Ivoire. Minist~re du PLan. Abidjan.
1975.

ln.
- Pression fiscale indirecte intérieure
Impôts indirects
intérieurs/Chiffres d'affaires intérieurs T.T.C.
- Pression fiscale directe apparente = Impôts sur les bénéfi-
ces/Bénéfices nets globaux (bénéfices et pertes agrégées).
- Pression fiscale directe réelle = Impôts sur les bénéfices/
Bénéfices nets des entreprises bénéficiaires (pertes exclues).
- Taux de prélèvement F.N.l. réel = Prélèvements F.N.I./Béné~
fices nets des entreprises bénéficiaires (pertes exclues).
Ces auteurs ont utilisé ces ratios pour déterminer les taux
de pression fiscale en 1971 selon le régime fiscal des entreprises. Ils
disting l19nt 19S entreprises p!'!.oritaires des entreprises ·de droit commun.
Chacune de ces deux catégories est comparée à l'ensemble de l'industrie'.
Ils ont ainsi établi le Tableau nOV-3.
Au vu de ce Tableau, Quelq~~ soit le taux de pre~sion fis-
cale, les entreprises de droit commun sont plus imposées que les entre-
prises prioritaires et l'ensemble de toutes les entreprises. Si l'on com-
pare des entreprises prioritaires à l'ensemble de toutes les entreprises,
ces dernières sont plus imposées que les premières.
Il résulte de ces observations que les entreprises prioritaires
sont plus favorisées par le système fiscal ivoirien. Plutôt que d'attri-
buer de façon hasardeuse les avantages fiscaux aux entreprises dites pri-
oritaires, il parait rationnel de détecter les branches créatrices d'em-
ploi et donc distributives d'importantes masses salariales qui méritent
les exonérations fiscales. La méthode qui consiste à éclater le système
productif en groupes de filières de transformation paratt indiqué à cet
ég~rd.
§ 2. Une nouvelle approche d'attribution des mesures
d'incitation fiscales et ses implications sur les salaires
Dans une étude commune BROSSIER, PEGUIN et REIFFERS (1980)
ont di vi sé le système producti f en quatre sOlJs-grouRes (82) . Chaque sous-
(82) (J.) BROSSIER. (D.) PEGUIN. (J-L) REIFFERS. Effets de La stmtcture
du systmne productif su:r L'empLoi en Côte-d' Iooi:re. P:rogromme sU%'
La division internationaLe du TrovaiL. WEP 2-22/WP
7. JUin 1980.

17~.
groupe constitue une filière de transformation ayant ses caractéristi-
ques propres.
L'analyse du système productif en termes de filières de trans-
formation permet de déceler les branches qui doivent bénéficier des me-
sures d'incitation fiscales.
Après avoir présenté cette typologie, nous analyserons la liai-
son filières de transformation-emploi et salaires.
A - L'éclatement du système productif en groupes de filières
Ces auteurs précités distinguent les filières qui utilisent
les produits locaux de celles qui en importent. A partir de cette distinc-
tion, seront considérées comme filières intraverties, celles qui utilisent
une consommation intermédiaire composée de produits ivoiriens. Le critère
d'appréciation est le ratio consommations intermédiaires locales/consom-
mations intermédiaires totâles ,qui devrait être supérieur a 50 %.
En revanche, les filières dites extraverties ou dépendantes
utilisent des consommations intermédiaires importées.
Entre ces deux filières, il y a deux autres catégories de fi-
lières intermédiaires aussi indispensables que les deux premières du
système productif. Chacune des deux catégories intermédiaires se rappro-
che des deux premières filières.
Les auteurs de l'étude ont ainsi ,établi quatre groupes de fi-
lières : les filières intraverties-exportatrices, les fiiiêres.intraver-
ties non-exportarices ; les filières dépendantes non-exportatrices et
les filières dépendantes a compensations exportatrices.
1) Les caractéristiques des groupes de filières
- Les filières intraverties-exportatrices :
Elles utilisent des produits locaux pour produire les biens qu'elles
exportent. Selon les auteurs de l'étude, cette filière constitue une stra-
tégie d'attaque dont les contraintes sont d'une part l'épuisement des res-

i74.
sources internes, d'autre part l'éventuel fa·iblesse du volume d'emploi.
- Les fi li ères intraverties non - exportatrices.
Tout comme les premières filières, elles consomment essentiel-
lement des matières premières locales ; le marché local absorbe presque
toutes leurs productions.
- Les filières dépendantes non - exportatrices.
A l'opposé des deux précédentes filières, cette troisième caté-
gorie de filière importe sa consommation intermédiaire pour produire des
marchandises destinées presqu'exclusivement au marché interne. Elles cons-
tituent la stratégie de substitution aux importations.
- Les filières dépendantes exportatrices.
Elles dépendent des produits importés. En contrepartie de ses
achats à l'extérieur, elles exportent la quasi-totalité de leurs produc-
tions. Les importations sont donc indispensables aux exportations. Elles
constituent avec le premier groupe de filière la base de la politique
d'ouverture de la Côte-d'Ivoire.
Les caractéristiques des différents groupes de fi lières de
transformation vont servir à déterminer les branches qui devront apparte-
nir à chacun des 4 groupes.
2) La détermination des groupes de filières
A partir des données de la comptabilité nationale de 1977,
les auteurs de l'étude ont calculé le ratio. Produits Locaux/ Total con-
sommation inte.rm~diaire pou~ chaque branche. Ils ont ensuite classé: Les
exportations des di fférentes branches en deux grandes càtégories : Les exporta-
tions des produits locaux et les exportations des matières premières im-
portées transformées en produits frais.
Le ratio indique la proportion des consommations intermédiaires
en produits locaux dans le total des consommations intermédiaires de la

175.
branche. Il permet de distinguer le groupe de filières intraverties du
groupe de filfères extraverties. Quant A la place des produits locaux
dans le total des exportations, elle permet de classer les groupes de
filières exportatrices ou non exportatrices. L'ensemble des calculs et
classements constitue les données du Tableau n° V-4. Ces données servi-
ront ~ présenter les 4 groupes de fil ières.
- Tout d'abord, le groupe 1 dit "filières intraverties exporta-
trices".
Il est composé des branches suivantes par ordre décroissant
07: Industries de conservation et de préparation
11 : Industries du texti le et de l'habi llement
03: Sylviculture et exploitation forestière
13 : Industries du bois
02: ProducÜon agricole destinée à l'industrie
09: Industries alimentaires des corps gras
16 : Industries du caoutchouc
Un remarque que ce groupe est essentiellement composé d'acti-
vités de transformation d~ produits agricoles et d'une ressource natu-
relle tel que
le bois. Il s'agit comme l'ont noté les auteurs du sys-
tème productif para-agricole (A l'exception du textile).
- Ensuite, le groupe II apparent au groupe 1 correspond aux
"filières intraverties non exportatrices. Il se compose des branches:
23
Bâtiments et Travaux Publ ics
27
Commerces
29
Production importée aux services bancaires
. 06
TravJil des grains et farines
• 01
Production agricolp vivrière, élevage et chasse
25
Location et gestion de bâtiments
28
Services bancaires
30
Services d'assurance
.·04 : Pêche

176,.
Ce groupe comprend des activités de services et de productions
essentiellement destinées à la satisfaction des besoins intérieurs.
- On a par ailleurs le groupe III appelé "filières dépendantes
non exportatrices" dont les composantes sont :
31
Services des Administrations Publiques
26
Autres Services
22
Production d'énergie
10
Autres industries alimentaires - tabac
8
Fabrication de boissons et glace alimentaire
5
Extraction de minerais et métaux
12
Industries du cuir et de la chaussure
18
Industries des premières transformations des métaux
Ces branches importent leur consommation intermédiaire et n'ex-
portent que très peu.
- Enfin ,le quatrième groupe di t "fi li ères dépendantes" à com-
pensation exportatrice" renferme les branches
24
Transports et communications
14
Raffineries pétrolières
19
Construction et réparation du matériel de transport
15
Industries Chimiques
20
Industries mécaniques et électriques
17
Fabrication de matériaux de construction et verre
21
Industries diverses
Selon les auteurs de l'étude, les exportations de la branche
de base compensent les matiêres premiêres à l'exclusion des branches 14
et 24.
La typologie ainsi établie permet de spécifier l'impact de
chaque groupe sur l'emploi et les salaires.

17.7.
B - L'emploi et les salaires générés par les groupes de
filières
L'analysedistinctede l'emploi et des salaires dans les dif-
férents groupes de filières met en évidence la corrélation positive en-
tre le volume de l'emploi et la masse des salaires. En effet nous cons-
taterons que les filières de transformations qui ont généré plus d'em-
plois ont distribué plus de salaires.
1) L'emploi dans les gro~pes de filières
Pour déterminer le volume d'emploi réel et théorique de cha-
que filière, les auteurs de l'étude ont utilisé une méthodologie qu'il
convient de rappeler.
a) La méthodo 1ogi e
Pour mesurer l'impact d'une filière de transformation sur l'em-
ploi, il suffit de connattre le volume des consommations intermédiaires
par branches consommées directement ou indirectement par la branche de
base.
Si L (i)j est le vecteur de degré de liaison de la filière
J (83).
et Cj le total de consommations intermédiaires de la branche
J, le vecteur
F (i)J des consommations intermédiaires de la filière J
est égal A :
En divisant chaque composante de F (i)j par la production de
la branche i, on trouve la part de la production de i qui est consommée
par une filière j. Cette part correspond au vecteur R (i)j.
{83J Le degré de liaison est cal. cul é pour chaque 1r.'anche et il. s'obtient
d ~tir des coefficients techniques liés à chaque consommations
intermédiaire s.


178.
Les auteurs font l'hypothèse que l'emploi et la production
sont en ;>ropo~tions constantes. Pour'obtenir l'emploi global de la fi Hère
(lj)' ils multiplient la transposée du vecteur R (i)j par le vecteur d'em-
ploi de la branche, E (i).
1.
= t R (i)j
x
E (i)
J
A partir de ce résultat, ils ont déterminé l'emploi réel "con-
sommé" par la filière et l'emploi théorique.
Pour le ca 1cu 1 de l' emp loi rée l "consommé", par 1a fi 1ière,
ils sont partis du TEl ne contenant que les consommations intermédiai-
res de produits locaux pour déterminer le vecteur L (i)j. En ce qui con-
cerne le calcul de l'emploi théorique, les auteurs ont supposé que les
importations ont le même coefficient d'emploi que les productions natio-
nales ; par conséquent ils ont conservé le rapport Ej / Pj •

E =
j
emploi de la branche j
Pj = production de la branche
L'emploi théorique s'obtient de la même manière que l'emploi
réel A partir des coefficients techniques incluant les importations. L'em-
ploi "théorique" ainsi calculé correspond A l'emploi qu'il y aurait s'il
n'existait pas d'importation de biens dans l'économie.
Ce modèle ainsi décrit a permis d'estimer l'emploi réel et
l'emploi théorique au niveau de chaque filière de transformation.
b) Les résultats
Les résultats o.btelJlIs de l'application de la méthodolo-
gie sont contenus dans le Tableau n° V-S . Ce tableau permet une analyse
globale de l'emploi réel et théorique de chaque groupe de filière. Il
rend également possible l'analyse de la structure de l'emploi.
Au niveau global, on observe que l'écart entre les chiffres de
l'emploi réel et de l'emploi théorique sont importants pour les groupes
II 1 et IV.

179.
Au niveau structurel, on remarque une certaine homologie entre
les groupes let a et les groupes JI et 11. En effet, les groupes à filières
exportatrices dépendantes (let IV)ont relativement un· faible pourcentage
d'emploi ivoirien particulièrement, dans le group~, et se ~aractérisent
p3l' un emploi non Qualifié: '94,20 % et 65,50 % d'employés et d'ouvriers
respectivement pour les groupes 1 et IV. Ces deux groupes de filières de
ll'éHlsformation emploient donc une main-d'oeuvre ivoirienne banale.
E~ revanche, dans les groupes II et iil, il Y a très peu de travail-
leurs étrangers; ils emploient une main-d'oeuvre ivoirienne nombreuse et
Qualifiée.
En ramenant l'analyse au niveau de chaque filière de transforma-
tion, on enregistre d'importantes disparités entre les groupes et au sein
même des groupes. Ainsi, on constate Que le groupe fI emploie le ~lus de
travailleurs (110.579) dont la plupart d'entre eux sont ivoiriens et rela-
tivement plus Qualifiés. Au sein de ce groupe le BTP et l'agriculture
jouent un rôle déterminant.
Contrairement à ceux-ci, le groupe .Jll n'a embauché Que 27.381
salariés. A l'exception des branches 8,10,12, la main-d'op.uvre de ce grou-
pe de filière est relativement Qualifiée.
Les deux autres groupes sont des filières de transformations in-
termédiaires. Néanmoins, le groupe l, intensif en travail, se rapproche
plus du groupe Il. llemploie 88.019 salariés peu Qualifiés. Le pourcentage
d 'Ivoirfensdan3l'emploi total du groupe 1 est faible à l'exception de
la branche du textile. Quant au groupe IV, il emploie 51.000 personnes en-
viron. Les Ivoiriens Qui y travaillent ne sont pas assez nombreux, en outre
ils sont peu Qualifiés.
A la suite de l'analyse de l'emploi dans les différents groupes
de filières de transformations, il est utile de rappeler Que:
- le groupe II,filières indépendantes et non exportatrices, est
plus intensif en travail ;
- la forme dépendante, groupe III se caractérise par un faible
vol ume d' emploi ;

180.
- les groupes 1et ~v emploient suffisamment de main-d'oeuvre.
Ces constats suscitent plusieurs interrogations: 1) Pourquoi
des filières dépendantes non exportatrices (groupe lIn utilisent très peu
de main-d'oeuvre? 2) Pourquoi les fi li ères intraverties non exportatri-
ces (groupe IIi sont-elles intensives en travail? 3) Enfin pourquoi les
branches à vocation exportatrice (groupe 1et IV) ont-i ls un ni veau de
volume d'emploi appréciable?
L'analyse de la structure du capital nous permettra sans doute
de répondre aisément à ces interrogations.
Il apparaît dans le Tableau nOV-6 que le groupe l'I dit "filières
dépendantes à compensations exportatrices" est le plus dominé par les ca-
pitaux étrangers. La nature des branches explique. l'apport massif de
financement extérieur. On constate également, que l'ivoirisation des capi-
taux n'est pas encore réalisée dans beaucoup de filières et que la part
des capitaux ivoiriens publics est toujours supérieure à celle des capi-
taux ivoiriens privés.
Le fait le plus marquant est que les filières intraverties
sont aussi souvent contrÔlées par des capitaux étrangers, hormis les bran-
ches 1, 3, 9, 16, 28, 29, financée~-par les capitaux ivoiriens.
La colonne du Tableau concernant l'autofinancement fait appa-
raître les taux d'autofinancement sont génér~iement bas. La raisan
est simple : la plupart des entreprises rapatrient leurs béoéfices à
l'étranger.
Les branches 5, 10, 19 appartenant aux groupes dépendants III
etli ont particulièrementles taux d'autofinancement les plus bas. Ces
branches transfèrent à l'étranger une grande partie de leur valeur ajou-
tée sous forme de bénéfice. Le dernier élément à souligner est la part
de l'Etat dans la valeur ajoutée de certaines branches. Cette part est
généralement dispersée et importante dans certaines filières des groupes
let IV notamment dans les commerces et les autres industries alimentai-
res.

181.
On retiendra en définitive que le groupe II dit "filières in-
dépendantes non exportatrices" est le moins dominé par les capitaux étran-
gers puisque les filières 1, 28, et 29 font partie des branches dont les
capitaux sont en majorité détenus par les Ivoiriens. Ce groupe, très peu
concerné par les mesures d'encouragement ~ l'investissement a une capaci-
té d'absorption du travail plus importante.
A l'opposé le groupe tlIdont les capitaux étrangers sont majo-
ritaires n'utilise que faiblement de main-d'oeuvre.
Les groupes II et II 1très opposés tant par leur structure du capi-
tal que par leur capacité d'absorption de main-d'oeuvre mettent en éviden-
ce l'inefficacité des mesures d'incitations fiscales. En effet, ces mesu-
res nlont pas suscité <Jutant d'emplois qu'on le souhaitait. La preuve
est que seul le groupe de fi 1ières "intraverties et non exportatrices" c 'est-
~-dire les filières de transformations qui utilisent les produits locaux
et qui réservent leurs productions ~ la consommation locale, a généré
dans le système productif plus d'emplois. Ce groupe est très peu concerné
par les mesures d'incitations fiscales. En revanche, le groupe fIl ~ qui
profite l'ensemble de ces mesures et qui correspond ~ la stratégie de sub-
stituatioll~
l'importation n'offre que très peu d'emplois. Cette remarque
fait penser au débat sur l'opportunité de ce type d'industrialisation.
L'analyse en termes de filières de transformations indique
clairement que les industries de substitutions aux importations qui béné-
ficient le plus de mesures d'incitations fiscales n'ont engendré que très
peu d'emplois dans le système productif.
En revanche, les filières exportatrices (groupe let IV) que
bénéficient d'exonérations ou de réductions de droits de sortie embauchent
un nombre considérable de travailleurs: 88.019 pour le groupe 1 et
50.680 pour le groupe Iv. Ces effectifs restent tout de même inférieurs
~ ceux du groupe II. La présence plus marquée de l'Etat dans ces deux grou-
pes, 1 et IV serait sans doute ~ l'origine de l'importance relati ve de
leurs effectifs.

182.
L'analyse en termes de filières de transformations a permis
de détecter les branches auxquelles
il est inutile d'accorder des faci-
lités fiscales. Il s'agit des filières dépendantes non exportatrices (grou-
pe IV)qui non seulement rapatrient ~ l'étranger une grande partie de leurs
bénéfices mais et surtout n'offrent que très peu d'emplois au système pro-
ductif. En revanche, les filières exportatrices (groupe r et IV) pourraient
continuer de bénéficier des exonérations des droits ~ l'exportation pour
être compétitives sur les marchés étrangers et créer davantages d'emploi~
Mais pour alléger les coOts budgétaires liés ~ l'existence de ces droits
de sortie, il faudrait inciter les filières intraverties exportatrices
(groupe 1) ~ utiliser des consommations intermédiaires d'origine natio-
nale. Toujours~~ns le souci de réduire les coOts budgétaires pour l'Etat
ivoirien il serait nécessaire de contraindre les filières dépendantes ~
compensations exportatrices (groupe IV) plus précisément la branche
"construction et répartition de matériel de transport~ ~ réinvestir da-
vantage une partie de son bénéfice dans l'économie ivoirienne.
A ces deux conditions. les coOts budgétaires des mesures d'in-
citations fiscales seraient acceptables pour la collectivité dans la me-
sure où elles auraient suscité la création de plusieurs emplois.
Comme la variable fiscale agit indirectement sur les salaires
nous allons maintenant analyser la liaison filière de transformation -
masse globale des salaires.
2) Les salaires dans les groupes de filières
L'analyse en termes de filières de transformations a montré
que les branches intraverties non exportatrices (groupe II) ont une capa-
cité d'absorption de main-d'oeuvre plus élevée que les autres groupes de
filières Ce groupe distribue-t-il plus de salaires que les autres?
A l'aide des données recueillies auprès de la Banque des don-
nées financières du Ministère de l'Economie et des Finances, nous avons
établi le Tableau nOV-7 qui correspond aux différentes filières de trans-
formations. Ce Tableau permet de comparer les quatre groupes de filières
de transformatIons en matière de salaireç.

Il apparaît que les filières 'intraverties non exportatrices'
(groupe Il) ont distribué une importante masse salariale: 58.682 millions
de F.CFA. La part de ce groupe dans la masse globale des salaires est
de 44,67 %. Au sp.in de ce groupe, les branches 23 et 27 ont une très
forte pondération, elles représentent 94,62 %de la masse salariale du
groupe IL
Le groupe IV qui suit de très loin le groupe II, sa part dans
la masse salariale totale est de 22,43 %. Dans ce groupe, la filière
"Transports et Communications" pèse de tout son poids, elle représente
"
58,29 %de la masse salariale distribuée par les filières extraverties
"
A compensations exportatrices. Quant aux groupes 1 et III leurs parts dans
la masse salariale sont respectivement 16,40 %et 16,52 %. Il n'existe
pas une très grande disparité au sein de ces groupes. Seules les branches
5,9,12 font exception, elles se caractérisent par de faibles masses sala-
riales.
A partir des observations que nous venons de faire sur la dis-
"
tribution de la masse salariale, il ressort que seules les filières intra-
"
verties non exportatrices ont un poids considérable dans le système pro-
ductif en matière de salaires. Elles ont distribué 2 fois plus de salai-
res que les groupes IV èt II, 7 fois plus de salaires que les groupes 1
et II 1.
Ce résultat pose encore une fois le problème de l'opportunité
des mesures d'incitations fiscales. Le groupe de filières de transforma-
tions II, le moins concerné par ces mesures a distribué plus de la moi-
tié de la masse salariale globale du système productif. Les autres grou-
pes de filières dont les stratégies sont l'incitation A l'exportation
(groupe 1 et IV) et la substitution A l'importation (groupe IlIont très
peu d'impact sur la masse salariale globale.
L'analyse du système proo~ctif en termes de filières de trans-
formations a révélé que les branches du groupe II qui ont bénéficié le
moins des mesures d'incitations fiscales en 1977 ont eu un impact considé-
rable sur l'emploi et les salaires. La domination des capitaux ivoiriens
dans ce groupe de filières est la preuve d'un faible afflux de capitaux
étrangers vers ces filières.

