Université de Paris - Sorbonne (Paris IV)
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
L'image du médecin
dans la Collection Hippocratique
• • • •
••••
présentée par
Madame Marne SOW DIOUF
Sous la direction de
M. le Professeur Jacques JOUANNA
Université Paris IV Sorbonne
••••
1992
C
\\
)

1
,--::-)
mon
père
CAAB
~)
ma
mère
OULEYMATOU
MAGUED et
â
PAPE
Mes
frères
et
soeurs
dans
le
soutien
et
' a f f e c t i o n
desquels
j ' a i
puisé
le
courage
de
terminer
c e t t e
t h è s e .

I I
-
c
REMERCIEWENTS
=-
Mes
premiers
remerciements
vont
à
mon
mattre
Jacques
JOUANNA car,
en
me
conduisant
avec
beaucoup
de
patience
et
de
rigueur
dans
l'univers
médical
hippocratique,
II
m'a
permis
d'en
mesurer
la
très
grande
complexité
et
m'a
convaincue
plus
que
jamais
de
la
nécessaire
prudence
du
chercheur,
et,
par
delà,
de
tout
homme.
Que
tous
ceux
qui,
par
ai lieurs,
m'ont
aidée
par
leurs
conseils
et
suggestions
ou
par
leurs
contributions
matériel les
de
toute
sorte,
à
achever
ce
travail,
trouvent
1c 1
l'expression
de
ma
profonde
gratitude

1 N T R 0
DUC T
I O N
G
E
N
E
R
A L E

Le présent
travai 1 a pour
objet
de
dresser
un
portrait,
celui
du médecin dans
la Collection Hippocratique,
qui
regroupe
une
soixantaine d'oeuvres médicales
participant,
malgré parfois
des
divergences
de méthode
et
un éloignement
plus
ou moins grand dans
le
temps,
d'un esprit
cOl1Tl1un
qui
est
passé
dans
l'histoire sous
le nom d'Hippocratisme.
On peut évidemment
s'interroger,
après
avoir
eu connaissance
de
l'ouvrage de L. OOHN-HAFT, The Public
physlclans of anclent Greece( 1),
sur
l ' intérêt
de consacrer
une é t u d e à
l' i ma g e du mé d e c i n g r e c
d e i ' an t i qui té.
Ca r
con -
sidérable est/sur cette question/l'apport
du critique
qui
exploite
un
très
grand nombre de documents médicaux épigra-
phiques
et
littéraires allant
de
l'époque classique
jusqu'à
1an'" i s san ce dei ' emp ire r orna in. Iv'ais
l ' 0 n se
r a vis e
vit e .
En effet,
dans
son étude, OOHN-HAFT,
dont
le but
n'étai t
pas
de dresser
un portrait
du médecin grec antique,
mais
de
démontrer
que
la
thèse de
l'institution d'une médecine pu-
bl ique gratuite en Grèce était
un anachronisme avant
l'époque
hellénistique,
n'a
relevéque
les aspects
de ce portrait
qui
lui
servaient
dans
son argumentation,
c'est-à-dire
les con-
ditions
sociO-économiques.
Tout
le
reste,
par
exemple
les
caractéristiques
intellectuelles ou morales,
a été plus ou
moins
relégué
dans
l'ombre.
Du
reste,
d'autres
travaux
ont
été produits,
qui
participent de la connaissance du médecin grec antique,
mais qui
ont
tous
en commun d'être plus
ou moins
partiels.

3
Ils
sont
en effet
le
plus
souvent
1 imi tés
à
un
aspect
par-
ticulier
du
portrait
du médecin,
qui
est
soit
socio-écono-
mique,comme on
l'a
vu
dans
le cas
de
l'ouvrage
de
C.HAfT (3)
soit
déontologique,
comme c'est
le cas
de
l'article de
L.
ou
ce 1u i
de
L.
BOURGEY ,La /I.e.€aLion
du médecin au malade dan",
le'" éC/l.ii", de l'école de Co",(5).
Rares,
sinon
inexistantes,
sont
les
tentatives
de
portrait
global
mêlant
aux
aspects
évoqués
plus
haut,
l'étude,
par
exemple,
de
la
composition
du milieu médical
et
de son organisation,
la
nature des
activités
qui
s'y déroulent,
l'image
intellectuelle
du
médecin.
C'est
ce
vide que
nous
tentons
de
combler
ici.
Le
plus
souvent,
la Collection contient
en
elle-meme
des
réponses
aux questions
que
nous
soulevons.
Aussi
l '3nalyse
interne des
textes
est-elle
hautement
pri-
vil é g i é e.
Ma i s
no usa von s é gal l'me n t
l'Ur e cou r s
a u x
t émo i -
gnages
contemporains
et
aux
sources
de
l 'antiqûité
grecque,
soit
dans
les
cas

la Collection ne
suffit
pas,
soit
pour
confirmer
les
données
internes.
La Collection,
bien
que portant
le
nom du
célèbre médecin
de Cos,
Hippocrate,
n'est
cependant
pas
constituée
uniquement
d'oeuvres
de
l'école médicale de Cos,
mais
encore de cel les
de Cnide,
où exerçaient
également
des
Asclépiades,
ou
d'ai lIeurs.
Ces
oeuvres
appartiennent
à
des
époques
trés
différentes.
Cependant
le
plus
grand
nombre
date
de
l'époque où
vécut
l'Hippocrate
historique
(entre

4
460 et
375 avant J. -c.) .
On peut compter,
dans ce groupe de traités de
l'époque hippocratique, des traités cnid/ens comme Maladies
Il
et 2, Affections Internes, Maladies
III
; probable-
ment aussi
les traités cnidiens relativement
plus récents
d'Affections et de Maladies 1 (6),
de Fistules et des Hémor-
roIdes ainsi que de la Vision,
qui
pourraient
remonter à
la
fin du V~ siècle ou au début du IV~ siècle(7).
Mais
il Y a aussi des
traités coaques comme
Epldémles
et
Il,, qui
sont datés de
la
fin du V~ siècle(8)
Epldémles li,
IV, VI,
se situent aux environs de 400 ou
395 avant J.-C. et Epidémles V et VII prennent probablement
place au milieu du IV~ siècle(9). Le traité des Airs, eaux,
lieux, ~onnu peut-etre d'EURIPIDE, date sans doute du V~
siècle(IO).
La Nature de l'homme pourrait appartenir à
la dernière partie du V~ siècle(II), tandis que les Fraf.-
tures et
les Articulations( 12),
le Pronostic( 13),
le Régime
dans
les maladies aiguës( 14), et
les Aphorismes( 15), Of-
ficine du médecin, Plaies de tete et Humeurs ( 16) dateraient
dei a p r em i ère mo i t i é d u 1V~ s i è cIe. Le Se rme nt ( 17) a ppar -
tient
probablement au V~ siècle tandis que la Loi serait
plus réCente(18). Le traité d'Ancienne médecine,
peut-être
elle aussi coaque, mais alors en position particulière dans
l 'école(19), daterait de 410 selon H. WANNER et de 430-420
(ou 440-430) selon A.-J. FESTUGIERE(20).
Le traité d'inspiration philosophique du

5
Régime
l,
Il,
III
et
Iy(21)
et ceux à caractère sophis-
.
(22)
(23)
.
tique de Vents
et
d'Art
pourraIent être soit
de
la
fin
d u Y~ soi t du dé but du 1Y~ s i è cie.
I l e s t
po S s i b 1e que
Chairs(24)
date de
l'époque des sophistes,
tandis
que Lieux
dans
l'homme(25)
remonterait
à
une date
assez
ancienne
et Prorrhétique
Il
peut-etre au début
du
IY~ siècle avant
]._C.(26).
D'autres écrits
sont
plus ou moins
tardifs.
Ainsi
le
traité
isagogique du Médecin est-il
post-aristo-
télicien,
tandis
que
les
traités déontologiques
de Préceptes
et
de Bienséance sont
post-chrét iens. (27)
Semaines ne
.
,
1e r
remonterait
qu au
--
s.avant ].C;(28).
Dans ces cond i t ions,
l'image du médec i n que
nous
al ions
présenter
ne sera pas celle d'une époque,
le
Y~/IV~ siècle,où a vécu l'Hippocrate hislorique, mais ceile
d'une collection qui
s'étale dans
le
temps.
Une certaine
perspective historique ne sera
pas
absente de notre exposé.
Enfin,
sont
intégrés à
nos
sources hippocra-
tiques
les Lettres,
le Décret et
les Harangues,
écrits pour
la plupart
apocryphes et
tardifs
la première édition
attestée des Lettres
remonterait
à
l'époque de Tibère ou
d'Auguste(29). Cependant L'Epîbomios
(ou Discours sur
l'autel)
et
le Décret sont
hellénistiqUes.(X)J
Le caractère hagiographique de ces écrits est
évident,
et
la
plupart ont dO etre confectionnés par
une

6
école coaque
tardive à
la gloire du grand Hippocrate.
Cependant
le discours
du Presbeutikos
(n027 LITTRE
IX,
p.
405-429)
prononcé par Thessalos envoyé en ambassade à
Athènes
par
son père Hippocrate,
afin de
régler
le différend
opposant
la cité de Cos à celle d'Athènes,
recoupe,en cer-
tains
de ses
points,
le contenu d'une
inscription de Delphes
relative aux Asclépiades,
et
qui
date du
second quart
du
IV~ siècle avant J._C.(31) ; il contient d'autres indices
épigraphiques également d'après
lesquels
on peut conclure
qu' i 1 développe du matériel
ancien et
fiable. (32)
Le Decret
(N°25 LITIRE IX,
p.
400-402)
et
l'Epibomios
(n026 LITIRE
IX,
p.
402-404)
développent
des
thèmes
tout
à
fait
pos-
sibles.
Le
reste de ce qu'on
a
appelé Le ~oman ~cientitique
d'Hippocnate est à prendre avec plus de circonspection. Par
exemple
l'histoire d'Hippocrate
de Cos établissant
son dia-
g nos tic
sur
1a pré t end ue
fol i e
de Démo cri t e
à
part i r d ' un
son g e,
c' est - à - d ire as soc Jan t mé d e c i ne et ma n t i que (33 ),
est
contraire à
l'esprit
de
tous
les
traités
hippocratiques.
Il
reste entendu que cette médecine mantique,
existait
bien
en Grèce. (34) ESOlYLE ci te
le personnage du CaTp6j.1a"TLG
dans
les Suppliantes v.263,
les Euménides
v.62 et
l'Agamemnon
v.1623 ; ARISTOPHANE,
dans
le Ploutos
v.ll,
donne à Apollon
Loxias
le double qualificatif de
l'tQ;tp6ç; ..
et
du I-lci\\rHG"
Notre étude va se dérouler
Comme suit.
Nous
allons d'abord procéder à
une
sorte
de photographie du
mil i eu mé die a 1 qui,
é tan t
1e ca d r e
0 ù
é vol u e
1e mé de c i net

7

i l
exerce
ses
activités,
nous
renvoie
naturellement
Une
image de celui-ci,
relative
à
ses
conditions
ma t é rie Ile s .
Le
reste
de notre
travai 1 est
consacré à
l'observation du médecin
au
cours
de
sa
réflexion
sur
son
propre
art.
En effet,
une caractéristique
fondamen-
tale
du médecin hippocratique est
qu'il
réfléchit
sur
les
conditions
scientifiques et
déontologiques
de
son
art,
projetant
ainsi
bien
des
aspects
de
sa
personna-
lité,
desquels
ressort
son portrait
aux plans
intellec-
tuel
et
éthique.
*
*
*
Les
tex! es
ou
termes
grecs
tirés
de
1 il
Collection
sont
présentés,
à
chaque
fois
que
cela a été
po S s i b 1e,
d' al' r è sie s é cl i t Ion s mo der ne s
;
au t r eme nt,
l ' éd i t ion
s tan d a r d de LI TIRE a été
u t i 1 i sée. Ce t t e
préférence
pour
les
éditions modernes
s'explique
par
le
fait
qu'elles
reposent
généralement
sur
une collation
directe des manuscrits
les
plus
anciens(3 5 ),
qui
ne
sont
pas
dépourvus de
fautes
-n'échappant
généralement
pas
à
la vigilance des
éditeurs-,mais
sont
des
témoins
plus
proches des
originaux
hippocratiques.
De
plus/ces
éditions ont
l'avantage d'utiliser
la
tradition
indi-
6
recte.(3
) L'Index hippocraticus établi
à
partir
des
mêmes principes
que ceux
des
éditeurs modernes,
ainsi
que
les
suggestions
judicieuses
de
tel
ou
tel
critique,

8
no u son t
é gal eme n t
se r v j
dan s i e
ch 0 i x
des
1e ç 0 n s •
Nous donnons
les
références
d'abord dans
l'édition choisie;
ensuite
dans
l'édition
standard
LITIRE.
Lorsque,
pour
un
texte
donné,
i l
n'y a pas
du
tout
d'édition moderne ou
que
la ou
les
éditions
pos-
térieure
(5)
à LITIRE ne
repose(nt)
pas
sur
les
prin-
cipes
évoqués
plus
haut,
nous
le citons
dans
la
seule
édition LITIRE.
11 est cependant arrivé exceptionnel-
lement
que nous n'ayons
pas
cité une oeuvre dans
l'édition moderne faute d'en disposer.

9
R
ENV
O I S
I. Northampton, Massachussets,
1956.
2.
L'un des
plus
fameux
tenants
de
la gratuité des
soins en Grèce demeure A.
VERCXXJJRE qui
a dévelopPé
sa
thèse dans
un article
intitulé La mddecine
pufliquc dan~ l'aniiquiid gnccque,
in Revue archéo-
logique,
Février-Avril-Mai-juin,
n039,
1880. C'est
e n g r and e
par t i e con t r e l u i
que C.
I-IAFT a r g ume n te.
Sur
la médecine et les médecinS
publ ics
,
cf.
aussi
R.
POHL, De Graecorummedicis publicis.
(Diss.),
Berlin
Reimer,
1905; A.G. WXlDHEAD,
lhe ~iaie
healih ~enu.Lce in al1.c.Lcni Cjneece,
Cambr i dge hi s to-
rical
journal
10 (1952),
pp.
235-253,
et,
plus
récemment,
P. POES01,
('l''-decil1.~ pufJ.lic~ dan~ le~
ciid~ gnecque~, in Histoire des sciences médicales,
(Asnières,
Ed.
de médecine pratique)
VIII,
1984,
pp.
2 7 9 - 2 9 3 .
3.
Sont
dans ce cas
les
travaux ci tés
dans
la note
précédente.
4.
Bulletin of the history of medicine, vol. XXX, septerrbre-
octobre 1956,n05,
pp.
391-419.
5.
In La Collection hippocratique et
son rôle dans
l'histoire de
la médecine. Col loque de Strasbourg
(23-27 octobre
1972),
édité à Leiden,Brilj
1975,
pp.
209-227.

10
6.
Le mot
.0.\\.l1;t-),o)'L.n.
cher
aux sophistes est employé
à
la
fin
du
préambule de Maladies
l.
7. Cf. R.
JOLY,
Hippocrate,
tome XIII,
Paris,
Les Belles
Lettres,1978,
Notice à Fistules et Hémorroïdes,
p.134,
et Notice à Vision,
p.164.
8. K. DE 1CHGRABER , Die Epidemien und das Corpus hip-
pocraticum.
Voruntersuchungen zu
einer Geschichte
der koischen Aerzteschule. Berl in, W. DE GRUYTER,
p •• ,
avance
la date de 410.
9. L.
BOURGEY,
Observation et expérience chez
les
médecins de
la Collection hippocratique,
Paris,
Vrin,
1953,
p.32
sq·; K. DEIQK;RABER, (Die Epldemlen 'H. p.145),
propose
pour Epidémies V et VIlla période entre
375 et
350,
et H. GRENSBMANN celle entre 358/7 et
348
(cf.
Die Knankheii den lochien de~ lheodono~J
eine 5iudie zum ~ieeien hippoknati~ch~n [pidemien-
, ~fRïCAIJ\\I"
euch, Clio medica
IV,
1969,
p. 73~)~':
.
$,-;"
.~~
~
• , C
Cl
, -' /~A1 . _~
-::
10. Cf.
Le
fragment
917 du
poète t~agiqueknsJ!.' que le
~a~\\.,~lteu(<iib{r
rapprochement
fait
avec Airs,
"
r.l:-n~p.nlSVJY
W. NESTLE,
Hippocnaiica,
Hermès LXXI 1 I~ Berlin,
1938,
p.24.
Ce genre de
rapprochements
n'est cependant
pas décisif,
car
il
existe un
fonds
de
la médecine
grecque dans
leque 1 tout
Je monde
pouva i t
pui ser.
II. Cf.
J.
J~, Hippocrate, La Nature de l'homme,
Paris,
(Thèse)
1967,
Introduction p.60,
qui
situe

I l
ce
traité à une date voisine de
410-400.
12.
Voir L. BOURGEY, QQ.
cit.,
p.30.
13.
Ibid.,
p.
36-37.
14.
Voir R.
JOLY, Hippocrate, Du Régime dans
les mala-
dies aiguës,
Les Belles Lettres,
1972,
p.23.
15.
L.
BOURGEY, QQ.
ci t.,
p.
36-37.
16.
IbiIJ.,
p.38.
17.
ibid.,
p. 65,
note ~ ; cf.
aussi
J. L. HEIBERG, Hippocratis opera.
Corpus medicorum
graecorum J.
Leipzig and Berlin,
1927,
p.
4-6.
Voir
également
notre datation
de
cet
écrit,
infra,
p.
26 sq.;
H. DILLER propose pour
sa
part
de
dater ce
t ra i té du
1V~ si èc 1e avan t J. -Co
(c r.
Da/> Sefe..J,tvel/..J,-
t~ndn~.J, deI/. gl/.iech~ch.J,chen Med~z~n ~n deI/. Ze~t de.J,
H.L!,!,okl/.a.te.J"
in Hellenic society
for
humanistic
studies. Studies and researches XXI 11
- Athènes
1972,
p . 80 ). Ch.
LI O-ITENTHAELER,
dan s i e 5 <'Am ent
d'H~!,!,ocl/.ate, anufy/>e d'en/>eme.le,
in Revue médicale
suisse
romande na 100,
1980,
p.1oo2,
est
en
faveur
de
la
thèse
qui
attribue à Hippocrate
en
personne
la
paternité du Serment.
18. L.BOlRGEY.
op.cit,
p.
65,
note 3.
19. Cf.
J.
JOUANNA, Hippocrate, De
l'Ancienne médecine,
Paris,
Les Belles Lettres,
1990,
p.83.
20.
Voi r H. WANNER, Studien zur.HF:r>t .â.[i)xc"'a€.~TJ1;P.~~i'i(;
Diss.
Zurich,
1939,
p.IOI
; A.-J.
FESTIJGIERE, Hip-

12
pocrate,
L'·Anclenne médecine,
Paris,
Klincksieck,
1948,
note
69,
p.59.
J.
JOUANNA,
Hippocrate.
De
l'Ancienne médecine
(p.85),
propose
les
années
420-410.
21.
Cf. R.jOLY,
Hippocrate, Du Régime.
Corpus medicorum
gr a e cor um,
Be r 1 in,
1984
;
i nt r 0 duc t ion p. 45
s q q •
22 • Cf.
J. - L.
HE 1BERG, QQ .
c 1 t.
p.
, e t A. N.
NELS(l',l ,
Diehippokratlsche SclIrtft .IlEpt cpuawv,
Upsala,
1909,
p.
;
J.
JOUANNA, Hippocrate.
Des Vents,
de
l'Art,
Par i s,
Le s
Be Ile s Le t t r es,
1988,
p. 48
s q .
23.
Yoir
J.
JOlIANNA, Hippocrate.
Des Vents. De
l'Art,
p.190 sq et H. DILLER, Hippokrates
:
Schriften
; Die
Anfange der
abendlalldbcbe.ll Medizin.
Uebers.
und
mit
Einf~hrungen einem Essay Zum Ven~landn~~ den
Schn~tlen und einer Bibliographie. Reinbek bei Ham-
burg,
Rowohl t
(Klass iker der Li teratur
und
der Wis-
senschaft,
Griechische Literatur
Bd
4),
1962,
p.
24.
Cf.
R.
JOLY,
Hippocrate,
tome XIII,
Paris,
Les
Belles Lettres,
1978,
p.l82
sq,
qui
envisage une
période allant
jusqu'en 350 avant
J.-C.,
voireencore
plus
tard.
25. Cr.
L. BOlJRGEY, QQ.
ci t.,
p.37 et R.
JOLY,
!::!.!2.-
pocrate
tome XIII,
p.32,
qui
situe ce
traité à
la
fin
du y."'. ou au début
du IY."'. siècle avant
J.-C.,
entre
420 et
390.
26.
Cf.
BOURGEY, QQ.
cit.,
p.
71.
note
7.

13
27. U.
FLEISGŒR propose pour
le
traité du Médecin
la
période
hellénistique (à
peu prés
le
I1I~ siècle
avant
J.-C.)
;
cf. Untersuchungen
zu
den pseudo-
hippokratischen Schriften TIuPUYYEÀCUl,
nr.PL [n,pou
l"fEpt
EûOxnllocnjvn<;;
(Neue Deutsche Forschungen ,
ABT.
Klass.
Philologie),
Band
10,
Berlin,
1939,
p.57
;
Bienséance daterait
de
l'époque
impériale
(cf.
Ibid.,
p.59)
; W.H.S.
JONES considère
lui
aussi
ce
traité comme
récent
(après
300 avant
J.-C.
cf. W.H.S.
JONES, Hippocrates
vol.
Il,
The Loeb
CI as sic a 1 Li br air y ,
1952, 3~ éd.
,
p. 27 1).
Po u"r
Préceptes,
ce critique pense à
une date
tardive
( cf. QQ
c i t "
tome
l,
p. 3 lOs q q.),
e tU.
FLE 1SGŒR
place
l'oeuvre à
l'époque
impériale
(QQ.
cit.,
p.29).
A.
LESKY, Geschichte der griechischen Literatur,
Bern,
1963,
p.531,
situe Préceptes et Bienséance au
Il~ siècle avant J.-C. et le Médecin au Ille siècle
avant
J.-C.
28.
J. MANSFELD, The pseudo-hippocratic tract
TIEPL ÈSôo-
llUÔWV c.I-XI
and greek phi losophy. Assen,
1971,
ar-
rive à
cette conclusion après
une étude de
la
langue
et des
influences philosophiques du
t r a i t é ;
cf.
notamment
ses conclusions
p.229-231. MANSFELD voit
dans
ce
traité une
influence de
la médecine pneu-
matiste.
Pour L. BOURGEY cependant
(QQ.
cit.,
p.
37-38),
Semaines est
le
traité
le plus
primitif,

14
tau t a u ma i n s i e ma r ce a u i nit i a l e . 1- JI,
qui
s e rai t
de
la
première partie du V~ siècle ou de 450 avant
J.-C.
environ.
29. Cf. W.
POHLENZ,
Zu d~n h~~~ok~at~~ch~n B~~~t~n,
He rmè s
5 2,
19 17,
P • 352 s q.
Sur
1e s Le tt r es,
1e Dé cre t
et
les Harangues,
voir également J. PIGEAUD, La
maladie de
l'ame,
Les Belles Lettres,
J981,
p.
452
sqq et D. GOUREVITCH, Le
triangle hippocratique dans
le monde gréco-romain. Le malade,
sa maladie et
son
médecin,
Ecole
française de Rome,
Palais Farnèse,
1984,
p.329.
30. L. EDELSTEIN,
(in Pauly-Wissova,
Supplément
6,
1935,
p.1304,
1.42 et
p.1305),
ainsi
que C. HAFT,
(Q.I!.
ciL,
p.IO sq.,
note 33)
ont émis
l'idée qu'ils
sont
des
imitations
des
décrets honorifiques de
l'époque hel-
lénistique.
31.
Il
s'agit
d'une
inscription grecque
(Inv.
6687 A et
B)
découverte en
1939;
voir J.
BOUSQUET, In~c~~~­
t~on~ d~ D~g~h~~ (7. Delphes et
les Asclépiades),
in
Bulletin de correspondance hellénique LXXX,
1956,
p. 579
;
1e t e x t e e s t
réé dit é,
a ve c
un
f r a gme n t
no u v eau
(8131)
par G. ROUGENONT,
in Corpus des
Inscriptions
de De Iphes,
1. Lois sacrées et règlements
rel igleux,
Paris,
1977,
p.122.
Pour
le
texte de cette
inscrip-
tion,
cf.
infra,
p.209.
32. Cf.
notamment H. PClVTON,
'fU~~ok~at~~
und d~~ A~kg~­
~~ad~~ ~n D~g~h~'/Klio 15,
1918,
p.322 sqq.

15
33.
In Lettre d'Hippocrate à Philopoemen
(nOI5,
LlTTRE
IX,
338, 22 sqq.)
34.
Ain s i
par ex emp 1e , l e s P y t ha g a rie i e n s,
ém i ne n t s
diététiciens,
paraissent
avoir associé,
dans cer-
tains cas, médecine rationnelle et
pratiques habi-
tuel les aux devins. Cf. Die FraêTIente der Vorsokra-
t i k erS 8 Dl (DI ELS /KRANZ )
t. l,
p. 46 7,
1. 13
; Be r 1 i n -
Empédocle également
fut
à
la
fois médecin et
thaumaturge. Cf. Die FraêTIente .••
31 A 1 (t.l,
p.279,
1.6):lHPaliÀ.dons] dnEv aÛTàv
KaL
tnTpOV liaL ~âVTLV. PLATON, dans
le Channlde 155,
mentionne ce type de médecine.
35.
Citons
les manuscrits B -
Laurentianus
74,7, X~ siècle
e =Vindobonensis med. IV, fin du XI~ siècle
A = Parisinus gr.2253,
fin du XI~ siècle; M = Mar-
cianus gr.269, X~ siècle et V = Vaticanus gr.276,
fin du XII~ siècle.
36.
C'e s t - à - d ire
1es g los sa t e urs,
1e s t émo i g n age s
d'a u-
teurs
de
l'antiquité,
les
rédactions
parallèles ou
les
traductions
latines
anciennes.

16
PREMIERE
PARTIE
REGARD SUR
LE
MILIEU MEDICAL
IMAGE
DU-MEDECIN RELATIVEWENT
A SON
ENVIRONNEMENT
ET A
SES
ACTIVITES
*

17
1.
IM\\GE DU MEDECIN RElATIVEMENT A SCl\\I ENVIRONNEMFNT
L'étude
de
ce
point
met
en
évidence
le
médecin
et
les
divers
prat iciens
gui
l'en-
tourent
ai n si
que
le
fonctionnement
du
milieu
méd i ca 1
Les
deux
structures
médicales
à
tra-
ver s
'e s que Ile s
no u s
me non s
" enquête
sont
la
structure
familiale
et
le
centre
médical,
que
nous
présentons
ci-dessous,
en
prenant
cOlTme
modèles
ceux
des Asclépiades.

18
CHAP 1 TRE
1
LES
STRUCTURES
MEDICALES
DE
B A S E :
LA
FAMILLE
MEDICALE
ET
LE
CENTRE
MEDICAL
*

19
Dé s i ' é P0 que arc h a "( que,
i 1 Y a eu des
f am i Ile s
1 )
o
(
médicales
h~",,,)
. Les familles Asclépiades en étaient.
Selon
le
témoignage
de GALIEN(2),
trois
branches
d'As:lépiades
étaient
installées
en Asie Mineure,
l'une dans
l ' î l e
dorienne de Cos,
l'autre dans
l ' î l e de Cnide
sur
le pro-
montoire de
"Asie Mineure qui
fait
face
à Cos,
et
la
troisième
dans
l ' Î l e
de Rhodes.
Cette
dernière branche
avait
disparu
du
temps
de GALIEN. (3)
Les Asclépiades
se
réclamaient
d'un ancêtre
cornnun,
Asclépios,
médecin
irréprochable
selon HQMERE(4) ,
fils
de
la mortelle Coronis
et
du dieu Apollon,
inventeur
de
fa médecine
d'après PIA]1]NI(5).
Asclépios
eut
deux
fi Is,
Machaon et
Podal ire,
présentés comme
deux bons médecins
dans
/'lliade(6),
en plus
de
leurs qualités de chefs
de
troupes.
C'est
de Podalire qU'étaient
issus
les Asclépiades
de Cos
et
de Cnide,
selon
le
témoignage
de lHEOPCMPE ( 7 ) •
Les
fami Iles Asclépiades
d'une
localité
donnée
se
regroupaient
pour
se constituer en
communauté(8).
C'est
ainsi
qu'à Cnide,
à une époque
ancienne,
i l
y
a eu
une communauté
de médecins auteurs
de
l'ouvrage collec-
of·
.
,
1
S
·d·
(9)
, " g
-
tl
IntI tu é
es
entences cnl
lennes
) pJ.. )ilJ.L..,.LD..L. ;)'lJWllaC.
Cette communauté médicale
fut
si marquée
par
la person-
nal i té d'Euryphon
que GALIEN,
dans
son corrrnentai re
du
0
1 i v r e VI
des Ep i d êm i e s ( 1 ),
lui
a a tt r i b II ê
i n d Ome n t
l'a u -
vrage
fondamental
de
l'école. A Cos
aussi
a
fleuri
une

20
école médicale,
dont
le plus
illustre
représentant
fut
Hlppocrate( JI).
D'une
localité à
l'autre,
certains
intérêts
communs,
notamment
sur
le
plan
rel igieux,
unissaient
les
communautés
asc 1épi ades.
Ai ns i
a- t -on
trouvé
la
communauté
des Asclépiades
de Cos
et
celle
des Asclé-
piades
de Cnide,
plus
précisément
ceux
parmi
eux qui
étaient
des Asclépiades
authentiques(12),
unis
dans
une
même
association
("tà.lWl,\\JO\\J)
pour
défendre
leurs
pri-
vi léges
rel igieux à Delphes( 13).
Sur
le plan médical,
en
revanche,
chacune
des
communautés
conservait
ses
particularités,
au-delà
du
f 0 n d s c ommu n dei a mé d e c i ne
gr e c que.
I l e x i s t ait
1
·
a'fRICAI,.,
d
entre elles
des
po émlques
su".,,~~)~.es~.~.:\\ e doctrine,
e t
même
ce r t a i ne s r i val i tés ({~J
é
1e mé'd~:~. i n co a que
;:
~EO ,;.\\ ;:Vi
auteur
du Régime
dans
les ma'(,adies
ai-gue$~i
cri-
~
/ ,,'.
tique
vivement
les auteurs
cn'idie'n·s-d'e.<'1"ouvrage col-
' 1
('\\0'
"
( r;-r,n, :;I.'I'\\'
lectif
intitulé
les Sentences
cnidiennes
parce
que
ceux-ci
ne
se
[imitaient
pas,
en
relevant
les
symptÔmes
des maladies,
aux
signes
cliniques
significatifs
et
u t i 1e s
pou r i a
pro g nos e,
ma i s
rel e v aie n t
s y S t éma t 1que -
me n t
t 0 u sIe s
s ymp t âme s dan s cha que ma 1ad i e. ( 15)
De
plus,
ces Cnidiens
se
servaient
d'un
très
petit
nombre
de
remèdes,
bornant
leur
thérapeut i que,
excepté dans
les maladies
aiguës,
à
l'usage de purgatifs,
de petit
l a l · t e t d e [ · ( 1 6 )
A l "
' d
aIt

Inverse, GALIEN,
ans
son com-
mentaire aux Articulations,
rapporte
les
attaques
d'un

21
Asclépiade de Cnide contre un Asclépiade de Cos(17).
Pour que
les secrets de
leur savoir médical
ne se perdissent pas,les pères
les
transmettaient à
leur
descendance. C'est ce qui
expl ique
le souci
des médecins
pour
la continuité de la
lignée exprimé encore dans
le Presbeutikos(18) par
le
fils
d'Hippocrate, Thessalos.
Ce der nie r a u rai t
part ici Pé à
l' exp é dit ion
deS ici 1e. ( 19 )
A son retour,
il
regagna son pays
(Le. Cos)
pour,
dit-
il,
w
w.ow'y marier
et avoir des héritiers
de wfl!.ul1.
art
et de wfl!.ul1. w race(20l. On sait
par exemple qu'Hippocrate
eut
deux
fils médecins: Dracon(21) et Thessalos.
Hippocrate
lui-même avait
reçu
les
leçons de son père
Héracleidès,
avant d'aller
suivre celles d'Hérodicos
l22l
de Sélymbrie
. Son grand-père Hippocrate était
également médecin,
et
il
eut
parmi
ses ancêtres des
médecins dont Nébros(23).
Ma i s t 0 u s i e s
fil s d' une
f am i Ile mé die ale
n'embrassaient pas automatiquement
la même profession
que
leur père. Ainsi,
dans
le Serment
(LIOIIl:N1HAELER
c.2,
1.4-5 = LITIRE IV,
630,1
sq.) ,
le maître d'une
famille médicale
fait
jurer à son disciple étranger à
1a
f am i Ile d' en sei g ne r I ' art mé die a 1 à
ses en fan t s ,
en précisant w.o'-if.o di.o-iI1.l!.nL f'Uf'fMl!.ndl1.l!.w
(.iiv.wnC!:tJ;qL.1,JaV-
8dW;.LV),ce qui
laisse entendre qu'ils avaient
la
liberté de ne pas choisir d'étudier
la médecine.
De
plus,
certaines
familles pouvaient
ne pas avoir d'en-
fant male pour continuer
la
lignée.

22
Le
risque,
dans
de
tels
cas,
était
de voir
disparaTtre
la
famille médicale.
Cela
est
arrivé:
au
temps
de GALIEN,
les
Asclépiades
de Rhodes
avaient
disparu.(24) Pour
éviter
ul,e
telle situaticn,
on
adopte des
disciples
étrangers
è
la
famille médicale
(~~w.TQQ~yiVQ~~)
,
en
prenant
bien
sûr
des
dispositions
aux
termes
desquelles
le
maître
soumet
les
nouveaux
venus è
certaines
obligations.
.
. ,
( 25 )
La pratique de
l'adoptIon est
attestee
a Cos
et
le
fameux,
Sermen t
(ou
des
serments
similaires)
devait
y être
lu par
le nouvel
adepte.
C'est
un contrat
stipulant
les
conditions
de
l'adoption.
Le
nouvel
adepte
jure par Apollon,
dieu de
la médecine,
Asclépios
SOIl
fils,
Hygie et Panacée/les
deux
filles
( 26)
d'Asclépios
et
par
tout
le panthéon
grec,
d'observer
certaines
obligations
envers
le maître qui
va
lui
enseigner
l'art
"Je ju~e de cO/l~idd~e~ celui qui ua
Lzu~ zn~eigne~ ~et a~t ~'iL~ dé~i~ent
L'app~end~e ~~~.~fYP~.~P.t~.t~P~tPMPP?ÀWOLÇ
,i·PPY. .trr..L]'.p.EY.E.LY•• Ctrr..L]<P.LY~.L. ,?). ÇiPP.EP.L.,. :,~.L

23
dfL tout .ffL nfL~te. de .f' fLn~e-i.gnfLment (}{(lI. Tf'\\s ÀQL-
TIi'\\ç àn6anç lJ(t&1mos ) me~ /--i..f~,
ceu>;: de mon
~enment et contnat ~e.fon .fa coutumQ méd-i.cafe,
, "
,
.
d
t
t
t
(27)
"
a ~ e~c~u~~on
e
ou e
au ~e pe~~onne
.
A Cos
donc,comme peut-être
aussi
à Cnide,
les Asclépiades
ont
recruté des disciples
étrangers
qu'ils
soumettaient
à
de
tels
contrats
et
obligations,
ce
qui
a con tri bu é à mo d 1 rie r i a
s t ru c t u rat ion
r am i 1 i ale
originei le.
Ains i, à Cos
par
exemple/où Hippocrate
notamment
a pratiqué ce
systéme
a lors
que
les
fami Iles médicales Asclépiades n'avaient
pas
encore
disparu,
l'existence
de médecins
coaques
non Asclépiades
est
attestée.
'Cefa
encounagea a.fon!>,
écrit
S. SHERVIN-
\\\\HITE,
Le déveLoppement d'un
c.entne médj.caf aû,
au
Lieu
du
cn-i.téne
de La na-i.~~ance) fa compétence académ-i.que
et .f'-i.nténêt
(s.e.
pour
la médecine)
pouva-i.ent
nég-i.n
" ( 28 )
/u?... c/l..uie.meni . ..
1
Comme n t
f 0 n c t ion ne sur
1e pla n
i n ter ne
une
f am i Ile mé d i cal e 0 u
un ce n t r e mê d i cal ? C' est
ce que
nous
allons
voir maintenant en passant
en
revue
les
divers
personnages
qui
y exercent,
ainsi
que
leurs
rôles
respecti fs.

24
-=
R
E N V
O I S
=-
I.
Cf. GALIEN, De methodo medendi
1, l.X 5,16-6,8 KlJHN.
2.
Ibid.
3.
Ibid.
4.
lliade
IV,
194 et XI,517.
Son
apothéose est
récente
e
pu i s que che z PINDARE en cor e
(V- s.
a van t
J. -C. ),
i 1
est
présenté comne un
s impl e
héros
(Pythiques
II 1,6).
5.
Cratyle 405 a
; Banquet
197 a.
Voi r cependant ESo-tYLE,
Prométhée encharné,
476
sqq,

la médecine
figure
pa rm i
1e s i n ven t ion s dut i tan P r orné thé e •
6.
Iliade
II,
732.
7.
Fragment
103,14,
1 I. 8,
559,3-5,
JAQ)BY (= Phi 1 ippica
Buch
12.)
8.
GALIEN (De methodo medendi
1,
1,
X 5,15-6,8 KlJHN)
emploie" xopot"
pour désigner
les
comnunautés médi-
cales de Cos,
de Cnide et
de Rhodes.
9.
Cf. Régime dans
les maladies
aiguës,Ki.EH.B'tEIN :c.I,109,1-2,
= LITIRE II c.l, 224,1.
10.
In Hippocratis Epidemiarwn librwn VI
commentarius,
WENŒBAQI/pJ;AFF.
Berlin,
1956,1.
29.
54,2-3.
11.
Sur
le célèbre médecin,
voir
J.
JOUANNA,
article
fi.ipp0C/wLe de Co-o,
Encyclopédia universalis,
1984,
vol • 12 ,
p • 33 3,
2~ e t 3~ colon n es; p. 3 34, Pr em i ère
colonne.
12.
C'est-à-dire descendants d'Asclépios
par
la
lignée
mS 1e 11D.:r::6.Nb~ ;rÉ.ViO.LfJ..V. Cf.
1ns c r ip t i ons de De 1phe s,
Inv.
6687 A 1.10-11
et
Presbeutikos
n027 LITIRE IX,
416,17.

25
13.
Inscriptions de Delphes,
Inv.
6687 A et B,
puis
8131.
Sur ces
inscriptions,
cf.
infra,
p. 206 sqq.
14.
Cf. GALIEN, De methodo medendi,
ed. KUHN X,5, 15-6,1
W~ t .llOO Q~I;; V•.u.t v. ~r:n.!; • ifv. 06. eT]H "pi, .". vej<OJGl •• '!ji. u;{.:(}ôe: L
1~Y.~YRry~1~Y.4~~ry~QVG.QP~ly~u.~y~v .•Qy~~v.kQ.~ul KVLQ~.
15.
Régime dans
les maladies aiguës,
c. l,
KUEHLEWEIN
<109,~ sqq,. LI TIRE 1 1 224, 1 s q q .
16.
Ibid., KUEHLB'lEIN 109,14 sqq. = LITIRE 1 1,.226,2 sqq.
17.
C. 40,
ed. KUHN XV 1 liA,
p. 731,
1. 5 -
8
"En p~em~e~ fieu Cié~ia~ de Cnide ~on pa~eni de taii
--fui-même appa~ienaii à fa tamiffe de~ A~cfépiade~--
ei.
à fa
~uiie de Cié~ia~. ce~iaind aui~e~ au~~i.
oni ~ep~oché à Hippoc~aie de ~édui~e fa fuxaiion de
f'a~iicufaiion de fa hanche en a~guani ~ue f'o~ ~e~-
~o~iaii au~~iiôi."
18.
Presbeutikos n027,
LITIRE IX,
422,23/ 424,1
sqq.
19.
Ibid.,
422,1
sqq.
20.
Ibid.,
424,2 sq.
21.
Ibid.,
418,22-23.
22.
Cf. La Souda,
s. v
:
"
(.I.T\\n:.O.HW.T.TJ.s.) •••1JA{);n,T.~l(;..y.É.Yj).v.E. •
~Hp.o.6. L.H.oy. ;T.o.5••E.n.J...u.uj;lP.L.o,V.O.O.. l ' .w,s. .6.É. .T.L.V.e:.Ç" ••H.a.tJl{:A5L}{QU.
Cf.
également
une scholie sur
la République de
PlATON (111,406 a),
n08
: :TOV ErtÀ.U 1-' I3PLavév <PllOLV CaTPév.
Sc h 0 1 i e W : CJT] ~e;.l.wo,,!.) . . ·.HP66 !.lioOg -••oihog Ji'l .nQ,Q '..~ ô
~~Q~ .~q~~~qq~.:~~~q~p'q1~~;~4~~.~q~~qQ.s.qç~~~~ •.~qqy

26
23.
Presbeutikos
n027,
LlTTRE
IX,
410,8.
24.
GALIEN, De methodo medendi
l,
LX 5,15 - 6,8
; Q~llàv
Xàp ~T~-çOQ,Q TO "'(Évoç .?i"V 1G;>v ~,,~ -çi'jç • "lq'ClÇ. ·.!\\Qli'\\n-
~"a6wv, Én~~"n6~10ç 100 ~Cl-ç4 ·PQQQv.
25.
Cf. PlATON,
Protagoras
311
b.
26.
Hygie est cependant
parfois
représentée conme
l'épouse
d 'Asc 1 éplos.
27.
Ce
t y Pe ct e
rel a t Ion en t r e l e ma Tt r e
et
1e dis c i pie
relève probablement
davantage de
la morale populaire
grecque que du
pythagor i sme
auque 1 l'ont
souvent
rat tac h é
1e s c omne n t a t e urs,
und e s der nie r s à
l' a f -
firmer étant
J. SCHUMACHER, Die Anfange abendlandlscher
Medizin
in der griechischen Antike,
Stuttgart,
1965,
p.
XX.
Sur cet te
que s t ion,
VOl r
no t amne nt
l' art ici e
de F. KUDLI EN {'1edical eth.ic-o and flOflUfa/è ethicAin
g/èeece and Rome,
chapitre
3
;
7he
"Pythayo~eani~m"
of- the h.iflflo c/èatic Outh
:
otd and new ove~~tatement~1
in CI io Medica
,
vol.5,
1970,
p.107-IIL Par son
conservatisme,
ce
type d'organisation
rappelle celle
en vigueur
à Cn 1de
à
l' époq ue anc i enne
(Cf.
su r ce
point
J. JOUANNA, Pour une archêologie de l'êcole
de Cnide,
Paris,
Les Bel les
Lettres,
1974,
p.14-16).
C'est
là un premier
argument
en
faveur
de
,'ancien-
neté du Serment.
Un au t re
argument
en .faveur de
cette thèse est
à
chercher
dans
le
fai t que
lors
de

27
l'invocation préliminaire
aux
dieux de
la médecine,
Apollon/cité
le premier,
n'est
pas
encore supplanté
par
son
fils Asclépios
COnITIe
ce
sera
le cas
à
partir
du
[V~ siècle avant J.-C.
28.
Cf. S. SHERVIN-\\\\HITE, QIl..
clt.,
p.
262
sq.,
qui
cite
Apollonius
et Dexippe,
tous
deux disciples
d'Hippocrate, mais
non Asclépiades,
d'après
le
témoi-
gnage
de GALIEN XV KUHN 478
;
704
; 744.

CHAPITRE
I l
LE
FONCTIONNEMENT
DtUNE
FAMILLE
MEDICALE
OU
D'UN
CENTRE
MEDICAL.
LES
DIVFI{SES
FONCTIONS
ET
LES
HOLES
RESPECTIFS
*

29
Un certain nombre d'opérateurs de statutsdif-
férents évoluent
au
sein d'une
fami Ile médicale ou dans
le centre médical
le médecin,
ses
aides,
ses
fils,
s ' i l
s'a g i t d' une
f am i Ile mé d i cal e,
e t
ses
dis c i pie s •
A -
LE
MEDECIN
Le
terme courant
par
lequel
i l
est
désigné est
LllTP6[;.
Il
est
au
sommet
de
la hiérarchie au sein
de
la
f am i Ile mé d i cal e 0 u duc e n t r e mé d i cal •
Il
appartient
non pas
juridiquement, mais
de
fait,
à une profession
qui
est
reconnue de
tous
(f] OIlOÀ.O-
you"ÉVW';; LllTPuâJ)
et
qui
a un nom (OVO]l<r))
et
des
spé-
c i a 1 i ste s
( TE: Xv LTCU ) ( 1 ).
Ce mé t i e r
est b i en c i r con s -
c r i t : i l
a un domaine où
i l
s'exerce:
celui
des maladies
curables(2)
et
i l
a un bu t
qu i
es t
de soi gner
(Tn V â.)l(jJL
TOÙ';' ){ajlVOvTo.<;;
E:ÙPll~Évllv) (3)
et
si
possible de
i l
ex i ste,
pour
ce 1a un
savoi r médical
qu i
s' amé 1 i ore
(Tà E:ÙPT"\\l.lÉVo. nOÀÀ.à. •••
){QL
Tà ÀOLnà E:Ùpn3n-'
(5 )
OE:TUL
) et
se
transmet
à
travers
les
ages.
Le mot
LllTp6~est quelquefois remplacé par
d'autres
termes
: 611~LOUpy6<;; (6), qui désigne, chez HOIERE,
l'artisan,
le spécialiste
(charpentier,
devin,médecin,
aède ou héraut).
En Attique,
le terme désigne
la classe

30
des
art isans
insti tuée
par Thésée. (7)
i l
s'applique
ensuite à
des médecins
et
à
des
artistes,
et
non plus
à
des
artisans(8).
Comme autre équivalent
d'tacp6ç
dans
la Col-
lection,
on
trouve
trois
fois
le nom d'agent
ionien-
attique
xE~poc~xvrd9) qui désigne le travailleur manuel,
e t e n i ' OCCUT Tence,
1e pra tic i end e l ' art mé d i cal.
Ce tt e
dénomination
implique
l'habileté manuelle,
sans
nuance
péjorative
comme c'est
souvent
le cas
dans
d'autres écrits
du y!':c siécle et du
IY!':c siècle
avant
J._C.(IO(
En plus
de ces
deux
synonymes
d'[rnp6ç,
on
t r 0 u ve de u x
foi s,
e t
dan sIe même
t rai té,
I I i 0 nie n - a tt i que
cExv[cnç(Il)qui
désigne
('artisan,
l'ouvrier,
celui
qui
es t
versé
dans
tel
ou
tel
ar t,
par
exemp le
l ' ar t i s te
dramatique.
Dans
la Collection,
on
rencontre
aussi
deux
foi s
le
terme
ionien xe~pwvaE (12)
6n~~oupy6ç présente cependant une nuance par
rapport
aux
autres mots
que nous
venons
de
voir.
Tandis
qu'il
comporte
le double aspect
technique et
social
u,-,
1a pro f e s s ion du mé d e c in,
pu i s que
1e mo tes t
c omn u n éme n t
interprété
avec
Je
sens
d'"anti~an tai~ant de~ cho~e~
qui concennent f'en~em~fe du ~eu~fe", ou avec celui de
"~en~onne qui ~'occu~e ded attaine~ du ~eu~feJ qui fe~
d
.
. t
"( 13)
É
a m~n~~ ne
,XE~poc xvnç
.
"
ma-<-.n..6
,
cexv[cnç
'f"anti~anJ f'ouvnien" et XE~pwVC'.;; (idem), en

JI
é v 0 qua n t
uni q u eme n t
l ' as p e c t
t e c h n i que.
Le médecin est
enfin
désigné
dans
la Collection
par
des
participes
présents
substantivés
qui
le
présentent
comme celui
à
qui
revient
par
excellence
l'activité
thé-
rapeutique
: 6 5cpancuCùv
'celui qui "oigne'( 14~O éipCiv
ou
à XCLPL~O~CVOç, 'ceLui qui opè~e,(15).
On
ne confondra cependant
pas
le médecin avec
certains
personnages
qui
évoluaient
dans
l'univers médical
sans
être
des
hommes
de métier.
al - Le pédotribe
Ne
sont
pas
tn~po[, les maYtres de gymnastique
ou
pédotribes
qui,
étant
donné
les exigences
de
leur
mé t i e r,
é t aie n t
ame nés à
t 0 u che r
à
1a mé de c i ne.
L' au te ur
de
l'Ancienne médecine
les
distingue des médecins,
en
les
appelant
non
pas ot
Ln~poÇ mais par une périphrase ex-
p rima n t
1eu r
f 0 n c t ion es sen t i e Ile
ot ~Gv yu~vao[Cùv ~c
Hat
âOHnOLCùV
É:ïlLjJ.CÀ.OjJ.CVOl:'Ceux
qui ,,'occupent de"
exe~cice"
.
(16)
t d
"'
t '
t ·1
thO't
,(17)
gymn.Lque"
e.
e.<c en ~a.Lnemen
c<.e" a
.<ce
e"

Les
pédotribes,
bien que n'étant
pas
des
spé-
c i a 1 i ste s
d e i ' art
mé d i cal,
s a va i en t
g é n é rai eme n t
don n e r
les
secours
les
plus
urgents
dans
les
accidents
survenus
à
la
palestre:
réduction
de
luxation ou
de
fractures
non
compl iquées,
massage de
foulures
et
de contusions.

32
Le pédotribe était aussi
un hygiéniste.
II
veillait
à
assurer à
l'athlète,
outre un bon
régime
d'exercics gradués
suivant
son état
physique,
un
régime
al imentai re adéquat.
L'auteur de
l'Ancienne médecine
loue
1e urs déc 0 u ve rte s dan s I e d orna i ne dur é g i me a 1 i me n t air e
auquel
ils ont
fait
enregistrer des progrès(18).
Ils
étaient en effet bien placés dans
les gymnases pour observer
et
suivre de près
les athlètes nus et ainsi
leur assurer
le régime proportionné à
leurs besoins avec une grande
précision( 19).
Avec son expér ience des gymnases,
il
éta i t
possible au pédotribe de devenir médecin. Ainsi Hérodicos
de Sélymbrie,
sophiste célèbre(20)
et pédotribe,
se con-
vertit-il
à
la médecine sur
le tard,
lorsqu'il
devint
gr a bat air e ( 2 1 ). Ce r ta i ns cri l i que s
1u i
a t tri bue n t même
la paternité du Régime(22). Mais cette attribution ne va
pas sans
poser
de problèmes.
L'argument
traditionnel
de ses
tenants est
qu'on
retrouve dans
le Régime
les principes
fondamentaux
de
la diététique d'Hérodicos,
qui
est
un mélange de gym-
nastique et
de médecine(23). Des sources antiques parlent
en e f f et d' un Hé r 0 d i cos,
qui
au rai t pra t i q ué une
telle
thérapie. Ainsi
dit-on dans
le traité hippocratique des
Epidémies VI (24),
:
'Hç05cHOs mlJç;
nLPE:Ta[\\!OVT~ ibnEcvE 6p6uol.Ot.,
nW..l/0l.TlOMjim, n:ùp LTIen. J«:U(ov. Tb fiLPEThDq;; TlO,,{;Jl WV ruUnm, TISp c&-
6oc s , 6p6uo wc, âveup [ljJE l.' nOvos ~.
Le Phèdre de PLATON (227 d)
contient également

33
une allusion à
la méthode d'un certain Hérodicos
:
I!:ywy' oÙ\\! tnVrE:Ôul_I'I'/Ha âxoCo:tc, W:n;' ÉffiJ rxro[~wv T10cfj ,av m;PLna,ov
1.1EY~E Hat M.mà 'Hp66c>tov npooj3àç ,0 ,dXEc TU:i.\\cv UnL!)ç;, ou IJ.n ClOU
UnoÀE ccp.%) .
Un auteur anonyme du
I-II~ siècle après J.-C"
l'Anonyme de Londres,
dans
le compte rendu
qu' i 1 fait
d'un ouvrage doxographique sur
les médecins,
oeuvre d'un
disciple d'ARISTOTE, Ménon,consacre un
développement
à
l 'e x pli c at ion des cau ses des ma 1adj es
selon un ce r t a i n
Hérodicos
• Voici
son
tex te,
dan s i ' éd i t ion d' H. DI ELS( 25) :
20
°Hpa5l>toç; 51:
@' L:nÀUIJ.I3Plav~ç; OrE,ac
21
,à.ç; v6oouç;
tiCvEoôal an~ ,fiç; 6whnç;. ,au-
22
env 51:
(E[vac)
lia, ~ qJuocv, è"'av novol npoOWOlV
23
>tat aÀyn 0' ~oa
@E~, >tat oü,wç; nt~lv lJ.1:v
24
tX!) ~ ,po(jJ~, tnE [OOOlV 51: aEt ÀalJ.l36.vl)
25
,à oWlJ.a'a av [a6c6olJ.tvnç; ,fiç; ,po(jJfiç; >ta,à
26
qJuacv. OrE,al y [à.p] Tf) [v lJ.1:v ÙYLEWV Y(VEoôal xa,à
27
qJuocv txav [,wvJ
,WV owLIJ.6.'wv nEPt ctlv oLal,av,
env 51:
28
vooov napà qJuoc Cv txav,wv au,wv. ,otç; IJ.tv'Ol
29
napà qJUOlV 5la,EôEt LOlV novEtv npoo,âoOEl
30
f) Ca'Plxf) napayolJ.t [vn xat oü,wç; ECÇ; 'ô xa,à
31
qJVOlV aYEl cauca, W Cç; au,aç; qJnOlV. ÀtYOUOlV
32
51: ,~v avopa TJ'iv Ca L'P l xnv tv,EXVOV
33
ayWYJ'iv E LÇ; ,~ >ta,à qJuocv [xaÀtoal. xat cauca lJ.1:v
34
oü,wç;,
tXEtvo 51:, ~'G an:'. tvav,[wv ,fiç; ,E

34
35 6EPu6T~TOG xat Ù [YP6T~TOG TWV awuaTwv
36 auv~aTavTaL v6aoL, l6LaTE6pûÀ~TaL.
Mais
de quel
Hérodicos
s'agit-il
dans
toutes
ces
sources? D'Hérodicos
le pédotribe
devenu médecin,
dit
d'abord de Mégare,
ensuite de Sélymbrie,
selon
le
témoignage
de PLATON dans
le Protagoras(26),
ou
d'un autre
Hérodicos,
par
exemple
le
frère du
fameux
sophiste Gorgias,
dit Hé r 0 d i cos de Lé 0 n t i um ? ( 27 )
Dès
l'Antiquité,
on a discuté sur
l'identité
de cet Hérodicos,
comme
l'atteste GALIEN,
commentant
le
passage évoqué plus
haut
d'Epidémies VI(28).
Voici
ce
qu'en dit GALIEN
KaL ~j)Jinwv uÉv uÉ:).lvTlTa,
UV~ÉvEL, n6TEpüV TOU i\\EOVTLVOU il TOU ETlÀIJIlI3pLaVOU, TIEP,TTàv
(,~TEî:,V. (29) •
Aucune
des
sources précédemment
ci tées
ne
précise
j'identité de
l'Hérodicos évoqué.
La précision
qu'on
trouve
dans
le
texte
de
l'Anonyme de Londres(30)
n'apporte pas
de certitude
absolue sur
l'identité de
J'Hérodicos en question,
car en
réalité elle
se
situe il.
un endroi t
très
lacunai re
du
texte comb lé par
l'édi teur
H. DIELS.
C'est
pourquoi,
l'attribution d'emblée du
Régime au pédotribe
de Sélymbrie est
arbitraire.

35
Régime pourrait
tout
à
fait
avoir
corrme auteur
un médecin
autre qu'Hérodicos
de Sélymbrie,
le
type de médecine al-
liant
gymnastique et
diététique ayant
été pratiqué par
d'autres médecins,
par
exemple
l'athlète et médecin
Iccos
de Tarente évoqUé par PLATON dans
le protagoras(31)
et
les
Lo i s ( 32)
et
au s s i
par EUSTAlHE ( 33) •
b/ -
Autres
personnages exerçant une activité
thérapeutique
sans être des médecins.
Selon AR 1STOTE,
qui
dur est e reg r et te
qu' I l e n
soi t
a i n si,
1 1 h orrme
du mo n d e
qui
s' é t ait
cul t i v é dan s

rJ-j34)
l'a r t mé d 1cal
é t a j t
é gal eme n t
a pp e 1é
l.ClT~

Ce t te
extension n'existe
pas
dans
la Collection,

seul
celui
don t
1e mé t i e r
est
des 0 1 g ne r
po rte
1e nom de mé d e c in.
Ain si, dan s i e Se rme nt, i est aille urs
amb u 1an l s ,
bien
que pratiquant
dans
une certaine mesure
la médecine,
puisqu'ils
soignaient
les
calculs
vésicaux par
l'opération
de
la
1 i thotomle,
ne
sont
cependant
pas
appe lés
LT}TPOL,
mals
É:pyOanjoc(35),
·manoJZuv/l.JZ"'·,
parce qu'ils
n'étaient
pas des
professionnels
de
la médecine.
En revanche,
même
les mauvais médecins
sont
en
généra 1 di ts LT}TpoC
c'est
le cas en Articulations
c.42
:
ol
CT}TpO[(
OHUeOC
) (36)
et
en Ancienne médecine
tT}TPOC(37~ De même dans Préceptes, le fait
d'être
tard-venu
à
la médecine
(6.lJe].ll:ll1Cn
l, qui fait tomber
dans
l'ignorance,
la pédanterie et ·Ie gont
des
débats
théoriques,
n'empêche pas
d'être appelé
tT}Tp6ç(38).

36
Le mé d e c i n qui
fa i t
des
pro nos tic s
d i g n e s de de vin set
qui
est
la
cible
de
l'auteur
de Prorrhétique
II
c.l
est
désigné par Lrnpoç;
(39).
Les médecins
qui
font
de
la
mé d e c i ne
s a van te,
exp 1 i qua n t
l ' h omne
a i n s i
que
1a cau s e
des e s ma 1ad i es
par des
h y pot h è ses
phi los a phi que spi us
spécieuses
que
réelles,
sont
encore appe lés
LTlTpoè (40) •
Les médecins
qui,
réduisant
une
fracture,
ne
se co"forment
pas
à
J'attitude naturelle
du
bras,
mais
procèdent
avec
des
préjuljés,
sont
désignés
par
LTlTPOL (41).
Les
exp,es-

" , '
,(42)
"
(43)
si ons
DL
Il'!
LTlTpOL
et
aVLTlTpOL
,
ne
sont
employées
à
l'endroit
des mauvais médecins
que
par
dérision et
ne doivent
pas
être,
pour
cette
raison,
comprises
au premier
degré.
En
effet,
ils
ne
signi fient
pas
que
les
personnages
désignés,
qui
appartiennent
de
f&it
à
la profession,
n'en
font
pas
partie,
mais
qu'ils
en
sont
de mauvai s membres
ne mér i tant
pas
de
par ter
le
t i t r e
de mé ct è C in.
Un
phénomène
analogue
se
trouve
dans
les Lois
de PLATON
LTlTPOLcst
employé pour
les
homnes
de métier,
fussent-i ls
de simples
aides(44).
*
*
*
Nous
VOici
arrivés
au
terme
cie
notre
dévelop-

37
pement sur l' ident i té du
CTlTP6ç;,
qui est â
la tete de
la hiérarchie médicale. Le
CTlTp6ç; , nous l'avons vu ,
désigne tout homme du métier. Ceux qui
touchaient de près
ou de
loin â la médecine (taï lIeurs ambulants, pédotribes,
hommes du monde),
sans être vraiment du métier, ne sont
pas pour autant des
CTlTPOL
tandis que meme les mauvais
médecins, dans la mesure où
ils sont du métier, sont dési-
gnés par
CTlTPOC.
Autour du médecin officient divers personnages.
al *LES AIDES
Ce son t g é né rai eme n t des homme s,
é tan t t r è s
souvent désignés par
le mot avflp.
Alors que
les aides-femmes ne sont mentionnés
que dans
les traités gynécologiques,
les aides-hommes
sont présentes partout dans
la COllection, et notamment
dans
les cas où
il est besoin de
force sans pour autant
recourir aux machines. Ainsi
sont-ils omniprésents dans
un traité comme
les Fractures et
les Articulations. Dans
5
Fractures(4 l, â l'occasion d'une luxation du pied, deux
hommes sorit soli ici tés pour opérer
l'extension et
la
con t re-extens 1on : tç; Tà w..e:1:OTa lJ1;vy6p âpxwunv fuCpe:ç; 500, ô ).IÈV
év&e:v, 0 5t év&e:v Te:CVOVTe:Ç;: dan~ La pLupa~t de (ce~)

38
De même dan s
1a f r a ct ure du br as,
1e mé d e ci n
peut, pendant que
lui-même procêde à
la réduction,
faire
appel à un aide-homme vigoureux pour faire
j'extension:
le bras étant suspendu par-dessus une piêce de bois mis
dans
l'aisselle,
"un des aides" présents,
"qui soit
vigoureux,
tirera
le coude en bas" :
'"
tGJv â-u5p';iv oonç ~
(46)
W~:voç •• , noPa. TOV â-YllWVU llUTUVUYllU~t!;TUl tQTO l«hCù
Deux aides-hommes masculins forts sont
recom-
mandés également,
au chapitre 15 de Fractures(47) , pour
mener à bien l' extens ion et
1a contre-extension.
Dans
l'Officine du médecin c.2(48),
les aides-
hommes sont désignés par 1e terme ùnEpt!;TuL.
On a rencontré également 1a périphrase
locative
ot nEpt TOV â-a3Evt!;ovTU' qui
indique que
les aides,
lors
d'une intervention chirurgicale par exemple, étaient
debout avec le médecin autour du malade,
prêts à
lui
présenter
la partie à opérer et maintenant
le corps:
otB~ nEpt TOV â-a3EvtovTU TO]J.€V
XELPL~6]J.EVOV noPEx6vTUlV
entou~ent le malade d'un côté p~é~entent la pa~tie à
que d'aut~e pa~t, il~ maintiennent le ~e~te du co~p~
dan~ L'immotilité,
~ilencieuxl attentit~ aux o~d~e~ du
"d
. (4 9 ) •
P
f '
. .
1
me ec~n

ar OiS ce sont eux qUI présentaient
es
instruments à
l'opérateur.

39
II
arr ive que soit
employé; pour désigner
l'aide ou
les aides,uÀÀoç,
désignant
un personnage autre
que le médecin,
ou parfois
l'art icle à valeur de démons-
trat if
0 jJ.t";ven balancement
avec Ô ot";
, ces démonstra-
-ceS
tifs étant généralement
suivis de
"indéfini qui
en at-
t é nue
1e sen s
; 1: Lç se u 1 est é gal eme n t emp 10 Yé que 1que foi s
pour désigner
l'aide.
Ainsi
l'article à valeur démonstrative Ô jJ.t";v,suivi den)'
et en b81anc~ntavecô ot";,
es t
i l
emp loyé
dans Articulations c.47(50)
pour désigner
les
aides
qui
pratiquent
la réduction d'incurvations externes
de
la
colonne vertébrale.
Le malade est couché sur
le ventre
sur un madrier
placé
le
long d'un mur dans
lequel est
engagée une pièce
de bois qu'on doit abaisser
sur
le
lieu de
la saillie des
vertèbres.
La réduction est
opérée
par
les aides
présents: 1:0V jJ.tv 1:LVU XU1:uvuyxa~ELv
xpn ,0
ûxpov ,nÇ OUVLOOÇ, ~v ,E ~vu otn ~v ,E 060, 1:0Ùç ot XU1:U-
,avuELv ,0 a4n w:nà jJ.fiKOÇ, ~ nrXx:ikv ELPTJWL, ,0Uç ~ "ctj, wùç ct
r~.
*11 taut que l'un aga~~~e l'aut~e tout de la
planche i
~l~ peuvent êt~e un ou deux --~u~vant le~
te~oin~--, cependant que le~ aut~e~ p~ai~queni l'exien-
~~on ei la cont~e-exien~ion dan~ le ~en~ de la longueu~,
comme i l a éié dit,
en t~~ant le~ un~ dan~ un ~en~, le~
aut~e~ dan~ le ~en~ oppo~é.*

40
De même,
les aides sont-ils désignés
pareil-
lement
au c.80
du meme traité(51), où ils opèrent
l'ex-
tension,
la contre-extension et
ia coaptation des doigts
deI a ma i n 1uxé s : T6v uf;v TLva. éi LClÀdi3EXJ~:lL ~EV TOO J«:lPTTDO Tf!!;;
XEL~, TGv éi?: TOO J«l.TELÀn].Q.lÉVOu· ~nELTa J«l.lXlTdVELV TTPÜG ffix.JTGv
·lin aide att~ape~a Le g~a~ au de~~u~ du
ca~pe, un aut~e La pa~tie enveLoppée du doigt j
en~uite
L'un et L'aut~e ti~e~ont chacun de ~On côté avec vigueu~
et en même temp~ iL~ pou~~e~ont à ~a pLace L'o~ Lu~é·.
Au chapitre 73 d'ArtlculatloDs(52),
i'aide ou
plutôt un des aides est désigné par 6 éi~ à valeur démons-
trative, atténué par
TLÇ;
et sans balancement avec 6 u~v ,
dans un passage consacré à
la réduction de
la
luxation
de la
jambe en dedans au moyen d'une pièce de bois,
qui
joue le même rllle que
j'ambe(53).
Il y est
recommandé
que,
pendant
la réduction,
un aide, désigné par 6.éit."
maintienne le corps du patient pour qu'il
ne cède pas à
la traction ~6v éit. TLva
lit-on, KaT~XELv T6v ûvôpwnov âvw-
T~PW TOO Üpôpou KaTà T6v CaXLOV·et que queLqu'un d'un
,
aut~e côté, maintienne Le patient au-de~~u~ de L'a~ti-
cuLation de La hanche·,
On rencontre
l'indéfini
TLÇ; seul
désignant
l'aide, par exemple dans Articulations c.74(54), dans
la
réduction de la luxation en dehors du fémur,
le rôle qui
lui est confié étant de maintenir
la fesse saine afin
que le corps ne cède
lors de la poussée effectuée sur
la
fesse malade pour
ramener la tete de l'os à sa place,

41
Quant a âÀÀoç , on le trouve par exemple dans
ArtIculations c.47(55).
au cours de
l'opération de
réduction d'une gibbosité survenue dans
la colonne ver-
tébrale. Le médecin traitant,
recommande l'auteur du
traité, ou bien un aide qui
soit
fort et non sans ins-
truction,
plaçant
l'une sur
l'autre,
sur
la gibbosité,
la paume de ses mains,
exercera une pression, ,àv 5~ C~,pàv
~nt ,0 üSW\\.La., ,fJv 5'~H;p~v XELPa. npOOEn~~~v,a. ,0 ô~va.p
55
,~ç t,~p~ç
XE~p6ç
Ha.'a.Va.YHâ~E~V ( 5,6). • Ii. /,-aut que
~e midecin (t~aitant), ou Rien une aut~e pe~~onne (i.e.
un aide) qui ~oit /,-o~t et non ~an~ in~t~uction, p~açant
~a paume d'une main ~u~ ~a giRRo~iti, et,
quant à ~'aut~e
main, p~açant, pa~ de~~u~ fa p~emiè~e, ~a paume de cette
~econde main(56), exe~ce une p~e~~ion·.
Avant
les opérations,
le médecin vérifie que
les aides sont bien présents,
comme
il vérifie que tout
ce dont
il aura besoin pendant ses
interventions est en
régie. Le chapitre 2 d'Officine du médecin est
instruc-
tif a ce sUjet(57), On y voit énuméré tout ce que le
médecin traitant doit considérer avant une intervention
manuelle, et parmi cela,
les aides: ,à o'{;ç XE~POUPYC~v
ëlHOU' ('Soa.· œwç etc •••

42
. kstatut social de l'ooaidecîn,porte peu: auxooooHippoeratiques. A
~(cmme on vient deoole voir,il est désigné le plus souvent
pOOar deS :expressloÎ1~ indéfin'iOOOOes. En revanche'" son recru-
t emeh t . se
fa i sai too S ur
1a bas eoo dei a c omp éoot e n ce. Ain s i ,
dans Articulations c.76(58),
j'auteur
recomnande-t-i 1
pour
la
réduction d'une
luxation,
le concours d'un aide
trés
puissant des bras et
trés
bien
formé
(â.v6pa::wG
Coxuo6TaTov ânà XE~PWV Hat WG Eûna~6EÛTaTOV ). 1 j est
clair que ce qui
l'intéresse,
ce n'est
pas que
l'aide
soit
libre ou esclave, mais
qu'il
soit
fort
et
instruit.
Les autres passages
sont
nombreux dans Fractures et
Articulations notamnent,

il
est
quest ion des
quai i tés
des aides.
Nous en citerons
quelques-uns à
titre d' i 1-
lustration.
La qualité exigée d'un
aide dans
l'extension
de
l'humérus
fracturé est
la
vigueur,
dans Fractures
"un de-1
Œ.ide-1
homml!...fJ,
q.u-i -6o-i.[ v..i..gou/leux..,
t~~~~a g~ coud~ ~n ta~.· Au chapi tre 15 du même tralté
également,
il
est question d'aides
que
l'auteur
préfére
forts (660 O:vOpEG
~PPwl_d;vo~), pour pratiquer l'extension
et
la contr-extension dans
une
fracture
de
la
jambe. On
ci tera aussi
le chapi tre 70 d'Articulations(60)

il
est
question d'un aide bien
instruit et
pas peu
(ort,
sollicité dans
la
réduction de
la
luxation en dedans
de
la cuisse par
la méthode
de
la suspension,
qui
con-
siste pour
l'opérateur
à
introduire son avant-bras de
force entre
les deux cuisses du
patient,
et de
s'y sus-
pendre subitement.

43
L'attitude des Hippocratiques en ce qui
concerne
les aIdes est comparable à cel le d'un PLATON
pour qui
l'aptitude à
la philosophie ne dépend pas du
statut
social. Ainsi,
un
fils
de
bonne
famille peut-il
être
inapte à
la phi losophie,
alors qu'un esclave peut
avoi r .une âme par fai tement
apte,
comme
l'esclave de
Wénon(61). On rapprochera également
l'attitude des Hip-
pocratiques de celle des Pythagoriciens chez qui
le
recrutement des adeptes se
faisait
non pas selon
le
statut
social, mais en tenant compte des qualités physi-
ques
(visage,
démarche)
et morales
(habitudes et pen-
chants des candidats) (62). Chez
les Stolciens de même,
le critère durecruterœnt
ne résidait
pas
dans
le statut
soci a l,
tous
les hommes étant
égaux se Ion
leur doctr ine.
C'est
ce qui explique qu'ils aient compté des esclaves
pa rm i
1eu r s ra n g s.
EP 1CTETE en é t ait.
Enfin,
le
témoignage de PLATON dans
les Lois
IV,
va en partie dans
le sens
de ce que nous venons de
dire concernant
le recrutement
des aides chez les Hip-
pocratiques.
Les aides des médecins
(ot
ùnEplha~ ,Glv
pouvaient êt re des
hommes
1 i bres
( O ..EUiJEPO~
ou des esclaves
( 6oüÀo~ ) (63). Par conséquent l'exer-
cice de la médecine n'était pas
interdit aux esclaves
en Grèce. En revanche
la suite du
témoignage de PLATON est
plutôt sujette à caution.
Le phi losophe poursuit/en effet,

44
en affirmant que
les aides esclaves ne soignaient que
leurs semblables, et selon une méthode expéditive et
tyrannique,
â
la différence des aides
libres qui,
eux,
ne soignaient que des hommes
libres et suivant une
méthode digne d'hommes
libres,
qui consistait â s'en-
quérir des maux qu'on soigne depuis
l'origine, et â aller
au fond des choses
(TaüTa
tEETa~wv
an'apx~~
Kat
KaTà
w60cv), â communiquer avec le malade en
l'interrogeant
et en
lui
livrant ses propres
impressions,
et â ne lui
rien prescrire sans
l'avoir au préalable persuadé(64).
Cette affirmation est venue â PLATON au cours
d'une discussion de nature politique,
sur
la meilleure
manière d'administrer
la loi aux citoyens
faut-il
ajouter aux édits des mots plaisants qui en atténuent
la sévérité pour
les rendre plus persuasi fs(65),
ou bien
au contraire,
les déclarera-t-on tout
net,
sans procla-
mation préliminaire qui
les atténue,
après
leur avoir
adjoint
la menace de la peine ?(66)
Et c'est pour
aider son interlocuteur Clinias à mieux comprendre la
question et â y répondre en connaissance de cause,
que
l'Athénien a recouru à
la médecine qui compterai t
les
deux méthodes indiquées précédemment,
tout au moins en
ce qui concerne la pratique médicale des aides.
La pratique discriminatoire qui
consiste à
confier
le soin des esclaves malades à des praticiens
de même statut social qu'eux, et celui des hommes
libres

45
â
des praticiens
libres n'est nulle part attestée dans
la Collect Ion.
Parmi
les aides,
il
Y en a
un qui
a une spécia-
lisation
le rhizotome,
ou "coupeu~ de ~acine~" et,
dans
un sens élargi,
"cuei~~eu~ de ~imp~e~". Ce person-
nage est ment ionné seulement dans
la
lettre d'Hippocrate
à Cratévas(67)
et pas dans
les
traités proprement médi-
caux. HIPPOCRATE en personne,
dans cet te
let t re,
passe
une commande â un certain Cratévas,
en
lui
demandant
de
lui
cueillir des plantes pour
la préparation des médi-
caments qu'·il
emporterait avec
lui
lorsqu'il
se
rendrait
che z Démo cri t e a t t e i n t ct e
fol i e ,
selon
1e s Ab dé rit a i n s
:
"Je ~ai~1 am~1 que tu e~ un ~hizotome exce~-
~ent et g~âce à ton ent~a2nement pe~~onne~
et g~âce à ton g~o~ieux pat~imoine••.
Recuei~-
~e en quantité et en qua~ité autant de
p~ante~ que tu pou~~a~1 et envoie-~e~ moi".
Le destinataire de
la
lettre, Cratévas,
émi-
nent
rhizotome(68),
aurait vécu vers
131 av.
J.-C.
Il
serait un des successeurs du
fameux Cratévas qui
a pra-
tiqUé et écrit sous
l'empereur Withrldate EUPATOR(69).
Bien que
tardive et apocryphe,
la
lettre,
en témoignant
que Cratévas appartenait â une
longue
lignée de rhizo-
tomes,
atteste de l'ancienneté de son art,
qui
était
héréditaire. lliEOPHRASTE (I~ s. av. J.C.) dans son Histoire

46
des plantes,
mentionne
le personnage du
rhizotome(70).
SOPHOCLE avait
écrit
une pièce dont
le
titre,
At
• PL (;;6,ojJ.oL,
désignait
des magiciennes
(F'rag.
479
Dindorf).
bl - Les fils du maTtre et les disciples
Le médecin est
encore entouré de ses
fils
et
"
1
(71)
.
d e ses
d ISClp es
,qUI
apprenaient
la médecine auprès
de
lui. Quand
ils
avaient
des connaissances
solides,
f i l set
dis c i pIe s pou v aie nt
r e pré sen ter
1e ma Î t r e l 0 r s -
qu'il
était
devenu
trop
vieux pour
se déplacer ou qu'il
était
sollicité en plusieurs endroits
à
la
fois.
Ainsi,
lors
d'une peste
survenue chez
les Barbares
vivant
dans
la contrée
située au nord des
Illyriens et
des Péoniens,
Hippocrate,
appelé pour
préserver
les
vi Iles
grecques,
aurait
confié
une mission à
ses
deux
fi Is Thessalos
et
Dracon,
à son beau-fils
ou discipie Polybe,
ainsi
qu'à
d'autres,
avec comme mission de mettre en oeuvre
les
t rai t eme n t s,
d i ff é r e n t s
selon
1e s ville s,
que
1u i - même
avait composés. (72)
Par .àllieurs,
sur
la
demande
du
médecin,
les
disciples
déjà
initiés
à
l'art(73)assuraient
la
garde auprès
des malades(74).
Le médecin
leur
remettait
jus t e l es
r emè des
né ces sai r es ( 75)
etc eux qu' ils
( 76 )
pouvaient
administrer
sans danger

cl
- ' H
Cn,pe:uouoa.(77)
Le
statut
de ce personnage auquel
i l
est
fait

47
allusion
une
seule
fois
dans
la Collection est
difficile
à
définir. Mais
certaines
indications
internes
à
la
Collection nous
aident
à
déterminer
s ' i l
s'agit
d'une
femme médecin ou
d'une
femme exerçant
un
rÔle médical
inféri·eur.
Dans
ce second cas,
elle
ferait
partie
de
l'entourage du médecin.
Voyons
d'abord
le contexte
dans
lequel
le
personnage
apparaît.
Il
s'agit,
en Maladies
des
femmes
1 c.68 LITTRE 144,22-24,
d'un
avortement

la délivrance
n'a pu
se
faire:
deux aides-hommes
tiennent
les
deux pieds
du
l i t
surélevé du côté
de
la
tête et
auquel
la patiente est
attachée,
et
ils
procèdent
à
la
succussion,
qui
consiste à
secouer
la malade pour,
ici,
faire
sortir
le
foetus.
Tandis
que des
prescriptions
pré-opératoires
sont
indiquées
par
l'auteur
au médecin
responsable
de
l'accouchement,
la
tâche
que
voici
est
prescrite à
la
Lrll;pEuouaa
(LITTRE VIII,
144,22-24)
Tfj\\) 6t
. LTIl;pEuouaav

a,6~a,a
~aÀ5axwç
~EavOLYELV,
xat
~pÉ~a c~u,o 6pqv, 6~~aÀàv 6t
EUVE~~ÀxEa5aL ,~ ~~epu~ "11 c.rrrpsûouaa. OUV/Li.../La dou-
cement l'o~itice uté~in, ce qu'elle te~a avec
p~écaution, et elle ti~e~a le co~don omtilical,
en même temph que l'entant."
D'après ce
texte,
on peut
dire avec certitude
que
1.' LT),PEUOUaa compte
parmi
ses compétences
ce Iles
de sage-femme.
Et
c'est
correctement
que LITTRE,
ad.loc.,
traduit
l'expression par "hage-temme".

48
Niais
l'activité de 1'(nTpcuouau ne saurait
être limitée il
la délivrance des parturientes. En effet,
sa dénomination,
tirée d'(nTpCUw,
qui
veut dire -",oigneII-
contoll-mémeni aux nOll-me", de la ~~xvn CnTPLkn - n'implique
pas de délimitation du domaine d'intervention de celle
qui
soigne;
aussi
ne convient-i 1 pas de confiner ce
personnage féminin dans
l'unique rôle de sage-femme.
D'après sa dénomination, elle accomplissait sQrement
d'autres activités dans
l'officine. Etait-ce dans
tous
les autres domaines de l'art médical? ou seulement dans
les autres secteurs de la gynécologie? Les textes ne
le disent pas. On a certes un indice dans
la Collection
qui
tend à faire prévaloir
la deuxième hypothèse:
ies
rares femnes officiant dans
la Collection apparaissent
toutes dans
les traités gynécologiques.
Il s'agit des
femmes-aides du médecin traitant. On les rencontre dans
Excision du
foetus c.4 LITIRE VIII,
514,17; C'est en ef-
fet,
dans ce passage,
il deux
femmes,
probablement des
femnes-aides,
que le médecin traitant
doit confier
la
tâche de tenir
les
jambes d'une patiente en couches dans
une opération de succussion destinée il faire sortir
le
foetus.
De même,
dans Maladies des femmes
1 c.1
(LITTRE
VIII, 60,16),
le médecin traitant doit vérifier si
un
avortement spontané/le troisième ou le quatrième mois
est dû il l'état de
la matrice, en faisant
toucher
l'utérus de
la patiente par des femmes-aides.

49
On a également
un
indice,
extérieur cette
fois-ci
à
la Collection,
dans
Je
fai t
que quand
les
femme s se mê 1aie nt
d e i ' art
de gué r i r,
e 1 les
é t aie nt
plutOt
versées dans
les maladies
féminines.
L'existence
des
)laIal -ou "accouchl2u.6l2.6"
évoquées
dans
la
1 i ttérature
grecque, dont
la mère de SOCRATE,
est
en effet
s ig-nifi-
cative. On peut
rappeler
aussi
le
récit
d'un
fabuliste
de
l'époque
romaine,
Hygin
(II~ siècle ap, J.-C.l,
également- édi fiant~ (78) Ce dernier rapporte
la
légende
d'une
jeune
fille athénienne,
Hagnodlce,
qui
décida d'ap-
prendre
le métier en enfreignant
les moeurs
des
Athéniens
plutôt
réservés,
aux dires
d'Hygin,
sur
la
prat i que de
la médeci ne
par
les
femmes
et
les esc 1aves.
Pour ce
faire,
Hagnodice
se
travestit
en homme et entra
en apprentissage. Ce qu'elle
se mit
à apprendre,
ce
fut
s Pé c i a 1eme n t
l' 0 b sté tri que e t
1a
g y n é col 0 g i e,
puisqu'à
la
fin de son apprentissage,
il
semble qu'elle
n'ait
exercé qu'auprès
des
femmes
parturientes. Mais
ces
indices
ne sont cependant
pas
dirimants car encore
une
fo i s,
l.nTpE:UW
es t
très
vague et
l' (n1:pE:uouoa
peut
par conséquent
avoir opéré non
seulement
partout
en gynécologie mais également
dans
des
branches
de
l'art médical
où on ne pense pas
à priori
la
rencontrer
massages
dans
les contusions,
pansement
des
plaies.
L ' t nTpE:UOUOa
serait-elle pour autant
une
femme-médecin au même
titre que
l' taTp6ç
? Les

50
textes
ne contiennent
pas
de
réponses
formelles
à
cette question.
Nous
constatons
cependant
que dans
la
Collection ne
figure
pas
d'équivalent
féminin
du mot
et
le participe
substantivé ne
saurait
en
t e n i r
1 i eu.
Or,
s' i 1 e x i s t ait
des
femme s - mé d e c i n s,
i 1
y aurait
des mots
spécifiques
pour
les désigner. De
plu s,
t 0 u tes
1es
f enme s
- r are son
J' a dit -
qui
a p par ais -
sent
dans
notre corpus
ont
un rang subalterne.
Par
con-
séquent,
on
ne peut
exclure
l'idée que
l' tn'PEuouoa,
·t~mm~ qu~ ~o~gn~ méd~cal~m~nt', soit non pas une fenme-
médecin,
mais
une
soignante
d'un échelon
inférieur,
c'est-à-dire
l'équivalent
d'une
infirmière-sage-femme
officiant
auprès
du Ca,p6ç.
Un
passage
de
Nature
( 79 )
de
l'enfant
,atteste que
les
femmes
s'entretenaient
entre e Il es
des
sujets
les concernant l
surtout
de ceux
à caractère
i n t i me ( 80) •
La
nourrice de Phèdre,
dans
l'Hippolyte d 'EUR 1P IDE ( 8 1 ) ,
suggère à
l ' héroTne de
s'adresser
aux
fenmes
présentes
pour
l'aider à calmer
son ma l,
a u cas
0 Ù
cel u i - c i
se rai t
und e ces ma u x
qu' 0 n
ne doit
pas
révéler
au
grand
jour. Malades,
les
femmes
devaient
se confier
d'abord peut-être à ces Cn'PEuouoa~.
Les médecins-hommes
n'intervenaient que quand ces
af-
fect ions
dépassaient
la compétence de celles-ci.
Ce
qui
tend à
faire croire
qu'elles
n'étaient
que
des infirmières.
Dans
son
rôle
de
sage-femme,
I~Cn'PEuouoa
se
distingue des
].1aIa~ telles que PLATQII, dans le Théêtête
149 c-d,
les
décri t,
mêlant
la magie à
la médecine et

51
recourant
"auiani au~ ~emèdeo qu'au~ enchaniemenio pou~
p~ouoque~ Leo douLeu~o de L'enfaniemeni ouL~
apaiAeA J dé.üv~ LM ~ CfILi oni cu. fa pUiu à ac-
coucheA ou lien I-acifi.iett 1'auo/I.ienumJ.. cu. L'en/.an.i quand.
La m.è.tt.e u i di.c.Ld.h. à 0' en di.tai.A2.."
Nos
textes
ne mentionnent
ni
la présence
de
ces
llCl~a~
dans
l'entourage du médecin,
ni
celle
des
Q.){E al: p [ÔEÇ ou
"guli~iooeuiJu" ut il i sant des procédés
magiques(82)
et
"qui aooioiaieni Leo temmeo en coucheo"
(Chairs c.19,
JOLY 202,26 = LlTIRE VIII,
6·14, Il al rr6.PE~a~
l:fja~
I l
ressort
cependant
du
passage
préci té de Chairs
que
les médecins
les consultaient
parfois,
ce qui
se comprend puisqu'elles possédaient
un
savoir empirique
certain en matière d'accouchement.
*
*
*
Tels
étaient
la composition et
le
fonction-
n eme n t
dei a
f am i Ile mé d i cal e 0 u duc e n t r e mé d i cal.
"
nous
faut maintenant
poser
notre regard plus particu-
lièrement
sur
le médecin
dans
l'exercice de
son métier.
Celui-ci
consiste en deux occupations
princi-
pales
l'enseignement
et
i 'exercice médical
proprement
dit.

52
-=
N
° T E S
=-
1. Ancienne médecine c.5 FES1UJIERE 4,23 sq. = LITIRE l,
580,6 sq.
2. Art c.8 JOUANNA 233,3 sqq·= LITIRE VI,
14,1
sqq.
3. Ancienne médecine c.5 FES1UJIERE 23 sq.= LITIRE l,
580,6 sq.
4. Oui. Car
il
peut ne pas y avoir
de guérison du tout;
de même,
il
peut n'y avoir qu'une guérison
relative.
Sur ce dernier point,
cf.
notarrment W. NURI, Arzt und
Patient bel Hlppokrates. Studien
zum Corpus
hippocra-
tic um. Be r n ,
1936 , S t ii d t. Gymn.,
p .
10- 14 e t
F. KUDLIEN, "The oLd g~eek concept ot ~eLative heaLth" ,
in Journal
of the hlstory of behavloral
sciences,
IX nOI,
1973,
p.
53-59.
5. Ancienne médecine c.2 FES11JGIERE 2,5-6 = LITIRE 1 572,10 sq.
6. Cf.
Ibid.
c.1 FES1UJIERE 1,8 = LITIRE 1,
570,9
Art c.8 JOUANNA 233,4 sq. = LITIRE VI
14,2. Sur
le sens
de 6rnuoupyc,,;,
voi r
P. CHANTRAINE~ Dictionnaire étymologique de la langue
grecque,'Paris, Klincksieck,
tome
l,
1968,
s'.v.';
A.-J.' FES1UJIERE, Hippocrate.
l'Ancienne' médecine,
note 7,
p.
28.
7. Cf. P. CHANTRAINE, op.clt.
S.v.
8.
Ibid.
9. Cf. Ancienne médecine c.1 FES1UJIERE 1,8
=
L1TIRE 1

53
570,8 sqq.;
Ibid. c.7 FESTUGIERE 6-7 = LITTRE
584,8 et Affections c.1 LITTRE VI, 208,18.
10. Voi r,
sur ce terme,
le développement de
A.-J. FESTUGIERE, op.clt., note 6,
p. 27-28.
II. Ancienne médecine c.4 FESTUGIERE 4,17 = LITTRE l,
578,14 et c.5 FESTUGIERE 4,24 = LITTRE l, 580,7.
Sur ce mot,
voi r FESTUGIERE, op.cl t., note 29,
p.39.
12. Articulations c.53 KUEHLEWEIN 193,18 = LITTRE IV,
232,10 ; Régime dans les maladies aiguës KUEHLEWEIN
c.44,
131,14 = LITfRE II c.II, 318,3.
13. P. Q-lANIRAINE, op.clt.,
tome l, p.273, 2e colonne.
14. Affections c.33 LITfRE VI,
244,16.
15. Officine du médecin c.3 KUEHLEWEIN 30,12 = LITTRE
III,278,1.
16. Sur le sens de
YU).LvaoLa.dans
la Collection, cf.
J. JOUANNA, Hippocrate, Ancienne médecine, ad.
lac.
17. Ancienne médecine c.4 FESTUGIERE 4,19-20 = LITTRE l,
580,2-3.
18. 1b 1d. c. 4 FESTUG 1ERE 4, 19 s qq. = LI TTRE l, 580, 2 s qq. :
~l:L YOUV Ka.t vüv ot l:WV YU).LVa.OLWV l:~ Ka.t ~OKnOLWV
tnL).LEÀ6).LEVOL a.LEL l:L npooEEEUPLOKOUOLV Ka.l:à l:nV
a.û,nv ôôov (;nl:ÉOVl:EÇ 0 l:L ÉOi'}LWV l:E Ka.t TllllwV tnLKpa.-
l:~OEL l:E a.Ûl:OÜ ).LaÀLOl:a. Ka.t CaxUpél:EPOÇ a.Dl:èç ta.Ul:OÜ
~Ol:a.L •
·Du mo~n~ aujou~d'hu~ enco~e ceu~ qui veiiienL ~u~
ie~ gymna~e~ eL ~e~ e~e~c~ce~ du co~p~ d~couv~enL-

54
~l~ ~an~ ce~~e, en ~eche~chant pa~ la même méthode,
ce qu'un homme do~t mange~ et go~~e pou~ l'a~~~m~le~
le m~eUX et en deuen~~ plu~ to~t.·
19.
Cf.
1a remarque de
l'auteur du Régime,
qui
regret te
que n'étant pas dans
les gymnases,
(contrairement
au pédotribe),
il
ne puisse pas en faire autant
(c.2 JOLY 3,22 sqqo/4,1 sq.= LITIRE VI,
470,18 sqq.)
20.
Protagoras 316 e.
21.
République
III
406 a-b
22.
Cf. BOURGEY, op.cl t.,
129 note 2 ; K. FRIELRIŒ,
'H~ppok~at~~che Unte~~uchungen', Phllologlsche
Untersuchungen,
15,
Berlin
1899,
p.
271
sqq.
K. DEI~ER, Ole Epldemlen ... ,
p.
60 sq. ;
W.H.S. JONES, The medlcal wrltlngs of Anonymus Lon-
dlnensls,
Cambridge
1947,
p.
49,
note 35.
J. DUCATILLON, Polémiques dans
la Collectlonhlp-
pocratlque, Thèse,
Li Ile,
1977,
p.
76-83 et
p.118,
note 2. Contre
les
tenants de ce point de vue,
cf.
no t aorne nt J. J~, Ph Il 0,5 trate. Ueber GTIWlas lwn,
Leipzig/Berlin,
1909,
p.
15-16; R.
JOLY, Recherches
sur ie traité pseudo-hippocratique du Régime,
Paris,
Les Belles Lettres,
1960,
p.
203.)
23.
De même
l'athlète Iccos de Tarente (cf. PLATON,
Protagoras 316 d et Lois VIII
839 c/840 a),
proba-
blement
le même que celui
évoqué par EuSTATHE
(Com-
mentaril ad Homeri
pertinentes,
610,
edi t. IV.
Van

55
der Valk,
vol.
II,
Leiden
1976,
p.
206,
1.9 -
10)
comne étant ocq:oü Cm:pou
'PTlYLVOV, mêlait
gymnas-
tique et
diététique. Cf.
aussi
Steph.
de Byz.,
s.v.T~pq:s
24.
Epidémies VI,
3,18 LITIRE V 302,1-3.
25.
H. DIELS, Anonyml
londlnensls
latrlca,IX 20-36.
(OS uPP 1eme n t um a rIs t 0 tel i c um Il l,
l, Be r' 0 lin i,
1893 ) •
26.
PLATON, Protagoras
316 e
27.
PLATON évoque son
frère médecin dans
le Gorgias
456 b et
448 b,

J'on apprend qu'il
s'appelait
également Hérodicos.
28.
Epldémles VI,
3,18 LITIRE V,
302,1-3.
29.
GALIEN,
ln Hlppocratis Epldemlarum librum VI
com-
mentarius,
3,35.
177,10-14 WENK = XVII B 99,9-13
KlJHN
;
cf.
au s s i
1b id.,
3, 30. 167, 18 - 20 WENK = XV 1 1
B 81,
10-12 KUHN.)
30.
Anon~us Londlnensis
IX 20.
31.
Protagoras 316 d.
32.
Lois VII l,
840 a.
33.
Cf.
note 23.
34.
Selon ARISTOTE (Politique
III,
c.II),
Cm:p6ç
sig nif i e
1e
pra tic i en 0 r d i na ire
(6TlllL-
oupy6ç),
le grand patron
t roi s i ème
1 i eu,
1 1 homme qui
a une cul t ure mé d i cal e
. ( ô nE:n<:u 6E: ulJ,~VOç TIE:p l
-rnu -rÉX.VT1v).

