UNIVERSITE DE PROVENCE -- CENTRE D'AIX
MARSEILLE 1 -
U. E. R. D'HISTOIRE
1
; CONSEIL AFRICAIN ET MALGACHE 1
. POUR l'ENSEIGNEMENT SUPERIEUnl
C. A. M. E. S. -
OUAGI'--.DOUGOU '
An"ivée .02. ·jU\\N .\\995
.
Emeg:si'ré sous r# a· g. 3· 6- ·8· ..
L'ESPACE SONGHA y AU 'XVleme SIECLE:
UN ESSAI CARTOGRAPHIQUE
Thèse pour le Doctorat de T roisième cycl~
Présentée par
M. Lü Ibl'ahima,
Sous la direction de
M. Charles
M. de la RüNCIERE,
Professeur à l'Université de Provence.
ANNEE 1984 - 1985

A mon père et Ami AL Hajj Muh~nvnadou L~
qu'Allah (
) a- rappelé à
Lui avant que ne prennent forme ces reflexions)
à la maturation desquelles il a amplement
contribué dans les Ganus de Tuba Kaolack.

_ - - - - - - - - ' . ' ...~ .. ' ..... " ...-M....
l
-
AVANT
PROPOS-
L'histoire africaine a d'sormais droit d. cit~ et les' ,i~cles
obscurs qui avaient tant intrigué et passionné les chercheurs, sortent
de plus en plus de l'anonymat. La tâche est assur'ment des plus ar-
dues et tous ceux qui eurent le m'rite et le courage de s'y consacrer
durent surmonter une réelle désolation liée à la précarité du maté-
riau qui dans le meilleur des cas se réduisait à quelques témoignages
de voyageurs arabes et européens renforcés par des chroniques d'arabi-
sants locaux dans les régions d'islamisation ancienne, Soudan Central
et Soudan Nigérien principalement pour nous en tenir à l'Ouest Afri-
cain •
Il fallut de la tenacité, de la passion et de l'énergie pour que
des résultats aussi considérables soient atteints qui globalement per-
mirent de réhabi li ter le pass~ de l'Afrique qui ce ssai t d '~tre a -his-
torique: Un tel travail exigea l'exp~rimentation de nouvelles appro-
ches privil~giant les traditions orales, les généalogies, la linguis-
tique, l'ethnohistoire et l'archéologie; un énorme effort de restruc-
turation méthodologique
fut alors ini tié qui laisse présager u,.. avenir
radieux pour la recherche historique en Afrique •
On ne peut toutefois s'empêcher d'exprimer une inqui~tude en
mesurant l'attention qui est respectivement accordée aux séquences
chronologiques dites médievale, moderne et contemporaine. La première
fait l'objet d'une véritable d'saffection que la raret.é des Sources e~
probablement la certitude des premières hypothèses émises par les pion-
niers permettent d'entretenir ; ~'est tout le panorama inverse que l'or
appréhende en consj'déran~ l'en2nll~m;;>nl' qJt" suscP'e l'ét.Urle·la seco!"'lde
séquence oll les sources archivis~~que·s, le:. r~cl ~ ~ -l~ v",~·:t·;;".: r~nfor.cés
par les collec~ions de tr~ditions or~l~~ ~t les ~nquêtes ~~h~0graphi­
ques livrent une base documentaire ~r~s ~r~cieuse • C'~~ait pour !"'lOUS
convaincre que cette d~saff~ction ~'é~ait ntlllemAn+ mo~iv~e par des
consir1~rations rigoureuseml"'nt- sclen~ifiquefl que notiS t.en!:ions de faire
le poi .... t d~ns un mémoire rle mal+-rlse SlJr la si~'-lal-;0n politique du
~o~rlan Nigérien dans la premi~r~ motti~ rlu XVI!~ sj~cJe •

I I _
L'occasion nous était alors offerte de constater que les repères
généralement mis en relief pour enserrer ce qu)onnomme le Moyen Age
africain n'avaient aucune consistance historique: le dessein des
constructions politiques n'avait pas été-scellé par la victoire maro-
caine de 1591 • Une nouvelle phase commençait, faite de pulvérisation
des pouvoirs, de destruction des préc'dentes alliances de classe et
d'~vènement d'une nouvelle philosophie du pouvoir • L'autre enseigne-
1
ment de cette reflexion ~tait que près d'un demi-siècle de recherche
sur l 'histoire du Soudan nig~rien avait p~ché par exc~s d'assimilatlor'
en faisant jo~er à la bataille de Tbndibi ( 1591) le même rÔle que
l'on fit jouer à la chute de Constantinople (1453)
une horde de .
soldats assoiffés de destruction, de rapine'- et de désolation s'achar-
nant sur une ci~llisation plusieurs fois séculaire
et ayant atteint
un raffinement remarquable •
Nous nous proposions
,
de continuer ces interrogations pour rol"'-
pre avec une problematique de l'histoire africaine de type nationalls-
te comme on en fait depuis un demi-siècle surtout au temps fort des
mouvements de contestation de l'ordre Colonial. Aussi avons nous été
~
particulièrement enthousiasme lorsque Jean Cancellieri qui nous fIt
prendre goQt aux interrogations sur le Moyen âge à l'Université de
Dakar, nous suggéra de faire le point sur les cadres d'extension de
l'empire Songhay •
Le projet parut particulièrement ~~nt~ressant surtout lorsq~
.-::
-
après avoir parcouru les esquisses cartographiques consacré~par l'-
historiographie africaine, nous constations la perduration d'un vec-
teur idéologique propre aux perceptions occidentales: l'espace était
perçu sur la base de techniques propres ~ l'Europe et qui avaient
pour objet principal de disséquer, de compartimenter plutôt que d'u-
nir et d'homogén~iser comme c'est la fonction qui revient aux repère~
n~turels, Cours d'eau et montagnes ou barrière forestière dans les
repr~sen~ations Songhay •
Ce cas nOUS aura ~~~m~s d~ constater Un urgent ~esoin de
recycla~e conceptuel qui mérl~e d'~tre ~~~nd'J aux cas Ghana et Mali,
sans lequel la 1écolonlsatio~ de l'~istotre africai~e buttera con~r~
1 '~criture quP ~ro~osent les historiens africains •

I I I -
C~t essai cartographique aura atteint un de ses objectifs s'il
mettait en ~vidence la fonction du fait id~ologique comme soubasseme~t
dè toute relation du pouvoir à l'espace utile le long rles 150 ans que
dura l'exp~rience Songhay •
Nous n'aurions probablement pas achevé de sitô~ cet essai si
nous n'avions b~n~fici~ de la sollicitude
constante de notre direc-
teur de recherches, le professeur Charles de la Roncière qui aura tout
mis à notre disposition : son expérience en histoire africaine, son
sens de la mesure et son discernement mais
par dessus tout, les quali-

t~s humaines qui nous habituèrent à cotoyer plus le tuteur que le
professeur. Qu'il me soit permis de le remercier très sincèrement et
d'y associer ses collègues Michel Vovelle, Philippe Joutar~,No~1
Coulet, Jean Claude Garein dont les enseignements et les reflexions
nous permirent de mesurer les directions insoup,onnées dans lesquelle~
pourrait s'engager notre r~flex10n •
Ces remerciements s'adressent aussi à tous ceux qui de pr~s
ou de loin nous apportèrent leur soutien moral e~ matériel dans l'éla-
boration de ce travail; ma dette envers eux m'oblige à les citer:
Fabinta ~, Abdou Fam, Lamine Fam, Abdou Sèye, NDiaga Thiam, Abdou
Karim, Isma!la DIOP, Noumb~ Thiam, Penda MBow qui surent nous aider
à pr~server un pr~cieux ~quilibre~ Mamadou paIl, Adam Tidiani,
Mahfoud, Azzedine, Medig, Ch~rif, Moussa Daff dont l'application au
travail, le courage et l'humanisme furent,.u~~eus des références cons-
tantes • Qu'ils soient ~ous remerciés et avec eux, NDiouck MBaye,
notre aimable dactylo qui sut nous déchiffrer avec une patience exem-
plaire dans les chaleurs hivernales de Kaolack •

1.
- l N T R 0 0 U C T ION -
1. Le Pro'et cartographigue dans l'historiographie africaine -
Les recherches sur l'histoire africaine progressent de
manière notoire comme on peut s'en faire une idée, en consi dé-
rant les travaux qui ont été publiés depuis un demi-siècle mais
aussi la rapidité et la pertinence des remises en question rendues
possibles grâce à l'affinement des techniques et au nouveau traite-
ment des sources. De nombreuses tendances ont dominé l'écriture de
l'histoire africaine et leur inventaire mériterait qu'on s'y con-
sacre dans un cadre moins restreint que celui d'une introduction.
Nous proposons d'en définir deux qui recoupent de près les inter-
rogations que nous formulons pour cerner la probl~matique de la
Conception de l'espace et d'un essai cartographique de "l'empire"
Songha~ aux XVe et XVIe siècles.
1°/ Le discours des pionniers -
Une première tendance a été dominée par des historiens
et des amateurs; ils portaient sur le passé africain un regard
relativement nouveau se démarquant des théories encours aux XVIIe
et XVIIIe siècles et qui considéraient comme barbares tous les
systèmes conçus en dehors des influences culturelles europ~ennes
si elles ne refusaient pas tout simplement la notion d'évolution
à tout ce qui relevait de la périphérie : on aime citer Hegel pour
qui l'Afrique n'est pas un Continent historique parceque ne mon-
1
trant ni changement ni évolution.
1. Les vues de Hegel trouvent encore des adeptes au XXe siècle;
c'est le cas de l'écrivain anglais COUPLAND qui notait que les
Africains étaient stagnants. Sans avancer ni reculer et que le
coeur de l'Afrique battait à peine. Anouar Abd El Malek se penche
sur le m'canisme de ces représentations dans :"Marxisme et socio-
logie des civilisations" In DIOGENE, n064, 1968 P 121 - 122 -
\\,

2.
L'histoire de l'Afrique a ainsi été l'objet de recherches
_sérieuses et rigoureuses, l'administration coloniale ayant pressé
ses fonctionnaires de mettre à sa disposition une base documentaire
utile à la réalisation de son projet de domination et d'exploitation.
Cela cofncidait avec un enthousiasme exprimé par de nombreux fonction-
naires qui voulurent présenter à l'Europe, une culture qu'ils avaient
approchée et aimée apr~s plusieurs années de terrain. On citera le
cas de M. Duppuis, adjoint principal des services civils au Soudan,
tellement bien intégré qu'il reç~ le préno~ de YACOUBA, symbolisant
sa citoyenneté à Tombouctou.
C'est de cette période que datent les travaux de Maurice
Delafosse, de Charles Monteil, de Louis Desplagnes ou de l'Abbé Henry
qui émirent de nombreuses hypothèses de travail auxquelles on ne
cesse de revenir tant elles étaient bien conçues. Le mérite de la
plupart de ces chercheurs tient par a!lleurs à la conscience qu'ils
avaient des limites de leurs démonstrations; Charles Monteil
le
laisse clairement entendre, en considérant le classique de Tauxier
consacré aux bambara
comme point de départ pour une démonstration
plus avancée en attendant que l'indigène "enfin éveillé se passionne
pour ses problèmes psychiques et nous en donne une solution". 1
~
2°. Le discours de l'ère des indépendances
A la veille et aux lendemains de la seconde guerre mon-
diale, un autre regard est porté sur l'histoire africaine~ il rompt
avec la condescend~~ce habituelle mais n'en reproduit pas moins les
préoccupations du moment qui se résument dans la lutte pour l 'émanci-
pation des peuples sous domination coloniale.
1. Commentaire paru dans le B.C.H.S.A.O.F., rX1,
1928, P 547 -

1
1
3.
1
De nombreux historiens s!eMpressent de restituer ce qui
avait été passé sous silence, et il n'a pas é~ rare de rencontcer
de véritables concessions du genre: le noir n'est pas tombé d'un
1
arbre ~vant hier. Le résultat a été bien profitable parcequ'il a
,
permis d'admettre que le passé africain méritait d'être étudié avec
autant d'intér&t que celui de l'Europe, tenu pour référence univer-
selle; c'est dan. ce cadre que s'inscrivent entre autres directions
de r~cherche p~ivil~giée, les travaux sur les "Grands Empires pré-
coloniaux" de Ghana, du ~ali et du songh~. Cet axe de recherche
rappelle un besoin de déculpabilisation qui s'emploie A dénoncer
les excAs du système colonial et célébrait des constructions éta-
tique•.~éussies par les peuples COlonisés, qui étaient par la m!me
occasion, jugés aptes à assumer leurs destinées.
Ce schéma est simplifié à l'extrême, le détail atteste
que la colonisation était encore perçue comme un avènement indis-
pensable au rapprochement des soci~tés humaines. 1
Dans l'ancienne A.O.F., les travaux de Raymond Mauny,
~ean Suret Canale et Yves Person marquent un tournant; des histo-
riens a~ricains y participent)notoirement galvanisés par le mouve-
ment de contestation de l'ordre colonial: les émeutes d'Algérie de
1945, la gu.~re d'Indochine, le soulèvement malgache de 1947, les
grèves en A.O.F. 1947 -1949, l'Indépendance Indienne de 194 7 , l'avè-
nement de la Chine communiste en 1949, le soulèvement MAU-MAU de
.
1952 et le coup de TOnnerre de Bandoeng de 1955 •
Au moment des indépendances, les historiens d'Europe
Orientale interviennent dans le débat en s'imprégnant des techniqu~~
du matérialisme historique; ils poussent plus loin les comparaisons
1. C'est le point de vue exprimé par G.Mazenot au séminaire de Dar
Es Salam, 1965 : "Histoire et Colonisation " In Perspectives nouvel-
l~s sur le passé de l'Afrique Noire - Mélanges offerts à H.Deschamo~
Paris, Sorbonne, 1974 P 33 -

.',
t r '
_
-----~--~~-----------------------
4.
entre l'Afrique précoloniale et l'Europe -'di.va1. en vue de
déterminer s.lon le mot de MARIAN MALOWIST, "Le. ori9in.. des
retards économiques et .cclaux d•• pays de l,Airlque OCcid.ntale"
ou selon Dimitrl OURSOU " le. r49ul.rit4s et ies premis.es d.
leur eng.gement-Cceiui de. p.y. li~rés d'Afrique) dans la voie
non c.pit.li.te de d'v.lop~.nt . t l'.cquiÂtion p.r <:8. pays de
leur indépend.nce 'co~ique." 1 • Leur. conclu.ion• •ont partag4e.
par ,~talne~.lriçaifts .y.nt .uffis....nt a••i.il' le caract~r.
inéluctabl. des .tades de d4veloppement Inis en.·'videnc:. p.r M.rx
et Engels et c.nonisés p~ Staline.Citons entre dix ca., M.jb.-out
DIOP qui conclut avec une h.rdi.... ~.rqu.bl., un ••••i aur
l'esclav.ge en·c•• t.~•• s "Chiffr. pour chiffr., on voit bien
:-9ue notre soci't' .nci.nne pourr.it soutenir 1. comparaison avec
1:
l'antiquité cla•• ique" • L. dém.rche de L.E. Kubbel est très
vo1,aln. de la pr'cédente, elle définit Gh.n. conune un "pouvoir
publ!c pr'-el••••s où 1. création de l'Et.t a pr4cédé l~Lfo~.tion
de cl••s• • •tqui •• t pour cette r.i80n un. étape A p.rt~l"volu­
2
tion 8eCi. 'cona.ique de cette p.rtie de l'Afrique n .C'est là un
moyen de confirmer dans l'espace Soudanais de l'Ouest les conclu-
sions de ses coll~9ue8 80vi'tiqu.s Neoussykhine .t Grekov qui
caract~risent de "socilté pr4-f'odale" les formation. étatiqu••
ge~iques des débuts du Moyen Ige euro~en mett.nt .in.i en
évidence s. certitude de l'unité du processus hi.torique en
Afrique et d.n. 1.. autres p.rti.s du MOnde •
Le. histori.n. afric.ins trop j.loux de 1. spécificité
de l'évolution hi.torique de leur continent ont reconsidéré ces
approches, en d'fo••ilisant une histoire .mprisonnée d.ns
les
1. Malowist CM), Croi.s.nc. et regression
-enEurop•• XIV.-XVe s.
Paris A.Colin, 1972 P 11. OURSOU CD). "Les 4tudes sur l'histoire
de l'Afrique Occident.le en URSS : probl~mes et perspectives"
~1n Etude. Maliennes, n-13, 1975, P 48 -
2. DIOP CM) Histoire des classes sociales en Afrique de l'Ouest
1. Le M.li-Paris, F Masp'ro, 1971, P 29. Kubbel (L.E.) "Histoire
de 1. v.llée du Niger Sup~rieur et Moyen du XIIIe et XVIe s.
Quelques reflexions sur le découpage chronologique". In Notes et
doc. volt ; 1 , 1968 P 16 -

--------------
---~:- --~..~.............-......~~~.
5.
docUllents pour mettre en valeur l'exemplarit' de leur p.ss' pr'-
colonial • Cette d'marche comportait desri~ques dont le MOindre
-
.
;. fut .·:'i~: l' id'alisation de l'Afrique à 1 i'poque du lIOyen 'ge
europ'en pour parler COMMe Jean Pierre Chr'tien • L"cole Pr'.ence
Africaine s'y .-ploy. d.ns son souci de d'voiler le. tr.it. di.-
tinctifs de 1. personn.lit' .fric.ine ; ce be.oin de r'h.bilit.tion
domine des tr.v.ux voul.nt prouver que l'hum.ni. .e et 1. ren.i•••nce
l!vaient bi.n leur r'pond.nt .fric.in, . . . . .i l " t . t d. 1. documen-
t.tion eon. .il1.1t plu. de prUdence • C' •• t le c •• che. Ibr.him.
Bab. Kat' qui forge son humanisme nègre en calquant ~.d B.b. .ur
Er. . . . et Bo.suet av.nt d'ajouter qu'il "re.te le dernier de'cette
forte race d"rudits de l"ge hua.ni.te qui ."panouit .ur le. rive.
1
du gr.nd tleuve du XIe au XVIe .i.cl••••
Des pr4cautions s'imposent donc, ••is n'excluent p.s 1.
n'cessit' de promouvoir de. 'tudes comp.rative. qui montrer.ient,
sans pr~juger de. conclu.ions que l'histoire .fric.ine peut Itre
envisâg4e sans que soient reproduits des sch'••• propres à une his-
torlQ9r.phie europ4ocentrique.
C'est une des r.ison. pour le.quelle. nous .von• •ntre-
1.
pris cet essai sur
Conception de l'e.pace . t la c.rtogr.phie du
Songha' dont plus d'une cla••ification - et das plus r'cente.- a
~étermln' sans autre cOMMentair_Jie caract~re de "grand . .pire"-2
La notion a ' t ' utilis4e pour qualifier Ghana, Mali et le Songh.J
mais n'a p•• A notre connai•• ance fait l'objet d'une Jnvestlgation
approfondie ; elle •• t indift'remment employ'e à c&t' de. Conc.pts
de Koyaume, d.:tat • C'est encore le ca.
chez ~ak'
qui
se
.ert
1. ~ak' (1.8) " un grand'rudit de 1. N'gritie au XVIes. Ahmed Bab.
le Tombouctien ." In Pr'sence Afieaine, LX, 1966 -P 39 ; on doit .u
ma. . .uteur les formules Mansa Moussa, le'Napol~on du d'sert et
Rabat, le Jugurtha Soud.nais •
2. C'est le c.s de l'atlas historique de la boucle du Niger confec-
tionné en I9S1 par Yveline Moncet, ce repertoire des principales
repr'sentations cartographiques des form.tions Ouest Africain.s"
d'entre XIIIe et XVIe s n'innove pas comme le prouve la carte nOS,
l'Empire de Gao à son apogée: elle reconduit les limites tracées
p.r M.uny d.ns le Tableau géographique -

6.
de notions de royaume et d'empire à quelques lignes d'intervalle
pour parler du Songha, • 1

II. Pour une ftude cartographique de cas: "tempir. son9h~
1
La ~on de 1968 de la Sociètf Jean Bodin pour l'his-
'-0-
toire ca.peratlve Àdes institutions s'est pench'e sur la question :
L'''pire e.t anal y.' en d'tail car les axes de réflexion qui
furent privillgi's insistaient sur l'inventaire de ses facteu~. ode
for.ation, de ~velopp. .ent et de disparition _ On aurait pO s'at-
,
tendre l un catalogage plus exhaustif, faisant ressortir de~ para-
~tr.. l .... d"tre utilis's dan. i'~tudi de divers.s constructions
pol1tiques~ ce n'.st ~t.nt pas l'impression qui ressort de la
synth~se pr'.ent4e par Gillis.n : la typologie des grands empires
qui fut consacr'e par cette session n'envisageait pas le cas des
formations africaines pr. .crivant "un r~examen des donn'.s propres
2 0
à chacune a.ant tout. conclusiOft.o,'"
Ce rlexaMen attend encore ses historiens ; la plupart
des africanlstes reprennent à leur compte un outil ayant ••rvl.'
0
0
dl.tlnquer des ~allt's propres l un• •P09ue et proba~l. .ent A une
per~eption particuli~re de l'espeee _.ls sans doute impropr' pour
rendre la philosophie de l'espace dans les r.pr'sentations n'gro-
africaines • En effet, la notion d'empire a i t ' r'actualis'e dans
l'bistoriographie française vers 1812, au moMent des conqulte.
trlomph~t•• de Napol~n • Cette reMise l jour .'accompagne de l'uti-
lisation de technique. cartographiqu. . dAjA connues au IXe • 1 en
Juin 842, 120 experts planchaient pour partager l'h'ritage de Louis
Le Pi.ux entre Lothair., Louis . t Charles.L'accord d~ Verdun
o(AgOt 843) reconnaissait à Charles la parti. occidentale dont le.
o
li~iies suivaient l'Escaut, la Meusè; la Sc)an. et le Rhon. _
;
0
1.Kak' (1.8), Combats pour l'histoire africaine, Parls, P~'sence
Africain., 1982 P 85 • Barbara Stepniewska ajoute ~ la confusion
en parlant de monarchie Songhaj, voir "Port~e Sociale de l'Islam au
Soudan Occidental aux XIVe - XVe s. " In African! Bulletin, n-14
1971, P 37 •
2.GILISSEN (J) .~La notion d'empire dans l'histoire uni~erselle "
In Les Grands Empires,Recueil de la Soci~t~ Jean Bodin- Bruxelles-
Lib. encyclop. 1973 P 865 -

7.
~
cette fonction cartographique des .cour. d'eau se retrouve au temps
de Louis XIe à qui un fonctionnaire pr'~i.ait que le royaume était
2
COMpris ~ntre les Alpes et le Rhin.
Le. yoyageur. portugai. eurent
recours aux mImes proc'dés pour pr'ci.er l"tendue de. con.truction.
politiques .Sén&gambienne. au XVIe .i~cle : Valentin Fernande. et .
Duarte Pacheco Pereira cadrent ie Jolof entre le. cour. du S'n4gal
et de la Gaabie •
~ Conf'renc. de Berlin reprenait l ~n coapt. cette fonction de.
barrl~re. 'naturell. . pour d4terMiner les .ene. d'influ.nce d•• dif-
f'rente. puissa~e. i.prrialistes engag'e. dan. la ·cour.e au cloche~
là aussi, ce sont de• •oucis de commodit~ qui pr~va1ai.nt c~e le
note
Lord Salisbury un de. principaux arti.an. du partage
de
l'Afrique: " Nous noua .c.Me. di.tribu'. de. MOntagne., de. riyi~res
et des lacs à peine gin'. par cette difficu1t' que nous ne .avion.
jamais exactement o~ se trouvaient ce. montagnes, ce. lac. et ces
rivières •• "
Les ~es be.oins de cOMMOdit' expliquent le f~quent
usage qu'en ont fait les Africanistes pour cartographier les "grands
empire.- • Dans ces conditions, les essais de d~limitation ~taient
dans une i.pa••e totale à chaque fois que le cadre g~ographique
envi.ag4 'tait d~pourvu des re~res habituels ; on le constate chez M.
Charle. Monteil qui,a'int~resse à l'espace soudano-.ah'lien du centre
Oue.t où le. accident. de terrain susceptibles d'intervenir dan.
une cartographie font d~faut "il e.t conclut-il-iMpossible de donner
pour le Kaniaq& une d4liMitation certaine tant du point de YU.
3
spatial qu • .-x 'points de vue politique et ethnique • "
1. Guen'e (B) " Les liMites de la France" In Politique et histoire
au Moyen Ag.
Recueil d'articles sur l'histoire politique et l'his-
toriographie médievale, 1956 - 1981 - Paris, Publ. de la Sorbonne,
1981, P 73 -
2. Ancelle (J) ~graphie des fronti~res. Paris, Gallimard, I939,P68
3. Monteil (C)f La l~gende du Ouagadou et l'origine des Sonink'" In
Hem. de l'IrAN, m~langes ethnol • , n-23, Dakar, 1953 P 408 -

8.
Cette façon de .uivre une structure politique dan. l'espace .e re-
trouve dan. de. travaux de réputation t.l. ceux de Cheikh Anta DIOP,
de Charles André Julien. Il -faut .ignaler une innovation dans
la
technique cartographique ; elle est dOe à Zakari Cramani Issifou qui
In.late ,
ju.te rai.on sur la complexité de l'admini.tration Songh~,
.ur l ' . l•• ticité d•• in.titutions suivant l.~r domaine d'~pplication
et conclut que l'.-pir. Songhal .'4tendalt .u~ 250e k•• d'Est en Ouest
7
,
1
et .ur tooo kms du Nord au Sud.
L'innovation e.t tr~. r.lative
pui.que l'allu.ion A l'Atl.~tique . t au lac Tchad r.vient pour r.con-
duire 1. bonne tradition, c.ll. d•• r.pàres naturel • •
L'iMpr'ci.ion de ce. div.r••• e.qui •••• affecte par aflleurs
1• • • • • •i. de p'riodi.ation qui ont ' t ' .ntrepri. par d•• hi.toriens
.oucieux de ne ~a. reconduire le• •4quence. chronologique. de l'Europ~
.lle.-.. . . . trop fragile•• Un tel travail aurait le meilleur profit à
tirer d'une cartographIe rigoureusement conçue, la ge.tion .patt.le
imprimé~ par un4.formation .ociale pouvant .'avèrer utile pour d4ter-
.in.r certain. de ••• caract~re. susceptibles d'intervenir dans une
2
cla••ification •
On con.tat. en abordant l'4tud. d. "l'empire" Songhaj que
le recours A la tradition semantique .u~p4enne pose de nombreux
probl~es ; nous proposons de les cerner dans une d'marche dont
l'~chit.ctur~ est la suivante -
III. Principaux ench,tnements de l'argumentation -
La premiàre partie a pour objet de faire le point sur
le di.cour."' •
1. Dramani I ••itou (Z), l'Afrique noire dans les relations inter-
national. . .u X'J- s -Paris Karthala, 1982, P 58
2. Comme le 1.1••e percevoir l "tude que J.C. Garein consacre à
l'Egypte - voir ft Pour un recours à l'histoire de l'espace vécu dans
l"tud. de l'Egypte arabe. " In A.E.S.C. n!s 3 - 4, I980 BP 436-451-

9.
sur l'empire dans le pourtour "diterran~en • Saisir l'empire dans
•• dynamique nous a conduit à prfvl1'9ier la d~tinition qu'en donne
Altred Leroux " Une magistrature politique qui continue celle des
1
Cesars de Rome, de Byzance. " ; ce choix pour arbitraire qu'il soit
paraIt convenir s'il peut pr'sider à une comparaison entre le discours
autour de l' . .plre en Europe et les .écanis.es qui commandent la per-
ception de l'e.pace dans l'univers Songh~j,objet de.l~ deuxièMe partie.
Le second choix devait porter sur le. c~n.truction. poli-
tique. à privil_gi.r pour les besoins de la co.paraison ; le. exp4-
rienc•• politique. de Charles Quint et Prançois 1er ont ~t~ retenus
parcequ'.yant l'avantage de coIncider avec le. règne. de. Aakya
Muh. . . .d le et Dawud perçus comme les artisans de "l'apog4e" Songh., •
Nous a,on. voulu rendre la grille comparative plus exhaustive en
faisant intervenir le cas Ottoman; il a l'avantage de relever du
.ystèMe i.lamique qui Imprime une allure propre aux choix tondament.ux
du Sultan d'I.t. .bul, contrairement à ce que laisse pr~sager le pen-
chant de Mehemet II le conqu'rant,à revendiquer le titre de Kay.er-i-
2
Rou. (~pereur de .ROMe) ou les statistiques de Per~and Braudel
qui
feraient tout au plus re••ortir l'etficacit~ du système de recruteMent
des jani••aire. •
De . . . . le cas des
Saldiens dont l'autorit~ s'étend sur
le Maghreb OCcidental dans la seconde moiti~ du XVIe siècle a paru
accrochant ; le discour~ que Al Mansur d~veloppe aprts la victoire de
WADI AL MAKHAZIN en 1578 a des relents islamiques très nets • Il exté-
riorise ses attaches ch'ritiennes et s'affiche comme seul Calife

habil.t~ à revendiquer la dJ.'f"ection de la COIMlunaut~ isl_ique •
1.' LEROUX (A) "La royaut' française et le Saint Empire romain au moyen
âge. " In Revue historique T~XLIX, 1892, pp 241 - 242 -
2. L'origine des 48 grands Vizirs qui se succ'dèrent de 1453 à 1623 est
la suivante: 5 sont de souche turque, 10 d'origine inconnue, 33 sont
des renegats dont 6 Grecs, 11 Albanais, 1 Italien, 1 Arménien, et 1
Géorgien. Voir BRAUDEL (P) • La méditerranée et le monde m'diterranéen
à l'époque de Philippe II , 2e Edit. Paris, A.Colin, 1966 T.2 P 25 -

10.
Des que.tions de commodit' expliquent querthème ait ' t '
r'serv' A la quatrième partie de l'argumentation où prennent ef-
fectivement forme le. projets
aawdiens en direction du Soudan •
La d.uxi~e partie .e propose de passer en revue les
divers -'c.ni. . . . qui d'terminent les rapports du chef A l'esp.ce
en Milieu·Songh.' : un premier ench.tn. .ent 'voquera les constitu-
ants du pouvoir roy.l et prép.re le .econd con.acr' aux relations
qui ."tebli••ent .in.i entre esp.ce sacr' et mystique de l'espace.
La troi.iè.e p.rtie a pour objet de v'rifier au plan
cartographique l'apog'- Songha) plac' ~u. Askya Muhamm.d le et
Oawud • Oans un p~ier ch~1tre consacr' au Songha) du Grand
Askya, nous discutons le sens de la bataille d'~nfao (1493) à
laque1 1e fut d'po.~ Sonni Baro choisi pour succéder à son père
Sonni Aal ; ca ••r. l'occasion de montrer que la rupture g'néra-
l.-.nt introduite entre les deux desseins politiques qui s'af-
frontent l ANrAO n'e.t p•• au••i rigoureus
• C'est ensuite que
AFRIC.4
• .eront.abord4es le. mutations spatia
.~e
ées sous l'Askya
~.
l'
Muh. . . .d le, en ~..rv.nt la pl.ce èi ~ re ~ t aux pressions
.
~
(\\
de la conjoncture tocale et ~iona ~ ~1L112 s
~
_.
~
~
,. .,
.
" ,
~
Une d'_arche identique .er. r
pour d'terminer
r,otnent uQ0
les axes de la gestion sp.tiale de Oawud.
entaire des facteurs
endog~nes qui cOMMandent le. campagnes de l'Askya et pr'sentation
des p6les 'conomiques de S'n'g8mbie, du golfe de Guin'e et de
gold Coast ~ers lesquels elles sont orien t'es •
La qu.trième partie e.saie de comprendre le fonc-
tionnement des institution. en in.i.tant sur l.s cons'quences que
leur blocage imprime A la Configuration spatiale du Songh~ •
L'homogéneité de l'entité Songha, dépend .lors de nombreux essais
de re-centrage en direction du Sahel, de la Sénégambie ; ce sera
alors l'occasion d'insister sur le contenu du discours tenu par
Al Mansur pour légitimer ses pr'tentions à dominer Ces mines de
Taghazza et du Soudan •
'.

11.
IV- Pr'.ent.tion de. sources -
-
Le. sources qui ont 't~ uti~is'es d.ns cet essai sont
- -
cl.s.'e. en sources locale., arabes et européennes •
A • LI' Sources loc.l.s -
&11 •• eoaprennent le. T.rikh de ~bouctou, le. chronique.
..'Pon-
d 'A9'~' et 1..
.pport'es par Al Maghili .ux que. tions que
l'Aakya Muh. . . .d le . . po••it pour rendre •• gestion politique conforme
aux en.eigne.ent. de 1. Sh.ri. •
.> lA' Tarikhpde TotIboqctou
Il. sont l'oeuvre d'intellectuels Soud.n.is t'MOins .u
XVI~e s. de l'effritement du dernier noyau Songh~ du Oendi • Le
propos est tr~. conditionn~ par la tr.dition qui s'att.che "à sortir
de l'oubli" toutes le. exp'rienee. l
mime: d'orienter la Yie des Mu.ul-
~
-
'
.
• ana dan. ~e sen5 de. prescription. divines: " •• Cette science-note
Abderr.hM.ne Al-S.di- est riche en joyaux et fertile en enaeignements
pUi.qu'elle fait connattre ~ ~!hoMmê sa patrie .es ancltre., se. an-
n.les, 1•• noa. des h'ros et 1.urbiogr.phi•••• "1 ; c'e.t une COncep-
tion analo. . qui pr.bide dans ie . T.riJèh·Al P'attash le choix de.
thèmes qui ~ritent d'Itre 'tudi's : ft Les .ctes des princes et des
gr.nd. de la terre sont l'une des choaes qu'ont coutumë"de raconter
....-. -. 2
le. philo.ophes et les grands docteurs " • Ce sont là de pr'cieux
sign.ux qui ~cl.irent 1. propen.ion de. chroniqueurs l faire l'iMp.sse
sur toua les sujets dont l"voc.tion trahirait leur sensibilit~ • Les
.formule•••, " All.h sait mieux que per.onne ce qu'il .n est ou ••• la
.ulte de l'histoire .er.it longue à conter ••• " sont de pr~cieux
~l.AI '
'.
--
• .
•.•
d~tours que les chroniqueurs empruntent volontiers pour ne pas se
eontr.rier.
Cela ne le. empèche p•• pourtant de faire preuve d'un
.ena critique remarquable :
'" .
1. SADI (A) • Tarikh Al Sudan • Traduction française O.Houdas, 3e Edi~
Paris, A.Maisonneuve, 1981, P3 -
2. AI.MukhtaGret Kati (M) - Tarikh Al ~attash fiakhbar ouI djouyouch ••.
Texte arabe et trad. fra~se par O.Houdas et M. Delafosse, 3e edit-
Paris A.Maisonneuve , 1981 - P9 -

u.
Confront.tion de plusieurs versions, .ppréci.tion tr~. prudente de
cert.ine. ln!ormations, m.is .ussi souci d'objectivit~ ou plut~t
cr.inté d'encourir la colère divine en donnant dans des constructions
pur. .ent fantaisistes. Le Tarikh Al Fattash l'exprime nettement apr~s
les P~9~8 consacrées à l'histoire du Mali.~. puisqu'il s'en f.ut de
peu que 1. MAjeure partie des r~cits qui pr'cèdent ne soit .e",on-
~re ,.Noua en ~andons pardon à Dieu le tr~s h.ut - Seigneur .oit
lou' et glorifié J Je d'cl.re qu'il n'ya d'autre divinit' que toi, je
te ~ p.rdon et revie~. à toi ••• "" Cette cr.inte r.vJrenclelle
e.t un g.ge s'rieux de'"fid~lit~ dans la relation des 'vèn. .ent. et
de retenue dan. toute propen.ion .u gonflement des faits • C'e.t une
donn'e fond. .ent.le pour 1. critique interne du T.rikh .ame .i rien
ne perMet de dire qu'elle . . retrouve ~un bout A l'.utre du text~
t.nt sont divera le. styles et probablement les signatures •
La mime pesanteur islamique doit Itre consid'r~e pour
expliquer 1. r'qularit~ avec laquelle le. périodes de trouble. ,011-
tiq~, de rebellions .rm~e. et de C.l.mit~s n.turelle. font suite
.ux époque. de stabilit~ politique, de fertilit' qua.i 96n'r.le voire
de fécondité ~ucelle plu• •ccentu~e ; celà donne un r~cit historique
.vec de. s6quences de prosp~rit~ et d'hostilit' t.nt de. ha.mes que
de 1. nature et qui s'interprètent
ca..e autant de .anife.t.tion.
de 1. colère divine contre tous ceux qui tr.nsgressent . . . ordres ou
re~u.ent le comaandement dés d~positaire. de l'.utorit~ •
La pe••nteur négro-.fricaine s'y ajoute et peut~tre
d~cel~e une foia l'éponge p••••, sur le vernis islamique; la d'fi-
nition du t . .p. permet 4e constater de. paramètr. . très expressif. :
inondations, inv••ionlde. rats, .'.--res•• durables ou ~pidémies • Le
teMpS est de ce point de vue plus qualifi~ quequantifi€;
1. te~ique
est propre A un circuit culturel bien pr~cis, ce qui explique qu'elle
ne soit p.sperçue comme tel par des historiens prompts à voir du d4-
sordre et de l'inc0h4rence dans tous r~cits n'~tant pas conçus selon
leurs cat'gories : c'est le cas d'Yves Urvoy qui contient à peine sa
d~ception fac.-/ce qu'il nomme des récits pulriles qui parsèment le
texte des chronique. d'Agadèz •
1. Thomas (L.y' " TeMps mythe et histoire en Afrique de l'Ouest" In
Présence Africai~~, n039, 1961, PP 12-68 •

13 •
Les chiffres qui apparai.sent dans les Tarikh posent sou-
.' .- , .' ~
vent de.,.problÀ__U
du _1II6rIo ordre.; il •. ont .<lans les repr'sentations
... _....
-_........ _..
n4gro-africaln.is~·iJne signification 'sot'rique : le chiffre 4 peut
s~boli.er la femme, le chiffre 3, l'homme alors que 7 renvoie à
un pr1nctpe d'infinitude ou de pl'nitude • DMS c:ea~CUftditions, ces
chiffres . . prAt.nt difficilement au trait. . .nt cart'sien que tente
Zûarl Dr. . .n1~ nsi fo•. l ~pos d., 7017 -Vll1·a~..... re.pertori's par
.
.~
Sadi dan. le paya de J~an' ; il leur aff.ete l'indice 100, repr'-
sentant la .oyenne d'un village type Son9ha)'et obtient 707000 hàbi-
tant.:-·. le ~eul Jenneri • Celui-ci constituant le 1/8 du Songha~
le peupl. .enttotal "de la partie vlt.Ür d. i '_pIre de Gao" est
...
:"
. ' .
. . . .
r . .
......
_
~
4 -
_
. .
~. -. , ' . :


' •
• st!.'e' "Il" 5 .600~OOO habi tanu au XVIe'. ;'t";:\\tita&-ti"Ment d'bouche
sur 1. niveau d'Isl. .isation au Songhay ~1
,_ :.,ee. hypoth~ses paraissent un peu forc'e. ; il ..rait plus
.
,
~
.
prudent de voir dan. l'agencement des chiffre. 7D~~ un indice d'im-
...,.it' d'autant que la tradition"
,·.t dont. se r~cl. .e Sadi en
-
..
r · ·

u•• ppurt~.ndre une notion de grande~r inac•••ible ll l'entendement
f,,<
,,,
huaain ~ c' •• t l . ca. du ver.et 29 de la Sourate de la Vache où il
,
"
e.t qùeatlon ae cr4ation de, 7 cieux •
r-:-," . ., •
.
.-
~
. ~. supports id~logiques ~o1'{~n~~f~ife l'objet d'une
atten~~on.sout.ftpe quant on traite des .t.s~iques des Ta+ikh ; c'e~t
....
.
.
.
.
ce qu~ ~e~~rt de l'analyse consacr'e à l'examen des force. en.pr'-
.enc.I~.~1'ONDI81 (1.591) • 12500 Cavaliers et 30.000 fant_in,
d~ .prls Sadi, 18.000 Cavaliers et 9-700' fanta.sin. selon le "attash •
Sans pr4tendi-e"discuter ces chiffr.s, 11';;convlèAt de. r_arquer que
de no.bre~x l~~teûrs s'opposaient à une-t'lie :mS61l1sati~n à la fin
du XVIe .1~cle.
Le'nOmbre des exp'iitions et i'aliüte qu'elles revAtent
depuis'1SS2 r-e'sè"prêtaient pas à de~' r'èrûf.ftt.,n~s'dànl·l'arm'e •
-
.
'!~,
Ensuite, la régionalisatio~ d~s PQuvoirs assortie de la
constitutlon d'~rm'.s privées, réduisait d'autant les chances d'une
mobilisatlon au centre • Tout laisse penser que ces statistiques
ont 't'artificiellement gonflées pour faire ressortir l'. .emplarité
de la vengeance divine qui permit à 3000 soldats exténu's par la
travers'e du d'sert de tailler en pi~ces-les dèàètndants de l'Askya
.. r
Muhammad tè qui torpill~rent l'héri~age d'~n ancètre qui fut très
attentif 'à' la c~use des intelle~tuels:'
1.Zakari' Dramani (Il t Paris 1982 t P154

14.
L'étude critique du Tarikh Al fatta.h s'est développée depuis
le. r . .arques de~élix Dubois, infora' au XIXes. des traitement.
subi. par certaine. copie. du d.ocu_nt et cherchant & .Gecréditer
l'apparition au Macina du 12e Calife. Duboi., J. Br~. HunwicK.
~zlOn' et Madina Ly Tal~ ont pou••' la critique confirmant la
..anipulation dOe
à deux voire trois auteur• • t· Ce• 'critique, ~nt
1
h
101n d 9 avoir 'lucidé toutes les contradictions du texte 1 une re-
t
lecture • .'iMpo.e donc et aurait int'rlt·' '.9 pa. 'vacu. . la critique
lnterne au protlt d'un d'pi.tage .y.t'-ati~ de~ contradie~ion.·que
vivait la th60cratie . . .lftaftk4 au XVIIIe • et que le. intellectuel.
.
;.,
,
~ ..
-
attach4. awc servic•• de Maclou Sethou ont gli.s' dan. l'original du
ratt. .h pour leur donner une con.i.tance historique expliquant leur
....-
perdura tian dan. le .y.t~~ .acinant' •
ce travall tirerait les meilleur. profit. d'une collabora-
tion entre h~.toriens et arabi.ants en tenant compte dé. progr~.
r'altaés en iinqui.tique • La mi •• au point faite par M. Abbe et
Mohammadou E. lai ••e présager l'avenir d'un tel travail; il. remar-
quent que l '·allu.ion au Yetlen . i fréquent. dan. 1•• Tarith ne peut
Itre r'duite au .eul be.oin d'identification ~ l'ascendance qurays-
2
hite ..ai. renverrait ~ l'antique pays de 'l'am •
Le Tarlkh Al Sudan est l'oeuvre de Sadi, aucce••lvement
notaire et i . . . d~• •o.quées de ~enné et TOmbouctou en 1627 ; il
occupa d'i.portantes responsabillt'. dans l'admini.tration .arocaine;
il perp4tue le. . . . . . di.positions hagiographique. résultant d'une
profonde nostalgie de "l'&ge d'or" des Askya Muhammad le et Dawud •
Le texte de Sadi pose à son tour des problèmes de compré-
.
hension ; la .TOpenr-ie
y est fort incertaine, une mIMe localité -
, supposer qu'elle ait été correctement vocalis~- est désignéa de
diff'rente. façons par les Mandf, le. M.raba ou les Arabes; c'.st
le cas de Is.a Bongo , Ra. El Ma pour l.~ Arabes, de Ra. Es Sirln,
1.BRUf1f (J) "Notes .ur le Tarik.... al fattash-" In Anthrops,1X,I914,
pp 590-596 -~HUNWICK (J.6)"Studies in Tarikh al fattash. Its . .thor
and .Iextual history" In R.B.C.A.D
Ibadan, 1969, vol V, n01-2,PP57-65
LEVTZ10N (N) "Muhammad Kati fut-il l'auteur du Tarikh al fattash"
In BIFAN, T33, B,no4,
I971. P 665 - ~74.-
LY (M.T), Quelques re.arques sur le Tarlkh al fattaah" In BIFAN,T34,
8,n-3, 1972 pp 471-492 -
2. ABBO CM) et MOHAMMADOU (E)- " Un nouv••u manu.crit arabe sur
l'histoire du Mandara" In Revue Camérounaise d'histoire, 1, Oct.1971.

Mis pour Oioundé Bongo ou Oyindé Bongo, localité située près de
l'embouchure du lac Fati • Il s'agit pour la plupart de villes étapes
leur animation économique dépend des Jula qui ont l'habitude de trou-
ver un 'quivalent mandingue aux centre. commerciaux où ils sont im-
plantés •
Des confusions parsèment .ussi le texte de S.di ; le
prince Mouss. est recensé à la page 119 p.rmi les compagnons de péle-
rin.ge de l'Askya Muhammad en 1496 - 1498 ; aIlleurs, S.di lefaft
1
.
n.!tre d'une union de l'Askya .vec Dj.r. K.rb.nké,·
r . . .n6e de l'ex-
pédition du Borgou qui survint 6 .ns après le pélerin.ge f: De tels
"..
~
travers sont difficiles à 'viter quand il s'.git des Aakya ; 21 des
37 fils de l'Askya Muhammad le se part.gent 7 groupes de prénoes :
Muh. . . .d, Boukar, OUMar, Ousman, Ali Souleymane et Houss. - Sur la
liste des fils de Dawud, 28 prénoms sont recensés dont seuls 3 ne
renvoient pas à une consonn.nce isla~~e • Ces choix qui ne sont
point gratuits nous paraissent intègrer un système de parainage sur
lequel nous reviendrons en analysant la dyn.mique de. rapports au
.ein du groupe dirigeant .ous l'Aakya Oawud -
b/ Le, Réponses d'Al Maghili -
Les réponses apportées aux questions posées par l'Aakya
Muh. . . .d le ont été utilisées dans cet es••i
; elles ont l'intèrtt
de rev'ler des pans de la vie quotidienne qui sont inconnus des
T.rikh • La septi~me question permet ainsi de douter de 1• .aralité
que S.di .'efforce de situer sous l'Askya Muhammad le • Les Réponses
d'Al M.ghili montrent aussi les projets que l'Askya mOrissait contre
les ét.ts musulmans voisins • La traduction qui nous a le plus
t
retenue est celle de l'arabisant El.Hadji Rawane MBAYE ; ~elle de
Cuoq est plus sèche p.rcequ'étant élaguée des arguments juridiques
développ'es p.r le faqlh •

1
Outre ~l Maghili,
l'Askya Muhammad multiplia ce genre de consultations
.~
~a
pour rester conforme aux exigences delch.rge mais aus.i pour courir le
moins de risqu. . , tant les décisions à prendre étaient lourdes de consé-
quences • Le'rattash fait ainsi état des recours adressés au chérif
El Habib de la Mekke et Abderrahmane As Soyouti ; c'est après les avoir
suffisamment assimilés que l'Askya règlementa les' unions matrimoniales
avec les 12 "tribu. serviles" hér1t'-, de Sonni Baro •
- .
Il f~t .ignaler une autre relation assez voi.ine des
Réponae. ; il .!agit de' consultations que des Tuatiens intére••és au
trafic d'esclave. au Soudan adressèrent en-I6IS à Ahmad Baba alors as-
signé en ré.idenc~ à Marrakech • Elle comporte une liste de populations
susceptible. ·d"tre vendues ComMe esclaves; nous n'avons pO les utiliser
par- peur de donner dans des identifications hasardeuses .2
cl Les chroniques d'Agadèz -
Ces chroniques livr4nt des renseignements utiles, elles
......

, .
T
.~
_
't
~.r --.
proviennent des archives de. sultana de l'AIr et se composent de manus-
crit. avec de. li.tes de sultans remontant au XVIe siècle • Le manuscrit
D recense 69 noms ,de souverains et permet de corriger la tradition qui
3
devient inutilisable à partir de 24 souverains • C'est là un précieux
éclairage sur les limites de la mémoire collective d'un peuple au moment
où la tentation est d~rMais trop facile de remonter le cours des siècles
sur la ba.e de. seules données de la tradition orale sans un appareil
critique renouvellé •
Ces manuscrits ont été collectés par~ves Urvoy ; l'ad-
minsitrat~Anglais Palm~ s'en est procuré un exemplaire à Sokoto où
les souverains les tenaient à la disposition de quiconque doutait de
leur légitiMité •
1. VAnJA (E) "Un traité maghrébi-n Akkam Ahl al dimmi du Shaykh Muhammad
b-Abd al Karim al Maghili" In Etudes d'Orientalisme dédiées à la mémoire
de L. Provencal- Vol 2, Paris 1962, P 805-813 •
2.LEYS (E) "Esclavage et guerre sainte" In Bulletin de la Réunion des Et.
algériennes, 1900 T II, PP 125-151 et 166-189 • *
3. URVOY (y> "Chroniques d'Agadèz" In Journal de la Socièté des Africa-
nistes, T I V, 1934, PP 146-147 •

B/ Les Sources Arabes -
1%.
'a) Jean Lèon .'Africain •
~
lA. sources arab.s qui couvrent la p~riode.t la r~gion se
limit.nt A Jean Lèon 1"Africain; il a paru indisp.nsabl. d. 1. rat-
tach.r A une longue tradition arabe reprodui••nt des .chéMa. très
anci.n. - J.an Lëon l'Africain s. défend de p.rp~tuer la déMarch. des
960graph•• arabes en .e départissant d. "l' . .belliss. . .nt d•• parol.s
. t de l'orn".ntation du langage ••• " ; il .uffit pourtant de le suivre
pour not.r la fid'lit~ av.c laqu.lle il reproduit le modèle de se.
pr'd4c••••ur. ~~O'ai v.u-écrit-il en d~crivant la cour d. Bornou - que
toat 1. harnachement de ses chevaux, etriers
eperons, brid•• , mors,
tout est entièrement en ,0 r • Les .cuelles, les vases dont il (1. roi)
se sert pour manger et pour boire sont pour la plupart en or • Les
chaIn•• des chiens sont toutes .n or
fin ••• "1 On croirait lire les
lignes que Al Bakri consacr. à la cour du Ghana cinq siècles plus t~t ••
"Devant la porte de la coupole, des chiens de garde qui ne quittent
jamais le roi sont orn~s de colliers d'or et d'arg.nt garnis de grelots
d. . . . . -'taux ••• ft • La perduration de ces r.prises s'explique par la
place qui leur est fait. dans le langage encyclop~dique et qui justifie
la t.ndance t prendre telle ou telle donnée comme un article de cette
connai ••ance livrable sans aucune mise à jour .2
Le propos de Leon l'Africain n'en reste pas moins fonda-
mental ; il comble le sil.nce de ses devanciers g~n~ral. .ent très
.
vague• •ur ce qui se d~roule au delà de la boucle du Niger, l'occasion
lui ayant ~t~ donn~e de participer à des échanges commerciaux • Il
permet en plus de serrer les Tarikh : là où le Fattash d~crit un pays
favorisé de Dieu par la richesse, la f.rtilité, la paix et la pros-
périté ~ Lèon L'Africain observe que c'est à peine si l'Askya laissait
à ses sujets de quoi .ubsister tant sont lourds les imp6t. qu'il leur
faisait payer."
Le texte de Léon l'Africai~ se prite par a!lleurs à une
ébauche de démographie historique, de nombreux passages permettant
l'.squisse d'une pyramide des âges du Maroc dans la première d~cennie
du XVIe siècle ; il y'aurait aussi des éllments à glaner pour une
meilleure compréhension de l'architecture Soudanaise du XVIe siècle.
1.Jean Leon L'Africain - Description de l'Afrique du Nord-Nouv.edlt.
de l'Italien par A.Epaulard et annoté par R.Mauny,T.Monod et B.LHote-
Paris, Maisonneuve 1956.T2, P 481.
(9
2.MIQUEL CA) Comment lire la litt6rature géographique arabe du Moyen âge

..
'
:.":
bl Les sources marocaines -
- Elles sont plus tardives mais comportent des renseignem.nts
sur ~'_Songhaj • Il s'agit d'Al OUfrant,l hi.tori.n officiel de la
dynasti.- S•• "di.nn. qui fournit l'essentiel de ce que l'on sait s~r
1•• p'ri~ti.s d. la conquite marocaine de 1591 •
Al Zayyani insiste plus sur les prétentions Califales .xpri-
.ées par Al Mansur dans ses échanges diplomatiques avec le Mal
Idris.
du Bornou ; noua avons utili., 1. texte traduit par M. Roger Le Tourneau
et pr'~ent' par L.Mougintet H.Hamburger •
C.
s_
Le. SOKc,,, ..ERri,n,.
al Malfante et les Portugais.-
C.ll•• auxquelles nous avons .u recours s. composent d.
relation. d. voyag.s, de valeur in~gal. parc.qu. datant d'époque. aussi
2
vari'.s que 1. XV• • t le XIX. s. Il s'agit d•• témoignag•• de Malfante
fix's vers 1447, à partir de "l'observatoire du Tuat" auxquels ont ~té
ajout~~s les r.lation. des Portugais ; ils dr.ssent à des int.rvalles
réguli.rs 1•• pot.ntialit's du littoral africain et d. SOn hint.rland
grâce .ux contact. établis avec l.s marchands qui sillonnent la ~Séné­
~J:.
La p'nurie de sources nous a oblig~s à ratiss.r larg.
~n. c. do.ain. en accordant autant d'importance aux auteurs qu~à
l'instar de Ca Da Mosto vécur.nt en S'n'gambi./qu'aux autres ayant
conf.ctionn' l.urs d.scriptions dan. l.ur. cabin.ts • Nous n'avons pas
cédé à la t.ntation de les 'carter car les t'moignag.s oraux utilis's
dans l.ur. r'cit. sont d. pr'ci.ux instantan'_ d'une p.rception qui
pourrait 6tr. celle d'une 'lite intellectuelle : un catalogage plus
exhaustif de c•• diff'r.ntes formes de relations à l'autre s'av'r.rait
du plus grand ~.~ pour d'cr~ter la part des repr'sentations col-
lectiv•• dan. c•• récits de voyages •
O. Ca Da Mosto à Juan Barros, les auteurs Portugais
consultés évoquent plus ou moins longuement les facteurs de désint'-
gr~tio~ d~s formations Sénég.mbiennes et laissent entrevoir l'impa~t
lointain d.s ••••is d'expansion Songh~ en direction d. l'Atl.ntique •
1. Al Oufrani,
Nuzhat al Hadi bi Akhkar al Huluk al qarn ou histoire
de la dynastie Saa dienne au Maroc (1511-1670) Ed. et Trad. par O.
Houdas, Paris, Lecvux, 1888-1889, 560 pages _
2. Nous avons utilis~ la traduction de M. de la Roncière avec une
appréciatior prudente 1es iden~ificatlons qu'i i propose-voir. La
d~couverte de J'Afrique au Mnye~ AQe • Car'ocraohp5 e" exolorateur~-

19.
Le. "action. "ft .chaine qui. 'en.uivent œ-inent la pr_ilare lIOitila'
du XVI•• : reMOUS politiqu•• dan. l.s -royaUM••" Wolof, pulv'ri.ation
de. pouvoir. au Mali avec consolidation de. pouvoir. périph'riqu••
de MOin. en MOin• •0UMi. A Niani •
Le. ~urc•• portugai••s sont loin d"tr. liMpid•• et
r.produi.ent d.s topiques g'n'ralement plaqu's sur d.. populations
inconnue. ou d'un abord difficile ; c'est le cas de Duarte Pach.co
Per.ira qui fait porter aux Toom une t'te, d.s corn.s des queu"
c~ l.s chi.ns •
.b/.Rapports des fonctionnaires angl.is et français
Il s'agit de rapports très d'taill's dans le style de
Malf.nte, envoy's au XVIIes par les fonctionn.ires franç.is ou an-
glai. à l.ur• •andatair.s • Au titre des docum.nt. d'archiv.s fi-
gurent 1•• correspondance. qu"changèrent Al Mansur et Elisab.th I
d'Angleterre; ell.s renseignent sur les potentialit's du Soudan
Nig'rien que le S.aJdien aimait comptabiliser à la v.ille du coup de
1
1591 ; le. travaux de Henri de Castries ont ' t ' utilis's •
c/ Relations de vOYIges du XIX • • -
Ce sont des r.lations de voyages et d'explorations
effectu'lDau XIX. silacle ; l.s r'alit's qu'.lles observent .ont très
proches d. celles des sources locales. Cornevin l'a bien compris
qui a••i.il. les convois de marchands rencontr's par Ren' Cailli'
dans son p4riple Soudanais du XIXes., A ceux que Jean Lèon l'Africain
a crois" sous la direction de Wangara, de "araba et de porteurs
arm's - Mai. de lA A conclure que' "la vie quotidienne du Soudan
Nigtrien ~crite par Ren' Cailli~ du·milieu du siècle dernier est
la m~me que celle do~nous retrouvons l'image sous la plume'
1
==-
1. Castries (H.de) Agents et Voyageurs français au Maroc 1S30-166o-Paris~
Leroux, 1911, 103 pages. Voir aussi: Sources inédjtes de l'histoire du
Maroc • Première Série dy'nastie SOQ dienne •

20.
d'El Bekri ou de ~on l'Africain ••• ,,1 il ya un pas que l'on ne peut
franchir .an. tenir compte de tous les bouleversements survenu. entre
le. XVIe et XIXes.
Ce. mutation. d'clenchent des mesures préventives identiques
.ai. difflcil. .ent a••imilables : d'une part, une pression fiscale déli-
~r...ent choi.ie par les Souverain. du Soudan central et soutenue par
une pratique _ilitaire très rigoureuse, d'autre part, une cha.se à
l'~ qui cr'a à partir du XVllles une psychose telle que les mar-
chand. durent con.tituer de véritables compagnies de protection pour
1..
leur .'curi t ' • Que
riactlon. conçues, par les victimes de ces exac-
tloft• •~ent ~,~qu•• r •••.embl.nc•• ne .uffit pa. , l i•• a••i.i1er : .lles
~l~t de -'canl.... propr•• qui dol.-nt Itre ••i.l. dan. leur d'rou-
leMent 'et replacés dans leur ambiance respective •
De. observations du marne genre sont possible. à propos
de l' . .ploi que
Mauny fait des produits rece
r Felix Dubois
\\\\A
4/'\\1
entre Tombouctou et Jenné : au miel, au ri ~
,
ê
a connus sur ce
o
tronçon commercial, il ajoute les barres
~ ~~~e.
ne peut compta-
bili.er parmi les trafics pratiqués au X
.• ~
rition participe
; .
aux XVIIe et XVllles) de l'invasion des m "" 19/,9 s ca .\\\\~r.
par les produits
de la Manufacture européenne; l'arti.anat
mQaW
e golfe de Guinée
nett. .ent submerg' par cette inva.ion, ce qui en ajoutait aux causes
objective. de la rupture entre les Portugais et leurs partenaires afri-
cains • Il ya beaucoup à attendre d~recherches archéologiques pour
faire le point sur l'existence probable de barres de fer dans le Soudan
Nig6rien aux XVe et XVIe siècles •
Enfin l'ambiance qui couvre l'organisation des explo-
rations peut avoir une incidence .ur la fixation des réalités ; Barth en
est très conscient puisqu'il note que " •• tout auteur qui s'efforce de
tirer de l'obscurité, les âges passés d'une nation sans écriture et de
présenter au public (européen) fat-ce le plus élèmentaire croquis de son
... _..
---_
"'......--_.,...- -..,..-".........
.......
.......
'
'.
-t.. Cornevin' .(R) Histoire des peuples de l'Afrique Noire-Paris, Berger
Levrault ,1960 P 11-12

histoire, aura à lutter contre le puissant préjugé de nombreux critiques
qui ont coutume de refu.er foi
à tout ce qui ne peut faire l'objet de.
l'enquite la plusstricte •• "1 On pouvait dans ces conditions se permettre
de l'gers amênagements au goQt du jour .'ils devaient activer l'obten-
tion de nouveaux cr'dits pour d'autres missions. Ces t'mo1gnages n'en
.ont pa. Moin. int'ressants, leurs auteurs f_i.ant preuve d'une grande 2
minutie parceque se croyant investis d'une t'che l
haute port'e civique.
dl Le. travaux ethnographiques -
Le dernier MOt de cette pr~sentation des .ource. est .consacré
aux travaux ethnographiques auxquels on a forc~ment recours quand le
. .t'rlau.r: eat .\\l••i pr'caire •
-
"-
._---------- .. _-~.. _-_.
'Lee travaux des fonctionnaire. de l'adMini.~~ation coloniale
Sont d'un a~t eonsid4rable ; ils sont conçus avec rigueur et livrent
des enquAtes et des monographies indispensables à l'ex~cution de. pro-
jets de la. colonisation •
Apr~s les travaux de Yacbuba Duppuis, Loui. Desplagnes et
Maurice Delafos.e, un traitement plus exhaustif commence dans le pays
Songh~ avec Jean Rouch et Boubou Hama entre autres ; ces contributions
sont d'une valeur r'elle.à condition d'être élaguées de tout ce qui
rel~ve de pr'occupations passionnelles • C'est le cas de Jean Rouch
prompt à jetter l'anathème sur l'Islam accusée d'être re.ponsable de~la
~
honte et de la défaite SonghaI~. Boubou Hama n'est pa. en reste; il
lais.e fuser .es engagements personnels qui rajaillissent sur un Sonni
Ali Ber, premier ~lonnle~
de la r~unification de l'Afrique sous une
ma...e autorit' •
La dernière attitude qui n'est pas la moins perilleuse en
cons~uence .'thodologique a 't~ retrouv'e chez Kubbel qui fait de la
retrospective ethnographique, une base documentaire infaillible ; il
1. Clt' par Basil Davidson • L'Afrique ancienne • l Paris, Maspero 1973
P 19 -
2. Cultru note à ce sujet que "••• Les origines de notre empire africain
valent qu'on les étudie, ne fût ce Que par piété nationale •• " Voir- Les
origines de L'A.O.F. Histoire du Sénégal du XVe siècle à 1870. Paris,
Laros~, 1910
P 1 •
3
Rouch (J) "Contribution à l'histoire des Songha!" In Mem. de
l'IPAN, Melan<]!ts _~~.h~~,:. _O?c:. D,var 195~ p 2: -

22.
ju.tifie/sa,démarche en invoquant Karl Marx dans les hypothèses
JUt~t-ua~
, "
qu'il a ~~ en observant les aociéees .ntiqu.s ••••• Les b.ses
d. oett. aétho~ .e retrouvent d.n. le rythme très lent de dévelop-
p. . .nt de. aocllt4s Soudanaiae., dana le caractère .tagnant d. leurs
structure. aocia~es : le. rai.on. de cette stagnation a. revèlent
dans l'ensemble Atre celle que notait en aon tempa Marx au aujet de
l'Inde ••• "~, Le tour est joué c.r l'attitude est très commode .t
a4curi.ant d"voquer l'autorit' de Karl Marx pour •• permettre de
confondre de. ex~rience. COMplexe. et qui .éritent pour c.tte
raison d'être étudiées avec munitie • Le mAme auteur ne s'ambarasse
pa. de s'approprier les vues de pionni.rs de l'histoire .fricaine
tIIUl se plaisaient à faire venir de 1. méditerr.nnée tous les flux
de civilisation. Il s'y refère avec d'aut.nt plu. de tranquillité
que la carence de. aource. e.t un pr'cieux 'chapatoir., prompt
à
6tre 4voqué pour excuser lea construction. les plus invraisemblables.
Jugeon.-en ~ travers ce. mot. t.nus au 2e Con9~,rnternational des
Africani.tes, Dakar 1967 ••• Ce sont elles, (les Sociètés h.utement
~volu6e. d'Afrique du Nord)qui font apparaltre ce facteur puiss.nt
de l".olutlon .aciale et 'cona-ique du Soudan océidèrital qu"tait la1
la deaande perMan.nte et .table de i'or et dea e.clav•• , .archan-
di~~s~_'lnltialementn~ .trouvaient pas de d4bouché à l'int~rieur
de. Soci't'. Oue.t Soudanai.e. elle.,,"es n!
.------ =-=-'-:--:-:~~~:e---::----:::-----:-------~=
-.. Kubbel (L.Er"'Eftrpire'-"SonghaI, e.sai d'4tUde de la Structure' Soci~'_
politique • Moscou Edit. "Science" 1974, P 22 _
Pour une critique des théori.s ébauchées par M.rx sur les Sociètés
ori.ntales, voir RGbsbewn (E) "Apport de Marx à l'historiographie"
In OIOGENE n-64, 1968 PS4 _
t, Kubbel (L.&), "Le problème de l'app.rition des structures êt.:.-·
tiques au Soud.n occidental, In Congrès Intern.tional des Afri-
canistes - Deuxième Session, Dakar 11-20 XII, 1967-Paris, Présence
Africaine, 1972 P 40 -

23.
- -.----- - - - - - - - - - - - - - -
- - - - - - ----------
.-
c...t toute la probl~atique de la collaboration entre
hi.torien. et ethnologues qui est ainsi posée ; le concours de. uns
'tant indi.pe~.able aux autres, l'effort de tous doit tendre vera
la d4finitionde préalable. m'thodologi.ue. qui auraient l'avantage
de rejet ter le. approche. européo-centrique. et celle. qui relèvent
d'un nationali. . . étrlqu' qui nuit plu.qu·il ne rend service en
fait de pratique historique •
. .../.