184.
S'il est encore utile de maintenir les mesures d'incitations
fiscales, il n'en demeure pas moins qu'elle engendre des distorsions sur
le marché des facteurs.
SECTION II : LES CONSEQUENCES DES MESURES D'INCITATIONS FIS-
CALES
ACCROISSEMENT DE L'INTENSITE CAPITALISTIQUE ET DE LA PRODUCTIVITE
La poursuite de l'objectif de forte croissance a amené les
planificateurs ivoiriens â accorder des avantages fiscaux considérables
aux entreprises. Ces mesures d'incitations fiscales qui sont â l'origine
des distorsions sur le marché des facteurs, ont engendré l'accroissement
de l'intensité capitalistique dans l'économie ivoirienne.
L'élévation de la productivité qui résulte de l'utilisation des
méthodes de productions intensives en capital, influe sur le niveau des sa-
laires de certaines branches.
§ 1. L'intensité capitalistigue
facteur déterminant de
la productivité du travail
L'intensité capitalistique se mesure â partir du rapport ca-
pital-travail. Cette méthode, quoique contestée, nous para ft viable.
Selon BHALLA (1975), le rapport KIL est un indicateur commode pour mesu-
rer l'impact du choix des techniques sur l'emploi
(84).
Pour déterminer la valeur de KIL, il est important de pouvoir
évaluer le capital et le travail. La mise en évidence de sa liaison avec
la productivité du travail impose également qu'on spécifie ce dernier
concept.
A - Les concepts et les mesures
1) Le capital et le travail
La définition du concept travail n'est pas aisée. La diversité
et l' hétérogénéi té des bi ens cap itaux rendent fragi le du moi ns sur le plan
(84)
(A.S.) BHALLA. "The concept and measurement of labour intensity"
in Technologr
and Employment in Industry. BIT. Geneva 1975.

185.
théorique, toute mesure synthétique du stock de capital. La controverse
J.ROBINSON et SOLOW illustre parfaitement la difficulté à définir avec
précision le concept de capital. Faut-il privilégier le stock global
d'équipement ou le flux consommé ?
En ce qui concerne le facteur travail, tout comme le facteur
capital, sa mesure pose problème. On se demande s'il faut mesurer les
effectifs (stock) ou bien l'activité, c'est-à-dire les heures travail-
lées (flux). L'approche par les flux est plus appropriée sur le plan
technique; lorsqu'on raisonne en termes de coOts, il est préférable de
faire prévaloir l'analyse en termes de stocks.
De manière générale, l'évaluation du capital et du travail
oppose deux méthodes: la mesure en termes de stocks et la mesure en ter-
mes de flux.
Dans le cadre de otre étude, nous avons opté pour la défini-
tion en temes de stocks. Ains i nous considérons comme mesure du capita 1
la somme de la Formation Brute du Capital Fixe (FBCF) et de la variation
des stocks au cours d'une année: K = FBCF + A STOCK.
Les deux éléments du capital sont fournis par la comptabilité
nationale. Pour la mesure du facteur travai 1. nous retiendrons l'effec-
tif des travailleurs employés dans l'économie au cours de la même année
(L).
En rapportant le capital au travail, nous obtenons 1lintensi~
té capitalistique (K/L) qui équivaut ô la productivité du travail (VA/L)
divisé par la productivité du capital (VA/:(). f.n effet K/L _VA x!...
L
VL
Le concept d'intensité capitalistlque fait donc int~rvenir ceux
des productivités apparpntps du capital et du travail.
Avant d'analyser la relation qui existe entre ces trois rap-
ports, il convient de préciser les concepts de productivités qpparentes
du capital et du travail et de rappeler la méthodologie qui sert à les
mesurer.

186.
2) La productivité du travail
Généralement, la productivité se définit par le rapport entre
une production et les facteurs de production qui ont été mis en oeuvre
dans cette production. La productivité ainsi obtenue est qualifiée de
productivité moyenne que nous appelons productivité tout court.
La productivité, pour certains, est une mesure du degré de l'ef-
ficience de l'organisation de la production. Ainsi les mesures de produc-
tivité sont considérées comme des indicateurs de performance économique.
Ce point de vue est contestable ~ trois niveaux:
- au niveau de l'économie toute entière, l'indicateur de pro-
ductivité a pour vocation de cerner le "bien être" puisqu'il vise ~ ap-
précier le degré de "satisfaction" associé ~ un ensemble de marchandises
correspondant ~ une intensité donnée des effectifs déployés en vue de leur
production
(85). Selon BOYER (1979) une telle appréciation du bien être
est biaisée dans la mesure où l'indicateur de la productivité ne prend
pas en compte les patrimoines, l'épuisement des ressources naturelles,
les avantages non marchands ;
- au niveau comptable, il est contestable de lier la rentabili-
té de l'entreprise ~ sa productivité. Des études ont montré l'indépendan-
ce de ces deux paramètres (86).
- le raisonnement théorique confirme cette indépendance. En
effet, la plupart des théories micro-économiques enseignent que les uni-
tés de p'roducti.on ont pour objectif de maximiser leur profit ~ court,
moyen ou long terme. Il est possible que cet objectif ne corresponde pas
~ une progression de la productivité. L'exemple de la montée récente des
prix de l'énergie, illustre parfaitement le cas où la maximisation du
profit est associée ~ la détérioration des indicateurs de la productivi-

(87).
(85) (R.) BOYER. D4terminants et 4volution probable de la productivit4
et 'de l ' emploi : un essai de syntMse de travaux r4cents. in
C8PREMAP nO 7922. 1979. p. 11.
(86) BOYER. op. cit. p. 43.
(87)
BOYER. op. cit. p. 43

187.
Il n'y a donc pas toujours une évolutioQ parallèle entre les
indicateurs de productivité et ceux du bien être et de la rentabilité. De
lè, il est inexact de considérer la productivité comme un indicateur de
performance économique. Ceci est d'autant plus vrai qu'il existe plusieurs
mesures de productivité. On a des indicateurs de productivité globale
qui prennent en compte un grand nombre de facteurs possibles. On dispose
également des mesures de productivité partielle. Chacune de ces deux caté-
gories a ses avantages et ses inconvénients bien que les mesures de produc-
tivité gl(lbale apparaissent conrne fllOir,s arbitraires, mais ambiguës. Les dif-
férents concepts et mesures de productivité sont résumés dans l'Annexe V-2.
La liaison que nous voudrions établir entre l'intensité capita-
l tstique et la producti vité nous amène è considérer les mesures de pro-
ductivité partielle telles que la productivité apparente du travail et la
productivité apparente du capital. Maintenant il se pose le problème du
choix de l'unité de mesure de ces productivités. Faut-il exprimer la pro-
ductivité en nature ou en valeur?
Les mesures physiques de la productivité ne peuvent s'effectuer
que si r.ette dernière
est homogène et si les facteurs de production le
sont également. En revanche, lorsque la production est hétérogène, ainsi
que les facteurs de production, les mesures en volume conviennent le
mieux; ils permettent une comparaison dans le temps et dans l'espace.
Cette seconde raison explique notre choix de la mesure des' productivités
apparentes du travai l. et du capita~. dHinie dans l'Annexe n° V-2.
La troisième raison qui milite en faveur de ces deux mesures
de productivité tient au fait que le choix d'un indice de production est
directement conditionné par le problème traité
(88). L'adoption d'une
formule est fonction de l'objectif poursuivi, de ce point de vue, les
indices des productivités apparentes du travail et du capital répondent
è nos préoccupations. Les indices que nous retenons donc sont :
(88) BOYER. ôp. cit. p. 43.

~88.
_ d'une part ii 2
VA
L
T
où VA = volume de la valeur ajoutée
L = volume du travail (effectifs de salariés)
_ d'autre part iÏ 2
VA
= -
K
K
où K = volume du capital (FBCF + variation de stock)
Ainsi définies, les productivités apparentes du travail et
du capital mesurent l'intensité capitalistique. La relation entre ces
trois variables (KIL, VA/L et VA/K) sera mis en évidence maintenant.
3) La relation intensité capitalistique - productivités
du travail et du capital
Les variables KIL. VA/K et VA/L indiquent l'investissement né-
cessaire par emploi, la production par capital investi et la production
par ouvrier employé.
L'intensité capitalistique ~K/L) qui se mesure dans 13 produc-
tivité du capital (VA/K) et par celle du travail (VA/L) s'écrit alors:
KIL = VA/L
(<:» ~ = ~x
K
VA/K
L
L
VA
Son évolution est liée A celle de la productivité du travail.
L'élévation de KIL s'accompagne
presque toujours d'un relèvement de
VA/L. Cependant il est A signaler que l'accroissement de ces deux paramè-
tres n'est pas homothétique. En effet l'augmentation de l'intensité ca-
pitalistique s'accompagne d'une élévation plus ou moins proportionnelle
de la productivité du travail.
Dans le cas où l'accroissement de la productivité du travail
est moins que pioportionnel A celui de l'intensité capitalistique, la
productivité du capital diminue:
Dans le cas où l'accroissement de la productivité-du travail
est plus que proportionnel A celui de l'intensité capitalist!que, la pro-
ductivit~ du capitoJ s'améliore.

189.
L'évolution de ces variables est donc liée si l'on s'en tient
~ cette démonstration algébrique. Nous allons vérifier cette liaison
dans le cadre de l'économie ivoirienne.
B - L'évolution de la productivité et de l'intensité capita-
listique
1) Au niveau global
Au cours de la période 1965-1982, nous avons calculé les
taux de croissance de l'intensité capitalistique des productivités appar-
rentes du capital et du travail dont"!es résultats "des ca1r.uls pffectués
fiqurent dans le Tableau n°
Ce Tableau révèle que ces trois variables ont décru au
cours de certaines années. La décroissance de la productivité du capital
a été plus fréquente (7 fois) suivie de la productivité du travail (15
fois), alors que le taux de croissance de l'intensité capitalistique n'a
été négatif que 4 fois.
Une observation simultanée de ces variables au cours d'une an-
née est plus significative. En effet, elle révèle que l'amélioration de
la productivité du travail, au cours des années, 1966/1967 ; 1970/1971
1974/1975 ; 1977/1978 et 1979/1980, s'est accompagnée d'une variation
moins que proportionnelle de l'intensité capitalistique ; quant ~ la
productivité du capital, elle est légèrement positive sauf en 1978/1979.
Lorsque la croissance de la productivité du travail est moins
que proportionnelle à celle de l'intensité capitalistique, on remarque
que la productivité du capital diminue: c'est le cas des années 1968/
1969 ; 1969/1970 ; 1976/1977 ; cependant l'année 1967/1968 est une
exception dans la mesure oa la productivité apparente du capital a aug-
menté de 2 %.
L'accroissement plus que proportionnel de la productivité du
capital s'est accompagné soit d'une chute de la productivité du travail
et de l'intensité capitalistique (1971/1972/1973), soit d'une décroissan-
ce unique de la productivité du travail (1979/1980) ou de l'intensité ca-
pitalistique (1981/1982).

190.
En 1980/1981, le taux de croissance de ces trois variables
a été négatif bien que la décroissance de l'intensité capitalistique
ait été moins forte. En 1965/1966 la productivité du travail a été nul-
le malgré la décroissance de K/L et VA/K. Les données du Tableau nOV-8
ne vérifient pas exactement les hypothèses de départ. Comme nous venons
de le souligner, il existe des années où l'amélioration plus que propor-
tionnelle de VA/L par rapport à K/L ne s'accompagne pas d'une diminution
de VA/K. Il existe également des années où VA/K est supérieure à VA/L et
à K/L.
L'évolution globale de ces trois variables n'a pas permis de
valider l'hypothèse de départ. Aussi peut-on se demander si une étude
sectorielle ne serait pas plus appropriée.
2) Au niveau sectoriel
Pour cette étude sectorielle, nous observons nos paramètres
de 1967 à 1982. A l'aide des statistiques obtenues auprès de la Chambre
d'Industrie et de la Banque des données Financières, nous avons calculé
les taux de croissance annuels moyens de K/L, VA/L et VA/K des branches
du secteur secondaire. Les résultats consignés dans le Tableau nOV-9,
permettent les observations suivantes :
- l'hypothèse de la diminution de VA/K suite à l'amélioration
moins que proportionnelle de VA/L par rapport à K/L se vérifie pour les
branches 06,09,12,15,22 et 23 ;
- en revanche, l'hypothèse selon laquelle l'amélioration plus
que proportionnelle de VA/L par rapport à K/L améliore VA/K se trouve
vérifiée pour les branches 05,07,08,19,20 ;
- il y a des exceptions à ces deux hypothèses. Dans certaines
branches, l'amélioration plus que proportionnelle de la productivité du
travail s'est accompagnée d'une décroissance de VA/K, si elle n'est pas
nulle. Il s'agit des branches 10,12, 21. On a également des branches
pour lesquelles l'accroissement de K/L a engendré soit une décroissance
simultanée de V.v'K et de VA/L (14,17), soit une décroissance unique de
VA/L (11).

191.
L'ensemble de ces analyses tant sectorielles que globales
ne vérifie pas la relation
algébrique que divers auteurs ont établie
entre l'intensité capitalistique d'une part et la productivité du travail
et du capital d'autre part. Il convient néanmoins de relativiser cette
conclusion dans la mesure où il n'est pas évident que l'étude de corréla-
tion que nous allons effectuer confirme ces analyses statistiques.
C - La vérification empirique de la liaison productivité du
travail - intensité capitalistique
A l'aide des chiffres de la Comptabilité Nationale et ceux
de la Banque des données financières du Ministère de l'Economie et des
Finances nous avons sur une période de 15 ans (1965/1980), calculé la pro-
ductivité apparente du travail et l'intensité capitalistique de l'écono-
mie ivoirienne. La méthodologie du calcul de ces deux paramètres est
celle que nous avons définie ultérieurement.
,
En regressant Id productivité du travail par rapport A l'in-
tensité capitalistique, on a l'équation suivante:
Log (VA/L)
= 1,10
+ 0,748 Log (K/L)
(0,03554) (0,04314)
[4J
2
R = 0,95

VA/L = Productivité apparente du travail
K/L
= Intensité capitalistique
Le coefficient de corrélation (R) est de 0,97.
Le nombre d'observations n'étant pas très long ni très court,
on peut admettre le résultat satisfaisant. Le coefficient de détermina-
tion indique que la droite estimée explique le phénomène A95 %. Ce qui
est important.
Il y a donc une dépendance entre les deux variables puisqu'elles
varient simultanément. L'intensité de la liaison entre' la productivité du
travail et l'intensité capitalistique semble être confirmée puisque Rest

proche de 1.
Cette étude de corrélation vérifie donc l'hypothèse selon la-
quelle l'intensité capitalistique détermine la productivité du travail.
On admet également que l'accroissement du rapport capital/
travai l réduit le volume de l'emploi. Nous avons vérifié cette hypothè-
se : voir Annexe nO V-3.
Notre vérification empIrIque indique que la productivité du
travail et l'emploi évoluent en sens inverse. L'intérêt de cette étude
est de montrer qu'en réduisant le volume de l'emploi, la productivité du
travail ne comprime pas la masse salariale.
§ 2. L'impact de la productivité du travail sur les
salaires
Avant de montrer les effets proprement dits de la productivi-
té du travail sur les salaires, nous allons d'abord établir des seuils
technologiques dans l'économie ivoirienne.
A - La fixation des seuils technologiques
L'élévation de l'intensité capitalistique est le résultat de
l'utilisation des équipements performants et modernes. Les P.V.O., notam-
ment la CÔte-d'Ivoire, importent ces équipements modernes et efficaces.
ce mouvement de transfert de biens d'équipements des P.O. vers les P.V.O.
1
résume généralement sous le vocable de transfert de technologie, a sus-
cité de nombreuses controverses. Certains auteurs tel qu'Emmanuel AGHIRI
considèr81t le transfert de technologie comme un racourci du développement
alors que d'autres auteurs voient en ce transfert une perpétuation de la
domination des pays développés. Au-delà de ce débat passionné et fortement
teinté d'idéologie, nous allons nous en tenir aux faits c'est-à-dire ana-
lyser concrètement l'efficacité économique des branches intensives en
capital, leur impact sur l'emploi P.t les salaires.
A cet effet, nous allons établir 41 seuils technologiques
dans l'industrie ivoirienne. Le premier niveau (1) sera qualifié de très
intensif en travail, le second (II) d'jntE>nsif en travail, le troisiè-

,~93.
me (III) de capitaliste et le Quatrième niveau (IV) de très capitalis-
te • Ce découpage est totalement arbitraire de même Que le seuil de
11intensité capitalistiQue qui lui corre~pond.
Ainsi pour les différents niveaux nous fixons les seuils
suivants
niveau 1: KIL' 4,9 millions de F.CFA
niveau II : 5 <KIL (9,9 millions de F.CFA
niveau III : 10 <KIL <14,9 millions de F.CFA
. niveau IV : KIL) 15 millions de F.CFA
Cette stratification technologique que nous empruntons A
PEGATIENAN (1977) nous a permis de répartir les branches du secteur
industriel aux différents niveaux technologiques.
Le Tableau nOV-l0 établi A partir des données de la Banque
des données financières révèle qu1en 1982, 3 branches (05,14,22) sont
très capitalistiques. A 11opposé on a les branches (11,12,13, 16,19.21)
qui sont très intensives en travail.
Entre ces deux niveaux technologiques très opposés, on a le-
niveau II et le niveau III. Le niveau II se caractérise par les bran-
ches intensives en travail: il s'agit des branches 06,07,08,15,17 et
20). En ce qui concerne le niveau III, il regroupe les branches 09 et
10 qui sont intensives en capital.
Sur un total de 18 branches du secteur industriel, 12 d'entre
elles sont intensives en travail. Le 1/3 de ces branches ont une inten-
sité capitalistique élevée.
Au vu de ces données, peut-on affirmer que le rapport capitall
travail est très élevé dans l'industrie Ivoirienne.
Comme l'indique le Tableau nOV-l0, les branches des niveaux
III et IV ont réalisé 69,4 %du total des investissements en 1982 dont
52 %pour les branches très intensives en capital et 17,4 %pour les
branches intensives en capital. Ainsi le 1/3 des branches industrielles

194.
ont réalisé environ 70 %des investissements. Par conséquent. on peut
affirmer que l'intensité capitalistique est élevée dans le secteur in-
dustriel ivoirien.
En ce qui concerne la deuxième interrogation, la distinction
des quatre niveaux technologiques remet en cause la définition néo-clas-
sique d'industries lourdes et légèresfondée sur l'abondance ou la rareté
du capital. En effet. très souvent, on définit les industries légères
comme étant les industries utilisant très peu de capital et beaucoup de
main-d'oeuvre et les industries lourdes comme étant utilisatrices de
beaucoup de capital et très peu de main-d'oeuvre.
Nos résultats ne corroborent pas avec cette définition. En
effet. les branches 15 et 16. qui normalement font partie des industries
lourdes. ont utt Usé peu de capital et bea\\'r.oup de main-d 'oeu'lll'e. De
plus. les branches 09 et 10 habituellement classées dans les industries
légères (BELO
1981 ) utilisent beaucoup de capital et peu de travail.
Les planificateurs qui fondent leur stratégie de développement
sur la distinction industries lourdes/industries légères risquent de com-
mettre des erreurs en matière de politique d'emploi.
Le Tableau n'\\'-lO permet également d lapprécier l'efficacité éco-
nomique des différents niveaux technologiques. La valeur ajoutée des bran-
ches très intensives en capital représente 32,7 %du total des valeurs a-
joutées de l'industrie en 1982 ; les bran~hes intensives en capital ont
fourni 13 %de la valeur ajoutée. Quant aux autres branches intensives
en travai l, leur part dans la valeur ajoutée est de 54 %.
Le rapport valeur ajoutée - effectifs des branches indique les
branches intensives en capital sont les plus performantes.
En effet, pour réaliser les 32,7 %de la valeur ajoutée, les
branches très intensives en capital ont employé 8,1 %de l'emploi total
alors que les branches très intensives en travail ont da recourir A
42 %des effectifs employés pour produire seulement 25,8 %de la valeur
ajout~e totale.