56
35.
Serment,
ed.
LIŒITENIHAELER c.6 = LITIRE IV; 630,
1.
11-12.
Sur ce chapitre du Serment,
cf.
Ch.
LIŒITENTI-IAELER,
Le Serment d'Hippocrate,
p.lm7
sq.
Sur
les dangers d'opérer
la vessie dans
la
Collection, cf. Waladies l, c.8WITlERII24,ll sq.c LITIRE VI,156,11:
>'
'f\\V
,
"""
1
VEUPOV'oLuHon0
~~ ~U~~UVUL, ~not HUO,LV ·une pa~t~e
la ve~~~e... •.
La vessle
falt partie des organes
vi taux
fragi les
Prénotions coagues,
c.499,
LITIRE
naXEl-Wv.
36.
Articulations c.42 KUEJ-U...EWEIN 167,16-17
LITIRE IV,
182,21.
37.
Ancienne médecine c.9 FESTUGIERE 8,3 = LITTRE l,
590, 9.
38.
Préceptes c.3 LITIRE IX 268,10.
39.
Prorrhétique I l e . 1 LITIRE
IX,
6,5.
40.
Ancienne médecine c.19 FESTUGIERE 17,24
LITIRE l,
620, 7.
41.
Fractures c.l KUEJ-U...EWEIN 46,8 = LITIRE III
41.4,1.
42.
Régime dans
les maladies_aiguës, KUEJ-U...EWEIN c.6,
111,17 = LITIRE Il
c.2,
236,4.
43.
Préceptes c.7 LITIRE IX,
258, {,'/
44.
Lois
IV 720 a.
45.
Fractures c. 13 KUEHLEWEIN 67,8 sq.= LITIRE
III,
462,4 sq.

57
46.
fractures c.8 KUEHLEWEIN 59,17 sqq. ~ LITTRE III 444,16
sq.;: cL aussi 'Articulations, c. 76 I<I..EJI.H\\EIN ,234, 7 sq.~ LITIRE IV,
n,16 sq.
47.
l'bLd.
c.15 KUEHLEWEIN 70,22 ~ LITTRE 111470,9.
48.
Officine du médecin c.2 ~ I N 30,8 ~ LITTRE
II 1 276, 1.
49.
Ibid. c.6KUEHLEWEIN 33, 15 sqq.~ LITTRE III,
288,9
sqq.
50.
Articuiations c.47 KlŒlDJBNEIN 180,2 sqq.~ LITTRE IV
208,4 sqq.
51.
Ibid. c.80 KUEHLEWEIN 240,15. sq. ~ L1TTRE IV,
318,16 sq.
52.
Ibid. c.73 KUEHLEWEIN 231,12 = L1TTRE IV,
302,7.
53.
Sur
l'ambe, cf.
Infra,
p.
101.
54.
Articulations c.74 KLElIJ3MEIN 178,20 sqil79,1 sq.; LITJRE,VI,206,6sq.
55.
Ibid.
c.47 KUEHLEWEIN 178,20 sq./179,1 sq.~
LITTRE IV, 206,6 sqq.
56.
La phrase est un peu lourde à cause de la double
présence de fi tLÉon Xdp.1Ifais
le sens est clair.
M et Y,
suivis par LITTRE, ont, après mt LO ül3w~a,
le texte suIvant,
plus simple: Kat LDV tL~pnV XELpa
npOOEn ~5ÉVTa tnt LnV tLÉpnV ){aLavaYKa~ELV.
57.
Officine du médecin c.2 KUEHLEWEIN 30,7 sq.~ LITTRE
1Il 274,1/276,1.
58.
ArticulatIons c.76 KlŒlDJBNEIN 234,7 sq. = LITTRE IV,
306,16 sq.
59.
fractures c.8 KUEHLEWEIN 59,17 sqq. ~ L1TTRE 444,16 sq.
60.
Articulations c.70 ~ I N 225,16
= LITTRE IV,
290,+-4Q'

58
61.
PLATON, ~non 82 b sqq.
62.
Cf.
J. BRUN, Les Présocratiques, P.U.F., 1968, p. 27.
63.
PtA1Qi( Lois IV 720 b 2. Néanmoins PLATON fait des
médecins eux-mêmes
implicitement des hommes
libres,
puisq.u'il
les appelle dans
le
texte 01 6Ean6TaL,
'Le~ mali~e~' (par opposition aux esclaves).
64.
Lois
IV,
720 c
1 sqq.
65.
Lois
IV 720 a 1
napa~u5Laç 6t Hal nEL60üç.
66.
Lois
IV,
719 e 8 sqq.
67.
Hippocrate à Cratévas nOl6 LITTRE
IX 342,14. Cf.
auss i
le verbe dénominat i f PLi:OTO~t!:W,
Ibid.
344,10.
68.
1 j
aurai t écri t
un trai té de botanique,
le Rhlzo-
tomikon
ou Rhizotomika. Cf. A.A. COSTOMIRIS,
'[iude~
des études grecques,
tome
1 l,
1889,
p.
358 sqq.
69.
Cf. M.
POHLENZ,
'Zu den hippok~aii~chen B~ieten'
p.
353
;
sur Cratévas,
voir
aussi M. WELMANN,
Kratevas,
Berlin,
1897,
33 pages.
70.
lHEOPHRASTE, Histoire des
plantes,IX.1.7.;
lX.8.I.
71.
Sur
l'introduction des disciples
dans
le milieu
médical,
cf.
p.
22
Le s
fil s e t
1e s dis ci -
pies sont notamment ment i onnés dans Prorrhét Igue 1 L c .4
LITTRE IX t
20 , 12-13 ; nataL TE Hal ~&nTf'\\aLv
,

72.
Voir Presbeutlkos n027 L1TTRE IX 418,4 sqq. Cette

59
histoire est évoquée dans Décret n025 LITTRE IX 400,
16 sqq.: mais
là, Hippocrate aurait envoyé non pas
ses
fils et
ses disciples, mais
les disciples
se u 1eme n t
(c f.
1.
2 >J.(l311 TaÇ ) •
73.
BIenséance c.17 LITTRE IX 242,11-12.
74.
IbId.,
1.
9.
75.
IbId.,
1.12.
7,6.
IbId.
77.
WaIadles des
femnes c.68 LITTREVIll
144,22 -
23.
78.
HYGIN, Fabulae ; recensuit,
prolegomenis,
commentario,
appendice
instruxit H." ROSE, editio altera immutata.
Leyden,
1963, c.274.
79.
Nature
de
l ' e n f a n t ,
c.13 JOLY55,IOsq.~
LI TTRE
VII
490,5
S q " l U 1 1 U 6 E L
6t n
].lovooEPy6ç ôJw'Ca YVva'CuEç )d:YOVOL npôç a.ÀÀnÀaç
la
chanteu~e avait entendu ce que le~ temme~ ~e di~ent
ent/le elle~.·
80.
Par pudeur.
Sur cette pudeur des
femmes,
voir HYGIN,
FabuIae,
c.274 ;"antiqui
obstetrices non habuerunt,
unde mulieres verecundia ductae
interierant."
L'appelâdes
femnes
pour effectuer des opérations à
caractère
int fme est
fréquent:
cf. Excision du
foetus c.4 LITIRE VIII
514,17/516,1
sqq.:
l'opérateur
fait
appel
à des
femmes,
pour
tenir
les
jambes d'lune
patiente en couches dans une opération de succussion,

60
et avant
l'opération,
il
veille à cacher
les parties
de
la
femme avec un
linge.
Le médecin n'opère pas
toujours
le toucher digi tai
:
dans Maladies des
fenmes
II c. 134 LlTIRE VIII,
304,2; c. 141
LITIRE
VIII,
314,16;
c.157, LI TIRE VIII,
332,16,
c'est
la
patiente elle-même qui
redresse, avec son doigt,
son
utérus
dévié,ou qui
pratique
le
toucher
digital,
de
même qu'en Fenmes stériles c.230 LITIRE VIII
438, II
et c.213,
LITIRE VIII,
410,3.
Voir aussi Maladies
des
femues
1 c.62 LlTIRE VII l,
126,12 sq.,

l'auteur
dénonce
la pudeur des
femmes.
Cependant en Maladies
des
feJlJDes
II
c.156
LlTIRE VIII,
332,5 sqq.,
c'est
ie médecin en personne qui
introduit dans
l'utérus
une
sonde qu'il
peut
remplacer
par
son doigt. Cf.
auss j
Superfétat Ion c.7 LITIRE VII [,
480,7 sqq.
D'une manière générale,
les
femmes
restent
souvent
entre e Iles
(Cf. Epldémles V c.25 LITIRE V,
224, II
s q q. )
81.
El.JRIPIDE, Hippolyte 293 sq.
82.
Le mot aMas
est en rapport avec
la magie.
Sur cet
aspect
des mots de
la meme
famille,
voir N.V. BROOK,
op.cl t.,
p.
265 sq.

61
I I .
L'EXERCICE MEDICAL
OU
L'IMAGE
DU MEDECIN RELATIVEMENT A
SES
ACTIVITES
*

62
C H A P I T R E
1
L ' E N S E I G N E M E N T
MEDICAL

63
Un premier volet de
l'activité du médecin est
constitué par
l'enseignement médical.
Aucun traité de
la Collection n'est spécifi-
quement consacré à cette question.
His t 0 r i q ueme nt,
0 n
sai t que l' en sei g n eme n t
médical était
individuel
le
fils
le reçoit
individuel-
lement de son père
j
tandis que
le disciple choisit son
maltre, et
le charge de son éducation médicale(I). L'en-
seignement
reçu n'était pas couronné par un diplôme de
fin d'études
indiquant
le cursus de l'élève et
le niveau
atteint. Celui qui
se destinait au métier de médecin
devait seulement acquérir un certain nombre de connais-
sances qui, en le rendant compétent,
pouvaient
le faire
apprécier par
la clientèle. D'après
le Serment
(LIOITEN-
lHAELER c.2 = LITIRE IV,
630,2 sq.) ,
il
semble qu'il y
ait eu trois modal ités d'enseignement, mais aucune pré-
cision n'est donnée sur
leur contenu. Nous al Ions essayer
de nous en faire une
idée à
la lumière des disciplines
théoriques et pratiques évoquées dans
la Collection.
Le texte qui
suit
fait allusion à ces trois
modalités d'enseignement:
('Oj.lVÔW) •••
napaYYE:À.CTl(; TE: Kat
âKPO~OlO(; Kat T~(; ÀOlnn(; ànuOTl(;
j.laÔ~OlO(; j.lE:Tâ600lV nOl~oaoôal ùlolo(
TE:
Éj.lol0l
Kat
TOLOl
TOÜ Éj.l~ 6l6â~aVTO(;

64
de~ feçon~ o~afe~ et de tout fe ~e~te de
f'en~eignement à me~ tif~1
à ceux de mon
malt~e... •
(Serment,
LICHTENTHAELER c.2).
Les
trois modal ités
d'enseignement évoquées
ici
sont
les
n:apaYYE:ÀCal.,
les Q.KPOf)OE:q; et une express ion
bien vague,
n ÀOLTIn àTIao~ ~aô~oLb.Les
n:apaYYE:ÀLaL sont
probablement
les
préceptes généraux relat ifs à
la
théor ie
et à
la pratique médicales
tels
qu'on
les
trouve dans
Aphorismes
(LITIRE
IV,
458 sqq.) , Du Médecin,
Préceptes
et Bienséance
(L ITTRE
IX,
204 sqq.).
Les âKPO~OE:Lb pourraient désigner
les exposés
oraux en privé développant en détail
tel
ou
tel
sujet
préc i s. On
ne nous
dit
rien sur
leur contenu dans
le
Serment, mais
toutes
les matières principales et
auxi-
liaires de
la médecine
devaient
y
être abordées
sémio-
logie,
pronostic et
diagnostic,
apprentissage par coeur
des maladies,
ensuite
des
remèdes
(Bienséance c.8 LITIRE
IX,
238,3 sqq.)
,
enfin cours de géométrie et d'arith-
métique
(YE:W\\1E:TPLKJl Kat 6.pLô~1l01.ç). Ces deux dernières
disciplines
ne sont
cependant menjionnées que dans
un
écrit
tardif,
la Lettre d'Hippocrate li Thessalos n022
LITIRE
IX 392,5 sqq.
Enfin,
le
troisième
terme de
l'énumération
contenue dans
le Serment,
au chapitre 2 LICHTENTHAELER =
L1T1RE IV 630,3,
n ÀOLTIn à.n&~ \\1aÔIlOLb' est très vague.
Il
faut
peut-être y
faire entrer
les manipulations
phar-

65
maceutiques comme celles évoquées dans Affections c.45
LITfRE VI 254,9 sqq"
quelques observations anatomiques,
et des expériences diverses;
peut-être aussi
faut-il y
compter l'entraTnement aux opérations manuelles: onc-
tions, affusions,
réductions de fractures ou d'entorses
et de
luxations.
- LE MEDECIN HIPPOŒATlQUE
UN (MIjIPRATICIEN
Dans certains trai tés de
la Collection,
le
s'exerce plus particulièrement dans tel ou tel
domaine de la discipline médicale. Ainsi dans Ancienne
médecine, s'occupe-t-il essentiellement de diététique
et du régime de vie en général,
de même que dans Régime
et Régime dans les maladies aiguës. Dans Fractures et
Articulations,
le médecin est plutôt versé dans
la trau-
matologie, de même que dans Plaies et Plaies de tête,
tandis que dans Maladies des femues
l,
Il et 111(2),
Nature de la fenme et Excision du foetus,
il s'occupe
de gynécologie.
Il
traite presqueexclusivement d'ophtal-
mologie dans Vision.
A partir de ces données,
on pourrait penser que
la spécialisation existait dans
la médecine hippocrati-
que. En fait,
la conception très hippocratique de
la
globalité de l'individu constitue un obstacle il la spé-
cialisation du médecin. D'ailleurs,
la Collection ne
contient aucun témoignage explicite qui ail le dans
le sens
d'une sPécialisation(3), au contraire de
la médecine
é g YP t i en ne pou r i a que Ile 0 n ale t émo i g nage d' HERaX>TE ( 4) •
L'historien, qui
regrette qu'il en soit ainsi, affirme

66
que chaque médecin, en Egypte,
était spécialisé dans
une seule maladie et non dans plusieurs.
D'autre part,
si
l'on considère un traité
c onme Vis 1on,
i l s emb 1e , au p r em i e rab 0 rd,
a v0 i r été
écrit par un spécialiste des yeux. Or,
pour deux raisons
au mo i ns,
i 1 n' en est pro ba b 1eme n t r i en. Au cha pit r e 3,
en effet,
l'auteur,
abandonnant
les affections des yeux,
traite d'une autre partie du corps que nous
ignorons à
cause de la lacune du texte(5).
Peut-être s'agissait-
il
d'une affection du tronc,
puisque c'est une cautéri-
sation dorsale qui est proposée comme thérapie. Ce petit
traité pourrait s'inscrire dans
un ensemble pius vaste
qui
dépassai t
le cadre strict de
l'ophtalmologie, mais
dont
une partie a été perdue.
En ce qui concerne
les
traités gynécologiques,
il est
très probable que leurs auteurs n'étaient pas
seulement des spécial istes des maladies
féminines. Des
études de langue et de style ont par exemple permis
d'établir qu'au moins
I~ couche C de Nmladles des f~es
1,
II,
III a pour auteur
le même médecin que Génération,
Nature de l'enfant et Nmladles
Iy(6),
qui
sont des
traités de physiologie destinés à expliquer
la formation
du corps vivant et
la production des maladies.
Par ailleurs, à
la lecture d'une oeuvre
comme
Nmladles 1, on s'aperçoit que
"activité du médecin com-
portait un volet chirurgical.
L'auteur
traite en effet

67
des affections en général. Mais
au chapitre 21,
il
touche
aux plaies pénétrantes
faites
par
une
lance,
un poignard
ou une
flèche,
ce qui
indique qu'il
a eu A traiter des
blessés de guerre.
II en est de même de
l'auteur de
Lieux dans
l'homme. Son traité est
celui
d'un généraliste
traitant
par
exemple de
la production des
fièvres et de
leur
trai tement
(c.27 JOLY 62,21
sqq./63,1
sqq./64,1
sqq. =
LITIRE VI
318,3 sqq./320,1
sqq.),
de
l' ictère
(c. 28 JOLY
64,5 sqq.= LITIREVI 320,8 sqq·/322,1 sqq.),
de divers
types de
fluxions
(c.II-15,
JOLY 50-57 = LITIRE VI,
296-
308). Mais
Je chapitre 32 est consacré aux
fractures du
crâne
( l<E(jlO( tof'iç; l<al:aYllal:o, JOLY 66,4 sqq. = LITIRE VI,
324,6 sqq.),
pour
lesquelles
J'auteur propose,
suivant
qu'il
s'agit d'une
large
fracture ou d'une
simple
félure,
un
t rai t eme n t mé d i cal 0 u un t rai t eme n t chi r u r g i cal,
1a
trépanation
(JOLY 66,7
= LITIRE VI,
324,8
: npLEL\\I ).
Les
auteurs des Epldémles
II,
IV,
VI,Vet VII
trai tent
aussi
bien
les maladies en général
que
les
blessures,
et
ils
sont
en même
temps gynécologues
Ainsi,
l'auteur
d'Epidemies
II
2,
c.19 LITIRE V,
92,3 sqq.et c.20 LITTRE
V,
92,8 sqq. rapporte le cas de
femmes accouchées et des
accidents qui
leur survinrent,
tandis que
le c.18,3
LITIRE V,
118,12/120,1 sqq. es t consacré aux pla i es. Dans
Epidemies VII,
on rencontre aussi
bien des cas
de
maladies
fiévreuses
(cf.
c.2 LITIRE V,
366,7 sqq.)
que
des cas
relevant de
la gynécologie
(c.6 LITIRE V,
376,14
sqq~378, 1 sqqJ ou des blessures de guerre (c.29,30,31,

68
LITIRE V,
400,10 sqq.).
*
*
*
De la diversité des compétences, on doit
conclure que
la spécialisation n'est pas
le fait du
médecin hippocratique.
Hors de la Collection, on a notamment un
témoignage d'ARISTOPHANE qui,
dans
l'Assemblée des femmes
fait
allusion il. un ·",péc.i.aL.i.",ie du //.ecium·,
dans
les
vers suivants
·Qu.i. donc pou//.//.a.i.i m'aLLe//. che//.che//. un méde-
C-Ln ei Lequel. ?'
"Lequel. de", p/l.ai.i.c.i.en", du de//./I..i.é/l.e e",i tO/l.i
dan/) ",on Œ/l.i ? Ah !
je ",a.i.",}
Amynon ••• •
T~s âv oov tUTP6v ~OL ~ET~À30L Hut TLVU ;
T~s TWV HUTà npwHT~v 6ELV6s tOTL Tnv T~XVnv
(v.
363 - 365).
Le jeune homme Blépyros,
constipé,
cherche
un médecin qui
le soulage, ce qui
paralt
tout il. fait
normal
(premier vers).
Mais le vers suivant est une grossière plai-
santerie
Tnv T~xvnv
est il. comprendre au second degré.
Il ne fait
pas allusion il. un médecin spécialiste du rectum. Car
après
le premier vers, Blépyros
a changé subt i lement de

69
registre. Le spectateur ne
le sait pas encore,
puisque
rien dans
le vocabulaire de ce deuxième vers ne
le laisse
deviner;
les termes qui
y sont emploYés pourraient par-
faitement
s'adapter au médecin. Wais Blépyros a substitué
au médecin un prostitué,
ce que le spectateur découvre
au début du vers suivant,
lorsqu'est prononcé
le nom
d'Amy non,
0 rat e ur
qui
sel i v rai t à
1a pro s t i tut ion.
Naturellement,
cette substitution n'est pas à
l'honneur
des médecins. Tout se passe comme si
la simple évocation
des médecins
rappelait à Blépyros
la prostitution. La
prostitution des médecins est évoquée
indirectement dans
le Serment
(LIarrENIHAELER c.7 ; LITIRE IV 630, 12 sqq.).
Pour en revenir à
la question de la spéciali-
sation,
historiquement,
en Grèce,
la médecine n'est pas
divisée en diététique
OkavtTlTLJ.di 1 pharmaceutique
(j)(lP].lO.}t E: UT LJ.dl
e t
chirurgie
XE:LpOUPyCa
avan t
l'époque
a lexandr i ne (7) • Le médecin grec maltrisait auparavant
toutes
les branches
fondamentales et annexes de
la dis-
cipline médicale. Ces branches étaient nombreuses,
selon
le témoignage de
l'auteur de
l'Ancienne médeclne(8),
qui
p r orne t d' en par 1e r par
1a sui te, p r orne s se qu' i J n' a ma 1-
heureusement pas
tenue. Plus haut(9),
nous avons
tenté
de voir,
d'après
les écrits hippocratiques eux-memes,
quelles étaient ces branches. Trois d'entre el les méritent
d'etre rappelées
i c i :
celle concernant
la diététique et
le réglrre de vie en général, la préparation des rrédicarrents et enfin
la chirurgie. Ces occupations constituent le second volet de l'activité
du médecin.

70
C H A
P I T
R
E
II
L'ACTIVITE
THERAPEUTIQUE
*

70'
C'est
le second volet du métier du médecin.
Il est composé d'un certain nombre de disciplines aux-
quelles
le médecin s'exerce.
1
L E
REGIWE
Parce qu'il considère que
le régime est, avec
l'air et
les conditions atmosphériques,
ainsi que les
violences extérieures,
les causes principales des mala-
"
(10)
d 1 es
,
le médecin hippocratique a fait du régime une
partie importante de son activité.
Des traités entiers sont consacrés au régime:
le Régime dans les maladies aiguës, où la thérapeutique
repose sur
l'administration rationnelle des substances;
le RégIme, où l'auteur
fai t dépendre
la santé de l'équi-
libre entre ies aliments et
les exercices et
l'Ancienne
médecine où les causes des maladies sont rapportées es-
sen t i e 11eme n tau ré g ime a 1 i me n t air e e t
1eu r gué ris 0 n il
l'équilibre de l'alimentation. Presque tous
les écrits
des médecins de la COllection contiennent des prescrlp-
tions diététiques y compris
les écrits de traumatologie
où l'on s'attendrait
le moins il les
trouver.
Wais
la médecine hippocratique ne se limite pas
il
la
diététique. Lil

le
régime
ne
suffit pas il

71
rétablir
la santé, on recourt aux remèdes. Le médecin
est donc également occupé â
la préparation des remèdes.
1 1 - LES REM:DES.
Le chapitre la de Bienséance indique que le
médecin était pharmacien(ll). L'officine renferme des
médicaments variés
topiques (>1a>"UY>1al:a)
,
pot ions (no1:J'J-
préparées selon la formule
~E âvaypa~nG
substances purgatives confectionnées
suivant
le mode qui convient, certaines préparées pour
etre conservées, d'autres pour etre uti lisées sur le
mome n t ( 12 ) .
Le médecin ne s'occupait pas toujours seul de
la préparation des médicaments. Parfois,
il supervisait
seulement
leur confect ion,
le reste du travai 1 étant
confié â ses aides. Dans
le Contre Ol~plodoros de
DEMDSTHENE. Sont évoqués des esclaves affectés spécia-
lement â
la préparation des médicaments,
les
cpap>!UJ<O-
1:P ((3a L a u s e r vic e d' un
rie h e homme d' a ff air e s du P i rée,
Comon(13). Sans doute ces esclaves furent-ils d'abord
esclaves de médecins, qu'ils aidaient, entre autres,
dans
la préparation des médicaments;
ils furent ensuite
vendus â un autre maître qui
utilisait
leur savoir pour
constituer, avec leur concours,
une Industrie pharmaceu-
tique.
Le médecin,
dans
j'exercice de la pharmacie,

72
est différent du pharmacopole,
~puaHonwÀ~Ç·uendeu~de
qxiPJ-L(l)((l
,
personnage absent de
la Collection. Ce
dernier n'appartient pas a proprement parler au monde
médical.
Il était plutôt une sorte de droguiste ou d'her-
boriste dans le bazar duquel on trouvait aussi bien des
substances médicamenteuses ou des médicaments déja pré-
parés, que des pierres, des objets magiques(14J, des ma-
tières colorantes ou d'autres produits de cet ordre(15).
III - LES INTERVENrIO'lS Œ1IRURGICALES
La chirurgie fait aussi
partie de l'activité
du médecin. C'est a lui, en tant que futur médecin, que
sont adressés
les préceptes de chirurgie qui constituent
l'essentiel du traité isagogique du ~decln(16J. Un
aphorisme hippocratique présente la chirurgie comme un
terme obligé de l'art de guérir,
lorsque les médicaments
ne suffisent pas:
·Ce que le~ médicament~ ne gué~i~~ent pa~J
le te~ le gUé~it.( 17).
N'étant pas spécialiste des questions chirur-
gicales,
nous ne traiterons pas directement des opéra-
tions pratiquées dans
l'officine
ni
n'aurons a juger
de leur niveau,
les hommes de
l'art étant plus Indiqués
pour une telle tâche(18). En revanche,
notre attention s'est
portée sur
la partie des ~ealia -c'est-a-dire des choses v.isi-

73
bles dans
l'officine- qui
touche à
l'activité chirur-
gicale du médecin.
En mettant
sous
l'oeil
du
lecteur ces
II.ll.aLia,
ce dernier pourra se
faire
une
idée de ce qu'était
le médecin dans son rôle de chirurgien.
1/ LES REALIA
a) LE LIEU DES OPERATI ()IjS
Le médecin pratiquait
ses opérations dans
,
( 18)
0 u AV
( 19 )
C
1 officine, lia,' Cn,pELov
t.
Cn,PEC'Il
er-
taines opérations non graves
se
faisaient
chez
le malade
même (20) •
L'officine du médecin devait
répondre à cer-
taines normes quant
à
sa disposition par rapport
au
vent et à
la
lumière(21,. On
y
trouve
des sièges .(6LqJpouç),
au mo i n s de u x •
1 1 un pou r i e mé d e c in,
l' au t r e pou r i e
malade.
Ils sont d'égale hauteur
(6lIDÀOU Ç
(22)),
a fin que
1e mé de c i net
1e
pat i e n t
soi en tau meme
niveau. Sont
aussi
rangées
dans
l'officine des pièces de
1inge
(6IJOVOLÇ (23)),
ou d'éponge
(cmOYYOL!;;
) (24),
les
premières pour nettoyer
les
yeux,
les autres
uti lisées
dans
les plaies. Mais surtout,
l'officine contient un
grand nombre d'instruments
(opyava
)(25).

74
hl LES INSTRUMENTS
*

LES INSTRlMENTS GYNEOOLOGIQUES
.LES DIlATATEURS DE L'UŒRUS
Il
s'agit de baguettes
de pin
(TO Ba.CBwv ; 1')
BaCç
)(26)
et de tiges
de métal
(0 ]..loÀuf3Boç; TOfO-
Àuf3B~oV ) (27). Parfois c'est la sonde en plomb ou en étain
qui
fait
office de di latateur
(1') ]..l1)ÀT] 1') "'()À~I3BCvT], 1') ]..l1'1ÀT]
1') Jiaaa~ TEpCVT]
) (28) •
En même temps qu' i Is di latent
le col
de
l'utérus
qui
s'est
fermé,
ces
instruments
le redressent,
lorsqu' i 1 est dévié.
Le
traitement chirurgical
de
la
fermeture et
de
la déviation du col
de
l'utérus esr
exposé en détail
au chapitre
133 de Maladies des
femmes
Il (29),
de même
qu'en SuperfétatIon et Fenmes stériles(30).
Les di lata-
teurs en bois de pin sont décrits en premier à cette oc-
casion et
leur mode d'emploi
exposé. Après
les
fumigations
-dont
le but est de
remplir d'air
l'utérus,
de
le redres-
ser et de
l'ouvrir(31)-,
il est
recomnandé,
dans
Maladies des
fenmes c. 133 LITIRE VIII,
288,12 sq.,
de
procéder â
1a pose de npoaô~Twv
fai ts
du bois de pin le
plus
gras
(nELp~aôa.~ npoaT~ô~Va~ TWV npoaôtTwv
Tnç
a~aÀou Ba.~6àç T~Ç n~OTaTT]ç). Ces npoaôETa.~1 qu i ont
pour
but
de dilater graduellement
l'orifice utérin et
de
le
redresser,
sont
des
batonnets
longs
de six doigts,

75
au nombre de cinq ou six,
de
forme conique,
et
un peu
plus épais
les
uns que
les autres.
Le plus
gros doit
avoir
la
taille de
l'index. Pour
la
forme,
il
est,
comme
ce doigt,
mince à
l'une des extrémités,
et
va en gros-
shsant
vers
l'autre extrémité.
Les bâtonnets
sont
les
plus
lisses et
lesplus
ronds possible,
et
l'on doit
veil-
ler
à ce qu' i Is
n'aient aucune écharde.
Ils
sont enduits
d'hui le.
L'opérateur commence par
poser
le
plus mince en
l'en fonçant
d'abord par
1e
bout
;
pu i s i l
l'engage de
plus en plus,
en
le
faisant
tourner
et en
le poussant en
même
temps. Une
fois
le petit bout
reçu,
on s'arrête à
ce petit
bout,
puis
la
femme
fait
attention
que
le blHon-
net
ne
tombe pas. Ensuite,
on
le pousse de
la meme façon,
jusqu'à ce qu' i 1 ait pénétré de
quatre doigts à
l'intérieur
de
l'utérus. Quand ce premier
blltonnet est
reçu,
on place
celui
qui
suit en grosseur en même
temps
qu'on Ôte
l'autre,
de manière que
le second blltonnet
soit en
place avant
que
le co 1 ne se
referme et a lors qu' i 1 es t
encore droi t
et ouvert. Ainsi
graduellement,
le col
s'ouvre et
se
redresse.
On a également des détails sur
la
facture et
le mode d'emploi
du dilatateur de plomb.
En Maladies des
fenmes
1 c. 133 LITIRE 290,6 sqq.,
il est
présenté,
pour
la
forme
(Tà EL50G'
Ibid.
1.7),
comme étant
semblable
au blltonnet le plus gros,
c'est-à-dire qu 1 il
est mince
comme
l'index à
l'unede ses extrémités et
qU'il
va gros-
sissant
vers
l'autre extrémité.
Il
est creux de manière à

16
pouvoir contenir
le médicament il appliquer
dans
le col
de
l'utérus.
Sa
largeur a
l'étendue de
la sonde pour
les plaies --qui,
du reste n'est pas décrite,
il
notre
connaissance,
dans
la Collection
• Dans Superfétation
c. 29,
LI TIRE V1 [ l,
496 ,5 s q q.,
1es son des
s e r van t
pou r
la dilatation du col
de
l'utérus,
creuses il
l'arrière
( é)lu o3E:v
KO o..us
, ~. l. 10 s~, sont annanchées dans des blltonne ts
longs.
Elles sont
de di fférentes grosseurs.
LE CXMPRESSEUR 1:Ô TT.Cahpav:
(du verbe TT.L~\\:w,
·p~e~~e~1 comp~ime~·. (GALIEN XIX 130
II
n'est
pas décrit
dans
la Collection où
il
est cependant mentionné(32).
II
sert à écraser
la
tête
du
foetus mort.
Lorsqu'en effet ce dernier
sort
la
jambe
ouI a ma in,
pou r I ' ex t rai r e san s emb arr as,
1e mie u x est,
selon
l'auteur
de ce passage,
s'il
n'est
pas possible de
repousser
les parties à
l'intérieur,
et
qU'il
commence
il gonfler,
de
lui
fendre
la tête puis d'écraser celle-ci
avec
le compresseur
(1:0 TT.1.{;01:PCjl)
;
les os brisés sont
ensuite rassemblés
avec
la cui 11er à os
(601:E:6Àoyov
)(33).
J. St. MILNE (op.cIL) reproduit, à la planche Li figure
3,
un modèle de compresseur,
ainsi
que Th. M. STEINEG,
dans Chlrurglsche
Instrumente des Altertwns. (34)
LA OJILLFR A OS
1:Ô 6 mE:6ÀOyav
(de
1:Ô 001:E:OV,
1 'os et
H;yw.

17
au Sens de "/W-1M!.mfl...f.eJlJ
n.e.c.ue.i.f..f..ù,-).
Cet
instrument
sert
à
rassembler
les os de
la
tête écrasée du
foetus mort.
Ce t i n strume nt est emp 10 Yé pou r
sor tir
1e
f 0 et use nIe
tir a n t. GAL 1EN 1e g los e par {;jll3puouÀJWç (35)
Dans Maladies des
fenrnes
l,
c.70 LITIRE VIII,
146,231
148,1, on
le
fixe à
la clavicule d'un
foetus mort
qu'on
tire progressivement,
en relâchant et
en
forçant
tour à
tour.
lA 0JRETrE UfERlNE :
(T) Euol:pa
,
du verbe
Euw , "n.âc..f.e.n.J
n.ugin.e.n.".)
Le curetage de
l'orifice utérin,
lorsque des
ca i 1 lot s
s' y son t
for mé s,
s e
f ait
a ve c
uni n s t r ume n t
spécial,
la
Euol:pa(36),
qui
est
une
rape,
d'après son
étymologie. Quant à son mode d'emploi,
il
est entouré au
préalable d'une peau ou membrane de vautour. On peut
voir
un spécimen de
Euo-rpa,
"c.un.e.iie." ,
parmi
les
trente sept
instruments découverts à Colophon au début
du siècle et
exposés à
la
Johns Hopkins University de Baltimore.(Sur ces
Instruments, voir Infra, p. 132, note 137.)
L'EQUIPEMENT POUR lA f1MIGATI~
Dans
l'officine une vaisselle
spéciale est
aménagée pour
l·es
fumigat ions de
l'utérus
dans
les cas

78

i l
se
porte de
façon chronique
à
la
hanche(37),
entraTnant
la
déviation et
la
fermeture
de
l'orifice
utérin.
Il
s'agit
d'un vase
,0 XU,PLVOV )(38) qui a la
contenance
de deux
sét iers (39),
sur
lequel
est
ajusté
un
couvercle
de manière
à
ne
laisser
échapper
aucune
vapeur;
l'on perce
ensui te
le
fond
du
couvercle et
l'on
y
pratique
une ouverture.
Dans
l'ouverture,
on
introduit
un
roseau
long d'une coudée
qu'on
y
adapte
bien,
pour
éviter
toute
fuite
de vapeur.
Une
fois
ces
préparati fs
accomplis,
on
pose
le couvercle
sur
le
vase
et
on
lute.
Pou r i a
f um i g a t ; 0 n mê me ,
'on creuse
un
trou
de deux
pieds
de profondeur
et
qui
puisse
recevoir
le
vase.
On
y
brCle du
bois
pour
rendre
le
trou
très
chaud.
Après
quo i,
'on
r8Lire
les
cllarbons
qui
sont
les
plus
gros
et
les
plus
ardents
et
l'on
n'y
laisse que
13
cendre et
le poussier.
On
s'arrange
pour que
le
vase ait
une chaleur
convenable
pour
la
femlle
qu'on
fait
alors
asseoir
sur
le
bout
du
roseau.
*

LES 1N JEcrEURS
( b xÀua,J'!p,
de
xÀû!:w,
"lave//.",
"neLLoyeJ1"
;
OUPLYE,
au
sens
pr~nier de "J106eaU Lailli eL cJ1eudi"
J
TlTEPOV ,
qui
dés i g ne
d' ab 0 r d i a
l' 1ume
d' ail e des
oiseaux;
b aÛÀLoxoç,
"le peLiL
tuyau,
la crwule".
Le
xÀua,np
ser t
à
in t rodu i re,
dans Femnes
t é
. 1
222 ( 40)
d l ·
d
.
. .
S
f i
es
c.
, u
ait
e
Jument
bouilli
dans

79
l ' u té rus
1n f e c t é de
pus.
L 1 i n s t r ume nt
est
déc r i t .
C' est
une
d
( '
. , '
)(41)
,;orte
e
tuyau
wç WI\\.LcmOÇ
.
50 n
b 0 ut,
solide,
est
Il 0 1 i
c omne
cel u i d ' une
son d e ete s t e n a r g e nt.
1 1 Y
est ménagé
sur
le
côté
un
trou étroit,
à une petite
distance
du
bout.
D'autres
trous
également
étroits
sont
percés
de
part
et
d'autre du
tuyau,
à égale
distance
l'un
de
l'autre.
A
J'extrémité est
attachée
une
vessie
de
truie,

'on
verse
du
lait,
après
avoir
pris
soin
de
boucher
les
trous
afin
que
le
lait
ne
s'écoule
pas.
Une
foi s
r emp 1 i e , l a
ve s sie
est
no u é e et
rem i se
à
1a
f emne
qUI
1nt r 0 du i t
i e
tu y au
dan s
1a ma tri ce
a p r è s a vol r ô t é
1es mo r c eau x
de chi f f 0 n s
qui
en
b 0 u che n t
i est r 0 us.
Le
médecin presse <Jlors
la
vessie
avec
la main
jusqu'à
ce
que
tOUt
le
pus
soit
sorti,
entraTné par
le
iait.
L'usage
du
clystère
est
courant
dans
la Col-
lection.
Ainsi,
dans Régime
dans
les maladies aiguës
(Appendicel(42),
le
lavement
est-Il
prescrit
dans
les
cas
de pleurésie

le malade est
trop
faible
pour
sup-
porter
encore
les
éclegmes
sialagogues,
c'est-à-dire
ies
substances médicamenteuses
ayant
pour
vertu
de
purger
la poitrine
de
ses
crachats,
ainsi
que
les
saignées.
Parei Ilement,
on
nettoie
les
intestins
(JiciTW
JiÀUOUL
Ml.D\\.-li\\l)(43)
quand
la
fièvre corrrnence et
que
le
ventre
contient
encore
d'anciennes matières ou qu'un
repas
vient
d'être pris.
Les
substances
qui
entrent
dans
la composition
des
1avemen t s
son t
exposées
dans Mal adies des
fenmes (44) ,

80
tandis que le traité de la Nature de l'homme(45) contient
un développement sur
le bon usage des vomissements et
des clystères de précaution. Ainsi peut-on y lire des
recommandations telles que
~ai~on d'été,
et le~ maladie~ touchent la
tête et la ~égion au-de~~u~ du diaph~agme.
~ai~ pendant la chaleu~, i l taut u~e~ de~
le~ lom~e~ et le~ genoux j
i l ~e p~oduit
de~ accè~ de tièv~e et de~ colique~ dan~
le vent~e.·
Mais
l'officine du médecin ne contient pas
que
les injecteurs destinés â
introduire dans
le corps
des substances purgatives pour effectuer des
lavements.
On y trouve également un injecteur d'air, composé d'une
vessie ( KU(J1:~V) (46) attachée â un tube (npoç; oupqya) (~7)
On remplit
la vessie d'air qu'on insuffle ensuite dans
le poumon. Grâce â ce procédé, on ramène â sa place le
poumon qui
tombe contre le côté â
la sui te d'une blessure
ou de l' i nci sion d'un empyème.
Dans
les Fistules(48), une plume (-m:Épov)
faisant office d'injecteu~ sert â introduire dans une

81
fistule une préparation médicœmenteuse.
Enfin on recourt il une canule,
aUÀLOltCV. pour
i n j e ct e r du vin et deI' hui 1e dan sIe po umo n,
a fin
d'éviter qu'après avoir été habitué il être baIgné par
le pus. dans une pér ipneumonie avec empyème,
II
ne se
dés sèche brusquement(49).
*

LES SQIlDES
ft IJ.nÀl1
(probablement en rapport avecl:ô IJ.nÀov •
-la pomme,
ou un t~u~t ~emtlatle cl la pomme-,
du fait que
le bout de la sonde a une forme similaire(50)
; w'lÀl1
ùnaÀELnl:pCç ou ùn6ÀELnl:pOV
(51)
; ô IJ.Ol:Oç
, qui désigne
d'ordinaire un -tampon-(52), mais qui a aussi
le sens
de -canule,
~onde-).
La sonde en étain percée il une extrémité (IJ.~Àl1V
xaooLl:EPC Vl1V
tn'uxpou
l:El:Pl1lJ.~Vl1V)
est men-
tionnée dans
les Flstules(53) pour le traitement des
fistules par
la ligature. La recommandation suivante est
faite pour mener à bien
l'opération:
-Il taut p~end~e un t~l de l~n éc~u au~~~ t~n
que po~~~tle et long d'un empan,
le pl~e~ en
c~nq et y jo~nd~e un c~~n de cheval/on p~é-
pa~e en~u~te une ~onde d'éta~n t~ouée à une
e~t~ém~té et on ~nt~odu~t dan~ ce t~ou de la
~onde le tout du t~l de l~n pl~é / on ta~t
pénét~e~ la ~onde dan~ la t~~tule et, dan~

82
le même temp~, on ~nt~odu~t l'~ndex de la
ma~n gauche dan~ le tondement.
Lo~~que la
~onde touche le do~gt, on la ~o~t avec le
de la ~onde et au t~l ~nt~odu~t dan~ cel~e-
c~. Alo~~ on ~et~~e la ~onde et l'on ta~t
L'auteur de Superfétation fait usage d'une
sonde qu'on fait
pénétrer dans
j'orifice utérin qui
sup-
pure après un avortement ou un accouchement,
pour
faire
s'écouler
le pus(54). Cette sonde est une portion d'un
instrument double,
dont
l'autre portion est une spatule,
ÛnaÀE:Ln-rpo.;. La désignation de
l'instrument par\\.ll'lÀTJ ÙITClÀ.E:LTl-rPLÇ{5':}
rend compte de cette facture habituelle aux anciens(56).
'YnaÀE:Ln-rpOV
en vient parfois a perdre son sens premier
de '~patule' (pour étendre un médicament), au profit de
celui de ·~onde·. Il en est ainsi dans un passage d'Ar-
tlculatlons(57)
consacré a la réduction de
la fracture
du nez avec dépression de
la part ie carti lagineuse.
11
es t prescr i t
de tel~ ac~~dent~ en ta~~ant ent~e~ le~ do~gt~

-mc:;zm:"WZ-
83
1 1 existe dans
l'officine du médecin une sonde
appe lée,
dans Régime dans
les maladies aiguës
(Appendlce){58),
flllI'\\)..n '"
l:ili
TIÀu,e:t.
Son extrémi té postérieure,
d'après
la glose de GALIEN(59)
" 'Ci> ltuaôCowy 6CJ)ÔUÀULltf'jÇ UDÀllÇ ",
a
la
forme d'une cui 11ère,
avec
laquelle on appl iquai t
les médicaments,
principalement aux yeux(60). Avec cette
sonde spéciale,
on mesure,
dans
le passage préci té de
Régime dans
les maladies aiguës,
(Appendice),
la quant i té
de parcelles de cuivre entrant
dans
la confection d'un
médicament hydragogue.
J. St. MILNE en montre un

( 6 1)
spécimen

Creuse à
l'intérieur et
introduite à
travers
une
incision du poumon atteint
d'une péripneumonie avec
empyème,
dans Maladies
[[
2(62),
la
sonde d'étain, à
u6,oç (63) ltUOOlltPLvOÇ,
sert
de passage au pus devenu
liquide,
tandis qu'en gynécologie,
celle de plomb, à uô,oç
6 UOÀU~6LVOÇ
(64),
creuse également
à
l'intérieur, est
utilisée à
la
fois
pour
redresser et ouvrir
le col
de
l'utérus dévié et
fermé,
et pour y
introduire un médi-
cament(65) .
La sonde est souvent en usage dans
les plaies.
Lorsqu'il
s'agit d'examiner
si
l'os est dénudé de
la
chair ou non,
dans une plaie de
tête où ce dernier n'est
pas accessible à
la vue,
il est
recommandé de recourir à
1a son de ( 66 ). De même, 0 n pas s e l a son des u r l a v 0 i e
opérée par
le trépan à couronne
(6 TIPCüJv ) (67)
lors d'une
opération de trépanation où
l'on veut
scier
l'os
jusqu'au

84
bout et
Je détacher de
la méninge(68).
Une allusion
indirecte à
J'utilisation de la
sonde h.â\\Àwo~ç;) dans
le trai tement des
fractures des
membres se trouve dans
le traité des Fractures(69)
:
• Il /-aut /.>e galtdelt,
dit
l' au teur, de toute
utili/.>ation de la /.>onde pendant ce/.> jouit/.>
On conclut de cette
interdiction que la sonde
était recommandée à certaines autres conditions.
L'auteur de Maladies des femmes évoque très
rapidement
la sonde pour
les plaies
U,
\\.l6ÀuI36oç;
•••
tnt
Ta ~À)<E:a) ( 70) •
• *LE SPEO.JLlM REGAL
c'est au moyen de cet
instrument qu'est exa-
minée, dans Jes HémorroTdes(71!,
une tumeur (Hov6u-
ÀWa~ç;
située à
J'intérieur du rectum.
) avec le
Comme le spécimen du Musée de Naples
(n o 78,

85
031)(72),
le spéculum évoqué ci-dessus,
était constitué
de deux valves qu'on ouvrait
et
fermait
suivant qu'on
voulait dilater ou non
le rectum pour
l'examiner.
Pareillement c'est
avec
le spéculum qu'est
examinée
la partie corrodée du rectum (Ku,on,npL KU,LOWV
'ô oLu8~8pw~Évov ,0G ~PXOU)(73).
• *LE CAnIETER
(Ku0~ÛIP , de
Ku0Cn~L , désigne ce qu'on
laisse aller en bas
corrme
la
ligne à
pêcher, ou qu'on
enfonce,
comme
les
compresses ou
la sonde).
Le cathéter est évoqué en
tant que compresse,
tampon,
dans Maladies des
femnes(74)

l'on lit
l'ex-
ecll.u .
de. Lin
,

II
s'agit de placer une compresse dans
le
col de l'utérus affecté d'induration.
En tant
qu'instrument
chirurgical,
le cathéter
n'est pas employé dans
la Collection hippocratique, mais
on
le trouve entre autres chez GALIEN(75) et SORANUS(76).
Selon GALIEN,
t'instrument
a
la
forme de
la lettre
romaine S. Quand,
à
la suite de sa di latation excessive,
la vessie
n'arrive pas à
se contracter,
entraTnant ainsi
une rétention d'urine,
le médecin
introduit
le cathéter
en passant par
l'urètre. Un
fi l,
avec à son bout une
petite boule de
lain~ est introduit dans le cathéter qu'on

86
fait arriver à
l'urine. A mesure qu'on retire
le fil,
l'urine suit ce dernier comme un guide.
Il Y a deux types de cathéters,
l'un pour
hommes et l'autre pour
femmes.
Le Musée de Naples abrite
un spécimen de chacun. J. St. MILNE les reproduit aux
planches XLV fig.
1 et
2,
et en donne une description.(771
• *LES BISTOURIS
(Ji wiXULPU
"liplie. cou/1.ie.,
couie.i.a-t> " ,
d'où "€.i-t>iou/1.i,
-t>caLpe.i."
; 0].1(;\\'1'1'
Il y a divers
types de bistouris dans
l'of-
ficine du médecin hippocratique.
En Maladies
Il 2(78).
un polype survenu à
l'intérieur du nez est
traité au
moyen du bistouri à
la
lame très
fine comme
le rasoir,
; après quoi,
on nettoie
l'intérieur du nez
soigneusement,
puis on la cautérise : (JX~(JUVTa. T~V PLVU
Le bis t 0 uri 0 r d i na ire est
1e
)..1.0. XU LpL av
( 0 u
UUXULPU
ou
)..I.O.XULp~Ç). lia, comme l'épée lacédémonienne,
1a 1ame d roi tee tes t
rel a t i veme n t
1a r ge ; son ex t r ém i té
est pointue et peut être droite ou recourbée vers
l'ar-
rière.
l i a un seul
tranchant.
J. St. MILNE présente à
la planche V, fig.
et 2,deux spécimens du bistouri â
la pointe droite â l'extrémité,qu'abrite
le British
Museum,
tandis qu'â la planche
IV représentant un relief

87
votif
trouvé sur
l'Acropole,
on peut
voir
un spécimen
du bistouri
recourbé vers
l'arrière.
Le bistouri
ordinaire
est d'un usage courant
dans
la Collection. C'est
avec
cet
instrument
qu'on perce
les
tuméfactions dans
les
amygda 1 i tes, lorsqu' e Iles deviennent mo Iles
,
dans Maladies
112 (tm'Iv 6{f; oo~ 60ldwo~ ,0. (j113ua,a uaÀ3aHa. d\\.U~ ~aJ}f;v~­
UEva, üTlo,ut)Ja~ uaxa~pCu,l )(79). On utilise également le
bistouri
dans
une affection où
la
luette devient
pendante
e t
su f f 0 que: au cas 0 ù n i
1es g a r g a r i sme sni
l' a p pli ca-
tion des ventouses
sur
la tète et
l'extraction de sang
ne procurent
du soulagement,
il
faut,
écrit
l'auteur,
inciser
la
luette avec un bistouri
pour en
faire
sortir
l'eau
(oxOroav,a uaxa~p[u,l
,/) ü6wp tEayaya'v)(80).
C'est
encore
Je bistouri
ordinaire, mais à
la pointe,précise-t-on,
recourbée vers
l'arrière,
qui
sert à scarifier,
dans
le
traité du Médecln(81),
le cercle de chair soulevé par
la
ventouse
(uax~Eo~ç 6t ,o~ç xauTl6Ào~ç tE aHpou u~ À[nv
Pareillement,
dans Maladies des
fenmes
Il,
pour extraire
le
foetus mort,
on
lui
fend
la tête avec
ce bistouri
avant
de
l'écraser avec
le compresseur pour
le sortir sans embarras
(oxEoav,u
XE(!JaÀDv
uaxa~pCu,l
l.va
U~
Tl~{f;o,Pùf: ) (82) •
Quelques
lignes plus bas,
l'auteur précise que
le bis-
touri
dont
on
se sert dans
le cas ci-dessus doit
etre
plutôt courbe que droit('/) 6t uaxaCp~ov, i:\\ av Hu,a-
l:é.uvnç,
XUUTlUN.O-rEPOV ~o,w ii (3U,EpOV).
... / ...

88
c'est encore a ce bistouri a la lame relati-
vement
large qu'il
faut
recourir
pour
les phlébotomies
effectuées sur des parties du corps où
le sang n'est pas
ténu,
et par conséquent qui,
incisées,
ne présentent pas
le risque d'un écoulement excessif de sang. Pour de telles
parties,' on emploiera} recommande
l'auteur du Wédecln,
les
bis t ou ris plu tôt
1a r ge s
(nÀm:ul:tpo ~ç XPf1<fu~ mï:ç ~XaLpeO~o~) (83) •
c'est ainsi que
lorsqu'on doit ouvrir
la poitrine dans
une péripneumonie avec empyème,
l'auteur de Waladies Il 2
propose, pour
la peau de
la poitrine, une variante de ce
bis t ou ri
1a r ge,
1a otT)ÔOE: l. oJ')ç
].Uxa~peç,
(l:o.].1VE: ~ v ot ].1E:l:o.!;u
l:WV nÀE:uptwv
,Ol:Tl{}oE:~6E:ï: ].1axa~p(o~ l:b npwl: 0 v otpfJ.a ".inc.i<>(u,
entne le<> c6te<> d'a~ond la peau avec le ~.i<>toun.i con-
vexe(84l. );"tT)ÔOdoTlç ].Uxa~p[ç est glosée par GALIEN, dans son
~'",,"
G1
1
J
"
( 8 5 J
ossa re,
par Y=o--u-uE:~
ven.<.nu
. La
lame est convexe
et
rappelle
la poitrine de
la femme (càol:î){}oç
J.
Pour
inciser sur une profondeur égale a
l'ongle du pouce,
c'est
la "lancette",
bistouri
a la lame
pointue comme une
lance
(6!;ul3E:Àflç s.e. ).fi)(a~p(ç) (86), qui
convient. La
lancette,
nommée plus simplement ].1axa[p~ov 6!;u
ou
].1axa(p~ov 6!;ul:al:ov, sert soi t a fai re des mouchetures
aux endroits où,
dans une
leucophlegmasie,
l'oedème se
fixe
(Kal:aax~v xpl') 6!;ul:o.l:~ ].1axa~p[~ nOÀÀù
nUK~va ) (87),
soit a ouvrir les veines dans les parties du corps qui,
présentant un risque de flux excessif de sang lors de
la
phlebotomie-Jes varices et quelques autres vaisseaux sont
dans ce cas - - requièrent une
incision étroite(88).

-==,.
89
• LES CAUfERES
De forme conique ou large, à
leur extrémité,
épaisses ou minces,
les cautères sont soit des batonnets
soit des tiges de fer.
Les champignons également étaient utilisés comme
cautères. Peu de cautères sont parvenus
jusqu'à nous.
D'un passage des Affections internes,
nous pouvons
conclure que les cautères faits de différents matériaux
n'étaient pas employés indistinctement pour toutes les par-
ties du corps.
II s'agit du passage suivant tiré
du
chapitre 24 du traité:
xaCELV o~ Xp~ .à U~v oapxwoEa oLOnpCoLoL, .ù
o~ 60.woEa xaL
VEUPWOEa
uUx~OL(89).
c'est ainsi qu'en effet dans ce traité,
la cauté-
risation de la zone où,
lors d'une hépatite,
le foie devenu
très gros fait saillie, s'exécute au moyen de cautères en
bois quI sont décrits en détai 1. Ce sont ·de..!> Rague.:Lte..!> de.
Roi.!> de. Rui.!> e.n to~me. de. tu.!>e.au, qu'on ~~e.mpe. dan.!> ~'huile.
Rouillanie. ••• •
(xaüoaL
6~ ),~v nLECvoLOL
â.pax.oLoL,
~an.wv
~ç ~~aLov
~~OV. De même, pour traiter une hydro-
pi s ie provenant du fote, on cautér j se la part ie avec des ch!fl1Pignons

90
(ôKo"[av....ro i'lnap llé'nO"[ov, KaUOaL IlUKT)OL "quand 1.1'. /-oie e",t
devenu t~è", g~o"', cauté~i"'e~ avec dl'.'" champignon"," )(:2)
!\\jais si
l'hydropisie quitte
le
foie et se transporte ail-
leurs,
c'est
le cautère en
fer
qui
est
indiqué dans ce
même traité des Affections
Internes (~v
6é'
OOL
60Ké'T)
nou ~$Co"[aOÔaL "[ou ~na"[o~
KaD::JaL,
OKOU
âv
QXlv\\)
OL6rpCqJ ) ( 9 3 ) . Da ns i e tr ait é de la Vision,
les paupières
sont également cautérisées par
des cautères en bois et en
forme de fuseau,
au préalable entourés de
laine de Wi let.
K"[OV nEPLELÀtwv '"
·cauté~i"'e~ avec un cautè~e en toi", en
/-o~me dl'. /-u",eau autou~ duque1. vou'" en~ou1.ez de 1.a 1.aine
on t '

(94)
d
('I
1'.
~~e
c~epue,
p~op~e

Quant
au cautère en
fer,
son emploi est notam-
ment
recommandé dans
les cautérisations de
la peau,
des
vaisseaux,
ou des hémorroTdes. Au chapi tre Il d'Artlculatlons(95),
l'auteur conseille,
lorsque
le bras supérieur se
luxe
fréquemment en bas,
de
faire se rétrécir
la peau de
l'ais-
selle en
la cautérisant avec des
ferrements. (96)
Les
normes pour ces
ferrements
sont
précisées. "11.", ne doivent
él~e, selon l'auteur, ni épai", ni l~op a~~ondi""
mai", a1.-
1.ongé", (car
ils cheminent
plus
rapidement), oL6~pCOLOL
6~
xp~"[à TOLaUTa
Ka[ELv
Il~
naxé'oL, 1l~6~ À[~v
cpaÀaKpo'CoL, ~Àà npoll~Ké'oL. TIlXtJTT.CÇXlrrEpa yép). La forme
prescrite ici
correspond â
celle du cO ne ou de
l'olive.
Ce chapitre
Il d'Articulations nous apprend

91
également Qu'il y avait des cautères épais
(T~
nuxtu
,s.e.
OLOJ')PLU) (97),
non consei liés dans
le cas présent
parce Que marchant
lentement, et des cautères minces
ÀEnT~
oLonPL~ )(98), pour effectuer une petite
escarre dans
l' aisse Ile. Ai lIeurs, dans Waladles
Il
2,
pour traiter des maladies de
la tete dues à
la pituite,
on cautérise
les veines de la tête avec des
ferrements en
forme de coin (TotaL
ot
OLOnp~oLOL
o(j)nvCcrnoLOL
"ayant p~~pa~~ de~ te~~ement~ en to~me de coin,
R~û~e~
en t~ave~~ant ~e~ vai~~eau~ oR~iquement")(99). La cauté-
risation des vaisseaux du dos décrite dans
le traité de
la Vlslon(IOOJ, se fait avec des
ferrements épais
(naxtoL
oLonpCoLOL). L'opération est décrite en détail. Le
patient est attaché et
il a les
jambes tendues. Un siège
où il prend appui est placé sous
lui et
il
est maintenu
par
le milieu du corps. Puis, se postant derrière
le
patient,
le médecin examine le dos et en marque
les
veines(101).
Il
les cautérise alors avec des
ferrements
épais Qu'il
chauffe modérément, afin Qu'il
ne survienne
pas d'hémorragie au cours de
l'opération; ~nELTa ~vaoJ')oa~
Tà oxtÀEa ÉXTELva~ o~(j)pov ùnoôEt~ ~(j)'o~ OTnpC~ETaL T~OL
XtPOL' utoov ot TL~ ÉXETO. "EnELTa oLaonuJ')vaoôaL Tà~
vWTa~a~ (j)Àtl3a~, OKonEtv otéinLoôEv Cl 01) • "EnE'LTa naxtoL
OLonp~OLOL Kat f}ouxCU oLaôEPuuCVELV, 1\\nw~ âv wi
pavtl
aCua Ka(ovTL.

92
Pour
la cautérisat ion des hémorroTdes,
il est
recommandé au médecin de disposer de
ferrements présentant
une nouvelle particularité.
·Je vou-,> con-'>e.ille,
écrit
l'auteur d'HêmorroTdes( 102), de ten.i~ à vot~e d.i-,>po-'>.it.ion
-'>ept ou hu.it te~~ement-'> long-'> d'un empan et ayant l'épa.i-'>-
m.ité.
A cette ext~ém.ité, .il-,> au~ont un aplat.i-'>-'>ement comme
~nTà n 6XT& OLD~PLU, onL~U~LULU TO ~~YE~Os, naxos Dt WoEL
u~Àns nUXECns. tE uxpou Dt xUTuxa~~uL' xut tnt T~
nÀUTù
~OTùl
tnt
613oÀoü
LITIRE,
Ermerins ;
613EÀou , Li nd,
JOLY.)
Enfin,
on ment ionnera
le thermocautère.
[1 est
fait
d.'une canule,
UÛÀLOXO S ' sOrement fabr i quée avec
du métal, mais sans précision sur
la nature de ce métal.
Dans cette canule est
introduit un ferrement convenable
pour
la caléfaction des hémorroides.
Le passage suivant
d'HêmorroTdes(103)
contient des
recommandations sur
l'usage
du thermocautère :
·.il ta ut mett~e au po.int une canule ta.ite comme
me-,>u~e qu.i -,>'y adapte pa~ta.itement. Int~odu.i-
-'>ez en-'>u.ite la canule dan-'> l'anu-,>,
pu.i-'> le
te~~emeni
chautté à Rlanc dan-'> la canule.

93
nOL~OUOÔUL, olov HUÀU~Caxov ~pUy~CT~V· OLO~PLOV o~
tVap~60UL HUÀWÇ àp~o~ov· ~nELTU Tbv uuÀCaxov tvôEEç tç
TnV 1!;op~, OLU<VOi"t-VOV Tb OLO~PLOV HUÔL{;VUL, HUt nUHva
tE;ULPELV,
rvu ]J1iÀÀov avtX~TuL ÔEPUULV6~EVOÇ".
c'est par
le même procédé qu'on cautérise les
excroissances charnues ou polypes qui se sont développées
dans
le nez. En effet dans Waladles II 2, c.34 JOUANNA
168,5 sqq.= LITTRE VII,
50,24/52,1, 'on int~oduit une
(OLOTlpl.OLOLV) .
Les fer r eme n t s son t na t ure 11eme n t i n t r 0 du i t s
dans
la canule, ce qui
permet de moduler
la chaleur au
cours de la cautérisation.
lIfalgré son usage très répandu,
il n'y a pas
beau~oup de cautères qui
soient parvenus
jusqu'à nous.
On peut en vol r des spécimens chez E. GWILT( 104). On se
référera également avec Intérêt au spécimen en bronze,
n027,
en provenance de Colophon et appartenant à
l'uni-
versité Johns HOPKINS de Baltimore. Chez Th. WEYER-STEINEG
(Chirurgische
Instrumente ... ), la
table VII l,
figure 5, montre
un fragment de cautère en bronze, en provenance de Cos.

§lng.w"',
94
• *LA RUGlNE•
( 6 J;ua,i\\p,
de
J;ôw,
La rugine,
qui
sert comme
instrument de diagnos-
tic et en même
temps
de
thérapeutique chirurgic~le, n'est
pas décrite dans
la Collection hippocratique,
bien que
la
rugination soit abondanment pratiquée(105),
soit dans
les
plaies de tête soit
dans
le
trachome. Pour
faire
le cure-
tage de
l'utérus
lorsque des cai llots de sang s'y sont
formés/le médecin dispose
de
la J;Üa,pa(J06).
Pour
révéler
les
fractures et
les contusions non
apparentes survenues
à
la
tête,
· i l / a u t ,
prescrit-on,
l1.uginel1. avec la l1.ugine,
en IM%ndeul1.,
en longueul1. et
tl1.anhVel1.halement*
(tTILJ;Ü~LV Xp~ ,~ J;ua,npL Ha,a ~u50s Hat
Ha,à
ufiHOs Hat aÛ~hç tTILHUpaLov ,6 6::rrtov) (107). Il en
est également
de même
lorsqu'on veut
reconnattre si
la
lésion que
l'os a subie est
une
fracture ou une contusion
ou
les deux(IOB). On
recourt dans ce cas à
la rugine qui,
si
l'os n'a subi
qu'une
fissure ou une
fracture sans pro-
fondeur,
efface celle-ci(109).
Si elle ne
la
fait
pas dis-
parattre,
c'est qu'on a affaire à une
lésion plus profonde
0
de l' 0 s,
qui
ré c J ame
1e
t ré pan ( 11
) •
Les granulations des paupières atteintes de
tra-
chome sont
traitées
par
la
rugination des paupières,
sui-
vie de
leur cautérisation(III). Enfin
lorsqu'une portion
de l'os de
la
tête est cariée,
elle est
ruginée
jusqu'au
diploé( 112).

95
*LES FORCEPS
Outre
le
forceps employé en gynéCologie(113),
on mentionne dans
la Collection
le
forceps
pour arracher
( 1 14 )
les dents,
ou ô60vTaypn
(de o60u(;
la dent· e t ayp~w
"p~end~e à la cha~~e ou à la pêche", ~'empa~e~ de1, et la
forceps
pour pincer
la luette(IJ5)(de<Tra-
"g~apl'e de ~a'<'~'<'n mû~·, et de âyp~w ), opé rat ion
préalable par exemple à
l'amputation de cet organe. On n'en
a pas de description dans
la Collection, mais d'après
un
passage d 'AETIUS(116)
é voqu épar J. St. ",LNE(II1)
,.
et con--
sacré a la description de
l'amputation de la luette,
la
OTa~UÀaypa
a une action comparable à
la pince pour
les
hémorroldes. De celle-ci,
on peut
se faire
une idée d'après
les
forceps
reproduits
par J. St. WILNE notamment
aux
planches XXX figures
1 et
2 ; XXXI,
figure
1 et XXXII
figure 3,
représentant
respect i vement
les
spécimens
du
British Wuseum,
un spécimen parmi
ceux trouvés en 1880 dans
la
tombe d'un chirurgien du
Il
ou
lil~
siècle
après
J.-C.
à
Paris,
et enfin un
du Wusêe de Naples.
Des
spécimens de ce musée,
pour
les polypes,
les os et
la
luette,
sont également montrés aux planches 40 et 44 de
l'ouvrage Rom~n medlclne (THAMES and HUDSON,
by
the Camelot Press
and Southampton.)
*LES VENTOUSES (aC
Ces objets en
forme de courge ont une
fonction

ZU".'"
96
d'attraction,
comme
l'atteste un passage d'Ancienne médecine,
où l'auteur
fait découler celle-ci de leur structure
particulière: TOOTO 6È at aLK~aL npoa~aÀÀ6~EVOL ÉE
EûptO~ E(~ aëEv6TEPOV auvny~tvaL npô~ TOOTO TETEXVnaTaL
d'aut~€ pa~t L€4
V€ntoU4€4
qu'on appLiqu€
€t
qui,
de La~ge
( 1 18)
a-6 p-<.ltelt • •• .
.
pou~ atti~e~ hO~4 de4 chai~4 et
En commentaire â ce passage, A.-J. FESTUGIERE
consacre un beau développement aux ventouses et évoque
entre autres une représentation de ventouses,
sur une
aryballe attique de
la première moitié du V~
siècle avant
J.-C.
qu'on peut voir au Louvre
les ventouses sont sus-
pendues au mur d'une officine athénienne,
col en bas(119),
par des anneaux fixés à
la pointe du ventre.
Suivant
la profondeur de la fluxion â attirer
--dans
les cas d'attraction de
fluxion-- on apposait sur
'la partie une ventouse au goulot
large ou étroit.(120) Les
ventouses au goulot
large étaient réservées aux cas où
la
fluxion était
loin de
la superficie; elles étaient â
même d'attirer
l 'humidité des parties voisines. Les
indi-
cations médicales de
la ventouse sont variées. Ainsi
recom-
mande-t-on dans Aphorismes,
pour arrêter
les
règles d'une
femme,
d'a p pli que r sur
1e s marne Ile sun e ven t 0 use au s s i
grande que possible( 121),
tandis que dans WaladIes des

97
(122)
f enmes 11

la métrorrhagie est maltrisée par l'ap-
pllcation de ventouses sous
les mamelles.
Ai lieurs, dans Nature de la fenme( 123).
l'auteur
prescrit de recourir à une grande ventouse lorsque
l'utérus tombe complètement des parties génitales, et
vo ici ce qu' i 1 dit :
'le lendemain,
la temme étant couchée,
ap-
plique~ à la hanche une ventou~e la plu~
dant longtemp~'.
1:f) 6~ aü,)Lov xa1:axÀ(va(; I!;nt .T~ LOXLOV oLXUnv
npoo~JÀÀELV W(; ~EYtotnv xat I!;~v xp6vov nouÀuv
È':ÀXELV.
Par ce moyen,
l'utérus est attiré à
l'intérieur. De même
dans certains cas d'ophtalmie annuelle et épidémique,
la
saignée ( aL~aTO(; â.qx:ttPEOL(;) (124) est recommandée si
l'état du malade le permet, ainsi que l'apposition de
ventouses sur
les veines. Pareillement, c'est au moyen de
ventouses placées vers la première vertèbre cervicale et
sur la tête,
le long de chaque oreille, que l'on attire
la fluxion qui
fait mal dans une angine(125).
-
*L'OUfRE. ( (6
aoxo(;, 'la peau t~availlée
d'une gête éco~chée, d'où 'l'out~e' ; T~
â.oxCov, diminutif
d' aoxO(;
, 'la petite out~e' j
ôuÀaxLov,
'le petit
~ac to~mé pa~ la peau d'une gête vidée'.

98
Les outres
ont
souvent
une
l'onet ion
non
chirurgicale(1261,
mais
l'auteur
de Superfétation(127)
mentionne des
outres
employées
dans
un
but
chirurgical.
Remplies
d'eau et
attachées
à
l'enfant
déjà
sorti,
elles
aident,
par
leur
poids,
à extraire
le
placenta
retenu.
Dans
les
affections
des
os, l'outre est
également
en usage.
L'auteur
d'Articulations
rapporte
une
tentative-qui
a
échoué-de
réduction
d'une
gibbosité
de
la
colonne
vertébrale
avec une outre mise
sous
la
gibbosité et
dans
laquelle
i l
insufflai t
de
l'ai r
à
l'aide
d'un
tuyau de
( 128)
for g e
(UûÀÛ;>
XUÀl(dou )

L'outre
sert
également
à
réduire
les
luxalions
en dedans
de
la cuisse.
L'auteur
d'Articulations,
tout
en
émettant
des .réserves
sur
son
efficacité,
décrit
la
réduction
par
l'outre
"Il taui meii~e l'oui~e non gontlde eni~e le6
du
cûié du
pé/L.Lnée..
PU-L-1
en
comme.ncani à
pa~ii~ de6 ~oiule~, on aiiache~a en6emile
ini~odui6ani un iuyau de to~ge dan~ un de6
piedA de i'oui/L12. qu'on au~a aupa~avani défié,
on la gontle~a d'ai~. Le malade 6e~a couchd

AL"
.
n

d
h
i
.(129)
6U~
~e
Cu
e ~a jam~e ma~a e
en
au . . .

99
*

LES INSm\\..NENfS POUR LES OS
J..
t1
II
LE mEPAN (,u ,punuvov, le tll.épan pell./'-oll.ateull.' i
de
,pVTTëi;v
'tll.ouell.·,
'pell.cell.' j b
npCwv,
'la ">c.i.e,
le tll.épan
en dent"> de ">c.i.e'ou 'tll.épan cl cOulI.onne' ).
Ces deux types de trépan renvoient
à
deux,'procédés
d'ouverture de
la boîte crânienne. Avec
le npCwv,
l'opéra-
teur scie ci rculairement
la partie de
l'os à enlever. Dans
Plaies de tête,
le mot nE:pC050ç
est emploYé pour désigner
les
tours de
la scie(130). Èn effet,
dit
"auteur,
ment le tll.épan cl cau,,>e de l'échau/'-/'-ement de 1'0">,
et le plongell. dan"> de l'eau /,-lI.o.i.de.
Cali. échau/,--
/,-é l'ail. ,,>a lI.évolut.i.on,
et échau/'-/'-ant cl ,,>on tOUIl.
et dé">">échant 1'0">,
le tll.épan ill.ûle celu.i.-c.i. ••• •
np~ovcu 5t xpfl nUHLvà tEULPE:LV ,bv nPLovu ,fiç
~E:p~oC~ç E:LVE:HU ,00 60,Éou HUt Ü6U,L ~uxPQ
tvunoSan'E:Lv. ~E:P~LVO~E:VOç yàp ùno ,~ç nE:PLô60u
b np~wv HUt ,/) ôo,tov {;H~E:P~UCvwv HUt âvuE~puC-
vwv HU,UHUCE:L •••
L'auteur de Plaies de tête distingue
le
trépan

100
à couronne simple,
à
npCwv
,
d'un autre
trépan à couronne,
nPLWv XUpa.KT6(;,
"trépan aiguisé",
recomnandant
l'usage du
premier
lorsque
le trai tement est
pris dés
le comnencement(l31)
et
le second,
si
le médecin reçoit
le traitement
avec du
r e t a r d ( 132). Da n s i e p r em i e r
cas,
i 1 nef a u t
pas
s cie r
1 'os
t 0 u t
d' ab 0 r d jus qu' à
1a mé n i n g e,
pré vie n t
l'a u t e u r
(olÎ xpn
ÉKnp L E ~ v Tb 60TÉOV np~(; T~vllT'LV.qyU UÛT CKU ) ( 133), qui n'ex-
cl ut
pas cependant qu'on puisse vouloir ·aller dés
le début
jusqu'·à
la méninge dans ces cas(I34J. Quand,
en
revanche,
on prend
le traitement
avec du retard,
il
faut
aussitôt
scier,
avec
le
trépan aiguisé,
et
jusqu'à
l'os de
la méninge(135).
On peut voir,
à
la planche 1 fig.
6 de
l'ouvrage
de Tb. WEYER-STElNEG, Chlrurgische Instrumente,
un spécimen
de
trépan à couronne en bronze découvert
à Ninive.
L'autre
trépan est
le trépan perforateur ou
TPunuvov,
qui
désigne chez HQVERE(I36)
un morceau de bois
que
l'on enfonce dans un autre et que
l'on
fai t
tourner
pour
allumer
le
feu.
Les AffectIons
Internes contiennent
un trés
bref développement
sur un TPunuvov
qu'on peut
considérer
comne un
spécimen. On
lit en effet cette
reconmandatlon·.au
c.23 de ce traité
(LITIRE VII,
226,6)
dans
un cas: d'hydro-
pisie de
la poitrine :
'en~uite t~~pane~ (~.e.
~a côte) de
pa~t en pa~t avec un·t~~pan pe~l-o~ateu~' ( .ErTU Tpuni'iou~
L'instrument servait à perforer en
traversant

101
1es os.
Parmi
les objets découverts prés de Colophon,
en
Ionie,
ftgure
un
.
er
nd
sp é clmen complet
du
1 - ou 2 - s.
ap.
J.-C.,
représentant
probablement
un
TPlmavo) 137).
Il
s'agi t
d'une
pièce de bo i s de
trente neuf centirretres,avec"uD manche rotatoire et une
aiguil le ou
un clou au bout
opposé.
Une corde est
attachée
à
l'instrument.
Par
un mouvement
de va-et-vient., l'opérateur
provoque une
rapide
révolution de
l'appareil
et
l'os
se
perfore
rapidement.
Le Tpunavov correspond aux
vi Ilebrequins
utilisés
par
les
artisans et actionnés
par
une corde,
selon
CELSE( 138),
qui
indique que cel
instrument étai t
ut il isé
quand
le
trépan
à
couronne
(np[wv)
) ne
pouvai t
pas
embras-
ser
toute
la
partie de
l'os à enlever.
Il
s'agissait
alors,
au moyen du TPuvavov,d'entourer
la portion de
l'os
à
détacher
de
perforations,
tandis
que
les
parties
intermé-
diaires étaient
coupées avec des ciseaux(139J.
• * L'Arobe
( a.l.l1311
Pour
réduire
la
luxation du bras
supérieur,
l'auteur d'Articulations c.7 KUEHLEWEIN
118,4 = LITTRE IV
88,15 propose
le
recours,
quand cela est
nécessaire,
à
une
pièce de bois de
quatre
à
cinq doigts
de
large et
d'environ
deux d'épaisseur,
comportant à
l'un de ses
bouts
un
renfle-
ment
( 140)
.
(Ibid.,
1 , 19 )
qUI,
jouant
le
rÔle
de
levier
lorsqu'il
est
placé dans
l'aisselle,
sert
à
ramener
l'os dans
sa cavité naturelle. Ce
renflement
ou ambe
a don-
né son nom par
synecdoque à
l'ensemble de
la pièce de bois.

102
*

LE BANC.
(sans dénomination spécifique dans
1a Co 1 1ec t Ion ; l36.ôpov
selon GALIEN XVIII A 747)
En fait
il
s'agit
d'un apparei 1 qui met en oeuvre,
pour
réduire
les membres
inférieurs
luxés ou
fracturés,
des
forces
simples dont
l'action est
particulièrement
puissante
( 14 1 )
le
treui.l, ·/lvou ne:PLuywyn
et
le
levier
~6XÀe:uaLç
.
L'apparei l,
comparé â des
herses
rectangulaires en chêne
(Fractures c.13 KUEHLEWEIN 69,1-2 = LITIRE 111467,7 :TETP6.-
YWVOL
TpC130ÀOL
0PULVOL l, était destiné aux usages des
grandes
villes(142).
Son nom,
qui
n'est
pas
indiqué dans
la Collection hippocratique, est
l36.ôpov , .n
n
.(143)
..c...e .fi.all.C

Ta n dis
que
l' ex te n s ion et
1a con t r e - e x t e n s ion du memb r e a f -
fecté se
font
au moyen du
treui 1
6VLauOÇ
)( 144) dont
était muni
l'.appareil
â
chaque extrémité,
une pièce de bois
arrondie par
le haut
avw
OTPOYYUÀOV ) (145), con-
venablement disposée au mi 1 ieu de
l 'apparei 1 et
faisant
office de
levier
(
~H~OXÀEÔELV )(146),servait,
comme
1 r amb e,
â
1a co a pt a t ion des 0 s
dép 1a c é s. Ap r ès
1a
réd u c t ion e t
1e pan seme nt,
1e mé d e c i n pla ç ait
1es memb r e s
traités sur des gouttières ou
les attachait â des attelles
(Fractures c.27 KUEHLEWEIN 86,10 = LITIRE III
506,14).
*

L'APPAREIL A Ra:lUIRE LES GIBBOSITES DE LA
COUN'lE VERTEBRALE
Un autre appareil
sans
nom spécifique sert à

103
réduire
les
Incurvations en arrière de
la colonne verté-
braie.
Il
est constitué d'une planche assez épaisse de
til-
leul
ou d'autre bols(147),
qu'on engage dans
une entaille
( 148)
(tvTOj.lnv)
pratiquée dans
une muraille ou dans
une pièce de
b 0 i s
for t eme lit
en f 0 n c é e dan s i e s 0 J.
L' en t aille est
à
une
coudée du sol
ou à
la hauteur qui
convient.
Une espèce de
madrier
de chêne rectangulaire
( OTUÀOV 6pu~vov TETpa.ywvov)(149)
est placée
le
long de
la murai Ile.
L'extension et
la contre-
extension sont
pratiquées avec des
Ilens(150)
attachés à
des
batons en
forme
de
pl Ion si tués
du cÔté de
ta
tête et
des
pieds. Ces
liens
sont
passés autour
de
la poitrine,
des
·aissel les,
des
lombes,
des
genoux et des
talons du patient
couché
à
plat ventre sur
le madrler( 151).
En même
temps que
l'extens i on et
1a cont re-exten-
sion,
un aide ou deux(152)
redressent
la colonne vertébrale
en exerçant,
sur
le
1 leu de
la sai Il ie des
vertèbres,
la
planche engagée dans
l'entai Ile et
placée exactement
au
niveau de
la gibbosité.
*

LES AIGUILLES (ut
L'Officine du médecin contient
une allusion au
recours,
pour
la
fixation de certains bandages,
à
la cou-
(15
)
ture
(auPPuq>f'iç;
).
• D'autre part comme
l'indiquent des
passages du Régime dans
les maladies aiguës,
(Appendice), ·Ies

104
aiguilles servent aussi
à placer
les
fils
avec
lesquels on
effectue des
ligatures destinées
à renverser
les cils en
dehors ou à l'arrière dans
une
trichiasis(l54),
ou le brin de
laine non
lavée au moyen duquel
on
1 igature
les
hémorroides
pour provoquer
leur chute (
5
1 5).
Les aigui Iles ne
sont pas
décr i tes
dans
la Col-
lectlon,
et
leur usage comme moyen de
suture n'y est pas
signalé.
*LES BANDES A USAGE Œ1IRURGlCAL (1'1 TULVLU)
de-J-Jou-J de-J comp/te-J-Je",·, c'est-à-dire
avant
les compresses
Alors que
la déligation dans
son rôle contentif
n'est qu'un complément aux opérations chirurgicales, cer-
taines bandes participent directement
à
l'exécution d'opé-
rations chirurgicales. C'est ainsi
que
dans
un passage de
(156)
Pl a 1es
,
la partie à saigner,
bras
ou
jambe,
est atta-
chée au préalable avec
la
TULV[~. L' ùno6E~Cç (157) éga-
lement
a,
en dehors
de
sa
fonction contentive( 158)
et ortho-
pédique,
un usage chirurgical.
'Yn66EoLç
et
le mot de
la même
fami Ile, ün66E~Lç,
renvoient au bandage qui
se
fai sai t a même la peau, donc
avant
les compresses(159).
(La définition est
de GALIEN,
dans
son commentaire au paragraphe
12 de
l'OffIcIne du

n _ .
105
médecin ~XVIII.B, p.785;p.825).L'ùn66Eo eçdans sa fonction
chirurgicale,
sert à
réduire
ies
abcès( 160).
hà WpEo,Ew,a
Officine c.II KUEHLEWEIN 37,6 = LlTIRE III
306,2 ; ânoo,cioeEç
nuou
, Articulations c.69 KUEHLEWEIN 224,~8 = LITTRE IV,
288,2). ·De plus, GALIEN(161)
définit
les ùno6E:0",.d6E:ç corrrne
étant
deux bandes dont
l'une,
qui
part du
lieu de
la
lésion
vers
le haut,
empêche
le
flux de sang
(s.e.
sur
le
lieu de
la
lésion)
; elle enlève une partie de
l'humeur
logée dans
la zone affectée et la refoule
vers
le haut;
la seconde
bande,
qui
va de
la surface de
la
lésion vers
le bas,
évacue
l'excès de sang de
la partie malade et
l'envoie vers
l'ex-
trémité
inférieure(162).
Le bandage décrit en Fractures c.5
KUEHLEWEIN 54,10 sqq. = LITIRE
III
434,6 sqq.; Officine c. Il
KUEHLEWEIN 37,14 sq.= LITIRE 111,306,9/308,1
sq.;
c.22
KUEHLEWEIN 43,1
sqq. = LITIRE II l,
326,1 sqq.,t32B,2
sq. cor-
respond à
l' ùn06Eo eç .
. Dans
les passages de Fractures c.5 et d'Officine c.22
évoquéS ci-dessus,
au
1 leu d'un mot
de
la
famil le 6'ùn66EOeÇ,
c'est
un
terme
formé
sur {;n(6E:OLç
qui
est employé.
Et
de
fait
souvent
m(6E:OLÇ;.le vocable
le plus courant pour
désigner
le bandage,
était utilisé
là où c'était
l' ùn66E:oLçqui
étai t
prat iqué.
lIen est
de meme dans Fractures c.4
KUEHLEWEIN 52,9 sqq.= LITIRE 111,430,4 sqq.,
où c'est
le
terme
{;n~6E:eV qui est employé alors que c'est
ùno6EOLç
qui
est décrit;
dans
le passage parallèle qu'on trouve en
Officine c.12 KUEHLEWEIN,
39,3 = LITTRE III,
312,5,
c'est
l' ùn66E<Jl1~ç, le terme propre, qu'on trouve.

--"-
106
*

PRESrnl PT lOOS <X.NCERNANT LES NOOWES DE FABR 1-
CATIOO ET WATIR 1AlIX lIT 1LISES POUR LA <:.a'iFECT 100
DES 1NSlRlWENTS.
Ils devaient être
fabr iquéS,
pour être
faci les à
manier,
selon certaines
normes de grandeur,
de poids et de
finesse( 163).
Le ma t é ria u ut i 1 i s é é t ait
tan tôt
1e plomb
(u6À- L 13~( 164) ,
tantôt
l'étain,
corrme par exemple
la sonde d'étain
(Tfj 1ll,\\À-1J
T~
HuaaLTEpLv~ )(165) ou la baguette d'étain (pâl350v
HuaaLTEpLVTlV À.ETTI1'\\v)( 166). Certai ns
instruments sont en
fer,
corrme
les cautères désignés
par aL5TlPLOLa~ ou
l'instrument
appelé aL5TlPo~
et avec
lequel
on rassemble
les os écrasés
du
foetus mort(167).
D'autres
sont
en bois,
tels
les cautèr.es
en bois de buis
( ITuGLvoLaL aTpOxTOLoL
)( 168). Concernant
l'argent,
il
est ment i onné une
fo i s
un bout d' injecteur en
( 1 69)
a r g e n t . 0 n t r 0 u ve de même
1ecu i v r e,
c orrme cet t e cou r g e
en cuivre blanc (aLHUWVTlV
XUÀ-HOÜ À-EUHOÜ),
avec
laquelle
.
d '
' "
d
.
d l '
( 170)
1 1
on
Intro Ult
une
Injection
e
vin
ans
a matrIce

est
fait
allusion une
fois
à
l ' o r :
dans
les
fractures
de
la mâchoire avec déplacement
des
os,
il
faut
les coapter et
les
joindre l'une à
l'autre,
jusqu'à ce qu'elles se conso-
lident,
avec un
fil
d'or(17J). On mentionne aussi
la plwne
( nT~pou a~:)LYE, Fistules c.6 JOLY
141,13-14 = LITTRE
IX 452,25)
dont
on se sert corrme
tuyau pour
faire
une
injection dans
l'anus.