PREMIERE PARTIE
L'EMPIRE AU CENTRE -
CHAPITRE l -François Ier 1515-1547, du rêve Imperial au proje-t,
monarchique -
AI L'infrastructure idéoloaique
S ·
.1 Le Roi d. ~r,nçe. 'Mpereur dans son royaume
L'élaboration du discours monarchique est de loin antèrieure
à François Ier
il convient toutefois de lui r.server un. place d.
choix eu 'gard à l"norme production intellectuelle qu'il. plus ou
moin. direc~nt inspiré. pour donner plus de -vigueur à son projet
politique •
En effet dès le XIVe siècle, les souverains français com-
m.ncent par s. préoccup.r à des degrés divers, du contrale de la di-
gnité iMp&rlale ; 1. faillit. des Hohenstaufen et la- crise de l'empire
qui .y.tt~ suffiSaMment terni
l'image de l'Empereur les y pr'di~­
posaient • C'.st 1. cas de Philippe le Bel dont la propagande a dO
coller au point de lui valoir ces mots d'un anonyme espagnol ••• Il est
Pape et Empereur • Tout le monde sait que le Pape compte pour zéro et
.
- . '
-
. - .
~c.
que le roi en use à sa fantaisie avec lui et avec l'Eglise ••• rois,
1
princes et s.ign.urs lui obeIssent comme à un empereur ... "
La guerre de Cent ans n'enlève rien à l'attachement français
à la dignité imp'riale ; elle continue d'6tre convoitée m'me si paral-
lèlement/la propagande officielle s'attelle à magnifier la royauté et
à la préferer à la dignité imp'riale • Le protocole s'en ressent net-
tement comme en 1378 au cours du voyage qu'effectuait Charles IV dans
le royaume ;' on prend 18 soin de lui réserver un accueil convenable
m'm. si le cheval noir qui lui est envoyé au lieu du cheval blanc réser-
vé en priorité à l'Emprereur/signifie la banalisation qui était faite
de sa dignité- Au .11ieu du XVe siècle, Charles VII annonce sa
1. zell.r CG) -"Le. roi. d. ~ranca, candidat. ~ l~. .,ir." I~ ~!U.
Hlstorlque T 173, 1934, , 297- Voir dans le .... s.n, Leroux ~A)
"La royauté françaiSE" et le Saint empire romain au Moyen Ag." In R~vl1c
Historique • TXL!X, 1892 •
..

candidature aux couronnes de Bohème et de Hongrie ; la convoitise de la
dignit' imptriale n'est pas étrangère à ·ses prétentions. Louis XI con-
finae la tendance en proclamant ••• "chomée la fite de Monseigneur Saint
CharlemaQne jadis notre pr'decesseur, roi de France" } C'éuit théori-
quement établirla jonction avec l'ancitre Charlemagne, qui était-ce
lebré au ma.. me.ent et dans etes termes semblables dans le Saint Empire.,.
L'aY~neMent de François fait monter d'un cran la contestation
de la .up~.tie de l'E.pereur ; le discours monarchique en.sort consi-
dérablement 'renfore:' - Dès 1517, le projet de canlldature ~ l'Empire mis
en veilleuse depuis Philippe Le Bel est réactualisé en mime temps que
toutes les traditions qui célébraient la force du pouvoir monarchique •
François 1er continue d"tre désigné comme tr~s chrétien "très serenis-

si.e roy et empereur de la sacrée monarcHe Gallicane •• " ; l'image du
Roi se précise et totalise de très nombreux caractères • Il devient
personnage sacré au sens religieux du terme, par une onction Sainte
pratiqu'e sur sa poitrine, sur et entre ses épaules et sur ses bras •
Ainsi, toute atteinte ~ la personne ou à l'honneur du roi est interpré-
t'e co. . . un véritable sacrl1~ge et puni comme tel • François 1er per-
"tue le pouvoir thaumaturgique reconnu aux rois de France : il touche
une ou deux fois l'an, les malades scrofuleux venus des quatre coins de
la rrance et souvent de l'étranger. Le 25 Juin a lieu la présentation
du souverain et son acclamation par le peuple .2
Dans le sacre, le roi passe un contrat avec la France et les
rrançais ; il s'engage l respecter le serment du sacre à oeuvrer pour
le bien commun pour assucer la paix, respecter les franchises et les
bonnes
coutumes, protéger l'Eglise
et
poursuivre
l'héresie.
1.Guenée (B) • L'occident aux XIVe et XVe siècles - Les Etats, Paris,
Puf, 1971 P 128 -
2. Bloch CM)
Les rois thaumaturges • Etudes sur la caractère surnatu-
rel attribué à la royauté particulièrement en France et en Angleterre
S~sbourg 1924 • Paris A. Colin, 1961
544 pages •

26.
\\
bl FrAncois 1er Chef de l'église de Fr,nce .pres le Concordat
de Bologne (1516) -
A l'endroit d~ l'Eglise, François 1er est aussi tribu-
taire des relations que ses prédecesseurs eurent avec Rome ; les
engagements exprim~s dans le serment du sacre l'obligeaient cepen-
dant à centr&ler de près la hiérarchie ecclésiastique en rédui.ant
la main ai.e du Pape ~ C'est ce à quoi .'était employé en 1438,
Charles VIII en promulgant la P.agmatique Sanction par laquelle il
entendait donner' l'église Gallicane de France son autonomie. Il
cherchait ainsi à obtenir l'élection des évAques et des Abb4. par
les chapitres et le. MOine., limitant les appels en cours de Ra.e
et su"rimer le. levées régulières d'imp&ts ordonnées _.ar le Saint
siège. Le but ultime de ces initiatives était de rompre avec la
prépondérance de Rome qui projettait ses propres querelles sur le
terrain français par le b1aia des nominations •
En 1511, Louis XD provoque la réunion d'un concile pour
dépd.er le Pape Jules II ; ce dernier réagit en réunis.ant un con-
cile général au Palais du Latran de 1512 à 1517 ; c'.st dans ces
conditions que se situe l'intervention de François 1er; il ac-
cepte en 1516 à Bologne, la proposition du Pape ~on X de r ..-
placer la Pragmatique de 1438 par u~ nouveau Concordat • L'occa-
sion était trop belle pour le roi d'affirmer son autorité sur une
institution qu'il ne contr&lait pas et dont le. intèr6ts n'étaient
pas le. siens • La. papaaté y trouvait aussi son compte, car le
,
Concordat rétablissait l'Eglise de France dans une obedience spi-
rituelle plus stricte à l'égard du Pape. Ce dernier obtenait une
garantie contre le schisme et intére.sait le roi très Ch'~tien à
la défense de l'Eglise; l'esp6rance n'a pas été trahie car François
1er expliquait en 1519 son engagement à briguer l'Empire par
"son grand désir d'~tre utile à la chret1en~é" .1
François 1er accueillit l'offre avec empressement
car il devenait ainsi le maitre incontesté de l'Eglise Gallicane;
le Roi ne tarda pas à mettre en application le Concordat sans marne
1. Lévis Mirepoix (duc.de) François 1er- Paris Amiot Dumont,1953
P 73 •

27.
attendre que l'Université et le Parlement l'adoptent: il réus.it
ain.i à ~r durant son règne 182 év'ques • François 1er ne s'embar-
ra.sa plus de convoiter l'autorisation po~cificale pour lever des
deci••• égale. au dixième des revenus des bénéfices ; les contraintes
de la_gu.rre et de. relation. internationales furent pour lui de.
alibi. de taille pour réclamer 2 ~ 3 deci.e. par an : le clergé a ainsi
ver.' au total plu. de I7 million. de livre. tournoi. pour une cinquan-
taine de deci. . . de 1516 A 1547 .1
Le Roi eut l'occa.ion d'affirMer .a fonction de Chef
unique et inconte.té de l'E9l1. . Gallicane. En effet, dan. le ,r. .ier
quart du XVIe .i~cle, l'Egli. . .ouffre en Prance de. MIMeS tare. que
dan. le. autre. co.po.ante. voi.inaa du Catholici." : un ba. clergé
médiocre, des réguliers tr~s rel'ché., des nOMin.tions episcopale.
incohérente., une .piritualité affaiblie, une recherche th~logique
bloquée au MOMent où s'exprime un brOlant désir de rénovation reli-
gieu.e • La fermentation de. esprits qui est prompte à découler de
telles situation., se lit à travers les exhortations des prédicateurs
mendiants qui ne ratent jamais l'occasion de contester la prédominance
des int'rat. temporels sur le clergé de France depuis le Concordat de
1516 •
Un mouvement d'idées se développe autour de LEFEVRE
d'ETAPLES (1450-1536) qui milite pour une compréhensian réelle d••
livre. Saints et une rénovation religieuse ; en 1525, il publie les
Epitres et les Evangiles commentées pour les 52 semaines de l'année
et .'attaque aux formes supertitieuses de dévotion, dénonce l'ab-en-
teisme des clercs et le. culte. rendus aUKsaints au point de faire
méconnaltre la pui•••nce inégalable de Dieu • Une telle effervescence
se produit au moment où les écrits de ~uther ont de plus en plus d'échO)
en France •
1. JACQUART (J), François 1er. Paris Payard, 1981, P 294 -

A p.rtir de 1540, la Réforme trouve s. voie d.ns les ensei-
gnements de C.lvin ; ses progr~s sont considér.bles au point qu'en
-
-~.
1550, il n'y .v.it que 1. Bretagne qui n'était pas touchéep.r- l'.cti-
vité des p.steurs formés à Lausanne et envoyés p.r C.lvin .-Les Com-
Mun.utés religieuses progressent à un rythme considérable ;?gompte en
1559, 34 églises que C.lvin et Bèze conseillent et instruisent ~
L· . .b••••d.ur d. F.rrar. rend.it compte en 1558 du phénomène .n ce.
termes: w••• Tbut Paris et m'm. toute 1. Fr.nce sont ~l.ins de luthé-
ri.ns <aic> • Si le roi n'y pourvoit promptement, son roy.ume deviendra
2
pire que l'Allem.gne ••• "
Fr.nçoi. 1er ne prit pa. fermement position dès les premis-
ses de 1. conte.t.tion, cr.ign.nt de se l.i.ser .buser p.r les subti-
lité. des théologi.ns d. la Sorbonne. L'influenc. d. s. soeur
M.rgueri ta.., de Nav.rf1Z. y est prob.bl.ment pour quelque chose ; elle
.ffich. s. symp.thie à Lefèvre d'Et.ples qu'elle reçut en 1529 • L.
riposte ne t.rd. p.s contre les" m.l sent.nts • " Le Roi ne pouv.it
dem.urer longtemps dans l'expect.tive dev.nt les inqui'tudes répétées
de la Sorbonne, celle. de 1. p.p.uté • Son .ouci de .'.ffirmer dev.nt
Ch.rles Quint comme l.g~.nt de l'unité d. 1. chr.tienté mais surtout
s. conviction que l'unité spirituelle était le meilleur gag.~':. de
l'unité du royaume finirent par entamer la retenue de François 1er.
L. ré.ction roy.le roy~l~ survint apr~s 1534, d.te à l.quelle furent
.fficher les Pl.c.rds • Les cours roy.les furent ch.rgées p.r l'Edit de
FOnt.ineble.u de Juin 1540, d'informer sur l'herésie, de juger; sui-
virent le. édits de Ch.teaubri.nd (1551) et de Compiègne (1557> qui
.ggr.vèrent les peines et firent de très nombreuses victmes à Paris et
.n Provence où le m.ssacre des Vaudois de Merindol survint en 1543 •
1. L. suite de c.s progrés fut la tenue clandestine du 26 au 28 Mai
1559 du 1er synode de l'Eglise réformée.
2. Bennassar (8) et J.cqu.rt CJ> • Le XVIe siècle. Paris, Arrn~nd
Colin, 1972, P 192 -

29.
La ,ull.ance et la cohérence du régime monarchique permirent
A 'rançois 1er de contenir assez t&t le flux protestant et de conjurer
les conséquences desastreuses qui en découlèrent aIlleurs •
8/ Les moyens de confirmer le pro1et monarchique -
a> Un Gouvernement central ~troitement tenu par le Roi -
L'effort institutionnel mis en oeuvre par 'rançois 1er pour
denner une con.i.tance au projet monarchique prolonge celui de ses
'réd.c••••ur., Louis XI et Loui. XII notamMent • La construction de
l'Etat 'troit. . .nt l i ' . A l'évolution dea relations de la rrance av.c
sea ,art.naires .uro,4en. , comm.nce effectivement aprls la paix de
CAMBRAI . t occupe la d.c.nnie 1530 -
1540 •
Jusqu'alors, la forme du pouvoir et les modalit~s de soh
exercice r~sultent d'une longue tradition où se retrouvent le droit
~odal, les souvenirs de Rome .t les efforts des légistès qui travail-
,l.nt de,uis le XIIIe siècle à ~tendre les pouvoirs du roi: En dehors
de. règles de droit public regiasant la succession, le domaine et la
couronne du roi, le reste de l'ap,areil l~gislatif repoae sur la coutume
le consen.us des notables et du peuple •
La constitution de l'Etat supposait donc un renversement
plu. ou moins fort de certaines traditions. François Ier est relati-
vement bien ,ré,aré à l'oeuvre car il est roi, plac~ au sommet de la
,yr. .ide de. relations f~odo-vassaliques et des d~penda~•• payaannes •
Il était aussi servi par le principe du sacre qui transformait en
.acril~ge toute remise en question de ses options • Les théoriciens
de la fin du Moyen Age reprennent ceux du XIIIe siècle 1 et achèvent
de dessiner les contours de l'absolutisme qui allait triompher
au
si~cle suivant : le roi est jugé suprème, Source de toute législation
et ,.ut à .a volont~ ~difi.r et transgresser .es propres lois car
1. L'Eglise y participa à sa façon comme l'atteste la décision papale
qui en 1213 interdisait à l'Université de Paris l'enseignement du sys-
tème juridique romain professé à Bologne et qui insist~it sur le trans-
fert aux empereurs germaniques des dispositions précedemment tenues
par Rome •

11 est au de••us de. loiS • En 1529, Barthelemy de Chasseneux n'énu-
mèrait pa. moins de 20a d~oits du Roi dans les domain.s les plus
divers •
Aux caractères royaux précedemment évoqués s'ajoutent de
nouveaux :
l'id'e i.P(rlale de pouvoir absolu, délié de toute. 1•• contingences
terre.tre., l'id'. de Roi hérolsé que ses vertu. placent à la t&te
du corps soeial •
Toutefois, des théoriciens conscients de la persistance
de la pens~e .édievale dan. la formulation du pouvoi~
royal,,~
posent des li_ite. qui n'att~nuent en rien la dimension surhumaine ~
du Roi; elle. ont au contraire l'aventage de la servir car sans ces
limites le pouvoir royal se confondrait à la tyrannie • C'est le cas
de l'~vlque de Marseille, CLAUDE de SEYSSEL qui exalte dans "La Grande
Monarchie ft (1519), une monarchie fraternelle freinée par des lois
divines, des lois positives, des privilèges des communautés et des
corps. En 1527, la mame conception est exprimée par le Président
Guillart : le Roi peut tout ce qu'il veut mais il ne doit pas vouloir
tout ce qu'il peut.
De proche en proche s'élabore l'id~ologie absolutiste
jusqu'au moment où l'idée s'impose qui permet au Roi de violer cou-
tumes et traditions, privilèges et lois existantes et d'ériger sa
volonté en règle .uprAMe quand le bien public l'exige. C'est sur la
base de cette conception que s'élaborent les efforts pour centraliser
les d~cisions ; en effet, le Roi étant premier serviteur de l'Etat a
des droits envers la couronne et les sujets • Il doit veiller à la
bonne administration de la justice assurer la prosp~rité de tous et
les conditions de leur salut~eternel • Pour atteindre tous ces objec-
~
tifs, le Roi doit en reférer des
hommes
. très écouté~en diplo-
matie, Antoine Duprat,
Je Connetable Anne de Montmorency et plu.
durablement
la reine L9uise de Savoie •
central
Le gouvernement/repose ainsi sur des personnage. clés:
le Chancelier, le Connetable et des officiers d. finances •
Le Chancelier est un magi.trat de haut rang ; vicaire
et lieutenant du roi, il peut sièger et juger dans les tribunaux •
Garde des Sceaux, il est seul habil:té à donner force exécu~lre .ua

'. ,
j
• •
actes du souverain; il peut d'aIlleurs s'abstenir de le faire quand
il juge les décisions royales contraires aux intérits de la chose
publique • Il a à sa disposition 120 notaires et secrétaires du roi
qui rédigent les acte. ; il est le seul officier à ne pas porter le
deuil à l·occa.ion de la mort du Roi parcequ'il repré.ente la perma-
nence de la Ju.tice •
Le Connetable est le lieutenant général du Roi pour toutes
les affaires militaire. ; ses responsabilités sont aussi d'ordre judi-
ciair.s : il punit tous le• •anqueMents à la discipline et à l·honneur.
Sa fonction •• •• t avérée dangereuse avec le renforCeMent d. l'armée;
aussi arriya-t-il qu'elle soit restée vacante comme de 1523 à 1538
apr4. la trahison de Charles Bourbon •
Quatre Secrétaires choisis parmi les Secrétaire. du Roi
pour i~ di.crétion et leur efficacité
~ mettent en forme les
~cisions du Conseil, préparent les dossiers et conseillent de plus en
plus le Roi • ~urs attributions sont précisées en 1547 : chacun d'eux
reçoit l'administration d'un quart du royaume et se charge des rela-
tions avec le. pays voisins de leur part •
Pour efficaces que furent le concours et le conseil de
ces proches collaborateurs, ils étaient nettement insuffisants pour
assurer au Roi une .-prise effective sur la gestion administrative du
pays • Il lui fallut avoir recours à un relais administratif qui
st avèra
trl!s op~rationnel •
b/ Un encadrement administratif bien serré -
L'administration du pays dépendait d'un corps d'of-
ficiers ; le Roi dut de plus -en plus solliciter le concours des Gou-
verneur. de pr.vinc~ pour éviter que son autorité ne souffre de la
lenteur quiaffecte l'exécution des décisions. Cette solution n·.n
fut pas réellement car l'absence de la cour permettait aux Gouverneurs
de constituer une clientèle locale et de renforcer ainsi leur position;
leurs pouvoirs furent révoqués en 1542 • François Ier utilisa plus fré-
quemment la commission par laquelle un officier royal était affecté
pour un temps, dans une région déterminée~l'exécutiond'une tlche
précise • Il veillait à endiguer les héresies, à contrÔler les

32.
décisions judiciaires et la bonne gestion des affaires ; le rapport
qu'il faisait sur l'~tat de. provinces était une précieuse somme
mise à la disposition du gouvernement central •
La réalisation du projet monarchique exigeait tant à
l'int~rieur qu'à l'ext~rieur, un appareil financier très perfec-
tionné ; François Ier r~ussit à s'en doter en rendant plus optra-
tionnelle l'armature de son pr~decesseur •
Les ressources ordinaires comprenaient le domaine royal,
les droit. seigneuriaux et les droits r~ga~iens •
Le. ressource. extraordinaires étaient constituées par
les imp&t. qui se composent de la taille, perçue directement sur les
roturiers dans les paroisses, de la gabelle et de nombreuses taxes
indirectes sur la consommation et les échanges •
En 1523, le Roi réorganise la machine qui gère les
finances : le Conseil du Roi remplace le collège des g~n~raux et
des tr~soriers ; de nombreux proc~s sont intentés contre les ,rinci-
paux tenants de l'oligarchie financière qui avaient dans bien des
cas faussé l'exercice du pouvoir royal: c'est le cas de Semblan~ay
exécut~ •
En 1542, c'est la cr~ation de 16 recettes g~n~rales
qui divl.ent le royaume en autant de gén~ralités dans le but de
r~gionaliser les op~rations et d'éviter les transferts de fonds.
Ces r~formes s'accompagnent d'un renforcement de la fisc~lit~ : la
taille triple de 1519 à 1559 • De nouveaux imp6ts sont cr~~s mais
ne permettent ,as de couvrir les besoin. ; le recours a de nombreux
exp~dients s'imposait dans ces conditions : vente d'offices, ~mission
de r~ntes garanties par la ville de Paris, emprunts aux banquiers •
Ces transformations ne pouvaient pas manquer d'avoir
des r~pondants sur un instrument de domination aussi précieux que
l'arm~e ; elle fit en tant que pi~ier conditionnant la réalisation
du projet monarchique, l'objet de changements profonds à l'instar de
ceux qui avaient cours dans les armées allemandes et ottomanes •

33.
L'armée comprenait le ban,l'arrière ban des compagnies d'or~
donnance et des francs archers auxquels furent ajoutées des compa-
gnies de mercenaires à pied ou à cheval •
Le ban et l'arrière ban sont des survivances féodales; ils
fournis.aient les contingent. dO. ~ar les vassaux directs et indi-
rects du Roi au titre du service d'ost; leur r~le déclina de plus
en plus et jusqu'en 1570 il n'y eut que 11 lev'e• •
Le. compagnies d'ordonnance étaient formées de gentils
hommes volontaires et servant à cheval ; ils diaposaient d'une
armure comprenant une grande lance et un pistolet • Ils devaient
se ~résenter en temps de paix aux "montres" chaque triMe.tre ~ur
la vérification de leur niveau d'entralnement et la qualité de leur
équipement. D'autres compagniess'yajoutèrent : un corps d'élite
faisant partie de la Maison du Roi, Cent Suisses, de$compagnies
d'archers écossais et des compagnies d'archers ~nçais •
Les francs archers étaient des fantassins recrutés parmi
la bourgeoisie et les classes ~,ulaires, chaque groupe de 5 feux
devant fournir un homme équipé • Leur effectif atteignait 16 000
relevant de 4 Capitaines généraux • L'institution fut supprimée en
1535 •
L'évolution de la tactique et de l'armement Mais surtout
les réussites répétées des armées imp&riales exigeaient le recours
aux mercenaires • Leur utilisation présentait de nombreux avantages;
il s'agissait d'unités sans traditions uniformes qui étaient pour
cette raison facilement polarisées sur de nouvelles stratégies. Ces
mercenaires servaientaussi à renforcer les ca~acités de l'infan-
terie et à supplèer
à la désagréable habitude des gentils
hommes qui n'acceptaient de combattre qu'à cheval • En 1552, il
y'avait à Strasbourg 4500 Cavaliers pour 32000 fantassins. La
proportion
des étrangers était considérable dans l'armée française:
en 1543, il y'avait 19 000 soldats Suisses dans le royaume ; une
ordonnance du 24 Juillet 1534 créait 7 légions de gens à pied de
6 000 hommes chacune pour conserver à l'armée un caractère national.

34.
Conclusion
.'
.Joua Prançois Ier, la monarchie~e.te à parfaire; le.
princi,aux ob.tacles qui en retardent l'accomplis.ement sent l'im-
mensit' du pays, la ~dicité des moyens, mais surtout la vari'té
des traditions politiques qui affecte plus ou moins durable.ent la
cohérence du tissui administratif • Le projet ~litique qui ,rend
forme au XVIe si~cle réaffirme des dispositions ~l·)~~t' constam-
ment entretenues depuis le XIIIe siècle : un engagement du Roi à
contr61er énergiquement la charge imp~riale ou à défaut d'y parvenir
à forger la~.inence de la royauté •
A l'endroit de l'Eglise, la propagande officielle devait
prouver que François Ier en dominait la hi~rarchie et que la pa,auté
n'exerçait qu'une influence purement symbolique. Les sujets de leur
c&te célébren~ dignité en l'embellissant comme le leur imposait la
sacralité de la personne du Roi • La propagande avait été apparemment
assimilée comme l'attestent ces mots de Joachim de Bellay ~••• On
voit beaucoup de rois qui sont grands d'ap,arence • Mais nul, tant
soit il~rand, n'aura jamais tant d'heur, de pouvoir à la votre
égale~~Sa grandeur car rien n'estap~i80ieu si grand qu'un Roi de
F
n1
rance •••
1. FrançGis (M) L'idée d'empire en France à l'époque de Charles Quint'
In Charles Quint et son temps - Paris, Edition du CNRS, 1959, P 34 -

35.
CHAPITRE II - Charles Quint et l'E.,ir.
Les rapports de Charles Quint ~ l'Empire ont fait
l'objet d'une controverse passionn'e dans l'entre deux guerres, a,rls
l'article que Peter Ras.ow consacra à ce thème. Deux positions se
.ont nett. . .nt distlngu'es en ces ann'•• de pre••ion nationaliste •
Pour l"cole all.-.nde r'unie autour de Rassow, Charles
Quint est un roi et fln stratège qui .e croit i"y.sti de la _i ••ion
de constituer un Empire par delà les cadres du saint Em,ire dans .a
facture du XVIe siècle ; elle insiste sur le poids de
.- Gattinara
dans le. de••eins de Charles QUint, le Cardinal ayant 't'un humani.te
admirateur des enseignements de DANTE et militant pour l'8Wène. .nt
d'un ordre universel à r'aliser par l'Empereur.
L"cole espagnole reprend Henendez Pidal pour constater
que l'influence de Gattinara a ét' très limitée; elle renvoie volon-
tiers au di.cours tenu devant le Pape le 17 Avril 1536 et par lequel
l'Empereur rejette toute pr'tention universelle .1 Vi 'cens Vives
conteste au.si les vues qui prAtent à Charles Quint des desseins
grandioses pour n'avoir pas trouv' une armature administrative suf-
fisamment hOMOgène pour leur donner forme •
Ces hypothèses d"cole se v'rifient avec plus ou moins
de profondeur à un moment où l'autre de la carrière de Charles Quint.
Il est po.sible de remarquer par delà ces deux positions que l'Empe-
reur a tenu un discours par lequel il voulait exprimer sa propond'-
rance sur les pouvoirs qui lui étaient contemporains : La papaut~ ,
le Roi de France, le sultan ottoman. Tout comme François 1er, Charles
Quint devait pour confirmer son projet exercer son autorité sur un
espace politique coh'rent • Il se rendit rapidement compte que l'una-
nimisme politique ainsi recherch'
était difficile à réaliser en
raison de la multiplicit~ des Etats a~ueù il s'.dressait et de la
1. Pidal (R.M) Idea impérial de Carlos V. Tercero édicion • Buenos
Aires - Coleccion Austral, 1948, p29- Voir aussi, "Formacion ~l pen-
samiento politico de Carlos V." In Charles quint et son temps; Paris,
Edit. du CNRS, 1979, PP 1-18 -

36.
vari't' de leurs traditions politiques ; .ussi eng.gea-t-il parallèlement
un e~t~rt .outenu pour inst.urer une unit' religieuse susceptible de
constituer une pièce de rech.nge et de servir de tremplin~ à .1. confir-
m.tion de .on projet politique • L'analyse de ces deux ess.is constitue
l'oss.ture de ce second ch.pitre •
AI Un empire difficile A g'rer •
~
La construction politique de Ch.rle. Quint ne corre.pond p•• ~
un Et.t centr.lisé comp.rable à celui dont 1. construction ' t . i t en cours
d.n. le roy.ume de Fr.nce dès le premier quart du XVIe s ; elle n'e.t
p•• non ,lu. une f'd'r.tion avec des compo••nte. .y.nt une autonomie •
On ,eut difficilement p.rler d'Empire centr.li.' dont les habit.nts
obeIr.ient .ux .ames lois. Il s'.git plut&t d'un jeu de construction
dyn.stique r'.lis' p.r accumul.tions successives p.r l'effet de mari.ges
bien concert's et de d'cès pr'matur's, aut.nt de conditions qui permirent
.
~
à Charles Quint de se d'signer d.ns un .cte officiel ••• Oon C.rlos, par
la grâce de Dieu, roi de.C.stille, de Léonrd'Ar.gon de. 2 Siciles, de
J'rus.lem, de N.v.rre, de Gren.de, de ~ez, de Valence, de G.lice, de
Majorque, des Indes occident.les et orient.l~ seigneur de Bi.c.Te· .....
Fil's de Philippe Lebeau et de 1. princesse Je.nne de
C.stille, Ch.rle. Quint n.quit le 24 F'vrier 1Soo à GAND; il 't.it)en
fils .1n' de Philippe Lebe.u ••sur' de l'h'rit.ge des H.bsbourg et de
1. Bourgogne. Du c&t' de s. mère, il n'y .v.it p.s d'h'rit.ges à es-
p'rer d.ns l'i. .'di.t c.r c " t . i t son oncle Dom Miguel fils du roi
Emm.nuel du Portug.l et d'Is.belle de C.stille, fille .1n'e des Rois
C.tholiques, qui ' t . i t l'h'ritier pr'somptif de 1. couronne de C.stille
et d'Ar.gon • M.is Dom Miguel mourut peu de te.,s .,r~. 1. n.iss.nce de
Ch.rles et •• mère en IS04 ; c'est .insi que 1. princesse Je.nn~mère
de Ch.rles Quint devint h'ritière pr'somptive des m.isons d'Ar.gon et de
Castille • Ch.rle. pouv.it esp'rer .jouter aux h'rit.ges h.bsbourgeois
et bourguignons, ceux de la Castille et de l'Aragon.
Son père mourut en ISOG et le ia Juillet IS07, les Et.ts
g'n'r.ux le reconnurent Duc de Bourgogne et confièrent 1. regence à
l'Empereur M.ximilien
l'héritage bourguignon s'étendait de f.çon
discontinue du Sud de l'Alsace jusqu'au bloc des p.ys autrichiens:
La Lusace, Carinthie et le Tyrol •

Maximilie~ délegua ses pouvoirs à Margueritte d'Autriche,
tante de Charles ; elle eut des problèmes avec la noblesse des
Pay. Bas qul~furent à l'origine de la fin de son raIe politique
Charles est nommé roi le 15 Janvier 1515 •
A la mort de Ferdinand d'Aragon le 23 Janvier 1516, Charles
est proclamé roi d'Aragon et de Castille le 13 Mars 1516 conjointe-
ment avec sa m~re dont la folie était officiellement reconnue •
Le 12 Janvier 1519 survint la mort de l'Empereur Maximilien;
si la succession de~ Habsb~revenait de droit à Charles Quint,tel
n'était ,a. le cas de la dignité iM,~riale qui 'tait élective. Sa
tante Margueritte pr'pare l'élection de Charles Quint encore retenu
en Espagne ; François Ier fut battu et Charles élu le 28 Juin 1519
à Prancfort empereur d'Allemagne, Roi des Romains. Il était arché-
duc d'Autriche et protecteur de certains états italiens sur les-
quels son influence fut constante au XVles. : le Milanais, Gines
et les états ,entificaux • Il .avait acquis par
'héritage la Sardai-
gne (1323-1326) le royaume de Sicile (1409), celui de Naples (1504)
et commandait alnsi une immense concentration territoriale sur
laquelle "nunca se ponga el sol", le soleil ne se couchait jeais •
Cette situation se traduisait par un tissu. adminis-
tratif bizarement constitué '; l'action politique en était durable-
ment affect' • L'empire était morcellé en territoires qui n'étaient
pas toujours d'un seul tenant ; c'était le cas de la Franche Comté
séparée des Pays Bas par la Bourgogne et que Charles cherchait à
récupérer parcequ'ayant appartenu à· son ancitre et grand plr~
Charle~ ie Temé raIre • On S texpl1queen :.>artie pourquoi il n 'y eut
pas de capitale fixe où si~geaient le roi et le Gouvernement : la
procédure de l'administration itin'rante était donc pour l'em,ereur,
le moyen de coudre ensemble ces différentes composantes et de faire
sentir sa présence de près • Charle. Quint eut aussi recours à des
délégations d'autorité pour serrer un espace aussi énorme. De
nombreuses personnalités furent ainsi associéRJà la gestion de
l'empire: ce fut le cas de Ferdinand, son représentant permanent
au Conseil de regence qui reçut en 1522 à titre de gratifications
les territoires autrichiens des Habsbourg • Quatre années plus
tard, il héritait de la Couronne de Bohême et de Hongrie apr~s la

38.
mort de son fr~e le roi Louis tué à Mohacs .LCes acquisitions ne
firent qu'accroltre l'amertune en Allemagne où l'on était convaincu
que Charles Quint bradait le pays : on y reviendra .'
f
L'empereur créa de nouveaux conseils qui vinrent s'ajouter
à ceux qu'il hérita des Rois Catholiques. C'est le cas du Conseil
d'Etat, institution chargée de diriger la politique extérieure du
pays ; elle en tirait un caractère international • Il s'agissait
d'une instituti.n floue car aucun texte ne rélgissait son Statut
cela se comprend ce.pte-tenu du penchant commun à Charles Quint et
à François 1er de s'entourer de conseillers qu'ils consultaient .ur
les grandes affaires diplomatiques et militaires • Mais en réalité,

l'eMpereur con.ultait qu.il voulait san. 'tablir de hiérarchie
---
précise ;~aussi les conseillers français furent plus consultés au
début du règne: ils venalent de Bourgogne ou de Franche Comté!.
Avec la conqu~te, de nouveaux conseils furent cr". :
Conseil des Indes (1542), Conseil d'Italie (1555), Conseil des
Ordres militalres (1515) et Conseil des finances.
La création des Conseils fut assortie de la promotion
de nombreux letrados, licenciés ou docteurs formés aux universités
de Salamanque, Valladolid et Alcala •
Mals l'avènement de Charles Quint était aussi celui
d'un style dominé par d'interminables voyages qui risquaient
d'affecter la continuité de l'action politique. Une institution
suffisamment souple pour assurer et assumer la fluidité de ces dif-
férents conseils fut trouvée : ce fut la fonction de chancelier dont
le titulaire devint pour cette raison le personnage central de la
hiérarchie • Le Piemontais Gattinara, le Castillan Francisco de los
Cobos de 1527 à 1567 se singularisèrent par leur efficacité et
furent de précleu~courroies de transmission grice auxqueUaJCharles
put s'éjourner 19 ans en Espagne, 14 ans dans l'Empire pour 5 séjours
en Italie et 6 en France .'Cette propension a facilité l'intensité
,--
des crises qui secouaient l'empire, en Espagne, en Italie et en
Allemagne, Charles Quint n'étant pa. sur place pour faire sentir'
son autorité •
'En Espagne, les tensions étaient dominées en 1520-

1522 par les Comunidades de C.stille et res Germani.s d. Valerice
. t Majorque •
La r'volte des Comunidades toucha de nombreus••
ville. dont Tolède, Samora, Burgos et ~on ; les révolt's consti-
tuèrent un. "Santa junt." et iMprimèrent à l.ur mouvem.nt un c.chet
1
politique très acc.ntu':
~nt.st.tion de 1. prépondérance fla-
mande sur la Castille qui se traduis.it par l'augment.tion des
imp6ts et la promotion des fonctionn.ires qui ~t.ient loin de rem-
port.r l'.dh'sio" : Guill.uMe de Croy que Charles Quint av.it af-
fect' A l'archevAçh' de Tolèd., Adrien d'Ultrech qu'il .vait d'signé
reg.nt de C.stille •
L. crise .v.it une dimension sociale très n.tte :
letr.dos hid.lgos, artisans et une partie du cl.rg' dénonç.ient
d.ns leurs s.rmons- l'.ristocratie et le pouvoir. Be.ucoup de
chlte.u.xfurent d'truits par les Comunid.des qui inst.urèrent 1.
d'Mocratie municipale p.rtout où leur mouvem.nt réussit • Ch.rle.
Quint et Adrien d'Ultrech obtinrent l'.val de 1. noblesse et de
ses arm'es pour r'primer 1. rér.olte qui fut écrasée à Villalar le
23 Avril 1521 •
Les Germania.,épisode de 1. lutte rle. cl ••••s op-
posèrent à V.lence les .rtisans aux n•• l •• et à M.~orque, arti ••ns
et p.y••n. aux nobl.s - A V.l.nce, le• •rtis.ns se dressèrent
~ontre les ex.ctions d'une municipalité tomb'e .ux m.ins de grands
.eigneurs • A M.jorque , artis.ns et paysans se dressèrent pour
les MAmes r.isons auxquelles s'.jouta la contestation des mauv.is
u.ages, droits personnels tel~corvée., m.inmort., exercées p.r les
nobles contre les pays.ns mais'
".: que les grands propri'taires
firent persister. La repression qui sévit fut rude car les nobles
bénéficièrent dans cette épreuve de la sympathie entière et totale
du vice-roi
.'
sm
·ne
1. Perez (J) La r'volution d.s Comunidades de C.stille 1520-1521.
Bordeaux Institut d'Etudes ibériques et ibéro-américaines, 1970, 736
pages •

40.
En Allëmagne, la crise était plus profonde et
retenait plus l'attention de Charles Quint qui craignait que son
autorité se tasse au moment où le pouvoir des princes s'accroissait
con.id46rablement • AUc_"!-ame instant, la R'fonne luth45rienne
provoquait en Allemagne une crise sociale et politique d'une envergure
rar..-nt.'9a1'• • Les ,rince. 'lecteurs se dotèrent de structure. 'ta-
.ti~.__Cl~_~~_di~n.~_~....s..~~~_'Hplu._!"f9-~e
le tiaau,' adlftiniatratif_u
all. .and 1 Il faut fair' 'tat de la libert' que prit l'~lecteur ..
Brandebourg joachim le en faisant décapiter 40 gentils hommes accusés
d'atrocités divers. . .
La petite noblesse de l'Allemagne ne put maintenir aa
~ ~t.v.
coh'sion à cause d'un morcellement de plustaccentué des terres; leur
fonction de chevaliers de moins en moins sollicités par la pratique
du mercenariat et les nouvelles techniques de la guerre faisaient des
membres de la petite noblesse, de véritables prol~taires ruinés, déclas-
sés et prits à se lancer dans n'importe quelle aventure. Dans ces condi-
tions le Message luthérien fut l'objet d'interprétations fantaisistes
par des chevaliers prolétarisés des paysans ruinés et des artisans
convaincus que leur heure avait sonné . •
Le malaise paysan était très profond ; de nouveaux juris-
tes s'étant bien impr~gnés du droit romain récemment découvert et,
ayant rejetté les vieilles coutumes germaniques adoptèrent un encadre-
ment l'gislatif plu. repressif à l'encontre des pauvres: en 1522, la
mendicité .uacita une réaction d'hostilité à Augsbourg où 6 personnes
furent chargée. de la réprimer • Strasbourg, Ratisbonne et Breslaux
adoptèrent un système comparable ; en plus, les dis~ositions qui re-
gissaient les prestations et les prélèvements s'avèrent plus repres-
sive. et rendirent \\es victimes encore plus atteRtiye. à la lecture
que leur ,reposait Luther •
L'effort ainsi conduit dans le domaine des finances ne ';t
permit pas de couvrir les innombrables besoins liés au fonctionnement
de la cour. Les ressources fiscales de l'~mpereur étaient d'origine
très variée et augm.ntèrent considérablement au XVIe siècle avec l'ap-
port de. richesses des Indes occidentales :
Elles se cem,..aient pour la seule Castille du :

41.
quinto real, le ~inquième du produit des mines d'or et d'argent
il 'tait perçu sur les I~iens •
alMOjarifazgo, revenu des douanes et de très nombreux imp6ts liés
à la consommation et au commerce:
puertos secos (douanes t~­
re.tres), dieznoa deI mar (douanes des ports cantabriques), alcabala
imp&t sur la consommation des produits exceptés les grain. ;
al.ajarifazgo ~or, dGuanes des ports d'Andalousie et de Murcie
dont le .ontant atteignait 38 millions en 1553 •
Toute. ce. source. probables de financement ne furent
,
pas suffisamment operationnelles pour satisfaire les exigences
.atérielles de l'em~ereur • Cela tenait à l'importance des dépenses
de la cour qui s'accrurent de mani~re notoire avec l'introduction
par Charles Quint du cérémonial bourguignon dans la vie. de 1. cour.
S'y ajouta l'absence d'institutions bancaires capables de gérer ef-
ficacement les ressources du fisc et de servir d'organismes de cré-
dits au gouvernement. Aussi Charles Quint fut-il dans l'obligation
de solliciter des As~entos/co~trats passés avec les hommes d'affairer
qui a'/ançaient des fonds et se faisaient remboursér sur les revenus
de·èertains imp&ts ou parfois en rente. sur l'Etat appelés Juros :
ce fut le cas de l'Alcabala dont les 3/4 étaient destinés aux Cré-
anciers de l'Etat et dépensés avant d'Itre recouvrés.
~arles Quint
~ut dans ces conditions une véritable
collection de budgets et de faiblesses financières pour reprendre
la formule de Braudel • S. situation financière était des plus pré-
caires ce qui obligeait l'empereur à se tourner vers le. emprunts.
Les dépenses engag'-- pour l'élection coûtèrent à Charles Quint
au~~uels participèrent les Fuoaers pour 543.CÇ~ flori~
852 189 florins,rles We ser, banquiers d'Augsbourg pour 143 000
florins, les Finari et Gualtarotti, financiers italiens pour
165.000 florins • Ces engagements financiers réduisirent effecti-
vement la marge de manoeuvre de l'empereur qui acceptait de sou-
mettre ses décisions en politique extérieure à l'appréciation de la
diète,de l'empire et des Electeurs. Ces derniers furent les proprié-
taires des principales mines du Sud de l'Allemagne; ils en confi-
èrent l'exploitation aux financiers: les Fugger, Welser, ~chstettel
e~ Manlich qui financèrent l'élection de Charles Quint trouvèrent
l'occasion de peser dans les choix décisifs de l'empereur ~tamment

en fait de politique extérieure ou de rappeler
à l'empereur qu'·il
leur doit sa couronne : .. Il est de notoriété publique et claire
comme le jour - écrit Jacob Fugger - que votre Majesté imp~riale
"
1
n'aurait pas pu sans moi obtenir la Couronne imperiale ••• "
J
_
/
L'instabilité qui caracterisait ces possibilités de
financeMent eut sa part de blocage sur le fonctionnement de l'armée:
aussi Charles Quint fut-il plus d'une fois, tenu de forcer la main
à des financiers ou de les déposséder tout simplement comme lors
de la c . .pagne de Tunis en 1535 : 800.000 ducats furent arbitraire-
ment saisis sur les hommes d'.ffaires de Seville •
Il n'y avait pas à proprement parl~r d'armée permanente,
mAme si certains officiers assurant la garde du souverain ainsi que
certains gardes formant la garnison des forteresses étaient rému-
nérés • Outre ces deux corps, il n'était pas rare que l'empereur
créSt des milices; toutefois, l'essentiel des troupes étaient
recrutées parmi les Espagnols • L'unité tactique habituelle était
dans l'infanterie la compagnie qui compta~ près de 500 hommes;
douze compagnies réunies formaient une cornelia, unité tactique
de 6000hommes • Elle fut remplacée à partir de 1534 par le tercio
qui devint alors la force principale. L'artillerie ne comptait que
3 compagnies soit environ 1300 hommes •
La cavalerie
'"
imperiale se composait d'une cavalerie
légère animée par des hommes légèrement montés et ayant ainsi plus
de possibilités de déplacement ; le rôle principal incombait à la
cavalerie lourde formée de compagnies d'ordonnance dont les hommes
d'armes revAtus d'une armure, charge aient avec des lances. La tac-
tique évolua au cours du XVles. grâce au concours des mercenaires
allemands qui initièrent les armées impériales à charger
en esca-
drons massifs • Apr~s 1552, les troupes imp:riales commencèrent à
utiliser le pistolet et à enregistrer ainsi d'importants succ~ •
1. Shick (L>, Un grand homme d'affaires a~ débu: du XVIe 5 Jacob
Fugger - Paris
SEVPEN, 1957 P 161 -

43.
Si l'armée de ~erre n'était pas permanente, la marine l'était
encore moins; il n'y avait pas de marine nùtionale et cn temps de
guerre, l'empereur requisitlonnait des navires de commerce et les
armait. Aussi encouragea-t-il l'accroissement des tonnages; les
esca~esde l'Atlantique étùient formés de vaisseaux de haut bord
alors qu'en Méditerranée, les galères étaient plus utilisées.
Ces divers blocage~ .pouvaient être contournés et assurer aux
armées impèriales d'importants succ~s si la discipline était totale;
les chroniqueurs du XVIe s. furent unanimes à reconna1tre que c'était
là l'une des plus grandes faiblesses de l'armée. Les soldats rechi-
gnaient à s'engager dans certaines directions ne s'e~arrassant pas
de faire remarquer à propos de la Hongrie par exemple que "le vin
est mauvais et le pain a un gout de craie •• ,,1 L'inquiétude que de
tels penchants suscitait fut nettement exprimée par Ogier ~hisl..in
de Busbecq, ambassadeur de Ferdinand Ier à Constantinople de 1555 à
1562 manifestement ébloui par la discipline des armées .ttô",~Q~.
"Combien différents sont nos soldats quidn campagne méprisent la nour-
riture ordinaire et veulent des mets delicats et des repas cuisinés •••
Je tremble à ce que l'avenir doit nous rapporter quand je compare le 1
2
.
système turc au netre ••• "
Le tableau qui vientd'être présenté né
paraft
pas se
prêter à la réalisation du projet politique de Charles Juint qui af-
ficha ses propensions universalistes avec plus ou moins de relief de
1519 à 1558 :
l'incohérence du tissu.
administratif y était pour
quelque chose et imposait par delà la poigne du chancelier un effort
per~tuel de recentrage que les crises politiques et sociales qui
secouaient l'Espagne, l'Allemagne où l'Italie ne permirent pas de
concrétiser. Sur un autre plan, l'état financier de l'empereur était
trop précaire pour lui enlever l'envie d'établir des relations d'in-
térêt. avec les banquiers d'Allemagne ou d'Italie; sa marge de
l.JAC4UhRT(J), paris .l.981,.~ 72
2. CLOT (A). Soliman Le l'lè9n1:i.:;ue, ;:..::oris, Fayard,l9S:;. P 29 -

manoeuvre en souffrait tant étaient étroits les liens entre ces
financiers et les Princes Electeurs • L'armée qui aurait dQ pallier
ces diverses insuffisances en ajoutait de plus~t~nàoes : absence
d'armée de métiers, de flotte à même de tenir tête à la marine
ottomane, le tout étant couronné par une indiscipline l:gendaire
de la soldatesque • Il était donc impensable que Charles Quint
réussit à asseoir ses aspirations sur un consensus minimum ; sa
perapicac1t' ~aia probablement la conviction qu'il avait un énorme
dessein religieux à réaliser, lui indiquèrent une pièce de rechange
difficile à manipuler au lendemain dë l'appel luthérien. L'encha1-
nement qui suit se propose de faire le point sur l'utilisation qui
a été faite de cette pièce de rechange •
BI La Carte religieuse de Charles Quint -
Charles Quint avait raté la mise sur pied d'une enti-,'
té suffisamment homogène pour supporter son projet politique ; il
s'en rendit compte à temps et mit l'accent sur l'option religieuse.
Le support religieux au projet impérial ne s'est pas
exprimé avec la même intensité pendant le règne de Charles ~uint •
Cela tient à la mort ou à l'absence momentan ée de conseillers qui
dans son entourage/attachaient la plus grande importance à son
projet impérial : il s'ensuivait un net tassement dans la portée
du discours •
Ainsi jusqu'en 1530 et sous la pression du Cardinal
Gattinara1 , l'empereur nourrissait le rêve de gérer le monde chré-
tien ; il se croit "chef suprême, juge, médiateur, arbitre à qui
incombe la conduite générale des affaires de la chretienté, chef
contre les infidèles et les hérétiques." et exprime avec force les
contours de l'empire à la construction duquel il s'emploie n •• Un
empire universel, autocratique, dynastique dans les formes médie-
vales les plus pures .... 2
1. L'influence du Cardinal Gattinara para1t alors très pesante
apr6s sa mort survenue en :SJC, sa fonction reste inoccup~~ ce ~ui
combine avec l'accentuw.tion des crises reli~Jieu~s pour nbli·::;er
Ch.::.rlF.!s ~uir.t ~ faire preUVE' de plus de réalisme politi-..;ue •
L. SF-ROé..i"ii.'lER3 (r.),"C:)ntri:,ution à l':.istcire de l'idée d'emr:ire au
t'ioyen Age" ln Revue be·lgc de philolo..,ic ct d'histoire, TJ9,J.9S.i..
p
j j 2


45.
Par delà cet attachement de Charles Quint à l'empire, i1-
faut voir une reproduction des choix de son prédecesseur, Maximilien
qui en 1508 donnait à ce sujet des ordres peu courtois au pape-;-~'
"Veuillez nous nommer sur le champ Empereur Romain et cela non seule-
ment pour notre honneur mais bien plus pour la confirmation et la
conservation de l'Empire Romain, pour l'honneur de Nous Tous et de
la Nation allemande ••• "l C'était
un axe nettement exprimé dès le
prem1er programme par Charles Quint qui optait pour une politique
de caractère universel, digne d'un véritable empereur •
j
Ces engagements se justifient au regard de l'éducation
humaniste reçue auprèà de Marguerite d'Autriche et de l'influence
religieuse du prêtre Adrien d'ultrech. doyen de Saint Pierre de
Louvain et futur Pape. Au delà de la lutte contre les Turcs, l'ordre
auquel aspirait l'empereur devait s'étendre au monde judéo chrétien.
Des indices laissent penser que Charles ,...uint n'était pas insensible
à un ordre universel comparable à celui réussi par "l'ancêtre Charle-
magne " : il se fait couronner à Aix La Chapelle par les évêques de
Cologne, TrAves et Mayence et reçut l'épée de Charlemagne le 23
Octobre 1520 • On retrouve cette conviction plus de 15 ans plus card
quand l'empereur entra à Aix: le 10 AoQt 1536, il prit le titre de
Roi d'Arles et pour rester conforme aux traditions c2rclingiennes
et respecter son désir de para!tre comme successeur du grand empereur,
il procèd.
à la distribution de fiefs provençaux à ses capitaines •
Charles Quint s'engagea fermement pour dominer la situa-
tion religieuse de l'Allemagne qui était des plus explosives; il
,était mal préparé à la tâche et très mal servi par la situation pré-
, valant en Allemagne où Luther venait de déchirer l'unité de l'Eglise
et confirmait à la diète de WOR1~ des 17 et 18 Avril I521 son enga-
gement à coller à la lettre des Ecritures :~.
Je suis lié par les
textes de l'Ecriture que j'ai cité et ma conscience est captive des
paroles de Dieu • Révoquer quoi que ce soit, je ne le puis, je ne
le veux ••• "
Le discours de Luther accrochait tous ceux qui avaient
fait les frais des profondes mutations sociales en cours dans le pay~
1. Sproembl:cç C.).
1961 P .).jC,;-jJ~ -

complètons ce qui" en a été dit précedemment par le cas de FRANZ de
Sidcingen qulest l'exemple type d' h~s éclairés prompts à appara1-
tre dans des circonstances de crise aussi profonde : il se proclama en
'1523 l'homme du Christ pour ravager le Palatinat et marcher sur Treves
à la tête de paysans exaltés • Thomas Munzer, fondateur de l'anabap-
tisme traduisit à sa façon la surexcitation générale des esprits ; il
surpassa Luther par sa violence oratoire, ce qui lui valut l'adhésion
de nombreux mécontents qui évoquaient les Evangiles pour tuer beaucoup
de nobles préalablement accusés de vouloir tromper Dieu : de 1523 à
1525, en Alsace, dans le palatinat, en Hesse, en Thuringe, des monas-
tères et 60 chateaux furent détruits •
Devant l'ampleur des dégats ainsi causés, Luther pour
qui "le pouvoir civil doit être le magistère de la colère divine"
conseille de frapper et de sabrer ; les princes ne se firent pas
prier car ils avaient perçu tous les profits qu'ils pourraient tirer
de la sécularisation des monastères pour le renforcement de leur
autorité : il y'eut au total 100.000 tués •
L'intransigeance de Luther et l'énergie dont il fit
preuve lui valurent une clientèle princière très nombreuse ; il
enregistra de nombreux ralliements et des plus importants: l'électeur
de Saxe, le prince d'Anhalt, le duc de Brunswick-Lunebourg, le Comte
~
de Mansfed ainsi que les villes de Nuremberg, Ulm et Strasbourg~. De
proche en proche, se précisaient les contours de la.future Ligue de
Smalkade par laquelle, les protestants réussirent à taire en 1531
leurs dissensions internes pour répondre à l'Union de Ratisbonne
créée par les Catholiques • De nombreux
princes protestants s'y
rallièrent pour mi~ux tenir tête aux injonctions que leur avait
adressées la Diète d'Aug Sbourg (1530) de restituer dans un délai de
4 mois, tous les biens sur lesquels ils avaient fait main basse •
Une épreuve de force était engagée, qui était
d'autant plus perilleuse pour l'Empereur que la Ligue avait sollicité
le concours de p~inces ~tran;ers :
1. Bennassar (~) et Jac~uart (J),
~~ris, 1~7~t r ~o~ -

47.
Henri II est reconnu vicaire impérial des évêchés de î-1etz ~ ':'ou 1 et
-4'
.'-'
Verdun. Charles ~uint ne put la concrétiser favorablement 9èrcequ'il
craignait que l'hostilité des Protestants ne fut mise à profit par
\\
les Turcs pou~ le prendre entre deux feux •
\\
Ensuite, l'empereur n'avait 1amais perdu l'espoir de
/
susciter un sursaut susceptible de lui assurer l'appui des princes
I~,"
protestants et de leurs armées devant les menaces turques encore plus ~
précises en Hongrie et en Europe Centrale •
L'Empereur voyait dans l'arrêt de la poussée turque,
le meilleur moyen d'imposer son image de défenseur et de réunificateur
de la chrétienté, prolongeant
ainsi la con\\ iction d'Isabelle la
catholique pour qui', la reconqu~sta serait toujours d'actualité tant
"
"
,
que la Mediterr&.ee Orientale n'aurait pas forme un lac espagnol.
__~
Il s'employa donc à remobiliser la chrétienté en insistant sur l'im-
minenCé de la destruction du géant ottoman ; pour ce faire, Charles
Quint apport.. sa caution aux prophéties qui prolifèrent su~ ce
.-..' \\
thème, surtout aux lendemains de la Diète de RatisbonnèYâu moment où
les Turcs enregistraient leurs premières difficultés comme au siège
de Vienne de 1529 • La prédication suivante signée par Antonio
Torquato est un bel exemple des prophéties qui prenaient corps dans
'Q.~ offlcl~s .
allemand••• " ••• l'estendue et grandeur de l'Empire des
Turcs, les grands thresors, les fréquentes victoires qu'ils obtien-
".
bear.t....
dront, la gloire de leurs ~ faits leur enflera le coeur d'esper&ce,
et fera lever la teste si haut qu'ils estimeront que rien au mOde ne
pourra nuire, ni voire le ciel résister : pour ce conn,"Iitront et pour-
,:hasseront l'empire de tout l'univers • ;'lais enfin nostre Seigneur
Je.us Christ ne pouvant e~durer d'avantage les playes et ruyne des
Sciens, excitera la fureur des Allemans, la vigueur des Hongres, la
milice des Espagnols, l'engin des Italiens ~t les emenera contre iceux-
Car la maison ottornQne tombera et defaillira en la XIII ou la XIII! et
J", ,
ne passera pas tel nombre ni les ans de salut MDX C V l :~"Mais là
sans faute esprauvera une horrible ruine • st de l~ m~rt de l'Empereur
des Turcs naistra si grande contention et ~isco~de entre les princi-
paux seigneurs de sa cour, qu'ils se meurtriront les uns ct les
autres, et les estrangers se ietteront sus ••• "'"
'~. Deny (J) "Les pseudo prophèties concernant les Turcs au XVIe 5 • . , -
In Revue des Etudes islami9ue~, 1936, II, P ~06 - 209 •


48.
Cette prédication visant à galvaniser l'occident chrétien
en miroitant un prochain écroulement de "l'empire" turc i..iVùit
apparemment collé pour ~tre à l'origine de la trahison de François leor
par le marquis de Saluces •
Mais objectivement, l'engagement contre les Turcs auquel
Charles Quint appelait avec autant d'insistance, ne pouvait être
total!
; en effet, tout bon chrétien qu'il fat, l'empereur avait
suffisamment à fau.
avec l'effervescence européenne, et celle de
l'Allemagne en premier lieU. C'est ainsi qu'il ne put répondre
aux sollicitations pressantes du roi Louis de Hongrie)inqui~té par
l'énorme mobilisation de troupes entamée par Soliman Le Xagnifique;
le moment de l'appel était peu opportun pour Charles \\~uint car
c'était au lendemain de la rupture par Luther des liens qui main-
tenaient l'unité de l'Eglise.
Des considérations stratégiques expliquaient aussi la
sourde oreille que l'empereur fit aux appels du pape et de Venise
face aux assauts de Barberousse ; il lui paraissait plus prudent
de ne pas engager la flotte qui pouvait être
utile dans une
éventuelle riposte aux attaques des corsaires ou pour prévenir des
déchirements en Méditerranée occidentale •
Mais la réaction contre les Turcs pour tardive qu'elle
fdt n'était pas moins nécessaire car Charles ~uint avait bien vu
qu'un simple soutien turc aux Maures implantés au Sud de l'Espagne
risquait de compromettre les acquis de la Reconquista • En plus,
Soliman Le Magnifique promut une politique d'immixion très dange-
reuse dans les affaires intérieures allemlndes : en 1533, il envoya
à François 1er, 100.000 pièces d'or, lui sugg'rant de constituer
avec les princef Allemands et l'Angleterre une coalition contre
Charles Quin~.
Le sultan ottoman ne désarma pas car en 1552, il
proposait encore une aide militaire contre Charles Quint ; les
pesanteurs des relations diplomatiques lui avaient brusquement
rappellé de très nombreuses affinités avec les luthériens :
------------------------------
.... Ina.:'cik CH) • "rh•.: l"urkish i:-.lpact on :'he deve1.J:.lment ofnodt:t"'n
.itote in t:ut"'cpe" In
::':1'.::
.ttomiln 3tot·_~ ulld its :.:.;lace ir~ the '....ot"'L:

~ .. ."', .
"
~
49
11. croyaient tous en un seul Dieu, reprimaient l'adoration des idoles
et combattaient le pape et l'~mpereur avec la même détermination.
La riposte que Charles Quint organisa contre le nid de
' v
corsaires d'Alger prit les allures d'une véritable mobilisation de la
chrétienté contre l'Islam: l'Empereur avait tout intérêt à lui donner
un tel cachet sans lequel il n'était pas assuré de la solidarité des
autres composantes de la chrétienté, si la tournure des engagements
militaires l'exigeait. En AoQt 1541, près de 500 b~timents transpor-
tant environ 24.000 soldats et 12.000 marins furent lancés contre
Alger. La tempête fit échouer l'expédition et coQta à l'empereur
160 navires et 1.200 hommes • Le volet religieux du projet de Charles
Quint en fut affecté; en Allemagne et sur le front de la défense de la
chretienté, trop d'intérêts contradictoires étaient en jeu pour donner
à l'empereur le moyen de les transcender à son profit •
Aussi ni les di~tes de
Worms (~521) de SFire (1329)
d'Augsbourg (1530) ni
le Concile de Trente ni la victoire de Muhlberg
contre les Protestants (1547) ne furent décisives pour rétablir
l'équilibre spirituel et politique
de
l'Allemagne; il était donc
logique que la paix d'Augsbourg (1555) afficialis~t les deux confes-
sions luthérienne et catholique. Charles Juint n'en perdit pas pour
autant de vue la nécessité de confirmer son projet impérial en respon-
sabilisant Philippe et Ferdinand. Dès 1531, l'empereur décidait que
son fils aurait l'Empire après la mort de son frèr~ Ferdinand; il
était avant cette échéance Roi des Romains •
Charles Quint poursuivit patiemment la propulsion des
siens : au lendemain de la victoire de
Muhlberg , il reconnut son fils
héritier des Pays-Bas. Mais en 1551, les menaces s'amoncellaient du
c~té de l'Italie, met tan t Char les ewin·~ dans l • ~1:'1 igat ion de c:on~entr'?.::·
ses armées à l'Est, ce qui dEfgarnissait les autres frc'lts ; :.(·n:..-i I!
~rofita de la situation et occupa en Avril 1552, Metz, Toul et envahit
l'Alsace après avoir obtent: l'aval des pr-inces protestants c'.;\\llemagne.
La réaction de l'empereur fut vi90ureuse ;.'lais '.iaine:
ùU5zi
~réf,~:-a-t­
il abdiquer au moment où l'intervention française et les menaces tur-
ques èn j-lédi terranée se faisaient jJlus vigoureuses • '/oulut-il re lever
lez d~fis (i'Je l'c:npereur aurait butt~ centre d'énormes difficultés
~ina:·i=:'ère~ ; s:-. 153:, il s'était trouv~ d.ms l'ol::ligation de sol-
liciter le conc.C1Jrs d~Antoin'l~';'S'r ~our 400.0('(: ducarts, celui de
Florence ;:>~iJr ~ç. :'",';' ·jucats, de Naples pour 80(1.;:)()n jt<cats1.. Charlc:;;
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Quint continua à proje ter son fils et réprit la coutume des Rois
!~
I -
I
Catholiques en négociant un mariage entre Philippe et Marie Tudor
en 1554 • De Juillet à Octobre, il cède-à Philippe devenu roi
d'Angleterre, le royaume de N~ples et-la Sicile que le pape lui
avait concédés en fiefs • Un an plus tard, le 25 Oct9Ôre 1555, il
,
cède à son fils le domaine Bourguignon devant les Etats des pays Bas
~ GAND. En Janvier 1556, c'était au tour de l'Espagne et des Indes;
le 6 Janvier 1556, le traité de Vancelles mettait fin aux hostilités
avec la France • En 1558 soit quelques semaines avant sa mort,
Charles Quint abandonnait la couronne impériale à Ferdinand •
Conclusion
.
Charles Quint poursuivit dans la première ~oitié du XVIes 1
un rêve impérial fort ancien qui comportait deux volets dialecti-
quement liés : réunification de la chrétienté sous une même autorité
et poursuite de la Reconquista pour endiguer le péril musulman in-
carné au XVIe siècle par le géant turc •
Toutefois la confirmation de ce projet était profondément
conditionn~par l'extinction du ~ra5ier allemand auquel Luther et
les Princes protestants continuaient d'~jouter de la paille. Les
contraintes de la conjoncture internationale ne laissaient pas à
Charles Quint la latitude qui convenait pour traiter durablement
l'équation protestante. L'abdication était une façon de confirmer
l'échec de l'engagement religieux mais aussi donnait la preuve que
l'empereur tenait à le voir
concrétiser par son frère déjà suf-
fisamment promu •