.195.
La productivité du travail des branches intensives en capital
est donc plus élevée que celle des autres branches.
B - Les effets proprement dits
La détermination des seuils technologiques a montré que les
branches intensives en capital ont une productivité du travail plus éle-
vée que celle dps branches i ntens i "es en trava il. Or 1a croi ssance de 1a
productivité du travail est incompatible avec l'augmentation du volume
de l'emploi; par contre elle semble aller de pair avec la hausse des sa-
laires.
En effet, si l'on se réfère au Tableau noV-10 , on s'aperçoit
que les deux branches intensives en capital (09 et 10) ont distribué au-
tant de salaires que les 6 branches intensives en travail (11,12,13,16,
19,21). Les branches du niveau technologique n0111 ont distribué 23,4 %
de la masse salariale. En ce qui concerne les branches du niveau techno-
logique nO II , elles ont également octroyé ~ leurs salariés 23,4 % du
total de la masse salariale.
Les branches du niveau-technologique n° IV, c'est-~-dire les
branches très intensives en capital, ont distribué 20,7 %du total de
la masse salariale en 1982 alors qu'elles n'ont employé que 8,1 %de
l'effectif total de la main-d'oeuvre de l'industrie ivoirienne. En ce
qui concerne les branches très intensives en travail, pour 42 %de l'ef-
fectif total qu'elles ont employé, elles ont distribué 32,4 %de la masse
salariale.
En ramenant la proportion de la masse salariale ~ celle des
salariés (colonne n06 du Tableau nOY-10),il apparaft que les branches
intensives et très intensives en capital (niveaux technologiques n0111
et IV) ont distribué plus de salaires que les branches intensives et
très intensives en travail (niveaux technologiques nO[ et II).
Au total, on retiendra que la productivité du travail en
réduisant le volume de l'emploi accroft la masse des salaires de certai-
nes branches. Elle accentue l'inégalité des salaires entre les branches
à forte product<ivité et les branches à faible productivité.

196.
SECTION III
SUBSTITUTION DU TRAVAIL AU CAPITAL DANS L'IN-
DlJSTRIE
Bien que la productivité du travail accroit les salaires, il
n'en demeure pas moins qu'on s'interroge sur la possibilité de substitu-
er du travail au capital. Cette interrogation ne manque pas d'intérêt
dans la mesure où il existe d'une part un excédent de main-d'oeuvre dans
l'économie ivoirienne et d'autre part des branches "technologiquement
flexibles" •
Ainsi nous examinerons
1) Les problèmes liés A l'estimation de l'élasticité
de substitution ;
2) Les possibilités de substitution du travail au capital
dans l'industrie.
§ 1. Les problèmes liés A l'estimation des élasticités
de substitution
L'estimation des élasticités de substitution implique la dé-
termination des variables de la fonction de production et le choix des
données transversales
ou des séries temporelles.
A - L'estimation des variables
Pour estimer les élasticités de substitution A partir d'une
fonction de production, on utilise les variables "Production, Capital et
Travail" qui sont difficiles A définir avec précision.
En ce qui concerne la variable "Production", on la remplace
par la variable "Valeur Ajoutée". En procédant ainsi on dissimule le
rÔle des consommations intermédiaires dans le processus de production.
Le remplacement de la variable "Production" par la variable "Valeur Ajou-
tée" fait implicitement l'hypothèse de la constance des consommations
intermédiaires dans la production totale ou encore que l'élasticité de
substitution consommations intermédiaires-valeur ajoutée est égale A O.

197.
En n'intégrant pas les consommations intermédiaires dans la fonction de
production, on affecte l'élasticité de substitution capital-travail dans
la mesure où le capital peut être substitué plus efficacement par la con-
sommation intermédiaire que par le travail.
Quant les variables "Capital et Travail" quoique difficiles
à cerner (89) sont considérées comme homogènes. Or en réalité ces deux
facteurs de production sont hétérogènes. Les biens d'équipements qui
constituent le capital d'une entreprise n'ont pas les mêmes caractéris-
tiques, la même durée de vie etc ••.
Le facteur travail est également très hétérogène. En effet, on
distingue le travail qualifié du travail non qualifié. L'introduction de
la notion "d'entrepreneur-ship" justifie l'importance de cette distinc-
tion. Les performances d'une entreprise dépend de l'habilité, de la qua-
lification, de l'expérience de celui qui la dirige. Selon GRILICHES (90),
l'omission d'une telle variable (management) dans une fonction de produc-
tion peut conduire à une sous-estimation des rendements à l'échelle et
à une surestimation des rendements du capital. Par ailleurs J-P LACHALID
(1975) démontre que la non différenciation de la qualité du travail affec-
te la spécification de la fonction de production. En plus de ces impré-
cisions quant:tativesdela théorie économique, la fonction de production
contient une part d'empirisme puisque le choix des différentes équations
se fonde sur les tests et non pas sur les principes de la théorie éco-
nomique. Or les données qui servent à effectuer ces tests peuvent être
inexactes dans la mesure oQ on se contente des statistiques disponibles.
Les tests étant entachés d'erreurs, la qualité de l'ajustement risque
d'être médiocre.
La vérificatio~ empirique déforme donc la fonction de produc-
tion dans le temps. Certains auteurs imputent cette déformation à l'im-
précision de l'ajustement qui n'est que simplification de la théorie
économique et qui ne retient de la réalité que les éléments dominants
d'autres par contre assimilent cette déformation à l'un des multiples
(89) cf. au section 2.
(90) J-P. LACHAUD~ dans Travai! et Déve!oppement - concepts et mesures -
Th~8e de Doctorat~ Bordea~ I~ 1975, P•. 485.

198.
aspects de la modification des liaisons productives aux différents
niveaux de développement (91).
L'estimation des variables de la fonction de production pose
ainsi deux problèmes :
- les limites de la théorique économique lors de la définition
et de la mesure des variables "Production, Capital, Travail"
- la viabilité des vérifications empiriques.
Les variables peuvent être observées sur une période précise
(données transversales) ou sur une période longue (données sur des séries
temporelles).
B - Le choix des données
Pour estimer les élasticités de substitution, on a le choix
entre les données transversales et les données sur les séries temporelles.
GAUDE (1975) estime que pour des raisons d'ordre conceptuel
et statistique il faut distinguer l'analyse en coupe transversale de l'a-
nalyse en séries temporelles. Cette distinction est importante dans la
mesure 00 les élasticités de substitution estimées à partir des données
sur les séries temporelles sont plus basses que l'unité; alors que les
élasticités de substitutions estimées à partir des données transversales
sont plus élevées et proches de l'unité.
Par ailleurs, l'ajustement de la fonction de production ef-
,
fectue à partir des données des séries temporelles est plus viable que
11 ajustement à partir des données transversales. La qualité de cet ajus-
tement trouve son origine dans la combinaison des facteurs qui prend
en compte les prix relatifs des facteurs, les changements de techniques
et les chocs extérieurs. Les données transversales exclusent ces fac-
teurs.
(9V Monique MEYER. "La fonction de production dans les hypotMses
simpl ificatives de la th4ol'ie 4conomique". in Revue Economique
nOS (Septemb1'e) 1966. p. 833.

199.
Les estimations des séries temporelles sont souvent biaisées
à cause de la simultanéité entre les facteurs de production et leurs
prix relatifs. de la mauvaise spécification de l'ajustement entre la
production et les facteurs de production et de la domination des condI-
tions cycliques.
L'estimation des données transversales et des données sur séries
temporelles n'échappe pas au problème de multicollinéarité. En effet.
l'élasticité de substitution estimée a partir des données sur séries tem-
porelles non déflatées en situation inflationniste tend vers 1. De mê-
me quand on utilise des données transversales non déflatées et si les
prix et les salaires sont corrélés positivement. l'élasticité de substi-
tution est biaisée et tend vers 1. Ce résultat n'est pas conforme a la
théorie dans la mesure où on a toujours pensé que le problème de multi-
col linéarité se pose uniquement dans les estimations des données sur s~­
ries temporelles et qu'il serait évité quand on travaille sur des données
transversales (92).
Ainsi le choix de chacune des deux données pose un
problème spécifique d'ordre conceptuel et statistique qu'il
convient de
préciser lors de l'estimation de l'élasticité de substitution a partir
des fonctions de production.
L'estimation des paramètres de la fonction de production est
fortement sensible à des petites modifications dans les données. a la
mesure des variables et aux méthodes d'estimation. Aussi convient-il d'en
tenir compte dans l'estimation des élasticités de substitution dans le
secteur industriel ivoirien.
§ 2. Les possibilités de substituer du travail au capital
à partir de la fonction de productIon transcendante
Des études ultérieures dont celles de J-P LACHAUD (1981 et 1982)
ont indiqué que la fonction de production transcendante permet d'obtenir
de mei lIeurs résultats que les fonctions de production COBB -DOUGLAS et
CES. A l'aide de cette fonction. on a également la possibilité/sans hy-
(92) Toutes ces remarques ont I!tl! empruntl!es cl GAUDE dans "Capital-La-
bor substitutions possibiliti•• : a review of empirical I!vidence".
in Technology and employment in industry. International Labour
Office. Gene
ua 1975. p. 35-58.

200.
pothèse préalable sur les rendements a l'échelle.d'obtenir une élasti-
cité de substitution variable en fonction du rapport capital-travail (93).
Après avoir spécifié la dêmarcheméthodologiqup.,nous analyse-
rons les résultats obtenus a l'issue de l'application de la fonction de
production transcendante.
A - La démarche méthodologique
Les fonctions estimées de la fonction de production transcen-
dante se présentent sous la forme suivante:
Log VA = Log c( + ~ Log K + y Log K + g (KIL)
[1]
avec
VA = valeur ajoutée
K = capital
L = travai 1
K/L= intensité capitalistique
La méthodologie utilisée pour estimer ces paramètres a été
déja décrite dans la section 2 de ce chapitre. Par ailleurs, les paramè-
tres ont été observ~ssur une période relativement longue: de 1967 a
1982.
En appliquant les paramètres relatifs a chaque branche du sec-
teur secondaire a la forme estimée de la fonction transcendante. nous
,
avons obtenu 17 équations de regression. A partir de ces équations de
régression. nous avons calculé l'élasticité de substitution dont la formu-
le est la suivante
e = 1 +
avec x = KIL
[2]
L'équation ci-dessus permet d'établir 3 valeurs différentes
de l'élasticité de substitution (~ pour la même branche selon le niveau
de l'intensité capitalistique. A1ns~ en résolvant l'équation [2]. on con-
sidéra successivement les valeurs inférieures moyenne et supérieure de l' in-
(93) J-P. LACBAUD (1988) p. 115.

201.
tensité capitalistique. Cette liaison élasticité de substitution-in-
tensité capitalistique apparaît sur la figure 'ulvante (n° V-1) :
(A)
~::> 0 , ~ J- r ') <)
(tj
d ~ () L ~ ,; y '7 0
/--~~-+-=----=-,":"""::=------'--------'? ?c...
Relation entre l'élasticité de substitution et
l'intensité capitalistique dans le cas d'une fonction
de production transcendante.
On voit que.e. varie dans le même sens que KIL si "g" es;t positif.
et inversement si "g" est négatif puisque p et ~ sont positifs ou nuls.
Les cas particuliers où f3 et?f sont nuls et g) 0
ou(o ne
figursl'tpas sur le diagrarrrne. Ces cas particuliers sont perceptibles dans
le Tableau nOV-11 .

202.
B - Les résultats
A l'aide des données obtenues auprès de la Chambre d'Industrie
(pour les années situées
entre 1967 et 1973) et de la Banque des données
Financières du Ministère de l'Economie et des Finances (de 1974 A 1982),
nous avons régressé l'équation [1J pour chacune des 17 branches du sect-
teur secondaire de l'économie ivoirienne. Le lableau na V-11 regrou-
pe les coefficients estimés de ces 17 équations de régression. Pour ap-
précier la précision des coefficients estimés de la fonction transcen-
dante, nous avons appliqué le test de STUDENT. Nous avons choisi de com-
parer deux seuils de signification: tV= 0,10 et C( = 0,40.
Au seuil de signification~= 0,10, A l'exception des branches
C7,10,11,14,21 et 22, les autres branches cnt au moins l'un des 3 paramè-
tres qui est significativement différent de' O.
Au seuil de signification~= 0,40, seules les tranches 10 et
22 ont encore les 3 paramètres qui ne sont pas significativement diffé-
rents de O. Les autres branches présentent au moins un coefficient d'es-
timation satisfaisant.
Il apparaft A la suite de l'application du test de STUDEN1,
que nos coefficients estimés de la fonction transcendante sont dans llen-
semble satisfaisants.
Par ailleurs, les valeurs élevées des coefficients de déter-
minations multiples (R2) indiquent que le modèle est bien spécifié c'est-
A-dire que la pr~'sE:nte fonne de la fonction transcendante permet d'étu-
dier la substitution capital-travail sans grand risque d'erreur dans les
différentes
branches de l'économie ivoirienne.
Pour analyser les élastici tés de substitution et les rapports
capital-travail, nous allons nous référer au Tableau na V-12. Dans ce
tableau, on distingue globalement 3 évolutions de "e" en fonction de la
variation de KIL :

203.
- dans certaines branches, l'élasticité de substitution di-
minue, parfois devient inférieure A 0 quand l'intensité capitalistique
augmente. Il s'agit des branches, 07,08,10,13,19,21,23 ;
- A l'inverse dans d'autres branches (05,06,14,22), l'élas-
ticité de substitution crott avec l'augmentation de l'intensité capita-
listique ;
- quant aux branches 09,11,12,20, l'élasticité ne diminue
qu'au niveau moyen de l'intensité capitalistique.
On constate également que quelque soit le niveau de l'inten-
sité capitalistique de substitution des branches, 05,06,14,22, est supé-
rieure A 1. A l'exception de la branche 06, ces branches appartiennent
au niveau technologique IV (c'est-A-dire très intensive en capital) que
nous avons établi pour 1982 dans le paragraphe précédent. Par ailleurs,
les branches 10 et 20 dont l'élasticité est supérieure A 1 au niveau mi-
nimum et moyen de KIL, enregistr~nt une élasticité inférieure A 0, quand
KIL est maxim.al.
L'analyse de ces résultats suggèrent les réflexions sui van-
tes
- pour certaines branches, il est encore possible d'accrottre
l'intensité capitalistique pour élever la productivité du travail: il
s'agit des branches dont l'élasticité de substitution croIt quand on pas-
se du rapport KIL minim~l au rapport KIL maximal.
- A l'inverse une élévation de KIL dans certaines branches
s'accompagnera d'une faible productivité du travail. Les branches concer-
nées sont celles dont l'élasticité de substitution décroIt par rapport
au KIL maximal.
- d'autres branches, en raison de leur rigidité technologique,
sont contraintes d'utiliser les combinaisons productives intensives en
capital: il s'agit des branches 05,14,22. Ces branches de par leur na-
ture, nécessitent beaucoup de capital pour être rentables.

204.
L'analyse de la substitution capital-travail suppose donc
la prise en compte de la spécificité de la branche. Si la branche est
technologiquement "flexible", il est possible d'élaborer des stratégies
dont l'objectif est d'amener les entreprises de la branche à employer
plus de travai 1 que de,;capital. En revanche, si la branche est technolo-
giquement "rigidell , toute tentative de réduction de KIL peut engendrer
une baisse de la productivité du travail et une chute de la rentabilité
de la branche.
La fonction de production transcendante a permis d'évaluer
les différentes possibilités de substitution du travail au capital. Tout
comme les autres fonctions, elle a ses avantages et ses inconvénients.
Comme avantage, elle permet d'affranchir les incertitudes économiques
et statistiques relatives aux estimations des fonctions de production de
types CES et le caractère limité de la fonction de production COBB-DOUGLAS.
Elle subit cependant le problème de multicollinéarité à cause de l'utili-
sation des données chronologiques (de 1967 à 1982).
Enfin, les résultats obtenus sont contestables car l'analyse
en termes de branches peut induire en erreur. En effet, la comptabilité
nationale en regroupant dans la même branche plusieurs entreprises de
tailles et d'importances inégales conduit à une analyse qui dilue la spé-
cificitéde chaque entreprise. Aussi faudra-t-il t~nil' compte de cette
homogénisation dans l'interprétation des résultats.
*
*
*
La comparaison entreprises prioritaires-industries indique
que les entreprises prioritaires ont bénéficié d'importantes exonérations
fiscales par rapport à l'industrie dans son ensemble.
Par ailleurs, l'analyse du système productif a révélé que les
branches qui importent des matières premières et dont la production est
destinée au marché intérieur ont créé plus d'emploLset distribué plus de

20$..
salaires en 1977. Il s'agit des filières "dépendantes non exportatrices".
Au cours de la même année, les branches à vocation exportatrices (filiè-
res "extraverties à compensations exportatrices") ont généré également
beaucoup d'emplois et distribué une masse salariale relativement impor-
tante.
Ces deux observations permettent de conclure que s'il est tou-
jours utile de maintenir les mesures visant à accorder des avantages aux
entreprises important leurs équipements et matières premières et expor-
tant leurs produits, il est par contre temps de réviser le code des in-
vestissements tel qu'il a été conçu en 1959, car non seulement il ne dé-
termine pas l'arrivée des capitaux étrangers mais il constitue un coat
budgétaire pour l'économie ivoirienne. Par ailleurs, ce code des inves-
tissements a occasionné des distorsions entre les prix des facteurs. En
abaissant le prix relatif du capital, il a provoqué l'utilisation des
méthodes de productions intensives en capital. La productivité du travail
qui siest accrue sous l'impulsion de la croissance de l'intensité capita-
listique a permis à certaines branches d'accrottre les salaires.
Malgré la hausse des salaires dans les branches à producti-
vité élevée, un problème se pose; celui de la substitution du travail
au capital. Ce problème se pose avec acuit~ dans la mesure où il existe
un chômage chronique dans l'économie ivoirienne.
=-=-:-=-=-=-:-=-=-=

206.
Tableau nOV-1
Investissements industriels cumulés par neuf
~ays africaIns de 1960 à 1972 en millions de
rancs CFA.
~~; Montants Rang du pays:
%
:~ys
:
1. BENIN
11 500
7ème
3,4 %
2. CAMEROUN
82 000
2ème
24
%
3. CONGO
24 000
5ème
7
%
4. COTE-D 1 IVOI RE
92 000
1er
27
%
5. EMPIRE CENTRAFRICAIN
14 000
6ème
4
%
6. NIGER
24 500
4ème
7,2 %
7. SENEGAL
70 000
3ème
21
%
: 8. TCHAD
11 500
7ème
3,4 %
exequo
9. TOGO
8 500
9ème
3
%
TOTAL
338 000
MOYENNE
37 556
100 %
Source: Tableau construit à partir des données du Mémento de l'Economie
Africaine; Sème édition 1974, n° spécial B.A.N. Ediafric. Paris.
Extrait de la thèse de GBAKA. op. cit. p. 371.

207.
Tableau noV-2: Facteurs influençant la décision des entre~rises
prIvées étrangères a s'Implanter en COte-d IVOIre
Rang
Facteurs
1er
La croissance du marché ivoirien
2ème
La stabilité politique
1
3ème
Le libéralisme économique affinmé
4ème
Les économies externes dlAbidjan
Sème
Le marché ouest-africain
6ème
Le code des investissements
7ème
L1existence d'un grand port
8ème
La proximité des matières premières
9ème
La promotion industrielle
1oème
Divers facteurs non économiques
11ème
La conservation d'un marché
12ème
Les agréments du pays
13ème
Le coOt de la main-d'oeuvre
14ème
Divers facteurs économiques
Source: (J.) CHEVASSU et (A.) VALETTE: Les investissements de la
COte-d'lvoire : Qui et Pourquoi? ORSTOM, cité par GBAKA.
op. cit. p. 393.

208.
Tableau nO V-3 : Taux de pression fiscale en 1971 selon le régime
fiscal des entreprIses
.
.
.
.
.
.
Taux de pression fiscale
:Toutes entreprises:Entreprises prior~:Entreprises Droit
taires
Commun
(1)
(1)
ts indirects
8 108,2
4 598,7
3 509,5
(dont impôts intérieurs)
(6 975,0)
(3 583,3)
(3 391,7)
ts sur les bénéfices
775,0
430,1
344,9
èvements F. N. I.
388,5
247,4
141 ,1
1 impôts et prélèvements
9 271,7
5 276,2
3 995,5
sion fiscale globale (2)
9,8
8,7
11 ,6
sion fiscale indirecteintérieu~
(3)
10,9
9,1
13,7
sion fiscale directe apparente
18,3
16,6
21 ,1
(4)
sion fiscale directe réelle
15,1
12,9
19,1
(5)
de prélèvement F.N. I. réel
7,6
7,4
7,8
(6)
~anufacture des tabacs de Côte-dl Ivoire (M.T.C.I.) non comprise
fotal impôts et prélèvements/chiffres d'affaires. Total T.T.C.
Impôts indirects intérieurs/chiffres d'affaires intérieurs T.T.C.
[mpôts sur les bénéfices/bénéfices nets globaux (bénéfices et pertes agrégées)
[mpOts sur les bénéfices/bénéfices nets des entreprises bénéficiaires (pertes exclues)
>rélèvements F.N.I./bénéfices nets des entreprises bénéficiaires (pertes exclues)
Source :Jean CHEVASSU et Alain VALETTE: Les revenus distribués pour les activités
------ industrielles en Côte-d'Ivoire - ABIDJAN - Ministère du Plan - 1975.