107
Bien qu'il
ne soit
pas
fait mention
d'objets
en os ou en
ivoire dans
la Collection,
ces matériaux sem-
blent cependant
avoir été d'un usage courant
dans
la con-
fection
d'instruments
tels que
les aiguilles pour
fixer
les
bandages ou pour ofaire des
ligatures,
pour
les manches de
bistouris ou
les boltes à médicaments. (172)
1 A PROPOS DE LA ŒEATlVITE TE01NIQUE DES
HI PPOŒATlQUES.
H. DIELS(173)
a écrit à
propos de
la médecine
hippocratique qu'elle
fut créative sur
le plan
technique.
Rendant
compte
de cette créativité qui
se manifeste selon
lui
par
une expansion
inhabituelle des appareils
chirurgi-
caux,
il
en
ramène
la cause au
fait
que
la médecine est une
Léxvn
et
le médecin un
6nJ..lLoupy6ç.
F. KUDLIEN, adoptant un point de vue contraire
à
celui
de H. DIELS,
parle quant
à
lui,
de '~LagnaLion' à
propos
de
la
technique
instrumentale hippocratique,
qu'il
juge comme étant d'une primitivité étonnante.
Le médecin
gr e c ,
a van t
300 a v.
J. -C., est, à
son a vis, i n h i b é
sur
1e pla n
instrumental (174).
Le progrès scientifique des Hippocra-
tiques
ne coinciderait pas avec
le progrès
instrumental.
Ce dernier
se produit à partir de 300 av.
J.-C.,
le point
culminant se situant entre
le IF s.
av.
J.-C.
et
lell~s.
ap.
J. -C., notamment
avec l'école pneumat ique
: entre autOres,

J08
.
(175)
e
Héliodore
([1- s.
ap.
J.-C.).
Mais
les positions des
deux savants paraissent,
il
l'analyse,
l'une et
l'autre difficiles il admettre sans
nuance. AI' appu ides
thèses de F. KIDL IEN ,
il
fau t
recon-
.,..
naitre que
les
traités hippocratiques
renferment des objets
il usage chirurgical
présentant
un caractère primitif. A
titre d'exemple,
on citera
l'usage de balles
(OCPCl.LPCl.L
)(176)
mises dans
le creux de
l'aisselle pour
réduire
la
luxation
en dedans de
l' épau 1e
;
de pi Ions
(cà lInepa) (177) ou
d'échelles
(cà }{ÀLllâlHa.
) (173)
pour
la même destination.
On se rappelle aussi
ce passage d'Articulations 00
l'auteur
décrit
cament
il
réduisit
une
fracture avec déviation
latérale du nez en
introduisant
à
l'entrée de
la narine,
en guise de tampon,
un morceau de
poumon de mouton, "pa~ce que,
avoue-t-il,
"c'e~L ce qu'il
avaiL ~ou~ la main". (179) En
plus,
cet usage d'objets
primitifs et
rudimentaires ·s'ac-
c omp a g n e de mis e sen g a r de
con t r e l es· i n nova t ion s
hardies(130),
ce dont
un critique comme F. KIDLIEN déduit
logiquement que
[e médecin hippocratique est
inhibé et
refuse d'innover. Un tel
jugement
doit être tempéré. Car
en réa 1 i té,
dan s i e d orna i ne mé die a 1 00
l' homme e t s a vie
sont en
jeu,
le médecin hippocratique refuse délibérément
d'innover
il
la légère, et préfère aux méthodes nouvelles
et hardies,
celles qui
sont
vieilles mais dont
l'innocuité
est confirmée. Autrement,
il partir
du V~ s. notanment,
il
est un homme de progrès qui
partage l'enthousiasme de son

109
siècle devant
les découvertes de l'humani té. Cette tendance
est particulièrement notable dans Ancienne médecIne c.2 et
3(181). Les Hippocratiques
font enregistrer â
la médecine
des
progrès non seulement scientifiques, mais également sur
le plan
instrumental. Les écrits hippocratiques
foisonnent
d'instruments dont certains témoignent d'une
ingéniosité
technique qui mérite d'être relevée. Parmi
ceux-ci/on a été
frappé notamment par ceux d'entre eux qui mettaient dès
cette époque en oeuvre les principes de
la statique
treuil,
coin,
levier. La grande expansion d'instruments chirurgicaux
hippocratiques mentionnée par H. DIELS est donc bien une
réalité. Elle est une étape avancée d'un
long processus de
découvertes et de perfectionnement. Elle n'est
pas
isolée,
e
e
mais est
intervenue au même moment
(V-/lV- s.
av.
J .-C.) où
tous
les domaines de
l'activité humaine connaissent en
Grèce
le même remarquable développement,
comme en tênoignent
les nombreuses l:~X\\U~
ou discours sur
les arts,
qui
décrivent,
pour chaque art, ce qu'en doit être
la méthode. (J82)
Naturellement,
les
instruments chirurgicaux
hippocratiques ont des
limites. Elles ne sont
pas encore
automotrices; elles continuent d'être impulSées par
la
force hwnaine --le médecin lui-même et
ses aides-- qu'elles
ne
font multiplier. Mais ces
limites ne sont
pas spécifiques
â
la mécanique chirurgicale hippocratique. Mises â part
quelques
inventions remarquables,
notamment dans
l'école
alexandrl"ne(183)
les
t
d
"
d
1
h "
"
,
au res
omalnes
e
a tec nique antique

. ' g. ."
110
grecque sont en général
dans ce cas.(184)
En revanche des
insuffisances plus sérieuses
affectent une discipline sur
laquelle l'activité chirur-
gicale correctement menée doit s'appuyer,
l'anatomie.
3°/ L'ANATCMIE.
Les Hippocratiques,
bien que conscients
qu'une médecine rationnelle exige
la connaissance de la
physiologie et de la morphologie du patient,
n'ont cepen-
dant pas mani festé d' intéret pour
la recherche dans
l'ana-
tomie humaine. Un seul
passage dans
la Collection peut
laisser entendre qu'ils
l'ont pratiquée:
il se trouve au
chapitre 46 du traité des Artlculatlons(186). Selon
l'auteur,
les incurvations à brusque courbure en avant et
en arrière de la colonne vertébrale sont rares et elles
s'acccmpagnent
d'accidents si graves que le médecin ne doit
pas s'occuper à réduire la vertèbre, en présence de tant
d'autres
lésions considérables. Après avoir écarté le
recours à
la succussion et des autres moyens,
l'auteur
envisage la possibilité d'ouvrir
le corps afin de ramener
en arrière, en la refoulant avec la main,
la vertèbre
luxée.
Mais
il
repousse aussitôt
l'idée
l'ouverture du corps,
pènse-t-il,se peut sur un mort, mais ne se peut pas sur un
vivant.
Cette remarque pourrait être l'indice d'une
pratique de l'anatomie humaine par
les Hippocratiques. Or

11
III
qu'en est-il
en
réalité?
Lorsque
l'auteur de
la Waladle sacrée,
voulant
d émo n t r e r que
l' épi 1e psi e a
son 0 r i gin e dan s i e ce r ve au,
s'intéresse â
la constitution de cet organe,
il
ne se sert
pas d'un cerveau d'homme, mais
d'animal,
et
plus
précisément
de chèvre( 187). C'est
que
les dissections auxquelles
les
Hippocratiques
procédaient
étaient
plutôt effectuées sur
des
animaux(188).
Là,
les
préoccupations
religieuses qui
sont
â
l'origine de
la
réticence des Anciens
vis-à-vis de
la dissection des
êtres
vivants constituant
la création
divine,
pouvaient
s'effacer et céder â
la curiosité scien-
ti fique,
comme on
le voit
dans ce passage d'un document
tardif,
la Lettre
17 d'HIPPOCRATE à IlAIVAGETE(189)
:
T& TE yap ~~ Ta5Ta
oH6aa, l~n, 6pnç, TOUT~OU
U~VTOL YE uvaTÉuvw ELVEHa,
OÛ ULa~wv ~EoQ ~Pya, XOÀ~ç ô~
ÔL~~UEVOÇ ~6aLv Hat ~~aLV.
"Le/> an-LmauJ( que:tu vo.iA .ici je te/> ouvlte 11011 pa/>
paltce que je ha.i/> La cltéat.iol1 div.il1eJ
ma.i/> paltce
que je cheltche ta l1atulte et te />.iège de La l.iLe".

112
L'anatomie humaine n'étant pas pratiquée,
les
parties externes ou bien internes mais apparentes avaient
plus de chances d'~tre connues. Le squelette était dans
ce cas,
COllIne
l' at tes te
impl ic i tement un passage d 'HERODOTE
où est
relaté un cas d'observation de squelettes humains(l90l.
L'historien passe en revue les découvertes des Platéens,
après
la batai Ile que
les Lacédémoniens
1 ivrèrent avec suc-
cès aux Perses à Platées. Outre des coffrets
remplis d'or,
. ..
d'argent et d'autres objets précieux,
VO-LC-LJ
é cri t
HEROIX>TE,
ce qui piu~ ta~d enco~e, pa~ut un jou~.
Ap~~~
chai~... on (i .e.
les Platéens) dé.couv~.it
une tite n'ayant aucune ~utu~e mai~ dtait laite
d'une ~euie pi~ce d'o~. Ii appa~ut é.gaiement
é.tant to~mé.e~ d'un ~eui o~, dent~ de devant
comme moiai~e~, et ie~ o~~ement~ d'un homme de
cinq coudé.e~.·
Il
n'y a aucun intérêt de recherche anatomique
dans ce
texte où seuls sont
relevés des phénomènes anato-
miques étranges.
[1 est cependant
intéressant car
il montre
que
l'examen de squelettes
lors des guerres était à
la
portée de
tout
le monde et donc aussi
des médecins qui
suivaient
les armées,
ce qui explique que
les connaissances

113
a n a tom i que s dus que 1e tt e a j en t été rel a t i veme n t dé ve 10 PPé e s
par rapport à celles d'autres parties du corps.
Co ur a n t de va i t ê t r e par aille urs
1e r e cou r s à
la méthode analogique( 191 l, par
laquelle
les Anciens se
faisaient une
idée des organes
internes du corps et de leurs
propriétés par comparaison avec des objets visibles,
avec
lesquels ces organes présentent une similarité. Le chapitre
22 d'Ancienne médecine contient
un bon exemple médical de
recours à
l'analogie. (192)
Pour démontrer que
les propriétés
des parties du corps sont essentiellement
fonction de
leur
structure,
l'auteur se sert d'exemples
tirés de l'expérience
quotidienne ou médicale. Ainsi
pour expliquer
le fait
que
dans
le corps
les parties creuses et
resserrées à une ex-
trémité sont
les plus susceptibles de recevoir un
1 iquide,
il choisit cornne phénomènes de
référence la bouche et
les
ventouses
:
liquide du ~e~te du CO~P~J ~ont-ce le~ pa~tie~
à la Ra~eJ vont en ~e ~~t~~ci~~antJ qui ~ont
le plu~ apte~ à le tai~e ? Je pen~eJ pou~ ma
pa~tJ
que ce ~ont ce~ de~niè~e~J celle~ qui
en ~e ~~t~~ci~~ant. Pou~ le comp~end~eJ il
convient de ~e ~~t~~e~ aux chb~e~ vi~iRle~ du

114
deho~~. D'une pa~t, en maintenant la gouche
ouve~te, on ne peut a~pi~e~ aucun liquide 1
mai~ ~i l'on avance le~ lèv~e~, qu'on le~
cont~acte et comp~~me, alo~~, on a~pi~e~a.
lèv~e~, tacilement vou~ pouvez a~pi~e~ tout
ce que vou~ voud~ez. D'aut~e pa~t, le~ ven-
tou~e~ que l'on applique et qui, de la~ge~ à
d'a~pi~e~,
de même qu'une multitude d'aut~e~
in~t~ument~ analogue~. Pa~mi le~ pa~tie~ qui
~ont à l'inté~ieu~ de l'homme, p~é~entent
cette contigu~ation natu~elle : la ve~~ie, la
tête et la mat~ice chez le~ temme~ . .. "
Avec de
telles méthodes de recherche,
l'anatomie
interne est souvent
tout à
fai t
rudimentaire. Les auteurs
hippocratiques déterminent mal
les organes internes. LITTRE
a relevé les
insuffisances de
la connaissance de glandes
chez l'auteur du Système des Glandes(193). Les Fractures.
les Articulations,
et
les Plaies de tête contiennent des
descriptions anatomiques minutieuses, mais elles sont
élémentaires pour
la piupart. Certains traités au titre
prometteur ne traitent de véritable anatomie que de
loin
(ChaIrs, Nature des os). L'opuscule de
l'Anatomie mentionne
les parties enfermées dans
le corps mais on n'en peut déduire

%'"'z.
115
que son auteur ait disséqué des corps humains
ilenest
de même du traité relativement
récent( 194) du Coeur, malgré
la
justesse d'une bonne partie de ses observations.
ARISTOTE,
dans son Histoire des Anlmaux(195)
,
évoque le
tracé de figures
(5LUYPU~C)
( 196)
faites
tv 1"utl;; âvu1"ouut l;;
• Ces â.VU1"O\\.lCLt dés i gnen t
sn r emen t
des tables anatomiques qui
servaient pour
les cours d'ana-
t omi e.
*
*
*
Son rOle de chirurgien prépare naturellement
le
médecin hippocratique a
intervenir dans
les armées.
4 0 /
lA WEDEC 1NE DANS LES ARWEES ( 19 7 )
Les 1 ivres V et VII
des Epldémles rapportent un
certain nombre d'histoires
individuelles où des blessés par
armes sont examinés ou traités par des médecins hippocra-
tiques. Ainsi en 9!!..démies V c.21(198), c'est un jeune
homme de Larisse qui
fut
blessé au_dessous de
l'ombilic par
une
lance !arge ayant pénétré profondément
; en Epldémles
( 199 )
VII c.32
es<. rapporté
le cas d'un individu blessé d'un
coup de pierre ~ la tête,
au-dessus de
la tempe gauche,
par un

II6
Wacédonien. Un personnage est blessé d'un javelot en
Epld~les Y c.62(200). Un autre est atteint d'une flèche
â
l'aine en Epld~les Y c.46(201) et un autre au même
endrriit mais par un trait aigu au chapitre 47 suivant(202).
Le chapitre 61 d'Epidémles y(203)
est consacré â
l'homme
d'Aénos, â Délos,
blessé d'un javelot dans
le cOté gauche,
tandis que
l 'histoire de Tychon blessé d'un coup de catapulte
â
la poitrine lors du siège de Datos
(ou Daton) occupe le
chapitre 95 d'Epld~les y(204). Epld~les YII c.29(205) rap-
porte l'histoire d'Aristippe atteint dans
le haut du ventre
d'un coup de flèche violent et dangereux et mort après;
Néapolis,
blessé dans des conditions pareilles à celles
d'Aristippe,
souffrait des mêmes accidents (Epidémles Y
c.99)(206). Pour chacune de ces histoires,
l'auteur décrit
les sympt6mes apparus au cours de
la maladie,
indique la
thérapeutique qui
fut administrée ainsi que l'issue de
l'accident.
Tous ces cas de blessures par armes se sont pro-
duits au cours d'événements de guerre tels que
le siège de
Datos (ou Daton), mentionné â deux reprises dans
les Epldé-
mies (Y 95 et YII
121). Datos (ou Daton) est une vi Ile de
Thessalie occupée par Philippe DE WACEDOINE,
selon DIODORE
de Sici le(207),
en 358-357. L'auteur ou les auteurs des
Epld~les Y et YII, où se trouve consignée une docwnentation
médicale embrassant
la période de 375 â 350 environ, selon
K. IEIG!RAIIR (208),
ont pu intervenir médicalement au

117
cours de ce siège.
Entre autres
événements de guerre aux-
quels
il est encore
fait
allusion dans
les Epldêmles V/VII,
on peut citer celui
de Délos,
auquel F. ROBERT a consacré
un article
intitulé
'La flataille de Dilo.!)
(HIPPOCRATE,
Epldêmles V.61 et VII.33)"
(209). En s'appuyant notamment
sur un
témoignage de DIODORE de Sicile
dans
lequel
l'historien,
évoquant
les exactions que des
villes grecques
commirent contre Athènes pendant
la Guerre des AlliéS(210
(357-355),
ajoute un détail
précieux pour notre propos:
cel les-ci
'mi~ent à mal fleaucoup d'lle.!) .!)ou~ domination
, (210 Π)
.athénienne .• .'
,F. ROBERT conclut que Délos,
sous domination
athénienne,
a dû sûrement
accueillir
les
révoltés
lors de
ces opérations auxquelles participait
l'homme d'Aénos qui
probablement combattait
aux côtés
d'Athènes, Aénos,
pendant
la Guerre des Aillés,
étant
resté. fidè·lé à Athènes.(21a'3')
Les médecins hippocratiques
vont
donc à
l'armée

ils
traitent
les blessés.
Dans
le PreSbeutlkos{21OY,lun
Asclépiade ancêtre d'HIPPOCRATE,
Nébros,
est présent
à
Delphes dans
l'armée amphictionique en guerre contre
le
peuple Crisséen. Thessalos,
fils
d'HIPPOCRATE,
accompagne
l'armée athénienne
lors de
l'expédition de Sicile(211).
Cette présence n'est
pas propre à
la Collection. Dès HOMERE
au moins,
les médecins
sont
signalés dans
les armées
Machaon et Podalire,
les deux
fils
d'Asclépios,
sont à
la
fois
chefs de
troupes et médecins.(212)
D'aprèS XEN:>PKlII,
Lycurgue avait
institué
la

118
la présence de médecins dans
les armées
spartiates.(213)
Les Dix Mi Ile, dans
l 'Anabase(214), font
soigner
leurs
blessés
par des médecins.
Mais dans aucun traité ancien de
la Collection
n'est
signalée une
formation militaire spéciale chez
le
médecin devant
tral ter
les
blessés de guerre.
II
faut
at-
tendre celui
du Médecln(215)
pour qu'il
soit
enfin vérita-
b 1eme n t
que s t ion de mé d e c i ne mil i t air e. ( 2 1 6)
Par
son
i n t é r ê t
pour
l'histoire de
la chirurgie militaire,
nous
citerons
le texte en entier
'louche au~~~ à not~e ~ujet,
la ch~~u~g~e con-
ce~nant le~ Rle~~u~e~ ~u~venue~ à la gue~~e et
qu~ po~te ~u~ l'ext~act~on de~ t~a~t~. Dan~
ca~~on~ de ~'y exe~ce~. Ca~ peu de to~~, dan~
toute une v~e, i l ~'y p~odu~t de~ comRat~ de
c~toyen~ ent~e eux,
ou cont~e de~ ennem~~ venu~
de l'extQ~~eu~ j
en ~evanche, de tel~ acc~dent~
~ont t~i~ t~iquent~ et pe~manent~ dan~ le~
~oupe~ de me~cena~~e~. Celu~ qu~ ~e de~t~ne à
cette ch~~u~g~e do~t .donc ~uiv~e ce~ t~oupe~
qu'il ~e~a quelqu'un d'exe~cé dan~ cet ottice.
Ce qui, là-de~~u~, pa~a1t ~elativement technique,
~e~a expo~i j
ca~ ~econna1t~e le~ ~igne~ de~
a~me~ ~e~tie~ dan~ le co~p~ e~t une pa~tie

119
tondam~ntaf~ d~ l'a~t ~t d~ fa chi~u~gi~
(militai~~). 4v~c c~tt~ in~t~uction, On n~
i l n'~~t pa~ opé~é convenallement ;
o~ ~eul
celui qui a l'expé~ience de ce~ ~igne~ peut
opé~e~ valallement.
Il a été t~aité de tout
cela dan~ d'aut~e~ ouv~age~.·
La
formation des médecins des armées procédait
de
la nécessité reconnue à un moment de doter celles-ci de
praticiens spécialement préparés pour traiter
les blessés
de guerre. Oans
les passages cités plus haut et relatifs à
des blessés de guerre,
ce sont
les mêmes médecins qui
s'oc-
cupaient des populations civiles qui
visitaient aussi
les
soldats blessés,
situation qui
ne devait pas assurer
la
mei Ileure garantie de soins. L'auteur d'Epld~les V c.95
LITIRE V 254,19 sqq. (= Epldémles VII c.121 LITIRE V 466,14),
fait état d'un médecin qui,
extrayant une lance,
a laissé
une partie du fer dans
le diaphragme du blessé. Cette erreur
peut sans doute être accidentel le, mais plus sûrement elle
est tout simplement due à l'inexpérience du médecin traitant
en matière de médecine militaire.
*
*
*
Nous avons
jusqu'ici essayé de déterminer
les

120
premiers
traits constitutifs de l' image du médecin hippo-
cratique en nous
intéressant au cadre où il évolue,
et en
l'observant dans ses diverses
fonctions. Cet homme,
loin
d'être un praticien routinier est capable de réfléchir sur
sa 'profess ion,
qu' i 1 asp 1re à é lever au rang d' ar t en 1a
dotant d'un ensemble de
règles scientifiques et déontologi-
ques. Le contenu de cette réflexion,
qui nous situe le
médecin hippocratique aux plans
intellectuel~t éthique, est
l'objet des développements qui
suivent.

121
-"
N O T
E
S
,,-
1. PLATON, Protagoras, 311 b.
2. Le Livre III
de Maladies des femmes correspond à
femmes stériles dans
les éditions.
3. Ajoutons
le témoignage de CICERCN (De oratore Ill,
33) selon qui,
dut emp s d' Hl PI'OCRATE,
i 1 n' y a vait
pas encore en Grèce de spécialistes soignant
les
uns
les maladies internes,
d'autres
les blessures,
d'autres encore les yeux.
4. HERODOTE Il 84.
5. Vision c.3 JOLYI69,3 sqq.= LITTRE IX,
154,5 sqq.
6. Cf. H. GRENSEMANN, Knidische Medlzln im Corpus hip-
pocratlcum, Teil
Die Testimonien zur aJtesten
knidischen Lehre und Analysen knidischer Schriften
im Corpus hippocraticum, Berl in,
1975,
p.
103 sq.
7. Cf. CELSE, Préface au De re medicina, c.9
Corpus
me die 0 r um 1a tin 0 r um, Te ub ne r,
tome
l,
19 15. Sur 1es
partitions de
la médecine à
l'époque alexandrine,
'VOir K. DE 1OlGRABER, Ole grlechische Fmpirikerschule.
Samnlung der fragmente und Darstellung der Lehre,
e
Berl. Zurich, 1965,
2- éd.,
p.
288-289. La pharmaceu-
tique n'est pas ce que nous entendons par pharmacie,
mais
la branche de la médecine qui
tend au rétablis-
sement de
la santé par
les remèdes,
et où par consé-
quent
la science de ceux-ci occupait une place cen~
traie. Au chapitre 2 d'Officine (KUEHLEWEIN 30,7
=

122
L1TIRE II [,
274;'·0,
XE~pOUpyCa: ' est il entendre au
sens étymologique d"opé~ation~ que le médecin exécute
avec ~e~ main~·, et
il
s'en faut
de beaucoup qu'elle
désigne une partie distincte de
la médecine.
8. Anclimne médec 1De c. 12 FESTUGIERE 10,5 sqq.= LITIRE 1,596,6 sqq.
9. Cf.
p.
63 sqq.
10. Sur
le régime comme cause des maladies,
voir L'Ano-
nyme de Londres
IV 31
- V 35,
qui
attribue cette
théorie notamment
à
Euryphon et il Hérodicos
;
voir
également
Idem 1 IX 20-36.
Dans
la Collection,
cet te
théorie est
trés
répandue: Waladies IV,
c.49 JOLY
104,2] sqq./105, 1 sq. = L1TIRE VII,
578,9 sqq.; Waladies
c.2 WITIERN 6,11
= LITIRE VI,
142,19 ; Nature de
l'honme c.9 JOUANNA 188,3 sq.
= L1TIRE VI,
52,4 sq.
Ancienne médecine c.6 FESTUGIERE 6,2 sqq.= LITIRE
II,
584,3 sqq.; Vents c.6 JOUANNA 109,7 sq.= LIlIRE VI,
98,1
sq.
Les
violences extérieures sont également
mentionnées comme causes d'affections
cf. Waladles
c.2 WITIERN 6,7 = LITIRE VI,
142,15 ; WaIadles
IV
c.50 JOLY 106,21
sqq. = LITIRE VII,
582,5 sqq. Enf i n
pour
l'air et
les conditions atmosphériques comme
causes de maladies,
voir,
pour
l'air, Vents c.5 JOUANNA
108,8 sqq.= LITIRE VI
96,12 sqq.;
c.G JOUANNA 110,6
sqq. = LITIRE VI
98,10 sqq.;
pour
les condi t ions atmos-
phériques et
l'environnement,
cf. Airs,
eaux,
lieux
DILLER,
p.24 sqq. = LITIRE JI,
p.12 sqq.; Humeurs c.12
LI TIRE V,
49 2, lOs q q.
1b id.
c. 13 LI TIRE V,
492, 17 s q./
494,1
sqq. et
pass lm.
1:
1

123
cf.
également EpldêlI1les
II,
3, c. 1 LITIRE V,
100,1
sqq,
et
pass im ; Nature de la ferrme c.1 LITIRE VII,
312,1
sqq. A rapprocher d'HERODOTE Il,
77,
pour
qui
les
maladies sont produites surtout
par
les changements
de saison;
voir aussi
Idem,
VIII
115,
lorsqu'il
explique
la peste corrme une maladie commune
frappant
les gens en même temps,en raison de
l'infection de
l'air. On pense aussi à EURIPIDE
fr.
917NAUQ(2
(l'au-
teur y recommande au médecin qui
veut
soigner correc-
tement
d'examiner
les maladies
en rapport
avec,
en
plus du mode de vie des habitants,
la
terre).
II. BIenséance c.IOLITIRE IX,
238,7
sqq.
12.
Ibid.
13. J:>EM)STHENE, Con t re 01 ympiodoros,
c. 13 et
14
Les Bel-
les Lettres,
éd.
et
trad.
par L. GERNET.
14. Cf. ARISTOPHANE, Nuées v.
766-768
:
évocation d'une
be Ile pie r r e dia p han e a v e c
1a que Il e 0 n aIl ume
1e feu
à
dis tance,
che z 1es
cpupumwn:wÀ.uL •
15.
0&.pumwv
peut désigner en effet
les matières dont
se sert
le peintre pour préparer ses
couleurs. C'est
le sens qu'a ce mot
chez EMPEDOCLE,TTEPt CPUOEWÇ,
DIELS/KRANZ B 23,
v.3. On
rencontre aussi
le mot
cpapuaHon:~ÀnÇchez THEOPHRASTE (HIstoIre des plantes
VI,
2,5) et chez ARISTOPHANE,
fr.
95.
16. Du ~decln c.1 LITTRE IX 204, sqq.
17. Aphorismes 7 c.87 LITTRE IV,
608,1.

124
18.
Une tentative est
faite
cependant entre autres par
E.D. PHILLIPS, Greek medicine,
London,
1973,
p.
92-108.
19.
Cf. Officine c.2 KUEHLEWEIN 30,7 = LITTRE III,
274,1
Du Médecin c.2 LITTRE I~ 206,13.
20.
Blens'éance c. Il LlTTRE IX,
238,14 sqq. (tl1~" taC!)!::
npo!:: ,ov voatov,a ;0 xpnrrOLcLv nptv
tacÀGcLv'
Ibid.
c. 12 LITTRE IX,
238,19 : tv ,fj cCa66~.
21.
Du Medecin c.2 LlTTRE IX 206,14 sqq.; Officine du
médecin c.3 KUEHLEWEIN 30,13 sq./31,1
sqq. = LITTRE
111,278,2 sqq.
22.
Du Medecin c.2 LITTRE IX,
206,23.
23.
1b 1d •
208. 5 .
24.
ibid.
25.
Ibid.
208,6 ; Officine du médecin c.5 KUEHLEWEIN 33,11 =
LiTTRE III
288,5.
26.
Maladies des
femmes
II
c. 132 LiTTRE VIII,
280,8
c. 133
LlTTREVIII,288,13).
27.
Ibid.
c.132 LiTTRE VIII,
280,9
; c.133 LITTRE VIII,
290, 6 ;
8.
1 b 1d.
c. 133 LI TTRE VIII,
290, 12 ;
13 etc .••
28.
Superfétation c.29 LITTRE VIII,
496,6-7 = Femmes
stér 1 les c.217 LITTRE VIII,
420,1-2.
29.
Maladies des
femmes
Il
c. 133 LITTRE VIII,
288,12 sqq.
30.
Superfétation c.29 LITTRE VIII,
494,5 sqq. = Femmes
stériles c.217 LITTRE VIII,
418,2 sqq.
31.
Maladies des
femmes
Il
c.133 LITTRE VIII,
286,i7-i8.

125
Voir aussi
Ibid.,
LITIRE VIII,
288,8 sq,où
il
est
dit
que
la
fumigation
sert à
ramener
la matrice
très
près.
32.
Maladies des
fenmes 1 c.70 LITlRE VIII,
146,23.
33.
1b 1d.,
1. 23.
34.
JENA, 1912 ; Planche VI,
figure
I.
35.
GALIEN
XIX
7.
,
36.
Nature de
la fenme c.42 LITIRE VII,
386,15.
37.
Maladies des
fenmes
Il
c.133 L1TIRE VIII,
280,12.
C'est
une croyance répandue,
dans
l'antiquité,
que
l'utérus est
un organe qui
bouge et se déplace. Cf.
Maladies des
femnes
II,
c.123 LITIRE VIII,
266,11
;
Ibid.
c.124,
LITIRE VIII,
266,20 ;
Ibid.,
c. 125 LIT-
TRE VII l,
268,9
,
etc . . . Ce déplacement entraîne
la
déviat ion et
la
fermeture du col de
l'utérus.
38.
Ibid.
L1TIRE VIII,
284,9.
39.
Le sétier est
la sixième partie d'un"médimne, mesure
pour
les solides équivalant à cinquante-deux litres.
40.
LITIRE VIII,
430,2.
41.
Ibid.,
I. 8.
42.
KUEHLEWEIN c.3,
147,22 = LITIRE Il, c.2,
398,12.
43.
Régime dans
les maladies aiguës
(Appendice)
~IN
c.ll,
152,9 = LITIRE Il,c.7,
418,4.
44.
Maladies des
fenmes
1 c.109 LITIRE VIII,
230,15 sq~!
232,1
sqq.
45.
Nature de J'honme JOUANNA c.20, 212,2 sqq. = LITTRE VI,
c.5,
76,4 sqq.

T '
126
46.
Waladies
II
2 c. 59 J ~ 199,7
LITIRE VII,
92,16.
47.
Ibid.
48.
Fistules c.6 JOLY 141,13 sq
= LI TIRE VI,
452,2 sq.
49.
Waladles
II
2 JOUANNA c.47' b,
182,11
sq. = LITIRE VII
c.47,
70,17 sqq.
50.
Cf. J. St. WILNE,
op.clt.,
p.
51.
51.
Cf.
Infra,
p.
82.
52.
Cf.
l'exp r e s si 0 n
650v ~'I' ).LO'OÜV,
mettlLe une compILe44e,
un pan4ement"
(Waladles
Il
2 JOUANNA c. 47 b,
182, II =
L1TIRE VII
c.47,
70,1~; voir également Ibid JClUANNA
182,9 = L1TIRE V II,
70, 15 W).LoÀCV'l' ).LO,oüv:
p.lacelL
un tampon de .lin éClLu".
53.
Fistules c.4 JOLY 139,24 sq. = LITIRE VI,
450,15.
54.
Superfétation c.28 L1TIRE VIII,
492,16.
55.
Ibid. LITIRE VIII,
492,16.
56.
Cf.
J. St. WILNE,
op.clt.,
p.
51.
57.
Ar tic u 1a t Ion s c . 37 KUEHLEM: 1N 15 6, 18 / 1 57 ,1
s q q.
LI TIRE
IV,
162,9
sq.
58.
Régime dans
les maladies aigues(Appendlce), KUEHLEWEIN
c. 70,
178, 15 = LI TIRE
1 1 c. 37,
5 2 4, 1 .
59.
GALIEN
X 1 X
KUHN
s. v.
w'iÀTlG ,0 nMTE;~.
60.
Cf.
J. St. WILNE,
op.cl t . ,
p.
65.
61.
Ibid.,
planche XIV,
figure
1.
62.
Waladles
II
2 JOUANNA c. 47 b,
182,16 sqq. = LITIRE VII,
c. 47,
70, 2 1 s q .
63.
Sur
l'emploi de ).L6,oG au sens de ·canu.ee,
4onde",
cf.
J. JOlIANNA, Hll?pocrate-Waladles
II,
note ad
loc.

127
64.
Waladies des
fenmes
II
c.133 LITIRE VIII,
290,10-11.
°
65.
'OK<"ll:av 6~ nOLnÔfj 6 \\.LOTOs
floÀul36Lvos, aTtaTos
'quand J!a
66.
Plaies de tete c. 10 KUEHLEWEIN 11,6 sq.= LITTRE III ,
"
212,J5.
67.
Cr. sur
le nfll.>lV , voi r p.
99 sq.
68.
Plaies de tête c.21 KUEHLEWEIN 29,6sq~LITTRE Il l,
260,4.
69.
l'ractures c.31 KUEHLEWEIN 94,1
= LITIRE Ill,
526,1.
70.
Waladies des
fenmes
Il
c. 133 LITIRE VIII
290,7-8.
71.
HémorroTdes c.5 JOLY 148,23 sqq. = LITTRE VI,
440,16 sqq.
72.
Cf.
J. St. WIIJIŒ,
op.ci t.,
p.
149 sq.
73.
l'istules c.3 JOLY 139,9 sq. = LITIRE VI,
450,2 sq.
74.
Waladles des
femues
Il
c.157 LITIRE VIII,
332,17.
-
75.
GALIEN KlHII XIV,
787.
76.
SORANUS 2.59.
77.
J. St. WIIJIŒ, op.clt.,
p.
144 sq.
78.
Waladles
II
2 c.36 JOUANNA,
169,8 = LITTRE VII,
52,17.
79.
Ibid.
c.30 JOUANNA 165,14 sqq. = LITIRE VII,
48,9 sqq.
80.
Aff ec t Ion s c . 4 LI TIRE VI,
2 1 2, 1 3 s q.
81.
Du Wédecln c.7 LITTRE IX,
214,9 sqq.

128
82.
Maladies des
fenmes 1 c.10LlTIREVIII,
146,22 sq.
83.
Du ~decin c.6 LITTRE IX,
212,7.
84.
Maladies
II
2 JOUANNA c. 47
b,
182,4 sqq = LInRE VII,
n,lIsq.'Sur ce bistouri,
voir J.
St. MILNE,
op.cit.,
p.
2'7 s q a i n s i que
1es
pla n che s V fig ure s
3 -
6
et VII
figure 4.
85.
GALIEN, XIX KUHN s. v.
86. 'Maladies
Il
2 JOUANNA c.47
b,
182,6
L1T1RE VII,
70, 13.
87.
Affections
internes c.22 L1T1RE VII,
224,
1 -
2.
88.
Du Médecin c.6 L1TTRE IX,
210,16 sq. (J-laxaLpCOLÇ; Ô;~OL)
89.
Affections
Înternes c.18
L1TIRE VII ,212,13 sq.
90.
Ibid,
c.28 L1T1RE VII,242,I7
sq.
9 1 •
1b id,
c. 28 LI TIRE VII,
2 4 2, 19 .
92.
Ibid.
c.24 L1TIRE VI l,
228,16 sq.
93.
Ibid.
c.24 L1TffiE VII,
228,21
sq.
94.
Vision c.4 JOLY 170,2 sq.= L1TTRE
IX,
156,11
sq.
95.
Articulations c.1I KUEHLEWEIN 128,13 sqq = L1TIRE VI,
J06,llsqq.
96.
Ibid. KUEHLEWEIN
131,16 sqq. = L1TTRE
IV,
112,14
sqq.:
" 0Ü l:W yàp âv J-laÀLcHa ' •• anoÀnCPi1dn n EUpuxWpCn
HaS'iîv ]J.aÀLOl:Œ 6ÀLoi7avEL à I3ça.XLwy,"C' e.ot pa//. ce
moyen e.o.oentiellement que l'e.opace
la//.ge dan~ lequel
l e R//.a~ a le plu~ tendance
à gli~~e//. pou//.//.a ~e
/f..éi/f..éciJl." .
97.
Ibid. KUEHLEWEIN,
128,17 = LITJRE IV,
106,14.

129
98.
Articulations c.l1 I<lJEHLEl/IEIN
129.6 =: LITIl,Πiv.
108,3.
99 •
Ma 1ad i e s I l
2 J OUANNA c. 12 (l l,
14 5, 10 s q. = LI TIRE
VII,
c.12,
22,16 sq.
100.
Vision c.3 JOLY 169,3 sqq,= L1TIRE
IX,
154,5 sqq.
101.
Le
texte
grec di t
:
"EnELTa 6caoT)j..ll)vaoSac
TèJ.Ç; vonaLaç;
<p>..tl3aç,
(}lWTIEtv

éinco3EV.
Il
ya
peut-être

un hystéron
protéron.
La
traduct ion de Lll'TRE par
Œ/I./I.ièJl."-"
n'est
guère s2tisfaisante.
Celle de R.
JOLY
qui
craduÎt
lion ma/Z.q.lU2.
a1!.o/Z./J
1.12.-1
veine-1
du Jo/) et
0/1 .ex.am.Lnf2 âe de./lJz.itllu!_"
est meilleure mais
ne
tient
pas
compte du
rappor l
tempore 1 en t rc
l'examen du
dos
et
le
passage à
1 'opérat ion.
102.
HémorroTdes c.2 JOLY,
146,16 sqq. = L1TTRE VI,
436,12 sqq.
103 •
1 b id.
c. 6 J OlY 149, 17 5 q q. = I I TIRE VI,
4 4 2 ,8 s q q .
104.
E. GWILl', Gesehiehte der Chirurgie,
l,
1898,
505-506.
105.
Pour
la
rugindtion des
os de
la
tête,
cf.
Plaies de
tête
c.J4 KUEHLEWEIN
19,14 = llTIRE III
236, la,
tnL~UELv
ibid., KUEHLEWEIN 20,4 =
L1lTRE III
238,4
[;UELY; Maladies
112e.23 JOUANNA
157,15 = llTIRE VI l,
38,9 EUECV •.
Pour
la
rugination
des
paupières,
cf.
Vision c.4 JOLY
170,1
=
llTTRE
IX,
156,11.
106.
Cf.
supra,
p.
77.
107.
Plaies de
tête c. 14 KUEHLEWEIN 19,14
sqq. = LITIRE
... r. ..

ID
111236,10 sq.
108.
Plaies de tete,.l<I..EH.lW':lN 20,16 sq. = LITIRE III 238,15 sq.
109.
Ibid. KUEHLEWEIN 21,8 sqq.= LITIRE 111242,3 sqq.
110.
Ibid. KUEHLEWEIN 21,13 sqq.= LITIRE 111,242,8 sqq.
111.
Vision c.4 JOLY 170,1 sqq. = LITIRE IX,
156,.11 sqq.
112.
Maladies II
2 c.23 JOlIANNA 157, II
sqq. = LITIRE VII,
38 ,6 s q q.;
c. 24 JOlIANNA 158, 1 s q q. = LI TIRE VII,
38, II sqq.
1 13.
Cf. p.
77.
114.
Du Médecin c.9 LITIRE IX,
216,1
sq.
115.
Ibid.
116.
AETIUS II,
IV,
12.
117.
J. St. MILNE,
op.cIL,
p.
97.
118.
c.22 FESTUGIERE
20,12 sqq.= LITIRE 1,626,22/628,1 sqq.
119.
FESTUGIERE, Hippocrate,
l'Ancienne médecine,
note
85,
p.
66 sq.
120.
Du Médecin c.7 LITIRE IX, 212, 10 sqq.
121.
Aphorismes 5,c.50 LITIRE IV,
550,5. sq.
122.
Maladies des
fenmes
II .c.IIO LITIRE VIII ,.236, 20 sq,
123.
Nature de la fenme·c.5 LITIRE VII,
318,15-16.
124.
Vision c.9 JOLY 171,12 = LITIRE IX,
160,1 sqq.
125.
MaladIes
Il
2 c.26 JOlIANNA 159,17 = LlTIRE
VII,
40, 16.
126.
Notmnment pour
faire des affusions;
cf.
par exemple
Maladies II
2 c.59 JOlIANNA 199,2 sq.= LITIRE VII,
92,12 s~, où l'outre sert il appliquer des affusions
sur
le CÔté dans une affection où
Je poumon tombe
sur
le CÔté;
voi r auss i
ibid. JOUANNA c.n( 1) •.

131
143,10 sq.~ L1TIREVII,.c.12, 20,12,
où dans des
maladies de
la tête,
il est recorrrnandé que
l'outre
remplie d'eau chaude soit attachée autour du front.
Par e i lierne nt,
1es pro d u i t S pro p0 s é s pou r i e s f orne n -
tations au chapitre 105 de Nature de la femme (LITIRE
VII,420
),
peuvent être enveloppées soit dans du
linge
(~ç 636vLOV,
Ibid. LITIRE VII,
420,1
; 3
6 ; 8 ;
10 ; ou ~ç ~a.){Qç Ibid. LITIRE VII, 420,12 ;
14), soit dans une éponge (on6yyov,
Ibid. LITIRE
. VII,
420,16) ou une pièce de laine
( ~a.){EOLV ~PLOLOL)
ou des vases de terres,
ou des outres
(60Tpa.){LVOLOLV
aYYELoLOLV
•.. Hat
3uÀa){LOLOL,
Ibid. LITIRE VII,
420,17 sq.). Voir aussi Affections c.21 LITIRE VI,
232,3 sq· où
l'outre,
au pied de laquelle est attaché un
t u y a u (aûÀ LO){OÇ ), sert à i ns u ff 1e r deI' air dan s
les
intestins dans un cas d'iléus
(maladie produite
lorsque
le phlegme,
s'agglomérant autour de
la grande
quantité de matières
fécales qui
s'est calcinée dans
l'intestin,
provoque le gonflement de ce dernier).
127.
Superfétation c.8 LITIRE VIII,
480,19 sqq.
128.
Articulations c.47 KUEHLEWEIN 181,12 sqq./ 182, 1 sqq.~
LITIRE IV,210,9 sqq~212, 1 sqq.
129.
IbId. c.77 KlJE1ILEWEIN 235,8 sqq. ~ LITIRE IV, 308,14
sqq/31O,1.
130.
PlaIes de tête c.21 KUEHLEWEIN 28,5 ~ LITIRE III,
258,8. Voir aussi
ibid.
c.21 KUEHLEWEiN 29,6 ~ LITIRE
260,4
TnV nEPLOôoV TOÙ nPLovoç.
131.
Ibid.
c.21 KUEHLEWEIN 27, II sqq.f28, 1 sqq.~ LITIRE III,

132
256,12 sqq/258, l
sqq.
Dans
tout ce passage où es t
exposé
le cas où
l'opération est entreprise dès
le
c onme nc eme n t
d e i ' a f f e c t ion,
c' est
1e
np (. wv
qui
est
i n di q u é.
Vo i r KUEl-ll.EWE IN 27, 17 ;
28, 3, 5 ~ LI TIRE
111,
258,6,
8,12.
132.
Ibid.
c.21 KUEl-ll.EWEIN 28,12 sqq. ~ LlTIRE 1 Il,
258,13 sqq.
133.
Ibid.
c.21 KUEl-ll.EWEIN 27, II
sqq.~LlTIRE III, 256,J2 sq.
134.
IbId.
c.21 KUEl-ll.EWEIN 28,8 sq. ~ LITIRE III
258,10 sq.
135.
IbId.
c.2J KUEl-ll.EWEIN 28,13 sq. ~ LlTIRE Ill,
258,14 sq.
136.
Odyssée XI,
385.
137.
cr. R. CA'f{l\\I, "Note.", on a g/èOUP 01- medica1. and "'IL/è-
gica1. in",t/èument", I-ound ne.a/è Co1.ophon",
in The
journal of hellenlc studies,
tome XXXIV,
1914,
p.116.
138.
CELSE, De re medicina VII l,
3.
139.
Ibid.
140.
Cette pièce de bois
ayant
un rebord arrondi
ou ambe
~était d'un usage fréquent
dans
les
luxations en
dedans
du bras supérieur et de
la cuisse. Cf.
Wochllgue c.25 KUEl-ll.EWEIN 259,15-16 ~ LITIRE IV,
368,13,
où sont mentionnés
une planche ou une barre
arrondies
(Oa.Vf.6L
fi
~OXÀ/iJ ••• CITpoYYuÀi.9 ), jouant
le
rOle d'un
levier
dans
la
réduction de
la
luxation
en dedans
de
la cuisse. Cf.
également Articulations
c.73 où
il est
fait
usage,
dans
la meme affection de
la cuisse,
d'une planche servant
de
levier,
et qui
n'est
rien d'autre que
l'ambe.

133
141.
Fractures c.31 KUEHLEWEIN 95,1& sq.
= LITTRE III,
528,17 : avec celui du coin (acpT\\vw<)Ls ) IbId.,
1.19,
ces deux mécanismes sont
les plus puissants pour la
réduction des
luxations de la cuisse.
142.
Cf. Articulations c.72 KllEHLE.WEIN 228,15-16
LITIRE
IV 296,6-7.
143.
GAt.IEH
XVIII
A
747.
S u r i e
banc, voir
l'excellente étude de J.E. PETREQUIN,
Chirurgie d'Hippocrate,
tome II, Paris 1878,
p.
528-539,
ainsi que l'article 'Hi~~oc~ate~ â~~n
und
~â3pov' de la Realencyclopadle der klassischen
Alterturnwissenschaft, Supplemelltband 12,
1970,
p.
489-496.
144.
Articulations c.72 KUEHLEWEIN 228,21 = LITIRE IV,
296 ,II. Let r e u i J sert à é cart e r
(~n:ây E LV; C f. IV-o.ch li que,
c.38 LITIRE IV,
382,~.
145.
Ibid. KUEHLE.WEIN 229,7 sq. = LITIRE IV,
298,7.
146.
·Ibld. KUEHL.E.WEIN 229, 15:LITIRE IV 298,13.
147.
ArtIculations c.47 KUEHLEWEIN 179,14 sq. = LITIRE IV,
206, 18 sq.
148.
Ibld.c.47KUEHLEWEIN 179,11 sqq.= LITTRE IV,
206,16 sqq.
149.
Ibid. KUEHLE.WEIN 177,10 = LITTRE IV,
202,9-10.
150.- Ces
liens peuvent être remplacés par des
treuils
(Articulations c.47 KUEHLEWEIN 180,6 = LITIRE IV,
208, 7) .
15 1•
1b 1d. KUEHLE.WE 1N 177 , 15 s qq. = LI TTRE 1V 204, 4 s qq .
152.
Ibid. KUEHLE.WEIN 180,3-4 = LITIRE IV 208,5.

134
154.
Officine du médecin c.9 KUEHLEWEIN 36,17 = LITTRE
1 1 1,
302, 10.
155.
Régime dans
les maladies aiguës, Appendice
KUElll.EWEIN c.61,
176,5 = LITTRE 1 l, c.29,
516,3.
156.
Ibid. KUEHLEWEIN c.62,
176, Il
sqq. = LITTRE II,
c.29,516,8sqq.
156~
Plaies c.26 LITTRE VI,
430,12.
157.
Cf. Officine du médecin c.12 KUEHLEWEIN 39,3 = LITTRE
111,312,5
Usage des
liquides c.3 LITTRE VI,
126,13.
158.
Sur cette fonction de
l'ùn:66Eo'Lç,
cf. GALIEN, Com-
mentaire a l'Officlne,:'JQfNXVIII B,p.785.Ce bandage
soutient
selon
lui
les muscles,
les nerfs,
les gros
vaisseaux et
les
ligaments.
159.
La définition est de GALIEN,
dans
son commentaire
-
au paragraphe
12 de
l'Officine du médecin (KUHN),
p.
785
; p.
825.
160. 'Officine c.11 KUEHLEWEIN 37,6 = LITTRE'III,
306,2
Articuiations c.69 KUEHLEWEIN 224,~8 = LITTRE IV,
288,2.
-
161.
GALIEN, Conmentaire a l'Officine (KUHN),
p.
785.
162.
Ibid.
163.
Du ~decln c.2 LITTRE IX, 208,6 sqq.
164.
Cf.
par exemple Maladies des
fenmes
II
c.132,
LITTRE
VIII,
280, 9.
165.
Superfétation c.29 LITTRE VIII,496,6c7.
166.
Maladies
II
2,
c.33 JOUANNA 167,10-11 = LITTRE VII,
50, P-13.

135
167.
Affect Ions
Internes c.24 LITIRE VII,
228,22
Fem-
mes stériles c.249 L1TIRE V[II
462,18.
168.
Affections Internes c.28 L1TIRE VII
242,17.
169.
Fenmes stériles c.222 LITIRE VIII,
430,3 sq.
170.
Ibid. c.222 LITIRE VI II,
430,24.
171.
Articulations c.32 KUEHLEWEIN 150,5 sq = LITTRE [V,
146,19.
172.
Cf.
J. St. MILNE, Surglcal
InstnDE,nts,
p.
17,76 et
173.
173.
H. DIELS,
"Wi~~en~chatt und 7echnik iei den Hef-
fenen", Neue Jahrbücher,
1914
,
l,
p.
Il sq.
174.
F. KUDLIEN,
·Wi~~en~chattfiche~ und in~t~umenteffe~
chi~u~gie", Sudhoffs Archlv 1961, Band 45,
p. 329 sq.
175.
Ibid.
p.
330 sqq.
Sur
les machines chirurgicales chez
Héliodore cf. B. FAUST, De machlnamentls ab antlguls
_1~ls,·ad'.repos1 t lonem art 1cu lorum 1uxa torum adhl bit 1s.
Conmentarlus ln Orlbasil
Ilbrum XLIX, Greifswald,
1912,
p.
II sqq.
176.
Articulations c.3 KUEHLEWEIN 115,1 sq. = LITTRE IV,
84,4.
177.
Ibid. c.4 KUEHLEWEIN 116,16 = LITIRE IV,
86,12.
178.
Ibid.
c.6 KUEHLEWEIN 117,12 = LITIRE IV,
88,8.
179.
Ibid.
c.38 KUEHLEWEIN 160,5-6 = LITIRE IV 168, [3-14.
180.
Cf. Fractures c.1 ~IN:46,16'sqqi47,1 sq·= LITTRE [[[,414,6 sqq.
e
18 I.
Sur ce point et
sur
la question du progrés au V- s.
av.
J,-C.,
on
lira avec
intérêt
l'article de
J. DE RCMILLY, "7hucyd.ide et f'idÉ-e de p~og~è~· in

136
Annall della Scuola Normale di Plsa,
n035,
1966
W. KLE 1NGlJNIliER,
''npw-roç
EÙPEn'iç" Phllologus,
supplt.
1933 ; H. HERTER,
'Die kuitu~hi~to~i~che
7heo~ie de~ hippok~ati~chen Sch~itt von de~ aiten
fled-i.zin· Wala J5,
1963,
pp.
464-483.
Voir
aussi
E.R. DODDS '7he ancient concept ot p~og~e~~ and
othe~~ e~~ay~ on g~eek iite~atu~e and ieiiet·, Oxford,
1973,
p.11
sq et
la discussion de W. DEN BOER,
'1'~0-
g~e~~ in the q~eece ot 7hucydide~', Wedellngen der
Konlnklljke, Nederlande Akademle van Wetenschappen
Afd.
LIlTE:RKlWE, N. R. XL,
2,
1977,
p.49.
182.
Sur ces
-r~xva~,
cf. Th. GOVPERZ,
Les penseurs de
e
la Grèce,
t. 1.,
3-
édi t ion,
1928,
p.
425,
note
1;
A.J. FESTUGIERE, Hippocrate,
l'Ancienne médecine,
p.
32,
note 10.
183.
Voir,
sur ce point,
J. P. VERNANT,
~R.ema~que~ ~u~
ie~ to~me~ et ie~ iimite~ de ia technique chez ie~
q~ec~', in Revue d'histoire des sciences t.X.,
1957,
p.
209 -
210.
184.
Cf.
Ibid.,
p.
210 sqq.
185.
A la différence des anatomistes
alexandrins Hérophile
et Erasistrate qui,
selon
le
témoignage de CELSE
(Préface au De re· medlclna
l,
1)
auraient meme
procédé il
la vivisection sur des
criminels,
et con-
nurent ainsi
l'intérieur
du corps,
la position des
organes,
leurs couleurs,
leur conformation,
leur
grandeur et
tout
le reste.
Sur
l'anatomie antique en

137
général
et
hippocratique en particulier/voir
E. LITTRE, Hippocrate, Oeuvres complètes
t.I.,
Introduction p.
236 sqq.; L. ElDESTEIN,
17he Deve1.ol'-
ment 0/ (j/leek anatomyl,
in BulletIn of
the hlstory
of medeclne 3,
1935,
pp.
235-248
;
Idem. Ole
Geschlchte der Sektlon
ln der Antlke.
in Quellen und
Studlen zur Geschlchte der Naturwlssenschaften
ln
der Medizln,
3,
1932. Trad.
angl. Anc. Med.
J. HOPKINS,
p.
247 -
301. R.
FUCHS,
IDe
[/la~i~t/lato
cal'ita /)e1.ecta l , Hermes XXIX,
p.
173 sqq. ;
L. CHOULANT, Hlstory and blbllography of anatomie
Illustration, New York,
1962
; F. KUDLIEN,
IAntike
l
Anatomie und men~ch1.iche/l Leichnam , Hermès XCVII,
1969,
pp.
78
- 94 ; Ch. SINGER, A short hlstory of
anatomy and physlology from the Greek to Harvey,
New-York,
1957.
186.
Articulations c.46 KUEHLEWEIN 175,2
sq.= LITTRE IV,
198,4.
187.
Maladie sacrée c.11 GRENSEMANN 78,19 sqq. = LITTRE
VI,
382,8 sqq.
188.
C'est
le cas
le plus général
dans
l'antiquité grec-
que. Cf, Histoire des animaux
1
16, 494 b,
22-25
c f,
é gal eme n t
t 0 u t
1e cha pit r e l 7,
d' 0 Ù
i 1 r e s sor t
que c'étaient
les animaux qui
étaient disséqués au
temps d'ARISTOTE. Dans ce dernier chapitre cependant
il
Y a une apparente confusion:
le naturaI iste com-
pare constamment
les viscères des autres
animaux à

138
celles de
l'homne,
ce qui
a pu
faire croire qu'ii
a
é gal eme n t dis s é q u é des
cor p s d' hmrres
( c ' est
no t am-
ment
le point de vue de E. LITTRE, Oeuvres complètes
d'Hippocrate LI,
Introduction,
p.
236 sqq). Mais
1e
f ait qu' i 1 n' a vou e à
a u c u n morne n t
une
telle
activité est significatif:
il
n'a pas da
la prati-
quer,
oU,s'il
l'a fait,
ce devait être
tout à
fait
di scrètement,
ce qui
prouvera i t
encore que
la di s-
section des cadavres
humains
était contraire aux
usages de
l'époque.
189.
Lettre d'Hippocrate a Damagète,
nOl7 LITTRE IX,
356,6 sqq.
190.
HEROIX>TE 1X 83.
191.
Sur
la question de
l'analogie hippocrat ique,
voir
la récente mise au point
de J.
JOUANNA (Hippocrate,
l'Ancienne médecine. Notes complémentaires p.
215)
,qui
rappelle
les divers
rapprochements,
faits depuis
longtemps par des critiques, entre
l'analogiehip-,
pocratique et
des penseurs
ou auteurs grecs du V~
siècle avant
J.-C., auxquels il ajoute Empédocle j
phi losophe présocratique ~ qui,
recourant à cette
méthode,
expl iquai t
le phénomène
interne de
la res-
pi rat ion par
l'analogie avec
le
fonct ionnement de
la clepsydre.
Le principe de
l'analogie, par
laqueile
des
phénomènes
invisibles
sont expliqués grace à
des phénomènes visibles,existe déjà chez Alcméon de
Crotone,
philosophe grec du VI~/V~ siècle av. J.-C.

139
(cr. DIELS/KRANZ Frag. 24 BI:
ncpL ,wv a<jluv€wv,
ncpL
'"
,wv ôv~,wv OU<jlnVE:LUV ~tv ôcoL ~XOV'L, 6t âvôpwnoLç
'E:H~[pE:OÔaL HuL ,~t~nç.
"Su~ ~e~ cho~e~ invi~ig~e~,
~u~ ~e~ cho~e~ mo~te~~e~,
~e~ dieu~ ont une connai~-
~ance ce~taine ;
quant à nou~ ~e~ homme~,
i~ ne nou~
e~t pe~mi~
de connalt~e ~'aveni~ que pa~ conjectu~e
à pa~ti~ de ~igne~".
192.
Ancienne médecine c.22 FESTIJGIERE 20,4 sqq,= LITIRE l,
626, 14 s q q./ 628, 1 s q q .
193.
LI TIRE VII l,
pp.
550 s q q •
194.
Cf. W. ABEL, "Die Leh~e vom B~utknei~~aut im C,H,",
He rmè s 86 (1 958),
pp.
192 - 2 1 9 e t F. KUDL1 EN ,
" UJ Ù ~
p.
332.
195.
ARISTOTE, Histoire des animaux
l,
17,497 a 30.
196.
Cr. é gal eme nt
l'a 1 1us ion à ces
â va ,oua L
dan s
Histoire des animaux
Ill,
1,511 a
13 sq.
197.
Sur
la médecine dans
les armées .dans
l'antiquité,
voir L. LAURAND,
"B~e~~€~ et médecin~ mi~itai~e~
dan~ ~'antiquit€", in Etudes,
150,
1917,
p.
495 sqq ;
O. JA<DB,
"Le~ cit€~ g~ecque~ et ~e~ g~e~~€~ de gue~-
~e",
in Wélanges Gustave Glotz vol.
2,
Paris, P.U.F.,
1932,
pp.
461-481.
198.
Epldémles V c.21 LITTRE V 220,14 sqq.
199.
Epldémles VII c.32 LITTRE V 400,22/402,1 sqq.
200.
Epldémles V c.62 LITTRE V 242,4 sqq.
201.
Ibid., c.46 LITTRE V 234,9 sqq.
202.
Ibid.,
c.47 LITTRE V,
234,15 sqq.
203.
Ibid., c.61 LITTRE V,
240,13 sqq./242,1 sqq.=
Epldémles VII
c.33 LITTRE V 402,6 sqq.

1'40
204.
Epldémles V c.95 LITIRE V 254,18 sqq./256,1 sqq. =
Epldémles VII c.121 LITIRE V,
466,13 sqq.
205.
Epldémles VII c.29 LITIRE V, 400.10 sqq.
20G.
EplaêMle$- V c.99 LITIRE V, 256,19 sqq.= Epldémles VII
c.30 LITTRE V 400.16 sqq.
207.
Diodore DE SICILE XVI 3 et 8.
208.
K. DEICHGRABER, Ole Epldemlen ••••
p.
144-146.
209.
In Bulletin de correspondance hellénique, Suppl.
n° l,
1973,
pp. 427-433.
210
Sur la Guerre des Aillés, voir entre autres N.G.L.
~ , A hlstory of Greece to 322 B.C. ;
éd ••
Oxford,
1959.
p. 486 sqq.
2lO a
Diodore de Sicile XVI,
21
210 13
F. ROBERT,
'La 8ataiUe de Dé.lo",'.
p.
429 sqq.
210 Y Presbeutlkos n027 LITIRE IX 410.5 sqq.
211.
Ibid. LITTRE IX, 422,2 sqq./424, 1 sqq.
212.
L'un est ê
la tete de guerriers venus de Tricca et
de
la rocailleuse lthomé,
tandis que l'autre cornrnan-
dalt aux troupes d'Oechalie ; trente vaisseaux manoeu-
vr a i en t sou s i e urs 0 rd re s (Ill ade 1 l,
v.
729 - 733 ;
IV,
v.2oo-202). Sur les médecins chez HOWERE,
voir
l'ouvrage ancien, mais toujours excellent, de
Ch. DAREWBERG, '[tude", d'A~ché.oLogie mé.dicale ",u~
1l01'lE.RE.',
in Revue d'archéologie, Juillet-Décembre
1865.
213.
XENOPHON, La République des Lacédémoniens 13,6. Parmi
les hommes dont Lycurgue a doté le roi ê
l'armée
figurent,
outre les états-majors et
les chefs d'armées,
des devins.
des médecins, des
joueurs de flOte,
etc ••.

141
214.
XENOPHON, Anabase III, 4,30.
215.
Du ~decin c.14 LITTRE IX 218,16 sqq!220,1 sqq.
216.
Avec cette réserve que j'auteur du passage termine
en faisant allusion â d'autres écrits sur
la ques-
tion dont
n'est pas précisée la date.

142
DEUX 1 EME
PART 1 E
L ' A C T I V I T E
R E F L E X I V E
DU
NlEDEC 1 N
HI P POCRAT 1 QUE

143
PREM 1 ERE
SOUS - PART 1 E
LA REFLEXION
SUR
LES
CONDITIONS
SCIENTIFIQUES
DE
L'ART MEDICAL
LI IMAGE
DU MEDECIN
AU
PLAN
INTELLECTUE;
*

144
Un trait caractéristique du médecin de
la Col-
lection Hippocratique est
qu'il
réfléchit
généralement sur
son art. Cette activité réflexive s'est exercée aussi
bien
à Cos qu'à Cnide ou ailleurs. En ce qui
concerne Cnide,
on
l'enregistre essentiellement dans
les
traités d'une époque
relativement
récente,
certaines circonstances
liées au mode
d'organisation de
l'école,
à
l'époque ancienne,
n'ayant pas
favorisé son développement(I).
Et de
fait
à Cnide,
on distingue deux périodes:
celle ancienne où
l'organisation de
l'école est
telle que
la
réflexion sur
l'art médical
est
nulle ou presque:
c'est
la période où
furent
rédigés
les
trai tés
purement
nosolo-
giques de Maladies
II - l a seconde partie,
la plus
ancienne
( c. 12 - 7 5 )1 pu i s
1a p r em i ère par t i e ,
rel a t i v eme n t
plu s
ré c en t e
(c. 1-11)- et Ma 1ad i es
Il l.
A l'époque ancienne,
l'organisation de
J'école
éta i t enCOre archal"que,
la personna 1 i té du médecin non
encore affirmée;
l'individu était encore soumis aux .pesan-
teurs généralement
liées aux associations de type commu-
nautaire.
Au contraire,
les
traités cnidiens plus
récents
d'Affections
Internes et
surtout Affections et Waladles 1
renferment des développements synthétiques sur
tel
ou tel
sujet médical
à
l'instar de ce qui
se passe à Cos,
qui
fut
1e
1 i eu pa r /?xce 11 ence
d e i ' é pan 0 u i s seme n t
dei a p ers 0 n na 1 i t é
du médecin grec. De même dans
les
traités gynécologiques de

145
de Nature de la femme et de Waladles des
fenmes l,
II et
Fenmes s tér Il es ( = Wa 1ad 1es des femnes
1 1 1 ),
on trouve
quelques réflexions sur
la saison,
le tempérament du malade,
son age. Ces
traités n'appartiennent pas au fondscnidien le
plus ancien mais a une époque plus récente où le conserva-
tisme de
l'école recule,
permettant
l'affirmation de
la
personnalité du médecin. On citera parmi
les
traités cnidiens
relativement
récents ceux de Foetus de sept mols, Foetus de
huit mols, Génération, Nature de l'enfant et Waladles IV.
Les
traités
issus de Cos
témoignent dans
l'ensemble
d'une grande activité critique de
la pensée:
citons An-
cienne médecine, Fractures et Articulations, Airs, eaux,
lieux, Pronostic, Waladie sacrée, Officine du médecin,
Aphorismes, Nature de l'homme, Prénotlons coaques et Pror-
rbétique 1 et
Il.
Deux trai tés déontologiques du V~
/lV~-
s. av.
J.-C.,
le Serment et
la Loi,
trois autres plus récents
celui du Wédecln (d'époque postaristotéI-iciennel, ceux de
Préceptes et de Bienséance (d'époque chrétienne), sont
également des produits de
la réflexion du médecin hippocra-
tique,
conrne 1e sont
le trai té de l'Art, consacré à
la
défense de l'art médical, celui de Vents,

l'air est loué
comme un principe universel cause de
la vie. et des maladies ,
et
les traités d'inspiration philosophique des Chairs et
du Régime.
Avant d'examiner
le contenu des
traités en ques-

146
tion,
il convient d'apporter
la précision qui
suit.
L'activité réflexive du médecin est dense.
Les
thèmes traités sont
souvent
identiques
à
ceux soulevés par
les sophistes,
ou en sont proches.
II
s'agit de thèmes
tels
que l'évolution de
l'humanité(2) qu'on trouve en effet chez
un PROTAGORAS(3) ou un ŒITIAS(4) ou un PROOIOOS(5}
la
conviction que seule
l'induction assure
la connaissance
sore(6). D'autres
thèmes sont encore communs au médecin et
au sophiste/entre autres
la nécessité d'éduquer(7). En plus,
les Hippocratiques recourent souvent aux mêmes procédés de
démo ns t rat ion que
1e s s 0 phi ste set pra t i que n t
1es même s
genres dans
lesquels ceux-ci excellent,
à
savoir
l'apologie
et
l'éloge(8). Pour ces raisons,
on a considéré certains
écrits hippocratiques) tels Ancienne médecine, Loi, Vents
et Art comme des oeuvres
rédigées par des sophistes. Or
il
- )
n'en est rien. En ce qui concerne
l'Ancienne médeclne(9),
on s'en convainc
facilement. D'abord
le traité, malgré
J 'effor t de clar té que son auteur s'impose en vue de
ramener
son discours à un niveau accessible au public qui
l'écoute,
composé de spécialistes sûrement mais aussi de profanes,
demeure cependant
, dan s
Je f 0 n d,
Jet r a va i 1 d' un homme
de:IJi§t'ler
il est
trop technique pour être
l'oeuvre d'un
sophiste polymathe(IO) aux connaissances médicales
forcément
approximatives.
Pour
les
traités d'Art et de Vents, communément
attribués par
les érudits à des sophistes(ll),
Il
est établi

147
de nos jours qu'un tel point de vue est erroné
l'a u t e u r d ' Ar t ,
qui
serait
un sophiste
faisant
l'apologie de
l'art médical,
n'en est pas
un;
il
est
un médecin réfutant des critiques
adressées à sa discipline(12).
Quant à
l'auteur des Vents,
bien qu'il
paraisse
si
proche··des sophistes par
son éloge de
l'air ainsi
que
par
son stylet 13),
il
demeure
fondamentalement
un médeci·n
dont
l'oeuvre contient
des
traits caractéristiques de
l'hip-
pocratisme. Un de ces
traits,
est
la· non-divinisation du
principe
loué,
l'air,
à
la différence des sophistes(14).
De même,
aucun médecin hippocratique n'est tm:pO-
c'est-à-dire à
la
fois médecin et sophiste.
L'ia·trosophiste est
un
personnage
tardif.
Il
est mentionné
dans
la Souda(15)
rapportant
le
témoignage de Damascius,
philosophe du V/VI~ s. ap. J.-C., sur Gésios,
qui
vivait
sous
l'empereur Zénon
(V~ s. ap. J.-C.). Ce Gésios aurait
accru,
selon Damascius,
plus que tous
les médecins et
iatrosophistes de son
temps,
la profession médicale.
Comme nous
l'avons exposé
plus
haut (16),
la
réflexion sur
l'art
se divise en deux parties:
celle sur
les conditions scientifiques de
l'art,
et celles sur
ses
exigences déontologiques. En
les étudiant successivement,
on révèle
l'image
du médecin d'abord au plan
intellectuel,
ensuite au plan éthique.

CHA
P I T
R E l
.A
LUT T E e 0
N T R E
L
1 G NOR A NeE
*

149
Si
l'on en croit
l'auteur d'Ancienne médecine,
=.:-=-=-=.;.:..=.~==~..:::
(I 7)
les mauvais médecins étaient
les
plus nombreux en Grèce •
( o t
XClXO(
l:E
XClt nÀELOl:OL
enl:pOL
•..
).
A
l'or i g i ne
de cette situation,
on trouve
l'ignorance. Car en Grèce,
aucun diplôme n'était exigé pour exercer
la médecine.
Pouvait
usurper
le
titre de médecin qui
voulait.
II
n'est
donc pas étonnant que
la profession ait été envahie par
des
individus dont
la
formation n'était
pas
solide,
lors-
qu'e Ile n' é t ait
pas
t 0 ut s j mp 1eme n t
nulle,
et
qui
pre-
naient
le masque du vrai médecin,
tout comme
les
figurants
dans
les
trag"'dies
revêtaient celui
de
l'acteur en
t i t r e :
·Demhne qu'en ettet,
écrit
l'auteur
de
la Loi,
(fe~ tigu~ant~) ont fe po~t, f'hatit et fe ma~que de
L'acteu~, aLo~~ qu'if~ ne ~ont pa~ de~ acteu~~, de mêm~
Le ~ont da"~ fe~ tait~' _,
wç; yà.p (;XELVOL OXnUCl utv xut
1 -
Ol:oÀ~v XClt np60wnov ÙnOXpLl:OU ~XOUOLVi OÛX ECot 6t
ÙnOXPLl:Clt,
OÜl:W XClt
Cnl:pot,
~~Un U~V nOÀÀot, ~py~ 6~
nayxu I3ClLOL (18)
D'où
la
lutte contre
[' ignorance caractéris-
tique des
auteurs hippocratiques,
qui,
à
l'évidence,
sor-
taient du
lot. Remarquable est
l'insistance avec
laquelle
ils
reviennent sur
le thème de
l'ignorance, malgré les inC(JTJJlré-
... / ...

150
hensions
rencontrées(19),
et
qui
rappelle
l'acharnement de
SOCRATE à mettre à
nu
le meme mal
chez ses contemporains
.
(20)
et à
1e corriger

Les
incidences
psychologiques de
l'ignorance sont
analysées dans
la Lol(21)
.~ .
-L'igno~ance e~t un mauva~~ avo~~1 un mauvai~
tond6pou~ ceu~ qu~ la po~tent nu~t et jou~ en
eu~ ;
elle n'a pa~ pa~t à la cont~ance et à la
la témé~~té, ~nd~ce d'~gno~ance. Il y a en et-
Savoi/l.,
c' e.-t:J1. la -t:Jcie.nce. ,.
c/to'<'.Il..e. oavo.i.Jl., c' e.-t:Jt
l.'igno/l.ance. lI •
Un portrait
des charlatans en médecine se
trouve
dans
le traité récent
des Préceptes(22).
Ils y sont
peints
comme
incapables
de comprendre
les
recommandations
de per-
fectionnement
personnel
et
de bonté envers
les malades(23).
Personnages dans
les profondeurs de
l'ignorance
(tOVTEs
ils sont
la honte de
la pro-
fession
(
)(24). PropulséS au premier
rang du
jour
au lendemain,
ils
ont
besoin de chance(25)
(TUXTls YE
J. Grace à leur attirail cependant, ils
réussissent
le
tour de
se
faire apprécier dans
tous les <;as par
les riches mala<les. que leur mal connais,se un amendenent ou qu' i 1 ~i re :


151
ùrro
TLVWV
E:ûrropWV HaL
âo5E:vWV
~V600LV
avaÀct)l~avov~
Érri XE:tpov. Fanfarons,
)(27),
ils négli-
"gent
les' règles de
l'art ,(
HaTa)lE:)lE:ÀJ)HOTE:Ç
Hat

Tnç
T~XVJ)Ç âVUITE:6Tuva) (28)
et peuvent,
grace aux amendements fortuits de
la maladie,
se maintenir
longtemps auprès de
leurs victimes qu'i Is ex-
ploitent. Ancrés dans
la haine de ce qu'ils considèrent
corrme un malheur,
être aidés,
ÉVOVTE:Ç
ÉV
)lLOO-
rrovJ)p(J)
~OJ)5J'\\OLOÇ)(29), ils se gardent d'appeler d'autres
médecins
lorsqu'ils
se trouvent devant un cas qui
les
dépasse : ~uÀaoOO)lE:VOL tT~PWV LJ)TPWV ÉrrE:LoaywyJ'\\v (30).
Avant de donner des exemples précis
illustrant
le combat contre l'ignorance,
il convient d'apporter une
précision. Selon
l'auteur d'Articulations, on rencontrait
des erreurs dans
le
traitement de l'épaule
luxée jusque chez
des mé de c i n s qui,
par ail Jeu r s,
ne ma n qua i en t pas de mé rit e . (3 1)
Cette remarque est certainement valable pour
les autres
domaines de la médecine aussi
les bons médecins n'étaient
pas à
l'abri
d'erreurs. Et parmi
les nombreux reproches
d'ignorance dans
la Collection, on'ne discerne pas
toujours
ceux qui
sont adressés aux imposteurs et ceux qui
sont
faits
à
des médecins honorabJes par ai lIeurs. Wais comme ces
reproches participent
tous de cet esprit critique fécond
qui rllTllt tout GI1 qUGat Ion, dans l'intention de réduire 'l'ignorance et

152
d'rur.éliorer
les performances de
la médecine,
nous allons
les présenter --ou du moins un certain nombre-- tels qu'i ls
ont été émis par
leurs auteurs-- pour
Illustrer
la
lutte
contre l'ignorance dans
la Collection.
1 - *EXENPLES lLLUSlRANT L' ICNJRMk:E DES WEDECINS D'APRES
LES AUfEURS HIPPOCRATIQUES
Pour
les Hippocratiques,
l'une des manifestations
de l'ignorance et de son corollaire,
le charlatanisme,
était
le recours il des superstitions,
pour expiiquer
les maladies.
Le cha ria tan se dé fin i t a 10 r s comme j' i n div i du qui,
i g n 0 r a n t
le mode de production d'une maladie donnée et
incapable par
conséquent d'y apporter
le bon remède,
se retranche derrière
la divinité pour cacher son ignorance. C'est ainsi
que
l'auteur de
la Waladle sacrée expl ique la démarche des char-
latans,
lorsqu'il écrit
'C€Ux
qu~/ l€~ p~€mi€~~, ont ~ac~ali~i C€tt€
maladi€
(i .e.
l'épi lepsie), ~ont d€~ homm€~
t€l~ qU€
~ont aujou~d'hui €nco~€ l€~ mag€~/
l€~
expiateu~~, le~ di~€u~~ d€
Konn€
av€ntu~€ €t
le~ cha~latan~ qui tont ~emKlant d'lt~e pieux
et d'avoi~ une ~ci€nce ~upi~ieu~e. Et a~~u~iment
Ce~ individu~, alliguant le divin et ~e ~et~an­
chant de~~iè~e lui,
pou~ ~e p~otige~ cont~e le
~ep~oche d'êt~e incapagle~ de diteni~ un t~ai-

153
tement utiie et pou~ ne pa~ êt~e convaincu~
d'igno~anceJ ont déc~été que ce mai était
"
(32)
/Jac/l. é

Contre de
telles explications nourries par
la
crédulité populaire,
les Hippocratiques se dressent sans
relâche, comme en témoigne
l'étude que nous y consacrons
au chapitre suivant de notre exposé.
D'autre part,
ies Hippocratiques mettent sur le
compte de la méconnaissance de certaines notions physiolo-
giques et anatomiques,
sur
le compte également de méthodes
propres à éloigner
le médecin de' la réalité des
faits et
d'autres insuffisances encore,
Jes
nombreux errements dans
ies diagnostics et
les
thérapies.
lis relèvent sans cesse
ces errements et
les critiquent, et,
à
leur place,
ils
proposent des alternatives.
Ainsi,
au chapitre 33 d'ArtIculations,
l'auteur
dénonce les médecins qu'il appelle non sans
ironie "pe~~on-
nage~ dont i'haRiieté e~t dépou~vue de jugement"
(
0 t
lJ.l')
Eùv
vo~ EÜXELPEG )(33). Ceux-là appliquent
i ndi fféremment,
dans n' impor te que Ile fracture de
la
mâchoire, des bandages compliqués
(tnLotouoL yvaôov
or,
explique-t-il,
tout
bandage dans ces cas abaisse plutôt
les
fragments d'os vers
le lieu fracturé plutôt qU'il
ne les redresse. La critique
s'accompagne de
l'exposé du traitement approprié.

154
Le chapitre 35 du même traité expose parei Ilement
la pratique aberrante,
selon l'auteur,
des médecins qui,
dans
les
fractures du nez avec dépression des
fragments,
comme dans celles où ce dernier subit une déviation latérale,
appliquent
inopportunément un bandage compliqué et nuisible,
en l'occurrence,
le rhombe(341. Les auteurs de ces bandages
sont
la cible de
la verve sarcastique de
l'auteur qui
les
accuse d'être "deh genh que ~Ljouihhent leh geaux gandageh
/aith
hanh intelligence"
( ot
lWÀfjOl
Ô.VE:U
VOOU)
et "qui ahpi~ent à
Tflv
âv611TOV
t!:nLT1l6E:UOVTE:G
J.
Ils sont mis en scène,
dans
un tableau tragi-cmnique,
exerçant avec une sotte fierté
leur dextérité sur des victimes qui
ne tardent pas A se
rendre compte du mal commis sur eux.
On rappellera aussi
le chapitre 1 d'Articulations
où est signalée une erreur
fréquente de diagnostic de la
luxation de l'épaule, erreur rapportée â
la méconnaissance de
l'anatomie de celle-ci. (35)
Avec un faux diagnostic,
les
luxations
fréquentes
de
l'épaule ne sont pas généralement traitées correctement,
fai t
remarquer
l'auteur d'Articulations c. Il
:
"Impo~tant eht l'enheignement de la maniè~e dont

155
i l
taut
t~aite~
le~
lu~ation~
t~équente~
de
l'épaule ...
Ca~
je
ne
connai~
l'e~~onne
qu~
le~
t~aite
co~~ectement
i
le~
un~
ne
~'y
e~~aient
<
meme
l'a~
tandi~
que
aut~e~
ont
de~ concel'tion~
et
de~ l'~atique~
cont~ai~e~
à
ce
qu~
e~t
utile.
NomB-~eu~
~ont
le~
médecin~
qu~
ont
cauté~i~é
de~
él'aule~
~ujette~
à
<le
lu~e~
et
~u~
le
mO-Lgnon,
et
en
avant,


la
tête
de
l'humé~u<l
l'~oémine,
et
un
l'eu
en
a/uL-ièn..e
du
mo~gnon.
Ce~
<le
lu~ait
en
haut,
Ou
en
avant
ou
en
Œ/ul.iè./l.e /
conviend~aient
i
ma-L~
comme
le
c€~
~ont
l'lu~
l'~ol'~e~
à
l'~ovoque~
la
lu~ation
qu'à
y
tai~e
oB-~tacl€.
en
ettet,
en
cau-
~ant
le
~ét~éci~~ement de
l'e~l'ace
~ul'é-
~~eu~, --qu~
€<lt
la~ge--
dan~
lequel
~e
~itue
la
tête
de
l'humé~u~,
elle<l
l'en
cha~~ent.
Voici
comment
i l
ta ut
l'~atique~
ce<l cauté~i~ation~'. (36)
1 1
convient
de
noter
1c i
1a
démarche
didactique
de
l'auteur
qu i ,
après
avoir
exposé
les
erreurs
des
médecins,
les rectifie
en
donnant
à
chaque
fois
les raisons
de
ce qu'il
avance,
et
pro-
po s e
ce
qu 1 i 1
juge
utile
au
malade.(37)
... / ...

156
Des erreurs sont dénoncées aussi
bien en chirur-
gie,
comme nous venons de le voir,
qu'en diététique. Dans
Ancienne médecine,
les erreurs sur
le régime des malades
sont
imputées à une mauvaise méthode médicale:
c~n~ o~al~m~nt ou pa~ éc~it, en ~e tixant COmme
hypothè~e de dépa~t le po~tulat du chaud ou du
t~oid ou de l'humide ou du ~ec ou tout ce qu'il~
veulent d'aut~e, ~implitiant ain~i la cau~e
tondamentale de~ maladie~ et de la mo~t en at-
t~iRuant à tou~ le~ ca~ la même cau~e pa~ce
qu'il~ n'ont ~uppo~é à la Ra~e qu'un ~eul ou
deux tacteu~~, ~e t~ompent manite~tement ~~en
( 38 )
que pa~ ce qu'il~ énoncent là"
Les médecins visés
ici
sont ceux qui,
partant à
tort,
selon
l'auteur,
d'hypothèses,
pensaient que
l'homme
était constitué de chaud, de froid,
d'humide ou'desec,
se
méprenant ainsi
sur sa vraie nature. L'observation de
l'homme montre qu'il est constitué d'une
infinité de subs-
tances ou humeurs douées des propriétés
les plus diverses
et en nombre et en force(39).
La méconnaissance de la constitution humaine par
défaut d'une bonne méthode de départ entratne celle du
mécanisme de production des maladies et par conséquent des
erreurs de
thérapie. En santé,
les humeurs
sont
dans une

157
proportion définie chez chaque individu. Dès que
l'une
d' elles s'accrolt anorma lement,
j'équilibre se rompt et
1a
maladie s ' i ns ta Ile (40) •
Les effets du r ég ime sur
l'accroissement des
humeur s sont déterminants. Les aliments et
les boissons que
nous
ingérons ayant
les mêmes propriétés que nos humeurs,
ils accroissent chacun
l'humeur qui
lui correspond,
lors-
qu'ils sont pris en très grande quantité. Aussi,
pour con-
duire correctement
le
régime,
le médecin doit-il connaltre,
pour chaque individu,
la relation causale entre
les aliments
et boissons qu 1 i 1 ingère et
les humeurs qui
leur corres-
pondent chacun afin d'établir
lesquels parmi ceux-cl
lui
sont nuisibles,
et
les supprimer.
L'ignorer,
c'est cOlnnettre,
pense
l'auteur d'An-
cienne médecine/de graves erreurs dans
le régime des
maiades, par exemple enlever ce qui
n'est pas en cause et
est même utile. Nombreux, à ce qu'il dit,
étaient
les méde-
cins qui
tombaient dans cette erreur:
'J~ ~ai~ qu~ la plupa~t d~~ méd~cin~, comm~ l~~
p~otan~~, ~'il ~~ t~ouv~ qu'aux ~nvi~on~ du
jou~ c~la ~'~~t p~oduit (Le.
le trouble),
le malad~ ait tait qu~lqu~ innovation,
qu'il
~~ ~oit gaigné, qu'il ait tait un~ pnom~nad~
ou ait mangé qu~lqu~ m~t~ dittén~nt ~t qu'iL
vaill~ m~~ux en tout c~la ~'êtne ain~i t~aité

158
que de ne pa~ Le tai~e, La pLupa~t de~ midecin~
n'en att~iluent pa~ moin~ La cau~e à queLqu'une
de ce~ innovation~, pa~ igno~ance de La v~aie
cau~e, et ~upp~iment ce qui peut-êt~e itait Le
pLu~ utiLe,(41).
L'auteur du Régime dans les maladies aiguës s'ef-
force de prouver que
les médecins ne dirigent
pas convena-
blement
Je régime des malades:
'Tout ceLa p~ouve ampLement que Le~ midecin~ ne
condui~ent pa~ lien Le ~igime de~ maLade~,(42),
dit-il en concluant
une série de pratiques qu'il
juge aber-
rantes.
Les médecins n'avaient pas en général
la curio-
sité de chercher
le bien-fondé de telles pratiques, mais
au contraire,
ils
les mettaient en oeuvre systématique-
ment
:
'Voici de~ notion~ qu~ ~ont igno~ie~ de~ mide-
cin~ : pou~quoi, dan~ Le~ maLadie~, Le~ un~ pa~-
~ent-iL~ tout Le temp~ à donne~ La dicoction
d'o~ge avec Le g~ain mlme, pen~ant lien tai~e,
tandi~ que d'aut~e~ tont tout pou~ que Le maLade
n'avaLe pa~ un ~euL g~ain (ca~ iL~ pen~ent qu'iL
en ~i~uLte~ait un g~and maL), et
ne
donnent
La
d~coction
qu'ap~è~
L'avoi~
pa~~ie
pa~
Le
tiLt~e
?
D'aut~e~
entin ne
voud~aient

159
donne~ la décoction d'o~ge n~ avec le g~a~n, n~
tilt~ée. Le~ un~ ju~qu'à ce que le malade en
ju~qu'à ce que la maladie ~oit jugée. Le~ méde-
~oulevaient, n'en t~ouve~aient-il~ pa~ la ~olu-
•.
.(43)
~~on.
A propos de
l'administration des boissons dans
les maladies aiguës,
les
remarques de
['auteur sur
les
habitudes des médecins sont aussi
négatives
'
• • • • (44)
ce qu
~~
rau~.
Les médecins visés avaient
l 'habitude de dessé-
cher au début
les malades
par une diète absolue pendant
un ou deux
jours ou même davantage;
ensuite seulement,
ils
leur administraient des décoctions et des boissons.
La polémique sur
les boissons se poursuit
p~e~c~ivant la décoction d'o~ge non tilt~ée) ne
~avent pa~ que le mal ~'en t~ouve agg~avé) lo~~-

160
lLe ~~ au délui on Le p~end d'une taçon qu~ ne
. "
.(45)
conu~e.n-4- pa-1.
Dans
le Régime dans les maladies alguës(46),
des
erreurs dans
le régime des patients sont associées par
l'auteur à
l'incapacité des médecins de distinguer
les
causes des différentes espèces de faiblesses qui survien-
nent dans
les maladies
inanition ( It<:ve:uyye:LllV ),
ou
quelque autre cause. Les médications prescrites,
dans ces
conditions,
n'étaient pas adéquates. Ainsi pouvait-il ar-
river qu'un malade affaibli soit soumis à
la diète,
alors
que sa faiblesse avait pour cause l'inanition.
Relativement aux purgations, Régime dans
les
maladies aiguës
(Appendice) contient une critique de
l'usage
des purgatifs administrés avant
la maturation des maladies
aiguës où il Y a des engorgements d'humeurs,
car de
tels
purgatifs affaiblissent
les patients (KUEHLEWEIN c.5,
148,15 sqq = LITIRE II, c.4, 402,3 sqq).
L'auteur de Maladies
IV critique
les purgations
faites
les
jours impairs en accusant ·Le~ anc~en~ médec~n~·,
en l'occurrence les anciens Cnidiens, envers lesquels
il
est parfois très critique(47), d'avoir
tué des malades en
procédant de la sorte(48). Dans
le domaine gynécologique,
1e même au t e ur,
à
qui
l' 0 n a tt r i bue 1a cou che C des t rai tés
gynécologiques(49),
reproche également aux médecins,
au
2 d
Ma 1 d 1
d
f
'1 ( 501
.
.
à
~.
e
a
es
es
emmes
qUI
appartIent
cette
couche{SI), d'inciser
inopportunément
les tumeurs survenues

161
à
l'aine à
la suite d'une suppression prolongée des règles
et cela parce qu'ils ne savaient pas ce que c'était,
tandis
qu'en Waladles des feDllles
1 c.6Z(5Z),
il
incrimine des
médecins dans certaines morts de femmes parce que,
affirme-
t - il,
ils ne s' i n forme n t pas deI a cau s e deI eu r s ma 1ad i es
et qu'ils
les traitent comme des maladies d'homme.
Il
*CXl'JSEQUENÇES DE L' I~ DES WEDECINS
al Sur les malades
Les malades subissaient
les conséquences
légères
ou lourdes -selon leur état et
la gravité des erreurs de
thérapies- des médecins(54). L'auteur des Préceptes(55) en
éprouve un sentiment de révolte:
"If ~~t dommag~ (HaH6v), écrit-il, qu~ f~~
(TotaL âvaLTCOLOLV
WÙJL Tlilv HajlV6VTWV
(LITIRE)
TO'COLV où6tv aC1:loLaL
(FLElc""'~
1
~,
op.c t.,
p.33).
De même,
dans Bienséance, est évoquée la nuisance
fatale (ôÀE3pov
qui découle de l'ignorance du médecin(56l
Contrairement au médecin égyptien dont la responsabilité
était engagée lorsqu'il était prouvé que l'échec de la cure

162
~
d
d
-d'
1(57)
était du au non-respect
u co e me
Ica
,
le médecin
grec,
lui,
dans
pareil
cas,
ne risque pas
plus
que
le
déshonneur et
le discrédit,
comne
j'atteste
la Loi
~oüvns Év 'DOL rr6ÀEoL oû6~v wpLo,aL, rrÀnv
â60ECns· a5,n 6~ ou ,L'PWŒKEL ,oùs ÉE aû,Énç
OUYltEL~~VOUs
(58)
.en vi.. v.e.ni " .
et Bienséance
O[nOLS Yap ~aÀLoca Êv tn'PLltn aC,Cnv
~~v TotaL ltExpn~~voLoLv(59)
ÔÀE~POV 6~ 'OtOL XPEO~~VOLOLV
OÀE.3pOV 6~ ,0tOL XPEO~ÉVOLOLV(60) ÉrrLcpÉpEL.
"L"
' t '
(61)
-<..mag-<..na -<-on
~n méd~cin~,
~~t pa~ticulié-
t
~~cou~~n ,
~ t
"
.(.a p~~ t ~ d ~ c~ux
'
qu"-
t
~on
t
'
~a,,- t ' "
~~
(6't)
"
"châtim~nt~", évoquéS dans
Ancienne médeclne(63),
comne
frappant
les médecins
quand
leur
ignorance éclatait
au grand
jour il
la suite d'une grosse
erreur de thérapie,
ne
sont
rien d'autre que
le déshonneur
et
1e b i aIne me nt ion n és ci - des sus.

163
b) Sur la profession
-
(64)
D'après
le Régime dans les maladies algues
,
il
semble que
l'ignorance des notions médicales
importantes
par
les médecins ait attiré sur
toute la profession une si
grande défaveur dans
le pub! ic
(6Laj30)d,!v
teu de~ accu~aiion~ du puilic', qu'on s'imaginait que l'art
médical n'existait pas
(W;; lJI)6ê:CoH~ELV~:>w:ç CTrrpLHflV d\\Xl.L) (65).
La médecine,
selon
ia Loi,
de toutes
les professions
la plus
noble,
S'était désormaiS
laissée dépasser par
les autres arts
à
cause de l'ignorance de ceux qui
la pratiquaient et de
ceux qui
les
jugeaient à
la
légère·
CTrrpLHf! TEXV~WV jJ.ê:v
naoEwv ~OH v ~n LCpaVEOT(hW 6 La.6ê: ajJ.aô LliV TWV TE XPEOjJ.ÉVWV
aÛTfj Hat TWV ECH~ TOÙÇ TOLOuo6E KpLV6vTWV, nOÀu TL naOEWV
n611
TWV TEXVÉWV anoÀdnETaL (66) •
III
*RENEOES CXNIRE L' IGNCRANCE DES WEDECINS
Aussi,
pour redorer
l'image de la médecine, mais
surtout dans
"intérêt du malade,
les Hippocratiques propo-
sent-iis aux confrères une série de mesures salvatrices.
Ainsi
incitent-ils
le médecin embarrassé devant un cas à
solliciter
l'aide d'autres collègues:
' I l n'y a aucune honie ~i un médecin, pe~ple~e
devani un ca~ ei ne voyani pa~ clai~ à cau~e
à veni~ pou~ un échange d'idée~ ~u~ le ca~ ei
pou~ i~ouve~, en i~availlani en~emile, la ~o­
luiion qui ~ecou~~a le malade.,(67)

164
Wais
les Hippocratiques pensent surtout tirer
leurs confrères de
l'ignorance en
les
instruisant. On a pu
apprécier plus haut
l'effort didactique déployé par
les
auteurs hippocratiques pour
remédier à
l 'ignorance(68).
L'auteur de
la Loi,
après avoir déploré l'ignorance
des médecins de son temps,
établit une série de conditions
à
remplir pour posséder une connaissance sérieuse de
l'art
~elle~ i tout e~t va~n lo~~qu'on veut cont~an~e~
la natu~e' ( 69 ) •
Il
faut ensuite,
après
les dons naturels,
l'en-
seignement
(6L6a(J]{aÀLll
)(70) et de
l'intelligence (,po-
nou Eû~utoç)(71)
l'éducation doit commencer dès
j'enfance
(naL6o\\.m{Hll)(72),
l'instruction tardive (6ljJq.m{Hr/(73)
ne
favorise pas
l'excellence(74)
l'amour du travail
(~LÀono-
,
) (75)
VLT)
est également une condition indispensable.
II
faut
enfin consacrer au travai 1 un long temps
(xp6vou
; xp6vov

(76 )
nouÀuv).
*
*
*
S'inscrit dans
la
lutte contre l'ignorance, comme
( 17\\
nous l'avons annoncé plus haut
;Ia critique, parfois très

165
véhémente,
par
les Hippocrat i Ques,
des expl i cat ions
supers-
titieuses des maladies.
Le médecin hippocratique
fait

un effort de rationalisme,
Qui
ne
se
transforme cependant
jamais en athéisme.