51
CHAPIIBI III .Suleiman Le Magnifique et la Ummah islamique :1520-
1574 -
Le XV~ siècle voit dans le monde musulman l'avènement
de"l'empire" ottoman dont les progrès en Europe ont été constants
au point de constituer A des degr~s divers; des soucis d'inqui~tude
pour François 1er et Charles Quint • Comme dans les cas précedemment
évoqu's, la confirmation de la construction ottomane est assortie
de l'élaboration d'un discours de type impérial.; Suleiman Le Magni-
fique qui en est le principal artisan, revendique la direction de la
Ummah islamique, contestant par-voie de conséquence toutes les autres
instances qui s'affirmaient comme dépositaires ~e l'autorité Califale.
Deux niveaux sont individualisés pour mesurer le poids considérable
de ce sultan qui fut au XVIe siècle, un partenaire avec lequel les
souverains européens devaient compter :
L'effort entrepris par le sultan pour fonder sa légi-
timité Califale •
La gestion administrative mise en oeuvre par le Sultan.
... ' ~-
AI La Légitimité Califale -
.~...... :.. "t·
\\..,
....~
a) Selim Ier'prépare Suleiman Le Magnifique
Comme dans les cas de François Ier et Charles ~uint, le
discours que Suleiman le Magnifique parachève était largement tribu-
taire de celui de ses devanciers, Selim 1er en particulier • Avec
Selim, le projet politique ottoman prend une nouvelle dimension ; il
est conçu sur une base islamique qui visait à suscitar
dans l'am-
.
.
biance musulmane du XVIe s, un relatif unanimeo~~.
Suleiman fut de beaucoup redevable à l'obstination et
I-:....:..~ ~ ':.t!,... ,
à la détermination mises en oeuvre par Nehemed II pour realiser la
conquOte de Constantino;:>le ; ='était là un acquis de taille, d'autant
plus bénéfique pour son image de marque qu'il donnait au sultan l'oc-
casion de contr~ler une ville devdj)+. la'-ruelle ;v1oa·...'iJ'd ù.v::tit échoué
en 667 et en 674 • Il voulait surp~sscr les réali~ations de César et
d'hlexandr~ •
Selim Ier nourriss~it les même~ ambitions pour do~i­
ner un espace politique à vocation univ~'rselle ; il fut à l'instar

52
d'Alexandre, très préoccupé par la conquête de l'Asie et reçut à cet
effet en 1517 une carte du monde du Co~sa1re PI~~ REIS qui s'inspira
entre autres sources de celle de Christophe Colomb. La partie EurO-'
péann. de cette carte est conservée au Musée d'I~tambul ; la partie
a
asiatiqu~/probablement été conservée par Selim 1er pour donner suite
l . . . convoiti. . . .
AU plan religieux, Selim eut pour préoccupation majeure
de préaerver le Sunnisme et de contenir toute. les formes d'héresie•. ;
d~. 1514, 11 cc.battttla secte de Sah IsmaIl qui était un synchrét1ame
entre croyances musulmanes, kurdes et turque• • C'est avec la même
détermination qu'il attaqua le. chiites d'Anatolie et le sultan Mame-
louk Kansuh al Ghuri qui voulait établir la jonction avec les Satavide
qu'il venait de cœabattre : Kansuh al Ghuri fut vaincu le 24 AoQt 1516:
Selim entra quatre jours plus tard à Alep et prit dans la mosquée et en
présence du dernier des Abbassides, le Calife Al Mutawakil
le titre
de Protecteur des deux villes de la Mekke et de Medine .1
La conception politique des ottomans n'était pas
identique à celle des Abbassides; 1. n'étaient pas d'ascendance
qurayshite et ne .'embarassèrent pas de remodelages généalogiques pour
s'y rattacher • Il est donné à penser que la fierté ainsi affichée
tenait à la place primordiale du roi dans les traditions politique~
ottomane. • Il Y parait comme le seul habiltté à nommer les officiers
publics, le. agents du pouvoir administratif ou judiciaire et de l'ad-
minutration de. finances • Conwnandant les armées, il peut faire la
guerre et la paix pour assurer la sécurité de l'~tat.
Le souverain
doit être absolument obel, quelque puissent être ses qualités.person-
nelles ; œais sa puissance temporelle et spirituelle peut être méconnue
en cas de transgression publique des précept.. de la religion et des
lois canoniques • De ce point de vue, le tissu.
idéologique grAce
auquel était confectionné le pouvoir du souverain était très proche
de la théorie du Califat en Islam
et n'imposait pas sa reproduction.
Selim 1er réclama la dignité de Commandeur des Cro-
yants parceque c'était la volonté divine qui avait fait de lui le plus
puissant du monde musulman, condition à ses yeux suffisante pour com-
mander aux autres princes •
1. CLO'f (A),
Soliman Le Magnifique - Paris, fayar-è, 1'383, P j8 -

53
Apr~s Damas, Selim 1er entra au Caire en Janvier 1517 : 11
nomma un Gouverneur, reçut la soumission de nombreux emirs ara~es
dont celle particulièrement significative du Chérif de la Mekke : Un
nouveau destin commençait que André Clot resume parfaitement i-
" ••• le sultan d'Istambul n'était plus seulement le Chef d'un Etat
frontière mais le souverain choisi par Dieu pour protéger le monde
musulman tout entier • "
Les jurisconsultes s'activèrent pour prouver dans leurs
consultations que selim devait porter le titre decaUfe et d'Imam
car il oeuvrait pour la protection et la promotion de la Sharia.Sui-
vait. une cascade de titres/qui ont l'avantage d'indiquer la fonction
de la religion dans le projet politique ottoman •
Enfin, une disposition du droit turco-mongol garantit
longtemps l'inviola.ilité de la personne du souverain; elle plaçait
sur un même pied d'égalité les membres d'une même famille, et laissait
aux héritiers la liberté d'en découdre pour avoir accès au pouvoir,
ce qui risquait à terme de compromettre la cohésion de "l'empire".
Mehemed II fit f~ce ~ ces risques en mettant en forme une disposition
lourde de conséquences ••• " La plupart des légistes ont déclaré comme
une chose permise que quiconque de mes illustres fils et petits fils
arrivera au pouvoir supr&me fasse immoler ses frères pour assurer le
repos du monde; ils doivent agir en conséquence ••• ". Mehem~t 1II0)(F~~:
comprit bien cette recommandation et tua 19 de ses fr~es et 1S concu-
bines enceintes d'eux •• : Au XVIe siècle, cette loi fut remplacée par
une autre ~lus subtile consistant à enfermer les prétendants dans le
Serail où les délices de la vie quotidienne se
chargeaient de faire
le reste •
La raison d'Etat qui allait conduire Suleiman à tuer
les 2 grands Vizirs
Ibrahim et Ahmed Pacha et ses deux fils Mustafa
et Bayezid en 1553 et 1561, relevait de la même logique ; la gestion
de Suleiman fut assortie d'un nouveau style qu'il convient de décrire
présentement •
b/ Suleiman Le Magnifique, la promotion d'un nouveau
Style
1-/ Au plan idéologique -
Associé à l'administration du pays dès l'~ge de 15
ans, Suleiman fut gouverneur à Karahisar, Bolu, Caffa, Istambul et
Sarukhan ; il fut ainsi préparé à l'énorme entreprise législative de

54
son règne •
Dès son avènement le Ier Octobre 1520, il reçut l'hommage
du grard mufti, des ulama et des hauts dignitaires ; il commença par
lib~aliser le régime que son père avait rendu insupportable :
liberté à 600 notables et commerçants égy .ptiens que son père avait
déplacél de force à Istambul, éliminatior. des principaux Collabora-
teurs de son prédecesseur qui avaient fait preuve d'un exc~s de zèle
dans l'exécution des "ntences •
Souverain pieux, Suleiman fut convaincu que Dieu parta-
geait son projet ; il était très versé en ju risprudence et accor-
dait un réel intérêt aux discussions théologiques comme le
constat.
le voyageur français Antoine Gueffroy vers 1542 ••• " Son passe temps
favori est de lire ces livres de philosophie et de sa foy • En la-
quelle il est totalement instruit que son Mufti ne lui saurait ap-
t
prendre aucune chose ....
Sa
:onception politique part du princlpeselon lequel
Dieu a donné au peuple un ma1tre à qui incombe 1e devoir de faire
régner la justice. L'Etat qu'il dirige a une double obligation que
résume parfaitement la formule du "Cercle des Equités" ••
" ••• Pas d'Etat sans armée, pas d'armée sans~ent,
pas d'argent sans sujets satisfait~, pas de sujets sans justice; sans
lee "pas d'Etat ••• "2. Justice et bien être' des sujets furent deux impératifs
pour la prés~ation desquels Suleiman se mo~tra intraitable. Il
s'efforça ~
son tour de faire prévaloir l'orthodoxie musulmane aux
dépens de,chiites et fut tol~rant envers les chrétiens tant qu'ils
,
n'excedaient pas leurs obligations. Ce souci de rester conforme ~ux
prescriptions de la Sharia appara1t dans l'armature repressive mise
en oeuvre sous son règne : le voleur d'un ~~e avait la main tranch~e
tout comme le voleur d'un cheval ou d'un boeuf; ils ~ouvaient se
racheter en payant 200 Akce • Cette possibilité n'était pas offerte
aux faux ~onnayeurs et aux fa~x t~oin5 • Rien n'est apparemment
oublié: les pâti~~icrs devaip.nt mettre ~n0 ~uantité précise de
beurr~ alors que les gesti~naires des Hamma~ devaient chauffer
suffisamment el emi10yer un p~rsonnel ~rvprc et habile.
1.Gueffroy (A) Estat de l~ ~our J~ Jr~nd ;urc • Paris, ~ntwer~,~~42
P 30 - Huit exemplc3ires 'Ju Corail ceéo;,i\\.~s à lei. main par Sul'~imân s,-mt
conservés à la 3uli:ymüniy'E de l. -lr:lnd!
rnosquée d' is~::...:ü,)'•.il -
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55.
Tout intraitable qu'il fût sur la défense de la Sharia, Suleiman se
permit quelques libertés;. de rite hanafite, il reconsidéra cer- .
taines dispositions en tenant compte de l'évolution des circons~ances
sans jamais perdre de vue les intérêts de la communauté : c'est
ainsi qu'il limita l'intérêt à 10 % à défaut de lsvprohiber rigou-
reusement comme l'exige la législation islamique •
A l'instar de son prédecesseur, Suleiman développa une
intenae propagande visant à faire de lui le seul dépositaire de
l'autorité Califale;
on s'en rend compte dans la correspondance
que l'Ambassadeur FRANGIPANI fut chargé de remettre à François 1er
en 1526 •• " moi qui su. le sul tan des sul tans, le souverain des
souverains, le distributeur des couronnes aux monarques de la sur-
f~oe du globe, l'ombre de Dieu sur la terre •• " • Cette propagande
eut un répondant jamais égal'
~u plan des réalisations architectu-
rales ; il y'eut
dans ce sens un énorme effort de constructions
4~cqu'ducs, de fontaines pour un ~eilleur ravitaillement de la
~apitale. Suleimëi!l construi"rde nombreuses mosquées restées r:élè-
bres dans l' histoire de "l'empire" :
la mosquée Chke~di
(1548)
~uleymanièye (1550-1557), Selimèye d'Andrinople .Istambul
comptait à elle seule 400 mosquées. Il réserva une place de choix
à l'étiquette comme l'exigeait l'image qu'il entendait donner du
souverain le plus prépondérant en terre d'Islam; son envoyé chargé
en 1530 d'inviter le doge à la cér4monie de =irconcision de ses
fils Mustafa, Mehemed et Selim se présenta devant le Senat de Venise
vêtu de drapsd'or - Le cérémonial fut l'objet d'une attention soute-
nue: un livre de cérémonies précisait l'ordre de préséance, les
listes des dignitaires devant apparattre, la couleur de leur
tur-
ban, autant de pré~iosité. dont on mesure la portée en écoutant
le grand Vizir Ibrahim ?utaimait à repet er :~.Il ne peut exister
qu'un seul empire sur la terre comme il ~'ya qu'un seul Dieu dans
le ciel •• "
2-' Dans les choix diplomatiques de Suleiman Le Magnifi9ue-
Toutes ces réalisations sont à replacer dans le cadre
de la lutte d'influence opposant Sule1ma~ à 19 dynastie saadienne
du Maroc qui réclamait de son c~té la légitimité Califale •

56.
L'engagement avait pour la Porte une signification idéolo-
gique considérable : les chérifs du Maroc avaient réussi à se rac-
crocher à la filiation qurayshite et à pr'aenter
tes ottomans comme
,
,
,
de vulgaires usurpateurs, ce qui les deconsiderait aupres des popu-
lations musulmanes du Maroc, très sensibles à la propagande Saadienne.
Aussi Suleiman ne laissa pas passer l'occasion d'intervenir dans le
jeu politique marocain pour y enraciner son autorité • Il utilisa les
subtilités diplomatiques pour contester aux Saadiens leur légitimité
Califale 1 Auguste Cour
en donne une idée en citant la réaction du
Chérif ~ la correspondance que lui adressa le sultAn ottoman en 1548 ••
•••~e qui l'offensa plus fut la souscription de la lettre qui disait:
Au Cheikh des Arabes Mohamed Cherif tellement qu'il fut sur le point
de faire trancher la tête à l'ambassadeur •• "l
Suleiman réussit dans ce sens à s'attacher les principaux
dignitaires de la confrérie de Sidi Abd Al Qadir Al Jilani • Les
.marabouts affiliés à la confrérie qad1rite considéraient le sultan
ottoman comme le frère religieux protecteur de l'ordre en Orient;
ils le servaient avec d'autant plus de zèle que les Chérifs appor-
taient leur soutien à la confrérie
rivale des Jazuli tes, comme
venait d'en donner la preuve le sultan Al Aredji qui fit transporter
dans la capitale les corps de Jazuli et de son p~e enterrés c~te à
c~te .2
Suleiman Le Magnifique comprit que le contr~le du Maghreb
était une nécessité vitale dans le dispositif d'attaque contre Charles
~uint ; en effet il avait dès son avènement perçu le danger d'une
remobilisation de la chrétienté contre les Turcs depuis que le Concile
de Latran en avait discuté • En tant que Chef suprême de la Communauti
1. Cour (A), L'établissement des dynasties des Chérifs du Màroc et
leu. rivalités avec les Turcs de la rcg0ncc:: j'Alger -lS09-1bJO- Paris
E.Leroux, 1904 P 79 -
2. Al Oufrani, Nuzhat al Badi biakhbar ••• Pdris 1868-1889-P 35 et
. suivantes - 200 sc-ufis 0.t des ;-;lus éninents .jE~ lô c.onfr·~riE qadirite
moururent des suites des se ,'ice;, ~:u·:'l::: 'it~rent endur-:r •

/
musulmane, il avait l'imperieuse obligation de conduire la guerre
sainte contre Charles ~uint qui personnifiait à ses yeux l'infi-
délité • Un am,bassadeur venitien résuma ~i~~ ~~t engagement d~s
une lettre au doge en 1534 ••• "Sultan Suleyman
';'ayz Il to Rome Il
and he detests the Emperor for his tetle of caesar, he thé Turk
causing himself to be called Caesar ••• ,,1 • Suleimeln n'épargna aucun
e;fort pour y parvenir ; d'abord en Allemagne à traver~ la sympathie
à la cause des protestants mais surtout/à l'endroit de KHAIR ED DIN
qui reçut 80 navires, 8 000 Janissaires et 800.000 ducats • Sa
politique maghrébine lui réussit pleinement en 1557 ; son amiral
Hasan Ben KhaIr ed. Din fIt infiltrer les rangs de Mohammet Al
Madhi par le sous officier Salah El Kahia. Ce dernier gagna vite
la confiance du Chérif qu'il finit par assassiner en Octobre 1557 à
Aqlalel • Sa tête fut envoyée à Istambul où elle fut exposée sur.
les murs .2
Son image de ma1tre incontesté de la Méditerranée orien-
tale était devenue une réalité apr~s le désastre chrétien de PREVE~
,
c'est là que fut vaincue le 28 Septembre 1538, la coalition dirigée
par Doria ~t se composant de 81 bâtiments venitiens, 36 galères
pontificales, 50 espagnoles • La chrétienté se maintint désormais
sur la défensive : le traité du 13 Juin 1547 par lequel le roi
Ferdinand acceptait de verser 300.000 ducats par an en est l'il-
lustration la plus parfaite '. En acceptant d'apposer sa signature
au bas du document près de celle de Suleiman, Charles ~uint confir-
mait implicitement la préeminence turque •
L'intérêt que la Porte portait au Maghreb se maintint
jusqu'à la mort de Soliman en 1574 ; son fils et succeSfieur Murad
III maintint le même intérêt mais dut y renoncer devant les pro-
blèmes de cohésion administrative auxquels il
faisaIt face en
Arabie. O'.tlleurs l'écrasement de ses troupes a
I~pan:e et l~
spectaculaire victoire remportée par Al Mansur à la bataille des
trois Rois furent préjudiciables à l'influence ottomane en Néditer-
ranée occidentale •
.i..
Inalcik (4). IIThe turkish impact on the development Jf modern
E:uropell ••• , 1974 P 52 -
2. ~l Oufrani, Paris, 18b8, lbb~ F ïS et suivantes -

58.
a- J..a gestion'; de "l'Empire" ottoman -
La philosophie politique de 5ule1mün Le Magnifique se .
résume dans une double obligation qui a été plus haut mentionnée
dans la formule du "Cercle de l'Equité" : la préservation du bien
être de. administr'. sans laquelle la justice n'avait 9ue~e de
chance d'être instaurée • Ce fut pour concrétiser ces deux obliga-
tion. qu'il réalisa son code "le Kanuname" , un des recueils de lois
1
les plus importants de l'histoire • Déjà admirablement servi par
une décennie de pratique administratiye, il dota chaque province
d'un Code de lois dont les décrets se terminaient ainsi " ••• 5i un
sujet émet aupr~~de vous des plaintes contre le bey, contre d'autres
militaires ou des collecteurs de taxes, vous devez empêcher ceux-ci
de commettre des injustices. 5i vous pensez que vous n'en êtes pas
capables, vous devez immédiatement le faire savoir A ma Porte • Si
vous ne le faites pas, c'est vous qui serez punis • Mon suprême
désir est de maintenir le Peuple dans la Paix et le bien être et le
pays dans la pros~rité •• "2
Cette perception présidait à l'encadrement judiciaire de
l'entité ottomane. L'Administration judiciaire était coiffé~ par
un juge unique qui veillait à l'appli=ation de la 5har1a e~ des
décrets ; il est nommé par le sultan dont il dépend • Il contrOlait
toute l'administration y compris les finances ; i l devait avertir
le sultan des abus des fonctionnaires • Son représentant en pro-
vinces avait les mêmes responsabilités et se chargeait de surveiller
le beylerbey • La justice ottomane fut très remarquable ~t suscita
l'admiration de nombreux voyageurs dont le Marseillais Vincent le
Blanc :... Il Le chrétien et le Juif aussi bien que le Turc est indif·
féremment escouté pour le moindre sujet de plainte sans qu'il soit
besoin de l'éloquence d'un advocat pour défendre la vérité••• l'admi-
nistration de la justice
42.&tant moins intéressée est aussi plus
O
,,3
s re •••
5uleiman acheva la centralisation entreprise par Selim lat
1.
Inalcik CH) "Suleiman the ldwgiver and ot.toman law " In Archivum
ottomanicum I.the Hague 1969. h' lC'5-1.3b -
2.
CLO~ CA) Paris, 1983 P 106 -
J. CLOT CA)
,
Paris, 19,J P lC9 -

59.
En lS~4, le pays est divisé en circonscriptions : on en comptait 30
en Europe, et 63 en Asie. Elles sont gouvernées par des Beys, fonc-
tionnaires aux pouvoirs civils et militaires ; ils prés~dQient des
tribunaux, convoquaient des contingents, récoltaient les··imp~ts "et
veillaient au maintien de l'ordre.
Les Beylerbeys commandaient des circonscriptions plus
petites j elles sont au nombre de 8 dont celle d'Europe, celle
d'Egypte et les 6 d'Asie •
Au plan économique, la politique de Suleiman eut des
relents interventionnistes, dans le domaine du comme~ce extérieur
notamment : ainsi le niveau des exportations de blé qui était de
500.000 quintaux fut bloqué jusqu'en 1559 car le doublement des
prix sur le marché international incitait à un accroissement des
exportations ce qui risquait de causer un déficit vivrier profond •
L'Etat alla jusqu'à décreter en 1555 l'arrêt total des exportations
de blé à cause de la persistance des épidémies favorisées en partie
par les déséquilibres du ravitaillement •
Le Commerce extérieur était très équilibré et assurait
à l'Etat de nombreux revenus: les échanges avec le Soudan et
l'Ethiopie étaient à l'origine d'une rentrée d'or .• S'y ajoutaient
de multiples taxes et droits de douane~ pour donner à Suleiman les
moyens de réussir l'énorme entreprise architecturale de son règne.
De là à le vo~ combattre avec la dernière energie
tous les obstacles à cette pros~lrité commerciale, il n'y eut qu'un
p~s que le sultan franchit plus d'une fois : il s'employa à nettoyer
l'tle de Rhodes, base depuis le XIIIe s, des Corsaires de l'ordre
des Chevaliers de Saint Jean qui écumaient la Méditerranée oriental~
arralsonnaient les navires turcs, tuaient ou réduisaient en escla-
vage le~ fid~les qui empruntaient ces parcours pour se rendre ~ux
lieux Saints de l'Islam : le 1er Janvier 1523, Philippe Villiers de
l'isle d'Adam ma1tre de l':)rdre se résolut à
baiser la main de
Suleiman et à quitter Rhodes •
La tolÇr::!ncc r·" l i2i'~u3e dont il fit preuve lui
profita ~normp.ment ; ~'j: prp,r"d"'t l..!;. pari de protéger les Juifs au
moment où la.. motie ~n ,~t.:.it 81.:.n :évol ut.il s'assurait leur s),",p-:lthie
et leur concours financier. A Istambul, 8070 fam111~s juives
furent dénombrées dont les NAoSI "'rhe Ottoman Fug']ers" =1ui f inanc~r.::nt

.,~
de nombreux projets du sultan •
Suleiman revint aussi sur la législation foncière
deSel1m 1er qui s'inspirait en partie des'Constructions pré-
ottomanes en matière de ta~ation et jugée contraire à l'esprit
de la Sharia;
l'oeuvre législative du sultan fut supervisée par
le Sheyhul Islam Abu. S-Soud dont le r&le fut décisif à partir
du moment où la propagande ottomane visait à remplacer l'image du
roi conqulrant par celle du Calife de la Ulamah .2
C'est ainsi que furent perçues comme innovations
blamablea et pratiques injustes, toutes les lois ant~rieures 'l la
conquit. 1 la terre fut conçue <:oIIUI'e propr1'té personnelle du
sultan qui en ouvrait l' acc~s l des personnes privées par le sys-
tème des mandat• • Cela permettait d'enrayer les formes d'apppro-
priation personnelle dans les provinces en particulier ; dans ce
domaine aussi, Suleiman fit preuve de souplesse en reconduisant en
Hongrie, la taxe précedemment dQe par chaque fa~ille au roi, au
bénéfice du trésor ottoman et au titre de la Capit6~"11 • C'était
là un pari serieux pour renforcer la domination turque en Europe
Centrale où les populations longtemps brimées par une noblesse
hargneuse et brutale, accuei~irent les troupes du sultan en libé-
rateurs •
L'autre pi~er conditionnant la ~tabilité du
système ottoman était l'armée; sa force reposait sur les qualités
du soldat 1 obeIssance, courage, fidélité comme s'en est rendu
compte Ogier Ghislain de Busbecq, ambassadeur de Ferdinand à
Constantinople ••• " •• Certains d'entre eux (les soldats) ont un
petit sac de boeuf séché et réduit en poudre qu'ils utilisent
comme ils font de la farine • ~uel~u~fois aussi, ils mangent de
la viande de leurs cheveaux morts ••• Tout ceci vous montrera avec
1. Inalcik . (H) "The ottoman economic mind and aspect of ottoman
Economy fi In Stuàies in the économie history of the middle East.
ed.M.A Cook, oxford Univ. Yress.London 1970 P 207 -
2.rhéoriquement, tout musulme.n 21~! ,.u'~l se trouvE:!::-Ct CE: sous un",·
cld.~linistration
d'infidèles a~;.,-:rti,:; ':. ~. 10 ':o;;·.;.,\\.r::...ll~\\ à la Um;:".éth-
;\\ll~is l'ext,::,nsion des conqu~tes €'t
!.
:.L~-:-.i;-. je- les consolider et
_.;t~·"- :or '~11at.:on de la U:amah :
elle
n:,;: ....'.,i~ dU d<3r al islam s'-:-;:i:·;':;'l:;L. ~.~~~.hl al Shirk ou ahl al
kufr v.;'.:- .. ·îi\\;< (1:,) "Le systÈ.>;n·",;.;:..·.:.:~ ~i ;,J(; dâns l'Islam 5unnit;'''-

quelle patience, quelle sobriet~, quelle ~conomie les ~urcs af-
frontent les difficultés et attendent des jours meilleurs ".
La composition de l'armée reflète l'universalisme
qui est un élèment privilégié de la propagande ottomane ; elle
recrutait des Européens, des Asiati;ues, des paysans d'Anatolie
ou des montagnards d'Albanie •
L'armée comprenait le corps des cavaliers et celui
des janissaires qui comptait sous Suleiman 12.000 hommes chargés
d'achever l'adversaire. Ils avaient un poids politique considé-
rable et étaient bien servis pé:r un esprit de corps qui tÎ.t recu-
ler le pouvoir plus d'une fois • Leur ardeur était difficile à
contenir en cas de victoire et la chute d'une ville était l'oc-
.
"
s ',ttacher
casion de pillages et de rapines multiples • Suleiman sut
leurs loyaux services et gagner leur sympathie en s'inscrivant sur
la liste des ja nissaires et percevant sa solde comme simple
soldat • Astreints au Célibat, ils étaient soumis à une discipline
et à un entralnement d'une rigueur implacable • c'étaient des
musulmans d'origine chrétienne choisis tous jeunes par la levée
des enfants de 8 à 20 ans qui, en raison du retard intellectuel de
leur région d'origine étaient jugés inaptes aU service adminis-
tratif • Le sultan leur fIt entièrement confiance et les préférait
aux Turcs de naissance •
Des mercenaires étaient aussi recrutés pour apporter
leur conc.ours aux janissaires; le ~ultan mobilisait
aussi des
Contingents fournis par les titulaires de Tirnars, concessions en
forme de seigneuries englobant
des terres cultivées ou incultes,
des redevances et des péages dont la =ontrepartie était la con-
tribution militaire •
La flotte fut un précieux instrument d~ l'expansion
ottomane • La construction navale pr!t un élan considérùble sous
le sul tan Bayezi~ qui 'ni:' .;;'.,;t' c~le ,j:)C r. olvires dont d~u>: t~timer.ts
à deux ponts pouvant recevoir ~ ~ord 200C ma~ins et Sv11ats ; ils
ét~ient propulsés de ch~que côté par 42 rames mnes chacun~ par
a
hommes •
;j".; i te
P 60 • n In Recue il .jE: l=. 30cieté Jean
,;",;;,.;;;;~;,..:=..::==--=-::....-.=....:..:--=..::..::.::..::.....=....:::........;:....::.,;;;;,;,.:,--=;.;::..::=~

62.
Son rOle fut déterminant à Rhodes attaquée en 1521 par 300 navires
transportant 10.000 hommes, des piè~es de grosse artillerie dQOt
13.'; canon. en fonte qui lançaient des boulets de 6 palmes, 10-~
barde. avec des boulets de fer et 12 mort1ers en fonte •
Un tel armement donne une idée de l'effort de construction
déployé
par Suleiman ; là aussi il sollicita le concours de techni-
ciens chrétiens très au fait des techniques de fabrication les plus
modernes • Les plus grandes fabriques étaient concentrées à Istambul
dans le quartier de Tophane • Un nombre considérable de pièces d'ar-
tillerie provenait aussi des saisies faites sur les champs de bâ-
taille ; Braudel estime à 5000 le nombre de pièces d'artillerie
saisies en Hongrie de 1521 à 1541 •
Conclusion -
Suleiman Le Magnifique r~ussit relativement dans l'adé-
quation qu'il voulut établir entre l'énorme espace politique qu'il
commandait et le discours qu'il a supervisé pour lui servir de sup-
POrt • Sans prétendre totaliser ici
tous les facteurs qui prési-
dèrent à ce succ~s, il convient de citer en premier lieu sa convic-
tion qu'il était investi de desseins grandioses
pour la
défense de la justice et de la prospérité du peuple • Les Loésultats
suivirent, le sultan étant par atlleurs servi par une administration
très moralisée, une armée capable de relever les nombreux défis qui
en voulaient au Colosse ottoman au XVIe s. Des grincements se pro-
duisirent cependant, l'énormité de l'espace sur lequel Suleiman
entendait exercer son autorité était trop réelle pour ne pas donner
des idées à de nombreux fonctionnaires • Ce fut le cas en Egypte où
les tentatives qui eurent lieu étaient pour la plupart des réactions
de jalousie contre la montée fulgurante d'administrateurs que rien
ne prédisposait à un avenir aussi brillant : ce fut le cas de
Ibrahim Aga qui/ de préposé à l'intérieur du seral1l'tl-~~ Vizir alors
qu'il aurait fallu 10 à 15 ans de carrière pour l'accJs à une res-
,
ponsabilité aussi importante .4 Ces grincements n'affect~rent pas
1. Gokbiling CT}, L'étendue du pouvoir de Soliman Le Hagnifique au
XVIE: s.
In Recueil de la ~9ci~té Jeaf'! Bodin, 20 (19 70) P 630 -

l
"
63.
durablement la cohésion de "l'empire" ottoman parcequ' ils étaient trop
excentriques mais surtout parceque la Porte totalisait d'importantes
ressources pour les étouffer •
Conclusion de la première partie -
Les développements qui ont été consacrés à cette première
partie permettent de constater que l'empire au sens de magistrature
suprême prolongeant celle de Rome, trouvait au XVIe s des artisans
prêts à lui donner forme • François 1er, Charles Quint et Suleiman Le
Magnifique s'activèrent autour de ce projet politique et marquèrent de
leur empreinte le discours dont-· il fut assorti et qui leur était de
loin antérieur ; la pression des relations internationales, celle des
convulsions politiques et religieuses propres à chacun des cadres où
ces souverains choisirent de b!tir leur projet achevèrent de leur
donner des contoJurs très différenciés •
François 1er à défaut de ravir à Chdrles Quint la digni-
té impériale en 1519 s'employa à imposer l'image de Roi de France Em-
pereur dans son royaume. Le premier chapitre consacré à l'analyse du
discours impérial sous François 1er a été l'occasion de totaliser
les caractères utilisés dans la propagande officielle et de constater
qu'ils étaient très proches de ceux qui servirent de support à Charles
Quint dans l'effort qu'il entreprit pour s'imposer ~ ses rivaux du
moment. L'armature administrative instaurée en France laissa parattre
une présence continue de l'influence royale et fut suffisamment ef-
ficace pour donner au devenir monarchi::l~€' les chances de triompher au
siècle suivant •
De son côté, Charles ~uint étroitement tributaire des
options des Rois Catholiques, s'engagea sur le front de la ccnstructio~
~
1

d'un empire universel dans les formes metlievales les plus pures • Le
hasard des héritages dynastiques parut se pr~ter à la concrétisation
de ce projet ; c'était sans compter avec la profondeur des crises so-
ciales et rel igieus.es qui ·=ot'vaL:nt c'I;ms un nombre considérablt: d~s
composantes de l'empire • r...e.:» FL'()~l~m~z j'i=1tégration administrative
furent si tenaces que Charles~uint cflnisit :je mettre l'accent sur la
donnée religieuse peur se confectionner une unanimité susceptible de
présider à la réalisation de desseins grandioses ; mais dans le premier
quart du XVIe St l'unité de la chretienté avait cessé d'être une réa-
lité • Le fossé que la relecture luth4rienne des Ecritures avait creusÉ

s'approfon.dissait en Allemagne, là précisément où Charles Juint
entendait expérimenter sa nouvell~ carte après l'échec de sa
tentative de coudre ensemble les multiples parties de l'emplie •
Les déboires
accumulés sur ces différents fronts condamnèrent
. Charles Quint à abd~uer ; le projet de dominer l'univers ne fut
pas pour autant abanaonné comme en témoigne la propulsion de
Ferdinand et de Philippe •
AU moment où François 1er et Charles Quint s'acti-
vaient autour de leurs projets respectifs, la méditerranée orien-
tale vit s'imposer un troisiè~e partenaire qui visait des objec-
tifs identiques même si le support idéologique auquel il se re-
féra ne l'était pas. Suleiman Le Magnifique admirablement ·servi
par les expériences de ses prédeoesseurs promut un nouveau style :
dans l'incapacité d'exploiter la référence
qurayshite ~articu­
lièrement prisée dans le monde musulman, il mobil~~~ ~es spécia-
listes du droit pour se faire accepter comme dépositaire de l'au-
torité Califale parceque Dieu en ,vait
décidé ainsi en lui don-
nant les moyens de commander à tous les souverains de la Ummah •
Les conditions matérielles furent réunies pour donner suite à la
volonté de la maison ottomane de surpasser Alexandre ou Moawiyya;
elle n'était pas toutefois la seule à nourrir cet espoir. Aussi
la défaite de Lepante fut exploitée pas les Saadiens un des prin-
cipaux rivaux de la Porte pour lui aliéner àans l'espace maghré-
bin
les chances de réussir •
De ce point de vue, l'empire fut une réalité dans
l'espace méditerranéen du
XVIe s. Qu'en a-t-il été dans sa péri-
phérie et particulièrement dans la construction contemporaine du
Songhay 1 La deuxième partie de cet essai se propose de faire le
~int.

Deuxième partie; l'Empire dans la périphéCie : le C~5 de son9h~
CHAPITRE l - La perception de l'espace dans "l' empirè 30nghô"Y"-
AI LE BILAN DES SOURCES -
a) Les données des Tarikh
Les tar1kh de Tombouctou dQs à des intellectuels musulmans
livrent des renseignements assez complets sur la perception de l'espac,
d'essence animiste que les Askya de Gao ont développée le long du
XVIe siècle. Deux enseignements~ndamentaux ~onviennent d'être tirés
dès à présent et qui complètent les remarques faites dans la critique
des sources sur le poids de l'idéologie
dans la fixation des tarikh:
les auteurs ont malgré leur propension à afficher leur identité musul-
mane des attaches animistes qui les obligent à reproduire des catégo-
~ies auxquelles on ne s'attend pas. De leur =~té, les Askya de Gao
empruntent des techniques inconnues de la jurisprudence islamique à
laquelle la propagande Songhay se refère le long du XVIe siècle ;
c'est aussi la preuve de leurs sensibilités anlmistes/à moins qu'il
ne s'agisse d'une conscience très nette de tous les avantages qu'il
y aurait à établir la jonction avec les normes politiques tradition-
nelles pour réaliser un minimum d'unanimisme politi=lue •
Le Tarikh Al fattash est la première source ~ faire des
pointages syst~matiques de l'espace politique et économique sur lequel
les souverains de'Gao prétendent exercer leur autorité. Il ~'agit
dans la plupart des cas d'attaques très virulentes contre Sonni Ali
Ber (1464-1492) suivies d'éloges pour célébrer la grandeur d'El Hadj
Muhammad le (1493-1528) et de l'Askya Dawud (1549-1582) à travers le
décompte des populations qui furent soumises ~ leur domination •
La première occasion où l'espace est cartographié concern~
la gestion politique de Son~l Ali Ber : de 1464 à 1492, il organisa de
très n~~br~uses expéditions qui :ui réussirent pleinement co~~e le
constat,: ;..~ Tarikh Al fattash : n ••• :'1 (Sonni r.li) ne l;,issa au.::une
vill~, aucun village depuis le pays dé Kant~ jus9~'a~ Sib:ri~o~90U
san.:. l' at taquer à la tête de sa cav<:..~e=oie ••• 0'
l.G- ,::.::.cond passage ot. i l est _iuestion d'espace dOminé
intéresse ;:'1. Hadj :'~~lhèl:nl""ad V:~r ; sa \\' ictoire cl' .'".nfao (1·193) aux d'ipens
de ~onn1 Daro SU-:":"-"'~·:·.:~· 'k ~':mn':" ,,.11 ~ui ~Lrmo!?t de corr.mander un

66.
territoire qui " ... s'étendait depuis le pays de Kanta jusqu'au
S1biridougou ... n. C'est la même délimitation qu~_revl~nt a.près que
l'Askya ait ébauché la nouvelle armatureadmintstrative du syst~e ••
"il nomm~ un cadi ••• dans chaque v~ll~ de son territoire qui en
comptait un, depuis le Kanta jusqu'au Sibiridougou ... ,,1
Le Tarikh Al fattash donne aussi à l'Askya El Hadj
Muhammad 1er/l'occasion de préciser l'étendue de son autoritci dans
2
le rcscrit
qu'il remit aux descendants du Mori Haougara et dans
leque~/il prend soin de les édifier sur les limites de leurs préten-
tions matrimoniales ••• " Je les autorise, eux et leua descendants
à épouser n'importe quelle femme ils voudront dans toute l'étendue
de mon royaume, depui. le Kanta jusqu'Gu Sibiridougou, qui forme la
limite
a9Hats et ceux de l'empereur du Mali ••• n
Par atlleurs, les concessions foncières que l'Asky~ Muh~~
mad 1er fit en 1502 à deux de ses principaux collaborateurs permet-
tent d'avoir une idée des procédés qu'il utilise pour cartographier
l'espace.A Salih Diawara,il annonce qu'il pourra bénéficier de l'u-
sufruit èe " •.• tout le territoire qui s'étend du lieu dit Issa Kci~a
jusqu'au lieu dit K~ ••• n. Les mêmes privilèges sont reconnus à Muha~­
mad Toulé qui est habil~tt. à les réclùm~r sur les régions s'étendant
n • • • depuis Niamoun~ ju~qu'à Kaya avec les bourgs
compris ~r.tre ces
~
deux points tant sur l'Aoussa que sur le Gourma••• "
Les concessions faites par ~l Hadj !1uhammad 1er aux
jurisconsultes Salih Diawara et Muharnrllad l'oulé rap?e5à.ent d'asse::
près le système de l'igta qui fut dans le monde musulman médleval
une concession de terre en propri~té ou en jouissance • On le fait
remonter au Prophète Nuhammad qui prit ]a dE?cision de concèder J:l
1. Al Mukhtaar et Kati, paris, 1981 P &2 ; P 106 ; f
1:5 •
,. Georges l:~. Kodjo doute de l'authenticité de ce rescrit ; les ar-
g-.Jnv::nts qu' i l ~voul.le 1.> :: 1 ap~'~Ji j0 ses suspi.:i-:ns n(: ~~ont ;:)as nou-
-
..
.. ~
':'~'::. ',;., .~ _~. ,.... ~ r
.:'..l Fattash.
In BIFAt·;, 6, -; .)0, ;-:~'i, :'~76, ; ~
ï,:,,,_t;. .. ~ -
3. Al Mukhtaar et Kati, Paris,
~9b:" f
.. 36
Nous rendons Issa K'''i''ia
un pp.tit fleuvt!, i\\oussa et Gourma par rive gauche et rive dt"oit,~
suivant la leçon des traducteurs •

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Temim Ed DAri des s'jurces en Syrie et à Abc,u T!alba des terres de
l'empire Grec. Le second Calife Umar fit aussi des concessions aux
tribus des Dj~halna, des Banou Mozalna ~ntrc autres tribus.~
.
Ces Concessions avaient l'avantage de rappc~cr le souci de
l'Askya Muhammad Ier de rester conforme à des pratiques islamiques
qui en retour, assuraient à son autorité un surcrolt de légitimité,
compte tenu de la fonction de leum destinataires • Le p~incipe du
droit de jouissance est respecté à ce niveau, probablement en rap--
port avec les pesanteurs négro--africaines qui font du Maitre de la
terre le seul habilété à en revendiquer la possession à cause des
accords passés avec les divinités • C'est l~ une perception qui
n'était pas inconciliable avec la sensibilité islamique, car en
droit musulman, Dieu est le seul et unique dépositaire de la propri~.
té ; mais il y a possibilité de jouissance conc~dée au C~life qui
est plus possesseur que propriétaire, C;;l!" il n~ lui est pas donné
rl'user voire d'abuser de l~ t~~re à l'instar dc~ ~ossibilités of-
fertes par le droit romain •..t
Pour en revenir à la technique cartographique utilisée
par l'Askya Muhammad, il est utile de remarquer que l'allusion à
l'espace
Kanta _
Sibiridougou reven~it ?r~E' ~'l.:n demi s~6cL
plus tard .... ·était sous le règne de l'Ask:Z'3 ~a~'lUd, autrl:. cham?",iO!'1
de l'élite intellectuelle Songhaj, à qui le Tarikh Al fattash rend
l'hommage qui convient " ••• il n'ya plus alors (~pr~s sOn avènement)
dans tout le Tckrour, du Malli jusqu'à Lollo, rcr$on~~ ~ui osat
lever la main ••• " La note 2 de lë: ;:,age 176 r!~ Ti::r.r1kh ~"l fattash
précise que la localité de 1.0110 est située en aval du Dendi, pr~ci­
sément là où commence le "pays de r.antol", allusion ·"ux derniers
remparts où s'exerçait au milieu du XVIe siècle l'~utorit~ ~u rel
de la Construction" haoussa" du Ke~~~ i •
.i..
i. Voir worms, "Recherches sur la constituti~n de la p~o~ri't~ ter-
ritoriale dans les pays musul!7lans" In Journ~l 2.si.:.ti.:.:ue 1843, H- 31-:.
voir aussi l''\\rin (P), Il Sur les d?m~~mbrem~nt~ de lé. propri~té el"!,
droit musulm.::.n." In Révue du monde musull:~èln, .::~..
~'.:.- ~4, P 306 -
.2. Gardet (L), La r.:rop~-Vrté en Isla... "L!: Revu~ de l'Institut des
:J§jlles lettres arat".:;;> -
-:
.. '::,11;147 i-
•• ;t;-

G8.
L'Askya complèt~ la grille d'informations cartographiques
en ajoutant aux repères ~aLituels que sont les cours d'eau, les
provinces du Kanta et du Sibiridougou, une li3te de populations
lui appartenant en propre : lé territoire mis à la dis~osition de
Salih Oiawara:..
comprenait trois tribus qui étaient la propriét!
du prince, celle des Hadd3danké aux cheveux longs, celle des F3l~
et celle comprenant les Bella koukou, les Kourka et les SareI
tous issus des Zendj ••• 1
n
El Hadj Muhammad Ie complète de la même
façon l'information sur le territoire don~ l'usufruit appartenait
à Muhammad Toulé n ••• trois tribus seront sa propriété; une tribu
de Zend j, une tribu de Sorobanna et une tribu de Oiam OUali ••• "
Ces précisions indiquent
lue la définition de l'espace ne faisait
pas intervenir les seuls paramètres naturels qu'il s'agisse de
cours d'eau, de montagnes ou de couverture végétale difficilement
franchissable • La donnée humaine s'y ajoute et fait penser à des
perspectives de mise en valeur qui exigent l'intervention de popu-
lations non libres •
Le Tarikh Al Sudan ne comporte pas de passages où le
souverain intervient parsonnellement comme c'est le cas dans le
Fattash, pour préciser l'étendue d~ son 3utorité • En ?lus, la
configuration du 50nghay jus1u' alors ,::~ntrt&c <3utc-ur de repère's
constants Sibiridougou-K....nta cu Malli-l,oll~ change de I=-~rsI-',...... .&.Vld.
~ Ce prince (Askya Muhammad Ie) s'em?ara de tout le pays du Kounta
jusqu'à l'Océan Atlantique du c~té de l'Occident et son autorité
s'étendait de la frontière du pays rie Bindoko jus.:t\\l' à Teghazzé et
,
2.
ses dependances ••• l'
1. Ainsi étaient désignés sous les Abbassides, les esclaves noi~s
travaillant dans les lagunes salées près de Ba?hdad ; ils y ins-
taurèrent une instabilité avec occupation dé rQutes commerciales
reliant Baghdad à Basra au golfe persique. ~n L77, ils poussèrent
jusqu'à 27 kms de Baghdad. Pour les raisons de l'utilisation de.
ce terme dans le Tarikh al fattash voir : ~~un\\A/1::k Cl.cl • t'The
...
term zanj and its derivatL's ln
\\
.'
C:':-0n ~c.l ':.
:0'
I l
R.8.C.n.D,
Unterslty of Ibadrt':. '::-: «. :::~)': 'o·
.t. ~"'~; (~\\) 17o-(":~1 ~~il !~~.

69.
Ces repères ne se retrouvent. plus à la page 222 où Abder-
rahmane Al Sadi leur préfère d'Est en OUest, les pronvinces limi-
trophes du Oendi et El Hamdiya, ce qui n'est pas très loin du cadre
Kanta Sibiridougou •
Les populations dont l'Askya s'était servi pour complèter
la définition de l'espace sont inconnues chez Sadi; il est permis
de comprendre Cette absence au regard des réticences que les cri-
tiques du Fattash ont formulées à propos des populations reperte-
riées comme propri~té de l'Askya • Le Tarikh ,-.1 Sudan n'ayant pas
été soumis.
.ux mêmes manipulations que le Fattash avait par consé-
quent plus de chances de ne pas reproduire les populations et leur
fonction cartographique •
Il faut tout~!ois rem~rquer que Sadi n~ reproduit le
repère Atlantique qu'à cette. se~lc .:;ccasion ; mention qui est d'au-
tant plus surprenante qUE; Sadi j)rend a!l~etJrs l~ soin d'insister
sur l'expérience politique en cours dans l'hinterland Sénégambien
vers 1510 • Il parle à ce propos du Fauta, nom d'un pays voisin
de l'Océan Atlantique et appartenant GU sultan du Jolof • ~e pen-
chant de Sadi intègre une logique plus haut décrJptée da.'ls l'ana-
lyse des sources: la conception de l'hi~tvire pour laquelle Sadi
milite, l'oblige à comptabiliser tout ce qui contribue ~ l'c~bE;l­
lissement de l'image de marque de son souverain • ~ue Sadi ait sur
cette base étiré l'autorité de l'Askya Muhammad Ier jus~u'à l'Atlan-
tique se justifie; l'allusion à l'espace maritime pouvait dans son
ent~ndement traduire une impression d'iwmensit~ pal~faitcm~nt confor-
me à l'image qu'il se faisait de son hskya • La mê~c excuse_s'il
peut en être question en histoir~ - ne saurait prévaloir pour des
historiens qui reprennent à leur compte cette propa9ande et confec-
tionnent une cartogrGphie en tous points fidèle aux esquisses de
Sadi ; citons entre autres signatures celles de Joseph Kizerbo ,

70.
Cheikh Anta DIOP, André Miquel et Majhemout DIOP qui avaient les
moyens de serrer de plus près Sadi en parcourant le Tarikh Al Fattash:
D'autres paramètres à usage cartographique ont été re~uvés dans les
constructions mentales en cours dans l'univers Songha, •
bl Les constructions mythiques
Un examen des représentations mythiques qui font le point
sur l'origine du Songhaj, permet de retrouver les repères précédemment
utilisés pour cadrer un espace politique soumis à une autorité : les
provinces du Kanta et du Sibiridougou sont reconduites ; elles servent
2
à enserrer l'axe fondammental de la courbe du N1ger
dans la partie
la plus intensément convoitée au XVIe siècle par les Askya et avant
eux, les Sorko, les Bella, le. membres des confédérations du Gondo,
du Korarou comme le rapportent les traditions collectées par Yacouba
Duppuis et publiées par Louis Desplagnes
Outre ces deux provinces, les catégories utilisées par
El Hadj Muhammad 1er pour préciser les largesses faites aux juris-
consultes Muhammad Toulé et Salih Diawara reviennent: il s'agit du
petit fleuve (Issa Ketna) ~ ~es rives gauche et droite du fleuve. La
logique qui soutend cette façon d'appréhender l'espace, peut ~tre
decr~tée grlce aux principaux régulateurs de l'autorité propres aux
représentations négro-africaines même sous leur récu~ration islamique
comme c'est le cas des sources écrites dont nous disposons •
Les traditions qui ponctuentl'évolution du $onghay
depuis sa naissance, présentent la dy nastle des Dia (ou za) comme une
communauté religieuse réunie autour de Fëran Makan Boté ; ce person-
nage considéré comme l'ancêtre des 50ngha~ est particulièrement inte-
ressant parcequ'ayant le permler conclu un~ alliance avec l~~ divinitér
~~
CICU·.;,- ',.:
_

71.
trouvées sur Place~. Les traditions rapportées par Yacouba Duppuis
précisent le genre de relations qui ~'établissent entre un per-
sonnage ayant réussi à éliminer les.--tisques que représentû.it la"
présence d'une divinité hostile et"le droit qu'il devait exercer
sur tout l'espace environnant comme sanction de son exploit.
Cette représentation n'est pas specifique au seul univers Songhay ;
elle se retrouve chez les Haoussa où c'est BAVO qui est célébré
pour avoir tué le serpent qui terrorisait les populations ; il reçut
en retour la main d'une princesse qui donna naissance à 7 enfants
fondateurs des états du Gobir, de Kano, Rano, Daura, Biram et Z&ria~
On nouveau rapport s'établissait qui
obligeait l'heureux
élu à se conformer aux termes de l'accord passé ou supposé comme te;,
avec les divinités locales ; il devait en particulier veiller au
contrele de tout ce qui dans les alentours immédiats du lieu d'Lm-
plantation, pouvait rendre
perenne la liaison ~nitiale : montagnes,
étendues d'eau, bois ou tout endroit susceptible d'être utilis~ dans
les cultes rendus à la divinité • De ce point de vue, les différents
repères servaient plus à rendre un espace homogène plutat qu'à le
disséquer, à le compartimenter •
L'alliance supposée n'avait donc de chance de durer que
si le personnage qui l'avait négocié était en mesure de confirmer
avec succ~s un pro~ramme spatial cohérent • Dans le cas de Faran
Ma~an Boté, une seconde alliance était intervenue qui rendait encore
plus ambitieux ce progr~e : 11 s'agit de l'accord passé av~c les
Sorko, pêcheurs professionnels q~i ~onctuèrent de villages leurs
pérégrinations orientées de l'ava.l à l'a:nont du rJiger d'une part et
avec les Gow, chasseurs professionnels maltres de la brousse d'autre
çart.
Ces fusions successives abo'Jtirent à la con~titutlon du
1. Desplagnes (L) Le plateau central nig~rien : une mis~ion archéo-
logique et ethnographique au Soudan français - paris, Larose, 1~07
P 385 et suivantes • Voir aussi Laya -
(0)
Traditions historiques de l'Anzuru - ;lia.mey, Fubl. du centre.
reg. de doc. pour la :rêdi~ion oZ":ole, l-'<'(;,
j j
pages dact'ilographi ..~~
~. CL.'rke (J.ln "~e r:i.~r·,~L.~i·. ·.~l:1::i-.;n et l~ .:ioudan ~ccidental Il :n
~r~sence ~frlcoin~ ~p ~~ -
~~, 19ci0, ~ :b7 •

7'"1
-_e
peuple SOngha)1.j le roi qui en était le mandatAire ne pouvai7 u.....
risque de se disqualifier rester insensible à la ~atérialisa~icn
des options de ses prédecesseurs •
Les Tarikh qui sont des repertQires de traditions très
dlversifl'es reproduisent à leur manière ces représentations my-
thiques • En épluchant les passages que Abderrahmane Al Sadi con-
sacre àla constitution du peuple SonghaJ, on met en évidence des
traditions savamment dosées de pesanteur islamique • Ainsi la dy-
nastie des Askya est-elle raccordée à l'ascp.ndanoe qurayshite par
delà le mythe de deux frères venus du Yemen • Ces dern~ers réus-
sirent à l'instar de Faran, à se débarrasser du poisson qui ter-
rorisait le premier noyau Songhay, le libérant ainsi de toute su-
je·::tion •
Le choix du poisson pour symboliser une
"
~lienation ne
paraft pas gratuit et participait de l'arsenal dont se ~ervent les
intellectuels de culture arabo-islamique pour dénoncer la vénération
des espèces animales considérées comme des survivances paIennes
très tenaces • Les deux frères furent choisis pour présider aux
destinées des populations qu'ils venaient de libérer, respectant
ainsi les croyances qui perçoivent l'élimination d'un adversaire
plus qu'un simple acte physique, une assimilation de ses capacités
naturelles et surnaturelles •
Le Tarikh Al Fattash rapporte à son tour les trad~­
tiens qui retracent l'évolution du peuple Songhaj ; les personnages
qui detiennent les principaux rales viennent encore du Yemen • S'y
ajoute le génie Raoura Ben Stra croisé quelque part près de l'Atlan-
tique et qui ••• " tantat volait dans les cieux, tantat grimpait sur
les montagnes, tantat plongeait sous les eaux et tantat entrouvait
la terre et s'y enfonçait ••• w1 Tout porte à croire que ces capacités
surhumaines ne sont qu'une réadaption des qualités que les tradi-
tions Songhay sont unanimes à reconnattre exclusivement à Sonni Ali
Ber, grand magicien et devin ainsi célébré z " ••• Si vole dans la
1. Dans les traditions d'ori·)ine sur l'Anzuru,
les chasseurs fi-
gurent en bonne place parmi les partenaires ayant ~~nclu un accord
avec l'éJ.n.:~tp~ .c;.wa • voir L..:.ya (0) :\\iamey, 1970, P 13-
2. Al Mukhtaar ~t ~~ti, Paris, 1981
P 40 - 41 •

73 •
. ~
nu1t, s1 vole au premier chant du coq, Si prend toutes les ames •
c--~Si tue l'homme entre la coiffure et la tête ••• "
Quels rapports ont pO exister antre cette s~~e de données
mythiques et le dp.plolement des responsabilités royale~ au Songha, 7
Le chapitre qui suit se propose de faire le point

CHAPITRE II -
Mystique
de l'espace et espace sacr~ _
AI Le roi produit de l'espace et symbole des a~cêtres-
La prise en compte des représentations mentale~ précedem-
ment eSquissées aide à comprendre les raisons pour lesquelles les
souverains Sangha; se sont, independ~nment de leur appartenance dy-
nastique, référés à l'espace compris entre le Kanta et le Sibiri-
dougou • Le roi parcequ'il personnifie la liaison perenne entre les
ancAtres et le peuple, devait tout mettre en oeuvre pour assurer
son bonheur; ce n'est q~'à cette condition qu'il pouvait es~rer
leur confiance et justifier en retour l'inviolabilité de son auto-
rité • Le roi était ensuite tenu d'organiser des expéditions pour se
conformer à l'esprit des accords passés entre ~~ran et les divinités
de l'eau, les pêcheurs et chasseut"s ;'~ofe~siO:-;!'1els :;Ur"tout sl sa
situation matérielle trd~'~ préca.ire lui. dC;1n~lt très peu de choix.
Dans la Cosmogonie Sooghay. 1~ roi a une position cen-
trale qui l'oblige à déployer les re5ponsabilités qui étaient rr~c~
demment celles des ma1tres de la brous~e et du fleuve • La terre C$~
perçue comme un disque et se divise en terr.es habitées correspondant
aux villages et en terres inhabitées, domain~ de l~ ~r~~sse ; le
fleuve a pour fonction de coudre ensemble ces riiff·':r-en::f:s part.ies .1
Cette représentation de l'univers donne tout son sens à la préemi-·
nence que les Askya revendiquent sur l'espace c0ntr4 autour du re-
père fondamental qu'e;~t 1'" flelJv~ : ').. y r",vif':'jdrë •
F?r aIlleurs, là terre est considér4e comme une propri~t~
de divinités précises qui en confient la gestion au ma1tre .:1u sol, .
correspondant au personnage le plus ~gÉ du premier noyau de peuple-
l
.
.
ment;
11 est pour cette r~ison tenu d'exercer un droit de regard
1. Rouch (J) La religion et la magie SonghaI -
Paris, PUF, 196C ~ 16
2. HAULIN CR)
"Un aspect historique des rapports de l'Animisme et de
l'Islam au Ni3or" ln Journal de la ,joci~t(~ :;e: I\\=ricanistes - T 32,2.
b6~ ii
269 •

75.
sur l'espace environnant •
L,étroitesse de cette relation entre l'hommt:- et_l'espace
humanisé est telle que Jean Gallais détermine le penchant de ce
qu'il nomme le sentiment géographique de l'ho:nrne du delt,:;, : ••• " il
est dominé par l'intérêt exclusif et spécialisé qu'il porte à ur.
él&ment de la nature ••• "1
La personnalité de Sonni Ali Ber pouvait bien se confondre
dans celle de ce dépositaire de l'autorité; sea capacités de devin
et de magicien l'y prédispo.ai~tout com~e l'accord qu'il est censé
en tant que continuateur de Faran, avoir conclu avec les ma!tres de
l'eau et de la terre •
Concrètement, ces pressions intrinsèques ont éti matéria-
lisées sous Sonni Ali par 30 expéditions dO:1.t, 28 ont été couronnées
de succa• • Il para!t indispensable de revenir ~ ces repr~sentations
mentales pour saisir l'acharnement avec lequel Sonni Ali Der organisa
ses campagnes de 1466 à 1492 • $on fils et successeur Sonni Baro
resta conforme à cette logique au moment où il était convaincu des
intentions belliqueuses de l'Askya Muhammad en 1493 • L'alternative
qui lui était proposée était i~conccvable, car adopter l'Islam selon
les termes qui lui étaient signifiés, c'était en clair renoncer aux
Torou (arbre ou pierre sacrée) et par voie de conséquence au droit
de réclamer la possession de la terre, celle ci ayant appartenu aux
ancêtres matérialisés par les Torou •
Abderrahmane Al Sadi rev~le une autre norme de~ tradi-
tions politiques qui dQt participer pour beaucoup dans l'a=tivation
des options spatiales du roi: ••• t' On dit qu'un prince qui n'est
é
'
, i
, " 2
pas en
tat de defendrc ses Etats n~ ffi~r te pas d'y regner •••
1. Gallais (J) Le delta intérieur du Niger. Dakar, IPAN, 1967 Tl
P 116 •
2. Sadi (A), Paris, 1981, P 17 •

76.
C'était ajouter un argument de plus et de taille, à une pratiq~e
territoriale qui était idéologiquement justifi~ par l'arsenal des
traditions locales: l'accord initinl n'avQit ev1dernmLnt de sens
que sl celui qui était chargé de le pereniser se donnait les moyens
de ~réserver son champ d'application •
Ces représentations justifient l'obligation dans la-
quelle se trouvait Sonni Ali Ber de répondre régulièrement aux
pressions des Mossi pour contreler l'activité économique de la
boucle du Niger/dans le dernier quart du XVe siècle. En agissant
ainsi, le roi participait à l'avènement d'un équilibre social qui
était ole meilleur indice de sa puissance et de son droit ~ se r~
clamer de la représentativité des ancêtres • Ceux-ci sont présents
dans le déroulement du quotidien malgré une mort qui n'a fait que
suspendre la réalisation des t'ches qui leur incombait : nous
citerons par commodité anachronique, ces vers célèbres de Birago
DIOP qui résument =ien cette continuité des ancêtres et la pesanteur
que leur présence diffuse, exerce sur les vivants ••• " Ceux qui sont
morts ne-sont jamais partis, ils sont dans l'OMbre qui s'épaissit •
Les morts ne sont pas sous la terre, ils sont dans l'arbre qui fré-
mit, ils sont dans le bois qui gémlt, ils sont dans l'eau qui coule,
ils sont dans l'eau qui d~rt, Ils sont d.ns 1. case, il~ sont dans
l
1. foule,
les morts ne sont pas morts ••• "
Cette faculté des atsents d'~tre pré~~nts, a une uti-
lité fonctionnelle considérable ; elle conditionne la conscience
que les pr~tre8, devins et rois ont de leur mission : parachever
,
l'oeuvre de leurs prédecesseuIS. t'attitude du roi Mossi invite
1. Rombaud (M). L~ poésie négro-africaine d'expression française
Paris, Ed. Seghers, 1976 P 145-146. Une relation dialectique existe
entre vivants et morts qui ont mutuellement besoin lf"~s uns des
autres pour leur ~panouissement et leur renforcement respectifs •
Les uns t.rouvant dans l'and~tre prf.~tectl.)n ~c. assurance '.:t les
autres dans les sacrifices faits er~ l~u~ endroit, la nour~iture q~i
condi t i,-:.nr.e leur présence voire l.'u:- ~~: ~" !"ven t ion • voir Thomas
(L-V)
et Luneau (r;;, Là terre afr-i,::. H),
,,~ ses reli~ions - Paris,
L'harmat:.ar., l:::,_

,-
2~j _

·" .....
. .~~«
._.
à embrasser l'Islam en 1498-:499 ;,ar l',;..sJcya Muhammad Ier en dit long
sur cette contrainte j il ne manifesta 50n refus qu'après Qv~ir rC1~is
l' avis de "ses ancêtres q~i-étaient dan's l'autre ;nonde ••• "1
Les croyances animistes déterminent la place dE:. l' homme dans
l'ordre de la création. La puissance de Dieu est reconnue tout comme
son éloignement j il explique le peu de recour3 que l'homme est tenu
de lui adresser dans sea interrogat.ions existentielles. Tel n'est pas
le ca. de celui à qui Dieu confie une partie de ses pouvoirs pour la
gestion du monde physique et spirituel. Ce demiurge est entouré d'ini-
tiés qui se dJa persent à sa mort pour former des écoles, des centres
d'étude et d'initiation f le roi à la fois prêtre et magicien doit
dominer tous les rites initiatiques qui lui assurent le respect et la
crainte indispensable à sa fonction d'articulation du présent et du
passé, des vivants et des morts • Il est tenu de veiller au bonheur de
sa communauté en faisant preuve de fermeté et de vigilance pour enrayer
tous les risques qui menacent de troubler l'ordre du créateur • Il est
ainsi préposé aux sacrifices et domine tout l'appareil judiciaire; le
pouvoir judiciaire du roi trouve sa justification dans les traditions
ancestrales : le désordre est en soi un mal nécessaire à la préser-
vation et à la perpétuation du sacré • Il faut y remédier en mettant
en place un dispositif repressif au besoin, un système de bannissement
ou de récup'ration, des sacrifices indispensables à l'apaisement des
divinités offensées • Cette logique a dO commander le déploiement de
la justice dans le Soudan nigérien et a particulièrement retenu l'at-
tention de voyageurs étrangers écrivant à deux siècles d'intervalle 1
Ibn Battouta et Valentin Fernandès • Le premier émerveillé au Mali
par la stabilité des voies commerciales et par l'honnêteté des mar-
chands
t'ropose une explication qui situe le dépl:>iement par le roi
~
de ses responsabilités judiciaires ••• " ni le voyageur ni celui qui
séjourne n'ont à craindre des voleurs ou des agresseurs • Le sultan.
ne pardonne point à quiconque "e rend coupable d'injustice ••• Il S
~. Sadi (A), Paris, 1981 P 122 -
2. Hama (8),
"
Le devin • Temps et nistoire dans lô (lensée animiste
de l'Afrique Noire Il -
Ir. Le temps et les philosophies. Etudes prépa-

rées par l'Unesco - F~:;i::..• b:l,!v~. l(.~ ,\\""~~sc~ j,=:; :'·~nesco,
1978, P 17':>-
~. Voir t~. "'o\\"Q. ~, f.18

78.
Le second voyageur constate en sénégambie la rigueur dont
faisait
montre
le Mansa pour punir~les voleurs : ils étai~nt.
simplement décapités et les biens de leurs familles
2
saisis •
B/ Le gestion royale de l'espace
Le roi qui se donnait la peine de veiller au maintien de
l'ordre en .yant recours aux pouvoirs judiciaires qui sont les
siens, pouvait espérer la clémence des ancêtres, gardiens veillant
sur la morale publique, commandant la circulation des nuages dont
dépendent la pluie, la fertilité du sol et l'accroissement des ren-
dements • Son pouvoir à un caractère cosmique car la force concen-
trée en s. personne est immanente à l'ordre du monde; le roi pré-
tend donc incarner non seulement la soci~té mais aussi l'ordre
entier •
Ce besoin de ne point contrarier l'équilibre du Cosmos,
conditionne le déploiement des responsabilités royales dans des
directions insoupçonnées : au plan fiscal notamment, il appartient
au roi de prélever des taxes sur toutes les récoltes ~t d'en faire
bénéficier l'autorité sacro-Sainte qui en retour garantit l'ordre,.
la fécondité de la nature et des femmes • Une telle obligation a
manifestement échappé aux auteurs des Tarlkh qui s'apitoient sur
les exactions que Sonni ~li Ber ftt endurer aux Peul en les dLpos-
s~dant de leur bétail; il faut, sans chercher pour aut~nt.à jus-
~ifler les agissements de Sonni Ali, remarquer que ces mesures
~taient imp~ratives ~t ~ue leur m~connaissance risquait théorique-
ment de lui causer un réel préj~jice •
1. Cuoq (J.
) Recueil des Sources arabes concernant l'Afrique oc-
cidentale du XIIIe au XVIe siècle - (Bilad Kl ~udan)- paris, CNkS,
1975 P .311 -
2. Valentin ~ernandès, Description de la COte occidentale d'Afrique
(Sénégal au Cap de Monte, archipels)
• Trad-I·jauny, r10nod, "fexeira.