Tableau V-4 : Coosolll1latlons intennêdlalres et Intra-consOfilllations des fll ières
amont de chaque branche. Millio~ de Francs. CFA - 1977 - exportations
0'1
des branches de base
0
N
'."
COnsommations Intermédiaires et intraconsom- :
Exportatluns des branches de base
mations
:
Parallêtres
·
.
·
.
.
.
.
.
.
.
:
Branches
-----
:Produits:Totales : Rapport: Rang de : Rang de :Produits: Transit: Total
: Rang de
locaux :
:
:
: locaux :
:
:
(1)
:
(2)
:(1) / (2): (2) :(1)/(2): (3) : (4) : (5) : (3)
:
.
.
:
:
:
:
:
01. Production agricole vivrière, élevage et :
:
:
:
:
:
:
:
chasse
: 23.849 : 27.512 :
0,87
:
14
:
30
:
406 :
46
:
452 :
23
.
.
02. Production agricole destinée a l'indus-
·
.
:
:
:
:
:
·
.
.
.
trie
: 12.740 : 23.749 :
0,54
:
16
:
16
:376.835 :
8
: 376.843:
1
03. Sylviculture et exploitation forestière
: 22.715 : 40.740 :
0,56
:
8
:
17
: 67.661 :
0
:
67.661:
2
04. Pêche
:
3.403 :
4.742 :
0,72
:
28
:
23
:
402 :
0
:
402:
24
05. Extraction de minerais et minéraux
1.636 :
4.116 :
0,40
:
29
:
8
:
248 :
17
:
265:
25
06. Travail des grains et farines
: 23.119 : 35.192 :
0,66
:
Il
:
22
:
957 :
17
:
974:
19
07. Industries de conservation et préparation: 80.451 :110.591 :
0,73
:
4
:
24
: 55.593 :
151
:
55.744:
3
08. Fabrication de boissons et glaces allmen-:
:
:
:
:
:
:
:
IIK!fltalres
4.576 :
9.714 :
0,47
:
23
:
12
:
161 :
89
:
250:
26
: ,09. Industries alimentaires des corps gras
: 17.392 : 22.361 :
0,78
:
17
:
27
: 13.136 : . 120
:
13.256:
8
10. Autres Industries alimentaires - Tabac
7.009 : 15.389 :
0,46
:
21
:
11
:
972 :
372
:
1.344:
18
Il. Industries des textiles et de l'habille- :
:
:
:
:
:
:
:
:
ment
: 29.084 : 47.147 :
0,62
:
7
:
20
: 19.486 :
893
:
20.379:
7
12. Industries du cuir et de la chaussure
1.451 :
3.388 :
0,43
:
30
:
10
:
522 :
297
:
819:
20
13. Industries du bols
: ZO.943 : 28.854 :
0,73
:
13
:
25
: 19.488 :
0
:
19.488:
6
14. Raffineries pétrolières
3.110 : 58.405 :
0,05
:
6
:
1
: 20.328 :
292
:
20.62'):
5
15. Industries chimiques
: 10.301 : 24.345 :
0,42
:
15
:
9
:
5.674 :
807
:
6.481:
9
16. Industries du caoutchouc
6.172 :
5.201 :
1,00 :
27
:
31
:
3.162 :
146
:
3.308:
Il
17. Fabrication de matériaux de construction:
·
.
:
:
:
:
:
:
·
.
et Industries du verre
4 634 : Il.905 :
0,39
:
22
:
7
:
1.414 :
321
:
1.735:
16
18. Industries de 1ère transformation métaux :
221 :
2.863 :
0,08
:
31
:
2
:
460 :
671
:
1.131:
22
19. Coost. et réparation matériel de transport:
6.412 : 38.031 :
0,17
:
10
:
3
:
2.199 : 3.593
:
5.792:
13
20. Indus. mécaniques et électriques non
:
·
.
:
:
:
:
·
:
.
classées
:
3.316 : 19.310 :
0,17
:
19
:
4
:
1.448 : 4.898
:
6.346:
15
21. Industries diverses
:
2.052 :
8.449 :
0,24
:
24
:
5
:
1.547 : 1.179
:
2.726:
14
22. Production d'énergie
:
9.795 : 19.739 :
0,50
:
18
:
14
:
484 :

:
484:
21
23. Industries du B3tlment et Travaux Publics: 110.570 :183.554 :
0,60
:
1
:
18
:
5.044 :
0
:
5.044:
10
24. Transports et communications
: 49.104 : 129.063 :
0,38
:
2
:
6
: 40.560 :
0
:
40.560:
4
25. location et gestion de bâtiments
: 12.881 : 15.849 :
0,81
:
20
:
28
:
1.288 :
0
:
1.288:
17
26. Autres services
: 15.188 : 29.848 :
0,51
:
12
:
15
:
2.732 :
0
:
2.732:
12
27. Activités du commerce
: 80.262 :120.274 :
0,73
:
3
:
26
:
o :
0
:
0:
27
2B. Servlce~ bancaires
4.287 :
6.889 :
0,62
25
19
0
0
0:
29. Production Imputée des services bancaires: 31.767 : 38.967 :
0,82
9
29
0
0
0:
30. Servlcp.s d'~ssur~nces
:
3.607 :
5.727 :
0,63
26
21
0
0
0:
31. Services des administrations publiques
: 51.594 :106.300 :
0,49
5
13
0
0
0:
Source : B,10SSltl< J •• PEGIJlfI il., REIFFERS J-l., (1980) - Effets de la structure du systèlle productl f sur l'emploi en
COte-d'Ivoire - Programme sur 13 division Internationale du travail - Programme mondial de l'eMPloi - Juin -
WEP 2-36/WP 7. D. ~

210
Tableau nOV-S : emplOi par filière de transformation en 1977
" emploi total ivoi rien
Emploi total
emploi:
emploi
; -_ _.,....-
ivoirien: Ivoirien .;.:---,......----::---...,::---~:
rée 1 :---eiiïpT'OT: DI recto :
Cadres:
Agents: Empoy.:
réel
:tl1êorlque
total
: mattrlseDuvrlers:
)UPE 1 : "Filières intravestles exportatrices"
Industries de conservation et de préparation alllllen.: 11 589
12 773
5 729 :
49.4
3.52
1.93
5.,04
: 92,52
Industries des textiles et de l 'habillelllent .•
12 542
13 415
11 079
88.3
0.12
0.79
3.56
: 95,53
Sylviculture et exploitation forestière
12973
16887
6305 :
48.6
0.50
1.95
5,26
: 92,29
Industries du. bols
12 49
13 593
7 104 :
56,9
0,29
0,93
3.39
: 95,39
Production agricole destinée a l'Industrie et! l'exp: 13 059
14 184
1 961 :
15,0
0.57
1.36
3,82
: 94.25
Industries alimenta ires des corps gras
17 154
17 533
8084 :
47.1
0,15
1,81
3.70
: 94.34 :
Industries du caoutchouc
· 8 210
8225
2 743 :
33.4
0.30
l,56
4,96
: 93,17 :
·
.
.
TOTAL
: 88 019:
96 610
43 0D5' :
48,8
0,29
1,40
4, Il
94,20 ~
IUPE 2 : "FIlières intravestles non exportatrices"
Industries du batiment et des travaux publics
55 794
6
737
35083
62,9
0,17
0,80
3,15
: 95,88 :
Actl vi té du cOlllllerce
36657
47401
25 107
68,5
0,51
3,68
8,01
: 87,79
Production imputée des services bancaires
3 257
4 603
2266
69,6
0.66
3,79
11,51
: 84,05
Travail des grains et farines
8459
8937
5 001
59,1
0,39
0;84
2,56
: 96,21
Production agricole vivrière élevage et chasse (1)
2 109
2 367
796
37.7
0,63
6,03
4,40
: 88,94
Location et gestion de bltlments
1 979
2 297
1 269
64,2
0,72
2.61
7,61
: 89,06
Services bancaires
390 :
940
272
69.6
0.66
3,79
11,51
84,05 :
Pêche
· 1 438 .: 2 166
919
47,4
0.18
1,98
3,59
94,24 :
·
.
:110579 : 132448
70 713
63,9
0,34
2,04
5,22
92,40 :
UPE 3 : "Fi lIères extravestles non exportatrices" (2);
Production d'énergie
4 724 :
5911 :
3884
82,2
0,43
3,83
23,45
72,29
~utres industries alimentaires - Tabac
6816 :
7596 :
6 154
90,3
0,26
0,95
2,35
96,43
Fabrication de boissons et glace alimentaire
2 814 :
3322 :
1 942
69,0
0,09
0,78
2,88
: 96,25
Extraction de minerais et minéraux
1 168 :
1 592 :
732
62,7
0.76
3,03
8,56
: 87.55
Industr!es du cul r et de la chaussure
902 :
1 308 :
672 :
75.2
0,04
0,99
2,09
: 96,89
Industries de première transformation des métaux
24 :
N
17 :
71,5
0,64
1,24
14,46
: 80,67
\\utres services
10957 :
11 751 :
6 582 :
60,1
0,77
5,05
8,00
: 86.18
27 381
31 480 : 19 990
73,0
0,46
2.92
8,59
; 88;63
IPE 4 : "Filières extravestles a compensation expor.;
htrlce"
:
ransports et cOlllllUnlcatlon
33 683 :
46 904 : 25 325 :
75,2
0.77
4,50
13.02 : 81,70
:afflnerles pétrolières
645 :
12 437:
509:
78.9
0,51
3,66
15.49 : 80.35
:onstructlon et réparation de matières de transport
3626 :
3 725:
2 620 :
72,3
0.08
0.82
3,86 : 95,23
ndustrles chimiques
4474 :
4 959:
3 010 :
67,3
0,31
l,56
4,87
93,23
ndustrles mécaniqUes et électriques non classées
.
4 303 :
4485:
3087:
71,7
0,33
1,15
4,77 : 93.75
abri cation de matériaux de construction et Ind.du V,;
1 675 :
1 971:
1 117 :
66,7
0,43
1,30
3.90 : 94,54
ndustries diverses
2 274 :
2 479:
1 668
73,3
0,76
2,18
3,53
93,54
50 680:
76 960
37 336
n,7
0,64
3,52
10,34
85,50
Chiffre trés sous-évalué bien évld_nt car tiré des explOitations prises en compte dans la centrale des bilans.
Le filière "Services des Administrations Publiques a été exclue" car non significative cOlllPte tenu de l'échanti lion pris
en compte dans la centrale des bilans.
:i2lllU: BROSSIER J .. PEGUIN 0.. REIFFERS., (1980) - opt. clt. P. 14.

~,
Tableau n° V-Ii
Caractérisation générale des filières de transformation
en COte-d'lvolre - 1977
N
Répartition du capital social; Bén. :
:
: .
.
caractéristiques
-:-.--==----:,....".=,......,.......-:c=----:-,<::;-;o--: dlst.: Taux : Rénmé-: Part: Part
Total.:
Cap.
(dont: Cap.
: Cap
:4 l'Et:d'aut~:ratlon:
du
:
de
Filières
Ivol- cap Ivfrançais: autres:1 de la:flnan-:I:ravalh:apltal:1 'Etat
riens
privés:
: pays :valeur:cement:
tota 1 :
:
aj outée:
:
,;
1 : 1
: 1 :
:
: 1 : 1 : 1 : 1
GROUPE 1 : "Filières Intravestles exportatrices"
7. Industries de conservation et de préparations allm.: 44,65
11,78
32,09
23,27: 2,13
30,58: 39,59: 21,54
18,91
100
11. Industries des textiles et de l'habillement
32,51
7,98 26,25
41,24: 2,34
26,21: 65,09: 14,79
28,21
100
3. Sylviculture et exploitation forestière
57,84
8,34
25,15
17,04: 2,27
42,78: 68,86:
8,81
23,94
100
13. Industries du bol s
: 22.56
17,27
56,36
21,00: 0,78
48,95: 61,08:
8,32
29,89
100
2. Production agricole destinée 4 l'Industrie et 4 1~xp: 36,38
18,25
54,63
8,99: 1,80
39,48: 77,75:
9,71
12,54
100
9. Industries alimentaires des corps gras
62,82
6,89
36,13
1,85: 2,80
38,49: 65,55: 18,53
15,92
100
16. Industries du caoutchouc
69,83
3,14
12,14
18,63: 2,28
31,24: 88,04:
7,24
12,92
100
GROUPE 2 : "Filières intravesties non-exportatrices"
:
23. Industries du bâtiment et des travaux publics
45,58
5,11
35,73
18,77: 4,36
43,26: 68,62:
8,48: 22,89: 100
27. Activité du commerce
39,75
8,93
41,35
18,91: 1,09
33,35: 42,97: 14,15: 42,88: 100
29. Production Imputée des services bancaires
66,48
6,82
21,82
12,68: 6,46
48,55: 66,86: 18,59: 23,35: 100
6. Travail des grains et farines
29,27
7,99
64,54
6,18: 4,87
- : 59,75: 32,37: 7,88: 100
25. location et gestion de bâtiments
38,34
7,93
52,36
9,38: 5,26
36,73: 62,99: 12,27: 24,74: 100
18. Services bancaires
68,91
7,74
21,31
17,79: 4,63
39,82: 69,22:
8,48: 22,38: 100
4. Pêche
35,51
12,96
59,45
5,84: 5,98
61,48: 77,78:
9,68: 12,62: 100
:
:
:
GROUPE 3 : "Filières <lépendantes non exportatrices"
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
..
:
:
22. Production d'énergie
: 65,25: 11,45; 27,88 :
6,95:18,95 : 41,38: 55,89: 13,83: 31,89: 100
18. Autres Industries alimentaires - Tabac
: 95,54:
1,48:
3,46 :
1,88: 13,76 :
5,19: 38,23: 26,31: 43,46: 100
8. Fabrication de boissons et glace alimentaire
: 32,17: 11,16: 42,15 : 15,74: 4,28 : 39,69: 46,28:
4,53: 49,19: 100
5. txtractlon dp mln~rals et mln6 raux
: 89,GO:
2,23:
5,82 :
5,38:20,00 :
5,89: 50,30: 28,75: 28,8i: 100
12. Industries du cuir et de la chaussure
:
9,96:
2,01: 43,49 : 46,55: 8,61 : 6R.RR: 7R.Q1:
13,12: 28,95: 100
18. Industries de première transformation des métaux
: 64,63:
6,56: 18,88 : 17,38: 5,68 : 37,66: 68,82:
8,68: 22,58: 100
:
:
:
:
:
:
:
:
:
GOUPE 4 : "Filières dépendantes 4 compensation expor-
-------
tatrlce
24. Tr~nsports et communication
74,74
2,42
12,47
12,83
3,89
32,97: 78,43
6,32: 15,24: 100
.. ,~: ·Rafflnerles ~étrol!ê~cs
38,84
1,48
25,11
44,85
6,86
56,48: 65,43
32,62:
1,95: 100
19. Construction et réparation de matériels de trans-
23,45
4,16
63,78
12,76 15,75
26,85: 66,74
17,76: 15,49: 100
15. Ihdustrles chimiques
31,42
8,51
51,74
16,84
2,44
53,49: 63,46
12,82: 23,72: 100
20. Industries mécaniques et électriques non classées
23,84
6,71
39,42
36,74
2,51
39,41: 58,87
18,57: 38,55: 100
17. Fabrication de matériaux de construction et lnd.
38,75
5,63
47,59
13,66
2,18
37,57: 49,76
11,96: 38,34: 100
21. Industries diverses
49,47
19,37
38,79
14,74
8,71
66,72: 69,88
8,28: 22,63:
100

212.
Tableau n" Y -J : Répartition de la masse salariale selon
les filières de transformations

213.
Tableau nOV-8
Intensité
Productivité
Productli vi té
capitalistique
apparente du tra-: apparente du capi-:
: Années
vaiJ
tal
(K/ l.)
( VA!
(VA/ K)
1965/1966
- 1,73
a,oo
- 3,10
1966/1967
48,67
71,77
11,56
1967/1968
19,94
12,32
2,02
1968/1969
26,30
9,25
15,66
1969/1970
22,60
3,55
15,45
1970/1971
8,01
12,02
3,62
1971/1972 -1973:
- 5,80
- 6,67
10,40
1972 -1973/1974:
12,12
- 2,75
- 22,40
1974/1975
62,92
110,20
29,00
1975/1976
11,20
- 3,02
- 12,76
1976/1977
44,20
8,90
- 24,47
1977/1978
19,24
25,05
4,66
1978/1979
1,60
11,02
9,51
1979/1980
23,61
19,07
34,55
1980/1981
- 6,50
- 33,05
- 33,03
1981/1982
- 9,23
21,72
43,53

214.
Tableau n° V-9
Evolution sectorielle des taux decroissance annuels
moyens de l'Intensité ca~itahsb~ue de la
productIvIté apparenteu travai
et du capital
.
.
.
.
.
.
.
.
: (KIL) 1967-1982: (VA/L) 1967-1982: (VA/K) 1967-1982:
:05. Extraction de minerais et
minéraux
62,25
80,80
47,93
:06. Travail des grains et fari-
nes
59,70
49,09
- 30,87
:07. Industries de conservation
:
et de préparation alimentai-:
res
39,91
41,91
20,85
:08. Fabrication de boissons et
glace alimentaire
42,20
44,18
21,25
:09. Industries des corps gras
alimentaires
:
48,01
46,08
- 17,70
:10. Autres industries alimentai-:
res, Tabac
48,31
52,11
- 35,60
: 11. Industries textiles et de
l'habillement
48,84
34,29
27,51
: 12. Industries du cuir et des
articles chaussants
39,84
52,11
29,05
: 13. Industries du bois (estima-
tion)
56,14
27,12
- 29,05
: 14. Raffinage du pétrole et fa-
brication de dérivés
75,50
- 5,40
- 45,50
: 15. Industries chimiques
59,00
53,51
- 27,92
: 16. Industries de caoutchouc
- 28,78
- 28,22
: 17. Fabrication de matériaux de
construction
50,02
15,17
- 34,30
: 18. Sidérurgie et première tran~:
:
formation des métaux
:
: 19. Construction et réparation
:
de matériel de transport
50,43
52,42
25,95
:20. Autres industries mécaniques:
:
et électriques
46,93
50,57
28,83
:21. Industries diverses
43,72
44,71
00,00
:22. Energie électrique, Eau
48,02
46,13
00,00
:23. Bâtiment et travaux publics
51,00
38,56
- 31,38
-.
Signification
(KIL) = Intensité Capitalistique
(VAl L) = Productivité du Travail
(VA/K) = Productivité du Capital

'"
Tableau n"V-l0: Détermination du niveau technologlqu~ dans les branches de l'Industrie
N
IvoIrIenne
:
Hiveau Technologique
: Branches concernées
1 de la va-
l du capital
1 du total de . 1 du total
:Rapport em-
Caractérl s-:
1eur aj outée
des Investis
l'e~lol
: de la masse :plol/masse
tiques
totale
sements
:
salariale
: salariale
(1)
(2)
(3)
( 4)
:
(5 )
:
(6 )
(7)
:
:
:
:
:
:
KIL ( 4,9 millions
:
11,12,13,16,19, 21
25,8
13,1
42,0
:
32,4
:
0,77
Très Inten-:
slve en tra:
va il
:
:
:
:
:
Il : 5" KIL ( 9,9 millions ~
06,07,08,15,17,20
:
28,2
:
17,5
:
31,1
:
23,5
:
0,75
Intensive:
:
:
:
:
:
en travail :
:
:
:
:
:
:
III : 10 (KIL (14,9 millions;
09,10
:
13,3
:
17,4
:
18,8
:
23,4
:
1,28
Intensive:
en capital :
:IV
: KIL> 15 111111 ions
:
05,14,22
:
32,7
:
52,0
:
8,1
:
20,7
:
2,55
Très Inten-:
slve en cap:
100
100
100
100
100
NB : 05. Extraction de minerais et minéraux
--
06. Travail des grains et farines
07. Industries de conservation et préparation alimentaires
08. Fabrication de boissons et glace alimentaire
09. Industries des corps gras alimentaires
10. Autres Industries alimentaires. Tabac.
11. Industries des textiles et de l'habillement
12. Industries du cuir et des articles chaussants
13. Industries du bols (estimation)
14. Raffinage du pétrole et fabrication de dérivés
15. Industries chimiques
16. Industries du caoutchouc
17. Fabrication de matériaux de construction
18. Sidérurgie et première transformation des métaux
19. Construction et réparation de matériel de transport
20. Autres Industries mécaniques et électriques
21. Industries diverses
22. Energie électrique, Eau
23. Batlment et Travaux Publics

216.
Tableau nOV-ll
Estimation des coefficients de la fonction de
productIon transcendante
R2
~
~
~
9
flastici té:
ranches
d 'échelle :
"acti vi tés
;. Extraction de minerais et
16,7
0,229 : - 1,61 : 0,00015
minéraux
0,59
(5,115)
(0,205) : (0,754) : (0,002)
1,381
>. Travail des grains et fari-
- 1,48
0,713 :
0,371: 0,0097
nes
0,75
(3,079 )
(0,314): (0,535à: (0,082)
1,084
'. Industries·de conservation
- 5,.28 : 2,25
: - 0,64 : - 0,504
et de préparation alimentai-:
0,86
(1,911)
( 1,880) : (1,884) : (0,469)
1,61
res
:
1. Fabrication de boissons et
- 6,79 :- 3,46
5,80 :
0,582
glace alimentaire
0,94
(1,388)
( 1,542) : ( 1,706) : (9,264)
2,34
). Autres industries alimentai-:
2,34
0,13
:
. 0,67 :
0,026
0,80
res, Tabac
0,84
(0,804)
(1,004) : (1,062) : (0,140 )
· Industries des textiles et
0,36
1,41
: - 0,48 : - 0,191
de l'habillement
0,94
(6,817)
(0,909) : (1,620): (0,245)
0,93
:
~. Industries du cuir et des
2,11
0,445 :
0,226:
0,103 '.
artiches chaussants
0,85
(1,938)
(0,399): (0,319): (0,174)
0,671
:
1. Industries du bois (estima-
- 2,38
1,14
0,099: - 0,202
tion)
0,92
(4,608)
(0,312) : (0,685): (0, ~57)
1,239
:
~ . Raffinage du pétrole et fa-
- 4,13 : - 0,42
:
2,69 : - 0,0086:
brication de dérivés
0,60
(3,582)
(1,500) : (2,132) : (0,019)
2,27
).
Industries chimiques
- 0,45
0,944 :
0,06 : - 0,069
0,88
(9,931)
(0,190) : (1,431): (0,128)
1,004
:
:
, Fabrication de matériaux de
3,12
0,456 :
0,064: - 0,0643:
construction
0,74
(2,112)
(0,103) : (0,370): (0,024)
0,52
:
:
1. Construction et réparation
2,77
1,19
: - 0,50 : - 0,078
de matériel de transport
0,77
(2,642)
(0,439): (0,752): (0,100)
0,69
:
:
1. Autres industries mécaniques:
- 3,63
0,168 :
1,30 :
0,231
et électriques
0,98
(0,675)
(0,267) : (0,281) : (0,102 )
1,468 :
:
· Industries diverses
- 2,92
1,02
0,44 : - 0,177
0,92
(1,826)
(1,119): (1,276): (0,433)
1,46
'. Energie électrique, Eau
- 3,11
0,42
0,98 :
0,0051
0,77
(3,592)
(2,419): (2,975) : (0,065)
1,4
:
· Bâtiment et travaux publics
0,91
2,24
0,621 :
0,204: - 0,035
(1,400)
(0,326) : (0,370) : (0,218)
0,825
• Industries des corps gras
1,83
- 0,409:
1,21 :
0,215
alimentaires
0,94
(0,768)
(0,290): (0,248): (0,058)
0,8.01 .