166
-=
R E N V O I S
=-
1. Sur l'évolution de
l'école de Cnide, voir
l'ouvrage
fondamental de J. J~, Hippocrate, pour une archéo-
logie de l'école de Cnide. Voir notarrment
les
p.
14
16 ; 254 sqq et 449, consacrées à
l'évolution de la
personnalité de
l'individu à Cnide.
2. Cf. Ancienne médecine c.3 FESTUGIERE 3,1 sqq.= LITTRE l,
574,8 sqq./578,1 sqq.
3. Voir PLATON, Protagoras 320 c sqq.
4. Cf. pour CRITIAS, Die Fragmente,
88
B
25
=
Sextus,
Wath.,
IX 54.
5. Pour PRODICOS, voir Die FraêTIente, 84 B 5.
6. Cf.
infra, p.255 sqq.
7. Cf.
Infra,p.l49sqq.Pour
les sophistes, cf. Die FraêTIente
82 A 8 a ou 84 A 4 = PLATON, Apologie 19,1 d'où il res-
sort que PRODICOS, GORGIAS et HIPPIAS auraient proclamé
cette nécessité. Sur
la convergence des
thèmes traités
par les sophistes et
les médecins, cf. H. WANNER,
op.c1t., p. 88 sqq.
8. Pour
l'apologie,
voir
l'Art et pour l'éloge,
les Vents.
L'Eloge d'Hélène de GORGIAS (cf. Die FraêTIente ••• 82 B
Il), de même que
la Défense de Palamède (Ibid. 82 B II a)
du même auteur,
sont des modèles fameux des genres en
question. Sur
les procédés de démonstration caractéris-

167
tiques du discours épidictique,
voir
J.
JOUANNA, Hip-
pocrate. Des vents.
de
l'Art,
p.
la sqq. On ajoutera
aux procédés
recensés
par
J.
JOUANNA.
l'usage du
raison-
nement
syllogistique
tel
qu'on
le
trouve dans Ancienne
médecine c. 1 FESTUG1ERE 1,8 -
16 = L1TTRE 570,8 -
13/
572,
1- 4,
0 u
1b id.
c. 9 FESTUG 1ERE 7, 8 -
17 = LI TIRE 1 l ,
588,4 -
14
ou encore Waladle sacrée c.17 GRENSEWANN
88,3 -
8 = LITIRE VI,
394,1
-
8.
9. F.Z. ERWERINS,
(Hippocratis et alforum medicorum veterum
reliquiae t.
Il,
Trajecti
ad Rhenum,
1862,
p.
5-19)
fa'isai t du
trai té
de
,'Ancienne médecine
l'oeuvre d'un
sophi ste auteur également
de
la Loi
et
de
l'Art.
la.
Un exemple de sophiste
polymathe est HIPPIAS.
qui
pré-
tendait
à
un savoir global
gr.'l.ce auquel
il
se disait
en
mesure de
traiter
de
toutes
les
disciplines
humaines
cf. Die Frawnente 86 A 12
= PLATON. Hippias mineur 368 b.
II.
Pour A~t, cf.
notamment Th. ~ERZ. Die Apologie der
Hei IkuDst.
Sitzungsberichte der Kais. Akademie der Wis-
senschaften
in Wien.
Phi losophische historische klasse,
2 n d e
d
e ., Leipzig,
1928,
p.
27
; H. DILLER.
Hlppokrates,
Schrlften...
p.
187-188
; E. DUPREEL, Les Sophistes,
Neuchlltel,
1948.
p.
242 - 2 5 1.
Po u r Ve nt s,
cf. A. NEL$OIl.
Ole hippokratische Schrift
TIcpt
(j)uawv ,
p.
W.H.S. JONES, Hlppokrates, Harward university
press,
vol.
Il,
1952,
p.
221
sq.

16B
12. Sur cette question,
cf.
la mise au point
de 1.
JOUANNA,
HIppocrate. Des Vents,
de
l'Art,
p.
179 sqq.
13. Cf.
la comparaison de Vents
avec
l'Eloge d'Hélène de
GCRGIAS, par J. JOUANNA, Hippocrate. Des Vents, p.
10
s q q.,
qui
n' en con c 1ut pas,
a r g ume n t s à
l' a p p u i,
que
l'auteur de Vents est
un sophiste.
14.
Ibid.,
p.
30 sqq.
15. Suidae Jexicon,
éd. A. ADLER,
Teubner,
l~
éd.
1928,
t.
l,
s.v.
16. Supra,
p. 120.
17. Ancienne médecine c.9 FESTUGIERE 8,2 sq. ~ LITTRE "
590,9.
lB.
L'image est
de
l'auteur
de Loi,
c.l LITIRE IV,
638,8 sqq.
19. Cf. Articulations c.1 KUEHLEWEIN
111,12 sq·/112,1
sqq.~
LI TIRE 1V,
78, 9 s q q./ 80, 1 .
20.
Précisons cependant
que
le
phi losophe s'en prend plus
précisément à
l'ignorance en matière de sagesse et
non
pas à
l'ignorance en général.
Le publ ic qu' i 1 prétend
éduquer n'est
pas celui
constitué par
le 'vufgu~', mais
par des personnages déjà aptes à
la dialectique.
21. Lo 1 c. 4 LI TIRE 1V,
640, 1 5 s q qo( 642, 1 s q.
22. Préceptes c.7 LITIRE IX,
258,16
sqq.
23.
Ibid.,
1.
16 sq.
24.
Ibid.
1.
17.

169
25.~t;esl.18;
à
rapprocher de PIATON,Gorgias, 448 c 6
26.
1 b id.
c.7 LiTIRE IX,
258,18/260,1
sq. LITIRE donne
la
leçon
~}{a"IE':pT)
tnnuxEn.:J-'ai c.hoL!>i .la .l12.çon
donn"-12. pa/[ fLUSCliER:
~}{6.n;pol.
tnt
"IEUXEOl.,
op.cit.,
p.
39.
27.
Ibid •.
c.7 LITTRE IX,
260,2.
28.
Ibid.,
p.
260 1.
2 sq.
29.
Ibid.
1.
7 sq.
30.
Ibi d.
31. Articulations c. 13 KUEHLEWEIN
133,10 sqq.= LITIRE Il,
116,10 sq.
32. Waladie sacrée c.1 GRENSSVANN 60,21
sqq.= LITTRE VI,
354,12 sqq.
33. Articulations c.33 KUEHLEWEIN 152,16 sqq = LITTRE IV,
154,6 sqq.
34.
Sur
1e rh omb e,
c f.
i n f ra,
p. 348 s q •
35. Ar tic u 1a t ion s c . 1 KUEHLEWE 1NIl 1 , 1 s q q./I 12, 1 s q q. = Li TTRE
IV,
78,1
sqq./80,1
sqq.
36.
Ibid.,
c.11 KUEHLEWEIN 127,12 sqq/128,1
sqq.= LITIRE IV,
104, 16 s q q./ 106, 1 s q q •
37. On pourrait multiplier
les exemples
d'errements, mais
on se contentera
de
ment ionner; entre autresj les erreurs
dan s i e t rai t eme n t
des
i n c u r vat ion s
deI a colon ne ver-
tébra le :
ignorant
que
les ver têbres
sont
surmontées sur

170
face externe d'apophyses épineuses
(Articulations c.46
KUEHLEWEIN 175,13 sq·= LlTIRE
IV, 198,13 sq.),dès qu'une ou
plusieurs de celles-ci
subit
une
frectute et que
l'en-
droit
lésé se déprime au dessous
du
niveau du
reste
( 1b id. KUEHLEWE 1N 175, 19 s q q. = LI TIRE
1V 198, 18 s q.),
1e s
médecins croient,
di t
l'auteur,
que ce
sont
les vertèbres
qui
se sont enfoncées en avant
(IbId. KUEHLEWEIN 175,22/
176,1
= LlTIRE [V,
198,20 sq.)
et
son t
donc
luxées. Ce
faux diagnostic,
selon
lui,
les
fait
recourir li
tort
li
la succussion
(sur ce mot,
cf.
Infra,
p. 349),
procédé
dont
l'auteur se méfie.
Voir également Fractures c. [
KUEHLEWEIN 46,5 sqq,= LlTIRE 111412,4 sqq/414,1
sqq.,

la constitution véritable du
bras échappe aux méde-
clns
raisonneurs
(
oL
oocp L~6\\.lEVO L ) qui,
partant d'idées préconçues et
non
de
l'observation,
croient bon de bander
le bras
luxé ou
fracturé dans
la
position de
l'archer ou dans
la
supination.
L'auteur
d'Articulations c.51 KUEHLEWEIN
189,9 sqq, = LlTIRE IV,
224,14 sqq·/226,1
déplore parei llement
l'inexpérience des
médecins
(cf.
OL
Crnpot
"
. c i '
)
aL
llELpLllV
'"
en
matière de traitement de
la
luxation en dedans du
fémur,
tandis que dans Fractures c.31 KUEHLEWEIN 93,18 sqq./
94,1
sqq. = LlTIRE Il 1,524,17 sqq./526,1
sqq.,
le fal t
d'exer-
cer
une pression sur
une
fracture
avec plaie
le
troi-
sième ou
le quatrième
jour est
considéré comme une erreur
de thérapie et condamné.
38. Ancienne médecIne c.1
FESTUGIERE 1,1
sqq. = LI"rTRE l,

171
570,1
sqq.
39. Ancienne JŒdeciue c.12 FES1tGIERE 10,5 sqq. = LITlRE 1, 596,6 sqq.
40.
Ibid. FESlUIIl'RE 12,9 sqq. = LlTIRE l,
602,12 sqq.
41.
1b 1d • c. 2 1 FESnx;1l'RE 19 , 13 s q q. = LI TIRE l,
624, 14 s qq •
42. Régime dans
les maladies aiguës KUEHLEWEIN c.41,
129, 13 s q q. = LI TIRE 1 r c. 1 l,
308, lOs q./ 3 10, 1 .
43.
Ibid. KUEHLEWEIN c. 7,
1 12, 9 s q q. = LI TIRE l , , c.3 238,10 sqq.
44.
Ibid. KUEHLEWEIN c. 26,
122,2 sq. = LI TIRE 1 1 c.8,
278,8
sq.
45.
Ibid. KUEHLEWEIN c.40,
129,3 s qq. = LI TIRE 1 1 , c. 1 1 ,
308,2 sqq.
46.
Ibid. KUEHLEWEIN c.43,
130,18
sqq.= LITIRE Il,
c.11,
314,12/316,1
sqq.
47.
Cf. Waladies
IV,
c.56,
JOLY 119, l8 sqqll22,3 = LITTRE
VII,
604,18 sqqJ606,1
sqq.
48.
Ibid.
c.47 JOLY
103,4sq'
=
LlTIRE VII,
576,1
sqq.
49.
Vol r supra,
p.66.
50. Waladies des femmes
1 c.2 LITIRE VII l,
20,10 sqq.
51. Cf. H. CRENSEN'AJIN, Knldlsche Wedizin,
p.
98-99.
52. LITIRE VI Il,
126,10 sqq.
53. Cf. H. CRENSEN'ANN, Knidische Wedizin,
p.
99-123.
54. Ancienne médecine c.9 FESlUIIERE 8,2 sqq.= LITIRE
r,
590,9 sqq.

172
55. Préceptes c.1 LITIRE IX,
252,12 sq.
56. Bienséance c.4 LITIRE IX,
232,1.
57. ARI S1U'fE , La Politique 111,15.
1286 a 4.
58. Loi c.1 LITIRE IV,
639,4 sqq.
59. LITIRE
Xpe:ùl~tvo~a~v
, FLEISCHER, op.cit.,
p.
85.
-roro~ xe:~p~i:o~tvo~a~, FLEISCHER, op.clt, p.85.
60. LITIRE
61.
L'imagination est mise
ici en cause parce qu'elle est
synonyme de mauvaise m~thode en m~decine. Wattresse
d'erreur,
elle s'apparente à
l'ignorance.
Sur
la
m~ fia nc e po url ' i ma gin a t ion et
1e s h y pot h è ses dan s
1a
Collection, et
la pr~férence pour
l'observation et
l'in-
duct ion,
cf.
infra,
p.255 sqq.
62. Bienséance c.4 LITIRE 230,16/232,1.
63. Ancienne médecine c.9 FESTIJGIERE 8,10 = LITIRE l, 590,17.
64. KUEHLEWEIN c.6 113,1 sqq.= LlTIRE Ill,
c.3,
240,8 sqq.
65.
Voir aussi
Ibid. KUEHLEWEIN c.44,
131,13 sq.= LITIRE Il,
c.ll,
318,3
-rà
6~
-rOLO<O-ra
wi).. ~a-ra
Hai}uf3p(i:e:-ra~
-rGiv
xe: ~.pùlvaH-rtùl.v
• ce -t>ont
-t>u~tout ce-t> ca-t> qui dlp~lcient fe-t> p~ote-t>-t>ionnef-t>·.
66. Loi
c.1 LITIRE IV,
638,1 sqq.
67. Préceptes c.7 LITIRE IX,
262,6 sqq.
68. Cf.
supra,
p.
149 sqq.
... / ...

173
69. Loi
c.2 LITIRE IV,
638,13 sqq.
Sur cette priorité de
la
nature par
rapport à
l'éducation acquise,
cf.
éga-
lement Bienséance c.4 LITIRE
IX,
230,
2.A rapprocher de
PLA1U'I,
Phèdre 269 d 5 sq.;
à
rapprocher
également de
PROTAGORAS,
se 1on qui
1a
qJUOL ç
est
une condition
préa,lable pour
son enseignement
(cf. Ole Fragmente
80 B 3) et Epicharme
(23 B 40)
:
~UOLV ÉX~LV aPLoT6v
tOTL,
6EUTEPOV 6~
~VGâVELV.
70.
Loi
c.2 LITIRE IV,
638,12.
71.
Vulg.; mais T6nou
LI TIRE
l'auteur du
Wanuscrit F
lisait également
TP6nou
EÛqJUË';OÇ
qu' i 1
..
"
glosa i t par"
qJP"VTjOLÇ
(voir
sur cette question
LITIRE ad.loc.). Nous avons
choisi
la
leçon
TP6nou.
72.
ibid.,
1.
13.
voir J. DUCATILLON,
"Le médecin
cepie6"
in Hippocratlca. Actes du Colloque hlppocra-
tique de Paris
(sept.
1978). W.D. GRlVfl<,
éd.
Paris,
C. N. R. S.,
1980,
pp.
1 13 - 134.
74.
Préceptes c.13 LITIRE
IX,
268,6 sqq./270,1
sqq. ~
pensait également ainsi.
Voir Ole Fragmente •.•
80 B 3 :
an6 VEOTTjTOÇ 6l âpEa~lvouç 6Er ~av&dvELV.
75.
Loi
c.2 L1TIRE IV,
638,13.

174
76. Lof .. LITTRE IV,
638,13 ;
640,4. Voir au contraire
DEWOCRlTE,
in Ole Frawnente ...
68 B 183 : xp6voG ~àp
06 oLodOHEL ~POVELV, ÛÀÀ'~paL~ TPO~~ Hat ~ UOLG.
77. Cf. supra, p.
152.

175
CHA
P I T
R E l
1
LA
CRITIQUE
DES
EXPLICATIONS
SUPERSTITIEUSES
DES
MALADIES
*

176
Un des
aspects
les
plus
importants de
l 'hippo-
c rat i sme est
1a cri t i que,
par foi s
t r è s
v é h éme n te,
des
explications
superstitieuses
des maladies,
d'après
les-
quelles celles-ci
sont envoyées
par
les dieux aux humains
en conséquence de
leur culpabilité envers eux,
ainsi
que
ies
thérapeutiques
irrationnelles
qui
en découlent(I).
Non que
le médecin hippocratique
soit
un athée
il
croit
e nef f e tau x même s die u x t rad i t ion n e J s
que
1e s au t r e s
Grecs et
leur
voue
le même cul te
;
ces
dieux président
à
toutes
ses activitéS,
y compris médicales(2).
Seulement,
il
estime que
les maladies
ne
sont
pas
J'expression d'une
colère divine qui
s'abat
sur
l'horrme, mais
qu'elles sont
plu tôt pro d u i tes
par
1a
na t ure ( 3),
qui
e Ile -même est
d'essence divine(4).
Les charlatans, magiciens,
inter-
prètes de songe et
autres
devins
qui,
se mêlant
de méde-
cine,
développaient
ces
idées
superstitieuses,
sont con-
s i dé rée s c omne 0 p é r a n t
dan sun d oma i ne 0 Ù
ils
n' 0 n t r i e n
à
fa i re et
trai tés comne des
impos teurs
abusant
de
i' ignorance populaire(5).
A
RATICNALISATICN DE
L'EXPLICATICN DE L'EPILEPSIE
IN\\NS LA MALADI E SAŒEE
a)
*<RI TIQUE DES SUPERSTITICNS ET ŒW«JE <XNIRE
LES GlARLATANS
Le
traité hippocratique de
la NWladle sacrée
est
exemplaire dans
sa critique des
superstitions.
Ii est

177
destiné à détruire
les expJications
populaires supers-
titieuses
selon
lesquelles
l'épilepsie était envoyée
par
1e s die ux à
1a sui t e de que 1que cri me 0 u env 0 Q t eme nt,
comme J'indique
le passage suivant
: Ka~aLPouoL yap TOUÇ
~xo~tvouç T~ vo6o~ atuaTL TE Hat ÜÀÀOLOL TOLOU-
TOLOLV WOTIEP ~La~â TL ~XOVTaç n aÀâOTopaç, n
rrE~pay~tvouç ùrrb av~pwrrwv, n TL ~pyov avooLov
ECpya~tvouç.
"i16
(i.e.
ces charlatans) pu~itient ceux qu~
hont atteint6 pa~ la maladie avec du 6ang et
d'aut~2~ moyen~ de ce gen~e, comme ~/ifh avaient
ou 6'il6 avaient commi6 quelque acte hac~ilège·.
La critique comporte deux types d'arguments:
des arguments d'ordre général,
et
un
d'ordre médical.
1 • *LES ARGU.1ENTS GENERAUX <XlN1RE LE CARACfERE
DIVIN DE LA MALADIE
c'est par
ignorance,
dit
J'auteur,
et
du fait
du caractère extraordinaire de
la maladie,
qu'on a
regardé celle-ci comme divine ot âv~pwrroL tvo~Loav ~E~OV
TL rrp~y~a urrô arrELpCnç Ha t oou~aOL OTnTOç, IST L ou6~v ~o LHEV
(7) C
.
~TtOOLOL •
eux qu 1,
les premiers,
l'ont sanctifiée,se
trouvaient dans
l'impossibilité de
la soigner. De peur

178
de pas se r pou r des
i g n0 r an t s,
ils 0 n t pro c é déc omne 1es
charlatans de son temps. Se drapant
de piété et
faisant
profession de
posséder un savoir supérieur,
npoonol{.ov,al
Erval
Hal
nÀ{.ov ,l
'6JJ.
(8)
EL.
t..va.L.
,
ils 0 nt
t 0 u t s i mp 1eme nt déc r été
(tvo)llCIl.vl (9)
_
{lOI
que
1a ma [ad ie étai t sacrée
( lp6v
.!..I:J....1....l
- et-ont ins-
titué un
traitement qui, en réalité,
était
facile et
prudent,
et ne les exposait guère à des critiques en cas
d ' é che c ( 1 1 )
ils
l' 0 n t en e ff e t c 0 n s t i tué uni q ueme n t
d'interdits,
qui
sont alimentaires
comportementaux
-
-
(12)
1 - 1
et ve s t 1me nt air e s , a ux que S I S ont ajouté des pro-
cédés
tout aussi
faciles:
les purifications et
les
in-
cantations. Or,
argumente l'auteur,
si
la difficulté où
sont
les homnes de s'en faire une
idée maintient à
la
maladie son caractère divin,
en revanche
la
facilité
même du
traitement qu'ils proposent détruit ce caractère
Un autre argument
détrui t
le caractère
divin de
l'épilepsie aux yeux de
l'auteur:
dans
la
mesure où en effet
la thérapeutique du mal en question
est humaine --la magie
(purifications et
incantations)
s u p p 0 s e en e f f e t
l' a c t ion dei' homne--,
sac a use do i t
être considérée forcément comn~ humaine(14).
u Onou yètp
ùnà Ha{7ap).UÏlv ,0 lothwv )lE ,a.a'al:a
Y~VE,al Hal ùnà {7Epan€C~ç ,na6E, ,C HWÀUEl

179
Hat ù~'tT~PWV TEXV~~&TWV o~oEwv TOLOUTOLOLV
ÉnLyEvEo~aL
TE ToIoL âv~p~nOLOL Hat npoanLnTELV,
~
nLVOV ;
OOTLÇ yàp ot6ç TE nEPLHa~aEpwv
Hat ~aYEÛWV
ûnaYELV TOLOÜTO na~oç, OUTOÇ H'âv ÉnaYOL ~TEpa
TEXV~O&~EVOÇ, Hat Év TOUT~ T~ À6y~, TO ~EIov
ûnoÀÀUTaL.
tement,
qu'e~t-ce qu~ empêche que pa~ d'aut~e~
taquent aux homme~, en ~o~te que ce n'e~t
l'homme ? Celu~ qu~,
pa~ de~ pu~~t~cation~ et
de la mag~e,
e~t capaRle d'éca~te~ ce mal,
celui-là pou~~a~t de même le p~ouoque~ en u~ant
d'aut~e~ p~océdé~. Cette a~gumentat~on ~up-
Et
puis,
avance-t-il,
ce n'est
pas
parce qu'une
maladie sort
du COlmlun qu'elle est
divine.
Il en existe
en effet de nombreuses
tout
aussi
extraordinaires que
l'épilepsie, mais
que
personne ne songe a qualifier de
divines,
(èl.
oûôdç
VO~C~EL
tpa.
dvaL
)(15),
Sont
dans ce cas
les
fièvres
quotidiennes ou
tierces ou
quartes(16),
ou
les
affections caractérisées par
le
trans-
port et
le délire sans
aucune cause visible,
au cours
desquelles
le patient
corrmet
beaucoup d'actions
facheuses.

180
l i e n est
de même du cas de pe.rsonnes qui
gémis-
sen t
e t c rie n t
pen dan t
1eu r
s omne 1 l,ou d' au t r e s qui
s u f f 0 -
quent
ou d'autres encore qui
sautent du
lit,
fuient au
dehors
et délirent
jusqu'à ce
qu'ils se réveillent et
retrouvent
1e u r é t a t
no rma 1( 17) •
2. '"ARGlNENT D' 00œE WEDlCAL
Enfin,
l'auteur emploie un argument
d'ordre médical
pour
réfuter
la croyance au caractêre divin de
la maladie.
Une preuve en effet
que
la maladie dite sacrée n'a
rien de
div i n est
que s i e Ile
a t ta que
1es phi e gma t i que s,
e Ile n' a t -
taque point
les
bilieux:
or,
si elle était plus
divine que
les
autres maladies,
elle
frapperait
tout
le monde semblable-
ment,
et
ne distinguerait
pas
les phlegmatiques et
les
bilieux(18).
Tous ces
arguments
indiquent
que
l'épi lepsie
n'est
pas
une maladie envoyée
par
les dieux.
Elle a en effet,
comne
les
autres maladies,
une cause naturelle,
celle-là dont
chaque maladie dérive
(~VOLV u~v ÊXELV Hat Ta aÀÀa vo~uaTa,
05EV ËHaoTa. YLVETaL(19l •
Pourtant,
dans
la séquence qui
suit
imnédiatement
celle-ci,
l'épilepsie est
qualifiée de
5El:'OV
~ Tà6~ v60T)ua
TOUTO
o65~v
Ti:
UOL
60HEl:'
0EL6TEPOV
EtvaL
TWV
ÀOL.nWV (20). Cette phrase paratt,
en apparence,
en contradiction avec
le
rationalisme dont
fait
preuve
l'au-
te ur
il
n'en est
rien pourtant,
car
dans
ce
cas,
n'est
pas une
allusion à
l'action de dieux

181
vin d 1ca tif s, ma i s car a c t é ris e
s e u 1eme n t
1a na t ure,
qui
a
une part dans
la product ion des maladies,
conrne
l' Indique
le chapitre 18 du
traité,
sur
lequel
nous
reviendrons
plus
loi n.
b) *EXPOSE DES CAUSES NA11JRELLES DU WAL
L'épi lepsle a
une cause naturelle,
cpuaL\\I(21) ,
c'est-à-dire une cause physiologique:
chez
les
personnes
phlegmatiques,
dont
le cerveau,
avant
la naissance ou dans
l'enfance,
n'a pas été purgé dans
la bonne
mesure(22) ,
il
survient des écoulements
de phlegme dans différentes
parties du corps où
ils entraînent
divers accidents.
Lors-
que ces
flux de phlegme ont
lieu dans
les vaisseaux qui
sillonnent
tout
le corps et
le cerveau,
et à
travers
les-
quels circule
l'air qui
entre en nous(23),
ils
interceptent
cet air,
ce qui
provoque
l'épi lepsie
:
le sujet perd con-
naissance et
ses
fonctions
se détériorent.
Ces
facteurs
physiologiques,
pour conduire à
la
crise épileptique,
doivent
être exacerbées, 'chez
les
enfants(24)
surtout,
par
certaines
influences extérieures
telles que
les vents(25),
le soleil,
un froid
subit(26)
ou
les craintes(27),
et,
chez
les
personnes ngées(28),
par
la
saison de
l'hiver(29).
Au dernier chapitre du
traité de
la Waladle
sacrée,
le caractère rationnel
de
"épilepsie est
réaf-
firmé : cette maladie dite
sacrée a
les mêmes causes que
les autres.
Elle est provoquée par ce qui entre en nous et ce qui

182
en sort
(i.e.
l'air que nous respirons),
par
le froid,
le solei l,
les changements et
le mouvement
incessant des
vents.
Ma i s ces
i n t emp é rie S,I' au t e url es qua 1 i fie
de
,
divines
6'~crLt
GELa
'c'ehi ceia
(i.e.
les
intempéries) ie d.iv.in· ( 3 1 )
( s • e.
dan s i e s ma 1ad i es)
et
rien d'autre:
GE L O\\!
a dan s 1a b0 uche dei' au t e u r
un contenu nouveau oppoSé à celui que
lui donne le
vulgaire.
cl *<XNfENU RATlCNNEL DE
GELO\\!
DANS
lA MALADIE SAŒEE
En tant qu'agent dans
les maladies,
GEtO\\!
ne
désigne pas
ici
la puissance divine qui envoie
les
maladies aux hommes en conséquence de
leurs crimes, mais
les phénomènes célestes qui exercent sur
l'organisme
humain une influence dont
la connaissance est de
la plus
grande importance pour
le médecin qui
veut diagnostiquer
correctement
les maladies:
ces phénomènes qui dépendent
des
lois fixes de
la nécessité naturelle sont divins
puisqu'i Is ne dépendent pas de l 'homme, mais de forces
extérieures.
Donc au
lieu des dieux vindicatifs qui châtient
les coupables en
leur envoyant des maladies,
l'auteur
de la Maladie sacrée croi t qu' il
faut chercher
la cause
des affections dans
la nature même. Mais contrairement au

183
matérialiste irréductible pour qui
l'ordre de la nature
n'a aucun rapport avec le divin,
pour
l'auteur de la
Maladie sacrée,
cette nature,
~6o"ç
,est d'essence
divine. C'est pourquoi
ies maladies, qui
sont produites
par elle, sont qualifiées a
la
fois
de naturelles et de
divines, comme toutes
les choses
ici-bas. Une telle per-
ceptiondu divin est
rationnelle et permet â
l'auteur
d'intégrer harmonieusement
le divin dans son système
d'explication des maladies au
lieu d'avoir â
l'en exclure
c ' est
1â 1a ma r que d' une s p rit â
1a foi s non s upers t i -
tieux,
et pieux. D'ailleurs â
la fin du chapitre l,
sa
piété se mani feste encore davantage lorsqu' il défend
avec une ferveur exceptionnelle
la religion tradition-
nelle contre les prétentions abusives de la magie et
la
fausse piété des charlatans(32).
Il croit en des dieux
purs,
incapables de souiller
l 'homme par
la maladie,
mais plutôt pourvoyeurs de bienfaits et
indulgents â
l'égar'd de ceux qui
s'acquittent de
leurs sacrifices en-
vers eux et
leur adressent des prières.
B -
<XK:EPTIœ RATICNNELLE DE L'EPILEPSIE DANS D'AUmES
mAlTES
L'épilepsie n'est
pas considérée comme ayant
une cause naturelle seulement dans
le traité de la
Maladie sacrée. Dans celui
d'Airs, eaux,
lieux,
dans
lequel est démontrée
l'influence de l'environnement et

184
des
coutumes
sur
le corps et
['esprit humain,
l'auteur
ne
prend pas â
son compte
la désignation populaire de
l'épi lepsie par
le terme "malad.ie-o -oaC/u2.e-o"
(.6.
'E
LEpa
VOOEU~U'U
KUÀEU~UTU, "malad.ie-o a??elQe-o
-0 a C/de-o " ,
dit_il)(33).
Elles n'ont en effet
rien de
divin.
Les
facteurs
qui
causent
les maladies,
y compris
celles-là,
sont
naturels.
Entre ces
facteurs
et elles,
il
ya
une
âvâYIHl
(34),
c'est-à-dire une
relation
causale nécessaire et
immédiate:
on croit
l'épilepsie
divine,
alors
qu'elle est
la conséquence des conditions
de
l'environnement. Dans
les
vi Iles exposées
aux vents
chauds,
écrit-il,

les eaux sont abondantes,
saumatres,
peu profondes et par conséquent
chaudes
l'été et
froides
l'hiver,
les habitants ont
la
tête humide et
pituiteuse.
Parmi
les maladies endémiques
qu'on y
trouve,
figure
l'épilepsie des enfants:
Totoe TE rruc6Cococ trrcrrtrrTEcV
orruo~ouç
KUt
Kut LEpfJv vouaov ErVUc
'"
dy-o?nQe,
atteci.ion-o que l'o?.in.ion c~o.ii ?~o­
voqUQe-o ?a~ la d.iv.in.iiQ ei con6i.iiue~ la mal~
-oac~Qe"(35)
*
*
*

185
En dehors de
l'épi lepsie,
une autre affection,
observée parmi
le peuple scythe qui
l'interprétai t com-
me provenant des dieux,
fait
l'objet d'une explication
rationnelle.
c - 'LA M\\LADlE SCY1HE DANS AIRS, FAUX, LIEUX
En matière d'explication rationnelle des mala-
dies,
le traité d'Airs, Eaux, Lieux est remarquable par
son chapitre 22 --qui
fait
partie des passages à carac-
tère ethnographique du
traité(36) --consacré à une
maladie qu'on trouve en Scythie et que
les habitants
considéraient comme divine. Au sein du peuple Scythe un
très grand nombre d'hommes
ressemblent aux eunuques
(37)
(EOvDuxEaL
yEvDvTaL
l,s'adonnent aux activités de
femmes et parlent comne elles(381. On les appelle
An a r i é es,
•Avap LELç; (39) .
1. *EXPLICATla-J DE LA M\\LADlE PAR LES SCYlHES
Les habitants du pays en attribuent
la cause à
une divinité
l,
qui
n'est pas précisée(40J. Par
suite de leur croyance en l'origine divine de la maladie,
les Scythes vénèrent ceux qui en sont atteints, chacun
par crainte pour sa propre personne (5E~K6TEÇ; nEPl
tWUTWV €JtaoTO 0<.<11) •
De la conception Scythe,
l'auteur ne croit rien.

186
2" *PO IN[ DE VUE DE L'AllEUR D' AIRS, EAUX, LIEUx:
Aussitôt après
l'exposé du point de vue popu-
laire sur
la maladie,
il présente sa concept ion propre
qui
est
rationnelle cornne dans
la MaladIe sacrée, mais
sur un ton non polémique, et même en y mettant
les
formes
'Ellot 6t J<at aÛTfii 60J<EL Tau Ta TI). no.ÔEa
ôELa ErvaL J<at Tc.ÀÀa nUVTa J<at oû6tv
ETEPOV tT~POU ~EL6TEPOV oû6t âvôpwnLvwTEpOV,
âÀÀa nuvTa blloLa J<at nuvTa ÔELa" ~J<aoTov 6~
~XEL ~UOLV TWV TOLOUTWV xat oû6tv aVEU
t
t
n n
d
.t. (42)
~
~an~
cau~~ na
u~e~~~ aUcun~ n~
~~
p~o
u~
.
Le passage paraIt ambiguë à première vue, dans
la mesure où les maladies,
parmi
lesquelles
la maladie
scythe,
sont considérées à
la fois comme divines et
naturelles. Or,
quand on y regarde de près,on s'aperçoit
que
l'auteur ne croit pas que les maladies sont divines.
En effet, en affirmant d'abord que le mal
scythe est

187
divin, mais en ajoutant
aussitôt
"et toute~ le~ aut~e~",
tout est changé,
la portée de
l'affirmation première est
réduite à
néant
les maladies
ne sont
pas envoyées
par
les dieux.
rYais
l'auteur
s'est
livré
là à un exercice
rhétorique qui
consiste à
feindre
d'adopter
le point
de
vue de
l 'adversai re sur
le
plan purement
formel,
alors
que dans
le
fond,
on ne
l'entend pas
de
la meme manière.
L'impuissance des
Scythes est analysée en
terme s
t 0 u t
à
fa i t
rat ion n e 1s
dan s i e
tr ait é 0 Ù
QJUOLV,
"calL~e f'hy~iologiqlLe",est évoquée(43 l . Elle est
le fait
de
l'équitation perpétuelle des Scythes,
qui
provoque chez eux des engorgements
aux articulations,
étant donné qu'ils ont
toujours
les
pieds pendants
le
long du cheval (44)
ùrrÔ Tn~ trrrraot~~ aÛToù~ K~6~aTa
Àa~B&vEL aTE âEt KPE~a~~vwv ârrô TWV Lrrrrwv TotaL rrooLv.
De plus
les Scythes ont
recours à un
traite-
ment
nuisible:
ils ouvrent
la veine placée derrière
l'oreille:
or celle-ci,
coupée,
prive ceux qui
ont
subi
l'opération de
la faculté
d'engendrer(45) et
les
plonge
dans
l'impuissance. Aucun dieu n'est
par conséquent à
l'origine du mal Scythe.
Du refus de croire que
les maladies
soient
divines à
l'athéisme,
il
y a
un pas que
l'auteur d'Airs,
eaux,
lieux ne franchit
pas. Au contraire,parce qu'il

188
y croit,
il
invoque
la
religion
traditionnelle qu'il
prend comne garante de
la
vér i té de
l'ét iologie naturelle
qu'il
propose(46)
,OLOL ,wv ~Ku6~wv Kat ,OrOL nÀOUOLw,a,oLOL
6~OLWÇ Kat ~ÀÀOV ,OLOLV 6ÀLya KEK,~~tVOLOL, où
n).lùJ~évoWL TÏô~'\\47) (LITlRE-; HIlW~E;VOL
6Ji,
DUjFR, CIBAY)~d xaLpouoL OL 6wt Kat 6au~ab6~EvoL
ùn • a.v6pwnwv Kat â v, t
,ou'WV xâp VTaç âno6 L6oao LV.
·o~ i~ eût ta~~u, ~~ ce ma~ était piu~ divin
ment au~ p~u~ nog~e~ et au~ piu~ ~iche~ pa~mi
~e~ Scythe~, mai~ à eu~ tou~ égaiement et
même p~utôt à ceu~ qui ont peu,
non à ceu~
qui ont de~ cha~ge~ hono~itique~ j
~'i~ e~t
et admi~é~ pa~ ~e~ homme~ et qu'en échange i~~
ieu~ acco~dent de~ taveu~~·.
*
*
*
Dans
la dynamique
rationaliste des Hippocrati-
ques s'inscrit
la disqualification des
devins et de
la
divination.
Dans un monde où
l'ignorance portait
la plu-
part
des gens
vers
les
croyances
superstitieuses,
devins

189
et
Interprètes de songes empiétaient aisément dans
[es
domaines relevant de
la médecine,
véhiculant ainsi
non
seulement des
idées
fausses dans
la compréhension des
maladies, mais devenant
aussi
des concurrents des méde-
cins rationalistes. Ces deux raisons expliquent
la charge
plus ou moins violente de ces derniers contre ces per-
sonnages dans un certain nombre de traités, où la divi-
nation est vivement contestée.
Les médecins affirment
leur présence dans
tous
1es dorna i ne s dei a mé de c i ne 0 ù 1e s de vin s fa i sai e n t i n -
cursion,en formulant
avec
fermeté
les
règles conformes à
l'art médical. C'est ainsi
qu'ils proposent des explica-
t ion set des
thé r api es
rat ion n e Ile s des ma 1ad i es,
comme
nous
l'avons vu
tout à
l 'heure. Plus bas nous verrons
la
rationalisation du troisième de ces domaines naturel-
lement exposé à
la divination:
le pronostic des maladies.
D -
LA DISQUALIFlCATICN DES DEVINS ET DELA DIVlNATICN
*
-
1.
DANS LE REGIME Q<\\NS LES MALADIES AIGUES
L'auteur du Régime dans
les maladies aiguës ne
croit guère à
la divination. C'est en effet d'elle qu'il
se sert pour
rai 11er ses confrères qui,
pour
le traite-
me n t d' une m~me ma 1ad i e,
di f f ê r e n t
tan t
1es uns des
autres qu'ils
font
perdre à
la médecine toute crédibi-
1 i té(48). Ains i
1 i t-on dans Régime dans les maladies

190
-
(49)
algues
EXE6av âv Ha,a YE ,o~ou,wv ,~v ,~xv~v
~aLEv wuo~wa6a~ uav'~H~, o,~ Hat ot
uav,~EG ,av aû,av opv~6a, EL utv apCa,EpOG
EC~, aya6av vouCCoua~ Erva~, EL 6t 6EE~ôG,
HaHav - Hat ~v tEpOOHOTtCn6t 'O~6.6E, aÀ.À.a
~Tt·aÀ.À.o~G -, ËV~o~ 6t ,wv uav,Cwv ,à
~vav, Ca 'OtHWV.
mtdecine avec f'a~i deh devinh,
pa~ce que feh
devinh tgafemeni,
penheni du m~me oiheau,
h'if
,
(50)
augu/Z..e
Ei de m~me danh f'examen deh
L'auteur
attaque de
front
la divination et
va
jusqu'à
lui
nier,
sans
l'avouer expressément,
son statut
d'art. Une vraie
,~xv~
dispose en effet d'un critère à
quoi
l'on se réfère pour
distinguer
le
vrai
du
faux(51).
Or cela n'est
pas
le cas
de
la divination,
du moins
telle
qu'il
la présente.
En contestant
la
réalité de divination,
l'auteur du Régime dans
les maladies aIguës n'es t pas
un

191
précurseur. Dès
le Vl~ s. av. J. -C., Xénophane aurai t
dénié tout crédit à cette pratique en expliquant par
.
( 52)
des causes naturelles
l'arc-en-clel
et
le feu de
St-Elme(53)
traditionnellement considérés comme des
présages;~4). Thucydide, contemporain d'Hippocrate,
ravale la mantique au rang des arts nuisibles qui
font
eSPérer(55) •
Plus tard,
les Sceptiques mettent en cause son
bien-fondé,
puisqu'elle ne peut
s'appliquer ni au domaine
des choses perçues par
les sens,
ni il ce qui
relève des
autres arts. Teile fut
du moins
la position de Carnéade(56),
qui
rejetait aussi
bien la divination par
l'observation
des entrailles des victimes(57)
que par
les reves(58).
2.
*OFFENS 1VE a:NIRE LES DEY 1NS DANS M\\LADI ES
DES JEUNES FILLES
Dans ce traité(59),
les devins sont vivement
pris à parti puisqu'ils sont accusés d'abuser de
la cré-
dul i té des
jeunes fi Iles qui
se confient il eux lors-
qu'elles sont atteintes des maladies propres aux
jeunes
femmes qui
ne se marient
pas il
l'époque du mariage;
at-
tribuant il
la déesse Aphrodite ces maladies caractérisées
par des angoisses et des visions effrayantes alors
qu'elles ont des causes tout il fait
naturelles,
les
devins
les
forcent il consacrer il
la déesse,
à
leur retour
à
la raison,
beaucoup d'objets et surtout
leurs habits

192
les plus beaux, offrandes qui,
en réalité,
ne profitent
qu'à eux-mêmes.
3. *LA DIVINATION ET LES DEVINS DANS LE REGIME
a) *rnlTIQUE DE LA DIVINATIa-.l ET DES DEVINS
Plus nuancé que
l'auteur du Régime dans les
maladies aiguës et celui de Maladies des Jeunes fi Il es
est celui du Régime.
1 1 considère en effet
1a divination
comne un art don t
i 1 ne conteste pas
1a validité. Tout
ce qu'il
n'admet pas, c'est que ses spécialistes se
mêlent d'interpréter
les songes purement médicaux(60)
·oaa ~tv Oùv ,wv tvunvEwv ô€râ
ta,~ Hat
npoan~arV€~ ~ n6À€a~ ~ t6~w,~a~ n HaH& n
âyaa2J.
~f) 6 ~ •aû,wv Uj.l(lP' [l'lV,
€ Cal.vot KP [voua~
,ۍ'
oaa6t n ~uxf) ,0D aw~a,oç naa~~a,a npoan-
6'u~,âvoua~, Hal oû6Ë,€pa
,ou,wv y~yvWaKoua~,

193
6~6&ŒKoua~v, wç Xp~ $uÀâaaEa&a~, ûÀÀd
&Eota~v EUXEa&a~ XEÀEôoua~. xal ,0 ~~v
EUXEa&a~ ûba&6v' 6Et 68 xat aû,ov aUÀÀa~Sâ­
vov,a ,ouç &~ouç tn~xaÀEta&~~.
'Leh hongeh divinh qui annoncent aux viffeh ou
auX pa~ticufie~h deh événementh gonh ou mau-
vaih qui doivent hu~veni~, i f y a deh genh qui
feh inte~p~ètent et qu~ ont de fa compétence
fà-dehhuh
(LITTRE = qu~ pOhhèdent un a~t ce~­
tain).
~aih he mêfent-ifh d'inte~p~éte~ feh
attectionh du CO~ph que f'dme hignafe : excèh
de pfénitude ou d'évacuation de noh hughtanceh
conhtitutiveh ou feu~ évofution Ve~h un état
mo~iide, afo~h tant~t ifh tomient jUhte, tant~t
ifh he t~ompent, et ifh ne havent ~~en de fa
~aihon qu~ a conduit à ceh deux ihhueh : n~
pou~quoi ifh ont ~éuhhi, ni pou~quoi ifh ont
échoué.
[t ~ecommandant de p~end~e ga~de de ne
pah tomie~ mafade, au fieu d'indique~ métho-
d~quement comment if taut he p~émuni~, ~fh
p~ehc~ivent deh p~iè~eh aux dieux.
Sanh doute
c'eht une gonne chohe de p~ie~, ma~h tout en
p~iant feh dieux, if ta ut he p~end~e en cha~ge
-6o-i-même..· •
Le chapitre 87 du RégIme
est
fameux dans
l'his-

194
toire de la médecine par
la distinction très nette qui
y est opérée entre
rêves médicaux et
rêves divins.
D'après
l'argumentation du traité,
les maladies n'écla-
tent pas soudainement. Elles s'amassent peu il. peu,
avant
, des e déc 1are r 0 u ver t eme n t. Ma i s a van t 'c e mome nt,
des
signes précurseurs,
notamnent certains rêves,
l'annoncent.
Tout
le
livre IV du Régime est consacré à
l'interpréta-
tion des signes concernant
le corps et apparus en rêve(62).
Le rêve dans ce cas est alors purement clinique, médical.
Il
n'a rien il. voir avec la divinité.
II
révèle un état
du corps. Ce rêve médical,
l'auteur
le distingue des
rêves divins envoyés par
les dieux aux cités ou aux par-
ticuliers pour
leur révéler des événements à venir(63).
Tout en admettant donc l'existence de ces rêves divins,
ainsi que
la réalité de l'onirocritique,
l'auteur dis-
tingue sans nuance les deux domaines.
On note cependant que tout en donnant
la prio-
rit é a ux soi n s mé d i cau x,
l' au t e u r r e c omna n d e qu' 0 n
adresse des prières aux dieux lors des maladies. Cette
position est exceptionnelle dans la Collection hlppocra-
tique.
bJ *PIETE DE L'AUrEUR
L'auteur du Régime c.5 demeure un honme pieux.Dans
sa conception en effet,
les choses divines existent au
même titre que
les choses humaines;
elles peuvent au

195
même titre qu'elles,
justifier sa thèse fondamentale
d'après
laquelle toutes choses de ce monde se trouvent
dans une révolution perpétuelle. Ainsi
lit-on cette
remarque proclamée dans
le style aphoristique
"7oute~ Le~ cho~e~ divine~ et Le~ cho~e~
humaine~ ma~chent aLte~nant en haut et en
fi
" ( 64)
J:>..Q.6

Sous forme de chiasme,
l'auteur du Régime donne
des exemples de
l'al ternance des choses divines en évoquant
des divinités
traditionnelles,
en l'occurrence Zeus et Hadès
1> cioç
Zn\\lC,
mt6TOÇ • A L6n'
~cioç "AL6n, mtOTOÇ Zn\\lC.
"Lumiè~e à Zeu~,
omfl..~e à Hadè~, Lumiè~e à
Hadè~, omfl..~e à Zeu~"(65).
En outre,
il est acquis,
quelques
lignes plus
bas,
a u même c il api t r e
(66)
' 1
• a
a croyance grecque tra-
ditionnelle selon
laquelle"tout
ici-bas s'accomplit
"
selon une nécessité divine:
.a.u·
n:U\\lTa
yCVETaL
Hat
èi
Hat
a. ut] J3ouÀO\\lTaL et il est aussi d'avis que "ch:.que
cho~e accompLit La de~tinèe qui Lui a ètè /ixèe",
uo~pa\\l
/!;HaOTO\\l
TtÀnpo~
( 67)

196
Cette croyance en la divinité s'exprime autrement
en Régime coll(68)
les hommes en effet exercent des
arts qui
f 0 nc t ion n e n t sui van t
1e même p r i n c i pe que
1eu r
propre corps
(1:/:XVnaL
yà.p
xpe:cfl]J.e:voL
b]J.O (!JaL v
av3pwnev~
~uae:L
. .
.
(69)
00'
)0 Selon
l'auteur,
cette
Imitation
de leur propre corps dans
leurs di fférentes act ivi tés
leur a été enseignée par
les dieux(70)
: 3e:wv yà.p voüç
to(oaEe: ]J.L]J.e:'i:a3aL .1:à. tWU1:WV
Il
se fait
en même temps une très haute idée
des dieux,
puisque pour
lui, ce qu'ils créent est par-
fai t, à
leur
image sans doute. Reprenant en effet
l' op-
position traditionnelle entre
v6]J.oç
et
~6aLç,
la culture et
la nature(71),
il voit dans
le
v6]J.oç,
la culture,
une
institution des hommes:
à
ce titre,
elle ne demeure jamais au même point mais est soumise
aux vicissitudes,
qu'elle soit bonne ou mauvaise,
au
contraire de
la nature qui
relève des dieux et qui,
pour
cette raison,
demeure éternellement bonne (oaa
6t
3e:ot
oL/:3e:aav,
a(d
6p3wç
!;xe:LJ(72)0
On notera enfin qu'il observe un silence signi-
ficatif dans ce même chapitre 87 lorsque critiquant
l'interprétation divine des songes médicaux,
il omet de
dénoncer dans
le même temps l'incubation qui consistait
précisément à soigner
les malades en interprétant
leurs
rêves:
comme elle était pratiquée dans
les
temples des
dieux de
la médecine par
les prêtres avec
lesquels
il

197
entretenait probablement des relations sur
le plan reli-
gieux(73),
il
a dû choisir,
pour ne pas
les heurter,
de
se taire
là-dessus.
Car on ne pourrait expliquer autrement son
silence. L'incubation était en effet en vogue en Grèce à
la
fin
du v""- et au IV~ s.
En se couchant sur
les sépul tures
des héros ou dans
les
temples des divinités,
les malades
espéraient voir
l'apparition nocturne qui
les guérirait.
A Pergame et en Attique,
de nombreux Asclépiéia ou temples
d'Asclépios avaient été créés(74). ;:.. F,thènes metne,
le culte
d'Asclépios,
commencé dès
le treizième siècle av.
J.-C.
à Tricca,
en Thessalie,
puis
transporté en Argolide au
siècle suivant,
avait été introduit en 420 av.
J.-C.,
pour
éviter
le retour de
la peste de 429. SOPHOCLE joua un
rôle dans
l'entrée du culte de cette divinité à Athènes.
Le dieu guérisseur est évoqué chez ARISTOPHANE. Dans Les
Guêpes,
Bdélycléon fait dormir,
dans
le temple d'ASCléPios(75),
son père Phi locléon atteint d'une maladie étrange,
l'amour
de
l'Hél iée,
après
l'échec notamnent des
thérapies
rat ion-
nelles
telles que
la purgation et
les bains(76). Dans
le
Ploutos,
le vieillard Chrémyle propose à son voisin
Blepsidème de coucher
l'aveugle Ploutos dans
le temple
d'AscléPios(77)
comne meilleur moyen de
le guérir de sa
cécité en
l'absence de médecins dans
la ville.
Beaucoup de
témoignages de guérisons miracu-

198
leuses ont été rapportés sur des ex-voto de
l'Asclépiéon
d'Epidaure. Selon pa~sanias(78), de nombreuses stèles se
trouvaient dans
le s"anctuaire d'Asclépios a Epidaure,
et de son temps,
il en restait six, qui portaient
les
noms d' hornnes et de ferrmes guér i s par Asc lépios,
le nom
du mal dont
ils avaient été atteints et
la manière dont
ils avaient étê guêris. Au cours du siècle dernier, deux
stèles ont été dêcouvertes et en 1900,
une troisième.
Il
fallait
avoir
une bonne dose de naTveté pour
croi re a ces témoignages,
corrme les mi racles 38 et 42 (79),
qui défient
la raison et proviennent d'une imagination
proprement fantaisiste.
Dans
Je premier, Diaitos de
Cyrène,
bancal, crut voir en songe le dieu monté sur un
char et décrivant des cercles devant
le temple, en
prenant soin que Diaitos
fut
foulé aux pieds par ses
chevaux. Aussitôt,
ses
jambes se redressèrent et,
le
jour venu,
il
sortit guéri.
)
Qu a n t a N i cas i b 0 u 1a de Mé t han a ,
(mir a c le 42),
elle voulait avoir un enfant.
Elle vit en songe
le dieu
apportant auprès d'elle un grand serpent avec lequel elle
s'unit. Après quoi, elle conçut dans l'année deux
garçons.
Parmi ceux qui,
tout naturellement,
rejetèrent
ces guérisons miraculeuses,
il
faut compter
les mêdecins
de la Collection car cel les-ci
étaient tout a fait à
l'opposé de la médecine rationnel le qu'ils ont exercée.

199
Mais par égard pour
les dieux avec lesquels
ils conti-
nuaient à entretenir des relations privi légiées sur
le
pla n rel i g i eux ( 80),
ils n' 0 nt pas ém i s des cri t i que s
ouvertes cont re 1a médecine des temp les,
se 1 imi tant il
la condamnation de
la superstition populaire.
*
*
*
On a vu
les médecins hippocratiques tenter de
procéder désormais rationnellement dans
l'étiologie,le dla-
gnostic des maladies et dans leur
traitement.
Ils vont
suivre la même démarche dans
l'établissement du pronos-
tic.
4.
*PR<M:YrICN DU PR<N)STIC MEDICAL
L'opération ayant donné son nom il un ouvrage
de la Collectlon(8I),
le pronostic,
qui consiste pour
le médecin il connattre et il déclarer d'avance (npoYlYV~-
(J}tE; l V
J<U t
npoÀ~ y EL V ) (82) , en 0 bs e r van t, dan sie s
maladies,
le présent,
Je passé et
le futur, n'est plus,
avec lui,
'f'a~t o~~cu~ de~ p~é~age~·(83). L'avenir de
la maladie est connu il partir de l'état présent du
patient, c'est-à-dire à partir de phénomènes corporels
observés.

200
Ce pro nos tic mé die al,
f 0 n dés u r l ' 0 b s e r vat ion
des symptômes,
n' apparüî t
pas,
d'après
nos sources,
avant
l'époque de
la Collection hippocratique. Ni
chez HOWERE,
ni
chez PINDARE,
l'existence d'un tel
pronostic n'est
mentionr.ée. PQDAL IRE ,
dans
le
fragment
3 (éd. Kinkel) de
l 'iiiou Persls(84)
d'Arctinos,
est
bien capable de con-
na i t r e l ' i n vis i b 1e
( umwna
TE
yvwvaL
) , ma i s
c'est par
un don de Poséidon et
rien n'indique qu'il
y
ait
là une allusion au pronostic
rationnel.
5.
Cas
exceptionnels
Deux textes
hippocratiques occupent une place
particulière en ce qu'ils
n'excluent
pas
tout à
fait
le
divin de
l'univers médical
il
s'agit du traité ancien
du Pronostic c. 1 ALEXANDERSON 194,3 sqq.= LITTRE II,
112,3 sqq.,
et du
traité
récent
de Bienséance c.6 LITTRE
IX,
234,10.
Dans
le
fameux
passage du Pronostic c. 1
ALEXANDERSON 194, 3 s q q. = LI TIRE 1 l, 112,3 s q q.,
i 1 est
1
possible que, malgré
le
rationalisme généralement af-
fiché par
l'auteur en matière de pronostic médical(85),
il
ait concédé au divin une certaine part dans des cas
exceptionnels.
Voici
la phrase en question:
ïVOVTa oùv XPD TWV na&~wv
OKOOOV ùntp TnV 6ûva~~v ELOLV
TWV OW~TWV,
ü~a st Kat EL TL
&ELOV {!;VEOT L Itv TfloL voûoo LOL .

201
"Il ta ut donc connalt~e la natu~e de pa~e~lleJ
malad~e-!>'.
Cette phrase fait
l'objet d'interprétations
divergentes depuis
l'Antiquité.
L'on a tantôt compris
que
l'auteur croyait en une
infliction divine de certaines
maladies: c'était
l'opinion de LITTRE au moment où il
justifiait
la contradiction entre cette croyance à
l'irrationnel et
la lutte contre
les étiologies supers-
titieuses dans d'autres
traités
(Maladie sacrée et Airs,
eaux et lieux). En supposant
que
le Pronostic était une
oeuvre de
jeunesse écrite à
l'époque où HIPPOCRATE ne
s'était pas encore débarrassé de
la croyance en l'in-
fliction divine des maladies(86). Th. GOMPERZ alla dans
dans
le même sens que LITTRE tout en précisant cependant
que dans
le Pronostic, "le d~v~n ..• e-!>t ment~onné comme
un agent d'une ett~cac~té... occa-!>~onnelle·(87). Pour
A. THlVEL. "l'~nte~p~état~on de LI77RE -!>em~le pa~ta~te­
ment conven~~·(88).
Mais déjà dans
l'antiquité, GALIEN donnait à
une signification différente. AprèS avoir dis-
cuté les différentes opinions des critiques,
il
tran-
chait et voyait dans
3~[ov
la constitution de
l'a tmo s p hê r e , l e s qua 1 i tés que pre n d l'a i r amb i an t et

202
qui engendrent
les épidémies,
1es
as t r e s é gal eme n t (89)
LITTRE,
revenu sur sa première
interprétation dans
l'Argwnent à Nature des fenmes,
adoptai t
le point de vue
de GALIEN(90). Pour W. NESTI.E également,
ÔE'COV
a le
même contenu(91).
En vérité,
il n'y a aucun argument qui autorise
à s'arrêter sur
l'une des
interprétat ions plutôt que
sur
l'autre. On signalera simplement que ce serait une
erreur que de croire d'emblée qu' i 1 est absolument exclu
que
fasse allusion ici
à
l'action des dieux
dans
les maladies. Le rationalisme hippocratique est
complexe. Les auteurs de la Collection s'accordent pour
rejeter
les superstitions, mais certains/en même temps,
ont encore quelque considération pour
les dieux dans
leur système étiologique et par conséquent dans
leur
tr6itement.
II en est de même de
l'attitude de certains
d'entre eux vis-à-vis du hasard. Nous avons observé cette
attitude double dans
le traité tardi f de Bienséance (92)
Cette caractéristique a déjà été soulignée au début du
siècle par WILLAMDWITZ.
Il convient
donc de se prononcer
sur
dans
le passage en question sans a priori.
On lira avec intérêt
le commentaire de J. JOUANNA sur
ce sujet
"QueLLe que ~oit La ~oLution que L'on adopte,
écrit-il à propos de ce passage du Pronostic,
dans un
article récent "Hippocrate de Cos et
le Sacré" (93), iL
taut ~e ga~de~ d'un~ pa~t de vouLoi~ ~amene~ à L'uniti

203
la po~ition de~ midecin~ hippoc~atique~ ~u~ le ~ac~i...
et d'aut~e pa~t de juge~ le ~ationali~me complexe et
malliagle de ce~ midecin~ du V~ ~. av. J.-C. avec le~
c~itè~e~ du ~ationali~me du XIX~ ou du XX~ ~ ... '.
De même que dans
le trai té du Pronostic,
le
divin est considéré comme devant etre pris en considéra-
tion,dans certains cas,dans
le traité de Bienséance.
Certes, à la manière des Epicuriens et de Soranus(94),
l'auteur du traité recommande au bon médecin 1'6.6e:LoL_
6aL~6vLa ou absence de superstition(95). La supers-
tition, avec la démonologie,
s'étaient
très
largement
répandue dès
l'époque hellénistique(96).
Toutefois,
l'auteur de Bienséance envisage des
cas où
les dieux interviennent dans
la mèdecine là où
les hommes défai lient,
'ca~ la midecine,
affirme-t-i 1
avec hwnilité. ne di~po~e pa~ en elle de pouvoi~ cont~e
( 97)
le~ ca~ qu~ la dipa~~ent· 1 00
yap
{;VL
ne:pLTTOV
tv
aOTtn
T~ 6uvaaTe:uov (98)
Etant donné cette part
reconnue aux dieux,
le
médecin doit posséder
la
aoq:da
, ou ·philo~ophie·.
discipline par excellence de
la réflexion sur
les dieux.
Le bon médecin sera donc en même temps philo-
sophe. C'est de cette double dimension que dépend sa
perfection èt qu'il devient égal
aux dieux ( 'I~TPOÇ
yè-p
qnÀ6aoqJOç
(o6Ge:o~f99)

204
Il
nous
faut maintenant
revenir,
pour y
insister,
sur
la
religiosité hippocratique,
qu'on
a eu
à me tt r e en
1um i ère dan s i e s
t rai tés même s 0 Ù
1e rat i 0-
nalisme en médecine était défendu avec ardeur. Cette
religiosité s'exprime en effet dans
d'autres .textes hip-
pocratiques.
De plus,
on dispose d'inscriptions
qui
con-
firment
cette disposition des médecins
hippocratiques,
plus
précisément chez
les Asclépiades.
E - LA RELIG lOS 1TE DES HI PPŒ:RAT IQUES D' APRES LEURS EDHTS
La
rel igiosité hippocratique est
encore attestée
dans
d'autres écrits de
la Collection. Ainsi,
bien
qu' é tan t en
1 u i - même un
tex tep r 0 fan e - c ' é t ait
1e
con t rat
d' apprent i ssage
1 u par
le nouveau di sciple au moment
de
se
fai re adopter
par
un mattre-,
le Serment comnence
par
une
invocation à
tout
le panthéon grec,
d'abord aux
dieux de
la médecine, Apollon, AsclépiOS( 100), Hygie et
Panacée,
puis
à
l'ensemble du panthéon grec. De plus,
le
fut ur dis c i pie
j ure dan s i e Se rme n t
c. 5 ( L 1a-ITENIHAELER )
de maintenir
sa vie dans
la pureté
(dyv~ç )
et dans
la
droiture
(
boCwç
), chacun de ces mots se comprenant au
sen s pro fan e,
ma i s
au s s i
au sen s
rel i g i eux ( lOI) •
L' introduction de
la Nature de
la femme,

la
divinité est
reconnue COillne la cause principale chez
les
Humains -_ les
phénomènes relevant
de
la nature humaine (102)

205
et de
la nature cosmique(103) venant
seulement après-
illustre également
la religiosité du médecin hippocra-
tique, mais
il
faut savoir qu'elle est récente,
ayant
été certainement ajoutée par un épitomateur au début du
traité.
Quant à l'entrée en matière de Waladles des
leunes fllles(104J,
si
l'on adopte comme FOES et LITIRE,
qui
reprennent
la leçon des manuscr i ts
récents datant en
moyenne du XI [I~ au XV~ s. ap. J. -Co FGHI JK oU ce 11 e de
1a vu 1g a te, e Ile po u rra i t a 10 r s é gal eme nt
i 1 1us t r e r
) a
religiosité hippocratique,
car
le texte grec se présen-
terait ainsi;
•APXf)
).La l
.GJv
ULEtYEVÊ;WV
LTHPlK!'lC.
En supposant un
6.no
devant
'!'le,
comme l'a déjà proposé LITTRE(105), on peut avoi r
le sens suivant : '~e ~o~nt de dé~a~t de ~a médec~ne
c'est-à-dire 'de~ cnoheh d~v~neh', ULElYEvf)C
pouvant
renvoyer à la divinité dont
il est souvent
le qualifica-
tif(106). trnis
,
aL ELY Evf) e
( 0 usa
var i an t e
1 . f .
f '
j
l'A
( 107 )
qua 1 le par OlS
a nature ou
ame

I\\fa i s
est en concurrence avec
VEllYEVÊ;wV
leçon qui est notamment celle de W (X~)et C
(XVI~ s.)
avec
VEllyEVÊ;WV,
la phrase en question se
traduit
: '~e commencement de ~a médec~ne eht ~ou~ mo~
~a conht~tut~on de~ nouveau -néh". En
l'absence d'argu-
ment autorisant
le choix d'une leçon de préférence à
l'autre, cette phrase n'est qu'un exemple hypothétique

· .;,..
"
206
de
la
religiosité
hippocratique.
Cette
religiosité
des médecins
de
la Collection
s'inscrit
dans
une
tradition.
Des
sources
attestent
que
1e s
g ;' and e s
f am i J les mé die ale s,
e n i ' 0 CCLI r r e Ii c e l e s As-
clépiades,
jouissaient
de
prlvilèges
religieux
~ Delphes.
F
L'ACTIVITE RELIGIEUSE DES ASCLEPIADES
Trois
sources
de
l'antiquité
dont
deux épigra-
phiques et
une
littéraire
nous
renseignent
sur
['activité
religieuse des Asclépiades.
Les deux
sources
épigraphiques
sont
constituées
par
les
restes
de
deux
inscriptions
datant
de
la première
moitié du
JV~ siècle av. J.-C. et découvertes à Delphes
l'une en
1939
il
s'agit
de
l'inv.
6687 A et B
le
pet i t
f r a gme n t
8 1 3 1 déc 0 u ver t
e n
1 9 6 8
] u i a été a j 0 u t é
l'autre est
l'inv.
2475.
La
source
littéraire,
quant
à
elle,
est constituée
p"r
le Presbeutikos n027
(LITIRE lX,
414
1.3 sq et
7 sq'l.
Voici
le
texte de
l'inv.
2475
dans
l'édition de
G. nrv "'"""",.,. 108)
.
,,"VVVUV>AU
,
q U [
s'accorde
avec celle de
1. BOUSQUET ( 109)
(t 0 u S
les
deux
reprennent
presque
tota-
1eme nt,
cel u i d e
1a
p r em j ère éd i t ion é t ab 1 i e
par
E. BOURGUET(llO)

207
·.... AN/
·.....
·.... DAY
·.....
·.... ADNI ·.....
·.... AlPI ·.....
·.... YI:AQ l
·.... NEA ta [Pli LJ.
G 66 o ] TIEpLO [00.
-J
[wv
wv
"Aox
âUJ
[À a
-J
aV" tapi'\\L
Et L a 6
[
0
]
] -
povaCav
~
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] -
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[tÀEO
]
v
Hat
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ta p fi -
~ÀaJ
E
OV
Gov
év3-
TJ
6 L 6 ô \\l E V a-
~oaL
7]
]
L
a ÙV
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[aÀÀ 0
L<;;
t E P Tl
c 0-
J
....,
[L<;;"
6L
]
Ta u -
[Ta
Ha ]
t
V
L
a
6a-
[\\lOOC
]
aL
Hat npo-
a v
]
év étyWV-
~6PC
v
~OOL
J
E L a v
wv
<'JoCwv
Gat
t ]
TILTL\\laV
H-
l>EÀcpO[-
rM TI E ] P
~"éTI AC J 3 cô.6a
ap-
f:0VT J 0<;;.

208
• ... deux victime~ de pLu~ que pou~
Le~ aut~e~ A~cLépiade~ : une victime aduLte
pou~ Le ~anctuai~e de P~onaia (i.e. Athéna) et
une victime aduLte pou~ A~cLépio~, ~e~ont donnée~
de L'ltat. C'e~t ce qu'on Leu~ donne~a, avec
égaLement L'ho~pitaLité et La p~oéd~ie aux jeux,
n'
t '
d t " n
(III)
t
n
'
,
.t:.
e..x.e..mp
-Lon
e
ax.eh
C-LV-L.e..eh
1
e
-La
jOU".LA-
A~chontat d'Aithiada~·.
Le
texte,
qui
comporte des
lacunes,
mentionne
divers
privilèges civils et
religieux dont
jouissaient
certains Asclépiades en
l'occurrence
les Asclépiades
authentiques
à Delphes.
Les privilèges
religieux,
dans
ce qui
nous est
parvenu du décret,
concernent
les
sacri-
fices.
Non seulement pour
les deux victimes
indiquées,
les Asclépiades n'avaient
rien à payer, mais
encore pro-
babJement
ils étaient exemptés
de
la
taxe
cultuelle
préliminaire au
sacrifice et
à
la consultation de
l'oracle.
L'lnv.
6687 A et B (avec
frag.
8131)
rapporte,
en plus
du sacrifice
1.7-8),
la consultation
de
l'oracle pythique par
les Asclépiades
de Cos et
de
Cnide.
Nous
la reproduisons
ici
dans
l'édition de
G. ROUGEM)NT ( 112 )

209
6687 A
-E6oEE
'AaxÀan~a6d
,
v TClv KO~VW~ KW{WV
n ~6.6av ~r; ocÀqJoûr;,
ae Ka xp~~n~ TW~ ~a
VTECW~ xp~aôa~ n ô-
ÛEV 6~6aavTa xp~a-
ôa~ ~~EV 'AaxÀan [~6.J­
-6ar; KaTô- av6po
[y~vJ­
""1
E: lUV
......
<..........
01
..
r
..
8131
IEX
El
E
6687 B
or; 6~. Ka
naprl6.ÀÀ]n
~
TaÜTa, ~ Th.
?:I-LEV. ~ UTC)-
L
E Cao6ov
~ [r; TJ à ~av­
TE tov KaôanE L p ]
'AaxÀ-
an~6. 6 a ~r;, I-LnM:, a[r. ] [T]
~
ano y~par; 6~66 [TJ
[ a J ~ 'AaxÀan~6.6a~r; na-
[ p ]
à
lIEÀqX0V.
~n 6C6oa-
[ô J a~
ae Ka I-LI) noCn~ K-
[aT) à
.Tà
YEypal-L~va.

210
'I~ a p~u au Ko~non de~ A~c~ip~ade~ de Co~ et
de Cn~de que ~'A~c~ip~ade qu~ a~~~ve à De~phe~1
~'~~ di~~~e ~nte~~oge~ ~'o~ac~e ou la~~e un
~ac~~/~ce, ju~~ avant de con~u~te~1 qu'~~ e~t
A~clipiade pa~ la l~gnie mâle ... Celu~ qui
cont~ev~ent à cette d~~po~it~on n'au~a pa~ ac-
cè~ à l'o~acle en qual~ti d'A~clipiade i
et
qu'aucun de~ aut~e~ p~~v~lège~ acco~di~ aux
A~clép~ade~ pa~ le~ Delph~en~ ne lu~ ~o~t ac-
co~di, ~'~l n'ag~t pa~ conlo~miment aux
p~é~ente~ d~~po~~t~on~·.
Il
s'agit
d'un décret du Koinon des Asclépiades
de Cos et de Cnide,
destiné A permettre au clergé de
Delphes de vérifier
si
l'Asclépiade qui
se présente dans
la cité religieuse pour offrir un sacrifice ou consulter
l'oracle a droit
aux privilèges réservés héréditairement
aux Asclépiades authentiques.
Si
l'Asclépiade ne pouvait
pas prouver son authenticitè en prononçant
le serment
contenu dans
le décret,
il était soumis aux obi igations
imposées aux
fidèles ordinaires.
Un passage du Presbeutlkos
indique
la raison
qui a valu aux Asclépiades de Cos
la
jouissance de ces
deux privi lèges
rel igieux,
qui dateraient de
la première
guerre sacrée,
c'est-A-dire du début du VI~ siècle av.
J • -Co
En effet,
c'est A l'occasion de cette guerre.A

21 1
laquelle un Asclépios
authentique de Cos,
Nébros,
ancêtre d'Hippocrate,
avait
apporté aux Amphictions
une
aide è
la
fois militaire et médicale,
que ceux-ci,
par
reconnaissance,
avaient
institué ces
deux privilèges
pour
les Asclépi ades
de Cos (113)
~V
kQ
~563n
NEBpoû
].J.Œvl:dnv (
J. BOUSQUET (114)
rrpo3UOLn
liat
rrpO].J.6.Vl:E Lav).
Da ns
1e con tex te,
l'hypothèse de BOUSQUET,
qui
corrige
rrpo].J.u3(n
,
hapax,
en
rrpo3uoLn
,
parce qu'elle est
plus en accord avec
l'épigraphie delphique,
a été généralement adoptée(115).
L'auteur
de Presbeutlkos
révèle encore que
les
privi lèges
religieux des Asclépiades
de Cos ont
fait
l'objet d'un renouvellement
au
temps
d'Hippocrate
lors-
que ce dernier,
parcourant
les
cités
grecques
en vue de
les délivrer d'une
peste qui
s'abattait
sur elles,
ar-
riva à Delphes,
avec son
fi ls Thessalos(116)
afin d'y
adresser une suppl ication au dieu
(
LliEOLnV
) pour
le
salut des Grecs et
y
faire
un sacrifice propitiatoire
0.-
)(117)

d
· · 1
(
vuoaç
,
en pro
Itant
es
prlvl
èges accordés
aux Asclépiades et
inscrites
sur
une stèle,
qui
pourrait
être
le support de
l'inscription
reproduite plus haut,
p. 209.
*
..
*

212
Pour
les médecins hippocratiques,
il
ne
fallait
pas affirmer
l'autonomie de
la médecine par
rapport aux
seules
idées et attitudes superstitieuses;
c'était
encore une nécessité pour eux de supprimer
l'emprise du
tout puissant
hasard sur
le domaine médical et
d'affirmer
avec
force que tout ce qui
se produit en médecine a une
cause.

213
-=
R E N V O I S
=-
1.
Cette remise en question des superstitions n'est pas
un phénomène nouveau. D'autre part,
toutes
les
traces
de superstitions n'ont pas encore disparu de
la
Collection. Sur ces deux points,
cf.
l'article 'La qu,,-'>-
4on.du /taLiona..t..iAmR. JaM la Coill!.cU.on h.i.ppoCAatiqIlO·J par
W. SON, à parattre dans les Ann. 'de la Fac;Let., Univ. de Dakar, 1993.
2.
Cf.
Infra,
p.
204 sqq.
3.
L'auteur de Bienséance reconnatt cependant aux dieux,
dans quelquès cas exceptionnels,
un rôle dans
la pro-
duction des maladies et par conséquent dans
leur
guérison
(Cf. supra p. 203),
ce rôle
f~t-i 1 excep-
tionnel.
Il
n'est pas à exclure que
l'auteur du Pro-
nost ic (ALEXANDERSQ'II 194,3 sqq. = LlTIRE II
112,3 sqq.)
partage
la même conviction. Cf. supra,
p. 200 sqq).
4.
Conme prat iquement elle l'est dans
toute
la pensée
pré a ris t 0 tél ici en ne,
s i l ' 0 n ex cep t e Démo cri te.
5.
Le même mépris pour cette catégorie d'individus
se
trouve chez PLATON:
pour
les prêtres mendiants
(République 11,364 b 6 sqq.,


UYUPTUL
KUt
Ilav TE: q;
)
considérés comne d'avides criminels
pour
le magicien,
YOllTU
:
Son ,art participe du jeu
(Le Sopbiste235 al et
Il est capable de mentir ou de
tromper,
de tendre des pièges et d'apparaTtre sous
des
formes diverses
(République 380 d 1 sqq.,
383 a

214
2 sqq.)
;
pour
les
charlatans
identi fiés
COIrrne étant
les Orphéotélestes
(Lois X 906 a 8
- e 2 ;
cf.
sur
ce passage,
le corrmentai re
d'A. DIES ad.
loc.
p.182
note 2),
personnages qui
nient
les
dieux ou
les
croient
négl igents et
corruptibles
et méprisent
les
humains. Toutefois
les
procédés
habituels aux char-
latans,
notamnent
les
incantations,
sont
parfois
exaltés
par PLATON (cf. Charmlde
157 a 3 sqq.;
Phêdon 77 e 8
; Euthydffine 289 a 3-4
; Rêpublique
IV
426 a 7 - 10 ; Lo 1s i l
659 e
1 s q q .;
670 e 8 - 6 7 1 a l ;
Gorgias 483 e.
II
arrive également
que
l'enchanteur
soit
bien vu(Phêdon 78 a
3). Dans
le Banquet
202 e
7
sq-/203 a
J sqq.,
PLA~ reconnatt
la science des
prêtres
(n
TWV
tE:P~W~T~XVll
qui
concerne
les
sacrifices
et
les
initiations,
les
incantations
( Én<jlMç
),
les
vaticinations en général
(
TnV
ndaa.v)
) et
1a mag i e
(
YOTl1:da.v
).
6.
Maladie sacrêe c. 1 ŒI'NSEMo\\NN 66,9 sq. = LITIRE VI,
362,9 sqq.
7.
1b 1d. ŒI'NSEMo\\NN 60, 4 - 5 = LI TIRE VI,
352, 4 - 5 .
8.
Ibid. GRfNSEMo\\NN 60,22
= LITIRE VI,
354,14 sq.
9.
1b 1d.
60, 25 = LI TIRE VI,
354, 18 .
10.
ŒENSfM\\NN 6'2, 1
=LITIREVI,
354,19.
Il
leur
fal-
lait
bien ce subterfuge
pour
ne pas
se voir priver du
traitement
des malades et,
par suite,
de gains,
car

215
Ils
sont
non seulement
ignorants, mais encore cupides
(c f.
Infra,
p.
328
sq.).
10. La croyance en l'infllctlon divine des maladies est at-
testée dans
les sources ant Iques
: PLAT(J'IJ,
dans
le Phèdre
244 d-e,
évoque ces maladies
venues d'on ne sait où,
en
conséquence d'antiques
ressentiments,
et
qu'on soigne par
des prières aux dieux et des
purifications. SOPHOCLE
reproduit
la conception populaire de
l'infliction divine
des maladies dans
le Philoctète:
le mal
du héros dont
la pièce porte
le
nom provient d'une malédiction divine.
Phi loctète doit,
par conséquent,
être
rejeté pour
ne pas
attirer de malheur
sUr
la communauté:
c'est
là une
manIère de purgat ion.
II
ne sera guér i que par
les dieux
(cf.
v.
1437)
;
cependant,
au
v.
1329,
Néoptolème révèle
au héros qu'il
sera guéri
par
les Asclépiades,
ce qui
correspond à
la
tradition de
la
légende épique.
Sur
la
médecine dans
le Philoctète de SOPHOCLE,
cf.
J.
JOUANNA,
'~Qdec;ne h;ppoc~at;que
et t~agdd;e g~ecque',
in Anthropo-
logie et
théatre antique, Colloque
Internat ional de
rv 0 nt pel 1 i e r, 6 - 8 ma r s 1986, p.
Certaines maladies
sont
Infligées encore 'par
les dieux chez EURIPIDE, Bel-
léroph on,
2
fr.
292 NAUCK ,
4
<3
6~ '"

J.
_
v.
s q,:
v
00 L . t-
vVTj"[wv
aL l-lt-V
12. Certains de ces
interdits se
rencontrent
également
chez PYTHAGORE qui
prescrivait de ne pas consommer

216
les poissons de mer
nommés
ou" mulet" J
IlE:Àâvoupoç;,
"mti.lanU/èe",
Cf, Diogène lAERŒ VIII,
33
; de même pour Pythagore,
le
noir
appartient
au
mal,
contrairônent
au blanc:
,ûyaôou
~ûaE:wç;,
,0
6t
I1ÉÀav
,ou
HŒ)'{OÜ,
(Di ogène lAERŒ
VIII,34).
13. Waladie sacrée c. 1 GRENSENANN 60,5 -6
= L1TIRE VI,
352,5-8.
14.
Ibid.
c,l GRENSENANN 62,24 sqq./64,1
sq.
LITIRE VI,
358,7 sqq.
li.. Ibid. c.1 GRENSENANN 60,9 sq.= L1TIRE VI, 354,1.
16. Ce sont
les
fièvres
dont
les
accès surviennent
par
intermi ttence,
l'exemple
le
plus
typique étant
la
malaria.
La
fièvre
quotidienne est celle qui
comporte
une crise
toutes
les
vingt_quatre heures.
La crise
peut cependant
survenir
deux
ou
trois
fois
par
jour et on
l'appelle alors
double quotidienne ou
triple quotidienne.
La
fièvre
tierce est
la plus cou-
rante
:
une attaque brève et
violente se produit
tous
les
trois
jours,
suivie d'une période sans
fièvre.
La
fièvre
tierce
présente une
forme
beaucoup
plus dangereuse,
beaucoup plus
flottante
quant
à
la
période de
l'attaque.
Enfin
la
fièvre
quarte est

217
celle où
la crise survient
de
façon
assez
régulière
tous
les quatre
jours.
17. Maladie sacrée c. 1 GRENSEMANN 60,12 sqq· ~ LlTIRE VI,
354,1
sqq.
18.
Ibid.
c.2 GRENSEMANN 68,8 sqq. ~ LlTIRE VI,
366,1
sqq.
19.
Ibid.
c.2 GRENSEMANN 66,23sq.cLlTIRE VI,
364,10 sq.
20.
Ibid.
c.2 GRENSEMANN 66, 23Sl[.~ LITIRE VI,
364,9 sq.
21.
Ibid.
c.2 GRENSEMANN 66,25 ~ LITIRE VI,
364,10.
22.
Ibid.
c. 5 GRENSEMANN 70,7 sqq.~ LITIRE VI,
368, II
sqq/
370, 1 sqq.
23.
1 b id.
c • 4 GRENSEMANN 68,30/70, 1 sqq. ~ LlTIRE VI,
368, 1 sqq.
24.
Ibid.
c.IO GRENSEMANN 76, 15 sq· ~ LI TIRE VI,
378,12 sqq.
25.
Ibid.
c . 8 GRENSEMANN 74, 12 ~ LlTIRE VI,
374,22 sq. ;
c.IO GRENSEMANN 76,20sq.~LlTIRE
VI,
378,18 sq ;
c.13.
GRENSEM\\NN 80,9
sq. ~ LI TIRE VI,
384,4 s q.
26.
1 b id.
c. 10 GRENSEMb.NN 76, 16 sq· ~ LITIRE VI,
378,14.
27.
Ibid.
c.IO GRENSEMANN 76,23 ~ LITIRE VI,
380,2.
28.
Ibid.
c. 10 GRENSEMANN 76,28/78,1 ~LlTIRE IV,
380,8.
29.
Ibid.
c.IO GRENSEMANN 78, 1 ~ LlTIRE VI,
380,9.
30.
Ibid.
c. 18 GRENSEMANN 88,9 sqq. ~ LI TIRE VI, 394,9 sqq·
31.
Ibid.
Sur
le sens
de
3ELO\\J
dans
l'explication
des maladies chez
les Hippocratiques,
cf.
FOES,
Olkonomla Hlppocratls •••
s • v.
;
c f.
é gal eme nt
W. NESTLE, art.cit.,
p.1
sqq. GALIEN avait
signalé
cette conception
rationnelle du divin dans
les
traitès

218
de
la Collection. Cf. supra,
p.
201
sq.
32. Cf. MWladle sacrée c. 1 GRENSEMANN 66,6 sqq.; LITTRE
VI,
363,6 sqq,'364,1
sqq.;
sur cette
apologie,
cf.
W. NESTLE,
art.
c i t "
p. 2
v 0 i r
ct e m~me,
à
par a t t r e
in Apelron,
1990,
l'article de Ph.
J. VAN DER EIjK
"7he theology" of
the hippocratic
treatise on
the
Sacred disease
(Pays-Bas).
33. Airs,
eaux,
I,ieux c.4 DILLER 30,17 ;
LITIRE II,
20, 14 s q.
34. Cf. Airs,
eaux,
lieux c.4 DILLER 30,9; LITIRE II,
20, 6 ;
c. 5 DI LLER 32, 14 ;
LI TIRE [l,
22, 22.
Sur
1a
médecine météorologique d'après Airs,
eaux,
lieux,
cf. K. DE 1CHGRABER , Die Epidemlen •••
p.
113-119
F. HE IN lMA.NN ,
N6\\1oS und
eüaL~ ... p. 23 sqq.
H. DILLER, Wanderartz und Aetlologle ••.
p.
35. Airs,
eaux,
lieux c.3 DILLER 28,10 sqq.; LITIRE [l,
18,4 sq.
En appelant
cette affection
"malad~e AacRie",
l'auteur emprunte
la
formulation
populaire,
à
défaut
du
terme
technique
tnD.Tl4JLç
mais
naturellement,
pour
lui,
elle n'a
rien de sacré. Cf.
infra,
p. 183 sq.
36. On doit
les passages
d'ethnographie du
traité d'Airs,
eaux,
lieux (c.12 sqq)
à
la conception de
l'étio-
logie de
l'auteur
les maladies,
de m~me d'ai lieurs
que
les
particularités physiques et mentales des
Il orrme s,
s. ' exp 1 i que n t
1es
une spa r
l'e n v i r 0 n n eme nt,

219
qui
est
du d orna i ne deI a na t ure
(
<pua ~ l;
),
1es
au t r e spa r i a cou turne
VOllOl;
).
Ce dernier
facteur
explique notamment
l'impuissance des Scythes,
qui
a
ses origines dans
les moeurs
d'hommes constamment à
cheva 1.
37. AI rs , e~aux ,
lieux c.22 DILLER 72, 10 ;
LlTIRE 1 1
76,12.
38. HERŒJOTE 1 ,
105 désigne
la maladie en question par
l'expression
{J~ÀE ~av vouaov.
39. Conjecture satisfaisante de GOMPERZ, DILLER,
à
partir
(sans
doute une
faute d'onciales)
du
e
manuscrit
de base V.
(12-s.).
40.
Peu
importe au médecin hippocratique de quel
dieu
il
s'agit. Ce qui
le
frappe,
et qu'il
note,
c'est
que
les Scythes divinisent
la maladie.
Selon HERŒJOTE/
la maladie
féminine scythe est
imputable à Aphrodite
(Histoires
l,
105)
qui
a donné à ceux qui
en sont
affectés
la
faculté divinatoire
(llaVl:~){nv
6o(jva~,
HERŒJOTE, Histoires
IV 67).
41. Airs,
eaux,
lieux c.2'2 DILLER 72,14 ;
LITIRE 76,16. C'est une
remarque
réaliste
chacun vénère ce genre d'homme
pour écarter de soi
la ·coniaminaLion-.
42. Airs,
eaux.
lIeux c.22 DILLER 72,14 sqq.; LlTIRE II
76,16 sqq./78,1
sq.
43.
Ibid.
c.22 DILLER 72,17; LITIRE 11,78,1. On rappro-

220
chera ce passage de Waladle sacrée c.2 GRENSEWANN
66,25 ~ LITTRE VI,
364,10.
44. Airs. eaux. lieux c.22 DIIl.ER 72, 18 sQ.~ LITIRE II, 78,3 sQ.
45.
1b 1d.
c. 22 DI LLFR 72, 2 1 s Qq.17 4, 1 s QQ. ~ LI TTRE 1 l ,
78,6 sqQ.
46.
Ibid.
c.22 DILLFR 74,14 sQq ~ LITTRE II 80,2 SQQ.
47.
J'ai
choisi
la
leçon de L ITTRE , 06 T~).LW).Lt\\lo~a~
Ti DT]
Qui
est
pro b a b 1eme n t
1a bo n ne. Cre s t e Ile
Que semble avoir eue sous
les yeux
l'auteur d'un
manuscrit
latin du VI~ s. qui traduisait "non honoltat.i.",
jam".
Cependant en donnant au moyen
le sens actif
d'"ottltilt de", ",acltitice"," et en traduisant
"06
par "ceu~ qui n'ottltent
point de "'acltitice"'",
LITTRE adopte une
traduction
fautive,
inspirée par
le vers d'EURIPIDE ".le'" dieu~
"
a en effet
ici
le sens d'"avoilt de'"
chaltge'" honolti-
tique"'",
(pas
seulement
pol itiques, mais
aussi
rel i-
-,
gi euses)
et
il
faut
donc tradui re par
et. non ceu~
qui ont. de'" chaltge", honoltitique", " ,
c'est-à-dire
les
riches
;
sur ce point cf.
J. JOUANNA.
cours
du 26
février
1988,
à
la Sorbonne Paris
IV,
qui
conteste
la
de DILLFR et CORAY,
et
rec-
tifie
la
traduction de LlTIRE.
48. Régime dans
les maladies aiguës KUElll.EWEIN c.7,
112,9
s q Q./l 13, 1 s q q. ~ LI TTRE 1 l, c. 3,
238, Il
s QQ•

221
49. Régime dans
les maladIes sigÜës KUEHLBVEIN c.8,
113,7
s q q. = LI TIRE 1 1 c. 3,
242, 3 s q q .
50.
Traditionnellement,
dans
l'ornithomancie,
c'est
la
droite qui
est de bon augure et
la gauche de mauvais
augure.
Ici' c'est
l'inverse.
Nous
somnes
là en
face
d'une
tradition qui
nous est
inconnue
par ailleurs.
51. Art.
c.5 JOUANNA 229,14/230,1
sq.= LITIRE VI,
8,19
sqq.:
'On quand le lien et le mal ont chacun une
limite,
comment ne pa~ vain là l'ant ? Po un ma pant
j'appelle al~ence d'ant ce qui n'e~t ni fon n~ mau-
vai~. Aai~ quand l'un et l'autne ~ont ld,
i l ne
~aunait plu~ ltne que~tion d'af~ence d'ant",
Les
Sc e p t i que s
é gal eme n t
con tes t aie n t
1a ma n t i que
(c f.
supra,
p.J9J),au contraire des Stoïciens qui
la clas-
saient
parmi
les arts
(cf. Diogène !.AERCE VI l,
149.).
Dans
le
traité hippocratique du Régime c.87,
elle
est
'~XV'1
quai i fiée d' ô.Kpcl3nç,
et
chez ESG-IYLE,
Les Sept contre Thèbes v.25,
elle est
considérée
comme
un art
sérieux,
ô.ljJEu6E~
'~XVl). Chez PLA1'a'J
en
r e van che, 1a ma in i que a
tan tôt
1e
ra n g d' art,
et
même d'un art
supérieur
aux autres
arts,
car
fondé
sur
l' i nspi rat ion di vi ne et
non sur
1a
l;~XV'1,
tan-
tôt
elle n' est
pas regardée comme un art
(Charmide
173
; Politique 290 cl.
Sur
le statut
de
la mantique
chez
les
auteurs de
l'antiquité classique,
cf.
F. HEINIM'\\NN, "[ine vonplatoni-'>che 7heonie den l;~XV'1 "
p.
124 sqq.