Le roi, devant de, telles ,contraintes matérielles/devait opter
pour le contrOle d'un espace étendu qui, par delà les chances de
prospérité imm:diate qui en découlaient, signifiait sa préoccu-
pation de confirmer le contrat le liant aux ancêtres : la terre
retrouve ainsi une certaine saeralité sans laquelle l'autorité
royale ne peut para1tre complète : une relation étroite existe
entre le roi et la terre • Elle a été bien perçue par Philippe
Junod qui après 40 ans passés. en Afrique du Sud était suffisamment
édifié pour constater que le chef c'est le sol et que l'homme
ce sont lea autrea hommes •
Le roi étant la somme de l'antériorité personnlfl~épar la
présence diffuse des an~êtres et de la p~.~rité~u'11 doit
réussir, est tenu de fonder son activité sur ces deux élements
fondamentaux : la terre et les hommes • Ce d~rnier él~ment était
déjà mentionné avec les repères nat~rels pour cartographier l'au_
torité des souverains Songha~~ou l'ét~ndue de leurs libérÂlités •
L'espace sacré convoité par le roi, n'avait d'utilité que si sa
mise en valeur était assurée par un investissement conséquent •
L'histoire du Songhay conna!t so~s ce rapport de nombreux cas de
déplacements de populati0ns qui dépassent les seules considéra-
tions militaires auxquelles elles ont été jusqu'alors limitées.
Ce n'était sQrement pas pour assurer la continuité de son Qutorité
à Lallo que Sonni Ali entreprit d'y déplacer des populations ;
nous préférons y voir un sens agronomique très élaboré, la Ie~di
se prêtant à une exploitation agricole diversifi~e en raison de
ses immenses potentialités •
1. Ce terme est de loin préférable à la notion de donation vulga-
risée par j-iichal fymowsky caJ malgré la passe dif f ici le que tr2-
versent ses relations avec ies Ulama, II t'\\skya ne pouvait proc·5de.::
à des donations à l'instar des rois de l' occ iden t médieval qui er;
usaient pour donner à leurs proches les moyens d'user voire d'abu-
sec de la terre - CI''ô'st -:.~: un tl.·~vers
..:.:..:i -::; étE' d·Sj~ cx~.rim'.'· rar
Raymond ;'inuny ~I.. i
:;v~:J...'; ~:'~:~;!:em(-mt 1"
:tc.-d~:'.; fc~odAl ,:r. ~~t·:; .... '.,;
moment de renjr~ l~s '·(;_-·n~:·~"::.:;;1.')n::; f:'nci';res" Je ....1 Um·::sri ~.ü.r ...1.'.-
tations foncF:res • 'loir 4"'Y::;OW5~:i' (,;) "Les domui:les pri:'..:i.:c.:
>..,
Songha! : :ioudan occiJen t dl, compûraison avec l '" .rRnd~
;- .... 5· ":-.~ té
ft· 1~:'7-1658 •• Po,,!" .1.::. cr~ti :u~::.:oncept~ ;;:~l~. -; ~~. )ê:::"~";
(-J.S)
-~. ~ ':lque du 'ocabu ... a ... ce hJ.storlttl:e appllqu-:,:. l' ::.; ..:~e .:;e~ ..·oci ..·..:t·~.::
,·~t
··tats .~;~I~'~t
f:-i,,:ains 8\\'dr.:
~I~ >"lIc ~ .....: ~·.--:i-,
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80.
Abderrahmane Al Sadi témoighe atll~urs de ce pragmatisme
cie~ Sonnl Ail dans la description qu'i:' consô.cre au blocus de la
v~lle de Jenné : LA, une partie des soldats intervenaient dans l'ex-
ploitatlon des terres entourant la ville • La tradition locale a
d'a!lleurs immortalia4
cet investissement humain en donnant le nom
de Nlbtakou Sonnl, à la colline où eut lieu l'intervention du rol •
El Hadjl Muhammad ne fut pas en reste et reprit cette tradition en
talsant intervenir des populations partout où les conditlons locales
l'exigealent : ce fut le ca. des habltants de la branche occidentale
du Niger que l'Askya Muhammad 1er transplanta vers les lies de la
réglon de Tillabéry • L'administrateur Yves Urvoy fait remarquer que
les Ouogoa
.u'll recensalt dans cet espace ~tQ1ent les desc~ndants
de ces populatlons .1
Sonni Ali Ber, guerrier intréplde s'avéra aussi comme un
homme d'état préoccupé par l'éqUilibre vivrier de son peuple; l'ar-
senal des traditions locales le situait au centre j'une politique
d'intervention: le rol est le premier époux de la terre et père des
récoltes • Il doit donc donner la pleine mesure de ses responsabili-
tés conjugales. Ainsi pourrait s'expliquer l'ardeur de Sonni Ali à
conduire des amtnagements agronomiques d~~s les régions lacustres du
delta central : l e Niger et ses annex"?s furent l'c;:jet d'importants
travaux de canalisation et d'irrigation dont certaines traces ont
2
été signalées par Adam Bâ Konaré.
Il s'agit d'un canal de 100
mètres de long sur 10 mètres de large conçu à partir du marigot
1. Urvoy (y) ; Petit atlas ethno démographique du Soudan entre Séné-
gal et Tchad • paris, Larose, 1942 P 28 -
2. B~ (A.K), Sonni Ali Ber- Niamey, I.R.S.H., 1977, P 102 • Les
photographies aériennes de l'I.G.N. rendent compte des conditions
géographiques qui au XVe s. pouvaient se prêter à ce projet de can~­
lisation et d'irrigation. Voir - Palëusi (G) "Un projet d'hydrétu-
lique fluviale soudanaise au XVe siècle : le canal de .:5onni Ali."
In Notes nfricaines, n078, ~vril 1958 p~ 47-49 -

81.
situé au Nord Est de Goundam ; d'autres canaux d'irrigation ont été
aménag~a à Gao, Kabara et Ras El Ha aux volsinagé-s du lac Fcguibine.
Ces dlff'rentes r'allsitotlons pouvaient avoir poul:' but de prévenlr
d"ventuelles b~issea pluviomètriques et d'assurer un équilibre vi-
vrler dans la boucle du Niger ; le canal conçu en direction de Ras
El Ma, avait dans le dispoàltlf de riposte mls en oeuvre par Sonnl
All contre les Mossl;une importance consldérable • Il recoupe les
même. pr40ccupat1ons d'ordre v1vr1er, la preuve étant falte que les
Moss1 ava1ent cho1a1d'1nveatir la boucle du Nlger pour en contr&ler
les product1ons ruralea, leur écologie étant trop précaire pour leur
assurer des perspectives rassurantes dans le domaine agricole : on
en reparlera •
Reste à savoir si les remarques qui précèdent avaient des
répondants dans les choix exprimés par les Askya la preuve étant
faite depuis El Hadj Muhammad 1er que l'Islam occupait la pl.ce
prépond~rante dans la propagande du pouvoir • Autrement dit, les
Askya étaient-ils encore perméables à cette conception qui déter-
mine les rapports entre l'homme et l'environnement, entre l'homme
et les anc@tres ou son créateur 1 C'est s'interroger sur le poids
des influences externes, principalement celles de la civilisation
arabo islamique que les Askya repercutent dans leurs options fonda-
mentales au point de leur ~ter l'empreinte animiste.
Jean Rouch et ceux qui partagent son point de vue voient
dans la défaite de Sonni Baro survenue en 1493, la coupure entre un
empire Songha~ régi par les ?rincipes politiques traditionnels et un
autre défir.itivement acquis à ceux de l'Islam .1
La lecture des sources permet cependant de constater
que les Askya étalent dans leur existence quotid~e étroitement
À
W\\a..
,
conditionn é s par une ambiance religieuse identique/qui prevalut snu~
1. Rouch (J), Paris 1960 P 13 : il note qu'à Anfao,
l'Islam se
jouait contre le paganisme -
• Kodjo (G.N), Ishaq II et la fin de l'e~pire Sonsha! (~586-1593).
Thèse pour le doctorat de je Cycl~ - ~aris 1, .~71-
.B~ (A.K), Ni~mey 1977, P 43 -
.D10P (M) Paris, 1971, P é4-~5 -
• ?i"un'I'
Cio:) ,
Les sièch..\\;-: <,:C\\~C; (je l'r.frL~ue iJoirp.- l-i;lri~"
f"-iy;:rd,
'~'J7':t ~ 171 -

la dynastie précédente et qui en avait orienté le fonctionnement •
La remarque est particulièrement vraie pour El Hadj Muhammad pour
lequel on devrait s'attendre le moins; on s'en est'fait une idée
en repertoriant les passages où il privilegie des catégories typi-
quement négr~rlc~•• pour appréhender l'étendue de son autorité.
C'.st qu'une nouveauté intervenait dans l'utilisation qui 'tait
faite de. norme. qui dans le précédent régime ré, gissalent la per-
sonnalité du roi 1 il Y eut comme une récupération de ces normes
et leur'~~uivMtles principe. de la philosophie du Califat.
En effet apr~. 1498, date , laquelle l'Askya revint de la Mekke où
lui avait été signifiée sa fonction de Calife représentant le
Calife abbasside et le Cherif de la Mette en Afrique de l'Ouest, les
choix de Gao ont une inspiration islamique plus marquée • Le roi
s'.fforce dans sa propagande d'établir la jonction entre les fonde-
ments de son pouvoir et ceux qui en Islam/précisent le contenu du
Califat • De la même façon que le coi en milieu négro-africain
d'inspiration animiste, il appartient au Calife d'ordonner le bien
et d'interdire le blamable • Il doit en agissant fermement dans ces
directions,concr'UHr la volonté di-l1ne sur terre ; l'ampleur et
la noblesse de la t~che sont telles que Dieu en confie la réalisa-
tion à l'homme, créatur4 qu'il a choisie comme "Lieutenant sur la
terre ••• • et qu'Il a préféré à toutes les autres créatures .1
Le.peuple des fidèles est à son tour tenu d'intervenir
pour épauler le Calife dans l'exécution de la t~che qui lui est
confiée ; il lui faut ~n plus fai~e prAuvc de discipline pour ;~e
~révalent l'ordre et la cohéslcr. soci31e • De nombr~uses trad1ticn~
insistent sur la stabilité, impératif sans lequel le déploiement
1. Verset 7 de la Sourate "Le fer" - Le verset l~ de 1.::. Sourate 7
ajoute que la malédiction divine s'est abattue sur IbliSpa~cequ'il
a refusé de se prosterner devant Adam, lui deniant ainsi sa supr{~
matie •

83 •
. . la fonction Callfale ne peut s'effectuer • C'est le cas de la
tradition dOc à Jbn Abb~s qui tait dire au Prophète Muhammad ••• "Celui
-.
-
qui aura à souffrir quelque chose de la part de son prince devra
prendre patience, car celui qui s'écartera de la distance d'une
palme de l'obeIssance dQe 3 l'autorité souveraine mourra de la mort
des gens de l'Ignorance (il s'agit des pa!ens ante islamiques> .1 Le
Prophète Muhammad alla jusqu'à recommander fidé!1~é au Calife qui
pour des ra1&ona administratives n'avait pas la possibilité de
s'acquftter d'une obligation aussi fondamentale que la
prl~re .
à l'heure prescrite •
El Hadj Muhammad devait sur la base de telles considé-
rations
auxquelles ses principaux collaborateurs poùr la plupart
docteurs en théologie pouvaient l'édifier - Se sentir bien à l'aise
dans l'exercice de ses nouvelles responsatilités théoriquement con-
ciliables avec celles qui résultent de la Conception négro-africaine
du pouvoir • Il lui était en plus permis de réclwoer les qualifi-
catifs de prêtre et de roi, l'Islam ne faisant pas de séparation
entre les dimensions spiritueDa et temporelle du pouvoir •
Un retour aux Tarikh permet de constater que les Askya
ne s'étaient pas du tout émancipé des croyances du précédent régime,
El Hadj Muhammad Ier
.avait encore parmi ses collabo~ateurs, une
partie de l'ancienne équipe vaincue à Anfao ; ce fut le cas de
" ••• Mohanunad Kot idié du Songha! qui avait appartenu à l'entourage
des Chi et avait commis beaucoup d'in1quités ••• n2 • Il fut de ceux
qui accompagnèrent l'Askya lors du pélerinage
de 1496-1498 ; des
considérations stratégiques évidentes peuvent justifier la présence
aux cetés de l'Askya, d'un personnage qui s'était singula~isé par
autant d'exactions •
1. Cette tradition explicite le verset 62 de la Sourate "les femmes/l.
ObeIssez à Dieu, et obeIssez au messager et à ceux d'entre vous qui
détiennent le Commandement ••• " - Voir Al Bokhari, Les traditions
islamiques - Trad. o-Houdas, P _.r ls, A- ;~laisonnf.>1Jve 1971, :.;'V t
P 475-
~ .....1 i'iukhtar et KQt1,
~ ...rl5t
~S1êl F ~';:b. ;~ouz i'-';r1or':'l!is h' ::;ens de
l'expression "KoI idié".S'agit-i:~!''j;~ v;r··:··"'~.·_'..l!' ·k- ~,y,t::S i
L " 'L
~1 BaAI'Le. ~"e !;,.. .. te: J-: Q'
~.~
~'>mL- _.
~I' ' v
t~c..4} 5 (""cl
1"'-"'"

84.
L'Askya Muhammad n'aurait jamaia pria le risque de ternir son
lmage de marque, en se faisant accompagneYU'un tel personnage
,'il n'était pas à la recherche d'une unanimité politique qui pas-
sait n4cessairement par la récup$ration des sympathies de l'~quipe
évincée ~n 1493 • Le tableau des institutions Songha' que nous
proposons plus loin recèle de nombreuses charges que l'Askya em-
prunta à son prédecesseur ; de telles réconductions étaient néces-
satrement assorties de leur support idéologique et devaient ali~ner
à l'Askya la marge de manoeuvre dont il avait besoin pour déployer
ces nouvelle. responsabilités • Dans ces conditions, les principes
et les références propres à la tradition politique d'avant Anfao,
trouvaient les moyens de s'affirmer dans les choix de El Hadj
Muhammad 1er qui était loin d'avoir
enraciné ;:ion autorité même
aprb 1498 •
La page n'était pas définitivement tournée sous l'AskYë
Dawud soit un demi siècle après la chute des Sonni : les anciennes
reférences continuent d'être observées avec une minutie surpre-
nante • Dawud exploita comme l'aurait fait le magicien St, les
-iJrté
'
,.
services{g omancien pour eliminer de la competition l'Arbinda
P'arma Bokar qui avait, du fait de sa naissance mille chanc~s d' ac-
cèder au trene en totalisant les suffrages des dignitaires les plus
influent. de la Cour. L'Askya qui allait s'av~rer d'un zèle reli-
gieux inconnu depuis 1528, date à laquelle fut dt~os~ son père
El Hadj Muhammad 1er, n'hésita point sur les moyens à investir
pour briser la carrière de son rival, qu~e à devoir par la suite
s'expliquer avec les Ulama qui furent intraitables sur la 1~fense
de l'ordre islamique. Ces exemples nous incitent à penser qu'il
y'a bien perduration des normes de reférence entre les deux dy-
nasties ; il faut pour les déc~pte~ s'en prendre là aussi au
poids des constructions idéologiques 1ans l~z sources • C'est en
passant l'éponge sur le vernis islamique que l~s chroniqueurs
étalent aux différents passages consacrés ~ux Askya,çu'on r-eut
appréhender comèlen il,: ~"",t tri:-:-ut;:.ir..-s d~ l~urs e;rédec~ss~\\J:-s •
Leur attache~~nt ; ~'h!~-lt~~e ~r~~it1onnel se dégü1~
ausS'L jes relations que les souverain:>, ~rinci,.,;.l€;men~ c.::'.');. cie là
secC'!"'I1c gén~rë:.ticn er.': ..... cth:nncnt i.o.VCC les d~iJositair;.;;:: je l' ·:n.:t·")-

85.
Les quelques repères qui viennent d'être mentionnés n'~puisent
pas ,loin s'en t~ut tous les développements que nous entend0ns consa-
crer à la dialectique mystique de l'espace et espace sacré; des
soucis de commodité expliquent que nous ayions choisi de les éclater
dans le texte car de l'Askya Muhammad Ier à l'Askya Ishaq II en pas-
sent par IsmaIl ou Dawud toutes les expéditions demeurent conditionnées
par les impératifs suivants : obligation pour le roi de perenniser
l'accord initialement pa.aé entre .' _.. Hakan Boté et la divinité à
laquelle 11 réussit l a' lmposer et qul suppose la domination d'un
espace sacré que 1•• cours d'eau, les espaces désertlques ou les oe
'. cldenta de terrain .c.ousent ~nsemble ; nécessité pour le souverain de
préserver son autori'Ce pour ne point encourir la colère des ancêtres
qul sont prompts à dés-organlser l'ordre du Cosmos pour signifier
leur désaccord avec la défaillance du roi •
Conclusion -
Les passages qui ont été consacrés aux rapports entre l'empire
entendu-
au aens de magistrature et la construction~périph~rique~du
songhas nous ont permis de mettre en évidence une perception particu-
lière de l'espace. Les catégories utilisées pal" l€;s
Askya pour ap-
précier l'esp.~~e l"el}"vent de mécanismes idéolo9iques :Oien précis que
les constructions .:les Tarikh ,~t les données mythiques pr"'pres à la tra-
dition Songha9 permettent de saisir dans leur fonctionnement •
Les Askya intègrent dans leur propagande politi~ue lçs v~:eurs
de la tradition Songha~ qui leur imposent en ret~ur une pratique spa-
tiale très étendue. C'était la condition qui rendait le roi digne
de se réclamer de l'anc~tre F~ran Makan Boté : le roi est pour cette
raison un produit de l'espace '':lu'il a tout 1nt.ir~t à pr6sel"\\"~r • Le
poids des ancêtres ditermine de là ~ême façon la z0rc~ qu'il est tenu
de donner à son autorité: aucun indice de faiblesse
ou de flotte~~nt
ne ~ut provenir de sa gestion quotidier.ne - L'administration judi-
-:.iaire, celle des fin.mce= jUS'-iU' ;:lUX 1nv~.:;tis:j~",'Znt5 ?gr":'no;"1L1Ue~ .:.n:"lt
élUta.'1t d'.:lxe-s d'intE'rve-.t.t0n ;,;'..:1 ::'5.m:~(')=3e-:t
i:.\\.!
t"-i et ,;m~'" :d '=c;"lcr~­
tisaticn ,jesqul1:1'3 il .;-=e!.~" 3("~ .)'!.:.nir p::::'it':'-1'.:'"' i .:~., ;,')nt lez ance':.:",,;..
qui donnent le ton r.~r: ~rL:'!"';;:" 1;"!);;'-:.!.'J4:1,-·n ; l'~1Ui1ibre du Cosmos f'
se'chercsses, inond.:.tivn.s, in .... :..":~.-.i')5 ~es c=-1~~uets, stfr.!.lit-~ des fe~:nes
sont des signes .;va'1t coureur:: de leur irrt.t 'J.ti-:m:
'.Jne f.:.:.i~!~;:~(·

86.
physique du roi .chève de le rendre indigne de sa fonction
;
sa mort ou son éviction deviennent les seuls recours pour que
l'&quilibre social reprenne et avec lui, les conditions de la
prosp4rité commune •
Ces d1ft'rentes données permettent-elles. de conce-
voir le Songha9 comme un empire, à l'instar de l'expérience
lntpe;rial du Moyen Ag- méditerr.néen dont la première partie a
.... d~ag~ un aspect du fonctionnement théorique ~
L'analyse de l'appareil administratif mis en place
de Sonni Ali Ber à l'Askya Dawud et sur lequel nous reviendrons
plus loin, revèle une ma!trise institutionnelle remarquable • Le
groupe dirigeant de Gao r8ussit~se doter d'une ad~inistration
suffisamment opérationnelle pOl.:r assurer sa préeminence sur des
provinces aux traditions politiques ~ussi divc~ses que le Mali
ou les pays haoussa; c'est par le même ':lais qu'il a.'1fnagea la
base matérielle indispensable à sa pros~érité ou à sa survie
quitte à en faire supporter le poids par une population syst~
matiquement pressurée par des fonctionnaires 1ui n'avaient pas
d'autres moyens de préserver leurs 1nt~rêts •
Charles ~uint, cette collection de faihle~ses
financières ne fit pas autre chose ;uan~ i~ fàllut tr~uver les
financements' nécessaires à la concr'~isntion de ses antreprises:
Là, ce furent les banquiers qul p~tirent le plus je ses sol~c:
tations comme il nous a ·jté donnp. de l~ c~"st~.tec dél.ns !.z: S?1ut~
d'humeur de Jacob Fugger •
P~r aIlleurs, ~'AskY3 s'~ntoura 1 Gao de par-
ten.:'\\ires d'h~rizonz tr-ès divers POUr lég1timer une d.utorit{ ~u:=. ~.o
~ouvait plus l' ~tre au seul regard de~ norme~ qui font l,:l r=i
en mi~ieu négro-c.fricain • :' '~:'~~or-3.:'ion d'un di~co1Jrs .~ usa~e
po:! t i -iue cO"1m~"..;_i ":: n'; .:-~, t..J<: ~ 1t
~e ;:;.rofnnd.s. <·C "cds ~u :-'t"1)!1 t
dc -
"1''''isr''C'''C'U''''~''
_. . • .-.~
' l . .
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.À~.:II
j,-J . . . .
' - ... i....
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.. '''-J''

Suleir"an Le Magn if i'--lIe ne fd pas autre chose à ;>artir de 1520
quand il fallut substituer l'image de C3life de la Umah 1slami-
;ue ~ celle èe conqu~rant de ld maison des Osman; l'investis-
.3cmc't~u'il supervisa j.41::; l~ domaine architect~r·:ll et dans
c~l1;i d'.' ;;:/~~·~Moniëa.l d(;'1ait :;,t.;;r\\,i.- Je ::""'21.;eis ~~ ~::. ::upport à 1:3.
...
. ~:';::.·:a~.!'-
.:..~: .. ~:.:-~c:.
~1.J ~O~P!'1~:;'U
:~~ ";_·~i·r$ s·,'::l~lo':l·...\\i·;n~

à lui porter ombrage au Maghreb • Oc son c~té François Ier visiblement
déconcerté par la défaite de sa candldature à l'Empire en 15I9, confec-
tlonne dans le royaume de France une pl~~e~de rechange susceptiblç d'in-
tervenlr dans la contQstatlon de la préemlnence jusqu'alors affichée
par l'Empereur ; le prvjet monarchi~ue reproduit les thèmes prlvilèglés
des théoriciens du XIIIe s. auxquels ceux du XVIe siècle ajoutent des
caractères qul préparent la sacrallté du rol •
Ces considérations permettent de dire que le Songhag·est un
empire perçu comme une constructlon polltique centralisée avec un c0m-
plexe lnstitutlonnel
pour la préservatlon des lnterêts du roi
et des prlnclpaux collaborateurs ; à ce titre, le Songhaj sUlOrteralt
bien la comparaisOn avec l'emplre de Charles ...uint, de Sule1man Le
Magnifique comme avec la plupart des constructions repertorlées par
Glllsen dans le tableau réc.pitulatlf des différents emplres passés
en revue par la sesslon de 1968 de la Socièté Jean Bodin • Là~nous
parait s'arrêter l'.sslmilatlon car autant la conceptlon que les souve-
ralns Charles Qulnt, Françols 1er et Sulei;ndn Le: .-;a9n if ique se f "'isaienl
de l'~mpire prolongeait, même en la relnterprètant, l'anclenne pr:'t~n­
tion romàine à la domination de l'univers, autant celle des souverain~
du Songh~ dépendait dans sa formulation orlgin~lle~de représentations
négro-africaines très limitées dans leur pr~tention spatiale •
Conform~ent à la tradltlor.h~ll~nedont elle découle, lù première prA-
tention devalt être matérialisée par la Jomin3.ticn de v.::.stes ~nscmt'le~ j
les trois souveralns ne parvinrent pas à donner forme j ce lue sUPposGlt
leurs optlons ldéologiques tant étaient inconclll;lblc~ leurs projets
respectifs •
La seconde, beaucoup moins étendue dans so~ champ d'apr1ica-
tian, velllait au maintlen d'un ~quillbre et à l'lnstauration d'une
?aix sociale pour lesquels les anc~tres s'~taicnt mobili~és jus~u'~
leur retralte et que le C",life et ses collQ.:·or~t..:;.:r:;
'"tans l'assimi-
latlon islamique de cette cro1~nce devai~nt
r~l~ver.

88.
".
,
)',
~l est possible de déceler sur cette base, une incompabi-
lité qui parait avoir été ma1nt~nue par une tradition historia-
graphique profondément européocentrique , et projetant sans
discernement son a ppare il conceptue 1 dans l' ét'ude des caa afri-
calns préc:oloniaux • Les historiens africains ont donné dans le
même concert , d'autant plus allègrement que l'ambiance des
indépend~ces africaines incitait à prouver que la périphkle
avait connu des formatlons politiques aussl, sinon plus, éla-
~ées que celles du centre •
ll'le démarche hiatorlque rlgoureuse commande qu'un mini-
mum de vériflcatlons s'éffectuent l propos d'hypothèses qu'il
est de bon ton de tenir pour certaines ; c'est dans cet esprit
que nous proposons de mesurer au pl~ cartographique l'apogée
de l'empire Songhay que Raymond Mauny et Joseph Ki Zerbo pour
nous en tenir aux plus célèbres situent sous El Hadj Muhammad et
Dawud .1
1. Mauny (R), Tableau géographique de l'ùùest Africain au Moyen
Age d'après les Sources ecrites, la tradition et l'archéologie -
Dakar, IFAN, 1961, Carte P 111 -
• Ki Zerbo (J), paris, Hatier 1972 , P 145 -

89.
1
Troisième partie: Autour des apogées Son9~::1493-1S2a; 1549-1582-
,
"
~.
t.
Chapitre 1er - De Sonni Ali Ber à l'A~kya Muhammad: un ch~~gement
1.
dans
continui t~ '.
Laplace fondamentale que le spuverain occupe dans les struc-
tures du pouvoir Songha' est apparue dans l'inventaire des méca-
.nism•• qulcoamandent la perception de l'espace. Il a été possible
de conat.ter -~Je' le. options qui' survinrent apr~. 1498, étaient
encoee 'troitement liées aux représentations mentales déterminant
le lien entre l'homme et son environnement physique et spirituel ;
on en 'est arrivé à reconsidérer la rupture établie par Jean Rouch
entre ces deux étapes de l'évolution historique du Songha, • Deux
points constitûent l'ossature de ce premier chQpitre : la lecture
de cette continuité au plan idéologique et autour du projet écono-
mique dans le delta intérieur du ~iger •
AI AU plan idéolcgi;ue et ~dwinistratif
a). Autour de la controverse entre Sonni Ali ct les Ulama -
L'Askya Muhammad 1er a marqué le premier quart du XVIe s.
par le nombre de ses réalisations politiques et administratives ;
leur portée se perçoit ~ieux au regard de l'ex~érience de son pré-
,
decesseur •
~onni Ali Ber a été - quoiqu'en r~n~ent lc~ chr~ni;u~urs­
constamment pr:Eoccupé par là. prr~5li;rvaticn de 30r. 'dlJte-~i.~! ,::.Lns
toute sa dimension. Les ju!"13c~n~ul':.~3 de Ton}:;ouct::-·!J ,-J;J~nn~ "'u-
n~festement plus sensibles ~ une autre perception du roi se dres-
sèrent contre l'affirmation d'un roi doté d'attributs divins. Le
Tarikh Al fattash fait à ce propos le point sur l'image que les
proches de Sonni Ali Ber se faisaient du roi. " ••• Les gens de
son époque et ~es ~ol'jats lui avaient donné le surnom de Da:'i comme
titre honorif11ut:. c~ .:.hé:l.--i~.Ie f~ ~.s '':iu' il interpellait '1U"'1:;,u'un,
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.

90.
le divinisaient et commettaient de la sorte ,'\\In des pêchés que Dieu
n. saura1t pardonner: ..... il n'est pas licite de don~e~ un tel
surnoa , quelqu'un car ce mot signifie le "tr~8 'haut" et doit être ...
réservé au maitre de la toute puissance qui est Dieu 1e-'"très haut::
Les positions a' av~rèrent rapidement inconciliables 1 pour
le roi, 1•• ulam' qui prétendaient lu1 refuser ces qualificatifs
n'éta1811t'queCS•• 'rebellea qu'll fallait combattre avec d'autant
plus d~.ug1.que leur impunité risquait d'irriter les .a1cêtres
et
de pèrturb4ai' ft'ordre èommünautaire ; la riposte était d~c imminente
car Sonn! Ali n'était aucun~ent disposé à diluer d'un seul iota
son autorité. Pour les jurisconsultes, l'attaque en règle contre
le roi devait se poursuivre car le seuil de tolérance que les tra-
ditions proph~tiques citées précédemment fixent pour organise~ les
rapports entre le souverain et ses administrés, était bien dépassé ;
il ne pouvait plus ~tre question de tolèr~~c~ ~u de patience dans
ces circonstances car d'autres traditions pr~ci~ent le comp~rt~ment
A observer : c'est le cas de la tradition de Djonada Ben Abou
Ommaya qui fait dire au prophète MUhammad: "••• Vous ne discuterez
jamais les ordres de ceux qui ont le pouvoir à MOinS que vous ne
jugiez que ce soit là une 1nfidélit~ flagrante à'après les instruc-
tions que vous avez re;u~s de Dieu ••• "2 Le bilan de l'2n9aga~çnt
fut très lourd pour les jurisconsultes qui n'3v~ient que l~ur plume
et leur langu~ à. opposer à la f'ougu~ 1e.:itructricc de Sonni ",li :
les Tarikh en donnent une idée
1. Al Mukhtaar et Kati, paris, 1981 P 84 - Le m~me surnom se retrou-
ve dans les provinces mandingues de Sénégambie où il rend la dimen-
sion divine du roi. voir Cisscfl~ (S.N) " prophltles de roi r-tandin-
gue: MPnsa D~li." In Notes Africaines n·120, Oct. 1966 P 123- .. 24 -
2. Al BOkhari, 1977 T 4, P 476 -

91.
:. ; '-.; : l'animosité de Sonni Ali ~ l'endroit de la tribu des
Sangare~d()l"lt "on sait par aIlleurs la tradition intellectuelle a
été telle que l'ombre d'un seul arbre suffirait à abriter ceux
qui échappèr.ent aux massacres de Sonni Ali •
bl Askx, Muhammad Ier con~oite la sanction des Ulama pour
une adlit1nistration torte -
TémoSn de ces tiraillements, l'Askya Muhammad. 1er ne
manqua pa. d'en tirer les enseignements qui conviennent pour la
stabilité de son pouvoir
; la preu",. avait été faite que Sonni
Ali Ber s"tait aliéné l'appui des jurisconsultes qui signifiat
aussi celul de leurs partenaires objectifs qu'étaient les mar-
9hand-·. arabo berbères particulièrement prépondérants dans les
ville. de TOmbouctou et Jenné • Les pressions qu'ils ~subirent
furent telles que ces marchands espacèrent leur fréquentation dans
ces centre. commerciaux, leur préférant~localitéde ~alata ; la
maigreur des données que recèlent les Tarikh ne permet pas de
mesurer de plus près les conséquences de ce boycott commercial •
Tqu~~fot. l'obligation dans laquelle Sonni Ali se trouva d'inter-
venir de plus en plus fr4quemment dans l'axe Tombouctou - Jenné
laisse supposer que la stabilité commerciale restait "encore à
faire •
Pour l' Askya Muhammad le rapprochement avec les "ju-
risconsultes était d'une nécess1t€
1mp6rieuse ; le coup de force
par lequel il avait accédé au pouvoir
no :ui donnait plus la
possibilité d'en référer aux normes traditionnelles pour légitimer
son autorité. Il ne lui restait plus qu'à se rabattre sur les
Ulama, dans la stratégie obligée qu'il devait en tant que Califp.
peu versé en jurisprudence 1 observer à l'endroit des juris-
consultes; le rapprochement· se fit sans difficultés apparentes,
les uns et les autres y trouvant leur compte • Il permet de dé-
tecter un processus de r4cup~ration êt de réint~rprétQtion des
fonder:t€'nt:3
ï:.n lni.~t.lJc :h! ~"~.:....o.ir ;::ë..:;" le: i:-. te 11c:;+:'.1 .. ':;: J,,- -:o;r,l;:-Juc-
tou et Jenn~ • -_!n-: f;;;i.:.: ç::.
<c~."'~sine ;;.-=h'~v~, l'.:.skya se :-~tr~u'.1a:::
dans un systèm~ très v~i~ir. je c~~~l ~ui ~ur~it ~O ~ré3idcr ~ s.~
relations ùvec les p~~~r~s ct devins professionnels si ~0 Fouvoir
lui av~it échu autr~mcnt ~uc par le ccup du !~rc~ • ~~~~=~~~~nt
~ùu ir:lpo.rtait:. le fvnct.i0~~.. I';.:;ent t.:mt -:sue 1-= r4sult:.l" ~t(.;.i': un

· :... --. . .
.~' ....
92.
pouvoir légitimé p.r des partenaires aussi attrayants que les in-
tellectuels de culture ~abo-islamique •
Le processus du rapprochement fut sch4mati~uement le
suivant : dans le. représentations animistes, la religion est conçue
comme un chemin aux plstes suffisamment embrouillées pour perdre
tous ceux qui prennent le risque de s'y engager sans guides .1 Dans
~s condition., la pratlque rellgieuse ne peut se concevoir sans le
concour. d'un; .intermédiaire expérimenté et reconnu • Mais il se
trouve aussi que ces recours obligés n'étaient pas 1nconnua dans lô
pratJ.que du mysticisme islamique en cours dans le' Soudan nige'rien
d~s le XVIe siècle •
La définition du Saint que propose Guy Nicolas mérite
d'être citée pour comprendre qu'il se substituait automatiquement
(.')
aux guides d~s la,,, religion' animiste: n ••• les saints écrit-il sont
des maillons de la chaine initiatique qui permet à leur membre de
s'élever jusqU'à la fusion totale avec la divinité ••• "~ que l'Askya
Muhammad ait sur cette" base choisi de s'attacher à de lels person-
nages se conçoit compte-tenu de son souci de profiter constamment de
la baraka, " sorte d'effluve, émanation bienfaisante qui rayonne des
choses et des Atres sacrés •• !3 Les propos suivants ~ue l'Askya tint
au Cadi Mahmoud Ben Omar incitent à penser que l~ souverain était
effectivement branché sur ce système: n ••• ~ue Dieu te maintienne
comme une barrière entre les feux de l'enfer et moi ••• Aujourd'hui
encore, je me confie à toi et m'attache i toi ••• "
C'est l'occasion
de constater que dans l'entendement de l'Askya, les jurisconsultes
1. Rouch (J) Paris, 1960 P 8 voir aussi Monteil (C), les bambara du
Ségou et du K.arta Paris, Larose, 1924 P - 23
2. Nicolas (G) Dynamique de l'Islam au Sud du Sahara, paris, Publi-
cations orientales de France, 1981 - P 15 -
/
,-
3. Bousquet (G.H), "La baraka, le mana et le dunamis de Jesus Christ.
In Révue Africaine, T 91, P 166 -

93.
remplissaient les fonctions des interm~diaires animistes constam-
ment informés de ce qui avait lieu ~u 7e Ciel par les vautours •
Il . . devait donc de suivre de pr~. leurs avis dans l'exécution
- d. ses responSabilité~surtout après la charge Calitale qui lui
. a 4té.~éléguée PU'. Al Kut _ _kl~.. Ben Al Mustata, 14. Calife
d'&gypte • D'autre. 'i.~~~~~~~~Ca11fales~yant précéd' celle de
El Mael.) ."uha_a. 1er sont att.st•• 1 8i celle d. Mansa Moussa qui
"
.
f1t sçn peler1n~ _
1325 peut susciter quelques rés.rve~ faute
de sources nettéinent explicités, ce n'est pa. le cas de Ali Ghaji,
sul'. bamouM qui A e" croire Suyuti fut investi de l'autorité
Califale par Al Mut~wakkil Allahi A., lors de son pélerinage de
1484 ...
Sadi précise en rendant compte de l'avènement de
l'Aakya q~'il fit les premières démarches auprès du Calife; ce
dernier lui suggéra de renoncer pour trois jours à son autorité
avant de le r.trouver~'.. Les choses s'étant passées ainsi, le
khalife déclara Askya Mohammed son lieutenant en lui plaçant sur
la tate un bonnet et un turban et fit ainsi de lui, un véritable
lieutenant de l'Islam. ni L'histo~1en marocain Al OUfrani rapporte
à ce sujet les témoignages de Al Fichtali, ministre et secrétaire
de Al Mansur: " ••• Il (l'Askya) fit son pélerinage à la Mecque
vers la fin du IXe siècle de l'hégire. Il avait obtenu m~dat de
gouverner le pays du Soudan au nom du Calife abbasside • Il suivit
d'a!lleurs les usages des Califes en toutes choses: dans ses vtHe-
ments, dans l'étiquette de sa cour ••• "
Que cette nomination ~it posé des probl~mes juri-
diques cruciaux ne peut faire l'obj~t de doute; la multiplicité
des instances revendiquant la dir~ction de lQ ummah islamique
était en elle rn~me source de nombr-2u~es Contr'overs(.;.s ::;ur des
~. Cuoq (J.A) Histoire de l'islamisation de l'~fri~ue de l'Ouest
P~ris, Paul GeuthnQr,
1984 ~ 2S4-255 -
!. Sùdi CA) ?~ris, 1981 F 120 -

94.
thèmes d'actualité aussi brClante que le Califat • A Gao, toute la
propagande officielle suivit pour assurer' l'Askya une caution
qu'il ne pouvait plus obten ir au seul regard des :.tracf1 tl'ona poli-
tique. locale. • Il parait plus opportun de se demander ai ces nou-
velle. rÛ'rence. ont eu des répondants au plan administratif •
..: Cheikh Anta DIOP en doute et considère cette nomination
c:onne. ~:_aët. purement spirituel: On est en droit de tirer de -
tell•• "c:~lu5.1ona'en constatant que le Califat falsa1t l'objet
d'une véL-~t~le banalisation :~l
remonte au désordre dans lequel
le dr61tmusulman fut plongé depuis la prise de Baghdad • De nom-
breux souverain. temporels en profitent pour s'arroger des titre.
eal11ien. en 8ecldent tout particulièrement ; le Califat abbasside
y ayant moins d'attaches qu'en Orient, il était plus aisé de porter
un titre Califien sans paraitre pour autant hérétique • Ce fut le
cas des Idrissides d'origine alide et de doctrine chiite, des Ros-
témides d'origine persanne et de doctrine ibadite ~ De trè~ ncmbr~ux
remodelages généalogiques s'ensuivirent qui visaient à rattacher les
prétendants à l'origine qurayshlte, une des conditions requises en
théorie pour l'aptitude au Califat .3
L'autorité C~lifale n~ pO~i~it manquer de faire les
frais de cette inflation ; aussi sous les Mamelouk, sa fonction
était j'abord cérémoniell~ ~t n'était sollicitée que pour rehausser
les festivités marquant l'avènement d'un nouveau sultan • ~a fonc-
tion l~portait aussi par la délégation de charge qu'ell~· supervisait
et qui était pour les Mamelouk un
"
precieux ~oyen de maintenir leur
influence sur le monde musulman • i..es Ottoman ne firent pas autre
chose et mirent un soin exemplaire à rehausser leur prestige pour
1. DIOP (C.A) Paris, Présence Africaine, 1960 P 52
2. Max Van Berchem, "Titres Califiens d'Occident Il In Journal
Asiatigue , IX, 1907 P 264 -
3. L'appartenance qurayshite comme pr~alable au Califat a ét~ in-
troduite par les Ali.des.lui voulaient par ce i:i~i::; contester
toute légitimité aux lJl1;::ay,:;de - voir Abel Cr.); "Roi des rois ou
Khalife (du prophète) d~, ù.L',J : :::s::-:i ;;ur l'ii1terpr~tation reli-
gieuse de la tituL:ltur(~ ~cuv,=r::üne en Islam. " In Actes du XIIIe
Congrès International à'Hi5t. de la religion - Rome 17-23 Avril
1955 P 435 -

95.
s'imposer comme les seuls v~l~ables dépositaires de l'autorité
Calilale • C'est bien dans ce cadre que . . situe le choix de
l'Aakya Muhammad; reste à savoir ce qu'il fit de sa nouvelle
resPonsabilité •
Le. tar1th c:cmportent de nombreux passage. qui font
penser $l.'Aakya avait un projet dont l'exécution suppo.alt
un rel.l.a~I.~atif trè. adapté. Au lendemain du coup de
force de 1493, Astya Muhammad .'employa à perfectionner les
cadre. administratif. déjà op'rationnels sous Sonnl Ali Ber
,
c'était là une exigence pressante, que dictait l'allure qu'il
entendait donner à son autorité • Ainsi furent créée. des chargea
ministêrielle. permettant d'affirmer la prépondéranc:a royale à
toua 1•• niveaux de l'administration, des activités de production
et des cadres de l'a.rmée • Ces fonctions sont éparpillées dans
les Tarikh et leur recension/, par delà les problèmes de trans-
cription
'en découlent aide à déterminer l'architecture sui-
vante J
Dana l'entourage
"
Immediat de l'Askya, se retrouvent
des personnages qui constituent de véritables p~liers de la
hiérarchie tant sont fondamentales leurs responsabilités • Il
s'agit du Balama ; intendant général; la charge existait déjà
~
du temps de Sonni Ali - Sa position se renforce considtirablement
sous l'Askya Muhammad ~Ien fit le commandant d'une des fr2ctions
les plus importantes de l'arm~e songhaJ • Dans l~ s~conde ~olti{
du XVIe s, il fut à la t~te de 30.000 hommes chargés/de défendre
les provinces stratégiques de l'Ouest principalement l'axe'Tom-
bouctou - Jenné ; c'est Ifl"m~me personn.:lge qui anima les tirail-
lements qui affectèrent l'exist~nce de l'aristocratie dirigeante
entre 1586 et 1588 •
Venait ensuite la fonction de K~nfari 0U Kourmina
~ créée r-ar l ' ':.zky~ ~~'.1h;"m"".::.d - ~e pr'?""'i~'J: :. ':':! ~i:''1! fut :,,:1
frère Amar K0rndi3CJho ; :'':>'..it ccr.1"'<:~ le Balama, il .e<""lu.:.lt dün.:.
la capiti.-ü,:; ré']i.,,:,n,:.lc. ':e ::'c'1dir.r:-,
qu',c\\!':":ë:'.r 3.'1i'lit ::;)nztruit<: ;r~cc
aux 400 maç0n3 ~i~ ~ ~Q d1srnstti~n ~&r l'~skYQ • Il déploya
d'importante~ rcs~~n~~~:~i~{~ ?oliti~ues COMme ~e ~496 à 149ê
quand il fut chc.rg( ~e 'J~r~r lii vacance Ju pouv'")i~- pe!"'ldant le.
pél~r1na;e de scn fr~r-e • rI prit une pu.rt: .i~~ :.v''.· :. l'ext::'nsion

.,.,-.;., ...;.:
96.
du front Songha9 en direction de l'espace Sénég'ambien et investit
des moyens consid~rables pourcontrec la menace que le Peul Tenguclla
fai.ait planer sur la région • C'est aussi la fonction de Kanfari
,-
qu'occupait Dawud quand il expérimenta sa première attaque contre
le Mali en 1545 - 1546 •
Sur les 14 kanfari qui ont été recensés dans le Tar1Jch
Al fattash entre
1494 et 1590, il n'Y'eut.que Kassia Ben Houlem à
ne pas être descendant direct de l'Askya Muhammad ou de son frère
Amar l<omdiagho • C'est donc dire que la dotation de cette charge
était pour les Askya un précieux exutoire par lequel étaient tenus
~ l'écart de. intrigues de la cour, les princes qui avaient toutes
le. raiaona de r-=laller le pouvoir •
lA plupart des Askya qui eurent un règne plus ou moins
durable, débutèrent leur carrière à Tendirma et surent se présenter
à temp~ à Gao pour s'imposer au trene avec les complicités qu'ils
avaient réunies sur place •
Sur les 14 kanfari, seuls Amar Komdiagho et Yacoub
moururent en fonction ; les plus chanceux étaient remontéa
à Gao
alors que les autres périssé:ient dans les nett.oyages brut.3.ux qui
suivaient l'avènement d'un nouvel Askya •
Outre ces dignitaires, les tarikh mentionnent aussi
,-
des Farma chargés de l'administration des prcvinces ; l~ur comp~-
tence devait effectiv~ment souffrir de la position du aala~d, ~
kanfari et des ulama que l'on ne pouvait braver sans encourir la
colère de Gao • Le fama avait à sa disposition des MW)d*.,.::l parti::l:-
lièrement actifs dans les centres commerciaux; ils intervenaient
sur les marchés et sévissaient durement contre toutes ~ortes de
faussaires 4ue l'Azkya tenait en ~ver$ion surtout apr~s les fermes
recomm.:s.nllations '-tue lui fit Al Z·1aghili au s'.Jjet de 1·:: !:'o~:~c ;noralit~
Toutefoia, leur rentabilité souffrait effectiv'::n'?nt de 1.:. ?Qsition
des ulama ; ce fut le cas ~ Tombouct~u où le :adi refus~it de pre~~~
lol ;'!1oindre attentirm aux ...:nv')yés de l'I'\\~k:,'ù dont-il ~tait le ;:-i:1-
cl~al p~otecte~r et ;u'il s'était engagé ~ ~r~se:v~r de~ ~: ~x de
l'~nfer •

97.
Suivent de nombreuses fonctions ministérielles •
Le .!S!!.issi farma chargé des finances, le OUanet fmn-,
chef des biens de l'Askya, le hana farma affecté aux achats, le
babé11 farma, chef des cultures, probablement épaulé par le Sao
farma chef des forlts et le ~a tarma, chef des eaux et de la
pêche • Les tar1kh ft 'indiquent pas 51 des principes rigoureusement
fixés présidaient à la dotation de ces fonctions ; à supposer qu'-
ils aient existé, il n'a pas été rare de voir les Askya les trans-
gresser tout simplement en projettant des hommes de confiance que
leur statut maintenait à l'écart dearesponsabilités politiques.
C'est apparemm~t ce que fit l'Askya Ishaq (1539-1549) en confiant
au q".nt:~ur. Mahmoud 'Laz. des ttlches qui auraient da logiquement
incomber au kaliss1 farma _1
L'armée, une des bases
:. d 4
. la stabilité
du Son9h~t était éparpillée sur les points les plus sensi-
bles du pays • outre les troupes mises à la disposition du Balaœa
et du Kaofari, on note à Gao une forte concentration navale rele-
vant de l'autorité du Hi Kot ; C'est un autre personnage clé dans
le dispositif Songh~ • La charge existait du temps de Sonni Ali
et n'était ouverte qu'aux seuls ressortissants du Dendi, province
symbolisant le Songhajf traditionnel dans ses valeurs animistes •
Les Askya les traitaient avec beaucoup d'attention pour les besoins
du consensus qu'ils recherchaient. Plus d'un
Hi koI en fut cons-
cient au point de conditionner l'intervention de leur flotte, très
appréciée pour le transport des marchandises sur le Ni9er~ par
d'importantes exigences que les Askya se hataient de satisfaire.
Dans leur pratique quotidienne, les Hi kol s'avérèrent d'intr~i­
tables gardiens des traditions, n'hésitant pas! quand ':'1 le fal:;lit
à tancer les dignitaires ~ui le méritaient: Ishaq 2 ~n fit l'ex-
,
p~ri~nce quand il voulut se rabattr~ au Gournà avec les inzl;~e~
symbolisant l' ~t!:!:"nit:::~1.1 :'":'nghaj •
1. LO Cl.M);
Situation po.i.iti-:jue du 30lld:ln nig:;r~8n dù1ls la pre-
mière moiti( du XVIIe si~cle, ..I.591-1üSO • ;'I<~rnoire Le maltrise ,
Université de Dakar, 1981 P 17 et suivantes.

1
. . . . . ," ",'
1
98.
r
Au-'-plan jUdlcl~1r., le. responsabllit.s. du 1"01 sont réactua-
,
lis• • _av8C leur. attache. animistes; l'empreinte islamique est
pru.,t. ~ Sadl .'.., est rendu compte en précl.ant l'esprit
dan. lequel .'effectua la promotion de. Cadls • . .
1
,
~- .
•••• Auparav_.t, le. d1ff46renda étaient portés devant le
.
khat1b_qu1 l .. tranchalt en conclliant 1•• parties • Telle est
encon la c:outUIIIÈt cie. " . ,•• mal. les blan~. prennent pour juges
les Cadls ••• • De ce témolgnage découle la coexistence entre deux
syst... juridiques pa. "~~rn.,t,;~t1nomique8 J l'Aat)'. Muhammad
qul rendit posslble cette coexistence, faisait ainsi montre d'une
réelle souplesse conforme l l'allure qu'il entendait donner à sa
nouvelle charge •
En lisant . .;. le texte des Réponses de Al Maghili J il
est possible de mettre en évidence de précieux indices qui con-
firment l'existence chez l'Askya d'un projet
islamlque. Il
s'agit en priorité des normes qui régissent la dévolution du pou-
voir et la place des maglclens dans les choix du groupe dirigeant.
L.·~Fof~~~m~estionposée à Al Magh1l1 est pour l'Askya l'occa.io~
de contester les ~urs politiques de ses devanciers. n ••• Ils
ont écialement des temples immenses et vénérés dont les prêtres
seul. décident· les affaires du pays, que ce soit l'investiture
d'un souverain ou d'une affaire quelconque ••• ,,1
La tradition Son9ha~ se fait l'éChos de cet engagement
de l'Askya à promouvoir de nouv~lles références dès 1493 so1t cinq
ans avant le pélerinage ; Askya Huhammad et ses compagnons ayant
1. MBAYE (El.R), I972, P 253 - El Hadj Muhammad Ier ne fut pas l~
premier a être préoccupé par des questions de droit ; ce fut le
cas du sultan d'Agadez Muhammad -
b. Stoffan (1487-94) qui consulta à ce sujet Al Suyuti - voir
Nor~is (H.T), The Tuareg, 1975, P 49-50 -

99.
appris la mort de Sonn! Ali envoyèrent à Baro un messager ••• " pour
lui annoncer que le pouvoir palen avait pris fin avec~son père.
Mettre un torou (arbre ou pierre sacrée) à la place d'Allah, cela
s'arr'tait A son p~e ; son père était le propri'ta1re- du pays ~ai~
ewc avaient décrété la disparition du paganisme dans le ~ys•• ,,1
Déployer des responsabilités C~lifales aupposait aussi
. la, ~éservatlon de la moralité; ce volet fut exécuté avec d'autant
pl\\l~·d~~Fe~$.....t qu'il recoupait les préoccupations du roi tenu
de préserver l'équilibre du Cosmos. Là encore, l'Aakya chercha sa
caution auprès d'Al Maghili à qui il fit part dans la septième
que.tion de son engagement à traquer les marchands usant de faux
et ceux qui 'taient responsables de la dégradation des moeurs dans
les ville. •
La charge Califale imposait à son titulaire la com-
manderie du bien ; il devait surtout réunir quatre qualités que
Ibn J<haldun r.ppelle dans le livre l de la Huqqadima : Science ,
probité, compétence et corps saint • A défaut de science éprouvée,
le Calife devait s'entourer d'ulama compétents. Al Maghili le
rappelle fermement à El Hadj Nuharnmad Ier et indique que l'ap-
plication de la Sharia était une obligation à laquelle il ne pou-
vait se dérober; pour cette raison, il~..
fréquenta les docteurs
et leur demanda des avis sur ce qu'lI était de son devoir de faire
dans les affaires du Gouvernement ••• "2; C'est probablement dans
le même sens qu'il consulta d'autres sommités tel que JAUL AL'DIN
AL SUYUTI ;3 les mêmes raisons expliquent les consultation~ juri-
diques qu'il adressa au jurisconsulte ~l Aqit Ben Abdallah El
i
' \\ '
<

1-
:
j ,
Msamm
......'Co." 1'-,,-,.\\ .,' l...."'~ r't '.-('C' "';.\\ ,"O,-"~S·
1. Propos recueillis par Moussa Hamidou auprès de Soumaila de
Téra = transcrit et traduit par Oiouldé Laya • Polyc. par la
Fondation SCOA pour le Coll. de Bamako, Février 1976 sous le
titre:Histoire du Songha! •
2. Sadi CA) Paris, 198.,~ 118
,3.
SArt,,,
l(.~) :r~\\.\\ ~l b\\f\\ Al Su~utl"s
r4t..\\~t:o,,~ ""a~. T""
peof'''' of ~"r"'r" J,.n .rDur"~\\ of $~I\\-Ic.. s.hul'4.$ x...v'.1 l, .." '71.
"
'" l_AfJ
-

..-
100.
i
Ces différents avis avaient un impact limité sur les choix
J
.
de l'Aakya • Dans un premier temps l'Askya parait s'aligner ri-
goureusement sur la position de ses collaborateurs ; la sanction
Qu'il convoitait pour une autorité forte et incontestée pouvait
1 ( l'y convaincre • La meilleure preuve de cet alignement ressort
1
x.. de la g\\aer.re. sainteAu'il mena contre les Hossi dès son retour
du p~ler1nag. 1 il s'efforça de coller à l'esprit de la tradl-
7)
~ tion i8lamique/pour l'organisation de l'attaque • Deux des juris-
cons~ltea,tes plus in'luents de son entourage interviennent
aupr~s du souverain Mossi pour l'inviter à embrasser l'Islam ;
ce '"' ·:...f~it. qu'après son refus obstiné que l'Askya fut théorique-
ment autorisé A déclencher les hostilités • La guerre qui sten-
suivit·tut dans toute l'histoire des expéditions Sangha, la seule
'. '/ à revêtir le cachet d'un jihad - Cela surprend effectivement
quand on cOnsid~e l'approbation unanime qui en découla de la
part de jurisconsultes qui ne se laissaient pas facilement flat-
.tM- ; Al Maghili qui suivait de près la suite que ~on consultant
donnait à ses prescriptions, approuva l'Askya en ces termes: •••
•, La guerre sainte entreprise contre eux par l'émir Askiya avec
~ f sa conquête du pouvoir sur eux est le plus im~ortùnt des Jihad••1
Les causes de ce brusque arrêt ne so~ aucunément explicitées par
.,
. , les Tarikh ; aussi faut-il interpreter ce silence ccm;ne une cen-
sure comme les chroniqueurs savent en user peur ne point laisser
fuser la moindre fausse note dans les relations cntre leur cham-
pion et la cat~90rie des jurisco~sultes dont ils cultiv~ient pr~s
de deux siècles après les sensibilités • La c.::..uze ··lui nous parû.1t
expliquer cet arrêt relevait de consid&rations fond~~entalement
inconciliables 1 un Askya Calife/brus~uement conzcient de la di-
mension inali4nable de son ùutorité dont le flottement étùit un
slgne avar.t coureur de destabilisa.tions irnninentes ; en f<.ce,
des ulama tout aussi d~cidés à veiller à la promotion de l'ordre
.
..s_=:ca: __ ..
~ .
•• Cuoq (J.M) Par.is, 1975 P 411 •

islamique au Songhaj et convaincus que l~ roi pouvait bien être
l'artisan de ce pf~Jet, lui qu'ils s'étaient engag's de protéger
des feux de l'enfer.t qu'ils devaient en retour manipuler comme
le ~aveur de mort maniait le cadavre qui lui est confié".
L'Askya fut nettement peiné par cette situation suffisaQ-
ment cornélienn~et en refera à un autre jurisconsulte qui avait
l'1ntûlt de trancher d'assez loin (du Tuat) et de suggerer des
solutions· qui-n'étatent pas forcément compatibles avec celles de
ses collègue. du Soudan nigerien •
Ecoutons
1 i Aakya Muhammad dans la premi~re question
qu'11 posa à Al Maghili 1 " ••• Depuis que Dieu nous a accordé la
faveur d'embrasser l'Islam, un malheur nous frappe et éprouve dure-
ment notre pays à cause de la malhonnêteté de ceux à qui on attrt-
bue la science parmi nos lecteurs ••• Est-ce que nous devons nous
conformer à leurs décisions et dans l'affirmative, ne serions-nous
pas responsables devant Dieu pour les avoir substituer à ceux que
nous avons légalement élus .....1 Cette question lue à travers les
lignes se transforme en véritable
requisitoire centre les intel-
lectuels dont les penchants court-circuitaient tout simplement
l'exercice des t~ches administratives. Dans ces conditions,
l'Askya avait tout int6rêt à prendre les devants en s'amènageant
une sanction aussi réputée que celle du jurisconzulte tuaticn dans
l'éventualité d'une épreuve de force avec ses partenaires locaux.
On serait tenté de dire avec N. G. smith.t que l'ap-
plication des arrêts de Al Maghili était le revers de la médaille;
l'Asky. n'aurait fait que confirmer des directives tout aussi ri-
\\ goureuse. dans leur~ implications politico-religieuses que celles
des ulam. du Songhay • Cette pièce de rechange était difficile à
manipuler;
les ens~ignements de Al Maghili étalent difficiles à
repercuter par l'Asky. qul risquait de s'ali~er le soutien de
nombreux partenaires et ~n premier lieu, celui des ulama dont-il
avait chèrement payé l~ c~ut1on idéologique •
1. MBAYE (El.R) 1972 P 242 -
243 -
_.......---
' •••• He (Al Maghili) had considerable influence with Muhammad Askia
'.-:hem. •• came fr:om the area north of hausa and would naturall y have
.;;;'C':ln
in te:-esr:: L
l~ l ;'.<Jl:.,!:il i·.s account of these regious ••• Il voir
S·~ ith Ci·; •.:;)
_':'.,
~-;. ~l~nl:~ç= of ;Î,:~USi:~ iocicty -
A. j).:.Ü
-
.:),.. \\.... Il
;._ l~·
_