217,.
Tableau nOV-12'
Elasticités de substitution
des fonctions de
productIon transcendantes et variatIons des rap-
ports capital-travail
:
:
:
:
:[K/LJ e=l, :[K/LJ e =0 :[e J
l
K/Lmin:[e2J KIL mo.Y;[e3JK/l mê§(:
:± 00 F.~FA:
F.CFA
:
.
.
· Extraction de minerais et
minéraux
526,666
806,666:
1,000
1,029
1,341
· Travail des grains et fari-
nes
165,329
143,673:
1,020
1,193
4,841
· Industries de conservation
et de préparation alimentai-:
res
8,240
7,039:
0,220
0,145
- 1,324
Fabrication de boisson et
:
glace alimentaire
5,945
6,804:
0,701
0,299
- 0,097
Industries des corps gras
alimentaires
1,902
0,721:
0,640
- 0,331
0,637
Autres industries alimentai-:
:
res, Tabac
1 006,779
24,689:
1,472
3,231
- 0,373
Industries des textiles et
:
de llhabillement
13,377
10,208:
1,716
0,030
0,194
Industries du cuir et des
articles chaussants
9,625
8,010:
3,676
0,088
0,424
Industries du bois (estima-
:
tion)
11,527
9,738:
0,623
0,401
0,022
Raffinage du pétrole et fa-
brication de dérivés
49,042
154,589:
1,263
1,577
1,745
Industries chimiques
27,790
22,688:
0,708
0,525
0,345
Fabrication de matériaux de
:
construction
14,664
12,229:
0,504
0,064
2,287
Construction et réparation
:
de matériel de transport
:
16,873
12,264:
1,081
1,393
- 0,028
Autres industries mécaniques:
:
et électriques
2,877
2,365:
3,909
- 2,204
0,047
Industries diverses
12,657
13,506:
0,687
0,496
0,216
Energie électrique, Eau
232,855
248,692:
1,263
1,623
16,527
Batiment et travaux publics
21,22
24,629:
0,903
0,788
0,619

218.
CONCLUSION DE LA 2éme PARTIE
=-~-=-=-=-~-~-~-=-~-~-~-=-=
Les interférences au marché du travail résultent donc de la
politique économique.
Lorsqu'il s'est agi d'analyser les interférences directes, on
s'est référé aux facteurs institutionnels tels que le salaire minimum et
l'indice des prix à la consommation. En ce qui concerne les interférences
indirectes. nous avons montré comment la combinaison des variables fisca-
le et technologique influe sur le niveau des salaires.
Le recours à ces forces "hors du marché" démontre qu'il n'est
plus possible de se limiter au marché du travail pour expliquer les salai-
res. Ceci est d'autant vrai que le niveau des salaires ne cesse de s'ac-
crottre malgré l'existence de main-d'oeuvre excédentaire (du surplus de
travail) dans l'économie.
L'imposition du salaire minimum et l'élévation de la productivi-
té justifient le niveau atteint par les salaires en COte-d'Ivoire.
Malgré la hausse des salaires. le pouvoir d'achat des travail-
leurs stagne ou regresse parfois. L'introduction de la variable IPC a per-
mis de suivre l'évolution du taux de salaire réel (TSR). Elle dévoile le
fait que l'élévation du niveau des salaires n'améliore pas toujours le ni-
veau de vie des travailleurs; pour qu'il en soit ainsi il faudrait que
l'inflation soit ramenée à un niveau raisonnable.
*
*
*

219.
CONCLUSION GENERALE
=-=-=-=-:-=-=-=-=-=
A - Les facteurs explicatifs
Les développements récents de la théorie du marché du travail,
fondés sur les concepts de marché interne et de structuration du marché,
offrent un cadre théorique plus adapté â la recherche des facteurs expli-
catifs des salaires. Ils accordent â l'entreprise du fait de ses fonctions
sur le marché du travail (embauche, sélection de main-d'oeuvre, promotion,
formation, etc •••. ) une place prépondérante dans le fonctionnement de ce
marché.
Il existe deux marchés de travail: le marché externe et le mar-
ché interne. L'entreprise intervient sur chaqu~ marché d parti r d'un calclIl
d'optimisation fondé sur un cel'tain nombre de critères: la nature de l'em-
ploi vacant, les caractéristiques qualitatives et quantitatives de l'offre
de travail sur chacun des deux marchés etc •••
La possibilité d'intervenir simultanément sur les deux marchés
fait que l'entreprise établit une structure de la main-d'oeuvre qui sa-
tisfait â sa demande de travail.
En COte-d'Ivoire, la structure de la main-d'oeuvre a subi une
mutation sous l'impulsion des politiques de l'ivoirisation et de la qua-
lification de la main-d'oeuvre. Les entreprises emploient de plus en plus
une main-d'oeuvre Qualifiée et des travailleurs d'origine ivoirienne.
Cette modification structurelle s'est manifestée par :
- un accroissement du taux de salariat
- et un changement de la structure des salaires·

220.
Le taux de salariat, Quoique sous-estimé, ne cesse de s'ac-
croitre. L'accroissement du rapport NIL, preuve manifeste de la moder-
nisation du pays, a engendré l'augmentation de la masse globale des sa-
laires et de la part des salaires dans le Revenu National. L'étude de
l'évolution des salaires dans le Revenu National a montré Que la part
du secteur primaire est en regression alors Que celle des secteurs secon-
t
daire et tertiaire sont en progression.
La structure des salaires s'explique de façon convaincante par
les caractéristiques personnelles des travailleurs et par l'''effet entre-
prise".
Si l'on se place du côté des offreurs de travail, les différen-
ces de gain! se fondent sur deux principes : le principe des disparités
compensatrices et le principe de l'égalité du travail a la productivité
marginale. La validité de la théorie du capital humain, dans le cadre de
cette étude confirme ces deux hypothèses des marginalites. En effet la
disparité des salaires s'accroit en fonction du niveau d'instruction et
de Qualification.
Lorsqu'on se situe du côté de la demande de travail, les dispa-
rités des salaires de la politique interne des secteurs de l'entreprise
élaborée pour optimiser l'allocation interne de la majn-d'oeuvre.
La structure des salaires a subi les transformations de la struc-
i
ture de la main-d'oeuvre. Ainsi, on a pu observer une réduction de la dis-
parité intercatégorielle des salaires de 1971 a 1979. Au cours de la même
période, l'inégalité des salaires s'est accentuée entre les travailleurs
Ivoiriens.
Le marché du travail apparaft donc comme un cadre approprié
a l'explication des salaires.
La recherche des facteurs explicatifs a été également orientée
/
vers des forces dites "hors du marché. Parmi ces forces Qui agissent sur
la détermination des salaires, on compte le S~IG, l' IPC, les exonérations
fiscales, la productivité du travail.
Le SMIG dont la fixation est considérée par les néo-classiques
comme une intervention bien intentionnée mais malencontreuse des pouvoirs

221.
publics, vise à protéger les trawailleurs qui ont un faible pouvoir
de négociation sur le marché de l'emploi. La fixation du salaire mini-
mum empêche le libre jeu des forces du marché de l'emploi de produire
d'inacceptables inégalités. Elle agit sur le niveau général et la struc-
ture des salaires. A cet effet nous avons montré que la revalorisation
du SMIG comprime la structure des salaires à court terme. A long terme,
la hiérarchie salariale initiale se rétablit à cause du "glissement des
salaires" et surtout à cause de l '''effet de contagion".
L'analyse de l'évolution de l'IPC a montré que le pouvoir d'a-
chat des travailleurs varie selon les années. Le taux de salaire réel
(TSR) augmente quand on a un "effet positif des prix" sur les salaires ;
il baisse lorsque l'on a un "effet négatif des prix" ; enfin il demeure
stable parfois, dans ce cas il s'agit de 1l "effet nul des prix".
Lorsque la hausse de l 'IPC est plus que proportionnelle à celle
du SMIG, elle engendre deux conséquences:
- sur le plan social, la hausse des prix pénalise' la classe
pauvre parcequ'elle ne peut pas aj uster son salaire à l'augmentation du
coOt de la vie.
- sur le plan économique, elle empêche les salariés d'épargner.
La conséquence économique est sans doute la plus redoutable
car la plupart des études mettent l'accent sur le rOle prépondérant de
l'épargne dans le processus de la croissance.
L'insuffisance de l'épargne nationale a amené l'Etat ivoirien
à établir un code d'investissement particulièrement favorable aux in-
vestisseurs étrangers. Les capitaux étrangers qui ont afflué vers la
COte-d'Ivoire à cause de la stabilité politique et de la distorsion des
prix des facteurs, se sont orientés dans les activités à faible intensi-
té de main-d'oeuvre. Une telle orientation a aggravé le conflit entre
la croissance de la production et l'emploi dans l'industrie. La contrac-
tion de l'emploi caractérise ce conflit.
La productivité qui s'est accrue à la suite de l'utilisation
des moyens de production à forte intensité capitalistique, a le plus

222.
profité aux travailleurs non africains (les expatriés) et A une petite
fraction des travailleurs ivoiriens.
L'inégale répartition des gains de la productivité pose~ nouveau
le problème de la substitution du travail au capital. En effet, même si
les méthodes de production Afort coefficient de travail ne sont pas as-
sez productives, elles permettent de résorber une partie du chômage ur-
bain et de distribuer par conséquent des salaires. Les branches qui se-
raient prédisposées A utiliser beaucoup de main-d'oeuvre, ont été spé-
cifiées par l'utilisation de la fonction de production transcendante.
Les valeurs des élasticités qui sont particulièrement élevées, montrent
qu'il est possible de substituer du travail au capital.
B - La politique des salaires
La recherche des facteurs explicatifs peut servir de base
A l'élaboration d'une politique des salaires digne d'intérêt.
Généralement, les politiques de salaire visent essentielle-
ment deux objectifs :
- soit accrottre l'inégalité des salaires dans le but d'aug-
menter la propen·sion Aépargner d'une catégorie de la population
- soit réduire l'inégale répartition des salaires dans l'op-
tique de distribuer équitablement les fruits de la croissance.
Le premier objectif a séduit beaucoup d'auteurs pour deux
raisons. D'abord on a constaté qu'au cours du décollage économique, la
répartition des revenus est nécessairement inégale. En d'autres termes,
la croissance économique s'accompagne d'une inégalité relative et ab-
solue. Ensuite, on a fait prévaloir que l'inégalité des revenus est l'un
des déterminants de l'accroissement du volume de l'épargne nécessaire
A la croissance économique.
Implicitement les stratégies de développement axées sur la
croissance économique sont favorables A la dégradation de la situation

223.
d'une catégorie de la population dans les premières phases du décol-
lage puisqu'une fois le décollage réalisé la répartition deviendrait
égalitaire.
Un tel schéma de raisonnement qui s'inspire du modèle de déve-
loppement des pays développés peut se résumer dans le syllogisme suivant
Socrate est mort, Socrate est un homme donc tous les hommes sont morts.
Ramené A notre problème le syllogisme devient de façon inexacte: la ré-
partition des salaires est inégale dans la phase de décollage, les P.V.O.
sont en décollage, donc la répartition des salaires dans ces pays doit
être inégale (94).
Un tel parallélisme est dangereux dans la mesure 00 les com-
portements en matière d'utilisation des revenus dans les P.V.O. différent
de ceux des agents économiques des pays industrialisés. Si l'épargne dans
les P.O. investit dans les activités productives de valeur ajoutée, ce
n'est pas le cas dans les P.V.O. Oans ces pays, l'épargne constituée par
une petite minorité est soit transférée dans les P.O., soit consommée
dans des biens et services de luxe. Oans ces conditions on peut se deman-
der s'il est souhaitable de favoriser l'inégalité des revenus dans les
P.V.O.
La réponse A cette interrogation nous conduit A examiner les
arguments favorables A une répartition égalitaire des revenus.
On a longtemps fait prévaloir Qu'une répartition égalitaire
des revenus est préjudiciable A l'épargne pUisQu'elle lia réduit. L'é-
galisation de la répartition stimule la consommation et rend plus dif-
ficile l'effort d'accumulation indispensable au décollage de l'économie.
(94) Ce sYLlogisme nous a ~t~ inspitJ/I pal' te Professeur Marc PENOUIL
dans "Croissance de la dette du Tiers-l1onde et Mt~rog~n~it~ de
l'endet.tement" - in S~minaire DECTA III - sur l e th~e : endet-
tement et œveloppement - 26 Juin 1984~ p. 1.

224.
Or, plusieurs études (gS) montrent qu'une répartition égalitaire des
revenus n'engendre pas automatiquement la réduction de l'épargne; par
ailleurs ses efforts sur les structures de consommations sont négligea-
bles si l'élasticité de l'offre des produits vivriers est positive.
En réalité, le volume de l'épargne résulte plutôt de certai-
nes variables telles que la fiscalité, la politique monétaire, l'organi-
sation des structures financières, les relations avec l'extérieur (96).
En revanche, une répartition égalitaire permet d'améliorer
les conditions de vie de certains travailleurs et par voie de conséquen-
ce leur productivité. Elle permet également d'accroître le marché inté-
rieur des industries de substitution aux importations.
Si on admet le principe de répartition égalitaire des revenus
il existe plusieurs domaines d'interventions. MONTEK et S. AHLUWALIA
(1977) distinguent six "secteurs d'intervention" pour les P.V.D. Il s'a-
git du marché des facteurs, de l'appropriation du capital et du contrO~­
le des actifs, de la fiscalité sur le revenu des personnes et la fortune,
l'offre des biens de consommations collectifs, du marché des biens et de
l'état de la technique et des arts (97). Ces éléments influent sur la ré-
partition des revenus.
(95)
Voir. par exempt e W. R. CLine : "The potentiel effect Of income
redistribution on economic growth in fOur Latin American countries".
Development Digest (Washington). OCtobre 19~1. pp. 9-23 ; R. Prebisch :
"Income distribution in Latin America : Structural requirementB for
development". ibid•• pp. 38-50;
F. Paukert. J. Skolka et J. Naton :
Redistribution Of income. patterns Of consumption and emptoyment
(Gen~ve. BIT. 1974 ; recherches pour le Programme mondial de l'em-
ploi. document de trovail polycopiA pour distribution restreinte).
et BIT
: Towards full empt oyment : A pl'ogramme for Colombia (Gen~­
ve. 1970). p. 149.
( 96)
Jean NOULlf et E. COSTA : Emptoyment policies in developing coun-
tries
- A comparation analysis (Londres. George Al.len B. U1Uùin (pour
le compte du BIT). 1974. p. 27.
( 97)
H. CBENERY. N-S. AHLUWALIA. C.I,.G. BELL. J.H. DULOY. R. JOLLY :
redistribution et croissance - PUF. 1977.

225.
Outre ces mesures, une élévation du taux d'accession ~ l'en-
seignement secondaire et universitaire réduirait davantage lléventail
des salaires comme lia montré la répartition des salaires selon le ni-
veau d'instruction et la formation. Le capital humain joue un rôle dé-
terminant dans la disparité des salaires. Une politique de formation qui
tiendrait compte des réalités du marché du travail et des exigences du
développement, contribuerait ~ réduire efficacement llinégalité des re-
venus.

ANNEXES

227.
Annexe A0 I-a : Répartition des salariés par nationalité
et par branches
(
1965
1~78
)
Li"
L.
Lj
:
:
:
Branches
:Ivoir.: Afri.: Non
:Total
Ivoir.: Afr. : Non
: Total:
:non Iv.: Afric.:
:non Iv.:Afric.:
ramètres
:
Travail des grains et farines
340
610
50
: 1000
502
204
71
777
Conserveries, thé, café, cacao
370
740
90
: 1200
1709
1214
81
3004
Boissons, glace
160
380
60
: 600
3444
2216
G8
5728 :
Autres industries alimentaires,
160
70
20
: 250
2222
533
83
2838 :
Tabac
Energie
800
610
230
: 1640
3439
1435
219
: 5093
Activité extractive, sel, soufre: 690
730
180
: 1660
5933
402
62
: 16397
Première transformation des mé- :
70
120
20
210
1212
712
279
: 12203
taux
Matériaux de construction
220
440
40
700
718
130
34
882
14. Engrais; Chimie, parachimie,: 340
200
50
590
4603
3459
232
8304
caoutchouc
:
Industrie du bois
:2900
:3840
260
:7000
2353
670
171
3194
Montage et réparation de véhicu-:1400
620
280
:2300
318
49
7
374
cules
Autres industries mécaniques et : 510
460
130
: 1100
886
571
48
1505
électriques
Industries textiles
:2300
370
130
:2800
222
48
11
281
Cuirs et articles chaussants
: 370
110
20
: 500
2248
555
198
3001
Corps gras autres que beurre
: 1000
800
100
: 1900
3457
992
241
4690
Articles en caoutchouc et ma-
: 200
100
10
: 310
1890
439
127
2456
tière plastique
Produits industriels divers
: 200
:
70
30
: 300
4014
528 : 200
: 4742
Bâtiments et travaux publics
:11100 :12000 : 1000
24100
0101
:17104 :1515
:48720
.
.
.
.
. - - . - - . - - . - -
- - :- - - -
Total
:23150 :22270
2700 :48100
89271 :31271 :3647
: 124189:
Source: (1) 1965. Ministère du Plan. COte-d'Ivoire 1965. Emploi. Etudes régionales
1962-1965. Synthèse. p. 52.
(2) 1978. Ministère de l'Economie et des Finances (Direction de la prévision)
Etudes et conjonctures. n° 11, Avril 1982.

228.
Annexe nO J-b
Variation des effectifs des salariés
Ivoiriens et les facteurs explicatifs
Branches
~~ Lj
:
L. y( :L.. 4L
:
IJ L . : A
j ~ Lij,;{.
:L\\ ~ljX6H:
ramètres
:1965
J:L.