222
52. Ole Fragmente ••..
21 B 32.
53. IbId.
21 a 39.
54. E. R. DODDS, op.clt., p. 81.
55. Melv-r Lld\\v H:
xut
XPT1Of.LoùÇ;
xut
ôou
-ro LUÜ-rU
UE.-r· t),n Cowv
(HIstoIre de la guerre
du Péloponnèse V,
103,2.
56. Cf. ClCER(JIj, De Dlvlnatlone l,
IV,
7
III,
7 et
II,
V,
14.
57. IbId.
II, XII,
28.
58. IbId.
II, LXII,
127.
59. MaladIes des
jeunes filles c.1 LI TIRE VIII , 468,17 sqq.
60. RégIme c.87 JOLY 98,1 sqq. = LITIRE VI, 640,15 sq./642,1 sqq.
61. On retrouve
la un adage cher aux Grecs et qui
cor-
respond au français
'a;d~-to;, l~ c;~l t'a;d~~a' ;
cf. de même ESCHYLE, Les sept contre Thèbes v.265-
266
'Qu;tte c~~ ~tatut~ et ad~e~~~ aux d;eux la
~~ule p~;è~e qu; va;lle : qu';l~ comgatt~nt avec
nou~' ; cf. également EURIPIDE fr.
432 '1u;~ to;-
mêm~ quelqu~ cho~~, ~n~u;te ~~ulem~nt ;nvoque le~
d-i.€ux" •
62. Que certains rêves annoncent un état du corps est
une idée qui
revient ai 1 leurs dans
la Collection:
cf. AncIenne médecIne c.IO FESTUGIERE 9,10 = LITTRE
l,
594,3-4,où sont évoquéS des
rêves agités et ef-
frayants
( ÉvunvLaCouoL
-rE
xat

223
50pu13ù\\6E:U
),
en cas de mauvai s état du corps;
cf.
également Epidénlles
KUEHLEWEIN c.23,
199,17
LITIRE Il ,co 10,
670,8
; Semaines
(Appendice),
LlTIRE
IX,
460,14 sqq.
Hors de
la Collectio~ ARISTOTE met
en
1um i ère
1a sol id a rit é en t r e l ' é t a t
du co r p s e t
celui
de
l'âme,
et
soutient
que celle-ci
partage
les
affections
du corps;
en consèquence pour ARISTOTE,
dans
les Parva naturalia,
le songe peut être signe
de maladie,
et
n'est
pas
toujours
prophétique:
cf.
De sensu 436 a 6 sqq.;
436 b 2-3
; De anima
l,
l,
403 a
16-17 ; De
la divination dans
le sommeil 463
a
1-2.
63. De
tel s
r e ve s
son t
a bon d anme n t
r e pré sen tés
dan s
1a
tragédie 00
ils
ont
une
fonction
dramatique.
Dans
les Sept contre Thêbes d'ESŒYLE.
le partage de
l'héritage paternel
au cours duquel
son
frère et
lui
s'entretuent est
annoncé par
les dieux à Etéocle
(v.
709-711).
10,
condamné à être pourchassé par
un
taon par
le
fait
de
la
jalouse Héra
raconte,
dans
Je Prométhée enchainé d'ESŒYLE.
les visions
nocturnes
qui
avaient
précédé ce sort malheureux
(v.
642 sqq.).
Les Choéphores
s'ouvrent
sur
le
rêve de Clytemnestre
qui
voi t
en
songe
l'imminence de
la vengeance du
meurtre d'Agamemnon
(v.32 sqq). Pouvait expliquer
les songes
n'importe quel
devin ou prêtre:
ainsi
dans
J'lliade
1 v.
62-63, Achille propose qu'on
in-
ter r 0 g e soi t
und e vin soi t
un p r ê t r e
(l'a.Vl: ~ v li

224
tEplia
J.
Mais
il
y avait
surtout,
pour cet
office,
des
spécial istes
appelés
ÔVEePOlJ.aV,e>;
("qui p/l.a-
tique la divination pa/l. le~ ~onge~"
; cf. ESCHYLE,
Choéphores
v.
33)
ôVEePônoÀo>;
(Iliade
1 v.
63
V,
v.
149; HERODOTE 1 128,
"qui inte/l.p/l.è.te ~e~
p/l.op/l.e~ ~onge~') et
6VE epOlip ['11>;
(lHEOPHRASTE,
Charactères XVI, Il),
"qui inte/l.p/l.è.te le~ ~onge~
d'aut/l.ui".
C'est
à
6VEVPOlip['11>;
que correspondent
les
interprètes
dèsignés dans Régime
IV c.87 par
l'expression
périphrastique
ELotV
or
Iip[VOUOe
nEpt
,oeo{JLWV
(s.e.
~vunvLwv
).
'0
6VEePO-
WPwv,
enfin,
qu'on
trouve chez EURIPIDE,Hécube
v.
709,
est
également
de ces
spécialistes
de
l'inter-
prétation des
songes.
64. Régime c.5 JOLY 6,21
sq.~ LITTRE VI,
476,12
sq. Ces
ma t son t
été ra p pro c h é s dei a ph Ys i que d' Hé r a c 1 i te.
Le philosophe
formulait
sa thèse par ces mots
célèbres:
"On ne ~au/l.ait ~e faigne/l. deux toi~ dan~
le même /leuve"
:
cf. Die Fragmente 22
B
91
~
PLATON,Cratyle 402 a.
65. Régime c.5 JOLY 7,3 sq.~ LITTRE VI,
476,16.
66.
1b id.
c. 5 J OLY 7, 8 s q. =
LI TTRE VI,
4 7 6 , 20/ 4 7 8, I.
67. A
rapprocher
de BACCHYLIDE 17,26 : rrEnpwlJ.~Vll a[oa.
Cf.
aussi HERACLITE, Ole Fragmente 22 B 94,

l'on
voit
que
le soleil
par exemple a des
limites
que
lui
a assignées
la moira. PLATON évoque souvent cette

225
force
(Lois YI
780 e
2 ; Republ Igue YI II;
566 a 3 ;
Phèdre 255b).
Chez HCMERE,
la
Matou
est une puis-
san c e my sté rie use qui
t end à
dép a s se r même
1e pu i s -
sant Zeus.
68. Régime c.11
JOLY 13,4 sq. = LITIRE YI,
486,13 sq.
69. Sur
la doctrine de
la
MtjJ.!lOI.(;,
voi r R.
JOLY,
Recherches sur le traité pseudo-hippocratique du
Regime,
notamment aux pages
69-72 où
le critique,
après avoir montré une certaine réserve sur
l'in-
fluence démocritéenne et
sophistique,
opte pour une
influence pythagoricienne.
70. Régime c. II
JOLY 13,5 sq. = LITIRE YI,
486,14.
71.
Sur
l'opposition de
la nature et
de
la culture
dans
la pensée grecque à
l'époque classique,
voir
HE
'
l b '
F.
INIM'INN, NaHa$' und .."UcHS". Herkunft und Bede\\! tung
elner Antlthese
lm grlechischen Denken des 5 Jahrhun-
derts,
Bâle,
1945. Cf.
aussi W.K.C. GUll-IRIE, The
Sophjsts, Cambridge,
1971,
p.
55-134.
72. Régime c. 1 1 JOLY 13,15 sqq. = LITIRE YI,
486,22 sq.
73.
Sur
la religion des Asclépiades,
cf.
Infra,
p.
206 sqq.
74 • Cf. E.
). EDELSTEIN and L. EDELSTEIN, Asc 1ep 1us.
a
collection and Interpretation of the testlmonles,
tome 2,
notamment chapitre
II l,
p.
139-i80 'Te.mpie.
fle.d.i.c.i.ne.',
et chapi tre
lY 'Cuit"
p.
181-213. Et
naturel lement, Hypnos,
dieu du sorrrnei l,
reçut en même terps

226
qu'Asclépios
des marques
d'honneur,
puisque
les gué-
risons
avaient
lieu
le
plus
souvent durant
le som-
meil.
En Attique encore,
on croyait
à
la
force
gué-
risseuse d'Amynos et
de cet
anonyme • ·Hpw~ ·Ia,p6~·.
La désillusion provoquée
à
la
fin
du V~ siècle par
la dégénérescence ou
l'inefficacité de certains
arts
(sophistique; médecine
face il
la peste,
d'après
1l-IUCYD1DE 1 1 c • 47)
a u x que 1s i ' Ath é nie n mo yen a v ait
cru tout
au
long de
la
période de
reconstruction qui
avait
suivi
les guerres médiques,
favorisait
ce cou-
rant mystique. Ainsi
SOPHOCLE,
qui
avait
été sensible
au tan t
à
1a ferme n t a t ion
i n tell ec tue Ile qu'à
1a
révolution qu'un Protagoras
avait apportée dans
les
conceptions
traditionnelles,
observa à
la
fin
de sa
vie,
un profond mysticisme:
il
consacra un
temple à
Héraclès,
exerça
les
charges
de pr~tre du héros
guérisseur Alcon,
1 ié au culte d'Asclépios
(Blos
c. 1 1) e t
f u l
v é né réa p r è s
s a mo ft
sou sIe
nom de
llEI;LWV
(Etym. mage
256, II,
s.v.), pour avoir
accueïlJi
dans sa maIson Asclépios
en 420,
dans
le cadre de ses
fonct ions de prêtre,
en attendant que
le dieu
d'EPidaure pût être admis
à
l'Eleusinion d'Athènes.
75. ARISTOPHANE,
les Guêpes,
v.
123.
76.
Ibid.,
v.
118.
77. l!!., Ploutos,
v.
410-412.
78. Description de
la Grèce,
livre
Il,
c.27 par. 3, edidit

227
Maria Helena~Rocha-Pereira, Teubner,
1973 :
oTnÀaL ô~ ELOTnHEoav tv~àç TOG TIEPLS6Àou Tà
~~v apxatov Hat TIÀ~OVEÇ, tTI·t~oü ot Ëç ÀOLTIOL.
tOTL
UTIà
'AOHÀnTILOÜ,
TIPooh L
o~
Hal
TL
tv6onOE
Hat
èSTIwç
Le contenu de deux stèles est rapporté par
E.
J. EDELSTEIN et L. EDELSTEIN, Ascleplus,
tome
1,
'CollecLion ot Lhe 7e~Limonie~',
p.
221 a 237
et
dans
Inscrlptlones Graecae,
IV,
l,
n'121-122.
79. E.
J. EDELSTEIN and L. EDELSTEIN, Asclepius,
tome 1,
p.
228 (miracle 38)
; Ibid., p. 229 (miracle 42).
Ce s mir a cie s da t en t dei a sec 0 nde mo i t 1é du 1V~ s 1è cie
siècle av.
J.-C.
80. 1n f ra,
P. 204 s q q .
81. Cf. ALEXANDERSON 193 sqq. = LITIRE II,
110 sqq.
82. Sur le sens de
cf.
infra,
p. 391
note 49.
83. C'est-à-dire
la divination; cf. ESCHYLE, Prométhée
enchaîné V.486-489. Sur
la, divination dans
l'anti-
quité grecque
cf. R. FLAŒLIERE, Devins et
oracles dans
l'antiquité grecque, Paris, P.U.F.,

_ 228
1961
; R. BUDCH,
La divination dans
l'antiquité,
Paris,
1984.
84. G. KINKEL, Eplcorwn graecorum fragmenta,
1877.
85. Cf.
le Pronost le KlJEHLEWEIN,
p.
78 sqq = LITIRE 1 l,
p.
110 sqq.
86. Cf. L1TIRE 1 l,
99 sq.
87. Th. OOVPERZ, Les penseurs de
la Grèce,
t. 1.,
Paris,
3~
éd.,
1928,
p.
349.
88. A. lHIVEL,
art.cl t.,
p.
60.
89.
90. LITTRE VIII,
531.
91. W. NESTLE, art. c 1 t.,
p.
5.
92. Bienséance c.6 LITIRE IX,
235,10.
93. Cf. R.E.G.,
tome CI,
Juillet-Décembre
1988,
Les
Belles Lettres,
Paris,
p.
22-23,

('article en
question est
résumé.
Il
est
publié dans sa totalité
in Journal des Savants,
janvier-juin
1989,
p.
94. Ces rapprochements ont
été
faits
par U. FLE 1SHER,
op.clt.,
p.
88.
En ce qui
concerne
les Epicuriens,
nous renvoyons il EPIa..RE, Lettre tl Hérodote,
(in
Diogène LAERCE, Vitae phllosophorum, X;
81),

le
mattre critique
les croyances sur
les astres
fondées
sur des mythes ou des
imaginations sans
raison.
LlJCREŒ,
dans
son De natura rermn 1 l,
59 sqq., montre
que seul
le pouvoir de
la
raison peut dissiper
les

229
terreurs
sans objet et
les
superstitions. Pour
SORANUS,
cf. Gynaeclorum Ilbrl
IV,
l,
2,
4,
ed.
Ilberg, C.M.G.
IV,
Berlin,
1927,
où est citée parmi
les qualités
que doit
avoir
la
bonne sage-femne,
l'absence de
superstition
(voir U.
FLEISHER, op.cltj,
p.
88l.A ces
auteurs,
nous
joignons SENEQUE, De la
constance du sage 2.
95. Bienséance c.5 LlTIRE IX,
234, I.
96.
ôELoLoaL~ovLa
prend
le
sens
péjoratif de '~upe~~-
iiiio,,'
seulement à
la
période héllenistique où
il
devient
courant
(cf. 1l-!EOPHRASTE, Charactêres )lNI,
PHILODEME, De Pletate
105
; Diodore DE SICILE l,
62
IV,
51). Chez XENOPHON (Cyropédle
Ill,
3,58
;
Agésilas XI,8)
et ARISTOTE,
Politique
1315 a
l,
..p-Leux..
OELOLOaL)J.ùlV
a encore
le sens
d' EÛOE:l3nç,

Sur ce mot,
cf.
E. DES PLACES,
La
religion grecque,
Par i s,
1969,
chap i t re
Le vocagu.eai~e ~e.eigieux de~
q~ec~', p. 368, s. v.
97. LI TIRE, HE !BERG
ITEPL rIwv
FLEISHER,
op.cit.,
p. 92. On a
la même concept ion de
l'art dans
le
t ra i té dei 'Ar t
c. 8 10lJANNA 23 2,
20/233, 1 s qq. =
LlTIRE VI
12,21 sq./14, I.
98. Bienséance c.6 LITIRE
IX,
234,10.
99. Bienséance c.5 LITIRE
IX,
232,10.
100. Sur
l' amp 1e u r, che z
1es Gre c sen g é n é raI,
Y c omp ris

230
les médecins,
du culte d'Asclépios,
dieu guérisseur
et
protecteur
des médecins,
cf. S.
SHERWIN-WHITE,
Ancleot Cos,
p.
277.
101. Cf.
note
III
ci-dessous.
102. Nature de
la
feome c.1 LlTIRE VII,
312,1
sqq.
103.
Ibid.,
c.1 LITTRE VI l,
312,
104. Maladies des
Jeunes
filles
c.1 LlTTRE Vrll, 466,1 sqq.
105. LlTIRE VIII,
527.
106. Cf.
Illade
II,
400 ;
111,296 ; ANTAGORAS ap,
Dlogêne LAERCE IV,
26
; Qulntus DE SMYRNE VII,7.
107. PLATON, Lois
VI, 773 e ;
Idem, Le Politique 309 c.
108. G. ROUGEMONT,
op.clt.,
p.
120.
109 • J.
BOUSQUET,
0 P • c i t "
p.
588.
110.
Inv.
2475
(in Fouilles de Delphes
III
1.
394
J.
111. Sur
la
traduction
ici
de
àOLWV
par "civil" et
non
".oaC/,,'" , voir J. BOUSQUET, op.cit.,
p.
589.
Se
reporter pour
le sens
de
OOLOÇ,
Il M. H.
JEA!'M\\IRE,
'L~ .ouR.oianiit "no.oia" dan.o le vocaRulai~~ ~~ligieu~',
Revue des études gr'ecques,
1945,
pp.
66-89.
112. Op.clt.,
p.
122-124.
113. Presbeutikos n027 LITTRE IX,
414,3 sq.
114. 1. BOUSQUET,
art. c 1 t . ,
p.
584.

231
115. C'est elle qu'on trouve notamment
dans
l'index hip-
pocraticum de Hamburg,
s.v.
116. Presbeutlkos n027 LiTTRE IX,
414,7 sqq.
117.
ibid., LiTTRE IX,
420,8. Le dieu en question est
Apollon,
le patron de Delphes.
Il est
le dieu qui
envoie les fléaux aux mortels avec ses
flèches:
cf.
iIlade
1 v.35 sqq.

232
C H A P I T R E
I I I
L'AI'<T,
LE
HASARD
ET
LA
CAUSE
*

233
Dans
la pratique médicale(l)
des Hippocrati-
ques,
le hasard,
force qui,
dans
la conception
tradition-
nelle,
est
trés active dans
la vie des
honrnes
où elle
intervient
à
chaque
instant,
aveuglément(2),
perd du
ter-
rain,
les
progrès de
l'art médical
effritant
son
pouvoir!3)
En effet,
plus
l'observation et
les moyens
dont
disposent
1a mé d e c i ne s' amé 1i 0 r e nt,
plu s i e ha s a r d
r ecu 1e
dan s i e
diagnostic,
j'étiologie,
le pronostic et
la
thérapeutique
des maladies. D'ailleurs,
le
plus
souvent,
les
textes où
l'auteur
récuse
le hasard sont ceux où
il
est
proclamé
que
l'art de
la médecine est en
possession de
tous ses
moyens.
La médecine excluant
le hasard,
tout
ce qui
s'y
produit est généralement considéré conrne
se produisant
par
un pourquoi(4).
De
fa i t
dan s
1a Co Ile ct ion,
pre s que
à
au c u n morne nt.
un
phénomène n'est
dit
se produire sans cause(5). On y
rencontre bien
l'expression
âno
npocpa.oLOÇ
ou â.VEU
ou
mais c'est
pour ~igni fier
qu'un phénomène médical
intervient
sans
signe précurseur visible ou 'banb caube
déc~enchante·(6). la
signe
précurseur de
l'a f f e c t ion,
é tan t
sou ven t i n ter pré t ée c omne
s a c a use
déclenchante.
Quant à 'fa caUbe p~imo~dia~e', ,0 at'LoV,
elle
existe toujours.

234
a)
*L'ART ET LE HASARD
Le hasard et
l'art sont donc antinomiques
le
premier est
tout simplement synonyme d'absence d'art
(a:n;xv[Tl
, Préceptes 7 LITIRE IX 258,16 s qq)
;
1a médec i ne,
qui
est un art, c'est-à-dire une pratique rationnelle
capable de rendre compte de
tout ce qu'elle fait,
et qui
repose sur une méthode, 6ôoç (7), ne saurait s'en accorrmodèr.
On trouve dans un certain nombre d'écrits de
la
Collection cette antithêse
T~XVTl / TÛXTl
fréquente
( 8 )
dan s i e s dis c us s ion s sur
l' art
a u V~ e t IV~ s •
Au chapitre 1 du
traité d'Ancienne médecine con-
sacré à démontrer que
l'art médical existe et qu'il est
(9 )
depuis
longtemps en possession de
tous
ses moyens
,
l'exis-
tence de
l'art est
justifiée par
l'Inexistence du hasard
dans
le
traitement des maladies;
aÛT~ tax~nTETo ~Tlô' EÜPTlTO ~TlÔ~V,
navTEç 6~o[wç aÛT~ç anEcpo[ TE
xat aVEncaTn~OVEÇ ~aav. TÛXTl ô'av
naVTa Ta. TWV xa~VO\\l TWV éicOcX~ETO.
VÜV ô'OÛX OÜTWÇ ~XEL.
'Si l'a4t m~dical n'exi~tait nullement et ~i
l'on n'y avait tait aucune og~e4vation ni
aucune ddcouve4te,
tou~ pa4eillemeni 'i.e. les

235
praticiens)
en au~a~ent eu au~~j
peu f'exp2-
~~ence et fa ~c~ence j
fe ha~a~d ~lgfe~a~t
tout fe t~a~tement de~ mafade~. O~ en ~2af~t2,
0
Plu s
) a i Il,
au cha pi tr e
12 du même
t rai té ( 1 ) ,
une
forte
opposition est encore établie entre
l'art médical
qui
a
une méthode
juste et correcte, méthode qui
a
permis
j e s
belle s
déc 0 u ver tes
qu' 0 n y a
fa i tes
a u cou r s
dut emp s ,
et
la
le hasard.
Dans Lieux dans
l'Honme( II),
la part
réservée
à
la
fortune
est
nulle.
La médecine,
en pleine possession
de
tous
ses moyens,
n'a pas
le ma i ns
du monde
beso inde
la chance
:
6.vEupî')aiJa, 0>"1) ••• "Oç; yo.p
6.>..>..0. Hal aVEU ,6 AI)ç; Hal Euv
,ûX~ EÛnO,l)iJELI) av' ~~~I)HE yàp LI)'P,H~
d2couve~te... Cefu~ qu~ ~a~t a~n~~ fa m2dec~ne

236
n'attend pa~ le mo~n~ du monde la chance,
mai~
avec ou han~ elle,
i l ~éuhhi~a. La médecine
~elleh doct~ineh dont elle eht conhtituée ne
hem~lent nullemR-nt avoi~ ~ehoin de la to~tune' (12)
La
fortune est
donc extrinsèque à
l'art,
selon
l'auteur d'Ancienne médecine et
celui
de Lieux dans
l 'bonme. Tant qu' i 1 opère en met tant en oeuvre ses
pro pre s mo yen s,
qui
son t
n omb r eux e t
pu i s san t s,
l' art
n' a
pas
besoin de
la
fortune.
Pour enlever au hasard
toute
participation dans
'activité médicale,
l'auteur
de Lieux dans
l'honme ren-
verse
les
schémas
traditionnels
1a
l:\\Jr\\n n'est plus
au début
de
['activité médicale sur
laquelle elle pour-
rait exercer
son
influence, mais au bout
de
l'effort du
praticien,
dont elle ne
fait
plus
désormais
que couronner
l'activité. Ainsi,
est-ce une
bonne pratique préalable de
1a médec i ne qui,
en assurant
le succès
de
1a cure,
permet
de
rencontrer
la chance comme couronnement
de
la science:
avoi~ mauvaihe to~tune, c'ehi,
igno~ant qu'on
eht d'une cho~e, ne pah la Rien tai~e·(13).
L'Ancienne médecine et
les Lieux dans
l'Homme
sont
donc des
traités qui
exaltent
l'art
en
l'opposant au

237
hasard.
Par e i 1 1eme n t dan s i e t rai té dei' Ar t.
en
réponse aux objections de ceux qui
reprochaient à
la
médecine de ne pas guérir tous
les cas de maladies qui
lui
sont confiés,
et qui,
arguant que des malades guéris-
saient parfois sans
recourir aux soins du médecin(14),
concluaient de ce
fait qu'en réalité ce n'est pas
l'art
qu i opère
les guér i sons, ma i s
le hasard,
l'auteur rétorque
en contestant au hasard
l'importance qu'on lui
attribue.
Sans
lui
dénier
toute efficacité (
Éyw6t OÛlt ânOOTE:pÉW
... wJ~ n'enl~v~ pa~J pou~ ma pa~i, à La
1
1.
"
pp'
.",,)(15)
A I '
.
,..O/L _/lne-
-<..011-<.."
e,..,...<-cac.<--<.."
, et m'Orne en
u 1 reconna 1 s-
sant une certaine réalité cependant
insignifiante (ljJO.ov)(l6),
j'auteur d'Art est convaincu que
le hasard n'opère guère
dans
la médecine.
Ceux qui
ont gUéri
sans
l'intervention du
médecin
l'ont été pour avoi r ag i,
sans
le savoi r,
comme
J'horrme de
l'art
ils ont
rencontré
la médecine(17)
en
faisant
telle ou
telle chose(18) , en se soignant bien,
empiriquement,
ce qui
les a conduits au SUCCèS(19).
Le hasard n'a donc pas de rôle déterminant en
médecine:
une preuve selon
l'auteur d'Art est
la variété
des remèdes dont personne, même
le profane,
ne pourrait
prétendre qu'elle ne relève pas de l'art(20). Avec
j'uti-
1 i s a t ion d' au tan t
ct e mo yen s,
i 1 'n 1 est
plu s po s s i b 1e, même

238
aux malades qui
guérissent
sans médecin,
d'en
rapporter
Ja cause au spontané
( ,<,> aû,o]J.(hov
),
en bonne
logique(2J).
Einp r un tan t
1a mé t a p h 0 r e
dut r i bu n al,
l' au t e u r
dit
du
spontané qu"il e6t manite6tement convaincu de
n' ê-i/l.l!. /Li en 1
'ca/l.,
poursuit-il,
tout
pOU/l.quo~, le 6pontané n'a vi6itlement d'exi6tence que de
, ( 22)
nom
.
Ce constat
établ i,
les Hippocratiques s'atta-
chent
à
Ja
recherche des
causes.
b)
*lA REŒlERGIE DES CAUSES
Puisque
la médecine est
de
l'ordre du pourquoi(23),
Je médeci n do i t
s' i ntéres ser
à
ce
pour quo i,
en cherchant
à connaître
les causes
des
phénomènes médicaux qui
se
produ i sen t.
C'est
à
la
recherche
de ce qu'est
la vraie
na t ure d e I ' h olUne a i n s i
qu'à
1 a cau s e
des e s ma 1ad i es
qu'est
effectivement
consacré
Je
traité de
J'Ancienne
médecine:
son auteur
conteste ceux qui
recherchent
la
nature
de
"holUne,
ainsi
que
la cause de ses maJadies et
de sa mort,en
recourant
au
postuJat(24).
A cette méthode
récemment
introduite en médecine,
il
veut
qu'on
substitue
l'ancienne méthode qui
est
fondée
sur
une étude relation-
nelle:
il
s'agit
d'observer
comment
J'homme
réagit à ce

239
qu'il mange et
boit et à
l'ensemble de son régime(25)
C' es t
par
ce
moyen
qu'on
connatt avec
le plus de
(26 )
certitude la constitution de chacun d'entre nous
et par conséquent
l'origine de nos maladies. Cette méthode
de
l'observation aboutit à
la découverte de
la cause des
maladies,
qui
réside,
selon
l'auteur du
traité,
dans
les
contre-temps et
les excès du régime(27).
Le traité des Vents est également une enquête
sur
la cause des maladies.
La problématique est posée dès
. ,
le préambule
TIOTE
ULTLOV
TGiV

vouowv
Hal.
; "queLLe e~t donc La cau~e de~ maLadie~ et queLLe
e~t La cau~e p4incipaLe et La ~OU4ce de~ attection~ C04-
p04eLLe~?" Le principe, cause de toutes ces maladies est,
,
1 , · ( 2 8 )
1
seon l auteur,
air
.
*
*
*
Les
traités
tant coaques que cnidiens ou autres
portent un intérêt particulier à
la cause des affections
qui
sont
traitées et
l'importance accordée à
l'étiologie
est une des caractéristiques de
la Collection

240
hippocratique oD
les auteurs cherchent
a donner de chaque
ph é n omè n e
une exp 1 i ca t ion.
S' ils 0 n t
ch 0 i s i c e t t e v 0 i e ,
ce n'était
pas
sans raison.
Ils
voyaient
en effet qu'en
connaissant
les causes des maiadies,
la
lutte contre
elle s
de ve na i t
e f f i cace.
cl
*lA CAUSALITE ET lA lHERAPElJfIQUE
Si
les Hippocrat iques attachent
tant
d' impor-
tance à
la cause des phénomènes médicaux,
c'est que cette
connaissance est
le point
de départ
d'une
bonne pratique
médicale:
elle permet en effet
d'apporter
à
la nature
humaine malade
le secours précis dont
il
a
besoin,
quel
que soit
le cas donné(29).
Dans
beaucoup de
textes
hippocratiques,
la con-
naissance des causes est en corrélation avec
J'efficacité
thérapeutique.
II
en est ainsi
dans
ce passage d'Art(30)
~anEp ~b
Et6ëvaL
TWV
vouawv
Ta
aLTLa
Hat
Ta
ôEpanEUELv
aUTàç
ÉnLaTaaôaL
"Il lui appa~tient (i.e. à
la même
intelligence,
Tnç
auvëaLoç
) de connalt~e le~ cau~e~ de~ maladie~
Pareillement,
dans
le
traité desVents,
consacré
a d émo n tr e r que l' air est l' age n t p r i ne i pal des ma 1ad i es ( 31 )
qui
a Cf e ete n t
l' homme,
l' a u t eu r
jus tif i e
son
i n t é r ê t
pou r
la
recherche de
la cause des maladies(3J) par Je fait que quand
1.

241
on
la connatt, on est en mesure d'appliquer au corps
malade ce qui
lui est utile
(.EL
y&p
,LÇ
d6dTl
env
/
voan~a,oç,
oIoç
npOO<(JË;PE LV

QU~«J~pov,a
,0
ow~aHi32) •
La même idée est exprimée dans Nature dans l'homme
'"n
connai">">ant la cau">,,,
dit en substance
l'auteur, on
à
qui
la
env
6~
LTlOLV
xpn
nOLELo&aL
aû,wv
Évav'Loû~EVOV ,~
( 33)
npOqJâOEL
,ljç
voûoou
L'auteur de l'Ancienne médecine,
dans sa défi-
nition de ce qu'est
la cause d'un mal,
associe cette
cause à
la présence du mal,
tandis que
la modification
de cette cause par un traitement adapté correspond à
la
cessation du mal
yCvEo&aL
âvâYHTl,
~E,aSaÀÀ6v,wv
6~
Éç
âÀÀf}v
HPljOLV
naûEoôa0(4) .
Le rapport entre
la connaissance de
la cause
et
la sauvegarde du malade apparatt encore au c.23 du
même
traité: Hat
aÀÀa
~upCa
a 6EL
nav,a
EL6~vaL
d6Ea
OXTlw:hwv

242
d~tt~Rence~, at~n que ~achant La cau~e de toute cho~e,
' J '
'"
P
J,(35)
on p~enne le~ p~ecau~~on~ qu ~~ ~au~
.
Le
texte suivant
illustre égal~ment le
lien
établi
dans
les
écrits hippocratiques entre
la connais-
sance de
la cause des maux et
leur guérison
de La m~dec~ne e~t d'enLeveR La cau~e de La maLad~e POUR
,
' ,(36)
gueJt ..(.../l.
dans Femmes stériles c.217 LITTRE VIII,
420,
22/422,1 (37), qui
appartient à
la couche C des
traités
gynécologiques,
la recherche,
puis
la découverte de
la
cause vont de pair avec
la thérapeutique adéquate;
dans
Maladies des
ferrmes
1 c.62 LITIRE VIII,
126,17
sqq.,
qui
appartient également à
la couche C des traités gynécolo-
giques,
on
lit
' I f taut qu'au~~~tôt Le médec~n ~nteRRoge ~o~-
gneu~ement ~UR La cau~e (i.e. de J'affection)
at~n de pouvo~~ ~ta~L~~ Le tRa~tement (qui con-
vient à
la femme),
ca~ Le t~aitement de~ maLa-
malad~e~ ma~cul~ne~·.
On citera enfin LIeux dans l'honme c.3]
JOLY 65,22 sqq./
66, ]
=
L 1TTRE V],
3 2 4 ,2 s q.,
qui con t i e n t ] a même
idée.
En amenuisant
la part du hasard en médecine et
en affirmant
que
les maladies ont des causes naturelies
qu'il
faut
identifier,
les médecins hippocratiques ont
fait
faire de grands pas à
la médecine,
car cette manière

243
de procéder
leur permettait de cwnbattre efficacement
les
maux en s'attaquant à
leurs causes mêmes.
Gr â c e à cet t e d éma r che,
0 n est
aIl é
i nd é nia b 1e -
ment vers
une médecine plus scientifique.
Cependant ce n'est pas avec la même vigueur que
tous
les Hippocratiques dénient au hasard quelque action
en médecine.
*

d)
DU ROLE aN:EDE AU HASARD DANS ŒRTAINS
EŒITS DE LA COLLECfI()Ij.
Certains parmi
les Hippocratiques concèdent
encore au hasard une part non négligeable dans
les af-
(38 )
faires médicales.
L'auteur d'Affections c.45
admet
encore que
le hasard a un rôle en médecine:
ainsi,
à
pro p 0 s des v 0 i es par
1es que Ile s i e s mé d i came nt s son t
découverts,
il est d'avis que certains
le sont par
la
réf 1e x j 0 n ( "(vt.J]ln
tandis que d'autres
le sont par le
hasard
(
6.nà
J. Ainsi est-ce par hasard qu'on
découvre quels médicaments se donnent en potion et quels
s'appl iquent
sur
les plaies.
Les découvertes par
le hasard
sont,
selon
lui, il
la portée de
tous,
tant des gens du
métier
(XELIJOl:ÉxvaL
) que des profanes
(
t6LGnaL
).
L'auteur de Prorrhétlque 11(39) envisage des cas
d'affections de
la moelle épinière dues soit il une chu·te,
soi t
il une autre cause,
soi t
spontanément
linà.
aÛl:o]lcil:Ou),

244
de m~me qu'au chapi tre 20( 40),
il ment ionne
des
affections des yeux qui
surviennent soit à
la suite de
causes connues,
soit d'elles-memes
(ECl:E
~H
npoql(lo[wv
Y~VOLl:O,
ECl:E
aûl:6ual:OL).
Citons également Maladies
1 c.7 où certains
phénomènes médicaux sont
imputables au hasard:
ana
l:aÛl:OUal:OU
tv
l:fjOL
VOÛOOLOL
Y[vEl:aL
Hat
aya3à
Hat
HaHa .••
Tà yàp l:OLaOl:a
6L'
OÛ6Eu(nv
OUl:E
aÛl:Oual:OU
Hat
i':nLl:Ux[nç ..•
'Vo~ci de~ phinomine~ tavoRaLle~ ou ditavoRa-
Lle~ qui ~e pRodui~ent chez le~ palient~ ~pon-
taniment:
'"
la
pRoducLion
ou
non
phinomène~
n' eht
en
/lA.. en
J... mpu-
taLle
ni à l'ignoRance n~ au ~avoiR-taiRe de~
• ( 41 )
à la tORtune ...
Dans ces cas
là,
un beau hasard engendre des
phénomènes
favorab 1es
tnl:pot
nOLÉouoL
tv
aya3o.. (42)
D'un hasard malheureux naissent
des situations critiques:

245
ârrEpya.!:ov,aL
arro
Dans
le trai té récent Bienséance c.13,
le
hasard est
intégré a la causalité au même titre que la
nature
"AOTa,a
yàp

~v
ùypoloL'
OLO
HaL
E6~E-
,arroLn,a
ùrro
~UOLOÇ
HaL
ùrro
TUXnç
au~~i tien la natu4e que le ha~a4d peut le~
• (44)
challge4
.
I l e n est de même dan s
1a l e t t r e l 6, d ' é P0 que
également récente,où est proclamée sans ambages
la part
du hasard dans
la médecine:
. ,
KaL
oxÉoov
aEL
rrpoç
,ÉÀEa,
,0
~Èv
avôpwrrou,
,0
oE
TÉXVn.ç,
i:iv
,0
uÈv
üonÀov,
TO
oE
,nÇ
~rrLo'~Unç
wpco,a c .
~EI

~v
au~O,ÉPOLOL
,OU,ÉOLO L
HaL
,uxnç.
'P4e~que tOUjOU4~ nou~ lutton~ cont4e deux
te4me~, le patient et l'a4t / le patient où

246
tout e~t caché,
f'a~t qu~ ~epo~e ~u~ un ~avoi~
p
"
.(45)
.,....o/z'A-un.e
(Traduction L ITTRE ,
légèrement
modifiée).
Ces derniers auteurs ne croient assurément pas
comme
les premiers au caractère absolwment
rationnel
de
tout ce qui
se produit en médecine. Sans doute
l'expérience
des uns et des autres est-elle di fférente et c'est à elle
qu'il
faut
rapporter
la différence dans
leur attitude.
*
*
*
Après
la réflexion sur
l'art,
le hasard et
la
cause,
un autre sujet de réflexion des Hippocratiques,
capital en ce qu' i 1 concerne
ia méthode à suivre en
médecine pour que celle-ci
soit
scientifique,
doit main-
tenant être exposé:
il a trait
à
la connaissance en
médecine.

247
-=
R
E N V
O I S
=-
1. Su r
TUXTl
voir E. DES PLACES, La religion grecque,
Paris,
1969, p.
III sqq.
2. Cf. MENANI:REFr. 483KOO< (C.A.F.
III,
p.
139
TÛXTl XU~EPvq
navTu).
3. Cf. Lieux dans l'homme c.46 JOLY 76,
6-77,
4 = LITTRE
342,4 sqq.
4. Cf. Art c.6 JOUANNA 230,16 sq. = LITTRE VI,
10,10 sq. :
nuv yàp Ta YLv6~EVOV 6LU TL EÙPLOXOLT' âv YLv6~EVOV.
5. Seuls certains auteurs évoquent des cas où
le hasard
opère. Cf.
Infra, p.243 sqq.
6. Ce son t
les sens de np6qJuoLÇ
dans
la Collection,
à
l'exception de Maladie sacrée c.1 GRENSBMANN
62, 12 = LI TTRE VI, 356, 10 0 ù 1e ma t sig nif 1e
"p/té.iexiR." i
les nuances du mot sont bien perçues par
J. JOUANNA, Hippocrate. La Nature de l'homme, Com-
mentaire p.29Isq. Cf.
aussi H.R. RAWLINGS III "A
Semanii.c Siudy o-!,-
ITp6qJUOLÇ
io
400 B.e.", Hennés,
Wiesbaden,
1975, p. 40 sqq.;
p.
44 ; p. 47 ; et
K. WEIDAUER, Thukydldes und die hlppokratlschen
Schrlften, Heidelberg,
1954,
8 p. ; H. DILLER
"Au.o-
d/tuck.o/.o/tmen de.j mR.inodi..ocnen B~:UUn..t, .i.n den IUppo~chen
épi.demi.en" , Archiv für Begrlffsgeschichte 9 (1964),

248
133 sqq
; K.
von FRITZ, Die grlechische Geschlcht-
sChreibl!ng
Bd.
1 :
von den Anfangen bis Thukydides,
Be r 1 in,
1967,
6 2 3 - 6 2 9 .
7. Cf. Ancienne médecine c.2 FESTUGIERE 2,4
LITIRE l,
572,9.
8.
Sur
les
textes de
la Collection où cette antithèse
est
présente,
cf.
nos analyses, supra,
p.
235sqq.;
P. JOOS, "Zu/aii, Kun~t, Natu~ lei den Hippok~ati-
ke~n", janus XLVI
1957,
pp.
238-252.
Hors de
la CoI-
lectlon,
cf. f.
HEINlMANN,
"cine vo~piatoni~che
7heo~ie de~ TÉXv~
",
p.
108,
n° 18,
où son t
c i tés
PLATON, Gorgias 448 c
.
, ARISTOTE, ~taphyslgue l,
981 a
1 sqq.; EURIPIDE,
Iphigénie en Tauride v.
89
AGAnION Fr.
8 (NAlJC]( 2 ). Ajoutons
à
ces
passages
AGAnION Fr,
6 ; ARISTOTE,
Poét igue
1454 a
10 sqq.
MENANDRE, M<>nost.
495
; EURIPIDE, Alceste v.
785 sq.,
tous cités par
j.
jOUANNA, Hippocrate, Des Vents,
De
l'Art . . .
p.
187,
n.l.
Sur
l'opposition
TÉXV~ 1
voir également A.-j.
FESTUGIERE, Hippocrate,
l'Ancienne médecine,
note
10,
p.
31
sqq.; Th. GCMPERZ,
Die Apologie der Hellkunst •.• ,
p.
109. DEMXRlTE
(Vors.
68 B 197 Dl
oppose quant
à
lui
l:UX~
et
oocpLa,
tandis que pour PLATON (Phèdre 270 e
11),
l'art exclut
toute démarche aveugle,
XU~AOÜ nOPEC~
9. Ancienne médecine c.2 FESTUGIERE 2,4
sqq.; LITIRE l,

249
572,9 sqq.
10. Ancienne médecine c.12 FESl1lGIERE 10,6 sqq.; LITIRE
[
596,8
sq(j.{598,1
sq.
II. Lieux dans
l'homme c.46 JOLY 76,6/77,4 ;
LITTRE VI,
342,4 sqq./344,1
s'l.
12.
Ibid.
c.46 JOLY 76,19 sqq.; LITIRE VI,
342,14 sqq.
13.
1 b 1 d.
46 J OLY 76, 2 6
s '1'; Li TTRE VI,
342, 20 s '1 .
14. Art c.5 JOUANNA 228,6
sqq.; LITIRE VI
6,22
sqq.
15.
Ibid.
c.4 JOUANNA 227,12 s q. ; LiTIRE VI,
6, 1 1.
16.
Ibid.
JOUANNA 227,18 ;
LiTTRE VI,
6, 16.
17. Ibid. JOUANNA 228,8 sq. ; LiTIRE VI, 6,24/8,1.
18.
Ibid.
c.S JOUANNA 228,15 sqq.; LiTTRE VI,
8, 6 sqq.
19. Ce sont
en effet
les
bons
traitements qui mènent
au succès,
Art
c.4
JOl1ANNA 227,
13 sqq.; LITIRE VI,
6,
12 sq
'OLOL
di
EÛ'UXL~V . A rapprocher de Lieux dans
l'homme c.46 JOLY 76,26sq<lfLiTIRE VI,
342,20 sqq.
20. Art c.6 JOUANNA 230,3 sqq.; LITIRE VI,
8,23/10,1
sqq.
21.
Ibid.
c.6 JOUANNA 230,9 sqq.; LITTRE VI,
10,5 sqq.
22.
Ibid.
c.6 JOUANNA 230,15
sqq.; LITTRE VI,
10,9 sqq.
23.
Ibid.
24. Ancienne médecine c.1 FESTUGIERE 1,1
sqq.; LITTRE 1,

250
570,1
sqq.
25. Ancienne I1Êdecine c.20 FESI1.GIERE 18,13 sqq· = LITIRE "l, 622,7 sqq.
26.
1b 1d.
c. 20 FES11XJ1ERE 18, I l s q q. = LI TIRE 1,
622, 5 s qq .
27. Cf.
c.21 FES11XJIERE 19,18 sqq. = LITIRE l,
624,19/
626,1
sqq.
Les excès sont évoqués à plusieurs
reprises
dès
le début du
trai té
;
cf.
c.3 FESTIX;IERE 3,16 sqq.=
LITIRE l,
576,9 sqq.;
c.6 FES11XJIERE 6,2 sqqiUTIRE l,
584,3 sqq.:
nav,a
6n ,a UL,LU ,oû n6vou Éç ,à
uv,a âVUYE'UL,
,à Coxup6,u,u UUÀLO,U ,E
KUt ÉnL~v~o,U'u ÀUUULVE,UL ,àv üvGpwnov
Kut ,av ÙYL~U É6v,u Kut ,av Kauvov,u
Cf. aussi c.14 FESILGIERE 12,3 sqq.= LITIRE l, 602,2 sq.: c.IO
FESI1.GIERE 8,11 sqq. Wais le défaut dans l'aliIDèntation est aussi
néfaste: cf. c.9 FESTUGIERE 7,12 sqq. Une nouvelle origine des
maladies ~st introduite dans Ancienne ώdeclne aux chapitres 22 et
23 : elle réside dans les oxfJuu,u
(c.22 flSl1.GIERE 19,25 =
LITTRE l, 626,7) qu'on traduit, à partir d'~ISUJnE, par 'o~gane',
mais qui n'exprime pas encore dans l'Ancienne ώdeclne cette notion.
La traduction de LITTRE par 'o~gane', qu'on retrouve chez ~IERE
(cf. Ancienne médecine c.22 FESI1.GIERE 19,37 ; 20,4), est fautive.
28. Cf. Vents c.4 JOUANNA 107,11
sq.= LITIRE Vl,
96,1
sqq.:
à âr\\p)
ULHOÇ
,OÛ
(Hou
Kut
,wV
VOUOWV
,0ï:OL
vOOÉOUOL.
Voir également le chapitre 15 J~ 124, Il sqq.= LITIRE VI,
114,13 sqq. Au 1ieu de
âr\\p,
on trouve souvent dans le texte
CPÛOUL
et voici la distinction que l'auteur fait entre
ces deux terrœs au c.3 J~ 105,14/106,1 sq. = LITTRE VI, 94,1 sq; :

251
37. Ce passage correspond à Superfétation c.29 L1TTRE
VIII,
498,4 sq.
38. Affections c.45 LlTTRE VI,
254,9 sqq.
39. Prorrhétlque
Il
c. 16 LITTRE
IX,
42,9
sq.
40.
IbId. LITTRE IX,
48,5 sq.
41. Maladies
1 c.7 WllTERN 18,12
sq./20, 15 sqq.= L1TTRE
VI,
152 ,9 s q./ J 54, 1 s q q •
42.
Ibid.
c.8 WllTERN 20,19 sq.= LlTTRE VI,
154,5 sq.

252
43. Waladles
1 c.8 WITIERN 22, 10 ~ LITIRE VI,
154,16 sQ.
44. Bienséance c.13 LITTRE IX 240,7 SQ.
45. Lettre nOl6 d'HIPPOCRATE à CRATEVAS, LITTRE IX,
346,8
S Q Q.

253
CHAPITRE
IV
LA
CRITIQUE
DE
LA
CONNAISSANCE
DANS
LA
COLLECTION HIPPOCRATIQUE
*

254
Les Hippocratiques ont cherché â avoir
un
fondement
sur
de
la connaissance de
la
nature
humaine et
de
la cause de
ses maladies
en se posant
la question
suivante
pour
que cette connaissance soit
sare --con-
dition de
la correction du pronostic et
de
la
thérapie
qui
en découle--,
faut-il
procéder à
l'observation des
phénomènes
corporels
par
les organes des
sens,
observa-
tion dont
bien entendu on
tire ensuite,
grâce â
un
rai son n eme n t
non
s p écu 1a tif,
ma i spa r t ide s
fa i t s,
des
loi s
sûr e s
sur
1a
na t ure huma i ne,
0 u
b i en
fa ut - il,
partant
des
postulats,
chercher
la vérité dans
la spécu-
lation ? A vrai
dire,
les Hippocratiques
ne sont
pas
les
premiers
ni
les
seuls à avoir
cherché à
établir
une
théorie de
la connaissance:
d'autres
catégories de
penseurs,
tels
les
sophistes,
ont également élaboré une
critique de
la connaissance(I).
Elle est
absente chez
AR 1STOTE. ma i son
1a
.." t r 0 u ve plu s
t a r d dan s i e dé bat
entre Empiriques
et Dogmatiques(2l,
et
plus
près
de
nous,
entre BACON et DESCARTES.
*
*
*
Deux
tendances
se dégagent
de
la Collection:
ce Ile qui
fai t
reposer
la médecine sur
l 'observat ion des

255
phénoménes
corporels et
celle qui
part
des
postulats.
1 -
*LES EMPIRIQUES PARTISANS DE L' INDlX::TICX\\l
Ils
sont
les
plus
nombreux dans
la Collection.
La plupart
des médecins hippocratiques
fondent
en effet
leur
art
sur
l'observation.
1/ *LE 1RAlTE DE L'ANCIENNE MEDECINE
al *rnlTIQUE DE LA ME1HJDE SPEaJLATIVE
EN MEDECINE
Pour
l'auteur de ce
traité,
la médecine,
pourêtre
scientifique,
doit
suivre
la
voie qui
était
la
sienne
depu i s
1es
premi er s
temps
de
l' human i té,
c' es t -à -d ire
partir de
l'observation des
phénomènes corporels.
L'af-
firmation est
faite dans
le cadre
d'une polèmique contre
les
penseurs et médecins
qui
considéraient
au
contraire
que,
pour
atteindre ce but,
il
fallait
partir
de
pos-
tulats
phi losophiques.
L'auteur d'Ancienne médecine se dresse contre
l'introduction du postulat
(On6&EoLv
Ono&t~EvOL )(3)
dans
la médecine qui
existe déjà en
tant
que
science(4) et
qui
a depuis
longtemps sa méthode et
sa voie propres:

256
t n1:p LId)
6~
ndÀa L
ndv1:a
Hat
Kat
Môç
EûPnJ-dvn) (5)
Il
distingue
nettement
un domaine où
le pos-
tulat,
la spéculation
s'imposent,
et celui

ils
n'ont
rien à
faire.
Da n s i e p r em i e r
cas,
) a na t ure même d e i ' 0 b jet
de
la
recherche nécessite
le
recours
au postulat
il
s'agit de choses
qui
échappent à notre champ de percep-
tion sensuelle,
c'est-à-dire des choses qui
sont au ciel,
,
1:a
).J.E1:~Wpa
et
des
choses qui
sont
sous
la
terre,
( 6 )
1:&
unô
yf\\v
L'auteur du
traité ne récuse donc
pas
le postulat
là où
il
le
faut.
Lui-même est
au courant
des
travaux des
phi losophes et savants de
son
temps(7).
Mais
il
considère que
le postulat appartient
au domaine
des
cosmologues
qui,
s'exerçant
sur des choses
sur
les-
quel les
il
y a
forcément
doute --dans
la mesure où elles
ne comportent
pas de critère sûr qui
permette de
découvrir
ce qu'elles
sont en vérité--,
sont
obligés,
dès
lors
qu'ils
veulent
en
traiter,
de partir d'hypo-
thèses.
Ils
ne
sont
pas
sars,
dans ces conditions,
d'at-
teindre
la vérité;
et même
l'obtenant,
ils
ne
le sau-
raient pas,
par
défaut
d'un critère(8).
Ils peuvent
cependant
tirer
de ces
hypothèses des conséquences cohé-
rentes et
satisfaisantes
pour
l'esprit. C'est ainsi
qu'au VI~ et V~ s. av.
).-C.
en Grèce,
le postulat avait

257
permi s aux phi losophes
rational istes de proposer des explications
cohérentes
de
l'Univers et des
êtres
vivants.
Au contraire,
d'après
l'Ancienne médecine,
les
spécialistes de
l'art médical
devraient
se
passer
de
postulat.
Le médecin
a affaire à
un objet
qui,
appar-
( 9 ) .
h
tenant
au
<jla.VT1PClv
,
aux. c
O,J.e.,J
",en",',
ne comporte pas de doute.
Il
n'y a
pas
1 ieu,
par
conséquent,
de
recourir au postulat en médecine(IO).
Dans
une comparaison à
la
fois
heuristique et
ironique,
l'auteur
d'Ancienne médecine compare
Jes
hypothèses
des
médecins et
des
savants à des
constructions
savantes,
plus
proches de
l'art
du peintre
(ypa.<jl~llt'i )(11) que de
1a mé d e c i ne.
Ce t
art pic t u raI,
0 n
en a
une des cri p t ion
dans
un
fragment
d'Empédocle(12)
à
l'aide d'un petit
nombre de
couleurs mélangées
dans
des
proportions
savantes,
le peintre cherche à
représenter
l'ensemble
des
êtres
qui
existent,
les arbres,
les hommes
et
les
femnes,
les
bêtes
sauvages,
les oiseaux,
les
poissons,
les dieux.
De
la même manière,
les médecins
et
les
savants
pris à
parti
prétendent,
selon
l'Ancienne médecine,
à
partir
d'un
ou de deux éléments,
rendre compte de
la
diversité
des constitutions
individuelles et
des maladies.
C'est
une démarche purement
logique,
fondée
sur des
préjugéS.
La
réalité,
à
tort,
n'est
pas observée,
alors
qu'elle est
observable.

258
bl *{NE ~INE
"SCIENTIFIQUE"
EST {NE
MEDECINE D'OBSERYATIa-l
Toute connaissance
scientifique de
la nature
de
l' horrme ai ns i
que de
1a cause de ses ma 1adies
repose
sur une étude relationnelle.
Diététicien convaincu que
la plupart des maladies
ont
leur
origine dans
le régime,
l'auteur de
l'Ancienne médecine considère qu'il est
in-
dispensable,
si
l'on veut
avoir cette connaissance,
d'observer
dans
le détail
la
réaction de chaque individu
à
l'ensemble de son
régime
de v i e :
ûvuYKuIov ELVUL
nEPt ~UOLOÇ
Elo6vUL
KUt navu onouoaouL,
wç ELOETUL,
ELnEp TL ~~ÀÀEL TWV OEOVTWV nOLnOCLV,
o TL T6 tOTLV 6.vôpwnoç npoç Tà. tOÔLÔ~EVU
Ê:KaOTou
b{aOTù/ OU,t!3i]oETa L.
lia t lLf] ûnÀwç
OÙTWÇ'
"novDPOv
É:cn L f3pw~a TUpOÇ'
novov yâp naotXEL
T~ nÀnpwôÉ;VTL
U~TOÜn,
ÛÀÀà T(va TE novov Hat O.Là TC Kat TCVL
TWV tv T~ âv0p~IT0 É:vE6vTWV âVEnLTnOELoV

259
"Ca4 i l e~t un point ce4te~ qu'il me pa4alt
indi~pen~afile qu'il (i. e.
1e médec in) con-
nai~~e conce4nant la natu4e humaine,
et qu'il
taut qu'il ~'applique à connalt4e ~'il veut
tai4e ce qu'il taut,
c'e~t ce qu'e~t l'homme
pa4 4appo4t à ce qu'il mange et fioit et pa4
l'ettet de chaque compo~ant du 4~gime ~U4
chaque compo~ant du c04p~(13). Et il ne ~ut-
tU4e mauvai~e. Il p4ovoque de la douleu4 chez
celui qui ~'en 4emplit",
mai~ quel gen4e de
douleu4,
et à quelle pa4tie dan~ l'homme i l
" ( 14)
ne c.onvient pa~
.
L'auteur d'Ancienne médecine invite donc à une
étude relationnelle. A ce sujet, on remarquera l' impor-
tance de
np6ç
(cinquième
ligne du
texte grec ci-dessus),
préposition exprimant
ia relation.
Le médecin doit
observer
les réactions différentes des
individus aux
divers aliments et boissons de
leur
régime pour connaltre
leur nature humorale individuelle,
leur
idiosyncrasie.
c'est en partant de
l'observation rigoureuse des
faits
médicaux, matérialisée par des questions détaillées
telles que "~fva
~E:
n6vov
(s.e.
naptXEL ô
~upoç)
~vE:6v~Cùv
âVE:nl~f\\6E:lOV
")
que
l'on atteint
l ' âM6 E: la
(1 5 )
"J a

260
vér i té" sur
la
nature humaine et
par
conséquent
sur
la
cause
de
ses maladies.
C'est
pourquoi
l'auteur
d'Ancienne
médecine est
pour
une médecine d'observation et
non de
postulat.
2/ *lA mlTIQUE DE lA alNNAlSSMCE Uo\\NS
lA NATIJRE DE L'~
L'auteur
de ce
traité pose
le principe de
la
nécessité de
séparer
la phi losophie
de
la médecine
si
l'on
veut
avoir
une connaissance exacte de
la nature de
l 'homme
:
,~v âv3pwrrov ErVUc, OU,E rrDp, OÜ,E üowp,
OÜ,E y~v, OÜ,E âÀÀo oûo~v ~ ,c ~~ ~uvnp6v ~a,c
tVE~V ~v ,0 âv3pwrr~.
·Quiconque a ~'hagitude d'écoute~ ~e~ di~c04~~
~u~ ·~a natu~e de ~'homme qui dépa~~ent ~e
~t~ict domaine de ~a médecine,
n'a pa~ inté-
~êt à écoute~ ce di~cou~~. Ca~ je ne di~ nu~-

261
nullement que l'homme e~t a~~, n~ qu'~l e~t
teu
ou eau,
n~ te~~e, ni ~ien d'aut~e qui ne
~ 0 ~t f'a~ man~te~tement f'~é~ en.t dan.~ .t' homme' (16) .
Cependant,
la suite du
traité
révêle
une
am-
bigul"té dans
le
refus de
la philosophie en médecine. (17)
En effet,
le mépris
que
l'auteur
affiche
pour
la phi losophie,
au chapi tre premier du
trai té,
se
1 imi te
en
fait
à
la philosophie moniste.
Sur ce point,
il
y
a
une différence
importante entre Nature de
l'homme et
AncIenne médecIne,
traité où
le mépris
pour
la phi losophie
en médecine est global.
L'auteur de
la Nature de
l'homme
est
influencé,
tant
pour
la doctrine que pour
la méthode,
par
le philosophe pluraliste EMPEDOCLE(18).
Pour
la
doc tri ne,
même
s' i 1 a é vit é,
é tan t
don nés a
po s i t ion de
départ
contre
la philosophie,
de
reprendre à
l'Agrigentin
s a
thé 0 rie sur
1es é 1éme n t s
(i 1 est
un ad e pte d e i a
théor ie humorale),
il
a cependant
transposé celle-ci
en
ramenant
le
nombre des humeurs --multiples,
dans
la
tradition médicale(19)- à
quatre et en
leur
attribuant
les qualités des éléments d'EMPEDOCLE.
Concernant
la méthode,
bien qu' i 1 ait
opté pour
l'observation du
~vnp6v
dans
le domaine médical,
il
n'a pas choisi,
comme
l'auteur
d'AncIenne médecIne,
la
méthode de
l'induction en partant
des
faits,
pour
aboutir
à
des
conclusions. Au contraire
l'auteur de
la Nature

262
de
l'horrme établit,
au
préalable,
conme celui
de Régime,
Vents, Chairs,
la nature de
j'homne,
composé selon
lui
de phlegme,
de
sang,
de
bile
jaune et de bile noire;
en sui t e s eu 1eme nt,
i 1 en t r e pre n d d' end émo n t r e r,
par
l '0 b s e r vat ion,
l' ex i ste n cee f f e c t ive dan s i ' h onme. Ce t t e
démarche
le
rapproche encore des
philosophes
partisans
de
la déduction,
alors même qu'il
veut
lutter contre
l'intrusion de
la philosophie en médecine.
3/ *LA CRITIQUE DE LA CONNAISSA1'CE DANS
PRECEPTES
ET
BIENSE:AI'l::E.
L'auteur
de Préceptes ne pense pas différem-
ment
de celui
de
{'Ancienne médecine.
Pour
lui,
en effet,
(~O)
le À.oY~01-l6ç ~
, ou raisonnement,
n'a de valeur et
ne
doit
etre pris en compte en médecine que dans
la mesure

il
part
de
la perception,
de
l'occurrence
(. Éj.(
TlEP~Tl'WO~OÇ
)(21)
lors
du
raisonnement,
la déduction
doit
être conduite d'après
les
phénomènes(22)
,6v À.oY~01-l6v, ~VTlEP Éj.( TlEP~Tl'Wa~oç
TlO~~TU~ ,nv âoxnv, j.(ut Tnv j.(UTU~Opnv
Éj.( TWV ~~vo~Évwv ~Eao6Eüry.
"Je loue aU44~ le ~a~4onnement qu~ p~end ~on

263
point de dépa~t dan~ L'occu~~ence, et qui
e~t mené d'ap~é~ Le~ phénoméne~·.
Le
raisonnement
non corrigé par
les
faits
débouche
sur du probable
(nLôavoç
)(23). On doit,
pratiquant
la médecine,
s'appuyer plutôt
sur
l'expérience
raisonnée (. TPLI3J'1
f.Le:To.
ÀOyOU
l (24 l. Au chap i t re 2
25
du
traité(
l, la recorrmandation de privilégier la per-
ception
OÙ\\)
ne:p '" nTwoe: L ••• )
est
adressée au médecin parce que c'est
ainsi
qu'i 1 est
utile et
tranquilie.
Le contraire
le conduit
à
faire
des
p r orne s ses de gué ris 0 n qu' i 1 ne pe ut
te n i r
par c e
qu' i 1
26
rencontrera
l 'échec(
l.
Du
reste,
dans
la Collection,
on oppose cons-
tamnent
à
la pratique
(
npfJooElv
l, l'imagination et
la
théorie
CTà
oLEcr8aL,
il
OLllOLÇ) en
tant
que
maîtresses
d'il iusion
sans
rapport
avec
la
réalité et
contraires
au vrai
savoir,
qui,
elle,se
fonde
sur
la
connaissance de
la nature(27).
Il en est
ainsi
dans
Blenséance(28),

'imagination est
fermement
récusée
·~'imagine~, écrit
'auteur,
mai~ ne pa~ tai~e, e~t
~igne d'igno~ance et d'aff~ence d'a~t i
L'imagination,
~u~tout en médecine,
e~t cau~e de ffLâme pou~ ceux qu~
La mettent en oeuv~e, et cau~e de pe~te pou~ ceux qu~
\\.
~e ~e~vent d'eux (i.e. les patients), ..1;0. yàp OLe:OÔUL f.Lèv,
f.LiI npfJooELv ct, Uf.LaôLllç Kat UTEXVCllÇ Ollf.LEt6v tOTLV'
OLllOlÇ

264
y6.p lJ.ÜÀLO,a tv lTHPL){T) at,CT)V lJ.tv ,O'COL ){EXPT)lJ.E:VOLOLV,
>
OÀE:~PLOV 6~ ,O'COL XPEOlJ.lVOLOLV tnL~lpEL
Le défaut majeur du médecin opsimathe (c'est-
à-dire venu tard à
la médecine)
condamné au chapitre 13
de préceptes(29) est
qu'au
lieu d'abonder dans
la pra-
t i que
(
,p L Br')
( 30)" i b 1d.
l. 16),
i 1 ne s' in t é r e s s e qu'à
la connaissance des opinions(31),
oOYlJ.&,wv to,OpCT).
*
*
*
L'analyse causale,
l'observation minutieuse
du corps humain et
de son comportement par rapport à
toutes choses,
aboutissent à deux résultats d'une portée
extraordinaire. Grâce à elles,
l'idée qu'au-delà de
la
nature humaine générale,
il
existe une nature
individuelle
et,
l'observation étant plus poussée encore,
des -type~
humain~', fait son apparition,
tandis que
l'art de guérir
peut enfin prétendre à
l'exactitude à
l'instar des autres
arts.
4/ *lA NATIJRE INDIVIDUELLE ET lA NOTICN DE
"TYPE HlNAIN".
L'analyse causale recommandée dans Ancienne
médecine aboutit à un
résultat de grande portée en méde-

265
cine,
1a
cannai ssance,.
non pas
de
la nature
humaine
générale(32) ,
mai s
de
1a
nature
par-
ticulière de chacun:
en
l'occurrence,
s'agit
de
la
constitution humorale
individuelle ou
idiosyncrasie(33).
I l s u f fit
a 10 r s au mé d e c i n d' a jus ter
ses
t rai t eme n t s
a u x
besoins de chacun.
Pour corriger ce qu'aurait
de
trop
strictement
individuel
cette méthode,
et
par conséquent
d'impossible à
réaliser
dans
une médecine à grande
échelle,
j'auteur
d'Ancienne médecine
introduit
un con-
cept
nouveau,
celui
de "type·(34).
Il
dégage en effet
des
QlUOLEf;
c'est-à-dire non pas
des
natures
indivi-
duel les, mais
des
'catégo~ie~ de con~titution~·. La
donnée purement
empirique se trouve ainsi
dépassée au
profit
d'un concept
plus opérationnel.
L'Ancienne méde-
cine offre
là un
bel
exemple d'induction:
le
raison-
tItuent
(énoncé de
la not ion de ·catégo~ie·) es t part ides
faits,
de
la
réalité observée.
La médecine n'est
en
vérité dans
ce
traité ni
une empirie pure,
ni
une
réf le-
xion abstraite
el le est
un compromis entre
les
deux.
..
5/
MEDECINE D'OBSERVATI<l'l ET EXACfITIIDE.
C'est
à
la méthode de
la médecine d'observation
que dans
la CollectIon est
attachée cette qualité
reven-
diquée par
toutes
les disciplines qui
cherchaient
à
se

266
e
e
voir
reconnaître
1e s t a tut d' a rt
a ux V- II V- s.
a v.
J. -C.
l'exactitude(35) •
D'après
l'Ancienne médecine,
cette méthode est
seule A meme de
fournir
l'exactitude en médecine,
en
l'occurrence
la mesure précise d'aliments et de boissons
parfaitement adaptés aux besoins de chaque
individu:
OÛ}{
tiv
Pour
recon-
na T t rel a me sur e
jus t e ( 1:0
dHp~~fç
) d'aliments et
de boi ssons,
il
faut,
en prenant comme référence
1a
sens a t i on du co rps que
l'on observe,
augmen ter pa r -c i,
diminuer par-lA,
jusqu'à l'obtention de
la quantité qui
convient, mais non
procéder selon
la démarche qu'on
croyait alors seule en mesure de produire l'exactitude,
parce qu'elle fournissait cette qualité dans
les autres
disciplines,
et qui
consistait A retrancher ou à ajouter
des quantités chiffrées(37)
OÜ1:E:
OÜ1:E:
o1:a5~6v ) sans rapport avec les besoins réels du cas
présent.
La mesure
juste est
le fruit de
la méthode de
l'observation qui
est plus précise,
en médecine du moins,
que celle de
la spéculation
(5.~à
nÀE:LOVOÇ
t01:L
) (38).
Mais cette démarche est
beaucoup plus com-
plexe
(39). Aussi
la mesure

267
juste est-elle dirricile à atteindre
(!;pyov
KU,U-
UKPLBwG
'c'eht un t~ava~f d'avo~~ une con-
.
t . (40)
.,
,JI.
na~~~ance exac
e. . .
~U
tact
KU, LOELV
,
'~f eht ~a~e de ~encont~e~ fa jUhte
mehu~e·(41). Nous rappelons aussi ce passage d'Ancienne
médecine:
xUÀEn/)V
,uyxcivELv
uCd
,oü
a.,pEKEa,a.,ou
( 42)
Même Régime,

la médecine
a
un
fondement
sPéculatif(43),
rejoint
les
points
de
vue précédents
l'exactitude n'est
possible que
par
la méthode de
l'ob-
servation.
Pour connaître en effet,
pour chaque nature
individuelle,
la mesure d'aliments et
la
proportion exacte
d'exercices
afin d'entretenir
convenablement
la
santé,
il
faudrait,
en plus d'autres
conditions évoquées
a n t é rie u r eme n t ( 44),
que
1e mé d '" c i n qui
t rai t e l ' a th 1è t e
soi t
pré sen tau g ymn as e '" t
qu' 0 b s e r van t
l' h onme nu,
i 1
ôte d'un côté,
ajoute de
l'autre,
jusqu'à ce qu'il
trouve
cette mesure exacte qui
le garde en
santé(45).
Le
médecin qui
ne remplit
pas cette condition n'obtient
pas
l'exactitude:
l'auteur
du Régime est
justement dans ce
cas,
puisqu'il
ne s'occupe pas
d'un malade qu'il
obser-
verait et
traiterait en particulier, mais qu'il
écrit
un canon général.
L'exactitude dans
ces conditions n'est
pas
possible et,
c'est
pourquoi,
il
la dénie à
la
médecine pour
tous(46).
Aux médecins
qui
proclament
l'autonomie de
la

268
médecine par
rapport
à
la phi losophie,
s'opposent quel-
ques autres, moins
nombreux dans
la Collection,
qui
don-
nent
un
fondement
philosophique à
leur pratique de
l'art.
1 1 - *lA MEDECI NE A TENDANCE PHI LOSOPI-l 1QUE
L'auteur du Régime
ne
subordonne pas
la con-
naissance de
la nature humaine à
l'observation.
Il
place
cette connaissance au départ
de
son activité,
la
fonde
sur
la spéculation phi losophique.
Il
récuse ouvertement
le
témoignage des
yeux,
pour
ne se
fier
qu'à
la seule
( 47)
raison:
YVWIJ.TJ
II
définit
la nature humaine par
des
hypothèses phllo-
sophiques
:
ainsi,
dit-il,
'tau.!> .le.!> animulLx,
dont
feu~.!> p~ap~iété.!> mai.!> conve~gente.!>
v.eux.
di~e .le leu et .l'ealL,(48}.
Po u rt an t,
au cha pit r e
53,
i 1 c 1a s s e l e s t emp é-
raments en bilieux et en phlegmatiques(49)
adoptant
ainsi
les
théories
biologiques
de
la médecine d'obser-
vat ion.
Cependant cette reconnaissance de
la doctrine
des
tempéraments
ne
lui
fait
pas
renoncer
à
sa conception
philosophique de
la médecine:
à
l'origine de
la maladie,
selon
lui,
il
y a
rupture d'équilibre entre
le
feu et
l 'e au,
é 1éme n t s con s t i tut ifs
d e I ' homme.
L' 0 n r e t r 0 uv e

269
la santé par
le
retour de
l'équilibre entre ces deux
é 1éme nt s,
10 r s que
1a
c'est-à-dire
j'éga-
lité proportionnelle,
est
rétablie.
Un autre
trai té de
la Collect Ion, Chairs,
explique,corrme
le Régime,
l'horrme par
le postulat. Ainsi
l 'h orrme,
c orrme
1es au t r e s e t r e s
v i van t s e t
1eu r s o r g a ne s ,
sera i t
un produ i t
des phénomènes "m"-Léo/l.ologique""
:
il
a été
formé
à partir de portions de
terre qui
entrèrent
en putréfaction et
qui
sécrétèrent du glutineux,
du gras,
de
l'humide,
et d'autres
substances,
lorsqu'à elles se
joignirent des
portions de chaud.
Ensuite,
le glutineux,
le gras,
l 'humide et
le reste ont déterminé,
suivant
leurs
proportions,
les différents
tissus et organes(50 J •
Pour
l'auteur de Chairs,
le médecin doit
par conséquent
connattre
les
~E,~wpa
pour appréhender
la nature de
l'âme et du corps,
qui
en sont
des
produits.
L'auteur
du
trai té des Vents,
de m'ème,
fai t
découler ses
théories médicales de doctrines cosmologi-
ques.
Selon
lui,
l'air est
principe de vie chez
tous
les
animaux mortels et
notamment chez
l'horrme(51)
et
il est
la cause de ses maladies. Ce
traité a subi
l'influence
de Diogène D'APOLLONIE,
philosophe et médecin à
la
fois,
pour
qui
l'ensemble des etres qui
peuplent
l'univers
proviennent
des modifications de
l'air(52l.
Ainsi
tous ces auteurs
faisaient
dépendre
la
connaissance de
l'horrme de
la mattrise préalable de
la

270
cosmologie.
*
*
*
L'exercice du métier médical
ne donne pas
seulement
lieu à un idéal scientifique dont
l'étude
vient de nous
révéler
la personnalité du médecin hippo-
cratique au plan
intellectuel.
Il
exige également
un
idéal
de comportement.
La conduite du médecin est guidée
par des règles
que nous allons développer dans
le reste
de
l'exposé.

271
-=
R E N V O I S
=-
1. Par exemple selon PLA1UII, Théêtête,
152 a sqq.
le
sophiste Protagoras considérait
que
la
juste mesure
des choses était celle qui
était obtenue grâce a
la
perception
individuelle (cf. Théêtête 152 a wl'homme
e~t la me~u~e de toute~ cho~e~w ;
152 c
:
w7el~
chacun le~ ~ent (i. e.
les phénomènes cornne
le souf f le
du vent,
le
frisson ••• ),
tel~ au~~",- à chacun ",-l~ ~"'-~­
quent d'it~ew. Au contraire SOCRATE,
pour
qui
les
sens peuvent être certes de quelque secours,
il est
vrai
très
1 imité (cf. PLA1UII, République V 543 b sqq·)
disqualifie plutôt
la connaissance par
les
sens parce
qu'à son avis elle n'est
pas exacte
(cf. Phédon 65 b),
l'exactitude n'étant
réalisée
que par
l'esprit en
l'absence de
tout
aspect matériel
(cf.
Ibid.
65 e.).
2. ERASISTRATE,
dans son
ITEpt
ALTLWV,
a
pris
position dans cette dispute contre
l'empirisme
; cLlefr.25 in
K. DEICHGRABER, Die Griechl. Ernp.,
Berlin,
1930. Voir
auss 1 1bid.,
p.
278.
3. Ancienne médecine c.1 FESTUGIERE 1,1 sq. ~ LITTRE 1,570,1 sq.
4.
Ibid.
c.1 FESTUGIERE 1,6 sq.= LITTRE 1,570,6 sq.
5.
Ibid.
c.2 FESTUGIERE 2,4 sq.~L1TTRE l,
570,9
sq.
6. Ancienne médecine c.1 FESTUGIERE l, 17 ~ LITTRE l,
572,5.
Sur ce qU'il
faut
entendre par ces deux expres-

272
sions,
cf.
FESTIJGIERE, Hippocrate,
l'Ancienne
médecine note
13,
p.33 sq
• Les
~E,twpa
désignent
aussi
bien
les corps célestes que
les phénomènes
e
météorologiques au V- s.,
la distinction astronomie/
e
météorologie ne datant que du
IV- s.,
avec ARISTOTE
qui,
par
l'introduction d'un ·clJ.lqulème élément,
l'éther
(mo n d e c é 1est e ),
are s t r e i n t
1e s . ~E, twpa
aux phé-
nomènes atmosphériques. Cf.
sur ce point W. CAPELLE,
ft .ME,twPOÇ.
ME,EWpoÀoy~a ft
Phllologus 71,
1912,
pp.
414-418
cf.
aussi
Idem ,
·ZU~ qehch~chte de~
mete.oll.oLog.iM:./um
L~te~atu~', He rmé s
48,
19 13 ,
. \\
pp.
321-358.
T&
uno
désigne
le monde
souterrain
tel
que
le décrit EMPEDOCLE d'après PLATON,
Phédon
III
c 4 sqq.
7. Cf. Ancfe:Dne nédecine c.2O, où il ci te nUlllénent BVPEIII JE, dont il
devai t
être parfaitement
au courant
des
idées.
La
même
remarque est
valable pour
l'auteur
de
la Nature
de l 'horrme qui
paraît être au courant
des
théor ies
des Présocratiques,
(Eléates,
Ioniens,
et
Italiotes
c.1
notarrrnent).
L'un des adversa ires à
qu i
es t
adres-
sée
la polémique, ~llssos DE ~S.
y
est
norrrnément
désigné.
8. Cf. Ancienne médecine c.1 FESTIJGIERE 1,17/2,
1 sqq.=
LITTRE 1 572,5 sqq.
La mantique est
dans ce cas
(voir
Régime dans
les maladies aiguës, KUEHLEWEIN c.8,
113,7 sqq.
=
LITTRE II, c.3 242,3 sqq~.1 1 en est de

273
même de
la foi:
on n'a jamais une connaissance
certaine des dieux (cf. XENOPHANE 21 B 34; HERACLlTE
22 B 5 ; ALOv'EON 24 BI; GORGIAS 82 B II (parag.13);ElRIPIŒ
fr.
795 ; PROTAGORAS, Die fragmente 80 B 4)
; sur
cette question,
cf. E.R. DOlDS, op.clt.,
p.
180.
9.
Sur
(j)Cl.\\JllP6\\J ,
voi r Nature de l 'hornne c.1 et le com-
mentaire de 1. 10UANNA, Hippocrate, La Nature de l'bornne
p.
229. Cf.
aussi Ancienne médecine c.5 FESTUGIERE
5, 10 (j)Cl.\\JllP6\\J
)
etc. 6 FESTUGIFRE 5 et 6 : deux fo i s
c'est grâce â
l'observation des phéno-
mènes relevant du
que
les découvertes se
firent en médecine (cf.
Ibid.
p.
6,
l.
7).
10.
Les Pythagoriciens n'auraient pas eux non plus fondé
leurs recherches en diététique,
domaine dans
lequel
ils excellaient,
sur
le postulat, mais plutôt sur
l' observat ion, cf. Die fragmente •••
58 DI,DIELS/KRANZ,
tome 1, p.
467 1.
3 sqq = 1AWBL 1QUE , De vi ta pythago-
ri ca 163.
11. Ancienne médecine c.20 FESTUGIERE 18,7. rpCl.(j)LHf]
e
désigne,
au V- s. av.
J.-C.,
soit
l'art du peintre
soit
l'art d'écrire,
selon A.-J. FESTIX;IERE (Hippo-
crate, L'Ancienne médecine,
note 71,
p. 60-61). Au
contraire, pour L. EDELSTEIN, ·YPCl.(j)LHf],
ne désigne
ici que l'art d'écrire (in
• A~PUl\\J
Samnl ung
der hlpp. Scbrlften,
p.
113 et
114, note 1

274
g~iechi~chen
~edizin ~n de~ Zeit de~ Hippoc~ate~·
p.
91
comprend ainsi
l'allusion à
yPa<PI-Kf}
dans Ancienne médecine c.20 : ·ca~ i l ~'agit de com-
po~e~ l'homme à t~aite~ à pa~ti~ de~ élément~ tout
comme on compo~e un mot à pa~ti~ de~ élément~ lett~e~·.
12. Die Fragmente •••
31 B 23 = SIMPLICIUS, Physique
159,27.
13. L'expression
,wv
tv
,6)
âvapwn~
tVE6v,wv
et celles de
la même
fami Ile désignent
très
souvent
dans
la Collection
les parties du corps
(cf.
H.
IOANNIDI,
·Le~ notion~ de pa~tie du co~p~ et
d' o~gane~', in Actes du Colloque de Lausanne,
p.
327
s q q ). Ma 1s e l l e dés j g n eau s s i l e s s ub s tan ces
h umo rai e s
du corps
(cf. Ancienne médecine c.14 FESTUGIERE 12,5
sq = L1TIRE
602,8 sq.,

l'expression
Év
,6)
âvapwn~
tv~ovLa
désigne sans équivoque
les
hume u r ~
lime s emb 1e
qu' 1c j
I l e n est
a i n si.
14. Anclennent:declne c.20FCSILGIERE 18,11 sqq.= LITIRE 1,622,5 sqq.
15.
1b id.
c. 20 FEST\\.X.i 1ERE 18 , 24 = LI TIRE l,
622, 18.
16. Nature de l 'hanre c.1 JU,WIM 165,1 sqq. = L1TIRE VI, 32,1 sqq.
17. Sur cette question,
cf.
J. JOlIANNA, Hippocrate. la
Nature de
l 'horrme,
Introduct ion,
p.
42-45.
18. Cf. C. ·fRlffRIOi,
·Ii.ippok~ati~che LLnte~~uchungen',
Phllologlsche Unterauchungeo >01,
Ber 1 in, 1899,
p.
28-29.

275
19. Cf. Alcmêon DE ŒOTONE,
(Ole Fragmente 24 B 4)
;
Ancienne mêdeclne c. 14 FES1UJ 1ERE 12, 6 s qq. = LI TIRE l ,
602,9 sqq.
20. Prêceptes c. 1 LI TIRE [X,
252,2.
21.
Ibid. c. 1 LI TIRE IX 252,3.
22.
Ibid. c. [ LI TIRE IX,
252,2 sqq.
23.
Ibid. c. 1 LI TIRE IX,
250,3.
24.
1b 1d. c. 1 LI TIRE IX,
250,3 sq.
25.
lb 1d. c.2 LI TIRE IX,
254,7 sqq.
26.
Ibid. c.2 LI TIRE IX,
254,8 sq.
27. Cf. sur ce point U. FLElSOHBR, op.clt., p. 83. Cf. égale-œnt le
Phêdre de PL'LRN (269 e - 270 al où le savoir
(ÉnLOTll\\ln), dans
n'importe quel art, repose sur [a connaissance de [a nature de
[ 'objet sur lequel s'exerce cet art.
28. Blensêance c.4 LI TIRE IX,
230, 14 sqq/232, l.
29. Prêceptes c. 13 LI TIRE IX,
268,6 sqq.
30.
Ibid. c. 13 LI TIRE IX,
268,11>
31.
Ibid. c. 13 LITTRE [X, 270, 1.
32. Gel[e-ci
est
évoquée
dans
Ancienne mêdecine
c.20
fES1UJIERE 19,7-8 = LITTRE [ 624,9.
33. Ancienne mêdeclne c.20 FES1UJIERE 19,4 = LITIRE l,
624,5. Sur cette notion, cf. T.S. HALL,
·Idi06ync~a6ie.
Ç~eek medical ideal Dt uniquene66', Sudhoffs Archlv.
Zeltschrl ft
für Wissenschaftsgeschichte 58,
1974,
p.
282-302. L'idée d'une médecine personnalisée est
éminemment hippocratique: cf. Epidemies 1 KUEHLEWEIN

276
c.23,
199,9 sqq·= LITIRE II
c.IO,
670,1
sq.,
où,
à
cllté
du concept de
nature humaine générale,
est
posé celui
de complexion
individuelle. Dans Articulations c.8
KUEHLEWEIN 120,15 sq,= LITIRE IV 94,2,
on
insiste sur
l'individualité des malades et
par conséquent
des
traitements;
voir
aussi Fractures c.7 KUEHLEWEIN
57,5 sq. = LITIRE
III
440,3-4:
).ldÀa
yàp
Mat
~6o,s
~60,os,
Mat
~À'MC~
~À'MC~s 6,a~tpE:, (41)
"g~ande e~i la d~tté~ence eni~e une con~i~iui~on ei
une con~i~iui~on, eni~e un âge ei un âge"
;
Ibid.
c.35
KlJEHLEWEIN 99,22/100,1
= LITIRE III,
536,21/538,1
"~l y a de g~ande~ d~tté~ence~ eni~e le~ i~a~iemeni~
ei le~ i~a~iemeni~1 eni~e le~ con~i~iui~on~ ei Le~
con~t~iui~olu.. ,". Citons encore Aphorismes 3,
c.2 et
3,
LITIRE IV,
486,8 sqq.;
c.14,
LIlTRE iV,
492,3 sqq.; Régime dans
les maladies aiguës KlJEHLEWEIN
c.34,
125,8 sqq.= LITIRE Il
c.9,
296,1-6:
il
y a dif-
férentes
capacités
de
résistance à
!a souffrance,
suivant
les différentes constitutions; Epldémles
Il
3,
c.2,
LIlTRE V,
104,6 sqq.:
aux di fférentes
natures
individuelles correspondent
différentes
posologies
de médicaments;
Vents c.6 JOUANNA 110,2 = LITIRE VI,
98,7 sq.
"Le co~p~ d~ttè~e du CO~P~I La naiu~e de
la naiu~e, l'aL~ment de l'al~meni·.
34. Cette notion de
'iype~' d'individus est signalée par

277
w. NESTLE, "Hil'I'0 c/l.a:L'-ca" , p. 10. Voir aussi le cha-
pitre 23 d'Ancienne médecine,

les
individus sont
classés par
types
suivant
la configuration des parties
de
leur corps.
35. Pour qu'une discipline
pOt
réclamer
le statut
d'art,
il
fallait
qu'elle eOt
de
l'exactitude. Sur
le
rapport de
l'art et de
l'exactitude,
cf. D. KURZ,
'AHp~~ELa • Das Ideal der Exakthelt bel Grlechen bis
Arlstoteles, Gottingen,
1970,
p.IO sqq. Atteindre
la
juste mesure dans
les
thérapies
(
,0
était
un problème
fondamental
que
les médecins de
e
e
l'antiquité,
en
l'occurrence ceux du V-/IV- s.,
n'avaient
pas encore résoiu.
Un penseur comme PLATON,
dans
le Phi lèbe 56 b,
compte
ia médecine parmi
les
sciences
inexactes.
L'auteur d'Ancienne médecine
évoque
le grand nombre de mauvais médecins,
ainsi
que
leurs multiples
erreurs
touchant
notamnent
le mesurage
pour
le malheur
des malades
(c. 9
FESTUGIERE
8,9
sq.=
LlTIRE 1,
590,4 sq.).
Les bons médecins
non plus
n'étaient pas â
l'abri
des
erreurs de mesurage
(c.9 FESTUGIERE 7,21
sqq.= LITIRE l,
590,2 sqq.).Pour
remédier il ces erreurs,
les praticiens
réfléchissent
il
la questionde l'exactitude dont
ils
font
un
idéal
â
atteindre. M. D. ~ (cf. Cours du
13 mars
1986,
il
l'Ecole Pratique des Hautes Etudes,

278
Paris-Sorbonne),examinant
le niveau d'exactitude du
mesurage hippocratique,
a conclu â
son caractère
approx ima tif.
36. Ancienne médecine c.9 fESTUGIERE 7,18 sqq.= LITTRE 1
588,14 sq,! 590,1.
37. Cf•.
le critère de
l'exactitude selon PLATON dans
le
Phllêbe 56 b :
il
s'agit des mesures et des
instru-
ments
\\l~TpOq; TE· Hat
6pyavoq;.
Ce sont
les
arts qui
s'en servent
le plus
qui
sont
les plus exacts.
38. Ancienne médecine c.9 fESTUGIERE 7,17 = LITTRE l,
588,13 sq. Peser, mesurer,
chi ffrer
sont des opéra-
tions à caractère spéculatif,
puisqu'ils
relèvent de
cette partie de
l'Sme qui
calcule et qui
raisonne,
TOÜ
ÀOYLOTLHOÜ
TOÜ
tv
<1Jux~.
Cf.
notam-
ment PLATON, République X 602 e,
cité par fESTUGIERE,
0p.clt., Comnentaire,
note 41,
p.
42.
39. Ancienne médecine c.9 fESTUGIERE 7,17 = LITTRE l,
588,13 sq.
40.
Ibid.
c.9 fESTUGIERE 7,20 = LITTRE 1 590,1 sq.
41.
Ibid.
c.9 fESTUGIERE 7,22 sq;: LITTREI 590,3 sq.
42. Ancienne médecine c.12 fESTUGIERE 10,3 sqq. = LITTRE
l,
596,5 sq.
43. Cf.
Infra,
p. 268.
44. Cf.
Régime c.2 JOLY 3,4 sqq. = LITTRE VI,
470,3 sqq.

279
45.
Régime c.2 JOLY 3, 22 sqq. = LITIRE VI,
470, lB sqq.
46.
L'impossibilité de
l'exactitude
tient
également,
dans
ce traité,
il
faut
le noter,
à
une autre
raison
d'ordre non méthodique:
la mutabilité
incontrôlable
des
facteurs
qui entrent en
jeu dans
la détermination
de
la mesure
juste
(Régime c.67 JOLY 70,1 sqq.=
LITIREVI,
592,1 sqq.J;
sur ce point,
voirR.
JOLY,
Recherches sur
le traité pseudo-hippocratique du
Régime, Paris,
Les Belles Lettres,
1960, p.
123.).
A cause de tels
facteurs,
on peut
seulement se rap-
procher de
la mesure
juste.
47.
Ibid.
c.4 JOLY 6,7 sq.= LITIRE VI,
476,1.
48. EuvEocacaL ~~v oùv
ca
~~
ca
cE
aÀÀa
navca uat Ô
av3pwnoç
anO
6uoIv, 6La~6poLv
~~v
c~v
6uva~Lv, oU~~6POLV cnv
xpnOLv, nupoç À~YW
uaLü6awç.
(RégIme c.3 JOLY 4,16 sqq.= LITIRE VI
472,12 sqq.) Sur
les philosophes
qui
ont
pu
influencer
Régime,
voir R. JOLY, HIppocrate, Du Régime, C.M.G.,
p.32
il
s'agirait d'Hippon disciple de Thalês et
pour qui
l'hornne est
feu et eau. Contre R. JOLY,
voir
J.
JOUANNA, Hippocrate, La Nature de
l'homme,
p.
227-228.
49.
L'opposition des
tempéraments est
traditionnelle dans
la Collection hippocratique. Cf.
par exemple, La
II/ature de
l.'honme c.17
( = RégIme salutaire c.2) où

280
sont distingués
les tempéraments humides et
les
tem-
péraments secs. Sur
les
tempéraments dans
la Collection,
voir H. L. DITTWER, Konstltutlonstypen lm Corpus hlp-
pocratlcum, Diss.,
lena,
1940.
50. Chairs c.3 JOLY 188,22 sqq,; LITIRE VIII,
584,18 sqq.
51. Vents c.4 J ~ 107, II sq.; LITIRE VI,
96,1
sqq.
52. Ole Fragmente 64 A 4 ; Simplicius, Physique 151,20.
Sur
les explications matérialistes de
la nature humaine
au V~ s., voir J. JOUANNA, Hippocrate. La Nature de
l'homme, Commentaire,
p.
223-224.

281
DEUX I EWE
SOUS
-
PART I E
LES
EXIGENCES
DEONTOLOGIQUES
DE
L'ART WEDICAL
*

282
*
L' impor tance
de
l'éthique
dans
1a
Collection
est
aussi
grande
que
celle
des
lois
'~ci2ntitique~'
établies
par
le
médecin
hippocra-
tique
en
vue
de
rendre
performant
l'a r t
qu' i 1
exerce.
C'est
du
reste
aussi
bien
à
celles-ci
qu'à
l'éthique
que
la
médecine
hippocratique
doit
sa
grandeur
dans
l'histoire
de
la
médecine.
L'éthique
médicale
dans
la
Collection
est
importante.
Aussi
l'image
morale
du
médecin
hippocratique
est-elle
très
riche.
*

283
CHAP 1 TRE
1
LE
DEVOIR
DE
PROTEGER
LA
VIE
DANS
LA COLLECTION
HIPPOCRATIQUE
*

284
A. L' INŒRDICfICN D' INTERRatPRE LA VIE
Le médecin de la Collection est un protecteur
de la vie â son stade initial comme â son stade final,
ainsi que cela ressort du chapitre 4 du Sennent
(éd.
LICHTENTHAELER) qui
interdit au médecin de se rendre
complice, et encore moins auteur d'attentats à
la vie
6Wow6t
oû6t
~p~a~ov
OÛ6EVe
aCT~3EtÇ
3avaaL~ov,
oû6t
ù~~Ynao~aL
au~BoÀL~V
Todiv6E
"Je ne tou~ni~ai pa~ de poi~on mo~tef à qu~
Cette clause fait allusion soit au sUicide())
(le médecin remet
le poison mortel à une personne qui
dé sir e me t t r e un terme à s a vie),
soi t à
1a camp 1 ici té
de meurtre (le médecin fournit
sur demande Je poison qui
se r v ira a u me u Tt r e pré par é con t r e un t i e r s/ 2).
l i é t ait
tout â
fait
possible en effet que des médecins se mêlent
â
de tels for fa i t s,
don t
ils é t aie n t même par foi s i e s
auteurs : dans
le Politique(3), PLAlON révèle que les
médecins pouvaient se laisser acheter par
les parents ou
les ennemis du malade et
le faire périr. ARISTOTE égale-

285
me nt
1ais s e en t end r e dan s
1a Po lit 1q ue ( 4)
qu' i 1 arr i va i t
que
les malades
suspectent
leurs médecins
de s'etre
lais-
s é
cor romp r e
par
1eu r en n em i et
d' a t t en ter
à
1eu r vie.
On ne
rencontre dans
la Collection aucun at-
tentat à
la vie. Cependant
l'auteur du Presbeutlkos(5}
raconte qu'au cours d'une guerre,
Nébros,
ancetre de
l'Hippocrate historique,
empoisonna
l'aqueduc de
['ennemi.
/\\lais
cette histoire n'est
pas
significative car elle
s'inscrit
dans
le contexte particulier d'une guerre:
dans
aucune civilisation,
le droit
de
la guerre
n'est
celui
de
la paix.
L'attitude de Nébros
n'est
par consé-
quent
pas en contradiction avec
la Collection hippocra-
tique.
Dans
le second point du chapitre 2 du Serment
rel a tif à
l' i nt e r di ct ion d e i ' a v 0 r t eme nt,
c omne
l' a
dé j à
r ema r q u é LI TIRE ( 6),
l' a v 0 rt eme n t
ct é f end u est cel u i
qui
n'a pas de motivations médicales et
qui
était
fré-
que n t
a 10 r s ( 7), ma i s no n ce 1u i qui
se
fa i sai t
t 0 ut
à
f ait
ré gui i ê r eme n t en 0 b sté tri que,
10 r S que
1e
f 0 e tus é t ait
mort
ou était malade.
Pourtant on trouve dans Nature de
l'enfant(8l

286
un cas d' a v 0 r t eme n t
qui.
1u i,
ne se
jus tif i e
par
au c une
raison médicale,
mais
simplement pour
les convenances
d'une courtisane décidée a se défaire du produit
de sa
grossesse.
L'auteur
rapporte
l'histoire qui
suit
-Je vai~ expliquen comment je vi~ une ~emence(9)
de ~ix joun~. Chez une temme de ma connai~­
~anceJitait une counti~ane tni~ e~tim~e, qui
avait commence avec le~ homme~ et qui ne
devait pa~ tomien enceinte,
poun ne pa~ pendne
de ~on pnix.
Elle avait entendu ce que le~
temme~ di~ent entne elle~, à ~avoin que,
quand
une temme conçoit,
la ~emel.ce ne ~ont pa~,
mai~ ne~te dedan~. Un joun,
elle ~'apençut
que la ~emence ne ~ontait pa~ ;
elle l e d i t
à ~a ma1tne~~e et le inuit en vint ju~qu'à
mo~. Ain~i intonm~, je lui ondonnai de ~auten
de maniine que le~ talon~ touchâ~~ent le~
te~~e~ i
elle avait déjà ~auté ~ept toi~ lon~­
que la ~emence tomia à tenne en tai~ant du
inuit -.
Il
s'agit
de se demander si
ce que
l'auteur
appelle
lui-même ·~Ov>1 -~emence-
est
déja,
da ns
sa

287
conception,
doté ou non de vie et si,
par conséquent,
il Y a eu attentat à
la vie ou non.
La réponse se trouve
0
au cha pit r e l 4 dut rai té (J
).
1 1 emb r yon en que s t ion
n'est pas encore un être vivant;
c'est un futur être
vivant
",6
jJ.E:ÀÀov
i;:C)ov" •
Défenseur de la vie,
le médecin hippocratique
fait effort pour
la maintenir dans
toute
la mesure du
possible. On s'en rend compte dans
le comportement du
médecin face aux cas
incurables.
B
LE WEDECIN HIPPOCRATIQUE SOIQIIE EN PRINCIPE JUS-
QU'AU BOlJ[ LES NALADES, NENE LES INCURABLES.
L'éthique est,
en effet,
dans
la Collection,
d'être utile,
ou du moins de ne pas nuire:
'S'attache~, dan~ le~ maladie~, à ce~ deux
cho~e~ : êt~e utile, ou du moin~ ne pa~
( 1 1 )
nui/l...e."
.