- - - ------_._---
.
-.-
- - - -. --- --
---- ----- - - -"_ ...--
Io2.
L'occasion ••••t effectivement présentée et l'Aakya Muhammad
d..
fut
l'1apos.ibilité de se ranger du c8té du tuatiwa J ce ..~
n1eI:··neurrl.8.i~ l-l'encontre des Juifs une haine qui ."tait tra-
duit. par des mesures très hostiles à l'échelle du TUAT. Al Maghili
choisit de traquer les Juifs jusqu'au Soudan Nig&ien surtout quand
ces victimes assass1n~rent son fl1s au cours d'une de ses inter-
ventions en Afrique noire. L'Askya Muh~ad fut 1m~rativement
sommé d'arrlter toua les Juifs présents au Songha} pour leurs af-
faires ; l'Askya.· donna suite à ces injonctions mais dut se retracter
..
.,...l'intervention de Sidi Aboul Mehassem Mahmoud comme l'ex-
plique Ahmad Baba .,.... En agissant de la sorte, les jurisconsultes
Soudanais s·~ conformaient à l'esprit de tol~ranc~ qu~ préconise la
coexistence voire la collaboration avec les gens du Livre • A cette
raison pouvaient a'ajouter des considérations matérielles objec-
tives ; pour ~cre très liés aux marchand.-
arabo-berbères, les ju-
risconsu} tes avaient ~robablement des relations d'affaires soutenues
avec les Juifs ~ui ne leur donnaient pas l'envie d'ordonner l'ar-
restation et l'extrQdi.tion de leurs partenaires. C'eOt été af-
fecter leur! intérêts, les théologiens ayant ~t: très tet m@lés aux
relations commerciales comme cela ressort de la biogr~~hi~ des
Saints que Sadi propose .~
El Hadj Muhammad était :r~~ coh~rent en s'~~reS~2nt 3 ~on c~n­
se iller tant étaient évidentes les !"iSt':p,,::s
""1
·.:ui
~
":l

...n ::.ient sur son
~utorité • Il s'employa à ~ontenir la prépond~r~nc~ ~~e 30n attitud~
trop conciliante a'/ait vd-l\\A aux ul::;..."a ..lU point d'en. faire !"I~t1r
l'application de son programme politique •
..
_.--
--%
==
-
~ Zouber (M) - Ahmad Baba de Tombouctou (1556-1627)- Sa vie, son
oeuv~e - Thèse pour le doctorat de Je cycle - paris, Sorbonne,
1975 P 18 -'
l. On est là très loin des vues réductrices et carricaturales de
Georges Kodjo pouriul. •• " l' :slaf.l rej'c t :'.:; toute recherche du bien


. •
_
" : ,...
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-: (> 7·...
~ 25 -
:nati:rl.el ,~t -:lu ;/:mn('ur· ter~estr"'."
• "~"J J' ..

r03.
Il est permis de penser que c'était dans le même but qu'il
fit venir Ea Seq1i, neveu du Shérif de la Mekke et faiseur de
miracles confirmé, qui n'avait aucun mal à s'entretenir et en plein
jour avec le Cheikh ChamharoQch~ chef d'une tribu de djinns. Il
était d'ascendance qurayshite et sa seule présence suffisait à
remonter le prestige de l'Aakya/le rendant moins anonyme devant
les jurisconsultes •
La combinaison de ces différentes pressions réduisait ef-
,,- r:.
fectivement la marge de manoeuvres de l'Askya : la prudence était
donc de rigueur et peut expliquer qu'aucune suite n'ait été donnée
aux 1n"itiatives Califales dont les contours étaient perceptibles
dès la guerre sainte déclarée au Mossi •
Reconduire les principes qui firent :.::.. gr.:u1deur de l'auto-
rité royale du temps de Sonni Ali Ber, est resté une a~tre préoc-
cupation de l'Askya Muhammùd Ier ; on peut s'en faire une idée en
examinant son projet économique, objet du volet suivant :
.b (~
,
~
..
t. Al Mukhtaar"et Kati, 1981, P 39 - 40 •

r04.
B/ Askya Muhammad confirme le pro1et économique de Sonoi Al! Ber-
.> La Constitution d'un espace de dignitaires dans la
vallée du Niger
L'examen du tableau récapitulatif des expéditions conduites
par El Hadj Muhammad 1er de 1493 à 1528, revèle un intérêt suivi
pour le eontr&le de l'axe du Niger compris entre Tombouctou et le
Sibiridougou 1 la chronologie des conquêtes organisées dans cette
direction est la suivante :
.
DIA KHA • 1494 •
1512
1513

,
,
- GOURMA • 1497 • 1498


BAGHANA • 1498 • 1499


.
- D1ALAN

1501 · 1502
1517 ;
1518

,
,
Le même axe d'expansion a dominé le~ ~r~ccupations de
Sonni Ali de 1468 à 1476 : la seule province du Gourma a fait
l'objet de six mobilisations. L'intérêt de l'Askya peut s'expliquer
par le besoin d'intégrer le Macina à la province voisine du Jenneri
où, les am~agements agrono~iques de son prédecesseur avai~nt donné
la plus grande importance au réseau lacustre dominé par les lacs
Debo, Fati, Horo et Faguibiné • C'est dans 1.= !Tlême espuce que Sonni
Ali 3er s'était attQqué aux richesses a1irnalcs èes Peul; il déplo-
yait ainsi une charge conforme aux ~esponsabilités du roi, garant
de la stabilité communautaire • ~ue les Peul pour la plup0rt isla-
misés ne l'aient pas entendu de la s~rte se conç~it car leur ap-
partenance religieuse détermine un système fi~cal nifférent de
celui de Sonni Ali •
Il n'était pas loisiblç ~ l'Askya d'~xploit~~ les mêmes
recours contre les Peul ; il s'y attela' en créant lps conditions
juridiq14es lui facillt-1nt l-:i prt:,r.ot1~n d'intF:'n!3es 'Î~tlvit~s p<lS-
tor'.11e3 ::!:ms 1.:1. ',':..ll4:e -i',,; "~~.(]':"r • ;~ !'=~~laj.J: ~::"nr: aoJ-~,rn!" ~ù. sta-
bilitt!. ':3es terr:~_i~-; de p:..::'C")·.1::"s lonJ,="'_nt 1.:: :-tv'e ~h."·.:.it~.:u :'J1ger,
en evinçant de 1::: ::cm;.~~ti~_:'("': .. : ,;". Z~ ... !. ~1.!1 c;.c:-::roiss.:;.i~nt
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• • • •

·
"
ros.
fi • • •
La faible superficie de ce. pâturage étant telle que noua ne
pouviQns y faire pa!.tre ",vec d' autres sanJ-~uè cela ne nous porte
préjudice, n'avons-noua pas le droit de l~s empêcher d'y faire
pattre bien que cet endroit tut une pro~ri~t6 indivise de nos
ancêtres ••• "-. L'espace pastoral para1t comme une préoccupation
centrale de' l'Askya au point de le conduire à l'éventualité d'une
remise en cause du caractàre indivis de la terre, bravant ainsi
lea coutume. ,.a-en commandent l'accès.
Les am~na9ements agricoles sont poursuivis dans les
terres arables du delta central plus adaptées que celles des .len-
tours de la Capitale où les conditions étaient loin d'être idéales:
les pieds de mil repiqués en Février n'y sont pas récoltés avant
Septemb~e • La riziculture est encore plus délicate car les crues
et les pluies doivent colncidcr pour que la croissance de la
plante ne soit pas perturbée • On se représente donc l'int4rêt de
l'Askya pour la gestion de l'axe prL~ordial qui enserre un ch~~p
au sein duquel l'intervention agricole se déroule en toute sécu-
rité et à l'abri des forces hostiles. Les propos suivants de Jean
Léon l'Africain incitent à penser que l'Askya s'était réservé avec
ses proches, le droit exclusif d'investir dans ces te~re8: " ••• Se~
habitants sont riches marchands qui demeurent touj~urs sur les
champs vendant leurs marchandises et tra flquans
d'un c~té et de
l'autre. Le reste de ce royaume est tout en villages 2t hameaux
auxquels demeurent ceux qui cultivent les terres et les bergers •• ~.
Il ressort de cette sociologie de l'utilisation et des utilisa-
teurs de la terre ':lue 13. pl'.lpart des cx;:loita1àts yrivp.s étaient
tenus à l'écart des terr~s qui se pr~taient d des investissements
profitables • ~es Tarikh ne livr~nt pas d'ir.forrnations sur l~
gestion des exploitations rOYàles ; elle ne èoit pas ~t:e pr~fon­
dément dift'6rê::nte de celles repcrtot"11~es dans le Dendi A.t .lUX;uc;;:'-
les Michal l'ymowsky consacre son articl;,; r1us haut mentionné •
1. Jean Léon l'Africain,
1898-1899, P .298 • Cette traddttion est
préférable à cell~ dQe à Epaulo....d( Come 2, 1'956, F. 471) '~ui fAit
l'impasse sur l'intervention des llldt'c:,ands dans l~~: ",ctiv,i~':~s
agricoles •

.....
----_._--~.-
- -
- ------
--... _-----
---- -- ----- .._.._.. _...,..--
., .. -
.,.,.- -




DE LA SENEGAMBIE
:
POUR LI COMPTE DU soupAN CENTRAL
· EN DIRECTION
·••
------::;,--
~~_.
':
--
:
DANS LA BOUCLE OU NIGER: Provinces malienne. de : LE DENDI, Bu-ç•••f .7J;a,S CITES- ETATS DU

: L' Est et du Nord E.t
1

Songh~
I$CWDAN CENTRAL
,
:
1
·.
·
1~95


:DIAKHA
••

~497-t498
:MOSSI (Gourma )




1
1498-99
••
: BAGHANA( Ancien Ghana)



1500-150I




1


AIR
1.501-1502


IDIALAN

1

,
1505-15(16


1
1 BARlBA (BORGOU )
1508-1509
••
:KILAHBOUT (GALAM )

1

:512-1513

: DIA KH.~
••
1
t
:5.1.:-15:4
••






1515-151f;
·







KATSENA
1516-151.7
·




1
AGADEZ
1517-15.i.P
••






IŒBBl
·







·•
1




"

106.
Seule-~la pression démographique pouvait être moins consldérable
compte tenu des conditions géographiques moins favorables que celles
du Sud-Est •
L'Askya Muhammad s'ingénua aussi à protéger le Jenneri
A l'instar de son prédeceaseur, pour se, donner les moyens de dom1-
ner les act1vit's commerciales dans le delta central du Niger •
Ainsi d~s 1494, il attaqua Bar.ar Maghan, un des chefs
du territoire de Jenné qui refusa de reconna1tre son autorité,
probablement édifié par l'expérience'qui venait de s'~chever •
L'attention portée par Sonni Ali aux Mossi fut confirmée par l'Asky~
pour enrayer les menaces que leurs incursions répêtées maintenaient
sur l'axe Tombouctou Sibiridougou • Juan Barros témoigne à ce sujet:
" ••• Bemoy (prince du Jolof évincé de la course au pouvoir) raconta
qu'il y'avait un chef que l'on nommait roi des peuples Moses. Son
royaume commençait au delà de Tombouctou et s'étendait vers l'Orien~
Ce prince faisait là guerr-e t"n ce m0ment à Mandi. r'·loussa r:oi des Nan-
dingues ••• 1
n
~
.
Le facte~r Mossi créa à l'interieur de l~ boucle du
Niger, une instabilité à laquelle firent face
les souverain~ du
Mali et -eux du $onghaY ; des contraintes écologiques obligeal~nt
les Mossi à évoluer hors de leur zone habituelle d'implantation.
Les sols y sont des Bowé, fOr'mdti0~S r~dologi~ue: s·~tcnd~,t sur
de vieilles surfaces d'érosion d?nlld'~es ; i.l~ se caractérisent par
une forte accumulation d'~xyde de :er et d')lu~ine • Leurs surface=
latéritiques affleurent à la suite de l'érosion des niveaux m~ubles
supl'rieur..
• Dans ces conditions/le:, rë&r:es ter-res ~~ pr:$L. ,.nt .....
une exploitation connaissaien: -.me ~rE'zsion qui se co~ti!")_:_t _';n-:
. i
1
l
accélérer l
' .
l'absence de tCûte rotac cn cu tura e pour
,~ur pau~~r~s~-
ti~n • U~e telle ~cologic prfc~ire a r~ contr-ai~dre les M~ssi à s~
1.Cité par Michel Izard, 1ntr('rjuction à l'histoire des .';os5i4 paris,
Ouagadougou, Recherches voltalques, 1970, ~orn~: i, t- 54 • Il convient
de lir~ ;~ 1-:1 place de i'1dndi 1'10USSCi., Sonni .-,~':' _"~L 1 ~cuverain conte;;.-
. . ,
'
j
' t ' - ' d
V
.
porôJ.n ae::; ·,:,v.~n~mf_~nts rapportes dans la ::;·,':~n', t;: ,7;O.1..l.e
u X e 5 L:cle.

I07.
:1
.
rabattre sur la boucle ~u Niger pour en contraler les productions
rurales. La restructuration politique qu'ils entreprirent à partir
de 1480 devait faciliter la coordination de~ initiatives militaires
et leur donner des chances de réussir, comme l'atteste l'occupation
2
de Walata, pendant un mois • Les seules activités rurales n'expli-
. quent pas les convoitises des Mossi en direction de cd espace éco-
nomique des dignitaires Sangha, ; la même région .connù.issait une
animation commerciale ~1 ne p6uvait pas les laisser indifférents •
La riposte de Gao se fit régulière car c'était un de ses poumons
économIques qui était menacé •
bl He Conta1e du dynamisme commercial -
L. fonction de carrefour commercial de l'axe fondamen-
tal Tombouctou-S1biridougou a été reconnue par de nombreux voy~
geurs ; elle appara1t nettement dans la cartographie que Ca Da
Mosto consacre aux voies d'éva~n de l'or, mais surtout dans
la description que Antonio Malfante consacre à l'animation com-
merciale du Soudan nig'rien • Autant de témoignages qui aiguisèrent
l'appétit de Jean II au point de le décider à détruire les chutes
du Filou pour y avoir directement accès par le biais du fleuve
Sénégal 3.
Tombouctou et Jenn~ qui e~ sont les princi~aux centres
ont des fonctions économiques compl~mentaires : lQ première est un
entrepet des marchandises chûriées par le flux commercial trans-Sa-
harien et doit s. vitalité à l'anclp~~~t1 et à la r~9ularité des
1. Diarra (S) "Géographie historique : aspects physiques • " In
Histoire générale de l'Afrique l • paris, J.A, Stock, Unesco, 1980,
P 361 • Voir aussi Urvoy (y), Les bassins du Niger • ~tude de géo-
graphie physique et de pallographie • paris, h.IFAN, 1942 P 102-103-
2. rAGE (J.O) "Reflexions on the early history of the mossi Dagomba
groupe states" In The Historian;o
tropical Africa, 1964 P 117-192·
3. Mauny (R) "Une forteresse portugaise du XVe siècle à l'embou-
chure du sénégal " In Notes Africaines, n043, Juillet 1943 -
P 98 - 99 •

ros.
'changes avec la seconde • Les textiles, les produits de l'artisanat
nord-afrIcain, le sel gemme de Taghaza ou d'Idjil s'y écoulent en--=--:-
raIson d'une demande toujours élevée • Jenné assurait ~n retour le-
ravitaillement de Tombouctou et des carrefours commerciaux du Sahel
septentrional en denrées de consommation courante ou en produits
Il
,
,
prises par lea marchands installes dans ces localites, le temps de
quelque. alfair••• Jean Léon l'Africain a parcouru le tronçon
Tombouctou Jenn~ et fait une description des trafics qui y sont
pratlqu4s ; René Call1ié qui s'y interesse trois siècles plus tard
mérite d'être cité : n ••• Il y' a un ·:oncours continuel d'étrangers
et d'habitants des villages environnants qui viennent vendre leurs
denr4es, acheter du sel et d'autres marchandises .....1
Jenné est aussi réputée pour sa fonction de centre
d'échange de l'or; c'est dans ses narchés et ses cQncessions qu'-
avaient lieu les transactions pour l'acquisition du métal précieux
produit par les mines du Souré ou de "Haute Volta" déjà actives
au XVe siècle. Duarte Pacheco Pereira s'en fait l'échos: " ••• l'on
trouve Cà Jenné) une grande richesse 1'or • Et également la girofle,
le poivre, le safran, la soie fine en fil et le sucre y val~nt très
cher ••• "
L' animation comr:;eroi~.le de L. blJu'~l(~ ·ju Niger dépen-
dait ainsi de Gao, Tombouctou et Jenné j la dernière n'était pas
comme cela est apparu très souvent, une succursale mois un part~­
naire privilègié de deux précédentes • Abd~rrah!TIane :\\1 Sadi l'a
bien perçu, mÔme s'il faut faire lci ~:"'lrt d.f':~ ~ui d.:m~ ses t.émoi-
gnages à pro~os de JennÉ releverait de l'~ttQch€~ent de l'enfant j~
1. Caillié CR), Voyage à Tombouctou. Paris, F.Maspéro, I979, Vol 2-
Charles Monteil~enombre dans le seul Jenneri, ~ept vôriété~ hative:
de riz et treize vari~tés tardives • Voir Djenné, lOétrcpole du
delta central, Paris 1975, P 15- Cela n'est pas pour surprendre, à
en croire Portérès qui fait remonter à -15üv les d~buts de la ri-
.~riwJ"6
zicul ture dan s h~ de l ta cor: +:("2.1 du :~iger. _")ir : " 3er~eaux/pri-
maires sur le ':lJntinent -,friç:-:i:1. 'f :n .;r.A.H., :":I, 2, 1962 P 199 -

I09.
pays s " ••• C'est à cause de cette v111e bén1e (Jenné) que les cara-
vanes affluent A Tombouctou de tous les points de l'horizon, de l'Est,
de l'OUest ••• " L'interdépendance entre ces deux centrea était telle
que les lIIOindres désordre. survenus dans l'hinterland de l'un se re-
percuta10Dt profondémment dans les activ1tés de l'autre : les incur-
sion. mo.s'i, les eJDpiittemen'ts r,plt':s des Targui furent des facteurs
perturbateurs Auxquels' l'Aakya ne manqua pa. de faire face.
ti\\ volat de type intervent10nniate peut être décel:'
de l'engagement de Elhadj Muh~mad 1er dans la région: il fit ainsi
un usage très intelligent de l'énorme bactellerie héritée de Sonni
Ali 1 aea pirogues intervenaient dans le transport des denrées pro-
duites dans les champs royaux et les produits de la pêche, de l'élevage
en d1rec~ion de Tombouctou • De là, le riz, le mil, le coton, le miel,
1
le beurre v~gétal, les 4toffes, le lait, le poivre, les ,poissons , le
gombo 'taient achem1nés vers GHAT, Ghadames et 01J3.rgala j ces villes
,
de rupture de charge en avaient un très grand besoin en raison d'un
trop plein da populations dO à leur fonction de marchés d'esclaves •
Léon l'Africain qui fùt un très fin observateur précise à propos de
Ouargala ce qui est valable pour les autres localités situées à la
lD~me latitude et remplissant le même rele :"...
Il y' a toujours grande
cherté de blé, de chair au moyen de ~uoi 11s ne mangent que d'autruche&
et de chameau ••• ils ne sauroyentavoir chose ::lucune.,,· sinon par leur
moyen comme grains, chair salée ••• en somme tout ce qui leur nécessaire
et da quoy ils ont 'besoin ••• "2
C'était pour Elhadj Muhammad Ier donner la preuve d'un
réel pragmatisme qua de mettre de son ceté les meilleures chances de
contreler étroitement le tronçon Tombouctou-Sibiridougou ; il sut pour
1. Les fouilles de Bedeaux à Toguere Doupwil et à Galia ont mis à jour
des fosses à fumer le poisson, complètant à ce sujet les Sources arabes
qui s'en tenaient à la seule mention du sèchage et de la salaison. voir
Bedeaux (R.A.) et alii. ft Recherches archéologiques dans le delta in-
térieur du Niger ; " In Palaeohistoria, XX, 1978
?F 91-~~C •
2. Jean Léon l'Africain, 1898-1899 P 248 -

rro.
cela profiter de. dispositions juridiques inspirées par Al Maghili
mais fonciàrement contralres~~~x normes traditionnelles, lancer
des expéditions militaires et Jes réalisations économiques qui
lui réussirent pleinement •
-
Toutefols les exigences du groupe dirlgeant, son accrols-
sement qualitatif et quantitatif accentuèrent 1•• déséquilibres
que Jean Léon l'Africain constata au XVIe s. " ••• les revenus du
royaume sont considérables maia les dépen sea le sont encore davan-
tage ••• • • Cette situation ne pouvait durer au riaque de déconsi-
dérer l'Askya qui se trouvait dans l'impossibilité de supporter
les besoins de· ses partenaires ; ces derniers ne l' auralent proba-
blement pas entendu de la sorte compte tenu de la fonction dt:
l'gltt.atlon qui leur incombait et qu'ils exécutaient avec beau-
coup de bonheur • Aussi, le principal animateur de toute cette
politique devait-il diversifier ses sources de financement ; cela
se traduisit par des choix strat~giques considérables qui eurent
des répondants tout aussi décisifs au plan Spatial • La cartogra-
phle Songh~ en a été remodel~ dans des directions que le second
chapitre se propose d'.ppréhender •
Chapitre II • L'extension du front Songh!V_
Le tableau de~ campagnQ>,; or') ..misées p"3r l' .:..skya Nuha.~mad
de 1492 à 1518 fait ressortir des options fonàam(;:ntales lui déter-
minent les encha1nements de ce ch~pitre : 11 s'agit des initiatives
conduites en direction de la sénégambie pt de celles prises en
direction du Soudan central •
AI L'option ~énégambienne -
a) Conséquence de profonds bouleversements politiques -
En Vingt Cinq ans d'activité militaire, Elhadj Muhammad
s'est interessé en six occasions, dU contrOle des provinces orien-
tales du Mali Ol: l'élutorit~ du ;·'l.:.usa était la moins pesante.

-
111.
1 e ,
OMS le. provinces excentriques du Mali 1 Dlarra-Galam -
Au XVe siècle, le Mali connalt des probl~mes de cohésion
administrative sur a•• provinces périphériques où une nouvelle
animation politique rend de moins en moins directe la pr6emlnence
de Nyanl • C'est le ca. du Oiarra dont la position est doublement
$trat'gique sur les axes commerciaux : cette province reçoit du
Nord le sel distribué des mines d'Idjil et du Sud les ressources
forestières renforcées par les productions des mines d'or du
Bambouk • Au début du XVe siècle, la situation politique reste
dominée ;-ar la :nontée des Dlawara qui culmine avec le renversement
de la dyn••tle des Niakaté chargés d'exercer l'autorité au nom du
Hana• • 1
L'Askya trouvait ainsi un terrain bien apprêté pour
soumettre une province visiblement affectée par l'absence d'auto-
rité et les moyens de défense qui en sont la contrepartie • Amar
Komdlagho, kanfarl basé à Tendirma investit toute son energie pour
s'emparer de cette-cible facile; il ~it deux meis pour arriver à
enrayer la menace des Peul en 1510-1511 •
Trois ans plus tOt, l~ Galam avait fait l'objet da
convoitises de G~o pour les mêmez considération~ s~rat(giques;
l'honogeneité du Moli n'~t~it paz ;lus ~~sur~~ 1u c~té de l'ntl~n­
tl~ue • Là encore, les pcuvoirs locaux
ffiaint~naient de très Dons
t:apports av~~ tes Européens et trouvaient ~~s .moyttrls _de --·r'sl.tè1"
1. Monteil (C), "Les empires du Mali. Etude
d'histoire et de
Sociologie soudanaise. " In B.CEHSAOF, 1929 P 436 - Voir aussi
Boyer CG) • Un ~uple de l'Ouest africain : L~s Diawara • Dakar,
MIFAN, n·29 P 30 et suivantes •

f.
};;:~:.
112.
"
~~;.'..~~...::;;.: ··~-:'l·.~-:-.:* .~..:.:;-:-~-;--~'-:, ,_-;..... -~:-~_ ...~. ---:-;~.~4t~-~-.:""'"
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~;~Î~_f.f,~t.;., è~;it~f'~:="~ê'tlV~ ·~6n·t·~ l' ani~attbr(fioïtiMeréfai~'S~ mâirÙ:lent .9ra~e

• •
A

au ~oricours des marchan~s"arabes/commeW.Fl11powlak' s'en est rendu
.-
.
t
.
compte après lés fouillés arch~ologlques conduites dans'l'anclen
biiceau du Mali.t
1
2-' Dans l'entité du Jolot -
L'~portance du Jolof a été reconnue par leG men-
tions du portulan d'Angellno Dulcert (1339>, du planisphère de
Mecla de Viladeste (1493) et de Gabriel de Vdllescha .1 Il tra-
verse à l'instar du Mali une pa~se difficile ~u1 se manife$te par
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••. Prov1ncés; les CaU'ses ;::~!..
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-',
pour-l'essentiel aux profits que les chefs locaux réalisent sur
la base des échanges avec les Européens
_ 1
t
• C'est
le cas du Damel qui dirige une province admirablement servie ~ar
de nombreux points de traite; c'est dans cet esprit qu'il engagea
en 1529 des négociations avec le roi du Portugal pour la construc-
tion d'une forteresse où les ~changes pourraient se déroul~r sans
.. trop d~"risques..
.. :;
1. Fl11powlat CW)"1A Complexe du palais roy.l,-du Mali. " In
Kelartoea of'tefts' l MAuny , '1-1, P 84 •
2. La Roncière, 1925, Tl, Planches, nls l, VII, XII _

113.
Aisances et facilit~s commerciales profitent aUssi au BAOL
di&po.tl-~Porte d'.Ale. Candimal et Palmerin d'importants débouchés
ota PachejeO--P.ere1ra renseigne sur un trafic dominé par les esclaves ,
l'ivoire, l'ambre, la gomme et la cire. Les relations avec les Euro-
péen. ne. sont pa. les .euls régul~teurs de la vie politique du Jolof ;
le. tiralilements qui secouent le groupe dirigeant accentuent le mor-
cell~t~.•'" XV·Ie slkle • Ca Da Mosto en a observé les prémisses
c1n~~te·.'.".·pl. t&t en s'1nt~essant aux autorittSs ·provinc1ales •••
"gulllonn• .par la jalousie de leurs domi;\\ines. (les seigneurs) se
rangent ~~Q~Sou quatre ensemble et créent un roi selon leur fantaisie
l'élisans de noble race, entre les mains duquel le gouvernement de-
meure tant qu'il platt à iceux seigneurs l'y maintenir et selon le
bon traitement qu'll use à leur endroit ; mais le plus souvent, ils
l'expulsent et chassent par 1. force ••• "l. Les choses étaient ainsi
~
bien parties, pour aboutir 3 la dislocation du Jolof que le pere Labat
situe en 1556 •
3. Le factaur peul -
Le déferlement peul ~n Séné9~nbie a été au XVIe ~iècle un
facteur considérable de désint0gratien f)o11':ique : 1,:: FO\\1~ù -ëllors
partie intégrante du Jelof constitue u" i'iX~ pr1vl1,~'gié je l'~ur ex-
pansion •. Deux documents retrouvés par Texeira da .'lcta et rcc!igés en
1600 et 1612 font le peint sur la poussée peul de l~ seconde ~oltl~
du XVIe siècle i Juan Barres in;3i::.;f:e .-3ur l t a.rnpl""ur du .....'".: U'! - :,l,~.,t ct:
les perturbations :;ui en d.fc~ul~r~,.t ~' ••• Er. cc tr.:·-n;.:·;; !.à, ce Temala
(!~nguella) fut un incendie de ;uerre d~~s ce pays; il 3C soulev~
du c~té du Sud en une région appel~e Futa avec un si gr~~d no~bre Je
gens qu'ils asséchaient un fleuve qu:.nd \\.\\a l'~ttcignalcnt: ; ·=11n5.i
~tait farouch~ et barbare l'assaut de ~c ~eu~l8 ~aI0n ~ui dévùst~i:
1. Ca Oa Mosto, 1895 P 75 -

114.
tout ce qui se trouve devant lui ••• ,,1
Il faut sans trop s'at~a~der $ur ies clichés de population~
barbares animées d'une fougue destructrice qui fusent de ces propos,
entrevoir Il une des causes de l'im~ortante initiative diplomatique
que deploy. le Mansa ~amudu j il solJicita le concours des Portugais
en 1493-1494 mais ne réussit pas pour autant A contenir la poussée
Peul •

En 1510, le Galam est sous leur contrOle ; Koli entra au
Fouta au moment où son père'renguella marchait sur le Kingui • C'est
alors que s'organisa du d~té Songha)' la riposte dOe à Amar Komdiagho
pour préserver une animation commerciale dont Jenn6 était un des
principaux r~ul&teurs • Cet embrasement c~si général sc pr~tait à
l'exécution des plans: d'expansion de Gao, conçus pour gérer les po-
tentialités de l'espace Sénégambien •
b) L'autre: enjeu Sénégambien : la. vitalit~ ;'::conomi·-!ue -
Les ressources ~uc ~otalise la Sénég~nbie sont très variéc~
c'est le cas des productions rurales au chapitre desquellas figure
le coton, objet d'une transformation que Valentin Pernand.d0crit
comme suit: " ••• Ici, pousse le coton et les femÎl'~s filent et font
des tissus de deux paumes de large et elles 1:: C011sent l~s un::: à
côté des autres pour leur donner la l:;rg2',,;.r d'une chemise ••• Ir ~c::
infrastructures artisanales ne devaient p~s laisser indifférent un
Aakya qui dépendait des marchands arabo berbères pour l'essentiel
de ses fourniture. en cotonn~des •
Dans le premier quart du XVIe si~cle, l'aristocratie
SonghaYest confrontée à des prcblêmes de renouvellement de sa ca-
valer'ie ~ui risquaient de comprom~ttrc l'exécuti~n d~s choix spa-
tiaux de Gao. Jean Léon l'Afr'ic::ain 5';;;n e.3t .I.~en-=IJ -::':"~rte ••••• i l
ne nQ1t dans le pays d'autres chevaux que quelques ~~i~es haq~c­
~~es • Les march~~ds s'en servent pour leurs voyages ~t les
court isans pour' circuler er- vil:... • . ;.... .:~ l€'.:
~':'n.: =""''''';'UX ': ... ~!~~An ':
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du XV'::I.G 5
(..l.45~:- '.~ ~'7).
;'h'~~3e pour l~ doctorat de 3e cycle - Paris
.:iorbl-Jnnt. 19 G<: f
12 .. -
!. Jean Loon l'Africain, To~ e., 1956 p Dr68

115.
Gao • Il est donné A penser que les campagnes militaires organisées
contre le Mali, le: ,P'out~ et pour une meilleure relance des contacts _. -:.--
entre Jenné et les clrc4~6 int~rieurs de la Sén~gambie allaient dans
ce sens.
Les foires Sénégambiennes furent aussi d'importants sup-
ports aux échanges à cause de leur position privilégiée de part et
d'autre des axes fluviaux les plus fréquentés : La Gambie principale-
ment, le ScSnégal clans Wle moindre mesure •
A cantor échoue le minerais de fer d~ Sierra L60ne ; son
trafic s'accroit àu lendemain des arrêts du Pape proscrivant la vente
de ce métal aux infidèles •
Le sel fait l'objet d'une distribution à vaste échelle
qui intègre la Casamance, ~t le Fouta • Les ~ch~r.ges ~ont ~n1més par
les Wangara plus tard r~joln·s par ceux des Portugais qui 3upportaient
mal le monopole établi par Li~bonne ; les ~nes y pêxti~ipent acti-
vement parcequ'opposant plus de résistance à la piqQre des insectes •
Ces conditions se prêtaient de proche en proche à une
int~gratlon de la Sénégambie aux ~utres circuits comnerciaux de l'in-
térieur, suivant un ~chémQ ~u~ Diogo ~OMes décrit ~ p~tir de C3ntor.
" ••• Il vient de gens de toutes les parties du p21Ys à savoir du :'~ord,
de Tambuchuta et des hommes qui habitent à c~tê du midi vers la se~ra
gcley (Fouta Jalon) vinrent ainsi Ciue des ~'!!n~ d~ quioqum (Gao 1 ••• r"~
_.. ,
i. Diogo Gomes, De la première découverte de Guinée • Récit (fin XVes:
'rrad. et annot , par R.. Mauny, R. Duval, 'rh. l'-1oncd - Lisboa, socé ~ nd-
de topog -, 1959 P 36 -

:.~ ",
116.
1-' Portugals et Italiens entrent en scène
La'.part des Européens dans l'animation économique en séné-
...
gambie est ~0to1re~es Portugais prenn~nt les devants et s'imposent
jusqu'~ la fin du %Ve galvanisés par la bulle de Nicolas V qui reconnut
le 8 Janvier 1454 A l'Infant Henri l'exclusif sur le commerce de
Guinée. Dea masures energiquas reprimaient ceux qui se hasardaient à
passer outre ces décisions ; ce fut le cas de Prado brQlé vif avec ses1
épées et son or ; Eustache de la Fosse échappa de justessa au brasier.
Les profits réalisés par las portugais augmentaient rapidement, leur
pratique consistant ~ doter leurs partenaires et à des prix très cam-
pétitifs,de produits jusqu'alors tribut~ires du commerce trans Saharie~
outre l'or en quantité très modeste, i:~ tca1t~ient surtout des escla-
ves de l'ivoire et des étoff~s fines •
C'est pour r::h~ux s'::..p;.-rop.cicr. lez fjrùfit,:; du co::~n'2rC8
trans Saharien qu'ils s'installent :. '/lAOrJ'J : le projet. de g/rer l~
cycle commercial dominé par l'or ct la sel échoue; aussi les Portu-
gais durent-ils investir dans les indu.:itriez textiles dont les profits
leur permettaient de suppl~er aux bJ:nf~ftce::; liés a.u trafic du :::;e1 et
de l'or.
Les It.c.:.liEns ont
'1cl.l~r.'\\-.;n;;' i:;·::,.:.~i :!;':';1~ 1·: c:o;;.~"'r::c .s(n~
gambien et livré une ccncu~nce ~O'..lt-';:1'...1f~UX !'1or :ugai~ • L' in t·':rêt :;ui
est 4J.in~i. manifesté prolonge une trati it ion j' ,:,u':crture sur l~ m6ditcr-
ran4e occidentale que la }'ouzsé'=! turque ~!1 :n·~diterra.née occidentale ne
fera que confiriller •
Le cas des 9~nols est édifiant à cet égard j leur in~er­
vention en Afrique Sub-Saharienne remonte au XIVe siècle. Ils s'ctctl-
v'=!nt pour contrÔler les principaux débo~chés du trafic trans-Sah~icr. :
c'est èëlJ'ls ce cadr~tle s'inscrit 1... mission que le.s ~cntul:"i:mes .:onf1?:-
rcnt ::. :·:i~LF .....~JT::, le1.lr lil:.ert~ de manoeuvre ayant ::.cuffert du coup d'ar-
r~t:;ue l'oc~tpation de la SerbiE'; par HO~R,..::) donna au foncti-:mne:nent
des mines d'argent et d'or de Novo Brodo
1. E;ustache de la Fosse, Voyage à la Côte occiden tale d' Air L~ue -3U t'or-
tugal et en g.;p<'lgne (1479-1480).
Publié par R. f'0ulch'~'-l)ebosc:- ~3ris,
A.Picard, 1897- p ~3 -
2. Godinho (V.l,j), l'~conomie de l'empire porti..;,?~li3 ,.;~l>': ;',:VIJ. et XVIe s.
~dris, ~EVPEN, 1~6~, P422 -

· :
117.
2-' La repligue française -
lAs Portugais ont été rejow.. sur la cete atlantique par les
rrançai. dans leur souci d. participer au contrele des lIlers •
Jacque. Coeur personnalise d'assez près cette détermination des
Françai. car il réussit à évincer les Catalans de l'espace commer-
cial du Sud de la France • Les entreprises en expansion affichent
le mime dynamisme : les responsables du textile lyonnais chargent
en 1523 Verrazzano de joindre le. Cathay et de faire le point sur les
capacités de consommation de ses marchés .1
Les Portugai. pltirent des retombées de l'intervention fran-
çais. dès le premier tiers du XVIe s ; Charlea André Julien en donne
une idée citant l'avis du 2 Juin 1537 par lequel François Ier préoc-
cupé par la préservation de ses relations ~vec le Portugal dénonce
ft
les sujets français, qui sans égard pour ~'~~iti~ ~ui exintâit
entre les deux rois, continuaient à infe::.t~r les ;:ters de cc rOY3.IJme
et à piller et maltraiter les sujets portugais ••• ,,2
Dans ces conditions, il ét3it difficile au co~merc~ portu-
~3is de réussir le bouleversement de l'0rient3tion des ax~s corn-
ii12rci~ux de ::Ur~cti:,., ;·lord-Sud vers l'At1anti;ue • :'J~: 1... vit ....lit..:
'~conomique de l'·~spacc:;. 3én!;'J-:,.:~1:i:::r. ait été rC:e::c ",,1) pnint l'int6r~s-
peut-
ser l'!!s marchands de l'hinterl:md ne
- ~!:r':' r:::!"\\ise ·:n -:uc::tion,
tant: les auteurs Por':1Jg~ls ont été pointilleux dc.n~ L .. description
qu'ils flr~nt des relations d'6chn~ges • La puis~ance de l'anticy-
clone sénégambien !"!'é:'<:..it P"s à. ,T.~''''-:' je ':'.!3~i':er l
~''::-::~v:l.l: ..,:'.,! 3~1l-
d :-"" "1
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de n·"r.lrr~ux ~ut<.::ur5 j
il.J r~ prp.:î:- ~'n t: :.;~ 1~~ J.'r. "'r-Il ~s..:.n '.: les obs::r-
v.:.tions {,;lites cntre 1539 et :5"~ p::'.r Juz.n 3<lr::-"~
sur h. n-:'Jv,::l
~an des trafics entre la ..)én.~;am=1.E; et l' in~ ~;.t ~ljr. ;,:~ ;'2"l!"'e 1-:
1. Le m~me engouement est exprimé par la marine française comme l'~t­
testent ces inscriptions que porte le Phenix, à l'~rri~re de 16
Grande Françoise, la plus qrdnde nef j ,:unais pr.')dui te '.2n France " •• c'
Phan ix qui tdllt noble suis, f cii tr.;'s ressembl '::r le. .;r ..':'ldc frtn:;:r~:i3e ,-·n
:.lOY
1 cy toute fc. C~ .-:tbonde , f-li ts tr':~iïl.L..t.- toutes le::; nëtions '.:·o:r
:1:on pareil il n' ya dU monde ••• " voir La Ronci~re ( C. de) Hi:..;t0ire d,:
1- :narine frdnç.iise- Fari::. Plon,
Nourrit, TOr.le 2,
l~"lJ(.' P 473 -
2. Ju:L'n (C. ,,) t
Hi~)toi~e de l'expansion et de l,:" :01onisi.tion fran-
çaise" l
:
i...t~S '-l'J'Y .ges d~ d,:colJve,rte et le~ j)r,~' ic::-.
t,,,bl i::..;e:-, ·n ~~:
fr~-:;nç.Qis
C<:'./e-,,',):e s.)
P(.;rL~, i-~.J.F', ·:.948 t •..<':-

118.
perceptions sont à· mettre ~u co.;.pte du dést!quilibrc ~ui affecte l'é-
tat des témoignages contemporains du XVIe s ; car les seules obser-
vations émanant de l'espace méditerrani~n se limitent d~s l~ ~re~i~r
quart du XVIe 3. ~ celles de Jean L&on l'P~ricain 3lor~ que les ~~y~­
geurs rortugais faisaient leurs descri?ticn~ ~v~c un réel enthousias-
me • Cet état de la documentation n'est p~ob~blemp.nt·~as définitif et
il y'aurait de nouveaux élèments à glaner des archives turques ou des
résultats des touilles archéologiques dans le Sud du Maroc en particu-
.
,
.
lier • En réallt' les villes du Soudan Nigerien continuent à rempli~
leurs fonctions de centre de distribution de l'or, du sel etides pro-.
ductians des régions forestières : cola, plw1e~ diverses • C'est le
cas de Jenné qui
.. organ'i:sri t
. 1ù. rédistribution dë l'or vers
Tunis, Trlpoly de Syrie et Tripcly de Barbdrie • A ce regain d'~cti­
vités marchandes s'ajoutent les difficult~s que conn~issaient les Pcr-
tugais devant la conc~~ence des Françai~, des It~liens et qui leur
posait suffisamment de probl~mes pour leur ::onn~r la pcs3ibillt~ de
réussir des bouleversem~nts aussi profond~ que ceux ~in3i suggéré~,l
à supposer par a!llcurs/qu'lls aient été les seuls à agir sur les
:nécan ismes de la vIe économique •
La totQlisation d~ cez diff~rentes informations permet de
faire les remarques suivantes : au plan politi~ue, l~ Sénégambie con-
na1t de très nombreux mouvements • Ils sont particulièrement sensiblc~
sur les provinces périphèriques du Mali ou de l'entlt~ du Jolof, ils
facilitent la poussée peule au Fouta ou la poussièrisation de l'auto-
rité dans les régions où le contact européen
pr,;)iit'""":'ux f-'ouvoir~
locaux •
L'initi=.tiVE: inilitair'~ ne [u~ ~~S ~loqué~ pour autant:
elle s'exerce au plus fort de l'expcnsion peul
~u'elle régularise
avant de la contenir •
1. Ly (M), L'empire du Mali aux XVe et XVIe siècles" In Melanges of-
ferts à Mauny••
T2, P 595 - Voir aussi Heers (J) "Le Sahara et le
commerce méditerranéen à la fin du Moyen ~ge." In Annales de l' Insti-
tut d'études orientales. T. X'/I, 1958 P 25: •

119.
L'engagement mis en oeuvre à cet égard par le Kanfar1 Amar
Komd1agho _ été très révélateur du besoin de Gao de garantir la
stabilité du commerce lnter-r~9ional ; son fr~re Elhadj Muhammad
1er l'épaula dans cette direct10n et les potentialites économiques
dont le tableau a été brossé n'étaient pas ~tr.o";'g~ A son inter..
vention •
Ces d1fférentes lnformations remettent en cause le choix de
l'Océan Atlantique comme limite occidentale de l'entité Sangha; ;
il ·eat resté très présent dans les choix exprimés par l'Askya qui
dut compter avec les efforts de recentrage administratif entrepris
par le Mansa et les princes du Jolo! • L'esquisse c~t09raph1que
que noua proposons sur la base des régulateurz de l'~ctlvité
spatiale propres aux trqdltions politi1ues n0gro-africaines, com-
prend les zones privilègiées d'expansion '-:ui ::urcnt aux XVe et
XVIe s1ècles une signification strat'~gique ·=onsidérablë1'''' Gao:
il s'agit du Diarra, des placers du aambouk et du Galam, marches
, /. s.a r- ...ku:.h&
~_.!J
orientales du Mali oÙ/l'influence de Niany/lc premier quart du
XV le s i~cle •
L'enjeu ~uquel l'Askya devait faire face ét~it réel et com-
mandait son intervention d~ns différentes directions: cc fut le
cas du Soudan Central •
BI CAP SUR LZ SOUDAN CSNTR~~ -
a) D'1rnp?rt:lnte~ eotentl;.i.l.itfs conv:lt~e~
~ez 3ctivit~= ~i!it~i~~z d~ l'A5ky~ ,Nh '-,'- .":" d rer furcn t:
orientées ver3 le 30ud~n c~ntr~l,l conf~rmèment ~ sc~ respor.s~~i-
lités polit1co-r~ligi~u3es ; cette région a ~,~ ...nci('nn~ tradi-
tion musulr:'l.me ':;u1 €on
fit 1,; ter:.-~in prlvil~gi~
Maghili pour ses enseign~~ents •
1. Nous intégrons dans le Soudan Central les constructions du
Kanem, Bornou, A!r et Katséna ; nous n' 'ivon::; pa.s cru,:\\p!")ortt:n pOUl
notre démarche de reconduire L' der:... h~r ess_:i de ·:i'- ':'i;"1iL~t:":m
·iui
nous soit connu et dan s laque 1
',':'-Io,,·~,,: i ': :.Jf.
l
_"11.::.:;.n Cen tr.::.l
If
•• au Sud du Fezzan et de la Cyr(:n::I lue, du ::i1 je~ i:uba ,:;.u ;;ig"r
des 50nlJhaI -djerm.1 ••• " J'X\\~ :-nt ainsi r-,UX rep~res n·,turel.s un"
fonc:i~;n -:1..:i :1CUS '.i pùrue t·lus r.~I.mific~-ttrice • 'rir :u,-:.:, ~:-. r-is
, .. ~: liT
f " c:. ';'


120.
Le Soudan' Centr~l co~portait de nombreuses potentialités
qui ne pouvaient qu'aiguiser la convoi~isede l'Askya confront~ au
besoin urgent d'assurer la reproduction du groupe dirigeant. L'ex-
ploitation agricole y prospérait gr~cc à des conditions climatiques
et p~olo9iques relativement c16ment~s ; les productions étaient
assez .diyersifiées comme s'en est rendu cornçte l'/~onyme de Castries
observant Kano ..... On Y trouve beaucoup de vaches de musc, de civette
et de licorne J le .pays est très temp~ré ; on y trouve beaucoup de
vaches. de moutons, de riz, de blé, d'eau. d'indigo ••• Tous les
vivres sont dans ce royaume et à très bon marché••• n1• Les activités
pastorales devaient ~tre suffisamment d~veloppées pour alimenter un
courant d'exportation en direction de l'Egypte ; au XVe siècle,
Ma1lante estimait avec probablement un brin d'exagération T l'expor-
tation annuelle à un demi million de têtes de bétail •
L'artisanat n'était pas ~n ~ecte~r j'~ct1vit~~ margL~~lis~
ses productions étaient également tr~s variées : coton~_des; trans-
formation du cuir et du minérais de cuivrë exp10ité ~ Takedda • S'y
ajouta.4.cnt l'or, le sel, les esclaves et U"'le "'la~se conzidérable
d'étain .2 Le sel produit à Eilma, ~u Kawar et ~ Tawtik faisait l'ob-
jet d'une distribution en direction de Gao et de la boucle du Niger
où l'apport du commerce trans Saharien était loin de couvrir les
besoins.
La prosp~rité d'ensemble qui se dégage de cette présen-
tation n'avait de chance de durer que si une s~abilité p~liti~ue lui
était assortie; ce n'ét~it pas du tout le cas au Soudan :entr3l où
le premier quart du XVIe .3i~clc re.:it.:l.it d:);.li/1~ Fê,r ur. d~sordre pol~­
tique effectif •
1. Castries (H.de), Une description du Maroc sous le règne de Moulay
Ahmed El Mansour (1596) - Paris, Leroux 1909 P 140
2. Lange (0), "Un document de la fin du XVIIe s. sur le commerce
trans Saharien n In Melanges cn hommage à R.Maun'J, T.2, P 673-684
voir aussi Mauny (R>,Oécouverte d'un ~telier de fonte de cuivre à
Marendet (Niger-) In Notes Africaines n~ 58
hvril i~Sj ~~
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-

121.
b) Le désordre politiQue facilite la t~che à l'Askya Muhammad Ier
C'est dans ce contexte que l'Askya Muhammad se décida d'in-
tervenir ; il faut se demander s'il avait la possibilité de se dé-
tourner de cette c1ble t~t elle cadrait avec la contrepartie de la
fonction Ca1itale qui lu1 fut déléguée •
Le Chef de la Communauté musulmane du S/')Udar; représentant
théorique du Chér1f de la Mekke et du Calife Abbasside était con-
damné à s'1ntéresser à une région de tradition. 1slamique aussi an-
.
~
c1enne ; le terrain se pr~tait à la confirmation des deux Lnperatifs
que le continuateur de l'aspect temporel de l'oeuvre du Proph~te
devait assumer: susciter l'engouement des fidèles t.-/')ur ~.es bor.re~
oeuvres mais aussi réagir sans complaisance contre t')ute~ f')r.:1E';j J.:
turpitudes. L'Askya Muhammad Ier en fut apparemment c~rscier.t ~i
l'on consid~e le recours ~u'll adressa à 30n con~ult~n~ tu~tien
Al r-taghili ; c'~st l'objef: de l~ ,=i:L1ut'~me question dan~ laqu-ellf;.
l'Askya parait s'apitoyer sur le s0rt de
popul~ti~ns musulmanes
que leurs souverains ne ménageaient )uc'..!n'~'T\\ent • I l re;ui:~rt par 1.:,
:3uite l'avis du jur isconsul te sur ~,.'"\\ tf: i tudp. 1. obs~r""'':l· f.:..:.e ~ d'=~
["-'":·15 -iui .lvahmt ~h:-,isi d~ b~l:ir lf'urs ~<]is:::·:C~~"'j'1f:..; ::u.r 1:. i,:p"~s~... s-
/
sicn systematique de:; Cor:1merç'~nts ct la .:ipoliJ.tion des orpb,:lin~ •
La formulation de la question av::it suf=ls.:i.Mr-E-:!1~ pl'":iJ~~ ?"':Iur ':":-,~r-
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t·~Lventions du !.3ultan f"r-- io .. ";'..;'. ""
:'.r.~ c_ ~lle:.> lui ?:.r,,;.p:~::li·~:"\\t.
~c t!.rer partie de :. ~:. ',: ".: ····r~i :'r. ~.'• ...Ii:-ec~!..~1 de ':"E~::~-'·~
et rhr.t les ?\\-r"J'J;:!..~. :--r~.:_-:~· ": ...":: l'C'clfan indier. :,·:nd;=.Len!: c:':-:,i";"lf'tc
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1. Godinho (V.M), 1969, P 122

122.
---------- . . ......... .
"'Contre cet état de ~hoses, l'Askya_Muh.ammad le! réagit en
dec"" occaa1cns en '1500 et 1515 : A'J:':'U: et T11dza fur"mt les t:-rc"i~res
victimes ••:Tildza·fut assiègée en 1500 sous le règne·Muh~lmad êen
Abd Er Rahman • le manuscrit A des c~oni~ues d'A9~dez préci~e ;ue
.
.
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~~~:.:,:. ~_..la .ecQnde expédition de 1515 visait les sultans HuhaaÎm.ad El Adel et
~~,~~:;...1 ~ r : ~':-":;;•.. ' .
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...
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~~~?:~~~f'ii~~t~w~~:t~~ti~:~~g~:al~nt conjointement à Agadëz de~enue c~~~~ale
depula l'assassinat en 1502 de Muhammad Ben Abd Er Rahmane-. Tout
le temps que dura la suprématie de Gao, 150.000 ducats devaient ~tre
annuellement versés à l'Asky. ; il a dO interven1r ên 1515 pour en
assurer la ré~ular1té • Le manuscrit A ~joute. que le pouvoir revint
\\
.
alors~ Muhammad Ben T.lazou dont l'autorité rest. incontestée pen-
dant Vingt Cinq ans •
Outre l'AIr, l'Askya a ét~ 1U~5i ~ttentif ~u Katséna,
au Bornou à Zeg Zeg, ensuite contr~ Kano, en prenant le ~cin d'épou-
3er la fill~.1u roi et de confier la fiscall~~ ~ " ••• plusieurs in-
t~nd~nt~ et tr~soriers pour r~couvrer sa part d'impets ••• " • Ces
mots de Jean L$on l'Africain incitent ~ p~nser que l'Askya aVrtit en
vue un~ L~plantation durable dans cc~:e r~;i~n ~:r~t~gi~uc ; la cré~­
tion de Kallu Rafi où fut installée una com~unaut~ :~nghQY n'est p~~
étrangère à ce projet j 11 perçut le danger que reprsc~ntüit pour
son 3venir politique dans l~ région, les inombr~cles luttes auxquel-
les se livrai~nt les souverains ou les prétend~nts au tr~ne ; l'As-
kya ne lésina pas sur les moyens à utill~er car à e~ croire Je~n
~t')n l'Africain il mlt: à mort le .c,:,1 du Gobir. ",vÜ.n~ de
ch~trcr
'! • • •
les petits fils de ce .coi de Guber,et (de) les dffecter ~u ~crvicc
de son p.:;.lais .....S. En f ai:3;tn f; :;;ubir aux ..,rlnces un tel trai :emen t.,
l'Askya dcnn~it la preuve de sa "onn~ com;:r~h('n:31on des tr.::=:"ti:':1~
;Jcliti-iues né'Jrc Africain~s, lui c':lndamnaicr.t l' avenl: ;:'-"11:' i~'Je 'j~
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~. Oelafosse a malencontreusement rendu Ayar et Tildza par Ayorou et
Tillabéry ; Henri Lhote remi2t de 1 'ordC'e dans ces rappC'ochernênts en
rendant Ayer poU" AIr et Tildza par Tadeliza, :::itu!;c (;) une vingtâine
de! kilomètres au Nord Est dtAgad~z • Delafosse (:i)~ i-1aut Sénégal
Niger C- Soudan fr·mçais ) P~C'is, Ldrose, 1<;-72, Tome 2 F Sc; -
"
J~èn Lton "AF,. i cain, t9sg T.l - op A. 7'3 ..

123.
Les c:~pagne& du Soudan Central n'ont pas été partout victo-
rieuse. car de~--partenaires de taille intervenaient qui, à l'instar
du Bornouan, disposait d'une armée sachant s'imposer et admirable-
. !Dent épaulée par une Cavalerie renouvellée par l'éi.pport des mar-
char:u:l~:.~~~élbes •. Ces derniers assuraient aussi un armement bien so-
phist~~4pour'liépoque comme l'atteste l'équipement ~ilitaire dat~
du· .XV~ .•1~c:1. et expoaé au Mak.lDla's house de Kano et comprenant
uft.:·~"é:ot:)t. '.allle., ~e 'pée, un bouclier en peau d'Oryx, tU1 gang
.
.:~
.
en fer ~. deux f.ces • l-'" .Iqulpe.-ent identique fut introduit un
.
4-
si~cle plus t&t par Sark1 Kanajeji •
Cet armement A'était pas forcément la cause de succ~s pro-
bants J trop de données. incertaines intervenaient pour cela : les
marc:hand.· arabe. qui assuralent le renouvellement de l'armement
exigeaient en retour des esclaves.~ comme ce fut le cas assez sou-
vent en Sénégambie , le groupe dirigeant devait disposer d'une Ca-
valerie très mobile pour réunir les meilleures chances de se doter
en esclaves, à condition par aIlleurs que les. pouvoirs voisins aient
contlnu' l ."puiser dans d'interminables luttes intestines • Aussi
à chaque fois que les' sorties pour esclaves échouaient, c'était la
stratégie dans son ensemble qui le ressentait tout comme risquait
d'en pltir l'entente entre le roi et ses fournisseurs arabes.
Quel bilan peut on tirer de e.tengagement de l'Askya au
Soudan
Central 1 Son image de marque en a probablement profité,
la région convoitée étant travers~e par la route du pélerinage par
,
laquelle les autorités de la Mekke pouvaient êtr~
1nforme~
de la suite que leur vicaire donnait à ses fonctions • De son eeté,
l'Askya avait de quo~tisfait eu égard aux Lï.pÔts qui lui étaient
versés, et que rien n'autorise à circonscrire au seul ~as d'Agade=
rapport~ par Jean L~on l'Africain i 0n~uit~ lesproductlcn~ rurale~
étaient réellement importantes et devaient susciter l'int~~~ de
-:i. Palmer (H.R), Lagos,
_';;26 F 1(''7, ......- :":'C=:.':",L-
~.;.:), f':...ges j':{i~­
toirc. .i~: "'''':::;;:-:, r-:.ri::> :Srsc •

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124.
Toutefois ~n re9ard~t de plus près, on se rend compte que
le poids de l'Administration SonghaJ avait été bien accablant ;
c'est encœ-e à Jean Lton l'Alricain qu'il convient d'en reférer,
l'occasion lui &y~t 'té donnée de séjourner au Soudan Central à
deux repelaes et d"t~l1r la com~araison entre les différentes
r'al1t'. alora obaUYée•• Son constat est d'une sévérité impla-
cable a ..... ~a populat1on .• été accablée d'1mp&ts • Elle faisait
... autretot. de 'gros b4n4tlcea commerciaux ; elle est aujo\\U'cS'hui
~. appauvrie et réduite de plu. de la'molti' parcequ' Ischia a en-
lev' du paya une très grande quantité d'hommes, les a gard'_ en
captivité et une partie d'eux conune esclavea .....1 En plus l'éloi-
gnement de Gao transformait le représentant local de l'Askya, en
~ véritable rQi _vissant sans restriction ; c'était le meilleur
moyen d'approfondir 1. . contradictions pour la solution desquelle~
l'Askya l'avait désigné. C'est bien ce qui advint au point que
l'Aakya se détourna d'un p~le aussi important sous bicn des rap-
port. ; après 1516, le Soudan Central ne fait plus l'objet d'at-
tontion, les difficult4. de l'armée Songha) commençant à s'ac-
centuer. Renoncer au Soudan Central, c'était aussi s'ali~ner des
possibilités de renouvellement de la cavalerie, un des
tlliera
de l'armée Songha, au moment où les ad~inistrateurs de ~rovinces
se constituaient progressivement mais sOrement en contre pouvoirs.
Ces différentes données permettent de douter de la réalité
d'une domination Songha' sur le Soudan Central après 1516 i les
pouvoirs locaux sont engagés dans un processus de restructuration
déjà perceptible à Agadez à travers le règne de Muhammad Ben
'
Ta1azou qui dura Vingt cinq ans • Les contours cartographiques
du Songha, el\\ serant forcément affectés vers l'Est ; Là comme
dans le cas précédent de la Sénégambie les sources potentielles
d'enriC'hi~se~nt du groupe dirigeant Songh~' ne seront comptabili-
.ée. ,:.•:..tant qu'axe d'expiUlsion que jusqu'en 1516, mai. aucun&
ment au delà comme c'est le cas diUls de très nombreuse. esquises
cartographiques •
1. Jean L~on l'Africain, 1956 Tome 2, P 4ï3

125.
Pour en revenli 11'apre.sion d'ensemble qui .e d~a9. de
1'0&'*. Son9ha, que l'Aakya voulut instaurer au Soudan C~.ntral, il
faut indiquer qu'il &tait difficile de le réussir sana 1... réali-
.a~lOft' ~e préalables dont le moindre .était le maintien d'lme ad-
lft1nistration ~. pr~ccupant du 'sort des administrés.
Le. gao:'~cIa traita de cette wolution se retrouvent en S'né-
9amb~~'o~ rien,Ae militait en faveur d'une implantation songba'
dur~le J • 1. ,reprise administrative qui était en cour. au Hali,
s'ajoutait une lassitude réelle 'que Jean Lion l'Africain a pB
m••urer 1 ft ••• Aachia le. rendit tributaires tellement que pour
le, jourd'hui, l peine, peut ce seigneur trouver moyen de nourrir
.a famille pour être par trop oppressé••• ". De ce ceté aussi, les
pouvoirs régionaux affichaient des libertés d'initiatives qui pou-
vaient à la longue s'avérer comme causes effectives de blocage j il
n'est que d'évoquer le cas du ~anfari Amar Komdiagho pour préjuger
l'~mminence d'une telle ~volution • -
L'interaction de ces différents facteurs et leur projectior.
sur les réalisatIons qu'aurait logiquement supposé.. une "fonction
califale" ou un pouvoir de type négro africain... constamment: aiguil-
lonné par le souci de réaliser l'4quilibre communautaire)ne permet-
tent pas de parler d'apogée sous l'Askya M1.lhammad..)quelque soit par
a!11eurs son mérite du point de vue de la gestion administrative
et 4conomique du pays.
Le prochain enchatnem~nt perr.1€ttra
de vl'rifier ce qui il
en est de l'ûutre apogée qui a été s1tup.
sous ltAskya D~~rod •

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126.
CHAPITRE III - L' Misy! Dawud et le second apogtSe Songha; lS49-15~.
1>,.:
t,tAatya Dawud aura été le principal animateur de l'essentiel
d~•.. -.p"ltlons conduite. au Songhaj depuis 1518, date A laquelle
f."·~u.pendue8 celles de son p~e • L'examen du tableau r~a­
:";
Pitula.~l'...q,ul.s~.U~ laisse appara!tre deux axes principaux qui
, .
P"~.' .-
,.
réY~~~~:un s.4;?~c1 de préserver le. acqul. totali.'_ par se. pré-
dec~~g:,-~~;.~t:.:·.;~~allde trouver de. peles konomique. plus bén&-.
fiqué.:. L'~"8atur. du présent c:hapitre comprend un point consacré
aux' pr1itclpa~ régulateurs de l'activité spatiale dans la seconde
moiti' du XVIe .~ et un autre volet dans lequel seront décrits
:.: ..1-"(:~:; pales vers lesquels s'orientent les choix de l'Askya
Dawud •
AI Le. RégMlateurs de l'activité spatiale dans la seconde
moitir du XVIe siècle -
a) Dawud et les ulam., pour une légitimité rudement
monn-:lxée -
Les ·obaervatior\\5.. .
consQcrée3 dans le pr~cédent
chapitre/à l'état des relations entre l'Askya et le~ juriscon-
sultes ont permis de mettre en évidence unê profonde dépendance
du premier à l'endroit des seconds j
la c~ution qui était ainsi
recherchée compromit son ~venir pol1ti~ue et da~~ une certaine
mesure celui de ses success:'.1rz •
L'expérience pollti~ue de l'Asky~ Dawud Qide 1 saisir
le déroulement de ce processus et des ccns~q1Jences -iH~ (.n 1 ~cç"­
V~rent au plan des options spa.ti~,les •
Les ularna fir:::nt alors l'ol;j.;t de ~r ... it~.;.pnt..:;. ':t'ès ~~:.­
vilèglés c::\\r Da\\-:ud ~t:li t i= lus cul tiv': et donc, t:-lu;;. :::~nsil;le ~
leur ~oncticn d' in ~t;;rc.:.c;sc:;,-·~r.:. et :"ux ::-':CC'l:"•..,...n·; _. ~ :':1:' :~'.I1 1....
-?tû.ie:n ~ assortiu; l..e rc~p':!c t: ~ t ,l:- ,:,')n:-: t _ ':1' Q ::'1..);",. .:~ ~ ,:r.:,:!t;;~- _:1: ~~.,
:. :'i,::k~'.l n·... ~ont plus observés c;::u: ;),~·.r..1d .iv ~t r:.:.-1.s le ri.s;'...te:L
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:'ableau 2.
LES OPTIONS SPATIALES DE L'ASKtA DAWUD z 1549 - 1582 -
i
Ù
A ':: E S

Ln CONSOLIDATION DES AC~UIS ANTERIEURS
1
LES NOWEAUX POL&S ~ONOMI~UES :
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1

!

L'ESPACE
ATLANTIQUE -
z
1.& GOLFS D& GUINEE •


i


1

V
1549


GOURHA


1550

BAGHANA



1552
·

JŒ8BI


1554


KAT5ENE


1555


BORNOU


1556

1
BOUSSA

1559

SOUNA



1562

1
GOURMA

1564


BORGOU


1570

SüUP-A 3ENTAMBA



t370
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1
GOURMA
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,


DOM.