.
J
:
J : 1965
J
:
· Travail des grains et fari-
- 233
0,34
- 75
0,64
0,30
300
nes
· Conserveries, thé, café, ca-:
1804
0,30
541
0,56
0,26
312
cao
· Boissons, glace
5128
0,26
1333
0,60
0,34
360
· Autres industries alimentai-:
2588
0,64
1656
0,78
0,14
35
res, Tabac
· Energie
3439
0,48
1651
0,67
0,19
312
· Activité extractive, sel,
14737
0,41
6042
0,97
0,56
930
soufre
· Première transformation des
11993
0,33
3958
0,91
0,58
122
métaux
· Matériaux de construction
182
0,31
56
0,81
0,50
350
-14. Engrais ; Chimie, para-
7714
0,57
4397
0,55
0,02
- 12
chimie
· Industrie du bois
- 3806
0,41
:-1560
0,73
0,32
2240
· Montage et réparation de
1926
0,60
: -1156
0,85
0,25
575
véhicules
· Autres industries mécaniques:
400
0,46
184
0,58
0,12
132
et électriques
· Industries textiles
- 2519
0,82
:-2065
0,79
:- 0,03
- 84
· Cuirs et articles chaussants:
2501
0,74
1851
0,74
0,00
0
· Corps gras autres Que beurre:
2790
0,52
1451
0,73
0,21
399
· Articles en caoutchouc et
2146
0,64
1373
0,76
0,12
37
matière plastique
Produits industriels divers :
4442
0,66
: 2932
0,84
0,18
54
Bâtiments et travaux publics:
24620
0,46
: 11325
0,61
0,15
3615
Lj = emp loi tota 1.par branche
L
=
Ij
effectif de salariés ivoiriens J, dans la branche j
l L. = variation de l'emploi ivoirien lié à la croissance de l'emploi total (effet de
J
croissance)
1
LI .\\
~J=
1 (
variation de l'emploi liée à la modification de la répartition des salariés
j
ivoiriens (effet de structure)

229.
ANNEXEN°IlI: LE FONDEMENT DE LA DISPARITE DES SALAIRES
Deux principes guident cette disparité. Il s'ag~t d1une part
du principe des disparités compensatrices et d'autre part celui de l'éga-
lité du coat du travail A sa productivité marginale.
A - Le principe des disparités compensatrIces
J-P DAUBIGNEY (1976) énonce ce principe de la façon suivante:
"les disparités de salaire existant entre les offreurs de travai 1 compen-
sent les "insatisfactions" que chacun de ces agents retire des autres carac-
téristiques de l'emploi qu1il occupe. Ces disparités réalisent également
l'équilibre du marché du travail en ce sens que chaque poste offert se
trouve occupé par un agent"
(98).
Ainsi énoncé, le principe des disparités compensatrices a pour
fondement la concurrence. En effet chaque travailleur choisit un emploi
parmi les différents postes qui lui sont offerts. Si son choix, qui lui
permet de maximiser sa satisfaction, ne coïncide pas avec celui des au-
tres offreurs, le marché du travail est immédiatement en équilibre. Par
contre, si les travailleurs sont nombreux A se disputer le même poste,
une modification devrait intervenir soit au niveau des salaires soit sur
les caractéristiques d1emploi des postes jusqu'A ce q~e l'équilibre du mar-
ché soit réalisé. Selon l'auteur précitê, l'équilibre du marché est réa-
lisé si chaque poste est occupé par un agent qui y trouve sa satisfaction
maximale. Dans ces conditions, les différences de salaires viennent en
compensation de l'insatisfaction que chaque travailleur retire des autres
caractéristiques d'emploi.
Le principe des disparités compensatrices repose sur un postulat
et sur certaines conditions. Le postulat a trait A la recherche de la sa-
tisfactionmaximale du salarié et des conditions relatives A la mobilité
et A llinformation des offreurs de travail.
(98) J-P. DAUBIGNEY. Ü1. hUrarchie des saLaires de ta firme. contribu-
tion critique dune th40rie du saLaire. 'l'Mse pour te Doctorat
~s. SCiences Economique. Universit4 de Lyon II. 1976. p. 22.

230.
La recherche de la satisfaction maximale ne peut être atteinte
que si l'offreur a la possibilté de chOix entre des postes dont il connatt
les caractéristiques. Acet égard, il sera en concurrence avec d'autres
travailleurs pour la même "sphère des choix possibles". La disparité des
salaires dans ce cas ne concerne que des offreurs d'un même groupe clest-
A-dire en concurrence. Enrrevanche quand les travailleurs n'ont pas la
même "sphère des choix possibles" c'est-A-dire quand ils ne luttent pas
pour les mêmes faisceaux d'emploi, le principe des disparités compensatri-
ces n'est pas applicable.
Par ailleurs, le principe des inégalités compensatrices met en
évidence la relation de compensation entre le salaire et les autres carac-
téristiques d'emploi. En effet si les disparités de salaires compensent les
inégalités de satisfactions procurées des emplois, il convient de spéci-
fier les caractéristiques qui sont compensées et de quelle manière elles
le sont.
Les caractéristiques des emplois A considérer sont fixées par
le travailleur qui est le seul individu capable d'apprécier l'utilité
qu'elles lui procurent. Autrement dit le choix d'une profession dépend des
avantages nets des emplois alternatifs, ou, si l'on préfère, des apprécia-
tions portées par l'individu sur les différentes perspectives des diffé-
rentes carrières auxquelles il peut prétendre, dans les limites de son
information
("99) •
Les caractéristiques des emplois souvent prises en compte sont
- les conditions de travail: les activités dangereuses ou dé-
gradantes exigent en principe dl importantes contreparties monétaires. Ce-
ci n'est pas exact en COte-di Ivoire dans la mesure 00 ces emplOis sont mal
rémunérés. Ces emplois refusés par les ivoiriens sont occupés par les tra-
vailleurs étrangers notamment les Bourkhinabés ;
- le prestige social: souvent les emplois de l'administration
exercent un attrait particulier sur les demandeurs d'emploi. Des explica-
tions hi~toriques peuvent être données Acet engouement pour les emplois de
l'administration;
(g~) Jacques LECAILLON. Les sataires éditions CUJAS. Paris. 1973. p. 183.

231.
- l'incertitude ou l'irrégularité de l'emploi: les travailleurs
s'orientent de plus en plus vers des emplois sécurisants. ce qui renforce
l'attraction des emplois de l'administration;
- le temps de formation requis pour occuper un emploi.
Il est impossible d'énumérer toutes les caractéristiques des
emploIs, celles que nous venons d'évoquer figurent sur la liste de la plu-
part de ceux qui s'intèressent à la question.
Les disparités de salaire se justifient ainsi par les différences
des conditionsd'emploi si on admet qu'on se situe sur un marché concurrentiel
où les avantages nets respectifs de tous les emplois s'égalisent. Les dis-
parités de salaires sont en réalité des "différences compensatrices". Elles
constituent un facteur d'équité.
B - Le principe d'égalité de travail à sa productivité marginale
Nous ne nous étendrons pas sur ce principe puisqu'il est large-
ment connu, si ce n'est le rappeler.
Les facteurs capital et travail, ,seuls participant à la produc-
tion, sont rêmunérés en 7onction ·de leur productivite margin31e.
L'entreprise. pour miximiser son profit. doit combiner ces deux
facteurs de telle sorte que le coat de chaque facteur soit égal à sa pro-
ducti vi té.
L'équilibre coat marginal - productivité marginale d'un facteur
constitue l'élément essentiel de la décision de l'entrepreneur.
Le coat du facteur travail s'identifie au salaire. Ladisparité
de salaire observée entre les différentes catégories d'emplois reflète
llécart de productivité marginale.
Au terme de cette brève présentation de ces deux principes.
nous retenons que les disparités des salaires entre individus ou emplois

232.
résultent soit des différences de conditions d'emploi soit par l'inégale
contribution des divers emplois a la production. Dans le premier cas où
il y a compensation des caractéristiques d'emploi par "le salaire, llof-
freur de travail maximise sa satisfaction. Dans le deuxième cas, où il
y a une égalité entre le coat du travail et sa productivité marginale,
llentreprise maximise son profit.
=-:-=-=-=-=-=-=-:

233.
ANNEXE N° IV
LI IMPACT DU SALAIRE MINIMUM SUR L'EMPLOI
Nous allons vérifier l'hypothèse selon laquelle le salaire
minimum exerce une influence sur l'emploi.
Au cours de cette vérification, nous tiendrons compte du
fait que certaines variables tels que la production, l'indice des
prix ~ la consommation déterminent l'évolution du salaire minimum. Ain-
si A l'aide des variables
Salaire minimum (SMIG), Production (Y), Em-
ploi (L) et Indice des prix ~ la consommation africaine (IPC), nous spé-
cifions le modèle suivant
SM1G = '\\' + ~ Y +~ L + y 1PC
fraitée ~ l'ordinateur, la régression ainsi définie devient
SMIG = 18,3 + 0,00383 Y - 0,000018 L + 0,174
IPC
[5]
(12,17)
(0,01608)
(0,00005)
(0,09545)
2
avec R = 0,98
La régression a porté sur une série chronologique de 1960 ~
1980. Après la spécification du modèle, il convient de l'apprécier sur
les plans économétrique et économique.
_ Sur les plans économétrique
Tout d'abord le coefficient de corrélation multiple (R) :
R est égal ~ 0,98, donc proche de 1. La corrélation est sa-
tisfaisante puisque l'étude s'étale sur une période relativement lon-
gue, une vingtaine d'années (de 1960 ~ 1980). Il n'y a pas de dout~ les
variables du modèle sont correlées.
Pour étudier la précision des estimations, nous allons uti-
liser le test de STUDENT.

234.
Le listing a fourni pour les variables
- Y, t y = 2,38
- L, t
= -
l
0,37
- IPC, t
=
ipc
1,83
Le nombre d'observation (T) est égal à 20 (T = 20), les "t"
suivent les lois de STUDENT à T - n = 20 - 4 = 16 degrés de liberté.
Si nous acceptons
1 risque~ = 0,10 • t~/2 = 1,746
Les paramètres Yet IPC sont significativement différents de
0, puisque t y et t IPC sont supérieurs ~ t~/2 . En revanche t L n1est pas
significatif.
t y est précis car il est éloigné de la valeur limite t~/2
t
est médiocre puisqu'il est proche de
iPC
t~/2. Quoiqu~il
en soit les deux paramètres exercent une influence sur le salaire mini-
mum.
Pour vérifier l'hypothèse d'indépendance des variables rési-
duelles du modèle. il convient d'appliquer le test de DURBIN-WASTON (DW).
DW fournit par le listing est égal a 1,85.
Pour ~= 0,85, m = 3 variables explicatives. T = 20 observa-
tions, nous pouvons lire dans la table DURBIN-WATSON que:
dinf = 1,00
dsup = 1,68
DW ou
d est compris entre dsup et (4 -dsup )
dsup (d ( (4 - dsup)
Nous sorrunes dans la région d' acceptation de l' hypothèse nulle.
L'hypothèse d'indépendance est respectée.

235.
Sur le plan économétrique, notre modèle est satisfaisant.
Le coefficient de corrélation multiple est expressif (R = 0,98), deux
des trois coefficients des paramètres estimés sont significativement
différents de 0 et enfin le test de DURBIN-WASTON confirme l'hypothèse
d'indépendance des variables résiduelles.
- Sur le plan économique, le coefficient qui affecte le para-
mètre L négatif est très significatif. Cela signifie que les salaires mi-
nima et les effet ifs employés varient en sens inverse. Une augmentation
du SMIG engendre une variation négative de l'effectif employé. Cette con-
clusion doit être nuancée car le test de STUDENT n'a pas été concluant pour
le coefficient du paramètre L'.
Par ailleurs, l'accroissement du SMIG dépend de la variation
de la production et de l'indice des prix a la consommation de type afri-
cain. Ces paramètres déterminent donc l'évolution du taux horaire du sa-
laire minimum.
Ainsi donc la relation entre le SMIG et les variables Produc-
tion-Emploi et Indice des prix se trouve justifiée. Le modèle est satis-
faisant tant sur le plan économétrique tant sur le plan économétrique
que sur le plan économique. Au niveau théorique le développement sur
l'emploi semble être vérifié uniquement.

236.
ANNEXE N°V-l: APPROCHE THEORIQUE DU CHOIX TECHNOLOGIQUE
Le choix des techniques de production influe sur la stratégie
de l'emploi et sur la répartition des revenus au sein d'une économie don-
née. Il détermine l'évolution de l'emploi par rapport ~ la production et
établit les conditions de la répartition de la valeur ajoutée entre les
facteurs de production.
Les facteurs de production étant le travail et le capital.
l'activité industrielle devrait tenir compte de la dotation en facteur
du pays pour produire les biens. Ce raisonnement se réfère ~ la théorie
néo-classique dite "HOS" (HECKSCHER, OHLIN, SAMUELSON) qui suppose
l'immobilité des facteurs travail et capital ~ l'échelle internationale
et l'immuabilité des facteurs sur le plan interne. Cette théorie postu-
le également que le prix de ces facteurs sont fonction de leur rareté.
Si ces hypothèses de la théorie "HOS" sont véïifiées. les PVD
dont Ip. facteur ~st abondant se spécialiseïaient dans la production des
biens et services intensÏ'le ~n tra'Jdi 1 puisque lI'! factF.'ur ci'lpitéll est
rare.
Cependant, la réalité des faits indique que non seulement
ces pays n'utilisent pas souvent des techniques intensives en travail
mais produisent plutôt des produits intensifs en capital. Ce constat
soulève deux problèm~s : le premier concerne l' i rréa li sme des postulats
de la théorie "HOS" ; le second a trait A l'influence exercée par la
demande des produits sur la structure de la production.
Le modèle "HOS" connait des difficultés puisqu'il est possi-
ble de modifier les quantités relatives des facteurs soit en importantou
e~ exportant soit en augmentant ou en diminuant leur production sur pla-
ce. Par ailleurs, le prix du facteur capitt"l est relativement moins cher
en raison des distorsions qui existent sur le marché des facteurs.

237.
Le second problème Que pose l'utilisation des techniques
intensives en capital est celui de l'impact exercé par la structure de
la demande sur ces ter.hniQues. L'activité industrielle ne s'oriente pas
vers la production des biens dont les facteurs seraient disponibles abon-
dament dans les pays, mais plutôt vers la production des produits déri-
vés sur le marché des biens et services. Si donc le choix des techniques
dans les activités industrielles des P.V.O. n'obéft pas à la logique
de la théorie "H05" , il convient par conséquent de s'interroger sur les
facteurs qui orientent ce choix.
§ 1. Les critères du choix technologique
I.e choix technologique devrait en principe se baser sur deux
critères
- le chômage structurel latent dans les P.V.O.
- l'insuffisance des capitaux de ces pays pour réaliser les
investissements nécessités par les exigences du développement.
En fait, le choix se fonde soit sur la maximisation de la
consommation courante de l'emploi, soit sur la maximisation du taux de
croissance de la consommation ou de l'emploi. Ces deux objectifs apparem-
ment contradictoires guident l'orientation du choix technologique, décri-
vent le conflit macro-économique, celui de la maximisation du revenu ou
du surplus et pqsent.le problème du choix de la technologie intermédiaire.
A - La maximisation du produit courant ou du surplus
Les techniques de production qui maximisent le revenu sont
intensives en travail et utilisent très peu de capital (labor intensive-
capital saving). En revanche, les techniques de production Qui visent à
maximiser le surplus (capital, using , labor saving) utilisent plus de
capital et moins de travail.
Les caractéristiques ainsi définies de chaque technique de
production, nous permettent de mieux saisir l'importance de la spécifi-
cité de chacun des deux objectifs.

238.
1) La maximisation du revenu
Les P.V.D. sont caractérisés pour la plupart par la pénurie
des capitaux. Par conséquent, certains auteurs tel que LEWIS (W.A)
(1967) conseillent A ces pays' d'utiliser avec parcimonie le peu de ca-
pital dont ils disposent. Ce raisonnement a donné naissance au critère
de maximisation du taux de rotation du capital, dit critère de POLAK-
BUCHANAN. Le fondement de ce critère est que pour maximiser le revenu,
les projets des investissements retenus devront avoir un coefficient
de capital faible. Lorsqu'on applique ce critère, on obtient un maxi-
mum de produit courant pour un stock de capital donné.
Le maximum de produit courant résulte d'une rotation rapide
du capital. C'est donc en définitive l'élévation du taux de rotation
du capital qui permet d'obtenir un maximum de produit courant.
On reproche toutefois A ce critère de négliger le rÔle du
temps. Or le temps joue un rÔle décisif puisque les projets qui attei-
gnent rapidement la, maturi té et dont le coefficient de capital à court
terme est faible, peuvent avoir un coefficient de capital élevé à long
terme. Par ailleurs, au critère du "capital turner ", on reproche de ne
pas prendre en compt~ des économies externes que pourraient faire béné-
ficier le projet d'investissement aux autres activités. Enfin, l'importan-
te faiblesse du critère de la maximisation du taux de rotation est qu'il
consjdère le coOt du travail comme nul. De ce point de vue, une minimi-
sation des techniques intensives en capital permet de résorber le sous-
emploi même si la' productivité marginale est nulle.
Nonobstant ces insuffisances, le critère de la maximisation
du taux de rotation est repris par A. KAHN (1951) et précisé par H.B.
CHENERY (1953) dans le critère de la "productivité marginale sociale".
Ce critère permet de comparer les divers projets d'investissement de
secteurs A secteurs P.t d'industries cl industries, afin d!' choisir ce,,)'. qui
maximisent la production sociale nette par unité de capital employée.
Ce critère prend en
compte les économies externes, les coOts d'opportu-
nités et les effets de l'investissement sur la balance.

2~.
Le produit marginal social (PMS) s'écrit
v
PHS
C
Br
= -
+ - -
K
K
K
V/K représente la valeur sociale ajoutée par unité d'investis-
sement K
V=X
+E-H

X = accroissement de la valeur du marché du produit. compte
tenu des subventions et des mesures de protection ;
E = valeur ajoutée due ~ des économies externes
M= coOt des matières importées ;
*- représente l'effet d'expension ; quant ~ l'effet coat
(C/K), il représente le coOt total par unité d'investissement. Il se
décompose comme suit :
C
L+Md+O
- = .=.....~~..:........:~
K
K

L = coOt du travail
Md = coOt des matières premières nationales
o = autres coOts
Le troisième terme de l'équation PMS est ~ .. Ce rapport
constitue la prime. de la balance des paiements par unité d'investissement
où r est un paramètre dont la valeur peut être choisie de manière à
mettre en équilibre des recettes et des paiements externes sur une pério-
de donnée. Ce rapport représente l'effet de balance (100).
Le critère de la "productivité marginale sociale" est donc
constitué par ces trois effets. Il est aussi critiquable car il ne tient
pas compte des modifications qui peuvent intervenir dans la nature et la
(160) (A.) SID AHNED. croissance et d4veloppement. TMories et politiques
Tome 1. 8~me 4dition. Alger. p. 640-641.

240.
qualité des facteurs de production.
L'application des critères de maximi~at10n du taux de rotation
et de la production marginale sociale conduit donc ~ la maximisation
de l'emploi et du produit courant. Conçus pour le secteur traditionnel
des .pays sous-développés. leur application a été étendue au secteur moder-
ne de ces mêmes pays. L'extension du champ d'application de ces critères
i
fait que RODRIGUE~ (1978) émet un doute sur leur validité (10,.
L'objectif de la maximisation du produit courant est fortement
concurrencé par l'objectif de la maximisation du surplus.
2) La maximisation du surplus
Deux facteurs concourent à la maximisation du surplus:
- la maximisation du produit pour certains auteurs, n'est pas
concevable lorsqu'on raisonne en dynamique. puisqu'~ long terme elle con-
duit à une régression sous forme de consommation du capital ;
- en outre, la faiblesse de la formation du capital est un obs-
tacle au développement.
En conséquence. certains auteurs estiment que l'objectif de
maximisation du surplus est plus raisonnable. A cet égard. ils démontr'ent
trent que seules les techniques intensives en capital permettent de dé-
gager des surplus réinvestissables. car elles sont favorables ~ la crois-
sance de la production et de l'emploi. Leur raisonnement repose sur trois
hypothèses
- les techniques intensives en capital dégagp.nt une.épargne ptus
importante Que les techniques intensives en travail ;
- seule l'épargne supplémentaire permet d'investir plus et donc
de produire davantage;
- de la croissance de la production. résultera la croissance
de l'emploi.
aov (M.) RODRIGUEZ. Transferts de Technologie et Stratégies du dévelop-
pement. Th~se de Doctorat d'Etat. Montpellier I. Janvier 1978. p.19.

241.
Ces trois idées mattresses ont guidé le choix des défenseurs
de la thèse de la maximisation du surplus. Ils prônent l'emploi des
techniques capitalistiques en appliquant le critère du taux marginal
de réinvestissement. Ce critère dit critère de GALENSON-LEIBENSTEIN met
11accent sur la productivité du travail car c'est elle qui détermine
l'accroissement du revenu par tête. Il s'agit de maximiser le flux net
d'investissement de demain à partir de l'unité d'investissement d'au-
jourd'hui.
Pour que cela ~oit possible. on choisit les investissements
qui puissent fournir le quotient de réinvestissement le plus grand pos-
sible. Ce quotient. r. se définit par l'équation suivante:
r =
P
- ~w
C
où P = production nette par machines
e = nombres d'ouvriers par machines
w =taux de salaire réel
c = coOt par machines
Le taux ou quotient (r) représente le surplus réinvestissa-
ble. Pour maximiser le taux d'investissement ou encore le rapport inves-
tissement net/revenu. GALENSON etLEIBEI~STEW proposent de choisir sur le
plan intersectoriel. les branches d'activités économiques les plus capi-
talistiques et, sur le plan intra-sectoriel les investissements quiex1gent
des techniques de production absorbant beaucoup de capital. En agissant
ainsi, on parvient à maximiser le quotient marginal de réinvestissement
par tête.
A partir du raisonnement de ces auteurs, on peut déduire que
le taux de croissance de la production et donc de l'emploi dépendra de
la capacité de l'économie à dégager un surplus réinvestissable.
Les deux objectifs que nous venons de présenter sont donc
incompatibles. Cette incompatibilité est apparente si l'on fait interve-
nir dans le choix des techniques le coOt du travail.