288
'CeLui qu~ t~aile ne doil ajoule~ de ~on tail
aucun maL à La maLadie -qui en a !Lien a~~ez
f'a~ eLLe-même-
el doit y af'f'o'1.te~ lout Le
n"
" n "
t
"nn,(12)
~~en
qu~
~u~
e~
f'o~~~~~e
.
Ainsi,
le médecin hippocratique,
dans
les
traités
les
plus anciens et qui
sont
fidèles
à
la
tra-
dition des
grandes
familles médicales
(il
s'agit
notam-
ment
d'un certain nombre de
traités cnidiensl,
sa
répu-
tation dût-elle en souffrir en cas d'échec,
fait-il
en
principe
le
nécessaire même dans
les cas graves et
désespérés,
en prenant cependant
la précaution d'émettre
auparavant
un pronostic réservé(I3).
Dans Affections Internes(14), une
variété de
ph t h i sie ma rt e Ile est
soi g née
:
OÔTO S tx TaVTns T~s vouoou EV TPLOtV
[;TEOL
)la.ÀLoTa El V~OXE L. MEÀETêlv BÉ
Ci tons
encore ce passage de Maladies
1 [1 (15)

289
oû,o~ âno3vnOHE~ ,p~,aLO~ n
nE~n,arO~· 6~ ,d~ tn,d
OUIt 6.qJ~It» tE,aL· i'Jv 5~ ~pa
â~lH~,aL, tEâv,~~ ylvE,ac.
,oD,ov nv BouÀry 3EpanEUEcV, nupcqv
'~V ItE~aÀ~v, itaL ,a~wv âvânvEuocv noctE~v.
·c~ mafad~ m~u~t f~ t~oi~ièm~ ou €~ cinquièm~
jOU~. Si c~pendant i f a~~ive au ~~ptième
jOU~, if échappe. Si vou~ vou€ez
~o.<-gn~~
un tef mafade,
fui tai~e p~~nd~~ un Rain d~
vapeu~ d fa tit~, ~t tai~~ d~~ déR~id~m~ntA
en in ci-t> ani " .
Au
cha pit r e
] 5 du même
t rai té ( 1 6 ),
dan sun
cas
de p é r 1p n e uma nie,
] e pra nos tic
né g a t i f
sur
l ' j s sue
de
la maladie n'empêche pas
l'auteur
de continuer
les
sa i n s.
L'auteur
de Maladies des
fenmes
Il (17) c.129 avec ],
rédaction parallêle dans Nature de
la
fenme (l8) c.38 agit de
même.
[[
traite
une maladie
féminine
grave -cas

['utérus
s'enroule dans
le mi 1 ieu
des
lombes- dont peu
de
femmes
réchappent.
Dans Fenmes
stériles
[1 l,
c. 21 il 9),
le pra-
nostic est
également
réservé mais
les
soins
se pour-

290
suivent:
MEÀEoaVÔELaa OE ~bp6ç
la suite d'une affection de l'utérus) ~end
chance.' .
De même à propos d'une grave affection du
cerveau, on
1 i t
Taü,a TIOc~WV ~&Àca,' av W~EÀ~OcÇ'
ÉK~Eüyouac OE 6ÀLYOc,
ptUd de chunced d'ti~e utite ;
muid peu en
~é.chuppent.(20)
Oans un cas d'angine,
J'auteur de Maladies
Il 2
remarque
ÉK~uyyâvoc. • HoE voûooç
, • (21 )
ved
.

291
On traite également une pleurésie dont on sait
que peu réchappent dans ~Iadles 112 c.46 JOUANNA 178,7 =
LITIRE VII,
64,22.
Dans ces traités cnidiens,
l'interdiction de
soigner est exceptionnelle,
corrrne cela arrive dans Mala-
dies Il 2 c.48(2Z)
chez un auteur qu'on a pourtant déjà
vu soigner des cas
incurables(23)
il
interdit en effet
de traiter
la phthisie arrivée à un certain stade de
développement
"Si leh cheveux LomRent et que la
tête hoit déjà dépouillée comme à la huite
dihez que le malade huccomRena en peu de temph
et que c'eht la diannhée qu~ l'empontena ...
i.rz..uiieJl. " •
Dans Maladies des femmes 1 également
(c.71
LITIREVIII,
150,12 sq.) , avec la rédaction identique
dans Femmes stériles c.
233 LITTRE VIII,
446,20 sq~
l'auteur
interdit de soigner:
TaUT~V ~aÀtaTa ~~v ~n (~craac'
~C Be ~n, npO~tn6VTa C~craat
"autant que pOhhiRle ne pa~ tnaiten un tel

292
Ces
deux
interdictions sont exceptionnelles
dans
les
traités cnidiens et
gynécologiques
anciens.
Elles
appartiennent
en
réalité à
deux passages
qui
contiennent
( 24)
.
des
traces
de
ramaniement'
.
Le chapitre 71
de Maladies
des
femmes est
classé dans
la couche B des
traités
gyné-
cologiques,
couche dont
l'appartenance cnidienne n'est
pas
assurée et
qu'on
suppose coaque,
corrrne
la couche C(25).
Et de faIt, à l'époque des écrits de l'école pius récente
de Cos corrrne dans ceux contemporains
issus
de Cnide ou
d'ailleurs,
une nouvelle conjoncture
a modifié
le com-
portement
du médecin hippocratique vis_à_vis
des cas
in-
curabl es.
Il
Y a
eu en
effet
un changement
qui
a dû se
produire dans
le monde
intellectuel
avec
les
sophistes.
Quand
il
Y a
un échec,
les
sophistes disent
que
l'art
médical
n'existe pas(26).
Les médecins
sont
exposés
aux
a c c usa t ion s C0I1111e
l' a t tes t en t
1es é cri t s
d e I ' é p 0 que (27 ) .
Par
prudence,
les médecins
refusent
de se charger
des cas délicats(281.
Le
traité d'inspiration sophistique
de
l'Art
contient
une
interdiction
formelle de soigner
les malades en cas
d' incurabi 1 ité.
L'art
ayant
pour
objet
en général,
'd'~ca~te~ fe~ ~outt~ance~ de~ mafade~ et de
d;m;nue~ fa v;ofence de~ mafad;e~', il convient,
selon
l'auteur
de ce
traité,
de '~'a!~ten;~ de touche~ cl ceux
chez qu; fe maf e~t fe pfu~ to~t·. car 'ce~ ca~ ~ont
de f'a~t· .

293
La même interdiction de soigner est prescrite
dans Prorrbétlgue Il
·OoallÈv OUV,W\\i TptC\\lC:l-t:wv }{a~poû t,UXe:v, i1
l'iv wo,e: 1lf]5uvaa3a~ }{a,ao,nva~
.,ôv 6.VÔPWTWV e: t ç; ,f]v i.no~v }{a,a<ppovÉov,a,
',oLoé IlÈv ÉçLo,aoôaé xpf] bnota âv fi
nÀf]v ,Qv É<pnllÉpwv Àe:~noôuIlLwV.
du co~p~ ou d~ l'dm~ t~l (~.e. qu~ celu~ qu~
W
aB.muiOrtrU'A Qll~
qu' illM ~oient, ~C1ll/. W
lipothymù.
oll.cLinaAJI.R.A" •
Dans Fractures c.35 et 36(31) où
le fémur ou
l'humérus est
fract~ré avec perforation des
téguments,
le médecin ne doit procéder â
la réduction du membre que
forcé
(e:t

avay}{&~o~o
IlÈv
ÉIl~dÀÀe:~vj32), s'il
a de l'espoir
ÉÀnCr;:o~ç;

tlll3&ÀÀe:~v) (33) et si
c'est
le jour même de
l'accident: i1v
aûÔnlle:pÔV tll~À~ôry(34).
Autrement, on interdit d'entreprendre la réduction car
le cas est trop grave
:
.. e:t 5È
Ilt\\
oû5'ÉYXdpe:~v Xp~(35)

294
On soigne seulement
la plaie (. 1'0
al!;
1!;ÀJwG
LnTpE:UE:LV
xpt)
)(36)
et on met
le malade au régime
en attendant que
les os
se détachent d'eux-memes
(~wv •••
an60TaOLG
) (37)
sous
l'effet de
la gangrêne.
Ce sont
là des cas dont
il
faut
surtout évi ter de se
charger (jl<5.ÀLOTCl. al!; xpfl .Tà TOLCl.ÙTCl. aLCl.qluYELV) (38)
De meme on
interdi t
fermement,
dans Articulations
c.63 à 66(39),
la
réduction de
luxations graves aux ar-
ticulat ions et
dans
lesquelles
les os percent
les chairs,
car
il
Y a danger de mort
l'a~ticulation du pied,
h'étant luxé et ayant
~ait une plaie,
hont ho~tih complètement,
hoit
en dedanh,
hoit en deho~h, on n'ent~ep~end~a
pa/j la ~éduction :
(
lli'i
LnTpwv
tlll3ciÀÀELV
).
On doit it~e pe~huadé que le/j lfeh/jéh mou~~ont
/j-L
on maintit!-nt leh Oh danh fa ~édu ction . • (40 J
On a encore dans
le Serment(41)
une
interdic-
tion de soigner ceux qui
sont atteints de
la maladie de
la pierre ( ÀLÔLWVTCl.G
J. Mais l'interdiction concerne
uniquement
le
traitement chirurgical
(Où
Comme
les autres
formes
de médication ne sont
pas évoquées

295
et que peut-être la possibi lité était
laissée au médecin
d'y recourir,
on ne comptera pas cette
interdiction parmi
les cas de refus de soin.
*
*
*
En conclusion,
le médecin hippocratique est en
principe un homme qui
soigne
jusqu'au bout ses malades
il
est arrivé cependant un moment où
la conjoncture a
modifié son attitude et où,
pour ne pas s'exposer aux
critiques et voir
ternir sa réputation de bon médecin en
cas d'échec,
il a évité de soigner
les cas dont
il savait
par avance qu'ils devaient échouer. Le respect
fondamental
qu'il a pour
la vie explique son attitude originelle vis-
à-vis de
l'incurabilité,
tout
comme ~n va le voir main-
t en a n t - ,
i 1 l' a ame né à dis pen s e r s e s soi n s de ma n i ère
impart laie.

296
-=
R
E N V
O I S
=-
I. C'est
le point de vue notamnent de L. EDELSTEIN,
Anclent medlcine,.•• p.9 sq.;
Ch. LIŒITENlHAELER,
·Le. Je./l.me.nf. d'H.ippoc./l.af.e.J
a.na.f-y-!>e. d'e.n-!>e.mA..le.· ••• J p~ 1eD6.
Le suicide, pour des causes diverses, était un phéno-
mène assez étendu et en même temps réprouvé par
la
société en général,
pour que PLATON, dans
les Lois [X
873 c-d,
lui consacre un article.
2. Cf. LITTRE, Hippocrate. Le Serment
Ar gume nt,
tome 1V,
624,1 sqq.
3. PLATON, Le Politique 298 a-b.
4. ARISTOTE, La Politique [[1,·16,1287 a 6-7.
5. Presbeutlkos n027 LITTRE IX,
412,10.
6. LITTRE, Hippocrate. Le Serment
Argument,
t.
IV,
p. 620.
7. Cf. PLATON, Théétete 149 d.
8. Nature de l'enfant c. 13 JOLY 55,7 sqq.= LITTRE VII,
490,3 sqq.
9.
:rovn
LITTRE pense qu'en réalité il s'agit non pas
de semence mals de
la muqueuse utérine. Cf. LITTRE,
. Hippocrate. Nature de l'enfant, Argument,
tome VII,

297
p • . Wais pour
notre propos,
il
suffit que
l'auteur
l'airpris pour une semence.
10. Nature de l'enfant c. 14 LITTRE VII,
492,115.
II. Ep 1demi es
1 KUEHLEWE 1N c. 1 l,
190, 2 s q. = LI TIRE 1 l,
c. 5,
634,8/636,1.
Les parallèles de cet adage grec repris
dans
la Collection ont été
recensés par C. SANDULESCU,
"P~imum non noce~e. Philological commenta~ie~ on a
medical apho~i~m" in Acta antiqua academlae sclentlarwn
hungarlcae
13,359-368
(1965).
L'emploi
de cette anti-
thèse dans
les écrits médicaux et
plus généralement
dans
la prose du V~ siècle av. ].-C. a été étudié par
J. JOUANNA dans "Politique et médecine. La p~otlémati­
que du changement dan~ le Rég~e de~ maLadie~ aiguë~
et chez
lhucydide", Hippocratlca (Colloque de Paris
J978), Colloques
internationaux du C.N.R.S.

583,
Par i s,
p.
301
n° 1.
12. Affections c.13 LITTRE VI,
220,17-19.
13.
La discrétion médicale n'existe pas dans
les
traités
anciens de
la Collection hippocratique,
où el le ne
fait
son apparition que
tardivement,
dans Bienseance c.16
LITIRE IX,
242,5 sq. Wais meme alors,
le pronostic est
reconmandé dans certains cas
(cf.
Infra p.361
).
Sur
1e s u jet dei a dis c r é t ion mé d i cal e,
v0 i r no t anme n t
D. GQUREVITCH, "Déontologie médicale : quelque~ p~otlème~
(II J", Chapitre II A : "Doit-on di~e la vé~ité au
malade ?"
in Welanges d'archeologle et d'histoire,
1970,
2. Pour
elle
p.
740,
I~
paragraphe),

298
lorsque
le cas est sérieux,
ce n'est qu'à une date
relativement
tardive,
par exemple chez Lucien
(II~ s.
ap.
J.-C.l,
dans
son
'AnOHTlP uTT6 UE:VOÇ
c.4
et
Paul
d'EGINE (VII~ s. ap. J.-C.l, au livre IV, 88 des
Epltomae medlcae,
que
le médecin de
['antiquité gréco-
romaine pense à avertir du risque couru.
Les exemples
tirés des
traités de
la Collection infirment
un
tel
jugement comme va
le montrer
la suite de ce chapitre.
14. Affections
Internes c.11 LlTIRE VII,
192,15 sqq.
15. Wa 1ad 1e s i l 1 c. 3 LI TIRE VII,
120, 2 1 s q q,f 122, J.
16.
Ibid. LlTIRE VII,
140,24 sqq'; 142,1 sqq.
17. Waladles des
femmes
II
c.129 LITIRE VIII,
279,4 sqq.
18. Nature de la femme c.38 LITIRE VII,
382,12 sqq.
19. Femmes stériles
III
c.213 LlTIRE VIII,
410,14 sq.
20. Waladles
II
2 c.20 JOUANNA 155,8 sq. = LITIRE VII,
34,23 sq.
21.
Ibid.
c.26 JOUANNA 161, II
sqq. = LlliRE VI l,
42,19-20.
22.
,Ibid.
c.48 JOlIANNA 184,7 sq.= LITIRE VII,
72,20 sq.
23. Cf,
supra,
p.
233 sqq.
24. Sur ce point,
voir
l'étude de J. JOlIANNA, Archéologie,
p.
146,
note 3.
25. Cf. GRENSEWANN, Knldlsche medlzln,
p.
216.
26. Cf, Art c.7 JOlIANNA 231,2 sqq.= LITIRE VI,
10,16 sq.
27. Cf. Affections c.33 LITIRE VI,
244,16
; Waladles
c. 8 WllTERN 24, 1 s q q • = LI TIRE VI,
156, 2 s q q .; Art c. 4
J6uANNA 227,7 sqq.= LITIRE 6,7 sqq.
28. Sur
le refus
de soigner
les cas
incurables dans
la

299
Collection/cf. W. WURI, Arzt und patient bel Hlppo-
crates, Bern,
1936, chapi tre NDa-ô Y12-ioi d12--ô Nichi,,-in-
g~12-it12-n-ôN,
p.
15-20 ; F. KUDLIEN, Der Beglnn des
medLzlnlschen Denkens bel den Grlechen,
Zürich/Stuttgart
1967,
p.
114-124 ; R. WITTERN,
NDi,,- Unt,,-~1a-ô-ôung
a~zt1ich12-~ Hi1t12-~i-ôtung in d12-~ g~i12-chi-ôch12-n ~,,-dizin
d12-~ k1a-ô-ôi-ôch12-n Z,,-ii N• Wünchener medlzlnlsche Wochens-
chrift, CXXI,
1979,
p.
731-734.
29. Art c.3 ]OUANNA 226,13
sqq.= LITIRE VI,
4,18/6,1. Voir
également Art c.13 ]OUANNA 241,13-14 = LITIRE VI,
26,7-8
: ND12--ô ca-ô incu~ai1"--ô1
12-1112-
(i.e.
la médecine)
-ô'ai-ôii12-nt aV12-C ~ai-ôon d,,- -ô12- cha~g,,-~N.
30. Prorrhétlgue II c.12 LITIRE IX,
34,15 sqq./36,1.
31. Fractures c.35 et 36 KUEHLEWEIN 99 sqq. = LlTIRE III
536 sqq.
32.
Ibid.
c.35 KUEHLEWEIN 100,8 sq.= LITIRE 111,538,7.
33.
Ibid.
c.35 KUEHLEWEIN 100,9 = LITIRE 1 l,
538,7.
34.
Ibid.
c.36 KUEHLEWEIN 100,14 = LITIRE Ill,
538,12.
35.
Ibid.
c.36 KUEHLEWEIN 100,14 = LITIRE III,
538,12.
36.
Ibid.
c.36 KUEHLEWEIN 100,15 = LITIRE Ill,
538,13.
37.
Ibid.
c.36 KUEHLEWEIN 101,7 sq. = LITIRE Ill,
540,8.
38.
Ibid.
c.36 KUEHLEWEIN 101,8 sq.= LITIRE Ill,
540,9.
39. Articulations c.63 à 66 KUEHLEWEIN 214 sqq. = LlTIRE
IV,
268 sqq.
40.
Ibid.
c.63 KUEHLEWEIN 214,14 sqq./215,1
sq = LlTIRE IV,
268, 12 / 2 70, 1 s q •
41. Serment LICHTENTHAELER c.6 = LITIRE IV,
630,11 sqq.

300
C H A P I T R E
I I
LI
I W P A R T I A L I T E
DU
WEDECIN
H I P P O C R A T I Q U E
*

301
Aucun auteur de la Collection ne fait en effet
de distinction entre
les soins à apporter aux malades
riches et ceux à administrer aux malades pauvres.
11 paraIt cependant à certains critiques qu'il
y a une exception(l) qu'il
convient d'étudier et de consi-
dérer à sa
juste valeur. Elle se situe au livre III du
RégIme,
et concerne
les chapi tres 68 et
69 du
trai té. Voici
le passage concerné du chapitre 68 :
IIpGnov jJ.~v ouv 1:0~aL noÀÀo~aL 1:WV av5pwnwv
oU~~PU~WI ~E wv jJ.aÀL01:'ÔN W~CÀtOLV1:0, OL1:LVCG
OL1:COLOC 1:C Kat nO].J.aOL 1:0~OL npOO1:UXOÜOL xptwv-
1:aL novOLOL 1:C 1:0~OLV ava~xaCOLaLv 660LnopCnOL
1:C 1:nOL npoG aVU~KaG 5aÀaoooup~CnaC 1:C 1:nOL
np6G oUÀÀo~~v 1:0Ü SCou nÀLOUjJ.tvoLOC 1:C napâ 1:6
oUjJ.~tpov ~uxojJ.cvoC 1:C napâ 1:0 ~tÀLjJ.OV 1:n 1:C
dÀÀn 6LaC1:~ aKa1:a01:U1:~ xpWjJ.CVOL· 1:0Û1:0LOL 6n
oUjJ.~tPCL ÉK 1:WV ùnapxov1:WV w6c 6LaL1:U05aL.
noml~e, ceux qui u~ent d'afiment~ et de loi~-
~on~ fe~ ~~emie~~ venu~1 et qui ont de~ olLi-
gation~ de t~avaif, de~ ma~che~ à tai~e ~ou~
de~ ~ai~on~ de n~ce~~it~, de~ navigation~ in~­
titu~e~ ~ou~ ~a~~emlfe~ de quoi viv~e, gen~
ex~o~~~ aux chafeu~~ qui ne ~ont ~a~ ~afutai~e~1

302
et ayant pou~ tout le ~e6te un ~ég~me i~~égulie~.
Pou~ ce6 gen6 là,
étant donné le6 ci~con6tance6,
. . •
• .
. •
t
t·.
.(2)
vo~c~ ~e
~eg~me qu~
~eu~ e6
u ~~e...

Aprês cette
introduction,
l'auteur évoque,
sur
six pages de
l'édition LITIRE(3),
le
régime,
relativement
facile à observer,
qu'il
a établi
pour cette catégorie de
personnes:
les al iments à prendre,
leur quantité,
les
transitions à ménager en passant
d'une saison à
l'autre,
les exercices physiques et
les
promenades ainsi
que
les
moments de
la
journée
les
plus
propices.
Le régime de
vie,
pour chacune des saisons de
l'année,
doit être élaboré de
maniêre à s'opposer
aux
inconvénients de celle-ci.
La première phrase du chapitre 69(4)
sert
de
conclusion au chapitre précédent.
La phrase qui
suit
in-
trodu i t
le second type
de
régime,
di fférent
du premier et
plus
longuement
développé,
pui sque son exposé occupe
le
reste du
livre
Ill,
c'est-à-dire
seize chapitres
(70 à 85),
soit vingt_neuf pages de
l'édition LITIRE(5)
Taü.a ~~v napaLv~~ .•~ nÀ~ô8L .wv
Ka
.
uvôpwnwv, 5PoLaLv âvayx~ç 8LXn
.•6v l3~ov 6La.8À.8Lv ta'L, ~~6' ÙncipX8L
aû.oLaL .wv aÀ.À.wv U~8À~aaaL
.nç ÙYL8{~Ç
tnL~8À.8LaÔaL. oIaL 6t .00.0 nap8OX8ûaa.aL
.xat 6Ltyvwa.aL, O.L oû6tv 6(j)8À.OÇ tanv
06,8 xpn~â.wv 06.8 .wv aÀ.À.wv oû6tvoç, Ü'Ep

303
tl;Epn\\L~Vn âvuo.l:üV rrpoç TO (Un3tol:al:ov
l:WV 6uval:wv rrpoonY\\LÉvn.TaôTnv \\L~V oùv
rrpo ~ OVl:0.î l:oîJ ÀOYOLJ 6nÀwoij.l.
'VoiLà c~ qu~ j~ ~~command~ au commun d~~ homm~~
qui doiv~nt iml'é~ativ~m~nt l'a~~~~ L~u~ vi~ à
L'av~ntu~~ ~an~ l'ouvoi~J négLig~ant tout L~
qU-L ~n ont L~ mOIJ~n (i .e. de négl iger tout
le
reste pour s'occuper de leur santé) ~t qui ont
d'utiLité ~an~ La ~antéJ j'ai découv~~t un
Régim~ qu~ j'~xl'o~~~ai dan~ L~ cou~ant du di~-
• ( 6 )
c.oU~.J.
Après cette phrase
introductive,
vient
l'exposé
du
type de régime à suivre pour
la catégorie de personnes
évoquée
le nombre de repas dans
la journée en fonction
des saisons et des mois
les exercices et
les promenades,
ainsi que
les bains,
le COlt,
les vomissements après
les
repas, qui étaient une pratique
inscrite dans
les moeurs
de
l'Ant iqui té.
Commentant ces deux parties du Livre III du
Régime dans son article ·l~cLav~~ ~t méd~cin~ dan~ La 9~~c~
antiqu~·(7), R. JOLY écrit:

304
·l'auteu~ di~tingue clai~ement un ~égime plu~
gloial,
qu'il de~tine à ceux qui ~ont oiligé~
de t~availle~ pou~ viv~e, d'un ~égime ieaucoup
plu~ complexe de~tiné cl ceux qui peuvent
néglige~ tout le ~e~te pou~ ~'occupe~ de leu~
~anté. J'ai mont~é ailleu~~(8) comiien cette
di~tinction convient peu cl l'auteu~ du Régim~ :
manite~tement,
i l ~ep~end cette di~tinction cl
~on temp~ et l'applique vaille que vaille cl
J. DUCATILLON de même, dans son article ·Du
Régime Liv~e III. Le~ deux puilic~·(9), partage l'idée
qu'au chapitre 69 c'est
l'élite qui
est désignée. Quant au
public du chapitre 68,
elle
l'identifie à un public pauvre,
e t
a van ce,
pou r i e d émo n t r e r,
une s é rie d' a r g ume n t s don t
il
est difficile d'établir
la pertinence.
Elle considère
en effet
que
la plupart
des prescriptions de
l'auteur
au
cha~tre 68 du Régime sont destinées à des personnes humbles,
car
le
régime alimentaire,
dans son principe,
y est
simple
il
consiste à opposer au
froid ambiant, des
aliments
secs
et échau ffants,
et à
la cha leur,
des aliments
rafraîch is-
sants et humides. Quant au
régime des exercices,
dans
la
mesure où ceux-ci
repo~nt sur
un principe simple qui
est
de déssécher et
d'échauffer et
qu'on peut
facilement
en
déterminer
j'usage,
ils sont
eux aussi
destinés à des
gens
"
1
(10)
V"Z-
J
"' ....A'
S Imp
es
.
01
a ce que ce. que pense
• ,-,,-,,-,,"",TILLON. Ma i s

305
ces propos soulèvent une objection de
taille.
Le principe du régime des al iments et des exer-
cices est en effet tout aussi
simple dans
le cas du régime
prétendument destiné aux riches:
en effet
il
repose uni-
quement
là auss i sur
la recherche d'un équ il i bre entre les
al iments et
les exercices, c'est-à-dire entre éléments
échauffants et asséchants et éléments présentant
les qua-
lités contraires.
Invoquer
la simplicité du principe du
régime pour dire qu'il est destiné à des personnes humbles
est une démarche fausse,
par conséquent.
Sur
le plan de
l'adaptation du régime à la sai-
son,
J. DUCATILLON pense que la prescription faite par
l'auteur d'observer
les équinoxes et
les solstices,
les
levers des Pléiades ou d'Arcturus est destinée aux gens
ordi nai res,
dans
la mesure où cet te prat i que
fami 11ère aux
Grecs était à
leur portée(ll). Mais
l'argument est faux:
les destinataires de la prescription sont
les négociants
et
1e s
homne s d' a f fa ire s, en t r eau t r es.
Un au t r e a r gume n tes t que
1e dé t ail des mo d i f i -
cations à apporter au régime suivant
les diverses périodes
des saisons n'est donné au c.68 que pour
l'hiver;
pour
les autres saisons,
rien n'est dit. Par conséquent,
pour
J. DUCAT 1LLON,
il
faut cons idérer que
l'auteur
prévoi t un
régime
identique pour
les
trois autres saisons, et que
c'est
là une simplification de fait qui montre qu'au cha-
pitre 68 de Régime,
l'auteur écrit pour
la catégorie des

306
travail leurs humbles.
Il
est vrai que le régime est simplifié. L'er-
reur cependant, est de recourir à ce fait comme argument
pour affirmer que
le régime est destiné aux pauvres. En
réalité,
il est simplifié parce qu'il est
fait pour
les
personnes absolument occupées par de continuel les et dures
activités qui
ne leur
laissent pas
le temps de renouveler
chaque saison
leur régime:
les négociants et
les hommes
d'affaires.
Enfin,
dans
[e régime établi
au paragraphe 68,
figurent des vi andes rôt ies "
6l)Jo.
" ( 12 )
J. DUCATI LLGl
pense bien qu'el les sont un peu conteuses pour d'humbles
travailleurs. Wais de cette remarque sur
les viandes, qui
est peut-être bien fondée, elle ne tire pas
la conséquence
attendue,
à
savoir que
('auteur n'écrit peut-être pas pour
des pauvres. Loin de là, elle trouve que
l'auteur
·pe~d de vue le~ ~talitt~ d'exi~tence de ~on
pu!lic de t~availleu~~ pauv~e~ ou qu'il ou!lie
le~ condition~ de vie ~éelle~ et le~ !e~oin~
de~ gen~ pou~ le~quel~ il p~ttend tc~i~e·(13).
Et c'est dans ce dernier argument que l'intention de l'au-
teur du Régime me paratt
le plus manifestement dénaturée,
parce que
forcée.
La thèse du double public à propos de Régime

307
c.68 et 69 doit
aujourd'hui etre revue.
Il est en effet
peu probable que
l'auteur ait voulu dire au chapitre 68 du
Régime que tous ceux dont
les activités sont pénibles et
qui ne cessent de s'exposer aux intempéries et de
faire
mauvaise chère
sont des pauvres. L'existence de négociants
et d'hommes d'affaires parmi eux infirme une telle opinion.
Le public du chapitre 68 est un public dont
la vie n'est
pas réglée(14), et rien de plus.
Ensuite,
il n'est pas sûr que
l'auteur ait
fait
de la richesse un critère pour suivre le régime annoncé au
cha pit r e 69 dut rai té, même s' i 1 est v rai que ce u x qui
0 n t
le loisir de s'occuper de leur santé sont généralement des
gens aisés. En évoquant dans ce dernier chapitre les gens
qui ont
le moyen de négliger tout
le reste pour s'occuper
de leur santé,
i J s'adresse plutôt à une population con-
vaincue que
la santé passe avant
tout, et disponible pour
un régime régulier. Les sources anciennes ont conservé une
trace de cette catégorie de personnes animées de telles
convictions en
la personne d'Hérodicos de Sélyrnbrie,
dont
PLAlOO,
dans
la République III(15~ dit qu'il avait renoncé
à
tout pour se soigner
( tv
â.OXOÀCU
-CE
Ca:rpEu6].lEVOI:; ) ( 15),
se tourmentant au moindre écart de
régime (
ânOHVUL6].lEVOI:;
EC
-CL
-cnl:;
ECWÔUCUI:;
)(16). Hérodicos malade traitait sa
6LUL-Cnl:;
tH~uCn
) ( 17)
maladie pas à pas
:
nUPuHOÀoU-clOv
yàp
-c/ji
vOOf)].lU-CL
et avait mis au point une thérapeutique nouvel le destinée
à
soigner attent ivement
les maladies
(nuL6uywYLHÎÎ
-cwv

308
VOOn~&T~V )(18). ARISTOTE écrit, dans la Rhétorique
ijOÀÀOL yàp ùYLaLvouoLV WOTI€P
'Hp6ôLHOÇ ÀÉY€TaL,
oüç OÛÔ€LÇ
âv
naVT~V ân~x€a3aL TWV âv3p~nLv~v
fi TWV nLaT~v.
"Beaucoup de gen~ ~e po~tent lien,
comme le dit
H~~odico~, gen~ que pe~~onne ne dit heu~eux
pou~ leu~ ~ant~, du tait qu'il~ ~enoncent à
toute~ le~ cho~e~ humaine~ ou à la plupa~t". (19)
Ces considérations nous
amènent
à
la conclusion
qu'aux chapitres
68 et 69 du Régime,
la distinction semble
faite moins entre gens
riches et
gens
pauvres,
qu'entre
ceux qu i n ' ont
pas
le
temps
de s'occuper
de
leur
santé et
ceux qu i,
au contrai re,
sont ent i èrement
di sponi b les pour
le
faire.
En
réalité,
,'auteur du Régime
fait
tout
simple-
ment
de
la publicité en direction des
uns et
des autres.
Pour
cela,
il
détermine d'abord
les
catégories de personnes
qu'il
vise.
La première,
il
la définit
comne constituée de
g en sen t i è r eme n t
p ris,
n' a yan t
nu Il eme n t
1e
t emp s des' 0 c-
cuper
de
leur
santé et ayant
des cont ra i ntes
dont
ils ne
sauraient
se défaire,
parce qu'il
s'agit
de
leur gagne-pain.
A ceux-là,
il
dit
qu'il
a
la
recette diététique qui
les
maintiendra en santé avec
le minimum d'effort. Aussi,
le

309
régime qu' i 1 leur
propose est-i 1 simpl jfié dans
son contenu
et
ses applications. Quant aux personnes
de
la
seconde
catégorie,
il
les
précise également,
puis
leur
propose,
toujours
dans
le cadre de sa publ ici té,
un autre
régime,
plus approprié a
leur
situation,
aussi
simple dans
son
principe que celui
des
premiers, mais
naturellement
plus
complexe dans
ses composantes.
Cette distinction n'a d'autre but
que
de satis-
faire
tous
les
publ ics.
Voila ce qu'il en est,
d'après
les chapitres
68
et 69 du Régime,
du caractère sélect i f de
la médeci ne sui-
vant
que
le malade étai t
riche ou pauvre.
Il
ne
faut
pas
voir de
la
partialité chez ce médecin
tout
heureux des
découvertes
qu'il
a
faites
dans
le domaine du
régime pré-
ventif des maladies,
et
plutôt occupé a
lancer
son produit
sur
le marché,
espérant bien que
tout
le monde y
trouvera
son compte.
Ce point
de vue est du
reste en accord avec ce
que nous
constatons
dans d'autres
traités
hippocratiques.
Les médecins de
la Collection soignent
en effet
beaucoup
de catégories
sociales présumées pauvres:
par exemple
les
fouleurs
(oL
YVa.<P~OL )(20), les cordonniers (.oL
crnuTE:i:Ç
) (21),
les
palefreniers(22),
les mineurs
(oL bl.
TWV
JLE: TOJ..ÀWV ) ( 23) •
Même
les esclaves
sont
soignés dans
les mêmes
conditions
que
les
hommes
libres dans
la Collection:
il

310
en est ai ns i dans Epidémies V c. 19 ( I~
O[XÉTLÇ
) (24)

( 25)
et c.25
( ft
U]..l(jl LTIoÀoç)
,
de
meme
qu'aux
chap i t res
35
et
( 26 )
41

l '0 n
trouve
également
606À11'
Cependant,
d'après
le témoignage de PLATON dans
1e s Lo i s ( 2 7),
i 1 Y a v ait eue n Gr è c e de ux mé d e c i ne s dis-
tinctes,
l'une destinée aux hommes
libres,
l'autre aux
esclaves
cel le-ci pratiquée par des médecins esclaves
pour
leurs pareils:
elle est demeurée tyrannique et sans
principes raisonnés; celle-là exercée par des médecins
de condition
libre pour
les hommes
libres:
elle est
fondée
sur des principes scientifiques et sur
le dialogue avec
le malade.
Les critiques modernes interprètent ce témoignage
de façon diverse. C'est ainsi
que F. KUDLIEN dans une
étude exhaustive consacrée à
la question
,qualifie
les
propos de PLATON de fiction,
et affirme que
le médecin grec
n'établissait aucune différence entre hommes
libres et
esclaves(28~u contraire R. JOLY, qui pourtant relève une
trentaine de cas d'esclaves soignés au merne
titre que
le
reste de
la population malade dans
les Epidémles,
accorde
malgré tout du crédi t au passage du phi losophe(29).
Or
les données de
la Collection que nous avons
évoquées plus haut
permettent d'affirmer que les médecins
hippocratiques ont adopté une attitude d'impartialité dans
leurs soins. L'allusion à
la sélectivité de
la médecine
chez PLATON,
si elle est vraie, se rapporte à des milieux
médicaux non hippocratiques et dont
les méthodes étaient

31 1
contestables.
II
convient
en
revanche de noter que
l'impartia-
lité des Hippocratiques
a eu ses
limites dans
la mesure
où elle ne s'appliquait
pas
il.
l'ennemi
de guerre(:K)).

312
- =
R
E N V
O I S
= -
1.
Sur cette prétendue exception,
cf. R.
JOLY,
·[<>c.iave<>
et médecin<> dan<> La q~èce antique",
in Sudhoffs Archiv,
Zeltschrlft
für Wlssenscbaftsgeschlchte,
Band 53,
1969/
1970, Wiesbaden,
p.5 ;
Idem, Rechercbes sur le traité
pseudo-hippocratique du Régime, Liège-Paris,
1961,
p.
132 sq.
Cf.
aussi
l'édition du Régime par
le même
auteur,
Paris,
Les Belles Lettres,
1967,
p.
71,
note 2
p.
72,
note 2 ;
p.
73,
note
1 et p.
75,
note
1.
2. Régime c.68 JOLY 71,5 sqq. = LlTfRE VI,
594,3 sqq.
3. LlTfRE, Hippocrate, Oeuvres complètes
t.
VI,
594,8 sqq.
4. Régime c.69 JOLY 77,13 sqq.= LITfRE VI,
604,20 sqq.
~. LITIRE VI,
606,13 à 636,14.
6. Régime c.69 JOLY 77,13 sqq.f18,1
= L1TIRE VI,
604,20 sqq.
7. R.
JOLY,
'[<>cLave<> et médecin<> dan<> La q~èce antique",
p.
5.
8. Cf.
ci-dessus
la note I.
9.
In Revue des études grecques n082,
1969,
pp.
33-42.
10.
"Le<> deu~ pulLic<>",
p.
34 ; p.
36.

313
II.
"L2<> d2ux. put..1.ic<>',
p.
36.
12. Sans être
tout â
fait
identique cependant d'une saison
à
l'autre. Au chapitre 68 JOLY 75,4 sq~ = LITTRE VI
600,15 sqq.,
il
es t
con se j II ê qu 1 à chaque sa i son,
on
change peu â peu chacune des
parties du rêgime,
en
diminuant par exemple,
au printemps,
les promenades,
en remplaçant
le pain par
la polenta,
en se
livrant
moins au cOlt,
etc •••
Pour
les autres saisons êgalement
-
(ê t ê e tau t omn e)
-
,
c f.
J OLY 7 5, 15 s q q . e t
76, 2 1 s q q • =
LlTTRE VI,
602,1
sqq. et 604,7
sqq.
13. DUCATILLON,
'L2<> deux puR1.ic<>' ••
p.
35.
14.
~aoLaLv
ÉEaVaYHns
E(H~
,av
~~ov
6LU,EÀdv Éa,L).
Comme dans Prorrhétlque I l e . 2 LITIRE
IX,
8,19 sqq.
15. PLATON, République
III
406 b.
16.
Ibid.
17.
Ibid.,
406 a.
18.
Ibid.
19. ARIS1UTE, Rhétorlgue A 5,
1361
b 4.
20. Epldêmles V,
c.59 LITTRE V,
240,3.
21.
Ibid.
c.45 LllTRE V,
234,4 et Prorrhétique
l,
c.123
LllTRE V,
c.25 LITTRE V,
224,6.
22. Epidémies V c. 16 LITIRE V,
214,19.
23. Epldêmies
IV c.25.LITTRE V,
218,14.
24. Epldémies V c. 19 LITTRE V,
218,14;

314
25. Epldémles V c.25 LlTIRE V,
224,6.
26. Ibid. c.35 LITTRE V,
230,11
; c.41 LITIRE V 232,6
cf. aussi Epldémles VI, 7, c.1 LITIRE V,
334,17. Dans
les Epldémles, une trentaine d'esclaves
sont soignés. Cf.
sur ce point R. JOLY, ·E/>c.f.avl!-/> I!-t
mtdecin/> dan/> .f.a 94Acl!- antique· ••••
p. 6-10. Une liste
plus substantielle des catégories soignées par
les
Hippocratiques est établie par E. LlTIRE, Hippocrate,
Oeuvres complêtes,
t.
V,
p.
16.
27. PLATON, Lois IV,
720 b-c.
28. F. KUDLIEN, Ole Stlaven ln der grlechlschen Wedlzln
der tlasslschen und hellenlstlschen Zelt, Wiesbaden,
1968.
29. Cf. R. JOLY, ·E/>c.f.ave/> et mtdecin/> dan/> .f.a 94Ace
antique' •.••
p.
10.
30. Cf.
infra,
p.
315 sqq.

315
CHAP 1 l'RE
I I I
LE MEDECIN
HIPPOCRATIQUE
ET
L'ENNEMI
DE
GUERRE
*

316
Dans
une histoire
rapportée dans
le Presbeutlkos,
un Asclépiade de Cos est
désigné comme étant
l'auteur de
l' empo i sonnernen t de
l'aqueduc de
l'ennemi
en temps de
guerre(J). ThessaJos,
fils
d'Hippocrate,
venu en ambassade
11 Athènes pour
implorer
la grande cité de ne pas
réduire
sa patrie en esclavage,
lors
d'un
des multiples différends
qui
ont
jalonné
les
rapports entre
les deux cités,
raconte
comment son ancêtre Nébros
rendit
aux Amphictions(2), en
guerre contre
le peuple crisséen(3),
un service 11
la
fois
médical et mi litaire(4).
Le peuple crisséen était plein
d'insolence.
Pour
le punir,
les Amphictions décidèrent de
fa ire 1e bloc u s de
1eu r
ville ( 5).
Une ma 1ad i e pe st i 1en-
t i e Ile s' é tan t
a bat tue sur
1eu r
camp,
ils con sul t ère n t
Apollon qui
leur désigna Nébros
pour
les secourir. Arrivé
dans
le camp, Nébros
fi t cesser
le mal
parmi
les soldats.
Mais,
dit Thessalos,
'pa~ un heu~eux ha~a~dJ le cheval d'[u~~loque...
~o.p~t en ~e ~oulant dan~ la pou~~~~~eJ avec
~on ~aRotJ le tuyau qu~ a.ena~t l'eau dan~ la
place to~te (s.e. des Crisséens). NéR~o~ co~-
~o.p~t cette eau pa~ d~.éd~ca.ent~ qu~ t~ou-
Rlé~ent le vent~e de~ C~~~éen~J ce qu~ joua
g~ande.ent dan~ la p~~~e de la v~11e... ·(6).
Les empoisonnements des
puits ou des aqueducs
d'une cité ennemie étaient des
stratagèmes auxquels on
recourait parfois,
en
temps
de guerre,
pour venir 11 bout

317
de
l'ennemi(7).
Le
fait
que
le bruit
ait couru,
lorsqu'en
430,
la peste éclata à Athènes,
que celle-ci
aurait eu
pour
origine
l'empoisonnement des
puits
du Pirée par
les
Péloponnésiens(8) montre que
les cités en avaient
l'expé-
r ience.
Les Asclépiades,
dont
les
ancetres Machaon et
Podalire sont
il
ia fois
des médecins et
des
chefs militaires,
qui
pour fendent
sans ménagement
aucun
l'ennemi,
ne devaient
pro b ab 1eme nt
pas hé s i ter,
dut emp s
de Né br 0 s
(V 1 1~ - V1~ s.
av.
J. -C.), et même plus tard, il met tre la vie en danger,
lorsqu'i ls avaient
affaire il une cité ennemie.
En effet
sui-
vant
une conception antique bien admise,
il
faut
faire du
bien il
ses amis et du mal
il
ses ennemis(91.
L'humanisme
de
l'expressionaphortstique"êi",,, uii.l" ou du moin;, n" pa;,
nui",,,·/wcpE:Àt!:E:.tV
fi
.)ltJ
!?ÀaTIl:E:tv (10)
ne
s'étend pas
l'ennemi
de guerre(IIJ.
Bien entendu,
lorsqu'un pacte
était
signé entre cités,
qui
interdisait
aux unes et aux
autres
de
tels
recours en cas de guerre,
ce
principe ne
fonctionnait
plus. On a dans
l'AmIDassade Infidèle
d'Esa-IINE(12)
un pacte allant
dans
ce sens.
On y
lit que
·c,,;, anci"n;, y",,,c;,
(Le.
les Amphictions),
dan;,
aucun" ui.l.l" d" .la .ligue
amphiciioniqu",
à
n'ini"",c"pi"""
ni "n i"mp;, d" gue",,,,,,,
ni "n
qu".lqu'un uio.laii c,,;, p",e;,c",ipiion;"
à ma",ch"",

318
cont~e gui,
à
~enve~~e~ ~e~ viffe~ ... Ce ~e~-
ment était accompagné d'une g~ande Lmp~écation·.
On remarquera
toutefois
que c'est
la solidarité
hellénique qui motive ce
serment.
Il
n'y avait pas de
tel-
les
rés e r v e s qua n d l ' en n em i n ' é t ait
pas gr e c .
En dehors de
l 'histoi re
racontée par Thessalos,
deux autres
sont
rapportées
dans
les Lettres,
le Décret
et
les Harangues
sur
l'attitude d'Hippocrate en personne vis-
â - vis
dei' en n em i.
L' u Il e,
con t e nue dan s i e sie t t r e s
nO 3 â
9,
est
reprise dans
la Lettre
d'HI ppocrate au sénat et au
~uple abdéritains( 13), et rappelée br i évement dans le
Décret
des Athéniens( 14). Hippocrate, aurait refusé de se
rendre auprès
du grand
ro i
des
Perses Artaxerxès
II iv'némon
( 404 - 3 5 8 a v.
J. - C.) pou r dé 1 i v r ers 0 n p a y s dei a p est e ( 15) ,
malg·ré
les
récompenses
imnenses
qui
lui
furent
proposées.
La
raison du
refus
du médecin était
que
la Perse était
un
pays ennemi.
La seconde histoire,
rapportêe dans
le Pres-
beutlkos(16),
raconte qu'Hippocrate
avait
également
refusé
de secourir
les principes
barbares d'Illyrie et
de Péonie
qui,
pour mettre
fin
â
une pestilence qui
s'abattait
sur
eux,
avaient
envoyé chercher Hippocrate de Thessalie où
i l
vivait,
en
lui
promettant
de
l'or
et
de
l'argent,
et
tout
ce qu'il
voulait.
L'attitude qu'aurait
adoptée Hippocrate a paru
invraisemblable à certains critiques,
notarrment à

319
D. CD.REV11(}{(l7) , pour qui
la réalité d'une telle attitude est délœntie par
les faits. Pour dérrDntrer son opinion, entre autres arguments/elle cite, au
chapitre "CO~ Unpo~~ce de médecinA" de son ouvrage le Triangle hippocra-
tique dans le monde gréco-romain(18), un certain nombre de médecins parmi
lesquels des Coaques et des Cnidiens se mettant "au ~eAV~ce de fa te~e en-
~", y campris la Perse. On y rencontre Oêmocédès de Crotone, Ctésias de
Cnide, Apollonidès de Cos qui ont tous soigné des rois perses; Dexippe éga-
lement, élève d'Hippocrate, aurait pris en main la santé des deux fils du
satrape du grand roi Artaxerxès Il, Hécatorrnos.
L'attitude prêtée à Hippocrate dans les Lettres paratt d'ailleurs
à D. ~11(}{ en contradiction avec la morale médicale qu'on trouve dans
les vrais écrits déontologiques où il est prescrit au médecin de soigner tout
malade. Sur ce point précis, il convient de répondre tout de suite que les
écrits déontologiques en question (Senment, Wédecin, Bienséance, Préceptes)
ne consacrent aucune disposition expl icitement fonnulée à l'ennemi de guerre,
qui est tout simplement anis.
La thèse selon laquelle Hippocrate n'a pas refusé ses soins à l'en-
neni perse se heurte tout d'abord à un fait: on n'a aucune preuve historique
que l'illustre médecin se soit rendu en Perse. Nous avons par conséquent dans
l 'histoire de Thessalos une explication possible de cette situation. On ne
peut exclure en effet qu'Hippocrate, invité par le grand roi de Perse, ait
refusé de se rendre à sa cour, appliquant le principe grec tout à fait normal
de son temps: à son ennemi on ne rend pas service. ~ , dans sa Vie
d'Hippocrate(19), qualifie bien le médecin de <P~À~À.Ànv,
qualité dans
laquel le Hippocrate s'est illustré en refusant de soigner des ennemis héré-
di tai res du peuple grec, et qui lui a valu de recevoir les plus grands honneurs
(20)
de l'Etat athénien
.
Evidemment, il devait y avoir une exception à cette morale dure. Les
médecins ont soigné les prisonniers de guerre, que les cités avaient intérêt à
maintenir en santé, si elles voulaient les échanger contre rançon(21).

320
Revenons
enfin
sur
les
exemples
de médecins
cités
par O. GOUREVITCH pour démontrer
que
le médecin
grec clas-
s i que,
con t rai r eme n t
à
ce qu'a n cr oit.
soi g n en' i mp art e
qui,
même
l'ennemi.
Démocédês,
cité comme
ayant
servi
le
P ers e Da r i us,
ne
l ' a pas
fa i t
des a n pro pre gré.
ma i s à
1a
suite des
vicissitudes de son
sort.
Il
était
en effet
es-
clave de Darius,
ayant
fait partie
des
captifs
du
gouverneur
de Sardes Oroi tès,
dont
les biens
à
sa mort
étaient
revenus
à Darius(22).
Il
faut
préciser
que Démocédès
a soigné
le
roi,
au départ,
sous
la menace,
car
i l
refusait
d'avouer
qu' i 1 connaissai t
la médecine de peur
d'être
retenu
pour
toujours
loin de
la Grèce(23).
Quant à Ctésias de Cnide,
parent
et
contemporain
d'Hippocrate,
i l
était
fait
prisonnier
par
le
roi
Artaxerxès
1 1 IV n émo n
(404 - 3 5 8 a v.
J. -c.) etc' est dan s cet te con dit ion
qu' i 1 entra
au service médical
du
roi,
auprès
de
qui
i l
jouissait
du
reste d'une position
d'honneur.
Plusieurs
versions
existent
sur
les
causes
de
la
présence d'Apol lonidès de Cos
à
la Cour
de Perse
au
service
d'Artaxerxès
1 Longuemain
(465-425)
i l
y
fut
attiré
soit
par
1e
r é c i t
dei a
fort une de Démo c é d ê s,
soi t
par ce
qu' i 1
a été enlevé
de Cos de vive
force,
soit
à
prix d'argent(24l.
L'absence de certitude sur
la motivation
réelle
du médecin
invite à
la
prudence sur
l'interprétation de son
séjour en
Perse.
Dexippe,
enfin,
n'a accepté
sa charge
auprès
du
satrape
perse Hécatomos pour
soigner
ses
deux enfants lVau-
solus
et Pixodorus
dans un état
désespéré,
qU'à condi-

321
tian qu'il
fut mis
fin
à
la guerre qui
était menée contre
sa patrie,
et qui
était
dangereuse pour elle(25). C'est
donc une
raison de
force majeure qui explique
la
présence
de Dexippe en Perse.
L'attitude de Nébros,
puis plus
tard celle
d'Hippocrate vis-à-vis des Perses,
grâce à ces quelques
précisions,
paraissent
donc
tout
à
fait
vraisemblables.
De 1a même ma n i ê r e ,
i 1 n' y a pas
1 i eu den e
pas
croire qu'Hippocrate
a
refusé son secours aux rois
barbares
d'Illyrie et
de Péonie, malgré
toutes
les
richesses que
les uns et
les autres
lui
promettaient.
En même
temps
que de
telles attitudes
témoignaient du philhéllénisme
d'Hippocrate,
elles
sont un bel
exemple d'intégrité vis-
à-vis
de
['argent,
qui est un
trait de caractère éminemment
hippocratique,
comme cela ressort
du chapitre qui
suit.

322
-=
R
E N V
O I S
=-
1. Cependant
selon fRONfIN,
Stratagemata
[Il,
7,
6,
c'est
C 1 i s t h è ri e qui au rai t
été
l' au te u r
d e i ' emp 0 i son neme nt.
Pausanias
l'attribue quant
à
lui
à Solon
qui
l'aurait
conçu et
conseillé à Clisthène.
(~criptiOllde/aGr~X,
37,7)
; d'après Polyen (Stratagemata VI,
13), Euryloque
en serait
{'auteur.
Sur
la diversi té des
versions,
cf.
H. POMDOW, Hippokrates und die Ask/ep/aden
ln De/pbl,
p.
322.
2.
Ecrit avec -I-,conformément
à
l'étymologie du mot:
âll(jJL
et
. wdw
"/I,.âLijt,
tonde/t"
(par
exemp le une
vi Ile)
et,
par conséquent,
"demeu/te/t auiou/t de",
en
l'occurrence,
autour
du sanctuaire d'Apollon Pythien à
Delphes.
Les Amphictions
sont douze peuples habitant
autour du sanctua i re d 'Apo lion à Delphes.
Sur
les Am-
phictions,voir G. ROUX,
j'Amphictlonie. Delphes et
le
tempie d'Apollon au
/V~ s., Collection "La ~ai~on de
l'O/tieni médiié/t/tanéen" ,
n08.
Série archéologique 6.
Lyon,
1979,
p.
3 sqq.
3. Peuple de Phocide.
4. Presbeutikos n'27 LITTRE IX,
412,1.
5. Ce
fut
la première guerre sacrée,
entre 600 et
590 av.
J • -Co
6.
L/TTRE IX,
412,7 sqq.

323
7. Cf. M.D. GRMEK.
'L~~ ~u~~~ d~ gu~~~~ giofogiqu~~
dan~
L'l1niiquiii.·,
in Revue des études grecques,
92,
1979,
140-163.
8. THUCYDIDE, Histoire de la guerre du Péloponèse c. XLVIII
pa r. 2.
9. Cf. SOLON
l,
3-6 ; THEOGNIS, 363-364; GORGIAS,
fragment
82 B Il
a (DIELS/KRANZ II,
p.
298,24 sqq.; XEN>PJ-fJN,
Cyropédle VIII,
7,28.
Voir aussi 1HlJCYDIDE, Histoire
de la guerre du Péloponnèse 1 43
; PLATON, Républi-
que 332 a,332 b,
332 d,334 d.
10. Epldêmles
l, KUEHLBw::IN c.II,
190,2 sq;=LITIRE II,
c.5,
634,8/636, l.
Il. F. KUDLIEN,
dans
'H~dicaL ~ihic~ and popuLa~ ~ihic~ ~n
9~~~c~ and Rome",
p.
91
à 97, démontre
l 'ambigul'té de
l'aphorisme hippocratique
: "aide~ ou du moin~ ne pad
nui~e', que
le médecin grec réserve en réalité aux Grecs
et d'une manière générale aux malades vivant
sur
le
sol grec et
non à
l'ennemi
de guerre.
12. ESCHINE,
l'Ambassade Infidèle c.
115.
13. N"II LITIRE IX,
328,8 sqq.;
les
lettres
n03 à 9 figurent
dans
l'édition LITIRE IX,
p~ 316-320.
14. Décret n025 LITIRE IX,
400,24 sq·/402,1 sq.
15. Dans
le Décret n025,
cependant,
on ne précise pas qu'il
s'agi t de
la peste.

324
16. Presbeutikos n027 LITIRE lX,
418,2 sqq.
17. Voir,
avant D. GOUREVITCH,
notamment S. SHERWIN-WHITE,
op.cIL,
p.
15.
18.
p.
341
-
342.
19. e.M.G.
IV,
Leipzig and Be ri in,
1927,
p.
176,
1.
18.
20. Cf. Décret n025 LI TIRE IX,
400, 16 s q q./ 402, 1 sqq.
1 1 au-
rai t
reçu une couronne d'or
au théâtre de Dyonisos
d'Athènes et
l'Initiation aux mystères
d'Eleusis.
21.
Sur
le
trai tement des pr i sonniers de guerre dans
la
Grèce Antique,
voir P. DlXREY, Traitement des prison-
niers de ~uerre de la Grèce antique, Paris, de Brocard,
1968,
p.
99 sqq. et 238 sqq.;
chez XENJPJ-I)N, Cyropédle
l,
6,12,
les médecins perses soignent
les captifs
biessés.
22. Cf. HERax>TE, HistoIres
III
c.
128
c.
125
c.
129.
23.
Ibid.,
1 [1
c.130.
24.
La présence du médecin en Perse est attestée par Ctésias
dans
ses Perslca. Pour
les Perslca,
cf.
le
résumé du
patriarche Photius
(I~ s. ap. J.-C.) in Blbllotheca,
tome
1 ;
Le s Be) 1es Le t t r e s ,
19 59,n ° 72,
40 a,
41 a.
Sur
les motifs qui
ont amené Apollonidès
de Cos en
Perse. cf. Ch. ~ERG, Etat de la médecine entre
HCM:R.E et. HIPPOCRATE, Paris,
1869,
p.
53.
25. CLla'Souda livre Il
,
p.
23,
I.
16 sqq.,
éd. A. ADLER,
Teubner,
1967.