1

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.. .J .' \\ ..

l';''.CINA

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1

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127.
Maia leurs sollicitations et prise. de positio~loin de servir
les 1ntlra.ts de l'Askya ne fa.t.aient qU'ac~lérer l'usure du pou-
voir qui , son tour faisait paltr l'autoritét~p&riale.1
11en dans l'lIIag. d. Dawud telle qu'elle ressort de H. rapo-
.. port~.,.y,.ç"l •• N.a,fte rappellalt l'autorité inconteatH de Sonni

1
" ,
_."
" . .
. . . .
All.ee,i:"e,.SQU.' ce rapport les 1'arikh deviennent brusquement fer-
.tl~~·':;~;!~'~9•• 0\\a l'on a dG mal • c:encevoir que c'~ta1t le prln-
.
,":.!"'~' !';;'
.4JtI.. • _ ".:1.
,: ..... -:'.j_
" .

cJ,~~-~~~~···~:Son9h.j qui fal.ait. l'objet de certains tralte-
...~:..;'~.·:~<Sri:· . . .··pe...Mr qu. cett.tertll1t' ne trahl••alt pb Itea-
pr1t • • aut.UI'~ J 118 avalent ausi pour l'obJ.t de prouver que
le ' u s , r&c:ent aacalalt de. jurisconsulte. qui m&-ita1ent d'lue
connu.,tant il. ayalent su allier leurs préoccupations spirituelles
• leur. fonctions temporelles.
Le Tarlkh Al fattash précise à ce sujet l'état des rapporta
d. ~awud avec l'Alfa Mahmoud ~ti qui fut du lot des collaborateur~
de &lhadj Muhammad 1er ; l'Alfa Kati participait à la fête que
l'Askya organisait chaque année pour fêter les pélerins revenant d~
la MeJcke et profiter de leur gr~ce, quand il fut interpellé sur le
sort qui devait Atre réservé à l'esclave qui avait brave toutes
les coutwnes en serrant la main de "av/ud • Par delà cet acte anodir.
se posait la probl~atique des rapports entre les tr~ditions 10-
calea et les enseignements de la loi islamique •
Kati ~e
rata pas l'occasion d'afficher ses penchants avec une rare vi~
maIns
lence J il dit à l'Askya que ses
.~
étai~nt trop sales pour être
touch~es par celles du dernier de ses sujets ; à quoi Dawud répon-
dit: avec un état d'~e manifestement perturbé qu t il-1tait plus ;;1J€
jamais attaché aux ulsma : nu. Malheur à moi 1 ~'Jelle horE'ur ai-
je commise? Sans les ulama, je serais perdu: Dieu t'accorde à
mon d~faut la meilleure des réco~penses••• n2- C'était effec~iv~­
ment reconnaltre la fonction de guides qu'~taient censés ex~rcer
les ulama, tant dans la vie présent(;: ':'..1'au jour du juger..en~ jerr.i·3 r.
1. Cette sociologie des comportements des ulama doit ~tre nuancée
car il en est qui vivent intensément les enseignements de la Sha-
tl!. tout en répugnant à occuper des responsabilités par le biais
desqueU.ils pouvaient promouvoir l'ordre islami'::Jue au songha'; -
2. Al Mukhtaar et Kati, 1981 P 206-207 -