242.
B - La compat1bilitédesdeux objectifs est-elle possible?
A la suite des travaux de GALENSON et LEIBENSTEm, certains
économistes ont démontré que la croissance du degré d'intensité capita-
listique engendrait un accroissement du taux de surplus par travailleur
et une augmentation du surpllus total. Parmi eux, on peut citer DOBB
qui incite les autorités planificatrices à l'utilisation des techniques
capitalistiques. Cet auteur fait l'hypothèse que tous les salaires sont
égaux et ~quil/alentsau salaire de subsistance des classiques. Son raison-
nement suppose que
la consommation des chômeurs est nulle. Moyennant
ces hypothèses, il affirme que seules les techniques capitalistiques
conduisent à la création du surplus maximal.
Si la conclusion de DOBB s'inscrit dans la logique des argu-
ments développés jusqu'à présent quant A la maximisation du surplus
son hypothèse concernant la nullité de la consommation des chômeurs
est réfutable à partir de la définition du surplus économique tel que
le définit BETTELHEIN
fiO~. Dans l'optique de cet auteur, le surplus
sert à financer aussi bien les investissements que les activités et
les consommations situées en dehors de la sphère de production. Il exis-
te au sein d'une population une consommation minimale indépendante du
volume d'emploi et donc du choix technologique. Cette consommation est
dite incompréhensible.
Si on désigne le surplus par S, le produit par Yet la con-
'sommation incompréhensible par Ci:
S = y - Ci
Cette équation montre que le surplus serait maximisé que
si le produit l'est également, Ci étant constant. Le niveau du surplus
est donc fonction du niveau de produit.
Si on admet la constance de Ci' les deux objectifs deviennent
compatibles. L'incompatibilité entre l'objectif de maximisation du sur-
plus et l'objectif de maximisation du produit disparaît dès lors que
le salaire réel devient un salaire réel de minimum individuel. Ce sa-
laire permet non seulement d'accrottre la consommation mais également de
dégager un surplus réinvestissable~ Par ailleurs, il advient que le
(l0P) (Ch.) BETrELHEIN. PL anification et cl'oissance acc4L 41'4eR. Col.
NASPERO. Paris 1967. p. 67-70.

243.
salaire réel individuel se transforme en salaire réel de minimum so-
cial. Cette métamorphose se réa li se quand les travai lleurs urbains des
P.V.D. assistent les membres de leurs familles ou de leurs tribus en
chômage. Une partie du salaire de ces actifs joue le rÔle de prestation
sociale pour les chOmeurs dont l'effectif ne cesse de s'accroître a
cause du phénomène migratoire campagne-ville.
Les deux objectifs seront compatibles chaque fois que le sa-
laire réel égalisera le minimum social. En revanche, dès lors que le
salaire réel s'élèvera au-dessus du minimum social. il se produira une
divergence entre le niveau d'emploi qui assure le produit maximum et
celui qui maximise le surplus.
Le choix des techniques liées aux objectifs pose en fait le
problème de l'évaluation du coat du travail. Dans l'optique de la maxi-
misation du produit courant, le coat du travail est nul. En dynamique
au contraire, le salaire réduit le surplus réinvestissable.
La notion du coat de travail détermine en dernière analyse
le choix technologique.
Les objectifs de maximisation du produit courant et du sur-
plus opposent les techniques de production qui ont une dimension tempo-
relle. Les méthodes intensives en travail font prévaloir la situation
présente du pays tandis que les techniques intensives en capital pa-
rient sur le futur.
Entre ces deux techniques extrêmes, il existe une foûlp. de
techniques de production intermédiaires situées entre le présent et le
futur.
§ 2. La technologie intermédiaire cOlTllle solution, au
di lemme
Le choix de technique dans une économie â main-d'oeuvre ex-
cédentaire se résume a deux cas:

244.
- dans le premier cas, on utilise une technique de production
intensive en travail qui permet de résorber le sous-emploi A court ter-
me ; dans le long terme une telle option compromet le surplus réinvestis-
sable ;
- dans le second cas, on se garde d'embaucher que les travail-
leurs utiles Qu'on associé aux techniques capitalistiques qui permettent
de dégager un surplus investissable.
Entre ces deux options extrêmes, il existe une troisième op-
tion qualifiée de technologie intermédiaire.
La technologie intermédiaire désigne les choix technologiques
situés entre les technologies traditionnelles (intensives en travail) et
les technologies modernes (intensives en capital).
Les tenants de la thèse de technologie intermédiaire démontrent
que seul ce choix technologique permettra aux P.V.D. de résorber leur
sous-emploi et de se développe~ Comp~e tenu de la faiblesse de leurs ca-
pitaux, de l'offre excédentaire de travail et aussi de l'exigence de la
croissance, ces pays ont intérêt A abandonner les deux techniques extrê-
mes.
Le concept de technologie intermédiaire n'a pas que des sym-
pathisants, les opposants de la thèse de technologie intermédiaire lui
reprochent son imprécision et de se situer que par rapport aux autres
technologies. On lui fait grief également de son inefficacité. En effet,
les adversaires de la technologie intermédiaire démontrent qu'une telle
option technologique ne fait que perpétuer le sous-développement. Selon
eux, il ne saurait exister une technologie spécifique aux P.V.D. Ils
recusent donc ce compromis technologique SEII, en dépit de ces attaques
viriles au ëbncept de technologie intermédiaire, semble inflé-
chir la position des opposants de cette option technologique lorsqu'il
introduit la notion de "période de compensation". Ce concept s'explique
mieux A partir de la représentation de la figure suivante (n° V-2) :

L
Figure nO V-2
c
B
A
o
T
P t
Les courbes AA' et BB' représentent des séries temporelles
de population active employée lorsQu'on utilise les techniques intensi-
ves en capital (AA') et les techniques intensives en travail (BB').
La population active employée au départ est représentée par
la région OA pour la technique capitalistique et la région OB pour la
technique utilisant plus de travail. On remarque Que la courbe AA~ crott
plus vite Que la courbe BB' et Que les courbes se coupent A la date 1.
A cette date les deux techniques ont employé le même volume de popula-
tion active. Mais compte tenu du fait Que la technique BB' est intensi-
ve en travail au départ, ce n'est Qu'A la période de compensation OT
Que les deux techniques auront employé la même quantité de main-d'oeuvre.
A la date T, l'aire d'excédent d'emploi de la technique intensive en
capital (ECC') est égale A l'aire de déficit de cette même technique
(EAB). Ainsi du point de vue de l'absorption du travail, les deux tech-
niques sont équivalentes A la date T (103~.
(103)RODRIGUEZ. op. cit. p. 89.


246.
Le choix technologique devrait impliquer la fixation d'un
horizon de planification, compatible avec la période de compensation.
Si l'objectif du planificateur est de maximiser l'emploi sur
la période OP)OT, il devrait opter pour la technique représentée par
la courbe AA' : s'il privilégie cet objectif sur une période inférieure
,
~ la période de compensation (OP(OT), il devrait choisir la technique
BB' .
Il existe donc entre les deux options technologiques, une in-
finité de trajectoires intermédiaires parmi lesquelles le planificateur
devrait choisir, êR raison d~ la d~sponibi!ité des F~,tp."rs de produc-
tion (capital et travail). La période de compensation de SEN correspond
bien au champ d'application de la technologie intermédiaire.
En définitive, ~ chaque horizon correspond une intensité capi-
talistique spécifique. Les critères de KAHN-CHENERY et GALENSON-LEIBENS-
TEIN sont des cas limites d'intensité capitalistique : le premier critère
minore l'intensit~ cap1talistiqlJ~, le second la majore. Entr~ "es
deux cas extrêmes, on a la technique de SEN dont l'intensité capitalisti-
que dépend du choix temporel. Quant aux techniques de POLAK-BUCHAMAN,
elles sont moins intensives en capital que les techniques KAHN-CHENERY
(voir la figure n° V-3).
Le planificateur a le choix entre ces 3 sortes d'horizon,
qui correspondent aux techniques de production que nous venons de présen-
ter. Lorsqu'il décide de rapprocher l'horizon de la planification, il
utilise les techniques de GALENSON-LEIBENSTEIN, s'il éloigne l'horizon
de la planification, il employera les techniques KAHN~CHENERY. Les tech-
niques de SEN constituent les choix temporels intermédiaires entre un
horizon repoussé ~ l'infini et la période courante.
L'analyse de l'approche théorique .du choix technologique a
révélé qu'il existe 3 degrés de l'intensité capitalistiq~e associés ~
chaque type de critère ;
- le critère GALENSON-LEIBENSTEIN qui présente une forte
intensité capitalistique maximise le surplus réinvestissable ;

247.
Figure n° V-3
k
- - - - - - - - - - - - - - - - -
LIMITE
DE
GALEN50N
,
LEIBEN5TEIN
LIMITE
DE
KAHN- CHENERY
o
L
y
Ym
-- - - ----- - -------- - - - - - -- - - -- _. :-.:.;--:;-,;:.;--;..;-.--....------;y
"'+
SEN
-+ "'.
POLAK-
L
GALEN50N-
KAHN-
BUCHANAN
LEIBENSTEIN
CHENERY

2~.
- quant au critère de SEN, il se situe entre ces deux cas
extrêmes et correspond à une technologie intermédiaire.

6,nnexe
n· V-2
UNE PRésENTATION SCHËMATIQUE DE QUELQUES INDICES DE 'PRODUCTIVITË
Volume de l'output
A 11 base ~n toute mesure de productivité se trouce une i dentité du type
: TI :: Volume du ou aes facteurs
expression générale qui, moyennant des hypothéses supplêmentaires. dêfinit tout un ensemble de formules spéci-
fiques de productivité.
CONCEPT DE
CHOIX
CONCERNANT
FORMULE(S) CORRESPOHOAHTE(S)
PRODUCTI VHE
L'OUPUT
"LES FACTEURS" RETENUS
CHOIX CONCERNANT LA fORME DE L'INDICE
productivité
volUlue ~e la production
volume du travail
.
ni
. i
2
VA
~ntc
ou
ou n
T
Trayaux de C. CLARK. J. FDURASTIE
(effectifs Ou heures
T
T
du travail
volunlt de la valeur ajoutèe
ouvrées)
Productivité
volume de la production
par ellemple : Fresque du Systêllle
apparente
ou
volUl1!e du capital
ni
. i ou .2 . VA
Productif - INSEE (1974)
K
K
T
du capi ta1
volume de la valeur ajoutée
Pradu,; t i vi té
voll/11ll! des consom.atlons
intermédiaires
.
apparente dt:s conSOlmla-
Q
volume de 11 production
nCI
tT
Fresque du Systéme Product11 f - INSEE
t io"s intermediai res
(1974)
Productivitê
vol\\llll! du trayail
tota 1e
et du
1
volume de la valeur ajoutée
VA
2
.
VA
capital
nTOT · i:1I"+Dl
nTOT
ICL/(c.rf ... d.rf)1iP
d"s facteurs
- - - - - -
i ndi ce aritlanétique (IŒIIDRICK) indice gêOlll!tr1que (SDLDII 1957)
- -P"oJucLIvi té
Travail, capital. con som-
L.A. VINCE'lT (1968)
!Jl0l.o1~
Volume de la production
mations !ntennêdlaires
nGLO
.d~Cft factc~
·
Q
C.LR.C. (1969) (sous forme de
(et aut,'es facteurs
a'.N + b'.K + c' :CI
dtfférence et non de quottent)
éventuels)
PrOduction
volume de 11 production
Travail et autres moyens
int~J,.ale
ni
ou
de production exprimés
INT
(ou totale)
·
C
n
. VA
N + NI( + NCI
INT
lI"T""IÇ
volume de la valeu,' ajoutée
en unltés de ~ravail
Les temps de travail
peuyent correspondre :
1
l.aJ
tra'lfa il
NI( • "cl
---_. - _.- ---
- Soit ""X ceQt~ MstOl'tllU"
1
flt te111p5 de. traYlit
1
i
- Salt aUll coOts instantanéS grace a une inversion d'ur. , .LS.
général1sé.
1
1
J. FAYOLLE et
1
Par exemple: C. GABET (1977)
L
1
R. BOVER
Déterminants et évolution probable de la productivité et de l'emploi:
un" essai de
synthèse de travaux
récents. C.P.R.M.A.P. n·.. ~22, Selltubre 1979. p. 16.

250.
ANNEXE rloY-3: LA LIAISON EMPLOI-INTENSITE CAP ITALI STI QUE , PRODUCTIVITE
DU TRAVAIL
Certaines études empiriques montrent que la productivité
et l'emploi évoluent en sens inverse, c'est-a-dire que quand la premiè-
re variable s'accrott, la seconde décroft. Dans le cadre de notre étude
nous allons vérifier cette hypothèse puisque nous avons constaté que
les branches a intensité capitalistique élevée ont une productivité éle-
vée et emploient très peu de main-d'oeuvre. A l'inverse les branches in-
tensives en travail ont une faible productivité de travail.
A partir de ces observations, nous spécifions le modèle sui-
vant
Log (L) = 0( + PlQg (KIL)
+ y Log (VA/L)
Le traitement a l'ordinateur nous a permis d'obtenir l'équa-
tion suivante:
Log (L)
=
13,0
+ 0,775 Log (KIL)
- 0,807 Log (VA/L) 5]
(0,4319)
(O,2974)
(0,3894)
2
R = 0,46
00 L
correspond aux effectifs employés dans l'économie
ivoirienne;
KIL
intensité capitalistique
VA/L
productivité apparente du travail
Le régression concerne une série chronologique allant de
1965 a 1980. lIous allons t~ster la vaUdit~ économétrique de notre
modèle.
- tout d'abord le coefficient de corrélation multiple (R),
R = 0,68, paraft satisfaisant dans la mesure 00 le nombre d'observa-
tions (T) est égal a 15 (T = 15). Il démontre que les variables sont
correlées a la variable endogène. En effet, une variation de 1 %des
effectifs employés nécessite une augmentation moins que proportion-

251.
nelle de l'intcnsit6 capitalistiQue (O,ï5 %) et engendre une d"'crois-
sancé de la productivité du travail (-0,80 %).
Le coefficient de détermination multiple (R2) indique Que
la variation de l'effectif employé ne s'explique Que pour 46 %par
l'intensité capitalistique et par la productivité du travail.
- ensuite, le test de STUOENT
Le listing indique
t k/ l =2,54
tvall = 2,07
Le nombre~'observatlons étant égal à '5, le degré de liberté,
v, est égal à 12 : T = 15, v = 12.
Au risque li( = 0,10, pour v = 12, t /
ct 2 = 1,782 ;
t k/ l et t va/ l étant respectivement supérieur et inférieur
à t~/2 et à - t~/2' les coefficients des paramètres (K/L) et (VA/L) sont
significativement différents de O. Les coefficients dp.s paramètres (K/L)
et (VA/L) ont une bonne précision puisqu'ils sont éloignés de la va-
leur limite t~/2 = 1,782 et - t~/2 = - 1,782.
- enfin, le test d'indépendance de variables aléatoires .
.Le test OURBIN-WATSON se fera à partir de la valeur de OW
fournit par le listing: OW = 1,19.
Soit T1 le nombre d'observations et n le nombre de variables
explicatives:
T = 15 et n = 2
au seu i 1 a( = 0,05
.Idinf : 0,95
ldsup - 1,54

252.
d étant égal à 1,19, il se situe entre dinf et dsup
Même au seuil 0(= 0,025, on a toujours d
<
inf
d <dsup .
Dans ces conditions, on ne peut ni accepter, ni rejeter l'hy-
pothèse d'autocorrélation. Il y a donc doute. Ce résultat n'est pas sur-
prenant dans la mesure où la régression de l'équation [4] a indique que
les variables (KIL) et (VA/L) sont fortement correlées entre elles.
Le test de l'hypothèse d'indépendance des variables résiduelles
n'est pas concluant. Le doute dont il bénéficie nous permet néanmoins de
le conserver. Au niveau économique, ce modèle est satisfaisant bien qu'il
y ait de doute sur l'autocorrélation.
- Sur le plan économique. le signe négatif du paramètre estimé
de VA/L signifie qu'un accroissement des effectifs employés agit défavo-
rablement sur la productivité du travail ; il la réduit. Ainsi la thèse
selon laquelle la productivité du travail et le volume de l'emploivarient
en sens inverse se trouve justifiée,.
La variation positive de l'un provoque la décroissance de l'au-
tre. S'agissant de l'augmentation simultanée de L et de KIL, il n'y
a
ri en de surprenant dans 1a me sure où l' accro i ssement des effect ifs
employés peut-être induit par une augmentation ,du volume de l'investis-
sement.
Le modèle retenu est donc satisfaisant sur le plan économique
et sur le plan économétrique. Il a servi à vérifier empi:"iqll~ment de
l'Influence exercée- pu la productivité apparent.p du travail sur le
volume de l'emploi.

B1 BLlO GRAPHI E

214.
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problèmes de la politique des salaires dans
le développement économique, pp. 320 a 348.

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271.
LISTE DES TABLEAUX
=-=-=-=-~-=-=-=-=-=
PAGE
TABLEAU N° 1-1. Répartition des salariés selon le niveau de qualifica-
tion .•••.•••.••••...••..••••••••••••••••.••.•.••••.
42
1-2. Répartition des salariés par catégories socio-profes-
sionnelles et par secteur d'activité ••..••••••.•...
43
1-3. Ivoirisation (1965-1978): Evolution de l'Ivoirisation
de l'emploi et les facteurs déterminants (effet de
croissance et effet de structure) •••....••..••.•.••
44
1-4. Classement des branches selon leur degré d'Ivoirisation
45
11-1. Evolution de l'offre d'emploi par secteurs d'activités
économiques. ••. . •. •. •••••• •••• •. . •. . •. . . . . . . . . •. . . .
67
11-2. Evolution de la part salariale dans les 3 grands secteurs
d'activité et les facteurs expÜcatifs
68
111-1. Evolution des salaires mensuels moyens selon le niveau
d'instruction des salariés •••••••••....•...•..•...•
110
111-2. Les salaires mensuels moyens selon le niveau d'instruc-
tion et par le secteur d'activité en 1979..........
111
111-3. Evolution des salaires mensuels moyens selon le niveau
d'instruction et par nationalité en 1979...........
112
111-4. Salaire mensuel moyen par niveau d'instruction et ca-
tégorie professionnelle - Toutes nationalités (en mil-
liers de F.CFA) ••••••••••••••••••••••••••••••••••••
113
111-5. Salaire mensuel moyen par niveau. d'instruction et
type de formation (en milliers de F.CFA) •••••••••.•
114
111-6. Niveau réel des salaires par rapport aux minima fixés
au 1er Janvier 1970 ••.••••••••••••••••••••.••••••••
115
111-7. Evolution des salaires mensuels moyens selon l'ancien-
neté des salariés •••••••••••••••.•.•..•.•••.•......
116
111-8. Salaire mensuel moyen selon la catégorie professionnel-
le et l'ancienneté dans l'établissement (en milliers
de francs CFA) •••••••••.•••••••.•.••.••••.••.•.••..
117
111-9. Evolution des salaires mensuels moyens selon l'age des
salaires...........................................
118
111-10. salaire mensuel moyen selon le niveau d'instruction et
liage (en milliers de francs CFA) ••••••••••••••••••
119
111-11. Evolution des salaires mensuels moyens par niveau de
qualification ••••.••••••••••••.••.•.•.•••••••••••••
120

272.
TABLEAU ND III-12. Salaire mensuel moyen par catégorie professionnelle
121
et secteur d'activité (en milliers de francs CFA)
111-13. Salaire mensuel moyen selon la catégorie profession-
nelle et le statut (en milliers de fraocs CFA) •...
122
111-14 ~a). Répartitfon de l'ensemble des salariés et des
salaires par catégorie so~io-professionnelle. ...••
123
111-14 (b). Répartition des salariés ivoiriens et des sa-
laires par catégorie socio-professionnelle ..••••.•
124
111-15 (a). Indicateur de disparité des salaires entre les
catégories socio-professionnelles de l'ensemble
des salariés •••••....•.....•..•.••••..••••••••••••
125
111-15 (b). Indicateur de disparité des salaires entre les
catégories socio-professionnelles des salariés ivoi-
riens. .••••••••. •••••• . .•...•• ••••....•. •••....•..
125
111-16. Evolution de la répartition de la masse salariale
entre les groupes nationaux (%)
126
111-17. Evolution des salaires mensuels moyens par natio-
nalité (en milliers de F.CFA).....................
126
111-18 (a). Répartition des salariés ivoiriens par tran-
ches de salaires en 1965..........................
127
111-18 (b). Répartition des salariés ivoiriens par tran-
ches de salaires en 1979..........................
128
IV-1. Indicateurs des branches industrielles intensives
en travail en 1981.................................
159
IV-2. Evolution du taux de croissance du salaire minimum
(SMIG) et de l'Indice des prix a la consommation
(IPC) (en %) •......•....••••••.•••••••...••.••.•••
160
IV-3. Evolution du taux de salaire réel (TSR) ••••••••...•
161
V-1. Investissements industriels cumulés par neuf pays
africains de 1960 a 1972 en millions de francs.
CFA. ••• •••• •• .. •.• ••• •• •• •••• •••• •• ••.• ••• ••• •••• ••
206
V-2. Facteurs influençant la décision des entreprises
privées étrangères a s'implanter en COte-d'Ivoire
207
V-3. Taux de pression fiscale en 1971 selon le régime
fiscal des entreprises •.•••••••••••••••••••••••••.•
208
V-4. Consommations intermédiaires et intra-consommations
des filières amont de chaque branche. Millions de
francs.CFA - 1977 - Exportations des branches de
209
base
V-S. Emploi par filière de transformation en 1977.......
210
V-6. Caractéristique générale des filières de transfor-
mation en COte-di Ivoire - 1977.....................
211
V-7. Répartition de la masse salariale selon les filières
de transformation ..••••••••••••••••••••••••••••.•••
212