325
CHAPITRE
IV
LE MEDECIN
HIPPOCRATIQUE
ET
L'ARGENT
*

326
Plusieurs
textes ant iques ont été très
tôt
inter-
prétés par
les critiques comme des
témoignages de l'exis-
tence d'une médecine d'Etat gratuite en Grèce avant l'époque
hellénistique: citons PLATON, Gorgias 514 d, où l'on
rencontre
le verbe
6~~OOLEUW
qui
serait une allusion:'l
1a g rat u i t é des soi n s ;
i 1 fa u t me n t ion ne r au s si,
du méme
au t e ur,
1e Po Il tique 259 a 1 ( "t"wv
LU"t"pWv),
ainsi qu'ARISTOPHANE, Acharnlens v. 1030, où 6~~o-
e
( 1 )
OLEUW
renverrait,
selon une scholie du V- s.
ap. J.-C.
,
aux médecins officiellement élus pour donner :'l tous des
soins gratuits, aux frais de
l'Etat.
Les médecins dits
6~~OOLEUOYl:EÇ
dans
l'ins-
cription grecque de
la seconde moitié du V~ s. av. J.-C.
relative aux sacrifices officiels offerts deux fois par
an :'l Asclépios et Hygie par des médecins au nom du peuple,
~~~oç 1
et en leur nom personnel (2),
seraient également
des médecins officiant gratuitement.
Rappelons enfin deux passages d'auteurs grecs de
l'époque romaine, Diodore DE SICILE qui
fai t expl ici tement
allusion:'l
l'existence d'une médecine publique gratuite :'l
Catane, en Grande Grèce,
bien avant
1e Vll~ s. av. J • -C. ,
et S1R.ABCX'I qui évoque 1a même
institution chez les Massa-
liotes,
également en Grande Grèce(3) •
L'existence en Grèce de 1a gratui té des so i ns
dès avant
l'époque hellénistique,a ses défenseurs qui s'ap-
puient notamment sur
les
témoignages cl-dessus(4) mais aussi

327
ses
contradicteurs.
De ces
derniers,
le
plus virulent
est C. HAFT
qui
pense que
le
terme
OnllOaLE:UE:LV
et
1es mo t s de
1a
meme
fami 1 le ne doivent
pas
nous
abuser.
Le
On~oaLEûWV
n'est pas
un
'médec~n puti~c' dans le sens où il
soi g n e g rat u i terne nt,
ma i sun mé de c i n élu
0 f fic i e lierne n t
par
la cité
pour
un certain
nombre d'années(5}.
Il
est
le plus
compétent(6),
et
les
ci tés
le
recrutent
pour
etre
assurées
d'une présence médicale cer-
taine en cas
de besoin(7).
II
fixe ses
honoraires
suivant
sa
propre conscience et
la bourse du patient(8).
Les
sommes
san s do u t e r e 1a t i verne n t mo des tes
qu' i 1 r e c e v ait
d e i ' Et a t
ne sont
qu'un bonus
destiné
à
l'encourager
à
rester(9).
En
fai t,
HERClJOTE,
qui
rapporte
le
cas de Démo-
CédèS( 10)
et PLA~, dans le 9o r g ias ( II J, attestent qu' i 1 a
bien existé
une médecine d'Etat -sOrement
gratuite- en
Grèce avant
l'époque hellénistique.
Néanmoins,
un
fait
est
sGr
:
le médecin grec,à
l'instar des
professionnels
des
autres métiers,
se
faisait
la plupart
du
temps
payer
pour
ses
soi n s ( 12)
et
pou r
son en sei g n eme Il t ( 13) .
Et,
en général,
les médecins
ont
dQmanifester
tant
d'amour
pour
l'argent
que diverses catégories
de pen-
seurs
ne dissocient
d'ai lieurs
guère médecine et
amour
de
l'argent(14)
;
elles
voient
le plus
souvent
dans
le médecin
un homme cupide,
et
le
dénoncent.
C'est
le cas
du poète
comique ARISTOPHANE qui,
dans
son Ploutos,
fait
dire
avec

328
i r 0 nie a u vie i lia r d Ch r émy 1e que
1e s médecins ont déserté
.
( 15)
la vil le 'ca~, fe ~afai~e y e~t nuf,
~a~tant fa ~~ote~~~on'
.
[1
Y a peu de chance qu'un malade
tombe sur un médecin qui
ait
d e i ' ab né g a t ion,
s emb 1e d ire AR 1STOPHANE dan s i e s
Olseaux( 16), car même
le patron des
praticiens, Apollon,
se
Chez PINDARE déja,
on peint
le
dieu comme un
individu assoiffé d'argent au point de
risquer
la peine de mort(17).
PLATON fait ces terribles
révélations
'Veufent-if~ f'un Ou f'aut~e
(i .e.
le médecin et
le capitaine de navire)
~auve~ quefqu'un d'ent~e
nou~J L'un comme l'aut~eJ le ~auvent J veuLenl-
if~ fe maft~aite~ indignement, if~ fe magt~ai­
tent en fe taiffant,
en le f~~tant, en exigeant
dont if~ n' em~foient, au ~~otit du mafade, qlL' une
~~o~~e u~age et cefui de leu~ mai~on j
et qui
~a~ fe~ ~a~ent~ ou d'aut~e~ ami~ du mafade et
i.e tuent".
(Le Politique 298 a-b
trad. A. DIES).
Cependant vis-a-vis
de
['argent,
dans
les
traités
anciens comme dans
les
traités
récents,
les Hippocratiques
ont
un comportement qui
se démarque de cette
tendance pres-
que générale.
Significatif est
le passage
suivant de Maladie

329
sacrée où les médecins qui
attribuent
la cause de
l'épi-
lepsie aux dieux sont
ravalés au rang de vulgaires charla-
tans qui,
étant en quête de quoi
vivre,
inventent
toutes
sortes d'explications pour
la maladie en question : 'C'e~t
pa~ce que,
écrit
l'auteur,
il~ ~ont p~e~~é~ pa~ le Re~oin,
que ce~ individu~ ~'ingénient de mille mani€~e~ et ont le~
imagination~ le~ plu~ dive~~e~ pou~ la maladie dont il
~'agit comme pou~ tout le ~e~te, att~iRuant, pou~ chaque
to~me de l'attection,
la cau~e cl un dieu'
:
...
'Av&pwno~ ~Cou 6E6~EVO' nOÀÀà ~at nav,ora
èII
'Exvw~a, ~at no~~CÀÀouo~v ~~ ,E ,aÀÀa nav,a
~at t~ env voDoov ,a6,nv t~ao,~ Er6E, ,00 na&Eo~
3E~ env aC'Cnv npoo'~3~V'E~(18Y.
Par ai lieurs, dans
la biographie d'Hippocrate par
SOOANUS(19), le célèbre médecin est qualifié d'6.<P~Àa.pyUpO~;
ce témoignage, qu'on pourrait prendre avec circonspection du
fait que dans cette
littérature tardive,
de toute évidence,
l'image d'Hippocrate glisse vers celle du sage (en
l 'occur-
rence sto"fcien),
prend,dès
lors qu'on étudie les
textes
hippocratiques,
une allure de vérité.
En dehors du passage de Maladie sacrée cité plus
haut,
tous
les exemples concernant
l'argent dans
la Col-
lectlon hippocratique proviennent des traités
récents. La
cupidité des médecins y devient
une préoccupation majeure
des Hippocratiques. On trouve dans ces traités plus de
détai ls sur
les
raisons de
leurmêpris pour
l'argent:
cel-

330
les-ci
sont
d'abord d'ordre
professionnel
l'éthique
vient
ensuite.
C'est
en effet
pour
des
raisons
d'efficacité
médicale et
parce que
le
type de
relation
d'argent
que
le
médecin entretient
avec
le malade
a un
rôle psychologique
sur
ce
dernier, 'parce
qu'aussi
la
quête effrénée de
l'argent
détruit
le
goût
de
J'étude et
la
recherche
du
perfection-
n eme nt,
que
l ' Wp LÀ-o.py up CTl
( dés 1nt é r e s seme nt) J est
1n s cri t
parmi
les
qualités du médecin
idéal(20),
tandis
que
l'esprit
de
lucre er. est
banni (21)
: l<o.À-o.l (FLEISQ-IER op.cit.
p.74
;
naOo.L
LITTRE
YÙp ut
un U€T'UCOXPOl<Ep6€ens
l<ut âoxnuooUVTls
l<Ul<dVOLOL
(vulg.;
FLEISŒŒR; l<uÀ-uttvnoL
ERWERINS;
, .
âVULTCnV,
LITIRE ; niv fÈ ÉVŒV-rLTlV,
DEIGfGRÏ.BER
,
.
6llilÈ: UT tu L •
Le
sujet
sous-entendu
dans
cette
phrase est
OOqJeUL ,
" "'agt'-",'" e",
terme qui,
entendu
au
sens
large,
est
synonyme
de
TÉXVUL,
"1.e'" a;d"," (22).
Les
leçons
proposées
par
FLE 1SŒŒR pou r ce t tep h ras e no usa yan t
g é n é rai cme n t
par u
satisfaisantes,
nous
les
avons
choisies.
Nous
traduisons
ce
passage
:
"Le'" a~t", ",ont lon"', ",'il.", ",ont dépou~vu'" de
gain'" (23l et de dé",honneu~, et qu'il.", oléi",,,,ent
cl une vé~ital1.e méthode ",cienti/ique.
Si ce n'e",t

331
D'autres
textes
encore condamnent
la cupidité,
tel
le chapitre 4 de prêcepres(24)
"Cette ~ecommandation Lgalement mL~ite d'êt~e
con~idQ~ée :
oi
VOU6
commencez pa~
vou~ occupe~
ce ~entiment que,
pui~qu'aucun cont~at ne vou~
lie,
vou~ allez pa~ti~ et le quitte~, ou que
le moment.
Il ne taut donc pa~ vou~ occupe~ de
tixe~ le ~alai~e ;
cette c~ainte e~t nui~ig~e en
ettet,
d mon avi~, au malade,
et ~u~tout dand
le~ maladie~ aigu~~. La ~apiditL du mal, ne don-
nant pa~ l'occa~ion de ~att~ape~ ~e temp~ pe~du,
excite le mLdecin non d ~eche~che~ ce qUL lui
e~t utile,
mai~ plut8t d ~'attache~ d ce qui e~t
glo~ieux ; mieux vaut tai~e de~ ~ep~oche~ d de~
gen~ qu'on a ~auvL~ que de che~che~ d exto~que~
de l'a~gent d de~ gen~ qui ~ont en dange~".
Le chapitre
6 du meme
traité(25)
va
dans
le meme
sens
T1'\\s ô'tnLlw.pnLns,
\\li) Ô,VE:U 'l:1'\\s t n LOK€uq!:OVcrT1s
npb s xl\\v jl<i&nOLv tnL&UjlCns. "rro,po,)(€À.€UOjlo,L
6~ jl!') À.Cnv 6.no,v&pwnLnV doaY€LV,
6.1..1..'
anoBÀ.~n€LV ~ç Y€ n€PLOUOLnV Ko,i ouoCnv'

332
OTED~
npOLJw.,
âvacpt!;pwv
)J.v T'i)J.n v
EûxapLOTLnç npOTt!;pnç (f.t.Els;}6 ; npoTtpnl/,
LITTRE) Ti napEoüoav EûDOHLnv.
"Hv Dt Hmpl)ç
ECn XOpnYLnç Etv~ TE t6VTL Hat ânoptOVTL, uâÀLO-
Ta tnaPHtELv TOtOL
TOLOUTÉOLCJLV'
Till yàp napfï
<DL).o.vôpwn[n,
nâpECT L Ha t cp LÀOTEXV LTl.
Oz V LO L
yàp VOOÉOVTEÇ ~OC6l-'_EVO L Tà nEp t ÈWUTOÙÇ nâfuç llJ'l
EÛOOHÉOVTEÇ,
)J.ETaÀ~âooOVTaL Éç ÙYLELnV '"
La première phrase est difficile. Tout d'abord,
elle débute par un génitif dont
on
ne
voit
pas
par quel
verbe
_
.
(26)
11
es t
régi. ERMERINS
a songé au verbe
naPLDELV,
" né.g1.J..ge//. " ,
qui
terminait
le chapitre précédent,
et enmeme
temps,
a substitué au génitif
tnLHapnLTlç
l'accusa tif
tnLHQLPnLTlV
, c e qui
est
superflu,
puisque
napLDEtv
peut
se construire avec
le génitif.
La
traduction du
texte/d'après
l 'hypothèse d'~INS, donne
le sens
suivant:
"NégLige//.
doit
penser
non à
fixer
des
honoraires,
mais
à
étudier pour
se
perfectionner.
U. FLEISCHER propose de relier à
so i t
le verbe
nEp ~ LDEtv
(pour napLDEtv
solt npOLDEtv • Avec ce dernier
verbe,
la phrase voudrait
dire
que
le médecin,
sans
négliger
son
salaire,
doit prendre

333
. .
( 27)
en considération (en même temps)
son perfectionnement

Mais
il est également possible,
selon U. FLE 1SCHER.
de présenter
les choses ainsi
es t remp 1acé
par
~nL~u~oCns, et en même temps, on affecte un substantif
comme
~nLELKECns
~a.{JTJ(JLV (28) •
Dans cette hypothèse,
la traduction suivante me
paratt s'imposer: 'Quant au ~alai~e, ne le dé~i~ez qu'avec
la modé~ation qui di~po~e au pe~tectionnement·.
LITTRE enfin traduit son texte:
"Quant au ~alai~e'
et pense ensuite à un verbe à valeur
impérative du genre 'on
n'y ~onge~a qu'avec le dé~i~ qui va à la ~eche~che de l'in~-
t~uction"). Cette traduction me paraît
judicieuse. Elle
rejoint par
le sens celles d'U. FLE1 SŒIER.
En tout état de cause,
l'auteur veut évi ter au
médecin de tomber dans
le désintérêt pour
la recherche à
force de ne songer qu'à l'argent.
Voici
le reste de la traduction de ce chapitre 6
de Préceptes :
"Je ~ecommande de ne pa~ pou~~e~ t~op loin
1 'âp~eté,
et d 1 avoi~ éga~d à la to/dune etaux
tuitement,
uou~ ~appelant un lient ait anté~ieu~
ou pou~ la lonne ~éputation du moment. Si l'oc-
ca~ion ~e p~é~ente de ~ecou~i~ un homme ét~ange~

334
et pauv~e, ce ~ont ceux-là ~u~tout qu'il taut
aide~ : ca~ èt~e humain avec le~ gen~, c'e~t
a~me~ l'a~t. Ce~tain~ malade~ en ettet, ~entant
que leu~ mal n'e~t pa~ ~an~ dange~ et ~e tiant
en l'humanitd du mddecin,
~ecouv~ent la ~antd".
On retrouve dans ce passage des
traits de
['éthique
populaire grecque
tels que se rappeler un bienfait
(précepte
proche de ce vers de
l'Ajax de SOPHOCLE : uvop~ ,o~ XP€&v
npoo€tveu
,€pnvàv
nou
("l'homme doit con~e~ve~ le ~ouveni~ du lien qu'on lui a
tait·(29))
; ou
témoigner de la sollicitude aux étrangers,
notamment
lorsqu'ils sont pauvres(30). La recommandation
d'aider
les étrangers pauvres fait
penser à ces mots de
(31 )
Ménandre :
Bl!'vouç ntvn,aç l-ln napaopal-lnç towv
• et à Sophocle
'
,
~ (32)
Éo5Àoü yâp
ô.vop à ç ,ouç
novouv,aç
w<ptÀE: ~ v

L'idée qU'il
faut moduler
le taux des honoraires suivant
la fortune du patient a été rapprochée par U. FLEISCHER
d'un fragment de Chrysippe concernant
les salaires d'ensei-
gnement (33).
Quant à
la recherche d'une bonne réputation,
à
partir du moment où elle peut motiver un acte vertueux (ici,
il s'agit de soigner gratuitement dans certaines circons-
tances),
elle est
tout à
fait
légitime.
Dive r seme n t i n ter pré té,
le terme <p~Àav5pwnCn (34) ,
qui
ici
s'oppose à anav5pwnCn ou défaut de celui
qui
se tient
à
distance des autres, qui
ne cherche pas à
les approcher,

335
encore mo i ns à
1es comprendre,
es t
1a qua 1 i té du médec i n
sociable,
aimable et
indulgent envers
les malades. C'est une
qualité du médecin
idéal,
qu'on rencontre sous la
forme de
l' ad je ct if de même sens dans Wédecln ; (jJLÀa.V&pWTtOç (35) •
L'auteur du manuscrit E comprenait bien ainsi
(jJLÀUV&pWTtOç 1
puisqu'il ajoutait à cÔté du mot,
le termetTtLE:LltÉÇ
qui a déjà été mis en rapport
par SOPHOCLE avec
xaPLç
"la gonne g/Lâce" (36)
ei avec
a6yyvw]J.ov
"indulgeni,
clémeni"
par PLATON(37). Chez ARISTOTE(38)
tTtLE:LltÉÇ
est
employé à
la place d' o.ya.&6v; le terme d' ÉTtLE:LKÉÇ
exprimant
la "gonié",
l"humaniié,
il
ne
faut
pas s'étonner si,
dans
Préceptes (39) 1
(jJLÀa.V&pWTt[11
, qu' i 1 r e pre nd,
a é gal eme nt
1a même sig nif i ca t ion.
Pourtant à ce sens,
que certains critiques ont
.
d
- ( 40)
avec raison a opte
, d'autres
traducteurs opposent une
compréhension universal iste du mot:
LITTRE traduit par
( 4 1 )
( 42)
.
Hamou~ de~ homme~H
; u. FLEISCHER
,sans doute du
fait
de
l'influence stoTcienne duns Préceptes,
rend ainsi
la protase:
"Wenn de/L A/Lzi ~en~chent/Leund i~i •.. ". Wais
ces interprétations se
justi fient
peu dans
le contexte. De
plu S , I ' au t e u r n' é t end pas,
c orrme
l 'on t
fa i t par ex emp 1e
les Stolciens,
sa (jJLÀa.V~PWTt(a.
à
l'ennemi de guerre(43)
qui
ne figure pas parmi
les catégories sociales cités
ici.
*
*
*
Wais
toutes
les qualités énumérées dans
les cha-
pitres précédents
ne sont pas celles de professionnels aus-
têres. Elles vont avec un sens
intelligent de
la corrmunication
qui exclut naturellement
toute vulgarité,
pHticulièrerœnt la

336
thé Il t rai i té
ct e ma uv ais go Q t.

337
-=
R
E N V
O I S
=-
1. Cf.
Scholla graeca
ln Arlstophanem,
éd. Dübner,
1842.
2.
Inscrlptiones graecae,
vol.
1 n°
152
;
éd. Hiller,
Berlin,
1924.
3. Diodore DE SICILE, Bibliothèque historique Xli,
13,4
Strabon, Géographie
IV,
1,5.
4.
Un autre argument est
l'existence de
la
médecine militaire,

la prise en charge personnelle est
effectivement peu probable.
5. Cf.
L. ca-JN-HAFT,
op.ci t.,
p.
47 et
note
15.
6. PLATON, Gorgias
455 b.
7. L. OOHN-HAFT, op.cit.,
p.
49.
8.
Ibid.
9.
Ibid.
p.
48.
Le cas de Démocédès es t except ionne 1. Cf.
note suivante.
10. HERŒX:>TE Iii,
131.
Il. PLATON, Gorgias
514 d.
12. ARISTOTE,
la Politique 111,16,7. La médecine était en
e n e ff e t
un mé t i e r comme
1e s a u t r es,
e t c omme
1es au t r e s
métiers,
elle permettait à
celui
qui
l'exerce de vivre,
grâce à
l'argent
qu'il
en
tire. Cette philosophie a été
particulièrement
bien exprimée par
les Stoïciens,
qui
voyaient
le
fait
de
faire
de
l'argent,
dans
toutes
les
professions,
comme
inscri t
dans
l'ordre moral
des choses.
Sur
la phIlosophie stolcienne du
travai 1 telle que

338
formulée par Chrysippe, cf. A. BONHOFFER, Ole Ethlk des
~tolkers Eplctet,
1894, ·E.x.ku/L/>· IV,
pp.
233 sqq.
13. Protagoras 311 b
; cf. aussiWénon 90c-d d'oil il
res-
sort que
les médecins ont enseigné leur art moyennant
un salaire. D'après
le Serment aussi
(LlarrmtHAELER
c . 2 ; LI TIRE 1V 630, 1 s q.),
1e s dis c i pie s pou rra i e n t a v 0 i r
versé des honoraires pour prix de l'enseignement reçu,
seuls
les fils du mattre étant exemptés de tels
honoraires vis-à-vis d'un ancien disciple de
leur père.
14. Notons pourtant que s'il y eut des médecins· riches,
il y
en eut également des pauvres. Cf. PLATON, Alcibiade 1
107 b-c ;
le Politique 293 b.
15. Ploutos v. 407 - 408 .
16. Oiseaux v.
584.
17. Pythiques III,
v.54 sqq.; ce témoignage de PINDARE est
évoqué, pour etre contesté,
par PLATON, République 408
b-c, car un dieu ne saurait
tomber dans une
telle bassesse.
18. Waladle sacrée c. 1 GRENSEWANN 64,18 sqq.; LITIRE VI,
360,10 sqq. Cf.
auss i Waladles des jeunes filles c.1
LITIRE VIII, 468,17 sqq, oil l'auteur condamne l' impos-
ture des devins auxquels s'adressent naïvement
les
jeunes
fIlles atteintes de maladies psychiques quI n'ont nul-
lement une cause
irrationnelle en réalité. Ces devIns
leur font donner,
au retour de
la raIson,
beaucoup d'objets ~t
surtout les plus magnifiques de leurs vetements. A rapprocher de~,

339
Rêpubllque
III,
364 b,
qui
bJame également
l'avarice des
devins et
des
pretres mendiants. (ÛYUPTUlOÈ UUL
l-LaVTE:lÇ
)
qui
viennent
à
la porte des
riches
(Ibid.
~nt nÀouoLwV
5upuç
téVTE:Ç).
Voir également
LoIs X 909 b-c,
où PLATON voue aux gémonies ces
délin-
quants -peut-etre
les Orphêotélestes- qui,
par amour pour
.l'argent
(
Xpnl-LaTwV
xaplV
l, s'êvertuent à ruiner de
fond en comble particuliers,
familles entières et citês.
PLATON propose qu'on
les
incarcère
e t qu'à
i eu r mo r t
on
les
jette hors
des murs de
la cité.
Voir enfin SOPHOCLE,
Oedipe Roi
v.
388,
à propos de Tirêsias,
"ce toul1.le
chal1..laian"
66ÀlOV
ÛYUPTnv
l dont les yeux sont ouver ts
J
au seul
gain
~OTlÇ
TO;:;Ç
UtPOE:OlV
6toopUE:
,
v.
388-389.
19. Vita HlppocratIs,
in C.M.G.
IV,
Leipzig et Berlin,
1927
p.
176 I.
22. Cette qualitê attribuée à Hippocrate est
encore rappelêe dans
la
lettre n011
d'Hippocrate au Sénat
et au peuple des Abdérltalns
(LITIRE IX,
326,16 sqq.).
20. Bienséance c.5 LITTRE IX,
232, II.
21.
Ibid.
c.2 LITIRE IX,
226,11 sqq.
22.
Il
Y a en effet
dans ce
traitê une étroite relation entre
ces deux termes,
le
traité de BIenséance ayant
subi
l'influence des
idées stoiciennes
rapprochant
l'homme de
l'art et
l'homne sage.
Voir
sur ce point U. FLE 1SHER,
op • cl t ,
P •
68 e t
1n f ra p. 409 s q q. Au cha pit r e 5 de
Bienséance également
(LITIRE IX,
232,9),
il
ya une

340
étroite relation entre
23. Un cas de gain honteux est celui
du médecin charlatan
sans scrupules qui
tombe sur
un malade
riche dont
le
mal se
relâche
fortuitement,
Passant,
grâce à de
telles
rémissions,
pour
un homme compétent,
il
exploite sans vergogne
le malade qui
se dépense en
fortune sans, en contrepartie,
recouvrer
la santé
(Préceptes c.7 LITIRE IX,
258,16 sqq'/262, 1 sqq.).
24. Préceptes c.4 LITIRE IX,
254,14 sqq·/256,1
sqq.
25.
Ibid.
c.6 LITIRE IX,
258,5 sqq.
26.
27. U. FLEISOIER, op.ci t"
p.
37.
28.
Ibid.
29.
SOPHOCLE, Ajax v.
520-52i.
30. Sur
les
traits caractéristiques de
l'ethique popu-
laire grecque,
cf. L. PARSON, Popuiar ethics in
ancient Greece, Stanford University Press, California,
1962,
262 p.
31. M:NANDRE, Mlnost
(Meineke)
vol.
IV,
p.
351.
32. SOPJ-OCLE, Fr.
661.
33. Stoicorum veterum fragmenta
III,
701,
176,3 sqq.
(Arnim)
: dOllpa"OV,aL ôt ,ov j.LLU{}OV oû nav,aç ot
vouv Éxovn;ç ooaû,wç' 6.1..1.." c'iÀÀwç
(a.ÀÀouç).

341
34.
Sur
le mot
<jnÀCWÔpWTILCl.
,
vol r
notamnent S. ~ ,
De progressu notionls
!!lkÀav30llmt" o c
,Leipzig,
1914 ; J. HEINEMANN,
s.v.
"Humani4mU4" , Realencyclo-
padle der klassischen Altertumswlssenschaft,
Supple-
mentband 5,
1931,
col.
298,ainsi
que
l'excellente
mise au point
de L. EDELSTEIN,
'P~ote4~ional ethic~
ot g/l.e.ek med.ici..ne" •••
p.
394 notamnent
et
la
note
7,
p.
394-395.
35. ~decln c.1 LITTRE IX,
204,10.
36. SOPfDCLE,
f r ag.
4 27( Ah r ens . )
37. PLATON,
Lois VI,
757 d 8 - 9.
38. ARISTOTE,
Ethique Il Nlcomaque IV,
14,
1137 b
1.
39. Prêceptes c.6 LITTRE IX,
258,10.
40.
Cf. W.H.S.
JONES, Hlppocrates •..
: "P/l.ote~~ional
ethic~ ••. ·,
p.
393
:
"kifldh.ea/l.tedn.e~4·.
41. LlTIRE IX,
259,13-14.
42. U. FLEISCHER,
op.clt.
p.
38.
43.
Sur
le
trai tement
de
l'ennemi
de guerre dans
la
Collection,
cf.
supra,
p.
316 sqq.

342
CHA? 1 TRE
V
MEDECINE
ET
THEATRALITE
*

343
Déterminé à bien se distinguer du charlatan en
médecine -comme Thucydide
l'avait
fait
en histoire(ll_,
le médecin hippocratique,
animé avant
tout par
le souci
d'être un professionnel
utile et
performant,
condamne géné-
ralement
tout ce qui
est
théâtral et qui
sent
le charla-
tan i sme ( 2) •
Né a nmo i n s i e con tac t
a ve c i e pub 1 i c dan s I e s
diverses circonstances de
la profession médicale
fait de
lui
un homme de communication obligé de céder à une certaine
théatra 1 i té.
A.
*LE REFllS DE LA lliFA1RALITE
Dans
les
traités
anciens,
la
théâtralité est
S t i gma t i sée
dan s
1a pra t i que mé d i cal e e Ile - même. Ain s i l ' au-
t eur d' Art ieu 1a t ions condamne - t - i Iles
compo rtemen t s s pec-
taculaires
:
ALOXPOV UEV,Ol Hat EV
Kat nOAA~V 6~lV, Kat
/
nouAùv AOYOV napaoxov,a
·I~ e6t cependant honteux dan6 tout a~t, et pa~-
ticu~iè~ement en médecine, ap~è6 leaucoup de
l~uit, leaucollp de 6pectac~e et leaucoup de

344
Au chapitre 8 du même
traité,
une exhortation à
la simplicité,
qui
est une qualité digne de
l'homne de bien,
est
fa 1 te à
l'adresse du médeci n :
xpfl6i'; rrEpt rrÀELoToU utv rroLELoôaL
{; v rra.rn;l '(n Tt XVljI I5Jiùl(; Ùy La
rrOLnOEL(; TCV VOOEUVTa EL ct rroÀÀOLOL Tp6rrOLOLV
oIov TE E~~ ÙYLâ rrOLELV, TCV âOXÀOTaTOV xpfl
méthode eht pluh digne d'un homme de lien et
pluh
conto~me cl l'a~t,
pou~ quiconque n'eht pah
pa~tihan de la mehquine~ie p~op~e au uufgai~e.. ,.(4)
Dans
le
trai té récent de Bienséance,
le mot
d'ordre est encore,
dans
la pratique médicale,
la simpli-
cité et
la discrétion. C'est ainsi
que
l'auteur
de Blen-
séance éc rit
:

345
'(Le médec~n) ne te~a ~~en avec ~eche~che, ~~en
,
,(5)
aveC
D.6 t ent a t -l..on...

Les médecins qui
cherchaient
à se donner en spec-
tacle avaient
souvent
recours,
pour
les
accidents où
leur
usage ne se
justifiait pas,
à
des
opérations qui
se prê-
taient aisément
à une certaine
théâtralité:
le bandage
var ié
(ÉnLôEoLç:
,
) ( 6 )
nOLJ<LÀ,Tl
(7)
et
1a s uccu s si on( l1a:woELOLç:)
.
Les auteurs hippocratiques
s'indignent de tels
procédés qu'ils critiquent sévèrement,
a) *œITIQUE DES BEAlJXBANDAGES
A propos
des
bandages,
on
1 i t
dans
le trai té du
Médecin
'EOTL Ô8 OLJ<ELTl ÉnCôEOLç: Tnç:
LTlTPLJ<~ç:,
a~'~ç: W~EÀ,ELo3aL Tàv 3EpanEuOUEvOV
ÔEL
EÛpû3uouç: Ô8 É:nLô~oLaç: J<at 3ETlTPLJ<Uç:
UTlÔ8V ~EÀ,oûoaç: unoy LVWŒJ<E LV' ~OPTLJ<àv yàp Tà
VOO~wV oû J<aÀ,À,wnLouàv, aÀ,À,ù Tà OuU~~pov,
'Un Randage e~t vé~~taRLement méd~caL quand ~L
~end ~e~v~ce à La ~e~~onne en t~a~tement. IL

346
ta ut ~ejete~ le~ ~andage~ iligant~ et d'a~pect
et tout à tait digne de cha~latan~, et ~ouvent
cau~e plu~ de dommage au patient. O~ le malade
.~eche~che
' d
nOn la pa~u~e,
0
t·(B)
ma~~
li
~ou~agemen
. •
Dans Articulations c.33,
l'auteur dénonce
les
bandages élégants mais erronés des
fractures de la machoire
Twv 6tL rrrpwv 0 t unoùv va", EÜXE LpEÇ
~at tv aÀÀoLoL TpwuaoL TOLOÜTOC ELOL
~at ~a~wç' naoa yap tnL6EOLç YVÛÔOU OÜTWÇ
~aTaYeLOnç ÉY~ÀCVEL Ta éOTÉa Éç Tà
~aTnY\\.la OÉnovTa uaÀÀov n tç TnV
cpUOLVaYEL.
~an~ jugement ~e dic4lent ~u~tout dan~ le~ t~ac-
tu~e~ de la mâchoi~e : il~ appliquent ~u~ la
mâchoi~e t~actu~ie un landage va~i~, tant&t lien,
tant&t mal.
O~ tout landage, dan~ ce gen~e de
t~actu~e de la mâchoi~e/incline le~ o~ ve~~ le
lieu t~actu~i plut&t qu'il ne le~ ~am4ne à leu~
' t '
t
0 0
.(9)
po~~
~on
na u~e~~e
.
La même critique est encore faite,
au chapitre 35

-~nD 'fU~P~JJD,p ~dfif ln~~ un ~vd f~yn~ ~U z~U ~7.
'SOl~0~9 QOl D]l~D~~l
Dl~~li U1QD101 ~ S1D39Jli~ ~ ~9
]310li
'~]391li~ D~]Ç S~YJX10li 1D1D1DJli~
11Q
'~3~139~li~ ~913li~ '~dlU) ~1 ~9 ]3Md~
.DrtudÇffi 91 dVA ~~dUD~ ~D13XDJdox SO~irt
-39391li~ Q ~~rt S~iXDl D113li~
.SO~irt39391li~
9 ~9 13d]DX 'S~dlU) 9 1D13YY~A~ 0Q9
V ~udirt~ ~Qo ~~rt ~D]~ '1D~DV91li~
St"? ~1Dno~"9XAr\\11li~
SU]nAU1DXS~~1Ç
10~3rtD~
SD1~OQ39ul1li~
~U]d13XQ3
~OlUÇ~"9
~~1 10 '1D1Ud~3 ~Qo S~ "SDi9130grtOq
S91~dX QOl 5Dl~1~Y1X10li 5D1~
-rtpYD19 1DX ~9 5VA~ddD19 DDnoXi
5no~d"9li3XD ~~rt Sn01D]3Yli 1DX
U1Vl~Y1X10li
U1QD dVA 31 ~~JD391li~
.D1D1y~rt D~]9~\\!1 1d3li 1D]01 ~9 ~~
'noç~ n3~~ ~1D3D~91li~ ~1DYYDX 1DYl
531~Od)DX 10 1.Dl~C2?g~y DYY'9 1DX
~~rt VYYOli dV1V .501~V1DX 11D~ 523
XQo ~~rt 50liÇdl '~AD1DX Sl~
~ ~9 ~H.
dnb!lseJJeS
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-:;llln:::>!lJed dJ1UOW dS
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Hl:

348
~u~tout dan~ le~ attection~ du nez, pa~ le~
médecin~ qui, ~an~ jugement, aiment le~ lieaux
tandage~. Le tandage de cette pa~tie e~t de tou~
le plu~ va~ié. Il e~t con~titué de tou~~ de
inte~valle~ et de~ 11e~ ayant la to~me de lo~ange~.
Comme i l a été dit,
ceux qui ~eche~chent une dex-
t~actu~e du nez atin d'y applique~ le tandage.
Pendant un jou~ ou deux,
le médecin h~ pavane et le
Quant au méJe-
un tandag~ va~ié du nez. ~ai~ un tel tondage tait
tout le cont~ai~e de ce qu'il taut".
Le bandage décrit
ci-dessus
s'appel le
le rhombe
POl-L13oç
)(11). L'adjectif
dénominatif
PO l-L130EL6f]ç
,selon
GALIEN,
2
qualifie
une
figure en
forme
de
losange(1
l. Le
rhombe est
fait
de
tours
de
bandes en
forme
de doloire ou
cognée,
c'est-â-dire en X.
Quant au
terme
Old:n:apvoç,
il es t emp loyé pour
désigner
les
tours
de
bandes eux-mêmes. (13)
Le rhombe en soi
fait
partie des
formes
de bandage
reconnues en médecine( 14),
puisqu'en Officine du mêdeCln(15),
j 1 est
ci té dans
la
liste des
figures
de déligation en usage.(16)

349
GALIEN,
dans
son De fasclls(l7),
affirme que le
rhombe a
,
.
pour
vertu de comprimer,
et c est
pourquoI
Il
convient aux
sutures entrouvertes,
aux solutions
de continuité,
et pour
expulser
les humeurs.
Mais· c'est
un bandage qui
pouvait
aisément être
détourné dans une intention théatrale, étant donné les circonvolu-
tions compliquées de ses
tours de bandes( 18). A Rome,
elle
servi t,
de même que
la couronne de Glaucias,
celle de
Dioclès,
le Thais de Périgène et
le
lièvre à oreille,
à
l '0 r neme n t
des g 1ad i a te urs ( 19) .
Ce ne sont pas seulement
les
bandages extravagants
qui
sont
tournés en dérision
la succussion
l'est égale-
ment
dans certains cas.
b ) * LA SUCOJSS 1CfII
La succussion,
qui
consiste à secouer
le malade,
a,
d'après
la Collection hippocratique,
un double emploi:
d'unepart comme procédé thérapeutique en chirurgie,
d'autre
part
comme procédé d'auscultation. En chirurgie,
on compte
deux
types de succussion :
une par
l'échelle
(ou
le
lit) et
une avec
intervention directe sur
le malade,
c'est-à-dire
sans
l 'échel le.
La succussion qui
est
condamnée est celle
par
l'échelle. C'est ainsi
qu'on peut
lire dans Articulations
c.42
la condamnat ion de
la succussion par
l'échelle employée
pour
redresser
la colonne vertébrale atteinte d'une
luxation
en dehors
:

'lyvd vw vnod
···~Ynn~ouvw ~pp~l ~vn,P '~!vnnvw no
710')
'1V11'779"i'1/ 77p 1/ô?J7709" ô9" 9"!Oi ô7117 9"71719"
'ô9"9"OJ
9"71719" 01'1/Dd 710 710
9"1/01'71
!
01/7108 OJ op 9"01/7719"od
9"op 9"71VP 770 1/!V,1' 710 i'J71D1' 770 77p71od9"779" owwoV 7177
1!on 01'1'0,77b9"1/01' 710!1V1/!WPV,P o!9"!V9" 19"0 10iio
710 01'77°7 717
'01'77°7 DO 1/!770 0 1i' 171ô1/!9"i'P !77b X770J
177°11/779" 17109" 171o!00dwo,o !77b 9"71!Jopi'W 9"0P XlIo]
·O~VV~~?VUVo~ vw r ~v!OW np
'~vvo~y~d ?~~~YpoY
1710,71 0ooôVJi',o 1/779" 9"710!9"9"77JJ779" 9"01' 9"!vwv! o77b
9"710!1 o! 17 'opvovw 00 o9"9"o1/po1/ 71o,77b 10 1770') P
o7171o~n 710 71o,77b 01/711/ 19"0 o! '0177VJ o 7177,P 10iio,0
yvd 0oV1/,)i'11/ôn ô71710 0 0J 71 0 ôp 9"710~1vn1/nJ717 9"07.
"10ll9dl 10lQ010l 10 ~oyyprt ~M~~3lDll~ 5qdll 1lQ
'OlQOl V19 MlQO ~13Q3dlUJ DllOdl9l0010l Vl Dl~pll
~U~~QXDUlDX 10l~~rt 5qlQD ••• ~9~DAV 3lJ3 ~qxDx 3lJ3
'50lDrtDJd13X QOl qll~ U9jllV 1l ~910llq '13Yjrt 1D
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.~3X10~ 1D10lQ010l 1DlOl DDÇ ~ ~0~3rt93l~1q ~
n1DM9J ~0~3rtprt3dlt ~ n~
'n1lD~ ~1DprtOD~ DlQDl
n1D10lQ010l
dVA
1DlOl
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53lno~rto~1ll~ 5MlQO ~l<)D Dl01Yvrt 10dlUJ 10 i9
1DlnM~dX 'D910 ~A~ 3A n~ nDno~J~~ Mll Dn~9QO
5310~lDlDX
1XDrt]yX ~l n~ 1D 'dVA nirt OlQOl
. 1DnlJ~no",1 ~~ 3l0S\\'
' u~\\ll )0 dx~ ~MlQOl \\1-9 DAH9
'1DlQOmnlt 51XpQ 5010~lllDlDX X~ ~9 1010
os!:
.., ~t': ,_
.~
••
'"
lIll
QI
._-"~ .-=--==-

351
ce~ gen~e~ d'attect1on, pa~ce que ce p~ocidi e~t
piut6t ie ta1t de cha~iatan~·(20).
L'ironie mordante de
l'auteur
est suscitée
ici
par
Je caractère tapageur du
procédé(21).
Cette succussion par
l'échelle ne se pratiquait pas
seulement
dans
les affections de
la colonne vertébrale. On
y ava i t
éga lement
recours en obs tétr i que.
LA,
le caractère
grossier et
la violence du procédé n'ont
pas non plus
laissé
indi fférents
les médecins hippocratiques qui
l'appl iquent en
y apportant
des corrections,
ou
le critiquent
implicitement.
C'est ainsi
qu'au chapitre 68 de Maladies des
femues
relat i f aux avortements où
la dél i vrance ne peut se
faire du
fait
du gros volume du
foetus
entier ou de quelque
partie,
ou parce que
le
foetus
vient
obliquement et
sans
force,
à
la succussion par
l'échelle se substitue celle sur
le
1 it(23),
support plus confortable pour
le malade. De plus,
d'autres
précautions sont
prises,
telle
la disposition de
branchages sous
le
1 i t afin que
lors des
secousses,
il ne
touche pas
le sol.
Les
secousses elles-mêmes se
font
avec
régularité et égalité
(
Hat
l '0 n do i t
é vit e r qu' i 1 Y ait déc h i r eme n t
un
on:acJuàç;
fi ) (25 ) •
De même dans
le
traité coaque d'Epidémies V,
l'au-
te ur signale un cas de phthisie
consécut if à une succussion
probablement elle aussi
par
l'échelle,
lors
d'un accouchement

352
difficile,
le procédé semble imp 1 ic i tement
i ncr imi né
OELOÔELOT;1
,
OTfjÔOÇ;
ÉyÉVETO
lial
nÀEUpov

(Epldémles
VII 49
nupETO L ) •
anoxpÉ].lI!n EÇ;
nUWôEEç;'
HaTÉon\\'
].lfivaç;
,
ot
nupEToL·
naÀLV
(Epldémies VII c.49
ôLapPO La a.L d).
naüoq;;
nupETOÜ
(Epldêmles VII c.49
naÜOLç;
nupETùN
ÉOTT]
(Epldêmles VII
c. 49
].lETU
naÜOL v )
}lat
nEpl
tnTu
ÉôaVEV
(Epldêmles VII c.49
].lEÔ· 1:nTa
"La temme de Simud ayant LtL decouLe dand L'ac-
couchement,
iL Lui du~uint de La douLeu~ à La
poit~ine et aIL cStL (toux,
tiè.u~eJ Ep 1déml es VII
c.49)
; expecto~ationd pu~uLented i
La p~ie
nouueau La dia~~hLe (dia~~hLe pe~pLtueLLe Epldémies
VII c.49)
; inte~middjon de La tiè.u~e (dU~ La
tin,
inte~middion de La tiè.u~e Epldémles VII c.49) i
La tiè.u~e, Le uent~e de ~edde~~a, Epldêmles VII
c.49)
; eLLe mou~ut au iout de dept jou~d enui-
~on"(26) ..
Les succussions qui
ne se
faisaient pas par

353
l'échelle sont en
revanche
régulières aussi
bien à Cnide
à
l'éiX'que ancienne et
à
l'époque récente,
qu'à Cos
et
ne
sont
pas remises en question. Certains passages de
la Collection
le montrent.
_ *lA SUCOJSSIOII SANS L'EOŒLLE EN OBSTE'IRIQUE
Dans Maladies des femmes
1.78,
qui
appartient à
la couche A des. traités gynéc010giques(27), dont on sait
qu'elle manifeste
une
identité fondamentale avec
les Sentences
cnldiennes,
la
succuss ion a un usage
régul ier
pour
l'expul-
sion du chorion
(placenta)
qui,
fixé sur
l'utérus,
ne sort
pas
:
UETEPOV
ùn6
,
jJ.aoxO-Àac;;
Àa6wv (LITTRE ; Àa66vTa ,0 ), OELELV.
"Autne moyen expul~it : pnendne la temme pan
de~~ou~ le~ ai~~elle~ et la ~ecouen tontement,(29).
*lA SUCOJSS 1011 DANS LES AFFECr IOIIS INTFRNES
Par ai lIeurs,
on employai t
tout à
fai t
régu-
liêrement
la succussion dans
les affections
internes;
lors-
que par exemple
le
lobe du
foie était
replié et qu'il
fal-
laIt le
redresser.
[1
en est ainsi
dans
ce passage d'Epidemies
VI ( 30)
'Chez celui qu~ eut le lo~e du toie nepli~,

354
j e p~atiquai ~a ~uccu~~ion, au~~it6t ~a dou~eu~
c.e-1.ôa.·
[1
ne doit
pas
s'agir
ici
de
la
succussion par
l'échelle.
De même,
pour
faci 1 iter
l'évacuation de vomiques
dans une péripneumonie,[a succussion était en
usage,
conme
cela ressort de ce passage de MaladIes
II (31):
~'empy~me, ~e~a gaign~ dan~ geaucoup d'eau
chaude i
pi~ez de ~a ~acine d'a~um, g~o~ COmme
un o~~elet, avec un g~ain de ~e~,
du miel,
de
~'eau et un peu de g~ai~he i
ti~ez ~a ~angue,
et intu~ez (dans le poumon)(32) cette p~épa~a-
tian qui ~e~a ti~de i
ap~~~ ce~a,
~ecouez le
ma~ade en ~e tenant pa~ ~e~ épau~e~".
*lA SUCOJSSIOO a::M.1E ME1l-D)E D'AUSOJLTATIOO
IM.1EDIATE.
Conme méthode d'auscultation
inmédiate,
avec
intervention sur
le malade(33),
l'usage de
la succussion
est également
régulier •.
Dans MaladIes
II
2 10lIANNA c.47 b,
181,16 sqq.=
LITIRE VII
c.47,
70,4 sqq.et
la
rédaction parallèle dans
MaladIes
III
c.16 LlTIRE VII,
152,19-22,
on
l i t :
"4u quinzi~me jou~ ap~è~ ~'~~uption,

355
Ra~gnez le malade dan~ Reaucoup d'eau chaude,
Dans d'autres passages encore
la succussion est
évoquée comme méthode régulière d'auscultation,
comme dans
Maladies
l,
c.6 :

ne pa~ ~'ape~cevo~~, p~at~quunt
ou bien dans Maladies l, c.15,
dans un cas d'empyème qui
se forme dans
la cavité de
la poitrine
'On p~at~que la ~uccu~~~on et le tlot
.
d
J
h
J ,
.
d '
. J
.

(35)
u pu~ V.Len....
eu~ .... e~
.(.e~
pa~o.L~
e.(.u pO.L .... ~.Lne •.
Dans Lieux dans l'hoIllDe également, la succussion
est régulièremellt employée dans
l'auscultation
en deho~~ du poumon,
de~ empyème~, le pu~ une
tOid ~a~~emRli, ~i On p~atique la ~uccud~~6n,
~l de p~odu~t un tlot et un R~uit·(36).
Ce passage est à rapprocher de Maladies
Il
2,
JOUANNA c.47 b,
181,16 sqq = LITIRE VII, c. 47,
70,4 sqq.
Le texte suivant
tiré des Prénotlons coaques

356
offre aussi
un exemple d'usage ordinaire de
la succussion
'Le~ empyématique~ chez qui, quand on
fe~ ~ecoue pa~ fe~ tpaufe~, if ~e p~oduit un
g~and ~~uit, ont moin~ de pu~ que ceux chez qui
i f ~e p~oduit peu de ~~uit,
fe~quef~ au~~i ont
pfu~ de di//icufté de ~e~pi~ation et fa lace
cofo~ée ; en/in ceux chez qu~ if ne ~e p~oduit
a~~ofument aucun ~~uit et qu~ ont une g~ande
di//icufté de ~e~pi~ation et fe~ ongfe~ fivide~,
ceux-fà ~ont pfein~ de pu~ et dan~ un état
• ( 37)
/une~te.
Dans ce passage,
la succuss ion,
en provoquant
une
f 1u C tua t ion du pus con te n u dan s
1a
po i tri ne,
pe rme t
de se
faire
une
idée sur
la quantité de
ce pus
en effet,
plus
il
Y a de pus,
moins
la
fluctuation
se
fait
entendre.
L'emploi
de
la succussion est
normal,
comne dans
tous
les
cas d'auscultation observés
jusqu'ici.
Dans
le cas qui
suit,
la succussion n'est d'aucune
utilité dans
l'auscultation,
étant
donné
l'emplacement du
pus
(i 1 se
forme en e ff et
dan s
1a c a vit é du ven t r e ), ma i s
la méthode en soi
n'est
pas mise en cause:
'Si (fe pu~) pointe en dedan~, fe ~econna;t~e
e~t di//icife ca~ on ne peut ~'en a~~u~e~ pa~
(38 )
La .-iUCcu.!J.!Ji.on·.
Donc le caractère
tapageur
de
1a succuss ion par

357
l'échelle a suscité
la critique virulente des médecins
hippocratiques. Le procédé avait
également
le défaut d'être
grossier et violent. Aussi,
en obstétrique où il
fut
un
tanps où on l'appliquait
tOUt à
fait
réguliêrement,
commence-
t-il à éveiller unecertaine défiance et à subir quelques
aménagements destinés à en atténuer voire supprimer
les
dangers. Quant aux formes
de succussion sans échelle,
on
y avait recours pour remédier à diverses affections
internes
et comme moyen d'auscultation. On n'enregistre aucune
remise en cause dans ces derniers
cas.
*
*
*
Nous venons d' évoquer des
textes anciens où
la
théâtralité,
on
l'aura remarqué,
est
fustigée dans
la
pratique médicale elle-même. Dans
les
traités hippocratiques
récents,
la théâtralité n'est
plus seulement condamnée dans
la pratique médicale elle-même. Elle
l'est également
1°/ Dans
les vêtements et
les accessoires
li?E:UJCl'!;n 6t ){a~()pul)nç;€nL){pa,L6wv
6Là npoO){UPTlOLV â){ËOLOÇ;, ô6~~ ,E:
nE:PL€pYOÇ;-
6Là yàp t){av~v âEuvTl()€LTlV
6Lo.l3oÀf)v ){€){'TlOaL,
6Là 6~ ,l'Iv ÔÀLYTlV,
€6oXTl~oOUVTlv.

358
'Vou~ tui~ez aU~~~ le ~attinement de~ mouchoi~~
de tête en vue de gagne~ de~ client~ et le~
coup,
vou~ ~e~ez déc~ié~ i en vou~ tai~ant peu
(39)
~ema~que~,
vou~ t~ouve~ez de fa tonne g~âce... •
Convaincus
que
la
futilité et
l'activité utile
sont antinomiques,
les
auteurs
hippocratiques
repoussent
tout arrangement étudié dans
l'habit
du médecin
( oû
6,6mn;f) .
xaTacrxEUn) (40)
et
toute affectation
( oû6t
ncpLEPYLn
)(41).
Le bon médecin,
comme
l'homme sage qui
est son modèle ,se reconnaît entre autres par
la simplicité
de son vêtement
:
TE:
y&.p
Év
Tath!)
aOCjlO.Àe:Lnç
)(42)
; c'est un
aspect
sur
lequel
l'auteur
de Bienséance
insiste
il
y
revient en effet
au chapitre 5 de
son
traité(43)
avec
le
mot
xaTaoToÀJ'j
qui
y désigne
la modestie du vêtement
on
rencontre
le mot
avec ce dernier sens également
au
chapitre 12 de Blenséance(44). lorsque
l'auteur cite parmi
les qualités
du médecin
idéal
la
xaTaoToÀf\\

Je mot signifie seulement
'mode~tie', tandis que
désigne
l'habit. Diogène LAÊRœ(45)
définit
les
sages comme des
gens
sans
feinte;
ils évi tent
tout
faux-
semblant,
entre autres sur
leur visage. Dans
le De tran-
gulliltate animl(46),
SENEQUE critique
l'attitude composée,
la vie feinte et
arrangée.

359
2°/ Dans
les discours
(FLEI5CHER,
op.clt.
p.
4 2 . âyaKÀ.EWç;
LITIRE)
,
1
condition c~p~ndant qu~ c~ hoit hanh citationh
d
',
*(47)
e poe~eh...
.
Au chapitre suivant
du même
traité,
dans
le
catalogue des
défauts
relevés
chez
le
tard-venu à
la méde-
cine et qui,
dans
la pratique,
ressemble
beaucoup au char-
latan,
figure
la tendance condamnée par
l'auteur à discourir
de
façon pompeuse et
à
recourir
à
l'envie à
la métaphore
\\lETaqJopi'iç;.
)(48).
Les
sages,
d'après Diogène LAERCE
VI!,
lI8,exclu~.nl de leur. parole' tout
faux-semblant.
B.
*LE MEDECIN HIPPOCRATIQUE
UN I-KM.1E DE
<n.MJN 1CATI <l'l.
Le médecin hippocratique
refuse donc généralement
les opérations et
les attitudes
spectaculaires et
leur
préfère
la sobriété et
la modestie. Cependant
il est un
horrme publie. Que ce soit
dans
le strict
domaine de
l'exer-

' - 1
360
cice médical ou dans
les autres
circonstances de sa vie de
médecin où il entre en contact
avec un publ ic,
la présence
de celui-ci
le
transforme puisqu'il
doit
compter avec
lui.
Il
ne va donc pas être un
technicien effacé et sans relief
il
est obligé de
faire
dans
une certaine mesure comme au
théâtre où
l'acteur,
par
sa
physionomie,
sa silhouette,
son costume,
son port et
son verbe,
parle à
l'imagination
du spectateur et à
sa sens i bi 1 i té.
Comment
le médecin s'y prend-il pour sa part ?
D'après nos
textes,
il
di spose,
pour
impress ionner
favo-
rablement son public,
de plusieurs moyens.
L'un de ceux-
ci est
l'opérat ion du pronost ic.
a ) *LE PR<NJSTr C
Au début
du
trai té du Pronostic,
Il est di t
que
le mei lIeur médecin est celui
qui,
près des malades,
montre d'emblée qu' i 1 connaIt
et prédi t
publiquement
(npoy,yvWaxELv,
npoÀ{;YE,V ) (49)
le présent,
le passé
et
le
futur des maladies,
et,
en expl iquant ce que
les
malades omettent
de
dire
(~K6aa
Tg
napaÀg~nOUaL
ot
&alkv{;OVTE(;
{;j,6L TlYOÛj.lEVO(;) ,
susci ter chez
eux
la conviction qu' i 1 connait mieux
leur cas,
de sorte
qu'ils
n'hésiteront
pas à
lui
confier
leur personne:
(WaTg
TOÀuo.V ~n:L Tp~n:g LV
TOÙ(; a.v3p,fmou(; aq>r!;aç Èw u TOÙÇ

361
Une
telle opération avait
forcément
un côté
thé~tral puisqu'en faisant parattre le médecin comme doué
d'une clairvoyance
supérieure et en
lui
donnant
l'occasion
de déclamer
avec solennité,
elle ne manquait pas
de
le
'g~and~~' aux yeux du malade, comme les personnages de
théâtre sur
scène.
Et,
ayant comme destination première
la connaissance de
l'évolution du mal,
afin d'en mener
méthodiquement
le
traitement,
elle était
une opération de
conquête honnête du malade et
de
l'entourage.
Cela explique en partie l'insistance des méde-
ci ns il en défi ni r
la méthode,
et,
par conséquent,
le nombre
impor tant de t ra i tés
qu i
1u i sont ent ièrement
consacrés
(le Pronostic
les Prénot Ions coagues
;
le Prorrhét ique
1 et
Il)
; ou en par t ie
(les Chairs;
les Semaines;
les
Aphorismes),
ainsi
que
l'usage si
fréquent
qui
en a été
fai t
presque partout dans
la Collect Ion.
A l'époque de Bienséance, même s'il
suscite
quelquefois des
réserves
de
la part
des médecins(50),
le
pronostic par
lequel
on
révèle
la vérité au malade,
entre
autres pour
les mêmes
raisons de prestige que dans
les
traités anciens,
continue d'avoir
l'aval
des médecins:
npo6Lao,~ÀÀ€o&aL o~v xpn ,b
~K~no6u€vov tK ,~ç ~un€LpCnç'
~v6oEov yàp Kat €uua&~ç.
'IL taui donc
~'expL~que~ d'avance,
à L'a~de

362
de l'expi~ience, ~u~ ce qui doit a~~~ve~. Cela
(51 )
donne ~onne ~iputation et ~'a~~~end tacilement·
Outre
le pronostic,
il existe d'autres
facteurs
de
théâtralité dans
la médecine hippocratique,
parmi
les-
quels
les gracieusetés
(xapCcEçl dont
le professionnel
qu'est
le médecin hippocratique ne
se privait
pas.
bl "'LES œAClEUSETES
Convaincu en effet que,
parmi
les
facteurs
qui
agissent
sur
l'homme,
figure en bonne place
le mental,
le
médecin hippocratique
fait
des gracieusetés
(xapLTEç)
pour mettre
le patient constamment de bonne humeur et
favoriser
les
guérisons.
Revenons
d'abord sur
la place que
les Hippocra-
tiques
accordent
au mental.
Leur attention s'est
sans
cesse portée sur
cette composante essentielle de
l 'homne,
c omne en t émo i g n e
j e
pas s age
t r è s e l 1 i P t i que qui
sui t
:
"E&OÇ ô~, Éç OLùlV ùy LaLvollEv,
OLaCc~oL, OKEnfjoL,
n6voLoLV,
ünvoLoLv,
UQJPOOLOLOLOLV 1 YVWllT]
'L'ha~itude pou~ le~ cho~e~ dont di~end la
~anti : le ~igime, le couve~t, l'exe~cice, le
~ommeil, le colt, le mo~al'(52l

363
ou bien celui-ci:
~6o"v, tnELTa VEUPWV,
Hat ~ÀEBwv Hat oapHWV
1
du mo~al, du ca~ac-
Dans Epldémies Vl(54),
l'auteur évalue
les ef-
fets d'une bonne disposition PSYChOlogique(55).
ainsi que
ceux de la disposition contraire:
'OHooa 6~ Éx 0uuoü TaûTa'
iandi~ que la tonne humeu~ dilaie le coeu~·.
L'auteur d'Art décrit avec une grande finesse
le
retentissement négatif de
la maladie sur
l'homme:

364
a.ÀyE':ovn:>; ].!Èv tv TG! napEOVH,
«JO~EUllEVO~ 6È TO
llE':ÀÀOV léaL nÀ~pE~>; ].!ÈV
Tf1>; VOUOOU,
HEVEOL6È O~TC(ùv/t3E':ÀOVTE>;
6È Ta npô>; TnV voüoov ~6n(56) ].!âÀÀov ~ Tà
npô>; Tnv 0Y~ECnV npoo6E':XEo3a~, OÛH ano3a.vE"V
tpwVTE>;, a.ÀÀa HapTEPELV a6uvaTE':ovTE>;.
"Quant au~ maLade~, ne comp~enant ni ce qu'iL~
~outt~ent, ni pou~quoi iL~ ~outt~ent, n~ Le~
con~équence~ de Leu~ état p~é~ent, ni ce qu~
advient dan~ de~ ca~ ~emtLatLe~ au~ Leu~~, iL~
~ont, au moment où iL~ ~eçoivent Leu~~ o~don-
nance~, en état de ~outt~ance, envahi~ de doute
~u~ L'aveni~, pLein~ de Leu~ maL,
vide~ d'aLi-
ment~, dé~i~ant dé~ Lo~~ ~ecevoi~ ce qui tavo-
~i~e La maLadie pLut6t que ce qui e~t p~op~e
cl Le~ condui~e cl La gué~i~on, non pa~ pa~ce
qu'iL~ veuLent mou~i~, mai~ pa~ce qu'iL~ ~ont
incapatLe~ de ne pa~ Lâche~ pied·(57).
Pour mettre
les patients dans de bonnes condi-
tions psychologiques,
une série de mesures sont préconi-

365
sées. Ainsi
le médecin hippocratique accorde-t-il,
autant
qu'i 1 le peut,
ces
fameuses
gracieusetés,
xapLTEç,
aumalade
a condition, bien sar,qœ'la qualité du traitement n'en soit pas
sérieusement
affectée.
Les gracieusetés
envers
le malade prennent
plu-
sieurs
formes,
comme par exemple celle d'une entorse dans
1e s t rai t eme n t s,ou
le choix,
parmi
les médicaments,
de
ceux qui
sont
les moins
douloureux. Ainsi,
écrit
l'auteur
d'Aphorismes, "if taut p~~t~~e~ une goi~~on et une nou~-
~itu~e un peu moin~ ionne, mai~ pfu~ ag~iaife, à de meif-
feu~e~ mai~ moin~ ag~iaife~"(5B).
D'autres
formes
de gracieusetés sont
évoquées
ailleurs. Dans Epidémies Vl(59),
on
lit
Ka~PLwç 6p~v n nOTà n 0PWTà n a
âv àpq, ~aÀaKwç aaa ~aüEL' aÀÀaL'
a ~n ~EyaÀa 0ÀanTEL, n EûavaÀnnTa,
olov ~uxpàv, Ouou TOUTO OEC' ELao6oL,
ÀOYOL, axn~a, ta3~ç, T~ voaÉovTL (60), uoup~,
éJvUXEÇ,
ô6~ar.
"q~acieu~eti~ pou~ fe~ mafade~, pa~ exempfe
p~op~eté dan~ feu~~ ioi~~on~, feu~~ afiment~,
dan~ ce qu~ ~'ott~e à feu~~ yeux ; moffe~~e
dan~ ce qu~ e~t en contact avec feu~ co~p~ ;
aut~e~ g~acieu~eti~ : auto~i~e~ fe mafade

366
d p~end~e ce qui ne nuit pa~ feauc6up ou e~t
tacifement ~épa~affe, pa~ exempfe f'eau t~oide
ui~ite~, fe~ di~cou~~, fa tenue,
f'hafit,
pou~
0
fe mafade(6
l, fa cheuefu~e, fe~ ongfe~, fe~
odeu~~" .
A
la
fin du
texte se devine
la solennité
tant
des
discours
que de
la
tenue qui
entourait
l'entrée du
médecin chez
le malade ou son apparition dans
l'officine.
Au chapitre
44 d'Affections également,
le
médecin recommande des
gracieusetés
"Ox6owv tnc5uUÉouocv
ô~wv A no,wv, ùnapXÉ,w
,aü,a,
Av un TC utÀÀ!) -C:W
,
owua,c 0Àa00G tOEo5ac.
mafade~ dé~i~ent, qu'on feu~ pe~mette de fe~
(?/tend/te,
POU/l.VU
qu 1 i.e n / en R..éJ!Ju.fLe. auc..un dom-
mage pou~ fe co~p~"(51).
~ecommandation qui mé~ite d'êt~e taite en médecine"
npoo,aoCT] l, opi ne pour sa par t
l'auteur
de Préceptes(62).

367
Qu a nt à
l'a u t e u r du Médec in,
i 1 est d'a vis que
le médecin prenne soin de son apparence et de son corps
à
cause de
l'influence
favorable que cela a sur
la psycho-
logie du malade:

_
A
A
P
(63)
I~epou ~~v ~Oec npOOeao.~
, 6pi'lv
eüxpwç ee xat eüoapxoç np6ç e~V
ëxecv, to6nec XP~Oen xat xpC~aocv eû66~ocç
6ôu~v ëxouoc avunoneWç· npoç anaVea ea~ea
"1L1'/w/l.l!.ncl!. du médl!.c-in :
cl!.fu-i- ci doit aVO-L/I. 1LnI!.
en I!.ttl!.t
que CI!.UX dont fI!. CO/l.I'~ nJI!.~t l'a~ dan~
Cl!.ttl!. !onne di~l'o~ition nI!. ~au//.aient l'//.I!.nd//.I!.
convl!.na!fl!.ment ~oin dl!.~ aut//.I!.~(64) i I!.n~uitl!. if
d'odeu//. ~u~l'ectl!. :
ca//. tout cl!.fa l'fa~t géné//.a-
( 65)
fement aux mafadl!.o"

Dans Bienséance,
on trouve une préoccupation

368
qui
va dans
ce sens
:
'IL taut que Le médecin ait en Lui un ce~tain
.
t,(66)
enJou.e.men
.
Tous
ces
textes constituent
un ensemble de
mesures
destinées
â
plaire au malade.
A côté de cette
forme de
théâtralité,
le médecin
hippocratique,
par
les
nécessités de sa vie
professionnelle,
se
1 ivre â
une aut re
forme
de
théatral i té,
la
théatral i té
oratoire.
cl *LA TI-ŒA1RALITE OOATOIRE
Nombreuses
étaient
les circonstances
au cours
desquelles
je médecin était
amené à
recourir
à
cette
forme
de
th Mt rai i té.
- a l'occasion du traitement
Avant
que
le
traitement
ne soit
réellement
engagé,
ou même
pendant
le
traitement,
la conmunication
avec
le malade s'imposait.
Il
est en effet
des
données
con-
cernant
le patient que
le médecin ne peut connaTtre qu'en
interrogeant
ce dernier:
son age,
les débuts
de sa mala-
die,
les
circonstances
dans
lesquelles celle-ci
a conmencé,

369
le
régime habituel
du malade,
ses antécédents,
le choix
du
traitement.
Le médecin
recueillait donc de
tels
rensei-
gnements,
en
interrogeant
le malade,
qui
répondait
aux
questions.
On a
le
témoignage de ce
jeu de questions et
de
réponses entre
le malade et
le médecin dans Epldémles
'Le~ aménagement~ autou~ du maLade et Le~ ~n-
te~~ogat~on~ conce~nant ~a maLad~e : ce qu'~L
expL~que, et comment acclle~LL~~ ~e~ eXld~ca-
"

d"
.(67)
t -Lon-6 J
..c...e..6
-L.6couJ'Z...6

Lor s dut rai t eme n t même,
s i l e mé d e c i n 0 b s e r v ait
lui-même
la
réaction
du malade au
traitement,
parfois
il
demandait à
celui-ci
ce qu'il
ressentait.
C'est
sur
cette
réaction,
cette sensation
(,oli
ara3~aLV ) (68) que le médecin s'appuyait pour connaltre
par exemple l'exacte mesure
)(69)
d'ali-
ments à apporter
au malade dans
les affections dont
la
thérapeutique
relevait
du
régime,
comme c'est
le cas
dans
Ancienne médecine,
ou bien
l'excellence du bandage dans
une
fracture(70).
Le dialogue"s'installait donc entre ces
deux

370
partenaires en
lutte au coude à coude contre l.a maladie(7I).
Le dialogue quelquefois buttait sur des diffi-
cuitéS,
le malade, et parfois également son entourage,
faisant des objections au médecin(72). Parfois des pertur-
bations
(ÔXA.O~ l, des troubles ( &6pul3ot, ) survenaient(73l
mettant
le médecin dans
l'obligation de trouver
les mots,
les attitudes adéquats pour convaincre.
- Lors de sa candidature a un poste de médecin
public,
le médecin était encore obligé de ·commun~que~·.
Etant donné que,
dans
les cités démocratiques,
le recrutement à des postes
techniques se faisait par
élection,
le médecin itinérant qui
arrivait dans une cité
où il était
inconnu,
s'il sollicitait
la fonction de
médecin public,
prononçait un discours de candidature
devan t
llÏllJ.Os,
le peuple réuni en assemblée. Son
temps
de parole étant mesuré,
il ne pouvait pas suffisamment
exposer en détail
ce dont
il était capable et convaincre
l'assemblée par sa seule compétence. Le moyen de s'imposer
74
au grand public(
l consistait alors à s'adresser à
lui
dans
le genre auquel
il était
le plus habitué,
celui de
l'exposé épidictique,
où les charmes de
la rhétorique
étaient réunis pour convaincre.
La Collection n'offre pas d'exemple de discours
de candidature à un poste de médecin public. On trouve
cependant chez XENOPHON un morceau de texte parodiant

371
un discours de candidature
nap' OU6EVOÇ ~ËV TIWTIO,E, ~ UV6PEÇ
'A5nvatoL, env (a,PLHnV ~~a50v
OÜ6E t6~'noa 6L6aoxaÀov t~au,Q
YEv~o5aL ,wv (a,pwv ou6~va'
6La,E,~ÀEHa yàp ~uÀa,,6~EvOÇ ou
~6vov ,0 ~a5Erv 'L TIapù ,wv (a,pwv,
âÀÀù Hal ,0 66çaL ~E~5nH~vaL env
,~xvnv ,a6'nv. o~wÇ 6~ ~OL ,6
(a,pLHov ~pyov 66,E' TIELpaOOuaL yùp tv
ùutv ~OHLV6uVE6wv ~av5avELv.
"Ce~te~, ô Athénien~,
je n'ai jamai~ app~i~ l'a~t
médicaL el n'ai ~eche~chi un médecin pou~ me
~e~vi~ de mali~e i ma g~ande p~ioccupaiion il
toujou~~ été,
en ettet,
non ~eulement de ne
~ien app~end~e de~ médecin~1 mai~ même de ne
pa~ pa~alt~e avoi~ app~i~ f'a~i :
acco~dez-moi
cependant L'emploi de médecin que je ~olli-
cite i
c'e~t à vo~ ~i~que~ et pé~iL~ que je
m'etto~ce~ai de tai~e mon éducation".
Le texte,
destiné à convaincre un
jury, dévelop-
pe un raisonnement
syl logistique, marqué par une accumula-
tion d'arguments(76)
relatifs à
la compétence du candidat.
On peut noter en effet
la répétition insistante du verbe
·app~end~e·. Le tout se termine par une phrase de con-

372
cluslon dans
laquelle
le candidat
sollicite
le poste mis
en compétition.
- Lors des conférences publiques de meme,
le
médecin hippocratique déployait
tout
son art
de
la
parole.
Le médecin grec était,
d'une manière générale,
comme
les
sophistes,
un homme qui
sortait
de son officine
pour
s'adresser au grand public,
ainsi
qu'en
témoigne
l'existence,
dans
la Collection,
de discours
prononcés
devant
un
public hétérogène de
professionnels et
de pro-
fanes
comme Ancienne médecine, Nature de
l'homme, Art,
Vents. Certains de ces
discours
étaient
destinés
à
la
défense de
l'art médical
contre ses
nombreux détracteurs, qui en
arrivaient parfois à douter de son existence rrAme : avec son intervention,
prétendaient-ils, on pouvait mourir, et sans son
intervention,
il
arrivait
qu'on gUérisse(77).
Ils
reprochaient
d'autre
part aux médecins de
refuser
de se charger
des cas
incu-
rable·s(78).
Enfin,
ils
imputaient
les
échecs
dans
les
maladies
à
la
lenteur
de
l 'art(79).
Le discours
très
sophistique de
l'Art est
justement consacré à
la défense
de
l'art médical.
L'Ancienne médecine,
la Nature de
l'houme
ont également
un but apologétique.
Il
s'agit
d'y
défendre
l'art médical
contTe
l'intrusion de
nouvelles méthodes
fondées
sur des postulats,
alors
qu'il
a depuis
longtemps
sa méthode propre qui
repose,
elle,
sur
l'observation.
Qu a n t
à
Ven t s,
son au t e ur,
qui
fa i t
l' é log e d e i ' air,
ve ut

373
démontrer que ce dernier est un principe fondamental)cause
en
l'occurrence de toutes
les maladies.
_ Pareillement,
dans
les polémiques entre médecins,
pour ne pas perdre la face,
le médecin hippocratique était
obligé de céder aux artifices de
la rhétorique.
Souvent
les médecins s'affrontaient verbalement
au chevet du malade,
ou bien près des
lieux où les gens
avaient
l'habitude de se réunir(80).
II
arrivait en effet
que deux (ou piusieurs) médecins,
présents au meme moment
au chevet d'un malade,
se contredisent ou se raillent
mutuellement,
i 'un cherchant à montrer
la faiblesse de
l'autre.
Tout endroit
réunissant du monde était un lieu
indiqué pour enlever à son rival
sa clientèle, en le dis-
créditant auprès de
la foule.
Dans
le Prorrhêtique 11(81),
un médecin entre chez un malade et,
trouvant au chevet de
celui-ci un autre médecin qui
a déjà donné son verdict,
fatal malheureusement,
sur
l'issue du mal,
il
le dément et
fait,
avec une certitude prophétique,
un faux pronostic
qui a cependant
l'avantage d'etre à
la fois encourageant
et extraordinaire:
par ce moyen,
il
ranime
l'espoir de
l'entourage,
l 'émervei'lle en même temps et remporte l'ap-
probation générale.
*
*
*

374
Dans
toutes
les
situations
que
nous
venons
d'énumérer,
il
était
indiqué que
le médecin
fût
armé de
moyens
pour
faire
face.
11
devait
savoir
parler. C'était
un
handicap pour
un médecin que d'en être
incapable. Les
propos
du sophiste Gorgias,
grand maltre en rhétorique
s ' i l
en
fut,
sont
significatifs:
' I i m' e-Ot a/è/èi.ué mai.nte-O j.o i.-O ,
dit - i l,
je pe/è-Ouadai.-O ie maiade,
pa//. ie -Oeui a//.t de ia
't
.
,(82)
~ h e
o~~que
.
La
rhétorique était
toute puissante à
l'époque
car
le
peuple,
dans
les cités
démocratiques,
se
laissait
convaincre et
non contraindre. Connaltre
l'art
de mener
les
ames
ou 'p-Oychagogi.e'
était avantageux non
seulement
pour
l'orateur,
mais
aussi
pour
le professeur,
pour
l 'é cri va i n ( 83)
e t
na t ure 1 1eme n t a u s si,
pour
le médecin,
du
fait
de
son contact avec
le
public.
Le médecin était
conscient,
comme
le sophiste Gorgias dans
son Eloge d'Hêlêne(~;
de
la puissance du discours
sur
j'âme,
comparée à
la puis.-
sance des médicaments
(
CjJapUUH<l
)
sur
le corps.
Ainsi
le
traité hippocratique
du Régime,
destiné
au grand public,
contient-il
nombre de
figures
de
rhétori-
ques(85).

375
Le discours de
l'Art et celui de Vents sont
.
.
(86)
éminemment rhétoriques
.
Même devant
une assistance plus
fermée,
composée
de spécialistes,
le médecin tenait un
langage parfois
rehaussé par
l'usage de figures de style empruntés à
la
rhétorique. Ainsi
l'auteur d'Airs, eaux,
lieux,
traité
adressé à un public de spécialistes, emploie-t-il
volontiers
a u cha pit r e l
no t amme nt,
1a par i sos e e t
1a pa ram.o los e ( 8 7) •
Le préambule du trai té des Maladies 1(88) est un
mémento à
)' intention du médecin "qui veut inte~~oge~ co~-
~ectement et qui veut,
inte~~ogé, ~épond~e et cont~edi~e
comme il. /.aut n
:
oç âv ...
~0U"n ~PWTà.v TE 6p0wç kat
ÉPWTW~EVOÇ anOkp[vEo0aL kat aVTLÀ~YELV 6p0wç ...
Son auteur prépare
le médecin à
l'antllogle ou
( â v
T
L
À
0
y
(
Tl
) (89) ,
qu i ,
on
le voit,
était une pratique courante non seulement chez
les sophistes(90), mais également chez les médecins.
Les Hippocratiques recourent à
la rhétorique,
maîtrisant ainsi,
à
l'instar de tous
les communicateurs,
la
langue. Cette ma~trise se voit aux figures de style et
aux figures de pensée particulièrement nombreux,employés
pour des écrits où l'on s'attendait à rencontrer plutôt
une sèche austérité.

376
- *LES FIGURES DE PENSEE
Les
figures de pensée sont constituées essen-
tiellement par
les métaphores qui ont
tantôt
une fonction
explicative-- qui
n'exclut pas qu'elles comportent en même
temps
une vaieur esthétique--,
tantôt
une fonction satirique.
a) *LA WETAPHaΠEXPLICATIVE
II n'est pas surprenant de
trouver dans des
écrits
techniques destinés à un public souvent profane un
1an gag e i ma gé qui
1u i r e ndei a c omp r é h e n s ion fa cil e.
Dans
le t ra i té du Régime,
pour
fai re comprendre
que
l'âme,
r est an t é ve i lIé pen dan t
1e s orrme i 1 duc a r p s ,
accomplit d'elle-même toutes
les
fonctions de celui-ci,
l'auteur
la compare au mattre qui
administre son domaine
T
(91)
L
'
OLHOV

orsqu en revanche,
pendant
la vei Ile,
l'âme n'est pas à elle-même, ·mais
qu'elle se livre au corps,
elle est comparée à un serviteur
Le traité de l'Art également contient quelques
métaphores,
relevées dans son édition par JOUANNA(93). Elles
sont à
la fois explicatives et esthétiques. Au c.2,
la métaphore apparatt à
l'occasion du premier argument
avancé par
l'auteur pour démontrer que
les arts existent

377
bel
et
bien,
contrairement
aux assertions
des
détracteurs
Les arts,
affirment-il,
ont
une
réalité
(
Er60ç
),
et
unnan
avoua
) • ( 94)
Définissant
le
rapport entre
les
réalités et
les
noms
qui
les
dés ignent,
il
présente
les
réa 1 i tés comme
des
productions
de
la
nature;
quant
aux noms,
el les
sont
certes des conventions, mais
des
conventions
imposées
par
la même nature(95)
aussi
correspondent-elles
aux réalités.(96,
Ainsi
pour
lui,
le
fait même que
les arts
aient
des
déno-
minations
est encore
une
preuve de
leur existence,
de
leur
réalité. Dans
le
langage,
les
réalités,
en
tant
que "P/l.O-
duciio,,-"'"
de
la
nature,
sont
appelées
par un
terme du
vocabulaire végétal
l3À-uo,J\\uu,u,
qui
désigne
les
bourgeons,
les
pousses.
Au chapi tre
10,
pour montrer
que certaines
parties du corps
comportent
des
cavités qui,
pendant
la
maladie,
reçoivent
des
h'"l11eUrS
nocives(97),
l'auteur emploie
un certain nombre
d'imagr,sexplicatives et esthétiques en
même
temps. Ai ns i
le
thorax en
tant
que cavi té "afi/l.iiR-"
Je
foi e
;
a u même end roi t , l a
t ê te,
é gal eme nt
une c a vit é ,
est désignée par
1e t e rme
"gfofiR-" qui
contient
Il enc éphale(98) ;
les
parties qui
entourent
les articulations
sont désignées
par
le mot
" chamfi/l.R-'" " ,
&uÀ-ouuç(99)
Au chapitre
12
le
terme
es t emp loyé pour dés i gner
les
signes extér ieurs
sur
les-
quels
les médecins
s'appuient pour diagnostiquer
les af-

378
.
( LOO)
fect ions
1 nternes
,
tandis
qu'au même chapitre,
Les
matières
issues du corps
(urines,
sueurs,
pus)
ainsi
que
la
respiration,
tous phénomènes
qui
donnent
des
indications
sur
l'état
interne du corps,
sont comparées à des
informa-
û>..>..o,p[wv
j(IOI).
teurs
étrangers
Trois métaphores développées
se
trouvent
dans
l'Art,
toutes
relevées par J.
JOUANNA dans
son édition.
Au chapi tre 4,
l'auteur
répond
aux dét racteurs
de
l' ar t
médical
qui
accusent celui-ci
de ne pas guérir
systémati-
q u eme nt
t 0 ut es
Les ma 1ad i es,
ma i s ce r ta i ne s
se u 1eme nt,
1a
guér ison des
autres' étant
imputable à
la
fortune.
Non,
répond
l'auteur. Ceux qui
guérissent
le sont
pour
avoir
suivi
scrupuleusement
les
lois de
la médecine.
Pour expli-
quer
que
la guérison des maladies
dépend
de
l'o;)ijerv~tion
rigoureuse des
lois de
la médecine,
l'auteur
compare celle-
ci
à
un
puissant
personnage sous
les
ordres duquel
ceux
qui
veuLent guérir se mettent.
L'idée que
la maladie,
traitée à son début,
gUérit,
tandis
que,
soignée avec du
retard,
cause
La perte
du malade,
est
rendue par
une
image
tirée de
La compétition
sportive
la maladie et
la
thérapie sont
deux coureurs
en compétition
il
faut,
pour
que
la première ne soit
pas
victorieuse,
qu'elle n'ait
point
d'avance sur
la seconde,
c'est-à-dire qu'il
faut
que
le médecin
intervienne à
temps.(I02)
Enfin,
dans
les maladies où
les
signes
permet-
tant
d'établir
le diagnostic n'apparaissent
pas
d'embLée,

379
le médecin
les
recherche par des moyens
de contrainte
avaYHUr
EÙp"'HE"" (l03)
(
1
éd
.
)
'"
'1
s.e.
a 111
eClne.
Cette recherche est
comparée,
à
une
sorte d'enquête
judi-
ciaire,
au cours de
laquelle
j'art,
en exerçant une pres-
sion,
obI ige la nature à
faire
des
aveux.
D'autre part,
le
trai té des Vents offre un grand
nombre de métaphores;
leur
recensement a été effectué
par J. JOUANNA dans son édition(104).
On rappellera une métaphore explicative qui
revient souvent dans
les écrits des Hippocratiques:
c'est
celle de
la
lutte.
Le
rapport entre
la mesure des aliments
ingérés et
la force du corps qui
les
reçoit est exprimé
en
termes de
lutte:
le corps ne
tire profi t
des al iments
qu'il
reçoit
que s'il
les vainc,
les
domine,
les 'J..ncoltf'olte" ,
les assimile(I05).
Si
le corps
se
laisse vaincre
lors de
"cette R-utte',
la digestion
n'a pas
lieu,
et cela est
cause de
troubles et de maladies.
L'usage de
la métaphore explicative témoigne
du souci
des auteurs hippocratiques de
tenir constamment
à
leur public des propos que celui-ci
comprend:
ils
tien-
nent
à
dire des choses qui
soient
connues des profanes,
conme
l'exprime bien
l'auteur d'Ancienne médeclne(I06)'
[jjtf;J
(ÔE'i:v À.~YOVTCC"l"f'iÇ "l"txvnç YVWO"l"a. À.~YE èV "l"OLOè 5n].lOn;loè).

380
Les
métaphores
exp 1 1ca t ive s
son t
donc
fréquentes
dans
la Collect Ion,
où elles conservent "égalarent
une
fonction
esthétique.
b ) *LA METAPHCRE SATI R 1QUE
Au chapi t re
1 du Prorrhêtlque II,
on rencont re
la métaphore
satirique
ie mode de pronostic extraordi-
naire émis
par
certains médecins,dont
la méthode est
contestée,est
ravalé au rang des
prédictions
irration-
nelles des oracles( 107). Dans Régime dans
les maladies
aiguës( 108),
un médecin pousse,
à
tort,
très
loin
la
diète.
Pour
i'auteur
du
traité,
c'est comme si
ce médecin
faisait mourir
le malade.
Si en effet,
dit-il,un autre
médecin,
ou
un profane,
se rendant
compte de
l'erreur,
fournit
de
la nourriture au patient,
il
donne aux gens
l'impression de
l'avoir
remis
sur pied. Cette
remise sur
pied est
rendue,
dans
le
texte,
par
une
image expressive
son auteur
a comme '~~~~u~c~t~ un mo~t·, WOTIEpEL TE5vEwTa
avaoTf'\\oaL (109) •
Dans
le même
traité encore,
les médecins
qui,
de
façon
tout
à
fai t
absurde,
faisaient
précéder
leur
t rai t eme n t
par
1a
d i è te,
son t
rai lié s e t
pré sen tés
comme
ma~~nant !M~a.lag.l~m~nt .leu~~ ma.lad~~·
l npoTap LXEUW ) ( 110) ,
tandis que,
dans
la Lol,le médecin
ignorant, mauvais
représentant
de
l'art,
est considéré comme
un usurpateur
et est comparé à
un
figurant
revêtant
le masque
de

381
l'acteur en titre(lll). L'auteur
de Bienséance
le compare
quant
à
lui
à
de
l'or
faux dont
le
feu
fait
voir
la
qualité
(xa0ânEP xpuooç ~auÀoç tv nupt xpL0EtÇ ,OLOU,OUÇ
aû,ouç tntoELEEVf:12)
Enfin on a
relevé dans Préceptes ( 113)
une
image
très
suggestive dans
laquelle
la
vanité des
témoignages
poét igues
dans
les discours médicaux est comparée à celle
du
t ravai 1 du bourdon (114)
(~,aLoxonln
LITTRE.
lCXllES
;
FLEISŒreR 115).
L'ironie des Hippocratiques
s'exprime non
seuiement par
la métaphore,
mais encore par
une simple
suspension du
bon sens,
qui
naît précisément
du
fait
d'en
( 1 16 )
use r à
l' ex t r eme. Ain s i dans Fractur~
,l'auteur
ironise
jusqu'à
l'absurde sur
les échecs
de certains
con-
frères
dans
la
réduction de
fractures
du
fémur,
en
déclarant gue si
un membre doi[ être mal
réduit
et
qu'il
doive
devenir
plus court que
l'autre, mieux vaut avoir
les deux
jambes brisées,
car
l'équilibre se
ferait
alors.
II
*LES FIGURES DE STYLE
Le médecin hippocratique emploie
les
figures
de style de
la prose d'art. Ainsi
rencontre-t-on dans
ses écrits particulièrement
l'antithèse,
figure chère à
Gorgias(ll7)
.
.
-
,qUI
consIste a mettre en parallèle deux
membres
de phrases de même
longueur ou de
longueur
à
peu

382
près égale (par i sose)
se termi nant par
les mêmes sono-
rit é s
(h o~é0 tél eut es, homo p h0 ne sou par omo i 0 se). Par foi s
également,
le
jeu sur
les sonorités se fait par
la
jux-
taposltion,caractéristlque de la poésie,
de mots présen-
tant
la meme dérivation (polyptotes).
Le traité épidictique des Vents,
lu devant un
public très ouvert, offre un bon exemple de ce type
d'exercices
rhétoriques;
le traité de
l'Art également,
mais dans
une mesure moindre(118).
L'Ancienne médecine,
qui est aussi
un discours
épidictique probablement destiné à un public hétérogène
de spécialistes et de non spécialites, comporte un
certain nombre de ces effets
rhétoriques(IJ9). Le passage
suivant
tiré du chapitre 3 du
traité est remarquable à
cet égard:
1
2
3
6Laonoa V,Eç Kat ~opuEav,Eç Hat 6n,n-
4
oaV,Eç anE,~ÀEoav Üp,OV, tK 6t 'WV
5
KPLÔ~WV ~atav, ~ÀÀa ,E nOÀÀà nEpt
6
,au,nv npay~a,EUOa~EvoL ~~nodv TE
7
Kat wnTnoav Kat ~~LEav Kat ~Ktpaoav
8
cà (oxupa. TE Kat ~KpnTa TOtOLV aaôEVEoTtPOLÇ
9
nÀa.oaOVTEç naVTa np6ç T~V ToD avôpwnou ~uaLV
10
,E Kat 66va~Lv, nYE6~EVOL wç, Av ~~V Coxupà

383
Il
~, 06 Ouv~oE,aL Kpa,~ELv ~ ~60LÇ, nv
12
tu~~pn,aL, ana ,06,wv ,E a6,wv n6vouç
13
,E Kat vouoouç Kat ~ava,ouç ~oEo~aL,
14
an60wv o'âv 06Vn,aL tnLKpa'~ELv, ana
15
,06~v ,po~~v ,E Kat aOEnOLv Kat ÙYLELnV.
16
'Q O'EÙpnua,L ,06,~ Kat ~n,~ua'L 'L ~v
11
,LÇ 6voua oLKaL6,EpoV n npOOnKOv unÀÀov
18
~dn f'i tn'PLKnv, 1)'L YE EÜpn,aL tnt ,~
19
,OÜ av~pwnou ÙYLEL~ ,E Kat OW'npL~ Kat
20
,po~fj, aÀÀayua ÉKELvnç ,~ç oLaL,nç ÉE ~ç
21
ot n6voL Kat VOÜOOL Kat ~aVa'OL ÉyLvov,0;(120).
On
y
repère une série de membres de phrases
parallèles
formés
d'homéotéleutes homophones
re 1 i és par
. KaL.
Ai ns i
dans
1e groupe
(SpÉEav,tç o~aç Kat
n'Loav"Eç Kat Ka,aÀÉoav,~ç ,E Kat oLa~oav'Eç Kat ~op6Eav­
,EÇ
Kat 6n,noav'Eç), on observe deux premiers participes

384
d'égale
longueur
(trois syllabes chacun)
et homéo.téleutes,
ensuite deux autres participes de cinq syllabes chacun et
enfin deux de quatre syllabes. Plus bas,
on trouve à
nouveau un groupe de verbes homéoXéleutes
(n~~oâv TE
HaL
É]J.LI;av
HaL
~Htpaoav), tous comportant le
meme nombre de syllabes, à
l'exception du dernier qui en
totalise quatre. Enfin dans cette page, on signalera
la
succession suivante de membres de phrases homéotéleutes
1. 12-13 n6vouç;
VOUOOUç;
. (HaL) 6CtvâTOUÇ;
I. 16
EÙpn]J.CtTL
Ha.t
Le chapitre se termine à
la
ligne 21,
par une
série de mots homéotéleutes
: rr6voL
VOÜOOL
3âvaTOL.
Le chapi tre la d'Ancienne médecine
es t
remarquable également par
les mêmes effets de style que
ceux que nous venons de voir.
Le texte comporte des membres de phrase d'égale
longueur et homéotéleutes :
XÀWp6TEPOV
et
OHOTOOLVLT)
et
OUOEPYELT)
OTp6cpou
e t
~J6cpou
OUOHOLTtOUOL
et
Êvurrv Lâi:ouOL
TETCtpaY]J.tvCt
et
30pul3woECt.( 121)
Dans
le Régime,
l'auteur recourt
fréquerrrnent
à
l'antithèse gorgianique, mettant en parallèle de courts
memb r es de ph r a ses se te rmi na n t pa rIes mêmes sono ri tés

385
(c'est
le cas au chapitre
1 JOLY 70,8 sqq. = LITIRE VI,
592,7 sqq·;
Ibid.
c.3 JOLY 4,16 sqq. = LITIRE VI,
472,12
sqq.;
Ibid.
c.5 JOLY 6,21 sq/7, 1 sqq. = LlTIRE VI,
476,12
s q q.;
1b 1d • c. 68 JOLY 7 l ,7 s qq = LI TIRE VI,
596 ,4 s q q.) •
On
trouve aussi dans ce traité des polyptotes
il en es t ai ns i au c. 67 : nvpo( Te: YOf'nvpwv Kat orVOI;
O.LVOV (122)
;
oux l)\\J.oÀOy~e:"t"a.L b\\J.oÀoye:6\\J.e:va (123) ; \\J.~pe:a
\\J.e:p~wv, oÀa OÀwv(124).
*
*
*
Le médecin hippocratique est donc
loin d'etre
un professionnel
austère. Un certain nombre d'exigences
professionnelles
le transforment en un horrme de corrmuni-
cation qui
doit
séduire et convaincre. On trouve par con-
séquent chez
lui
une certaine thélltralité : usage du
pronostic qui
lui
donne une stature supérieure, multipli-
cation des gracieusetés à
l'endroit de son public,
et
recours
relativement
fréquent aux moyens classiques de
l'éloquence:
images,
figures
de pensée corrme l'ironie,
le sarcasme,
figures
de style de
la prose d'art corrme
l'antithèse gorgianique.
Cette tendance à
la sophistique ne connalt

386
cependant
jamais de
débordement. On peut
parler de
YE:vva~a
à propos
de
la sophistique hip-
pocratique,
c'est-à-dire de cette sophistique noble
évoquée par PLATON
dans
le Sophiste( 125).
Les discours
hippocratiques
ne contiennent pas
les
tournures
poétiques qu'affectionnaient
beaucoup
leurs
confrères
truffant
volontiers
leurs exposés de morceaux
de vers
ridicules.
L'auteur
de Préceptes avoue qu'il
n'est pas hostile au
fait
de vouloir
faire des exposés
2
en public(1 6), mais à
la condition qu'on n'y recoure
pas à des
témoignages
poét iques (127)
qui
ne sont que
12
signes d' impuissance(
8).
Jamais non plus
les médecins
de
la Collection
ne
tombent
dans
le
pathét ique.
Et
pourtant
le médecin
voit
des choses
terribles
(6pJ:i

6E:LVâ,
écrit
l'auteur
des Vents)(129). Mais
il
ne s'apitoie pas
il
a
un
regard objecti f
sur
la douleur.

387
-=
R E N V O I S
=-
1. Cf. Histoire de la guerre du Péloponnèse
l,
22,4.
2. Voir avec quel mépris
le médecin parle du charlatan en
Articulations c.35 Kl..EH.B\\EIN 155,3 sqq:LITIRE IV, 158,9 sqq.; Blen-
séance c.2 LITIRE IX,
226,11
sqq/228,1
sqq.; Préceptes
c.7 LITIRE IX,
258,16 sqq-/260, 1-8.
3. Articulations c.44 KUEHLEWEIN 171,7 sqq.= LITTRE IV,
188,14 sqq.
4.
Ibid.
c.8 KUEHLE.VtEIN 236,15 sqq./237,1 sq. = LITIRE IV,
312,lsqq.
5. Bienséance c.7 LITIRE IX,
236,8 sq.
6. Articulations c.34 KUEHLEWEIN 154,3 = LITIRE IV, 156,5.
7.
Ibid.
c.43KUEHLE.VtEIN 169,9 = L1TTRE IV,
186,1·c.44
- -
,
KUEHLEWEIN 171,4 = LITTRE 188, Il
;
c.48 KUEHLEWEIN
182,21
= LITIRE 214,2.
8. Du médecin c.4 LITIRE IX,
208,18 sqq·/210,2 sqq.
9. ArticulatIons c.33 KUEHLEWEIN 152,16 sqq1l54, 1 sqq. =
LITIRE IV,
154,6 sqq.
10.
Ibid.
c.35 KUEHLE.VtEIN 154,15 sqq-/l55,1 sqq.= LITIRE IV,
158,4 sqq.
Il. Officine du médecin c.7 KUEHLEWEIN 34,9 = LITIRE III,
292,1.
12.
GALiEN, De
lascl15, XVIII A 818.

388
Toujours
selon
le
témoignage de GALIEN XVI Il A KUHN
466,
c'est
par
le
losange qu'Euclide définissait
le
rhombe.
Voir
aussi
EROTIEN,
Vocwn hippocraticarwn
collectlo cwm frawmentls,
ed.
E. NACHVANSON, Uppsala,
1918,
s.v.,
ainsi
que SOOANUS, De
fasclls,
ed.
j.
ILBERG,
Leipzig et Berlin, C.W.G.,
1927,
c.27.
13. HESYŒIUS, Lexlcon,
recensuit
et emendavit K.
LATTE,
Hauniae,
vol.
Il,
1961,
s.v.
cf.
aussi EROTIEN,
Vocwn hippocratlcarum •.. ,
s.v.
;
voi r de rrffime A.
F'OES,
Oeconomla Hippocratis,
Francfort,
1588,
s.v.
14. Quand
le cas
le
réclame,
le bandage varié,
d'une manière
générale,
est
recomnalldé
tout
à
[ai t
régu 1 iérement
:
cf.
par exemple Articulations c.34 KUEHLEWEIN 154,3
s q. ~ LI TIRE 1V ,
156, 5.
15. Officine du médecin
c.7 KUEHLEWEIN 34,9
L1TIRE Il l ,
292,1.
16. Sur
les diverses espèces
de bandages
selon un auteur
de
la Collection hippocratique,
cf.
l'Officine du
médecin c.7 KUEHLEWEIN 34,8
sq.~ LITIRE III,
290,7/
292,1
;
voir
de même
in J.E. PE1REQUIN, Chirurgie
d'Hippocrate,
tome
2
(1878),
p.
28 sq.,
1 \\ importante
note
la sur les divers types de bandage d'après les
auteurs anciens.

389
17. XVIII A 787.
18 • C' est
l' 0 pin ion no t anme n t
de GAL 1EN
XV 1 lIA 46 5 •
19. Cf. GOFFRES, Précis
Iconographique de bandages,
pan-
sements et appareils,
Paris,
1853,
p.
61
.
20. Articulations c.42 KUEHLEWEIN c. 167,7 sqq·/168,3 sqq. ~
LlTIRE IV,
182,13 sqq/ 184,2 sqq.
21.
L'opération était en effet
spectaculaire.
Le médecin
attachait
le patient à une échelle suspendue à des
endroits exposés à
la vue
de
tous:
tour élevée
(Ar-
ticulations c.43 KUEHLEWEIN
169, 12 ~ LlTIRE IV,
186,4
TlP6ç
Tt'JPOLV
TLV&.
lJlVllÀT)V),
fa! te
d' une
maison
Tlp6ç
â~Tw~a
OLUOU
Ibid. KUEHLEWEIN
169,13
LITIRE IV,
186,4,
puis
dans
cette position,
il
imprimait des secousses
à
l'échelle
dans J'intention le
plus souvent
illusoire d'obtenir
l'extension de
la
colonne vertébrale.
22. Maladies des
femnes
1 c.68 LITIRE VIII,
142,13 sqq.
23. A rapprocher
d'Excision du
foetus
c.4 LITIRE VIII,
514,17/516,1
sq.,
qui
fait
état
de
la succussion par
le
lit,
précédée d'une succussion avec
intervention
directe sur
la patiente.
24. Maladies des
femnes
1 c.68 LITIRE VIII,
144, 14~
25.
Ibid.
H. ffiENSENANN
a
déjà
attiré
l'attention

390
sur
les
précautions
prises
par
le médecin auteur du
chapitre 68 de MWladies des
femmes dans
J'exécution
de
la succuss ion. Cf. Knidische Wedizin,
p.
216.
26. Epidémles V c.lü3 LiTIRE V,
258,9
sqq. ~ Epidémies VII,
c.49 LlTIRE V,
418,1
sqq.
27. H. GRENS~, Knidische Wedizin.
p.
71.
28 • .!È..,
ibid.,
p.
82.
29. MWladies des
fellIDes 1 c.78 LITIRE VIII,
180,14 sq.
JO. Epidémies VI,
8,
c.28 LITIRE V,
354,4 sq.
31. MWladies
Il
2 JOUANNA c.47b,
180,1 sqq.~ LlTIRE VII, c.47,
66,21
sqq.
32. Sur
1a pra t i que d e i ' i n fus ion dan s I e po umo n ,
v 0 i r
J.
J~. Hippocrate, MWladies Il, Paris,
Les
Gelles Lettres,
1983. Notes complémentaires,
p.
247,
n. 5.
33. Sur
l'importance de Mœladies
Il
dans
l'histoire du
diagnostic par
l'auscultation,
cf.
J.
J~, Hip-
pocrate, Maladies
Il, Not ice,
p.
51 sqq.
34. MWladles
1 c.6 WITIERN 16, 16 ~ LITIRE VI,
150,18.
35.
Ibid.
c. 15 WITIERN 36,8 sq. ~ LlTIRE VI,
164,16
sq.
36. LIeux dans
l'homme c.14 JOLY 55,24/56,1
sqq'~ LITIREVI.
n , 4 sqq.
37. Prénotions coagues
2,
c.424,
LITIRE V,
680,3 sqq.

391
38. Waladles
1 c.17 WITIERN 44,15 sq. = LITrnE VI,
170,18
sqq.
39.
Préce~ c. 10 L1TrnE IX,
266,9 sqq. A rapprocher de
Bienséance c.2 LITIRE IX,
228,4 sqq·,

l'on évoque
les
charlatans à
la parure
somptueuse
(ùn~p~wavÉw~
){~){OOIlÉVOL), que l'on reconna!t à
leurs vêtementset au
reste de
leur apparence extér ieure
(Én' ~3fiTO~ Kat Év
TfjOLV a.ÀÀ~OLV n~PLypawfjaL) •
40. Bienséance c.3 LITIRE IX,
228,7.
41.
Ibid.
1.
8.
42.
IbId.
1.
8 sq.
43.
Ibid.
c.5 LITTRE IX,
232,12.
44.
Ibid.
c.12 LlTIRE IX,
238,19.
45. Diogène LAERCE VI l,
118 •.
46.
SENEQUE, De tranqui litate animi XVI 1,1.
47.
Préceptes c.9 L1TTRE
IX,
266,16/268, J.
48.
Ibid.
c. JO LIlIRE IX,
268,11.
49.
Pronostic c.1 ALEXAJIVERSQ\\I 193,2 = LlTIRE Il,110,2.
Nous donnons
à
npo- dans
npoÀÉY~LV, la double valeur
d'antériorité
(avant)
et
d'extériorité
(au dehors)
npoÀÉYELV
signifie alors que
le médecin annonce
pub 1 i q ueme nt,
a van t
qu' 0 n ne
1u i
ait
rie n dit,
1e pré-
sent,
le passé et
le
futur
dans
les ma ladies.
J. IRlOOIN
conteste
la valeur d'antériorité de npo-
dans
npo-
ÀÉYELV
(in Colloque hIppocratique de Lausanne, Genève,
Droz,
1983,
pp.
173-180 et
notamment
pp.
178-180).TIpo-
À.É y E LV,
selon
1u i,
i n d i que
se u 1eme n t
que
l' a c t ion se
fait
publiquement,
sans nuance
d'antériorité.

392
50. Cf. Bienséance c. 16 LlTlRE IX, 242,5 sqq.
~notv ùrrooELHvuv,a ,wv too~~vwv n tVEO,W'WV
a.U'~OLOL· rroÀÀot yà.p OL' aL,CnV ,au,nv ~<p·È:Ha,~pa
(LITlRE;
~,EP a,
a ;
FLEISCl-ŒRJ ~rrEooi1noav
(yGH, Ald. etc ••• , LITlRE, FLEISQ-lER ; ûrrEWi1noav
vulg.),oL&'
rrpOELpn~~Vnv
tVEO,W't wv
trrEoo~~vWV
;
-ne /Z..i...e.n
la.i...~~e/Z. ape./Z.ce.vo~/Z. de. ce. qu~ a/Z./Z.~ve./Z.a ou de. ce. qui...
menace,
ca~ leaucoup (de maLade~) ~e ~ont ~et~ouvé~
aUX ext~ime~ pa~ cette cau~e, c'e~t-à-di~e pa~ un p~o­
no~tic où On Leu~ app~enait ce qui menaçait ou ce qui
aLLait ~e pa~~e~".
51. Bienséance c. Il LITlRE IX,
238,17 sqq.
52. Epidémies VI,
8,
c.23 LlTIRE V,
352,8 sq.
53.
Ibid.
7,
c. 14 LlTlRE V,
330,2 sqq.
54.
Ibid.
5,
c.5 LllTRE V,
316,5 sqq.
55.
Sur
l'importance reconnue d'une bonne disposition psy-
ch 0 log i que
sur
1a san t é dei 1 h oillne e t
sur
1e
pro ces sus
de guérison,
cf.
L. BOURGEY,
"La ~eLation du médecin
au maLade dan~ Le~ éc~it~ de L'écoLe de Co~" ...
p.
21
sqq.et W.
SOW,
"La pe~~onnaLité du maLade vue pa~ Le
médecin dan~ La CoLL€ction
hiBBoc~atiqu€', in Dépendances
et
liberté:
l'Afrique et
le monde méditerranéen dans
l'Antiquité,
édité et
publié à Toronto,
Canada,
Terebi
Publications,
1990,
p.
301
sqq.
56.
flon,
W.
HEIBERG
nota
LlTlRE. Avec
1a
1eçon de
LITlRE,
on
traduit
ainsi
la séquence
51. Art c.7 JOlIANNA 231,14 sqq/232,1
sqq.= LlTlRE VI,
10,26/
12,1
sqq.

393
58. Aphorismes 2,
c.38 LITIRE IY,
410,17 sq.
59. Epidémies YI, 4, c.7 LITTRE Y,
308,13 sqq.
60. Ce mot est gênant
ici,
toute
l'énumération se rappor-
tant de toute évidence au malade. Cf. GALIEN,: in Galeni
in Hippocratis Epid. YI, Commentaire IY,
10,
206 ;
WENKEBAGH et F. PFAFF, Berlin,
1956.
61. Affections c.44 LlTIRE YI,
254,1 sq.
62. Préceptes c.IO LITTRE IX,
266,12 sq.
63. Comme le fait U. FLEISCHER, op.cit., p. 53,
nous don-
nons il
npoa,aaCn
ici
un sens proche de son usage
dans
la littérature hellénistique : 'appa~QnCQ,
a6PQct·,
LITIRE cependant tradui t
la première phrase par
la
également,
in Hippocrate, Du Wêdecin,
in Chirurgie
d'Hippocrate tome 1, Paris,
1877,
p.
209.
64. Sur
l'apparence de bonne santé exigée du bon médecin,
cf. notamment
l'étude de W. AWllNDSEN ',LIllUgQ6 01- phi/"
6i.-ci.-an6
i.-n
cl'.a66i.-cal'. ti.-mQ6· •• ,
in 11Je journal of popular culture
II, 1977, p. 648,
65. Du Wêdecin c.1 LITIRE IX,
204,1 sq.
66. Biensêance c.7 LITIRE IX,
236,3 sq.
67. Epidémies YI, 2, c.24 LITTRE Y,
290,4 sqq.
68. Ancienne médecine c.9 FESTUGIERE 7,19 sq.= LITIRE 1,
589.,15.
69.
Ibid. FESTUGIERE 7,19 = LITTRE l,
589,15.
70. Fractures c.5 KUEHLEWEIN 53,12 ; 54,21 sq·= LITIRE
111,432,8 sq ; 436,2 sq.
71. Sur la collaboration du malade et du médecin dans
la

394
lutte contre
la maladie,
cf. Epld~les 1 KUEHLEWEIN
c.II,
190,3 sqq·~ LlTIRE II,
c.5,
636,1
sqq.:
n ,~xvn &LU ,PLWV, ,0 v6on~a, à voo~wv uat
o [n,poG' 0 [n,poG ÛTIEP~,nG ,nG ,~xvnG'
ÛTIE·Y·av'LoOoi1aL "li VOOt'\\~'L ,,'lV VooEûv,a
~E,U ,00 (n,poû xp~.
wLa médecine e~t con~tituée de ce~ t~oi~ te~me~ : la
maladie,
le malade et le médecin.
Le médecin e~t le
~e~viteu~ de l·a~t. Il taut que le malade ~'oppo~e à
la maladie en mlme temp~ que le médecin.
72. Cr. Bienséance c; 12 LITIRE IX,
238,2 J.
(a.VHÀ.E;~LOG rrpoG
a.navTw~Eva , W la ~épon~e aux ofJ.jection~w).
73.
Ibid.,
240,1 sq.
74. Celui-ci
est avide de discours rhétoriques,
enflammés.
CLEON,
dans un discours censé se situer en 427
(THU-
CIDIDE, Histoire de la guerre du Péloponnèse,
III,
37
sqq)
reproche aux Athéniens ce travers.
75. XENOPHON, W~orables
IV c.2 par.
5.
76. Ces arguments sont
négatifs dans
le cas
présent,
puis-
qu'il
s'agit d'une parodie.
77. Cf. Art c.5 JCl.IANNA228,6 sqq .. ~ LlTI'REVI, 6,22 sqq/8,1
s q q. Cr.
au s s i l e cha pit r e 4 du même
t rai t é
(JOUANNA
227,6 sqq.·~ LITIRE VI,
6,6 sqq.)

la guérison des
maladies est rapportée,
par
les détracteurs de
la
médecine,
au hasard.
78.
Ibid.
c.8 JCl.IANNA 232,12 sqq.f234,1
sqq. ~ L1TIRE 12,14
s q q./ 14, 1 s q q .

395
79. Art • c. II,
JOl.IANNi\\ 237,4 sqq./239,1 sqq. = LITIRE VI,
18,14 sqq./22,1
sqq. ;
c.12 JOUANNA 240,1
sqq./241,1
sqq. =
LITIRE VI,
22,15 sq'/26,1
sqq.
Parmi
ceux qui
criti-
qua i en t
l'a r t mé d i cal,
i 1 fa u t
c omp ter
1es
s 0 phi ste s •
Un PROTAGORAS avait
produit
des écrits sur
la palestre
et
sur
les autres arts pour,
dit-
il,
contredire chaque praticien dans
sa spécialité
(
npôç
1!;KUOTO\\J
UÛTÔ\\J
cf.
PLATON,
le SophIste 232 d-e
80. Cf. Préceptes c.8 LITIRE
IX,
264,5 sqq.
Sur
les places
de
rencontre,
cf. HESIüDE, Les travaux et
les
jours,
vers 491
sqq. :
on vient
s'asseoir,
aux
jours d'hiver,
dans
la
forge
(xaÀKELo\\J
~WKO\\J
ou au parloir
de
ville,
endroit ensoleillé
(.anuÀi<:u
Ài<:oXTl\\J),
repaires de chômeurs et
de mendiants.
Sur
la méfiance
pour
['agora,
cf.
Ibid.,
v.
28 sqq.,
1 ieu de querelles
et de harangues
(
\\JE LKi<:U
-r:'
âyop~W\\J
). Cf.
de
même,sur
l'aversion que
suscite
l'agora,
LYSIAS, Pour
l' inval ide c.19-20,
et
ISOCRATE, Aéropagi tique c.48 •
Voir) à propos de
l'envie à
laquelle sont
exposés
les
médecins de
la part
de
leurs confrères,
les
propos
prêtés
à DEMOCRITE par HIPPOCRATE,
dans
la
lettre
d'HIP~TE à DAM\\GETE (n017 LITIRE IX,
377 sqq.).
81. Prorrhétique
II
c.1 LITIRE IX,
6,3 sqq.

396
82. PLATON, Gorgias,
456 b.
83. PLATON, Phèdre,
271
e.
84. Ole Fragmente 82 B Il
(14).
Sur
les
charmes de
la
rhétorique,
voir J.
de RCMILLY, Magic and rhetorlc ln
anclent Greece, Cambridge, Massachu.) Londres,
1975,
p.
20- 21 •
85.
Le caractère rhétorique
de cet écrit a déjà été
signa lé par H. DIELS, - Hippok/Lu:Li/> che lol1./>chungen r,
He rIDè s ,
4 5 ,
19 JO,
P •
13 5 s q q •
86.
Sur cet aspect de Vents,
cf.
J.-L.
ILBERG, Hlppocratls
opera. Corpus med 1corum graecorum 1,
1.
Le i pz i g and
Ber 1 in,
192 7,
P •
23 s q q
sur
l' Ar t,
v 0 i r Th. GOv1PERZ ,
Ole Apologie der Hel Ikunst. ••
p.
Sur
la rhétorique
dans
les
deux traités,
voir
aussi
la mise au point de
J. JOUANNA,
i n ' flfidecine et /LhLLol1.ique -, Revue des
études grecques,

460,
1984,
p.
28 sqcr, ma i s surtout
l'édition des deux
traités
par
le même auteur,
aux
pages
10 sqq. et
169 sqq.
87.
Sur ces
figures
de style cf.
Infra,
p.381 sqq.
88. Maladies l,
c.1 WITTERN 2,1
sqq. = LITTRE VI,
140,1 sqq.
89. Maladies
[c.1 WITTERN 6,4 = LITTRE VI,
142,12. Voir
également Maladies
l,
c.1 WITTERN 2,2 = LITTRE VI,
140,2 et aussi Nature de
l'honme c.1
JOUANNA 166,3 =
LlTTRE VI,
32,16.
90. Voir,
entre autres,
le sophiste PROfAGCRAS,
qui
soute-

397
tenait
que,
sur
chaque sujet,
i [ Y avait
deux argu-
ments contraires,
et qui
a
lui-même composé deux
ouvrages
d'Hantilogie~' (Diogène LAERCE IX 55). Cf.
aussi
l'ouvrage sophistique anonyme
6looot
À.6YOl
(ou Doubles arguments, V~ s. av. J .-C.) dont des frag-.
ments
ont
été conservés
(cf. Ole Fragmente •••
90)
;
sur cet écrit,
cf. A.E. TAYLCR, Varia socratlca, Oxford,
1911,
1 c.3,
p.
91-128).
91. Du Régime c.86 JOLY 97,8 sq. ~ LITTRE VI,
640,8.
92.
Ibid.
c.86 JOLY 97,3 sq.~ LITTRE VI,
640,2 sq.
93. Cf.
J.
JOUANNA, Hippocrate. Des Vents. De
l'Art
Notice,
p.
171.
94. Art c.2 JOUANNA 226,5 sqq_~ LITIRE VI,
4,9 sqq.
95.
Ibid.
JOUANNA 226,6 sq.
~ LlTIRE VI,
4,10 sq·.
96.
Sur cette phi losophie du
langage,
selon
laquelle celui-
ci
n'est
pas
une pure convention,
contrairement
à ce
qu'on
trouve chez PLATON, Cratyle 384 c
10/384 d 1,
voir
le commentaire de J.
JOUANNA, Hippocrate. Des
Vents. De l'Art,
p.
176 sq.
97. Sur
la patho [ogie humora le,
cf.
JOUANNA, Hippocrate,
la Nature de
l'homme ... ,
p.
257.
98. Art c.1O JOUANNA 236,8 ~ LlTTRE VI,
18,4 •
. 99.
Ibid.
JOUANNA 237,1 ~ LlTIRE VI,
18,12.
100. Ihld.c.12 JOUANNA 240,5 ~ LlTTRE VI,
24,2.

398
101.
Art.
c.12 JOUANNA 241,10 = LITIRE VI,
26,4 sq'!.
102.
Ibid.
c. Il JOUANNA 238,11
sqq. = L1TIRE VI,
20,18 sqq./
22,1
sq.
103.
Ibid.
c.12 JOUANNA 240, Il
sq·= LITIRE VI,
24,8.
104. Cf. 1. JOUANNA, Hippocrate j Des Vents. De l'Art,
p.
17 sqq.
105. Cf. Ancienne médecine c. 11 FESTUGIERE 9,15 = LITIRE 1,
594,9 ; Affections c.47 LITIRE VI,
256,8; Lieux dans
l 'homne c.
43 JOLY 73,6
sqq. = LITIRE VI,
336,9 sqq.
106~ Ancienne médecine c.2 FESTUGIERE 2,13 sq. = LITIRE [
572,18 sq.
lof. LITIRE IX, 8,2 : tyW
6t
To~aUTa ou
~avTEuao~a~1
"mo~ JQ nQ ~end~a~ pa~ de tef~ o~acge~"
ironise
l'auteur.
108. Régime dans
les maladies aiguës, KUEHLE\\\\'EIN c.44,
131,6 sqq.= LITIRE II
c.ll,
316,9 sqq./318,1
sq.
109.
lb Id. KUEHLE\\\\'E IN 131,15 s q. = LITIRE 1 1 , 318,5.
110.
Ibid. KUEHLE\\\\'E IN c. 26,
122,3-4 = LI TIRE 1 1 , c. 8,
278,9-10.
II 1. Loi c. 1 LI TIRE 1V,
638,8 sqq.
112. Bienséance c.4 LI TIRE IX, 232,2 s qq.
113. Préceptes c. 12 LI TIRE IX,
268,4 sq.
114. Sur
l'interprétation de
ce passage très difficile,

399
voir LITIRE IX,
p.
268,
note
5,

le savant,
après
avoir évoqué
la glose du manuscrit J
qui
indique
la
nature du
travai 1 des bourdons
(
ils sont
les
porteurs
d'eau des
abeilles),commente
: ni~ taud~ail afo~~
,,-nl,,-nd/Le que ~"-~ afJ.ei~~e~ n'onl pa~ fJ."-~oin d'eau el
qu,,- ~"-~ fJ.ou~don~ e.n appo/Ll,,-nl pa/L jIDTaLOHOnLT,l
"
115. FLEISCHER donne alors à
tToL~oHontn
le sens de
"l,,-ndanc,,- cl ~a commodil~"
J
"yen"-iglh,,-il ZU/L Bequ,,-m-
~ichkeil" (op.clt., p. 42).
116'. Fractures c.19 KUEHLEWEIN 77,6
sqq. = LITIRE III,
482,12 sqq.
117. Cf.
l'Eloge d'Hélène et
la Défense de Palamède de
ŒJRGIAS.
118. Cf.
J.
JOUANNA, Hippocrate. Des Vents ••• ~,
P.
21 sqq.et
172 sqq.
119. Sur
le style dans Ancienne médecine,
cf. H. WANNER,
~.clt.,
p.
90 sq.
120. Ancienne médecine c.3 FESTUGIERE 4,2 sqq = LITIRE l,
576,20 sqqJ578,1 sqq.
i 2 1.
Ibid.
c. 10 FESTUGIERE 9,4 sqq.= LI T'IRE 1 , 592, 16 sqq.j
594, 1 sqq.
J.
JOUANNA, Hippocrate.L'Ancienne médecine, p. 9 sqq.
122. Régime c.67 JOLY 70, II sqq.= LIT'IRE VI, 592,10.
123.
Ibid.
c.
11 JOLY 13, 1 1 s q. = LIT'IRE VI,
486,19.
124~ Ibid. c.6 JOLY 7,19 = LITIRE VI, 478,8 sq. Voir aussi

400
ibid.,
c.89 JOLY 100,5 sq. = LITIRE VI,
644,17 : ana
).Lê: v
-rGiv
taxupo-r~pwv
(oXUPO-rtPllv;
ibid.
JOLY 104,3 sq. = LITIRE VI, 652,7 sq.:
H
rrapà
ÔEOU
~a).L~aVE~V
Kuôapou
Kaôup6v
,'p~en-
d~e d'un dieu pu~ quelque cho~e de pu~ .•• •
125. PLATON,
le Sophiste, 229 d.
[26. Préceptes c. 12 LITIRE [X,
266, [6/268,1.
[27. Ibid. LITIRE [X, 268, [.
[28.
Ibid. LITIRE IX,
268,2.
129. Vents c. 1 J~ 102,5/[03, [ = LITIRE VI,
90,5.

401
CHAP 1 TRE
VI
LA
SAGESSE
PRATIQUE
DES
~EDECINS HIPPOCRATIQUES

402
Les
traités
déontologiques Serment, Médecin,
Bienséance et Préceptes
contiennent
de
nombreuses
recom-
mandations
relatives
à
la
conduite
que
le médecin doit
avoir
dans
les
diverses
circonstances
de
la vie privée
et
de
l'exercice professionnel.
Cette sagesse pratique
était
destinée à
lui
assurer
un
contact
harmonieux avec
les malades
et
la société
en
général,
et
i l
devait
en
tirer
crédibi lité et
respect.
Ma i s i c i
e t

é gal eme nt,
des
tr ait é s non
f 0 n -
damentalement
déontologiques
révèlent
parfois de grandes
qualités morales
chez
le praticien
hippocratique.
al *L'ABNEGATION
Ainsi
décèle-t-on
l'abnégation
dans ces
propos
de
'auteur
de Vents! 1)
"0 utv y&p Cn,poç 6p~ ,8 68LV&,
&LYY&V8L ,8 an6~wv, tn'aÀÀo,p(~OL
,8 çUU~OP~OLV C6(uç HupnOÜ'UL
Àunuç.
"Le médecin voii de~ ho~~eu~~, iouche de~
cho~e6 ~épugnanie~, ei à f'occa~ion de~
mafheu~6 d'aui~ui,
c'e6i
fui qui ~ecueiffe
du chag~in".

403
bl
*lA DISCRETla-l
D'autre part,
le
futur médecin doit
jurer
d'être discret.
Dans
le Serment,
i l
s'engage à
taire
tout
ce qu'il
voit
ou entend
dans
l'exercice professionnel,
ou même hors
du
service(2).
cl *lA JUSTICE
La
justice est
un
devoir
qu'à
,'instar
des
l
marchands vis-à-vis
de
leurs
clients(3
, le médecin doit
pratiquer à
l'endroit
du patient,
selon
les
auteurs hip-
pocratiques.
Elle occupe
une
place
importante dans
leur
éthique.
Plusieurs
textes
en
traitent.
Ainsi
dans
le
Serment(4),
le nouveau
disciple
fait
le
serment
d'être
u t i 1eau ma 1ad e
(c e t te
u t i 1 i té,
é tan t
con forme
au con t rat
tacite qui
1 ie
le médecin
au
patient,
est
un
acte
jUSle)(5),
et
de ne pas
laisser
faire
l'injustice contre ceux qui
sollicitent
' i ntervent ion méd Ica le
:
t~~v, tnt ônÀnoEL ô~ Hat
aÔLHtry ELPEw
(ELPEo~aL 7).
maLade~ ~eLon mon pouvoiR et mon jugement,

404
et je le p~otkge~ai cont~e La malveillance et
L' inju-1iice".
Quelques
1 Ignes
plus
loin(6),
une
clause met
le
futur médecin en
garde contre
toutes
formes
d'injustice
et
notamment
contre
l ' incontinence qui,
étant
contraire
à
la correction,
est
un acte
injuste
"EÇ oCHtaç 6t oHoaaç âv ~aCw,
~aEÀE6ao~a~ ~n'w~EÀEt~ Ha~vév.wv,
tH'OÇ~WV TICianç 6.6~HLnç tEouaCnç
Hat ~6opCnç 'Rç 'E ÜÀÀnç Hat
6.~po6~aLwv Ëpywv, ~nL 'E yvVa~HE[wv
aw~a.wv Hat 6.V6PELWV, ~ÀEu68PWV 'E
Hat 6ouÀwv'
lien/ait deh maladeh,
me ~etenant de toute
notamment deh tentative6 de 6éduction enve~6
Proche
de
ce
passage du Serment
est
la
fin
du
chapitre
1 du
traité
hellénistique du Médecin,
qui
en
pourrait
être
le commentaire(7)
~LHa~ov 6t npoç nuaav O~~ÀLnv Erva~.
XP~ yàp noÀÀà ~n~HouP~E~V 6~Ha~oauvnv'
npoç 6t Cn'pov oü ~LHpà auvaÀÀay~a.a 'o~aL

405
- '
VOOOUOL
.EO,LV' Kat yàp aû,oûs ùnoXELP(OUs
nOL~oUOL cots (n,pots, Kat naoav wpnv
~v,uYXdVOUOL yuvaLEtv, napa~VOLs, uat ,OLs
6EL npb s anav,a fXELV ,aO,a.
Dans Préceptes c.7,
enfin,
fait
partie des
actes
d'injustice contre
le malade
le
fait
de s'engager
à
le
traiter alors qu'on n'est pas compétent(8),
L'idée découle
du
fait
que
le bon médecin,
celui
qui
est "entant de l'a~t",
selon
l'expression de
l'auteur
( tn,pà s 6.yaa~s ... à].J.(hEXVO s
HaÀEO].J.EVOQ (9)
et
qui,
lui,
ne viole aucun de ses
préceptes,
est
dit
"n'ê.t~e l'a;, dan;, l'inju;,Lice"/ oû ~v â6LK~10): le
médecin ne saurait être
juste s ' i l
n'est
pas compétent,
puisqu'il
abuse
de
la confiance du malade en violant
le
contrat
taci te
de soins convenables qui
le
1 ie à ce dernier.
Parmi
les critères de
la
justice chez
le médecin se
trouve
par conséquent
la compétence,
la maltrise de
l'art.

406
dl
*L'HLMILITE
L' hum i 1 i té é gal eme nt
a p par ait
à ma i n tes
r e p ris e s
lorsque par exemple un auteur
avoue une erreur,
comme dans
Epldémles
"Je n'aval~ pa~ ~al~l que cette li~lon exigeait
d' ,U/te t/tipanée". ( Il )
L'auteur
d'Articulations de même
fait
preuve
d'humilité:
"Un jou/t,Je tentai,
le lle~~i itant itendu ~U/t
le do~, de place/t une out/te vide ~ou~ la gll-
lo~lté, et en~ulte d l'aide d'un tuyau en
l/tonze,
d'ln~iLl'l'le/t de l'al/t dan~ l'out/te. f1al~
n
n '
"(12)
ce~a ne ~~lt pa~ ~~en •
Le
passage qui
suit,
tiré
d'Epldémles l, illustre
encore plus
que
tout autre
j'humilité des Hippocratiques
en
présentant
le médecin comme
un simple serviteur:
"L'a/tt e~t con~tltué pa/t t/tol~ te/tme~ : la
maladie,
le malade et le midecln.
Le midecln
e~t ~e/tvlteu/t de l'a/tt i il taut que le malade
~'oppo~e à la maladie de conce/tL avec le
'd
' "
(13)
me. e.c-<..n

La
recommandation suivante de
l'auteur de
PréCeptes va également dans
le' sens
de
l'humi 1 i té :
"Il n'e~t pa~ honteux ~l un midecln, emla/t/ta~~é
dan~ le ca~ p/ti~ent aup/tè~ d'un malade et ne

407
voyant pa~ c~ai~ à cau~e de ~on inexpd~ience,
,
d ·
d
. •
(14)
demande ci d aut~e~ mi ec~n~
e
ven~~ .
Ces aveux d'échec,
ces recours à
l'avis de plus
compétent que soi
sont, en même temps que des
témoignages
d'humil ité et de modestie,
des marques d'esprits exigeants
et soucieux de vérité.
e) *U <XlNSClfl\\lCE PROFESS ICN'ŒLLE
Outre
l'humiiité,
le médecin hippocratique fait
preuve d'un sens
incontestable des
responsabi lités et de
beaucoup de conscience professionnelle. Un passage du
Régime dans
les maladies aiguës adressé d'abord au médecin
dans ses
fonctions de chirurgien et étendu ensuite à
toute
la médecine,
recommande la conscience professionnelle et
l'émulation qui
assure le travail
bien
fait
Katy&.p 6noaa ~pya >lCÀW[; É'XE L f\\
ânoaa HadapCw[;, ka0apCwG,
HaL ânoaa
Hat TaÀÀa nUVTŒ TOLOUToTpona 6La~ep6vTWG

408
~~~ment /
c~ll~b où la main doit agi~ banb
doul~u~J il taut l~b exécut~~ avec le moinb de
doul~u~J et danb tout le ~~bt~ tgal~m~ntJ il
taut lJ~m~o~t~~ bU~ leb aut~eb ~n taibant m~~ux
J
" ( 15)
qu
e.ux
.
Ces mots
tirés d'Epldémles VI
sont également
signi ficat ifs de
)a conscience professionnelle des médecins
hippocratiques:
"Ne ~ien tai~~ au haba~dJ ne ~ien négLige~
d J o(Lb~~ve~". (16)
Plus
tard,
on
lira chez PlARC-AURELE cette pensée:
"D'a(Lo~d ne ~ien tai~e au haba~d, ni banb ~a~­
~o~t à un (Lut". (17)
f) '*lA BI ENSF.MK:E
La bienséance enfin
Euax~uoauv~ (18) ou le
fait
de se
bien comporter en faisant
ce qui
convient
("ce
qui convient" étant ce que
la raison nous
persuade de faire(19),

-409
est un des pOles
importants de
la sagesse pratique du
médecin hippocratique. Comme l'écrit A.-J. VOELKE(20),
"elle nOu~ en~eigne, à nou~ compo~te~ en chaque
ci~con~tance comme il convient : elle ne tait
qu'un aveC le ~entiment de~ convenance~, du
quod decet.
Llle dev~ait ma~que~ de ~on ~ceau
toute~ le~ manite~tation~ exté~ieu~e~ de not~e
pe~~onne : no~ ge~te~, not~e tenue, not~e taçon
de pa~le~, et ju~qu'à not~e co~tume et à not~e
halitation.
A de noml~eux éga~d~, la lien~éance
~ev€t un ca~actè~e ~ocial, ca~ c'e~t d'elle
que dépend en lonne pa~tie le développement
ha~monieux de no~ ~appo~t~ avec aut~ui... A la
p~atique de cette ve~tu ~e ~attache toute une
éthique de la conve~~aLion...
D'une taçon géné-
~entia) que nou~ devon~ témoigne~ à tou~ le~
homme~.
Llle tend donc,
comme la ju~tice, à
p~omouvoi~ et à mainteni~ la communauté
humain.e.· .
Les règles de
la bienséance régissent pour ainsi
dire toutes
les circonstances de la vie du médecin
idéal,
dans
le
traité isagogique de Bienséance, où le modèle est
l'image du sage stolcien(21). Voici d'abord l'image du sage
stoicien(21), .dont un des idéaux est
l'observation des
convenances
( 22) .•
..

l U !od (sales sai
za4~ "a"[)xv.z.Vd lvvj .u 1]).
(s;::)· 1 01\\3Ttç>:2 llDTtd3101l~
(v;::)
I\\~QX13901lQ ~1
n;
I\\UJ3QUY~ 5~ '101\\3Ttç>:21dOXD119 l\\~j1001 K~ U1 ~~ç>9
ZZ
'101\\3TtjQD19 111d~X '101\\3Tt~dX ~J1l3~3 '5311\\0djrox~
Il;
1~
I\\~QX13901lQ q1 1\\~1l 5Q01DOI\\~ 500Àç>y 5qdll
OZ
(r;::)I\\~l\\oTtOllQ 5qdll I\\qd1DK 5qdll 10K11UI\\oTtOllQ
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'533Kd~lQD 1DK 101DUdX~3 5~d1 5~1 59dll
91
'10K11DTtTtuy
lDK 1013QJ3 I\\qd1DK 59dll
LI
~oJ
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'10K1d31dD~ lDK 10K11DTtuTtOQI\\~
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5D1D~lDDI\\~ 5V1 5qdll '5D11\\Dll~ 59d11
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101UdK~3 '10K11UY1Tt~ lDK 10X01P~3
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ZI
5~1 59dll lO1l3YDK '5D1D)dKOll~ 5~1 5qdll
I l
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01
'10Àd3)d31l~ '1010X~19~ .101Q0101' 11DTtVXD
6
101DDK~ 1010 'l\\u)3dOll 1\\~1 31 5ç>dll
9
'1DQDJ3KD19 5Q01omi 5qdll ~I\\ I\\~ 91
L
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9
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'5UJ3Y3m~
v
lDK 5UI\\?DoTtuXDQ3 ~lQD1 I\\~ 5Y1
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1DK 5YYOg1d31l àÇÀ 31 K)
.UJÀd31d31l
?:
:;19QO '~03=D1DK
~lKD919 QO 510
>1
~
on

411
d'a~~angement ttudié, point d'attectation, mai~
un lJêtement
pLein de Rien~tance et de
~impLicitt, tait non pou~ Le Luxe mai~ dalJantage
pou~ La ~tputation. IL~ doilJent tgaLement êt~e
g~alJe~, ~ttLtchi~ quand iL~ ~ont ~euL~ alJec eux-
.
( 26)
même~ et Lo~~qu'iL~ appa~ai~~ent en puRL~c.
.
attaRLe~ dan~ Le~ conco~dance~,
doux enlJe~~ tout
pou~ ~ai~i~ L'occa~ion, ~achant u~e~ de La nou~-
~itu~e alJec t~ugaLité, patient~ à attend~e Le
moment oppo~tun, p~odui~ant, autant qu'iL e~t
d'êt~e dtmûnt~é, u~ant de L'a~t de Rien pa~Le~,
Ronne ~tputation qu~ en ~t~uLte, a~~ignant)com­
me Rut à tout ce qui vient d'êt~e dtmont~t, La
Ce
texte
a des
résonnances
stoïciennes
incontes-
tables.
Les
lignes
1-6 peuvent être
rapprochées
de Diogène
lAERCE VII,
118 et
de SENEQUE. De trangulliitate ~nimi
XVII,
1,
ainsi
que
d'EPICfETE. Entretiens
111,
qui
fait
la critique de
la coquetterie.Les·lignes 6et 7 font penser à

412
MAAC-ALRELE, Pensées
III,
5 où
la réflexion est
reconrnandée
avant
toute actIon.
La sévérité est
évoquée à
la
ligne
la,
au même titre que chez Diogène LAmCE VII,
117,
selon qui
'tou~ f~~ ~ag~~ ~ont ~iv~~~~·. ~-AURELE de même fait
l'éloge de
la sévérité,
qualité qui
préserve et
de
la
souillure et
de
l'enflure
(Pensées
III,
8 ; VII,4).
L'a f fab il i té des lignes 12-13
cor res pond à EPICIElE,
Entretiens
Il, XII,
14-15,
où est donné
l'exemple de
SOCRATE qui
ne s e
f â che
j ama i s dan s
1a dis cu s s ion,
ne
prononce
jamais
une parole
injurieuse et
supporte
les
insuites(27).
La douceur mentionnée aux
1 ignes-
13-14 du
texte
se
trouve chez MARC-AURELE, Pensées XII,
18 où on
1 i t
:
g~~mac~1 n~ comidi~·. L'idéal de garder le silence est
a u s s i
b i en r e c omna n d é à
1a
l i g n e
15.
qu' i 1 est
s u g g é r é che z
EPICTETE IV, XIII,
1-8,
dans
un passage centré sur
les
ennuis que nous
cause un bavardage excessif,
tandis
que
le philosophe
(Ibid.!.
9-16)
prévient
que nous
n'avons
aucune obligation de
réciprocité envers ceux qui
nous
confient
leurs
secrets. On rencontre chez CICERON, Tuscu-
lanes V, XXXIV,
97-101,
le même éloge de
la
frugalité qu'à
la
1 igne 18 du
texte. La
1i gne
19
relative
à
l'op-
portunité d'avoir
la patience d'attendre,
correspond à
C1CERON , De officlls l, XL, 142-143 : 'att~nd~~ f~ mom~nt
Of'f'o~tun f'0u~ agi~·. Enfin,
les
lignes
22-23 sont
à mettre
en rapport avec ~AURELE, Pensées
IV"
II
'N~ jug~ f'a~
comm~ jug~ f'homm~ qui t'in~uft~ et comm~ if voud~ait qu~

413
Sur
le modèle de bienséance
stoicienne,
tous
les
domaines
de
la vie
du médecin
idéal
sont
pris
en compte
dans Bienséance,
et
la conduite
qui
convient
est
énoncée
pour
chacun
d'eux:
6.«lLÀUPYUp (Tl,
tV"Iponn (28), tpuap LTlOLÇ
2
ltu"Iao"IoÀfI (29), oo[;à, ltp(OLÇ, naux(n, ândv"ITlOLÇ}30)
3
ltaaapL6"Inç (31), YVWjJ.OÀOyLTl, ECOTlOLÇ "IGiv npoç
4
SLOU XPTlO"IWV ltaL 6.vaYltaLWV,ltaaapOLTl
(32)
5
6.nEjJ.noÀ~OEWÇ(33), 6.0€LOLOaLjJ.oVLTl, ùn€POXn
6
aELa.
"EXOUOL yap a ~xouaL npàç 6.ltoÀaoLnV,
7
npaç SaVaUOLTlV, npàç 6.nÀTlO"ILTlV, npaç tnLaUjJ.LTlV,
8
npaç 6.«laLP€OLV,
npaç âVaLOELTlV. AÜ"ITl yàp n
9
YVWOLÇ "IWV npooL6v"Iwv ltaL xp~aLç "IWV npnç
10
«lLÀLnv, ltaL ltaL OltOLWÇ "Ia np6ç "Itltva,
Il
npàç xpfljJ.a"Ia.
R~~L~ment, op~n~on, jugement, pLac~d~té, atta-
R~~~té, déeence,
ue~Re ~entenc~eux, conna~~~ance
éLoignement de toute co~~uption, ~etu~ de La

414
~ance divine. Ce qu'iL~ ont, iL~ L'ont cont~e
L'intempi~ance, La vuLga~iti, La cupiditi, La
concupi~cence, La ~apine, L'impudeu~ 1 Là e~t
La connai~~ance de~ ~evenu~ qu'on po~~~de, et
L'u~age de~ cho~e~ d'attection,
e~t Le mode de ~e compo~te~ enve~~ ~e~ en-

(34)
tant~ et avec ~a to~tune .
La réserve et
le désintéressement de la ligne
1
seront
rapprochés de CICERON, De officiis l, XXIX, 104
et
le refus de
la supers t i t ion de la
1 igne
5,
de
SENEQUE, De la constance de sage,
2.
Les
recommandations de bienséance se poursuivent
au chapitre 7 du même
traité:
U€P~wV, un6t rroÀÀà À€OXnv€UOU€VOV
VOUL~€LV yàp ,wû,à ~L~ ELVUL tç
rrpoxÀnoLv 3EPurr~Lnç.
• IL taut qu'iL (i. e.
1e médec in) veiLLe autant
que po~~iiLe à ne pa~ mont~e~ ieaucoup de
pa~tie~ de ~on co~p~, ni à iava~de~ ieaucoup
avec Le vuLgai~e : iL Lui di~a ju~te Le nice~-
d~ait à tai~e vioLence au t~aitement.•. ·(35).