128.
, .
Aussi le même Alfa Kati ne s'en\\barassa point de solliciter la bien-
veillance de l'Aakya pour la garde robe de quatre de sea filles en
,": " .... age de se macler : chacune d'elle exigeait quatre tapis, quatre~'.·
femmes esclave. et autant de voiles • Pour quatre de ses fila en ~ge
. de e~ter le turban, il fall~lt deux turbans, deux bonnets, deux
~ mCftt~••.:pul•. un terrain de cul ture avec les esclaves et les gr~1n••
:- néceaa~. " leur mise en valeur et enfin quaranta vaches laltll!res.
~
ce.
' A
~~~,l'A1fa'a'outalt
les siennes 1 un dictionnairê valant
,'t: 80 .4t.~!<;d.'\\6r~pur et le cas de quatre ~tud1anta en th&ologle qUi
aval:~i:~~ë·.,-~tlablt" -ri 'lambeaux 1 tn sOITIme tout un budget que l'Aakya
ne tard. pas A débloquer : ."... l'Askya ne laissa aucune de ses
demande. sana lui donner satisfaction dès le lendemain • De plus, il
lui fit don d'une plantation connue sous le nom de Diangadia et sur
laquelle se trouvaient 13 esclaves qui devaient les cultlverpour
1
lui·......
De tels investissements furent fréquents car c'est par
eux que l'Askya aspirait 'rehausser son image de marque; les ulema e~
leurs proches en étaient les princiFaux bénéficiaires : l~urs habit~­
tians et lieux de culte étaient const~..ment retap~s et agrandis •
L'imam de 1. mosquée de Tombouctou reçut dans ce sens 40c0poutres de
2
Kankao en plus de 27 esclaves devant couper le bois de char~ente •
Les m!mes facilit~s furent reconnues au Cadi El Aqib qui rasa la
mosquée construite en 1325 par Mûnsa Moussù et construisit à sa plac!
une autre reproduisant le plan de 13 K~a~a • L'Askya sting&nua à
faire face aux relations conflictuelles qui lui étaient ainsi impo-
sées et qu'il n'avait pas la possibilité de trancher sans compromet-
tre sa carrIère; il n'en était pas moins tenu de r0agir pour plus
de crédibilité •
1. Al Hukhtaar et Kati, 1981 P 200-201 •
2. Il n'est pas superflu de penser que l'ab.ttage des 4000poutres de
Kankao supposait une énorme déforestation ; le groupe dirigeant étai
tenu de construire pour ses besoins d'aisance et sa propagande; de
tels abattages devaient provoquer un désordre écologique qui à son
~t7v.V'~r
tour/affect~· les changements climatiques, les niveaux de productio:
et facili~ l'extension des famines. Sans être convaincu de la re-
lation entre ces désocdres et 10 fr~qu~nce des ~pidémies et des fa-
mines, nous avons repe["tori/~ dans les Tarikh des perturbations en
1536, 1548, 1551, 1582, 83 • Cissoko dborde la question mais s'en
tient aux déséquilibres pluviom~triques pour comprendre l'extension
des famines et des épidémies. Voir : "Famines et l~pid'fties à Tombouc-
tou et dans la boucle d
.
e
U
Nl.ger du XVIe au ~\\Vlr"· ,oi,\\cle
",.
......_..
•• •
..n BIFAt-:
~ JO, a, ~968 P 808 -

129.
b) Li réplique de Dawud pour sauver la face -
. Elle intervint dans un contexte _.Jetavorable ; dans la. se-
conda moitit du XVIe sl~clelles investlssementa de l'Askya se raré-
tlal.ent au .moment où leurs destinataires se falsaient plus exlgenta •
La r,;ional1satlon des pouvoirs expérimentée par l'Aakya !lhAdj Muham-
"
.
.
mad ~.~~. _beeq1na d'un4 administration plus efficace, profita aux
~><::
-.Y1SI' .~,~~~drent leur autorit4 au point de constituer de v~rl­
tabla. oàIi."~pouvo1r•• ~.• pas trouv' dans les TarlJch meilleur exem-
ple que la.:personnal1t& du Cadi El Aqlb pour traduire cette r~allté ;
'. '-...
...
Sadi indique qu •••• 1111 fit r~gner la Just ice dans tout le paya et en
aucun 1 leu' du monde 11 n'eut son puoeil A cet égard ...... Cette répu-
tation ne fut pu sans expliquer certaines llb.rt~a qu'il prit dans
••• relatlons avec Dawud j un jour qu'il rendait une visite de cour-
toisi. au Cadi. l'Aakya fut malmené par le portier avant d'!tre froi-
dement reçu par El Aqib • Ecoutons le tu-ikh ;..1 fattash : ,•••• le
prince se présenta dans une attitude insinuante, humble et modeste et
se pencha pour lul baiser la tête, tandiaque le Cadi restait assis en
face de lui, à 1. manière de quelqu'un ~ui sc dispose à se lever pour
partir, et en gardant un visage sévère • L'Aski. lui se montra si .f-
fable qu'il finit par ~.douer le C~di. 1ue celui-ci se calma et que
l'accord se fit entre eux après bien des refus et des r~sistances de
la part du C~dl • La sulte de cette histoire serait longue à conter •
aussi nous .an tiendrons nous ~ ce qui prEd~de••••,1. Ces frictions zur-
venaient à un moment peu indi;ué pour Dawud ;ui voyait se retrécir ses
chances de satisi;;,.ir.: les capr!c~s de ~es cc-llolborélt:.:urs ; en effot,
les productions des =0mainoas .i-rlr>~r" i'êlUX et le;,i ri:d~v,'mces ':ers~es p~r
les populations tribut aires ?~rvf'!n.;li~n t b. ~;~o avec
1r=-ègularit':
.
-
Les f.:mafi" ch~r9és je 1;. 'J~~':i0n des d:)f(1ii.ine~ :':~;.érir::lW)·
les d.itvurn·::den t ou l~s employ.:..len t pour parf aire 10ur irndge :lut-lrè~
des partenaires lOCQu~: • ~e fut l~ cas de Mi3s~oul~1~llh ~~i ~!frit
toute 101 product.ion de Sei; rl...;.r.t.~:i,')~ ,
l'i~;:!"" d'J "i:l..• ;:;~ de D-;;;.;~~~
''''CUI-\\..'~
tJ
•. . . . , . . .•
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1. Al Mukhtaar et Kati,
1981, P 202 -

130.
une épouse qu' ii ava~t à Gao. Il ret,ira des greniers de cette
-'1
concession, 1230 30unoude riz1alors que l'Askya n'en avait pas
un seul dans sea magasins • Dans ces conditions, il lui était par-
.
ticulièrement d1fticile de maintenir ses liberalit's •
"
Des solutions de rechange furent expérimentées maia fu-
rent 11ntlt.a":dan. leurs conséquences.., parceque profondément sou.-
~s'-:~"l ..".' instruments de domination qui ne fonctionnaient pa•
• ~:{~~~menta J c'est le ca. des pillage. et autre. rapine.
or~~.~~.;,par l'armée • Dans la seconde moiti' du XVIe a, l'armée
conn~t des problèmes de commandement 1 les ordre. des officiers
étAient difficilement repercutés, la pi'taille se sentant margt-
n.lla. à l'endroit de la distribution des butins. L'enthousiasme
':,.'en.ressentait, la plupart des soldats ét."t attirés' par \\me pers-
pecti"l. d'enrichissement aisée • En plus l'Askya renonçait à
l'héritage qu'li devait réclamer après la mort de chaque soldat j
ce n"talènt plus le cheval et le bouclier qui étaient réclamé~ .
mais la totalité des biens des soldats tués • Dans ces conditions
les soldats risquaient de devenir propritté de l'Askya, perspective
qui n'était guère allèchante pour des soldats,dont la plupart
avaient intégré les rangs dans l'espoir de faire rapidement fortunE•
Ces grincements étaient pour durer car les capacités
de d4pl.cement de l'armée étaient réduites par la perte des pro-
vinces du Soudan Central : ctétaient à terme, les char.ces de re-
nouvellement de la Cavalerie et les moyens de reproduction des
soldats qui étaient compromis •
Pour fair~ face è toutes ces pesanteurs, ItAskya m~in­
tint un t~lack out" sur les o~j~ctif:: milit~irêZ ; il es~aya de
conten 1r les reprimandes de ses coll a.1:'CL·r1h;l..lr~ de pJ.u~iE.'urs façons.
En tant ~ue dépositaire 'de ltaut=ritp. Callfale, il dev~it vel1l~r
'lu bien ~tre de ses ,).è:nin i~tr~s par l~ ~i :ds :le .3C.';i 1ar'J~s:;;f'!s •
1. Soient 307 tonnes de riz. en '..lti11sant les moyennes de Joseph
Ki Zerbo qui estime à 250 kg, le contenu dtun sounou ; voir Ki
Zerbo, Paris, 1972 P 148 -

131.
Une f()ls -en possession de l'héritage de son fanfa. Moussa Saganact.ro,
"•••11 ne
.'-
.
iaiasa pas à Gao une maison renfermant un orphelin ou des
veuv•• sana les gratifier d'une vache laitière ou deux ou même dlYan-
tag•••• · I l institua un jardin-de. pauvres exploit' par 300 esclaves
et dontl.~_prodult revenait aux indigents ; en _plus, près de 1000
~onnea à:.l;la _ftai~t wanuellement versé. au Cadi El Aqib qui en &8-
.~~~-,l.~:.r'4Ctîiltr:!button_aux pauvre••
t'l ."
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. -:-'~'-ât'11eùr", le systàme de para1nage qu'il mit progres-
sivement -.,.. f·œ-ma~p..,.:~f.t 'uaUra" à DaWU(t::i~u~urcrott de léglt1mité
.upr~a d'un peuple encore aensible à l'Idée selon laquelle,l'identlté
nominale exprimait 'ventuellement l'identité partielle de nature ;1 de
ce point- de vue, la tore. vit.le et l'influence d'un parrain r4§agls-
aaient directement sur l'enfant. L'Askya Muhammad Ier l'avait ap-
paremment compris puisqutil donna à 21 de ses fils les prénoms de
Muhamm.d, Aboubacr, OUsman, Omar, Ali, Souleymane et :·1oussa ; il pou-
vait s'assurer idéologiquement une légitimité de plus en faisant de
ses successeur. potentlels~les répondants de personnages qui occupent
une poai~ion centrale dans la tradition islamique • En effet, dans
les civlli.at1ons africaines de l'oralité, le prénom formé générale-
ment d'une phrase condensée sert à qualifier la personne j il explique
et revèle l'être. Ensu1te, prononcer un prénom pc:rmet d'agir sur
lt~e, de la provoquer, de 1. contraindre à une action. Que ses sup-
ports idéologiques .ient été récupérés par la propagande du pouvoir,
rien de plus naturel; deux raisons peuvent ~tre ~oqu~.à ce sujet:
D'une part, ces références d'essence profond&ment ani-
miste constituaient pour les Asky~ soucieux d.~enr.cine~ leur légiti-
mité, un gage sérieux de réussite car le c~nMun des aœninl~trés ét~lt
dans ces conditions en droit de ·se ~econnaitre dans le responsable
supr~mp. de l'administration •
O';lutre part, à l'endroit des ul'-4":1.a, ;;r!.r:c1i-"UX c~n-'
seur~~''': r-:>uv01r, le~' Asky" ~tv.lient t.,ut i!1':~:,êl: ~. ~-';-..:ci..t:l':'.cr ~v~c
ê.ul;,rtn4: de n:- t':.etC: leur sensizll1té ~t! ~'ur ;-·':''''~c:-:c.;.''''nt ~ 1~1 ~h,*"i... r'~
1. Thomas (L.V.) et Luneau (R). La terre africaine et ses religions,
traditions et changements-, Paris, l'harmattant, 1980 P 73 -

132.
:,.:(.".
~:'.:.'~: .
~:~.:~ i'
projettant dans le présent, des symboles aussi c'làbres que Muhammad
".-'"
~~:_. ~.
-,'
.~.c:r~' Qlaar, ou.an, Ali, Souleymane et Houss. -
;::....
?'-i
.
.... ;. ",
r.... ~ :.~
~.~;.<-:- " .·_/.~::_.::~.;;.Ce.,C«lsidér.tions ont de. ch..,ces de se vérifier, le premier
f(t/~·.-:: ..~)''':~~.;1;->t;CIÏ\\~7 •• 1'tlt1mité sur Wle d1gnité Ca11f.le à laquelle
.
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~-: .. ".
. , . . . .
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~r.~i:3:.\\:}:::~~:::~~~~~~._~~.~~~,ent "attach&. jusqu'~ 1591 • Askya Dawud con~~Oft~é
~;;!\\~1".;.;.~:~~,.:~~~~~~~~.~lexe. e~ recour. aux mimes procédés pour ne
,,!~f:::.; -< ·Po1Qt:~ê~<'an.:lt.,onymat
1 sur 28 prénoms recena'_ dans le Tar1kh
~}r···
·~·$\\i4ajt:~·tt-;~~·tY·t.·~·._.~~, Sina et 'Y•••' qui. n''v6quent pas ~e
.:.
ccnsoftit. 1.1_1~•• 'la .preuve restant l faire que ces cas ne sont
pa. de .1IIpl•• r'adaptations comme on sait en faire d .... s les milieux
afric.ln. la1ami_éa •
.
.
Ces dlff4rentes ëccrobaties 'ta1ent trop partielles pour
d'boucher sur des résult.ts définitifs ; aussi Oa~rud fut-il contraint
d'exp~imenter 1& Yiolenee : en 1582, soit après 33 ans de règne, 11
assa••ina personnellement le Chérif Mohammed Ben Mozlouir pour des
r41ison'~ sur lesquelle_ le. Sources ne s'attardent pas. Pour avoir
att.qué un Chérif presque inconnu, et en tout cas moins réca.lcitrant
qu'un Cadi ~l Aqib, l'Askya donnait la pr~uvc de son engagement 4 ~n
finir .vec le rapport de force qui lu1 ?t~it imposé ; il reconna1ssait
.ussi que les ylaml étaient des collàborateurs obligés sur lesquels
11 fall41it compter •
Ces d1ff~rentes r~.ctions étaient anodines et netta~ent
insuff1santes pour permettre à l'Askya de miLux Féuszlr da~s ses re-
lotions avec ses partenaires: Dawud perçut l'enjeu et 30n act1vité
m1l1taire encore fonction de la ~ysti;ue de l'espace~fut oric~tée vers
la domination de nouveaux peles économi~u~s qu'lI ~onvl~nt de~rAsc~­
ter •
a·' Oawud recherche de nouve~ux peles fconomi,ues -
.... •.._ ... , ..-.,_, ........
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1'·c.,;;(~.,ic.;.. ;:..:U~ ':~t: r.·•.J1i!~.st~ le ;n·~."t.. lnt:l·~t:, rc..;t...lnt, ,on \\:;:';.. ':~c:1for;::(..

1
[:: .
133.
·· .•wc option•.territoriales que lui imposait .a trIple responsabilité

' .
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Dawud qui avait inscrit son activité spatiale dans cette
'):~..'. ·:.;.<';é:Clnt~'J~~~ •. ~;'~Imua l préserver l'.utorité SonghaY p~tout où .on
r'~,\\
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_'. ".k

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!~~·:.:,~~i,.·,~:;~;:,fi~~~.pluaou lIloins durablement 1nst.urée • Les init1atives
~t;~~·<~:··-.\\}~~~!:~:è~~~en.·~1r.ct1.on·dU.Soudan Central et du M"lli répondaient
ç:',
.. '::, .k-~·.lI~""û~ _..pr4oc:cupatlona •
',:.-. -
.. ~
'--t~~{j~~:·~',,·.~~.:.~.··":· -
'-.
~,,~['.ti~iri\\'êJ\\"lr""~:contact. plus fluide entre le noyau Sangha) et
1•• aêft.~;<dtexp&n.la1 konom1que <160 l'Est et de 1 'Ouest -
- enrayer ouà défaut, c.naliser les relents de restauration
politique qui y ont cours •
1-1 Au_ Soudan Central
Le Soudan Central conna1t dana la seconde moiti~ du
XVIe siècle, des débuts de restauration politique dont on a pa iOp-
précier l'élan au aornou grlce aux témoi~nages de Jean L~on l'Afri-
c 9 1n •
Le Kabbi:, illustre encore mieux cette donnée nouvelle,
merveilleuaement servi
par une Cavalerie mobile et une armée b1en
ravitaillée en minutions p~ les forgerons locaux • L'AsJc:ya Muhammad
qui fut contemporain de cette reprise, 5 'empressa d'en profiter en
sollicitant le conCO'IrS du Kanta du Kebbi ; c'était pour r~un1r de
son ceté les meilleures chances dans ses d~nlères attaques contre
le sultanat de l'Air •
C'est sous Dawud 4ue le Soudan Centr~l r~dev1nt un~
préoccup'!tion de Gao et re':rouv'=t l'i::'l.portanr:e: -:u. lui a'ri~ :-t·::·:~:-1ée
son père .1 Les 3ttaques r~?rirent <.:/; 1552 .:nnt::-~ l""!·:::.:lt"" :<'Jh~-;,,"d
qui a..,z.it r0gné 9~ns interruption depul~
2
1515.
;"lJr ." :·...·.... ir PNS
:o:>bt..:nu de r6sultw.':.: d~:.::!.,;:;:t~.. , Ja....'J"! F'l~': ,::cn":.:-:.i"":t de n':gocisr ~n
1554, :~mç.;.,"': ~·;~c l,.
f(:~.~:'JG ;;l1-:'::':-P,:, .::~>....:- :-' ..x .... :'..11 :1= lui don,,:>
j ""--i'"
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1. Nous faisons pour le-moment l'économie des expeditions faites
dans la même direction par Muhammad Bounkan (1531-1537) en attendant
d'y revenir dans la quatrième partie •
2. Djibo CH), Niamey, I975, P 56. Voir aussi Palmer (H.R), The
Bornu, Sahara and Sudan, I936 •

·.'-_._-_.- ...--_._.- - --_.. _... _-
134.
Pour des raisons propres ~ son fonctionnement, l'arm~e
n'était plus A mIme de se mesurer à un~dveraa.ire de la tAille du
Kant. 1 l'.venture 4tait trop risquée car rien ne gtlrlil"ltiS3a1t que
16 Kebbl serait le seal ennemi ~ affronter, les pouvoirs voisins
'en pa••e de" •• reconstituer militairement, trouvant intérlt ~
forme~ une, coalition contre 1. menace Sangha} qui était pesante
depuis, la premi~re décennie du XVIe s. Dawud courrait donc le ris-
que de se retrouver dans un énorme gulpier comme le laissait pré-
. tager d'a11leurs, l'issue de la mission confiée 'lU Hl Ko! Ali
Doudo en 1554 : il fut, ~ la t@te des 24 meilleurs cavaliers du
songh~, submergé par 400 cavaliers du Kataéna venus de Libtl
" ••• l'es vainqueurs -4§crit Sadi - prirent soin des blessés et les.
combl~rent des plus grandes attentions j ~uis ils leur donnèrent
.~
la libert' et les renvoyèrent à l'Askia D~oOd••• 1t
Les comptes que
ces rescapds firent à l' Askya durent le ramener A plus .. de réalisme
politique et le convaincre que plus grand chose n'était à .ttendre
des attaques et que la négociation leur étAit de loin préférable •
Ensuite, la turbul~nce qui .vGit ~ta occasionnée quarante
• ans plus tet par les armées du Kanta avait fini par sécuriser les
parcours caravaniers du Kebhi, créant les conditions d'y attirer
le flux commercial en provenance de Kan. et de Katséna j c'est
pour la m~me raison que les convois organisés en direction de la
Qold Coast y furent plus fréquents • Dans ces conditions, la mo!n-
dre clairvoyance politique commandait la négociation surtout si
elle pouvait déboucher sur le contrÔlè par ltAskya des relaticn~
commerciales entre lE' Soudan Central et l~ :J,:,~d Cc.:.~t • :: •.;;:.t ce
1U'il fit, m~me ~til l~nçQ de temps à autre dc~ ~tt~;ue~ ~urpri~es
__ contre des objectif. ponctuel~ et p[--::sentant ;";1cins de dangers •
:. ~..
".
... ~
,
......
. ,
~
:"~' ',,: :f -t. Sadi (A), 1981, P 169. Voir PALMER (H. R), History of the twel~e'
~-'.'.1 Years of, the reign of Mal Idris Alooma of Bornu, 1926 -

135.
Dana ce càdre s'1nacr1t le d'~ferlement qui affecta le Bornou
dont l.a·~el.tiona coamerciale. avec Tripoly pro5p~a1ent comme
l'attestel'ac:cord pass' en 1551 entre le Mat Mohammed et.le Pacha
Dragu~ '5 les responsables de .cette promenade militaire furent chargé~
:.... ' .
..
œ ~l~,~s~ 1••..•œt.9J1•• pour y taire main basse suz1t;out ce qui
"
:--..-
;~ \\ -
'. ~
pr's.n~t,UDiftt&rlt. pour Gao • ~'..,n~ suivante, ce tut au tour
~;. ".
de. ~.~:i.~.t.r-.:··ilu.l s~c • l.··.ttaque de cette localité tait penser
l'\\a1'.:'·C~.~~Pôlitlque<i\\Ié- l'AMya Muhammad ut111aa avec beaucoup de
dl.~_t:~(.~.U·,q8nd1,.Pl"ov1nce8ymboll.ant 1•• traditions songhaJ
fut tràl.'4·aVê.#.."Î1l\\ë·~u."cequi se trouve sous Dawud J il veilla l
1. atabl1.1t'-. cette province où le N1ier bénéficie de deux crues
pu an • I l rendl~ plua ~rationnel l'investissement a9rlcol~_9.ue
SCil' pk. avait .xpk1ment' relussissant un un Fr" t . . tr~s relatif qui
aurait 't' ~pen8&ble ai l'Askya avait eu recours àla torce •
2-' Dana les provinces orientales du Mali -
Les plans d'expansion mis en oeuvre par l'Askya Muhammad Ier
en direction du Mali se sont avérés difflciles à concr~tiser ; les
provincea, du Diarra, du GaIam et du Bambouk sur lesCluelles l'ordre
Sangha» voulait s'instaurer se remettaient des d~sordres qui û-
fectèrent leur
:cohésion au point d'en fQ:tr~ des proies faciles •
Avec l'Askya Dawud. les mises considérations stratégiques
s~1mpos~rent 1 lA aussi, les @xpédltions curent pour objet d'orienter
au profit de Gao la r~organlsQtion en cours dan~ le~ provinces ~a­
lienn@s de l'Est et l'équilibre économi;ue ~ul l'accompagnait.
La première t~che a ~t~ perçue comme un~ néce&sit~ vitale
dès les débuts de l~ carrière politi1ue de Dawud ; ce fut dans c~tt~
direction qu'll joua lu preml~re carte ~e sa c3rrl~re ~lors ~u'il
n' était ~ue Kanfarl • Sadi précise lue l~ "sul tan" du : ~;-.11 ~ut
J,pcllpser devar.t Dawud '"lui n'~I~sltà. ~~s sur 10:' r:'lO~'~ns ,'- in"J'est!.::-
peur d.~ner une idée de sa puiss;:Jnce :
il 'r •••
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dans son C 3mp ~ue t~ut 301dat ;ui v,.,u~r::.1t f _,j:-;.. .;.:.r- :.)~·-:'l,'r~;;, dc':rç,oi ~
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·... c rn.:.. .. J,..?rCEt
fécal~~••• ,,1 (: • .4':.3i: là un mOÏ.:'>r: ~~;:l.::::i ~ue d,= ~tconzid-?rcr un adver-
saire m.is aussi de donner ~a preuve de ses capacités de mobilisation
1. Sadi (A), 1981
P 161 •

•1
t,:, < pour âioiIv, 1. _fusion dM. 1........11. enn_ta. 136.
I-·~··~~:~pagn•• re....U-ent .. 1549 et se limitaient pou&" l'....
i:"
Hnt1.~.:, •.. ~~,~.~-pl)ia9•• et l du expéd1t1ons 'clair jusqu'en 1559 •
~'~~. ~" 1)~~~:·-fA~~~~\\::~~~._l._ r.cour~ aux arrangement. mat:rimonlauxpour
~F;~)'..- concr=,!.t;~:~~_~.,,:,~j!~t1fS politiques dUl'aJ)l_ , ce fut à l'oc:c...s.on
~~':..: - ~f.]!~:l!~'i;~#·~I~a.~qU'11 obtint 1. ~1n de ~ara. fille '<1V-~~'~:>
;-~>:-'
~'HJ:~~:~",?",,):ï~~~?~'''''':'~êonât1tuaune sorte d4lf gage de fldé11t4/~.i-·de
r~ ..
.~~t~~~~];~~~-~~.*~~i{~}~:~·~PI1a entre. 1.. deux ~v.-il~S '•.Mai•.1~~.·~ ,
~"
. ~~~)j.;'~~'-dH$~~·~~-·· ce. arrangements furent v1te caducs tan~~
·r·'*::::, ~.. ~.::.J~;A.::~;··~/~, ·,,.J-~·~,,:; .•,:...v
",,"\\.,
.
'
....
. 4tàl....t.~.lftCdl\\ê1ïl~~•• le. prétentions des WlS et des autre.' .~~;"$"
A partir de cette date, l'Askya mobiliSQ plus fréquemment
.,
~
-.-
qua par le passé ; il réagi t ~n cinq occasions et dut"- reprocb~ .~
l'administrateur El ~~ine qui ccmm~ndQit lu région voiaine. sa pas-
slvlt' devantdea m~~aces qui planaient zur l'esp~ce 0conomique do
Jenne •••• Nous t'avons placé à l~ tête d'un district et tu ne le
surveIlles pas car les Uambara sont ici maintenant en très grand
nombre et Ils ont réussi à s'assurer des ",vantages qu'ils n'avaient
plus ••• "
La position économique de Jenné et sa fonction de plaque
tournante du commerce inter-régional s'~t~lcnt renforc~es ~n raison
d'un resain d'animation dans l'~space sén~gamblen ; dûns la seconde
moiti' du XVIe a. les trafics augmentaient : c'est le c~s de~ ~chgn­
ges d'esclaves ttua C. Cr _. _ Vidrovitch e3tirr.e à 1-10.C0C ~:.cs ;:,cur les
~eul~ P~rtu9ais .1
A l'lnt&-ieur. et en particuli<'t" sur le.a ;;;.xcs commer-
./
claux ;;ren-:"U6 t ~n écharpe le cours de l::. Gc.Hnl.;i·', :!.' ')1-"; :.:".i,:.;:.: tion '=0;.,-
:nerciille précéde:r.I"'l.~nl: amcrcée se confir'~'.:.>l:. p.;:.r l~ '/it'.litC de

:>eb:.ncoo, C~nt ~r, J~;.::m-'n ~uréa, Sutuc:,," :;lU rel~ jU':'1U' '~::"':"r= secon-
.' -r -
de 10 ;j, 1Z.0:)Ç c.ruzaècs d',:r furent
.. "'.
1. Coquery (C. V) La découverte de l'Afrique
L'Afrique noire / - - '
~_ ..fÎ.;:~.
atlantique des origines au XVIIe s. Paris, Juliard, I965, P 141 -
Il n'est pas question de prendre ces estimations à la lettre;
elles ~~nseign~nt ~ur l'~tat de morcellement politique en Séné-
gambi'.:! où L~s pilL\\ges et assauts divers deversaient sur la CÔte
de nombreux
pr:i~on" iers de guerre vt::ndus comme esclaves •

137.
traités, ce qui donnerait à rùison de 3,56 9 le cruzado, un trafic
annuel de 3S à 43 kg d'or • Ce. records furent souvent pulvér1s's
!.:."-
c~~~·.~l!area d.'''lm...da a pa s'en rendre compte en 1578 à Sutucoo
~:.'. .
oà.l1c.&'01a.• une caravane ayant un chargement ·de·..74 kg d'or •
~';;':":.
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'~~.:.:_~~\\i}: ..:'
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~~~. ~:~D~,... :,. '~_"~ ''A·;d't··i*;itih1~.···reliiontaJ.t: '.·l. 1545 .. Au m~me m~t.
i~~~:: ~'i~~~;~:'litii~-~i~ iiallenn... consolidait et se tradut.ait, par Itexpan-
;"".:
'.
' • • • • ".
.
- .". . ";J - ' . .
,- ~

'oi ·.,'- ......l;.~~~-.î'~]~â v~ala C&te' des Rivières sous la pou.s~ de l'ariste-.
> . . ,
ci"~l. malink~ hasée ~ur les hauteurs du Konyan ; elle relance les
:r'~
.~~H~~;~m~:.~...atlqu_·.ft .direction du pays Akan et de Begho, sa prlnc1-
-"
.
,·/,a1..:.4tropole c:emmerciale. 1
Elle const1tuait le débouché 'Ie. plUE
septént~lortnal'dU flux par lequel étaient remontées de la foret,
.' :'·;~·l•• ·Pr~uc::t.1()ns végétales et animales~cola et ivoire en premier
lieu 1 elle se situe aussi sur l'.ire de production et d'~change
.
2
de l'or, fréquentée par les Jula et les Fanti .. Begho et ail~u
des Tarlkh OGaupeA~ un, emplacement très voi~1n sur les cartes
n~1538 de
l'année 1588, et 1541 de l'3nn~e 1594 du Monumenta
cartographica de Youssouf Kamal •
A défaut de dominer entièrement c~s provinces orientales
du Mali, l'Askya Dawud s'employa à en exploiter les profits com-
.. rnerciaux 1 les .problèmes de fonctionnr:ment de l'armée ne le dé-
sarmèrent pas, car la réussite dans cette direction c~nditlonnait
;:.
de près l ' ~utre essûi de dominatl:on -ju golfe de Guinée ct, de la
--
"';-:~',~. 001" .Coast directement contigus ~u domaine économi-:;ue Sénégambien.
'1; ~ . "<.~ ~"'.
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~"._.~l·~ t~P.~'ori_,f.1t ~~on.~er la création de Begho à la seconde moiti&
du XVles • Ivor Wilks précise qu'elle existait déjà au XVes_et_
faisait partie d'un réseau de villes reliant les régions fores-
tières à la boucle du Niger • Mac Intosh penche pour la fourchette
1430 ~ 100 sur la base de la dOtation des matériaux découverts à
Begho voir Person Cyl, "Nyani Mansa Mamuèu et la fin de l'empire
du Mali" In Le Sol, la Parole et l'~crit, ••• hommage à R.Mauny,
T 2, 1982 P 61.3-654 ; liEn qu~te d'une chronologie africaine"
In The historian in Tropical Africa... P 329 -
- Wilks (1) n A V~dieyal trade route from the Niger to the gulf of
Gui.nea " In .J...ournal of African history, III, n02, 1969, P 338 -
~. Fage- (J. ù. ), " ::iome remarks on breads and ':r ;:;de in lower Guinea"
In J. ~;
19 Û 2,
III,
l-' f'
3... 3- j4 Î


138.
b) Pour assurer une ouverture commerciale plus durable
1°/ Sur le Golfe de Guinée -
Le golfe de Guinée a été avec la Gold Coast, l'autre directi.on
privil~giée des campagnes de l'Askya Dawud ; 9 expéditions ont été
repertori~s qui avaient
un rapport plus ou moins direct avec le con-
~le de l'animation commerciale en cours entre la boucle du Niger et
les points de vente de la Gold Coast •
Les relations d'échange y étaient déj~ actives, bien avant
l'implantation portugaise J c'est le cas pour El Mina découvert par
Fernao Gomes,., et ainsi décrite sous le rapport conwnercia1 par Juan
Barros " ••• En 1471, il découvrit dans la région dénommée aujourd'hui
la Mina, la traite de l'or. Le premier achat d'or que l'on fit en
cette contrée eut lieu dans un village nommé Samma dont les habitants
étaient A peine Cinq Cents ••• "l Cet indice
démographique est particu-
lièrement édifiant sur la place des échanges dans la vie quotidienne
des pays cetiers ; il n'est pas exclu que d'autres localités aient
existé pour constituer avec Samma un réseau commercial suffisamment
cohérent pour assurer un trafic régulier du métal jaune •
La fréquentation portugaise a donné A l'activité commerciale
un second dynamisme que l'on conna!t mieux grAce aux fouilles archéo-
logiques conduites A Yendi-Dabari (Yendi en ruines) 1 un style archi-
tectural a été mis en évidence qui se démarque très ne ttemen t des mo-
dèles architecturaux propres A l'espace culturel ambiant. C'est la
preuve d'une implantation étrangère sOrement celle des marchands Jula
ou Maraba dont le rayon d'activités embrassait l'Ouest africain. Ils
disposaient A Yendi et probablement dans les autres centres qui parti-
cipaient du m~me ensemble, de quartiers sp;Çciauy .:>:j 1.'~·.Jr..; èifférences
cul',;,'.:re-lles transparaissaien~ à travers leurs activités artisanales, et
leurs pratiques religieuses • Les traditions orales traitées par'Levt-
zion lui permirent de reconstituer un réseau de marchés comprenant
outre Yendi Dabari, Buipe, MPaha et Kafaba .2
De toutes les campagnes conduites dans ce sens et recensées
par Abderrahmane Al Sadi, trois se détachent nettement par le cachet de
parade militaire qu'elles revêtent: 1.1 s'agit de c~llps de 1549, 1562
et 1575 dirigées contre les Messi •
i .
Castro e Almeida, Les grands navi~atc~rs
~, . ~
.~,lons portu,:?a 15 . '1.1
:<'J~ i'? ': ·ju XVIe s. r-.n tholog ii~jes
:"::c l t ::.>': ~.• <'"..... T... '~ • vôrls Ducharte,
Maisonneuve, 1934, P ~03 •
'.
: ""vJo"J.'o'"
r••
:'51 :t;:) t,;:',ez
les Dagomba~lI ;:or"îh~na .,
U._
'.~.
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C',,:,
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' :
,,"
,
ln ,"nr1èJ.les ë:cono. ~ociet•..:-
,ivili5at., n04,
~:;':):~.
- ' -

.' "
139.
Ellee dev~1ent . rr~lcver du m~me ordre de pr~oc~upQtions ~ue le~
précédentes démon_strations par le bi.::;,is desquelles, 330 v?ulalt ü..!-
firmer des prétentions hégémoni~ues~.:l1ora que le~ mO:icn: de ll!~ i:lat":'-
riàliser manquaient ; ces parades militaires avaient leur utilité
d'un point de vue psychologique ct dev~l~nt ~n cas de succ~s éviter
à Dawud d.'engager l'éprC'uve de force iolvec les Hossi qui avaient d&.-
pa.s' dans la seconde moitit du si~cle, leur état d'ecniettement et-
s'mposaient comme interlocuteurs de taille •
L'activité marchande ainsi convoItée fournissait des bén6-
fices substantiels que les pointages de Pachecho Per~ira confirment
pour Ax1m 1 de 30 à 40.000 doubles d'or 'i furent produits par an dans
1. première décennie du XVIe S j ces niveaux ont étl pulvérisés par
El Mina,Jtl. production atteignait certaines années, des pointes de
1'O.OCO doUbles d'or .fin gr!ce à l ' :ippor': :1~s mines voi.:;ines de Guins~
et du Bondougou •
La région était enserée dans un rp.seau commercial eradiant
dans deux directions fondùmcntales • La pr~mi~re r~li~it les villes
de la boucle du Niger à celles de lQ cete par le relais des points
de rupture de charge de la lizi~re forestière • p~ la seconde, s'or-
ganisaient les ~changes entre les villes du golfe/et celles du Soudan
Central suivant une orientation Sud-Ouest - Nord Est •
Du Nord au Sud du premier ensemble, l'ùctivité marchande
~tait dominée par la rédistribution des produits du commerce trans-
Saharien; c'est le cas"de Jenné d'où le sel en barres était ventillé
en direction du Bondougou et des pays mossi où l'or constituait un
produit de très bon aloi contre lequel Il s'échangeait • Ce sel pro-
venait des mines de Taoudéni tran~it~it par Ar~w~~, :onb~uctou et
·Jenn 6 av;mt de toucher les marchés de ccnsornnQ.t.lon o~ les pr~.fits
rialisés étGicnt exceptionn~llem~nt ~levés • Les prod~it~ de l~l~e
utl1is~s dans les :Jctivttésirtlsanùles se retr':'llv.::.L:nt "Il"':::! ~ ':a:1ni
1 "
-w.
•....
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.;:e :::-:.lt:··,···_-..:_~L ~:..:::; ·::>:~s ~,.. -~i,,:I-_-~.:_· _:"):"'. ':!'::.~ 'ii'Jer-s1f'':'-:. • :, .....::t

1
1
140.
.
'.
_ains1 que les noix ·de S.la~~ pl~s blancs et plus adaptés à ~~e lon-
J
gue conservation taisaient l'objat d'un trafic à v.ste ~chell3 ; ils
....:.
l, .
se retrouvaient à Gao, Tombouctou et Jenn·!- où l~ur consoTTU:latlon par
!....
les cercles de l'élite marchande ét~it un indice d'?is~nce ~atér~l~.
.....,..:.:,
.',> .•
... ,
Le centre commercial de Bobo jouait au Sud, un
r6le ..
comparable à cal\\i! de Jenné ; les traditions Bobo Jul.. précisent
. que l' anc;êtref~d.ateurfut une lemme mand4, ce qui constitue une
.' p~éC;l~u~. indication sur la place qu'occupèrent les échan~es dlls la
cita.,- en~.place' dU pe':lplement Bobo .1 06jà active d~8 le >We si~c:le,
. _.
t'
Bobo bên'éticiait d'une situatIon privileglée sur les axes secondaires
qui irradiaient en direction des bassins de la Volta • Son dynamisme
2
.luit condit100n& par l'intervention des march.:mds Ju1a ou <tat"sé
qui
àehemL~aient au Bondougou les produits de l'artisdn~t local: bAches,
h!ches, lances et marmites • A Bobo comme A Tombouctou et Jenné les
transactions les plus L~portantes se déroulaient dans les concession~
ce qui d&veloppa parallèlement la fonction de ~iatiQui, partenaire .
obli9~ qui apportait de précieux renseignements sur le cours des
produits ou la COte des différents marché~ environnant3 •
30bo 6t3it ~ ~nn tour en ~tr~ite connexion avec 1e3 m~rchés
messi ; elle y redistribuait les produits de l'artisanat local,
pagnes, vaisselles cuivre et laiton • elle recevait en retour des
produits de la vannerie mais surtout des chevaux et de. anes très
recherch'. pour 1~ résistance qu' ils opposent aux rigueurs c11m~ts.­
que., aux piqGre. des inaectes qui -ont très souvent bloqué la péné-
tration commerciale par delà 1. forêt •
1. Ciré-Ba (B) "Esquisse historique sur les Bobo" In L'Education
Africaine n-24, 1954, P 45 • Il n'ya pas lieu de retenir le repère
1050 choisi par Ciré B~ comme date d'arrivée du premier mouvement
migratoire venu du Mandé •
2. Voir Kwanda (A) -
pour le doctor~t de Je cycle, Paris l Sorbonne 1984 -

141.
Les pointages effectuées QU 3iècle dernier par l'explorateurB1ngcr
!
"
pour n'être pa. transposables d~s notre cadr.e_.
chronologique pour les
ralsons ~oqu4es dans la critique des sources, n'en donnent pas moins
une ld6e de ce qu'ont pa Atre les trafics en direction de KONG, l'autre
partenaire dont Bobo assurait le ravitaillem~nt : 303 porteurs, 62 ~nes
poI:'teurs, 12 bOeufs porteurs pour 7.344 barres de sel, 648 paniers et
1.278 charoe.·~1 Ces relev4s'n'1ncluent pas le~ trafics des routes
dites secondaUe.au XXXa'8 et pratiquées par des convois plus lourds
et ~itant pour cette raison, les terrains accidentés •
L'or intervenait aussi pour une part non négligeable dans les
&:hanges de cet espace; il provenait des mines de la rive gauche de la
Volta où l'exploitation était déjA en cours à 1. fin du XIVe s, commê
l' ~tablit la datation au C14 des matér~aux mis A jour par -KethlaCJ'" dont
'or-dans
le. ~l:"• .,.ll,Plu1:. ~r: 1..~..~xplt..~t.1:1~n ~
la va.llée de la Volta. Cette
limite chrono.ugique pourrait ~tre rabaissée, si les hypothèzes de
Susan Keech "lac 1ntosh sur une probable assiml1atlt»n. ~u iJangara des
sources arabes avec le Papolua des cartographes médlevaux étaient con-
firmées • 2 Ces placers pourraient se situ-::r dans ln boucl,: du AUger, ce
qui n'est pas L~compatl~le ~vec la dat~tlon de Jenne Jeno où les fouil-
les de Nac Intosh ont mls ... n ::'vidence un ~:nsemblr:: ' .•r:bain de
33.
hectar•• ;
déjà.' .:actif
entre
4oo} et
geo, Jennè
':eno
a
pa .•
1. 81nger (L)- Du N~ger au golfe de Guinée par le pays Kong et le Mossl..
Parls, Hachette, 1892, Tl, P 372 • Les fouilles entamées par Vlctor
Tiegb' Diabaté à Kong pourraient préclser davantage le r~le de ce centre
commercial dans les échanges entre la savane et la forêt • Dlabaté (V. T:
La région de Kon.d'après les fouilles archéologiques. prospection, pre-
.
~j"'ll cJi "'5
miers sondages; de recherches - Thèse pour le d9Ctorat de 3e cycle,
Paris I, 1979, 299 pages •
2. M. Intosh (S.K) " A reconslderatlon of Wangara ~Papolus, Island of
gold" In J.A.H. n·22, I98I, P 46 • Les fouilles conduites par Bedeaux à
Toguere Doupwill et Toguere Galia, situc~t leur occupation au XIe-XIles,
ce qul est un précieux indice de l'existence probable d'un réseau ur-
bain dans la boucle du Niger : une extension mais surtout une meilleure
coordination des recherches archf~logiques dans la boucle du Niger
s'imposent pour une connaiss2nce de l'urbanistique Cuest-Africaine à
l'époque précolonlale. 'Icir 3edeaux (R.A) et Alii, "Recherches drch!~o-
logiques dans le dclt
i:-"t 'rieur du .Niger-" In palaeohistoria, XX, 1978,
k-'
186 -

142.
profiter des activités d'extraction et r'unir une population de
plusieurs milliers d'habitants.
Le tableau qui vient d'Atre présenté pour incoNPlet qu'il
soit, ~n.ei9ne sur le sens stratégique très élaboré dont fit
montre l'Askya Dawud, en réunissant de son cat', les chances de
~iner l'en• ..o1e commercial Golfe de Guin'e, boucle du Niger.
Re.te A savoir ce qu'il en fut de la Gold Coast.
La seconde direction dans laquelle sont engagées les para-
des .ilitaire. de l'Askya relie la Gold Coast au Soudan Central;
sur cet axe, la reprise cOMmerciale remontait à la pr. .i~re moi-
ti~ du XVIe s pour des raisons de s'curité précédemment 'voqu'es
à propos de l'expérience politique du Kanta •
Les Maraba furent à l'instar des Jula à l'ouesyd'actifs
animateurs de. 'changes entre la Gold Coast et le Soudan Central.
Le sens de la solidarité qui leur fut reconnue-,d- leur applica-
tion au travail assuraient aux Maraba les meilleures chances de
réussir dans le commerce inter-régional • Au XIXe siècle, Binger
en fut un t'moin attentif et mit en exergue des qualités qui
étaient censées se retrouver trois siècles plus t6t tant était
crucial l'enjeu commercial.
ft • • •
Ces gens m'ont paru travailleurs, sobres et pos-
sédant les qualités nécessaires pour faire d'excellents marchands;
ils possèdent en outre l'esprit d'association à un très haut degré,
1
s'entr'aident et sont mAme très serviables pour l'étranger ••• " •
Leur implantation était- donc très importante dans les principaux
marchés ponctuant les axes commerciaux o~ ils intervenaient ;c'est
le cas à Kong où le quartier qui leur ~tait affecté a survécu sous
l'appelation dp. Marrab~sso\\J
• C~tte ville devait être le point
d'aboutissement de la coulée J1~ mercantile haoussa à l'échelle
1. Binger (L), 1892 T2, P 143 -

143.
du Soudan occidental •
Dans le sens Gold Coast Soudan Central, les convois se compo-
.aient principalement de cola destinée à la consommation de Kano où
elle arrivait dan. le. . .illeures conditions de conservation, trois
MOi. après sa cueillette ; la valeur de. convois était renforcée par
une ~artie de l'or produit dans les bassins de la Volta et par les
. .cl av.. 'changé. au .arché de SaI aga •
Dan. le sens oppo.', le sel dominait la valeur des convois
il faisait l'objet d'une large diffusion mais touchait en premier
lieu le. paya MO•• i où la deMande dépassait de loin l'offre. La
aecende rupture de charge intervenait à Salaga, d'où le sel prenait
d'autres directions, notaMMent celles où des produits d'un bon aloi
1
Cor, captif. ou animaux de boucherie) supportaient son échange •
Les convois comprenaient aussi des produits de l'artisanat de Kano
et Katséna : couvertures, pantalons et divers boubou teints à l'in-
digo auxquels s'ajoutaient des articles ouvragés en cuir et en cui-
vre • Leur distribution s'effectuait en priorité à Salaga et acces-
soirement à Yendi qui se trouvait ainsi intégrée d'na un réseau com-
2
mercial à rayonnement international •
Salaga avait une fonction de centre éco~lque régional bien
.ervi par l'activité des Maraba et des Jula ; la Conception architec-
turale de la ville s'en ressentait et relevait divers niveaux de
fortune. Le marché de Salaga regorgeait en produits de luxe ramen's
par les marchands haoussa : étoffes, parfums, sabres, papiers y
étaient d'un usage très fréquent contrairement à la cola malgré la
proximité de ses zones de cueillette. Cela tenait à l'inexistence
sur place de produits suffisamment côtés pour en supporter le coOt
d'échange.
1. Bernus (5\\ et Gouletequer CP', "Du culvre au sel-Recherches ethno-
archéologiques sur la région d'Azelik."
In Journal des Africanis:es-
T46, 1976, PP 7-68 -
2.Binger retrouva au XIXe 5 C~ l-ayonnement d~ Salaga : il y connut
des personnages d'horizon~tr~s divers: le chérif Ibrahim originaire
de Tombouctou ; Elhadj Mahama Hatti originaire du Bornou et Elhadj
Djeberi qui eut l'occasion de séjourner en IRAK.

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....-;l·c
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e.C
4
c.J

144.
Il ressort des considérations qui pr~cèdent que_ les options
-.---ml1i taires de l' Askya Oawud ~taient li~es au besoin de con\\:r~ler
_l'activit~ marchande qui se d'roulait d~ns la p'riph~rie de la bou-
cle du Niger; les pressions qu'il subissait de la part de ses al-
~
liés expliquent aussi l'eMpressement de l'Askya ~ dominer de nou-
veaux p&les 'conomiques •
Du point de vue de l'organisation de l'espace, ces dif-
f'rente. interventions n'ont pas eu de cons~quences majeures~excep­
tés quelques colmatages administratifs qui n'entraln~rent pa. de
",ain .i.e durable sur les r'gion. où ".&;b.:.. ,. furent exp'riment'.~ •
Le .eul fait nouveau augurant une mutation de l'espace Songha', tient
l
l'orientation de. campagnes en direction de. zones forest~res ;
elles n"taient pas promues à un avenir pour Gao qui devait ~ce.-
sairement compter avec ses propres problèmes militaire.
"'
s'accentuant
au moMent où les arm'es se reconstituaient au Soudan Central •
En supposant un instant, que ces donn'es pol'mologiques
ne l'aient pas impressionné au point d"mousser son enthou.iasme,
l'A.kya Oawud ne pouvait manquer de changer d'attitude pour tirer
les meilleur. bén'fices d'une animation commerciale à laquelle il
était
'sensible: une attitude résolument conciliante s'imposait
qui n"tait pas assortie de desseins de domination. Là aussi, la
convoitise de nouveaux p~)es économiques par Oawud n'eut pas de ré-
pondants au plan de la configuration spatiale du Songha~ •
C'est pour toutes ces raisons que nous hésitons à quali-
fier d'apogée la gestion de Oawud conçue sous le rapport spatial ;
la mAme reticence vaut pour l'Askya Muhammad Ier • La cartographie
du Songha) est loin d'Atre homogène sous leurs gestions respectives:
deux temps doivent Atre individualisés • Une phase de poussée spa-
tiale se traduisant par un Cap plus ou moins durable sur les pro-
vinces tin"troph.~-dU Mali et des constructions haoussa 01J un désordrf!
politique s'ajoute ~ un blocage administratif pour leur ôter les
moyens de riposter dans l'immédiat.
Une autre phase de repli survenait au moment où les
Askya subissaient des pressions internes qui les placèrent dans une

145.
situation trop-inconfortable pour l'endiguer. Cette d~composition
de l'expérience spatiale des Askya Muhammad et Oawud en phase d'ex-
tension et de recurrence semble mieux convenir que le recours au
concept d'apog~e recouvrant des réalités très complexes mais aucun~­
ment assimilables •

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QUATRIEME PARTIE - ESPACE r.T CRISES
INSTITUTIONNELLES AU SONGHAy :
1528.-
1542
,
1582
_
1590
...

146.
Quatrième parti~'-: Espace et crises institutionnelles au Songha):
1528,.. 1549 - 1582 - 1590 -
,
-
Introduction -
L'4volution politique du Songha~ est Ma~quée au XVIe siè-
cle par une pha.e de relative stabilité dominée par les Askya
"uhammad et Oawud
à laquelle fait suite une seconde, riche en
4preuves de force entre de très nombreu. pr'tendants à la dignité
royale. La personnalit' des différents acteurs a incontestablement
déterMiné cette séquence historique; elle n'est pas la seule
force motrice: les difficultés institutionnelles paraissent
déterminantes comme causes des assauts entre candidats •
La quatrième partie de cet essai se propose de situer
dans un premier chapitre la nature de ces difficultés avant d'en
mesurer dans un second, les retombées spatiales •
CHAPITRE l
La gestion des héritages institutionnels -
AI Les problèmes de la dévolution du pouvoir restent entier~
a) Le système de transmission, un choix impossible
En passant en revue les nombreuses réformes réalisées
par Elhadj Muhammad Ier, en 35 ans de règne, on est frappé de
l'absence de normes institutionneltD~ régissant l'accés au pouvoir;
ce manque est d'autant plus surprenant que l'Askya s'avèra très
pointilleux dans la confection de l'armature administrative et de
son support institutionnel • Ensuite,. les conseils qu'il était
assuré de réunir auprès des jurisconsultes s'ils étaient consultés
à ce propos, n'engagèrent pas l'Askya dans la définition de ces
préalables institutionnels. Pourtant l'analyse des Réponses qui
constituent un précieux repertoire des états d'âme de l'Askya,
permet de constater que le projet existait et qu'il s'employa ~
lui donner forme •
Ce fut le cas dès son avènement pour légitimer la
~~pression de ceux qui s'étaient enrichis du temps de Sonni Ali

147.
sur la bas. de norme. jU9~•• contr.ire. A l'e.prit de l'I.l~ • Le
réqui.itoire e.t expos' d.ns la sixième question d.n. l.quelle,
1
l'Aaky. reproche en plus aux descendants des Z.
de continuer à
eb.erver des traditions successorales d'inspir.tion n~9ro-.fric.ine.
C·~t.it en clair condamner les principes qui dans la tr.nsmission
de. biena et de. pouvoir• •ccordent 1. pr~eminence .u trère ut'rin,
à son f i l . al~ .ü à déf.ut .u fils de 1. soeur • L. d~marche de
l'Askya fut orient~e ver. l'~limination de ces références ou plus
.iMpleMent de ceux qui en étaient les d~positaires ; ce fut le c.s
en 1504-1505 lorsque l'Askya entraIn. les Za bir benda, meilleurs
c.dres de l'arM~e dans de• •itu.tions très inconfortables où ils
furent litt~ral. . .nt m••••cr~• • Ecoutons Elhadj Muhammad 1er e~pli­
quer à son frère très peiné par l'ampleur du ca~ le sens de son
action: " ••• TOus ces gens que tu viens de voir succomber nous au-
raient rendu la vie difficile au SonghaI s'ils étaient restés avec
noua • Il ne nous était pa. pos.ible de les traIter nous mêmes comme
ils viennent de l'itre, c'e.t pourquoi j. les ai amenés ici afin
2
qu'ils tussent d~cim~s et que nous fussions débarrassés d'eux ••• "
L'A.kya n'alla pourtant pas loin dans la promotion d'un
système de transmission des biens et des pouvoirs qu'il devait adop-
ter/en tant que vicaire du grand sultan ottoman comme il aimait
s'afficher.
Les dispositions de ce système instauré de proche en proche
par la dynastie ummayyade prévoient la dévolution du pouvoir suivant
le principe dynastique. Dans ces conditions la personnalité du Calife
se modifie; il se rapproche du roi parcequ'il dispose d'un pouvoir
personnel et autoritaire • On continue à composer avec un conseil
d'~lecteurs dont l'armature est calquée sur celle qui supervisa l'élec-
1. Il s'agit des descendants des Za qui étaient tr~s sensibles aux
anciennes pratiques successorales - Voir Hama ca·, rlistolr~ traditicn-
nelle d'un peuple - Les Zarma Sonq~ar .- Paris, ?~ésence Africaine 196-
2. Sadi CA), 1981, P 125 -

148.
tian des quatre Califes orthodoxes ; 11 est vidé de tout poids
politique réel et n'a plus qu'une fonction consultative. Ces divers
amènagements ne permirent pas pourtant de résoudre les problèmes de
la dévolution du pouvoir: la crise se manifestait à l'occasion des
vacances du tr&ne, le. Collatéraux étant, au m~me titre que les
princes, décidés à accéder au pouvoir. A cette complication .'en
ajoutait une autre beaucoup plus pesante dans se. conséquences poli-
tiques ; les partisans de Ali refusèrent de reconnattre toute auto-
rité Califale en dehors de la descendance de Hassan et Husayn • Les
kharejite firent ,reuve de la mime intransigeance en revendiquant
l'autorit~ Califale sur la base d'autres considérations, dans leur
implantation syrienne et dans leurs communautés du Maghreb • L'avène-
~ent de la dyna.tie abbaside plac'e sous le signe d'un retour ~ l'as-
cendance Qurayshite ne permit pas de résoudre l'équation de la dévo-
lution du pouvoir. Parallèlement, l'autorité Califale se rétrécit
alors que les souverains s'engageaient à exercer leur pouvoir SanS
la moindre restricti.n
le Calife qui n'avait pa. les moyens d'in-
verser cette situation dut s'y adapter en accordant à partir de 934
la totalit' de ses pouvoirs au Commandant de l'armée qui fut désigné
1
.1r-ll umara •
L'institution est adoptée en Egypte, centre de l'autorité
Mamelouk ; ~~ le sultan fit élire un Calife considéré comme
le seul abbasside ayant échappé au massacre de Baghdad • En m~me
temps, il se fit délégué par lui, la totalité des pouvoirs et s'impo-
sait comme le mattre incontesté, réduisant le Calife dans l'anonymat
et ne le sollicitant que pour légitimer des souverains musulmans •
Avec l'institution du sultanat, le caractère religieux du Califat
prit plus de relief; le sultan avait une autorité qui l'individua-
lisait au point de lui faire prendre le titre d'associé au Calife.
1.rYAN CE) "Le système monocratique dans l'Islam sunnite" In Recueil
de la Soci~té Jean Bodin, 20, (1970' P 506 -

1
1
149.
!
De proche en proche et avec l'éffritement de la descendance abbasside~
-le sultanat finit par absorber le Califat comme l'atteste l'expé-
rience des Ottomans • Le principe dynastique qui se retrouve aux
diff'rentes étapes de l'évolution des formations plus ou moins direc-
tement inspirées par l'Islam, s'érigeait en norme au point d'expli-
quer le propos suivant de Jean L~n l'Africain: " ••• les Arabes ne
lal.sent poInt perdre leur coutume, qui est de prendre toujour.
1
leur origine du c6t' du père, comme il en use encore entre nou•••• "
Elhadj MuhaMmad 1er ne fit pas un choix successoral au
MOMent opportun ce qui devait créer une impasse in.titutionnelle
jusqu'en 1537, l'Askya rentrait alors de KANGAGA où son fils Houssa
l'avait exilé apr~. l'avoir déposé. Il remit à son fils Ismall le.
in.ignes du pouvoir reçus quarante ans plus t6t à la Mekke ." •••Mon
fil. Mou••a dit-il, ce scélérat m'a ravi le pouvoir royal, et en1ulte
MohaMmed Bounk.l'a ravi à Moussa; tous deux ont 'té de. v.ur,a·'
teurs • Mai. aujourd'hui c'est moi-mlme qui t'investis de la souve-
rainet' et te remets les fonctions de Calife que m'avait conférées
le Ch'rif • Tu es donc vicaire du vicaire du ~hérif qui est lui
2
mime vicaire du grand sultan ottoman ••• " • Le choix de l'Askya
Ismall n'eut pas de portée réelle, car ,1
survenait au moment où
la preuve avait été faite par deux fois/qu'il valait mieux compter
sur les armes pour acc'der au pouvoir •
Ce blocage institutionnel n'est pas sp~ifique au seul
Songhaj ; la lecture des sources portugaises permet de le décr;pter
en Sénégambie où il domine les convulsions politiques rapportées par
les voyageurs, exception faite de la formation mandingue du Kabou
où seuls les fils de princesses pouvaient r'gner, les princes s'en
1. Jean ~on l'Africain, Paris, 1898 - 1899, P 32 -
2. Al Mukhtaar et Kati, 1981, P 162 -

150.
1
tenant aux responsabilités provinciales ~~_ La dévolution des biens
-
~
et des pouvoirs était calquée suivant la filiation matrilin~4ir~
comme l'attestent pour le Cayor les traditions de Yoro Dyao ; à
partir du XVIe s, des préférences se firent pour la filiation pa-
trillnci~ et le système de transmission qui lui est assorti •
Alvares d'Almada préeise à ce propos. n ••• Le Budomel (Damel )
pour defaire ce qu'avaient fait les rois précédents et les loi.
con.ervles pendant tant d'années, fit roi de son vivant un de ses
fils nommé Budomel ••• n2 • La tendance était déjà perceptible dès
le milieu du XVe siècle/quand Alvise Da Ca Da Mosto nota après un
••i . pa••'
dan. la cour du Damel, que l'avènement du roi dépendait
du bon vouloir des admini.tr~teurs de province • Le recueil de
Yoro Dyao va dans ~e ~ame sens en f~isant le point sur la mésaven-
ture de- Dyelen, descendant de Ndyadyane NDiaye et désigné pour
occuper- l~ fonction de Bourba .3 De nombreuses intrigues firent
échouer son projet que le. administrateurs de province accueillirent
avec scepticisme, tant étaient évidentes les perspectives de fusion
poiitique Jolof-Walo qu'il supposait • Dyelen chercha à exploiter
les bonnes dispositions des Portugais pour s'imposer mais fut
assassiné par le fonctionnaire que Lisbonne avait désigné pour
l'aider à concrétiser son plan.
Il faut en revenir à l'Askya Muhammad/pour constater qu'il
ne lui ét~it pas donné de traiter ~ temps cette carence institu-
tionnelle pour des raisons précédemment évoquées en abordant les
alliances difficiles au sein du groupe dirigeant. S'y ajoutent
1. Cissoko (S.M) "La royauté chez les Mandingues occidentaux d'a-
près leurs traditions orales" In B.IPAN, f31, B, n02, 1969, P333 -
2. Cité par Boulègue (J), Paris, 1968, P 224 -
3. Gaden (H) "L~gendes et Coutumes Sénégalaises. Cahiers de Yoro
Dyao " In Révue d'ethnologie et de
So.:ioloqie, ,,~s 3-4, !9I2,
PP 119 -
137 -

151.
les consid~rations suivantes pour expliquer l'ind~termination
d'un systèMe de trans.ission des biens et des pouvoir~ •
La biographie de l'Askya Muhammad que les Tarikh pr~­
sentent, est as.ortie de celle de son frère le Kanfari Amar
KOMdiagho qui eut une carrière politique rem~rquable à plusieurs
'garda ; il ~tait Kgtalo farm~ en 1471-72 qu~nd Sonni Ali lui
confia une expédition en direction de Lollo • La tradition Son-
ghat'en fait un neveu de Sonni Ali; on se représente dans ces
conditions les raisons pour lesquelles il prit tant de libert~
dan7 le domaine militaire • En successeur probable d'un oncle
~chu, AMar devait se croire dans son droit le plus absolu, en
conduisant des exp~ditions aussi hardies que celle qui le porta
à deux mois de marche de Tendirma en 1500-1501 ; sa position pou-
vait ~ussi itre renforcée par les bonnes relations qu'il entrete-
nait avec les ulam~ du pays et par les nombreux égards que lui
signifiait son fr~re et dont l~ plus importante fut la gestion
de la vacance du pouvoir lors du pé.lerin~ge de l'Askya •
Ainsi, opter pour un système de transmission qui excluait
d'office un personnage aussi solidement camp~, ~tait une erreur
politique de taille que l'Askya évita. Il ne s'y résolut pas,
m~e ~près la mort de Amar survenue en 1519 ; s~ m~rge de man••uvre
ét~it encore réduite, l'essentiel de ses décisions politiques ~­
tant iR.pirées par son conseiller Ali Fulan qui n'a jamais cach~
ses sympathies pour Amar Komdiagho et ses f i l s . C'est lui qui
supervisa en 1524, l~ nomination de Balla, fils cadet du Kanfari
,
Yahya au poste de Beng. - farma ; le titulaire de cette fonction
faisait l'objet de très nombreux égards: on battait le tam-tam
à son passage ; le Commandant des armées et les princes présents
à Gao devaient descendre de leur monture pour le saluer •
Cette nomination fut très lourde de conséquences
parcequ'elle bouleversait une tradition très ancienne en assurant
la projection d'un cadet alors que des aînés aussi ambitieux
étaient en lice: le tarikh Al fattash dénombre 35 fils de l'Askya
Muhammad qui avaient de bonnes raisons de briguer le pouvoir. Ce
nombre impressionnant de princp.s résultait d'une politique matri-

152.
Moniale délibéremment mise en oeuvre, pour créer une homogeh~r~~
grande au .ein de l'aristocratie dirigeante: la concentr.tion à
Gao d'épouseg, d'artistes venus des horizons les plus divers, ét.it
un moyen d'instaurer un cert.in consensus indispens.ble à 1. conti-
nuité administrative. C'était aussi ouvrir la voie à d'inévitables
problèmes institutionnels, ch.que prince pGuv.nt réclamer l'.utorité
en évoq~ant un systèMe de tr.nsmission des fonctions et biens qui
n'était pas forcé.ent celui de• •utres •
Il faut y .jouter 1. trent.ine des fils de AM.r Komdiagho
pour prés.ger de l'imminence d'un bloc.ge institutionnel mime si
l'Askya ."tait ém.ncipé des manipulations de son conseiller Ali
Pul.n • En effet, MuhaMM.d Bounk.n en tant que neveu le plus 'gé
de l'Askya Muh. . . .d Ier, .v.it de sérieuses raisons de convoiter le
pouvoir: ;1 outre s. position privilègiée de neveu, il .v.it reçu
son éduc.tion auprès de S.lih Diaw.r., faiseur de mir.cles confirMé
et membre influent du "brain trust" que l'Askya consultait reli-
gieUSeMent •
On se trouvait donc dans une situation bloquée, dàn~
laquelle l'Askya Muhammad avait des raisons de faire l'impasse sur
la définition de c.dres juridiques déterminant l'accès au pouvoir.
Une altern.tive existait et ne fut exploitée que par ceux des pré-
tend.nts qui ét.ient pr~ts à braver toute une tradition politique.
b/ Les coUPS de force comme alternative à l'impasse institu-
tionnelle -
Dans de telles conditions les plus avertis des princes
1
perçurent une autre éventualité; Moussa fut le premier à exp~ri­
menter la force plaçant près de 60 conc~ents dev.nt le fait accompli.
1
Il fut aussi favorisé par un concours de circonstances car les mi-
lieux encore sensibles aux principes et traditions politiques d'.vant
1 Anfao, ne devaient pas être absolument hostiles à son projet, au
regard des normes définissant la place du roi dans l'univers .Devant
1 concentrer le plus ae force vitale pour l'exercice de ses r~sponsa­
bilités, l~ roi était bon pour 'lne mort rituelle à chaque fois q'une
1

153.
inflrMlt', expression concrète de l'inertie des facteurs de renou-
1

vellement, l'eMpachait de dominer cette force supèrieure • C'était
le ca. de l'Asky~ Muhamm~d qui connaiss~it vers 1520, des problèmes
de vue, qui avec la stèrllit4, les d~ensions entre groupes et les
cal. .i t ' . naturelles constituaient le l.t de. signe. précur.eurs
d'un ~sordre i . .inent • L'écarbtp:" du pouv.lr A d'faut de le Mettre
à mort 'tait le Melileur moyen d'obtenir .a r'vitali.atlon c.nçue
1
COMMe point d. départ d'un nouvel équilibre du c • .-os

ce ..nt prebabl. .ent ces considérations qui galvanisèrent
le prince Meus.a qui cOMMença par bloquer la cér'-onie de l'AId El
Kebir de l'ann'e 1528 ; 11 obligea le. notabilités religieuse. à
lire le prin. en son noM et • entériner la déchéance de son père •
Ce coup de force fut aCCOMpagné de ne.breu.e. repre••ions physique.
et p.ychelogiques en vu. de contenir le retour du rouleau c. .pres-
seur qui paraissait imminent tant la c6te d. l'Askya était élev'e
dans 1•• cercles de l'aristocratie.
Moussa S'eMploya alors à épurer son entourage, tuant
certains princes exilant d'autres et s'opposant avec véhéMence aux
ulama qui proposaient leur médi~tion pour faire cesser le c~rnage •
Le nouvel Askya alla jusqu'au bout de sa logique en faisant main
basse sur le harem de son père: " ••• il s'.~posa à ce que les femmes
légitimes de son père et les concubines de ce dernier se rendissent
auprès de lui et il se les réserva exclusivement pour lui m'me ••• n2
Ces agissements n'ét~ient pas pour assurer à Moussa une caution
1. Le rituel de l~ mise à mort du roi est pratiqué chez les Yoruba
la reincarnation du roi défunt dans le nouvel ~ suppose, la consom-
m~tion p~r ce dernier du coeur réduit en poussière de son pré deces-
seur, le coeur ét~nt siège de l~ personne hum~ine comme v~leur •
voir Thom~s (L.V) " L'ethnologue devant la mort (le suicide en Afri-
que) In Mort naturelle et mort violente, suicide et s~crifice-Paris,
Masson, 1972 pp 157-185 -
2. Al Mukhtaar et Kati, 1981, P 155 -

154.
dur~le et furent à l'origine d'une v~ritable lev~e de bouclierS--~âe.
la part des Ulama • Cela tient à l'intransigeance de la Sharia sur
sur l'appropriation par un fils des épouses de son père; c"tait
aussi pour les jurisconsultes, le moyen de s'opposer à la r'surgence
d'une coutume admise par les "traditions locales et ~e barrer la voie
à toute incursion de l'ordre animiste que l'avènement de l'Askya
avait t~riqu. . .nt scell~ •
Au regard de la tradition, le coup de force de Moussa ne
pouvait Atre justifi' : un fils ne peut &tre agressif à l'endroit de
son père qui symbolise l'ancatre inégaleble • Si malgré cet interdit,
l'agressivité était exerc~ la solidarit4 doit réagir pour que ne
soit pas contrariée la loi primordiale et que par voie de conséquence
la paix et l'ordre puissent assurer l'épanouissement commun.
Ces données n'empachèrent pas l'Askya Moussa de poursuivrf
ses efforts pour prévenir tout désordre politique : à son cousin et
rival le plus dangereux, il confia la charge de Klnf,ri pour le tenir
à l'écart des centres de tuburlence, mais c'était par ce biais faire
de lui le Chef militaire le plus important après celui de Gao •
Muh~ad Bounkanréussit ainsi à totaliser les sympathies de tous les
rescapés des massacres,et à déposer l'Askya Moussa le 12 Avril 1531 •
Le traitement pour lequel Moussa avait opté ne fut que
passablement efficient; celui expérimenté par son tombeur n'a pas
été plus op/rationnel. Il mérite cependant qu'on s'y arrête à cause
des aménagements dont il fut assorti et qui visaient ~ assurer ~
Muhammad Bounkaq une légi timi té tout aussi
l'1("l"ln ~es 1-~...
Le nouvel Askya entreprit dès son avènement de nombreuse5
transformations touchant les ~rincipaux instruments de l'exercice du
pouvoir. Ce fut d'abord l'armée, dont les eff~cttfs furent accrus de
1700 hommes; il utilisa une énorme batterie qui visait dans sa propa-
qande à accréditer l'idée selon laquelle,il était en droit de r6gner
malgré les proc~dés a~els il eut recours. Son programme Militaire
fut dirigé contre des objectifs que le fondateur de la dynastie avait
privilt.giés mais devant lesquels il '1'3vait
pas absolument réussi:

155.
les Mossi mais surtout la province haoussa du K.bbi qui sut tenir
t'te à l'Aakya Muhammad en 1517-1518 • Il respecta la d'marche de
son pr'd'c.ss.ur en 'liminant de la comp'tition 16 "S fils de
l'Aaky. Muh. . . .d qui .vait toutes le. r.ison. d. se mobili ••r contre
son peuvoir • MuhaMm.d BounkaQorchestra une inten•• pression psy-
chologique pour 'branler la fiert' de. princess•• qui avaient ' t '
'p.rgn4e. ; 1•• fill •• d. son oncl. 'taient .insi tenue. de ren-
contrer yan. M.ra qui leur criait qu'V ••• un seul poussin d'autruche
vaut mi.ux que cent pou.sin. de poul••••• " • Un. nouvelle philoso-
phie soutendait le c'r~onial royal et participait du be.oin d'i.,e-
ser un. l'giti.it' douteuse; ell. ne saurait se r'duire A la bana-
lisation dO. A Cuoq pour qui, tout le c'r~ni.l relevai~~•• d'une
attitude turque adopt'e p.r 1•• sOngha~••• "1 C'.st .insi que Yari
Sonko Dibi à qui l'Askya reprochait son hostilit' fut enduit d.
peinture noire, rouge et blanche avant d'Itre promené en ville
sous l' ••cort. d'un vigile qui lui r'p'tait que c'était 1. rétribu-
.
2
tion qU* .éritait tout dénonciateur.
Tout. cette propagande
visait manifestement à banaliser le principe de la continuité dy-
nastiqu. A laquelle il ne pouvait prétendre dans l'immédiat, l'Askya
Muh"am..d ay.nt pris soin d'emporter dans son exil de Kangaga/les
insign•• constitutifs du pouvoir : le turban,
le bonnet, le boubou,
le sabre et le din Tour! , tison éteint et supposé provenir du
premi.r f.u allum' dans le pays • Sans ces divers arsenaux, Muhammad
Bounkaqne pouvait pr'tendre aux rites d'intronisation et de régéne-
om
ration du pouvoir qui/une importance considérable ; sans ces rites
l'avenir politique de tout prétendant était compromis car c'est
par eux que le Chef devient dépositaire direct de l'anc~tre, l'hé-
rltierde .a charge, de ses biens alors que l'homme ordinaire ne
peut avoir que des rapports médiatisés avec l'ensemble indifférenci~
gr anonyme des anc~tres •
1. Cuoq (J.M), Paris, I984 P 197 -
2. Sadi (A), 1981, P 145 ; P 150 -

156.
Les insignes du pouvoir ont une importance considérable
dans les traditions polLt!ques négro-africaines ; au Mali, le
principal insigne du pouvoir est un tambour:confectionné avec la
peau du taureau sur laquelle s'était assis le Mansa pour son
introni.ation • Au Songha~,
la conservation de ces insignes incom-
bait théoriquement au vieillard ou à la vieille femme dépositaire
du pouv6ir spirituel ; le plus ancien remettait ces étendards à
1
celui qui devait assumer la continuité de l'autorité.
Leur fonc-
tion mime diffuse n'a pas été perdue de vue le long du XVIe s ;
c'est à leur sujet qu'une vive controverse fut engagée en 1591 au
MOMent où le Hi Kot s'opposa au souhait de l'Askya Ishaq de se
refugler au Gourma après le choc des armées marocaines." •••Oh Askia
voici que tu emportes le trésor du nouvel askia J tu e~portes aussi
les chose. que n'a jamais emport~es aucun des rois de la dynastie
des Aakia déposés ou chassés avant toi : c'est nous qui en sommes
responsables et qui seront punis à ce sujet par celui qui te rem-
2
place au pouvoir ••• "
C'est parcequ'il n'avait pO mettre la main sur ces insignes
que Muhammad Bounka,s'était ali(né un surcrolt d'autorité qui ré-
duisait ses chances d'être assimilé; il n'est donc pas étonnant
de le ~rouver deux siècles plus tard, à la dernière place sur
le palm.~ des Askya les plus vertueux dressé par Abderrahmane
Al Sadi, et ce, en dépit de l'énorme propagande qu'il avait orches-
trée • Le même auteur rapporte une tradition qui renseigne sur la
place qu'occupait Muhammad Bounkaqdans les représentations Songh~.
Le jour de sa naissance,
le magicien Sonni Ali ayant constaté qu'il
L
"
avait une dentition complete)_ predit a l'Askya Muhammad
1. Hama (B) "Le devin ; temps et histoire dans la pensée animiste
de l'Afriaue Noire" In Le temps et les philosophies - Etudes prépa-
rées par l'Unesco, Paris, Payot Les presses de l'Unesco, 1978 ?185-
2. Al Muk~taar et Kati. 1981 P 2 7 4 - On n0t~ra en passant que
Mathias Corvin roi de Hongrie qui prétendait se passer en 1458 de
la superstition des insignes fut obligé de se ceindre la tête de
la couronne du Saint Empire pour endiguer la contestation qui avai~
mal assimilé ce comportement très bizarre - Voir Guenée (B\\ Paris,
1971
,
P 143 -

157.
" ••• C'est toi, 0 Maa-KeIna qui seras le seul à en souffrir et tu
verras plus tard le mal qu'il te fera et-a tes enfants ••• "
L'Askya Muhammad Bounka~~
appréciA
le pouls politique
de son entourage et ne risqua pas d'affronter les princes qui s'é-
taient réunis autour de I.maXl, dont l'avenir politique avait été
garanti .,..,. l' Askya MuhaJN'ftad 1er dans les circonstances plus haut
pr'cisée. •
Mais cette confirmation ne remettait pas de l'ordre dans
les normes présidant la dévolution du pouvoir: il était désormais
acquis que mieux valait s'am'nager de. ba.es militaires pour s'as-
surer un avenir politique stable et durable. A cette donnée .'ajou-
tait une autre tout aussi déterminante dans ses conséquences poli-
tiques: il s'agissait de l'entente qu'il fallait promouvoir avec
les principaux animateurs du jeu politique • L'enchalnement qui suit
donnera l'occasion d'apprécier les accrobaties auxquelles durent se
livrer 1•• Askya pour créer cette situation après~intermèdes des
Askya MuhamMad le et Oawud •
S·/ Le groupe dirigeant au quotidien .près les AskYa
Muhammad 1er et Oawud •
a) A Gao, les Askya entendent consolider leur autorité -
Les problèmes de la dévolution du pouvoir ont eu des
échos profonds dans la vie quotidienne du groupe dirigeant après le
long règne de l'Askya Muhammad le •
Les relations d'intèrêt qui furent tissées du temps de
l'Askya Muhammad 1er furent péniblement préservées par son fils
Oawud ; elles devaient traverser après ces intermèdes des passes
très difficiles • Les forces qui agissent sur cette crise sont nom-
breuses mais les plus importantes/_ Gelles que les Tarikh nous per-
mettent de saisir dans leur déroulement multiforme tout au moins.
paraissent se nouer autou~ de deux attitudes ; elles continuent dans
des circonst~nces autrement plus tendues des frictions déjà per-
ce ptibles sous Dawud : d'une part les dépositaires ~o \\'a"tor",to'· :. '1At:J

158.
da l'autre/leurs ,.rtenaire. pour la·plupart jurisconsultes principa-
lement actifs à Tbmbouctou et Jenné •
Les Askya de la seconde et troisième génér~tion qui rl-
gnèrent après 1528 et 1582 continuaient à rechercher le crédit que
le relatif consensus des ulaMa ~vait valu à Elhadji Muh~m~d Ier et
Dawud ; il. ne s'y prenaient plus avec la mame application parcequ'
ils n'y 'taient pas préparés mais surtout p~rcequ'ils avaient com-
pris qu'un renforcement de l'autorité pouvait Atre obtenu à des fr~is
moindres •
Les r~isons suiv~ntes peuvent Atre évoquées pour comprendre
ce brusque revirement que l'on constate dans l'~ttitude des Askya •
Les concessions qui valurent ~ux ulama une situation des plus envia-
bles du temps de Elhadj Muhamm~d Ier ou Dawud, n'étaient pas recon-
ductibles tant étaient réelles les difficultés pécuniaires du groupe
dirigeant. ~a Les chroniqueurs n'~ient fait ét~t de l~ moindre con-
cession de terres ou de population suffit pour donner une idée de
l'impossibilité dans laquelle les Askya étaient d'observer la même
~ttitude que celle de leur père. A cel~ s'ajoute une instruction
islamique ~fti~~udimentairequi rend~it les Askya peu permé~­
bles ~ux discours et aux représentations ment~les sur la base des-
quels s'étaient tissées les rel~tions entre partenaires du groupe
dirigeant. Ainsi, les privilèges suscitéJet entretenus par de tels
mécanismes n'étaient plus g~rantis ; ils ont été en cert~ines oc-
casions ouvertement transgressés entre 1528 et 1549 • Les p~ssages
précédents, ont été l'occasion de constater les libertés prises dans
ce sens p~r l'Askya Moussa et qui pouvaient traduire son souci de ne
point endurer de la part des jurisconsultes/les traitements auxquels
ils sou~irent son père •
Une attitude similaire fut reconduite par l'Askya Ishaq
qui n'avait pourtant pas les mêmes ~aisons que Moussa de craindre
une immixion des Ulama ; son règne était parfaitement légitime, car
l'Asky~ Muhammad I~r avait pris soi~ cte légaliser l'avènement de son
prédécesseur. Ishaq n'en ~lJt pas moins un comportement hostile qu'4'
avait affiché dès 1530 alors qu'il n'ptait que Sena farma ~ il

159.
accueillit avec une vive hostilit' la m'diation que proposait le
Mori Kankou pour r'tablir l'entente entre l'Askya Moussa, le Bara
Kot et le Dirma Kat. " ••• C'eut été moi,
j'aurais tué le Cheikh sur
-
1
l·heur., eusse-j. dO pour cela demeurer éternellement en enf.r ••• "
Cette f.~et' 'tait encore de mise lorsque l'Askya Ishaq s'attaqua
aux r ••pon.abl•• d. la mosqu'. de Jenn' à qui il reprochait d'avoir
lais.' .·.-onc.ller des ordures en un endoit peu indiqu' pour cela
c·'talt en 1541 • Le. exigenc•• de .a politique le conduisIrent à
.·lnt'r••••r d. trop près aux actIvités d•• marchands/dont 1. plu-
part 'taient très li~. au milieu des Ulama ; Mahmoud Yaza, ancien
chanteur fut charg' de la tâche et s'y adonna avec un zèle que rap-
pelle le Tarikh Al fattash : " ••• Ce Mahmoud faisait con.tamment la
navette entre TOMbouctou et Gao • Chacun selon ses moy.n. 'tait
obllg~ de luI donner ce qU'11 exigeait et personne du vivant du
prince n'osa se plaindre tant on redoutait sa cruauté ••• "
Le pr~judlce ainsi caus~ fut estim' à 70.000 pièce. d'or
ver. 1549 • De tels agissements n'étaient pas pour présider à des
relations sereInes avec le groupe des marchand' s et des intellectu.l~
l'Askya ne n'g11gea rIen pour obtenir leur appui, tout en restant
conscient des risques de dérapage qui pouvaient à chaque instant lui
faire revIvre l'expérience de son père.
Des d~marches dans ce sens ont été effectuées en direction
des partenaires marchands et intellectuels de Jenné • Ishaq voulut
leur tâter le pouls après l'impressionnant ratissage des parcours
commerciaux qU'il supervisait; de retour du Mali, il prit devant
les Ulama la résolution de punir l'administrateur qui se serait le
plus d~signé par la rigueur de son exercice ; le jurisconsulte
Hahmoud Baghayogho ne rata pas l'occasion de charger avec une rare
violence verbale " ••• Nous ne connaissons ici personne qui soit un
plus grand oppresseur que toi, car tu es le père de tous les oppres-
seurs et ceux-ci n'existent que par toi ••• Si donc tu dois mettre
1. Sadi (A) 1981, P 141

IGO.
quelqu'un à mort commence par toi m'me ••• et hâte-toi de le fa1re •• ~
Ishaq fut très ébranlé par ce discours qui fal••Lt de lui un vul-
gaire comManditaire des exactions frappant les populations ; il sem-
blait cependant conscient de la n~cessit~ de limiter les dégâts ;
aussi s'engagea-t-il à nommer de force le m'me Mah.~moud Baghayagho
au poste de cadi laissé vacant par la mort de son titulaire: l'oc-
casion de l'introduire dans le circuit administratif pour une éven-
tuelle r'cup(ration, était trop bellé pour ne pas 'tre exploitée

Ces tentatives difficiles de rapprochement avec les milieux
de TOMbouctou et Jenné se retrouvent après la relative stabilité réu~
sie par l'Askya Dawud en 33 ans de règne. Nous nous en tiendrons à
l'exp'rience de son fils Elhadj - homonyme du "grand Askya" - qui
fIt alterner un besoin sinc@re d'alliance et une détermination à
contester l'inviolabilité des partenaires du pouvoir central. Ce
choix ne surprend pas trop s'il faut considérer comment son père
Oawud avait été malmené par les Ulama. le Cadi El Aqib en particu-
lier. A la mort de ce dernier, l'Askya Elhadj qui venait d'accéder
au pouvoir par le jeu des c&teries, s'opposa pendant 17 mois à con-
firmer·son fils Abou HafJ Omar, risquant de rompre ce faisant, une
tradition vieille de plusieurs générations et qu'épargnèrent soi-
gneusement ses prédécesseurs • Les contextes ayant évolué, il était
prudent que l'Askya prIt ses précautions avant de promouvoir un cadi
qui pouvait embolter le pas à son père et constituer un véritable
contre pouvoir. Pourtant comme quarante ans plus tôt avec l'Askya
Ishaq, la rupture était difficile ~ envisager, Elhadj ayant besoin
du concours des instances judiciaires surtout lorsqu'elles dénou-
aient à l'instar de Mahmoud Baghayogho qui s'était porté volontaire
pour gérer la vacance de la charge, des conflits qui risquaient de
dégénérer •
1. Al Mukhtaar et Kati, 1981, P 167 -

~.
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-•~--•...
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--=5
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G
--
j

161.
Cet exemple montre que l'esprit qui dominait les relations
au sein de l'équipe dirigeante n'était plus le mAme ; de nouvelles
consid'rations étaient de mise qui prouvaient la détermination des
Askya à profiter de la lutte d'influence alors en cours. Il est
permis de le conatater en écou·tant l'Askya Elhadj expliquer les
raisons de son hostilité envers .Abou Hafs Omar : ".~. sans l'inter
cession de Mahmoud Baghoyogho, nous n'aurions pas nommé le cadi
o.ar et nou. n'aurions confi' à personne les fonctions de Cadi de
cette ville tant que nous aurions conservé la vie et le pouvoir •••
Si l'Askya Elhadj avait risqué l'épreuve de force c'est sOr. .ent
parceque le groupe des jurisconsultes avait. perdu en coh~sion ;
on n'en doutait plus en 1584 lorsque Mahmoud Baghayogho dont le
désinteressement et l'honAteté étaient unanl~ftt reconnus, était
l'objet de dénonciatio~virulentesde la part de collègues dont il
rec.nnaissait le style dans les messages qu'on abandonnait à
l'endroit où il rendait ses jugements. Il leur était dans ces
conditions assez difficiler de préserver un charisme grice auquel
ils avaient réussi' à aplanir de nombreuses contradictions et à
étouffer des contestations • Les administrateurs les plus avertis
perçurent ce début d'effritement ~t n'hésitèrent pas ~ braver l'au-
torité des Ulama ; ce fut le cas du KAbara farm. Alou qui opposa
une fin de non recevoir aux injonctions de l'Askya D.wud de céd~r
à l'Alfa Kati des domaines relevant de sa gestion.
Ces nouveaux calculs politiques ne laissèrent pas les Ulam.
indifférents; les profits que cectains d'entre eux tiraient des
activités marchandes étaient~Eels pour ~tre affectés sans susciter
de réaction d'auto-défense.
Ceux qui ne prenaient pas directement part aux échanges,
remplissaient des charges publiques s~ns granrl ~ntholJsiasme ~n
raison des grincements qui dominaien~ leurs rappor~s avec ltAskya.
La réaction qui ~n découla fut très sen~ibl~ ~ Tombouctou et Jenné
où elle se sur-imposa à des qu~relles d~ personnes pour sceller la
bipolarisation de l'espace Songhay quelques années avant l'invasio'
marocain~ cie 1591
nous y reviendrons en abordant: les essais de
ré-centrag~ spatial mis en oeuvre pas les As~ya •


.
.
.. .
... ., ,
r
I62.
CHAPITRE II : Les essais de ré-centrage spatial pour une
entité Songh&y plus homogène -
Les difficultés quotidiennes qui ponctuent l'exi.tence du
groupe dirige.nt de 1528 à 1549 et de 1582 à la conqulte marocaine, ont
une incidence spatiale que le présent chapitre propo•• d'examiner en
deux t ....p. •
D.n. un premier enchaln.Ment, il apparalt que les ax•• qui
dominèrent 1. politique .patiale de l'A.kya Muhamm&d Ier en direction du
Soudan Central sont repri. ; il en est de m'me de l'option sénégambienne
qui retient l'attention de . 'Ishaq Ier, Muhammad 8ani, et IshAq 2 • Il
ne s'agissait plus dans ces deux cas de dominer une quelconque entité
politique mais bien plus d'oeuvrer pour maintenir entre Gao et les pro-
vince. de l'axe Tombouctou Jenné, un courant culturel et économique in-
dispensable au renforcement du pouvoir dirigeant •
Le second volet de ce chapitre est l'occasion de déterminer
/
des objectifs abandonnés depuis Sonni Ali Ber: l'espace sa~~lien du
Nord et les mines de Tagh&z& redeviennent des préoccupations pour Gao
&u moment où - et sans doute à cause du fait que - les prétentions hé~
gémoniques des Marocains prenaient avec Al Mansur une tourn~e nettement
plus agressive •
Nous passerons en revue les fondements théorique& de. con-
frontations ainsi engagées avant d'aborder la question fondamentale de
l'appropriation des mines de Taghaza et de proposer les "limites sep-
tentrion&les"'de la Cartographie Songhay du XVIe s.
AI Un nouveau cap sur Tombouctou et les provinces occidentales
a) Pour le maintien de Tombouctou et Jenné dans la mouvance de Gao-
Pour les Askya rie la s€'cond~ et troisième génération, la
Sénégambi~ redevient un axe privf.lp.gié de la poli tique spatiale de Gao
,
toutefois les expéditions or-ganisées a cet effet n'eurent plus l'ampleur
de celles conduites au ciébut du sipcle par Amar Komdiagho . Les perspec-

I63.
tives ayant chang~ l'activit~
."
. militaire en cours ne
pouvait reconduire les essais de
·domination directe pour lesquels
Elhadji Muhammad Ier et dans une moindre mesure Dawud avaient opt~.
Cela s'explique par des pesanteurs propres au groupe dirigeant de
Gao mais surtou~ par la restructuration désormais notoire sur les
provinces orientales du Mali qui servirent de champ d'expérimenta-
tion privil'glé~ aux attaques des Askya •
Le second quart du XVIe s est marqué en Sénégambie par des
mutations politiques dont la portée a ~t~ pr~cisée plus haut ; il
faut rapp.ller que les cont acts établis avec les Européens per-
mirent aux administrateurs des provinces c8tières de se renforcer et
de prendre de plus en plus de distance à l'endroit du centre. Les
conséquences centrifuges ont été notées à propos du Jolof, du Mali
où les tendances autonomistes n'ont pas entam{
l'existence à Nyani
d'un pouvoir cohérent/s'aChant tirer partie des bonnes dispositions
des Portugais pour contenir le déferlement Peul et les assauts des
troupes Songhay • Ce nouvel équilibre ne se traduisit pas uniquement
par des réactions d'.uto-défense ; il permit à l'aristocratie ma-
linké de s'intéresser à l'animation commerciale organisée autour
de Begho •
Il était dans ces conditions pratiquement exclu pour les
Askya, de reprendre l'ancienne politique d'expansion aux dépens du
Mali ; le plus urgent pour Gao était de préserver les provinces
contigues au Mali et de faire en sorte qu'elles ne soient pas af-
fectées par les indices de rédynamisation qui s'y déroulaient. La
dernière éventualité présentant les moindres risques pour l~s
Askya, était une main mise sur les richesses des provinces vosi~es;
les preuves en sont faites sous le règne de l'Askya Ishaq Ier qui
développa une intense pression psychologique pour atteinrlre ce but;
comme plus haut indiqué, c'est sous son règne et probabl~ment sui-
vant s~s directives que Dawurl choisit de dpshonor~r le palais ro-
yal, plutôt que de risquer l'3ffr.ont~ment avec l'administrateur de
la province malip.nne de TARA •

I64.
Il veilla aussi à la stabilité des régions les plus exposées
de l'Ouest; son empressement à confier les fonctions de Cadi de Jenné
colmataae
à Mahlloud Baghayogho irait dans ce sens • Ces essais de
. .op =- ...1; poli-
tique et de recherche de butin furent à l'ordre du jour sous Aekya
Muhammad Bounkan Ben Oawu4,soit un quart de siècle ~près Ishaq Ie9il
les . i t en forme au Macina où les d~sordres caus~s furent immortalisés
par le. chroniqueurs •
Muhammad Bounkan Ben Dawud justifia son intervention en
~voquant les dommages que les Peul lui avaient fait subir en attaquant
une de ses embarcation. : les v~ritables raisons pourraient être liées
au souci de refaire l'autorité Songhay sur le Macina, où l'éMergence
du fpndoko Ibn Harya~ s'était traduite p~r la contestation du !!!!
Ch, repr~sentant le pouvoir de ItAskya • La présence d'un Kll~ Cha
appartenant à une ethnie différente de la leur,figea l~ position des
Peul d~jà suffisamment ~ffect~s par la rigueur de Sonni Ali, et celo.·~'
plus subtile de l'Askya MuhaMmad.
En 1588, les campagnes contre les provinces limitrophes du
Mali ét~ient encore domin~es par la recherche des .oyen. de subsis-
tance; ces buts furent cl~irement exprimés par l'Askya Elhadj qui
prit toutes dispositions pour ramener à Gao les enfants des vaincus,
leurs esclaves et troupeaux • Les mêmes considérations furent de mise
lorsque l'Askya Ishaq 2 s'attaqua à Kala alors que les troupes de
Jouder ~taient presque arrivées au bord du Niger •
Dans ce cas comme dans celui qui préc~de, il ne s'agissait
pas de reconduire une politique de type hégémonique ; cela aurait exi-
gé une cohérence, une capacité de mobilisation et un minimum d'unani-
misme politique, toutes choses qui étaient inconnues au Songhay à
cause de la multiplicité des instances de décision.
Ces différents mouvements de troupe de plus en plus concen-
trés v~rs les provinces stratégiques de l'Ouest/sont des indices d'une
intégration inachevée entre Gao et l'espace économique qui s'organi-
sai t autour de Tombouctou et .Jenné • Ces risques avaient été t.r~s
tôt perçus par 1 'Askya Muhammad Ter qui essaya de les contolJrner par

J•
j

I6S.
la cr~ation de la .~tro~le ~"qullibre de Tendirma o~ @tait bas~
le Kanftrl ; c'est là où résidait aussi 1. Bal~a commandant un impOr~
tant d'tach. . .nt de l'armée. Cette concentration de forces à l'Ouest~
eut de. cons'quences heureuses au plan administratif; l'Askya réussit
alor. ~ ceordonner ses actions avec cell~s de son frère et Kantari
peur r'ussir,sa percée en S~n~gaMbie • Il en a @t@ de m'me au plan
'een••ique cemMe l'établissent les passages oonstcr@s au projet de
l'Askya Muhammad: il eut recours à de profonds r~amlnagements juri-
diques peur se constituer un espace de dignitaires ; St ba~eherie
intervint aussi dans le but de transporter marchandis.s et personnes
entre Gao et Jenn~t alors que l'armée riposta régulièrement centre
le. incur.ions des Mossi dans la boucle du Niger •
L'hypothèque Mossi n'avait pas été enrayée par les ripostes
d.s Askya Muhammad et Dawud ; Michel Izard signale dans l'hinterland
ashanti, des indices de reconstruction des Mamprusi, Da90mba et
ManUMba ; les premiers jalons ne la construction du Yatenga dateraient
de 1540, au lendeMain de la réunification des chefferies du Goursi et,
du Lage • Ces reconstructions progressives se traduisaient au plan
militaire par une meilleure coordination des incursions ; la poli-
tique d'intégration réussie par Elhadj Muhammad était donc difficile
à reconduire face à des entraves aussi réelles • L'~ntreprise de ré-
centrage mise en ,oeuvre après 1528 et 1582 devait s'en ressentir.
Outre ces pesanteurs externes, des causes internes ont
rendu encore plus prOblématique l'effort d'intégration entre l'Est
et l'Ouest de l'entité Songhay • Cela tenait au dessein singulier de
Tombouctou et Jenné et des provinces qui gravitaient autour d'elles