273.
TABLEAU N° V-B. Evolution globale des taux de croissance annuels
moyens de l'intensité capitalistique. de la pro-
duction apparente du travail et du capital (%)
213
V-go Evolution sectorielle des taux de croissance
annuels moyens de llintensité capitalistlque de
la productivité apparente du travail et du capi-
ta 1 ••.••.••••.••..••.•••••••.••.......•••.••..••.
214
V-l0. Détermination du niveau technologique dans les
branches de l'industrie Ivoirienne ..••..••••..•••
215
V-ll. Estimation des coefficients de la fonction de
production transcendante .•••...•...•...•.....•..•
216
V-12. Elasticités de substitution des fonctions de pro-
duction transcendantes et variations des rapports
capital-travail.·.·······························
217
TABLEAU ANNEXE.
N° I-a. Répartition des salariés par nationalite et par
branches ••••••.••.••.••••••.••••..••..••..•.•••.•
227
I-b. Variation des effectifs des salariés Ivoiriens
et les facteurs explicatifs ••.••..•••.••••••..••.
22B
*
*
*

274.
LISTE DES FIGURES
=-=-=-:-=-=-=-=-=
PAGE
FIGURE N° 111-1. Répartition des salaires entre les Ivoiriens
104
111-2 (a et b). La distribution empirique des salai-
res entre les Ivoiriens en 1965 et en 1979.
lOB
IV-1. Graphique de corrélation entre le SMIG et
l'IPC......................................
150
IV-2. Evolution des taux de salaire nominal (TSN)
et réel (TSR) et de l'Indice des Prix a la
,Consommation (IPC) .••.•..•.••......••.•....
153
V-l. Relation entre l'élasticité de substitution
et l'intensité capitalistique dans le cas
d'une fonction de production transcendante.
201
V-2. La représentation de la notion de "période
de compensati on" .••••••..••.••.....••••.•.
245
V-3. Les différentes options technologiques ..••
247

2iS.
LISTE DES ANNEXES
:-=-:-=-:-:-=-=-:
PAGE
ANNEXE N° I-a. Répartition des salariés par nationalité et par
branches ••••.•..•..••.•.••••• " ••.•..•.••.•..•
227
I-b. Variation des effectifs des salariés Ivoiriens
et les facteurs explicatifs ......•••..••.•.••.
228
III. Le fondement de la disparité des salaires •••.•
229
IV. L'impact du salaire minimum sur l'emploi •••••.
233
V-1. Approche théorique du choix technologique ••.••
'236
V-2. Une présentation schématique de Quelques indices
de productivité .•..••...••....•..•.••••.••••..
249
V-3. La liaison emploi-intensité capitalistiQue. pro-
ductivité du travail..........................
250

TABLE
DES
MAT 1 ERES

277 •.
TABLE DES MATIERES
PAGE
Heme::ociements
l
t!/, an Sommaire
I I
1NTRODUCTI ON ...••.....•..•......•......••.•................
A- La stratégie de développement et les salaires •••..
2
1) L'impact de La distribution des saLaires sur La
croissance •••••••••••••••••••••••••••••••••••••
2
2) L'incidence de La croissance économique sur Les
saLaires •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
6
3) Les saLaires et Les activités informeLLes ••••••
7
B - Objet et méthodologie
9
PREMIERE PARTIE: LES TRANSFORMATIONS DU MARCHE DU TRAVAIL..
12
CHAPITRE 1
L'ANALYSE DE LA STRUCTURE ET DE L'EVOLUTION DE
L' EMPLOI......................................
15
SECTION 1 : La politique de l'emploi de l'entreprise et la
structure de la main-d'oeuvre •..........••••
15
§ 1. Le marché interne de l'entreprise .•.••.....••....
16
§ 2. La catégorisation de la main-d'oeuvre •.•...•••...
18
A - Les différences inter-catégorielles de qualifica-
tion •••••..•...••••.••.•••.•••••.••••..••••••...
18
B - La rareté de l'offre de travail.................
19
SECTION II: L'évolution de la structure de la main-d'oeuvre
21
§ 1. L'analyse de la qualification de la main-d'oeuvre
21

278.
A - Le concept de qualification et son rÔle dans le pro-
cessus de croi ssance ..•.....•....................•
22
1) Qualification: essai de d~finition ••••••••••••
22
2) La substituabilit~ ou la compl~mental'it~ de tra-
vail qualifU au capital dans le processus de
cro~88ance
•••••••••••••••••••••••••••••••••••••
24
al L'approche théorique •••••••••••••••••••••••.
24
b) Vérification empirique ••••••••••••••••••••••
26
B - L'évolution de la qualification de la main-d'oeuvre
28
1) Au niveau global •••••••••••••••••••••••••••••••
29
2) Au niveau des grands secteurs de l'activité ~co~
nom't"Que ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
30
3) Au niveau des Bâtiments et Travaux Publics
31
§ 2. L'analysé de l'ivoirisation de la main-d1oeuvre
32
A - Les enjeux de l'ivoirisation des cadres ..•....•...
32
B - L'évolution de l'ivoirisation de l'emploi .•••......
35
1) L'ivoirisation de l'emploi: effet de croissance
et/ou effet de structure •••••••••••••••••••••••
36
2) L'ivoirisation de l'emploi par effet de structu-
re ...........................••................
37
CHAPITRE II : L'EVOLUTION DU TAUX DE SALARIAT ET SES IMPLI-
CATIONS SUR LES SALAIRES ..•.••.•.•.•.•.•..•.
46
SECTION 1 : L'offre d1emploi et la masse des salaires .•
46
§ 1. L'évolution de l'offre d'emploi ••.•....•••••••••
46
§ 2. La liaison offre d'emploi-salaire .•••••••.••••••
48
§ 3. La relation effectifs empoyés - masse salariale.
50
SECTION II: Le taux de salariai élément déterminant de
l'évolution de la part des salaires dans le
revenu national .....•••••••••••.•...••••.••
52
§ 1. L'approche théorique ••••••.•••••••••.•••••••....
54 '.

279.
A - La détermination et l'évolution de la part des
salaires •••.............................•.•..
54
B - Le taux de salariat, facteur de croissance de
la part salariale en longue période
.
56
C - L'appréciation du modèle ••..•••.••.•••.•..•...
58
1) L'abandon des hypothèses •••••••••••••••••••
58
2) Les critiques du modèLe ••••••••••••••.•••••
59
§ 2. L'analyse de la variation des salaires dans le Re-
venu Nat iona 1 .••.................................
61
A - La méthode ••..•......•....................••..
61
B - Les résultats de llapplication du modèle
.
63
CHAPITRE III
LES MODIFICATIONS DE LA STRUCTURE DES SALAI-
RES . •. . • . . . . . •. •••. ••••. ••. ••. . . . . . . . . . . . . .
69
SECTION 1 : Les déterminants de la structure des salaires
69
§ 1. L'offre de travail et la structure des salaires ...
69
A - La théorie du capital humain ..........•.........
70
1) Les postulats et les critiques de la théorie
70
2) Les conditions à la réalisation du capital
humain. • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
72
a) Les aptitudes naturelles ••••••••••••••••
72
b) Le système scolaire •••••••••••••••••••••
72
B - La validité de la théorie du capital humain dans
l'expl ication de la structure des salaires' •.....
75
1) La r4partition des salaires selon le niveau
d'instruction ••••••••••••••••••••••••••••••
75
2) Le: r4part~tion des sciLaires selon la forma-
t~on acqu~se •••••••••••••••••••••••••••••••
78
§.2. La demande de travail et la structure des salai-
res ..•...........................................
82
A - Le rôle de glissement des salaires dans le maintien
de la structure des salaires ••••••...•.•••••••...
82
1) L'appréhension du concept "gl issement de sa-
laire
83

280.
a) Concept et mesure •••••••••••••••••••••••
83
b) Les causes du g.i~sement de salaire ••••
84
2) L'analyse du glissement des salaires ••••••
88
B - Les caractéristiques socio-économiques des salariés
et la répartition des salaires ...........••.....
89
1) La rApartition des salaires selon l'ancien-
net~ ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
90
2) La rApartition des sal aires selon l'âge •••
93
SECTION II : L1êvolution de la structure des salaires ....
95
§ 1. L'analyse de la répartition des salaires selon la
qualification.....................................
95
A - L'évolution de la disparité intercatégorielle des
salaires ...•.•••.............•...•.......••.•...
95
B - Mesure synthétique de la disparité intercatégoriel-
le des salaires •••.......••••••.....••.•........
97
§ 2. La répartition des salaires selon l~s nationalités
99
A - Evolution de la disparité des salaires ...•.••...
99
B - La mesure de la dispersion des salaires
100
1) La courbe de LORENTZ et l'indice de concen-
tration de GINI •••••••••••••••••••••••••••
101
2) La distribution de PARETO •••••••••••• ~....
105
. CONCLUSION DE LA 1ère PARTIE
129
DEUXIEME PARTIE
LES INTERFERENCES AU MARCHE DU TRAVAIL
131
CHAPITRE IV : LES INTERFERENCES DIRECTES •...•.••••.....•.
133
SECTION 1 : Le salaire minimum ..••••••.••.•.••.•.•••••
134
§ "1. L'appréhension de la fixation du salaire minimum.
134
A - Les cri tères ••••••.•.••••.••••••••••..•••••.•••
134
1) Les besoins des travailleurs •••••••••••••
134
2) Les conditions Aconomiques gAnArales du
J)CZys ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
135

281.
B- Les modalités ••••••••.••..••..••.•.•.•.•••..•••
137
§ 2. Les effets du salaire minimum sur les salaires .
138
A- L'influence du salaire minimum sur la masse sala-
riale •••.•••..••..••..••..••••..•..•••....•••••.
138
1) ln. r~action de 'L' entrepl'ise face à 'La hausse
du SMIG ••••••.••••••••••••••.•••••••••••••
138
2) Les branches concern~s par 'La hausse du sa-
laire minimum •••.••••••••••••••..•.•••••..
141
B - L'impact du salaire minimum sur la structure des
salai res ..•.••..••..•.....•.•..•............•....
142
2) Les effets à court et à 'Lon
terme ••••••••
144
a) Les effets à court terme
144
b) Les effets à long terme •••••••••••••••••
145
SECTION II : L'indice des prix ~ la consommation ..•....
147
§ 1. Les facteurs déten'ni nant l' 1PC ...............••......
148
§ 2. L'évolution de l'IPC et du ~~IG ..............•....••
150
A - L'étude de corrélation ..•...................•...•
151
B - Les taux de croissance du SMIG et de l'IPC
151
§ 3. Les effets des prix ~ la consommati@o sur les salai-
res ....•.•....•••••............•••..•.•............
152
CHAPITRE V : LES INTERFERENCES INDIRECTES •..•..•.••••••.•
162
SECTION 1 : Les mesures d'incitation fiscales •..•••••.•
163
§ 1. La remise en cause de l'approche traditionnelle d'at-
tribution des mesures d' inci tati.on fiscales •.••••.••
163
A - L'indifférence des investisseurs face aux stimu-
lants fi scaux ••.•••...•••..••.•••••.••••.••.•••..
164
B - L'inefficacité des mesures d'encouragement .••.•••
166
1) Les facteurs po'Litiques ••••••••••••••••••••
166
2) Le coût des facteurs •••••••••••••••••••••••
167
3) Les avantages du marché ••••••••••••••••••••
168

282.
4) Les externatit4s ••••••••••••••••••••••••
168
5) Les autres facteurs •••••••••••••••••••••
168
C - Le coat budgétaire des mesures d'encouragement
169
D- Les entreprises prioritaires. favorites du, sys-
tème fiscal •••••••••••••••••••••••••••••••••••
171
§ 2. Une nouvelle approche d'attribution des mesures'
d'incitation fiscales et ses implications-sor les
salaires
'..............•..•.•.....•...
172
A - L'éclatement du système productif en groupe de
filières ..••••.•.•••.•••.•............••••••..
173
1) Les caractéristiques des groupes de fi-
lières •••••••.•••.•.•••••••.•••.••••••••
173
8) Ül détermination des groupes de fil ières •
174
B - L'emploi et les salaires générés par les grou-
pes de filières ............•••..•..........•••
177
1) L' emploi dans l es groupes de fil ières ••••
177
a) la méthodologie •••••••••••••••••••••••
177
b) les résultats •••••••••••••••••••••••••
177
8) Les salaires dans les groupes de filières.
182
SECTION Il : Les conséquences des mesures d1incitations
fiscales: accroissement de l'intensité ca-
pitalistique et de la productivité .••••••
184
§ 1. L'intensité capitalistique : facteur déterminant
de la productivité du travail ..•.....•••••.......
184
A - Les concepts et les mesures •••.•.••.•.••••.•••
184
1) Le capital et le travail
•••••••••••••••••
184
2) Ül productivité du travail •••••••••••••••
186
3) Ül relation intensité capita1.istique - pro-
ductivité du travail et du capital •••••••
183
B - L'évolution de la productivité et de l'intensi-
té capitalistique .••••..••••••••••••••••••••••
189
1) Au niveau global •••••••••••••••••••••••••
189
2) Au niveau sectoriel ••••••••••••••••••••••
190

283.
C - La vérification empirique de la liaison produc-
tivité du travail - intensité capitalistique ••
191
S 2. L'impact de la productivité du travail sur les sa-
laires ••.•..•....••••......•••..•.•..............
192
A - La fixation des seuils technologiques •.•.••..•
192
B - Les effets proprement dits •..•.•....••••..••..
195
SECTION III : Substitution du travail au capital dans
11 industrie •.•...••...•••...••......•...
196
S 1. Les p~blèmes liés à llestimation des élasticités
de substi tution •.....................••........• .
196
A - L'estimation des variables ••••..•••••.•.•.....•
196
B - Le choix des données ••••...•••..•.••....••••...
198
§ 2. Les possibilités de substituer du travail au ca-
pital à partir de la fonction de production trans-
cendante ..•••.•..............•...••••............
199
A- La démarche méthodologique .••••...•••..•••.....
200
B- Les résu 1tats ••.••••......•.•••••••..•.•...•••.
202
CONCLUSION DE LA 2èrne PARTI E •.•....•.••..••••....•••...
218
CONCLUSION GENERALE •••••••..•.••...•••••..••••••..••••.
219
A - Les facteurs explicatifs .•.••••.••••••.•.•••...
219
B - La politique des salaires .•.•••••••••••••.••.••
222
ANNEX ES , ••.••••••.••••.••••.••••.••.•••••••••••.•.•••.•
226
N° l-a
227
I-b
228
N° III. Le fondement de la disparité des salaires.
229
A - Le principe des disparités compensatrices •••••••
229
B - Le principe d'égalité de travail à sa producti-
vi té ma rg i na 1e •••••••••••••••••••••••.•••.•••.•
231

284.
N° IV. LI impact du salaire minimum sur l'emploi.
233
V.1. Approche théorique du choix technologique
236
§ 1. Les critères du choix technologique •...............
237
A- La maximisation du produit courant ou du surplus
237
1) La maximisation du revenu •••••••••••••••
238
2) La maximisation du surplus ••••••••••••••
240
B - La compatibilité des deux objectifs est-elle
possible? •••••.•••.......••••••....•.••••••••
242
§ 2. La technologi2 internlëdiaire comme solution du di-
l emmp. •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
243
N°V.2. Une présentation schématique de quelques
indices de productivité ........•......•..
249
V.3. La liaison emploi-intensité capitalistique,
productivité du travail .••.....•...•..••.
250
BIBLIOGRAPHIE .•••.....••......•.....•....•.••.....•••..
253
LISTE DE TABLEAUX
271
LISTE DES FIGURES
274
LISTE DES ANNEXES
275
*
*
*

·""1
.."., ,
1
'i
ERRATU~l
PAGE
LIGNE
A LIRE
5
7
: Elle minimise de ce fait l'efficacité marginale du capi-
: m--:-:::-:-::-
Inversion de la:
7'et 8
7
26
: qu'une réparUtion égalitaire est incompatible avec la
!
recherche d'une forte croissance •••••••••
8
18
= 52 ,35 %- 41,~ %(à supprime~)
13
Il est inexact dJévoquer l'existence d'un marché du
travail....
- -
16
11
"portes d'entrée" du marché interne .•••.••••
16
22
en groupes non compétitifs (9). Deux facteurs sont à
l'origine de l'absence de compétitivité. Il s'agit alune
part des facteurs qUT affectent La formation ...•• : : - -
23
Dans cette optique ~employeurs 'ne vont considérer que
26
13
y = f (K,~)
[ 1J
31
5
est le plus utilisateur (84,4 %) suivi par le secteur
secondr1i re.
LI'
36
-
17
L
-
J
x L
[1J
Ij - -L.-
j
J
38
12
12. (Matériaux de construction).
38
14
Il s'agit des branches [06 (Conserveries, thé. café,.
cacao) J ; [07 (Boissons, glace)J ; [ 08 ·(Autres indus··
tries alimentaires, Tabac) J ; [09 (Energie)J ; [10 (Ac-
tivité extractive, sel, soufre)J ; [11 (Première trans-
formation des métaux)] ; [18 (Industries textiles)J ;
[20 (Corps gras' autres que beurre)J ; [21 (Articles en
caoutcilOUC et matière plastique)] ; [22 (Produits indus-
triels di vers) J ; .[23 (Bâtiments et Travaux Publics) J.
. 38
25
- enfin deux branches [13-14- (Engrais; Chimie, parachi-
mie, caoutchouc)J ; [16 (Montage et réparation de véhi-
cules)J ont connu une désivoirisation relative et deux
autres [15 (Industri es du boi s) J ; [05 (Tra va il des grai
et farines)J une désivoirisation effective .••...•..•..

39
On remarque également que la branche [12'(Matériaux de
construction)] est un bel exemple •••••.••••••
39
8
On note également qu'à llexception de la branche [13-14
(Engrais; Chimie, parachimie, caoutchouc)] ; toutes les
b!":lnches frappées par la "désivoirisation" [15, (Indu:.ï-
tries du bois)] ; [16 (Montage et réparations de véhicu-
les)] [05 (Travail des grains et farines)] ont réduit
leurs effectifs des travailleurs ivoiriens.
39
15
L'exemple des branches· [12 (Matériaux de construction)]
et [13-14 (Angrais ; Chimie, parachimie, caoutchouc)]
montre qu'une augmentation du volume de l'emploi ••....•
51
6
par ISBESTER pour le Mexique sur la relation emploi .....
52
12
environ 20 %pour toutes les droites de régression •••••• :
53
26
La classificatIon de pays en fonction du taux de salariat:
est donc contestable.
Nonosbstant cette défaillance dans l'approximation du
paramètre NIL, nous nous référons au modèle .•.•••••
54
20
fA
=QL
1
Y1
57
11
c{= ~ et
N
57
14
59
",
. 7
fortes chances que
soit positif; dans, ces conditions
59
14
tés B aura tendance à baisser qu'il arrive que les ..•.
1
71
29
c'est qu'elle contribue à expli.qüer les disparités .•..
72
16
nombre réduit des offreu~s de ces services fait qu'ils ••. :
73
3
filière de formation est souvent imposé par ....•••••••
82
21
carac;tèrise le processus de "glissement de salaire" dont
11 ampleur dépend de ..••••.•
:..
91
5
On évoque souvent que le système de salaire basé sur
11 ancienneté est non-économique ..•...••
92
32
15 ans soient les mieux •••••••
.
.~
93
28
Les tableaux n° ..!.!..!.-7 et n01II-9 'que nous venons ••••••
95
22
Le tableau n° 111-11 permet de constater
96
26
statut de l'établissement (Tableau nO 111-13) on observe
Que les salaires du secteur privé sont dan~l'ensemble
supérieurs à ceux du secteur public. On remarque •.•.••.••

\\.~
97
23/
A l'aide des données du tableau n° 111-14
(a-b)
99
29
indique qu'en 1971, 1 %des salariés Ivoiriens ••••••
107
21
En raisonnant ainsi, on attribue te différentiel de salai-:
re è l'investissement en capital humain réalisé •••.•••
138
15
automatiquement une revalorisation de portée générale
145
28
l'enquête précitée, l'écart entre le salaire moyen men-
:
suel le plus élevé et le plus bas se présente comme .••••.
152
14
- bien que les taux de croissance du SMIG soient parfois
supérieurs è ceux •••••••••
154
En effet, quand le taux de salaire réel (TSR) ••••.
167
20
(final ou intermédiaire), le marché ouest-africain, la
1
conservation d'un marché déjâ acquis sur le plan .•••.
j
179
2
les groupes l et IV et les groupes II et II 1. En effet, .• : .
1
179
4
d'emploi ivoirien particulièrement. dans le groupe l, ...
1
1
182
4
(groupe lli) qui non seulement ••••.•..
1
!
183
20
de salaires que les groupés IV et 2,7 fois plus de ••..• ~
185
24
divisé oar laKproductivité du capital (VA/K). En effet
: -KIL i:: .J.A. x _
.
1
,
:
L
VA
!
189
10
figurent dans le Tableau n° V-8.
i
:
j
197
5
Quant aux variables "Capital et Travail" ..•.••.•
:~
220
19
les disparités des salaires résultent de la politique
interne des salaires de l'entreprise .••....•.•
223
14
Si l'épargne dans les P.D. s'investit dans
242
21
dite incompressible.
.
242
23
la consommation incompressible par Ci