415
Le chapitre 12 enfin énonce des
recommandations
de bienséance
Hat HaTaOTOÀ~s, nEp~OTOÀ~s, avaHUP~WO~Os,
BpaxuÀoyCns, aTapaHTono~noCns, npOOEOPLns,
EÛOTa6ECns T~s ~v tWVTQ, npos TOUs 6opûBous
~n~nÀnE~os, npOs Tas ûnoupyCas tTo~uaoCns ...
'Lo~~ de la ui~ite (au malade) ~appelez-uou~ la
,
(36)
~
t
fi
d'
,t,(37)
~
~E~e~ve
J
~a
~Q
enu€,
La
~gn~ Q
1
La
l'action,
l'application,
le ~oin, la ~épon~e
,.
t '
~.'
t
~ ~'~ ,t,(381 d
t
auX
oRjec
~on~J
L
~mpe~
u~~aà~L~ e
Evan
de~ t~ouRle~, la diligence pou~ po~te~ a~~i~­
tance au malade·(39).
Le chapitre 1 du traité également isagogique du
~decin rappelle aussi au médecin les règles de bienséance
OEt O~ OHon~E~V TaOE nEpt TT)V t!Juxf)v
2
TOV aw~pova, UT) uovov TO a~y~v. aÀÀa

416
3
Hat nEp t "av 13 COV [;0]
navu Eü,aH ,OV ,
4
Jlf y w,a y&.p ÉXE L npoç c6l;av âyai}â, ,0
5
ct ~i}oç ErvaL HaÀov Hat âyai}ov, ,oLoD,ov
6
6'ovTa néiOL Hat OE].1vov(40)
(om.E) Hat
7
À -'-
Q.
(41)
(

A
"
'.L
E f'::>. 1
CPL uVvpwnov
HaL '"nLE LH"a,
\\.lI.)', ,0 y&.p
8
nponETtç Hat ,0 ,np6XELPOV Ha,aCPPovEt,aL
9
Hâv navu XpflOL].10V ~, oHEn,tov ct tnt
10
,liç tl;ouOCll s ' ,,&. yâp aû,&. nap&' ,otç
II
aû,toLs onavCws Ë:xov,a âyanéi,aL'
12
~xfl].1aOLct ana ].1tv npoownou ouvvouv
13
].1~ nLHpws' aû3âclls yâp cOHtEL ErvaL
),4
Hat ].1Loavi}pwnos, ° ct EC s ytÀW,a
15
aVLt].1EVOs Hat ÀCllV LÀapos CPOP'LHOs
16
ùnoÀa].1l3avE,aL' cpuÀaH,tov ct ,0 ,oLoD,ov
17
oûx ~HLo,a,
"Quant au mo~al, l'homme ~ien élevé non ~eulement
à la ~éputation, Se~ moeU~~ ~e~ont c~ux d'un
/-aut
à
l'-e.xcè..6
:

417
m.ê.:.?.e.h
(Mé/> entant
du~ j
d'un aut~e côté,
celui qui />e lai/>/>e alle~
comme un g~o/>/>ie~, D'un tel détaut,
i l ne taut
,(42)
pa/> peu />e ga~de~
.
Il est
intéressant
de mettre en rapport
la
recom-
mandation de
la discrétion de
la
ligne 2 ,
avec
la critique
de
"indiscrétion chez SENEQUE, De t'ranqulllJtate animl
XI l,
7,
Quant
aux
lignes
12
à
17,
elles
pourraient avoir
été
inspirées
par
l'Ethique à Nicomaque Il
c.6
1106 b
14 - 3 5/ 1107 a 2 0 ù AR 1STOTE é t a b 1 i t
que
1a vert u est
un
jus te
milieu(43),
conception généralement
admise par
les disci-
pies d'ARISTOfE,
pour
qui,
selon Stobée
(Eclogae II,
p,I40,
l,
7 sq) (44),
,0
OÙV
]..Lé':oov
ëiPLOl:OV,
' l e milieu
e/>t la meilleu~e cAo/>e', Wais
bien avant ARlSTOTE,HESIODE,
dans
les Travaux et
les Jours
v,
40 exaltait
la même
idée,
en affirmant
que
la moi t ié(l:à
n]..LLOU ) valait mieux
que
ie tout
(
Ttavl:6ç),
tandis
que
le
fronton du presti-
gieux temple de Delphes était
orné par
l'idéal cher aux
Grecs
.
"]JT]6tv
ëiyav ", ClCERON proclame encore,
dans
son De offlcils l, XXIX,
103
excè/> et avec ~4./>e~ve', puis
à
nouveau en
130 : "là au/>/>i

418
( .1 • e • d
s
le
a
vêtement)
n ,
-omm-
~
~
-n
~
n;_n
"'~~
do,
V J
-a.J,
~
c'e.Jt un
jU.Jte m~lieu qu~ vaut le mieux·.
*
**
**
Honme d'une éthique exemplaire,
entaché cepen-
dant par quelques
insuffisances
-du moins de notre point
de vue moderne:
tel
nous
apparart
le médecin hippocra-
tique au tenre de
notre enquête
sur sa déontologie. Non
seulement
il
se veut
un
protecteur de
la
vie, mais encore
il
prêche
la
justice,
particulièrement envers
les
faibles,
et
fait
preuve d'humilité,
d'abnégation et
d'une cons-
cience élevée de ses
responsabilitéS.
Ignorant
la cupidité
qu'il
fustige chez certains de ses confrères,
il
se montre
un homredévoué au service du malade.
Il
est· plein de mépris
pour
la théâtralité de mauvais
aloi,
et préfère cultiver
les qualités d'un conmunicateur à
la
fois convaincant et
loyal.
Enfin,
tous
les
domaines
de sa vie sont gérés sui-
vant
les
règles
de
la bienséance.

419
-=
R E N V O I S
=-
1. Vents c.1 JOUANNA 102,5/103,1 = LITTRE VI,
90,4 sqq.
2. Serment, LI~LER c.7 = LITTRE IV,
630,15 sqq.
3. Cf. CICFRON, DeOfflcils l, XI,
39 - 40.
4. Serment, LI~LER c.3 = LITTRE IV,
630,6 sq.
5. Préceptes c.7 L ITTRE ,
260,3 sqq.
6. Serment, LI~ER c.7 = LITTRE IV,
630,12 sqq.
7. Wédecln c.1 LITTRE
IX,
206,4 sqq.
8. Préceptes c.7 LITTRE IX,
260,3 sqq.
9.
IbId.
l. 3.
10. IbId.
l.
5 - 6 .
1 1• Epldémles V,
c.27 LITTRE V,
226, IO sq.
12. Art 1cu 1a tIan s c.47 KUEHLEWEIN 181,12 sqq.= LITTRE VI,
210,9 sqq.
13. Epldémles 1 KUEHLEWEIN c.II,
190,3 sqq.= LITTRE III, c.5
636,1 sqq.
14. Préceptes c.8 LITTRE IX,
262,6 sqq.
15. RégIme dans
les maladIes aIguës KUEHLEWEIN c.4,
110,15
sqq. = LITTRE Il
c. 2,
230,2 sqq'/232,1
sq.
16. Epldémles VI,
2,
c. 12 L1TTRE V,
284, l.
17. Pensées XII,
20.
18. Cf. BIenséance c.1 LITTRE 226,10 ; c.3 LITTRE IX,
228,8.
Ce concept correspond ~ .aw<ppocrUvn
cf. Wédecln c. 1
LITIRE IX,
204,7 où on trouve .aclxppwv
sur aw<ppo-
aUv ~J voir H. NORTH, Sophrosyne, self - ~nowledge and


420
self restralnt
ln greek
Iiterature (Cornel!
studies
in
c 1as s • Phi loI. 35 ),
1 t ha ca,
196 6.
Vo i r é gal eme n t
lia n a 1ys e
succinte par R. GAUTHIER et J.V. JOLIF dans
l'Ethique à Nlcomaque.
Introd.
Trad.
et Commentaire
tome
11,1970,
Louvain/Paris,
p.
236 sqq.
KOOl.HOTTlÇ
égale-
ment se rapproche d' EÛOXTlUOOUVTl
,puisqu'il
a
le sens
de 'gonn~ t~nu~, di~tinction, d1cence,
gelle maniè~e'
par exemple chez ARISTOPHANE, Ploutos
564;
étymologi-
quement,
oWCPPwv
signifie '~aint d'e~f'~it· (aGiç, CPPtiV) ,
état qui
se
tradui t
dans
la modération.
Les deux con-
cept s d' EUaXTlUOouVTl
et
de
oWCPPoaUVTl
sont
l'équi-
valent du
np8nov
du grec,
ainsi
que du 'deco~um'
cicéronien.
19. Diogêne LAERCE VII,
108
cf.
aussi ClCERON, De finlbus
111, XV 11 ,
58.
20. A.-J. VOELKE,
Les rapports avecalltrui dans
la ph llo-
sophie grecque d'ARISTOTE à PANETIUS,
Paris; Vrin,
1961,
p.
162.
21. A quelques nuances prês. Ainsi
à
l'austérité stoicïenne
( "aUOTTlPOÙÇ
oÉ;
cpaa~VErva~
\\ta.vTaç
TOÙÇ
qn:ouoat:.ouç
Stoicorum veterum fragmenta
III,
637 =
Dlogêne LAERCE V11,
117),
l'auteur préfêre
l'EûTpanE~Ca,
ou "enjouement",
ce
qui
se comprend en médecine. Sur
l'influence stoïcienne dans Bienséance,
cf. U. FLEISCHER,
op.clt.,
notamment
pp.
67 sqq.et
lOI
sqq.
Voir également
L. EDELSTEIN,. '7h~ pJf.ol'-e~~ional ~thic~..• ·, p. 411 sqq. où

421
le critique
traite
de
l'influence des Stoïciens
du
II~
et
I~ s. av. J.-C. sur l'éthique médicale. Sur ['in-
fiuence de
la morale stolcienne sur
l'isagoge en géné-
ra l,
cf.
E. MRDEN,
'Die ho/[azi/>che E.pi/>tu~a ad Pi/>one/>',
Hermès 40,
1905,
508 sqq. iVais on signalera aussi
la
comparaison
inversée du sage'avec
le médecin au début
de
la Constance du sage de SENEQUE,
ou bien WARC-AURELE,
Pensées
III,
13 et CICERaI/, Tusculanes
III, XXXIV 82.
22. Cf. Zénon DE CITTIUW et
l'intéret spécial
qu'il
attache
à
ce que
les
jeunes gardent
les convenances dans
leur
marche,
leurs
attitudes,
leur habillement
(Diogène !AEReE
VII,
22).
.
23. Vulgo
; FLEISCHER
n:poç;
/
liaLPOÜ
Un:OllOvnV ,
LITIRE.
24. FLEISCHER
n:pàç;
add.
LITTRE ante T.6.
cod
;
Coraes).
26. C'est
l' interprétat ion de U. FLE ISCHER ,
op.clt.
p.
77.
LITIRE,
ad.
loc.,
ra t tache n:p6ç;
n:
n:OPE: (nv
qui
désigne
l'habit du sage et
traduit
• un v.ê.Lement.,.
tait . ' .
pou/[ ~u mu/[che'. L'un
et
l'autre critique ont essayé de donner
un sens ac-
ceptable à un
texte di ffici le.
27. Cf.
aussi WARC-AlRELE XI,
13.
28. Cf. U. FLEISCHER,
op.ci t.,
88.·

422
29.
Km;acnoÀn
désigne aussi
bien
j'habillement que
la
dignité de
l'habillement
(cf. PLUTARQUE, Périclès
5
nEp el3oÀ.i'1ç
)
;
de même
){Ul;UCJTOÀn,
a
le sens
proche de
"d~gn~tL", "~L~~eux", dans Blen-
séance c.8 LITIRE IX,
236,12.
'Ana.VTTjOeG
30.
s emb 1e
dés i g n e r i e i
1a même ch 0 s e que
EÛUTtUVTTjOLa,
,
et
devrait être
rapproché d' EÛTPU-
"
(Bienséance c.7 LITIRE IX 236,4), Cf. U. FLE ISOiER ,
nE II. eU
op. cl t.,
p.
88.
31. Cf, PLUTARQUE, Lycurgue c.21 et Woralla 67 e.
32. FLEISOiER
LlTIRE.
33. FLEISOiER
LITIRE.
34. Bienséance c.5 LITIRE
IX,
232,11
sqq/234,1
sqq.
35.
Ibid.
c.7 LlTIRE IX,
236,3 sqq,
36. On
trouve ce sens pour
){U~t6pTj
dans la Souda
(éd.
A. ADLER 1 1 l,
s. v. ) •
37.
Ici,
){UTUOTOÀn
et
TIEPeOTOÀn
n'ont pas
leur
sens
d' "haRit ", ma i s
dé s i gn en t
1a di gn i té de ce 1u i - ci,
et
en général,
la digni té
tout court dans
les mouvements,
la retenue. Cf.
U. FLElSOiER, op.cl t.,
p.
96.
38. A
rapprocher
de
SENEQUE,
De la constance du sage c.5 et 6 et De lrangulliitate
~nlml XIV,IO "fe cafme au mif~eu de fa tempête",
39.
Bienséance c.12 LITTRE
IX,
238,19 sqq/240,1
sq.
40. am. E.

423
41.
Ka.t
tnLELHË:a.
add.
E.
42. Wédecln c.1 LITTRE
IX,
204,6 sqq.
43. Cf.
l'édition de
l'oeuvre parR.-A. GAUIlHERet
j.-V. JOLIF, Tome
l,
Louvain et Paris,
1958,
p.
140
sqq. Cette opinion est
notamment celle de L. EDELSTEIN,
-7he p~ote66~onaL eth~c~ ot the g~eek phY6~c~an•.. -
p.
401 et surtout
la note
19.
44. Ed. C. \\\\\\'\\Œ1SWUTH et O. HENSE, Ber 1 in,
1948.

424
=
CON
C
L U S
I O N
=
*

425
Au terme de notre travail,
nous croyons avoir
atteint un objectif important
présenter pour la première
fois
une image du médecin qui
prétende à
la globalité. En
effet, non seulement nous avons saisi
l'image de ce per-
sonnage du point de vue des conditions matérielles où il
évolue, mais encore nous sommes en mesure de le voir à la
fois aux plans physique,
social,
intellectuel et moral.
Nous avons abouti
à un certain nombre de résul-
tats simples et clairs.
Lors de
l'esquisse des premiers
traits du méde-
cin,
un fait est apparu:
la médecine hippocratique est es-
sentiellement exercée par
les hommes. Le personnel médical,
composé des fi Is du maître et de ses divers aides,
comprend
certes des
femmes, mais celles-ci
sont rares et sont oc-
cupées à des fonct ions suba 1ternes. Les responsabi 1 i tés
confiées une fois
(Waladles des
fenmes c.
68 LlTIRE VIII
144,22-23) à une
femme qui est appelée
1']
LllTpE:UOUOa,
lors d'un accouchement,
ne sont pas si
importantes qu'on
doive en conclure qu'on a affaire à une femme-médecin. Dans
le contexte où on l'a rencontrée,
elle n'exerce de toute
évidence que
la seule activité d'accoucheuse, et sous
les ordres
etu~decin
traitant qui
est un homme.
II est cependant pro-
bable que ses compétences s'étendaient au-delà et qu'elle
intervenait dans
les autres domaines de
la gynécologie,
et
peut-etre de
la médecine, mais
là encore,
probablement comme
en gynécologie, à un rang inférieur.

426
L'a b sen c e des
f errrne s
des
ha u tes
s ph ère s d e i ' art
de
guérir
va
se
poursuivre au moins
jusqu'au
{V~ siècle après
J.-C.(I).
Et
lorsqu'à
l'époque
impériale
des mots
furent
créés
pour désigner
la praticienne,
i l
s'en
fallut
de
beau-
coup
que ceux-ci
voulussent
dire
"/-l2mml2-midl2cin·., Les
ferrrnes
continuent
encore
à être cantonnées
dans
le
rôie
d'infirmières-
s age s - f enme s,
e t c ' est
1e
sen s
à
don ne r
à
trouvé
dans
l'inscription de
l'époque
impériale
I. G.3,
134
chez
GALIEN VIJl414; Alexandre APHRODISIAS Pro
2.64, et
dans
le
Pa p y rus üx y .
1586 .
12
(1 1 1~ s i è cIe a p r ès]. - C. ). De même les
vocables
(ALEXIS 318)
UrH;tpa
(lVarc.Sid.)
ne
désignent-i Is
pas
autre chose.
I l
est
v rai
que
l ' 0 r g a n i sa t ion
dei a
f am i Ile,
a i n s i
que
1es
t â che s
d orne s t i que s qui
y i n c 0111 ben t
à
1a
f emne
"u S S 1
b i en
en
Grèce
qu'à Rome,
ne
favorisaient
pas
l'émergence
des
femnes
dans
cette
discipline dont
un
auteur
hippocratique dit
qu'elle
est
difficile et
longue,
tandis
qu'un
autre
auteur
de
la
Collection précise qu' i 1 faut
en
comnencer
l'étude dès
'enfance.
Une des
raisons
de
cette
exigence
de corrrnencer
.
tot
'apprentissage de cette
discipline
était
l'étendue des
connaissances
théoriques
et
pratiques
à
acquérir
et
à mat-
triser.
La médecine hippocratique
n'était
pas
en effet
une
médecine de
spécia'iisation,
comme
j'attestent noll seulement
les
parentés
d'auteurs
de
traités

se
trouvent
développées
des
disciplines médicales
différentes,
mais
encore
la
diversité des
interventions
d'ull même médecin au cours
d'un

427
meme t rai té. De p u i s 1a d i été t i que
jus qu' â
1a chi ru r g i e, en
passant par
la pharmaceutique,
le médecin hippocratique,
omnipraticien, exerce une médecine qui
ignore les cloison-
nements de la médecine de spécialisation. De nos
jours,
celle-ci est mise en rapport avec
le souci
de la précision,
de
l'approfondissement d'unediscipline donnée. /Vais cette
expl ication n'est pas valable en ce qui concerne
la CoI-
lectlon. Des traités hippocratiques,
dont on sait que leurs
auteurs ont d'autres compétences,
sont consacrés â une seule
discipline traitée jusque dans
le détail:
c'est
le cas
d'un traité de diététique comme Régime dans
les maladies
aiguës, ou d'ophthalmologie, comme Vision,
ou de
la couche C
de Waladles des fenmes
l,
Il,
III.
Les Hippocratiques,
bien
qu'omnipraticiens,
savent donc s'arrêter sur une discipline
et
l'approfondir. L'absence de spécialisation n'est donc
pas,
en ce qui
les concerne,
la conséquence d'une médecine
qui
n'a pas encore atteint un niveau tel
qu'il
soit néces-
saire que le médecin limite sa recherche et sa pratique
médicales â une seule branche de l'art. El le s'explique par
une autre raison. Peut-être par celle-ci
l 'homme formant
un
tout,
comme l'exprime si
bien
l'auteur des Lieux dans
l'homme (c.9 JOLY 48,8 = LITIRE VI,
292,15 sq.)
lorsqu'il
dit
;
,
.. , . :ra qWjla J{Q ~ vwveO'll
aû,a ~wu,iji.
"Le co~p~ commun~quani pa~ioui avec lu~-m~me",

428
le bon médecin doit connattre tout
l'homme,
et savoir soi-
gner
toutes
les affect ions,
quelle que soi t
la part ie du
corps où elles se manifestent. C'est une gageure. Wais
les
médecins hippocratiques y croient, et y mettent
les moyens.
L'art est
long et difficile,
pensent-ils.
Il
faut
un long
apprentissage.
Ils s'adonnent donc avec générosité à l'ap-
prentissage et ensuite à
l'exercice de toutes
les
branches
de
l'a r t de gUé ri r •
Parmi celles-ci,
il Y en a une qui
occupai tune
place importante dans
l'activité du médecin:
la chirurgie.
Un substantif spécifique a~du reste,été créé qui met en
relief l'activité manuelle du médecin
XE~PO,ÉxvllÇ,
'celui qui eht halile de ~eh mainh",
Les critiques se sont pourtant moins
intéressés
à cette branche de
l'art médical
hippocratique,
parce que
sans doute elle est
très
technique. La pharmacie et
la dié-
tétique ont
plus
fréquemment
fait
l'objet d'études. Quant
à
nous,
nous y avons porté nos premières
recherches, malgré
l'aridité---du reste apparente-- du sujet. Car alors que
nous nous
intéressions déjà au portrait du médecin hippo-
cratique,
son activité manuelle nous était apparue COmne
une des deux composantes essentielles de sa
technique--
--l'autre aspect étant
relatif à la théorie médicale- et,
par conséquent,
indispensable à
la cohérence du portrait.
A l ' examen,
cette
chirurgie
relève
de
la
petite
chirurgie,
si
l'on
excepte
la
trépanation

429
et
l'amputation des membres.
Les opérations
plus
hardies,
parce qu'elles
peuvent
nuire au patient,
ne
sont
pas entre-
prises.
A preuve,
la
lithotomie ou "Of}/z.,wLion de la fue/ULe" ,
parce qu'elle
suppose qu'on ouvre
la
vessie,
organe
vital
dé 1 i ca t,
est
1 nt e r dit eau mé d e c i n dan s
'e Se rmen t.
La
chirurgie
interne est,
d'une manière générale,
presque
inexistante
:
"ouv~~~ le co~p~ ~e peut ~u~ un homme mo~tJ
déclare
l'auteur d'Articulations
(c.46 KUEHLEWEIN 175,2 sq.=
LITTRE
IV 198,4),
ma~~ ne ~e peut pah hu~ un v~vant".
En réalité,
les morts
non plus
n'étaient
pas
ou ver t s,
par
s cru p u 1es
r e j i g i eux.
L'a n a t om i e
huma i ne s' est
donc
timidement
développée.
Suppléaient
à
ce défaut
l'ana-
tom i e
a n i ma 1e,
ce r t a i ne s
0 b s e r vat ion s
s u p e r fic i e Ile s me née s
sur
le corps et
l'analogie des
parties
du corps dont
on
voulait
se
faire une
idée
avec
les
objets
du
règne végétal
oua ve c I e s 0 b jet s i n a n i mé s
pré sen tan t
1a même s t r uc t ure.
La chirurgie externe et
celle des
os sont quant
à
elles,relativement mieux maltrisée.
L'art
du
bandage aussi.
Concernant cette dernière
branche,
nous
avons
cerné
les
rOles
respect ifs de
l 'Ùn:OBE:OLs et
de
l ' . tn:[BEOLs,
qui
sont
deux moments
di fférents
de
l'opération.
L'ùn:oBEoLs
et
les mots
de
la meme
fami Ile désignent
le bandage
inté-
rie u r
q u j
se
fa i sai t
à meme
1a p eau,
don c
a van t
1e s c om-
presses.
II
servait
à
réduire
les abcès. De plus,
selon
GALIEN, les
Ùn:OBEàl-l~BE:s sont deux bandes dont l'une, par-
tant
du
lieu de
la
lésion et
se dirigeant
vers
le haut, enlève
une partie de l'humeur logée dans la zone affectée et la refoule vers le haut·,

430
la
seconde bande,
qui
va de
la
lésion vers
le bas,
évacue
J'excès
de sang
de
la partie malade et
l'envoie
vers
l'ex-
t r ém i t é
i n f é rie ure.
En fin
l' im66 so L (;
a une
f 0 net ion 0 r -
thopéd i que,
corrme
du res te
l'
I!;n(6EoLs,
'
bandage
ext é-
rieur
qui
venai t après
les compresses,
Je préverbe
tnL-
Indiquant
qu'il
s'agit
du bandage superficiel,
en surface.
Ce dernier
terme
(tnL6EOL[;
l,étant
en même
temps
le
terme
générique pour désigner
le bandage en géné-
rai,
est
le plus souvent emploYé dans
la CollectIon
là où
c'est
l'
vn66EOl(;
qui
est
décrit.
C'est
le cas
dans
Fractures c.4 KUEI-D...EWEIN 52,9 sqq·= L1TIRE III
430,4 sqq.;
Ibid.
c.5 KUEHLEWEIN 54, 10 sq~ = LITTRE 434,6 sqq
; Offi-
cine c.22 KUEHLEWEIN 43,1
sqq. = L1TIRE 111326,2 sqq./328,1
sq. Dans Officine c. 12 KUEHLEWEIN 39,3~LITTRE
II l,
312,5sqq.
qu j
es t para Il èle à Fractures c.4 KUEHLEWEIN 52,9 sqq. =
LITIRE 430,4 sqq.,

l'on
trouve
tn[6EOL(;,
c'est
le
terme
vn66EOL(;
qu'on rencontre.
La chirurgie militaire ne
semble pas
avoir été
enseignèe aVant
le
lll~ siècle av. J.-C., époque à laquelle
appartient
Je
premier
texte,
a notre connaissance,
faisant
é t a t
des 0 n en sei g n eme n t
sen t i c omme une n è ces s i té.
Un autre aspect
de
la personnalité du médecin
hippocratique
nous
a
longuement
retenu:
celui-ci
n'est
pas un simple professionnel compétent
qui
s'est
contenté de
pra t i que r mé t j cu Jeu seme n t
un art
don t
i 1 con nais sai t
san s

431
doute
mieux
que
quiconque
alors
les
recettes;
au contraire,
i l
a prouvé qu'il
était
capable
de dépasser
la routine,
pour
réfléchir
intelligemment
sur
les
conditions
scientifi-
ques
et
déontologiques
de
cet
art,
débusquant
les
imperfec-
t ion s
qu' i 1 Y r e n con t rai t
a fin
d' en amé 1 i 0 r e r i ' e f fic a c i t é
et
les
performances
au
profit
du malade. Ainsi,
avec
lui,
la médecine put-elle
figurer
parmi
les
arts
qui
connurent
des
progrès
considérables
notamment
au V~ s.
av.
J .-C., à
l'instar
de
nombreux autres
arts
ou
TtxvaL.
La
première
source des
imperfections
de
la méde-
cine
était
l'ignorance.
Tant
de
la plupart
des médecins,
que
du public en
général.
Les
erreurs
de diagnostic et
de
thérapie,
néfastes
au malade et
sources
de
discrédit
pour
la
profession,
étaient
fréquentes. Nous
avons
pu,
en analy-
sant
les
textes,
mont rer
le médeci n hi ppocrat 1 que
re levan t
sans
relâche
ces
erreurs,
les
rectifiant,
proposanL, à
la
place, les
solutions
qui
lui
semblaient
les
bonnes,
et
se
heurtant
bien
souvent
à
la
résistance
des
confrères
dont
i l
remettait
en cause
les
procédés
spécieux et
les
certi-
tudes
erronées
qui
avaient
la
faveur
de
la
foule
sans
jugement.
Ce combat
contre
les
notions
fausses
était
indis-
pensable au progrés
de
la médecine et
c'est
le mérite
du
médecin hippocratique que de l'avoir mené avec persévérance.
L'ignorance
était
à
l'origine des
explications
surnaturelles
de
certaines maladies
comme
la maladie
di te
"""UCIè"'"
ou épilepsie,
ou encore
la maladie
scythe
décrite

432
en Airs,
eaux,
lieux.
Les malades
atteints
de
telles
affec-
tions,
expliquait-on
alors,
avaient
subi
ce
sort
pour
prix
de
fautes
comni ses envers
1es
di vi ni tés.
Les Tragiques,
PLATON,
offrent
des
témoignages
de ces
croyances
populaires.
En
luttant
contre
de
telles
superstitions,
le médecin hip-
pocratique nOUs
est
apparu
comne
un
intellectuel
libéré de
la croyance en
des
forces
obscures
qui
traquent
l 'homne,
comne
un
homne éclairé
de
SOIl
temps.
Sans
tomber
pourtant
dan s I ' a thé i sme
;
au con t rai r e ,
v i van t
pie i n eme n t
sa
II g ll..€c...ii..é",
il
associe
harmJnieuSEnent
la
raison
et
la
foi.
C'est
du
reste
au nom de
cette
dernière,
que,
dans
la
Waladie sacrée,
i l
part
en
guerre contre
les
charlatans
qui,
rame na n t
1es ma 1a die s
à
1a div i nit é ,
sou i Ile n tee Ile-
ci
qui,
pour
lui,
est
pure
par
essence.
L ' 0 b s e r vat ion
d e i ' h omne en san t é e t
10 r s dei a
ma 1ad 1e ,
t rad 1 t ion n e Ile
à
1a mé d e ci ne,
i n ter dis ait
tau t
naturellement
l'attribution
des maladies
à
des
forces
sur-
naturelles
quelles
qu'elles
soient.
La connaissance
de
la
na t ure
huma i ne
a i n s i
que
des e s
loi s , l a c omp r é h e n s ion du
mécanisme de production
des maladies,
avaient
amené
la
plupart
des Hippocratiques
à
dénier au hasard quelque part
dans
l ' i nstallat ion
de
ce Iles-ci.
Le médeci n de
la Collec-
tion est
généralement
convaincu
que
toute maladie
a une
cause et
qu'il
faut
rechercher
celle-ci.
Une
fols
qu'on
l'a découverte,
on est
à même de soigner,
avec
des
chances
de guérir,
en
s'opposant
à
cette cause.
Une
telle conception

433
sous-tend une grande confiance dans
les
facultés hwnaines.
Elle rend à
[' homme
[' ini t iat ive.
Le médecin est à même
de rendre compte d'un état morbide;
il dispose des antidotes
au moyen desquels
il
peut supprimer ce qui
fait mal. Nous
avons
là une forme d'hwnani sme confiant en l'homme.
Par ai lieurs,
en recourant à des hypothèses pour
comprendre l'homme et
ses maladies,
et en raisonnant sur
les cas qu'on leur présentai t,
des savantS qui se mê laient
de médecine,
ou bien des médecins
faisant
les savams tombaient
à côté de la réalité.
Les Hippocratiques,
pour
la plupart,
remettent en question
la spéculation comme maitresse d'er-
reur dans un domaine où
l'on n'a pas besoin d'hypothèse
puisque la vérité peut y etre connue si
j'on sait observer.
Donc un homme formé à
l'observation de faits con-
crets, méfiant à l'égard des vérités qui
ne prennent pas
leur point de départ dans
la réal i té,
cherchant
ob s tin éme n t
1a v é rit é sur
l' h omne e t ses ma 1ad i es par
l' 0 b -
servat ion minut ieuse des phénomènes corporels,
tel
nous
est apparu le médecin hippocratique au cours de ce travail.
Enfin
l'image du médecin hippocratique saisie à
partir de
la déontologie contenue dans
la Collection est
d'abord celle d'un homme attaché à
la vie, à sa sauvegarde.
L'éthique de ce professionnel est en effet d'etre utile
au malade,
ou du moins,
de ne pas
lui
nuire. Aucune action

434
par
conséquent
n'est
entreprise
si
elle
risque
de mettre
en cause
ce
principe.
Et
de
fait
le médecin hippocratique
ne
pratique
pas
l'avortement,
excepté celui
justi fié
par
une
raison médicale.
I l
dispense
ses
soins
au malade
jus-
qu'au
bout,
le cas
f t t - i 1 désespéré,
cornne
en
témoigne
l'at-
titude
du médecin
dans
les
traités
anciens
de
la Collection
qui
sont
les
plus
représentatifs
de
la
vieille morale
mé d i cal e
h i pp 0 c rat i que.
Si,
à
un mome n t
don né,
i 1 r e fus e
ses
soins
aux
cas
incurables
(ce refus
est
notamment
attesté dans
e
traité
du
1V- s.
av.
J.-C., ainsl qu'une ou deux fois
dans
un
trai té
cnidien
de
l'époque ancienne,

cependant
1e même
au t e u r
qui
i nt e r dit
des 0 1g n e r t e 1 cas,
t rai te
t 0 u s
les
autres
cas
désespérés
qui
lui
étaient
présentés),
c'est
parce que
la
conjoncture
l'y contraint
un
échec
de
sa
part,
le cas
traité
fat-il
dépassé,
l'exposait
aux c r i t i -
ques
du
public
et
détournait
de
lui
la
clientèle.
La
sélectivité
des
soins
n'est
pas
le
fait
du
médecin
hippocratique.
Réprouvant
la cupidité
des
confrères
et
graduant
ses
honoraires
suivant
la
bourse
du
patient
soignant même
parfois
gratui tement
le
pauvre
et
l'étranger,
i l
se charge
aussi
bien
du
pauvre que
du
riche,
de
l'esclave
que
de
l'homme
libre.
Le
témoignage
de PLATON
(Lois
720 b-c)
d'après
lequel
i l
y'auralt
eu en Grèce
une médecine
pour
homnes
1 i br es
et
une
pour
esc 1ave n'es t
pas
a t tes tée
dans
la Collection hippocratique. Au chapitre
de
notre
travail
consacré
au
personnel
médical,
nous
avons
relevé
la même

435
impartialité du médecin
hippocratique
dans
le
recrutement
des
aides,
dont
le
critère était
non
pas
la
naissance mais
pl utôt
la compétence.
Comme du
reste
chez PLATON,
chez
qu i
l ' ont ra u v e des
h onme s
1 i br es
i na pte s
à
1a phi los a phi e,
e t
des
esclaves
capables
de philosopher.
Celte
altitude
est
à
rapprocher
des
théories
égalitaires
du
sophiste Protagoras.
Il
faut
cependant
reconnaitre
les
1 imi tes
de
l ' impart ia 1 i té
hippocratique entachée
par
la conception
archarque
qu'ont
ces médeci ns
des
re la tians
avec
l'ennemi
de
guer re,
En
e f-
fet,
ne
s'étant
pas
encore départis
de
'idée
que
'on
trouve
du
reste
chez
les
plus
sages
parmi
les Grecs,
tel
un Solon,
et
selon
laquelle
à
ses
amis
i l
faut
faire
du
bien et
du mal
à
ses
ennemis,
les Hippocratiques
refusent
de
sa i gner
les
peup 1es
ennemi s des Grecs
le 1s
que
les
Per ses,
les
Illyriens,
ou
les Péoniens.
Hippocrate en personne agit
de
la
sorle en
refu-
sant
ses
services
aux
rois
des
peuples
cités,
d'après
le
récit
de
son
f i l s
Thessalos,
dans
le Presbeutikos.
La
réèl-
lité de
son
refus
de
se
rendre en Perse
pour
y
dispenser
uns e r vic e mé die a l e s t
d i f fic i 1 e à
con tes ter,
car
h i s t 0 r i -
quement
on
n'a
èlucune
trace
d'un
quelconque
voyage
qu' j 1
aurait
fait
dans
ce
pays.
Voici
un autre acte dicté par
le
même
principe
archaïque
que
précédemment
un
ancêtre
d'Hip-
e
pocrate,
Nébros
(VII-s.
av.
J.-C.)
commit
un
attentat
contre
l'ennemi
de
guerre en empoisonnant
l 'acqueduc
qui
ame n ait
l ' eau
dan s
sac 1 té.
Ce tac te,
cri ru i ne 1 pou r
no t r e

436
consci ence moderne,
ma i s
tout
à
fa i t
dans
l'ordre
des
choses
alors,
valut
à son auteur
ai ns 1 qu'à
ses
descen-
dants
des
privilèges
religieux
à Delphes
pour
services
rendus
aux Grecs.
fvjals
surtout,
le médecin HIPPOCRATE s'est
révélé
un
commun i ca teur.
La médec 1ne,
en
e f fe t,
comme
du
res te
1e
pro f es sor a t
0 u
1e mé t i e r d ' é cri va in,
s u p p 0 s e
un
pub 1 i c.
En
l'occurrence,
i l
s'agit
d'abord
du
public
composé
du malade
et
de
son entourage;
ensui te
du
publ ic
au
sens
large,
de van t
1e que I l e mé d e c i n pou v ait
e t r e ame né à 0 f fic i e r 0 u
à
prononcer
un
discours,
par
exemple
lors
des
séances de
recrutement
de médecin
public
à
l'Ecclésla,
ou
lors
des
con férences
publiques
que
1e mèdec 1n donna i t.
La
présence
du
public
modifJe
le comportement
du médecin.
Il
n'était
plus
le
professionnel
austère
appl iquant
froidement
son
art
sur
le malade
livré
à
lui
les
yeux
fermés.
Pas
plus
i l
ne
prononçai l
devant
le
publ ic
profane
des
discours
èsoté-
r 1 que set
san s gr â ce,
sur t 0 u t
dan s i e s e i tés
d émo c rat i que s

le
peuple,
ilfj].lO';,
était
habitué
aux charmes
de
la
rhétorique.
Conscient
de
l'Importance
du
facteur
psycholo-
gique,
Il
avait
développé en
lui
un esprit
de
"ma~keting"
par
lequel
i l mettait
en oeuvre
une
série
de
procédés
des-
tinés
à produire une
bonne
"~éception" de son produit
- e n
l'occurrence,
Ses
compétences-.
Wul tlples
étaient
ces
procédés,
dont
l'un,
l'opération
du
pronostic,
avait
entre
autres
finalités
de
susciter
l'admIration du.malade

437
en
lui
révélant,
dès
l'abord,
tout
sur
sa maladie,
et
cela,
rien
qu'en
l'observant.
Le médecin hippocratique
ne privait
pas
non plus
la cure
de
"9/1.uci",u",,,,té'" " ,
xapLl:q;.
Celles-
ci
ètaient
recommandées
au médecin
pour
charmer
le malade.
Elles
vont
de que 1ques
entorses
dans
le
t ra i tement,
au
soi n
apporté par
]e médecin
lui-même
à
son apparence et
à
son
corps.
Ainsi
l'austère médecine
versait-elle
dans
une cer-
taine
théâtralité.
Pourtant
jamais
ce
contempteur
de
tout
ce
qui
est
vulgaire
et
qui
sent
le
charlatanisme
ne
tombe
dans
un excès
de
théâtralité
qui
serait
contraire
à
l'art
"i", fiiu", nati", de tou'"
i",,,, U/l.t",·,
d'après
le
traité de
la
Loi.
Sa
théâtralité de
bon aloi
ne
heurte
jamais
]a bien-
séance médicale.
Enfin,
ce
que
nous
appelons
"iu ",ug"'","'''' {i/l.uLiqu",·
complète
le portrait
du médecin
hippocratique.
Elle
réunit
l'abnégation qui
consiste,
pour
lui,
à
sacrifier
le
repos
d'une
vie
loin du contact
des
horreurs
de
la maladie,
au
soulagement
de ceux
qui
souffrent
dans
ieur corps
et
leur
âme.
En plus
de
l'abnégation,
la
discrétion sur ce
qu'il
voit
ou entend durant
l'exercice
professionnel
ou hors
du
service,
figure
au
tableau
des
qualités
du médecin
idéal
qui,
par
aille urs,
ré v è 1eau ma 1ad e
1a
v é r i t é sur
son
é t a t
pré sen t
et
fut ur,
de même
que
sur
son pas s é dur est e.
Et
cela,
dans
les
t rai tés
anc iens,
comme
dans
les
trai tés
récents
postchrétiens.
Une
fois,
pourtant, j'auteur
de Bien-
séance,
tout
en
recommandant
instamment
au médecin de

438
s'expliquer
d'avance sur ce qui
doit
arriver
au cours de
la maladie
(c.ll
LITIRE IX 238,17
s q ) ,
émet
des
réserves
sur
la
révélation de
la véritéaU,malade
(Bienséance c.16
LITIRE
IX,
242,5 sq).
Continent,
lors de ses
tournées
dans
les maisons,
enve r s I e s
f emne s e t
1es h omne s
de
t 0 u tes
con dit ion s, et pIe i n
de retenue en présence d'objets précieux,le médecin hippocratique
est
pro f 0 n déme n t
jus te
i 1 fa i t
en sor te
d' ê t r eut i 1eau
malade,
honorant
ainsi
le contrat
tacite qui
le
lie il. ce
der nie r
env ers qui
i 1 nec omne tau c une
i n jus tic e
n i
ne '1 a
laisse comnettre.
Il
est
humble au point
de se
présenter comne un
simple serviteur de
l ' a r t ;
et c'est
par
humilité qu'il
avoue
ses erreurs
et
recourt
à
l'avis
d'autres médecins en
présence des
di fficul tés qui
dépassent
sa compétence.
Parmi
ses
traits
de qualité
figurent
le sens des
responsabi lités
et
une haute conscience profess i onne Ile.
Il
observe
les
règles
de
la bienséance ou art
de
se
bien comporter en
présence du malade et
de son entourage et en société. Notons
enfin que dans
le
traité
isagogique de Bienséance,
"image
du médecin hippocratique a évolué vers celle du
sage
storcien,
l'éthique stoïcienne ayant
alors
influencé tout
'jsagogé.
En arrivant
au terme de nos
travaux,
nous avons
eu
une
double satisfaction:
celle de mieux connaltre
le
médecin hippocratique,
et par conséquent
d'apporter
une

439
modeste contribution aux études hippocratiques; et puis
également, celle d'avoir
fréquenté pendant une dizaine
d'années,
par
l'intermédiaire de ses écrits,
un maître qui
soulevait des questions
fondamentales encore aujourd'hui,
et dont
les réponses
triomphent de nos
jours. Pensons au
vieux débat
relatif aux théories de la connaissance:
quelle
est
la mei lleure méthode pour connaître la nature d'une
chose? L'induction ou
la déduction? On sait quelle fut
sa réponse sur
la question. Continué par
les Dogmatiques et
les Empiriques dans
l'Antiquité,
le débat s'est poursuivi
dans
les temps modernes,
notamment avec BACON et DESCARTES.
De même,
sous nos yeux,
des choix significatifs sont obser-
vables dans nos sociétés. Celles-ci,
administrées dans bien
des cas par des systèmes peu conscients de
la complexité de
la personnalité humaine,
rejettent ces systèmes
lorsqu'elles
se rendent compte qu'ignorant
la nature réelle de
l'homme,
pour défaut d'observation de cel le-ci dans tout~ ses dimen-
sions,
ils
les administrent dans des principes arbitraires.
D'autre part,
dans des structures telles que
l'entreprise,
on comprend mieux aujourd'hui
l'importance
du facteur humain sur
les performances des employés. Et cela
a totalement changé les
rapports entre les chefs et
les
employés. La même ouverture est perceptible dans
l'école.
Grnce à ces quelques exemples,
le vieil homme
millénaire dont nous venons de dresser
le portrait,
nous
parait bien moderne.

440
TABLE
DES
WATIERES
PAGES
DEDICACE
1
REWERCIEWENTS
Il
1NTRODUCT 1ON GENERAL E
2 - 15
PREWIERE PARTIE:
REGARD SUR
LE WILIEU
WEDICAL
OU
IWAGE DU WEDECIN RELATIVEWENT
A SON ENVIRONNEWENT
ET A SES
ACTIVITES
17 -
14·1
1'-
IWAGE DU WEDECIN RELATIVEWENT A
SON ENV 1 RONNEWENT
17 -
60
CHAPITRE
1
LES
STRUCTURES
WEDICALES
DE
BASE:
LA FAWILLE
WEDICALE ET
LE CENTRE WEDICAL
19 -
27
CHAPITRE
II
:
LE
FONCTIONNE
-
WENT
D'UNE
FAWILLE WEDICALE OU
D'UN CENTRE WEDICAL

LES
DIVERSES
FONCTIONS
ET
LES ROLES
RESPECT 1 FS
29 -
60
1 1 -
L'EXERCICE WEDICAL
OU 1.' IWAGE DU
WEDECIN RELATIVEWENT A SES ACTIVI-
TES
61 - 141
CHAPITRE
1
L'ENSEIGNEWENT
WEDICAL
63 - 69
CHAPITRE
1 1
:
L'ACTIVITE THERA -
PEUTIQUE
70 - 7 1
1 - LE REGIWE
70'-71
Il - LES
REWEDES
71 -
72
III - LES
1NTERVENT IONS
CHIRURGICALES
72- 119
1.
Les
Realla
73 -
107
2.
A
propos
de
la
c r é a t i v i t é
technlqlE
des
Hippocratiques
107-110

441
3.
L'Anatomie
110-115
A.
La
médecine
dans
les
armées
115-119
DEUXIEWE
PARTIE
L'ACTIVITE
REFLEXIVE
DU
WEDECIN HIPPOCRATIQUE
143-280
I~ SOUS
PARTIE
LA
REFLEXION
SUR
LES
CONDITIONS
S C I E N T I F I -
QUES
DE
L'ART WEDICAL
OU
L' IWAGE
DU
WEDECIN AU
PLAN
INTELLECTUEL
INTRODUCTION
144-147
CHAP 1 TRE 1 : LA
LUTTE
CONTRE
L' IGNO-
RANCE
149-174
- Exemples
Illustrant
l'Ignorance
des médecins d'aprês les auteurs
hlppocrat Iques
152 - 161
Il - Conséquences de l'Ignorance des
médecins
a) sur
les malades
161 - 162
bl sur la profession
163
III - Remêdes contre l'ignorance des
médecins
163 - 164
CHAP 1 TRE
1 1
LA
CR 1 TIQUE DES
EX-
pLcAToNs SUPERSTITIEUSES DES WA-
LAD 1 ES
116 - 231
A - Rationalisation de l'explication
de l'épilepsie dans
la
Waladle
sacrée
176 - 183
B - Conception rationnelle de l'épilep-
sie dans d'autres traités
183 -
185
C - La maladie scythe dans
Airs,
eaux.
lieux
185 - 189

.42
o - La disqualification des devins et
de
la divination
1. Dans Le Régime dans
les maladies
aiguës
189 -
191
2. Dans Waladles des
leunes filles
191-192
3. Dans
le Régime
192-199
4. Promot Ion du pronost le médical
199-200
5. Cas exceptionnels
200-203
E - La religiosité des Hippocratiques
d'après
leurs écrits
204-- 211
CHAPITRE
I I I
L'ART,
LE
HASARD
ET
LA
CAUSE
232 - 252
a. L'art et
le hasard
234 - 238
b. La recherche des causes
238 - 240
c. La causalité et
la thérapeutique
240 - 243
d. Du rOle concédé au hasard dans
certains écrits de
la Collection
243 - 246
CHAPITRE
IV
:
LA
CRITIQUE
DE
LA
CONNAISSANCE
DANS
LA
COLLECTION
HI PPOCRAT 1 QUE
254 - 280
1 NTRODUCT 1 ON
254 - 255
1 - Les empiriques partisans de
de
l'Induction
255 -
26'8
1 • Dans
l'Ancienne médecine
255 -,260
2. Dans
la Nature de
l' honme
260 - 262
3. Dans Préceptes et BienSéance
262 -
264
4. La nature individuelle et la
notion de "type humain"
264;,265

443
5. Wêdeclne d'observation et exac-
titude
265 - 268
[[ - La médecine a tendance phi 10-
sophlque
268 - 270
I[~
SOUS
-
PART[E
:
LES
EX[GENCES
DEONTOLOGIQUES
DE
L'ART WEDICAL
281 - 423
[NTRODUCT[ON
282
CHAP[TRE
[ :
LE
DEVO[R DE
PROTEGER
LA VIE
2&3 - 2911
A - L'[nterdlctlon d'Interrompre la
vie
284 - 287
B - Le mêdecin hippocratique solgne en
Q.l:lnclpe~qu'au bout ses malades
287-295
CHAPITRE
Il
L'IWPARTIALITE
DU
WEDECIN
HIPPOCRATIQUE
301
- 314
CHAPITRE
[II
LE WEDECIN
H[PPOCRA -
T[QUE
ET
L'ENNEW[
DE GUERRE
3[6-324
CHAPITRE
IV
:
LE WEDECIN
HIPPOCRA-
T[QUE
ET
L'ARGENT
326 - 341
CHAP[TRE
V
:
WEDEC[NE
ET
THEA -
TRAL[TE
343 - 400
A - Le refus de [a thê9tra[ltê
343 - 359
B
Le mêdecln hippocratique
un bomne
de conmun [ca t Ion
359 - 386
CHAPITRE
V[
LA SAGESSE
PRATIQUE
DES
WEDECINS
HIPPOCRAT[QUES
402 - 423
CONCLUS [ON
425 - 439

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p.
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c .. 2 1
..
p.
131
c .. 3 3
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..
p.
53, 298
c.44 ........................................................................ '" ..........
p.
366,
393
c.45
p.
65,
243
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...................................................................................... p. 398
Affections
Internes
c.II •• ·.···•••· •.• ·•••••···•
·•···•••·•••
p.298
c.18
p.
128
c.22
p.
128
c.23
p.
100
c. 24
p.
89,
128,
134
c. 28
p.
128,
135
Air s

eaux
Ile u x
c.3 ........................................................................................ p. 218
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c.5 ........................................................................................ p. 218
c .. 22
..
p.
185,
219,220
Ancienne
médecine
c .. 1
.
p.52,
167,
170,
........................•....•....•.•......
234,
249,
271

460
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166,
2 50 ,
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c.4
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p.
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2 50,
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235,
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c. 14
p.
250,
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c. 20
p.
250,
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275
c. 2 1
p.
17 1.
250
c. 22
p. 1 13, 130, 250
c . 23
p.
240,
25 1
Aphorismes
3,
c. 2 ......................... p . 276
c.3 .. .. .. ... .. .. .... .. .. .. .. .. .. .. ... .. .. .... ... p • 276
c. 14 ............................................ p.
276
5.
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c. 12 .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. " .... p • 395, 397, 398
c. 13 .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .... .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. p .
299
Articulations
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135
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169
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135
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154, 346, 387
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·
p.
135
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110
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. .. . • .. . •.. • . .. .. .
.. . p.
39, 4 1, 57,
13 1,
133,
406
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p.
387

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Bienséance
c. 1 ...............................................................................
p.
419
c.2
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124,
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394,
415
c. 13 .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .... .. .. .. .. .... .. .. ... ... ..... p • 245
c. 16 ..................... ............... ... p • 297, 392, 438
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Chairs
c.19
p.51

465
Fractures
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56,
170
c.4 .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .... .. .. .. .. .. .. .... .. .. .. .. .. ...... .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
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430
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105,
393,
430
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276
c. 8 .. ................................................................................ p.
42,
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56,
102
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38
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105
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12 1 ,
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c. 36 .. ............................................................................. p.
293
Hémorroïdes
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129
c.5 ...................................................... p.
127
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129
Humeurs
c.12 .•....••.••.••••.•.••.••..••••.•........ p.
122
c.13
p.
122
Lettre
d'HIppocrate
il
Cratévas ... p.
45,
58,
252
l!"e,t' t r e
d'HI ppocrate
il
Philopoemen p.
15
Lettre
d'HIppocrate
il
Damagête ... p.
III
395
- -
-
,
Lettre
d'Hippocrate
au
sénat
et
au
peuple
a bdé r i t al 0
.•
P
318
339
.
10.10.10 • • • • 1010 • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
,

L
463
Décret
des
Athéniens
p.
59,
318,
323,
324
Epldémles
1
c.23 K = c.IO L
p.
223,
276
c.11 K = c.5 L ••••.••••••••••••••••••••• p.
297,
323,
394
Epldémles
I I
2c.19
·
·.·· .. ··
p·67
c. 20
p.
6 7
3 c.l
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123
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Epldémles
VI
2 c.12 .........•..........................•. p.
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c.24
p.
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5 c.5
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···
·.· .. ·
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Ils
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310

466
Le t t r e
d'Hippocrate
a Thessalos
p.64
Lieux
dans
l'homme
c.9
p. 427
c.ll-15 ..... ·········································· ... p.
67
c .. 14
.. p. 390
c . 27

•••

.. p.
67
c. 28
.. p. 67
c .. 3 1··
·
.. p.
242
c .. 32
· .. ·
··· .. ·
· .. ··
.. p. 67
c • 43
. p. 398
c . 46
.. p. 247, 249
L o i
c. 1
p. 172, 398
c.2
p.
173
c.4
p.
168
Walad1es
1
c. 1 .... .... .... .. .. .. .. .... .. .. .. .. .. .. ... .. .. .. .. .. .. ... .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ... .. .. .. .. .. .... .... .. ... p • 396
c • 2 .0
.
p. 122
c.6 ..............•.......................................
p . 355
c.7 •............................•.......••.......•........ p . 244
c.8 ........................................................ p. 56, 25 l , 252
c. 15 ••••.••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• p. 355
c. 17 ....................................................... p. 391
Wa1adles
1 1 l'
c.l-ll····.··········································· .... p. 144

467
Waladles
Il 2
c ~ 12
.. p. 129,
130
c.12-75············································· .. ·
p.
144
c .. 20
..
p.
298
c .. 2 3
.. p. 129, 130
c .. 24
.. p. 130
c .. 26
.. p.
130,
298
c .. 33
.. p.
134
c .. 34
.. p. 93
c .. 36
.. p. 127
c. 46
.
p.
291
c.47 b JOUANNA = 47 L
p.
126,
128,
354,
355,
390
c.48
·
•·•
·
·····
··
·
p.
291
c . 59
p.
126,
130
Waladles
III
c.3
p.
298
c.15··············
·.···········.··.·.·
p.
289
c.16
•·
··
·
· .. ·
p.
354
Waladles
IV
c.47
p.
171
c.49·· .. ··••·••• .. ·· .. ••·· .. ···•·•··
·
p.
122
cO,. 50
p.
122
c.56 ...... • .. ·•··•• ........ ····· ........ ··· .... •· ........
p.
171
Wa 1 ad 1 es
des
femme L-!
c. 2 •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
p.
160

468
c .. 30
p..
12 7
c.36 •.•••.•....••................••...••.••.•. p.
127
c.62
p.
60,
161,
242
c.68
p.
47,
351,
389,425
c .. 70
p ..
77,
125,
128
c. 78
p.
390
c .. 109
.. .. .. .. .. ..
..
.. .. .. .. .. .. ..
.. ..
..
p ..
12 5
Waladles
des
femmes
II
c .. 110
p ..
130
c.123··· .. •••········ .. ·· .. · .. •·•
· .. ·p.125
c. 124
p.
125
c.125
·
·······
·•·
p.
125
c.129 .. ·
•.. · .. ··· .. ········ .. ••· .. ·····•· p.
289
c.132 .. · .. ·····
· ...... ·•····· .. ···· .. · .. · p.
124
c.133 .. ·
· .. ··
·· .. ·
··•
···•· p.
74,
75,
124,
125,
127
c .. 134
p..
60
c .. 14 1
p..
60
c .. l 56
p..
60
c .. l 57
p..
60,
127
Waladles
des
femmes
I I I
=
Femmes
s t é r i l e s
c. 213 ..........••...••••••.•.•••..•••.•.••.•• p.
289
c.217· .. ··•• .. ••······••··•··•·•·•·•••·•·•·••
p.
124,
242
c.222·······································
p.
78
c.233········································· p.
291
c. 230
p.
60
c.249
p.
135

469
Waladles
des
leunes
filles
c.I
p.
222,
230,
338
Waladle
sacrée
c.I ...•...• ;
p.
169,214,216,217,
218,
338
c.2 ••.............•........................... p.
217
c.4 ........•.•••..•.•......•...•....•.••....• p.
217
c.5
p.
217
c.8
p.
217
c.IO ..............•..........................
p.
217
c.JI •••....•......•.•••....•.••.....••..•..••
p.
137
c.17
p.167
c.18
p.
217
Wédecln
c. 1......... . .. .. .. .. .. .. . .. • . . .. . .. . .. .. .. .. .
p .
123,
34 l,
393,
404
415
c.2 ................................................................................ -.. p. 124, 134
c.4
p.
387
c.6 .........................•.•.............. p.
128
c.7
p.
127,
130
.c .. 9
p..
130
c.14
p.
141
Nature
de
la
femme
c. 1
p.
204,
230
c .. 5
p ..
130
c.38
~
p.
289

470
c.42··································· .. · .. · p . 1 2 5
c.105
p.
131
Nature
de
l ' e n f a n t
c.13
p.
59,
296
c.14
p.
287
Nature
de
l'homme
c.I
p.396
c.g
p.
122
c.13
p.251
c.17 JOUANNA = Régime salutaire c.2 LITIRE,
p.
279
c.20,
J<XlANNA = Régime salutaire c.5 LITIRE, p. 125
O f f i c i n e
du
médecin
c.2
p.
38,
41,
57,
121,
124
c.3 .........................................
p.
53
c.6 ...................•......................
p.57
c. 7 ••••••••••••••••••••••••••• o .........................
p.
387,
388
c.9 ..... .. .. .. .. .. .. .. .. .. .... .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ............ .. .. .. .. .. .. .. .. ..
p .
134
c. 12 .... .... .. .. .. .. .... .. .. .. .. .. .. .. .. .... .. .. .. .. .. .. .. .... .. .. .. .. .. .. .. .... .. .. ..
p .
105,
134,
430
c.22 .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ...... .. .. .. .... .. .. .. .. .. .. .. ...... .. .... .. .. .. .. .. .. .. ..
p •
105,
430
P l a i e s
de
t ê t e
c.IO ........................•...•............
p.
127
c.14
p.
129
c.21 ..•...•..••.....•.....•.•..••.•...•....•.
p.
127,
131,
132
c.26 ••.•..•••••..•.............. · .• ~ •.•••••••
p.
134

471
Préceptes
p.
172,
275
c .. 1
•.. ••••••••••• .. •
..
c. 2 ....... "
. p. 275
p.
56
c.3
c .. 4
..
p.
331
c .. 6··
· .. ·
··
·
·
·
.. p.
331,
333,
341
c .. 7




..
p.
56,
168,
169,
172,
234,
340, 387,
405
c .. 8
.
p.
395,
419
c .. 9
..
p.
391
c .. 10
· .. ·
··· .. · .. ·
..
p.
391,
393
p.
398,
400
c.12································.·.· .. · ...
c. 13
.. p.
173,
264
Prénotlons
coagues
c.424
p.
390
c.499
p.
56
Pre s b eut 1 k 0 S
p.
24,
25,
26,
58,
140
...................................
206,230,231,296
......................•.....•.......
316,
318,
322
Pronostic
Cool.··.··········
! • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
p.
200,
213,
391
Pro r r b é t 1 g"U e
1
c. J23
••••••••••••.•••••• ~ ••••••.•••••••••••
p.
3J3

472
Prorrhétlque
I I
c. 1
p.
56,
380,
395
c.z
p.
313
c.4
p.
58
c. 12 ••• ~ •••••••••••••••••••••••••••••••••••••• p. 299
c.16 ••••••••••••.••••••••••••••••••••••.•••••
p.
251
c .. 20
10.. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
p ..
224
Régime
1
c.I
p.
385
c.2
p.
54,
278,
279
c. 3
p.
279,
280,
385
c.4
p.279
c. 5 ....................................................................................
p.
224,
385
c.6 ....................................................................................
p.
399
c. 10
p.
377
c.II
p.
196,399
c.12
p.
377
c.15
p.
251
Ré g 1me
1 1 1
c.G? ...•.......•......•..••.................
p.
2·79,
385,
399
c.68 .. '
p.
301,304,305,307
..........................................
308,
309,
3 13,
385
c. 69
p.
30 l,
302,
307,
308,
309
c. 70-85
p.
302
Ré g 1me
[V
c.86·· .. ·· .. ·
p.
397

473
c.87
p.
193,
196, 221,
222,
224
,. 10 ,. • • • • • • • • • w • • • • • • • • • • • • • • • • • IO • • • • •
RégIme
dans
1 es
ma 1 ad 1 es
a 1 gues
c. 1 K = c. 1 L
il .
24

• • • • 'O • • lOlO
• • • •
lOlO •
lOlO • • • • •
c.4 K = c.2 L •••• 'O. a
p •
10 • • ," . . . . . . . . . 'O • • • • •
419
c.6 K = c.2 L '"
p •
lOlO • • • • • • • • • • • • • • • lOlO • • • • •
56
c.6 K = c.3 L ••••••••••• lOlO ••••••• IO" •• p.
172
c.7 K = c.3 L '" lOlO lOlO ••• 10 •••• lOlO 'O ••••• '" •• p.
17 l , 220
c.8 K = c.3 L • 'O •••
p.
221, 272
lOlO •
'" • • • • • • • lOlO •
'" • • • •
c.26 K = c. 8 L ..................... p.
171
c.34 K = c.9 L
p.
276
• • • • • • • • ' " . '" • • • • • • lOlO •
IO"
c.40 K = c. 1 1 L •••••••••••••••••• '" •• p.
17 1
c.41 K = c. 1 1 L ••••
p.
171
lOlO • • • • • • '" •
'" • • lOlO • •
c.43 K = c. 1 1 L ••• '" ••••
p.
171
10 . . . . . lOlO • • • • • •
c.44 K = c. Il L •••••••••
p.
53,
172, 398
lOlO • • • • '" '" • • • •
Régime
dans
les
maladies
aiguës
Appendice
c.5 K = c.4 L •.•••.•••.••••••••.••••• p.
160
c.61 K = c. 29 I..... ••••••
p •
134
10 • • • • • • lOlO • • • • • • •
c.62 K = c.29 L = c.29 L. ....... p.
134
c.70 K = c.37 L ....................... p • 126
S e r m e n t
c.. 2 LI GITENlHAELER
p.
338

• • • • lOlO • • • • • • • • •
c.4 LI ClITENIHAELER
p.
284


lOlO • • 10 • • • • '" • • •
c.5 L I ~•.•..•......••••• p. 204
c.6 LIOITENIHAELER
p.
56, 299


' " . IO" • • • 10 • • • • lOlO
c.7 LI <lrt"ENTHAELER ................. p. 69, 419
SuperfétatIon
c • 4
lO.p •
126
lOlO • • • 10 • • '" •
'" • • '" lOlO • • 10 IO . . . . 10 • • • • • lOlO • • • IO" lOlO
c.7············ .. ··························p.60
c.8····· .. ··· .. ················ .. ············p.131
c.28
p.
126
c.29 ........•............................. p.
76,
124,
134,
251

474
Usage
des
LIquides
c.3
p.
134
Ven t
s
c. 1 • ....................... o •••••••••••••••••••
p.
25 1 , 419
c. 2 ......................•.•................
p. 251
c. 3 ....................................•....•
p. 250
c. 4 .......................................... p. 250
c. 5 • • • •• • ••• • • • • • • • o •••••••••••••••••••••••••
p .
122
c. 6 .......................................... p • 122 , 276
c. 15 a •••• o ...................................................
p. 250
V i s I o n
c. 3 .. .. .. ... ... .. .... .. ... ... .. .. .. ... .... .. .. .. .. .. .. ... .. ... .. .. ... ... .. .. p . 121 , 129
c. 4 .. .. .. .. .. .... .. ... ... .. .. .. .. ...... .. .. ... .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . p . 128 , 129, 130
c. 9 .. .. .... .... .... ...... .. .. .... .... .. .. .. ... .. .. .. .. .. .. ... .. .. .. ... .. .. .. p . 130

475
INDEX DES
PASSAGES
TIRES
HORS
DE LA COLLECTION
AETIUS
Iatrlcorum
Ilbrl
·
. p. 130
AGJ\\THON
Fr.
6,
p.
248
Fr.
8,
p.
248
ALCWEON DE CROTONE
Fr.
24 B l,
p.
139,
273
24 B 4,
p.
275
ALEXANDRE APHRODISIAS
Problematwn physlcorwn et medlcorwn eclogae
Il,
64
p.
426
ALEXIS
318,
p.
426
ANONYWE DE
LONDRES
IV
31_V
35
p.
122
IX,
20,
p.
55
20-36
p.
55
ARCTINOS
Fr.
3,
p.
200

416
ARISTOPHANE
Acharnlens
v.
1030, ...•........•....•••..•....••
p.
326
Assemblée des fenmes
v.
363 -365
p.
68
Guepes
v.
123
p. 226
Nuées
v.
166-168
p.
123
Oiseaux
v.
584,
p.
338
Ploutos
v.
1 1 , ................................ p. 6
v. 401-408, ......................... p. 338
v.
410-412 .......................... p. 226
v • 564
p.
420
Fr.
95·
···· .. · .. ·
·
p.
123
ARISTOTE
De
anima
1,
l,
403 a........
p.
223
De la divination dans le sommeil
4p3a,
p.223
D~ . se.J1·JS..U
436 a··· .. ······· .. ·
· .. · .. ···
· p.
223
436 b
p.
223

477
Ethique
A Nlcomaque
[ l,
6,
1 [06 b / 1 107 a... . .. . . . . . . . . • . . . .
p • 4 [ 7
IV,
14,1137 b
p.
341
Histoire
des
animaux
l,
16,494 b
p.
137
17,497 a
· .. ·
p.
1[5,
139
[11,
1,5 Il
a
p.
139
Wétaphysique
AI, 981 a
p. 248
Politique
1 1 1
1 l ,
128 1 a
Il ........................ p.
55
15,
1286 a 4,........................ p.
172
16,
1287 a 6-7 ...................... p.
296
Rhéthorl~
A,
5,
1361
b 4
p.
313
BACCHYLIDE
6(, {}upauf'p b
17,
26-27 (Ed.
SNELL)-._._._
p.
224
CELSE
De
re
medlclna
Préface c.9· .... • .. ; .. ·• .... ·· .... ••·••• .... • p.
121
Livre
l,c.I
p.
136
CHRYSIPPE
Fr.
701 •.............••..•.•......•............ p.
340

478
CICERON
De
dl Tf 1 0 a t Ion e
IV,
7
... .. .. .. .. .. .. .. .. .. .... .... .. ...... .. .. .. .......... .. ...... .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. p • 222
[ 1
V,
14
.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .... .. .. .... .. .. .. ...... .. .. .. .. .... ...... .. .. .. ...... .. .. .. .. .. .. p • 222
1 1
XI 1
28 .•.............•••..•............•........•.
p •
222
1 1 , LXI 1
127 .........................................
p •
222
III
7
••.•.•••....•...........•..•....•...•....•......•• p.
222
De
flolbus
1 1 1
xv 1 l , 58
p.
419
De
0 f fic I l s
l,
XI,
39-40
p.
419
XXIX,
103
•.•..•......•............................. p.
417
XXIX,
104
p.
414
XL,
142-143
p.
412
De
Oratore
III
33 ....•.••................•..•..............•.....•.• p ..
121
Tusculanes
III, XXXIV,
82
p.
421
V, XXXIV, 97-101
p.
412
CRITIAS
Fr.
88 B 25
p.
166
DEWOCRITE
Fr. 68 B 183 •••.••........•....................•.••.••• p • 174
Fr. 68 B 197 D .. .. .. .... .. .. .. .... .. .... .. .. ...... ...... ... ... ... .. p • 248
DIODORE DE
S ICILE
l ,
62 •••.•...........................•..•.•...•.••.••.••• p • 229
1V ,
51
.......•••.••........•.........••.••.••.•.•.••.•••. p • 229

479
XII.
13.4
p.
337
XV l ,
3
p •
140
XV l
,
8.. .. .. .. ..
.. .. .. •.
.. .. .. .. .. .. •.. •.. • p.
140
DIOGENE D'APOLLONIE
Fr.
64 A 4,
p.
280
DIOGENE
LAERCE
IV.
26
:
p.
230
VII,
22


p.
421
VII.
108 ,
p •
4 20
VII,
117


p.
412,420
VII,
118
p.
391,411
VII.
149,



p.
221
VIII.
33


p.
216
VIII.
34.·
·p.
216
IX.
55
p.
397
EWPEDOCLE
Fr.
31 AI
................................. p.
15.
Fr •.31 B 23
................................... p.
123,
274
EPICTETE
E fi t r e t:t, e,D Il
II,
XII.
14-15
•· .. ···•· .. •••••••••· .. ···p.
412
[II
p.
411
IV,
XIII,
1..:8
p.
412
EPICURE
Lettre ft Hérodote = Dlog. LAERCE
X,
81 ...............•.. "
p. 228

480
ESCHINE
Ambassade
Infidèle
c.115 .....................••••.•..•...•••..•..•. p.
323
ESCHYLE
Agamemnon
v.
1623····································· .. p.
6
Choéphores
v.
32 s q q.••• , ,.,
p.
2 2 3
v.
33··· .... ···
·· .. ·· .. ···•· .. •·········· .. ·p.
224
Euménides
v.62··················· .. ·················· .. · p . 6
Prométhée
enchatné
v.
476 sqq
p.
24
v.
486-489
p.
227
v.
642 sqq
p.
223
Sept
contre
Thèbes
v.
25,
p.
221
v.
2 6 5 s q.. •.. •.. .. . . .. .. • • • •• . •. .. . . .. . . .. . . • p.
22 2
v.
709 - 7 1 1
p.
22 3
Suppliantes
v.
263
p.
6
EURIPIDE
Alceste
v.
78 5 s q ,••••••.••••••••••••••••••••••••••••• p.
248

481
Hêcube
v.
709
p.
224
Ipblgênle
en
Tauride
v.89
p.248
Hippolyte
v ..
29 3 s q. .... .. ...... .. .. .. ...... ...... .... .. .. .. .. .... .. .. .... .... ...... .... .... p..
60
Fr.
292
p.
215
Fr.
432
p.
222
Fr.
795
p.
273
Fr.
917
p.
10.
123
FRONTIN
Stratagemata
111,7,6
p.
322
POL YEN
Stratagemata
VI.
13
p.
322
GALIEN
De
locls
a f f e c t l s
ICUiNVIII,
414
p.
426
~
metbodo
medendl
-
lCUiN X,
5-6,
p.
24,
25,
26
Introductlo
slve
medlcus
~XIV, 787 ••••.••.•.••••.••••••••••.••.. p.
127
Commentaire au Rêglme dans les maladIes aIguës
-
~ XV. 478 ; 704 ; 744 ;
p.
27
Commentaire aux Articulations
~ XVIII A,
465
p.
389
XVIII A 466 .•••.•...•.••.•••.••.•... p.
388

482
XVIII A 747 ••••.•••.•.••••.••••••••.•••••••• 102,
133
Conmentalre Il l'Officine du médecin
-
KUHN XVIII B 785,825
.. p.
104-105 et
134
Llnguarwn seu dlctlonwn exoletarwn Hlppocratls
expllcatlo = Glossaire.
-
KI.J-IN XIX 97
p.
125
130
p.
76
Commentaire â Epldêmles VI
'M:NK/PFAFF l , 29 . 54 ........................................ p.
211
3,30.
167••••......•••.••.... p.
55
3,35.
177 .................................... p.
55
4, 10.
206 .................. p.
393
De
Cascl 1 s
KUHNXVIII A 818
p.
387
GORGIAS
Fr.
82 B II
p.
166,
273
Fr.
82 B Il
a
p.
166,323
HERACLITE
Fr.
22 B
5
p.
273
Fr.
22 B 91
p.
224
Fr.
22B94
p.
224
HERODOTE
1.
I05
p.
219
128 ••.•••.•••.•••.•.• • ..••••• •· .••.•••••••
p.
224
1177 ••..••...•..••.••.•..•.••.••..•.••..•.•... p.
123
II 84···········································p.
121
III
125·········································p. 324
128 ••••••..•• ~ .•••..••.•••••..•...•.•••....
p.
324
129 •...•••••.•••••... ~ •.••••••.••••••••••.•. p.
324
1 1 1 130
p.
324

...
483
1 1 1 131 .. .. .. ........ .. .... .. .. .. ...... .. .... .. .. .. .. .. .. .. .... .. .... .. .. .. .. .. .. .... .. .. p • 337
IV 67 •••••••••••••••••••.•••••••••••••••••••••••• p.
219
VIII
115 •...•.....••....•.........•.•..••••••••.•. p.
123
lX83
...............•................••....••.. p.
138
HE5IODE
Travaux
et
Jours
v.
28 S QQ
..
p.
395
v. 40 ..
.. p. 417
v.
491 sQQ.
.............................. p.
395
HIPPIAS
fr.
86 A 12 .. .. .. .. .. .. .. .... .. .. .. .. .. .. ...... .. .. .. .. .... .. .. .. .. .. .. .... p •
167
HOWERE
Illade
62-63
p.
223
63
p.
224
II 400
p.
230
732
p.
24
III 296
p.
230
IV 194 ••••••••••••••••••••••••.•••••••••••••••• p.24
V
149
p.
224
XI,517 ..........•••........••.•.••..••••••.•...• p.
24
Odyssée
XI385 ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• p.
132
HYGIN
Fabulae
c.
274 ...............•...•••........•.••••••.•. p.
59

484
SOCRATE
Aéropagltlgue
c.48 •.•.••..........•.•.......•....•..••......... p.
395
JAWBLIQUE
De
ylta
pythagorlca
c.163
p.
273
LUCIEN
·AnO){llPU,,6\\lE\\lOl.
c.4
p.
298
LUCRECE
De
natura
rerum
II.
59 sqq·
· •• ··
· •• ·· .. · p.
228
LYSIAS
Pour
l ' i n y a l l d e
c.
19
p.
395
c. 20,.. .. . . . . ... . . . . . . . . . . . . . .. . . . .. .• .. .. . . .. p.
39 5
WARC
- AURELE
Pensées
1 1 1 5
;
P.,
4 12
III,B
p.412
13
p.
421
I V . I I
p.412
XI,13
p.421
XII,. 18················ ........ ···· .. •••··· .. · p. 412

t85
XII,
20 .... "" .......... ".. .. .. .. .. .. .. .... ...... .. .. .. ...... .. .... .. .. .. .. .. .. .... p..
4 19
WENANDRE
WODOst
Fr.
483
p.
247
Fr.
495
p.
248
Vol.
IV WEINEKE (p.
351) •••••••
p.
340
PAUL
l!)'EG1NE
Epltomae
medlcae
IV88
p.298
PAUSANIAS
Description
de
la
Grèce
II",27,3
p.226
X,37,7
p.322
PH1LODEWE
De
pletate
105
p.
229
PHOTIUS
Blbllotheca
72,
40 a
p.
324
41 a .................................................................................... p. 324
PINDARE
Pythiques
[II
v.G ........•.....••...... ·
p.
24
v.
54
sqq·
p.
338
PLATON
Alcibiade
1 107 b-c ••••••••••••••••••••• ~ ••••••••••••••• p.
338
Apologie
19 , 1••••••.•••••••.•.•••••...•.•.••••••••.••..•.• p .
166
.. -~ -

486
Banquet
197a
p.24
202 e" -203 a
·· .. ·
· .. ·
·
·· .. · p.
214
Cbarmlde
155
·
p.
15
157 a .... · .. · .. ·· .. ·•• .. •· .. · .. ··•·• .... •·•• .. · p.
214
173
p.
221
Cratyle
384 c - 384 d
p.
391
402 a
p.
224
405 a.......................................... p.
24
Euthydême
289 a
· .. p.
214
Gorgias
448 b
p.
55
448 c·
·
·
·
p.
248
455 b
p.
337
456 b
p.
55
;
396
483 e
p.
214
514 d
~
p.
326
337
Hippias
mineur
368 b

p.
167
Lois
Il
659 e
p.
214
Il 670 e
p.
214

487
IV 719 e ·................................... p. 58
IV 720 a ·................................... p. 56, 58
b ·.................................... p. 58
b-c ..... ... .......................... p • 314, 434.
c •..•......•.•....•••..•...•....•...••• p.
58
VI
757 d
p.
341
VI
773 e
p.
230
VI
780 e...................................... p. 225
V1 [1
8 39 c - 8 40 a.......................... p.
54
VII [ 840 a
p.
55
IX 873 c-d
p.
296
X 906 a - e
p.
2 14
X 909 b-c
p.
339
Vénan
82 b sqq
p.
58
90 c-d
p.
338
Phédon
65 b
p.
271
65 e
p.
271
77 e
p.
214
78a
p.214
. I l l e 4 s q q
p.
272
Phèdre
227 d
p.
32
224 d-e
p.
215
255 b
p.
225
269 e
- 270 a
p.
275

488
270 e
p.
248
271
e· .. ·· .. ·•·
··
·
···· .. p.
396
Phllèbe
56 b
·.......................................... p..
271,
278
Politique
259 a ...................................... "" ............................................ p.
326
290 c .......................................... "" ...................................... p.
221
293 b .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .... .. .. .... .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. p • 33
298 a-b .. .. .. .. ... .. .. .. .. .. .. .... .. .... .. .. .. " .. " ................................ p • 296
309 c .................................................................................... p.
230
Protagoras
311
b
p.
26,121,338
316 e
~
~
p.
54,
55.
320 c
p.
166
République
Il
364 b

• .. •
p.
213
. III
332 a
bd

•.. •.. ••
p.
323
334 d
p.
323
364 b
• .. •
••••• .. ••
•· .. • p.
339
380 d
p.
213
408 b - c
p.
338
406 a
p.
313
a-b
p.
54
b
p.
313
IV 426
a
............ ""
.. p. 214
V 543 b
p.
271
VIII 566 a
;
p.
225

489
X 602 e
p.
278
Sophiste
229 d
p.
400
232 d-e
p.
395
235
a
p.
213
Théétête
149 c - d
p •
50
d
.
.. ........ .. .. .. .. .. .. .. .. .... .... .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .... .. .. .. .. .. .. .. .. .... p ..
296
152 a
p.
271
152 c
p.
271
PRODICOS
Fr.
84 B 5
p.
166
PROTAGORAS
Fr.
80B4
p.
273
QUINTUS
DE SWYRNE
La
suite
d'Homêre
v[ [. 7
" ..
• .. .. .. •

p.
2 30
SENEQUE
De
la
constance
du
sage
2,
p.
229,
414
5
p.
422
6
p.
422
De
tranqul I i t a t e
anlml
XII,
7 .......................•.•.....••.•..•..•. p.
417
"\\

490
XIV 10
p.
422
XVII,
1..• ·····
··••··· ....•... · .• · •. · p.
391,
411
SEXTUS
Contre les mathématiciens
IX,
54 •..•..•..••••.••••...••..••.....•..••.... p.
166
SOL 0 N
Fr.
l,
3-6
p.
323
SOPHOCLE
Ajax
520-521
p.
340
~dlpe
roi
v.
388
p.
339
Phlloc·tête
v.
1437
p.
215
Fr.
427
p.
341
Fr.
661
p.
340
SORANUS
Gynaeclorum
Ilbrl
IV,
1,2, 4
,.p.
229
De
f a s c l l s
c.
27
p.
388
Vie
d'Hippocrate
p.319,339
,
\\
-""\\,
....

.
~'.,
491
STOBEE
Eclogae
Il •••••••••.••.•••••••••••••••••••••••••••.••••••• p.417
STRABON
Géographie
IV,
l,
5
p.
337
SIWPLICIUS
Physique
1 5 l,
20... .. .. .. . .. .. . . .. . .. .. .. . . . . . . .. . . . ... p.
280
159,
27,
p.
274
THEOGNIS
v.
363-364
p.
323
THEOPOWPE
Fr.
103
p.
24
THEOPHRASTE
Charactêres
XVI
.•.............•...............•..•...••..... p.
229
XVI,
Il .........•.•...........•................ p.
224
Histoire
des
Plantes
VI,
2,
S •.•...••...........•.•................ p.
123
IX,
l,
7
p.
58
. "..
.
8. 1
. . . . . . •••. .• •. •• •. . •• . . . •• ••. • .• . .• p.
58
.,
\\ ..........

492
THUCYDIDE
Histoire de la guerre du Pêloponêse
22
p.387
43
p.
323
II
47
p.
226
1 1 1 37
/~cP~ 394
r-j; \\"-;;.\\
XLVIII 2
'.'..-..,
p:: 323
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XENOPHANE
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Fr.
21 B 34
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p.
273
.....
XENOPHON
Agêsllas
XI,
8,
p.
229
Anabase
J J [,
4, 30
p.
141
Cyropêdle
1. 6,
12,......................................... p.
324
111,3,58
_
p.
229
VIII,7,
28
Jl.
323
Wêmorables
IV,
2,
5
p.
394
République des Lacêdémonlens
13, 7
p.
140
","
'\\'1),.\\,"-