elles étaient réputées pour l'anciennété de leurs activités intel-
lectuell~s et marchandes et représentaient pour cette raison, une
pièce maltresse dans la strattégie spatiale des Askya • Ceux de la
seconde et troisième génération n'avaient plus l~s moyens de recon-
duire la démarche de Elhadj Muhammad et Dawud • Des rlistorsions s'en-
suivirent qu'accentua la
radicalisation d~ la po~itton de ceux
qui étaient chargés d'expédier les affaire~ judiciaires. Les juris-
consultes étaient des courroies d~ transmission et devaient se
sentir abandonnés par la cessation rl~s privilèges spéciaux qui leur
étaient destinés jusqu'alors; ils devaient surtout ~~ s~ntir

I6'3.
effectivement diminués par l~ fierté et la déconcentration frisant
l'insolence avec~~esqu.ll.s ils étaient ~bordés et qui tranchaient
nettement avec l.gr~vité, l'humilité voire la crainte qui dominaient
l'attitude des Askya Oawud et Muhammad quelques années plus t6t •
Ce nouvel état d'esprit est ~bondamment illustré dans les
Tarikh ; nous avons plus h~ut p~rlé des menaces proférées par le ~
f~rma Ish~q ~u Mori Kankou et de la détermination affichée par Elhadj2
dans ses controverses avec Abu Hafs Omar •
Les jurisconsultes se détournèrent plus nettement des fonc-
tions administratives et prirent des positions d'une fermeté r~rement
attestée dans leurs rapports avec les Askya, parceque ne supportant
pas la politique fisc~le.de Gao, conçue pour contenir les retombées
de la stabilisation ou du reflux du front Songhay en direction du
Soudan Central • Les réactions qui s'ensuivi~t inqui~t~ient d'au-
tant qu'elles tr~dulsalent et véhiculaient la lassitude de COMpOsantes
soci~les jusqu'alors précieusement tenues à l'écart du jeu politique.
Il faut redonner la p~role au jurisconsulte Mahmoud Baghayog~o qui
l'exprime très nettement dans les remont.nces qu'il fit à Ishaq Ier.
" ••• Cet argent que l'on r~masse ici pour te le porter et qui s'ac-
cumule chez toi est-il donc à toi ? Ou as-tu ici des esclaves qui
cultivent l~ terre pour ton compte ou des biens que l'on f~sse fruc-
tifier à ton profit par le commerce ••• "1 Si la c~use des animateurs
du commerce régional et inter-régional est ardemment défendue, celle
des exploitants agricoles dont les productions étaient extorquées
n'est pas omise; une solidarité s'ébauchait qui tr~nscend~it les di-
visions habituelles
en cours d~ns le Songhay • Le point suivant per-
mettra d'en ~voir une idée plus précise.
1. Al Mukhta~r et Kati, I981, P 167 • Cette prise de position n'est
pas
sans r~ppeller la tradition dans laquelle le Prophète Muhammad
préL~sait que " ••• le martyr le plus méritant de ma Communauté est
a
l'homme qui est allé trouver un souverain inique,
lui ordonné de fair~
le bien, lui a interdit de faire le mal et a ~t~ mis ~ mort pour
cela ••• " ~(lA.d~ 1rrt" o.v~~ dt.. ~v~ I\\H.lA(\\W<\\1~ r
~~ 11)D.14r&4.J., 4T:.ïZr_'~k~ ~.::t",
~~J..

I6 7.
b)L~ révolte du Balama Sadig. un- exemple des réactions de la
périphérie -
- --
Si 1• •t~bilisation du front Songh~y en direction du Sou-
dan Central et de l~ Sénég~mbie s'est fait ressentir sur la vie
quotidienne de· l'~ristocr~tie dirigeante, ses représentants en pro-
vince en firent ~ussi les frais. Ils n'avaient plus la posaibilité
de compter sur les butins de guerre, sur leur part de l'énOrMe
Masse mon~taire inh'rente au versement des imp6ta ou sur les f~ci­
l i t ' . qui leur étaient faites d'intervenir dans les provinces voi-
ainea .ettant à profit leurs difficultés ~dministr~tives • De cru-
ciaux probl~mes de survie risquaient de se poser aux administr.~~
de provinces qui ess~yèrent de les contourner par des procédés très
peu conformes aux int~r~ts de Gao •
Les prest~tions multiples - taxes sur les poissons, le bé-
tail, redevances en vivres ou en produits de l'artisanat local
qu'ils
devaient
remonter vers la capit~le ne le furent plus avec
la régul~rité requise si elles n'étaient p~s simplement bloquées.
C'était déjà le cas sous l'Askya Oawud dont l'autorité était encor~
réelle sur ses fonctionn~ires, m~lgré les diverses vexations qu'il
dQtendurer de l~ p~rt des Ulama ; il convient de penser ~ux libéra-
lités de Miss~koul~ll~h, qui ne dev~it pas ~tre l'unique ~dminis­
trateur de domaines impériaux à faire de tels investissements au
profit de ses partenaires loc~ux • Cela devr~it ~tre le caa du
Kabara farma Alou, qui règnait en véritable potent~t dans les ré-
gions soumises à son autorité; son c~s ser~ abordé sous pe~et
situé au centre des convulsions politiques qui secouent les pro-
vinces occid~ntales entre 1586 et 1588 •
Ces différentes interventions étaient des solutions de
fortune et les administr~teurs expérimentèrent des recours plus sys
tématiques ; les forces armées qui étaient sous leur commandement
leur donnai~tdes chances certaines de réussir dans l'épreuve de
force contre les instances dirigeantes de Gao • Un autre facteur
s'y ajoutait pour les rendre plus confiants: la ~~pathie nette-
ment exprimée par les milieux marchands et int~l'~~tuels qut
avaient résolument pris l'engagement de ne plu~ c;lIpporter les exac-

T68.
tions des Askya comme cela est apparu dans le requisitoire de Mahmoud
- ... - ..."'tt.gh'â'yogh'o··co'ntre Ishaq Ier ; mais surtout la conviction que cet te
sympathie des U1ama 'tait forc'~ent assortie de la- bénédiction divine
dont etaient a.sur'. tous ceux qui oeuvraient pour l'extirpation des
turpitude• •
Les principaux animateurs du commerce trans-Saharien tout
.- ~~
aussi victime. de tels a9issement~ ne manquaient pa. de revoir les re-
lations qu'ils maintenaient avec les Askya ; ces derniers de moins en
moins-solvables n"taient plus en mesure de~è91er dans les délais pré-
vus pour les chevaux, cotonnades et autres objets manufacturés qu'ils
mettaient à leur disposition. Les pouvoirs régionaux étaient donc tout
d'signés pour en bénéficier suivant un processus de rapprochement dont
Jean ~on l'Africain observait les prémisses dès le premier quart du
siècle: " ••• Les habitants (deTombouctou) sont riches, surtout les
étrangers qui sont fixés dans le pays, si bien que le roi actuel (le
Tombouctou KoI Omar Ben Mohammed Nadi) a donné deux de ses fill@s à
deux frères commerçants en raison de leur richesse ••• "l Cette évolution
se poursuivit, les uns et les autres ayant tout à gagner de la consti-
tution d'une sorte de front commun contre le seul adversaire du moment.
L'expérience de la révolte du Balama Sadiq permet de saisir
de très près le déroulement de ce rapprochement; c'est l'une des der-
nières crises politiques, qui achèvent d@ détruire de 1586 à 1588 les
rares chances de reprise et de redressement que l'aristocratie Songh~y
pouvait encore esp~rer quelques années avant l'invasion marocaine.·
Cette révolte est la somme de très nombreuses combinaisons
et confirme la bipolarisation du Songhay autour de Gao et des centres
commerciaux et intellectuels de Tombouctou et Jenné ; elle traduit
l'inéfficience des mesures mises en oeuvre par l'aristocratie de Gao
pour en réduire la portée et les conséquences • L'origine du conflit
.,
1. Jean Léon l'Africain, T
2,
I956, P 467 -

remonte à un fait divers d'une banalité surprenante, qui en
elle
même indique que les esprits étaient suffisamment surchauffés et
,
~
n'attendaient que la moindre etincelle pour faire sauter le baril •
Le Kabara farma Alou chargé de percevoir les taxes sur les
embarcations stationnant au port de sa villejvoulut se faire justice
en chatiant un esclave du Ralama Sadiq accusé d'avoir volé le pagne
d'une de ses servantes • Les démêlés évoluèrent très rapidement, et
prirent une tournure nettement dramatique avec l'assassinat du Kabar
farma à qui Sadiq reprochait d'avoir puni son esclave. Le prétexte
n'éta!t qu'uri alibi à peine crédible,
la véritable raison devait
résid~r dans l'antipathie et le dégoût que l'administrateur de
Kabara avait suscités en refusant à l'Alfa Kati
les gratifications
que l'Askya Dawud lui avait signifiées de son vivant.
L'Askya Muhammad Bani qui régnait alors à Gao,
ne manqua
pas de réagir pour avoir probablement considéré que cet acte isolé
était une remise en cause très nette de son autorité
; c'était ef-
fectivement le cas car le Balama n'attendit pas une minute de plus
pour diffuser la décision qu'il avait prise de se "délier vis-à-vis
de l'Askya de son serment d'obeissance ••• ". Son frère Salih alors
Kanfari se rangea du côté de Sadiq ;
la coalition était bien prévi-
sible, ces deux frères,
fils de Dawud avaient été évincés de la
course au pouvoir par un rapport de force passagèrement défavorable
puis courtoisement contraints d'estomper leurs convoitises àrendir~
comme c'était la coutume depuis près d'un siècle que durait la dy-
nastie oes Askya •
Une mobilisation s'ensuivit qu'on avait du mal à prévoi~
mais qui s'est avérée à la hauteur· de l'énorme préjudice que les
populations de l'Ouest continuaient d'endurer. Outre les armées du
Salama Sarliq et celles du Kanfari Salih,
la mobilisation avait
tou-
ché les troupes de nombreux chefs locaux pour qui l'occasion sem-
blait trop belle de dire leur lassitude :
I~Baghena fari 30kar,
le Bara Koi Amar,
le Dirma Koi,
le Bena farma Dako,
le Maghcharen
1. Voir la thèse de Kodjo (G.N.) Ishaq 2 et la fin de l'empire du
Songhai (1588-1593) -
Paris I,
1978 -

l70.
!2! Tibirt Askid - Il faut y ajouterges personnalités qui pour n'Atre
pa. à la tlte de troupes aussi op~rationne11es que celles ainsi pas-
s~es en revue, n'en avaient pas moins une influence susceptible de
leur valoir des ralliements consid~rab1es •
Citen. à titre indicatif le Tombouctou KoI Bokar, l'Azaoqa
farea Bokar Ben Yaqoub, 1. Hombori KoI
Mema, le Korko Mondzo Sorko,
le Lantina farMa Beukar et le Haria farma HiroOn • Il n'est donc pas
exagér~ de dire que c'~tait une v~ritable guerre civile qui se profi-
lait par delà cette Mobilisation; cela est d'autant plus vrai que
toute. les personne. qui avaient souffert directement ou indirectement
des exaction. avaient regagné la contestation • Le Tarikh Al fattash
fait à ce propos le point sur le8 catégories qui prirent le train de
la r~vo1te an marche •
n • • •
Les commerçants lui fournirent <au aa1ama Sadiq) des
subsides et du haut de leurs chaires, les imims des mosquées firent
en son nom le prône du Vendredi ••• Les tailleurs de Tombouctou l'ac-
compagnèrent, cousant pour lui les étoffes afin d'en confectionner
des boubous et des caftans ••• i1 n'y'eut pas un seul chef de la région
de l'Atarem, ni un seul prince de la famiJ1e des Askya qui ne recon-
nQt son autorité à l'exception seulement du Benga farma Mohammed
1
HaIga ••• " • Tous comptes faits, 6000 hommes s'engageaient ainsi aux
côtés du Balama dans une épreuve de force qui dépassait très nettement
les cadres dans lesquels Jean Rouch la cantonne: n ••• La rivalité
entre Sadiki et Bani prend alors l'aspect d'une querelle religieuse,
Sadiki étant en quelque sorte le champion des musulmans et se~ rivaux
2
des musulmans fort tièdes ••• "
La dimension religieuse était effective
et le aal3ma était le premier à apprécier à sa juste valeur la caution
des jurisconsultes ; ce serait pourt~nt disstquer la réalité ~n
retenant le seul aspect religieux, ~ supposer que cet aspect ait la
consistance his torique que 1ui prêtE' .Jeart Rouch. Remarquons en passan t
1. L'Atarem est la partie sah~lienne s'étendant au Nord de la boucle
du Niger - voir Al Mukhtaar et Kati,
I981,
P 239 -
2. Rouch,
(J'l,
M.IFAN, 1953, P 200.

T7I.
que l~ prétendue tiédeur religieuse de Bani ne se vc§rifie" pas, les
Sources ajoutant que l'eunuque ayant découvert la mort-~e l'Askya
était venu lui remettre l'eau destinc§e aux ablutions et le bâtonnet
servant de cure dents. Il p~rait plus indiqué d'en revenir aux
pesanteurs politiques et économiques qui s'~ccumulèrent depuis les
débuts de l~ dynastie pour apprécier cette révalte qui reste à
conna! tre •
Revenons ~ux premiers moments de l~ mobilisation pour cons-
tater que l'enthousiasme s'était très rapidement volatisé pour des
raisons qui sont à préciser • Le tarikh Al fattash indique que l~
dispersion des révoltés survint à la suite de l'intervention de
Ishaq 2 qui s'c§tait imposé après le décès de MuhaMmad Bani ; il suf-
fit au nouvel Askya de détacher 400 de ses cavaliers les mieux ap-
pratés pour filire chut. . ~ l'ardeur des premiers jours; à en croire
le fattash, au vu de cette parade, les révoltés " ••• avaient le coeur
brisé et étaient parvenus aux liMites extrimes de l'abattement et du
désespoir ••• " • Cet état d'âme n'était aucun(ment prévisible tel-
le~ent la rupture annoncée par le Balamaavait été profondément
repercutée •
Il y'a tout de mime des indices pour indiquer que tout
n'allait pas se passer sans la moindre distorsion ; en effet la vie
quotidienne des instances dirigeantes de l'Ouest était marquée par
un climat de suspj~ion et une tension que les principaux acteurs
ne purent endiguer pour s'entendre sur l'essentiel. Le Kanf.ri
Salih qui fut le premier à répondre à l'appel de S.diq,préféra s'am~­
nager une marge de sécurité parc~qu'il soupçonnait son fr~re de vou-
loir lui tendre un pi~ge • Ces pr~cautions ne furent pas d. goQt de
Sadiq qui tua son fr~re le Kanfari Salih ; un état d'âme fait d'abat-
tement s'empara des troupes du B~lama~ comme conséquence de cet er-
reur politique •
Cela se traduisit- sur le champ de bataille par une
débandade réelle dès le premier contact avec les ~roupes de G~o ;
l'Askya Ishaq 2 n'~ut aucun mal ~ refaire son autorit~ dans la pro-
vince de Kourmina d'o~ ~tait partie la révolte. La repressio~ qui
survint fut exemplair~ et s'abattit sur tous ~eux qui avaient pris
fai t et cause pour Sadiq : lt ••• de tOIlS (:eux qui ét.aient. partis

T72.
~-~(de Tendirma) pour suivre le Kanfari Salih, 11 ne revint que quel-
ques individus appartenant à la classe inf~rieure de la population •• ~
C"tait pour le fattash le moyen de reconnaltre qu'une bonne partie
de l'41ite intellectuelle et_marchande qui apporta son concours
financier et sa caution id'ologique ~u BalamA Sadiq, avait péri aprè!
la repression de l'Askya Ishaq 2 • Ce dernier les avait probablement
cib14s pour 4touffer toute va-l":tettés de contestation de son pouvoir
et 'ter à d'éventuels cand~dats à la ~évolteJ
la base matérielle
et idéologique dont le B.l. . . venait de profiter.
L'Askya avait incontestablement gagné une bataille ; celle
pour laquelle ces prédécesseurs avaient fait preuve d'imagination
en écartant autant que possible le recours à la force, restait
encore effective. Gao venait d'Atre encore plus isolée de ses prin-
cipaux poumons économiques de l'Ouest, ce qui réduisait ses chances
de constituer un corps homogène face aux ambitions marocaines qui
s'affichaient avec netteté.
Tout porte à croire que le Sultan Al Mansur l'avait com-
pris puisqu'il s'activait pour enclaver Gao avant de lancer Jouder
et ses soldats dans l'épreuve de la traversée du désert. Il envoya
dans ce but une lettre au Cadi Abou Hafs Omar dans laquelle il l'in-
vita à user de toute son influence pour faire triomph~r l'ordre maro-
cain au Soudan nigérien. C'était l'aboutissement d'une politique
vieille de plusieurs décennies et dont la réussite ,dépendait du con-
trôle des mines de sel de Taghaza •
Cette localité a occupé une place privilègiée dans le
dispositif d'expansion Songhay comme on s'en fera une idée dans l'en-
chalnement suivant consacré à l'analyse des essais de re-centrage
spatial en direction des provinces Sah~liennes situées au Norrl de
la houcle du Niger, et de Taghaza •

I73.
,.~
8/ Tagh.za --et; provinces Sahéliennes .Ii tuées au Nord de l, boucle
du Niger : le choc entre deux ehilosophies de l'espace

a) Tagh.z"
un rel.i, privilè9i~ dans l'expansion S.adienne
vers l'or du Soud~-
Les mines de sel de Tagh.z. se situent à 24S de latitude
Nord et à 6~ de to~itude Ouest ; elle. ont fai t l'ebjet d'une ex-
ploitation très a~cienne A en croire Al Bakri qUi~n.acrait le.
lignes suivantes au XIe siècle •
••• Elle .st (cette mine) dominée p.r un ch.teau dont les
murs, les s.lles, les créne.ux et les tourelles sont construites
en morceaux de sel • Les marchand.
ne cessent d'affluer vers cett~
mine dont les travaux ne s'interrompent jam.is • Son revenu est
consid~rable•••"1
L. renommée de ces mines dépassait largement les cadres
restreints de l'Afrique sud Saharienne; elles sont mentionné~s
sur l'Atl.s Catalan de Charles V, ~eproduit par M. Charles de la
Ronci~re d.ns 1. pl.nche XI de la découverte de l'Afrique .u Moyen
'ge (TOme 1). Valentin Fern.ndes parle de son activité extr.ctive,
tout comme Jean Lfon l'Africain qui rep~oduit les schémas de Al
Bakri .vant de faire figurer Tombouctou parmi les principaux des-
tinataires du sel de Taghaza •
Il y'a au XVIe sip-cle une qu~stion Taghaza qui domine
les relations ent~e Gao et Ma~~nkech ; deux positions se sont ~ç­
firmées qui sont restées inconciliables jusqu'au dénouement d~
Tondibi,où les trouoes marocaines conduites par Jouder culbut~rent
celles que l'Askya Ishaq 2 réussit à ali~ne~ • C'était la rlernipr~
étape d'un conflit dont les ~essorts fon(i::.mp.nt:RlI'I( nnus par~tssent­
~~lever de deux perceptions différ~ntes d~ l'esp~ce et de l'utili-
sation qu'il convient d'~n fairp. • C~mm-nçons par fair~ 'e point
de ce qu'il en fu~ nu côté marocain .,
1. Cuoq (J.M) Pa~is CNRS, 1975
P 95 •

Les t~moignages des chroniqueurs contemporains de~ Saadiens
renseignent de manière précise sur les fondements id~ologiques qui
servirent de support aux entreprises des Sultans. Zakarl-Oramani
Issifou en a fait une interprétation très au point qui renouvelle
la connaissance de pr~s d'un siècle de relations entre le Maroc et
le songha~l.
~L'intérat que les Saadiens portaient aux mines de sel de
Taghaza et au Soudan continue celui de la dynastie précédente : les
Merenides ont cherché à maintenir des relations très suivies avec
leurs partenaire. Songhayj. C'est dans ce cadre que se situerait
/
l'envoi en 1510-1511 d'un ambassadeur
charg~ par Mohammed El Bor-
tugali,de redynamiser le contact avec Gao, les Merenides ayant éprou-
v, le besoin de contraler le flux commercial par lequel remonte l'or
du Soudan. C'était là un moyen de s'assurer les sources de finance-
ment nécessaires à la lutte engagée contre les Portugais •
/
:oès leur avènement, les Saadiens confirmèrent le mame
choix, la recherche de sources d'enrichissement s'imposant comme
nécessité pour amortir les frais occasionnés par la propagande sulta-
nale sur le thème du Califat-. Les réussites architecturales sompta-
bilisées par les Ottomans, ne laissèrent pas indifférents les souve-
rains Saadiens qui ' 'engagèrent de leur côté de grandioses réalisa-
tions : rien que le lustre de la mosquée de Taza coOta 8000 dinars ;
~. Dramani Issifou (Z) L'Afrique noire dans les relations interna-
tionales au XVIe siècle. Paris, Karthal6, 1982, ~57 pages- Voir
aussi l'article de
Levtzion (N), The western Maghrib and Sudan."
In Cambridge history of Africa- Vol 3 P 331-462 -

175.
il en fallut 100.000 pour construire une medersa et un caravansérail
..
pres de la mosquée des And
a l "
ous a Fez. 1 De tels invest i ssements
n'~taient pas pour préserver un équilibre financier durable ; il fal-
lut donc trouver des sources de financement moins hypoth(tiques •
C'est apparemment ce à quoi s'employa Muhammad Ech Cheikh en lançant
l'exploitation sucrière dans le Sud du Maroc pour limiter les distor-
sions et erreurs d. ,~rammation qui pouvaient découler de la fuite
de l'or du Soudan .n direction d~ l'EuroPQméditerranéenne, le verouil-
lage du Maghreb que les Souverains esp'raient réaliser par la guerre
Sainte n'ayant jamais r~ussi ~ d~busquer les "infidèles" de leurs
points d'implantation.
Des profits substantiels furent réalisés, dont Berbrugger
estime la moyenne annuelle à 22.500 mitqal ; J ••" Dénucé va dans le
mAme sens puisqu'il dénombre d'après le livre d'un assureur maritime
anversois des années 1549-1555, 34 navires à destination ou en prove-
nance d. ~abo de Guer. Ce qui donne une idée de la vltalit~ de l'ex-
2
ploitation sucrière au Maroc •
[Malgr4 1•• profits réalisés cette solution n'eutr~effets
stabilisateurs sur les finances saadiennes car le sucre marocain su-
bissait la concu»ence du sucre de Madère, des Açores, de Sao Thome/et
des Il •• Canaries; au m~me moment, l'hémorragie de l'or du Soudan se
poursuivait ce qui laissait entrevoir la prolongation du déséquilibre
financier. Une autre alternative plus ambitieuse a été perçue et a
déterminé une politique : celle visant à mettre la main sur les zones
productrices de l'or du Soudan'.
1. Devisse (J)," Routes de commerce et échanges en Afrique occidentale
en relation avec la méditerranée, un ~ssai sur le commerce africain
médieval du XIe au,XVle siècle .ft In Révue d'Histoire économique et
Sociale, n01, 3, T2, 1972 P 378
2. Berbrugger (MI, " La canne à sucre et les Chérifs du Maroc au XVIe
siècle" In Révue Africaine n032, 1862, P 118 - Dénucé (J), L'Afrique
au XVe siècle et le commerce anversois Bruxelles, 1937, P 93 - Voir
aussi le travail ne ESSOMRA (R) 3ucre méditerranéen, sucre atlantique,
le commerce du Nord européen a~ AVe et XVIe s. rhèse pour le doctorat
de 3e cycle • Paris I, Sorbon~e, 1981, 636 pages -

.:
' 1
"
r76.
(La diplomatie Saadienne réserva une place primordiale à cet
"-
axe dont l'exécution passait par des préalables au chapitre desquels
figurait le contr&le de Taghaza).
r'rCt~~{,r. ') L,,:~ .t" ,-t i(\\',~r'~ cr ""e.:-Y"c", +'ft..
-
, \\ ' ,
. A
lt-
cie...
\\0 f~ t_ C..\\."
C( r (, If, ri'::' ~~
~l ).)In!' 1
..-v.
fI!' 1 1
~;J '
Ce fut dans cet esprit que des injonctions très fermes in-
vitaient l'Askya Ishaq le à renoncer à ces mines de sel dès 1540 f
Muhammad Ech Cheikh i~ve.tit d'importants moyens militaires pour con-
crétiser cet ebjectif : ils échouèrent s'il faut en croire Mar-ol ;
" ••• Ayant appris que le roy nègre (Ishaq le) marchait contre lui avec
1
300.000 hOMMeà, il se hasta de regagner Tarudante ••• "
• L'objectif
visé était Wadan qui ne fut pas atteint à cause d'une préparation
hative et surt.ut en raison des difficultés de la traversée du désert.
Le projet ne fut pas abandonné pour autant et fut relayé par une poli-
tique syst~atique de Sabotage: en témoigne l'assassinat le 27 Octo-
bre 1557 de Mohiltn",ed IJcofna, administrateur Songhay en poste à Taghaza
par Al Zubayr, natif du Tafilelt et agissant pour le compte du Sultan.
Ces différentes p~vocations indiquent que l'expansion maro-
caine en direction du Soudan Nig'rien et de ses sources aurifère'l
était une préoccupation fondamentale des Saadiens •
Après 1578, Al Mansur développa une intense propagande
Califale dont la réussite passait nécessairement par le contrale du
Songhay • De très nombreuses considérations idéologiques furent ver-
sées au dossier de l'expansion Saadienne que le travail de Oramani
1. Cité par Mauny (R) "L'expédition marocaine d'Ouadane(Mauritanie)
vers 1543-1544." In B. IFAN, 1949, P 131 • Voir aussi Mougin (L' "Les
premiers sultans Sa'dides et le Sahara" - In R~vue de l'occident musul·
man et de la Méditerranée. n019, 1975, P 171- Il est difficile de sui-
vre Mougin qui semble réduire l'activité militaire de Iii. dynastie
saadienne au seul souci de contrôler les salines de l'espace déserti-
que. Ce n'était là qu'une étape vers des projets plus ambitieux, la
main mise sur les mines d'or étant perçue comme une condiLion du suc-
cès de l'entreprise Califale • Laurence Madoc avai~ bien perçu l'enjeu
en 1~49 en parlant de Al Mansur: " ••• This king of Marroco is like :0
be the greatest prince in the World for money if he keeps this coun-
trey (the Sudan) ••• " voir BOVILL (Ei, London, 1958, P 197-

r77.
Issifou a mis en 'vide~ce .[11 y'eut avec Al Mansur une v'ritable
accélération du projet Soudanais ; dès son Avènement, le sultan
brancha son activit' dans l'idéal de la guerre sainte qui a de tous
temps servi de justification AUX réactions marocaines contre les
implantations europ4enne. sur les C&tes méditerran'ennes du Maghreb3
En 1578, une nouvelle pha•• est amorcée : c'est la mime année qu'eut
lieu la bAtaille de Wadi Al MAkhazin près d'Al Qsar Al Kabir o~ fu-
r.nt tuf. 3 rois: le sultan Muhammad Al Mutawwakil, Abd Al Malik
Mais surtout l'E.pagnol Don Sebastien. Abul Abbas Ahmad qui fut le
grand vainqueur d. cette rencontre/lA fit suivre d'une intense propa-
gande visant à faire des Saadi.ns les plus désignés pour assumer la ,
\\ 1 (1 V'
direction de la u..a islamique; ne venAient-ils pas de 1â venger ~,~
adMirablement, 7 ans après la débâcle turque de Lepante alors perçue
comme une véritable humiliation ,de l'Islam 7
,
\\
-
' \\ ' r"
1
"..
-..J
( ' ,
Abul AbbAS Ahmad prit alors le titre de Al Mansur, le Vic-
1·t~'-·' ~~
torieux exprimant une véritable psychose du succès et laissant pré-
'./"
sager un règne riche en expéditions visant au moins deux objectifs :
la poursuite de la guerre sainte contre les infidèles et la contes-
tation de lA dignité Califale des Ottem~l; ce second Axe était
-,-
intimement lié à la dénonciation de l'autorité Califale dévolue à
l'Askya Muhammad par le chérif de la Mekke alors très lié au sultAn
ottoman • 1
r
r
.---i
"1
Le projet califal d'Al MAnsur est clairement exprimé par
Al OufrAni dans le chapitre XL de l'histoire qu'il consacre à lA
dynastie SAadienne " ••• Al Mansur racontait qu'il aVAit vu en sange
le Prophète enveloppé d'une brillante auréole. L'idée me vint dit-il
de le consulter sur les chances que j'avais d'arriver AU pouvoir su-
prAme. Saisissant aussitÔt ma pensée, le Prophète y répondit d'une
façon précise, CAr avec trois de ses 'nobles doigts, le pouce l'index
et le medius qu'il réunit ensemble: il fit un geste vers moi en
2
disant Prince des croyants ••• "
C'était là un conditionnement mentAl
qui deVAit présider à une série de réalisations dignes d'une autorité
CAlifale directement accréditée par le Prophète Muhammad ; il faut
1. Voir Supra, P.93
2. Al Oufrani, 1889 P 141 -

178.
citer l'entreprise architecturale la plus importante du siècle: les
travaux du palais d'Al Badis ( la Merveille)d~butèrentcinq mois seu-
lement .près la bataille d'Al Ks.r Al K.bir et durèrent juSqu'~1594.1
Ils furent supervisés par les meilleurs .rchitectes,italien. qui uti-
lisèrent du marbre import' de Tosc.ne et échangé contre du .ucre "poids
pOur poids" ; l'oeuvre architectur.le d'Al Mansur fut assortie de nOM-
breuses innovations c'r'~niales qui intègrent 1. lutte d'influence
contre les Turcs • Al Zayyani aide à déceler à ce nive.u le poids des
souvenirs de jeunesse de Al Mansur qui S'ŒjOUrna à Constantinople et fut
convaincu que la prOMOtion d'un modèle architectural plus élaber' était
un moyen de diluer l'image de marque de ses concurents ottomans. Seule-
ment les investissements qui s'imposaient n'ét.ient pas du tout dispo-
nible. dans l'imm~di.t ; .ussi le sultan rel.nç. t-il l'expleitatien
sucrière dans le Sud du M.roc et r~.lis. des profits subst.ntiels au
regard d'une demande européenne croissante: de 1574 à 1576, 2.000
c.isses de sucre raffiné furent export~ vers l'Angleterre où 1. reine
Elisabeth le ft ••• n'en voulait point d'autre pour la consommation de
sa mais.n ; celle-ci s'~lev.it en 1589 à 18.000 livres que la reine
2
payait 14 pence la livre ••• " Ces pointes .tteintes p.r le commerce ex-
térieur représentaient 75 à 90 % des exportations marocaines ; elles
étaient insuffisantes pour réequilibrer la situation financière du
Maroc; Abd.l1.h Laroui en cherche la cause dans l'incoh~rence du tis-
su~ administratif merocain, de nombreuses r~gions refusant 1. fisc.lité
Saadienne • C'~tait.le cas de l'Atl.s que le sultan m~nagea prudemment
pour ne pas en d~coudre avec les Z.wiya, sièges d'un pouvoir marabou-
3
tique fort •
1. Aimel (G) Le pa1.is d'El aédi à M.rrakech et le m.uso1ée des Chorra
Saadiens • In Archives Berbères nOl, TIll, 1918, pp 53-63 -
2. Castries (H.de), Sources inédites de. l'histoire du M.roc, Série l,
Angleterre, Introduction P XL. Voir .ussi Berthier (P), Une épisode de
l'histoire de 1. C.nne à sucre ••• Rab.t, 1966, 2 Tomes -
3. L.roui (A), L'histoire du Maghreb, un ess.i de synthèse. P.ris,
Maspéro, 1970, P 239 -

I79.
[Des efforts tout aussi importants furent déployés au rlan de
l'argumentation juridique pour servir de support au projet d'expansion
saadtenne ; ils visaient à contester la pr~sence à Taghaza d'un adminis-
trateur repr~sentant les Askya de Gao • L'occasion fut offerte de r~af­
firmer le. dispolitions du rite mal~kite .ur l'appropriation de. riches-
-~
ses minl~rel • 1
. /
Dana un pre.ier cas, les mines sent visibles et d'acc@IJ rela-
tivement all~ ; il ne peut Itre alors question d'appropriation car elles
sont COMMunea ~ toua •
Dans le secend ca., les mine. sont enfouies et d'accès dif-
ficile
le r~9ime se précise alors selon la localisation.
Si les Mine. d~couvertes sont sur "terres de conquête", leur appropria-
tion relève de la responsabilit~ de la communauté musulmane qui en con-
fie la geatien à l'imam; il peut le faire exercer par un mandataire
dans l'inter't des musulmans.
~
Si le. mine. d~couvertes sont sur terres de capitation,
elles relèvent de la propri&té des tributaires • Mais si les populations
se convertissent à l'Islam, l'Im~ Malik précise que la propri~té des
mines revient alors à l'Imam .1
Il retient au.ai le ·principe d'une concession qui cesse à la mort de
son bénéficiaire. ; la mine revien t alors ~ l'Imam •
De façon plus précIse,
le pouvoir de l'Imam s'exerce sur
les mines d'or et d'argent par le biais de la Zakkat dont le taux v~rie
suIvant la profondeur du fIlon
si le fIlon est facile d'accès, le
taux perçu est équivalent au 1/5 de la valeur extraite j c'est le Quint.
2
Les mInes profondes ne font pas l'objet de taxations.
Ces quelques points ne droj~ minter posent \\ notre sens
deux séries de probl~mes : le premIer touche au statut du Songhay et de~
1. Tel n'est pas le point de vue~ahnoun qui introd~15it le droit malé-
i<it:e en Afrique du Nord voir, Rosenberg(B) "Les ~ncienne5 exploitatio'15
mini~res et les anciens centres métallurgiques du Maroc" In Révue de
géog. du Maroc n~18, I970,·P 67 -
2.Ibn Ab! Zayd Al Qayrawini, ~ Ris.la ou épitre sur les élèments du doc
me et de l~ loi de l'Islam selon le r~te malt.kite (trad. et index p.r
~on Bercher) 4e ~dl t ion, Alger, Carbonne. 1952, P 133

IBO.
pay. d'islamisation ancienne. Le second intéresse les .ines de sel
de T.g~aza autour desquelles s'élaborèrent les principale. contro-
verses jurldique. entre la dynastie saadienne et celle de. Askya de
G. . .
Il faut r . .arquey.an. pr'tendre pour autant 'puiser la
que.tien .ur le statut de. pays MusulMans d'Afrique noire dans la
u..ah. que l'i.laMisation n'a pas été le résultat d'une cenquate vio-
lent• • Tant au Ghana au Mali qu'au Songhay l'islamisation relative-
. .nt ciraen.cr~te aux cercles du groupe dirigeant a été étroitement
lile au cOMMerce; ce .ecteur d'activités était longtemps monepelisé
par d•• Marchand.~ arabo-berbères qui n'avaient rien A gagner d'un
~
prGselyt'~'8Me violent risquant de faire péricli ter leur négoce • Cette
prudence dans la diffusion de l'Islam a été nettement exprimée par
Al UMari au sujet du Mali où le pouvoir central de confession musul-
mane ne prenait jamais le pari d'intervenir dans l'exploitation mi-
nièreAde crainte de susciter l'hostilité des Orpailleurs qui se tra-
duisait par
l'arrit de la production.
De ce point de vue,
on
peut
penser que le Songhay
n'est pa. une terre de conquite et échappait à la première condition
qui aurait suffi pour en faire une propri~té de la communauté musul-
mane et livrer ses richesses minières au contrale de l'Imam. Le

sultan saadien ne paraissait pas dans ces conditions habiltté à ré-
clamer la zakat 4ur les mines du Songhay/en supposant qu'il ait été
fi'
le seul à revendiquer la dignité Califale dans la seconde moitie
du
XVIe siècle •
Resterait donc à savoir si le Songhay était terre de capi·
tation ; là aussi les sources auxquelles nous avons eu accès ne le
confirment pas •
Le statut de capitation suppos"n r
une reconnaissance de
fait d'une sutorité Califale et un engagement tacite ~ matérialiser
cette dépendance par le versement de redevar.ces régUlières ; ces
contreparties n'ont pas éré attestées rlans 1es r~l.tions entre l'Afr'
que Nnire et ses ~lartpnaj rps dl' Norrl él\\'~n!' l'engagement du MaI Idris
ou Bornou à e'1l:ériner. 1"1 bay~ proposée
par Al Mansur pour des rai-
~ons hautement stra~pgiques •

181.
Aucune de ces r.onditions~n'étant réunies, Al Mansur réagit
pour que de. dispoi~tions juridiques aussi étan~hes ne faussent pas
son projet; la .eule alternative qui lui était alors offerte était
une reinterpr{tation des textes de référ~nce en la matière • Le
Saadien Mohammed El Mahdi l'avait déjà exp'rimenté en 1551, quand
l'état de la tr'soreri. exigeait une refonte de la fiscalité. Un
Imp4t foncler 'tait perçu sur les régions de plalne conquises par
la force et considér'-. pour cette raison comme terre de KharaJ ;
peur avolr trop souffert du poids de la guerre entre chérifs et
Merenide., 1•• populations de ces plaines étaient dans l'impessibi-
l l t ' de .'acquitter de leurs obligations • Le Chérif décida donc
d"tendre le khac.1 aux régions montagneuses dont les habitants ls-
laMi.é. devaient verser la seule zakat ; les jurisconsultes mebl-
lisé• •n cette occasion n'eurent pas de mal à leur imposer le Kh.ra1
parcequ'ils n'étaient~n mesure de prouver leur situation d'état.
capi tu li.ires •
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...
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t;', '.
......
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Lee son caté, Al M~nsur s'employa à contourner ces dispo-
sition. à défaut de les abroger; il mit l'accent sur la guerre
sainte, oblig~tion à laquelle aucun souverain musulman ne pouvait
se soustr~ire • Le ton de la lettre adressée à Ishaq 2 est sans
équivoque à ce propos: n ••• La saline de Tighazi qui attire beau-
coup de car~vanes pour transporter le sel à tr.vers le Sahara repré-
sente une fortune dont le bénéfice doit revenir à notre armée et à
notre flotte tant redoutées par l'ennemi. Dans ce but nous avons da
1. Sur ces points de droit, voir AR1N, le régime l~gal des mines en
Afrique du Nord, Paris 1913 ; Gardet (L), t1L~ propriété en Islam"
1nl.B.L.A, TX, 1947 PP109-134
.Devisse (J) "Une enquite à développer: le problème de l~ proprié'-
té des mines en Afrique de l'Ouest du XIIIe au XVIe s." In Bulletin
de l'Institut historique Belge de Rome. Fasc. XLIV, Miscellene~,
Charles Verlinden, 1974. P 206 -

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façon formelle établi le poids d'un mitqal pour chaque charge de cha-
meau qui s'approvisionne en cette min•••• Neus envoyons ci-joint
l'avis des grands docteurs malikites et savants de la Tradition à ce
sujet ••• Afin que vous sachiez que les mine• • •nt laiss'•• au jugement
de l'im.m des croyants qui a le droit de d~penser le. revenus llroù
1
!
il le juge utile ••• "
Al Mansur invoquait à l'appui d. sen argumenta-
tion, 1•• n'ce.sit~s de la guerre Sainte que l'on r.trouve constamment
dans le discours dynastique au Maghreb • Muhammad Kably en trouve la
formulation chez les Almoravides les Almohades et les Merenides ; elle
a une fonction de légitimation et a ét~ promptement r~actualisée par-
tout où l'on sentait le besoin de transférer au niveau de l'éternel
un projet tempore~ car l'expérience avait montré que la guerre sainte
donnait un. légalit~ messianique susceptible de mobiJiser des energies
2
qu'il aurait ~t~ impossible de rassembler autrement.
LAI Mansur qui ne put ébranler l'entAtement de l'Askya~fit
alterner les mises en demeure pour la cession des mines de Taghaza et
les investissements militaires à l'instar de ses prédecesseurs ; son
engagement fut plus hardi parceque de lointains objectifs étaient
visés pour r~unir le plus de chances de concrétiser le projet Souda-
nais. En 1581-1582, ce sont les parcours commerciaux du Tuat et du
Gourara par où transitait un. partie considérable du commerce carava-
nier trans Saharien qui furent vis~. : Henri Terasse y voit une oc-
casion pour Al Mansur d'expérimenter l'endurance de ses troupes et
l'utilisation que ses soldats feraient du nouvel armement mis à leur
disposition. Pour Mougin qui fonde son hypothp.se sur l'exploitation
de la chronique anonyme de l~ dynastie saadienne, la campagne de
1.Pianel (G) Les préliminaires de la Conquête du Soudan par Al Mansour
d'après trois documents inédits ." In Hesperis XL, le et 2e trim.1953-
2. Kably (M) Société pouvoir et religion au Maroc des Merenides aux
Wattassides (XIVe - XVe s), Thèse pour le doctorat d'Etat. Paris 1,
1984 •

TA) •
1581-1582 ét.it pour. Al M.nsur un moyen de se débarrasser des troupes
.ndalouses dont la turbulence s'était encore traduite par la révolte
de S.Id Al Cugali •
Quoiqu'il en soit, Al Mansur ne désarma pas et envoya Mansur
Ben Al ril.li, officiellement chargé de présenter les condoliance.
royale. ~ l'Askya ~lhadj 2, après la mort de son prédecesseur ; la
mi ••lon s'journa à G.o trois ans pour mieux apprécier les capacit's
de l'arm'. Songh.y devant une éventuelle att.que marocaine.
.---
Si Al M.nsur a été .ussi déterminé dans ses convoitises
sGudanaises, c'est probablement parceque l'évolution des relations
1
internationales lui '~alt favorable • La prop.gande
développe~de­
puis 1578 autour du Califat Saadien avait eu des conséquences heu-
reuses pour Marrakech ; le MaI Idriss du Borneu venait de préciser
sa disponibilit' à porter la banière de l'Islam s'il en recevait
l'ordre •. Al Mansur ne laissa pas p.sser l'occasion de profiter d'un
soutien militaire qui aurait l'avantage de coIncer les troupes de
l'Askya entre deux feux/le jour où les forces marocaines seraient
aux prises avec celles de Gao; renforcer l'ouverture sur le Bornou
devait lui .ssurer des possibilités réelles de renouvelleMent de la
cavalerie s ••dienne, le M.I lui .yant envoyé 200 chev.ux entre autres
cadeaux •
Al Mansur ne perdit pas de vue l'autre intér~t qu'il y'au-
r.it à définir un cadre juridique qui garantirait sa libertp de ma-
noeuvre et réduirait celle de son partenaire Rornouan ~ la formule
1.Cette propag.nde continue à faire des adeptes; c'est le cas de
Muhammad Hajj qui ve.1t dans la victo~re de 1578 ." la plus belle
démonstr.tion nationale ••• l'oeuvre de toute une n.tion ..... Voir
"l'idée de Nation au Maroc aux XVIe et XVIIe si~cles in Hesperis,
Vol IX, fasc. l, 1968, P 120-121 -

r84
1
de la BaY'a
fut propos~e à la seconde ambassade que le Ma! Idriss
envoya à Marrakech, de pr~f~rence à la guerre sainte qu'il entendait
conduire. Al Zayyani pr~cise à ce sujet: " ••• Il leur fit admettre
que l~ guerre sainte qu'ils voulaient mener et pour l~quelle ils ma-
nifestaient penchant et d~sir, ils ne pourraient en ~ccomplir l'obli-
g~tion et s'en voir prescrire l'ex~cution tant que d~ns leur poli-
tique, ils ne se tiendraient pas à prendre l'agrément de l'imam de
l~ Socièté musulmane qui pr~sentement est le prince des Croyants
d'après les instructions de Dieu ••• un des plus nobles Qurayshite, ce
2
qui est une condition n~cessaire pour la fonction Califienne ••• "
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\\,..1"'1'1
tJn: les Asky~ de G~d qui cont~nuaient à s' ~fficher comme déposi-
t~ires de l~ dignité C~llfale sont ~insl réduits au rang de spolia-
teurs p~rceque n'~yant ~ucun r~pport avec l'ascendance Qur~yshite •
~A cette d~nonciation fit suite la mobl1is~tion de jurisconsultes
marocains qui apportaient leur caution à ce projet d'expansion dirl-
gé~ contre une p~rtie intégr~nte de la Communauté musulm~ne • Pour
Al M~nsur, les intérêts sup~rieurs de la Commun~uté devaient passer
~vant ceux d'une de ses compos~ntes qui était de surcrolt la plus
r~ticente à l'endroit des prescriptions Califales.
L& sultan essaya aussi de mettre à profit la bipol~risa­
tion du Songh~y entre les poles économiques et culturels de l'Est
et de l'Ouest; il envoy~ d~ns ce sens un mess~ge au Cadi Abu Hafs
Um~r en insistant sur s~ h~ute culture isl~mique qui dev~it le con-
duire à ~ccepter le projet S~~dien " ••• Comme vous êtes dans C~ royau-
me l~ grand s~vant de la loi musulm~ne, et de plus, apte à comprendr~
1.Ibn Kh~ldun l~ définit d~ns les prologomènes comme ••• un engagement
/ caJul
"lll;
I~ fa·.~
.
de la soumission: met à 1~ disposition de celui ~ qui elle es~ adres-
sée ses ~ffaires et celle des musulmans et s'engage ~ lui obeIr
quelque soit son opinion ••• "
2. Al Z~yy.ni (Abu al Qasim ••• ', Histoire de la dy~as"i~ sa',iide :
extrait de Al Turguman ••• trad. eL note par Roger Tourneau ••• Révue de
l'Occident musulm~n et de l~ méditerranée.
-97'.
?
·L} -

185.
les nobles hadiths que nous venons de citer:et à connattre les droits
de cet imamat du Prophète à laquelle tous doivent obeIr, nous vous
adressons cette lettre ch'rifienne pour que vous soyez le premier à
1
r'pondre à notre appel et le propager dans les contr~es lointaines •• "
Cette lettre fut envoyée au moment où les déchirements les plus vifs
affectaient l'existence du groupe dirigeant Songhay ; les services
de renseignements dont Al Mansur disposait sur place l'avaient proba-
blement édifi' sur cette réalité et sur les passe. difficiles que
traversaient le. relations entre l'Askya et les Ul.ma •
/
Les manoeuvres marocaine. en direction du Soudan nigerien
furent conduites dans un contexte international relativement favora-
ble • Les Ottomans que les Saadiens contestaient,n'étaient plus à
l'aise pour affirmer leur dignité Califale avec autant de précision,
surtout après 1578 : les lettres de félicitations que le sultan Mourae
III envoya à Al Mansur après la bataille de trois Rais/indiquaient que
La Porte savait l'importance de Marrakech. Ensuite, le voisinage es-
pagnol avait cessé d'~tre aussi encombrant qu'il ne l'avait ét'
par le passé ; ils avaient suffisamment à faire avec les autorités
des Pays Bas peur peser d'un poids quelconque dans les choix soudanai~
de Al Mansur •
Au plan militaire, les Saadiens optèrent pour une poli-
tique active d'armement ; ils sollicitèrent dans un premier temps le
concours technique des Turcs pour 1. transformation des minerais de
cuivre en canons dont certains ~taient d'un tr~s gros calibre. La
déte rioration de leurs relations avec La Porte obligea les Sultans
du Maroc à exploiter l'assistance de la France et de l'Angleterre et
le concours de"ren~ga,~s qui vulgarisaient dans le pays le;7't~c~niques
C "'w' Yl'_f
" , ~
':.~
1
de fabrication .Jes plus perfectio"n~es • On trouve un échos de l 'ou-
~
-
verture du marché marocain de l'armement pn direction de la France
1. Al Oufrani, Paris, 1888-1889, P 164 -

1A6.
dans un projet de t~aité passé en 1559 entre Antoine de Bourbon et
il
Abdallah El Ghalibi ••• la poudre et les pièces d'artifice que les
Français apporteront, le Prince des Croyants en remboursera la va-
l
leur en poids et en c~ivre••• "
ij t
""'kJ;~ ~_"': .. ~'4)1.~ s..~J ~••~ \\. ~;,
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LLa partie Songhay n'est pas rèstée passive face à ces
offensives ••rocaines ; tout comme celle des Saadiens, la réaction
des Askya • vu se succeder des dispositions à la négociation et des
ripostes armées d'envergure jusqu'alors inconnue.
Dans ce cas comme dans le précèdent,~es préoccupations
str.t~giques expliquent l'intér~t que les Askya portèrent aux mines
de Taghaza ; ,la présence d'un administrateur dans cette localité
.1"'-
leur assur.ft des ~evenus trop importants pour les conduire à y re-
noncer définitivement, m~me lo~sque les Saadiens proposaient la lo-
cation annuelle à des prix très allèchants •
Le refus du côté Songhay relevait de considérations
idéologiques fondamentales qu'il faut comprendre au regard des'
conceptions qui définissent les rapports entre le roi et les sources
,
d'enrichissement proches de son lieu d'implantation',. Comme il nous
~.
.--
a été donné de le constater plus haut/le roi est par essence continua
"-
teur de l'accord passé entre l'anc~tre fondateur de la première com-
<.,
,
,
munauté et les divinités locales trouvées sur place • Il lui appar-
tient donc de justifier son aptitude à régir le sort de son peuple
en veillant religieusement à la perpétuation de cet accord; ilJne'
peut y parvenir qu'en assurant à sa Comm'~nauté les meilleures c?ndi-
tions de stabilité et de prospérité • Le moyen le pl~s dé~igné était
alors de soumettre toutes les richesses de l'espace environnant ou
la main mise sur les profits tirés de leur exploitation. Ainsi dans
le cas des mines de sel de l'espace Sud désertique, l'appropriation
\\',
r \\
-,
(

l, .
r
1.Castries CH.de), Sources in~dites de l'histoire du Maroc, Archives
et bibliothèques de France, T2, premi~re série, P :2: -

_-1--
r
'10'7
. . '
i .
d'une localité aussi renommée que Taghaza n'avait de signification
1
que si elle allait ~e pair a,:e~_'~~':-1c,01~,trô[3!-d;~(. bé).~é~~~~~s~i, ~''-lc~''''c~
étaient réalisées.
Aucun souverain ne~pouv_it y renoncer sans dé-
noncer les ac~ords initialement passés avec les divinités locales ;
c~tte persp~ctive était exclue d'office, les Aslcya ayant tenu à donner
à leur autorité leur pleine dimension • I?utre les réactions de refus
inh~rentes à ces représentations mentales, les Askya étaient aussi en
droit d'affirmer leur fonction d'exécutants des desseins du chérif
de la Mette et du Grand Sultan Ottoman ; autrement dit, ils pouvaient
1
aligner des prétentions identiques à celles que les Saadiens évoquaient;
avec le tapage que l'on a pr'cis' plus haut. Ils étaient tenus en
tant que Vicaire du Vicaire du grand sultan ottoman - comme l'Aslcya
Muhammad le rappel ait en remettant à Isma!l les insignes du pouvoir -,
de tout faire pour soumettre les richesses sans lesquelles la grandeur
et l'image de marque inhérentes à la dignité Califale n'avaient pas
J
de chance d'Atre concretisées •
Le poids de ces pesanteurs idéologiques aide à comprendr~
la virulence des réactions Songhay face aux convoitises des Saadiens.
Le ton fut donné par Askya Ishaq Ie qui fit preuve d'une hostilité
inattendue devant l'ordre de Marrakech de céder Taghaza vers 1539.
n • • •
Le Ahmed qui a écouté (ces conseils) ne saurait Atre l'empereur
actuel du Maroc et quand à l'Askya qui l'écoutera, ce n'est point
moi; cet Ishaq là est encore à nattre ••• "l. Restait alors à l'Askya
de réagir pour plus de crédibilité; c'est bien ce qu'il fit en mobi-
lisant 2000 Targui qui reçurent l'ordre de saccager le marché des Banu
Hasbih situé dans le Dra'a, c'est à dire en pleine zone sous influence
Saadienne •
1. Il est permiJde penser - entre autres raisons - que cette concep-
tion a commandé l'attitude du Mansa dû Mali à l'endroit des mines
d'or
il n'insista pas pour leur appropriation tant que les ~axes
qu'il percevait étaient réguli~res : la question mérite d'ê:~e ~hsec­
vée de plus près -
2. Sadi,
I981
P
I63.

TRR.
La sortie était bien une exhibition qui visait à dissuader
le sultan marocain; Abderrahmane Al Sadi l'a bien compris; il
pouvait aussi s'agir pour l'Askya de prouver qu'il était un digne
d'positaire de l'autorité Calitale et tout a fait désigné pour repré-
senter les ancAtres • L'ordre que l'Askya Ishaq donna à ses soldats
de s'en tenir au pillage du march' des Banu Hasbih nous permet de
retrouver la logique qui accorde la préeminence à un bien suscep-
tible de livrer des profits~plut~t qu'une localité située dans le
Dra'a dont on connait la fonction de point d'ancrage de la propa-
gande S.adienne •
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On retrouve cette logique 15 ans plus tard ~ous l'Askya
Dawud ; dans l'impossibilité de détacher une armée à mArne de réuss~~
le coup de son prédécesseur, il suggéra aux exploitants venus lui
faire part de la tournure agressive prise par les prétentions maro-
caines, de trouver des mines de sel qui livraient des bénéfices
aussi élevés. C'était une façon de sauver la face, le plus urgent
étant de rendre régulières les rentrées de ressources •
C'est apparemment la même logique qui explique que l'Askya Dawud
ait retenu la proposition du sultan Al Mansur de lui cèder l'exploi-
tation des mines de Taghaza contre le versement annuel de 100.000
pièces d'or. Ces solutions n'étaient probablement pas les meil-
'\\ ,1.1
leures car elles pouvaient traduire une forme de ~mission du roi
... '"
dans ses attributs de continuateur de l'oeuvre des ancêtres
de là
à le voir endurer les traitements qu'il subit de la part de ses
proches, il y'. un pas que tous ~eux qui ~taient encore sensibles
aux représentations négro-africaines franchissaient comme pour pr~
venir la colère des ancêtres •
1 • .sADI, 1981, P 163 -

Le mAme problème s'est posé à l'Askya Elhadj 2 en 1585-1586
il n'innova , . . _ans ce domaine, se contentant de reconduire la
solution expérimentée par son père: il prescrivit aux exploitants
Tbuareg de renoncer à Taghaza et de mettre en valeur les mines
de Taoudéni situées à 160 km plus au Sud .1 Ce choix relève du
mAme ordre de représentations que celles qui conduisirent les Askya
Ishaq le et Dawud aux solutions plus haut passées en revue ; on
aurait autrement du mal à comprendre l'attitude de l'Askya Elhadj
qui a plus d'une fois/donné la preuve de son engagement à préserver
son autorité en particulier/dans les démêlés qui l'opposèrent à ses
principaux partenaires •
Les controverses engagées au sujet de Taghaza ont pour notre
démarche une importance fondamentale; elles permettent d'appréhen-
der la confrontation de deux discours apparemMent identiques ~aist .
difficileMent conciliables au' regar~- des mec~~ls~es"-'q~i 'les' ~~~J c' -"
mandent •
Leur signification cartographique est tout aussi importante;
\\' .-
elle explique que nous n'ayions pas recond\\Ji~ les limites septen-
trionales du Songhay que la tradition cartographique qui s'imposa
après la deuxième .guerre mondiale/a confondues aux mines de sel de
1
J
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1
... :
Taghaza • :
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~
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~ , . "
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\\
. '
,.-- ·10 S·' ,';, ~..\\.
Dans ce cas comme cians cellX qui on t été abord~s au sujet
des limites ~ventuelles du Songhay vers l'AIr ou l'Oc~an Atlan"ique,
[il nous a paru moins abusif d'individualiser des sources d'enricl-)is-
sement susceptibles d'êtr~ convoitées et exploitées par les Askya •
1.Mauny identifie Taghazza El Ghislan des Tarikh à Taoudeni - Voir
Tab leau géographique •• P 331, note 2 - Voir aussi Rougier (F'). :.es
Salines de Taoudeni, In B.C.A.O.F •• 1929 pp 476-483 -

(AUssi faisons nQ~~ figurer à titre de repèresJtoutes.les mines
sur lesquelles les Askya choisirent de se rabattre à un moment
ou l'autre de leurs relations avec le Maroc. Ces repères furent
très flexibles comme on a pO le constater en évoquant la réaction
de l'Askya Ishaq Ie dont les troupes intervinrent en deçà de
Taghaza • Les régions excentriques du Maroc insuffisamment inté-
grées au ~hzen saadien ont été pour cette raison retenues comme
axes d'expansion probable des Askya tout comme l'avaient été les
provinces orientales du Mali à chaque fois qu'un désordre politi-
que y prévalai:].
Les essais de re-centrage
en direction de l'espace
Sahélien situ' au Nord de la boucle du Niger ne suscitèrent pas
le m~me intér~t que ceux entrepris vers Tbmbouctou ; les mines de
sel de Taghaza celles de Taoudeni ou les derniers marchés marocainE
avaient une importance stratégique réelle m~me si elle n'égalait
pas celle de l'ensemble Tbmbouctou Jenné • Les Askya y furent at-
tentifs pour des questions évidentes de légitimit~ mais aussi
parceque l'élite marchande et intellectuelle dont le r'l. a été
déterminejdans le dispositif de Commandement au Songhay y avait
d'importants intér~ts à préserver.
Que Gao ait choisi de négocier pour préserver ces intér~ts ou de
s'vir quand c'était la meilleure solution se conçoit donc aisément.

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1
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C~t essai c~r':"'grri;JhiqlJ~ S~Jr l t~mp1r~ S"n'J'"';'l~: a ~_.-- ~: .'.., ....,( .....
et~r l'~prarel1 cnnc~r~lJ~l 'J"llls~ p""Jr q'Jal1.Ç:'.~!" r:et-=~
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eur~p~~nn~ se s"'n" ~v~r~~~ Lr~~ ~~mM"~~~ ~~fS v~~:'cul~!.~~ U~~ c."C~P-
t-I"n ~~ l'~nfv~rs ~ul n'~':=ltL ,~.3 ~
.
t .-1 ~.... 1 t ,..; • a
......
~O~r~se"tatlf')~s Sf')"~h~y •
L. d1ecours imp(rial qui a été passé en revue en M~diterranée
k tra-yer8 le8 expft1.ences de François 1er, cœrles Quint et Suleiman le
Ma~ique a une portée UJÜvereelle très nette.
François 1er ~orce 1& proP'l,nde des théoriciens de la
royauté et conteste k Charles Quint sa prétention k dominer le monde •
Ce dernier s'inspire des chou exprimés par les aPis Catholiques
Ferdinand et Isabelle pour b~tir un "Empire universel, -autocratique et
dynastique dans les formes médievales les plus pures • "Suleiman Le
Magnifique leur emboite le pELs et forge un discours califal qui prétend
s'exercer sur l'ensemble de la Ummah islamique •
Au Songhay, les traditions politiques négro-africaines et
l'incursion k partir de 1498 des références islamiques, déterminent une
autre prétention spatiale même si ce sont apparemment les mêmes moyens
humains et militaires qui sont investis • Sous Elhadj kuhammad 1er et
Dawud,
l'espace convoité a une haute fonction utilitaire • Àu moment
où les disponibilités militaires s'y prêtent, l'Askya ~llhammad détermine
un axe d'expansion comprenant 1
Le courbe du Niger où se développe un important investis-
sement agricolL et pastoral •
- Les provinces maliennes de Diarra, du Galam et du
Bambouk particulièrement réputées pour leurs ressources aurifères •
- Le Soudan Central qui fut au XVIe siècle un important
carrefour
commercial.
Ces objectifs changent lorsque la vie quotidienne de l'a-
ristocratie connait des pas~es difficiles e~erbées par les déséquili-
bres de l'armée: ce fut le cas sous Ishao• Ter nui
_
continue R réa~ir
.l
sous l'impact de la mystique de l'espace. ;'.i:"'1.si s'o-r:~ose-t-il 8.U pr.ojet
du sultan marocain de contrô~er l'espace sacré de ~~rr~az~ ~~or~ 0u'il
n'avait pas le!'" -.oyens de faire face ~ la bi?ol'!ri~,<lt;j(),!" de l'entité
Jonghay entre les e~sembles économiques et culturels certrés ~utour de
Gno ~t ~ombouctou - J~n~é. ~~s différentes entreprises dépender.t d'1Jne

T92.
logique qui n'a pas la ....m. portée universelle. que celle décr~tée sou.
Charl•• Quint, Sulelinan Le Magnifique et dans une moindre mesure sous '"
Françoi. 1er ; .11• •'oriente vers la domination de toutes l.s sources
probables d'enrichiss.ment qui dans l'environnement imnédiat servent à
,.
entretenir 1. bien Itre, la stabilité et la pro.perité du peuple, seuls
paruètr•• qui permettent d. juger la prétention du roi A se réclamer
d. la continuité d•• ancltr• • •
Ce. r"érencea idéologique. déterminent une cartographie
Songhay .pécifiqu. J ainsi avons nous constaté que l'apogée Songhay
co!ftcidait sou. le rapport eartograph~que A une phase d'offensive mil1-
tair. dont les cadre. corresponden t A ceux précédemment esquissés sous
Elhadj Muhammad 1erl courbe du Niger , provinces mali.""•• du Diarra, du
Gal. . du Bambouk et carrefour commercial du Soudan Central •
l
A cette phase oftensive succeda une phase de retrecissement
que l'Askya Dawud s'employa à contenir en investissant en direction du
Golfe de Guin~, de la Gold Coast et du Soudan Central •
La tlch. fut ardue et butta contre les nouveaux dynamismes de la vie
quotidienne du groupe dirige~t, la restructuration politique en cours
au Soudan Central et dans les formations Mossi : la cartographie Son-
ghay s'.n ressent et ses contours impriment un net retrecissement •
Une autre étape de l'évolution politique Songha~ débute
après I528 1 elle reste dominée par d'intenses comp~titions liées à
l'indétermination des normes de la dévolution du pouvoir • Les princes
les plus pragmatiques exp&r1mentent le concours des armées et tirent
partie des bonnes dispositions des Ulama pour légitimer leur autorité;
celle-ci n'est pas mieux servie par le renforcement des administrateurs
de provinces et les activités militaires s'en ressentent et avec elles,
la configuration spatiale du pays • L'effort est crienté vers la pré-
servation des précédents acquis territoriaux et se traduit au plan car-
,
tographique par un retrecissement très sensible ; on retrouve malgré
tou~ la mystique de l'espace qui conduit Ishaq 1er à cibler d~s objec-
tifs que l'Askya Muhammad 1er avait soigneusement épargnés: les der-
niers marchés marocains où l'incohérence du Makhzen avait atténué l'in_
fluence Saadienne • Ces expressions spatiales ne modifièrent pas pro-
fondément la configuration cartographique propre à cette seconde étap~
de l'évolution politique Songhay l'effort est encore centré sur la val-
lée du Niger et vise à contenir les velleités qui dans l'axe 7~mbcuctou
Jenné menaçaient la cohésion de ce secteur vital •

l"'" ,
..•..
'.
: .
1
!93.
L'intérêt de cd essai est qu'il permet d'observer de plus près
1
les esquisses cartographiques du Songhay et de les ramener à d'autres
proportions • Il fallut pour cela mettre en évidence une mystique
1
spatiale très originale qui détermine de 1468 à 1591 les options stra-
tégiques des souvera1ns Songhay •
Conne il est de bon ton d'achever ce genre de regard sur le pas-
sé en comptabilisant les éclairages qu'il pourrait apporter sur l'ex-
·périenc. contemporaine, nous, avons choisi d'évoquer le rele que la
prise en compte de ces pesanteurs idéologiques exercerait pour fran-
chir \\Ut pas significatif dans la réunification de l'Afrique • Un préa-
l~le nous parait fondamental 1 repenser les motivations des chefs
d'Etat qui s'en9agea~ à la session de l'OUA de Juillet 1964 - à res-
pecter les frontières existant au moment de l ' indépendance nationale.'~
1FOrgés pour la plupart aux catégories de la pensée occidentale, ils
reconduisaient le principe de l'Etat Nation • Ce fut le cas de Julius
Nyérér' qui reconnaissait dès le 5 AoQt 1961••• Les jeunes (leaders)
ont reçu une éducation qui est une éducation de notre temps • La jeu-
ne••e donc, libérée des' préjugés du passé, doit pouvoir mettre en
application des idées qu'exige la Soci'té moderne mais auxquelles les
rabacheurs de Slogan rendent à peine plus qu'un hommage purement ver-
bal ••• J'estime que l'Etat Nation africain est un instrument d'unifi-
1
cation de l'Afrique et non un instrument de division de l'Afrique •• "'"
Il oeuvra concrètement pour faire avorter les ~fforts d'inté-
gration régionale : en Avril 1964, il bat sa propre monnaie et taxe
durement par des droits de douane, les marchandises en provenance du
Kenya et d'OUganda •
Ce mythe de la Nation et son Corollaire d'adversité pour tout
projet d'unification se retrouve chez NKrumah, un autre artisan de
la décolonisation de l'Afrique: il prone à l'instar de nombreux Chef~
d'Etat une centralisation pour l'avènement d'une nation forte et unie
et devant laquelle "même l'idée de fé"dération serait ';anqereuse ••• "2
Un cheval de bataille fut inventé qui rev~nai~ Jvec d'autant
~lus de fréquence qu'il permettcl1t d'étouffer des =on:~stations que
les partis au pouvoir où 1. clientèle politique qui !~u~ était li~
avôient int1r~t à banaliser,en ~~oquant leur caract2~e ethnique ou
religieux :
~- Nyéréré (~) • L'Unité afric.ine • In ?résence Africaine n039, 4e
Trim.,
I961
P. î..O -
11 •
2- Thomas (i...'!j :'es idéologies né9t"o-èf~i~3~n~s d'aujourd'hui, 1965-
p
76-

T94.
Le tribalisme, le régionalisme voire l'intransigeance religieuse furent
dénoncés et avec eux des en~t~s culturelles homogènes dont l'affirma-
tion était préjudiciable A quelques interêts particuliers • Les chefs
d'Etat rivalisèrent d'inspiration et d'ardeur pour traiter un problème
d'int'9ration aussi crucial. Il faut citer à nouveau Nyèrér~ qui préco-
nisait le maintien à l'int~rieur des frontières nationales,de forces de
police suffisantes pour garantir le droit et l'ordre. C'était aussi le
cas de Boumed1lne qui n'a p.s mieux trouv~ que de proposer en 1969, le
concours de ses armées pour aider la fédération du Nig&ria à écraser la
rebellion du Biafra •
Que la marche de l'OUA ait connu des soubressauts parfois
désespèrés ne peut susprendre car la volonté politique a suposer qu'elle
ait été unanime chez les Chefs d'Etat africains n'engageait pas les sen-
sibilités populaires. Face à une telle impasse, l'exp~rience Songhay
peut être édifiante a plus d'un titre parcequ'elle met en jeu des prin-
cipes d'une haute portée religieuse: un chef quelqu'il soit, ne peut
prétendre règner s'il ne donne pas la preuve de sa capacité à répondre
favorablement aux sollicitations de son peuple dont il assure la liaison
avec les anc8tres • Il lui faut pour cela créer sur place les conditions
d'une paix sociale durable en taisant ses int~êts personnels ou ceux de
la fraction qu'il représente. Un dépassement intellectuel s'impose que
les élites africaines auraient tout intlrft à confirmer pour s'inspirer
de cette perception originale du pouvoir dont Sonni Ali Ber, Askya Muham-
mad - r~en ne permet de ctrconscrire la liste à eux seuls
- se sont
r~clam~s pour tenter de réaliser les conditions d'épanouissement de leur
peuple ./.

r9'3.
BIBLIOGRAPHIE
l
• PRINCIPALES ABREVIATIONS UTILISEES
II. INSTRUMENTS DE TRAVAIL
III. BIBLIOGRAPHIE sJŒ:CTIVE SUR LES EMPIRES DUU.CENTR~.
A. LE ROYAUME DE FRANCE ET FRANÇOIS Ier
B. LE SAINT EMPIRE ET CHARLES QUINT •
C. L'EMPIRE OTTOMAN ET SOLIMAN LE MAGNIFIQUE •
IV • L'EMPIRE DANS LA .. PERIPHERIE "•
A. LE MAROC ET LES SAADIENS
t·/ LES SOURCES
2· /
ARTICLES ET TRAVAUX •
B. LE CAS
SONGHAY
t·/ Les Sources locales
2°/ Les Sources arabes,
3°/ T~s So.urc:ps p.l.lropeen"p.s
b) Voyageurs el: p.xploratE'urs
(XV"!"T-XIXes'
4 0 /
ArtiC"lps ~t Tr~valJx sur le SorlJhay el: l' Afr!que •

I96.
I. PRINCIPALES
ABREVIATIONS
UTILISEES.
---------~----------
A.E.I.F. : Association des 'tudiants islamiques en France
A.E.S.H.A.N. : Association pour l'étude des Sciences Humaines
en Afrique du Nord
A.E.S.C. : ~es, Economie Soci~tés et Civilisations
B.C.DG.P.: Bulletin Cultural da Guine Portuguese
'B.CEHSAOF : Bulletin du Comit' d'Etudes historiques et Scienti-
fiques de l'Afrique Occidentale Française -
B.IFAN ·
Bulletin de l'Institut fondamental d'Afrique Noire ,
· précédemment Bulletin de l'Institut français d'Afrique
Noire •
J.A.H. : Journal of African History •
J.A.S. • Journal of African Society .
·
J.S.A.
Journal de hl Société des Africanistes •
I.B.L.A. : Institut des belles lettres arabes •
N • A .: Notes Africaines.
P.U.F. : Presses Universitaires de France •
R.A.H.P.H.M. : Recueil d'articles sur l'Histoire politique et.
l'historiographie médievale •
R.B.C.A.D. : Research Bu~in of Center of Arabie document •
5 F HOM:
Soci~té française d'histoire d'outre mer.

197.
II - INSTRUMENTS DE TRAVAIL -
Actes du Colloque international sur la cartographie arch~ologique
et historique - Tours, Centre de Recherches A. Piganiol, 1972 •
- BLAUDIN de THE (B)- Essai de bibliographie du Soudan français et
des régions avoisinantes • PARIS, Arts et métiers graphiques, 1960,
261 pages •
BOUILLET (M.N.) Dictionnaire universel d'histoire et de g~ographie
34e édition. PARIS, Librairie Hachette, 1914, 2237 P.
BRASSEUR (P). Bibliographie g~nérale du Mali - DAKAR, IFAN, 1964,
461 P.
-CATTENOZ ( H.G)- Table de concordance des ères chrétienne et hégi-
rienne - Rabat. E.T.N.A, 3e ~dition, 1961 •
- Colloques de Bamako et Niamey 1975, I976 CSynthèse)- Atlas histo-
rique de la boucle du Niger - Préparé et dessiné par Yveline Poncet
avec la collaboration de R. Mauny, J. Rouch, Y. Cissé,c. Meillas-
soux et les participants aux Colloques de Bamako et Niamey •
Paris. Association S.C.O.A pour la recherche scientifique ~n
Afrique noire 22 cartes + 1 fascicule •
• El BOKHARI, Les traditions islamiques • Trad. et Annot. par o.
Houdas et W. Marçais - Paris, Librairie d'Amérique et d'Orient
A. Maisonneuve, 1977, 4 volumes.
~
. '
• Encyclopedie de l'Islam, nouvelle édition, Leyde E. J.Brill et
Paris, G.P. Maisonneuve - Laros~, 1965 •
• Fage (J.D) An atlas of African History • S.L, E.Arnold 1958, 64
pages et 62 cartes -
• Hamidullah (M) Le Saint Coran. Trad. et Annot. par Hamidullah av~c
la collaboration d~ M. Leturmy, 10 édition révue et complèt~e -
Paris, A E l F, 1981, 847 pages

..
.
,.
" ,
.."'":. . .."
..' ..~. ',' ~ .
. . ' , '
. ,
TC"
. :. r

- Ibn Abi Zayd al Q~yr~w~ryi, La Ris~l~ ou Epltre sur les ~lements du
dogme et de la loi de l'Islam selon le rite m~l~kite (texte arabe
et tr~d. fr~nç. ~vec un ~v~nt propos des notes et trois index p~r
~on Bercher) • 4e édition, Alger Carbonel, 1952, 371 p~ges -
- KAMAL CP.Y), Monumenta c~rtogr~phic~ Afric~e et Aegypti, Le Caire
et Leyde Brill 1926 à 1951, 5 tomes en 16 volumes •
- La Ronci~re (C.de), La d~couverte de l'Afrique ~u Moyen âge, Carto-
gr~phes et explorateurs - Le Caire, Socl't~ Roy. de Géog.d'Egypte,
1925 -
1927, 3 T •
- LAYA (O.) • L~ tr~dition orale, Probl&matique et m~thodologie des
sources de l'histoire ~frlcaine - Nl~mey, Centre régional de documen
tatlon pour l~ tradition or~le - Ni~mey, I972 -
- MARTIN (0) et YANNOPOULOS (T). Guide de recherches -
L'Afrique noir~
P~ris, A. Colin, 1973, 195 p~ges •
- MASSON (0), Le Cor~n -
P~ris, Editions G~llimard, 1967 en 2 volumes
- MAUNY CR), " Contribution à l~ bibliographie de l'histoire de l'A-
frique noire des origines à 1850". In BIFAN, Tbme 28, B, 1966, n03
pp 927-965 •
- MIROT (L) et MIROT (A), M~nuel de géogr~phie de 1. Fr~nce, 2 tomes.
Paris, A et J. PICARD, 1947 et 1950 •

-, .. . . . ,
. . ~
-. . -
I99.
I1I- BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE SUR LES EMPIRES DU CENTRE -
A. LE ROYAUME DE FRANCE ET rRA~ISIer -
- ARQUILLIER E (H.X) L'Augusti~nisme politique- Ess~i sur la
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questions historiques • T • LXXIII, 1903 •
• BENNASSAR (B) et JACQUART (J) Le XVIe siècle • Paris, Armand Colin,
I972-
• BLOCH (M) Les rois th~umaturges • Etudes sur le c~ractère surnaturel
attrib~ à la puissance roy~le p~rticulièrement en Fr~nce et en An-
gleterre • A - Colin, 1961, 544 P -
• FOLZ (R), L'idée d'empire en Occident du Ve ~u XIVe siècle - P~ris,
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In Charles quint et son temps -
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• GENICOT (L). Les lignes de f~tte du Moyen Age • P~ris, C~sterm~n,
1960, 199 p~g~s •
• Guenee (B), Politique et histoire ~u Moyen Age - Recueil d'articles
sur l'histoire politiqu~ et l'historiogr~phie médiev~le, 1956.1981-
P~ris, Publications de l~ Sorbonne, 1981, XI + 390 p~ges •
• L'Occident aux XIVe et XVe siècles = les Et~ts - Paris,
PUF, 1971, 340 p~ges -
• Les limites de la Fr~nce " In R.A.H.P.H.M.- Paris, 1981
PP 73 -
92 -
• Et~t et n~tion en Fr~nce au Moyen Age " r~ Révue Historigu~
T. 481,
1967 pp 17 -
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Civilis~tion. Peuples et mondes, TIV. La Renaissance - Paris, Lidis t
1966, PP 195-243 -
• François ler -
Paris F~yarrl, 1981, 435 p~ges -

200.
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Révue historique de droit franç~is et étr~nger ; T.XLV- XLVI,
1921 -
1922 •
• LAGARDE ( G.de) La naissance de l'esprit laIque au declin du moyen
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3e édition -
Paris- Louv~in,1956,
217 pages -
• LEROUX (A) " L~ royauté française et le saint Empire romain ~u
Moyen âge." In Révue historique • T XLIX,
I892
• ZELLER (G)·Les rois de France candidats à l'Empire" In Révue
Historique, T 173, 1934 pp 273 -
311 et 497 -
534 •
B/ LE SAINT EMPIRE ET CHARLES QUINT -
-
BRAUDEL (F) " Les emprunts de Charles Quint sur la place d'Anvers"
In Charles Quint et son temps. Paris Edi. du CNRS, 1959, PP 191-
201 -
• La méditerranée et le monde méditerr~néen à l'époque de
Philippe 2. Deuxième édition • P~ris A • Colin, 1966,
2 volumes •
"Espagnols et Morisques au XVIe siècle" In A.E.S.C. Oct. Déc.
1947, n-4 PP 397 - 410 •
• CARANDE (M)
• C~rlos Quintos y sus banqueros - Madrid, Sociedad d~
estudios y publicaciones •
• FOLZ (R), Le souvenir et la légende de Charlemagne dans l'empir~
germanique médieval
-
Paris, Les Belles l~ttres, 1950, XXIV + 624
pages -
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In Les Gr~nds empires, Recueil de la Societé Jean Bodin pour
l'histoire comparativ~ des institutions. Bruxelles, Librairie,
encyclopédique, 1973, pp 759 - R85 -
• LAPEYRE (H) Charles Quint. Paris,
PIJP,
1Q71, 126 pages -
• L~s mon.rchies européennes nu XVT~ sipcle et l~s r~13~;0n~
i~~~rnatlonal~s - Paris, P.U.P. (N1!e Clio', 196 7 , 1A4 pa~es -

201.
··PEREZ (J) La révolution des Comunidades de Castille 1520-1521.
Bordeaux, Institut d'Etudes Ibéro-&méricaines, 1970, 736
pages -
- PIDAL (R.M) Idea imperial de Carlos V • Tercero edicion • Buenos
Aires • Coleccion Austral, I948 -
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Formation dei fundamental pens~iento politico de Carlos V ."
In Charles Quint et son temps - Paris, Ed. du CNRS, 1959, PP1-1'
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JACOB Fugger - Paris, SEVPEN, 1957. 323 pages.
- SPROEMBERG (H), "Contribution à l'histoire de l'idée d'empire au
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1961, pp 309 - 333 •
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rie encyclopédique. 1973. pp 354 - 432 •
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VIVES" Imperio y administracion en tiempo de Carlos V
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In Charles Quint et son temps - Paris Ed. du CNRS, 1959,
pp 9 -
21 •

20~.
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GOKBILGIN CT) "L'~tendue du pouvoir de Soliman Le Magnifique au
XVIe siècle ." In Recueil de la Soci~té Jean Bodin, XX, I970 PP 627
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" L'empire ottoman, formation, évolution, disparition" In
Les grands empires. Recueil de la Soci~té Je~n Bodin - Bruxelles,
Librairie, encyclop~dique, 1973, PP 555 - 564 •
- INALCIK (H), " The turkish impact on the development of modern
State in Europ " In The ottoman State and its place in the
World history , ed. Kamal H. Karpat, E-J-BRILL, Leiden 1974
pp 51 -
58 •
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In Studies in the Economie history of the middle East. ed. M.A
Cook, Oxford University Press. London, 1976 pp- 207 - 218 -
• " Suleiman the lawgiver and ot-tom",n law " In Archivum ottoma-
nicum l
• The Hague 1969,
pp 105 -
138 •
• The ottoman empire • Conquest- Organization and ~cQnomy. Collected
Studies - London, Variorum Reprints, 1978 •
n.
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ITZKOWITZ (N) " Lo:l Sublime Port:~, ascension pt- dec1.ir. rie J'~mpire
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ottoman" In B.Lewis. l'Islam d'hiet' ~ Aujourd'hui • P~ri~,
Bruxell~~t Eisevi~r, Rord.s, T9A1 pp 307 - 336 •
- SUNAR (I) ,ft Eccnorr!i.f"-" politique dans l'emp.l.r" (':t"omaJ"l" In ~,
n!s 3 - 4, 19AO, pp ~51 - 579 •

203.
IV • L'EMPIRE DANS LA PERIPHERIE -
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1 0 /
LES SOURCES _
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histoire de la dynastie saadienne au Maroc (1511-1670) Edit. et
trad par 0 Houd.s - Paris, E - Leroux, 1888 - 1889, 560 pages-
- CASTRIES (H.de) Sources inédites de l'histoire du Maroc. Première
série, dynastie saadienne - Archives et bibliothèques de
France, Pays Bas, Angleterre, Espagne •
• Une description du Maroc sous le règne de Moulay Ahmed El
Mansour • ( 1596 ) - Paris, Leroux, I909, 148 pages -
Agents et voyageurs français au Maroc 1530-1660- Paris Leroux
1911 , 103 pages •
PIANEL (G) Les préliminaires de la conqu~te du Soudan par Al Mansour
d'après trois documents inédits ." In Hesperis. XL, 1er et 2e
trim., 1953 PP 185 - I97 •
- ZAYYANI (Abu ••• ) Histoire de la rlynastie Sa'dide, extrait de Al TUr-
guman al murib an duwal al Masriq wal Magrib • d'Abul qasim •••
al zayyani -
texte • trad. et notes par Roger le Tburneau •
Presentés par L. Mougin et H. Hamburger, publié par l'A.E.S.H.AN
Aix En Provence, 1977, 103 pages.
2) Articles et travaux -
• AIMEL (G) " Le palais d'El Bedi ~ Marrakech t'!r le- mausolée des Chor-
fa Saadiens" In Archives Berbères, n 0 1, T.ITT
TQrR pp 53-63 •
• BERTIHER CP) " Une épisone de l 'histoire de la r::a.,n~ ~ sucre. Les
anciennes Suc~eries nu Maroc ~t leurs réseaux hydrauliques •
Etude d'arch401. ~~ 1'hist6tre ~connmiqu~ • Rabat, Imp. fra.,~.
~~ maroc. , 19fi6, 2 Tnm~~ •

204.
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man (iite malikite)" In R~vue A19~rienne,T.1, 1936 pp 33-40
- COLIN (G.S) Le. mines marocaines et les Marocains" In Bull- ~c.no.
Maroc, n013, 1936, pp 194 - 200 •
- COUR (A) L"tablissement des dynastie. des ch'rifs au Maroc et
leur rivalit~ avec les TUrcs de la Régence d'Alger 1509-
1830 • Paris E. Leroux, 1904, 254 pages •
- HAJJ ( M) " L'id'- de Nation au Maroc du XVIe au XVIIIe siècle"
In Hesperis
Tamuda, Vol ~-, 1968 pp 109 - 121 •
- JACQUES Meunié -,(0) Le Maroc Saharien du XVe siècle à 1670 -
Paris, Klincksieck 1982, 2 vol •
- KABLY (M) Soci~t~ pouvoir et religion au Maroc des Merenides aux
Wattassides (XIVe - XVe s) Thèse pour le doctorat d'Etat,
Pari. l, I984 , 436 pages •
- LAROUI (A) L'histoire du Maghreb, un essai de synthèse - Paris,
F. Masp~r., I970, 390 pages •
- LE TOURNEAU (R~" Les d~buts de la dynastie sa'dienne jusqu'à la
mort du sultan M'hammed Ech Cheikh (1557) " In Biblioth. de
l'Institut d'Etudes Sup~rieures islamiques - T IX, Alger,1954.
• Al Zayyani, historien des Sa'diens" In Etudes d'orientalisme
dedi~es à la m~moire de Levy Provençal • Vol 2. Paris G.P
Maisonneuve et Larose, 1962 PP 631 - 637 •
- MARTIN (A-G.P) Les oasis Sahariennes (Gourara-" Tbuat, Tidikelt).
Paris, Challamel, 1908, 409 pages.
- MOUGIN (L) " Les premiers sultans Sàdides et le Sahara." In Révue
de l'Occident musulman et de la m~diterranée n019, 1975,
pp 169 - 187 •
- RICARD (R) " Le Maroc à la fin du XVIe siècle d'après la Jornada
de A~rica de Jeronimo de Mendosa " In Hesperis, 3e et 4e
trim., 1957, PP 179 - 204 •
- ROSENBERG (R) " L'histoire économique du Maghr.eb" In G~schichte
Der Islamischen Lauder • Teil1, Leiden Koln. E•.r Bt'1l1 ,
1977, PP ?05-23A •
" Les anciennes exploitations minipres ~t les anciens c-n~res
1
me'"ta11urgiques du Maroc" In Révu~ rl~ 9él)qraphi~ nu Maroc, n018,
1970, PP 59 - 102 •
- MASStGNON (L), Le Maroc dans l~s ~rp.mi~r~s ~nnpes du XVIe s: Ta-
hle;;a!J 'Jéogr<=lphique d'4lprp<;:
U''''n L'Afri~~in - Alger, .Jourrl~nj
1Q06, 10S ?~g~s •

205.
BI LE CAS
SONGHAY-
1 - 1 LES SOURCES LOCALES -
- AL MUKHTAAR CI) et KATI CM), Tarikh al fatt.sh fi akhbar et boul-
dan oul djouyouch oua .k.bir en Nas, ou chronique du chercheur pour
servir A l'histeire d.s vill.s, des armées et des princip.ux persen-
n.ge. du Tekrour • Texte ar.be et trad. franç • par O.Heud •• et M.
Del.f•••• , 3. 'dit. Paris, A. Maisonneuve, I981, 361 page• •
- MBAYE CEl.R) " Un aperçu de l'Islam Songhay ou répense. d'Al
Maghili aux questions posées par Aski. Elhadj Muhammad empereur de
G~o." In B.IFAN, T 34, B, n-1-2, I972 pp 237 - 267 •
- PALMER (H.R), Sud~nese memoire being m~inly tr~nsl~tions of a
number of ar.bic m.nuscripts rel~ting to the centr~l ~nd western
Sud.n - Lago., Gov - Printer, 3 vol, I928 •
- SADI (A) Tarikh Es Soudan • Tr~d. fr~nçaise par O.Houdas, 3e édi9
tion, Paris, A.Maisonneuve, I981, 504 p~ge• •
- TEDZIKIRET EN NISSAN Fi~khb.r Moulouk es Soud~n. Tr~d. franç.
O.Houdas et Collab. d'E. Benoist - 2e Edit- Paris, I966, 413 pages.
- URVOY (y)." Chroniques d'Ag~des " In Journ.l de la Soci~té des
Africanistes, T.IV, I934, PP 145 - 177 •
- ZOUBER (M) Ahmad B~b~ de Tombouctou (1556-1627' S~ vie, son oeuvr~
P~ris A. M~lsQnneuve et L~rose, I977, 213 pages.
2°/ LES SOURCES ARABES -
.- CUOQ (J.H.) Recueil des Sources ~r~bes concernant l'Afrique oc-
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1~9 •

2211 •
TABLE DES MATIE RES -
.- INTRODUCTION -
-i. 2.~
1. Le Projet cartographique dans l'historiographie africaine ~
1·/ Le discours des pionniers • :1-
2-/ Le discours de l'ère des indépendances. Z
..
"
II. Pour une étude cartographique de cas : L 'empire Songha~ ~
III. Principaux encha!nements de l'argumentation
8
IV. Présentation des Sources • ~1.
A/ Les Sources locales . A~
a) Les Tarikh de Tombouctou.~\\
b) Les "Réponses" d'Al Maghili .1~
c) Les chroniques d'Agadez

B/ Les Sources Arabes -
'\\~
a) Jean Léon ~'Africain ~~
b) Les Sources marocaines I~
cl Les Sources Européennes - ,8
a) Malfante et les Portugais ,~
b) Rapports des fonctionnaires anglais et français .19
c) Relations de voyages du XIXe s . \\ 9
d) Les travaux ethnographiques.
2~
PREMIERE
PARTIE:
L'ENPIRE Al' Ç8NTRE -
Z4. 64
CHAPITRE l • François 1er, du r~ve imp~rial au projet monar-
chique : 1515 - 1547.
L4
AI L'Infrastructure idéologique
~~
a) Le Roi de France empereur dans son royaume
~~
b) François 1er, chef de l'Eglise de ?ranCQ après lp. Con-
cordat de Bologne (1516) _ 2-&
9/ Les moyens de conf1rme~ l~ projet monarchique • i~
~, !Jn Gouvernement c€.ntral
·~tr':)item~n~ tenu par le Roi Î.3

., .... ...,
b) Un encadrement administratif bien serré ~~
Conclusion - . 3<t
CHAPITRE II : Charles Quint et l'Empire 3$
AI Un empire difficile A gérer ;&
BI La carte religieuse de Charles Quint 44
Conclusion _ ~o
CHAPITRE III t Suleiman Le Magnifique et la Ummah islamique 11520_
1574 • S~
AI La Légitimité Callfale • Sj
a) Selim Ier prépare Suleiman Le Magnifique 5~
b) Suleiman Le Magnifique, la promotion d'un nouveau style ~~
1-/Au plan idéologique -~3
2-1 Dans les choix diplomatiques de Suleiman Le Magnifique ~ç
BI La gestion de l'empire Ottoman Sb
Conclusion
- b 1..
Conclusion de la première partie _ f..3
DEUXIEME PARTIE : L'EMPIRE dans la Périphèrie, le cas Songha} ~
CHAPITRE l : La perception de l'espace dans "l'emplre " Songh~. ~s
AI Le bilan des Sources _ ~s
a) Les données des Tarikh • L~
b) Les constructions mythiques • +0
OiAPITRE II • Mystique de l'espace et espace sacré • 't;.
AI Le roi produit de l'espace et symbole des anc~tres ~~
BI La gestion royale de l'espace • 13
Conclus 10n -
&>
TROISI~ME PARTIE : Autour des apogées Songha~ : 1493 _ 1528 •,
1549
1582. 8 ~
CHAPITRE l : De S~nni Ali 3er à l'Askya Muhammad: un changement dans
la continulté _ &9
0:./ I\\UX plans Idéologique
-~ administratif - ~~
2.)
.-lt4;C'~H· ,~('> ~~ controverse:- ~.,tre .;cnni Ali pt l~s '.'laM·3, - &J

, ::
b) AskYë M~hammad co~voite -""
t.icn f~rte - 9'
sI i.!;~:ya Muham.'iia~ cOI)!1rme le prejet ';conomique de -':;c~i Al! Ser-
te. c.-
a) La =onst!.tution d'un espace de d1gi.!ta!res dans !e. vallée du Niger
b) Le contrOle d~ dynamisme commercial -
IC~
~H~pT~?~
- •.•• __ .....
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L'~y.~en~ion~'
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::} ':~~sëquence de p:'cfonds boulev-::,sements po~!tiques -
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1
:lënf: l~!' -:-,:,vinces ex=en t:,iques du M::.!.! : :'ië:':'2 • Galam _.\\"1
2
t"ans l'enti té du Jolo! _ ,...
b)
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La repli~1.1e =rançaise
al ~~r sur :e :~udar. Cent:'21
I~
<:J ~'imDc:-~.2:nte!: pote:1t!alités convoitées pë:.r Gao . ,\\~
CHAPITRE I:: • L 'Ask~'a Dawud et le Second apogée Scngha! : 1549-1582.-1'
... :' :'E:S
- . / - •. ,- ........,. .. · .. c
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-
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st'atiale
seconde moi ti
·=u )~Jle siècle.
H.l:.
a> S'~","..:d et les :.flam== peur une l~g:'ti:.:!.té :udemeii~
• .12.6
... -
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r;
·.·'re:'·)· -ele-~ ..!·,.·...nc-..;
;;~- -···e-

.,3,Z.
a) La con~c11datlcn des acquis ant~rieurs
1~4
:;ë:n~ les provinces c:-ier.të;lcs du r-;~li _ ,1~S
=, Pour as~~~e~ ~n~ o~verture ccmmer=iale plus dura='le - .I~
..,
-_ .
Su:.-
.....
,
,.,.::..e
'-~""'-"~,,,,~-
'"'- -
~~~~?:SM~ ?~P~:E : Sspace et c=i~es i~st!t~tic~n~l~~s au Songha!
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II~
"""

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CHAPITRE 1. La gestion des héritages institutionnels -
~~~
AI Les probllanes de la dévolution du pouvoir restent entiers • (",(
a) Le syst" de transmission, un choix impossible _
Jt.,..6'
b) Les coup. de force comme alternative à l'impasse institutionnelle.
i
.tçt..
B/ Le groupe dirigeant au quotidien après les Askya Muhammad le
et Dawud -
,~S'+
a) A Gao, les AsJcya entendent consolider leur autorité _ .1S'T-
CHAPITRE II • Les essais de re-eentrage spatial pour une entité
Songhay plus homogène • Aé'2..
cidentales CP
AI Un
a) Pour le maintien de Tombouctou
b) La révolte du Balama Sadi q , un
phèrie - .~6"f
BI Tavhaza et
de la
boucle du Niger 1 le choc
l'espaci..
a) Taghaza, un relai privilègié dans l'expansion Saadienne vers
l'or du Soudan - H3
b) Taghaza et les potentialités économiques du Nord Sahel dans le
dispositif SonghaE de l'espace -
Conclusion générale -
19'